Les Technologies Agricoles Canadiennes
Les Technologies Agricoles Canadiennes
TECHNOLOGIES
AGRICOLES
CANADIENNES
Semer l’avenir
0308
80%
Recherche par
Ivus., M., Matthews, M., Snider., N., Taillon, P., Watson, M. Les technologies agricoles
canadiennes : Semer l’avenir. Conseil des technologies de l’information et des
communications (septembre 2021). Ottawa, Canada.
Mathew Zimola
cofondateur et président-directeur général,
William Ashton
Ph. D., directeur, Rural Development Institute,
ReelData AI
Université de Brandon
Agriculture
Agriculture de précision
Agriculture verticale
Alimentation
Bioéconomie
Biotechnologie
Emploi
Exploitation agricole
Sécurité alimentaire
Serres
Technologie
Table des matières
Sommaire 8
Introduction 11
Section I
Industrie des technologies agroalimentaires 14
Agriculture de précision 18
Agriculture en environnement contrôlé 19
Production alimentaire durable 20
Biotechnologie agricole et bioéconomie 26
Section II
Talent en technologies agroalimentaires 31
L’adoption au Canada 45
Aperçu : Horticulture 51
Aperçu : Élevage 53
Obstacles à l’adoption 54
Coût et financement 55
Internet haute vitesse 56
Rendement du capital investi 58
Pénuries de main-d’œuvre 60
Interopérabilité 61
Progrès technologiques 63
Moteurs d’adoption 65
Crise climatique 65
Croissance démographique mondiale 67
Insécurité alimentaire 69
Conclusion 71
Annexe A: Méthodologie 72
Sources secondaires 72
Méthodologie de la recherche primaire 73
Méthodologie de prévision 75
Limites 76
Sommaire
Un système agroalimentaire durable et concurrentiel est essentiel à une
croissance économique résiliente. Les objectifs de développement durable
de l’Organisation des Nations Unies indiquent clairement que l’alimentation
est liée à presque tout ce que nous faisons, notamment la réduction des
inégalités, l’amélioration de la santé et du bien-être, la consommation et la
production alimentaires responsables, la création de communautés durables
et la protection de l’environnement1. Bien que les estimations varient, la
production agroalimentaire représente de 21 à 37 % des émissions mondiales
de gaz à effet de serre (GES)2, 70 % de l’utilisation de l’eau douce3, et plus
de 50 % des terres habitables de la planète4, faisant de l’agriculture un pilier
essentiel des efforts liés au changement climatique, à la conservation et à
la biodiversité. Parallèlement, la population mondiale devrait atteindre 9,7
milliards d’habitants d’ici 20505. La croissance démographique s’accompagne
d’une demande accrue pour des produits agroalimentaires6. Le secteur
agroalimentaire mondial devra donc produire davantage tout en réduisant
son empreinte environnementale.
1 « Les 17 objectifs », 2021, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies : https://sdgs.un.org/fr/goals.
2 « De 21 à 37 % des émissions totales de gaz à effet de serre sont attribuables au système alimentaire. » [traduction] Voir : « Special Report:
Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC : https://www.ipcc.ch/srccl/chapter/chapter-5/;
« Food systems account for over one-third of global greenhouse gas emissions », 9 mars 2021, Nations Unies ONU Info : https://news.
un.org/en/story/2021/03/1086822; Ritchie, H., « Food production is responsible for one-quarter of the world’s greenhouse gas emissions
», 6 novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/food-ghg-emissions.
3 « Retraits annuels d’eau douce pour l’agriculture (% des retraits totaux d’eau douce) », 2021, Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture et données d’AQUASTAT, Banque mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/er.h2o.fwag.zs.
4 Ritchie, H., et Roser, M., « Land Use », septembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/land-use.
5 « Retraits annuels d’eau douce pour l’agriculture (% des retraits totaux d’eau douce) », 2017, Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture et données d’AQUASTAT : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/ER.H2O.FWAG.ZS.
6 « Pour garantir la sécurité alimentaire de la population prévue de 9,6 milliards de personnes d’ici 2050, l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture prévoit que la production alimentaire doit augmenter d’au moins 60 % pour répondre à la demande, et
un rapport de Tilman et autres en 2011 prévoyait que la production alimentaire doit augmenter de 100 % pour répondre à la demande. »
[traduction] Voir : https://www.un.org/en/academic-impact/worlds-food-supply-made-insecure-climate-change.
Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont souligné le rôle des
technologies d’agriculture de précision dans la production plus efficace et plus durable
des aliments, de l’agriculture en environnement contrôlé, comme les serres et l’agriculture
verticale, de la biotechnologie, et de la transformation alimentaire de haute technologie sur le
marché canadien des protéines de substitution. Cependant, en ce qui concerne l’adoption des
technologies, l’étude révèle que si les technologies plus anciennes connaissent souvent des taux
d’adoption élevés au Canada, les taux d’adoption des technologies émergentes sont souvent
faibles. De plus, l’enquête du CTIC a permis de cerner six obstacles clés qui empêchent l’adoption
des technologies agroalimentaires : le coût de l’équipement et de la mise en œuvre, y compris
l’entretien et l’exploitation, l’accès à Internet haute vitesse, le faible rendement du capital investi,
les pénuries de main-d’œuvre, les défis techniques liés à l’interopérabilité, et la surabondance de
technologies qui ne sont pas très utiles aux agriculteurs.
7 Porter, J., « The World’s Food Supply is Made Insecure by Climate Change », site consulté le 14 juillet 2021, Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture : https://www.un.org/en/academic-impact/worlds-food-supply-made-insecure-climate-change; «
Climate change and food security: risks and responses », 2015, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture :
http://www.fao.org/3/i5188e/i5188e.pdf.
8 Sommet mondial de l’alimentation, 1996, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
9 « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde », 2021, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture : http://www.fao.org/3/cb4474en/cb4474en.pdf. [Résumé : https://data.unicef.org/wp-content/uploads/2021/07/
SOFI2021_InBrief_FR_web.pdf]
10 Ibidem.
11 « Secteur agroalimentaire », 2018, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_SecteurAgroalimentaire.pdf/$file/ISEDC_
SecteurAgroalimentaire.pdf.
La nécessité de continuer d’innover et d’adopter des technologies est primordiale pour faire
face aux urgences agricoles liées au changement climatique et répondre à la croissance
de la population mondiale et à la demande alimentaire croissante, ainsi qu’à l’insécurité
alimentaire. Comme l’a fait remarquer le conseil stratégique agroalimentaire du Canada,
le secteur agroalimentaire canadien est bien placé pour connaître une croissance à long
terme. Toutefois, pour répondre à la demande alimentaire accrue, le Canada devra se doter
d’une réserve de talents du XXIe siècle qui met particulièrement l’accent sur les compétences
numériques et entrepreneuriales dans l’ensemble du secteur agroalimentaire14.
12 Ivus, M., Kotak, A., « Toujours à l’avant-garde – Aperçu des talents numériques pour 2025 », Conseil des technologies de l’information
et des communications, août 2021 : https://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2021/08/apercu-des-talents-numeriques-
pour-2025.pdf.
13 Ibidem.
14 Canada’s Economic Strategy Tables: Agri-food,” Government du Canada, 2018, https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_
Agri-Food_E.pdf/$file/ISEDC_Agri-Food_E.pdf
15 « L’insécurité alimentaire des ménages, 2017-2018 » », 24 juin 2020, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-
625-x/2020001/article/00001-fra.htm.
16 « Household Food Insecurity in Canada », 2021, PROOF : https://proof.utoronto.ca/food-insecurity/.
17 Shafiee, M., et autres, « Household food insecurity is associated with depressive symptoms in the Canadian adult population »,
15 janvier 2021, Journal of Affective Disorders : https://doi.org/10.1016/j.jad.2020.10.057; Jessiman-Perreault, G., et McIntyre L.,
« The household food insecurity gradient and potential reductions in adverse population mental health outcomes in Canadian
adults », 1er décembre 2017, Population Health : https://doi.org/10.1016/j.ssmph.2017.05.013; Tarasuk, V., et autres, « Maternal
Food Insecurity Is Positively Associated with Postpartum Mental Disorders in Ontario, Canada », 19 novembre 2020, The Journal of
Nutrition : https://doi.org/10.1093/jn/nxaa240; « Household Food Insecurity in Canada », 2021, PROOF : https://proof.utoronto.ca/
food-insecurity/.
18 Tait, C.A., et autres, « The association between food insecurity and incident type 2 diabetes in Canada », 23 mai 2018 : https://
journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0195962; « Food Security and Diabetes », 11 février 2021, Diabète
Canada : https://www.diabetes.ca/advocacy---policies/our-policy-positions/food-security-and-diabetes.
19 Men, F., et autres, « Association between household food insecurity and mortality in Canada », 20 janvier 2020, Canadian Medical
Association Journal: https://doi.org/10.1503/cmaj.190385.
20 Men, F., et autres, « Food Insecurity is Associated with Higher Health Care Use and Costs Among Canadian Adults », août 2020,
Health Affairs (Project Hope) 39, no 8 : 1377-85 : https://doi.org/10.1377/hlthaff.2019.01637; Tarasuk, V., et autres, « Association
between Household Food Insecurity and Annual Health Care Costs », 6 octobre 2015, Canadian Medical Association Journal,
https://doi.org/10.1503/cmaj.150234.
21 « Canada’s Food Price Report – 11th Edition », 2021, Université Dalhousie, Université de Guelph, Université de la Saskatchewan
et Université de la Colombie-Britannique : https://cdn.dal.ca/content/dam/dalhousie/pdf/sites/agri-food/Food%20Price%20
Report%202021%20-%20EN%20(December%208).pdf
22 Les températures record enregistrées sur une période de 3 jours en juillet 2020 ont été si élevées qu’elles ont cuit des parties
importantes des cultures de cerises, de framboises et de bleuets de la région. Jusqu’à 75 % de certains fruits de la région sont
devenus trop endommagés pour être vendus frais. » [traduction] Gomez, M., « B.C. heat wave 'cooks' fruit crops on the branch in
sweltering Okanagan and Fraser valleys », 6 juillet 2021, CBC News : https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/heat-fruit-
crops-okanagan-fraser-valley-1.6092155.
23 The Canadian Press, « Wildfire smoke affecting Okanagan grapes and honey », 22 août 2018, CBC News : https://www.cbc.ca/news/
canada/british-columbia/wildfire-smoke-affecting-okanagan-grapes-and-honey-1.4794360.
24 Riley, S., « Another ‘harvest from hell’: Canada’s farmers forced to acclimatize to weird weather », 3 décembre 2019, The Narwhal :
https://thenarwhal.ca/another-harvest-from-hell-canadas-farmers-forced-to-acclimatize-to-weird-weather/; « Another Manitoba
municipality declares state of agricultural disaster due to drought and heat », 13 juillet 2021, CBC News : https://www.cbc.ca/news/
canada/manitoba/drought-agriculture-disaster-rm-of-armstrong-manitoba-1.6100138.
25 « Rapport sur le climat changeant du Canada », 2019, gouvernement du Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/
files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf.
26 Ibidem.
27 Hannah L., et autres, « The environmental consequences of climate-driven agricultural frontiers », 12 février 2020, PLOS ONE :
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0228305.
28 Chung, E., « Canada could be a huge climate change winner when it comes to farmland », 12 février 2020, CBC News : https://www.
cbc.ca/news/science/climate-change-farming-1.5461275. [traduction]
Le rapport Les technologies agricoles canadiennes : Semer l’avenir évalue ces défis
et d’autres tendances dans le secteur agroalimentaire canadien, notamment les
tendances relatives aux entreprises de technologies agroalimentaires et à leurs
produits et services, les tendances en matière d’adoption de la technologie, et les
tendances du marché du travail (c’est-à-dire les rôles et les compétences recherchés).
Une approche de recherche à méthodes mixtes, qui comprend ce qui suit, a été utilisée
dans le cadre de la présente étude :
L’agriculture primaire désigne la production primaire de denrées sur des terres de culture,
notamment les cultures, l’horticulture et l’élevage, alors que l’aquaculture désigne l’élevage
d’organismes aquatiques dans l’eau, comme les poissons, les crustacés et les plantes aquatiques.
Les produits de l’agriculture et de l’aquaculture peuvent également être utilisés à des fins autres
que l’alimentation et la nutrition : par exemple, les moutons peuvent être élevés pour leur laine
et le chanvre peut être cultivé pour fabriquer du tissu, de la ficelle, des bioplastiques et d’autres
produits industriels29. L’industrie de la transformation des aliments et des boissons comprend
les fournisseurs de services alimentaires, la vente au détail et de gros de produits alimentaires, la
transformation des aliments et des boissons, et les fournisseurs d’intrants et de services30.
Vente en gros
et au détail
transformateurs
d’aliments et
de boissons
29 Agriculture et Agroalimentaire Canada fait le suivi de la production agricole à des fins alimentaires et industrielles séparément.
30 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://
agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-secteur-
agriculture-agroalimentaire-canada-2018
Alors que les communautés du Canada comptent sur le secteur agroalimentaire pour
s’alimenter, bon nombre de Canadiens comptent également sur ce secteur pour le
travail et l’emploi. Le secteur agroalimentaire canadien est composé d’une chaîne
d’approvisionnement complexe et intégrée de producteurs agricoles primaires, de
fournisseurs d’intrants et de services, d’usines de transformation d’aliments et de boissons, de
détaillants et de grossistes, ainsi que de fournisseurs de services. Ensemble, ces intervenants
ont généré 143,1 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB) en 2018, soit 7,4 % du PIB
canadien total cette année-là31. Le secteur a également employé quelque 2,3 millions de
personnes en 2018, ce qui équivaut à 12,5 % des emplois canadiens (1 emploi canadien sur
8)32. Les emplois du secteur sont diversifiés, étant notamment situés sur des fermes ainsi que
dans des usines de transformation, des salles de conférence et des laboratoires33. Au chapitre
de la croissance, de 2012 à 2016, le secteur agroalimentaire a connu une croissance plus
rapide que l’économie canadienne en général : le PIB du secteur agroalimentaire a augmenté
de 11 % pendant cette période, alors que l’économie canadienne n’a augmenté que de 7,8 %34.
Figure 2 : Au sein du secteur agroalimentaire, les industries de la transformation des aliments et des boissons
et de l’agriculture primaire sont les plus importantes.
Source : « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 2020, gouvernement du Canada.
31 Ibidem.
32 Ibidem.
33 « Agriculture in Canada », 2021, Canada Action Coalition : https://www.canadaaction.ca/agriculture.
34 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://
agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-secteur-
agriculture-agroalimentaire-canada-2018
35 « Agriculture Technology », 2021, NIFA : https://nifa.usda.gov/topic/agriculture-technology; « AgFunder Agri-Food Tech Investing
Report 2017 », 2017, AgFunder : https://research.agfunder.com/2017/AgFunder-Agrifood-Tech-Investing-Report-2017.pdf
la biotechnologie et la bioinformatique.
Chine 3 200
Inde 1 300
Royaume-Uni 1 100
Colombie 1 000
Israël 592
Canada 508
France 495
Espagne 439
Pays-Bas 335
Allemagne 274
Brésil 204
Nigéria 201
Finlande 149
Suisse 125
Suède 121
Argentine 100
Australie 90
Japon 88
Les entreprises qui offrent des produits et des services d’agriculture de précision sont diverses.
Certaines ont un champ d’activité très large, comme l’entreprise albertaine Decisive Farming,
qui offre des solutions de gestion pour l’ensemble de l’exploitation agricole qui englobent la
production agricole, la gestion des ressources humaines, les ventes et le marketing. D’autres
exploitent un champ d’action plus restreint : par exemple, certaines entreprises d’agriculture de
précision se concentrent uniquement sur l’application d’engrais ou la gestion des sols. De même,
les produits et les services d’agriculture de précision peuvent s’appliquer à une seule industrie
(p. ex. horticulture, grandes cultures), à un seul produit (p. ex. canola, pommes de terre), ou à
plusieurs industries et produits. Un grand nombre d’entreprises qui fournissent des produits et
des services d’agriculture de précision au Canada s’occupent de produits de grande valeur ou
fabriqués à grande échelle, comme les oléagineux, les céréales et d’autres grandes cultures.
