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Les Technologies Agricoles Canadiennes

Ce document décrit l'industrie canadienne des technologies agricoles et les tendances clés. Il examine la demande de talents, les principaux défis et moteurs de l'adoption des technologies agricoles, ainsi que les perspectives pour le secteur. L'agriculture de précision, l'agriculture en environnement contrôlé et la production alimentaire durable sont des domaines clés discutés.

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Les Technologies Agricoles Canadiennes

Ce document décrit l'industrie canadienne des technologies agricoles et les tendances clés. Il examine la demande de talents, les principaux défis et moteurs de l'adoption des technologies agricoles, ainsi que les perspectives pour le secteur. L'agriculture de précision, l'agriculture en environnement contrôlé et la production alimentaire durable sont des domaines clés discutés.

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LES

TECHNOLOGIES
AGRICOLES
CANADIENNES
Semer l’avenir

0308

80%
Recherche par

le Conseil des technologies de


l’information et des communications

Ce projet est financé par le Programme


d’initiatives sectorielles du gouvernement du Canada
Préface
Le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) est un
centre national d’expertise sans but lucratif qui a pour but de renforcer l’avantage
numérique du Canada dans l’économie mondiale. Grâce à des recherches de
confiance, à des conseils stratégiques pratiques et à des programmes créatifs de
renforcement des capacités, le CTIC favorise des industries canadiennes novatrices
et concurrentielles à l’échelle mondiale, habilitées par des talents numériques
novateurs et diversifiés. En partenariat avec un vaste réseau de chefs de file de
l’industrie, de partenaires universitaires et de décideurs politiques de partout au
Canada, le CTIC favorise une économie numérique inclusive et concurrentielle à
l’échelle internationale depuis plus de 25 ans.

Pour citer ce document

Ivus., M., Matthews, M., Snider., N., Taillon, P., Watson, M. Les technologies agricoles
canadiennes : Semer l’avenir. Conseil des technologies de l’information et des
communications (septembre 2021). Ottawa, Canada.

Recherche et rédaction par Maryna Ivus (gestionnaire, Recherche sur le marché du


travail), Nathan Snider (gestionnaire, Recherche et mobilisation des intervenants),
Peter Taillon (scientifique principal des données), Mairead Matthews (analyste
principale de la recherche et des politiques) et Maya Watson (analyste de la recherche
et des politiques), avec le généreux soutien d’Arun Sharvirala (ancien scientifique
principal des données) et de l’équipe du Groupe de réflexion numérique du CTIC.

Les opinions et interprétations de la présente publication sont celles des auteurs et


ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.
Remerciements
Les contributions offertes dans le cadre du présent rapport par nos
répondants clés, les membres du comité consultatif et les autres experts en
la matière sont grandement appréciées. Nous aimerions remercier toutes les
personnes qui ont contribué au présent rapport, en particulier les suivantes.

Agricultural Manufacturers of Canada Michael von Massow


Ph. D., professeur agrégé, Université de Guelph
AgSights
Neil Hetherington
Alberta Beekeepers Association président-directeur général,
Banque alimentaire Daily Bread
Alberta Wheat and Barley Commissions
Ontario Sheep Farmers
Association des producteurs
maraîchers du Québec Peter Gredig
partenaire, AgNition Inc; propriétaire, PNG Farms Inc.
BC Sheep Federation
Prince Edward Island
Celeste Trujillo
Tree Fruit Growers Association
directrice, Recherche et développement,
The Very Good Food Company Producteurs de grains du Québec
Egg Farmers of Alberta Producteurs de pommes du Québec
Fédération canadienne de l’agriculture
Stuart Cullum
Horticulture Nova Scotia président, Olds College

Manitoba Beekeepers' Association Stuart Smyth


Ph. D., Agri-Food Innovation and Sustainability
Manitoba Forage and Enhancement Chair, Université de la Saskatchewan
Grassland Association
Tania Humphrey
Marc-André Roberge Ph. D., vice-présidente, Recherche et développement,
cofondateur et président-directeur général, Nectar Vineland Research and Innovation Centre

Matthew Winchester Tracy Biernacki-Dusza


cofondateur et dirigeant principal
gestionnaire de projet principale, Compétences
de la technologie, FoodByte
Transformation Alimentaire Canada

Mathew Zimola
cofondateur et président-directeur général,
William Ashton
Ph. D., directeur, Rural Development Institute,
ReelData AI
Université de Brandon

Wild Blueberry Producers


Association of Nova Scotia
Mots Clés

Agriculture

Agriculture de précision

Agriculture en environnement contrôlé

Agriculture verticale

Alimentation

Analyse du marché du travail

Bioéconomie

Biotechnologie

Emploi

Exploitation agricole

Internet des objets

Production alimentaire durable

Sécurité alimentaire

Serres

Technologie
Table des matières
Sommaire 8

Introduction 11

Section I
Industrie des technologies agroalimentaires 14

Définir la technologie agroalimentaire 15

Le Canada et l’industrie mondiale des technologies agroalimentaires 16

Tendances en matière de technologies agroalimentaires 17

Agriculture de précision 18
Agriculture en environnement contrôlé 19
Production alimentaire durable 20
Biotechnologie agricole et bioéconomie 26

L’industrie canadienne des technologies agroalimentaires en bref 27

Industries verticales technologiques et secteurs d’activité majeurs 28


Emplacement du siège social 29
Taille et année de fondation des entreprises 30

Section II
Talent en technologies agroalimentaires 31

Demande du marché du travail 32

Données historiques de l’emploi 33


Données sur les emplois affichés 37

Principaux rôles et compétences 40

Rôles techniques dans l’agroalimentaire 40


Talents interdisciplinaires 41
Domaines opérationnels des technologies agroalimentaires 42
Table des matières
Section III
Adoption de la technologie 45

L’adoption au Canada 45

Aperçu : Horticulture 51
Aperçu : Élevage 53

Obstacles à l’adoption 54

Coût et financement 55
Internet haute vitesse 56
Rendement du capital investi 58
Pénuries de main-d’œuvre 60
Interopérabilité 61
Progrès technologiques 63

Moteurs d’adoption 65

Crise climatique 65
Croissance démographique mondiale 67
Insécurité alimentaire 69

Conclusion 71

Annexe A: Méthodologie 72

Sources secondaires 72
Méthodologie de la recherche primaire 73
Méthodologie de prévision 75
Limites 76
Sommaire
Un système agroalimentaire durable et concurrentiel est essentiel à une
croissance économique résiliente. Les objectifs de développement durable
de l’Organisation des Nations Unies indiquent clairement que l’alimentation
est liée à presque tout ce que nous faisons, notamment la réduction des
inégalités, l’amélioration de la santé et du bien-être, la consommation et la
production alimentaires responsables, la création de communautés durables
et la protection de l’environnement1. Bien que les estimations varient, la
production agroalimentaire représente de 21 à 37 % des émissions mondiales
de gaz à effet de serre (GES)2, 70 % de l’utilisation de l’eau douce3, et plus
de 50 % des terres habitables de la planète4, faisant de l’agriculture un pilier
essentiel des efforts liés au changement climatique, à la conservation et à
la biodiversité. Parallèlement, la population mondiale devrait atteindre 9,7
milliards d’habitants d’ici 20505. La croissance démographique s’accompagne
d’une demande accrue pour des produits agroalimentaires6. Le secteur
agroalimentaire mondial devra donc produire davantage tout en réduisant
son empreinte environnementale.

1 « Les 17 objectifs », 2021, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies : https://sdgs.un.org/fr/goals.
2 « De 21 à 37 % des émissions totales de gaz à effet de serre sont attribuables au système alimentaire. » [traduction] Voir : « Special Report:
Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC : https://www.ipcc.ch/srccl/chapter/chapter-5/;
« Food systems account for over one-third of global greenhouse gas emissions », 9 mars 2021, Nations Unies ONU Info : https://news.
un.org/en/story/2021/03/1086822; Ritchie, H., « Food production is responsible for one-quarter of the world’s greenhouse gas emissions
», 6 novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/food-ghg-emissions.
3 « Retraits annuels d’eau douce pour l’agriculture (% des retraits totaux d’eau douce) », 2021, Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture et données d’AQUASTAT, Banque mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/er.h2o.fwag.zs.
4 Ritchie, H., et Roser, M., « Land Use », septembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/land-use.
5 « Retraits annuels d’eau douce pour l’agriculture (% des retraits totaux d’eau douce) », 2017, Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture et données d’AQUASTAT : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/ER.H2O.FWAG.ZS.
6 « Pour garantir la sécurité alimentaire de la population prévue de 9,6 milliards de personnes d’ici 2050, l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture prévoit que la production alimentaire doit augmenter d’au moins 60 % pour répondre à la demande, et
un rapport de Tilman et autres en 2011 prévoyait que la production alimentaire doit augmenter de 100 % pour répondre à la demande. »
[traduction] Voir : https://www.un.org/en/academic-impact/worlds-food-supply-made-insecure-climate-change.

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Il est important de noter que la relation entre le secteur agroalimentaire, le changement
climatique et la conservation est cyclique. La santé du système alimentaire mondial est
étroitement liée à la santé de la planète puisque les systèmes alimentaires dépendent de climats
prévisibles, de régimes climatiques stables, de l’eau propre et de sols fertiles. Par conséquent,
le secteur agroalimentaire n’a pas seulement un impact sur le changement climatique et
la dégradation de l’environnement, mais il subit également les effets de ces tendances.
L’augmentation des températures et du niveau de la mer, les nouveaux régimes de précipitations
et le risque accru de sécheresses, de vagues de chaleur et de catastrophes naturelles plus
intenses sont tous associés au changement climatique et constituent une menace importante
pour la sécurité alimentaire7. « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont,
à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive
leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour
mener une vie saine et active8. » L’insécurité alimentaire est donc l’absence de cet état. Les conflits,
les ralentissements économiques, la faible productivité et les chaînes d’approvisionnement
inefficaces ont aussi des impacts sur la sécurité alimentaire puisqu’ils augmentent le coût
relatif des aliments9. Par exemple, en 2020, dans un contexte de ralentissement économique
attribuable à la pandémie, « l’augmentation du nombre de personnes sous-alimentées a été plus
de cinq fois supérieure à la plus forte hausse observée ces 20 dernières années10 ».

Outre les changements climatiques et la croissance démographique, le secteur agroalimentaire


canadien « est en butte à d’intenses contraintes de la concurrence sur les marchés mondiaux
et national11 ». Les marchés mondiaux exigent de plus en plus de données de meilleure qualité
et plus sécurisées sur la sécurité alimentaire, et démontrent notamment un intérêt accru pour
la traçabilité des aliments dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire.
Les gouvernements et les consommateurs veulent des produits agroalimentaires durables,
comme des protéines de substitution qui répondent à des indicateurs environnementaux clés
(p. ex. production de dioxyde de carbone, utilisation de l’eau, de l’énergie et des terres). Les gens
apprennent à cultiver des aliments d’une nouvelle manière dans des environnements urbains
grâce aux fermes verticales, aux serres et aux parcelles communautaires. Parallèlement, l’intérêt
pour la réduction du gaspillage alimentaire, qui passe par la conservation prolongée des aliments
frais et l’utilisation des déchets alimentaires comme nouveaux intrants pour l’économie circulaire,
est croissant. La technologie a un rôle fascinant à jouer dans bon nombre de ces tendances du
marché, mais pour saisir ces occasions, le Canada devra prioriser l’innovation agroalimentaire et
la numérisation.

Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont souligné le rôle des
technologies d’agriculture de précision dans la production plus efficace et plus durable
des aliments, de l’agriculture en environnement contrôlé, comme les serres et l’agriculture
verticale, de la biotechnologie, et de la transformation alimentaire de haute technologie sur le
marché canadien des protéines de substitution. Cependant, en ce qui concerne l’adoption des
technologies, l’étude révèle que si les technologies plus anciennes connaissent souvent des taux
d’adoption élevés au Canada, les taux d’adoption des technologies émergentes sont souvent
faibles. De plus, l’enquête du CTIC a permis de cerner six obstacles clés qui empêchent l’adoption
des technologies agroalimentaires : le coût de l’équipement et de la mise en œuvre, y compris
l’entretien et l’exploitation, l’accès à Internet haute vitesse, le faible rendement du capital investi,
les pénuries de main-d’œuvre, les défis techniques liés à l’interopérabilité, et la surabondance de
technologies qui ne sont pas très utiles aux agriculteurs.

7 Porter, J., « The World’s Food Supply is Made Insecure by Climate Change », site consulté le 14 juillet 2021, Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture : https://www.un.org/en/academic-impact/worlds-food-supply-made-insecure-climate-change; «
Climate change and food security: risks and responses », 2015, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture :
http://www.fao.org/3/i5188e/i5188e.pdf.
8 Sommet mondial de l’alimentation, 1996, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
9 « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde », 2021, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture : http://www.fao.org/3/cb4474en/cb4474en.pdf. [Résumé : https://data.unicef.org/wp-content/uploads/2021/07/
SOFI2021_InBrief_FR_web.pdf]
10 Ibidem.
11 « Secteur agroalimentaire », 2018, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_SecteurAgroalimentaire.pdf/$file/ISEDC_
SecteurAgroalimentaire.pdf.

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En ce qui concerne les pénuries de main-d’œuvre, le CTIC estime que la demande dans
l’industrie des technologies agroalimentaires atteindra quelque 49 000 travailleurs
supplémentaires d’ici le quatrième trimestre de 202512. Si ces postes sont dotés, le nombre
total d’emplois dans l’industrie grimpera à 683 000 travailleurs d’ici la fin de 202513. Quant
aux rôles spécifiques, la présente étude montre que si les nombreux rôles ont un rapport
direct avec les technologies agricoles, certains sont plus recherchés et plus difficiles à doter
que d’autres. Le système agroalimentaire est devenu une technologie de pointe, et les
professions technologiques traditionnelles sont les plus recherchées. Ces rôles comprennent
les développeurs de micrologiciels et de matériel, les développeurs de logiciels, les
développeurs d’applications mobiles, les développeurs généralistes, les développeurs
d’applications frontales, les développeurs d’applications dorsales, les scientifiques des
données, les analystes opérationnels, les concepteurs d’interface et d’expérience utilisateur,
les ingénieurs de la blockchain (chaîne de blocs), et les experts en apprentissage machine.
En outre, les entreprises de technologies agricoles ont besoin de diverses compétences et
aptitudes interdisciplinaires dans les secteurs de l’agriculture, de l’horticulture, de la biologie,
de l’ingénierie, de la fabrication, du numérique, de la robotique et de l’analyse de données.

La nécessité de continuer d’innover et d’adopter des technologies est primordiale pour faire
face aux urgences agricoles liées au changement climatique et répondre à la croissance
de la population mondiale et à la demande alimentaire croissante, ainsi qu’à l’insécurité
alimentaire. Comme l’a fait remarquer le conseil stratégique agroalimentaire du Canada,
le secteur agroalimentaire canadien est bien placé pour connaître une croissance à long
terme. Toutefois, pour répondre à la demande alimentaire accrue, le Canada devra se doter
d’une réserve de talents du XXIe siècle qui met particulièrement l’accent sur les compétences
numériques et entrepreneuriales dans l’ensemble du secteur agroalimentaire14.

12 Ivus, M., Kotak, A., « Toujours à l’avant-garde – Aperçu des talents numériques pour 2025 », Conseil des technologies de l’information
et des communications, août 2021 : https://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2021/08/apercu-des-talents-numeriques-
pour-2025.pdf.
13 Ibidem.
14 Canada’s Economic Strategy Tables: Agri-food,” Government du Canada, 2018, https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_
Agri-Food_E.pdf/$file/ISEDC_Agri-Food_E.pdf

Les technologies agricoles canadiennes : Semer l’avenir www.ictc-ctic.ca 10


Introduction
Le système agroalimentaire canadien fait face à des pressions croissantes pour
adopter des technologies agroalimentaires : ces pressions diverses découlent
de l’insécurité alimentaire, du changement climatique, de la croissance
démographique, de la demande d’aliments durables et d’autres tendances du
marché. Le Canada est l’un des pays les plus sûrs sur le plan alimentaire à l’échelle
mondiale, mais aucun pays n’est à l’abri de l’insécurité alimentaire. En 2018, 12,7
% des ménages canadiens étaient en situation d’insécurité alimentaire, et 8,7
% des ménages connaissaient une insécurité alimentaire modérée à grave15.
Ces difficultés ne sont pas non plus ressenties de la même manière par tous les
groupes démographiques : les ménages monoparentaux, ceux à faible revenu
et les ménages locataires sont plus exposés à l’insécurité alimentaire, tout
comme les personnes qui s’identifient comme étant noires ou autochtones16.
Des décennies de recherche établissent un lien entre l’insécurité alimentaire au
Canada et les problèmes de santé mentale17, la prévalence accrue des maladies
chroniques18 et les taux de mortalité plus élevés19. À son tour, l’état de santé a un
impact sur les coûts des soins de santé20.

15 « L’insécurité alimentaire des ménages, 2017-2018 » », 24 juin 2020, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-
625-x/2020001/article/00001-fra.htm.
16 « Household Food Insecurity in Canada », 2021, PROOF : https://proof.utoronto.ca/food-insecurity/.
17 Shafiee, M., et autres, « Household food insecurity is associated with depressive symptoms in the Canadian adult population »,
15 janvier 2021, Journal of Affective Disorders : https://doi.org/10.1016/j.jad.2020.10.057; Jessiman-Perreault, G., et McIntyre L.,
« The household food insecurity gradient and potential reductions in adverse population mental health outcomes in Canadian
adults », 1er décembre 2017, Population Health : https://doi.org/10.1016/j.ssmph.2017.05.013; Tarasuk, V., et autres, « Maternal
Food Insecurity Is Positively Associated with Postpartum Mental Disorders in Ontario, Canada », 19 novembre 2020, The Journal of
Nutrition : https://doi.org/10.1093/jn/nxaa240; « Household Food Insecurity in Canada », 2021, PROOF : https://proof.utoronto.ca/
food-insecurity/.
18 Tait, C.A., et autres, « The association between food insecurity and incident type 2 diabetes in Canada », 23 mai 2018 : https://
journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0195962; « Food Security and Diabetes », 11 février 2021, Diabète
Canada : https://www.diabetes.ca/advocacy---policies/our-policy-positions/food-security-and-diabetes.
19 Men, F., et autres, « Association between household food insecurity and mortality in Canada », 20 janvier 2020, Canadian Medical
Association Journal: https://doi.org/10.1503/cmaj.190385.
20 Men, F., et autres, « Food Insecurity is Associated with Higher Health Care Use and Costs Among Canadian Adults », août 2020,
Health Affairs (Project Hope) 39, no 8 : 1377-85 : https://doi.org/10.1377/hlthaff.2019.01637; Tarasuk, V., et autres, « Association
between Household Food Insecurity and Annual Health Care Costs », 6 octobre 2015, Canadian Medical Association Journal,
https://doi.org/10.1503/cmaj.150234.

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L’insécurité alimentaire est un problème pernicieux (difficile ou impossible à résoudre
en raison d’exigences incomplètes, contradictoires et changeantes), étroitement lié à
l’insécurité du revenu, au logement abordable et à d’autres défis socioéconomiques.
Par exemple, le prix des aliments est un facteur déterminant : de 2000 à 2020, l’inflation
du prix des aliments a dépassé le taux d’inflation général, la « facture d’épicerie type »
ayant augmenté d’environ 170 %21. Dans une perspective d’avenir, les chocs externes,
notamment les crises économiques comme la pandémie de COVID-19, la fluctuation
des prix du pétrole et les phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le
changement climatique continueront d’influencer le prix des aliments au Canada.

En ce qui concerne le changement climatique, l’impact sur le système alimentaire est


mitigé. Certaines régions, comme les régions fruitières de la Colombie-Britannique,
ont subi les effets négatifs des extrêmes climatiques, les vagues de chaleur détruisant
les cultures fruitières22. Les incendies de forêt et leur fumée ont également eu des
effets néfastes sur les raisins de cuve et les abeilles23. Dans les régions des Prairies, les
sécheresses et les inondations ont eu un impact négatif sur la production agricole, au
point où plusieurs municipalités ont déclaré des urgences agricoles24. Prospectivement,
les scientifiques s’attendent à des précipitations plus instables et à un plus grand nombre
de jours chauds enregistrant des températures dépassant 30 degrés Celsius, atteignant
même possiblement plus de 50 jours chauds par an à la fin du siècle25. Par contre, les
modèles de changement climatique suggèrent également que certaines parties du pays
pourraient devenir plus productives. Des hivers plus courts et des saisons de croissance
plus longues ont été observés à la grandeur du Canada jusqu’à présent, et la saison de
croissance moyenne devrait augmenter de 32 jours d’ici l’an 210026. À moins que des
événements météorologiques extrêmes ne se produisent et que les sols ne s’adaptent,
de grandes parties du Canada qui ne sont actuellement pas idéales pour l’agriculture ou
dont la productivité est limitée pourraient devenir plus propices à la production27.

Néanmoins, l’expansion des activités agricoles dans de nouvelles régions engendre de


nouveaux risques pour l’environnement. C’est pourquoi les experts en agroalimentaire
prévoient un besoin accru de technologies pour augmenter la production à partir des
terres déjà utilisées et « réduire les déchets pour faire durer les récoltes28 ».

21 « Canada’s Food Price Report – 11th Edition », 2021, Université Dalhousie, Université de Guelph, Université de la Saskatchewan
et Université de la Colombie-Britannique : https://cdn.dal.ca/content/dam/dalhousie/pdf/sites/agri-food/Food%20Price%20
Report%202021%20-%20EN%20(December%208).pdf
22 Les températures record enregistrées sur une période de 3 jours en juillet 2020 ont été si élevées qu’elles ont cuit des parties
importantes des cultures de cerises, de framboises et de bleuets de la région. Jusqu’à 75 % de certains fruits de la région sont
devenus trop endommagés pour être vendus frais. » [traduction] Gomez, M., « B.C. heat wave 'cooks' fruit crops on the branch in
sweltering Okanagan and Fraser valleys », 6 juillet 2021, CBC News : https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/heat-fruit-
crops-okanagan-fraser-valley-1.6092155.
23 The Canadian Press, « Wildfire smoke affecting Okanagan grapes and honey », 22 août 2018, CBC News : https://www.cbc.ca/news/
canada/british-columbia/wildfire-smoke-affecting-okanagan-grapes-and-honey-1.4794360.
24 Riley, S., « Another ‘harvest from hell’: Canada’s farmers forced to acclimatize to weird weather », 3 décembre 2019, The Narwhal :
https://thenarwhal.ca/another-harvest-from-hell-canadas-farmers-forced-to-acclimatize-to-weird-weather/; « Another Manitoba
municipality declares state of agricultural disaster due to drought and heat », 13 juillet 2021, CBC News : https://www.cbc.ca/news/
canada/manitoba/drought-agriculture-disaster-rm-of-armstrong-manitoba-1.6100138.
25 « Rapport sur le climat changeant du Canada », 2019, gouvernement du Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/
files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf.
26 Ibidem.
27 Hannah L., et autres, « The environmental consequences of climate-driven agricultural frontiers », 12 février 2020, PLOS ONE :
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0228305.
28 Chung, E., « Canada could be a huge climate change winner when it comes to farmland », 12 février 2020, CBC News : https://www.
cbc.ca/news/science/climate-change-farming-1.5461275. [traduction]

Les technologies agricoles canadiennes : Semer l’avenir www.ictc-ctic.ca 12


Inévitablement, la technologie jouera un rôle important dans la résolution des
problèmes liés à la sécurité alimentaire et au climat. Les pénuries de main-d’œuvre
qualifiée sur le plan technologique sont déjà considérées par le secteur agroalimentaire
comme un obstacle à l’adoption de nouvelles technologies, et à mesure que le système
agroalimentaire se modernise, l’adoption de la technologie entraînera une demande
accrue de main-d’œuvre et de compétences liées à la technologie.

Le rapport Les technologies agricoles canadiennes : Semer l’avenir évalue ces défis
et d’autres tendances dans le secteur agroalimentaire canadien, notamment les
tendances relatives aux entreprises de technologies agroalimentaires et à leurs
produits et services, les tendances en matière d’adoption de la technologie, et les
tendances du marché du travail (c’est-à-dire les rôles et les compétences recherchés).
Une approche de recherche à méthodes mixtes, qui comprend ce qui suit, a été utilisée
dans le cadre de la présente étude :

un examen de la documentation secondaire et une analyse des données


secondaires recueillies par un moissonnage du Web;

une recherche qualitative primaire comprenant 32 entrevues réalisées auprès


d’informateurs clés et de divers experts dans les domaines de la production
agroalimentaire, de la fabrication et des technologies;

une enquête sur l’industrie menée auprès de 310 entreprises de technologies


agroalimentaires, laquelle portait sur les besoins du marché du travail et
l’adoption des technologies.

De plus, au cours du projet de recherche, un comité consultatif s’est réuni pour


valider les résultats de la recherche. Le matériel qualitatif provenant des entrevues est
mentionné tout au long du rapport. Les résultats de l’enquête sont principalement
abordés dans les sections II et III. De plus amples détails sur la méthodologie de
recherche se trouvent en annexe.

La section I du rapport propose une introduction à l’industrie des technologies


agroalimentaires, en commençant par les principales définitions et tendances. La
deuxième partie de la section I présente un aperçu de l’industrie des technologies
agroalimentaires du Canada et se penche sur un ensemble de données portant sur
261 entreprises de technologies agroalimentaires actives au Canada. Elle détaille
les principaux groupes industriels et industries verticales technologiques, ainsi
que les tendances en matière de taille, d’emplacement et de date de création des
entreprises. La section II expose les rôles et les compétences recherchés dans
l’écosystème canadien des technologies agroalimentaires, ainsi que des exemples
précis. La section III présente un aperçu du paysage de l’adoption des technologies
agroalimentaires au Canada. Elle examine l’adoption des technologies par région et
traite des principaux défis à relever.

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SECTION I

Industrie des technologies


agroalimentaires
Le secteur agroalimentaire canadien englobe de nombreuses industries,
notamment l’agriculture primaire, l’aquaculture, ainsi que la transformation
des aliments et des boissons.

L’agriculture primaire désigne la production primaire de denrées sur des terres de culture,
notamment les cultures, l’horticulture et l’élevage, alors que l’aquaculture désigne l’élevage
d’organismes aquatiques dans l’eau, comme les poissons, les crustacés et les plantes aquatiques.
Les produits de l’agriculture et de l’aquaculture peuvent également être utilisés à des fins autres
que l’alimentation et la nutrition : par exemple, les moutons peuvent être élevés pour leur laine
et le chanvre peut être cultivé pour fabriquer du tissu, de la ficelle, des bioplastiques et d’autres
produits industriels29. L’industrie de la transformation des aliments et des boissons comprend
les fournisseurs de services alimentaires, la vente au détail et de gros de produits alimentaires, la
transformation des aliments et des boissons, et les fournisseurs d’intrants et de services30.

Vente en gros
et au détail

fournisseurs Agriculture primaire Restauration


d’intrants et
de services

transformateurs
d’aliments et
de boissons

Figure 1 : Composantes du secteur agricole et agroalimentaire canadien.


Source: « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 2020, gouvernement du Canada.

