L’INSTITUT CONCORDE
LA CHARTE DE LA TRANSITION
COMMENTÉE ARTICLE PAR ARTICLE
Par M. Jean Marc ESSONO NGUEMA
Docteur en droit public, Avocat à la Cour
CONTACTS
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AVANT-PROPOS
À vous qui vous apprêtez à tourner les pages de cet ouvrage, j’aimerais
d’emblée poser quelques pierres angulaires.
D’abord, il est important de comprendre que mon intention première n’est
pas de prétendre offrir une analyse parfaite de la Charte constitutionnelle. Le
choix de commenter cette charte article par article se veut avant tout une
démarche pédagogique, facilitant la compréhension et l’assimilation. Mon
souhait le plus cher est de rendre accessible à chacun, pourvu qu’il soit lettré,
les nuances et interprétations de chaque article.
Cette première édition, que vous tenez entre vos mains, est semblable à un
bourgeon qui, je l’espère, évoluera et s’épanouira au fil du temps. Mon
engagement est de la mettre régulièrement à jour, en l’enrichissant et la
perfectionnant à chaque nouvelle étape.
En tant qu’auteur, mon aspiration est d’aborder chaque point avec objectivité
et rigueur scientifique. Les points de vue exprimés ici ne sont que le reflet de
ma propre analyse, et je tiens à préciser qu’ils n’engagent que moi. Loin de
moi toute hostilité envers les autorités de Transition. Mon espoir est plutôt de
proposer un travail constructif qui pourra, je l’espère, éclairer certains débats
ou enrichir certaines réflexions.
Bien qu’une grande partie de ce livre soit consacrée à l’analyse article par
article, j’ai également jugé essentiel d’ajouter une introduction et une
conclusion. Ces sections permettront d’aborder certains aspects que j’aurais
souhaité voir dans la charte, et de donner une appréciation personnelle de
celle-ci dans son ensemble.
Que ce voyage au cœur de la Charte constitutionnelle de la Transition soit
pour vous aussi instructif qu’il l’a été pour moi lors de sa rédaction. Merci de
m’accorder votre confiance et de m’accompagner dans cette exploration.
Jean Marc ESSONO NGUEMA
Docteur en droit public
Avocat à la Cour
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PRÉFACE
Depuis le 30 août 2023, le Gabon vit un tournant de son histoire politique et
sociale. En effet, la prise du pouvoir par les militaires de la Garde Républicaine,
menés par le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, a redistribué les cartes
et ouvert le champ des possibles aux changement et transformation de nos
institutions.
Pour rappel, le Gabon était dirigé pendant près de 60 ans par la famille Bongo
au mépris de l’Etat de droit et de la démocratie. Les nombreuses injustices
économiques et sociales qui en ont découlées ainsi que la multiplication des
infractions aux règles élémentaires de la tenue d'élections libres et
transparentes, ont renforcé le mécontentement d’une population lassée par
les violations répétées de leurs droits et libertés en toute impunité.
C’est dans ces conditions que la Charte de la Transition a été rédigée puis
publiée au Journal officiel du 4 septembre 2023, date de la prestation de
serment du Président de la Transition, et qu’elle pose les bases juridiques des
modalités d’exercice du pouvoir durant cette période de Transition.
L’Institut Concorde, qui se propose de penser le Gabon autrement, ne saurait
rester muet sur ce texte et ses implications juridiques. En effet, les citoyens
gabonais sont en droit de connaître les organes en charge de la conduite du
pouvoir politique de la Transition, les contre pouvoirs en présence et leur
marge de manœuvre, la durée de la Transition et la place du citoyen dans la
refonte des institutions de l’Etat gabonais.
L’analyse de ce texte est particulièrement urgente au regard de la volonté des
gabonais de plus de transparence dans la gestion de la chose publique mais
surtout, de la responsabilité publique qui incombe aux autorités dans la
conduite des affaires publiques et du respect de l’Etat de droit auquel ils sont
tenus.
Ce commentaire article par article est donc une occasion pour l’Institut de
questionner le contexte de Transition actuel et surtout, d’alerter l’opinion
publique de l’intérêt de se mobiliser pour ne plus subir les dérives d’un
pouvoir autoritaire.
Mme Charlène ONGOTHA
Docteur en droit
Présidente de l’Institut Concorde
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INTRODUCTION
Suite à un coup d’État survenu le 30 août 2023, le Gabon a vu le Comité pour
la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) prendre les rênes du
pouvoir. En guise de première action notable, ce comité a introduit une «
Charte de la Transition ». Mais qu’est-ce qu’une charte et quelle est son utilité
réelle dans le contexte gabonais ?
QU’EST-CE QU’UNE CHARTE ?
En ouvrant les pages de n’importe quel texte fondamental régissant un État
ou une organisation, l’on est souvent confronté à un choix sémantique crucial
: s’agit-il d’une « charte », d’une « constitution », ou d’un autre terme juridique ?
Bien que ces appellations puissent paraître interchangeables au premier
abord, elles revêtent des nuances significatives en termes de portée, de
fonction et d’impact.
Au cœur de ces termes se trouve la notion de « charte ». Une charte est, dans
son essence, un document formel qui énonce un ensemble de principes, de
droits, ou de règles destinées à guider le comportement d’une entité, qu’il
s’agisse d’un État, d’une entreprise ou d’une organisation. À titre d’exemple,
on peut citer la Charte des Nations Unies, qui définit les principes
fondamentaux et la structure de cette organisation internationale.
La valeur juridique d’une charte peut varier grandement selon son contexte
d’adoption et le domaine sur lequel il porte. Tandis que certaines peuvent
avoir une force purement déclaratoire, évoquant des principes généraux sans
conséquence juridique directe, d’autres peuvent être dotées d’une force
contraignante, à l’instar de la Charte canadienne des droits et libertés, qui a
une force constitutionnelle. Il en va de même pour la Charte constitutionnelle
de la République du Portugal adoptée le 2 avril 1976.
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QUELLE EST SON UTILITÉ ?
Au-delà de sa valeur juridique, la charte présente une utilité indéniable. De
manière générale, elle sert à formaliser des principes, offrir un cadre de
référence, ou encore protéger des droits et libertés. Mais c’est
particulièrement en période de transition, comme lors d’une refonte
démocratique ou après un conflit, que la charte trouve une résonance
particulière. Dans l’hypothèse d’une transition comme c’est le cas au Gabon
depuis le 30 août 2023, la Charte peut offrir un cadre stabilisateur, rassurant la
population tout en reflétant un consensus sur la direction future.
Au Gabon, on l’aura bien compris, la Charte de la Transition que l’on pourrait
d’ailleurs appeler « Charte constitutionnelle de la Transition », bénéficie d’une
valeur constitutionnelle dans la mesure où elle constitue un ensemble de
règles qui définit la structure et le fonctionnement du Gabon et fixe les
pouvoirs des institutions publiques, les droits et les libertés des citoyens, et
les principes fondamentaux de l’État.
Alors, pourquoi choisir le terme « charte » plutôt que « constitution » ou un
autre terme tel que « loi », par exemple ? La réponse à cette question réside
souvent dans l’intention des rédacteurs et dans la portée envisagée du
document. Une « constitution » évoque généralement un texte fondamental,
la loi suprême d’un État, alors qu’une « charte » peut être perçue comme plus
flexible, souvent adoptée pour des périodes déterminées ou des contextes
spécifiques. Ainsi, il est courant que les pays qui connaissent une période de
transition adoptent une charte pour guider une période intermédiaire avant
d’établir une constitution permanente. C’est l’option retenue par le CTRI du
Gabon.
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MÉTHODOLOGIE ADOPTÉE :
La Charte de la Transition, comme elle a été récemment introduite, constitue
un document essentiel pour comprendre la vision et la direction futures du
Gabon. Pour en appréhender pleinement la substance et la signification, nous
avons opté pour une méthodologie que nous espérons assez rigoureuse : un
commentaire détaillé, article par article. Cette approche vise non seulement à
décrypter le contenu juridique et les implications de chaque disposition, mais
également à garantir que chaque citoyen, qu’il soit juriste ou non, puisse
comprendre aisément les implications de chaque texte.
Nous sommes conscients que la charte, dans sa version actuelle, n’est pas
exempte d’ambiguïtés, d’inexactitudes ou d’imprécisions. Dans une
démarche proactive, et en anticipant les révisions potentielles qui pourraient
être apportées à ce texte par ses auteurs dans un proche avenir, notre
commentaire proposera, lorsque nécessaire, des corrections ou des
clarifications. Toutefois, il est primordial de noter que, tout en proposant ces
ajustements, notre analyse restera toujours fidèle à l’esprit et à l’essence du
texte originel.
Il convient de souligner que ce travail ne se veut pas purement académique.
Il s’inscrit dans une initiative citoyenne plus large portée par l’Institut
Concorde, un think-tank gabonais auquel j’ai l’honneur d’appartenir. Notre
ambition principale est de servir d’éclairage aux citoyens gabonais en ces
temps de transition, leur offrant un guide pour naviguer à travers cette
charte. Dans cette perspective, après avoir examiné minutieusement chaque
article, notre étude se penchera sur les aspects moins explicites du
document, identifiant et analysant les zones d’ombre potentielles de la
Charte de la Transition.
En somme, il est essentiel de rappeler que derrière la complexité juridique et
les termes techniques, se cache une vision, un projet pour le Gabon.
Décrypter ce document, en saisir les nuances et les intentions, c’est se
donner les moyens de comprendre et de participer activement au tournant
historique que connaît actuellement notre nation.
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CHARTE DE LA TRANSITION
DU COMITÉ POUR LA TRANSITION ET
LA RESTAURATION DES INSTITUTIONS (CTRI)
ADOPTÉE LE 2 SEPTEMBRE 2023
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PRÉAMBULE :
Nous, membres des forces de défense et de sécurité de la République
gabonaise, regroupés au sein du Comité pour la Transition et la Restauration
des Institutions, en abrégé CTRI, avec les forces vives de la Nation gabonaise :
– Mus par un élan de sursaut national pour la refondation de l’État, la
préservation des principes républicains et le renouveau de la démocratie et
de la citoyenneté ;
– Inspirés par la volonté et l’engagement partagé de changement pour le
bien-être et le vivre ensemble du peuple souverain du Gabon, ayant conduit à
la prise effective du pouvoir par l’armée gabonaise, sous la direction du
Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, le 30 août 2023 ;
– Considérant l’adhésion populaire qui en est résulté ;
– Considérant les conclusions des concertations nationales inclusives, tenues
à Libreville au Palais Rénovation, avec les représentants des partis politiques,
des organisations de la société civile, des confessions religieuses, des
coordinations régionales, des organisations de femmes et de jeunes, des
gabonais de l’étranger, des centrales et fédérations syndicales, du secteur
informel, des organisations patronales, des organisations et ordres
socioprofessionnels, des chambres consulaires, des organismes de presse et
de toutes les autres forces vives de la Nation ;
– Prenant acte des propositions et recommandations des différentes
composantes des forces vives de la Nation ;
– Soucieux de maintenir la cohésion nationale, de consolider les bases de
notre démocratie et de promouvoir le développement et la prospérité des
Gabonais et Gabonaises ;
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– Reconnaissant que les crises politiques et sociales cycliques, les
détournements de fonds publics qui ont affligé la République gabonaise
avant et après le changement de la constitution, de la loi électorale et des
résultats tronqués de l’élection présidentielle de 2023 pour favoriser un
troisième mandat du Président Ali BONGO ONDIMBA, ont fissuré l’unité
nationale, décrédibiliser les institutions et ralenti le développement du pays ;
– Conscients de la nécessité de bâtir ensemble d’une manière durable les
fondamentaux d’une République démocratique stable, unie dans sa diversité
et respectueuse des Droits de l’Homme et des libertés publiques ;
– Engagés à construire un véritable État de droit conforme aux profondes
aspirations du peuple gabonais et tirant les leçons de notre expérience
politique, notamment des crises récurrentes et souvent violentes qu’a
connues notre pays suite aux différents scrutins ces dernières années ;
– Considérant les cas de violations répétées des Droits de l’Homme et des
libertés individuelles et collectives, qui ont endeuillé des familles et causé des
handicaps à des milliers de femmes et de jeunes gabonais en particulier ;
– Réaffirmant notre attachement aux valeurs et principes démocratiques tels
qu’inscrits dans la Charte des Nations-Unies, la Déclaration universelle des
Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, la Charte africaine de la démocratie,
des élections et de la gouvernance du 30 janvier 2007 de l’Union africaine ;
– Considérant la volonté résolue du Comité pour la Transition et la
Restauration des Institutions de refonder l’État, pour plus de sécurité
juridique fondée sur l’équité et la justice, dans un esprit inclusif ;
– Considérant la détermination du Comité pour la Transition et la
Restauration des Institutions de combattre toute forme de marginalisation et
de repli identitaire, de prévenir et réprimer la corruption, les crimes
économiques et financiers, l’impunité, la politisation de l’Administration
publique et l’instrumentalisation de la Justice ;
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– Considérant le comportement patriotique des forces de défense et de
sécurité assurant la quiétude sociale et la continuité de l’État ;
– Considérant que l’intérêt supérieur de la nation réside dans le maintien de
la paix, la sécurité collective, le bon voisinage dans la sous-région, qui sont
des préalables à l’émergence, à la stabilité, à l’intégration et à la coopération
comme moyens de rassemblement et de consolidation de la démocratie ;
– Considérant la nécessité d’une Transition démocratique inclusive et
impartiale ;
Approuvons et adoptons la présente Charte de la Transition dont le
préambule est partie intégrante.
COMMENTAIRES
QU’EST-CE QU’UN PRÉAMBULE ET QUELLE EST SON UTILITÉ ?
Un préambule est un texte introductif qui expose les raisons d’être et les
objectifs d’un document juridique. Il est généralement rédigé par les auteurs
du document, et il est destiné à être lu et compris par le public cible.
Dans une charte constitutionnelle, le préambule est un texte important qui
définit les principes fondamentaux de l’État. Il est souvent utilisé pour
réaffirmer les valeurs démocratiques et les droits fondamentaux des citoyens.
Le préambule d’une charte constitutionnelle peut avoir plusieurs fonctions :
Il définit les valeurs et principes fondamentaux de l’État. Par exemple, le
préambule de la Constitution gabonaise de 1991 proclame solennellement
l’attachement du Gabon à ses valeurs sociales profondes et
traditionnelles.
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Il réaffirme les droits fondamentaux des citoyens. Par exemple, le
préambule de la Constitution gabonaise de 1991 affirme que tout Gabonais
a le droit de fixer librement son domicile ou sa résidence en un lieu
quelconque du territoire national.
Il peut servir de guide d’interprétation pour les articles de la Charte
constitutionnelle. Par exemple, en France, le préambule de la Constitution
de 1958 a été utilisé pour justifier la décolonisation.
Le préambule d’une charte constitutionnelle comme celle adoptée par le
CTRI est un texte important qui peut avoir une influence significative sur le
développement de l’État. Il est donc important de le comprendre et de
l’analyser pour saisir les enjeux de la vie politique.
I. CONTEXTE ET ORIGINES DE LA CHARTE
A/ FORMATION ET LÉGITIMITÉ DU CTRI
1/ COMPOSITION ET REPRÉSENTATION
Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) est une
entité regroupant des membres des forces de défense et de sécurité de la
République gabonaise. Si le préambule ne précise pas la composition exacte
en termes de nombres et de postes, il est probable que cette assemblée soit
formée d’officiers supérieurs, de commandants d’unités et de représentants
des différentes branches des forces armées et de sécurité. Cette structure
rappelle, à bien des égards, d’autres instances similaires formées dans
d’autres pays en période de transition.
En Égypte par exemple, après le renversement du président Hosni Moubarak
en 2011, le Conseil suprême des forces armées, composé de hauts
responsables militaires, avait pris le pouvoir pour superviser une période de
transition.
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La représentation au sein du CTRI serait idéalement diverse, afin de refléter
l’ensemble des voix et des préoccupations des forces de défense et de
sécurité. Cette diversité garantirait que les décisions prises par le CTRI
tiennent compte des perspectives et des intérêts variés des membres des
forces armées et de sécurité.
2/ LA SIGNIFICATION DU SOUTIEN DES « FORCES VIVES » DE LA NATION
Le soutien des « forces vives » de la nation est crucial pour la légitimité de
toute entité transitoire. Dans le contexte gabonais, le préambule met en
évidence que le CTRI aurait collaboré et obtenu l’approbation de divers
groupes importants, tels que les partis politiques, les organisations de la
société civile, les confessions religieuses, et d’autres.
Ces « forces vives » représentent un éventail d’acteurs non étatiques influents
qui jouent un rôle crucial dans la société gabonaise. Leur soutien au CTRI
signifie qu’il ne s’agit pas seulement d’un coup d'État militaire classique, mais
d’un mouvement qui jouit d’une certaine approbation populaire et sociétale.
Au Burkina Faso, lors de la transition après la chute de Blaise Compaoré en
2014, la société civile, les partis politiques et les forces armées ont joué un rôle
conjoint pour assurer une transition vers des élections démocratiques.
L’implication et le soutien des « forces vives » donnent également au CTRI une
légitimité qui dépasse celle des simples interventions militaires. Cela suggère
que le CTRI ne vise pas simplement à prendre le pouvoir pour lui-même, mais
chercherait à représenter et à répondre aux aspirations largement ressenties
de la population gabonaise.
B/ CATALYSEURS HISTORIQUES DE LA TRANSITION
1/ LES CRISES POLITIQUES ET SOCIALES RÉCURRENTES
Depuis son indépendance en 1960, comme de nombreux pays africains, le
Gabon a connu diverses périodes d’instabilité politique et sociale. Ces crises
peuvent être dues à des désaccords politiques, des tensions ethniques, des
revendications socio-économiques ou des luttes pour le contrôle des
ressources du pays, notamment le pétrole et les minéraux.
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En 1990 par exemple, la pression populaire pour plus de démocratie au Gabon
a conduit à des émeutes et des manifestations à Libreville et à l’intérieur du
pays, poussant le gouvernement à introduire le multipartisme. Cependant, les
élections qui ont suivi ont été entachées d’allégations de fraude, provoquant
davantage de tensions.
Ces crises ont souvent été exacerbées par la perception d’une mauvaise
gouvernance, d’une corruption endémique et d’une répartition inégale des
richesses du pays, malgré la relative prospérité du Gabon comparée à d’autres
pays de la région.
2/ LES ENJEUX AUTOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DE 2023
Au Gabon, depuis l’avènement du multipartisme, l’élection présidentielle est
toujours un moment de grande tension dans le pays. L’élection du 26 août
2023 a confirmé cette réalité. Selon le préambule, et aucun Gabonais
normalement constitué ne le contredit, le processus électoral a été entaché de
fraudes organisées par l’équipe du président Ali BONGO ONDIMBA qui a voulu
briguer un troisième mandat alors qu’il a été nettement battu par le
Professeur Albert ONDO OSSA.
L’emploi dans le préambule de l’expression« résultats tronqués » indique des
allégations de fraude ou de manipulation électorale. Ceci, associé à une
tentative controversée de briguer un autre mandat, a aggravé les tensions
existantes et est devenu un élément déclencheur justifiant une intervention
du CTRI.
3/ LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME
Le respect des droits de l’homme est fondamental pour la légitimité de tout
gouvernement. Selon le préambule, le Gabon a connu des« violations répétées
des droits de l’homme » qui ont non seulement endeuillé des familles, mais
ont également causé des handicaps à des milliers de personnes, notamment
des femmes et des jeunes. Ces violations peuvent inclure, sans s’y limiter, des
détentions arbitraires, des tortures, des exécutions extrajudiciaires et la
répression des libertés civiles.
Dans le contexte gabonais, ces nombreuses violations ont alimenté le
mécontentement du peuple gabonais, renforçant l’appel à un changement de
régime et justifiant, aux yeux de la grande majorité, l’intervention du CTRI.
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II. RÉAFFIRMATION DES VALEURS DÉMOCRATIQUES
A/ PRINCIPES FONDAMENTAUX DES VALEURS DÉMOCRATIQUES
1/ SOUVERAINETÉ DU PEUPLE
La souveraineté du peuple est l’un des piliers de tout régime démocratique.
C’est le principe selon lequel tout pouvoir émane du peuple. Autrement dit,
c’est le peuple qui détient le pouvoir ultime et il est le seul à pouvoir le donner
ou le retirer. Dans une démocratie, cela se manifeste souvent par le vote, où le
peuple choisit ses représentants et décide de certaines orientations majeures
par voie de référendum. Par exemple, les élections présidentielles sont
l’expression directe de cette souveraineté. Dans le contexte gabonais, la
contestation de l’élection de 2023 souligne à quel point le respect de la volonté
du peuple est fondamental.
2/ DROITS DE L’HOMME ET LIBERTÉS FONDAMENTALES
Ces droits sont inhérents à chaque être humain, quels que soient sa race, sa
nationalité, son sexe, sa religion ou tout autre statut. Ils comprennent la liberté
d’expression, la liberté de réunion, le droit à la vie, et bien d’autres. Les libertés
fondamentales, quant à elles, garantissent à chaque individu le droit de mener
sa vie sans ingérence indue. Dans le contexte gabonais, les préoccupations
concernant les violations des droits de l’homme évoquées dans le préambule
montrent l’importance d’un retour à ces principes essentiels.
B/ INSTRUMENTS INTERNATIONAUX ÉVOQUÉS
1/ LA CHARTE DES NATIONS-UNIES
Adoptée en 1945, la Charte des Nations-Unies est la pierre angulaire du
système international contemporain. Elle établit les droits et les devoirs des
pays membres et énonce des principes de base tels que l’égalité souveraine
des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Elle prône
également la résolution pacifique des conflits et la promotion des droits de
l’homme.
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2/ LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME
Adoptée en 1948, elle énumère les droits fondamentaux dont chaque
personne doit jouir, indépendamment de sa situation géographique, culturelle
ou sociale. Elle couvre un éventail de droits, allant des droits civils et politiques,
comme le droit à la vie et la liberté d’expression, aux droits économiques,
sociaux et culturels, comme le droit à l’éducation.
3/ LA CHARTE AFRICAINE DE LA DÉMOCRATIE, DES ÉLECTIONS ET DE LA
GOUVERNANCE
Adoptée en 2007 par l’Union africaine, cette charte s’engage à promouvoir les
principes démocratiques et les droits de l’homme en Afrique. Elle vise
notamment à renforcer l’État de droit, à garantir des élections libres et justes
et à lutter contre la corruption.
C/ L’IMPORTANCE DE CETTE RÉAFFIRMATION POUR LE GABON
La réaffirmation des valeurs démocratiques est essentielle pour le Gabon, car
elle constitue une fondation sur laquelle le pays peut bâtir un avenir stable et
prospère. Après des périodes de tensions, il est primordial pour un pays de
revenir à des principes universellement reconnus afin d’assurer la cohésion
sociale et d’instaurer un climat de confiance. En alignant ses principes sur
ceux d’instruments internationaux, le CTRI montre également son
engagement à respecter les normes internationales et à œuvrer pour la paix,
la justice et le bien-être des Gabonais. Par exemple, en respectant la
Déclaration universelle des droits de l’homme, le CTRI veut garantir que les
droits de chaque citoyen seront respectés, quelles que soient les circonstances
politiques.
III. VISION D’UNE NOUVELLE GOUVERNANCE
A/ TRANSITION DÉMOCRATIQUE INCLUSIVE ET IMPARTIALE
La notion de« transition démocratique » évoquée dans le préambule fait
référence à un processus par lequel le pouvoir politique passe d’un système de
gouvernance non démocratique ou moins démocratique vers un système
pleinement démocratique. Une caractéristique essentielle d’une telle
transition est son caractère« inclusif » et« impartial ».
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« L’inclusivité » signifie que tous les groupes de la société gabonaise, quels que
soient leur origine ethnique, leur religion, leur sexe ou leur statut socio-
économique, doivent être activement impliqués et avoir la possibilité de
participer au processus. Cela garantit que les intérêts de tous sont pris en
compte. Par exemple, dans le contexte d’une transition, cela pourrait signifier
que des représentants de minorités ethniques, des groupes de femmes ou des
jeunes participent activement à la rédaction d’une nouvelle constitution ou à
la mise en place de nouvelles institutions.
« L’impartialité » implique que le processus doit être juste et équitable, sans
favoriser un groupe particulier. Il ne doit pas y avoir de préjugés ou de
discrimination envers un groupe spécifique. Cela est crucial pour gagner la
confiance de la population. Par exemple, lors d’élections, cela signifie que tous
les candidats doivent avoir des chances égales, sans ingérence ou
manipulation.
1/ LE RÔLE ET LES OBJECTIFS DU CTRI DURANT CETTE TRANSITION
Le CTRI joue un rôle pivot dans cette phase de transition. Il est chargé de
veiller à ce que la transition vers un système de gouvernance plus
démocratique se déroule de manière fluide et efficace.
Rôle du CTRI
Le CTRI peut agir comme une entité supervisant le processus pour s’assurer
qu’il reste sur la bonne voie. Cela inclut la surveillance des réformes
institutionnelles, la garantie de l’état de droit, et la protection des droits de
l’homme. De plus, il est possible que le CTRI intervienne directement dans des
situations où les principes démocratiques sont menacés.
Objectifs du CTRI
L’objectif principal du CTRI est de préparer le Gabon pour une nouvelle ère de
démocratie. Cela peut inclure la supervision d’élections justes et libres, la
formation de nouveaux partis politiques, l’éducation civique des citoyens et la
mise en place de mécanismes pour prévenir la corruption. En d’autres termes,
le CTRI vise à établir une fondation solide sur laquelle la nouvelle démocratie
gabonaise pourra prospérer durablement.
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2/ LA NÉCESSITÉ D’UNE GOUVERNANCE INCLUSIVE
La gouvernance inclusive est essentielle, car elle est supposée garantir que
tous les citoyens se sentent représentés et concernés par le processus
démocratique. Une gouvernance qui ne prend pas en compte les besoins et
les préoccupations de l’ensemble de la population risque d’exacerber les
tensions sociales et d’affaiblir la légitimité du gouvernement.
Ainsi, si un gouvernement était dominé par une seule ethnie ou groupe
religieux, d’autres groupes pourraient se sentir marginalisés, ce qui pourrait
conduire à des tensions ou même à des conflits. Une gouvernance inclusive,
en revanche, donne une voix à tous, réduisant le risque de mécontentement
et augmentant les chances d’une transition démocratique réussie au Gabon.
En somme, la vision d’une nouvelle gouvernance pour le Gabon, telle que
décrite, est celle d’un pays où la démocratie est vécue par tous, où chaque
citoyen a une voix et où la gouvernance est effectuée avec justice et équité.
B/ LUTTE CONTRE LES MAUX SOCIO-ÉCONOMIQUES ET POLITIQUES
1/ LA CORRUPTION, LES CRIMES ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS
« La corruption » est souvent décrite comme l’abus de pouvoir à des fins
personnelles. Elle peut prendre de nombreuses formes, allant des pots-de-vin
à grande échelle aux détournements de fonds publics. Les conséquences de la
corruption sont vastes : elle sape la confiance dans les institutions publiques,
freine le développement économique, et renforce les inégalités sociales.
Imaginons par exemple un ministre de la Santé qui détourne des fonds
destinés à la construction d’hôpitaux pour les utiliser à des fins personnelles.
Non seulement cela prive les Gabonais d’installations médicales essentielles,
mais cela gaspille également des ressources qui auraient pu être utilisées pour
le bien public.
« Les crimes économiques et financiers », quant à eux, englobent une gamme
d’activités illégales qui ont des conséquences économiques. Cela peut inclure
la fraude fiscale, le blanchiment d’argent ou la manipulation des marchés
financiers.
Exemple : une grande entreprise gabonaise évitant délibérément de payer des
impôts peut priver le gouvernement de revenus essentiels, ce qui a un impact
sur le financement de services publics tels que l’éducation et la santé.
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2/ L’IMPUNITÉ ET LA POLITISATION DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
L’impunité fait référence à l’absence de punition pour ceux qui commettent
des actes répréhensibles. Lorsque des individus ou des groupes d’individus au
pouvoir sont en mesure d’échapper à la justice pour leurs actes, cela peut
miner la confiance de la population dans le système judiciaire et encourager
d’autres à suivre leur exemple, car ils estiment que les conséquences sont
négligeables.
Exemple : Si un fonctionnaire corrompu est découvert en train de prendre des
pots-de-vin, mais n’est pas tenu pour responsable en raison de ses relations ou
de son statut, cela envoie un message clair à d’autres que la corruption est
tolérée.