Certaines des personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont mentionné des défis
en matière de données liés aux solutions d’agriculture de précision. D’une part, elles ont souligné
que les solutions d’agriculture de précision sont encore relativement nouvelles et que la réalité
et la cohérence des données qui les guident doivent encore être améliorées. Plus précisément,
bien que bon nombre d’entreprises recueillent des données agricoles, il n’y a « presque aucun
consensus » entre les entreprises quant à ce que les agriculteurs devraient faire pour obtenir
certains rendements agricoles. Les personnes interrogées ont également soulevé un deuxième
défi : de nombreuses solutions d’agriculture de précision exigent encore des agriculteurs
qu’ils recueillent ou saisissent des données manuellement. Compte tenu de ce défi, certaines
entreprises travaillent actuellement à mieux intégrer leurs solutions aux équipements existants
et à automatiser davantage la collecte de données.
Lorsque l’agriculture de précision est utilisée pour guider des processus tels que
l’ensemencement, la pulvérisation et la récolte, des équipements agricoles de haute
technologie (comme des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et des pulvérisateurs) sont
souvent présents. La technologie agricole est de plus en plus perfectionnée, tout comme les
équipements agricoles : alors que le guidage GPS, la direction automatique et le contrôle de
section étaient autrefois considérés comme une technologie de pointe, ces dispositifs sont
aujourd’hui considérés comme une norme moderne pour les équipements agricoles. De
même, lorsque l’agriculture de précision est employée pour automatiser les processus, des
équipements agricoles automatisés comme des véhicules automatisés, des robots et des
drones sont utilisés.
Cependant, les personnes interrogées ont noté que la capacité d’automatisation agricole
varie selon le produit. Par exemple, comme l’expose la section III, l’automatisation est
particulièrement difficile à réaliser dans des industries comme l’horticulture où, par rapport
aux cultures et aux légumineuses, les produits sont plus délicats et plus faciles à endommager.
Les environnements de culture contrôlés ont des impacts importants sur l’industrie
agroalimentaire : depuis un certain temps, l’agriculture en environnement contrôlé permet
aux agriculteurs de cultiver des fruits et des légumes dans des conditions idéales offrant
une efficacité et une productivité maximales. De même, ces environnements offrent un abri
contre les conditions climatiques et météorologiques défavorables. Plus récemment, les
environnements contrôlés ont permis à des communautés de cultiver des aliments (ou certains
types d’aliments) dans des endroits où elles ne pouvaient pas le faire auparavant, comme les
villes et les communautés urbaines, les climats plus froids et les endroits où les sols ne sont
pas appropriés. Fait intéressant, les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude
ont indiqué que Montréal est un chef de file mondial en matière d’agriculture urbaine et de
résilience écologique.
La principale proposition de valeur pour notre produit repose sur le fait que
beaucoup d’aliments sont achetés ailleurs et expédiés ici, au Canada. Le coût
environnemental est un problème, tout comme le fait que les produits ne sont
pas nécessairement de très bonne qualité. Le voyage est long avant d’arriver au
Canada, ce qui entraîne beaucoup de pertes et de dommages. De plus, les variétés
spécifiques que les épiceries proposent sont produites pour pouvoir supporter ce
long voyage, plutôt que pour leur nutrition et leur saveur. [traduction]
– Directeur de l’ingénierie des procédés, entreprise d’agriculture en environnement contrôlé
Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude étaient divisées quant à la
mesure dans laquelle l’agriculture en environnement contrôlé contribuera à la sécurité
alimentaire. Selon une des personnes interrogées, si nous développons davantage la
technologie, il est possible d’accroître la sécurité alimentaire de notre pays. Toutefois,
d’autres membres du conseil consultatif ont fait une mise en garde : bien que l’agriculture en
environnement contrôlé puisse permettre une production alimentaire plus efficace dans de
nouveaux endroits, les types d’aliments (p. ex. tomates, concombres, poivrons, etc.) qui sont
actuellement produits en environnement contrôlé ne sont pas riches en protéines ni assez
diversifiés pour constituer un régime alimentaire complet. Néanmoins, ce type d’agriculture
peut aider les communautés éloignées à avoir accès à des denrées périssables en leur
permettant de cultiver davantage d’aliments localement.
Bien que les environnements contrôlés utilisent les terres, les sols et l’eau beaucoup plus
efficacement que les fermes traditionnelles, ce n’est pas nécessairement le cas pour leurs
besoins énergétiques. Les personnes interrogées ont souligné l’importance d’utiliser des
énergies propres pour alimenter les fermes verticales et les serres. Elles ont également noté
que de nombreuses communautés rurales et éloignées au Canada qui pourraient bénéficier
d’une production alimentaire locale accrue dépendent de sources d’énergie à fortes
émissions comme les combustibles fossiles.
La production alimentaire durable est apparue comme un thème commun des entrevues
et des réunions du comité consultatif. Les personnes interrogées ont discuté des principaux
moteurs de cette tendance, y compris les politiques gouvernementales (offre) et la
demande des consommateurs (demande). Par ailleurs, l’alimentation et l’agriculture
durables sont à la base d’une croissance économique résiliente.
Parallèlement, la demande des consommateurs pour des aliments durables est importante.
Selon une enquête réalisée en 2020 par le Centre canadien pour l’intégrité des aliments, 37
% des Canadiens se disent très préoccupés par la durabilité environnementale en agriculture
et 36 % ont cherché des informations sur la production alimentaire écologique et durable55.
Bien que les définitions de l’alimentation durable varient selon les consommateurs, un peu
moins de 45 % des Canadiens croient que l’alimentation durable a un impact positif sur
l’environnement56. De plus, l’enquête montre que les Canadiens agissent en fonction de leurs
préoccupations environnementales : plus de 55 % d’entre eux cherchent des produits utilisant
moins d’emballage, et 47 % recherchent des produits ayant un impact environnemental
minimal. La recherche montre que les jeunes Canadiens âgés de 18 à 23 ans sont à l’origine
de la demande accrue d’aliments durables57. Comparativement aux Canadiens de plus de 24
ans, les Canadiens de la génération Z (âgés de 6 à 24 ans) sont « nettement plus susceptibles
de […] rechercher des produits alimentaires avec moins d’emballage (62 %) et un impact
environnemental minimum (58 %)58 ».
48 « De 21 à 37 % des émissions totales de gaz à effet de serre sont attribuables au système alimentaire. » [traduction] Voir : « Special
Report: Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC : https://www.ipcc.ch/srccl/
chapter/chapter-5/; « Food systems account for over one-third of global greenhouse gas emissions », 9 mars 2021, Nations Unies
ONU Info : https://news.un.org/en/story/2021/03/1086822; Ritchie, H., « Food production is responsible for one-quarter of the
world’s greenhouse gas emissions », 6 novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/food-ghg-emissions
49 « Retraits annuels d’eau douce pour l’agriculture (% des retraits totaux d’eau douce) », 2021, Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture et données d’AQUASTAT, Banque mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/
er.h2o.fwag.zs
50 Ritchie, H., et Roser, M., « Land Use », septembre 2019, Our World in Data : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/
er.h2o.fwag.zs.
51 Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, 2021, Open Parliament : https://openparliament.ca/bills/43-2/C-12/
52 « Solutions agricoles pour le climat », 12 avril 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-
agroalimentaire/nouvelles/2021/03/document-dinformation--solutions-agricoles-pour-le-climat.html.
53 « Un environnement sain et une économie saine », 8 mars 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/
environnement-changement-climatique/nouvelles/2020/12/un-environnement-sain-et-une-economie-saine.html
54 « Farm to Fork Strategy », 2021, Commission européenne : https://ec.europa.eu/food/horizontal-topics/farm-fork-strategy_en
55 « Étude sur la confiance du public 2020 : Tendances de confiance et voie vers l’avant », 2020, Centre canadien pour l’intégrité des
aliments : http://www.foodintegrity.ca/wp-content/uploads/2020/11/FRE2020Summit-Research-HR2.pdf
56 Ibidem.
57 Ibidem.
58 Ibidem.
Les intervenants de l’industrie agroalimentaire canadienne ont pris des mesures pour réduire
leur impact environnemental. En fait, alors que la production agricole du Canada a augmenté
au cours des 20 dernières années, les émissions de GES du secteur sont restées relativement
stables à environ 60 Mt d’équivalent CO2, tandis que l’intensité carbonique du secteur a
diminué59. Aujourd’hui, le secteur agricole représente environ 10 % des émissions nationales
de GES du Canada60. En ce qui concerne les solutions d’agriculture durable, les technologies
d’agriculture de précision peuvent contribuer à accroître l’efficacité de l’agriculture et à réduire
l’empreinte carbone ainsi que l’utilisation de pesticides et d’engrais61. Par ailleurs, les pratiques
agricoles régénératrices peuvent contribuer à augmenter la teneur en carbone du sol : les
cultures de couverture, la culture sans labour, la rotation accrue des cultures et la réduction de
l’utilisation de produits chimiques en font partie62.
Normes de l’industrie
Nous pouvons certainement prendre des mesures comme réduire le travail de labour,
entraînant un stockage accru de carbone dans les sols. Nous pouvons aussi quantifier
cette action en l’examinant d’un point de vue brut. Donc, en masse, nous pouvons
regarder combien de travail de labour il y a dans le système et faire des calculs quant
aux avantages sur le plan des GES, mais est-ce que nous cochons alors la bonne case
et rendons le système officiellement durable sur le plan environnemental? [traduction]
– Fonctionnaire, secteur agroalimentaire
L’aspect carbone est un sujet très chaud en ce moment. Comment montrer que les
cultures produites ici sont faibles en carbone? Je pense qu’il y a là une grande occasion,
mais il reste à savoir comment la quantifier et y intégrer des données. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision
59 Bilyea, T., et autres, « L’agriculture efficace en tant que fournisseur de solutions au gaz à effet de serre », septembre 2019, Institut
canadien des politiques agroalimentaires : https://capi-icpa.ca/wp-content/uploads/2019/09/2019-09-16-CAPI-fournisseur-
solutions-GES-Fr_WEB.pdf.
60 Cette mesure exclut la consommation d’énergie à la ferme et l’énergie utilisée dans la production d’engrais. « Sources et puits
de gaz à effet de serre : sommaire 2021 », 26 juin 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/environnement-
changement-climatique/services/changements-climatiques/emissions-gaz-effet-serre/sources-puits-sommaire-2021.html.
61 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser les exportations
canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/
rapport-15/page-69.
62 Bilyea, T., et autres, « L’agriculture efficace en tant que fournisseur de solutions au gaz à effet de serre », septembre 2019, Institut
canadien des politiques agroalimentaires : https://capi-icpa.ca/wp-content/uploads/2019/09/2019-09-16-CAPI-fournisseur-
solutions-GES-Fr_WEB.pdf
De l’avis d’autres personnes interrogées, ce défi n’a rien de nouveau : par le passé, lorsque
les consommateurs étaient prêts à payer un supplément pour certains types de produits
alimentaires, les industries ont établi leurs propres normes. Comme l’a dit l’une des personnes
interrogées, « plutôt que d’attendre que les gouvernements ou d’autres pays établissent ces
normes, l’industrie établit ses propres normes, et c’est ensuite à l’autre partie de prouver que
l’industrie a tort ». Un petit tour à l’épicerie permet de constater les nombreuses certifications
et normes alimentaires établies par l’industrie dans l’ensemble du système alimentaire
canadien : biologique63, commerce équitable64, sans organisme génétiquement modifié65,
hallal66, à base de plantes67, recyclage valorisant68, végétalien69 et sans gluten70 (Association
canadienne de la maladie cœliaque). Cependant, puisque les gouvernements encouragent
ou rendent obligatoires les produits alimentaires durables, plutôt que de laisser les
consommateurs décider, des normes mondiales devront être établies.
Préservation de l’identité
Selon les personnes interrogées, lorsque les consommateurs sont prêts à payer un
supplément pour un certain type d’aliment, ils veulent généralement être certains que
le produit est authentique. De même, certaines entreprises ou industries n’utiliseront
que certaines variétés d’un produit pour leurs caractéristiques ou traits spécifiques. Le
programme de production de blé Warburtons de Paterson Grain est un exemple frappant
de ce type de marché spécialisé71. Warburtons, une entreprise de boulangerie du Royaume-
Uni, ne s’approvisionne en céréales qu’auprès de producteurs qui respectent les conditions
de son programme : en échange de leur adhésion à ces conditions, les producteurs peuvent
demander une prime supplémentaire en plus des prix normaux des céréales. De leur côté,
les producteurs ont besoin de mesures pour faire le suivi des produits tout au long de la
chaîne d’approvisionnement. Dans le secteur agroalimentaire, le suivi des produits tout au
long de la chaîne d’approvisionnement est appelé préservation de l’identité.
Selon les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude, une chose reste à
clarifier : les consommateurs sont-ils prêts à payer un supplément pour des aliments
produits de manière durable?
Les coûts pour préserver l’identité des aliments durables tout au long de la
chaîne d’approvisionnement et les produire de manière durable sont plus élevés.
Présentement, il n’est pas certain que les agriculteurs sont en mesure de refiler
ce coût aux consommateurs sous la forme d’une prime supplémentaire, comme
ils l’ont fait dans le secteur des aliments biologiques. Il est possible que les
consommateurs s’attendent à ces caractéristiques améliorées, mais, en même
temps, ne veuillent pas dépenser plus pour les obtenir. [traduction]
– Chercheur, université canadienne
Néanmoins, les personnes interrogées ont noté que la demande des consommateurs
sera toujours une cible mouvante et, surtout, que ce produit devra faire l’objet d’un suivi si
les consommateurs sont prêts à payer un supplément pour un produit alimentaire précis.
Parallèlement, le système alimentaire mondial exige de plus en plus de données détaillées
sur la chaîne d’approvisionnement pour satisfaire aux exigences en matière de sécurité
alimentaire. Comme l’écrit l’auteure technologique dans Blockchain Chicken Farm and Other
Stories of Tech in China's Countryside, les informations sur les aliments sont essentielles à la
sécurité alimentaire : « Elles font de l’agriculture industrialisée une entreprise d’information. »
De même, les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont déclaré que de
répondre à la demande des consommateurs consistait à créer davantage de transparence :
plus les producteurs disposent de données et meilleurs sont leurs registres, plus il est facile
d’évaluer la façon dont ils produisent leurs cultures et de saisir de nouvelles occasions.
Aujourd’hui, le domaine de la préservation de l’identité est peuplé d’une suite diversifiée de
technologies : codes à barres, identification par radiofréquence, codes QR et autres solutions
d’identité numérique, outils de gestion des enregistrements fondés sur la blockchain, et
solutions de chaîne d’approvisionnement qui exploitent les capteurs d’IdO, les données
massives et l’intelligence artificielle. Les personnes interrogées se sont montrées enthousiastes
quant à l’expansion future des occasions dans ce domaine.
Il faut savoir que de préserver l’identité coûte de l’argent, et je pense qu’il y aura une
formidable occasion dans les décennies à venir pour livrer plus efficacement des
produits alimentaires. [traduction]
– Chercheur, université canadienne
Protéines de substitution
La demande mondiale d’aliments durables a donné naissance à de nombreux régimes
alimentaires soucieux de l’environnement. Citons notamment le régime biologique, qui
met l’accent sur la consommation d’aliments produits selon des normes environnementales
strictes72, le régime des 100 miles, qui met l’accent sur la consommation d’aliments cultivés
localement, et les régimes flexitariens, végétariens, végétaliens et à base de plantes, qui,
à des degrés divers, mettent l’accent sur une consommation réduite en viande et produits
laitiers. Cette dernière catégorie de régimes qui vise à réduire la consommation de viande et de
produits laitiers a mené à la création d’une nouvelle industrie : les protéines de substitution.