29 Agriculture et Agroalimentaire Canada fait le suivi de la production agricole à des fins alimentaires et industrielles séparément.
30 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://
agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-secteur-
agriculture-agroalimentaire-canada-2018

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Alors que les communautés du Canada comptent sur le secteur agroalimentaire pour
s’alimenter, bon nombre de Canadiens comptent également sur ce secteur pour le
travail et l’emploi. Le secteur agroalimentaire canadien est composé d’une chaîne
d’approvisionnement complexe et intégrée de producteurs agricoles primaires, de
fournisseurs d’intrants et de services, d’usines de transformation d’aliments et de boissons, de
détaillants et de grossistes, ainsi que de fournisseurs de services. Ensemble, ces intervenants
ont généré 143,1 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB) en 2018, soit 7,4 % du PIB
canadien total cette année-là31. Le secteur a également employé quelque 2,3 millions de
personnes en 2018, ce qui équivaut à 12,5 % des emplois canadiens (1 emploi canadien sur
8)32. Les emplois du secteur sont diversifiés, étant notamment situés sur des fermes ainsi que
dans des usines de transformation, des salles de conférence et des laboratoires33. Au chapitre
de la croissance, de 2012 à 2016, le secteur agroalimentaire a connu une croissance plus
rapide que l’économie canadienne en général : le PIB du secteur agroalimentaire a augmenté
de 11 % pendant cette période, alors que l’économie canadienne n’a augmenté que de 7,8 %34.

Pourcentage du PIB canadien (%)

1,8 % 1,7 % 1,6 % 1,6 % 0,7 %


Transformation Agriculture primaire Service Vente au détail Fournisseurs
des aliments alimentaire et de gros d’aliments d’intrants et
et boissons de services

Figure 2 : Au sein du secteur agroalimentaire, les industries de la transformation des aliments et des boissons
et de l’agriculture primaire sont les plus importantes.
Source : « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 2020, gouvernement du Canada.

Définir la technologie agroalimentaire


Comme pour de nombreux termes nouveaux et émergents, il n’existe pas de définition
universelle de la technologie agricole, de la technologie alimentaire ou de la technologie
agroalimentaire. À l’exception d’AgFunder et du National Institute of Food and Agriculture, un
sous-ensemble du département de l’Agriculture des États-Unis, très peu d’organisations ont
tenté de définir ces termes35. Néanmoins, à un niveau élevé, la technologie agroalimentaire
englobe toute technologie de pointe utilisée par le secteur agroalimentaire dans la
production alimentaire, par exemple, pour rendre la production alimentaire plus sûre, plus
efficace ou plus respectueuse de l’environnement, ou créer de nouveaux types d’aliments.

31 Ibidem.
32 Ibidem.
33 « Agriculture in Canada », 2021, Canada Action Coalition : https://www.canadaaction.ca/agriculture.
34 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://
agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-secteur-
agriculture-agroalimentaire-canada-2018
35 « Agriculture Technology », 2021, NIFA : https://nifa.usda.gov/topic/agriculture-technology; « AgFunder Agri-Food Tech Investing
Report 2017 », 2017, AgFunder : https://research.agfunder.com/2017/AgFunder-Agrifood-Tech-Investing-Report-2017.pdf

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Le secteur agroalimentaire fait appel à un éventail de technologies modernes pour parvenir


à ces fins, notamment :

l’intelligence artificielle et les données massives;

les capteurs, les réseaux à large bande et les autres technologies


de l’Internet des objets (IdO);

les systèmes d’information géographique, les systèmes mondiaux


de localisation (GPS) et les images aériennes;

les robots et les véhicules automatisés, connectés et électriques;

la biotechnologie et la bioinformatique.

Compte tenu de sa vaste chaîne d’approvisionnement, le secteur agroalimentaire chevauche


des secteurs adjacents, notamment le commerce de détail, la santé, les technologies
de l’information et des communications (TIC) et la fabrication. En fait, l’industrie de la
transformation des aliments et des boissons est la plus importante industrie manufacturière
au Canada, représentant 17 % de tout le PIB manufacturier et 18 % de l’emploi manufacturier36.
Les études passées et présentes réalisées par le CTIC se concentrent sur l’impact des
technologies émergentes sur le commerce de détail, la santé et la fabrication, et il est donc
important de clarifier quels domaines de chevauchement ne sont pas inclus dans la présente
étude. D’autres détails sur la façon dont le CTIC définit la technologie agroalimentaire sont
présentés dans la section « Méthodologie » en annexe.

Le Canada et l’industrie mondiale des technologies agroalimentaires


Le Canada bénéficiant d’une empreinte économique vaste et diversifiée, il n’est pas surprenant
que les données sur les investissements citent le pays comme un acteur clé de l’industrie
mondiale des technologies agroalimentaires. Selon AgFunder, en 2014, le Canada s’est classé
au troisième rang mondial des plus importantes ententes de financement en matière de
technologies agroalimentaires37. Toujours en 2014, la jeune entreprise canadienne Clearpath
Robotics figurait sur la liste des 20 ententes de financement les plus importantes à l’échelle
mondiale38, alors que 3 jeunes entreprises canadiennes ont intégré les listes des 20 et des 15 plus
importantes en 2017 et 201939. La Chine, le Royaume-Uni, la Colombie et Israël réunissaient un
plus grand nombre d’ententes au cours des dernières années, mais le Canada demeure un acteur
mondial clé : en 2019, le Canada se classait au septième rang pour la valeur totale en dollars des
nouvelles ententes de financement et au sixième rang pour le nombre réel de nouvelles ententes
(voir figure 3)40. De même, selon les données de PitchBook, 18 des 250 plus grands investisseurs
en technologies agricoles (mesurés par le nombre total de transactions en la matière) sont
canadiens41. En d’autres termes, le Canada est le deuxième investisseur en technologies agricoles
en importance après les États-Unis parmi les 250 premiers investisseurs mondiaux42.

36 « Agriculture Technology », 2021, NIFA : https://nifa.usda.gov/topic/agriculture-technology; « AgFunder Agri-Food Tech Investing


Report 2017 », 2017, AgFunder : https://research.agfunder.com/2017/AgFunder-Agrifood-Tech-Investing-Report-2017.pdf
37 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://agriculture.
canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-secteur-agriculture-
agroalimentaire-canada-2018 « AgTech Investing Report – 2014 », 2014, AgFunder : https://agfunder.com/research/agtech-investing-
report-2014/
38 Cette catégorie exclut les ententes conclues aux États-Unis.
39 « AgFunder Agri-Food Tech Investing Report », 2017, AgFunder : https://research.agfunder.com/2017/AgFunder-Agrifood-Tech-
Investing-Report-2017.pdf; « AgFunder Agri-Food Tech Investing Report », 2019, AgFunder : https://research.agfunder.com/2019/
AgFunder-Agrifood-Tech-Investing-Report-2019.pdf
40 « Food & AgTech Investor Sentiment Report », 2019, AgFunder : https://research.agfunder.com/food-agtech-investor-sentiment-report.pdf
41 Données de PitchBook data. Site consulté le 13 juillet 2021.
42 Ibidem.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Nombre d’ententes Valeur en dollars des ententes (millions de dollars américains)


• États-Unis 8 700

Chine 3 200

Inde 1 300

Royaume-Uni 1 100

Colombie 1 000

Israël 592

Canada 508
France 495

Espagne 439

Pays-Bas 335

Allemagne 274

Brésil 204

Nigéria 201

Finlande 149

Suisse 125

Suède 121

Corée du Sud 117

Argentine 100

Australie 90

Japon 88

0 100 200 300 400 500 600

Figure 3: Valeur des investissements annuels et nombre d’ententes de


financement par pays, à l’échelle mondiale. Source: Agfunder, 2019.43

Tendances en matière de technologies agroalimentaires


Bien qu’il existe de nombreuses tendances fascinantes dans le domaine des technologies
agroalimentaires, la présente section traite de celles qui sont ressorties le plus souvent lors des
entrevues menées par le CTIC auprès d’informateurs clés, lors des réunions du comité consultatif et
au cours de l’examen de la documentation secondaire, notamment :

1 l’agriculture de précision 2 l’agriculture en environnement contrôlé

3 la production alimentaire durable 4 la biotechnologie agricole

43 « AgFunder Agri-Food Tech Investing Report », 2019, AgFunder : https://research.agfunder.com/2019/AgFunder-Agrifood-Tech-


Investing-Report-2019.pdf

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

TENDANCES Agriculture de précision


L’agriculture de précision est une stratégie de gestion agricole qui vise à « éliminer l’intuition et la
conjecture de l’agriculture en permettant aux producteurs de tirer profit des mégadonnées »44.
Elle comporte une série de technologies qui recueillent et partagent des informations sur les
sols, le climat, les plantes et le bétail locaux, puis utilise ces données pour orienter les processus
agricoles et la prise de décisions. Cet ensemble de technologies inclut le GPS, les capteurs, les
données massives, l’intelligence artificielle, les interfaces de programmation d’applications (API),
la connectivité à large bande et les équipements agricoles de haute technologie. Au chapitre des
avantages, l’agriculture de précision permet d’accroître la productivité et de réduire les coûts45.

Les entreprises qui offrent des produits et des services d’agriculture de précision sont diverses.
Certaines ont un champ d’activité très large, comme l’entreprise albertaine Decisive Farming,
qui offre des solutions de gestion pour l’ensemble de l’exploitation agricole qui englobent la
production agricole, la gestion des ressources humaines, les ventes et le marketing. D’autres
exploitent un champ d’action plus restreint : par exemple, certaines entreprises d’agriculture de
précision se concentrent uniquement sur l’application d’engrais ou la gestion des sols. De même,
les produits et les services d’agriculture de précision peuvent s’appliquer à une seule industrie
(p. ex. horticulture, grandes cultures), à un seul produit (p. ex. canola, pommes de terre), ou à
plusieurs industries et produits. Un grand nombre d’entreprises qui fournissent des produits et
des services d’agriculture de précision au Canada s’occupent de produits de grande valeur ou
fabriqués à grande échelle, comme les oléagineux, les céréales et d’autres grandes cultures.

Certaines des personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont mentionné des défis
en matière de données liés aux solutions d’agriculture de précision. D’une part, elles ont souligné
que les solutions d’agriculture de précision sont encore relativement nouvelles et que la réalité
et la cohérence des données qui les guident doivent encore être améliorées. Plus précisément,
bien que bon nombre d’entreprises recueillent des données agricoles, il n’y a « presque aucun
consensus » entre les entreprises quant à ce que les agriculteurs devraient faire pour obtenir
certains rendements agricoles. Les personnes interrogées ont également soulevé un deuxième
défi : de nombreuses solutions d’agriculture de précision exigent encore des agriculteurs
qu’ils recueillent ou saisissent des données manuellement. Compte tenu de ce défi, certaines
entreprises travaillent actuellement à mieux intégrer leurs solutions aux équipements existants
et à automatiser davantage la collecte de données.

Lorsque l’agriculture de précision est utilisée pour guider des processus tels que
l’ensemencement, la pulvérisation et la récolte, des équipements agricoles de haute
technologie (comme des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et des pulvérisateurs) sont
souvent présents. La technologie agricole est de plus en plus perfectionnée, tout comme les
équipements agricoles : alors que le guidage GPS, la direction automatique et le contrôle de
section étaient autrefois considérés comme une technologie de pointe, ces dispositifs sont
aujourd’hui considérés comme une norme moderne pour les équipements agricoles. De
même, lorsque l’agriculture de précision est employée pour automatiser les processus, des
équipements agricoles automatisés comme des véhicules automatisés, des robots et des
drones sont utilisés.

44 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser


les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
45 Ibidem.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude se sont montrées


enthousiastes quant aux développements futurs des équipements agricoles automatisés.

Nous allons voir de plus en plus d’équipements agricoles devenir autonomes.


Nous ne sommes qu’à l’aube de l’autonomie des équipements et, franchement,
l’autonomie des équipements agricoles est beaucoup plus facile à instaurer que
celles des véhicules autonomes en général, comme les voitures autonomes sur
les autoroutes, parce qu’il y a moins de risques. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

La pénurie de main-d’œuvre est de plus en plus grave. Alors que le salaire


minimum augmente, le coût et la disponibilité de la main-d’œuvre constituent
un véritable défi, et la COVID-19 a vraiment aggravé le problème. Parallèlement,
la technologie évolue, et il est de plus en plus probable qu’elle sera capable
d’accomplir certaines de ces tâches complexes. Nous avons donc une
convergence intéressante : un besoin croissant et une possibilité accrue sur
le plan de la technologie. [traduction]
– Cadre, entreprise d’horticulture

Cependant, les personnes interrogées ont noté que la capacité d’automatisation agricole
varie selon le produit. Par exemple, comme l’expose la section III, l’automatisation est
particulièrement difficile à réaliser dans des industries comme l’horticulture où, par rapport
aux cultures et aux légumineuses, les produits sont plus délicats et plus faciles à endommager.

TENDANCES Agriculture en environnement contrôlé


L’Université de l’Arizona définit l’agriculture en environnement contrôlée comme « la
production de plantes et de leurs produits, comme les légumes et les fleurs, à l’intérieur de
structures à environnement contrôlé comme les serres, les fermes verticales et les chambres de
croissance46 ». De même, Innovation, Sciences et Développement économique Canada définit
ce type d’agriculture comme « un système de production basé sur une technologie agricole
en intérieur, où les cultures sont cultivées dans un environnement modifié et hautement
conditionné » et désigne les serres, l’agriculture verticale et l’hydroculture comme les formes les
plus courantes d’agriculture en environnement contrôlé47.

Les environnements de culture contrôlés ont des impacts importants sur l’industrie
agroalimentaire : depuis un certain temps, l’agriculture en environnement contrôlé permet
aux agriculteurs de cultiver des fruits et des légumes dans des conditions idéales offrant
une efficacité et une productivité maximales. De même, ces environnements offrent un abri
contre les conditions climatiques et météorologiques défavorables. Plus récemment, les
environnements contrôlés ont permis à des communautés de cultiver des aliments (ou certains
types d’aliments) dans des endroits où elles ne pouvaient pas le faire auparavant, comme les
villes et les communautés urbaines, les climats plus froids et les endroits où les sols ne sont
pas appropriés. Fait intéressant, les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude
ont indiqué que Montréal est un chef de file mondial en matière d’agriculture urbaine et de
résilience écologique.

46 « UA Controlled Environmental Agriculture Center », 2021, Université de l’Arizona : https://ceac.arizona.edu/. [traduction]


47 « Améliorer l’automatisation dans le secteur de l’agriculture en environnement contrôlé », 19 janvier 2021, gouvernement du
Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/101.nsf/fra/00125.html

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

La capacité de cultiver des aliments dans de nouveaux endroits entraîne de nombreuses


répercussions, notamment sur la qualité des aliments.

La principale proposition de valeur pour notre produit repose sur le fait que
beaucoup d’aliments sont achetés ailleurs et expédiés ici, au Canada. Le coût
environnemental est un problème, tout comme le fait que les produits ne sont
pas nécessairement de très bonne qualité. Le voyage est long avant d’arriver au
Canada, ce qui entraîne beaucoup de pertes et de dommages. De plus, les variétés
spécifiques que les épiceries proposent sont produites pour pouvoir supporter ce
long voyage, plutôt que pour leur nutrition et leur saveur. [traduction]
– Directeur de l’ingénierie des procédés, entreprise d’agriculture en environnement contrôlé

Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude étaient divisées quant à la
mesure dans laquelle l’agriculture en environnement contrôlé contribuera à la sécurité
alimentaire. Selon une des personnes interrogées, si nous développons davantage la
technologie, il est possible d’accroître la sécurité alimentaire de notre pays. Toutefois,
d’autres membres du conseil consultatif ont fait une mise en garde : bien que l’agriculture en
environnement contrôlé puisse permettre une production alimentaire plus efficace dans de
nouveaux endroits, les types d’aliments (p. ex. tomates, concombres, poivrons, etc.) qui sont
actuellement produits en environnement contrôlé ne sont pas riches en protéines ni assez
diversifiés pour constituer un régime alimentaire complet. Néanmoins, ce type d’agriculture
peut aider les communautés éloignées à avoir accès à des denrées périssables en leur
permettant de cultiver davantage d’aliments localement.

Bien que les environnements contrôlés utilisent les terres, les sols et l’eau beaucoup plus
efficacement que les fermes traditionnelles, ce n’est pas nécessairement le cas pour leurs
besoins énergétiques. Les personnes interrogées ont souligné l’importance d’utiliser des
énergies propres pour alimenter les fermes verticales et les serres. Elles ont également noté
que de nombreuses communautés rurales et éloignées au Canada qui pourraient bénéficier
d’une production alimentaire locale accrue dépendent de sources d’énergie à fortes
émissions comme les combustibles fossiles.

TENDANCES Production alimentaire durable

En ce qui concerne l’alimentation, le Canada est probablement l’un des pays


les plus favorisés au monde, en grande partie grâce à deux éléments : les
sols propres et l’eau propre, deux ressources essentielles. Parallèlement, la
contamination et la dégradation représentent nos plus grands risques. [traduction]
– Cadre, organisation de recherche sur les technologies agroalimentaires

La production alimentaire durable est apparue comme un thème commun des entrevues
et des réunions du comité consultatif. Les personnes interrogées ont discuté des principaux
moteurs de cette tendance, y compris les politiques gouvernementales (offre) et la
demande des consommateurs (demande). Par ailleurs, l’alimentation et l’agriculture
durables sont à la base d’une croissance économique résiliente.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

L’impact du secteur de l’agroalimentaire sur l’environnement est important puisqu’il


représente de 21 à 37 % des émissions mondiales de GES48, 70 % de l’utilisation de
l’eau douce49, et plus de 50 % des terres habitables de la planète50, faisant du secteur
de l’agroalimentaire, qui joue un rôle déterminant dans le changement climatique, la
conservation, les efforts en matière de biodiversité et les technologies propres, un important
marché pour les entreprises de technologies agroalimentaires.

En ce qui concerne la politique gouvernementale, en 2021, le gouvernement fédéral s’est


engagé à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 205051. Dans le cadre de ce programme
politique, Agriculture et Agroalimentaire Canada gère un programme de 185 millions de
dollars sur 10 ans « qui permettra d’élaborer et de mettre en œuvre des pratiques agricoles
pour lutter contre les changements climatiques52 » et un programme de 165,7 millions de
dollars sur 7 ans pour aider le secteur agricole à développer et à adopter des technologies
propres transformatrices53. De même, de nombreux marchés étrangers commencent à
privilégier ou à exiger l’approvisionnement et l’achat écologiques dans leurs systèmes
alimentaires. L’Union européenne s’est également engagée à atteindre des émissions nettes
nulles d’ici 2050 et, grâce à sa stratégie « De la ferme à la fourchette », elle espère réduire
le gaspillage alimentaire et rendre la production, la transformation et la distribution des
aliments plus durables54.

Parallèlement, la demande des consommateurs pour des aliments durables est importante.
Selon une enquête réalisée en 2020 par le Centre canadien pour l’intégrité des aliments, 37
% des Canadiens se disent très préoccupés par la durabilité environnementale en agriculture
et 36 % ont cherché des informations sur la production alimentaire écologique et durable55.
Bien que les définitions de l’alimentation durable varient selon les consommateurs, un peu
moins de 45 % des Canadiens croient que l’alimentation durable a un impact positif sur
l’environnement56. De plus, l’enquête montre que les Canadiens agissent en fonction de leurs
préoccupations environnementales : plus de 55 % d’entre eux cherchent des produits utilisant
moins d’emballage, et 47 % recherchent des produits ayant un impact environnemental
minimal. La recherche montre que les jeunes Canadiens âgés de 18 à 23 ans sont à l’origine
de la demande accrue d’aliments durables57. Comparativement aux Canadiens de plus de 24
ans, les Canadiens de la génération Z (âgés de 6 à 24 ans) sont « nettement plus susceptibles
de […] rechercher des produits alimentaires avec moins d’emballage (62 %) et un impact
environnemental minimum (58 %)58 ».

48 « De 21 à 37 % des émissions totales de gaz à effet de serre sont attribuables au système alimentaire. » [traduction] Voir : « Special
Report: Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC : https://www.ipcc.ch/srccl/
chapter/chapter-5/; « Food systems account for over one-third of global greenhouse gas emissions », 9 mars 2021, Nations Unies
ONU Info : https://news.un.org/en/story/2021/03/1086822; Ritchie, H., « Food production is responsible for one-quarter of the
world’s greenhouse gas emissions », 6 novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/food-ghg-emissions
49 « Retraits annuels d’eau douce pour l’agriculture (% des retraits totaux d’eau douce) », 2021, Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture et données d’AQUASTAT, Banque mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/
er.h2o.fwag.zs
50 Ritchie, H., et Roser, M., « Land Use », septembre 2019, Our World in Data : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/
er.h2o.fwag.zs.
51 Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, 2021, Open Parliament : https://openparliament.ca/bills/43-2/C-12/
52 « Solutions agricoles pour le climat », 12 avril 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-
agroalimentaire/nouvelles/2021/03/document-dinformation--solutions-agricoles-pour-le-climat.html.
53 « Un environnement sain et une économie saine », 8 mars 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/
environnement-changement-climatique/nouvelles/2020/12/un-environnement-sain-et-une-economie-saine.html
54 « Farm to Fork Strategy », 2021, Commission européenne : https://ec.europa.eu/food/horizontal-topics/farm-fork-strategy_en
55 « Étude sur la confiance du public 2020 : Tendances de confiance et voie vers l’avant », 2020, Centre canadien pour l’intégrité des
aliments : http://www.foodintegrity.ca/wp-content/uploads/2020/11/FRE2020Summit-Research-HR2.pdf
56 Ibidem.
57 Ibidem.
58 Ibidem.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Les intervenants de l’industrie agroalimentaire canadienne ont pris des mesures pour réduire
leur impact environnemental. En fait, alors que la production agricole du Canada a augmenté
au cours des 20 dernières années, les émissions de GES du secteur sont restées relativement
stables à environ 60 Mt d’équivalent CO2, tandis que l’intensité carbonique du secteur a
diminué59. Aujourd’hui, le secteur agricole représente environ 10 % des émissions nationales
de GES du Canada60. En ce qui concerne les solutions d’agriculture durable, les technologies
d’agriculture de précision peuvent contribuer à accroître l’efficacité de l’agriculture et à réduire
l’empreinte carbone ainsi que l’utilisation de pesticides et d’engrais61. Par ailleurs, les pratiques
agricoles régénératrices peuvent contribuer à augmenter la teneur en carbone du sol : les
cultures de couverture, la culture sans labour, la rotation accrue des cultures et la réduction de
l’utilisation de produits chimiques en font partie62.

Normes de l’industrie

Tout en reconnaissant l’importance de l’agriculture durable, les personnes interrogées dans


le cadre de la présente étude ont noté que deux éléments sont nécessaires pour mieux
soutenir les investissements à grande échelle dans les solutions d’agriculture durable : une
convergence et une acceptation accrues des normes de l’industrie et, le cas échéant, une
préservation de l’identité plus accessible. En discutant de la demande accrue pour des
aliments durables, les personnes interrogées ont souligné la nécessité d’établir des normes
universellement acceptées pour l’agriculture durable. Elles ont noté que, bien qu’il soit
possible de mesurer certains attributs ou impacts sur l’environnement, comme la réduction
du travail de labour, il n’est pas certain que ces mesures soient universellement acceptées, ni
qu’elles justifient de qualifier un produit d’« écologiquement durable ».

Nous pouvons certainement prendre des mesures comme réduire le travail de labour,
entraînant un stockage accru de carbone dans les sols. Nous pouvons aussi quantifier
cette action en l’examinant d’un point de vue brut. Donc, en masse, nous pouvons
regarder combien de travail de labour il y a dans le système et faire des calculs quant
aux avantages sur le plan des GES, mais est-ce que nous cochons alors la bonne case
et rendons le système officiellement durable sur le plan environnemental? [traduction]
– Fonctionnaire, secteur agroalimentaire

L’aspect carbone est un sujet très chaud en ce moment. Comment montrer que les
cultures produites ici sont faibles en carbone? Je pense qu’il y a là une grande occasion,
mais il reste à savoir comment la quantifier et y intégrer des données. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

59 Bilyea, T., et autres, « L’agriculture efficace en tant que fournisseur de solutions au gaz à effet de serre », septembre 2019, Institut
canadien des politiques agroalimentaires : https://capi-icpa.ca/wp-content/uploads/2019/09/2019-09-16-CAPI-fournisseur-
solutions-GES-Fr_WEB.pdf.
60 Cette mesure exclut la consommation d’énergie à la ferme et l’énergie utilisée dans la production d’engrais. « Sources et puits
de gaz à effet de serre : sommaire 2021 », 26 juin 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/environnement-
changement-climatique/services/changements-climatiques/emissions-gaz-effet-serre/sources-puits-sommaire-2021.html.
61 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser les exportations
canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/
rapport-15/page-69.
62 Bilyea, T., et autres, « L’agriculture efficace en tant que fournisseur de solutions au gaz à effet de serre », septembre 2019, Institut
canadien des politiques agroalimentaires : https://capi-icpa.ca/wp-content/uploads/2019/09/2019-09-16-CAPI-fournisseur-
solutions-GES-Fr_WEB.pdf

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

De l’avis d’autres personnes interrogées, ce défi n’a rien de nouveau : par le passé, lorsque
les consommateurs étaient prêts à payer un supplément pour certains types de produits
alimentaires, les industries ont établi leurs propres normes. Comme l’a dit l’une des personnes
interrogées, « plutôt que d’attendre que les gouvernements ou d’autres pays établissent ces
normes, l’industrie établit ses propres normes, et c’est ensuite à l’autre partie de prouver que
l’industrie a tort ». Un petit tour à l’épicerie permet de constater les nombreuses certifications
et normes alimentaires établies par l’industrie dans l’ensemble du système alimentaire
canadien : biologique63, commerce équitable64, sans organisme génétiquement modifié65,
hallal66, à base de plantes67, recyclage valorisant68, végétalien69 et sans gluten70 (Association
canadienne de la maladie cœliaque). Cependant, puisque les gouvernements encouragent
ou rendent obligatoires les produits alimentaires durables, plutôt que de laisser les
consommateurs décider, des normes mondiales devront être établies.

Préservation de l’identité
Selon les personnes interrogées, lorsque les consommateurs sont prêts à payer un
supplément pour un certain type d’aliment, ils veulent généralement être certains que
le produit est authentique. De même, certaines entreprises ou industries n’utiliseront
que certaines variétés d’un produit pour leurs caractéristiques ou traits spécifiques. Le
programme de production de blé Warburtons de Paterson Grain est un exemple frappant
de ce type de marché spécialisé71. Warburtons, une entreprise de boulangerie du Royaume-
Uni, ne s’approvisionne en céréales qu’auprès de producteurs qui respectent les conditions
de son programme : en échange de leur adhésion à ces conditions, les producteurs peuvent
demander une prime supplémentaire en plus des prix normaux des céréales. De leur côté,
les producteurs ont besoin de mesures pour faire le suivi des produits tout au long de la
chaîne d’approvisionnement. Dans le secteur agroalimentaire, le suivi des produits tout au
long de la chaîne d’approvisionnement est appelé préservation de l’identité.

Selon les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude, une chose reste à
clarifier : les consommateurs sont-ils prêts à payer un supplément pour des aliments
produits de manière durable?