La politisation de l'administration publique se réfère à l’influence indue de la
politique ou des intérêts partisans sur les fonctions et décisions
administratives. Plutôt que de prendre des décisions basées sur le mérite ou
l’intérêt public, une administration politisée prendra des décisions en fonction
d’intérêts politiques particuliers.
Exemple : Imaginons une situation où les postes gouvernementaux ne sont
attribués qu’à ceux qui sont fidèles à un certain parti ou leader politique,
plutôt que sur la base de la compétence ou de l’expérience. Cela peut
entraîner une inefficacité administrative, car les individus peuvent être plus
préoccupés par la satisfaction des intérêts partisans que par la fourniture de
services à la population.
Pour construire une nation stable et prospère, il est impératif de s’attaquer à
ces maux. La corruption et les crimes économiques entravent le
développement, tandis que l’impunité et la politisation sapent la confiance
dans les institutions publiques. Une stratégie efficace de lutte contre ces
problèmes exige à la fois des réformes juridiques et institutionnelles, ainsi
qu’une volonté politique de tenir les coupables pour responsables.
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C/ PRÉSERVATION DE LA COHÉSION NATIONALE ET DE LA PAIX
1/ LA NÉCESSITÉ DE PRÉVENIR TOUTE FORME DE MARGINALISATION ET DE
REPLI IDENTITAIRE
La« marginalisation » peut être définie comme la relégation d’individus ou de
groupes à la périphérie de la société, les privant de l’accès à des opportunités
ou à des ressources, en raison de leur identité, de leur origine ethnique, de leur
religion ou de toute autre caractéristique distinctive.
Le« repli identitaire », de son côté, est un phénomène par lequel des individus
ou des groupes se replient sur leur propre communauté ou identité, souvent
en réaction à une perception de menace ou d’exclusion.
Il est essentiel pour toute Nation cherchant à préserver sa cohésion d’aborder
ces questions. Si des segments de la population se sentent exclus ou non
représentés, cela peut engendrer du ressentiment, de la méfiance et, dans les
cas extrêmes, de la violence.
Exemple : Dans un pays fictif, si une communauté ethnique spécifique est
systématiquement exclue des postes gouvernementaux ou des opportunités
économiques, cela pourrait entraîner un sentiment de frustration et d’injustice
au sein de cette communauté. Elle pourrait se replier sur elle-même,
renforçant son identité propre et créant ainsi une division plus marquée avec
le reste de la société.
2/ L’IMPORTANCE DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ COLLECTIVE POUR LA
STABILITÉ ET LA DÉMOCRATIE
« La paix et la sécurité collective » sont des piliers fondamentaux de toute
société démocratique. Sans paix, il est presque impossible d’assurer la stabilité
nécessaire pour que les institutions démocratiques fonctionnent
correctement. La sécurité collective, quant à elle, va au-delà de la simple
absence de conflit : elle englobe la protection des droits et libertés de tous les
citoyens, ainsi que la garantie d’un environnement où tous peuvent vivre sans
crainte de persécution ou de violence.
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Prenons l’exemple d’une nation où des affrontements ethniques ou
religieux éclatent régulièrement. Même si le pays a des institutions
démocratiques en place, la fréquence des conflits pourrait décourager la
participation électorale, car les citoyens pourraient craindre des
représailles ou des violences lors des élections. De plus, le climat
d’insécurité pourrait rendre difficile la mise en œuvre de politiques
publiques, car les ressources seraient constamment redirigées vers la
gestion des crises.
La paix et la sécurité collective sont donc essentielles à la stabilité et à la
démocratie. Elles permettent non seulement de prévenir les conflits, mais
aussi de créer un environnement propice à la croissance économique, à
l’innovation et à la participation civique.
Pour garantir la cohésion nationale et la paix, il est impératif d’adopter des
mesures visant à prévenir la marginalisation, à promouvoir l’inclusion et à
assurer la sécurité pour tous les citoyens, indépendamment de leur
identité ou de leur origine.
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TITRE I : VALEURS, PRINCIPES ET MISSIONS DE LA TRANSITION
CHAPITRE 1ER : DES VALEURS ET DES PRINCIPES
ARTICLE 1ER
Outre les valeurs affirmées par la Constitution du 26 mars 1991 en son
préambule, la présente Charte consacre les valeurs et principes suivants pour
conduire la Transition :
– Le patriotisme, la loyauté et la probité ;
– La Justice, l’impartialité et la dignité ;
– Le mérite, le sens de la responsabilité et de la redevabilité ;
– La discipline, le civisme et la citoyenneté ;
– La fraternité, la tolérance et l’inclusion ;
– La neutralité, la transparence et l’intégrité ;
– Le dialogue et l’esprit de consensus ;
– L’esprit de solidarité, de pardon et de réconciliation.
COMMENTAIRES
L’article 1er que nous nous proposons d’analyser est le premier d’une série qui
constitue le TITRE I de la Charte. Ce titre, se concentrant sur les« Valeurs,
Principes et Missions de La Transition », pose les fondations sur lesquelles
repose l’ensemble de la Charte. Avant de décliner une série de principes qui
doivent guider la Transition, l’article 1er rappelle d’abord le lien avec un texte
antérieur, la Constitution du 26 mars 1991. C’est une manière de souligner la
continuité du respect des valeurs fondamentales, tout en proposant une
perspective renouvelée.
Notre objectif, à travers ce commentaire, est d’analyser et d’expliquer ces
valeurs et principes consacrés. Il ne s’agit pas seulement de les énumérer,
mais de les comprendre, de les contextualiser et de saisir leur importance
dans le cadre de la Transition. Chaque valeur et chaque principe, bien que
formulé en quelques mots, porte en lui un poids significatif, une ambition et
un idéal que le pays, à travers cette Charte, s’efforce d’atteindre.
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I/ LA CONTINUITÉ DES VALEURS FONDAMENTALES : LIEN AVEC LA
CONSTITUTION DU 26 MARS 1991
Il est crucial de noter que cet article ne cherche pas à remplacer ou à effacer
les valeurs de la Constitution gabonaise de 1991 qui, rappelons-le, est la
Constitution la plus démocratique que le Gabon ait connu, car issue de la
conférence nationale de 1991. Au contraire, il les complète. En évoquant ce lien,
on suggère une continuité et une respectabilité des fondations juridiques sur
lesquelles le pays est bâti. Cela renvoie à la question : Quelles étaient ces
valeurs dans la Constitution de 1991 ? Comment s’articulent-elles avec celles
évoquées ici ?
II/ EXPLORATION DES VALEURS ET PRINCIPES POUR LA TRANSITION
Chaque valeur et principe évoqué ici n’est pas choisi au hasard. Ils ont été
soigneusement sélectionnés pour guider le pays dans une période cruciale de
transition.
A/ LE PATRIOTISME, LA LOYAUTÉ ET LA PROBITÉ
Les trois valeurs que sont« le patriotisme, la loyauté et la probité » nous parlent
d’une nation soudée, fidèle à ses idéaux et à sa mission, et d’une intégrité sans
faille dans ses actions. Le patriotisme évoque l’amour de la patrie, la volonté
de la défendre et de la promouvoir.
B/ LA JUSTICE, L’IMPARTIALITÉ ET LA DIGNITÉ
Les principes de« Justice », « d’impartialité » et de « dignité », évoquent un
système où tous sont égaux devant la loi, où les décisions sont prises sans
préjugés, et où chaque individu est traité avec respect et honneur.
C/ LA DISCIPLINE, LE CIVISME ET LA CITOYENNETÉ
Les termes de « discipline, le civisme et la citoyenneté » nous rappellent la
nécessité d’une société ordonnée, où les droits et devoirs de chacun sont
clairement établis et respectés, et où le sens du devoir envers la communauté
prévaut.
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D/ LE MÉRITE, LE SENS DE LA RESPONSABILITÉ ET DE LA REDEVABILITÉ
Les principes du mérite, le sens de la responsabilité et de la redevabilité
suggèrent que le succès et l’avancement ne doivent pas être basés sur le
favoritisme, mais sur la compétence, la diligence et l’accomplissement réels.
En outre, chaque individu ou institution devrait être conscient de ses
responsabilités et être prêt à rendre compte de ses actions et décisions.
Prenons, par exemple, le secteur public : si chaque fonctionnaire agit avec
mérite, responsabilité et redevabilité, cela pourrait transformer la manière
dont les services publics fonctionnent, assurant ainsi une meilleure efficacité
et intégrité.
E/ LA FRATERNITÉ, LA TOLÉRANCE ET L’INCLUSION
Les valeurs de « fraternité, de tolérance et d’inclusion » prônent une société où
tous les citoyens gabonais, quel que soit leur origine, leur religion ou leur
statut, sont traités comme des égaux et où les différences sont célébrées
plutôt que critiquées. Dans un pays avec une diversité ethnique, culturelle et
religieuse, ces principes sont essentiels pour éviter les divisions et les tensions.
L’inclusion, par exemple, implique que chaque voix, même celle des Gabonais
les plus marginalisés, doit être entendue et prise en compte.
F/ LA NEUTRALITÉ, LA TRANSPARENCE ET L’INTÉGRITÉ
Les principes de neutralité, de transparence et d’intégrité sont
particulièrement pertinents pour les institutions publiques et le processus
décisionnel. La neutralité garantit que les décisions sont prises sans préjugés
ou intérêts personnels. La transparence, quant à elle, signifie que les processus
sont ouverts et compréhensibles pour tous, permettant une confiance accrue
des citoyens dans leurs institutions. Quant à l’intégrité, elle s’assure que les
actions sont toujours basées sur l’honnêteté et la rectitude.
G/ LE DIALOGUE ET L’ESPRIT DE CONSENSUS
Dans toute démocratie, le débat et le désaccord sont naturels. Toutefois, les
valeurs de « dialogue et l’esprit de consensus » suggèrent qu’au lieu de
divisions amères, le dialogue constructif et la recherche d’un terrain d’entente
devraient prévaloir. L’esprit de consensus rappelle que dans un pays, travailler
ensemble pour trouver des solutions mutuellement bénéfiques est souvent
plus productif que de rester campé sur ses positions.
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H/ L’ESPRIT DE SOLIDARITÉ, DE PARDON ET DE RÉCONCILIATION
Les valeurs telles que « l’esprit de solidarité, le pardon et la réconciliation » sont
cruciales pour guider un pays vers la guérison, en particulier après des
périodes de troubles ou de tensions occasionnées par le Parti démocratique
gabonais (PDG). La solidarité évoque un sens d’unité et de soutien mutuel
entre les citoyens. Le pardon et la réconciliation, quant à eux, suggèrent la
capacité de passer outre les erreurs du passé, d’accepter les différences, et de
travailler ensemble pour un futur commun.
En somme, l’article 1er, à travers l’énumération de ces valeurs et principes, ne
sert pas seulement de déclaration d’intention, mais bien de boussole pour la
période de Transition. Chacun de ces principes, s’il est adopté et intégré, a le
potentiel de transformer la nation, d’assurer la paix, la stabilité et de jeter les
bases d’une démocratie solide et d’un avenir prospère pour tous. Ce sont les
fondations sur lesquelles une nouvelle ère peut être bâtie, une ère où les
citoyens sont au cœur de chaque décision et où l’intérêt national prime sur
tout le reste.
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CHAPITRE II : DES MISSIONS
ARTICLE 2
Les missions de la Transition, telles que consacrées par la présente
Charte, comprennent :
– La refondation de l’État en vue de construire des institutions fortes,
crédibles et légitimes, garantissant un État de droit, un processus
démocratique transparent, inclusif, apaisé et durable. Ces éléments sont les
seules garanties pour un véritable développement du Gabon ;
– La préservation de l’intégrité du territoire national, ainsi que la sécurité des
personnes et de leurs biens ;
– L’initiation de réformes majeures aux niveaux politique, économique,
culturel, administratif et électoral ;
– Le renforcement de l’indépendance de la Justice et la lutte contre
l’impunité ;
– La promotion et la protection des Droits de l’Homme et des libertés
publiques ;
– L’instauration d’une culture de bonne gouvernance et de citoyenneté
responsable ;
– L’élaboration d’une nouvelle Constitution, suivie de son adoption par
référendum ;
– L’organisation d’élections locales et nationales qui soient libres,
démocratiques et transparentes.
COMMENTAIRES
L’article 2, inscrit dans le chapitre relatif aux missions de la Transition, dresse
une liste des principaux objectifs et ambitions visés durant cette période
transitoire. Ces missions apparaissent comme les piliers sur lesquels une
nouvelle République gabonaise peut être construite, et témoignent de
l’urgence d’établir un cadre solide pour l’avenir du pays.
I/ LA REFONDATION DE L’ÉTAT : UNE QUÊTE DE LÉGITIMITÉ ET DE
TRANSPARENCE
A/ CONSTRUCTION D’INSTITUTIONS SOLIDES
Historiquement, la faiblesse institutionnelle peut entraîner une mauvaise
gouvernance et une instabilité politique.
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L’article souligne la nécessité de bâtir des structures solides qui résistent à la
corruption et qui fonctionnent efficacement. Exemple : Dans certains pays, la
mise en place de mécanismes de contrôle robustes a permis de prévenir la
corruption et d’améliorer la confiance du public.
B/ GARANTIE D’UN ÉTAT DE DROIT
« La garantie d’un État de droit » insiste sur l’importance de la loi comme
principal régulateur des actions de l’État et des citoyens. L’État de droit
garantit que personne n’est au-dessus de la loi et assure la justice pour tous.
Exemple : Les pays scandinaves sont souvent cités comme des exemples où
l’État de droit prévaut, entraînant une haute confiance envers les institutions.
II/ SÉCURITÉ, INTÉGRITÉ ET BIEN-ÊTRE DU PEUPLE
A/ PRÉSERVATION DE L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE
« La préservation de l’intégrité territoriale » suggère que le pays peut être
confronté à des menaces, internes ou externes. Préserver l’intégrité garantit
que le territoire national reste unifié et indépendant.
B/ SÉCURITÉ DES PERSONNES ET DE LEURS BIENS
La sécurité est au cœur des missions d’un État. Elle touche à la fois la
protection des individus
et de leurs propriétés.
1) Sécurité publique
– Prévention de la criminalité : Des mesures proactives, comme des
patrouilles régulières, pour
dissuader les actes criminels.
– Protection physique : Intervention rapide pour protéger les citoyens face à
des menaces
immédiates, comme des agressions.
2) Sécurité des biens
– Protection contre le vol : Les forces de sécurité veillent à prévenir les vols et
cambriolages, tout en conseillant sur les mesures de sécurité domestique.
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– Réponse aux catastrophes : En cas de sinistre (inondation, incendie), une
intervention immédiate est essentielle pour protéger les personnes et leurs
biens.
3) Gestion des catastrophes naturelles
– Préparation : Mise en place de plans d’urgence et de formations pour
répondre à des événements comme les tremblements de terre ou les
cyclones.
– Intervention : Actions coordonnées pour évacuer, soigner et héberger les
personnes
touchées.
En bref, la sécurité, qu’elle soit individuelle ou collective, est fondamentale
pour assurer la confiance des citoyens envers leur État et garantir la stabilité
du pays.
III/ RÉFORMES MULTIDIMENSIONNELLES POUR UN GABON RENOUVELÉ
Réformes à multiples facettes : L’article reconnaît la nécessité de
changements dans presque tous les aspects de la gouvernance — politique,
économie, culture, administration et système électoral.
Justice indépendante et fin de l’impunité : Une justice qui fonctionne en toute
indépendance est essentielle pour garantir les droits des citoyens. Lutter
contre l’impunité signifie que tous, quels que soient leur statut ou leur
pouvoir, sont responsables de leurs actions devant la loi.
IV. DROITS, BONNE GOUVERNANCE ET CITOYENNETÉ
Promotion des Droits de l’Homme : Cela rappelle l’engagement du Gabon
envers des normes internationales telles que la Déclaration universelle des
droits de l’homme.
Culture de bonne gouvernance : La bonne gouvernance englobe la
transparence, la responsabilité et la participation des citoyens. Exemple : Le
Rwanda, après 1994, a mis en place une série de réformes qui ont encouragé
une meilleure gouvernance, conduisant à une augmentation notable du
développement.
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V. VERS UNE NOUVELLE CONSTITUTION ET UN RENOUVEAU DÉMOCRATIQUE
Élaboration d’une nouvelle Constitution : C’est un pas audacieux vers la
redéfinition de l’identité et de la direction du pays. Elle sera la pierre angulaire
des lois de l’État gabonais.
L’évocation du référendum dans l’article 2, pour l’adoption d’une nouvelle
Constitution, revêt une signification particulière et mérite une attention
approfondie.
Affirmation de la Souveraineté populaire. L’utilisation d’un référendum
pour l’adoption d’une nouvelle Constitution signale la primauté de la
volonté du peuple dans la prise de décisions fondamentales. En
démocratie, le référendum est souvent perçu comme l’instrument par
excellence de l’expression directe de la souveraineté populaire.
Contrairement à la législation ordinaire qui est adoptée par des
représentants élus, un référendum permet à chaque citoyen de se
prononcer directement sur une question précise.
Légitimation du Processus constitutionnel. Un référendum donne une
légitimité unique à la Constitution. Si une majorité de citoyens se prononce
en faveur de la nouvelle Constitution, cela confirme que ce document a le
soutien du peuple.
C’est particulièrement crucial pour une période de transition, car cela assure
que la nouvelle Constitution n’est pas l’œuvre d’un petit groupe de personnes,
mais qu’elle est véritablement approuvée par la majorité de la population.
Risques et Considérations. Toutefois, l’usage du référendum n’est pas sans
risques. Pour qu’un référendum soit effectif, il est crucial que le processus
soit transparent, libre et équitable. De plus, le texte proposé doit être clair
et accessible pour que les citoyens puissent prendre une décision éclairée.
Dans certaines situations, un référendum peut être utilisé de manière
stratégique
pour consolider le pouvoir ou marginaliser certaines voix.
L’importance de l’Éducation civique. Afin de garantir l’efficacité d’un
référendum, il est impératif que les citoyens soient correctement informés
du contenu de la Constitution proposée, des implications de son adoption,
et des conséquences d’un vote positif ou négatif. Cela nécessite des
campagnes d’éducation civique et une presse libre capable de débattre
des mérites et des inconvénients du texte proposé.
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CONCLUSION
L’inclusion du référendum comme moyen d’adopter une nouvelle
Constitution dans l’article 2 témoigne de la volonté de garantir une
participation directe du peuple dans le processus de transition. Bien qu’il soit
un outil puissant de légitimation, il nécessite une mise en œuvre prudente et
transparente pour réaliser pleinement son potentiel démocratique.
Élections libres et transparentes : Pour que la démocratie prospère, il est
impératif que les élections soient conduites sans ingérence, où chaque voix
compte. En guise d’exemple, il convient de relever que l’Afrique du Sud post-
apartheid a vu des élections véritablement libres en 1994, marquant le début
d’une nouvelle ère démocratique.
En somme, l’article 2 de la Charte de Transition établit une feuille de route
claire pour la reconstruction et la renaissance du Gabon. En se concentrant
sur une gouvernance solide, la sécurité, les droits de l’homme et un
renouveau démocratique, il offre une vision d’un avenir prometteur pour le
Gabon.
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CHAPITRE III : DE L’ÉTAT ET DE LA SOUVERAINETÉ
ARTICLE 3 :
Le Gabon est une République unie et indivisible, souveraine, laïque, sociale et
démocratique.
COMMENTAIRES
L’article 3 de la Charte de la Transition décrit les principaux attributs de la
République gabonaise. Chacun de ces attributs revêt une importance
significative et guide le fonctionnement de l’État. Analysons cet article en
détail.
I. UNE RÉPUBLIQUE UNIE ET INDIVISIBLE
Lorsqu’il est affirmé que le Gabon est une« République unie et indivisible »
cela met en avant le caractère unitaire de l’État. En d’autres termes, peu
importe les diversités ethniques, culturelles ou religieuses qui peuvent exister
au sein du territoire, le Gabon demeure une seule et unique entité juridique
et politique. Cela signifie que tous les citoyens, quelles que soient leur origine
ou leurs croyances, sont soumis à un seul ensemble de lois et de régulations
émanant d’un seul pouvoir central.
Exemple : Dans des pays comme la France ou le Sénégal, qui se déclarent
aussi comme des républiques indivisibles, l’importance de l’unité est
soulignée pour éviter les séparatismes ou les tentatives de créer des entités
autonomes basées sur des critères ethniques ou religieux.
II. LA SOUVERAINETÉ DE LA RÉPUBLIQUE
Le terme« souverain » souligne l’autonomie et l’indépendance du Gabon vis-à-
vis des autres États ou des organisations internationales. En droit
international, la souveraineté signifie que l’État a le pouvoir ultime sur son
territoire et sa population, sans ingérence extérieure. Le Gabon a donc le droit
d’exercer son autorité sur ses affaires intérieures et extérieures sans être
soumis à un autre pouvoir.
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Exemple : La souveraineté nationale se manifeste par exemple lorsque le
Gabon signe des accords internationaux ou établit des relations
diplomatiques en toute indépendance.
III. UNE RÉPUBLIQUE LAÏQUE
La« laïcité » de la République signifie que l’État est neutre vis-à-vis des
différentes religions. En d’autres termes, il n’y a pas de religion officielle au
Gabon et l’État garantit la liberté de croyance et la pratique religieuse à tous
ses citoyens. De plus, cela garantit que les décisions politiques et juridiques
sont prises sans influence religieuse directe.
Exemple : Dans des pays comme la France, la laïcité est également un
principe constitutionnel, ce qui signifie que l’éducation dans les écoles
publiques est séculaire et que les signes religieux ostentatoires sont
généralement interdits dans les institutions publiques.
IV. DIMENSION SOCIALE ET DÉMOCRATIQUE
Enfin, qualifier le Gabon de« République… sociale et démocratique » met
l’accent sur les obligations de l’État envers ses citoyens en matière de droits
sociaux, tels que l’éducation, la santé ou le logement. En parallèle, la
dimension« démocratique » affirme le respect des droits et libertés
fondamentaux, l’existence d’institutions représentatives et le respect du
principe de la séparation des pouvoirs.
Exemple : Les élections régulières, la liberté de la presse ou le droit de
manifester sont des manifestations concrètes de la dimension démocratique
d’un État.
En définitive, l’article 3 résume de manière concise, mais assez riche, les
principaux piliers sur lesquels repose l’État gabonais. Ces principes
fondamentaux jouent un rôle essentiel dans la définition de l’identité
nationale et dans la manière dont les institutions et la vie politique sont
organisées et fonctionnent.
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CHAPITRE III : DE L’ÉTAT ET DE LA SOUVERAINETÉ
ARTICLE 4 :
– L’emblème national est le drapeau tricolore, vert, jaune et bleu de bandes
verticales et de dimensions égales.
– L’hymne national est« La Concorde “.
– La devise de la République est “Union-Travail-Justice “.
– Le sceau et les armoiries de la République sont ceux déterminés par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 4 de la constitution présente les symboles nationaux du Gabon, qui
incarnent l’identité et les valeurs fondamentales du pays. Ces symboles sont
essentiels pour forger un sentiment d’appartenance nationale et d’unité
parmi les citoyens. Examinons chaque point de manière plus approfondie.
I/ L’EMBLÈME NATIONAL : LE DRAPEAU TRICOLORE
La première phrase de l’article met en exergue l’importance du drapeau
comme symbole de la nation. Ce drapeau tricolore avec ses bandes verticales
de couleurs vert, jaune et bleu ne se limite pas à une simple représentation
graphique, il incarne l’histoire, les richesses et les aspirations du Gabon.
Chaque couleur du drapeau dispose d’une signification symbolique.
Le vert, symbole de la forêt équatoriale qui couvre la majorité du territoire,
évoque la fertilité et la richesse agricole.
Le jaune, symbole de l’Equateur qui traverse le territoire d’ouest vers l’est
évoque le soleil, la richesse minière et l’hospitalité légendaire de la
population gabonaise.
Le bleu, symbole de la mer qui baigne les côtes du Gabon, représente
aussi les nombreux cours d'eau qui sillonnent le pays, le ciel et l’image de
paix que reflète le Gabon.
Ces couleurs, disposées en bandes verticales et de dimensions égales,
expriment l’harmonie et l’équilibre entre ces éléments.
Face à la discordance sur la disposition des bandes entre l’article 2 de la
Constitution gabonaise de 1991 et l’article 4 de la Charte de la Transition, une
analyse approfondie s’impose.
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L’article 4 de la Charte vs l’article 2 de la Constitution gabonaise de 1991
Discordance sur la disposition des bandes. L’une des différences majeures
entre les deux articles concerne la disposition des bandes du drapeau.
L’article 2 de la Constitution de 1991 mentionne clairement que le drapeau
est constitué de “trois bandes horizontales “alors que l’article 4 de la Charte
évoque des “bandes verticales “. C’est une distinction importante, car le
design d’un drapeau est l’une des représentations visuelles les plus
immédiates et reconnaissables d’une nation.
Observations : Cette divergence pourrait indiquer une proposition de
modification du design du drapeau dans la Charte ou pourrait simplement
être une erreur. Si c’est une proposition délibérée de changement, cela
suggère un désir de marquer une nouvelle ère ou un nouveau départ pour
le Gabon, étant donné que les changements d’emblèmes nationaux sont
souvent entrepris pour symboliser un tournant ou un renouveau. En
revanche, si c’est une erreur, cela met en évidence un manque de rigueur
dans la rédaction ou la vérification des documents officiels.
Continuité des couleurs. Malgré la discordance dans la disposition des
bandes, il y a une constance dans les couleurs mentionnées : vert, jaune et
bleu. Ces couleurs continuent de représenter les valeurs, l’histoire et les
ressources du Gabon.
Observations : La conservation des couleurs, malgré la différence dans la
disposition des bandes, renforce l’idée de continuité et d’héritage. Cela
suggère que bien que des changements puissent être proposés ou
envisagés, le pays souhaite conserver certains éléments fondamentaux de
son identité.
En conclusion, la présence de cette discordance soulève des questions
essentielles. Est-ce que la Charte propose délibérément une nouvelle
orientation pour la nation, symbolisée par un changement dans le design du
drapeau ? Ou s’agit-il simplement d’une omission ou d’une erreur ? Dans tous
les cas, il est crucial de souligner l’importance de la clarté et de la cohérence
dans la rédaction des documents officiels, étant donné leur rôle dans la
définition de l’identité et de la direction d’une nation.
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II/ L’HYMNE NATIONAL : « LA CONCORDE »
L’hymne national est une manifestation sonore de l’identité et de la fierté
nationales. « La Concorde », en tant qu’hymne, sert non seulement de mélodie
représentative lors d’événements officiels, mais aussi de rappel des valeurs et
de l’histoire du pays.
Exemple : De la même manière que « La Marseillaise » en France ou « The Star-
Spangled Banner » aux États-Unis évoquent des moments historiques et des
idéaux nationaux, « La Concorde » peut être vue comme une célébration de
l’harmonie et de l’unité du peuple gabonais.
III/ LA DEVISE DE LA RÉPUBLIQUE : « UNION-TRAVAIL-JUSTICE »
La devise est une expression succincte des principaux idéaux et aspirations
d’une nation. « Union-Travail-Justice » reflète les valeurs fondamentales qui
guident la République gabonaise. L’union renvoie à la cohésion nationale, le
travail à la diligence et à la prospérité, et la justice à l’équité et à la primauté du
droit.
De la même manière que « Liberté, Égalité, Fraternité » en France reflète les
idéaux républicains, la devise gabonaise met l’accent sur la solidarité, l’effort
collectif et l’équité.
IV/ LE SCEAU ET LES ARMOIRIES DE LA RÉPUBLIQUE
Tout comme le drapeau et l’hymne, le sceau et les armoiries sont des symboles
officiels qui incarnent l’identité nationale et la souveraineté. Ces symboles
graphiques sont généralement utilisés dans les documents officiels et
représentent l’autorité de l’État. L’article dispose que ces symboles sont
déterminés par la loi, ce qui signifie qu’ils peuvent être modifiés ou affinés
selon les procédures législatives.
Exemple : Tout comme l’aigle impérial est un symbole central des armoiries
allemandes, les armoiries gabonaises peuvent comporter des éléments
représentatifs de la culture, de l’histoire ou des richesses naturelles du pays.
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En conclusion, l’article 4 met en lumière les principaux symboles de la
République gabonaise. Ces symboles, qu’ils soient visuels, sonores ou textuels,
jouent un rôle crucial dans la consolidation de l’identité nationale, l’expression
de la souveraineté et la transmission des valeurs et aspirations du pays. Ils
rappellent constamment aux citoyens ce qu’est le Gabon, d’où il vient et à quoi
il aspire.
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CHAPITRE III : DE L’ÉTAT ET DE LA SOUVERAINETÉ
ARTICLE 5
La langue officielle est le français.