72 « Organic 101: What the USDA Organic Label Means », 2021, département de l’Agriculture des États-Unis : https://www.usda.gov/
media/blog/2012/03/22/organic-101-what-usda-organic-label-means; « Certified Organic », 2020, Organic Council of Ontario :
https://www.organiccouncil.ca/organics/organic-certification/
73 Ritchie, H., et Roser, M., « Meat and Dairy Production », novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/
meat-production. Cependant, les GES associés à la production de viande et de produits laitiers varient selon le pays : « Selon
les constatations d’AAC, le Canada est l’un des producteurs les plus efficients, classé au 90e percentile du bas de l’intensité
des émissions de GES pour ce qui est de la production de bœuf par rapport aux chiffres mondiaux. » Bilyea, T., et autres, «
L’agriculture efficace en tant que fournisseur de solutions au gaz à effet de serre », septembre 2019, Institut canadien des
politiques agroalimentaires : https://capi-icpa.ca/wp-content/uploads/2019/09/2019-09-16-CAPI-fournisseur-solutions-GES-
Fr_WEB.pdf
74 Ritchie, H., et Roser, M., « Environmental impacts of food production », juin 2021, Our World in Data : https://ourworldindata.org/
environmental-impacts-of-food?country=
75 Ibidem.
L’industrie des protéines de substitution, qui comprend la viande et les produits laitiers à base de
plantes, les protéines cultivées à base de viande ou de cellules, et les protéines de substitution
issues de la fermentation, est née de ces défis au cours des dernières années. Composée
de protéines, de matières grasses, de vitamines, de minéraux et d’eau, la viande à base de
plantes est produite à partir de plantes et de végétaux à l’aide de techniques de transformation
alimentaire de haute technologie . La viande cultivée, qui est identique à la viande traditionnelle à
l’échelle cellulaire, est produite à partir de cellules80. La fermentation est un processus de longue
date qui utilise des micro-organismes pour produire des protéines de substitution81.
Les consommateurs se tournent de plus en plus vers les produits à base de plantes, qui
constituent la plus grande source de protéines de substitution. Une enquête menée par
Deloitte en 2021 a révélé que 44 % des consommateurs interrogés au Canada ont essayé
de consommer moins de viande au cours de la dernière année82. En outre, 79 % des
consommateurs interrogés ont augmenté leurs dépenses en laits à base de plantes et autres
produits non laitiers en 2021, tandis que 72 % ont augmenté leurs achats de produits de viande
de substitution83. Encore une fois, les jeunes Canadiens âgés de 18 à 23 ans sont à l’origine de
cette tendance : « Par rapport aux Canadiens âgés d’au moins 24 ans, les plus jeunes sont plus
susceptibles de dire qu’ils recherchent activement des épiceries, des restaurants et des recettes
offrant des options à base de plantes ou des substituts à la viande84 ».
Bien que les recherches montrent que la demande d’options à base de plantes continuera de
croître, compte tenu de la valeur marchande, la viande reste la forme dominante de protéines85.
De plus, la consommation de viande et de produits laitiers augmente généralement avec le
revenu et l’urbanisation, ce qui signifie que la production de viande et de produits laitiers est
susceptible d’augmenter dans les marchés en développement dans un avenir prévisible86.
Néanmoins, le Canada est un exportateur majeur de lentilles, de haricots secs, de pois secs
et de soja87, faisant de l’industrie des protéines de substitution une possibilité intéressante.
L’organisation Protein Industries Canada, créée par le gouvernement fédéral en 2018, s’efforce
« d’accélérer l’innovation et la compétitivité du secteur des protéines végétales au Canada » et
de faire du Canada « un chef de file mondial dans le secteur des protéines végétales88 ».
76 McKinsey & Company définit les protéines de substitution comme des ingrédients riches en protéines provenant de plantes,
d’insectes, de champignons ou de cultures de tissus pour remplacer les sources animales conventionnelles. Voir : « Alternative proteins:
The race for market share is on », 16 août 2019, McKinsey & Company : https://www.mckinsey.com/industries/agriculture/our-insights/
alternative-proteins-the-race-for-market-share-is-on
77 Toutefois, l’empreinte carbone des analogues de viande comme la viande synthétique (faite à partir de produits végétaux), la
viande cultivée et les insectes par rapport aux protéines végétales non transformées est plus incertaine en raison des différences de
production. Voir : « Special Report: Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC :
https://www.ipcc.ch/srccl/chapter/chapter-5/
78 « Special Report: Special Report on Climate Change and Land: Chapter 5 – Food Security », 8 août 2019, IPCC : https://www.ipcc.ch/
srccl/chapter/chapter-5/ [traduction]
79 « Plant-based meat », 2021, Good Food Institute : https://gfi.org/plant-based/.
80 « Cultivated meat », 2021, Good Food Institute : https://gfi.org/cultivated/.
81 « Fermentation », 2021, Good Food Institute : https://gfi.org/fermentation/.
82 « The future of food: a Canadian perspective – The conflicted consumer 2021 food consumer survey », 2021, Deloitte : https://www2.
deloitte.com/content/dam/Deloitte/ca/Documents/consumer-business/ca_futureoffood_pov_en_AODA.pdf
83 Ibidem.
84 « Étude sur la confiance du public 2020 : Tendances de confiance et voie vers l’avant », 2020, Centre canadien pour l’intégrité des
aliments : http://www.foodintegrity.ca/wp-content/uploads/2020/11/FRE2020Summit-Research-HR2.pdf
85 Ibidem; « Alternative proteins: The race for market share is on », 16 août 2019, McKinsey & Company : https://www.mckinsey.com/
industries/agriculture/our-insights/alternative-proteins-the-race-for-market-share-is-on.
86 Ritchie, H., et Roser, M., « Meat and Dairy Production », novembre 2019, Our World in Data : https://ourworldindata.org/meat-production
87 « Pays par produits », 2021, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture : http://www.fao.org/faostat/
fr/#rankings/countries_by_commodity_exports.
88 « Qui sommes-nous », 2021, Protein Industries Canada : https://www.proteinindustriescanada.ca/fr/qui-sommes-nous
L’édition génomique peut modifier les propriétés des matières premières, mais elle
sera également très importante dans la transformation des aliments, c’est-à-dire la
façon dont les matières premières sont transformées. L’édition génomique offre un
incroyable potentiel dans l’industrie de la transformation alimentaire. Il faut penser
à la façon dont nous pourrions utiliser les bactéries, les levures et toutes sortes de
techniques d’édition qui ont un impact direct sur l’odeur, la saveur et l’aspect des
aliments, et d’autres aspects comme la durée de conservation. [traduction]
– Chercheur, université canadienne
Ces techniques trouvent leur origine loin dans le temps et sont liées à une longue histoire de
croisements et de sélection visant à rechercher les meilleures variétés et les plus rentables. La
biotechnologie s’applique à plusieurs disciplines, dont la génétique, la biochimie et la biologie
moléculaire90. Une série de termes ont été inventés pour identifier les différentes branches de
la biotechnologie (dont certaines s’appliquent à l’agriculture)91.
Plus largement, le CTIC a analysé les descriptions des entreprises afin de relever les
thèmes communs. Dans l’ensemble, 10 gammes de produits et de services s’en dégagent
: l’agriculture de précision, les environnements de culture contrôlés, les intrants relatifs à la
nutrition et à la protection des cultures, les équipements agricoles de haute technologie,
la biotechnologie agricole, les services aux entreprises, les protéines de substitution,
les technologies d’élevage, la transformation alimentaire de haute technologie, et les
technologies de l’aquaculture (voir la figure 4).
Entreposage,
Équipement agricole transport (9)
Agriculture de précision de haute technologie
Gestion des cultures, gestion des sols, Semoirs, pulvérisateurs,
Protéines de substitution
infrastructure de l’IdO (54) tracteurs, robots (28) À base de plantes, nouveaux aliments,
viande cultivée en laboratoire (24)
Figure 4 : Parmi la liste des 261 entreprises de technologies agroalimentaires, 10 catégories de gammes
de produits et de services essentielles s’en dégagent
Source: Données de PitchBook, analyse du CTIC. CTIC, 2021.
Le siège social des entreprises de l’ensemble de données est principalement situé au Canada
(93 %) et aux États-Unis (5 %), une poignée d’entreprises ayant leur siège social en Europe et
en Asie. Les entreprises dont le siège social est situé au Canada se trouvent principalement
en Ontario (33 %), en Colombie-Britannique (18 %), en Alberta (17 %), au Québec (11 %), en
Saskatchewan (10 %) et au Manitoba (5 %). La figure 5 fournit des détails supplémentaires sur les
types d’entreprises situées dans chaque province, ventilés par groupe d’industries primaires.
Autres
Protéines de substitution
Protéines de substitution
Technologie
d’élevage d’animaux
Biotechnologies agricoles
Services d’entreprise
Transformation alimentaire
de haute technologie
Agriculture en
environnement contrôlé
Protection et nutrition
des cultures
Agriculture de précision
Figure 5 : Entreprises de technologies agricoles selon l’emplacement du siège social (province) et l’industrie.
Le terme « Atl. » désigne le Canada atlantique.
Source : Données de PitchBook. CTIC, 2021.
La taille et l’année de fondation sont des indicateurs utiles de la maturité des entreprises. Alors
que les petites et moyennes entreprises (PME)96 représentent 99,8 % de toutes les entreprises
canadiennes97, 96 % des entreprises de technologies agroalimentaires de l’ensemble de
données sont des PME (voir la figure 6 pour plus de détails). Presque toutes les entreprises de
l’ensemble de données qui sont considérées comme de grandes entreprises (p. ex. comptant
500 employés ou plus) sont situées dans des industries agricoles établies de longue date :
les biotechnologies agricoles, les intrants relatifs à la nutrition et à la protection des cultures
comme les engrais et les pesticides, et les équipements agricoles de haute technologie. Dans
ces trois catégories, les entreprises emploient en moyenne 2 123 employés.
96 Selon les normes de classification élaborées par Statistique Canada, les PME sont des entreprises comptant
moins de 500 employés.
97 « Principales statistiques relatives aux petites entreprises – 2020 », Innovation, Sciences et Développement
économique Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/061.nsf/fra/h_03126.html.
Par ailleurs, les entreprises de l’ensemble de données dont les secteurs d’activité sont axés
sur des produits et des services développés plus récemment ont tendance à être plus petites.
Les entreprises axées sur l’agriculture de précision, les protéines de substitution, l’agriculture
en environnement contrôlé et les technologies d’élevage comptent en moyenne de 48 à
58 employés. Les entreprises de l’ensemble de données qui fournissent des services aux
entreprises ou font de la transformation alimentaire de haute technologie comptent en
moyenne de 25 à 28 employés.
Des tendances similaires apparaissent quant à l’année de fondation des entreprises. Les
entreprises de l’ensemble de données qui s’occupent d’industries agricoles de longue date
tendent à exister depuis plus longtemps, tandis que celles dont les principaux secteurs
d’activité ont été développés plus récemment ont tendance à être plus récentes. En moyenne,
les entreprises axées sur les biotechnologies agricoles (1994), les intrants relatifs à la nutrition
et à la protection des cultures comme les engrais et les pesticides (1994), et les équipements
agricoles de haute technologie (1996) ont été fondées au milieu des années 1990. De même,
la date moyenne de fondation des entreprises d’agriculture de précision dans l’ensemble
de données est 2008. Elle est de 2009 pour les services aux entreprises, de 2010 pour les
protéines de substitution, de 2011 pour la transformation alimentaire de haute technologie, et
de 2011 pour l’agriculture en environnement contrôlé.
1 001 et plus
501 à 1 000
Entreprises de technologies 1 à 10
agricoles par nombre d’employés
101 à 500 11 à 50
51 à 100
Talent en technologies
agroalimentaires
Compte tenu de la disponibilité de vastes terres agricoles au Canada, de
l’augmentation des niveaux de consommation et de la hausse de la demande
mondiale pour les principaux produits alimentaires, le secteur agricole canadien
est bien placé pour connaître une croissance à long terme. Le Canada peut saisir
cette occasion et accroître son offre de produits alimentaires sûrs, fiables, durables,
traçables et de haute qualité en adoptant davantage de technologies numériques
de pointe. Toutefois, selon le Conseil sur la stratégie industrielle du Canada, pour y
parvenir, le Canada doit accélérer les investissements dans l’infrastructure à large
bande pour assurer la connectivité, accroître l’adoption des technologies numériques
qui sont essentielles à l’amélioration de la productivité dans le secteur, encourager les
investissements numériques dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et
bâtir une réserve de talents du XXIe siècle en mettant l’accent sur les compétences
numériques et entrepreneuriales98. La section II fournit un aperçu plus détaillé de
la demande et des besoins du marché du travail de l’industrie des technologies
agroalimentaires. Elle commence par l’analyse du marché du travail à partir de données
historiques, notamment les prévisions du CTIC relatives au marché du travail, les
données sur l’emploi de Statistique Canada et les tendances en matière d’affichage de
postes. La section II examine de plus près les rôles et les compétences nécessaires dans
l’ensemble de l’écosystème des technologies agroalimentaires, l’impact croissant de
la technologie sur l’agriculture, et la façon dont les talents sont attirés vers l’industrie
depuis des secteurs technologiques autres que l’agriculture.
98 « Redémarrer, relancer, repenser la prospérité de tous les Canadiens », rapport du Conseil sur la
stratégie industrielle du Canada, novembre 2020 : https://www.ic.gc.ca/eic/site/062.nsf/vwapj/00118a_
fr.pdf/$file/00118a_fr.pdf
Je pense que l’âge moyen d’un électricien en ce moment dans une grande usine
de transformation est de 55 ans. L’âge moyen d’un ouvrier d’usine, aux dernières
nouvelles, variait entre 44 et 48 ans. Les machinistes sont maintenant tous
typiquement dans la cinquantaine. Nous assistons à une baisse importante de la
main-d’œuvre. La main-d’œuvre est plus âgée. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur des pêches et des océans
Les talents hautement qualifiés sont la clé de la croissance réussie de tout secteur de l’économie.
La pénurie de main-d’œuvre de professionnels compétents et qualifiés a été recensée
comme une préoccupation majeure ayant un impact sur la capacité du secteur agricole à se
développer102. En raison des nouvelles avancées technologiques et de la demande croissante
de professionnels des technologies agricoles, la pénurie de main-d’œuvre devrait s’aggraver103.
Le CTIC a publié son plus récent rapport sur les perspectives du marché du travail, intitulé
Toujours à l’avant-garde – Aperçu des talents numériques pour 2025, en août 2021104. Le
rapport souligne que la technologie agroalimentaire est un domaine d’innovation clé pour
l’économie canadienne et propose une prévision d’emploi pour l’industrie. L’emploi dans
l’industrie des technologies agroalimentaires a connu une croissance plus rapide que les autres
secteurs « traditionnels » de l’économie au cours des 10 dernières années, probablement en
raison de l’adoption accrue de la technologie. L’industrie des technologies agroalimentaires
devrait continuer d’afficher de bons résultats alors que la pandémie de COVID-19 accélère les
tendances à la numérisation105.
La figure 7 montre les prévisions d’emploi du CTIC pour l’industrie des technologies
agroalimentaires. L’industrie a connu une baisse de l’emploi en 2020, mais elle devrait être
sur la voie de la reprise à partir du milieu de 2021. Selon un scénario de croissance modérée,
la demande dans l’industrie des technologies agroalimentaires atteindra environ 49 000
travailleurs d’ici le quatrième trimestre de 2025. Si ces postes sont dotés, le nombre total
d’emplois dans l’industrie grimpera à 683 000 travailleurs d’ici la fin de 2025.
99 “Farmer 4.0: How the coming skills revolution can transform agriculture,” August 2019, RBC Though Leadership,
http://www.rbc.com/economics/economic-reports/pdf/other-reports/Farmer4_aug2019.pdf
100 “How Labour Challenges Will Shape the Future of Agriculture: Agriculture Forecast to 2029,” 2019, CAHRC-CCRHA,
https://cahrc-ccrha.ca/sites/default/files/National%20Report_Final%20-%20EN%202019%20reduced%20size.pdf
101 “How Labour Challenges Will Shape the Future of Agriculture: Agriculture Forecast to 2029,” 2019, CAHRC-CCRHA,
https://cahrc-ccrha.ca/sites/default/files/National%20Report_Final%20-%20EN%202019%20reduced%20size.pdf
102 “Restart, recover, and reimagine prosperity for all Canadians,” A Report from Canada’s Industry Strategy Council,
November 2020, https://www.ic.gc.ca/eic/site/062.nsf/vwapj/00118a_en.pdf/$file/00118a_en.pdf
103 Duncan, E., et al., “Automated pastures and the digital divide: How agricultural technologies are shaping labour and
rural communities,” Journal of Rural Studies, Volume 68, 2019, Pages 112-122, https://www.sciencedirect.com/science/
article/pii/S0743016718307769
104 Ivus, M; Kotak, A., “Onwards and Upwards - Digital Talent Outlook 2025,” Information and Communications Technology
Council (ICTC), August 2021, https://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2021/08/digital-talent-outlook-for-2025.pdf
105 Ivus, M; Kotak, A., “Onwards and Upwards - Digital Talent Outlook 2025,” Information and Communications Technology
Council (ICTC), August 2021, https://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2021/08/digital-talent-outlook-for-2025.pdf
Il est important de noter que pour répondre à cette demande, il ne suffira pas d’augmenter le nombre
de travailleurs dans l’industrie : une courte visite sur un site d’offres d’emploi axé sur l’agriculture106
montre rapidement que le travail agroalimentaire a profondément changé au fil du temps, de
nombreuses compétences requises des travailleurs agricoles étant désormais numériques.