Les coûts pour préserver l’identité des aliments durables tout au long de la
chaîne d’approvisionnement et les produire de manière durable sont plus élevés.
Présentement, il n’est pas certain que les agriculteurs sont en mesure de refiler
ce coût aux consommateurs sous la forme d’une prime supplémentaire, comme
ils l’ont fait dans le secteur des aliments biologiques. Il est possible que les
consommateurs s’attendent à ces caractéristiques améliorées, mais, en même
temps, ne veuillent pas dépenser plus pour les obtenir. [traduction]
– Chercheur, université canadienne

63 « Certified Organic », 2020, Organic Council of Ontario : https://www.organiccouncil.ca/organics/organic-certification/.


64 « Fairtrade International », 2021, Fairtrade International : https://www.fairtrade.net/.
65 « The Non-GMO Project », 2021 : https://www.nongmoproject.org/.
66 « Halal Certification Canada », 2021, Halal Certification Canada : http://ifancc.org.
67 « Driving the Industry Forward », 2020, Plant Based Foods Association : https://www.plantbasedfoods.org/.
68 « The Upcycled Certification Program Standard », 2021, UpcycledFood.Org : https://www.upcycledfood.org/the-standard.
69 « Certification – Vegan Action », 2021, Vegan Action/Vegan Awareness Foundation : https://vegan.org/certification/.
70 « Le Gluten-Free Certification Program (GFCP) », 2021, Association canadienne de la maladie cœliaque : https://www.celiac.ca/fr/
professionnels-de-lindustrie-alimentaire/renseignement-sur-la-certification/.
71 « IP Programs », 2021, Paterson Grain : https://www.patersongrain.com/for-farmers/grain-marketing/ip-programs/.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Néanmoins, les personnes interrogées ont noté que la demande des consommateurs
sera toujours une cible mouvante et, surtout, que ce produit devra faire l’objet d’un suivi si
les consommateurs sont prêts à payer un supplément pour un produit alimentaire précis.
Parallèlement, le système alimentaire mondial exige de plus en plus de données détaillées
sur la chaîne d’approvisionnement pour satisfaire aux exigences en matière de sécurité
alimentaire. Comme l’écrit l’auteure technologique dans Blockchain Chicken Farm and Other
Stories of Tech in China's Countryside, les informations sur les aliments sont essentielles à la
sécurité alimentaire : « Elles font de l’agriculture industrialisée une entreprise d’information. »
De même, les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont déclaré que de
répondre à la demande des consommateurs consistait à créer davantage de transparence :
plus les producteurs disposent de données et meilleurs sont leurs registres, plus il est facile
d’évaluer la façon dont ils produisent leurs cultures et de saisir de nouvelles occasions.
Aujourd’hui, le domaine de la préservation de l’identité est peuplé d’une suite diversifiée de
technologies : codes à barres, identification par radiofréquence, codes QR et autres solutions
d’identité numérique, outils de gestion des enregistrements fondés sur la blockchain, et
solutions de chaîne d’approvisionnement qui exploitent les capteurs d’IdO, les données
massives et l’intelligence artificielle. Les personnes interrogées se sont montrées enthousiastes
quant à l’expansion future des occasions dans ce domaine.

Il faut savoir que de préserver l’identité coûte de l’argent, et je pense qu’il y aura une
formidable occasion dans les décennies à venir pour livrer plus efficacement des
produits alimentaires. [traduction]
– Chercheur, université canadienne

Protéines de substitution
La demande mondiale d’aliments durables a donné naissance à de nombreux régimes
alimentaires soucieux de l’environnement. Citons notamment le régime biologique, qui
met l’accent sur la consommation d’aliments produits selon des normes environnementales
strictes72, le régime des 100 miles, qui met l’accent sur la consommation d’aliments cultivés
localement, et les régimes flexitariens, végétariens, végétaliens et à base de plantes, qui,
à des degrés divers, mettent l’accent sur une consommation réduite en viande et produits
laitiers. Cette dernière catégorie de régimes qui vise à réduire la consommation de viande et de
produits laitiers a mené à la création d’une nouvelle industrie : les protéines de substitution.

La production et la consommation de viande et de produits laitiers ont explosé au cours des


50 dernières années, tout comme les émissions de GES, la consommation d’eau douce et
l’utilisation des terres73. Par rapport aux protéines végétales, la viande et les produits laitiers
utilisent plus de terres et émettent plus de GES par unité de protéine74. À l’exception des noix, la
viande et les produits laitiers utilisent également plus d’eau75.

72 « Organic 101: What the USDA Organic Label Means », 2021, département de l’Agriculture des États-Unis : https://www.usda.gov/
media/blog/2012/03/22/organic-101-what-usda-organic-label-means; « Certified Organic », 2020, Organic Council of Ontario :
https://www.organiccouncil.ca/organics/organic-certification/
73 Ritchie, H., et Roser, M., « Meat and Dairy Production », novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/
meat-production. Cependant, les GES associés à la production de viande et de produits laitiers varient selon le pays : « Selon
les constatations d’AAC, le Canada est l’un des producteurs les plus efficients, classé au 90e percentile du bas de l’intensité
des émissions de GES pour ce qui est de la production de bœuf par rapport aux chiffres mondiaux. » Bilyea, T., et autres, «
L’agriculture efficace en tant que fournisseur de solutions au gaz à effet de serre », septembre 2019, Institut canadien des
politiques agroalimentaires : https://capi-icpa.ca/wp-content/uploads/2019/09/2019-09-16-CAPI-fournisseur-solutions-GES-
Fr_WEB.pdf
74 Ritchie, H., et Roser, M., « Environmental impacts of food production », juin 2021, Our World in Data : https://ourworldindata.org/
environmental-impacts-of-food?country=
75 Ibidem.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Consommer moins de viande et de produits laitiers et davantage de protéines de substitution76


peut donc avoir un impact positif sur l’environnement77. Selon le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat, l’adoption de « régimes alimentaires sains et
durables présentent d’importantes possibilités de réduire les émissions de GES des systèmes
alimentaires et d’améliorer la santé78 ».

L’industrie des protéines de substitution, qui comprend la viande et les produits laitiers à base de
plantes, les protéines cultivées à base de viande ou de cellules, et les protéines de substitution
issues de la fermentation, est née de ces défis au cours des dernières années. Composée
de protéines, de matières grasses, de vitamines, de minéraux et d’eau, la viande à base de
plantes est produite à partir de plantes et de végétaux à l’aide de techniques de transformation
alimentaire de haute technologie . La viande cultivée, qui est identique à la viande traditionnelle à
l’échelle cellulaire, est produite à partir de cellules80. La fermentation est un processus de longue
date qui utilise des micro-organismes pour produire des protéines de substitution81.

Les consommateurs se tournent de plus en plus vers les produits à base de plantes, qui
constituent la plus grande source de protéines de substitution. Une enquête menée par
Deloitte en 2021 a révélé que 44 % des consommateurs interrogés au Canada ont essayé
de consommer moins de viande au cours de la dernière année82. En outre, 79 % des
consommateurs interrogés ont augmenté leurs dépenses en laits à base de plantes et autres
produits non laitiers en 2021, tandis que 72 % ont augmenté leurs achats de produits de viande
de substitution83. Encore une fois, les jeunes Canadiens âgés de 18 à 23 ans sont à l’origine de
cette tendance : « Par rapport aux Canadiens âgés d’au moins 24 ans, les plus jeunes sont plus
susceptibles de dire qu’ils recherchent activement des épiceries, des restaurants et des recettes
offrant des options à base de plantes ou des substituts à la viande84 ».

Bien que les recherches montrent que la demande d’options à base de plantes continuera de
croître, compte tenu de la valeur marchande, la viande reste la forme dominante de protéines85.
De plus, la consommation de viande et de produits laitiers augmente généralement avec le
revenu et l’urbanisation, ce qui signifie que la production de viande et de produits laitiers est
susceptible d’augmenter dans les marchés en développement dans un avenir prévisible86.
Néanmoins, le Canada est un exportateur majeur de lentilles, de haricots secs, de pois secs
et de soja87, faisant de l’industrie des protéines de substitution une possibilité intéressante.
L’organisation Protein Industries Canada, créée par le gouvernement fédéral en 2018, s’efforce
« d’accélérer l’innovation et la compétitivité du secteur des protéines végétales au Canada » et
de faire du Canada « un chef de file mondial dans le secteur des protéines végétales88 ».

76 McKinsey & Company définit les protéines de substitution comme des ingrédients riches en protéines provenant de plantes,
d’insectes, de champignons ou de cultures de tissus pour remplacer les sources animales conventionnelles. Voir : « Alternative proteins:
The race for market share is on », 16 août 2019, McKinsey & Company : https://www.mckinsey.com/industries/agriculture/our-insights/
alternative-proteins-the-race-for-market-share-is-on
77 Toutefois, l’empreinte carbone des analogues de viande comme la viande synthétique (faite à partir de produits végétaux), la
viande cultivée et les insectes par rapport aux protéines végétales non transformées est plus incertaine en raison des différences de
production. Voir : « Special Report: Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC :
https://www.ipcc.ch/srccl/chapter/chapter-5/
78 « Special Report: Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC : https://www.ipcc.ch/
srccl/chapter/chapter-5/ [traduction]
79 « Plant-based meat », 2021, Good Food Institute : https://gfi.org/plant-based/.
80 « Cultivated meat », 2021, Good Food Institute : https://gfi.org/cultivated/.
81 « Fermentation », 2021, Good Food Institute : https://gfi.org/fermentation/.
82 « The future of food: a Canadian perspective – The conflicted consumer 2021 food consumer survey », 2021, Deloitte : https://www2.
deloitte.com/content/dam/Deloitte/ca/Documents/consumer-business/ca_futureoffood_pov_en_AODA.pdf
83 Ibidem.
84 « Étude sur la confiance du public 2020 : Tendances de confiance et voie vers l’avant », 2020, Centre canadien pour l’intégrité des
aliments : http://www.foodintegrity.ca/wp-content/uploads/2020/11/FRE2020Summit-Research-HR2.pdf
85 Ibidem; « Alternative proteins: The race for market share is on », 16 août 2019, McKinsey & Company : https://www.mckinsey.com/
industries/agriculture/our-insights/alternative-proteins-the-race-for-market-share-is-on.
86 Ritchie, H., et Roser, M., « Meat and Dairy Production », novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/meat-production
87 « Pays par produits », 2021, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture : http://www.fao.org/faostat/
fr/#rankings/countries_by_commodity_exports.
88 « Qui sommes-nous », 2021, Protein Industries Canada : https://www.proteinindustriescanada.ca/fr/qui-sommes-nous

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

TENDANCES Biotechnologie agricole et bioéconomie


La bioéconomie canadienne utilise les ressources de l’agriculture, de la foresterie, de la
biomasse issue de la pêche et d’autres déchets organiques pour créer des bioproduits (p. ex.
des solutions de remplacement renouvelables aux produits industriels non renouvelables,
qui sont souvent nocifs pour l’environnement). BioTalent Canada divise la bioéconomie
en quatre sous-industries : la biosanté, la bioénergie, la bioindustrie et la biotechnologie
agricole (qui comprend les nutriments et suppléments pour animaux, les vaccins pour le
bétail, et la génétique végétale et animale)89.

La biotechnologie agricole, quant à elle, est un ensemble de techniques et d’outils


hautement perfectionnés utilisés par les scientifiques pour comprendre ou manipuler la
composition génétique des organismes en vue de leur utilisation dans la production ou
la transformation de produits agricoles. Par exemple, les personnes interrogées dans le
cadre de la présente étude se sont montrées particulièrement enthousiastes quant au rôle
de la biotechnologie dans le développement de nouvelles variétés de plantes dotées de
caractéristiques bénéfiques (telles que des cultures nécessitant moins d’eau, d’engrais ou
de terre, ou immunisées contre certains parasites ou maladies). Comme l’a fait remarquer
l’une des personnes interrogées, « il est important que l’agriculture soit aussi efficace que
possible à tous les niveaux afin de garantir l’approvisionnement alimentaire d’une population
croissante ». Par conséquent, « les biotechnologies végétales et la génétique des plantes
doivent relever de nombreux défis ». Les commentaires suivants des personnes interrogées
démontrent notamment comment la biotechnologie peut être appliquée à la production et
à la transformation des aliments.

Nous travaillons notamment dans le domaine de la biologie végétale, qui consiste


à créer une gamme diversifiée de produits et à améliorer les variétés de plantes à la
disposition des producteurs. Il s’agit également d’obtenir des informations auprès
des consommateurs afin de positionner adéquatement ces produits sur le marché.
Nous cherchons à comprendre ce que veulent les consommateurs afin de pouvoir
sélectionner les caractères de consommation qui auront du succès au bout du
compte lorsque le produit entrera sur le marché. [traduction]
– Cadre, entreprise horticole

L’édition génomique peut modifier les propriétés des matières premières, mais elle
sera également très importante dans la transformation des aliments, c’est-à-dire la
façon dont les matières premières sont transformées. L’édition génomique offre un
incroyable potentiel dans l’industrie de la transformation alimentaire. Il faut penser
à la façon dont nous pourrions utiliser les bactéries, les levures et toutes sortes de
techniques d’édition qui ont un impact direct sur l’odeur, la saveur et l’aspect des
aliments, et d’autres aspects comme la durée de conservation. [traduction]
– Chercheur, université canadienne

88 « Qui sommes-nous », 2021, Protein Industries Canada : https://www.proteinindustriescanada.ca/fr/qui-sommes-nous


89 « Infos sur la bioéconomie », 2021, Biotalent Canada : https://www.biotalent.ca/fr/infossur-la-bioeconomie/

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Ces techniques trouvent leur origine loin dans le temps et sont liées à une longue histoire de
croisements et de sélection visant à rechercher les meilleures variétés et les plus rentables. La
biotechnologie s’applique à plusieurs disciplines, dont la génétique, la biochimie et la biologie
moléculaire90. Une série de termes ont été inventés pour identifier les différentes branches de
la biotechnologie (dont certaines s’appliquent à l’agriculture)91.

La biotechnologie verte est une biotechnologie appliquée aux processus agricoles,


comme la sélection et la domestication de plantes par micropropagation, ou la
conception de plantes transgéniques pour qu’elles poussent dans des environnements
précis en présence (ou en l’absence) de produits chimiques. Certains espèrent que
la biotechnologie verte produira des solutions plus écologiques que l’agriculture
industrielle traditionnelle. L’ingénierie d’une plante pour exprimer un pesticide,
éliminant ainsi la nécessité d’une application externe de pesticides, en est un exemple.

La biotechnologie jaune désigne l’utilisation de la biotechnologie dans la production


alimentaire, comme la vinification, la fabrication du fromage et le brassage par
fermentation. Elle comprend également des approches fondées sur la biotechnologie
pour la lutte contre les insectes nuisibles, la caractérisation et l’utilisation de principes
actifs ou de gènes d’insectes pour la recherche ou l’application en agriculture et en
médecine, et diverses autres approches.

La biotechnologie rouge « touche la biotechnologie à des fins médicales, y compris


l’ingénierie des thérapies géniques et la conception d’organismes qui créent des
antibiotiques92 ». Dans le secteur agroalimentaire, la biotechnologie rouge se
concentre sur l’amélioration de la santé du bétail.

La bioinformatique est un domaine interdisciplinaire qui aborde des problèmes biologiques à


l’aide de techniques informatiques et rend possible l’organisation rapide ainsi que l’analyse des
données biologiques93. Ce domaine peut également être appelé biologie computationnelle
et défini comme la conceptualisation de la biologie en termes de molécules et l’application
de techniques informatiques pour comprendre et organiser les informations associées à ces
molécules, à grande échelle. La bioinformatique joue un rôle clé dans divers domaines, comme
la génomique fonctionnelle, la génomique structurelle et la protéomique, et constitue une
composante essentielle du secteur biotechnologique et pharmaceutique94.

L’industrie canadienne des technologies agroalimentaires en bref


À l’aide des données de PitchBook, le CTIC a compilé un ensemble de données sur 261
entreprises qui exercent leurs activités dans le secteur des technologies agroalimentaires au
Canada. Ces entreprises sont présentées en détail dans les sections ci-dessous, lesquelles
proposent aussi des renseignements sur les principaux secteurs d’activité et industries verticales
technologiques, l’emplacement du siège social, le nombre d’employés et l’année de fondation.

90 « What is Biotechnology », 2021, Norwegian University of Science and Technology : https://www.ntnu.edu/ibt/about-us/what-is-


biotechnology
91 « Biotechnology and its impact on today's and tomorrow's world », 2021, Iberdrola : https://www.iberdrola.com/innovation/
what-is-biotechnology
92 Cutean, A., et autres, « Tendances de croissance au Canada : Aperçu des talents numériques pour 2023 », octobre 2019, CTIC :
http://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2019/11/canada-growth-currency-FINAL-FRENCH-10.28.19.pdf
93 « Bioinformatics », 2021, National Human Genome Research Institute : https://www.genome.gov/genetics-glossary/
Bioinformatics
94 « Computational biology and bioinformatics », 2021, Springer Nature Limited : https://www.nature.com/subjects/
computational-biology-and-bioinformatics

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Industries verticales technologiques et secteurs d’activité majeurs

Les entreprises technologiques transcendent les catégories traditionnelles de secteurs


et d’industries, compliquant la catégorisation des jeunes entreprises et des entreprises
technologiques. Par exemple, une entreprise de technologies financières fournissant
des outils logiciels aux banques pourrait être catégorisée à la fois dans le secteur des
services financiers et celui des TIC. C’est également le cas des entreprises de technologies
agroalimentaires, qui peuvent être classées à la fois dans le secteur de l’agroalimentaire et
celui des TIC. De même, les classifications industrielles peuvent être trop larges pour fournir
des informations utiles sur les gammes de produits ou de services d’une entreprise. Par
exemple, parmi la liste des entreprises, l’agriculture, les logiciels et les produits et services
commerciaux constituaient les trois principaux groupes d’industries. D’autres approches de
classification des jeunes entreprises, comme les industries verticales technologies majeures,
peuvent fournir d’autres perspectives : parmi les entreprises de l’ensemble de données, les
10 industries verticales technologiques les plus importantes (en ordre d’importance) étaient
les technologies agricoles, la fabrication, les technologies propres, l’intelligence artificielle
et l’apprentissage machine, la robotique et les drones, les sciences de la vie, la technologie
mobile, les technologies alimentaires, les modes de vie sains et durables, le bien-être, et les
logiciels en tant que service95.

Plus largement, le CTIC a analysé les descriptions des entreprises afin de relever les
thèmes communs. Dans l’ensemble, 10 gammes de produits et de services s’en dégagent
: l’agriculture de précision, les environnements de culture contrôlés, les intrants relatifs à la
nutrition et à la protection des cultures, les équipements agricoles de haute technologie,
la biotechnologie agricole, les services aux entreprises, les protéines de substitution,
les technologies d’élevage, la transformation alimentaire de haute technologie, et les
technologies de l’aquaculture (voir la figure 4).

Agriculture en Services d’entreprise Technologies Autres (7)


environnement contrôlé Gestion, gestion des stocks, d’élevage
Agriculture intérieure, serres, marchés en ligne, conseils (27) d’animaux
agriculture verticale (31) Gestion du bétail,
aquaculture (20) Transformation
d’aliments de
haute technologie

Entreposage,
Équipement agricole transport (9)
Agriculture de précision de haute technologie
Gestion des cultures, gestion des sols, Semoirs, pulvérisateurs,
Protéines de substitution
infrastructure de l’IdO (54) tracteurs, robots (28) À base de plantes, nouveaux aliments,
viande cultivée en laboratoire (24)

Intrants relatifs à la nutrition Biotechnologies agricoles


et à la protection des cultures Caractéristiques et variétés de plantes,
Pesticides biologiques et chimiques, médicaments vétérinaires (29)
engrais, biostimulants (31)

Figure 4 : Parmi la liste des 261 entreprises de technologies agroalimentaires, 10 catégories de gammes
de produits et de services essentielles s’en dégagent
Source: Données de PitchBook, analyse du CTIC. CTIC, 2021.

95 « What are industry verticals? », 2021, PitchBook : https://pitchbook.com/what-are-industry-verticals

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Emplacement du siège social

Le siège social des entreprises de l’ensemble de données est principalement situé au Canada
(93 %) et aux États-Unis (5 %), une poignée d’entreprises ayant leur siège social en Europe et
en Asie. Les entreprises dont le siège social est situé au Canada se trouvent principalement
en Ontario (33 %), en Colombie-Britannique (18 %), en Alberta (17 %), au Québec (11 %), en
Saskatchewan (10 %) et au Manitoba (5 %). La figure 5 fournit des détails supplémentaires sur les
types d’entreprises situées dans chaque province, ventilés par groupe d’industries primaires.

Autres
Protéines de substitution

Protéines de substitution

Technologie
d’élevage d’animaux
Biotechnologies agricoles

Services d’entreprise

Transformation alimentaire
de haute technologie
Agriculture en
environnement contrôlé

Protection et nutrition
des cultures

Agriculture de précision

Ont. C.-B. Alb. Qc Sask. Atl. Man.

Nombre total d’entreprises 79 44 41 26 24 15 13

Figure 5 : Entreprises de technologies agricoles selon l’emplacement du siège social (province) et l’industrie.
Le terme « Atl. » désigne le Canada atlantique.
Source : Données de PitchBook. CTIC, 2021.

Taille et année de fondation des entreprises

La taille et l’année de fondation sont des indicateurs utiles de la maturité des entreprises. Alors
que les petites et moyennes entreprises (PME)96 représentent 99,8 % de toutes les entreprises
canadiennes97, 96 % des entreprises de technologies agroalimentaires de l’ensemble de
données sont des PME (voir la figure 6 pour plus de détails). Presque toutes les entreprises de
l’ensemble de données qui sont considérées comme de grandes entreprises (p. ex. comptant
500 employés ou plus) sont situées dans des industries agricoles établies de longue date :
les biotechnologies agricoles, les intrants relatifs à la nutrition et à la protection des cultures
comme les engrais et les pesticides, et les équipements agricoles de haute technologie. Dans
ces trois catégories, les entreprises emploient en moyenne 2 123 employés.

96 Selon les normes de classification élaborées par Statistique Canada, les PME sont des entreprises comptant
moins de 500 employés.
97 « Principales statistiques relatives aux petites entreprises – 2020 », Innovation, Sciences et Développement
économique Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/061.nsf/fra/h_03126.html.

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Section I Industrie des technologies agroalimentaires

Par ailleurs, les entreprises de l’ensemble de données dont les secteurs d’activité sont axés
sur des produits et des services développés plus récemment ont tendance à être plus petites.
Les entreprises axées sur l’agriculture de précision, les protéines de substitution, l’agriculture
en environnement contrôlé et les technologies d’élevage comptent en moyenne de 48 à
58 employés. Les entreprises de l’ensemble de données qui fournissent des services aux
entreprises ou font de la transformation alimentaire de haute technologie comptent en
moyenne de 25 à 28 employés.

Des tendances similaires apparaissent quant à l’année de fondation des entreprises. Les
entreprises de l’ensemble de données qui s’occupent d’industries agricoles de longue date
tendent à exister depuis plus longtemps, tandis que celles dont les principaux secteurs
d’activité ont été développés plus récemment ont tendance à être plus récentes. En moyenne,
les entreprises axées sur les biotechnologies agricoles (1994), les intrants relatifs à la nutrition
et à la protection des cultures comme les engrais et les pesticides (1994), et les équipements
agricoles de haute technologie (1996) ont été fondées au milieu des années 1990. De même,
la date moyenne de fondation des entreprises d’agriculture de précision dans l’ensemble
de données est 2008. Elle est de 2009 pour les services aux entreprises, de 2010 pour les
protéines de substitution, de 2011 pour la transformation alimentaire de haute technologie, et
de 2011 pour l’agriculture en environnement contrôlé.

1 001 et plus

501 à 1 000
Entreprises de technologies 1 à 10
agricoles par nombre d’employés

101 à 500 11 à 50

51 à 100

Figure 6 : Entreprises de technologies agroalimentaires par nombre d’employés.


Source : CTIC, 2021.

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SECTION II

Talent en technologies
agroalimentaires
Compte tenu de la disponibilité de vastes terres agricoles au Canada, de
l’augmentation des niveaux de consommation et de la hausse de la demande
mondiale pour les principaux produits alimentaires, le secteur agricole canadien
est bien placé pour connaître une croissance à long terme. Le Canada peut saisir
cette occasion et accroître son offre de produits alimentaires sûrs, fiables, durables,
traçables et de haute qualité en adoptant davantage de technologies numériques
de pointe. Toutefois, selon le Conseil sur la stratégie industrielle du Canada, pour y
parvenir, le Canada doit accélérer les investissements dans l’infrastructure à large
bande pour assurer la connectivité, accroître l’adoption des technologies numériques
qui sont essentielles à l’amélioration de la productivité dans le secteur, encourager les
investissements numériques dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et
bâtir une réserve de talents du XXIe siècle en mettant l’accent sur les compétences
numériques et entrepreneuriales98. La section II fournit un aperçu plus détaillé de
la demande et des besoins du marché du travail de l’industrie des technologies
agroalimentaires. Elle commence par l’analyse du marché du travail à partir de données
historiques, notamment les prévisions du CTIC relatives au marché du travail, les
données sur l’emploi de Statistique Canada et les tendances en matière d’affichage de
postes. La section II examine de plus près les rôles et les compétences nécessaires dans
l’ensemble de l’écosystème des technologies agroalimentaires, l’impact croissant de
la technologie sur l’agriculture, et la façon dont les talents sont attirés vers l’industrie
depuis des secteurs technologiques autres que l’agriculture.

98 « Redémarrer, relancer, repenser la prospérité de tous les Canadiens », rapport du Conseil sur la
stratégie industrielle du Canada, novembre 2020 : https://www.ic.gc.ca/eic/site/062.nsf/vwapj/00118a_
fr.pdf/$file/00118a_fr.pdf

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Demande du marché du travail


Un rapport de 2019 de la Banque Royale du Canada a révélé que le secteur agroalimentaire
canadien fait face à une grave pénurie de compétences et de main-d’œuvre et que le secteur
s’installe dans une « crise démographique qui s’étendra sur une décennie99 ». Cette même
année, le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture (CCRHA) prévoyait
que la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur agricole allait presque doubler d’ici 2029,
c’est-à-dire que près d’un emploi sur trois dans ce secteur restera vacant100. À mesure que le
besoin de travailleurs augmentera, la hausse du nombre de départs à la retraite d’une main-
d’œuvre vieillissante et le faible nombre de jeunes qui poursuivent une carrière en agriculture
aggraveront la pénurie actuelle101. Les personnes interrogées dans le cadre de la présente
étude ont fait écho à ces tendances.

Je pense que l’âge moyen d’un électricien en ce moment dans une grande usine
de transformation est de 55 ans. L’âge moyen d’un ouvrier d’usine, aux dernières
nouvelles, variait entre 44 et 48 ans. Les machinistes sont maintenant tous
typiquement dans la cinquantaine. Nous assistons à une baisse importante de la
main-d’œuvre. La main-d’œuvre est plus âgée. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur des pêches et des océans

Les talents hautement qualifiés sont la clé de la croissance réussie de tout secteur de l’économie.
La pénurie de main-d’œuvre de professionnels compétents et qualifiés a été recensée
comme une préoccupation majeure ayant un impact sur la capacité du secteur agricole à se
développer102. En raison des nouvelles avancées technologiques et de la demande croissante
de professionnels des technologies agricoles, la pénurie de main-d’œuvre devrait s’aggraver103.

