Barone Tome 3 Splanchnologie I 1997
Barone Tome 3 Splanchnologie I 1997
^NATOMIE COMPAREE
les mammifères domestiques
Tome 3
Splanchnologie I
VIGOT
Robert BARONE
Professeur Honoraire
à l'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
Anatomie
comparée
des mammifères
domestiques
Tome troisième
SPLANCHNOLOGIE I
APPAREIL DIGESTIF
APPAREIL RESPIRATOIRE
Troisième édition
Ouvrage couronné
par l'Académie de Médecine
(prix Reynal, 1969)
par l'Académie des Sciences
(prix Cuvier, 1970)
et par l'Académie Vétérinaire
(Médaille du Cinquantenaire, 1 9 7 8 )
ÉDITIONS VIGOT
23, rue de l'Ecole de Médecine
7 5 0 0 6 Paris
1997
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
pour tous pays, y compris la Suède et la Norvège
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou reproduction
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protection des droits d'Auteur.
PREMIÈRE PARTIE
APPAREIL DIGESTIF
Disposition générale 21
1. — Parois de la bouche 25
Lèvres 25
Joues 29
Palais dur 35
Palais mou ou voile du palais 39
Plancher sublingual 47
2. — Langue 49
Conformation 49
Structure 53
Fonctions 63
3. — Particularités spécifiques 65
Equioés 65
Bœuf 69
Mouton et Chèvre 75
Porc 77
Chien 79
Chat 85
Lapin 85
Comparaison avec l'Homme 87
r
VI
CHAPITRE II : DENTS
1. — Caractères généraux 91
Disposition générale et nombre des dents 91
Développement des dents 95
Conformation des dents 103
Structure des dents 111
CHAPITRE IV : PHARYNX ET Œ S O P H A G E
1. - Pharynx 249
Conformation extérieure et rapports 249
Conformation intérieure 251
Structure 255
Vaisseaux et nerfs 263
Fonctions 265
2. — Oesophage 267
Trajet et conformation 267
Rapports 267
Structure 271
Vaisseaux et nerfs 273
CHAPITRE V : E S T O M A C
Généralités 291
1. — Estomacs simples 293
Variations et capacité 293
Conformation extérieure 293
Conformation intérieure 295
Rapports 297
Moyens de fixité 299
Structure 305
Vaisseaux et nerfs 31 5
Particularités spécifiques 317
Equidés 317
Porc 321
Carnivores 325
Lapin 329
Comparaison avec l'Homme 331
CHAPITRE VI : INTESTIN
Généralités 385
1. - Foie 507
Fonctions 507
Développement 509
Caractères physiques 513
Conformation 51 5
I obation hépatique 51 9
Topographie et rapports 521
Moyens de fixité 523
Structure 525
Structure du lobule hépatique 529
Vaisseaux et nerfs 531
Voies d'excrétion de la bile 539
Particularités spécifiques 547
Equidés 547
Bœuf 549
Mouton et Chèvre 551
Porc 553
Chien 555
Chat 557
Lapin 557
Comparaison avec l'Homme 559
X
2. — Pancréas 560
Fonctions 560
Développement 560
Caractères physiques 561
Conformation 563
Rapports 565
Moyens de fixité 565
Structure 565
Vaisseaux et nerfs 569
Particularités spécifiques 571
Equidés 571
Bœuf 571
Mouton et Chèvre 573
Porc 573
Chien 573
Chat 575
Lapin 575
Comparaison avec l'Homme 575
Fonctions 577
Développement et caractères physiques 578
Conformation 578
Rapports et topographie 579
Moyens de fixité 579
Structure 581
Vaisseaux et nerfs 585
Particularités spécifiques 585
Equidés 585
Bœuf 587
Mouton et Chèvre 589
Porc 589
Carnivores 589
Lapin 591
Comparaison avec l'Homme 591
DEUXIÈME PARTIE
APPAREIL RESPIRATOIRE
CHAPITRE II : L A R Y N X
1. — Trachée 709
Dimensions 709
Conformation 711
Trajet Rapports 711
Structure 715
2. — Bronches 719
Organisation générale de l'arbre bronchique 721
Bronches du poumon droit 723
Bronches du poumon gauche 725
Distribution et rapports des bronches 727
Structure des bronches 729
CHAPITRE IV : P O U M O N S
2. - Plèvres 793
Cavité pleurale 793
Plèvre pariétale 793
Structure, vaisseaux et nerfs de la plèvre 795
Médiastin 797
Développement 797
Disposition générale 799
Médiastin crânial 799
Médiastin moyen 799
Médiastin caudal 801
GÉNÉRALITÉS
PREMIÈRE PARTIE
APPAREIL DIGESTIF
CHAPITRE II : DENTS
CHAPITRE V : ESTOMAC
I. ESTOMACS SIMPLES
CHAPITRE VI : INTESTIN
DEUXIÈME PARTIE
APPAREIL RESPIRATOIRE
Pl. 318 - Coupe sagittale de la tête d'un Porc (Côté gauche) 594
P. 319 - Narines du Cheval 596
Pl. 320 - Narines des Ruminants 598
Pl. 321 - Narines du Porc, des Carnivores et du Lapin 600
Pl. 322 - Structure des narines du Cheval 602
Pl. 323 - Cartilages du nez des Ruminants 604
Pl. 324 - Cavité nasale du Cheval 606
Pl. 325 - Différents types de cornets nasaux 608
Pl. 326 - Cavité nasale du Bœuf 610
Pl. 327 - Cavité nasale du Porc et du Mouton 612
Pl. 328 - Cavité nasale du Chien 614
Pl. 329 - Structure de la muqueuse nasale respiratoire 616
Pl. 330 - Muqueuse olfactive et organe voméro-nasal du Chien 618
Pl. 331 - Organe voméro-nasal du Cheval, du Bœuf et du Chien 620
Pl. 332 - Sinus paranasaux du Cheval (Vue frontale) 624
Pl. 333 - Sinus paranasaux du Cheval (Vue latérale gauche) 625
Pl. 334 - Sinus paranasaux du Bœuf (Vue frontale) 626
Pl. 335 - Sinus paranasaux du Bœuf (Vue latérale gauche) 627
XX
CHAPITRE II : LARYNX
Pl. 385 - Terminaison de la trachée et grosses bronches (Cheval, Bœuf, Porc, Chien) 710
Pl. 386 - Trachée et oesophage de l'Ane 712
Pl. 387 - Coupes transversales de trachées 714
Pl. 388 - Structure de la trachée 716
Pl. 389 - Muqueuse de la trachée 718
Pl. 390 - Moulage interne de l'arbre bronchique d'un cheval (Bronches étalées) 720
Pl. 391 - Diagrammes de la répartition des bronches 722
Pl. 392 - Bronches du poumon droit chez le Cheval, le Bœuf et le Porc 724
Pl. 393 - Bronches du poumon gauche chez le Cheval, le Bœuf et le Porc 726
Pl. 394 - Rapports broncho-vasculaires (Cheval et Chien) 728
Pl. 395 - Structure des bronches 730
XXI
Pl. 396 - Moulage interne (in situl de l'arbre bronchique d'un Poulain 732
Pl. 397 - Moulage interne de l'arbre bronchique d'un Veau 734
Pl. 398 - Moulage interne de l'arbre bronchique d'un Mouton 736
Pl. 399 - Moulages internes de bronches de Chien 738
Pl. 400 - Moulages internes de bronches d'un Chat 739
Pl. 401 - Bronchographie bilatérale d'un Chien 740
Pl. 402 - Bronchographies sélectives chez un Chien 741
Pl. 403 - Particularités de la ramescence bronchique chez le Chien et le Lapin 742
Pl. 404 - Trachée et bronches de l'Homme 744
CHAPITRE IV : POUMONS
SPLANCHNOLOGIE
Les viscères (du latin : viscera, entrailles) sont des organes préposés en principe aux
échanges entre l'organisme et l'extérieur, c'est-à-dire aux fonctions de nutrition. La plu-
part sont logés dans les grandes cavités du tronc, dites cavités splanchniques : thorax
et abdomen.
A l'étude de ces trois grandes divisions, nous ajouterons deux autres parties qui peu-
vent en être considérées comme complémentaires. L'une sera consacrée au péritoine
et à la topographie des viscères abdominaux, la dernière à l'anatomie des annexes foeta-
les et du foetus lui-même. Avec l'appareil uro-génital, elles constitueront la matière d'un
volume distinct (Tome IV).
Rien n'est plus divers que la conformation et l'organisation propres des viscères.
Beaucoup d'entre eux sont creux, pourvus d'une large cavité centrale (ex. : estomac,
intestin, vessie urinaire, utérus). Leur paroi est formée par la superposition de plusieurs
couches ou tuniques (Tunicae) formées de tissus différents. En général, on trouve de
l'extérieur à l'intérieur : une séreuse (remplacée en certains endroits par une adventice),
une musculeuse et une muqueuse. D'autres viscères sont parenchymateux, d'aspect mas-
sif, formés principalement d'un stroma glandulaire (Stroma glandularis), supporté par une
charpente conjonctive où courent de nombreux vaisseaux et nerfs et généralement den-
sifiée à la périphérie en une couche fibreuse ou albuginée.
Avant d'aborder l'étude particulière des viscères, il est donc utile d'exposer les notions
générales les plus importantes relatives à ces divers constituants et de définir quelques
termes qui reviendront dans les descriptions.
2 -
m o n t r a n t le p é r i c a r d e e t les plèvres
m o n t r a n t la disposition du p é r i t o i n e
Les séreuses (Tunicae serosae) sont des membranes minces et transparentes qui
tapissent sans discontinuité les cavités splanchniques et les viscères contenus. Elles
délimitent ainsi des espaces entièrement clos : les cavités séreuses, qui entourent les
viscères de façon à leur permettre d'effectuer sans difficulté tous les mouvements néces-
saires à leurs fonctions. Leur face libre, brillante et lisse, est humectée de façon cons-
tante par un liquide clair et ambré (Liquide séreux), qui permet le glissement contre le
feuillet opposé. A l'état physiologique, ce liquide est toujours très peu abondant et les
cavités séreuses sont presque virtuelles ; leurs parois ne s'écartent que lors d'épanché-
ments pathologiques.
Par leur constitution et leurs fonctions, les séreuses peuvent être comparées aux
synoviales. Mais elles en diffèrent par une structure mieux définie et une organisation
plus complexe. Elles sont aussi plus précocement apparues, dans l'ontogénie comme dans
la phylogénie. Toutes dérivent en effet du cœlome (Coeloma), vaste cavité creusée très
tôt dans les masses latérales du mésoderme embryonnaire. Le cloisonnement secondaire
de cette cavité isole d'abord le péricarde (Pericardium) qui enferme le cœur, puis les plè-
vres (Pleurae), au nombre de deux, une pour chaque poumon. Les Mammifères étant,
contrairement aux autres Vertébrés, pourvus d'un diaphragme complet, les plèvres et
le péricarde occupent une cavité thoracique totalement isolée de la cavité abdominale.
Cette dernière est, ainsi que tous les organes qu'elle contient, tapissée par la plus vaste
et la plus compliquée des séreuses : le péritoine (Peritoneum). Chacune des formations
précitées sera étudiée après l'appareil ou les appareils auxquels elle correspond. Seuls
seront envisagés ici leurs caractères communs, dont la connaissance est nécessaire pour
comprendre l'anatomie des organes contenus.
Chaque séreuse se présente comme un sac complet et clos, la seule exception, très
remarquable, étant fournie par l'ouverture de la trompe utérine dans le péritoine. La face
libre, intérieure, de ce sac est entièrement tapissée d'un mésothélium d'aspect endothé-
lial, porté par une lame séreuse propre (Lamina propria serosa), mince strate de conjonc-
tif semi-modelé pourvue d'un double réseau élastique très délicat. Cette lame est à son
tour doublée d'une couche conjonctive nommée sous-séreuse (Tela subserosa), dont la
profondeur se comporte de façon variable selon les endroits.
a) Feuillet pariétal - On appelle ainsi la partie de la séreuse qui tapisse les parois de
la cavité correspondante, ainsi que certains organes accolés à cette paroi (organes parié-
taux, tels que les reins et de nombreux vaisseaux et nerfs). La sous-séreuse, parfois sur-
chargée de graisse, est elle-même doublée par une lame fibreuse plus ou moins épaisse
et solide (fascia sous-péritonéal, fascia endothoracique, sac fibreux du péricarde). En cer-
tains points, l'adhérence est telle entre le feuillet pariétal et son support fibreux qu'il est
pratiquement impossible de les séparer et de les discerner l'un de l'autre (ex. : péricarde,
tunique vaginale du testicule).
Vulve
Cul-de-sac
vésico-génital
Cul-de-sac
vésico-pubien
Récessus supra-omental
Jéjunum
Cette disposition est particulièrement évidente quand on examine des organes parié-
taux, qui sont simplement tapissés par le feuillet pariétal sur leur face cavitaire. Lorsque
l'organe est plus profondément engagé dans la cavité séreuse et ne reste attaché à la
paroi que par une simple zone d'adhérence, le feuillet pariétal se continue directement
autour de cette zone, par le feuillet viscéral.
c) Mésos - Dans tous les cas où le viscère est flottant dans la cavité séreuse, la con-
tinuité entre les feuillets pariétal et viscéral est assurée par une lame unitive appelée méso
(du grec : jieooç , intermédiaire). A ce niveau, la membrane séreuse est adossée à elle-
même à travers une mince lame conjonctive intermédiaire, parfois renforcée de trous-
seaux fibreux ou élastiques. C'est dans ce support conjonctif que courent les vaisseaux
et les nerfs qui se distribuent à l'organe ou en proviennent. Des noms particuliers sont
donnés aux mésos en fonction des organes supportés : mésentère pour l'intestin, méso-
varium pour l'ovaire, mésorchium pour le testicule, etc
La disposition des mésos, d'abord très simple chez l'embryon, se complique ensuite
beaucoup, en particulier dans le péritoine, en fonction de l'évolution des viscères corres-
pondants. Cette dernière sera décrite avec le développement de l'embryon et du fœtus
dans le Tome IV. Il suffit de savoir pour l'instant qu'il en résulte un agencement exacte-
ment adapté aux nécessités fonctionnelles. Certains mésos, plus spécialement prépo-
sés à la fixation d'organes lourds ou délicats, se renforcent de tissu fibreux et constituent
ainsi des ligaments. Des mésos amples et très particuliers se portent de l'estomac à
d'autres viscères : ce sont les omentums, dont le plus vaste (Epiploon), gastro-colique,
a une fonction de protection et possède une structure particulière. Enfin, de très courts
plis séreux peuvent solidariser des viscères adjacents et délimiter avec eux des récessus
plus ou moins profonds.
On notera que la plupart des zones d'adhérence qui unissent certains viscères entre
eux ou aux parois du tronc résultent d'un accolement secondaire au cours du développe-
ment, accolement suivi de la résorption de la partie correspondante des feuillets séreux.
De même, certains mésos, simples en apparence, résultent de l'accolement de deux ou
de plusieurs lames primitivement distinctes. Ces phénomènes président à l'établissement
puis au maintien de la topographie viscérale définitive.
Les parties des viscères que ne tapissent pas les séreuses (œsophage cervical, par-
tie rétropéritonéale des organes pelviens) conservent une mobilité suffisante grâce à la
présence d'un conjonctif abondant et lâche. Ce dernier se densifie à leur surface et y
constitue une lame qui adhère aux couches musculaires sous-jacentes : c'est une adven-
tice (Tunica adventitia) qui prend alors la place du feuillet séreux viscéral.
Il n'en reste pas moins vrai que la musculature de la plupart des viscères est formée
de tissu musculaire " l i s s e " , à contraction involontaire, composé de fibres musculaires
Paroi c s c a l e de Cheval. Gr. : x 20. 1. Séreuse ; 2. Couche longitudinale et 3. Couche
circulaire de la musculeuse ; 4. Sous-muqueuse ; 5. Muqueuse (ici riche en glandes et
nettement délimitée par une muscularis mucosee).
non striées (Myocyti nonstriati). A de rares exceptions près, celles-ci sont fusiformes,
longues de trente à cent vingt microns, et épaisses de six ou sept. Elles ne possèdent
qu'un seul noyau, central, allongé et ovalaire. Leur cytoplasme, généralement dépourvu
de pigment, porte à sa périphérie des myofibrilles longitudinales relativement peu nom-
breuses.
Les organes creux, tels que ceux qui constituent le tube digestif, les voies respira-
toires, urinaires et génitales, sont tapissés intérieurement d'une membrane formée par
l'association de parties épithéliales et de parties conjonctives et appelée tunique muqueuse
ou par abréviation muqueuse (Tunica mucosa).
L'épithélium peut présenter des aspect très différents, selon la forme et l'agence-
ment des épithéliocytes. On le qualifie d'épithélium simple (Epithelium simplex) ou unis-
tratifié lorsqu'il n'a qu'une seule assise de cellules. Selon la forme de celles-ci, on le dit
cubique (Epithelium simplex cuboideum) quand elles sont basses (ex. : bronchioles ter-
minales), cylindrique ou mieux columnaire (Epithelium simplex columnare) quand elles
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sont hautes (ex. : intestin, trompe utérine). Les épithéliums columnaires possèdent simul-
tanément divers types d'épithéliocytes cylindriques (à cils vibratiles, à plateau, à mucus)
mais l'un de ces types prédomine toujours fortement, caractérisant l'organe ou le seg-
ment d'organe. Certains épithéliums simples (ex. : conduit épididymaire) ont des cellu-
les de hauteurs différentes, toutes implantées sur la membrane basale, mais dont les plus
longues seules atteignent la surface. A cause de son apparence sous le microscope, un
tel épithélium est dit pseudo-stratifié (Epithelium pseudostratificatum). Un type particu-
lier d'épithélium tapisse la cavité de la vessie urinaire et de l'urètre. Il est épais et d'aspect
stratifié au repos mais lorsque l'organe est distendu, il devient bas et nettement simple.
Ces variations lui valent la qualification d'épithélium transitionnel (Epithelium transitionale).
Lorsqu'il existe réellement plusieurs couches de cellules dont seule, la plus profonde,
prend implantation sur la basale, l'épithélium est dit stratifié (Epithelium stratificatum).
La couche cellulaire profonde, qui repose sur la basale, a en général des possibilités de
multiplication qui permettent le remplacement des cellules plus superficielles, suscepti-
bles de tomber ou de desquamer par groupes : c'est alors une assise génératrice ou cou-
che basale (Stratum basale). Les autres couches sont de nombre et d'aspect très divers.
Selon la forme des cellules, on parle d'épithélium stratifié : cubique (Ep. stratificatum
cuboideum) — ex. : conduits salivaires —, columnaire (Ep. stratificatum columnare)
— ex. : conjonctive de l'œil —, pavimenteux ou squameux (Ep. stratificatum squamosum)
— ex. : muqueuse orale —. Ce dernier type, généralement épais, possède une couche
superficielle desquamante. Le plus souvent, la propria mucosae soulève la lame basale
pour former des papilles plus ou moins hautes : on dit alors que la muqueuse est dermo-
papillaire. Les épithéliums malpighiens sont de ce dernier type, mais leur assise superfi-
cielle, desquamante, subit une kératinisation caractéristique. Ils revêtent la peau et les
parties de ce tégument invaginées dans les orifices naturels.
Par sa membrane basale, l'épithélium des muqueuses repose sur une couche con-
jonctive particulière qui assure à la fois son soutènement et sa nutrition : c'est la propria
mucosae (Lamina propria mucosae), aussi nommée " d e r m e " ou "chorion". C'est elle
qui forme dans les muqueuses dermo-papillaires ies nombreuses élevures ou papilles (Papil-
lae) signalées plus haut. Celles-ci peuvent être noyées dans l'épithélium (papilles adélo-
morphes) ou former avec lui des saillies visibles sur la surface libre (papilles délomorphes).
Dans l'épaisseur de la propria mucosae courent des vaisseaux et des nerfs extrêmement
abondants, qui forment de riches plexus. Les ultimes capillaires constituent un réseau
sous la basale mais ne vont pas au-delà. Il en est de même pour les nerfs, à l'exception
de quelques terminaisons libres intra-épithéliales. Cette couche peut enfin être plus ou
moins envahie en certaines régions (tonsilles, intestin) par des cellules lymphatiques appar-
tenant aux couches sous-jacentes.
Dans les muqueuses du tube digestif, la propria mucosae est nettement limitée en
profondeur par une mince lame musculaire lisse, la muscularis mucosae (Lamina muscu-
laris mucosae), formée de deux plans de fibres, l'un longitudinal, externe, et l'autre
circulaire et interne.
C o n d u i t excréteur
Acinus
A véc'es.
Conjonctif
e t vaisseaux
C o n d u i t intralobulaire
En nombre d'endroits, les muqueuses forment des plis qui paraissent destinés à aug-
menter la surface de contact avec le contenu de la cavité viscérale. Certains de ces plis
sont temporaires, effaçables par la distension de l'organe. D'autres sont permanents,
déterminés par un agencement particulier de la musculeuse ou des fibres de la sous-
muqueuse ; leur disposition est souvent caractéristique pour un organe déterminé.
Les glandes (Glandulae) sont des organes de types très divers, qui puisent dans le
milieu intérieur des substances qu'elles transforment en élaborations spécifiques appe-
lées sécrétions.
Certaines sont unicellulaires (Glandulae unicellulares), telles que les cellules à mucus
disséminées dans divers épithéliums. Les plus importantes, qui seront considérées ici,
sont multicellulaires (Glandulae multicellulares). Leurs constituants caractéristiques sont
les cellules glandulaires ou glandulocytes (Glandulocyti). Quelques-unes (ex. : cortex sur-
r énalien), sont dérivées de cellules mésenchymateuses. Mais la plupart sont de nature
épithéliale. Ce dernier cas est celui de toutes les glandes à sécrétion externe, qui sont
produites au cours du développement, de même que la plupart des glandes endocrines,
par invagination des épithéliums dans les formations conjonctives.
Il en résulte que, sauf exceptions ci-dessus mentionnées, les glandes sont consti-
tuées par des épithéliums hautement spécialisés, les épithéliums glandulaires (Epithelia
glandularia), épaulés d'une charpente conjonctive et vasculo-nerveuse. Il en existe de
nombreux types, dont les classifications demeurent assez artificielles.
1. - D'un point de vue fonctionnel et selon la nature et le devenir des produits sécré-
:és, on distingue trois sortes de glandes :
1 ) Un dernier type, très exceptionnel, est fourni par les glandes parfois qualifiées de " c y t o c r i n e s " , dont les grains de sécrétions
sont directement transmis par les glandulocytes à des cellules contiguës d'une autre nature.
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a) des glande acineuses (Glandulae acinosae), dont les organites sécréteurs ou aci-
nus forment des grains microscopiques appendus en grappes aux conduits excréteurs.
Les acinus ont une lumière centrale en général étroite, limitée par une assise de cellules
pyramidales au sommet desquelles s'accumule le produit sécrété. Cette assise est sou-
vent doublée d' une couche discontinue de cellules myo-épithéliales ou myo-épithéliocytes
Myoepitheliocyti) qui forment un réseau capable de comprimer l'acinus. Le raccorde-
ment au conduit excréteur est progressif.
b) des glandes alvéolaires (Glandulae alveolares), qui peuvent être considérées comme
des glandes acineuses particulières, à très gros organites sécrétoires, le plus souvent
pourvus d'une vaste cavité centrale.
Selon la nature des produits sécrétés, les cellules glandulaires ont des aspects voire
des agencements différents. Ces caractères permettent de reconnaître des glandes séreu-
ses (Glandulae serosae), à sécrétion fluide, à lumière en général étroite et à cellules très
colorables ; des glandes muqueuses (Glandulae mucosae) à sécrétion filante, plus ou moins
épaisse (mucus), à lumière large et à cellules claires dans les conditions habituelles de
coloration ; enfin, des glandes séro-muqueuses (Glandulae seromucosae), de constitu-
tion mixte.
Les glandes endocrines montrent des types différents d'organisation, qui ieur sont
propres. On y reconnaît ainsi :
a) des glandes réticulées (ex. : glandes surrénales), dans lesquelles des cellules glan-
dulaires sont disposées en cordons ou en travées (Trabeculae epitheliales) anastomo-
sées, entre lesquelles passent de très minces capillaires formant réseau ;
b) des glandes vésiculeuses (ex. : glande thyroïde), formées d'un assemblage de vési-
cules creuses ou follicules (Folliculi) dont la paroi est épithéliale et la cavité, entièrement
close, remplie d'une substance colloïde anhiste ;
c) des glandes diffuses dont les cellules, d'origine mésenchymateuse, sont dissémi-
nées en petits groupes au sein d'un stroma conjonctif. Il s'agit en général de la partie
endocrine de certaines glandes mixtes, comme le testicule.
Un type un peu particulier de glandes composées est réalisé par les glandes agmi-
nées, dont les lobules juxtaposés dans un même stroma ne sont pas drainés par un col-
'ecteur unique. Dans ce cas, les conduits interlobulaires s'ouvrent directement à la surface,
"solément ou par petits groupes confluents. Des exemples en sont fournis par la mamelle
ou les glandes salivaires polystomatiques.
Planche 9 SCHÉMA DE L'APPAREIL DIGESTIF DU CHIEN
- 17
PREMIÈRE PARTIE
APPAREIL DIGESTIF
L'appareil digestif (Apparatus digestorius) (Pl. 1,9, 10) est constitué par l'ensemble
zes organes qui concourent à la digestion. Celle-ci fournit à l'organisme les substances
"écessaires à sa croissance, à son entretien et à son fonctionnement. A cet effet, l'appareil
: gestif puise dans la nature des aliments qui ne sont en général pas directement utilisa-
: es. Il en assure donc, outre la préhension, la transformation puis l'absorption et en rejette
e-fin les déchets.
Chez tous les Vertébrés, cet appareil se présente comme un long conduit diverse-
ment contourné et de calibre très irrégulier : le tube digestif, qui commence à la bouche
et se termine à l'anus. A ce tube sont annexées des formations qui interviennent soit
dans la préhension des aliments (dents) soit dans la digestion proprement dite (glandes
annexes).
Sans entrer pour l'instant dans le détail de son développement, il convient de noter
que l'appareil digestif provient en presque totalité de l'endoderme de l'embryon, doublé
du feuillet viscéral du mésoderme, mais que la bouche et l'anus ont une origine diffé-
'ente et dérivent de l'ectoderme. L'intestin primitif, qui résulte du modelage en tube de
endoderme intra-embryonnaire, est en effet d'abord clos à ses extrémités. Mais celles-
: s'adossent chacune à une invagination de l'ectoderme : bouche primitive ou stomato-
deum pour l'intestin crânial et fosse cloacale ou proctodeum pour l'intestin caudal. Les
minces cloisons qui séparent ces culs-de-sac se résorbent bientôt et le tube digestif est
alors ouvert à ses deux extrémités tandis que s'atrophient les courtes portions pré-orale
et postanale de l'intestin primitif. Plus tard, le développement du palais sépare la bouche
définitive des cavités du nez. D'autre part, chez tous les Mammifères Euthériens, un cloi-
sonnement caractéristique divise le cloaque primitif pour séparer le sinus urogénital de
ia partie terminale de l'intestin.
us mou.
Petit o m e n t u m Cardia
( Estomac
Pancréas
.Grand o m e n t u m .
(Epiploon)
Vésicule biliaire.
Courbure
duodéno-jéjunale
.Côlon transverse
Duodénum-
.Côlon ascendant
C ô l o n descendant
Jéjunum.
Mésentère
.Sinus paranaj
Canal anal
Anus
Bien qu'elle n'intervienne pas dans la digestion mais appartienne au système lympha-
:ique, la rate sera étudiée après ces derniers organes en raison des rapports topographi-
ques qu'elle entretient avec eux et avec l'estomac.
20 -
C a v i t é du pharynx
Nasopharynx
C a v i t é crânienne e t
Oropharynx
Laryngopharynx
Cavité
Œsophage
Trachée
d u larynx
Lèvre supérieure
O u v e r t u r e d e la bouche p r o p r e d e la bouche
(Fente orale)
Vestibule de la bouche
(Partie Lèvre inférieure
COUPE SAGITTALE
C a v i t é nasale nasal
Palais osseux
Palais dur
Os maxillaire
p r o p r e d e la bouche
Dents prémolaires
Récessus sublingual latéral
Vestibule d e la bouche
(Partie buccale)
Vestibule de la bouche
(Partie
Mandibule
COUPE TRANSVERSALE
CHAPITRE PREMIER
BOUCHE
La bouche (Os, oris) est en principe l'orifice initial de l'appareil digestif. Dans l'usage
courant, ce terme désigne l'ensemble de la cavité orale (Cavum oris) et des parois de
celle-ci. Portée par les deux mâchoires, la bouche occupe l'étage ventral de la face. Elle
assure la préhension des aliments, qui y subissent ensuite la mastication et l'insaliva-
tion. Elle prépare ainsi le bol alimentaire. Elle est aussi le siège de la gustation, sens
qui contrôle la prise alimentaire.
1 ) L'adjectif "buccal" dérive du latin " B u c c a " , utilisé dans la nomenclature anatomique internationale dans son sens original pour
Designer la joue et non la bouche, qui est Os, oris. On le retrouvera dans les termes : glandes buccales, artère buccale, nerf bucca], etc.
22 -
centrale, est la cavité propre de la bouche (Cavum oris proprium), qui loge la langue. Ces
deux parties communiquent largement quand les mâchoires sont écartées. Quand la bou-
che est fermée, la communication ne s'établit qu'au niveau des espaces interdentaires
(barres ou diastèmes) et d'autre part caudalement aux molaires, où existe un espace dit
rétrodentaire, qui s'ouvre de chaque côté à l'entrée du gosier. Ainsi, les liquides versés
dans la partie buccale du vestibule trouvent facilement passage par ces espaces, même
lorsque les mâchoires restent serrées de façon énergique.
La muqueuse orale (Tunica mucosa oris) tapisse la totalité de la bouche. Elle se met
en continuité avec la peau au niveau du bord libre des lèvres et avec la muqueuse pharyn-
gienne en regard de l'isthme du gosier. Elle n'est nulle part interrompue, sauf au niveau
des alvéoles dentaires, dans lesquels son derme se continue d'ailleurs par le ligament
périodontal. Elle change de caractère d'une région à l'autre, mais présente partout la même
organisation.
C'est une muqueuse dermo-papillaire, qui réalise même le type malpighien dans les
grands Ongulés. Son épithélium est exactement adapté au régime alimentaire. Il est com-
parable à celui de la peau par son assise génératrice formée de cellules cubiques hautes
et par son corps muqueux à cellules polyédriques, pourvues de filaments unitifs. Il en
diffère chez l'Homme, les Carnivores et le Porc par ses couches superficielles qui ne mon-
trent normalement aucune kératinisation et dont les noyaux cellulaires, bien que réduits
et aplatis, restent discernables jusqu'en surface. Chez les Equidés et les Ruminants, dont
l'alimentation est plus ligneuse, les assises superficielles présentent au contraire une nette
kératinisation et leurs noyaux disparaissent. Dans tous les cas se produit en surface une
abondante desquamation.
Soulignons encore la parfaite adaptation de la muqueuse orale aux actes qui s'accom-
plissent à son contact. L'épithélium est en effet très épais dans les endroits les plus
exposés au frottement des aliments qui pourraient l'éroder : c'est le cas en particulier
à la face dorsale de la langue, sur le palais et sur la face interne des joues. Les parties
habituellement soustraites au contact direct des aliments, comme la face ventrale de
la langue, sont revêtues d'une muqueuse plus mince, beaucoup plus délicate et moins
adhérente. Sur les bords des mâchoires, la muqueuse devient épaisse et très adhérente :
elle forme ainsi les gencives (Gengivae), qui scellent en quelque sorte les dents dans
leurs alvéoles. Enfin rappelons que sur la langue se différencient les organes de la
gustation.
24 -
Naseau ou narine
Palais dur
Sillon médian
de la lèvre sup. (Philtrum)
A p e x d e la langue
LèWe inférieure'
I. - PAROIS DE LA BOUCHE
Les parois de la bouche ont un rôle aussi important que celui de la langue dans la
préhension, la mastication et la déglutition des aliments. Mais ce rôle varie pour chacune
d'elles. Leur conformation et leur structure sont différenciées en conséquence.
LÈVRES (Pl. 11, 13 à 15, 20 à 22, 25, 34, 37, 41, 43, 44, 46 à 48)
Les lèvres (Labia oris) sont deux replis musculo-membraneux qui délimitent l'orifice
de la bouche. Ce dernier se présentant comme une fente transversale, on reconnaît une
lèvre supérieure (Labium superius) et une lèvre inférieure (Labium inferius), réunies de
chaque côté par une commissure (Commissura labiorum) délimitant l'angle de la bouche
(Angulus oris).
Conformation
Les deux lèvres diffèrent l'une de l'autre par la forme et la taille. La lèvre supérieure
est toujours plus grande que l'inférieure, qu'elle déborde ou couvre plus ou moins. La
différence de volume est assez faible chez les Equidés et les petits Ruminants, négligea-
ble chez l'Homme ; elle est au contraire importante chez le Porc, le Bœuf, les Carnivores
et le Lapin. Dans tous les cas on reconnaît à chaque lèvre une face externe et une face
interne, un bord libre et un bord adhérent, enfin deux extrémités qui délimitent les angles
de la bouche.
La face externe est convexe, couverte de poils analogues à ceux des autres régions
mais en général plus courts et plus fins, auxquels se mêlent de longs poils tactiles (Pili
tactiles). La lèvre supérieure est parcourue en son milieu par un sillon médian vertical
qui tend à la subdiviser en deux lobes plus ou moins distincts : c'est le sillon sous-nasal
ou philtrum (Philtrum), large et peu profond chez l'Homme, presque effacé chez les Equi-
dés, mais étroit, plus ou moins profond et prolongé jusqu'entre les narines chez les petits
Ruminants, les Carnivores, le Lapin. Chez le Porc et surtout chez le Bœuf, il est peu dis-
tinct, entouré d'une zone glabre et glanduleuse étendue jusqu'autour des narines et entrant
dans la constitution du groin (Planum rostrale) chez le Porc, du mufle (Planum nasola-
biale) chez le Bœuf. La lèvre inférieure porte à sa partie médiane et un peu caudalement
un relief charnu formant un menton (Mentum) beaucoup plus effacé chez les animaux
que chez l'Homme, où il a un support osseux (Protubérance mentale de la mandibule)
qui fait défaut chez les premiers. Ce relief est surtout distinct chez les Equidés et le Bœuf.
La face interne est concave, lisse et humide ; revêtue par la muqueuse orale, elle
est rosée, parfois pigmentée dans certaines races. Elle montre les orifices des glandes
labiales, dont le nombre et la taille varient avec les espèces et qui sont particulièrement
visibles chez les Equidés. Chez le Bœuf, les parties latérales portent des papilles délo-
morphes de plus en plus fortes en allant vers les joues. Ce sont les papilles labiales (Papillae
labiales), à surface kératinisée.
Le bord libre est généralement mince et régulier, parfois légèrement crénelé (Petits
Ruminants). Chez le Chien, il est découpé en papilles épaisses et molles (papilles labia-
les), surtout fortes près des commissures. Il montre une ligne de démarcation très nette
entre la peau et la muqueuse.
Le bord adhérent n'a pas de limite précise à l'extérieur. Dans la bouche au contraire,
il est marqué par la réflexion de la muqueuse, qui passe de la lèvre à la gencive en
formant un sillon profond : le sillon labio-gingival, supérieur ou inférieur selon la lèvre
26 -
Naseau ou narine
Lèvre
.Papilles labiales
B O U C H E DU B Œ U F
B O U C H E DU M O U T O N
considérée. Dans la plupart des espèces, l'un ou l'autre de ces sillons, voire les deux,
est interrompu par un frein (Frenulum labii), mince repli de muqueuse, généralement
médian, qui se porte de la lèvre à la gencive.
Structure
Chaque lèvre comprend deux revêtements : peau et muqueuse, qui se mettent en
continuité au niveau du bord libre. Entre les deux se trouvent des formations musculai-
res et fibreuses ainsi que des glandes, des vaisseaux et des nerfs.
La peau est mince et d'autant plus adhérente qu'elle approche du bord libre, car sa
face profonde donne attache aux terminaisons musculaires et tendineuses. Les poils tac-
tiles s'y implantent bien plus profondément que les autres : leurs follicules atteignent
la couche musculaire, où chacun d'eux est entouré d'un sinus sanguin, important réseau
veineux porté par une charpente conjonctive très richement innervée. Les glandes sudo-
ripares et sébacées deviennent rares près du bord libre. Par contre, chez le Chat, des
glandes circumorales (Glandulae circumorales), de type sébacé, se développent sur les
deux lèvres mais surtout sur l'inférieure. Quant au mufle du Bœuf, il est caractérisé, outre
l'absence de poils, par l'existence d'une couche hypodermique épaisse de glandes méro-
crines d'aspect séreux, entre les lobules desquelles s'irradient les fibres musculaires.
Le groin du Porc possède aussi des glandes de ce type (voir téguments du nez). Sous
la lèvre inférieure du Porc existent en outre des glandes mentales (Gl. mentales).
La muqueuse est lisse, pourvue de papilles hautes mais adélomorphes. Chez les Rumi-
nants, celles-ci deviennent délomorphes dans les régions latérales et prennent près des
commissures les caractères des grosses papilles de la face interne des joues. La minceur
de la muqueuse laisse généralement transparaître le réseau capillaire sous-jacent, qui lui
donne une couleur rosée plus ou moins foncée.
Les muscles ne sont autres que ceux du groupe labial des muscles cutanés de la
face. Ils ont déjà été décrits en détails en Myologie. Il suffit de rappeler que le principal
est l'orbiculaire de la bouche, formé de deux parties, dont chacune est logée dans l'une
des lèvres et se raccorde à l'autre au niveau des commissures. Sur ce muscle ou dans
la peau viennent se terminer, soit directement soit par l'intermédiaire de lames tendineu-
ses, les autres muscles de la région, dont la disposition varie beaucoup avec les espèces
(voir : Myologie).
Les glandes labiales (Glandulae labiales) sont situées dans la sous-muqueuse et plus
abondantes à la lèvre supérieure qu'à la lèvre inférieure. Ce sont des glandes salivaires
de type tubulo-acineux, simples ou lobulées, de type muqueux chez les Carnivores et les
petits Ruminants, séreux ou mixte à dominance séreuse dans les autres espèces. Toujours
plus nombreuses près des commissures, elles sont particulièrement développées chez
les Equidés, moins abondantes chez les Ruminants et le Porc, éparses chez les Carnivores.
Le sang est apporté par les artères labiales, supérieure et inférieure (cette dernière
double chez le Bœuf), respectivement renforcées par des rameaux anastomotiques
de l'infra-orbitaire et de l'alvéolaire inférieure. Chez les Equidés, la lèvre supérieure reçoit
en outre les terminaisons du tronc palato-labial, vaisseau impair formé par l'union
des deux artères palatines majeures et sortant du canal interincisif. Les anastomoses
r
G r o i n (Planum rostrale)
Narine
A n g l e d e la bouche
Commissure des lèvres
Dent canine
A p e x d e la langue
Lèvre inférieure
BOUCHE DU PORC
Lèvre supérieure
Frein d e la lèvre.inférieure
Lèvre inférieure
A p e x d e la langue
BOUCHE DU CHIEN
i
- 29
artério-veineuses sont nombreuses, surtout chez le Bœuf. Les veines ne sont que par-
tiellement satellites des artères et leur disposition varie avec les espèces. Les lymphati-
ques sont particulièrement nombreux. Ils aboutissent essentiellement aux nœuds
mandibulaires. Accessoirement, ceux de la lèvre supérieure vont dans quelques espèces
(Bœuf) aux nœuds parotidiens.
Les nerfs ont deux origines. La sensibilité est apportée par les rameaux labiaux des
nerfs infra-orbitaire et alvéolaire inférieur, tous deux issus du nerf trijumeau. La motricité
vient des rameaux bucco-labiaux du nerf facial.
Rôle
Les lèvres interviennent activement dans la préhension des aliments solides et dans
l'aspiration des liquides. Elles retiennent les aliments dans la bouche pendant la mastica-
tion et empêchent l'écoulement de la salive au-dehors. Ce sont en outre des organes
du tact fort délicats, qui peuvent intervenir dans le tri des substances à ingérer. Leur mobi-
lité varie toutefois beaucoup avec les espèces ; elle est particulièrement grande chez les
Equidés, alors que les lèvres du Bœuf, surtout la supérieure, sont très peu mobiles.
Chaque joue (Bucca) constitue une paroi latérale de la bouche. Elle est plus étendue
et moins bien délimitée à sa face externe qu'à sa face interne.
Conformation
A l'extérieur, la joue s'étend du bord ventral de la mandibule à la crête faciale et
à une ligne prolongeant celle-ci au-delà du tubercule facial. Elle est subdivisible en une
région massétérique (Regio masseterica) ou "plat de la joue", correspondant au puis-
sant muscle masséter, dur et aisément discernable sous la peau, et une région buccale
ou buccinatrice (Regio buccalis), située plus rostralement et allant jusqu'à l'angle de la
bouche. Encore nommée "poche de la joue", cette seconde région est beaucoup plus
mince et plus mobile. Elle est relativement brève mais très extensible dans les espèces
où la bouche est largement fendue (Carnivores, Porc). Elle est au contraire longue chez
les Equidés et les Ruminants. A son bord caudal, contre le masséter, on peut percevoir
dans la plupart des espèces le faisceau des artère et veine faciales (la veine est seule
chez les petits Ruminants et le Porc), accompagné chez le Cheval, le Bœuf et le Porc
par le conduit parotidien.
A l'intérieur, les limites de la joue sont bien plus nettes. Ce sont : rostralement, l'angle
de la bouche ; caudalement, le pli ptérygo-mandibulaire (Plica pterygomandibularis), relief
muqueux étendu du palais à la mandibule, derrière la dernière molaire ; enfin, en haut
et en bas, les sillons bucco-gingivaux (anciennement "jugo-gingivaux"), supérieur et infé-
rieur, formés par la réflexion de la muqueuse orale entre la joue et les mâchoires. Lisse
dans la plupart des espèces, la face interne de la joue est pourvue chez les Ruminants
de grosses papilles buccales (Papillae buccales) dures et dirigées caudalement. Elle porte
des poils rudes chez le Lapin. Elle montre d'autre part le débouché du conduit parotidien
et ceux, plus petits et nombreux, des glandes buccales ; la disposition de ces divers
orifices varie avec les espèces (voir Particularités spécifiques). La terminaison du con-
duit parotidien est en général portée par une petite élevure : la papille parotidienne (Papilla
parotidea).
3 0 -
R. massétérique
de l'a. c a r o t i d e externe
Glande parotide
Conduit parotidien
M . parotido-auriculaire V. jugulaire
M. zygomato-auriculaire
A. et V. transverses de la face
Rameaux buccaux du n. f a c i a l
M . masséter
M . sterno-
céphalique
Veine linguo-faciale
Conduit parotidien
Veine faciale
A r t è r e faciale
Muscle z y g o m a t i q u e
Glandes labiales
Muscle f r o n t a l
C o n d u i t naso-lacrymal
Septum nasal
A. V.
et N. i n f r a - o r b i t a i r e s
Sinus maxillaire
Choanes
Sinus palatin
Aponévrose superficielle
du m. masséter
Muscle zygomatique
Muscle masséter
S I . buccales dorsales
Palais dur
Vestibule oral
R. buccal du n. facial
Muscle buccinateui
C o r p s de la langue
N o y a u graisseux
Nerf lingual
A. V. prof, langue
N e r f buccal
Veine faciale
Slandes buccales ventrales
Conduit parotidien
Gl. sublinguale
Conduit mandibulai
Muscle hyo-glosse
A r t è r e faciale
A . V . e t N. a l v é o l a i r e s i n f é r i e u r s
Muscle digastrique
A r t è r e e t veine sublinguales M . génio-
hyoïdien
M . t r a n s v e r s e de la m a n d i b u l e
S l a n d e mandibulaire M . génio-glosse
N e r f hypoglosse
M . parotido-auriculaire (coupé)
Glande parotide
N œ u d lymph. parotidien
M . masséter (coupé)
G l . buccales dorsales
Veine jugulaire
externe
M. parotido-
auriculaire (coupé)
Veine linguo-faciale
Conduit parotidien
Conduit parotidien
A . e t V. faciales
Structure
Comme les lèvres, les joues sont constituées par la peau et la muqueuse orale, entre
lesquelles se disposent des muscles et des glandes, ainsi que les vaisseaux et nerfs.
La peau, couverte de poils plus longs que ceux des lèvres, est mince et adhère plus
ou moins à la portion faciale du muscle cutané du cou, qui lui communique sa mobilité.
La muqueuse, dont l'aspect vient d'être décrit, possède la même structure que celle
des lèvres. Elle est pourtant plus épaisse et adhérente. Elle porte en outre les terminai-
sons du conduit parotidien et des multiples conduits excréteurs des glandes buccales.
Les muscles sont essentiellement le buccinateur et l'abaisseur de la lèvre inférieure,
que couvre caudalement le muscle masséter et auxquels se joignent les muscles zygo-
matique et abaisseur de l'angle de la bouche. Le muscle ptérygoi'dien médial couvre la
face médiale de la branche de la mandibule. Au bord crânial et sous la partie adjacente
du masséter, le conjonctif devient plus abondant et un amas graisseux ou corps adipeux
de la joue (Corpus adiposum buccae) se développe plus ou moins selon les espèces. Celui-ci
paraît destiné à favoriser le glissement du masséter sur les muscles sous-jacents. Bien
développé chez l'Homme, il est pratiquement absent chez les Carnivores et le Lapin, rudi-
mentaire chez les Ongulés.
Les glandes buccales ont des caractères histologiques voisins de ceux des glandes
labiales. Elles sont comme elles tubulo-acineuses et de type mixte. Mais leur organisa-
tion fait transition entre celle des glandes salivaires diffuses et celle des glandes agmi-
nées. Les glandes buccales dorsales réalisent même le plus souvent ce dernier type. Dans
tous les cas, les canaux excréteurs sont multiples et chacun d'eux draine plusieurs lobu-
les. Chez les Equidés, les Ruminants et le Chien, les glandes dorsales sont de type muqueux
presque pur et les glandes ventrales de type séreux.
Les vaisseaux sont multiples. Les artères viennent principalement de la faciale,
directement ou par ses branches labiales, ainsi que de la buccale et, pour la région
34 -
Vestibule d e la bouche
(Partie labiale) Tubercule latéral
Commissure des
A n g l e de la bouche
C r ê t e s palatines
Vestibule d e la bouche
(Début de la
Vestibule d e ta bouche
(Partie buccale) Raphé du palais
Partie terminale
du conduit parotidien
Première molaire (M. I)
A r t è r e faciale
Veine faciale
Bord cdudal
du palais dur
Espace
M . p t é r y g o ï d i e n médial
Branche de la mandibule
M . digastrique O s t i u m intrapharyngien
Les nerfs proviennent, comme ceux des lèvres, des nerfs trijumeau et facial. Le pre-
mier apporte, outre la motricité aux muscles masticateurs, la sensibilité à toute la région :
dans la partie rostrale par les nerfs infra-orbitaire et mental, partout ailleurs par le nerf
buccal et le nerf auriculo-temporal. Il comporte en outre un contingent de fibres végéta-
tives, en particulier pour les glandes buccales. Le nerf facial, moteur pour les muscles
qui n'appartiennent pas au groupe masticateur, voit les fibres du nerf auriculo-temporal
se mêler à ses branches de terminaison pour contribuer à former avec elles le plexus sous-
zygomatique ou buccal, dont la situation est très superficielle.
Rôle
Les joues interviennent très activement dans la mastication en repoussant par l'action
de leurs muscles, en particulier du buccinateur, les aliments sous les faces triturantes
des molaires.
PALAIS DUR (Pl. 11, 17 à 22, 24, 34, 37, 41, 43, 44, 46 à 48)
Le palais dur (Palatum durum), ou par abréviation palais, constitue la paroi dorsale
de la bouche, qu'il sépare des cavités nasales. Délimité par l'arcade dentaire supérieure,
il se continue caudalement par le palais mou ou voile du palais au niveau de l'arcade pala-
tine. Exactement moulé sur la voûte palatine osseuse, il est donc supporté par les pro-
cessus palatins des maxillaires, complétés rostralement par les os incisifs et caudalement
par les palatins.
Conformation
Légèrement excavé d'un côté à l'autre, revêtu d'une muqueuse épaisse et ferme,
parfois plus ou moins pigmentée, le palais présente des reliefs dont la disposition est carac-
téristique de l'espèce, voire de l'individu, mais qui sont toujours : la papille incisive, le
raphé médian et les crêtes transverses.
1. - La papille incisive (Papilla incisiva) est un relief impair situé juste derrière les inci-
sives centrales. Encadrée de deux élevures transversales plus faibles, souvent peu dis-
tinctes, elle porte, près de chacun de ses bords latéraux, un orifice en forme de fente
qui donne accès au conduit incisif, dont l'autre extrémité s'ouvre dans la cavité du nez
(voir : organe voméro-nasal, page 621 ). Ces orifices manquent chez les Equidés et chez
l'Homme, où le conduit s'oblitère au cours du développement mais où son emplacement
est souvent marqué par une petite fossette. Chez les Ruminants, où les incisives supé-
rieures font défaut, la papille incisive est comme encastrée au bout d'un fort sillon médian
qui encoche le bord rostral d'un large coussinet dentaire (Pulvinus dentalis), lequel rem-
place ces dents et résulte d'un fort épaississement semi-lunaire de la gencive.
2. - Le raphé du palais (Raphe palati) est la trace de la soudure médiane des proces-
sus palatins latéraux de l'embryon. Il commence près de la papille et peut être suivi jusqu'au
voisinage du palais mou. Il a un aspect variable avec les espèces, voire les individus. C'est
soit une faible crête (Chien, Ruminants, Homme), soit un léger sillon (Equidés, Porc, Lapin),
ce caractère étant quelquefois inversé chez certains sujets. Il est médian et à peu près
rectiligne mais peut être légèrement dévié par endroits ; il présente même une disposi-
tion en zigzag lorsque les crêtes palatines sont très marquées et discordantes.
36 -
Lèvre supérieure!
' Partie g l a b r e . O r i f i c e oral
du c o n d u i t incisif
Vestibule d e la bouche
(Partie labiale) Raphé du palais
Papilles buccales
Deuxième prémolaire (P. Il)
C o u p e de la joue-
Raphé du palais
Vestibule d e la bouche
(Partie buccale)
A r t è r e faciale
Veine faciale
Partie caudale
du palais dur
Conduit parotidien
M . masseter
Espace r é t r o d e n t a i r e
PALAIS DE BŒUF
(vue ventrale, après ablation d e la mandibule e t d e la langue)
Papilles labiales
A n g l e de
Papilles labiales
la bouche
Angle de
la bouche
Papilles buccales
Papilles buccales
C o u p e de la joue
d e la joue
3. - Les crêtes palatines (Rugae palatinae) sont des reliefs transversaux qui pren-
nent naissance sur le raphé et se portent vers les bords latéraux du palais en décrivant
le plus souvent une ou deux inflexions à concavité caudale. Elles sont bien plus nom-
breuses chez les Herbivores (Cheval : 17 ou 18, Bœuf : 16-18, Mouton : 14-16, Porc :
21-23, Lapin : 15-16) que chez les Carnivores (Chien : 6-10, Chat : 7-8). Les plus cau-
dales s'effaçant en général de façon progressive et des inégalités existant assez sou-
vent entre les deux côtés, la détermination de leur nombre est parfois difficile. Dans chaque
espèce, ce dernier peut en outre varier au-delà des valeurs moyennes indiquées ci-dessus.
Chaque crête est formée par une élevure de la muqueuse déterminant deux plans incli-
nés dont le caudal est beaucoup plus abrupt que le rostral, disposition évidemment favo-
rable à l'acheminement des matières alimentaires vers le pharynx. Le bord des crêtes
est dur, lisse dans la plupart des espèces ; chez le Bœuf toutefois, il est pourvu de papil-
les courtes et rudes, qui lui donnent un aspect denticulé, aspect à peine discernable chez
les petits Ruminants. Enfin, les crêtes occupent toute ou presque toute l'étendue du palais
dur chez le Lapin, les Equidés, le Porc et les Carnivores, où les dernières arrivent près
du voile du palais. Chez les Ruminants, elles n'occupent que les deux tiers rostraux du
palais, qui reste lisse en arrière. Leur place est plus réduite encore chez l'Homme.
Les glandes palatines (Glandulae palatinae) ont un développement très inégal selon
les espèces. Elles sont tubulo-acineuses, de type muqueux (Homme, Herbivores) ou mixte
(Carnivores). Chez l'Homme, elles constituent une couche épaisse qui envahit la profon-
deur de la sous-muqueuse sauf au niveau du raphé médian. Elles sont beaucoup moins
développées chez les Mammifères domestiques, où elles sont présentes seulement dans
la partie caudale du palais. Elles y sont surtout bien représentées chez les Ruminants
et le Chien, mais très peu abondantes chez le Cheval. Chez le Porc, elles manquent dans
cette région mais sont au contraire présentes dans les parties rostrales du palais.
La sous-muqueuse est directement continue avec la propria mucosae. Elle est épaisse
et fibreuse, formant une lame adhérente au plan osseux, dont le périoste se confond avec
elle. Elle supporte un lacis de veines à média épaisse, qui collectent le dense réseau capil-
laire de la propria mucosae. Ce lacis est particulièrement développé chez les Equidés,
où il possède de véritables sinus veineux et se comporte comme un tissu érectile. Il forme
chez eux une véritable couche caverneuse (Stratum cavernosum) en particulier dans le
tiers rostral de la région. Il est également bien développé chez les Carnivores.
Le palais osseux (Palatum osseum), qui sert de support à l'ensemble, a déjà été décrit
(voir Ostéologie). Ajoutons seulement que les fissures palatines sont obturées par les
expansions cartilagineuses du septum nasal, qui supportent la muqueuse du conduit incisif.
Les artères ont des provenances multiples. Mais la principale est toujours la palatine
majeure, qui aborde la région par le canal palatin majeur et marque son empreinte dans
38 -
O r i f i c e oral du c o n d u i t incisif
G r o i n (Planum rostrale)
Tubercule latéral
Dents incisives supérieures
-Vestibule d e la bouche
Raphé du palais
(Partie labiale)
C r ê t e s palatines
Première prémolaire
A n g l e d e la bouche
Commissure des lèvres
C o u p e de la joue
Dernière molaire
Raphé du palais
PALAIS DU PORC
Philtrum
O r i f i c e oral du c o n d u i t incisif
Papille incisive
Lèvre supérieure
Première prémolaire
Vestibule d e la bouche
(Partie labiale)
C r ê t e s palatines
d e la bouche
Raphé d u
Palais mou
M . masseter
PALAIS DU CHIEN
le sillon palatin. Chez les Equidés, cette artère présente une disposition particulière et
alimente un tronc palato-labial (voir caractères spécifiques). De façon accessoire, l'artère
ou les artères palatines mineures donnent quelques divisions à la partie la plus voisine
du palais mou. Les veines forment des réseaux très importants. Elles sont drainées par
des effluents (Veines palatines) qui n'accompagnent pas l'artère principale dans son canal,
mais rejoignent avec ceux du palais mou le plexus veineux ptérygoi'dien, que collecte
la veine maxillaire. Les lymphatiques de la moitié rostrale du palais dur sont drainés par
les noeuds mandibulaires, ceux de la moitié caudale par les nœuds rétropharyngiens
médiaux, la répartition effective des efférents étant variable avec les espèces.
Quant aux nerfs, ils sont sensitifs et vasomoteurs. Ils proviennent du nerf maxillaire
(division du trijumeau) et du ganglion ptérygo-palatin. Ce sont les nerfs palatins et acces-
soirement des divisions des nerfs naso-palatin et ptérygo-palatin. Les principaux forment
des plexus autour des artères palatines.
Rôle
Le palais dur donne appui aux aliments poussés et brassés par le dos de la langue.
Il a ainsi un rôle passif mais important dans la mastication. En outre, la disposition de
ses crêtes aide à la progression des aliments vers le pharynx et facilite le premier temps
de la déglutition. On peut ajouter que son intégrité est nécessaire à la succion des liqui-
des : les fissures palatines, qui résultent d'une soudure incomplète des processus pala-
tins latéraux de l'embryon, constituent ainsi des malformations graves, qui s'opposent
à la survie du jeune en l'absence de correction chirurgicale.
PALAIS MOU OU VOILE DU PALAIS (Pl. 11, 1 9 à 24, 32 à 35, 41, 43, 46 à 48)
Appendu à l'arcade palatine, le palais mou (Palatum molle) prolonge caudalement
le palais dur. C'est une cloison contractile et mobile qui sépare la cavité orale de celle
du pharynx, dans lequel s'engage en outre comme un rideau son extrémité caudale, ce
qui lui vaut encore le nom de voile du palais (Vélum palatinum). Il délimite avec la racine
de la langue le fond de la cavité orale et au-delà de celui-ci, une sorte de conduit incliné
en direction caudo-ventrale : le gosier (Fauces), lequel appartient déjà au pharynx.
Conformation
Oblique en direction ventro-caudale, le palais mou est épais, déformable, irrégulière-
ment quadrilatère. Etroit et très long chez les Equidés, il est au contraire large et bref
chez l'Homme. Ses proportions sont intermédiaires dans les autres Mammifères. On lui
reconnaît deux faces, l'une orale et l'autre pharyngienne, et quatre bords dont un seul,
ventro-caudal, est libre.
La face orale est légèrement concave et présente un raphé médian diversement mar-
qué selon les espèces et les individus, souvent peu distinct. Sa muqueuse forme des rides
ou des sillons irréguliers, longitudinaux et transversaux 11 ' ; elle est pourvue de papilles
délomorphes chez le Chat. Elle montre aussi de nombreux petits orifices excréteurs appar-
tenant aux glandes salivaires sous-jacentes. De chaque côté, à quelque distance du bord
libre, on voit se détacher de cette face un épais repli muqueux qui se porte sur le bord
( I l Chez les Chameaux mâles existe un repli muqueux transversal qui prend un développement extrême lors du rut. Gonflé
par l'air expiré, ce repli prend l'aspect d'un ballonnet rougeâtre qui sort alors par l'angle de la bouche et sert de résonateur au
gargouillis constituant l'appel sexuel.
Cerveiet
Protubérance o c c i p i t a l e externe Partie basilaire d e l'os occipital
S t y l o h y o i d e u m ( d a n s la p o c h e g u t t u r a l e ) M . long d e la t ê t e
Cartilage aryténoïde H é m i s p h è r e cérébral gauche
Laryngopharynx
Poche gutturale ('le septum médian a é t é déchiré par la coupe)
Lame du c a r t i l a q e c r i c o ï d e
Bourse pharyngienne
A r c dorsal d e l'atlas
S e p t u m médian des sinus f r o n t a u x
O r i g i n e d e l'œsophage,
O s t i u m pharyngien de la t r o m p e a u d i t i v e
L i g a m e n t cervical
. C a v i t é du na sopharynx
A r c d e l'axis
Gosier
Palais mou
Racine de la langue
/ Septum nasal
Palais osseux
Palais dur
O s nasal
C o n d u i t incisif
Corps
de l'os incisif
Vestibule
d e la bouche
Lèvre inférieure
A p e x d e la langue
atéral de la racine de la langue : c'est le pilier ou mieux arc palato-glosse (Arcus palato-
glossus). Ce relief délimite avec celui du côté opposé et avec la racine de la langue un
-étrécissement qui forme la démarcation entre la cavité orale et le pharynx : c'est l'isthme
du gosier (Isthmus faucium) 11 '.
Le bord rostro-dorsal est très épais ; attaché à l'arcade palatine, il continue le palais
dur.
Les bords latéraux sont insérés sur les os palatins et ptérygoïdes et se continuent
avec les parois latérales de la cavité orale et du pharynx.
Le bord libre, ventro-caudal, est beaucoup plus mince que son opposé et concave
: un côté à l'autre. Il présente chez l'Homme un fort prolongement médian, cylindro-
conique à pointe mousse : l'uvule palatine (Uvula palatina) ou luette, absente chez les
Mammifères domestiques mais dont un faible rudiment existe toutefois chez les Rumi-
nants et le Porc. De chaque côté, ce bord se continue par un repli muqueux : le pilier
ou mieux arc palato-pharyngien (Arcus palatopharyngeus) qui se porte sur la paroi laté-
-ale puis sur la paroi caudale du pharynx, où il tend à rejoindre celui du côté opposé.
Entre l'arc palato-glosse et l'arc palato-pharyngien existe une dépression latérale plus
DU moins profonde selon les espèces : la fosse tonsillaire (Fossa tonsillaris), occupée par
a tonsille palatine (Tonsilla palatina) - anciennement : "amygdale palatine". Ces forma-
: ons seront décrites à propos du pharynx, auquel elles appartiennent.
Structure
Le palais mou est supporté par une lame fibreuse qui donne insertion à divers mus-
cles chargés de le mouvoir. Cet ensemble est tapissé sur chacune de ses faces par une
:oùche de glandes. Le tout est compris entre deux muqueuses : l'une orale et l'autre
-asale, qui se mettent en continuité près du bord libre. Enfin, l'ensemble reçoit des vais-
seaux et des nerfs.
M U S C L E S - Quatre paires de muscles mobilisent le palais mou. Deux sont logées dans
son épaisseur même : muscles palatins et palato-pharyngiens. Deux autres en sont exté-
• eures mais s'y terminent entièrement : ce sont les muscles tenseurs et élévateurs du
• oile du palais.
(1) En toute logique, i'Anatomie comparée et la Physiologie devraient conduire à reconnaître deux parties dans le palais mou.
- jne, la plus vaste chez les Mammifères domestiques mais courte chez l'Homme, est très peu mobile, tendue entre l'arcade pala-
- -e et les crêtes ptérygo-palatines ; elle prolonge directement le palais dur et sépare la cavité orale de celle du nasopharynx. C'est
e ? le que devrait être réservée la désignation de "palais mou". L'autre est infiniment plus mobile et son orientation est différente
; - repos, plus verticale : ce serait le "voile du palais" proprement dit. Sa face orale donne attache aux arcs palato-glosses, au-delà
lesquels elle est intrapharyngienne. Cette dernière partie, très courte chez l'Homme, est au contraire longue dans d'autres Mammi-
^ e s (Equidés). Elle sépare alors le gosier de la cavité propre du pharynx. On notera d'ailleurs qu'avant l'édition de 1966, les
. A. établissaient très justement une distinction entre "Palatum molle" et "Vélum palatinum".
4 2 -
Stylohyoideum
M . hyo-pharyngien
M . ptérygo-pharyngien M . thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
Palais mou
(Voile du M . œsophagien
longitud. lat.
Racine
d e la
Trachée
Cartilage
cricoïde
M. crico-thyroïdien
Cartilage thyroïde
M . thyro-hyoïdien
M . palato-pharyngien
M . hyo-glosse
A r c palato-glosse
M . stylo-glosse
M . génio-hyoïdien
M . génio-glosse
M. palatin (M. palatinus) : c'est un petit muscle cylindroïde et allongé, accolé sur
; igné médiane à celui du côté opposé à la face dorsale de l'aponévrose palatine et du
~uscle palato-pharyngien. Il naît sur l'aponévrose palatine, tout près de l'arcade pala-
• ^e ou sur cette dernière même et se porte vers le bord libre du voile du palais en s'insi-
~_ant plus ou moins dans l'épaisseur de la couche glanduleuse. Sa contraction raccourcit
e palais mou, sur le bord libre duquel se fait la terminaison. Chez l'Homme, les fibres
se portent jusque dans la luette, qu'elles sont chargées de mobiliser, d'où son autre nom :
~ j s c l e de l'uvule (M. uvulae).
M. tenseur du voile du palais (M. tensor veli palatini) : ce petit muscle était ancien-
nement nommé "péristaphylin externe" par les auteurs français. Il est allongé, aplati d'un
:5té à l'autre, renflé en son milieu, aminci et tendineux à ses extrémités. Situé sous la
rase du crâne, il prend origine sur le processus musculaire de l'os temporal et se porte
direction rostro-ventrale. Son tendon terminal se réfléchit de dehors en dedans sur
e crochet ptérygoïdien pour s'élargir ensuite et se confondre avec l'aponévrose pala-
• "e, qui en est en quelque sorte un épanouissement. Il répond latéralement au muscle
ctérygoïdien médial et médialement à l'élévateur du voile du palais, qui le sépare de la
:*ompe auditive. Il est tenseur de l'aponévrose palatine et abaisse le palais mou vers la
-seine de la langue. On le considère aussi comme dilatateur de la trompe auditive. Son
-nervation provient de la branche mandibulaire du nerf trijumeau.
M. élévateur du voile du palais (M. levator veli palatini) : anciennement nommé "péris-
taphylin interne" par les auteurs français, ce muscle est placé médialement au précé-
dent, avec lequel il prend origine sur le processus musculaire du temporal. Il forme une
tandelette qui s'élargit en direction rostro-ventrale et passe entre la trompe auditive et
e muscle précédent, puis abandonne ce dernier pour se porter médialement au ptérygo-
: laryngien. Il se place ainsi sous la muqueuse du pharynx et atteint le voile du palais.
s'épanouit là à la face dorsale du palato-pharyngien et confond sur la ligne médiane
ses fibres avec celles du côté opposé. C'est un élévateur du palais mou, qu'il tire en même
temps caudalement. Il est dans une certaine mesure antagoniste du précédent. Il a été
considéré également comme constricteur de la trompe auditive, mais il semble qu'il soit
plutôt chargé de dilater son orifice pharyngien.
"ommées "glandes staphylines", ce sont en fait les plus caudales des glandes palatines
Gl. palatinae), dont nous connaissons déjà les caractères. Elles sont extrêmement déve-
rppées dans le palais mou, au point de former à la face ventrale de celui-ci, entre la cou-
:ne fibro-musculeuse et la muqueuse une couche épaisse, atteignant 4 à 5 mm chez
Homme, 3 à 4 mm chez le Chien, 2 à 3 cm chez le Cheval. Leur répartition varie toute-
"3is beaucoup selon les espèces. Les multiples conduits qui drainent leurs lobules débou-
t e n t sur la muqueuse de la face orale par des orifices assez facilement discernables.
La couche de ces glandes salivaires se prolonge de chaque côté en une traînée qui
suit l'arc palato-glosse et se raccorde à celle de la racine de la langue. Ainsi est consti-
tuée au niveau de l'isthme du gosier une ceinture glandulaire complète, dont la sécrétion
mucus enrobe le bol alimentaire et aide la déglutition.
Le raccordement des deux muqueuses ne se fait pas exactement sur le bord libre
du voile mais sur son revers dorso-caudal. Au niveau du bord libre lui-même, la muqueuse
orale perd presque complètement sa disposition papillaire mais son épithélium, aminci,
conserve la structure pavimenteuse et stratifiée. Cette zone intermédiaire, peu étendue
chez le nouveau-né, semble s'agrandir constamment avec l'âge.
Rôle
Le palais mou constitue une sorte de clapet réglant le transit pharyngien. Au repos,
est en effet en contact plus ou moins étendu selon les espèces avec la racine de la
langue. Les cavités du nez communiquent alors largement avec le pharynx, dans la cavité
duquel est béante l'entrée du larynx. La respiration s'effectue ainsi sans encombre par
la voie nasale. Pendant la déglutition, le voile du palais s'élève et se plaque contre la paroi
dorsale du pharynx tandis que l'épiglotte se rabat sur l'entrée du lar.ynx. La respiration
est alors interrompue et le bol alimentaire acheminé de la bouche vers l'œsophage.
Lèvre inférieure
Lèvre inférieure
Dents incisives
Papilles labiales
D é b u t du pli sublingual
CHIEN
oroprement dit) - est bref et très mobile, la respiration peut s'effectuer aussi aisément
par la bouche que par les narines et le vomissement se fait par la bouche. La respiration
orale est un peu plus difficile chez les Ruminants mais l'organisation du palais mou et
sa commande neurale sont parfaitement adaptées à la remontée des aliments vers la bou-
che. Par contre, les Equidés sont pourvus d'un voile du palais très long, relativement peu
mobile et dont le bord libre vient embrasser de façon étroite la base de l'épiglotte, rabat-
tue à sa face dorsale. La respiration orale est ainsi rendue impossible. De plus, lorsque
le bol alimentaire est arrivé à l'entrée de l'oesophage, le voile du palais reprend sa place
primitive et s'oppose alors au retour des aliments vers la bouche. Ainsi, lorsqu'un obsta-
cle quelconque empêche ceux-ci de descendre dans l'oesophage, les matières arrêtées
ne peuvent être rejetées que par la voie nasale. Il en est de même dans le vomissement
très rare chez les Equidés).
Conformation
Cette paroi de la bouche est simple et à peine excavée rostralement, dans la partie
qui ne donne pas attache à la langue. Elle s'élargit caudalement de façon progressive
et se trouve en même temps subdivisée par l'insertion de cet organe en deux sillons laté-
'aux profonds et divergents : les récessus sublinguaux latéraux.
La région rostrale correspond à la face dorsale de la partie incisive de la mandibule.
Elle donne attache sur le plan médian au frein de la langue (Frenulum linguae), mince
repli muqueux vertical. Un peu plus rostralement et de chaque côté, on voit la caroncule
sublinguale (Caruncula sublingualis), anciennement nommée "barbillon" : c'est une éle-
vure muqueuse plus ou moins aplatie dorso-ventralement, de conformation variable avec
es espèces ; à son sommet (ou à sa face ventrale, chez les Ruminants) vient déboucher
ie canal excréteur de la glande mandibulaire, auquel se joint (sauf chez les Equidés et
le Lapin), celui de la glande sublinguale monostomatique. Dans certaines espèces (Che-
val, Chèvre), il existe dans son voisinage une faible glande paracaronculaire (Gl. paraca-
runcularis). Enfin, au voisinage des incisives centrales se trouve dans la plupart des
espèces, de chaque côté du plan médian, un minuscule orifice qui donne accès à un organe
vestigial, correspondant peut-être à la glande sublinguale rostrale des reptiles : l'organe
oro-basal (Organum orobasale), composé de quelques canaux épithéliaux rudimentaires,
branchés sur un collecteur central. Enfin, il existe dans quelques espèces de petits amas
de nodules lymphatiques, rudiments de tonsille sublinguale (Tonsilla sublingualis).
Constitution anatomique
La muqueuse est continue avec celle de la langue et d'autre part avec les gencives.
Elle est mince, un peu moins chez les Herbivores, où elle est blanchâtre, que chez
r
4 8 -
Stylohyoideum
Entrée d u l a r y n x :
Récessus p i r i f o r m e A r c palato-pharyngien
Voile d u palais
(Fendu par le milieu e t réclir A r c palato-glosse
Racine de la langue
Papilles foliées
(et tonsille linguale)
d u m. masséter
Papille circumvallée
Bord d e la langue
Papilles f o n g i f o r m e s
Sillon b u c c o - g i n g i v a l inférieur
C o r p s d e la langue
Espace i n t e r d e n t a i r e (Barre)
Joue (coupée e t réclinée)
A p e x d e la Sillon médian
(VUE DORSALE, APRÈS ISOLEMENT PAR SECTION DES JOUES ET DES BRANCHES MANDIBULAIRES)
LA PAROI DORSALE DU PHARYNX ET LE PALAIS MOU ONT ÉTÉ INCISÉS PAR LE MILIEU ET RABATTUS
L
- 49
les Carnivores et chez l'Homme, où sa transparence laisse voir le réseau sanguin sous-
jacent qui lui donne une teinte rouge plus ou moins vive. Elle est adhérente et un peu
plus épaisse dans la région rostrale, où elle répond directement à la mandibule. Elle s'amin-
cit et devient beaucoup plus lâchement unie aux plans sous-jacents dans les récessus
sublinguaux latéraux, où elle couvre la glande sublinguale, ses canaux excréteurs, le canal
mandibulaire et leurs vaisseaux satellites, ainsi que la face médiale du muscle mylo-
hyoïdien. Ce dernier, uni sur le plan médian à son opposé, forme une véritable sangle
qui soutient tous ces organes ainsi que la langue. Sa contraction peut appliquer vigou-
reusement cette dernière contre le palais.
II. - LANGUE
La langue (Lingua) est un fort appendice musculeux, impair et médian, porté par le
plancher de la bouche et revêtu d'une muqueuse papillaire spécialisée. Unie à l'os hyoïde
et à la mandibule, solidarisée au larynx, au pharynx et au palais mou, elle repose sur la
sangle formée par les deux muscles mylo-hyoïdiens. A l'état de repos, elle couvre tout
le plancher sublingual et remplit la cavité propre de la bouche quand les mâchoires sont
rapprochées. Elle assume un rôle important dans la préhension et la mastication des ali-
ments. C'est aussi l'organe du goût. Elle intervient enfin dans la déglutition et, de façon
très accessoire chez les animaux, dans la phonation.
Comme la face et la cavité orale elle-même, la langue est courte et large chez l'Homme
et le Chat, étroite et longue chez les Herbivores. La muqueuse qui la revêt, continue cau-
dalement avec celle de l'épiglotte et du pharynx, se réfléchit dans les récessus sublin-
guaux latéraux au niveau des deux tiers caudaux de sa face ventrale, de façon à laisser
passer les muscles qui l'unissent au plancher oral et à l'os hyoïde.
La langue présente ainsi une partie libre, rostrale et une partie fixe, bien plus éten-
due. La première constitue l'apex de la langue. A la seconde, on reconnaît une partie
épaisse, qui occupe la région moyenne de l'organe et en constitue le corps, et une partie
caudale ou racine, inclinée jusqu'à l'épiglotte.
1. - Apex.
L'apex de la langue (Apex linguae) est très mobile, libre, porté en appendice. Déprimé
dorso-ventralement, il est mince chez les Carnivores, les Equidés, le Lapin, un peu plus
épais chez l'Homme et le Porc, très épais chez les Ruminants.
Sa face dorsale, convexe chez le Bœuf, est planiforme ou légèrement excavée dans
es autres espèces. Elle continue le dos de la langue, dont elle partage les caractères,
qui sont seulement moins accusés. Dans certaines espèces, elle est pourvue d'un sillon
médian qui lui est à peu près limité (Equidés, Lapin) ou prolonge celui du corps de la ian-
gue (Chien, Homme).
La face ventrale est lisse, légèrement convexe, continue avec les faces latérales du
corps. Sa partie caudale montre sur le plan médian l'attache d'un repli muqueux vertical
très lâche qui l'unit au plancher de la bouche : c'est le frein de la langue (Frenulum linguae).
Les deux faces sont séparées par un bord arrondi, de forme variable avec les espè-
ces, raccordé aux bords latéraux du corps.
50 -
Laryngopharynx
O r i g i n e de l'œsophage (ouverte et étalée)
Récéssus p i r i f o r m e
Paroi dorsale du pharynx
Entrée du larynx : (incisée e t réclinée)
Fente g l o t t i q u e
Cartilage aryténoïde
Arc palato-pharyngien
Vestibule du larynx
C o r d e vocale
Repli a r y - é p i g l o t t i q u e
Epiglotte C o u p e de la branche
V d e la mandibule
Vallécule é p i q l o t t i q u e C o u p e du m . masséter
Repli glosso-
épiglottique médian Sinus tonsillaire
e t tonsille palatine
Tonsille linguale
Voile du palais
Racine d e la langue
(coupé et récliné)
A r c palato-glosse
Papilles circumvallées
Papilles lenticulaires
A r c a d e molaire inférieure
Vestibule d e la bouche
(Partie buccale)
Fosse linguale
Papilles buccales
Dos d e la langue
Papilles fongiformes
Bord d e la langue
C o u p e d e la joue
Papilles labiales
(VUE DORSALE, APRÈS ISOLEMENT PAR SECTION DES JOUES ET DES BRANCHES MANDIBULAIRES)
LA PAROI DORSALE DU PHARYNX ET LE PALAIS MOU ONT ÉTÉ INCISÉS PAR LE MILIEU ET RABATTUS
- 51
2. - Corps
Le corps de la langue (Corpus linguae) est irrégulièrement prismatique, avec trois
"aces, une dorsale et deux latérales, réunies par trois bords.
La face dorsale constitue le dos de la langue (Dorsum linguae) et répond au palais
quand la bouche est fermée. Elle est pourvue d'un sillon médian (Sulcus medianus lin-
guae) très net chez le Chien et l'Homme. Ce sillon existe aussi chez les Equidés et le
-apin, mais il est chez eux limité à la partie rostrale du corps et plus marqué sur l'apex.
Dans la plupart des espèces, le dos de la langue est régulièrement convexe d'un côté
à 'autre. Chez les Ruminants, une forte tubérosité, le torus lingual (Torus linguae) rendu
ugueux par de grosses papilles kératinisées occupe sa moitié caudale. Un relief similaire
existe chez le Lapin ; une élevure longitudinale mal délimitée en constitue une ébauche
•hez le Porc. Juste au-devant du torus existe chez le Bœuf une dépression profonde,
a fosse linguale (Fossa linguae), qui manque chez les petits Ruminants. Tout le dos de
a langue est revêtu d'une muqueuse épaisse, blanchâtre ou pigmentée chez les Herbi-
• ares, plus mince et transparente chez les Carnivores, où le réseau sanguin sous-jacent
J donne une teinte rosée ou rouge vif. Il est hérissé d'une multitude de papilles délo-
-lorphes qui seront décrites plus loin. Certaines de ces dernières, peu nombreuses mais
très volumineuses, sont particulièrement visibles et leur disposition est caractéristique.
Ce sont les papilles circumvallées (Papillae vallatae), délimitées chacune par un profond
sillon circulaire. Elles sont situées de façon à peu près symétrique à l'extrémité caudale
2u dos de la langue. On en trouve une paire chez les Equidés, le Porc, le Lapin, plusieurs
oaires dans les autres espèces, (deux ou trois chez les Carnivores, quatre ou cinq chez
Homme, une dizaine chez le Bœuf) où elles forment alors de chaque côté une rangée
double chez les Ruminants) qui dessine avec celle du côté opposé une sorte de " V "
ouvert rostralement. L'alignement de ces papilles marque la limite de deux parties de la
muqueuse linguale d'origine différente. Toute la muqueuse du corps et de l'apex pro-
ent de l'ectoderme du stomodeum de l'embryon, alors que celle de la racine est d'ori-
; ne endodermique, dérivée de la partie crâniale de l'intestin primitif.
Les faces latérales sont particulièrement hautes chez les Herbivores, surtout les Equi-
pés et le Lapin. Elles deviennent étroites et franchement plus ventrales chez les Carnivo-
res et chez l'Homme, où leur ensemble constitue, avec la face correspondante de l'apex,
a face ventrale de la langue (Faciès ventralis linguae). Dans le cas des Herbivores, la
muqueuse y montre deux zones distinctes : l'une, dorsale, forme une bande qui se situe
en regard des dents molaires et dont l'aspect est un peu comparable à celui de la face
dorsale ; l'autre, ventrale, continue avec celle de la face ventrale de l'apex, est lisse, avec
-n revêtement bien plus mince et peu adhérent. Cette zone est en fait seule présente
n e z les Carnivores et chez l'Homme, la partie épaisse et papillaire n'allant guère au-delà
:es bords de l'organe.
Les bords latéraux séparent la face dorsale des faces latérales. A chacun d'eux est
-éservée l'appellation de "bord de la langue" (Margo linguae). Ils sont épais, revêtus d'une
muqueuse identique à celle de la face dorsale. A leur extrémité caudale, juste devant
attache de l'arc palato-glosse, une zone oblongue, souvent peu visible, est incisée de
sillons transversaux profonds et très étroits : il s'agit de l'organe latéral du goût, assem-
:iage de papilles foliées (Papillae foliatae). Cette formation est très réduite chez le Chien
et fait défaut chez les Ruminants. Chez le Porc et les Carnivores, les bords portent chez
e nouveau-né près de l'apex et sur celui-ci des touffes ou rangées de papilles marginales
D apillae marginales), souples et molles, qui aident la succion du lait et disparaissent
ensuite.
Le bord ventral n'est pas libre ; il est pour ainsi dire virtuel. C'est par lui que pénè-
trent dans la langue les muscles, les vaisseaux et les nerfs qui entrent dans la constitu-
tion de l'organe et le relient au plancher de la bouche.
Planche 28 - VARIÉTÉS DE PAPILLES LINGUALES NON GUSTATIVES
3. - Racine.
La racine de la langue (Radix linguae) fait suite au dos de l'organe et s'incline forte-
ment en direction caudale. Elle constitue le plancher du gosier et s'étend jusqu'à la base
de l'épiglotte. De chaque côté, elle est continue avec l'arc palato-glosse et avec la fosse
tonsillaire. Elle est fortement plissée et mamelonnée, surtout chez les Equidés et chez
l'Homme ; chez le Porc et les Carnivores, elle est hérissée de papilles filiformes très hau-
tes et molles. Elle porte de multiples petits orifices appartenant aux glandes linguales
(Glandulae linguales), glandules salivaires analogues à celles du palais mou, ainsi que de
nombreux nodules lymphatiques formant une tonsille linguale (Tonsilla lingualis) plus ou
moins nette. Dans la plupart des espèces existe en outre, sur le plan médian, une étroite
dépression : le trou borgne (Foramen caecum linguae), que prolonge parfois un petit con-
duit impair plus ou moins profond, vestige du canal thyréo-glosse (Ductus thyreoglos-
sus) d'où procède chez l'embryon la glande thyroïde. De chaque côté du trou borgne
se trouve enfin un faible sillon qui dessine avec son opposé un " V " ouvert rostralement :
c'est le sillon terminal (Sulcus terminalis).
STRUCTURE
Dans la constitution de la langue, entrent : une muqueuse pourvue d'annexes glan-
dulaires et ly.mphoïdes, une charpente conjonctivo-fibreuse, des muscles et enfin des vais-
seaux et des nerfs.
Les papilles filiformes (Papillae filiformes) sont de loin les plus nombreuses. Elles sont
imitées à un champ qui couvre toute la face dorsale, apex compris, et les bords de l'organe.
Elles servent essentiellement à retenir les substances alimentaires et sapides à la sur-
face de la langue et sont aussi des organes de tact très délicats uniquement innervés
par des fibres du nerf lingual, branche du trijumeau. Ces papilles dépassent longuement
la surface de la muqueuse et sont coiffées d'un prolongement épithélial qui en augmente
la saillie. Elles sont simples ou ramifiées en bouquets (papilles coroliformes), plus ou moins
hautes selon l'espèce et l'emplacement. Elles sont souvent disposées en séries linéaires
parallèles, allant du centre de la langue vers les bords en formant des chevrons ouverts
vers l'avant. Cette disposition est particulièrement nette chez l'Homme et les Carnivo-
res. La souplesse de ces papilles donne à la langue un aspect velouté dans les espèces
54 -
où elles ne sont pas mêlées d'un grand nombre de papilles coniques dures et pointues,
comme chez le Chat, ou entièrement remplacées par elles, comme chez le Bœuf.
Les papilles coniques (Papillae conicae) sont épaisses, rigides et presque toujours
simples. Elles présentent un développement caractéristique chez le Bœuf, où elles rem-
placent les papilles filiformes. Leur épithélium, fortement kératinisé, est porté par une
papille dermique principale qui délègue dans son épaisseur de petites papilles secondai-
res. Réparties sur toute la langue, elles présentent des types divers, dont la localisation
apex, bords, dos) est fixe. Certaines d'entre elles possèdent en outre quelques bour-
geons gustatifs 111 . Ces papilles sont également présentes chez le Mouton et la Chèvre,
mais sont chez eux beaucoup moins volumineuses et moins kératinisées. Un autre type
existe chez le Chat, où il est souvent qualifié à tort de "filiforme". Il s'agit de papilles
puissantes, très hautes et aiguës, légèrement incurvées, auxquelles un épithélium épais
et fortement kératinisé confère de la rigidité. La base de chacune d'elles n'est pas direc-
tement insérée sur la surface de la muqueuse, mais portée par une papille basale courte
et épaisse, qui la maintient orientée en direction caudale. Ces papilles permettent à la
langue d'agir dans cette espèce comme une râpe.
Les papilles lenticulaires (Papillae lenticulares) sont particulières aux Ruminants. Elles
sont peu nombreuses, disséminées sur le torus lingual auquel elles permettent de fonc-
tionner comme une sorte de meule. Elles sont arrondies, basses, et leur structure est
comparable à celle des précédentes, dont elles constituent une variété.
Les papilles fongiformes (Papillae fungiformes) sont arrondies, renflées à leur som-
met, souvent pédiculées, d'où leur aspect en champignon. Bien moins nombreuses que
les papilles filiformes ou coniques, elles se trouvent sur le dos de la langue et la face
dorsale de l'apex, souvent en plus grand nombre sur les bords ou dans leur voisinage
-Cheval, Bœuf), voire à la face ventrale. Leur support conjonctif richement vascularisé
leur donne en général un aspect rougeâtre et brillant. Il délègue dans l'épaisseur de 1 'épi-
thélium des prolongements secondaires qui portent souvent des bourgeons du goût. Ainsi,
ces papilles, simplement tactiles quand ces derniers font défaut (cas surtout fréquent
chez les grands Ongulés), sont aussi gustatives et font à ce titre transition avec les types
suivants. Leur innervation est assurée par des fibres de deux origines, dont le plus grand
nombre vient du nerf lingual, les autres venant de la corde du tympan.
La masse centrale est portée par une élevure dermique très vascularisée et hérissée
de nombreux prolongements noyés dans l'épithélium. Sur ses flancs, c'est-à-dire dans
la paroi concentrique du sillon, se voient de nombreux bourgeons du goût, décrits ci-
dessous. Au fond du sillon, on voit déboucher des canaux irréguliers qui drainent les lobules
(1) Bien que classées dans le type " m é c a n i q u e " , ces papilles font donc transition vers le type " g u s t a t i f " . Ce caractère inter-
médiaire est plus net encore pour les papilles fongiformes. Il existe d'autre part des formes intermédiaires entre les papilles coniques
vraies, à épithélium fortement kératinisé, et les papilles filiformes, dont certaines, courtes et épaisses, restent molles et n'ont de
conique que la forme.
Pore gustatif lingual
Epithéliocyte de
Epithéliocytes de soutien
profonds
En haut, à gauche : Surface d'une papille circumvallée de Bœuf, vue au microscope électro-
nique à balayage (Gr.x 10). Noter le caractère asymétrique et les sillons radiaires du vallum,
ainsi que la dépression centrale de la papille, elle-même séparée du vallum par un profond
sillon circulaire.
En haut, à droite : Papille circumvallée identique, après élimination de l'épithélium. La pro-
pria mucosae est hérissée de très nombreuses micropapilles dermiques (adélomorphes).
Les ouvertures des glandes salivaires sont bien visibles au fond du sillon.
Préparations du Pr Scala, Naples (Italie).
En bas : Schéma d'un bourgeon gustatif.
- 57
Les glandes de la langue sont de deux sortes. Les principales sont les glandes lin-
guales, déjà mentionnées, qui sont salivaires de type muqueux. Elles forment une cou-
che souvent importante à la base de l'organe et constituent avec les glandes palatines
une sorte d'anneau dont la sécrétion enrobe le bol alimentaire et facilite la déglutition.
58 -
1 - Coupe de papilles foliées d ' u n Cheval (Gr. : x 20). Noter les sillons papillaires,
au fond desquels débouchent les canaux excréteurs des glandes gustatives, dont
une partie des lobules est visible en bas de la photo. Les bourgeons du goût sont
bien visibles sous forme de petites taches claires dans l'épithélium tapissant les
parois des sillons. La propria mucosae lance des papilles adélomorphes dans l'épi-
thélium sommital des feuillets papillaires.
2 - Coupe d'une papille circumvallée de Chevai (Gr. : x 6). Noter la présence des bour-
geons du goût dans l'épithélium des flancs de la papille, la disposition du sillon
limitant et l'existence des glandes gustatives (près du bord inférieur de la photo).
3 - Bourgeons gustatifs dans un sillon d'une papille foliée de Lapin (Gr. : x 60).
4 - Bourgeons gustatifs de la même préparation (Glychémalun - Erythrosine).
(Gr. : x 140). La flèche indique un pore gustatif.
- 59
Cette couche se prolonge plus ou moins loin sur les côtés de la langue et souvent jusque
sous l'apex, où un petit amas s'isole dans certaines espèces (Homme) et constitue la
glande linguale apicale (Glandula lingualis apicalis). Beaucoup moins abondantes mais
plus spécialisées sont les glandes gustatives, glandes séreuses décrites plus haut à pro-
pos des papilles du goût.
Quant aux nodules lymphatiques, ils constituent la tonsille linguale, déjà mention-
née et dont la description sera reprise à propos du pharynx. Chez le Porc, la racine de
la langue porte d'autre part d'épaisses papilles coniques et souples chargées de nodules
lymphatiques : ce sont les papilles tonsillaires (Papillae tonsillares).
CHARPENTE CONJONCTIVO-FIBREUSE
La langue est soutenue par une charpente conjonctive qui se densifie à la périphérie
en une mince aponévrose et surtout sur le plan médian, où elle forme un septum.
MUSCLES DE LA LANGUE (Pl. 23, 32, 33, 39, 40, 42, 45 à 48)
Il existe trois paires bien isolables de muscles extrinsèques, qui se portent de l'os
hyoïde ou de la mandibule à l'intérieur de la langue. Ce sont, dans l'ordre de superposi-
tion, les muscles stylo-glosses, hyo-glosses et génio-glosses. La langue possède en outre
une masse musculaire intrinsèque : le muscle lingual propre, dans lequel des subdivisions
peuvent être discernées plus ou moins nettement selon les espèces.
Le muscle stylo-glosse (M. styloglossus) est une longue bandelette aplatie d'un côté
à l'autre et formée de fibres parallèles de couleur rouge vif. Il s'étend sur le côté de la
langue en situation superficielle, depuis le stylohyoideum jusqu'au bord latéral de l'apex.
Il prend origine par une mince lame aponévrotique à la face latérale du stylohyoideum.
Il se termine dans l'apex de la langue, où ses fibres s'épanouissent sur la face ventrale
et se mêlent en partie à celles du muscle opposé. Il est en rapport au niveau du corps
de la langue avec le muscle mylo-hyoïdien, la glande sublinguale, le nerf lingual et le con-
duit mandibulaire par sa face latérale, avec les muscles hyo-glosse et génio-glosse par
sa face médiale. Dans l'apex, il est placé immédiatement sous la muqueuse. Il raccourcit
la langue et la tire au fond de la bouche quand il agit en même temps que son opposé.
Il l'incline latéralement lorsqu'il agit seul.
Le muscle hyo-glosse (M. hyoglossus) est beaucoup plus puissant que le précédent.
Large, aplati d'un côté à l'autre, il est formé de fibres obliques en direction dorso-rostrale,
60 -
M . palato-pharyngien
M . ptérygo-pharyngien
M . stylo-pharyngien rostral
M . stylo-pharyngien caudal
M . hyo-pharyngien
M . thyro-pharyngïen
M . crico-pharyngien
M . œsophagien
longitudinal latéral
Œsophage
Trachée
M . sterno-thyroïd-
M. crico-thyroïdien
Ligament crico-thyroïdien
thyroïde
M . thyro-hyoïdien
Tonsille palatine
Arc palato-glosse
M . hyo-glosse
Corps de la langue
M . stylo-glosse
M . génio-hyoïdien
M . génio-glosse
d'autant plus longues qu'elles sont plus ventrales. Il prend origine sur le côté de la corne
thyroïdienne, du corps et du prolongement lingual de l'os hyoïde. Il s'élève de là en direc-
tion rostrale en couvrant la petite corne de cet os. Il passe sous le muscle précédent puis
s'étale sous la muqueuse de la face latérale et du bord de la langue. Certaines de ses
fibres se réfléchissent médialement et se mettent en continuité avec le système des fibres
transversales. La plupart gagnent le bord latéral de l'organe pour s'épanouir ensuite à
la face dorsale, où elles adhèrent intimement à l'aponévrose. Ce muscle est en rapport :
latéralement avec les m. mylo-hyoïdien et stylo-glosse, le nerf hypoglosse, le conduit
mandibulaire et la muqueuse linguale ; médialement, avec le cératohyoideum, l'épihyoi-
deum et le stylohyoideum, le m. génio-glosse, l'artère linguale et les divisions terminales
des nerfs glosso-pharyngien, hypoglosse et lingual. Il abaisse la racine de la langue et
tire l'ensemble de l'organe en direction ventro-caudale, de côté ou directement selon qu'il
agit seul ou en même temps que celui du côté opposé.
Le muscle génio-glosse (M. genioglossus) est aplati d'un côté à l'autre et adossé
sur le plan médian à celui du côté opposé, dont ne le sépare qu'une mince lame conjonc-
tive dépendant du septum lingual. Il est semi-penné, ses fibres rayonnant à partir d'un
tendon longitudinal situé rostralement, le long de son bord ventral. Ce tendon, parallèle
à celui du génio-hyoïdien, prend origine sur la surface génienne de la mandibule. Les fibres
charnues qui s'en détachent divergent fortement : les plus rostrales se recourbent dor-
salement pour gagner l'apex de la langue ; les autres se dirigent dorsalement puis de plus
en plus vers l'arrière. La plupart viennent se terminer sous la muqueuse du dos de la lan-
gue et se mettent en continuité avec le système des fibres verticales du muscle lingual
propre. Les plus caudales vont jusqu'à l'os hyoïde. Le bord ventral du génio-glosse longe
le génio-hyoïdien tandis que ses fibres les plus rostrales passent dans le frein de la lan-
gue. La face latérale est couverte par le muscle hyo-glosse, la glande sublinguale, l'artère
linguale et les divisions des nerfs de la langue. Les muscles génio-glosses sont protrac-
teurs de la langue par leurs fibres les plus caudales : ils sont aidés en cela par les génio-
hyoïdiens, qui portent l'os hyoïde vers l'avant. Les fibres moyennes tirent la langue en
direction ventrale et l'appliquent contre le corps de la mandibule ; elles peuvent dépri-
mer le dos de l'organe en son milieu. Les plus rostrales enfin ramènent l'apex dans la
bouche et le plaquent contre le plancher de cette cavité.
Le muscle lingual propre (M. lingualis proprius) est formé d'une intrication de faisceaux
dont les groupes principaux, plus ou moins isolables selon les espèces, ont été décrits
chez l'Homme comme autant de muscles distincts. Les plus visibles sont les fibres longitu-
dinales superficielles (Fibrae longitudinales superficiales), qui se portent, sous l'aponé-
vrose du dos de la langue, de l'apex à la racine, où elles sont en général mieux discerna-
bles ; un faisceau se porte même jusqu'à l'os hyoïde. Il existe aussi des fibres longitudinales
profondes (Fibrae longitudinales profundae), situées à la face ventrale de l'apex et qui
viennent se perdre à la profondeur des faces latérales. Les fibres verticales (Fibrae per-
pendiculares) se portent du dos à la face ventrale de l'organe. Comme les précédentes,
elles ne sont pas strictement intrinsèques, mais se raccordent au moins en partie aux
terminaisons des muscles intrinsèques. Enfin, les fibres transverses (Fibrae transversae)
vont d'un bord à l'autre. La contraction coordonnée de ces divers faisceaux peut donner
à la langue les formes et proportions les plus variées et modifier sa consistance.
Les artères ont plusieurs sources mais la principale est toujours l'a. linguale (A. lingualis)
qui provient de la carotide externe, soit directement (Homme, Carnivores, Porc, Mouton
CD
ro
A r t è r e carotide externe.
Muscle stylo-hyoïdien
Nerf glosso-pharyngien
A r t è r e palatine ascendante
Tronc linguo-facial
Artère linguale
RACINE DE LA LANGUE^
Papilles foliées
M. stylo-glosse
CORPS DE LA LANGUE
M . stylo-glosse
M. génio-glosse
VUE LATÉRALE, APRÈS ISOLEMENT. ON A CONSERVÉ LES ARTÈRES ET LES NERFS DE LA LANGUE.
- 63
et Chèvre) soit par l'intermédiaire d'un tronc commun : le tronc linguo-facial (Truncus
linguofacialis) d'où procède également l'artère faciale (Equidés, Bœuf, Lapin). L'artère
linguale se termine (sauf chez les Carnivores et habituellement chez les Equidés) en regard
de la racine de la langue, latéralement au muscle hyo-glosse, par les artères profonde
de la langue et sublinguale. L'artère profonde de la langue (A. profunda linguae) conti-
nue sans démarcation précise la linguale chez les Carnivores et les Equidés. Elle pénètre
dans la racine de la langue en passant au bord dorsal puis à la face profonde du muscle
hyo-glosse et se porte jusqu'à l'apex en échangeant de grêles et nombreuses anastomo-
ses avec celle du côté opposé. Ses branches les plus remarquables sont les rameaux dor-
saux de la langue (Rami dorsales linguae), qui irriguent le dos de l'organe et dont les plus
caudaux peuvent venir directement de l'artère linguale. L'artère sublinguale (A. sublin-
gualis) provient soit de la faciale (Carnivores, Equidés), soit de la linguale (Ruminants,
Porc, Homme) et pénètre par le bord ventral du corps. Les divisions ultimes des bran-
ches de toutes ces artères destinées à la muqueuse forment un très riche réseau dans
la propria mucosae. De ce réseau partent de grêles et nombreuses anses capillaires des-
tinées aux papilles.
Les veines ne sont que partiellement satellites des artères et présentent de grandes
variations interspécifiques. Ce sont les veines linguale (V. lingualis) et sublinguale (V. sub-
lingualis). La première reçoit les veines dorsales de la langue (V. dorsales linguae) et pro-
fonde de la langue (V. profunda linguae). Elle rejoint la veine faciale près du bord ventral
du muscle ptérygoïdien médial.
La langue reçoit une très riche innervation, apportée par les nerfs lingual, glosso-
pharyngien et laryngé crânial pour la sensibilité, par le nerf hypoglosse pour la motricité.
Comme les vaisseaux, tous ces nerfs sont très flexueux à l'intérieur de l'organe.
Le nerf lingual (N. lingualis) est une branche terminale du nerf mandibulaire, division
du trijumeau (V). Il apporte aussi des filets issus du nerf intermédiaire (VII bis) par la corde
du tympan. Après avoir contourné le bord ventral du muscle stylo-glosse, il plonge entre
les m. hyo-glosse et génio-glosse pour rejoindre l'artère linguale. Il se distribue à la
muqueuse du corps et de l'apex de la langue, à laquelle il apporte la sensibilité (générale,
tactile et gustative, cette dernière par les fibres venant de la corde du tympan). Il émet
en outre des filets pour l'arc palato-glosse et les papilles foliées, ainsi que d'autres pour
la glande sublinguale ; ces filets proviennent surtout de la corde du tympan.
Le nerf laryngé crânial (N. laryngeus cranialis), issu du vague (X) envoie quelques
filets sensitifs à la racine de la langue, près de l'épiglotte.
Quant au nerf hypoglosse (N. hypoglossus), c'est celui de la Xll° paire crânienne.
Il est exclusivement moteur et se distribue à tous les muscles de la langue.
FONCTIONS
Par sa muqueuse, siège des organites du goût, la langue assure la gustation, dont
le rôle est capital dans la sélection des aliments et la préparation des phénomènes
O)
Cervelet
Hémisphère' cérébral d r o i t
Tronc cérébral pharyngienne-
Sinus frontal
Poche gutturale
G r a n d e volute
C a v i t é du nasopharynx long d e
O s t i u m pharyngien de la t r o m p e auditive la t ê t e
M é a t nasal dorsal
C o r n e t nasal dorsal
M é a t nasal moyen
C o r n e t nasal ventral
M é a t nasal v e n t r a l
Pli basai
O s incisif e t conduit
incisif
Lèvre supérieure
A r c palato-
pharyngien
Moe'lle épinière
Laryngopharynx
A r c ventral d e l'atlas
Lame du cartilage c r i c o ï d e
Œsophage
C a v i t é du larynx
(partie infra giottique)
Trachée
Lèvre
Vestibule de le bouche
A r c du cartilage- cricoïde
Partie incisive d e la mandibule Palais dur
C o r d e vocale
C a v i t é p r o p r e d e la bouche
i langue omo-hyoïdien
Corps de
Ventricule du larynx
Palais mou
Gosier Cartilage thyroïde
C o r p s d e l'os hyoïde
Va lié eu le é p i g l o t t i q u e
PASSANT UN PEU A GAUCHE DU PLAN MÉDIAN, PARTIE DROITE DE LA COUPE. VUE MÉDIALE.
- 65
digestifs. C'est aussi un organe du tact extrêmement délicat, qui contrôle en outre
la température des aliments et possède une proprioception très précise, nécessaire à la
mastication.
Toutes ces interventions sont assurées grâce à des mouvements très variés et pré-
cis, qu'on peut schématiquement classer en deux groupes. Les uns peuvent modifier en
tous sens la forme de l'organe lui-même. Les autres sont des mouvements d'ensemble,
qui ne résultent pas seulement de l'intervention des muscles extrinsèques ; ils dépen-
dent en partie des déplacements de l'os hyoïde, auquel la langue est appendue. Et comme
le pharynx et le larynx sont également attachés à cet os, il existe entre les trois organes
une solidarité remarquable, dont rend compte leur intervention commune dans la déglu-
tition.
Les joues (Pl. 16, 19) sont en conséquence très longues, relativement étroites et
peu extensibles ; elles couvrent toute l'étendue des arcades molaires. La région massé-
térique est plate, carrée, et la région buccinatrice allongée. La face interne est tout à fait
lisse. La papille parotidienne est saillante, avec un orifice large, en regard de la dernière
prémolaire supérieure. En face de chaque arcade molaire se voit en outre une série de
petits tubercules portant les orifices des glandes buccales. Parmi ces dernières, les dor-
sales sont les plus développées. Elles couvrent le bord correspondant du buccinateur et
sont divisibles en un groupe rostral très dissocié, formant une traînée large de 10 à 1 5 mm
66 -
Lèvre supérieure
Papille incisive
Vestibule de la bouche
(Partie labiale)
Tubercule latéral
Frein labio-gingival
_ Raphé du palais
A n g l e de la bouche
C r ê t e s palatines
Vestibule d e la bouche
(Début de la p a r t i e buccale)
Partie terminale
du conduit parotidien
Veine faciale
Bord câudal
du palais dur
Espace
Branche d e la m a n d i b u e
A r c palato-glosse (coupé)
Voile du pale :
Branche de la mandibule
Son sillon média-
Poche gutturale _
Fosse tonsillai r r
Stylohyoideum
Tonsille palatine
M . s t y l o p h a r y n g i e n caudal
. Arc palato-pharyngie-
M . digastrique _
Q s t i u m intrapharyngie*
Glande parotide
Paroi latérale du pharynx (coupée
A . c a r o t i d e externe Poche g u t t u r a l
Le palais (Pl. 19, 22, 24, 35) est long (27 ou 28 cm en moyenne chez le Cheval,
I 7 ou 18 chez l'Ane), à peine plus large au niveau des molaires que près des incisives,
où il est en outre très épais, surtout chez le jeune. La papille incisive est quadrangulaire,
dépourvue d'ouverture des canaux incisifs, à l'emplacement desquels se montrent par-
fois deux faibles dépressions. Elle est encadrée par deux larges tubercules triangulaires,
allongés à pointe latérale et parfois remplacés par une simple crête. Le raphé est bien
marqué jusqu'au niveau de l'arcade palatine. On compte 1 7 ou 18 paires de crêtes pala-
tines, avec des variations extrêmes de 1 5 à 20. Concaves caudalement, ces crêtes sont
fortes près des incisives et s'effacent progressivement dans la partie caudale, où elles
restent pourtant discernables jusque près du palais mou. Les cinq ou six premières sont
souvent dissymétriques et irrégulières, au point que leur dessin est caractéristique de
l'individu. Il est fréquent qu'un décalage, de plus en plus net vers l'arrière, se manifeste
entre les deux côtés, les crêtes situées en regard des molaires arrivant à alterner. La struc-
ture est caractérisée : par la rareté des glandes palatines, seulement présentes près du
palais mou ; par l'extrême richesse du réseau veineux, qui forme dans la moitié rostrale
une véritable couche érectile ; enfin, par le volume des artères palatines majeures, qui
se réunissent en arcade en regard de la troisième crête palatine ; maintenue par deux
petites languettes cartilagineuses, cette arcade émet une artère impaire (Tronc palato-
labial) qui passe dans le canal interincisif pour gagner la lèvre supérieure.
Le palais mou (Pl. 19, 22 à 24, 27, 33 à 35) est très long (14 à 1 5 cm chez le Che-
val), peu mobile ; son bord libre vient embrasser étroitement la base de l'épiglotte. De
ce fait, la respiration orale est impossible et la régurgitation des aliments ou le vomisse-
ment se font uniquement par la voie nasale. La face orale est bilobée par un sillon médian
séparant deux larges saillies constituées par l'amas des glandes palatines. Extrêmement
abondantes dans la moitié rostrale, celles-ci deviennent rares dans la moitié caudale et
disparaissent près du bord libre. La muqueuse, blanchâtre et très ridée, présente un grand
nombre de petits orifices appartenant à ces glandes. Elle est pourvue également de nom-
breux nodules lymphatiques, les uns disséminés, les autres groupés pour former une ton-
sille vélaire. Les arcs palato-glosses sont insérés à distance du bord libre. La fosse tonsillaire
est large mais peu profonde et la tonsille palatine diffuse, non individualisée. Les nodu-
les lymphatiques sont également nombreux sous la muqueuse de la face pharyngienne,
dont les glandes sont aussi abondantes. Rappelons enfin l'existence d'une aponévrose
palatine particulièrement développée mais limitée à la moitié rostrale de l'organe.
Le plancher sublingual (Pl. 25) est étroit, avec une muqueuse blanchâtre. Les caron-
cules sublinguales sont aplaties dorso-ventralement, arrondies avec une base un peu rétré-
cie, prolongée par un mince repli muqueux. A leur sommet débouche le canal mandibulaire.
Autour de chacune d'elles existe un rudiment de tonsille sublinguale et un peu plus ros-
tralement, une petite glande salivaire particulière, dite "glande paracaronculaire". L'organe
oro-basal est représenté par un canal étroit, long de moins d'un centimètre, ouvert tout
près de l'incisive centrale.
La langue (Pl. 22, 23, 26, 32, 33, 34, 36) est particulièrement longue (40 cm envi-
ron chez le Cheval, 30 à 35 chez l'Ane) et étroite (6 à 8 cm chez le Cheval, 5 chez l'Ane) ;
isolée, elle pèse environ 1 200 g chez le Cheval, 800 chez l'Ane, avec de très larges
variations individuelles. L'apex est long, très aplati dorso-ventralement et très mobile.
II est un peu rétréci à sa base, élargi et spatulé à son extrémité libre, limité par un bord
68 -
Stylohyoideum
Entrée du l a r y n x !
Repli a r y - é p i q i o t t i q u e C o r d e vocale
Récessus p i r i f o r m e A r c palato-pharyngien
Voile du palais
(Fendu par le milieu e t récliné) . A r c palato-glosse
Racine d e la langue
Papilles foliées _
(et tonsille linguale)
d u m. masséter
Papille circumvallée
d e la langue
A r c a d e molaire inférieure
Bord d e la langue
Papilles f o n g i f o r m e s
Sillon b u c c o - g i n g i v a l inférieur
C o r p s de la l a n g u e .
A p e x d e la médian
(VUE DORSALE, APRÈS ISOLEMENT PAR SECTION DES JOUES ET DES BRANCHES MANDIBULAIRES)
LA PAROI DORSALE DU PHARYNX ET LE PALAIS MOU ONT ÉTÉ INCISÉS PAR LE MILIEU ET RABATTUS
- 69
arrondi. Sa face dorsale, molle et tomenteuse, montre un net sillon médian. La face ven-
trale porte un frein médian simple et très ample. Le corps de la langue est comprimé d'un
côté à l'autre. Le dos est convexe, blanchâtre, couvert comme la face dorsale de l'apex
par un gazon de papilles filiformes molles et relativement courtes. Le sillon médian de
l'apex s'y prolonge à peine. L'extrémité caudale du dos porte deux grosses papilles cir-
cumvallées, rarement une troisième, médiane et un peu plus caudale. Cette dernière dis-
position est très fréquente mais non absolument constante chez l'Ane. Les papilles
fongiformes sont surtout visibles près des bords, ainsi que sur l'apex. Les papilles foliées
forment de chaque côté une masse oblongue de 2 à 3 cm de long, juste au-devant de
l'arc palato-glosse. Les faces latérales, très hautes, sont nettement divisibles en deux
bandes longitudinales d'aspect différent. La bande dorsale est riche en papilles et blan-
châtre, avec une muqueuse encore très adhérente. La partie ventrale est au contraire
lisse, rosée et sa muqueuse est peu adhérente. On y voit toutefois quelques papilles fon-
giformes et une traînée de petits orifices appartenant aux glandes linguales. La racine
de la langue est couverte d'une muqueuse très irrégulière, folliculeuse et ridée, portant
une tonsille linguale diffuse. Elle possède en outre une couche assez épaisse de glandes
linguales muqueuses, qui se prolonge en une traînée longue et étroite sur chacune des
faces latérales. Un élément remarquable de la structure est enfin le cartilage dorsal de
la langue, cordon long d'une dizaine à une quinzaine de centimètres, épais de 5 à 6 mm
à sa partie rostrale et aminci caudalement. Ce cordon adhère le plus souvent à la face
profonde de la muqueuse du dos de la langue ; il est parfois situé un peu plus profondé-
ment mais reste toujours relié à la muqueuse par une courte lame fibreuse. Un cordon
bien plus grêle et moins isolé de la muqueuse existe parfois à la face ventrale de l'apex.
BŒUF (Pl. 14, 17, 18, 20, 25, 27, 32, 37 à 39)
La bouche est plus courte et plus large que chez les Equidés mais ses possibilités
d'ouverture restent faibles. Elle est adaptée à une préhension rapide et à l'ingestion de
végétaux sommairement mâchés, ainsi qu'à leur régurgitation et à la mastication
mérycique.
Les lèvres (Pl. 14, 20, 25, 37) sont épaisses et rigides, relativement peu mobiles
malgré le volume de leurs muscles. La lèvre supérieure, beaucoup plus grosse que l'infé-
rieure, n'est pourvue de poils que dans ses parties latérales, où se montrent en outre
quelques longs poils tactiles. Sur une large surface centrale, sa face externe est glabre,
rosée ou diversement pigmentée selon les races, toujours humide chez l'animal en bonne
santé. Cette zone cutanée, qui se prolonge jusqu'entre les narines, au bord médial des-
quelles elle se raccorde, constitue le mufle ou planum naso-labial. Elle est parcourue par
un réseau de sillons qui délimitent des aires polygonales irrégulières, sur lesquelles de
multiples orifices marquent le débouché de glandes particulières : les glandes naso-labiales.
Ces dernières constituent sous la peau une couche épaisse, véritable pannicule glandu-
laire, dont les lobules sont drainés par des canaux confluents. Il s'agit de glandes tubulo-
acineuses de type mérocrine, considérées comme des glandes sudoripares modifiées.
Leur organisation ressemble à celle des glandes salivaires et leur sécrétion, commandée
comme celle de ces dernières par le comportement alimentaire, est stimulée en particu-
lier par la présence et la prise des aliments. La lèvre inférieure est en retrait, surplombée
partout par la supérieure. Sa face externe est entièrement couverte de poils courts, mêlés
de forts poils tactiles. Sur le bord libre, il existe une petite zone de raccordement entre
la peau ordinaire et la muqueuse, zone constituée par une bande de peau mince, glabre,
pourvue de petites papilles arrondies. La houppe du menton est présente mais beaucoup
moins volumineuse et moins mobile que chez les Equidés. La face interne des deux lèvres
est lisse vers son milieu ; elle est pourvue sur les côtés de papilles coniques (papilles
7 0 -
Palais osseux
C o r n e t nasal dorsal
M é a t nasal moyen
C o r n e t nasal ventral
M é a t nasal
ventral
Pli
Pli
Os
incisif
Mufle
Narine
droite
Coussinet
dentaire Trachée
Lèvre inférieure O r i g i n e d e l'œsophage
Vestibule d e la bouche Lame d u c a r t i l a g e c r i c o ï d e
A p e x d e la langue C a v i t é du larynx (partie i n f r a g l o t - )
O r g a n e voméro-nasal Cartilage aryténoïde
Partie incisive d e la m a n d i b u l e . Entrée duji$rynx
C a v i t é p r o p r e d e la bouche Cartilage thyroïde
Palais dur C o r p s d e l'os h y o ï d e
Fosse linguale Vallécule é p i g l o t t i q u e
Torus lingual Gosier
Les joues (Pl. 17, 18, 20) sont plus courtes et plus larges que chez les Equidés. Leur
face interne est hérissée de nombreuses papilles coniques dures (papilles buccales),
obliques en direction caudale, simples pour la plupart, quelquefois composées. Ces papilles
sont très grosses près des angles de la bouche, puis leur taille décroît en regard des pré-
molaires et seule une faible traînée se poursuit au niveau des molaires supérieures. Il existe
trois groupes de glandes buccales. Le groupe dorsal, jaune clair, s'étend du voisinage
de l'angle de la bouche au bord rostral du m. masséter, sous lequel il s'engage. Le groupe
ventral est compact, rouge brun, élargi jusque sous ce muscle ; il est couvert en grande
partie par l'abaisseur de la lèvre inférieure. Le groupe des glandes buccales intermédiai-
res est placé entre les deux plans du m. buccinateur ; faible et diffus, il est souvent peu
distinct. Les nombreux conduits excréteurs des divers groupes débouchent en regard
des molaires, par autant d'orifices dont la plupart sont portés par de petits tubercules
et certains, surtout pour les glandes dorsales, s'ouvrent au sommet de grosses papilles
coniques.
Le palais dur (Pl. 1 7, 20, 37) est large et arrondi rostralement, rétréci au-devant des
prémolaires et élargi à nouveau entre les arcades molaires. Long de 23 à 24 cm en
moyenne, il est blanchâtre, souvent plus ou moins envahi de taches pigmentaires noi-
res. Les incisives sont remplacées par le coussinet dentaire (anciennement "bourrelet
incisif"), gros relief de la muqueuse disposé en croissant et donnant appui lors de l'occlu-
sion aux incisives inférieures. Portée par le corps des os incisifs, cette formation est pour-
vue d'un épithélium épais et fortement kératinisé. Son bord rostral est échancré en son
milieu par la papille incisive. Celle-ci, enclavée dans le coussinet, est bordée rostralement
par deux profondes fentes disposées en un " Y " dont la branche médiane, rostrale, divise
ce bord : il s'agit des orifices oraux des conduits incisifs. De part et d'autre de la papille
incisive, le bord caudal du coussinet est longé par une crête irrégulière, plus ou moins
découpée en mamelons. Le raphé palatin est en général peu marqué, formé d'une légère
crête qui disparaît en regard du milieu des arcades molaires. Il y a habituellement 16 à
1 8 crêtes palatines, mais les variations peuvent aller de 1 5 à 20. Ces crêtes n'occupent
que les deux tiers rostraux du palais dur, dont le tiers caudal, qui répond au torus de la
langue, reste lisse. Presque rectilignes, elles sont à peu près transversales, irrégulières,
parfois subdivisées, souvent alternantes. Leur bord caudal est découpé en dentelures
inclinées vers le pharynx. Des crêtes secondaires plus simples se voient quelquefois entre
les crêtes principales. Enfin, caudalement au niveau des premières prémolaires, ces der-
nières s'effacent rapidement en même temps qu'elles deviennent plus courtes ou se frag-
mentent. En dehors de quelques lobules près de la papille incisive, les glandes palatines
ne sont présentes que dans la partie lisse du palais ; elles deviennent très'abondantes
près du palais mou. Le plexus veineux sous-muqueux n'est très développé que dans la
région incisive.
Le palais mou (Pl. 20, 32, 37, 39) est long de 9 à 1 2 cm, donc bien moins que chez
les Equidés. Son bord libre atteint néanmoins la base de l'épiglotte, mais il est mobile
et se soulève aisément, permettant la respiration orale et la régurgitation des aliments,
nécessaire à la rumination. La face orale est plus lisse que chez les Equidés et n'est pas
bilobée. La fosse tonsillaire est profonde (voir pharynx). L'aponévrose palatine est brève,
limitée au quart rostral de l'organe. Les muscles palatins sont très développés et les fais-
ceaux les plus médiaux des palato-pharyngiens prennent origine avec eux. L'élévateur
du voile du palais s'écarte du tenseur du voile dès son origine. La couche des glandes
palatines est moins épaisse que chez les Equidés mais elle s'étend jusqu'au bord libre.
72 -
Laryngopharynx
O r i g i n e d e l'œsophage (ouverte e t étalée)
Arc palato-pharyngien
Vestibule d u larynx
C o r d e vocale
Repli a r y - é p i g l o t t i q u e
Epiglotte C o u p e d e la branche .
de la mandibule
Vallécule é p i g l o t t i q u e C o u p e du m . masséter
Repli glosso-
épiglottique médian Sinus tonsillaire
e t tonsille palatine
Tonsille linguale
Voile du palais
(coupé et récliné) Racine d e la langue
A r c palato-glosse
Papilles circumvallées
Papilles lenticulaires
A r c a d e molaire inférieure
Vestibule de la bouche
(Partie buccale)
Fosse linguale
Papilles buccales
Dos d e la langue
Papilles f o n g i f o r m e s
Bord de la langue
C o u p e d e la joue
Papilles labiales
Lèvre inférieure
(VUE DORSALE, APRÈS ISOLEMENT PAR SECTION DES JOUES ET DES BRANCHES MANDIBULAIRES)
LA PAROI DORSALE DU PHARYNX ET LE PALAIS MOU ONT ÉTÉ INCISÉS PAR LE MILIEU ET RABATTUS
Paroi dorsale du pharynx
M. ptérygo-pharyngie
M . stylo-pharyngisn rostral
M . thyro-pharyngien
M . crico-pharyngien
M. crico-thyroïdie
M . œsophagien
longitudinal lat,
Œsopha
APEX DE LA LANGUE
Papilles f o n g i f o r m e s
APEX DE LA LANGUE
Œsophage
Frein d e la langue
Glande thyroïde
Entrée du larynx :
Laryngopharynx
Cartilage aryténoïde
Repli a r y - é p i g l o t t i q u e Récessus p i r i f o r m e
a
Voile du palais (fendu par le milieu e t réciîné)
Vestibule d u
Sinus tonsillaire et tonsille palatine
Epiglotte
V
A r c palato-glosse
Vallécule é p i g l o t t i q u e
Repli glosso-épiglottîque médian
Racine d e la langue _
Papilles circumvallées
VUE DORSALE
Le plancher sublingual (Pl. 25) est rétréci entre les incisives et les prémolaires. Les
caroncules sublinguales sont plates, dures et une petite dépression semble marquer leur
empreinte dans la muqueuse sous-jacente. Leur bord libre est crénelé et cache latérale-
ment le débouché du conduit mandibulaire et du conduit sublingual principal. Il existe
parfois un rudiment de glandes paracaronculaires non loin du frein de la langue. L'organe
oro-basal est situé très près du plan médian ; c'est un sillon aboutissant caudalement
à un cul-de-sac peu profond. Les plis sublinguaux sont frangés de papilles, entre lesquel-
les débouchent les canaux sublinguaux accessoires.
La langue (Pl. 27, 29, 30, 32, 37 à 39) est épaisse, ferme et charnue. Elle est lon-
gue d'une trentaine de centimètres et, séparée du larynx, pèse 1 500 g en moyenne.
Le poids varie toutefois beaucoup avec la race et avec l'âge : il peut aller de 400 à 500 g
chez le Veau à 2 000 g et plus chez l'adulte. Sa muqueuse est souvent pigmentée. L'apex
est épais et terminé en pointe mousse. Il est dépourvu de sillon médian mais riche en
fortes papilles coniques, pointues, recourbées caudalement, très kératinisées et dures,
qui le rendent râpeux. Le frein est très lâche. Le dos de la langue est soulevé dans sa
moitié caudale par un torus lingual volumineux, fortement convexe en tous sens, hérissé
de grosses papilles lenticulaires qui lui confèrent une surface rugueuse. Juste au-devant
se voit la fosse linguale, sorte de sillon transversal dont la partie moyenne est plus ou
moins déprimée selon les individus, sa profondeur atteignant parfois 3 à 4 cm. Dans cette
dépression s'accumulent souvent les débris alimentaires. Plus rostralement encore, les
papilles coniques sont larges et pointues, pourvues sur leur face convexe d'un léger sil-
on médian souvent pourvu d'un bourgeon gustatif. Les papilles fongiformes sont abon-
dantes, sur le dos et les bords comme sur l'apex. Sur le revers caudal du torus, les papilles
circumvaliées, nombreuses et de tailles diverses (3 à 6 mm) sont disposées de chaque
côté en une double rangée irrégulière qui converge caudalement vers son opposée. Leur
nombre peut varier de 8 à 16 par côté. Par contre, les papilles foliées font habituelle-
ment défaut : quelques sujets en ont pourtant de rudimentaires. La racine de la langue,
relativement courte, est ridée et mamelonnée. Elle est pourvue d'une double tonsille lin-
guale et de nombreuses glandes linguales. La couche que forment ces dernières se pro-
! onge de chaque côté sur les faces latérales du corps et jusque sous l'apex (glandes
apicales) par une traînée de lobules dont les canaux excréteurs débouchent au sommet
de petites papilles disposées en rangée à peu près régulière. Le septum lingual est peu
développé, sans différenciation particulière. La musculature présente quelques particu-
arités : le muscle hyo-glosse prend une origine supplémentaire sur les parties adjacen-
tes du stylohyoideum et du kératohyoideum par un faisceau très distinct qui pourrait être
décrit comme un accessoire du m. stylo-glosse. Les mouvements propres de la langue
ne sont amples et variés qu'au niveau de l'apex. Par contre, les mouvements de l'ensemble
sont très étendus. La langue du Bœuf est particulièrement protractile : elle peut être por-
tée facilement jusque dans les naseaux. Aidée par la disposition de ses papilles, elle tient
le rôle essentiel dans la préhension des aliments.
La muqueuse orale est très souvent pigmentée, en particulier au palais et sur la langue.
Les lèvres (Pl. 14) sont minces et mobiles et ont un rôle très important dans la pré-
hension des aliments. La supérieure ne forme pas de mufle. Elle est divisée par un phil-
trum étroit, profond et glabre. Dans tout le reste de son étendue, elle est couverte de
poils. La lèvre inférieure est moins largement surplombée sur les côtés que chez le Bœuf.
Chez la Chèvre, le menton porte une touffe de longs poils raides formant la "barbiche".
Le bord libre des deux lèvres est pourvu de papilles qui leur donnent un aspect crénelé.
Les glandes labiales sont très développées dans la lèvre supérieure, moins abondantes
dans l'inférieure. La fente orale est un peu plus large en proportion que chez le Bœuf.
76 -
reseai
Chîasma o p t i q u e \
de la t r o m p e auditive
Arc palato-pharyngien
Choane
Sinus frontal \ Epiglotte
Laryngopharynx
. C a r t i l a g e ai
.Trachée
C o r n e t nasal dorsal
M é a t nasal moyen
C o r n e t nasal ventral
nasal ventra
Jrgane
voméro-nasal
\ \\ \ \
C a r t i l a g e cri
\ \ \ \ \
C a v i t é du larynx \
" \ \ \ \ \ \
Cartilage thyroïde \
\ \ \ \ \ \ Récessus sous-épiglottique
\ \ \ \ \ \ (Ventricule médian du I
\ \ \ \ \ \ Valiécule é p i g l o t t i q u e
\ \ \ \ \ C o r p s de l'os hyoïde
\ \ \
^Racine de la langue
\ \
Palais mou
supérieure \ Nasopharynx
\ M . génio-hyoïdien
\ N M é a t nasopharyngien
G l a n d e sublinguale
Vestibule d e la bouche C o r p s d e la langue
Les joues (Pl. 20) montrent la même disposition que chez ce dernier. Les papilles
de leur face interne atteignent 5 mm près des angles de la bouche et décroissent rapide-
ment en regard des molaires.
Le palais dur (Pl. 20) est très excavé d'un côté à l'autre entre les molaires. Il s'élargit
un peu plus à ce niveau chez la Chèvre que chez le Mouton, où il est par contre plus
:arge dans la région incisive. Le coussinet dentaire est plus étendu dans le sens rostro-
caudal que chez le Bœuf et enserre une papille incisive triangulaire ou losangique, à pointe
caudale (et non rostrale comme chez le Bœuf). Les crêtes palatines, au nombre de 14
ou 1 5 chez le Mouton et 12 ou 1 3 chez la Chèvre, sont moins irrégulièrement disposées
que chez le Bœuf et sont à peine crénelées, sinon lisses à leur bord libre. Le palais devient
lisse à partir de la dernière prémolaire chez le Mouton, de l'avant-dernière chez la Chèvre.
Le palais mou (Pl. 40) est semblable à celui du Bœuf. Toutefois la fosse tonsillaire
est habituellement double de chaque côté.
Le plancher sublingual porte des glandes paracaronculaires bien développées chez
la Chèvre, où il existe aussi un rudiment de tonsille sublinguale. Le récessus sublingual
latéral est pourvu de papilles bien développées.
La langue (Pl. 40) est moins épaisse en proportion que chez le Bœuf. Son poids moyen
est de l'ordre de 250 g. Son apex est moins conique, un peu plus plat, avec une ébauche
de sillon dorsal et il n'est pas rugueux. Le torus lingual est plus large et plus bas ; ses
papilles sont plus faibles. Il n'y a pas de fosse linguale. Les papilles fongiformes sont
nombreuses et très visibles. Les papilles circumvallées, disposées comme chez le Bœuf,
sont nettement plus nombreuses chez le Mouton, où on en compte une vingtaine de cha-
que côté. Les papilles foliées manquent toujours. Le champ des papilles filiformes s'étend
beaucoup sur les faces latérales et forme même sous l'apex un revers qui manque chez
le Bœuf. Enfin, la racine de la langue est à peu près lisse.
Les lèvres (Pl. 15, 41) sont très inégales. La supérieure déborde largement l'infé-
rieure, qui est courte et pointue. Elle est à peine échancrée par un bref philtrum autour
duquel se développe une zone cutanée particulière, glanduleuse et semée de poils tacti-
les fins et courts. Ce tégument forme une plaque rostrale qui porte les narines : c'est
le groin, qui sera décrit avec ces dernières. De chaque côté du groin, la lèvre supérieure
est couverte comme l'inférieure d'une peau normale, avec des poils ordinaires et de nom-
breux poils tactiles. Elle présente enfin, non loin de l'angle de la bouche, une échancrure
autour de laquelle elle se soulève et dans laquelle se loge la défense chez le Verrat. Cette
échancrure préexiste au développement de cette dent et se forme même chez la femelle.
Les glandes labiales sont peu abondantes, surtout dans la lèvre inférieure.
Les joues sont courtes, avec une région buccinatrice très peu étendue, mince et exten-
sible. Leur muqueuse est lisse. Les glandes buccales forment deux faibles traînées super-
ficielles, dont la partie caudale s'engage sous le masséter.
Le palais dur (Pl. 21, 41 ), long de 12 à 15 centimètres, est relativement étroit, ogi-
val dans la partie rostrale ; sa largeur maximale se situe en regard des canines. La papille
incisive est étroite et allongée, bordée de chaque côté par une petite fente donnant accès
au canal incisif ; elle est encadrée de deux tubercules épais et mal délimités. Le raphé
est un étroit sillon qui peut être suivi jusqu'au palais mou. De chaque côté, il porte
78 -
ailles filiformes
APEX DE
LA LANGUE
M . thyro-hyoïdien
Cartilage thyroïde
M. crico-thyroïdien''
Trachée
Frein de la langue ' M . stylo-glosse
M . génio-glosse M . hyo-glosse Œsophage
VUE LATERALE
Epiglotte Récessus p i r î f o r m e
l
Récessus p i r i f o r m Paroi dorsale d u pharynx
(incisée e t réclinée)
Vallécule é p i g l o t t i q u e — _ V o i l e du palais
iNçp , (fendu par le milieu e t récliné)
Repli glosso-épiglottique médian \v/// Tonsille vélaire e t glandes palatines
Papilles f o n g i f o r m e s
Bord d e la langue
Dos d e la langue
Papilles filiformes
A p e x d e la langue
VUE DORSALE
de vingt à vingt-trois crêtes palatines saillantes et non dentées, qui se succèdent jusqu'au
bord même du palais mou et dont la plupart s'impriment sur la voûte osseuse. Dans la
moitié rostrale de la région, ces crêtes sont presque directement transversales et certai-
nes se bifurquent ou se fragmentent à leur extrémité médiale. Dans la moitié caudale,
elles deviennent plus incurvées, plus irrégulières et de moins en moins saillantes. La
muqueuse est presque partout pourvue de nodules lymphatiques isolés. Les glandes pala-
tines n'existent que dans sa partie rostrale.
Le palais mou (Pl. 21, 41) est épais, mais à peine plus long que large, n'excédant
guère cinq ou six centimètres dans le sens rostro-caudal. Son bord libre est indifférem-
ment placé à la face dorsale ou à la face ventrale de l'épiglotte et la respiration orale
est facile. La face orale est pourvue d'un sillon médian qui prolonge le raphé du palais
dur. Sa muqueuse, pourvue de papilles hautes, molles et peu nombreuses, est en outre
criblée de cryptes lymphatiques. Elle se soulève de chaque côté en un relief elliptique
qui correspond à une forte tonsille véiaire, laquelle se prolonge en pointe dans l'arc palato-
glosse. A la périphérie, les glandes palatines sont abondantes. Sur le bord libre se trou-
vent, près du plan médian, de petites élevures assimilables à un rudiment d'uvule. La
fosse tonsillaire est peu profonde, sans tonsille palatine différenciée.
Le plancher sublingual (Pl. 25) est large, à peu près lisse. L'organe oro-basal est rudi-
mentaire. Les caroncules sublinguales sont molles, arrondies et peu saillantes, placées
r ostralement aux expansions latérales du frein de la langue.
La langue (Pl. 41, 42) est allongée (17 à 20 cm) ; isolée, elle pèse environ 500 g.
Elle est molle et douce au toucher, dépourvue de sillon médian. L'apex a un contour ogi-
. al et sa face ventrale est lisse, dépourvue de champ papillaire. Chez le porcelet, ses
bords sont frangés de papilles marginales souples, qui disparaissent par la suite. Le frein
de la langue est formé de deux parties latérales qui sont dans le prolongement l'une de
autre de façon à former un pli muqueux transversal peu élevé mais barrant toute la lar-
geur du plancher sublingual. Le corps de l'organe est pourvu de faces latérales très hau-
tes. Le dos présente un étroit relief médian longitudinal qui peut être considéré comme
équivalent d'un torus lingual rudimentaire. Les papilles filiformes et coniques sont mol-
es et flexibles sur le corps comme sur l'apex. A la racine de la langue, elles deviennent
moins nombreuses mais épaisses et hautes, couchées vers le pharynx. Les papilles fon-
giformes sont nombreuses sur le dos et l'apex et on en trouve aussi sur les faces latéra-
les du corps. Il n'y a qu'une seule paire de papilles circumvallées, placées comme chez
les Equidés. Les papilles foliées sont bien développées et forment de chaque côté un
ensemble de près d'un centimètre de long. La tonsille linguale tapisse une forte dépres-
sion étendue de part et d'autre d'un pli glosso-épiglottique médian élevé. Elle est com-
plétée par des nodules disséminés dans les papilles tonsillaires, coniques et épaisses.
Les glandes linguales sont abondantes et se prolongent en une traînée sur chacune des
faces latérales du corps, où leurs orifices sont portés par de multiples petits tubercules.
Le muscle stylo-glosse est très développé ; il prend origine à l'extrémité dorsale du
stylohyoideum, sans l'intermédiaire d'une aponévrose.
"gueule" peut être très largement ouverte ; elle est ainsi très facilement explorable, de
même que le pharynx. La muqueuse orale est le plus souvent pigmentée de noir sur les
lèvres, les joues et le palais, mais presque jamais sur la langue.
8 0 -
Protubérance o c c i p i t a l e
Cervelet
Tronc cérébral
Hémisphère cérébral
Laryngopharynx
Fornix
Voile
Palais m o u
M . long d u cou
Volutes d e
long d e la t ê t e
M é a t nasal dorsal
Œsophage
C o r n e t nasal dorsal
Trachée
C o r n e t nasal moyen
M é a t nasal
C o r n e t nasal'
C a v i t é du larynx
M é a t nasal ventral
infraglot.)
Cartilage cricoïde
Os
Cartilage thyroïde
aryténoïde
Pli
C o r p s d e l'os h y o ï d e
Vallécu'le é p i g l o t t i q u e
Truffe
Epiglotte
Gosier
Racine d e la langue
M . génio-hyoïdien
d e la langue
osseux
Pli dur
C a v i t é p r o p r e de la bouche
Lèvre Partie incisive d e la mandibule
O r g a n e vorrié'ro-nasal
Vestibule de la
A p e x d e la langue
Inférieure
Lèvre supérieure
mh
IjfiSâsu2
Lèvre inférieure
A p e x d e . l a langue.
BOUCHE DU CHIEN
Philtrum
O r i f i c e oral d u c o n d u i t incisif
Papille incisive
Lèvre supérieure
Première prémolaire
Vestibule d e la bouche
(Partie labiale)
Crêtes- palatines
Dents molaires
Espace r é t r o d e n t a i r e
(tuberculeuses)
M . masséter Palais m o u
PALAIS DU CHIEN
Œsophage
Trachée
Frein de la langue
M . génio-glosse
Papilles foliées
M . hyo-glosse
M . thyro-hyoïdien
Cartilage thyroïde
Repli a r y - é p i g l o t t i q u e Vallécule é p i g l o t t i q u e
Sillon médian
Dos d e la langue
Bord d e la langue
Sillon médian
_ A p e x d e la langui
Les lèvres (Pl. 11, 15, 43, 44), minces et mobiles, sont très inégales, la supérieure
couvrant latéralement l'inférieure. Toutes deux sont couvertes de poils ordinaires mêlés
de poils tactiles surtout nombreux à la lèvre supérieure. Cette dernière possède un phiI-
trum étroit, plus ou moins profond selon les races et prolongé jusqu'entre les narines ;
la peau est glabre dans ce sillon et sur ses bords. La face interne est pourvue d'un court
frein médian, parfois double. La lèvre inférieure, plus large sur les côtés qu'au centre,
est crénelée à son bord libre. Sa face interne est unie à la gencive par un petit frein
muqueux de chaque côté. Les glandes labiales sont peu développées.