COMMENTAIRES
L’article 5 de la Charte établit le français comme langue officielle du Gabon. Cet
article consolide une position linguistique historiquement ancrée, tout en
ayant des implications sociopolitiques, culturelles et économiques pour le
pays.
I/ CONTEXTE HISTORIQUE
La présence du français comme langue officielle du Gabon trouve ses racines
dans l’histoire coloniale. Le Gabon fut une colonie française et obtint son
indépendance en 1960. Durant la période coloniale, le français fut introduit
comme langue d’administration, d’éducation et de commerce.
Le choix de conserver le français comme langue officielle après l’indépendance
reflète une volonté d’assurer la continuité administrative et de maintenir des
liens économiques et diplomatiques avec la France et d’autres pays
francophones.
II. IMPLICATIONS ÉDUCATIVES
La présence du français comme langue officielle du Gabon trouve ses racines
dans l’histoire coloniale. Le Gabon fut une colonie française et obtint son
indépendance en 1960. Durant la période coloniale, le français fut introduit
comme langue d’administration, d’éducation et de commerce.
Le choix de conserver le français comme langue officielle après l’indépendance
reflète une volonté d’assurer la continuité administrative et de maintenir des
liens économiques et diplomatiques avec la France et d’autres pays
francophones.
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III. IMPLICATIONS SOCIOCULTURELLES
Alors que le français est la langue officielle, le Gabon est riche en langues
locales. L’établissement du français comme langue officielle a des implications
pour la préservation et la promotion de ces langues.
Même si le français joue un rôle unificateur en permettant à différents groupes
ethnolinguistiques de communiquer, il est essentiel que les politiques
linguistiques encouragent également la préservation des langues locales, qui
sont des vecteurs de culture et d’identité.
IV. IMPLICATIONS ÉCONOMIQUES ET DIPLOMATIQUES
Le français, en tant que langue officielle, place le Gabon dans la sphère
économique et diplomatique de la Francophonie. Cela offre des opportunités
de commerce, d’investissement et de coopération diplomatique. En effet, le
Gabon, en tant que membre de l’Organisation internationale de la
Francophonie (OIF), peut bénéficier de programmes de développement, de
formations et d’échanges culturels avec d’autres pays membres.
En somme, l’article 5 de la Charte de la Transition, bien que concis, porte en lui
les traces de l’histoire coloniale du Gabon et les aspirations actuelles et futures
du pays. Tout en reconnaissant les avantages que le français offre en termes
d’opportunités éducatives, économiques et diplomatiques, il est crucial de
garder à l’esprit la richesse linguistique du Gabon et l’importance de préserver
et de valoriser ses langues locales.
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CHAPITRE III : DE L’ÉTAT ET DE LA SOUVERAINETÉ
ARTICLE 6
– Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage.
– Ils se constituent librement et exercent leurs activités dans le respect des lois
de la République.
– Ils doivent incarner la diversité nationale.
– Ils ont le devoir d’éduquer leurs militants et de promouvoir l’unité nationale
et la paix sociale.
COMMENTAIRES
L’article 6 de la Charte souligne le rôle essentiel des partis politiques dans le
système démocratique du Gabon. Il traite non seulement de leur fonction dans
l’expression du suffrage, mais évoque aussi leurs responsabilités en termes
d’éducation, de représentation et de promotion de l’unité nationale.
I/ LA PLACE CENTRALE DES PARTIS POLITIQUES DANS LA DÉMOCRATIE
Le fait que les partis « concourent à l’expression du suffrage » met en exergue
leur rôle crucial dans la représentation démocratique. En proposant des
candidats et des programmes politiques, ils offrent aux citoyens un choix et
une voix dans le processus politique.
Exemple : À chaque élection, les partis politiques présentent leurs visions pour
le pays, permettant aux électeurs de choisir la direction qu’ils souhaitent pour
leur nation.
II/ LIBERTÉ DE FORMATION ET CADRE LÉGAL
La phrase « Ils se constituent librement et exercent leurs activités dans le
respect des lois de la République » garantit le droit des citoyens à s’organiser
politiquement tout en s’assurant que les partis opèrent dans un cadre légal.
Cela équilibre la liberté d’association avec la nécessité de préserver l’ordre et la
stabilité, assurant que les partis politiques ne deviennent pas des forces de
division ou de subversion.
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III/ REPRÉSENTATION DE LA DIVERSITÉ NATIONALE
L’obligation pour les partis de « incarner la diversité nationale » est un principe
fort, suggérant que les partis ne devraient pas représenter des intérêts
sectaires ou régionaux, mais plutôt refléter la pluralité du Gabon.
Exemple : Un parti qui représente uniquement une ethnie ou une région serait
en contradiction avec ce principe. L’idéal serait que chaque parti représente
une variété de groupes et d’intérêts pour être véritablement national.
IV/ ÉDUQUER POUR RENFORCER LA DÉMOCRATIE
L’insistance sur le « devoir d’éduquer leurs militants » montre que les partis ont
une responsabilité non seulement envers leurs adhérents, mais aussi envers la
démocratie elle-même. L’éducation à la citoyenneté, aux valeurs républicaines
et à la démocratie est essentielle pour renforcer le système politique.
Exemple : Un parti pourrait organiser des ateliers ou des séminaires sur le rôle
du citoyen dans une démocratie, ou sur les droits et devoirs associés à la
citoyenneté.
V/ PROMOUVOIR L’UNITÉ ET LA PAIX SOCIALE
Cet article 6 reconnaît que la stabilité sociale et politique est primordiale pour
le bien-être de la nation. Il incombe aux partis politiques de ne pas diviser, mais
d’unir le peuple gabonais et de promouvoir la coexistence pacifique dans la
société.
En cas de désaccord ou de tension, il est du devoir des partis politiques
d’appeler au calme, à la réconciliation et à la recherche de solutions
constructives plutôt qu’à l’escalade des conflits.
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En conclusion, l’article 6 de la Charte n’est pas qu’une simple déclaration sur
les partis politiques ; c’est la vision du CTRI de ce que devrait être le paysage
politique d’un Gabon démocratique. Les partis sont à la fois un outil de la
démocratie et les gardiens des valeurs républicaines, avec la responsabilité
d’éduquer, d’unir et de refléter la diversité de la nation.
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CHAPITRE III : DE L’ÉTAT ET DE LA SOUVERAINETÉ
ARTICLE 7
Tout acte portant atteinte à la forme républicaine de l’État, à la laïcité de l’État,
à la souveraineté, à l’indépendance et à l’unité nationale est un crime de haute
trahison et puni comme tel par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 7 de la Charte énonce une protection robuste des principes
fondamentaux sur lesquels repose l’État gabonais. Il identifie certains piliers
essentiels de la nation et dispose que toute atteinte à ces principes constitue
un crime grave, qualifié de haute trahison.
I/ LA FORME RÉPUBLICAINE DE L’ÉTAT
La forme républicaine est l’antithèse de la monarchie et repose sur le principe
de la souveraineté populaire où les citoyens élisent leurs représentants.
Exemple : Toute tentative visant à instaurer une monarchie ou un régime
autoritaire unique, en contradiction avec le principe républicain, serait
considérée comme une atteinte à cette forme et donc passible de haute
trahison.
II/ LA LAÏCITÉ DE L’ÉTAT
La laïcité garantit la séparation entre l’État et les religions, assurant ainsi la
neutralité de l’État face aux convictions religieuses de ses citoyens.
Exemple : Si un groupe tente d’établir une religion d’État ou d’imposer des lois
religieuses à l’ensemble de la société, cela serait considéré comme une
violation de la laïcité.
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III/ LA SOUVERAINETÉ ET L’INDÉPENDANCE
La souveraineté est le pouvoir suprême de l’État sur son territoire et sa
population, sans ingérence extérieure. L’indépendance, quant à elle, signifie
que l’État agit librement sur la scène internationale.
Exemple : Si un autre pays tentait d’imposer sa volonté au Gabon, ou si des
individus ou groupes au sein du Gabon agissaient au profit d’une puissance
étrangère au détriment de l’intérêt national, cela serait considéré comme une
atteinte à la souveraineté et à l’indépendance.
IV/ L’UNITÉ NATIONALE
L’unité nationale est la cohésion et la solidarité entre tous les citoyens, malgré
leurs diversités ethniques, culturelles ou régionales.
Exemple : Toute action ou propagande visant à diviser le pays sur des bases
ethniques, régionales ou autres, ou à promouvoir la sécession d’une partie du
territoire serait une violation de ce principe.
V/ LA NOTION DE HAUTE TRAHISON
La haute trahison est une notion juridique qui remonte à des siècles et se
trouve dans de nombreux systèmes juridiques à travers le monde. Elle se réfère
généralement à des actes commis par des individus, souvent des
fonctionnaires de haut rang, qui trahissent la confiance du peuple et mettent
en danger la nation.
Historiquement, la haute trahison faisait souvent référence à des actes comme
la trahison envers le souverain ou la nation, tels que la conspiration avec des
ennemis étrangers ou la rébellion armée contre le gouvernement légitime.
Dans le contexte de cet article, la haute trahison est étendue pour inclure des
actes qui compromettent les fondements essentiels de l’État gabonais.
Exemple : Si un fonctionnaire de haut rang était surpris en train de négocier
secrètement avec une puissance étrangère pour céder une partie du territoire
gabonais, cela pourrait être considéré comme un acte de haute trahison.
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La mention « punie comme tel par la loi » indique que la haute trahison est non
seulement un crime grave, mais qu’elle entraîne également des sanctions
sévères. Bien que cet article ne spécifie pas ces sanctions, elles sont
généralement parmi les plus lourdes dans le Code pénal, compte tenu de la
gravité de l’infraction.
Dans de nombreux pays, la haute trahison peut entraîner la réclusion à
perpétuité, la confiscation de biens, ou même, dans certains cas, la peine
capitale. Il est essentiel de se référer au Code pénal du Gabon pour les
sanctions exactes.
En somme, l’article 7 n’est pas simplement une énumération de principes ; il
est une déclaration forte de ce que signifie être gabonais et de la manière dont
la nation est structurée. En établissant de lourdes sanctions pour les violations
de ces piliers, la Charte souligne leur importance vitale pour la continuité et la
prospérité de la République gabonaise.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 8
Les libertés et droits fondamentaux sont reconnus et leur exercice est garanti
aux citoyens dans les conditions et les formes prévues par la loi. Aucune
situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits
humains.
COMMENTAIRES
L’article 8, tel que formulé, aborde des principes essentiels dans un régime
démocratique : la reconnaissance, la garantie et la protection des libertés et
droits fondamentaux des citoyens. Cet article peut être décomposé en deux
points principaux.
I/ RECONNAISSANCE ET GARANTIE DES LIBERTÉS ET DROITS
FONDAMENTAUX
A/ LA RECONNAISSANCE DES DROITS ET LIBERTÉS
Le texte affirme clairement que les libertés et droits fondamentaux sont «
reconnus ». Cela signifie que dans ce régime, l’importance des droits et libertés
des individus est non seulement admise, mais également inscrite dans le cadre
juridique. Par exemple, dans de nombreux pays, des droits tels que la liberté
d’expression, la liberté de religion, et le droit à un procès équitable sont
considérés comme fondamentaux.
B/ LA GARANTIE DES DROITS ET LIBERTÉ
Ces droits ne sont pas seulement reconnus, mais leur « exercice est garanti aux
citoyens ». Cela signifie qu’il n’est pas suffisant de simplement énoncer ces
droits sur le papier ; il doit y avoir des mesures actives mises en place pour
s’assurer que ces droits peuvent être pratiqués dans la réalité. Par exemple, si
un citoyen a le droit de voter (une liberté fondamentale), mais qu’il est
empêché de le faire à cause d’intimidations ou de barrières administratives,
alors ce droit n’est pas réellement garanti.
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C/ LES CONDITIONS ET FORMES PRÉVUES PAR LA LOI
Cette partie du texte indique qu’il y a certaines modalités ou limites dans
l’exercice de ces droits et libertés. Ces limites sont définies par la loi, et pas
arbitrairement. Par exemple, la liberté d’expression est un droit fondamental,
mais elle peut être limitée dans des cas comme la diffamation, l’incitation à la
haine ou à la violence. C’est une manière de contrebalancer les droits
individuels avec la protection de la société dans son ensemble.
II/ AUCUNE JUSTIFICATION POUR LES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS
Situations d’exception ou d’urgence : Les situations d’urgence peuvent être,
par exemple, des états de guerre, des catastrophes naturelles ou des crises
politiques majeures. Dans de nombreux pays, ces situations peuvent donner
lieu à des mesures exceptionnelles ou à des pouvoirs élargis pour le
gouvernement. Cependant, cet article établit clairement que même dans de
telles situations, les droits humains fondamentaux ne peuvent être bafoués.
Exemple : Après un attentat terroriste, un gouvernement pourrait être tenté
d’arrêter et de détenir des suspects sans preuves suffisantes ou sans procès, au
nom de la sécurité nationale. Cependant, selon cet article, même dans une
telle situation d’urgence, les droits fondamentaux, tels que le droit à un procès
équitable, ne doivent pas être violés.
En conclusion, l’article 8 de la Charte de la Transition insiste sur l’importance
primordiale des droits et libertés fondamentaux dans une société
démocratique, tout en reconnaissant qu’il peut y avoir des limites à ces droits.
Cependant, il établit une ligne claire selon laquelle, même dans les situations
les plus extrêmes, les droits humains ne doivent jamais être compromis.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 9
Tous les citoyens gabonais sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux
devant la loi sans aucune distinction. Ils sont électeurs et éligibles dans les
conditions déterminées par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 9 évoque des principes clés qui touchent à l’égalité des citoyens au
sein d’un État. Cet article peut être analysé en trois points principaux.
I/ L’ÉGALITÉ EN DROITS ET EN DEVOIRS
A/ ÉGALITÉ EN DROITS
« L’égalité en droits » signifie que chaque citoyen gabonais, quels que soient
son origine ethnique, sa classe sociale, son sexe, son âge, sa religion ou toute
autre caractéristique, jouit des mêmes droits fondamentaux. Par exemple, tous
ont le droit à la liberté d’expression, à un procès équitable, à l’éducation, etc.
B/ L’ÉGALITÉ EN DEVOIRS
De la même manière, tous les citoyens ont les mêmes obligations vis-à-vis de
l’État gabonais et de la société gabonaise. Par exemple, chaque citoyen est
tenu de respecter la loi, de payer des impôts conformément à ses revenus, ou
encore de respecter les droits d’autrui.
II/ L'ÉGALITÉ DEVANT LA LOI
A/ SANS DISTINCTION
L’article souligne que cette égalité devant la loi est sans « aucune distinction ».
Cela signifie que la loi ne doit pas favoriser ou défavoriser certains citoyens ou
groupes sur la base de critères discriminatoires. Par exemple, un homme et
une femme, poursuivis pour le même délit, devraient être jugés de la même
manière, sans préjugés ni traitement préférentiel en fonction de leur sexe.
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B/ LES IMPLICATIONS PRATIQUES
Dans le système judiciaire gabonais, l’égalité devant la loi signifie que
l’application des peines, le déroulement des procès, et l’accès à la justice
doivent être les mêmes pour tous, quels que soient leurs antécédents ou leur
statut social. Si deux individus commettent un même crime sous des
circonstances similaires, ils devraient, en théorie, recevoir des peines similaires.
III/ DROITS ÉLECTORAUX
A/ LES ÉLECTEURS
L’article dispose que tous les citoyens sont « électeurs ». Cela signifie que
chaque citoyen gabonais a le droit de voter lors des élections, qu’il s’agisse
d’élections présidentielles, législatives ou locales. Ce principe est essentiel dans
une démocratie, où le pouvoir est censé émaner du peuple.
B/ LES ÉLIGIBILITÉS
Au-delà du droit de vote, les citoyens ont également le droit d’être « éligibles »,
c’est-à-dire de se présenter comme candidats lors des élections. Cependant,
l’article précise que cela doit se faire « dans les conditions déterminées par la
loi ». Cela signifie que, bien que le principe d’éligibilité soit universel, il peut y
avoir certaines conditions ou critères à remplir pour se présenter à certains
postes. Par exemple, pour se présenter à la présidence, il pourrait y avoir un
âge minimum requis, ou une durée de résidence dans le pays.
En somme, l’article 9 de la Charte met l’accent sur l’égalité de tous les citoyens
gabonais en matière de droits, de devoirs et d’accès à la vie politique du pays.
Ces principes sont essentiels pour garantir une société juste, équitable et
démocratique.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 10
La personne humaine est sacrée. Toute personne a droit au respect de son
intégrité physique et morale, de son identité et à la protection de son intimité
et de sa vie privée. Tout citoyen a droit au libre développement de sa personne,
dans le respect du droit d’autrui, des bonnes mœurs et de l’ordre public.
COMMENTAIRES
L’article 10 de la Charte met l’accent sur la sacralité et les droits inaliénables de
la personne humaine. Pour mieux le comprendre, décomposons-le et
examinons chacun de ses éléments.
I/ « LA PERSONNE HUMAINE EST SACRÉE »
Signification : Cette phrase souligne la valeur intrinsèque et inestimable de
chaque individu. En d’autres termes, chaque personne est digne de respect
simplement parce qu’elle est humaine, indépendamment de toute autre
considération.
II/ « TOUTE PERSONNE A DROIT AU RESPECT DE SON INTÉGRITÉ PHYSIQUE ET
MORALE »
Chaque Gabonais a droit à la protection contre toute forme de violence, qu’elle
soit physique (comme la torture ou les agressions) ou morale (comme la
diffamation, le harcèlement moral ou la manipulation psychologique).
Exemple : En contexte judiciaire, cela signifie qu’une personne ne doit pas être
soumise à des traitements inhumains ou dégradants, même si elle est accusée
d’un crime.
III/ « DE SON IDENTITÉ »
Signification : Reconnaissance du droit de chacun à sa propre identité, qu’elle
soit culturelle, ethnique, religieuse ou de genre, sans interférence ni
discrimination.
Exemple : Un citoyen gabonais d’une minorité ethnique ne devrait pas être
forcé d’abandonner sa langue ou ses traditions culturelles pour s’intégrer dans
une société majoritaire.
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IV/ « ET A LA PROTECTION DE SON INTIMITÉ ET DE SA VIE PRIVÉE »
Signification : Les individus ont droit à la confidentialité et à la non-ingérence
dans leur vie privée. Cela couvre des domaines comme la correspondance
privée, la vie familiale et les informations personnelles.
Exemple : Une agence gouvernementale ne peut pas surveiller arbitrairement
les communications d’un individu sans une raison légitime, telle qu’une
enquête sur des activités criminelles.
VI/ « TOUT CITOYEN A DROIT AU LIBRE DÉVELOPPEMENT DE SA PERSONNE,
DANS LE RESPECT DU DROIT D’AUTRUI, DES BONNES MŒURS ET DE L’ORDRE
PUBLIC. »
Signification : Chaque individu a le droit de poursuivre son épanouissement et
son développement personnel, tant qu’il ne viole pas les droits d’autres
personnes ou ne transgresse pas certaines normes sociales acceptées et la loi.
Exemple : Une personne peut choisir de suivre un certain mode de vie, une
carrière ou une voie spirituelle, tant qu’elle ne nuit pas à autrui ou ne
contrevient pas à des normes légales ou morales établies.
En définitive, l’article 10 affirme la primauté et la sacralité de la personne
humaine au sein de la société gabonaise. Il reconnaît et protège la dignité, la
liberté et l’intégrité de chaque individu, tout en équilibrant ces droits avec la
nécessité de maintenir l’ordre public et le respect mutuel au sein de la
communauté.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 11
Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels,
dégradants ou inhumains.
COMMENTAIRES
L’article 11 est un principe fondamental qui vise à protéger la dignité et
l’intégrité de la personne humaine. Examinons cet article de manière
approfondie.
I/ « NUL NE PEUT FAIRE L’OBJET DE TORTURES »
Signification : La torture est strictement interdite, sans exception. La torture est
généralement comprise comme l’imposition intentionnelle de douleurs ou de
souffrances sévères, qu’elles soient physiques ou mentales, à une personne,
par ou avec l’acquiescement des autorités publiques, dans le but d’obtenir des
informations, des aveux, ou pour toute autre raison.
Exemple : Les interrogatoires menés par la police qui impliquent l’utilisation de
violences physiques, de privations, ou de techniques d’intimidation
psychologique pour forcer des aveux seraient considérés comme de la torture.
II/ « DE PEINES OU DE TRAITEMENTS CRUELS »
Signification : Cela interdit non seulement les punitions qui infligent
intentionnellement des douleurs ou des souffrances physiques ou mentales,
mais aussi celles qui, bien que non intentionnelles, entraînent des
conséquences cruelles pour l’individu.
Exemple : Le fait de maintenir une personne en isolement prolongé sans
contact humain peut être considéré comme un traitement cruel, même si
l’intention initiale n’était pas de lui infliger des souffrances.
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III/ « DÉGRADANTS “
Signification : Les traitements dégradants sont ceux qui humilient
profondément une personne ou la dévalorisent aux yeux d’autrui. Ils ne sont
pas nécessairement douloureux, mais ils rabaissent la personne à un niveau
considéré comme inacceptable dans une société civilisée.
Exemple : Parader un prisonnier nu devant d’autres détenus ou devant le
public, ou le forcer à effectuer des actes humiliants peut être considéré comme
un traitement dégradant.
IV/ « OU INHUMAINS »
Signification : Les traitements inhumains sont ceux qui infligent
intentionnellement de grandes souffrances, qu’elles soient physiques ou
mentales, mais sans le but spécifique associé à la torture. Cela pourrait aussi
concerner des situations où, même si la souffrance n’était pas intentionnelle,
l’indifférence à la douleur ou à la souffrance est manifeste.
Exemple : Laisser un détenu dans des conditions insalubres, où il est exposé à
des températures extrêmes ou à des maladies sans accès à des soins
médicaux, pourrait être considéré comme un traitement inhumain.
En conclusion, l’article 11 consacre l’engagement profond d’une société à
protéger la dignité de chaque individu, indépendamment de ses actes ou de
son statut. Il reconnaît que certains traitements ou punitions sont si contraires
à nos conceptions fondamentales de la décence humaine qu’ils ne peuvent
être tolérés sous aucune circonstance. Ce principe est universel et est
également inscrit dans divers instruments internationaux relatifs aux droits de
l’homme, comme la Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 12
Nul ne peut être arrêté, inculpé, ni détenu que dans les cas prévus par la loi
promulguée antérieurement à la commission de l’infraction qu’elle réprime.
Les arrestations et détentions arbitraires sont interdites par la loi. Le droit à
l’assistance d’un avocat est reconnu dès l’instant de l’interpellation ou de la
détention.
COMMENTAIRES
L’article 12 se concentre sur la protection des droits individuels lors des
processus judiciaires, et plus particulièrement lors des phases d’arrestation et
de détention. Il met en évidence trois principes majeurs du droit. Analysons
chacun de ces principes en détail :
I/ LA LÉGALITÉ DE L’ARRESTATION ET DE LA DÉTENTION
Signification : Pour qu’une arrestation ou une détention soit légitime au Gabon,
elle doit s’inscrire dans un cadre juridique clairement établi. De plus, ce cadre
juridique doit être mis en place avant la commission de l’infraction. Ceci
garantit que personne ne sera arrêté ou détenu pour une action qui n’était pas
considérée comme illégale au moment où elle a été commise.
Exemple : Imaginons qu’une personne ait participé à une manifestation
pacifique en 2020. Si en 2023, une nouvelle loi réprimant la participation à de
telles manifestations est adoptée au Gabon, cette personne ne peut pas être
arrêtée ou inculpée rétroactivement en se basant sur cette nouvelle loi.
II/ INTERDICTION DES ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS ARBITRAIRES
Signification : Toute arrestation ou détention doit être fondée sur des motifs
légaux clairs et ne peut être effectuée sur la base de préjugés, de
discrimination ou sans justification valable. Ceci garantit que les pouvoirs
discrétionnaires des forces de l’ordre et des autorités judiciaires sont limités
par la loi.
Exemple : Si une personne est arrêtée simplement parce qu’elle appartient à
un groupe ethnique particulier, sans aucune preuve ou motif légitime de
suspicion d’activité criminelle, cela serait considéré comme une arrestation
arbitraire.
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III/ DROIT À L'ASSISTANCE D’UN AVOCAT DÈS L’INTERPELLATION OU LA
DÉTENTION
Signification : C’est une garantie fondamentale pour assurer une justice
équitable. Dès qu’une personne est interpellée ou détenue, elle a le droit d’être
assistée par un avocat. Cela assure que les droits de la personne sont respectés
dès le début de la procédure judiciaire.
Exemple : Si une personne est arrêtée pour suspicion de vol, elle doit être
informée immédiatement de son droit à un avocat. Si elle ne peut pas s’en
offrir un, dans de nombreuses juridictions, un avocat commis d’office lui sera
attribué.
En conclusion, l’article 12 souligne l’importance fondamentale du respect des
droits individuels dans les processus judiciaires. Il garantit que les citoyens sont
protégés contre les abus potentiels des autorités, tout en assurant que les
procédures judiciaires sont menées de manière équitable et transparente. Ces
protections sont essentielles pour instaurer la confiance dans le système
judiciaire gabonais et pour garantir l’état de droit.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 13
Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à l’établissement de sa culpabilité à
la suite d’un procès régulier offrant des garanties à sa défense.
COMMENTAIRES
L’article 13 se concentre sur un principe fondamental du droit pénal : la
présomption d’innocence. C’est une garantie juridique qui assure la protection
des droits des accusés dans le cadre des procédures judiciaires. Analysons cet
article en profondeur.
I/ PRÉSOMPTION D’INNOCENCE
Signification : Le cœur de l’article 13 réside dans l’idée que tout prévenu,
quelles que soient les accusations portées contre lui, est présumé innocent
tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée. Cela signifie que le poids de la
preuve incombe à l’accusation. Autrement dit, c’est à la partie qui accuse de
prouver la culpabilité de l’accusé et non l’inverse.
Exemple : Si une personne est accusée de vol, il ne suffit pas de la soupçonner
ou de la pointer du doigt. L’accusation doit présenter des preuves concrètes,
telles que des vidéos de surveillance, des témoignages crédibles ou des
preuves matérielles, pour établir sa culpabilité devant un tribunal.
II/ PROCÈS RÉGULIER OFFRANT DES GARANTIES À LA DÉFENSE
Signification : Non seulement le prévenu est présumé innocent, mais il doit
également bénéficier d’un procès équitable qui offre toutes les garanties
nécessaires pour sa défense. Ces garanties comprennent, entre autres, le droit
à un avocat, le droit de contester les preuves présentées contre lui, le droit de
présenter ses propres preuves et témoins, et le droit d’être jugé dans un délai
raisonnable.
Exemple : Supposons qu’un individu soit accusé d’un crime qu’il prétend ne
pas avoir commis. Pendant son procès, il a le droit d’être représenté par un
avocat, de contre-interroger les témoins à charge, de présenter ses propres
témoins ou preuves pour étayer sa défense, et de s’assurer que le tribunal
examine toutes les preuves de manière impartiale.
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En conclusion, l’article 13 établit un équilibre entre la nécessité de poursuivre et
de punir les activités criminelles et la protection des droits fondamentaux des
individus. Il s’agit d’un pilier de l’état de droit qui garantit que le système
judiciaire gabonais est utilisé pour rendre la justice de manière équitable et
non pour persécuter ou traiter injustement les individus. Cette présomption
garantit que les erreurs judiciaires, qui pourraient conduire à la condamnation
d’innocents, sont minimisées.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 14
La peine est personnelle. Aucun individu ne peut être rendu responsable et
poursuivi pour un fait non commis par lui-même.
COMMENTAIRES
L’article 14 évoque une notion fondamentale en matière de droit pénal : le
caractère personnel de la responsabilité pénale. Cette disposition assure que
seule la personne ayant commis un acte répréhensible est tenue responsable
et subit la peine y afférente. Décortiquons cet article pour en comprendre
toute la portée :
I/ LA PEINE EST PERSONNELLE
Signification : Ce principe énonce que la responsabilité pénale est individuelle.
Cela signifie que la punition ou la sanction infligée suite à un délit ou un crime
ne peut être transférée à une autre personne que le coupable.
Exemple : Imaginons un scénario où deux individus, M. OWONO et M.
MOUKETOU, sont soupçonnés d’avoir commis un vol. Si les preuves montrent
que seul M. OWONO est le véritable coupable, seul M. OWONO sera
sanctionné. M. MOUKETOU ne peut être puni en lieu et place de M. OWONO,
même s’il est proche de ce dernier ou s’ils ont des liens familiaux.