Le CTIC a publié son plus récent rapport sur les perspectives du marché du travail, intitulé
Toujours à l’avant-garde – Aperçu des talents numériques pour 2025, en août 2021104. Le
rapport souligne que la technologie agroalimentaire est un domaine d’innovation clé pour
l’économie canadienne et propose une prévision d’emploi pour l’industrie. L’emploi dans
l’industrie des technologies agroalimentaires a connu une croissance plus rapide que les autres
secteurs « traditionnels » de l’économie au cours des 10 dernières années, probablement en
raison de l’adoption accrue de la technologie. L’industrie des technologies agroalimentaires
devrait continuer d’afficher de bons résultats alors que la pandémie de COVID-19 accélère les
tendances à la numérisation105.

La figure 7 montre les prévisions d’emploi du CTIC pour l’industrie des technologies
agroalimentaires. L’industrie a connu une baisse de l’emploi en 2020, mais elle devrait être
sur la voie de la reprise à partir du milieu de 2021. Selon un scénario de croissance modérée,
la demande dans l’industrie des technologies agroalimentaires atteindra environ 49 000
travailleurs d’ici le quatrième trimestre de 2025. Si ces postes sont dotés, le nombre total
d’emplois dans l’industrie grimpera à 683 000 travailleurs d’ici la fin de 2025.

99 “Farmer 4.0: How the coming skills revolution can transform agriculture,” August 2019, RBC Though Leadership,
http://www.rbc.com/economics/economic-reports/pdf/other-reports/Farmer4_aug2019.pdf
100 “How Labour Challenges Will Shape the Future of Agriculture: Agriculture Forecast to 2029,” 2019, CAHRC-CCRHA,
https://cahrc-ccrha.ca/sites/default/files/National%20Report_Final%20-%20EN%202019%20reduced%20size.pdf
101 “How Labour Challenges Will Shape the Future of Agriculture: Agriculture Forecast to 2029,” 2019, CAHRC-CCRHA,
https://cahrc-ccrha.ca/sites/default/files/National%20Report_Final%20-%20EN%202019%20reduced%20size.pdf
102 “Restart, recover, and reimagine prosperity for all Canadians,” A Report from Canada’s Industry Strategy Council,
November 2020, https://www.ic.gc.ca/eic/site/062.nsf/vwapj/00118a_en.pdf/$file/00118a_en.pdf
103 Duncan, E., et al., “Automated pastures and the digital divide: How agricultural technologies are shaping labour and
rural communities,” Journal of Rural Studies, Volume 68, 2019, Pages 112-122, https://www.sciencedirect.com/science/
article/pii/S0743016718307769
104 Ivus, M; Kotak, A., “Onwards and Upwards - Digital Talent Outlook 2025,” Information and Communications Technology
Council (ICTC), August 2021, https://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2021/08/digital-talent-outlook-for-2025.pdf
105 Ivus, M; Kotak, A., “Onwards and Upwards - Digital Talent Outlook 2025,” Information and Communications Technology
Council (ICTC), August 2021, https://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2021/08/digital-talent-outlook-for-2025.pdf

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Il est important de noter que pour répondre à cette demande, il ne suffira pas d’augmenter le nombre
de travailleurs dans l’industrie : une courte visite sur un site d’offres d’emploi axé sur l’agriculture106
montre rapidement que le travail agroalimentaire a profondément changé au fil du temps, de
nombreuses compétences requises des travailleurs agricoles étant désormais numériques.

T4 2025
692K
683K 680K

667K
660K

640K

T1 2021
620K
634K

600K

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026

Figure 7 : Emploi dans l’industrie canadienne des technologies agroalimentaires (prévisions), 2021-2025.
Source : CTIC, 2021. Données d’emploi désaisonnalisées.

Données historiques de l’emploi

Pour analyser en détail la demande croissante de spécialistes des technologies agricoles, le


CTIC a mené un « exercice de schématisation ». En s’appuyant sur les résultats de recherches
primaires et secondaires, le CTIC a relevé des professions numériques spécifiques en lien direct
avec l’industrie des technologies agroalimentaires, puis a relié ces professions aux codes de la
Classification nationale des professions (CNP)107. Le tableau 1 résume les professions numériques
et agroalimentaires fusionnées qui ont été recensées comme ayant connu une forte croissance
de l’emploi au cours des 5 dernières années : les professions (CNP) qui ont connu la plus forte
croissance de l’emploi, enregistrant un taux de croissance annuel moyen de 20 %, sont les
analystes de bases de données et administrateurs de données (CNP 2172), les représentants,
consultants et spécialistes en agriculture (CNP 2123), et les ingénieurs et concepteurs de logiciels
(CNP 2173). Sachant qu’une « quatrième révolution dans la technologie agricole est en cours et il
n’est question que de données108 », l’importance de ces rôles n’est pas surprenante. Les personnes
interrogées dans le cadre de cette étude se font l’écho de cette tendance.

Au cours des 10 dernières années, j’ai vu une augmentation considérable de la collecte de


données et l’essor des données massives dans tous les aspects de l’agriculture. Vous pouvez
recueillir toutes les donnez que vous voulez, mais au bout du compte, qui les interprète?
Je pense que le besoin de personnes qui savent trier les données et les compiler pour en
dégager réellement les tendances est accru. [traduction]
– PDG, entreprise de technologies agricoles d’entreprise

106 “Indeed: Agriculture Technology,” February 16th, 2021, Indeed, https://ca.indeed.com/Agriculture-Technology-jobs-


in-Alberta
107 “National Occupational Classification,” May 3, 2021, Gouvernement of Canada, https://noc.esdc.gc.ca/
108 “Farmer 4.0: How the coming skills revolution can transform agriculture,” August 2019, RBC Though Leadership,
http://www.rbc.com/economics/economic-reports/pdf/other-reports/Farmer4_aug2019.pdf

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Nous avons une petite équipe et de nombreux rôles : nous avons des rôles liés aux
logiciels, quelqu’un qui s’occupe du développement de nos applications et de notre
présence en ligne, des rôles dans le développement de matériel et de micrologiciels,
et bien sûr, l’analyse des données est très importante. Nous avons également des
agronomes qui s’assurent que nous n’inventons pas des outils qui sont inutiles. Donc,
au niveau supérieur, ce sont les rôles en agronomie, matériel et logiciel. [traduction]
– Directeur principal de la technologie, entreprise de technologies agroalimentaires

Taux de croissance
CNP Groupe professionnel 2015 2016 2017 2018 2019 2020 annuel moyen

2172 Analystes de bases de données et 1 700 4,70 3 500 2 100 1 800 4 600 50,4 %
administrateurs de données

2123 Représentants, consultants et 1 800 3 700 2 100 3 900 2 900 3 000 25,2 %
spécialistes en agriculture

2173 Ingénieurs et concepteurs de 1 700 3 300 2 800 3 700 2 200 3 400 25,0 %
logiciels

2233 Technologues et techniciens en génie 3 700 7 200 5 000 5 000 7 000 6 900 20,5 %
industriel et en génie de fabrication

2141 Ingénieurs d’industrie et de 3 500 3 200 2 100 3 100 2 000 4 200 15,8 %
fabrication

2161 Mathématiciens, statisticiens 2 000 3 700 2 300 3 800 4 700 1 800 14,9 %
et actuaires

2147 Ingénieurs informaticiens (sauf 1 600 2 100 2 100 1 800 1 900 2 500 10,8 %
les ingénieurs et les concepteurs
en logiciels)
2171 Consultants et analystes des 3 100 3 300 3 500 4 600 3 900 4 300 7,8 %
systèmes d’information

Tableau 1 : Professions numériques à forte croissance de l’emploi dans l’industrie des technologies agroalimentaires, 2015-2020.
Source : CTIC, Enquête sur la population active de Statistique Canada.

Les CNP regroupent de vastes domaines d’activité professionnelle, ce qui signifie


que les données présentées ci-dessus ne décrivent que partiellement la demande de
professionnels en technologies agricoles dans l’industrie (à l’échelle macroéconomique).
Pour mieux comprendre les rôles spécifiques qui sont recherchés dans ces CNP, le CTIC
a créé le tableau 2. Ce tableau utilise l’information provenant des offres d’emploi pour
dresser un aperçu des principaux rôles et des compétences spécialisées pour chaque code
de la CNP indiqué dans le tableau 1.

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

CNP Professions Principaux emplois Principales compétences


spécialisées
2233 Technologues et Techniciens, gestionnaires, superviseurs et Vérification
coordonnateurs de contrôle de la qualité
techniciens en Contrôle de la qualité et gestion
génie industriel Spécialistes de la transformation
Sécurité alimentaire
et en génie de Gestionnaires, superviseurs, spécialistes,
fabrication assistants, représentants et responsables Analyse des risques aux points
de l’assurance qualité critiques

Gestionnaires de la qualité et de la sécurité Assurance de la sécurité


alimentaire
Mesures correctives et préventives
Directeurs et gestionnaires de la qualité
Science des aliments
Techniciens des procédés
Systèmes de gestion de la qualité
Technologues
Microbiologie
Techniciens au traitement
Fabrication d’aliments
Analystes de l’assurance de la qualité des
données

Gestionnaires de la qualité des données

2173 Ingénieurs et Développeurs de logiciels C# (langage de programmation)


concepteurs de Ingénieurs d’application .NET Framework
logiciels
Ingénieurs DevOps Java (langage de programmation)

Programmeurs scientifiques JavaScript (langage de


programmation)
Développeurs .NET
Git (système de contrôle de version)
Analystes de centre de services
Développement de logiciels
Assistants de boutique
Méthodologie Agile
Concepteurs d’expérience et d’interface
utilisateur SQL (langage de programmation)

Ingénieurs de données C++ (langage de programmation)

Python (langage de programmation)

2171 Consultants Analystes de systèmes Solutions technologiques


et analystes Analystes opérationnels en planification Planification des ressources
des systèmes des ressources d’entreprise d’entreprise
d’information Architectes de solutions Processus opérationnels

Administrateurs en technologies de Informatique


l’information
Méthodologie Agile
Analystes principaux d’applications
Analyse des systèmes
Analystes des systèmes d’information
Gestion de l’information
Gestionnaires des analystes des
systèmes Ingénierie des systèmes

Analystes des systèmes en planification SQL (langage de programmation)


des ressources d’entreprise
Exigences fonctionnelles
Gestionnaires de l’intégration

Analystes des systèmes d’entreprise

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

CNP Professions Principaux emplois Principales compétences


spécialisées
2123 Représentants, Agronomes Agriculture
consultants et Spécialistes de terrain Agronomie
spécialistes en
Agronomes aux ventes Plateforme d’entreprise
agriculture documentaire
Gestionnaires géotechniques
Science des sols
Irrigants
Échantillonnage (statistiques)
Agronomes de terrain
Production de cultures
Spécialistes des cultures
Ingénierie géotechnique
Techniciens en environnement
Irrigation (aménagement paysager
Scientifique des sols et agriculture)
Gestionnaires et spécialistes agricoles Recherche appliquée

Science agricole

2141 Ingénieurs Ingénieurs en automatisation Production allégée


d’industrie et de Ingénieurs en fabrication Automatisation
fabrication
Ingénieurs de structures Ingénierie des systèmes

Scientifiques en développement de SolidWorks (CAO)


produits
Contrôleurs logiques
Ingénieurs industriels programmables

Contrôleurs d’aliments et de boissons AutoCAD

Manutentionnaires manufacturiers Contrôle de la qualité

Ingénieurs en automatisation de Pneumatique


l’assurance de la qualité
Électronique
Gestionnaires de l’assurance de la qualité
Fabrication
Ingénieurs en automatisation des tests

2172 Analystes Scientifiques des données SQL (langage de programmation)


de bases de Administrateurs de bases de données Analyse de données
données et
Gestionnaires de la sécurité alimentaire et Informatique
administrateurs de l’assurance de la qualité
de données Python (langage de
Spécialistes en horticulture programmation)

Spécialistes des cultures Administration de bases de


données
Architectes de données
Statistiques
Analystes de données
R (langage de programmation)
Analystes des services d’information
Serveurs Microsoft SQL
Administrateurs de réseaux
Apprentissage machine
Administrateurs de bases de données SQL
Microsoft Azure

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

CNP Professions Principaux emplois Principales compétences


spécialisées
2147 Ingénieurs Ingénieurs en matériel C++ (langage de programmation)
informaticiens Chercheurs en vision par ordinateur Micrologiciels
(sauf les
Analystes de réseaux Python (langage de
ingénieurs et les programmation)
concepteurs en Ingénieurs de réseaux
Ingénierie électrique
logiciels) Bergers
Conception de circuits imprimés
Gestionnaires de matériel
Prototypage
Concepteurs de matériel
Optimisation des performances
Ingénieurs en vision par ordinateur et
apprentissage machine Vision par ordinateur

Gestionnaires de boutique Planification des capacités

Chercheurs appliqués Cartes de circuits imprimés

2161 Mathématiciens, Ingénieurs en géotechnique Ingénierie géotechnique


statisticiens et Professionnels de l’environnement Génie civil
actuaires
Ingénieurs et techniciens en matériaux Science des sols

Ingénieurs civils de terrain Génie de l’environnement

Ingénieurs électriciens AutoCAD

Paysagistes Pages de serveur actives (ASP)

Ingénieurs mécaniciens principaux JavaScript (langage de


programmation)
Ingénieurs mécaniciens
SQL (langage de programmation)
Agronomes
C# (langage de programmation)
Scientifiques et biologistes de
l’environnement Échantillonnage (statistiques)

Tableau 2 : Aperçu des principaux emplois affichés et compétences spécialisées recherchées.


Source : Données d’Emsi, site consulté en juillet 2021.

Données sur les emplois affichés

La figure 8 montre la tendance des affichages de postes pour les huit CNP à forte croissance dans
les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (SCIAN 0011) au Canada. Elle
couvre la période allant de novembre 2017 à juin 2021. En juin 2021, 123 offres d’emplois étaient
liées aux technologies agricoles. Parmi ces offres, Montréal, Toronto, Calgary, Laval, Kitchener,
Québec, Regina, Saint John, Mississauga et Saskatoon étaient les lieux d’emploi les plus courants.

En général, les données sur les affichages de poste sont une mesure commune et pertinente pour
évaluer la demande pour certains rôles.

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Bien que de nombreuses personnes interrogées aient signalé une croissance de la demande de
talents numériques au cours des dernières années, les données ci-dessous montrent une tendance
relativement stable des affichages de postes dans la fourchette de 100 à 150 emplois, une légère
fluctuation de la demande en 2019 et 2021 ayant été enregistrée. Il convient de noter que de
nombreuses personnes interrogées dans le cadre de la présente étude s’appuient fortement sur le
réseautage, les partenariats avec les collèges et les universités, et d’autres méthodes de recrutement
informelles pour attirer des talents (par opposition à l’utilisation de sites et de plateformes d’emploi
en ligne). La popularité de ces méthodes de recrutement informelles signifie que les données de la
figure 8 ne rendent que partiellement compte de la demande de talents numériques et explique
pourquoi les données ci-dessous ne montrent pas de tendance à la hausse.

Pour l’instant, tout se fait par le biais de recommandations. Comme nous le


savons tous, c’est un gars qui connaît un gars qui connaît une fille. [traduction]
– Cadre, entreprise d’agriculture de précision

Personnellement, je construis mon réseau en utilisant LinkedIn. Je vais sur le site d’une
université comme l’Université Dalhousie ou d’universités de la côte est et je cherche les
diplômés en informatique ou administration des affaires des deux dernières années
et je les ajoute sur LinkedIn. Lorsque nous affichons un poste, nous l’affichons sur nos
propres comptes LinkedIn et obtenons des candidatures de cette façon. [traduction]
– PDG, entreprise d’aquaculture

200

150

100

50

0
Janv Janv Janv Janv
2018 2019 2020 2021

Figure 8 : Tendance des affichages de postes liés aux technologies agricoles, novembre 2017 à juin 2021.
Source : Données Emsi, site consulté en juillet 2021.

Néanmoins, les données sur les offres d’emploi constituent un moyen utile d’analyser l’impact
de la technologie et de son application sur l’industrie des technologies agricoles. Par exemple, le
tableau 3 montre les compétences et l’éducation en matière de technologies de pointe requises
pour trois domaines différents du commerce interentreprises : la robotique agricole, l’agriculture
et l’automatisation, et l’agriculture de précision. La catégorie de la robotique agricole indique
une combinaison de technologies de production associées et d’ensembles de compétences
traditionnelles, comme des systèmes de traite automatique. Les résultats pour l’agriculture
et l’automatisation sont plus explicites, recensant les développeurs de logiciels, divers rôles
d’automatisation et une référence aux technologies fondées sur l’infonuagique.

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Les données recueillies pour l’agriculture de précision montrent une inclinaison marquée vers des
technologies évoluées sur le plan opérationnel et une production dont le rendement est supérieur.
Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont contribué à clarifier la raison
pour laquelle des termes comme agriculture de précision englobent un si large éventail d’activités
commerciales : par exemple, une personne interrogée a noté que « l’agriculture de précision est
l’un des termes les plus mal définis » dans le secteur de l’agriculture et « signifie beaucoup de
choses différentes pour beaucoup de personnes différentes ». Une autre a noté qu’il est possible
de trouver des rôles complètement différents dans la vaste catégorie de l’agriculture de précision :
le rôle d’une personne qui s’occupe du matériel sera « totalement différent » de celui d’une
personne qui veille uniquement à l’analyse des données.

Termes de recherche Principaux emplois Principales compétences


spécialisées
Robotique agricole Techniciens porcins Production laitière
Travailleurs agricoles Traite automatique
Gestionnaires du développement Agriculture
d’entreprise
Automatisation
Apiculteurs
Scriptage
Ingénieurs en fabrication
Automatisation industrielle
Spécialistes en produits laitiers
Apiculture
Opérateurs d’équipement agricoles
Registres de vente
Techniciens agricoles
Biologie
Expéditeurs et réceptionnaires
Développement d’entreprise

Agriculture et Spécialistes de l’automatisation Production laitière


automatisation Développeurs de programmes R Automatisation
Analystes de la conformité fiscale Agriculture
Vérificateurs de l’assurance de la qualité Instrumentation
Techniciens en conservation Contrôleurs logiques
programmables
Analystes en automatisation des processus
robotiques Interface de programmation
d’applications
Responsables de centre de services
informatiques C#
Électriciens Méthodologie Agile
Ingénieurs réseaux de centres de données Vérification
Techniciens en génie électrique Microsoft Azure

Agriculture de Conseillers en production Agriculture


précision Consultants en solutions intégrées Science des sols
Agronomes Production de cultures
Directeurs de filiales Gestion des relations d’affaires
Responsables des opérations Gestion des relations avec les clients
Mécaniciens de machinerie lourde Perception
Directeurs adjoints Agronomie
Chauffeurs de camions-citernes Agriculture de précision
Spécialistes en communication

Tableau 3 : Résultats de recherche d’une analyse ciblée des données d’emploi en technologies agricoles.
Source : Données Emsi, site consulté en juillet 2021.

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Principaux rôles et compétences


Le CTIC a utilisé une combinaison de méthodes de recherche pour déterminer les rôles
et les compétences clés dans l’industrie des technologies agricoles, à savoir des données
secondaires provenant de sites d’offres d’emplois en ligne et de réseautage professionnel
ainsi que des perspectives qualitatives tirées des entrevues réalisées auprès d’informateurs
clés et des réunions du comité consultatif.

Rôles techniques dans l’agroalimentaire


Selon les personnes interrogées et les membres du comité consultatif, si de nombreux emplois
ont un lien direct avec les technologies agricoles, certains sont plus recherchés et plus difficiles
à doter que d’autres. Par exemple, divers types de professions technologiques traditionnelles
ont été relevées comme étant les rôles techniques les plus recherchés : les développeurs de
micrologiciels et de matériel, les développeurs de logiciels, les développeurs d’applications
mobiles, les développeurs généralistes, les développeurs d’applications frontales, les développeurs
d’applications dorsales, les scientifiques des données, les analystes opérationnels, et les
concepteurs d’interface et d’expérience utilisateur. De plus, certains rôles techniques ont été
recensés comme étant particulièrement difficiles à trouver : les ingénieurs de la blockchain, les
experts en apprentissage machine, les scientifiques des données, et les ingénieurs en infrastructure
de données. L’enquête du CTIC a confirmé que les développeurs de logiciels, les ingénieurs en
logiciels, les développeurs généralistes, les concepteurs d’interface et d’expérience utilisateur,
les scientifiques des données et les gestionnaires de produits sont les rôles technologiques
les plus fréquemment embauchés. Lorsque nous leur avons demandé pourquoi ces rôles
techniques étaient recherchés ou difficiles à trouver, les personnes interrogées ont expliqué que «
le développement de logiciels est un secteur extrêmement concurrentiel » où « le recrutement est
agressif, d’importantes sommes d’argent sont offertes, et l’offre est limitée ».

Les défis liés à l’adoption de technologies de pointe se traduisent par l’émergence du rôle de
consultant agricole : ces personnes possèdent une expertise technologique et des connaissances
opérationnelles et agricoles avancées. Une analyse des données sur la main-d’œuvre pour ce rôle
révèle que les principales compétences comprennent le C++ (langage de programmation orienté
objet), Salesforce (logiciel de gestion des relations avec les clients basé sur l’infonuagique) et Kafka
(plateforme de traitement des flux de données en temps réel). Les personnes interrogées dans le
cadre de la présente étude s’accordent pour dire que « beaucoup d’entreprises embauchent des
consultants pour venir installer une nouvelle machine, comme une machine dotée d’une certaine
autonomie » lorsqu’elles adoptent des technologies émergentes.

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

En plus des compétences spécialisées, les personnes interrogées ont mentionné l’importance
des compétences générales, notamment les compétences en communication, la
connaissance des médias sociaux, l’esprit d’équipe, la créativité, la capacité d’adaptation et
les aptitudes en vente. Les personnes interrogées et les membres du conseil consultatif ont
pondéré l’importances des compétences générales à des degrés divers.

Pour nous, l’embauche immédiate concerne les développeurs de logiciels. Ensuite,


le recrutement sera probablement axé sur les affaires, comme le développement
de l’entreprise, les ventes et le marketing. [traduction]
– PDG, entreprise d’automatisation agricole

Les compétences en communication sont plus importantes que les compétences


techniques. Nous examinons les curriculum vitæ et faisons une vérification de base
pour nous assurer que les candidats possèdent les compétences de base, mais les
autres compétences concernent la communication. Les compétences générales sont
plus importantes, même dans une entreprise d’intelligence artificielle. [traduction]
– PDG, entreprise d’aquaculture

Le principal défi consiste à trouver des talents en vente, des personnes capables de s’identifier
à l’agriculteur, d’assumer un rôle consultatif en vente à la ferme, de comprendre l’entreprise et
de parler à l’agriculteur. Nous avons investi des sommes importantes dans la formation de nos
vendeurs sur des périodes de deux, trois et cinq ans pour les amener à un certain niveau parce
que nous ne pouvons tout simplement pas embaucher ces personnes. Vous pouvez toujours
embaucher quelqu’un chez un fournisseur d’équipement qui peut parler aux agriculteurs, mais
il ne réussira pas à leur vendre quelque chose qu’ils n’avaient pas déjà prévu dans leur budget,
comme des tracteurs, ni de logiciel ou de technologie. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

Talents interdisciplinaires
La troisième citation ci-dessus souligne également l’importance de connaître l’industrie
des technologies agricoles. Les talents en technologies agricoles requièrent une variété de
compétences et d’aptitudes interdisciplinaires, notamment en agriculture, horticulture et
biologie, ainsi que des compétences en ingénierie, fabrication, numérique, robotique et analyse
de données. Certaines de ces compétences sont acquises à l’école, tandis que d’autres sont
acquises par l’expérience professionnelle. Le défi consiste à trouver des talents qui possèdent
une combinaison unique de ces compétences interdisciplinaires. Ces sentiments ont également
été repris par d’autres personnes interrogées et membres du comité consultatif.

Beaucoup de gens sont très bons dans des domaines précis, comme la conception
de logiciels et la programmation, mais très peu de gens comprennent le concept
dans son ensemble. L’agriculture est extrêmement complexe, et il y a tellement
d’éléments qui doivent être compris. Il est vraiment difficile de trouver des
personnes qui ont au moins une compréhension de base de l’agriculture et de toute
autre spécialisation nécessaire, qu’il s’agisse de logiciels ou de matériel. [traduction]
– PDG, entreprise de solutions pour les entreprises agricoles

Notre dirigeant principal de la technologie a de l’expérience dans le secteur


des logiciels, mais il a dû apprendre à travailler avec le matériel et les sciences
végétales. Nous avons dû le perfectionner à cet égard. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture en environnement contrôlé

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Une école peut enseigner de très bonnes techniques de culture, mais qu’en est-il des
logiciels et du matériel? Ce n’est pas un ensemble naturel d’éléments à combiner les
uns avec les autres : généralement, l’ingénierie et l’horticulture sont des secteurs
distincts, mais je crois qu’ils doivent converger. Je ne suis pas sûr qu’il y ait une
bonne réponse pour nous aujourd’hui, si ce n’est de perfectionner les compétences
et d’essayer d’aller chercher les talents ailleurs, mais nous ne pouvons pas toujours
nous permettre de le faire. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

Le besoin de talents interdisciplinaires a déjà un impact sur les programmes universitaires liés
aux technologies agroalimentaires. Alors que les rôles liés à l’économie du savoir dans le secteur
agroalimentaire proviennent traditionnellement d’une formation de base en biologie et en chimie109,
les progrès en informatique des dernières années ont donné naissance à des programmes
universitaires hybrides, tels que la biologie computationnelle et la bioinformatique (des termes
parfois utilisés de manière interchangeable). La biologie computationnelle est une discipline qui
adopte des méthodes issues d’un large éventail de domaines mathématiques et informatiques
afin de construire des modèles pour divers types de données expérimentales et de systèmes
biologiques110. Idéalement, cette combinaison de compétences constitue une base solide pour
l’agriculture de précision dans l’ensemble d’un spectre, de la recherche aux compétences pratiques
(plus précisément, être capable de comprendre et de programmer des systèmes sur le terrain,
comme des véhicules autonomes ou des réseaux de capteurs). Parallèlement, le praticien dispose
du bagage nécessaire pour comprendre les subtilités et les nuances des données générées ou
recueillies.

Ces programmes prévoient des professions tels que biochimistes, chercheurs en génétique,
bioinformaticiens, agriculteurs de précision, ou encore scientifiques, technologues ou ingénieurs en
recherche alimentaire. Bien que le programme d’études soit bien défini, et que les responsabilités
professionnelles dans l’industrie existent depuis longtemps, ces titres de postes n’apparaissent
pas encore sur les sites d’annonces d’emploi en technologies agroalimentaires. Cela dit, les offres
d’emploi actuelles montrent des signes d’un dilemme classique lié à la haute technologie et à
l’expertise du domaine, en l’occurrence : devons-nous enseigner aux agriculteurs comment écrire
des logiciels ou bien enseigner l’agriculture aux programmeurs? Comme l’a fait remarquer une des
personnes interrogées, « l’automatisation agricole ne fait tout simplement pas partie des curriculum
vitæ. Il faut trouver des gens qui sortent tout juste de l’école ou les reconvertir à partir d’autres
industries. » De nombreuses offres d’emploi liées aux technologies agricoles se lisent comme
des annonces pour attirer des travailleurs traditionnels en TIC accompagnées d’une mise en
garde entre parenthèses indiquant que l’expérience en agriculture est un « atout ».