Les joues (Pl.11, 44) sont courtes, très distensibles. Leur muqueuse est lisse ; le
conduit parotidien y débouche en regard de la carnassière supérieure ou de la dent qui
précède. Les glandes buccales dorsales sont regroupées caudalement en une masse arron-
die et compacte nommée "glande zygomatique". Celle-ci est placée entre l'arcade zygo-
matique, la périorbite et le muscle ptérygoi'dien médial. Elle est séro-muqueuse et desservie
par un canal principal qui s'ouvre au-dessus de la dernière molaire supérieure, ainsi que
par trois ou quatre petits canaux accessoires et plus caudaux. Les glandes buccales ven-
trales sont moins développées et forment une traînée qui va du niveau de la canine jusqu'au
bord rostral du muscle masséter.
Le palais dur (Pl. 21, 43, 44) est étroit jusqu'en regard des premières prémolaires
et s'élargit beaucoup caudalement. La papille incisive est forte, elliptique ou ronde ; les
conduits incisifs s'ouvrent de part et d'autre, un peu sur son revers caudal. De chaque
côté se trouve en outre un tubercule triangulaire peu élevé. Le raphé palatin est à peine
marqué, parfois absent. Les crêtes palatines sont peu nombreuses mais très fortes. Il
y en a le plus souvent neuf, avec des variations de six à dix. Elles sont incurvées en arc,
à peu près régulières sauf la dernière, au contraire très variable. Celle-ci est à petite dis-
tance de l'arcade palatine. Un intervalle assez grand existe toujours entre la deuxième
et la troisième. Toutes ces crêtes ont un bord lisse mais il existe entre elles des rangées
incomplètes de petites papilles rudes. Les glandes palatines ne sont présentes qu'autour
de la papille incisive et d'autre part au voisinage du palais mou.
Le palais mou (Pl. 11, 21, 24, 43 à 45) est relativement long mais sa partie intra-
pharyngienne est brève, ce qui laisse un large accès au pharynx : la respiration orale et
la régurgitation sont très aisées. La fosse tonsillaire est profonde et la tonsille palatine
bien délimitée (voir pharynx). Il y a de nombreux nodules lymphatiques, surtout sur la
face rostrale, mais pas de tonsille vélaire. Par contre, les glandes palatines forment une
couche épaisse.
Le plancher sublingual (Pl. 25) montre, de part et d'autre d'un frein lingual simple
et très ample, une caroncule sublinguale arrondie, lisse et peu élevée. L'organe oro-basal
est une dépression étroite et peu profonde.
La langue (Pl. 11, 43, 45) est large, mince, très mobile et fortement protractile. Sa
face dorsale est parcourue sur presque toute sa longueur d'un net sillon médian. L'apex
est long et large, terminé en demi-cercle. Chacun de ses bords est garni chez le nouveau-né
d'un gazon de papilles marginales hautes et molles, qui aident à la succion du lait et dis-
paraissent après le sevrage. Le corps est pourvu de deux bords aigus qui continuent ceux
de l'apex. Comme sur ce dernier, le champ papillaire est limité à la face dorsale. Les papilles
filiformes sont molles, pour la plupart composées sur l'apex et le corps. Elles deviennent
moins nombreuses, simples et mêlées de papilles coniques molles et très hautes sur la
racine de l'organe ; ces dernières envahissent même la base de l'épiglotte. Les papilles
fongiformes sont très visibles, disséminées sur les deux tiers rostraux de la langue ;
elles manquent caudalement. Les papilles circumvallées, au nombre de deux ou trois
de chaque côté et de couleur rouge vif, sont disposées en deux lignes convergentes
84 -
Lèvre inférieure
Seuil pharyngo-cesophagien
Laryngopharynx
Cartilage arythénoïde
Récessus piriform<
Entrée du larynx : Repli a r y - é p i g l o t t i q u e
Lèvre supérieure
Racine
Papille incisive
d e la
C r ê t e s palatines langue
A r c palato-glosse Papilles,
filiformes
Vestibule de la bouche
Papilles foliées
M . masséter
Papilles coniques
PALAIS
(vue ventrale)
A p e x d e la langue
Les lèvres ont des poils tactiles particulièrement longs, surtout à la supérieure, où
ils forment de chaque côté un fort et rude faisceau : la moustache. L'inférieure est à peine
festonnée à son bord. Il y a dans la peau des deux lèvres mais surtout de l'inférieure des
glandes circumorales de type sébacé, plus abondantes vers les commissures ; ces glan-
des manquent chez le Chien.
Les joues sont particulièrement courtes. Les glandes zygomatique et buccales ven-
trales sont bien développées.
Le palais dur possède six ou sept paires de crêtes (parfois huit, voire neuf) qui se
joignent d'un côté à l'autre en un arc à peu près régulier. Leur écart augmente caudale-
ment. Dans leurs intervalles se trouvent des rangées de papilles bien plus fortes, plus
cornées et plus visibles que chez le Chien.
Le palais mou est nettement plus large en proportion que chez le Chien mais disposé
de même. Sa face orale montre de longues papilles filiformes et molles.
La langue est plus courte et plus large en proportion que chez le Chien. Elle est aussi
très plate, mais dépourvue de sillon dorsal. La face dorsale de l'apex et de la partie adja-
cente du corps est hérissée de fortes papilles coniques très kératinisées, recourbées vers
l'arrière et implantées chacune sur une grosse papille basale qui en assure le maintien.
Cet ensemble fait de la langue une véritable râpe, capable de détacher de leur support
osseux les moindres débris de viande, mais aussi de créer et d'entretenir des plaies de
léchage. Tout le reste du dos est couvert, ainsi que les bords de l'apex, par des papilles
filiformes molles et courtes, mêlées de papilles fongiformes. Les papilles filiformes sont
remplacées sur la racine de l'organe par des papilles coniques molles, épaisses et très
hautes. Les papilles circumvallées sont disposées comme chez le Chien. Les papilles foliées
sont bien plus visibles et forment une élevure dentelée, longue de plus d'un centimètre ;
elles sont presque dépourvues de bourgeons gustatifs. La lyssa est présente, mais fai-
ble, réduite à un cordon fibreux ne formant aucun relief à la face ventrale de l'apex.
Angle
" d e la bouche
Entrée du larynx:
Cartilage aryténoïde
Repli a r y - é p i g l o t t i q u e
Vestibule du larynx
Fosse tonsillaire
e t tonsille palatine
Vallécide
Voile du palais (fendu e t récliné)
Racine de la lanque foliées
Papilles circumvallées
Torus lingual molaires
inférieures
C o u p e de la joue
Bord d e la langue
Dos d e la langue
Vestibule
Poils vestibulaires
de la'bouche
C o u p e d e la joue
C r ê t e s palatines.
Vestibule d e la bouche
Dents molaires
supérieures
Palais mou
Les lèvres sont très inégales, couvertes d'un pelage mêlé de longs poils tactiles, sur-
tout nombreux à la lèvre supérieure. Cette dernière couvre l'autre et elle est divisée par
un philtrum étroit mais très profond, glabre et dessinant un Y avec les narines, dont les
angles médiaux le rejoignent.
Les joues sont longues. Leur face médiale forme une sorte de gouttière longitudinale
dans laquelle sont implantés de longs poils raides (Pili vestibulares). Les glandes bucca-
les ventrales sont regroupées en un amas volumineux et arrondi, situé tout près de l'angle
de la bouche ; les dorsales forment de même une grosse glande zygomatique.
Le palais dur est long (4 à 5 cm), étroit à sa partie rostrale et élargi entre les molai-
res. La papille incisive est longue et large, encadrée par deux fentes qui donnent accès
aux conduits incisifs. Le raphé n'est bien distinct que dans les deux tiers caudaux du
palais. Il existe en général 22 ou 23 paires de crêtes, mais ce nombre peut varier de 16
à 26. Elles occupent la totalité du palais dur et sont saillantes, lisses, assez régulières.
Elles dessinent des sortes de chevrons dont les premiers sont ouverts caudalement ; ceux
de la région moyenne ont une orientation inverse et les derniers, situés entre les arcades
molaires, sont à peu près transversaux.
Le palais mou est long (3 cm environ) et large. Sa face orale, à peu près lisse, porte
un sillon médian. Les arcs palato-glosses sont longs et forts, en situation relativement
rostrale. Les glandes palatines sont abondantes. La fosse tonsillaire est large et la ton-
sille palatine nettement pédonculée.
Le plancher sublingual est caractérisé par l'existence, de chaque côté, d'un ensem-
ble très net de plis muqueux à disposition pectinée. Un pli principal, courbe à concavité
médiale, se porte du voisinage de la première molaire jusqu'auprès du frein de la langue,
où il se termine par un tubercule. Cinq ou six plis secondaires se branchent sur le côté
médial, concave, du précédent et se terminent près du corps de la langue.
La langue est de largeur à peu près uniforme et arrondie à l'extrémité libre. L'apex,
aplati dorso-ventralement mais relativement épais, est pourvu d'un faible sillon médian
dorsal. Le dos porte un torus long et large mais peu élevé, nettement délimité à son bord
rostral et sur les côtés mais progressivement effacé à sa partie caudale. L'ensemble est
couvert de papilles molles qui donnent à la muqueuse un aspect velouté. Les papilles
fongiformes présentent la particularité d'être chacune entourée d'une mince crête annu-
laire qui détermine avec elle un sillon circulaire dans lequel s'ouvrent des pores gusta-
tifs ; elles ébauchent ainsi le type circumvallé. Il existe une paire de grosses papilles
circumvallées disposées comme chez les Equidés et de chaque côté, un groupe de papil-
les foliées très visibles, formant une saillie elliptique peu élevée mais longue de 6 à 7 mm.
Les lèvres sont presque égales. A la lèvre supérieure, le philtrum, large et peu profond, aboutit sur le bord
libre à un tubercule médian peu saillant. II existe à la face interne de chaque lèvre un frein muqueux médian, sur-
t o u t développé à la supérieure. Entre la peau et la muqueuse orale s'intercale au niveau du bord libre des deux
lèvres une étroite bande cutanée intermédiaire. Contrairement à la peau de la face externe, celle-ci est dépourvue
de poils, très pauvre en glandes sébacées ; elle est transparente et chargée d ' u n très riche réseau sanguin dermi-
que qui lui donne une teinte rouge. La limite entre les deux t y p e s de peau est très nette, alors que le raccordement
avec la muqueuse n'est pas discernable à l'œil nu.
Les joues sont lisses à la face interne. Elles sont pourvues d ' u n corps adipeux particulièrement développé.
Les glandes buccales sont faibles, éparses ; les ventrales, i m m é d i a t e m e n t placées sous la muqueuse, sont quali-
fiées de glandes molaires. Le conduit parotidien débouche en face du collet de la deuxième molaire supérieure.
Le palais dur est presque aussi large que long. La papille incisive est très petite. Il n ' y a pas d'ouverture des
conduits incisifs ; de légères dépressions en marquent seulement l ' e m p l a c e m e n t . Le raphé f o r m e un léger sillon
88 -
C o u p e d e la joue
Vestibule d e la bouche
Palais mou
Tonsille palatine
Branche
A r c palato-glosse
de la mandibule
PALAIS
Processus styloïde de l'os temporal
(vue inférieure) (Stylo-hyoïdeum) .
Paroi dorsale du pharynx ^
M . constricteur supérieur du p h a r y n x ^
Racine d e la langue^
Papilles circumvallées
Dos d e la langue
C o r p s d e la langue
Papilles f o n g i f o r m e s
Bord d e la langue
A p e x de la langue
O r i g i n e d e l'œsophage
(ouverte et étalée) Laryngopharynx
Frein de la langue
Entrée d u larynx
Récessus p i r i f o r m e
C a r L aryténoïde
M . génio-glosse
V e s t i b . du larynx
M . hyo-glosse
Repli ary-épigl
Paroi du pharynx (coupée)
Epig l o t t e
M . thyro-hyoïdien
* Vallécule_
M e m b r a n e thyro-hyoïdienne
épiglottique
Cartilage thyroïde
Racine d e la langue
Cartilage cricoïde
Arc palato-pharyngien
Sinus tonsillaire Trachée Œsophage
Tonsille palatine LANGUE ET PHARYNX
Voile du palais (vue latérale gauche)
(fendu par le milieu e t récliné)
'ï(f. J A r c palato-glosse
Dos de la langue
Sillon médian
Papilles foliées
Bord d e la langue
Papilles f o n g i f o r m e s
A p e x de la langue
ou une faible crête, mais il est toujours distinct j u s q u ' a u palais m o u . Les crêtes n ' o c c u p e n t que le tiers rostral
de la région. A u nombre de cinq ou six paires, elles sont très peu marquées, irrégulières, souvent incomplètes
ou fragmentées. Les glandes palatines sont abondantes sur t o u t e la longueur du palais.
Le palais m o u est large (7 cm) mais très court (3 à 3 , 5 cm), laissant un vaste accès au pharynx. Il est très
mobile et reste à distance de l'épiglotte. Son bord libre est pourvu d ' u n fort appendice médian, m o u et contrac-
tile : l'uvule ou luette. Les arcs palato-glosse et palato-pharyngien partent de la base de c e t t e dernière. Ils délimi-
t e n t une fosse tonsillaire large, où se loge une tonsille palatine volumineuse et pédonculée. Les glandes palatines
sont surtout abondantes dans la partie rostrale, où leur couche atteint 4 à 5 m m d'épaisseur. Il n ' y a pas de ton-
sille vélaire. Le muscle palatin est particulièrement développé (M. de l'uvule).
Le plancher sublingual est large. Les caroncules sublinguales sont situées très près du plan médian, à la base
du frein de la langue. Ce sont de faibles élevures arrondies, percées au s o m m e t par l'orifice circulaire du conduit
mandibulaire. Le conduit de la glande sublinguale m o n o s t o m a t i q u e s'ouvre un peu plus latéralement.
La langue est également large et courte, arrondie à l ' e x t r é m i t é libre. Aplatie dans le sens dorso-ventral, elle
est pourtant épaisse. De part et d'autre du frein, la délicate muqueuse de la face ventrale est soulevée par un
pli dentelé (Plica fimbriata) qui s'élargit et se perd caudalement. Un net sillon médian parcourt le dos et l'apex.
Ces deux parties sont couvertes d ' u n champ papillaire t o m e n t e u x qui s'arrête sur les bords. Les papilles filiformes
et f o n g i f o r m e s y sont à peu près u n i f o r m é m e n t réparties ; ces dernières, de loin les moins nombreuses, sont bien
visibles. A la partie caudale du dos, les papilles caliciformes, au nombre de quatre à cinq de chaque côté, dessi-
nent un V ouvert rostralement et dont la pointe est occupée par une papille médiane (c'est ce que les auteurs
français n o m m e n t habituellement le " V l i n g u a l " , alors que ce t e r m e désigne à l'étranger le dessin, plus caudal
et moins apparent, formé par le sulcus terminalis). Il existe de chaque côté un groupe rudimentaire de papilles
foliées. Quant à la racine de la langue, elle est f o r t e m e n t ridée et folliculeuse, avec une tonsille linguale diffuse.
Le trou borgne est mieux visible que chez les M a m m i f è r e s domestiques. Les glandes linguales, abondantes sur
t o u t e la racine de l'organe, se continuent en une traînée sur chacune des faces latérales. Dans leur prolongement,
les glandes apicales f o r m e n t un groupe isolé à la face ventrale de l'apex. Le s e p t u m est une mince lame fibreuse
en forme de faux. Le noyau graisseux est bien développé. Les muscles sont très différenciés. Le stylo-glosse est
disposé à peu près c o m m e chez les Carnivores. Le muscle hyo-glosse, large et f o r t , est divisé en deux faisceaux
dont l'un naît sur le corps de l'os hyoïde et l'autre sur la corne laryngée. Un faisceau accessoire, inconstant, naît
de l ' e x t r é m i t é caudale de cette dernière et croise la surface des deux autres. Le génio-glosse est très large. Les
différents muscles intrinsèques sont bien mieux distincts que chez les M a m m i f è r e s domestiques.
CÛ
o
Molaires supérieures
Dents incisives
supérieures
Dents incisives
inférieures;
CHAPITRE II
DENTS
Les dents (Dentes) sont les organes passifs de la mastication. Dures, blanchâtres,
d'aspect pierreux, elles sont implantées sur les bords libres des mâchoires et saillantes
dans la bouche.
Elles ne servent pas seulement à découper ou broyer les aliments : elles intervien-
nent dans la préhension de ceux-ci et ont en outre un rôle tactile. Ce sont enfin des armes
très efficaces pour l'attaque et la défense.
Leur morphologie est en corrélation étroite avec le genre de vie et l'alimentation de
l'espèce et présente la même diversité. Leur étude revêt ainsi la plus grande importance
pour l'Anatomie comparée, la Zoologie et la Paléontologie. En outre, l'usure progressive
modifie la forme des dents et une connaissance approfondie de ces changements per-
met de résoudre le problème important de la diagnose de l'âge des animaux.
I. - CARACTÈRES GÉNÉRAUX
L'extrême variété des formes et de la disposition des dents rend difficile l'exposé
de leurs caractères généraux. Elle peut être expliquée par le mode de développement qui,
à partir de dispositions embryonnaires d'abord assez uniformes et par des mécanismes
très comparables, réalise un modelage parfaitement adapté aux nécessités fonctionnel-
les. C'est pourquoi, après quelques définitions préliminaires, nous décrirons le dévelop-
pement des dents avant leur conformation et leur structure.
(1 ) De même que celle des lèvres, l'inégalité des arcades dentaires n'a pas la même ampleur dans toutes les espèces. Lorsqu'elle
est très faible, on parle parfois d'isognathie (littéralement : "égalité des mâchoires"), par opposition à l'anisognathîe, où elle est
forte. En réalité, il n'y a jamais de véritable isognathie.
9 2 -
Dents prémolaires
permanentes sup.
Dents incisives
permanentes
Dents prémolaires
permanentes i n f .
canine inférieure
Dents molaires caduques inférieures
Les arcades dentaires peuvent être continues ou au contraire interrompues par des
intervalles qui se répondent d'un côté à l'autre. Chacun de ceux-ci, nommé diastème
(Diastema) ou "barre", peut résulter de la disparition spécifique de certaines dents ou
d'une simple disjonction 111 .
Sauf très rares exceptions, les Mammifères sont hétérodontes, c'est-à-dire qu'ils pos-
sèdent des dents de formes et de tailles différentes, groupées de façon déterminée et
en général similaire aux deux mâchoires. On reconnaît ainsi dans chaque arcade, en allant
de la partie rostro-médiale (voisinage de la suture interincisive ou de la suture interman-
dibulaire) aux extrémités caudo-latérales : 1 - des incisives (Dentes incisivi), simples, apla-
ties et tranchantes ; 2 - des canines (Dentes canini), ainsi appelées en raison de leur
importance chez les Chiens, mais très diversement développées selon les espèces, sou-
vent réduites ou absentes chez les Herbivores ; 3 - des prémolaires (Dentes premolares),
dont la taille et la complication augmentent dans l'ordre rostro-caudal ; 4 - des molaires
(Dentes molares), les plus grosses et les plus compliquées de toutes, dont la surface tri-
turante évoque plus ou moins une meule, d'où leur nom' 2 '.
Ces dernières ont la particularité d'être des dents permanentes, c'est-à-dire de n'être
pas précédées par des dents caduques : elles sont monophysaires, alors que les autres
sont diphysaires. Comme l'Homme, tous les Mammifères domestiques sont en effet
diphyodontes, ce qui signifie qu'ils présentent deux générations dentaires ou dentitions.
Cette succession permet à la denture, c'est-à-dire à l'ensemble des dents, de s'adapter
à révolution des mâchoires au cours de la croissance. La première dentition est consti-
tuée par l'ensemble des dents déciduales (Dentes decidui), temporaires, encore appe-
lées dents de lait parce qu'elles apparaissent alors que le jeune animal est encore à la
mamelle. L'autre est formée par les dents permanentes (Dentes permanentes), dont la
plupart sont remplaçantes, prenant la place de celles de la première dentition, alors que
les molaires proprement dites sont en surnombre. Nous reviendrons sur cet aspect parti-
culier de l'évolution des dents.
Le nombre des dents est fixe dans chaque espèce et pour chaque dentition, encore
que les anomalies numériques ne soient pas rares. La nature des dents qui figurent dans
chaque arcade peut être précisée par la formule dentaire, sorte de tableau synoptique
où chaque catégorie de dent est représentée par sa lettre initiale : I, C, P, M, suivie d'un
chiffre qui indique le nombre de dents de cette catégorie. On utilise habituellement la
formule dentaire unilatérale, c'est-à-dire qu'on n'envisage par simplification qu'un seul
côté de chaque arcade. La formule-type des Mammifères adultes est de :
3 I 4 3
I - C - P - M — Les chiffres de la ligne supérieure ont trait aux dents de la
3 I 4 3
mâchoire supérieure et ceux de la ligne inférieure, à celles de l'autre arcade. Il suffit de
retrancher les molaires pour obtenir la formule théorique de la dentition déciduale.
Comme des dents de deux dentitions peuvent coexister dans la même denture, ou
encore pour rendre compte de l'emplacement de dents absentes, on a souvent recours
à la formule dentaire développée, dans laquelle chaque dent est figurée par un chiffre
(1 ) Par extension, le terme "diastème" est parfois employé improprement pour désigner les étroits interstices situés entre dents
adjacentes, au voisinage des collets et généralement comblés par une papille gingivale.
(2) Dans le langage courant, on emploie souvent le terme "molaires" pour désigner l'ensemble des prémolaires et des molaires
proprement dites, qu'on qualifie alors d'arrière-molaires. Il s'agit là d'un abus de langage qui devrait être évité.
9 4 -
Muqueuse orale
Lame dentaire
Bourgeon dentaire
Ebauche de la
papille dentaire
Foramen apical
IV STADE DE LA CLOCHE
(Achèvement du germe dentaire)
indiquant son emplacement, les dents déciduales étant désignées par des chiffres ara-
bes, celles de la deuxième dentition par des chiffres romains et les dents manquantes
par un zéro. Ainsi, la formule dentaire développée du Cheval adulte s'écrit :
I, II, III I 1, II, III, IV I, II, III
I C — P M
I, II, III I 0, II, III, IV I, II, III
Le développement des dents présente une certaine analogie avec celui des poils.
Comme ceux-ci, elles procèdent d'une invagination de l'ectoderme coiffant une papille
dermique. Chacune d'elles représente ainsi une énorme papille saillante, minéralisée à
sa périphérie et revêtue d'une couche émailleuse d'origine épithéliale. C'est pourquoi De
Blainville classait ces organes avec les poils et les productions cornées, parmi les phanè-
res (du grec : cpavripoç : évident, visible).
(1) Les N.E.V. n'ont aucun terme pour désigner l'ensemble des tissus qui concourent à produire une dent (organe de l'émail,
papille et sac dentaire). Le terme "Germen dentis" figure par contre dans les Nomina histologica. Les divers tissus qu'il inclut sont
effectivement interdépendants et leur ensemble fonctionne comme un véritable organe générateur de !a dent. Le terme "follicule
dentaire", longtemps classique en France, évoque les analogies avec les follicules des poils.
96 -
épaissie, de la paroi devient un réticulum baigné dans un gel abondant, qui sépare deux
épithéliums, l'un externe, mince et cubique et l'autre interne, prismatique et plus épais.
C'est le stade de la cloche (Status campanalis), dans lequel les bords de l'organe épithé-
lial, qui s'est allongé, délimitant un orifice par lequel pénètrent les capillaires destinés
au mésenchyme abrité dans la cavité de la cloche, lequel est devenu la papille de la dent
(Papilla dentis). Cette dernière produira bientôt la dentine, constituant principal de la dent,
d'où le nom d"'organe de la dentine", qu'on lui donne encore.
Dans le même temps, la lame dentaire linguale (Lamina dentalis lingualis) a produit
par le même mécanisme les germes des dents permanentes, lesquels restent quiescents
pendant le développement de la première dentition et ne reprendront qu'un peu plus tard
une évolution active.
c) la papille ou organe de la dentine est formée d'un ectomésenchyme très tôt vas-
cularisé. Elle présente la forme de la future dent, à l'intérieur de laquelle elle persistera.
_ Epithélium ]
Gencive
Propria mucosae I
Ebauche de l'émail
Ebauche de l'infundibulum
de la gaine radiculaire
Au sommet d'abord puis sur ses faces et de plus en plus loin vers la profondeur, des
cellules mésodermiques se différencient à sa périphérie et s'ordonnent en un revêtement
épithélioïde. Chacune d'elles est un préodontoblaste qui devient ensuite un dentinoblaste
(Dentinoblastus), cellule allongée perpendiculairement à la surface papillaire, parallèle-
ment à ses voisines et dont nous verrons plus loin le rôle. En même temps, la substance
fondamentale adjacente est modifiée à la face externe de la couche des dentinoblastes
et devient la prédentine (Predentinum), dont dérivera la dentine.
Lorsque la dent doit être pourvue de plusieurs racines, leur apparition est annoncée,
alors même que la couronne est en cours d'édification, par un regroupement des vais-
seaux de la papille en autant de faisceaux qu'il y aura de racines. La gaine épithéliale
se modèle plus tard autour d'eux en autant de diaphragmes et induit autour de chacun
d'eux une racine par le même processus.
Il arrive que l'organe de l'émail ne forme pas de gaine épithéliale radiculaire (et donc
pas de diaphragme radiculaire), tandis que sa partie sécrétante persiste à l'extrémité
enchâssée de la dent, dont la papille reste également active à ce niveau. Dans ce cas,
la racine n'apparaît jamais et la dent comporte seulement une couronne qui s'allonge indé-
finiment. Nous verrons qu'il existe en outre des types intermédiaires.
Lors de l'éruption de la dent, le sommet du sac est refoulé ; il s'atrophie puis dispa-
raît. Par contre, les autres parties persistent et forment, outre le cément, le périodonte
(Periodontium), et la paroi alvéolaire, très vite unie à l'os ambiant. Le tissu osseux des
mâchoires se développe en effet rapidement autour du sac dentaire et le périodonte, soli-
daire à la fois de la dent par le cément et de l'os voisin par l'alvéole, se comporte vis-à-
vis d'eux comme un ligament articulaire. Les fibres qui forment celui-ci, d'abord trans-
versales, deviennent obliques et se distendent lors de l'ascension de la racine dans
l'alvéole. Elles se rompent et sont remplacées simultanément par des fibres néoformées
jusqu'à la fin de l'éruption. Leur remplacement est, comme leur destruction, assurée par
les fibroblastes.
se perfore d'un canal éruptif (Canalis eruptivus) - anciennement "iter dentis" - qui s'agran-
dit de plus en plus. Les tissus de la gencive se résorbent à leur tour et celle-ci se réorga-
nise autour de la dent qui commence à apparaître dans la bouche. On dit alors que la
dent fait éruption.
Dans ce dernier cas, comme dans celui des dents à pousse permanente, l'éruption
compense l'usure et maintient constante la saillie de la dent dans la bouche. Mais alors
que cette compensation est toujours réalisée par la croissance dans les dents non radi-
culées, elle relève plutôt, pour les dents hypsodontes, d'une véritable expulsion de la
couronne, dont le cavum s'oblitère peu à peu pendant que l'usure progresse.
Au tout début de son éruption, la dent n'arrive pas encore au contact de son oppo-
sée. Il faut quelque temps pour que s'établisse une véritable occlusion : on dit alors que
le dent est " à la table".
- 103
(1) Dans les espèces où existent des diastèmes, la lame dentaire n'est pas interrompue. Elle se forme comme dans les autres
secteurs des mâchoires mais reste stérile et ne produit pas de germe dentaire.
1 0 4 -
Cingulum Cingulum
Collet Collet
\ r Racine
Apex Apex
table dentair
> Couronne
Couronne •<
FACE LINGUALE
Extrémité occlusale
INCISIVE C E N T R A L E INFERIEURE DE C H E V A L (DENT H Y P S O D O N T E SIMPLE)
Extrémité enchâssée
VUE DISTALE
(DENT N O N RADICULEE)
visible, saillante dans la bouche, appartient toujours à la couronne (dont une grande par-
tie, rappelons-le, peut être cachée dans l'alvéole), on la qualifie de couronne clinique
(Corona clinica). Par opposition, tout le reste de la dent, caché par la gencive et par
alvéole, est nommé racine clinique (Radix clinica), bien qu'elle comporte parfois une
partie importante de la couronne et puisse même être dépourvue de racine. Ces termes
prêtant à confusion en Anatomie comparée, il serait préférable de parler plus simplement
de partie libre et de partie enchâssée.
Extraites de leurs alvéoles, les dents montrent une conformation nettement diffé-
rente selon l'espèce, selon l'emplacement d'origine et même selon l'âge. Pour faciliter
exposé, nous décrirons d'abord, en prenant pour type des dents simples, les dents
brachyodontes puis les dents hypsodontes et les dents non radiculées. Nous termine-
rons par quelques considérations sur les dents composées.
La racine (Radix dentis) est toujours bien développée sur les dents brachyodontes :
elle est même parfois plus grosse que la couronne (ex. : canines du Chien). Le plus
souvent, elle est plus étroite que celle-ci. Cylindroïde ou conique, plus ou moins aplatie,
(1 ) Il est illogique de parler de "faces de c o n t a c t " pour les dents qui n'ont aucun contact avec leur voisines et sont nettement
Dourvues de bords. " M a r g o mesialis" et "Margo distalis" seraient ici convenables.
106 -
Le cavum de la dent (Cavum dentis) loge la pulpe de la dent, ce qui lui a valu d'être
anciennement nommé "chambre pulpaire". Il est dilaté dans le jeune âge au niveau de
a couronne, où il forme la cavité coronale (Cavum coronale) et rétréci dans la racine en
j n canal de la racine (Canalis radicis dentis) qui aboutit au foramen de l'apex. Il n'est
oas rare que ce canal possède sur son trajet des foramens accessoires. Par ces divers
orifices entrent ou sortent les vaisseaux et nerfs qui desservent la pulpe. Avec l'âge, la
chambre coronale s'oblitère peu à peu, alors que le canal de la racine persiste plus
ongtemps.
Les dents non radiculées sont formées seulement d'une couronne, dont la partie
enchâssée est toujours beaucoup plus longue que la partie libre, sans qu'aucune démar-
;ation puisse être notée entre ces deux parties sur la dent isolée. Celle-ci est formée d'un
^ t allongé et plus ou moins incurvé : le corps de la dent (Corpus dentis), auquel on recon-
~aît une face vestibulaire, une face linguale, une face mésiale et une face distale. L'extré-
mité libre porte une face occlusale généralement disposée en biseau et entretenue de
"açon régulière par l'usure qui compense la pousse. L'extrémité opposée est entièrement
occupée par un vaste orifice 11 ' qui donne accès au cavum dentaire et dont la bordure
"este mince.
Le cavum dentaire est toujours très vaste près de l'extrémité enchâssée et se ter-
mine en une pointe effilée près de l'extrémité libre, où il se comble sans cesse par appo-
sition de nouvelles couches de dentine. La papille reste dentinogène sur toute la longueur.
Les dents hypsodontes présentent tous les intermédiaires entre les deux types pré-
cédents. Elles ont d'abord l'aspect et le mode de croissance des dents non radiculées.
-orsque la couronne fait éruption, ou plus tard encore, la racine commence à s'édifier,
-orsque cette dernière est achevée, la couronne a été déjà fortement entamée par l'usure,
de sorte que les dents de ce type ne sont jamais complètes. Après l'achèvement de la
-acine, l'éruption se poursuit jusqu'à ce que le collet arrive au niveau de la gencive. On
-etrouve alors la conformation des dents brachyodontes. Mais la racine est toujours rela-
tivement courte et le collet très peu marqué.
Pendant la plus grande partie de leur évolution, on reconnaît encore aux dents hypso-
dontes un corps et deux extrémités. Le premier présente les quatre faces habituelles et
sa forme peut varier d'un niveau à l'autre en fonction des modifications présentées par
s follicule générateur. Sur les dents très spécialisées de certains Herbivores (ex. : Equi-
dés), l'extrémité occlusale montre, à l'état vierge, une étroite et très profonde invagina-
tion de l'émail, qui se prolonge jusqu'à l'intérieur du corps de la dent : c'est l'infundibulum
de la dent (Infundibulum dentis) plus ou moins comblé par un dépôt de cément. Quand
(1 ) Il est évident que cet orifice, ignoré des N.A.V. autant que des N.A., ne peut être qualifié de "foramen de l ' a p e x " puisqu'il
existe en fait ni apex ni racine. Il pourrait être nommé "foramen papillare".
108 -
Couronne Couronne
Collet
Collet
FACE LINGUALE Racines
Apex
Racines
FACE OCCLUSALE
FACE VESTIBULAIRE
FACE OCCLUSALE
DENT CARNASSIERE INFERIEURE GAUCHE DE CHIEN DENT MOLAIRE INFERIEURE GAUCHE DE PORC
(DENT BRACHYODONTE COMPOSEE - TYPE SECODONTE) (DENT BRACHYODONTE COMPOSEE - TYPE BUNODONTE)
A p e x des racines
Collet
A p e x des racines
t Racines
Collet
Plis d'émail
Cannelures
Couronne , Couronne
Ptis d'émail
FACE VESTIBULAIRE
Plis d ' é m a i
Infundibulums
Infundibulums
FACE OCCLUSALE
FACE OCCLUSALE
MOLAIRE SUPERIEURE GAUCHE DE CHEVAL ADULTE MOLAIRE SUPERIEURE GAUCHE DE BŒUF ADULTE
(DENT HYPSODONTE COMPOSEE TYPE LOPHODONTE) (DENT HYPSODONTE COMPOSEE - TYPE SELENODONTE)
usure a créé une table dentaire définie, la dentine mise à nu s'interpose entre deux
crêtes d'émail (Cristae enameli) qui représentent les sections respectives de l'émail péri-
ohérique, revêtant la couronne, et de l'émail central qui tapisse l'infundibulum. Comme
émail est bien plus dur que la dentine et s'use moins vite, les légers reliefs que consti-
tuent les crêtes donnent à la face occlusale la valeur d'une meule extrêmement efficace.
Quant à l'extrémité enchâssée, elle présente au début un large foramen à bords très minces
et donnant accès à un vaste cavum dentaire. Elle se rétrécit peu à peu lors de la forma-
tion de la racine et après l'achèvement de l'apex, son foramen finit par être ponctiforme.
La couronne porte une face occlusale (Faciès occlusalis) généralement bien discer-
nable avant même le début de l'usure. Cette face est caractérisée sur la dent vierge par
a présence de plusieurs reliefs fondamentaux dont chacun, nommé cuspide (Cuspis dentis)
est terminé par un sommet (Apex cuspidis) plus ou moins aigu et parfois flanqué de tuber-
cules accessoires. Le nombre et la disposition des cuspides sont variables et conduisent
à distinguer plusieurs types de dents composées. Le moins spécialisé correspond à
un régime alimentaire omnivore : c'est le type bunodonte (du grec : Pouvoç : élevure,
colline). Les cuspides y sont basses, larges et à peu près placées sur un même plan, sou-
vent compliquées de petits tubercules secondaires. L'usure les efface plus ou moins vite.
Dans les espèces carnivores, les cuspides sont en principe au nombre de trois, inégales
et surtout hautes, aplaties dans le sens vestibulo-lingual, à la fois pointues et tranchan-
tes. Ces dents affrontent leurs opposées à la manière des lames d'une paire de ciseaux.
Elles réalisent le type sécondonte ou tuberculo-sectorial. Dans les Herbivores enfin, les
cuspides, généralement nombreuses (six dans les molaires du Cheval) sont de hauteur
égale mais très grande, unies sur presque toute leur longueur soit par accolement direct
soit par l'intermédiaire de parois secondaires. Cet assemblage délimite une ou plusieurs
cavités profondes, dont chacune est un infundibulum dentaire comblé de cément. Il en
résulte que ces dents, généralement hypsodontes, ont un corps plus ou moins prismati-
que et une face occlusale large. Sur celle-ci, diverses dispositions contribuent à produire
une surface triturante d'une extraordinaire efficacité, par multiplication et complication
des crêtes d'émail lors de l'usure. Ceci est d'abord réalisé par la présence des infundibu-
lums. En outre, les cuspides sont incurvées, dessinant sur la face occlusale autant de
croissants qui caractérisent le type sélénodonte (du grec : as^.r|vr| : lune), particulière-
ment net chez les Ruminants. Chez les Equidés, les parois qui unissent les cuspides sont
en outre complexes, pourvues de multiples indentations ; elles forment avec les cuspi-
des de véritables murailles réalisant le type lophodonte (du grec : Àc>(|>oç : crête). Sur le
fût de la couronne, les faces de contact sont larges et lisses. Les faces vestibulaire et
linguale sont le plus souvent pourvues de sortes de colonnettes longitudinales dont cha-
cune est un pli d'émail (Plica enameli) encadré de cannelures, dont la présence compli-
que d'autant la disposition de l'émail sur la face occlusale.
Les racines des dents composées sont multiples. Certaines peuvent correspondre
de façon manifeste à l'une des cuspides de la couronne. Mais leur nombre est souvent
1 1 0 -
Canal de la racine
Cément
Foramen de l'apex
plus réduit et on admet que certaines d'entre elles résument alors les racines de plusieurs
cuspides. Les diverses racines s'unissent plus ou moins complètement au niveau du col-
let. A l'extrémité opposée, chacune d'elles forme un apex pourvu d'un foramen de l'apex.
Le cavum de la dent est en effet compliqué. Il comporte une cavité coronale plus ou moins
vaste, qui délègue un diverticule dans chaque cuspide et se continue par autant de canaux
radiculaires qu'il y a de racines.
De nombreuses théories ont été élaborées pour expliquer l'origine des dents composées. Elles
utilisent des arguments empruntés à l'Embryologie, à l ' A n a t o m i e comparée et surtout à la Paléon-
tologie, mais qui ne sont pas toujours concordants. Il est certain que la denture des Mammifères
comporte à la fois une réduction d é n o m b r e de dents (réduction du nombre d'os porteurs, réduction
du nombre de dentitions et réduction du nombre de dents dans chaque dentition) et une extrême
spécialisation par rapport à celle des Vertébrés inférieurs. En gros, on explique ce développement
des dents mammaliennes composées par deux sortes de théories. Pour les unes, les dents compo-
sées résulteraient d'une différenciation de dents simples. La plus répandue est la théorie tritubercu-
laire, selon laquelle les dents haplodontes développeraient, outre leur cuspide principale, deux
tubercules accessoires dont l'accroissement aboutirait à la formation de trois cuspides fondamen-
tales (protocone, paracone, métacone à la mâchoire supérieure ; protoconide, paraconide, métaco-
nide à la mâchoire inférieure). Celles-ci s'agenceraient selon différents modes, se compliqueraient
ensuite et se compléteraient de divers tubercules. Les théories du second groupe admettent au con-
traire que les dents composées proviennent de la concrescence de plusieurs dents simples, le plus
souvent dans la même dentition, éventuellement entre dents des deux dentitions. L'une des plus
répandues est la théorie des dimères, selon laquelle toute dent composée mammalienne résulte fon-
damentalement de l'union de deux dents primitives trituberculées. A j o u t o n s qu'une théorie synthé-
tique tient compte du fait que dents simples et dents composées coexistent dans une même arcade
selon un ordre défini ; elle admet l'existence de " g r a d i e n t s " morphogénétiques déterminant l'évo-
'ution particulière à chaque catégorie de dents (incisives, canines, prémolaires et molaires). Il est
impossible d'entrer ici dans plus de détails, bien qu'il s'agisse d ' u n problème des plus intéressants
(mais aussi des plus complexes) de l'évolution.
Dentine
La dentine (Dentinum) ou ivoire constitue la majeure partie de la dent, à laquelle elle
donne sa forme. Elle limite le cavum de la dent et sa surface porte l'émail et le cément.
Elle est dure, blanchâtre ou blanc jaunâtre, plus dure que l'os mais analogue à lui par
''aspect comme par la composition chimique. On y trouve en effet 28 % de matières
organiques et 72 % de matières minérales en moyenne. Les premières forment de minces
fibres de la dentine (Fibrae dentini), collagènes, noyées dans une substance fondamentale
'Substantia fondamentalis), glycoprotéique analogue à l'osséine. Les secondes sont
comme dans l'os, où leur proportion est un peu plus faible, constituées par de très petites
quantités de carbonates de calcium et de magnésie et essentiellement par un assemblage
de microcristaux d'hydroxyapatite (Cristalla hydroxyapatiti), comportant un groupement
complexe d'ions phosphate et calcium auquel l'association d'ions fluor communique une
plus grande dureté. La cristallisation radiaire de cette substance la fait apparaître comme
un ensemble de sphérules ou globules de la dentine (Globuli dentinales), noyées dans
a substance fondamentale et qui se tassent les unes contre les autres avant de fusion-
ner. En certains points et tout particulièrement près de la jonction dentino-émailleuse,
112 -
cette fusion est moins complète et laisse persister des espaces interglobulaires (Spatia
interglobularia), où la substance fondamentale n'est pas minéralisée. Dans la racine, des
espaces similaires caractérisent le stratum granulosum de la dentine (Stratum granulo-
sum dentini radicis).
Email
L'émail (Enamelum) est une substance très dure, translucide, qui revêt d'une cou-
che vitreuse la couronne, dont elle suit tout les accidents. Quelques sortes de dents ont
une couronne dont le revêtement émailleux est incomplet. Mais jamais on ne rencontre
d'émail sur les racines. Très adhérent à la dentine, celui-ci est en général plus épais sur
les éminences que dans les excavations de la couronne et du côté vestibulaire que du
côté lingual. Il communique aux parties de la dent qu'il revêt une coloration blanchâtre
avec des reflets nacrés.
(1) Quand la dentine subit une atteinte traumatique ou infectieuse, la pulpe réagit en élaborant une couche supplémentaire
de dentine en regard de la partie lésée : c'est la dentine réactionnelle, qui ne doit pas être confondue avec la dentine secondaire,
normale.
114 -
<ÊÊÊ0"
Wf>
Sur la dent vierge, la surface de l'émail se montre finement chagrinée ; elle se polit
ensuite par les frottements. Avant l'usure, elle possède un revêtement formé de deux
assises : la couche superficielle, épaisse de 5 à 1 0 | i m , n'est qu'un très léger dépôt
de cément résultant de l'activité du sac dentaire ; l'autre, plus profonde, de 1 à 2 } i m
seulement, est le vestige de l'épithélium adamantin. L'ensemble constitue la cuticule de
l'émail (Cuticula enameli). Sur les cassures, l'émail apparaît nettement strié selon son
épaisseur. C'est qu'il est constitué de prismes de l'émail (Prismata enameli) juxtaposés,
très solidement unis entre eux et implantés perpendiculairement sur l'ivoire. Chacun de
ces prismes, sécrété à l'origine par un améloblaste, est formé de cristaux d'hydroxyapa-
tite disposés parallèlement à son axe. Il est uni à ses voisins par une mince couche de
ciment lui aussi formé de cristaux d'hydroxyapatite, mais différemment orientés. L'ensem-
ble des prismes dessine sur les coupes parallèles à la surface une mosaïque élégante et
t'ès régulière dans laquelle la substance située entre les prismes prend l'aspect d'une
membrane limitante (Membrana prismatis). Sur les coupes perpendiculaires à la surface,
par contre, les prismes se montrent onduleux, disposés en faisceaux (Fasciculi enameli)
emboîtés sous différentes orientations, ce qui donne à chaque partie du revêtement un
maximum de solidité. La surface externe de l'émail est parcourue de fines stries qui mar-
quent l'existence sous-jacente de minces lamelles parallèles de substance hypocalcifiée :
les lamelles de l'émail (Lamellae enameli). Cette même surface est en outre criblée de
minuscules pores bien visibles en électromicroscopie, qui sont l'empreinte des proces-
sus des améloblastes (Processus enameloblasti) qui unissaient ces cellules aux prismes
qu'elles produisaient. Enfin, des variations à intervalles réguliers de l'orientation des cris-
taux dans les prismes déterminent des lignes incrémentales de l'émail (Lineae incrémen-
tales enameli). Quant à la jonction dentino-émailleuse (Junctio dentinoenameli), elle est
caractérisée par la pénétration dans la face profonde de l'émail de grêles prolongements
de dentine formant des pointes dans lesquelles viennent finir des canaliculës dentaires.
Cément
Le cément (Cementum) est une substance dure, opaque, de coloration gris-jaunâtre,
très comparable au tissu osseux. Il revêt les racines de toutes les dents. Il fait pratique-
ment défaut sur la couronne des dents brachyodontes mais revêt par contre plus ou moins
largement celle des dents hypsodontes. Dans ces dernières, il forme une mince couche
sur certaines parties de la surface et s'accumule dans les anfractuosités de la couronne,
en particulier dans les infundibulums, en si grande quantité parfois qu'il arrive à être pres-
que aussi abondant que la dentine.
La composition chimique du cément est, à peu de chose près, celle de l'os. La struc-
ture des deux tissus est d'ailleurs très comparable. Le cément présente la même subs-
tance fondamentale que l'os compact, avec des canaliculës osseux nombreux et très
irréguliers, ainsi que des ostéocytes de type particulier. Chacun de ces derniers est un
cémentoblaste (Cementoblastus), cellule volumineuse pourvue de prolongements ana-
stomotiques l'unissant à ses voisines. A la différence de l'os, le cément n'a générale-
ment pas une organisation lamellaire et les cémentoblastes sont disposés sans ordre.
Aussi les ostéones font-ils défaut dans les zones où le cément reste mince. Mais ils se
montrent, et avec eux des vaisseaux et des nerfs, sur les racines où celui-ci atteint une
certaine épaisseur et présente même des lignes incrémentales (Lineae incrémentales
cementi). Sur les racines également, le cément est en outre abordé perpendiculairement
par des fibres pénétrantes (Fibrae perforantes cementales), anciennement nommées
"fibres de Sharpey" et analogues à celles de l'os. Celles-ci viennent du périodonte, auquel
elles solidarisent le cément. Ce dernier devient acellulaire (Cementum noncellulare), au
voisinage du collet. Il fait étroitement corps avec la dentine sur les racines, mais n'adhère
pas toujours aussi bien à l'émail, dont il se détache parfois en petites plaques. Il perd
en effet toute vitalité en quittant le périodonte qui constitue sa matrice.
1 1 6 -
II ne faut pas confondre avec le cément le tartre qui se dépose au-dessus des genci-
ves ou dans l'intervalle des dents. Celui-ci est une formation grisâtre, jaunâtre ou brun
noir, qui se développe à partir des sels de calcaires de la salive ou des aliments et s'imprè-
gne plus ou moins de sulfures métalliques.
Pulpe dentaire
La pulpe dentaire (Pulpa dentis) est un tissu mou, rougeâtre ou rosé, qui occupe le
cavum de la dent et le remplit entièrement. C'est la persistance chez l'adulte de la papille
dentaire de la vie fœtale. Elle diminue progressivement avec l'âge et peut même dispa-
raître chez les très vieux sujets.
Comme la cavité coronale, elle se prolonge dans chacune des cuspides des couron-
nes composées en y formant une corne de la pulpe (Cornu pulpae). Dans le canal radicu-
laire, c'est la pulpe radiculaire (Pulpa radicularis), qui reçoit les vaisseaux et les nerfs par
le foramen de l'apex, au niveau duquel elle se met en continuité avec le périodonte et
la moelle osseuse de la mâchoire.
Elle est constituée par un tissu conjonctif très délicat, d'aspect gélatineux, dont la
substance fondamentale est fluide, peu collagène, fortement alcaline. Dans cette subs-
tance sont dispersées de nombreuses et très fines fibres collagènes, isolées et non grou-
pées en faisceaux. Les fibres élastiques font défaut. Les cellules sont de plusieurs sortes :
les plus nombreuses sont de type conjonctif embryonnaire. Chacune d'elles, étoilée et
pourvue de fins prolongements, est un pulpocyte (Pulpocytus). Il existe d'autre part, en
petit nombre, des macrophages et des cellules lymphoïdes. Enfin, près de la dentine
s'ordonnent de façon régulière des dentinoblastes ou odontoblastes, cellules volumineu-
ses, ovoïdes ou piriformes, à grand axe perpendiculaire à la surface pulpaire. Ces cellu-
les sont richement interconnectées par de nombreux et grêles prolongements. D'autres
processus plongent dans la pulpe tandis que des prolongements externes, plus impor-
tants, s'engagent dans les tubes de l'ivoire, où ils constituent les processus dentino-
blastiques ou "fibres de Tomes". La pulpe renferme en outre un très riche réseau hémo-
capillaire (Rete hemocapillare pulpae) qui lui permet d'assurer la nutrition de la dent et
d'en maintenir la vitalité. Elle possède aussi des fibres nerveuses nombreuses qui consti-
tuent sous la couche des odontoblastes un riche plexus subdentinoblastique (Plexus ner-
vorum subdentinoblasticus). Des terminaisons nerveuses ont été décrites dans la couche
des dentinoblastes (voir plus loin).
Périodonte
Le périodonte (Periodontium) comporte deux parties : le périoste de la paroi alvéo-
laire et le ligament périodontal (Lig. periodontale), qui unit la racine de la dent à l'alvéole
Ce ligament adhère beaucoup plus à la dent qu'à l'alvéole, de sorte qu'il s'arrache d'ordi-
naire avec la dent. Continu à l'entrée de l'alvéole avec le périoste de la mâchoire et avec
la propria mucosae de la gencive, il se met d'autre part en continuité avec la pulpe au
niveau du foramen de l'apex. Selon leur topographie et leur orientation, ses fibres son:
classées en plusieurs groupes. On nomme ligament gingival (Ligamentum gingivale
l'ensemble des fibres qui se portent du cément radiculaire voisin du collet à la crête de
l'os qui porte la gencive adjacente. Les fibres apicales (Fibrae apicales) vont de l'ape =
au fond de l'alvéole, à la périphérie des vaisseaux et nerfs de la pulpe. L'ensemble des
autres fibres constitue le ligament alvéolo-dentaire (Ligamentum dentoalveolare). Tous
les faisceaux de fibres sont mêlés de fibroblastes et de fibrocytes qui assurent leur cons-
tant remaniement.
- 117
Chaque rameau dentaire gagne l'apex d'une racine pour s'engager dans la pulpe et
s'y diviser. Le réseau qu'il produit est souvent renforcé par de grêles branches issues
118 -
Artère maxillaire
A. ophtalmique externe
A. auriculaire caudale
A. latérale du
A. alvéolaire inférieure
Ram. dentaire (dans le canal mandibulaire)
Rameaux mentonniers
Nerf ophtalmique
du périodonte (lequel reçoit son sang de multiples rameaux diploïques des artères précé-
dentes), branches qui pénètrent dans le canal de la racine par de minuscules foramens
secondaires. Les ultimes divisions de l'ensemble constituent le réseau hémocapillaire de
la pulpe, déjà cité. Très dense, ce dernier s'arrête à la couche sous-odontoblastique :
la dentine et l'émail sont complètement avasculaires.
La disposition des veines est calquée sur celle des artères. Les efférents qui sortent
par les apex sont drainés par les veines alvéolaire inférieure et infra-orbitaire.
Un réseau lymphatique pulpaire, très difficile à mettre en évidence, est drainé par
des efférents apexiens qui cheminent dans les canaux mandibulaire et infra-orbitaire. Ces
vaisseaux collectent au passage ceux du périodonte et sortent principalement par les
orifices rostraux de ces canaux, accessoirement par les orifices caudaux. Ils se rendent
aux nœuds lymphatiques mandibulaires et accessoirement aux nœuds lymphatiques rétro-
pharyngiens.
Les divers rameaux alvéolaires mêlent leurs fibres dans chaque mâchoire pour cons-
tituer un plexus dentaire (Plexus dentalis : superior, inferior) d'où procèdent des rameaux
gingivaux (Rami gingivales) et des rameaux dentaires proprement dits (Rami dentales).
Ces derniers pénètrent dans la pulpe par les apex dentaires en accompagnant les vais-
seaux. Ils s'y divisent et s'anastomosent en un plexus subdentinoblastique extrêmement
riche, déjà cité. Le lieu de terminaison des fibres est encore controversé. Il est acquis
que certaines vont jusqu'entre les odontoblastes, mais bien peu se prolongent jusque
dans la dentine. Quelques-unes accompagnent les processus odontoblastiques jusqu'au
début des canalicules dentaires, mais il est peu probable qu'elles aillent au-delà. Les des-
criptions de fibres nerveuses observées dans la dentine par différentes méthodes classi-
ques de neuro-histologie restent fort discutées. Il semble que les dentinoblastes, sans
être eux-mêmes des cellules nerveuses, puissent assurer indirectement la sensibilité de
la dentine en excitant par leurs réactions propres (gonflement et déplacement) les déli-
cates fibres nerveuses qui les entourent.
La denture des Equidés est hautement spécialisée. Elle présente un type herbivore
parfait, avec quasi-disparition des canines, disjonction des arcades incisives et molaires
120 -
séparées par un long diastème, hypsodontie extrême chez l'adulte et réalisation dans
les deux dentitions de tables triturantes d'une très grande efficacité. Les incisives ont
une évolution complexe, dont la connaissance revêt un grand intérêt pour la diagnose
3 I 4 3
de l'âge. La formule dentaire est : I — C - P - M — Il existe en ce qui concerne
3 I 3 3
les canines et les prémolaires des variations qui seront exposées plus loin.
Ces dents sont au nombre de six à chaque mâchoire et dans les deux dentitions.
Chacune d'elles a reçu en France un nom consacré par plusieurs siècles d'usage : les
deux centrales de chaque arcade sont les pinces ; leurs voisines immédiates sont les
mitoyennes ; les plus externes sont les coins.
Nous les décrirons d'abord chez le Cheval adulte, qui nous servira de type, puis chez
le poulain et enfin chez l'Ane et le Mulet. Nous récapitulerons ensuite la chronologie des
modifications qu'elles subissent au cours de la vie et terminerons par l'exposé sommaire
des principales anomalies.
Les incisives permanentes des Equidés ne sont jamais complètes. Quand l'usure com-
mence, elles sont formées seulement d'une couronne dont l'édification est à peine en
voie d'achèvement. Le développement de la racine dure encore plusieurs années et lorsqu'il
est achevé, une grande partie de la couronne a disparu du fait de l'usure.
Comme les autres incisives du Cheval adulte, la pince inférieure est allongée et pré-
sente un corps et deux extrémités. La longueur de la couronne est de 6 à 7 cm ; celle
de la racine atteint 3 cm, mais en raison de l'usure compensatrice de la couronne, la lon-
gueur totale de la dent n'excède jamais 7 cm et diminue dans la vieillesse.
Le corps est surtout formé par la couronne, qui l'occupe encore presque entièrement
lorsque la racine est développée. Il est régulièrement incurvé en long, sa concavité étant
du côté lingual. Sa largeur diminue régulièrement de l'extrémité occlusale à l'extrémité
enchâssée, tandis que son épaisseur vestibulo-linguale augmente dans le même sens.
Le collet n'est marqué par aucun rétrécissement ; il correspond même à la partie la plus
épaisse sur la dent vue de profil. La face vestibulaire, convexe en long et planiforme d'un
côté à l'autre, est progressivement rétrécie vers l'extrémité radiculaire. Sa partie coro-
nale montre de fines stries longitudinales et surtout une large cannelure parallèle au bord
mésial, dont elle est plus rapprochée que du bord distal. Cette cannelure s'atténue pro-
gressivement et disparaît avant d'atteindre le collet. La face linguale est un peu plus courte
que la précédente en raison de l'incurvation de la dent et de la coupure oblique de ses
extrémités. Elle est concave en long mais convexe d'un côté à l'autre. Cette convexité,
122 -
Entrée d e Entrée d e
Entrée d e
l'infundibulum
l'infundibulum
Extrémité occlusale
Extrémité enchâssée
Cannelure
Face occlusale
CoHet
Foramen de
l'apex
Extrémité radiculaire
faible près de l'extrémité occlusale, devient de plus en plus forte en allant vers le collet,
où cette face se convertit progressivement en un bord épais, puis anguleux sur la racine.
La face mésiale, qui regarde son homologue de l'autre pince, est à peu près parallèle au
plan médian sur le vivant. Elle est rétrécie près de l'extrémité occlusale, où elle a plutôt
l'aspect d'un bord épais, puis s'élargit et s'aplatit de plus en plus en allant vers le collet
et se rétrécit à nouveau sur la racine. A partir de la mi-hauteur de la couronne, elle est
parcourue par une dépression longitudinale d'abord peu distincte, qui devient ensuite large
et nette vers le collet et sur la racine. La face distale, qui regarde la mitoyenne, s'élargit
de la même façon vers le collet. Le bord qu'elle constitue près de l'extrémité libre est
plus étroit, plus anguleux que celui de la face précédente. Elle est aussi plus oblique en
direction mésiale, de l'extrémité occlusale à la racine. La partie élargie est également pour-
vue d'un large sillon, en général moins net que celui de la face mésiale.
L'extrémité occlusale présente une conformation très variable avec l'âge. Sur la dent
vierge, elle est étirée transversalement et aplatie dans le sens vestibulo-lingual. Elle montre
l'entrée d'un profond infundibulum, limitée par deux bords minces et presque tranchants,
dont le vestibulaire proémine de plusieurs millimètres sur le lingual. Chacun de ces bords
est légèrement échancré, de façon à être divisé en deux lobes dont celui du côté mésial
est plus étroit et plus élevé que le distal. Lorsque l'usure l'a attaquée, cette extrémité
est occupée par une véritable face occlusale ou table dentaire, dont le bord vestibulaire
est rectiligne et le bord lingual, d'abord à peine convexe, devient avec l'âge de plus en
plus arrondi puis anguleux, en même temps que la dimension transversale diminue. Cette
évolution caractéristique sera décrite plus loin en détail.
I . E x t r é m i t é occlusale v i e r g e ,
Infundibulum
Email p é r i p h é r i q u e
Email
Dentine
Cément
Email c e n t r a l
primaire
C a v u m dentaire 2,
Trace de dentine
secondaire
Cément
3, T a b l e o v a l e
D e n t rasée
Trace d'étoile dentaire
Email p é r i p h é r i q u e
Dentine primaire
Dentine secondaire
Email c e n t r a l
4, T a b l e ronde
COUPE SAGITTALE D'UNE INCISIVE Etoile dentaire
C é m e n t d e l'infundibulurr
central
Email p é r i p h é r i q u e
5, D e n t nivelée -
Dentine primaire
Dentine secondaire
Cavum dentaire
6, T a b l e t r i a n g u l a i r e
7, T a b l e b i a n g u l a i r e
formant ainsi de chaque côté un angle ouvert vers la racine. Dans l'infundibulum, l'émail
est plus mince qu'à la surface. Il ne présente aucun épaississement au fond de cette
cavité : la prétendue cheville émailleuse qu'on y a décrite n'existe pas. Le cornet qu'il
constitue est profond en moyenne de 18 mm sur la pince inférieure. Il se rétrécit pro-
gressivement, en restant toujours plus proche de la face linguale que de la face vestibu-
laire, dont le sépare dans le jeune âge la cavité dentaire.
Une table elliptique est celle d'une incisive dont l'usure a à peine entamé les marges
de l'infundibulum. Ses bords sont presque parallèles, le lingual étant à peine plus con-
vexe que le vestibulaire. Dans toute la suite de l'évolution, la convexité du bord lingual
ira en augmentant, tandis que le bord vestibulaire diminuera peu à peu tout en restant
rectiligne. La table dentaire est dite ovale lorsque son bord lingual est devenu nettement
convexe (l'augmentation d'épaisseur qui en résulte est toujours plus forte du côté mésial
de la table, d'où l'adjectif "ovale"). On parle de rotondité de la table lorsque le bord lin-
gual décrit presque un demi-cercle, la convexité restant toujours plus forte du côté mésial ;
à ce stade, l'axe vestibulo-lingual de la table est à peu près égal aux deux tiers de l'axe
transversal. Au stade de la triangularité, le bord lingual est devenu anguleux, ce qui le
subdivise en deux bords secondaires, l'un mésio-lingual et l'autre disto-lingual, un peu
plus long. La table est alors à peu près isodiamétrale. Enfin, dans la vieillesse, le triangle
précédent s'est si bien allongé dans le sens vestibulo-lingual et son bord vestibulaire est
si réduit que la table mérite l'épithète, exagérée mais très expressive, de biangulaire.
'enne Mitoyenne
INCISIVES SUPÉRIEURES
INCISIVES INFÉRIEURES
formation qui dessine ainsi l'étoile dentaire, dont l'étendue s'accroît avec l'âge. Lorsque
l'usure progresse vers le fond de l'infundibulum, l'émail central se rétrécit et tend à devenir
circulaire ; en même temps, il s'éloigne du bord vestibulaire et paraît ainsi se rapprocher
du bord lingual. Le moment vient où le cément de l'infundibulum disparaît complètement :
seul persiste encore quelque temps un îlot émailleux qui s'efface à son tour. On dit alors que
la dent est nivelée : c'est le nivellement, étape importante. Dans l'extrême vieillesse, quand
la dent est biangulaire, l'usure atteint le collet et peut même empiéter sur la racine. L'émail
périphérique arrive donc à disparaître en partie ; mais il persiste toujours au bord vesti-
bulaire, en raison de sa plus grande étendue sur la face correspondante. La dent n'est
plus alors qu'un chicot plus ou moins branlant, porté par un cément radiculaire abondant.
La cannelure de la face vestibulaire est toujours simple sur les incisives inférieures
et habituellement double sur les supérieures, la plus distale des deux étant moins accu-
sée. D'autre part, le collet est souvent mieux indiqué sur les incisives supérieures, où
il forme un léger étranglement. Enfin, l'infundibulum est plus profond sur les incisives
supérieures, ce qui rend plus tardifs le rasement et le nivellement.
De face : Dents divergentes, INCISIVES D'UN CHEVAL DE SIX ANS De p r o f i l : A f f r o n t e m e n t en mors d e tricoise.
De face : Dents parallèles. INCISIVES D'UNE JUMENT DE DIX ANS De profil A f f r o n t e m e n t ogival.
De face : Dents convergentes. INCISIVES D'UN CHEVAL DE VINGT-CINQ ANS De profil : A f f r o n t e m e n t angulaire.
1 - Conformation - On dit qu'un cheval a "la bouche faite" lorsque toutes les incisi-
ves d'adulte ont pris leur place dans les arcades, les coins arrivant à la table. A cette
époque, qui correspond à l'âge de 5 ans, les parties libres des incisives (couronnes clini-
ques) dépassent des gencives de 18 mm environ pour les pinces, 15 pour les mitoyen-
nes et 1 2 pour les coins. Les dents supérieures ont quelques millimètres de plus que les
inférieures.
Chaque arcade décrit un arc de cercle régulier. Cette disposition, bien visible lorsqu'on
l'examine sur la face occlusale, fait dire qu'elle est en "anse de panier". Vues par devant,
les dents divergent en outre légèrement vers leur extrémité occlusale. Par la suite, l'arcade
se rétrécit progressivement, comme la table de chaque dent en particulier. En même temps
que sa largeur totale diminue, sa dimension vestibulo-linguale augmente. Sa courbure
s'atténuant peu à peu, l'arcade arrive à dessiner une "anse de panier surbaissée" puis,
chez les vieux sujets, à être sensiblement rectiligne. En même temps, les parties libres
des incisives, vues de face, deviennent parallèles, puis de plus en plus nettement con-
vergentes, ce qui est un des signes les plus certains de grande vieillesse.
2 - Affrontement - En raison de leur courbure propre, les incisives des deux arcades
se correspondent d'abord directement. Examinées de profil, leurs couronnes cliniques
se prolongent l'une l'autre pendant l'occlusion, comme les mors d'une tenaille. On parle
alors d'un affrontement en "mors de tricoise". Par la suite, la correspondance se fait
moins directe : vue de profil, l'incidence devient ogivale. Cette ogive s'aplatit ensuite
de plus en plus, de sorte que dans la vieillesse, l'incidence devient franchement angulaire.
COIN INFÉRIEUR GAUCHE VIERGE COUPE SAGITTALE COIN SUPÉRIEUR GAUCHE AU DÉBUT DE L'USURE
D'UNE MITOYENNE DÉCIDUALE
[VU PAR SA FACE LINGUALE] AU DÉBUT DE L'USURE |VU PAR SA FACE LINGUALE)
il est aussi un peu plus long. Le bord occlusal montre l'entrée d'un infundibulum très large
et fortement aplati comme la couronne elle-même. Celui-ci est peu profond et renferme
peu de cément ; comme chez l'adulte, la bordure de son entrée est plus élevée du côté
vestibulaire que du côté lingual. Le bord radiculaire est arrondi et brusquement rétréci
pour former un collet très net.
Caractères distinctifs
Les incisives supérieures sont nettement plus volumineuses que les inférieures. L'obli-
quité distale de la table d'usure augmente plus rapidement encore que chez l'adulte de
la pince au coin. Le bord distal de la couronne est presque égal au mésial sur la pince ;
il est nettement plus petit que lui sur la mitoyenne. Le coin est aisément reconnaissable,
non seulement à son bord distal particulièrement bref et aigu, mais surtout à la faiblesse
remarquable de son volume.
QUINZE MOIS
DIX MOIS
Les coins commencent à s'user. Les pinces ont rasé à douze
Les coins sont sortis e t ne sont pas en c o n t a c t .
Les mitoyennes o n t rasé. Toutes les incisives o n t rasé et sont devenues très courtes.
Nous ferons connaître d'abord l'ordre dans lequel se produisent les divers phénomènes étu-
diés. Nous récapitulerons ensuite pour chaque âge les signes qui en sont caractéristiques.
1 - L'éruption s'effectue dans la première semaine pour les pinces ; vers un mois pour les mitoyen-
nes ; entre 6 et 8 mois enfin pour les coins, qui n'arrivent à la table que vers un an. Elle est à peu
près simultanée pour chaque paire de dents, supérieure et inférieure.
2 - Le début de l'usure se manifeste vers 2 mois sur les pinces, vers 4 mois sur les mitoyennes
et vers 1 5 mois sur les coins.
3 - Le rasement a lieu vers 12 mois pour les pinces, entre 1 5 et 1 8 mois pour les mitoyennes,
vers 2 4 mois sur les coins. Les incisives supérieures rasent avec un certain retard.
4 - Le nivellement se fait de façon variable ; il a lieu en général sur chaque dent peu avant la
chute de la dent.
I l ) On a signalé depuis quelques années des variations parfois importantes des dates d'éruption des incisives permanentes
chez les Chevaux. A peu près inconnues autrefois, elles paraissent très fréquentes de nos jours et peuvent se traduire par une avance
de plusieurs mois, voire près d'un an, des mitoyennes et des coins. Ce phénomène est peut-être lié aux conditions actuelles d'éle-
vage et d'alimentation.
134 -
2 - L'arrivée à la table, c'est-à-dire l'arrivée de la dent au contact de son opposée pendant l'occlu-
sion, a lieu pour les pinces six mois environ après le début de l'éruption, soit vers trois ans ou un
peu plus. Elle est un peu plus lente pour les mitoyennes, pour lesquelles elle s'effectue vers quatre
ans et plus encore pour les coins, qui entrent en contact vers cinq ans.
3 - Le rasement se produit à 6 ans sur les pinces inférieures, 7 ans sur les mitoyennes inférieu-
res, 8 ans sur les coins inférieurs, 9 ans sur les pinces supérieures, 10 ans sur les mitoyennes supé-
'ieures et entre 1 1 et 1 2 ans sur les coins supérieurs. On notera toutefois que les dates du rasement
présentent des variations fréquentes et relativement amples.
4 - La première trace d'étoile dentaire apparaît sur chaque dent dans l'année qui suit le rase-
ment, souvent un peu plus tard pour la pince et la mitoyenne.
5 - La rotondité s'appréciera surtout sur les incisives inférieures. Elle atteint les pinces à 9 ans,
les mitoyennes à 10 ans et les coins entre 10 et 11 ans. Elle est souvent plus tardive.
6 - Le nivellement s ' e f f e c t u e entre 1 2 et 13 ans sur les incisives inférieures, vers 13 ans sur
es coins supérieurs, entre 16 et 17 ans enfin sur les pinces et les mitoyennes supérieures.
7 - La triangularité est surtout nette sur les incisives inférieures. On la trouve vers 14 ans sur
: es pinces, 15 ans sur les mitoyennes et 16 à 17 ans sur les coins.
8 - Quant à la biangularité, elle se manifeste vers 1 8 ans sur les pinces inférieures, 1 9 ans sur
'es mitoyennes et 20 ou 21 ans sur les coins.
Les coins s'usent par leur b o r d vestibulaire. Le b o r d lingual des coins commence à s'user.
Les pinces rasent.
Les coins sont usés par t o u t le b o r d lingual mais n'ont pas rasé. Les coins o n t rasé à leur tour.
Les mitoyennes o n t rasé. N o t e r le d é b u t d ' é t o i l e dentaire sur les pinces e t les mitoyennes.
De face : Dents parallèles. INCISIVES D'UNE JUMENT DE DIX ANS De profil A f f r o n t e m e n t ogival.
De face : Dents convergentes. INCISIVES D'UN CHEVAL DE VINGT-CINQ ANS De profil : A f f r o n t e m e n t angulaire.
A 12 ans : Les pinces et les mitoyennes inférieures nivellent ou sont près de le faire.
A 13 ans : Toutes les incisives inférieures sont nivelées, de même que les coins supérieurs.
A 14 ans : L'incidence des arcades devient angulaire. Les pinces sont triangulaires.
A 15 ans : Les mitoyennes sont triangulaires.
A 16 ans ou 17 ans : Les coins sont triangulaires : les pinces et les mitoyennes supérieures nivellent.
Vers 18 ans : Les pinces deviennent biangulaires.
Vers 19 ans : Les mitoyennes deviennent biangulaires.
Entre 2 0 et 2 2 ans : Les coins deviennent biangulaires.
" L ' â g e de vingt à vingt et un an n'est pas, en effet, la limite de longévité du Cheval. Elle peut
atteindre trente, trente-cinq, quarante ans et plus. Mais il est certain que, à partir de quinze ans,
un cheval est déjà vieux ou t o u t au moins usé par l'excès des travaux que l ' h o m m e lui a imposés.
Quand il devient incapable de rendre des services équivalant à la nourriture et aux soins qu'il coûte,
est livré sans pitié et par la plus noire ingratitude à l'équarrisseur, au boucher ou à l'anatomiste ;
en sorte que peu de chevaux dépassent vingt a n s " (F.-X. Lesbre).
Anomalies de structure - Deux surtout sont fréquentes et importantes : ce sont l'excès de pro-
fondeur de l'infundibulum ou la réduction de la quantité de cément qu'il renferme. Il en résulte des
anomalies du rasement et du nivellement connues sous les noms de béguité et de fausse béguité.
Un Cheval est dit " b é g u " lorsqu'il présente un retard du rasement d'une ou de plusieurs incisi-
ves. Cette anomalie est due soit à l'excès de profondeur de l'infundibulum, soit au peu d'abondance
ou même au défaut du cément à son intérieur. Elle est si fréquente qu'elle rend aléatoire la considé-
-ation du rasement seul dans l'estimation de l'âge.
Un Cheval " f a u x - b é g u " présente un retard du nivellement d'une ou de plusieurs incisives. Dans
ce cas, si la couronne clinique a une longueur normale, c'est qu'il y a excès de profondeur de l'infun-
dibulum. Si la couronne clinique est trop longue, c'est en général qu'il y a défaut d'usure par excès
de dureté. Ce dernier cas mis à part, la béguité et la fausse béguité seront aisément reconnues à
a discordance qui se manifeste entre la forme de la table dentaire et les dessins de l'émail. La saillie
des dents étant normale, on évitera toute erreur en tenant compte de la forme de la table. La fausse
béguité par défaut d'usure rentre dans le cadre des anomalies suivantes.
Anomalies de dureté - Quand la dent présente un excès de dureté, l'usure est plus lente qu'à
ordinaire. Il en résulte une longueur excessive et de plus en plus grande de la couronne clinique,
en même temps qu'un retard correspondant dans l'évolution de la table. A l'inverse, si la dent man-
que de dureté, l'usure sera plus rapide et la couronne clinique se raccourcira : l'évolution de la table
sera en avance. Dans tous les cas, il suffira de rétablir par la pensée la longueur normale des dents
pour savoir de combien il conviendra de vieillir ou de rajeunir l'animal.
Anomalies de l'occlusion
Assez fréquentes, ces anomalies entraînent des déformations qui s'accusent avec l'âge sur les
deux arcades.
Dans l'usure de travers, l'arcade inférieure est usée plus d'un côté que de l'autre et la supé-
rieure est inversement conformée.
Le bec de perroquet prend origine dans une légère procidence de l'arcade supérieure et dans
l'inclinaison rostro-ventrale du plan des surfaces d'occlusion. Dans ce cas, la proéminence des inci-
sives supérieures centrales s'exagère peu à peu ; leurs tables s'étendent en biseau aux dépens de
la face linguale et elles chevauchent par devant les incisives inférieures, généralement raccourcies.
140 -
Racine
C A N I N E INFERIEURE G A U C H E
L
- 141
Le bec de perroquet renversé procède de causes analogues, mais dont le siège est à l'arcade
nférieure, qui proémine sur la supérieure. Il est bien plus rare que le précédent.
Bien qu'il ne s'agisse plus d'anomalies dentaires, nous devons en outre mentionner les tics,
habitudes vicieuses dont certaines entraînent une usure localisée et caractéristique des incisives.
Ainsi, dans le tic aérophagique " à l ' a p p u i " , les pinces, voire les mitoyennes, sont usées sur leur
face vestibulaire ou, si l'animal a l'habitude de serrer un objet entre ses dents, anormalement rac-
courcies par rapport au reste de l'arcade.
SITUATION - ÉVOLUTION
A chaque mâchoire, la canine est placée dans le long diastème ou barre qui sépare
es incisives des molaires. Elle est relativement voisine des premières, située à un centi-
mètre à peine du coin à la mâchoire inférieure, à trois centimètres de lui à la supérieure.
Les canines ne se correspondent donc pas d'une mâchoire à l'autre, les supérieures étant
plus caudales.
Ces dents font éruption entre quatre ans et quatre ans et demi, les inférieures appa-
raissant un peu avant les supérieures. Vers cinq ans, elles font une saillie à peu près égale
à celle des incisives, mais leur éruption ne s'achève que vers six ou sept ans. L'extré-
mité libre ne porte pas de table triturante, mais elle s'émousse peu à peu ; sous l'action
du mors ou de certaines habitudes, elle peut même présenter une surface d'usure, qui
n'intervient pourtant pas dans la mastication.
CONFORMATION
Les canines sont plus ou moins volumineuses selon les sujets, mais leur forme est
peu variable. Nous prendrons pour type une canine inférieure.
k-
- 143
La face vestibulaire, rétrécie vers chacune des extrémités, est convexe en tous sens.
Elle est revêtue d'émail sur toute l'étendue de la couronne. La face linguale est à peu
près plane. Au niveau de la couronne, elle est dépourvue d'émail, sauf au niveau d'un
r elief médian (tubercule dentaire) qui s'efface vers l'extrémité libre et se trouve encadré
par deux siilons profonds, le mésial un peu plus large. Des deux bords, le mésial est con-
vexe et plus mince que le distal, qui est concave. Au niveau de la couronne, chacun d'eux
est tranchant, formé par le revêtement émailleux de la face vestibulaire, qui se rabat pour
encadrer les cannelures de la face linguale. L'extrémité libre, tranchante et aplatie, des-
sine une sorte d'ogive, à la face linguale de laquelle se termine le sommet du tubercule
dentaire. L'extrémité apicale, presque circulaire sur la coupe, montre assez longtemps
un large orifice pulpaire, qui se réduit peu à peu et se ferme totalement dans la vieillesse.
Jusque vers six ou sept ans, en effet, le cavum de la dent reste vaste. La dentine de
seconde formation se développe lentement et finit par le combler totalement, mais de
façon tardive.
CARACTÈRES DISTIIMCTIFS
Les canines supérieures sont un peu plus courtes et un peu plus grêles que les infé-
rieures. L'ogive que dessinent les bords de la couronne y est un peu plus étroite et la
courbure du bord mésial est un peu plus marquée. L'usure attaque souvent le bord mésial
de la couronne sur la canine supérieure, le bord distal sur l'inférieure.
Il est très difficile sinon impossible de distinguer les canines de l'Ane et du Mulet
de celles du Cheval.
Chez tous les Equidés actuels, ces dents présentent des particularités remarquables,
qui sont apparues de façon progressive et concomitante dans leur lignée paléontologi-
que : 1 ) l'hypsodontie est très importante chez l'adulte, à peine marquée dans la denti-
tion déciduale. 2) les prémolaires sont, par la forme comme par le volume, semblables
aux molaires (molarisation des prémolaires). 3) la forme et la disposition des cuspides
sont caractéristiques du type lophodonte, variété du type sélénodonte.
En raison de leurs caractères différents, nous décrirons séparément les molaires supé-
rieures et inférieures du cheval adulte, avant d'étudier les arcades molaires dans leur
ensemble puis les molaires du poulain, de l'âne et du mulet. Nous récapitulerons enfin
leurs dates d'éruption.
Planche 7 5 - DERNIÈRE PRÉMOLAIRE SUPÉRIEURE GAUCHE (P IV) D ' U N CHEVAL DE SEPT ANS
- 145
Conformation extérieure
Le corps de la dent est donc prismatique, avec quatre faces. La face mésiale est
presque plane, légèrement convexe en long. Le bord qui la limite du côté vestibulaire est
anguleux ; celui qui la borde du côté lingual est mousse et arrondi. Sur la couronne clini-
que, elle montre une petite surface de contact, plane et lisse, qui résulte du frottement
contre la dent voisine. La face distale, un peu plus large que la précédente, est égale-
ment planiforme mais légèrement concave. Son bord vestibulaire est anguleux, presque
tranchant ; le bord lingual forme une sorte de colonnette (hypocône) détachée par un
sillon longitudinal. Une petite surface d'usure s'y forme aussi au niveau de ia couronne
clinique. La face vestibulaire présente deux fortes cannelures longitudinales que délimi-
tent trois reliefs ou styles. Le style intermédiaire (mésostyle) est le plus fort, bien déta-
ché, parcouru sur toute sa longueur par un léger sillon ; le mésial (parastyle), un peu plus
petit, est conformé de façon analogue ; quant au distal (métastyle), il est mince et moins
élevé, formant un simple bord saillant ou aigu. La face linguale, convexe dans le sens
mésio-distal, est parcourue par deux sillons longitudinaux et étroits, mais assez profonds,
qui limitent une sorte de pilier (protocône) large et aplati, lui-même parcouru par un léger
sillon secondaire. De part et d'autre, deux autres piliers moins saillants occupent le reste
de cette face ; le distal est le plus fort.
L'extrémité occlusale montre clairement, quand elle est vierge, que la dent est cons-
tituée de plusieurs cuspides coalescentes. Les divers éléments qu'elle porte se poursui-
vent tout le long de la couronne par les saillies et les replis décrits plus haut. Examinée
par cette extrémité, la dent paraît résulter de l'accolement de deux parties presque sem-
blables, l'une mésiale et l'autre distale, dont chacune est elle-même constituée par l'ali-
gnement et la soudure de trois cuspides : vestibulaire, intermédiaire et linguale. Les
cuspides vestibulaires, mésiale (paracône) et distale (métacône), sont de plusieurs milli-
mètres plus hautes que les autres. Fortement convexes du côté lingual, elles détermi-
nent en s'accolant l'une derrière l'autre une sorte de muraille qui correspond à la face
vestibulaire de la dent. Les cuspides intermédiaires, moins élevées, sont encore plus con-
vexes du côté lingual. Leurs bords s'unissent par des ponts transversaux aux parties cor-
respondantes des précédentes, de façon à délimiter avec elles deux vastes infundibulums,
un mésial et l'autre distal, très profonds et dans lesquels s'amasse une grande quantité
de cément. Quant aux cuspides linguales, à peine moins élevées que les précédentes,
elles sont beaucoup moins volumineuses, surtout en ce qui concerne la distale. Cette
dernière (hypocône), la moins distincte, semble résulter d'un dédoublement de la cus-
pide intermédiaire à laquelle elle est accolée. L'autre, nommée protocône, est beaucoup
plus distincte. Légèrement étirée dans le sens mésio-distal, elle est attachée par un pont
bref à la cuspide intermédiaire.
Lorsque l'usure a progressé, la face occlusale est loin d'être plane. Elle est oblique
par rapport à l'axe de la dent, son bord vestibulaire étant beaucoup plus saillant que le
lingual. Les mouvements de mastication y déterminent deux fortes crêtes transversales
séparées par une dépression. La puissance de trituration est considérablement augmen-
tée par les replis nombreux et compliqués que forme l'émail. L'abrasion du sommet des
cuspides puis de la partie vide des infundibulums détermine la séparation d ' u n émail
périphérique ou d'encadrement et de deux émaux centraux, appartenant à chacun des
Face distale Face distale Dentine primaire
Dentine secondaire CD
Métastyle. Hypostyle
Cuspide distale
linguale (Hypocône)
C é m e n t central
Cuspide distale
vestibulaire (Métacône) Infundibulum distal
Face linguale
Cuspide distale
intermédiaire (Métacônul<
Face vestibulaire
Email périphérique
Email central
Pli caballin
Mésostyle,
Pli caballin
Dentine primaire
C u s p i d e mésiale linguale
C u s p i d e mésiale (Protocône]
vestibulaire (Paracône)
Dentine secondaire
Infundibulum mésial
Cuspide mésiale.
intermédiaire (Protocônule)
Rarastyle C é m e n t périphérique
lilikik^
Face mésiale Face mésiale
DENT VIERGE, EXTRAITE DE L'ALVÉOLE PEU AVANT L'ÉRUPTION DENT ENTAMÉE PAR L'USURE
L'extrémité radiculaire, largement ouverte dans le jeune âge, porte quatre racines,
deux vestibulaires et deux linguales, longues de 20 à 25 mm dans leur plein développe-
ment et portées par un collet bien prononcé. Individualisées par subdivision de l'apex
primitif, ces racines se forment peu à peu en s'étirant jusqu'à atteindre trois centimètres
et parfois plus sur de très vieilles dents. Les deux racines linguales se différencient tardi-
vement l'une de l'autre et restent unies par leur base.
L'émail revêt toute la couronne et se réfléchit jusqu'au fond des deux infundibulums.
Contrairement à ceux des incisives, ces derniers ne se rétrécissent pas de façon pro-
gressive et occupent à peu près toute la hauteur de la couronne, jusqu'au voisinage du
collet. L'usure ne peut donc les effacer que dans l'extrême vieillesse. Notons enfin que
les dessins de l'émail sur la face occlusale évoluent et se simplifient peu à peu pendant
la progression de l'usure au long de la couronne.
Le cément est particulièrement abondant sur cette dernière. Il s'amasse dans les can-
nelures et dans les sillons ; surtout, il emplit presque complètement les deux infundibu-
lums, de sorte que le rasement est très précoce. Toutefois, le cément est relativement
peu abondant sur les parties enchâssées ; il ne se dépose qu'à la sortie de l'alvéole, où
persiste un véritable anneau cémentant. Pour la même raison, ce n'est que dans la vieil-
lesse qu'il s'amasse en quantité importante sur les racines.
Caractères distinctifs
Contrairement à ce qu'on observe dans la généralité des Mammifères, les prémolai-
res occupent sur l'arcade une plus grande longueur que les molaires : le rapport est de
6/5. Toutes ces dents se ressemblent beaucoup : mises à part la première et la dernière,
la détermination de leur rang est parfois difficile. On tiendra compte des détails suivants :
la largeur de la table diminue légèrement de la première à la dernière. En général, le pro-
tocône est de plus en plus étiré des premières aux dernières, ce qui rend plus distal le
sillon qui le limite en arrière. Le pli caballin, très marqué sur les prémolaires, se réduit
sur les molaires et devient parfois à peine discernable sur les dernières. En raison de l'orien-
tation des molaires, les tables dentaires sont de plus en plus obliques distalement par
rapport au grand axe de ces dents en allant de la première à la dernière.
La première de l'arcade (P II) est facile à reconnaître au bord anguleux qui lui tient
lieu de face mésiale. Son protocône a une forme arrondie quand on l'examine sur la face
occlusale. Les deux racines du côté lingual sont unies sur une grande étendue, de sorte
qu'elles semblent longtemps n'en faire qu'une.
00
Partie libre
la couronne
Partie enchâssée
Partie enchâssée
„^ e _ d e la couronne
g. d e la c o u r o n n e .
Parastylide Entocônide
Mésostylide
Métacônide
Parastylide
Racines.
La dernière molaire est non moins caractérisée par son bord distal épais, qui rem-
place la face correspondante et donne à la table occlusale une forme triangulaire. Le pro-
tocône est étroit et allongé. Les deux racines du côté lingual sont encore largement
fusionnées.
Conformation extérieure
Comme son homologue supérieure, cette dent n'est pas encore radiculée lors de
l'éruption et n'est jamais complète. A peu près aussi longue qu'elle, elle est beaucoup
plus étroite : elle mesure 17 mm dans le sens vestibulo-lingual contre 30 dans le sens
mésio-distal.
Le corps est prismatique à quatre faces. La face mésiale est planiforme, un peu con-
vexe en long. Son bord lingual est aigu, le vestibulaire arrondi. La face distale est plus
étroite. Elle montre du côté lingual un pilier saillant et plat (hypocônulide) formant un
bord aigu et du côté vestibulaire un relief arrondi (hypocônide) séparé du précédent par
un fort sillon longitudinal. Comme sur la précédente, une petite surface planiforme d'usure
se développe sur la couronne clinique. La face vestibulaire est bilobée par un profond
sillon séparant deux larges reliefs parallèles, l'un mésial (protocônide) et l'autre distal (hypo-
cônide). La face linguale est divisée par une large et profonde cannelure en deux parties
saillantes : la mésiale (métacônide) est la plus étroite, bordée en avant par un mince relief
tranchant (parastylide) ; la distale est elle-même décomposée par deux sillons secondai-
res en trois piliers dont l'intermédiaire (entocônide) est le plus fort.
Après usure, la face occlusale est oblique, avec un bord lingual beaucoup plus sail-
lant que le bord vestibulaire. La mastication y a déterminé deux fortes crêtes transversa-
les. Cette surface montre surtout des replis d'émail compliqués qui dessinent, en raison
de la fissuration des deux infundibulums sur la face linguale, une sorte de E majuscule
ouvert du côté lingual. Les émaux centraux restent ainsi en continuité avec l'émail péri-
phérique à l'extrémité de chacune des branches transversales de ce E. La branche longi-
tudinale de celui-ci est fortement élargie au niveau des deux cuspides qui la constituent
et rétrécie entre elles. Près de l'attache de la branche transversale moyenne, elle porte,
Face mésiale Face mésiale ai
o
Parastylide
I n f u n d i b d u m mésial
C u s p i d e mésiale
vestibulaire (Protocônide) Métacônide Email p é r i p h é r i q u e Cément central
Face linguale
Pli c a b a l l i n Pli c a b a l l i n
Mésostylide Face v e s t i b u l a i r e
Face v e s t i b u l a i r e
Face l i n g u a l e
Infundibulum
C u s p i d e distale
vestibulaire (Hypocônide)
Dentine secondaire
Métastylide (Hypocônulide)
Face d i s t a l e Face d i s t a l e
du côté distal, deux étroits replis émailleux, externe et interne, dits "plis caballins". Des
trois branches transversales, la mésiale est très grêle, la moyenne forte et largement bilo-
bée à l'extrémité linguale ; la distale, est également bilobée mais son lobe distal est grêle
et comme aplati contre la dent adjacente.
L'extrémité radiculaire porte, au-delà d'un collet à peine marqué, deux fortes raci-
nes, l'une mésiale et l'autre distale, légèrement aplaties et incurvées en direction distale.
L'émail est plus abondant et plus dur que dans les molaires supérieures, ce qui per-
met une plus forte résistance à l'usure. Il en résulte que les molaires inférieures s'usent
à peu près à la même vitesse (environ 3 mm par an) que les supérieures, bien qu'elles
opposent à ces dernières des surfaces triturantes beaucoup moins étendues.
Le cément est abondant non seulement dans les infundibulums, où il reste en conti-
nuité avec celui de la face linguale, mais aussi sur cette dernière et sur la face vestibu-
laire, dont il tend à niveler toutes les dépressions.
Caractères distinctifs
Si la première et la dernière dents de l'arcade sont faciles à reconnaître, il n'en est
pas de même pour les intermédiaires. Les prémolaires ont une table légèrement plus lon-
gue que celle des molaires, mais l'écart est moins grand qu'à la mâchoire supérieure :
le rapport est de 10/9. La largeur de la table diminue légèrement de la première à la der-
nière dent. Sur la face occlusale, les deux lobes qui terminent du côté lingual la branche
moyenne du E sont d'autant moins développés et d'autant plus courbés l'un vers l'autre
qu'on envisage une dent plus caudale. L'implantation des molaires sur la mandibule étant
de plus en plus oblique vers l'arrière, la table d'usure s'en trouve de plus en plus inclinée
par rapport à l'axe de la dent.
La première dent de l'arcade se reconnaît facilement à son bord mésial épais, rem-
plaçant la face correspondante. La dernière molaire est également facile à reconnaître
en raison de son allongement du côté distal, où elle se termine par un bord anguleux,
déterminé par le développement tout à fait caractéristique de la cuspide correspondante.
L'ensemble de la couronne est nettement incurvé du côté distal. Enfin, la racine distale,
très large, est dédoublée, de sorte qu'il existe en fait trois racines disposées en ligne.
MOLAIRE
SUPÉRIEURE
DENTS
PRÉMOLAIRES
Barre (Espace i n t e r d e n t a i r e i
DENT C A N I N E
Racines
Couronne
d'un seul côté à la fois, par alternance. Il en résulte aussi que l'usure est plus grande
vers l'intérieur pour les molaires supérieures et vers l'extérieur pour les inférieures. Ainsi,
la saillie des couronnes cliniques est de 1 5 à 18 mm quand on la mesure à la face vesti-
bulaire des dents supérieures ou à la face linguale des inférieures ; elle n'excède guère
10 mm sur les faces opposées.
Dans chaque mâchoire, les molaires sont en contact étroit au niveau de leurs extré-
mités occlusales, mais divergent au contraire par leurs parties enchâssées. La première
est perpendiculaire à l'arcade et les suivantes sont de plus en plus obliques en direction
caudale, ce qui assure le maximum de cohésion à l'ensemble. Peu après l'éruption, les
couronnes étant encore très hautes, les molaires sont implantées profondément dans
les mâchoires : les supérieures s'enfoncent jusqu'au niveau du conduit infra-orbitaire et
remplissent à peu près complètement les sinus maxillaires ; les inférieures occupent pres-
que toute la hauteur de la portion correspondante de la mandibule. L'ensemble éprouve
avec l'âge un double déplacement : 1) L'éruption vide les alvéoles pour compenser le
raccourcissement produit par l'usure ; 2) Les molaires migrent et se déplacent rostrale-
ment le long de leurs supports osseux, qui se modèlent en conséquence. Tous ces phé-
nomènes et leurs conséquences topographiques ont été décrits en Ostéologie.
Dent de loup
Cette dent tire son nom (Dens lupinus) de sa forme souvent conique et de sa situa-
tion parfois isolée sur la barre, ce qui lui donne un peu l'aspect d'une canine. Sa forme
et son volume présentent de grandes variétés. La couronne est toujours brève, la dent
radiculée d'emblée et l'éruption rapidement achevée.
La dent de loup supérieure est toujours la plus développée. Sa couronne peut pré-
senter l'ébauche d'un infundibulum, mais elle est le plus souvent mamelonnée, terminée
en pointe mousse. Le collet est très marqué et la racine deux fois plus longue que la cou-
ronne. Cette dent est parfois rudimentaire, styloïde, plus ou moins couchée sur la gen-
cive. Il n'est pas rare qu'elle persiste à côté des dents permanentes. La dent de loup
inférieure est toujours grêle et conoïde quand elle existe.
L
- 157
158
avec la faible durée de leur usage. En conséquence, leur éruption est précocement limi-
tée. Elles sont plus étroites et proportionnellement plus allongées que celles de l'adulte.
Le protocône est plus court que dans les remplaçantes et les styles de la face vestibu-
laire sont moins forts. Sur la table d'usure, les émaux centraux sont plus sinueux. Les
racines sont larges et aplaties, les deux de la face linguale se confondant en une sorte
d'expansion apophysaire ; leurs orifices sont précocement obturés. Enfin, le développe-
ment des dents remplaçantes les ronge bientôt et les réduit.
La première de l'arcade (p2) se reconnaît toujours à son bord mésial anguleux, qui
tient lieu de la face correspondante. Sa table est allongée et étirée et son mésostyle par-
ticulièrement large. Enfin, son protocône est bref et arrondi.
La dernière (p4) se distingue de celle qui précède à son protocône plus long et à la
longueur un peu plus grande de sa table.
La première de l'arcade (p2) est caractérisée par la longueur de sa table et son bord
mésial anguleux. La dernière (p4) est reconnaissable à son aspect trilobé et à son bord
distal tranchant et allongé, qui font ressembler sa table à celle de la dernière molaire de
l'adulte.
Dans les molaires supérieures, le pli caballin fait défaut ou n'existe qu'à un état très
rudimentaire, alors qu'il ne s'efface qu'à un âge avancé chez le Cheval. Le protocône
est moins développé ; il est surtout moins allongé distalement, de sorte que son pédon-
cule est inséré presque en son milieu au lieu d'être rostral comme chez le Cheval. Les
styles de la face vestibulaire sont plus étroits et plus simples, non dédoublés chez l'Ane ;
ce caractère est surtout net sur les prémolaires. Les émaux centraux sont en généra! moins
sinueux chez l'Ane que chez le Cheval, mais il y a sous ce rapport une grande variété
dans les deux espèces. Les deux cannelures de la face vestibulaire sont plus profondes
en proportion chez le Cheval que chez l'Ane.
Dans les molaires inférieures, la table d'usure est proportionnellement plus étroite
que chez le Cheval et ce caractère est surtout net sur les dents déciduales. Le dessin
produit sur la table d'usure par l'émail des deux cuspides (métacônide et mésostylide)
jumelées à l'extrémité linguale de la branche transversale intermédiaire du E dessine une
sorte de 8 dont les deux boucles sont à peu près d'égale longueur chez le Cheval, alors
que la mésiale est nettement plus longue que la distale chez l'Ane. En outre, la distale
est plus arrondie chez l'Ane, où les deux boucles sont directement alignées l'une derrière
MOLAIRES INFÉRIEURES
l'autre et non déjetées du côté lingual comme chez le Cheval. Notons toutefois que, par
exception, la première molaire de l'arcade présente dans les deux espèces un 8 dont la
boucle distale est la plus grande.
Quant aux molaires du Mulet, elles réunissent les caractères de celles de l'Ane et
de celles du Cheval mais ressemblent plus, selon Lesbre, aux premières qu'aux secon-
des. En fait, leur diagnose spécifique est souvent difficile, voire impossible.
DATES D'ÉRUPTION
Les prémolaires déciduales se montrent parfois dès la naissance et en général au cours des
deux premières semaines, à l'exception de la dent de loup, qui fait éruption entre 5 et 6 mois.
Les molaires de l'adulte font éruption aux dates suivantes :
PII supérieure : 28 à 3 4 mois inférieure : 26 à 32 mois
Plll - : 38 à 4 2 mois - : 30 à 34 mois
P IV - : 4 5 à 50 mois - : 40 à 44 mois
Ml - : 8 à 12 mois - : 8 à 12 mois
Mil - : 2 0 à 26 mois - : 20 à 26 mois
M III - : 4 0 à 50 mois - : 40 à 50 mois
Les prémolaires permanentes inférieures sont donc plus précoces que les supérieures. D'autre
part, les dates d'éruption des molaires d'adulte présentent des variations parfois importantes,
surtout pour M III.
Les Ruminants ont une denture beaucoup plus simple que celle des Equidés, bien
que très spécialisée. Chez le Bœuf, le Mouton et la Chèvre, la formule dentaire est
toujours : 0 0 3 3
I _ c - P - M -
4 0 3 3
Il y a donc 20 dents chez le jeune et 32 chez l'adulte 111 . Leur morphologie est com-
parable dans les trois espèces. Le Bœuf sera pris pour type.
{1) La formule dentaire des Camélidés est très différente de celle des Bovidés. On trouve chez les chameaux 34 dents chez
l'adulte, selon la formule : 0 0 III I I 0 III IV | Il ||l
I : C : — P: M :
I II III I I 0 0 IV I II III
Les Lamas ont une formule similaire, mais la première prémolaire manque aux deux mâchoires.
On notera en outre que dans tous les Camélidés, les canines restent nettement séparées de l'arcade incisive et sont fortes
et pointues.
162 -
Tubercule dentaire
Bord distal
Cinqulum
Etoile dentaire _
Il
III
I
III DENT RASIE
(L'usure a a t t a q u é le tubercule dentaire)
HA
Dsntins
C a v u m dentaire
COUPE SAGITTALE
quatre incisives, dont la dernière équivaut à une canine. Disposées en une arcade régu-
lière, ces dents sont nommées, du centre à la partie distale : pince, première mitoyenne,
deuxième mitoyenne et coin. Toutes sont un peu mobiles dans leurs alvéoles, qui sont
courts et ne renferment que la moitié apicale de la racine. Celle-ci est fixée par un liga-
ment périodontal lâche et dans le reste de son étendue par un fort ligament gingival et
une gencive épaisse.
La racine est cylindroi'de, un peu aplatie d'un côté à l'autre. A peine épaissie au niveau
du collet, elle se termine par un apex arrondi. Sa croissance s'achève peu de temps après
la fin de l'éruption et elle mesure alors environ deux centimètres. Le foramen de l'apex
devient très vite ponctiforme.
L'émail revêt d'abord la couronne sans discontinuité ; il est relativement mince, sur-
tout sur la face linguale. Après usure du bord occlusal, il forme un encadrement simple
à la dentine mise à nu.
Le cément est très peu abondant, surtout sur la couronne, qui devient très blanche
dès que son émail a été poli par le frottement des lèvres ou de la langue. Une très petite
quantité persiste toutefois dans les dépressions de la face linguale.
164 -
Première Première
mitoyenne mitoyenne
Deuxième
Deuxième
mitoyenne
mitoyenne
FACE VESTIBULAIRE
Pince Pince
Première Première
mitoyenne mitoyenne
Deuxième
mitoyenne
FACE LINGUALE
Quelques mois après le rasement, apparaît sur la surface d'usure une mince ligne
brune transverse : c'est la première ébauche d'étoile dentaire, dont le dessin s'épaissit
vite et laisse place en son centre à une nouvelle ligne de dentine secondaire, celle-ci claire.
L'étoile dentaire est dès lors constituée d'une surface blanche entourée d'un liséré som-
bre qui la sépare de la dentine primaire. Sa forme évolue ensuite comme celle de la sur-
face occlusale elle-même et devient quadrangulaire puis finalement circulaire.
CARACTÈRES DISTINCTIFS ET DISPOSITION DANS L'ARCADE (Pl. 87, 89, 90, 94)
Sur une même arcade, les incisives ont une taille fortement mais régulièrement
décroissante de la pince au coin. Sur des dents vierges, la longueur de la couronne d'un
coin (12-1 5 mm) est à peine égale aux deux tiers de celle d'une pince (18-23 mm). En
outre, l'incurvation des dents vers le côté distal augmente dans le même sens : sur la
pince, la couronne est à peu près dans le prolongement de la racine et son bord mésial
à peine plus long que le distal. Sur le coin, la couronne semble faire un angle avec la
racine et son bord mésial, fortement convexe, est nettement plus long que le distal.
Dans leur ensemble, ces dents forment une arcade disposée en croissant, nettement
plus large en son centre qu'aux extrémités. Elles sont en outre légèrement chevauchan-
tes, le bord mésial de chacune d'elles couvrant un peu la face linguale du bord distal de
celle qui précède. Cet agencement résulte d'un mode particulier d'éruption : au moment
166 -
de leur sortie, les incisives sont en effet placées dans l'os avec leur couronne dans un
plan presque sagittal, leur bord distal étant plutôt vestibulaire. Lorsqu'elles traversent
la gencive, elles sont encore de travers et les dents remplaçantes sont en outre situées
en arrière de la place qu'elles sont appelées à prendre. En achevant leur éruption, elles
tournent sur elles-mêmes d'un quart de tour et viennent ainsi chevaucher leurs voisines
sorties avant elles.
Le début de l'usure est irrégulier et dépend du régime alimentaire. En général, l'usure commence
vers 3 mois sur les pinces et atteint les coins vers l'âge de 6 mois. Les dents semblent alors s'écar-
ter en raison de la croissance de la mandibule. Rasement et étoile dentaire ne fournissent pas d'indi-
cation précise. Le nivellement peut s'effectuer à des dates assez variables. En moyenne, il a lieu
vers un an pour les pinces, quinze mois pour les premières mitoyennes, dix-huit mois pour les deuxiè-
mes mitoyennes et vingt ou vingt et un mois pour les coins.
Les différences se manifestent avec une ampleur croissante des premières mitoyennes aux coins,
sur lesquels se constate plus spécialement la précocité ou le caractère tardif. Elles sont essentielle-
ment liées à la race, mais les variations individuelles augmentent dans le même sens. L'éruption
des premières mitoyennes s ' e f f e c t u e en moyenne à 29 mois ( ± 2 mois) dans la race la plus précoce
examinée (Française frisonne pie noire) et vers 33 mois ( ± 3 mois) dans la plus tardive (Tarentaise) 11
(1 ) La race charolaise, réputée précoce, a pratiquement la même chronologie de remplacement des incisives que la race taren-
taise, rustique et réputée tardive. La différence n'est significative que pour les coins.
168 -
Eruption des deuxièmes mitoyennes Les pinces sont déjà fortement usées quand les coins font éruption
Celle des deuxièmes mitoyennes varie de 37 mois ( ± 3 mois) à 43 mois ( ± 3 mois) selon la race.
Les coins font éruption à 4 4 mois ( ± 3 mois) dans les races précoces, à 52 mois ( ± 3 mois) dans
es races tardives. Il va sans dire que des variations individuelles peuvent excéder ces limites, mais
elles sont peu nombreuses.
Les chiffres qui précèdent sont relatifs au début de l'éruption. Celle-ci est achevée deux mois
plus tard pour les pinces, 3 à 4 mois pour les mitoyennes et 5 à 7 mois plus tard pour les coins.
La chronologie de toute l'évolution varie d'ailleurs beaucoup avec le régime alimentaire, ainsi
qu'avec le degré d'obliquité des incisives, qui n'est pas égal chez tous les individus. La diagnose
de l'âge s'en trouve affectée d'une marge d'incertitude beaucoup plus grande encore que chez les
Equidés.
Nous décrirons d'abord les dents de l'adulte. Aux deux mâchoires, la première pré-
molaire (P I) manque et les trois prémolaires présentes (P II, P III, P IV) sont beaucoup
plus petites et plus simples que les molaires. L'ensemble forme une arcade qu'une barre
de 10 à 12 centimètres sépare des incisives et dans laquelle le volume des dents croît
régulièrement de la première à la dernière. Toutes ces dents sont en outre faiblement
hypsodontes : leur couronne n'est que modérément allongée et leur éruption peu tardi-
vement limitée, surtout pour les prémolaires.
Les racines sont au nombre de trois, dont deux vestibulaires et une linguale, celle-ci
plus forte. Elles naissent sur un collet très marqué et sont légèrement incurvées en direc-
tion distale.
172 -
Infundibulum distal
Cuspide
Métastyle 5
distale linguale
Cuspide distale (Hypocône)
vestibulaire (Métacône)
Racines
Mésostyle
Colon nette
interlobaire
Collet •uspide mesial
vestibulaire (F
mesiale
Cuspide
Parastyl<
mésiale linguale
(Protocône)
Colonnette Infundibulum mésial
interlobaire
FACE OCCLUSALE VIERGE
Couronne
Email périphérique.
Email central
Dentine
Infundibulum distal
Protocône Colonnette
interlobaire
lum mesial
Hypocône^^
Infundibulum distal / Infundibulum mésial
Métacône Paracône
M i l GAUCHE
Infundibulum
Racines
Collet
Email central
Infundibulum
Les caractères distinctifs sont fournis par la taille et la hauteur de la couronne, qui
augmentent de la première à la dernière prémolaire. En outre, la première est toujours
facile à identifier. Sa couronne est incurvée en direction disto-linguale, avec une face
mésiale remplacée par un bord épais et libre. Elle est toujours oblique par rapport aux
autres.
La face occlusale montre sur la dent vierge quatre grosses cuspides coalescentes :
deux vestibulaires, mésiale (paracône) et distale (métacône), les plus saillantes, et deux
linguales, l'une mésiale (protocône) et l'autre distale (hypocône). Epaisses et convexes
sur chacune de leurs faces mais surtout du côté lingual, ces cuspides sont unies sur leurs
bords par trois fortes parois transversales. L'ensemble délimite deux infundibulums, dans
desquels le cément est bien moins abondant que chez les Equidés. En outre, dans l'échan-
crure qui sépare les deux cuspides de la face linguale, on voit le sommet plus ou moins
pointu de la colonnette interlobaire. A première vue, cette disposition paraît analogue
à celle que présentent les molaires supérieures des Equidés, molaires dont les deux cus-
pides du côté lingual auraient disparu, la colonnette interlobaire représentant seulement
un dernier vestige du protocône. L'évolution paléontologique des Bovidés montre qu'il
s'agit seulement d'une apparence. En fait, les quatre cuspides des molaires supérieures
du Bœuf équivalent aux deux cuspides vestibulaires et aux deux cuspides linguales de
celles du Cheval, ces dernières beaucoup plus développées, alors que les cuspides inter-
médiaires n'existent pas. Quant à la colonnette interlobaire, c'est une sorte de tubercule
dentaire développé à partir d'un cingulum primitif, lui-même effacé.
Après l'attaque de l'usure, la face occlusale est, comme chez les Equidés, découpée
en vallées transversales par des crêtes, qui sont ici beaucoup plus aiguës. Les infundibu-
lums, dont le cément n'est atteint que tardivement, forment deux émaux centraux
flexueux. L'émail périphérique dessine un B majuscule dont les boucles sont tournées
du côté lingual ; la colonnette interlobaire, qui forme d'abord un îlot isolé, ne tarde pas
à se joindre à lui et forme alors une petite presqu'île entre les deux boucles.
174 -
Infundibulum distal
Colonnette
Face linguale
interlobaire
Cuspide mésiale
linguale (Métacônide)
Email périphérique
Email central
Lobe distal
Collet Infundibulum
FACE LINGUALE
M II GAUCHE
Face vestibulaire
Face distale
mesi<
Face mésiale.
Rudiments
d'infundibulums ' Dentine
primaire
Dentine
Face mésiale secondaire
Les racines sont au nombre de trois, deux du côté vestibulaire et une du côté lin-
gual. Cette dernière, très large et fortement cannelée, semble en représenter deux acco-
lées. Toutes trois sont légèrement divergentes et un peu déjetées en direction distale :
elles sont portées par un collet très peu marqué. Elles mesurent environ 25 mm quand
elles sont complètes. Leurs apex se ferment relativement tôt.
Les caractères distinctifs portent d'abord sur la taille, qui croît de la première molaire
à la dernière et surtout sur les proportions de la couronne, dont la dimension mésio-distale
croît nettement plus que la dimension vestibulo-linguale. Les racines sont de plus en plus
incurvées en direction distale en allant de la première molaire à la dernière. Celle-ci pré-
sente une face distale dépourvue de surface de contact et plus convexe d'un côté à l'autre,
avec un bord vestibulaire épais ; sa racine vestibulo-distale est très large et nettement
incurvée du côté distal.
La première (P II) est petite et très simple. La couronne n'a guère plus de 1 5 mm
de haut. Sa face vestibulaire est convexe. Sa face linguale, à peine convexe, est pour-
vue de deux faibles dépressions longitudinales. Les bords mésial et distal sont épais. Le
bord occlusal, très court, est tranchant ; il n'est attaqué par l'usure que de façon tardive
et irrégulière. Les racines sont relativement grêles, à peine plus longues que la couronne.
La seconde (P III), deux à trois fois plus forte, ébauche déjà les caractères des molai-
res. Sa couronne, haute de 25 mm environ quand elle est vierge, est constituée de deux
lobes très incomplets, dont le distal, trois fois plus petit que l'autre, est encore rudimen-
taire. La face vestibulaire montre clairement cette disposition : un fort sillon longitudinal
sépare deux reliefs inégaux, chacun correspondant à l'un des lobes. La face linguale, beau-
coup plus irrégulière, est divisée par une dépression longitudinale large et profonde mais
qui n'atteint pas le collet. Chacune des parties ainsi délimitées est à son tour subdivisée
par une cannelure étroite, qui équivaut à une ébauche d'infundibulum largement fissuré
sur toute sa hauteur. La face mésiale est étroite, légèrement convexe, réduite en fait
à un bord épais. La face distale est plus large et planiforme. L'extrémité occlusale figure
à l'état vierge une sorte de bord tranchant irrégulier ; après usure, elle forme une table
étroite et l'émail périphérique esquisse un E ouvert du côté lingual et dont la partie mésiale
est étirée et incomplète. Les racines sont beaucoup plus fortes que celles de P II et lon-
gues de 2 cm environ.
La troisième (P IV) ressemble à la précédente, mais elle est plus grosse et ses lobes
moins rudimentaires. La couronne vierge a près de 3 cm de haut. Sur la face vestibulaire,
le sillon est en proportion plus proche du bord distal, le relief du lobe mésial étant 5 à
6 fois plus large que l'autre. A la face linguale, la dépression centrale est plus profonde
et plus étroite, moins évasée vers l'extrémité occlusale. Sur cette dernière, l'émail des-
sine après usure un E dont la boucle mésiale, toujours beaucoup plus large que la distale,
est plus complète, mieux dessinée. Les racines, surtout la distale, sont un peu déjetées
du côté distal.
178 -
Arcade molaire
de M I
La première, que nous prendrons pour type, possède à l'état vierge une couronne
haute de 4 cm environ. Celle-ci est nettement aplatie d'un côté à l'autre. Sa face vesti-
bulaire est divisée en deux gros lobes arrondis, à peu près égaux, par un fort sillon longi-
tudinal dont le fond est occupé par une colonnette interlobaire. Sa face linguale, nettement
plus haute, est divisée de même par une large et profonde dépression, celle-ci dépour-
vue de colonnette ; les deux lobes y sont encore égaux et chacun d'eux est en outre
bordé près de la face de contact, par une colonnette (ou stylide) étroite et simple. Les
faces de contact sont étroites et planiformes, avec une petite surface d'usure près de
l'extrémité occlusale. A l'état vierge, cette dernière se montre constituée de quatre cus-
pides assemblées deux à deux et délimitant deux profonds infundibulums comme à la
mâchoire supérieure, mais orientées en sens inverse, c'est-à-dire convexes du côté ves-
tibulaire, où se trouve en outre la colonnette interlobaire. Si les deux cuspides vestibulai-
res (protoconide, mésiale, et hypoconide, distale) sont certainement homologues des deux
cuspides linguales des molaires supérieures, la nature des deux cuspides de la face lin-
guale est plus incertaine. On admet en général qu'elles sont homologues des deux cuspi-
des vestibulaires des molaires supérieures, mais la comparaison avec les prémolaires de
la même arcade peut laisser penser qu'à deux cuspides fondamentales, mésiale (méta-
cônide) et distale (entoconide) sont annexés des éléments comparables aux stylides qui
restent si nettement distincts chez les Equidés. Après attaque de l'usure, la surface occlu-
sale se montre très oblique en direction ventrale et vestibulaire, creusée de fortes val-
lées transverses que séparent des crêtes aiguës. Lorsque les deux émaux centraux se
sont isolés, l'émail d'encadrement dessine un B complet à boucles tournées du côté ves-
tibulaire, avec la colonnette interlobaire formant presqu'île à leur jonction. Les racines,
longues de 3 cm environ et portées par un collet net, sont au nombre de deux, l'une mésiale
et l'autre distale, cette dernière un peu plus longue et plus forte que l'autre. Chacune
prolonge directement le lobe correspondant et s'incurve très légèrement en direction dis-
tale. La conformation intérieure et la structure sont en tout point comparables à celles
des molaires supérieures.
Coin
Deuxième mitoyenne
Première mitoyenne
Pince
Les prémolaires inférieures ressemblent pour les deux premières à des prémolaires
d'adulte et pour la dernière à une molaire. La première a une couronne petite et pointue,
avec de faibles dépressions à la face linguale. Elle possède deux racines comme la sui-
vante. Celle-ci ressemble tout à fait à sa remplaçante mais elle est nettement plus petite.
Quant à la dernière, elle est très caractéristique : sa couronne est en effet trilobée, cha-
que lobe comportant deux cuspides aiguës qui limitent un infundibulum complet ; il y
a donc trois de ces cavités, ce qui ne se rencontre sur aucune dent de l'adulte. Il y a
en outre trois racines, une pour chaque lobe : l'intermédiaire est grêle et un peu mésiale ;
la distale est la plus forte.
Bien que présentant les mêmes caractères morphologiques que celles des Bovins,
ces dents en diffèrent, outre leur petite taille, par de nettes particularités. L'hypsodontie
est manifeste sur toute l'arcade.
INCISIVES
La couronne de ces dents est proportionnellement plus longue et plus étroite que
chez le Bœuf ; elle est environ deux fois plus longue que large et peu évasée à l'extré-
mité occlusale. Elle est en outre plus incurvée en direction linguale et affronte plus
182 -
ARCADE M O L A I R E INFÉRIEURE ^
PIV
-PII
L
- 183
L'éruption des incisives remplaçantes s'effectue selon le même processus que chez le Bœuf :
la dent permanente apparaît de travers derrière celle qui la précède, elle pivote au cours de l'érup-
tion de façon à chevaucher un peu le bord distal de sa voisine. Ce remplacement s'effectue vers
15 mois pour les pinces, 21 mois pour les premières mitoyennes, 28 mois pour les deuxièmes mitoyen-
nes, peu après trois ans pour les coins. Les variations de trois mois en plus ou en moins ne sont
oas rares chez le M o u t o n , dont les coins sortent souvent après 3 ans et demi. Pinces et mitoyennes
mettent environ un mois et demi pour arriver à la table. Le coin évolue plus lentement et n'atteint
ce niveau que vers 4 ans, un peu plus t ô t chez la Chèvre.
L'évolution ultérieure des incisives est fort irrégulière et surtout liée au régime : elle est plus
rapide chez la Chèvre, dont les aliments sont souvent ligneux. En règle générale, le coin reste vierge
jusque vers quatre ans et demi et à cinq ans il est encore peu entamé. Seul, le nivellement des inci-
sives donne ensuite quelques indications. Il se produit en principe entre 5 et 6 ans sur les pinces,
entre 6 et 7 ans sur les premières mitoyennes, de 7 à 8 ans sur les secondes mitoyennes et vers
9 ans sur les coins.
PRÉMOLAIRES ET MOLAIRES
Toutes ces dents ressemblent presque en tout à celles du Bœuf. Elles sont seule-
ment beaucoup plus petites. Chez l'adulte, la couronne est en proportion nettement plus
ongue et de conformation beaucoup plus simple, dépourvue des petits replis secondai-
res d'émail qu'on trouve chez le Bœuf ; en particulier, la colonnette interlobaire manque
sur toutes les molaires des deux mâchoires. Les prémolaires inférieures sont un peu moins
^complètes que chez le Bœuf. La première montre déjà deux sillons nets à sa face lin-
guale. La seconde ébauche un petit infundibulum sur son lobe distal. La dernière pré-
sente deux lobes plus nets, le distal aplati contre la dent suivante, et portant chacun un
petit infundibulum peu profond, dont le distal est plus faible.
Les prémolaires déciduales ressemblent aussi à celles du Veau, mais avec une taille
beaucoup plus faible et des dispositions d'émail plus simples. La dernière inférieure est
ici encore trilobée avec trois infundibulums et trois racines.
Les arcades molaires sont plus convergentes rostralement que chez le Bœuf. Les
inférieures sont légèrement convexes du côté vestibulaire. Les crêtes transversales des
tables sont plus aiguës, ainsi que le bord vestibulaire des arcades supérieures et le bord
lingual des arcades inférieures.
1 8 4 -
DENTS
M III _ MOLAIRES
DENTS INFÉRIEURES:
MOLAIRES
SUPÉRIEURES J M II _
DENTS
PRÉMOLAIRES
SUPÉRIEURES P IV
PHI
, DENTS PRÉMOLAIRES
. P II F INFÉRIEURES
CANINE
SUPÉRIEURE
C A N I N E INFÉRIEURE
DENTS INCISIVES
SUPÉRIEl
Coin
Mitoyenne DENTS INCISIVES INFÉRIEURES
Pince
Les dates d'éruption varient avec l'espèce et les individus. Les prémolaires déciduales font érup-
tion vers un mois, en général un peu plus t ô t chez le M o u t o n et nettement plus tard (jusqu'à trois
mois) chez la Chèvre. La première sort souvent après les autres. Les molaires font éruption : la pre-
mière vers 3 mois, la seconde vers 9 mois et la dernière vers 18 mois ; leur sortie est souvent un
peu plus tardive chez la Chèvre. Quant au remplacement des prémolaires, il a lieu vers 20 mois,
souvent un peu plus t ô t chez la Chèvre et plus tard chez le Mouton.
Les incisives supérieures ont une orientation moins longitudinale que les inférieu-
res ; elles servent plus à la préhension des aliments, alors que ces dernières sont plutôt
disposées pour fouir le sol. La pince a une couronne large, relativement courte, convexe
à la face vestibulaire et concave sur la face linguale. Son bord distal est plus court et
plus oblique que le bord mésial. Celui-ci s'incurve un peu vers celui de la pince opposée,
les deux étant convergentes par leur extrémité occlusale et délimitant un intervalle trian-
gulaire par leur partie proximale. Le bord occlusal est très oblique, peu distinct du bord
distal ; surtout, il est excavé à son revers lingual, où s'ébauche un infundibulum large
et peu profond. Le collet est net et la racine forte, profondément implantée dans l'os.
La mitoyenne ressemble à la pince mais elle est nettement plus petite, avec une couronne
plus courte, plus comprimée d'un côté à l'autre et un infundibulum à peine marqué.
Pince
Coin
DENTS PRÉMOLAIRES
ARCADE MOLAIRE
SUPÉRIEURE ^
DENTS MOLAIRES
ARCADE DENTAIRE
SUPÉRIEURE
• DENTS PRÉMOLAIRES
Coin
Mitoyenne
ARCADE INCISIVE INFÉRIEURE <
, Pince
ARCADE DENTAIRE
INFÉRIEURE
Elle est située en regard du coin inférieur, avec lequel elle n'entre pas en contact pen-
dant l'occlusion, la pince affrontant pour sa part à la fois son homologue et la mitoyenne
inférieures. Quant au coin, il est tout aussi faible et isolé qu'à la mâchoire inférieure. Sa
situation est plus distale encore. Sa couronne est aplatie d'un côté à l'autre et son extré-
mité occlusale est trilobée, découpée par deux incisures peu profondes.
Les incisives déciduales ressemblent aux deux mâchoires à leurs remplaçantes, mais
elles sont beaucoup plus petites. Les coins font toutefois exception : ils sont particuliè-
rement grêles, styloïdes comme de minuscules canines et très faiblement implantés.
A la naissance, les coins déciduaux ont déjà fait éruption, ainsi que les canines : il n'est pas
rare que ces dents, petites et pointues, irritent les tétines de la mère. Les pinces se montrent dans
la deuxième semaine à la mâchoire inférieure, la deuxième ou la troisième à la supérieure. Les mitoyen-
nes sont nettement plus tardives : elles percent la gencive vers deux mois à la mâchoire inférieure,
entre 2 et 3 mois à la mâchoire supérieure. L'évolution de ces dents ne donne guère d'indications
sur l'âge. En cas de nécessité, on pourra avoir recours à l'examen des molaires.
L'éruption des incisives permanentes se fait dans le même ordre que celle des incisives déci-
duales. Le coin apparaît encore en même temps que la canine, vers 9 ou 10 mois, parfois vers un
an. Le remplacement des pinces a lieu entre 12 et 15 mois et celui des mitoyennes vers un an et
demi. Ici encore, l'évolution de ces dents, très variable avec les races et les sujets, est peu caracté-
ristique. Tout au plus peut-on noter que les mitoyennes inférieures ne sont guère attaquées par l'usure
avant deux ans. On peut tirer quelques indications complémentaires de l'examen des canines chez
le verrat et des molaires dans les deux sexes.
La canine inférieure est un peu moins épaisse mais beaucoup plus longue que la supé-
rieure : elle peut atteindre 20 à 25 cm de long chez les vieux verrats. Elle s'incurve de
telle sorte que sa partie libre se recourbe par-devant la canine supérieure, entre celle-ci
et le coin supérieur et, soulevant la lèvre inférieure, décrit à l'extérieur une courbe de
plus en plus longue. Le corps de la dent est nettement trifacié. La face distale, qui occupe
toute sa concavité, est dépourvue d'émail. Les deux autres, séparées par un bord mésial
aigu, n'en ont qu'un revêtement très mince. L'extrémité libre est pointue et elle est, comme
le bord lingual, maintenue aiguë par le frottement contre la canine supérieure. L'extré-
mité enchâssée, large et toujours occupée par l'orifice béant du cavum dentaire, s'enfonce
de plus en plus profondément dans l'os avec l'âge, jusqu'à atteindre le niveau des molai-
res. Chez la truie, la croissance est bien moindre et la longueur dépasse rarement trois
à quatre centimètres ; le calibre de la dent est en outre nettement plus faible et celle-ci
est aplatie d'un côté à l'autre.
La canine supérieure est nettement plus grosse à sa base mais beaucoup moins lon-
gue que l'inférieure : sa longueur n'excède guère une dizaine de centimètres chez les
vieux verrats. Elle s'incurve d'abord latéralement puis caudalement, de sorte qu'elle passe
derrière son homologue inférieure et sort plus précocement qu'elle de la bouche en sou-
levant la lèvre supérieure. Sa forme est celle d'une pyramide grossièrement quadrifaciée,
avec des angles très peu marqués, la section étant presque circulaire. La face distale,
188 -
concave, est dépourvue d'émail, lequel est très mince, voire absent, sur le reste de la
surface. L'extrémité libre s'use par sa face mésiale, convexe, contre la canine inférieure.
L'extrémité enchâssée, large et toujours béante, occupe dans le maxillaire le fort relief
qui borde la fosse canine. Chez la femelle, cette dent n'est pas seulement plus courte
et plus grêle ; elle est aussi aplatie d'un côté à l'autre.
Les canines déciduales sont d'une extrême gracilité ; ce sont de brefs stylets à peine
courbés, qui ne dépassent la gencive que de quelques millimètres.
Eruption et évolution
Nous avons déjà dit que les canines font, dans les deux dentitions, éruption à peu
près en même temps que les coins : avant la naissance pour les déciduales, entre 9 et
12 mois pour les remplaçantes. Ces dents soulèvent à peine la lèvre chez la truie, où
la longueur de leur couronne clinique n'excède guère trois centimètres. Chez le verrat,
les crocs supérieurs commencent à apparaître au-dehors vers 2 ans et demi alors que
les inférieurs n'en font autant que vers 3 ans et demi ou 4 ans.
Les prémolaires inférieures sont les plus simples ; elles sont aplaties d'un côté à l'autre
et presque tranchantes comme des dents de Carnivores. La première est séparée des
autres, située non loin de la canine et à distance de la seconde. C'est une dent caduque
qui persiste plus ou moins longtemps dans la dentition d'adulte, tombe chez les sujets
d'un certain âge et n'est pas remplacée. Sa couronne est peu volumineuse, étroite et
simple, avec un bord aigu. Elle est pourvue de deux racines, l'une mésiale et l'autre dis-
tale. La seconde a une couronne plus étendue dans le sens mésio-distal et légèrement
trilobée, avec un lobe intermédiaire encadré de deux faibles dépressions sur la face ves-
tibulaire. Elle possède également deux racines. La troisième lui ressemble, mais, outre
qu'elle est plus grosse, sa couronne porte des sillons plus marqués sur la face vestibu-
laire et deux dépressions similaires mais moins profondes, à la face linguale. Elle est par-
fois triradiculée, la racine distale se bifurquant. La quatrième est la plus grosse et la plus
épaisse. Elle est trilobée comme les précédentes mais comme elle est la plus haute, l'usure
efface aussi plus vite les détails de son bord occlusal. Les dépressions de la face linguale
et surtout de la face vestibulaire sont plus profondes. Elle est pourvue de trois racines.
Les molaires supérieures ont la même organisation que les inférieures. Leur couronne
est toutefois plus épaisse dans le sens vestibulo-lingual. Les deux premières sont encore
formées de quatre grosses cuspides et ont quatre racines. La dimension mésio-distale
l'emporte faiblement sur la transverse dans la première, plus nettement dans la deuxième,
qui ébauche en outre une cuspide distale supplémentaire. La dernière est très grosse,
constituée comme son homologue inférieure mais plus large et moins développée vers
l'arrière. Sa cuspide distale est plus étroite, moins nettement bilobée. On compte encore
six racines.
Prémolaires déciduales
Il en existe quatre à chaque mâchoire. La première n'est pas remplacée et comme
elle fait éruption après les autres, elle est souvent considérée comme une prémolaire
d'adulte dont la déciduale aurait avorté. En fait, le caractère tardif de son éruption se
retrouve dans la plupart des Mammifères, et comme, par anomalie, une dent permanente
peut lui succéder, il convient de la rapporter à la dentition déciduale. Nous ne l'avons
décrite avec les prémolaires de l'adulte que parce qu'elle participe à la constitution de
leur arcade.
Aux deux mâchoires les deux dents suivantes ressemblent beaucoup à celles qui
les remplacent. La dernière, beaucoup plus volumineuse que les autres, ressemble à la
dernière molaire de l'adulte à la mâchoire inférieure, plutôt à l'avant-dernière à la supé-
rieure.
DATES D'ÉRUPTION
Les prémolaires déciduales font éruption : la première entre 4 et 6 mois, les autres plus t ô t .
La seconde sort vers un mois et demi, la troisième vers une ou deux semaines à la mâchoire supé-
rieure, entre 2 et 5 semaines à l'inférieure, la dernière enfin entre 2 et 3 semaines à la mâchoire
supérieure, entre 4 et 6 semaines à l'inférieure.
Les prémolaires remplaçantes font éruption entre 1 2 et 15 mois aux deux mâchoires. Quant
aux molaires, elles se montrent, aux deux mâchoires également : la première entre 4 et 6 mois, donc
à peu près en même temps que la première prémolaire, la deuxième vers 10 mois (entre 8 mois
et un an), la dernière vers 20 mois (entre 18 et 2 2 mois).
190 -
Précarnassières <
CANINE INFÉRIEURE
Conformation
La couronne, épaisse, est aplatie dans le sens vestibulo-lingual près de l'extrémité
occlusale et un peu d'un côté à l'autre près du collet. La face vestibulaire est lisse,
192 -
Mitoyenne Pince
FACE VESTIBULAIRE
DENT CANINE
SUPÉRIEURE GAUCHE
Mitoyenne Mitoyenne
convexe en tous sens, rétrécie vers le collet. La face linguale est renflée près de ce der-
nier en un fort cingulum. Celui-ci forme un croissant dont les extrémités atteignent la
base du bord tranchant, où chacune détermine un petit tubercule ; sa concavité limite
une légère dépression que subdivise un tubercule dentaire central, large et un peu sail-
lant mais étalé jusqu'au sommet du bord tranchant. Les faces de contact, larges au niveau
du collet, se rétrécissent rapidement pour finir en pointe sur les extrémités du cingulum.
Le bord tranchant dessine sur la dent vierge une ogive à sommet mousse, encadrée à
sa base par les deux tubercules qui marquent les extrémités du cingulum et dont chacun
est séparé de la cuspide centrale par une petite échancrure. Il est donc trilobé, avec un
lobe central très proéminent sur la dent vierge, et dessine ce qu'on nomme le " t r è f l e "
(ou "fleur de lys") de la dent. Cette disposition annonce le type trituberculaire que réali-
sent prémolaires et molaires.
La racine est trois à quatre fois plus longue que la couronne, fortement comprimée
d'un côté à l'autre et terminée par un apex rapidement fermé. Elle est implantée de façon
très solide dans son alvéole. Le collet est bien marqué.
Structure et évolution
La dentine est épaisse et comble de façon précoce le cavum de la dent. L'émail revêt
toute la couronne d'une couche épaisse. Le cément est très peu abondant, absent en
fait sur la couronne.
L'usure s'exerce d'abord sur le lobe central du bord tranchant, qu'elle raccourcit
jusqu'à atteindre les deux tubercules qui l'encadrent. Alors, le bord occlusal étant devenu
rectiligne et épais, le trèfle disparaît : c'est le nivellement. Plus tard encore, la couronne,
très raccourcie, jaunit, se sépare de ses voisines et se réduit à un chicot.
A chaque mâchoire, l'arcade incisive décrit un arc de cercle régulier, plus large à
la supérieure qu'à l'inférieure, où son incurvation est moindre. Les incisives supérieures
débordent ainsi les inférieures de sorte que dans l'occlusion, la pince supérieure couvre
un peu son homologue inférieure et la partie adjacente de la mitoyenne inférieure. La
mitoyenne supérieure vient couvrir le bord occlusal des deux incisives latérales. Le coin
supérieur se place entre le coin et la canine inférieurs et un petit diastème le sépare de
la canine supérieure. Les races dolichocéphales conservent cette disposition alors que
les races brachycéphales présentent une prognathie inférieure qui laisse les incisives et
les canines supérieures plus ou moins loin derrière leurs homologues et leur enlèvent leur
efficacité.
Incisives déciduales
Elles ont la même conformation que leurs remplaçantes, mais elles sont beaucoup
plus petites, plus étroites aussi en proportion et plus pointues.
194 -
Pince
.Coin
Précarnassières
DENTS
PRÉMOLAIRES
A R C A D E M O L A I R E SUPÉRIEURE Y
P IV (Dent carnassière)
DENTS MOLAIRES
(Tuberculeuses)
Tuberculeuses
DENTS MOLAIRES
Ml (Dent carnassière)
A R C A D E M O L A I R E INFÉRIEURE ^
• DENTS PRÉMOLAIRES
(Précarnassières)
DENT C A N I N E INFÉRIEURE
Il existé des variations raciales des dates d'éruption, mais elles sont loin d'avoir l'ampleur qu'on
leur attribue parfois. Le chiot naît sans dent 1 1 1 . Les premières à apparaître sont les canines (vers
21 jours). Les coins se montrent ensuite, vers 25 jours. Les autres incisives suivent de près : les
mitoyennes vers 28 jours et les pinces vers 3 0 jours. Toutes ces dents sont bien dégagées et ont
terminé leur éruption vers six semaines. Les pinces inférieures nivellent vers deux mois et demi et
les mitoyennes inférieures entre trois mois et trois mois et demi.
Le remplacement dentaire s'effectue très t ô t , puisqu'il est achevé vers cinq mois pour les inci-
sives et les canines et qu'à sept mois, les arcades molaires elles-mêmes sont complètes. Les pinces
sont remplacées les premières, vers quatre mois. Puis les mitoyennes le sont vers quatre mois et
demi et enfin les coins et les canines vers cinq mois. Les races de grande taille sont en général plus
précoces et les petites plus tardives, mais les variations sont t o u t au plus de l'ordre de quelques
semaines.
L'évolution ultérieure des incisives est des plus irrégulières. Elle dépend en effet surtout du régime
alimentaire et des habitudes du sujet, les chiens nourris de soupe usant leurs dents bien moins vite
que ceux qui rongent des os ou jouent avec des objets durs. En général, les incisives restent bien
blanches et vierges jusque vers huit ou dix mois. Les pinces inférieures sont entamées à cet âge
et nivellent vers un an ou un an et demi, alors que les mitoyennes inférieures commencent à s'user.
Ces dernières nivellent entre un an et demi et deux ans, époque où l'usure atteint les pinces supé-
rieures. Celles-ci nivellent vers trois ans et demi, avec de très larges variations individuelles. Les
dents commencent alors à jaunir et vers quatre ou cinq ans, les mitoyennes supérieures sont nive-
lées à leur tour. Au-delà de cet âge, les dents se raccourcissent progressivement et jaunissent de
plus en plus.
La couronne occupe près du tiers de la longueur totale. Sa face vestibulaire est con-
vexe et lisse, sa face linguale parcourue d'un léger sillon limité à son bord mésial par
une petite crête. Le bord mésial est convexe, le bord distal concave et l'extrémité occlu-
sale forme une simple et forte pointe.
La racine présente une forme telle que la largeur et l'épaisseur maximales de la dent
se trouvent à son niveau, à peu près au milieu de l'organe, et non sur la couronne. Sa
face vestibulaire est nettement plus convexe que sa face linguale, qui est presque plane.
L'apex est étroit et précocement fermé ; l'implantation est si profonde qu'il atteint aux
deux mâchoires le voisinage de la racine mésiale de la deuxième prémolaire.
11 ) Il a en outre les yeux fermés. Les paupières s'ouvrent vers 10 ou 12 jours, et cet élément peut être retenu pour l'estimation
de l'âge.
196 -
Canines déciduales
Elles sont non seulement beaucoup plus petites que leurs remplaçantes, mais plus
grêles en proportion, plus incurvées et plus pointues. Nous avons déjà dit qu'elles font
éruption avant les incisives, vers trois semaines, et qu'elles sont remplacées vers cinq
mois.
Les précarnassières supérieures sont les trois premières prémolaires. La première est
petite, avec une couronne simple, ogivale, dont la face linguale montre à sa base un cin-
gulum net, ébauchant par son extrémité un petit lobe distal. Les deux autres, de taille
croissante, sont aplaties d'un côté à l'autre, tranchantes et trilobées, avec un lobe inter-
médiaire saillant, un lobe mésial bas et peu détaché et un lobe distal plus allongé. Cha-
cune a deux racines, dont la distale est presque deux fois plus forte que l'autre. La dernière
précarnassière (P III), la plus grosse, a un cingulum plus saillant et un tubercule distal
mieux délimité.