T4 2025
692K
683K 680K
667K
660K
640K
T1 2021
620K
634K
600K
2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026
Figure 7 : Emploi dans l’industrie canadienne des technologies agroalimentaires (prévisions), 2021-2025.
Source : CTIC, 2021. Données d’emploi désaisonnalisées.
Nous avons une petite équipe et de nombreux rôles : nous avons des rôles liés aux
logiciels, quelqu’un qui s’occupe du développement de nos applications et de notre
présence en ligne, des rôles dans le développement de matériel et de micrologiciels,
et bien sûr, l’analyse des données est très importante. Nous avons également des
agronomes qui s’assurent que nous n’inventons pas des outils qui sont inutiles. Donc,
au niveau supérieur, ce sont les rôles en agronomie, matériel et logiciel. [traduction]
– Directeur principal de la technologie, entreprise de technologies agroalimentaires
Taux de croissance
CNP Groupe professionnel 2015 2016 2017 2018 2019 2020 annuel moyen
2172 Analystes de bases de données et 1 700 4,70 3 500 2 100 1 800 4 600 50,4 %
administrateurs de données
2123 Représentants, consultants et 1 800 3 700 2 100 3 900 2 900 3 000 25,2 %
spécialistes en agriculture
2173 Ingénieurs et concepteurs de 1 700 3 300 2 800 3 700 2 200 3 400 25,0 %
logiciels
2233 Technologues et techniciens en génie 3 700 7 200 5 000 5 000 7 000 6 900 20,5 %
industriel et en génie de fabrication
2141 Ingénieurs d’industrie et de 3 500 3 200 2 100 3 100 2 000 4 200 15,8 %
fabrication
2161 Mathématiciens, statisticiens 2 000 3 700 2 300 3 800 4 700 1 800 14,9 %
et actuaires
2147 Ingénieurs informaticiens (sauf 1 600 2 100 2 100 1 800 1 900 2 500 10,8 %
les ingénieurs et les concepteurs
en logiciels)
2171 Consultants et analystes des 3 100 3 300 3 500 4 600 3 900 4 300 7,8 %
systèmes d’information
Tableau 1 : Professions numériques à forte croissance de l’emploi dans l’industrie des technologies agroalimentaires, 2015-2020.
Source : CTIC, Enquête sur la population active de Statistique Canada.
Science agricole
La figure 8 montre la tendance des affichages de postes pour les huit CNP à forte croissance dans
les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (SCIAN 0011) au Canada. Elle
couvre la période allant de novembre 2017 à juin 2021. En juin 2021, 123 offres d’emplois étaient
liées aux technologies agricoles. Parmi ces offres, Montréal, Toronto, Calgary, Laval, Kitchener,
Québec, Regina, Saint John, Mississauga et Saskatoon étaient les lieux d’emploi les plus courants.
En général, les données sur les affichages de poste sont une mesure commune et pertinente pour
évaluer la demande pour certains rôles.
Bien que de nombreuses personnes interrogées aient signalé une croissance de la demande de
talents numériques au cours des dernières années, les données ci-dessous montrent une tendance
relativement stable des affichages de postes dans la fourchette de 100 à 150 emplois, une légère
fluctuation de la demande en 2019 et 2021 ayant été enregistrée. Il convient de noter que de
nombreuses personnes interrogées dans le cadre de la présente étude s’appuient fortement sur le
réseautage, les partenariats avec les collèges et les universités, et d’autres méthodes de recrutement
informelles pour attirer des talents (par opposition à l’utilisation de sites et de plateformes d’emploi
en ligne). La popularité de ces méthodes de recrutement informelles signifie que les données de la
figure 8 ne rendent que partiellement compte de la demande de talents numériques et explique
pourquoi les données ci-dessous ne montrent pas de tendance à la hausse.
Personnellement, je construis mon réseau en utilisant LinkedIn. Je vais sur le site d’une
université comme l’Université Dalhousie ou d’universités de la côte est et je cherche les
diplômés en informatique ou administration des affaires des deux dernières années
et je les ajoute sur LinkedIn. Lorsque nous affichons un poste, nous l’affichons sur nos
propres comptes LinkedIn et obtenons des candidatures de cette façon. [traduction]
– PDG, entreprise d’aquaculture
200
150
100
50
0
Janv Janv Janv Janv
2018 2019 2020 2021
Figure 8 : Tendance des affichages de postes liés aux technologies agricoles, novembre 2017 à juin 2021.
Source : Données Emsi, site consulté en juillet 2021.
Néanmoins, les données sur les offres d’emploi constituent un moyen utile d’analyser l’impact
de la technologie et de son application sur l’industrie des technologies agricoles. Par exemple, le
tableau 3 montre les compétences et l’éducation en matière de technologies de pointe requises
pour trois domaines différents du commerce interentreprises : la robotique agricole, l’agriculture
et l’automatisation, et l’agriculture de précision. La catégorie de la robotique agricole indique
une combinaison de technologies de production associées et d’ensembles de compétences
traditionnelles, comme des systèmes de traite automatique. Les résultats pour l’agriculture
et l’automatisation sont plus explicites, recensant les développeurs de logiciels, divers rôles
d’automatisation et une référence aux technologies fondées sur l’infonuagique.
Les données recueillies pour l’agriculture de précision montrent une inclinaison marquée vers des
technologies évoluées sur le plan opérationnel et une production dont le rendement est supérieur.
Les personnes interrogées dans le cadre de la présente étude ont contribué à clarifier la raison
pour laquelle des termes comme agriculture de précision englobent un si large éventail d’activités
commerciales : par exemple, une personne interrogée a noté que « l’agriculture de précision est
l’un des termes les plus mal définis » dans le secteur de l’agriculture et « signifie beaucoup de
choses différentes pour beaucoup de personnes différentes ». Une autre a noté qu’il est possible
de trouver des rôles complètement différents dans la vaste catégorie de l’agriculture de précision :
le rôle d’une personne qui s’occupe du matériel sera « totalement différent » de celui d’une
personne qui veille uniquement à l’analyse des données.
Tableau 3 : Résultats de recherche d’une analyse ciblée des données d’emploi en technologies agricoles.
Source : Données Emsi, site consulté en juillet 2021.
Les défis liés à l’adoption de technologies de pointe se traduisent par l’émergence du rôle de
consultant agricole : ces personnes possèdent une expertise technologique et des connaissances
opérationnelles et agricoles avancées. Une analyse des données sur la main-d’œuvre pour ce rôle
révèle que les principales compétences comprennent le C++ (langage de programmation orienté
objet), Salesforce (logiciel de gestion des relations avec les clients basé sur l’infonuagique) et Kafka
(plateforme de traitement des flux de données en temps réel). Les personnes interrogées dans le
cadre de la présente étude s’accordent pour dire que « beaucoup d’entreprises embauchent des
consultants pour venir installer une nouvelle machine, comme une machine dotée d’une certaine
autonomie » lorsqu’elles adoptent des technologies émergentes.
En plus des compétences spécialisées, les personnes interrogées ont mentionné l’importance
des compétences générales, notamment les compétences en communication, la
connaissance des médias sociaux, l’esprit d’équipe, la créativité, la capacité d’adaptation et
les aptitudes en vente. Les personnes interrogées et les membres du conseil consultatif ont
pondéré l’importances des compétences générales à des degrés divers.
Le principal défi consiste à trouver des talents en vente, des personnes capables de s’identifier
à l’agriculteur, d’assumer un rôle consultatif en vente à la ferme, de comprendre l’entreprise et
de parler à l’agriculteur. Nous avons investi des sommes importantes dans la formation de nos
vendeurs sur des périodes de deux, trois et cinq ans pour les amener à un certain niveau parce
que nous ne pouvons tout simplement pas embaucher ces personnes. Vous pouvez toujours
embaucher quelqu’un chez un fournisseur d’équipement qui peut parler aux agriculteurs, mais
il ne réussira pas à leur vendre quelque chose qu’ils n’avaient pas déjà prévu dans leur budget,
comme des tracteurs, ni de logiciel ou de technologie. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision
Talents interdisciplinaires
La troisième citation ci-dessus souligne également l’importance de connaître l’industrie
des technologies agricoles. Les talents en technologies agricoles requièrent une variété de
compétences et d’aptitudes interdisciplinaires, notamment en agriculture, horticulture et
biologie, ainsi que des compétences en ingénierie, fabrication, numérique, robotique et analyse
de données. Certaines de ces compétences sont acquises à l’école, tandis que d’autres sont
acquises par l’expérience professionnelle. Le défi consiste à trouver des talents qui possèdent
une combinaison unique de ces compétences interdisciplinaires. Ces sentiments ont également
été repris par d’autres personnes interrogées et membres du comité consultatif.
Beaucoup de gens sont très bons dans des domaines précis, comme la conception
de logiciels et la programmation, mais très peu de gens comprennent le concept
dans son ensemble. L’agriculture est extrêmement complexe, et il y a tellement
d’éléments qui doivent être compris. Il est vraiment difficile de trouver des
personnes qui ont au moins une compréhension de base de l’agriculture et de toute
autre spécialisation nécessaire, qu’il s’agisse de logiciels ou de matériel. [traduction]
– PDG, entreprise de solutions pour les entreprises agricoles
Une école peut enseigner de très bonnes techniques de culture, mais qu’en est-il des
logiciels et du matériel? Ce n’est pas un ensemble naturel d’éléments à combiner les
uns avec les autres : généralement, l’ingénierie et l’horticulture sont des secteurs
distincts, mais je crois qu’ils doivent converger. Je ne suis pas sûr qu’il y ait une
bonne réponse pour nous aujourd’hui, si ce n’est de perfectionner les compétences
et d’essayer d’aller chercher les talents ailleurs, mais nous ne pouvons pas toujours
nous permettre de le faire. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision
Le besoin de talents interdisciplinaires a déjà un impact sur les programmes universitaires liés
aux technologies agroalimentaires. Alors que les rôles liés à l’économie du savoir dans le secteur
agroalimentaire proviennent traditionnellement d’une formation de base en biologie et en chimie109,
les progrès en informatique des dernières années ont donné naissance à des programmes
universitaires hybrides, tels que la biologie computationnelle et la bioinformatique (des termes
parfois utilisés de manière interchangeable). La biologie computationnelle est une discipline qui
adopte des méthodes issues d’un large éventail de domaines mathématiques et informatiques
afin de construire des modèles pour divers types de données expérimentales et de systèmes
biologiques110. Idéalement, cette combinaison de compétences constitue une base solide pour
l’agriculture de précision dans l’ensemble d’un spectre, de la recherche aux compétences pratiques
(plus précisément, être capable de comprendre et de programmer des systèmes sur le terrain,
comme des véhicules autonomes ou des réseaux de capteurs). Parallèlement, le praticien dispose
du bagage nécessaire pour comprendre les subtilités et les nuances des données générées ou
recueillies.
Ces programmes prévoient des professions tels que biochimistes, chercheurs en génétique,
bioinformaticiens, agriculteurs de précision, ou encore scientifiques, technologues ou ingénieurs en
recherche alimentaire. Bien que le programme d’études soit bien défini, et que les responsabilités
professionnelles dans l’industrie existent depuis longtemps, ces titres de postes n’apparaissent
pas encore sur les sites d’annonces d’emploi en technologies agroalimentaires. Cela dit, les offres
d’emploi actuelles montrent des signes d’un dilemme classique lié à la haute technologie et à
l’expertise du domaine, en l’occurrence : devons-nous enseigner aux agriculteurs comment écrire
des logiciels ou bien enseigner l’agriculture aux programmeurs? Comme l’a fait remarquer une des
personnes interrogées, « l’automatisation agricole ne fait tout simplement pas partie des curriculum
vitæ. Il faut trouver des gens qui sortent tout juste de l’école ou les reconvertir à partir d’autres
industries. » De nombreuses offres d’emploi liées aux technologies agricoles se lisent comme
des annonces pour attirer des travailleurs traditionnels en TIC accompagnées d’une mise en
garde entre parenthèses indiquant que l’expérience en agriculture est un « atout ».
109 “AGRICULTURAL BIOTECHNOLOGY AND FOOD SCIENCES,” 2021, University of British Columbia, https://www.grad.
ubc.ca/research/agricultural-biotechnology-food-sciences-rdf404
110 “Computational Biology Department: School of Computer Science,” 2021, Carnegie Mellon University, http://
cbd.cmu.edu/about-us/what-is-computational-biology.html; “Computational Biology,” 2019, MIT Department of
Biology, https://biology.mit.edu/faculty-and-research/areas-of-research/computational-biology/
Deux exemples de rôles techniques requis par les entreprises canadiennes œuvrant
dans ce secteur sont présentés ci-dessous. Les données sur ces rôles ont été recueillies
manuellement à partir de sites d’emplois accessibles au public (données consultées en
juillet 2021) et chaque exemple se fonde sur environ 5 à 10 entreprises canadiennes (dont
bon nombre sont de jeunes entreprises).
Responsable de Technicien de
l'assurance de laboratoire, technicien
la qualité
Technicien en
assurance de
la qualité
Les catégories des systèmes agricoles et des activités opérationnelles et d’entreprise sont
étroitement liées. Un grand nombre d’investissements de nouveaux acteurs de l’industrie de
l’agriculture intelligente ont été réalisés dans des domaines tels que les systèmes de l’IdO et
de capteurs, ainsi que la gestion numérique de la chaîne d’approvisionnement. Par exemple,
la multinationale canadienne TELUS a récemment commencé à acquérir des entreprises
dans le domaine de l’agriculture intelligente111. Les données sur les offres d’emploi montrent
une évolution surprenante de la demande de compétences. L’analyse des données d’emploi
de la base de données Emsi pour la période 2019-2021 met en évidence l’impact de cette
infusion, par exemple la demande de rôles en ingénierie des systèmes et IdO qui émergent
dans les domaines agricoles112.
En ce qui concerne les professions, les rôles des entreprises commerciales reflètent une
utilisation évoluée des plateformes numériques interentreprises. Bien qu’elles se fondent
principalement sur des programmes logiciels, ces plateformes peuvent également nécessiter
l’utilisation d’équipements de haute technologie pour la saisie de données. La catégorie
des entreprises commerciales comprend des analystes et des gestionnaires de la chaîne
d’approvisionnement, des spécialistes des achats, des développeurs frontaux et dorsaux, des
analystes de données, des développeurs en intelligence artificielle et apprentissage machine,
des analystes des politiques et des règlements, et d’autres rôles opérationnels.
111 « Produire des résultats positifs dans le domaine agricole », 2021, TELUS Agriculture : https://www.telus.com/fr/bc/
agriculture; « Secteur agroalimentaire », 2021, TELUS Agriculture : https://www.telus.com/fr/bc/agriculture/agri-
food?linktype=ge-mainnav
112 Données Emsi, site consulté le 16 juillet 2020.
Les rôles liés aux systèmes agricoles découlent de l’adoption par les agriculteurs et les
horticulteurs d’équipements de haute technologie « à la ferme » en vue d’automatiser
les tâches ou de recueillir des données plus complètes. Par conséquent, cette catégorie
comprend divers types de rôles axés sur l’ingénierie, tels que les ingénieurs système,
les agronomes de précision, les ingénieurs en contrôle des procédés, les ingénieurs en
agriculture de précision, les ingénieurs en environnement et les ingénieurs agricoles. Pour les
équipements de collecte de données, des analystes et des scientifiques des données peuvent
également être nécessaires, tandis que les équipements qui nécessitent une interface
utilisateur (p. ex. une application mobile ou Web) requièrent également des ingénieurs en
logiciels. La citation ci-dessous, tirée de la deuxième réunion du comité consultatif, décrit les
types de rôles requis dans une entreprise d’agriculture en environnement contrôlé.