Domaines opérationnels des technologies agroalimentaires


Le fait que l’écosystème des technologies agroalimentaires enjambe de nombreux domaines
d’activités complique le recrutement de talents chevronnés et interdisciplinaires. Dans l’ensemble de
ce réseau, de grandes catégories de professions émergent, reliant la recherche et le développement
biologiques de pointe, les systèmes agricoles et les activités évoluées des entreprises commerciales.
La biotechnologie et les sciences biologiques constituent l’épine dorsale des technologies
agroalimentaires. Bon nombre de professions importantes dans l’industrie sont liées à la recherche
et à l’expérimentation en laboratoire dans des secteurs comme la génétique, l’horticulture,
l’agronomie et la science des aliments. Les activités dans ce secteur comprennent l’expérimentation
et la modélisation génétiques, la réalisation de mesures en laboratoire, l’entretien et la récolte de
parcelles, et la collecte de données sur le rendement.

109 “AGRICULTURAL BIOTECHNOLOGY AND FOOD SCIENCES,” 2021, University of British Columbia, https://www.grad.
ubc.ca/research/agricultural-biotechnology-food-sciences-rdf404
110 “Computational Biology Department: School of Computer Science,” 2021, Carnegie Mellon University, http://
cbd.cmu.edu/about-us/what-is-computational-biology.html; “Computational Biology,” 2019, MIT Department of
Biology, https://biology.mit.edu/faculty-and-research/areas-of-research/computational-biology/

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Deux exemples de rôles techniques requis par les entreprises canadiennes œuvrant
dans ce secteur sont présentés ci-dessous. Les données sur ces rôles ont été recueillies
manuellement à partir de sites d’emplois accessibles au public (données consultées en
juillet 2021) et chaque exemple se fonde sur environ 5 à 10 entreprises canadiennes (dont
bon nombre sont de jeunes entreprises).

Entreprise de sciences biologiques Entreprise de biotechnologies


Protéines de substitution Biotechnologie agricole

Dirigeant principal Scientifique en chef


de la R et D Conseiller scientifique
Responsable de la R et D Scientifique, chercheur,
associé de recherche
Technicien
Ingénieur des procédés
en R et D
Responsable de l'assurance
Scientifique, chercheur
de la qualité
Ingénieur des procédés
Technicien en assurance
Gestionnaire de produits de la qualité

Spécialiste des affaires Généticien, biologiste,


réglementaires chimiste

Responsable de Technicien de
l'assurance de laboratoire, technicien
la qualité
Technicien en
assurance de
la qualité

Les catégories des systèmes agricoles et des activités opérationnelles et d’entreprise sont
étroitement liées. Un grand nombre d’investissements de nouveaux acteurs de l’industrie de
l’agriculture intelligente ont été réalisés dans des domaines tels que les systèmes de l’IdO et
de capteurs, ainsi que la gestion numérique de la chaîne d’approvisionnement. Par exemple,
la multinationale canadienne TELUS a récemment commencé à acquérir des entreprises
dans le domaine de l’agriculture intelligente111. Les données sur les offres d’emploi montrent
une évolution surprenante de la demande de compétences. L’analyse des données d’emploi
de la base de données Emsi pour la période 2019-2021 met en évidence l’impact de cette
infusion, par exemple la demande de rôles en ingénierie des systèmes et IdO qui émergent
dans les domaines agricoles112.

En ce qui concerne les professions, les rôles des entreprises commerciales reflètent une
utilisation évoluée des plateformes numériques interentreprises. Bien qu’elles se fondent
principalement sur des programmes logiciels, ces plateformes peuvent également nécessiter
l’utilisation d’équipements de haute technologie pour la saisie de données. La catégorie
des entreprises commerciales comprend des analystes et des gestionnaires de la chaîne
d’approvisionnement, des spécialistes des achats, des développeurs frontaux et dorsaux, des
analystes de données, des développeurs en intelligence artificielle et apprentissage machine,
des analystes des politiques et des règlements, et d’autres rôles opérationnels.

111 « Produire des résultats positifs dans le domaine agricole », 2021, TELUS Agriculture : https://www.telus.com/fr/bc/
agriculture; « Secteur agroalimentaire », 2021, TELUS Agriculture : https://www.telus.com/fr/bc/agriculture/agri-
food?linktype=ge-mainnav
112 Données Emsi, site consulté le 16 juillet 2020.

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Section II Talent en technologies agroalimentaires

Les rôles liés aux systèmes agricoles découlent de l’adoption par les agriculteurs et les
horticulteurs d’équipements de haute technologie « à la ferme » en vue d’automatiser
les tâches ou de recueillir des données plus complètes. Par conséquent, cette catégorie
comprend divers types de rôles axés sur l’ingénierie, tels que les ingénieurs système,
les agronomes de précision, les ingénieurs en contrôle des procédés, les ingénieurs en
agriculture de précision, les ingénieurs en environnement et les ingénieurs agricoles. Pour les
équipements de collecte de données, des analystes et des scientifiques des données peuvent
également être nécessaires, tandis que les équipements qui nécessitent une interface
utilisateur (p. ex. une application mobile ou Web) requièrent également des ingénieurs en
logiciels. La citation ci-dessous, tirée de la deuxième réunion du comité consultatif, décrit les
types de rôles requis dans une entreprise d’agriculture en environnement contrôlé.

Dans notre équipe, nous avons des ingénieurs en matériel qui se concentrent
sur la mécanique, l’électricité, les systèmes intégrés et les logiciels, et du côté
scientifique, nous avons un horticulteur et un agriculteur dont le travail est axé sur
la culture. Nous avons quelques personnes du côté des ventes et du marketing, et
du côté de la chaîne d’approvisionnement, nous avons quelqu’un qui s’occupe de
l’approvisionnement en matériel et qui sait comment obtenir les pièces nécessaires.
Et nous avons aussi des gens qui se concentrent sur les opérations et le design
industriel, et nous recherchons maintenant des personnes ayant de l’expérience de
l’apprentissage machine et de la vision par ordinateur des plantes. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture en environnement contrôlé

Deux exemples de rôles techniques requis par les entreprises canadiennes de systèmes
agricoles œuvrant dans ce secteur sont présentés ci-dessous. Les données sur ces
rôles ont été recueillies manuellement à partir de sites d’emplois accessibles au public
(données consultées en juillet 2021), et chaque exemple se fonde sur environ 5 à 10
entreprises canadiennes (dont bon nombre sont de jeunes entreprises).

Entreprise de systèmes agricoles Entreprise de systèmes agricoles


Agriculture de précision Agriculture en
environnement contrôlé
Dirigeant principal de la technologie Responsable des activités sur
le terrain
Développeur de logiciels principal
Producteur, agronome,
Concepteur d'expérience et
technicien
d'interface utilisateur
Technicien en assurance de
Développeur de logiciels généraliste
la qualité
Gestionnaire de produits
Ingénieur (mécanicien,
Analyste de l'assurance électricien)
de la qualité
Gestionnaire de projets
Scientifique des
Développeur de
données, analyste
logiciels généraliste
Technicien de
Responsable de la
données
conception de projets
Agronome de
précision

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SECTION III

Adoption de la technologie
À la fin des années 1980 et 1990, les exploitations agricoles canadiennes et
les entreprises de fabrication agroalimentaire ont commencé à remplacer
les premières machines électriques qui ont chamboulé l’agriculture lors de la
deuxième révolution industrielle par de nouvelles technologies robotiques
et d’automatisation113. Les personnes interrogées ont fait remarquer que
ces technologies de la « troisième vague114 », notamment les techniques de
récolte automatisée, la direction automatique, le contrôle de section et le
GPS, constituent maintenant la norme. Toutefois, au cours des 10 dernières
années, l’adoption des technologies agricoles s’est orientée vers les systèmes
cyber-physiques en mettant l’accent sur la durabilité : l’agriculture 4.0115. Les
producteurs primaires et les fabricants agroalimentaires cherchent désormais à
adopter des technologies émergentes comme les drones, les robots cueilleurs
de fruits, les interfaces d’intelligence artificielle et les capteurs intelligents116.

113 Leader, J., et autres, « Disruptive Technologies in the Agri-Food Sector », décembre 2020, Université de Waterloo
: https://uwaterloo.ca/disruptive-technologies-economic-development/sites/ca.disruptive-technologies-
economic-development/files/uploads/files/omafra_report-final.pdf
114 Jhonattan, M., et autres, « Sensing, smart and sustainable technologies for Agri-Food 4.0, », 1er juin 2019,
Computers in Industry, volume 108 : https://doi.org/10.1016/j.compind.2019.02.002
115 Ibidem.
116 Ibidem.

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Section III Adoption de la technologie

Bien que les technologies plus anciennes de la « troisième vague » connaissent souvent des
taux d’adoption élevés, les taux d’adoption des technologies émergentes 4.0 au Canada
sont souvent faibles, en partie en raison de leur position actuelle dans le cycle d’adoption
des technologies117, ou comme l’a appelé un informateur clé, le « cycle d’engouement ».
Néanmoins, un document récent de Statistique Canada indique que l’agriculture (ainsi que
l’exploitation minière, le transport et la construction) se situe « aux derniers rangs pour ce
qui est de l’intensité numérique118 ». Les Tables sectorielles de stratégies économiques du
Canada (un modèle de collaboration entre l’industrie et le gouvernement fédéral axé sur
la transformation des forces économiques du Canada en avantages mondiaux) pour le
secteur agroalimentaire rapportent en outre qu’« aujourd’hui, le secteur agroalimentaire
canadien affiche de faibles taux d’adoption des technologies comparativement à d’autres
pays119. » Les données du recensement canadien de 2016 semblent confirmer cette
tendance : seulement 56,1 % des agriculteurs canadiens ont déclaré utiliser des ordinateurs
ou des ordinateurs portatifs dans la gestion de leur exploitation, et les autres taux
d’adoption ont diminué depuis, enregistrant un faible taux de 7,92 % pour les contrôles
environnementaux automatisés pour le logement des animaux120. Bien que les taux
d’adoption soient souvent faibles, il existe des différences importantes au sein des sous-
secteurs, et les taux de Statistique Canada ne peuvent pas « rendre compte du fait que son
[le secteur agricole] intensité numérique a décuplé121 » depuis 2020-2015. Bref, les acteurs
du secteur agricole canadien adoptent régulièrement les technologies de la « quatrième
vague », mais pas assez rapidement.

L’enquête du CTIC auprès de producteurs primaires et d’entreprises de technologies


agricoles du Canada révèle également que les technologies de la quatrième vague sont
parmi les technologies les moins souvent adoptées (voir la figure 9 pour plus de détails)122.
Dans les cinq sous-secteurs étudiés123, les technologies clés de la quatrième vague,
notamment les drones, l’IdO, les capteurs et l’intelligence artificielle, figurent en bas de
la liste des technologies adoptées. Les solutions infonuagiques, souvent incluses dans
l’agriculture 4.0, constituent l’exception à cette tendance puisqu’elles occupent une bonne
place sur la liste dans tous les secteurs, à l’exception de l’horticulture124. Sans surprise,
l’industrie des technologies agroalimentaires affiche également des taux d’adoption
de l’intelligence artificielle, de l’IdO et des capteurs relativement élevés. En revanche, les
ordinateurs, les outils logiciels de sécurité et les GPS présentent des taux d’adoption élevés
dans la plupart des secteurs agricoles.

117 « Comment repérer les innovations prometteuses au-delà de l’engouement initial », 2021, Financement agricole
Canada : https://www.fcc-fac.ca/fr/savoir/comment-reperer-les-innovations-prometteuses-au-dela-de-l-
engouement-initial.html
118 « Mesure de l’intensité numérique dans l’économie canadienne », 24 février 2021, Statistique Canada :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021002/article/00003-fra.htm
119 « Secteur agroalimentaire – Rapport provisoire », 2017, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_
Table_SA.pdf/$file/ISEDC_Table_SA.pdf
120 Statistique Canada. Tableau 32-10-0446-01, Fermes déclarant des technologies utilisées dans
l’exploitation dans l’année civile précédant le recensement : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/
tv.action?pid=3210044601&request_locale=fr
121 « Mesure de l’intensité numérique dans l’économie canadienne », 24 février 2021, Statistique Canada :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021002/article/00003-fra.htm
122 Il est important de noter les limites de l’enquête du CTIC : les provinces ne sont pas représentées
proportionnellement, ni les sous industries. En effet, l’Alberta et la sous-industrie du bétail sont surreprésentées.
Toutefois, en raison des [INSÉRER UN NOMBRE] réponses totales provenant de sous-industries comme les
moutons, les œufs, les abeilles, les bleuets, les pommes et la fabrication, les données constituent une base solide
pour les recherches futures. Voir l’annexe A pour plus de détails.
123 Voir l’annexe A pour une ventilation par sous-secteur.
124 Araújo, S., et autres, « Characterising the Agriculture 4.0 Landscape—Emerging Trends, Challenges and
Opportunities », avril 2021, Agronomy : https://doi.org/10.3390/agronomy11040667

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Section III Adoption de la technologie

L’adoption des technologies par sous-secteur

Laquelle ou lesquelles des technologies


Q suivantes votre entreprise ou organisation
a-t-elle adoptées ou intégrées?

Technologies Cultures et Horticulture Bétail Fabrication


agricoles céréales
Outils de productivité numérique
Outils logiciels de sécurité
(p. ex. antivirus, logiciel anti-espion, antimaliciel, pare-feu) 43 % 79 % 43 % 51 % 69 %
Outils de collaboration
(p. ex. Zoom, Microsoft Teams, Slack)
62 % 64 % 22 % 42 % 66 %

Solutions infonuagiques
(p. ex. Microsoft 365, Google Cloud, Dropbox)
62 % 29 % 14 % 34 % 69 %

Logiciels ou bases de données 67 % 21 % 12 % 18 % 38 %


(à des fins autres que le télétravail et les ventes en ligne)

Technologie numérique pour transférer les 52 % 7% 18 % 17 % 50 %


activités ou ventes en ligne
(à des fins autres que le télétravail)

Gestion agricole
Ordinateurs, ordinateurs portatifs, téléphones
intelligents, tablettes pour la gestion de la ferme 43 % 100 % 71 % 67 % 6%

Logiciel de gestion de la ferme sur tout appareil 52 % 57 % 24 % 43 % 9%

Agriculture de précision
Technologie GPS 29 % 57 % 53 % 53 % 13 %
Application d’intrants à taux variable
(p. ex. semoirs et vaporisateurs à taux variable) 5% 43 % 20 % 43 % 6%
Satellite ou imagerie aérienne 14 % 43 % 20 % 25 % 0%
SIG
(p. ex. schématisation de la qualité des sols, schématisa-
10 % 36 % 14 % 32 % 3%
tion des rendements, schématisation de l’IVDN)
Véhicules connectés et autonomes
(p. ex. systèmes de direction automatique
10 % 29 % 8% 42 % 3%
sur l’équipement agricole)

Drones 24 % 21 % 4% 14 % 13 %

Automation
Automatisation de certaines tâches
(p. ex. robots trayeurs, équipement de serre robotisé,
24 % 14 % 16 % 49 % 47 %
alimentation automatisée, algorithmes informatiques
pour les contrôles environnementaux)

Énergie
Production d’énergie renouvelable 5% 0% 6% 16 % 0%
Production de bioénergie
(y compris biogaz, biocarburant, biométhane, biomasse) 5% 0% 0% 10 % 0%

Génétique
Intrants agricoles génétiquement modifiés
(p. ex. variétés de semences, etc.) 10 % 36 % 2% 23 % 0%
Technologies d’édition génomique
(p. ex. pour créer de nouveaux produits) 5% 0% 0% 10 % 0%

Technologie connectée et intelligente


Intelligence artificielle 52 % 0% 0% 23 % 0%
IdO, capteurs 48 % 0% 6% 13 % 19 %
Autres 10 % 0% 12 % 4% 13 %

Figure 9 : Adoption des technologies par sous-secteur. Source : CTIC.

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Section III Adoption de la technologie

Bien que certaines tendances générales soient évidentes, l’enquête du CTIC révèle des
différences marquées dans l’adoption des technologies entre les sous-secteurs125. Les sous-
secteurs des technologies agricoles et de la fabrication arrivent en tête quant à l’utilisation
des nouvelles technologies en vue de transférer en ligne les opérations commerciales
et les ventes, tandis que les trois sous-secteurs de l’agriculture primaire se classent aux
premiers rangs pour ce qui est de l’adoption d’ordinateurs et d’ordinateurs portatifs dans la
gestion agricole. En ce qui concerne l’adoption de l’agriculture de précision, les producteurs
primaires sont encore une fois souvent les plus nombreux à adopter les technologies
puisqu’ils sont plus susceptibles d’avoir besoin des technologies en question que, par
exemple, les fabricants. Toutefois, le secteur manufacturier enregistre un taux d’adoption
élevé au chapitre de l’automatisation. Par exemple, les personnes interrogées dans le
secteur manufacturier ont fait remarquer qu’une importante pénurie de soudeurs a entraîné
l’adoption généralisée de soudeuses robotisées. Les producteurs de céréales et de semences
adoptent en grands nombres les technologies liées aux intrants agricoles génétiquement
modifiés puisque certaines cultures génétiquement modifiées sont dominantes dans le
secteur canadien des cultures. En fait, le soja et le maïs génétiquement modifiés représentent
respectivement 90 % et 78 % des cultures semées au Canada126.

Comme l’adoption des technologies dépend de nombre facteurs, dont le secteur,


l’envergure, les préférences des consommateurs, la technologie, la topographie et
l’emplacement de l’organisation dans la chaîne d’approvisionnement, il est logique que
les taux d’adoption varient. Un récent rapport de Statistique Canada soutient également
qu’il existe une « grande hétérogénéité » dans l’intensité numérique entre les sous-secteurs
agricoles127. Le rapport Agriculteur 4.0 de la RBC présente ces variations dans l’adoption
des technologies en fonction du degré d’automatisation, classant les industries dans trois
catégories : « à la limite », « en transition » et « bien implantée » (voir la figure 10 pour plus de
détails). En effet, les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont clairement
indiqué qu’« il a été beaucoup plus facile d’adopter des technologies dans certains sous-
secteurs, alors que l’adoption a été plus lente dans d’autres sous-secteurs, l’adoption variant
également selon le type de technologie ».

125 Bien que les différences entre les sous-secteurs ne puissent pas être considérées comme représentatives ou
importantes sur le plan statistique, la plupart des conclusions de l’enquête appuient la recherche existante.
126 « Genetically modified (GM) crops in Canada », 2020, Statista : https://www.statista.com/study/36844/genetically-
modified-gm-crops-in-canada-statista-dossier/
127 « Mesure de l’intensité numérique dans l’économie canadienne », 24 février 2021, Statistique Canada :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021002/article/00003-fra.htm

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Section III Adoption de la technologie

100 %
À LA LIMITE
La complexité des tâches manuelles
a ralenti l’implantation de l’automatisation
90 % EN TRANSITION
Des obstacles à l’adoption
demeurent, notamment la machinerie

80 % BIEN IMPLANTÉE
Part des dépenses en main-d’œuvre (%)

Culture en serre La machinerie a remplacé le


et en pépinière Autres cultures de travail manuel nécessitant
une main-d’œuvre importante
légumes et de melons
70 %

Aquaculture
60 %
Culture de fruits et de noix

Culture de pommes de terre


50 %
Élevage de volailles et production d'œufs
Élevage de porcs
Moyenne de l'industrie
40 %

Élevage de bovins laitiers et production laitière Autres cultures agricoles

30 % Autres types d'élevage


Culture de plantes
oléagineuses
20 % et de céréales

Bovins de boucherie et parcs d'engraissement


10 %

0%
0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %

Part des dépenses en machinerie (%)

Figure 10 : . L’automatisation dans le secteur agroalimentaire diffère selon le sous-secteur.


Source : Leadership avisé RBC128.

Malgré les variations entre les industries, les personnes interrogées ont maintenu que, dans
l’ensemble, le secteur agricole est lent à adopter les technologies, mais la plupart restent
optimistes quant à l’avenir. Conformément aux données de Statistique Canada, les personnes
interrogées ont indiqué que « l’agriculture accuse un retard de 10 à 15 ans par rapport aux
autres secteurs en matière d’innovation et d’adoption de la technologie ». Un autre expert a fait
la même mise en garde : « bien que le taux d’adoption des technologies agricoles augmente
au Canada, le rythme n’est peut-être pas suffisant pour répondre aux besoins actuels ». La
majorité des personnes interrogées ont toutefois mis l’accent sur la hausse des taux d’adoption
au cours des 5 dernières années et prédit une croissance rapide à l’avenir. Un universitaire a
prédit que « nous allons assister à une accélération du rythme d’adoption des technologies » au
cours des 10 prochaines années. Un autre agriculteur et entrepreneur a convenu que « le cycle
d’adoption des technologies agricoles est plus rapide. Auparavant, il fallait 10 ans pour adopter
une nouvelle technologie, et aujourd’hui, 2 ans représentent toute une vie pour certaines de
ces technologies. Tout s’accélère à un rythme incroyable. »

129 « Agriculteur 4.0 : Comment les prochains développements de connaissances peuvent transformer l’agriculture
», août 2019, Leadership avisé RBC : http://www.rbc.com/economie/economic-reports/pdf/other-reports/
Farmer4_aug2019_fr.pdf

Les technologies agricoles canadiennes : Semer l’avenir www.ictc-ctic.ca 49


Section III Adoption de la technologie

Le récent pic d’adoption en agriculture pourrait être en partie une réaction aux problèmes
de distribution et de main-d’œuvre créés par la COVID-19 . Selon un rapport du Conseil
canadien pour les ressources humaines en agriculture publié en 2021, la pandémie
a entraîné une hausse des taux d’adoption des technologies : la COVID-19 a accéléré
l’adoption des technologies, et la publicité, la formation et les entrevues en ligne en
particulier sont de plus en plus courantes130. Un article de Financement agricole Canada
fait également état d’une hausse de l’adoption des technologies telles que les logiciels
de gestion des données et les plateformes de distribution en ligne131. Dans une entrevue
accordée à l’Alberta Farmer Express, un spécialiste en chef de la fertilité chez CropPro
Consulting, résume l’impact de la pandémie.

La pandémie a obligé beaucoup de nos clients à utiliser la technologie un peu


plus qu’ils ne l’auraient fait auparavant. À long terme, je pense que c’est une
bonne chose. Une fois qu’ils seront habitués à l’utiliser, je crois qu’ils auront du
mal à revenir en arrière132. [traduction]

L’enquête du CTIC montre aussi des taux d’adoption élevés pour des outils de collaboration
comme ZoomMC, TeamsMC et SlackMC. Ce niveau élevé d’adoption correspond probablement
au passage au télétravail rendu nécessaire par la pandémie de COVID-19. Interrogé sur les
impacts durables de la pandémie, un informateur clé estimait que « la COVID-19 accélérera
encore davantage l’adoption des technologies si le marché suit le modèle que nous
observons partout ailleurs, c’est-à-dire l’évolution rapide des tendances décennales en
quelques semaines ou mois seulement ».

Il est essentiel que le secteur agroalimentaire canadien continue d’adopter de nouvelles


technologies. Les sous-secteurs agricoles qui ne les adoptent pas perdront rapidement
leur avantage concurrentiel. Les pénuries de main-d’œuvre et la hausse du nombre de
phénomènes météorologiques extrêmes rendent l’adoption rapide des technologies
encore plus vitale.

130 Blair, J., « Pandemic speeding up adoption of technology », 26 août 2020, Alberta Farmer : https://www.
albertafarmexpress.ca/news/pandemic-speeding-up-adoption-of-technology/
131 « Comprendre les effets de la COVID-19 sur la main-d’œuvre agricole canadienne », 2020, CCRHA :
https://cahrc-ccrha.ca/sites/default/files/COVID_FR_Fin.pdf
132 Ibidem.

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APERÇU

Horticulture
Le secteur horticole canadien est lent à adopter la technologie, et pourtant, il est l’un des
sous-secteurs agricoles qui en ont le plus besoin133. Un rapport de 2020 sur l’industrie des
fruits de verger de la Colombie-Britannique montre que si 90 % des producteurs enregistrent
des applications records de pesticides et de fongicides, seulement 16 % d’entre eux tiennent
des registres numériques : les autres utilisent le papier et le crayon134. Les appareils de
télédétection ont également un faible taux d’adoption de 9,1 %135. Comme le montre la
figure 9, les résultats de l’enquête du CTIC confirment ces faibles taux d’adoption, tant dans
l’ensemble que pour les technologies de la quatrième vague, notamment l’IdO, l’intelligence
artificielle, les véhicules connectés et autonomes, et les drones. En moyenne, l’horticulture
présente également le pourcentage le plus élevé de répondants à l’enquête ayant noté
une difficulté « importante » ou « extrême » à trouver de la main-d’œuvre saisonnière. Pour
expliquer le manque d’offre de main-d’œuvre, les répondants ont mentionné les difficultés
de payer des salaires élevés et le manque d’intérêt pour la récolte. Une automatisation accrue
pourrait réduire le coût élevé de la main d’œuvre, lequel peut représenter jusqu’à 40 % des
coûts totaux de l’entreprise136, et contrer l’instabilité de l’offre de main-d’œuvre. Comme l’a
noté un informateur clé, « après deux années de lutte acharnée pour attirer des travailleurs
étrangers temporaires, les secteurs qui emploient des cueilleurs et de la main-d’œuvre
étrangère comme l’horticulture vont s’intéresser de très près à la robotique et à toute
technologie qui pourrait leur faciliter la tâche ». À mesure que les températures augmentent,
que l’offre de main-d’œuvre fluctue et que les événements climatiques extrêmes deviennent
plus fréquents, l’adoption devient de plus en plus indispensable.

Dans le cadre de l’enquête du CTIC mené auprès de producteurs de bleuets sauvages de


la Nouvelle Écosse, les conditions météorologiques extrêmes étaient la réponse la plus
fréquemment mentionnée aux obstacles à la rentabilité et à la constance du rendement.
Les nouvelles technologies pourraient contribuer à atténuer ces impacts. Par exemple, les
pomiculteurs pourraient se tourner vers les technologies de lutte antiparasitaire intégrée
pour réduire le risque de dommages aux cultures causés par les espèces envahissantes,
notamment le carpocapse de la pomme. À cet égard, des entreprises canadiennes
comme Semios offrent des technologies intelligentes de perturbation du comportement
reproducteur et des pièges à caméra automatisés137.