Les tuberculeuses supérieures sont les deux molaires. Elles sont fortes, avec une
couronne basse et large, nettement plus développée en travers que dans le sens mésio-
distal, fortement mamelonnée. Chacune est pourvue de trois racines, deux vestibulaires
et une linguale. La première tuberculeuse est très grosse, à peine plus faible que la car-
nassière. Sa couronne est bordée d'un cingulum qui se prolonge du côté vestibulaire à
la base de deux fortes cuspides vestibulaires, dont la mésiale (paracône) est la plus haute.
Ce cingulum se renfle du côté lingual en un énorme lobe arrondi et bas (protocône) dont
la face occlusale est elle-même subdivisée en tubercules pour affronter la talon de la car-
nassière inférieure. La dernière tuberculeuse ressemble à la première mais, outre qu'elle
est trois ou quatre fois plus petite, ses deux cuspides vestibulaires sont plus faibles, bien
moins saillantes et son lobe lingual (protocône), bien qu'un peu plus large en proportion,
est bien moins mamelonné.
La carnassière inférieure est la première molaire de cette mâchoire. Elle est plus forte
encore que la supérieure : sur un chien berger, elle atteint 25 mm dans les sens mésio-
distal, sa couronne est haute de près de 1 5 mm et ses racines sont longues de 2 cm.
198 -
G e r m e d e la p r e m i è r e m o l a i r e s u p é r i e u r e ( M I)
G e r m e d e la d e r n i è r e p r é m o l a i r e s u p é r i e u r e
(Dent carnassière supérieure)
G e r m e d e la c a n i n e
supérieure permanente
G e r m e du coin
permanent
C a n i n e supérieure
déciduale
Incisives d é c i d u a l e s
Canine inférieure
déciduale G e r m e d e la p r e m i è r e m o l a i r e i n f é r i e u r e ( M I)
( D e n t carnassière i n f é r i e u r e
G e r m e s des incisives
permanentes
G e r m e d e la c a n i n e
inférieure permanente
Précarnassières p 4 ( D e n t carnassière)
p 3 ( D e n t carnassière)
Précarnassières
P 4 (D e r <t t u b e r c u l e u s e )
La couronne n'a qu'un faible cingulum, mais elle est nettement trilobée. Le lobe intermé-
diaire, le plus fort (protocônide) est pointu et tranchant, flanqué à sa base d'un petit tuber-
cule accessoire disto-lingual. Le lobe mésial (paracônide), à peine moins haut, est
également tranchant ; il est un peu reporté du côté lingual ; le lobe caudal est bas, large,
subdivisé en deux parties secondaires, vestibulaire (métacônide) et linguale (entocônide),
par une dépression destinée à loger un relief de la première tuberculeuse supérieure : on
le qualifie de "talon". Les racines sont au nombre de deux. Légèrement divergentes, elles
sont nettement séparées, portées chacune par un collet bien distinct.
Les tuberculeuses inférieures sont les deux dernières molaires. Elles sont beaucoup
plus petites que les supérieures. La première (M II) a une couronne basse, un peu plus
étendue dans le sens mésio-distal que dans le sens transversal et mamelonnée à sa face
occlusale, les tubercules distaux étant les plus bas. Elle est pourvue de deux racines.
La dernière (M III) est très petite, avec une couronne à peine mamelonnée et une seule
racine.
Les autres dents n'ont qu'un rôle très accessoire. Les précarnassières ne sont pas
jointives et se disposent de façon alternante, les inférieures rostralement aux supérieu-
res. Quant aux dernières tuberculeuses, elles n'ont, en raison de leur faible volume, qu'une
action très effacée : le plus souvent même, l'inférieure n'affronte pas son homologue.
Ces dispositions sont si caractéristiques de l'espèce qu'elle ne sont pratiquement pas
altérées par les variations raciales des mâchoires, dont on a vu le retentissement parfois
important sur les incisives et les canines.
Prémolaires déciduales
La première dentition comporte : à la mâchoire supérieure, deux précarnassières, une
carnassière et une tuberculeuse ; à la mâchoire inférieure, trois précarnassières et une
carnassière. Nous avons déjà décrit la première dent de chaque série, qui persiste dans
la dentition permanente. Les autres ressemblent aux dents homonymes de l'adulte mais
sont beaucoup plus petites, avec des cuspides plus pointues et plus étroites. Leur occlu-
sion se fait comme chez l'adulte.
DATES D'ÉRUPTION
A l'exception de la première de chaque mâchoire, qui fait éruption entre quatre et cinq mois
et n'est pas remplacée, les prémolaires déciduales sortent entre quatre et six semaines. Leurs rem-
plaçantes font éruption entre cinq et six mois. La première molaire apparaît plus t ô t , entre quatre
et cinq mois. La deuxième molaire fait éruption entre cinq et six mois et la dernière entre six et sept
mois, âge auquel la dentition a donc sa constitution définitive.
200 -
Pince
• —I •^«j-m.-'- *' M I
Précarnassières i n f é r i e u r e s D e n t carnassière inférieure
DENTS GAUCHES
3 I 3 I
La formule dentaire de l'adulte est : I: — C : — P: — M : —
3 I 2 I
Les incisives sont très petites et étroites, surtout les déciduales. Elles sont dispo-
sées comme chez le Chien et augmentent aussi de taille des pinces aux coins. Les déci-
duales font éruption vers trois semaines et leur remplacement s'effectue entre quatre
et sept mois.
Les canines sont en proportion plus longues, plus étroites, plus circulaires sur la coupe
et surtout plus pointues que chez le Chien. Leur cingulum est plus net. Leur face vestibu-
laire est pourvue de deux ou trois fines cannelures longitudinales. Les supérieures sont
nettement plus larges que les inférieures et dans l'occlusion, elles les couvrent en partie
tout en se plaçant derrière elles. Les déciduales sont particulièrement étroites. Elles font
éruption et sont remplacées aux mêmes âges que les incisives.
A la mâchoire inférieure, la première précarnassière (P III) est plus grosse que la supé-
rieure et nettement trilobée. La seconde (P IV) est aussi plus forte que la deuxième pré-
carnassière supérieure mais trilobée comme elle. Quant à la carnassière (M I), elle ne
possède qu'une faible ébauche de talon et paraît ainsi bicuspide. Dans l'occlusion, la der-
nière précarnassière et la carnassière inférieures sont couvertes latéralement par leurs
opposées, qui sont légèrement plus antérieures.
Les prémolaires déciduales font éruption vers cinq ou six semaines, les inférieures
avant les supérieures. Elles sont remplacées entre quatre et sept mois, en même temps
que sortent les molaires.
202 -
G r a n d e incisive s u p é r i e u r e
P e t i t e incisive s u p é r i e u r e
Incisive i n f é r i e u r e
VUE LATÉRALE
Dents incisives
D e n t incisive
Les lapins et les lièvres ont une denture spécialisée, mais moins évoluée et moins
réduite en nombre que celle des Rongeurs vrais. Leur formule dentaire est :
INCISIVES
Alors que les Rongeurs vrais (anciennement : Simplicidentés) n'ont plus qu'une seule
incisive de chaque côté et à chaque mâchoire, les Lagomorphes (anciennement : Dupli-
cidentés) ont encore de chaque côté deux incisives supérieures et une inférieure. Mais
à la mâchoire supérieure, une seule paire est aussi développée qu'à l'inférieure ; la seconde
est très réduite, cachée derrière l'autre. Bien qu'adjacentes sur le plan médian, les gran-
des incisives semblent être celles du second rang et les petites celles du troisième. Les
incisives centrales vraies ne seraient représentées que par un rudiment de germe chez
le fœtus. Les grandes incisives, bien que beaucoup moins fortes en proportion que chez
les Rongeurs vrais, ont une pousse active, qui atteint environ 105 mm par an pour les
supérieures et 1 25 mm pour les inférieures. La longueur de leur couronne clinique n'est
maintenue constante que par l'usure incessante qu'elles subissent. Lorsque par accident,
''une d'elles ne correspond plus à son opposée, elle continue à croître et sort longue-
ment de la bouche en se recourbant jusqu'à entraîner éventuellement la mort de l'animal.
Les grandes incisives supérieures sont fortement arquées, implantées jusqu'à la limite
des os incisifs et maxillaires et convergentes par leur extrémité occlusale. La face vesti-
bulaire est large, convexe en long, délimitée par deux bords épais et parcourue par une
profonde cannelure longitudinale. La face linguale est concave en long, convexe d'un
côté à l'autre avec une faible dépression longitudinale en son milieu. L'émail y est beau-
coup plus mince que sur la face opposée. L'extrémité occlusale est taillée en biseau aux
dépens de la face linguale, de façon à former un bord tranchant. L'extrémité enchâssée
est toujours largement béante.
Les petites incisives supérieures sont cachées derrière les précédentes. Elles sont
courtes, grêles, à peu près rectilignes, à peine aplaties dans le sens vestibulo-lingual.
Les incisives inférieures sont plus épaisses que les supérieures, moins incurvées et
plus profondément enchâssées. Leur extrémité enchâssée arrive au voisinage immédiat
de la première prémolaire. Leur face vestibulaire est dépourvue de cannelure et leur face
linguale parcourue d'un sillon longitudinal peu profond. Le biseau de l'extrémité occlu-
sale, encore taillé aux dépens de la face linguale, est plus long et plus tranchant que sur
es incisives supérieures.
PRÉMOLAIRES ET MOLAIRES
Ces dents sont séparées des incisives par un très long diastème, presque égal au
tiers de la longueur totale de la tête. P I manque aux deux mâchoires et P II n'est pré-
sente qu'à la mâchoire supérieure : elle est grêle, cylindroïde, et incurvée distalement,
204 -
P IV
DENTS PRÉMOLAIRES
P III
D e n t canine
Incisive l a t é r a l e
Incisive mésiale
Cingulum
INCISIVE MÉSIALE SUPÉRIEURE DENT C A N I N E SUPÉRIEURE DEUXIÈME PRÉMOLAIRE SUPÉRIEURE PREMIÈRE MOLAIRE SUPÉRIEURE
de façon à appuyer son extrémité occlusale contre celle de la dent suivante. Sa face
mésiale, libre, est pourvue de faibles sillons longitudinaux, délimitant trois petits replis
d'émail. P III et P IV sont très fortes aux deux mâchoires et analogues aux molaires. Ces
dernières sont au nombre de trois à chaque demi-mâchoire, mais M III supérieure est
encore plus courte et plus grêle que P II, cylindroïde et dépourvue de plis d'émail ; par
contre M III inférieure est presque aussi grosse que les autres.
Les arcades molaires sont presque rectilignes et à peu près parallèles. Les supérieu-
res sont plus écartées que les inférieures. Ces dernières font dans la bouche une saillie
relativement importante, alors que les supérieures dépassent peu de la mâchoire. Les
tables d'usure sont obliques ventralement du côté vestibulaire, comme chez les Ongu-
lés. Aux deux mâchoires, prémolaires et molaires sont très profondément implantées et
convergent par leurs extrémités occlusales, qui s'appuient les unes sur les autres. Mais,
à l'exception de P II, les supérieures sont presque parallèles les unes aux autres et à peu
près perpendiculaires à la mâchoire, tandis que les inférieures divergent fortement par
leurs parties enchâssées.
Les prémolaires déciduales sont, comme les incisives, très grêles et remplacées vers
18 jours.
Il y a donc 3 2 dents dans la dentition permanente et 20 dents dans la dentition déciduale. Tou-
tes sont brachyodontes pt nettement colletées. Les deux arcades dentaires sont régulièrement para-
boliques, sans aucun intervalle entre les diverses dents.
INCISIVES
Il n'y a que deux incisives de chaque côté et à chaque mâchoire ; cette réduction numérique
est très anciennement acquise et générale chez les Primates. Dans toutes ces dents, la couronne
est taillée en biseau de sorte que les faces de contact, larges près du collet, se rétrécissent jusqu'à
l'extrémité occlusale. La face vestibulaire, quadrangulaire et un peu plus haute que large, se rétrécit
un peu vers le collet ; elle est pourvue de deux très faibles dépressions longitudinales qui ébauchent
la démarcation de trois lobes peu distincts. La face linguale montre à sa base un cingulum peu sail-
lant ; elle est légèrement concave et pourvue d ' u n tubercule dentaire à peine marqué. Le bord libre,
mince et tranchant, montre sur la dent vierge l'ébauche de trois petits lobes que l'usure ne tarde
pas à effacer. La racine, nettement délimitée par le collet, est presque une fois et demie plus longue
que la couronne. Elle est conique, un peu aplatie dans le sens mésio-distal, plus large à la face vesti-
bulaire que du côté lingual. Son orifice apical est étroit.
206 -
Les incisives supérieures sont plus larges et presque deux fois plus grosses que les inférieures.
Dans ces dernières, l'incisive mésiale (dite incisive centrale) est très étroite : c'est la plus petite
de toutes les dents. La latérale est un peu plus large. L'incisive centrale supérieure est au contraire
nettement plus large que la latérale.
Les incisives déciduales sont t o u t à fait comparables à leurs remplaçantes, mais elles sont bien
plus petites et leur couronne est relativement plus courte. En général, les inférieures font éruption
un peu avant les supérieures : la centrale entre 6 et 8 mois et la latérale entre 10 et 18 mois. Le
remplacement s ' e f f e c t u e de 6 à 8 ans pour les incisives centrales et de 8 à 9 ans pour les latérales.
CANINES
Ces dents sont à peine plus grosses que les incisives et leur sommet dépasse peu celui de leurs
voisines. Leur couronne a presque la forme d'une pyramide trifaciée, leur bord occlusal étant rem-
placé par une pointe ogivale sur les côté de laquelle viennent se terminer les faces de contact. Celles-ci,
épaisses à leur base et triangulaires, sont peu distinctes de la face linguale, dont le cingulum est
réduit à un tubercule basai peu volumineux, que prolonge jusqu'à l'extrémité occlusale un épais
relief représentant le tubercule dentaire. Il en résulte c o m m e sur les incisives une trilobation à peine
perceptible, que marquent aussi deux très faibles dépressions de la face vestibulaire. La racine est
forte, nettement aplatie dans le sens mésio-distal, plus de deux fois plus longue que la couronne.
Sa présence détermine sur le maxillaire une bosse canine bien marquée.
La canine inférieure est plus petite, plus étroite en proportion et plus courte que la canine supé-
rieure. Le sommet de sa couronne est plus arrondi ; dans l'occlusion, celui de la supérieure le déborde
en se plaçant un peu distalement à lui. La racine est aussi plus faible et plus courte.
Les canines déciduales sont plus petites que les remplaçantes, avec une couronne plus courte
et une racine plus grêle. Les inférieures font éruption entre 20 et 3 0 mois et les supérieures entre
3 0 et 3 4 mois. Leur remplacement a lieu entre dix et douze ans.
PRÉMOLAIRES
A u x deux mâchoires, seules sont présentes P III et P IV. Leur couronne est prismatique, à sec-
tion presque carrée mais à bords très arrondis. Leur face occlusale est occupée par deux cuspides,
une vestibulaire et l'autre linguale, séparées par une dépression formant un sillon large et profond.
Leur racine est simple en principe ; aplatie dans le sens mésio-distal, elle est légèrement cannelée
sur chacune de ses faces élargies, ce qui traduit une duplicité potentielle. Elle possède en effet deux
canaux radiculaires, avec le plus souvent deux orifices apicaux et peut se dédoubler plus ou moins
complètement.
Les prémolaires supérieures sont les plus grosses. La première (P III) a des cuspides saillantes
(la vestibulaire plus forte) et sa racine est souvent bifurquée. La seconde (P IV) est à peu près aussi
grosse qu'elle, souvent un peu plus faible ; ses cuspides sont plus arrondies et sa racine rarement
bifurquée.
Les prémolaires inférieures sont un peu plus faibles que les supérieures. La première (P III) pré-
sente une cuspide vestibulaire haute et tranchante mais sa cuspide linguale est faible, basse et varia-
ble ; sa racine est toujours simple. Elle présente ainsi un aspect transitionnel entre la canine et la
deuxième prémolaire. Celle-ci (P IV) est plus volumineuse et sa cuspide linguale est forte, avec une
tendance à la complication qui annonce les caractères des molaires. Dans l'occlusion, la cuspide
vestibulaire des prémolaires inférieures répond au sillon intermédiaire des prémolaires supérieures.
Les prémolaires déciduales sont petites, avec des racines grêles et un collet très marqué. Les
supérieures sont triradiculées et les inférieures biradiculées. Toutes ressemblent aux molaires de
l'adulte et non aux prémolaires. Les premières font éruption entre 2 2 et 2 4 mois, les inférieures
avant les supérieures. Les deuxièmes sortent entre 3 2 et 36 mois. Toutes sont remplacées entre
11 et 1 2 ans.
MOLAIRES
Il y a trois molaires de chaque côté et à chaque mâchoire. Leur taille décroît de la première à
la dernière, laquelle a une éruption particulièrement tardive et peut même manquer, ce qui souligne
son caractère régressif.
- 207
Les molaires supérieures ont une couronne cuboi'de à angles arrondis, avec une face occlusale
portant quatre cuspides, deux vestibulaires et deux linguales, délimitées par un fort sillon mésio-
distal et un sillon transverse moins profond ; la dernière n'a toutefois que trois cuspides. Les raci-
nes sont fortes, plus de deux fois plus longues que la couronne. Il y en a en principe trois, deux
du côté vestibulaire et une du côté lingual.
La première de ces molaires est la plus conforme à ce schéma général. Ses quatre cuspides
sont fortes, les linguales à peine plus basses que les vestibulaires. Il existe parfois, à la face linguale
de la cuspide mésio-linguale (protocône) un petit tubercule supplémentaire (tubercule de Carabelli).
Les trois racines sont toujours bien séparées, légèrement divergentes, à peine incurvées distale-
ment. Sur la dent suivante, les quatre cuspides sont plus petites, plus étroites aussi dans le sens
mésio-distal. La cuspide disto-linguale (hypocône) est particulièrement faible et peut même man-
quer. Les trois racines ne sont pas divergentes ; elles sont irrégulières et incurvées distalement ;
il arrive que deux d'entre elles soient soudées, ce qui réduit en apparence leur nombre à deux. La
dernière molaire, la plus petite, n'a habituellement que trois cuspides, deux vestibulaires et une lin-
guale, l'hypocône étant absent. Ses racines sont convergentes, nettement incurvées en direction
distale et très souvent soudées entre elles.
Les molaires inférieures sont plus grosses que les supérieures. Leur couronne est un peu plus
haute, avec une face vestibulaire convexe et parcourue d ' u n sillon longitudinal large et peu pro-
fond. Elle présente en principe quatre cuspides, deux vestibulaires et deux linguales, mais la pre-
mière en possède le plus souvent une supplémentaire (hypoconulide) intercalée entre les deux
mésiales, en regard de la face de contact. Par contre, la dernière peut n'en avoir que trois. Il n ' y
a que deux racines, une mésiale et l'autre distale, la première un peu cannelée.
La première de ces molaires est la plus grosse de toutes les dents. Elle est caractérisée par les
cinq cuspides de sa face occlusale, mais l'hypoconulide a une taille et un contour variables. Ses
racines sont légèrement divergentes. La suivante n'a que quatre cuspides et ses racines sont à peu
près parallèles, un peu incurvées en direction distale. La dernière, la plus petite, a trois ou quatre
cuspides mal délimitées. Ses racines sont convergentes par leur extrémité apicale, nettement incurvées
du côté distal, souvent irrégulières. Dans l'occlusion, les cuspides vestibulaires des molaires infé-
rieures se placent dans le sillon mésio-distal des molaires supérieures et les cuspides linguales de
ces dernières dans le sillon des inférieures.
L'éruption des molaires s'effectue à peu près aux mêmes âges sur les deux mâchoires. La pre-
mière se montre entre 5 et 7 ans, d ' o ù la désignation de " d e n t de six a n s " qu'elle reçoit parfois.
La seconde sort entre 12 et 14 ans. La dernière a un sort très variable. Elle peut faire éruption à
des dates qui s'échelonnent entre 18 et 3 0 ans et ce caractère tardif la fait qualifier de " d e n t de
sagesse" (Dens serotinus). Cette éruption est lente, souvent marquée par des incidents dus à une
malposition de l'organe, qui peut même rester toute la vie inclus dans la mâchoire.
208 -
M. digastrique (coupé)
Glande mandibulaire
Glande parotide
Nerf mandibulaire
Nerf lingual
Conduit de la glande.
sublinguale monostomatique
Glande zygomatique
Racine de la langue
Glande sublinguale
polystomatique
Conduit mandibulair
M. génio-Hyoïdien
M. mylo-hyoïdîen (coupé)
CHAPITRE III
GLANDES SALIVAIRES
Les glandes salivaires (Glandulae oris, s. salivariae) sont annexées à la bouche, dans
laquelle elles déversent la salive. Le liquide ainsi chargé d'humecter la muqueuse orale
et de fluidifier les aliments est en réalité une salive mixte : il résulte du mélange de plu-
sieurs salives partielles dont les caractères varient selon les glandes dont elles proviennent.
Certaines de ces dernières, peu volumineuses, sont directement placées en nappes
plus ou moins diffuses sous la muqueuse orale ; ce sont les glandes salivaires mineures
(Gl. salivariae minores]. Nous les avons déjà décrites avec la bouche elle-même. Les autres,
dites glandes salivairés majeures (Gl. salivariae majores), sont plus volumineuses, plus
compactes et constituent des organes bien isolables : ce sont les glandes parotide, man-
dibulaire et sublinguale, qui feront l'objet du présent chapitre. Malgré la diversité de leur
conformation, de leur situation et de leur structure, toutes présentent des caractères corn
muns que nous exposerons d'abord.
I. - CARACTÈRES GÉNÉRAUX
(Pl. 110 à 112)
Comme les glandes annexées à l'oeil et celles de la peau, les glandes salivaires font
très généralement défaut chez les animaux hygrobies et caractérisent les espèces ter-
restres. Elles sont absentes chez les Poissons ; parmi les Mammifères, elles font aussi
défaut à la plupart des Cétacés et sont très régressées chez les Pinnipèdes. Leur déve-
loppement et leur structure ont des relations étroites avec le régime alimentaire.
RÔLE
Par leur sécrétion, les glandes salivaires ont pour fonction primitive d'humecter la
muqueuse orale. Ce rôle paraît d'abord lié à la gustation, car les substances sapides ne
peuvent être perçues qu'en solution.
La salive intervient en outre pour favoriser la trituration et la déglutition des aliments.
On peut schématiquement distinguer une "salive de mastication", très fluide, séreuse
et surtout abondante dans les espèces herbivores dont les aliments sont plus ou moins
secs et fibreux, et une "salive de déglutition" visqueuse et épaisse, riche en mucus, des-
tinée surtout à faciliter le transit pharyngien et œsophagien. Les glandes qui produisent
ce second type de salive déversent en général leur sécrétion dans la partie caudale de
210 -
la bouche. Elles sont surtout développées chez les Carnivores, qui avalent des aliments
à peine dissociés par la mastication. Enfin, diverses glandes sécrètent une salive de type
intermédiaire. Ainsi les caractères de la salive mixte sont variables avec les espèces, selon
la proportion dans laquelle sont mélangées les diverses salives partielles.
C'est de façon très accessoire que les glandes salivaires ont une fonction digestive.
Chez les Mammifères, leurs enzymes n'ont qu'un rôle très effacé. La rapidité du transit
oral et pharyngo-œsophagien, ainsi que l'acidité du suc gastrique, ne permettent pas une
véritable digestion salivaire. Toutefois cette dernière, qui s'exerce essentiellement sur
les matières amylacées, ne paraît pas tout à fait négligeable chez beaucoup d'herbivores.
ORGANISATION GÉNÉRALE
Les glandes salivaires sont constituées par un tissu gris-jaunâtre ou rougeâtre, gra-
nuleux, divisé en petits lobules arrondis ou polyédriques de quelques millimètres de cali-
bre. Chaque lobule salivaire (Lobulus glandularis) résulte de l'assemblage de multiples
segments sécréteurs. Il est limité par une enveloppe conjonctive et drainé par un conduit
lobulaire. L'agencement des lobules et des conduits excréteurs permet de distinguer deux
grands types morphologiques de glandes salivaires.
Les glandes salivaires diffuses ne comportent que des lobules indépendants, dont
les conduits débouchent isolément dans la cavité orale. Ces lobules sont parfois épars,
(ex. : glandes labiales). Ils s'amassent ailleurs en une couche sous-muqueuse parfois
importante (ex. : glandes palatines). Mais ils réalisent en général le type de glandes uni-
lobulaires ou paucilobulaires.
Segments terminaux
Les segments sécréteurs initiaux sont - de façon peu appropriée - dits "terminaux"
(Portiones secretoriae terminales) car ils forment autant de culs-de-sac portés à l'extrémité
212 -
Tubulo-acinus mixte
Mucocytes
Acinus séreux
Sérocytes
de l'arbre des conduits évacuateurs de la salive. Selon leur forme, ils sont qualifiés d'aci-
nus s'ils sont sphéroi'daux, de tubules (Tubuli) s'ils sont allongés et cylindroïdes, de tubulo-
acinus quand la forme est intermédiaire, d'alvéole (Alveolus) enfin, si leur cavité est large.
Chacun d'eux montre un fond, un corps et un col étroit ; ce dernier se poursuit par un
très bref segment excréteur rétréci : le conduit intercalaire, qui s'unit très vite à ceux
des segments voisins. Chaque segment terminal comporte une mince lame basale, sup-
portant du côté interne un épithélium dont les cellules sont de deux sortes : a) des cellu-
les sécrétrices ou glandulocytes (Glandulocyti), volumineuses et bordant une lumière plus
ou moins étroite ; b) des cellules myo-épithéliales ou myo-épithéliocytes (Myoepitheliocyti)
— anciennement "cellules de Boll" —, plates et étoilées, contractiles et logées entre les
précédentes et la lame basale.
Selon les caractères des cellules sécrétrices, qui varient avec le type particulier de
salive sécrétée, on reconnaît des segments terminaux séreux, muqueux, ou mixtes. Les
premiers sont en règle générale de type acineux, les seconds de forme tubulaire et les
derniers variables.
Les acinus séreux sont courts et sphéroi'daux. Ils sont caractérisés par leurs cellules
sécrétrices volumineuses et pyramidales : les sérocytes (Serocyti), dont la base est lar-
gement étalée contre la basale et les myo-épithéliocytes. Leur cytoplasme est granuleux,
chargé dans sa partie apicale de grains de sécrétion très fins et colorables. Le noyau est
ovalaire ou un peu aplati, situé au tiers basai de la cellule. La lumière glandulaire est étroite,
parfois difficile à discerner ; elle insinue entre les cellules de fins diverticules radiaires,
les canaliculës intercellulaires (Canaliculi intercellulares). Ce type de cellules sécrète la
salive la plus fluide et la plus riche en enzymes.
Les tubules muqueux sont allongés, parfois ramifiés, pourvus d'une lumière large
et bien visible. Les cellules sécrétrices ou mucocytes (Mucocyti) ont des limites plus nettes.
Elles sont plus basses, pourvues d'un noyau un peu moins basai, arrondi et volumineux,
et d'un cytoplasme clair, rendu comme spumeux par de très nombreux grains de mucigène.
La sécrétion est épaisse, filante et a surtout un rôle mécanique (salive de déglutition).
Les segments terminaux mixtes, acinus, tubules, tubulo-acinus ou alvéoles, présen-
tent à la fois des cellules séreuses et des cellules muqueuses, dont l'assemblage et la
proportion varient avec la glande. Parfois, ils sont séreux vers le fond et muqueux près
du col. Le plus souvent, ils présentent partout des cellules muqueuses et les cellules séreu-
ses, plus ou moins aplaties, s'ordonnent en petits groupes à l'extérieur des précédentes.
Chacun de ces groupes dessine sur les coupes histologiques un croissant périphérique
rrégulier ou croissant séreux (Semiluna serosa) — anciennement "croissant de Gianuzzi" —
et bosselle irrégulièrement l'organite. De fins diverticules intercellulaires de la lumière cen-
trale viennent s'arboriser au contact des croissants séreux.
Les recherches modernes ont montré qu'il existe toutes les formes intermédiaires
entre les cellules de type séreux pur et celles de type muqueux. La plupart des sérocytes
sont en fait, à des degrés divers, des cellules séro-muqueuses. Ainsi toutes les variétés
structurales peuvent se rencontrer, de l'acinus séreux pur au tubule muqueux pur.
Segments excréteurs
La salive est déversée dans un système de conduits confluents qui comprend : les
conduits intercalaires, les conduits striés, les conduits intralobulaires, puis interlobulai-
res, interlobaires et enfin excréteurs.
comporte seulement une lame basale continue avec celle du segment terminal et une
couche de cellules épithéliales basses, à cytoplasme d'aspect homogène. Dans certai-
nes glandes, la transition avec le segment terminal est brusque. Dans d'autres, elle est
progressive et le conduit est peu individualisé. Il participe toujours à la sécrétion par apport
d'eau et de sels minéraux.
Les conduits collecteurs proprement dits ont une structure d'abord simple, puis pro-
gressivement compliquée. La présence de véritables conduits intralobulaires (Ductus intra-
lobulares), différents des précédents, n'est pas constante. Le plus souvent, les conduits
striés vont jusqu'à la sortie du lobule. Là commence un conduit interlobulaire (Ductus
interlobularis), comportant un épithélium prismatique à deux ou trois couches de cellu-
les et doublé d'une enveloppe conjonctivo-élastique pourvue de vaisseaux et de nerfs,
ainsi que de fibres musculaires lisses. Chaque lobe est drainé à son tour par un conduit
interlobaire (Ductus interlobaris), de plus grand calibre et à paroi de plus en plus épaisse.
Comme les précédents, les conduits interlobaires possèdent une couche externe,
conjonctivo-élastique avec des fibres musculaires lisses, vaisseaux et nerfs, et d'autre
part un épithélium interne pluristratifié, reposant sur une mince lame basale. L'assise basale
de cet épithélium possède des cellules myo-épithéliales ; l'assise superficielle est formée
de cellules prismatiques hautes, pourvu d'un plateau cuticulaire apical. Quant au con-
duit glandulaire ou excréteur (Ductus glandularis, s. excretorius), qui collecte les con-
duits lobaires, il en partage les caractères mais près de sa terminaison, l'épithélium devient
malpighien pour se raccorder à celui de la muqueuse orale. Au niveau de l'orifice termi-
nal, les fibres musculaires lisses de la tunique externe prennent en général une disposi-
tion annulaire ou sphinctérielle.
Stroma glandulaire
La disposition de la charpente conjonctive (Stroma glandulare) est surtout caracté-
ristique dans les glandes conglomérées. Celles-ci sont individualisées par une capsule
lamelleuse, qui les enveloppe complètement et détache à leur intérieur des septums inter-
lobaires puis interlobulaires, cloisons dans lesquelles cheminent les vaisseaux et les nerfs,
ainsi que les conduits excréteurs.
Vaisseaux et nerfs
Les glandes salivaires sont très richement pourvues de vaisseaux et de nerfs. La vaso-
motricité y est intense, liée aux périodes d'activité sécrétoire ; elle entraîne des change-
ments de coloration du parenchyme selon l'état fonctionnel.
Les artères, après s'être divisées dans les cloisons du stroma, pénètrent dans les
lobules et forment autour des segments terminaux des réseaux capillaires très riches.
Les veines en sont satellites et il existe de nombreuses anastomoses artério-veineuses
sur les vaisseaux préterminaux. Les lymphatiques naissent à la périphérie des lobules,
par un réseau à larges mailles. Irréguliers et dépourvus de valvules, ils rejoignent ceux
du réseau capsulaire et sont drainés par des vaisseaux extraglandulaires.
216 -
Glande parotide :
Angle rétro-auriculaire
Angle pré auriculaire
Angle mandibulalre
cervical
M. parotido-auriculaire
M. stemo-céphalique
Veine linguo-faciale
Artère faciale
Veine faciale
Conduit parotidien
Les nerfs se ramifient avec les vaisseaux jusqu'à former de riches plexus périlobulai-
res parsemés de cellules ganglionnaires. Les filets intralobulaires accompagnent surtout
les canaux excréteurs et forment des plexus périacineux. Les conduits et surtout les seg-
ments terminaux reçoivent à la fois des terminaisons de fibres adrénergiques et de fibres
cholinergiques. D'autres fibres, vasomotrices, se portent sur les vaisseaux.
On notera enfin que diverses hormones agissent sur les glandes salivaires, selon des
modalités variables avec l'espèce. La sécrétion locale de plasma-kinines commande la
vasodilatation et assure avec les terminaisons nerveuses, outre l'adaptation de la circu-
lation à l'activité sécrétoire, le contrôle de la composition de la salive.
CLASSIFICATION
En raison de la variabilité de la constitution et surtout de la structure et des caractè-
res fonctionnels des glandes salivaires, il est difficile d'en établir une classification rigou-
reuse. En tenant compte des dispositions les plus communes, on peut admettre le
classement suivant, dont nous mentionnerons seulement les principales exceptions :
1 0 - Glandes conglomérées.
a) Glande séreuse pure : glande parotide (cette glande présente quelques organites
mixtes chez les Carnivores).
b) Glandes mixtes :
— glande mandibulaire (prédominance séreuse chez les Ongulés et l'Homme ; carac-
tère séreux presque pur chez les Rongeurs, muqueux presque pur chez les Carnivores).
— glande sublinguale (prédominance généralement muqueuse).
2° - Glandes diffuses.
a) Glandes muqueuses pures : glandes palatines ; glandes buccales dorsales et labiales
de quelques espèces, dont les Carnivores.
b) Glandes mixtes, à prédominance muqueuse : glandes labiales, glandes buccales
et glandes linguales de nombreuses espèces.
c) Glandes séreuses pures : glandes gustatives ; glandes buccales ventrales et labiales
de quelques espèces, dont le Cheval et le Boeuf.
Dans la plupart des Mammifères, la glande parotide (Glandula parotis) est la plus volu-
mineuse des glandes salivaires et appartient (sauf chez les Carnivores) au type séreux
pur. Son nom est justifié par sa situation caractéristique, au voisinage immédiat de la
base de l'oreille, où elle occupe un espace particulier, la loge parotidienne, qui corres-
pond à la fosse rétromandibulaire (Fossa retromandibularis). C'est une glande conglo-
mérée dont la sécrétion est déversée dans la bouche par un conduit unique et long : le
conduit parotidien.
VOLUME ET POIDS
Le développement de cette glande est d'autant plus grand que l'alimentation est plus
ligneuse. Le poids total des deux parotides, droite et gauche, rapporté à celui du corps,
est de l'ordre de 1/800 chez le Cheval, de 1/1600 chez le Chien. Il y a en outre un
certain balancement entre le développement de la glande parotide et celui de la glande
218 -
M . parotido-auriculaire (coupé)
Glande p a r o t i d e
A. transverse de la face
M . zygomatique (coupé)
Veine jugulaire
externe
Glande mandibulaire
Rameau buccal
ventral du n. facial
C o n d u i t parotidien
Veine faciale
mandibulaire. La première est beaucoup plus petite et plus légère chez le Bœuf (115 g)
que chez le Cheval (300 g), tandis que la seconde est plus grosse et plus lourde chez
le Bœuf (140 g), mais bien plus petite chez les Equidés (60 g). Il résulte de ces différen-
ces que l'étendue occupée par la glande parotide et par conséquent sa forme et ses rap-
ports varient beaucoup d'une espèce à l'autre.
CONFORMATION (Pl. 109, 113, 114, 118 à 121, 123, 125, 126)
Dans tous les cas, la texture lobulaire est aisément visible à l'œil nu et l'aspect est
granuleux. La coloration est jaune rosé ou rougeâtre, plus ou moins foncée selon l'état
circulatoire. Elle est plus pâle, jaunâtre, chez le Cheval, le Porc, le Lapin, l'Homme, que
chez les Ruminants et les Carnivores, où elle est rougeâtre.
La glande est aplatie d'un côté à l'autre, plus nettement chez les Equidés, le Porc,
le Lapin, que chez les Ruminants, les Carnivores et l'Homme. Elle est aussi beaucoup
plus large dans le premier groupe de ces espèces que dans le second. Elle est en outre
plus ou moins allongée dans le sens dorso-ventral, sauf chez les Carnivores. On peut
ainsi lui reconnaître deux faces, deux bords et deux extrémités.
La face superficielle ou latérale est planiforme ; chez les Equidés, elle est creusée
dans sa moitié ventrale par un large et profond sillon oblique ventro-caudalement, où passe
la veine rétromandibulaire. La face profonde ou médiale est irrégulière, moulée sur les
organes sous-jacents, dont la disposition varie avec les espèces (voir rapports).
Le bord rostral, beaucoup plus bref chez les Carnivores que dans les autres espèces,
commence derrière l'articulation temporo-mandibulaire et descend plus ou moins loin au
bord caudal du masséter, dont il épouse la forme. Le bord caudal est plus variable. Il est,
comme le précédent, très bref chez les Carnivores, alors qu'il est très long chez le Porc,
à peine moins long chez les Equidés. Dans ces derniers, il est mince et tend à épouser
dans sa partie dorsale le relief déterminé par l'aile de l'atlas ; il est plus épais, rectiligne
ou convexe chez le Bœuf, où il reste à distance de ce relief.
L'extrémité dorsale est, sauf chez le Porc, la plus large. Elle se moule plus ou moins
sur la base de l'oreille, qui l'échancre et la divise en deux angles, l'un pré-auriculaire et
l'autre rétroauriculaire. Ces prolongements forment deux pointes fortes et allongées chez
les Carnivores ; ils sont plus courts et plus obtus chez les Equidés et les petits Rumi-
nants. Chez le Bœuf, l'angle rétroauriculaire fait pratiquement défaut. Chez le Porc, l'extré-
mité dorsale est toute entière réduite, formant une pointe mousse qui atteint à peine la
base de l'oreille.
L'extrémité ventrale est la plus variable. Elle est vaste, très large chez le Porc où
elle forme un véritable bord ventral, prolongé par un angle rostral, qui se porte sous l'angle
de la mandibule et un angle caudal ou cervical, qui descend entre les muscles brachio-
céphalique et sterno-céphalique. Elle est encore élargie mais nettement moins étendue
chez les Equidés, où les deux angles correspondants sont moins aigus et beaucoup plus
brefs. Chez le Mouton et surtout chez le Bœuf, seul peut être reconnu l'angle rostral ;
dans le Bœuf, l'extrémité ventrale est en effet réduite à une épaisse languette moulée
contre l'angle de la mandibule. Chez l'Homme et les Carnivores, cette extrémité n'est
plus qu'une simple pointe arrondie, qui atteint à peine l'angle de la mandibule chez
l'Homme et reste à distance de lui chez les Carnivores.
La face profonde répond à tous les éléments qui occupent la forte dépression ou
loge parotidienne (1) située entre la branche de la mandibule et l'aile de l'atlas, cette der-
nière couverte par le muscle brachio-céphalique. Chez les Equidés, le fascia sous-parotidien
tapisse une grande partie de cette loge, qui présente des dispositions propres à l'espèce ;
en raison de leur intérêt chirurgical, ces dernières seront décrites en détail à propos des
particularités spécifiques. Dans les autres espèces, les variations des rapports sont liées
surtout à celles de la disposition des muscles (voir Myologie). Ces rapports s'établissent
avec les muscles brachio-céphalique, sterno-céphalique et occipito-hyoïdien, le stylohyoï-
deum et ses muscles satellites, ainsi qu'avec des rameaux terminaux de l'artère carotide
externe, enfin avec la veine rétromandibulaire et ses affluents, qui s'impriment plus ou
moins profondément dans la glande. La partie ventrale de la parotide et les veines répon-
dent à la face latérale de la glande mandibulaire, les artères passant à la profondeur de
cette dernière.
L'extrémité ventrale, couverte par le muscle cutané du cou et la peau, est bordée
chez les Equidés par la veine linguo-faciale, qu'elle couvre et déborde largement chez
le Porc. Elle atteint à peine le niveau de celle-ci chez le Bœuf et reste à grande distance
d'elle chez l'homme et surtout chez les Carnivores. Elle couvre toujours, plus ou moins
largement selon les espèces, la partie dorsale de la glande mandibulaire.
(1) La loge parotidienne constitue, pour l'essentiel, le plan anatomique le plus profond de la fosse rétromandibulaire.
- 221
Les lymphatiques sont drainés essentiellement par le ou les nœuds lymphatiques paro-
tidiens, situés entre le bord rostral de l'organe et le muscle masséter. De façon acces-
soire, la glande est en outre drainée par les nœuds lymphatiques rétropharyngiens latéraux
et médiaux et enfin mandibulaires.
CONDUIT PAROTIDIEN (Pl. 109, 1 13, 114, 118, 119, 121, 123, 126, 127)
Anciennement nommé "canal de Sténon", le conduit excréteur de la parotide (Duc-
tus parotideus) est long et volumineux. Il se constitue par plusieurs racines près du bord
rostral de la glande, non loin de l'articulation temporo-mandibulaire et se termine à la
face interne de la joue en regard de la dernière prémolaire ou d'une des premières molai-
res supérieures.
Son trajet et ses rapports présentent deux grandes variétés.
Chez les Carnivores, les petits Ruminants et le Lapin, comme chez l'Homme, il se
porte directement à la surface du muscle masséter, sous le fascia massétérique et les
muscles cutanés. Il y reçoit habituellement, chez l'Homme et le Chien, les conduits de
petites glandes parotides accessoires (Glandulae parotides accessoriae) plaquées à son
voisinage contre le muscle masséter. Il croise ensuite le bord rostral de ce dernier pour
aller perforer le muscle buccinateur.
Chez le Cheval, le Bœuf et le Porc, le conduit descend d'abord le long du bord rostral
de la glande en collectant des affluents jusqu'au voisinage de l'angle de la mandibule.
Il s'engage ensuite à la face médiale du muscle ptérygoïdien médial, près du bord ventral
de celui-ci, où il rejoint la veine puis l'artère faciales, en restant ventral à ces vaisseaux.
Avec eux, il contourne l'incisure vasculaire de la mandibule pour monter ensuite dans
la joue en suivant le bord rostral du masséter, sous les muscles cutanés et à la surface
des muscles abaisseur de la lèvre inférieure puis buccinateur. Il est toujours placé contre
le masséter, caudalement à la veine, qui le sépare de l'artère. Il passe ensuite sous les
vaisseaux avant de perforer le muscle buccinateur en regard de l'arcade molaire supérieure.
L'orifice terminal s'ouvre soit à fleur de la muqueuse orale (Ruminants, Homme) soit
au sommet d'un petit tubercule de celle-ci (Equidés, Porc, Chien et parfois Homme) ; ce
tubercule constitue la papille parotidienne (Papilla parotidea). Au voisinage de la termi-
naison, la muqueuse du conduit présente un plissement plus ou moins complexe, qui sem-
ble destiné à éviter la pénétration des corps étrangers. Cette terminaison se situe en regard
de la dernière prémolaire supérieure chez le Cheval, la Chèvre, le Porc, les Carnivores,
en regard de la première molaire chez le Mouton et l'Homme, de la deuxième chez le Bœuf.
La structure comprend une tunique externe et une muqueuse. La première est riche
en fibres élastiques et surtout en fibres musculaires lisses, qui deviennent de plus en plus
nombreuses vers l'embouchure. La seconde possède un épithélium stratifié, avec des
222 -
M . occipito-hyoïdien
M . oblique cranial d e la t ê t e
C o r d e du t y m p a n
M . stylo-hyoïdien
M . digastrique
N e r f hypoglosse
C o n d u i t mandibulaire
N . mandibulaire Œsophage
N. glosso-pharyngien Trachée
M . omo-
Stylohyoideum .hyoïdien
N e r f lingual
Racine d e la
N . sublingual
G l . mandibulaire!
M . stylo-glosse Lobe caudal
_ Lobe rostral
M . hyo-g'osse
A . linguo-faciale
Glandes palatines
N e r f hypoglosse
A r t è r e faciale
mandibulaire
N . lingual
M . génio-hyoïdien
et V. sublinguales
M . mylo-hyoïdien
Conduits sublinguaux
GLANDE MANDIBULAIRE
Qualifiée chez l'Homme de sous-mandibulaire (Glandula submandibularis), cette
glande (Glandula mandibularis) est située médialement et caudalement à l'angle de la
mâchoire, sur le côté de la région hyoïdienne et du pharynx ; elle s'étend en général sous
la parotide, voire jusque sous l'aile de l'atlas. C'est une glande conglomérée et mixte,
à dominance séreuse ou muqueuse selon l'espèce.
Aspect et poids
De très grandes différences existent quant à l'aspect et surtout au volume et au poids
de cette glande parmi les Mammifères, souvent même entre espèces voisines. La lobula-
tion peut être plus lâche que celle de la parotide (Equidés, Ruminants) ou au contraire
plus serrée (Carnivores, Lapin), selon la quantité et la nature du conjonctif interlobulaire.
La coloration est en général plus claire que celle de la parotide, jaunâtre ou gris rosé.
Le développement ne paraît que partiellement lié au régime alimentaire et il y a un certain
balancement avec celui de la parotide. La glande mandibulaire est environ cinq fois moins
lourde que la parotide chez le Cheval (60 g) et quatre fois chez l'Homme (8 g). Elle est
de poids à peu près égal à celle-ci chez les Carnivores (8 g chez le Chien) ; elle est au
contraire plus lourde chez les Ruminants (140 g chez le Bœuf). Dans certains Mammifè-
res sauvages, son développement est extrême et elle s'étend loin dans le cou. Dans
d'autres (Muridés), elle possède un conditionnement hormonal et un dimorphisme sexuel.
Conformation extérieure
Plus ou moins aplatie d'un côté à l'autre, la glande mandibulaire est ovoïde (Carni-
vores, Lapin, Homme) ou allongée dans le sens rostro-caudal (Equidés, Ruminants) ; son
profil est presque triangulaire chez le Porc, où son angle rostral forme un bref prolon-
gement.
On lui reconnaît toujours : une face latérale, à peu près lisse, convexe quand la glande
est courte ; une face médiale, plus irrégulière et moulée sur les organes sous-jacents ;
un bord dorsal et un bord ventral, brefs et convexes chez les Carnivores, le Lapin et
l'Homme, bien plus longs chez les Ruminants et surtout chez les Equidés, le bord dorsal
étant alors concave et le ventral convexe ; deux extrémités enfin, dont la caudale est
la plus grosse.
Chez les Ongulés domestiques comme chez l'Homme, la glande est clivable en deux
lobes, l'un caudal et l'autre rostral, qui se chevauchent et sont enveloppés dans la même
capsule conjonctivo-fibreuse. Le lobe rostral, à peu près égal au lobe caudal chez les Equi-
dés et les Ruminants, est au contraire beaucoup plus faible chez le Porc et chez l'Homme.
Son conduit excréteur peut rester sur un certain trajet distinct du conduit issu du lobe
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caudal. Ce lobe rostral est peut-être comparable au lobe caudal de la glande sublinguale
monostomatique, qui, chez le Chien, s'accole au bord rostral de la glande mandibulaire
et se trouve inclus dans la même loge conjonctive, mais dont le conduit excréteur accom-
pagne sur tout son trajet le conduit mandibulaire sans confluer avec lui. Il constitue ainsi
pour l'Anatomie comparée un élément de transition entre la glande mandibulaire et la
glande sublinguale.
Rapports
L'ensemble de la glande est maintenu dans une loge mandibulaire délimitée par une
mince enveloppe de conjonctif fibreux dépendant du fascia bucco-pharyngien. A travers
cette enveloppe, les rapports varient selon le volume et la forme de l'organe, mais sur-
tout avec sa topographie spécifique. Chez les Carnivores en effet, la glande mandibu-
laire est en situation caudale et superficielle, de sorte qu'elle n'est pas couverte par l'angle
de la mandibule et presque pas par la parotide. Elle est encore en position caudale chez
le Porc, où elle est par contre entièrement cachée par cette dernière glande. Dans les
autres espèces, au contraire, la glande mandibulaire s'engage plus ou moins longuement
sous la mandibule, entre les muscles ptérygoi'dien médial et mylo-hyoi'dien, sa partie cau-
dale restant plus ou moins largement couverte par la parotide.
Ainsi, la face latérale est en rapport chez les Carnivores avec le muscle parotido-
auriculaire, la veine rétromandibulaire et le muscle cutané du cou, mais seulement avec
la veine rétromandibulaire et la parotide chez le Porc. Chez l'Homme, elle répond au muscle
ptérygoi'dien médial et à la mandibule, ainsi qu'à l'artère faciale et aux nœuds lymphati-
ques submandibulaires. Ces rapports existent de même chez les Ruminants, mais la par-
tie rostrale de la glande est en outre perceptible ventralement à la mandibule, à travers
la peau, où elle est en rapport avec la terminaison du muscle sterno-zygomatique et avec
la veine faciale ; la partie caudale s'étend en outre à la face profonde de la parotide. Des
rapports similaires existent chez les Equidés, mais le lobe rostral de la glande ne dépasse
pas le bord ventral de la mandibule tandis que le lobe caudal s'étend jusque sous l'aile
de l'atlas. Ce dernier est ainsi couvert par le faisceau angulaire du muscle digastrique,
la terminaison du sterno-céphalique et le fascia sous-parotidien, qui le séparent de la
parotide.
La face médiale est plaquée sur le côté du pharynx, voire du larynx et s'applique
plus ou moins longuement selon l'espèce (sauf chez les Carnivores) à la face latérale du
muscle mylo-hyoïdien ; elle répond aussi au ventre caudal du digastrique, aux divisions
terminales de l'artère carotide commune et aux nerfs du plexus guttural. Chez les Equi-
dés, le lobe caudal est en large rapport avec la poche gutturale, à la surface de laquelle
passent ces vaisseaux et nerfs.
Le bord dorsal est en rapport plus ou moins direct selon les espèces avec le muscle
digastrique. Il est longé par la partie initiale du conduit mandibulaire. Le bord ventral et
les extrémités ont des rapports très variables selon les espèces, mais aisément déducti-
bles des considérations qui précèdent. Chez les Equidés, le bord ventral est longé à sa
partie crâniale par la veine linguo-faciale et l'extrémité caudale est maintenue sous l'aile
de l'atlas par un conjonctif abondant.
Vaisseaux et nerfs
Les artères sont multiples. Elles proviennent de la carotide externe et de l'artère faciale
(ou de la linguo-faciale quand elle existe).
Les veines ne sont généralement pas satellites des artères. Elles passent sur la face
latérale et aboutissent à la veine linguo-faciale ou a l'un de ses affluents ; certaines peu-
vent être drainées par la veine rétromandibulaire (Equidés).
226 -
Quant aux nerfs, ils ont deux origines : ceux du parasympathique, provenant du nerf
intermédiaire par la corde du tympan, remontent le trajet du conduit mandibulaire. Sur
leur parcours se trouve un petit ganglion mandibulaire ou plus souvent (Rongeurs, Carni-
vores, Equidés) un semis de minuscules groupes de cellules ganglionnaires. Les nerfs
sympathiques sont fournis par le plexus carotidien et accompagnent les artères pour se
subdiviser avec elles dans la glande.
Conduit mandibulaire
Anciennement nommé "canal de Wharton", ce conduit (Ductus mandibularis) est
long et pourvu d'une paroi mince. Il naît à l'extrémité caudale de la glande et chemine
au revers médial de son bord dorsal. Il collecte au passage les multiples affluents issus
de l'organe et, chez le Bœuf, un conduit particulier qui draine le lobe rostral. Chez le Chien,
il est en outre rejoint par le conduit de la glande sublinguale monostomatique, qui l'accom-
pagne dans le reste de son trajet. Dans toutes les espèces, il croise par dehors le muscle
digastrique (après être passé médialement au faisceau angulaire chez les Equidés) et che-
mine ensuite en direction rostrale en passant entre le muscle mylo-hyoïdien et les muscles
de la langue (hyo-glosse et stylo-glosse) puis en longeant la face médiale de la glande
sublinguale. Vers le milieu de son trajet il est croisé latéralement par le nerf lingual. Sa
partie rostrale est directement placée sous la muqueuse orale. Il aboutit enfin, (avec le
conduit de la glande sublinguale monostomatique, quand celle-ci existe) près du frein de
la glande. Il débouche là sur la caroncule sublinguale (Caruncula sublingualis), soit au
sommet de celle-ci (Equidés, Carnivores, Homme) soit sur son revers ventral (Ruminants).
La glande sublinguale (Glandula sublingualis) est une glande mixte, en général à domi-
nance muqueuse, située sous la muqueuse du récessus sublingual latéral. Elle est cons-
tituée en réalité non par une glande unique, mais par plusieurs lobes qui pourraient être
considérés comme des glandes distinctes, les unes conglomérées et les autres agminées
ou polystomatiques, très diversement représentées selon les espèces.
Aspect et poids
La glande sublinguale est toujours la plus petite des glandes salivaires majeures :
elle pèse à peine une quinzaine de grammes chez le Cheval et chez le Bœuf, 3 seulement
chez le Chien et l'Homme. Sa teinte est jaune ou rosée. Sa texture est lâche et la partie
polystomatique est formée de lobules agminés aisément dissociables.
Conformation extérieure
On peut prendre le Chien comme type des espèces où les diverses parties de la glande
sont toutes présentes. Dans cet animal, on peut reconnaître trois parties : une caudale,
une moyenne et une rostrale. Les deux premières sont deux lobes distincts qui consti-
tuent la glande monostomatique (Glandula sublingualis monostomatica), dont les canaux
excréteurs confluent sur un conduit unique, le conduit sublingual majeur, satellite du con-
duit mandibulaire. La partie rostrale forme un lobe grêle, aux lobules très lâchement assem-
blés, dont les conduits multiples (6 à 12) débouchent isolément sur la muqueuse orale :
c'est la glande sublinguale polystomatique (Glandula sublingualis polystomatica) et ses
conduits sont dits sublinguaux mineurs. Le lobe moyen en est souvent peu distinct.
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R. massétérique
de l'a. c a r o t i d e externe
Glande parotide
Conduit parotidien
M . parotido-auriculaire V. jugulaire
M. zygomato-auriculaire
A. et V. transverses de la face
M . masséter
M . sterno-
céphalique
Veine linguo-faciale
Conduit parotidien
Veine faciale
A r t è r e faciale
Glandes
Les deux sortes de glandes existent chez les Ruminants, le Porc, le Chat et l'Homme.
Mais la glande monostomatique est simple et en général elle est en contact beaucoup
plus large avec la glande polystomatique. De plus, elle est rostrale à cette dernière chez
es Ruminants, alors qu'elle reste caudale, comme chez le Chien, dans les autres espè-
ces. Chez les Equidés et le Lapin, seule est présente la glande polystomatique.
Quelles que soient les subdivisions, l'ensemble de la glande est nettement aplati d'un
côté à l'autre, ce qui permet de lui reconnaître deux faces, latérale et médiale, à peu près
planes, deux bords, un dorsal et l'autre ventral et deux extrémités, rostrale et caudale.
Rapports
Ils s'établissent au sein d'un abondant conjonctif lâche. La face latérale s'applique
contre le muscle mylo-hyoïdien, par l'intermédiaire duquel elle s'imprime sur la partie
molaire de la mandibule. La face médiale, longée par le conduit mandibulaire et le nerf
lingual, répond aux muscles stylo-glosse et hyo-glosse. Le bord ventral, mince, touche
les muscles génio-hyoïdien et génio-glosse ; le dorsal fait saillie sous la muqueuse du
récessus sublingual latéral, où il détermine une crête longitudinale (crête sublinguale).
L'extrémité caudale atteint le voisinage de l'arc palato-glosse et entre même en contact,
chez le Chien et l'Homme, avec la glande mandibulaire. L'extrémité rostrale arrive près
de la symphyse mandibulaire.
Vaisseaux et nerfs
Les artères proviennent, selon l'espèce et le niveau, des artères linguale, sublinguale,
accessoirement faciale et mentale. Les veines aboutissent aux vaisseaux satellites.
Les lymphatiques sont drainés par les nœuds mandibulaires, accessoirement rétro-
pharyngiens médiaux.
Les nerfs ont mêmes origines que ceux de la glande mandibulaire : corde du tympan
(par le nerf lingual) et plexus carotidien externe. De minuscules groupes de cellules ner-
veuses se trouvent sur leur trajet.
Conduits excréteurs
Anciennement nommé "Canal de Bartholin", le conduit unique de la glande monos-
tomatique est le conduit sublingual majeur (Ductus sublingualis major). Il se constitue
près de l'extrémité caudale de la glande, dont il longe ensuite médialement le bord dorsal
en collectant les autres conduits de cette partie de l'organe. Il rejoint très vite le conduit
mandibulaire et accompagne celui-ci jusqu'à la caroncule sublinguale, où il débouche soit
juste à côté de lui, soit en commun avec lui.
La glande polystomatique est drainée par les multiples conduits sublinguaux mineurs
(Ductus sublinguales minores), anciennement "canaux de Rivinus", qui s'échappent du
bord dorsal des lobules et s'ouvrent presque aussitôt dans la bouche, le plus souvent
au sommet d'une petite papille qui forme avec ses voisines un alignement sur la crête
sublinguale.
Les variations sont larges et nombreuses. Les particularités ont un intérêt profes-
sionnel plus grand chez les Equidés et le Chien ; aussi les décrirons-nous avec plus de
détails dans ces espèces.
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Rameau auriculaire p r o f o n d
A . V. N . auriculaires r o s t r a u x „
A . V. auriculaires
caudales
N . auriculo-palpébral _
Rameau buccal
dorsal du n. facial
N e r f facial
A . t r a n s v e r s e d e la f a c e
Rameau parotidien du
N e r f du m. digastrique
n. auriculo-temporal
V. maxillaire R. parotidien du nerf facial
A . auriculaire caudale
A . parotidienne moyenne
R. bucca! ventral
A r t è r e carotide externe
du n. facial
A . temporale superficielle
Rameau massétérique.
d e l'a. carotide externe
A r t è r e parotidienne caudale
Veine rétromandibulalre
Veine occipitale
A . et V. parotid-
C o n d u i t parotidien
ventrales
Glande parotide
De teinte jaunâtre, cette glande mesure chez le Cheval de 20 à 25 cm dans sa plus
grande dimension, qui est verticale. Sa largeur varie de 6 à 8 cm dans la partie moyenne
et augmente nettement aux deux extrémités. L'épaisseur est voisine de trois centimè-
tres et devient plus forte vers l'extrémité dorsale. Le poids moyen de chaque glande est
de l'ordre de 300 g. Le passage de la veine rétromandibulaire divise l'organe en deux
parties, l'une rostro-ventrale et l'autre dorso-caudale, unies par des ponts de substance
glandulaire qui couvrent le vaisseau. Deux de ces ponts existent à la face superficielle,
l'un ventro-caudal et grêle, l'autre rostro-dorsal, beaucoup plus large. Deux autres exis-
tent à la face profonde, l'un très grêle, situé à la partie moyenne et l'autre rostro-dorsal,
beaucoup plus volumineux et représentant pour l'essentiel la partie profonde de la glande,
ici relativement réduite. Le bord rostral est plus épais que le bord caudal, qui est con-
cave. L'extrémité dorsale, la plus large et de loin la plus épaisse, est nettement échan-
crée pour se mouler sur l'oreille ; elle forme ainsi un angle pré-auriculaire et un angle
rétroauriculaire nets. L'extrémité ventrale est mince, effilée caudalement dans la jonc-
tion des veines rétromandibulaire et linguo-faciale ; elle forme ainsi un angle cervical plus
ou moins aigu, tandis que son angle mandibulaire est moins marqué.
Rapports : La face superficielle est couverte, outre le fascia parotidien, par les mus-
cles cutané du cou et parotido-auriculaire, ce dernier prenant attache près de l'extrémité
ventrale. La face profonde se moule exactement sur toutes les anfractuosités de la loge
parotidienne, laquelle sera décrite plus loin. Le bord rostral répond de haut en bas : à
la capsule articulaire temporo-mandibulaire, à laquelle il est adhérent, à la veine et à l'artère
temporales superficielles, au nerf auriculo-temporal et au nerf facial, puis aux faibles nœuds
lymphatiques parotidiens, au muscle masséter et à la mandibule, ainsi qu'au rameau mas-
sétérique de l'artère carotide externe et à sa veine satellite, enfin à la terminaison du fais-
ceau angulaire du muscle digastrique et au tendon du sterno-céphalique. Le bord caudal
est lâchement uni par du conjonctif banal et des trousseaux fibreux, aux muscles cervico-
auriculaires et plus bas à l'aponévrose du brachio-céphalique, qui le sépare de l'aile de
l'atlas et du tendon du splénius. Il est longé par le grand nerf auriculaire. L'extrémité dor-
sale est couverte par les muscles zygomatico-auriculaire et parotido-auriculaire. Elle couvre
les artères et veines auriculaires rostrales et le nerf auriculo-palpébral, la base de l'oreille,
les vaisseaux et nerfs auriculaires moyens, les vaisseaux et nerfs auriculaires caudaux
et enfin les muscles cervico-auriculaires. L'extrémité ventrale est longée par la veine linguo-
faciale et atteint l'origine de la veine jugulaire externe. Elle couvre le tendon du muscle
sterno-céphalique et le fascia sous-parotidien, ainsi que la partie adjacente du muscle
brachio-céphalique, formations qui la séparent de la glande mandibulaire, du muscle omo-
hyoïdien, de la glande thyroïde et du nerf accessoire.
Loge parotidienne (Pl. 120) : c'est une dépression très irrégulière, limitée rostrale-
ment par le bord caudal de la mandibule et du muscle masséter et caudalement par l'aile
de l'atlas. Elle est divisée en deux parties par le puissant relief du faisceau angulaire du
muscle digastrique, qui détermine la démarcation entre un creux rostral et un creux cau-
dal. Le creux rostral est le plus petit et le plus profond. Il est triangulaire, limité par la
mandibule, la base de l'oreille et le faisceau angulaire du digastrique. Sa paroi est consti-
tuée d'arrière en avant par l'aponévrose mastoïdienne du muscle brachio-céphalique,
recouvrant le tendon mastoïdien du splénius et l'oblique crânial de la tête, ainsi que le
processus jugulaire de l'os occipital ; par le muscle occipito-hyoïdien et la partie dorsale
232 -
N . A . V. auriculaires caudaux
R. auriculaire p r o f o n d du n. facial
N . et M . occipito-hyoïdiens
N . facial (et son anse
autour d e l ' a r t . , auriculaire c a u d . )
N. du muscle.
N . auriculo-palpébral digastrique
M . brachio-
céphalique
A . et V. temporales superf.
A . e t V . t r a n s v e r s e s d e la f a c e
N . auriculo-temporal
A . c a r o t i d é externe
Faisceau angulaire
du m. digastrique
Rameaux massétériques
Fascia sous-parotidien
Veine rétromandibulaire
Tendon du m. sterno-céphalique
Glande mandibulaire
M . omo-hyoïdien
Veine occipitale
Veine linguo-faciale
Glande mandibulaire
C'est chez les Equidés une glande à prédominance séreuse, relativement peu volu-
mineuse mais très allongée. Elle est longue de 20 cm environ, large de 3 cm à l'extrémité
rostrale et de 4 à 5 à la partie caudale. Son épaisseur est voisine de 1,5 cm. Le poids
moyen unitaire est voisin de 60 g et représente environ 1/7000 du poids du corps. La
coloration est jaune rosée, nettement plus pâle que celle de la parotide. La texture est
lâche et les lobules facilement séparables. La glande est le plus souvent décomposable
en deux lobes, l'un rostral et l'autre caudal, accolés par du conjonctif et réunis en outre
par une veine et par le conduit mandibulaire, qui longent ensemble le bord dorsal. Le lobe
caudal est élargi et ovalaire ; le rostral est linguiforme, allongé, couvert caudalement par
l'autre. L'ensemble forme une bande étroite qui s'étend de l'aile de l'atlas à l'extrémité
caudale du muscle mylo-hyoïdien en décrivant sur le côté du pharynx et du larynx une
courbe à concavité rostro-dorsale.
M . parotido-auriculaire (coupé]
Glande parotide
N œ u d lymph. parotidien
M . masséter (coupé)
G l . buccales dorsales
Veine jugulaire
externe
M . parotido-
auriculaire (coupé)
Veine linguo-faciale
Conduit parotidien
Conduit parotidien
A . e t V. faciales
sur le côté du larynx et du pharynx, dorsalement auquel elle est en large rapport avec
la poche gutturale, les branches terminales de l'artère carotide commune et les nerfs du
plexus guttural, ainsi qu'avec les nœuds lymphatiques rétropharyngiens médiaux et cer-
vicaux profonds crâniaux. On retiendra donc que les veines principales de la région pas-
sent dans la loge parotidienne, en position plus superficielle, alors que les grosses artères
sont plus profondes que la glande mandibulaire. Le bord dorsal est longé par la partie
moyenne du m. digastrique et le conduit mandibulaire, ainsi que par la poche gutturale.
Le bord ventral répond à la glande thyroïde et rostralement à la veine linguo-faciale. L'extré-
mité caudale, en rapport avec les nœuds lymphatiques rétropharyngiens latéraux, est
maintenue sous l'aile de l'atlas par un conjonctif lâche et abondant. L'extrémité rostrale
s'insinue entre les muscles ptérygoïdien médial et thyro-hyoïdien. Elle est croisée latéra-
lement par l'artère faciale.
Glande sublinguale
C'est uniquement une glande polystomatique. Peu développée, elle mesure de 12
à 1 5 cm de long sur 2 à 3 de large. Son poids moyen s'établit aux environs de 16 g.
Elle s'étend du niveau de la première ou de la deuxième molaire jusqu'au voisinage de
la symphyse mandibulaire. Très mince et rétrécie aux extrémités, elle est formée de lobules
dissociés. Son extrémité caudale semble appendue à une division du nerf lingual. Elle
possède une artère particulière (artère sublinguale) qui provient de l'artère faciale et tra-
verse le muscle mylo-hyoïdien pour la rejoindre au tiers caudal de son bord ventral. Les
conduits sublinguaux sont au nombre de 1 5 à 20. Flexueux et très grêles, ils se déta-
chent de la face médiale ou du bord dorsal, qu'ils quittent perpendiculairement. Ils
s'ouvrent sur la crête sublinguale, chacun au sommet d'un petit tubercule.
Glande parotide
Elle est relativement peu développée et ne pèse en moyenne que 11 5 g : elle mesure
de 1 5 à 1 7 cm de long et 4 à 5 cm dans sa plus grande largeur, qui est voisine de l'extré-
mité dorsale. Sa teinte brun-rougeâtre est caractéristique et tranche sur le jaune pâle de
la glande mandibulaire, qui reste largement à découvert. Allongée dorso-ventralement,
progressivement rétrécie vers l'extrémité ventrale, la parotide est incurvée pour se mou-
ler sur le bord caudal du muscle masséter et sur l'angle de la mandibule. Son extrémité
dorsale, la plus épaisse, se place contre la base de l'oreille et remonte un peu rostrale-
ment à elle mais ne forme pas d'angle rétroauriculaire. L'extrémité ventrale est simple
et se termine en une pointe mousse sous l'angle de la mandibule. Le bord rostral s'étend
plus que chez les Equidés à la surface du muscle masséter ; il laisse à découvert, près
de l'articulation temporo-mandibulaire, une partie du très gros nœud lymphatique paroti-
dien. Le bord caudal, couvert par le muscle parotido-auriculaire, reste à distance de l'aile
de l'atlas, dont le sépare le lobe caudal de la glande mandibulaire. Sa partie dorsale est
longée par la veine auriculaire caudale et sa moitié ventrale par la veine rétromandibu-
laire. Il n'y a pas de fascia sous-parotidien et la parotide est en rapport dans sa moitié
ventrale avec la glande mandibulaire, sous laquelle s'engage le muscle sterno-basilaire
pour rejoindre le cléïdo-basilaire.
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M . occipito-hyoïdien
M . digastrique
M . stylo-hyoïdier
Stylohyoïdeum
M. ptérygo-pharyngien
Glandes palatines
Racine d e la langue
G l a n d e sublinguale
polystomatique
Gl. mandibulaire
Lobe caudal |
M . stylo-glosse
C o n d u i t mandibulaire
M . génio-hyoïdien
M . mylo-hyoïdien
Chez le Mouton et à un moindre degré chez la Chèvre, la glande parotide est plus
grosse et surtout plus large en proportion que chez le Bœuf. Sa forme est à peu près
rectangulaire et son bord rostral cache le plus souvent le nœud lymphatique parotidien.
L'extrémité dorsale porte un angle rétroauriculaire qui tend à couvrir la veine auriculaire
caudale. L'extrémité ventrale est aussi élargie, de façon à couvrir la veine rétromandibu-
laire jusqu'à sa jonction avec sa veine linguo-faciale.
Le conduit parotidien a chez le Bœuf un trajet et des rapports analogues à ceux qu'il
présente chez les Equidés. Il s'engage toutefois moins profondément sous la mandibule,
dont il suit plutôt le bord ventral avant de remonter au-devant du muscle masséter. Il
s'ouvre dans la bouche en regard de la deuxième molaire supérieure, sur une papille paro-
tidienne basse, parfois absente. Chez le Mouton, ce canal est plus court et croise direc-
tement la surface du masséter, vers la mi-hauteur de ce muscle. Il débouche en regard
de la première molaire supérieure, parfois même de la dernière prémolaire. Chez la Chè-
vre, sa disposition est intermédiaire entre celles qu'on trouve chez le Mouton et chez
la Vache ; il n'est pas rare que le trajet s'effectue comme dans cette dernière.
On peut noter que chez les Chameaux, la glande parotide ressemble à celle du Bœuf,
mais que son conduit, relativement grêle, croise le muscle masséter comme chez le Mouton
et se termine sur une papille volumineuse, en regard de l'avant-dernière prémolaire.
Glande mandibulaire
Contrairement à la précédente, cette glande, de structure mixte à dominance séreuse,
est très développée. Son poids unitaire moyen est voisin de 1 40 g chez le Bœuf, où sa
longueur atteint 1 8 à 20 cm et sa largeur de 8 à 10 cm. Elle décrit une courbe étendue
de l'aile de l'atlas jusqu'au-delà du corps de l'os hyoïde et peut aussi être clivée aisé-
ment en deux lobes, l'un caudal et l'autre rostral. Ce dernier est particulièrement volu-
mineux ; ovoïde et épais, il tend à rejoindre celui du côté opposé dans la région interman-
dibulaire. Il est facilement palpable sur le vivant et sa face latérale est en outre en rap-
port avec le volumineux nœud lymphatique mandibulaire. Le lobe caudal, un peu plus
étroit et un peu plus long, est directement couvert par la glande parotide, qu'il déborde
en outre nettement par son extrémité caudale. La veine rétromandibulaire et la veine linguo-
faciale passent à sa face latérale, tandis que sa face médiale couvre l'artère carotide com-
mune et ses divisions, les racines de la veine jugulaire interne, les nerfs du plexus guttu-
ral ainsi que le pharynx et la terminaison des muscles sterno-basilaire et cléïdo-basilaire.
Le conduit mandibulaire se constitue par deux racines. L'une naît au bord dorsal du
lobe caudal puis croise la surface du muscle digastrique avant de passer entre le mylo-
hyoïdien et la base de la langue. Elle collecte au passage de petits affluents du lobe ros-
tral mais celui-ci est aussi desservi par un autre conduit qui s'échappe de sa partie dor-
sale, voire du lobe caudal, chemine sous le muscle digastrique et rejoint l'autre racine
après un trajet variable. En général, les deux racines confluent directement au bord ros-
tral du digastrique. Mais elles peuvent aussi cheminer côte à côte jusqu'à la mi-longueur
de la glande sublinguale avant de s'unir. Il est rare que l'une ou l'autre fasse défaut. La
terminaison du conduit mandibulaire ne se fait pas au sommet mais à la face ventrale
de la caroncule sublinguale, dont nous avons déjà signalé la consistance ferme et la forme
aplatie dorso-ventralement, avec un bord denticulé.
Glande sublinguale
Elle comporte deux parties, l'une rostro-ventrale, monostomatique, et l'autre dorso-
caudale, polystomatique. Ces deux parties sont unies en une bande allongée du voisinage
238 -
Les glandes sublinguales des petits Ruminants sont disposées comme celles du Bœuf.
Par contre, la glande monostomatique manque chez les Chameaux.
Glande parotide
Celle-ci est très étendue : elle s'avance dans la région intermandibulaire et surtout
dans le cou, jusque vers le tiers caudal de la région jugulaire. Elle est gris rosé ou jaunâtre
et son conjonctif interlobaire est chargé de graisse. Son extrémité dorsale est rétrécie
et simple, tandis que son extrémité ventrale est très élargie, ce qui lui donne la forme
d'un triangle presque rectangle et permet de lui décrire, outre les deux faces, trois bords
et trois angles. La face latérale, planiforme, est presque à nu sous le muscle cutané du
cou et le lard. Le parotido-auriculaire est en effet très étroit, reporté près du bord rostral.
Rappelons que ce muscle délègue en outre un faisceau qui traverse la parotide pour aller
se continuer entre celle-ci et la glande mandibulaire. La face médiale ou profonde, très
irrégulière, est en rapport par l'intermédiaire d'un mince plan conjonctivo-adipeux avec
la glande mandibulaire, le pharynx, les muscles sterno-céphalique, sterno-thyroïdien et
brachio-céphalique, ainsi qu'avec les branches terminales de l'artère carotide commune,
les racines et les premiers affluents de la veine jugulaire externe et les nœuds lymphati-
ques parotidiens, mandibulaires, rétropharyngiens médiaux et cervicaux superficiels crâ-
niaux et moyens. Le bord rostral, long de 1 5 à 20 cm selon la taille des sujets, est mince,
accolé au bord caudal du muscle masséter et de la mandibule. Le bord caudal, long de
1 8 à 23 cm, longe le muscle brachio-céphalique, auquel il n'adhère que peu. Le bord ven-
tral, à peine plus long que le bord rostral, couvre entièrement la veine linguo-faciale et
les nœuds lymphatiques mandibulaires ; il suit le muscle sterno-hyoïdien. L'angle dorsal
forme une pointe mousse qui n'atteint pas toujours la base de l'oreille. L'angle mandibu-
laire s'avance jusqu'à l'incisure vasculaire de la mandibule ou un peu au-delà. L'angle
caudal descend, en raison de la brièveté du cou, jusqu'à quelques centimètres à peine
de la pointe de l'épaule.
Glande mandibulaire
De teinte rosée, cette glande est beaucoup plus petite que la parotide. Elle est à peine
longue de 6 à 8 cm, mais épaisse de 2 à 3 cm. Elle est encore divisible en deux lobes,
240 -
M. parotido-
auriculaire
Glande parotide
(coupée)
Veine
rétromandibu
M. stylo-hyoTdîen
M. stylo-glosse Conduit
mandibulaire
Glandes palatines
Racine de la langue
Glande, sublinguale
monostomatique
M. génio-hyoïdien
Gl. sublinguale
polystomatique
dont le caudal est ici le plus gros. Il est arrondi et ovalaire, situé caudalement à l'angle
de la mandibule, à la face profonde de la parotide. Le lobe rostral, quatre ou cinq fois
plus petit, forme une pointe qui s'engage entre le muscle ptérygoi'dien médial et les nœuds
lymphatiques mandibulaires d'une part, le pharynx d'autre part, ventralement au muscle
digastrique.
Glande sublinguale
Comme chez le Bœuf, il existe deux glandes sublinguales de chaque côté. Mais ici,
lâ glande monostomatique est caudale et la glande polystomatique est rostrale.
Le conduit parotidien, long de 5 à 6 cm, prend naissance par deux ou trois racines
sur le bord rostral de la glande, près de l'angle ventral. Il croise la surface du muscle
2 4 2 -
M. digastrique (coupé)
Glande mandibulaire
Glande parotide
Nerf mandibulaire
Nerf lingual
Conduit de la glande.
sublinguale monostomatique
Glande zygomatique
Racine de la langue
Glande sublinguale
polystomatique
masséter, à laquelle il adhère, pour aboutir à une papille parotidienne peu élevée, en regard
de la dent carnassière supérieure. On trouve souvent sur son trajet de petites glandes
parotides accessoires ; variables et généralement placées dorsalement à lui, elles peu-
vent aussi accompagner son bord ventral.
Le conduit mandibulaire prend naissance par deux ou trois petites racines au côté
médial du pôle rostral, près du point de pénétration de l'artère principale de la glande.
Il passe sous le lobe adjacent de la glande sublinguale, avant de s'engager entre le digas-
trique d'une part, la branche mandibulaire et ses muscles d'autre part. Accompagné par
le conduit sublingual majeur, il longe ensuite les diverses parties de la glande sublinguale
dans sa situation habituelle et se termine sur la caroncule sublinguale, laquelle est peu
distincte.
Le lobe rostral est long de 4 à 5 cm. Il est constitué de lobules dissociés, échelonnés
sous la muqueuse de la partie caudale du récessus sublingual latéral, dorsalement au con-
duit sublingual majeur. Sa sécrétion se déverse dans ce dernier par 5 ou 6 brefs et grêles
conduits lobulaires.
M. parotido-
auriculaire
Glande parotide
Veine rétromandibulaire
Veine linguo-faciale
Glande mandibulaire
Conduit parotidien
Glande buccale ventrale
PLAN SUPERFICIEL
M. stylo-glosse
Glandes palatines
Racine de la
Glande zygomatique
M. stylo-hyoïdien
M. digastrique (coupé)
Glande mandibulaire
PLAN PROFOND
Les glandes salivaires du Chat répondent exactement aux descriptions qui précè-
dent. On notera seulement que la glande sublinguale monostomatique est plus étroite
et la glande sublinguale polystomatique parfois absente.
Rappelons enfin que chez les Carnivores, les glandes buccales dorsales sont regrou-
pées entre la partie rostrale de l'arcade zygomatique et la périorbite en une glande zygo-
matique qui pourrait, chez ces animaux, être classée parmi les glandes salivaires majeures.
Cette glande, qui pèse environ 3 g chez le Chien, a un aspect analogue à celui du lobe
caudal de la glande sublinguale monostomatique. Elle est desservie par un conduit majeur
qui débouche environ un centimètre caudalement et un peu dorsalement à la papille paro-
tidienne et par deux à six conduits mineurs qui s'ouvrent un peu plus caudalement encore.
La glande mandibulaire est compacte et arrondie comme celle des Carnivores, mais
elle est en situation plus rostrale, sous l'angle de la mâchoire et l'angle ventral de la paro-
tide, qui ne la laisse qu'à demi-découverte. Sa face latérale est longée par la veine linguo-
faciale. Le conduit mandibulaire passe entre le muscle digastrique et l'artère faciale puis
contourne le bord caudal du mylo-hyoi'dien pour s'engager dans la région sublinguale et
se terminer comme chez les Carnivores.
Rappelons enfin qu'il existe une glande zygomatique comme chez les Carnivores,
mais qu'en outre, les glandes buccales ventrales sont agminées en un gros lobe derrière
l'angle de la bouche.
La glande parotide pèse une trentaine de grammes en moyenne, avec de très larges variations
individuelles. De teinte pâle, gris-jaunâtre, elle forme une pyramide irrégulière dont une face est latérale
et le sommet ventral. Elle s'étend depuis l'arcade zygomatique jusqu'à quelques millimètres en des-
sous de l'angle de la mâchoire, en couvrant l'articulation temporo-mandibulaire et la partie caudale
du muscle masséter, auquel elle adhère intimement. Elle est dépourvue d'angle rétroauriculaire et
semble ainsi reportée en direction rostrale. Son extrémité ventrale forme une pointe simple, épaisse
et arrondie, qui couvre la veine rétromandibulaire. Le conduit parotidien croise la surface du muscle
masséter et draine au passage une ou plusieurs parotides accessoires. Long de 3 à 5 cm, il s'ouvre
dans la bouche en regard du bord rostral de la deuxième molaire supérieure. La papille parotidienne
est faible ou absente.
La glande mandibulaire pèse en moyenne huit grammes. De teinte gris jaunâtre, elle présente
presque toujours deux lobes accolés. Le lobe principal est caudal, volumineux et arrondi comme
la glande mandibulaire des Carnivores. Situé sous l'angle de la mâchoire et un peu rostralement
à lui, en partie à découvert sous le muscle cutané du cou, il est croisé latéralement par l'artère faciale
246 -
Glande parotide
accessoire
Conduit parotidien
Glande parotide
Corps de la langue
M. masséter
'coupé)
Conduit mandibulaire
Branche de la mandibule
(coupée)
Glande sublinguale polystomatique
Glande mandibulaire
Glande sublinguale monostomatique
Os M. stylo-hyoïdien
qui s'y imprime et entre en contact avec les nœuds lymphatiques submandibulaires. Il couvre le
muscle stylo-hyoïdien, la partie moyenne du digastrique et le muscle hyo-glosse. Le lobe rostral,
variable de forme et parfois absent, est en général pyramidal à pointe rostrale. Il s'insinue entre le
muscle mylo-hyoïdien et la base de la langue, dorsalement au conduit mandibulaire, dans une situa-
tion comparable à celle du lobe caudal de la sublinguale monostomatique des Carnivores. Le con-
duit mandibulaire, long de 4 à 5 cm, est relativement large et sa paroi est mince. Son trajet et ses
rapports ne présentent rien de particulier.
La glande sublinguale ne pèse que 3 g en moyenne. Longue de 2 à 3 cm, elle forme un amas
de lobules dissociables étendu sous la muqueuse du récessus sublingual latéral, depuis le voisinage
de la symphyse mandibulaire jusqu'en regard des molaires. Elle comprend deux parties peu distinc-
tes l'une de l'autre : caudalement, la glande sublinguale monostomatique, dont le conduit s'accole
au côté du conduit mandibulaire et va se terminer tout près de lui à la caroncule sublinguale ; rostra-
lement, la glande sublinguale polystomatique, desservie par un nombre très variable (5 à 20) de
petits conduits accessoires qui débouchent sur le pli sublingual.
248 -
Condyle de l'occipital
Articul temporo-
mandibulaire
M. ptérygo-pharyngien M. occipito-hyoïdien
M. thyro-pharyngien M. thyro-pharyngien
Faisceau angulaire
du m. digastrique Origine de l'œsophage
M. oesophagien
longitudinal dorsal M. crico-pharyngien
M. crico-pharyngien
M. crico-aryténoïdien dorsal
IV»
Œsophage Orîgin
CHAPITRE IV
PHARYNX ET ŒSOPHAGE
I. - PHARYNX
(Pl. 22, 23, 26, 27, 32 à 34, 36 à 43, 128 à 136, 141 à 146, 148, 149)
Carrefour des voies digestives et respiratoires, le pharynx (Pharynx) est un large con-
duit musculo-membraneux appendu aux choanes et à l'isthme du gosier et continué cau-
dalement par l'œsophage au-delà de l'entrée du larynx, qui s'ouvre sur sa paroi ventrale,
et des trompes auditives, qui l'abordent de chaque côté. Situé entre les arcs de suspen-
sion de l'os hyoïde et adossé à la base du crâne par son plafond, il est beaucoup plus
vaste chez les Carnivores et les Omnivores que chez les Herbivores. Chez ces derniers,
il est presque entièrement caché par la mandibule, alors qu'il descend bien plus loin dans
le cou chez les autres espèces.
Processus coronoïde
" de la mandibule Cerveau
Arcade
zygomatique M. temporal
Sinus sphénoïdal
Section de la bourse
pharyngienne Trompe auditive
(coupée)
Paroi dorsale.
du pharynx M. ptérygoïdien latérai
M. ptérygo-pharyngien Stylohyoïdeum et m.
occipito-hyoïdien
M. thyro-pharyngien M. masséter
M. crico-pharyngien M. œsophagien
longitudinal dorsal
La face ventrale est virtuelle, car le plancher pharyngien est formé par des organes
qui ne lui appartiennent pas en propre : palais mou, racine de la langue, entrée du larynx
et récessus qui entourent celui-ci. Seule, la partie la plus caudale, qui fait jonction avec
l'oesophage, est isolable du larynx, auquel elle est normalement accolée.
La face dorsale est arrondie d'un côté à l'autre. Elle montre sur la ligne médiane le
raphé du pharynx (Raphe pharyngis) sur lequel se portent symétriquement les muscles
de l'organe. Sa partie rostro-dorsale s'applique contre la base du crâne : vomer et corps
de l'os sphénoïde. A la limite de chacune des faces latérales, elle donne en outre implan-
tation à la trompe auditive (Tuba auditiva) anciennement : "trompe d'Eustache". Plus
caudalement, cette face se met en rapport avec le muscle long de la tête, puis avec le long
du cou. Ces rapports n'existent pas chez les Equidés, où les poches gutturales, s'adossant
l'une à l'autre sur le plan médian, s'interposent entre le pharynx et les parties précitées.
Les faces latérales sont convexes et irrégulières. Elles sont occupées par les mus-
cles qui forment la tunique charnue de l'organe et dont les limites sont plus ou moins
distinctes selon les espèces. Chacune d'elles s'engage à sa partie rostrale sous l'arc de
suspension de l'os hyoïde, au-delà duquel elle est en rapport par l'intermédiaire d'un con-
jonctif abondant avec le muscle ptérygoi'dien médial. Caudalement au stylohyoïdeum,
elle est couverte par les muscles digastrique et stylo-hyoïdien, ainsi que par les nœuds
lymphatiques rétropharyngiens médiaux, la carotide externe et ses branches, les nerfs
glosso-pharyngien, hypoglosse, vague, les premiers rameaux de celui-ci et les filets sympa-
thiques dépendant du ganglion cervical crânial, l'ensemble de ces formations nerveuses
constituant un important plexus. Tous ces éléments courent dans un plan conjonctif abon-
dant, à travers lequel le pharynx est en rapport avec la glande mandibulaire ainsi qu'avec
les muscles brachio-céphalique et sterno-céphalique. Chez les Equidés, la poche guttu-
rale vient en outre couvrir la partie dorsale des faces latérales, qu'elle isole ainsi.
L'extrémité rostrale, presque isodiamétrale chez l'Homme, est aplatie d'un côté à
l'autre chez les Mammifères domestiques. Elle est insérée sous la base du crâne autour
des choanes ainsi que, pour la partie orale, au fascia bucco-pharyngien (Fascia bucco-
pharyngea), lame fibreuse tendue entre le crochet ptérygoi'dien et le bord rostral de la
branche mandibulaire.
CONFORMATION INTÉRIEURE
(Pl. 22, 23, 26, 27, 34, 36 à 38, 41, 43, 130, 131, 134, 136, 143 à 146)
Par sa topographie comme par ses fonctions, la cavité du pharynx (Cavum pharyn-
gis) est subdivisible en trois étages, dont la délimitation reste toutefois conventionnelle.
L'étage rostral ou supérieur, situé dorsalement au palais mou, est uniquement respira-
toire et constitue le nasopharynx. L'étage intermédiaire, qui prolonge l'extrémité cau-
dale de la bouche, est nommé oropharynx. L'étage caudal, situé dorsalement au larynx,
se continue par l'œsophage : c'est le laryngopharynx.
En réalité, cette division est surtout valable pour l'espèce humaine, où la brièveté
du palais mou et la situation plus caudale du larynx individualisent plus nettement l'oropha-
rynx. Dans les animaux dont le palais mou est très long et en particulier chez les Equidés,
2 5 2 -
Processus coronoïde
de la mandibule
M. temporal
M. ptérygoïdien latéral
Face pharyngienne
du palais mou
Epiglotte
Cartilage aryténoïde
Origine de l'œsophage
NASOPHARYNX
Chaque paroi latérale, concave et continue sans démarcation avec la paroi dorsale,
montre à faible distance de la choane l'ostium pharyngien de la trompe auditive (Ostium
pharyngeum tubae auditivae). C'est une fente plus ou moins large selon les espèces, dorso-
caudalement à laquelle le cartilage de la trompe détermine sous la muqueuse un relief,
le torus tubaire (Torus tubarius). Rostro-ventralement se trouve un autre faible relief, le
torus de l'élévateur (Torus levatorius), qui marque le présence du muscle élévateur du
voile du palais sous la muqueuse. Enfin, cette dernière se charge autour de l'ostium de
nodules lymphatiques, dont l'ensemble constitue la tonsille tubaire (Tonsilla tubaria).
Quant à la paroi ventrale du nasopharynx, elle est formée par le palais mou, déjà décrit.
OROPHARYNX
L'oropharynx ou partie orale du pharynx (Pars oralis pharyngis) est divisé par l'extré-
mité caudale du palais mou (voile du palais proprement dit) en deux parties très différen-
tes et inversement développées chez l'Homme et les Mammifères domestiques. Entre
le bord libre du voile du palais, et la racine de la langue, s'étend le gosier (Fauces) ou
arrière-bouche. Celui-ci communique avec la bouche par l'isthme du gosier (Isthmus fau-
cium), délimité de chaque côté par l'arc palato-glosse, déjà décrit. Caudalement au voile,
l'oropharynx proprement dit va jusqu'à la paroi dorso-caudale de l'organe et communi-
que avec le nasopharynx par le vaste ostium intrapharyngien (Ostium intrapharyngeum).
Cet ostium est délimité de chaque côté par un arc palato-pharyngien (Arcus palatopharyn-
geus), qui part du bord correspondant du voile du palais, se porte caudalement et rejoint
son opposé sur la paroi dorsale du pharynx.
2 5 4 -
Agger nasi
Les parois latérales du gosier sont excavées ; chacune d'elles montre, entre les arcs
palato-glosse et palato-pharyngien, une dépression plus ou moins profonde selon les espè-
ces : la fosse tonsillaire (Fossa tonsillaris), qui abrite la tonsille palatine (Tonsilla pala-
tina), importante formation lymphoïde dont le développement et la forme varient beaucoup
selon les espèces. La lèvre dorso-rostrale de cette fosse se soulève fortement dans cer-
taines espèces (Carnivores) pour contribuer à lui former une paroi médiale : c'est le pli
semi-lunaire (Plica semilunaris), dépendance de l'arc palato-glosse. Chez l'Homme, le pli
semi-lunaire, peu élevé, se complète d'un pli triangulaire (Plica triangularis), plus mince
et plus ventral. Les tonsilles seront décrites avec la muqueuse du pharynx.
Chez les Ongulés domestiques, le larynx est haut situé, son ouverture étant presque
au niveau de l'ostium intrapharyngien et d'autre part, le voile du palais, bien plus long
que chez l'Homme, vient en général se placer au repos ventralement à l'épiglotte (situa-
tion pratiquement constante chez les Equidés). Ces dispositions isolent du même coup
le gosier du reste du pharynx et la communication entre les deux cavités, si vaste chez
l'Homme, se réduit à une fente incurvée en arc devant l'épiglotte. Les Carnivores et le
Porc présentent des dispositions intermédiaires entre ces extrêmes. Le gosier est limité
caudalement par un large sillon qui, dans toutes les espèces, circonscrit la base de l'épi-
glotte à sa jonction avec la racine de la langue : la vallécule épiglottique (Vallecula epi-
glottica) anciennement "sillon glosso-épiglottique". Cette dépression est interrompue
en son milieu par un relief impair et longitudinal, le pli glosso-épiglottique médian (Plica
glossoepiglottica mediana) et limitée de chaque côté par un pli glosso-épiglottique laté-
ral (Plica glossoepiglottica lateralis), en général moins net. Lors de la déglutition, l'épi-
glotte se rabat caudalement sur l'entrée du larynx et le voile du palais se soulève pour
venir obturer la communication avec le nasopharynx. Mais dans cette position, son bord
libre ne correspond pas aux arcs palato-pharyngiens : une partie de la paroi du nasopharynx
est laissée à découvert et concourt alors à délimiter l'oropharynx proprement dit, tempo-
rairement devenu une entité distincte.
LARYNGOPHARYNX
Le laryngopharynx ou partie laryngienne du pharynx (Pars laryngea pharyngis) con-
tinue caudalement l'oropharynx et s'étend de la base de l'épiglotte à l'entrée de l'oeso-
phage, qui se situe en regard du cartilage cricoïde. Ses parois dorsale et latérales sont
lisses et concaves. La paroi ventrale est en grande partie occupée par l'entrée du larynx
(Aditus laryngis), orifice béant dont la bordure (épiglotte, processus corniculés des carti-
lages aryténoïdes et replis ary-épiglottiques) se projette à son intérieur. De chaque côté
de cette sorte de margelle, une profonde gouttière continue l'extrémité correspondante
de la vallécule épiglottique jusque près de l'entrée de l'oesophage, où elle rejoint celle
du côté opposé : c'est le récessus piriforme (Recessus piriformis).
STRUCTURE (Pl. 23, 32, 33, 39, 40, 42, 128, 129, 132, 133, 135, 141, 142, 148, 149)
La structure du voile du palais étant déjà décrite, seules restent à étudier ici les for-
mations appartenant en propre au pharynx. On y trouve une membrane fibreuse, le fas-
cia pharyngo-basilaire, qui sert de support à deux autres couches, l'une externe, charnue,
formée par les muscles du pharynx, l'autre interne, muqueuse. Cette dernière possède
256 -
M. thyro-pharyngien M. stylo-hyoïdien
Œsophage Trachée
des nodules lymphatiques qui s'accumulent en certains points pour former des organes
plus ou moins apparents : les tonsilles ou amygdales. Enfin, des vaisseaux et des nerfs
se distribuent à l'ensemble.
FASCIA P H A R Y N G O B ASILAIRE
MUSCLES DU PHARYNX (Pl. 2 3 , 32, 33, 4 0 , 4 2 , 1 28, 1 29, 1 32, 1 33, 1 4 1 , 142, 148, 149)
Le pharynx est enveloppé par six paires de muscles constricteurs qui constituent
sa tunique musculaire (Tunica muscularis pharyngis). Prenant origine sur l'os ptérygoïde,
le palais mou, l'os hyoïde et les cartilages du larynx, ces muscles viennent se terminer
sur le raphé médian de sa face dorsale. Ils sont bien plus distincts les uns des autres
chez les Mammifères domestiques et surtout les Ongulés que chez l'Homme, où on décrit
seulement trois constricteurs : supérieur, moyen et inférieur, chacun possédant des sub-
divisions décrites en Anatomie comparée comme des muscles particuliers. On trouve
ainsi : 1 - correspondant au constricteur supérieur de l'Homme, deux muscles constric-
teurs rostraux chez les Mammifères domestiques : palato-pharyngien et ptérygo-
pharyngien ; 2 - deux muscles constricteurs moyens au lieu de deux parties d'un seul :
stylo-pharyngien rostral et hyo-pharyngien ; 3 - enfin, représentant le constricteur infé-
rieur, deux muscles constricteurs caudaux : thyro-pharyngien et crico-pharyngien. A cette
enveloppe charnue s'ajoute de chaque côté un muscle dilatateur ou mieux élévateur :
le stylo-pharyngien caudal, dont la terminaison s'insinue entre les constricteurs rostraux
et moyens.
M . thyrc-hyoïdien
M. hyo-glosse
M. palato-pharyngien
Racine de la langue
M. génio-hyoïdien
M. génio-glosse
VUE LATERALE
Foramen magnum
Processus jugulaire
M. ptérygo-pharyngien
M. stylo-pharyngien caudal
M. stylo-hyoïdien
M. hyo-pharyngien
M. thyro-pharyngien
Œsophage
Trachée
MUQUEUSE
(1) C'est donc par erreur que ce muscle a été classé dans les N.A.V. parmi les constricteurs rostraux du pharynx.
2 6 0 -
Laryngopharynx
et sinus palatin
Palais dur
Os incisif
Coussine*
denta"-=
Trachée
Œsophage
Lame du cart. cricoïde
Cavité du larynx
Cartilage aryténo
Cartilane
Corps de l'os
Glande
Palais mou
Torus
L'épithélium n'a pas partout les mêmes caractères. Dans le nasopharynx, il est du
même type que celui des cavités du nez, c'est-à-dire pseudo-stratifié, cylindrique et cilié.
Il présente le type oral dans l'oropharynx et le laryngopharynx, où il est stratifié et pavi-
menteux, kératinisé dans les grands Ongulés et non dans les autres espèces. La démar-
cation entre les territoires occupés par les deux types épithéliaux, respiratoire et oral,
n'est pas visible à l'oeil nu. Elle correspond approximativement à l'ostium intrapharyngien.
TONSILLES (Pl. 17, 2 6 , 27, 36, 38, 134, 135, 142 à 144)
Divisions - On peut reconnaître trois groupes de tonsilles : le plus important est situé
dans le gosier, un autre est dans le nasopharynx et le dernier, plus faible et plus incons-
tant, dans le laryngopharynx.
1 - Dans le gosier se trouvent : a) de chaque côté, une tonsille palatine (Tonsilla pala-
tina), assez mal nommée car elle n'appartient pas à proprement parler au palais, mais
se trouve située dans la fosse tonsillaire, entre l'arc palato-glosse et l'arc palato-
pharyngien ; de conformation très variable, elle existe dans toutes les espèces, à l'excep-
tion du Porc et des petits Rongeurs (Cobaye, Rat, Souris) ; b) une tonsille linguale (Ton-
silla lingualis) généralement impaire, parfois bilobée, toujours située sur le plancher du
gosier, au revers caudal de la racine de la langue ; c) une tonsille vélaire (Tonsilla veli
palatini), surtout distincte chez le Cheval et le Porc, rudimentaire ou absente dans les
autres Mammifères domestiques.
2 - Dans le nasopharynx, on reconnaît : a) la tonsille pharyngienne (Tonsilla pharyn-
gea), déjà signalée au fornix du pharynx et présente dans toutes les espèces ; b) de cha-
que côté, une tonsille tubaire (Tonsilla tubaria), placée au voisinage de l'ouverture
pharyngienne de la trompe auditive et absente seulement chez les Carnivores parmi les
Mammifères domestiques.
3 - Dans le laryngopharynx, seule est présente de chaque côté, à la base de l'épi-
glotte, une tonsille para-épiglottique (Tonsilla paraepiglottica), mais seulement chez le
Chat, le Porc, le Mouton et la Chèvre parmi les Mammifères domestiques.
Structure - Toutes les tonsilles sont constituées par le groupement dans la propria muco-
sae ou dans la sous-muqueuse de petites masses sphéroïdes de tissu lymphatique : les
nodules lymphatiques (Noduli lymphatici) — anciennement nommés "follicules lymphatiques"
ou "follicules clos" — en tout point comparables à ceux des nœuds lymphatiques. Chaque
nodule est formé d'une accumulation de lymphocytes au sein d'un réseau lâche de fibres
et de cellules de soutien auxquelles s'ajoutent des macrophages. Il montre un centre
germinatif clair et une couche périphérique ou couronne, plus dense et plus colorable.
262 -
Le centre germinatif, surtout riche en lymphoblastes, montre des cellules plus volumi-
neuses et en multiplication bien plus active que la couronne. (Pour plus de détails, voir
Angiologie). Ces nodules sont plus ou moins confluents, surtout mal délimités dans la
profondeur, où ils se confondent progressivement avec la sous-muqueuse adjacente, éga-
lement infiltrée de lymphocytes. Vers la surface, ils peuvent respecter l'épithélium, qui
conserve alors son intégrité ; le plus souvent, ce dernier est également infiltré de lymphocy-
tes et perd sa délimitation : il est en quelque sorte envahi par les nodules lymphatiques
et se montre épaissi à ce niveau. Il desquame et des lymphocytes sont libérés à sa sur-
face avec les cellules épithéliales.
L'ensemble de la tonsille est enfin enveloppé et délimité par une capsule conjonc-
tive. Le plus souvent, des glandules salivaires lui sont associées. Leurs conduits excré-
teurs traversent la capsule pour venir déboucher soit au fond de dépressions tapissées
par l'épithélium (fossettes tonsillaires, décrites ci-dessous) soit le plus souvent à la sur-
face même de l'organe.
Conformation
L'agencement des nodules lymphatiques et de la muqueuse qui les porte permet de
reconnaître trois grands types de tonsilles. Le premier, dont des exemples sont fournis
par les tonsilles palatines du Chien ou les tonsilles pharyngiennes des Ongulés, est carac-
térisé par un simple soulèvement de la muqueuse, dont la surface reste à peu près lisse
et régulièrement convexe.
Dans un second type, bien plus fréquent (Tonsilles palatines et linguales de la plu-
part des espèces), l'épithélium forme des invaginations profondes : les cryptes tonsillai-
res (Cryptae tonsillares), sur les flancs et au fond desquelles s'accumulent les nodules ;
chaque petite masse de tissu lymphoïde centré sur une fossette constitue un follicule
tonsillaire (Folliculus tonsillaris). L'ensemble des follicules occupe une étendue planiforme
ou convexe de la muqueuse, sur laquelle débouchent les fossettes. Quand elle reste éta-
lée, la tonsille présente un aspect diffus ; quand elle est saillante, elle est au contraire
bien délimitée et peut même être plus ou moins pédonculée.
Un dernier type est représenté par la tonsille palatine des Ruminants : l'organisation
générale est similaire à celle du type précédent, mais l'ensemble des follicules tonsillai-
res est irrégulier et occupe non plus une saillie mais les flancs et le fond d'une étroite
et profonde dépression centrale, nommée sinus tonsillaire (Sinus tonsillaris).
Les variations sont nombreuses d'une espèce à l'autre. Elles seront décrites à pro-
pos des particularités spécifiques.
Rôle - Les tonsilles sont le siège d'une active lymphopoièse. Une partie des lymphocy-
tes qu'elles produisent migre à travers l'épithélium et tombe dans la lumière digestive,
où elle se mêle à la salive et produit les corpuscules salivaires. Ce contingent paraît assu-
rer une défense antimicrobienne directe de l'entrée du canal alimentaire.
Il semble pourtant que le rôle le plus important soit dévolu aux lymphocytes qui res-
tent dans l'organisme et contribuent à développer une immunité progressive et durable,
tant locale que générale, contre les nombreux germes retenus par la surface de l'organe,
sinon cultivés dans les cryptes tonsillaires. Cette activité est particulièrement intense
pour les tonsilles palatines, dont l'aptitude réactionnelle est exacerbée dans nombre
d'affections.
VAISSEAUX ET NERFS
Les artères du pharynx proviennent soit de la carotide commune, soit de la carotide
externe. La principale est l'artère pharyngienne ascendante, issue de la thyroïdienne crâniale
(Equidés), de la carotide commune (Ruminants) ou de la carotide externe (Homme, Chien) ;
2 6 4 -
Hypophyse
Tonsille pharyngienne
Tronc cérébral
. Chiasma Fornix du pharynx
Palais mou
Septum pharyngien
Nasopharynx
Volutes de l'ethmoïde
Atlas
Sinus épinière
Cartilage
aryténoîde
Partie caudale du
Cornet nasal
Insertion du septum
Palais dur
Cavité propre
de la bouche
Apex de la
Coussinet
dentaire
de l'œsophage
du cartilage cricoïde
Laryngopharynx
du larynx
Cartilage thyroïde
Lèvre supérieure Epi glotte
Vallécule épiglottique
Corps de l'os hyoïde
Lèvre inférieure Gosier
Vestibule de la bouche Torus lingual
Partie incisive de la mandibule Palais osseux
elle est parfois remplacée par plusieurs rameaux plus faibles, provenant de ces diverses
artères (Carnivores, Porc). D'autres rameaux, innominés, viennent de l'artère carotide
externe ou de ses collatérales. En particulier, l'artère linguale émet près de son origine
un rameau tonsillaire spécialement destiné à la tonsille palatine. Rappelons enfin que le
palais mou reçoit en propre l'artère palatine ascendante et une division de la palatine des-
cendante, l'artère palatine mineure.
Les lymphatiques forment deux réseaux : l'un, très riche, est muqueux ; ses affluents
les plus importants viennent des tonsilles. L'autre, plus lâche, est musculaire. Les effé-
rents de ces deux réseaux vont aux nœuds lymphatiques rétropharyngiens médiaux.
Quelques-uns, issus du réseau musculaire, se rendent en outre aux nœuds lymphatiques
cervicaux profonds crâniaux.
Quant aux nerfs du pharynx, ils proviennent des neuvième et dixième paires crânien-
nes ainsi que du système sympathique. Leurs divisions constituent un plexus pharyn-
gien qui se distribue aux muscles, à la muqueuse et à ses annexes, ainsi qu'aux vaisseaux.
FONCTIONS
Entre les déglutitions, le pharynx se comporte comme un simple canal de jonction
entre les cavités du nez ou éventuellement la bouche et le larynx, dont l'entrée reste
béante. Il assume ainsi un rôle passif dans la respiration. Il peut en outre compléter l'action
du larynx dans les émissions vocales.
Dès que le bol alimentaire a pénétré dans l'œsophage, larynx et pharynx reprennent
leur position de repos, le voile du palais revient vers la racine de la langue, l'épiglotte
en fait autant et la respiration reprend.
2 6 6 -
M. thyro-hyoïdien
Stylohyoi'deum
Poche gutturale
M. tenseur du voile du palais
M. stylo-hyoïdien
M. digastrique
. M. thyro-pharyngien
p i ' M. crico-pharynqien
M. omo-hyoïdien
Début de l'œsophage
M. sterno-hyoïdien (coupé) —
M. stemo-thyroïdien (coupé) _ <v\
A. cervicale profonde
'4/
I W/M/à Tronc costo-cervical
M. brachio-céphalique (coupé) _
M. long du cou
N. récurrent gauche
Aorte descendante
M. sterno-céphalique (coupé) -
A. vertébrale
A. carotide commune.
gauche (coupée) _
A. subclavière gauche .
A. axillaire
gauche (coupée
Médiastin crânial
, V. cave crâniale
Œsophage
(danî le médiastin crânial)
Trachée (Partie thoracique)
N. vague gauche
Tronc pulmonaire
Cœur (mis à nu par ablation du péricarde1
Médiastin caudal
N. phrénique gauche
Diaphragme
II. - ŒSOPHAGE
(Pl. 23, 32, 39, 128, 129, 132, 133, 137 à 142, 147 à 149)
CONFORMATION
Extrait sans précaution particulière, l'œsophage est rouge, dépressible et mou. Dans
quelques espèces, sa partie caudale devient toutefois blanchâtre et plus ferme par chan-
gement de structure et d'épaisseur. Ce caractère est surtout évident chez le Cheval, où
le tiers caudal de l'organe est particulièrement étroit, presque rigide. Chez les Ruminants,
le conduit est au contraire dilaté dans son tiers caudal, qui reste rouge.
Lorsque l'œsophage a subi en place une fixation soignée, sa forme est irrégulière
et résulte du modelage sur les organes voisins. Dans la partie caudale du cou et le début
de la partie thoracique, l'empreinte de la trachée se traduit en particulier par une face
planiforme ou même concave qui donne parfois aux coupes transversales une forme gros-
sièrement en croissant (Pl. 139, A). Seule, la partie logée dans le médiastin caudal est
toujours à peu près cylindrique.
Le calibre de l'œsophage n'est pas uniforme. Ses variations sont particulièrement
visibles lorsque l'organe a été insufflé ou injecté d'une masse fluide. On voit alors qu'à
l'origine relativement étroite succède une partie dilatée qui correspond au trajet cervical.
A l'entrée du thorax commence un segment un peu rétréci qui s'étend jusqu'au niveau
de l'aorte. A partir de là et jusqu'au diaphragme, où siège un dernier rétrécissement, le
conduit est en général large et dilatable, en particulier chez les Ruminants. Il est au con-
traire de plus en plus étroit chez les Equidés, jusqu'à l'orifice du cardia, lequel est fort
resserré dans cette espèce alors qu'il est généralement très dilatable dans les autres.
Ces variations se retrouvent dans la conformation intérieure de l'organe mais dans
les conditions normales, celui-ci est vide et sa paroi presque partout en contact avec elle-
même. Cette paroi est entièrement tapissée par une muqueuse sèche, blanchâtre, forte-
ment plissée dans le sens longitudinal ; ces plis sont effaçables par la distension.
M. stylo-hyoïdien
M. digastrique
Stylohyoïdeum
M. thyro-hyoïdien
M. thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
M. omo-hyoïdien
Début de l'œsophage
M. sterno-
hyoïdien (coupé) M. long du cou
Œsophage (dans le médiastin crânial)
M. sterno-
thyroïdien (coupé) N. vague gauche
N. récurrent gauche
M. brachio-céphalique Veine azygos
Aorte descendante
Trachée
Tronc vagal dorsal
[Partie cervicale)
(dans le médiastin cauda
Œsophage
N. lymph. médiastinal caudal
(Partie cervicale)
M. scalène ventral
M.
A. carotide
commune (coupée)
Tronc costo-cervical
A. axillaire
gauche (coupée)
V. cave crâniale
A. thoracique int.
A. subclavière g.
Médiastin crânial
Péricarde
a) l'origine du conduit s'applique par sa face ventrale contre la lame du cartilage cri-
coïde et les muscles crico-aryténoïdiens dorsaux. Sa face dorsale répond aux muscles
longs de la tête.
b) le segment qui s'étend chez les Mammifères domestiques jusqu'au milieu de la
partie cervicale est situé à peu près sur le plan médian. Enveloppé d'une couche épaisse
de conjonctif lâche, il est situé caudalement à la trachée, entre ce conduit et le muscle
long du cou, auquel il répond par l'intermédiaire de la lame prévertébrale du fascia cervi-
cal. Il est longé de chaque côté par l'artère carotide commune, le tronc vago-sympathique
et la veine jugulaire interne quand elle existe, ainsi que par le conduit trachéal et les nœuds
lymphatiques cervicaux profonds moyens. Dans l'espèce humaine, cette situation médiane
et ces rapports sont ceux de toute la portion cervicale, qui est très brève ; toutefois, les
muscles longs du cou laissant à nu les corps des vertèbres, l'œsophage répond à la colonne
vertébrale.
d) dans le médiastin caudal, il est logé entre les deux feuillets de cette cloison, par
l'intermédiaire desquels il s'imprime à la face médiale des poumons. Il y est accompagné
à distance par les troncs nerveux vagaux dorsal et ventral, ainsi que par les rameaux œso-
phagiens de l'artère broncho-œsophagienne et les veines correspondantes.
%fc
convenablement fixés ou congelés montre que cette portion abdominale est plus courte
encore que l'indiquent les descriptions classiques. Elle est presque virtuelle car le fundus
gastrique arrivant au contact du diaphragme dorsalement au cardia, il faut l'en écarter
par traction pour attirer l'oesophage dans l'abdomen.
STRUCTURE (Pl. 128, 129, 132, 133, 139, 140 à 143, 149)
Indépendamment des vaisseaux et des nerfs, la structure de l'œsophage comporte
quatre tuniques qui sont, de l'extérieur vers l'intérieur : une adventice, une musculeuse
puissante, une sous-muqueuse et une muqueuse.
1 - L'adventice est une enveloppe conjonctive qui unit le conduit aux organes voi-
sins. Très lâche dans le cou, cette couche est plus dense dans le thorax, où elle est dou-
blée par la plèvre médiastinale, qui constitue là une tunique séreuse très incomplète. Le
revêtement séreux est complet mais lâche sur la partie abdominale.
2 - La musculeuse est continue avec celle du pharynx et de l'estomac. Elle présente
la disposition caractéristique en deux couches qu'on retrouvera dans tout le canal ali-
mentaire : la couche superficielle est longitudinale et la couche profonde, plus épaisse,
est circulaire. Mais cette organisation n'est pas réalisée d'emblée. La partie initiale du
conduit comporte encore des muscles reconnaissables. Ceux-ci prennent origine sur le
cartilage cricoïde, en partie avec ceux du pharynx, qu'ils continuent plus ou moins, et
en partie par un bref tendon crico-œsophagien : ce sont les muscles œsophagiens longi-
tudinaux dorsal, latéraux et ventral, auxquels s'ajoutent plus loin des faisceaux broncho-
œsophagiens et pleuro-œsophagiens. C'est plus ou moins loin du pharynx, selon les espè-
ces, que s'établit nettement la distinction des deux plans musculaires.
Dans la tunique musculaire proprement dite, la couche longitudinale est la plus mince.
Ses fibres se groupent en faisceaux souvent irréguliers, voire spiroi'des, surtout dans la
partie cervicale. La couche profonde n'est pas entièrement ni régulièrement circulaire,
surtout dans sa partie la plus interne. Ses faisceaux sont obliques ou spiroi'des et présen-
tent même par endroits une orientation longitudinale sur quelques millimètres avant de
reprendre l'orientation transverse. Dans la plupart des espèces, l'organisation des deux
couches se régularise dans les parties les plus caudales du conduit.
Par la très grande laxité de sa couche profonde, la sous-muqueuse permet des dépla-
cements étendus à la muqueuse à l'intérieur du tube que forme la musculeuse. Cette
mobilité, très favorable à la déglutition, impose quelques précautions en chirurgie : il con-
viendra d'étager les sutures de la paroi œsophagienne si l'on veut éviter les risques de
déchirure ultérieure.
4 - La muqueuse forme des plis longitudinaux effaçables par la distension. Son épi-
thélium est stratifié et pavimenteux. Il est nettement kératinisé chez les Ruminants, un
peu moins chez les Equidés et faiblement chez le Porc et l'Homme, alors qu'il ne l'est
pratiquement pas chez les Carnivores. La propria mucosae, riche en fibres élastiques,
délègue dans l'épithélium de hautes papilles adélomorphes. Elle repose sur une muscula-
ris mucosae généralement incomplète, qui existe sur toute la longueur du conduit chez
l'Homme, le Chat, les Equidés, les Ruminants, mais ne commence que vers son tiers dis-
tal chez le Chien et le Porc. Chez le Chien et chez l'Homme, elle contient en outre près
du pharynx et dans la partie terminale de petites glandes, dites cardiales œsophagiennes
(Gl. cardiacae oesophagi), assez comparables aux glandes cardiales de l'estomac et qu'il
ne faut pas confondre avec les glandes œsophagiennes de la sous-muqueuse.
VAISSEAUX ET NERFS
Les artères sont multiples et grêles pour la plupart. Dans la région cervicale, elles
proviennent des carotides communes. Dans le médiastin crânial, elles sont fournies par
les diverses divisions des artères subclavières. Dans le médiastin caudal, elles provien-
nent des rameaux œsophagiens de l'artère broncho-œsophagienne, rameaux qui se por-
tent l'un dorsalement et l'autre ventralement au conduit et l'accompagnent à petite
2 7 4 -
Stylohyoïdeum
M. hyo-pharyngien
M. ptérygo-pharyngien M. thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
Palais mou
(Voile du M. cesophagier
longitud. lat.
Racine
de la
Trachée
Cartilage
cricoïde
M. crico-thyroïdien
Cartilage thyroïde
M. thyrc-hyoïdien
M. palato-pharyngien
M. hyo-glosse
Arc palato-glosse
M. stylo-glosse
M. génio-hyoïdien
M. génio-glosse
distance en lui abandonnant de fines divisions. La partie terminale reçoit enfin son sang
des rameaux œsophagiens qui proviennent de l'artère gastrique gauche ou d'une de ses
branches.
Les veines forment un plexus sous-muqueux puis un plexus périmusculaire. De là,
de multiples veines efférentes se portent : dans la région cervicale, aux veines jugulai-
res ; dans la région médiastinale crâniale, aux affluents de la veine cave crâniale ; dans
le médiastin caudal, aux veines œsophagiennes, satellites des rameaux artériels. Il n'existe
toutefois pas habituellement de tronc veineux broncho-œsophagien, les veines œsopha-
giennes aboutissant en principe à la veine azygos, droite ou gauche, selon l'espèce.
Les lymphatiques forment aussi deux réseaux, l'un sous-muqueux et l'autre dans
la musculeuse. Les efférents se portent aux groupes suivants de nœuds lymphatiques :
ceux de l'œsophage cervical aux nœuds cervicaux profonds ainsi que, pour quelques-
uns, aux nœuds lymphatiques médiastinaux crâniaux ; ceux de l'œsophage thoracique,
aux nœuds médiastinaux crâniaux, trachéo-bronchiques, médiastinaux caudaux, ainsi
qu'aux nœuds lymphatiques gastriques, voire thoraco-aortiques et lombo-aortiques.
Les nerfs proviennent principalement des nerfs vagues, accessoirement du sympa-
thique. Dans la région cervicale et au début de la région thoracique, les nerfs moteurs
(rameaux œsophagiens des nerfs pharyngiens) sont accolés au conduit, tandis que les
filets sensitifs sont multiples et fournis par les nerfs laryngés récurrents. Pour la partie
située au-delà du cœur, sensibilité et motricité sont communiquées par les troncs vagaux,
dorsal et ventral, terminaisons des nerfs vagues. Après avoir couru quelque temps à la
surface du conduit, les divisions nerveuses pénètrent dans la musculeuse et forment entre
les deux couches de fibres un riche plexus comparable au plexus myentérique, mais plus
lâche et plus riche en fibres myélinisées et en cellules. Un second plexus, beaucoup moins
dense et formé de fibres amyéliniques, existe dans la sous-muqueuse. Les filets ultimes
vont à la muscularis mucosae et jusque dans la couche épithéliale de la muqueuse.
Le nasopharynx est très long, comme le palais mou, mais l'oropharynx est peu dis-
tinct : à l'état de repos, l'épiglotte est en effet toujours appuyée à la face dorsale du voile
du palais et l'entrée du larynx est au niveau de l'ostium intrapharyngien. Le fornix du
pharynx présente un récessus pharyngien net, dans lequel s'ouvre une bourse pharyn-
gienne adossée à l'os présphénoïde et plus profonde chez l'Ane que chez le Cheval. Chaque
choane est haute d'environ 8 centimètres et à peine large de 2 centimètres. L'ostium
pharyngien de la trompe auditive est une fente longue de 4 à 6 centimètres, étroite et
oblique ventro-caudalement. Sa lèvre dorso-caudale forme un pli saillant, véritable cla-
pet soutenu par une lame de cartilage et fermant l'orifice pendant le repos. Les arcs palato-
pharyngiens sont épais et se rejoignent dorsalement aux cartilages aryténoïdes ; ils déli-
mitent un ostium intrapharyngien à peine plus long que large, d'un diamètre de 5 centi-
mètres environ. La cavité du gosier est à peu près virtuelle à l'état de repos et sa
communication avec le reste du pharynx est une simple fente transversale allongée en
arc entre le bord libre du voile du palais et la vailécule épiglottique. Rappelons que la res-
piration orale est impossible chez ces animaux et que le vomissement, fort rare, s'effec-
tue par la voie nasale. La fosse tonsillaire est large et peu profonde. Le laryngopharynx
est bref et les récessus piriformes étroits et profonds. Les muscles du pharynx et surtout
276 -
Trachée
M. sterno-thyroïd-
M. crico-thyroïdien
Ligament crico-thyroïdien
thyroïde
Arc palato-glosse
M. hyo-glosse
Corps de la langue
M. stylo-glosse
M. génio-hyoïdien
M. génio-glosse
_
- 277
les constricteurs caudaux sont bien délimités, nettement distincts ; toutefois, le stylo-
pharyngien rostral manque le plus souvent, d'un seul côté ou des deux. Au niveau du
raphé, le fascia pharyngo-basilaire apparaît comme une mince ligne blanche médiane qui
s'élargit en triangle au-dessus de l'origine de l'œsophage.
Les tonsilles sont bien développées mais peu saillantes, de type diffus. La tonsille
pharyngienne, dépourvue de cryptes, forme un faible relief à la partie caudale du fornix,
entre les orifices des trompes auditives. Les tonsilles tubaires sont histologiquement bien
distinctes sur les lèvres de ces orifices, mais peu reconnaissables à l'oeil nu ; elles sont
complétées par un semis diffus de nodules lymphatiques dans les parties adjacentes de
la muqueuse et jusqu'à la face dorsale du voile du palais. Les tonsilles palatines forment
dans chaque fosse tonsillaire une plaque longue de 7 à 9 centimètres et large de 2 à 3.
Leur surface est rendue très irrégulière par la présence de nombreuses et profondes cryptes
tonsillaires, dont les orifices s'ouvrent au sommet de petits reliefs muqueux. La tonsille
linguale présente le même caractère, mais elle est plus diffuse encore. Il existe enfin une
tonsille vélaire de même type, formant une élevure ovale au milieu de la partie rostrale
du palais mou.
L'œsophage est long de 1,20 à 1,50 mètre selon le format des sujets. De cette lon-
gueur, 70 centimètres environ appartiennent à la partie cervicale, 55 à la partie thoraci-
que et 2 ou 3 seulement à la partie abdominale. Lorsque le conduit est vide, le calibre
extérieur est de l'ordre de 3 à 4 centimètres (souvent moins de 2 chez l'Ane) ; après
distension, il peut atteindre 6 centimètres et l'épaisseur de la paroi, qui est de 10 à 12
millimètres au repos, peut s'abaisser à 4 ou 5 millimètres. Le conduit est donc très long
et relativement étroit ; son calibre est particulièrement réduit dans toute la partie située
caudalement à l'aorte, partie qui devient ferme et blanche alors que le reste de l'organe
a une coloration rouge. L'orifice pharyngo-œsophagien est étroit et une légère dilatation
lui fait suite sur 6 ou 7 cm. La partie cervicale est nettement déviée à gauche de la tra-
chée dans sa moitié caudale et cette position se maintient jusqu'au début du médiastin
crânial. La traversée du diaphragme s'effectue en regard du corps de la treizième vertè-
bre thoracique, à une douzaine de centimètres de celui-ci. L'orifice du cardia est très étroit,
fermé au repos par les plis engrenés de la muqueuse. Dans la musculeuse, la couche
superficielle est beaucoup plus mince que la couche profonde, laquelle est très irrégu-
lière dans la partie caudale du conduit. La transition entre les fibres musculaires striées
et les fibres lisses est assez rapide et se fait en regard de la terminaison de la trachée.
La sous-muqueuse, très mobile, ne présente de glandes œsophagiennes qu'au voisinage
immédiat du pharynx. La muqueuse est pourvue d'une muscularis mucosae sur toute
la longueur du conduit ; son épithélium est kératinisé.
Sinus frontal
Glande lacrymae
Bulibe olfactif
Muscles de l'œ
Nerf optique
Processus coronoïde Paquet adipeux
de la mandibule orbîto-tempora
Nerfs maxillaire
M. temporal et ophtalmique
A. maxillaire
Arcade zygomatique
Fornix du pharynx
M. ptérygoïdien latéral
Processus ptérygoïde
Septum du pharynx
Veine maxillaire
Tonsille pharyngienne
M. masséter
Stylohyoideum
Branche de la mandibule
M. ptérygoïdien médial
Face pharyngienne
M. du palais mou
M. M, stylo-pharyng.
caudal
Entrée du larynx
Epiglotte Bord libre du voile du palais
Laryngopharynx
Vestibule de l'œsophage
Œsophage
hyo-, thyro- et crico-pharyngiens sont mal délimités, peu distincts les uns des autres ;
ils s'unissent à leurs opposés par un raphé linéaire. Le muscle hyo-pharyngien étend ses
attaches d'origine sur la corne laryngée et sur la petite corne de l'os hyoïde. Les deux
muscles stylo-pharyngiens, rostral et caudal, sont toujours présents.
Les tonsilles sont très développées. La tonsille pharyngienne est impaire, située à
la partie caudale du septum pharyngien. Elle est dépourvue de cryptes mais l'accumula-
tion des nodules lymphatiques y est telle qu'elle forme un relief large de 3 à 4 centimè-
tres. Elle est pourvue de nombreuses invaginations de l'épithélium qui lui donnent un aspect
feuilleté. Les tonsilles tubaires sont du même type, mais moins saillantes et un semis
diffus de nodules lymphatiques envahit la muqueuse de l'oropharynx jusque sur la face
dorsale du palais mou. Les tonsilles palatines sont volumineuses mais profondément inva-
ginées dans la paroi, dont elles traversent même la couche musculeuse pour apparaître
entre les muscles stylo-pharyngien rostral et ptérygo-pharyngien. Chacune d'elles, épaisse
de 3 centimètres environ chez le Bœuf, est centrée sur un profond sinus tonsillaire dans
lequel s'ouvrent les multiples cryptes tonsillaires supportant des nodules tonsillaires épais
et denses. Isolée, la tonsille paraît bilobée par un sillon qui correspond à un septum dont
la partie profonde atteint le sinus, où il détermine un fort pli semi-lunaire qui divise le
fond de cette cavité. Des glandes tubulo-acineuses de type muqueux sont disséminées
dans la propria mucosae entre les amas de nodules lymphatiques. Ces tonsilles sont bien
moins développées en proportion chez le Mouton et la Chèvre. La tonsille linguale est
au moins aussi importante et aussi visible sur la muqueuse chez le Bœuf que chez les
Equidés ; elle est par contre réduite chez les petits Ruminants. La tonsille vélaire est dif-
fuse, si peu distincte qu'on peut la dire absente. Les petits Ruminants présentent enfin
des tonsilles para-épiglottiques qui font défaut chez le Bœuf.
On peut noter en outre que les Chameaux présentent des dispositions bien différen-
tes de celles qui viennent d'être décrites chez le Bœuf, le Mouton et la Chèvre. Leur
pharynx est en effet beaucoup plus long et le larynx bas situé. L'oropharynx proprement
dit est bien distinct, délimité rostralement par un ostium intrapharyngien net. En effet,
les arcs palato-pharyngiens sont forts et se réunissent sur la paroi dorsale à grande dis-
tance de l'œsophage en formant un repli transversal très saillant. La muqueuse est pig-
mentée et riche en glandes. L'œsophage continue directement le pharynx sans se rétrécir
et il est si vaste que son calibre est au moins égal à celui de la trachée. Enfin, les glandes
œsophagiennes sont très abondantes et forment une couche sous-muqueuse épaisse et
dense, au point de rendre la muqueuse fort peu mobile sur la musculeuse.
Les tonsilles sont très développées, à l'exception de la tonsille palatine, qui manque
et se trouve suppléée par une grosse tonsille vélaire. La tonsille pharyngienne a la même
structure que chez le Bœuf ; elle est en proportion plus épaisse et plus large ; c'est la
seule qui soit chez le Porc dépourvue de cryptes. De chaque côté, la tonsille tubaire est
étalée dans la dépression qui cerne l'orifice tubaire et autour d'elle. Un semis dense de
nodules lymphatiques la continue dans la muqueuse adjacente et jusqu'à la face dorsale
du palais mou. La tonsille vélaire est longue de 5 à 6 centimètres et large de 3 ou 4 ;
elle est ferme, rosée et fait une saillie de 3 ou 4 millimètres à la face ventrale du palais
mou. La tonsille linguale est également large mais diffuse. II existe enfin une tonsille para-
épiglottique bien développée de chaque côté, dans une dépression placée à la base de
l'épiglotte.
Le pharynx est très dilatable et relativement long : il s'étend jusqu'en regard de l'axis.
Le nasopharynx est surbaissé, dépourvu de septum médian ; le fornix est étroit et peu
profond. Les ostiums pharyngiens des trompes auditives sont petits, à peine longs d'un
centimètre ; leur lèvre dorso-caudale est surmontée par un torus tubaire peu saillant.
2 8 2 -
du cerveau
cérébral gauche
aryténoïde
Moelle
du pharynx
Voile du palais
M. long du cou
frontal
M. long de la tête
Méat nasopharyngien
nasal
Trachée
dur
M. sterno-hyoïdien
voméro-nasal
de la langue
Os incisif
Cartilage
Cavité du larynx
Cartilage
M. hyo-épiglottique
Corps de l'os
Vallécule épiglottique
Racine de la
Gosier
Cervelet
Mésencéphale Moelle.allongée
Voite du palais
Tonsille pharyngienne
Atlas
Faux du cerveau Axis
Hémisphère cérébral droit Cartilage aryténoïde
Hypophyse
Fornix du pharynx Moelle épinière
Nasopharyn:
. Sinus frontal
..Laryngopharynx
Partie caudale du septum nasal
Volutes de l'ethmoïde
Cornet nasal dorsal \ M. long du cou
Méat nasal' moyen
Cartilage thyroïde
Epi g lotte
v
Vallécuie épiglotiique
Corps de l'os hyoïde
Gosier
Lèvre supérieure Racine de la langue.
Choanes. Palais mou
Lèvre inférieure'
Palais dur Corps de la langue
Apex de la langue Partie incisive de la mandibule
Os incisif
Trachée
Cartilage cricoïde
Cavité du larynx
Cartilage thyroïde
Corps de l'os hyoïde
Racine de la langue
Corps de la langue
Lèvre supérieure Palais dur
Partie incisive de la mandibule
Lèvre inférieure Apex de ia langue
M. stylo-glosse
M. hyo-glosse
M. stylo-hyoïdien
M. hyo-pharyngien
M. sterno-céphalique (coupé)
M. thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
M. thyro-hyoïdien
de l'œsophage
M. sterno-hyoïdien
Aorte descendante
V. cave crâniale
Tronc vagal dorsal
A. thoracique interne
Œsophage (dans le
médiastin caudal)
Médiastin crânial
Tronc pulmonaire
N. phrénique gauche
Diaphragme
L'ostium intrapharyngien est relativement large, délimité par des arcs palato-pharyngiens
d'abord saillants mais qui s'effacent sur la paroi dorsale, où leur jonction est à peine mar-
quée. L'oropharynx proprement dit est à peine mieux distinct au repos que chez les Ongu-
lés, mais le gosier est vaste et le voile du palais peut se soulever amplement pour permettre
une respiration aisée par la bouche : l'oropharynx est alors une entité distincte. Le laryn-
gopharynx est long, avec des récessus piriformes peu profonds. Sa jonction avec l'œso-
phage est nettement marquée par un pli muqueux circulaire formant le seuil
pharyngo-œsophagien. A ce niveau, l'aspect de la muqueuse change de façon brusque :
pâle, mince, finement ridée dans le pharynx, celle-ci devient plus sombre, plus épaisse
et pourvue de gros plis dans l'œsophage. Dans la musculeuse, on notera que le muscle
stylo-pharyngien caudal est grêle ; que le muscle hyo-pharyngien est nettement divisé
en deux faisceaux, dont l'un naît du thyrohyoïdeum et l'autre du cératohyoïdeum ; que
les muscles thyro- et crico-pharyngiens sont pratiquement indistincts l'un de l'autre. La
muqueuse est très riche en glandes, sauf au voisinage du seuil pharyngo-œsophagien.
L'œsophage est long d'une trentaine de centimètres chez un Chien de taille moyenne.
Il est large et très dilatable ; son calibre, de 2 à 2,5 centimètres quand il est vide, peut
aisément tripler lors de la déglutition. Sa paroi, épaisse de 4 millimètres environ dans
le cou, s'amincit dans le thorax et s'épaissit nettement vers la terminaison. La déviation
à gauche de la partie cervicale basse est variable avec les sujets, en général peu mar-
quée. Les rétrécissements, peu accusés sur l'organe isolé, siègent sur l'origine du con-
duit, à l'entrée du thorax et à la traversée du diaphragme. La terminaison s'évase sur
le cardia. La musculeuse est rouge, formée de fibres striées jusqu'à ce dernier. Les glan-
des œsophagiennes sont nombreuses tout le long du conduit. La muqueuse, pourvue
de muscularis mucosae seulement dans le tiers distal, présente des glandes œsophagien-
nes cardiales près du pharynx et dans la partie terminale.
Pour l'essentiel, les dispositions sont les mêmes que chez le Chien, mais il existe
quelques différences remarquables.
Le pharynx est un peu plus long en proportion et arrive jusqu'à la troisième vertèbre
cervicale (à l'axis seulement quand la tête est étendue) 11 '. Les arcs palato-pharyngiens
sont peu saillants et vite effacés. Le seuil pharyngo-œsophagien est moins visible et sa
muqueuse est dépourvue de glandes.
(1 ) On peut noter que le pharynx est encore bien plus vaste en proportion chez les grands Félins : il atteint la sixième vertèbre
cervicale chez le Lion.
286 -
M. ptérygo-pharyngien
M. hyo-pharyngien
M. thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
M. sterno-thyroïdien
Œsophage
M. génio-glosse
M. génio-hyoïdien
Racine de la langue
M.
M. hyo-glosse
M. stylo-hyoïdien
M. thyro-hyoïdien
•M.
M. stylo-pharyngien
M. hyo-pharyngien
M. stylo-hyoïdien
M. thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
Glande thyroïde
Œsophage
Trachée
M.
Racine de la
M.
M.
h
M.
M.
Les tonsilles ressemblent à celles du Chien, mais il existe en outre de petites tonsil-
les para-épiglottiques de chaque côté de la base de l'épiglotte. La tonsille palatine est
moins allongée et le pli semi-lunaire cache complètement son extrémité rostrale, qu'il
est difficile d'extérioriser sur le vivant.
L'œsophage est long de 16 centimètres environ ; il est peu rétréci au niveau du dia-
phragme et s'évase régulièrement sur le cardia. Sa musculeuse commence à se mêler
de fibres lisses dès le médiastin crânial et en est uniquement formée peu après la péné-
tration dans le médiastin caudal. La sous-muqueuse ne possède de glandes œsophagiennes
que dans la première moitié de la partie cervicale. Dans le médiastin caudal, les plis lon-
gitudinaux de la muqueuse se compliquent de petites incisures transversales. La muscu-
laris mucosae est présente sur toute la longueur du conduit.
Les tonsilles sont diffuses et peu visibles, à l'exception de la tonsille palatine. Celle-
ci est disposée un peu comme celle du Chien. Elle est lisse et arrondie, mais peu sail-
lante. Elle est presque entièrement couverte médialement par un pli semi-lunaire épais,
dont les lymphonodules envahissent toute la face profonde, tonsillaire. Il en résulte que
l'ensemble délimite sur les coupes une cavité étroite et profonde, à parois lisses et for-
mées par une forte couche de nodules lymphatiques. Cette cavité s'ouvre dans le gosier
par un orifice en croissant, bordé par deux lèvres épaisses et saillantes. L'ensemble évo-
que le sinus tonsillaire et la tonsille palatine des Ruminants.
