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Le Prologue - Etude Lineaire

Ce prologue présente le personnage principal Louis qui va bientôt mourir à 34 ans et a décidé d'annoncer cette nouvelle tragique à sa famille qu'il n'a pas vue depuis des années. Le prologue remplit sa fonction informative en présentant l'intrigue et sa fonction incitative par ses nombreux non-dits et le style poétique du langage.

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Le Prologue - Etude Lineaire

Ce prologue présente le personnage principal Louis qui va bientôt mourir à 34 ans et a décidé d'annoncer cette nouvelle tragique à sa famille qu'il n'a pas vue depuis des années. Le prologue remplit sa fonction informative en présentant l'intrigue et sa fonction incitative par ses nombreux non-dits et le style poétique du langage.

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Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde (1990) - Crise personnelle, crise familiale

Le prologue - texte 4

La scène d’exposition représente un enjeu essentiel pour un dramaturge : il s’agit d’informer et


d’intéresser le lecteur ou le spectateur. C’est par une scène d’exposition originale que débute la pièce Juste
la fin du monde, publiée en 1990. Jean-Luc Lagarce, metteur en scène et dramaturge français, disparu
prématurément en 1995, choisit en effet le prologue, hérité du théâtre antique, pour commencer sa pièce.
Louis, le personnage principal, révèle dans un long monologue qu’il va bientôt mourir à seulement 34 ans,
et qu’il a décidé d’annoncer cette terrible nouvelle à sa famille qu’il n’a pas vue depuis plusieurs années.
Je vais procéder à la lecture du texte. / Nous allons maintenant découvrir ce texte.
Nous nous demanderons en quoi ce prologue est particulièrement efficace.
Nous répondrons à cette question en suivant les trois mouvements du texte : nous découvrirons
tout d’abord la tragédie de Louis, dans le premier mouvement (l. 1 à 6), puis la décision qu’il a prise, dans
le deuxième mouvement (l. 7 à 17 ), et enfin ses objectifs, dans le troisième et dernier mouvement (l. 18 -
la fin).

I. LA TRAGÉDIE DE LOUIS (l. 1 à 6)


A. Un personnage tragique
Le prologue est efficace car il donne des informations sur le personnage principal, Louis, et sur le genre de la
pièce : Louis est un personnage tragique.

- mort omniprésente : polyptote : mourir, mourrai + périphrase : en avoir fini


- fatalité : utilisation du futur : j’allais mourir / je mourrai
- pitié : il va mourir jeune (à 34 ans), il souffre : décès de son proche ; impuissance : répétition de
j’attendais ; insistance sur le temps qui passe : répétition de nombreux mois
- terreur : sa mort est inéluctable + ses réactions face à la mort : énumération : à ne rien faire, à tricher, à
ne plus savoir révèlent sa peur

B. Des éléments mystérieux


Ce prologue a aussi une fonction incitative : il donne envie au lecteur / spectateur de connaître la suite de
l’histoire de Louis, car certains éléments restent flous et mystérieux.
1. Un cadre spatio-temporel déroutant
- temporalité floue : ccl de temps imprécis : plus tard, l’année d’après + mélange de temps verbaux
étonnants : un étonnant futur proche du passé j’allais mourir + présent : j’ai → brouillage temporel :
Louis est-il déjà mort, et son monologue serait-il alors une prosopopée ?
- le cadre n’est pas précisé
2. Des non-dits intriguants
- les causes de sa mort ne sont pas explicitées, alors qu’il va mourir jeune
- Louis a vécu un évènement marquant, désigné par l’année d’après, ccl qui est mis en valeur car il apparaît
dès la première ligne et est répété cinq fois dans le texte, mais on ignore ce dont il s’agit (on devine
seulement que c’est la perte d’un être cher v. 2 : je mourrai à mon tour).

3. Un style original
- une langue très poétique, entre prose et poésie. Vers libres ?
- Le ressassement linguistique : très nombreuses répétitions, épanorthoses… (épanorthose : figure de style
qui consiste à revenir sur ce que l'on vient d'affirmer, soit pour le nuancer, l'affaiblir ou au contraire
l’amplifier (ex : J'espère, que dis-je? je suis sûr qu'on vous rendra justice).