Dans notre équipe, nous avons des ingénieurs en matériel qui se concentrent
sur la mécanique, l’électricité, les systèmes intégrés et les logiciels, et du côté
scientifique, nous avons un horticulteur et un agriculteur dont le travail est axé sur
la culture. Nous avons quelques personnes du côté des ventes et du marketing, et
du côté de la chaîne d’approvisionnement, nous avons quelqu’un qui s’occupe de
l’approvisionnement en matériel et qui sait comment obtenir les pièces nécessaires.
Et nous avons aussi des gens qui se concentrent sur les opérations et le design
industriel, et nous recherchons maintenant des personnes ayant de l’expérience de
l’apprentissage machine et de la vision par ordinateur des plantes. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture en environnement contrôlé
Deux exemples de rôles techniques requis par les entreprises canadiennes de systèmes
agricoles œuvrant dans ce secteur sont présentés ci-dessous. Les données sur ces
rôles ont été recueillies manuellement à partir de sites d’emplois accessibles au public
(données consultées en juillet 2021), et chaque exemple se fonde sur environ 5 à 10
entreprises canadiennes (dont bon nombre sont de jeunes entreprises).
Adoption de la technologie
À la fin des années 1980 et 1990, les exploitations agricoles canadiennes et
les entreprises de fabrication agroalimentaire ont commencé à remplacer
les premières machines électriques qui ont chamboulé l’agriculture lors de la
deuxième révolution industrielle par de nouvelles technologies robotiques
et d’automatisation113. Les personnes interrogées ont fait remarquer que
ces technologies de la « troisième vague114 », notamment les techniques de
récolte automatisée, la direction automatique, le contrôle de section et le
GPS, constituent maintenant la norme. Toutefois, au cours des 10 dernières
années, l’adoption des technologies agricoles s’est orientée vers les systèmes
cyber-physiques en mettant l’accent sur la durabilité : l’agriculture 4.0115. Les
producteurs primaires et les fabricants agroalimentaires cherchent désormais à
adopter des technologies émergentes comme les drones, les robots cueilleurs
de fruits, les interfaces d’intelligence artificielle et les capteurs intelligents116.
113 Leader, J., et autres, « Disruptive Technologies in the Agri-Food Sector », décembre 2020, Université de Waterloo
: https://uwaterloo.ca/disruptive-technologies-economic-development/sites/ca.disruptive-technologies-
economic-development/files/uploads/files/omafra_report-final.pdf
114 Jhonattan, M., et autres, « Sensing, smart and sustainable technologies for Agri-Food 4.0, », 1er juin 2019,
Computers in Industry, volume 108 : https://doi.org/10.1016/j.compind.2019.02.002
115 Ibidem.
116 Ibidem.
Bien que les technologies plus anciennes de la « troisième vague » connaissent souvent des
taux d’adoption élevés, les taux d’adoption des technologies émergentes 4.0 au Canada
sont souvent faibles, en partie en raison de leur position actuelle dans le cycle d’adoption
des technologies117, ou comme l’a appelé un informateur clé, le « cycle d’engouement ».
Néanmoins, un document récent de Statistique Canada indique que l’agriculture (ainsi que
l’exploitation minière, le transport et la construction) se situe « aux derniers rangs pour ce
qui est de l’intensité numérique118 ». Les Tables sectorielles de stratégies économiques du
Canada (un modèle de collaboration entre l’industrie et le gouvernement fédéral axé sur
la transformation des forces économiques du Canada en avantages mondiaux) pour le
secteur agroalimentaire rapportent en outre qu’« aujourd’hui, le secteur agroalimentaire
canadien affiche de faibles taux d’adoption des technologies comparativement à d’autres
pays119. » Les données du recensement canadien de 2016 semblent confirmer cette
tendance : seulement 56,1 % des agriculteurs canadiens ont déclaré utiliser des ordinateurs
ou des ordinateurs portatifs dans la gestion de leur exploitation, et les autres taux
d’adoption ont diminué depuis, enregistrant un faible taux de 7,92 % pour les contrôles
environnementaux automatisés pour le logement des animaux120. Bien que les taux
d’adoption soient souvent faibles, il existe des différences importantes au sein des sous-
secteurs, et les taux de Statistique Canada ne peuvent pas « rendre compte du fait que son
[le secteur agricole] intensité numérique a décuplé121 » depuis 2020-2015. Bref, les acteurs
du secteur agricole canadien adoptent régulièrement les technologies de la « quatrième
vague », mais pas assez rapidement.
117 « Comment repérer les innovations prometteuses au-delà de l’engouement initial », 2021, Financement agricole
Canada : https://www.fcc-fac.ca/fr/savoir/comment-reperer-les-innovations-prometteuses-au-dela-de-l-
engouement-initial.html
118 « Mesure de l’intensité numérique dans l’économie canadienne », 24 février 2021, Statistique Canada :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021002/article/00003-fra.htm
119 « Secteur agroalimentaire – Rapport provisoire », 2017, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_
Table_SA.pdf/$file/ISEDC_Table_SA.pdf
120 Statistique Canada. Tableau 32-10-0446-01, Fermes déclarant des technologies utilisées dans
l’exploitation dans l’année civile précédant le recensement : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/
tv.action?pid=3210044601&request_locale=fr
121 « Mesure de l’intensité numérique dans l’économie canadienne », 24 février 2021, Statistique Canada :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021002/article/00003-fra.htm
122 Il est important de noter les limites de l’enquête du CTIC : les provinces ne sont pas représentées
proportionnellement, ni les sous industries. En effet, l’Alberta et la sous-industrie du bétail sont surreprésentées.
Toutefois, en raison des [INSÉRER UN NOMBRE] réponses totales provenant de sous-industries comme les
moutons, les œufs, les abeilles, les bleuets, les pommes et la fabrication, les données constituent une base solide
pour les recherches futures. Voir l’annexe A pour plus de détails.
123 Voir l’annexe A pour une ventilation par sous-secteur.
124 Araújo, S., et autres, « Characterising the Agriculture 4.0 Landscape—Emerging Trends, Challenges and
Opportunities », avril 2021, Agronomy : https://doi.org/10.3390/agronomy11040667
Solutions infonuagiques
(p. ex. Microsoft 365, Google Cloud, Dropbox)
62 % 29 % 14 % 34 % 69 %
Gestion agricole
Ordinateurs, ordinateurs portatifs, téléphones
intelligents, tablettes pour la gestion de la ferme 43 % 100 % 71 % 67 % 6%
Agriculture de précision
Technologie GPS 29 % 57 % 53 % 53 % 13 %
Application d’intrants à taux variable
(p. ex. semoirs et vaporisateurs à taux variable) 5% 43 % 20 % 43 % 6%
Satellite ou imagerie aérienne 14 % 43 % 20 % 25 % 0%
SIG
(p. ex. schématisation de la qualité des sols, schématisa-
10 % 36 % 14 % 32 % 3%
tion des rendements, schématisation de l’IVDN)
Véhicules connectés et autonomes
(p. ex. systèmes de direction automatique
10 % 29 % 8% 42 % 3%
sur l’équipement agricole)
Drones 24 % 21 % 4% 14 % 13 %
Automation
Automatisation de certaines tâches
(p. ex. robots trayeurs, équipement de serre robotisé,
24 % 14 % 16 % 49 % 47 %
alimentation automatisée, algorithmes informatiques
pour les contrôles environnementaux)
Énergie
Production d’énergie renouvelable 5% 0% 6% 16 % 0%
Production de bioénergie
(y compris biogaz, biocarburant, biométhane, biomasse) 5% 0% 0% 10 % 0%
Génétique
Intrants agricoles génétiquement modifiés
(p. ex. variétés de semences, etc.) 10 % 36 % 2% 23 % 0%
Technologies d’édition génomique
(p. ex. pour créer de nouveaux produits) 5% 0% 0% 10 % 0%
Bien que certaines tendances générales soient évidentes, l’enquête du CTIC révèle des
différences marquées dans l’adoption des technologies entre les sous-secteurs125. Les sous-
secteurs des technologies agricoles et de la fabrication arrivent en tête quant à l’utilisation
des nouvelles technologies en vue de transférer en ligne les opérations commerciales
et les ventes, tandis que les trois sous-secteurs de l’agriculture primaire se classent aux
premiers rangs pour ce qui est de l’adoption d’ordinateurs et d’ordinateurs portatifs dans la
gestion agricole. En ce qui concerne l’adoption de l’agriculture de précision, les producteurs
primaires sont encore une fois souvent les plus nombreux à adopter les technologies
puisqu’ils sont plus susceptibles d’avoir besoin des technologies en question que, par
exemple, les fabricants. Toutefois, le secteur manufacturier enregistre un taux d’adoption
élevé au chapitre de l’automatisation. Par exemple, les personnes interrogées dans le
secteur manufacturier ont fait remarquer qu’une importante pénurie de soudeurs a entraîné
l’adoption généralisée de soudeuses robotisées. Les producteurs de céréales et de semences
adoptent en grands nombres les technologies liées aux intrants agricoles génétiquement
modifiés puisque certaines cultures génétiquement modifiées sont dominantes dans le
secteur canadien des cultures. En fait, le soja et le maïs génétiquement modifiés représentent
respectivement 90 % et 78 % des cultures semées au Canada126.
125 Bien que les différences entre les sous-secteurs ne puissent pas être considérées comme représentatives ou
importantes sur le plan statistique, la plupart des conclusions de l’enquête appuient la recherche existante.
126 « Genetically modified (GM) crops in Canada », 2020, Statista : https://www.statista.com/study/36844/genetically-
modified-gm-crops-in-canada-statista-dossier/
127 « Mesure de l’intensité numérique dans l’économie canadienne », 24 février 2021, Statistique Canada :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021002/article/00003-fra.htm
100 %
À LA LIMITE
La complexité des tâches manuelles
a ralenti l’implantation de l’automatisation
90 % EN TRANSITION
Des obstacles à l’adoption
demeurent, notamment la machinerie
80 % BIEN IMPLANTÉE
Part des dépenses en main-d’œuvre (%)
Aquaculture
60 %
Culture de fruits et de noix
0%
0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
Malgré les variations entre les industries, les personnes interrogées ont maintenu que, dans
l’ensemble, le secteur agricole est lent à adopter les technologies, mais la plupart restent
optimistes quant à l’avenir. Conformément aux données de Statistique Canada, les personnes
interrogées ont indiqué que « l’agriculture accuse un retard de 10 à 15 ans par rapport aux
autres secteurs en matière d’innovation et d’adoption de la technologie ». Un autre expert a fait
la même mise en garde : « bien que le taux d’adoption des technologies agricoles augmente
au Canada, le rythme n’est peut-être pas suffisant pour répondre aux besoins actuels ». La
majorité des personnes interrogées ont toutefois mis l’accent sur la hausse des taux d’adoption
au cours des 5 dernières années et prédit une croissance rapide à l’avenir. Un universitaire a
prédit que « nous allons assister à une accélération du rythme d’adoption des technologies » au
cours des 10 prochaines années. Un autre agriculteur et entrepreneur a convenu que « le cycle
d’adoption des technologies agricoles est plus rapide. Auparavant, il fallait 10 ans pour adopter
une nouvelle technologie, et aujourd’hui, 2 ans représentent toute une vie pour certaines de
ces technologies. Tout s’accélère à un rythme incroyable. »
129 « Agriculteur 4.0 : Comment les prochains développements de connaissances peuvent transformer l’agriculture
», août 2019, Leadership avisé RBC : http://www.rbc.com/economie/economic-reports/pdf/other-reports/
Farmer4_aug2019_fr.pdf
Le récent pic d’adoption en agriculture pourrait être en partie une réaction aux problèmes
de distribution et de main-d’œuvre créés par la COVID-19 . Selon un rapport du Conseil
canadien pour les ressources humaines en agriculture publié en 2021, la pandémie
a entraîné une hausse des taux d’adoption des technologies : la COVID-19 a accéléré
l’adoption des technologies, et la publicité, la formation et les entrevues en ligne en
particulier sont de plus en plus courantes130. Un article de Financement agricole Canada
fait également état d’une hausse de l’adoption des technologies telles que les logiciels
de gestion des données et les plateformes de distribution en ligne131. Dans une entrevue
accordée à l’Alberta Farmer Express, un spécialiste en chef de la fertilité chez CropPro
Consulting, résume l’impact de la pandémie.
L’enquête du CTIC montre aussi des taux d’adoption élevés pour des outils de collaboration
comme ZoomMC, TeamsMC et SlackMC. Ce niveau élevé d’adoption correspond probablement
au passage au télétravail rendu nécessaire par la pandémie de COVID-19. Interrogé sur les
impacts durables de la pandémie, un informateur clé estimait que « la COVID-19 accélérera
encore davantage l’adoption des technologies si le marché suit le modèle que nous
observons partout ailleurs, c’est-à-dire l’évolution rapide des tendances décennales en
quelques semaines ou mois seulement ».
130 Blair, J., « Pandemic speeding up adoption of technology », 26 août 2020, Alberta Farmer : https://www.
albertafarmexpress.ca/news/pandemic-speeding-up-adoption-of-technology/
131 « Comprendre les effets de la COVID-19 sur la main-d’œuvre agricole canadienne », 2020, CCRHA :
https://cahrc-ccrha.ca/sites/default/files/COVID_FR_Fin.pdf
132 Ibidem.
Horticulture
Le secteur horticole canadien est lent à adopter la technologie, et pourtant, il est l’un des
sous-secteurs agricoles qui en ont le plus besoin133. Un rapport de 2020 sur l’industrie des
fruits de verger de la Colombie-Britannique montre que si 90 % des producteurs enregistrent
des applications records de pesticides et de fongicides, seulement 16 % d’entre eux tiennent
des registres numériques : les autres utilisent le papier et le crayon134. Les appareils de
télédétection ont également un faible taux d’adoption de 9,1 %135. Comme le montre la
figure 9, les résultats de l’enquête du CTIC confirment ces faibles taux d’adoption, tant dans
l’ensemble que pour les technologies de la quatrième vague, notamment l’IdO, l’intelligence
artificielle, les véhicules connectés et autonomes, et les drones. En moyenne, l’horticulture
présente également le pourcentage le plus élevé de répondants à l’enquête ayant noté
une difficulté « importante » ou « extrême » à trouver de la main-d’œuvre saisonnière. Pour
expliquer le manque d’offre de main-d’œuvre, les répondants ont mentionné les difficultés
de payer des salaires élevés et le manque d’intérêt pour la récolte. Une automatisation accrue
pourrait réduire le coût élevé de la main d’œuvre, lequel peut représenter jusqu’à 40 % des
coûts totaux de l’entreprise136, et contrer l’instabilité de l’offre de main-d’œuvre. Comme l’a
noté un informateur clé, « après deux années de lutte acharnée pour attirer des travailleurs
étrangers temporaires, les secteurs qui emploient des cueilleurs et de la main-d’œuvre
étrangère comme l’horticulture vont s’intéresser de très près à la robotique et à toute
technologie qui pourrait leur faciliter la tâche ». À mesure que les températures augmentent,
que l’offre de main-d’œuvre fluctue et que les événements climatiques extrêmes deviennent
plus fréquents, l’adoption devient de plus en plus indispensable.