Le pharynx est long et large. Il descend jusqu'en regard de la sixième vertèbre cervicale. Le
nasopharynx, long de quatre centimètres et haut de trois centimètres à peine, est dépourvu de sep-
t u m médian. Il existe parfois une petite bourse pharyngienne. A u t o u r de celle-ci ou à son niveau,
la tonsille pharyngienne est reconnaissable par sa surface irrégulière. Le fornix est large et les orifi-
ces des trompes auditives sont franchement latéraux. Chacun de ces derniers est triangulaire, élargi
vers le bas. Le torus tubaire est prolongé par un pli salpingo-pharyngien épais, caudalement auquel
existe une dépression allongée dite "fossette de Rosenmuller" : c'est l'équivalent du récessus pharyn-
gien. Du bord rostral de l'orifice tubaire part encore un pli salpingo-palatin bas et épais. L ' o s t i u m
intrapharyngien est peu distinct, les arcs palato-pharyngiens s'effaçant très vite en direction cau-
dale. Le gosier et l'oropharynx proprement dit communiquent très largement ; ce dernier est long
de quatre centimètres environ et large de cinq. La fosse tonsillaire est large et la tonsille palatine
( " a m y g d a l e " ) particulièrement volumineuse. Le laryngopharynx forme un large entonnoir au fond
duquel il n'y a pas de démarcation précise avec l'œsophage. Dans la musculeuse, le muscle ptérygo-
pharyngien possède, outre une partie ptérygo-pharyngienne et une large partie bucco-pharyngienne,
288 -
Processus styloïde
M. génio-glosse
P. thyro-pharyngienne "j
P. crico-pharyngienne J
M. stylo-glosse
M. hyo-glosse
M. génio-hyoïdien
Membrane thyro-hyoïdienne
Cartilage thyroïde Œsophage
M. thyro-hyoïdien
M. crico-thyroïdien
Cartilage cricoïde
Trachée
L'œsophage est très court et sa partie cervicale particulièrement brève : il mesure 25 centimè-
tres environ, dont cinq à peine pour cette dernière et deux à trois pour la partie abdominale. Son
calibre extérieur est de l'ordre de deux centimètres. Il ex ste trois rétrécissements constants, d'ail-
leurs faibles : l'un situé en regard du cartilage cricoïde, un second au niveau du croisement de l'aorte
et le dernier à la traversée du diaphragme, laquelle se fait en face du corps de la onzième vertèbre
thoracique. Il existe en outre un rétrécissement inconstant à l'entrée du thorax. La partie abdomi-
nale s'évase pour se raccorder à l'estomac. La déviation à gauche de la partie cervicale est à peine
ébauchée. La musculeuse est entièrement formée de fibres striées dans le quart crânial de l'organe
et de fibres lisses dans le quart terminal. Dans la partie intermédiaire, ces dernières se substituent
progressivement aux fibres striées. Le muscle œsophagien longitudinal latéral est très développé
mais il n ' y a pas d'œsophagien longitudinal dorsal. Les glandes œsophagiennes sont présentes sur
toute la longueur du conduit, ainsi que la muscularis mucosae. La muqueuse possède en outre des
glandes œsophagiennes cardiales au voisinage du pharynx et dans les derniers centimètres du conduit.
M
CD
O
.Veine cave caudale
Aorte abdominale
Rein droit
Rein gauche
Ligament hépato-rénal
Ligament spléno-rénal
Veine porte Lobe caudé du foie
Attache duodéno-pancréatique
Ligament gastro-phrénique du grand omentum
Saccus cascus de l'estomac .Ampoule du duodénum
_ Pylore
.Canal pylorique
.Antre pylorique
CHAPITRE V
ESTOMAC
L'estomac (Ventriculus, s. gaster) est une partie dilatée du tube digestif qui fait suite
à l'œsophage au niveau du cardia et se continue au pylore par l'intestin grêle. C'est le
premier des organes essentiels de la digestion, dont les phénomènes chimiques ne com-
mencent effectivement que dans sa cavité. Il constitue un réservoir ployé sur lui-même
et appendu caudalement au foie, au centre de la coupole du diaphragme, d'où il peut
envahir dans certaines espèces (ex. : Ruminants) des régions parfois vastes de l'abdo-
men. Ses variations spécifiques, très remarquables par leur étendue, sont liées de façon
particulièrement étroite au mode de vie et au type d'alimentation.
L'estomac retient en effet temporairement les aliments et agit sur eux de façon com-
plexe avant de les faire passer dans l'intestin. Sa muqueuse sécrète à cet effet le suc
gastrique, riche en acide chlorhydrique et en enzymes dont la principale (pepsine) agit
sur les matières protéiques, tandis que d'autres, moins importantes, interviennent sur
les graisses. Sous l'action combinée de cette sécrétion et des mouvements qui leur sont
imprimés par une musculeuse puissante, les aliments sont transformés en une masse
fluide, le chyme, dont la digestion sera complétée par l'intestin.
Rein gauche
C o u r b u r e caudale du duodénum
Courbure
duodéno-jéjunale Partie descendante
du duodénum
Lobe d r o i t
Ligament spléno-rénal du pancréas
Cùl-de-sac
gastrique Partie crâniale
(Saccus cascus) du duodénum
C o u r b - crâniale
du duodénum
Cardia
duodénum
G r a n d e courbure
de l'estomac
Partie costale.
du diaphragme
Lobe,gauche l a t é r a l , d u foie
(sous le grand omentum)
G r a n d omentum
(désinséré à sa terminaison et étalé) Petite courbure de l'estomac
Pour nous en tenir aux seules espèces qui nous concernent, nous diviserons cette
étude en deux grandes parties. La première sera consacrée aux espèces dont l'estomac
est simple, uniloculaire, et l'autre aux Ruminants, seuls Mammifères domestiques dont
l'estomac soit pluriloculaire.
I. - ESTOMACS SIMPLES
On peut ranger dans cette rubrique des estomacs dont la muqueuse est entièrement
glanduleuse, comme chez les Carnivores, l'Homme ou le Lapin et d'autres qui présen-
tent une partie proventriculaire caractérisée par l'existence d'une muqueuse de type œso-
phagien plus ou moins étendue à partir du cardia (Equidés, Suidés, Muridés). La
conformation générale de l'organe reste similaire dans tous les cas.
V A R I A T I O N S ET C A P A C I T É S
L'estomac est relativement plus développé et surtout plus dilatable chez les Carni-
vores que dans les espèces omnivores ou herbivores. Sa capacité peut varier de 0,5 à
7 litres chez le Chien. Elle est en général de 3 à 6 litres chez le Porc, de 1 à 1,5 litre
chez l'Homme, de 10 à 15 litres à peine chez le Cheval.
On peut en outre observer qu'il existe un balancement tout à fait caractéristique entre
le développement de cet organe et celui de l'intestin. A l'ample estomac des Carnivores
répond un intestin bref et peu compliqué. Inversement, l'intestin des Herbivores est fort
étendu et compliqué. La surface de la muqueuse gastrique, comparée à celle occupée
par la muqueuse de l'intestin grêle, en représente entre le quart et le tiers chez les Carni-
vores, le treizième chez le Porc, le trentième à peine chez le Cheval et même la soixan-
tième partie seulement si l'on ne tient compte que de la partie glanduleuse de la muqueuse
gastrique dans cette espèce.
Ajoutons que dans toutes les espèces, le volume de l'estomac présente de grandes
variations individuelles liées aux habitudes alimentaires ainsi qu'à l'état de santé. L'organe
acquiert en effet un volume considérable chez les individus nourris abondamment et d'ali-
ments grossiers. Il se réduit au contraire sous l'influence d'une alimentation concentrée
et peu volumineuse. Il en est de même dans nombre de maladies chroniques entraînant
une perte de l'appétit, tandis que les troubles prolongés de l'évacuation gastrique déter-
minent, en dehors de toute lésion réelle, la distension progressive et parfois considéra-
ble de l'organe.
C O N F O R M A T I O N E X T É R I E U R E (Pl. 1 5 0 à 1 5 2 , 1 5 7 , 1 6 8 , 1 7 0 , 1 7 1 , 1 7 3 , 174)
(1) L'orientation de l'estomac semble en grande partie commandée par la pesanteur et n'est pas fondamentalement modifiée
par les différences spécifiques d'orientation du corps. C'est pourquoi on peut parler sans équivoque de face antérieure et de face
postérieure. Par contre, les termes "faciès parietalis" et "faciès visceralis" proposés par les N.A.V. sont partiellerçienj'inappropriés
pour les animaux domestiques et inapplicables à l'espèce humaine. Dans tous les cas, la grande courbure est dirigée vers le bas
et la petite courbure vers le haut.
294 -
FACE POSTERIEURE
Cette disposition permet de reconnaître à l'estomac deux faces, deux bords ou cour-
bures et deux extrémités, dont la gauche, la plus grosse, est le fundus et la droite, la
partie pylorique. On nomme corps de l'estomac (Corpus ventriculi) la partie de l'organe
comprise entre le fundus et la partie pylorique.
Les faces sont l'une antérieure ou pariétale (Faciès parietalis) et l'autre postérieure
ou viscérale (Faciès visceralis). Toutes deux sont lisses, convexes, tapissées par le péri-
toine viscéral et parcourues par des vaisseaux flexueux.
La petite courbure (Curvatura ventriculi minor) est concave et regarde à droite et
vers le haut. Relativement courte, elle commence à gauche par le cardia (Pars cardiaca),
qui porte l'insertion de l'oesophage ; elle se continue jusqu'au pylore. La jonction de la
partie pylorique avec le reste de l'organe s'y marque par une angulation plus ou moins
prononcée selon l'espèce et l'état fonctionnel : c'est l'incisure angulaire (Incisura angu-
laris). Sur toute son étendue, la petite courbure donne insertion au ligament hépato-
gastrique, partie du petit omentum.
La grande courbure (Curvatura ventriculi major) est beaucoup plus longue et elle est
très extensible. Elle commence au sommet du fundus et va également jusqu'au pylore.
Orientée vers la gauche et en bas, elle passe par la partie la plus déclive de l'organe.
Elle donne attache sur toute sa longueur à la paroi superficielle du grand omentum ou
épiploon.
Sur le vivant, l'examen radiologique montre que, dans l'attitude normale, le fundus
loge une certaine quantité de gaz et fonctionne comme une "poche à air". Le trop-plein
de celle-ci est évacué par le cardia lors de l'éructation.
La partie pylorique (Pars pylorica) se rétrécit en se portant vers la droite et plus ou
moins vers le haut selon les espèces. Elle se termine par le pylore (Pylorus), que mar-
quent un léger rétrécissement annulaire et une consistance plus ferme. Les insertions
des deux omentums se continuent jusqu'à ce dernier et au-delà, jusque sur le début du
duodénum. Un léger rétrécissement subdivise la partie pylorique en deux segments par-
fois peu distincts. Celui qui continue le corps de l'estomac est le plus large : c'est l'antre
pylorique (Antrum pyloricum). Il sert de vestibule à une partie plus étroite, qui aboutit
au pylore : le canal pylorique (Canalis pyloricus).
Pylore
Muqueuse cardiale
Plis gastriques
A n t r e pylorique
Muqueuse fundique
Région fundique
moins grisâtre. Sur le cadavre frais, sa teinte présente des variations locales liées à des
différences de structure sur lesquelles nous reviendrons. Elle est en général un peu plus
claire, jaunâtre ou grise dans la partie pylorique.
Dans les espèces pourvues d'un proventricule (Equidés, Porc, Rat) la muqueuse pep-
tique, répondant à la description qui précède, n'occupe plus toute l'étendue de la paroi.
Elle est comme refoulée à partir du cardia par l'expansion de la muqueuse proventricu-
laire. Celle-ci est blanchâtre, sèche, analogue à la muqueuse de l'œsophage et peu plis-
sée ; elle occupe la partie non glandulaire (Pars nonglandularis) de la paroi gastrique. La
limite des deux types de muqueuse est toujours nette et correspond à un changement
brusque de structure. Chez les Equidés, où le proventricule occupe environ la moitié de
l'organe ce raccordement se soulève même en une ligne suturale saillante, dite margo
plicatus.
L'orifice du cardia (Ostium cardiacum) est délimité par l'ensemble des formations
pariétales qui constituent le cardia. Il regarde en bas et à gauche. Fort étroit et très diffi-
cilement dilatable chez les Equidés, où il est entouré d'une couronne serrée de plis radiés
de la muqueuse, il est plus large et plus distensible dans les autres espèces. De cet ori-
fice s'étend, le long de la petite courbure jusqu'à l'antre pylorique, une zone à muqueuse
moins plissée, souvent un peu déprimée et en regard de laquelle la musculeuse présente
un agencement particulier (voir : structure) : c'est le sillon gastrique (Sulcus ventriculi),
qui semble avoir une valeur fonctionnelle particulière. Peu distinct dans la plupart des
espèces, ce sillon est particulièrement net chez le Porc, où il annonce la disposition très
remarquable que nous lui décrirons chez les Ruminants.
L'orifice pylorique (Ostium pyloricum) est circonscrit par la paroi du pylore, qui est
bien plus épaisse que celle des parties adjacentes de l'estomac et du duodénum. Il est
orienté vers le haut et à droite, facilement dilatable malgré la présence du sphincter. Son
versant duodénal est plus abrupt que le versant gastrique, où la muqueuse forme des
plis radiaires peu marqués. Chez le Porc, celle-ci est soulevée au niveau du bord dorsal
en un relief allongé : le torus pylorique (Torus pyloricus) qui forme une sorte de bouchon
plus ou moins pédonculé.
RAPPORTS (Pl. 1, 150, 154 à 157, 166, 167, 171, 172, 174)
La face antérieure ou pariétale de l'estomac est en rapport avec le foie ventralement
et à droite et sur une moindre étendue, avec le diaphragme dorsalement et à gauche.
Sauf chez les Equidés, elle peut entrer en contact avec une partie plus ou moins large
de la paroi abdominale, caudalement à la région xiphoïdienne et à l'hypocondre gauche.
La face postérieure ou viscérale est couverte par la lame profonde du grand omen-
tum, à travers laquelle elle entre en contact avec le côlon transverse et des anses d'intestin
variables avec l'espèce.
La petite courbure, profondément abritée, est simplement croisée par les vaisseaux
gastriques et le tronc vagal ventral.
La grande courbure est longée à gauche par la rate, qui lui est appendue par l'intermé-
diaire du grand omentum. Ses parties inférieure et droite sont en rapport avec la paroi abdo-
minale ventrale et des segments de l'intestin variables selon l'espèce ; chez les Equidés,
la courbure sternale du gros côlon s'interpose toujours entre elle et la paroi abdominale.
Le fundus est situé contre le pilier gauche et la partie adjacente du diaphragme, ainsi
que sous les dernières côtes gauches. La queue du pancréas s'appuie sur sa face cau-
dale, qui peut entrer en contact avec le rein gauche (ces derniers rapports appartiennent
chez l'Homme au corps de l'estomac). Latéralement, la base de la rate le couvre plus
ou moins.
298 -
Rein d r o i t
Rein gauche
Partie ascendante
C o u r b u r e caudale
du duodénum
du duodénum
Courbure
duodéno-jéjunale Veine p o r t e
Lig. triangulaire
Ligament spléno-rénal droit
Divisions de l'artère
mésentérique crâniale Partie descendante
du duodénum
Lobe gauche
du pancréas du
.pancréas
Saccus cœcus
d e l'estomac Lobe d r o i t
Bord du grand du pancréas
omentum désinséré
du côlon transverse C o u r b u r e crâniale
du duodénum
Partie crâniale
du duodénum
Grand omentum.
e t lig. gastro-splén. Lobe d r o i t
latéral du foie
Extrémité
ventrale d e 'la rate
Lobe d r o i t médial du foie
Bord caudal'
du grand omentum
G r a n d e courbure d e l'estomac
(sous le grand omentum)
La partie pylorique, toujours située plus bas et un peu à droite du plan médian, est
placée entre le foie d'une part, le pancréas et le gros intestin d'autre part.
1 - Le petit omentum (Omentum minus) est une lame de forme irrégulière, ployée
sur elle-même, qui se porte du foie à la petite courbure de l'estomac et à la partie initiale
du duodénum. Son bord crânio-dorsal est fixé à la face viscérale du foie depuis l'échan-
crure œsophagienne de celui-ci jusqu'à l'extrémité droite de la porte du foie, en s'atta-
chant au passage sur les bords de celle-ci après avoir contourné le lobe caudé par la
gauche. A la porte du foie il loge le pédicule hépatique : conduit cholédoque, artère hépa-
tique et partie terminale de ia veine porte. Le bord opposé, plus étendu et irrégulièrement
convexe, est inséré sur toute la petite courbure gastrique, du cardia au pylore, au-delà
duquel il se prolonge sur le bord dorsal de l'origine du duodénum et jusqu'au pancréas.
Cette disposition permet de lui reconnaître deux parties, d'ailleurs parfaitement conti-
nues : le ligament hépato-gastrique (Ligamentum hepatogastricum), attaché à l'estomac
et le ligament hépato-duodénal (Lig. hepatoduodenale) qui en est le prolongement. Le
premier loge les vaisseaux et nerfs gastriques. L'extrémité gauche est attachée à la ter-
minaison de l'œsophage, du diaphragme au cardia, et se raccorde au ligament gastro-
phrénique autour de ce conduit. Quant à l'extrémité droite du petit omentum, elle est
libre, ourlée par la veine porte, qu'elle contient, et constitue la bordure ventrale du fora-
men épiploïque, qui sera décrit plus loin.
3 - Le grand omentum (Omentum majus), ou épiploon' 1 ', est une vaste membrane
mince, cribliforme, et souvent chargée de graisse, qui flotte en grande partie librement
dans la cavité abdominale. Dérivé comme le précédent du mésogastre dorsal de l'embryon,
ce méso a perdu au cours du développement son rôle suspenseur et s'est chargé d'un
riche réseau de vaisseaux sanguins et lymphatiques. Sur le trajet de ces vaisseaux s'amas-
sent du tissu adipeux et des agrégats de cellules mobiles, lymphocytes et histiocytes,
qui lui communiquent de remarquables aptitudes réactionnelles.
(1) Cette synonymie (du grec : e7tlnX.oov, tablier) évoque la disposition du grand omentum qui, chez l'Homme, descend
devant l'intestin à la manière d'un tablier.
300 -
Corps de l'estomac
Grande courbure
de l'estomac et insertion
de la paroi superficielle
du grand omentum
Côlon descendant
Vessie
\ XxX
Ligament
médian de la v Prépuce et pénis
Fundus de l'estomac
Côlon descendant
Canal pylorique
Sillon prépylorique Fibres circulaires
du sillon gastrique
Sillon prepylorique :
Fibres longitudinales
de la petite courbure
Fibres circulaires
Fibres longitudinales
de la grande courbure
SÉREUSE
La séreuse gastrique est constituée par le péritoine viscéral, continu au niveau des
courbures avec les mésos précédemment décrits. Elle constitue deux feuillets distincts,
l'un antérieur et l'autre postérieur, entre lesquels est logé le viscère. Chacun d'eux adhère
très intimement à la face correspondante, de sorte qu'il est impossible de le détacher
sans arracher des fragments de musculeuse. C'est seulement sur le trajet des vaisseaux
et nerfs superficiels qu'on trouve les éléments d'une véritable sous-séreuse. Au niveau
des courbures, à l'insertion des omentums, on trouve un conjonctif sous-péritonéal plus
abondant et la séreuse devient mobile sur le plan sous-jacent. Cette disposition, favora-
ble à la distension de ces zones, contribue à faciliter les variations de volume de l'organe.
Au niveau de la petite courbure, la séreuse est en outre doublée par une petite quantité
de tissu élastique qui semble avoir pour rôle de maintenir les deux extrémités de l'organe
rapprochées l'une de l'autre ; lorsque ce tissu est détruit, la petite courbure s'allonge
en effet beaucoup.
2 - Les fibres obliques externes (Fibrae obliquae externae) constituent une dépen-
dance de la couche précédente et n'existent qu'au niveau du fundus et de la partie adja-
cente du corps. Elles sont particulièrement développées chez les Equidés et le Porc, où
elles forment un plan relativement épais, presque partout superficiel. Certaines d'entre
elles continuent de façon manifeste les fibres longitudinales de la face gauche de l'œso-
phage. La plupart sont jetées en anse autour du fundus en se portant vers la droite, en
direction de la petite courbure. D'autant plus longues qu'elles sont plus proches de la
grande courbure, ces anses se perdent par leurs extrémités sur les faces de l'organe.
Fibres obliques-externes
Cardia
Fibres longitudinales
de la petite courbure
Fibres longitud-
de la grande
courbure Fibres circulaires
Anse cardiale
Muqueuse fundique:
Partie claire Sphincter
Partie
Muqueuse cardiale
Sphincter prépylorique
Duodénum
Muqueuse pylorique
SCHEMA DE LA REPARTITION
DES DIVERS TYPES DE MUQUEUSE
la sous-muqueuse dans la partie pylorique. Elle est surtout nette au niveau de la petite
courbure, où elle continue la couche circulaire de l'œsophage, et ses faisceaux se per-
dent sur les faces du corps. Elle devient plus nette et complète dans la partie pylorique,
surtout au niveau du canal pylorique. Elle se renforce là et constitue enfin le sphincter
du pylore (M. sphincter pylori), remarquablement épais et susceptible par sa contraction
de fermer complètement la communication avec l'intestin. Ce sphincter commence par
un épaississement progressif de la couche circulaire mais cesse au contraire de façon
brusque du côté duodénal, où il se continue par la couche circulaire relativement mince
du duodénum.
4 - Les fibres obliques internes (Fibrae obliquae internae) ne sont présentes que dans
le fundus et le corps de l'estomac. On peut les étudier aisément sur un organe retourné
et débarrassé de sa muqueuse et de sa sous-muqueuse. Elles constituent une couche
épaisse, qui se met en continuité avec les fibres circulaires de la face gauche de l'œso-
phage et dans laquelle on peut reconnaître deux parties continues l'une avec l'autre :
l'anse cardiale et la couche oblique proprement dite.
b) Quant aux fibres obliques internes proprement dites, on peut les considérer comme
une expansion de l'anse cardiale sur l'ensemble de la partie gauche de l'estomac. Elles
sont jetées en anse autour du fundus et se dirigent en bas et à gauche, vers la grande
courbure, en croisant donc la direction des fibres obliques externes.
SOUS-MUQUEUSE
Cette tunique n'est que faiblement unie à la face interne de la musculeuse, alors que
sa face cavitaire adhère de la façon la plus intime à la muqueuse. Elle est constituée par
un conjonctif lâche, surtout abondant dans la partie pylorique et épouse les moindres
plis de la muqueuse qu'elle supporte. Elle contient un très riche réseau vasculaire et un
important plexus nerveux sous-muqueux.
é
m
m
Planche 160 - SURFACE DE LA MUQUEUSE GASTRIQUE DU PORC
En haut : Aires gastriques de la région fundique (Gr. x 4). Séparées par des
sillons irréguliers, ces aires sont criblées d'orifices minuscules, qui sont les cryptes
gastriques.
En bas : Cryptes gastriques de la même région (Gr. x 80). Séparées par les
replis villeux, ces dépressions montrent dans leurs fonds les débouchés des glandes
gastriques. Dans cette préparation, l'épithélium superficiel a été enlevé par une légère
macération. (Préparations du Prof. J . Tehver, Tartu, Estonie).
- 309
La propria mucosae est fort délicate, discrète, riche en vaisseaux. Elle porte les glandes
et constitue en outre une mince couche sous-glandulaire continue, surtout nette chez
les Carnivores, où sa profondeur forme une strate compacte (Stratum compactum). Elle
est souvent infiltrée de nombreux lymphocytes qui peuvent se grouper en nodules lympha-
tiques. Ces derniers sont particulièrement abondants chez le Porc. Dans la plupart des
espèces, les lymphocytes sont surtout nombreux dans la couche sous-glandulaire, au
point de lui donner parfois un aspect lymphoi'de.
L'épithélium est simple, formé d'une seule rangée de cellules portée par une mince
membrane basale et dont les caractères varient selon les points considérés. Il s'enfonce
en effet dans l'épaisseur de la propria pour constituer une infinité de glandes en tube,
serrées presque au contact les unes des autres, qui occupent presque toute l'épaisseur
de la muqueuse. A la surface de celle-ci et dans la partie adjacente des cryptes, il est
formé d'épithéliocytes superficiels (Epitheliocyti superficiales gastrici), prismatiques, hauts
et clairs, de type muqueux. Les cellules deviennent plus basses et peu à peu cubiques
vers le fond des cryptes et près des orifices glandulaires. Ce sont alors des épithéliocy-
tes indifférenciés (Epitheliocyti nondifferenciati) qui tapissent l'isthme (Isthmus glandu-
lae), bref infundibulum par lequel vient s'ouvrir chaque glande.
(1) Comme celle de l'œsophage, la muqueuse du proventricule possède chez certains Mammifères, {ex. : Tylopodes) des
glandes localisées à des secteurs particuliers.
3 1 0 -
Epithélium de la surface
(Epithéliocytes superficiels)
Isthme de la glande
Mucocytes cervicaux
principaux
Epithéliocytes pariétaux
(Cellules bordantes)
Propria mucosae
Muscularis mucosae
3 - La muqueuse cardiale est ainsi nommée parce qu'elle s'interpose entre la muqueuse
œsophagienne et la muqueuse fundique et qu'elle est localisée dans la plupart des espè-
ces au voisinage du cardia. Elle n'occupe en général qu'une bande étroite autour de cette
région. Elle envahit toutefois le fundus et une partie du corps chez le Porc. Chez les Equi-
dés, elle est refoulée dans la partie moyenne de l'organe, où elle n'occupe qu'une bande
étroite de quelques millimètres entre le margo plicatus et la muqueuse fundique ; elle
disparaît même au voisinage de la petite courbure, où elle se raccorde progressivement
à la muqueuse pylorique. Son organisation est similaire à celle de la muqueuse fundique,
mais les glandes cardiales (Glandulae cardiacae) forment des tubes plus richement rami-
fiés que ceux des glandes fundiques et plus contournés, avec une lumière plus large.
Leur épithélium comporte une seule rangée d'épithéliocytes cardiaux (Epitheliocyti car-
diales), cellules muqueuses, claires, cubiques à noyau basai, auxquelles s'ajoutent de
rares cellules bordantes, en particulier chez les Carnivores.
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3 -
Aorte abdominale
Rein gauche
Les veines commencent par un réseau de gros capillaires anastomosés autour des
cryptes, sous la surface de la muqueuse, où ils reçoivent les capillaires périglandulaires.
De ce réseau plongent en profondeur des veinules anastomosées de lobule à lobule vers
la mi-hauteur de la couche glandulaire et qui aboutissent à un réseau muqueux sous-
glandulaire. Dans la muqueuse proventriculaire, les capillaires veineux descendent d'abord
dans l'axe des papilles et sont collectés de même en un réseau voisin de la muscularis
mucosae. Le réseau muqueux est à son tour drainé à travers cette dernière par un riche
réseau sous-muqueux. Les collecteurs qui partent de celui-ci traversent la musculeuse,
dont ils reçoivent de nombreux affluents et aboutissent à un réseau sous-séreux, d'où
procèdent les racines des veines proprement dites de l'estomac. Ces veines accompa-
gnent exactement les branches de distribution des artères. Elles sont souvent au nom-
bre de deux pour chacune de celles-ci, qu'elles encadrent. Mais au voisinage du point
où elles quittent le viscère, elles s'unifient et il n'y a jamais qu'une seule veine pour accom-
pagner une artère de quelque importance. Les grandes veines de l'estomac répètent
d'abord la disposition des artères. Mais elles s'en séparent ensuite et les veines gastri-
ques, splénique et gastro-duodénale aboutissent à la veine porte, qui draine leur sang
vers le foie.
Quant aux nerfs, ils proviennent du parasympathique (qui augmente le tonus, la motri-
cité et la sécrétion de l'organe) par les nerfs vagues et du sympathique, dont le rôle est
ici modérateur, par le plexus cœliaque. Le trajet des premiers est en principe distinct
00
O
, Cul-de-sac gastrique (saccus cascus)
Proventricule Muqueuse proventriculaire
Pylore
Incisure angulaire
Canal pylorique
Muqueuse cardiale
Plis gastriques
pylorique
Muqueuse fundique
Muqueuse
antrale
Silton gastrique Région fundique
de celui des vaisseaux. Le tronc vagal ventral distribue ses branches à la face antérieure
du corps, à la petite courbure et à la partie pylorique, tandis que le tronc vagal dorsal
en donne au fundus et à la face postérieure. Les nerfs sympathiques, au contraire, accom-
pagnent les divers vaisseaux et forment autour d'eux des lacis plexiformes.
PARTICULARITÉS SPÉCIFIQUES
A l'exception des Ruminants, dont l'estomac énorme et pluriloculaire sera décrit plus
loin, tous les Mammifères domestiques ont comme l'Homme un estomac simple. L'exis-
tence d'un proventricule chez certains d'entre eux se traduit seulement par la différence
de nature des muqueuses et n'entraîne pas de grande modification de la conformation
extérieure.
P.costale du dorsal
diaphragme droit (IV)
Oartil, de
la onzième
côte
Circonvolut, M. peaucier
du jéjunum du tronc
M. oblique ext.
Grand omentum de l'abdomen
M. obligue externe costal droit
de l'abdomen
A. et V. coligues
Arc costal gauche transverse
de l'abdomen
Côlon dorsal gauche (III)
droit de l'abdomen
A. et V. coliques
Côlon ventral gauche (II) ventral droit ( I )
(anse cardiale au bord dorsal et fibres de la couche circulaire ventralement), rend compte
de l'extrême rareté et de la difficulté du vomissement dans ces animaux. Bourgelat avait
déjà montré qu'on peut insuffler l'estomac par le pylore sans avoir à posé la moindre
ligature sur l'œsophage et que sur l'organe ainsi préparé, on peut exercer des pressions
assez fortes pour le faire éclater sans que le cardia se trouve forcé. Le pylore est pourvu
d'un sphincter épais ; sa muqueuse forme des plis longitudinaux qui commencent dans
le canal pylorique et disparaissent très vite sur le versant duodénal, lequel correspond
à une dilatation brusque du début de l'intestin.
Rein droit
Rein gauche
descendante
Extrémité dorsale de la du duodénum
Paroi profonde
du grand omentum Partie crâniale
du duodénum
Vestibule de la
bourse omentale droit
latéral du foie
Lobe droit
médial du foie
Partie pylorique
Lobe gauche de l'estomac
latéral du foie
courbure
Petit de l'estomac
Corps de l'estomac
Paroi profonde
du grand omentum
Extrémité ventrale de la rate
Dans la partie glandulaire, la muqueuse cardiale n'occupe qu'une étroite bande le long
du margo plicatus. Cette bande n'a que deux ou trois millimètres au niveau de la grande
courbure mais s'élargit vers le milieu des faces, où elle atteint 25 à 30 millimètres. Elle
prend ensuite progressivement les caractères de la muqueuse pylorique et se trouve rem-
placée par elle avant d'avoir atteint la petite courbure. La muqueuse pylorique n'occupe
donc pas seulement la partie pylorique ; elle se prolonge en outre sur la petite courbure
comme il vient d'être dit. Quant à la muqueuse fundique, elle occupe tout le reste de
l'organe, c'est-à-dire principalement la partie déclive de la grande courbure et les régions
adjacentes des faces.
Les moyens de fixité répondent à la description générale. Le grand omentum est vaste,
réticulé et chargé de graisse. Il s'interpose incomplètement entre l'intestin et la paroi abdo-
minale et se mêle en partie du côté droit aux anses du jéjunum. Les rapports de l'estomac
et sa topographie varient sensiblement selon l'état de réplétion. Dans la vacuité, l'esto-
mac est entièrement caché sous l'hypocondre gauche et n'a pratiquement pas de rap-
port avec la paroi abdominale ventrale. Seul le pylore dépasse à droite le plan médian
du corps. Le diverticule gastrique est placé sous l'extrémité dorsale des onzième et dou-
zième côtes gauches et la grande courbure, dirigée ventralement, est plus ou moins sépa-
rée de la paroi par la rate et par des anses jéjunales. Quand l'organe est distendu, la grande
courbure puis la face antérieure entrent en contact avec l'hypocondre gauche et la région
xiphoïdienne puis avec une partie de plus en plus grande de la paroi, sans dépasser tou-
tefois beaucoup une ligne qui prolongerait ventralement la dernière côte. En même temps,
le fundus peut se déplacer vers l'arrière d'un ou deux espaces intercostaux.
Incisure angulaire
Pylore
pylorique
Partie pylorique
pylorique
Grande courbure
et insertion du
grand omentum
CONFORMATION EXTERIEURE
(Vue postérieure)
gasfrique
Muqueuse proventriculaire
semi-lunaire du cardia
du cardia
(Ostium cardia'
Sillon gastrique
Duodénum
Muqueuse cardiale
Pylore
orus pylorique
Canal pylorique
Antre pylorique
Muqueuse fundique
Cardia
Oesophage
Fundus gastrique
Cardia
Incisure cardiale
Oesophage
Pylore
Grande courbure
et insertion du
grand omentum
Incisure angulaire
ESTOMAC DE CHIEN
(Conformation extérieure - Réplétion faible - Vue postérieure)
ESTOMAC DE CHAT
(Conformation extérieure - Vue postérieure]
Plis gastriques
Région pylorique:
Incisure angulaire
Canal pylorique 1
Antre pylorique J
L'intérieur est tapissé par une muqueuse entièrement peptique, celle de l'œsophage
s'arrêtant net au niveau du cardia. Dans l'organe vide ou modérément distendu, la
muqueuse forme des plis réguliers, onduleux avec une orientation générale longitudinale,
qui devient plus marquée dans le canal pylorique. Ces plis sont toutefois plus irréguliers
autour de la petite courbure. La différence de teinte entre la partie pylorique, jaunâtre,
et le reste de la muqueuse, plus rouge, est assez marquée. Cardia et pylore sont aisé-
ment distensibles.
Pylore
Bord caudal de la rate
Petite courbure Partie pylorique
de l'estomac.
de l'estomac".
Canal pylorique ^
Corps de l'estomac
Antre pylorique J
Rectum
.Vessie
Racine du pénis el
m, ischio-caverneux
Testicule gauche
(dans ses envel.
profondes)
Corps du pénis
testiculaires
Cœur et péricarde
Lobe gauche médial du foie
Lobe gauche latéral du foie Estomac (distendu) Gland du pénis
Grande courbure
Incisure angulaire
Corps de l'estomac
Petite courbure
et petit omentum pylorique ]
l Partie pylorique
Grand omentum J (coupé) Antre pylorique J
CONFORMATION EXTERIEURE
(Vue postérieure)
Ostium cardial
Cardia
gastriqui
Muqueuse fundique
Canal pylorique
CONFORMATION INTERIEURE
Muqueuse cardiale
Muqueuse pylorique
/
- 329
fundique se trouve le plus souvent une accumulation de caecotrophes, crottes très par-
ticulières, molles et jaunâtres, que l'animal ingère à la fin de chaque nuit. Les orifices
du cardia et du pylore sont aisément dilatables.
L'estomac possède toujours un rapport assez étendu avec la paroi abdominale ven-
trale en arrière de l'hypocondre, qu'il déborde à droite jusque dans le prolongement de
la dernière côte et un peu moins loin à gauche. Il atteint caudalement un plan passant
par la troisième vertèbre lombaire. Le grand omentum est vaste, mais ne couvre que de
façon très incomplète la masse intestinale, le gros intestin semblant l'avoir refoulé en
direction crânio-dorsale.
La musculeuse est beaucoup plus mince dans le fundus, où sont seules présentes
les fibres obliques externes et internes, que dans la partie pylorique, où les couches lon-
gitudinale et circulaire sont complètes. Le sphincter pylorique est large et relativement
épais. La muqueuse cardiale n'occupe qu'une collerette de quelques millimètres autour
du cardia ; ses glandes sont relativement riches en épithéliocytes pariétaux. La muqueuse
fundique occupe le fundus et le corps, à l'exception de la moitié droite de la petite cour-
bure, mais elle est mince, avec des glandes relativement peu profondes et elle n'a pas
une structure uniforme. Les épithéliocytes pariétaux, nombreux au sommet du fundus,
deviennent de plus en plus rares à la base de celui-ci et dans la partie adjacente du corps,
puis au contraire très nombreux au voisinage de la partie pylorique. La muqueuse pylori-
que tapisse toute cette dernière et la moitié adjacente de la petite courbure. Ses glandes
sont larges, ramifiées et très flexueuses, uniquement formées de cellules de type muqueux.
Au niveau du pylore, cette muqueuse se charge d'une couche sous-épithéliale de nodu-
les lymphatiques si abondants qu'on pourrait parler d'une tonsille pylorique, annulaire
et cessant brusquement à l'entrée du duodénum, où elle est remplacée par une couche
intramuqueuse de glandes duodénales.
La cavité gastrique est entièrement tapissée par une muqueuse peptique. Plus fortement plis-
sée sur la paroi postérieure que sur l'antérieure, celle-ci est rouge sur le vivant mais grisâtre sur
le cadavre, sans démarcation apparente entre les parties fundique et pylorique. Cardia et pylore sont
aisément dilatables. En regard de l'incisure cardiale, la muqueuse forme une sorte de pli semi-lunaire
qui cerne à gauche le cardia et dont les extrémités s ' e f f a c e n t à l'origine du sillon gastrique. Comme
chez la plupart des autres Mammifères, le pylore s'évase très progressivement dans l'estomac mais
brusquement sur son versant duodénal.
Le ligament gastro-phrénique est particulièrement bref et épais ; le tissu fibreux qu'il renferme
constitue un véritable " l i g a m e n t suspenseur". Le petit o m e n t u m est ample, surtout dans sa partie
3F332 -
Sillon omaso-abomasique
Petite courbure
CAILLETTE ou A B O M A S U M :
Fundus
Insertion du petit
Grande courbure
Face pariétale >
Sillon rumino-réticulaire
Petite courbure
Cardia Partie pylorique
Atrium du rumen _
Récessus du rumen
Zone
Rate
RUMEN :
Sac ventral
< Sac
Sillons coronaires
Sillon caudal
Cul-de-sac ventral
Cul-de-sac dorsal.
droite. Le grand o m e n t u m est bien développé, chargé de graisse ; il couvre le côlon transverse, sur
lequel s'attache sa paroi profonde, ainsi que les parties voisines de l'intestin, j u s q u ' u n peu en des-
sous de la ligne bis-iliaque. Il laisse ainsi à découvert le caecum et une grande partie du côlon ascen-
dant, le côlon sigmoïde et la partie adjacente du côlon descendant, ainsi que des anses du jéjunum.
Sa paroi superficielle et sa paroi profonde sont accolées sur une assez grande étendue, de sorte
que le récessus omentahcaudal ("arrière-cavité des épiploons") est moins vaste en proportion que
chez la plupart des Mammifères domestiques.
Quant à la structure, on notera la faiblesse des fibres obliques externes de la musculeuse, les
autres couches présentant à peu près la disposition habituelle. La muqueuse cardiale n'occupe qu'une
étroite collerette et se raccorde à celle de l'œsophage au niveau exact de l'orifice du cardia. Cette
zone cardiale mise à part, la muqueuse fundique tapisse t o u t le fundus et le corps. Une large zone
intermédiaire la raccorde à la muqueuse pylorique, à la jonction du corps et de l'antrum.
L'estomac des Ruminants est extrêmement volumineux, au point d'occuper les quatre
cinquièmes de la cavité abdominale. Il est pluriloculaire, un énorme proventricule, subdi-
visé en compartiments variables avec les familles, précédant l'estomac peptique vrai,
de dimensions beaucoup plus faibles.
L'existence de chambres gastriques multiples est rencontrée dans de nombreux grou-
pes de Mammifères'11. Elle répond en général à une spécialisation particulière de la diges-
tion. Chez les Ruminants, il s'agit d'une prédigestion bactérienne avec utilisation poussée
de la cellulose, fonction que préparent et complètent des phénomènes mécaniques com-
plexes dont le plus évident est la seconde mastication permise par la rumination. Dans
ces animaux, le premier et de loin le plus vaste des réservoirs proventriculaires est tou-
jours le rumen. Les suivants sont plus variables : chez les Bovidés, ce sont le réticulum
ou réseau et l'omasum ou feuillet. Dans tous les cas, le dernier compartiment, seul pep-
tique, est l'abomasum ou caillette.
Les descriptions qui suivent seront relatives à l'estomac du Bœuf, qui nous servira
de type. C'est seulement par comparaison que nous étudierons ensuite l'estomac du Mou-
ton et de la Chèvre et donnerons de brèves notions sur celui des Chameaux.
CARACTÈRES GÉNÉRAUX
En dépit des grandes différences de conformation et de structure, l'estomac des Rumi-
nants dérive d'une ébauche embryonnaire d'abord exactement semblable à celle des autres
Mammifères. L'étude du développement permet de mieux comprendre les particularités
de l'organe adulte, qui seront décrites ensuite.
(1) L'estomac est pluriloculaire chez les Cétacés, les Siréniens, les Mégachiroptères, les Hippopotamidés, les Rhinocérotidés,
de nombreux Rongeurs, quelques Marsupiaux et même certains Primates (Semnopithécidés). Le nombre, la forme et la structure
des compartiments varient beaucoup d'un groupe à l'autre. L'existence d'un proventricule est fréquente mais certains ordres ou
familles ont, comme les Siréniens, une muqueuse peptique dans toutes les parties de l'organe. La rumination n'est pas liée à l'exis-
tence d'un estomac pluriloculaire, aucun des groupes précités ne la pratiquant.
3F334-
Pylore
Primordium du réticulum
Primordium du
Primordium d e
FŒTUS DE 22 M m
Age approximatif : 40 jours Insertion du grand omentum
2 mm
FŒTUS DE 24 M m
Age approximatif : 42 Jours
ventral ) , Sac
Cardia
Insertion du grand omentum
Omasum
(Feuillet)
(Feuillet)
Pylore
Atrium du rumen
Réticulum (Réseau)
{ Fundus
Fundus
Abomasum (Caillette)
Abomasum (Caillette) J
Partie pylorique (. Partie pylorique
2 mm
FŒTUS DE 43 M m FŒTUS DE 61 M m
Age approximatif : 52 jours Age approximatif : 60 jours
Dès la cinquième semaine, en même temps que se poursuit la rotation, la région fun-
dique s'élargit en empiétant sur la grande courbure. Un faible sillon annonce sa délimita-
tion du reste de l'organe. Elle constitue dès lors l'ébauche du ruminoréticulum, en même
temps que la partie de la petite courbure voisine du cardia se dilate légèrement, annon-
çant la formation de l'omasum. Le ruminoréticulum commence à son tour à se subdivi-
ser en donnant un petit diverticule ventro-caudal dont dérivera le réticulum et un autre
crânio-dorsal, primordium du rumen. On doit retenir que l'œsophage ne prend aucune
part à ces développements ; son calibre reste toujours étroit et le cardia forme une déli-
mitation précise.
Dans le troisième mois de la vie fœtale, les divers compartiments s'accroissent acti-
vement mais ils restent à peu près égaux entre eux. Dans la deuxième moitié de la gesta-
tion, l'abomasum devient rapidement prépondérant et à la naissance, il est plus gros que
les trois autres compartiments réunis. Lui seul en effet assurera la digestion du lait. C'est
seulement à l'époque du sevrage que le proventricule prend son développement défini-
tif. Le rumen envahit alors toute la moitié gauche de l'abdomen, refoulant les autres vis-
cères à droite et dorsalement. Nous décrirons plus loin l'estomac du veau, après avoir
complètement étudié celui de l'adulte.
CAPACITÉ ET POIDS
Foie
(rabattu en direction crâniale)
Réticulum (Réseau)
Omasum (Feuillet)
Abomasum (Caillette) _
Grand omentum
Partie descendante
du duodénum (recevant
l'attache du grand omentum)
Rectum
Conduits déférents
iâ
A r t . ombilicales (coupées)
' \l
i V, hl et du prépuce
Fundus
FEUILLET
OMASUM
Fundus
k'j'ii
^ 1 il'i Corps
CAILLETTE
Pylore
Culs-de-sac j ABOMASUM
du rumen Raroi profonde du grand omentum (coupé) Petite courbure
Paroi superficielle Partie pylorique
FACE DROITE
Atrium du rumen
Le poids total de l'estomac entièrement vidé est de 6 à 8 kg, dont près des neuf
dixièmes appartiennent au rumen.
CONFORMATION EXTÉRIEURE (Pl. 175, 178, 179, 192, 200, 201, 204)
Allongé dans le sens crânio-caudal, aplati obliquement d'un côté à l'autre, cet organe
présente deux faces, l'une pariétale et l'autre viscérale, deux bords ou courbures, l'un
dorsal et l'autre ventral, et deux extrémités, caudale et crâniale.
La face pariétale (Faciès parietalis) est convexe et lisse, moulée contre la paroi de
l'hypocondre et du flanc gauches ainsi que sur la partie adjacente du ventre. Elle regarde
donc à gauche et ventralement. Elle est parcourue par un sillon longitudinal gauche (Sul-
cus longitudinalis sinister) plus ou moins rempli de graisse et sur lequel s'attache la paroi
superficielle du grand omentum. Ce sillon, que parcourent les vaisseaux et les nœuds
lymphatiques gauches du rumen, devient de plus en plus profond vers les extrémités.
Sa partie moyenne délègue en direction dorso-caudale, un petit sillon vasculaire, dit sil-
lon accessoire gauche (Sulcus accessorius sinister), qui s'efface après un court trajet.
La face viscérale (Faciès visceralis), également lisse, est planiforme. Elle regarde dorsa-
lement et à droite et donne appui à l'omasum, à l'abomasum et à l'intestin. Elle est par-
courue d'un sillon longitudinal droit (Sulcus longitudinalis dexter), similaire à celui de l'autre
face et donnant attache à la paroi profonde du grand omentum. Ce sillon délègue en direc-
tion crâniale et dorsale une dépression plus profonde que lui et parcourue par la partie
initiale des vaisseaux droits du rumen : c'est le sillon accessoire droit (Sulcus accesso-
rius dexter), qui s'incurve pour rejoindre à nouveau l'extrémité crâniale du sillon longitu-
dinal, en délimitant une surface particulière de la paroi, dite insula du rumen (Insula ruminis).
Les deux sillons longitudinaux, unis par un profond sillon transversal à chaque extré-
mité de l'organe, marquent à l'extérieur la division de celui-ci en deux vastes comparti-
ments largement communicants : le sac dorsal (Saccus dorsalis), qui est aussi un peu
à gauche, et le sac ventral (Saccus ventralis), qui s'étend plus loin vers la droite.
La courbure dorsale (Curvatura dorsalis) ou bord dorsal longe la région lombaire gau-
che. Elle est convexe, épaisse et lisse, sauf dans sa moitié crâniale, qui adhère à la paroi.
La courbure ventrale (Curvatura ventralis) ou bord ventral est dans la partie droite de la
région du ventre, où elle se loge comme l'ensemble du sac ventral dans la bourse omen-
tale. Elle est également convexe et lisse.
L'extrémité caudale (Extremitas caudalis) est située à l'entrée du bassin. Elle est divi-
sée par un profond sillon caudal (Sulcus caudalis), qui se porte transversalement d'un
sillon longitudinal à l'autre, en deux culs-de-sac, l'un dorsal (Saccus caecus caudodorsa-
lis) et l'autre ventral (Saccus caecus caudoventralis), dont chacun appartient au sac cor-
respondant du rumen. Ces culs-de-sac, autrefois nommés "vessies coniques", sont
délimités à leur base chacun par un léger sillon coronaire (Sulcus coronarius) qui part de
la jonction du sillon caudal et des sillons longitudinaux et vient mourir près du bord cor-
respondant de l'organe. Le sillon ventral est plus profond que le dorsal.
L'extrémité crâniale (Extremitas cranialis) est subdivisée à son tour par un profond
sillon crânial (Sulcus cranialis) qui sépare les extrémités correspondantes des deux sacs.
3F340 -
Funt
indus J
Caillette ou Abomasum
Cardia Plis spiliraux j
Sillon réticulaire
Pilier accessoire
droit du rumen
Insula du rumen
Orifice réticulo-omasique
Pilier longitudinal
droit du rumen
Le sac ventral se ferme ici en un prolongement bref et obtus : le récessus du rumen (Reces-
sus ruminis). Le sac dorsal se poursuit au contraire crânio-dorsalement à ce dernier par
un vaste compartiment, l'atrium du rumen ou sac crânial (Atrium ruminis, s. saccus cra-
nialis), continu lui-même avec le réticulum. La limite entre l'atrium et ce dernier est mar-
quée par le sillon rumino-réticulaire (Sulcus ruminoreticularis), très profond sur la face
ventrale et qui s'efface sur les côtés, plus tôt sur la face droite que sur la face gauche.
Dorsalement, les deux réservoirs n'ont pas de démarcation nette et l'insertion de la ter-
minaison œsophagienne marque la limite entre l'atrium et le réticulum.
Le pilier caudal (Pila caudalis), le plus volumineux, sépare l'entrée des deux culs-de-
sac caudaux. Chacune de ses extrémités se divise en trois branches, dont une est dor-
sale et une autre ventrale : ces branches dorsales et ventrales sont les piliers coronaires
(Pilae coronariae) qui circonscrivent l'entrée de chacun des culs-de-sac ; la délimitation
de ceux-ci est très nette, les piliers de chaque paire s'incurvant distalement chacun à
la rencontre de son homologue, sans toutefois le rejoindre. Quant aux branches intermé-
diaires, elles entrent dans la constitution des piliers longitudinaux, décrits plus loin. Le
pilier crânial (Pila cranialis) est moins épais mais beaucoup plus saillant, car il forme le
bord libre d'une haute lame résultant de l'adossement des parois de l'atrium et du réces-
sus du rumen, lame inclinée en direction ventro-crâniale et formant en quelque sorte le
toit de cette dernière cavité. Son extrémité gauche est simple et se porte en direction
de la branche intermédiaire correspondante du pilier caudal pour former le pilier longitu-
dinal gauche (Pila longitudinalis sinistra) ; il ne la rejoint toutefois pas, de sorte que ce
dernier reste indistinct à sa partie moyenne. L'extrémité droite se divise en deux bran-
ches, qui délimitent une surface correspondant à l'insula du rumen. La branche ventrale
forme avec la branche intermédiaire droite du pilier caudal le pilier longitudinal droit (Pila
longitudinalis dextra). La dorsale, plus faible, est le pilier accessoire droit (Pila accesso-
ria dextra) correspondant au sillon de même nom.
Au niveau des piliers, la muqueuse du rumen est rêche, plissée et ridée, dépourvue
de papilles détomorphes. Partout ailleurs, ces dernières sont au contraire abondantes.
Elles sont particulièrement nombreuses et hautes dans le sac ventral et dans les deux
culs-de-sac caudaux, où elles atteignent près d'un centimètre de hauteur. Elles ont des
(suite du texte p. 347)
Sac dorsal du rumen Corne de l'utérus Rectum w
Diaphragme N)
M. releveur de l'anus
Sphincter externe
de l'anus
Vestibule du vagin
Vessie
_ Jéjunum
Cul-de-sac dorsal du r
N. vague g.
Muscles
scalènes
Cul-de-sac dorsal
du rumen
Sa cavité
N. phrénique g,
Lobe crânial
du poumon
Ventricule droit
Ventricule gauche
Atrium gauche
Péricarde
Pilier caudal du rumen
Diaphragme (coupé)
Cavité du cul-de-sac ventral
Réticulum
Caillette (Abomasum) intra ruminai
Récessus du rumen Paroi superficielle du grand omentum (couvrant le sac ventral du rumen)
Sac dorsal du rumen Sillon longitudinal gauche du rumen
W
Planche 182 - TOPOGRAPHIE DU RUMEN ET DU RÉSEAU DU BŒUF GO
VUE LATÉRALE, APRÈS ABLATION DES MEMBRES, DES PAROIS THORACIQUE ET ABDOMINALE ET DU POUMON DE CE CÔTÉ
Aorte Tronc pulmonaire Ostium rumino-réticulaire
Veine azygos Diaphragme (coupé)
Canal thoracique
Cavité du sac dorsal'du rumen
M. long du cou
A. pulmonaire gauche
Pilier accessoire droit
w
Bronche principale gauche
Œsophage Veines pulmonaires
Pilier longitudinal droit •f*
Insula du rumen
N. I. méd. caud. Branche intermédiaire du pilier caudal du rumen I
et œsophage Piliers coronaires du rumen •
Cardia M. iliaque
Ligament sacro-sciatique
Tronc
brachio-céphalique
N. vague
gauche
Muscles
scalènes,
Cul-de-sac dorsal
M. sterno- du rumen
céphalique
Veine
cave crâniale Pilier caudal du rumen
N. phrénique gauche
Lobe crânial
Cul-de-sac ventral
du poumon droit du rumen
Ventricule droit
Ventr.cule gauchi
Oreillette gauche
Cavité du sac ventral du rumen
Péricarde
Sillon réticulaire Pilier crânial du rumen
Orifice réticulo-omasal
Réseau (Réticulum) Récessus du rumen
Pli rumino-réticulaire
Caillette (Abomasum) Atrium du rumen
Zone d'adhérence
lombaire du Pancréas
Partie descendante
du duodénum
Récessus
supra-omental
Mésojéjunum
omentum :
Paroi profonde
Paroi abdominale
Paroi superficielle
du grand omentum Espace infra-omental
formes variables et sont de deux types, les unes filiformes et les autres foliacées, un
peu aplaties et pédonculées. Elles sont bien moins nombreuses et bien moins dévelop-
pées dans le sac dorsal, au plafond duquel elles se réduisent même à de simples tubercu-
les. Ce système papillaire est particulièrement exubérant chez certains Ruminants
sauvages, tels que les gazelles. D'autre part, avec l'âge et probablement par suite du
frottement répété des matières alimentaires, un certain nombre de papilles, surtout parmi
les plus hautes, se flétrissent, se tordent plus ou moins et peuvent finir par tomber.
RAPPORTS (Pl. 181 à 183, 186, 187, 195, 199, 202, 203)
Il convient de noter d'abord que seul le sac dorsal est directement en contact avec les
organes voisins. Au contraire, le sac ventral, logé dans la bourse omentale, n'entretient ses
rapports que par l'intermédiaire du grand omentum, dont les parois le couvrent entièrement.
SAC DORSAL
DU RUMEN
Onzième
côte
Arc
costal
Arc
costal
droit
Pilier
longitud.
gauche
du rumen
M. oblique ext.
de l'abdomen CAILLETTE
(ABOMASUM)
(Coupe
tangentielle)
Paroi superficielle
du grand omentum
Paroi'superficielle
M. peaucier-du
du grand omentum
Courbure
duodéno-jéjunale sigmoïde
du. duodénum
Anse spirale
du côlon Début du
duodénum
SAC DORSAL
DU RUMEN
(à la limite
de l'atrium) FEUILLET
(OMASUM)
Pilier
longitud.
gauche
du rumen Pilier
longitudinal
droit du
Arc costal
Paroi superficielle
du grand omentui Grand omentum
Caillette ou Abomasum
Cardia
Atrium du rumen
Anse cardiale
omentale, alors que le reste en forme la paroi superficielle. Ainsi, le sac ventral du rumen,
compris entre ces deux parois, est logé comme il a été dit dans le récessus caudal de
la bourse omentale. Les deux parois se mettent en continuité caudalement en formant
un pli transversal solide que le poids de l'intestin plaque contre la paroi abdominale ven-
trale, non loin de l'entrée du bassin. Ventralement et à droite du rumen, les deux parois
de la bourse omentale arrivent au contact l'une de l'autre. Ainsi adossées, elles remon-
tent entre l'intestin et la paroi droite de l'abdomen jusqu'à la partie descendante du duo-
dénum, à laquelle elles s'insèrent après s'être accolées en une lame unique. Elles se
raccordent par là au mésoduodénum et à l'extrémité droite du petit omentum. Dans leur
ensemble, elles forment une sangle remarquable qui délimite avec le rumen une sorte
de berceau dans lequel repose la masse intestinale : le récessus supra-omental (Reces-
sus supraomentalis), qui sera décrit avec plus de détails à propos de la topographie abdo-
minale (voir tome IV). Cette loge, ouverte comme il vient d'être dit à l'entrée du bassin,
est au contraire fermée crânialement par la paroi profonde, qui se relève derrière l'oma-
sum et va s'attacher au côlon transverse, au-delà duquel son péritoine se porte jusque
sur le pancréas, le bord dorsal du foie, et la partie initiale du duodénum. Elle est égale-
ment close des deux côtés par les insertions du grand omentum à gauche sur le rumen
et à droite à la paroi lombaire, par l'intermédiaire du duodénum et de son méso.
La couche superficielle est formée de fibres longitudinales par rapport au grand axe
de l'organe, mais elle n'est pas de même nature dans les deux sacs. Dans le sac dorsal,
il s'agit de l'équivalent des fibres obliques externes et dans le sac ventral de l'équivalent
des fibres circulaires de la musculature des estomacs simples ; toutes ces fibres ont été
entraînées par le même processus dans l'expansion crânio-caudale du rumen. L'orienta-
tion est d'ailleurs plus irrégulière dans le sac ventral, où elle est plus oblique, voire spi-
roi'de. Au niveau des sillons, il existe en outre de multiples faisceaux, minces et larges,
qui se portent d'un sac à l'autre en passant à la surface des vaisseaux et se comportent
comme des éléments unitifs sous-séreux. La couche profonde, dérivée des fibres obli-
ques internes, embrasse les deux sacs et prend une disposition circulaire, qui est surtout
nette dans les culs-de-sac caudaux et dans l'atrium. Elle se renforce considérablement
dans les zones de jonction des deux sacs et forme ainsi le substrat des piliers.
3F352 -
La sous-muqueuse est formée d'un conjonctif lâche et assez peu abondant ; elle est
mal délimitée de la propria mucosae.
La muqueuse n'est en effet pourvue que d'une muscularis mucosae très mince et
discontinue, qui se prolonge néanmoins par quelques faisceaux dans l'axe des papilles.
La propria mucosae est épaisse, résistante, absolument dépourvue de glandes. Elle pré-
sente quelques amas lympho-réticulaires et se densifie en profondeur. Elle délègue d'autre
part des prolongements dans toutes les papilles, dont elle fournit le support. L'épithé-
lium est stratifié, pavimenteux, avec une couche superficielle nettement kératinisée. Celle-
ci, jaunâtre et pâle chez le jeune, prend avec l'âge une teinte gris sombre, voire noirâtre,
qui résulte d'une imprégnation par les colorants issus des végétaux en fermentation dans
l'organe ; sur le cadavre, elle desquame facilement en grandes plaques engainant toutes
les papilles correspondantes. Les papilles (Papillae ruminis) sont peu développées au pla-
fond du sac dorsal, où elles n'ont guère de contact avec les aliments en raison de l'accu-
mulation de gaz dans cette région. Leur organisation devient plus complexe dans les parties
déclives. Les plus typiques sont répandues dans le sac ventral et les culs-de-sac cau-
daux. Elles ont un aspect foliacé : étranglées à leur base, elles sont élargies à leur som-
met et aplaties ; sur une de leurs faces existe une petite côte rappelant la nervure principale
d'une feuille et la face opposée présente souvent en regard de celle-ci un léger sillon lon-
gitudinal. Chaque papille est constituée d'une lamelle de conjonctif issue de la propria
mucosae, revêtue par l'épithélium et portant sur ses faces et ses bords de petites papil-
les secondaires (micropapilles), noyées dans l'épaisseur de celui-ci. On trouve au centre
une ou deux artérioles provenant du réseau muqueux et se dirigeant vers le sommet en
décrivant quelques flexuosités ; ces vaisseaux alimentent un réseau capillaire d'où pro-
cèdent des veinules qui descendent à la périphérie, le long des faces et des bords.
Les ultimes artérioles se répartissent selon le mode habituel et alimentent les réseaux
sous-séreux, musculaire, sous-muqueux et muqueux. Le réseau sous-muqueux est le plus
développé et le réseau muqueux est particulièrement riche dans les régions papillaires :
il fournit les artérioles centrales des papilles.
Les veines commencent par le délicat et riche réseau de la périphérie des papilles.
Elles forment aussi les réseaux habituels dans la paroi et sont drainées par les racines
de la veine splénique, satellites des artères homonymes. La veine splénique est le princi-
pal affluent de la veine porte.
(1 ) On notera que l'artère ruminale gauche naît assez souvent isolément sur la gastrique gauche, à petite distance de la spléni-
que : elle peut à ce titre être assimilée à un rameau crânial de la gastrique gauche, tandis que la ruminale droite, toujours émise
par la splénique et parcourant la partie correspondante de l'insertion gastrique du grand omentum, équivaut de façon manifeste
à la partie initiale de la gastro-épiploi'que gauche des autres espèces.
Cardia A. splénique
Cû
A. réticulaire en
Artère cœliaque
A. ruminale gauche
RESEAU (RETICULUM)
A. splénique
Rameau épiploïque RATE Veine cave caudale
Rameaux A. ruminale droite A. gastrique gauche
coronaires RUMEN Artère hépatique
droits
Veine porte
PANCREAS (coupé)
FOIE
Rameau droit 1
f de l'a. hépatique
Ram. gauche J
Art. gastro-duodénale
A. pancréatico-duodénale crâniale
A. gastrique droite
A. gastro-épiploïque droite
FEUILLET (OMASUM)
(ABOMASUM)
A. gastro-épiploïque gauche
Les lymphatiques sont drainés par les chaînes de nœuds lymphatiques ruminaux
droits, ruminaux gauches, ruminaux crâniaux et spléniques, qui accompagnent les vais-
seaux sanguins dans les sillons longitudinaux et le sillon crânial. Les nœuds ruminaux
droits sont plus nombreux que les gauches, qui peuvent même faire défaut. Les nœuds
lymphatiques spléniques forment le groupe le plus important. Logés pour la plupart
dans la zone d'adhérence, entre la rate et le cardia, ils sont aussi qualifiés de nœuds
lymphatiques atriaux ; ils reçoivent la plupart des efférents des autres groupes et émet-
tent un ou deux gros vaisseaux qui vont habituellement former les racines du tronc
gastrique, lequel aboutit à la citerne du chyle soit directement soit, le plus souvent, par
l'intermédiaire du tronc viscéral, qu'il constitue par sa jonction avec le tronc intestinal.
Il existe de nombreuses variations dans la disposition et le mode de terminaison de ces
efférents.
Les nerfs proviennent presque tous du tronc vagal dorsal et du ganglion cœliaco-
mésentérique ; ils accompagnent pour la plupart les vaisseaux. Le tronc vagal ventral
délègue en outre quelques rameaux à l'atrium. Les terminaisons entrent dans la consti-
tution des plexus myentérique et sous-muqueux.
FONCTIONS
Chez l'adulte, tous les aliments ingérés arrivent d'abord dans l'atrium, à l'exception
des fragments lourds, qui tombent dans le réticulum. Les mouvement assurent, par une
translation circulaire, leur brassage énergique, leur relative homogénéisation et surtout
leur humidification uniforme. Cette motricité est associée à celle du réticulum, dont les
contractions précèdent celles du rumen, lesquelles sont deux fois plus nombreuses. Les
contractions du rumen, qui se produisent deux à trois fois par minute chez le Bœuf, com-
mencent par le pilier crânial. Elle se propagent le long des piliers longitudinaux, jusqu'au
pilier caudal et à l'ensemble de la paroi selon les modalités complexes, d'ailleurs varia-
bles avec la période considérée. Le pilier crânial intervient aussi pour commander l'admis-
sion du contenu atrial dans le reste du rumen ou sa rétention, selon le moment. Ajoutons
qu'un type supplémentaire de contractions, indépendantes de celles du réticulum, com-
mande l'éructation : le cheminement de l'onde s'effectue alors dans le sens caudo-crânial.
RÉTICULUM ou RÉSEAU (Pl. 175 à 183, 188, 191 à 193, 197, 199 à 204)
Le réticulum ou réseau est le plus crânial et chez le Bœuf, le plus petit des comparti-
ments gastriques. Il est placé dorsalement au processus xiphoïde du sternum, entre
356 -
Aplati dans le sens crânio-caudal, il présente deux faces, deux bords ou courbures
et deux extrémités.
La grande courbure (Curvatura major) est ventrale et convexe. Elle occupe la région
sus-sternale. La petite courbure (Curvatura minor) est dorsale, brève et légèrement con-
cave ; elle est couverte à droite par l'extrémité correspondante de l'omasum.
L'extrémité gauche présente une paroi dorsale qui continue celle de l'atrium du rumen
sans autre démarcation que la terminaison de l'œsophage. Ventralement, elle concourt
à former le profond sillon rumino-réticulaire. L'extrémité droite forme un cul-de-sac arrondi,
le fundus du réticulum (Fundus reticuli), qui s'adosse à la base de l'abomasum et dorsa-
lement auquel elle se rétrécit nettement pour se joindre à l'omasum.
A l'exception de la partie qui correspond à la petite courbure, toute la paroi est tapissée
par une muqueuse de même type que celle du rumen, mais soulevée en crêtes (Cristae
reticuli) qui s'anastomosent pour délimiter des alvéoles polygonaux ou cellules du réti-
culum (Cellulae reticuli), dont la disposition est assez régulière et élégante. Ces cellules
sont surtout larges et profondes au niveau du fundus et de la grande courbure ; elles
deviennent de plus en plus petites en se rapprochant de la petite courbure. Leur intérieur
est à son tour subdivisé en cellules plus petites par des crêtes secondaires, des flancs
desquelles partent des crêtes tertiaires, encore plus faibles, délimitant à leur tour des
cellules tertiaires. Toutes ces crêtes sont hérissées à leur bord libre de papilles coniques
à sommet rude et sur leurs faces de papilles plus petites, pointues ou mamelonnées.
Les papilles du bord libre des crêtes secondaires sont plus développées que celles des
crêtes principales. Enfin, on voit au fond des cellules des divers ordres de nombreuses
autres papilles (Papillae reticuli) longues et pointues.
Toutes ces formations sont remplacées, sur la paroi droite et dorsale de la cavité,
par le début d'un sillon gastrique remarquablement large et profond, qui se poursuit jusqu'à
l'abomasum et dont ce segment initial constitue le sillon réticulaire (Sulcus reticularis).
Anciennement nommé "gouttière œsophagienne", celui-ci commence au cardia, c'est-
à-dire au plafond de l'atrium du rumen, à la jonction de celui-ci et du réticulum. Long
de 15 à 20 centimètres, il se dirige en bas et à droite et aboutit à l'ostium réticulo-omasique
(Ostium reticuloomasicum), au-delà duquel il se poursuit par le sillon omasique. Il est bordé
de deux lèvres épaisses et saillantes, l'une droite (Labium dextrum) et l'autre gauche
(Labium sinistrum), qui délimitent une gouttière ou fond du sillon (Fundus sulci reticuli).
L'ensemble a une disposition légèrement spiroïde, qui fait que la lèvre droite devient ven-
trale puis gauche en approchant de l'omasum et que le fond du sillon, d'abord dorsal,
devient ventral. Les deux lèvres sont en outre plus épaisses et plus saillantes au voisinage
358 -
RUMEN :
Duodénum
Sac dorsal
Sillon accessoire droit Surface d'adhérence
Insula du rumen A'trium du rumen
4 Sillon longitud. droit Cardia
Sac ventral FaCe diaphragmatique
Sillons coronaires
Sillon caudal Petite courbure
Corps
CAILLETTE
Pylore
Culs-de-sac Petite courbure u ABOMASUM
du rumen
Partie pylorique
FACE DROITE
Atrium du rumen
ventral du ru—'e-
Corps de l'abomasum
Sillon caudal du rur-Hr
Sillon longitudinal gauche du rumen Sillons coronaires
(et insertion de la paroi superficielle du grand omentum) Insertion de la paroi superficielle du grand ome'-.-
Sac ventral du rumen ' Sillon accessoire gauche du rumen
FACE GAUCHE
de l'omasum. Elles sont dépourvues de papilles et leur muqueuse est fortement ridée
sur le bord libre et sur le revers externe, où viennent s'effacer près du cardia les papilles
du rumen et plus loin les crêtes du réseau. Sur le revers interne et sur le fond du sillon,
la muqueuse a tous les caractères de celle de l'œsophage : elle est blanchâtre, presque
lisse, pourvue de minces crêtes longitudinales. Près de l'ostium réticulo-omasique, on
y voit toutefois quelques grosses papilles coniques dont la gaine épithéliale est cornée,
souvent noire : ce sont les papilles unguiculiformes (Papillae unguiculiformes), ou papil-
les "en griffe", hautes et légèrement incurvées, voire torsadées.
L'ostium rumino-réticulaire a déjà été décrit. Celui du cardia est délimité dorsalement
et à gauche par les lèvres du sillon réticulaire, qui s'y raccordent en devenant très bas-
ses ; les papilles du rumen s'effacent à son pourtour. Il est large de 3 à 4 cm et aisément
dilatable. L'ostium réticulo-omasique est à peine plus large, presque circulaire, nettement
délimité par la jonction des deux lèvres à son bord distal.
Le réticulum est placé en situation médiane, mais s'étend un peu plus à gauche qu'à
droite.
La face viscérale est appliquée contre la partie la plus déclive de l'atrium du rumen
et plus à droite, contre le fundus de l'abomasum. La grande courbure repose sur la région
xiphoïdienne ; elle est solidarisée à l'abomasum et à l'atrium du rumen par du tissu con-
jonctif sous-péritonéal. La petite courbure est couverte à droite par la partie adjacente
de l'omasum. L'extrémité gauche est plaquée contre la partie costale du diaphragme et
peut, par exception, être en contact avec la rate. L'extrémité droite touche au lobe gauche
du foie, à l'abomasum et dorsalement à l'omasum. L'orifice du cardia se situe en regard
du huitième espace intercostal, vers le tiers dorsal de la hauteur du thorax. Celui qui accèâe
à l'omasum est à peu près en face de l'extrémité ventrale de la huitième côte osseuse.
MOYENS DE FIXITÉ
Le réticulum est solidement fixé par sa continuité avec le rumen et l'omasum et par
la pression de ces viscères. Le péritoine unit en outre sa face caudale à la partie adja-
cente de l'atrium du rumen, dans le sillon rumino-réticulaire, caudalement auquel il rejoint
le grand omentum.
La paroi du réticulum comporte les mêmes couches que celles du rumen. La séreuse
ne tapisse pas tout l'organe ; elle manque au niveau des adhérences. La musculeuse,
plus mince que celle du rumen, comprend trois ordres de fibres. Les fibres longitudinales
continuent celles de l'œsophage sur la petite courbure et la face crâniale pour se pour-
suivre sur l'omasum. Leur couche est très mince et quelques fibres striées s'y mêlent.
Les fibres circulaires enveloppent tout l'organe ; elles forment une couche transversale
360 -
La muqueuse possède une muscularis mucosae tout aussi faible que celle du rumen.
Mais celle-ci délègue dans chaque crête primaire et à un moindre degré dans les autres
crêtes, des prolongements qui se renforcent près du bord libre et lui donnent une mobi-
lité remarquable. La propria mucosae est dense, mêlée de fibres élastiques et toujours
dépourvue de glandes111. Ses relèvements forment les crêtes et les papilles. L'épithé-
lium est analogue à celui du rumen, mais plus nettement kératinisé. Sa couche cornée
desquame aussi facilement après la mort. On notera enfin que la structure des crêtes
du réseau est analogue à celle qui résulterait de l'accolement par leurs bords de papilles
foliacées du rumen. Il existe d'ailleurs sur la face réticulaire du pli rumino-réticulaire et
sur les côtés du sillon réticulaire une transition entre les séries linéaires de papilles qui
semblent déborder du rumen et les premières crêtes du réticulum, encore basses et sou-
vent incomplètes.
Les artères sont fournies par la réticulaire, qui vient normalement de la ruminale gauche
(branche de la splénique), quelquefois de la gastrique gauche et qui irrigue principale-
ment la face diaphragmatique. L'artère gastrique gauche fournit en outre une réticulaire
accessoire, surtout destinée à la face viscérale. Les veines, d'abord satellites des artè-
res, aboutissent à la veine splénique. Les lymphatiques vont surtout aux nœuds lympha-
tiques réticulaires, situés au-dessus du fundus, ainsi qu'aux nœuds lymphatiques
réticulo-abomasiques et atriaux. Ces derniers suppléent parfois l'absence de n. I. réticu-
laires. Les nerfs viennent essentiellement du tronc vagal ventral. L'agencement des plexus
vasculaires et nerveux de la paroi est analogue à celui rencontré dans le rumen.
FONCTIONS
Le réticulum a un rôle surtout mécanique, qui tire son importance du fait que ce réser-
voir est un véritable carrefour entre l'œsophage, le rumen et l'omasum. Sa contraction
constitue le premier temps du cycle normal des mouvements de l'ensemble des compar-
timents gastriques. Son activité est telle que les corps étrangers solides, qui tombent
dans sa cavité et y sont retenus, se trouvent à la longue tordus ou fragmentés et peu
à peu éliminés par usure, sauf s'ils sont piquants et se plantent dans la paroi.
(1) La présence de quelques glandes, de type séro-muqueux, a toutefois été démontrée dans le sillon réticulaire du Mouton
et du Buffle.
362 -
Paroi du réticulum
Orifice réticulo-omasique
Sillon
Paroi de l'omasum
Lames
de l'omasum
Un cycle
laminaire :
Lames primaires
Courbure
de l'omasum
Espaces interlaminaires
Canal omasique
Sillon omasique
Base de l'omasum
COUPE TRANSVERSALE
dans le réticulum, qui les achemine vers l'ostium réticulo-omasique. Toutefois, le sillon
réticulaire garde toujours un rôle réflexogène capital, qui détermine dans tous les cas
la circulation appropriée des aliments.
La contraction de l'ensemble du réticulum intervient selon les moments pour faire
passer les aliments vers l'oesophage lors de la rumination, pour les diriger vers l'omasum
après le seconde mastication, dans une moindre mesure pour faire passer une partie d'entre
eux dans le rumen. Les crêtes et les cellules semblent intervenir à la manière d'un crible,
qui retiendrait les particules lourdes ou grossières et laisserait surnager le reste, les par-
ties liquides ou légères étant seules acheminées vers l'omasum. Les parties retenues pour-
raient ensuite être projetées vers le rumen ou ramenées vers l'œsophage. Dans tous les
cas, l'ostium réticulo-omasique joue, par la contractilité de ses bords, un rôle détermi-
nant pour régulariser le transit vers le troisième compartiment gastrique.
OMASUM ou FEUILLET (Pl. 175 à 180, 187, 188, 190, 192, 194 à 197, 199 à 201, 204)
L'omasum ou feuillet est le dernier compartiment du proventricule des Ruminants.
Il fait suite au réticulum et précède l'abomasum.
CONFORMATION EXTÉRIEURE (Pl. 175, 179, 192, 197, 200, 201, 204)
De forme presque sphérique, un peu déprimé d'un côté à l'autre, l'omasum présente
deux faces et une circonférence. Les faces sont l'une pariétale (Faciès parietalis), dirigée
à droite et un peu crânialement et l'autre viscérale (Faciès visceralis), adossée au rumen.
Elles sont arrondies et lisses. La circonférence est divisible en une courbure (Curvatura
omasi) — anciennement "grande courbure" — dorsale et caudale, épaisse et régulière,
qui en occupe les quatre cinquièmes, et une base (Basis omasi) — anciennement "petite
courbure" — bien plus courte et située crânio-ventralement. Cette dernière, planiforme,
est encadrée par la jonction aux deux compartiments voisins : réticulum à gauche et crâ-
nialement, abomasum à droite et ventralement, très rapprochés l'un de l'autre. La jonc-
tion avec le réticulum se fait par une sorte de pédoncule étroit et très bref : le col de
l'omasum (Collum omasi). L'union avec l'abomasum est un peu moins rétrécie et mar-
quée simplement par le profond sillon omaso-abomasique (Sulcus omasoabomasicus).
La hauteur des lames est très inégale et celles-ci sont ordonnées de façon cyclique
selon leur taille. Les lames primaires, les plus hautes, arrivent jusqu'au voisinage de la
base ; elles sont au nombre de 1 5 à 20 et délimitent autant de cycles laminaires. Chacun
de ces derniers, compris entre deux lames primaires consécutives, est centré sur une
lame secondaire, de moitié moins haute et encadrée de deux lames tertiaires encore deux
fois moins hautes qu'elle. Chaque lame tertiaire est à son tour longée à sa base par deux
lames quaternaires, encore plus petites. Un cycle laminaire comportant ces quatre ordres
3 6 4 -
Ligament supra-épineux
M . semi-épineux d e la t ê t e m . m u l t i f i d e d u dos
M . longissimus / A r c d e
dixième vertèbre thoracique
M. trapèze \ I A / /
d e la onzième v e r t è b r e thoracique
T ê t e d e la onzième côte
M. sus-costal
C a v i t é pleurale
C a v i t é pleurale droite
M . ilio-costal
Aorte thoracique
M . g r a n d dorsal Piliers d u d i a p h r a q m e
Veine cave c a u d a l e
Dixième c ô t e FOIE
PANCREAS Dixième c ô t e
Neuvième
côte Neuvième côte
FEUILLET (OMASUM)
Corps de l'abomasum
M . droit de l'abdomen
de lames est dit "quadrupliqué". En fait, seuls réalisent ce type complet les cycles insé-
rés le long de la courbure ou au voisinage de celle-ci. Ceux qui sont attachés sur les faces
sont formés par des lames de moins en moins hautes et perdent leurs lames quaternai-
res, devenant ainsi tripliqués. Les espaces interlaminaires (Recessus interlaminares) sont
donc très profonds mais très étroits, surtout en regard de la courbure. On les trouve habi-
tuellement occupés par des aliments finement triturés, pressés en plaques molles qui for-
ment comme un moulage interne des cycles. Il en résulte que la partie laminaire de
l'omasum (parfois nommée "corps du feuillet") est presque comblée, ce qui lui commu-
nique une compacité remarquable. L'ensemble est orienté de telle sorte que, sur l'animal
debout, lames et espaces interlaminaires sont à peu près verticaux, les bords libres des
lames regardant crânialement, un peu ventralement et à gauche.
La cavité de l'omasum est donc réduite en quelque sorte à un canal omasique (Canalis
omasi) qui longe la base de l'organe et s'étend de l'ostium réticulo-omasique, étroit et
déjà décrit, à l'ostium omaso-abomasique (Ostium omasoabomasicum), deux ou trois fois
plus large et plus dilatable. Ce dernier, qui donne accès à l'abomasum, est bordé par deux
replis de la muqueuse : les voiles abomasiques (Vela abomasica), lesquels semblent jouer
le rôle de valvules régularisant le transit entre les deux derniers compartiments gastri-
ques. Ces replis muqueux sont kératinisés sur leur face omasique, mais revêtus d'une
muqueuse peptique sur leur face abomasique. Le canal omasique lui-même est limité cau-
dalement comme il a été dit par les bords libres des lames, entre lesquels s'ouvrent les
espaces interlamellaires ; crânialement et un peu à gauche, il a pour paroi la région qui,
correspondant à la base de l'organe, est dépourvue de lames et constitue le sillon omasi-
que (Sulcus omasi). Ce dernier est la continuation directe du sillon réticulaire et repré-
sente donc une subdivision du sillon gastrique, lequel se poursuit jusque dans l'abomasum.
Il est large, bordé par deux lèvres peu saillantes et hérissées de courtes et épaisses papil-
les kératinisées. Son fond, finement ridé, est croisé obliquement près de l'ostium omaso-
abomasique par un relief muqueux qui constitue le pilier de l'omasum (Pila omasi).
que le grand omentum n'a pas d'attache directe sur l'omasum. En effet, la grande cour-
bure et le fundus du réticulum sont unis à l'atrium du rumen et au fundus de l'abomasum
par un conjonctif abondant, lequel forme une sorte de pont qui assure le passage direct
de l'insertion du grand omentum du rumen au fundus de l'abomasum.
La musculeuse, à peine plus épaisse que celle du réticulum, est formée de deux plans
de fibres complets, plus épais sur la base de l'organe que sur la courbure. Le plan super-
ficiel est constitué de fibres longitudinales et le plan profond de fibres circulaires. Ce der-
nier délègue dans les lames primaires, secondaires et tertiaires des prolongements qui
renforcent la muscularis mucosae. Les bords du sillon omasique comportent en outre
des fibres longitudinales qui prolongent le système de l'anse cardiale. Il existe aussi des
fibres de ce type dans le pilier omasique, d'où elles s'irradient au pourtour de l'ostium
omaso-abomasique, qu'elles semblent contrôler.
Les veines sont satellites des artères mais conduisent le sang à la veine splénique,
affluent de la veine porte.
Les lymphatiques sont drainés principalement par les noeuds lymphatiques omasaux,
qui sont échelonnés le long de la courbure, accessoirement par les nœuds lymphatiques
réticulo-abomasaux et abomasaux dorsaux. Les nœuds omasaux et réticulo-abomasaux
sont eux-mêmes drainés par les nœuds lymphatiques atriaux ou spléniques.
368 -
Sillon rumino-réticulaire
Courbure
RETICULUM
Grande
courbure
Face diaphragmatique
Petite courbure
Fundus du reticulum
CAILLETTE
ou ABOMASUM :
Partie pylorique
Incisure angulaire
Fundus de l'abomasum
X Face pariétale du corps
Petite courbure
et insertion du petit omentum
Les nerfs proviennent des deux troncs vagaux, dorsal et ventral. Le premier de ceux-ci
délègue, outre des filets à la face viscérale, une assez forte branche qui suit le revers
viscéral de la courbure en donnant des divisions aux deux faces mais surtout à la face
viscérale, avant de se continuer le long de la grande courbure de l'abomasum. Le tronc
vagal ventral donne une longue branche qui croise du côté viscéral la base de l'omasum
et se continue sur la petite courbure de l'abomasum, branche qui fournit de multiples
divisions à la face pariétale et à la base de l'omasum (innervation particulière du sillon
omasique). A ces nerfs parasympathiques s'ajoutent les rameaux sympathiques issus
des ganglions cœliaques et satellites des artères.
FONCTIONS
L'essentiel du transit est assuré par le canal et les influx sensitifs issus du sillon oma-
sique semblent en outre avoir un rôle dans le déclenchement des réflexes régulateurs
de la motricité rumino-réticulaire. La coordination de l'activité du réticulum et de celle
de l'omasum est telle que les aliments, soulevés par la contraction du premier, sont aspi-
rés dans le second par une relaxation de celui-ci après un bref temps de contraction. Au
cours de ce transfert, les particules trop volumineuses sont retenues dans le réticulum
par les papilles unguiculiformes de celui-ci et les hautes papilles cornées de l'entrée de
l'omasum. Le contenu du canal omasique est ensuite chassé dans l'abomasum par une
nouvelle contraction, l'ostium réticulo-omasique étant fermé.
ABOMASUM ou CAILLETTE (Pl. 175 à 181, 187, 188, 190, 193, 195, 197 à 201, 204)
Dernier compartiment gastrique des Ruminants, l'abomasum ou caillette est le véri-
table estomac de ces animaux, car il est seul pourvu d'une muqueuse peptique, en tout
point comparable à celle des autres Mammifères.
370 -
Grande courbure
Incisure angulaire de l'abomasum ouvert
Torus pylorique
Duodénum
Orifice omaso-abomasiaue
Duodénum
Pylore
Muqueuse cardiale
La cavité de l'abomasum est partout tapissée par une muqueuse richement glandu-
laire, qui présente les mêmes subdivisions que dans les autres Mammifères. Molle, dépres-
sible, très vascularisée et douce au toucher, cette muqueuse est relativement mince. Dans
le fundus et la plus grande partie du corps, elle est gris rougeâtre et forme des plis spi-
raux (Plicae spirales abomasi) qui augmentent beaucoup sa surface. Ces plis, qui se déve-
loppent chez l'embryon à la même époque que ceux de l'omasum, sont permanents,
ineffaçables par la distension et présentent par rapport au grand axe de l'organe une orien-
tation oblique, un peu spiroi'de, plus ou moins visible de l'extérieur à travers la paroi. Ils
s'élèvent assez rapidement à partir du voisinage de l'ostium omaso-abomasique et s'effa-
cent peu à peu avant d'atteindre la partie pylorique. Ils sont surtout élevés en regard de
la grande courbure et deviennent plus bas sur les faces, jusqu'à disparaître au voisinage
de la petite courbure. La région à peu près lisse ainsi ménagée au niveau de cette der-
nière correspond au sillon abomasique (Sulcus abomasi), partie terminale et assez mal
délimitée du sillon gastrique. La partie pylorique ne possède que de faibles plis irrégu-
liers, aisément effaçables par la distension. Sa muqueuse est plus claire, jaune rosée et
un peu plus épaisse.
Des deux orifices, celui qui établit la communication omaso-abomasique est situé
dorsalement et un peu à droite du fundus ; il a déjà été décrit, avec ses deux voiles abo-
masiques. Celui du pylore, un peu plus étroit, présente du côté de la petite courbure un
torus pylorique (Torus pyloricus) assez comparable à celui du Porc mais moins saillant
et long de 3 à 4 cm.
Vestibule
du vagin
Vessie
Bord caudal du
grand omentum
Ceecum
Jéjunum (dans le
récessus supra-omentai)
Lobe crânial
du poumon d r o i t
et péricarde
La sous-muqueuse est plus épaisse et plus lâche que dans le proventricule. Elle forme
l'essentiel du torus pylorique.
La muqueuse se raccorde selon une ligne nette à celle du proventricule sur le bord
de l'ostium omaso-abomasique et des voiles abomasiques. Elle présente les trois zones
habituelles. Autour de l'ostium omaso-abomasique, une collerette de quelques centimè-
tres à peine est formée par une muqueuse cardiale mêlée de quelques glandes de types
fundique et pylorique. Cette bande mise à part, le fundus et les deux tiers du corps sont
occupés par la muqueuse fundique. La muqueuse pylorique tapisse toute la partie pylori-
que et la partie adjacente du corps. Ces muqueuses ne présentent pas de particularités
remarquables comparativement aux autres Mammifères.
Leur répartition dans la paroi ne diffère pas de celle que l'on trouve dans les esto-
macs simples.
Les artères sont fournies par deux arcs qui longent respectivement la grande et la
petite courbures. Le long de cette dernière viennent s'anastomoser en effet la terminai-
son de la gastrique gauche et la gastrique droite, qui provient de l'hépatique. De cette
arcade procèdent les divisions qui se distribuent à la moitié adjacente de chacune des
374 -
Cardia Réticulum
Atrium du rumen Omasum
Abomasum
Sac dorsal
Rumen A
Sac ventral
Rate (rabattue)
Abomasum
Cardia
Atrium
du
Rumen :
[ . Sac dorsal
faces. La grande courbure est longée pour sa part, à quelque distance dans le grand omen-
tum, par une arcade plus vaste formée à gauche par l'artère gastro-épiploïque gauche,
branche anastomotique issue de la gastrique gauche, et à droite par l'artère gastro-
épiploïque droite, qui provient de l'hépatique par l'intermédiaire de la gastro-duodénale.
Cette arcade fournit à son tour de nombreuses branches à la grande courbure et aux moi-
tiés correspondantes des faces.
FONCTIONS
Par la sécrétion du suc gastrique et le fonctionnement de sa musculature, l'aboma-
sum se comporte comme l'estomac simple des autres Mammifères. Son rôle dans la diges-
tion des protides est particulièrement évident chez le Veau : avant le sevrage, le lait est
conduit directement dans l'abomasum, où il est rapidement coagulé et digéré (d'où la
synonymie : caillette). Chez l'adulte, ce compartiment gastrique est encore le lieu princi-
pal de la digestion protidique, qu'il s'agisse des protéines directement apportées par l'ali-
mentation et ayant échappé à la dégradation bactérienne, de celles produites par les
micro-organismes du rumen ou de ces derniers eux-mêmes qui, infiniment nombreux,
sont lysés et digérés à leur tour par le suc gastrique.
Le rumen n'a qu'une quinzaine de centimètres de long, une dizaine de haut et six
à sept centimètres de large ; sa capacité est de l'ordre de 0,7 litre. Son sac ventral est
beaucoup plus petit que le dorsal, qui dépasse seul l'hypocondre gauche dans la région
du flanc. Les sillons sont pourtant bien marqués, de même que les piliers et les diverses
376 -
Cardia
Sillon réticulaire
Réseau (Réticulum)
Feuillet ou Omasum
Sillon omasique
Orifice omaso-
abomasique
Rumen :
Pilier caudal
Sac dorsal
Sac ventral
Pilier crânial
Atrium
CONFORMATION INTERIEURE
subdivisions de l'intérieur, tandis que l'appareil papillaire est fort peu développé. Les papil-
les n'ont guère plus d'un millimètre de hauteur et sont encore toutes filiformes.
Le réticulum prolonge directement le rumen vers l'avant et répond encore à la rate.
Son rapport avec le diaphragme est peu étendu et sa face ventrale est très éloignée de
la paroi abdominale, dont elle est séparée par le fundus de l'abomasum. A l'intérieur,
les crêtes et les cellules sont bien distinctes, ainsi que le sillon réticulaire, qui atteint près
de six centimètres de longueur et dont les lèvres sont particulièrement développées. Ces
dernières sont susceptibles de se joindre pour le convertir en un canal complet, unissant
le cardia à l'ostium réticulo-omasique. Ce mécanisme est déclenché de façon réflexe lors
de la déglutition, par le contact du lait avec le pharynx et la partie cervicale de l'œso-
phage. Il perd son efficacité lors du sevrage.
L'omasum est particulièrement petit. Il est placé obliquement sur la face droite du
fundus de l'abomasum et très éloigné de la paroi abdominale, dont il est séparé ventrale-
ment par ce réservoir et à droite par le foie. Il est discoïde et son diamètre n'excède pas
cinq centimètres. Toutes ses lames sont présentes ; les primaires ont près de quatre cen-
timètres de hauteur, les quaternaires environ 0,5 centimètre. Le développement devient
très rapide lors du sevrage.
L'abomasum mérite bien son autre nom (caillette) à cette époque de la vie, où il est
préposé à la digestion du lait. Il est très volumineux en proportion : sa capacité est de deux
litres environ et sa longueur atteint 25 centimètres. Le fundus est large et occupe toute
la région épigastrique, jusque sous la partie ventrale de l'arc costal gauche. Le corps qui
lui fait suite déborde très largement l'hypocondre droit et s'étend jusque près de l'entrée du
bassin. La partie pylorique, grêle et intestiniforme, se recourbe dorso-crânialement pour
revenir sous l'hypocondre, le pylore se plaçant à peu près en regard de la onzième côte
droite. Les plis muqueux du fundus et du corps sont déjà hauts de près de deux centimètres.
Le réticulum est toujours plus gros que l'omasum, à l'inverse de ce que l'on trouve
chez le Bœuf. Il contient de un à deux litres. Ses cellules sont peu profondes, séparées
par des crêtes de faible hauteur (un à deux millimètres) et leur subdivision en cellules
secondaires est à peine ébauchée. Le sillon réticulaire est long de huit à dix centimètres ;
sa muqueuse délègue parfois quelques glandes tubuleuses plus ou moins ramifiées dans
la sous-muqueuse.
L'omasum est réduit et contient à peine plus d'un demi-litre. Il est ovale et plus pro-
fondément caché que chez le Bœuf sous l'hypocondre droit, dont le foie le sépare de
façon plus complète. Il contient à peine une quinzaine de cycles laminaires, dont la plu-
part sont seulement tripliqués. La jonction de sa muqueuse à celle de l'abomasum ne
se fait pas exactement au bord des voiles abomasiques, mais sur leur face omasique.
L'abomasum est un peu plus capace en proportion chez le Bœuf et contient de deux
à trois litres. Il est aussi plus allongé et les plis de sa muqueuse sont moins nombreux
et moins élevés. La minceur relative de la paroi les laisse voir plus nettement de l'extérieur.
Nœud lymphatique médiastinal caudal
réticulaire
Aorte thoraciqi Diaphragme (coupé)
Veine azygos Rate
Racine du poumon gauche Dernière côte gauche
M. long du cou Cavité du sac dorsal du rumen
Pilier accessoire droit
du rumen
Œsophage longitudinal droit
Tronc pulmonaire
Cul-de-sac dorsal du rumen
Trachée
Pilier caudal du rumen
Muscles scalènes
M. sterno-céphalique
Tronc brachio-céphalique
N. vague gauche
M.
Muscles
Tronc
N. vague gauche
N. phrénique gauche
Lobe crânial du poumon Cul-de-sac ventral du rumen
Ventricule
Atrium gauche
Ventricule gauche J Pilier caudal du rumen
Diaphragme (coupé) Cavité du sac ventral du rumen
Réseau (Réticulum) crânial du rumen
Pli rumino-réticulaire J Récessus du rumen
Sillon réticulaire v^anioiic (Abomasum)
GO
Planche 203 - CONFORMATION INTÉRIEURE ET TOPOGRAPHIE DU RUMEN ET DU RETICULUM DE LA CHÈVRE CO
380 -
Le compartiment proximal équivaut manifestement à un rumen. Il est long d ' u n mètre environ
et large de 6 0 à 7 0 centimètres. Sa capacité est d'une centaine de litres. Il empiète très peu sur
la moitié droite de l'abdomen et sa partie la plus caudale reste à distance de l'entrée du bassin, de
sorte que la masse intestinale entre en contact assez large avec la paroi du flanc gauche. Ce réservoir
n'est pas divisé en deux sacs comme le rumen des Bovins, mais incurvé sur lui-même et réni-
forme 1 1 1 . Il présente ainsi deux faces, une courbure périphérique, une base et deux extrémités qua-
lifiées de " l o b e s " .
L'une des faces est dorsale et gauche, située sous l'hypocondre et la partie adjacente du flanc
gauches ; elle adhère en partie au diaphragme et aux muscles psoas. L'autre est ventrale et droite ;
plus fortement convexe que la précédente, elle répond à l'intestin. La courbure, épaisse et convexe,
dessine une ellipse qu'interrompt ventralement une profonde échancrure occupée par la base. Dorso-
caudale et un peu tournée vers la droite, elle commence contre le diaphragme où elle porte la rate
accolée à son revers gauche. Elle passe ensuite derrière l'hypocondre et dans le flanc gauches, puis
revient jusqu'à la région sus-sternale. Chacune de ses extrémités forme le contour d ' u n des lobes.
La base, située ventralement et un peu à gauche, est courte, profondément logée entre les deux
lobes, qui tendent à s'adosser en la couvrant. Cette situation profonde l'a fait parfois qualifier de
" h i l e " , ce qui est une dénomination impropre. La terminaison de l'œsophage s'évase en venant
s'insérer dorso-crânialement à elle, sur le lobe dorsal. Les deux lobes sont des culs-de-sac arrondis
et volumineux qui encadrent la base et occupent les extrémités de la courbure. Chacun d'eux porte
une série de reliefs arrondis, de quatre à cinq centimètres de diamètre et serrés les uns contre les
autres : les sacs glandulaires, qui correspondent à des diverticules de la cavité. L'un des lobes est
dorso-crânial. Il se recourbe vers la gauche et porte, au contact du diaphragme, un groupe de sacs
glandulaires assez peu élevé, long d'une vingtaine de centimètres et large de huit ou dix. L'autre
est ventral et un peu plus caudal, situé plus à droite, dans la région sus-sternale. Il est gaufré à sa
face ventrale par deux groupes volumineux et assez réguliers de gros sacs glandulaires, groupes
séparés par une profonde scissure où s'attache le grand omentum. Sa partie la plus voisine de la
base se continue avec le compartiment intermédiaire au niveau d'un sillon très marqué.
La cavité est tapissée par une muqueuse pâle et lisse, dépourvue de papilles délomorphes et
t o u t à fait analogue à celle de l'œsophage. Sur la paroi de chaque lobe s'ouvrent les entrées des
sacs glandulaires (Sacci glandulosi ventriculi), anciennement nommés "cellules aquifères". Ces diver-
ticules sont séparés par de minces cloisons dont les bords sont épaissis par la présence de renfor-
cements sous-muqueux de la musculeuse, à disposition sphinctérielle. A u niveau de ces cloisons,
la paroi est très mince et toute entière soulevée, de façon à s'adosser à celle des sacs voisins. Dans
les sacs glandulaires, la muqueuse, revêtue partout ailleurs d ' u n épithélium stratifié pavimenteux
et complètement dépourvue de glandes, devient molle et pourvue d'un épithélium simple. Elle délègue
dans la sous-muqueuse de nombreuses glandes en tube, les unes à peu près rectilignes et les autres
11) Chez les Lamas, toutefois, il est divisé par un fort sillon oblique en un sac dorso-caudal et un sac ventral plus petit.
382 -
Compartiment distal
Ampoule du duodénum
Compartiment proximal :
Compart.
interméd.
Compart.
distal
VUE INTERIEURE
D'UN GROUPE DE SACS-GLANDULAIRES
FACE VENTRALE
contournées. Il s'agit donc d'une partie sécrétante de la paroi ruminale et les sacs glandulaires ne sont
pas de simples cavités destinés à la mise en réserve d'eau, c o m m e le croyaient les auteurs anciens.
Deux piliers partent du voisinage du cardia. Le principal est ventral. Il descend à gauche du sil-
lon gastrique puis de l'orifice qui donne accès au compartiment intermédiaire (Ostium intraventricu-
laire) et vient border la série des orifices des sacs glandulaires du lobe ventral. Il s'épuise en de multiples
divisions qui forment des relèvements dans les crêtes séparant les uns des autres les orifices de
ces derniers. L'autre pilier, accessoire, est dorsal et va s'épuiser de la même façon en bordure du
groupe dorsal des sacs glandulaires.
La partie initiale du sillon gastrique forme une très longue gouttière (près de 50 centimètres) qui
part du cardia et croise la base du compartiment proximal avant d'atteindre l'ostium intraventriculaire
pour se continuer sur la petite courbure du compartiment intermédiaire. Sa lèvre gauche est pratique-
ment absente ; la droite est très haute, mais mince et presque dépourvue de musculature. Quant à
l'ostium intraventriculaire, il est vaste et à peu près circulaire, contourné à gauche par le pilier principal.
Le compartiment intermédiaire a souvent été considéré comme l'équivalent d ' u n réticulum. Il
est placé à droite du lobe ventral du compartiment proximal, contre la coupole du diaphragme. Il
est plus volumineux en proportion que le réticulum des Bovidés et présente aussi deux faces con-
vexes, une grande courbure ventrale où s'attache le grand o m e n t u m et une petite courbure dorsale,
qui reçoit le petit o m e n t u m . Son extrémité gauche est délimitée par le fort sillon qui la sépare du
compartiment proximal. La droite, plus étroite, se continue par le compartiment distal au niveau
d'un sillon plus large et moins profond. La cavité est, sauf au niveau de la petite courbure, entière-
ment bordée par de nombreux sacs glandulaires analogues à ceux du compartiment proximal mais
plus petits, uniformément serrés les uns contre les autres, subdivisés par des cloisons secondaires
et ne faisant point hernie à l'extérieur. Les caractères de ces diverticules sont en quelque sorte inter-
médiaires entre ceux de leurs homologues du compartiment proximal et ceux du réticulum des Bovins.
Mais leur muqueuse est glanduleuse, identique à celle des autres sacs glandulaires. Par contre, la
muqueuse reste sèche, dépourvue de glandes, et conserve le type œsophagien au niveau de la petite
courbure. Là se trouve le sillon réticulaire, bordé par une seule lèvre et aboutissant à un orifice plus
étroit que l'ostium intraventriculaire et qui donne accès au compartiment distal.
Le compartiment distal pourrait, par sa situation et certains de ses aspects, être considéré comme
un omaso-abohnasum. Il comporte en e f f e t deux parties assez distinctes. La première a souvent été
assimilée à un omasum, bien qu'elle n'en possède pas la s t r u c t u r e , 1 ) . C'est l ' i s t h m e gastrique,
allongé et tubulaire, qui s'incurve en direction ventro-caudale contre le compartiment intermédiaire.
Le sillon qui le sépare de la partie suivante est si peu profond et l'orifice correspondant si large que
ce segment a été souvent considéré comme un fundus modifié de l'abomasum. Sa cavité est très
incomplètement occupée par des plis longitudinaux, de hauteur inégale et alternante, mais peu éle-
vés. Ces plis sont unis par de petites anastomoses ébauchant des logettes et entièrement revêtus
d'une muqueuse analogue à celle des sacs glandulaires. La muqueuse de type œsophagien ne va
pas au-delà de la petite courbure du compartiment intermédiaire et la nature partout glandulaire de
la muqueuse de l'isthme a pu être évoquée pour faire de ce dernier une dépendance du dernier seg-
ment considéré comme un abomasum.
La seconde partie du compartiment distal, de loin la plus grande, est nettement assimilable à
un abomasum. Elle est longue de 7 0 à 9 0 centimètres et suit l'hypocondre droit jusque près de la
région lombaire. Elle est divisible en deux parties. La première, qui fait suite à l'isthme, est étroite
et cylindrique, presque intestiniforme. Elle correspond topographiquement au fundus et au corps
d'un abomasum et sa cavité est pourvue de nombreux plis muqueux longitudinaux. Mais sa muqueuse,
entièrement glanduleuse et riche en amas de nodules lymphatiques, est pourtant à peu près dépourvue
de glandes à pepsine : elle est de type cardial. La partie terminale, fortement élargie, se termine
par un pylore resserré. Elle évoque par sa situation une partie pylorique dilatée. Mais sa muqueuse,
beaucoup plus épaisse que celle des parties précédentes et pourvue de plis irréguliers, est presque
partout de type fundique, la muqueuse pylorique étant refoulée à l'extrémité terminale. Il existe un
torus pylorique comme chez le Bœuf. La partie initiale du duodénum, fortement dilatée, a été par-
fois considérée à t o r t comme une dépendance de l'abomasum.
On notera enfin que les divers compartiments gastriques ont, dès la naissance, des proportions
très semblables à celles qu'ils auront chez l'adulte, ce qui souligne que le rôle de proventricule n'est
pas réellement comparable à celui q u ' o n lui connaît chez les Bovidés.
( 1 ) L'omasum est le plus variable des compartiments gastriques des Ruminants. Il manque dans certaines familles de ce groupe
(Tragulidés) ou reste très rudimentaire dans d'autres (Antilopidés). L'isthme du compartiment distal de l'estomac des Tylopodes
pourrait donc en être une variété, si la structure de sa muqueuse n'était glandulaire.
Planche 206 - APPAREIL DIGESTIF D'UN CHIEN
VUE VENTRALE, APRÈS ISOLEMENT ET ÉTALEMENT
- 385
CHAPITRE VI
INTESTIN
I. - INTESTIN GRÊLE
L'intestin grêle (Intestinum tenue) fait suite à l'estomac et s'étend du pylore à l'ostium
iléal. C'est un long tube cylindroïde, très flexueux et de calibre à peu près uniforme, dans
lequel s'effectuent les phases les plus importantes de la digestion.
ROLE
C'est dans le duodénum que se déversent les sécrétions exocrines du foie et du pan-
créas, alors que le jéjuno-iléum ne reçoit d'autre sécrétion que celle de sa propre muqueuse.
(1) On peut remarquer que ce caractère lui-même n'est pas absolu. Le gros intestin est pourvu chez le fœtus de villosités qui
disparaissent ensuite. Celles-ci persistent dans le caecum de quelques Glires. Par contre, l'intestin grêle se montre dépourvu de villo-
sités chez l'Ornithorynque, les Marsupiaux et quelques Chiroptères.
(2) Le duodénum est ainsi nommé parce que sa longueur était autrefois estimée à douze travers de doigts (en grec : ôûïôeKCX
SctKTuX-OV ) chez l'Homme. Le jéjunum (du latin : jéjunus, affamé ou vide) tire son nom du fait qu'il est en général vide sur
le cadavre. Quant à l'iléum (du grec : e t X e l v - tourner, entortiller), il mérite mal son nom dans la plupart des espèces.
386 -
Lobe carré
Côlon descendant
L'action conjuguée de ces divers sucs digestifs achève celle du suc gastrique et la
complète en agissant en outre sur des aliments (hydrates de carbone en particulier)
que celui-ci n'avait pas modifiés. Ainsi, le contenu intestinal est transformé en une masse
fluide, ou chyle, dont les constituants, très diffusibles, sont en grande partie absorbés
par la muqueuse très vascularisée. Cette absorption est particulièrement active dans le
jéjuno-iléum.
DIMENSIONS
Les dimensions de l'intestin grêle sont subordonnées au genre de vie et à l'alimenta-
tion de l'espèce. Bref chez les Carnivores, où son calibre est relativement fort, ce con-
duit est au contraire très long et souvent de faible diamètre chez les Herbivores. Rapportée
à celle du corps (mesurée du sommet du crâne à la base de la région coccygienne), sa
longueur représente très approximativement quatre fois cette dernière chez le Chat, six
fois chez le Chien, dix fois chez l'Homme, quinze chez le Cheval, vingt chez le Lapin,
vingt-cinq chez le Porc, trente chez le Boeuf, trente-cinq chez les petits Ruminants. Mais
cette longueur, de même que le calibre, peut varier beaucoup selon les individus et les
conditions dans lesquelles on examine le viscère, en particulier selon son état de relâ-
chement ou de contraction.
A. - DUODÉNUM
CONFORMATION EXTÉRIEURE (Pl. 10, 174, 206 à 210, 218, 231 à 233, 235,
245, 249, 254, 255, 257, 258, 261, 263, 265, 266, 268, 270, 271, 273)
Le duodénum présente en général un calibre un peu plus grand que celui du jéjuno-
iléum. Il possède une paroi relativement mince et molle.
Son trajet est déterminé par la rotation que subit l'intestin chez l'embryon et qui a
pour effet de porter à droite puis caudalement et enfin à gauche la partie crâniale de l'anse
que décrit d'abord le conduit, tandis que la partie caudale, dont dérive le gros intestin,
passe à gauche puis crânialement et à droite. Il en résulte que le duodénum se dirige
d'abord à droite puis caudalement pour contourner la racine du mésentère qui porte le
jéjuno-iléum et revenir enfin à gauche de celle-ci. Ainsi apparaissent trois courbures qui
le divisent en quatre parties, de longueur très variable selon les espèces. Les deux pre-
mières de ces courbures sont l'une crâniale et l'autre caudale. Celle-ci est toujours la
plus nette. Les deux parties qui la précèdent, séparées par la courbure crâniale, sont dites
crâniale pour la première et descendante pour la deuxième. Les deux qui lui succèdent
sont bien plus variables : l'une est transverse et la dernière ascendante.
La partie crâniale (Pars cranialis duodeni) est relativement courte. Du pylore, elle se
porte à droite, plus ou moins caudalement et dorsalement selon les espèces et se ter-
mine à la courbure crâniale (Flexura duodeni cranialis). Dans nombre d'espèces, elle pré-
sente à son début, juste après le pylore, une dilatation plus ou moins nette : l'ampoule
duodénale (Ampulla duodeni) ou bulbe duodénal. Nette chez le Cheval, volumineuse
388 -
Ampoule du duodénum
Lobe gauche du pancréas
Corps du pancréas
Artère mésentérique
Anneau du pancréas. crâniale
et veine porte
Partie descendante
du duodénum.
«4P
A.-et V. #
Début du Jéjunum
A. et V. rénales gauches
Courbure caudale
Partie ascendante
•y, -'ii '// du duodénum
Partie transverse
- A i i t i v Jfal,,;Éi Aorte abdominale
VUE VENTRALE
après ablation des autres parties de l'intestin
Ampoule du duodénum
e duodénale mineure
Plis de la muqueuse
Pylore
CONFORMATION INTERIEURE
Ampoule hépato-pancréatique
chez les Chameaux, cette ampoule est peu marquée ou absente dans les autres Mammi-
fères domestiques. Dans la plupart des Herbivores, la partie crâniale du duodénum est
plus longue en proportion que chez les Carnivores et décrit une inflexion sigmoïde (Ansa
sigmoidea) contre le lobe droit du foie, inflexion particulièrement nette chez les Rumi-
nants, à peine ébauchée chez les Equidés et le Porc. C'est sur cette partie que débou-
chent le conduit cholédoque, qui provient du foie et le ou les conduits pancréatiques.
Toutefois, les particularités du développement embryonnaire font que dans quelques espè-
ces, le pancréas n'a qu'un seul conduit, dont l'embouchure se trouve reportée dans la
partie descendante (Bœuf, Porc), voire au début de la partie ascendante (Lapin) du
duodénum.
La partie transverse (Pars transversa duodeni) se porte vers la gauche, mais sa lon-
gueur et sa forme varient beaucoup. Elle est surtout allongée chez l'Homme et les Equi-
dés, où elle est nettement transversale et croise la face ventrale de la veine cave caudale
et de l'aorte pour atteindre la région lombaire gauche. Elle est beaucoup plus courte chez
les Carnivores, où elle décrit une courbe qui se raccorde de façon insensible à la partie
ascendante. Elle est enfin si brève chez les Ruminants qu'elle est confondue avec la cour-
bure caudale et perd son individualité. Il résulte de ces variations que la troisième cour-
bure du duodénum est souvent difficile à identifier et n'a pas reçu de nom particulier dans
la nomenclature.
Quant à la partie ascendante (Pars ascendens duodeni), elle est développée en pro-
portion inverse de la précédente. Très longue chez les Ruminants et le Lapin, un peu moins
chez les Carnivores, elle est courte chez l'Homme et à peine ébauchée chez les Equidés.
Dans tous les cas, elle se place à gauche de la racine du mésentère, atteint la face ven-
trale du rein gauche ou son voisinage et, fixée à la région lombaire par un étroit méso,
se termine par la courbure duodéno-jéjunale (Flexura duodenojejunalis), généralement brus-
que, ouverte en direction ventro-caudale.
Il est parfois difficile de retrouver, parmi les plis, les reliefs qui portent les orifices
terminaux des conduits excréteurs du foie et du pancréas. Dans la plupart des Mammifè-
res, le conduit pancréatique débouche côte à côte avec le conduit cholédoque (Homme,
Cheval, Carnivores) ou en commun avec lui (Mouton, Chèvre) sur un relief particulier de la
muqueuse, la papille duodénale majeure (Papilla duodeni major) — anciennement "grande
caroncule". Dans certaines espèces (Homme, Cheval), cette papille se déprime en une
Vésicule biliaire Lobe gauche médial du foie
RAPPORTS (Pl. 150, 167, 186, 187, 199, 207 à 210, 218, 231 à 233, 235, 245,
248, 249, 255, 258, 261, 263, 265, 266, 268, 270, 271, 273)
La partie crâniale est placée contre la face viscérale du foie. Elle est longée dorso-
caudalement par le lobe droit du pancréas, qui lui adhère en général au voisinage de la
courbure crâniale. Dans le reste de son étendue, elle est en rapport avec des parties de
l'intestin variables avec les espèces. La partie descendante est (sauf chez l'Homme, où
elle est profonde, contre le rein droit) en rapport direct avec la paroi du flanc droit, plus
ou moins près de la région lombaire. Chez les Carnivores, elle est logée entre cette paroi
et l'épiploon, qui la sépare du caecum, du côlon ascendant et du jéjunum. Elle est portée
par la sangle omentale elle-même chez les Ruminants et logée chez les Equidés entre
la paroi du flanc et la base du caecum. Dans la plupart des espèces, le pancréas adhère
à sa partie initiale sur une certaine longueur et (sauf chez l'Homme, où il est plus caudal)
le caecum est placé médialement à elle, en situation d'ailleurs variable.
MOYENS DE FIXITÉ (Pl. 151, 154, 167, 185, 199, 208, 255, 270, 271)
La fixation du duodénum est essentiellement assurée par son méso propre ou méso-
duodénum. De façon accessoire intervient la continuité avec le pylore, avec les conduits
excréteurs du foie et du pancréas et avec le jéjunum. Enfin, les omentums concourent
à fixer le début de la partie crâniale et la courbure duodéno-jéjunale possède des atta-
ches particulières.
ampleur. Elle est à peu près nulle chez les Equidés et les Ruminants et encore plus chez
l'Homme, où le duodénum adhère directement à la paroi sur la plus grande partie de son
trajet. Quand il reste distinct, le mésoduodénum commence à droite du foramen épiploïque,
où il loge une partie du pancréas, et se prolonge sur la face dorsale du duodénum jusqu'à
la terminaison. Son insertion fixe se fait d'abord à la face viscérale du foie, puis sous
le rein droit ou médialement à lui sur la paroi lombaire (souvent sur la base du caecum
chez les Equidés). Elle croise ensuite cette paroi puis la veine cave caudale et l'aorte pour
remonter entre celle-ci et le rein gauche. En chemin, le mésoduodénum contracte avec
le mésentère et le mésocôlon transverse des adhérences variables avec les espèces. Rap-
pelons enfin que chez les Ruminants, le grand omentum s'attache sur le duodénum jusqu'à
la fin de sa partie descendante, lui donnant ainsi un moyen supplémentaire de fixité.
B. - JÉJUNO-ILÉUM
Cette partie de l'intestin grêle, appendue à un vaste mésentère, est beaucoup plus
longue et plus mobile que le duodénum. Elle commence à la courbure duodéno-jéjunale
et se termine à l'ostium iléal. La division classique en jéjunum et iléum reste arbitraire,
bien que la partie terminale, formée par l'iléum, présente des particularités morphologi-
ques et fonctionnelles assez nettes. Ces dernières n'apparaissent en effet que de façon
progressive et aucune limite précise ne peut être fixée entre les deux parties du conduit.
Le calibre varie selon l'espèce, le segment considéré et l'état fonctionnel. Il est plus
grand en proportion chez les Carnivores que chez les Herbivores et en général plus faible
quand le conduit est plus long : il est, au niveau du jéjunum non distendu, de l'ordre de
20 à 25 millimètres chez un Chien de taille moyenne, de 25 à 30 millimètres chez l'Homme,
de 35 à 45 millimètres chez le Cheval et de 25 à 30 millimètres chez le Bœuf, la longueur
du jéjuno-iléum étant en moyenne approximative de 3,5*mètres chez le Chien, 7 mètres
chez l'Homme, 22 mètres chez le Cheval, 40 mètres chez le Bœuf. Le calibre peut être
plus que doublé par la distension ou au contraire réduit de moitié par contraction. D'autre
part, il se réduit de façon très progressive dans la moitié distale du conduit, en même
temps que la paroi de ce dernier devient plus épaisse et plus ferme. Le Lapin constitue
toutefois une exception, car la terminaison de l'iléum est au contraire dilatée chez lui
en une ampoule iléale ou sacculus rotundus.
- 393
TOPOGRAPHIE ET RAPPORTS
(Pl. 1, 172, 185, 186, 199, 210, 244, 250, 260, 264 à 268, 271, 274)
Le jéjunum est le plus mobile des organes abdominaux. En conséquence, il occupe
la place laissée libre par les autres viscères : il a ainsi une topographie particulière à cha-
que espèce et les déplacements d'organes plus volumineux et plus lourds en détermi-
nent les variations occasionnelles. Quant à l'iléum, il est toujours solidaire du caecum,
dont dépend sa situation.
Chez les Carnivores, dont le gros intestin est peu développé, le jéjuno-iléum occupe
toute la partie ventrale et une grande partie des régions latérales de l'abdomen, le duo-
dénum et le côlon étant maintenus en situation dorsale. Il décrit là des circonvolutions
irrégulières, serrées les unes contre les autres et dont l'ensemble repose sur la paroi abdo-
minale par l'intermédiaire du grand omentum. Ce dernier délimite en effet, avec ses deux
parois adossées, une sorte de berceau qui loge l'intestin à l'exception de la partie
descendante du duodénum et du côlon descendant: c'est la loge supra-omentale
(voir tome IV : topographie des viscères abdominaux).
3 9 4 -
Grand omentum
(rabattu sur la base du thorax)
Corps de l'estomac
(sous la paroi profonde
du grand omentum)
Côlon transverse
Mésocôlon
Aorte abdominale
Mésocôlon descendant
Côlon descendant
Uretère gauche
Conduit déférent
Chez les Ruminants, le rumen refoule dans le flanc droit tout l'intestin, qui se trouve
enfermé dans un récessus supra-omental seulement ouvert à l'entrée du bassin. Le jéju-
num, appendu par un méso relativement étroit à la périphérie de l'anse spirale du côlon
ascendant, y occupe une situation ventrale et caudale. Seul un paquet de circonvolu-
tions est plus longuement flottant à l'entrée du bassin, avant que l'iléum revienne en
direction dorso-crâniale, ventralement au caecum et à la droite du côlon.
MOYENS DE FIXITÉ (Pl. 185, 210, 218, 219, 231 à 233, 254, 257, 270, 271)
Le jéjuno-iléum est appendu au mésentère, le plus vaste de tous les mésos. Il est
accessoirement maintenu par sa continuité avec le duodénum et avec le gros intestin.
L'iléum possède en outre un frein particulier, le pli iléo-caecal.
(1 ) Il est bien évident que cette distinction topographique, qui donne à l'iléum autant de longueur qu'au jéjunum, sans aucune
particularité de conformation, de structure ou de fonction dans la plus grande partie de son étendue, ne peut être retenue en Anato-
mie comparée. Par contre, beaucoup d'anatomistes vétérinaires tombent dans l'excès inverse en définissant l'iléum comme la partie
de l'intestin grêle fixée au caecum par le pli iléo-caecal. L'iléum ferait pratiquement défaut dans nombre d'espèces si on s'en tenait
à une telle conception sans tenir compte de ses particularités structurales, qui apparaissent bien avant ce niveau. La réalité est qu'il
n'y a pas de démarcation précise entre les deux parties du jéjuno-iléum.
396 -
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se situe à un niveau variable selon l'espèce. Il est fréquent de trouver (Homme, Porc)
deux régions de plus grande ampleur, l'une vers le tiers crânial et l'autre au niveau de
la région pré-iléale, avec une partie intermédiaire un peu plus étroite. La partie qui pré-
cède immédiatement l'iléum est spécialement ample chez les Ruminants. Chez ces der-
niers, la plus longue partie du côlon ascendant, disposée en spirale, est accolée à la face
gauche du mésentère, dans lequel elle semble ainsi incluse. Seule une bande relative-
ment étroite reste libre entre elle et le jéjunum. C'est cette bande qui s'élargit à sa partie
caudale, réservant une plus grande mobilité à la partie terminale du jéjunum près de l'entrée
du bassin. Un processus de même nature aboutit chez le Porc a une topographie diffé-
rente (voir particularités spécifiques).
On appelle racine du mésentère (Radix mesenteri) le bord qui prend attache à la région
lombaire, lequel est toujours relativement bref. Son insertion part généralement du voisi-
nage du rein gauche, croise le plan médian, où elle admet l'artère mésentérique crâniale,
puis tend à rejoindre la région iliaque droite. Le point qu'elle atteint dans cette direction
est très variable avec les espèces, voire avec les individus, en fonction de la disposition
des parties initiales du gros intestin. Epaisse mais de constitution relativement simple
chez l'Homme et les Carnivores, la racine du mésentère est très modifiée chez les Ongu-
lés, en raison du développement du caecum et du côlon ascendant. Ces variations seront
décrites à propos du gros intestin et leurs conséquences topographiques exposées à propos
de l'ensemble du péritoine (voir tome IV).
Le bord opposé, intestinal, du mésentère est toujours beaucoup plus long que la racine.
Il est festonné et onduleux pour suivre la longueur de l'organe et se prêter à la formation
des circonvolutions.
Le duodénum, le jéjunum et l'iléum présentent une structure très comparable. Ils dif-
fèrent pourtant par des particularités caractéristiques, mais celles-ci apparaissent ou dis-
paraissent de façon progressive, sans que les changements correspondent aux limites
topographiques conventionnelles des trois segments. Comme dans le reste du tube diges-
tif, il existe partout quatre tuniques : séreuse, musculeuse, sous-muqueuse et muqueuse,
dont l'ensemble est desservi par des vaisseaux et des nerfs.
MUSCULEUSE (Pl. 2 1 1 , 2 1 2 )
Cette tunique comporte deux plans de fibres musculaires lisses. La couche longitu-
dinale, superficielle, est toujours la plus mince ; elle revêt de façon uniforme tout le vis-
cère. La couche circulaire, profonde, est beaucoup plus épaisse.
398 -
Epithélium intestinal
es à bordure striée
cellules caliciformes
Capillaires sanguins
sceaux de myocytes
lymphatique central
glande intestinale
Propria mucosas
Cellules à grains
C
_ Vaisseau sanguin
du réseau sous-muqueux
Tunique séreuse
Sa face libre, interne, montre lorsqu'on l'examine sous l'eau, à la loupe ou même
à l'œil nu, une infinité de minuscules élevures qui sont les villosités, entre lesquelles débou-
chent d'innombrables orifices glandulaires microscopiques. On y voit aussi le relief de
nombreux petits grains opaques, plus ou moins durs sous le doigt : les nodules lympha-
tiques, lesquels s'assemblent en certains points pour donner naissance aux lymphono-
dules agrégés. Nous décrirons ces différentes formations après avoir étudié les caractères
généraux de la propria mucosae et de l'épithélium. Nous préciserons à l'occasion les par-
ticularités qui distinguent les divers segments de l'intestin grêle.
PROPRIA MUCOSAE
C'est un conjonctif très délicat, réticulé, chargé en lymphocytes et en granulocytes
éosinophiles migrant des capillaires sanguins ; les lymphocytes s'accumulent souvent
en nodules lymphatiques. Chez les Carnivores, une couche compacte (Stratum compac-
tum), formée d'un lacis dense de fibres collagènes se différencie au voisinage immédiat
de la muscularis mucosae.
Dans la partie profonde s'étend, à la limite de la sous-muqueuse, la muscularis muco-
sae, dont les fibres lisses s'orientent en un plan superficiel longitudinal et un plan pro-
fond circulaire. Partout continue, cette formation s'interrompt toutefois au niveau des
plus gros nodules lymphatiques, qui envahissent en partie la sous-muqueuse.
Tous les éléments de la propria, y compris les fibres lisses dépendant de la muscula-
ris mucosae, se prolongent dans les villosités, dont elles constituent le support axial.
ÉPITHÉLIUM
Ce mince revêtement s'étale sans aucune interruption aussi bien sur les villosités que
dans les glandes de la muqueuse. Epais d'environ 30 |Lim, il est constitué d'une seule
400 -
Quant aux cellules migratrices, ce sont des lymphocytes issus de la propria muco-
sae et qui se frayent incessamment un passage vers la lumière intestinale entre les cellu-
les épithéliales ou même à travers elles.
VILLOSITÉS
Les villosités (Villi intestinales) sont les organes de l'absorption dans l'intestin grêle.
Ce sont en quelque sorte des papilles délomorphes molles et contractiles, très nombreu-
ses, plus ou moins serrées contre leurs voisines. Leur développement est en général plus
grand dans les espèces à intestin bref. Elles sont hautes et fortes chez les Carnivores
et au contraire rudimentaires chez les Ruminants. Chez le Cheval, leur hauteur varie entre
250 et 400 nm et leur largeur de 80 à 100 (im. Elles ont une forme plus ou moins mas-
sive et leur section transversale est irrégulièrement circulaire ou polyédrique. Chacune
d'elles comporte un stroma dépendant de la propria mucosae, tapissé par l'épithélium
et pourvu d'éléments contractiles, d'un très riche réseau sanguin, de vaisseaux lympha-
tiques et de nerfs.
Le stroma de la villosité (Stroma villi) est réticulé, très délicat, d'aspect cloisonné
ou feuilleté ; il est particulièrement chargé en lymphocytes.
S .
Quant aux nerfs, ils sont représentés par des ultimes divisions du plexus muqueux
et accompagnés de cellules nerveuses isolées.
GLANDES
On trouve dans l'intestin deux sortes de glandes : les glandes intestinales, présen-
tes sur toute la longueur du conduit, et les glandes duodénales, qui ne se trouvent que
dans sa partie initiale.
Chacune d'elles comporte une très mince lame basale supportant un épithélium qui
ressemble à celui des villosités. Toutefois, les cellules à bordure striée sont beaucoup
moins hautes que sur les villosités et il existe une activité mitotique plus importante assu-
rant leur renouvellement. On trouve en outre un petit nombre de cellules d'un type spé-
cial : les cellules à grains (Exocrinocyti cum granuli acidophili) — anciennement "cellules
de Paneth" — dispersées tout au long des tubes. Ce sont des cellules cylindriques bour-
rées de grains de sécrétion très fins, acidophiles, qu'elles rejettent dans la lumière glan-
dulaire et qui sont le support des diastases digestives. Les glandes intestinales sécrètent
en effet de multiples enzymes (lipase, disaccharidase, nucléotidase).
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NODULES LYMPHATIQUES
Les nodules lymphatiques ou lymphonodules — anciennement "follicules clos" —
sont très nombreux dans l'intestin et s'y présentent sous deux aspects : isolés ou grou-
pés en "plaques de Peyer".
Les lymphonodules solitaires (Lymphonoduli solitarii) ont une répartition à peu près
uniforme, mais leur nombre et leurs dimensions sont très variables. Ils commencent leur
développement dans la partie la plus superficielle de la muqueuse et font habituellement
saillie à la surface de cette dernière. Les plus petits restent compris entre l'épithélium
et la muscularis mucosae. Lorsqu'ils augmentent de volume, ils repoussent puis traver-
sent cette dernière, envahissent la sous-muqueuse et se prolongent parfois jusqu'à la
musculeuse, sans cesser pour autant d'affleurer à la surface de la muqueuse. Glandes
et villosités disparaissent à ce niveau et sont alors repoussées vers la périphérie. Ces
nodules ont la même structure que ceux des tonsilles ou des nœuds lymphatiques. Ils
sont constitués d'un très fin réticulum conjonctif sur les travées duquel s'étalent des cel-
lules fixes et dont les mailles sont remplies de cellules lymphatiques jeunes ; ce sont en
effet des centres de prolifération des lymphocytes. Les épithéliocytes qui se trouvent
à leur contact interviennent activement dans le transfert d'antigènes et d'anticorps entre
le contenu intestinal et leurs lymphocytes.
VAISSEAUX ET NERFS
La distribution des vaisseaux et des nerfs dans l'intimité de la paroi est à peu près
uniforme d'un bout à l'autre de l'intestin grêle. Seules varient les connexions à l'exté-
rieur du viscère.
A. colique droite
A. iiéo-colique
Artères jéjunales
Artère mésentérique craniale
Partie ascendante du duodénum
pancréatico-duodénale
craniale
Partie descendante
du duodénum
Pancréas (coupé)
Rameau colique
de l'a. iléo-colique
A. pancréatico-
duodénale caudale
Côlon ascendant
A. caecale
Rameau iléal
mésentérique
Caecum
lléum
Rameau iléal
antimésentérique
transverse
du duodénum
Côlon
descendant
A. colique gauche
A. mésentérique
caudale
se raccorde de façon similaire au rameau iléal de l'artère iléo-colique, qui provient égale-
ment de la mésentérique crâniale. En règle générale, les arcades artérielles ne sont pas
adjacentes au jéjuno-iléum, mais situées à quelque distance de lui dans le mésentère ;
cette distance est particulièrement grande chez le Porc.
De la convexité des arcades part une multitude de rameaux de petit calibre, parfois
anastomosés entre eux de façon secondaire : ce sont les artères droites (Arteriae rec-
tae), qui se portent sur le bord mésentérique de l'intestin et donnent là des divisions qui
se répartissent sur les deux faces, jusqu'au bord libre. Ces divisions cheminent d'abord
sous la séreuse, où elles échangent des anastomoses dessinant un réseau sous-séreux
à larges mailles. Elles traversent ensuite la musculeuse, à laquelle elles abandonnent au
passage des rameaux qui alimentent un réseau musculaire. Elles atteignent enfin la sous-
muqueuse et se terminent là en un important réseau sous-muqueux. Ce dernier fournit
quelques ramuscules qui remontent dans la musculeuse et l'unissent au réseau muscu-
laire. Mais ses efférents les plus nombreux sont destinés à la muqueuse. Ils traversent
la muscularis mucosae, à laquelle ils abandonnent de très fines divisions, et s'élèvent
dans la propria mucosae jusqu'au contact de l'épithélium, en formant un réseau muqueux,
lui-même décomposable en plusieurs parties. On trouve ainsi un réseau capillaire tubu-
laire autour de chaque glande intestinale, un réseau sphérique autour de chaque nodule
lymphatique et surtout les artérioles afférentes des villosités, dont la distribution a été
décrite.
«
VEINES
Les voies de retour du sang commencent par un réseau muqueux qui reçoit les vei-
nules efférentes des villosités et celles des glandes et des nodules lymphatiques. Cet
ensemble est drainé par un important réseau sous-muqueux, analogue à celui des artè-
res. Les branches efférentes de cet étage traversent la musculeuse en collectant au pas-
sage les veines de cette dernière et aboutissent enfin à un réseau sous-séreux. Les veines
qui drainent celui-ci cheminent parallèlement aux artères pour gagner le mésentère. Dans
ce dernier, elles suivent d'abord les artères et constituent comme elles des arcades, d'où
procèdent les veines jéjunales, affluents de la veine mésentérique crâniale, elle-même
racine de la veine porte, et d'autre part les veines pancréatico-duodénales.
aux vaisseaux sanguins mais à trajet le plus souvent indépendant. Peu visibles en dehors
de la digestion, ils deviennent blanchâtres et bien apparents dans les périodes d'absorp-
tion intestinale active. Ils sont particulièrement évidents dans le mésentère, plus diffici-
les à discerner dans le mésoduodénum.
Ceux du duodénum sont drainés par les nœuds lymphatiques duodénaux, hépati-
ques, cœliaques et mésentériques crâniaux. Les vaisseaux lymphatiques du jéjunum, aux-
quels correspond surtout la description précédente, sont drainés par le très important
groupe des nœuds lymphatiques jéjunaux, iesquels constituent en général un amas volu-
mineux, situé (sauf chez les Ruminants) près de la racine du mésentère, entre les lames
de ce dernier, où ils accompagnent l'origine des artères jéjunales. Les n.l. mésentériques
crâniaux, voisins de la naissance de l'artère mésentérique crâniale, participent aussi à
ce drainage. Les lymphatiques de l'iléum aboutissent aux nœuds lymphatiques jéjunaux,
aux nœuds lymphatiques iléo-coliques quand ils existent, ou à ceux du caecum.
^ NERFS
L'innervation de l'intestin grêle provient à la fois des nerfs vagues, dont les fibres
(parasympathiques) traversent les ganglions cœliaques et mésentériques crâniaux sans y
prendre relais et du sympathique, dont ces mêmes ganglions constituent le relais préver-
tébral. L'ensemble des deux sortes de fibres quitte le plexus cœliaque pour s'engager dans
le mésentère en accompagnant les divisions de l'artère mésentérique crâniale à destina-
tion du jéjuno-iléum. D'autres rejoignent l'artère hépatique et sa branche pancréatico-
duodénale crâniale pour aller à la partie initiale du duodénum. Certains nerfs accompagnent
les artères, alors que d'autres se placent dans leurs intervalles. Tous atteignent le bord
mésentérique de l'organe, se répandent sur les faces puis pénètrent dans la paroi pour aboutir
à deux plexus fondamentaux, l'un dans la musculeuse et l'autre dans la sous-muqueuse.
Le gros intestin (Intestinum crassum) est la partie du tube digestif qui fait suite à
l'intestin grêle et se termine à l'anus, orifice par lequel il s'ouvre à L'extérieur, il est divisi-
ble en trois segments successifs : le caecum, le côlon et le rectum, auxquels il faut ajou-
ter le bref canal anal, qui possède une morphologie bien distincte. Ce dernier mis à part
et en dépit de très grandes différences de conformation, ces diverses parties présentent
de nombreux caractères communs.
Côlon descendant Anse proximale du côlon, ascendant
Rectum
o
Duodénum:
Partie ascendante ^
Partie descendante V
Partie crâniale
lléum
Pli iléo-cascal
Partie flottante
du jéjunum
transverse
distale du
côlon ascendant
Jéjunum
Tours
Tours centrifuges .
A. - CARACTÈRES GÉNÉRAUX
Pourvu d'une structure à peu près uniforme, le gros intestin conserve, à travers tou-
tes les variations de ses multiples segments, une remarquable unité anatomique et fonc-
tionnelle.
ROLE
C'est dans le gros intestin que s'achève la digestion. Malgré l'absence de villosités,
l'absorption y est fort active. La sécrétion de la muqueuse dilue à cet effet le contenu
du conduit pour en permettre, par une sorte de lavage, l'extraction des derniers princi-
pes digestifs. Dans la partie terminale s'accumulent enfin les résidus qui sont périodi-
quement rejetés à l'extérieur lors des défécations.
A ces fonctions en apparence simples s'ajoutent des phénomènes de digestion vraie,
dont l'importance varie beaucoup avec le régime alimentaire. A peu près nul chez les
Carnivores, ce rôle devient beaucoup plus important chez les Herbivores, surtout non
ruminants. Chez le Porc, les Equidés, le Lapin, les parties initiales du gros intestin pré-
sentent à cet effet un grand volume et une complication extrême, qui leur permettent
de fonctionner à la façon du proventricule des Ruminants. Ainsi se constituent de vastes
réservoirs dans lesquels pullulent des micro-organismes capables de dégrader la cellu-
lose et de produire en outre protéines et vitamines. Les produits de dégradation peuvent
eux-mêmes être modifiés par les sécrétions de la muqueuse, laquelle possède une éten-
due considérable et assure ainsi l'utilisation optimale des aliments.
DÉVELOPPEMENT
Il est évident que ces fonctions particulières doivent avoir pour siège le caecum et
le début du côlon, les parties plus distales ayant seulement pour rôle de parachever
l'absorption. Il en résulte que la morphologie du gros intestin, assez uniforme pour ces
dernières, est au contraire très variable dans les premières, qui portent au maximum
l'empreinte du régime alimentaire.
Ces différences résultent d'une évolution plus ou moins poussée lors du développe-
ment embryonnaire. Le gros intestin dérive en effet de la branche cauâale de l'anse intes-
tinale primitive de l'embryon. Cette anse subit une rotation qui porte sa partie caudale
vers la gauche, puis crânialement et enfin à droite, en contournant ainsi la racine du mésen-
tère. La morphologie se complète par l'apparition, à la limite de l'intestin grêle et du gros
intestin, d'un diverticule situé sur le bord antimésentérique du conduit : c'est le caecum,
parfois à peine ébauché (Carnivores), promis dans d'autres espèces à une vaste expan-
sion (Equidés, Lapin). Chez les Carnivores, l'extrémité proximale du gros intestin, peu
volumineuse, atteint à peine le flanc droit. Elle s'y développe mieux chez l'Homme et
l'envahit complètement chez la plupart des Herbivores. C'est la conséquence de l'allon-
gement et de la dilatation du caecum et de la partie initiale du côlon, qui prennent une
conformation particulière à chaque espèce.
DIMENSIONS ET CAPACITÉ
Plus encore que l'intestin grêle, le gros intestin est donc marqué par la nature de
l'alimentation et le genre de vie. Il est bref et de conformation très simple chez les Carni-
vores ; il est au contraire fort long et compliqué chez les Herbivores. Sa longueur moyenne
est ainsi de 0,35 m chez le Chat, 0,70 m chez le Chien, 1,60 m chez l'Homme, 5 m
chez le Porc, 8 m chez le Cheval, 11 m chez le Bœuf, 7 m chez la Chèvre, 2,30 m chez
le Lapin.