133 « The 2020-2021 Innovation Report », 2021, Vineland Research and Innovation Centre : https://www.vinelandresearch.
com/wp-content/uploads/2020/11/Innovation-Report-2020-21-Web.pdf
134 Cartier, L., et Lembke, S., « The British Columbia Tree Fruit Industry: Preparing for Precision Agriculture and Climate
Change », mai 2020, Okanagn College : http://dx.doi.org/10.13140/RG.2.2.12018.53448
135 Ibidem.
136 Rotz, S., et autres, « Automated pastures and the digital divide: How agricultural technologies are shaping labour and
rural communities », mai 2019, Elsevier Journal of Rural Studies : https://doi.org/10.1016/j.jrurstud.2019.01.023
137 « Lutte contre les insectes nuisibles », 2021, Semios : https://semios.com/fr/solutions/insect-pest-management/

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APERÇU Horticulture

L’automatisation et la robotique peuvent contribuer à atténuer les problèmes de main-


d’œuvre, tant en matière de coût que de disponibilité, qui limitent la croissance du secteur
horticole canadien138. En effet, selon le rapport The 2020-2021 Innovation Report de
Vineland, l’horticulture est « le secteur agricole le plus exigeant en main-d’œuvre et celui
où les technologies d’automatisation pourraient faire la plus grande différence139 ». Par
exemple, la récolte représente environ 20 % de la main-d’œuvre humaine nécessaire à la
production de concombres, ce qui, au Canada, « se traduit par des dépenses annuelles
de quelque 27 millions de dollars pour la seule récolte des concombres140 ». Le robot de
récolte des concombres de serre en cours de développement à Vineland pourrait contribuer
à réduire ce fardeau financier ainsi que la dépendance du secteur de l’horticulture à la
main-d’œuvre humaine. Actuellement, le robot enregistre un taux de réussite d’un peu
moins de 90 %, pour un temps de cueillette de moins de 14 secondes par concombre
. Bien qu’impressionnant, le robot reste en deçà de la moyenne humaine qui est d’un
concombre141 par seconde142. Vineland prévoit que cette technologie prometteuse
parviendra aux agriculteurs au cours des 10 prochaines années.

Comme pour le robot de Vineland, de nombreuses technologies horticoles ne sont pas


encore prêtes à être utilisées à des fins commerciales. Les informateurs clés ont relevé une
tendance de lacunes technologiques.

Il n’y a pas beaucoup de technologies sur le marché horticole, surtout en ce qui


concerne l’automatisation. La plupart des technologies disponibles n’en sont
qu’à leurs balbutiements. Il n’existe donc pas de catalogue d’équipement que les
producteurs peuvent consulter pour acheter ce dont ils ont besoin. Une grande
partie de ces équipements n’a même pas encore été développée. [traduction]
– Cadre, entreprise d’horticulture

Prenons l’exemple d’une pêche : elle doit être cueillie dans un arbre, un arbre qui
vivra dans le verger pendant 20 ans ou même plus, ce qui signifie que le fruit doit
être cueilli sans endommager l’arbre. De plus, c’est un fruit très tendre. Il ne doit
pas être abîmé et doit avoir une belle apparence sur les étagères de l’épicerie au
bout du compte. La manipulation d’un tel produit est très différente de celle de
beaucoup d’autres produits agricoles, ce qui signifie que c’est beaucoup plus
compliqué lorsque nous essayons d’automatiser les processus. Les occasions
d’appliquer des technologies telles que l’automatisation et les systèmes de vision
dans ce secteur ne manquent pas puisqu’il repose essentiellement sur la main-
d’œuvre humaine. [traduction]
– Cadre, entreprise d’horticulture

138 « The 2020-2021 Innovation Report », 2021, Vineland Research and Innovation Centre : https://www.
vinelandresearch.com/wp-content/uploads/2020/11/Innovation-Report-2020-21-Web.pdf
139 Ibidem. [traduction]
140 « An automated workforce to harvest Canada’s greenhouse cucumbers », novembre 2019, Produce Grower
: https://www.producegrower.com/article/production-an-automated-workforce-to-harvest-canadas-
141 greenhouse-cucumbers/
Guillen, S, « Vineland Converts Husky UGV into Cucumber Harvester to Boost Commercial Greenhouses », juillet
2021, Clear Path Robotics : https://clearpathrobotics.com/blog/2021/07/vineland-research-and-innovation-
142 centre-converts-husky-ugv-into-cucumber-harvester-to-boost-commercial-greenhouses/
Ibidem.

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APERÇU

Élevage
Le secteur canadien de l’élevage arrive en tête de l’adoption de la robotique. Les contrôles
environnementaux automatisés pour le logement des animaux, la traite robotisée et la
synchronisation de l’ovulation à l’aide de l’intelligence artificielle programmée sont quelques-
unes des technologies clés qui améliorent l’efficacité des sous-secteurs de la volaille, des
produits laitiers, du bœuf, des moutons, des œufs et d’autres sous-secteurs de l’élevage
canadien. En fait, les sous-secteurs canadiens des produits laitiers, du bétail et des parcs
d’engraissement affichent des taux élevés d’adoption de technologies comme les robots de
traite des vaches et les pousseurs d’aliments par rapport à leurs homologues internationaux,
dépassant même les États-Unis143. Les données du recensement agricole de 2016 appuient
cette image des produits laitiers et du bétail à l’avant-garde de l’adoption de l’innovation. En
2015, 53,3 % des producteurs de porc ont utilisé des contrôles automatisés pour l’alimentation
des animaux et 43,3 % des producteurs d’œufs et de volaille ont utilisé des contrôles
automatisés pour le logement des animaux. Les résultats préliminaires d’une enquête menée
en 2021 sur l’automatisation et la robotique agricoles sont également prometteurs : 44 % des
éleveurs interrogés ont adopté l’automatisation et la robotique (contre 36 % des producteurs
de cultures)144. De plus, un peu moins des trois quarts des producteurs laitiers interrogés ont
adopté la robotique laitière145. Les données de l’enquête du CTIC dressent un tableau similaire
: les éleveurs de bétail sont ceux qui utilisent le plus l’automatisation. Près de la moitié des
répondants à l’enquête avaient automatisé certaines tâches. En outre, plusieurs personnes
interrogées dans le cadre de la présente étude ont précisé que le bétail était un sous-secteur
de premier plan dans l’adoption de diverses technologies.

Si vous regardez certains des produits soumis à la gestion de l’offre, comme


les produits laitiers, vous verrez un taux beaucoup plus élevé d’adoption de
la traite robotisée. [traduction]
– Professeur, université canadienne

Par contre, une des personnes interrogées a indiqué que les producteurs de fromage et
de vin du Québec choisissent souvent de ne pas adopter la technologie afin de pouvoir
commercialiser leurs produits sous une appellation artisanale.

143 Jelinski, M., et autres, « Facteurs associés avec l’adoption des technologies par l’industrie laitière canadienne »,
octobre 2020, La Revue vétérinaire canadienne 61, no 10: 1065-72 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/
PMC7488376/
144 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf
145 Ibidem.

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Section III Adoption de la technologie

Obstacles à l’adoption
Des technologies novatrices sont mises au point pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement,
mais de nombreux obstacles empêchent les producteurs et les fabricants de produits agroalimentaires
de les adopter. Une étude récente menée par la Division des politiques sur l’innovation et la croissance
d’Agriculture et Agroalimentaire Canada s’est penchée sur l’adoption des technologies d’agriculture
de précision au Canada et a révélé que les trois principaux obstacles à l’adoption étaient le coût
global élevé de l’investissement initial, la vitesse des services Internet et la couverture des données
cellulaires, ainsi que le manque de formation ou de personnes compétentes146. L’enquête du CTIC
indique également que le coût de l’équipement, de la mise en œuvre, de l’entretien et de l’exploitation
constitue le principal obstacle à l’adoption des technologies agroalimentaires dans l’ensemble des
sous-industries (voir la figure 11). Comme pour l’adoption des technologies, les obstacles varient
selon le sous-secteur. Par exemple, les résultats de l’enquête du CTIC montrent que la disponibilité de
l’équipement a plus d’impact sur les secteurs des technologies agricoles et de la fabrication que sur
les producteurs primaires. Les informateurs clés ont fait remarquer que cet écart est attribuable à des
problèmes de chaîne d’approvisionnement, de production et de logistique, lesquels sont aggravés par
la pandémie de COVID-19. Les principaux obstacles sont examinés ci-dessous.

Barriers to Tech Adoption, by Subsector


À quels obstacles votre organisation doit-elle
Q faire face lorsqu’elle adopte de nouvelles
technologies ou passe à l’automatisation?

Technologies Cultures et Horticulture Bétail Fabrication


agricoles céréales
Coût
Coût de l’équipement et/ou de l’installation 71 % 75 % 59 % 65 % 74 %
Coût de l’entretien et/ou d’exploitation 43 % 58 % 20 % 39 % 41 %

Disponibilité
Disponibilité de l’équipement 33 % 25 % 20 % 15 % 24 %

Infrastructure
Absence de service Internet haute vitesse 24 % 67 % 39 % 38 % 26 %
Absence d’infrastructure énergétique 5% 33 % 9% 13 % 3%

Main-d’œuvre
Pénurie de main-d’œuvre qualifiée pour 24 % 17 % 38 % 21 % 53 %
adopter et exploiter la technologie

Gestion
Méconnaissance 29 % 17 % 9% 23 % 18 %
Rendement du capital investi ambigu 38 % 25 % 23 % 30 % 38 %
Stratégies de mise en œuvre ambiguës 24 % 8% 7% 17 % 3%

Réglementation
Obstacles réglementaires 5% 58 % 4% 19 % 0%
Interopérabilité faible 5% 33 % 23 % 19 % 12 %

Autres
Pas nécessaire 10 % 8% 21 % 16 % 9%
Aucun obstacle 10 % 0% 13 % 1% 15 %

Figure 11 : Obstacles à l’adoption des technologies par sous-secteur. Source : Données de l’enquête du CTIC, 2021.

146 « Hitting the Target: Benefits and Barriers to Precision Agriculture in Canada », juillet 2017, gouvernement du Canada :
http://www.r2b2project.ca/wp-content/uploads/2018/05/AAFC-Summary-of-PA-Survey-Results-July_2017.pdf

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Section III Adoption de la technologie

Coût et financement

Les exploitations agricoles ayant plus de moyens financiers sont plus susceptibles d’adopter
les technologies émergentes. L’adoption de nouvelles technologies entraîne des coûts
importants. Il est donc difficile pour les entreprises de suivre les dernières innovations de
l’industrie. L’achat d’équipement usagé est une option pour remplacer l’équipement désuet,
mais les technologies émergentes et celles qui s’appliquent aux cultures spécialisées ne
sont souvent pas disponibles sur le marché d’occasion147. Comme nous l’avons mentionné
précédemment, les répondants à l’enquête de tous les sous-secteurs ont indiqué que le
coût était le principal obstacle à l’adoption des technologies. Une des personnes interrogées
l’explique comme suit.

Lorsqu’il s’agit d’un nouveau client et qu’il n’a pas déjà acheté une technologie comme
celle que nous offrons, elle n’est pas prévue dans son budget. Nous lui demandons
d’ajouter un poste budgétaire, ce qui signifie pour lui un coût supplémentaire. C’est
certainement l’un des principaux obstacles à l’exploitation agricole. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

Les coûts de l’équipement et des autres technologies varient selon la culture et la taille
de l’exploitation, mais les répondants ont confirmé que la plupart des investissements
initiaux en équipement sont élevés148. Les petites et moyennes exploitations qui génèrent
des bénéfices moindres sont moins susceptibles d’adopter de nouvelles technologies.
Par exemple, les données d’Agriculture et Agroalimentaire Canada montrent que « les
technologies agricoles de précision sont adaptées aux exploitations agricoles ayant une
superficie de plus de 500 acres. C’est pourquoi le taux d’adoption de ces technologies
diminue considérablement lorsque les exploitations ont une plus petite taille ou ont un
revenu annuel inférieur à 75 000 $149 » Un autre rapport du gouvernement de la Colombie-
Britannique sur l’agriculture de précision souligne que les technologies à taux variable, le
GPS et le système d’information géographique s’appliquent davantage aux exploitations
céréalières et oléagineuses de grande superficie150. Les personnes interrogées dans divers
sous-secteurs s’entendent pour dire que l’envergure est importante.

Il existe des différences dans les taux d’adoption en fonction de l’envergure.


Si vous exploitez une ferme de 100 acres en Ontario, il sera plus difficile
d’investir dans les technologies GPS ou d’agriculture de précision
automatisées, alors que si vous exploitez une ferme de 5 000 acres dans les
Prairies, ce sera plus logique. [traduction]
– Professeur, université canadienne

Je ne pense pas que nous soyons encore tout à fait prêts à passer au prochain
niveau en matière de technologie et de numérisation, et c’est probablement
dû à un certain nombre de facteurs. Mais je pense que c’est parce que nos
entreprises sont généralement plus petites ici. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur des pêches et des océans

147 Krymowski, J., « The true financial cost of modern farming », 8 octobre 2019, AGDaily : https://www.agdaily.com/
insights/true-financial-cost-modern-farming/
148 Krymowski, J., « The true financial cost of modern farming », 8 octobre 2019, AGDaily : https://www.agdaily.com/
insights/true-financial-cost-modern-farming/
149 « Agriculture de précision à plus petite échelle », 17 décembre 2018, gouvernement du Canada : https://www.
ic.gc.ca/eic/site/101.nsf/fra/00040.html
150 « Precision Agriculture Technologies for Nutrient Management in British Columbia », site consulté le 14 juillet
2021 : https://delphi.ca/wp-content/uploads/2019/09/bc-precision-agriculture-technologies-for-nutrient-
management-final-report.pdf

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Section III Adoption de la technologie

Les robots agricoles constituent une exception notable à l’argument du pouvoir d’achat. Bien
que certains petits producteurs aient adopté ces robots, ces machines ne sont pas encore
largement adoptées au sein des exploitations commerciales151. Là encore, les recherches
montrent que les coûts initiaux empêchent les producteurs à grande échelle d’adopter de
nouveaux robots au lieu de payer des salaires relativement peu élevés152,153.

Il est essentiel d’offrir un soutien financier aux exploitations de petite taille et à faible revenu
pour accroître l’adoption des technologies. Comme l’a souligné un des répondants, « les petites
entreprises ont besoin d’aide pour adopter les technologies, mais elles n’ont pas l’argent et les
installations nécessaires pour cette nouvelle fonction, cette nouvelle habileté, cette nouvelle
capacité ». Par conséquent, le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire154 et la
table sectorielle de stratégies économiques pour l’agroalimentaire155 ont recommandé que le
gouvernement encourage les entreprises agricoles et agroalimentaires canadiennes à acheter
de l’équipement de haute technologie et, ce faisant, leur apporte son soutien. Par exemple,
le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire a recommandé de modifier la
législation fiscale afin de créer une déduction fiscale accélérée pour l’achat d’équipement
agricole de haute technologie. En 2021, une déduction fiscale temporaire, mais plus complète
pour certains équipements agricoles de haute technologie a été introduite dans le budget
fédéral de 2021 pour aider les agriculteurs156. Le programme de partage des coûts de l’Ontario
est un autre exemple de programme visant à atténuer les obstacles liés aux coûts. Introduit en
avril 2021, ce programme prévoit 22 millions de dollars pour aider les entreprises agricoles à
adopter de nouvelles technologies157.

Internet haute vitesse


L’accès à Internet est un obstacle bien connu à l’adoption de technologies dans les régions
rurales du Canada. Bien que les données disponibles concernant l’accès à large bande dans les
exploitations agricoles soient limitées, divers témoins de passage devant le Comité permanent
de l’agriculture et de l’agroalimentaire ont fait remarquer que l’accès à Internet dans les
zones rurales est un défi majeur pour les agriculteurs qui veulent adopter des technologies
dépendantes d’Internet ou de l’infonuagique, comme les outils d’agriculture de précision et les
technologies de l’IdO158. La Fédération canadienne de l’agriculture signale également qu’une
« proportion considérable » d’agriculteurs n’a pas accès à des services Internet à large bande,
et ceux qui y ont accès utilisent souvent des connexions peu fiables et coûteuses159. En fait,
les consultations menées dans le cadre de la Stratégie de développement économique rural
du Canada ont donné lieu à des témoignages inquiétants « d’exploitants agricoles tentant
d’accéder aux marchés mondiaux au moyen de télécopieurs160 ».

151 Pederson, S., et autres, « Robotic Seeding: Economic Perspectives », 16 novembre 2017, Springer Precision
Agriculture: Technology and Economic Perspectives : https://doi.org/10.1007/978-3-319-68715-5_8
152 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
153 Pederson, S., et autres, « Robotic Seeding: Economic Perspectives », 16 novembre 2017, Springer Precision
Agriculture: Technology and Economic Perspectives : https://doi.org/10.1007/978-3-319-68715-5_8
154 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
155 Secteur agroalimentaire », 2018, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_SecteurAgroalimentaire.
pdf/$file/ISEDC_SecteurAgroalimentaire.pdf
156 « Faits saillants du budget fédéral de 2021 pour le secteur agricole », 22 avril 2021, MNP : https://www.mnp.ca/fr/
points-de-vue/bibliotheque/faits-saillants-du-budget-federal-de-2021-pour-le-secteur-agricole/
157 Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, « Ontario announces $22M cost-
share program to adopt technology in agricultural sector », 21 avril 2021, Greenhouse Canada : https://www.
greenhousecanada.com/ontario-launches-22m-cost-share-program-to-adopt-technology-in-agricultural-sector/
158 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
159 « Expansion et amélioration de l’accès Internet à large bande dans les régions rurales », 2021, FCA : https://www.cfa-
fca.ca/fr/enjeux/expansion-et-amelioration-de-lacces-internet-a-large-bande-dans-les-regions-rurales/
160 « La haute vitesse pour tous : la stratégie canadienne pour la connectivité », 16 juillet 2019, ISDE : https://www.ic.gc.ca/
eic/site/139.nsf/fra/h_00002.html

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Section III Adoption de la technologie

Plus d’un tiers des répondants à l’enquête du CTIC considèrent le manque de services
Internet haute vitesse comme un obstacle à l’adoption. Les producteurs de céréales et
de semences enregistrent le taux le plus élevé, les deux tiers des répondants choisissant
le manque de services Internet haute vitesse comme obstacle. Les entreprises de
technologies agricoles (24 %) et manufacturières (26 %) sont les moins touchées par
cet obstacle puisque les entreprises de technologies agricoles sont souvent situées
dans des centres urbains alors que les fabricants sont basés tant dans des zones rurales
qu’urbaines. Les informateurs clés ont noté que la majorité des fabricants agricoles
canadiens basés dans des zones rurales font face à des problèmes d’accès Internet haute
vitesse. Les répondants à l’enquête dans le secteur de la fabrication se trouvaient toutefois
principalement dans des zones urbaines. Dans plusieurs industries agricoles primaires, les
informateurs clés ont indiqué que la connectivité constituait un obstacle.

L’accès Internet est l’un des plus grands défis. Dans les régions rurales de la
Nouvelle-Écosse, des usines de transformation du poisson n’ont aucun accès
Internet. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur des pêches et des océans

La disponibilité d’une véritable large bande a un impact sur l’adoption


régionale. De nombreuses technologies nécessitent d’avoir accès à une bonne
connexion Internet pour pouvoir fonctionner efficacement. Certaines régions
rurales du Canada disposent d’une large bande assez faible. Le déploiement
d’une technologie qui dépend d’une connexion Internet haute vitesse devient
donc difficile. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur agroalimentaire

La pandémie a exacerbé ces problèmes de connectivité puisque des agriculteurs de


partout au Canada ont eu du mal à maintenir des liens avec les détaillants, les fournisseurs
et les consommateurs. Alors que certains producteurs adoptent de nouvelles solutions
numériques, comme les appels Zoom avec des agronomes et les marchés agricoles
numériques, d’autres prennent du retard en raison de connexions Internet instables
et lentes161. De plus, les salons professionnels en personne, qui permettent souvent
aux producteurs de découvrir de nouvelles technologies, se sont déplacés vers des
plateformes en ligne, les rendant moins accessibles à leur public principal162.

Pour s’attaquer à ces problèmes, les parties prenantes ont fait valoir la nécessité d’élargir
les programmes de dépenses pour l’infrastructure à large bande afin de cibler les
exploitations agricoles qui en sont dépourvues. Le Comité permanent de l’agriculture
et de l’agroalimentaire a également recommandé que le gouvernement fédéral, pour
améliorer « l’accès à Internet large bande dans les communautés rurales163 », mette de côté
2 milliards de dollars pour connecter les petits foyers et les petites entreprises à la large
bande dans les communautés mal desservies dans le cadre du Plan de croissance triennal
de la Banque de l’infrastructure du Canada164.

161 Bakx, K., « Zoom calls and online shopping: Life on Canadian farms in 2020 », 9 octobre 2020, CBC News : https://
www.cbc.ca/news/business/ag-digital-tools-covid-1.5755738; Rezanoff, M., « A Canadian Agriculture Broadband
Strategy », octobre 2020, CAAR : https://caar.org/the-communicator/october-2020/1292-a-canadian-agriculture-
broadband-strategy
162 Rezanoff, M., « A Canadian Agriculture Broadband Strategy », octobre 2020, CAAR : https://caar.org/the-
communicator/october-2020/1292-a-canadian-agriculture-broadband-strategy
163 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
164 « Le premier ministre annonce un plan d’infrastructure pour créer des emplois et faire croître l’économie », octobre
2020 : https://cib-bic.ca/fr/la-banque-de-linfrastructure-du-canada-annonce-un-plan-de-croissance-pour-creer-
des-emplois-et-faire-croitre-leconomie/

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Section III Adoption de la technologie

En outre, dans son budget de 2021, le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi de 1 milliard de
dollars supplémentaires sur 6 ans pour le Fonds pour la large bande universelle afin d’accélérer
l’expansion des projets à large bande dans les régions rurales du Canada165. D’autres entreprises
atténuent les problèmes de connectivité en développant des équipements agricoles de haute
technologie qui peuvent fonctionner à des vitesses Internet plus faibles166.

Rendement du capital investi


Pour que les producteurs adoptent la technologie, les entreprises de technologies
agricoles ont besoin de données pour prouver la valeur de leur technologie. Au chapitre
des technologies émergentes, il y a souvent peu de données sur la réduction des coûts des
intrants ou l’augmentation des rendements, et donc une incertitude quant au rendement
du capital investi167. Dans une étude sur la technologie d’optimisation des décisions (DOTMC),
les chercheurs ont constaté qu’il était difficile de quantifier les avantages potentiels pour les
producteurs individuels d’un robot sur le terrain doté de capacités d’autosurveillance, d’analyse
et de déclaration puisque les données sur les exploitants agricoles ne sont communiquées
que de façon agrégée par Statistique Canada168 . Les chercheurs ont noté que « l’information
n’est pas liée à une pièce d’équipement, opération ou tâche, et les économies réelles de coûts
pour les agriculteurs varieront en fonction de la taille de l’exploitation, du taux de rémunération
et du type d’exploitation agricole169 ». Pourtant, les difficultés à prévoir le rendement du
capital investi persistent également pour certaines technologies d’agriculture de précision
disponibles depuis le début des années 2000 (voir la section « Interopérabilité » pour en savoir
plus sur le partage des données)170. Même lorsque des données pertinentes sont disponibles,
les producteurs se méfient souvent des chiffres171. Environ 30 % des répondants à l’enquête
du CTIC dans l’ensemble des sous-industries ont indiqué que le rendement du capital investi
constituait un obstacle. Les personnes interrogées et les membres du comité consultatif ont
également souligné que le rendement du capital investir est un obstacle majeur à l’adoption de
technologies dans l’ensemble des industries. Un des répondants a déclaré ce qui suit.

Les agriculteurs ne disposent pas de suffisamment d’informations pour faire


une analyse coûts-avantages et décider si les nouvelles technologies en valent la
peine. C’est en partie parce que les données n’existent pas encore pour certains
produits, et en partie parce que les contextes de culture des agriculteurs sont
différents et qu’il y a beaucoup de variables en jeu. Et c’est en partie parce que
c’est trop compliqué de faire des prévisions. [traduction]
– Chercheur, université canadienne

165 « Fonds pour la large bande universelle », avril 2021, Innovation, Sciences et Développement économique Canada :
https://www.ic.gc.ca/eic/site/139.nsf/eng/h_00006.html
166 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
167 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
168 Relf-Eckstein, J., « Creating an Innovation Opportunity Space for Broadacre Smart Farming: A Case Study of
Autonomous Farm Equipment », mai 2020, Université de la Saskatchewan : https://harvest.usask.ca/bitstream/
handle/10388/12884/RELF-ECKSTEIN-THESIS-2020.pdf
169 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
170 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307 [traduction]
171 Ibidem.
172 Une étude sur les obstacles à l’adoption de l’agriculture de précision en Ontario révèle que « les producteurs
manquent de confiance dans les recommandations agronomiques formulées sur la base des données générées
par les données propres au site ». [traduction] Voir : Mitchell, S., et autres, « Adoption barriers for precision agriculture
technologies in Canadian crop production », 8 décembre 2020, Canadian Journal of Plant Science : https://doi.
org/10.1139/cjps-2020-0234

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Section III Adoption de la technologie

J’aime toujours y penser dans la perspective suivante : si vous êtes agriculteur,


vous avez 30 essais. Vous avez la chance de faire 30 récoltes dans votre carrière
et c’est donc assez grave si l’une d’entre elles ne donne pas de bons résultats.
Il doit y avoir une grande confiance entre l’exploitation agricole et l’entreprise
avec laquelle elle travaille, surtout lorsque cette entreprise va apporter
beaucoup de changements dans l’exploitation. Ces relations prennent du temps
à établir et à construire, et le temps ne joue pas toujours en notre faveur. Le cycle
de vente est d’un ou de deux ans à partir du moment où notre équipe de vente
arrive sur place. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

Les résultats préliminaires d’une enquête menée en 2021 sur l’automatisation et la


robotique agricoles valident davantage ces conclusions : 34 % des producteurs qui n’ont pas
adopté de technologies agricoles, et 45 % des producteurs qui l’ont fait, ont indiqué qu’un
rendement du capital investi insuffisant représentait un obstacle majeur à l’adoption de la
technologie172. En outre, les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont
souligné que le manque de rendement du capital investi peut découler des incertitudes du
marché ainsi que des incertitudes technologiques. Les préférences des consommateurs,
lesquelles influencent le marché des technologies, peuvent changer rapidement, ce qui
signifie que les technologies qui sont rentables une année peuvent potentiellement être
problématiques l’année suivante. Comme l’a dit un informateur clé :

Parfois, le marché est lent à se développer ou ses besoins ne sont pas


transparents. Par exemple, il pourrait être impossible de savoir si le marché veut
réellement des produits de qualité supérieure comme les produits biologiques,
ou encore des produits alimentaires respectueux de l’environnement, sans
OGM, etc., et est prêt à payer pour les obtenir. [traduction]
– Chercheur, université canadienne

Puisque le rendement du capital investi dépend de l’efficacité de la technologie, en fonction


du lieu, de l’envergure de l’exploitation et d’autres facteurs, des exemples locaux de mise
en œuvre et d’impact peuvent encourager les producteurs à l’adopter. En fait, une enquête
réalisée en 2021 révèle que 80 % des producteurs adoptant des technologies ont acheté
des technologies « de série » et qu’environ 60 % des achats ont lieu dans un rayon de 100
kilomètres de leur ferme : ces tendances d’achat indiquent que les producteurs valorisent «
une technologie éprouvée qui a été entièrement commercialisée et mise à l’échelle et qui est
facilement disponible sur leur marché de détail local173 ». Des initiatives comme la « ferme
intelligente » du Olds College et les « laboratoires vivants » d’Agriculture et Agroalimentaire
Canada aident à combler le fossé entre la recherche et la mise en œuvre en testant les
technologies émergentes « dans le contexte et à l’échelle où elles seront adoptées : dans les
exploitations agricoles locales, dans des conditions réelles de production agricole174 ».