133 « The 2020-2021 Innovation Report », 2021, Vineland Research and Innovation Centre : https://www.vinelandresearch.
com/wp-content/uploads/2020/11/Innovation-Report-2020-21-Web.pdf
134 Cartier, L., et Lembke, S., « The British Columbia Tree Fruit Industry: Preparing for Precision Agriculture and Climate
Change », mai 2020, Okanagn College : http://dx.doi.org/10.13140/RG.2.2.12018.53448
135 Ibidem.
136 Rotz, S., et autres, « Automated pastures and the digital divide: How agricultural technologies are shaping labour and
rural communities », mai 2019, Elsevier Journal of Rural Studies : https://doi.org/10.1016/j.jrurstud.2019.01.023
137 « Lutte contre les insectes nuisibles », 2021, Semios : https://semios.com/fr/solutions/insect-pest-management/
Prenons l’exemple d’une pêche : elle doit être cueillie dans un arbre, un arbre qui
vivra dans le verger pendant 20 ans ou même plus, ce qui signifie que le fruit doit
être cueilli sans endommager l’arbre. De plus, c’est un fruit très tendre. Il ne doit
pas être abîmé et doit avoir une belle apparence sur les étagères de l’épicerie au
bout du compte. La manipulation d’un tel produit est très différente de celle de
beaucoup d’autres produits agricoles, ce qui signifie que c’est beaucoup plus
compliqué lorsque nous essayons d’automatiser les processus. Les occasions
d’appliquer des technologies telles que l’automatisation et les systèmes de vision
dans ce secteur ne manquent pas puisqu’il repose essentiellement sur la main-
d’œuvre humaine. [traduction]
– Cadre, entreprise d’horticulture
138 « The 2020-2021 Innovation Report », 2021, Vineland Research and Innovation Centre : https://www.
vinelandresearch.com/wp-content/uploads/2020/11/Innovation-Report-2020-21-Web.pdf
139 Ibidem. [traduction]
140 « An automated workforce to harvest Canada’s greenhouse cucumbers », novembre 2019, Produce Grower
: https://www.producegrower.com/article/production-an-automated-workforce-to-harvest-canadas-
141 greenhouse-cucumbers/
Guillen, S, « Vineland Converts Husky UGV into Cucumber Harvester to Boost Commercial Greenhouses », juillet
2021, Clear Path Robotics : https://clearpathrobotics.com/blog/2021/07/vineland-research-and-innovation-
142 centre-converts-husky-ugv-into-cucumber-harvester-to-boost-commercial-greenhouses/
Ibidem.
Élevage
Le secteur canadien de l’élevage arrive en tête de l’adoption de la robotique. Les contrôles
environnementaux automatisés pour le logement des animaux, la traite robotisée et la
synchronisation de l’ovulation à l’aide de l’intelligence artificielle programmée sont quelques-
unes des technologies clés qui améliorent l’efficacité des sous-secteurs de la volaille, des
produits laitiers, du bœuf, des moutons, des œufs et d’autres sous-secteurs de l’élevage
canadien. En fait, les sous-secteurs canadiens des produits laitiers, du bétail et des parcs
d’engraissement affichent des taux élevés d’adoption de technologies comme les robots de
traite des vaches et les pousseurs d’aliments par rapport à leurs homologues internationaux,
dépassant même les États-Unis143. Les données du recensement agricole de 2016 appuient
cette image des produits laitiers et du bétail à l’avant-garde de l’adoption de l’innovation. En
2015, 53,3 % des producteurs de porc ont utilisé des contrôles automatisés pour l’alimentation
des animaux et 43,3 % des producteurs d’œufs et de volaille ont utilisé des contrôles
automatisés pour le logement des animaux. Les résultats préliminaires d’une enquête menée
en 2021 sur l’automatisation et la robotique agricoles sont également prometteurs : 44 % des
éleveurs interrogés ont adopté l’automatisation et la robotique (contre 36 % des producteurs
de cultures)144. De plus, un peu moins des trois quarts des producteurs laitiers interrogés ont
adopté la robotique laitière145. Les données de l’enquête du CTIC dressent un tableau similaire
: les éleveurs de bétail sont ceux qui utilisent le plus l’automatisation. Près de la moitié des
répondants à l’enquête avaient automatisé certaines tâches. En outre, plusieurs personnes
interrogées dans le cadre de la présente étude ont précisé que le bétail était un sous-secteur
de premier plan dans l’adoption de diverses technologies.
Par contre, une des personnes interrogées a indiqué que les producteurs de fromage et
de vin du Québec choisissent souvent de ne pas adopter la technologie afin de pouvoir
commercialiser leurs produits sous une appellation artisanale.
143 Jelinski, M., et autres, « Facteurs associés avec l’adoption des technologies par l’industrie laitière canadienne »,
octobre 2020, La Revue vétérinaire canadienne 61, no 10: 1065-72 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/
PMC7488376/
144 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf
145 Ibidem.
Obstacles à l’adoption
Des technologies novatrices sont mises au point pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement,
mais de nombreux obstacles empêchent les producteurs et les fabricants de produits agroalimentaires
de les adopter. Une étude récente menée par la Division des politiques sur l’innovation et la croissance
d’Agriculture et Agroalimentaire Canada s’est penchée sur l’adoption des technologies d’agriculture
de précision au Canada et a révélé que les trois principaux obstacles à l’adoption étaient le coût
global élevé de l’investissement initial, la vitesse des services Internet et la couverture des données
cellulaires, ainsi que le manque de formation ou de personnes compétentes146. L’enquête du CTIC
indique également que le coût de l’équipement, de la mise en œuvre, de l’entretien et de l’exploitation
constitue le principal obstacle à l’adoption des technologies agroalimentaires dans l’ensemble des
sous-industries (voir la figure 11). Comme pour l’adoption des technologies, les obstacles varient
selon le sous-secteur. Par exemple, les résultats de l’enquête du CTIC montrent que la disponibilité de
l’équipement a plus d’impact sur les secteurs des technologies agricoles et de la fabrication que sur
les producteurs primaires. Les informateurs clés ont fait remarquer que cet écart est attribuable à des
problèmes de chaîne d’approvisionnement, de production et de logistique, lesquels sont aggravés par
la pandémie de COVID-19. Les principaux obstacles sont examinés ci-dessous.
Disponibilité
Disponibilité de l’équipement 33 % 25 % 20 % 15 % 24 %
Infrastructure
Absence de service Internet haute vitesse 24 % 67 % 39 % 38 % 26 %
Absence d’infrastructure énergétique 5% 33 % 9% 13 % 3%
Main-d’œuvre
Pénurie de main-d’œuvre qualifiée pour 24 % 17 % 38 % 21 % 53 %
adopter et exploiter la technologie
Gestion
Méconnaissance 29 % 17 % 9% 23 % 18 %
Rendement du capital investi ambigu 38 % 25 % 23 % 30 % 38 %
Stratégies de mise en œuvre ambiguës 24 % 8% 7% 17 % 3%
Réglementation
Obstacles réglementaires 5% 58 % 4% 19 % 0%
Interopérabilité faible 5% 33 % 23 % 19 % 12 %
Autres
Pas nécessaire 10 % 8% 21 % 16 % 9%
Aucun obstacle 10 % 0% 13 % 1% 15 %
Figure 11 : Obstacles à l’adoption des technologies par sous-secteur. Source : Données de l’enquête du CTIC, 2021.
146 « Hitting the Target: Benefits and Barriers to Precision Agriculture in Canada », juillet 2017, gouvernement du Canada :
http://www.r2b2project.ca/wp-content/uploads/2018/05/AAFC-Summary-of-PA-Survey-Results-July_2017.pdf
Coût et financement
Les exploitations agricoles ayant plus de moyens financiers sont plus susceptibles d’adopter
les technologies émergentes. L’adoption de nouvelles technologies entraîne des coûts
importants. Il est donc difficile pour les entreprises de suivre les dernières innovations de
l’industrie. L’achat d’équipement usagé est une option pour remplacer l’équipement désuet,
mais les technologies émergentes et celles qui s’appliquent aux cultures spécialisées ne
sont souvent pas disponibles sur le marché d’occasion147. Comme nous l’avons mentionné
précédemment, les répondants à l’enquête de tous les sous-secteurs ont indiqué que le
coût était le principal obstacle à l’adoption des technologies. Une des personnes interrogées
l’explique comme suit.
Lorsqu’il s’agit d’un nouveau client et qu’il n’a pas déjà acheté une technologie comme
celle que nous offrons, elle n’est pas prévue dans son budget. Nous lui demandons
d’ajouter un poste budgétaire, ce qui signifie pour lui un coût supplémentaire. C’est
certainement l’un des principaux obstacles à l’exploitation agricole. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision
Les coûts de l’équipement et des autres technologies varient selon la culture et la taille
de l’exploitation, mais les répondants ont confirmé que la plupart des investissements
initiaux en équipement sont élevés148. Les petites et moyennes exploitations qui génèrent
des bénéfices moindres sont moins susceptibles d’adopter de nouvelles technologies.
Par exemple, les données d’Agriculture et Agroalimentaire Canada montrent que « les
technologies agricoles de précision sont adaptées aux exploitations agricoles ayant une
superficie de plus de 500 acres. C’est pourquoi le taux d’adoption de ces technologies
diminue considérablement lorsque les exploitations ont une plus petite taille ou ont un
revenu annuel inférieur à 75 000 $149 » Un autre rapport du gouvernement de la Colombie-
Britannique sur l’agriculture de précision souligne que les technologies à taux variable, le
GPS et le système d’information géographique s’appliquent davantage aux exploitations
céréalières et oléagineuses de grande superficie150. Les personnes interrogées dans divers
sous-secteurs s’entendent pour dire que l’envergure est importante.
Je ne pense pas que nous soyons encore tout à fait prêts à passer au prochain
niveau en matière de technologie et de numérisation, et c’est probablement
dû à un certain nombre de facteurs. Mais je pense que c’est parce que nos
entreprises sont généralement plus petites ici. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur des pêches et des océans
147 Krymowski, J., « The true financial cost of modern farming », 8 octobre 2019, AGDaily : https://www.agdaily.com/
insights/true-financial-cost-modern-farming/
148 Krymowski, J., « The true financial cost of modern farming », 8 octobre 2019, AGDaily : https://www.agdaily.com/
insights/true-financial-cost-modern-farming/
149 « Agriculture de précision à plus petite échelle », 17 décembre 2018, gouvernement du Canada : https://www.
ic.gc.ca/eic/site/101.nsf/fra/00040.html
150 « Precision Agriculture Technologies for Nutrient Management in British Columbia », site consulté le 14 juillet
2021 : https://delphi.ca/wp-content/uploads/2019/09/bc-precision-agriculture-technologies-for-nutrient-
management-final-report.pdf
Les robots agricoles constituent une exception notable à l’argument du pouvoir d’achat. Bien
que certains petits producteurs aient adopté ces robots, ces machines ne sont pas encore
largement adoptées au sein des exploitations commerciales151. Là encore, les recherches
montrent que les coûts initiaux empêchent les producteurs à grande échelle d’adopter de
nouveaux robots au lieu de payer des salaires relativement peu élevés152,153.
Il est essentiel d’offrir un soutien financier aux exploitations de petite taille et à faible revenu
pour accroître l’adoption des technologies. Comme l’a souligné un des répondants, « les petites
entreprises ont besoin d’aide pour adopter les technologies, mais elles n’ont pas l’argent et les
installations nécessaires pour cette nouvelle fonction, cette nouvelle habileté, cette nouvelle
capacité ». Par conséquent, le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire154 et la
table sectorielle de stratégies économiques pour l’agroalimentaire155 ont recommandé que le
gouvernement encourage les entreprises agricoles et agroalimentaires canadiennes à acheter
de l’équipement de haute technologie et, ce faisant, leur apporte son soutien. Par exemple,
le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire a recommandé de modifier la
législation fiscale afin de créer une déduction fiscale accélérée pour l’achat d’équipement
agricole de haute technologie. En 2021, une déduction fiscale temporaire, mais plus complète
pour certains équipements agricoles de haute technologie a été introduite dans le budget
fédéral de 2021 pour aider les agriculteurs156. Le programme de partage des coûts de l’Ontario
est un autre exemple de programme visant à atténuer les obstacles liés aux coûts. Introduit en
avril 2021, ce programme prévoit 22 millions de dollars pour aider les entreprises agricoles à
adopter de nouvelles technologies157.
151 Pederson, S., et autres, « Robotic Seeding: Economic Perspectives », 16 novembre 2017, Springer Precision
Agriculture: Technology and Economic Perspectives : https://doi.org/10.1007/978-3-319-68715-5_8
152 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
153 Pederson, S., et autres, « Robotic Seeding: Economic Perspectives », 16 novembre 2017, Springer Precision
Agriculture: Technology and Economic Perspectives : https://doi.org/10.1007/978-3-319-68715-5_8
154 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
155 Secteur agroalimentaire », 2018, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_SecteurAgroalimentaire.
pdf/$file/ISEDC_SecteurAgroalimentaire.pdf
156 « Faits saillants du budget fédéral de 2021 pour le secteur agricole », 22 avril 2021, MNP : https://www.mnp.ca/fr/
points-de-vue/bibliotheque/faits-saillants-du-budget-federal-de-2021-pour-le-secteur-agricole/
157 Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, « Ontario announces $22M cost-
share program to adopt technology in agricultural sector », 21 avril 2021, Greenhouse Canada : https://www.
greenhousecanada.com/ontario-launches-22m-cost-share-program-to-adopt-technology-in-agricultural-sector/
158 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
159 « Expansion et amélioration de l’accès Internet à large bande dans les régions rurales », 2021, FCA : https://www.cfa-
fca.ca/fr/enjeux/expansion-et-amelioration-de-lacces-internet-a-large-bande-dans-les-regions-rurales/
160 « La haute vitesse pour tous : la stratégie canadienne pour la connectivité », 16 juillet 2019, ISDE : https://www.ic.gc.ca/
eic/site/139.nsf/fra/h_00002.html
Plus d’un tiers des répondants à l’enquête du CTIC considèrent le manque de services
Internet haute vitesse comme un obstacle à l’adoption. Les producteurs de céréales et
de semences enregistrent le taux le plus élevé, les deux tiers des répondants choisissant
le manque de services Internet haute vitesse comme obstacle. Les entreprises de
technologies agricoles (24 %) et manufacturières (26 %) sont les moins touchées par
cet obstacle puisque les entreprises de technologies agricoles sont souvent situées
dans des centres urbains alors que les fabricants sont basés tant dans des zones rurales
qu’urbaines. Les informateurs clés ont noté que la majorité des fabricants agricoles
canadiens basés dans des zones rurales font face à des problèmes d’accès Internet haute
vitesse. Les répondants à l’enquête dans le secteur de la fabrication se trouvaient toutefois
principalement dans des zones urbaines. Dans plusieurs industries agricoles primaires, les
informateurs clés ont indiqué que la connectivité constituait un obstacle.
L’accès Internet est l’un des plus grands défis. Dans les régions rurales de la
Nouvelle-Écosse, des usines de transformation du poisson n’ont aucun accès
Internet. [traduction]
– Fonctionnaire, secteur des pêches et des océans
Pour s’attaquer à ces problèmes, les parties prenantes ont fait valoir la nécessité d’élargir
les programmes de dépenses pour l’infrastructure à large bande afin de cibler les
exploitations agricoles qui en sont dépourvues. Le Comité permanent de l’agriculture
et de l’agroalimentaire a également recommandé que le gouvernement fédéral, pour
améliorer « l’accès à Internet large bande dans les communautés rurales163 », mette de côté
2 milliards de dollars pour connecter les petits foyers et les petites entreprises à la large
bande dans les communautés mal desservies dans le cadre du Plan de croissance triennal
de la Banque de l’infrastructure du Canada164.
161 Bakx, K., « Zoom calls and online shopping: Life on Canadian farms in 2020 », 9 octobre 2020, CBC News : https://
www.cbc.ca/news/business/ag-digital-tools-covid-1.5755738; Rezanoff, M., « A Canadian Agriculture Broadband
Strategy », octobre 2020, CAAR : https://caar.org/the-communicator/october-2020/1292-a-canadian-agriculture-
broadband-strategy
162 Rezanoff, M., « A Canadian Agriculture Broadband Strategy », octobre 2020, CAAR : https://caar.org/the-
communicator/october-2020/1292-a-canadian-agriculture-broadband-strategy
163 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
164 « Le premier ministre annonce un plan d’infrastructure pour créer des emplois et faire croître l’économie », octobre
2020 : https://cib-bic.ca/fr/la-banque-de-linfrastructure-du-canada-annonce-un-plan-de-croissance-pour-creer-
des-emplois-et-faire-croitre-leconomie/
En outre, dans son budget de 2021, le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi de 1 milliard de
dollars supplémentaires sur 6 ans pour le Fonds pour la large bande universelle afin d’accélérer
l’expansion des projets à large bande dans les régions rurales du Canada165. D’autres entreprises
atténuent les problèmes de connectivité en développant des équipements agricoles de haute
technologie qui peuvent fonctionner à des vitesses Internet plus faibles166.