4 1 2 -
COLON ASCENDANT
Mésocôlon ascendant
Courbure sternale
(ou diaphragmatique ventrale)
Apex
du cascum
C/ECUM
Pli caeco-colique
Corps du ceecum
Zone d'adhérence
unissant les côlons
ventral et dorsal droits Mésocôlon
descendant
COLON ASCENDANT
ou gros côlon
Début du côlon
descendant
COLON TRANSVERSE
Base du cœcum
Début du Jéjunum
Mésentère
Bien qu'il soit plus court chez les Equidés que chez les Ruminants, le gros intestin
est incomparablement plus volumineux chez les premiers, où son calibre est beaucoup
plus fort et où il occupe à peu près les trois quarts de la cavité abdominale. Sa capacité
est en moyenne de 140 litres chez le Cheval, de 70 chez l'Ane et de 10 à 12 chez le
Porc, alors qu'elle n'atteint que 40 litres chez le Bœuf et 4 ou 5 chez le Mouton et la
Chèvre. Ces différences sont dues au fait que la dégradation de la cellulose s'effectue
essentiellement dans le proventricule chez les Ruminants, mais surtout dans le caecum
et le gros côlon chez les Equidés et à un moindre degré chez le Porc. Le volume du gros
intestin est plus grand encore en proportion chez le Lapin. Chez tous ces Herbivores non
ruminants, l'étendue^e la muqueuse caecale et colique est considérablement augmen-
tée par l'apparition de bosselures et de plis : la surface de la muqueuse atteint ainsi plus
de 7 mètres carrés chez le Cheval, alors qu'elle n'excède guère 2,5 mètres carrés chez
le Bœuf, dont les parois caecale et colique restent lisses111.
CONFORMATION (Pl. 207, 218, 219, 222 à 226, 228, 230 à 234, 244, 246,
248, 251, 254, 256, 257, 260 à 263, 269 à 271, 274)
Les processus du développement aboutissent à donner au gros intestin une disposi-
tion caractéristique, surtout évidente dans les espèces où celui-ci est peu compliqué. Le
caecum étant dans le flanc droit, le côlon constitue une sorte de cadre formé d'une courte
partie ascendante jusque sous l'hypocondre droit, près du foie, d'une partie transverse
qui passe caudalement à l'estomac et crânialement à la racine du mésentère, enfin d'une
partie descendante qui parcourt le flanc gauche jusque près de l'entrée du bassin, dans
lequel est logé le rectum. Lorsque le conduit s'allonge et se complique, ces dernières
parties se modifient peu, mais le côlon ascendant et éventuellement le caecum, qui prennent
la plus grande part à ce phénomène, présentent alors des courbures multiples et caracté-
ristiques, dont la disposition varie beaucoup d'une espèce à l'autre. Nous reviendrons plus
loin sur ces modifications, dont le détail sera décrit à propos des particularités spécifiques.
Il est évident que cet agencement des parois du gros intestin, bridées par les bandes
longitudinales, a pour rôle de donner le maximum de surface à la muqueuse qui tapisse
(1) Quelques Ruminants sauvages possèdent toutefois un caecum volumineux et bosselé, mais leur proventricule est un peu
moins développé que chez les Ruminants domestiques.
414 -
la cavité sans augmenter exagérément le volume des réservoirs digestifs. On peut, par
destruction de ces bandes, obtenir la disparition des bosselures et des sillons et un allon-
gement considérable de l'organe. L'étude du fonctionnement montre toutefois que le rôle
des bandes n'est pas seulement passif. En se contractant, elles peuvent raccourcir le
viscère qui les porte et contribuer au brassage du contenu. Elles affermissent en outre
les fibres circulaires, leur fournissant un point d'attache solide qui leur permet une con-
traction plus efficace.
SÉREUSE
Très mince, la séreuse représente le feuillet viscéral du péritoine. Elle est en général
très adhérente, le conjonctif sous-séreux étant peu abondant et continu avec le tissu inter-
fasciculaire de la musculeuse. Elle pénètre jusqu'au fond des sillons qui séparent les bos-
selures. Elle manque par contre en regard des zones d'adhérence qui unissent, de façon
variable avec les espèces, certaines parties du conduit à la paroi abdominale ou aux vis-
cères voisins. Sur le pourtour de ces zones, le péritoine se réfléchit directement de la
paroi à la surface viscérale ou d'un organe à l'autre. Mais il faut retenir que ces accole-
ments se produisent de façon secondaire au cours du développement. La séreuse tapisse
d'abord toute la surface du viscère et de la paroi abdominale, le tube intestinal étant seu-
lement porté par un mésentère simple. Lorsque les adhérences s'établissent, le péritoine
se résorbe à leur niveau mais les vestiges peuvent en être retrouvés chez l'adulte. La
dissection attentive montre qu'il existe là un feuillet conjonctif densifié, sorte de lame
fibreuse adventice, qui résulte de l'involution péritonéale.
On notera enfin que la séreuse ne se poursuit pas jusqu'à la terminaison du gros intes-
tin. Le rectum n'est en effet tapissé que de façon incomplète par le péritoine. Celui-ci
se réfléchit dans le bassin en formant un cul-de-sac annulaire périrectal, caudalement
auquel le rectum, comme les autres organes pelviens, est seulement entouré par un con-
jonctif densifié qui lui constitue une véritable adventice.
MUSCULEUSE
Elle comporte les deux plans de fibres habituels. La couche circulaire, interne, forme
un plan continu, relativement mince et régulier. La couche longitudinale, externe, pré-
sente au contraire de grandes variations spécifiques et locales. Quand il n'y a pas de
bosselures, elle est continue, assez régulière et partout plus mince que la précédente.
Quant il existe des bosselures et des bandes longitudinales, elle est au contraire très irré-
gulière. Elle est forte et épaissie de façon brusque au niveau des bandes charnues. Mais
elle existe encore presque partout ailleurs, bien que très amincie, et elle n'est interrom-
pue qu'en de rares endroits. En certains points, elle est même suffisamment développée
pour masquer la couche circulaire. On notera en outre que la structure des bandes char-
nues n'est pas uniforme. On y trouve de très nombreuses fibres élastiques lorsqu'elles
soutiennent des organes volumineux, comme le caecum ou le gros côlon du Cheval. Ces
fibres élastiques deviennent moins nombreuses dans les régions plus distales et dispa-
raissent même le plus souvent dans le côlon descendant. Au niveau du rectum, les deux
couches sont complètes et particulièrement épaisses ; leur orientation devient en outre
plus ou moins spiroi'de.
Les particularités de la jonction iléo-caecale et celles du canal anal seront décrites
plus loin.
416 -
SOUS-MUQUEUSE.
Cette tunique présente les mêmes caractères que dans l'intestin grêle. Elle est tou-
tefois un peu plus épaisse, surtout dans le caecum, et s'épaissit encore plus dans le rec-
tum. Sa partie voisine de la muqueuse est le plus souvent infiltrée de lymphocytes et
contient en outre des nodules lymphatiques, surtout nombreux dans le caecum et dans
le rectum.
MUQUEUSE
La muqueuse du gros intestin est plus épaisse, plus résistante et plus pâle que celle
de l'intestin grêle. Sa coloration est grisâtre ou gris rougeâtre. Elle est totalement dépour-
vue de villosités.
La propria mucosae repose sur une muscularis mucosae épaisse, dont les deux plans
de fibres sont habituellement bien distincts et qui délègue de petits faisceaux entre les
glandes. Elle est en général riche en lymphocytes. Les lymphonodules sont le plus sou-
vent volumineux et envahissent plus largement la sous-muqueuse que dans l'intestin grêle.
Ils sont en général nombreux vers l'apex du caecum et tendent à s'y agminer, formant
même dans certaines espèces (Homme, Lapin, Chat) une véritable tonsille caecale. Il existe
aussi des nodules agminés à la jonction du caecum et du côlon des Ruminants et du Porc.
A ces exceptions près et malgré l'abondance des nodules solitaires, on ne trouve nulle
part ailleurs de lymphonodules agrégés.
L'épithélium ressemble beaucoup à celui de l'intestin grêle. Il fournit des glandes intes-
tinales (anciennement "glandes de Lieberkuhn") qui s'étendent en droite ligne de la sur-
face jusqu'au voisinage de la muscularis mucosae. Très nombreuses, souvent serrées
les unes contre les autres, ces glandes présentent des caractères particuliers. Elles sont
deux à trois fois plus longues que dans l'intestin grêle et, sauf dans le caecum, dépour-
vues de cellules à grains mais riches en exocrinocytes caliciformes. Ces derniers, encore
modérément représentés dans le caecum, deviennent plus nombreux dans le côlon et
surtout abondants dans le rectum. On observe toujours dans le fond des glandes des
cinèses destinées à renouveler l'épithélium.
La muqueuse anale fait suite à la muqueuse rectale sans aucune transition. La ligne
ano-rectale, extrêmement nette, montre un brusque changement de structure. A la
muqueuse intestinale décrite ci-dessus et d'origine endodermique fait suite celle de l'anus,
d'origine ectodermique et caractérisée par son épithélium stratifié, dans lequel sont noyées
de nombreuses papilles de la propria mucosae. La structure de l'anus sera décrite plus loin.
Comme dans l'intestin grêle, les artères forment un réseau sous-séreux, alimentant
au passage un réseau musculaire et aboutissent à un riche réseau sous-muqueux. De
ce dernier partent des branches qui traversent la muscularis mucosae et vont former sous
le fond des glandes un réseau muqueux d'où s'élèvent enfin les capillaires périglandulai-
res jusque sous la surface.
4 1 8 -
Les veines présentent une topographie comparable et sont collectées par des vais-
seaux satellites des artères. Seules, les veines rectales caudales sont drainées par les
racines de la veine cave caudale, toutes les autres allant à la veine porte par l'intermé-
diaire des veines mésentériques, caudale et crâniale, qui en sont les racines.
B. - CAECUM
Partie initiale du gros intestin, le caecum constitue un cul-de-sac (d'où son nom) plus
ou moins volumineux, porté par l'intestin à la limite de l'iléum et du côlon.
CONFORMATION EXTÉRIEURE (Pl. 210, 218, 219, 222 à 226, 228, 230 à 233,
246, 248, 254, 256, 257, 260 à 263, 269 à 271, 274)
Dans toutes les espèces à gros intestin court et peu compliqué (type Carnivore) le
caecum reste réduit. Il est même totalement absent chez certains Marsupiaux carnivo-
res et les Insectivores, chez les Chiroptères, la plupart des Edentés et des Cétacés, chez
de nombreux Carnivores (Ursidés, Mustélidés, Procyonidés) et même de rares Rongeurs
(Loir) et Ongulés (Hippopotame, lequel possède par contre un estomac très vaste et plu-
riloculaire). Dans la plupart de ces espèces, le gros intestin reste d'ailleurs lisse, d'un
calibre à peine supérieur à celui de l'intestin grêle et la démarcation entre les deux par-
ties du conduit digestif est souvent difficile à déterminer.
Chez les Carnivores domestiques, le caecum est petit et lisse, simplement recourbé
en crochet chez le Chat, spiroïde chez le Chien ; il paraît n'être qu'un simple diverticule
du côlon, lequel continue presque directement l'iléum.
Chez les herbivores et les omnivores, le caecum devient tffes distinct et souvent par-
ticulièrement ample, alors pourvu de bandes charnues (Taeniae caeci) et de bosselures
(Haustra caeci). Il présente son développement maximal chez les Equidés, le Lapin, nombre
de Rongeurs, ainsi que chez certains Primates et quelques Marsupiaux herbivores. Il est
encore lisse, cylindroïde, chez tous les Ruminants domestiques, mais déjà d'un calibre
nettement plus fort que celui de toutes les autres parties de l'intestin. Il se continue chez
eux par le côlon sans autre démarcation que l'insertion de l'iléum, tandis que l'extrémité
opposée est large et arrondie. Il est plus gros en proportion chez le Porc et encore arrondi
à son extrémité fermée, mais il possède des bosselures et trois bandes charnues et
s'incurve en épousant un peu la disposition spiralée du côlon ascendant.
Le caecum s'accroît beaucoup chez les Equidés en s'annexant au cours du dévelop-
pement la partie initiale du côlon, qui se dilate et perd toute démarcation avec lui, tout
en s'isolant du côlon proprement dit par un fort rétrécissement pourvu d'un sphincter.
Cette partie incurvée et dilatée forme la base (anciennement "crosse", " a r c " ou " t ê t e " )
du caecum (Basis caeci), dans la concavité de laquelle s'insèrent la terminaison de l'iléum
et le début du gros côlon. L'extrémité opposée ou apex (Apex caeci) est pointue et reste
libre. La partie intermédiaire constitue, comme dans toutes les espèces, le corps du cae-
cum (Corpus caeci). Bosselures et bandes charnues sont très marquées, ces dernières
au nombre de quatre. , ., , t .
^ (suite du t e x t e p. 4 2 5 )
420 -
proximale
du côlon ascendant
Corps du caecum
lléum
CONFORMATION EXTERIEURE
Anca proximale
du côlon ascendant
Plis de la muqueuse
Apex
du caecum
Papille iléale
iléal
Plaque de lymphonodules agrégés
lléum
Pli iléo-cascal
CONFORMATION INTERIEURE
Caecum;
I Haustrations
! Bandes charnues
lléum
CONFORMATION EXTERIEURE
Ostium iléal
Plaqye îléo-colique
de lymphonodules agrégés
lléum
Pli iléo-colique
Anse spirale du côlon ascendant
Ampoule de l'iléum
Corps du cascum
(Sacculus rotundus)
CONFORMATION EXTERIEURE
Anse spirale
Valve iléale du côlon ascendant
lléum
Ampoule du
Ostium iléal
Ampoule de l'iléum
(Sacculus rotundus)
CONFORMATION INTERIEURE
Mésocôlon ascendant
Son
extrémité libre
Son extrémité libre
ileo-caeca
Méso-ileum
C/ECUM DE CHIEN
C ô l o n ascendant
C ô l o n ascendant
Mésocôlon ascendant
um casco-colique
Cascum
lléum
C/ECUM DE CHAT
Le développement est plus grand encore chez le Lapin, dont le caecum, qui s'est
également annexé la partie initiale du côlon, est très long, enroulé en un tour et demi
de spire avec l'iléum et le côlon ascendant. Les quatre cinquièmes proximaux de l'organe
ont un gros calibre et possèdent de fortes bosselures, alors que le cinquième distal, qui
aboutit à l'extrémité fermée, est quatre fois plus étroit, non bosselé mais pourvu d'une
paroi envahie par des nodules lymphatiques agminés qui en font une véritable tonsille
caecale. Cette partie rétrécie constitue l'appendice vermiforme (Appendix vermiformis
caeci), tout à fait comparable à celui qu'on trouve chez l'Homme. Chez ce dernier, en
effet, le caecum, bien que bref et assez peu volumineux, comporte deux segments dis-
semblables : l'un, proximal, a le même calibre que le côlon ascendant et se montre bos-
selé comme lui ; l'autre, distal et qu'un développement asymétrique rend médial au
précédent, est étroit et sa muqueuse entièrement occupée par une tonsille caecale : c'est
l'appendice vermiforme.
Plusieurs orifices sont en outre visibles dans le caecum. Le plus remarquable est
l'ostium iléal (Ostium ileale) par lequel se termine l'iléum. Toutefois, lorsque le caecum
est réduit, comme c'est le cas chez les Carnivores, à l'état d'un simple diverticule du
côlon, c'est dans ce dernier que débouche l'iléum. C'est pourquoi le terme "orifice iléo-
caecal", employé en Anatomie humaine, ne peut être conservé en Anatomie comparée.
Dans la plupart des espèces, l'ostium iléal est porté au sommet d'une éminence qui sem-
ble résulter d'une invagination de l'iléum dans le caecum : la papille iléale (Papilla ilealis)
anciennement "valvule iléo-caecale" 111 ou "valvule de Bauhin". Quand il est bien déve-
loppé, comme chez le Cheval, le Porc, les Ruminants ou l'Homme, ce relief est effective-
ment constitué par l'adossement de la musculeuse de l'iléum S celle du caecum, qu'elle
refoule en quelque sorte en se renforçant plus ou moins selon les espèces pour former
un sphincter iléal (M. sphincter ileale). La séreuse ne participe pas à cette invagination.
La muqueuse, en se réfléchissant de l'iléum au caecum au niveau de l'ostium, forme à
celui-ci une bordure à peu près circulaire dans certaines espèces (Equidés, Bœuf) ou plus
ou moins divisée en deux lèvres dans d'autres (Homme, Porc). Dans ce dernier cas, elle
délègue en général un frein (Frenulum papillae ilealis) qui se porte de la commissure de
ces lèvres sur la paroi caecale. Dans d'autres espèces, l'ostium iléal n'est pas porté par
une papille : chez le Lapin, il est au centre d'une sorte de diaphragme plan occupé par
le sphincter.
(1) De même que l'ostium, la papille iléale est colique et non caecale dans certaines espèces, telles que le Chien. De plus, la
jonction de l'intestin grêle et du gros intestin possède un fonctionnement particulier, qui n'est pas seulement passif, mais dans lequel
intervient la musculature complexe de la papille, qui n'agit donc pas comme une simple valve. Pour toutes ces raisons, les expres-
sions "valvule iléo-caecale" ou "valve iléo-caecale" ne peuvent convenir à l'Anatomie comparée.
T
N3
cascum Duodénum [Partie descendante) CD
mesocolon
Courbure
Côlon dorsal
gauche (III)
Mésocôlon ascendant
Mésocôlon ascendant
caecal (M. sphincter caeci) plus distinct. Il est par contre vaste et peu discernable chez
les Ruminants, le Porc et l'Homme, où aucun rétrécissement n'existe entre le caecum
et le côlon.
Enfin, dans les espèces pourvues d'un appendice vermiforme, la cavité très étroite
de celui-ci communique avec celle de la partie large du caecum par un ostium défini (Ostium
appendicis vermiformis caeci).
RAPPORTS (Pl. 207, 228, 235, 236, 244, 248, 249, 253, 259, 260, 266, 271, 274)
Les rapports varient en fonction du volume et de la forme du caecum autant que
du côlon ascendant ; ils seront à ce titre mieux décrits avec les particularités spécifiques.
On retiendra pour l'instant que les deux organes sont placés superficiellement dans le
flanc droit chez tous les Mammifères. Le Porc présente toutefois l'une des très rares excep-
tions : la rotation du côlon entraîne chez lui une grande partie du caecum dans le flanc
gauche. Ce cas mis à part, la partie du caecum continue avec l'iléum et le côlon est tou-
jours située vers le milieu du flanc droit. L'extrémité opposée est au contraire disposée
de façon bien différente d'une espèce à l'autre : elle est ainsi placée à l'entrée du bassin
chez les Ruminants, mais dans la région épigastrique, non loin du sternum, chez les
Equidés.
MOYENS DE FIXITÉ (Pl. 210, 222 à 224, 226, 228, 246, 256, 269)
Le caecum est fixé par sa continuité avec l'iléum et avec le côlon ainsi que, de façon
indirecte, par les mésos de ces organes. Il est en outre uni à l'iléum par le pli iléo-caecal,
déjà décrit, en général triangulaire et bref. Dans le reste de son étendue, il est en principe
libre, l'apex étant flottant. Toutefois, le méso du côlon ascendant s'étend parfois plus
ou moins sur la partie adjacente du caecum, ébauchant un mésocaecum. Plus souvent,
c'est un simple repli péritonéal tendu entre les deux organes qui en tient lieu : le pli caeco-
colique (Plica caecocolica) très bref chez le Chien, long et étroit chez le Lapin, beaucoup
plus fort chez les Equidés. Chez ces derniers, le caecum, très volumineux, acquiert une
fixation supplémentaire par l'accolement qui s'établit au cours du développement entre
sa base et la région lombaire droite, où une large zone d'adhérence l'unit finalement au
rein droit, au pancréas et au côlon transverse.
\
C. - CÔLON
Le côlon constitue la majeure partie du gros intestin. Il fait suite à l'iléum et au cae-
cum quand celui-ci existe, la papille iléale faisant alors la démarcation. Il se continue par
le rectum.
CONFORMATION EXTÉRIEURE (Pl. 207, 218, 219, 228 à 234, 244, 248, 251,
254, 257, 260 à 263, 270, 271, 274)
Ce tube présente des dimensions et une conformation en rapport avec le régime ali-
mentaire. Nous avons déjà vu que ses nombreuses variétés peuvent être ramenées à un
type commun, déterminé par un même mode initial de développement. Ce type moyen
est rencontré chez l'Homme et la nomenclature des différentes parties du côlon de cette
espèce sert de base en Anatomie comparée. Nous savons déjà qu'on y reconnaît trois
parties fondamentales : le côlon ascendant (Colon ascendens), qui fait suite au caecum
et passe dans le flanc droit pour se porter jusque près du foie, sous l'hypocondre droit ;
le côlon transverse (Colon transversum) qui se porte de droite à gauche caudalement
à l'estomac, entre celui-ci et la racine du mésentère (qui contient l'artère mésentérique
crâniale) ; enfin le côlon descendant (Colon descendens) qui se dirige caudalement dans
4 2 8 -
le flanc gauche, du voisinage de la rate à l'entrée du bassin. Ces trois parties sont sépa-
rées par deux courbures, l'une droite (Flexura coli dextra) et l'autre gauche (Flexura coli
sinistra). En outre, la partie terminale du côlon, qui précède le rectum, décrit chez l'Homme
une inflexion caractéristique : un peu plus mobile que les parties adjacentes, celle-ci cons-
titue le côlon sigmoïde (Colon sigmoideum) qui est rarement bien distinct du côlon des-
cendant dans les autres espèces.
Dans les Mammifères carnivores, dont le gros intestin est court et relativement étroit,
le côlon ascendant est très bref, voire absent, et le côlon transverse peu distinct. Chez
les Chiroptères et les Insectivores, ces parties manquent pratiquement et l'intestin se
continue presque en droite ligne jusqu'au rectum. C'est à peine si le côlon ascendant
et le côlon transverse sont ébauchés chez les Cétacés, ainsi que dans beaucoup de Car-
nivores. Chez le Chien et le Chat, ces deux segments sont reconnaissables mais courts
et mal délimités, les courbures du côlon étant à peine marquées. Dans tous ces animaux,
le côlon est lisse, dépourvu de bosselures.
Chez les Herbivores au contraire, le côlon s'allonge beaucoup et c'est surtout sur
le côlon ascendant que porte l'augmentation de longueur et de volume ; le côlon trans-
verse reste en général bref et le côlon descendant relativement simple. Si le conduit, très
long et encore relativement étroit, reste lisse chez les Ruminants, il est au contraire dilaté,
au moins dans sa partie ascendante, dans les autres Herbivores et pourvu de bosselures
(Haustra coli) soutenues par des bandes charnues (Taeniae coli). Au voisinage de ces
dernières, le péritoine est parfois soulevé par de petites élevures conjonctivo-graisseuses :
les appendices épiploïques (Appendices epiploicae).
CÔLON ASCENDANT
Cette partie du côlon mérite à peine mention chez les Carnivores. Elle présente au
contraire des dispositions très remarquables chez les Ongulés et le Lapin. Dans tous ces
animaux, elle est très longue : 4 m environ chez le Cheval, 5 à 10 m chez le Bœuf, 12
à 1 5 m chez les Chameaux, 2 à 6 m chez le Mouton et la Chèvre, 2 à 4 m chez le Porc,
30 à 35 cm chez le Lapin. Il en résulte qu'elle est obligée de se ployer et de se contourner
pour trouver place dans l'abdomen. On peut schématiser sa disposition en disant qu'elle
constitue une anse en épingle à cheveux dont les deux branches restent en général paral-
lèles sinon accolées, anse qui se replie ou s'enroule à son tour de flacon caractéristique
pour chaque famille zoologique.
Chez les Equidés, cette anse est si volumineuse qu'elle occupe à elle seule plus de
la moitié de l'abdomen. On la décrit sous le nom de gros côlon (Colon crassum) ou "côlon
replié". Ses extrémités restent fixées à droite, près du caecum. Ses deux branches, dont
l'une est ventrale (côlon ventral) et l'autre dorsale (côlon dorsal) sont unies l'une à l'autre
mais entièrement libres et mobiles par rapport aux autres viscères. L'ensemble se replie
de droite à gauche et un peu ventralement en direction caudale, de sorte que le sommet
de l'anse se place à l'entrée du bassin et que chaque branche est subdivisée en deux
parties par une courbure secondaire située dans le voisinage du diaphragme. La branche
ventrale comprend ainsi un côlon ventral droit (Colon ventrale dextrum) qui commence
dans la concavité de la base du caecum et un côlon ventral gauche (Colon ventrale sinis-
trum), continus au niveau de la courbure sternale (Flexura sternalis) ou diaphragmatique
ventrale et entre lesquels se logent le corps et la pointe du caecum. La courbure qui mar-
que le sommet de l'anse et unit le côlon ventral au côlon dorsal est la courbure pelvienne
(Flexura pelvina). Enfin, le côlon dorsal est à son tour subdivisé par une troisième cour-
bure dite courbure diaphragmatique (Flexura diaphragmatica) ou diaphragmatique dor-
sale, en un côlon dorsal gauche (Colon dorsale sinistrum), un peu plus étroit que le reste
et un côlon dorsal droit (Colon dorsale dextrum) plus court mais très large. Ce dernier
se continue près du rein droit par le côlon transverse.
(suite du t e x t e p. 4 3 5 )
4 3 0 -
Côlon transverse
Col du côlon
Base du cascum
Côlon dorsal
droit
Corps du cascum
Côlon ventral
Partie crâniale
du duodénum
Apex du cœcum
Jéjunum
Anse distale
Anse proximalf
Anse spirale!
Tours centrifuges
(
Courbure centrale
Partie flottante du jéjunum
GO
Planche 231 - INTESTIN DE BŒUF
VU PAR LA FACE GAUCHE, APRÈS ISOLEMENT ET ÉTALEMENT
432 -
descendant Rectum
Partie
Mésoduodénum
Pancréas
Racine du
mésentère (coupée)
Côlon transverse
Courbure
duodéno-jéjunale
P. ascendante
du duodénum
Début du côlon
descendant
Début du
côlon ascendant
Cascum
Dernier tour
centrifuge de
l'anse spirale du
côlon ascendant
Tours
centripètes de
l'anse spirale du
côlon ascendant
lléum
iléo-cascal
Mésentère
Fundus de l'estomac
crâniale du duodénum
Grand omentum
Partie pylorique
de l'estomac
Rate
Côlon descendant
Mésocôlon descendant
Corps du cascum
Pli jéjuno-colique
lléum
Partie descendante du duodénum
Anse spirale du
côlon ascendant
Première partie
Pancréas
(dans le Deuxième partie
Ampoule
Partie transverse de L'iléon
du duodénum [Sacculus
rotundus)
Conduit
pancréatique Début du côlon
(accessoire) ascendant
Corps du cascum
Mésentère
Pli iléo-cœcal
Jéjunum
Chez les Ruminants, l'anse colique est bien plus longue mais sa disposition est rela-
tivement simple car au lieu de se replier, elle s'enroule en une spire à peu près plane,
au centre de laquelle se situe la courbure qui met en continuité sa branche directe et sa
branche rétrograde. En quittant le caecum et avant de s'engager dans cette spire, la pre-
mière de ces branches effectue une double inflexion en S allongé : c'est l'anse proxi-
male du côlon (Ansa proximalis coli). Ensuite seulement commence l'anse spirale du côlon
(Ansa spiralis coli), dans laquelle la branche directe décrit plusieurs tours centripètes (Gyri
centripetales) aboutissant à la courbure centrale (Flexura centralis) et entre lesquels s'inter-
calent les tours centrifuges (Gyri centrifugales) de l'anse rétrograde, de calibre plus fai-
ble. A la sortie de cette spirale, l'anse rétrograde décrit près de la région lombaire une
nouvelle double inflexion : c'est l'anse distale du côlon (Ansa distalis coli), qui se place
contre l'anse proximale et se poursuit par le côlon transverse.
Une disposition comparable se retrouve chez le Porc, mais l'anse proximale fait défaut
et l'anse spirale ne s'enroule pas dans un plan : elle forme une sorte de cône tronqué
dont la partie rétrécie se porte dans le flanc gauche. C'est pourquoi les classiques vétéri-
naires français parlent de "côlon hélicoïde". En outre, la branche directe, centripète, est
large et bosselée, alors que la branche rétrograde ou centrifuge est étroite et lisse. Avant
le côlon transverse se place enfin une anse distale peu marquée.
Quant au Lapin, son côlon ascendant est à première vue bien différent des types
précédents. En fait, les deux branches de l'anse colique sont simplement disjointes. La
première, directe, est unie par un frein étroit à l'iléum et au caecum. Elle s'enroule avec
eux en une spirale dont elle forme la branche centrifuge et l'iléum la branche centripète.
La seconde branche du côlon ascendant s'accole à la face gauche de cet ensemble et
dessine une courbe moins régulière pour se porter dorsalement et en avant sous la région
lombaire, avant de se poursuivre par le côlon transverse.
CÔLON TRANSVERSE
Le côlon transverse est relativement long (50 à 60 cm) chez l'Homme, où il est déli-
mité par deux angles coliques nets, entre lesquels il décrit une large courbe à convexité
caudale (rapport avec la station érigée). Il est au contraire bref et mal délimité chez les
Mammifères domestiques, dont l'abdomen est beaucoup plus étroit en proportion. Chez
les Carnivores, il est convexe crânialement et la courbe qu'il décrit se continue de façon
régulière avec les parties voisines. Chez les Ongulés, c'est seulement un très bref seg-
ment transversal, qui n'excède pas 1 5 à 20 cm dans les grandes espèces et par lequel
le côlon ascendant se raccorde au côlon descendant, crânialement à la racine du mésen-
tère. Il est en proportion plus long mais tout aussi mal délimité chez le Lapin. Il est bos-
selé dans cette espèce, comme chez les Equidés et l'Homme, alors qu'il est lisse chez
les Ruminants, le Porc et les Carnivores. On notera surtout que les deux courbures, droite
et gauche, qui le délimitent si nettement chez l'Homme, sont peu discernables chez les
Mammifères domestiques.
le côlon descendant, long de 3 à 4 mètres et beaucoup plus mobile que dans les autres
espèces, constitue le petit côlon (Colon tenue) ou "côlon flottant".
CONFORMATION INTÉRIEURE
Lorsque des bosselures existent, les sillons qui les séparent se traduisent dans la
cavité du côlon par des plis semi-lunaires (Plica semilunares coli) en tout point compara-
bles à ceux du caecum. Seules quelques espèces sauvages présentent des plis perma-
nents de la muqueuse. Pour le reste, l'intérieur du côlon ne montre aucune particularité
remarquable.
TOPOGRAPHIE ET RAPPORTS (Pl. 207, 210, 228, 229, 234 à 236, 244, 248 à 250,
252, 253, 259 à 268, 271, 272, 274)
Leurs variations sont liées à celles de la conformation et seront précisées avec les
particularités spécifiques. Les éléments fondamentaux peuvent en être clairement recon-
nus chez les Carnivores, dont l'intestin est suffisamment simple pour qu'on y retrouve,
à peine modifiée, la disposition embryonnaire dont dérivent tous les types.
Chez le Chien, le côlon décrit une large boucle ouverte caudalement et à droite, qui
s'imbrique dans celle du duodénum, laquelle est ouverte crânialement et à gauche. Ainsi,
le côlon ascendant, comme le caecum, est situé à droite de la racine du mésentère, média-
lement à la partie descendante du duodénum, dont le sépare le grand omentum. Il est
caché ventralement par le jéjunum et n'a donc pas de rapport direct avec la paroi du flanc.
Le côlon transverse est en situation profonde. Il passe crânialement à la racine du mésen-
tère et à la courbure duodéno-jéjunale, à la face postérieure de l'estomac et ventrale-
ment au pancréas. La paroi profonde du grand omentum le sépare de l'estomac mais
ne lui adhère pas dans cette espèce. Quant au côlon descendant, il est superficiel sous
la paroi du flanc gauche, à gauche de la partie ascendante du duodénum, dont le grand
omentum le sépare ainsi que du jéjunum.
Dans les autres espèces, c'est naturellement le côlon ascendant qui présente les plus
grandes variations de topographie. Sauf chez le Porc, où il est reporté dans le flanc gau-
che, il envahit plus ou moins le flanc droit. Chez les Equidés et le Lapin, il l'occupe même
en presque totalité, du voisinage du bassin jusque s^us l'hypocondre et il envahit en outre
la région ventrale de l'abdomen jusque dans sa partie gauche. Son développement refoule
le jéjunum vers la gauche et le grand omentum crânialement, de sorte qu'il est directe-
ment en contact avec la paroi abdominale. Il occupe aussi le flanc droit chez les Rumi-
nants mais la présence du rumen lui interdit l'accès de la région ventrale et il se trouve
d'autre part séparé de la paroi abdominale par une sangle omentale épaisse et solide.
Ajoutons que chez l'Homme, le cadre formé par le côlon devient beaucoup plus grand
que le duodénum, de sorte que le côlon ascendant prend une situation superficielle, ventro-
latérale et plus caudale par rapport à la partie descendante du duodénum, laquelle reste
accolée à la région lombaire crâniale.
Le côlon transverse est dans tous les Mammifères domestiques à peu près dans la
même situation que chez les Carnivores, au voisinage de la région lombaire, à laquelle
il adhère même chez les Equidés ; il est au contraire ventral et superficiel chez l'Homme,
où son allongement et l'ampleur de son méso lui permettent de suivre à peu près la grande
courbure de l'estomac, près de la paroi du ventre. Mais dans toutes les espèces autres
que le Chien et le Chat, la paroi profonde du grand omentum lui adhère et s'attache à lui.
Quant au côlon descendant, il est toujours superficiel sous la paroi gauche de l'abdo-
men, avant de passer dans la région iliaque gauche. Chez les Equidés, il est longuement
flottant et ses circonvolutions se mêlent à celles du jéjunum.
•t.
00
Début du côlon ascendant 00
Rein gauche
Poumon gauche: Estomac Tissu apideux sous-lombaire
Cascum
Lobe caudal, Côlon descendant
Uretère gauche
V Lobe moyen (Lingula) Glande vésiculaire
I Lobe crânial
Conduit déférent
I (CulmenJ
Vaisseaux testiculaires (coupés)
Vessie
Rectum
Glande bulbo-urétrale
et m. bulbo-glandulaire
M. ischio-caverneux
M. bulbo-spongieux
MOYENS DE FIXITÉ (Pl. 207, 228, 231 à 233, 248, 251, 254, 257, 259 à 261,
263, 271, 272)
Le côlon est suspendu chez l'embryon à un mésentère simple : le mésocôlon, dont
la disposition reste bien reconnaissable chez les Carnivores alors qu'elle se modifie beau-
coup dans les autres espèces.
Le mésocôlon ascendant est évidemment celui qui présente les plus grandes varia-
tions interspécifiques. Chez l'Homme, il disparaît habituellement par accolement du côlon
ascendant au bord droit de la paroi lombaire. Chez les Equidés, il est entraîné dans la
concavité de l'anse du gros côlon, de sorte qu'il est étroit mais étiré sur toute la longueur
de celle-ci, entre le côlon ventral et le côlon dorsal ; il s'élargit au voisinage de la cour-
bure pelvienne mais se réduit au contraire dans sa partie proximale à une simple zone
d'adhérence entre le côlon ventral droit et le côlon dorsal droit. Chez les Ruminants, l'anse
du côlon ascendant l'entraîne aussi avec elle au coul's de son développement. Mais comme
elle effectue celui-ci au contact même du mésentère, auquel elle s'accole précocement,
son méso perd toute individualité et se confond avec le mésentère. Ainsi, l'anse spirale
se trouve finalement incluse dans ce dernier, dont ne reste libre qu'une faible hauteur,
entre elle et le jéjunum. Chez le Porc, le mésocôlon ascendant est encore entraîné entre
les deux branches de l'anse spirale, mais comme les divers tours de celle-ci s'accolent
les uns aux autres, l'ensemble forme une masse appendue à un fort pédoncule séreux,
qui n'est autre que la racine de ce méso, elle même accolée à celle du mésentère. Un
processus similaire peut être invoqué chez le Lapin.
Le mésocôlon transverse est persistant et ample chez l'Homme, mais étroit chez les
Mammifères domestiques et même absent chez les Equidés, où le côlon transverse adhère
au rein droit, au pancréas et à la base du caecum.
Le mésocôlon descendant présente toujours une disposition simple. S'il disparaît chez
l'Homme, il persiste dans un état à peu près primitif chez les Mammifères domestiques.
Son attache lombaire rejoint chez eux l'aorte, le long de laquelle elle se poursuit jusque
près du bassin, pour se continuer dans celui-ci par le mésorectum. Rappelons que le méso-
côlon sigmoïde, ample et isolé chez l'Homme, n'est pas distinct du reste du mésocôlon
descendant chez les Mammifères domestiques et que ce dernier est vaste chez les Equi-
dés, où il constitue le méso du petit côlon.
r
Muscle recto-coccygien
Mésorectum
M. sphincter externe de l'anus
Rectum
M. élévateur de l'anus
Mésocôlon descendant
Glande vésiculaire (Vésicule séminale)
Ampoule
du conduit déférent
Muscle rétracteur du pénis
Uretère gauche _ _ _ _ _
Glande bulbo-urétrale
Vessie (Apex)
Partie membranacée de l'urètre
et son sphincter
Petit côlon
Racine gauche du pénis et muscle
ischio-caverneux (coupés)
Tendon prépubien
Ligament suspenseur du pénis
rétracteur du pénis
D. - RECTUM
(Pl. 237 à 240, 243)
Le rectum est la partie terminale du gros intestin. Logé dans la moitié dorsale de la
cavité du bassin, il communique avec l'extérieur par le canal anal.
CONFORMATION EXTÉRIEURE
Le rectum est ainsi nommé parce qu'il ne décrit aucune circonvolution. Sa surface
est lisse, dépourvue de bosselures. Sa face dorsale est toujours convexe et épouse la
courbure du sacrum, laquelle est beaucoup moins forte chez les Mammifères domesti-
ques que chez l'Homme. Sa face ventrale est légèrement concave à la partie crâniale,
puis devient bientôt convexe, la partie caudale de l'organe étant renflée en une sorte
de poche nommée ampoule du rectum (Ampulla recti). Cette dernière, très volumineuse
chez les Equidés, où elle forme presque tout l'organe, est moins développée dans les
autres Mammifères domestiques et chez l'Homme. Elle n'est pas discernable chez les
petits Ruminants et le Chat. Les faces latérales sont lisses mais peuvent présenter de
légères inflexions quand l'organe est vide. La forme et les dimensions de celui-ci sont
d'ailleurs variables selon l'état de réplétion et aussi d'un individu à l'autre.
CONFORMATION INTÉRIEURE
La cavité du rectum est tapissée par une muqueuse formant des plis irréguliers, effa-
çables par la distension. Il existe aussi des plis transversaux (Plicae transversales recti)
plus marqués et soutenus par des renforcements de la musculeuse, plis plus ou moins
nets selon l'espèce et les conditions de l'examen et surtout visibles chez l'Homme et
les Ruminants. Chez ces derniers, il existe en outre à l'entrée du canal anal des soulève-
ments longitudinaux de la muqueuse : les colonnes rectales (Columnae rectales), qui se
continuent par les colonnes anales.
L'extrémité caudale du rectum est brusquement rétrécie pour se continuer par le canal
anal, dont la partie adjacente, où se retrouvent les mêmes structures, est parfois décrite
comme la "partie anale du rectum".
RAPPORTS
La face dorsale du rectum répond au sacrum, aux vaisseaux et nerfs qui passent
à la face pelvienne de cet os (artères et veines sacrales médianes et rameaux sacraux,
émergences des rameaux ventraux des nerfs sacraux), ainsi qu'à l'origine des muscles
sacro-coccygiens ventraux. De chaque côté, l'organe répond, surtout quand il est dis-
tendu, à la paroi latérale du bassin, en particulier au ligament sacro-sciatique et aux muscles
coccygien et élévateur de l'anus, ainsi que, dans sa moitié crâniale, au ligament large
chez la femelle.
Les rapports de la face ventrale varient avec le sexe. Chez le mâle, ils s'établissent
avec les glandes vésiculaires, avec la partie pelvienne des conduits déférents et avec
la vessie urinaire à travers ces organes et leurs mésos ; plus caudalement avec la pros-
tate, l'urètre et son sphincter, les glandes bulbo-urétrales et les vaisseaux et nerfs de
ces organes. Chez la femelle, le rectum entre en contact avec le corps de l'utérus, le
vagin et le vestibule du vagin.
Glande vésiculaire
NJ
Ampoule du conduit déférent Corps de la prostate
coccygien (coupé)
M. élévateur de l'anus (coupé)
Muscle recto-coccygien
Aile de l'ilium
Mésocôlon descendant
bulbo-urétrale
Uretère gauche
M. sphincter de l'urètre (couvrant la partie
memtbrânacée de l'urètre et la partie
Conduit déférent gauche disséminée de la prostate)
rétracteur du pénis
Apex de la vessie
Os pubis (coupé)
Bord médial du foramen
Toutes ces formations anatomiques peuvent être palpées sur le vivant à travers la
paroi du rectum. Mais dans les grandes espèces, les dimensions et les possibilités de
déplacement de l'organe, ainsi que son extensibilité permettent, par l'introduction de la
main, voire du bras, l'exploration d'une région beaucoup plus étendue : il est possible
ainsi d'aborder une grande partie de la région lombaire et le tiers caudal de la cavité abdo-
minale.
MOYENS DE FIXITÉ
Le rectum est solidement fixé dans le bassin par les formations suivantes :
1 - Le mésorectum, étroit frein séreux qui prolonge dans le bassin le mésocôlon des-
cendant (ou le mésocôlon sigmoïde s'il est distinct). Absent chez l'Homme, dont le rec-
tum est directement adhérent à la face pelvienne du sacrum, ce méso existe chez tous
les Mammifères domestiques. Il unit la face dorsale de l'organe à la ligne médiane de
la voûte sacrale et jusque sous le début de la région coccygienne. Il se termine au fond
du cul-de-sac que forme la réflexion du péritoine autour du rectum et sépare les deux
fosses pararectales.
6 - La continuité avec le canal anal, dont les attaches sont extrêmement solides.
.Terminaison du côlon descendant.
Muqueuse rectale
Colonnes rectales _
-Ligne ano-rectale_
Colonnes anales —
Zone externe I \ .
/ v^ Zone intermédiaire
Ligne ano-cutanée
E. - CANAL ANAL
(Pl. 239, 243)
Le canal anal (Canalis analis) est l'ultime et brève partie du tube digestif qui fait com-
muniquer le rectum avec l'extérieur, où il s'ouvre par l'anus. Il est caractérisé par le chan-
gement de structure de son revêtement intérieur et par la présence dans sa paroi d'un
double sphincter, lisse et strié, dont la tonicité le maintient fermé au repos.
CONFORMATION
Examiné de l'extérieur, l'anus présente une conformation variable avec l'espèce, l'âge
et l'état de santé des sujets. Il s'ouvre sur le plan médian, dans la partie dorsale du péri-
née, région déprimée entre la saillie des os ischiums et la base de la queue (le coccyx
chez l'Homme). Froncé de petits plis radiés à son pourtour, il est porté au sommet d'une
saillie arrondie très nette chez les Equidés, beaucoup plus faible sinon absente dans les
autres espèces.
STRUCTURE
Par leur continuité avec les formations voisines ou leurs insertions sur le squelette,
les constituants du canal anal réalisent de puissants moyens de fixité pour celui-ci et pour
le rectum. Ce sont : le revêtement muqueux et cutané, des muscles, les uns lisses et
les autres striés, enfin des vaisseaux et des nerfs.
Le raccordement de la muqueuse anale à celle du rectum est tout aussi brusque que
celui des muqueuses œsophagienne et gastrique. Il constitue la ligne ano-rectale (Linea
anorectalis). Il s'effectue à un niveau variable selon les espèces et les individus, de sorte
qu'il correspond rarement à la limite topographique du rectum et du canal anal. La
muqueuse rectale occupe une partie plus ou moins étendue de ce dernier, parfois jusqu'au
voisinage immédiat des valvules anales.
4 4 6 -
Plis de la muqueuse
Muqueuse rectale rectale
Ligne ano-rectale
Colonnes anales
PORC
On reconnaît trois zones successives dans le revêtement anal proprement dit : colum-
naire, intermédiaire et cutanée.
3 - La zone cutanée (Zona cutanea) est caractérisée par son épithélium stratifié pavi-
menteux et kératinisé, avec une couche desquamante. Il y a là une peau véritable, avec
quelques glandes sudoripares et des glandes sébacées, mais sans poils ou seulement
quelques poils très fins, courts et rares. Les glandes sébacées, nombreuses et souvent
volumineuses, sont qualifiées parfois à tort de glandes circumanales (Glandulae circu-
manales). Ce terme doit être réservé à celles, d'un type modifié, qu'on trouve chez les
Carnivores et qui comportent deux parties, l'une superficielle et l'autre profonde, dont
la première est seule de type sébacé pur. Chez le Chien, ces glandes sont particulière-
ment développées et s'étendent jusque dans la peau velue, à trois ou quatre centimètres
autour de l'anus. Elles sont formées de lobules de grosses cellules polyédriques, sans
véritable conduit excréteur.
Quant aux sinus para-anaux (Sinus paraanales), droit et gauche, particuliers aux Car-
nivores, ils sont arrondis, logés entre le sphincter lisse et le sphincter strié ; ils s'ouvrent
dans le canal anal, tout près de l'anus, chacun par un large et bref conduit. Ils sont tapis-
sés par un épithélium kératinisé et leur paroi est doublée d'une couche de glandes parti-
culières, les glandes du sinus para-anal (Glandulae sinus paraanalis), dont la sécrétion
est déversée dans leur cavité où elle s'accumule. De type sudoripare, ces glandes sont
tubuleuses, contournées et apocrines. Elles sont mêlées de rares glandes sébacées, sur-
tout présentes chez le Chat.
descendant
descendant
de Tilium
gauche et vessie
Ligament latéral de la vessie (sa partie caudale a été enlevée)
déférent
M. coccygien (réd'iné)
M. élévateur de l'anus!
Faisceau iliaque 1
Faisc. ischio-pub. J
recto-coccygien
cutanée
Part, superficielle
profonde
Sinus para-anal
(Partie membranacée)
M. ischio-cavemeux
M. bulbo-spongieux
M. rétracteur du pénis
Scrotum
Lig, médian de la
Vaisseaux
le muscle rétracteur du pénis ou du clitoris, plus caudalement par la terminaison des mus-
cles élévateurs de l'anus et partout ailleurs par le sphincter externe. Chez les Carnivores,
le sinus para-anal se loge de chaque côté entre les deux sphincters.
2 - Le m. sphincter externe de l'anus (M. sphincter ani externus) est formé de myocy-
tes striés, rouges, à contraction volontaire, disposés circulairement autour des forma-
tions précédentes. Tous ses faisceaux ne sont pas exactement circulaires : certains d'entre
eux s'entrecroisent, les uns dorsalement et d'autres ventralement, avant de se porter
vers la base de la queue pour les premiers et selon le sexe, dans le muscle bulbo-caverneux
ou dans le constricteur de la vulve pour les seconds. La face externe adhère à la peau
dans sa région la plus caudale : c'est la partie cutanée (Pars cutanea), qui couvre le bord
correspondant du sphincter interne. Plus crânialement, cette face est en rapport avec
le conjonctif plus ou moins graisseux de le fosse ischio-rectale. Elle appartient là aux deux
autres segments du muscle : la partie superficielle (Pars superficialis), dont les fibres se
prolongent vers la région coccygienne ou s'attachent ventralement sur le centre tendi-
neux du périnée ou les conduits génitaux et la partie profonde (Pars profunda), plus crâ-
niale encore et la plus large, entièrement sphinctérienne. Cette dernière reçoit les fibres
du muscle élévateur de l'anus.
(1) Le terme "rétracteur de l'anus" (M. retractor ani) serait préférable car il conviendrait pour toutes les espèces.
4 5 2 -
Courbure sternale
(ou diaphragmatique ventrale)
Côlon ventral droit ( du gros côlon
Apex du caecum
Sa bande charnue
ventrale latérale
Pli ceeco-colique
bandes charnues
ventrales
Petit côlon
VAISSEAUX ET NERFS
Les artères et les veines du canal anal sont tributaires des vaisseaux rectaux cau-
daux et périnéaux. Elles forment des plexus superposés et anastomosés, en particulier
autour des sphincters et dans la sous-muqueuse. Le réseau sous-muqueux, de loin le plus
important, est drainé par deux ordres de veines : les unes, ascendantes, rejoignent les
veines du rectum et déversent avec elles leur sang dans les veines rectales moyennes ;
les autres, descendantes, contournent les sphincters ou les traversent au voisinage de
la peau et rejoignent les veines rectales caudales et périnéales dorsales. On notera que
toutes ces veines conduisent le sang vers la veine iliaque interne. Les médicaments admi-
nistrés par voie anale passent ainsi directement dans la circulation générale et évitent
la traversée du foie.
Les lymphatiques forment de riches réseaux muqueux et sous-muqueux dont les effé-
rents traversent la couche musculaire, qu'ils drainent au passage, et aboutissent surtout
aux nœuds lymphatiques ano-rectaux, situés dorso-latéralement au canal anal, et sacraux,
voire iliaques médiaux et ischiatiques.
Les nerfs ont une double origine. Quelques-uns, végétatifs, grêles et peu nombreux,
viennent du plexus hypogastrique. Ils se distribuent surtout à la muqueuse et au sphinc-
ter interne. Les plus nombreux et les plus gros sont fournis de chaque côté par les nerfs
rectaux caudaux, qui proviennent dans la plupart des espèces de la quatrième paire sacrale
(de la troisième, par l'intermédiaire du nerf honteux, chez les Carnivores). Les branches
des nerfs rectaux caudaux se distribuent principalement au sphincter externe et au m.
élévateur de l'anus, auxquels elles apportent la motricité volontaire. Elles sont également
sensitives pour l'ensemble de la région. Enfin, des filets issus des nerfs périnéaux se dis-
tribuent à la zone cutanée.
Sauf chez les Ruminants, l'intestin occupe la plus grande partie de la cavité abdomino-
pelvienne et commande l'ensemble de la topographie viscérale. Celle-ci faisant l'objet
d'un chapitre spécial du Tome IV, nous nous limiterons ici aux considérations descripti-
ves et ne donnerons sur les rapports que les indications essentielles.
(1 ) Elle semble nettement plus faible chez les Chevaux de pur sang, où elle s'établit entre 24 et 27 mètres, dont 1 7 à 20 pour
l'intestin grêle et 6 à 8 pour le gros intestin.
\
4 5 4 -
Ampoule du duodénum.
Lobe gauche du pancréas
Corps du pancréas
Artère mésentérique
Anneau du pancréas crâniale
et veîne porte
Partie descendante
du duodénum
Rein gauche
SI. surrénale droite Jjj.
Courbure duodéno-jéjunale
A. et V.
rénales droites
Début du Jéjunum
VUE VENTRALE
après ablation des autres parties de l'intestin
Ampoule du duodénum
Plis de la muqueuse.
Pylore.
CONFORMATION INTERIEURE
e duodénale majeure
Ampoule hépato-pancréatique
intestin. La capacité, également variable, est de l'ordre de 60 litres pour l'intestin grêle
et de 140 litres pour le gros intestin chez le Cheval, 20 à 70 litres respectivement chez
l'Ane. Vidé, l'intestin grêle pèse en moyenne 6 kg chez le Cheval et 2,7 kg chez l'Ane
et le gros intestin 12 kg chez le premier, 6 kg chez le second.
La partie descendante, presque deux fois plus longue, passe d'abord entre le lobe
droit du foie et la terminaison du gros côlon puis contourne la base du caecum, tout près
du rein droit. Le pancréas adhère au tiers initial ou à la première moitié de son bord dorso-
médial. La partie transverse est plus courte, mal délimitée car l'angle caudal est peu mar-
qué. Elle croise le pian médian au niveau de la troisième ou quatrième vertèbre lombaire
et se continue au niveau d'une légère inflexion rétrocaecale par une partie ascendante
très brève (six à huit centimètres) qui aboutit à la courbure duodéno-jéjunale sous le rein
gauche, près de la base de la rate.
La muqueuse duodénale, gris rosé dans la partie crâniale, où elle est froncée de nom-
breux plis ineffaçables, devient jaunâtre et à peine plissée dans la partie descendante.
Les plis réapparaissent dans la partie transverse, où ils prennent le même aspect que
dans le jéjunum. La papille duodénale majeure se trouve à une quinzaine de centimètres
du pylore, sur la paroi dorso-crâniale du conduit ; elle a 6 à 7 millimètres de haut et 1 5
à 18 de large. Dans sa cavité, un pli muqueux semi-lunaire tourné vers l'aval surmonte
le débouché très oblique du conduit cholédoque, caudalement auquel s'ouvre le conduit
pancréatique principal sous une courte languette muqueuse. La papille duodénale mineure,
épaisse de 4 à 5 millimètres et percée à son sommet par la terminaison du conduit pan-
créatique accessoire, est située en regard de la précédente mais sur la paroi ventrale.
Outre les attaches déjà mentionnées de l'ampoule duodénale, le conduit est fixé à
un mésoduodénum fort étroit, qui l'unit à la face caudale du foie, au pancréas, puis au
rein droit ou directement à la base du caecum et enfin à la paroi lombaire, caudalement
à la racine du mésentère. De la terminaison de la partie transverse se détache souvent
un petit frein séreux qui se jette sur le caecum. Enfin, le pli duodéno-colique, relative-
ment court, se porte de la courbure duodéno-jéjunale sur le début du petit côlon.
En ce qui concerne la structure, on notera la minceur de la musculeuse et le grand
développement des glandes sous-muqueuses ou "duodénales". Ces dernières forment
dans la partie crâniale une couche sous-muqueuse remarquablement épaisse et se conti-
nuent, avec un moindre développement, jusqu'à la terminaison du duodénum ; on en
retrouve même des groupes dans la première moitié du jéjunum.
CAECUM (Pl. 219, 222, 227, 228, 230, 235, 244, 246 à 249, 252, 253)
Cet organe est long d'un mètre environ chez le Cheval ; il est en proportion un peu
plus long chez l'Ane et le Mulet : il atteint un mètre vingt chez ce dernier. Sa capacité
moyenne est de l'ordre de 35 litres chez le Cheval, 20 ou 21 chez l'Ane. Chez le Cheval,
Colin a noté des variations de 16 à 68 litres. Chez les Equidés, cet organe représente
en fait à la fois le caecum et le début du côlon des autres espèces. Au cours du dévelop-
pement, la partie initiale du côlon se dilate en effet en une vaste poche incurvée dorsale-
ment. Ce sac, qui vient s'accoler à la paroi lombaire droite, se délimite du reste du côlon
par un fort rétrécissement qui se trouve reporté dans sa concavité, non loin de l'iléum,
par l'expansion de la partie dorsale. Il perd par contre toute démarcation avec le caecum
proprement dit. Il en résulte que l'iléum, bien que terminé en réalité à la jonction caeco-
colique, semble finalement déboucher en plein caecum, à distance du côlon.
Rapports : La base adhère par un conjonctif dense, sur une vingtaine de centimè-
tres, à la face ventrale du rein droit et à l'extrémité correspondante du pancréas. Mais
elle s'étend librement bien au-delà de cette adhérence, jusqu'au niveau de la dix-septième
vertèbre thoracique et d'autre part de la quatrième ou cinquième lombaire. Elle est con-
tournée latéralement puis caudalement par le duodénum et entre aussi en contact avec
le lobe droit du foie et la face profonde de l'hypocondre et du flanc droits. Médialement,
elle est unie par un abondant conjonctif à la terminaison du gros côlon et au début du
côlon transverse. Elle entre aussi en contact avec des circonvolutions du jéjunum, ainsi
que, par sa concavité, avec l'iléum et le côlon ventral droit. Le corps occupe dans le flanc
droit une situation habituellement superficielle, à un travers de main environ derrière l'arc
costal, dont il suit la direction. Il est longé dorsalement par le côlon ventral droit et caudo-
ventralement par le côlon ventral gauche. Il est en outre en rapport avec les circonvolu-
tions du jéjunum et du petit côlon. Quant à l'apex, il se place habituellement dans la cour-
bure sternale du côlon ventral, mais il est extrêmement mobile et peut se trouver dans
des positions très diverses.
CÔLON (Pl. 219, 220, 228, 230, 235, 244, 248 à 253, 437)
Le côlon ascendant est de très gros calibre et doublement replié sur lui-même : c'est
le gros côlon. Le côlon transverse est bref. Le côlon descendant est au contraire long
et flottant, mais de calibre réduit : c'est le petit côlon.
(1) Il n'y a pas de véritable sphincter iléal chez les Equidés, mais la musculeuse du caecum contribue, avec celle de l'iléum,
à la fermeture de l'ostium iléal lors de la contraction du caecum qui préside à l'expulsion de son contenu par l'ostium caeco-colique.
Pli casco-colique Base du cascu
CD
Corps du cascum o
Le côlon ventral droit commence dans la concavité de la base du caecum par un seg-
ment étroit (6 à 8 cm), long de 10 à 12 cm et incurvé dorsalement, parfois nommé "col
du côlon". Il se porte ensuite en direction ventro-crâniale et se dilate de façon brusque,
jusqu'à atteindre environ 25 cm de diamètre. Il est parcouru par quatre bandes longitudi-
nales, dont deux sont dorsales et deux ventrales. Les bandes dorsales sont mésocoli-
ques ; une est médiale et répond aux vaisseaux, nerfs et nœuds lymphatiques coliques ;
l'autre est latérale et presque entièrement cachée par l'adhérence du côlon dorsal droit.
Les bandes ventrales sont libres ; une est latérale et semble continuer la bande latérale
du caecum ; l'autre est médiale. La courbure sternale se porte de droite à gauche et sa
convexité est ventro-crâniale. Elle présente les mêmes bandes et les mêmes bosselures
que les parties qu'elle unit. Mais la bande ventro-latérale du segment précédent devient
franchement ventrale et la ventro-médiale se place dans la concavité.
Le côlon ventral gauche a le même aspect et le même calibre que le droit, mais il
est un peu plus long et mesure environ un mètre. Il se porte dorso-caudalement en direc-
tion du bassin. Des deux bandes charnues dorsales, seule la médiale est longée par les
vaisseaux, les nerfs et les vaisseaux lymphatiques ; elle donne attache au mésocôlon
ascendant. La bande dorsale latérale et les deux bandes ventrales sont libres.
M. coccygien
M. élévateur de l'anus
M. constrictor
vulvse
y — t ^JX^CJ-L — ^ I y t — y s - r à r ^ i R N ^ ^ ï v s S..
LES INSERTIONS COSTALES DU DIAPHRAGME (TRAIT PLEIN) ET LA PROJECTION DE SA CONVEXITÉ (POINTILLÉ) SONT FIGURÉES EN ROUGE
4 6 4 -
Mésocôlon ascendant
Courbure pelvienne
VUE DORSALE
Mésocôlon ascendant
Courbure pelvienne
VUE VENTRALE
Le côlon dorsal gauche a la même longueur que le ventral gauche, dont II est soli-
daire et qu'il longe en se portant vers la région diaphragmatique. Mais son calibre est
beaucoup plus faible et sa première moitié dépourvue de bosselures. Le rétrécissement
est maximal à son début, dont le diamètre n'excède pas 8 à 10 centimètres. Puis le con-
duit s'élargit à nouveau et les bosselures réapparaissent. Une seule bande charnue existe
à son origine ; accompagnée par les vaisseaux sanguins et les nœuds lymphatiques, elle
est mésocolique et continue celle de la concavité de la courbure pelvienne ; elle est ven-
trale et le restera jusqu'au côlon transverse. Deux autres bandes apparaissent vers le
milieu de cette partie ; elles sont libres et dorsales, l'une médiale et l'autre latérale, et
se poursuivent dans cette position sur le segment suivant. La courbure diaphragmatique
se porte de gauche à droite et un peu dans le sens ventro-dorsal. Elle est plus volumi-
neuse que la courbure sternale, qu'elle surmonte et présente comme elle une convexité
crâniale.
Le côlon dorsal droit remonte en direction dorso-caudale. C'est la plus courte mais
la plus volumineuse des quatre parties du gros côlon. Il est long d'une soixantaine de
centimètres et son calibre atteint près de 40 centimètres au voisinage de la terminaison.
A cette dernière et énorme dilatation fait suite le fort rétrécissement qui correspond au
côlon transverse. Tout ce segment est bosselé comme le côlon ventral, dont il est soli-
daire, mais les sillons circulaires y sont moins profonds. Les bandes charnues y sont au
nombre de trois. Une est ventrale ; accompagnée par les vaisseaux sanguins et les nœuds
lymphatiques, elle est cachée par l'adhérence au côlon ventral droit et se continue sur
le côlon transverse. Les deux autres sont dorsales et libres, sauf au niveau de l'adhé-
rence lombaire terminale. La latérale disparaît là, alors que la médiale se continue sur
le côlon transverse.
Rapports : Le début du côlon ventral droit (col du côlon) est logé entre la petite cour-
bure de la base du caecum et le corps de celui-ci. Il est croisé latéralement par les vais-
seaux sanguins et les nœuds lymphatiques de la base du caecum. Le côlon ventral droit
longe ensuite l'arc costal droit, qu'il déborde caudo-ventralement, sa face latérale étant
en rapport direct avec la paroi abdominale. Sa face ventro-caudale est en contact d'abord
avec le corps du caecum puis avec le côlon ventral gauche. Sa face médiale est aussi
en rapport avec ce dernier, mais répond en outre au côlon dorsal ainsi qu'à des circonvo-
lutions du jéjunum et du petit côlon. Quant à la face dorso-crâniale, elle est adossée au
côlon dorsal droit, auquel elle est même unie par une large adhérence près de la base
du caecum. Cette surface de contact abrite les vaisseaux sanguins, les nerfs et les nœuds
lymphatiques du gros côlon. La courbure sternale est surmontée et largement débordée
du côté crânial par la courbure diaphragmatique. Elle se met en contact avec la région
xiphoïdienne de la paroi abdominale et avec la partie charnue périphérique du diaphragme.
Sa convexité se projette dans la partie ventrale de l'hypocondre, jusqu'à un plan trans-
versal passant par la septième articulation chondro-costale ou un peu en avant.
Le côlon ventral gauche est en contact avec une surface étendue de la paroi du ven-
tre, jusque près du pubis. Dorsalement et à droite, il est accompagné par le côlon ventral
droit et surtout par le corps et la pointe du caecum. Dorsalement et à gauche, il est en
rapport avec le côlon dorsal gauche et les circonvolutions du jéjunum et du petit côlon.
La courbure pelvienne est la partie la plus mobile du gros côlon et ses rapports sont varia-
bles. Elle est en général placée plutôt à gauche qu'à droite. Elle touche au tendon prépu-
bien, à la vessie, au rectum et selon le sexe, aux conduits déférents ou à l'utérus.
Rappelons qu'elle est facilement explorable par voie rectale.
Uni à la face dorsale du côlon ventral gauche par un méso ample, le côlon dorsal gau-
che bascule souvent soit à droite, contre le caecum et les parties droites du côlon, soit
à gauche, dans le bas du flanc. Il est toujours couvert plus ou moins par les circonvolutions
466 -
onzième
M. peaucier
du jéjunum 1
du tronc
"M. oblique ext.
Grand o m e n t u m '
de l'abdomen
M. oblique externe Arc costal droit
d e l'abdomen
A. et V. coliques
Arc costal gauche
M. transverse
Côlon dorsal gauche (III) de l'abdomen
M. droit d e l'abdomen
A. et V. coliques
Côlon
ventral
droit (I)
Quant au côlon dorsal droit, accolé largement à la face dorsale de son homologue
ventral, il est situé dans la profondeur de l'hypocondre droit et répond au lobe droit du
foie, à la partie adjacente de la partie costale du diaphragme, au duodénum et à la base
du caecum, crânialement à laquelle il se place en lui adhérant. Sa face gauche est en
outre en contact avec les circonvolutions du jéjunum et du petit côlon.
Moyens de fixité : Le gros côlon est maintenu en place par les moyens suivants :
1 - Sa continuité avec la base du caecum, elle-même fixée solidement à la paroi
lombaire.
2 - Le pli caeco-colique, allongé mais étroit et solide, qui fixe le début du côlon ven-
tral droit à la face crânio-latérale du corps du caecum.
3 - L'adhérence de la terminaison du côlon dorsal droit à la base du caecum et à
la paroi lombaire, ainsi que sa continuité avec le côlon transverse, lui-même solidement
fixé à cette paroi.
4 - Enfin, le mésocôlon ascendant, qui solidarise étroitement le côlon dorsal et le
côlon ventral. Ce méso n'est vraiment distinct qu'entre les deux côlons gauches. Il est
élargi et arrondi au niveau de la courbure pelvienne, à la concavité de laquelle il s'atta-
che. Il s'effile à l'autre extrémité et disparaît entre les deux côlons droits, entre lesquels
il est remplacé par une zone d'adhérence large d'une dizaine de centimètres. C'est dans
ce méso que passent les vaisseaux et les nerfs du gros côlon.
On notera que seuls sont réellement fixés les côlons ventral et dorsal droits. Les deux
autres parties, ainsi que la courbure pelvienne, sont relativement libres et peuvent subir
d'importants déplacements. C'est seulement leur continuité avec les précédentes et la
pression des autres viscères qui assurent leur maintien, comme nous l'expliquerons à
propos de la topographie abdominale.
CÔLON TRANSVERSE
Cette partie est très courte et mal délimitée. Elle n'a que 15 à 20 centimètres de
long et son calibre décroît rapidement, la conformation faisant transition entre celles du
gros et du petit côlon. Ce brusque rétrécissement succédant à l'énorme dilatation du côlon
dorsal droit constitue un siège d'élection des obstructions et des spasmes, d'où son impor-
tance clinique.
Conformation : Elle ne change pas d'un bout à l'autre de l'organe, qui est incurvé
de façon à présenter deux courbures qui joignent deux faces. La petite courbure, con-
cave, reçoit l'insertion du mésocôlon descendant. Elle est parcourue par une forte bande
charnue longitudinale qui continue la bande dorso-médiale du côlon dorsal droit et au con-
tact de laquelle se placent les divisions des vaisseaux mésentériques caudaux et les nœuds
lymphatiques satellites. La grande courbure est convexe et libre. Elle est aussi parcou-
rue par une large bande charnue, laquelle continue la bande ventrale du côlon dorsal droit.
Les faces, convexes et libres, portent de fortes bosselures. Les sillons transverses qui
séparent ces dernières déterminent à l'intérieur des plis semi-lunaires très saillants, dans
l'intervalle desquels les matières fécales, progressivement desséchées, se fragmentent
et se moulent en crottins qui seront accumulés dans l'ampoule rectale.
Rapports : Le petit côlon commence près du pôle caudal du rein gauche et se porte
ensuite dans le flanc gauche, où il mêle ses circonvolutions à celles du jéjuno-iléum.
Comme ce dernier, il est sujet à de larges déplacements et peut occuper à peu près tou-
tes les régions de la cavité abdominale. Mais ses anses se rassemblent plus fréquem-
ment dans les parties caudales du flanc gauche, alors que celles du jéjuno-iléum sont
plutôt crâniales. La partie terminale remonte enfin vers l'entrée du bassin pour se conti-
nuer par le rectum.
Moyens de fixité : Le petit côlon n'est vraiment maintenu qu'à ses extrémités, par
sa continuité avec le côlon transverse et avec le rectum. Entre ces deux niveaux, il est
suspendu à une large lame séreuse : le mésocôlon descendant, encore nommé "petit
mésentère" en raison de sa ressemblance avec le mésentère proprement dit ou "grand
mésentère". Ce méso, souvent chargé de graisse, se détache de la région lombaire selon
une ligne qui suit l'aorte depuis le voisinage de l'artère mésentérique crâniale jusqu'à
l'entrée du bassin, dans lequel il se continue par le mésorectum. Il est beaucoup plus
ample dans sa partie moyenne qu'à ses extrémités, de sorte que son bord ventral, atta-
ché à la petite courbure du viscère, laisse à ce dernier une mobilité beaucoup plus grande
dans son centre qu'à ses extrémités.
Partie descendante
Partie crâniale
lléum
Pli iléo-cascal
Partie flottante
du jéjunum
distale du
côlon ascendant
Jéjunum
^ Tours centrifuges
revêtue d'une peau mince, très adhérente, pourvue de poils ténus et très pigmentée, noi-
râtre, parfois marquée de petites aires blanches ("taches de ladre"). Son pourtour est
légèrement froncé ; chez les sujets vieux ou épuisés, il est relâché et la saillie qui le porte
est plus ou moins affaissée (atonie du sphincter).
La muqueuse anale commence sur une ligne ano-rectale nette, mais ne forme pas
de colonnes anales. Toutefois, elle montre deux zones d'étendue à peu près égale et
d'aspect un peu différent. L'une, crâniale et plus jaunâtre, est très finement striée en
long et pourrait équivaloir à la zone columnaire des autres espèces. L'autre, caudale, est
lisse, gris-bleuâtre ou blanchâtre sur le cadavre et semble représenter une zone intermé-
diaire. Dans les deux zones, la muqueuse est dépourvue de glandes anales ; sa propria
mucosae, riche en cellules lymphatiques et en vaisseaux, lance dans l'épithélium de nom-
breuses papilles adélomorphes. La ligne ano-cutanée est voisine de l'orifice anal et n'est
discernable que par l'apparition à son voisinage immédiat de la pigmentation caractéris-
tique de la peau. Celle-ci reste par contre dépourvue de glandes et de poils sur quelques
millimètres, ces formations apparaissant sur le revers externe de l'orifice anal.
Le sphincter externe de l'anus est large et épais. Chez la Jument, des faisceaux de
sa partie cutanée se portent dans les lèvres de la vulve et établissent une continuité avec
le constricteur de cet orifice. Le muscle élévateur de l'anus est une large bande rouge
qui se porte du ligament sacro-sciatique et de l'épine sciatique à la face profonde du sphinc-
ter externe ; il est pratiquement dépourvu de faisceau dorsal et son faisceau ventral, fai-
ble, délègue des fibres qui s'unissent sous l'anus à celles du côté opposé et d'autres
qui se portent sur le centre tendineux du périnée. Le muscle rétracteur du pénis (ou du
clitoris) est épais, grisâtre et délègue à la face ventrale de l'anus de forts faisceaux sus-
penseurs qui tendent à s'unir à ceux du côté opposé.
Dimensions mises à part, l'intestin ne présente que d'assez faibles variations entre
les divers Ruminants domestiques. Nous prendrons pour type celui du Bœuf et lui com-
parerons ensuite celui du Mouton et de la Chèvre.
La longueur de l'intestin du Bœuf peut varier du simple au double (35 à 60 m) et
s'établit en moyenne autour de 50 mètres, dont 40 pour l'intestin grêle et 10 pour le
gros intestin. Le poids de l'organe vidé et débarrassé de ses mésos est de l'ordre d'une
douzaine de kilos, dont 5 à 6 pour l'intestin grêle et 6 à 7 pour le gros intestin. Bien que
notablement plus long que chez les Equidés, ce conduit est plus étroit, surtout au niveau
du caecum et du côlon et sa capacité beaucoup plus faible : 30 litres environ pour le
gros intestin.
DUODÉNUM (Pl. 185, 186, 195, 218, 231, 254, 255, 257)
Le duodénum est long de un mètre à 1,20 m. Sa partie crâniale ne présente pas
d'ampoule duodénale distincte mais décrit une inflexion sigmoïde très marquée. Elle com-
mence en regard de l'extrémité ventrale de la neuvième ou dixième côte, passe médiale-
ment à la vésicule biliaire puis à la face viscérale du foie, dorsalement à la porte de l'organe,
à laquelle l'unit le petit omentum. Elle reçoit la terminaison du conduit cholédoque sur
la deuxième branche de l'inflexion sigmoïde.
4 7 2 -
Courbure duodéno-jéjunale
Côlon transverse
Côlon descendant
La partie descendante, qui commence par une courbure crâniale très peu marquée,
passe en droite ligne dans le tiers dorsal du flanc droit jusqu'au niveau de l'angle de la
hanche, voire un peu plus loin. Elle est en situation superficielle et étroitement mainte-
nue : dorsalement par l'insertion du mésoduodénum et ventralement par celle du grand
omentum, qui peut aussi s'insinuer légèrement à sa face médiale pour rejoindre ce méso.
Le pancréas adhère au tiers ou à la moitié crâniale de son bord dorsal et le conduit pan-
créatique accessoire, seul présent, se termine au niveau de l'extrémité caudale de cette
glande.
La partie transverse est très brève, remplacée en fait par une simple courbure cau-
dale qui contourne le bord libre, caudal, du grand omentum ou même traverse celui-ci
et se poursuit par la partie ascendante. Cette dernière, aussi longue que la partie descen-
dante, remonte parallèlement à elle vers le diaphragme, en passant contre la face gau-
che de la racine du mésentère. Elle accompagne le côlon descendant, auquel elle est unie
par un pli duodéno-colique étroit mais allongé. Elle passe ainsi ventralement au rein gau-
che et va jusqu'au voisinage du pancréas, où elle se termine par une courbure duodéno-
jéjunale aiguë.
proximale
du côlon ascendant
Corps du cascum
iléo-cascal
lléum
CONFORMATION EXTERIEURE
L'intérieur montre une muqueuse parcourue de faibles plis irréguliers et qui se conti-
nue sans démarcation avec celle du côlon. La papille iléale est saillante d'un ou deux cen-
timètres à peine, aisément dilatable et obliquement dirigée vers le côlon ; l'iléum se déverse
donc dans celui-ci plutôt que dans le caecum. Ce dernier est alimenté par les fortes ondes
antipéristaltiques qui assurent le brassage de la masse alimentaire dans tout le début du
gros intestin. Sur le revers colique de la papille iléale se trouve une forte plaque de lympho-
nodules agrégés qui s'étend jusque dans le début du côlon.
Le côlon ascendant est de loin la partie la plus longue. Il est divisible en trois parties
successives : anse proximale, anse spirale et anse distale. L'anse proximale fait suite
directement au caecum et dessine une sorte de S allongé. Elle se dirige d'abord crâniale-
ment sur une quinzaine de centimètres, en situation superficielle sous le grand omen-
tum, la paroi du flanc et les deux dernières côtes. Elle se réfléchit ensuite dorsalement
pour revenir en direction caudale en s'adossant à la partie précédente et au caecum,
ventralement à la partie descendante du duodénum. Parvenue vers le milieu ou le tiers
caudal du flanc, elle se réfléchit à nouveau pour se porter crânialement, au côté médial
du deuxième segment, en se plaçant dans l'épaisseur même du mésentère, sur la face
gauche duquel elle fait saillie. A ce niveau, elle est pourvue à son intérieur d'une remar-
quable plaque de lymphonodules agrégés. Arrivé en regard du rein droit, le côlon plonge
en direction ventro-caudale : là commence l'anse spirale, toute entière logée dans le
Côlon transverse •t*
Partie descendante
descendant Rectum Anus o>
Partie ascendante
Partie crâniale
du duodénum
Pli iléocascal
Jéjunum
Côlon
ascendant:
f Anse distale
Anse proximale
Anse spirale!
( Tours centrifuges
\ Courbure centrale
Partie flottante du jéjunum
mésentère, où elle s'enroule dans un plan. Cette anse décrit d'abord environ deux tours
centripètes, puis, parvenue vers le milieu de son parcours, revient brusquement sur elle-
même en formant la courbure centrale. A celle-ci succèdent deux tours centrifuges qui
se placent dans l'intervalle des précédents et cheminent en sens inverse pour atteindre
la périphérie et revenir à la région lombaire. Le calibre des tours centrifuges est en géné-
ral plus faible que celui des tours centripètes, eux-mêmes plus grêles que l'anse proxi-
male ; mais il existe de nombreuses variations individuelles et il n'est pas rare de voir
des tours centrifuges égaux, voire un peu plus larges que ceux de la partie centripète.
L'anse spirale n'est pas entièrement revêtue par la séreuse, bien que celle-ci s'enfonce
assez profondément entre les tours sur sa face gauche. Les divers tours sont en effet
unis entre eux par du conjonctif graisseux surtout abondant sur la face droite, où cou-
rent les vaisseaux. De ce côté, le revêtement péritonéal est presque plan et rend le côlon
moins visible. Quant à l'anse distale, où le calibre a atteint son minimum, elle se place
médialement à l'anse proximale. Elle effectue un premier trajet en direction caudale con-
tre la paroi lombaire puis décrit une large courbe vers le bas pour revenir en direction
crâniale, ventralement à sa partie initiale. Toujours accolée au mésentère, elle croise à
droite l'artère mésentérique crâniale puis se continue par le côlon transverse.
Le côlon transverse est plus bref encore que chez les Equidés. C'est une simple cour-
bure dont la concavité, ouverte caudalement, embrasse l'artère mésentérique crâniale
et le mésentère en passant ventralement au pancréas, au niveau de la treizième vertèbre
thoracique.
Artère splénique
Nœuds lymphatiques
hépatiques
Lobe gauche
du pancréas
Pylore
Corps du pancréas
crâniale
du duodénum
obe droit
Artère cœliaque du pancréas
Courbure duodéno-jéjunale
A. mésentérique
crâniale Partie
descendante
du duodénum
Partie ascendante
du duodénum Mésoduodénum
Cascum
dorsale qui se porte sur le fascia coccygien ; d'autre part, sa partie moyenne délègue
par chacun de ses bords des fibres qui s'unissent à celles du côté opposé en entourant
"anus avec le sphincter externe.
Le gros intestin est long de 4,5 à 8 m ; il est donc beaucoup plus long en proportion
que chez le Bœuf et ceci dans toutes ses parties. Le caecum s'étend du niveau de la
dernière côte, où se termine l'iléum, jusqu'au bassin. L'anse spirale du côlon est pour-
vue de deux à trois tours de spire dans chaque sens et sa saillie sur la face gauche du
mésentère est plus forte que chez le Bœuf : elle tend à former un cône très surbaissé,
qui est comme une amorce de la disposition qu'on trouvera chez le Porc111. D'autre part,
le dernier tour centrifuge, au lieu de rester voisin des autres comme chez le Bœuf, s'en
écarte nettement, jusqu'à se porter au voisinage du jéjunum. Il existe une trentaine de
plaques de follicules agminés, dont une très nette à la terminaison de l'iléum. Le côlon
descendant est nettement plus long chez la Chèvre que chez le Mouton, la différence
pouvant aller du simple au double. Les fèces subissent là une déshydratation plus pous-
sée et s'y trouvent moulées en petites masses arrondies, qui restent distinctes.
C. - INTESTIN DU PORC
(Pl. 1, 209, 224, 232, 236, 240, 258 à 262)
{1 ) Cette disposition est plus nette encore chez les Chameaux, dont l'anse spirale, qui fait suite directement au caecum, décrit
quatre tours dans chaque sens et forme une masse distincte, portée à gauche du mésentère.
4 8 0 -
Grand omentum
Courbure centrale
de l'anse spirale du côlon ascendant
Jéjunum Cascum
Vessie
Scrotum
Racine du mésentère
Jéjunum
lléum
Scrotum
Côlon descendant
lléum
Racine
du mésentère
Côlon
transverse
Mésentère
Le côlon ascendant est volumineux, enroulé sur lui-même en une spirale qui occupe
presque la moitié de l'abdomen quand l'estomac est peu empli. Il est long de 3 à 5 m
et son diamètre, d'abord égal à celui du caecum, se réduit à 2 ou 3 cm dans sa dernière
partie. Sa capacité est de 8 à 10 litres. Il forme, comme chez les Equidés et les Rumi-
nants, une longue anse dont les deux branches sont unies l'une à l'autre par le méso-
côlon ascendant. Mais cette anse est à son tour enroulée, dans le sens des aiguilles d'une
montre quand on l'examine par le dos, en un pas de vis dont les diverses spires sont
en outre accolées les unes aux autres. L'ensemble forme une sorte de tronc de cône épais
et court, dont l'axe est dorso-ventral et dirigé un peu à droite et crânialement : c'est l'anse
spirale du côlon, anciennement nommée "côlon hélicoïde". Le conduit décrit ainsi trois
tours centripètes dans le sens crânio-caudal et de droite à gauche. Ces tours sont pourvus
de bosselures et de deux bandes charnues longitudinales analogues à celles du caecum,
Rate Début du côlon ascendant
Rein gauche 00
Estomac Tissu apideux sous-lombaire
Poumon gauche:
Cescum
Lobe caudal Côlon descendant
Uretère gauche
4 Lobe moyen (Lingula) Glande vésiculaire
Lobe crânial Conduit déférent
(Culmen) Vaisseaux testiculaires (coupés)
Vessie
Kectum
Glande bulbo-urétrale
et m. bulbo-qlandulaire
M. ischio-caverneux
M. bulbo-spongieux
Testicule gauche
Médiastin crânial
(dans ses enveloppes profondes)
Cordon spermatique (et m. crémaster)
Cœur et péricarde
[ Lobe gauche médial Inflexion sigmoïde du pénis
Foie J Corps du pénis
1 Lobe gauche latéral
Jéjun'um
Anse spirale du côlon ascendant. J Tours centripètes
1 Premier tour centrifuge Partie libre du pénis
dont ils conservent à peu près le calibre. Ils occupent l'extérieur de l'anse spirale et sont
visibles sans dissection particulière. Au sommet de cette anse, la courbure centrale mar-
que le début de trois tours centrifuges dont le calibre décroît rapidement et qui sont lis-
ses, dépourvus de bosselures. Ces tours se placent entre les précédents et plus
profondément qu'eux, en s'enroulant en sens inverse. Il en résulte qu'ils sont en grande
partie cachés et souvent même ne sont pas visibles sans dissection. Revenu à la région
lombaire, le dernier d'entre eux se porte à la face droite de la racine du mésentère, croise
la face ventrale de la partie transverse du duodénum et se continue un peu plus loin par
le côlon transverse.
L'ensemble des spires est porté par un axe conjonctif épais, dans lequel circulent
es vaisseaux et les nerfs, accompagnés de nombreux nœuds lymphatiques. Cette dis-
position résulte de l'accolement des divers tours du côlon ascendant et de la transfor-
mation concomitante de son méso. La partie dorsale de ce dernier constitue pour
"ensemble de l'anse spirale un pédoncule très court et épais, qui s'accole à la face gau-
che de la racine du mésentère et s'attache donc aux lombes avec elle. L'anse spirale,
portant le caecum à gauche de sa base puis caudalement, forme une masse importante
qui occupe presque tout le flanc gauche. Cette masse, en rapport à droite, ventralement
et caudalement avec le jéjuno-iléum, entre en contact crânialement avec la rate et l'esto-
mac et dorsalement avec la partie ascendante du duodénum, le pancréas, le rein gauche
et le côlon descendant. Elle est plus ou moins déplacée caudalement quand l'estomac
est très plein, comme nous le verrons à propos de la topographie abdominale.
Le côlon transverse est court, mal délimité. Il croise de droite à gauche le bord crâ-
nial du mésentère en se plaçant dorsalement à la terminaison du duodénum et ventrale-
ment au pancréas, auxquels il adhère.
Le rectum est dilaté dans sa moitié caudale, où il forme une ampoule rectale assez
nette. Il est entouré d'un abondant conjonctif adipeux.
Le canal anal n'a que 25 à 30 mm de long et l'anus est très peu saillant. La zone
columnaire a 10 à 12 mm ; elle est très distincte, avec des sinus anaux et une ligne ano-
rectale bien visibles. La zone intermédiaire, longue de 5 à 8 mm, est de teinte gris rosé,
à peine plus sombre que la précédente et la ligne ano-rectale bien discernable. Les glan-
des anales sont nombreuses, à sécrétion muqueuse. Les deux sphincters de l'anus ne
présentent rien de spécial en dehors du développement de la partie superficielle du sphinc-
ter externe, laquelle s'unit au muscle bulbo-spongieux ou constricteur de la vulve, selon
le sexe. Le m. élévateur de l'anus est disposé à peu près comme chez les Ruminants.
Le m. suspenseur de l'anus est constitué par un faisceau entièrement distinct du muscle
rétracteur du pénis ou du clitoris, selon le sexe.
L'intestin des Carnivores est remarquable par sa brièveté et surtout par le faible volume
du gros intestin. Nous prendrons pour type celui du Chien et réserverons un paragraphe
distinct aux quelques particularités que présente le Chat.
Chez le Chien, les dimensions varient beaucoup selon la race, la taille et les indivi-
dus. La longueur totale peut aller de 2 à 7 m, dont 1,70 m à 6 m pour l'intestin grêle
et 0,30 à 1 m pour le gros intestin. La capacité moyenne est de l'ordre de 1,6 litre pour
l'intestin grêle et 0,7 litre pour le gros intestin.
4 8 6 -
Lobe carré
INTESTIN GRÊLE (Pl. 157, 171, 172, 206, 207, 210, 216, 217, 263 à 268)
Le duodénum du Chien est long de 20 à 60 cm ; la moyenne est d'une trentaine
de centimètres. Il est caractérisé par la brièveté des parties crâniale et transverse, tandis
que la partie descendante est relativement longue. Il commence généralement en regard
de la mi-hauteur de la neuvième côte droite. La partie crâniale présente à son origine une
très faible ampoule duodénale et fait un angle avec le pylore pour se porter dorso-
caudalement, contre la face viscérale du foie, ventralement au pancréas. Il n'y a pas d'anse
sigmoïde et la terminaison du conduit cholédoque et du conduit pancréatique se fait au
voisinage de la courbure crâniale, qui est peu marquée. La partie descendante est à peu
près rectiligne et longue de 12 à 15 cm en moyenne. Elle reçoit à son origine le conduit
pancréatique accessoire et se porte caudalement contre le lobe droit du foie puis entre
la paroi du flanc droit et le grand omentum, qui la sépare du caecum, du côlon ascendant
et du jéjunum. Son méso, attaché en commun avec le mésocôlon ascendant sur la racine
du mésentère et large de 4 à 6 cm, est presque entièrement occupé par le lobe droit du
pancréas. Cette glande s'applique contre la face dorso-médiale du conduit jusqu'au voi-
sinage de la courbure caudale. La partie transverse est réduite en fait à une simple et
large courbure à concavité crâniale, située caudalement au caecum et à la racine du mésen-
tère, au niveau de la cinquième ou sixième vertèbre lombaire. A son niveau, le mésoduo-
dénum devient moins ample. La partie ascendante, longue de 6 à 8 cm, se porte
obliquement en direction crâniale et gauche en se plaçant à gauche de la racine du mésen-
tère, à la face médiale du côlon descendant. Son méso est étroit et s'attache sur la racine
du mésentère, près du mésocôlon descendant ou avec lui. De l'origine de la partie ascen-
dante se détache en outre un pli duodéno-colique triangulaire, qui se porte sur le côlon
descendant jusque près du rectum. La courbure duodéno-jéjunale est située en regard
du pôle crânial du rein gauche.
Vestibule du vagin
Vulve
Vagin
Corps de l'utérus
Cœur et péricarde
Lobe gauche médial du foie
Côlon descendant
Lobe gauche latéral du foie
Jéjunum (couvert par le grand omentum)
Corps de
.Vulve
Uretère d r o i t
Deuxième c ô t e
Jéjunum (couvert par le grand Lobe d r o i t latéral du foîe Lobe d r o i t médial du foie
Rectui
Nerf vague droit
Vagin
M. long du cou
Trachée
GROS INTESTIN
(Pl. 172, 206, 207, 210, 216, 217, 226, 234, 240, 242, 243, 264 à 268)
Le caecum est peu développé, très variable en volume et en dimensions. Il est long
de 5 à 6 cm en moyenne, large de 1 à 2 cm, tordu en spirale irrégulière et terminé par
une extrémité arrondie dirigée ventro-caudalement ou transversalement. Il peut atteindre
une quinzaine de centimètres de long dans les très grandes races. Il est situé dans le
flanc droit, en regard de la troisième ou quatrième vertèbre lombaire, médialement ou
dorsalement à la partie descendante du duodénum, dont il est séparé ainsi que du pancréas
par le grand omentum. Il est en contact du côté médial avec l'iléum et ventralement avec
'e jéjunum. Le pli iléo-caecal n'est inséré que sur ses premiers centimètres, en général
sur la convexité de sa première inflexion. La séreuse forme d'autre part un court frein qui
solidarise les diverses flexuosités et un très bref pli caeco-colique, au côté antimésenté-
rique du côlon. C'est dans ce dernier organe et non dans le caecum que débouche l'iléum,
par une papille iléale à peine saillante et pourvue d'un sphincter bien développé. L'orifice
caeco-colique, situé à côté de cette papille, est large de 8 à 10 mm et pourvu d'un sphincter
propre. La muqueuse caecale est, comme celle de la partie du côlon qui en est la plus
voisine, riche en nodules lymphatiques solitaires mais dépourvue de nodules agrégés.
Le canal anal, long de 10 à 12 mm, est situé en regard de la quatrième vertèbre coccy-
gienne. La zone columnaire est longue de 5 à 8 mm, limitée crânialement par une ligne
ano-rectale nette. Les colonnes anales sont représentées par une vingtaine de petits plis
Treizième côte Rein gauche
Diaphragme
Côlon descendant
Lobe caudal du poumon gauche
Uretère gauche
Scissure caudale du poumon gauche
Vessie
Conduit déférent gauche
Rectum
M. coccygien
M . bulbo-spongiéUx
M . ischio-caverneux
Testicule gauche
(dans ses enveloppes
profondes)
Lobe crânial
du poumon gauche J
M. rétracteur du pénis
M. bultao-spongieux
Pli iléo-cascal
C/ECUM DE CHIEN
Côlon ascendant
Mésocôlon ascendant.
Ostium ceeco-colique
Pli iléo-cascal
Méso-ileum
lléum
C/ECUM DE CHAT
dont la partie caudale délimite des sinus anaux peu profonds. La zone intermédiaire,
à peine longue d'un millimètre, est comme la précédente très riche en glandes anales
à sécrétion graisseuse. La zone cutanée aboutit à un anus non saillant, en forme de fente
transversale rectiligne ou un peu incurvée ventralement au repos. Riche en glandes cir-
cumanales, elle se continue autour de celui-ci par une zone de peau glabre qui s'étend
avec l'âge, surtout chez les mâles, jusqu'à atteindre 3 ou 4 cm de rayon. Sur cette zone
oéri-anale, les glandes circumanales sont particulièrement nombreuses et s'hypertrophient
avec l'âge, en particulier sur le bord dorsal de l'anus, qui s'épaissit beaucoup chez cer-
tains vieux chiens. De chaque côté de la zone cutanée, tout près de la ligne ano-cutanée,
s'ouvre dans le canal anal par un orifice large de 2 mm environ un sinus para-anal (ou
sac anal). Logé entre le sphincter externe et le sphincter interne, ce sinus est sphéroïde,
arge de 6 à 10 mm. Il présente une cavité centrale dont la paroi, revêtue d'un épithélium
stratifié, pavimenteux et kératinisé, comporte une couche de glandes apocrines particu-
ières (glandes du sinus para-anal) de type sudoripare modifié. Ces glandes débouchent
dans la cavité du sinus ou dans le conduit, long de 4 à 5 mm, qui fait communiquer celui-
ci avec le canal anal. Leur sécrétion est épaisse, jaunâtre, d'odeur fétide. Le conduit du
sinus anal croise le bord caudal du sphincter interne. Celui-ci est un peu moins étendu
que le sphincter externe, qui est plus large dans sa partie dorsale (2 cm environ) qu'à
sa partie ventrale (1 à 1,5 cm) et enveloppe également le sinus para-anal. Le faisceau
anal du muscle rétracteur du pénis est assez net et se termine près du sinus para-anal ;
son équivalent est moins distinct chez les femelles. Quant au muscle élévateur de l'anus,
est très large et fort : il prend naissance sur le plancher pelvien et le col de l'os ilium
et s'étend jusqu'à la base de la queue et au périnée. Il répond exactement à la descrip-
tion déjà faite dans les généralités.
Le côlon a un calibre nettement plus grand que celui de l'intestin grêle. Ses parties
ascendante et transverse, plus courtes encore que chez le Chien, constituent une simple
boucle qui prolonge l'incurvation du caecum et contourne le bord crânial du mésentère
pour se continuer par le côlon descendant. Il n'y a même pas d'ébauche de côlon sigmoïde.
Le rectum est court. Dans le canal anal, la zone columnaire est très brève, à peine
marquée. Les sinus para-anaux sont disposés comme chez le Chien.
496 -
Fondus de l'estomac
crâniale du duodénum
Grand omentum
Partie pylorique
de l'estomac
Rate
Côlon descendant
Mésocôlon descendant
Corps du cascum
Pli jéjuno-colique
lléum
Anse spirale du
côlon ascendant
Première partie
Pancréas
(dans le mésoduodénum) Deuxième partie
Ampoule
Partie transverse de l'iléum
du duodénum (Sacculus
rotundus)
Conduit
pancréatique Début du côlon
(accessoire) ascendant
Corps du cascum
Mésentère
Jéjunum
E. - INTESTIN DU LAPIN
(Pl. 221, 225, 233, 240, 270, 271)
L'intestin réalise un type herbivore parfait : très grande longueur de toutes les par-
ties (5 à 7,50 m au total, soit 1 8 à 20 fois la longueur du corps), énorme développement
et complication extrême du gros intestin.
Grand omentum
(rabattu sur la base du thocax) Corps de l'estomac
Rein droit,
Partie terminale
du côlon ascendant
Courbure
duodéno-jéjunale Anse spirale du
Partie descendante côlon ascendant
du duodénum
Caecum
Corps du pancréas
Partie ascendante
du duodénum
Mésoduodénum
Côlon descendant Appendice
Lobe droit du pancréas vermiforme
du caecum
Utérus droit Jéjunum
Conduit
pancréatique (accessoire)
Partie transverse Utérus gauche
caeco-colique. Elle constitue la base et le corps de l'organe et son calibre décroît peu
à peu en allant vers la partie distale. Sa paroi, mince, translucide et fragile, forme des
bosselures volumineuses et régulières, séparées par un profond sillon spiral. Celui-ci cor-
r espond au pli que nous décrirons à l'intérieur de l'organe et qui assure seul le maintien
des haustrations. En effet, il n'y a pas de bande charnue longitudinale mais seulement
un axe conjonctif le long de l'attache du pli iléo-caecal. La partie distale du caecum, qui
occupe à peu près le tiers de la longueur et aboutit à un apex arrondi, est cylindroi'de
et nettement plus étroite, son calibre n'excédant pas 8 ou 9 mm. Sa paroi egt épaisse,
grisâtre et ferme, d'aspect finement granuleux. Pour sa structure comme pour sa situa-
tion, cette partie constitue un appendice vermiforme en tout point comparable à celui
du caecum humain.
Le caecum est enroulé sur lui-même de gauche à droite, puis caudalement, puis vers
la gauche et enfin crânialement jusqu'au flanc droit, où se loge l'appendice, en une spi-
rale d'un tour et demi, dans la concavité de laquelle sont fixés l'iléum et la première par-
tie du côlon ascendant. Le centre de cette spirale est occupé par la base du caecum,
repliée sur elle-même et continue vers l'extérieur par le corps de l'organe et vers l'inté-
rieur, dans la concavité de celui-ci, par le côlon et l'iléum. Ce dernier, intercalé entre la
concavité du caecum et la convexité du côlon, est uni à chacun des deux autres viscères
par le pli péritonéal correspondant. Comme le côlon est à son tour solidarisé à la con-
vexité de la base du caecum par un étroit pli caeco-colique, l'ensemble forme un bloc
viscéral indissociable qui occupe à lui seul plus de la moitié de l'abdomen et en particu-
lier la plus grande partie du flanc droit et la région du ventre, déterminant ainsi le reste
de la topographie viscérale. Le corps du caecum, occupant la périphérie de cette masse,
arrive ainsi contre la face postérieure de l'estomac, dont le sépare le grand omentum.
Sous le rein droit, il se continue par l'appendice vermiforme, qui se porte en direction
caudale en croisant obliquement la région lombaire.
Le côlon est d'un calibre beaucoup plus faible que celui du caecum (7 à 10 mm) mais
il est très long (1,2 m à 2 m) et sa disposition particulièrement compliquée. Il est bosselé
sur toute sa longueur.
Le côlon ascendant est ployé en une anse spirale un peu comme chez les Ongulés.
Mais les deux branches de cette anse ne sont pas exactement parallèles ni directement
solidarisées. La première, qui fait suite au caecum, épouse la courbure de celui-ci, dans
laquelle elle est fixée avec l'iléum, comme déjà décrit. Elle présente à son origine une
dilatation ovoïde et lisse : l'ampoule du côlon. Après quoi apparaissent trois bandes char-
nues longitudinales qui maintiennent des bosselures très marquées mais étroites et ser-
rées. Arrivé en regard de l'apex de l'appendice vermiforme, le conduit revient brusquement
sur lui-même. Là commence la deuxième branche, sur laquelle les bandes charnues
500 -
transverse (couvert
par le grand omentum)
Extrémité Hbre^
s'effacent tandis que les bosselures deviennent plus larges et irrégulières, résultant sim-
plement du péristaltisme qui modèle les excréments. Cette branche se place à la face
gauche de la spirale iléo-caeco-colique, à laquelle elle est unie par un étroit méso, voire
accolée. Elle décrit là deux larges inflexions en S pour aboutir à la face ventrale du rein
droit, médialement à la partie descendante du duodénum.
Le côlon transverse qui lui fait suite présente la même conformation. Il est très court
et croise de droite à gauche la racine du mésentère en recevant la lame profonde du grand
omentum, contre la face postérieure de l'estomac.
Le côlon descendant est long et flottant. Appendu à un méso d'abord étroit, il est
voisin du plan médian et séparé du flanc gauche par les circonvolutions du jéjunum. Près
de l'entrée du bassin, son méso devient beaucoup plus ample de sorte qu'existe un véri-
table côlon sigmoïde , qui décrit quelques flexuosités dorsalement à la vessie.
Le rectum est allongé et l'ampoule rectale peu distincte. Il se prolonge dorsalement
aux organes génitaux, au-delà du détroit caudal du bassin osseux, jusque sous la qua-
trième, voire la cinquième vertèbre coccygienne. De chaque côté de sa partie caudale
se trouve un volumineux amas de glandes anales particulières constituant la glande para-
proctale. Longue de 1 5 à 20 mm et large de 6 à 8, cette formation est lobulée, gris jau-
nâtre ou rosé. Elle déverse une sécrétion huileuse dans le canal anal, juste sous la ligne
ano-rectale.
L'intestin humain est à peine plus compliqué que celui des Carnivores, bien que le gros intestin
soit beaucoup plus développé. Ses moyens de fixité sont particulièrement adaptés à la station éri-
gée de l'espèce. Il est long de 8 m environ, dont 6 m à 6 , 5 m pour l'intestin grêle et 1,5 m pour
le gros intestin.
La partie crâniale, légèrement ascendante vers la droite et longue de 5 cm, présente à son début
une ampoule indiscernable sur le cadavre mais fonctionnellement distincte, bien visible sur les ima-
ges radiologiques du vivant. Au-delà de celle-ci, elle s'accole à la paroi lombaire et en particulier
au pancréas. Elle est en rapport avec le lobe carré du foie et, près de la courbure crâniale, avec
la vésicule biliaire.
La partie descendante, longue de 8 à 10 cm, est directement unie par du conjonctif à la partie
médiale du rein droit. Sa face ventrale est croisée par le début du côlon transverse, qui lui adhère.
Le lobe droit du pancréas est accolé à sa face médiale. Elle reçoit vers sa mi-hauteur la terminaison
des conduits cholédoque et pancréatiques.
502 -
Courbure crâniale
du duodénum - Rate
Rein droit *
Artère
A. V. mésentér.
iliaque commune cran, et racine
Uretère droit du mésentère
Quant à la partie ascendante, elle n'a que deux à trois centimètres et se place à gauche de l'aorte ;
e!le possède un rudiment de méso. La courbure duodéno-jéjunale est au niveau de la deuxième ver-
tèbre lombaire.
Dans la cavité duodénale, la papille duodénale majeure est située à 8 ou 10 c m du pylore. Elle
- est pas toujours creusée d'une ampoule hépato-pancréatique distincte et peut même ne faire aucune
saillie. La papille duodénale mineure est située 2 à 3 cm en amont. Les plis circulaires permanents de
a muqueuse (anciennement "valvules conniventes") n'apparaissent qu'au-delà de ces papilles. Les
; andes duodénales, abondantes dans la partie crâniale, deviennent plus faibles et moins nombreuses
-ès la deuxième moitié du conduit et disparaissent au voisinage de la courbure duodéno-jéjunale.
Le jéjuno-iléum diminue peu à peu de calibre, de sorte que sa terminaison n'a plus que 2 à 3
cm de diamètre. Le jéjunum décrit une quinzaine de circonvolutions à peu près horizontales, éten-
dues d'un flanc à l'autre en s'étageant jusqu'à la fosse iliaque gauche. Un second groupe de circon-
• olutions, à orientation verticale, se loge dans le grand bassin et aboutit au caecum, dans la fosse
aque droite : c'est lui qui constitue l'iléum. En fait, seule sa terminaison diffère du jéjunum : elle
manque en particulier des plis circulaires qui sont si nets dans ce dernier. Sur la muqueuse, les pla-
ques de lymphonodules agrégés, ovalaires et longues de 2 à 10 cm, sont le plus souvent au nombre
de 25 à 3 0 , avec de grandes variations individuelles. Peu nombreuses dans la première partie de
ntestin grêle, ces plaques deviennent ensuite plus abondantes, en particulier dans l'iléum.
En grande partie couvert par un grand omentum bien développé, le jéjuno-iléum occupe les régions
• entrale et latérales de l'abdomen, un peu plus toutefois à gauche qu'à droite en raison du volume
du caecum et du côlon ascendant. Quant au mésentère, il est ample, un peu comparable à celui
du Chien ou du Porc. Il est large d'une vingtaine de centimètres de part et d'autre de sa partie moyenne,
qui est un peu plus étroite. Sa racine, longue d'une quinzaine de centimètres, est attachée sur une
gne oblique qui va du rein gauche à l'articulation sacro-iliaque droite en croisant en particulier la
oartie transverse du duodénum, l'aorte et la veine cave caudale.
Le caecum est situé dans la fosse iliaque droite. Il comporte deux parties très différentes. La
partie principale (caecum proprement dit) est haute de 6 c m et large de 7 c m en moyenne. Les bos-
selures et les trois bandes charnues y sont bien distinctes. La seconde partie, étroite, lisse et cylin-
droi'de, est longue de 7 à 8 c m : c'est l'appendice vermiforme. Celui-ci s'implante non à l'extrémité
de la partie principale, mais à sa face médiale, 2 c m environ sous la terminaison de l'iléum. Son
orientation est variable et un petit méso triangulaire l'unit à ce dernier. Sa paroi a partout la struc-
ture d'une tonsille. La cavité du caecum proprement dit montre, outre des plis semi-lunaires, l'étroit
orifice de l'appendice et à la limite du côlon, la papille iléale. Celle-ci, relativement peu saillante,
montre un ostium iléal le plus souvent allongé transversalement et bordé par deux lèvres dont les
commissures se prolongent chacune par un épais frein muqueux. Le caecum est entièrement enve-
loppé par le péritoine. Il est maintenu par sa continuité avec l'iléum et le côlon, ainsi que par le méso
de l'appendice et un pli péritonéal particulier qu'il reçoit du mésentère ventralement à l'iléum.
Le côlon est long de 1,3 m en moyenne, avec de grandes variations individuelles. Son calibre,
de 7 à 8 c m près du caecum, diminue de façon progressive jusqu'à 3 ou 4 cm près du rectum. Deux
angles très nets, l'un droit ou hépatique et l'autre gauche ou splénique, délimitent les trois parties
habituelles, auxquelles s'ajoute un côlon sigmoi'de très distinct. L'ensemble est pourvu de bosselu-
res sur toute sa longueur et les trois bandes charnues du caecum s'y prolongent presque jusqu'à
la terminaison.
Courbure droite
du côlon Grande, courbure
de l'estomac et
grand omentum
Côlon descendant
Jéjunum
Côlon sigmoïde
le lobe droit du foie. Sa face dorsale est le plus souvent accolée au bord de la paroi lombaire puis
au rein droit par une zone conjonctive où manque le péritoine. Un très étroit mésocôlon ascendant
existe toutefois chez environ un sujet sur cinq.
Le côlon transverse mesure une cinquantaine de centimètres, souvent plus. Il décrit une large
courbe à concavité crânio-dorsale, étendue de l'angle droit à l'angle gauche, ce dernier situé à un
niveau plus crânial. La situation de sa partie moyenne, la plus mobile, est très variable. En général,
elle est dans la région ombilicale ou un peu plus caudalement De gauche à droite, sa face crâniale,
concave, répond au foie, à la vésicule biliaire, à la grande courbure de l'estomac et à la rate. Sa
face caudale, convexe, est en rapport avec le jéjunum et sa face ventrale avec la paroi profonde
du grand o m e n t u m , qui lui adhère. Quant à la face dorsale, elle est d'abord unie par du conjonctif
à la partie descendante du duodénum et à la tête du pancréas, puis revêtue par le péritoine, à tra-
vers lequel elle est en contact avec la courbure duodéno-jéjunale et le jéjunum. Elle donne attache
au mésocôlon transverse, qui est particulièrement ample dans sa partie moyenne (10 à 15 cm) et
s'insère d'autre part sur le corps du pancréas. Enfin, l'angle gauche du côlon se place contre l'extrémité
dorsale de la rate, le bord du rein gauche et l'extrémité gauche du pancréas. Il est si aigu que la
fin du côlon transverse s'applique contre le début du côlon descendant. Un petit pli péritonéal l'unit
au diaphragme en regard de la dixième ou onzième côte.
Le côlon descendant est long de 25 cm environ et comprend deux parties différentes par la topo-
graphie mais non par les caractères. La première, étendue de l'angle gauche à la crête iliaque, est
pour les classiques français le côlon descendant proprement dit. La seconde, logée dans la fosse ilia-
que, est aussi nommée " c ô l o n iliaque". La première partie descend contre le bord latéral du rein gau-
che puis contre le grand psoas. La seconde s'incurve en croisant de dehors en dedans la partie caudale
de ce muscle. Les deux sont dépourvues de méso et directement accolées par du conjonctif à ces
constituants de la paroi. Un sujet sur trois possède néanmoins un très étroit mésocôlon descendant.
Dans le reste de sa surface, le côlon descendant est en contact avec les circonvolutions du jéjuno-iléum.
Le canal anal est long de 3 cm environ. Son axe, oblique en direction dorso-caudale, fait un
angle de près de 9 0 degrés avec celui de l'ampoule rectale. La zone columnaire, longue de 10 à
1 5 mm, montre 6 à 8 colonnes anales plus saillantes chez le jeune que chez l'adulte et des valvules
anales toujours nettes. La ligne ano-rectale est située à un niveau très variable, qui peut atteindre
ces dernières. La zone intermédiaire a de 10 à 15 m m de haut. Les glandes anales, bien dévelop-
pées, ont une répartition diffuse ; quelques-unes s'insinuent entre les faisceaux du sphincter interne.
La zone cutanée ne présente rien de particulier. Le sphincter externe est nettement plus large que
le sphincter interne, qu'il déborde par sa partie cutanée. Le muscle élévateur de l'anus est large et
fort. Il prend origine sur le fascia obturateur, du pubis à l'épine sciatique et peut être subdivisé en
faisceaux dont les rôles sont différents : l'un de ceux-ci, pubo-coccygien, partage avec son homologue
un rôle constricteur ; un second, pubo-rectal, se porte entre les deux sphincters comme la partie
principale du m. élévateur de l'anus des Mammifères domestiques. Les deux autres faisceaux, rudimen-
taires chez ces derniers, sont ici mieux représentés : ce sont le releveur de la prostate (ou pubo-vaginal
chez la femme), qui est ventral au précédent et va au centre tendineux du périnée et enfin le muscle
ilio-coccygien, qui est dorsal au pubo-rectal. Le développement et la complication du m. élévateur
de l'anus répondent aux nécessités du soutènement du périnée, qui sont particulières à l'espèce.
t
en
O
G)
Aorte abdominale. Veine cave caudale
Rein gauche
Rein droit
Ligament liéno-rénal
Ligament hépato-rénal
Veine porte
(dans l'anneau du pancréas) Lobe caudé du foie
Pancréas Lig. triangulaire droit
. Pylore
Antre pylorique
Grande courbure
«Lobe droit latéral du foie
Extrémité ventrale de la rate-
_ _ _ _ _ _ Lobe carré du foie
CHAPITRE VII
GLANDES A N N E X E S DE L'INTESTIN
I. - FOIE
Le foie (Hepar) est une glande mixte, qui déverse la bile dans le duodénum et contri-
bue à la constance du milieu intérieur en contrôlant le sang qui revient de l'estomac et
de l'intestin. Plaqué contre la face abdominale du diaphragme, à laquelle il est solide-
ment attaché, il constitue la glande la plus volumineuse de l'organisme.
FONCTIONS
La bile, sécrétion externe du foie, est conduite à l'intestin par un ensemble de con-
duits : les voies biliaires, dont le collecteur terminai est le conduit cholédoque (Ductus
choledochus). Elle comporte des produits d'élimination (pigments biliaires, cholestérol)
et des substances à action digestive. De ces dernières, les principales sont les sels biliai-
res, qui activent certaines sécrétions pancréatiques et assurent en outre l'émulsion des
graisses, la dissolution des acides gras et l'absorption des vitamines liposolubles.
Les fonctions endocrines du foie sont multiples et très importantes. La plus ancien-
nement connue est la fonction glycogénique, par laquelle le glucose fourni par l'intestin
est mis en réserve sous forme de glycogène et restitué au sang dans l'intervalle des diges-
tions. Bien d'autres s'y ajoutent, qui interviennent dans la régulation de la composition
du sang, dans le stockage de diverses substances (dont le glycogène), dans la détoxica-
tion et dans la thermogenèse. Méritent surtout d'être citées : 1 - la formation de l'urée ;
2 - la production du fibrinogène, de la prothrombine et de diverses protéines du plasma ;
3 - la synthèse ou la conversion d'acides gras ; 4 - le stockage de la vitamine A ;
508 -
J f l
S'-' -1/ •
Morphogenèse
Ce diverticule s'enfonce rapidement en bourgeonnant de façon très active dans le
septum transversum, masse mésodermique développée sur le trajet des veines vitellines
entre l'ombilic et le cœur. Ce septum unit la somatopleure à la splanchnopleure de façon
à amorcer le cloisonnement du coelome. Il est épais et la prolifération hépatique l'agran-
dit beaucoup, tout en respectant sa partie crâniale, dans laquelle migrent bientôt les myo-
blastes destinés à la formation du diaphragme. Il en résulte que le septum transversum
constitue à la fois l'ébauche de ce dernier et celle du foie. Chacune de ces deux parties
poursuit son expansion de façon indépendante, de sorte que le foie, en s'agrandissant,
se sépare en grande partie du diaphragme par développement de diverticules du coelome
entre les deux organes. Ces interstices s'étendent pendant que le foie se modèle, mais
la zone d'adhérence primitive (Area nuda) persiste ainsi que de solides mésos hépato-
phréniques, dont les plus importants sont tributaires du système veineux.
Lobe
droit du foie
au foie. Elle s'y ramifie abondamment comme la veine porte mais se fraie en outre une
importante dérivation vers le segment suprahépatique de la veine cave caudale en for-
mation : c'est le conduit veineux ou ductus venosus — anciennement "canal d'Aran-
tius". Celui-ci persiste dans beaucoup de Mammifères (Homme, Ruminants) jusqu'à la
fin de la période fœtale ; chez d'autres, tels que les Equidés, il disparaît au contraire de
bonne heure. Dans tous les cas, le sang amené par la veine ombilicale et la veine porte
est finalement réparti dans le système capillaire du foie avant d'être restitué à la circula-
tion générale par les veines hépatiques.
D'autre part, une anastomose se développe très tôt entre le segment suprahépati-
que de la veine vitelline et l'extrémité crâniale de la veine supracardinale droite (la gau-
che disparaît à ce niveau), participant ainsi à la formation de la veine cave caudale. Celle-ci
comporte de ce fait une partie qui va de la région lombaire au centre du diaphragme (qu'elle
traverse à ce niveau pour entrer dans le thorax) en passant entre cette cloison et le foie,
dans lequel elle s'imprime.
En définitive, l'évolution du foie est liée à celle des grosses veines de l'abdomen.
Quand il a franchi ces étapes principales, l'organe reçoit à sa face viscérale la veine porte
et la veine ombilicale (cette dernière de loin la plus forte chez le fœtus et la veine porte
la relayant après la naissance), tandis que la face diaphragmatique donne passage à la
veine cave caudale, dans laquelle débouchent les veines hépatiques.
L'étage infrahépatique du mésogastre ventral, étendu entre le foie d'une part, la petite
courbure de l'estomac et le début du duodénum d'autre part, constitue le petit omen-
tum, dans lequel cheminent la veine porte et le conduit cholédoque, accompagnés par
l'artère hépatique. Il est entraîné par la rotation de l'estomac, de sorte que sa face droite
devient dorso-caudale et que son insertion gastro-duodénale, primitivement ventrale, se
fait finalement au bord dorsal de ces viscères. Enfin, le méso de la veine ombilicale, étendu
de l'ombilic au foie et raccordé au ligament coronaire, persistera après la régression de
cette veine et deviendra le ligament falciforme.
Voies d'excrétion
Le conduit cholédoque dérive du pédoncule de l'ébauche hépatique, dont il main-
tient la connexion avec le duodénum. Mais il n'est pas, avec le foie lui-même, le seul
dérivé du diverticule hépatique du duodénum. A peine apparu, ce diverticule se modèle
en un très bref conduit hépato-pancréatique (Ductus hepatopancreaticus), qui se subdi-
vise en deux ébauches. L'une, caudale, est le bourgeon pancréatique ventral (Gemma
pancreatica ventralis) — initialement double dans certaines espèces — dont dérive une
512 -
Ouraque
Artère
ombilicale droite
Cordon ombilical
partie du pancréas. L'autre est l'ébauche du conduit cholédoque lui-même, qui fournit
à son tour, dans la grande majorité des Mammifères, outre sa partie hépatique (Pars hepa-
tica) dont dérivent le foie et ses conduits excréteurs, un bourgeon caudal ou partie cysti-
que (Pars cystica). Cette dernière s'allonge et se dilate pour produire la vésicule biliaire
et le conduit cystique qui la relie au cholédoque ; elle fait toutefois défaut dans nombre
d'espèces, dont le Cheval, l'Ane et les Chameaux. La partie hépatique, pour sa part, est
celle qui s'étend dans le septum transversum. Elle s'y creuse d'une étroite lumière dont
l'extrémité, ramifiée, forme l'antre hépatique (Antrum hepaticum), d'où procèdent les
ébauches multiples des conduits hépatiques. Ces derniers, encore pleins, produisent les
lames hépatiques et se creuseront plus tard d'une lumière. On retiendra encore que le
pancréas ventral, qui dérive du bourgeon pancréatique ventral, perd dans nombre d'espè-
ces sa connexion avec le conduit cholédoque après son incorporation au pancréas défi-
nitif. Dans ce cas, le conduit cholédoque s'ouvre isolément dans le duodénum, alors qu'il
se termine dans la plupart des espèces en commun avec le conduit pancréatique "princi-
pal", dont il a partagé l'origine.
Par contre, chez les vieux sujets, le volume est diminué de façon parfois importante
et certains rapports, d'ailleurs variables avec l'espèce, se réduisent, voire disparaissent.
La régression de la glande se traduit encore par la présence en divers points de sa sur-
face, mais surtout sur ses bords, dans l'épaisseur des ligaments, d'un système complexe
de fins conduits biliaires vestigiaux qui ont été mis à nu par suite de l'atrophie des lobu-
les dans lesquels ils étaient primitivement plongés. De même, du conjonctif densifié peut
persister dans le ligament de chacun des lobes latéraux comme un mince vestige du
parenchyme disparu, constituant un appendice fibreux du foie (Appendix fibrosa hepatis).
CARACTÈRES PHYSIQUES
Ces caractères sont très variables, non seulement avec l'espèce, mais aussi avec
l'âge, les conditions physiologiques, le régime et l'état de santé.
La couleur est en général brun rougeâtre ou bleuâtre ; elle est plus claire chez les
sujets jeunes et bien nourris que sur les individus vieux ou émaciés. La constitution
5 1 4 -
cave caudale
,Area nuda
Bord dorsal
Ligament coronaire
Empreinte œsophagienne
Bord gauche
Sillon de la v. cave et
v. cave caudale (ouverte)
Ligament hépato-rénal
Bord ventral Empreinte rénale
porte Lobe caudé (Proc. caudé)
Lobe droit médial
et lobe carré, confondus Veine cave Lig. triangulaire droit
Ligament falciforme
Fissure du ligament rond
Lobe gauche médial
Ligament rond
FACE DIAPHRAGMATIQUE
Porte du foie
Début de
l'empreinte duodénale
Bord ventral
Ligament falciforme
FACE VISCÉRALE
Lobe gauche médial
lobulaire de l'organe peut apparaître en surface sous forme d'un dessin polygonal assez
régulier (Porc) ou donner lieu à des variations locales de teinte. Larges de un à deux milli-
mètres, les lobules peuvent en effet avoir une couleur uniforme mais présentent souvent
deux nuances, dont l'une occupe le centre et l'autre la périphérie. Tantôt le centre est
rouge foncé et la périphérie jaunâtre, tantôt on observe la disposition inverse. Toutes
ces apparences sont dues à l'état de réplétion plus ou moins prononcée des différents
vaisseaux qui aboutissent aux lobules ou en sortent, la partie la plus foncée étant celle
où le sang s'est accumulé en plus grande quantité. Nous reviendrons sur ces variations
fonctionnelles après avoir décrit l'organisation des lobules.
La consistance est ferme, peu élastique. Le parenchyme est peu dépressible sous
le doigt mais friable, assez facile à écraser. Il montre alors une texture granuleuse, qui
traduit sa constitution lobulaire.
Par l'extrême plasticité dont il fait preuve au cours du développement puis dans son
évolution, le foie s'adapte exactement à la conformation des organes voisins, sur les-
quels il se moule. Pourtant, lorsqu'il est extrait sans précaution particulière, il s'affaisse
sur lui-même et prend l'aspect d'une énorme lentille irrégulièrement elliptique et bicon-
vexe. Cette conformation est totalement différente de celle qu'il présente sur le vivant
ou encore sur le cadavre non éviscéré. Lorsqu'on a pris soin de faire subir aux organes
une fixation correcte avant d'ouvrir l'abdomen, le foie garde l'empreinte des viscères qui
le plaquent en quelque sorte contre le diaphragme, dont il épouse la courbure. La face
qui répond à ce dernier est alors beaucoup plus fortement convexe, alors que l'opposée
est excavée.
(1 ) Cette extrême richesse de la vascularisation explique la gravité des blessures du foie, qu'il est en outre difficile de suturer,
en raison de sa texture friable.
516 -
Artère hépatique
Lobe droit latéral
Empreinte oesophagienne
Conduit cholédoque
Rameaux hépatiques de
l'artère hépatique
Conduit hépat. commun
Porte du foie
Conduit cystique
Lobe carré
Vésicule biliaire
FACE VISCÉRALE
Empreinte œsophagienne
Area nuda
Ligament triangulaire gauche
Lobe droit latéral
latéral
Ligament coronaire
Veines hépatiques
Ligament falciforme
FACE DIAPHRAGMATIQUE
On reconnaît au foie une face diaphragmatique et une face viscérale, séparées par
un bord dorsal et un bord ventral, lesquels se raccordent par deux bords latéraux. Du
bord ventral partent en outre des fissures plus ou moins profondes, variables avec les
espèces, qui divisent l'organe en lobes dont la description fera l'objet d'un paragraphe
distinct.
Les empreintes viscérales varient avec les espèces et avec l'âge, mais on trouve tou-
jours, parmi les principales, l'empreinte gastrique (Impressio gastrica), qui occupe la par-
tie gauche de l'organe et l'empreinte duodénale (Impressio duodenalis), qui longe à droite
la porte du foie ou peut se trouver reportée plus à droite et ventralement. L'empreinte
gastrique est subdivisée chez les Ruminants en plusieurs parties qui correspondent aux
divers compartiments de l'estomac. D'autres empreintes sont propres à certaines espè-
ces. Telles sont : l'empreinte colique (Impressio colica), qui occupe les parties ventrale
et droite chez les Equidés et à un moindre degré chez l'Homme, l'empreinte caecale
(Impressio caecaiis), dorsale et droite, particulière aux Equidés, l'empreinte rénale (Impres-
sio renalis) et l'empreinte surrénale (Impressio suprarenalis) nettes chez l'Homme et
518 -
Empreinte œsophagienne
Artère hépatiqi
Veine porte
FACE VISCÉRALE
Ligament coronaire
Veines hépatiques
Lobe c
FACE DIAPHRAGMATIQUE
reportées sur le bord dorsal de l'organe chez les Mammifères domestiques. Dans nom-
bre d'espèces (Carnivores, Homme), un léger relief répond à la petite courbure de l'esto-
mac, à gauche de l'insertion hépatique du petit omentum : c'est le tubercule omental
(Tuber omentale).
Le bord dorsal (Margo dorsalis) est épais et irrégulier, oblique ventralement et à gau-
che comme l'axe de l'organe et étroitement fixé au diaphragme. De droite à gauche, il
montre : 1) l'insertion du ligament triangulaire droit, 2) le bord correspondant du lobe
caudé, qui porte chez tous les Mammifères domestiques à l'exception du Porc l'empreinte
du rein droit, généralement profonde, 3) l'entrée du sillon de la veine cave caudale, lequel
se prolonge sur la face diaphragmatique, 4) une profonde échancrure destinée à livrer
passage à l'œsophage : l'empreinte œsophagienne (Impressio oesophagea), 5) l'inser-
tion du ligament triangulaire gauche.
Le bord ventral (Margo ventralis) est libre, plus ou moins orienté vers la droite selon
l'espèce. Il est bien plus mince et comme tranchant. Irrégulièrement convexe, il est
découpé de façon variable avec les espèces par de profondes et étroites échancrures :
les incisures interlobaires (Incisurae interlobares) qui se prolongent en profondeur par les
fissures (Fissurae interlobares) délimitant les divers lobes. L'une de ces dernières, la plus
remarquable, répond au bord libre du ligament falciforme : c'est la fissure du ligament
rond, déjà citée.
Les bords droit et gauche (Margo dexter, sinister) appartiennent chacun au lobe latéral
correspondant, dont le droit est généralement situé sur un plan plus dorsal que le gau-
che. Mal délimités, ils sont minces, arrondis et raccordent le bord ventral au bord dorsal.
Ces divisions ne sont pas toujours évidentes ni leurs dénominations bien appropriées
en Anatomie comparée. L'analyse permet toutefois d'en retrouver les équivalents dans
toutes les espèces. Le lobe gauche est subdivisé dans nombre d'animaux par une pro-
fonde scissure en un lobe gauche latéral et un lobe gauche médial. Cette fissuration, très
évidente chez les Carnivores, le Porc, le Lapin, est moins profonde mais encore visible
chez les Equidés, où le lobe gauche médial est tout petit. De façon similaire, le lobe droit
est divisé en un lobe droit latéral et un lobe droit médial chez les Carnivores, le Porc et
de façon beaucoup moins nette chez les Equidés. Dans ces derniers animaux, l'absence
5 2 0 -
Aorte, abdominale
Rameau hépatique
droit latéral de
l'artère hépatique Artère hépatique
Rameaux hépatiques
de l'artère hépatique Porte du foie
Lobe caudé
(Processus papillaire)
de vésicule biliaire efface toute démarcation précise entre le lobe droit médial et le lobe
carré, qui devient donc indiscernable à première vue. Le lobe carré est large et mieux
délimité chez les Ruminants ; mais les scissures qui le bordent sont peu profondes, de
sorte qu'il s'unit de façon très étendue avec les lobes droit et gauche, eux-mêmes indi-
vis et massifs. Il est aussi accolé tout du long au lobe droit, indivis, chez le Lapin, mais
séparé du lobe gauche médial par une très profonde fissure. Il est aussi bien distinct,
isolé par deux fissures profondes, chez les Carnivores et le Porc, mais ne mérite nulle
part son nom, en particulier dans cette dernière espèce, où il est étroit et pointu. Quant
au lobe caudé, ses deux processus sont très développés, pédonculés et bien distincts
chez les Carnivores et le Lapin, alors que dans les autres espèces domestiques, le pro-
cessus caudé est seul détaché, le processus papillaire étant réduit à un simple relief entiè-
rement accolé à la base des lobes droit et gauche. La disposition inverse s'observe chez
l'Homme, où le processus caudé est un simple relief de la base du lobe droit.
On peut remarquer enfin que les fissures interlobaires sont surtout profondes dans
les espèces dont le foie est soumis à des déplacements amples et souvent répétés, non
seulement du fait de la respiration (pression rythmique du diaphragme) mais aussi de la
part d'un estomac susceptible de fortes variations de volume, comme chez les Carnivo-
res, ou de la part de l'ensemble viscéral appendu à un rachis lombaire très souple et mobile,
comme chez les Lagomorphes ou les Carnivores. Chez ces derniers, les divers lobes sont
portés par des pédoncules relativement étroits, ce qui leur permet de glisser aisément
les uns sur les autres. Au contraire, le foie est massif et ses lobes unis en un seul bloc
chez les Ruminants, dont les mouvements du diaphragme n'ont qu'une amplitude modé-
rée, l'estomac un volume à peu près constant et le rachis lombaire une mobilité très fai-
ble. Le Porc, les Equidés, l'Homme, présentent des types intermédiaires.
TOPOGRAPHIE ET RAPPORTS (Pl. 150, 151, 157, 167, 171, 172, 186, 187, 199,
235, 249, 252, 253, 265, 275, 282 à 284)
Presque dès le début de son développement, le foie présente une croissance asymé-
trique, en relation avec la rotation qui porte l'estomac du côté gauche. Il est comme refoulé
vers l'hypocondre droit et la majeure partie de sa masse se trouve ainsi chez l'adulte à
droite du plan médian. Il tend du même coup à prendre une orientation oblique, telle que
son extrémité droite s'applique plus ou moins largement contre la région lombaire droite,
alors que l'extrémité gauche tend à se porter ventralement. Cette obliquité n'est pas éga-
lement marquée dans toutes les espèces. Elle est faible chez le Lapin, les Carnivores,
l'Homme. Elle est bien plus nette chez le Porc et surtout les Equidés, où elle est de l'ordre
de 45 degrés. Elle atteint son maximum chez les Ruminants, dont le foie est entièrement
reporté à droite du plan médian par l'énorme développement du rumino-réticulum. La
glande a chez eux un grand axe vertical et les lobes droit et gauche deviennent respecti-
vement dorsal et ventral, tandis que la veine cave caudale longe le bord dorsal, devenu
gauche.
Quoi qu'il en soit, c'est toujours sous l'arc costal droit que le foie est explorable par
le clinicien. Il ne déborde nettement cet arc que chez le très jeune sujet ou, chez l'adulte,
dans des cas pathologiques. Toutefois, dans presque toutes les espèces, il le dépasse
normalement en deux endroits : derrière l'extrémité dorsale de la dernière côte, où il s'appli-
que contre le rein droit, et près du processus xiphoi'de du sternum, qu'il déborde en outre
à gauche. Cette dernière projection fait défaut chez les Equidés et le Bœuf.
Les rapports restent clairement indiqués sur la surface même de l'organe, lorsque
celui-ci a été extrait après une bonne fixation. Ils sont donc faciles à résumer.
Lig. triangulaire
gauche Empreinte
duodénale
Œsophage
Porte du foie
Partie costale
du diaphragme Insertion hépatique
du petit omentum
Empreinte colique
Lobe gauche
latéral du foie
Lobe droit médial
et lobe carré)
Lobe gauche du foie
médial du foie
Fissure du ligament rond
par les diverses empreintes que nous avons décrites la marque de ses rapports. Ceux-ci
s'établissent donc : a) dans la porte du foie et à son voisinage immédiat, avec la veine
porte, le conduit cholédoque, l'artère, les nerfs et les nœuds lymphatiques hépatiques ;
b) plus dorsalement, avec le pancréas ; c) en regard de la moitié dorsale, voire de la quasi
totalité du ou des lobes gauches, avec le fundus et le corps de l'estomac ; d) ventrale-
ment et à droite de la porte, avec le duodénum ; e) dans le reste de l'étendue de cette
face et de façon générale à travers le grand omentum, avec des organes différents selon
les espèces : gros côlon et, dorsalement et à droite, caecum chez les Equidés, jéjunum
dans la plupart des autres espèces, côlon et rein droit chez l'Homme. Les principaux rap-
ports du bord dorsal sont représentés, de droite à gauche, par : le rein droit, qui possède
une empreinte souvent très étendue, absente toutefois chez le Porc ; le pancréas, la veine
cave caudale, l'œsophage. Les bords ventral et latéraux s'insinuent entre le diaphragme
et la paroi de l'hypocondre d'une part, la partie déclive de l'estomac (pour le bord gau-
che) et des parties variables de l'intestin d'autre part.
Le ligament falciforme (Lig. falciforme hepatis) est une lame séreuse médiane étroite
et allongée qui s'étend du voisinage de l'ombilic au foramen de la veine cave du dia-
phragme, où elle se met en continuité avec le ligament coronaire. Son bord pariétal prend
attache sur la face interne de la ligne blanche puis sur la partie sternale du diaphragme
et le centre phrénique. Le bord opposé est divisible en deux parties très distinctes. La
plus courte est attachée à la face diaphragmatique du foie, depuis le sillon de la veine
cave caudale jusqu'à la fissure du ligament rond ; elle unit directement la glande à la paroi.
L'autre partie va du foie à la région ombilicale, qu'elle n'atteint pas en général. Elle est
libre, légèrement concave et porte le vestige de la veine ombilicale sous forme d'un cor-
don fibreux : le ligament rond du foie, dans lequel persiste parfois une étroite lumière
chez les jeunes sujets. Ce cordon se continue souvent contre la paroi abdominale jusqu'à
l'ombilic. Son extrémité opposée se perd dans la fissure correspondante ou à la face cau-
dale du foie, en direction de la porte hépatique. Cette seconde partie du ligament falci-
forme est relativement longue chez l'Homme et les Equidés mais regressée et brève sinon
absente chez les Ruminants, le Porc, les Carnivores et le Lapin.
5 2 4 -
Arc costal
droit
Vésicule biliaire
Rate
Empreinte abomasique
Œsophage
Lobe gauche du foie
Ligament triangulaire gauche
Empreinte réticulaire
Quant au petit omentum, il a déjà été décrit. Rappelons seulement qu'il est attaché
autour de la porte du foie, que son bord droit, épais et libre, loge la veine porte, l'artère
et les nerfs hépatiques et le conduit cholédoque, enfin que son bord opposé, gauche et
dorsal, est attaché à l'œsophage. Précisons en outre que son insertion hépatique con-
tourne, à gauche de la porte du foie, le processus papillaire du lobe caudé pour rejoindre
l'empreinte œsophagienne du bord dorsal.
ENVELOPPES
Le foie est tapissé par le péritoine viscéral, qui constitue sa tunique séreuse. Conti-
nue avec les divers ligaments, cette enveloppe est à peu près complète, mais ne revêt
toutefois pas l'area nuda et les sillons occupés par les grosses veines. Elle repose sur
une mince sous-séreuse (Tela subserosa) qui l'unit à la capsule fibreuse (Tunica fibrosa).
Cette dernière est mince, demi-transparente et résistante. Elle adhère à la sous-séreuse
et au tissu hépatique. Au niveau de la porte du foie, elle se réfléchit à l'intérieur de l'organe
en formant une gaine autour des différents vaisseaux et conduits, qu'elle accompagne
depuis ce hile et avec lesquels elle se subdivise. Ce système de gaines est adhérent au
parenchyme par sa face externe alors que la face interne supporte un conjonctif lâche
qui enveloppe vaisseaux et conduits. Il constitue la capsule fibreuse périvasculaire (Cap-
sula fibrosa perivascularis), — anciennement "capsule de Glisson".
incomplètes, de sorte que les lobules sont directement adossés et leurs limites estom-
pées. L'Homme et les Ruminants fournissent des types intermédiaires.
Chaque lobule hépatique (Lobulus hepaticus) est un petit polyèdre irrégulier, large
d'un à deux millimètres et dont la section figure un polygone à cinq ou six côtés. Il est
grossièrement pyramidal, l'une de ses extrémités étant effilée et l'opposée plus volumi-
neuse. Il est parcouru dans son axe par une grosse veine centrale (Vena centralis) ou
centro-lobulaire. Celle-ci sort par le sommet et constitue l'une des racines initiales des
veines hépatiques, à laquelle le lobule est en quelque sorte appendu comme à un pédon-
cule ; les veines hépatiques aboutissent à la veine cave caudale.
D'autres vaisseaux sont situés à la périphérie du lobule, qu'ils entourent de leurs
divisions. Les plus volumineux sont situés au point de rencontre de plusieurs lobules.
On trouve là des espaces conjonctifs qui apparaissent sur les coupes comme des étoi-
les, généralement à trois branches, car séparant trois lobules. Chacun d'eux constitue
un canal portai (CanaliS portalis) — anciennement "espace porte", "porto-biliaire" ou
"de Kiernan". Il est occupé par le conjonctif interlobulaire dépendant de la capsule péri-
vasculaire. Celui-ci forme une sorte de gaine dans laquelle cheminent trois conduits cons-
tituant une triade hépatique (Trias hepatica). Chaque triade comprend : une division ultime
de la veine porte formant une veine interlobulaire (Vena interlobularis), une division simi-
laire de l'artère hépatique, artère interlobulaire (Arteria interlobularis) et un conduit biliaire
interlobulaire (Ductus interlobularis bilifer). Chacun de ces trois conduits émet ou reçoit
de fines divisions périlobulaires, qui constituent un réseau entre les lobules.
Enfin, l'étude de la circulation artérielle conduit à considérer dans chaque lobule ana-
tomique trois zones différentes d'activité métabolique. Une zone périphérique (Zona peri-
oheralis), voisine des divisions artérielles, reçoit le sang le plus oxygéné et se montre
olus résistante aux agressions (toxiques ou infectieuses) et la plus apte à la régénéra-
tion. La zone centrale (Zona centralis), voisine de la veine centrale et la moins oxygénée,
est la plus fragile et la moins apte à la régénération. La zone intermédiaire (Zona interme-
dia) fait transition entre les deux autres.