II. LA DÉCISION DE LOUIS (l. 7 à 17)

A. L’intrigue : le retour de Louis dans sa famille


1. De la paralysie…
Louis est paralysé par sa maladie et la peur qu’elle lui inspire.
- Sa maladie représente un danger terrible : personnification de la maladie désignée par l’ennemi ;
insistance sur l’omniprésence du danger : champ lexical du danger : danger / ennemi / détruire / risque ;
adj extrême et verbe détruire soulignent la puissance de ce danger.
- Face au danger, Louis ressent de la peur (verbe oser + le nom peur est mis en valeur à la ligne 13
puisqu’il est isolé), et semble paralysé (comparaison l. 7 à 10) : il craint de commettre une action qui
pourrait accélérer sa maladie et précipiter sa mort.
2. … au mouvement : le retour
- Malgré sa peur, Louis décide d’agir : le verbe bouger l. 7 indique un mouvement. Même si celui ci est
ténu (mise en valeur de à peine + adv imperceptiblement), il n’en est pas moins courageux (l. 14 :
négation : sans espoir jamais de survivre). Le prologue prend ici une discrète dimension épique.
- La décision du retour : l. 17 : phrase capitale puisqu’elle présente l’intrigue de la pièce : le retour dans la
famille après une longue absence. Elle est mise en valeur car il s’agit de la proposition principale + verbe
décider au passé simple. Énumération de synonymes : insiste sur l’importance du retour, thématique
essentielle dans la pièce. Il s’agit pour Louis d’un voyage à la fois géographique et temporel.

B. Eléments intriguants
- Qui sont les personnages désignés par le pronom les ?
- On devine que Louis est parti depuis longtemps (énumération des verbes synonymes l. 17), le lecteur
s’interroge sur les raisons de sa longue absence.

III. LES OBJECTIFS DE LOUIS (l. 18 à 35) : LE REFUS DU TRAGIQUE


A. Annoncer sa mort
L’importance capitale de la parole apparaît ici : premier but de Louis désigné par le verbe annoncer, répété
trois fois + synonyme : dire répété deux fois = insistance sur l’importance du langage.

1. Importance du mot juste


Louis est écrivain, et très soucieux d’employer les mots justes : épanorthoses l. 18 + répétition de avec soin.

2. La parole pour lutter contre le tragique


- Louis semble refuser de céder au tragique en tentant conserver son calme (répétition de l’adverbe
lentement + épanorthose l. 20).
- Louis refuse l’emphase : reformulation : l. 23-24 : annoncer est corrigé par le verbe dire, mis en valeur
car il apparaît seul l. 24, puis repris l. 25 précisé par l’adverbe seulement.

3. La parole théâtrale
Mise en abîme avec l’apparition du messager : l. 27 : en être l’unique messager. Le messager est
traditionnellement dans les tragédies classiques celui qui vient annoncer des évènements arrivés hors scène,
en particulier la mort.

B. Louis, metteur en scène de lui-même


Le deuxième objectif de Louis est précisé par le verbe paraître, répété deux fois, et son synonyme : donner
l’illusion : il s’agit pour lui de préserver les apparences.

1. Un homme volontaire et décidé


- Autoportrait : insiste sur ce trait de caractère : l.29 - 30 : répétition de voulu + verbe décidé, trait de
caractère qui le définit depuis toujours, ce qui montre son importance : adverbe toujours + ccl temps : depuis
le plus loin que j’ose me souvenir
- volonté de rester son propre maître jusqu’au bout (l. 35) : même face à la mort, il affirme sa volonté de
continuer à décider et à contrôler ce qu’il lui arrive.
- importance des pronoms personnels + déterminants personnels (me, mon).
2. Un acteur ?
Mise en abîme : théâtre dans le théâtre
- verbe paraître, nom illusion
- Louis semble jouer un personnage : me donner et donner aux autres répété deux fois : insistance
- Apparition du public : aux autres, et à eux, tout précisément, toi, vous, elle, ceux-là que je ne connais pas
(trop tard et tant pis) : énumération des publics possibles de Louis : sa famille, mais aussi nous,
spectateurs / lecteurs.
→ Le théâtre semble essentiel pour Louis : c’est le lieu où la parole indicible peut être dite, c’est aussi le lieu
où les apparences permettent de conjurer la peur de la mort et du tragique.

Conclusion :
Bilan : Ainsi, ce prologue est particulièrement efficace. En effet, il remplit tout d’abord sa fonction
informative, puisqu’il nous fait découvrir le personnage principal et l’intrigue de la pièce : Louis, 33 ans,
décide de retourner voir sa famille qu’il n’a pas vue depuis des années pour leur annoncer sa tragédie
personnelle, sa « mort prochaine et irrémédiable ». Il remplit également sa fonction incitative : les nombreux
non-dits, la poésie particulière de la langue de Lagarce ou la mise en abîme du théâtre dans le théâtre
éveillent l’intérêt du lecteur ou du spectateur, qui souhaite découvrir comment ce retour si particulier va se
dérouler.
Ouverture : comparaison avec l’épilogue.

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