165 « Fonds pour la large bande universelle », avril 2021, Innovation, Sciences et Développement économique Canada :
https://www.ic.gc.ca/eic/site/139.nsf/eng/h_00006.html
166 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
167 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
168 Relf-Eckstein, J., « Creating an Innovation Opportunity Space for Broadacre Smart Farming: A Case Study of
Autonomous Farm Equipment », mai 2020, Université de la Saskatchewan : https://harvest.usask.ca/bitstream/
handle/10388/12884/RELF-ECKSTEIN-THESIS-2020.pdf
169 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
170 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307 [traduction]
171 Ibidem.
172 Une étude sur les obstacles à l’adoption de l’agriculture de précision en Ontario révèle que « les producteurs
manquent de confiance dans les recommandations agronomiques formulées sur la base des données générées
par les données propres au site ». [traduction] Voir : Mitchell, S., et autres, « Adoption barriers for precision agriculture
technologies in Canadian crop production », 8 décembre 2020, Canadian Journal of Plant Science : https://doi.
org/10.1139/cjps-2020-0234
172 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf
173 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf [traduction]
174 « À propos des laboratoires vivants », 25 février 2021, gouvernement du Canada : https://agriculture.canada.ca/fr/
collaboration-scientifique-agriculture/initiative-laboratoires-vivants/propos-laboratoires-vivants
En 2020, l’initiative de ferme intelligente du Olds College a aidé à valider un certain nombre
de technologies pour les agriculteurs albertains, notamment la reconnaissance faciale
du bétail pour la détection des boiteries et la rentabilité de la pulvérisation optique pour
l’Ouest canadien175. Les personnes interrogées ont soutenu ces résultats, notant que les
tests locaux auraient un impact positif sur leurs prédispositions à adopter la technologie.
Pénuries de main-d’œuvre
Les producteurs ont besoin d’un accès facile et abordable à des travailleurs numériques
qualifiés dans les domaines de la mise en œuvre, du soutien et de l’entretien pour accroître
l’adoption de la technologie. Toutefois, la pénurie de main-d’œuvre abordée dans la
section II signifie que les producteurs primaires se retrouvent souvent sans soutien
technologique local. Les témoins qui ont comparu devant le Comité permanent de
l’agriculture et de l’agroalimentaire ont souligné que le Canada est aux prises avec des
pénuries de talents qui sont nécessaires pour concevoir et construire de l’équipement
de haute technologie et en assurer la maintenance176. De plus, la technologie que les
producteurs adoptent pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre manuelle peut,
à son tour, créer de nouvelles pénuries de main-d’œuvre, gênant ainsi l’adoption de la
technologie. Comme le souligne le directeur général de CHARC, l’automatisation peut
contribuer à réduire le travail manuel, mais « il faut ensuite former la main-d’œuvre, il
faut s’adapter à ces nouvelles techniques et technologies de production, et il faut des
compétences différentes à l’avenir pour entretenir ces systèmes177 ». Dans le cadre de
l’enquête du CTIC, environ 30 % de l’ensemble des sous-industries ont choisi la pénurie de
main-d’œuvre qualifiée comme obstacle à l’adoption de la technologie. Un peu plus de la
moitié des répondants du sous-secteur de la fabrication agricole et 38 % des répondants
du secteur de l’horticulture ont indiqué que le manque de main-d’œuvre constituait un
obstacle. Un producteur primaire interrogé par le CTIC a fait écho à ces résultats.
175 « Smart Farm – 2021 Impact Report », 2021, Olds College : https://www.oldscollege.ca/Assets/external/about-us/
smart-farm/2021/Smart%20Farm%20Impact%20Report.pdf
176 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
177 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
La difficulté d’attirer les bons talents, c’est-à-dire faire venir des talents d’ailleurs,
mais aussi de former notre main-d’œuvre canadienne, comporte de multiples
facettes. Ce n’est pas seulement une chose. C’est multidisciplinaire. [traduction]
– PDG, entreprise d’agriculture de précision
Interopérabilité
Les efforts d’adoption des nouvelles technologies s’accompagnent d’une myriade de défis
techniques en lien avec l’interopérabilité185 : contraintes des logiciels exclusifs, interfaces de
programmation d’applications difficiles ou inexistantes, législation sur le droit de réparer les
équipements personnels, et manque général d’intégration entre les marques.
178 « An Overview of the Canadian Agricultural Innovation System », 2017, Institut agricole du Canada : https://www.
aic.ca/wp-content/uploads/2021/04/AIC-An-Overview-of-the-Canadian-Agricultural-Innovation-System-2017.pdf
[traduction]
179 Ibidem.
180 Ibidem.
181 Fraser, E., et Newman, L., « Enabling the digital agricultural revolution », 2021, Options politiques : https://
policyoptions.irpp.org/magazines/april-2021/enabling-the-digital-agricultural-revolution/
182 « La ministre Bibeau lance un programme visant à créer 2 000 emplois pour les jeunes dans le secteur agricole »,6
mai 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-agroalimentaire/nouvelles/2021/05/la-
ministre-bibeau-lance-un-programme-visant-a-creer-2-000-emplois-pour-les-jeunes-dans-le-secteur-agricole.html
183 « Lakeland College launches Canada’s first degree in agriculture technology », 2021, Realagriculture : https://www.
realagriculture.com/2021/01/lakeland-college-launches-canadas-first-degree-in-agriculture-technology/
184 « Secteur agroalimentaire – Rapport provisoire », 2017, ISDE : https://www.ic.gc.ca/eic/site/098.nsf/vwapj/ISEDC_
Table_SA.pdf/$file/ISEDC_Table_SA.pdf
185 L’interopérabilité est la capacité de partager ou d’échanger des données de manière interchangeable entre divers
dispositifs ou systèmes sans interférence, de façon à produire des gains d’efficacité ou une meilleure connaissance
dans un domaine particulier.
Alors que certains s’interrogent sur l’intérêt de créer des « sources d’information
hétérogènes » pour aider à comprendre et à traiter les flux de données émergents et divers,
les préoccupations en matière de sécurité ne cessent de croître186. Aux États-Unis, les
préoccupations en matière de sécurité incitent les réseaux à zones contrôlées et les systèmes
d’unités binaires à normaliser les connexions physiques entre les appareils électroniques,
limitant ainsi les possibilités de communication extérieure en cas de vulnérabilité187. À
l’échelle mondiale, l’Organisation internationale de normalisation a élaboré la norme ISOBUS
11787-1995, qui fournit une « syntaxe d’échange de données agricoles », et la norme ISO
11783 1:2017, un protocole mondial de communication en série et en réseau de données
permettant la communication directe de données entre les tracteurs, les dispositifs et les
logiciels de gestion agricole188. Malgré tous les efforts déployés, l’efficacité de l’Organisation
internationale de normalisation est assez limitée puisqu’elle demeure une norme industrielle
volontaire et non obligatoire.
La popularité croissante des logiciels de source libre a également été considérée comme
un moyen d’atténuer les problèmes d’interopérabilité. Par exemple, l’Agricultural Data
Application Programming Toolkit (ADAPT) est conçu pour aider les agriculteurs à transférer
des données de leur interface de programmation d’applications privilégiée vers différents
systèmes de fabricants d’équipement d’origine189. Alors que les initiatives de source ouverte
gagnent en popularité à l’échelle internationale, le Canada doit relever des défis pour adopter
des pratiques technologiques inclusives, comme une législation complète sur le « droit
de réparer ». Souvent liée à l’équipement grand public, comme les téléphones intelligents,
l’absence de politiques complètes sur le droit de réparer au Canada a eu des répercussions
négatives sur l’industrie agricole, notamment en ce qui concerne les coûts d’exploitation190.
Les réparations sont considérées comme une occasion commerciale financièrement lucrative,
ce qui encourage les fabricants à monopoliser leurs gammes de produits et à décourager
activement la législation sur le droit de réparer. Des problèmes similaires existent dans l’Union
européenne, où les mesures de « protection technologique des logiciels » empêchent les
producteurs agricoles de réparer ou d’entretenir leurs produits numériques191, ce qui peut
entraîner une hausse des coûts, une disponibilité limitée et des délais d’approvisionnement192.
186 Pang, L., et autres, « Data-source interoperability service for heterogeneous information integration in ubiquitous
enterprises », 2015, Advanced Engineering Informatics : volume 29, no 3 : https://www.sciencedirect.com/science/
article/abs/pii/S1474034615000531
187 Fountas, S., et autres, « Farm machinery management information system », 2015, Computers and Electronics in
Agriculture: Volume 110 : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0168169914002932
188 Relf-Eckstein, J., et autres, « Farming Reimagined: A case study of autonomous farm equipment and creating an
innovation opportunity space for broadacre smart farming », décembre 2019, Elsevier NJAS - Wageningen Journal of
Life Sciences : https://doi.org/10.1016/j.njas.2019.100307
189 Plusieurs multinationales au sein de l’Union européenne tirent parti de l’infrastructure de source ouverte d’ADAPT,
notamment les fabricants d’équipement d’origine appartenant à CNH Industrial, une multinationale italienne dont le
siège social est à Basildon, au
190 Royaume-Uni. De même, ADAPT est présent en Amérique du Nord, où il est exploité par des intérêts américains
comme AGCO Corp., un fabricant de machines agricoles basé à Duluth, en Géorgie. Voir : Beers, G., et Hecker, E., «
Seamless Interoperability Between Farm Machines and Software is a Step Closer », 2018, Internet of Food : https://
www.iof2020.eu/latest/press/2018/03/seamless-interoperability-between-farm-machines-and-software
191 Rosborough, A., « Canada needs right-to-repair legislation », 2021, Options politiques : https://policyoptions.irpp.
org/magazines/may-2021/canada-needs-right-to-repair-legislation/
192 Rosborough, A., « Unscrewing the Future: The Right to Repair and the Circumvention of Software TPM’s in the EU »,
2020, VLEX – Journal of Intellectual Property, Information Technology and E-Commerce Law: Volume 11 – 1 : https://
international.vlex.com/vid/unscrewing-the-future-the-847039058
193 Ibidem.
Ces mesures ont également été soulevées par des témoins experts lors de l’examen
parlementaire en 2018-2019 de la Loi sur le droit d’auteur, où des parties prenantes
de la communauté technologique de l’IdO ont témoigné que ces mesures « sont trop
restrictives et interdisent les activités légitimes non litigieuses193 ». En juin, la commission
parlementaire concernée a demandé au gouvernement d’envisager des mesures
politiques qui permettraient de relever ces défis194, et en juillet 2021, le gouvernement a
lancé une consultation publique195.
Progrès technologiques
Autre défi, plus simple, lié à l’adoption : les technologies ne sont pas toutes utiles aux
agriculteurs. Certaines entreprises de technologies agroalimentaires tentent de résoudre
des problèmes que les agriculteurs n’ont pas nécessairement, ou encore, elles résolvent les
problèmes de la mauvaise façon, créant ainsi davantage de difficultés pour les agriculteurs.
Par exemple, en parlant de son logiciel de source ouverte pour tracteurs autonomes,
Brian Tischler note que, bien qu’incroyablement « novatrice et sympa », l’application n’a
pas vraiment amélioré la productivité de la ferme, et ne lui a pas permis de se détendre
puisqu’il doit tout de même assurer une surveillance196. Il poursuit en disant que « c’est
beaucoup plus difficile que nous le pensons d’appliquer la technologie à l’agriculture d’une
manière qui aide vraiment les agriculteurs197 ». Les personnes interrogées dans le cadre de
la présente étude ont également noté que les difficultés technologiques, notamment une
mauvaise expérience utilisateur, peuvent nuire à l’adoption.
193 « Consultation sur un cadre moderne du droit d’auteur pour l’intelligence artificielle et l’Internet des objets », 16 juillet
2021, gouvernement du Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/693.nsf/fra/00317.html
194 « Examen prévu par la loi de la Loi sur le droit d’auteur : Rapport du Comité permanent de l’industrie, des sciences
et de la technologie, 42e Législature », juin 2019, Chambre des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/INDU/rapport-16
195 « Consultation sur un cadre moderne du droit d’auteur pour l’intelligence artificielle et l’Internet des objets », 16 juillet
2021, gouvernement du Canada : https://www.ic.gc.ca/eic/site/693.nsf/fra/00317.html
196 Powell, N., « Canada seen poised to lead world in food production if we can seize ‘fourth agricultural revolution’ », 28
août 2019, Financial Post : https://financialpost.com/commodities/agriculture/fourth-agricultural-revolution-will-
depend-on-technology-and-skills-rbc-study
197 Ibidem.
Bien que certains répondants à l’enquête du CTIC aient exprimé leurs frustrations à l’égard
de la technologie, en particulier dans le secteur de l’horticulture, la plupart des réponses
étaient majoritairement positives. Par exemple, lorsque nous leur avons demandé
comment les technologies nouvellement mises en œuvre ont influencé leurs activités, les
répondants à l’enquête du CTIC provenant des secteurs des céréales et des semences du
Canada ont indiqué des impacts positifs, révélant une forte corrélation entre l’efficacité
accrue dans les champs et la réduction des émissions de GES. Des rendements de culture
supérieurs et des économies de coûts accrues ont également été notés. Les recherches
montrent que la satisfaction des producteurs à l’égard des technologies agricoles varie
selon le type de technologie, mais qu’elle est généralement liée au rendement et à un taux
de rendement clair du capital investi198. En d’autres termes, si la technologie fonctionne
bien et qu’elle fait ses preuves, les agriculteurs l’adopteront.
À l’avenir, il sera important d’intégrer davantage, et plus tôt, les commentaires des
producteurs primaires dans le développement de la technologie par le biais d’initiatives
telles que Living Farms, qui peuvent accroître l’utilité et l’expérience de l’utilisateur des
nouvelles technologies (voir la section « Rendement du capital investi » pour plus de
détails). De même, les personnes interrogées ont noté que « les premiers partenariats entre
les entreprises et les producteurs progressistes, notamment une entreprise de tracteurs
autonomes qui s’associe à des producteurs à l’avant-garde, ouvrent la voir à une adoption
plus accessible ». Une participation accrue des agriculteurs plus tôt dans le processus peut
contribuer à accroître l’adoption.
198 Lemay, M., et autres, « Preliminary Findings of a Provincial Survey on the Adoption of Automation & Robotics
Technologies in Ontario’s Agriculture Sector », mai 2021, Université Brock : https://brocku.ca/niagara-community-
observatory/wp-content/uploads/sites/117/BROCK-NCO-Working-Paper-WEB-FINAL.pdf
Moteurs d’adoption
Crise climatique
Le secteur agricole canadien fait face à une panoplie d’enjeux découlant de l’aggravation
de la crise climatique mondiale. Selon une étude réalisée en 2019 par Environnement et
Changement climatique Canada, le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste
de la planète en moyenne199, et les analystes prévoient une combinaison de températures
plus élevées, d’hivers plus courts, de feux de forêt fréquents, de pluie verglaçante et de
dégel du pergélisol200. Les régions nordiques du Canada se réchauffent plus rapidement
que le reste du pays, ce qui a un impact sur le développement des ressources et les efforts
de conservation201. La nécessité d’innover constamment et d’adopter des technologies
devient cruciale à mesure que les entreprises se concentrent sur la réduction des GES
causés par les activités agricoles. De plus, l’industrie a commencé à se tourner vers la
technologie pour aider à atténuer les impacts fluctuants des changements climatiques liés
à la production et à la transformation des aliments.
199 « Rapport sur le climat changeant du Canada », 2019, Environnement et Changement climatique Canada : https://
www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf
200 Schnitter R., et Berry, P., « The Climate Change, Food Security and Human Health Nexus in Canada: A Framework to
Protect Population Health », juillet 2019, International Journal of Environmental Research and Public Health 16, no.