Conduit biliaire
Canal portai
Réseau des
canalicules
Réseau des
capillaires sinusoïdes Vaisseaux
périlobulaires
" r i a d e hépatique :
J' V . interlobulaire
Veine centrale
A, interlobulaire
C o n d u i t biliaire
interlobulaire
Réseau des
canalicules biliaires
Lames hépatiques
Capillaires sinusoïdes
Veine centrale
Triades hépatiques
Réseau des capillaires sinusoïdes
On notera que les divisions de l'artère hépatique n'apportent que peu de sang aux
lobules. Elles se distribuent surtout aux conduits biliaires ainsi qu'au conjonctif interlo-
bulaire et périlobulaire ; leurs capillaires vont rejoindre le système précédent dès la partie
périphérique des lobules, ce qui explique les différences fonctionnelles citées plus haut
entre zones des lobules.
d) Les canalicules biliaires (Canaliculi biliferi) sont dépourvus de paroi propre. Ce sont
des cavités très étroites, dont le diamètre est de l'ordre du micron, creusées entre les
faces adjacentes des hépatocytes, à l'intérieur des lames hépatiques. A leur niveau, chaque
hépatocyte est déprimé en une gouttière dont la paroi est riche en microvillosités. Cette
gouttière complète celle de la cellule opposée, et les bords du canal ainsi formé sont scellés
par une étroite adhérence des hépatocytes, de sorte qu'il n'existe pas la moindre com-
munication entre les lacunes logeant les capillaires sinusoïdes et d'autre part les capillai-
res biliaires. Ces derniers s'anastomosent en un réseau infiniment compliqué qui pénètre
toutes les lames du lobule et y draine de nombreux culs-de-sac. Ils sont collectés à la
périphérie des travées par des conduits très ténus, les ductules bilifères (Ductuli biliferi)
— anciennement "passages de Hering" —, qui possèdent une mince paroi formée d'une
assise unique de cellules basses et aboutissent aux conduits biliaires interlobulaires.
Processus caudé
Artère et veine
du lobe droit médial
Lobe gauche
FOIE DU CHEVAL
(VUE CAUDALE)
. gastro-
Rameau gauche de la veine porte
duodénale
FOIE DU BŒUF
(VUE CAUDALE)
: .
Planche 288 - DISTRIBUTION DE L'ARTERE HEPATIQUE ET DE LA VEINE PORTE
- 533
(VUE CAUDALE]
Veine hépatique
droite accessoire
V. cave
VEINES HÉPATIQUES DU CHEVAL caudale
Vésicule biliaire
Lobe gauche
divergents, l'un droit (Ramus dexter) et l'autre gauche (Ramus sinister). Ces branches
accompagnent les rameaux correspondants de la veine porte et se divisent avec eux,
sans toutefois leur être partout exactement accolées. Les branches secondaires de cette
distribution desservent des territoires assez constants, dits segments hépatiques, dont
les principaux semblent avoir, du point de vue de l'Anatomie comparée, la valeur de véri-
tables lobes. Les deux processus du lobe caudé reçoivent chacun un rameau distinct,
provenant en principe de la division primaire correspondante de l'hépatique propre
(Homme) ou de cette dernière même. L'artère cystique, destinée à la vésicule biliaire,
vient en général du rameau droit ; les Carnivores et le Boeuf font toutefois exception.
Dans les autres types de distribution, l'artère hépatique décrit une large boucle con-
tre la porte du foie, ventralement à la veine porte, avant de fournir les artères destinées
à la partie pylorique de l'estomac et au duodénum. Elle donne au passage le rameau hépa-
tique droit, puis le rameau hépatique gauche, le premier étant subdivisé chez les Carni-
vores et le Porc, où trois rameaux distincts mais voisins (droit latéral, droit médial et
gauche) pénètrent habituellement dans la porte du foie. Il est à peine utile de rappeler
que dans tous les cas, l'artère hépatique ou ses constituants ont un calibre beaucoup
plus petit que celui de la veine porte (sept ou huit fois moindre) et que leur distribution
terminale est périlobulaire.
On a décrit parfois des veines portes accessoires, petits vaisseaux provenant de l'esto-
mac, de l'origine du duodénum, voire du diaphragme ou de la paroi abdominale et chemi-
nant dans l'épaisseur des divers ligaments pour gagner la glande. Certains de ces vaisseaux
se distribuent directement au parenchyme hépatique ; d'autres se jettent dans les troncs
veineux provenant de la veine porte.
LYMPHATIQUES
Les lymphatiques du foie constituent deux réseaux, l'un superficiel et l'autre pro-
fond, unis par de nombreuses anastomoses. Le réseau superficiel est plus riche sur la
face diaphragmatique que sur la face viscérale. Le réseau profond prend naissance par
quelques capillaires périlobulaires très ténus mais se développe principalement dans les
canaux portaux. Ses efférents suivent les divisions de la veine porte et pour un plus petit
nombre, les affluents des veines hépatiques.
Les lymphatiques quittant l'organe constituent trois groupes. Le principal passe dans
la porte du foie ; il collecte la plus grande partie du réseau profond, ainsi que le réseau
superficiel de la face viscérale et des parties ventrale et latérales de la face diaphragma-
tique. Il aboutit aux noeuds lymphatiques hépatiques (et hépatiques accessoires chez le
Bœuf), éventuellement aux nœuds lymphatiques cœliaques, voire gastriques. Le second
groupe accompagne la veine cave caudale. Il draine une grande partie du réseau superfi-
ciel de la face diaphragmatique et les parties adjacentes du réseau profond. Ses effé-
rents passent dans le thorax avec la veine cave et aboutissent aux nœuds lymphatiques
médiastinaux caudaux, voire thoraco-aortiques et sternaux. Le dernier groupe, peu impor-
tant, comprend quelques efférents qui passent dans les divers ligaments et se rendent
aux nœuds lymphatiques pariétaux de l'abdomen, en particulier aux lombo-aortiques, voire
au conduit thoracique. La répartition et la destination de ces trois courants présentent
de larges variations interspécifiques (voir Angiologie).
NERFS
Les nerfs du foie proviennent des nerfs vagues et du sympathique. Ils contrôlent la
sécrétion du parenchyme et la vasomotricité ; ils assurent aussi la sensibilité. Les branches
parasympathiques sont émises par les deux troncs vagaux, ventral et dorsal, au voisinage
de l'échancrure œsophagienne et cheminent dans le petit omentum. Elles rejoignent près
de la porte du foie les rameaux qui viennent du plexus cœliaque (anciennement "plexus
solaire"). Ces derniers sont principalement formés de fibres sympathiques qui provien-
nent des ganglions cœliaques et auxquelles se mêlent des fibres parasympathiques venues
du tronc vagal dorsal, fibres qui traversent le plexus cœliaque sans y prendre relais.
538 -
Conduit cholédoque
Conduit hépatique droit
Lobe droit
Veine cave caudale
Lobe
gauche lat. Lobe gauche média!
Conduit hépatique
Vésicule biliaire
Lobe gauche
Les voies d'excrétion de la bile ou voies biliaires sont constituées par un système
convergent de conduits qui commencent aux ductules bilifères et se terminent à l'embou-
chure du conduit cholédoque dans le duodénum. Elles sont divisibles en deux segments,
un intrahépatique et l'autre extra-hépatique ou sous-hépatique. Le premier comprend
es conduits interlobulaires, les conduits biliaires et les conduits hépatiques. Le segment
extra-hépatique est constitué par le conduit hépatique commun, logé dans la porte du
foie où il draine les précédents et par le conduit cholédoque qui lui fait suite. Dans la
plupart des espèces, un réservoir d'attente, la vésicule biliaire, est branché par un canal
de jonction (conduit cystique) à la limite de ces deux derniers conduits.
Les conduits biliaires (Ductus biliferi) drainent les conduits interlobulaires et se col-
lectent de proche en proche pour constituer les racines ou les affluents des conduits hépa-
tiques. Leur calibre s'accroît donc de façon progressive tandis que leurs parois se
renforcent. Les cellules de l'épithélium deviennent plus hautes et prennent des caractè-
res de plus en plus voisins de ceux des entérocytes. Le conjonctif périphérique se densi-
fie et s'organise jusqu'à ressembler, dans les plus gros conduits, à la sous-muqueuse
des voies extra-hépatiques. Tous ces conduits sont satellites des divisions de la veine
porte et contenus avec elles et avec les branches de l'artère hépatique dans la capsule
fibreuse périvasculaire.
CONDUIT HÉPATIQUE COMMUN (Pl. 279 à 284, 292, 295, 297 à 303)
Ce conduit (Ductus hepaticus communis) naît de I union des conduits hépatiques
droit et gauche dans la porte du foie et se continue par le conduit cholédoque au-delà
de sa jonction avec le conduit cystique. Il constitue en fait la partie initiale du cholédo-
que et présente même conformation et même structure que lui. Il n'en diffère que par
la situation. Quand la vésicule biliaire et le conduit cystique font défaut, comme chez
540 -
VÉSICULE BILIAIRE ET CONDUIT CYSTIQUE (Pl. 280 à 282, 292 à 295, 298 à 303)
La vésicule biliaire (Vesica fellea, s. biliaris) est un réservoir ovoïde ou piriforme
appendu à l'origine du conduit cholédoque par le conduit cystique (Ductus cysticus) et
logé dans une dépression de la face viscérale du foie, à la limite du lobe carré et du lobe
droit. Elle emmagasine la bile et la concentre entre les périodes de digestion ; elle y mêle
en outre le mucus qu'elle sécrète. Ses fonctions ne sont pas indispensables, car son abla-
tion n'entraîne pas de troubles durables et d'autre part, ce réservoir fait normalement
défaut dans de nombreuses espèces. Il manque aux Périssodactyles (Equidés, Rninocé-
rotidés, Tapiridés), aux Tylopodes (Camélidés, Auchénidés), à divers Ruminants (Cervi-
dés, Girafidés), aux Proboscidiens, aux Cétacés, aux Xénarthres, à certains Siréniens
et à nombre de Rongeurs, dont le Rat.
La forme de la vésicule biliaire permet de lui reconnaître un fond (Fundus ves. fel-
leae) renflé en un cul-de-sac arrondi, voisin du bord ventral du foie, un corps (Corpus
ves. felleae) cylindroïde ou en tronc de cône, enfin un col (Collum ves. felleae) qui se
rétrécit plus ou moins brusquement pour se continuer par le conduit cystique. L'intérieur
est tapissé d'une muqueuse qui présente de nombreux plis irréguliers, particulièrement
serrés chez l'Homme et le Bœuf. La fosse qui loge la vésicule biliaire est peu profonde
chez le Bœuf, un peu excavée chez l'Homme, très profonde chez le Porc, le Lapin et sur-
tout les Carnivores, où le réservoir est en grande partie enveloppé par les lobes du foie,
voire un peu apparent sur la face diaphragmatique. Le fond de la vésicule n'atteint pas
le bord ventral du foie chez le Porc, le Lapin, les Carnivores ; il le dépasse un peu chez
Homme et plus nettement chez le Bœuf, le Mouton et la Chèvre.
Area nuda
Bord dorsal
Ligament coronaire
Empreinte œsophagienne
Bord gauche
Sillon de la v. cave et
v. cave caudale (ouverte)
Ligament hépato-rénal
Bord ventral Empreinte rénale
Ligament falciforme
Fissure du ligament rond
Lobe gauche médial
Ligament rond
FACE DIAPHRAGMATIQUE
Artère hépatique
Conduit cholédoque
Bord dorsal
Ligament falciforme
FACE VISCÉRALE
Lobe gauche médial
les conduits ont traversé la couche longitudinale dans une sorte de boutonnière, sans
en rien recevoir. Le développement respectif des sphincters du cholédoque et de l'ampoule
est très variable avec les espèces et les individus. Le second est particulièrement fort
chez les Equidés ; chez les Carnivores et l'Homme, il est très développé chez certains
sujets, beaucoup plus faible chez d'autres.
PARTICULARITÉS SPÉCIFIQUES
ÉQUIDÉS (Pl. 150, 151, 166, 235, 249, 273, 279, 283, 288, 290, 292, 293, 296, 297) :
Chez des sujets sacrifiés par saignée, le foie pèse en moyenne 5 kg chez le Cheval (varia-
: ons de 2,5 kg à 8,7 kg) et 2,6 kg chez l'Ane. Le poids relatif est de 1/30 chez le nouveau-
né à 1/1 20 chez les très vieux animaux, avec une moyenne de 1 /80 environ. La longueur
et la largeur sont respectivement de 60 et 35 cm en moyenne approximative chez le Che-
. al, 40 et 25 chez l'Ane. La teinte est brun bleuâtre ou violacée, plus marron ou rougeâ-
tre chez les animaux non saignés.
Il existe en apparence trois lobes : droit, moyen et gauche, auxquels s'ajoute un lobe
caudé dont seul est distinct le processus caudé. En fait, les lobes droit et gauche sont
es lobes latéraux de leurs côtés respectifs et le lobe moyen, découpé de petites fissures
"•égulières est décomposable comme suit : la fissure du ligament rond est fort peu pro-
fonde ; à sa gauche se tient le lobe gauche médial, séparé du latéral par une forte fis-
sure. A sa droite, de petites fissures entaillent un secteur qui correspond au lobe carré
et au lobe droit médial confondus en raison de l'absence de vésicule biliaire. Le lobe droit
atéral a une forme irrégulièrement quadrilatère. Il est normalement le plus grand, sur-
tout chez le jeune, mais il est très sujet à l'atrophie, qui est souvent importante chez
es vieux sujets. Les lobes intermédiaires sont toujours les plus petits et leur contour est
'régulier. Le lobe gauche latéral a une forme ovalaire à grand axe oblique ventralement
et à droite. Nettement plus petit que le latéral droit chez les jeunes, il arrive à être le plus
gros chez les vieux sujets. Quant au lobe caudé, il possède un processus caudé très dis-
" net, moulé contre le pôle crânial du rein droit, tandis que le processus papillaire est indis-
cernable, ses limites étant effacées.
A la face diaphragmatique, le sillon de la veine cave est long et large. Les rapports
ce la face caudale sont marqués par les empreintes : gastrique sur plus de la moitié
548 -
Lobe droit
Uri nœud lymphatique hépatique
Ligament
triangulaire
gauche
Lobe droit
Bord dorsa
(ou gauch»
Emprein^
cesopha:
Bord ventral (ou droit)
Ligament falciforme _
Lobe gauche
FACE DIAPHRAGMATIQUE
dorsale du lobe gauche, duodénale le long du bord ventral et droit de la porte du foie,
rénale sur le processus caudé, caecale sur la partie adjacente du lobe droit, enfin colique
sur le tiers, voire les deux tiers ventraux des divers lobes. Chez l'adulte, le foie ne dépasse
presque pas l'arc costal. Si le lobe droit latéral arrive parfois jusqu'au niveau du premier
processus transverse lombaire, le plus souvent il ne va pas au-delà de l'extrémité dor-
sale de la dix-huitième côte, voire de la dix-septième chez les vieux sujets. L'extrémité
opposée, occupée par le lobe gauche latéral, est cachée sous la partie déclive de l'arc
costal gauche, en regard de l'extrémité ventrale de la septième ou huitième côte.
BŒUF (Pl. 187, 199, 278, 284, 288, 290, 292, 293, 298) : Le poids moyen du foie est
de 5 kg environ, avec des variations de 4 à 9, voire 10 kg. Le poids relatif est de l'ordre
de 1 /90 du poids vif. La longueur est voisine de 60 cm et la largeur de 30 cm, l'épaisseur
étant plus grande que chez les Equidés. La couleur, variable avec l'âge et l'état de nutri-
tion, est brun rougeâtre chez l'adulte, nettement plus claire chez le veau.
Le foie est massif, peu découpé, de forme générale rectangulaire. En outre, il est
entièrement confiné dans la moitié droite de la région diaphragmatique, dont la moitié
gauche est occupée par l'atrium du rumen et le réticulum . Il en résulte que son grand
axe est vertical, la veine cave caudale longeant le bord gauche, le bord ventral étant devenu
droit et le lobe gauche, ventral. La seule fissure distincte est peu profonde : c'est celle
du ligament rond, qui siège un peu en dessous de la mi-hauteur du bord droit. La vésicule
biliaire, volumineuse mais adhérente à une fosse peu profonde, ne détermine aucune
échancrure sur ce bord. De la sorte, deux lobes seulement sont discernables sur la face
diaphragmatique : le plus petit, ventral, est le lobe gauche ; l'autre représente l'ensem-
ble du lobe droit et du lobe carré. Ces deux derniers sont seulement délimités par la vési-
cule biliaire sur la face viscérale. Sur celle-ci, le lobe caudé, très volumineux, occupe les
trois-quarts dorsaux du bord médial et la moitié de l'extrémité dorsale. Le processus caudé,
volumineux et portant une large empreinte rénale, se place contre le lobe droit, dorsale-
ment à la porte du foie. Le processus papillaire, tout aussi gros, est bien plus distinct
que chez les Equidés ; il borde celle-ci à gauche et tend à l'envelopper un peu. Le bord
gauche de l'organe est épais, croisé très obliquement en direction ventro-crâniale par
la veine cave caudale, qu'il tend à engainer. Le bord droit, plus mince, est cependant
moins tranchant que dans les autres espèces.
_ Empreinte rénale
Lobe droit
Veine cave
_Veine porte
Ligament hépatique
coronaire
Conduit cholédoque
Conduit cystique
Lobe caudé
(Processus papillaire)
Conduit hépatique commun
Porte du foie
Empreinte
œsophagienne - Lobe carré
Vésicule biliaire
Lobe gauche
Insertion du
petit omentum
Area nuda
Empreinte rénale
FOIE DE MOUTON
(FACE VISCÉRALE)
Lobe caudé (Processus caudé)
Empreinte œsophagienne
FOIE DE CHÈVRE
(FACE VISCÉRALE)
est par contre faible et court, attaché sous l'empreinte œsophagienne et d'autre part au
centre phrénique.
L'artère hépatique émet séparément le rameau droit puis le rameau gauche destinés
au foie. Le premier fournit à son tour l'artère du processus caudé. L'artère cystique pos-
sède une origine distincte et provient habituellement de la gastro-duodénale. L'appareil
excréteur de la bile est complet. Les deux conduits hépatiques s'unissent sur un conduit
hépatique commun long de 3 à 4 cm à peine mais large d'une quinzaine de millimètres.
La vésicule biliaire est volumineuse, piriforme, dirigée presque horizontalement à droite
et caudalement. Elle est longue de 12 à 15 cm et large de 5 à 8 ; sa capacité est de
l'ordre de 500 ml. Elle adhère à une fosse peu profonde du tissu hépatique et son fond
dépasse de plusieurs centimètres le bord du foie, pour entrer en contact avec la partie
costale du diaphragme. Le conduit cystique, progressivement rétréci, se branche à angle
presque droit sur le conduit hépatique commun. Il existe de multiples petits conduits
hépato-cystiques. Le conduit cholédoque est deux fois plus large que le conduit cysti-
que. Il est long de 5 à 8 cm mais en raison de la disposition du duodénum, il débouche
dans celui-ci à une distance qui varie de 50 à 75 cm du pylore. Il n'y est pas rejoint par
le conduit pancréatique, de sorte que la papille duodénale majeure lui appartient en
propre. Celle-ci est donc dépourvue d'ampoule hépato-pancréatique ; elle est souvent
peu saillante.
MOUTON ET CHÈVRE (Pl. 299) : Chez ces animaux, la forme et les rapports du foie
ne diffèrent guère de ce qu'ils sont chez le Bœuf. Le poids moyen de l'organe est de l'ordre
de 700 g (variations de 500 à 800 g). La fissure du ligament rond est plus profonde et
plus large que chez le Bœuf. L'artère cystique vient en général du rameau droit de l'hépa-
tique. La vésicule biliaire est en situation plus ventrale que chez le Bœuf, à la limite du
tiers dorsal de la face viscérale au lieu du quart dorsal. Le conduit cystique s'abouche
à angle plus aigu sur le conduit hépatique commun. Le conduit cholédoque s'ouvre dans
le duodénum à 30 ou 40 cm du pylore, en commun avec le conduit pancréatique, sur
une papille duodénale majeure simple. Dans l'ensemble, l'axe du foie est plus vertical
que chez le Bœuf et son bord gauche plus voisin de l'arc costal. Il peut même dépasser
celui-ci dans sa région ventrale, depuis le niveau de la neuvième côte jusqu'à la région
xiphoïdienne.
Le foie de la Chèvre est très difficile à différencier de celui du Mouton. Des présomp-
tions peuvent être fournies par les éléments suivants. L'organe est plus lourd en propor-
tion chez la Chèvre que chez le Mouton : 1/70 du poids vif contre 1/90. Il est aussi un
peu plus large et plus court. La fissure du ligament rond est plus profonde chez la Chèvre
552 -
Artère hépatique
Lobe droit latéral
Empreinte œsophagienne
Conduit cholédoque
Rameaux hépatiques de
l'artère hépatique
Conduit hépat.. commun
Porte du foie
Conduit cystique
Lobe carré
FACE VISCÉRALE
Empreinte œsophagienne
Area nuda _
Ligament triangulaire gauche
Lobe droit latéral. Lobe gauche latéral
Ligament c
Veines hépatiques--
Ligament falciforme
Lobe- gauche
FACE D I A P H R A G M A T I Q U E
et se prolonge assez souvent à la face viscérale jusqu'à la porte du foie. Enfin, l'angle
du conduit cystique sur le conduit hépatique commun est plus ouvert chez elle que chez
le Mouton.
PORC (Pl. 167, 209, 280, 285, 291, 295, 300) : Le poids du foie est relativement élevé :
1,7 % du poids vif, soit 1,8 kg en moyenne, avec des variations de 1,2 à 2,5 kg. Le
grand axe de l'organe mesure environ 35 cm et l'axe transversal 20 cm. La coloration
est rouge brun, parfois un peu violacée. Le développement remarquable des travées péri-
lobulaires a pour conséquence une individualisation si nette des lobules que ceux-ci trans-
paraissent sous la capsule superficielle, circonscrits par un délicat réseau de lignes plus
pâles, entre lesquelles ils sont très légèrement saillants. Cet aspect est si caractéristique
qu'il suffit à supporter une forte présomption pour la diagnose de l'espèce sur le moindre
fragment isolé.
La lobation est très forte, marquée par des fissures profondes. La fissure du liga-
ment rond, beaucoup moins visible sur la face diaphragmatique que sur la face viscérale,
est moins importante que celles qui divisent le lobe droit et le lobe gauche en lobes laté-
raux et médiaux. Il y a en définitive six lobes : droit latéral, droit médial, carré, gauche
médial, gauche latéral et caudé. Quatre d'entre eux seulement sont très apparents et
seuls reconnaissables sur la face diaphragmatique : ce sont les lobes droits et gauches,
latéraux et médiaux. Sur cette face, les lobes médiaux couvrent de façon large les lobes
latéraux, alors qu'ils sont couverts par eux sur la face viscérale. Le lobe droit latéral est
ovalaire à grand axe oblique en direction ventro-latérale ; son extrémité porte souvent
une petite incisure. Le lobe droit médial, presque aussi gros, est uni au lobe carré, qui
est ici étroit, allongé et terminé en pointe sans atteindre le bord ventral. La séparation
est seulement marquée par la présence de la vésicule biliaire. Le lobe gauche médial appa-
raît peu sur la face viscérale. Le lobe gauche latéral, arrondi, est le plus grand de tous.
Quant au lobe caudé, il est petit. Son processus caudé n'a pas d'empreinte rénale et son
processus papillaire n'est qu'un tubercule à peine distinct, à gauche de la porte du foie.
Le ligament rond est très grêle, fragile ; il disparaît de façon plus ou moins complète
dans l'âge adulte. Le ligament falciforme est court et régresse de même, jusqu'à se réduire
à sa partie hépato-diaphragmatique. Par contre, le ligament coronaire est large et solide.
Les ligaments triangulaires sont courts. Quant au petit omentum, il est étroit à son inser-
tion sur le foie, mais il s'élargit et devient très mobile près de l'estomac.
Le foie est à peine moins oblique que chez les Equidés, de sorte qu'il est pour près
des deux tiers à droite du plan médian. Le trajet de la veine cave caudale contre son bord
dorsal puis à la face diaphragmatique est relativement court et engainé, parfois de façon
presque complète, par le parenchyme. Sur la face viscérale, l'empreinte gastrique occupe
le lobe gauche latéral, mais quand l'estomac est très plein, il prend contact avec la pres-
que totalité des autres lobes. L'empreinte duodénale est comme d'habitude à droite de
la porte du foie. Ventralement à elle s'établissent, quand l'estomac est vide ou peu rem-
pli, les rapports avec l'intestin. La partie dorsale est en contact avec le pancréas mais
n'atteint pas le rein droit. En effet, la glande n'arrive jamais jusqu'au niveau de la der-
nière côte et assez souvent, même pas celui de l'avant-dernière. Par contre, les lobes
gauches occupent assez largement la région xiphoi'dienne, jusqu'à un niveau voisin de
l'extrémité ventrale des côtes de la dixième paire.
Les artères qui pénètrent par la porte du foie sont multiples, émises au passage par
l'artère hépatique. On en compte en général trois : un rameau droit latéral, qui fournit
l'artère du lobe caudé, un rameau droit médial, d'où naît l'artère cystique et un rameau
gauche pour les deux lobes gauches. Le rameau gauche de la veine porte, plus fort que
le droit, dessert les lobes gauches, le lobe carré et le lobe droit médial. Il existe trois
554 -
\
Veine cave caudale
Empreinte œsophagienne
Rameaux hépatiques
i de l'artère hépatique
r.nndui+ chnl«doque
Vésicule biliaire
Lobe carré
FACE VISCÉRALE
Ligament coronaire fô
Veines hépatiques
FACE DIAPHRAGMATIQUE
veines hépatiques principales. En général, la droite draine les deux lobes droits, la gau-
che les deux lobes gauches, et l'intermédiaire, le lobe carré et la partie adjacente du lobe
gauche médial. Les deux dernières font le plus souvent embouchure commune. Le lobe
caudé est desservi par de multiples petites veines accessoires.
Les voies biliaires sont disposées un peu comme chez le Bœuf. Il existe un conduit
hépatique commun long de 2 à 3 cm. La vésicule biliaire est piriforme, longue de 4 à
5 cm à peine et n'atteint pas le bord ventral du foie. Elle adhère à une fosse peu pro-
fonde. Le conduit cystique est long de 5 cm environ et s'abouche à angle aigu au con-
duit hépatique commun. Il n'est pas rare que les deux conduits cheminent presque côte
à côte sur un certain trajet avant de se réunir. Il existe deux à trois conduits hépato-
cystiques. Le conduit cholédoque, long de 3 à 4 cm et large de 2 à 3 mm, s'ouvre dans
le duodénum à 3 ou 4 cm du pylore. La papille duodénale majeure, souvent très basse,
lui appartient en propre.
CHIEN (Pl. 157, 171, 265, 266, 281, 282, 289, 291, 295, 301) : Relativement volumi-
neux, le foie du Chien est de teinte rouge brun uniforme. Son poids et ses dimensions
varient de façon énorme avec la race. Dans les races de taille moyenne, il pèse 450 g
environ, avec de larges variations individuelles, pouvant aller du simple au double (300
à 600 g environ). Les valeurs absolues extrêmes notées sur des adultes de races très
différentes ont été de 118 et 1 450 g, les mesures portant en général sur des sujets non
saignés. Le poids relatif a plus d'intérêt : en moyenne, le rapport du poids du foie au poids
vif est de 3,3 % avec des variations de 1,7 % à 4,4 %. Le rapport est plus élevé dans
les races de petite taille que dans les grandes ; il est aussi plus grand chez le jeune. Sur
les sujets de taille moyenne, le grand axe de l'organe mesure environ 1 5 cm et le petit
12 cm. L'épaisseur est nettement plus forte en proportion que chez les Herbivores : elle
est de 5 à 6 cm.
L'organe est découpé par des fissures très profondes qui arrivent jusqu'au voisinage
immédiat de la porte du foie et du sillon de la veine cave caudale : les lobes sont en quel-
que sorte appendus chacun à un épais pédoncule. Comme chez le Porc, il y a deux lobes
droits (latéral et médial) et deux lobes gauches (latéral et médial), les deux lobes médiaux
couvrant une grande partie des lobes latéraux sur la face diaphragmatique et étant cou-
verts par eux sur la face viscérale ; sur cette face, le lobe gauche latéral couvre même
un peu le lobe carré. Mais en outre, le lobe carré est isolé du lobe droit médial par une
fissure profonde, au point que la vésicule biliaire, en grande partie cachée sur la face
viscérale, se montre partiellement entre les deux lobes sur la face diaphragmatique. Enfin,
le lobe caudé est très développé et ses deux processus sont presque séparés, tous deux
pédonculés. Le processus caudé, le plus gros, couvre la plus grande partie de la face
viscérale du lobe droit latéral et se moule largement sur le rein droit. Il est habituellement
subdivisé par une petite fissure. Le processus papillaire, plus plat et arrondi, tend à embras-
ser ventralement la porte du foie. Il existe souvent de petites incisures secondaires sur
les bords distaux des divers lobes. Le lobe gauche latéral est le plus grand de tous.
Le ligament coronaire est fort et court. Il délimite de chaque côté une area nuda de
2 ou 3 cm à sa jonction avec les ligaments triangulaires. De ces derniers, le droit est
bref et solide et le gauche, plus large, s'attache assez dorsalement, à la jonction du cen-
tre phrénique et du pilier gauche du diaphragme. Le ligament rond disparaît presque
complètement et le ligament falciforme, très mince, est réduit à sa partie hépato-
diaphragmatique. le reste n'est plus reconnaissable, incorporé à la fleur graisseuse préom-
bilicale du péritoine. Le ligament hépato-rénal est mince et se porte au bord médial du
rein. Le petit omentum n'a rien de particulier.
Dans l'ensemble et vu en place, le foie est à peu près aussi haut que large et son
extrémité droite est sur un plan à peine plus dorsal que la gauche. La face diaphragmati-
que est si fortement convexe qu'on peut lui reconnaître comme chez l'Homme plusieurs
556 -
Lobe gauche
latéral (cachant le
lobe gauche médi
FOIE DE CHAT
FOIE DE LAPIN
parties (droite, gauche, dorsale, ventrale, crâniale) différentes par leur orientation. Une
très faible empreinte cardiaque est parfois perceptible sur la partie crâniale. Le sillon de
la veine cave est profond mais très court, presque limité au milieu du bord dorsal.
L'empreinte oesophagienne est également profonde. La face viscérale, très excavée, est
surtout en rapport avec l'estomac. Quand il est peu rempli, celui-ci couvre seulement
la moitié gauche de cette face et le pylore est voisin de la vésicule biliaire. Quand il est
distendu, il refoule à droite et dorsalement les autres rapports, voire les fait disparaître
et répond alors à tous les lobes. Cette face est aussi en contact à droite de la porte du
foie avec le duodénum et plus dorsalement avec le pancréas. L'empreinte rénale est très
large et profonde, située à la fois sur la partie dorsale du processus caudé et sur le bord
correspondant du lobe droit latéral. Celui-ci n'atteint généralement pas le niveau de la
dernière côte, alors que le processus caudé la dépasse légèrement. Le reste de l'organe
est caché sous les côtes, sauf dans la région xiphoïdienne, qu'il occupe du côté droit.
Comme chez le Porc, il n'y a pas d'artère hépatique propre. L'artère hépatique délè-
gue au passage un rameau droit latéral qui fournit l'artère du lobe caudé, un rameau droit
médial pour le lobe du même nom et enfin, pour les lobes gauches, un rameau gauche
d'où vient l'artère cystique. Chez environ la moitié des sujets, ces deux derniers rameaux
naissent par un tronc commun. Les variations sont nombreuses. Les branches de la veine
porte se divisent très vite en branches lobaires, la droite pour les lobes droits, la gauche
pour les autres lobes. Les veines hépatiques principales sont au nombre de trois : la droite
draine le lobe droit latéral et la moitié adjacente du lobe droit médial. L'intermédiaire, qui
s'abouche parfois avec elle, est la plus petite et dessert le lobe caudé. La gauche, de
loin la plus grosse, draine tout le reste de l'organe.
Les voies biliaires ne comportent pas de conduit hépatique commun, même pas de
conduits hépatiques au sens habituel du terme. Chaque conduit lobaire conserve en effet
son individualité jusqu'à la porte du foie et le mode de confluence terminal est très varia-
ble. On considère que le conduit cholédoque commence au point où le conduit cystique
reçoit le premier de ces conduits. La vésicule biliaire, longue de 4 à 5 cm et large de 2
sur un chien de taille moyenne, où sa capacité est de 1 5 ml environ, n'atteint pas le bord
ventral. Elle est fortement enveloppée par les lobes qu'elle sépare, de sorte qu'elle est
visible sur les deux faces du foie et prend contact avec le diaphragme, généralement en
regard de la partie ventrale du huitième espace intercostal. Son col se continue de façon
progressive par le conduit cystique, qui est bref et un peu flexueux. Le cholédoque pro-
longe directement ce dernier et collecte au passage les divers conduits lobaires du foie.
Il présente ensuite la disposition habituelle. Long de 5 cm en moyenne, il s'ouvre dans
le duodénum de 4 à 12 cm du pylore selon la taille des animaux. Cette terminaison se
fait à côté de celle du conduit pancréatique, sur la papille duodénale majeure.
CHAT (Pl. 268, 302) : Le foie de cet animal pèse en moyenne 80 à 90 g, avec des
variations de 60 à 1 50 g. Il représente environ 4,5 % du poids du corps. Il ressemble
étroitement à celui du Chien et possède la même organisation et les mêmes rapports Tou-
tefois, son lobe droit médial présente un développement très caractéristique. Il est deux
ou trois fois plus gros que son homologue gauche, alors qu'il lui est à peine supérieur
chez le Chien. D'autre part, le lobe carré enveloppe moins la vésicule biliaire, qui reste
bien à découvert sur la face viscérale. Le processus caudé est à peu près conique et plus
allongé que chez le Chien. La vésicule biliaire est incurvée sur elle-même au niveau du
col, en "cornue de chimiste", et le conduit cystique décrit des inflexions plus marquées
que chez le Chien. Le conduit cholédoque s'ouvre à côté du conduit pancréatique à 3
ou 4 cm du pylore, dans une ampoule hépato-pancréatique typique.
LAPIN (Pl. 271, 302) : Le foie, de teinte rouge brun, pèse 95 g en moyenne, avec des
variations de 80 à 1 20 g. Son poids relatif est de l'ordre de 3,8 % . Il est découpé par
558 -
Lobe gauche
FACE DIAPHRAGMATIQUE
[Parties ventrale, droite et supérieure)
Empreinte
rénale
Petit omentum
Lobe caudé: Empreinte
[ Processus caudé surrénale
Empreinte
( Processus papillaire duodénale
Rameaux hépat,
Empreinte gastrique de l'artère
hépatique
Tuber omentale
Empreinte
Porte du foie colique
Veine porte
Conduit cystique
Fissure du ligament rond Vésicule biliaire
Lobe carré
Ligament falciforme Ligament rond
des fissures aussi profondes que celles du foie des Carnivores et présente à première
vue trois gros lobes presque égaux, un droit et deux gauches, plus le lobe caudé. Le lobe
droit n'est pas subdivisé. Il est ovalaire, deux fois plus haut que large et couvre le lobe
gauche médial sur la face diaphragmatique, dont il occupe presque la moitié ; Il est par
contre en grande partie caché sur la face opposée. Le lobe carré, étroit et peu volumi-
neux, lui est entièrement accolé, sans autre démarcation que la fosse de la vésicule biliaire.
Une petite fissure marque toutefois cette limite chez certains sujets. Le lobe gauche médial
couvre à son tour le lobe gauche latéral sur la face diaphragmatique. Ce dernier est large
et arrondi, surtout visible sur la face viscérale. Sa périphérie est découpée par de multi-
ples petites incisures, lesquelles sont moins nombreuses et plus faibles sur les autres
lobes. Le lobe caudé est très développé, surtout par son processus caudé, qui déborde
beaucoup le lobe droit latéral et porte seul la profonde et large empreinte rénale. Le pro-
cessus papillaire, plat et arrondi, est comme le précédent porté par un étroit pédoncule.
L'artère hépatique propre donne au passage un rameau pour chaque division du lobe
caudé, puis un rameau pour le lobe droit, dont procède l'artère cystique. Elle se termine
par deux branches, une pour chacun des lobes gauches, celle du lobe gauche médial émet-
tant l'artère du lobe carré. Le rameau gauche de la veine porte, destiné aux deux lobes
gauches et au lobe carré, est beaucoup plus gros que le droit. Il y a habituellement qua-
tre veines hépatiques, dont la plus grosse draine les deux lobes gauches et le lobe carré.
Comme chez les Carnivores, il n'existe pas de conduit hépatique commun. La vésicule
biliaire, longue de 2 à 3 cm et large de 8 à 10 mm, est plus qu'à demi enfouie dans sa
fosse, à laquelle elle adhère. Elle est cylindroi'de et n'atteint pas le bord ventral. Le con-
duit cholédoque se constitue par la jonction du conduit cystique et du conduit hépatique
gauche, qui draine souvent aussi le lobe carré. Il reçoit un peu plus loin le conduit hépati-
que droit, qui draine le lobe droit, le lobe caudé et éventuellement le lobe carré. Il se ter-
mine isolément sur la partie crâniale du duodénum, à un centimètre à peine du pylore.
COMPARAISON AVEC L'HOMME (Pl. 2 7 2 à 2 7 4 , 3 0 3 ) : Le foie pèse en moyenne 1,5 kg, avec
des variations de 1 à 2,3 kg. Il est plus lourd de 1 0 0 à 2 0 0 g chez l ' h o m m e que chez la femme.
De teinte rouge brun, il est massif, peu découpé et situé à droite du plan médian pour plus de ses
deux tiers. La face diaphragmatique, très fortement convexe, est divisible en : 1 - une partie posté-
rieure (dorsale) portant le large et oblique sillon de la veine cave et l'empreinte de la glande surré-
nale ; 2 et 3 - une parjtie antérieure (ventrale) et une partie droite, lisses et arrondies ; 4 - en son
centre, une partie supérieure (crâniale), qui montre une empreinte cardiaque peu profonde. Sur cette
face, l'insertion du ligament falciforme et la faible fissure du ligament rond délimitent un lobe gau-
che, le plus petit, et une partie droite, arrondie et deux fois plus large, appartenant aux lobes droit
et carré. La face viscérale montre l'existence de quatre lobes. Le lobe droit et le lobe gauche sont
de loin les plus gros, ce dernier toutefois plus petit que le droit. Le lobe carré, relativement épais,
est séparé du droit par une large fosse pour la vésicule biliaire et du gauche par un sillon très mar-
qué, qui reçoit le ligament rond et aboutit à la porte du foie. Celle-ci est large, bordée dorsalement
par un lobe caudé peu volumineux, dont seul est bien distinct le processus papillaire. Le lobe gau-
che, beaucoup plus mince que le droit, est entièrement occupé sur cette face par l'empreinte gastri-
que, qui se prolonge sur le lobe carré. Il porte en outre un épais tubercule omental. Le lobe droit
montre, près de la vésicule biliaire, l'empreinte duodénale et surtout, plus en dehors, l'empreinte
rénale dorsalement et l'empreinte colique ventralement.
560 -
Le ligament coronaire est large, court et fort. Il concourt à délimiter avec les ligaments triangu-
laires, surtout le droit, une area nuda beaucoup plus large que chez les Mammifères domestiques.
Cette fixation supplémentaire du foie est probablement en rapport avec la station érigée. Le liga-
ment triangulaire droit est plus petit et plus court mais plus épais que le gauche. Le ligament falci-
forme est bien développé et commence à l'ombilic. Il est ourlé part un ligament rond persistant.
Le petit o m e n t u m est relativement ample. A droite, le foie atteint à peine la dernière côte, qu'il ne
dépasse pas chez l'adulte sain et sa partie supérieure se projette, à travers le diaphragme et le pou-
mon, jusqu'un peu au-dessous de la ligne transversale qui joint les mamelons. Son bord inférieur
(ventral) se place contre la paroi de l'épigastre, depuis le neuvième, voire le dixième cartilage costal
droit, jusqu'à celui de la sixième côte gauche.
Le foie est irrigué par une artère hépatique propre dont les deux branches sont à peu près éga-
les ; le rameau droit fournit l'artère cystique. Les deux branches terminales de la veine porte sont
aussi de calibre équivalent. Il existe deux veines hépatiques principales, droite et gauche, et quel-
quefois trois. Les deux conduits hépatiques s'unissent en un conduit hépatique c o m m u n de 3 à 4
cm. La vésicule biliaire est piriforme, longue de 8 à 10 c m et large de 3 à 4 c m ; sa capacité varie
de 3 0 à 50 ml. Elle est logée dans une fosse peu profonde et atteint le bord inférieur du foie, au-delà
duquel elle prend un petit contact avec la paroi abdominale en regard du neuvième cartilage costal
droit. Les plis de sa muqueuse sont nombreux, serrés et donnent à son intérieur un aspect réticulé.
Le conduit cystique, long de 3 à 4 cm, fait une brusque inflexion en quittant le col de la vésicule
et son calibre diminue graduellement. Sa muqueuse forme un pli spiral remarquable. Le conduit cho-
lédoque est long de 7 à 8 c m et large de 6 m m environ. Il aboutit à la partie descendante du duodé-
num, où il s'ouvre à 8 ou 10 c m du pylore avec le conduit pancréatique, dans une papille duodénale
majeure pourvue d'une ampoule hépato-cystique typique. Cette terminaison présente de nombreu-
ses variations individuelles : les deux conduits peuvent confluer et s'ouvrir dans l'intestin par un
orifice unique.
II. - PANCRÉAS
Le pancréas (Pancréas) est une glande mixte, de texture lobulaire comparable à celle
des glandes salivaires, annexée au duodénum et située dans la partie dorso-crâniale de
l'abdomen. Absent chez les Invertébrés et quelques Vertébrés inférieurs qui n'ont qu'un
hépato-pancréas, cet organe est constant chez les Sauropsidés et présente son déve-
loppement maximal chez les Mammifères.
FONCTIONS
Le rôle exocrine est assuré par la sécrétion du suc pancréatique, qui est déversé dans
le duodénum par un système variable de conduits excréteurs. Ce liquide contient de mul-
tiples enzymes qui agissent sur toutes les classes d'aliments : la trypsine, la chymotryp-
sine et la carboxypeptidase continuent et amplifient l'action protéolytique du suc
gastrique ; une amylase intervient sur les glucides et une lipase sur les lipides. La propor-
tion de ces divers ferments varie d'ailleurs beaucoup selon le régime alimentaire.
Le rôle endocrine du pancréas s'exerce par deux hormones d'actions complémen-
taires. L'insuline est indispensable au métabolisme du glucose et particulièrement à sa
transformation en glycogène, nécessaire au stockage hépatique. Son défaut provoque
l'élévation du taux de glucose dans le sang et la glucosurie (Diabète sucré). Le glucagon
accélère la glycolyse hépatique et augmente le taux de glucose dans le sang.
A titre d'anomalie ou de variation, l'une des deux ébauches peut rester indépendante
et former un petit pancréas accessoire (Pancréas accessorium). Il est possible que cer-
tains pancréas accessoires proviennent du développement indépendant de l'un des bour-
geons pancréatiques ventraux de l'embryon. C'est d'ailleurs l'ensemble de la paroi
duodénale qui paraît capable de produire des ébauches pancréatiques, car on peut trou-
ver à titre d'anomalie de petits pancréas aberrants inclus dans la paroi duodénale, voire
dans celle de la vésicule biliaire.
Enfin, l'histogenèse des éléments glandulaires est remarquable. Les nombreuses rami-
fications des cordons épithéliaux se renflent à leur partie terminale pour produire des aci-
nus analogues à ceux des glandes salivaires. Mais certains de ces renflements restent
pleins et se détachent plus ou moins tôt de leur pédoncule pour devenir des îlots pan-
créatiques, organites qui représentent la partie endocrine de la glande. Il semble que ces
derniers soient seulement produits par l'ébauche dorsale.
CARACTÈRES PHYSIQUES
Le pancréas présente un aspect très comparable à celui des glandes salivaires. Ses
lobules, lâchement unis par un conjonctif abondant, sont aisément dissociables.
La couleur, rosée ou ocre sur le vivant, est gris rosé ou jaunâtre sur le cadavre frais.
A défaut d'une fixation immédiate, le parenchyme subit une autolyse et devient gris som-
bre ou verdâtre après quelques heures.
562 -
du duodénum
Corps du pancréas
Anneau du pancréas
Lobe gauche
du pancréas
Veine pnr+A
et V. rénales
gauches
Rein droit
Rein gauche
V. cave caudale
Aorte abdominale
Terminaison du conduit
cholédoque
Conduit pancréatique
Partie crâniale du duodénum
Conduit pancréatique
accessoire
Partie descendante
du duodénum
Corps du pancréas
Veine porte
La consistance, ferme mais friable, devient molle puis diffluente sur l'organe non fixé.
Le poids relatif est de l'ordre de 0,1 % ou un peu plus dans la plupart des espèces,
est toutefois plus élevé chez les Carnivores, où il est en général voisin de 0,2 %, voire
0,3 %. Dans toutes les espèces, les variations du poids peuvent aller du simple au triple.
Comme les glandes salivaires, le pancréas se moule étroitement contre les organes
adjacents et s'insinue dans les interstices qui les séparent, de sorte que sa forme est
très irrégulière et fort variable d'une espèce à l'autre. Il ne peut être correctement étudié
qu'après une bonne fixation en place, aussitôt après la mort.
(1) Cette texture diffuse est particulière à quelques ordres, peu nombreux, de Mammifères. On la rencontre chez les Glires,
les Chiroptères et certains Insectivores.
5 6 4 -
Partie descendante
du duodénum
Extrémité ventrale de la
RAPPORTS (Pl. 208, 245, 253, 258, 270, 271, 273, 274, 304, 305, 307 à 309)
Par sa face dorsale, le pancréas répond, de droite à gauche : au rein droit, au lobe
droit du foie (rapports qui manquent chez l'Homme), à la veine porte, voire aux veines
-îésentériques (Homme, Chien) crânialement au processus uncinatus ou à l'anneau, à
a veine cave caudale et à la veine rénale droite, à l'aorte et à l'émergence des artères
cœliaque et mésentérique crâniale, au diaphragme et enfin au rein et à la glande surré-
nale gauches. D'autres rapports, accessoires, sont propres à certaines espèces.
La face ventrale est en grande partie tapissée par la paroi profonde du grand omen-
tum et fait à travers elle paroi au vestibule de la bourse omentale. Elle est en contact
avec des segments de l'estomac et de l'intestin qui sont très variables d'une espèce à
autre, mais principalement avec le côlon transverse ou les parties adjacentes du côlon.
3 rès du bord caudal, le processus uncinatus ou la partie de la glande qui en dérive est
Nous avons déjà mentionné les rapports du lobe droit avec le duodénum ; il faut y
ajouter l'adhérence remarquable du caecum et du côlon transverse à la face ventrale de
ce lobe et du corps de la glande chez les Equidés. Le lobe droit entre aussi en contact
avec le caecum chez les Carnivores, mais sans lui adhérer. L'extrémité du lobe gauche
touche généralement à la rate, au rein gauche et au fundus gastrique.
MOYENS DE FIXITÉ
Le pancréas est l'un des viscères les moins mobiles. Il est solidarisé au duodénum
oar ses conduits excréteurs et par l'adhérence directe de son lobe droit. Les nombreux
.aisseaux et nerfs qui le pénètrent contribuent aussi à le fixer, de même que le péritoine
qui le couvre en partie. Mais ce sont surtout les adhérences qu'il contracte avec les organes
.oisins qui interdisent ses déplacements. Toutes ses parties ne sont d'ailleurs pas égale-
ment fixes. La moins mobile est le corps, uni par sa face dorsale aux organes de la région
ombaire par l'intermédiaire d'une lame fibreuse ("lame de Treitz"), vestige du péritoine
: sparu au cours de son accolement à la paroi. Chez les Ongulés, surtout chez les Equi-
dés, les adhérences qui s'établissent entre les divers segments de l'intestin et sa face
.entrale complètent cette fixation. Le lobe droit, solidaire du duodénum, en partage la
mobilité, laquelle est totale chez le Lapin, encore notable chez les Carnivores, mais négli-
geable chez les Ongulés et nulle chez l'Homme.
PANCRÉAS EXOCRINE
Le pancréas exocrine (Pars exocrina pancreatis) est une glande en grappe compo-
sée, de type séreux. Il est constitué de lobules dont l'agencement ressemble beaucoup
à celui des glandes salivaires.
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interlobulaire est lâche et abondant, mais il ne lance entre les acinus des lobules primai-
res, les plus petits, que des travées extrêmement ténues. Il porte les conduits excréteurs,
les vaisseaux et les nerfs. Il est riche en fibres élastiques et ne contient pas de fibres
musculaires. Les lymphocytes et les granulocytes basophiles y sont nombreux. On y trouve
en outre de petits amas de cellules nerveuses ganglionnaires dont les axones, très courts,
portent leurs divisions terminales au contact des acinus et surtout des endocrinocytes,
dont ils semblent contrôler l'activité. Signalons enfin la présence de petits corpuscules
lamelleux de type tactile (corpuscules de Pacini), mécanorécepteurs dont le rôle dans
cet organe est inconnu. Ces derniers sont particulièrement abondants chez les Carnivores.
Les lobules (Lobuli pancreatici) peuvent être divisés en primaires et secondaires. Les
premiers résultent de l'assemblage des acinus. Ils ont un calibre de 3 à 6 mm. Chacun
d'eux est appendu à un conduit excréteur sus-lobulaire comme à un pédoncule. Leur grou-
pement produit les lobules secondaires, dont les dimensions sont très variables. Tous
sont prismatiques ou cunéiformes, bien délimités et ont sur les coupes un aspect anguleux.
Les acinus (Acini pancreatici) sont serrés les uns contre les autres. Chacun d'eux,
allongé et renflé à son fond, est bordé par une lame basale extrêmement mince. A la
différence des acinus salivaires, il est dépourvu de cellules myo-épithéliales. Il comporte
une seule assise de cellules sécrétantes (exocrinocytes), qui délimitent une lumière très
étroite (20 à 25 um), souvent mal discernable car pleine de produit de sécrétion. Une
couche discontinue de cellules centro-acineuses (absentes dans les glandes salivaires)
concourt en outre à délimiter cette cavité.
PANCRÉAS ENDOCRINE
Le pancréas endocrine (Pars endocrina pancreatis) est constitué par de nombreux
petits amas cellulaires disséminés entre les acinus : les îlots pancréatiques (Insulae pan-
creaticae) — anciennement "îlots de Langerhans" —. Ces amas, larges de 1 à 3 ou 4
dixièmes de millimètre, ont peu d'affinité pour les colorants usuels et apparaissent sur
les préparations microscopiques comme des taches claires et bien délimitées, de forme
arrondie ou ovalaire. Ils sont formés de cordons cellulaires pleins et anastomosés, entre
lesquels circule un riche réseau capillaire de type sinusoïde. Les cellules sont des endo-
crinocytes (Endocrinocyti). Elles sont petites, polyédriques et diverses méthodes de colo-
ration ainsi que l'électromicroscopie ont permis d'en différencier trois groupes principaux.
Les endocrinocytes alpha, les plus gros, représentent environ le quart du total ; ils pro-
duisent le glucagon, ce qui leur vaut aussi le nom de glucagonocytes (Glucagonocyti).
568 -
Les endocrinocytes bêta sont les plus nombreux et constituent environ les trois quarts
de l'ensemble ; ils sécrètent l'insuline : ce sont les insulinocytes (Insulinocyti). Les endo-
crinocytes delta, peu nombreux, ont pour principale sécrétion la somatostatine, qui exerce
une action inhibitrice sur les glucagonocytes, au voisinage desquels on les trouve le plus
souvent. Ces deux types cellulaires sont dans la plupart des espèces placés dans la zone
périphérique des îlots, dont le centre est presque uniquement formé d'insulinocytes. Il
existe en outre, en très petit nombre, des cellules de types différents, peut-être propres
à certaines espèces et dont la sécrétion, de nature peptidique, possède une action endo-
crine encore mal connue. La proportion des divers types de cellules et leur disposition
à l'intérieur des îlots varient avec les espèces et en partie avec l'âge.
Les conduits interlobulaires ont un calibre variable selon le niveau, mais tous pré-
sentent un épithéiium à cellules prismatiques ou cubiques et une tunique externe dont
le développement est proportionnel à leur calibre. Cette dernière, formée d'un conjonctif
soutenant capillaires et filets nerveux, renferme en outre de nombreuses fibres élasti-
ques et quelques fibres musculaires lisses.
(1 ) On voit en fin de compte que la nomenclature en vigueur est loin d'être satisfaisante pour l'Anatomie comparée. Seuls seraient
justifiés les termes ne référant pas au développement final propre à une espèce, mais traduisant la nature réelle et la provenance
embryologique des conduits. Il serait plus correct de nommer " D u c t u s pancreaticus ventralis" le canal de Wirsung et " D u c t u s pan-
creaticus dorsalis" celui de Santorini. Encore doit-on remarquer que l'évolution du duodénum amène la terminaison du conduit pan-
créatique (ventral) en situation plus ou moins dorsale.
- 569
Ces conduits comportent une muqueuse et une tunique externe. Dans la première,
épithélium est encore unistratifié ; il est cylindrique et augmente de hauteur avec le dia-
mètre du conduit. La propria mucosae est infiltrée de lymphocytes et renferme des glan-
des à mucus, dont le nombre et la disposition varient avec les espèces, voire avec le
conduit. La tunique externe, conjonctivo-musculaire, renferme encore de nombreuses
fibres élastiques. Mais elle est surtout caractérisée par l'abondance des fibres musculai-
res lisses qui forment un revêtement complet, comparable à celui du conduit cholédo-
que. Cette couche musculaire se renforce à la terminaison de chacun des conduits pour
lui constituer un sphincter propre, plus ou moins distinct selon les espèces. Les disposi-
tions particulières à la terminaison du conduit principal (papille duodénale majeure et
ampoule hépato-pancréatique) ont déjà été décrites à propos du conduit cholédoque et
du duodénum.
Les veines sont satellites des artères, du moins dans la glande. Elles sont drainées
par la veine splénique, les veines pancréatico-duodénales (disposées en arcades dans
le lobe droit), éventuellement la veine mésentérique crâniale. Tous ces vaisseaux sont
collectés par la veine porte, qui reçoit elle-même des affluents directs du pancréas. Ainsi,
tout le sang revenant de cette glande est conduit au foie.
Les lymphatiques sont très nombreux. Ils naissent de fins capillaires autour des aci-
nus et des îlots puis constituent des réseaux périlobulaires et se collectent dans les tra-
vées, le long des vaisseaux sanguins. Ceux du corps sont drainés par les nœuds
lymphatiques hépatiques et de façon accessoire, dans certaines espèces seulement, par
les nœuds lymphatiques gastriques ou cœliaques (Cheval, Porc, Homme) ou mésentéri-
ques crâniaux (Cheval, Bœuf, Carnivores, Homme). Ceux du lobe droit et de la partie
adjacente du corps vont aux nœuds lymphatiques pancréatico-duodénaux. Ceux du lobe
gauche vont aux nœuds lymphatiques spléniques (sauf chez les Ruminants) ou hépatiques.
Les nerfs émanent du plexus cœliaque, soit directement, soit par l'intermédiaire des
plexus secondaires qui en naissent ; fibres vagales et sympathiques sont mêlées. Le plexus
hépatique fournit ainsi des rameaux au lobe droit et au corps, le plexus splénique en donne
surtout au lobe gauche ; le plexus mésentérique crânial innerve surtout le corps et un
peu le lobe droit. Ces nerfs forment dans la glande des plexus interlobulaires et intralo-
bulaires parsemés de nombreux ganglions microscopiques et d'où émanent les filets péria-
cineux, auxquels sont encore annexées des cellules ganglionnaires. Les terminaisons de
fibres cholinergiques et adrénergiques sont particulièrement nombreuses dans les îlots
pancréatiques, au contact même des endocrinocytes.
Vésicule biliaire
Corps du pancréas
Mésoduodénum
PANCRÉAS DE BŒUF
( V U E VENTRALE)
Anneau du pancréas
Courbure crâniale
Corps du pancréas
du duodénum
Bord crânial
Lobe droit
Lobe gauche
Partie descendante
du duodénum
Processus uncinatus
PANCRÉAS DE PORC
( V U E VENTRALE)
PARTICULARITÉS SPÉCIFIQUES
ÉQUIDÉS (Pl. 151, 206, 235, 245, 249, 253, 275, 296, 304) : Le poids moyen du pan-
créas est de 450 g chez le Cheval (de 285 à 620 g) et 165 g chez l'Ane. Le corps de
la glande est large de 7 ou 8 cm chez le Cheval, épais de 3 cm et traversé en son milieu,
un peu à droite du plan médian, par la veine porte, à laquelle il forme un anneau complet.
Le lobe droit, épais à sa jonction avec le corps, s'amincit et s'étale dans le sens crânio-
caudal entre la base du caecum et la paroi lombaire ; seule sa partie crâniale adhère au
duodénum, entre le renflement initial et la courbure crâniale de celui-ci. Le lobe gauche,
long et épais, est en situation plus caudale que le droit. L'ensemble de l'organe est situé
au niveau des seizième, dix-septième et dix-huitième vertèbres thoraciques et les deux
tiers de son volume sont à droite du plan médian. Seules, la bordure du lobe droit et l'extré-
mité du lobe gauche sont un peu mobiles et revêtues par le péritoine. De droite à gauche,
la face dorsale répond d'abord, à travers le péritoine, au processus caudé du foie ; puis
elle adhère au tiers crânial du rein droit, à la partie adjacente de la glande surrénale droite
et au pédicule rénal, aux vaisseaux, noeuds lymphatiques et nerfs sous-lombaires, aux
piliers du diaphragme ; enfin, à travers le péritoine à nouveau, elle répond à l'estomac,
au pôle crânial du rein gauche et à la glande surrénale gauche. La face ventrale est sur-
tout caractérisée par la large zone d'adhérence qui l'unit à la base du caecum et dans
les deux tiers des sujets environ, du côlon transverse. Aux extrémités, elle est revêtue
par le péritoine et entre en contact : à droite avec le côlon dorsal droit, à gauche avec
la rate et ses vaisseaux.
BŒUF (Pl. 186, 187, 255, 307) : De teinte ocrée ou jaunâtre, le pancréas pèse en
moyenne 500 g (de 320 à 650 g). Il est presque complètement à droite du plan médian,
au niveau de la dernière vertèbre thoracique et de la première lombaire et fortement obli-
que en direction caudale et vers la droite. Son corps proprement dit est étroit, mais com-
plété par un large processus uncinatus qui délimite avec lui une incisure pancréatique
très profonde, presque complètement refermée autour de la veine porte, parfois même
transformée en anneau. Le lobe droit est triangulaire, étiré caudalement et le lobe gau-
che aplati, irrégulièrement arrondi ou linguiforme. Le lobe droit est en grande partie logé
dans le mésoduodénum, avec son bord ventral au voisinage immédiat du duodénum. Il
est en situation superficielle dans la partie crâniale du flanc droit, dans l'angle lombo-
costal, ventralement au rein droit. La base de ce lobe et le corps sont adhérents à la par-
tie dorsale du foie et au pilier droit du diaphragme ; ils sont en contact ventralement avec
l'omasum, le jéjunum et le côlon transverse. Le lobe gauche s'insinue entre l'atrium du
rumen et le pilier gauche du diaphragme, auquel il est accolé. Il est en effet englobé dans
la zone d'adhérence du rumen à la paroi et arrive ainsi jusqu'au voisinage de l'extrémité
dorsale de la rate.
Corps du pancréas
Courbure crâniale Pylore
du duodénum
Estomac (Face antérieure)
Conduit
cholédoque
Ligament gastro-splénique
PANCRÉAS DE CHIEN
(VUE VENTRALE)
Partie ascendante
du duodén
Mésoduodénum Conduit
pancréatique
accessoire
Partie transverse
du duodénum
PANCRÉAS DE LAPIN
(VUE VENTRALE)
PORC (Pl. 167, 209, 258, 307) : Le pancréas est jaune rosé et pèse de 100 à 1 50 g
chez l'adulte. Sa forme, très irrégulière, est caractérisée par l'étroitesse et le faible volume
du lobe droit, l'étirement du lobe gauche et le grand développement de la partie moyenne
dans le sens crânio-caudal. Cette dernière semble résulter de la fusion d'un corps pan-
créatique très grêle et d'un énorme processus uncinatus. Elle est en effet perforée d'un
anneau complet, situé tout près du bord crânial, de sorte que la veine porte, largement
couverte par la glande, ne devient dorsale qu'à son bord crânial. Il en résulte un aspect
triradié de l'organe, cette volumineuse partie moyenne déléguant un épais prolongement
caudal à droite des gros vaisseaux lombaires et deux prolongements latéraux en forme
de languettes, constituant les lobes droit et gauche. Ce dernier croise le fundus de l'esto-
mac et passe dorsalement au côlon transverse et à la partie crâniale du caecum pour
arriver au contact de l'extrémité dorsale de la rate et du pôle crânial du rein gauche. La
partie moyenne, comprise entre la paroi lombaire et la base de la masse du gros intestin,
est bordée à gauche par la partie ascendante du duodénum. Son bord crânial arrive au
contact du foie. Le lobe droit s'étire au bord caudal de la partie crâniale du duodénum
pour venir s'accoler par son extrémité sur le tout début de la partie descendante, en regard
du pôle crânial du rein droit. C'est à cette extrémité que se termine l'unique conduit excré-
teur de la glande, qui est un conduit pancréatique "accessoire", terminé de façon isolée
sur la papille duodénale mineure, à 20 ou 25 cm du pylore.
CHIEN (Pl. 1 57, 171, 263, 265, 305, 308) : De teinte rouge pâle, le pancréas pèse envi-
ron 0,22 % du poids vif, soit 30 à 35 g en moyenne dans les races de taille intermé-
diaire, avec des variations de 13 à 108 g. Il est un peu plus lourd en proportion chez
les animaux de petit format. Il est étroit et remarquablement long : il atteint 50 à 55 %
de la longueur du corps, soit 20 à 50 cm. Ce caractère est dû à l'étirement du lobe droit
sur toute la longueur du mésoduodénum descendant et dans une moindre mesure, du
lobe gauche qui prolonge le corps sans démarcation. Il en résulte que, considérée dans
son ensemble, la glande a la forme d'un V à pointe crâniale et droite. La branche gauche,
oblique caudalement vers la gauche, est la plus épaisse et s'élargit à sa terminaison. Elle
est en grande partie logée dans la paroi profonde du grand omentum et relativement
mobile, car elle n'adhère que sur une faible surface à la paroi lombaire. Elle est en rapport
d'abord avec le lobe caudé et les lobes droits du foie, ainsi qu'avec le début du duodé-
num et le pylore. Elle passe ensuite entre l'estomac et le côlon transverse, puis entre
le côlon descendant et le rein gauche. Elle se termine à peu près en regard du deuxième
processus transverse lombaire. La veine porte croise dorsalement sa partie crâniale en
n'y laissant qu'une faible empreinte. La branche droite est toute entière formée par le
lobe correspondant. Elle est logée dans le mésoduodénum et suit la partie descendante
du duodénum dorso-médialement sur presque toute sa longueur. Elle est ainsi en posi-
tion superficielle dans le flanc droit, ventralement au lobe caudé du foie puis au rein droit
et chez la femelle, à l'ovaire et à la corne utérine droits. Ventralement et médialement,
elle est aussi en rapport avec le jéjunum, le caecum et le côlon ascendant. Son extrémité
caudale remonte vers la paroi lombaire et arrive près du plan médian en regard de la qua-
trième vertèbre lombaire.
Courbure crâniale
du duodénum
Rein droit
Capsule graisseuse
Partie descendante
du duodénum
puis le corps de l'organe en recevant des affluents, puis s'infléchit pour passer dans la
partie crâniale du lobe droit. Il reçoit là un gros affluent qui vient de l'extrémité caudale
de ce dernier et se termine à la papille duodénale mineure, située dorso-médialement dans
le duodénum, de 6 à 1 5 cm du pylore, 2 ou 3 cm au-delà de la papille duodénale majeure.
Cette dernière, située plus ventralement, reçoit côte à côte avec le cholédoque ou en
commun avec lui le conduit pancréatique (ventral), le plus grêle. Celui-ci draine la partie
crâniale du lobe droit où il s'anastomose toujours avec le précédent.
LAPIN (Pl. 270, 271, 308) : Il est très difficile d'estimer le poids du pancréas de cet
animal, car la glande est disséminée en de nombreux petits lobules isolés, difficiles à dis-
cerner du tissu graisseux auquel ils sont souvent mêlés, dans presque toute l'étendue
du mésoduodénum, dont nous avons dit qu'il est très ample et flottant. Seul, le lobe gau-
che, plus compact, prend une forme mieux définie : il se porte dans la paroi profonde
du grand omentum, caudalement au fundus gastrique et arrive à la face ventrale du rein
gauche, en contact avec la rate, qu'il longe quelque peu. Il n'existe qu'un seul conduit
excréteur : le conduit pancréatique "accessoire", qui s'ouvre à 30 ou 40 cm du pylore,
à la limite des parties descendante et transverse du duodénum.
COMPARAISON AVEC L'HOMME (Pl. 2 7 3 , 309) : De teinte blanc grisâtre ou rosé, le pancréas
humain est étendu en travers de la région lombaire crâniale, à peu près d ' u n rein à l'autre. Il est
entièrement profond, sans contact avec les parois latérales de l'abdomen. Il est long de 1 5 à 20
cm, large de 4 ou 5 cm et pèse en moyenne 7 0 g (extrêmes de 30 à 1 50 g). Le lobe droit, volumi-
neux, arrondi, constitue la " t ê t e " de l'organe et occupe t o u t e la concavité des trois premières par-
ties du duodénum, contre lesquelles il s'applique. Il est fixé à la paroi lombaire, en rapport en particulier
avec le pédicule rénal droit et le conduit cholédoque. Le corps est incurvé pour se mouler contre
la colonne lombaire et ses gros vaisseaux, en y adhérant. Sa face ventrale, revêtue par le péritoine,
est longée à son bord caudal par l'insertion du mésocôlon transverse, qui croise ensuite la face cor-
respondante du lobe droit. La veine mésentérique crâniale croise sa face dorsale, au bord crânial
de laquelle se constitue la veine porte. Elle est enveloppée dorso-caudalement par un fort proces-
sus uncinatus qui forme une dépendance du lobe droit. Le lobe gauche, plat et arrondi, est voisin
de la rate : il constitue la " q u e u e " de l'organe.
Il existe deux conduits excréteurs : le plus volumineux est le conduit pancréatique, qui s'ouvre
avec le conduit cholédoque dans l'ampoule hépato-pancréatique de la papille duodénale majeure,
vers le milieu de la partie descendante du duodénum. Le conduit pancréatique accessoire, qui com-
munique avec lui dans la partie crâniale du lobe droit, aboutit de 2 à 3 c m plus haut et un peu plus
ventralement.
Fundus de l'estomac
Poumon gauche: Diaphragme (coupé)
Lobe caudal Rein gauche
Scissure interlobaire audale
Lobe crânial (P. lingul.) (couvert par le grand omentum)
Se. interlob. crâniale Uretère gauche
Lobe crânial Conduit déférent gauche
Rectum
Vessie
Racine du pénis ei
m, ischio-caverneux
Testicule gauche
(dans ses envel.
profondes)
Corps du pénis
testiculaires
Cœur et oéricarde
Lobe gauche médial du foie
Lobe gauche latéral du foie Estomac (distendu) Gland du pénis
CHAPITRE VIII
RATE
La rate (Lien) est un organe impair, situé sous les dernières côtes du côté gauche
et appendu au fundus et à la grande courbure de l'estomac. C'est une annexe du système
'ymphatique, qui joue un rôle important dans la défense de l'organisme et la régulation
numérique des éléments figurés du sang ; elle intervient en outre directement dans le
contrôle de la pression sanguine dans les viscères abdominaux. Elle n'intervient pas dans
la digestion et c'est seulement en raison de ses connexions avec l'estomac et les autres
viscères de la région diaphragmatique qu'elle est étudiée ici, pour permettre une meil-
leure compréhension de la topographie abdominale.
FONCTIONS
Absent chez les Invertébrés mais présent chez presque tous les Vertébrés, cet organe
présente son développement maximal chez les Mammifères. Il intervient dans la défense
de l'organisme par l'intensité des phénomènes de phagocytose dont il est le siège. Il est
en effet riche en lymphocytes et en macrophages, qui font de lui un constituant impor-
tant du système réticulo-histiocytaire. L'action de ses phagocytes s'exerce sur les micro-
organismes ou les particules étrangères, mais aussi sur les débris cellulaires de toutes
sortes et les éléments figurés du sang (les leucocytes étant peut-être détruits par un pro-
cessus enzymatique). Les macrophages et les lymphocytes interviennent en outre dans
es processus immunologiques.
L'intervention de la rate sur les cellules sanguines s'effectue dans plusieurs sens.
La rate a d'abord, chez le foetus, un rôle érythropoïétique : elle produit les érythrocytes.
A cette fonction fondamentale s'ajoute un peu plus tard un rôle leucopoïétique (produc-
tion des cellules blanches du sang) Après la naissance, la fonction érythropoi'étique
régresse et se trouve remplacée par une fonction érythroclasique, qui assure la destruc-
tion des érythrocytes. Toutefois, la potentialité de l'érythropoi'èse persiste et dans cer-
taines formes d'anémie, la rate de l'adulte reprend sa production d'érythrocytes. La
combinaison de ces diverses fonctions lui permet en outre d'intervenir activement chez
adulte dans le métabolisme du fer (fonction martiale) et des pigments biliaires.
DÉVELOPPEMENT
Vers la fin de la période embryonnaire apparaît dans la partie gauche du mésogastre
dorsal une accumulation de cellules mésenchymateuses. L'accroissement de cet amas
entraîne sa saillie à la surface externe du grand omentum, près de l'insertion de celui-ci
sur l'estomac. La masse mésenchymateuse ainsi formée est vite envahie par les vais-
seaux sanguins, ce qui aboutit à la formation de travées et de la pulpe sous une capsule
superficielle. Dès le début, la rate est donc unie à l'estomac par un segment du grand
omentum qui devient le ligament gastro-splénique. C'est par une adaptation secondaire
que ce dernier disparaît dans certaines espèces (Ruminants) où la rate s'accole directe-
ment à l'estomac.
CARACTÈRES PHYSIQUES
La couleur varie du rouge foncé ou lie de vin au gris bleuâtre. Toujours sombre, la
teinte dépend autant de la quantité de sang accumulé dans l'organe que de l'espèce.
Sur l'organe isolé, elle devient en outre plus sombre après une exposition de quelques
heures à l'air.
En règle générale, l'organe étant plaqué contre la partie costale du diaphragme par
la pression de l'estomac et de l'intestin, il est aplati et plus ou moins allongé, ce qui per-
met de lui reconnaître deux faces, deux bords et deux extrémités.
La face viscérale (Faciès visceralis) porte l'empreinte des organes qui sont moulés
sur elle et montre ainsi : à sa partie crâniale, une surface gastrique (Faciès gastrica) et
caudalement à celle-ci une surface intestinale (Faciès intestinalis) en général plus large.
Cette dernière manque chez les Ruminants, dont la rate est toute entière plaquée contre
e rumen. La partie dorsale porte en outre dans certaines espèces (Equidés, Homme) une
surface rénale (Faciès renalis). Le relief épais et peu élevé qui sépare les deux premières
de ces surfaces est longé par une dépression dans laquelle pénètrent les vaisseaux et
es nerfs : c'est le hile de la rate (Hilus lienis), sur les bords duquel est inséré le ligament
gastro-splénique.
Les deux faces sont séparées par deux bords, l'un crânial (Margo cranialis) et l'autre
caudal (Margo caudalis), diversement conformés. Quant aux extrémités, l'une est dor-
sale (Extremitas dorsalis), voisine du rein gauche sinon moulée sur lui et l'autre ventrale
Extremitas ventralis), toujours plus libre et plus mobile que l'autre.
Il n'est pas rare de rencontrer, au voisinage du hile ou dans le ligament gastro-
splénique une petite rate accessoire (Lien accessorius), voire plusieurs. Il s'agit de for-
mations sphéroïdes ou aplaties, de taille en général faible, dont chacune reçoit un pédi-
cule des vaisseaux spléniques.
RAPPORTS ET TOPOGRAPHIE (Pl. 1 50, 1 54, 1 57, 1 64, 1 67, 1 71, 1 72, 206, 209,
236, 250, 252, 253, 258, 259, 262 à 264, 267, 271, 273, 284, 305, 308, 310, 316)
Les rapports essentiels viennent d'être énumérés à propos de la conformation, qu'ils
déterminent en partie. Ils se font donc : latéralement avec la partie costale du diaphragme ;
médialement avec l'estomac à travers le ligament gastro-splénique et, sauf chez les Rumi-
nants, avec l'intestin, dont les parties concernées par ce rapport varient avec l'espèce ;
dorsalement enfin avec le rein gauche éventuellement.
Ces rapports peuvent d'ailleurs varier beaucoup, selon l'espèce et selon les condi-
tions physiologiques. Les variations sont déterminées : 1 - par le volume de l'organe,
qui commande l'étendue et la forme de l'aire de projection pariétale ; 2 - par les mouve-
ments respiratoires, la contraction du diaphragme déplaçant légèrement à chaque respi-
ration la rate en direction caudale ; 3 - par l'état de réplétion de l'estomac. Ce dernier
facteur est fort important dans les espèces dont l'estomac est très distensible. Chez les
Carnivores, la rate est logée sous les côtes lorsque celui-ci est vide ou presque vide. Quand
il se remplit, elle est reportée caudalement à l'arc costal, d'abord par son extrémité ven-
trale et sa partie moyenne et dans les cas extrêmes, en totalité (comparer les planches
264 et 310). Des variations similaires mais un peu moins amples existent chez le Porc.
On les retrouve aussi mais à un très faible degré, chez les Equidés, dont la rate ne dépasse
jamais l'arc costal. Par contre, les Ruminants, dont l'estomac ne présente pas de varia-
tions notables de volume au cours de la digestion, ont une rate pratiquement immobile.
On notera enfin que des déplacements de l'organe sont toujours beaucoup plus amples
par sa partie ventrale que par la partie dorsale.
MOYENS DE FIXITÉ (Pl. 150, 154, 157, 164, 167, 171, 275, 283, 305, 308)
La rate est unie à la grande courbure de l'estomac par le ligament gastro-splénique
(Lig. gastrolienale) qui représente la partie du grand omentum comprise entre les deux
viscères. Ce ligament est lâche, en général plus ample dans sa partie ventrale qu'à l'extré-
mité dorsale. Entre ses feuillets cheminent les vaisseaux et nerfs spléniques, ainsi que
leurs rameaux destinés à l'estomac. Au sommet du fundus gastrique, son extrémité dor-
sale rejoint le ligament gastro-phrénique. Elle se continue à partir de là par un repli périto-
néal qui constitue une dépendance de ce dernier : le ligament phrénico-splénique ou
spléno-rénal (Lig. phrenicolienale, s. lienorenale). Il s'agit d'une expansion qui prolonge
580 -
Extrémité dorsale
Bord crânial
Surface rénale
Extrémité dorsale
Veine splénique
Artère splénique
Empreintes costales
Extrémité ventrale
Bord caudal
FACE PARIÉTALE
Hile de la rate
Surface gastrique
Rates accessoires
Bord crânial
Artère splénique
Veine splénique
Surface intestinale
Insertion du ligament gastro-splénique
A. et V. gastro-épiploïques gauches
Bord caudal
Extrémité ventrale
Noeuds
lymphatiques, spléniques
FACE VISCÉRALE
Sous son revêtement séreux, la rate est enveloppée d'une capsule dont la face pro-
fonde donne attache à une charpente réticulée. Entre les mailles de celle-ci se trouve
a pulpe splénique (Pulpa lienis, s. splenica), elle-même formée de deux parties intime-
ment mêlées : la pulpe blanche et la pulpe rouge, dont la proportion varie avec l'âge et
état physiologique du sujet.
SÉREUSE
La séreuse (Tunica serosa) n'est autre que le péritoine viscéral. Elle adhère de façon
très intime à la capsule fibreuse et couvre tout l'organe, à l'exception du hile, des inser-
tions de ligaments et chez les Ruminants, de la zone d'adhérence au rumen.
CAPSULE FIBREUSE
Cette capsule (Tunica fibrosa, s. capsula) est relativement mince, mais solide et très
souple. Elle adhère au tissu de l'organe, dans lequel elle délègue une multitude de tra-
vées de divers ordres formant la charpente réticulée. Sa structure est celle d'une lame
conjonctive riche en fibres collagènes et en fibres élastiques, à la partie profonde de laquelle
se mêlent des fibres musculaires lisses. La disposition de ces dernières et leur impor-
tance proportionnelle présentent de remarquables variations spécifiques. Dans certaines
espèces (Ruminants et surtout Equidés) elles sont très abondantes et donnent à l'organe
une contractilité importante, capable d'assurer une décharge splénique intense. Dans
d'autres (Homme), elles sont peu nombreuses et la vidange de la rate est assurée, après
une distension passive due à l'activité des artères et des veines, par la rétraction des
fibres élastiques. Les fibres musculaires lisses sont disposées chez les Equidés, sous la
couche conjonctivo-élastique, en deux pians à peu près continus et orientés en deux direc-
tions plus ou moins perpendiculaires. Chez les Ruminants, elles sont entrecroisées en
un réseau unique mêlé de fibres élastiques. Dans les autres Mammifères domestiques,
elles sont disséminées en tous sens dans la trame conjonctive.
CHARPENTE RÉTICULÉE
Cette charpente est formée de trabécules (Trabeculae lienis, s. splenicae) qui par-
tent de la capsule et s'anastomosent en délimitant des logettes largement communican-
tes, occupées par la pulpe. Les plus grosses travées sont celles qui, à partir du hile,
engainent les vaisseaux et se subdivisent avec eux. D'autres, plus faibles, partent de
tous les points de la capsule et rejoignent les précédentes, qui leur délèguent des rameaux
vasculaires, les artères et veines trabéculaires (Aa. et Vv. trabeculares). L'ensemble pré-
sente une structure analogue à celle de la capsule.
La charpente splénique est facile à mettre en évidence par raclage d'une surface de
section de l'organe. En malaxant un fragment de celui-ci sous un filet d'eau, ou encore
en faisant passer un courant d'eau prolongé par l'artère splénique, on peut entraîner la
pulpe : la rate se décolore peu à peu et se réduit à ses éléments de soutien.
582 -
PULPE BLANCHE
La pulpe blanche (Pulpa lienis alba) est portée par les petites artères pulpaires (Aa.
pulpae albae). Emises par les artères trabéculaires, ces dernières sont caractérisées, outre
eur situation, par l'infiltration lymphocytaire de leur adventice, qui se transforme en une
gaine de tissu lympho-réticulaire. Cette gaine périartérielle lymphatique (Vagina periar-
terialis lymphatica) se subdivise avec les vaisseaux. En de nombreux points, et surtout
au niveau des bifurcations artérielles, elle se renfle en véritables nodules lymphatiques :
es lymphonodules spléniques (Lymphonoduli lienales) — anciennement "corpuscules de
Malpighi" —. Ces derniers se présentent comme de petits grains blanchâtres souvent
visibles à l'œil nu et dont le calibre peut atteindre ou dépasser le demi-millimètre dans
es petites espèces et un à deux millimètres chez les Ruminants. Noyés dans la pulpe
rouge, ils paraissent fixés aux artérioles comme des fruits sessiles aux branches d'un
arbre. En effet, bien qu'elles soient souvent qualifiées de "centrales", ces artères lympho-
nodulaires (Aa. lymphonodulorum) traversent plutôt la bordure des lymphonodules qu'elles
portent.
Après un certain trajet, les artères perdent leur gaine et se résolvent brusquement
en pénicilles (Penicilli), bouquets d'artérioles terminales à peu près rectilignes, que leur
disposition en pinceaux a fait nommer artérioles pénicillaires (Arteriolae penicillares). Cha-
cune de celles-ci finit bientôt par un renflement fusiforme formé d'une gaine péricapil-
laire macrophagique (Vagina pericapillaria macrophagiosa) — anciennement "gaine de
Schweigger-Seidel" ou "silique artériolaire" — dont la trame conjonctive supporte des
cellules réticulaires et des macrophages. La forme et le volume de ces gaines varient avec
les espèces ; elles sont ellipsoïdes chez l'Homme, le Chat et les Ongulés. Au-delà de cet
épaississement, l'artériole, réduite à une simple assise endothéliale, s'ouvre dans la pulpe
rouge.
La pulpe blanche est très peu abondante à la période périnatale. Elle s'accroît peu
à peu chez le jeune, passe par un maximum puis subit dès le début de l'âge adulte une
nvolution progressive qui s'accuse dans la vieillesse. Il est toutefois remarquable qu'elle
garde chez les Equidés une importance qu'elle est loin d'avoir dans la plupart des autres
Mammifères. Chez le Cheval, elle est à peu près aussi abondante que la pulpe rouge et
son aspect est souvent diffus.
PULPE ROUGE
La pulpe rouge (Pulpa lienis rubra) est rouge foncé, très diffluente. Elle emplit toutes
les aréoles de la charpente fibreuse et baigne la pulpe blanche. Elle résulte de l'intrica-
tion intime de deux formations aréolaires : les cordons spléniques et les sinus veineux.
Les cordons spléniques (Chordae splenicae) — anciennement "cordons de Billroth" —
sont des amas de cellules portés par un délicat système fibrillaire et anastomosés en un
réseau dense et complexe, qui occupe presque tout l'espace laissé libre par la pulpe blan-
che. Ils sont formés de cellules réticulaires unies par de multiples prolongement mais capa-
bles de se libérer pour prendre leur fonction de phagocytes. Il s'y mêle de nombreux
éléments figurés du sang (leucocytes, érythrocytes en voie de destruction ou de forma-
tion) amenés par les terminaisons des artérioles pénicillaires.
Les sinus veineux (Sinus venulares) sont de véritables lacs sanguins irréguliers, logés
dans les interstices des cordons et largement communicants. Ils sont beaucoup moins
importants et moins compliqués chez les Equidés que chez l'Homme ou le Chien. Ils sont
bordés par un endothélium à cellules allongées et étroites, les endothéliocytes fusifor-
mes (Endotheliocyti fusiformes) qui ménagent des solutions de continuité permettant le
passage des éléments figurés des cordons vers leurs cavités, lis collectent ainsi le sang
584 -
Artère hépatiq1.-
Rameau
œsophagie-
Artères Rameat
gastriques crâns
brèves A. gastriq.-
Grand drors
omentum Art. gast-:
(coupé) duodéna-
Artères
Corps de l'estomac
A. gastro-épiploïqùe gauche
qui a traversé les cordons et donnent naissance aux capillaires veineux. Les veinules
ont d'abord un trajet indépendant (veines pulpaires : Vv. pulpae rubrae), puis rejoignent
les trabécules (veines trabéculaires) et deviennent satellites des artères.
Les opinions divergent sur le point de savoir s'il existe une réelle continuité du revê-
tement endothélial entre les terminaisons des artérioles pénicillaires et les sinus veineux
ou si l'endothélium cesse à l'extrémité des artérioles, le sang étant alors libre dans les
cordons et gagnant les sinus à travers les lacunes de leur revêtement. Il semble qu'il existe
en fait des différences spécifiques à cet égard.
Tout le sang de la rate vient de l'artère splénique (A. lienalis). Issu de l'artère cœlia-
que, ce vaisseau remarquablement volumineux par rapport à l'organe desservi croise
l'extrémité gauche du pancréas et le fundus gastrique pour passer dans le ligament gastro-
splénique et atteindre le hile de la rate. Dans certaines espèces, il y plonge tout entier
après avoir émis l'artère gastro-splénique gauche, qui se poursuit dans le grand omen-
tum. Dans d'autres, il se continue par cette dernière artère après avoir fourni plusieurs
rameaux à la rate : ce dernier cas est celui des Mammifères domestiques autres que les
Ruminants. Dans tous les cas, les divisions spléniques sont flexueuses pour se prêter
aux variations de volume de l'organe. Dans celui-ci, elles sont engainées par les trabécu-
les et présentent une disposition segmentaire avant de se répartir dans la pulpe comme
nous l'avons déjà vu.
Les veines trabéculaires sont drainées par des collecteurs satellites des artères, dont
ils répètent la disposition segmentaire pour former les racines de la veine splénique
(V. lienalis). Cette dernière constitue le plus gros affluent de la veine porte, figurant même
parfois une des racines de celle-ci (Equidés, Homme). On doit noter la fréquence des ana-
stomoses artério-veineuses entre les petites divisions des vaisseaux spléniques.
PARTICULARITÉS SPÉCIFIQUES
ÉQUIDÉS (Pl. 150, 151, 154, 164, 236, 250, 253, 275, 311) : De teinte gris bleuâtre ou
rougeâtre, la rate du Cheval pèse en moyenne 1 200 g sur des sujets saignés (variations de
750 à 2 000 g) soit environ 0,2 % du poids vif en moyenne, avec des variations de 0,13
à 0,35 %. Sa longueur moyenne est de 45 à 50 cm et la largeur de l'extrémité proximale,
la plus grande, de l'ordre de 1 5 à 30 cm. Chez l'Ane, le poids moyen est voisin de 380 g.
586 -
Extrémité dorsale
Surface
d'adhérence
au diaphragme
A.V. et N.
Surface d'adhérence au sac dorsal du rumen spléniques
Hile
Bord caudal
Extrémité ventrale
RATE DE BŒUF
Surface
d'adhérence
au diaphragme Surface d'adhérence au sac dorsal du rumen
Extrémité ventrale
RATE DE MOUTON
BŒUF (Pl. 181, 190, 195, 314) : La couleur varie avec l'âge et l'état d'entretien, du
rouge brun chez le veau au gris bleuâtre chez l'adulte. Le poids moyen sur les adultes
saignés est de l'ordre de 850 g (580 à 1 1 50 g), soit environ 0,2 % du poids vif. En général,
la longueur varie de 40 à 50 cm, la largeur de 10 à 14 cm et l'épaisseur de 2 à 3 cm.
La forme est allongée et elliptique, les deux bords étant à peu près parallèles et les
extrémités arrondies et amincies. La face pariétale est lisse, toujours en rapport avec
le diaphragme. La face viscérale ne montre pas les subdivisions rencontrées dans les autres
espèces. Elle est en effet entièrement plaquée contre le rumen et un peu excavée à cet
effet. Elle n'est qu'à demi revêtue par le péritoine, car elle adhère au rumen par toute
sa moitié dorso-crâniale. Le hile est très court et reporté tout près du bord crânial, non
loin de l'extrémité dorsale. Les deux bords sont minces, le crânial rectiligne ou à peine
concave, le caudal légèrement convexe. L'extrémité dorsale s'insinue un peu dans la zone
d'adhérence du rumen au diaphragme, sous les extrémités proximales des deux derniè-
res côtes ; elle peut aller jusqu'au premier processus transverse lombaire. L'extrémité
ventrale, libre et lisse, se situe généralement un travers de main au-dessus des extrémi-
tés correspondantes des septième et huitième côtes gauches. Elle atteint la face gauche
du réseau.
Extrémité dorsale
Extrémité dorsale.
Insertion du ligament
Bord crânial
gastro-splénique
Bord crânial
Surface gastrique
Surface gastrique
Surface
intestinale
Surface intestinale
Extrémité ventrale
Bord crânial
FACE VISCÉRALE
FACE PARIÉTALE
RATE DE CHIEN
A. et V. gastro-épiploïques gauches
Surface gastrique
Extrémité dorsale
Surface rénale
RATE D'HOMME
La capsule est relativement épaisse et possède une couche musculaire simple et plexi-
forme à sa profondeur. Les lymphonodules spléniques sont volumineux, aisément visi-
bles à l'œil nu, leur calibre étant souvent de plus d'un millimètre. L'artère splénique forme
un tronc unique à sa pénétration dans le hile et sa veine satellite est également simple.
Il n'y a pas de véritables nœuds lymphatiques spléniques, le drainage de la lymphe étant
assuré par les nœuds atriaux et cœliaques, accessoirement par les nœuds médiastinaux
caudaux.
MOUTON ET CHÈVRE (Pl. 314) : De couleur rouge brun, un peu plus grisâtre chez la
Chèvre, la rate pèse en moyenne 60 g (de 50 à 130 g) et mesure de 10 à 14 cm de long
sur 7 à 10 de large. Elle est donc beaucoup plus courte en proportion que chez le Bœuf.
Son profil dessine un triangle très arrondi, à base dorsale et à sommet ventro-crânial.
La situation, les rapports et les moyens de fixité sont très comparables à ce qu'ils sont
chez le Bœuf, une zone d'adhérence occupant encore la moitié dorso-crâniale de la face
viscérale et le revers pariétal de l'extrémité dorsale. Seule diffère la projection pariétale :
l'extrémité dorsale s'étend sous les deux dernières côtes et jusque près du premier pro-
cessus transverse lombaire, mais l'extrémité ventrale se place un peu au-dessus de la
mi-hauteur du dixième espace intercostal.
PORC (Pl. 167, 209, 262, 315) : La rate est rouge brun, remarquablement longue et
étroite. Sa longueur varie de 30 à 60 cm et sa largeur de 4 à 10 cm. Le poids moyen
est voisin de 220 g, avec des variations de 110 à 350 g. Il représente très approximati-
vement 0,15 % du poids vif. L'organe est légèrement incurvé en direction crâniale. A
sa face viscérale, les surfaces gastrique et intestinale, étendues sur presque toute sa
longueur, sont à peu près égales, séparées par une forte crête longitudinale que borde
presque d'une extrémité à l'autre un hile en forme de rainure étroite. Le bord crânial est
concave, le caudal convexe. L'extrémité dorsale est arrondie et la ventrale un peu rétré-
cie, formant une pointe mousse. Crânialement au hile, le rapport avec l'estomac s'éta-
blit à travers le grand omentum. Caudalement, la surface intestinale répond au jéjunum
et au côlon. L'extrémité dorsale touche au pôle crânial du rein gauche et à l'extrémité
correspondante du pancréas. Elle est située sous les deux ou trois dernières côtes gau-
ches. L'extrémité ventrale, beaucoup plus mobile, se déplace fortement en direction cau-
dale lorsque l'estomac se remplit. Quand celui-ci est vide, elle croise la partie ventrale
de l'arc costal pour se prolonger contre la paroi abdominale et entre en contact avec le
foie. Les moyens de fixité sont fort lâches. La rate est simplement appendue au grand
omentum par la crête de sa face viscérale et l'ample et mince ligament gastro-splénique
ainsi délimité est prolongé dorsalement par un faible pli phrér)ico-splénique. L'artère et
la veine longent le hile en y déléguant de multiples rameaux segmentaires. Les lympho-
nodules spléniques sont aisément visibles à l'œil nu.
CARNIVORES (Pl. 157, 171, 172, 206, 264, 267, 305, 308, 310, 313, 315) : De teinte
rouge clair à l'état frais, la rate pèse de 5 à 130 g selon la race, la taille et l'individu (50
à 60 g environ chez un sujet de taille moyenne) chez le Chien, où son poids relatif, pres-
que aussi variable, peut aller de 0,1 à 0,5 %. Dans cette espèce, sa longueur varie de
8 à 30 cm et sa largeur maximale de 3 à 8 cm. Chez le Chat, le poids peut aller de 2 à
25 g et représenter de 0,15 à 0,5 % du poids vif ; la longueur est de 8 à 14 cm et la
largeur maximale de 2 à 3 cm.
La conformation est identique dans les deux espèces. L'organe est allongé, un peu
falciforme, légèrement rétréci en son milieu et toujours nettement élargi à son extrémité
ventrale. La face pariétale est lisse, régulièrement convexe, la convexité étant plus mar-
quée à l'extrémité dorsale. La face viscérale, concave, montre, un peu comme chez
Douzième vertèbre thoracique
Fundus de l'estomac
Poumon gauche i
l Lobe Trompe utérine gauche
Deuxième côte Ovaire gauche
vertèbre lombaire
Utérus gauche
Rectum
Glande pàraproctale
périnéales
Cœur et
péricarde
| Lobe g.
[ Lobe gauche
Corps de
le Porc, un hile très allongé séparant les surfaces gastrique et intestinale. Le bord crânial
est irrégulier et le bord caudal un peu concave. L'extrémité dorsale est variable, tantôt
un peu élargie et tantôt arrondie. L'extrémité ventrale, la plus volumineuse, est large,
coupée obliquement en direction ventro-crâniale, où elle forme une sorte de pointe arron-
die, de contour variable.
abdominale. Cette mobilité est liée aussi à l'ampleur et à la laxité des ligaments. Comme
chez le Porc, le ligament gastro-splénique est mince, large, surtout à sa partie ventrale.
Le ligament phrénico-splénique unit l'extrémité dorsale au pilier gauche du diaphragme.
Les vaisseaux spléniques longent le hile et délèguent de multiples branches segmentaires.
LAPIN (Pl. 308, 315, 316) : La rate est rouge brun, longue de 3 à 5 cm et large de 6
à 1 2 mm. Son poids moyen est de 1,5 g environ, avec des variations de 1 à 3,2 g. Son
poids relatif est de 0,05 % en moyenne (de 0, 0 0 4 à 0,1 7 %). Elle est allongée, arrondie
aux extrémités, avec des bords à peu près parallèles. Son extrémité dorsale est placée
en regard des deux dernières côtes, nettement en avant du rein gauche et le reste de
l'organe est situé caudalement à l'arc costal, sous la paroi abdominale, entre l'estomac
d'une part, le jéjunum et le caecum d'autre part. Le hile est disposé à peu près comme
chez les Carnivores, de même que le ligament gastro-splénique. Le ligament phrénico-
splénique est peu distinct.
COMPARAISON AVEC L'HOMME (Pl. 315) : De teinte rouge sombre, la rate pèse environ 180 g,
avec des variations de 8 0 à 5 0 0 g. En moyenne, elle est longue de 12 cm, large de 8 et épaisse
de 4. Sa forme est ovalaire, à gros pôle ventro-caudal. Le hile croise obliquement la face viscérale
en direction ventro-crâniale et sépare une surface gastrique large et excavée d'une surface rénale
plus étroite mais étendue sur une grande partie du bord caudal, ainsi que d'une surface colique qui
occupe l'extrémité ventrale, la plus large. Le grand axe de l'organe est situé à peu près sous la 10° côte
gauche et le contour se projette entre la 8 ° et la 1 1 ° côte ou le 11 0 espace intercostal. Le liga-
ment gastro-splénique est disposé à peu près comme chez les Carnivores et le ligament phrénico-
splénique est surtout attaché sur le rein : on le qualifie souvent de spléno-rénal.
592 -
Cavité nasale
du nez
Sinus frontal
Epiglotte
Extrémité crâniale
de la cavité du thorax Œsophage
Trachée
Bronches lobaires
Bifurcation de la trachée
A. et V. pulmonaires
gauches
A. et V. pulmonaires droites
DEUXIÈME PARTIE
APPAREIL RESPIRATOIRE
L'appareil respiratoire (Apparatus respiratorius) est constitué par l'ensemble des orga-
nes qui assurent les échanges gazeux entre le sang et le milieu ambiant.
Dans son sens restreint et usuel, le terme de respiration est usité pour désigner à
la fois l'hématose et la série des actes mécaniques par lesquels le fluide ambiant (air ou
eau) est constamment renouvelé au contact de la surface respiratoire. Dans les animaux
inférieurs, cette surface est simplement le tégument (respiration tégumentaire ou cuta-
née). Mais en général, il existe un appareil respiratoire spécialisé, dont la disposition est
adaptée à la nature du milieu et aux activités de l'espèce. Dans tous les cas, la partie
essentielle en est constituée par une mince membrane perméable aux gaz, dont une face
est en contact avec l'extérieur tandis que l'autre est baignée par le sang. Seuls varient
les dispositifs qui assurent le renouvellement du milieu oxygéné. Lorsque l'animal res-
pire dans l'eau, la membrane respiratoire est portée par des organes saillants : les bran-
chies. La respiration aérienne est au contraire assurée par des organes creux de types
divers : trachées chez les Insectes, poumons chez les Amniotes. Dans tous les cas, la
membrane respiratoire comporte au moins deux assises, endothélium vasculaire et mince
épithélium respiratoire, qui interviennent activement dans le transfert des gaz.
Chez les Vertébrés, l'appareil respiratoire se complique progressivement dans les grou-
pes les plus évolués. Chez les Amphibiens, le poumon est encore une simple poche à
peine plissée. L'augmentation de la surface respiratoire nécessaire à une vie plus active
est réalisée à partir de ce type primitif par un double processus : développement endo-
gène de replis cloisonnaires et production exogène de bosselures alvéolaires. Lorsque
la respiration arrive au plus haut degré de puissance, le poumon se trouve divisé en une
infinité de logettes. Il doit alors s'adjoindre tout un système ramifié de tubes aérifères
qui assurent la distribution régulière et rapide de l'air dans toutes ses parties. Ce dernier
594 -
Tonsille pharyngienne
Septum pharyngien
Fornix du pharynx
Cervelet
Hypophyse et réseau
Diverticule
admirable épidural
optique
du cerveau
frontal
Œsophage
Cartilage
Septum nasal
Palais osseux
Palais dur
propre
M. sterno-hyoïdien
de la bouche
Cavité du larynx
Cartilage thyroïde
Cartilage
Récessus sous-épiglottique
(Ventricule médian du
Vallécule épiglottique du groin
Racine de la
Gosier Lèvre inférieure
Palais mou
M. génio-hyoïdien Vestibule de la bouche
Corps de la langue
cas est en particulier celui des Mammifères, dont les poumons, spongieux, sont desser-
vis par un arbre aérifère extrêmement touffu.
Parallèlement, le dernier (sixième) arc aortique gauche s'est isolé du système aorti-
que. Sa moitié ventrale fournit le tronc pulmonaire. Sa moitié dorsale continue ce dernier
par le conduit artériel, qui disparaîtra après la naissance. Elle produit aussi, à la limite
des deux parties, le bourgeon de l'artère pulmonaire gauche ; elle s'annexe aussi l'extré-
mité dorsale de l'arc homologue droit (dont le reste disparaît) pour produire l'artère pul-
monaire droite. Les artères pulmonaires croissent et se ramifient avec les bronches, alors
que les veines pulmonaires se forment par bourgeonnement du plafond de l'atrium gau-
che du cœur.
En définitive, nous aurons à décrire, le pharynx étant déjà étudié : 1 - Les voies res-
piratoires, comprenant les cavités du nez, le larynx, la trachée et les bronches ; 2 - Les
poumons, organes essentiels de la respiration et sièges de l'hématose ; 3 - La cavité tho-
racique et les plèvres, qui abritent les poumons et permettent leur fonctionnement.
596 -
CONFORMATION EXTÉRIEURE
Bord de l a .
narine droite
Rostrum
(« Bout du nez »)
Philtrum
et lèvre supérieure Relief de la corne du cartilage alaire
dans le bord ventro-latéral d e la narine
Lèvre inférieure
Fond du diverticule
Pli alaire
Ostium vestibulo-nasal
Ostium naso-lacrymal
CONFORMATION INTÉRIEURE
Lèvre supérieure
Lèvre inférieure
CHAPITRE PREMIER
CAVITÉS NASALES
On peut décrire une cavité nasale (Cavum nasi) divisée en deux parties symétriques
par une cloison médiane : le septum nasal. Il est plus simple de considérer qu'il existe
deux cavités nasales, l'une droite et l'autre gauche, séparées par ce dernier. Creusées
dans le massif facial dorsalement à la voûte palatine et allongées dans le sens rostro-
caudal, elles livrent passage à l'air, qu'elles concourent à dépoussiérer, à réchauffer et
à humidifier lors de l'inspiration. Elles sont en outre le siège de l'olfaction.
Chacune d'elles s'ouvre à l'extérieur par un orifice : la narine, portée plus ou moins
ventralement à l'extrémité du relief externe du nez. Elle communique d'autre part avec
le nasopharynx par la choane correspondante. La partie qui avoisine la narine possède
une structure particulière et se différencie plus ou moins nettement selon les espèces :
c'est le vestibule du nez. Enfin, des cavités anfractueuses plus ou moins vastes et com-
pliquées se creusent à la limite du crâne et de la face à partir de chaque cavité nasale,
dont elles constituent les annexes : ce sont les sinus paranasaux. La description com-
plète de ces diverses formations comporte donc trois parties : vestibule du nez, cavité
du nez proprement dite et sinus paranasaux. Mais ces derniers ont été décrits de façon
détaillée en Ostéologie ; nous n'aurons donc que peu de choses à ajouter à leur sujet.
Le relief externe du nez (Nasus externus) est beaucoup moins bien délimité chez les
Mammifères domestiques que chez l'Homme en raison du développement du massif facial,
qui l'absorbe en quelque sorte. La racine du nez (Radix nasi) qui semble chez l'Homme
s'enclaver entre les orbites, est beaucoup plus large, surtout chez les Ongulés, où elle
se continue sans démarcation avec le front d'une part, le dos du nez (Dorsum nasi) — ou
"chanfrein" chez les Mammifères domestiques — d'autre part. Ce dernier, également
plus large et beaucoup plus long que chez l'Homme, se raccorde insensiblement sur les
côtés avec les joues et présente un profil variable avec les races. Il aboutit à la pointe
du nez (Apex nasi), ventro-latéralement à laquelle s'ouvrent les narines (Nares). Alors
qu'elle est nettement saillante et bien séparée de la lèvre supérieure chez l'Homme, cette
extrémité du nez tend à se confondre avec elle chez les Mammifères domestiques ; elle
est en outre plus large chez ces derniers et constitue le rostrum, qui porte des narines
plus écartées et plus nettement dirigées en avant. En raison de ses grandes variations
598 -
Dos du nez
Commissure
latérale de la narine
Sillon alaire
Aile du nez
V e s t i b u l e d u nez
Commissure médiale
Planum nasolabiale (Mufle)
de la narine
Lèvre supérieure
Lèvre inférieure
N A R I N E S ET MUFLE DU B Œ U F
Dos du
V e s t i b u l e d u nez
Planum nasale
Vestibule d u nez
N A R I N E S DU M O U T O N N A R I N E S DE L A C H È V R E
spécifiques et de sa structure bien particulière, cette dernière région mérite seule une
étude détaillée.
Ainsi, chaque narine prend la forme d'une fente plus ou moins large, oblique en direc-
tion latérale ou dorso-caudale et convexe ventralement. Son bord ventral (ou ventro-latéral,
selon l'espèce), concave et voisin de la lèvre supérieure, est le plus long ; il est constitué
par un repli de la peau incomplètement soutenu par des formations cartilagineuses et
fibreuses. Le bord dorsal, formé par l'aile du nez, est au contraire convexe, générale-
ment plus mince et plus mobile, tendu par une lame cartilagineuse plus ou moins large,
appartenant au cartilage alaire. Il est très court chez le Porc, dont les narines sont pres-
que circulaires. La commissure médiale est toujours la plus large et arrondie, sauf chez
le Mouton, la Chèvre et le Lapin, où elle est étroite. La commissure latérale est étroite
(sauf chez le Porc) et relevée un peu dorsalement, de sorte que la narine dessine une
virgule horizontale à queue latéro-dorsale. Elle se prolonge en un petit sillon, à peine marqué
chez les Carnivores et le Lapin, absent chez le Porc, mais large et net chez les Rumi-
nants. C'est le sillon alaire (Sulcus alaris). Ce sillon appartient au vestibule du nez et
s'approfondit à l'extrême chez les Equidés, où il donne accès au diverticule nasal (voir
plus loin).
Le rostrum ne s'étend pas seulement entre les narines. Il tend aussi à les entourer,
voire à empiéter plus ou moins sur la lèvre supérieure, tout en prenant une disposition
et une structure tégumentaire caractéristiques de chaque espèce. Ainsi se constituent :
chez les Carnivores, la truffe ou planum nasale, saillante autour des narines et surtout
dorsalement ; chez le Mouton et la Chèvre, un planum nasale, en forme de bande éten-
due dorsalement aux narines ; chez le Bœuf, le mufle ou planum nasolabîale, empiétant
sur toute la partie moyenne de la lèvre supérieure ; chez le Porc, le groin ou planum ros-
trale englobant à la fois les narines et la lèvre supérieure et bordé par un relief presque
circulaire. Dans toutes les espèces précitées, ces formations sont glabres (sauf chez le
Porc où se voient quelques poils fins) et plus ou moins nettement divisées par le phil-
trum, qui s'y prolonge sur la ligne médiane. Leur surface est subdivisée en petites aires
(Areae) polygonales par des sillons (Sulci) plus ou moins marqués, dont la disposition
est immuable au cours de la vie et caractéristique de l'individu. Cette particularité, ana-
logue à celle des crêtes papillaires digitales de l'Homme, peut être utilisée pour l'identifi-
cation des animaux. Chez les Ruminants et le Porc, chaque aire présente une, parfois
deux étroites dépressions, les fovéoles (Foveolae) au fond desquelles débouchent les con-
duits excréteurs de glandes séreuses particulières, surtout développées chez le Bœuf.
Chez les Equidés et le Lapin, le rostrum est simplement pourvu d'une peau mince et adhé-
rente, couverte de poils courts et fins. Toutes ces particularités seront décrites avec plus
de détails à propos des caractères spécifiques.
600 -
Délimité par l'aile du nez et la partie mobile du septum, le vestibule du nez (Vestibu-
lum nasi) est situé comme son nom l'indique à l'entrée de la cavité nasale. Pourvu d'une
charpente cartilagineuse mobilisée par des muscles, il est préposé au contrôle de l'admis-
sion de l'air dans cette cavité, dont il se différencie par la conformation et les caractères
structuraux. Il communique avec l'extérieur par la narine. La limite entre sa cavité et celle
du nez proprement dite est marquée par le changement de nature du revêtement. Il est
en effet tapissé par une muqueuse de type malpighien ou une peau fine, adhérente, très
différente de celle qui entoure là narine et plus encore de la muqueuse nasale. Ce revête-
ment, progressivement raccordé à la peau extérieure et dont les caractères varient beau-
coup d'une espèce à l'autre, se continue par la muqueuse nasale selon une ligne assez
nette, marquée par un changement rapide de structure, qui caractérise le seuil de la cavité
nasale ou limen nasi. Dans certaines espèces (Equidés), la démarcation est très évidente,
en raison du changement brusque de teinte ; dans d'autres (Boeuf) elle est moins visible.
Mais en général, il existe une petite surélévation de la paroi à son niveau. Faible chez
'Homme, cette saillie est plus épaisse et plus nette chez les Ruminants et très marquée
chez les Equidés, où elle délimite un véritable orifice vestibulo-nasal.
Vide et très courte chez l'Homme, où elle délègue un diverticule peu profond dans
la pointe du nez, la cavité du vestibule nasal tend à se compliquer chez les Mammifères
domestiques. Tout d'abord, le cornet ventral se prolonge jusqu'au seuil nasal par un pli
alaire (voir plus loin : cornets) qui se termine en un appendice plus ou moins saillant sur
la paroi latéro-dorsale du vestibule. Cette intrusion est maximale chez les Carnivores,
où le processus bulleux qui encombre ainsi la partie latérale du vestibule semble avoir
pour rôle de répartir l'air inspiré de façon fonctionnelle dans la cavité nasale. Chez ces
animaux, il existe en outre deux ou trois plis parallèles (Plicae parallelae) formés par la
muqueuse au plafond du vestibule, plis qui semblent participer à cette même fonction.
Par ailleurs, le vestibule du nez de quelques espèces présente des expansions plus ou
moins vastes dans la paroi latérale du nez. Très développées chez la plupart des Périsso-
dactyles, celles-ci sont représentées chez les Equidés par le diverticule nasal (Diverticu-
lum nasi) ou "fausse narine", qui s'engage jusqu'au fond de l'angle naso-incisif. Enfin,
l'ostium naso-lacrymal (Ostium nasolacrimale), orifice terminal du conduit naso-lacrymal,
s'ouvre au voisinage du limen nasi, soit sur le territoire même du vestibule (Equidés, Rumi-
nants, Carnivores), soit plus caudalement, dans le méat ventral du nez (Porc, Homme).
La situation et l'aspect de cet orifice, qui varient avec les espèces, sont utiles à connaî-
tre pour la réalisation des sondages et seront précisés dans les particularités spécifiques.
CHARPENTE CARTILAGINEUSE
Elle est formée par les cartilages du nez (Cartilagines nasi), qui complètent à l'extré-
mité rostrale de la face les parois osseuses du nez. Seule, une partie de ces formations
soutient directement la narine et entre dans la constitution du vestibule, le reste appar-
tenant à la cavité nasale proprement dite. Mais ces divers cartilages sont si étroitement
apparentés et complémentaires qu'il est préférable de ne pas dissocier leur description.
Ils sont situés symétriquement de part et d'autre de l'extrémité rostrale du septum nasal,
qui sert de support aux plus importants d'entre eux. Un tissu conjonctif fibreux continu
avec leur périchondre et avec le périoste des os voisins assure leur union. L'ensemble
602 -
Incisure naso-incisive
L Cartilage alaire
CHARPENTE OSTÉO-CARTILAGINEUSE
constitue une paroi qui ferme latéralement tout l'espace compris entre l'os nasal et l'os
incisif, et se prolonge jusqu'au pourtour des narines.
Le septum nasal sera décrit plus loin. Indiquons seulement pour l'instant qu'entre
les narines, il est cartilagineux, puis fibreux à sa partie terminale, cette partie membrana-
cée étant bien moins distincte et moins étendue en proportion chez les Mammifères domes-
tiques que chez l'Homme. On qualifie parfois de partie mobile du septum nasal (Pars mobilis
septi nasi) cette région du septum perceptible entre les deux narines — en fait peu mobile
chez les Mammifères domestiques, au contraire de chez l'Homme — par opposition au
reste de la cloison, solidement attaché au plafond et au plancher du nez. Chez le Porc,
cette partie du septum se complète par un os impair et symétrique : l'os du groin ou os
rostral (Os rostri), déprimé en son milieu et élargi de part et d'autre.
Les autres cartilages du nez sont, de chaque côté, au nombre de trois principaux
et de plusieurs accessoires, plus variables. Les trois premiers sont nommés : cartilage
alaire, cartilage latéral dorsal et cartilage latéral ventral.
Le cartilage alaire (Cartilago alaris) est le principal support de l'aile du nez, à laquelle
il contribue à donner sa forme. C'est chez l'Homme le cartilage alaire majeur (Cartilago
alaris major) et il présente là sa forme typique : une mince plaque hyaline ployée sur elle-
même au niveau de la commissure antérieure (rostro-médiale) de la narine, de sorte qu'elle
s'étend d'une part dans l'aile du nez et d'autre part dans le bord septal de la narine. La
branche latérale (Crus laterale) est élargie et elliptique, convexe en dehors et concave
en dedans. La branche médiale (Crus mediale) est plus étroite, adossée à celle du carti-
lage opposé contre la partie membranacée du septum. Cette disposition caractéristique
reste évidente chez les Equidés : la branche latérale, large et arrondie, constitue la lame
(Lamina), du cartilage alaire, logée dans le bord dorso-médial de la narine, dont elle déter-
mine la convexité ; la branche médiale, devenue ici ventrale, est étirée en une corne (Cornu)
incurvée jusque vers le milieu du bord ventro-latéral de la narine. Ce cartilage est moins
facile à reconnaître dans les autres espèces et de fait, il a été généralement méconnu.
La raison en est que la corne (branche médiale) peut se raccourcir beaucoup (Lapin), se
confondre avec le septum (Porc, où elle est incorporée à l'os rostral) ou même disparaî-
tre totalement (Ruminants, Carnivores). Mais la lame persiste toujours, formant une voûte
qui prolonge le cartilage latéral dorsal (Ruminants) ou le supplée (Carnivores). D'où la
confusion souvent faite entre ces deux formations 111 .
Le cartilage latéral dorsal du nez (Cartilago nasi lateralis dorsalis), simplement nommé
cartilage nasal latéral chez l'Homme, est une expansion formée par le bord dorsal du car-
tilage septal pour compléter en quelque sorte l'os nasal, qu'il déborde rostralement et
sur le côté, jusqu'au fond de l'incisure naso-incisive. Il adhère au bord latéral de l'os nasal
et se prolonge jusqu'au contact de la lame du cartilage alaire, avec laquelle il peut même
prendre quelque continuité. Il est étroit mais épais chez les Equidés, plus mince, plus
large et allongé chez les Ruminants, large et relativement court chez le Porc. Il nous paraît
manquer chez les Carnivores et le Lapin, à moins qu'on ne considère qu'il s'est entière-
ment soudé à la lame du cartilage alaire et disjoint de l'os nasal, auquel il n'est plus uni
que par de faibles faisceaux fibreux.
Le cartilage latéral ventral du nez (Cartilago nasi lateralis ventralis) semble repré-
senté chez l'Homme par l'un des cartilages alaires mineurs (Cartilagines alares minores).
(1) Selon les N.A.V. et la plupart des auteurs, le cartilage alaire manque chez les Carnivores, où il est remplacé par le cartilage
latéral dorsal, ici très long. Nous présenterons plus loin les raisons qui nous incitent à considérer qu'il est bien présent chez ces
animaux et qu'il supplée chez eux le cartilage latéral dorsal (voir : particularités spécifiques).
604 -
Os nasaux
1 constitue une sorte de bordure au processus nasal de l'os incisif et rejoint le précédent
dans l'incisure naso-incisive. Il fait défaut chez les Equidés et le Lapin et s'unit chez les
Carnivores au pli alaire du cornet ventral plutôt qu'à l'os incisif.
Les cartilages accessoires du nez (Cartilagines nasales accessoriae), très faibles et
variables chez l'Homme, sont en général mieux représentés chez les Mammifères domes-
tiques, où on en reconnaît un latéral et un médial. Le premier est le plus caractéristique :
absent chez les Equidés (où il semble avoir pour équivalent la corne du cartilage alaire),
est dans les autres espèces situé dans la bordure ventrale de la narine. Il forme là une
petite baguette longitudinale ou un arc appendu au bord de la lame du cartilage alaire
'Ruminants) ou au cartilage latéral ventral (Carnivores), par un petit processus fibro-
cartilagineux qui contourne la commissure latérale de la narine. Ce processus est inséré
à peu près en son milieu, ce qui a souvent fait comparer l'ensemble à une petite ancre
de marine, en particulier chez les Ruminants. Chez le Porc, ce cartilage, très net, est sim-
plement uni par du tissu fibreux à l'extrémité adjacente de l'os du groin. Il semble ainsi
représenter, dans cette espèce, une partie de la corne du cartilage alaire ayant échappé
à l'ossification de l'os du groin. Le cartilage accessoire médial renforce le pli alaire qui
prolonge le cornet ventral. Il est particulièrement développé chez les Equidés et les
Ruminants.
MUSCLES
Les mouvements des narines sont assurés par l'action de muscles qui, attachés aux
os et à la peau du voisinage, déplacent ou déforment les cartilages, principalement le
cartilage alaire. Ces muscles ont été décrits avec le groupe cutané de la face (voir Tome 2 :
Myologie, pp 425-431 ). Le plus remarquable quant au rôle est le dilatateur des narines.
Vestigial chez les Carnivores mais bien développé chez les Ongulés, ce muscle s'étend
d'un cartilage alaire à l'autre en couvrant non seulement la face superficielle de leur lame
mais, chez les Equidés en particulier, toute la convexité de leur corne. Sa contraction
ouvre les arcs que dessinent les cartilages alaires et dilate ainsi les narines, dont les ailes
se trouvent soulevées et les bords opposés tirés ventralement. Plusieurs autres muscles
complètent et modulent cette action : le canin tire en dehors et en direction caudale le
bord ventral de la narine ; le releveur naso-labial combine son action à celle du canin ;
le nasal intervient de façon variable avec les espèces, mais toujours faible. L'orbiculaire
de la bouche, par les petits faisceaux qu'il envoie sur la corne du cartilage alaire (Equi-
dés) ou sur le cartilage accessoire latéral, peut aussi concourir à dilater l'entrée de la narine.
TÉGUMENT
Les narines et le rostrum sont extérieurement revêtus par la peau, dont les caractè-
res varient avec le point considéré et l'espèce, déterminant l'aspect déjà décrit. Toujours
très adhérente, cette peau peut être finement velue (Equidés, Lapin, Homme), pourvue
de glandes sébacées abondantes et fortes voire, sur les côtés, de poils tactiles à sinus
sanguins (Equidés, Lapin). Elle est très modifiée sur le rostrum de beaucoup d'espèces.
Chez le Bœuf, le mufle possède une couche épaisse de glandes particulières, de type
séreux : les glandes naso-labiales ; ses particularités ont été décrites à propos de la lèvre
supérieure. Chez le Porc, le groin est également pourvu de glandes séreuses, mais fine-
ment velu. Quant à la truffe des Carnivores, elle est en général très pigmentée, pourvue
d'un derme fortement papillaire mais dépourvue de glandes propres ; chez l'animal en
bonne santé, elle est maintenue humide par la sécrétion des glandes nasales décrites
plus loin.
La cavité du vestibule est tapissée près de son entrée et sur une étendue plus ou
moins grande par une peau modifiée, puis par une muqueuse dermo-papillaire à épithé-
lium stratifié et pavimenteux. La peau est très mince, très adhérente, encore pourvue
606 -
Sinus
Méat dorsal du
Os nasal
Limen nasi
Pli
Vestibule du nez
Pli droit
Rostrum
Pli droit
Limen nasi
Pli alaire
Vestibule du nez
Partie
membranacee
du septum nasal
Sinus sphénoïdal
Ostium pharyngien
de la trompe auditive
Communication avec le sinus
maxillaire caudal
Canal infra-orbitaire
Comp. médial ( S . c o n c h a l ventral) 1 S i n u s m a x i l l a i r e
Compartiment latéral J rostral
Septum du cornet ventral
Cellules (ou bulle) de la partie rostrale du cornet ventral
Plexus vasculaire de ia paroi du cornet ventral
de poils dans la plupart des espèces (poils très fins et très courts chez les Equidés et
les Ruminants, rudes chez l'Homme adulte) et de quelques glandes sébacées et sudori-
pares. La muqueuse qui lui fait suite n'occupe qu'une bande très étroite chez les Equidés
et l'Homme, plus large en proportion dans les autres espèces. Son épithélium est plus
ou moins kératinisé en surface, selon l'emplacement et l'espèce. Sa propria est toujours
papillaire, densifiée en profondeur, où se déploie un riche réseau vasculaire. Elle est pour-
vue de glandes tubulo-acineuses, séreuses ou mixtes. Le raccordement avec la muqueuse
respiratoire se fait de façon brusque.
VAISSEAUX ET NERFS
Les artères qui délèguent des branches aux narines et au rostrum sont surtout la
dorsale et la latérale du nez, ainsi que la labiale supérieure et l'infra-orbitaire. Leur répar-
tition varie avec les espèces. Chez les Equidés, un apport important est fourni en outre
par le tronc incisif, impair, qui provient de l'anastomose des deux artères palatines majeu-
res et passe par le canal interincisif.
Les veines des parties superficielles sont satellites des artères (il n'y a pas de veine
correspondant au tronc incisif chez les Equidés). Les réseaux du revêtement vestibulaire
sont drainés en grande partie par l'intermédiaire des plexus veineux de la muqueuse nasale,
avec lesquels ils communiquent largement.
Les lymphatiques sont très nombreux. Ils se portent aux nœuds lymphatiques man-
dibulaires et éventuellement parotidiens (Ruminants).
Quant aux nerfs, ils sont également très nombreux. Les uns, sensitifs, proviennent
du trijumeau par le nerf infra-orbitaire, rameau terminal du nerf maxillaire. Les autres,
moteurs, viennent du facial par le rameau buccal dorsal.
CONFORMATION (Pl. 17, 22, 34, 37, 41, 43, 131, 134, 136, 145, 146, 317,
318, 324 à 328, 340 à 342, 344, 345)
On décrit à cette cavité deux parois, médiale et latérale, un plafond ou voûte, un
plancher et deux extrémités.
PAROI MÉDIALE
Cette paroi, qui appartient au septum nasal, est verticale et plane, parfaitement lisse.
Elle montre les arborisations d'un très riche plexus veineux dont les gros troncs conver-
gent vers l'arrière. Elle est souvent légèrement déprimée en regard de chaque cornet.
PAROI LATÉRALE
1 - Cornets
De façon très générale, on reconnaît deux groupes de cornets, l'un caudal et l'autre
rostral. Le premier est porté par les volutes de l'os ethmoïde, qui forment autant de cor-
nets ethmoïdaux (Conchae ethmoidales) ; il sera décrit plus loin. Le second est celui des
cornets nasaux, qui nous retiendra seul pour l'instant. Les Mammifères domestiques sont
pourvus de deux cornets nasaux, un dorsal et un ventral. Mais l'un des cornets ethmoï-
daux, très développé, s'avance souvent sur la paroi latérale de la cavité nasale et vient
s'enclaver plus ou moins longuement entre les deux cornets nasaux. Il constitue ainsi
un cornet moyen, décrit avec ces derniers, dont le nombre est porté à trois111.
Les cornets nasaux (Conchae nasales) ont pour base les formations squelettiques
de même nom, déjà décrites en Ostéologie. Chacun d'eux est constitué par une mince
ame osseuse enroulée sur elle-même, complétée à l'extrémité rostrale (sauf pour le cor-
net moyen) par un prolongement fibro-cartilagineux et tapissée par la muqueuse nasale.
Cette lame est insérée à la paroi latérale du nez par une longue et mince partie basale
qui peut s'incurver simplement à son bord libre, médial, mais qui se continue le plus sou-
vent par une partie enroulée. Celle-ci peut être simple, décrivant un ou deux tours sur
elle-même autour d'un axe longitudinal (cornet enroulé) ou porter à sa face convexe des
ames secondaires, elles-mêmes enroulées et éventuellement pourvues de lames tertiai-
res (cornet rameux). Un type intermédiaire est présenté par les cornets à double enroule-
ment (ex. : cornet ventral des Ruminants), dont la lame principale porte une seule lame
secondaire, enroulée en sens inverse.
Les parties enroulées des cornets délimitent entre leurs divers tours des récessus
étroits et allongés, largement communicants avec la cavité du nez et où l'air peut circu-
ler. En certains cas, la lame enroulée peut s'accoler à elle-même et déterminer une ou
plusieurs bulles (Bullae conchales) presque entièrement closes, mais qui gardent toujours
une communication avec la cavité du nez. Ces bulles peuvent à leur tour être subdivi-
sées par de petites cloisons transversales incomplètes en cellules (Cellulae) plus ou moins
nombreuses. Enfin, quand la lame enroulée s'unit par son bord non plus à elle-même mais
à la paroi, elle détermine la formation d'un sinus conchal qui communique généralement
avec la cavité nasale par un orifice propre. Les sinus conchaux des Equidés présentent
une disposition très particulière et compliquée.
Le cornet nasal dorsal (Concha nasalis dorsalis) est en général nettement plus faible
et plus simple, mais plus long que le cornet ventral et il n'est jamais rameux. Il est inséré
à la crête ethmoïdale de l'os nasal12'. En raison du raccordement de son extrémité cau-
dale à la lame papyracée de l'ethmoïde, il est considéré par beaucoup d'auteurs comme
le premier des endoturbinaux. Nous avons déjà rejeté cette opinion en Ostéologie. En
règle générale, il s'enroule en direction ventrale. Sa partie caudale (qui s'enroule en direc-
tion dorsale chez les Carnivores) délimite dans la plupart des espèces un sinus conchal
dorsal, déjà décrit en Ostéologie. La partie rostrale, plus simple et plus étroite, forme une
lame à peine incurvée ventralement, sauf chez les Equidés, où elle est large, fortement
enroulée, et séparée du sinus conchal dorsal par un septum complet. Elle se prolonge
par un processus cartilagineux soutenant un relief de la muqueuse qui constitue le pli
droit (Plica recta) étendu en situation tout à fait dorsale jusqu'au plafond du vestibule.
{1 ) On décrit également trois cornets chez l'Homme, mais seul le cornet inférieur équivaut au cornet ventral des Mammifères
domestiques. Le cornet moyen et le cornet supérieur appartiennent au groupe ethmoi'dal ; ils ne représentent pas le cornet moyen
et le cornet dorsal des Mammifères domestiques. Ce dernier a seulement pour équivalent le faible relief de l'Agger nasi.
(2) Ce cornet a été encore qualifié de " n a s a l " en raison de son insertion sur l'os du même nom, ou d' "ethmoïdal" pour sa
connexion avec l'ethmoïde. Ces désignations ambiguës doivent être abandonnées.
6 1 0 -
C o r n e t nasal m o y e n
M é a t dorsal d u
C o r n e t nasal dorsal
Méat moyen du
C o r n e t nasal v e n t r a l
M é a t v e n t r a l d u nez
Pli d r o i t
Pli b a s a i
Pli alaire
Vestibule du nez
Partie
membranacée
d u s e p t u m nasa
Ihez les Carnivores, ce pli se complique à son extrémité rostrale par la présence d'un
rli oblique (Plica obliqua) formé ventralement à lui par la muqueuse, en direction du pli
s aire décrit plus loin. Le cornet nasal dorsal tel qu'il existe chez les Mammifères domes-
" ques n'existe qu'à l'état vestigial chez l'Homme, où il est représenté par un faible relief
bulleux nommé "agger nasi".
Le cornet nasal moyen (Concha nasalis média) est faible chez les Equidés et le Porc.
C'est la première et la plus grande des volutes de l'os ethmoi'de, constituant le véritable
endoturbinal I ; mais il est considéré par la plupart des auteurs comme l'endoturbinal II,
e cornet nasal dorsal étant pris pour endoturbinal I. Chez les Equidés, ce cornet est bref,
; mple, d'aspect bulleux et sa cavité constitue le sinus conchal moyen. Il se complique
:éjà chez le Porc, où il est petit et court mais présente un double enroulement, sans for-
cer de sinus particulier. La disposition est similaire chez les Ruminants, mais le cornet
-noyen, volumineux, s'avance en coin dans le méat moyen ; en outre, la lame dorsale
3u double enroulement se referme en un sinus conchal moyen. Le cornet moyen est plus
. olumineux encore chez le Lapin. Il en est de même chez les Carnivores, où il atteint son
maximum de complication : il s'avance jusqu'à mi-longueur de la cavité nasale chez le
Chien, presque son extrémité rostrale chez le Chat, et prend le type rameux.
Ventralement à ce pli, un autre relief longitudinal constitue le pli basai (Plica basa-
s). L'extrémité rostrale de celui-ci se porte au bord latéral du plancher nasal, jusqu'à
:a jonction vestibulo-nasale ou même rejoint le pli alaire. Son extrémité caudale se perd
sur la paroi du méat ventral ou rejoint (Equidés) l'extrémité rostrale du cornet ventral.
2 - Méats
Les méats du nez sont au nombre de trois : dorsal, moyen et ventral. Tous trois com-
muniquent du côté médial, entre les cornets et le septum nasal, avec un mince interstice
vertical : le méat commun du nez (Meatus nasi communis). Etendu du plafond au plan-
cher du nez ce dernier est presque virtuel en regard des cornets, car ces reliefs arrivent
au voisinage immédiat du septum, sinon à son contact.
Le méat dorsal (Meatus nasi dorsalis) est le plus étroit. Il longe le bord correspon-
dant du cornet dorsal et n'a pas de démarcation précise avec le plafond de la cavité nasale.
Son extrémité caudale aboutit au plafond du labyrinthe ethmoi'dal.
Le méat moyen (Meatus nasi médius) est situé entre le cornet dorsal et le cornet
ventral (entre le cornet moyen et le cornet ventral chez l'Homme). Il commence à la face
612 -
Lame ventrale
Cornet nasal ventral
I Lame dorsale
Os nasal
Pli basai
Pli droit
Pli alaire
Os du groi
Palais mou
Méat naso-pharyngien
Crête sphéno-ethmoïdale
Sinus conchal ventral
Septum du cornet ventral
Palais dur
Pli d r o i t .
Pli alaire
Vestibule du nez
Partie membranacée
du septum nasal
Palais dur
dorsale du pli alaire et se termine à l'entrée du labyrinthe ethmoi'dal, auquel il semble appor-
ter plus spécialement les effluves olfactives. Sa partie caudale forme chez les Equidés
et le Porc une dépression arrondie qui s'efface en regard du cornet moyen. Chez les Rumi-
nants, les Carnivores et le Lapin, elle est au contraire profondément divisée par ce cor-
net en une branche dorsale et une branche ventrale. C'est dans ce méat que s'ouvrent
les principaux orifices sinuso-nasaux.
Le méat ventral (Meatus nasi ventralis) est le plus large et le plus court des trois.
Situé sous le cornet ventral et raccordé au plancher du nez, il aboutit à la choane et cons-
titue le passage essentiel de l'air respiratoire. Sa disposition est mise à profit pour le son-
dage naso-œsophagien.
PLAFOND
Le plafond ou voûte de la cavité nasale est étroit, creusé en une gouttière longitudi-
nale à la face ventrale du cartilage latéral dorsal puis de l'os nasal, jusqu'au plafond du
labyrinthe ethmoïdal. Il est lisse et ne présente rien de particulier.
PLANCHER
Le plancher ou paroi ventrale du nez est plus large et moins long que le plafond. Con-
cave d'un côté à l'autre, il est porté par le palais osseux et sa partie caudale se continue
sur le palais mou. Sa seule particularité remarquable est la présence à sa partie rostrale,
à peu près au niveau de la dent canine, d'un petit orifice circulaire ou elliptique qui donne
accès au conduit incisif ; celui-ci sera décrit plus loin avec l'organe voméro-nasal.
EXTRÉMITÉS
L'extrémité rostrale forme une sorte de dôme déprimé d'un côté à l'autre, qui se rac-
corde au vestibule du nez au niveau du limen nasi.
L'extrémité caudale est beaucoup plus vaste et sa conformation bien plus compli-
quée. Elle est subdivisée en deux étages inégaux par une lame horizontale qui résulte
de l'union de la lame basale de l'os ethmoïde à la crête sphéno-ethmoïdale de l'os palatin
et au vomer. Cette lame est longue chez les Carnivores et le Porc, où les deux étages
sont séparés de façon nette. Elle est plus courte, sinon effacée dans les autres espèces.
L'étage dorsal appartient essentiellement à l'os ethmoïde. Il est constitué par le laby-
rinthe ethmoïdal (Labyrinthus ethmoidalis) — anciennement "labyrinthe olfactif" —,
occupé de façon presque complète par les cornets ethmoïdaux (Conchae ethmoidales).
Chacun de ces derniers est formé par une volute de cet os, simplement revêtue par la
muqueuse. L'ensemble représente le groupe caudal des cornets, par opposition au groupe
rostral, qui compte seulement les cornets nasaux proprement dits (dorsal et ventral). Les
volutes ethmoidales ou ethmoturbinaux (Ethmoturbinalia) sont nombreuses et à leur tour
classées en deux sous-groupes, latéral et médial. Le premier est celui des ectoturbinaux
(Ectoturbinalia), qui répondent à la lame papyracée de l'os ethmoïde. Le second est celui
des endoturbinaux (Endoturbinalia), plus médiaux et seuls visibles sur une section sagit-
tale de la tête passant près du septum. Rappelons que c'est à ce sous-groupe qu'appar-
tient le cornet moyen, qui est donc ethmoïdal et non réellement nasal. Les cornets
ethmoïdaux sont séparés les uns des autres par de très étroits méats ethmoïdaux (Mea-
tus ethmoidales) intercommunicants, qui se terminent en culs-de-sac contre la lame cri-
blée de l'os ethmoïde et s'ouvrent rostralement dans le méat commun ou le méat moyen.
Toutes ces anfractuosités sont tapissées par la muqueuse olfactive, dont procèdent les
nerfs olfactifs. Comme les cornets qui les délimitent, elles ont pour rôle d'accroître la
surface de cette muqueuse. En outre, elles ralentissent probablement à son contact
614 -
S i n u s f r o n t a l latéral et ectoturbinal
S i n u s f r o n t a l m é d i a l et e c t o t u r b i n a l 2
S i n u s f r o n t a l r o s t r a l et e c t o t u r b i n a l 1
C o r n e t nasal d o r s a l
Méat d o r s a l d u nez
C o r n e t nasal moyen
Méat m o y e n d u nez
C o r n e t nasal v e n t r a l
Os
Pli d r o i t
Pli basai
Nasopharynx
Pli a l a i r e Palais m o u
Endoturbinaux 1 à 4
Partie m e m b r a n a c é e
d u s e p t u m nasal
Crête sphéno-ethmoïdale
Méat naso-pharyngien
Palais d u r
Méat v e n t r a l d u nez
Cartilage voméro-nasal
Conduit incisif
CORNETS ET MÉATS
S i n u s frontal latéral et e c t o t u r b i n a l 3
S i n u s f r o n t a l m é d i a l et e c t o t u r b i n a l 2
S i n u s f r o n t a l rostral et e c t o t u r b i n a l 1
C o r n e t nasal d o r s a l
Méat m o y e n d u
C o r n e t nasal ventral
Os nasal
Pli d r o i t
Pli basai
Pli a l a i r e Palais m o u
Méat naso-pharyngien
Partie m e m b r a n a c é e
d u s e p t u m nasal Base d e s e n d o t u r b i n a u x
Lame o r b i t a i r e d e l'os e t h m o ï d e
Crête sphéno-ethmoïdale
Processus uncinatus
Récessus maxillaire
Palais d u r
M é a t v e n t r a l d u nez
Cartilage voméro-nasal
Conduit incisif
PAROI LATÉRALE
APRÈS ABLATION DES ENDOTURBINAUX ET OUVERTURE DU SINUS CONCHAL DORSAL
a circulation de l'air conduit jusque-là par les turbulences qui s'établissent au niveau des
cornets nasaux et de la crête sphéno-ethmoïdale.
vores et le Porc, un peu plus court chez le Lapin, ce méat est large et très bref dans les
autres espèces, où il devient moins distinct et se confond plus ou moins avec la choane.
Chez les Ruminants et le Lapin, il communique largement avec celui du côté opposé, le
septum nasal n'atteignant pas son niveau.