II/ RESPONSABILITÉ ET POURSUITES POUR DES FAITS COMMIS
PERSONNELLEMENT
Signification : La seconde partie de l’article renforce l’idée que les poursuites et
sanctions pénales sont strictement liées à l’individu qui a commis l’infraction.
Autrement dit, une personne ne peut être tenue pour responsable ou
poursuivie pour les actions d’autrui.
Exemple : Si dans une famille, le père commet une fraude financière, les
enfants ou le conjoint ne peuvent être tenus responsables ou poursuivis pour
cette fraude, sauf s’ils y ont directement participé. Les actes du père restent les
siens, et la responsabilité pénale ne peut être transmise à ses proches sur la
simple base de la relation familiale.
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Implications juridiques et sociétales : Cet article protège les individus contre les
injustices qui pourraient découler de la responsabilité collective. Dans de
nombreuses sociétés anciennes ou dans certains régimes autoritaires, il n’était
pas rare que les familles ou les groupes soient collectivement punis pour les
actes d’un de leurs membres. L’article 14 rejette cette notion et s’assure que
seule la personne ayant commis une infraction est tenue responsable.
En conclusion, l’article 14 est un rempart contre les abus potentiels de la
justice, garantissant que la responsabilité pénale reste strictement individuelle.
Il est essentiel pour préserver les droits de chaque citoyen et pour maintenir la
confiance du public dans l’équité du système judiciaire.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 15
La loi punit quiconque par un acte de discrimination raciale, ethnique,
religieuse, par un acte de propagande régionaliste ou communautariste, ou
par tout autre acte, porte atteinte à l’unité nationale, à la sécurité de l’État, à
l’intégrité du territoire de la République, ou au bon fonctionnement
démocratique des Institutions.
COMMENTAIRES
L’article 15 énonce un certain nombre de comportements et d’actions qui sont
interdits et punis par la législation gabonaise en raison de leur capacité à
compromettre la cohésion sociale, l’unité nationale, et la stabilité
démocratique du pays. Abordons cette disposition point par point :
I/ DISCRIMINATION RACIALE, ETHNIQUE, RELIGIEUSE
Signification : La loi proscrit toute forme de discrimination fondée sur la race,
l’ethnie ou la religion d’une personne. Cela signifie qu’aucun individu ne peut
être traité de manière inégale ou injuste en raison de ces caractéristiques.
Exemple : Si un employeur refuse d’embaucher une personne uniquement en
raison de sa race, de son origine ethnique ou de ses croyances religieuses, cet
acte serait considéré comme illégal selon cette disposition.
II/ PROPAGANDE RÉGIONALISTE OU COMMUNAUTARISTE
Signification : L’article interdit la diffusion d’idées ou de discours qui
promeuvent une région ou une communauté particulière de manière à
susciter des divisions ou des tensions au sein de la nation.
Exemple : Un parti politique gabonais qui prône la supériorité d’une région
spécifique du pays, au détriment des autres, ou qui encourage le favoritisme à
l’égard d’une communauté au détriment d’autres, serait en infraction avec
cette clause.
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III/ ATTEINTE À L’UNITÉ NATIONALE, À LA SÉCURITÉ DE L’ÉTAT, À L’INTÉGRITÉ
DU TERRITOIRE ET AU BON FONCTIONNEMENT DÉMOCRATIQUE
Signification : La loi sanctionne tout acte qui menace la cohésion du pays, sa
sécurité, l’intégrité territoriale, ou le fonctionnement de ses institutions
démocratiques. Cela englobe un large éventail d’actions, allant de la sédition à
la tentative de coup d’État.
Exemple : Si un groupe milite pour la sécession d’une partie du territoire
national sans suivre les voies légales et constitutionnelles, cet acte pourrait être
considéré comme une menace pour l’intégrité du territoire et la sécurité de
l’État.
Implications juridiques et sociétales : l’article 15 de la charte de la Transition vise
à protéger le tissu social et politique du pays contre les divisions et les tensions.
Il s’assure que les actions et comportements susceptibles d’affaiblir l’État et sa
démocratie sont dûment reconnus et punis par la loi.
En conclusion, l’article 15 est une provision cruciale qui vise à préserver la
stabilité, l’unité, et le caractère démocratique de la nation. En condamnant
explicitement les actes de discrimination et les tentatives de déstabilisation,
cet article souligne l’importance de la cohésion nationale pour le bien-être et la
prospérité de tous les citoyens.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 16
Tout citoyen a le droit de fixer librement son domicile ou sa résidence en un
lieu quelconque du territoire national et d’y exercer toute activité
conformément aux dispositions de la loi.
COMMENTAIRES
L’article 16 met en avant l’importance fondamentale de la liberté de
mouvement et d’établissement au sein d’un territoire national pour chaque
citoyen. Examinons ce principe en détail :
I/ DROIT DE FIXER LIBREMENT SON DOMICILE OU SA RÉSIDENCE
Signification : Chaque citoyen a le droit de choisir où il souhaite vivre au sein du
territoire national sans aucune restriction imposée par le gouvernement, à
moins que cela ne soit prévu par la loi pour des raisons spécifiques et
justifiables.
Exemple : MBADINGA, originaire du Sud, souhaite déménager dans l’Ogooué
Ivindo pour des raisons professionnelles ou personnelles. L’État ne peut pas
l’en empêcher, à moins que sa décision de déménagement ne viole certaines
lois spécifiques (par exemple, des zones restreintes pour des raisons de
sécurité).
II/ EXERCER TOUTE ACTIVITÉ CONFORMÉMENT AUX DISPOSITIONS DE LA LOI
Signification : Non seulement un citoyen est libre de choisir où il veut résider,
mais il a également le droit d’exercer n’importe quelle activité légale à cet
endroit. Cependant, cette activité doit être conforme à la loi. Autrement dit,
tandis que la liberté d’établissement et d’activité est garantie, elle n’est pas
absolue et est soumise à des régulations légales.
Exemple : Si Mme Obone décide de s’installer dans une ville côtière et souhaite
y démarrer une activité de pêche, elle est libre de le faire. Cependant, elle doit
s’assurer que son activité respecte toutes les lois et réglementations relatives à
la pêche, y compris les licences nécessaires et les quotas de pêche.
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Implications juridiques et sociétales : l’article 16, tout en assurant une grande
liberté individuelle aux Gabonais, reconnaît également le rôle de l’État dans la
régulation et la garantie du bien commun. En d’autres termes, tandis que la
liberté d’établissement est un droit fondamental, elle peut être modulée en
fonction des besoins de la société et des exigences légales.
En conclusion, l’article 16 garantit aux citoyens un droit fondamental de liberté
de mouvement et d’établissement à l’intérieur des frontières nationales, tout
en soulignant que cette liberté doit s’exercer dans le respect des lois en
vigueur. C’est un équilibre entre les droits individuels et les impératifs sociaux
et juridiques.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 17
Le domicile est inviolable et le secret de la correspondance est garanti à tous
les citoyens. Il ne peut être porté atteinte à ces droits que dans les cas prévus
par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 17 de la Charte met en lumière deux principes fondamentaux :
l’inviolabilité du domicile et le respect du secret de la correspondance. Ces
principes sont centraux dans la protection de la vie privée des citoyens
gabonais. Examinons ces deux points de manière approfondie :
I/ LE DOMICILE EST INVIOLABLE
Signification : La notion de domicile étant inviolable signifie qu’aucune
personne ou autorité ne peut pénétrer, fouiller ou effectuer des perquisitions
dans un domicile privé sans justification légale. C’est un droit qui protège les
individus contre les intrusions non justifiées dans leur vie privée et leurs
espaces personnels.
Exemple : Imaginons que la police reçoive un signalement concernant une
activité suspecte dans la maison de M. Mayombo. Même avec ce signalement,
la police ne peut pas simplement entrer chez M. Mayombo et fouiller sa
maison. Pour cela, elle aurait généralement besoin d’un mandat délivré par un
juge, basé sur des preuves ou des motifs raisonnables.
II/ LE SECRET DE LA CORRESPONDANCE EST GARANTI
Signification : Le secret de la correspondance garantit que toute forme de
communication écrite (lettres, e-mails, etc.) entre individus est protégée contre
l’interception, la lecture ou la divulgation sans consentement. C’est une
sauvegarde essentielle pour assurer la confidentialité des communications
privées.
Exemple : Sophie envoie une lettre à son avocat. Sans une raison légale, ni le
service postal, ni aucun tiers, ni même les autorités ne peuvent ouvrir et lire
cette lettre sans violer le secret de la correspondance.
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Limitations prévues par la loi : Si cet article garantit ces deux droits, il reconnaît
également que, dans certaines circonstances spécifiques définies par la loi, des
exceptions peuvent être faites. Ces exceptions sont généralement instaurées
pour des raisons de sécurité nationale, d’enquête criminelle ou d’autres
préoccupations d’intérêt public.
Implications juridiques et sociétales : l’article 17 assure une protection robuste
des droits individuels à la vie privée, mais il reconnaît également la nécessité,
dans certains cas spécifiques, d’équilibrer ces droits avec des impératifs publics
ou de sécurité. La clé réside dans la manière dont « les cas prévus par la loi »
sont définis et interprétés.
En conclusion, l’article 17 établit un équilibre délicat entre la protection de la vie
privée des citoyens et les besoins de la société, en assurant que toute intrusion
dans la vie privée est effectuée conformément à la loi et avec une justification
adéquate.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 18
Tout citoyen a le droit de circuler librement à l’intérieur du territoire national,
d’en sortir, d’y revenir et de s’y établir temporairement ou durablement. Il ne
peut être porté atteinte à ces droits que dans les conditions définies par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 18 traite de la liberté de mouvement, un droit fondamental qui permet
aux citoyens de se déplacer, de quitter et de revenir dans leur pays, et de
choisir où ils souhaitent vivre à l’intérieur du territoire national. Examinons en
détail les divers éléments de cet article.
I/ LIBERTÉ DE CIRCULER À L’INTÉRIEUR DU TERRITOIRE NATIONAL
Signification : Chaque citoyen a le droit de se déplacer librement partout à
l’intérieur du pays, sans restriction ni entrave.
Exemple : Jean, originaire de Bordeaux, souhaite déménager à Paris pour des
raisons professionnelles. Il a le droit constitutionnel de le faire sans avoir besoin
d’une autorisation spécifique ou de subir des restrictions
II/ DROIT DE QUITTER LE TERRITOIRE NATIONAL ET D’Y REVENIR
Signification : Tout citoyen peut quitter le pays et revenir quand il le souhaite,
sans craindre des restrictions indues ou des représailles.
Exemple : Marie, une citoyenne française, décide de voyager en Espagne pour
des vacances. Elle a le droit de le faire sans être inquiétée ou empêchée par
l’État, et elle a également le droit de revenir en France à la fin de son voyage.
III/ DROIT DE S’ÉTABLIR TEMPORAIREMENT OU DURABLEMENT
Signification : Au-delà de la simple circulation, tout citoyen a également le droit
de choisir où il souhaite vivre, que ce soit pour une courte période ou de
manière permanente.
Exemple : Lucas souhaite passer sa retraite dans le sud de la France. Il a le droit
de s’y installer de façon temporaire ou définitive, selon ses préférences.
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IV/ LIMITATIONS PRÉVUES PAR LA LOI
Si ce droit à la liberté de mouvement est affirmé, l’article précise aussi qu’il
peut y avoir des restrictions « dans les conditions définies par la loi ». Ces
restrictions peuvent être instaurées pour des raisons de sécurité nationale,
d’ordre public, de protection de la santé publique, entre autres.
Exemple de restriction : En période de crise sanitaire, comme une pandémie, le
gouvernement peut limiter les déplacements des citoyens pour éviter la
propagation du virus.
Implications juridiques et sociétales : l’article 18 offre une liberté de
mouvement importante qui sous-tend de nombreux autres droits et libertés.
Toutefois, comme pour d’autres droits, il est essentiel d’équilibrer cette liberté
avec d’autres considérations d’intérêt public. La mise en œuvre de ce droit
nécessite donc une surveillance constante pour s’assurer que les restrictions
ne sont imposées que lorsque cela est absolument nécessaire et qu’elles sont
proportionnées à l’objectif poursuivi.
En conclusion, l’article 18 consacre un des droits fondamentaux de l’individu en
matière de liberté de mouvement, tout en reconnaissant la nécessité, dans
certains contextes, d’établir des limitations pour le bien commun. La clé réside
dans la manière dont « les conditions définies par la loi » sont déterminées et
appliquées.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 19
Tout individu a le droit de s’informer librement et d’être informé.
COMMENTAIRES
L’article 19 se penche sur un pilier fondamental des sociétés démocratiques : la
liberté d’information. Il articule le droit pour chaque individu de chercher
activement de l’information et d’être informé. Décortiquons cet article pour
mieux comprendre sa portée et ses implications.
I/ LE DROIT DE S’INFORMER LIBREMENT
Signification : Tout individu a le droit de rechercher, de recevoir et de partager
des informations sans restriction. Cela comprend accéder à des sources
variées, que ce soit par des livres, des médias, internet ou d’autres moyens.
Exemple : Mme Rolenga, une étudiante, décide d’écrire un article sur les
changements climatiques. Elle doit pouvoir accéder librement à des sources
scientifiques, des rapports gouvernementaux, des articles de presse, etc., pour
rédiger son travail.
II/ LE DROIT D’ÊTRE INFORMÉ
A/ SIGNIFICATION
Au-delà de la démarche proactive de recherche d’informations, chaque
individu a le droit de recevoir des informations pertinentes, notamment celles
qui sont d’intérêt public. Cela suppose une obligation pour les autorités et
certaines entités de fournir des informations de manière transparente.
Exemple : En cas de pollution dans un cours d’eau, les citoyens des zones
concernées ont le droit d’être informés des risques, des mesures de sécurité à
adopter, etc., dans un délai approprié.
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B/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET SOCIÉTALES
Démocratie : Une société informée est essentielle à la démocratie. Les
citoyens doivent avoir accès à une information complète et transparente
pour prendre des décisions éclairées, que ce soit dans leur vie quotidienne
ou lors de l’exercice de leurs droits civiques, comme le vote.
Responsabilité des médias : Les médias ont une responsabilité cruciale
dans la diffusion d’informations exactes et non biaisées. Le droit à
l’information suggère une éthique journalistique robuste pour garantir la
véracité et l’objectivité des nouvelles.
Limitations possibles : Tout comme d’autres droits, celui de s’informer peut
avoir des limites, notamment pour la sécurité nationale, la protection de la
vie privée ou la prévention de la diffamation. Cependant, ces limitations
doivent être clairement définies, nécessaires et proportionnées.
Impact sur la législation : Ce droit peut conduire à l’adoption de lois sur la
transparence, comme les lois garantissant l’accès à l’information publique,
assurant ainsi que les institutions gouvernementales et autres entités
rendent compte de leurs actions.
En conclusion, l’article 19 reconnaît l’importance vitale de l’information dans les
sociétés modernes. Il garantit le droit de chaque individu à rechercher et à
recevoir des informations, tout en plaçant une responsabilité implicite sur les
institutions et les médias pour garantir l’accès à une information exacte et
pertinente. Comme pour d’autres droits, il s’agit de trouver un équilibre entre
la liberté d’information et d’autres préoccupations légitimes.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 20
Tout individu a droit à la création, à la protection et à la jouissance de ses
œuvres intellectuelles et artistiques.
COMMENTAIRES
L’article 20 met l’accent sur les droits culturels et intellectuels des individus,
soulignant à la fois la liberté de création et la protection des créations
intellectuelles et artistiques. Pour une meilleure compréhension, décomposons
chaque élément de cet article.
I/ LE DROIT A LA CRÉATION
Signification : Chaque Gabonais est libre de créer des œuvres intellectuelles et
artistiques sans contrainte ou interférence extérieure. Cela englobe une vaste
gamme de créations, des écrits scientifiques aux œuvres d’art, en passant par
la musique, la littérature, et bien d’autres.
Exemple : Mme NGOU, une romancière, a le droit d’écrire une histoire basée
sur ses idées, son imagination et sa vision du monde, sans craindre la censure
ou d’autres formes de répression.
II/ LE DROIT A LA PROTECTION DE SES ŒUVRES
Signification : Une fois qu’une œuvre a été créée, l’individu a le droit de
protéger cette œuvre contre toute forme d’utilisation non autorisée ou de
contrefaçon. C’est ici que le droit d’auteur entre en jeu, garantissant à l’auteur
des droits exclusifs sur son œuvre pour une période définie.
Exemple : Si, Mme Mindima une musicienne, compose une nouvelle chanson,
elle peut l’enregistrer auprès des autorités compétentes pour s’assurer que
personne d’autre ne copie ou ne distribue sa musique sans sa permission.
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A/ SIGNIFICATION :
Au-delà de la protection, les créateurs ont également le droit de jouir des fruits
de leurs œuvres. Cela peut se traduire par la reconnaissance, les récompenses,
les bénéfices financiers ou la simple satisfaction personnelle.
Exemple : Samia, une artiste peintre, expose ses tableaux dans une galerie. Elle
a non seulement le droit de vendre ses œuvres, mais aussi de recevoir une
reconnaissance pour son talent et sa créativité.
B/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET SOCIÉTALES
Promotion de la créativité : En garantissant ces droits, l’article encourage la
créativité et l’innovation. Il motive les individus à partager leurs talents et
leurs idées sans craindre que leurs efforts ne soient exploités sans leur
consentement.
Évolution du droit d’auteur : Le droit d’auteur et les droits voisins jouent un
rôle crucial pour protéger les œuvres intellectuelles et artistiques. Cet
article pourrait influencer la législation nationale sur le droit d’auteur, en
veillant à ce qu’elle soit à jour face aux défis du numérique.
Équilibre entre droits et accès : Si la protection des œuvres est essentielle, il
est également important de garantir l’accès à la culture et au savoir. Des
exceptions, comme l’usage équitable ou l’usage à des fins éducatives,
peuvent être intégrées pour garantir cet équilibre.
En conclusion, l’article 20 de la Charte de la Transition reconnaît et valorise
l’importance de la créativité et de l’innovation dans la société gabonaise. En
garantissant à la fois le droit à la création, à la protection et à la jouissance des
œuvres, il assure un équilibre entre les droits des créateurs et les besoins de la
société, tout en encourageant la diversité culturelle et l’épanouissement
intellectuel.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 21
Tout citoyen a droit au travail et à une juste rémunération. Nul ne peut être
lésé dans son emploi en raison de son origine, de sa religion, de son sexe ou de
ses opinions.
COMMENTAIRES
L’article 21 traite des droits fondamentaux liés au travail, à la rémunération, et à
l’égalité de traitement dans le milieu professionnel. Pour une analyse précise,
examinons chaque composante de cet article.
I/ DROIT AU TRAVAIL
Signification : Chaque citoyen, sans distinction, devrait avoir la possibilité
d’accéder à un emploi. Cela ne signifie pas que l’État est tenu de fournir un
emploi à chaque individu, mais il doit s’efforcer de créer un environnement
propice à l’emploi et lutter contre le chômage.
Exemple : Dans une situation de crise économique, un État pourrait mettre en
place des programmes de formation professionnelle ou des incitations fiscales
pour les entreprises embauchant de nouveaux employés, afin de favoriser
l’emploi.
II/ JUSTE RÉMUNÉRATION
Signification : Tout travailleur a le droit de recevoir une rémunération qui
reflète équitablement la nature et la quantité de travail qu’il fournit. Cela
implique également un salaire qui permet à l’individu de subvenir à ses
besoins et à ceux de sa famille.
Exemple : Si M. Minko, ingénieur, et Mme Bouanga, infirmière, travaillent tous
deux le même nombre d’heures, leurs salaires peuvent différer en raison de la
nature de leur travail, mais chacun d’entre eux devrait recevoir un salaire
équitable pour son secteur professionnel et sa qualification.
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III/ ÉGALITÉ DE TRAITEMENT AU TRAVAIL
A/ SIGNIFICATION
L’emploi d’un individu ne devrait pas être affecté ou compromis en raison de
caractéristiques non liées au travail, telles que l’origine, la religion, le sexe ou les
opinions. Cette partie vise à lutter contre toutes formes de discriminations au
travail.
Exemple : Si Mme Boukary, de confession musulmane, postule pour un emploi
de comptable, son employeur potentiel ne devrait pas lui refuser le poste en
raison de sa religion. De même, Jean, un homme, ne devrait pas être favorisé
par rapport à Alice, une femme, pour un poste, si Alice possède les
qualifications et compétences requises.
B/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET SOCIÉTALES :
Promotion de l’égalité : Cet article soutient l’idée d’une société égalitaire où
chaque citoyen, indépendamment de ses caractéristiques personnelles, a
accès aux mêmes opportunités professionnelles.
Lutte contre la discrimination : Les lois nationales doivent intégrer des
dispositions pour sanctionner toute forme de discrimination au travail. Cela
pourrait inclure des recours légaux pour ceux qui estiment avoir été
injustement traités.
Protection des travailleurs : L’article suggère que les travailleurs doivent être
protégés contre toute forme d’exploitation et recevoir une rémunération
équitable pour leurs services.
En conclusion, l’article 21 met en avant la vision d’une société où le droit au
travail et à une rémunération équitable sont fondamentaux. Il promeut
l’égalité des chances et la lutte contre la discrimination, garantissant ainsi une
société plus juste et égalitaire.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 22
Tout citoyen a droit d’accès aux emplois publics dans les conditions fixées par
la loi.
COMMENTAIRES
L’article 22 établit le droit de chaque citoyen à accéder aux emplois publics,
mais en stipulant que cet accès doit se faire selon les conditions déterminées
par la loi. Analysons les éléments clés de cet article pour en comprendre
pleinement les implications.
I/ DROIT D’ACCÈS AUX EMPLOIS PUBLICS
Signification : Les emplois publics font généralement référence à des postes au
sein du gouvernement, d’administrations ou d’organismes publics. L’article
reconnaît le droit de chaque citoyen de postuler et d’être considéré pour ces
positions.
Exemple : Imaginons qu’un ministère du gouvernement lance un appel à
candidatures pour plusieurs postes d’administrateurs. Tous les citoyens,
indépendamment de leur origine, genre ou religion, ont le droit de postuler et
d’être évalués sur leurs compétences et qualifications.
II/ CONDITIONS FIXÉES PAR LA LOI
A/ SIGNIFICATION
Si l'article reconnaît le droit d’accès, il indique également que cet accès n’est
pas sans restriction. Ces restrictions ou conditions sont fixées par la législation
en vigueur et peuvent concerner, par exemple, les qualifications requises,
l’expérience, l’âge ou d’autres critères pertinents pour le poste.
Exemple : Pour un emploi spécifique dans un ministère de la défense, la loi
peut exiger que les candidats aient une certaine formation, un niveau de
sécurité ou même un certain âge. De même, pour un poste d’enseignant dans
une école publique, un diplôme en éducation pourrait être exigé.
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B/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET SOCIÉTALES
Égalité des chances : Cet article vise à garantir que tous les citoyens ont une
chance égale d’accéder aux emplois publics. Cela signifie que les emplois
gouvernementaux ne devraient pas être réservés à un groupe spécifique ou à
une élite.
Transparence : Les conditions d’accès à ces emplois doivent être clairement
définies par la loi, garantissant ainsi une transparence dans le processus de
recrutement.
Non-discrimination : Bien que l’article dispose que l’accès est régi par des
conditions légales, ces conditions ne doivent pas être discriminatoires. Par
exemple, elles ne peuvent exclure les candidats sur des bases non pertinentes
telles que la race, le genre ou la religion.
En conclusion, l’article 22 souligne le principe d’égalité des chances dans
l’accès aux emplois publics. Tout en reconnaissant le besoin de certaines
conditions légales pour garantir la compétence et la pertinence des candidats,
il insiste sur le fait que ces conditions doivent être justes, transparentes et non
discriminatoires. C’est un élément fondamental pour assurer une gouvernance
équitable et représente un pilier dans la construction d’une société
démocratique.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 23
Les libertés d’opinion, d’expression, de conscience et de culte sont garanties.
Les conditions de leur exercice sont définies par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 23 de la Charte de la Transition évoque des libertés fondamentales
liées à l’opinion, à l’expression, à la conscience et au culte. L’essence de cet
article est de garantir les droits individuels tout en précisant que l’exercice de
ces droits est encadré par la loi. Analysons les éléments clés de cet article pour
mieux en comprendre les implications.
I/ LIBERTÉS D’OPINION ET D’EXPRESSION
Signification : La liberté d’opinion donne à chaque citoyen le droit d’avoir et de
former ses propres opinions sans ingérence. La liberté d’expression concerne le
droit de communiquer ces opinions et de chercher, recevoir ou diffuser des
informations et des idées.
Exemple : Imaginons qu’un citoyen ait une opinion contraire à une politique
gouvernementale et décide d’écrire un article sur un blog pour partager son
point de vue. Selon cet article de la Charte, cette action est protégée, à
condition qu’elle respecte les lois en vigueur (par exemple, les lois sur la
diffamation ou les discours de haine).
II/ LIBERTÉ DE CONSCIENCE ET DE CULTE
Signification : La liberté de conscience concerne le droit de penser et de croire
en des principes ou convictions religieuses, philosophiques ou morales. La
liberté de culte, quant à elle, se rapporte au droit de pratiquer ces croyances en
privé ou en public.
Exemple : Un individu choisissant de suivre une religion minoritaire dans son
pays devrait être libre de le faire, d’en parler ouvertement et de pratiquer ses
rites sans crainte de persécution.
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III/ CONDITIONS DÉFINIES PAR LA LOI
A/ SIGNIFICATION
Bien que ces libertés soient garanties, elles ne sont pas absolues. L’exercice de
ces libertés peut être encadré par des lois pour assurer, par exemple, la
sécurité publique, la protection de l’ordre, la santé ou la moralité, ou la
protection des droits et libertés d’autrui.
Exemple : En ce qui concerne la liberté d’expression, la plupart des pays ont
des lois qui interdisent la diffamation, les discours incitant à la violence ou à la
haine. Ces lois visent à équilibrer la liberté individuelle avec la protection de la
société dans son ensemble.
B/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET SOCIÉTALES
Protection des droits individuels : Cet article sert de garantie contre toute
tentative de l’État ou d’autres entités de réprimer ou de limiter indûment ces
libertés fondamentales.
Responsabilité : La mention des conditions définies par la loi suggère
également une responsabilité. Les citoyens ont le droit d’exercer leurs libertés,
mais ils doivent également respecter les lois qui protègent le bien-être de la
société.
Équilibre : La garantie de ces libertés tout en les encadrant par la loi est un
exemple de l’équilibre entre les droits individuels et l’intérêt général.
En conclusion, l’article 23 assure aux citoyens des droits essentiels en matière
d’opinion, d’expression, de conscience et de culte. Toutefois, il rappelle
également que ces droits doivent être exercés dans le respect des lois,
garantissant un équilibre entre la liberté individuelle et l’intérêt collectif. C’est
un élément fondamental pour assurer une société libre, diverse et
démocratique.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 24
La liberté d’entreprise est garantie.
COMMENTAIRES
L’article 24 de la Charte de la Transition se concentre sur un droit économique
essentiel : la liberté d’entreprise. Bien qu’il soit succinct, cet article comporte
d’importantes implications pour les individus, les entreprises et l’économie
gabonaise en général. Décortiquons-le pour mieux saisir sa portée.
I/ LA LIBERTÉ D’ENTREPRISE
Signification : La liberté d’entreprise renvoie au droit de toute personne
d’initier, de gérer et d’opérer une entreprise sans subir d’interférence ou
d’obstacles indus de la part du gouvernement ou de toute autre entité. Elle
reflète l’importance accordée à l’initiative privée et à l’esprit d’entreprise au
sein d’une économie.
Exemple : Imaginons que Caroline souhaite ouvrir une boulangerie. La liberté
d’entreprise garantit qu’elle peut le faire sans craindre de restrictions
injustifiées de la part des autorités. Elle devra bien sûr respecter les lois, les
normes sanitaires et fiscales, mais elle ne devrait pas être empêchée d’ouvrir sa
boulangerie sans une raison valable.
II/ IMPLICATIONS ÉCONOMIQUES
Innovation et concurrence : Cette liberté favorise l’innovation et la
concurrence. Les entreprises sont incitées à innover, à améliorer leurs produits
et services, car elles peuvent opérer librement sur le marché.
Croissance économique : La liberté d’entreprise peut conduire à une
augmentation de la création d’emplois, de la production et du commerce, ce
qui peut stimuler la croissance économique.