14 : https://www.mdpi.com/1660-4601/16/14/2531; « Changement climatique et terre », 7 août 2019, GIEC : http://
sentiers.eu/IMG/pdf/cc_terres-resume-20190808-giec-4op.pdf
201 Bush, L., Lemmen, D., « Rapport sur le climat changeant du Canada », gouvernement du Canada, 2019 : https://www.
rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf
202 « Promoting Technological Innovation to Address Climate Change », 2011, OCDE : https://www.oecd.org/env/
cc/49076220.pdf
203 Ibidem.
204 Cervantes, M., et autres, « Accelerating the development and diffusion of low-emissions innovations », 2018, OCDE
: Table ronde sur le développement durable : https://www.oecd.org/sd-roundtable/papersandpublications/
Accelerating%20the%20development%20and%20diffusion%20of%20low-emissions%20innovations.pdf
205 Ibidem.
206 « Agriculture », 2021, Prairie Climate Centre : https://atlasclimatique.ca/agriculture; « Scénarios climatiques pour
l’agriculture », 25 mai 2012, gouvernement du Canada : https://agriculture.canada.ca/fr/agriculture-environnement/
changements-climatiques-qualite-lair/scenarios-climatiques-lagriculture
207 Warren, F., et Lemmen, D., « Vivre avec les changements climatiques au Canada : perspectives des secteurs relatives
aux impacts et à l’adaptation », 2014, gouvernement du Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/
files/earthsciences/pdf/assess/2014/pdf/Rapport-complet_Fra.pdf
208 Schnitter R., et Berry, P., « The Climate Change, Food Security and Human Health Nexus in Canada: A Framework to
Protect Population Health », juillet 2019, International Journal of Environmental Research and Public Health 16, no. 14
: https://www.mdpi.com/1660-4601/16/14/2531
209 Ibidem.
210 Palko, K., et autres, « Risques climatiques et pratiques en matière d’adaptation pour le secteur canadien des
transports 2016 », 2017, Transports Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/earthsciences/
pdf/assess/2016/ClimatRisk-F-ACCESSIBLE.pdf
211 Schnitter R., et Berry, P., « The Climate Change, Food Security and Human Health Nexus in Canada: A Framework to
Protect Population Health », juillet 2019, International Journal of Environmental Research and Public Health 16, no. 14
: https://www.mdpi.com/1660-4601/16/14/2531
212 Chan, L., et autres, « FNFNES – Final Report for Eight Assembly of First Nations Regions », novembre 2019, Assemblée
des Premières Nations, Université d’Ottawa, Université de Montréal : https://www.fnfnes.ca/docs/FNFNES_draft_
technical_report_Nov_2__2019.pdf
213 « Climate change driving indigenous food insecurity in canada: report », October 21, 2020, The Narwhal : https://
thenarwhal.ca/climate-change-indigenous-food-insecurity-report/
214 Warren, F., et Lemmen, D., « Vivre avec les changements climatiques au Canada : perspectives des secteurs relatives
aux impacts et à l’adaptation », 2014, gouvernement du Canada : https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/
files/earthsciences/pdf/assess/2014/pdf/Rapport-complet_Fra.pdf
215 « The Future of B.C.’s Food System », 2020, gouvernement de la Colombie-Britannique : https://engage.gov.bc.ca/
app/uploads/sites/121/2020/01/FSTF-Report-2020-The-Future-of-Food.pdf; Kim, S., « Les scientifiques du Canada
concluent que les changements climatiques d’origine anthropique ont eu d’importantes répercussions sur les feux
de forêt en Colombie-Britannique », 2019, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/environnement-
changement-climatique/nouvelles/2019/01/les-scientifiques-du-canada-concluent-que-les-changements-
climatiques-dorigine-anthropique-ont-eu-dimportantes-repercussions-sur-les-feux-de-foret-.html
216 Gouel, C., et Laborde, D., « The Crucial Role of International Trade in Adaptation to Climate Change », novembre 2018,
National Bureau of Economic Research : https://doi.org/10.3386/w25221
217 Anderson, O., « Aider les agriculteurs et les entreprises agricoles à adopter des technologies propres pour réduire les
émissions et améliorer leur compétitivité », 2021, gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-
agroalimentaire/nouvelles/2021/06/aider-les-agriculteurs-et-les-entreprises-agricoles-a-adopter-des-technologies-
propres-pour-reduire-leurs-emissions-et-ameliorer-leur-competitivite.html
218 Ibidem.
219 Ibidem.
220 Bien que les prévisions antérieures aient surestimé la croissance démographique, on estime fortement (95 %) que la
population mondiale se situera entre 9,4 et 10,1 milliards d’habitants à la date prévue. Voir : « 2019 Revision of World
Population Prospects », 2019, Organisation des Nations Unies : https://population.un.org/wpp/
221 « Climate Change Is an Increasing Threat to Africa », 27 octobre 2020, Nations Unies Info – Changement climatique :
https://unfccc.int/news/climate-change-is-an-increasing-threat-to-africa
Prévalence de la
sous-nutrition (%) 0 % 20 % 40 % 60 %
Référence
Scénario
RCP2.6 SSP1
RCP2.6 SSP2
RCP2.6 SSP3
RCP6.0 SSP1
RCP6.0 SSP2
RCP6.0 SSP3
Figure 12 : Prévalence moyenne mondiale de sous-nutrition dans les futurs scénarios comparée à la base de référence 2000-2002. 222
Source: United Nations.
Dans certains scénarios, la population devrait croître moins vite que dans plusieurs pays à revenu
élevé. Au Canada, grâce en grande partie aux efforts en matière d’immigration, Statistique
Canada prévoit une augmentation de la population, passant de 37,1 millions de personnes en
2018 à quelque 70 millions en 2068 (scénario de croissance élevée)223. Comme nous l’avons
vu dans la section précédente, le changement climatique pourrait permettre un meilleur
rendement des cultures au Canada. Cependant, une étude révèle que l’Europe, l’Australasie,
les États-Unis et le Canada connaissent tous une diminution de l’insécurité alimentaire
dans certains scénarios : en bref, « les pays pour lesquels une diminution de la croissance
démographique est prévue profitent d’une sécurité alimentaire accrue, tandis que ceux pour
lesquels une croissance démographique rapide est prévue ont tendance à subir les pires impacts
sur la sécurité alimentaire224 ». Fait intéressant, les témoins qui ont comparu devant le Comité
permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Canada lors de son étude sur le secteur
agroalimentaire ont souligné que la croissance démographique mondiale est synonyme «
d’opportunités pour le Canada qui produit bien plus de produits agricoles et agroalimentaires
qu’il n’en consomme225 ».
Les problèmes découlant de la croissance démographique mondiale ne sont pas isolés et sont
reconnus comme étant l’un des nombreux facteurs contribuant à l’adoption de technologies.
Comme le fait remarquer Kathleen Mogelgaard, consultante en dynamique démographique et
changement climatique pour l’Université du Maryland :
222 Molotoks, A., et autres, « Impacts of land use, population, and climate change on global food security », 5 novembre
2020, Food and Energy Security, volume 10, no 1 e261 : https://doi.org/10.1002/fes3.261
223 « Populations démographiques pour le Canada (2018 à 2068), les provinces et les territoires (2018 à 2043) », 17
septembre 2019, gouvernement du Canada, Statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/91-520-
x/91-520-x2019001-fra.htm
224 Molotoks, A., et autres, « Impacts of land use, population, and climate change on global food security », 5 novembre
2020, Food and Energy Security, volume 10, no 1 e261 : https://doi.org/10.1002/fes3.261
225 « Progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole et agroalimentaire pouvant favoriser
les exportations canadiennes », janvier 2019, Chambres des communes : https://www.noscommunes.ca/
DocumentViewer/fr/42-1/AGRI/rapport-15/page-69
226 N. Mortillaro, « Is population control the answer to fixing climate change? », 2019, CBC News: Science :
https://www.cbc.ca/news/science/population-climate-change-1.5331133
Insécurité alimentaire
Dans des régions comme le nord du Canada, les problèmes croissants de sécurité alimentaire
sont une préoccupation quotidienne. En grande partie en raison des conditions climatiques et
d’une forte dépendance à l’égard des infrastructures routières saisonnières et de l’accessibilité
générale, l’insécurité alimentaire touche près de 70 % de la population du Nunavut229. De même,
dans le nord du Manitoba, plus de 60 % des ménages autochtones vivant dans les réserves font
face à des problèmes croissants de sécurité alimentaire230. La sécurité alimentaire, qui englobe
des considérations relatives à la santé et au bien-être, est devenue un « problème de santé
publique sans précédent231 ». La technologie, comme l’agriculture en environnement contrôlé, a
permis à certaines communautés du Nord de produire des aliments dans des climats froids tout
en aidant à réglementer les chaînes d’approvisionnement alimentaire, mais des préoccupations
subsistent232. Des questions telles que les coûts de démarrage, les projections de bénéfices, les
impacts environnementaux, la possibilité de faire des essais et la réversibilité ont été soulignées,
ainsi que la vulnérabilité relative à l’utilisation de technologies complexes233.
227 « Climate Change and Land: an IPCC Special Report on Climate Change, Desertification, Land Degradation, Sustainable
Land Management, Food Security and Greenhouse Gas Fluxes in Terrestrial Ecosystems », 2019, IPCC : https://www.ipcc.
ch/srccl/chapter/chapter-5/.
228 Ibidem.
229 « Alimentation dans le Nord », 2019, Réseau pour une alimentation durable : https://foodsecurecanada.org/fr/ressources-
et-nouvelles/nouvelles-et-medias/nous-voulons-une-alimentation-abordable-dans-le-nord.
230 Ibidem.
231 Ibidem.
232 Natcher, D., et autres, « Assessing the Constraints to the Adoption of Containerized Agriculture in Northern Canada », mai
2021, Frontiers in Sustainable Food System: Volume 5 : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2021.643366/full.
233 Ibidem.
234 Comeau, J., « De nouvelles technologies permettant de renforcer la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments », 2021,
gouvernement du Canada : https://www.canada.ca/fr/agriculture-agroalimentaire/nouvelles/2021/02/de-nouvelles-
technologies-permettant-de-renforcer-la-securite-alimentaire-et-la-salubrite-des-aliments.html.
235 Gorman, M., « New government fund aims to help grow high-tech agriculture », 2021, CBC News : https://www.cbc.ca/
news/canada/nova-scotia/farming-food-agriculture-government-funding-1.5959201
236 Kelly, L., « Pandemic Offers Change to ‘Reimagine’ Food System », 2021, Northern Ontario Business : https://www.
northernontariobusiness.com/industry-news/agriculture/pandemic-offers-chance-to-reimagine-food-system-3536203
[traduction]
237 Kelly, L., « Pandemic offers change to ‘reimagine’ food system », 2021, Northern Ontario Business : https://www.
northernontariobusiness.com/industry-news/agriculture/pandemic-offers-chance-to-reimagine-food-system-3536203
238 Fraser, E., et Newman, L., « Three Technologies Poised to Change Food and the Planet », 2021, Université de Guelph :
https://news.uoguelph.ca/2021/02/three-technologies-poised-to-change-food-and-the-planet/
239 Anderson, M., « Timothy A. Wise: Eating Tomorrow: agribusiness, small farmers and the battle for the future of food », 1er
septembre 2020, Agriculture and Human Values 37, no 3: 923-24 : https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10460-
020-10024-w
240 « Local Food », 2021, Ville de Vancouver : https://vancouver.ca/green-vancouver/local-food.aspx#food-progress
241 « Estimated market value of vertical farming in Canada from 2014 to 2025, by technology type », février 2018, Statista :
https://www.statista.com/statistics/801438/market-value-of-vertical-farming-in-canada-by-technology/
242 « Local Food », 2021, Ville de Vancouver : https://vancouver.ca/green-vancouver/local-food.aspx#food-progress
les entreprises technologiques qui desservent les usines de fabrication qui préparent et
emballent les produits agroalimentaires.
243 « Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire Canada 2018 », 20 novembre 2020, gouvernement du Canada : https://
agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/survols-industries-du-secteur-donnees-rapports/apercu-du-
secteur-agriculture-agroalimentaire-canada-2018
Documentation existante
Les parties qualitatives et quantitatives du présent projet ont été soutenues par un examen
approfondi de la documentation disponible. L’analyse documentaire a permis de façonner
les méthodes et les questions de recherche et de fournir des informations pour aider à valider
davantage les conclusions du rapport. L’analyse documentaire initiale a permis d’identifier
les personnes à interroger et les membres du comité consultatif ainsi que de définir une
méthodologie pour la partie quantitative de la recherche.
Enquête
L’enquête sur les technologies agroalimentaires s’adressait aux producteurs primaires, aux
experts de l’industrie et aux fabricants de partout au Canada, et les réponses comprenaient celles
des personnes ayant un pouvoir décisionnel supérieur au sein de leur organisation, comme
les propriétaires, les fondateurs, les PDG, les cadres et les directeurs généraux. Le CTIC a reçu
310 réponses provenant de secteurs comme le blé, l’orge, les œufs, les moutons et les abeilles.
Les questions portaient sur les rôles et les compétences recherchés, les tendances en matière
d’adoption de la technologie, et les impacts de la COVID-19 sur les activités.
Privé 15 Alberta 2
Universitaire 8 Colombie-Britannique 1
Public 7 Manitoba 4
Civil 2 Nouvelle-Écosse 6
Ontario 11
Québec 3
Saskatchewan 5
Comité consultatif
Le CTIC a organisé trois réunions du comité consultatif regroupant huit intervenants de l’industrie.
Les données ont été présentées au moyen d’activités interactives sur Miro et Jamboard. Les
membres du comité consultatif se sont réunis trois fois pendant la durée du projet, et les
réunions ont eu lieu en mars, juin et août 2021. Les participants au comité consultatif occupaient
également des postes influents tels que dirigeant principal de la technologie, directeur général,
professeur et directeur scientifique (jeunes entreprises, grandes organisations, secteurs civil,
universitaire, privé et de la santé).
Privé 6 Alberta 2
Universitaire 2 Colombie-Britannique 2
Ontario 1
Québec 1
Saskatchewan 2
Les modèles d’analyse d’autorégression vectorielle sont utilisés pour établir les prévisions.
Cette analyse est un modèle de processus stochastique utilisé pour saisir les interdépendances
linéaires entre plusieurs séries temporelles. Dans un tel modèle d’analyse, chaque variable
possède une équation expliquant son évolution en fonction de ses propres valeurs décalées,
des valeurs décalées d’autres variables endogènes et exogènes, et du terme d’erreur. Les
modèles d’analyse d’autorégression vectorielle ne nécessitent pas de comprendre la relation
causale entre les variables du modèle, mais simplement de savoir que les variables sont liées
entre elles. La spécification du modèle (variables, décalages) est choisie en fonction de la
minimisation des critères d’information de Schwarz-Bayesian et de Hannan-Quinn.
Les prévisions d’emploi pour le secteur dépendent des hypothèses relatives à la tendance du
taux de chômage global et à d’autres variables macroéconomiques. Les projections du taux de
chômage se fondent sur des attentes prospectives à l’échelle de l’économie globale, complétées
par les résultats de l’enquête nationale du CTIC sur l’économie numérique du Canada.
Limites
Bien que des efforts aient été faits pour atténuer les biais potentiels, certaines limites peuvent
être inévitablement intégrées dans la présente étude.
Perspectives qualitatives
Bien que le CTIC ait fait un effort concerté pour consulter un éventail diversifié d’intervenants
en technologies agroalimentaires, les tendances cernées par les entrevues auprès des
informateurs clés et les réunions du comité consultatif doivent être interprétées uniquement
comme les expériences des personnes interrogées. Au total, le CTIC a mené 31 entrevues, un
échantillon trop petit pour être considéré comme représentatif de l’ensemble de l’industrie.
Enquête
Bien que le CTIC ait présenté l’enquête selon la moyenne de l’industrie en se fondant sur
les commentaires des informateurs clés et des membres du comité consultatif, puisque ni
l’industrie ni les provinces et territoires ne sont représentés proportionnellement, les résultats
de l’enquête ne doivent pas être considérés comme représentatifs ou statistiquement
significatifs. Les tendances et les conclusions observées dans le rapport, surtout les variations
entre les sous-industries, pourraient être biaisées en faveur des industries surreprésentées (p.
ex. moutons et œufs) ainsi que des provinces (p. ex. Alberta) (voir les figures 13 et 14 pour plus
de détails). De plus, en se concentrant uniquement sur l’horticulture, le bétail, les céréales et
les semences, l’enquête du CTIC ne représente pas d’autres sous secteurs agricoles clés. Ces
résultats comportent des limites importantes, mais ils constituent néanmoins une base solide
pour les recherches futures.