Chaque cavité nasale est pourvue d'une charpente osseuse et cartilagineuse revê-
tue par la muqueuse nasale. Cette dernière possède en outre des dépendances qui méri-
tent une description spéciale : l'organe voméro-nasal et la glande nasale latérale. Enfin,
e tout est desservi par de multiples vaisseaux et nerfs.
CHARPENTE OSTÉO-CARTILAGINEUSE
Le squelette du nez a déjà été décrit en Ostéologie. Il suffira donc d'en rappeler les
dispositions essentielles et de décrire les cartilages qui le complètent.
La paroi médiale est constituée par le septum nasal (Septum nasi), de structure hété-
rogène. Sa partie caudale est seule ossifiée : c'est la partie osseuse du septum (Pars ossea
septi nasi), qui persiste seule sur le squelette préparé, sous forme du septum osseux du
nez. Elle est formée par la lame perpendiculaire de l'os ethmoi'de et ventralement par la
partie palatine du vomer. Elle se continue rostralement par le cartilage septal du nez (Car-
tilago septi nasi), aux dépens duquel elle s'étend peu à peu au cours de la vie. Mince
à sa partie dorso-caudale, épaissi dans ses parties ventrale et rostrale, ce cartilage se
soude dorsalement à la suture médiane des os frontaux puis des os nasaux. Il se pro-
longe au-delà de ces derniers et se met en continuité avec le cartilage latéral dorsal du
nez, qui en est une dépendance. Son bord ventral repose dans le sillon septal du vomer
puis sur la suture médiane dès processus palatins des maxillaires et plus loin sur la suture
interincisive. Au niveau de cette dernière, il s'élargit et délègue de chaque côté une expan-
sion qui comble en grande partie la fissure incisive et concourt à soutenir l'organe voméro-
nasal. L'extrémité caudale délègue un prolongement qui comble l'angle aigu séparant
le vomer de la lame perpendiculaire de l'os ethmoi'de : c'est le processus caudal (Proces-
sus caudalis) du cartilage septal. L'extrémité rostrale se continue entre les narines et
jusqu'au rostrum en devenant plus fibreuse que cartilagineuse : c'est la partie membra-
nacée (Pars membranacea) du septum. Quant aux deux faces de ce dernier, elles sont,
en particulier dans la partie cartilagineuse, parcourues par des sillons vasculaires qui mar-
quent les empreintes du plexus sous-muqueux. Elles sont recouvertes d'un périchondre
et d'un périoste épais, auxquels adhère de façon intime la muqueuse du nez.
La paroi latérale est formée dans sa plus grande partie par le maxillaire, que complè-
tent : rostralement le processus nasal de l'os incisif, dorsalement le bord latéral de l'os
nasal, caudalement enfin, une partie des os lacrymal et palatin. Elle donne attache aux
cornets nasaux. L'incisure naso-incisive et la partie située rostralement au processus nasal
de l'os incisif sont occupées par une lame fibreuse qui unit les cartilages latéraux du nez,
déjà décrits.
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Le plancher est formé par le corps et le processus palatin de l'os incisif, le processus
palatin du maxillaire et la lame horizontale de l'os palatin. Il est complété au niveau de
a fissure incisive par l'expansion ventrale du cartilage septal et par le cartilage voméro-
nasal, décrit plus loin.
Quant aux extrémités de la charpente du nez, celle qui correspond au vestibule nasal
n'est osseuse que sur son plancher (corps de l'os incisif) et constituée partout ailleurs
par les formations fibreuses et cartilagineuses déjà décrites. L'extrémité caudale ne com-
porte que les éléments osseux appartenant à l'os sphénoïde, au vomer et au palatin, étu-
diés en Ostéologie et rappelés ci-dessus.
MUQUEUSE NASALE
La muqueuse nasale (Tunica mucosa nasi) — anciennement "membrane pitui-
taire" — tapisse la totalité des cavités nasales et s'insinue dans toutes leurs anfractuo-
sités, y compris les plus petites subdivisions des cornets. Elle se raccorde à la peau par
intermédiaire du revêtement du vestibule nasal, à la muqueuse du pharynx au niveau
des choanes, à la conjonctive par le conduit naso-lacrymal et éventuellement à la
muqueuse orale par le conduit incisif. Elle se prolonge enfin dans tous les sinus en chan-
geant simplement de caractère. Relativement épaisse, elle adhère de façon intime au
périoste et au périchondre des parois décrites ci-dessus, par l'intermédiaire d'une sous-
muqueuse dense et riche en éléments fibreux. Sa face superficielle ou libre et lisse ; elle
est toujours couverte d'un mucus abondant qui la protège contre la dessiccation qu'entraî-
nerait le passage incessant de l'air et qui retient une partie importante des poussières
et des germes transportés par celui-ci.
On reconnaît dans cette muqueuse une région respiratoire et une région olfactive,
différentes par l'aspect, la localisation, la structure et les fonctions.
1 - Région respiratoire
La région respiratoire (Regio respiratoria) — anciennement "membrane de Schnei-
der" — occupe la cavité nasale entière, à l'exception du labyrinthe ethmoïdal. Elle com-
porte, outre la muqueuse respiratoire proprement dite, une couche profonde très riche
en vaisseaux, le stratum cavernosum.
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septale, sont encore nombreuses au niveau des parties rostrales des cornets et devien-
nent plus rares ou totalement absentes à la partie caudale de ces derniers.
2 - Région olfactive
La région olfactive (Regio olfactoria) est occupée par la muqueuse olfactive (Tunica
mucosa olfactoria). Elle diffère de la précédente par sa couleur brun jaunâtre plus ou moins
accentuée, ainsi que par d'importantes particularités de structure. Elle est localisée au
labyrinthe ethmoïdal, qu'elle n'occupe en général pas entièrement ; par contre, elle envahit
dans certaines espèces (Carnivores) la partie adjacente des sinus.
L'épithélium, beaucoup plus épais que celui de la région respiratoire, est pigmenté,
très altérable, pseudo-stratifié et cylindrique, mais dépourvu de cils vibratiles. Il comporte
trois types d'épithéliocytes : basaux, de soutien et olfactifs. Les épithéliocytes basaux
Epitheliocyti basales) sont irréguliers, bas, étalés contre la membrane basale et pourvus
d'un noyau arrondi. Ils se joignent en une sorte de lame ajourée embrasant les prolonge-
ments profonds des autres types de cellules, lesquelles sont beaucoup plus hautes et
atteignent seules la surface. Les épithéliocytes de soutien (Epitheliocyti sustentantes)
sont prismatiques, hauts, pourvus d'un noyau ovalaire situé à leur partie moyenne. Leur
partie profonde forme une sorte de pied irrégulier qui descend jusqu'à la membrane basale.
Leur partie superficielle se termine par une couche dense de longues microvillosités sim-
ples ou divisées, formant avec celles des cellules voisines une sorte de lame supportant
les expansions ciliées des cellules neuro-sensorielles. Ces dernières sont les épithéliocy-
tes olfactifs (Epitheliocyti neurosensorii olfactorii), lesquels sont intercalés entre les pré-
cédents, qui les enveloppent, les soutiennent et très probablement participent à leur
nutrition. Grêles et très longs, ils sont presque réduits à un noyau enrobé d'une mince
couche cytoplasmique et intercalé entre deux prolongements. Ce sont en fait des neuro-
nes bipolaires du type le plus primitif, dérivés de la placode olfactive de l'embryon et
qui se développent comme les neuroblastes de la lame neurale. Le noyau est arrondi,
situé à une hauteur variable mais toujours dans la moitié profonde de l'épithélium, en
dessous du niveau des noyaux des épithéliocytes de soutien. Le prolongement superfi-
ciel, le plus épais des deux, est le dendrite unique. Il est cylindrique et s'élève entre les
épithéliocytes de soutien. Il traverse la couche des microvillosités et se termine en sur-
face, dans la mince nappe de liquide qui s'étale là, par une petite vésicule claire, le bulbe
dendritique, portant quelques délicats cils sensoriels longs de 8 à 10 |am. L'autre prolon-
gement est profond et beaucoup plus grêle ; c'est l'axone, qui s'insinue entre les épithé-
liocytes basaux, traverse la membrane basale et se poursuit par une fibre qui va s'accoler
à celles des cellules voisines pour constituer un filet olfactif. On a pu reconnaître de mul-
tiples variétés de cellules olfactives, caractérisées par des détails de la microstructure.
Mais il n'est pas certain que ces variations correspondent à des spécialisations fonction-
nelles qui feraient de chaque type un récepteur spécifique d'odeurs fondamentales.
Le nombre des cellules olfactives diminue au cours de la vie et il est même possible qu'une
partie de l'épithélium sensoriel soit remplacée par de l'épithélium respiratoire.
6 2 0 -
Os
Septum nasal
Conduit incisif
Corps
CHEVAL
Conduit voméro-nasal
Sinus palatin
Corps de l'os
Conduit incisif
Papille incisive
BŒUF
ORGANE VOMÉRO-NASAL (Pl. 327, 328, 330, 331, 341, 342, 344)
L'organe voméro-nasal (Organum vomeronasale) — anciennement "organe de
Jacobson" — est une annexe de l'appareil olfactif dont le rôle et le fonctionnement res-
tent mal connus. Bien développé chez les Reptiles, il est faible et comme vestigial chez
les Mammifères supérieurs, où il est souvent mieux représenté chez le fœtus que chez
l'adulte. Il est pair et asymétrique, situé dans le plancher de la cavité nasale et constitué
par un conduit voméro-nasal, longitudinal et borgne, généralement branché sur le con-
duit incisif et protégé par une capsule cartilagineuse.
Quelques Mammifères, dont les Carnivores et le Lapin, possèdent d'autre part une
ou plusieurs glandes nasales médiates, un peu comparables à la précédente mais beau-
coup plus faibles, situées contre la partie ventrale et rostrale du septum.
VAISSEAUX ET NERFS
Les artères de la muqueuse nasale ont des sources multiples. La principale est l'artère
sphéno-palatine, branche de l'artère maxillaire qui pénètre à la partie caudale du méat
ventral par le foramen sphéno-palatin. Elle apporte le sang à presque toute la région res-
piratoire de la muqueuse par deux gros rameaux, un latéral qui se distribue à la muqueuse
des méats et des cornets et l'autre médial ou septal, ramifié dans le septum. Le labyrin-
the ethmoïdal et la partie adjacente de ce dernier sont pour leur part irrigués par les artè-
res ethmoïdales, externe et interne, branches respectives des artères ophtalmiques,
externe et interne, l'interne provenant de l'intérieur du crâne à travers l'os ethmoïde. Des
rameaux de l'artère palatine majeure passent par la fissure palatine pour irriguer la partie
rostrale du méat ventral et du plancher. Plus dorsalement, la partie voisine du vestibule
reçoit enfin du sang des artères labiale supérieure et nasale externe.
Les veines sont volumineuses et drainent les importants plexus que nous avons décrits
dans la sous-muqueuse. Leurs racines sont pourvues de nombreuses anastomoses artério-
veineuses qui interviennent pour modifier la charge sanguine des plexus. La richesse de
ces derniers et de leurs efférents est une cause favorisante des hémorragies nasales ou
épistaxis. Les gros collecteurs veineux quittent le nez en accompagnant les artères ; la
veine principale est la sphéno-palatine. On notera que des petites veines de la région eth-
moïdale sont drainées à travers la lame criblée par les sinus de la dure-mère.
Les lymphatiques constituent un réseau très riche, disposé en deux plans parallèles,
l'un dans la propria mucosae et l'autre dans le stratum cavernosum ou la sous-muqueuse.
Les efférents du tiers rostral de la cavité nasale sont drainés par les nœuds lymphatiques
mandibulaires. Pour parvenir à ces derniers, ils sortent par les narines, puis cheminent
obliquement sous la peau jusqu'au bord ventral de la mandibule, qu'ils contournent obli-
quement pour gagner leur destination. Les lymphatiques du tiers caudal de la cavité nasale
aboutissent aux nœuds lymphatiques rétropharyngiens médiaux. Ils passent pour cela
par les choanes et rampent sur les parois latérales du pharynx ou à la base du crâne.
- 623
Quant aux vaisseaux lymphatiques du tiers moyen des fosses nasales, ils sont drainés
à la fois par les nœuds mandibulaires et rétropharyngiêns médiaux ; ils se partagent à
cet effet entre les deux systèmes précédents. Il n'est pas sans intérêt de noter enfin qu'une
partie des lymphatiques de la région olfactive traverse la lame criblée de l'os ethmoïde
et passe dans la cavité crânienne. La cavité nasale se trouve ainsi mise en relation avec
le réseau lymphatique des méninges.
Les nerfs de la muqueuse nasale sont nombreux : ce sont d'une part les nerfs olfac-
tifs et d'autre part divers rameaux des nerfs maxillaire et ophtalmique, branches du triju-
meau. Il s'y ajoute des filets végétatifs.
Les nerfs olfactifs, strictement sensoriels, viennent de la seule muqueuse olfactive.
Leurs fibres sont les axones des épithéliocytes olfactifs. Elles forment un plexus serré dans
la propria mucosae et surtout dans la strate vasculaire sous-muqueuse, où elles se regrou-
pent en filets olfactifs. Ces derniers s'unissent à leur tour pour former les nerfs olfactifs
qui traversent la lame criblée de l'os ethmoïde et gagnent le bulbe olfactif du cerveau,
dans lequel ils se terminent. L'organe voméro-nasal possède un nerf particulier, associé
aux nerfs olfactifs : c'est le nerf voméro-nasal, qui aboutit au bulbe olfactif accessoire.
Les nerfs qui proviennent du trijumeau communiquent à la muqueuse du nez une
sensibilité générale vive, qui contribue à la défense des voies respiratoires et indirecte-
ment à l'acuité de l'olfaction. Du nerf naso-ciliaire, division du nerf ophtalmique, pro-
viennent les nerfs ethmoïdaux, qui accompagnent à travers la lame criblée les artères
du même nom et vont avec elles au labyrinthe ethmoïdal. Tout le reste de la muqueuse
est innervé par des branches du nerf maxillaire. La plus grande partie de la région respira-
toire reçoit les rameaux de distribution du nerf sphéno-palatin, qui accompagne l'artère
de même nom. Le plancher du nez et la partie adjacente du septum reçoivent d'autre
part des filets des nerfs alvéolaires supérieurs. Enfin, les régions voisines du vestibule
sont innervées par des rameaux directs du nerf infra-orbitaire.
III. - SINUS P A R A N A S A U X
(Pl. 332 à 338)
Les sinus paranasaux (Sinus paranasales) ou par abréviation "sinus" sont des annexes
des cavités nasales, dont ils constituent en quelque sorte des diverticules et avec les-
quelles ils communiquent toujours. Multiples et généralement très anfractueux, ils ont
une conformation et une étendue qui varient beaucoup d'une espèce à l'autre et parfois
avec les individus. Ils sont encore rudimentaires sinon absents à la naissance, se déve-
loppent assez rapidement dans le jeune âge et continuent ensuite à s'accroître lentement
pendant presque toute la vie, par résorption des tissus osseux environnants ou, pour les
sinus maxillaires, en fonction de l'évolution des dents.
Leurs fonctions restent hypothétiques. Il est improbable qu'ils puissent intervenir
dans la respiration, bien que la pression y diminue lors de l'inspiration et que l'air y reflue
pendant l'expiration. Sauf peut-être chez les Carnivores, ils n'ont aucun usage dans l'olfac-
tion. Il est aussi fort douteux qu'ils puissent servir de résonateurs dans l'émission de la
voix. Il est plus probable qu'ils témoignent d'une pneumatisation des os de la tête, liée
à la résorption osseuse et aux actions mécaniques qui s'exercent à la jonction crânio-
faciale. Peut-être, à ce titre, pourraient-ils contribuer à la protection de l'encéphale con-
tre les ébranlements provoqués par la mastication ou contre les chocs d'autre nature,
(suite du texte p. 631)
Compartiment caudal Compartiment caudal
du sinus frontal du sinus frontal
(Sinus frontal vrai) (Sinus frontal vrai)
Orifice
concho-frontal
Masse latérale
de l'os ethmoïde
Compartiment rostral
du sinus frontal
(Sinus du cornet dorsal)
Orifice concho-maxillaire
Compartiment rostral
du sinus frontal
Sinus maxillaire caudal (Sinus du cornet dorsal)
Compartiment latéral
du sinus maxillaire caudal
Canal infra-orbitaire
Compartiment latéral
du sinus maxillaire rostral
Canal supra-orbitaire
Sinus lacrymal
Sinus maxillaire
Cornet dorsal
Ligne temporale
Septum d e la voûte
Fosse temporale
Compartiment rostral du sinus frontal caudal
Sinus lacrymal
Os zygomatique
Orifice maxillo-nasal
Canal
naso-lacrymal
Orifice maxillo-palatin
Fosse temporale
supra-orbitaire
d e l'orbite
de communication
Sinus du cornet dorsal
fronto-nasale
lacrymal
palatin
Canal infra-orbitaire
Foramen infra-orbitaire
temporale
Sinus frontal
Sinus
verticule zygomatique
du sinus maxillaire
Sinus maxillaire
Foramen infra-orbitaire
Limite de projection
du sinus frontal latéral
Récessus maxillaire
comme peut le laisser supposer le grand développement des sinus frontaux chez les Rumi-
nants pourvus de cornes.
L'étude détaillée des sinus a été faite en Ostéologie, car ils sont entièrement délimi-
tés par les os du crâne et de la face et leur conformation est partie intégrante de celle
de la tête osseuse (voir Tome I : Ostéologie). Il nous reste seulement ici à décrire la
muqueuse qui les tapisse jusque dans leurs plus étroites dépendances.
Cette muqueuse continue celle des cavités nasales, dont elle partage les caractè-
res. Elle est de type respiratoire et son organisation générale répond à la description faite
précédemment. Quelques particularités méritent toutefois d'être signalées. La muqueuse
sinusale est en général plus mince que celle de la cavité même du nez. Sa propria muco-
sae est beaucoup moins riche en vaisseaux et sa couche profonde moins adhérente aux
parois osseuses. Les glandes y sont plus rares, voire absentes. L'épithélium repose sur
une membrane basale très mince. Il est identique à celui de la région respiratoire près
des orifices sinuso-nasaux mais devient plus bas, cubique et non cilié, voire pavimen-
teux et stratifié dans les parties les plus profondes des sinus. Les cellules caliciformes,
encore relativement abondantes, produisent un mucus qui complète la sécrétion des
glandes.
Les Carnivores présentent une particularité remarquable : une partie plus ou moins
étendue des sinus frontaux et sphénoïdaux est occupée non par une muqueuse de type
respiratoire mais par la muqueuse olfactive. Celle-ci envahit chez le Chien la plus grande
partie du sinus frontal médial et la totalité du sinus frontal rostral, expansion que semble
souligner la présence des premiers ectoturbinaux dans la cavité des sinus.
Quant aux vaisseaux et aux nerfs des sinus, ce sont ceux des os voisins. Le sang
est apporté par de fines divisions des artères ethmoidales, ophtalmiques, sphéno-palatine
et palatines. Les lymphatiques se rendent essentiellement aux nœuds lymphatiques rétro-
pharyngiens médiaux. Les nerfs proviennent de divisions secondaires du trijumeau : nerfs
palpébro-nasal, sphéno-palatin et infra-orbitaire, ainsi que, pour les filets sympathiques,
du ganglion sphéno-palatin.
ÉQUIDÉS (Pl. 22, 34, 319, 322, 324, 325, 331, 333, 339)
La région rostrale ("Bout du nez") est arrondie, couverte d'une peau mince, adhé-
rente et souple, garnie de poils courts et fins auxquels se mêlent autour des naseaux
de longs et forts poils tactiles à sinus sanguins.
Chaque narine est allongée en direction dorso-caudale et nettement incurvée. Elle
est longue chez le Cheval de 8 cm environ, large de 3 à 4 cm dans sa partie rostrale
et de 2 seulement à l'extrémité opposée. Mais elle est très dilatable et s'ouvre largement
lorsque la respiration devient très active. Son bord latéral, concave, est souple et mou,
presque uniquement formé par la peau ; son revers externe montre, un peu rostralement
à son milieu, une petite saillie déterminée par la corne sous-jacente du cartilage alaire.
Le bord médio-dorsal (aile du nez) est fortement convexe. Il est en grande partie rigide,
soutenu par la lame du cartilage alaire, dorsalement à laquelle il se continue par un sim-
ple pli cutané qui forme le plancher du sillon alaire et aboutit à la commissure latérale
en bordant l'entrée du diverticule nasal.
632 -
Le vestibule du nez est presque entièrement tapissé par une peau noire, souvent mar-
brée de taches dépigmentées. Sa partie rostrale est maintenue béante par le cartilage
alaire. Sa partie caudale forme un cul-de-sac allongé dans lequel le doigt pénètre aisé-
ment à partir de la commissure dorso-caudale du naseau : c'est le diverticule nasal ou
"fausse narine", qui n'atteint pas habituellement le bord latéral de l'os nasal mais déborde
un peu latéralement le processus nasal de l'os incisif, jusqu'au contact du tendon du mus-
cle releveur de la lèvre supérieure. Le limen nasi est très net, marqué par un rétrécisse-
ment qui délimite un véritable orifice vestibulo-nasal. Long de 8 cm et large de 2 à 3 chez
le Cheval, cet orifice est bordé dorsalement par le pli alaire, relief épais qui se continue
jusque sous la lame du cartilage alaire. Son bord ventral, adossé dans sa moitié caudale
au processus nasal de l'os incisif, se relève rostralement pour s'étaler au voisinage de
la commissure correspondante du naseau. C'est sur le bord de cet orifice que se raccor-
dent le revêtement vestibulaire et la muqueuse nasale. La transition se fait suivant une
ligne sinueuse, au niveau de laquelle la teinte rouge vif de la muqueuse nasale succède
brusquement à la couleur habituellement noire du revêtement vestibulaire. Au voisinage
de cette ligne de démarcation, le plancher vestibulaire montre chez le Cheval, à 4 ou 5 cm
de la commissure médiale du naseau, un orifice large de 3 mm environ, exactement cir-
culaire et comme percé à l'emporte-pièce : c'est l'ostium naso-lacrymal, qui est quel-
quefois double, voire triple. Le cartilage alaire, complet et fort, dessine une sorte de virgule
très incurvée. Sa lame est large, arrondie, et sa corne longue et épaisse. Sa convexité
s'adosse au cartilage septal, auquel l'unit un abondant tissu fibreux. Le m. dilatateur des
narines, très développé et disposé transversalement d'un cartilage alaire à l'autre, tend
à redresser cet arc en soulevant la lame et en abaissant la corne. Il dilate ainsi fortement
le naseau. Le cartilage latéral dorsal est étroit et épais, progressivement élargi à sa partie
rostrale. Il n'y a pas habituellement de cartilage ventral ni de cartilage accessoire latéral.
Par contre, le cartilage accessoire médial est fort, incurvé en S, raccordé caudalement
au cornet ventral et terminé près de la lame du cartilage alaire. Le revêtement du vesti-
bule, très mince et très adhérent, est doublé d'un tissu fibreux dense et résistant, en
particulier dans le diverticule nasal, où il est pourvu de glandes à sécrétion onctueuse.
La cavité nasale est longue et large. Sa paroi latérale est caractérisée par le faible
volume du cornet moyen, qui ne s'engage pas dans le méat moyen et par le grand déve-
loppement des cornets nasaux, en particulier du cornet dorsal. Ces deux derniers cor-
nets sont divisés chacun par un septum transversal en deux compartiments dont le caudal
est un sinus conchal. Le sinus conchal dorsal reçoit le débouché du sinus frontal (auquel
il fournit ainsi un compartiment supplémentaire) et s'ouvre non dans la cavité nasale mais
dans le sinus maxillaire caudal, par l'intermédiaire duquel il communique avec le méat
moyen. Le sinus conchal ventral communique par-dessus le canal infra-orbitaire avec le
sinus maxillaire rostral, auquel il fournit un compartiment médial. Chez l'Ane et le Mulet,
il n'y a qu'un seul sinus maxillaire de chaque côté, la cloison qui le subdivise chez le Che-
val étant absente ou largement incomplète. Quant à la partie rostrale des deux cornets
nasaux, elle présente un enroulement simple, du côté ventral pour le cornet dorsal et
du côté dorsal pour le ventral, de sorte que les cavités des deux cornets s'ouvrent dans
le méat moyen. Toutes deux sont subdivisées en plusieurs bulles et seule la région
la plus rostrale forme récessus entre leurs tours d'enroulement. L'extrémité rostrale du
cornet dorsal se prolonge par un pli droit souvent dédoublé, progressivement atténué
6 3 4 -
Partie
membranacée
du septum nasal
i_evre supérieure
Palais dur
Sinus palatin
PAROI LATÉRALE : CORNETS ET MÉATS
Partie
membranacée
du septum nasal
Cellules
de la bulle ventrale du cornet ventral
BŒUF (Pl. 17, 37, 134, 320, 323, 325, 326, 331, 334, 335, 340)
Les narines sont séparées par un mufle large et glabre, dont la surface est divisée
par de fins sillons en aires polygonales assez régulières, au centre desquelles les fovéo-
les marquent le débouché des glandes sous-jacentes. Très abondantes, ces glandes ont
été décrites avec le tégument de la lèvre supérieure, qui se prolonge sur le mufle. Les
narines sont longues de 5 à 6 cm, plus étroites et beaucoup moins mobiles que celles
des Equidés. Leur bord ventro-latéral, épais et peu saillant, est à peu près rigide, revêtu
de peau ordinaire sur son revers externe. Le bord médio-dorsal, convexe, est épais mais
mieux dessiné. La commissure médiale est large et arrondie. La latérale, plus étroite, forme
un sillon alaire bien marqué mais peu profond, sans aucune trace de diverticule nasal.
La cavité du vestibule du nez est tapissée sur son plancher par une peau mince et adhé-
rente, pigmentée de façon variable, encore pourvue de poils courts, qui disparaissent
non loin de la narine. Le reste est revêtu d'une muqueuse malpighienne dont le raccorde-
ment à la muqueuse nasale n'est pas discernable à l'œil nu. Le limen nasi est toutefois
indiqué par un relief délimitant un orifice vestibulo-nasal large, au plafond duquel le pli
alaire forme une forte saillie. L'ostium naso-lacrymal n'est pas visible sur le vivant, car
il est situé sur la paroi latérale et caché par le pli alaire. La charpente de cette région est
portée par un septum rigide, dont la partie membranacée, très courte et épaisse, s'ossi-
fie parfois à son extrémité rostrale. Le cartilage alaire est seulement formé d'une plaque
relativement étroite, adhérente médialement au septum ; il est dépourvu de corne. Il s'unit
en partie par son bord caudal au cartilage latéral dorsal, lequel est large et long. Le carti-
lage latéral ventral est aussi très développé, uni au précédent de façon directe au fond
de l'incisure naso-incisive et par l'intermédiaire d'une lame fibreuse dans le reste de son
étendue. Le cartilage accessoire latéral semble tenir lieu de la corne du cartilage alaire
des Equidés : logé dans le bord latéro-ventral de la narine, il est incurvé en arc, concave
dorsalement et sa partie moyenne donne attache à une tige fibro-cartilagineuse qui con-
tourne la commissure latérale de la narine pour aller s'unir au bord latéral du cartilage
alaire. Le cartilage accessoire médial est large mais assez court.
La cavité nasale est plus courte en proportion que chez les Equidés, plus large à sa
partie rostrale, rétrécie d'un côté à l'autre à sa partie caudale. Celle-ci communique lar-
gement avec la cavité du côté opposé par-dessous le septum nasal, le vomer ne rejoignant
la suture palatine médiane que vers le tiers caudal de la voûte du palais. La paroi médiale
montre dans sa moitié rostrale, en regard du méat moyen, un relief muqueux longitudi-
nal porté par un riche plexus veineux. Le septum s'ossifie rapidement, de sorte que la
partie osseuse est très étendue et le cartilage septal réduit en proportion ; celui-ci est
6 3 6 -
, Lame ventrale _
Cornet nasal ventral J
( Lame dorsale
Os nasal
Pli basai
Pli droit
Pli alaire
Os du groin
Palais mou
1 Méat naso-pharyngien
Crête sphéno-ethmoïdale
Sinus conchal ventral
Septum du cornet ventral
W/
' Palais dur
Pli droit
Pli alaire
Vestibule du nez
Partie membranacée
du septum nasal
\\ Palais dur
Pli basai
Le conduit voméro-nasai est plus long en proportion que chez le Bœuf. Son extré-
mité caudale atteint le niveau des dernières prémolaires. Il existe un rudiment de glande
nasale latérale.
S i n u s f r o n t a l latéral et ectoturbinal
S i n u s f r o n t a l m é d i a l et e c t o t u r b i n a l
Sinus f r o n t a l rostral et e c t o t u r b i n a l 1
Cornet nasal
Os nasal
Pli d r o i t
Nasopharynx
Palais m o u
Partie m e m b r a n a c é e Endoturbinaux 1 à 4
d u s e p t u m nasal
Crête sphéno-ethmoïdale
Méat naso-pharyngien
Palais d u r
M é a t v e n t r a l d u nez
Cartilage voméro-nasal
CORNETS ET MÉATS
S i n u s f r o n t a l latéral et e c t o t u r b i n a l 3
Sinus f r o n t a l m é d i a l et e c t o t u r b i n a l 2
S i n u s f r o n t a l rostral et e c t o t u r b i n a l 1
C o r n e t nasal d o r s a l
Méat moyen du
C o r n e t nasal v e n t r a l
Os nasal
Pli d r o i t
Pli basai
Pli a l a i r e Palais m o u
Méat naso-pharyngien
Partie m e m b r a n a c é e
d u s e p t u m nasal Base d e s e n d o t u r b i n a u x
Lame o r b i t a i r e de l'os e t h m o ï d e
Crête sphéno-ethmoïdale
Processus uncinatus
Récessus maxillaire
Palais d u r
M é a t v e n t r a l d u nez
Cartilage voméro-nasal
Conduit incisif
PAROI LATÉRALE
APRÈS ABLATION DES ENDOTURBINAUX ET OUVERTURE DU SINUS CONCHAL DORSAL
charnu circulaire et échancré ventralement en son milieu par un philtrum peu profond.
Cette surface rostrale est pourvue de poils courts, fins et épars ; elle est découpée par
des sillons en petites aires surélevées sur lesquelles débouchent les conduits de glandu-
les séreuses. C'est un organe tactile à la fois très sensible et adapté au fouissement.
Le vestibule du nez, étroit et à peine profond de 2 à 3 cm, est encombré d'un pli alaire
épais sur sa paroi dorso-latérale. L'ostium naso-lacrymal s'ouvre sur son plancher, à la
jonction de sa muqueuse et de celle du nez. Cet orifice peut être très réduit, suppléé par
celui d'un conduit accessoire qui s'ouvre dans le méat ventral de la cavité nasale, à l'extré-
mité caudale du cornet ventral. La charpente de la région rostrale est caractérisée par
le développement au dépens de la partie membranacée du septum, d'un fort os impair,
déprimé en son milieu et élargi de chaque côté : l'os du groin, enclavé entre les deux
narines. A droite et à gauche, le bord dorsal de cet os se met en continuité avec la lame
du cartilage alaire, tandis que le bord ventral s'unit par du tissu fibreux au cartilage acces-
soire latéral. Ce dernier ressemble assez exactement à la corne du cartilage alaire des
Equidés, de sorte que tout se présente comme si l'os du groin s'était annexé la partie
intermédiaire de celui-ci. Ce cartilage alaire, réduit ainsi à sa lame, est large et son bord
caudal s'unit de façon étendue au cartilage latéral dorsal, lui-même élargi mais relative-
ment court. Le cartilage latéral ventral est étroit et long et le cartilage accessoire médial
relativement épais.
La cavité nasale est longue et étroite. Le septum est épais, surtout à sa partie ros-
trale. Le cornet dorsal est étroit, simple et non enroulé dans la moitié rostrale ainsi qu'à
son extrémité caudale, qui s'avance dans le labyrinthe ethmoïdal ; la partie intermédiaire
forme un sinus conchal dorsal qui se prolonge dans l'os nasal. Le pli droit est grêle. Il
n'y a pas de véritable cornet moyen, le premier endoturbinal étant à peine plus long que
es autres et n'atteignant pas le méat moyen. Le cornet ventral est relativement long et
présente un double enroulement ; sa lame ventrale délimite dans sa moitié caudale un
sinus conchal ventral indépendant. Le pli alaire est épais, renflé à son extrémité rostrale,
avant laquelle il est rejoint par un pli basai peu élevé, venant du plancher nasal. Les deux
étages de l'extrémité caudale de la cavité du nez sont séparés par une lame sphéno
ethmoïdale forte et longue. Le labyrinthe ethmoïdal est profond, encombré de six endo-
turbinaux et vingt ectoturbinaux. Le canal naso-pharyngien est très long, à peu près aussi
haut que large.
Le conduit incisif est ouvert à ses deux extrémités. Le conduit voméro-nasal perd
quelquefois sa communication avec lui et s'ouvre isolément dans le nez. Il est toujours
peu développé et sa longueur n'excède pas deux centimètres. La glande nasale latérale
s'étend jusque dans la paroi du sinus maxillaire.
CARNIVORES (Pl. 43, 145, 146, 317, 321, 325, 328, 330, 331, 338, 342 à 344)
Les narines de ces animaux sont taillées presque horizontalement sur les côtés d'un
planum nasale nettement différencié, qui constitue la truffe. Celle-ci est saillante, nue
et humide bien que dépourvue de glandes propres. Elle est habituellement noire chez le
Chien, souvent rosée chez le Chat, entaillée en son milieu par un philtrum étroit et pro-
fond ; ce sillon est élargi et très accentué dans certaines races de chiens. La surface du
tégument est divisée en tubercules arrondis chez le Chat, en petites aires polygonales
chez le Chien, où le dessin de ces élevures, très variable d'un individu à l'autre mais
constant au cours de la vie, a été utilisé pour l'identification. L'orifice de chaque narine
figure une sorte de virgule à queue latérale, étroite et prolongée par un très faible sillon
alaire. Le bord ventral est formé par une peau normale, mais le revêtement de la truffe
empiète un peu sur lui chez le Chien. Le bord dorsal forme une aile du nez relativement
épaisse mais mobile. Le vestibule nasal est étroit, encombré par l'extrémité arrondie
et bulbeuse du volumineux pli alaire, attachée à sa paroi dorso-latérale, contre l'aile du
nez. Son plafond est en outre compliqué par la présence des plis parallèles que forme
a muqueuse rostralement au pli droit et au pli oblique de la cavité nasale. L'ostium
6 4 0 -
CARTILAGES DU N E Z D U PORC
Cartilage
Septum nasal
Corps de l'os
CARTILAGES DU N E Z DU LAPIN
naso-lacrymal s'y ouvre par un étroit orifice, un peu ventralement à ce renflement. Il est
parfois réduit, car il existe souvent un orifice accessoire situé dans le méat moyen, à
peu près au niveau de la canine. L'aile du nez est portée par un cartilage long et large,
en partie continu médialement avec le septum cartilagineux et incurvé latéralement pour
donner sa forme à la narine, caudalement à laquelle il se continue sur un ou deux centi-
mètres. La plupart des auteurs décrivent ce cartilage comme étant le latéral dorsal et
pensent que le cartilage alaire fait défaut. Il nous paraît plus logique de le considérer comme
le véritable cartilage alaire, en raison de sa connexion caractéristique avec l'aile du nez
et avec le pli alaire et d'autre part parce qu'il est nettement séparé de l'os nasal, auquel
il n'est uni que par l'intermédiaire de deux grêles faisceaux fibreux, l'un dorsal et impair
et l'autre latéral. En outre, il existe parfois entre cet os et lui une petite lame cartilagi-
neuse de quelques millimètres qui ne peut être considérée que comme un vestige de car-
tilage latéral dorsal. Le cartilage latéral ventral est large ; comme le précédent et comme
le septum, il s'avance nettement au-delà du corps de l'os incisif. Le cartilage accessoire
atéral est bien développé ; il forme un petit arc qui soutient toute la longueur du bord
ventral de la narine et s'unit par son extrémité rostro-ventrale à une expansion du sep-
tum, lequel se dédouble en quelque sorte à ce niveau. Quant au cartilage accessoire médial,
il est comme dans les autres espèces logé dans le pli alaire.
La cavité nasale, de longueur variable avec les races chez le Chien, est toujours courte
chez le Chat. Elle est presque remplie par les cornets. Le septum du Chien présente, outre
sa partie membranacée rostrale, une partie de structure similaire qui interrompt la moitié
dorsale de son cartilage en regard de la région rostrale des os nasaux. Le cornet dorsal
est réduit, surtout chez le Chien. Sa partie rostrale, la plus longue, est simple, étroite,
à peine incurvée ventralement. Elle est attachée au plafond de la cavité plutôt qu'à la
paroi latérale en raison de l'étroitesse de l'os nasal. Elle se prolonge par un pli droit peu
saillant, complété rostro-ventralement par un pli oblique, particulier à ces animaux, qui
va jusqu'au bord latéral du sillon alaire. La partie caudale reporte son insertion du côté
médial en croisant le plafond nasal et s'attache finalement au septum osseux. Elle est
enroulée en direction latérale puis dorsale et délègue deux prolongements : un caudal,
formant un renflement étiré jusqu'au fond du labyrinthe ethmoïdal et un ventral, le pro-
cessus unciné, placé à l'entrée du récessus maxillaire. Le cornet moyen est volumineux,
compliqué, et s'avance chez le Chien jusque vers la mi-longueur du nez ; il est plus gros
encore chez le Chat, où il atteint presque la partie rostrale de la cavité nasale. Sa face
médiale est en grande partie cachée par les autres endoturbinaux, très développés chez
ces animaux. Le cornet ventral est très large mais court. Il occupe à peine les deux tiers
rostraux de la cavité chez le Chien, le tiers rostral chez le Chat, où il est en partie couvert
par le précédent à sa face médiale. Il est rameux, pourvu de multiples lamelles enrou-
lées, presque longitudinales et réunies à l'extrémité rostrale sur un pli alaire saillant.
D'abord étroit, celui-ci est progressivement renflé à son extrémité, qui envahit le vesti-
bule nasal. Le pli basai est court, indépendant du cornet ventral ; il se jette sur le pli alaire
près de la jonction vestibulo-nasale. Le méat nasal dorsal est fort étroit et court, con-
fondu caudalement avec le méat commun. Le méat moyen, large en avant, étroit
en son milieu, se bifurque et se subdivise en branches secondaires à sa partie caudale
chez le Chien. Il est rendu méconnaissable par le développement du cornet moyen et
des endoturbinaux chez le Chat. Le méat ventral, un peu élargi en avant mais rétréci cau-
dalement, est aussi court que le cornet ventral ; son extrémité caudale se jette avec la
branche ventrale du méat moyen dans un espace libre où s'ouvre le récessus maxillaire
et qui forme vestibule au méat naso-pharyngien. L'extrémité caudale de la fosse nasale
est en effet longuement divisée en deux étages, olfactif et respiratoire. Le premier, dor-
sal, est le labyrinthe ethmoïdal, occupé par les volutes nombreuses et serrées de l'eth-
moïde. Chez le Chien, on compte quatre endoturbinaux vrais (cinq si on y inclut le cornet
dorsal), dont ie ventral envahit complètement le sinus sphénoïdal et six ectoturbinaux,
subdivisés en lames multiples. Rappelons que les ectoturbinaux II et III font respectivement
saillie dans les sinus frontaux médial et latéral. Chez le Chat, les deux premiers ectotur-
binaux font une saillie dans le compartiment rostral du sinus frontal. Les endoturbinaux
642 -
( Ectoturbinal 1
Dans le compartiment J Sinus sphénoïdal
rostral du sinus frontal |
Ectoturbinal 2
Lame criblée de l'os ethmoïde
Crête sphéno-ethmoïdale
Fragment du-septum nasal
Méat naso-pharyngien
Méat dorsal du nez
Derniers endoturbinaux (2 à 4)
Bulbe olfactif
Conduit voméro-nasal
Conduit incisif
sont bien plus développés que chez le Chien, au point que le cornet nasal moyen cache
la plus grande partie de la face médiale du cornet ventral et qu'il est à son tour couvert
médialement par les autres endoturbinaux. Le sinus sphénoïdal est libre. Quant à l'étage
ventral, respiratoire, il est formé par le méat naso-pharyngien, lequel est un peu surbaissé
et très long.
Le conduit incisif s'ouvre par un orifice en entonnoir tout près du septum, sous un
bourrelet muqueux qui répond au bord caudal de l'os incisif. Il s'enfonce à 45 degrés
dans la fissure palatine et débouche au côté de la papille incisive par une fente dont la
lèvre médiale est un peu surplombante. Le conduit voméro-nasal, long de 4 cm environ
chez un chien de taille moyenne, longe le bord latéral du processus palatin de l'os incisif,
qui le surplombe un peu. Son extrémité rostrale s'étend sur quelques millimètres au-delà
du conduit incisif, dans lequel elle s'ouvre au passage par un orifice de sa face latérale.
La glande nasale latérale est située sous la muqueuse du récessus maxillaire. Ses canaux
forment un chevelu dense, disposé un peu comme les nervures d'une feuille. Le collec-
teur terminal, parfois double, large d'un demi-millimètre environ et long de 5 à 6 cm chez
le Chien, parcourt le méat moyen et s'ouvre dans le vestibule nasal près de l'extrémité
du pli droit, à la racine du pli oblique. Il existe des petites glandes nasales médiales, beau-
coup plus faibles, contre la partie rostro-ventrale du septum. Chez le Chat, ces glandes,
un peu mieux développées que chez le Chien, sont au nombre de huit ou dix, presque
parallèles et échelonnées dans la partie rostrale du septum. Leurs conduits débouchent
à la limite du vestibule nasal.
La cavité nasale est longue, comprimée d'un côté à l'autre. Le cornet dorsal est sim-
ple et étroit dans sa moitié rostrale, qui se prolonge par un pli droit effilé. Sa moitié cau-
dale forme avec l'os nasal, le bord du maxillaire et l'os ethmoi'de un sinus conchal dorsal
relativement vaste, qui se prolonge en se rétrécissant jusqu'au fond du labyrinthe eth-
moïdal ; ce sinus a parfois été décrit comme sinus frontal. Le cornet moyen est aussi
développé que chez le Chien, sinon plus, mais il est moins compliqué. Il s'étend jusqu'à
mi-longueur de la cavité nasale. Le cornet ventral est rameux, large et fort, mais ne s'étend
presque pas ventralement au précédent. Il se prolonge à sa partie rostrale par un pli alaire
saillant mais à peine renflé dans le vestibule nasal. Le pli basai est large et court, disposé
un peu comme chez les Carnivores. Le méat moyen est longuement bifurqué à sa partie
caudale. Les sinus s'ouvrent dans sa branche dorsale, tandis que la branche ventrale,
la plus large et la plus courte communique avec le méat naso-pharyngien, complétant
ainsi le méat ventral, qui est étroit. Le labyrinthe ethmoïdal est large et profond et le méat
6 4 4 -
Cartilage latéral
Cartilage
alaire (majeur):
Branche lat»
Crista galli
CARTILAGES DU NEZ Sinus
Lame criblée
Processus caudal du cartilage septal
Lame perpendiculaire
Os nasal
Cartilage
Lèvre supérieure
Sinus frontal
Agger nasi
nasal supérieur
Méat dorsal du nez SEPTUM NASAL
(La muqueuse septale a été enlevée)
Cornet nasal moyen
Atrium du moyen du nez
méat moyen
Cornet nasal ventral
Palais mou
Vestibule
du nez
Palais dur
Les narines sont en conséquence très proches l'une de l'autre, presque parallèles, leur extré-
mité rostrale se plaçant sous la pointe du nez et l'extrémité opposée, étroite et dorso-caudale chez
les Mammifères domestiques, devenant la plus large, adossée à la région incisive. L'aile du nez est
latérale, arrondie, mince et légèrement mobile. Le vestibule nasal est large mais haut de moins d'un
centimètre. Sa cavité est vide, le pli alaire faisant défaut ; elle s'avance dans la pointe du nez. Le
revêtement cutané qui occupe sa partie inférieure est pourvu de glandes sudoripares et sébacées
ainsi que de poils rudes, beaucoup plus développés chez l ' h o m m e adulte que chez le jeune et la
femme. Le septum nasal possède une partie membranacée bien plus développée en proportion que
chez les Mammifères domestiques, ce qui donne une souplesse particulière à la région apicale du
nez. Le cartilage alaire (ici : grand cartilage alaire) présente une lame allongée dans l'aile du nez
et une partie médiale, sorte de corne, adossée au septum. Le cartilage latéral dorsal (ici : cartilage
latéral du nez) est large et court, triangulaire. L'aile du nez est complétée par du tissu fibro-graisseux
et de petits cartilages alaires, dont l'un au moins semble représenter le cartilage latéral ventral des
Mammifères domestiques. Il n ' y a pas d'autre cartilage accessoire.
La cavité nasale est relativement courte et large. Sa partie antérieure, située au-dessus du ves-
tibule, est vide, dépourvue des plis décrits chez les Mammifères domestiques. Comme le méat moyen
commence à sa mi-hauteur, on la nomme " a t r i u m du méat m o y e n " . Le cornet nasal dorsal des ani-
maux est seulement représenté ici par le faible relief nommé " a g g e r n a s i " . Le cornet ventral est
beaucoup plus faible et plus court en proportion que chez les Mammifères domestiques. Il n'est
pas enroulé mais simplement incurvé dans le méat inférieur. Le cornet moyen (qui n'équivaut pas
à celui des animaux) est par contre fort, mais t o u t aussi simple ; il s'avance presque aussi loin que
le précédent, avec lequel il délimite le méat moyen. Dorsalement à lui, s'étend un méat dorsal relati-
vement large, dans lequel se trouve un autre endoturbinal, bien plus petit, nommé " c o r n e t supé-
rieur" et parfois même un autre plus petit encore et plus haut placé. A u milieu du méat moyen,
'a saillie d ' u n rudiment d'ectoturbinal constitue la bulle ethmoïdale, cachée par le cornet moyen et
creusée par le sinus ethmoïdal moyen. Le bord ventral de cette bulle concourt à délimiter une dépres-
sion en demi-canal : le hiatus semi-lunaire, dans lequel s'ouvrent un sinus ethmoïdal antérieur et
souvent le sinus frontal ; le sinus maxillaire débouche, un peu plus en arrière. Les deux étages de
''extrémité postérieure de la cavité nasale ne sont pas nettement séparés l'un de l'autre. Le labyrin-
the ethmoïdal est très peu profond, relégué supérieurement, et le méat naso-pharyngien si court
qu'il est pratiquement confondu avec la choane.
Le conduit incisif, n'est représenté que par une petite dépression en cul-de-sac, située à 2 c m
de l'extrémité antérieure du plancher nasal. Il n ' y a pas de conduit voméro-nasal et seulement un
rudiment de cartilage voméro-nasal. La glande nasale latérale fait défaut.
6 4 6
CHAPITRE II
LARYNX
Le larynx (Larynx) est un organe creux qui contrôle le transit de l'air entre le pharynx
et la trachée. Il peut en augmenter ou en réduire le débit, ou encore lui imprimer des vibra-
tions sonores qui sont à le base de la phonation. Il intervient ainsi à la fois dans la respira-
tion et dans la vie de relation. Appendu à l'os hyoïde et solidarisé au pharynx, il constitue
la base anatomique de la région de la gorge.
I - CONSTITUANTS DU LARYNX
Le larynx est pourvu d'une charpente formée de cartilages articulés les uns sur les
autres, unis par des ligaments et mobilisés par une musculature particulière. Ces divers
constituants seront seuls décrits ici. La muqueuse qui tapisse la cavité de l'organe sera
décrite après cette dernière, de même que les vaisseaux et nerfs.
CARTILAGES DU LARYNX
Les cartilages du larynx (Cartilagines laryngis) sont au nombre de cinq principaux
et constants. Trois sont impairs et médians : cricoïde, thyroïde et épiglotte. Les autres
sont pairs : ce sont les deux cartilages aryténoïdes. Il existe des cartilages accessoires,
beaucoup plus petits et distincts seulement dans certaines espèces : cartilages cunéi-
formes, corniculés, interaryténoïdien et sésamoïdes.
Cette charpente est constituée par du cartilage hyalin, qui peut en certains points
— en particulier dans les cartilages cricoïde et thyroïde — se calcifier, voire présenter
une ossification vraie chez des sujets âgés. L'épiglotte et les cartilages cunéiformes et
corniculés ne présentent rien de tel : ils sont formés de cartilage élastique, de même que
le processus vocal des aryténoïdes.
CARTILAGE CRICOÏDE (Pl. 347, 349, 352 à 356, 373, 376, 381, 382)
Le cartilage cricoïde (Cartilago cricoidea) constitue en quelque sorte le soubasse-
ment du larynx. Il surmonte le début de la trachée, dont le premier anneau peut s'emboî-
ter à son intérieur, et donne d'autre part appui aux cartilages thyroïde et aryténoïdes.
648 -
Surface articulaire
pour le cartilage thyroïde
Surf, articul.
pour les cartil.
aryténoïdes Surf, articul. pour
le cartil. thyroïde
médiane
Surfaces articulaires
pour les cartilages aryténoïdes
Surface articulaire
pour le cartilage thyroïde
Surf, articulaire
pour le cartilage
thyroïde
Echancrure crâniale Echancrure crânii
Corne rostrale
Incisure Fissure thyroïdienne
thyroïdienne caudale Proéminence laryngée
Ligne oblique
Bord dorsal
Lame droite
Lame gauche-
Bord ventral
Proéminence
laryngée
Corne caudale
Face ventrale
Proéminence laryngée
VUE VENTRALE
BŒUF
Il forme un anneau complet, plus ou moins comprimé d'un côté à l'autre, échancré à sa
partie ventrale et fortement élargi au contraire dans sa partie dorsale, ce qui l'a fait com-
parer à une bague (d'où son nom, du grec : Kpncoç , anneau, bague). La partie dorsale,
élargie, constitue la lame du cartilage cricoïde (Lamina cartilaginis cricoideae) — ancien-
nement "chaton du cricoïde" — par opposition au reste de l'anneau, qui est l'arc du
cartilage cricoïde (Arcus cartilaginis cricoideae).
On peut reconnaître à cet anneau deux faces, interne et externe, et deux bords, l'un
crânial et l'autre caudal. La face interne est lisse, en grande partie revêtue par la muqueuse
du larynx. La face externe est également lisse au niveau de l'arc, sur les faces latérales
duquel elle montre parfois une empreinte destinée à l'insertion du muscle crico-thyroïdien.
Au niveau de la lame, elle porte une forte crête médiane (Crista mediana) qui sépare deux
surfaces excavées donnant insertion aux muscles crico-aryténoïdiens dorsaux. De cha-
que côté de la lame, on voit en outre une petite saillie taillée du côté crânial par une facette
articulaire concave qui répond à la corne caudale du cartilage thyroïde : c'est la surface
articulaire thyroïdienne (Faciès articularis thyroidea). Le bord crânial est plus ou moins
échancré dans sa partie ventrale. De chaque côté, il est couvert dorsalement par le bord
correspondant de la lame du cartilage thyroïde. Il est élevé et en général plus épais au
niveau de la lame, de chaque côté de laquelle il porte une petite facette qui reçoit l'arti-
culation du cartilage aryténoïde correspondant : c'est la surface articulaire aryténoïdienne
(Faciès articularis arytenoidea). Le bord caudal est mince, surtout dans la partie qui cor-
respond à la lame. A ce niveau, il chevauche le premier anneau de la trachée et présente
souvent une petite échancrure médiane.
CARTILAGE THYROÏDE (348, 349, 352 à 356, 373, 376, 381, 382)
Le cartilage thyroïde (Cartilago thyroidea) est ainsi nommé (du grecôupsoç, bou-
clier) parce qu'il forme une sorte de bouclier qui embrasse ventralement et sur les côtés
les autres pièces du larynx. Impair et symétrique, il est formé de deux lames losangi-
ques, l'une droite et l'autre gauche, unies angulairement sur une longueur plus ou moins
grande à leur partie ventrale. Cette étroite partie intermédiaire constitue la proéminence
laryngée (Prominentia laryngea) dont la saillie est perceptible sous la peau et les muscles
superficiels et forme l'équivalent de la "pomme d'Adam" de l'Homme. Comme elle
n'occupe pas (sauf chez le Porc) toute l'étendue du bord ventral des lames, ces derniè-
res délimitent rostralement ou caudalement à elle, voire à ses deux extrémités, une inci-
sure plus ou moins profonde. L'incisure thyroïdienne rostrale (Incisura thyroidea rostralis)
est présente chez l'Homme et le Boeuf, mais remplacée par un léger tubercule dans la
plupart des autres espèces. L'incisure thyroïdienne caudale (Incisura thyroidea caudalis)
est beaucoup plus généralement présente. Le Porc seul en manque. Elle est par contre
extrêmement profonde chez les Equidés, ce qui fournit au chirurgien une voie d'accès
directe à la cavité du larynx.
Chaque lame (Lamina) est rabattue sur le côté du larynx et plus ou moins étirée en
direction caudale. Sa face externe ou latérale, légèrement convexe, est subdivisée par
une ligne oblique (Linea obliqua) rugueuse en deux surfaces d'insertions : ventralement
pour le muscle thyro-hyoïdien et dorsalement pour le muscle thyro-pharyngien. A chacune
de ses extrémités, cette ligne se soulève chez l'Homme en un petit tubercule qui n'est
pas distinct chez les Mammifères domestiques. La face interne ou médiale, légèrement
concave, donne attache au niveau de la protubérance laryngée : sur le plan médian, au
ligament hyo-épiglottique, de chaque côté et tout près de ce plan, aux ligaments vesti-
bulaire et vocal. Près de son bord dorsal, elle répond sur une petite surface à la muqueuse
du pharynx. Par le reste de son étendue, elle répond aux muscles thyro-aryténoïdien
et crico-aryténoïdien latéral, ainsi que, s'il y a lieu, au ventricule du larynx. Le bord
rostral, légèrement convexe, est uni à la grande corne de l'os hyoïde par la membrane
6 5 2 -
corniculé
musculaire
Surf, articulaire
vocal.
Crête arquée
corniculé
Processus
musculaire
Processus vocal
Processus musculaire
Processus
musculaire
Processus vocal
Processus vocal
CHIEN LAPIN
(VUE LATÉRALE) (VUE LATÉRALE)
thyro-hyoïdienne. Le bord dorsal est mince et donne attache au fascia pharyngien ainsi
qu'à divers muscles du pharynx. Il se prolonge à chacune de ses extrémités par un appen-
dice cartilagineux caractéristique ou corne. La corne rostrale (Cornu rostrale) est unie
de façon directe ou à distance, selon l'espèce, à l'extrémité de la grande corne de l'os
hyoïde (thyrohyoïdeum). Quand l'articulation est directe (Bœuf), la corne porte une petite
surface articulaire hyoïdienne (Faciès articularis hyoidea). Elle délimite d'autre part avec
le bord rostral une échancrure plus ou moins étroite et profonde : la fissure thyroïdienne
(Fissura thyroidea), transformée en trou à son extrémité caudale par des faisceaux de
tissu fibreux : c'est le foramen thyroïdien (Foramen thyroideum), qui livre passage au
nerf laryngé crânial. Chez certains sujets, le tissu fibreux peut être remplacé par du carti-
lage, disposition normale dans quelques espèces (Lapin). Il peut arriver aussi que l'extré-
mité de la corne rostrale reste isolée sous la forme d'un petit cartilage intermédiaire :
le cartilage triticé (Cartilago triticea) uni aux formations voisines par du tissu fibreux. Cette
corne manque toute entière chez le Porc. La corne caudale (Cornu caudale) se recourbe
légèrement en direction ventrale et se termine par une petite facette qui répond à la sur-
face similaire de la lame du cartilage cricoïde : c'est la surface articulaire cricoïdienne
(Faciès articularis cricoidea), qui fait défaut chez le Bœuf, où du tissu fibreux unit les
deux cartilages. Le bord caudal, légèrement concave, répond à l'arc du cartilage cricoïde
et reçoit les insertions : médialement, de la membrane crico-thyroïdienne et latéralement,
du muscle crico-thyroïdien. Quant au bord ventral, il participe sur une étendue plus ou
moins grande à la constitution de la proéminence laryngée et des incisures thyroïdiennes.
CARTILAGE ARYTÉNOÏDE (Pl. 349, 350, 352 à 356, 373, 376, 379)
Le cartilage aryténoïde (Cartilago arytenoidea) est pair, asymétrique, articulé au
bord rostral de la lame du cartilage cricoïde et en partie caché par la lame du thyroïde.
Avec celui du côté opposé, il délimite dorsalement à l'entrée du larynx une sorte de
gouttière médiane dont les bords se rejoignent en une pointe mousse recourbée cau-
dalement. L'ensemble a été comparé au bec d'une aiguière, d'où le nom (du grec :
apuTcnvo-ex5r|ç , en forme d'aiguière). Irrégulièrement pyramidal, ce cartilage offre à
l'étude trois faces, une base et un sommet ou apex.
Face laryngée
Processus Processus
cunéiforme cunéiforme
CHEVAL
Apex (bilobé)
(Processus corniculatus) qui forme chez l'Homme une pièce distincte : le cartilage corni-
culé (Cartilago corniculatus) — anciennement "cartilage de Santorini" —. Le cartilage
cunéiforme, décrit plus loin, vient dans quelques espèces s'unir à la base de l'apex, soit
par du tissu fibreux (Chien), soit par continuité de substance (Porc) : il forme alors un
processus cunéiforme (Processus cuneiformis).
La face linguale (Faciès lingualis) est convexe d'un côté à l'autre et concave en long.
Elle est tapissée par une muqueuse lâche et ridée, qui fait suite à celle de la langue au
niveau de la vallécule épiglottique et des plis glosso-épiglottiques médian et latéraux.
Elle reçoit l'attache du petit muscle hyo-épiglottique. La face laryngée (Faciès laryngea),
qui se rabat sur l'entrée du larynx dans la déglutition, est inversement conformée. Cou-
verte par une muqueuse fine et adhérente, elle est criblée de petites cavités qui logent
les glandes de celle-ci. Les bords (Margines laterales) sont plus ou moins convexes, min-
ces et irréguliers, symétriques l'un par rapport à l'autre. Libres sur la plus grande partie
de leur étendue, ils sont près de la base unis chacun au cartilage aryténoïde correspon-
dant par un repli muqueux et élastique : le repli ary-épiglottique, dans lequel est logé le
cartilage cunéiforme, dans les espèces où il existe. La base (Basis) est caudo-ventrale.
Elle est épaissie et délègue en son milieu vers le cartilage thyroïde un prolongement plus
ou moins long selon les espèces : le pétiole de l'épiglotte (Petiolus epiglottidis). Sa face
linguale est (sauf chez le Chien) couverte d'un fort coussinet adipeux qui lui adhère de
façon intime et se modifie en fonction des mouvements. Chez les Equidés, la base du
cartilage épiglottique s'annexe les deux cartilages cunéiformes, qui forment à chacune
de ses extrémités un long et fort appendice irrégulier : le processus cunéiforme (Proces-
sus cuneiformis). Quant à l'apex de l'épiglotte, il est libre et mobile, terminé en pointe
chez les Equidés, les Carnivores et la Chèvre, arrondi chez le Mouton, le Bœuf, le Porc
et l'Homme ; il est par contre échancré en son milieu chez le Lapin.
CARTILAGES ACCESSOIRES
Le cartilage cunéiforme (Cartilago cuneiformis! — anciennement "cartilage de Wris-
berg" — est le seul cartilage accessoire du larynx qui mérite quelques lignes, car il est
relativement volumineux et présente de très grandes variations spécifiques. Il fait défaut
chez les Ruminants, le Chat et en apparence chez les Equidés. Dans les autres espèces,
il est situé, de chaque côté, dans le pli ary-épiglottique, entre la base de l'épiglotte et
le cartilage aryténoïde. Il est indépendant chez l'Homme, où il a l'aspect d'un petit losange
de cartilage élastique et détermine un léger relief à la surface du pli ary-épiglottique. Chez
le Chien, il s'accole par une petite surface au revers médial de la base de l'apex du carti-
lage aryténoïde. L'union est un peu plus étendue chez le Lapin. Chez le Porc, la soudure
est large et l'annexion complète, sous forme d'un processus semi-lunaire porté latérale-
ment par la base de l'apex aryténoïdien. Chez les Equidés au contraire, le cartilage cunéi-
forme est annexé à l'épiglotte, dont il constitue le processus de même nom.
Nous avons déjà signalé l'existence chez l'Homme d'un cartilage corniculé équiva-
lant au processus corniculé de l'aryténoïde des Mammifères domestiques. On notera
6 5 6 -
Membrane thyro-hyoïdienne
Grande corne de l'os hyoïde
Proéminence laryngée
Stylohyoideum
Corne rostrale
du cartilage Articulation thyro-hyoïdienne
Ligament crico-thyroïdien
Lame du cartilage thyroïde
Ligament crico-trachéal
Stylohyoideum
encore l'existence chez le Chien et le Porc d'un petit cartilage interaryténoïdien (Carti-
lago interarytenoidea) et un peu plus rostralement, chez les Carnivores, d'un minuscule
cartilage sésamoïde (Cartilago sesamoidea), parfois double chez le Chat.
Stylohyoideum
Articulation thyro-hyoïdienne
JS corniculé du cartilage aryténoïde
Lame du cartilage thyroïde
Syndesmose
crico-thyroïdienne
Ligne oblique
Proéminence laryngée
Ligament crico-thyroïdien
Arc du cartilage cricoïde
Premier cartilage de la
Epiglotte
• Cartilage aryténoïde
A cette union participe aussi dans la plupart des espèces le ligament vestibulaire (Lig.
vestibulare), qui unit la partie rostro-ventrale de la lame thyroïdienne ou la base de l'épi-
glotte à la face latérale du cartilage aryténoïde et au processus corniculé. L'insertion ros-
trale est uniquement épiglottique chez le Porc et chez l'Homme. Chez ce dernier, le
cartilage cunéiforme est inclus dans le ligament. Chez les Equidés, le cartilage cunéiforme
étant annexé à l'épiglotte, on trouve un véritable ligament ary-épiglottique, jaune et élas-
tique, étendu de l'extrémité du processus cunéiforme au bord ventral du cartilage aryté-
noïde, non loin du processus vocal. Le ligament vestibulaire est absent chez le Chat et
indistinct chez les Ruminants.
Epiglotte Stylohyoideum
Articulation thyro-hyoïdienne
Ligament aryténoïdien
Processus musculaire transverse
du cartilage aryténoïde
Sa crête médiane
Stylohyoideum M. cérato-hyoïdien
Ligament crico-trachéal
M. sterno-thyroïdien
Stylohyoideum
MUSCLES DU LARYNX
(Pl. 346, 357 à 366, 369 à 372, 374, 375, 377 à 379, 381 à 383)
Le larynx possède une musculature complexe et puissante. On qualifie d'extrinsè-
ques les muscles qui se terminent sur l'un de ses cartilages mais prennent origine sur
une pièce squelettique qui lui est étrangère, par opposition aux muscles intrinsèques,
qui vont d'un cartilage du larynx à un autre. Les premiers sont les muscles sterno-
thyroïdien, thyro-hyoïdien et hyo-épiglottique. Ce dernier est impair et médian, les deux
autres étant pairs. Le muscle sterno-thyroïdien a été décrit en myologie, dans la région
cervicale ventrale, à laquelle il appartient topographiquement. Seuls restent à étudier ici
les muscles thyro-hyoïdien et hyo-épiglottique.
Les muscles intrinsèques sont au nombre de quatre paires, plus un muscle impair.
Sont pairs les muscles crico-thyroïdien, crico-aryténoïdien dorsal, crico-aryténoïdien latéral,
thyro-aryténoïdien, ce dernier susceptible de se subdiviser ou de déléguer des formations
accessoires variables selon les espèces. Le muscle impair est l'aryténoïdien transverse.
MUSCLE THYRO-HYOÏDIEN (Pl. 346, 358, 361, 362, 372, 374, 377, 381, 383)
C'est un muscle plat (M. thyrohyoideus), formé de faisceaux parallèles et allongé
dans le sens rostro-caudal tu. Il constitue une bande charnue plus ou moins longue et
plus ou moins large selon les espèces (maximum de longueur relative chez les Equidés
et maximum de largeur chez l'Homme), dont le bord ventral est un peu plus long que
le dorsal. Il prend origine sur presque toute la longueur de la face latérale de la grande
corne de l'os hyoïde et sur la partie adjacente du corps de ce dernier. Sa terminaison
se fait à la face latérale de la lame du cartilage thyroïde, ventralement à la ligne oblique.
Couvert de façon variable selon les espèces par les muscles sterno-hyoïdien et omo-
hyoïdien (ce dernier absent chez les Carnivores et le Lapin), ce muscle cache la mem-
brane thyro-hyoïdienne et la partie ventrale de la lame du cartilage thyroïde. Il tire le larynx
en avant et en haut et le rapproche ainsi de l'os hyoïde.
MUSCLE HYO-ÉPIGLOTTIQUE (Pl. 363, 364, 371, 374, 375, 378, 380, 381, 383)
Absent chez l'Homme, où il est peut-être représenté par des trousseaux fibreux du
ligament de même nom, ce muscle (M. hyoepiglotticus) est impair et médian. Il tend tou-
tefois à se diviser en deux parties symétriques chez les Ruminants, les Carnivores et le
Lapin. Chez les Equidés et le Porc, il est grêle, cylindroïde et allongé dans le plan médian,
(1) Ce muscle serait mieux nommé M. hyothyroideus, car il prend origine en fait sur l'os hyoïde, par rapport auquel il déplace
le cartilage thyroïde, et non l'inverse.
6 6 6 -
Epiglotte Stylohyoideum
Processus corniculé
des cartilages aryténoïdes
Muscle ventriculaire
Muscle crico-thyroïdien
Cartilage cricoïde
L
- 667
MUSCLE CRICO-THYROIDIEN (Pl. 346, 358, 361, 362, 372, 374, 375, 377, 378, 381 à 383)
C'est un muscle court et aplati (M. cricothyroideus), oblique en direction dorso-
rostrale. Ses faisceaux sont mêlés de fibres tendineuses ; ils ne forment pas chez les
Mammifères domestiques, si ce n'est chez le Porc, deux groupes aussi différents par
l'orientation que chez l'Homme. Ce muscle prend origine sur la face latérale de l'arc du
cartilage cricoïde, qui porte dans les grandes espèces une empreinte à cet effet. Sa ter-
minaison s'effectue sur le bord caudal de la lame du cartilage thyroïde et sur la partie
adjacente de la corne caudale. Croisé ventralement par la terminaison du m. sterno-
thyroïdien, il est encore couvert par le m. omo-hyoïdien (sauf chez les Carnivores et le
Lapin) et couvre en partie le ligament crico-thyroïdien. Il raccourcit la partie caudale du
larynx en remontant le cartilage cricoïde entre les lames du cartilage thyroïde. Mais son
rôle principal est de faire basculer celui-ci sur le cricoïde. Ce mouvement, qui réduit ven-
tralement l'espace crico-thyroïdien, éloigne en même temps les parties ventrales du car-
tilage thyroïde de la lame du cricoïde. Les cartilages aryténoïdes étant fixés à cette dernière,
les cordes vocales s'en trouvent tendues et la glotte allongée. Lorsqu'on paralyse ce mus-
cle par section de son nerf, les émissions vocales deviennent rauques.
MUSCLE CRICO-ARYTÉNOIDIEN LATÉRAL (Pl. 360, 369, 375, 378, 381 à 383)
Un peu moins fort que le précédent, ce muscle (M. cricoarytenoideus lateralis) est
caché par la lame du cartilage thyroïde. Il est triangulaire, allongé et rétréci vers son extré-
mité dorsale. Ses faisceaux prennent origine au bord rostral et à la partie adjacente du
revers externe de l'arc cricoïdien. Ils se portent sur la crête arquée et le processus mus-
culaire du cartilage aryténoïde, rostro-latéralement à ceux du muscle précédent. C'est
un antagoniste du crico-aryténoïdien dorsal, c'est-à-dire un constricteur de la région glot-
tique : il relâche les cordes vocales et rétrécit la glotte ainsi que l'entrée du larynx.
6 6 8 -
M. ventriculaire
M. vocal
M. crico-aryténoïdien latéral
M. cérato-hyoïdien
M . crico-aryténoïdien
Trachée
DE LA L A M E D U C A R T I L A G E THYROÏDE)
- 669
Chez les Ruminants, le Porc, le Chat et le Lapin, la lame formée par ce muscle prend
origine sur la partie ventrale de la face interne de la lame thyroïdienne ainsi que (sauf
chez le Porc) sur les parties adjacentes du ligament crico-thyroïdien et de l'épiglotte. Elle
se porte sur la partie latérale du processus musculaire et le bord adjacent du cartilage
aryténoïde ainsi que, par quelques fibres, sur le processus vocal. Avec son homologue,
ce muscle constitue donc une sorte de sphincter incomplet qui enserre la partie moyenne
du larynx. Son action concourt à raccourcir la corde vocale ou, lorsque celle-ci est fixée
par l'action du crico-aryténoïdien dorsal, à lui donner plus d'épaisseur ; ses parties les
plus rostrales interviennent pour resserrer le vestibule du larynx.
Le muscle ventriculaire (M. ventricularis) est bien isolable chez les Equidés et le Chien,
où il est relativement étroit. Il est beaucoup plus large et aminci rostralement chez
l'Homme, où on le décrit comme muscle thyro-aryténoïdien proprement dit. Dans les
deux premières espèces, il est logé dans le pli vestibulaire ; il le déborde caudalement
chez l'Homme. Il prend origine à la face interne de la lame thyroïdienne et chez les Equi-
dés, sur la membrane thyro-hyoïdienne. Ses fibres passent latéralement au ligament
vestibulaire et se portent jusque sur le bord latéral du cartilage aryténoïde. Chez les
Equidés, la plupart dépassent celui-ci pour venir se réunir sur la ligne médiane au fais-
ceau analogue du côté opposé et s'attacher en même temps sur le raphé tendineux
du muscle aryténoïdien transverse. Chez l'Homme, le bord rostral du muscle délègue
jusque sur le côté de l'épiglotte des faisceaux de fibres qu'on décrit comme un "muscle
thyro-épiglottique".
Le muscle vocal (M. vocalis), plus large que le précédent chez les Equidés et le Chien,
naît sur l'angle de jonction des lames du cartilage thyroïde et un peu sur le ligament crico-
thyroïdien. Il longe latéralement et un peu caudalement le ligament vocal et aboutit à
la face latérale du cartilage aryténoïde, depuis le processus musculaire, qui reçoit la plus
grande part des fibres, jusqu'au processus vocal. Il est moins nettement isolable du pré-
cédent chez l'Homme, où il en constitue un fort faisceau médial qui se termine surtout
au processus vocal. Ce muscle agit plus particulièrement sur la corde vocale, dont il con-
tribue à modifier le volume et la tension. Il commande ainsi pour une grande part les qua-
lités physiques du son émis dans la phonation.
M. cérato-hyoïdien
Grande corne de l'os
du cartilage thyroïde
Stylohyoideui
Stylohyoideum
Epiglotte
Processus corniculé du cartilage aryténoïde
crico-aryténoïdien dorsal
crico-thyroïdienne
Processus lingual
de l'os hyoïde
Proéminence laryngée
Ligament crico-thyroïdien
Muscle
Trachée
On reconnaît au larynx quatre faces : une dorsale, une ventrale et deux latérales.
Les plans de jonction avec le pharynx et avec la trachée seront décrits à propos de la
conformation intérieure.
FACES LATÉRALES (Pl. 346, 362, 372, 374, 377, 381, 382)
Chacune d'elles montre les muscles thyro-hyoïdien et crico-thyroïdien, ainsi que la
terminaison du muscle sterno-thyroïdien. Dorsalement à ces éléments, elle est encore
formée par la face externe de la lame du cartilage thyroïde, avec ses deux cornes, ros-
trale et caudale. Sous la première de celles-ci, le foramen thyroïdien donne passage au
nerf laryngé crânial ; la corne caudale couvre en partie l'arc du cartilage cricoïde. Ces
formations cartilagineuses sont ici couvertes par les insertions des muscles hyo-, thyro-
et crico-pharyngiens. Cette face se met en rapport, de façon très variable selon les espè-
ces, avec la glande mandibulaire et les muscles omo-hyoïdien (sauf chez les Carnivores
et le Lapin) et sterno-céphalique.
PARTIE SUPRAGLOTTIQUE
Un peu plus courte que l'autre, mais plus ample et bien plus irrégulière, cette partie
constitue le vestibule du larynx (Vestibulum laryngis). Elle communique avec le pharynx
par une large ouverture toujours béante en dehors des déglutitions : l'entrée du larynx
(Aditus laryngis). Celle-ci est limitée rostro-ventralement par l'épiglotte et dorso-
caudalement par le sommet des cartilages aryténoïdes, qui soulève la muqueuse de part
6 7 4 -
Entrée du larynx
Ligament crico-trachéal
Début de la trachée
Stylohyoideum
Epiglotte
Premier cartilage
de la trachée
Arc du cartilage cricoïde
' Ligament crico-thyroïdien
Corde vocale (Pli vocal)
> Fente de la glotte (Partie intermembranacée)
' Pli vestibulaire
Vestibule du larynx
N Récessus médian du larynx
s Cartilage thyroïde (Proéminence laryngée)
Tissu adipeux
Membrane thyro-hyoïdienne
' Muscle hyo-épiglottique
Corps de l'os hyoïde
Epiglotte
Lame du cartilage cricoïde
Ligament crico-trachéal
:artilag<
de la trachée
Muscle vocal
% Ligament vocal
% Muscle ventriculaire
'Tissu adipeux
Membrane thyro-hyoïdienne
N Muscle hyo-épiglottique
Vallécule épiglottique
Epiglotte
Récessus médian
du larynx
Pli ary-épiglottique
Fente de la glotte
(P. intermembranacée)
Corde vocale
Entrée du ventricule
du larynx
Fente de la glotte
Relief du cartilage aryténoïde
(Partie intercartilagineuse)
Tubercule cornicuié
Lame du cartilage thyroïde
Processus musculaire
Muqueuse de la partie
du cartilage aryténoïde
œsophagienne du pharynx
et d'autre d'un étroit sillon médian, dit incisure interaryténoïdienne (Incisura interaryte-
noidea) et détermine le tubercule corniculé (Tuberculum corniculatum). De chaque côté,
elle est bordée par un pli ary-épiglottique (Plica aryepiglottica) saillant, tendu du bord latéral
de l'épiglotte à celui du cartilage aryténoïde correspondant. Sous la muqueuse, ce pli
est soutenu, au sein d'un conjonctif lâche, par des faisceaux fibreux et dans beaucoup
d'espèces, par le cartilage cunéiforme (absent chez les Ruminants et le Chat, uni à la
base de l'épiglotte chez les Equidés, au cartilage aryténoïde chez le Chien, le Porc et le
Lapin). La présence de ce cartilage détermine le relief d'un tubercule cunéiforme (Tuber-
culum cuneiforme), surtout net chez l'Homme et le Chien. L'entrée du larynx est dirigée
dorsalement et sa bordure fait une forte saillie dans le pharynx, où elle est encadrée par
les récessus piriformes.
De chaque côté, la paroi du vestibule du larynx est soulevée par un relief épais mais
peu élevé : le pli vestibulaire (Plica vestibularis) — anciennement, chez l'Homme "corde
vocale supérieure" ou "fausse corde vocale" —. C'est une sorte de bourrelet étendu
de la partie rostrale du cartilage thyroïde ou de la base de l'épiglotte, près du plan médian,
au cartilage aryténoïde correspondant. Indiscernable chez les Ruminants et le Chat, ce
pli est au contraire fort net chez l'Homme et le Chien, développé de façon intermédiaire
dans les autres espèces. Il renferme le ligament vestibulaire, doublé latéralement par le
muscle ventriculaire ou, chez le Porc, par la partie du muscle thyro-aryténoïdien qui en
tient lieu. Il n'entre jamais en contact avec celui du côté opposé mais délimite avec lui
un rétrécissement peu important, qualifié de fente vestibulaire (Rima vestibuli).
Entre le pli vestibulaire et la corde vocale, un orifice elliptique donne accès à un diver-
ticule plus ou moins profond : le ventricule du larynx (Ventriculus laryngis), très diverse-
ment développé selon l'espèce. C'est l'homologue du sac laryngien qui descend plus ou
moins loin dans le cou de certains Mammifères sauvages (jusqu'à la région axillaire chez
l'Orang). Dans les espèces domestiques comme chez l'Homme, ce diverticule est entiè-
rement caché par la lame du cartilage thyroïde et en partie enveloppé par le muscle thyro-
aryténoïdien. Profond et relativement large chez l'Homme, les Equidés, le Porc, le Chien
et à un bien moindre degré chez le Lapin, il est absent, à peine ébauché par une très fai-
ble dépression chez les Ruminants et le Chat. Chez les Equidés et le Chien, sa muqueuse
s'insinue entre les deux parties du muscle thyro-aryténoïdien (M. ventriculaire et m. vocal)
pour arriver directement sous la lame du cartilage thyroïde. Elle est entourée là d'un con-
jonctif lâche.
On notera enfin l'existence, surtout nette chez les Equidés et le Porc, d'une dépres-
sion ventrale et médiane, cul-de-sac formé par la muqueuse du vestibule sous la base
de l'épiglotte, rostralement à l'attache des cordes vocales : c'est le récessus médian du
larynx (Recessus laryngis medianus), qui est absent ou négligeable dans les autres espèces.
GLOTTE
La glotte (Glottis) est la partie rétrécie du larynx constituée par les cordes vocales
et la base des cartilages aryténoïdes. Elle délimite un espace losangique à grand axe
médian : la fente de la glotte, qui peut être dilatée ou fermée par les mouvements de
bascule des cartilages aryténoïdes et les déplacements concomitants des cordes vocales.
Chaque corde vocale ou pli vocal (Plica vocalis) — anciennement "corde vocale infé-
rieure", chez l'Homme — est tendue entre l'angle rentrant du cartilage thyroïde, où elle
s'attache au contact de celle du côté opposé, et le processus vocal du cartilage aryté-
noïde. Elle est formée par un fort relèvement de la muqueuse, soutenu intérieurement
par le ligament vocal. Celui-ci est doublé latéralement par le muscle vocal ou la partie
du thyro-aryténoïdien qui en tient lieu, tandis que la muqueuse, pâle et relativement
G)
00
Epiglotte
épaisse, adhère à sa face médiale. Cette dernière forme en partie plafond à la cavité infra-
glottique, alors que la face latérale de la corde vocale concourt à délimiter le ventricule
du larynx quand celui-ci est bien développé. Le bord libre de la corde vocale peut s'ados-
ser à celui de la corde opposée dans l'occlusion de la glotte.
La fente de la glotte (Rima glottidis) est étroite et allongée dans le plan médian. Elle
est divisible en deux parties, l'une ventrale et l'autre dorsale, d'ailleurs parfaitement con-
tinues, qui dessinent chacune un triangle isocèle adossé à l'autre par sa base. La partie
ventrale, située entre les cordes vocales, est la partie intermembranacée (Pars intermem-
branacea)— anciennement "glotte vocale" —. C'est la plus étroite et la plus allongée.
Les sons prennent naissance à son niveau. La partie dorsale est délimitée par la base
des cartilages aryténoïdes : c'est la partie intercartilagineuse (Pars intercartilaginea), par-
fois qualifiée anciennement de "glotte respiratoire". Elle est un peu plus large et surtout
plus courte que l'autre.
Au repos, la fente glottique est à demi-ouverte et les cordes vocales dans un état
moyen de tension. L'élasticité du ligament vocal compense celle des ligaments qui fixent
dorsalement le cartilage aryténoïde et la tonicité des muscles dilatateurs de la glotte. Sous
l'action des divers muscles et principalement du crico-aryténoïdien dorsal, la corde vocale
peut être plus ou moins tendue en même temps que le cartilage aryténoïde pivote et que
son processus vocal se porte latéralement, ouvrant ainsi la fente glottique. La dilatation
maximale est réalisée dans l'inspiration forcée. Dans le mouvement inverse, les cordes
vocales se raccourcissent et la fente glottique se ferme. Outre les variations de longueur
et de tension, les cordes vocales peuvent changer d'épaisseur sous l'action de leurs mus-
cles intrinsèques. Toutes ces modifications se combinent pour produire l'émission vocale,
comme nous le verrons plus loin.
PARTIE INFRAGLOTTIQUE
La partie de la cavité laryngée située caudalement à la glotte est nommée cavité infra-
glottique (Cavum infraglotticum). Elle est large, relativement courte et se continue sans
démarcation nette avec l'intérieur de la trachée. Elle est délimitée presque entièrement
par le cartilage cricoïde et le ligament crico-thyroïdien, revêtus par la muqueuse. Sa par-
tie rostrale se rétrécit en une sorte de coupole formée par le revers médial des cordes
vocales et dont le sommet est percé par la fente glottique. Sa paroi dorsale montre entre
les bases des deux cartilages aryténoïdes et la lame du cricoïde une légère dépression,
— anciennement "sinus sous-aryténoïdien" — par laquelle se termine l'incisure interary-
ténoïdienne.
Elle repose sur une sous-muqueuse très riche en fibres élastiques et continue avec
les ligaments crico-thyroïdiens, vocaux et ventriculaires, l'ensemble formant la membrane
fibro-élastique du larynx (Membrana fibroelastica laryngis). Celle-ci est continue avec le
périchondre de la charpente.
680 -
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*J »: • . »• -
La propria mucosae est riche en nodules lymphatiques, qui peuvent même prendre
une disposition tonsillaire en certains points, le plus souvent au voisinage de l'entrée du
larynx (ex : tonsilles para-épiglottiques du Porc et des petits Ruminants, revers caudal
des cordes vocales du Bœuf). Elle est remarquablement épaisse et dense au niveau des
cordes vocales, où elle ébauche en outre de très courtes papilles adélomorphes, absen-
tes ailleurs.
A cette muqueuse sont annexées des glandes laryngées (GII. laryngeae) racémeu-
ses, de type séreux, muqueux ou séro-muqueux selon les espèces et les niveaux. Ces
glandes sont surtout développées sur la face laryngée de l'épiglotte, où elles occupent
de petites excavations du cartilage, ainsi que sur les processus corniculés des aryténoï-
des et à la face médiale de ces cartilages. On en trouve aussi dans les plis ary-épiglottiques,
au niveau des ventricules et dans la région infraglottique ; elles sont très généralement
absentes sur les cordes vocales. Leur sécrétion aide pourtant au fonctionnement de ces
dernières, qu'elles lubrifient en s'écoulant à leur surface.
Les veines sont en général satellites des artères, au moins jusqu'à la sortie du larynx.
Les lymphatiques naissent d'un riche réseau muqueux. Ceux de la partie supraglot-
tique traversent la membrane thyro-hyoïdienne ou contournent les plis ary-épiglottiques
pour rejoindre ceux du pharynx et de la base de la langue, ils aboutissent principalement
aux nœuds lymphatiques rétropharyngiens médiaux, accessoirement latéraux. Ceux de
la région infraglottique passent entre le cartilage thyroïde et le cricoïde, ou à travers la
membrane crico-trachéale. Ils vont principalement aux nœuds lymphatiques cervicaux
profonds crâniaux et moyens.
Les nerfs du larynx sont tous issus de branches des nerfs vagues (dixième paire de
nerfs crâniens), à l'exception des filets sympathiques qui accompagnent les artères et
6 8 2 -
Nerf vague
Artère occipitale
Rameau massétérique
Nerf glosso-pharyngien: Artère carotide externe
(• Rameau pharyngien
Cartilage aryténoïde
t Rameau lingual
Artère laryngée crâniale
A . p a l a t i n e ascend.
Rameau interne ) Nerf laryngé
Rameau externe J crânial
M. stylo-hyoïdien
„ M . crico-aryténoïdien dorsal
Tronc linguo-facial
A . pharyngienne ascendante
M * thyro-hyoïdien
Lame du cartilage
thyroïde
Rameau perforant
Rameau crico-thyroïdien
Trachée Artère thyroïdienne caudale
Muscle crico-thyroïdien
Corps de l'os hyoïde Rameau crico-thyroïdien de l'artère thyroïdienne crâniale
Proéminence laryngée
proviennent du ganglion cervical crânial. Le nerf laryngé crânial fournit un rameau externe
et un rameau interne. Le premier, le plus faible, vient dans quelques espèces (Bœuf) direc-
tement du nerf vague, voire de son rameau pharyngien ; très grêle, il est moteur et se
distribue au seul muscle crico-thyroïdien. Le rameau interne, le plus fort, pénètre par le
foramen thyroïdien et se termine par de multiples filets sous la lame du cartilage thyroïde.
Les plus ventraux de ceux-ci se distribuent à la muqueuse de la base de la langue et des
deux faces de l'épiglotte ; d'autres, dorsaux, vont à la muqueuse qui couvre les cartila-
ges aryténoïdes ainsi qu'au laryngopharynx. Les intermédiaires, plus nombreux, se répan-
dent sous la muqueuse de la glotte et sur les muscles thyro-aryténoïdien et crico-
aryténoïdien latéral en se mêlant aux divisions terminales du nerf laryngé caudal. Toutes
ces divisions sont essentiellement sensitives. Ce sont elles qui communiquent à la glotte
et à toute la partie supraglottique du larynx cette sensibilité extrêmement vive qui assure
la protection des voies respiratoires.
Le nerf laryngé caudal est la branche terminale du nerf laryngé récurrent, lequel naît
du vague dans la poitrine (où l'a entraîné le dernier arc aortique au cours du développe-
ment) et remonte dans le cou, le long de la trachée. Le nerf laryngé caudal pénètre dans
le larynx en passant sous le m. crico-pharyngien puis dorsalement à l'articulation crico-
thyroïdienne. Arrivé en dedans de la lame du cartilage thyroïde, il se distribue par de mul-
tiples filets aux muscles crico-aryténoïdiens dorsal et latéral, aryténoïdien transverse et
thyro-aryténoïdien ; d'autres filets se répandent sous la muqueuse et se mêlent à ceux
du laryngé crânial. Le nerf laryngé caudal est essentiellement moteur, ce qui explique
la gravité de ses paralysies ; en outre, il donne à toute la cavité infraglottique une sensi-
bilité obtuse, comparable à celle de la trachée, que le nerf laryngé récurrent innerve aussi.
On notera que les nerfs laryngés, branches du nerf vague, n'apportent la motricité
qu'aux muscles intrinsèques du larynx. Les muscles extrinsèques reçoivent des filets de
toute autre origine. Le thyro-hyoïdien et l'hyo-épiglottique sont innervés par la branche
ventrale du premier nerf cervical ; le sterno-thyroïdien l'est par les branches des nerfs
cervicaux suivants.
FONCTIONS DU LARYNX
Par la tension ou l'écartement plus ou moins grands des cordes vocales, donc par
les modifications de la glotte, le larynx contrôle le volume de l'air inspiré ou expiré. Il
agit ainsi à la façon d'une troisième narine, mais avec beaucoup plus d'efficacité, puisqu'il
peut arriver à interrompre complètement le passage de l'air. Cette fonction régulatrice
est si importante que la paralysie, même unilatérale, de l'organe détermine une gêne res-
piratoire qui augmente rapidement à l'effort. Cette affection est particulièrement fréquente
et grave chez le Cheval, où elle se traduit lors d'un effort par un bruit inspiratoire anor-
mal (cornage laryngé).
même très minime pénètre dans le vestibule du larynx, il déclenche une vive et immé-
diate réaction de toux qui provoque son expulsion.
C'est encore dans le larynx, mais spécialement au niveau de la glotte, que prennent
naissance les sons lors de la phonation. Par l'arbre aérifère, le thorax chasse l'air à tra-
vers cet organe avec une force que les réflexes et surtout la volonté peuvent faire varier
largement. La colonne d'air est mise sous pression par de brèves fermetures de la glotte,
puis sa vibration est provoquée par de courtes périodes d'ouverture accompagnées de
variations de tension des cordes vocales. Les sons se trouvent ensuite modifiés et ren-
forcés dans le pharynx, la bouche et les cavités nasales. L'amplitude du son est détermi-
née par la pression sous laquelle l'air est chassé. Sa hauteur dépend de l'état de tension
et de la longueur des cordes vocales. Le timbre est lié aux particularités individuelles de
la glotte et des cavités (pharynx, nez et bouche) qui modulent le son. L'intervention de
la langue et des parois de la bouche, si active et caractéristique dans l'espèce humaine,
est beaucoup moins importante chez les Mammifères domestiques, en particulier chez
les Ongulés, où les cavités nasales semblent avoir un plus grand rôle. Presque tous les
muscles du larynx participent à la phonation, mais une seule paire paraît plus spéciale-
ment contrôler la respiration : celle des muscles crico-aryténoïdiens dorsaux.
En ce qui concerne les moyens d'union des cartilages, on notera l'étendue du liga-
ment crico-thyroïdien dans sa partie ventrale, qui ferme l'incisure thyroïdienne caudale
et l'importance de la participation de ses parties latérales à la membrane fibro-élastique
du larynx. Le ligament crico-aryténoïdien dorsal est relativement fort. Le ligament vocal
se met en continuité manifeste avec la face interne de la membrane crico-thyroïdienne.
Le ligament vestibulaire est bref et forme un véritable ligament ary-épiglottique étendu
- 685
La cavité du larynx est nettement subdivisée par la glotte. Le vestibule a une dispo-
sition complexe. Les plis ary-épiglottiques sont relativement courts, mais saillants. Les
ventricules du larynx sont larges et très profonds. Chacun d'eux présente une entrée ellip-
tique, à grand axe parallèle à la corde vocale et long de 10 à 15 mm. Il passe ensuite
entre les muscles ventriculaire et vocal et s'étale contre la lame du cartilage thyroïde,
au sein d'un abondant conjonctif lâche. Cette disposition est mise à profit dans la ventri-
culectomie, intervention qui vise à provoquer, par extirpation du ventricule, le dévelop-
pement d'un tissu cicatriciel qui fixera une corde vocale paralysée. Le pli vestibulaire est
épais, peu saillant ; il longe la base du pli ary-épiglottique et le processus cunéiforme de
l'épiglotte arrive à sa partie moyenne, de façon à maintenir ouverte l'entrée du ventri-
cule. Il existe sur le plancher du vestibule un profond récessus médian du larynx. La glotte
est relativement étroite et allongée. Les cordes vocales sont très obliques en direction
rostrale et ventrale. Leur organisation répond à la description générale.
ANE ET MULET
Comparé à celui du Cheval, le larynx de l'Ane présente des caractères bien spécifi-
ques, dont certains ont servi à l'étude de l'hybridité des deux espèces.
Le cartilage cricoïde est plus large, moins aplati d'un côté à l'autre que chez le Che-
val et son bord ventral moins épais. Les lames du cartilage thyroïde sont relativement
moins larges chez l'Ane, ce qui contribue à accroître l'étendue transversale de l'entrée
du larynx. La base de l'épiglotte est plus large et les cartilages aryténoïdes plus écartés
à leur base. Les plis ary-épiglottiques sont plus saillants.
Envisagé dans son ensemble, le larynx de l'Ane est plus ouvert du côté rostral, plus
cylindroïde caudalement, donc moins comprimé d'un côté à l'autre que celui du Cheval.
Chez ce dernier, la distance comprise entre l'extrémité libre des processus corniculés
et l'épiglotte est environ deux fois plus grande que la largeur maximale prise entre
686 -
cérato-hyoïdîen
M. crico-aryténoïdien latéral
M . crico-aryténoïdien dorsal
Lame du cartilage
cricoïde
M. cérato-hyoïdien
Stylohyoideum
Muscle ventriculaire
Stylohyoideum
Entrée du larynx
Tubercule corniculé
Epiglotte
Muscle aryténoïdien transverse (en coupe)
Début de la trachée
Corps et processus
lingual de l'os hyoïde
Membrane thyro-hyoïdienne/
Cartilage t h y r o ï d e /
Vestibule du l a r y n x 1
Ligament crico-thyroïdien 1
Ligament crico-trachéal'
les plis ary-épiglottiques ; on trouve chez l'Ane que ce rapport est de 3/2 au lieu de 2/1.
Le triangle dessiné par les deux aryténoïdes et la base de l'épiglotte a chez l'Ane une
hauteur sensiblement égale à sa base, alors qu'il est plus haut chez le Cheval. En consé-
quence, la partie libre de l'épiglotte, qui doit se rabattre sur cet espace et le fermer pen-
dant la déglutition, est plus longue chez le Cheval que chez l'Ane. La glotte est aussi
plus large chez l'Ane.
BOEUF (Pl. 347, 348, 350, 351, 353, 354, 356, 357, 361, 362, 369 à 371)
Le larynx est à peine moins haut situé que chez les Equidés et il est moins comprimé
d'un côté à l'autre.
Le cartilage cricoïde est très épais, surtout à son bord rostral et son arc n'est pas
échancré à sa partie ventrale. La lame est nettement oblique par rapport à l'arc, de sorte
que son bord rostral est beaucoup plus éloigné de la partie ventrale de celui-ci que son
bord caudal. La crête médiane est très élevée. Les surfaces articulaires pour le cartilage
thyroïde sont rugueuses, car elles correspondent à des articulations fibreuses et non syno-
viales. Le cartilage thyroïde est long, fort, élargi et épais à sa partie caudale. Ses lames,
à peu près rectangulaires, sont unies par tout leur bord ventral, de sorte que l'incisure
thyroïdienne caudale est presque absente ; il existe par contre une incisure thyroïdienne
rostrale large mais à peine plus profonde. La proéminence laryngée est épaisse, précoce-
ment envahie par l'ossification. La corne rostrale est courte et large ; la fissure qu'elle
délimite est convertie en un foramen thyroïdien complet par du tissu fibreux dense, qui
s'ossifie le plus souvent. La corne caudale est au contraire longue, bien détachée et recour-
bée ventralement. Les cartilages aryténoïdes sont allongés et grêles. Leur processus mus-
culaire est court et épais, alors que le processus vocal est long et étroit. Le processus
corniculé est obtus et épais. L'épiglotte est courte et large, avec un apex arrondi et épais.
Son pétiole, large et bref, est recourbé ventralement et uni de façon lâche au cartilage
thyroïde. Comme dans toutes les espèces qui nous restent à décrire, elle n'a aucune trace
de processus cunéiforme.
Parmi les muscles, l'hyo-épiglottique est remarquable par son épaisseur et par son
dédoublement en deux faisceaux qui sont très écartés à leur origine sur l'os hyoïde et
690 -
Epiglotte M. cérato-hyoïdien
VUE DORSO-CRANIALE
Tubercule corniculé
Cartilage aryténoïde
Grande corne d e l'os Muscle aryténoïdien transverse
Muscle crico-aryténoïdien dorsal
du cartilage thyroïde
crico-thyroïdien
•oéminence laryngée
— de l'os hyoïde
corniculé
aryténoïde
aryténoïdien transverse
Muscle crico-aryténoïdien dorsal
crico-aryténoïdien latéral
du cartilage thyroïde (coupée)
crico-thyroïdien
Trachée
Proéminence laryngée
vocal
du larynx
ventriculaire
du cartilage thyroïde (coupée)
thyro-hyoïdien (coupé)
Grande corne de l'os hyoïde
Corps de l'os hyoïde
CONFORMATION INTÉRIEURE
(COUPE MÉDIANÉ - PARTIE DROITE)
L'épiglotte est large et tend à embrasser les cartilages aryténoïdes par les côtés. Son
apex est bas, de sorte que le bord rostral est à peu près demi-circulaire. Le pétiole est
large et court, presque absent.
A propos des muscles, on notera que le thyro-hyoïdien est long et fort, l'hyo-
épiglottique simple et le sterno-thyroïdien dédoublé en une partie dorsale, attachée près
de la corne caudale du cartilage thyroïde et une partie ventrale, terminée à l'extrémité
rostro-ventrale de sa lame. Le crico-thyroïdien est large, dédoublé en deux plans de fibres,
le superficiel oblique comme dans les autres espèces, le profond à fibres presque longi-
tudinales, qui prennent origine jusque sur le revers médial de l'arc du cricoïde. Le crico-
aryténoïdien dorsal est large et fort, mais le latéral relativement faible. L'aryténoïdien trans-
verse est tout petit, localisé à la base des cartilages aryténoïdes. Le muscle thyro-
aryténoïdien est très développé mais simple, indiscontinu. Il est inséré à la partie la plus
caudale du cartilage thyroïde et s'élargit en direction rostro-dorsale sur le processus vocal
de l'aryténoïde. Sa partie rostrale est particulièrement épaisse, mais elle ne couvre pas
entièrement le ventricule du larynx.
La cavité du larynx est vaste, surtout dans sa partie supraglottique, qui est très allon-
gée. Les plis ary-épiglottiques embrassent la face latérale des cartilages aryténoïdes pour
se joindre dorsalement à eux. La partie médiale des processus corniculés fait saillie sous
la muqueuse de la paroi latérale du vestibule. Le pli vestibulaire est court, si peu saillant
qu'il paraît manquer à première vue. Il ne concourt pas à délimiter l'entrée du ventricule
du larynx. Ce diverticule passe en effet entre les deux parties du ligament vocal pour
s'étaler à la face médiale du muscle thyro-aryténoïdien. Il déborde toutefois ce dernier
rostralement pour former un court et large appendice un peu comparable au saccule laryngé
de l'Homme. Il existe un récessus médian du larynx large et relativement profond. La
glotte est située très caudalement. Sa partie intercartilagineuse est infundibuliforme et
ne se ferme jamais complètement, en raison surtout de la faible mobilité des cartilages
aryténoïdes. Les cordes vocales sont longues, élastiques, très obliques en direction ventro-
caudale. Chacune d'elles est divisée par une longue fente qui n'est autre que l'entrée
du ventricule du larynx. Seule, la partie caudale, qui est la plus mince, est réellement
une corde vocale ; elle a pour base la bandelette caudale du ligament vocal, doublée
par la partie correspondante du muscle thyro-aryténoïdien. Le repli qui forme le bord crâ-
nial de la fente ventriculaire est seulement constitué par la partie crâniale du ligament
vocal, que tapisse une muqueuse riche en glandes. La cavité infraglottique est relati-
vement courte. Son plafond s'allonge et se rétrécit entre les bases des cartilages aryté-
noïdes.
crico-thyroïdienne
du cartilage cricoïde
Trachée
Corps de l'os
Membrane thyro-hyoïdienne
Proéminence laryngée
Ligament crico-thyroïdien
Cartilage épiglottique
Cartilage interaryténoïdien
_ Epiglotte
T u b e r c u l e cunéiforme
Pli vestibulaire
Entrée d u ventricule d u
. P l i ary-épiglottique
Corde
Fente de la
T u b e r c u l e corniculé
M u s c l e aryténoïdien transverse
Cératohyoideum
Muscle cérato-hyoïdien
Epiglotte
Tubercule cunéiforme
Pli ary-épiglottique w
Récessus piriforme
Entrée du larynx
M. ventriculaire
Lame du cartilage cricoïde
Muscle aryténoïdien transverse
VUE DORSALE
Tubercule corniculé
Vestibule du larynx
Cartilage sésamoïde
Epihyoideum Trachée
Muscle cérato-hyoïdien
Ligament crico-thyroïdien
CONFORMATION INTÉRIEURE
(COUPE MÉDIANE - PARTIE DROITE)
Moyens d'union - Les cartilages cricoïde et thyroïde sont unis par une petite articu-
lation synoviale et par le ligament crico-thyroïdien, lequel est élargi à sa partie ventrale.
Le ligament crico-aryténoïdien dorsal est court. Le ligament aryténoïdien transverse est
épais et contient le cartilage interaryténoïdien. Le ligament vocal est oblique en direction
rostro-ventrale ; il se raccorde au ligament crico-thyroïdien par son bord caudal, alors
que son bord rostral est libre et aminci. Le ligament vestibulaire est court, étendu de la
partie rostrale du thyroïde au cartilage cunéiforme. La membrane thyro-hyoïdienne est
également courte et bordée de chaque côté par un ligament thyro-hyoïdien latéral : il n'y
a pas en effet d'articulation synoviale thyro-hyoïdienne mais seulement une union fibreuse,
comme chez le Porc ou l'Homme. Le ligament hyo-épiglottique est relativement ample
et mince. Le ligament thyro-épiglottique est au contraire bref et plus fort. Le ligament
crico-trachéal est peu étendu.
Les muscles sont relativement forts. Le thyro-hyoïdien est long, rétréci à sa partie
caudale, l'hyo-épiglottique dédoublé à peu près comme chez le Bœuf et le sterno-thyroïdien
relativement large et fort. Le muscle crico-thyroïdien est large et épais, de même que
les crico-aryténoïdiens dorsal et latéral. L'aryténoïdien transverse est très développé, net-
tement divisé en deux corps charnus latéraux unis par un fort raphé qui renferme le petit
cartilage sésamoïde. Le muscle thyro-aryténoïdien est complètement divisé en un mus-
cle vocal et un muscle ventriculaire. Le premier s'attache en petite partie seulement au
processus vocal du cartilage aryténoïde et se prolonge jusqu'au processus musculaire
de celui-ci. Le second ne naît pas (sinon par un très faible faisceau) sur le cartilage thyroïde
mais sur la face latérale du processus cunéiforme du cartilage aryténoïde ; il se porte
dorsalement au précédent et contourne latéralement la base du processus corniculé pour
s'attacher au cartilage interaryténoïdien.
702 -
M. cérâto-hyoïdien
Proéminence
Muscle thyro-hyoïdien.
Membrane
Ligament
Proéminence laryngée
Muscle
Ligament
Arc du cartilage cricoïde
Arc du cartilage
Trachée.
Corps
Muscle de l'os
thyro-hyoïdien Pli
Le larynx est situé haut dans le cou et arrive à peine jusqu'en regard de la partie
caudale de l'axis. Le cartilage cricoïde a un arc très oblique en direction ventro-caudale,
de sorte qu'il chevauche ventralement les premiers anneaux de la trachée mais laisse
un grand intervalle entre sa partie ventrale et le cartilage thyroïde. Sa lame est fortement
étirée en direction rostrale et pourvue d'une crête médiane nette. Le cartilage thyroïde
est fort, avec des Tarries presque carrées, à peine obliques caudalement et unies par tout
leur bord ventral en une sorte de cuirasse hémicylindrique. L'incisure thyroïdienne ros-
trale est absente et la caudale large et peu profonde. Sur chaque lame, la ligne oblique
est saillante, à peu près horizontale. La corne rostrale est longue et grêle mais délimite
une fissure thyroïdienne large et peu profonde convertie en foramen par le ligament thyro-
hyoïdien. La corne caudale est large et courte. Chaque cartilage aryténoïde a un profil
triangulaire, avec un processus musculaire long et fort et un processus vocal court et
large. Le processus corniculé est large et mince, mais peu élevé. Il existe un petit carti-
lage cunéiforme long de 2 à 3 mm à peine et de forme semi-lunaire, placé dans l'épais-
seur du pli ary-épiglottique. L'épiglotte est longue et large, ployée d'un côté à l'autre
en une sorte de demi-cylindre. Son pétiole est large, divisé en deux prolongements en
704 -
thyroïdien
Epigiotte
oblique
Entrée
Ligament thyro-hyoïdien du larynx
Tubercule
Pli ary-épiglottique corniculé
M . thyro-
Muscle aryténoïdien transverse
aryténoïdien
Membrane (Partie vocale)
Lame du cartilage thyroïde
Articul. crico-thyroïdienne
M. crico-aryténoïd. dorsal
Ligament crico-thyroïdien
Lame du cartil. cricoïde
Arc du cartilage cricoïde
Trachée
Trachée
Epigiotte
M. hyo-épiglottique
M. hyo-épiglottique
Muscle thyro-épiglottique
Entrée du larynx
Pli ary-épiglottique
Tubercule corniculé
Tubercule corniculé
M. ventriculaire
thyro-aryténoïdien
Muscle vocal
Ventricule du larynx
Cavité infraglottique
Muscle crico-thyroïdien Ligament crico-thyroïdien
Trachée
crochets qui divergent caudalement. L'apex est arrondi d'un côté à l'autre, nettement
bilobé par une large et peu profonde incisure médiane.
En ce qui concerne les moyens d'union, on notera la grande étendue du ligament
crico-thyroïdien à sa partie ventrale et la brièveté des ligaments crico-aryténoïdiens dor-
saux. Le ligament vocal est large, inséré sur la plus grande longueur du cartilage thyroïde
et la partie adjacente du ligament crico-thyroïdien. Le ligament vestibulaire part de la partie
rostrale du cartilage thyroïde et de la base de l'épiglotte pour aller au bord ventral et à
la face latérale de l'aryténoïde. La membrane thyro-hyoïdienne est longue, mince et élas-
tique. Elle se renforce un peu en son milieu (ligament thyro-hyoïdien médian) et sur cha-
cun de ses bords, où elle forme un ligament thyro-hyoïdien latéral : comme chez les
Carnivores et le Porc, il n'y a pas d'articulation synoviale thyro-hyoïdienne. Le ligament
thyro-épiglottique est court, relativement fort : il attache l'épiglotte à la face interne du
cartilage thyroïde.
La cavité du larynx est divisée en deux parties à peu près égales par une glotte à
peine oblique en direction ventro-caudale, presque perpendiculaire à son axe longitudi-
nal. Les plis ary-épiglottiques sont minces et peu élevés. Les plis vestibulaires sont à peine
marqués et les ventricules du larynx en forme de fentes allongées entre eux et les cordes
vocales. Ces dernières sont épaisses, relativement courtes et le ventricule tapisse leur
face latérale. Il existe un faible récessus médian du larynx qui se place entre les deux
crochets du pétiole de l'épiglotte.
Le cartilage cricoïde est peu à peu envahi par l'ossification dans l'âge adulte. Son arc est légè-
rement oblique en direction ventro-caudale et rétréci en son milieu. Sa lame, un peu plus large que
haute, possède une crête médiane large mais peu saillante. Le cartilage thyroïde tend aussi à s'ossi-
fier chez l'adulte. Il est large et relativement court. Ses lames, un peu plus étendues dans le sens
dorso-ventral que dans le sens crânio-caudai, sont unies par une grande partie de leur bord ventral,
qui forme une forte proéminence laryngée, surtout chez l'adulte masculin. L'incisure thyroïdienne
caudale est presque absente mais la rostrale est large et relativement profonde. La ligne oblique
est nette, terminée par un tubercule à chaque extrémité ; elle est assez peu éloignée du bord dorsal.
Ce dernier est prolongé par deux fortes cornes, dont la rostrale, deux fois plus longue que la cau-
dale, forme avec le bord rostral une courbe qui pourrait être comparée à la fissure thyroïdienne des
animaux si les vaisseaux et nerfs laryngés crâniaux ne traversaient la membrane thyro-hyoïdienne
à quelque distance de ce bord. Chaque cartilage aryténoïde est articulé au cricoïde par une surface
fortement concave. Son processus vocal est long et f o r t , le processus musculaire bas et tubéreux.
Son apex est prolongé par un cartilage corniculé distinct, uni à lui par du tissu fibreux. Il existe dans
chaque pli ary-épiglottique un petit cartilage cunéiforme indépendant. L'épiglotte est ovalaire, plus
longue que large, pourvue d ' u n pétiole très net ; son apex est remplacé par un simple bord libre,
transversal et arrondi.
706 -
triticé Entrée du
larynx
Ligament thyro-hyoïdien latéral
Pli ary-
Corne rostrale du cartil. thyroïde épiglottique
Corps de l'os
cunéiforme
Membrane thyro-hyoïdienne
Tubercule
M. thyro- Ligament thyro-hyoïdien médian corniculé
hyoïdien
Muscle thyro-épiglottique M . ary-épiglottique
Proéminence laryngée M. thyro-aryténoïdien
Lame du
cartil.. thyroïde Lame du cartil. thyroïde (coupée) M. crico-aryténoïd.
latéral
Ligament crico-thyroïdien Muscle
crico-aryténoïd.
M. crico-thyroïdien
Partie oblique
dorsal
Arc du cartilage
l FPartie, oblique Ligament crico-thyroïdien cricoïde
Trachée
Entrée du larynx
Tissu adipeux
COUPE MÉDIANE
VUE DORSALE
Moyens d'unjon - Le ligament crico-thyroïdien est peu étendu, nettement renforcé à sa partie
médiane. Le ligament crico-aryténoïdien dorsal est large et court. Le ligament vocal, large et fort,
est manifestement en continuité avec le ligament crico-thyroïdien ; il va du cartilage thyroïde au
processus vocal de l'aryténoïde, où il s'attache de l'apex à la base. Le ligament vestibulaire est étroit,
étendu du cartilage thyroïde à la face latérale de l'aryténoïde, près de la base du processus vocal.
Le ligament thyro-épiglottique est étroit et assez long, attaché à la face interne du cartilage thyroïde.
Le ligament hyo-épiglottique est grêle et médian, inséré à peu près au milieu de la face linguale de
l'épiglotte. Il semble tenir la place du muscle de même nom décrit chez les animaux. La membrane
thyro-hyoïdienne est fibro-élastique, d'ampleur médiocre, renforcée en son milieu en un ligament
thyro-hyoïdien médian. De chaque côté, elle est bordée par un ligament thyro-hyoïdien latéral cylin-
drique, dans lequel se différencie le plus souvent un petit nodule fibro-cartilagineux : le cartilage
triticé. Comme chez les Carnivores, le Porc et le Lapin, il n ' y a donc pas ici d'articulation synoviale,
mais une union fibreuse. La membrane crico-trachéale est peu étendue.
Muscles - Le thyro-hyoïdien, large et mince, est situé loin de son opposé. L'hyo-épiglottique
fait défaut. Le crico-thyroïdien, large et fort, est divisé en deux parties divergentes, l'une oblique
et latérale, la plus longue, et l'autre, plus courte et plus médiale. Le crico-aryténoïdien dorsal et le
crico-aryténoïdien latéral sont disposés comme chez les Mammifères domestiques. Le thyro-
aryténoïdien est large et mince, étendu de la moitié caudale de l'angle dièdre du cartilage thyroïde
et de la partie adjacente du ligament crico-thyroïdien à la face latérale du cartilage aryténoïde. Il
est indivis mais sa partie caudale s'épaissit pour s'engager dans la corde vocale, où elle représente
manifestement un muscle vocal. Le bord crânial délègue en outre des faisceaux jusque dans le pli
ary-épiglottique et à la base de l'épiglotte (muscle thyro-épiglottique). L'aryténoïdien transverse est
simple, dépourvu de raphé médian. Il est couvert en partie par le muscle aryténoïdien oblique, formé
de deux faisceaux entrecroisés sur le plan médian et dont chacun s'étend du processus musculaire
de l'un des deux cartilages aryténoïdes à l'apex de celui du côté opposé.
La cavité du larynx est large mais relativement courte, avec une glotte à peu près perpendicu-
laire à l'axe de l'organe. Le vestibule est plus oblique en direction ventro-caudale que chez les Mam-
mifères domestiques. Les plis ary-épiglottiques sont hauts ; chacun d'eux est soulevé par un petit
tubercule cunéiforme à son extrémité dorsale, tout près du tubercule corniculé. Les plis vestibulai-
res (anciennement " c o r d e s vocales supérieures") sont nettement saillants et délimitent une fente
vestibulaire plus évidente que chez les Mammifères domestiques. Chacun d'eux borde avec la corde
vocale l'entrée allongée d ' u n ventricule du larynx relativement profond. Ce ventricule ne descend
pas latéralement à la corde vocale mais se porte en direction rostrale. Sa partie ventrale délègue
jusqu'au voisinage du bord rostral de la lame du cartilage thyroïde un prolongement q u [ e s t le sac-
cule laryngé. Il existe un rudiment de récessus médian du larynx entre les insertions ventrales des
plis vestibulaires. La partie intermembranacée de la fente glottique est trois fois plus longue que
la partie intercartilagineuse, qui n'est pas triangulaire mais tronquée à son extrémité dorsale. Les
cordes vocales (anciennement "cordes vocales inférieures"), longues de 20 à 25 m m chez l'homme
et de 16 à 2 0 chez la f e m m e , sont épaisses et fort saillantes ; leur face ventriculaire n'est pas laté-
rale mais crâniale. La cavité infraglottique est à peu près aussi grande que le vestibule et ne pré-
sente rien qui mérite mention.
708 -
Cavité nasale
du nez
Sinus frontal
Palais mou
Gosier
Epiglotte
Extrémité crâniale
de la cavité du thorax Œsophage
Trachée
Bronches lobaires
Bifurcation de la trachée
A. et V. pulmonaires
gauches
A. et V. pulmonaires droites
crânial (Culmen)
Lobe caudal
Poumon droit
CHAPITRE III
T R A C H É E ET BRONCHES
La trachée et les bronches constituent l'arbre aérifère, dont les ramifications se répar-
tissent dans les poumons. Leur ensemble est produit par l'allongement puis la division
à son extrémité caudale du tube laryngo-trachéal (Tubus laryngotrachealis) qui dérive
du sillon pharyngien ventral de l'embryon. Trachée et bronches présentent des structu-
res très comparables et partagent la même fonction, qui est d'assurer l'accès de l'air
aux poumons dans l'inspiration ou son reflux lors de l'expiration.
I. - T R A C H É E
(Pl. 137, 138, 147, 384 à 389)
La trachée (Trachea) est un tube impair, flexible et béant, qui fait suite au larynx
et se termine dorsalement au cœur par une division d'où procèdent en principe deux bron-
ches principales, une pour chaque poumon. Elle est maintenue ouverte par la présence
dans sa paroi d'anneaux cartilagineux caractéristiques dont la succession rend sa sur-
face irrégulière et comme rugueuse111.
DIMENSIONS
La longueur varie beaucoup en fonction de la taille de l'espèce ; elle change aussi
selon l'attitude. D'une espèce à l'autre, les variations sont déterminées par la taille cor-
porelle et surtout par la longueur du cou et la situation du larynx. Dans l'attitude normale
du cou et de la tête, la trachée du Cheval est ainsi longue de 75 cm en moyenne mais
celle du Bœuf de 60 seulement. Pour un chien de taille moyenne, cette longueur est de
25 cm environ, de même ordre que sur un Porc, bien plus gros mais dont le larynx est
plus bas situé et le cou très bref. Cette brièveté est plus remarquable encore dans l'espèce
humaine, où la trachée n'excède pas 10 à 11 cm de long. Chez un même sujet, les chan-
gements d'attitude entraînent aussi d'assez larges variations : la trachée s'allonge en
effet lorsque la tête et le cou sont étendus et se raccourcit pendant leur flexion.
Le calibre aussi est variable : avec les sujets, avec les niveaux envisagés, avec les
attitudes et enfin avec l'activité physiologique. Il existe dans la plupart des espèces
(1) Ce caractère a valu son nom à la trachée (du grec : ipa'/Os : âpre, rugueux). Autrefois, ce conduit était appelé "trachée-artère".
7 1 0 -
Bronche trachéale
Cartilages trachéaux Bronche du lobe
crânial droit
Bronche du lobe
moyen crânial
Bronche lobaire caudale gauche Bronche lobaire caudale droite Bronche lobaire caudale gauche
CHEVAL BŒUF
Cartilages trachéaux»
Dépression
répondant à l'aorte Bronche principale droite
Bronche
Bronche principale gauche. Bronche lobaire
principale gauche crâniale droite
Bronche lobaire Bronche lobaire crâniale
crâniale gauche gauche (Br. du culmen)
Bronche
du culmen Bronches segmentaires
dorsales
Bronche du lobe
Bjtonche lobaire moyen droit
caudale droite
CHIEN
PARTIE CERVICALE - Dans le cou, la trachée est enveloppée d'une épaisse couche
de conjonctif lâche qui forme une véritable gaine et lui confère une grande mobilité.
712 -
M. thyro-hyoïdien
Stylohyoideum
Poche gutturale
M. digastrique
M. thyro-pharyngien
M. crico-pharyngien
M. omo-hyoîdien
Début de l'œsophage
M. sterno-hyoïdien (coupé)
M. sterno-thyroïdien (coupé)
A. cervicale profonde
Tronc costo-cervical
M. brachio-céphalique (coupé)
M. long du. cou
Canal thoracique
Trachée (Partie cervicale) N. récurrent gauche
Aorte descendante
M. sterno-céphalique (coupé)
A. vertébrale
A. carotide commune.
gauche (coupée)
A. subclavière gauche
A. axillaire
gauche (coupée)
A. thoracique interne
Médiastin crânial
, V. cave crâniale
C-fcsophage
(dans le médiastin crânial}
Trachée (Partie thoracique)
N. vague gauche
Tronc pulmonaire
Cœur (mis à nu par ablation du péricarde'
Médiastin caudal
N. phrénique gauche
Diaphragme
Cette gaine est délimitée par deux minces lames fibreuses déléguées par le fascia cervi-
cal, lames qui s'unissent de chaque côté, dorsalement aux gros vaisseaux du cou. L'une,
ventrale, est la lame prétrachéale ; l'autre est dorsale : c'est la lame prévertébrale. Tou-
tes deux ont été décrites en Myologie. A travers ces formations, la trachée se met en
rapport avec la plupart des muscles de la région cervicale ventrale, qui sont en quelque
sorte moulés autour d'elle et lui font une enveloppe charnue presque complète.
La face ventrale est ainsi longée par les muscles sterno-hyoïdiens et sterno-
thyroïdiens. Chez les Mammifères domestiques — mais non chez l'Homme — les sterno-
hyoïdiens s'adossent sur le plan médian ; le chirurgien doit les écarter l'un de l'autre pour
accéder à la trachée lors de la trachéotomie. En bas du cou, l'ensemble est couvert par
les muscles sterno-céphaliques, qui divergent plus haut vers la tête. Séparés l'un de l'autre
dès leur origine chez l'Homme, ces muscles sont au contraire, chez les Mammifères domes-
tiques, accolés l'un à l'autre sur le plan médian jusqu'à quelque distance du sternum,
cachant donc les précédents et la trachée. Ils deviennent ensuite latéraux et chez les
Ongulés, on voit dans leur intervalle les deux muscles omo-hyoïdiens converger en direc-
tion de l'os hyoïde. Chez les Equidés en particulier, les deux sterno-céphaliques et les
deux omo-hyoïdiens sont longuement accolés sur le plan médian, les premiers près du
sternum, les seconds près du larynx. Ils délimitent ainsi dans le tiers moyen du cou un
losange très allongé, sur le grand axe duquel s'adossent les muscles sterno-hyoïdiens,
accompagnés des sterno-thyroïdiens. A ce niveau, la trachée est aisément accessible
à travers la peau et le muscle cutané du cou. Une disposition assez comparable existe
chez les Ruminants.
Les faces latérales sont couvertes dans la partie crâniale du cou par les muscles omo-
hyoïdiens (Ongulés) ou les sterno-céphaliques (Carnivores, Lapin) ; dans la moitié ou le
tiers caudal, elles sont dans toutes les espèces cachées par les muscles scalènes ven-
traux. La face dorsale est en rapport avec l'œsophage. Ce dernier est faiblement dévié
à gauche dans le bas du cou chez les Carnivores et le Lapin. Ce changement de position
est très accusé chez les Equidés et les Ruminants, où l'œsophage se place sur la face
gauche de la trachée dans la moitié caudale du cou et jusqu'au début de sa partie thora-
cique. Dans ces régions, la trachée est ainsi en rapport avec les muscles longs du cou,
à travers la lame prévertébrale du fascia cervical.
Cartilage trachéal
MOUTON CHÈVRE
Paroi membranacée Paroi membranacée Muscle trachéal Paroi membranacée Muscle trachéal
Muqueuse
par le tronc vago-sympathique et (sauf chez les Equidés, le Mouton et la Chèvre) par
la veine jugulaire interne. Plus ventralement chemine le nerf laryngé récurrent, qui croise
aussi obliquement la trachée pour gagner la face dorsale du larynx. Ajoutons que les noeuds
lymphatiques cervicaux profonds sont échelonnés sur ce trajet vasculo-nerveux et accom-
pagnés par le tronc trachéal.
Dans le médiastin crânial, entre les deux lames duquel elle est maintenue par une
mince mais solide gaine fibreuse, la trachée répond dorsalement à l'œsophage dans la
plupart des espèces et, chez les Equidés et les Ruminants, au muscle long du cou sur
un bref trajet puis à l'œsophage, qui reprend bientôt sa situation médiane. Ventralement,
elle est en contact avec les nerfs cardiaques et laryngés récurrents, ainsi qu'avec le tronc
brachio-céphalique et la naissance des artères carotides communes (chez les Equidés
et les Ruminants, avec le tronc bicarotidien), vaisseaux qui la séparent de la veine cave
crâniale et de ses racines (il existe deux veines caves crâniales chez le Lapin). Ses faces
sont croisées par des artères et veines variables avec les espèces, les plus constantes
étant les costo-cervicales et les vertébrales. La face gauche est longée par le tronc brachio-
céphalique. La face droite est accompagnée par le nerf vague de ce côté. La trachée est
en outre en rapport avec le conduit thoracique, dont la position varie avec les espèces
et les individus, et avec les nœuds lymphatiques médiastinaux crâniaux. Chez le jeune,
le thymus entre en contact étendu avec l'ensemble de ces formations, ventralement et
plus ou moins sur les côtés.
L'adventice est une simple densification de l'abondant conjonctif que nous avons
signalé autour de l'organe ; elle est partiellement doublée dans le thorax par les feuillets
de la plèvre médiastinale, qui forment un revêtement séreux très incomplet.
La tunique fibro-cartilagineuse est caractérisée par la présence des anneaux que for-
ment les cartilages trachéaux, lesquels sont unis par une membrane fibreuse qui consti-
tue entre eux des ligaments annulaires.
716 -
Le muscle trachéal (M. trachealis) est localisé au plan dorsal du conduit. Il est com-
posé de faisceaux transversaux de fibres lisses, de coloration blanc rosé, qui s'attachent
par leurs extrémités sur le périchondre de la face interne des anneaux. Quand les extrémités
(1) En fait, cette crête est pratiquement absente sur les sujets vivants. Elle s'accuse après la mort par rétraction du muscle
trachéal, qui exagère l'affrontement des parties dorsales des anneaux.
(2) Chez quelques Mammifères, les anneaux trachéaux sont complets, non interrompus dorsalement. Cette disposition se ren-
contre en particulier chez les Cétacés, où elle semble fournir une résistance aux surpressions de la plongée. Mais on la trouve aussi
dans nombre de Chiroptères et chez quelques Marsupiaux, Rongeurs et Primates. Dans beaucoup de Mammifères aquatiques, en
particulier Pinnipèdes et Siréniens, une autre forme de résistance à la pression est réalisée par la soudure bout à bout des extrémités
d'anneaux adjacents, qui prennent ainsi une disposition spiralée.
718 -
de ces derniers sont adjacentes, sa face dorsale n'est pas appliquée contre elles mais
en reste séparée par une couche de tissu conjonctif dans lesquelles on rencontre quel-
ques faisceaux longitudinaux de fibres élastiques et parfois de fibres musculaires lisses.
Les Carnivores font exception : le muscle est situé chez eux à l'extérieur des anneaux.
La contraction du muscle trachéal resserre les cartilages et diminue ainsi le calibre de
la trachée. Elle s'oppose en outre à la dilatation excessive du conduit sous la pression
de l'air, lors de la toux ou des efforts par exemple.
VAISSEAUX ET NERFS
Les artères sont nombreuses et grêles. Elles proviennent de tous les troncs satelli-
tes du conduit : tronc brachio-céphalique, artères subclavières et leurs collatérales, caro-
tides communes, artères thyroïdiennes. La plupart des artérioles trachéales traversent
les ligaments annulaires. Leurs capillaires forment ensuite deux réseaux, l'un sous-
muqueux, au niveau de la couche glandulaiare et l'autre muqueux, superficiel, très ténu,
placé sous l'épithélium.
Les veines sont satellites des artères. Elles sont drainées surtout par les veines jugu-
laires, ainsi que par les affluents de la veine cave crâniale.
Quant au nerfs, ils proviennent des nerfs vagues par l'intermédiaire des nerfs laryn-
gés récurrents et du sympathique par les anastomoses qui se portent sur ces derniers.
Ils forment des plexus mêlés de neurones muraux et desquels procèdent des fibres
motrices, vasomotrices et excito-sécrétoires. Les fibres sensitives, arborisées jusque
dans l'épithélium, ne donnent à la muqueuse qu'une sensibilité très obtuse, du moins
à l'état normal.
II. - BRONCHES
(Pl. 384, 385, 390 à 404)
Les bronches (Bronchi) sont les conduits qui procèdent de la trachée et se ramifient
dans les poumons pour y assurer la circulation de l'air.
720 -
Corrosion après injection de matière plastique. Les poumons ont été étalés pour mettre en évi-
dence les bronches lobaires et segmentaires.
1 : Trachée - 2 : Bronche principale droite (la plus courte) - 3 : Bronche principale gauche - 4 :
Bronche lobaire crâniale droite (noter les deux séries de bronches segmentaires, régulièrement alter-
nantes, les unes dorsales et les autres ventrales) - 5 : Bronche lobaire crâniale gauche (quelques
bronchas segmentaires sont mal injectées) - 6 : Bronche lobaire caudale droite - 7 : Bronche lobaire
caudale gauche - 8 : Bronche du lobe accessoire - 9,9 : De chaque côté, première bronche segmen-
taire ventrale du lobe caudal, équivalant à la bronche lobaire moyenne des autres espèces - V , V :
Autres bronches segmentaires ventrales des deux lobes caudaux - D,D : Bronches segmentaires
dorsales de ces mêmes lobes, plus faibles et alternant régulièrement avec les précédentes. Noter
en outre la série des bronches complémentaires médiales, faibles et reportées par l'étalement à la
face ventrale des bronches lobaires caudales.
- 721
Leur structure, très semblable à celle de la trachée dans les plus grosses d'entre elles,
se simplifie peu à peu jusqu'à se raccorder à celle des lobules pulmonaires, secondaires
puis primaiares, auxquels aboutissent les divisions les plus fines. Leur ensemble, qualifié
d'arbre bronchique (Arbor bronchialis) porte donc le parenchyme pulmonaire et leur dis-
tribution détermine l'architecture même des poumons.
Il est rare que la répartition des bronches lobaires s'effectue de la même façon dans
les deux poumons. Ces derniers sont donc dissymétriques, comme leurs arbres broncho-
vasculaires eux-mêmes. Mais l'analyse de la ramescence bronchique, complétée par celle
des artères et des veines, montre que cette dissymétrie est secondaire. Elle permet en
effet de retrouver un plan commun dans la distribution des bronches des deux poumons,
ainsi que dans celle des bronches d'espèces différentes.
Ce schéma, particulier aux Mammifères, est déterminé par la topographie et le mode
de développement des organes thoraciques. Les poumons viennent en effet envelopper
le cœur et occupent tout l'espace disponible entre les parois thoraciques et celui-ci. Ils
sont modelés sur lui et adaptent leur organisation en conséquence. Leur hile étant situé
dorsalement au cœur, chacun d'eux comporte deux parties fondamentales séparées par
celui-ci, l'une crâniale et l'autre caudale. Chacune de ces dernières est desservie par un
ensemble de bronches dont la répartition reste comparable de part et d'autre du hile.
Dans un poumon mammalien idéal, la bronche principale, née de la bifurcation tra-
chéale, se termine peu après sa pénétration dans le poumon en deux bronches lobaires
primitives, très divergentes et de valeur morphologique égale. Une de ces bronches est
crâniale et l'autre caudale. Chacune d'elles donne ou peut donner naissance à un système
formé de quatre séries de collatérales primaires, qui ont initialement une valeur segmen-
taire. Ces séries sont respectivement dorsale, ventrale, médiale et latérale. Le dévelop-
pement de chacune d'elles est proportionnel à la place disponible pour l'expansion de la
partie correspondante du poumon. La série dorsale et la série ventrale sont les plus impor-
tantes, essentielles et toujours présentes. Les bronches ventrales sont toujours les plus
développées dans le territoire caudal ; elles le sont souvent moins dans le territoire crânial,
où le cœur leur laisse moins de place. Les séries latérale et médiale sont complémentaires,
d'autant plus faibles que le thorax est plus aplati d'un côté à l'autre : elles sont presque
négligeables chez les Ongulés mais prennent un grand développement chez l'Homme.
On notera en outre que, si les premières bronches segmentaires dorsales et ventrales
ont bien cette orientation, les suivantes tendent, dans le territoire caudal, à devenir de plus
en plus latérales pour les ventrales et de plus en plus médiales pour les dorsales, comme
si l'ensemble avait subi une légère torsion helicoïdale du fait de la pression du diaphragme.
(1) La bronche lobaire crâniale et le lobe correspondant ont été parfois qualifiés de "bronche apicale" et de "lobe apical" parce
que l'apex du poumon appartient à leur territoire. Ces désignations doivent être évitées car elles prêtent à confusion. Les cliniciens
et les radiologues utilisent en effet l'adjectif " a p i c a l " pour désigner le segment broncho-pulmonaire qui occupe l'apex, ainsi que
la bronche correspondante, laquelle est seulement la partie terminale de la bronche lobaire crâniale.
724 -
En résumé et pour nous en tenir aux seuls aspects définitifs, la bronche principale
droite se termine par une bronche lobaire caudale, qui en est la continuation, et une bronche
lobaire moyenne plus petite. Elle émet non loin de son origine une bronche lobaire crâ-
niale chez l'Homme, les Equidés, le Lapin. Chez les Carnivores, cette dernière provient
de la terminaison même de la trachée ; chez les Ruminants et le Porc, elle prend nais-
sance plus crânialement sur ce conduit (bronche trachéale). La première collatérale ven-
trale de cette bronche trachéale porte chez les Ruminants un petit lobe particulier. Enfin,
dans tous les Mammifères domestiques, mais non chez l'Homme, un lobe accessoire dis-
tinct est porté par une faible bronche lobaire qui naît du côté médial, au voisinage de
l'origine de la bronche lobaire caudale. On notera en outre que dans le poumon droit,
la bronche lobaire crâniale est longue et forte chez les Carnivores, les Ruminants et le
Porc ; ses collatérales segmentaires sont remarquablement nombreuses chez les Carni-
vores. Elle est moins développée chez les Equidés et particulièrement réduite chez le Lapin
et les Rongeurs.
En définitive et en ne considérant que les faits bruts, on peut dire qu'à gauche, la
bronche principale, plus longue qu'à droite, se termine toujours par bifurcation. Chez les
Equidés, elle fournit une bronche lobaire crâniale d'aspect récurrent et une bronche lobaire
caudale, beaucoup plus grosse, qui la continue ; la première collatérale segmentaire ven-
trale de cette dernière a une valeur lobaire mais comme à droite, le territoire correspon-
dant du poumon n'est pas isolé par une fissure. Dans les autres espèces, la bifurcation
produit une grosse bronche lobaire caudale et une bronche un peu plus faible et très courte,
726 -
ventro-crâniale, d'où procèdent les équivalents d'une bronche lobaire crâniale et d'une
bronche lobaire moyenne111 . On peut noter en outre que chez les Ruminants, la bronche
lobaire crâniale est beaucoup plus courte et ses collatérales bien moins nombreuses que
dans le poumon droit. Cette bronche est presque aussi développée qu'à droite chez le
Porc, l'Homme, le Lapin, les Carnivores ; son territoire est ainsi très étendu chez ces der-
niers et très réduit chez le Lapin. Les Equidés ont un arbre bronchique et des poumons
à peu près symétriques.
DISTRIBUTION DES BRONCHES SEGMENTAIRES (Pl. 392, 393, 399, 400, 402, 403)
Chaque bronche segmentaire dessert un territoire particulier, bien délimité, du
parenchyme pulmonaire : un segment broncho-pulmonaire (Segmentum bronchopulmo-
nale). Sa distribution dans le segment qui lui est propre se fait le plus souvent par fausse
dichotomie, c'est-à-dire par bifurcations successives à branches inégales (Rameaux sub-
segmentaires). De ces divisions et subdivisions naissent des branches de plus en plus
petites, les bronchioles (Bronchioli, s. bronchuli), dont chacune dessert aussi un terri-
toire bien défini, sans qu'on trouve jamais la moindre communication ou anastomose entre
secteurs adjacents. Les dernières divisions, d'un calibre de l'ordre du millimètre, portent
chacune un lobule pulmonaire : ce sont les bronchioles terminales (Bronchuli termina-
les), qui seront décrites avec les lobules.
Toujours accompagnées par les artères, les bronches segmentaires adhèrent beau-
coup plus que les bronches lobaires au parenchyme pulmonaire. Le conjonctif adventi-
tiel qui les accompagne est en effet de moins en moins abondant lorsqu'on passe de la
bronche principale aux bronches lobaires puis aux bronches segmentaires et à leurs divi-
sions. Il en résulte une adhérence de plus en plus grande et finalement telle que les bron-
ches d'un calibre de quelques millimètres ne peuvent pratiquement plus être isolées sans
de nombreuses ruptures.
(1) Nous verrons à propos des poumons que les lobes portés par ces deux dernières bronches sont souvent peu distincts l'un
de l'autre et considérés de ce fait comme des subdivisions d'un lobe crânial composite. Il en résulte que seul leur tronc commun
est considéré comme bronche lobaire, ce qui introduit une confusion dans la nomenclature. Pour tourner cette difficulté, les noms
des deux bronches devraient être accordés à ceux des territoires pulmonaires correspondants. La bronche crâniale pourrait alors
être nommée bronche cuiminale (Bronchus culminalis) et la bronche ventrale, équivalant à une lobaire moyenne, bronche lingulaire
(Bronchus lingularis).
728 -
A - Bronches et vaisseaux
dans le poumon gauche
du Cheval
Moulage interhe préparé
par injections de matières
plastiques puis corrosion.
Vue médiale - 1 : Bronche
principale - 2 : Artère pul-
monaire (qui passe ventrale-
ment à la bronche lobaire
crâniale) - 3 : Veines pulmo-
naires - 4 : Lobe crânial -
5 : Lobe caudal. Noter la
situation médiale des veines,
ainsi que la situation axiale
des veines lobaires mais
intersegmentaire de leurs
affluents. Cette disposition
est ici très visible dans les
parties ventrales du lobe cau-
dal, où les lettres B indiquent
les bronches et artères seg-
mentaires et V les veines
intersegmentaires. Pour plus
de détails, voir le schéma de
la page 7 6 8 .