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III/ LIMITATIONS POTENTIELLES
Cadre réglementaire : Bien que cet article garantit la liberté d’entreprise, cela
ne signifie pas que les entreprises gabonaises peuvent opérer sans aucune
régulation. Les gouvernements mettent généralement en place des
réglementations pour protéger les consommateurs, l’environnement ou la
santé publique.
Exemple : Une entreprise pharmaceutique ne peut pas simplement vendre un
médicament sans avoir prouvé son efficacité et sa sécurité. Bien qu’elle
bénéficie de la liberté d’entreprise, elle est également soumise à des
réglementations strictes pour garantir la sécurité des patients.
IV/ RESPONSABILITÉS DES ENTREPRISES
Avec la liberté vient la responsabilité. Les entreprises ont le devoir de respecter
la loi, d’opérer de manière éthique et de tenir compte des intérêts des
consommateurs, des employés et de la société en général.
En conclusion, l’article 24, en garantissant la liberté d’entreprise, reconnaît le
rôle crucial de l’initiative privée dans le développement économique. Toutefois,
il est essentiel de comprendre que cette liberté fonctionne dans le cadre d’un
système où des réglementations sont mises en place pour garantir que les
entreprises opèrent de manière responsable et pour le bien de tous.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 25
Le mariage, union entre deux personnes de sexes différents, et la famille
constituent le fondement naturel de la vie en société. Ils sont protégés et
promus par l’État.
COMMENTAIRES
L’article 25 de la Charte de la Transition traite des concepts fondamentaux que
sont le mariage et la famille, reconnaissant leur rôle essentiel dans la
structuration de la société. Décryptons cet article pour en comprendre la
portée et les implications.
I/ LE MARIAGE
Définition : Cet article définit spécifiquement le mariage comme une union
entre deux personnes de sexes différents. Cette spécificité suggère une
conception traditionnelle du mariage, excluant ainsi, par exemple, le mariage
entre personnes du même sexe. En d’autres termes, l’article 25 de la Charte
s’oppose clairement aux unions homosexuelles.
Exemple : Supposons que deux personnes, un homme et une femme,
souhaitent se marier au Gabon. L’État, en vertu de cet article, reconnaît et
protège cette union. En revanche, si deux gabonais du même sexe venaient à
se marier à l’étranger, l’Etat gabonais ne reconnaitrait pas cette union.
II/ LA FAMILLE
Importance : L’article établit que la famille est la base naturelle de la société. En
effet, la famille est souvent considérée comme la première institution sociale,
jouant un rôle crucial dans l’éducation, la socialisation et le soutien émotionnel
des individus.
Exemple : La famille Kombila, composée de parents (homme et femme) et de
trois enfants, vit dans une ville gabonaise. L’État, en vertu de cet article,
reconnaît la valeur de cette unité familiale et s’efforce de la protéger contre
toute atteinte.
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III/ PROTECTION ET PROMOTION PAR L’ÉTAT DE L’HETEROSEXUALITE
Rôle actif : L’État gabonais n’a pas seulement un rôle passif de reconnaissance ;
il a également le devoir de protéger et de promouvoir le mariage et la famille.
Cette approche proactive souligne l’importance que l’État accorde à ces
institutions.
Exemple : Imaginons que l’État mette en place des avantages fiscaux pour les
familles, ou des programmes d’éducation et de soutien pour les couples
mariés. Ces initiatives peuvent être considérées comme des mesures visant à
promouvoir et à renforcer le mariage et la famille.
IV/ IMPLICATIONS SOCIALES ET CULTURELLES
Valeurs traditionnelles : En définissant le mariage comme une union entre
personnes de sexes différents, cet article peut refléter et renforcer des valeurs
traditionnelles concernant la famille et le rôle des sexes.
Débat sur les droits : Dans de nombreuses sociétés, le débat sur la
reconnaissance du mariage entre personnes du même sexe est vif. L’article 25,
en spécifiant une conception particulière du mariage, peut exclure certaines
parties de la population et être source de débats sur les droits de l’homme et
l’égalité.
En conclusion, l’article 25, tout en reconnaissant l’importance centrale du
mariage et de la famille, adopte une perspective spécifique sur la nature du
mariage. Il est crucial de comprendre cet article dans son contexte culturel,
social et légal, tout en étant conscient des débats contemporains sur les droits
et les valeurs familiales.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 26
Le citoyen gabonais séjournant ou résidant à l’étranger bénéficie de la
protection de l’État dans les limites fixées par les lois du pays d’accueil ainsi
que des accords internationaux dont le Gabon est parti.
COMMENTAIRES
L’article 26 de la Charte de la Transition traite spécifiquement de la protection
des citoyens gabonais se trouvant à l’étranger. Cet article établit un équilibre
entre la responsabilité de l’État gabonais envers ses citoyens et le respect des
lois et accords internationaux. Décortiquons cet article point par point.
I/ LA PROTECTION DES CITOYENS GABONAIS A L’ÉTRANGER
Portée : L’article établit que tout citoyen gabonais, qu’il soit en séjour
temporaire ou résidant de manière permanente dans un autre pays, a droit à la
protection de l’État gabonais. Cela signifie que le Gabon assume une
responsabilité envers ses citoyens, où qu’ils soient.
Exemple : Si un citoyen gabonais se trouve en difficulté à l’étranger, disons en
France, il pourrait solliciter l’aide du consulat ou de l’ambassade gabonaise
pour obtenir une assistance, comme des conseils juridiques ou un soutien
administratif.
II/ LIMITES IMPOSÉES PAR LE PAYS D’ACCUEIL
Respect des lois locales : L’article reconnaît que la protection accordée par
l’État gabonais ne peut outrepasser les lois du pays d’accueil. Cela signifie que,
bien que le Gabon puisse vouloir protéger ses citoyens, cette protection doit
s’inscrire dans le cadre juridique du pays où se trouve le citoyen.
Exemple : Si un citoyen gabonais enfreint la loi en Allemagne, le Gabon ne peut
intervenir pour annuler les procédures judiciaires allemandes à son encontre.
Cependant, il peut s’assurer que ce citoyen bénéficie d’un traitement équitable
et conforme aux normes internationales.
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III/ ACCORDS INTERNATIONAUX
Intégration dans le système international : L’article précise que la protection
des citoyens gabonais à l’étranger est également définie par les accords
internationaux auxquels le Gabon est partie. Cela peut inclure des traités
bilatéraux entre le Gabon et d’autres États, ainsi que des conventions
multilatérales sur les droits de l’homme ou la protection consulaire.
Exemple : Supposons que le Gabon et le Canada aient un accord bilatéral
stipulant que les citoyens des deux pays ont le droit de visiter les détenus de
leur nationalité dans les prisons. Si un citoyen gabonais est emprisonné au
Canada, l’ambassade gabonaise pourrait invoquer cet accord pour lui rendre
visite et s’assurer de son bien-être.
En conclusion, l’article 26 souligne l’engagement du Gabon à protéger ses
citoyens à l’étranger tout en reconnaissant et respectant les lois et obligations
internationales. Il reflète une vision responsable et intégrée du Gabon dans le
concert des nations, valorisant à la fois les droits de ses citoyens et le respect
du droit international.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 27
La République gabonaise accorde le droit d’asile, sur son territoire, aux
ressortissants étrangers dans les conditions déterminées par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 27 de la Charte de la Transition se rapporte au droit d’asile offert par la
République gabonaise. Le droit d’asile est un principe ancien en droit
international qui permet à une personne persécutée dans son pays d’origine
de trouver refuge dans un autre pays. Passons en revue cet article pour mieux
en saisir les nuances.
I/ LE DROIT D’ASILE
Définition : Le droit d’asile est un droit accordé par un État à des étrangers, leur
permettant de résider sur son territoire en raison de persécutions ou de
menaces graves qu’ils pourraient subir dans leur pays d’origine. Cela peut être
dû à leur race, religion, nationalité, appartenance à un certain groupe social ou
opinion politique.
Exemple : Imaginons qu’un journaliste d’un pays voisin soit persécuté pour
avoir critiqué son gouvernement. Si cette personne parvient à fuir au Gabon et
à déposer une demande d’asile, le Gabon pourrait considérer sa demande en
fonction des menaces ou persécutions qu’il a subies.
II/ LA TERRITORIALITÉ DU DROIT D’ASILE
Portée : L’article précise que le droit d’asile est accordé « sur son territoire », ce
qui signifie que ce droit ne s’étend qu’aux frontières de la République
gabonaise. Une fois à l’intérieur de ces frontières, un étranger peut prétendre
au droit d’asile.
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III/ CONDITIONS DÉTERMINÉES PAR LA LOI
Cadre légal : Le droit d’asile, bien que mentionné dans la Charte, est soumis à
des « conditions déterminées par la loi ». Cela signifie qu’il y a (ou il y aura) une
législation plus spécifique qui détaille les critères d’octroi de l’asile, la
procédure à suivre, les droits et les devoirs des demandeurs d’asile, etc.
Exemple : La loi pourrait mettre en avant des critères tels que la nécessité de
prouver la persécution dans le pays d’origine, de passer par un processus
d’entretien et de vérification, ou encore des clauses spécifiques concernant le
statut de réfugié une fois le droit d’asile accordé.
En conclusion, l’article 27 illustre l’engagement de la République gabonaise à
respecter les principes humanitaires en offrant protection et refuge à ceux qui
en ont le plus besoin. Cependant, l’exercice de ce droit est encadré par des
conditions précises définies par la législation nationale, assurant ainsi un
équilibre entre l’accueil humanitaire et la souveraineté nationale.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 28
Le droit de propriété est garanti. Nul ne peut être exproprié que pour cause
d’utilité publique déclarée, dans les conditions et formes prescrites par la loi,
suivant une compensation préalable et juste. La vente des terres aux non-
nationaux est interdite en République gabonaise.
COMMENTAIRES
L’article 28 de la Charte de la Transition met en avant la protection du droit de
propriété en République gabonaise, tout en délimitant clairement les
conditions et les circonstances sous lesquelles ce droit peut être entravé.
Explorons cet article en profondeur.
I/ LA GARANTIE DU DROIT DE PROPRIÉTÉ
Définition : Le droit de propriété donne à un individu ou une entité le droit de
posséder, d’utiliser, de jouir et de disposer d’un bien, qu’il soit meuble ou
immeuble. C’est l’un des droits fondamentaux dans la plupart des démocraties,
car il sécurise les investissements et favorise le développement économique.
Exemple : Si une personne achète une maison au Gabon, elle est l’unique
propriétaire de cette maison et peut en faire ce qu’elle souhaite, dans le cadre
de la loi.
II/ LES LIMITES AU DROIT DE PROPRIÉTÉ : L’EXPROPRIATION
L’expropriation pour cause d’utilité publique : L’expropriation est une
procédure administrative par laquelle l’État ou un organisme public se voit
transférer la propriété d’un bien appartenant à un particulier ou à une entité
privée, généralement dans l’intérêt public. Cette prise de propriété est
généralement assortie d’une indemnisation en faveur du propriétaire
exproprié. L’indemnisation est censée refléter la valeur réelle du bien concerné.
L’expropriation n’est permise que si elle est nécessaire pour l’intérêt général.
Par exemple, si le gouvernement a besoin de construire une route ou une
école sur un terrain privé.
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Conditions et formes prescrites par la loi : L’expropriation ne peut avoir lieu que
selon des procédures précises définies par la législation. Ceci garantit que le
processus est transparent et équitable.
Compensation préalable et juste : Avant qu’une expropriation ne puisse avoir
lieu, le propriétaire doit recevoir une indemnisation adéquate pour sa
propriété. Cette indemnisation doit refléter la valeur réelle du bien.
Exemple : Si le gouvernement souhaite construire une école sur un terrain
privé, le propriétaire du terrain devra être indemnisé équitablement avant que
le terrain ne soit repris.
III/ RESTRICTIONS CONCERNANT LA VENTE DE TERRES AUX NON-NATIONAUX
Interdiction explicite : La Charte dispose clairement que la vente de terres aux
non-citoyens est interdite. Cela peut avoir pour but de protéger la souveraineté
du pays, d’empêcher la spéculation foncière ou de garantir que les ressources
et les terres du pays restent sous contrôle national.
Exemple : Si un investisseur étranger souhaite acheter une vaste étendue de
terre pour un projet d’agriculture au Gabon, la loi lui interdira de le faire
directement, étant donné qu’il n’est pas citoyen gabonais.
En conclusion, l’article 28 établit clairement la primauté du droit de propriété
en République gabonaise tout en définissant les circonstances et les
conditions sous lesquelles ce droit peut être restreint. Cela vise à équilibrer les
droits individuels avec les besoins de la société dans son ensemble, tout en
protégeant la souveraineté et les ressources du pays.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 29
La défense de la patrie est un devoir sacré pour tout citoyen gabonais.
COMMENTAIRES
L’article 29 de la Charte de la Transition traite de l’obligation fondamentale qui
incombe à chaque citoyen du Gabon de défendre son pays. Décortiquons cet
article pour en comprendre pleinement la signification et la portée.
I/ « LA DÉFENSE DE LA PATRIE »
Le terme « patrie » se réfère au pays natal ou adoptif d’une personne, à sa terre
d’origine ou à sa nation. Dans ce contexte, il fait référence au Gabon.
« La défense » implique une action de protection, de préservation ou de
sauvegarde. Elle peut être envisagée dans un contexte militaire, social, culturel,
ou même économique.
II/ « EST UN DEVOIR SACRÉ »
Le mot « sacré » évoque quelque chose qui est extrêmement important, voire
sanctifié. En utilisant ce terme, l'article souligne que la défense de la patrie ne
doit pas être prise à la légère. Elle est d’une importance primordiale.
Un « devoir » est une obligation morale ou légale. En associant ces deux termes,
L’article suggère que la défense du Gabon est non seulement une
responsabilité civique, mais aussi une obligation profondément enracinée
dans les valeurs nationales.
III/ « POUR TOUT CITOYEN GABONAIS »
Ceci indique que la responsabilité de défendre la patrie ne repose pas
seulement sur une élite ou une institution spécifique, mais sur chaque citoyen
du Gabon, indépendamment de sa profession, de son origine, de son sexe ou
de sa classe sociale.
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EXEMPLES ILLUSTRATIFS :
Contexte militaire : En cas de conflit armé ou de menace extérieure, la défense
de la patrie peut nécessiter la conscription de citoyens dans les forces armées.
Les citoyens, dans ce cas, sont tenus de servir et de défendre leur nation.
Contexte environnemental : Si le pays fait face à des menaces
environnementales, comme la déforestation ou la pollution, il est du devoir de
chaque citoyen de prendre des mesures pour protéger l’environnement. Par
exemple, en plantant des arbres ou en soutenant des initiatives écologiques.
Contexte culturel : Les citoyens peuvent aussi défendre la patrie en préservant
et en valorisant leur culture, leurs traditions, et leur histoire. Cela pourrait se
manifester par la célébration de fêtes nationales, la participation à des
événements culturels ou le soutien à des institutions culturelles nationales.
En conclusion, l’article 29 met l’accent sur la responsabilité collective des
citoyens gabonais de protéger, préserver, et valoriser leur patrie. Cela rappelle
l’importance de la solidarité nationale et le rôle de chaque individu dans la
prospérité et la sécurité de la nation.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 30
La participation aux charges publiques en fonction de la fortune et des
revenus est un devoir pour chaque citoyen.
COMMENTAIRES
L’article 30 de la Charte de la Transition évoque une obligation fondamentale
des démocraties modernes : l’obligation fiscale. Cet article reconnaît
l’importance de la contribution financière de chaque citoyen à l’État en
fonction de ses moyens financiers. Analysons cet article pour en comprendre la
portée et la signification.
I/ « LA PARTICIPATION AUX CHARGES PUBLIQUES »
Ce passage fait référence à l’obligation de chaque citoyen de contribuer
financièrement au budget de l’État. Les « charges publiques » englobent toutes
les dépenses de l’État, qu’il s’agisse de services publics (comme la santé,
l’éducation, la sécurité), d’infrastructures, de projets de développement, etc.
II/ « EN FONCTION DE LA FORTUNE ET DES REVENUS »
Le texte précise ici que la contribution financière doit être proportionnelle à la
« fortune » et aux « revenus » du citoyen. En d’autres termes, plus une personne
est riche ou à des revenus élevés, plus sa contribution aux charges publiques
devrait être importante.
Cette approche est généralement mise en œuvre à travers un système fiscal
progressif, où les taux d’imposition augmentent avec le niveau de revenus ou
de fortune.
III/ « EST UN DEVOIR POUR CHAQUE CITOYEN »
L’article établit clairement que la participation financière n’est pas une option
ou une faveur, mais un « devoir ». Dans de nombreuses démocraties, le non-
paiement des impôts est considéré comme une infraction pénale ou civile.
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EXEMPLES ILLUSTRATIFS :
Impôt progressif : Dans un système d’imposition progressif, une personne
gagnant 20 000 unités monétaires par an pourrait être taxée à un taux de 10 %,
tandis qu’une personne gagnante 200 000 pourrait être taxée à un taux de 30
%. Cela reflète le principe selon lequel ceux qui ont des revenus plus élevés
devraient contribuer davantage aux charges publiques.
Exemptions fiscales : Les gouvernements peuvent également offrir des
exemptions ou des réductions fiscales pour les citoyens à faibles revenus,
garantissant ainsi que ces personnes ne sont pas injustement pénalisées par le
système fiscal.
Services publics : Les fonds collectés à travers les impôts sont utilisés pour
financer une variété de services publics, tels que les routes, les écoles, les
hôpitaux, la police, etc. Lorsque les citoyens s’acquittent de leurs impôts, ils
contribuent directement à la mise en place et à l’entretien de ces services
essentiels.
En conclusion, l’article 30 souligne le rôle essentiel que joue chaque citoyen
dans le financement des services et des infrastructures publics. En instaurant
un principe d’équité, où chacun participe selon ses moyens, il vise à garantir
une répartition équitable des charges publiques et à assurer la pérennité des
services offerts par l’État.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 31
Le respect et la défense du patrimoine national et des biens publics sont un
devoir pour tout citoyen.
COMMENTAIRES
L’article 31 de la Charte de la Transition insiste sur l’importance de la protection
et du respect du patrimoine national et des biens publics, en mettant l’accent
sur le rôle essentiel que joue chaque citoyen à cet égard. Analysons cet article
en profondeur pour en saisir la pleine signification.
I/ « LE RESPECT ET LA DÉFENSE DU PATRIMOINE NATIONAL »
Le « patrimoine national » englobe non seulement les biens matériels, tels que
les monuments, les bâtiments historiques, les œuvres d’art et autres objets de
valeur historique, culturelle ou artistique, mais aussi les biens immatériels, tels
que les traditions, les langues, les danses, les chants, et autres éléments
intangibles qui font partie de l’identité et de l’histoire d’une nation.
Le mot « respect » suggère que les citoyens doivent valoriser et traiter ce
patrimoine avec soin, évitant tout comportement qui pourrait le dégrader ou le
détruire.
Le terme « défense » va plus loin, insistant sur la nécessité de prendre des
mesures actives pour protéger ce patrimoine contre les menaces potentielles,
qu’elles soient internes ou externes.
II/ « ET DES BIENS PUBLICS »
Les « biens publics » réfèrent aux actifs possédés collectivement par la
communauté ou l’État, comme les écoles, les hôpitaux, les parcs, les routes, et
autres infrastructures. Ils sont destinés à être utilisés et appréciés par tous les
citoyens.
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III/ « SONT UN DEVOIR POUR TOUT CITOYEN »
L’article établit que chaque individu, en tant que membre de la nation, a la
responsabilité non seulement de respecter, mais aussi de défendre le
patrimoine et les biens publics. Cela met en lumière l’idée que la protection de
ces éléments ne repose pas uniquement sur l’État ou les institutions, mais
implique également la participation active des citoyens.
Exemples illustratifs :
Vandalisme : Si un citoyen dégrade un monument historique en y inscrivant
des graffitis, il viole son devoir de respecter le patrimoine national. De la même
manière, endommager des bancs dans un parc public ou jeter des déchets
dans une fontaine publique constitue une violation du devoir de respecter les
biens publics.
Patrimoine culturel : Imaginons qu’une danse traditionnelle soit en voie de
disparition en raison de l’influence de cultures étrangères. Organiser des
ateliers ou des festivals pour revitaliser cette danse serait une manière pour les
citoyens de défendre leur patrimoine national.
Intervention citoyenne : Si un citoyen est témoin du vol ou de la dégradation
d’un bien public, comme un banc de parc ou un équipement de jeu, il pourrait,
conformément à cet article, signaler cet acte aux autorités ou intervenir de
manière appropriée pour protéger ces biens.
En conclusion, l’article 31 souligne le rôle primordial que chaque citoyen doit
jouer dans la protection et la valorisation du patrimoine et des biens publics.
Cet article rappelle que ces éléments sont la propriété collective de tous les
citoyens et que leur préservation est essentielle pour le bien-être actuel et
futur de la nation.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 32
Le respect des lois et règlements est un devoir impératif pour chaque citoyen.
COMMENTAIRES
L’article 32 de la Charte de la Transition met en avant le principe selon lequel
chaque citoyen est tenu de respecter les lois et règlements en vigueur. Cet
article établit le respect de la loi comme une responsabilité fondamentale, et
non comme une option ou un choix. Examinons en détail cet article et les
implications qu’il peut avoir pour les citoyens.
I/ « LE RESPECT DES LOIS ET RÈGLEMENTS »
« Les lois et règlements » font référence au corpus juridique qui régit une
nation. Elles peuvent concerner une multitude de domaines, allant du droit
civil au droit pénal, en passant par le droit administratif, commercial, etc. Les
règlements, quant à eux, sont souvent des dispositions d’application des lois,
plus spécifiques et techniques.
« Le respect » implique ici une conformité, une adhésion sans faille aux
dispositions légales, quelle que soit la nature de la loi ou du règlement. Cela
signifie éviter tout acte qui serait en contradiction avec ces normes.
II/ « EST UN DEVOIR IMPÉRATIF POUR CHAQUE CITOYEN »
« Un devoir impératif » indique que cette obligation n’est pas négociable. Elle
s’applique à tous les citoyens, sans exception, indépendamment de leur statut
social, économique, ou de toute autre considération.
« Pour chaque citoyen » souligne l’universalité de cette obligation. Tous, du
simple citoyen au plus haut responsable de l’État, sont soumis à la loi et ont le
devoir de la respecter.
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EXEMPLES ILLUSTRATIFS :
Respect des lois de la circulation : Un exemple courant est le respect du code
de la route. Si un panneau indique une limitation de vitesse à 50 km/h, chaque
conducteur, qu’il soit un citoyen ordinaire ou un fonctionnaire de haut rang,
est tenu de respecter cette limite.
Règlements locaux : Imaginons qu’une municipalité impose une
réglementation selon laquelle les déchets ne peuvent être jetés que certains
jours de la semaine. Même si un individu trouve cela contraignant, il est tenu
de respecter cette règle.
Lois fiscales : Un autre exemple serait le paiement des impôts.
Indépendamment de son avis sur la fiscalité ou de son niveau de revenu,
chaque citoyen doit s’acquitter de ses impôts conformément aux lois fiscales
en vigueur.
En somme, l’article 32 sert de rappel de l’importance cruciale du respect de la
loi pour le bon fonctionnement d’une société. En insistant sur le fait que le
respect des lois et règlements est un « devoir impératif », l’article souligne que
l’État attend de ses citoyens une adhésion sans faille aux normes juridiques
établies, garantissant ainsi la cohésion sociale, la justice et l’ordre.
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CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX
ARTICLE 33
Toutes les activités politiques, y compris celles qui concernent l’expression du
suffrage, s’exercent dans les conditions fixées par la loi.
COMMENTAIRES
L’article 33 de la Charte de la Transition traite des modalités d’exercice des
activités politiques, incluant l’expression du suffrage, en stipulant qu’elles
doivent se conformer aux conditions fixées par la loi. Cet article établit donc
une relation directe entre la pratique politique et le cadre juridique en vigueur.
I/ « TOUTES LES ACTIVITÉS POLITIQUES »
« Activités politiques » couvrent un vaste éventail d’actions et d’initiatives liées à
la politique, qu’il s’agisse de campagnes électorales, de manifestations, de
réunions politiques, de création de partis politiques ou de toute autre forme
d’engagement politique.
II/ « … Y COMPRIS CELLES QUI CONCERNENT L’EXPRESSION DU SUFFRAGE »
« Expression du suffrage » fait référence au droit de vote, c’est-à-dire au
processus par lequel les citoyens élisent leurs représentants ou se prononcent
sur des questions particulières lors de référendums. Cela englobe donc les
élections présidentielles, législatives, locales ou tout autre type de consultation
électorale.
III/ « S’EXERCENT DANS LES CONDITIONS FIXÉES PAR LA LOI »
Cela signifie que les activités politiques doivent se dérouler selon les normes et
les procédures établies par les textes juridiques en vigueur. Les lois définissent
les droits et les devoirs, les modalités, les limites, les interdictions, etc., en
matière d’activités politiques pour garantir un jeu politique équitable,
transparent et démocratique.
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EXEMPLES ILLUSTRATIFS :
Création d’un parti politique : Si un groupe de citoyens souhaite créer un parti
politique, il devra suivre les procédures et remplir les conditions stipulées par la
loi, telles que la déclaration officielle, l’obtention d’un nombre minimum de
signatures, etc.
Campagnes électorales : Lors des périodes électorales, il existe des règles
précises concernant, par exemple, la durée de la campagne, les financements
autorisés, l’accès aux médias, etc. Tout manquement à ces règles peut
entraîner des sanctions.
Jour de vote : Le processus de vote lui-même est strictement encadré par la loi
: heures d’ouverture des bureaux de vote, présence d’observateurs, processus
de dépouillement, etc.
En définitive, l’article 33 met en avant l’importance du cadre juridique dans
l’exercice des activités politiques. Il établit un équilibre entre la liberté
d’expression politique et la nécessité d’assurer un fonctionnement ordonné et
juste de la démocratie. En soumettant toutes les activités politiques, y compris
l’expression du suffrage, aux conditions définies par la loi, l’article vise à
garantir que la politique s’exerce de manière transparente, équitable et en
accord avec les principes démocratiques.
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TITRE II : DES ORGANES DE LA TRANSITION
ARTICLE 34
Les organes de la Transition sont :
• le Président de la Transition ;
• le Conseil national de la Transition ;
• le Gouvernement de la Transition ;
• le Parlement de la Transition ;
• la Cour Constitutionnelle de la Transition.
COMMENTAIRES
L’article 34 de la Charte de la Transition détaille les différents organes institués
pour gérer la période transitoire en République gabonaise. Cette période de
transition est envisagée comme une phase nécessaire pour garantir un
passage ordonné vers un régime institutionnel futur. Voici une analyse des
organes mentionnés dans l’article, dans le contexte où ces dispositions sont en
vigueur:
I/ LE PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
Le Président de la Transition tient lieu de chef d’État durant cette période
cruciale. Il assure la continuité de l’exécutif et maintient l’ordre public, tout en
préparant le terrain pour le retour à une gouvernance constitutionnelle
normale. Son rôle est de veiller au respect des principes fondamentaux de la
République et de guider le pays vers la prochaine étape institutionnelle.
II/ LE CONSEIL NATIONAL DE LA TRANSITION
Le Conseil National de la Transition est probablement une mutation du Comité
pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Il s’agit d’un organe
délibératif ou consultatif qui rassemble les membres des forces de Défense et
de Sécurité pour discuter, proposer et évaluer les réformes nécessaires. Il peut
aussi jouer un rôle dans la supervision du processus transitoire, assurant ainsi
une transition en douceur vers un nouveau régime institutionnel.
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III/ LE GOUVERNEMENT DE LA TRANSITION
Le Gouvernement de la Transition gère les affaires courantes du pays. Il veille à
la mise en œuvre des politiques publiques, à l’exécution des lois et à la gestion
des ressources de l’État. Il assure également la continuité des services publics
et peut introduire des mesures pour résoudre les crises ou les problèmes
urgents qui ont pu conduire à la période de transition.
IV/ LE PARLEMENT DE LA TRANSITION
Le Parlement de la Transition a le pouvoir législatif durant cette période. Il
examine, modifie et adopte les lois nécessaires pour répondre aux besoins
immédiats du pays et préparer le terrain pour le futur régime institutionnel. Il
peut aussi avoir un rôle de surveillance sur les autres organes de la Transition,
assurant ainsi une certaine forme de contrôle et d’équilibre.
V/ LA COUR CONSTITUTIONNELLE DE LA TRANSITION
La Cour Constitutionnelle de la Transition veille au respect de la légalité
constitutionnelle. Elle assure que les actions des autres organes de la
Transition sont conformes aux dispositions légales et constitutionnelles en
vigueur. Elle peut aussi avoir un rôle d’arbitrage en cas de conflits entre les
différents organes de la Transition ou d’autres litiges juridiques majeurs.