172 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf
173 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf [traduction]
174 « À propos des laboratoires vivants », 25 février 2021, gouvernement du Canada : https://agriculture.canada.ca/fr/
collaboration-scientifique-agriculture/initiative-laboratoires-vivants/propos-laboratoires-vivants

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Section III Adoption de la technologie

En 2020, l’initiative de ferme intelligente du Olds College a aidé à valider un certain nombre
de technologies pour les agriculteurs albertains, notamment la reconnaissance faciale
du bétail pour la détection des boiteries et la rentabilité de la pulvérisation optique pour
l’Ouest canadien175. Les personnes interrogées ont soutenu ces résultats, notant que les
tests locaux auraient un impact positif sur leurs prédispositions à adopter la technologie.

Bon nombre de ces technologies supposent qu’une ferme est constituée de


champs carrés. Nous avons beaucoup de champs de forme étrange et je ne suis
pas tout à fait sûr que la technologie fonctionnerait correctement. Le meilleur
moyen de savoir si une technologie nous convient est de constater qu’elle
fonctionne pour quelqu’un d’ici. [traduction]
– Copropriétaire, ferme canadienne

Pénuries de main-d’œuvre
Les producteurs ont besoin d’un accès facile et abordable à des travailleurs numériques
qualifiés dans les domaines de la mise en œuvre, du soutien et de l’entretien pour accroître
l’adoption de la technologie. Toutefois, la pénurie de main-d’œuvre abordée dans la
section II signifie que les producteurs primaires se retrouvent souvent sans soutien
technologique local. Les témoins qui ont comparu devant le Comité permanent de
l’agriculture et de l’agroalimentaire ont souligné que le Canada est aux prises avec des
pénuries de talents qui sont nécessaires pour concevoir et construire de l’équipement
de haute technologie et en assurer la maintenance176. De plus, la technologie que les
producteurs adoptent pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre manuelle peut,
à son tour, créer de nouvelles pénuries de main-d’œuvre, gênant ainsi l’adoption de la
technologie. Comme le souligne le directeur général de CHARC, l’automatisation peut
contribuer à réduire le travail manuel, mais « il faut ensuite former la main-d’œuvre, il
faut s’adapter à ces nouvelles techniques et technologies de production, et il faut des
compétences différentes à l’avenir pour entretenir ces systèmes177 ». Dans le cadre de
l’enquête du CTIC, environ 30 % de l’ensemble des sous-industries ont choisi la pénurie de
main-d’œuvre qualifiée comme obstacle à l’adoption de la technologie. Un peu plus de la
moitié des répondants du sous-secteur de la fabrication agricole et 38 % des répondants
du secteur de l’horticulture ont indiqué que le manque de main-d’œuvre constituait un
obstacle. Un producteur primaire interrogé par le CTIC a fait écho à ces résultats.

Pour un grand projet comme la mise en œuvre d’un logiciel de gestion de


données, vous aurez besoin de beaucoup d’aide pour la configuration et le
soutien. Ce ne serait pas facile de faire venir quelqu’un à la ferme pour aider à la
configuration et nous tenir par la main tout au long du processus. C’est un cas
où le manque de main-d’œuvre a été un facteur nous empêchant d’adopter la
nouvelle technologie. [traduction]
– Copropriétaire, ferme canadienne

175 « Smart Farm – 2021 Impact Report », 2021, Olds College : https://www.oldscollege.ca/Assets/external/about-us/
smart-farm/2021/Smart%20Farm%20Impact%20Report.pdf
176 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
177 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307

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Section III Adoption de la technologie

Le manque de chercheurs, de développeurs et de travailleurs du savoir peut aussi ralentir


l’adoption chez les producteurs primaires. Un rapport de l’Institut agricole du Canada
prévient que « les pénuries de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de l’agriculture
primaire au cours des 10 dernières années ont un impact sur toutes les étapes du
continuum de l’innovation, en particulier les activités de diffusion de la recherche qui
favorisent l’adoption de l’innovation à l’échelle de la ferme178 ». En l’absence de transfert
des connaissances et de sensibilisation, les producteurs sont moins susceptibles de
connaître et de comprendre les applications pertinentes des technologies émergentes,
réduisant ainsi les taux d’adoption179. Cet écart entre la recherche et les producteurs peut
réduire l’utilité de la technologie qui en découle pour les agriculteurs, limitant encore
davantage l’adoption (voir la section « Progrès technologiques » pour plus de détails)180.
Par conséquent, les experts recommandent d’inciter les jeunes Canadiens à acquérir des
compétences variées en technologies agricoles et de mettre l’accent sur la diffusion de la
recherche. Par exemple, un membre du comité consultatif a fait remarquer ce qui suit.

La difficulté d’attirer les bons talents, c’est-à-dire faire venir des talents d’ailleurs,
mais aussi de former notre main-d’œuvre canadienne, comporte de multiples
facettes. Ce n’est pas seulement une chose. C’est multidisciplinaire. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

Deux experts de l’industrie ont également souligné l’importance de l’apprentissage


multidisciplinaire dans un récent article d’Options politiques, recommandant aux futurs
agriculteurs de maîtriser les disciplines des STIM (sciences, technologie, ingénierie
et mathématiques), les affaires et les connaissances scientifiques181. En mai 2021, le
gouvernement fédéral s’est engagé à développer cette main-d’œuvre en finançant 2
000 emplois pour les jeunes en agriculture par le biais du Programme d’emploi et de
compétences des jeunes182. Des programmes éducatifs novateurs, comme le diplôme en
technologies agricoles du Collège Lakeland, contribueront également à combler le déficit de
l’offre183. Comme l’indique la table sectorielle de stratégies économiques, « afin de pouvoir
soutenir la concurrence par l’adoption plus importante de la technologie dans le secteur
agroalimentaire, il sera nécessaire de trouver une main-d’œuvre possédant les compétences
adéquates pour réussir le passage vers un avenir automatisé et numérique184 ».

Interopérabilité
Les efforts d’adoption des nouvelles technologies s’accompagnent d’une myriade de défis
techniques en lien avec l’interopérabilité185 : contraintes des logiciels exclusifs, interfaces de
programmation d’applications difficiles ou inexistantes, législation sur le droit de réparer les
équipements personnels, et manque général d’intégration entre les marques.

178 « An Overview of the Canadian Agricultural Innovation System », 2017, Institut agricole du Canada : https://www.
aic.ca/wp-content/uploads/2021/04/AIC-An-Overview-of-the-Canadian-Agricultural-Innovation-System-2017.pdf
[traduction]
179 Ibidem.
180 Ibidem.
181 Fraser, E., et Newman, L., « Enabling the digital agricultural revolution », 2021, Options politiques : https://
policyoptions.irpp.org/magazines/april-2021/enabling-the-digital-agricultural-revolution/
182 « La ministre Bibeau lance un programme visant à créer 2 000 emplois pour les jeunes dans le secteur agricole »,6
mai 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-agroalimentaire/nouvelles/2021/05/la-
ministre-bibeau-lance-un-programme-visant-a-creer-2-000-emplois-pour-les-jeunes-dans-le-secteur-agricole.html
183 « Lakeland College launches Canada’s first degree in agriculture technology », 2021, Realagriculture : https://www.
realagriculture.com/2021/01/lakeland-college-launches-canadas-first-degree-in-agriculture-technology/
184 « Secteur agroalimentaire – Rapport provisoire », 2017, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_
Table_SA.pdf/$file/ISEDC_Table_SA.pdf
185 L’interopérabilité est la capacité de partager ou d’échanger des données de manière interchangeable entre divers
dispositifs ou systèmes sans interférence, de façon à produire des gains d’efficacité ou une meilleure connaissance
dans un domaine particulier.

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Section III Adoption de la technologie

Alors que certains s’interrogent sur l’intérêt de créer des « sources d’information
hétérogènes » pour aider à comprendre et à traiter les flux de données émergents et divers,
les préoccupations en matière de sécurité ne cessent de croître186. Aux États-Unis, les
préoccupations en matière de sécurité incitent les réseaux à zones contrôlées et les systèmes
d’unités binaires à normaliser les connexions physiques entre les appareils électroniques,
limitant ainsi les possibilités de communication extérieure en cas de vulnérabilité187. À
l’échelle mondiale, l’Organisation internationale de normalisation a élaboré la norme ISOBUS
11787-1995, qui fournit une « syntaxe d’échange de données agricoles », et la norme ISO
11783 1:2017, un protocole mondial de communication en série et en réseau de données
permettant la communication directe de données entre les tracteurs, les dispositifs et les
logiciels de gestion agricole188. Malgré tous les efforts déployés, l’efficacité de l’Organisation
internationale de normalisation est assez limitée puisqu’elle demeure une norme industrielle
volontaire et non obligatoire.

La popularité croissante des logiciels de source libre a également été considérée comme
un moyen d’atténuer les problèmes d’interopérabilité. Par exemple, l’Agricultural Data
Application Programming Toolkit (ADAPT) est conçu pour aider les agriculteurs à transférer
des données de leur interface de programmation d’applications privilégiée vers différents
systèmes de fabricants d’équipement d’origine189. Alors que les initiatives de source ouverte
gagnent en popularité à l’échelle internationale, le Canada doit relever des défis pour adopter
des pratiques technologiques inclusives, comme une législation complète sur le « droit
de réparer ». Souvent liée à l’équipement grand public, comme les téléphones intelligents,
l’absence de politiques complètes sur le droit de réparer au Canada a eu des répercussions
négatives sur l’industrie agricole, notamment en ce qui concerne les coûts d’exploitation190.
Les réparations sont considérées comme une occasion commerciale financièrement lucrative,
ce qui encourage les fabricants à monopoliser leurs gammes de produits et à décourager
activement la législation sur le droit de réparer. Des problèmes similaires existent dans l’Union
européenne, où les mesures de « protection technologique des logiciels » empêchent les
producteurs agricoles de réparer ou d’entretenir leurs produits numériques191, ce qui peut
entraîner une hausse des coûts, une disponibilité limitée et des délais d’approvisionnement192.

186 Pang, L., et autres, « Data-source interoperability service for heterogeneous information integration in ubiquitous
enterprises », 2015, Advanced Engineering Informatics : volume 29, no 3 : https://www.sciencedirect.com/science/
article/abs/pii/S1474034615000531
187 Fountas, S., et autres, « Farm machinery management information system », 2015, Computers and Electronics in
Agriculture: Volume 110 : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0168169914002932
188 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
189 Plusieurs multinationales au sein de l’Union européenne tirent parti de l’infrastructure de source ouverte d’ADAPT,
notamment les fabricants d’équipement d’origine appartenant à CNH Industrial, une multinationale italienne dont le
siège social est à Basildon, au
190 Royaume-Uni. De même, ADAPT est présent en Amérique du Nord, où il est exploité par des intérêts américains
comme AGCO Corp., un fabricant de machines agricoles basé à Duluth, en Géorgie. Voir : Beers, G., et Hecker, E., «
Seamless Interoperability Between Farm Machines and Software is a Step Closer », 2018, Internet of Food : https://
www.iof2020.eu/latest/press/2018/03/seamless-interoperability-between-farm-machines-and-software
191 Rosborough, A., « Canada needs right-to-repair legislation », 2021, Options politiques : https://policyoptions.irpp.
org/magazines/may-2021/canada-needs-right-to-repair-legislation/
192 Rosborough, A., « Unscrewing the Future: The Right to Repair and the Circumvention of Software TPM’s in the EU »,
2020, VLEX – Journal of Intellectual Property, Information Technology and E-Commerce Law: Volume 11 – 1 : https://
international.vlex.com/vid/unscrewing-the-future-the-847039058
193 Ibidem.

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Section III Adoption de la technologie

Ces mesures ont également été soulevées par des témoins experts lors de l’examen
parlementaire en 2018-2019 de la Loi sur le droit d’auteur, où des parties prenantes
de la communauté technologique de l’IdO ont témoigné que ces mesures « sont trop
restrictives et interdisent les activités légitimes non litigieuses193 ». En juin, la commission
parlementaire concernée a demandé au gouvernement d’envisager des mesures
politiques qui permettraient de relever ces défis194, et en juillet 2021, le gouvernement a
lancé une consultation publique195.

Progrès technologiques
Autre défi, plus simple, lié à l’adoption : les technologies ne sont pas toutes utiles aux
agriculteurs. Certaines entreprises de technologies agroalimentaires tentent de résoudre
des problèmes que les agriculteurs n’ont pas nécessairement, ou encore, elles résolvent les
problèmes de la mauvaise façon, créant ainsi davantage de difficultés pour les agriculteurs.
Par exemple, en parlant de son logiciel de source ouverte pour tracteurs autonomes,
Brian Tischler note que, bien qu’incroyablement « novatrice et sympa », l’application n’a
pas vraiment amélioré la productivité de la ferme, et ne lui a pas permis de se détendre
puisqu’il doit tout de même assurer une surveillance196. Il poursuit en disant que « c’est
beaucoup plus difficile que nous le pensons d’appliquer la technologie à l’agriculture d’une
manière qui aide vraiment les agriculteurs197 ». Les personnes interrogées dans le cadre de
la présente étude ont également noté que les difficultés technologiques, notamment une
mauvaise expérience utilisateur, peuvent nuire à l’adoption.

L’un des principaux défis concerne l’équipement. La facilité et la fonctionnalité


du tout dernier iPad ne sont tout simplement pas au rendez-vous, et la plupart
des moniteurs ne sont pas très conviviaux. Il en découle alors des obstacles à
l’adoption, surtout pour les grandes exploitations agricoles dont les exploitants
ne sont pas membres de la famille ou ne sont pas propriétaires de l’exploitation.
L’agriculteur se préoccupe des temps d’arrêt, et le moniteur devient en quelque
sorte un obstacle à l’adoption de la technologie puisque l’agriculteur risque de
devoir s’occuper de la technologie au lieu d’être sur le terrain. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision

La technologie présente des défis, tout comme la transformation de la viande


en raison des différentes tailles de viande, en particulier le bœuf. Nous l’avons
constaté pendant la pandémie de COVID-19. Notre secteur exige beaucoup
de main-d’œuvre parce que la technologie n’est pas adaptée aux carcasses de
tailles différentes. [traduction]
– Professeur, université canadienne

193 « Consultation sur un cadre moderne du droit d’auteur pour l’intelligence artificielle et l’Internet des objets », 16 juillet
2021, gouvernement du Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/693.nsf/fra/00317.html
194 « Examen prévu par la loi de la Loi sur le droit d’auteur : Rapport du Comité permanent de l’industrie, des sciences
et de la technologie, 42e Législature », juin 2019, Chambre des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/INDU/rapport-16
195 « Consultation sur un cadre moderne du droit d’auteur pour l’intelligence artificielle et l’Internet des objets », 16 juillet
2021, gouvernement du Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/693.nsf/fra/00317.html
196 Powell, N., « Canada seen poised to lead world in food production if we can seize ‘fourth agricultural revolution’ », 28
août 2019, Financial Post : https://financialpost.com/commodities/agriculture/fourth-agricultural-revolution-will-
depend-on-technology-and-skills-rbc-study
197 Ibidem.

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Section III Adoption de la technologie

Bien que certains répondants à l’enquête du CTIC aient exprimé leurs frustrations à l’égard
de la technologie, en particulier dans le secteur de l’horticulture, la plupart des réponses
étaient majoritairement positives. Par exemple, lorsque nous leur avons demandé
comment les technologies nouvellement mises en œuvre ont influencé leurs activités, les
répondants à l’enquête du CTIC provenant des secteurs des céréales et des semences du
Canada ont indiqué des impacts positifs, révélant une forte corrélation entre l’efficacité
accrue dans les champs et la réduction des émissions de GES. Des rendements de culture
supérieurs et des économies de coûts accrues ont également été notés. Les recherches
montrent que la satisfaction des producteurs à l’égard des technologies agricoles varie
selon le type de technologie, mais qu’elle est généralement liée au rendement et à un taux
de rendement clair du capital investi198. En d’autres termes, si la technologie fonctionne
bien et qu’elle fait ses preuves, les agriculteurs l’adopteront.

À l’avenir, il sera important d’intégrer davantage, et plus tôt, les commentaires des
producteurs primaires dans le développement de la technologie par le biais d’initiatives
telles que Living Farms, qui peuvent accroître l’utilité et l’expérience de l’utilisateur des
nouvelles technologies (voir la section « Rendement du capital investi » pour plus de
détails). De même, les personnes interrogées ont noté que « les premiers partenariats entre
les entreprises et les producteurs progressistes, notamment une entreprise de tracteurs
autonomes qui s’associe à des producteurs à l’avant-garde, ouvrent la voir à une adoption
plus accessible ». Une participation accrue des agriculteurs plus tôt dans le processus peut
contribuer à accroître l’adoption.

198 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf

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Section III Adoption de la technologie

Moteurs d’adoption

Crise climatique
Le secteur agricole canadien fait face à une panoplie d’enjeux découlant de l’aggravation
de la crise climatique mondiale. Selon une étude réalisée en 2019 par Environnement et
Changement climatique Canada, le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste
de la planète en moyenne199, et les analystes prévoient une combinaison de températures
plus élevées, d’hivers plus courts, de feux de forêt fréquents, de pluie verglaçante et de
dégel du pergélisol200. Les régions nordiques du Canada se réchauffent plus rapidement
que le reste du pays, ce qui a un impact sur le développement des ressources et les efforts
de conservation201. La nécessité d’innover constamment et d’adopter des technologies
devient cruciale à mesure que les entreprises se concentrent sur la réduction des GES
causés par les activités agricoles. De plus, l’industrie a commencé à se tourner vers la
technologie pour aider à atténuer les impacts fluctuants des changements climatiques liés
à la production et à la transformation des aliments.

Les premières recommandations de l’Organisation de coopération et de développement


économiques (OCDE) (2011) ont cerné une série de points de référence pour adopter
et mettre en œuvre des technologies novatrices afin de répondre aux préoccupations
climatiques. Elles soulignaient en particulier la nécessité d’établir une politique nationale et
internationale solide, susceptible d’inspirer confiance pour un important investissement
privé202. Des mesures flexibles ont été mises en œuvre pour éviter « d’arrimer » des
technologies qui pourraient un jour devenir inefficaces. De même, l’équilibre des politiques
« technologiquement neutres » qui contribuent à diversifier les outils axés sur la durabilité
a été considéré comme important203. Un rapport de table ronde publié en 2018 par l’OCDE
poursuit cette exploration. Ce rapport précise comment les innovations qui tirent parti de
l’intelligence artificielle et des nanomatériaux promettent des solutions à faibles émissions
pour l’avenir, en supposant que les investissements soient priorisés204. Le rapport indique
que les projections concernant l’adoption de la technologie à l’échelle mondiale pour
lutter contre le changement climatique sont optimistes, plus de 4 milliards de dollars
(américains) ayant été alloués depuis 2015 à des initiatives d’innovation en matière
d’énergie propre205, dont plus de 40 partenariats de recherche internationaux désormais
dédiés à l’innovation climatique.

199 « Rapport sur le climat changeant du Canada », 2019, Environnement et Changement climatique Canada : https://
www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf
200 Schnitter R., et Berry, P., « The Climate Change, Food Security and Human Health Nexus in Canada: A Framework to
Protect Population Health », juillet 2019, International Journal of Environmental Research and Public Health 16, no.
14 : https://www.mdpi.com/1660-4601/16/14/2531; « Changement climatique et terre », 7 août 2019, GIEC : http://
sentiers.eu/IMG/pdf/cc_terres-resume-20190808-giec-4op.pdf
201 Bush, L., Lemmen, D., « Rapport sur le climat changeant du Canada », gouvernement du Canada, 2019 : https://www.
rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf
202 « Promoting Technological Innovation to Address Climate Change », 2011, OCDE : https://www.oecd.org/env/
cc/49076220.pdf
203 Ibidem.
204 Cervantes, M., et autres, « Accelerating the development and diffusion of low-emissions innovations », 2018, OCDE
: Table ronde sur le développement durable : https://www.oecd.org/sd-roundtable/papersandpublications/
Accelerating%20the%20development%20and%20diffusion%20of%20low-emissions%20innovations.pdf
205 Ibidem.

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Section III Adoption de la technologie

Une étude menée en 2019 sur le changement climatique, la sécurité alimentaire et


la santé humaine au Canada divise les impacts du changement climatique en quatre
catégories pertinentes.

Production alimentaire : À mesure que le changement climatique s’accentue, une


prolongation de la saison de croissance viable du Canada pourrait avoir un impact
positif sur les producteurs d’aliments canadiens. De même, une saison d’alimentation
extérieure plus longue du bétail pourrait augmenter les taux de survie des jeunes
animaux206. Toutefois, les risques pour la production alimentaire sont plus importants
que les avantages. Une hausse des perturbations climatiques affectant les processus
de production alimentaire du Canada entraînera une augmentation des sécheresses
en Colombie-Britannique et dans les Prairies, ainsi qu’une multiplication des espèces
envahissantes et des risques de maladies207.

Transformation des aliments : Les résultats prévus des impacts du changement


climatique sur la transformation des aliments du Canada comprennent l’instabilité
de l’approvisionnement en ressources viables, la perturbation des intrants des
activités de transformation, et des dommages aux installations de transformation208.

Distribution des aliments : Les changements climatiques entraînent une hausse


des interruptions des transports. Par exemple, les communautés nordiques du
Manitoba « subissent des pénuries de produits alimentaires sains en raison du
réchauffement climatique, entraînant la détérioration des routes de glace209 ». Les
communautés rurales et éloignées qui ont des difficultés à produire et à stocker
des aliments sont particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire liée au
climat. Le gouvernement du Canada signale que les infrastructures de transport
et les systèmes de transport public dans les zones urbaines sont également
particulièrement vulnérables210.

Préparation et consommation des aliments : Le changement climatique peut


affecter « la composition et la diversité du régime alimentaire211 ». Dans le cadre d’une
enquête (2019) sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement des Premières
Nations, des adultes membres des communautés des Premières Nations, des
Inuits et des Métis ont noté que le changement climatique a un impact sur l’accès et
l’approvisionnement en aliments traditionnels212. Des études récentes ont également
signalé des changements liés au climat dans l’approvisionnement et la distribution
de caribou dans l’ensemble du Canada213,214.

206 « Agriculture », 2021, Prairie Climate Centre : https://atlasclimatique.ca/agriculture; « Scénarios climatiques pour
l’agriculture », 25 mai 2012, gouvernement du Canada : https://agriculture.canada.ca/fr/agriculture-environnement/
changements-climatiques-qualite-lair/scenarios-climatiques-lagriculture
207 Warren, F., et Lemmen, D., « Vivre avec les changements climatiques au Canada : perspectives des secteurs relatives
aux impacts et à l’adaptation », 2014, gouvernement du Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/
files/earthsciences/pdf/assess/2014/pdf/Rapport-complet_Fra.pdf
208 Schnitter R., et Berry, P., « The Climate Change, Food Security and Human Health Nexus in Canada: A Framework to
Protect Population Health », juillet 2019, International Journal of Environmental Research and Public Health 16, no. 14
: https://www.mdpi.com/1660-4601/16/14/2531
209 Ibidem.
210 Palko, K., et autres, « Risques climatiques et pratiques en matière d’adaptation pour le secteur canadien des
transports 2016 », 2017, Transports Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/earthsciences/
pdf/assess/2016/ClimatRisk-F-ACCESSIBLE.pdf
211 Schnitter R., et Berry, P., « The Climate Change, Food Security and Human Health Nexus in Canada: A Framework to
Protect Population Health », juillet 2019, International Journal of Environmental Research and Public Health 16, no. 14
: https://www.mdpi.com/1660-4601/16/14/2531
212 Chan, L., et autres, « FNFNES – Final Report for Eight Assembly of First Nations Regions », novembre 2019, Assemblée
des Premières Nations, Université d’Ottawa, Université de Montréal : https://www.fnfnes.ca/docs/FNFNES_draft_
technical_report_Nov_2__2019.pdf
213 « Climate change driving indigenous food insecurity in canada: report », October 21, 2020, The Narwhal : https://
thenarwhal.ca/climate-change-indigenous-food-insecurity-report/
214 Warren, F., et Lemmen, D., « Vivre avec les changements climatiques au Canada : perspectives des secteurs relatives
aux impacts et à l’adaptation », 2014, gouvernement du Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/
files/earthsciences/pdf/assess/2014/pdf/Rapport-complet_Fra.pdf

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Section III Adoption de la technologie

Un rapport de 2020 du gouvernement de la Colombie-Britannique indique également


que le changement climatique présente un risque important pour la sécurité des chaînes
d’approvisionnement en fruits et légumes. La Colombie-Britannique importe actuellement
des aliments pour une valeur estimée à 7,3 milliards de dollars à l’échelle internationale, dont
environ 2 milliards de dollars provenant uniquement de la Californie, qui connaît ses propres
problèmes climatiques, comme des sécheresses et des feux de forêt215. Bien que peu de
recherches soient présentement disponibles, une chose est claire : « le schéma des flux
commerciaux internationaux de produits agricoles pourrait être extrêmement différent en
raison des impacts du changement climatique216 ».

Du point de vue de l’adoption des technologies, le gouvernement fédéral a récemment


annoncé un investissement de 165,7 millions de dollars dans le cadre de son Programme
des technologies propres en agriculture. Ce programme a pour but de fournir aux
entreprises agricoles et aux agriculteurs une aide financière pour alléger le fardeau financier
de l’adoption de technologies propres tout en réduisant leurs émissions de GES217. Le
financement vise à faire évoluer les entreprises vers une empreinte carbone plus faible, en
se concentrant sur des domaines prioritaires comme l’énergie verte, l’efficacité énergétique,
l’agriculture de précision et la bioéconomie218. Tout en fonctionnant dans deux volets, le
volet « adoption » cherche à soutenir l’adoption de nouvelles technologies en réduisant les
émissions de GES. Le volet « recherche et innovation » vise à soutenir l’investissement dans
la recherche, l’innovation préalable à la mise en marché, ainsi que la démonstration et la
commercialisation de technologies propres219.

Croissance démographique mondiale


Selon une projection à moyenne variante tirée du rapport des Nations Unies sur les Perspectives de
la population mondiale publiée en 2019, la population mondiale atteindra 9,7 milliards d’habitants
d’ici 2050220. La croissance démographique variera considérablement d’une région à l’autre, ce qui
entraînera des problèmes de sécurité alimentaire qu’il faudra résoudre et la nécessité d’adopter
des technologies pour aider à offrir des chaînes d’approvisionnement plus sûres. Par exemple,
l’Afrique subsaharienne devrait représenter plus de la moitié de cette croissance et fait déjà face à
des enjeux qui menacent la santé humaine, tels que la sécurité des aliments et de l’eau ainsi que
les changements climatiques221. Par rapport à la base de référence de 2000-2002, la sous-nutrition
mondiale devrait augmenter dans le monde entier, comme le montre la figure 12.