Dans tous les cas, chaque bronche principale est accompagnée, au sein d'une forte
gaine conjonctive commune, par les vaisseaux et les nerfs du poumon. Elle est longée
ventro-crânialement par l'artère pulmonaire correspondante et ventro-caudalement par
la principale des veines pulmonaires, ces vaisseaux étant de fort calibre. L'artère bronchi-
que, bien plus faible, est d'autre part accolée à sa face dorsale. Les rameaux bronchiques
des nerfs vagues et les nœuds lymphatiques trachéo-bronchiques complètent ces rapports.
Peu après son entrée dans le poumon, l'artère pulmonaire croise en direction caudo-
latérale la face ventrale de la bronche principale, crânialement à la bronche lobaire moyenne
ou, à gauche, au tronc commun à cette bronche et à la lobaire crâniale111. Elle se ter-
mine ensuite par les artères lobaires moyenne et caudale, après avoir émis l'artère lobaire
crâniale. L'artère lobaire caudale se place à la face latérale puis un peu dorsalement à
la bronche lobaire caudale, qu'elle accompagne tout au long. L'artère lobaire moyenne
se porte aussi à la face latérale de la bronche correspondante. Quant à l'artère lobaire
crâniale, elle a un comportement plus variable. Quand la bronche lobaire crâniale prend
naissance à distance plus ou moins grande de la bronche et de l'artère lobaires moyen-
nes (c'est-à-dire à droite dans la quasi-totalité des Mammifères et en outre à gauche chez
ies Equidés), elle est en général accompagnée ventralement et médialement par l'artère
lobaire correspondante. Quand elle naît en commun avec la bronche lobaire moyenne
(cas du poumon gauche de l'Homme et des Mammifères domestiques autres que les Equi-
dés), l'artère se place le plus souvent latéralement à elle. Dans chaque lobe, la distribu-
tion des artères répète exactement celle des bronches : les artères segmentaires et
subsegmentaires accompagnent les bronches correspondantes latéralement dans les lobes
caudal et moyen, latéralement ou médialement selon le type dans le lobe crânial.
L'agencement des veines pulmonaires est bien différent de celui des artères et sera
décrit de façon plus précise à propos des poumons. Il nous suffira pour l'instant d'indi-
quer que, sauf dans quelques espèces (dont le Bœuf est le meilleur exemple), seules les
veines lobaires accompagnent les bronches correspondantes et qu'elles sont en règle
générale placées ventro-médialement à elles. Leurs racines et leurs affluents sont inter-
segmentaires.
Quant aux divisions des artères bronchiques et des nerfs, elles accompagnent fidè-
lement les bronches et seront aussi décrites avec les poumons.
La charpente est formée par les cartilages bronchiques (Cartilagines bronchales). Ces
derniers forment encore chez l'Homme des anneaux dorsalement incomplets dans la partie
(1) Aeby a le premier, en 1880, tenté de systématiser les bronches et leurs vaisseaux satellites. Il considérait toutefois les
bronches et les artères lobaires crâniales comme de simples collatérales de troncs bronchiques et artériels étendus du hile à l'extrémité
caudale du poumon. Il comptait ainsi l'artère pulmonaire proprement dite et l'artère lobaire caudale pour un seul et même vaisseau.
Attribuant une valeur primordiale aux rapports broncho-vasculaires, il qualifiait d'épartérielles les bronches dont l'origine se situe
crânialement au croisement de la bronche principale par l'artère pulmonaire telle qu'il la concevait et d'hypartérielles celles qui nais-
sent au-delà de ce croisement. Ainsi, chez les Equidés et les Chameaux, la bronche lobaire crâniale est épartérielle dans les deux
poumons, alors que la droite seule est épartérielle et la gauche hypartérielle dans tous les autres Mammifères domestiques et chez
l'Homme. Rares sont les espèces dont les deux bronches lobaires crâniales soient hypartérielles ; Ce type a été rencontré chez quel-
ques Rongeurs (dont le Porc-épic) et Lesbre en a signalé un cas, par anomalie chez le Bœuf. Aeby concluait de ces différences de
rapports que dans la majorité des Mammifères, les poumons étaient fondamentalement dissymétriques, le territoire équivalant au
lobe crânial du poumon droit manquant dans le poumon gauche. Cette théorie est tombée en désuétude, mais elle a été plusieurs
fois reprise avec des variantes et a été remise au goût du jour par Nakakuki entre 1975 et 1994. Nous en avons discuté le bien-fondé
page 723, à propos du développement des bronches.
é
730 -
extra-pulmonaire des bronches principales (qui présentent ainsi une petite paroi mem-
branacée) et se fragmentent ensuite. Chez les Mammifères domestiques, on trouve dès
la naissance des bronches principales des plaques cartilagineuses multiples disposées
tout autour du conduit. D'abord allongées transversalement, puis ovalaires ou losangi-
ques, ces lames se chevauchent par leurs extrémités, de sorte qu'il n'existe pas de plan
membraneux distinct comme dans la trachée. Elles sont réunies les unes aux autres et
comme enrobées par une membrane fibro-élastique qui fait suite à celle de la trachée.
Cette membrane, continue extérieurement avec l'adventice, est riche en fibres élasti-
ques, particulièrement chez les Equidés. Le réseau de ces fibres est surtout dense autour
de la couche des cartilages. Lorsque les bronches diminuent de calibre, ces derniers devien-
nent plus petits, s'écartent les uns des autres et peu à peu disparaissent : les bronchio-
les en sont tout à fait dépourvues, entièrement membraneuses. Le morcellement de la
charpente permet aux conduits de se prêter sans difficulté aux mouvements de dilata-
tion et de resserrement du poumon ,1) .
La sous-muqueuse est peu épaisse, lâche et occupée en partie par des groupes de
glandes bronchiques (Gll. bronchales). Ces dernières, déléguées par la muqueuse, sont
tubulo-acineuses, simples et contournées, de type muqueux. Elles peuvent localement
s'insinuer entre les cartilages, voire atteindre l'adventice. Leur développement varie avec
les espèces : elles sont très rares sinon absentes chez les Equidés, encore peu nombreuses
chez les Ruminants et le Chien mais plus abondantes chez le Chat. Chez ce dernier, elles
se rencontrent jusque dans les bronchioles prélobulaires, alors qu'elles disparaissent dans
les autres espèces dès le niveau des bronches subsegmentaires de moyen calibre.
La muscularis mucosae, relativement puissante, constitue le muscle bronchique (Mus-
culus bronchalis) — anciennement "muscle de Reisseissen" — qui équivaut par sa struc-
ture et sa fonction au muscle trachéal. Elle est plus complète que ce dernier, car étendue
à toute la paroi des bronches. Elle est formée de faisceaux circulaires ou spiroïdes de
fibres lisses, auxquels se mêlent des fibres élastiques, particulièrement nombreuses chez
les Equidés. Elle se poursuit jusque dans les bronchioles terminales.
La muqueuse est circulaire sur les coupes lorsque le poumon est distendu. Mais sur
les préparations histologiques ordinaires, elle apparaît fortement festonnée sur les bron-
ches de petit calibre et surtout dans les bronchioles, car elle a été plissée en long par
la rétraction du muscle bronchique. Sa propria mucosae est fibro-élastique et les fais-
ceaux élastiques, relativement forts, ont une orientation surtout longitudinale : c'est leur
présence qui détermine l'orientation des plis lors de la contraction du conduit. L'épithé-
lium repose sur une mince membrane basale. Il est pseudo-stratifié, cylindrique et cilié.
Les cellules indifférenciées sont nombreuses dans la partie profonde : elles sont desti-
nées au remplacement des autres. Aux cellules ciliées se mêlent aussi, en nombre varia-
ble selon les niveaux et les espèces, des cellules muqueuses caliciformes.
La muqueuse devient de plus en plus mince dans les bronches de petit calibre et
son épithélium prend progressivement le type cubique dans les bronchioles. Dans ces
dernières, elle constitue à elle seule presque toute la paroi. Les fibres élastiques de la
propria s'y raréfient et la couche musculaire devient faible et irrégulière tout en gardant
une orientation générale circulaire.
Les vaisseaux et nerfs sont nombreux. Les divisions artérielles proviennent des artères
bronchiques et alimentent deux réseaux capillaires, l'un sous-muqueux et l'autre muqueux,
dans la propria mucosae. Les veinules des bronches les plus petites aboutissent aux vei-
nes pulmonaires, celles des grosses bronches sont drainées par les veines bronchiques,
(1 ) Chez les Mammifères marins, au contraire, les bronches présentent jusqu'à l'étage segmentaire des anneaux cartilagineux
complets, ce qui leur permet de résister aux fortes pressions lors de la plongée.
732 -
Sans revenir sur les considérations théoriques développées plus haut, nous décri-
rons pour chaque espèce l'arbre aérifère tel qu'il se présente à la dissection. Mais il con-
vient de souligner que la nomenclature usuelle des bronches reste conventionnelle et peu
satisfaisante.
Les bronches ont une répartition presque symétrique dans les deux poumons. Les
deux bronches principales se séparent sous un angle de 60° environ et pénètrent immé-
diatement dans les poumons. La droite est un peu plus large que la gauche (3,5 à 4 cm
contre 3 à 3,5) et elle est un peu moins oblique latéralement. Elle est longue de 7 à
8 cm et se termine par la bronche lobaire moyenne et la bronche lobaire caudale. Elle
émet auparavant deux collatérales : la bronche lobaire crâniale et la bronche du lobe acces-
soire. La bronche lobaire crâniale naît à un ou deux centimètres à peine de la trachée.
Elle se porte latéralement puis crânialement jusqu'à l'apex du poumon, dans lequel s'épui-
sent ses divisions. Elle émet en général cinq rameaux segmentaires dorsaux et cinq ven-
traux, ces derniers plus grêles et plus crâniaux que leurs correspondants. La bronche
du lobe accessoire naît à la face médiale de la bronche principale, un centimètre environ
avant sa bifurcation terminale. Elle se porte médio-caudalement et après 5 à 6 cm se
termine par deux rameaux : l'un de ceux-ci va jusqu'à l'extrémité caudale du lobe acces-
soire ; l'autre en dessert la partie ventro-crâniale. La bronche lobaire moyenne ne porte
pas un lobe distinct en surface et se comporte en fait comme la première et la plus grosse
des divisions ventrales de la bronche lobaire caudale. Cette dernière, la plus volumineuse
de toutes, semble parfois prolonger directement la bronche principale. Le plus souvent,
734 -
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f
ï r
elle forme avec elle un angle très obtus du sommet duquel se détache la bronche lobaire
moyenne. A partir de là, elle se porte directement jusqu'à la partie la plus caudale du
poumon. Outre de nombreuses petites bronches complémentaires, elle émet deux séries
de bronches segmentaires, l'une dorsale et l'autre ventrale, alternantes et généralement
au nombre de cinq dans la série dorsale et de quatre ou cinq dans la série ventrale (non
comprise la lobaire moyenne). L'alternance n'est pas toujours régulière : il est assez
fréquent de constater la régression d'une des bronches ventrales, quelquefois deux,
suppléées par des bronches complémentaires médiales plus développées.
Dans le poumon gauche, on notera seulement que la bronche lobaire crâniale naît
à 3 ou 4 cm de la trachée et que la bronche accessoire fait défaut, comme le lobe lui-
même et comme dans les autres espèces. La distribution des trois bronches lobaires
s'effectue comme à droite.
Les bronches ont une distribution très différente d'un poumon à l'autre, le système
crânial étant à droite indépendant du système caudal et beaucoup plus développé qu'à
gauche. La bronche lobaire crâniale droite est donc la bronche trachéale, qui entre immé-
diatement dans le poumon. Elle se porte latéralement puis ventro-crânialement et décrit
vers la gauche une large courbe convexe ventralement pour aller jusqu'à l'apex du pou-
mon, étendu dans cette espèce jusque contre la paroi gauche du thorax. Elle émet cinq
bronches segmentaires dorsales bien développées. Ses rameaux segmentaires ventraux
sont au contraire très faibles sinon absents, à l'exception du premier, relativement fort,
qui naît très près de la trachée et porte un petit lobe particulier (voir poumon). La bron-
che principale droite, qui provient de la bifurcation trachéale, est un peu moins large que
la gauche et n'a pratiquement pas de trajet extra-pulmonaire. Elle se divise après un
trajet de deux à trois centimètres à peine en deux bronches, l'une pour le lobe moyen
et l'autre pour le lobe caudal. La bronche lobaire moyenne se dirige ventralement et se
bifurque vers la mi-hauteur du lobe qu'elle dessert. La bronche lobaire caudale, la plus
grosse, se porte jusqu'à l'extrémité caudale du poumon et fournit, outre de multiples
bronches complémentaires, deux séries de bronches segmentaires, une dorsale et une
Légende de la page 7 3 4 :
1 : Trachée - 2 : Bronche trachéale (lobaire crâniale droite) portant le lobe crânial droit
(a) et par sa première collatérale ventrale, le lobe moyen crânial (b) - 3 : Bronche principale
droite - 4 : Bronche principale gauche (remarquer sa longueur) - 5 : Bronche du lobe moyen
caudal (c) du poumon droit - 6 : Bronche du lobe accessoire (d) - e : Lobe caudal du pou-
mon droit - 7 : Bronche du « lobe crânial gauche » - en fait : tronc c o m m u n de deux bron-
ches de valeur lobaire, dont l'une porte le culmen (f) ou « partie crâniale du lobe crânial »
(le culmen équivaut au lobe crânial du poumon droit) et l'autre la lingula (g) ou « partie cau-
dale du lobe crânial » (la lingula équivaut au lobe moyen du poumon droit) - 8 : Bronche
du lobe caudal gauche (h).
736 -
ventrale. Les dorsales sont habituellement au nombre de cinq et les ventrales au nombre
de quatre. La bronche du lobe accessoire ne naît pas de la bronche principale, mais de
la lobaire caudale, à quelques millimètres à peine de la lobaire moyenne.
La bronche principale gauche n'est guère plus longue que la droite. Elle se divise dans
le hile même du poumon en une forte bronche ventro-crâniale et une bronche lobaire cau-
dale. La première est habituellement qualifiée de "bronche lobaire crâniale" et ses deux
divisions terminales de "rameaux", crânial et caudal. En fait, elle représente un court
tronc commun d'où procèdent deux bronches lobaires typiques : l'une est crâniale (bron-
che culminale), bien plus courte qu'à droite mais pourvue de bronches segmentaires carac-
téristiques (en général deux ou trois dorsales et une ou deux ventrales) ; l'autre est la
bronche lobaire moyenne (bronche lingulaire), qui se dirige ventralement et se distribue
par deux ou trois petites bronches segmentaires crâniales et autant de branches seg-
mentaires caudales, à disposition alternante. Quant à la bronche lobaire caudale, elle se
comporte et se distribue assez exactement comme celle du poumon droit (bronche du
lobe accessoire exceptée).
Du côté gauche, la bronche principale, un peu plus longue qu'à droite, se termine
par bifurcation. La division ventrale est un court tronc commun d'où procèdent les équi-
valents d'une bronche lobaire crâniale (culminale) et d'une bronche lobaire moyenne
(lingulaire). La première, nettement plus courte que la lobaire crâniale du lobe droit,
(suite du t e x t e p. 7 4 3 )
738 -
JL
742 -
a une distribution beaucoup plus régulière que chez les Ruminants. Elle fournit en effet
deux séries de quatre ou cinq bronches segmentaires, dorsales et ventrales, alternant
régulièrement. La bronche lobaire moyenne se ramifie comme celle du poumon droit, en
deux séries alternantes, crâniale et caudale : on compte généralement six bronches dans
chacune de ces séries. Quant à la ramescence de la bronche lobaire caudale, elle est en
tout point comparable à celle du poumon droit, à le différence près qu'il n'y a pas de
bronche pour un lobe accessoire.
Les bronches ont une distribution plus étendue à droite qu'à gauche, mais le système
crânial est très développé des deux côtés. A droite, la bronche lobaire crâniale naît à l'ori-
gine même de la bronche principale, de sorte que la trachée se termine par trifurcation.
Cette bronche crâniale, volumineuse et longue, émet cinq ou six collatérales dorsales
et autant de ventrales, dont l'alternance est peu marquée, les bronches de chaque paire
naissant à peu près au même niveau. Les deux bronches segmentaires de la première
paire prennent même souvent naissance par un tronc commun à la face latérale de la
bronche lobaire. Il est fréquent de voir cette dernière se dédoubler sur une plus ou moins
grande partie de son trajet en deux divisions presque parallèles, dont l'une porte les bron-
ches segmentaires dorsales et l'autre les bronches ventrales. Cette disposition, que nous
avons retrouvée dans d'autres Carnivores, n'a pas été observée chez les autres Mammi-
fères domestiques. La bronche principale droite, un peu plus grosse que la précédente,
est très courte et ne forme avec le plan médian qu'un angle d'une vingtaine de degrés.
Elle se divise presque aussitôt en deux bronches lobaires, moyenne et caudale. La bron-
che lobaire moyenne est longue ; elle délègue deux séries, crâniale et caudale, de cinq
ou six bronches segmentaires assez régulièrement alternantes. La bronche lobaire cau-
dale, plus forte mais plus courte que son homologue crâniale, émet du côté médial, peu
après son origine, la bronche du lobe accessoire, relativement volumineuse et elle-même
divisée en deux rameaux, un ventral et l'autre caudal. Elle fournit ensuite les bronches
segmentaires dorsales et ventrales, au nombre de cinq ou six dans chaque série.
La bronche principale gauche fait avec le plan médian un angle de 35 degrés envi-
ron. Elle se divise après un trajet de deux ou trois centimètres chez un chien de taille
moyenne en deux grosses bronches, l'une ventrale et l'autre caudale. La première de
ces divisions (habituellement qualifiée à tort de "lobaire crâniale") représente, comme
chez les Ruminants et le Porc, un court tronc commun d'où proviennent les équivalents
de deux bronches lobaires (fort improprement qualifiées de segmentaires par la plupart
des auteurs), l'une crâniale et l'autre moyenne. La bronche crâniale (culminale) est un
peu moins longue que son homologue droite mais fournit comme elle six ou sept collaté-
rales dorsales et autant de ventrales. Les variations sont un peu moins fréquentes qu'à
droite. La bronche lobaire moyenne (lingulaire) est aussi un peu plus courte que celle de
droite mais se distribue comme elle. La bronche lobaire caudale est la plus forte. Sa rames-
cence s'effectue aussi comme à droite, mais l'alternance des collatérales est en général
plus régulière et le lobe accessoire faisant défaut, il n'y a pas de bronche correspondante
distincte de ce côté.
744 -
Les bronches sont caractérisées par une ramescence moins étroitement orientée dans le sens
ventro-dorsal que chez les Mammifères domestiques, les bronches complémentaires médiales et
latérales étant plus développées. Leur structure est en outre annelée dans leur partie extra-pulmonaire,
dont la face dorsale présente une paroi membranacée analogue à celle de la trachée, qu'elle conti-
nue. Le système des bronches crâniales est remarquablement développé dans les deux poumons.
La bronche principale droite, la plus large, n'a que 2,5 c m de long jusqu'à l'émission de la bronche
lobaire crâniale (ou supérieure). Mais elle se poursuit en fait sur deux ou trois centimètres au-delà,
avant de se terminer par une bronche lobaire moyenne et une lobaire caudale (ou inférieure). Le
nombre des collatérales segmentaires fournies par chacune de ces bronches lobaires est plus faible
que chez les Mammifères domestiques, leurs origines sont moins espacées et chacune a reçu un
nom particulier. Il en résulte quelques difficultés — qui sont d'ailleurs aisément surmontables —
pour la détermination des homologies avec celles des Mammifères domestiques. La bronche cor-
respondant à celle du lobe accessoire de ces derniers ne porte pas de lobe extérieurement délimité.
La bronche principale gauche, longue de 5 c m et plus oblique que la droite, se termine par bifurca-
tion comme chez les Carnivores ou les Ruminants. Il y a donc un tronc c o m m u n pour les deux bron-
ches qui équivalent respectivement à la lobaire supérieure et à la lobaire moyenne du poumon droit.
Celle qui équivaut à une lobaire moyenne est qualifiée de bronche lingulaire. Quant à la bronche
lobaire caudale (ou inférieure), elle se distribue à peu près comme dans l'autre poumon, c'est-à-dire
qu'elle fournit deux collatérales dorsales (dont la première est dite "apicale du lobe inférieur") et
une ou deux ventrales.
746 -
- C œ u r et péricarde
Incisure cardiaque
Lobe caudal
du poumon droit Lobe accessoire
du poumon droit
Bord basai
du poumon droit
Bord basai
du poumon gauche
Base
du poumon droit
Base du poumon gauche
Face diaphragmatique
du poumon Face diaphragmatique
du poumon gauche
CHAPITRE IV
POUMONS
Les poumons (Pulmones) sont les organes essentiels de la respiration, dans lesquels
s'effectue l'hématose. Ils sont au nombre de deux, un droit et un gauche. Spongieux
et élastiques, ils occupent presque toute la cavité du thorax. Chacun d'eux est entière-
ment entouré d'une séreuse particulière ou plèvre, à travers laquelle il se moule sur les
parois et les autres organes de la cavité thoracique. Il est appendu au médiastin, cloison
formée par l'adossement des deux plèvres pariétales sur le plan médian.
(1) Le poumon possède effectivement une activité sécrétoire. Chez le fœtus, la ligature de la trachée provoque en quelques
jours une augmentation importante du volume de l'organe, qui est distendu par l'accumulation de liquide dans ses cavités.
748 -
Trachée Œsophage
Cœur et péricarde
Lobe moyen du poumon droit
interlobaire
Lobe caudal du poumon
Lobe caudal
Veine cave caudale
du poumon gauche
Lobe accessoire
Bord basai
du poumon droit
du poumon gauche
La structure lobulaire reste très nette pendant toute la vie fœtale. Vers la fin de cette
période, la paroi des sacs alvéolaires devient de plus en plus mince, et continuant son
expansion, produit enfin les alvéoles : c'est la période alvéolaire (Periodus alveolaris).
L'achèvement de cette structure n'est complet qu'après la naissance. Il est consécutif
à rétablissement des mouvements respiratoires et à l'envahissement des conduits et des
alvéoles par l'air, qui les déploie en quelque sorte. Il en résulte en outre l'amincissement
et l'effacement plus ou moins complet des cloisons conjonctives interlobulaires, ainsi
qu'un changement profond de l'aspect du tissu pulmonaire.
CARACTÈRES PHYSIQUES
La couleur varie beaucoup selon les conditions d'examen. Sur le fœtus, le poumon
présente une coloration rouge foncé rappelant un peu celle du foie. Dès que la respira-
tion s'est établie, l'organe, envahi par l'air, occupe la totalité de l'espace disponible dans
le thorax et pâlit considérablement malgré l'augmentation de l'afflux sanguin. Chez
l'adulte, il est d'une couleur rosée, plus ou moins foncée selon le degré d'insufflation
et suivant la quantité de sang qu'il renferme. La teinte devient plus pâle quand l'organe
est fortement gonflé. Elle devient au contraire rouge plus ou moins sombre quand le sang
s'y accumule. En dehors de toute altération pathologique, on peut ainsi constater que
le poumon du côté sur lequel un animal est mort est en général plus coloré que son con-
génère : cette accumulation passive du sang dans les régions déclives constitue l'hypo-
stase sanguine. Chez les jeunes, la surface de l'organe est uniformément rosée. Chez
les sujets plus âgés, elle devient souvent peu à peu marbrée de fines stries grisâtres,
qui dessinent parfois de façon nette le contour des lobules. Cette évolution est en géné-
ral tardive et discrète chez les Ongulés, en dehors de quelques cas exceptionnels (ex. :
chevaux de mine). Elle est au contraire habituelle et bien marquée dans l'espèce humaine
et chez les Carnivores qui vivent dans les villes. Ce phénomène est dû à l'absorption dans
l'air inspiré de très fines particules poussiéreuses colorées (charbon, fumées). Celles-ci,
parvenues au niveau de la paroi alvéolaire, sont captées par les macrophagocytes puis
déposées dans la trame interlobulaire ainsi que dans les nœuds lymphatiques.
La consistance est molle et spongieuse. Le tissu pulmonaire est pourtant très résis-
tant et ne se laisse que difficilement déchirer. En dehors des atteintes pathologiques,
de fortes pressions sont nécessaires pour provoquer la rupture des parois alvéolaires.
750 -
Œsophage
Trachée
Face costale d u p o u m o n droit
Face
diaphragmatique
du poumon g .
Scissure interlobaire
crâniale
B o r d ventral
et incisure cardiaque
Lobe c r â n i a l d u p o u m o n g a u c h e (Partie c r â n i a l e ou c u l m e n )
Face costale du p o u m o n g a u c h e
Lobe c a u d a l du p o u m o n g a u c h e
B o r d dorsal
Trachée
Œsophage
Apex d u
poumon gauche
Apex du p o u m o n droit
Bord ventral
et i n c i s u r e cardiaque
Face d i a p h r a g m a t i q u e
Cœur e t p é r i c a r d e du poumon droit
Lobe c r â n i a l d u p o u m o n g a u c h e
(Partie c a u d a l e o u l i n g u l a ) '
VUE LATÉRALE G A U C H E
Le passage de très fines bulles d'air dans la trame conjonctive (emphysème pulmonaire)
modifie alors les caractères du tissu pulmonaire, qui semble perdre son élasticité et cré-
pite finement sous le doigt.
L'élasticité de ce tissu est très remarquable. C'est elle qui provoque l'affaissement
immédiat ou collapsus de l'organe dès que la poitrine a été ouverte (pneumothorax). C'est
encore elle qui provoque la rétraction du poumon isolé, lorsque celui-ci est libéré après
une forte insufflation. Normalement équilibrée par la très basse pression qui règne dans
la cavité thoracique, cette élasticité permet le jeu des poumons au cours des mouve-
ments respiratoires. Elle explique aussi l'action de ventouse exercée par ces organes sur
le diaphragme, qui se trouve toujours fortement tendu tant que le thorax reste herméti-
quement fermé.
Le poids est, comme celui du foie et de la rate, très variable d'un sujet à l'autre et
surtout selon les conditions de l'examen. Ces organes sont en effet très exposés à la
surcharge sanguine, qui augmente leur poids de façon notable. Le simple phénomène
d'hypostase, déjà signalé, peut modifier la prédominance pondérale d'un poumon sur
l'autre, pour peu que l'animal n'ait pas été saigné complètement. La saignée s'accompa-
gne en effet d'une importante réduction de la masse sanguine des poumons, qui devien-
nent beaucoup plus légers dans ces conditions.
Les variations spécifiques sont liées à celles de la capacité thoracique. Les poumons
des Equidés sont relativement plus lourds que ceux des autres espèces. Le poids relatif,
calculé chez des animaux sacrifiés par saignée, est en effet en moyenne de l'ordre de
1,5 % du poids vif chez le Cheval, de 1,15 % chez le Porc et 1 % chez le Bœuf et les
Carnivores.
Le poumon droit est dans toutes les espèces plus lourd que le gauche. La différence
est en général de l'ordre de 10 % du poids total des deux organes (55 % pour le droit
contre 45 % pour le gauche). Elle est toutefois beaucoup plus grande chez les Ruminants,
dont le poumon droit atteint 60 %, voire 65 % du poids total et le gauche 40 %, voire
35 % seulement.
On remarquera en outre que le poids des poumons est beaucoup plus faible chez
le fœtus à terme, qui n'a pas respiré, que chez le nouveau-né de même poids, qui a res-
piré. L'entrée en fonction de l'organe s'accompagne en effet d'un afflux sanguin consi-
dérable. Après la naissance, le poids des poumons augmente de près de moitié. Sa
détermination peut être utilisée en médecine légale pour rechercher si un nouveau-né a
ou non respiré (docimasie pulmonaire par pesée).
La densité est remarquablement faible, en raison de la présence de l'air dans les alvéo-
les. Elle est en général voisine de 0,5 : le tissu pulmonaire flotte toujours sur l'eau. C'est
seulement chez le fœtus que le poumon est plus dense que l'eau (1,06 en moyenne) et
il ne devient plus léger que si on l'insuffle. Ce caractère est aisément utilisable en méde-
cine légale pour savoir si un nouveau-né a ou non respiré (docimasie pulmonaire hydros-
tatique).
Ajoutons que le poids spécifique est encore beaucoup plus faible lorsque l'organe
est en place dans un thorax intact. Lorsqu'on ouvre celui-ci, les poumons s'affaissent
en effet à cause de leur grande élasticité. Ils perdent à ce moment près des deux tiers
de leur volume, sans que leur poids absolu varie de façon notable. Pour cette même rai-
son, il est extrêmement difficile d'estimer de façon précise le volume et les dimensions
de ces organes.
Le calcul a montré d'autre part que la surface respiratoire totalisée par l'ensemble
des alvéoles est toujours largement supérieure à celle du corps. Son étendue est propor-
tionnelle à l'intensité du métabolisme. Selon Jedenov (1954), elle serait de l'ordre de
752 -
Lobe crânial
VUE MÉDIALE
La face costale (Faciès costalis) est latérale, moulée sur la paroi correspondante du
thorax. Elle est convexe et présente l'empreinte des côtes, bien visible seulement après
fixation.
La face médiale (Faciès medialis) est bien moins étendue. A peu près verticale, elle
est séparée de celle du poumon opposé par le médiastin. Près du bord dorsal, elle est
toutefois en rapport avec la colonne vertébrale, qui la déprime légèrement : c'est sa par-
tie vertébrale (Pars vertebralis), beaucoup moins étendue chez les Mammifères domesti-
ques que chez l'Homme, alors que le reste constitue la partie médiastinale (Pars
mediastinalis). Cette dernière est déprimée dans ses deux tiers ventraux, en regard du
cœur, par une large fosse dans laquelle est moulé cet organe : c'est l'empreinte cardia-
que (Impressio cardiaca). Au bord dorso-caudal de cette dépression se trouve le hile du
poumon (Hilus pulmonis), qui donne implantation à la racine du poumon, c'est-à-dire à
la bronche principale et aux vaisseaux qui l'accompagnent. Un peu crânialement au hile
commence un large sillon qui part du bord dorsal de l'empreinte cardiaque et se recourbe
dorso-caudalement pour rejoindre la limite de la partie vertébrale : c'est l'empreinte aor-
tique (Impressio aortica), généralement plus nette à gauche qu'à droite. La partie du pou-
mon située crânialement à cette empreinte et à celle du cœur est lisse et planiforme (sauf
sur le poumon droit des Ruminants, où elle est fortement excavée d'un côté à l'autre
pour s'étendre ventralement puis à gauche de la trachée et de ses gros vaisseaux satelli-
tes). Elle est déprimée par une large empreinte longitudinale, plus profonde à droite qu'à
gauche, qui se porte en direction du hile, qu'elle atteint à droite : c'est l'empreinte de
l'ensemble constitué par la trachée, l'œsophage et de gros vaisseaux dont le principal
est la veine cave crâniale111. Vers le milieu de l'empreinte trachéale, le poumon droit des
Ruminants et des Porcins montre un petit hile accessoire, dans lequel pénètre la bronche
trachéale. Quant à la partie de la face médiale qui s'étend caudalement au hile et qui
répond au médiastin caudal, elle est triangulaire et s'étire en pointe en direction dorso-
caudale. Elle montre l'empreinte œsophagienne (Impressio oesophagea), qui forme un
sillon longitudinal peu profond. Elle porte aussi l'insertion du ligament du poumon, qui
commence au hile et s'étend jusqu'à son extrémité caudale. Chez les grands Ongulés,
cette attache est très élargie au voisinage du hile, où elle se convertit en une surface
d'adhérence au niveau de laquelle les deux poumons sont directement accolés, sans
(1) Cette empreinte très visible, qui pourrait être nommée "Impressio trachealis", n'est mentionnée ni dans les N.A. ni dans
les N.A.V.
754 -
Bord dorsal
revêtement pleural. Enfin, dans le poumon droit de tous les Mammifères domestiques
(mais non de l'Homme), la partie ventrale de cette région appartient à un lobe particulier,
dit lobe accessoire. Ce dernier est isolé latéralement du reste de l'organe par une pro-
fonde fissure longitudinale, élargie à son fond pour former le sillon de la veine cave cau-
dale (Sulcus venae cavae caudalis) ; ce vaisseau s'y loge depuis le diaphragme jusqu'à
la base du cœur et reste uni par un méso spécial à la paroi ventrale du thorax.
Le bord dorsal est encore qualifié de bord épais (Margo dorsalis, s. obtusus). Il est
en effet arrondi d'un côté à l'autre et occupe sur le vivant le sillon costo-vertébral ou
sillon pulmonaire. Il est comme celui-ci, convexe en long et de plus en plus large en allant
vers le diaphragme.
Le bord ventral (Margo ventralis) est beaucoup plus court. Mince et comme tran-
chant, il est logé dans le récessus costo-médiastinal, angle dièdre formé par le médiastin
et la partie ventrale de la paroi thoracique. Il est échancré, en regard de l'empreinte car-
diaque de la face médiale, par l'incisure cardiaque (Incisura cardiaca). Celle-ci est beau-
coup plus marquée sur le poumon gauche que sur le droit, où elle peut même manquer
dans quelques espèces (Homme). C'est pour cette raison qu'on pratique l'auscultation
du cœur du côté gauche chez les Mammifères domestiques.
La base du poumon (Basis pulmonis) est coupée très obliquement en direction ventro-
crâniale et médiale. Elle se moule exactement sur le diaphragme par une surface lisse,
régulièrement concave, qui constitue la face diaphragmatique (Faciès diaphragmatica)
de l'organe, face circonscrite par un bord ellipsoïde qui la sépare des faces médiale et
latérale. La partie médiale de ce bord est obtuse, légèrement concave et voisine de son
homologue du poumon opposé. La partie latérale, beaucoup plus longue, est fortement
convexe, mince et comme tranchante : c'est le bord basai (Margo basalis), qui s'insinue
dans le récessus costo-diaphragmatique de la plèvre, plus profondément dans l'inspira-
tion que dans l'expiration, mais sans jamais en atteindre le fond. L'ensemble des bords
basai et ventral constitue le bord mince (Margo acutus) du poumon, par opposition au
bord épais, qui est dorsal. Sur le poumon droit des Mammifères domestiques, la face
diaphragmatique est en partie occupée par le lobe accessoire.
Le sommet ou apex du poumon (Apex pulmonis) forme une sorte d'appendice épais
et arrondi, recourbé ventralement à la trachée et crânialement à l'incisure cardiaque. Il
occupe la coupole de la plèvre, c'est-à-dire le cul-de-sac que forme cette séreuse dans
l'ouverture crâniale du thorax. Chez les Ruminants, l'apex du poumon droit est particu-
lièrement épais et volumineux, tandis que celui du poumon gauche est court et pointu.
Chez le Lapin, l'apex est bref et obtus dans les deux poumons.
Bord
Lobe
S c i s s u r e interlobaire c a u d a l e
L o b e moyen
VUE LATÉRALE
B o r d dorsal aortique
' Artère bronchique du poumon
Racine d u p o u m o n Bronche principale Surface d ' a d h é r e n c e a u p o u m o n g a u c h e
Artère pulmonaire œsophagienne
t V. p u l m o n a i r e s médiastinale ) F a œ m é d i a l e
A r t è r e lobaire c r â n i a l e vertébrale )
Bronche
V e i n e l o b a i r e crâniale
Empreinte
de la
Emoreinte
de la v e i n e
cave c r â n i a l e
caudal
Ligament pulmonaire
Face d i a p h r a g m a t i q u e
Sillon d e la v e i n e cave c a u d a l e
Lobe B o r d basai
Lobe moyen
Incisure c a r d i a q u e
accessoire
Empreinte cardiaque
Bord
L o b e moyen c a u d a l S c i s s u r e interlobaire c a u d a l e
VUE MÉDIALE
caractérisés par leur organisation autant sinon plus que par la délimitation extérieure que
leur confèrent les scissures. A cet égard, les poumons des Equidés présentent un agen-
cement lobaire qui ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces.
La signification fonctionnelle des fissures et des lobes n'est pas complètement con-
nue. On peut seulement remarquer que la fissuration est d'autant plus profonde que la
colonne vertébrale est plus souple, plus mobile et les mouvements du diaphragme plus
amples. Mais ces facteurs interfèrent avec d'autres, tels que la topographie et le volume
du cœur, la forme du thorax, le poids et la disposition du foie, de l'estomac et de l'intes-
tin, sans qu'on puisse en dégager de règle absolue. Il est certain que la division en lobes
répond à des nécessités mécaniques et facilite le jeu des poumons, mais elle obéit à un
déterminisme génétique bien propre à chaque espèce. Le nombre et la profondeur des
fissures sont en outre sujets à des variations individuelles, en général de faible importance.
Chaque lobe étant desservi par une bronche lobaire qui lui est propre, nous retrou-
vons ici les divisions annoncées dans l'étude des bronches. Il existe dans chaque pou-
mon deux lobes fondamentaux, l'un crânial (Lobus cranialis) et l'autre caudal (Lobus
caudalis). Dans chacun de ceux-ci, le territoire desservi par la première bronche segmen-
taire ventrale peut prendre une organisation lobaire et s'isoler par une fissure : il donne
ainsi naissance à un lobe supplémentaire, dit lobe moyen (Lobus médius) — anciennement
"lobe cardiaque" — dont la disposition est très variable.
Le poumon droit est en règle générale le plus fortement lobé. Chez le Bœuf, il pré-
sente ainsi deux lobes moyens, l'un crânial et l'autre caudal, beaucoup plus fort. Dans
la quasi-totalité des autres Mammifères, seul est présent ce dernier, qui constitue donc
l'unique lobe moyen. Et comme le lobe accessoire (Lobus accessorius) — anciennement
"lobe azygos" — s'isole en outre caudalement au hile pour combler l'espace compris
entre la veine cave caudale et son méso d'une part, le médiastin d'autre part (récessus
du médiastin), le poumon droit présente en définitive le plus souvent quatre lobes : crâ-
nial, moyen, caudal et accessoire. Le lobe caudal est toujours le plus gros et le lobe acces-
soire le plus faible. Le lobe crânial, réduit chez le Lapin, est au contraire volumineux chez
les Ruminants et presque aussi long que le lobe caudal chez les Carnivores ; son déve-
loppement est intermédiaire dans les autres espèces. On nomme fissure interlobaire cau-
dale (Fissura interlobaris caudalis) celle qui sépare le lobe caudal du lobe moyen et fissure
interlobaire crâniale (Fissura interlobaris cranialis) celle qui sépare ce dernier du lobe crâ-
nial11!. Dans les deux poumons, l'obliquité de la fissure caudale est telle que les lobes
moyen et crânial couvrent un peu latéralement le lobe caudal.
Dans le poumon gauche, le nombre des lobes est presque toujours plus faible, du
moins en apparence. Dans la plupart des espèces, on ne trouve de ce côté que deux lobes,
l'un crânial et l'autre caudal, séparés par une seule fissure (dite "scissure oblique" chez
l'Homme). Mais l'examen de l'organisation du lobe crânial montre qu'il s'agit là en réa-
lité d'un lobe d'essence double, qui porte sur un pédoncule commun des territoires équi-
valant au lobe crânial et au lobe moyen du poumon droit. Ces territoires sont
respectivement qualifiés de partie crâniale (Pars cranialis) ou mieux culmen (portant l'apex)
et de partie caudale (Pars caudalis) ou mieux lingula. Une fissuration incomplète souli-
gne d'ailleurs cette duplicité dans nombre d'espèces. Seuls, les Equidés ont un poumon
gauche à peu près symétrique du poumon droit, le territoire lobaire crânial restant des
deux côtés indépendant du territoire lobaire moyen, lequel est entièrement accolé à celui
(1) Dans le poumon humain, la fissure interlobaire caudale est qualifiée de "scissure oblique" et la fissure interlobaire crâniale
de "scissure horizontale". Ces termes sont évidemment inapplicables à l'Anatomie comparée.
758 -
Bord dorsal
Face costale
Lobe crânial
{Partie crâniale
ou culmen)
Rudiment de scissure
interlobaire
Bord basai
caudal
VUE LATÉRALE
poumon
du
P. vertébrale
A . pulmonaire J
Bord dorsal
Empreinte
Empreinte œsophagienne
Lobe crânial
(Partie crâniale
ou culmen)
Rudiment de scissure
interlobaire crâniale
Ligament pulmonaire
Empreinte cardiaque
Bord basai
Face diaphragmatique
Lobe caudal
Scissure
VUE MÉDIALE
du lobe caudal. Rappelons enfin qu'il n'y a de lobe accessoire dans le poumon gauche
d'aucune des espèces qui nous occupent. Par contre, ce lobe est distinct dans le pou-
mon gauche du cobaye.
Dans chaque lobe, la dissection détermine l'existence de territoires définis, adjacents
mais distincts, dont chacun est desservi par une bronche propre, dite segmentaire, et
un système vasculaire particulier. Il s'agit là des segments broncho-pulmonaires (Seg-
menta bronchopulmonalia), qui constituent dans le lobe crânial et dans le lobe caudal
quatre séries : dorsale, ventrale, médiale et latérale. Les séries dorsale et ventrale sont
de loin les plus importantes, les deux autres étant accessoires. L'organisation segmen-
taire du lobe moyen est plus variable : elle correspond à des degrés plus ou moins pous-
sés de l'évolution de ce dernier vers la structure lobaire et souligne le caractère secondaire
de son développement. Au lobe accessoire correspond enfin un segment particulier (Seg-
mentum accessorium) (1) .
Il existe entre lobes et segments des différences caractéristiques d'organisation. Dans
chaque lobe, l'axe broncho-vasculaire groupe toujours la bronche lobaire et les vaisseaux
lobaires, veineux aussi bien qu'artériels ; la bronche lobaire se distribue par des bran-
ches segmentaires régulièrement alternantes. Chaque segment est porté de même par
une bronche axiale, mais celle-ci se divise par fausse dichotomie et non plus sur le mode
monopodique. D'autre part, si elle est bien toujours accompagnée par les divisions seg-
mentaires des artères, les veines en sont en général éloignées et sont intersegmentaires.
Les Bovidés (ainsi que quelques espèces sauvages d'autres familles) font toutefois excep-
tion, les veines étant axiales et juxtabronchiques dans les segments comme dans les lobes.
Le changement d'organisation qui caractérise la transformation d'un segment en lobe
peut être suivi sur le lobe moyen, lorsqu'on étudie celui-ci en passant des Equidés aux
Ruminants, puis aux Porcins et enfin aux Carnivores.
Le ligament pulmonaire (Ligamentum pulmonale) n'est autre que le méso qui met
en continuité la plèvre du médiastin et celle du poumon. Il est étroit et allongé. Son extré-
mité crâniale est continue comme nous venons de le voir avec le revêtement séreux de
la racine, tandis que son extrémité caudale atteint le diaphragme ou son voisinage immédiat
et se termine par un court bord libre. Il est ainsi inséré sur le seul lobe caudal du poumon,
(1) En fait, l'analyse de la ramescence broncho-vasculaire dans le lobe accessoire devrait conduire à y reconnaître deux seg-
ments, l'un ventro-crânial et l'autre dorso-caudal.
760 -
Première côte
Projection du récess.
costo-diaphragmatique
de la plèvre
Poumon droit
Poumon d r o i t :
crânial
interlob. crân» V
COTÉ DROIT
du récessus
costo-diaphragmatique
d e la plèvre
Projection des insertions
Projection
costales du diaphragme
de la convexité
Coupole
pleurale
Lobe crânial (Culmen) f
du poumon gauche
Lobe crânial
du poumon droit
Poumon gauche:
caudal <
Bord basai
COTÉ GAUCHE
dont les autres lobes sont donc entièrement libres. Chez les Equidés, la moitié crâniale
de ce ligament s'épaissit de façon progressive mais importante et ses feuillets encadrent
la zone d'adhérence interpulmonaire signalée plus haut, laquelle se continue jusqu'au hile.
Une adhérence semblable mais moins étendue existe chez les Ruminants, dont le pou-
mon droit adhère en outre à la trachée jusqu'au niveau de la bronche trachéale.
Les rapports des poumons ont été énumérés à propos de la conformation extérieure,
puisque ces organes portent les empreintes de presque tous les éléments qui constituent
les parois ou le contenu de la cavité thoracique. Pour plus de détails, on pourra consul-
ter, au chapitre suivant, la description des parois du thorax et celle du médiastin.
Quant à la topographie, qui présente un grand intérêt pour le clinicien, elle sera pré-
cisée pour chaque espèce. D'une façon générale, le poumon est beaucoup moins com-
plètement explorable chez les Mammifères domestiques et surtout chez les Ongulés que
chez l'Homme. Le bord dorsal, logé dans le sillon pulmonaire du thorax, est masqué par
la masse des muscles juxtavertébraux, qui fait écran à l'auscultation. Le bord ventral est
également peu explorable dans les grandes espèces, en raison de l'épaisseur des mus-
cles pectoraux et de l'importance de l'aire cardiaque, surtout à gauche. L'apex dépasse
généralement un peu le niveau de la première côte, mais la présence de l'épaule le rend
inexplorable, chez les Equidés au moins. Le bord basai atteint en général l'avant-dernière
côte par son extrémité dorsale, mais n'est bien auscultable que ventralement au muscle
ilio-costal. Il effectue des déplacements alternatifs de faible amplitude, synchrones des
mouvements respiratoires et reste toujours à distance du sinus costo-diaphragmatique
de la plèvre. En définitive, la partie du poumon la mieux explorable est celle qui est située
caudalement au cœur et au bras et donc surtout le lobe caudal. Toutefois, la minceur
relative de la paroi et des muscles, ainsi que l'ampleur des déplacements qu'on peut impri-
mer à l'épaule et au bras permettent une exploration beaucoup plus complète chez les
Carnivores que chez les Ongulés.
SÉREUSE
C'est le feuillet viscéral de la plèvre. Sa surface est libre et parfaitement lisse. Sa
face profonde adhère fortement au tissu sous-jacent, dont elle ne peut être détachée.
Elle comporte, sous son très mince mésothélium, une couche conjonctive caractérisée
par la présence d'une partie superficielle riche en fibres élastiques et d'une partie pro-
fonde, riche en fibres collagènes entrecroisées dans un plan tangentiel. Cette couche
sous-mésothéliale est particulièrement épaisse chez les Ruminants et le Porc, un peu plus
mince chez les Equidés, très faible chez les Carnivores et le Lapin. Elle enveloppe chaque
lobe et délègue en profondeur les cloisons et travées qui subdivisent le parenchyme.
CHARPENTE CONJONCTIVO-ÉLASTIQUE
On peut distinguer deux parties dans le conjonctif pulmonaire. La première est for-
mée par celui qui accompagne depuis le hile le pédicule broncho-vasculaire de l'organe
puis ses subdivisions dans l'axe de chaque lobe et de chaque segment. Elle les engaine
et se prolonge jusqu'autour de leurs branches les plus fines, en devenant de plus en plus
discrète et délicate. Elle forme finalement le conjonctif axial, lâche et peu abondant, de
chaque lobule pulmonaire.
762 -
L'autre partie est constituée par les cloisons qui partent de l'enveloppe conjonctivo-
élastique périphérique et plongent dans le parenchyme en séparant les segments puis
leurs subdivisions. Ce conjonctif est caractérisé par sa richesse en fibres élastiques et
par la présence de nombreux vaisseaux lymphatiques et veineux. Relativement impor-
tant entre les segments, il envoie des cloisons de refend de plus en plus discrètes entre
les subdivisions de ces derniers et forme enfin la trame périlobulaire et intralobulaire. Son
abondance, et par conséquent la netteté de la lobulation varient avec l'âge et l'espèce
envisagée. D'une façon générale, les cloisons sont plus développées chez le jeune ; impor-
tantes chez le fœtus, où la lobulation est toujours très nette, elles tendent au contraire
à s'effacer chez le sujet âgé, où elles deviennent plus fibreuses. D'autre part, la segmen-
tation et la lobulation pulmonaires, faits d'organisation communs à tous les Mammifè-
res, ne se manifestent pas chez tous avec la même netteté. Les cloisons et travées sont
très évidentes chez le Bœuf, où elles sont épaisses, extrêmement riches en gros vais-
seaux lymphatiques et dessinent un réseau caractéristique à la surface de l'organe. Leur
développement est un peu moindre chez les autres Ruminants et chez le Porc. Moins
nettes encore chez les Equidés adultes, elles sont enfin à peu près complètement effa-
cées chez les Carnivores.
Chaque lobule secondaire (Lobulus pulmonis secundarius) est appendu à une bron-
chiole terminale (Bronchulus terminalis). De petit calibre, (2 à 3 mm dans les grandes
espèces), celle-ci est accompagnée de deux artérioles provenant l'une de l'artère pulmo-
naire et l'autre, bien plus grêle, de l'artère bronchique. Ces conduits se prolongent dans
l'axe du lobule et se terminent à peu près à mi-hauteur de celui-ci par bifurcation. Dans
son trajet, la bronche a émis, de même que les artérioles, plusieurs collatérales, ordinai-
rement deux ou trois, parfois quatre. Chacune des branches collatérales ou terminales
se divise bientôt à son tour en deux rameaux plus ou moins égaux, qui se subdivisent
de même une ou plusieurs fois de suite, jusqu'à donner un total d'une cinquantaine à
une centaine de bronchioles respiratoires, dont chacune, accompagnée de ses artério-
les, porte un lobule primaire.
764 -
Veine supralobulaire
(drainée par une veine
Bronchiole terminale
Veine périlobulaire
Veine périlobulaire
Septum
Rameaux de la
terminale
Bronchioles
respiratoires
Réseau alvéolaires
capillaire
de Atriums
alvéolaires
Alvéoles
pulmonaires
Le conjonctif lobulaire est fort peu abondant. L'enveloppe des lobules, épaisse chez
les Ruminants et le Porc, est mince chez les Equidés, le Lapin et l'Homme et presque
absente chez le Chien et le Chat. Mais dans les lobules eux-mêmes, on ne trouve qu'un
très mince manchon axial autour des bronchioles et artères terminales et, se portant de
l'enveloppe à cet axe, de délicates trabécules portant les septums interalvéolaires décrits
plus loin.
LOBULES PRIMAIRES
Chaque lobule primaire (Lobulus pulmonis primarius), est porté par un des rameaux
ultimes de la bronchiole terminale, lequel se divise aussitôt en plusieurs branches dont
chacune est une bronchiole respiratoire (Bronchulus respiratorius). Celle-ci se divise à
son tour pour donner rapidement naissance à des conduits plus larges, dont la paroi très
amincie porte quelques bosselures irrégulières sur leur face opposée à l'artère satellite :
ce sont les conduits alvéolaires (Ductuli alveolares), dont la paroi comporte encore quel-
ques fibres élastiques et quelques myocytes lisses. Chacun de ces conduits aboutit après
un court trajet à une dilatation également bosselée, dite atrium alvéolaire (Atrium alveo-
lare), dont procèdent plusieurs courts et larges sacs alvéolaires (Sacculi alveolares). La
paroi de ces derniers est presque entièrement remplacée par les orifices de multiples souf-
flures qui les entourent complètement : les alvéoles pulmonaires (Alveoli pulmonis).
L'ensemble constitue un arbre alvéolaire (Arbor alveolaris) ou acinus pulmonaire (Acinus
pulmonalis). Avec le dense réseau de capillaires qu'il supporte, c'est la structure carac-
téristique du parenchyme respiratoire. Tassés et enchevêtrés, conduits, sacs et alvéoles
apparaissent sur les préparations histologiques comme une dentelle irrégulière et très déli-
cate. On notera que le développement des conduits alvéolaires varie avec les espèces.
Chez les Equidés, les Ruminants, le Porc, les Rongeurs, les bronchioles respiratoires sont
relativement longues et les conduits alvéolaires courts, à peine pourvus de bosselures.
Chez les Carnivores au contraire, les bronchioles respiratoires sont brèves et les con-
duits alvéolaires qui leur font suite sont longs, avec des parois presque entièrement rem-
placées par des alvéoles (Type schématisé pl. 414).
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Planche 4 1 5 - STRUCTURE DU PARENCHYME RESPIRATOIRE
A - Surface de coupe d'un poumon de Macaque vue au microscope électronique à balayage -
Gr. x 125 (Préparation du Pr. Makita, Yamaguchi, Japon). 1 : Artère - 2 : Bronchiole terminale -
3 : Bronchioles respiratoires - 4 : Conduits alvéolaires.
B - Poumon de Chien (Glychemalun-Erythrosine - Gr. x 50). A droite, surface du poumon,
revêtue par la plèvre viscérale. 1,1 : Bronchioles respiratoires - 2 : Conduits et atrium (2') alvéo-
laires - 3,3 : Sacs alvéolaires, portant les alvéoles (croix).
L'épithélium, cubique et bas dans les conduits, s'amincit encore beaucoup dans les sacs.
C - Poumon de Chat (Glychemalun-Erythrosine - Gr. x 180). Coupe d'un sac alvéolaire. Noter
les anneaux musculaires (flèches) qui circonscrivent l'entrée des alvéoles (croix).
D - Paroi alvéolaire (même préparation - Gr. x 1000). Un capillaire dans lequel on voit les
hématies (croix) est logé dans la paroi qui sépare deux alvéoles. Noter l'extrême minceur de la
membrane respiratoire qui le sépare de chacune des cavités alvéolaires. Les noyaux des gros
alvéolocytes et, en haut, un macrophagocyte (flèches) font saillie dans ces dernières.
- 767
dans la lumière de l'alvéole. Les cellules du second type, parsemées en petits groupes
ou seules parmi les précédentes, sont moins nombreuses, bien moins étalées et plus épais-
ses. Chacune d'elles est un gros alvéolocyte ou gros épithéliocyte (Epitheliocytus magnus),
dont la fonction supposée est la sécrétion, au moins partielle, du surfactant, fluide qui
revêt d'un film phospholipidique très mince la paroi alvéolaire et en empêche le collapsus
dans l'expiration. Outre leur intervention dans les échanges gazeux, les épithéliocytes
ont une importante activité endocrine. Les prohormones et hormones qu'ils sécrètent
interviennent en particulier sur le sang et sa circulation. A la surface de l'épithélium se
rencontrent en outre des macrophagocytes alvéolaires (Macrophagocyti alveolares),
macrophages analogues à ceux du tissu conjonctif. Ces cellules captent les poussières
ou les autres éléments étrangers très ténus qui ont pu parvenir jusqu'aux alvéoles. Elles
s'en chargent et migrent à travers l'épithélium pour rejoindre la voie lymphatique, ou encore
vers les bronchioles, d'où elles sont entraînées vers les voies supérieures par le batte-
ment des cils de l'épithélium.
Les septums interalvéolaires (Septa interalveolaria) sont très ténus. Ils servent de
support au réseau capillaire et à l'épithélium respiratoire. Presque dépourvus de sub-
stance fondamentale, ils comportent un lacis très délicat de fibres collagènes et précol-
lagènes, ainsi que des fibres élastiques. Leur minceur est telle qu'entre les mailles du
réseau capillaire, les épithéliums d'alvéoles voisins s'adossent souvent et même se fenê-
trent. Ainsi se montrent des pores alvéolaires ou septaux (Pori septi) qui font communi-
quer des alvéoles adjacents, à l'intérieur d'un même lobule primaire ou même entre lobules
voisins. Ces communications, qui paraissent manquer chez les Ruminants et le Porc, sont
encore discrètes chez les Equidés et l'Homme ; mais elles sont nombreuses chez les Car-
nivores, où les limites des lobules sont à peu près effacées.
Le réseau de l'hématose est formé d'un lacis de capillaires d'une telle richesse que
ses mailles répondent à plus de la moitié de la surface extérieure des alvéoles. Il est ali-
menté surtout par les divisions ultimes des artères pulmonaires, mais aussi en faible par-
tie, dans nombre d'espèces, par celles de l'artère bronchique. Chaque capillaire est très
grêle et son faible calibre permet juste le passage des hématies. Il est en contact avec
l'épithélium de deux alvéoles voisins111, dont il partage la membrane basale. Tout con-
court ainsi à l'activation des échanges respiratoires.
VAISSEAUX ET NERFS (Pl. 394, 416, 426, 427, 430 à 433, 445)
Le poumon est l'un des organes les plus richement vascularisés. On a coutume de
classer ses vaisseaux en deux catégories. Ceux de l'hématose, de loin les plus gros et
les plus importants, sont qualifiés de "fonctionnels" et appartiennent à la petite circula-
tion : ce sont les artères et veines pulmonaires. Les autres, qui dépendent de la grande
circulation, sont considérés comme "nourriciers", mais entretiennent toutefois de remar-
quables anastomoses avec les branches des précédents : ce sont les artères et veines
bronchiques.
Les artères pulmonaires (Arteriae pulmonales) proviennent de la bifurcation terminale
du tronc pulmonaire, qui leur apporte le sang veineux chassé par le ventricule droit. Elles
sont remarquables par leur fort calibre, presque égal à celui des bronches principales
et par la richesse de leurs parois en fibres élastiques. Chacune d'elles se trouve, dès son
origine, à la face ventrale de la bronche, qu'elle croise ensuite très obliquement dans
(1) Il n'en va pas de même chez les Mammifères marins, dont les septums interalvéolaires portent un double réseau capillaire,
chaque réseau n'étant adossé qu'à la paroi d'un seul alvéole. Cette organisation, qui ralentit la diffusion des gaz, contribue à permet-
tre une grande durée de plongée. Elle a pu être considérée comme un indice permettant de penser que les Cétacés et les Siréniens
auraient subi leur évolution propre depuis le stade reptilien sans quitter le milieu aquatique et ne seraient donc pas retournés secon-
dairement à lui.
768 -
Veines
intersegmentaires ventrales
Bronches et artères
segmentaires ventrales et artères
segmentaires ventrales
A., V. et bronches
segmentaires ventrales
P O U M O N G A U C H E DE B Œ U F (VUE MÉDIALE)
le hile du poumon. Elle se divise bientôt en artères lobaires, d'où procèdent à leur tour
les artères segmentaires. Nous avons déjà décrit le trajet et les rapports de ces vaisseaux
à propos des bronches.
Dans toutes les espèces, les divisions artérielles restent exactement satellites des
bronches dans tous les niveaux, jusqu'au réseau capillaire de l'hématose. Elles sont donc
axiales, aussi bien dans les lobules que dans les segments ou dans les lobes.
Dans la grande majorité des Mammifères, le réseau de l'hématose est drainé par des
veines périlobulaires qui se portent dans les cloisons interlobulaires et s'unissent ainsi
à celles des lobules voisins. Elles ne sont donc satellites ni des artères ni des bronches.
Cette indépendance est maintenue de façon plus ou moins régulière au niveau des seg-
ments (veines intersegmentaires), alors que les veines lobaires sont, comme nous l'avons
vu, axiales et voisines des bronches et des artères. Les Bovidés constituent une excep-
tion remarquable, peut-être liée à l'épaisseur des cloisons et à leur envahissement par
les vaisseaux lymphatiques. Chez eux, les veines sont centro-lobulaires puis centro-
segmentaires. Quelques espèces (Mouton, Chameaux, Tragules, quelques Carnivores sau-
vages) présentent une disposition intermédiaire, les veines segmentaires restant à quel-
que distance de l'arbre broncho-artériel. Il en est de même chez le Porc, mais seulement
dans le lobe crânial.
Les veines lobaires convergent vers le hile du poumon mais forment rarement un
tronc unique à la sortie de l'organe. Leur trajet extra-pulmonaire est très bref, sinon nul.
Chez tous les Mammifères domestiques, les veines lobaires crâniales et moyennes
s'ouvrent directement dans l'atrium gauche, isolément ou par un très bref tronc com-
mun de chaque côté, tandis que les veines lobaires caudales droite et gauche s'unissent-
en un très gros tronc commun, qui aboutit seul à la face caudale de l'atrium gauche.
(1 ) Le rameau qui accompagne la bronche trachéale provient souvent chez le Bœuf, du rameau œsophagien crânial de l'artère
broncho-œsophagienne et chez le Mouton, du tronc brachio-céphalique.
770 -
Les veines bronchiques (Venae bronchaies) forment en général deux réseaux. L'un
est profond et draine les parois des bronches ; il n'est presque jamais collecté par un
tronc unique. Ses veines efférentes (veines broncho-pulmonaires) aboutissent aux gros-
ses veines pulmonaires. L'autre réseau est superficiel et court sous la plèvre, où il est
souvent très visible. Il communique aussi avec celui des veines pulmonaires mais il est
drainé par une ou plusieurs veines (veines pleuro-pulmonaires) qui aboutissent à la ter-
minaison de la ou des veines azygos, selon l'espèce, directement (Ruminants, Porc,
Homme) ou par l'intermédiaire d'une veine broncho-œsophagienne.
Le drainage lymphatique des poumons est assuré par les nœuds lymphatiques pul-
monaires, trachéo-bronchiques et médiastinaux. Chez les Equidés, quelques vaisseaux
lymphatiques accompagnent en outre l'œsophage et aboutissent aux nœuds gastriques
et cœliaques.
Les nerfs des poumons proviennent des nerfs vagues et du sympathique. Les rameaux
issus des nerfs vagues arrivent à la face dorsale de la bronche principale ; ils la contour-
nent pour rejoindre ceux fournis par les ganglions stellaires du sympathique, qui chemi-
nent ventralement à la trachée. L'ensemble forme dans la racine du poumon le plexus
pulmonaire (Plexus pulmonalis), dont les divisions accompagnent celles des bronches et
des artères en formant autour de ces conduits des lacis compliqués, semés de ganglions
nerveux microscopiques. Pour la plupart amyéliniques, les fibres nerveuses apportent aux
bronches une sensibilité plus grande que celle de la trachée. On admet que les fibres
parasympathiques assurent d'autre part la contraction des bronches et la sécrétion de
leurs glandes. D'autres fibres se distribuent aux vaisseaux et d'autres enfin vont consti-
tuer autour des alvéoles un réseau très lâche d'où procèdent des fibrilles terminées dans
l'épithélium par des arborisations libres.
PARTICULARITÉS SPÉCIFIQUES
ÉQUIDÉS (Pl. 249, 250, 405, 408, 409, 416, 438) - Les deux poumons sont presque symé-
triques, massifs et dépourvus de fissures. Leur poids moyen sur des animaux saignés
est voisin de 3,9 kg pour le poumon droit et 3,3 kg pour le gauche chez le Cheval, de
1,5 kg pour le droit et 1,3 kg pour le gauche chez l'Ane. L'empreinte et l'incisure cardia-
ques forment la seule démarcation entre le lobe caudal, très volumineux et le lobe crâ-
nial, beaucoup plus faible et recourbé ventralement. Le poumon droit présente en outre
un lobe accessoire bien développé. Des deux côtés, le lobe moyen n'est pas distinct mais
son organisation, marquée surtout par l'existence d'une veine axiale, est reconnaissable
à la dissection.
La lobulation est peu distincte en surface, mais les travées interlobulaires et inter-
segmentaires sont assez bien reconnaissables sur les coupes. Bronches principales
et vaisseaux pulmonaires n'ont pratiquement pas de trajet extra-pulmonaire et les deux
poumons adhèrent l'un à l'autre sur une large surface caudalement au hile. Les artères
- 771
bronchiques destinées aux lobes crâniaux naissent isolément sur l'artère broncho-œsopha-
gienne, mais celles des lobes caudaux proviennent d'un tronc commun. De même, les veines
pulmonaires des lobes crâniaux et des lobes moyens restent indépendantes des deux côtés
tandis que les veines des deux lobes caudaux s'unissent sur le pian médian en un tronc
commun relativement long. Les artères bronchiques alimentent en partie le réseau de l'héma-
tose et les veinules des parois bronchiques sont drainées par les veines pulmonaires.
Cliniquement, l'organe n'est explorable qu'à partir de la sixième côte, le bras cou-
vrant les parties plus crâniales et son déplacement vers l'avant ne découvrant que l'aire
cardiaque. On peut noter que l'incisure cardiaque gauche, de forme habituellement qua-
drilatère et haute d'une dizaine de centimètres, est située entre la troisième côte et le
cinquième espace intercostal. La droite, bien moins profonde et plutôt triangulaire, est
située en regard des troisième et quatrième espaces intercostaux. Dans l'inspiration, la
limite caudale de la zone explorable commence en regard de l'intersection du muscle ilio-
costal et de la seizième côte ; elle descend ensuite crânialement en se rapprochant peu
à peu de la série des articulations costo-chondrales, qu'elle ne rejoint qu'en bas de la
septième côte. Elle passe sous la treizième côte à peu près à égale distance de l'insertion
du muscle ilio-costal et de l'articulation costo-chondrale et sous la onzième côte à un
travers de main environ au-dessus de l'articulation correspondante. Dans l'expiration,
cette ligne se déplace crânialement, un peu plus par sa partie dorsale que par sa partie
ventrale. Ses extrémités sont alors marquées par l'insertion du muscle ilio-costal sur la
quinzième côte et par la sixième articulation costo-chondrale.
BŒUF (Pl. 410 à 412, 416, 443) - La dissymétrie des poumons est très forte. Sur des
sujets saignés, le poids moyen des deux organes est de l'ordre de 4,5 kg, dont 2,5 à
2,8 kg pour le droit. Les variations individuelles sont importantes. La couleur est rose
jaunâtre et la lobulation très distincte, en surface comme sur les coupes, en raison de
la grande épaisseur des cloisons conjonctives. Ces dernières dessinent sous la plèvre un
quadrillage irrégulier et caractéristique.
Le poumon droit, le plus volumineux, est découpé en cinq lobes bien distincts par
des fissures profondes mais qui n'atteignent pas le hile. Le lobe caudal est épais ; sa
face médiale adhère à l'œsophage caudalement au hile. Le lobe accessoire s'attache à
la jonction du précédent avec le lobe moyen. Il existe en fait deux lobes moyens, l'un
caudal, le plus gros et le plus long, qui correspond au lobe moyen des autres espèces
et un autre crânial, plus petit, porté à la base du lobe crânial, dont l'isole une fissure moins
profonde. Le lobe crânial est caractérisé en outre par son grand développement. Beau-
coup plus étendu que celui du poumon gauche, il se recourbe ventralement à la trachée
et refoule la partie correspondante du médiastin ventral jusqu'à l'appliquer contre la par-
tie ventrale de la paroi gauche du thorax, en regard des trois premières côtes. Il présente
ainsi à sa face médio-dorsale un large et profond sillon où se moulent la trachée et les
gros vaisseaux du médiastin crânial. Dans cette dépression, qui se prolonge jusqu'au hile,
on voit, en regard de la base du lobe moyen crânial, un petit hile accessoire dans lequel
pénètre la bronche trachéale. Le poumon adhère à la trachée entre les deux hiles et même
un peu crânialement au hile accessoire.
Le poumon gauche, plus court, est divisé en trois lobes : caudal, moyen et crânial.
Mais ces deux derniers sont largement unis par leur base et séparés par une fissure peu
profonde, de sorte qu'on les décrit comme deux parties ("crâniale" et "caudale") d'un
même lobe crânial, qu'une grande et profonde fissure oblique isole à son tour du lobe
caudal. La partie caudale ou lingula forme le versant caudal de l'empreinte cardiaque,
alors que la partie crâniale ou culmen, pyramidale et pointue, se porte directement en
direction crâniale, dorsalement à l'extrémité recourbée de son homologue du poumon
droit. Caudalement au hile, unique de ce côté, il existe une petite zone d'adhérence du
lobe caudal à l'œsophage et au poumon opposé. Le lobe caudal est disposé comme celui
du poumon droit.
772 -
Lobe
Ligament
pulmonaire
Bord basai
Empreinte cardiaque
Face diaphragmatique
Lobe caudal
Echancrure cardiaque
Lobe accessoire
Lobe moyen crânial
Bord ventral Lobe moyen caudal
Lobe crânial
Lobe caudal
Ligament pulmonaire
Bronche principale "
Bord basai
pulmonaire Racine du poumon
Face diaphragmatique
Nœud Veines pulmonaires
Face
diaphragm.
Empreinte
œsophagienne
Ligament pulmonaire
de la veine cave caudale
Echancrure cardiaque
Empreinte cardiaque
Sur la paroi costale gauche, la place occupée par le poumon correspondant est plus
réduite. En effet, la partie de cette paroi située crânialement à la 5ème côte n'est en rap-
port que par sa moitié dorsale avec le lobe crânial du poumon gauche. La moitié ventrale
répond de la première à la 3ème côte au lobe crânial du poumon droit et, du bord caudal
de la 3ème côte au bord crânial de la 5ème, au péricarde, selon une aire rectangulaire
(incisure cardiaque) en général plus haute que large. Quant aux fissures interlobaires gau-
ches, la caudale, qui est la seule importante, se porte obliquement du voisinage de la
7ème articulation costo-chondrale à l'extrémité dorsale de la 6ème côte ; la crâniale, courte
et parfois absente, se situe sous la partie moyenne de la 5ème côte.
En définitive, les zones de projection des poumons du Bœuf sont peu étendues en
direction caudale : les trois dernières côtes et la moitié ventrale des deux côtes qui pré-
cèdent ne répondent pratiquement pas aux parties explorables de ces organes. Mais bien
que le bord caudal des muscles du bras se place en regard de la 6ème côte dans la sta-
tion normale, le membre peut être tiré en avant jusqu'à découvrir le bas du 4ème espace
intercostal ; il peut aussi être tiré en arrière et découvrir ainsi les deux premiers espaces
intercostaux, ce qui augmente d'autant les zones explorables des poumons.
774 -
Face costale
Bord basai
Lobe caudal
Lobe moyen
Artère pulmonaire
Bronche principale
Racine du poumon
Artère bronchique
Artère lobaire crâniale Veines pulmon.
Hile du poumon
Veine lobaire crâniale Bord dorsal
Partie médiastinale '
Bord basai
Face diaphragmatique
Lobe caudal
Lobe accessoire
VUE MÉDIALE
MOUTON ET CHÈVRE (Pl. 417) - Les poumons de ces animaux ressemblent à ceux du
Bœuf, mais leur teinte est un peu différente, en particulier chez le Mouton, où elle est
plus orangée que rosée. La lobulation est indiscernable en surface dans cette dernière
espèce et à peine visible sur les lobes crâniaux et moyens chez la Chèvre. Des deux côtés
et dans les deux espèces, le lobe crânial est un peu plus allongé que chez le Bœuf. Dans
le poumon droit, le lobe crânial n'est, chez le Mouton, séparé du lobe moyen crânial que
par une fissure peu profonde ; celle-ci manque et les deux lobes sont complètement con-
fondus chez la Chèvre. Par contre, le lobe moyen caudal est plus profondément isolé :
il est même comme pédonculé chez le Mouton. Dans le poumon gauche, la fissure qui
fait démarcation entre les deux parties du lobe crânial est plus profonde que chez le Bœuf,
surtout chez le Mouton. Le lobe moyen à droite, la lingula à gauche, sont relativement
larges chez le Mouton, nettement plus étroits chez la Chèvre. L'incisure cardiaque du
poumon droit est plus grande que chez le Bœuf. De forme triangulaire, elle est située
en regard des extrémités ventrales des quatrième et cinquième côtes. Parmi les caractères
structuraux, on notera la moindre abondance du tissu conjonctif et des réseaux lymphati-
ques dans les cloisons interlobulaires. Le tronc commun des artères bronchiques provient de
l'artère broncho-œsophagienne mais présente de nombreuses variations. Chez le Mouton,
le rameau satellite de la bronche trachéale vient le plus souvent du tronc brachio-céphalique.
Chez ce dernier animal enfin, les veines segmentaires restent à distance des bronches.
PORC (Pl. 418, 419, 444) - De teinte rose pâle, les poumons montrent en surface une
lobulation moins apparente que chez les Bovins mais distincte sur toute leur étendue.
Leur poids total est de 1,6 kg à 2 kg, dont 850 à 1 100 g pour le droit. Leurs fissures
sont aussi profondes que chez les Ruminants.
Bien que moins importante que chez ces derniers, la prépondérance du poumon droit
est manifeste. Celui-ci est divisé en quatre lobes : crânial, moyen, caudal et accessoire.
Le lobe crânial est long. Sa face médiale montre, près de sa base, la pénétration de la
bronche trachéale au niveau d'un petit hile accessoire. Le lobe moyen est séparé du pré-
cédent par une fissure relativement courte, que complète la vaste incisure cardiaque.
La fissure qui le sépare du lobe caudal est très profonde et arrive jusqu'au voisinage du
hile principal. Le lobe caudal, le plus volumineux de tous, relativement plus long que chez
les Ruminants, porte à la face médiale de sa base un lobe accessoire bien développé.
Le territoire desservi par la bronche trachéale comprend le seul lobe crânial mais s'étend
dorsalement au hile principal jusque près du milieu du bord dorsal. Il est si nettement
délimité qu'il peut être séparé du reste de l'organe par simple clivage, comme s'il y avait
sous une plèvre unique deux poumons, crânial et caudal, seulement accolés par un plan
conjonctif lâche. Le poumon gauche est plus petit, surtout par la partie crâniale (culmen)
de son lobe crânial. Celui-ci comporte comme chez les Ruminants un culmen et une lin-
gula (équivalant respectivement à un lobe crânial proprement dit et à un lobe moyen),
mais ces deux parties sont moins distinctes extérieurement, seulement séparées par l'inci-
sure cardiaque. Le lobe caudal est à peu près égal à celui du poumon droit, mais évidem-
ment dépourvu de lobe accessoire. Dans les deux poumons, le lobe moyen (représenté
à gauche par la linguia), long et pointu, est recourbé contre le cœur caudalement à celui-
ci ; il dépasse nettement le bord ventral de l'organe lorsque celui-ci est étalé.
La structure est assez comparable à celle du poumon des Ruminants, mais les cloi-
sons interlobulaires sont moins épaisses et plus pauvres en lymphatiques. Les veines pul-
monaires sont intersegmentaires dans le lobe caudal mais presque centro-segmentaires
dans les lobes crânial et moyen. De chaque côté, les veines lobaires crâniale et moyenne
aboutissent à un bref tronc commun. Les artères bronchiques, variables, naissent isolé-
ment ou de la broncho-œsophagienne par un tronc commun. Leurs divisions terminales
sont faiblement anastomosées à celles de l'artère pulmonaire. Le tronc des veines pleuro-
pulmonaires aboutit à la veine azygos gauche.
776 -
Lobe crânial
(Partie crânial©
ou
Bord basai
caudal
lines pulmonaires ^
rtère bronchique
Racine du poumon
Empreinte princip. j
Empreinte œsophagier A. pulmonaire J
(Partie crâniale
ou culmen)
Bord basai
Ligament pulmonaire
ventral et incisure cardiaque
Face diaphragmatique
Scissure interlobaire
cardiaque
VUE MÉDIALE
Bord dorsal
Rudiment de scissure
interlobaire
Lobe crânial
(Partie crâniale ou
basai
Incisure cardiaque
Bord ventral
VUE LATÉRALE
de scissure
interlobaire crâniale
Lobe crânial
(Partie crâniale
ou culmen)
Ligament pulmonaire
Empreinte cardiaque
VUE MÉDIALE
Bord dorsal
Scissure
interlobaire crâniale
Lobe crânial
Face diaphragmatique
Lobe caudal
VUE LATÉRALE
Empreinte de la trachée
Empreinte de la
veine cave crâniale
Ligament pulmonaire
Bord basai
Empreinte œsophagienne
La zone de projection des poumons sur la paroi thoracique est relativement réduite.
Sa limite caudale va de l'extrémité dorsale de la troisième avant-dernière côte au sixième
cartilage costal. A droite, elle est en général un peu plus oblique et atteint la deuxième
avant-dernière côte. L'incisure cardiaque est large des deux côtés et va de la deuxième
à la cinquième côte ; elle est en outre beaucoup plus profonde à gauche.
CARNIVORES (Pl. 406, 407, 420 à 422, 448 à 450) - Les poumons ont une couleur rose
grisâtre, parfois gris-brun chez les vieux sujets. Leur surface, où n'apparaît aucune trace
de lobulation, est, surtout chez les sujets vivants en ville, pigmentée ou marbrée de points
noirs dus à la fixation des poussières captées par le système lymphatique. Leur poids
est soumis à de très grandes variations individuelles ou raciales. En moyenne, il est de
l'ordre de 0 , 5 6 % du poids du corps pour le poumon droit et de 0 , 4 5 % pour le gauche.
La dissymétrie est nette : le poumon droit, plus long que le gauche, refoule un peu le
médiastin par son lobe accessoire et par son lobe crânial, qui tend à déborder un peu
à gauche sous la trachée. Les deux organes sont très profondément divisés par des fis-
sures qui atteignent le hile, chaque lobe étant en quelque sorte porté par un pédoncule
particulier. Seule est incomplète la fissure crâniale du poumon gauche.
Le poumon droit comporte quatre lobes tout à fait distincts : caudal, moyen, crânial
et accessoire. Le lobe caudal, le plus gros mais relativement court, est limité par une
face interlobaire large et oblique, qui rejoint le bord basai de l'organe à quelque distance
de sa jonction avec le bord ventral. Le lobe accessoire prend attache tout près du hile.
Il est volumineux et allongé, moulé contre le péricarde et par une surface relativement
large contre le diaphragme ; il s'étire en pointe jusqu'au voisinage de l'extrémité dorso-
caudale du précédent. Il est plus court en proportion chez le Chat, où il reste à distance
de cette extrémité. Le lobe moyen, pointu, participe au bord basai de l'organe en s'insi-
nuant entre le péricarde et le diaphragme. Le lobe crânial est fort, aussi long que le lobe
caudal, que sa partie caudale chevauche latéralement. Il est épais, en partie moulé con-
tre la face ventrale de la trachée. Son apex, obtus et arrondi, s'étend jusqu'à 1 ou 2 cm
au-delà de la première côte. Il est pointu chez le Chat.
Le poumon gauche comprend trois lobes : caudal, moyen et crânial, les deux der-
niers étant unis par leur base et généralement décrits comme deux parties (respective-
ment caudale et crâniale) d'un lobe crânial unique. Le lobe caudal est un peu moins épais
mais plus allongé que celui du poumon droit : il occupe une plus grande étendue du bord
basai. La lingula est presque isolée en un lobe moyen élargi ventralement, de sorte que
l'incisure cardiaque est mal délimitée et à peine distincte. Quant au lobe crânial propre-
ment dit, équivalant au culmen, il est un peu plus court et surtout plus pointu que le droit ;
il est uni au précédent par sa partie dorso-caudale mais la fissure interlobaire crâniale
est relativement profonde.
Bord basai
crânial
Lobe
Scissure interlobaire
Lobe moyen
VUE LATÉRALE
Bronche lobaire crâniale et racine du poumon
Empreinte de la Bronche principale
Artère aortique
Empreinte
basai
de la veine cave
igament pulmonaire
Lobe crânial
Lobe accessoire
VUE MÉDIALE
POUMON DROIT
VUE LATÉRALE
pulmonaire
Veine du lobe caudal Hile et racine du poumon
Empreinte Empreinte de la trachée
Ligament pulmonaire
Lobe crânial
Face diaphragmatique (Partie crâniale ou culmen)
Lobe cardiaque
Lobe crânial (Partie caudale ou VUE MÉDIALE
POUMON GAUCHE
Face
crânial
Racine d u p o u m o n : Face d i a p h r a g m a t i q u e
Veines p u l m o n a i r e s
Bord
J Bronche princip. du poumon
Lobe
.Art.
aortique
E m p r . de
Scissure interlobaire caudale cardiaque
la
Lobe
crânial Lobe moyen ventral
VUE LATÉRALE
Lobe c a u d a l
B o r d basai
igament pulmonaire
Apèx
Empreinte œsophagienne
Incisure
Lobe a c c e s s o i r e
cardiaque
Empreinte Face d i a p h r a g m a t i q u e
cardiaque
Sillon de la v e i n e c a v e c a u d a l e
POUMON DROIT
R u d i m e n t d e scissure
interlobaire crâniale S c i s s u r e interlobaire (caudale) dorsal
Racine d u p o u m o n :
Veines pulmonaires
Artère p u l m o n a i r e
Lobe c a u d a l
Incisure
Partie c r â n i a l e o u c u l m e n J
cardiaque
c a u d a l e o u lingula J
VUE LATÉRALE
Bord
Empreinte
Ligament
Empreinte œsophagienne
Face d i a p h r a g m a t i q u e
Scissure interlobaire
POUMON GAUCHE
Bord ventral
Bord basai
VUE LATÉRALE
Racine du poumon:
Bronche principale
Bord ventral
Empreinte cardiaque
. Ligament
Lobe moyen pulmonaire
Sillon de
la veine cave caudale Lobe inf.
(caudal)
Face diaphragmatique
VUE MÉDIALE
Le hile des poumons est situé en regard du tiers dorsal du quatrième espace inter-
costal, où la transparence de la bifurcation trachéale est nettement visible sur les radio-
graphies en incidence latérale. Le bord basai des poumons se projette selon une courbe
régulière depuis l'extrémité dorsale de la onzième (expiration) ou douzième côte (inspira-
tion) jusqu'au cartilage de la septième côte. L'apex du lobe crânial arrive à gauche sous
la première côte et dépasse celle-ci, comme nous l'avons vu, pour le poumon droit. Dans
ce dernier, la fissure interlobaire caudale suit à peu près la septième côte ; la fissure crâ-
niale va de l'extrémité ventrale du quatrième espace intercostal, où elle s'ouvre en une
petite incisure cardiaque triangulaire, au tiers dorsal du sixième espace, où elle rejoint
la précédente. Dans le poumon gauche, la fissure interlobaire caudale est un peu plus
oblique et moins caudale : elle va de l'extrémité dorsale de la cinquième côte à l'extré-
mité ventrale du sixième espace intercostal. La fissure crâniale, plus courte et moins pro-
fonde qu'à droite, répond à la moitié ventrale du troisième espace intercostal ou de la
quatrième côte et ne s'ouvre que sur une incisure cardiaque faible, souvent absente.
LAPIN (Pl. 423) - Le cœur occupant la partie crâniale du thorax, les lobes correspon-
dants des deux poumons sont très réduits et laissent le péricarde largement à décou-
vert. Il en résulte que le hile est peu distant de l'apex. Le poumon droit est nettement
plus gros que le gauche. Des deux côtés, les fissures sont à peine moins profondes que
chez les Carnivores et arrivent à petite distance du hile. La surface de l'organe, de colo-
ration rose vif, montre une lobulation faiblement distincte.
Les deux poumons présentent de profil l'aspect d'un triangle rectangle dont le grand
côté est occupé par le bord dorsal et le plus petit côté par le bord ventral, devenu crânial.
L'apex est arrondi, épais et peu distinct. Le poumon droit comprend les quatre lobes habi-
tuels. Le lobe caudal, qui en constitue près des deux tiers, est limité par une fissure pres-
que verticale, parallèle au bord crânial. Le lobe accessoire s'attache à sa face médiale,
près du hile, par un pédicule étroit. La fissure interlobaire crâniale est presque horizon-
tale, branchée perpendiculairement sur la précédente, de sorte que le lobe moyen est
ventral par rapport au lobe crânial, lequel s'avance un peu dorsalement au cœur. Le pou-
mon gauche n'a que deux lobes. Le lobe caudal est à peine plus petit qu'à droite. Le lobe
crânial, parfois découpé par une fissure horizontale faible et incomplète, représente un
lobe moyen et un lobe crânial confondus mais parfaitement reconnaissables à la dissec-
tion et dont les deux bronches lobaires sont issues d'un bref tronc commun comme chez
les Carnivores et les Ruminants. La partie qui correspond au lobe crânial (Culmen) est
nettement plus faible et plus courte qu'à droite.
Les septums interlobulaires et intersegmentaires sont minces, mais bien plus nets
que chez les Carnivores. Les racines des veines pulmonaires sont partout interlobulaires
et intersegmentaires, les veines lobaires restant axiales. Les veines lobaires caudales des
deux poumons s'unissent sur un tronc commun très court. Les lobaires crâniales et moyen-
nes aboutissent, de chaque côté, à un tronc unique toujours net et plus volumineux à
droite.
COMPARAISON AVEC L'HOMME (Pl. 424, 425, 451 ) - De teinte rosée chez le jeune, gris-rosé
puis bleuâtre chez l'adulte, les poumons montrent à peine leur lobulation en surface. Ils semblent
nettement plus lourds en proportion que chez les Mammifères domestiques : le droit pèse en moyenne
6 5 0 g chez l'homme et 5 5 0 chez la femme, le gauche 5 5 0 chez l ' h o m m e et 4 5 0 à 5 0 0 chez la
f e m m e (ces pesées étant toutefois relatives à des organes pourvus de leur sang). Les variations
individuelles sont amples, atteignant 2 0 0 g en plus ou en moins. Les fissures sont à peine moins
profondes que chez les Carnivores. Elles montrent en outre de fréquentes variations individuelles.
En raison de la forme particulière du thorax, les poumons sont beaucoup moins allongés que chez
les Ongulés ou les Carnivores, comme tronqués à leur base, qui est moins oblique. Ils sont par con-
tre beaucoup plus épais dans le sens transversal, ce qui se traduit dans l'organisation segmentaire
par des aspects particuliers, déjà signalés à propos des bronches. Quant à la structure, elle est pour
l'essentiel comparable à celle décrite chez les Equidés.
784 -
^ Culmen
Bord dorsal
Culmen
Lingula
VUE LATÉRALE
Scissure interlobaire —
Bord
Hile du poumon ventral
(
Artère pulmonaire
Bronche principale
Veines pulmonaires
Bord dorsal
Empreinte aortique
Incisure
Partie vertébrale cardiaque
Face médiale
Partie médiastinale
Ligament pulmonaire
Empreinte cardiaque
Face diaphragmatique
VUE MÉDIALE
Le poumon droit comprend trois lobes seulement, car il n ' y a pas de lobe accessoire distinct,
si ce n'est chez de rares sujets. Le poumon gauche est bilobé. Le lobe caudal n'occupe dans les
deux poumons qu'une partie souvent peu étendue de la face costale et un peu plus des trois quarts
dorsaux du bord basai. Il s'étend par contre beaucoup sur la face médiale et sur le bord dorsal, la
fissure interlobaire caudale, très oblique (d'où sa qualification de "scissure oblique"), arrivant à peu
de distance de l'apex. Le territoire situé crânialement à cette fissure est divisé dans le poumon droit
par une fissure secondaire transversale (dite " h o r i z o n t a l e " ) en un lobe moyen pyramidal, qui occupe
une petite partie de la base, et un lobe crânial large, qui occupe la moitié correspondante de la face
costale, l'apex dépassant la première côte. Dans le poumon gauche, le territoire correspondant à
ces deux lobes reste indivis et forme un volumineux lobe crânial, dans lequel on reconnaft à la dis-
section deux parties : la lingula, qui représente un lobe moyen et le culmen, équivalent à un lobe
crânial accolé au précédent et porté avec lui par tronc bronchique c o m m u n . Une incisure cardiaque
large mais peu profonde échancre le bord ventral, à la limite de ces deux parties. Les variations indi-
viduelles du volume respectif des lobes sont fréquentes.
Les racines des veines pulmonaires sont partout interlobulaires et intersegmentaires. Les vei-
nes lobaires caudales ne s'unissent pas à leur terminaison : elle font embouchure séparée dans l'atrium
gauche, de même que le bref tronc qui, de chaque côté, draine les veines lobaires crâniale et moyenne.
En ce qui concerne la topographie, on retiendra simplement que le bord basai se projette des deux
côtés presque horizontalement sur la paroi, du sixième cartilage costal à l'extrémité dorsale de la
onzième côte, tandis que l'apex dépasse nettement le bord crânial de la première côte.
Partie thoracique du tronc sympathique MÉDIASTIN CAUDAL: Œsophage
vagaux 00
A. et V. intercostales dorsales d'adhérence entre les deux poumons o>
Nerf phrénique gauche
cribliforme du médiastin caudal
Aorte thoracique
Médiastin dorsal
Recessus lombo-
diaphragmatique
Conduit thoracique
Œsophage
Tronc costo-cervical
Ganglion cervico-thoracique
Artère vértébrale
A . subclavière gauche
Veine
Veine cave
Nerf phrénique
Plèvre médiastin a le
Diaphragme
MÉDIASTIN MOYEN:
Bronche,A. et V. pulmon. gauches
Arc de l'aorte
Nerf récurrent gauche
pulmonaire
A. et V. axillaires
Cœur (Ventricule gauche)
Première côte Médiastin crânial (Partie ventrale)
Artère thoracique interne Péricarde (ouvert)
Planche 426 - CAVITÉ THORACIQUE ET MÉDIASTIN D'UN CHEVAL (DISSECTION DE LA FACE GAUCHE)
- 787
CHAPITRE V
C A V I T É THORACIQUE ET PLÈVRES
Délimitée par le thorax osseux, la cavité thoracique est beaucoup moins vaste que
la cavité abdominale en raison de la très forte convexité crâniale du diaphragme, qui l'en
sépare. Elle contient le cœur et les poumons, ainsi qu'une partie de l'œsophage et de
la trachée, plus d'importants vaisseaux et nerfs. Par ses mouvements alternés d'expan-
sion et de resserrement (mouvements respiratoires) elle assure le renouvellement de l'air
dans les poumons. A cet effet, elle loge, outre le péricarde, deux autres grandes séreu-
ses : les plèvres, une pour chaque poumon. Ces dernières s'adossent sur le plan médian
à une cloison conjonctive nommée médiastin, qui divise la cavité thoracique en deux moi-
tiés latérales et loge, entre autres organes, le cœur et le péricarde.
I. - CAVITÉ THORACIQUE
(Pl. 426 à 451)
La cavité thoracique (Cavum thoracis) a pour base osseuse l'ensemble formé par
les vertèbres thoraciques, les côtes et le sternum. Le thorax osseux, parfois qualifié de
"cage thoracique", est transformé en cavité close par les muscles intercostaux et par
le diaphragme.
Cette cavité présente à peu près la forme d'un cône creux, à sommet crânial et à
base tronquée. Elle est aplatie d'un côté à l'autre chez tous les Mammifères domesti-
ques et surtout chez les Equidés et les Ruminants, alors qu'elle l'est dans le sens dorso-
ventral chez l'Homme. Sa base, fermée par le diaphragme, est très oblique en direction
ventro-crâniale, de sorte que la paroi dorsale est beaucoup plus longue que la paroi ven-
trale. On reconnaît à la cavité thoracique quatre parois (dorsale, ventrale et deux latéra-
les), un sommet répondant à l'ouverture thoracique crâniale, enfin une base, caudale.
PAROI DORSALE
Elle a pour support osseux les corps des vertèbres thoraciques et les extrémités dor-
sales de toutes les côtes. Sa partie médiane est saillante dans le thorax, moins forte-
ment chez les Mammifères domestiques que chez l'Homme : elle est constituée par les
corps des vertèbres et les disques intervertébraux. Les plus crâniaux de ces constituants
Artère broncho-œsophagienne
Artère et veines pulmonaires \
Troncs vagaux \ \ 00
Aorte thoracique \ \ \ 00
sont couverts (en nombre variable selon l'espèce) par le muscle long du cou. Les plus
caudaux reçoivent de chaque côté les insertions des muscles psoas. Le ligament longitu-
dinal ventral court à leur face ventrale depuis le niveau du muscle long du cou. Le médiastin
prend attache sur toute la longueur de l'ensemble.
De part et d'autre de cet épais relief, les parties dorsales des côtes et des muscles
intercostaux délimitent une large gouttière dite "costo-vertébrale" ou "sillon pulmonaire"
(Sulcus pulmonalis), qui s'élargit progressivement en direction caudale et loge le bord
épais du poumon.
PAROI VENTRALE
Cette paroi, qui forme plancher au thorax chez les quadrupèdes, est relativement
peu étendue. Sa longueur est à peine la moitié de celle de la précédente. Elle est presque
plane chez l'Homme mais excavée, fortement concave d'un côté à l'autre chez les Mam-
mifères domestiques et beaucoup plus étroite à sa partie crâniale qu'à sa partie caudale.
Sur sa ligne médiane prend insertion le bord ventral du médiastin. Sa base ostéologique
est constituée par le sternum et les cartilages des côtes sternales. Ces éléments sont
recouverts par le muscle transverse du thorax, sous lequel cheminent longitudinalement
de chaque côté l'artère et la veine thoraciques internes, accompagnées par les nœuds
lymphatiques sternaux. Le péricarde est uni à sa partie caudale, par adhérence directe
dans quelques espèces (Equidés) mais le plus généralement à distance, par un ligament
sterno-péricardique.
PAROIS LATÉRALES
De chaque côté, la paroi thoracique se montre lisse, concave en tous sens, mais plus
dans le sens dorso-ventral que dans le sens crânio-caudal. Elle est beaucoup plus large
dans sa partie moyenne que dans ses régions crâniale et caudale. Simplement couverte
par le fascia endothoracique et la plèvre costale, elle est constituée par les côtes et les
muscles intercostaux. Elle répond à la face costale du poumon, qui ne lui adhère en aucun
point à l'état normal.
OUVERTURE CRANIALE
Le sommet du thorax est occupé sur le squelette par l'ouverture crâniale du thorax
(Apertura thoracis cranialis), encore qualifiée d' "entrée du thorax". Cette ouverture est
délimitée dorsalement par le corps de la première vertèbre thoracique, latéralement par
les côtes de la première paire et ventralement par le manubrium sternal. Elle est située
dans un plan nettement moins oblique en direction ventro-caudale chez les Mammifères
domestiques que chez l'Homme. Ses dimensions sont relativement faibles (1 5 cm selon
l'axe médian et 8 cm d'un côté à l'autre chez le Cheval, 7 cm sur 4,5 cm chez le Chien,
790 -
M. subclavius M. omo-transversaire
Œsophage M. supra-épineux
Tronc M. subscapulaire
Anses, du jéjunum
4,5 cm sur 10 à 11 chez l'Homme) et se trouvent en outre réduites par la saillie que forme
le muscle long du cou ventralement aux vertèbres. Elle est entièrement occupée par la
trachée, l'œsophage et d'importants vaisseaux et nerfs qui passent du cou au thorax
ou vice versa.
Plus ventralement s'étend I'"étage vasculaire", en partie occupé dans la plupart des
espèces par les coupoles pleurales et l'apex des poumons, entre lesquels confluent les
grosses veines (subclavières et jugulaires, veines brachio-céphaliques) qui forment les
racines de la veine cave crâniale. Dorsalement à ces veines cheminent les artères caroti-
des communes, longées dorso-latéralement par les nerfs vagues, tandis que les artères
subclavières et les nerfs phréniques passent latéralement. En règle générale, les gros vais-
seaux de cet étage sont accompagnés par les nœuds lymphatiques cervicaux profonds
caudaux et la terminaison des grands collecteurs lymphatiques. Chez le jeune, le thymus
occupe en outre une partie de cette région.
BASE DU THORAX
Cette partie de la cavité thoracique ne correspond pas exactement à l'ouverture cau-
dale (Apertura thoracis caudalis) du thorax osseux. Elle est en effet entièrement occu-
pée par le diaphragme, qui s'attache sur une partie seulement de la dernière côte, puis,
à la face interne de celles qui précèdent, bien crânialement aux arcs costaux. De plus,
ce muscle est très fortement convexe du côté crânial, au point que le sommet de sa cour-
bure arrive à peu près au milieu du thorax osseux et beaucoup plus près du sternum que
de la colonne vertébrale en raison de l'obliquité ventro-crâniale du plan de ses insertions.
Tant que la poitrine n'a pas été ouverte, le diaphragme est maintenu tendu par l'action
de ventouse qu'exercent sur lui la dépression pleurale et l'élasticité pulmonaire. Il s'affaisse
dès que le thorax est ouvert mais le sommet de sa courbure reste néanmoins fixé par
l'adhérence de la veine cave caudale, qui le solidarise au cœur. Sa convexité est telle
qu'une certaine zone de son pourtour se trouve immédiatement appliquée contre la paroi
costale : les deux formations s'écartent l'une de l'autre crânialement selon un angle très
aigu (angle costo-diaphragmatique) dont il est important de retenir que le fond est seule-
ment occupé par du conjonctif lâche et n'est jamais atteint par la plèvre.
Trachée
__ Poumon droit
. Bronches
Tronc principales
brachio-
céphalique
Médiastin
crânial
,V. cave
crâniale
Terminaison
de la veine
Atrium / cave caudale
gauche
Poumon droit
Poumon
gauche N. phrénique
droit L i g . pulmonaire
Ventricule gauche
Lobe accessoire
cave
Plèvre pariétale Péricarde pariétal caudale
Péricarde viscéral
MÉDIASTIN CAUDAL
N I V E A U DU M É D I A S T I N C R A N I A L N I V E A U DU MÉDIASTIN M O Y E N
FASCIA ENDOTHORACIQUE
On nomme fascia endothoracique (Fascia endothoracica) un mince plan conjonctif
fibro-élastique qui tapisse toute la paroi du thorax en doublant le feuillet pariétal de la
plèvre. C'est l'équivalent thoracique du fascia transversalis de l'abdomen. Il est surtout
distinct sur la paroi costale, où il adhère faiblement à la face interne des côtes et des
muscles intercostaux, ainsi qu'à la surface du muscle transverse du thorax. Il devient
beaucoup plus adhérent sur le diaphragme et en particulier sur le centre tendineux de
celui-ci, dont il n'est pas dissociable. Sa face interne se confond avec le mince conjonc-
tif pleural. Il délègue en outre dans le médiastin des tractus fibreux qui solidarisent les
principaux organes à la paroi et dont les plus remarquables forment de véritables liga-
ments unissant le péricarde au sternum et au diaphragme (ligaments sterno-péricardiques
et phrénico-péricardique), de façon variable avec les espèces. Le fascia endothoracique
est particulièrement épais chez le Bœuf.
II. - PLÈVRES
(Pl. 426 à 451)
Les plèvres (Pleurae) sont les séreuses des poumons, dont elles facilitent le glisse-
ment contre les parois de la cavité thoracique pendant les mouvements respiratoires.
Chacune d'elles, droite ou gauche, enveloppe l'organe correspondant d'un vaste sac com-
plet et présente un feuillet pariétal, un feuillet viscéral et un méso ou ligament pulmo-
naire. L'adossement des feuillets pariétaux sur le plan médian concourt à la formation
du médiastin, cloison qui sépare les deux hémithorax. La plèvre gauche est toujours plus
petite que la droite et cette dernière est en général un peu plus compliquée.
La plèvre viscérale et le ligament pulmonaire ont déjà été décrits. Il reste donc à étu-
dier ici, outre la cavité pleurale, la plèvre pariétale et le médiastin.
CAVITÉ PLEURALE
Les deux feuillets de la plèvre délimitent une cavité close, la cavité pleurale (Cavum
pleurae), virtuelle à l'état physiologique et qui ne devient réelle qu'en cas d'épanchement
pathologique ou d'ouverture de la cavité thoracique, par suite de la rétraction pulmonaire.
A l'état normal, cette cavité renferme seulement quelques millilitres de sérosité : le liquide
pleural (Liquor pleurae), destiné à faciliter le glissement des feuillets l'un sur l'autre. Le
rôle mécanique de ce fluide est important : il forme un film adhérent à la surface de cha-
cun des feuillets pleuraux. Ces deux films sont normalement unis par la force de cohé-
sion interne du liquide constituant, qui leur permet de glisser librement l'un sur l'autre
mais empêche leur séparation. C'est cette force qui est par commodité nommée " v i d e "
ou "dépression pleurale". Lors d'irruption gazeuse dans la cavité pleurale, la force de
cohésion est vaincue par l'élasticité des poumons, qui s'affaissent en même temps que
se séparent les deux films liquides, viscéral et pariétal.
PLÈVRE PARIÉTALE
Ce feuillet (Pleura parietalis) est divisé pour l'étude en autant de parties qu'il tapisse
de régions. On décrit ainsi une plèvre costale, une plèvre diaphragmatique et une plèvre
médiastinale.
La plèvre costale (Pleura costalis) est appliquée sur la paroi costale par l'intermé-
diaire du fascia endothoracique, auquel elle adhère. Sa périphérie se réfléchit sur le dia-
phragme et le médiastin en formant des culs-de-sac ou récessus pleuraux (Recessus
pleurales) dont la disposition doit être bien connue. Au niveau de l'ouverture crâniale
M. longisslmus du thorox CD
Conduit thoracique
Arc de l'aorte
N. I. médiastinaux crâniaux
A. et V. scapulaires dorsales
du thorax, il s'agit d'un cul-de-sac arrondi, habituellement plus saillant à droite qu'à gau-
che : c'est la coupole pleurale (Cupula pleurae) — ou dôme pleural — qui s'étend en
général un peu au-delà de la première côte, plus ou moins selon les espèces et les indivi-
dus. Caudalement, entre la paroi costale et le diaphragme, la réflexion détermine, de la
partie dorsale des dernières côtes jusqu'au sternum, un angle dièdre très aigu qui consti-
tue le récessus costo-diaphragmatique (Recessus costodiaphragmaticus) ou récessus pleu-
ral caudal, qui ne s'engage pas jusqu'au fond de l'angle formé par le diaphragme et la
paroi costale. A son extrémité dorsale, ce récessus se prolonge dans la plupart des espè-
ces contre le pilier correspondant du diaphragme et forme, entre celui-ci et le début de
la paroi lombaire, le récessus lombo-diaphragmatique (Recessus lumbodiaphragmaticus).
Le récessus costo-diaphragmatique, bien que restant éloigné des insertions costales du
diaphragme, n'est jamais occupé par le bord basai du poumon, même dans les inspira-
tions forcées. Sa topographie sera décrite avec les particularités spécifiques, mais il
importe de retenir déjà que son fond est toujours situé à distance assez grande du pou-
mon . Quant au raccordement de la plèvre costale à celle du médiastin, il détermine en
regard du sternum un récessus costo-médiastinal (Recessus costomediastinalis) plus aigu
chez les Mammifères domestiques que chez l'Homme 11 '.
Nœuds lymphatiques
médiastinaux crâniaux
A. subclavière g.
A . thoracique interne
côte gauche
Nœud lymphatique
médiastinal caudal
Tronc brachio-céphalique
Œsophage
Tronc vagal ventral
Veine cave crâniale Zone d'adhérence entre les deux poumons
Veines pulmonaires
Nerf phrénique gauche
Médiastin caudal (Partie ventrale)
A t r i u m droit Ventricule gauche
Tronc pulmonaire Nerf récurrent gauche
Atrium gauche
Médiastin ventral'
Ventricule droit
Péricarde (ouvert)
Les artères et veines de la plèvre pariétale sont multiples et de faible calibre. Elles
proviennent des vaisseaux intercostaux, thoraciques internes et musculo-phréniques, ainsi
que de ceux du médiastin.
Les lymphatiques sont drainés, de façon variable avec les espèces, par les noeuds
lymphatiques intercostaux, thoraco-aortiques, médiastinaux et sternaux. Ceux des régions
les plus caudales peuvent aboutir aux nœuds lymphatiques lombo-aortiques et cœliaques
et ceux des parties les plus crâniales aux nœuds lymphatiques cervicaux profonds cau-
daux, voire axillaires à travers les premiers espaces intercostaux.
Les nerfs proviennent des nerfs phréniques et intercostaux (et de leur contingent
de fibres sympathiques). Leurs divisions ultimes sont libres ou portent des corpuscules
de type bulboi'de (corpuscules de Golgi) et de type lamelleux (corpuscules de Vater-Pacini).
La plupart s'arrêtent à la couche sous-pleurale. Leur topographie explique que les inflam-
mations de la plèvre costale, desservie par les nerfs intercostaux, donnent lieu par le phé-
nomène des douleurs reportées à des hyperesthésies cutanées thoraciques ou
abdominales, tandis que celles de la plèvre médiastinale et diaphragmatique, dépendant
des nerfs phréniques, se traduisent par des projections superficielles sur la base du cou.
DÉVELOPPEMENT
Dérivée de la partie crâniale des mésogastres dorsal et ventral de l'embryon, cette
cloison est d'abord formée d'un abondant mésoblaste dans lequel se développent les
futurs organes thoraciques. Elle sépare l'un de l'autre les deux sillons pleuro-péritonéaux,
diverticules crâniaux du cœlome. Lors du cloisonnement de celui-ci, la cavité thoracique
se trouve séparée de celle de l'abdomen et d'emblée divisée en trois parties, qui consti-
tuent respectivement le péricarde (unique en raison de l'absence de septum ventrale-
ment au cœur primitif) et les deux cavités pleurales, situées plus dorsalement. Ces
dernières sont envahies par le bourgeonnement des poumons de part et d'autre du sep-
tum médian. Elles s'étendent ensuite, en particulier du côté ventral, et finissent par entou-
rer plus ou moins complètement le péricarde.
D'abord massif et épais, le médiastin s'accroît avec les organes qu'il renferme et
devient plus étendu avec l'expansion du thorax. Il s'amincit en même temps, d'abord
relativement à l'ensemble de ce dernier, puis de façon absolue, par régression de son
tissu conjonctif. Le feuillet pariétal des plèvres se modèle ainsi de plus en plus étroite-
ment sur les organes médiastinaux. Dans l'intervalle de ceux-ci, il arrive même à s'ados-
ser directement à celui du côté opposé. Dans certaines espèces, dont les Carnivores et
les Equidés, cet amincissement se poursuit après la naissance et aboutit même en cer-
tains points à l'apparition de perforations.
Veines pulmonaires ronche principale droite
Partie thoracique du tronc sympathique ,rtère broncho-œsophagienne
pulmonaire
M. longissimus du
long du cou
M. ilio-costal du trachéale
Aorte
Nœud lymphatique médiastinal
Médiastin
vague droit
lymphatique
médiastinal crânial
Ganglion cervico-thoracique
A. subclavière droite
A . thoracique interne
DISPOSITION GÉNÉRALE
Etendu de l'ouverture crâniale du thorax au diaphragme et de la colonne vertébrale
à la face endothoracique du sternum, le médiastin est modelé sur les organes qu'il con-
tient. Le plus volumineux de ceux-ci est le cœur, enfermé dans le péricarde : il détermine
avec les gros vaisseaux de sa base, une forte saillie qui commande manifestement la
topographie médiastinale. On nomme médiastin moyen la région correspondante, qui
sépare en principe deux autres parties, dites respectivement médiastin crânial et médiastin
caudal. Ce dernier est beaucoup plus étendu chez les Mammifères domestiques que chez
l'Homme, où seule reste distincte sa partie dorsale, ou médiastin dorsal.
MÉDIASTIN CRANIAL
Le médiastin crânial (Mediastinum craniale), relativement épais, s'étend de l'ouver-
ture crâniale du thorax au bord crânial du péricarde. L'arc de l'aorte se place à sa limite
caudale chez les Ongulés, alors qu'il s'y engage un peu chez le Chien et le Chat, plus
nettement chez le Lapin et chez l'Homme. Chez les Mammifères domestiques, ce médiastin
est divisible en deux parties, l'une dorsale et l'autre ventrale. La première, qui corres-
pond à peu près au "médiastin supérieur" de l'Homme, est centrée sur la trachée qui
la parcourt de l'entrée du thorax à la base du cœur et qu'accompagne dorsalement l'œso-
phage. Ventralement à la trachée, on y trouve un important faisceau de grosses artères
et veines : tronc brachio-céphalique, artères carotides communes et artères subclaviè-
res et, un peu à droite et plus ventralement, la veine cave crâniale et ses racines ; il y
a deux veines caves crâniales chez le Lapin. Les artères subclavières émettent au pas-
sage plusieurs branches, dont les unes (artères costo-cervicales, cervicales profondes
et vertébrales) croisent les côtés de la trachée en direction dorsale et crâniale et les autres
(artères thoraciques internes) vont rejoindre le sternum près de son extrémité crâniale.
La trachée est en outre croisée à gauche par la terminaison du conduit thoracique et plus
caudalement par l'arc de l'aorte. Enfin, l'ensemble est accompagné par les nœuds lympha-
tiques médiastinaux crâniaux, ainsi que par de multiples nerfs : vagues, laryngés récur-
rents, phréniques et faisceaux cardiaques du sympathique.
La partie ventrale est occupée chez le jeune par le thymus. Après régression de ce
dernier, elle est uniquement formée par l'adossement des plèvres pariétales sur une mince
cloison conjonctive. Elle se prolonge ventro-caudalement en pointe entre le péricarde et
le sternum, où elle forme le médiastin ventral (Mediastinum ventrale), très étroit chez
l'Homme mais ample chez les Mammifères domestiques. A peu près médiane chez les
Equidés et le Lapin, cette partie du médiastin crânial est un peu déviée à gauche chez
les Carnivores et le Porc et refoulée jusqu'au contact de la paroi gauche par le lobe crâ-
nial du poumon droit chez les Bovidés.
MÉDIASTIN MOYEN
Le médiastin moyen (Mediastinum médium) est épais et large. On peut lui reconnaî-
tre deux parties, une ventrale et l'autre dorsale.
La partie ventrale est occupée par le cœur et le péricarde, qui s'étendent à peu près,
chez les Mammifères domestiques, dans l'espace situé en regard des côtes de la troi-
sième à la sixième paire (de la deuxième à la cinquième chez le Porc et le Lapin). Le péri-
carde est uni aux feuillets pleuraux qui le couvrent (plèvre péricardiaque) par une mince
couche de tissu conjonctif souvent chargé de graisse. Son apex est solidarisé de façon
variable à la face dorsale du sternum et répond, à travers les plèvres, à la paroi thoraci-
que au niveau de l'incisure cardiaque des poumons. Sa base arrive à l'union du tiers moyen
et du tiers dorsal de la cavité thoracique : en pratique et en raison de la longueur des
processus épineux des premières vertèbres thoraciques, sa projection se situe à peu près
au milieu de la hauteur totale du thorax chez la plupart des Mammifères domestiques.
800 -
Trachée
anglion cervico-thoracique
A . subclavière gauche
cave crâniale
Veine costo-cervicale
récurrent gauche
princip. 9-
longissimus du thorax
ilio-costal du thorax
vagal dorsal
Aorte thoracique
A. et V.
thorac. int.
, Médiastin
ventral
Atrium droit
Ventricule droit
Tronc pulmonaire
N. phrénique gauche
Atrium gauche
Ventricule
Péricarde (ouvert)
Partie costale du
Centre tendineux du diaphragme
Médiastin caudal
Récessus lombo-diaphragmatique
A sa gauche passe le nerf phrénique correspondant, qui lui est attaché par un court méso.
Chez le Lapin, la veine cave crâniale gauche arrive en outre de ce côté, de même que
la veine azygos gauche chez les Ruminants et le Porc. A droite, les terminaisons des vei-
nes caves et, chez les Equidés, les Carnivores, le Lapin et l'Homme, de la veine azygos
droite viennent traverser le péricarde pour rejoindre la base du cœur. De ce côté, le nerf
phrénique droit croise le péricarde sur un court trajet pour passer de la veine cave crâ-
niale à la veine cave caudale, qu'il accompagne. Enfin, les veines pulmonaires traversent
la partie caudale de la base du péricarde pour aboutir à l'atrium gauche.
MÉDIASTIN CAUDAL
Le médiastin caudal (Mediastinum caudale) est étendu entre le cœur, l'arc de l'aorte
et la racine des poumons d'une part, le diaphragme d'autre part. Chez les Mammifères
domestiques, il est à peu près triangulaire, le bord dorsal, très large, répondant à la colonne
vertébrale tandis que la partie ventrale s'étend en pointe jusqu'à la région xiphoïdienne.
Il donne attache, de la racine du poumon au diaphragme, au ligament du poumon, dont
l'insertion longitudinale le divise en deux parties, l'une ventrale et l'autre dorsale.
La partie ventrale, de loin la plus petite, est étroite, limitée par le péricarde et le dia-
phragme. Elle ne contient aucun organe en dehors du nerf phrénique gauche, qui passe
dans sa partie dorsale. Elle est mince, surtout chez les Carnivores et les Equidés, où elle
présente même un aspect finement cribliforme à l'âge adulte. Un peu déviée à gauche,
elle possède une laxité qui lui permet de se prêter sans difficulté aux mouvements du
diaphragme et du cœur. Son extrémité ventrale donne attache, sur la face droite, au pli
de la veine cave caudale. Cette partie du médiastin caudal est remplacée chez l'Homme
par une épaisse zone conjonctive qui unit la face caudale du péricarde au diaphragme
et englobe en outre le très bref parcours thoracique de la veine cave caudale.
(suite du texte p. 807)
( I l C'est à cette partie qu'est parfois réservée la dénomination de médiastin dorsal. Ce dernier s'étend en fait plus caudale-
ment, comme nous le verrons plus loin.
802 -
M. supra-épineux
M lonq du cou
Œsophage et connectif
cervical du sympathique Plexus brachial
A t è r e carotide
commune et nert vague N. récurrent droit
N. I. cervicaux profonds
caudaux et n. phréniquc Confluent des veines
jugulaires externes
V. subclavière M. scalène ventral
Artère Scapula
subclavière
M. brachio-céphalique
M. épineux du thor?x
M. rhomboïde du thorax
M. rhomboïde du thorax
Partie crâniale du fascia
thoraco-lombaire
Scapula
M. dentelé ventral du thorax
M. deltoïde
M. longissimus du thorax
M. longissimus du thorax
M. semi-épineux de la tête
M. semi-épineux de la tête
M. multifide du thorax
Arc de la 3e v. thoracique
M. ilio-costal du thorax
M. grand rond
M élévateur des côtes
M. grand dorsal
A V N intercostaux
M. long du cou
de la 4" vert,
Quatrième côte thoracique
Œsophage
Poumon gauche
M peaucier
omo-brachial
Conduit thoraci
N. phrénique gauche
N. phrénique droit
A t r i u m droit
Poumon droit
M. tenseur du
fascia antébrachial M. droit du thorax
Triceps brachial
(ch. long) Nerf ulnaire
Triceps brachial
(chef lat.) Nerf radial
N. musculo-cutané
M. pectoral scapulaire
Ligament supra-épineux
M. épineux du thorax
M. multifide du thorax
M. longissimus du thorax
M. longissimus du thorax
M. dentelé dorsal crânial
M. ilio-costal du thorax
M. élévateur des côtes
Huitième vertèbre
Huitième côte thoracique
A. et V. coronaires
A t r i u m gauche
V. sous-cutanée thoracique
Valve mitrale
Septum cardiaque
Artère coronaire gauche
M. transverse du thorax
A. et V. thoraciques inter
M. pectoral ascendant
Aorte
M. ilio-costal du
Onzième côte
cave caudale
Extrémité ventrale
de la huitième côte Début du côlon dorsal droit
La partie dorsale, seule distincte chez l'Homme, constitue le médiastin dorsal (Medias-
tinum dorsale). Pleine et solide, elle est allongée de l'arc de l'aorte aux piliers du dia-
phragme. Son bord dorsal est occupé par l'aorte, accompagnée par la veine azygos et
le conduit thoracique, dont la position varie avec les espèces, voire avec les individus.
Un peu plus ventralement, elle est parcourue par l'œsophage, que longent dorsalement
et ventralement les troncs vagaux et les vaisseaux œsophagiens. Au bord dorsal de l'œso-
phage se trouvent les nœuds lymphatiques médiastinaux caudaux, très volumineux chez
les Ruminants, petits dans les autres espèces et même absents chez les Carnivores et
le Lapin. Signalons enfin qu'il existe parfois, notamment chez l'Homme, à droite de l'œso-
phage et contre le diaphragme, une petite cavité séreuse dite "cavité séreuse du médias-
t i n " ou bourse infracardiaque (Cavum mediastini serosum, s. bursa infracardiaca), sorte
de dépendance du péritoine isolée lors du cloisonnement du cœlome et sur laquelle nous
reviendrons à propos de ce cloisonnement, dans le Tome IV.
Le médiastin crânial est situé en regard des deux premières côtes et des deux pre-
miers espaces intercostaux. Sa moitié ventrale, mince après la disparition du thymus,
est à peu près dans le plan médian. Comme le cœur, le médiastin moyen s'étend en regard
des côtes de la troisième à la sixième paires. L'apex du péricarde est placé à peu de dis-
tance du sternum ou même lui adhère directement. Le médiastin caudal est interrompu
en arrière de la racine du poumon par la zone d'adhérence interpulmonaire. Sa partie dor-
sale est longuement étirée en pointe entre les piliers du diaphragme et la colonne verté-
brale. Sa partie ventrale, très mince, est cribliforme, perforée chez l'adulte d'innombrables
petits trous qui lui donnent l'aspect d'une dentelle. Elle est pourtant encore pleine, bien
que mince, chez le nouveau-né. Vers l'âge de dix mois, alors que rien ne révèle encore
la perforation à l'œil nu, l'examen microscopique montre l'existence de trous d'un ving-
tième à un dixième de millimètre de diamètre. A un an, ces orifices peuvent être vus
par examen direct à jour frisant. Ils deviennent ensuite très visibles et s'agrandissent
(suite du texte p. 813)
808 -
Muscles épineux
et semi-épineux du cou
M semi-ôpmeux de la tète
M. supra-épineux
Tubercule majeur
de l'humérus
N. phrénique gauche
M pectoral ascendant
A et V thoraciques externes
M aectorai descendant
M dentelé au cou
Lobe crânial
du poumon gaucne
vague droit
Conduit thoracique
M. subscapulaire
Nerf vague gauche
Tronc brachio-
A. et V.
céphalique
M. scalène dorsal
N. phrénique droit
. Scapula
Scapula
Chef latéral du m.
triceps brachial
Médiastin crânial
(partie ventr. refoulée Mm. grand rond
par le poumon droit) et grand dorsal
A. et V. thoraciques
internes
Nœuds lymphatiques
Muscle sternaux
brachio-céphalique
Trochlée
de l'humérus
M. biceps brachial
M. pectoral
transverse
Muscles épineux
et semi-épineux du thorax Processus épineux de la
quatrième vertèbre thoracique
M. ilio-costal du thorax
Corps de la quatrième
Quatrième côte gauche
vertèbre thoracique
M. long du cou
M dentelé ventral du thorax
M. subscapulaire
Muscle deltoïde
Lobe crânial du poumon droit
Lobe crânial du poumon g
M. droit du thorax
M. Rectoral ascendant
M. transverse du thorax
et V. thoraciques internes
Sternum
M. pectoral transverse
Epicondyle médial
de l'humérus
M. tenseur du
fascia antébrachial
Moelle épinière
Chef long
du m. triceps brachial Tronc vagal dorsal
Lobe caudal
du poumon gauche Lobe caudal
du poumon droit
Centre tendineux
du diaphragme
Foie
Cœur
(Ventricule gauche)
A. et V. thoraciques
internes
du récessus
costo-diaphragmatique
d e la plèvre
Projection des insertions
Projection costales du diaphragme
de la convexité
du
Coupole
pleurale
Lobe crânial (Culmen) |
du poumon gauche
Lobe crânial
du poumon droit
Poumon g a u c h e :
caudal ^
Bord basai !
COTÉ GAUCHE
avec l'âge. Cette disposition très remarquable explique que les épanchements pleuraux
et les pleurésies soient presque toujours doubles chez les chevaux ; de même que les
pneumothorax, ils ont de ce fait une gravité beaucoup plus grande que dans les autres
espèces. Contrairement à celui du Cheval, le médiastin de l'Ane reste habituellement
imperforé.
R U M I N A N T S (Pl. 4 1 2 , 4 3 1 , 4 3 2 , 4 3 9 à 4 4 3 )
La cavité thoracique est un peu plus large mais notablement plus courte que chez
les Equidés, surtout par sa paroi dorsale. Bien que le sommet de la courbure du dia-
phragme ne dépasse pas le plan transversal passant par les côtes de la septième paire,
ce muscle est plus convexe encore dans sa moitié dorsale et ses insertions costales sont
relativement plus crâniales que dans les autres espèces. Le fascia endothoracique est
épais, riche en fibres élastiques et de teinte jaunâtre. La plèvre droite est beaucoup plus
grande que la gauche. En général, sa coupole s'étend chez le Bœuf jusqu'à quatre ou
cinq centimètres (parfois sept ou huit centimètres) crânialement à la première côte, alors
que la gauche ne dépasse cette côte que d'un ou deux centimètres. Chez certains sujets
toutefois, les deux côtés arrivent presque au même niveau. La topographie du récessus
costo-diaphragmatique présente aussi de grandes variations individuelles, pouvant attein-
dre un, voire deux espaces intercostaux. En général, son fond atteint des deux côtés
l'extrémité dorsale de la dernière côte ou du douzième espace intercostal. Sa projection
croise le bord ventral du muscle ilio-costal en regard de ce dernier espace puis descend
ventro-crânialement pour croiser presque toujours la douzième côte à égale distance du
muscle ilio-costal et de l'articulation costo-chondrale. Elle passe ensuite au tiers ventral
de la dixième côte ou à son voisinage puis atteint la septième articulation costo-chondrale,
quelquefois la huitième. Là, elle s'infléchit brusquement pour rejoindre le huitième carti-
lage costal, dont elle suit le bord crânial jusqu'au voisinage du sternum. Le fond du récessus
costo-diaphragmatique ne décrit généralement pas une courbe régulière mais dessine au
niveau de chaque espace intercostal une indentation ventrale plus ou moins profonde,
formant ainsi une série de festons souvent inégaux.
La partie du médiastin crânial située ventralement à la veine cave crâniale est forte-
ment déviée à gauche par le développement du lobe crânial du poumon droit. Elle vient
ainsi s'appliquer contre la face interne de la moitié ventrale des trois premières côtes gau-
ches. Le lobe crânial du poumon gauche est en conséquence refoulé dorsalement et
n'occupe qu'une partie de la plèvre correspondante. Le cœur se projetant de la troisième
à la sixième côte, le médiastin moyen présente à peu près la même situation que chez
les Equidés. Il n'a d'autre particularité que celles des organes contenus, notamment le
passage de la veine azygos à gauche de l'aorte. Le médiastin caudal est relativement
court dans sa partie dorsale, qui est presque entièrement occupée par la dilatation de
l'œsophage et les volumineux nœuds lymphatiques médiastinaux caudaux. Sa partie ven-
trale est épaisse, toujours imperforée chez le Bœuf et la Chèvre, plus mince et même
quelquefois un peu cribliforme chez le Mouton.
P O R C (Pl. 4 3 0 , 444)
Le thorax est plus large que dans les espèces précédentes en raison de la plus grande
incurvation des côtes ; il est aussi un peu plus long en proportion. Les coupoles pleura-
les s'avancent de deux ou trois centimètres crânialement à la première côte. Le fond du
récessus costo-diaphragmatique suit en général la moitié dorsale de la dernière côte puis
décrit une courbe régulière pour rejoindre la septième articulation costo-chondrale.
Le médiastin crânial est nettement dévié à gauche dans sa partie ventrale mais reste
séparé des côtes par le lobe crânial du poumon gauche. Il est plus étroit en proportion
(suite du texte p. 8 2 3 )
814 -
Nerf vague
Nœud lymphatique médiastinal crânial
costo-cervicale
M. long du
Œsophage
Veines pulmonaires
Veine azygos
M. longissimus du
crânial
Médiastin ventral
Ventricule droit
Oreillette droite
N. phrénique droit
gauche
Péricarde (ouvert)
M. subscapulaire Scapula
Muscle ilio-costal du thorax
M long d u c o u
M mlra-épineux
M subscapulaire
Nerf radial
M. pectoral ascendant
V. c é p h a l i q u e d u bras
Humérus
M. b r a c h i o - c é p h a l i q u e
N. m u s c u l o - c u t a n é
M. b i c e p s brachial
M. pectoral transverse Veine c é p h a l i q u e d u bras
Tête de l'humérus
Scapula Scapula
Œsophage
Bronche du culmen
(lobaire crâniale gauche)
Bronche lobaire
crâniale droite
Tronc pulmonaire-
Bronche lobaire
Bronche principale gauche moyenne droite
Œsophage
Ligament
Convexité
du diaphragme
ÈMÊ] « M i i l
ffitti
•râ
Récessus lombo-
diaphragmatique de la
Projection des
insertions costales
du
Projection du récessus
costo-diaphragmatique
de la
| Lobe caudal
Poumon d r o i t .
I Sciss. interlob. crânial
du poumon droit
i. Lobe moyen
COTÉ DROIT
Insertions du m. ilio-costal
Récessus lombo-
diaphragmatique
de la plèvre
Projection des
insertions c o s t .
du diaphragme
COTÉ GAUCHE
que dans les espèces précédentes, le cœur et le péricarde arrivant jusqu'au voisinage
du plan transversal passant par les côtes de la deuxième paire. Le médiastin caudal est
toujours épais et imperforé.
LAPIN
La cavité thoracique est relativement courte : le sommet de la convexité du dia-
phragme arrive jusqu'à un plan transversal passant par le quatrième espace intercostal.
Le fond du récessus costo-diaphragmatique décrit une courbe qui se projette de la partie
proximale de la dernière côte, parfois de l'avant-dernière, à la huitième articulation costo-
chondrale et à la partie ventrale du sixième cartilage costal.
832 -
Conduit (-s) biliaires interlobulaires 5 2 7 , 5 3 1 , 539 Cornu rostrale, caudale (cartilaginis thyroideae) 653
- cholédoque 507, 545 Corona clinica 105
- collecteurs des gl. salivaires 215 Corona dentis 101, 105
- cystique 543, 545 Corps adipeux de la joue 33
- excréteurs des glandes salivaires . . — de l ' a b o m a s u m (caillette) 371
11, 2 1 1 , 2 1 5 , 229 — de la dent 107,121,145, 149
— — du pancréas 568 — de la glande 311
— glandulaires • 15, 215 — de l'estomac 295
- hépatiques, droit, gauche, 539 — de la langue 49, 51
— — commun 539 — de la vésicule biliaire 543
- hépato-cystiques 545 — du caecum 419,457, 459
— hépato-pancréatique 511 — du feuillet 365
— incisif . . 6 2 1 , 6 3 5 , 6 3 7 , 6 3 9 , 6 4 3 , 645 — du pancréas 563
— intercalaire 213, 567 Corpus abomasi 371
- interlobaires . 15, 215 — adiposum buccae 33
-
- interlobulaire (-s)
— du pancréas . . .
. 15, 215
568
—
—
caeci
dentis
419
10/
--
— intralobulaire (-s)
— du pancréas . . .
majeur de la gl. zygomatique
• 15, 215
568
33
—
—
—
linguae
pancreatis
ventriculi
51
563
295
— mandibulaire 227, 235, 237, — vesicae felleae 543
Ligament triangulaire gauche du foie 525 Lobe (-s) des poumons ( — pulmonaires) .. 755
— veineux 517 — du foie 519
— vestibulaire 661 — du pancréas 563
— vocal 661 — glandulaires 15, 211
L i g a m e n t u m (-ta) alveolare 116 Lobule 15
— anularia tracheae 717 — biliaire 527
— arycorniculatum 657 — glandulaire 15
arytenoideum transversum . - 657 — hépatique 527
coronarium hepatis 523
— pancréatique 567
cricoarytenoideum 661
— portai 527
cricothyroideum 657
— pulmonaire (primaire, secondaire) 763, 765
— cricotracheale 665
— salivaire 211
— falciforme hepatis 523
Lobulus (-i) glandularis 15, 211
— gastrocolicum 303
— hepaticus 527
— gastrolienale 303, 579
— pancreatici 567
— gastrophrenicum 299
— pulmonalis primarius 765
— gingivale 116
— — secundarius 763
— hepatoduodenale 299
— pulmonis 763
— hepatogastricum 299
Lobus accessorius (pulmonis) 757
— hepatorenale 525
— caudalis (pulmonis) 757
— hyoepiglotticum 661
lienorenale 579 — caudatus (hepatis) 519
periodontale 116 — cranialis (pulmonis) 757
phrenicolienale 579 — dexter (pancreatis) 563
pulmonale 759 — glandularis 15, 211
— teres hepatis 513, 517 — hepatis dexter 519
— thyroepiglotticum 661 — hepatis sinister 519
— t h y r o h y o i d e u m laterale 661 — médius (pulmonis) 757
— t h y r o h y o i d e u m medianum . . . . 665 — quadratus (hepatis) 519
— triangulare d e x t r u m 525 — sinister (pancreatis) 563
- — sinistrum 525 Loge mandibulaire 225
— venosum 517 — parotidienne 217, 220, 231
— vestibulare 661 Luette 41, 89
vocale 661 Lymphatique (-s) 2 9 , 3 5 , 39, 4 5 , 6 3 ,
Ligne (-s) ano-cutanée 447 215,221,227,229, 265
— ano-rectale 445, 447 central 403
— incrémentale de la dentine 113 de l ' a b o m a s u m (caillette) . . . . 375
— — de l'émail 115 — de la langue 63
— — du c é m e n t 115 — de la muqueuse nasale 622
— oblique du cartilage thyroïde 651 — de la plèvre 797
Limbus striatus 401 de la rate 585
Limen nasi 601 — de la trachée 733
— pharyngooesophageum 255
— de l'estomac 315
Linea (-ae) anocutanea 447
— de l'intestin grêle 407
— anorectalis 445, 447
— de l'œsophage 275
— incrémentales c e m e n t i 115
— de l ' o m a s u m (feuillet) 367
— — dentini 113 des dents 119
— — enameli 115
des cavités nasales 607
— obliqua 651
— des glandes salivaires 215
Lingua 49
— des joues 35
Lingula 757, 771, 785
— des lèvres 29
Lipocyti perisinusoidei 529
— des poumons 770
Liquide pleural 793
— du canal anal 453
Liquor pleurae 793
du foie 537
Livret 363
— du gros intestin 419
Lobation hépatique 519
— du larynx 681
— des poumons 755
du nez 622
Lobe (-s) accessoire (du poumon) 757
— du palais dur 39
— azygos (du poumon) 725, 757
du palais mou 45
— cardiaque (du poumon) 757
— du pancréas 569
— carré du foie 519
du pharynx 265
— caudal (du poumon) 757
— du réticulum (réseau) 361
— caudé du foie 519
du rumen 355
— crânial (du poumon) 757
Lymphatiques (Nœuds — ) :
— de Spiegel 519
voir Nœuds lymphatiques
- 841
tN
- 843
Musculus <—>
î sphincter caeci 427 Nerf (-s) du palais 45
— — d u c t u s choledochi 545 — du pancréas 569
— — ileale 425 — du pharynx 265
— — pylori 307 — du réticulum (réseau) 361
— styloglossus 59 — du rumen 353, 355
— stylopharyngeus caudalis . . 259 — du voile du palais . . 45
— stylopharyngeus rostralis 259 — ethmoïdaux 623
— tensor veli palatini 43 — facial 29, 35, 231, 607
— — ventriculi laryngis . 669 — glosso-pharyngien . . . 45, 63, 265
— thyroarytenoideus 669 — grand auriculaire . . . 231
— — accessorius - 669 — hypoglosse 63
— infra-orbitaire 29, 119, 6 0 7 , 631
— thyrohyoideus 665
— intercostaux 797
— thyropharyngeus 259
— laryngé caudal 683
— trachealis 717
— — crânial . . . . 63, 683
— uvulae 43
— ventricularis 669 — — récurrent 683, 713, 715,
— vocalis 669 719, 791, 799, 801
M y o c y t i nonstriati 7 — lingual 63
Myo-épithéliocytes 13, 213 — mandibulaire 45
Myoepitheliocyti 13, 213 — maxillaire 45, 607
— mentonniers 35, 119
— naso-ciliaire 623
N — olfactifs 623
— palatins 39, 45
Mares 597 — pharyngien 275
Narines 597, 599 — phrénique 791, 797, 799, 801
— de la Chèvre 637 — rectaux caudaux 753
— de l'Homme 645 — splanchnique 547, 791
— du Bœuf 635 — trijumeau 35, 4 5 , 119, 6 0 7 , 623
— du Chat 639 — vague 45, 265, 269, 275, 537,
— du Cheval 631 547, 681, 715, 799, 801
— du Chien 639 — vertébraux 715, 791
— du Lapin 643 — voméro-nasal 623
— du Mouton 637 Nervus alveolaris inferior 119
— du Porc 637 — glossopharyngeus 63
Naseaux 599 — hypoglossus 63
Nasopharynx 251, 253 — infraorbitalis 119
Nasus externus 597 — laryngeus cranialis 63
Nerf (-s) accessoire 231 — lingualis 63
— alvéolaire inférieur 29, 119 Nez 597
— auriculaire caudal 231 Nivellement 127, 133, 1 3 5 , 165, 193
— auriculaire moyen 231 Nodules lymphatiques . . 11, 59, 2 6 1 , 405,
— auriculo-palpébral 231 417, 483, 491
— auriculo-temporal 231 — - agrégés . . 3 9 3 , 417,
— de l ' a b o m a s u m (caillette) 373, 375 425, 457, 475, 483,
— de la langue 63 487, 497, 499, 503
— de la muqueuse nasale 623 Noduli lymphatici 261
— de la plèvre 797 Nœuds lymphatiques abomasaux 375
— de la rate 585 — — ano-rectaux 453
— de la trachée 719 - atriaux 3 5 5 , 3 6 1 , 3 7 5 , 585
— de l'estomac 315 — — caecaux 419
— de l'intestin grêle 403, 405, 409 cervicaux profonds
— de l'œsophage 275 265, 275, 681, 719, 797
— de l ' o m a s u m 367, 369 cervicaux profonds
— des bronches 731 caudaux 791
— des cavités nasales 607 — — cervicaux superficiels 239
— des dents 119 — cœliaques . 3 1 5 , 4 0 9 ,
— des lèvres 29 537, 569, 585, 770, 797
— des p o u m o n s 770 — - coliques 419, 461
— du canal anal 453 — — gastriques . 2 7 5 , 3 1 5 ,
— du conduit cholédoque 547 537, 569, 770
— du foie 531, 537 — — hépatiques 537, 547, 569
— du gros intestin 419 — — — accessoires
— du larynx 681 537, 547
— du nez 607 — — iléo-coliques 409
844 -
S
- 847
850 -
T o m e 1 - Ostéologie
XX + 761 pages - 4 2 3 planches
Tome 2 - A r t h r o l o g i e e t M y o l o g i e
XXIV + 9 8 4 pages - 4 6 1 planches
Tome 3 - S p i a n c h n o l o g i e I
Appareil digestif et appareil respiratoire
XXII + 853 pages - 451 planches
Tome 4 - S p i a n c h n o l o g i e I I
Appareil uro-génital - Fœtus et ses annexes
Péritoine et topographie abdominale
951 pages - 4 8 9 planches
Tome 5 - A n g i o l o g i e
XXII + 9 0 4 pages - 3 9 9 planches
Tome 6 - N e u r o l o g i e I
Système nerveux central (en préparation)
Tome 7 - N e u r o l o g i e I I
Système nerveux pépiphérique - Système sympathique
Tégument et organes des sens - Glandes endocrines
(en préparation)
EDITIONS VIGOT
23, rue de l'Ecole de Médecine
7 5 0 0 6 PARIS