L’article 34, en définissant les organes de la Transition, offre un cadre
institutionnel qui permet de naviguer à travers une période potentiellement
tumultueuse, tout en préparant le pays pour une gouvernance stable et
constitutionnelle à l’avenir.
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CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 35
Le Président de la Transition remplit les fonctions de Chef de l’État. Il est le
ministre de la Défense et de la Sécurité. Il veille au respect de la Constitution
et de la Charte de la Transition.
Il est choisi par un collège de désignation mis en place par le Comité pour la
Transition et la Restauration des Institutions.
COMMENTAIRES
L’Article 35 de la Charte de la Transition évoque la position et les fonctions
attribuées au Président de la Transition. Il est conçu de manière à établir une
base pour le fonctionnement transitoire du gouvernement dans une période
de changement ou d’instabilité. Voici une explication détaillée des divers
éléments mentionnés dans cet article :
I/ LE PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
Chef de l’État : Le texte dispose que le Président de la Transition occupe la
fonction de Chef de l’État, ce qui signifie qu’il est le représentant suprême du
pays durant la période de transition. Il a donc la charge de représenter le
Gabon sur la scène internationale et de veiller au bon fonctionnement des
institutions nationales.
Ministre de la Défense et de la Sécurité : Le Président de la Transition est
également le responsable de la Défense et de la Sécurité nationales. Cela
implique qu’il a un rôle crucial dans la protection de la souveraineté nationale,
et le maintien de l’ordre et de la sécurité publics.
Exemple : Dans un contexte hypothétique, si une menace extérieure survenait
au Gabon, le Président de la Transition serait directement responsable de la
coordination de la réponse militaire et sécuritaire.
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II/ GARDIEN DE LA CONSTITUTION ET DE LA CHARTE DE LA TRANSITION
Le Président est chargé de veiller au respect de la Constitution du 26 mars 1991
et de la Charte de la Transition. Cela signifie qu’il doit s’assurer que toutes les
actions entreprises par les organes de la Transition sont conformes aux
dispositions légales et réglementaires en vigueur.
Exemple : Si une proposition de loi contraire à la Charte de la Transition est
présentée, il est du devoir du Président de la Transition de s’y opposer et de
veiller au respect des textes fondateurs.
III/ PROCÉDURE DE DÉSIGNATION
Collège de désignation : Le Président de la Transition est choisi par un collège
de désignation constitué par le Comité pour la Transition et la Restauration des
Institutions. Cette procédure illustre une tentative d’assurer une désignation
transparente et consensuelle du Président de la Transition, en impliquant les
membres des différentes forces de Défense et de Sécurité dans le processus de
désignation.
L’article 35, en précisant les fonctions et la procédure de désignation du
Président de la Transition, met en place un mécanisme pour assurer une
direction stable et légitime durant la période de transition, tout en établissant
des garde-fous pour le respect de l’ordre constitutionnel et la sécurité
nationale.
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CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 36
Les pouvoirs et prérogatives du Président de la Transition sont définis dans la
présente Charte et la Constitution du 26 mars 1991.
COMMENTAIRES
L’Article 36 de la Charte de la Transition se focalise sur l’étendue des pouvoirs
du Président de la Transition. En d’autres termes, cet article dispose où l’on
peut trouver la définition précise des droits, devoirs et responsabilités du
Président pendant cette période transitoire. Voici un commentaire détaillé.
I/ FONDEMENTS DES POUVOIRS DU PRÉSIDENT
L’article spécifie que les pouvoirs et prérogatives du Président de la Transition
sont définis non seulement dans cette Charte de la Transition, mais aussi dans
la Constitution du 26 mars 1991. Cela signifie que le Président de la Transition
doit se conformer à deux documents fondamentaux lors de l’exercice de ses
fonctions.
II/ INTERPRÉTATION DES DEUX TEXTES
La mention des deux documents — la Charte de la Transition et la Constitution
du 26 mars 1991 — dans l’Article 36, invite à une réflexion profonde sur la
relation entre la continuité constitutionnelle et l’adaptabilité aux circonstances
exceptionnelles de la transition. Voici une analyse élargie de ce point :
III/ CONTINUITÉ CONSTITUTIONNELLE
La Constitution représente la loi fondamentale d’un État, articulant les
principes essentiels et les structures sur lesquelles la nation est bâtie. La
mention de la Constitution du 26 mars 1991 dans l’Article 36 témoigne d’une
volonté de maintenir une certaine continuité avec les normes et principes
constitutionnels établis, même dans un contexte de transition. Cette
continuité peut contribuer à la stabilité juridique et politique, rassurant les
citoyens ainsi que les acteurs internationaux sur le respect des règles de droit
établies.
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IV/ CONFORMITÉ AUX NORMES ÉTABLIES
La référence aux dispositions de la Constitution de 1991 implique que le
Président de la Transition est tenu de respecter les limites et les structures de
gouvernance préexistantes. Cela peut également faciliter la reconnaissance de
la légitimité du Président de la Transition par d’autres organes
gouvernementaux et institutions, en respectant un cadre juridique reconnu.
V/ ÉQUILIBRE ENTRE CONTINUITÉ ET ADAPTABILITÉ
D’un autre côté, la période de transition, par nature, peut requérir une certaine
flexibilité pour répondre aux défis immédiats et préparer le terrain pour une
gouvernance future stable. La Charte de la Transition, en tant que document
spécialement conçu pour cette période, incarne cette adaptabilité.
L’articulation entre ces deux documents dans l’Article 36 symbolise donc un
équilibre entre la continuité constitutionnelle et l’adaptabilité nécessaire à la
Transition.
VI/ COMPLÉMENTARITÉ DES DEUX TEXTES
L’article 36 peut également suggérer une complémentarité entre la Charte de
la Transition et la Constitution de 1991. Chacun de ces documents peut aborder
des aspects différents ou supplémentaires de la gouvernance, formant
ensemble un cadre juridique plus complet pour guider l’action du Président de
la Transition.
VII/ PRÉVENTION DES CONFLITS JURIDIQUES
L’explicitation des sources des pouvoirs du Président de la Transition peut
aider à prévenir les conflits juridiques potentiels, en clarifiant les textes de
référence en cas de controverses sur les pouvoirs présidentiels.
Cette analyse révèle la complexité et la réflexion juridique intégrée dans la
formulation de l’Article 36, démontrant une tentative de naviguer à travers les
exigences contradictoires de la continuité constitutionnelle et de l’adaptabilité
dans un contexte de transition.
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VIII/ IMPORTANCE DE LA DÉLIMITATION DES POUVOIRS
La précision des pouvoirs et prérogatives est cruciale pour éviter les abus de
pouvoir et garantir une transition efficace et ordonnée. Elle assure également
que le Président de la Transition ne s’écarte pas de son rôle attribué, créant un
équilibre de pouvoir et évitant les dérives autocratiques.
Exemple : Imaginons un contexte où, durant la période de transition, une crise
majeure survient. Le Président de la Transition pourrait être tenté de prendre
des mesures extraordinaires pour y faire face. Toutefois, en vertu de l’Article 36,
il serait tenu de vérifier si ses actions sont conformes à la Charte de la
Transition et à la Constitution du 26 mars 1991. Par exemple, s’il envisageait de
déclarer un état d’urgence, il devrait se référer à ces textes pour s’assurer qu’il
possède bien cette prérogative et qu’il respecte les conditions et limites
stipulées.
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CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 37
Le mandat du Président de la Transition prend fin après l’investiture du
Président issu de l’élection présidentielle.
COMMENTAIRES
L’Article 37 de la Charte de la Transition définit une ligne claire quant à la durée
du mandat du Président de la Transition, marquant une étape finale qui est
l’investiture d’un nouveau Président élu. Voici une explication détaillée de cet
article :
I/ DÉLIMITATION TEMPORELLE DU MANDAT
L’essence de cet article est de mettre en lumière la délimitation temporelle du
mandat du Président de la Transition. Ce faisant, il apporte une clarté juridique
nécessaire quant à la durée du pouvoir transitoire, tout en mettant en
perspective l’objectif final de cette phase transitoire, qui est l’organisation
d’élections présidentielles crédibles et la passation pacifique du pouvoir au
Président élu.
II/ PROMOTION DE LA DÉMOCRATIE
En disposant que le mandat du Président de la Transition prend fin avec
l’investiture du Président élu, l’article 37 souligne l’engagement envers un
processus démocratique. Il implique la reconnaissance de la légitimité du
processus électoral et le respect de la volonté du peuple telle qu’exprimée à
travers les urnes.
III/ PRÉVENTION DE L’ACCROCHAGE AU POUVOIR
Dans des contextes politiques tendus, les périodes de transition peuvent être
susceptibles à des accrochages au pouvoir. En définissant explicitement le
terme du mandat transitoire, cet article sert de garde-fou contre de telles
tentations et met en avant la nécessité d’une transition pacifique et ordonnée
vers des autorités démocratiquement élus.
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IV/ PRÉVISIBILITÉ ET STABILITÉ
L’établissement d’un mécanisme clair pour la fin du mandat transitoire
contribue à la prévisibilité et à la stabilité du processus politique. Cela permet
aux acteurs politiques, aux institutions étatiques, ainsi qu’aux citoyens de
savoir à quoi s’attendre, ce qui peut également favoriser la confiance dans le
processus de transition.
V/ EXEMPLE HISTORIQUE
Pour illustrer, on peut se référer à des situations dans d’autres pays où les
périodes de transition ont été bien gérées ou mal gérées. Par exemple, la
transition en Afrique du Sud avec la fin de l’Apartheid a été largement
pacifique avec une passation de pouvoir clairement définie. À l’opposé,
l’absence de clarté dans les règles de transition peut mener à des situations de
crise politique comme ce fut le cas en Libye après la chute du Guide
Mouammar Kadhafi.
VI/ IMPORTANCE DE L’ÉTAT DE DROIT
Finalement, cet article réaffirme l’importance de l’Etat de droit et du respect
des dispositions constitutionnelles et juridiques même dans des périodes
transitoires potentiellement complexes.
Ainsi, l’article 37 joue un rôle crucial dans la définition du cadre juridique et
temporel dans lequel s’opère la transition politique, en mettant l’accent sur la
légitimité du processus démocratique et la nécessité d’une passation de
pouvoir ordonnée et pacifique.
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CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 38
Tout candidat aux fonctions de Président de la Transition doit remplir les
conditions suivantes :
• être une personnalité civile ou militaire ;
• être de nationalité gabonaise d’origine au sens du Titre I du Code de
nationalité ;
• être âgé de 35 ans au moins et de 70 ans au plus ;
• être intègre, de bonne moralité et impartial ;
• être une personnalité de notoriété publique ;
• jouir de ses capacités physique et mentale ;
• n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale pour crime ;
• être reconnu pour son engagement dans la défense des intérêts nationaux.
COMMENTAIRES
L’article 38 de la Charte de la Transition met en avant les qualifications requises
pour toute personne aspirant au poste de Président de la Transition au Gabon.
L’analyse de ces dispositions révèle une tentative de garantir une gouvernance
solide, juste et représentative pendant la période de transition. Décortiquons
chaque point et examinons les implications potentielles ainsi que les critiques
que l’on pourrait formuler :
I/ PERSONNALITÉ CIVILE OU MILITAIRE
Cette disposition suggère une ouverture tant aux civils qu’aux militaires pour
diriger la phase transitoire. Cela peut être vu comme un moyen d’inclure
différentes factions de la société. Toutefois, cela peut aussi être critiqué, car
l’implication des militaires dans la politique peut souvent conduire à des
régimes autoritaires ou à des coups d’État.
II/ NATIONALITÉ GABONAISE D’ORIGINE
Cette clause vise à garantir la loyauté et l’engagement envers le Gabon. Elle
peut toutefois être critiquée pour sa rigidité, notamment en ce qui concerne la
définition de la « nationalité d’origine » qui peut exclure certains résidents de
longue date ou citoyens naturalisés.
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III/ LA LIMITE D’ÂGE
La limite d’âge peut être vue comme un moyen de garantir un leadership
mature et expérimenté. Cependant, la limite supérieure d’âge peut être
critiquée pour des raisons de discrimination éventuelle des individus plus âgés
qui peuvent encore être capables et désireux de servir.
IV/ L’INTÉGRITÉ, LA BONNE MORALITÉ ET L’IMPARTIALITÉ
Ces qualités visent à assurer une conduite éthique et juste. Toutefois, leur
évaluation peut être subjective et ouverte à des manipulations politiques.
V/ LA NOTORIÉTÉ PUBLIQUE
Cette clause peut viser à s’assurer que le candidat a une réputation publique
positive. Cependant, cela peut également favoriser les élites établies au
détriment des candidats potentiellement qualifiés, mais moins connus.
V/ LA CAPACITÉ PHYSIQUE ET MENTALE
Cela semble raisonnable pour assurer un leadership efficace, mais pourrait
également conduire à la discrimination envers les personnes handicapées.
VII/ L’ABSENCE DE CONDAMNATION PÉNALE POUR CRIME
Ceci vise à établir un standard légal et moral. Toutefois, dans des systèmes
judiciaires où des accusations criminelles peuvent être politiquement
motivées, cette clause peut être utilisée pour exclure injustement des
candidats.
VIII/ L’ENGAGEMENT ENVERS LES INTÉRÊTS NATIONAUX
« L’engagement envers les intérêts nationaux » est crucial pour l’alignement
des objectifs du Président de Transition avec ceux de la nation. Cependant, la «
défense des intérêts nationaux » peut être interprétée de manière variée, ce qui
peut conduire à des disputes ou des manipulations politiques.
Exemples :
– L’inclusion des militaires comme candidats potentiels peut être mise en
parallèle avec des situations historiques dans d’autres pays africains où
l’implication militaire dans la politique a conduit à des régimes autoritaires, par
exemple, en Égypte ou au Soudan.
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– L’exigence d’âge peut être comparée à celle d’autres pays ; par exemple, aux
États-Unis, un candidat présidentiel doit avoir au moins 35 ans, sans limite
supérieure d’âge.
IX/ OBSERVATIONS SUPPLÉMENTAIRES
L’Article 38, en définissant les critères de qualification pour le poste de
Président de la Transition, vise à instaurer un cadre rigoureux et transparent
pour la désignation d’un leader temporaire pendant cette période cruciale.
Même si la transition n’est pas destinée à perdurer, l’importance de cet article
réside dans plusieurs aspects :
A/ ASSURER LA STABILITÉ
La période de transition peut être fragile et volatile. Avoir un leader compétent,
respecté et légitime est crucial pour maintenir la stabilité politique et sociale.
L’article 38 cherche à garantir que le Président de la Transition possède les
qualifications nécessaires pour gérer les défis qui peuvent survenir.
B/ PRÉVENIR L’ARBITRAIRE
En établissant des critères clairs, l’article 38 tente de prévenir la désignation
arbitraire ou l’ascension au pouvoir de personnes non qualifiées ou mal
intentionnées. Il aide à instaurer un processus de désignation fondé sur des
mérites et des qualifications plutôt que sur des affiliations politiques ou autres
formes de favoritisme.
C/ GARANTIR LA LÉGITIMITÉ
Les critères établis contribuent à la légitimité du Président de la transition aux
yeux du public et des institutions nationales et internationales. Une légitimité
reconnue est essentielle pour la coopération et la confiance des citoyens, des
parties prenantes nationales et de la communauté internationale.
D/ ÉTABLIR UN PRÉCÉDENT
L’article 38 peut également servir à établir un précédent pour des pratiques
politiques transparentes et responsables. Il peut aussi servir de référence pour
de futures périodes de transition, même si elles sont indésirables.
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E/ TRANSPARENCE ET RESPONSABILITÉ
En définissant les critères de manière explicite, l’article promeut la
transparence dans le processus de désignation. Il fournit également une base
pour la responsabilité, permettant aux parties prenantes d’évaluer et de
contester la qualification d’un candidat si nécessaire
F/ FACILITATION DU PROCESSUS ÉLECTORAL
Avec un leadership transitionnel solide et respecté en place, le chemin vers des
élections démocratiques et la passation du pouvoir à un gouvernement élu
peut être facilité. Cela contribue à créer un environnement propice à la
conduite d’élections libres, justes et crédibles.
En dépit de la nature temporaire de la transition, l’importance de la position de
président de la transition ne peut être sous-estimée. Un leadership compétent
et légitime durant cette période peut grandement influencer la trajectoire
future du pays et aider à établir une fondation solide pour une gouvernance
démocratique durable.
En somme, l’article 38 de la Charte de la Transition établit un cadre précis et
rigoureux pour la désignation du Président de la Transition au Gabon, en
précisant les critères de qualification nécessaires. Ces critères visent à garantir
la compétence, l'intégrité et la légitimité du leader temporaire pendant cette
période cruciale. Malgré la nature provisoire de la Transition, cet article sert à
préserver la stabilité politique et sociale du territoire, à promouvoir la
transparence et la responsabilité dans le processus de désignation des
autorités dirigeantes, et à établir un précédent pour de bonnes pratiques
politiques. Il contribue ainsi à créer un environnement propice pour une
transition démocratique réussie vers un nouveau gouvernement élu.
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CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 39
Le Président de la Transition entre en fonction sept (7) jours au plus après sa
désignation. Avant d’entrer en fonction, il prête devant la Cour
Constitutionnelle le serment suivant : « Je jure devant Dieu et le peuple
gabonais de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et
de faire respecter la Charte de la Transition et la Loi, de remplir mes fonctions
dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques,
l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage
solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de
l’unité nationale ».
Après la cérémonie d’investiture et dans un délai de quarante-huit (48)
heures, le Président de la Cour Constitutionnelle reçoit publiquement la
déclaration écrite des biens du Président et du Vice-président de la Transition.
Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle.
Dans un délai maximum d’un (1) mois avant la fin de la Transition, il reçoit une
seconde déclaration écrite des biens. Celle-ci est publiée au Journal officiel
accompagnée des justificatifs éventuels en cas d’augmentation du
patrimoine.
Cette obligation de déclaration des biens s’applique également à tous les
membres des organes de la Transition institués par la présente Charte, à
l’entrée et à la fin de leurs fonctions.
COMMENTAIRES
L’article 39 de la Charte de la Transition énonce plusieurs aspects cruciaux
relatifs au rôle et aux obligations du Président et du Vice-Président de la
Transition au Gabon. En étudiant cet article, plusieurs points d’analyse et de
commentaire méritent d’être soulignés.
I/ DÉLAI D’ENTRÉE EN FONCTION
Le Président de la Transition est tenu d’entrer en fonction sept jours au plus
après sa désignation. Cette période semble raisonnable pour assurer une
transition en douceur, mais la question de savoir si ce délai est suffisant pour
préparer efficacement une personne à assumer de telles responsabilités
mérite d’être posée.
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II/ LA CÉRÉMONIE DE PRESTATION DE SERMENT
La prestation de serment devant la Cour Constitutionnelle de la Transition est
un élément formel crucial pour légitimer le mandat du Président de la
Transition. Cependant, la mention de « Dieu » dans le serment pourrait poser
problème dans un contexte laïc ou multireligieux, bien que cela puisse refléter
les traditions ou les normes culturelles du Gabon.
III/ CONTENU DU SERMENT
Le serment aborde des thèmes importants tels que la préservation du régime
républicain, la fidélité à la Charte de la Transition et à la loi, ainsi que la défense
de l’intérêt supérieur du peuple et des acquis démocratiques. Ces principes
sont cruciaux pour maintenir la stabilité et l’ordre pendant une période
transitoire.
IV/ DÉCLARATION DE BIENS
L’exigence de déclaration des biens est une tentative louable de promouvoir la
transparence et de prévenir la corruption. Cependant, l’efficacité de cette
mesure dépendra de la rigueur avec laquelle elle sera appliquée et surveillée.
Par exemple, des mécanismes robustes de vérification et d’audit des
déclarations fournies sont-ils en place ?
V/ MISE À JOUR ANNUELLE ET SECONDE DÉCLARATION
La mise à jour annuelle et la seconde déclaration avant la fin de la Transition
sont des tentatives supplémentaires de maintenir la transparence. Cependant,
la publication au Journal officiel uniquement en cas d’augmentation du
patrimoine pourrait nécessiter une clarification : qu’en est-il en cas de
diminution du patrimoine ? Cela soulève-t-il des questions sur la gestion des
biens publics ou privés pendant la période de Transition ?
VI/ ÉTENDUE DE L’OBLIGATION DE DÉCLARATION
L’extension de l’obligation de déclaration des biens à tous les membres des
organes de la Transition est une étape positive vers une gouvernance
transparente. Toutefois, l’efficacité de cette mesure dépend également de la
capacité d’exécution et de contrôle par les institutions concernées.
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VII/ PUBLICATION ET JUSTIFICATIFS
La publication au Journal officiel est un mécanisme de transparence, mais la
fourniture de justificatifs « éventuels » en cas d’augmentation du patrimoine
peut nécessiter une définition plus précise. Quels types de justificatifs sont
acceptables ? Et comment la Cour Constitutionnelle, ou tout autre organe de
surveillance, va-t-elle évaluer et réagir aux informations fournies ?
VIII/ INTERPRÉTATION ET CLARTÉ
Bien que l’article dispose clairement plusieurs procédures et obligations, il
pourrait bénéficier d’une clarification ou d’une élaboration supplémentaire sur
certaines dispositions, afin de minimiser les ambiguïtés et de garantir une
interprétation et une mise en œuvre uniformes.
En somme, l’article 39 esquisse des procédures et des obligations essentielles
visant à assurer la transparence et la légitimité de l’exercice du pouvoir par les
autorités de Transition. Toutefois, l’efficacité de ces dispositions dépendra
largement de la rigueur des mécanismes de mise en œuvre et de contrôle. Il
pourrait également bénéficier de clarifications supplémentaires pour garantir
son interprétation et son application précises et efficaces.
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CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 40
Le Président de la Transition peut être assisté d’un Vice-Président de la
Transition. Le Vice-Président de la Transition est nommé par le Président de la
Transition qui met fin à ses fonctions.
Le Vice-Président de la Transition n’est pas éligible à l’élection présidentielle
qui sera organisée pour marquer la fin de la Transition.
La présente disposition n’est pas susceptible de révision.
COMMENTAIRES
L’Article 40 de la Charte de la Transition du Gabon offre une plateforme
juridique spécifique pour la nomination et le rôle d’un Vice-Président pendant
la période de Transition. Le texte révèle les mécanismes de continuité
institutionnelle et assure une certaine stabilité au cours de cette période
critique. Nous allons décomposer cet article en différentes sections pour une
analyse minutieuse et proposer quelques exemples afin d’illustrer les
implications pratiques des stipulations présentes dans l’article.
I/ NOMINATION DU VICE-PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
La première phrase indique que le Président de la Transition a la capacité de
nommer un Vice-Président pour l’assister. Cette clause manifeste une
flexibilité institutionnelle permettant au Président de la Transition de
bénéficier du soutien nécessaire pour gérer les affaires de l’État.
Par exemple, le Vice-Président peut prendre en charge des fonctions
spécifiques qui permettent au Président de se concentrer sur d’autres
questions cruciales. Cependant, l’article ne précise pas les responsabilités ou
les pouvoirs précis du Vice-Président, ce qui pourrait entraîner des ambiguïtés
ou des conflits de compétence.
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II/ INÉLIGIBILITÉ DU VICE-PRÉSIDENT À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
L’interdiction pour le Vice-Président de la Transition de se porter candidat à
l’élection présidentielle suivante est une clause notable. Cette stipulation vise à
assurer que le Vice-Président reste neutre et se concentre uniquement sur la
stabilisation et la transition du pays vers une nouvelle administration.
Cette clause peut être comparée à des situations dans d’autres pays où des
positions de transition ont été utilisées comme tremplin pour accéder au
pouvoir, ce qui pourrait entraver l’objectif d’une transition pacifique et
démocratique.
III/ IRRÉVOCABILITÉ DE LA DISPOSITION
La dernière phrase de l’article établit que cette disposition ne peut être sujette
à révision, renforçant ainsi la nature inaltérable de l’engagement à ne pas
utiliser le poste de Vice-Président comme une rampe de lancement pour des
ambitions présidentielles ultérieures.
L’irrévocabilité de cette clause élimine tout espoir de modification
opportuniste de la règle pendant la période de transition, contribuant à la
stabilité et à la prévisibilité du cadre juridique et institutionnel de la Transition.
L’article 40, dans son ensemble, institu une tentative prudente de balancer la
nécessité d’un leadership efficace et d’une représentation supplémentaire au
cours de la période de transition, tout en mitigeant les risques potentiels de
conflits politiques et d’ambitions personnelles qui pourraient déstabiliser le
processus de transition. Le cadre établi ici suggère une volonté d’instaurer une
gouvernance transparente et des mécanismes de responsabilité, même si
l’absence de détails sur les fonctions du Vice-Président peut susciter des
questions sur l’efficacité opérationnelle de cette disposition.
WWW.INSTITUT-CONCORDE.ORG Page 113
CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 41
Il est créé un Secrétariat général de la Présidence de la Transition dirigé par un
Secrétaire général nommé par le Président de la Transition.
Le Secrétaire général de la Présidence de la Transition est chargé de la
coordination de l’action présidentielle.
Le Secrétaire général de la Présidence de la Transition ne peut se porter
candidat à l’élection présidentielle qui sera organisée pour marquer la fin de la
Transition.
COMMENTAIRES
L’article 41 de la Charte de la Transition pose les fondements institutionnels
d’un Secrétariat général à la Présidence durant la période de transition,
évoquant une structuration administrative qui vise à assurer une coordination
effective des actions présidentielles. L’articulation des différentes clauses
mérite une attention particulière, quant aux implications organisationnelles,
éthiques et politiques qu’elles revêtent.
I/ CRÉATION DU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA PRÉSIDENCE DE LA
TRANSITION
L’instauration d’un Secrétariat général à la Présidence témoigne d’une volonté
d’organiser et de structurer de manière rigoureuse l’administration
présidentielle durant la Transition. Cette création vise probablement à garantir
une gestion administrative efficiente et une communication fluide entre le
Président de la Transition et les différentes instances exécutives.
L’instauration de cette structure peut être illustrée par des exemples d’autres
nations en transition, où la mise en place d’organes administratifs ad hoc a
contribué à l’efficacité et la transparence du processus transitionnel.
WWW.INSTITUT-CONCORDE.ORG Page 114
II/ NOMINATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PAR LE PRÉSIDENT DE LA
TRANSITION
La clause met en relief la prérogative présidentielle dans la nomination du
Secrétaire général, illustrant ainsi une centralisation des pouvoirs de
nomination. Toutefois, l’article ne précise pas les critères ou les qualifications
nécessaires pour occuper ce poste, laissant une marge de manœuvre qui
pourrait éventuellement être exploitée pour des nominations partisanes ou
népotiques.
III/ COORDINATION DE L’ACTION PRÉSIDENTIELLE
Le Secrétaire général est chargé de la coordination de l’action présidentielle,
un rôle qui paraît crucial pour assurer une mise en œuvre effective des
politiques et des directives présidentielles. Cependant, l’article ne détaille pas
la nature des responsabilités ou les mécanismes de coordination, ce qui peut
soulever des questions quant à l’étendue et l’efficacité de cette coordination.
IV/ INÉLIGIBILITÉ DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
ULTÉRIEURE
Tout comme l’article 40 concernant le Vice-Président, l’article 41 dispose que le
Secrétaire général ne peut se porter candidat à l’élection présidentielle
concluant la Transition. Cette clause vise clairement à éviter les conflits
d’intérêts et à garantir l’intégrité du processus transitionnel.
L’exemple de nations ayant vécu des transitions démocratiques tumultueuses,
à cause notamment de l’ambition politique des acteurs clés de la Transition,
illustre l’importance de telles dispositions pour prévenir des scénarios
similaires.
L’article 41 manifeste une tentative structurée d’encadrer l’administration
présidentielle durant une période transitoire délicate. Toutefois, l’absence de
détails sur les mécanismes de coordination et les critères de nomination
pourrait présenter des lacunes potentielles. Cette analyse souligne
l’importance de précisions supplémentaires pour garantir que l’architecture
institutionnelle proposée serve effectivement les objectifs de stabilité,
d’efficacité et de transparence au cours de la transition démocratique.
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CHAPITRE II : DU CONSEIL NATIONAL DE LA TRANSITION
ARTICLE 42
Le Conseil National de la Transition, en abrégé CNT, assiste le Président de la
Transition dans la détermination de la politique de la Nation.
Il est composé des membres des forces de défense et de sécurité.
Le Conseil National de la Transition exerce les prérogatives définies par la
présente Charte et la Constitution du 26 mars 1991.