215 « The Future of B.C.’s Food System », 2020, gouvernement de la Colombie-Britannique : https://engage.gov.bc.ca/
app/uploads/sites/121/2020/01/FSTF-Report-2020-The-Future-of-Food.pdf; Kim, S., « Les scientifiques du Canada
concluent que les changements climatiques d’origine anthropique ont eu d’importantes répercussions sur les feux
de forêt en Colombie-Britannique », 2019, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/environnement-
changement-climatique/nouvelles/2019/01/les-scientifiques-du-canada-concluent-que-les-changements-
climatiques-dorigine-anthropique-ont-eu-dimportantes-repercussions-sur-les-feux-de-foret-.html
216 Gouel, C., et Laborde, D., « The Crucial Role of International Trade in Adaptation to Climate Change », novembre 2018,
National Bureau of Economic Research : https://doi.org/10.3386/w25221
217 Anderson, O., « Aider les agriculteurs et les entreprises agricoles à adopter des technologies propres pour réduire les
émissions et améliorer leur compétitivité », 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-
agroalimentaire/nouvelles/2021/06/aider-les-agriculteurs-et-les-entreprises-agricoles-a-adopter-des-technologies-
propres-pour-reduire-leurs-emissions-et-ameliorer-leur-competitivite.html
218 Ibidem.
219 Ibidem.
220 Bien que les prévisions antérieures aient surestimé la croissance démographique, on estime fortement (95 %) que la
population mondiale se situera entre 9,4 et 10,1 milliards d’habitants à la date prévue. Voir : « 2019 Revision of World
Population Prospects », 2019, Organisation des Nations Unies : https://population.un.org/wpp/
221 « Climate Change Is an Increasing Threat to Africa », 27 octobre 2020, Nations Unies Info – Changement climatique :
https://unfccc.int/news/climate-change-is-an-increasing-threat-to-africa

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Section III Adoption de la technologie

Prévalence de la
sous-nutrition (%) 0 % 20 % 40 % 60 %

Référence

Scénario

RCP2.6 SSP1

RCP2.6 SSP2

RCP2.6 SSP3

RCP6.0 SSP1

RCP6.0 SSP2

RCP6.0 SSP3

Figure 12 : Prévalence moyenne mondiale de sous-nutrition dans les futurs scénarios comparée à la base de référence 2000-2002. 222
Source: United Nations.

Dans certains scénarios, la population devrait croître moins vite que dans plusieurs pays à revenu
élevé. Au Canada, grâce en grande partie aux efforts en matière d’immigration, Statistique
Canada prévoit une augmentation de la population, passant de 37,1 millions de personnes en
2018 à quelque 70 millions en 2068 (scénario de croissance élevée)223. Comme nous l’avons
vu dans la section précédente, le changement climatique pourrait permettre un meilleur
rendement des cultures au Canada. Cependant, une étude révèle que l’Europe, l’Australasie,
les États-Unis et le Canada connaissent tous une diminution de l’insécurité alimentaire
dans certains scénarios : en bref, « les pays pour lesquels une diminution de la croissance
démographique est prévue profitent d’une sécurité alimentaire accrue, tandis que ceux pour
lesquels une croissance démographique rapide est prévue ont tendance à subir les pires impacts
sur la sécurité alimentaire224 ». Fait intéressant, les témoins qui ont comparu devant le Comité
permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Canada lors de son étude sur le secteur
agroalimentaire ont souligné que la croissance démographique mondiale est synonyme «
d’opportunités pour le Canada qui produit bien plus de produits agricoles et agroalimentaires
qu’il n’en consomme225 ».
Les problèmes découlant de la croissance démographique mondiale ne sont pas isolés et sont
reconnus comme étant l’un des nombreux facteurs contribuant à l’adoption de technologies.
Comme le fait remarquer Kathleen Mogelgaard, consultante en dynamique démographique et
changement climatique pour l’Université du Maryland :

La croissance démographique est une question très complexe à multiples facettes.


Les questions de population constituent certainement une dimension importante de
l’évolution de la société, de sa capacité de faire face à la crise climatique, mais ce n’est pas
une solution miracle, et ce n’est certainement pas la cause principale du changement
climatique. Il s’agit toutefois d’une pièce importante du casse-tête226. [traduction]

222 Molotoks, A., et autres, « Impacts of land use, population, and climate change on global food security », 5 novembre
2020, Food and Energy Security, volume 10, no 1 e261 : https://doi.org/10.1002/fes3.261
223 « Populations démographiques pour le Canada (2018 à 2068), les provinces et les territoires (2018 à 2043) », 17
septembre 2019, gouvernement du Canada, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/91-520-
x/91-520-x2019001-fra.htm
224 Molotoks, A., et autres, « Impacts of land use, population, and climate change on global food security », 5 novembre
2020, Food and Energy Security, volume 10, no 1 e261 : https://doi.org/10.1002/fes3.261
225 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
226 N. Mortillaro, « Is population control the answer to fixing climate change? », 2019, CBC News: Science :
https://www.cbc.ca/news/science/population-climate-change-1.5331133

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Section III Adoption de la technologie

Pour répondre aux préoccupations croissantes, l’adoption de technologies et de pratiques


novatrices peut aider les systèmes de production alimentaire à faible impact à l’échelle. Les
technologies et les pratiques liées à la matière organique du sol et au contrôle de l’érosion,
à l’amélioration de l’entretien des terres cultivées et du bétail, ainsi qu’aux améliorations
génétiques pour la tolérance à la chaleur et à la sécheresse peuvent favoriser une
augmentation spectaculaire à l’échelle mondiale227. Ces changements s’accompagnent
d’une série de modifications sociales fortement recommandées puisque des adaptations
au chapitre de la demande sont également nécessaires. Comme nous l’avons vu dans la
section I, des comportements tels que l’adoption de régimes alimentaires durables et la
réduction des pertes et des gaspillages de nourriture contribuent à diminuer la superficie
nécessaire pour répondre aux besoins actuels, réduisant au bout du compte les risques de
vulnérabilité du système alimentaire228.

Insécurité alimentaire
Dans des régions comme le nord du Canada, les problèmes croissants de sécurité alimentaire
sont une préoccupation quotidienne. En grande partie en raison des conditions climatiques et
d’une forte dépendance à l’égard des infrastructures routières saisonnières et de l’accessibilité
générale, l’insécurité alimentaire touche près de 70 % de la population du Nunavut229. De même,
dans le nord du Manitoba, plus de 60 % des ménages autochtones vivant dans les réserves font
face à des problèmes croissants de sécurité alimentaire230. La sécurité alimentaire, qui englobe
des considérations relatives à la santé et au bien-être, est devenue un « problème de santé
publique sans précédent231 ». La technologie, comme l’agriculture en environnement contrôlé, a
permis à certaines communautés du Nord de produire des aliments dans des climats froids tout
en aidant à réglementer les chaînes d’approvisionnement alimentaire, mais des préoccupations
subsistent232. Des questions telles que les coûts de démarrage, les projections de bénéfices, les
impacts environnementaux, la possibilité de faire des essais et la réversibilité ont été soulignées,
ainsi que la vulnérabilité relative à l’utilisation de technologies complexes233.

Dans d’autres régions, comme la Colombie-Britannique, les questions de sécurité alimentaire


ont incité le gouvernement à prendre des mesures, offrant une aide financière aux entreprises
qui cherchent à adopter des technologies émergentes. Les gouvernements fédéral et
provinciaux ont commencé à financer l’adoption de technologies de traçabilité, permettant
de suivre le mouvement des aliments, de la production à la distribution, en passant par la
transformation234. Les données acquises permettent de mieux surveiller les distances que les
aliments doivent parcourir, pour en connaître les émissions de GES, tout en contribuant à la
réduction des maladies d’origine alimentaire.

227 « Climate Change and Land: an IPCC Special Report on Climate Change, Desertification, Land Degradation, Sustainable
Land Management, Food Security and Greenhouse Gas Fluxes in Terrestrial Ecosystems », 2019, IPCC : https://www.ipcc.
ch/srccl/chapter/chapter-5/.
228 Ibidem.
229 « Alimentation dans le Nord », 2019, Réseau pour une alimentation durable : https://foodsecurecanada.org/fr/ressources-
et-nouvelles/nouvelles-et-medias/nous-voulons-une-alimentation-abordable-dans-le-nord.
230 Ibidem.
231 Ibidem.
232 Natcher, D., et autres, « Assessing the Constraints to the Adoption of Containerized Agriculture in Northern Canada », mai
2021, Frontiers in Sustainable Food System: Volume 5 : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2021.643366/full.
233 Ibidem.
234 Comeau, J., « De nouvelles technologies permettant de renforcer la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments », 2021,
gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-agroalimentaire/nouvelles/2021/02/de-nouvelles-
technologies-permettant-de-renforcer-la-securite-alimentaire-et-la-salubrite-des-aliments.html.

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Section III Adoption de la technologie

En Nouvelle-Écosse, les problèmes de sécurité alimentaire ont eu des répercussions


directes sur les moyens de subsistance des producteurs indépendants, forçant
certains d’entre eux à réorienter leurs efforts de production (p. ex. en passant de la
production de porcs à celle de baies). Cependant, cette réorientation a permis de
tirer parti de la technologie pour surveiller la nutrition des plantes, les déchets et les
conditions atmosphériques en réponse aux changements de température et aux
conditions de vent235.

La COVID-19 a également posé divers problèmes de sécurité alimentaire, alors que


la volatilité du fragile système d’approvisionnement alimentaire du Canada inquiète.
Evan Fraser, de l’Université de Guelph, directeur de l’Arrel Food Institute et coprésident
de l’étude de recherche Growing Stronger: Aiming for Resilience in our Canadian Food
System, cite un dirigeant de l’industrie déclarant que « le système d’approvisionnement
alimentaire au Canada a plié, sans toutefois se briser, mais il a failli se briser sur quelques
points clés236 ». Tout en reconnaissant l’importance des travailleurs des épiceries, des
livreurs et des travailleurs à la transformation et à la production d’aliments, d’autres
préoccupations ont été soulevées : les interdictions de voyager ont limité la disponibilité
des travailleurs étrangers temporaires et causé de graves pénuries de main-d’œuvre, la
faible demande dans l’industrie des aliments et des boissons a entraîné des surplus de
déchets organiques, et des installations de production de viande ont dû fermer pendant
de longues périodes en raison d’éclosions de COVID-19237.

Evan Fraser et Lenore Newman, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la


sécurité alimentaire et l’environnement de l’Université Fraser Valley, notent toutefois
que l’adoption généralisée de technologies pourrait être la clé d’un système de sécurité
alimentaire plus écologique et plus résilient. Trois technologies ont été mises en
évidence, notamment l’agriculture verticale, l’agriculture de précision et l’agriculture
cellulaire (sujet dont nous avons traité à la section I)238. Lors de la mise en œuvre d’une
technologie, il est important d’observer les circonstances régionales, les climats et
l’accessibilité, et de se demander si elle n’aggrave pas les problèmes de sécurité
alimentaire existants239. Les technologies qui traitent de la sécurité alimentaire régionale
ont non seulement le potentiel d’augmenter la production agricole, mais aussi de
résoudre les problèmes de transport. Du point de vue de la production régionale, de
nouvelles méthodes de culture (p. ex. agriculture urbaine240, agriculture verticale241,
agriculture « en boîte ») pourraient permettre de produire des aliments dans des
endroits historiquement difficiles, tant en milieu rural qu’urbain. Par exemple, la ville
de Vancouver a créé une stratégie alimentaire locale pour accroître la production
alimentaire urbaine locale. Elle comprend des initiatives telles que l’utilisation accrue de
poulets de basse-cour, de jardins communautaires et de marchés fermiers242.

235 Gorman, M., « New government fund aims to help grow high-tech agriculture », 2021, CBC News : https://www.cbc.ca/
news/canada/nova-scotia/farming-food-agriculture-government-funding-1.5959201
236 Kelly, L., « Pandemic Offers Change to ‘Reimagine’ Food System », 2021, Northern Ontario Business : https://www.
northernontariobusiness.com/industry-news/agriculture/pandemic-offers-chance-to-reimagine-food-system-3536203
[traduction]
237 Kelly, L., « Pandemic offers change to ‘reimagine’ food system », 2021, Northern Ontario Business : https://www.
northernontariobusiness.com/industry-news/agriculture/pandemic-offers-chance-to-reimagine-food-system-3536203
238 Fraser, E., et Newman, L., « Three Technologies Poised to Change Food and the Planet », 2021, Université de Guelph :
https://news.uoguelph.ca/2021/02/three-technologies-poised-to-change-food-and-the-planet/
239 Anderson, M., « Timothy A. Wise: Eating Tomorrow: agribusiness, small farmers and the battle for the future of food », 1er
septembre 2020, Agriculture and Human Values 37, no 3: 923-24 : https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10460-
020-10024-w
240 « Local Food », 2021, Ville de Vancouver : https://vancouver.ca/green-vancouver/local-food.aspx#food-progress
241 « Estimated market value of vertical farming in Canada from 2014 to 2025, by technology type », février 2018, Statista :
https://www.statista.com/statistics/801438/market-value-of-vertical-farming-in-canada-by-technology/
242 « Local Food », 2021, Ville de Vancouver : https://vancouver.ca/green-vancouver/local-food.aspx#food-progress

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Conclusion
Le changement climatique et la dégradation de l’environnement sont intrinsèquement
liés à l’alimentation. Réduire les émissions agricoles de GES, la consommation
d’eau douce et l’utilisation des terres tout en répondant à la demande croissante de
nourriture dans les communautés nationales et internationales est une tâche difficile.
Parallèlement, la COVID-19 a mis en évidence la nature de notre délicat système
d’approvisionnement alimentaire, montrant comment des niveaux de productivité
prolongés ou ralentis et des ralentissements économiques peuvent menacer notre
mode de vie. La volatilité des prix et l’inflation progressent sans qu’il y ait un sentiment
de répit immédiat. De même, il est clair que la stabilité alimentaire du Canada reste très
sensible à des facteurs externes tels que les conditions météorologiques extrêmes, la
fluctuation des coûts du pétrole et du gaz, et les urgences sanitaires.

Les circonstances sociales et environnementales changeantes du Canada offrent des


possibilités : relever ces défis tout en assurant la sécurité alimentaire est un terrain fertile
pour l’innovation. Ainsi, des entreprises opérant partout au Canada emploient des
technologies propres, l’intelligence artificielle, l’apprentissage machine, la robotique,
les drones, les logiciels et les technologies des sciences de la vie pour fournir divers
produits et services technologiques agroalimentaires. Par conséquent, des technologies
comme l’agriculture de précision, l’agriculture en environnement contrôlé, la production
alimentaire durable et la biotechnologie agricole remanient les systèmes alimentaires
nationaux et internationaux.

Des compétences nouvelles et émergentes sont maintenant recherchées dans les


petites communautés rurales, tandis que de nouveaux rôles et responsabilités sont
créés dans de nouveaux segments de l’industrie agroalimentaire, soulignant ainsi
l’importance croissante de la technologie. Le présent rapport donne un aperçu de
l’industrie de la technologie agroalimentaire au Canada et permet de mieux cerner
les défis et les possibilités qui se présentent. En tenant compte des rôles recherchés et
des compétences spécialisées et en les planifiant adéquatement, le secteur agricole
canadien peut réaliser l’avantage concurrentiel que la technologie peut conférer à la
sécurité alimentaire, à l’économie et à l’atténuation des changements climatiques. À
mesure que les motivations pour une adoption accrue de la technologie augmentent,
il en va de même des possibilités pour le Canada de faire de meilleurs gains d’efficacité,
d’établir de nouvelles pratiques de production, et de se positionner en tant que partie
prenante dans la réponse mondiale à la production alimentaire.

Les technologies agricoles canadiennes : Semer l’avenir www.ictc-ctic.ca 71


Annexe A
Méthodologie
Sources secondaires
Données d’entreprise
Le CTIC a dressé une liste d’entreprises de l’industrie canadienne des technologies
agroalimentaires à l’aide de PitchBook. Les entreprises ont été incluses si elles œuvraient dans
les secteurs verticaux des technologies agricoles, alimentaires et de la restauration et avaient un
bureau ou un siège social au Canada. Les résultats de la recherche initiale ont été vérifiés pour
déceler les données inexactes, et les entreprises inactives ont été supprimées. De même, les
entreprises ont été retirées des résultats de la recherche initiale si elles ne correspondaient pas à la
définition des entreprises de technologies agroalimentaires de la présente étude (voir la section «
Définir les technologies agroalimentaires » ci dessous pour plus de détails).

Définir les technologies agroalimentaires


Étant donné l’étendue de sa chaîne d’approvisionnement, le secteur agroalimentaire chevauche
des secteurs adjacents, notamment le commerce de détail, la santé et la fabrication. En fait,
l’industrie de la transformation des aliments et des boissons est la plus importante industrie
manufacturière au Canada, représentant 17 % de tout le PIB manufacturier et 18 % de
l’emploi manufacturier243. Les études passées et présentes du CTIC portent sur l’incidence
des technologies émergentes dans les secteurs du commerce de détail, de la santé et de la
fabrication. Il est donc important de préciser les domaines de chevauchement qui ne sont
pas inclus dans la présente étude. Les critères suivants ont été utilisés pour affiner la liste des
entreprises technologiques agroalimentaires au Canada :

les entreprises technologiques qui desservent les industries de la vente au détail


d’aliments et de la restauration sont considérées comme des technologies de détail et
donc exclues de la présente étude : elles sont parfois appelées « technologies de vente
au détail d’aliments » ou « technologies de la restauration »;

les entreprises de biotechnologie sont exclues de la présente étude si elles sont


principalement destinées au secteur des soins de santé, mais celles qui sont axées sur la
santé du bétail sont incluses;

les seules entreprises de transformation alimentaire de haute technologie qui sont


incluses dans cette étude sont celles qui se concentrent sur la production de nouveaux
aliments ou des techniques de transformation alimentaire de haute technologique,
telles que celles utilisées dans la production de protéines de substitution et d’aliments
à base de plantes (p. ex. chromatographie en phase gazeuse, chromatographie liquide
haute pression, extraction et isolement des protéines, science de l’extrusion);

les entreprises technologiques qui desservent les usines de fabrication qui préparent et
emballent les produits agroalimentaires.

243 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://
agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-
secteur-agriculture-agroalimentaire-canada-2018

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Affichages d’emploi, emplois et données sur les compétences
Le CTIC a utilisé une combinaison de techniques de moissonnage du Web et de données
secondaires exclusives pour déterminer les rôles et les compétences clés dans l’industrie des
technologies agroalimentaires. Les sources utilisées pour le moissonnage du Web comprenaient
des renseignements accessibles au public provenant de sites Web d’agrégation d’emplois, de
sites de réseautage professionnel et de l’Emsi.

Documentation existante
Les parties qualitatives et quantitatives du présent projet ont été soutenues par un examen
approfondi de la documentation disponible. L’analyse documentaire a permis de façonner
les méthodes et les questions de recherche et de fournir des informations pour aider à valider
davantage les conclusions du rapport. L’analyse documentaire initiale a permis d’identifier
les personnes à interroger et les membres du comité consultatif ainsi que de définir une
méthodologie pour la partie quantitative de la recherche.

Méthodologie de la recherche primaire

Enquête
L’enquête sur les technologies agroalimentaires s’adressait aux producteurs primaires, aux
experts de l’industrie et aux fabricants de partout au Canada, et les réponses comprenaient celles
des personnes ayant un pouvoir décisionnel supérieur au sein de leur organisation, comme
les propriétaires, les fondateurs, les PDG, les cadres et les directeurs généraux. Le CTIC a reçu
310 réponses provenant de secteurs comme le blé, l’orge, les œufs, les moutons et les abeilles.
Les questions portaient sur les rôles et les compétences recherchés, les tendances en matière
d’adoption de la technologie, et les impacts de la COVID-19 sur les activités.

Secteur Sous-secteur Provinces et territoires Nombre de répondants

Technologies agricoles Divers Alberta 104


Technologies agricoles Divers Colombie-Britannique 28
Grains et céréales Cultures en général Manitoba 61
Grains et céréales Blé et orge Nouveau-Brunswick 0
Grains et céréales Grains Terre-Neuve-et-Labrador 0
Horticulture Apiculteurs Territoires du Nord-Ouest 0
Horticulture Apiculteurs Nouvelle-Écosse 38
Horticulture Bleuets sauvages Nunavut 0
Horticulture Horticulture Ontario 17
Horticulture Arbre fruitier Île-du-Prince-Édouard 8
Horticulture Produits Québec 27
Horticulture Pommes Saskatchewan 27
Horticulture Apiculteurs Yukon 0
Bétail Œufs
Bétail Moutons 310
Bétail Fourrage et pâturage
Figure 14 : Représentation provinciale et territoriale de l’enquête.
Bétail Moutons
Fabrication Divers

Figure 13 : Représentation des sous-industries de l’enquête.

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Entrevues auprès d’informateurs clés
Le CTIC a mené 32 entrevues auprès d’informateurs clés possédant une expertise diversifiée
dans les domaines de la production agroalimentaire, de la fabrication et des technologies.
Les entrevues ont été réalisées de janvier à juin 2021. Les personnes interrogées occupaient
des postes influents au sein de leur organisation, notamment des fondateurs, des PDG,
des professeurs, des directeurs et des propriétaires. Ces entrevues visaient à recueillir des
informations sur des questions générales relatives à l’organisation, les tendances en matière de
technologies agroalimentaires au Canada, la main-d’œuvre et le talent.

Secteur Nombre Province Nombre

Privé 15 Alberta 2
Universitaire 8 Colombie-Britannique 1
Public 7 Manitoba 4
Civil 2 Nouvelle-Écosse 6
Ontario 11
Québec 3
Saskatchewan 5

Comité consultatif

Le CTIC a organisé trois réunions du comité consultatif regroupant huit intervenants de l’industrie.
Les données ont été présentées au moyen d’activités interactives sur Miro et Jamboard. Les
membres du comité consultatif se sont réunis trois fois pendant la durée du projet, et les
réunions ont eu lieu en mars, juin et août 2021. Les participants au comité consultatif occupaient
également des postes influents tels que dirigeant principal de la technologie, directeur général,
professeur et directeur scientifique (jeunes entreprises, grandes organisations, secteurs civil,
universitaire, privé et de la santé).

Secteur Nombre Province Nombre

Privé 6 Alberta 2
Universitaire 2 Colombie-Britannique 2
Ontario 1
Québec 1
Saskatchewan 2

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Méthodologie de prévision
Le CTIC utilise les données mensuelles de l’Enquête sur la population active de Statistique
Canada, réparties selon les codes du SCIAN et de la CNP, pour prévoir les niveaux d’emploi des
divers secteurs considérés dans ses rapports sur les perspectives244. Ces séries de données
mensuelles sont rajustées pour tenir compte de la saisonnalité à l’aide du programme
de rajustement saisonnier X 13ARIMA SEATS245. En outre, plusieurs séries de données
macroéconomiques et financières de Statistique Canada et de la Banque du Canada sont
utilisées pour l’analyse. Celles-ci comprennent des données sur la production246, les prix247,
les conditions du marché du travail248, les variables financières249 et d’autres variables
macroéconomiques comme l’investissement250, l’épargne des ménages251 et les ventes au
détail252.

Les modèles d’analyse d’autorégression vectorielle sont utilisés pour établir les prévisions.
Cette analyse est un modèle de processus stochastique utilisé pour saisir les interdépendances
linéaires entre plusieurs séries temporelles. Dans un tel modèle d’analyse, chaque variable
possède une équation expliquant son évolution en fonction de ses propres valeurs décalées,
des valeurs décalées d’autres variables endogènes et exogènes, et du terme d’erreur. Les
modèles d’analyse d’autorégression vectorielle ne nécessitent pas de comprendre la relation
causale entre les variables du modèle, mais simplement de savoir que les variables sont liées
entre elles. La spécification du modèle (variables, décalages) est choisie en fonction de la
minimisation des critères d’information de Schwarz-Bayesian et de Hannan-Quinn.

Les prévisions d’emploi pour le secteur dépendent des hypothèses relatives à la tendance du
taux de chômage global et à d’autres variables macroéconomiques. Les projections du taux de
chômage se fondent sur des attentes prospectives à l’échelle de l’économie globale, complétées
par les résultats de l’enquête nationale du CTIC sur l’économie numérique du Canada.

244 septembre 2013, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1410022301&request_


locale=fr; « Emploi selon l’industrie, données mensuelles désaisonnalisées », 4 juin 2021, Statistique Canada : https://
www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1410035502&request_locale=fr; « Caractéristiques de la population active
selon le niveau de scolarité atteint, données mensuelles non désaisonnalisées », 4 juin 2021, Statistique Canada : https://
www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1410001901&request_locale=fr
245 « Taux du marché monétaire et autres taux d’intérêt de la Banque du Canada, Banque du Canada », 29 juin 2021,
Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1010013901&request_locale=fr; «
Statistiques de la Bourse de Toronto », 1er juin 2021, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/
tv.action?pid=1010012501&request_locale=fr
246 « L’indice du taux de change effectif du dollar canadien », site consulté le 29 juin 2021, Banque du Canada : https://www.
banqueducanada.ca/taux/taux-de-change/lindice-de-taux-de-change-effectif-du-dollar-canadien/
247 « Formation brute de capital fixe, trimestriel, Canada (x 1 000 000) », 1er octobre 2021, Statistique Canada : https://
www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3610010801&request_locale=fr
248 « Comptes courants et compte en capital – Ménages, Canada, trimestriel », 1er octobre 2012, Statistique Canada : https://
www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3610011201&request_locale=fr
249 « Ventes au détail par commerce électronique », 22 novembre 2016, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/t1/
tbl1/fr/tv.action?pid=2010007201&request_locale=fr

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Les projections du taux de chômage entrent de façon exogène dans les modèles d’analyse
d’autorégression vectorielle pour prédire les tendances de la production (PIB) et de l’emploi.
D’autres variables comme l’inflation, les taux d’intérêt, les indices boursiers, les prix des
produits de base et les salaires entrent parfois dans le modèle selon qu’elles optimisent ou non
les critères d’information.

Limites
Bien que des efforts aient été faits pour atténuer les biais potentiels, certaines limites peuvent
être inévitablement intégrées dans la présente étude.

Mesurer la « taille » de l’industrie des technologies agricoles


et de l’innovation des technologies alimentaires

Pour définir l’industrie des technologies agricoles et de l’innovation des technologies


alimentaires dans le présent rapport, le CTIC a utilisé une combinaison de recherches
secondaires et primaires pour estimer la taille de l’industrie au Canada. Le CTIC continuera de
suivre ces données au fil du temps, mais il est possible que la taille globale de cette industrie
soit inférieure ou supérieure aux estimations initiales. Cette limite s’applique à l’ensemble de
données sur les entreprises de technologies agroalimentaires élaboré à partir des données
de PitchBook, aux données des offres d’emplois élaborées à l’aide d’Emsi et de techniques de
moissonnage du Web, ainsi qu’aux données sur la population active de Statistique Canada.

Perspectives qualitatives
Bien que le CTIC ait fait un effort concerté pour consulter un éventail diversifié d’intervenants
en technologies agroalimentaires, les tendances cernées par les entrevues auprès des
informateurs clés et les réunions du comité consultatif doivent être interprétées uniquement
comme les expériences des personnes interrogées. Au total, le CTIC a mené 31 entrevues, un
échantillon trop petit pour être considéré comme représentatif de l’ensemble de l’industrie.

Enquête
Bien que le CTIC ait présenté l’enquête selon la moyenne de l’industrie en se fondant sur
les commentaires des informateurs clés et des membres du comité consultatif, puisque ni
l’industrie ni les provinces et territoires ne sont représentés proportionnellement, les résultats
de l’enquête ne doivent pas être considérés comme représentatifs ou statistiquement
significatifs. Les tendances et les conclusions observées dans le rapport, surtout les variations
entre les sous-industries, pourraient être biaisées en faveur des industries surreprésentées (p.
ex. moutons et œufs) ainsi que des provinces (p. ex. Alberta) (voir les figures 13 et 14 pour plus
de détails). De plus, en se concentrant uniquement sur l’horticulture, le bétail, les céréales et
les semences, l’enquête du CTIC ne représente pas d’autres sous secteurs agricoles clés. Ces
résultats comportent des limites importantes, mais ils constituent néanmoins une base solide
pour les recherches futures.

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