COMMENTAIRES
L’Article 42, inscrit dans le chapitre II de la Charte de la Transition, institue le
Conseil National de la Transition (CNT) comme un organe consultatif essentiel
auprès du Président de la Transition, dans le cadre de la détermination de la
politique nationale. Cette disposition révèle une tentative de conjugaison des
efforts entre les forces de défense et de sécurité et l’exécutif, visant une
stabilité et une efficacité dans la conduite des affaires de l’État durant la
période transitoire. L’examen de cet article requiert une attention sur plusieurs
dimensions :
I/ FONCTION CONSULTATIVE DU CNT
L’article dispose que le CNT a pour vocation d’assister le Président dans la
détermination de la politique nationale. Cette fonction consultative manifeste
une volonté d’encadrement et de consultation dans l’élaboration des
politiques, ce qui peut enrichir le processus décisionnel.
Exemple : Dans des contextes similaires, des organes consultatifs ont permis
de rassembler des expertises diverses, et de générer un consensus plus large
autour des politiques publiques.
II/ COMPOSITION DU CNT
L’indication que le CNT est composé des membres des forces de défense et de
sécurité soulève des questions pertinentes. D’une part, cela témoigne d’une
reconnaissance de l’importance des forces armées et de sécurité dans le
processus de transition. D’autre part, cela pourrait soulever des inquiétudes sur
la militarisation de la politique ou sur le risque de privilégier une perspective
sécuritaire au détriment d’autres dimensions cruciales de la Transition.
WWW.INSTITUT-CONCORDE.ORG Page 116
Exemple : Dans certains pays en transition, l’inclusion des forces armées dans
des organes politico-administratifs a parfois conduit à des tensions ou à des
dérives autoritaires.
III/ LES PRÉROGATIVES DU CNT
L’article mentionne que les prérogatives du CNT sont définies par la présente
Charte et la Constitution du 26 mars 1991, sans toutefois en spécifier la nature.
Cette référence à une Constitution antérieure et à la Charte suggère une
continuité légale, mais le manque de précision peut engendrer des ambiguïtés
concernant l’étendue des pouvoirs et responsabilités du CNT.
Exemple : Dans d’autres contextes transitionnels, la clarté sur les prérogatives
des organes de Transition est cruciale pour éviter des chevauchements de
compétences ou des conflits institutionnels.
IV/ CADRE JURIDIQUE
La référence à la Constitution du 26 mars 1991 souligne une tentative de
maintien d’un cadre juridique existant, ce qui peut contribuer à la légitimité et
la continuité juridique du processus de transition. Toutefois, la pertinence de
s’appuyer sur une Constitution datée dans un contexte de transition peut être
interrogée, surtout si des changements constitutionnels majeurs sont
envisagés ou nécessaires.
L’Article 42, en instaurant le CNT, offre un aperçu d’une tentative d’intégration
et de consultation des forces de défense et de sécurité dans le processus
politique de transition. Toutefois, l’absence de détails sur les prérogatives
précises du CNT et la référence à une Constitution antérieure peuvent semer
une certaine ambiguïté quant à l’opérationnalisation effective de cette
structure consultative, et incitent à une exploration plus approfondie du cadre
juridique et institutionnel proposé pour la période de transition.
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CHAPITRE III : DU GOUVERNEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 43
Les membres du Gouvernement de la Transition sont nommés par le
Président de la Transition. Ils sont placés sous l’autorité du Président de la
Transition à qui ils rendent directement compte.
COMMENTAIRES
L’article 43 de la Charte de la Transition établit les principes fondamentaux
concernant la nomination et l’autorité relative des membres du Gouvernement
de la Transition. La clarté et la concision de l’article permettent de saisir
aisément l’architecture administrative envisagée pour cette période transitoire.
Cependant, en dépit de sa simplicité apparente, l’article engendre plusieurs
implications et soulève des questions importantes qui méritent une analyse
approfondie.
I/ NOMINATION PAR LE PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
L’article 43 dispose que c’est le Président de la Transition qui nomme les
membres du Gouvernement de la Transition. Cela confirme le rôle central du
Président de la Transition dans la formation du gouvernement, illustrant ainsi
une concentration du pouvoir exécutif. Cette disposition peut être vue comme
un moyen d’assurer une cohésion et une direction claire pendant cette période
critique. Cependant, elle pourrait également susciter des critiques quant à la
centralisation du pouvoir et l’absence de mécanismes de contrôle et
d’équilibre. Par exemple, dans d’autres contextes de transition, la nomination
des membres du gouvernement pourrait être soumise à l’approbation d’un
organe législatif ou d’une autre entité pour garantir une représentation plus
large et une responsabilisation.
II/ AUTORITÉ DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
L’article met en lumière la hiérarchie administrative, plaçant les membres du
gouvernement sous l’autorité directe du Président de la Transition. Cela
implique que le Président de la Transition détient une autorité considérable
sur l’exécutif, établissant un lien hiérarchique clair qui pourrait favoriser
l’efficacité décisionnelle et la responsabilité. Toutefois, cela pourrait également
engendrer des risques en matière de gouvernance, notamment si des mesures
de contrôle adéquates ne sont pas mises en place pour prévenir les abus de
pouvoir.
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III/ RESPONSABILITÉ DIRECTE
L’expression « à qui ils rendent directement compte » renforce l’idée de
responsabilité directe des membres du gouvernement envers le Président de
la Transition. Cela peut être interprété comme un mécanisme pour assurer une
certaine transparence et une responsabilité dans l’exécution des politiques
gouvernementales. Cependant, l’article ne précise pas les modalités de cette
responsabilité, ce qui pourrait être perçu comme une lacune.
IV/ ABSENCE DE MÉCANISMES DE CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE
L’article ne mentionne pas d’autres mécanismes de contrôle ou de
responsabilité, tels que l’examen parlementaire ou la participation du public
dans le processus de nomination. L’absence de tels mécanismes pourrait
susciter des préoccupations quant à la démocratie et la gouvernance inclusive
pendant la période de transition.
V/ ILLUSTRATION
Par exemple, la comparaison avec d’autres cadres de transition pourrait être
instructive. Dans certains cas, la nomination des membres du gouvernement
pourrait être soumise à une approbation ou à une surveillance parlementaire
pour assurer une représentativité et une responsabilisation plus larges.
En conclusion, l’article 43 établit un cadre clair pour la nomination et l’autorité
des membres du Gouvernement de la Transition, soulignant le rôle central du
Président de la Transition. Toutefois, l’absence de mécanismes de contrôle et
de responsabilité démocratique supplémentaire pourrait constituer une
limitation majeure de cette disposition, soulevant des questions sur la
nécessité d’une gouvernance plus inclusive et responsable pendant la période
de transition.
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CHAPITRE III : DU GOUVERNEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 44
Les membres du Gouvernement de la Transition doivent remplir les
conditions suivantes :
– être de nationalité gabonaise d’origine ;
– jouir de ses capacités physique et mentale ;
– n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale pour crime ;
– avoir les compétences requises ;
– être reconnu pour son engagement patriotique ;
– être de bonne moralité.
Les membres du Gouvernement de la Transition ne sont pas éligibles à
l’élection présidentielle qui sera organisée pour marquer la fin de la Transition.
Les officiers supérieurs des Forces de Défense et de Sécurité, nommés
membres du Gouvernement, réintègrent leurs corps d’origine à la cessation
de leurs fonctions ministérielles.
COMMENTAIRES
L’Article 44 de la Charte de la Transition évoque une tentative rigoureuse de
formaliser la désignation et l’éligibilité des membres du gouvernement de
Transition à travers des critères spécifiés. Ces critères semblent embrasser une
variété de dimensions pertinentes à la gouvernance responsable et efficace,
mais ils peuvent également soulever des questions critiques et proposer des
zones d’amélioration.
I/ LA NATIONALITÉ GABONAISE D’ORIGINE
La stipulation d’une nationalité gabonaise d’origine souligne l’importance de la
loyauté envers le pays, une notion compréhensible dans le contexte politique
fragile de la Transition. Cependant, cette exigence peut être vue comme
limitative dans un monde globalisé, où la double nationalité ou la
naturalisation sont des phénomènes courants. La question de l’inclusivité et de
la diversité peut surgir, surtout si des citoyens naturalisés ayant des
compétences valables sont exclus de la participation gouvernementale.
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II/ CAPACITÉS PHYSIQUE ET MENTALE
Bien que la nécessité de capacités physiques et mentales soit pertinente, la
formulation peut prêter à des ambiguïtés et potentiellement à une
discrimination envers les personnes en situation de handicap. Une définition
plus précise des exigences et des adaptations possibles pour les personnes
handicapées pourrait enrichir cette clause.
III/ ABSENCE DE CONDAMNATIONS PÉNALES POUR CRIME
Cette clause vise à garantir un niveau d’intégrité parmi les membres du
gouvernement, bien que la définition du terme « crime » puisse nécessiter une
clarification pour éviter des interprétations divergentes et garantir une
application uniforme.
IV/ COMPÉTENCES REQUISES
La condition des compétences requises, bien que cruciale, manque de
spécificité. Une élaboration sur les types et les niveaux de compétences, peut-
être à travers des références à des qualifications professionnelles ou
académiques spécifiques, pourrait améliorer la clarté et la transparence de
cette exigence.
V/ ENGAGEMENT PATRIOTIQUE ET BONNE MORALITÉ
Ces deux critères, bien qu’essentiels, sont fortement subjectifs et peuvent
nécessiter une définition plus robuste pour assurer une évaluation objective.
VI/ INÉLIGIBILITÉ À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
La clause d’inéligibilité à l’élection présidentielle semble être un mécanisme de
prévention des conflits d’intérêts, bien qu’elle puisse restreindre la
participation politique future des membres du gouvernement de Transition. La
justification et l’impact de cette restriction méritent une exploration plus
approfondie.
VII/ RÉINTÉGRATION DES OFFICIERS SUPÉRIEURS
Cette provision garantit une transition en douceur pour les officiers supérieurs,
renforçant ainsi l’aspect temporaire et exceptionnel de la Transition. Cela
démontre une anticipation des implications pratiques post-transition.
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VIII/ SILENCE SUR LE POSTE DE PREMIER MINISTRE
L’absence de mention du poste de Premier ministre, surtout dans un contexte
où un tel poste est occupé, indique un manque de précision juridique qui
pourrait mener à des ambiguïtés dans l’administration de la Transition. Cela
suggère peut-être une nécessité de révision pour refléter la structure
gouvernementale actuelle.
IX/ COMPARAISON AVEC D’AUTRES JURIDICTIONS
Une perspective comparative pourrait enrichir l’analyse, en examinant
comment d’autres juridictions en Transition ont abordé des critères similaires,
tout en adaptant les exigences à leurs contextes locaux.
En conclusion, l’article 44 de la Charte de la Transition tente d’établir un cadre
normatif robuste pour la désignation des membres du gouvernement de
Transition, bien qu’il laisse place à des interprétations subjectives et des
ambiguïtés. La précision dans l’articulation des critères et la transparence dans
leur évaluation peuvent être cruciales pour renforcer la légitimité et l’efficacité
du gouvernement de Transition. L’exploration des implications pratiques et la
considération des ajustements possibles peuvent contribuer à un processus de
transition plus transparent et inclusif.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 45
Le Parlement de la Transition est l’organe législatif de la Transition. Il
comprend deux Chambres : l’Assemblée nationale de la Transition et le Sénat
de la Transition.
COMMENTAIRES
L’article 45 de la Charte de la Transition constitue un échafaudage
institutionnel crucial durant une période transitoire dans un régime politique.
Cet article énonce la constitution et la nature du Parlement de la Transition,
organe législatif de cette phase intermédiaire, et présente la bipartition de ce
Parlement en deux Chambres distinctes : l’Assemblée nationale de la
Transition et le Sénat de la Transition. Cette formulation institutionnelle peut se
prêter à une multitude d’analyses juridiques, politiques et sociologiques, et
laisse entrevoir des implications pratiques et théoriques de grande ampleur.
I/ NATURE ET FONCTION DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
A/ ORGANE LÉGISLATIF DE LA TRANSITION
L’identification du Parlement comme organe législatif de la Transition
démontre un effort de maintenir un semblant d’ordre constitutionnel et de
séparation des pouvoirs durant cette période délicate. Cependant, la Transition
elle-même est souvent une période de fluidité constitutionnelle où les normes
régulières peuvent être suspendues ou modifiées. Cette désignation soulève
donc des questions critiques sur l’étendue réelle des pouvoirs législatifs durant
la Transition. Par exemple, dans certains régimes transitoires, le parlement
peut se voir attribuer des pouvoirs étendus pour réformer la constitution ou les
lois électorales en vue de préparer des élections démocratiques.
B/ UN PARLEMENT DE TRANSITION BICAMÉRAL
La division du Parlement de la Transition en deux Chambres distinctes est une
reprise d’un modèle bicaméral classique, visant probablement à assurer une
représentation diverse et une délibération exhaustive sur les législations
transitoires. Toutefois, cela peut également engendrer des complications et
des lenteurs dans le processus législatif, ce qui peut être problématique dans
un contexte transitoire souvent caractérisé par l’urgence et la nécessité de
réponses rapides aux crises.
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Exemple : Un modèle bicaméral pourrait être bénéfique si, par exemple, une
chambre est composée de représentants élus, tandis que l’autre est composée
de membres nommés représentant divers secteurs de la société, comme c’est
souvent le cas dans des structures bicamérales permanentes.
II/ IMPLICATIONS ET CRITIQUES
A/ REPRÉSENTATIVITÉ
La mise en place d’un Parlement bicaméral peut soulever des questions sur la
représentativité et la légitimité, surtout si les membres de ces Chambres ne
sont pas élus, mais nommés, ce qui pourrait éloigner la Transition de l’objectif
démocratique.
B/ EFFICACITÉ ET RÉACTIVITÉ
L’efficacité et la réactivité d’un Parlement bicaméral durant une période
transitoire peuvent également être sujettes à critique. En effet, la nécessité
d’une coordination entre deux Chambres peut ralentir le processus législatif,
ce qui est antithétique aux besoins souvent pressants de la période de
Transition.
En conclusion, l’article 45, en instituant un Parlement de la Transition
bicaméral, reflète un désir de maintenir une structure législative structurée et
peut-être de préserver une certaine continuité institutionnelle. Cependant,
l’adaptabilité et l’efficacité de cette structure dans la gestion des défis uniques
présentés par la période de Transition méritent une attention et une
évaluation minutieuses.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 46
L’Assemblée nationale de la Transition est composée de cinquante (50)
membres issus des organisations politiques et de vingt (20) hauts cadres de la
Nation. Les membres issus des organisations politiques sont choisis par le
Président de la Transition sur les listes présentées par les partis politiques
légalement reconnus. Un décret du Président de la Transition porte
nomination des membres de l’Assemblée nationale de la Transition.
COMMENTAIRES
L’article 46 de la Charte de la Transition esquisse la composition et le
mécanisme de nomination des membres de l’Assemblée nationale de la
Transition, un des deux organes bicaméraux évoqués dans l’article précédent.
Cette composition mixte, à la fois politique et technocratique, ainsi que le
mécanisme de nomination présidentielle, ouvre une fenêtre d’analyse sous le
prisme juridique, politique et institutionnel.
I/ COMPOSITION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DE LA TRANSITION
A/ REPRÉSENTATION POLITIQUE ET TECHNOCRATIQUE
L’assemblée, selon cet article, est constituée d’un mélange de représentants
politiques et de hauts cadres de la Nation, une démarche qui peut viser à
équilibrer l’expertise technique avec la représentativité politique. Toutefois,
cette composition peut également refléter ou exacerber les clivages existants
entre élites politiques et technocratiques.
Exemple : Dans un contexte où les partis politiques sont fortement polarisés,
l’introduction de hauts cadres peut viser à apporter une certaine neutralité et
expertise, bien que leur nomination puisse aussi être perçue comme partisane.
B/ RÉPARTITION NUMÉRIQUE
La répartition de 50 membres issus des organisations politiques contre 20
hauts cadres de la Nation indique une pondération en faveur de la
représentation politique. La justification et l’impact de cette répartition
méritent une exploration approfondie.
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Exemple : Cette répartition pourrait être le reflet d’une volonté de maintenir
une primauté du politique sur le technocratique, ou d’assurer une certaine
légitimité politique à l’Assemblée.
II/ MÉCANISME DE NOMINATION
A/ NOMINATION PRÉSIDENTIELLE
L’article 46 confère au Président de la Transition le pouvoir de désigner les
membres issus des organisations politiques sur la base des listes fournies par
les partis reconnus. Cela soulève des questions sur l’autonomie de l’Assemblée,
la séparation des pouvoirs, et la potentialité de favoritisme dans la sélection.
Dans cette configuration, un Président pourrait par exemple être tenté de
choisir des membres alignés sur sa vision ou son affiliation politique, ce qui
pourrait compromettre l’objectif d’une transition inclusive et représentative.
B/ RECONNAISSANCE LÉGALE DES PARTIS POLITIQUES
L’article évoque une reconnaissance légale des partis politiques comme
prérequis pour la nomination, ce qui peut exclure de nouvelles formations
politiques ou des mouvements non traditionnels de la transition
démocratique.
Exemple : Dans un contexte post-crise, de nouvelles formations politiques ou
mouvements citoyens peuvent émerger et leur exclusion du processus
pourrait être perçue comme une continuité de l’exclusion politique.
En somme, l’article 46 établit un mécanisme de composition et de nomination
qui vise possiblement à instaurer une certaine stabilité et expertise au sein de
l’Assemblée nationale de la Transition. Toutefois, les dispositions de cet article
peuvent également engendrer des enjeux de représentativité, d’inclusion et de
séparation des pouvoirs, cruciaux pour la légitimité et l’efficacité de la période
transitoire. Une analyse approfondie des implications pratiques et des
répercussions institutionnelles de ces dispositions est donc impérative pour
évaluer leur adéquation avec les objectifs démocratiques et réformistes de la
Transition.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 47
Le Sénat de la Transition est composé de :
– Dix (10) membres choisis parmi les personnalités qualifiées qui ont honoré
les services de l’État ;
– Dix (10) membres représentant les organisations patronales ;
– Dix (10) membres représentant les organisations syndicales ;
– Dix (10) membres représentant la société civile ;
– Cinq (5) membres désignés par les confessions religieuses ;
– Cinq (5) membres désignés par les organisations traditionnelles.
Les membres du Sénat de la Transition doivent être âgés de cinquante (50)
ans au moins. Un décret du Président de la Transition porte nomination des
membres du Sénat de la Transition.
COMMENTAIRES
L’article 47 de la Charte de la Transition dresse un tableau de la composition du
Sénat de la Transition, exposant une diversité des segments représentés dans
cet organe législatif bicaméral. L’architecture de cette composition ainsi que le
processus de nomination invitent à une exploration sous des angles juridiques,
démocratiques et représentatifs.
I/ DISSECTION DE LA COMPOSITION DU SÉNAT DE LA TRANSITION
A/ REPRÉSENTATION MULTISECTORIELLE
L’article 47 présente un effort manifeste de représenter divers secteurs de la
société au sein du Sénat. Cette pluralité pourrait se traduire par une diversité
d’opinions et de compétences, contribuant à un dialogue plus enrichi et à une
législation plus équilibrée.
Exemple : La représentation des organisations syndicales et patronales
pourrait favoriser une discussion bipartite sur des réformes économiques et
sociales pertinentes.
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B/ PRÉREQUIS D’ÂGE
L’exigence d’un âge minimum de 50 ans pour les membres du Sénat peut être
interprétée comme une volonté de garantir une certaine maturité et
expérience. Cependant, elle pose également des questions sur l’inclusion des
jeunes, qui sont souvent des acteurs clés dans les périodes de transition.
Exemple : Dans une nation avec une population majoritairement jeune, cette
exigence d’âge pourrait être perçue comme un obstacle à la représentation
jeunesse.
II/ MÉCANISME DE NOMINATION
A/ NOMINATION PRÉSIDENTIELLE
Comme l’article 46, l’article 47 confie au Président de la Transition le pouvoir de
nomination, un élément qui pourrait centraliser le pouvoir et potentiellement
entraver l’indépendance du Sénat.
Exemple : Si le Président de la Transition a des affiliations politiques ou
idéologiques fortes, il pourrait être tenté de nommer des membres qui
s’alignent avec ses perspectives, compromettant ainsi l’impartialité du Sénat.
B/ DÉSIGNATION PAR DES ENTITÉS EXTERNES
La désignation de membres par des organisations religieuses et traditionnelles
présente une intersection entre le religieux, le traditionnel et le politique, qui
peut être délicate dans un contexte séculaire ou pluraliste.
Exemple : Dans une société multireligieuse ou multiethnique, la désignation
équitable des représentants religieux et traditionnels pourrait être un enjeu
crucial.
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III/ IMPLICATIONS INSTITUTIONNELLES ET DÉMOCRATIQUES
A/ ÉQUILIBRE DES POUVOIRS
L’article reflète une tension entre la volonté de diversité représentative et la
centralisation de la nomination, ce qui pourrait affecter l’équilibre des pouvoirs
et l’autonomie du Sénat vis-à-vis de l’exécutif.
B/ LÉGITIMITÉ ET INCLUSION
La légitimité de la Transition pourrait être mise à l’épreuve par la manière dont
la composition du Sénat et le processus de nomination sont perçus par le
public et les divers acteurs sociopolitiques.
En somme, l’article 47 de la Charte de la Transition présente une tentative de
créer un Sénat diversifié et représentatif, tout en soulevant des questions
cruciales sur l’inclusion, l’autonomie institutionnelle et l’équilibre des pouvoirs.
L’analyse de ces aspects sous des lentilles juridiques et démocratiques est
impérative pour évaluer la robustesse et la légitimité de ce mécanisme dans le
cadre de la Transition.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 48
Chaque Chambre du Parlement de la Transition est présidée par une
personnalité nommée par le Président de la Transition. La fonction de
Président de Chambre du Parlement de la Transition est incompatible avec
l’exercice de tout autre mandat ou responsabilité au cours de la transition.
COMMENTAIRES
L’article 48 de la Charte de la Transition évoque la structure de leadership au
sein des chambres du Parlement de la Transition et insiste sur la singularité du
mandat des présidents de ces chambres. Cette disposition invite à un examen
minutieux sous des angles constitutionnels, politiques et institutionnels.
I/ STRUCTURE DE LEADERSHIP DES CHAMBRES PARLEMENTAIRES
A/ NOMINATION PRÉSIDENTIELLE
Selon cet article, le Président de la Transition détient le pouvoir de nommer les
présidents des deux chambres parlementaires. Cette disposition centralise le
pouvoir de nomination, ce qui peut susciter des inquiétudes quant à
l’indépendance du Parlement vis-à-vis de l’exécutif.
Exemple : Dans un contexte où le Président de la Transition a des affiliations
politiques, les nominations peuvent être influencées par des biais partisans,
mettant en péril l’impartialité des chambres parlementaires.
B/ AUTORITÉ ET RESPONSABILITÉ
Les personnalités nommées à la présidence des chambres sont positionnées
comme des figures d’autorité, avec la responsabilité de conduire les affaires
législatives. Leur rôle est crucial pour assurer une transition ordonnée et
efficace des pouvoirs législatifs.
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II/ INCOMPATIBILITÉ DE FONCTIONS
A/ EXCLUSIVITÉ DU MANDAT
L’article insiste sur l’incompatibilité entre la présidence d’une chambre
parlementaire et l’exercice de tout autre mandat ou responsabilité pendant la
Transition. Cette disposition vise à éviter les conflits d’intérêts et à garantir
l’engagement total des présidents des chambres à leur fonction.
Exemple : Dans un scénario hypothétique, si un Président de Chambre était
également un leader syndical, cela pourrait créer un conflit d’intérêts lors de la
formulation de législations touchant aux droits des travailleurs.
B/ CONCENTRATION DES POUVOIRS
Bien que cette clause vise à promouvoir la singularité du mandat, la
nomination par le Président de la Transition peut encore créer une
concentration des pouvoirs, ce qui pourrait être préjudiciable à la séparation
des pouvoirs et à la démocratie.
III/ IMPLICATIONS INSTITUTIONNELLES ET DÉMOCRATIQUES
A/ INDÉPENDANCE DU PARLEMENT
L’indépendance du Parlement est un pilier central de la démocratie. L’Article
48, tout en essayant de minimiser les conflits d’intérêts, peut sembler
paradoxal en conférant au Président de la Transition le pouvoir de nomination,
ce qui peut potentiellement compromettre cette indépendance.
B/ LÉGITIMITÉ ET REPRÉSENTATIVITÉ
La légitimité de la Transition et la représentativité du Parlement peuvent être
affectées par la manière dont les présidents des chambres sont nommés et par
l’exclusivité de leur mandat. En effet, la légitimité de la Transition et la
représentativité du Parlement sont cruciales pour le succès d’une transition
politique. La nomination des présidents des chambres, si elle est faite
arbitrairement ou sans transparence, peut susciter des doutes sur la légitimité
de la transition. De plus, l’exclusivité du mandat, s’il est vague ou trop étendu,
peut engendrer des craintes de sur-consolidation du pouvoir, affectant ainsi la
représentativité du Parlement.
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Une gestion inclusive et transparente des nominations et des mandats peut
renforcer la confiance des parties prenantes et favoriser la légitimité de la
transition. Il est donc vital que ces processus soient structurés de manière à
promouvoir la légitimité, la transparence, et la représentativité pour assurer le
succès de la transition politique.
L’Article 48 jette un éclairage sur la structure de leadership au sein du
Parlement de la Transition, tentant de balancer entre l’efficacité administrative
et l’indépendance institutionnelle. Toutefois, la centralisation du pouvoir de
nomination et l’exclusivité du mandat posent des questions critiques sur la
séparation des pouvoirs, l’indépendance parlementaire et la légitimité
démocratique en cette période transitoire cruciale que traverse le Gabon.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 49
Chaque Chambre du Parlement de la Transition adopte son Règlement
intérieur lors de sa session inaugurale.
COMMENTAIRES
L’article 49 de la Charte de la Transition évoque une étape fondamentale dans
l’opérationnalisation des Chambres du Parlement de la Transition, à savoir
l’adoption de leurs Règlements intérieurs respectifs lors de leur session
inaugurale. Cette disposition mérite une analyse minutieuse pour en dégager
les implications institutionnelles et démocratiques.
I/FORMALISATION DES PROCÉDURES PARLEMENTAIRES
A/ ADOPTION DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR
L’adoption d’un Règlement intérieur est une étape cruciale dans
l’établissement du fonctionnement interne de chaque Chambre. Cela englobe
des aspects tels que la procédure législative, la formation des commissions, les
droits et obligations des membres, ainsi que les règles de déontologie.
Exemple : Dans des démocraties établies comme la France, le Règlement
intérieur du Parlement est un document central pour son fonctionnement et
l’exercice de ses prérogatives.
B/ SESSION INAUGURALE
Le fait que l’adoption se fait lors de la session inaugurale souligne l’urgence et
la priorité accordées à la mise en place d’un cadre réglementaire pour le
fonctionnement des Chambres.
II/ IMPLICATIONS INSTITUTIONNELLES
A/ AUTONOMIE DES CHAMBRES
L’article donne une marge d’autonomie aux Chambres pour établir leurs
propres règles de fonctionnement, ce qui est essentiel pour la séparation des
pouvoirs et l’indépendance du législatif vis-à-vis de l’exécutif.
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B/ UNIFORMITÉ ET COHÉRENCE
Bien que chaque Chambre adopte son Règlement intérieur, il est crucial que
ces règlements soient harmonisés pour garantir la cohérence dans
l’élaboration des lois et la conduite des affaires législatives.
III/ DÉFIS ET PERSPECTIVES CRITIQUES
A/ TRANSPARENCE ET PARTICIPATION
L’article ne précise pas la manière dont ces Règlements intérieurs seront
élaborés. La participation des membres et la transparence dans l’élaboration
des règlements sont essentielles pour garantir la légitimité des processus
parlementaires.
Exemple : Une consultation insuffisante des membres ou des parties prenantes
lors de l’élaboration du Règlement intérieur peut mener à des tensions ou des
contestations futures.
B/ ACCESSIBILITÉ ET COMPRÉHENSION PUBLIQUE
L’accessibilité des règlements intérieurs au public et leur compréhension sont
également importantes pour la responsabilité et l’engagement démocratique.
L’Article 49 trace la voie de la formalisation des procédures parlementaires au
début de la période transitoire. Toutefois, il laisse place à des interrogations sur
la transparence, la participation et l’harmonisation des règles entre les deux
Chambres. La manière dont ces défis sont abordés aura des implications sur
l’efficacité, la légitimité et la responsabilité du Parlement de la Transition.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 50
Le Parlement de la Transition adopte le plan d’actions et la feuille de route de
la Transition présentés par le Premier ministre. Il veille à l’exécution, au
contrôle et au suivi-évaluation du plan d’actions et de la feuille de route de la
Transition.
COMMENTAIRES
L’article 50 de la Charte de la Transition encapsule une fonction centrale du
Parlement de la Transition, notamment l’adoption et le suivi des orientations
majeures de la Transition incarnés par le plan d’action et la feuille de route
présentés par le Premier ministre. Cette disposition revêt une importance
cruciale, elle s’inscrit au cœur des mécanismes de gouvernance de la
Transition.
I/ADOPTION DU PLAN D’ACTION ET DE LA FEUILLE DE ROUTE
A/ MANDAT LÉGISLATIF
Le Parlement de la Transition se voit confier la responsabilité d’adopter les
documents clés élaborés par le Premier ministre. Cela illustre une procédure
démocratique visant à assurer la légitimité des orientations de la Transition.
Exemple : Par analogie, dans d’autres contextes transitionnels, l’approbation
législative des grandes orientations garantit une certaine forme de consensus
politique.
B/ RÔLE DU PREMIER MINISTRE
Le texte confère au Premier ministre un rôle prépondérant dans l’élaboration
de la feuille de route et du plan d’action, renforçant ainsi l’importance de
l’Exécutif dans la conduite de la Transition.
II/ EXÉCUTION, CONTRÔLE ET SUIVI-ÉVALUATION
A/ MÉCANISMES DE SUIVI DE L’ACTION DU GOUVERNEMENT
L’article 50 souligne les rôles cruciaux d’exécution, de contrôle et de suivi-
évaluation confiés au Parlement, des mécanismes essentiels pour garantir la
réalisation des objectifs de la Transition.
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En effet, cet article met en lumière la triple fonction d’exécution, de contrôle et
de suivi-évaluation dévolue au Parlement, s’inscrivant ainsi comme un pilier
central dans la réalisation des objectifs fixés durant la période de Transition.
En premier lieu, la fonction d’exécution met en avant l’importance du
Parlement dans la mise en œuvre des lois et des politiques, assurant ainsi un
cheminement conforme aux aspirations de la Transition. Ensuite, la fonction de
contrôle illustre la responsabilité du Parlement de veiller à l’application
adéquate des lois, en fournissant un cadre de surveillance et en rectifiant les
éventuels écarts. Finalement, le suivi-évaluation est un mécanisme
fondamental qui permet au Parlement d’apprécier l’efficacité des actions
menées, de mesurer les progrès réalisés et d’ajuster les stratégies en
conséquence.
Ces trois fonctions interdépendantes contribuent à instaurer une structure de
gouvernance robuste et réactive, essentielle pour naviguer efficacement à
travers les complexités de la période de Transition et pour assurer une
trajectoire alignée avec les objectifs de rétablissement et de réforme
prédéfinis.
B/ RESPONSABILISATION DU GOUVERNEMENT ENVERS LE PARLEMENT
En exigeant un suivi régulier, l’article 50 instaure un devoir de
responsabilisation de la part du gouvernement transitionnel envers le
Parlement et, par extension, envers la population. En effet, en réclamant un
suivi régulier, cet article établit un principe crucial de responsabilisation qui est
vital pour la transparence et l’efficacité de la gouvernance pendant la période
transitionnelle. Ce suivi régulier exigé illustre une forme de reddition de
comptes du gouvernement transitionnel envers le Parlement, qui est l’organe
représentatif du peuple. Ainsi, cela crée un mécanisme où le gouvernement
est tenu d’informer, d’expliquer et d’ajuster ses actions selon les feedbacks et
les évaluations du Parlement. Par extension, ce devoir de responsabilisation se
répercute envers la population, car il permet une certaine transparence et une
évaluation des actions gouvernementales, ce qui est crucial pour maintenir la
confiance publique et pour garantir que les actions du gouvernement sont
alignées avec les intérêts et les besoins de la population.
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De plus, ce devoir de responsabilisation renforce l’engagement démocratique
et la légitimité du processus transitionnel, en assurant que le gouvernement
agisse de manière responsable et réponde aux exigences et aux attentes du
Parlement et, en fin de compte, du peuple.
III/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELLES
A/ ÉQUILIBRE DES POUVOIRS
L’article 50 illustre un équilibre des pouvoirs entre l’Exécutif et le Législatif,
promouvant ainsi une interaction constructive et un contrôle mutuel
nécessaire à la démocratie.
Exemple : Dans un régime parlementaire classique, le contrôle législatif sur
l’Exécutif est un pilier de l’équilibre des pouvoirs.
B/ TRANSPARENCE ET RESPONSABILITÉ
L’article, tout en étant concis, ouvre la voie à la transparence et à la
responsabilité, des principes fondamentaux pour la réussite de la Transition et
la confiance du peuple dans le processus.
IV/ PERSPECTIVES CRITIQUES
A/ PRÉCISION ET CLARTÉ
L’article pourrait gagner en précision en définissant mieux les termes « plan
d’action » et « feuille de route », ainsi que les mécanismes spécifiques de suivi et
d’évaluation envisagés.
B/ ENGAGEMENT PUBLIC
L’engagement du public et sa participation dans ces processus demeurent
implicites, il serait bénéfique de les rendre explicites pour renforcer la
légitimité et la transparence.
L’Article 50 ébauche une structure de gouvernance transitionnelle où le
Parlement joue un rôle central dans l’adoption et le suivi des orientations
stratégiques. Toutefois, une articulation plus précise des mécanismes de
contrôle et d’évaluation, ainsi qu’une inclusion explicite de l’engagement
public, pourrait renforcer la robustesse et la légitimité du cadre juridique de la
Transition.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 51
Le Parlement de la Transition exerce les prérogatives définies par la présente
Charte et la Constitution du 26 mars 1991.
COMMENTAIRES
L’Article 51 de la Charte de la Transition trace le cadre juridique au sein duquel
le Parlement de la Transition doit opérer, en référençant explicitement la
Charte elle-même ainsi que la Constitution du 26 mars 1991. Cette disposition
s’inscrit dans la continuité des efforts visant à assurer une gouvernance
structurée et légitime durant la période de transition.
I/ CADRE JURIDIQUE DE RÉFÉRENCE
A/ RÉFÉRENCE DUALISTE
L’article établit une dualité de référence juridique, englobant la Charte de la
Transition et la Constitution de 1991, affirmant ainsi l’importance d’une
continuité constitutionnelle.
Exemple : La Constitution française de 1958, qui sert de référence pour le
fonctionnement des institutions républicaines, présente une analogie avec la
mention de la Constitution dans l’article 51.
B/ CONSOLIDATION DES PRÉROGATIVES
La mention des prérogatives souligne le souhait d’une gouvernance encadrée,
délimitant clairement les pouvoirs et les fonctions du Parlement de la
Transition.
II/ CONTINUITÉ CONSTITUTIONNELLE
A/ RESPECT DE LA CONSTITUTION DE 1991
En intégrant la Constitution du 26 mars 1991, l’article 51 évoque la primauté du
texte constitutionnel et promeut la continuité constitutionnelle, un élément
crucial pour la stabilité juridique et politique.
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B/ PRÉSERVATION DES PRINCIPES FONDAMENTAUX
Les références à la Constitution ancienne renforcent l’importance de la
préservation des principes démocratiques et républicains dans un contexte de
transition.
III/ IMPLICATIONS INSTITUTIONNELLES ET JURIDIQUES
A/ ÉTENDUE DES PRÉROGATIVES
La délimitation des prérogatives du Parlement de la Transition nécessite une
analyse plus approfondie des textes mentionnés pour comprendre l’étendue
exacte des pouvoirs législatifs durant la transition.
B/ HARMONISATION JURIDIQUE
L’harmonisation entre la Charte de la Transition et la Constitution de 1991 peut
soulever des questions d’interprétation juridique et nécessite une clarté
juridique pour éviter des conflits normatifs.
IV/ PERSPECTIVES CRITIQUES
A/ CLARIFICATION NÉCESSAIRE
L’article 51 pourrait gagner en précision en spécifiant quelles prérogatives sont
retenues et comment les éventuelles discordances entre la Charte et la
Constitution doivent être résolues.
B/ MÉCANISMES D’ADAPTATION
L’élaboration de mécanismes d’adaptation pour résoudre les différences entre
les deux textes référencés peut s’avérer nécessaire pour garantir une transition
politique et juridique fluide.
L’article 51 offre un cadre de référence juridique solide pour le fonctionnement
du Parlement de la Transition, tout en soulignant l’importance de la continuité
constitutionnelle. Toutefois, une articulation plus détaillée des prérogatives du
Parlement et des mécanismes de résolution des éventuelles discordances
entre la Charte et la Constitution pourrait enrichir la compréhension et
l’application de cette disposition, contribuant ainsi à la stabilité institutionnelle
durant la période de transition.
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CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION
ARTICLE 52
Le Président du Sénat de la Transition et le Président de l’Assemblée nationale
de la Transition ne sont pas éligibles à l’élection présidentielle qui sera
organisée pour marquer la fin de la Transition.
COMMENTAIRES
L’article 52 de la Charte de la Transition met en exergue une restriction
spécifique concernant l’éligibilité des présidents des deux chambres du
Parlement de la Transition à l’élection présidentielle future. Cette disposition
manifeste une intention claire de séparation des pouvoirs et d’évitement de
conflits d’intérêts, alignée sur des principes démocratiques solides.
I/ SÉPARATION DES POUVOIRS ET PRÉVENTION DES CONFLITS D'INTÉRÊTS
A/ INÉLIGIBILITÉ SPÉCIFIÉE
La disposition prescrit une inéligibilité ciblée, excluant les présidents des deux
chambres du Parlement de la Transition de la course présidentielle.
Exemple : Des mesures similaires existent dans d’autres juridictions pour
garantir l’indépendance des organes législatifs et exécutifs.
B/ PRÉVENTION DE CONFLITS D’INTÉRÊTS
En empêchant les présidents des deux chambres de se présenter à l’élection
présidentielle, l’article vise certainement à prévenir d’éventuels conflits
d’intérêts et à maintenir l’intégrité du processus démocratique.
II/ CONTRIBUTION A LA STABILITE POLITIQUE ET INSTITUTIONNELLE
A/ UNE TRANSITION ORDONNÉE
Cette inéligibilité assure une transition ordonnée du pouvoir, minimisant les
risques de chevauchement de rôles institutionnels et politiques.
Exemple : La situation en Italie, où le Président du Sénat ou de la Chambre des
députés n’a pas le droit de se présenter aux élections présidentielles durant et
immédiatement après leur mandat, présente une analogie.
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B/ ÉVITEMENT DE L’ACCUMULATION DE POUVOIRS
L’accumulation de pouvoirs est souvent perçue comme préjudiciable à la
démocratie ; cet article anticipe et élimine une telle éventualité.
III/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET ÉLECTORALES
A/ CLARIFICATION DE L’ÉLIGIBILITÉ
L’article 52 clarifie l’éligibilité, contribuant ainsi à un cadre juridique clair et
prévisible pour les élections présidentielles post-transition. En effet, en
clarifiant les critères d’éligibilité, l’article 52 contribue à instaurer une base
solide pour la conduite des élections.
Cela est essentiel car la prévisibilité et la clarté juridiques sont des piliers de la
démocratie et elles permettent aux acteurs politiques et aux citoyens de
comprendre les règles du jeu électoral, réduisant ainsi les zones d’ombre qui
pourraient être sources de contestation ou de tension.
Un cadre juridique clair concernant l’éligibilité peut aussi aider à garantir que
seuls les candidats qualifiés se présentent aux élections, contribuant ainsi à la
qualité de la compétition politique. De plus, cela pourrait également
encourager une participation plus large et informée, car les électeurs et les
candidats potentiels seraient mieux informés des exigences et des processus.
En fin de compte, l’effort de clarification contenu dans l’article 52 peut être vu
comme une démarche visant à renforcer l’intégrité des élections
présidentielles post-transition, à instaurer la confiance dans le processus
électoral et à poser les fondements d’une gouvernance démocratique solide
dans la période suivant la transition.
IV/ PERSPECTIVES CRITIQUES
A/ PORTÉE DE L’INÉLIGIBILITÉ
L’article pourrait gagner en précision en déterminant la durée de cette
inéligibilité — s’applique-t-elle uniquement pour l’élection présidentielle
immédiatement après la période de transition ou a-t-elle une durée plus
longue ?
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B/ MÉCANISMES DE MISE EN ŒUVRE
Des mécanismes de mise en œuvre précis et des sanctions pour les violations
éventuelles pourraient renforcer l’efficacité de cette disposition.
En conclusion, l’article 52, en excluant les présidents des deux chambres du
Parlement de la Transition de l’élection présidentielle à venir, illustre une
approche prudente visant à séparer clairement les pouvoirs et à promouvoir
l’intégrité du processus électoral. Toutefois, des clarifications supplémentaires
concernant la durée et la mise en œuvre de cette inéligibilité pourraient
améliorer la compréhension et l’efficacité de cette disposition juridique
cruciale.
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CHAPITRE V : DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE DE LA TRANSITION
ARTICLE 53
La Cour Constitutionnelle de la Transition contrôle la conformité à la présente
Charte et à la Constitution du 26 mars 1991 des actes législatifs et
réglementaires pris par les organes de la Transition.
Elle statue sur la régularité des opérations de référendum dont elle proclame
les résultats à l’issue du contentieux dont elle serait saisie.
COMMENTAIRES
L’article 53 de la Charte de la Transition décrit une fonction centrale de la Cour
Constitutionnelle de la Transition, illustrant son rôle crucial dans la supervision
de la légalité constitutionnelle des actes législatifs et réglementaires émanant
des organes de la Transition. Cette disposition s’inscrit dans une tradition
juridique enracinée en droit constitutionnel, tout en adaptant les principes au
contexte spécifique de la Transition.
I/ LE CONTRÔLE DE CONSTITUTIONNALITÉ DES LOIS
A/ NATURE DU CONTRÔLE
L’article 53 institue un mécanisme de contrôle de constitutionnalité qui se
matérialise par l’analyse de la conformité des actes législatifs et réglementaires
à la Charte de la Transition et à la Constitution du 26 mars 1991.
B/ CHAMP D’APPLICATION
Ce contrôle englobe les actes pris par les organes de la Transition, dénotant
une volonté d’assurer la légalité et la légitimité des actions entreprises durant
cette période critique.
C/ EXEMPLE ILLUSTRATIF
Supposons qu’une loi de transition soit adoptée stipulant une modification des
conditions d’éligibilité à la magistrature suprême. La Cour, en vertu de l’Article
53, serait compétente pour examiner la conformité de cette loi aux dispositions
constitutionnelles existantes.
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II/ LE JUGE DE LA RÉGULARITÉ DES OPÉRATIONS RÉFÉRENDAIRES
A/ RÔLE ADJUDICATIF
L’article consacre également un rôle adjudicatif à la Cour en matière de
contentieux relatif aux opérations référendaires, traduisant un souci
d’impartialité et de transparence dans l’exercice démocratique. Dans le
contexte de l’article 53 de la Charte de la Transition, le rôle adjudicatif de la
Cour Constitutionnelle est manifeste lorsqu’elle est appelée à statuer sur la
régularité des opérations référendaires et à trancher tout contentieux éventuel
y afférant. Elle agit alors comme un arbitre juridictionnel, garantissant la
conformité des processus référendaires aux normes constitutionnelles et
législatives établies.
B/ PROCLAMATION DES RÉSULTATS
L’attribution à la Cour de la proclamation des résultats des opérations de
référendum renforce son positionnement comme garant de la régularité des
processus démocratiques.
C/ EXEMPLE ILLUSTRATIF
Dans le cas d’un référendum contesté sur une question constitutionnelle
durant la Transition, la Cour serait l’organe juridictionnel compétent pour
résoudre les contentieux et proclamer les résultats.
III/ ANALYSE CRITIQUE
A/ CLARIFICATIONS REQUISES
L’article 53 gagnerait en clarté en détaillant les modalités de saisine de la Cour,
les délais de procédure, ainsi que les effets des décisions rendues.
B/ ÉTENDUE DU CONTRÔLE
Une réflexion pourrait être menée sur l’étendue et les limites du contrôle
exercé par la Cour, notamment en ce qui concerne son pouvoir d’annulation
ou de modification des actes jugés non conformes.
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C/ AUTONOMIE DE LA COUR
L’article 53 soulève implicitement la question de l’indépendance de la Cour vis-
à-vis des autres organes de la Transition, un élément crucial pour l’efficacité et
la légitimité de son contrôle constitutionnel.
En définitive, l’article 53 cristallise le rôle cardinal de la Cour Constitutionnelle
de la Transition comme garant de la légalité constitutionnelle, tout en ouvrant
une réflexion sur les mécanismes de contrôle de constitutionnalité en période
de transition. Il convient toutefois d’élaborer des clarifications et des précisions
juridiques pour assurer une mise en œuvre efficace et transparente de ces
dispositions.
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CHAPITRE V : DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE DE LA TRANSITION
ARTICLE 54
La Cour Constitutionnelle de la Transition est composée de neuf (9) membres
nommés par le Président de la Transition parmi les hauts cadres de la Nation
dont le Président. Le Président de la Cour Constitutionnelle de la Transition
n’est pas éligible à l’élection présidentielle qui sera organisée pour marquer la
fin de la Transition.
COMMENTAIRES
L’article 54 de la Charte de la Transition esquisse le contour institutionnel de la
Cour Constitutionnelle de la Transition, en précisant la composition et les
restrictions d’éligibilité de son président. Cette analyse se propose d’explorer la
portée et les implications juridiques des dispositions énoncées dans cet article.
I/ LA COMPOSITION DE LA COUR
A/ LA NOMINATION DES MEMBRES
Le Président de la Transition nomme neuf membres parmi les hauts cadres de
la Nation pour constituer la Cour Constitutionnelle.
Exemple : Cette disposition peut, par exemple, aboutir à la nomination
d’anciens juges, d’académiciens émérites, ou d’experts juridiques renommés
au sein de la Cour.
B/ AUTONOMIE ET INDÉPENDANCE
Bien que la nomination soit une prérogative du Président de la Transition, la
formulation ne fournit pas de critères clairs sur la sélection, ce qui pourrait
susciter des interrogations sur l’indépendance de la Cour.
II/ PRÉSIDENCE DE LA COUR
A/ NOMINATION DU PRÉSIDENT
L’article 54 évoque la présence d’un président au sein de la Cour, sans toutefois
expliciter le processus de sa nomination. En effet, le texte ne précise pas si le
président de la Cour est nommé par le Président de la Transition ou élu par les
membres de la Cour.
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B/ INÉLIGIBILITÉ À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE :
Une restriction d’éligibilité est posée à l’encontre du président de la Cour pour
l’élection présidentielle marquant la fin de la Transition.
Exemple : Cette clause vise à éviter un éventuel conflit d’intérêts ou une
aspiration politique qui pourrait altérer l’impartialité de la Cour.
III/ ANALYSE CRITIQUE
A/ CLARIFICATION NÉCESSAIRE
Le texte gagnerait à préciser les critères de nomination des membres de la
Cour et du président de la Cour pour assurer une plus grande transparence et
impartialité. En précisant les critères de nomination, le texte pourrait fournir
une norme claire et transparente qui guiderait le processus de nomination,
réduisant ainsi les risques de partialité ou de favoritisme. Cela pourrait
également faciliter la vérification et l’évaluation des qualifications des nominés,
assurant ainsi que seuls les candidats les plus qualifiés et impartiaux soient
choisis pour ces rôles cruciaux. Une telle précision pourrait en fin de compte
contribuer à renforcer l’intégrité, l’efficacité et l’autorité de la Cour, éléments
centraux pour la réalisation de la justice et le maintien de l’ordre
démocratique.
B/ PRÉVENTION CONTRE LES CONFLITS D’INTÉRÊTS
L’inéligibilité du président de la Cour à l’élection présidentielle est une
précaution importante pour préserver l’intégrité et l’impartialité de la justice
constitutionnelle. En effet, l’inéligibilité du président de la Cour à l’élection
présidentielle, telle qu’évoquée dans cet article s’inscrit dans la logique de
préservation de l’intégrité et de l’impartialité de la justice constitutionnelle. Elle
reflète le principe de séparation des pouvoirs, visant à éviter tout conflit
d’intérêt et à maintenir l’équilibre démocratique. Cette mesure rassure
également le public sur l’indépendance de la justice constitutionnelle, écartant
toute interférence politique dans l’interprétation et l’application de la
constitution. En somme, l’inéligibilité agit comme un rempart contre les
ambitions politiques personnelles susceptibles d’entraver l’objectivité
judiciaire, assurant ainsi la légitimité et la confiance envers les institutions
judiciaires et démocratiques.
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En définitive, l’article 54 esquisse la composition de la Cour Constitutionnelle
de la Transition et établit une règle d’inéligibilité pour son président. Toutefois,
l’absence de précisions sur les modalités de nomination et les critères de
sélection pour les membres de la Cour pourrait susciter des questions sur
l’autonomie et l’indépendance de cette institution judiciaire cruciale pendant
la période transitoire. Une révision ou des dispositions complémentaires
pourraient être envisagées pour renforcer la transparence et l’impartialité de la
Cour.
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CHAPITRE VI : DES AUTRES DISPOSITIONS
ARTICLE 55
L’accès des femmes aux fonctions électives et nominatives peut être favorisé
par des mesures particulières prévues par la loi. La composition des différents
organes de la Transition prend en compte le genre.
COMMENTAIRES
L’article 55 de la Charte de la Transition apparaît comme un texte manifestant
une volonté normative d’intégrer une dimension genre dans les rouages
politico-administratifs de la période transitoire. Cette analyse se décline en
plusieurs axes qui permettent d’apprécier la portée, les mérites et les limites de
cette disposition.
I/ UNE RECONNAISSANCE JURIDIQUE DE LA PROMOTION DU GENRE
A/ MANIFESTATION D’UNE VOLONTÉ D’ÉQUITÉ
L’article 55 manifeste une volonté d’encourager l’accès des femmes aux
fonctions électives et nominatives. C’est un pas vers la promotion de l’équité et
de la parité entre hommes et femmes dans la sphère politique et
administrative, ce qui est en phase avec les engagements internationaux du
Gabon en matière de droits de la femme.
B/ MESURES LÉGISLATIVES PRÉVUES
La disposition mentionne explicitement des « mesures particulières prévues
par la loi », suggérant une approche législative pour promouvoir l’accès des
femmes aux fonctions publiques. Ceci confère un caractère juridique à cette
aspiration d’équité genre.
II/ UNE AMBITION LIMITÉE PAR DES FORMULATIONS VAGUES
A/ FORMULATION PERMISSIVE
L’usage du terme « peut » suggère une approche permissive plutôt
qu’impérative, laissant ainsi une marge de manœuvre discrétionnaire quant à
la mise en œuvre de mesures favorables aux femmes. Cette formulation
pourrait potentiellement freiner les avancées significatives en matière d’équité
genre.
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B/ ABSENCE DE MÉCANISMES DE MISE EN ŒUVRE CLAIRE
L’article ne fournit pas de mécanismes spécifiques ou de directives sur la
manière dont ces mesures particulières seraient conçues, adoptées ou mises
en œuvre. Il manque également de dispositions sur le suivi, l’évaluation et le
contrôle de ces mesures, ce qui peut entraver leur efficacité et leur impact.
III/ UNE TENTATIVE D’INSTITUTIONNALISATION DE LA REPRÉSENTATIVITÉ
GENRE
A/ LA COMPOSITION DES ORGANES DE TRANSITION TENANT COMPTE DE LA
DIVERSITÉ DES GENRES
L’article exprime une orientation vers une représentativité équilibrée dans la
composition des organes de la Transition. Cela révèle une prise de conscience
de l’importance de la représentation des femmes, ce qui est louable.
B/ PAS DE QUOTAS OU DE CHIFFRES PRÉCIS
Cependant, l’article ne fixe pas de quotas ou de chiffres précis quant à la
représentation des femmes. Sans des directives claires ou des quotas précis, la
mise en œuvre effective de cette disposition pourrait être sujette à des
interprétations variées et peut-être à des manipulations.
L’article 55 représente une avancée notoire dans la reconnaissance de l’équité
genre dans les sphères politico-administratives. Toutefois, sa formulation
vague et l’absence de mécanismes de mise en œuvre précis peuvent
constituer des obstacles à sa réalisation effective. Il serait donc judicieux
d’envisager des mesures législatives complémentaires pour garantir que
l’esprit et la lettre de cet article se traduisent par des actions concrètes et
mesurables en faveur de la promotion du genre.
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CHAPITRE VI : DES AUTRES DISPOSITIONS
ARTICLE 56
Dans les cas de présomption de terrorisme et d’atteinte à la sûreté nationale,
la garde à vue peut atteindre cent soixante-huit heures, délai au-delà duquel
une décision d’un magistrat de l’ordre judiciaire est requise.
COMMENTAIRES
L’Article 56 de la Charte de la Transition aborde une problématique sensible et
cruciale : celle de la balance entre la protection de la sûreté nationale et la
sauvegarde des libertés individuelles. Cet article mérite une exploration
soignée, laquelle se déploiera selon trois axes majeurs.
I/ UNE EXTENSION JUSTIFIÉE DE LA GARDE À VUE
A/ CONTEXTE DE PRÉSOMPTION DE TERRORISME ET ATTEINTE À LA SÛRETÉ
NATIONALE
Dans un contexte global marqué par la montée du terrorisme et des menaces
sécuritaires, les États sont souvent confrontés à la nécessité d’adapter leur
cadre juridique pour répondre efficacement à ces menaces.
Exemple : Le cas de la France qui, suite aux attaques terroristes, a réformé son
cadre juridique via la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le
terrorisme en 2017.
B/ DURÉE DE GARDE À VUE ÉTENDUE
L’extension de la durée de la garde à vue à 168 heures vise probablement à
donner aux autorités le temps nécessaire pour enquêter sur des situations
complexes et dangereuses, tout en assurant la sécurité nationale. On rappelle
à toutes fins utiles que selon l’alinéa 2 de l’article 56 du Code de procédure
pénale gabonais : « La durée de la garde à vue ne peut excéder quarante-huit
heures. Elle peut être prolongée d’un nouveau délai non renouvelable de
quarante-huit heures par autorisation écrite du procureur de la République. »
Toutefois, cette durée est substantiellement plus longue que ce qui est
couramment observé dans de nombreuses juridictions.
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II/ UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE ENTRE SÉCURITÉ NATIONALE ET DROITS DE
L’HOMME
A/ RISQUE D’ABUS
Une telle extension pose des risques en termes de respect des droits de
l’homme, notamment le droit à la liberté et à un procès équitable.
Exemple : Dans des pays où des mesures similaires ont été adoptées, des
organisations de droits humains ont relevé des cas d’abus ou de détentions
arbitraires.
B/ NÉCESSITÉ D’UN CONTRÔLE JUDICIAIRE
L’article présente une sauvegarde en requérant l’intervention d’un magistrat
passé le délai de 168 heures, ce qui est une tentative de maintenir un contrôle
judiciaire sur la détention.
Toutefois, la période avant cette intervention judiciaire reste longue et pourrait
être sujette à des abus.
III/ UNE LÉGITIMITÉ CONTINGENTE SUR DES GARANTIES PROCÉDURALES
FORTES
A/ ENCADREMENT JURIDIQUE STRICT
La légitimité de cette mesure dépendra grandement de l’existence et de
l’efficacité des garanties procédurales entourant la garde à vue.
Exemple : L’obligation de notification des droits, l’accès à un avocat, et
l’examen médical régulier pourraient être des mesures atténuantes.
B/ TRANSPARENCE ET RESPONSABILITÉ
Pour garantir la confiance publique et la légitimité, des mécanismes de
transparence et de responsabilité devraient être institués pour prévenir et, le
cas échéant, sanctionner tout abus potentiel.
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L’Article 56 soulève des questions essentielles sur l’équilibre entre la nécessaire
protection de la sûreté nationale et la garantie des libertés fondamentales. Son
efficacité et sa légitimité seront grandement dépendantes de l’encadrement
juridique et des garanties procédurales qui seront mis en place pour prévenir
des abus potentiels et assurer le respect des droits de l’homme. Une réflexion
approfondie et un dialogue entre les différents acteurs concernés seront
indispensables pour assurer une mise en œuvre respectueuse des standards
démocratiques et des droits fondamentaux.
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CHAPITRE VI : DES AUTRES DISPOSITIONS
ARTICLE 57
Les responsables administratifs et financiers ou questeurs des Institutions de
la République sont nommés par décret pris en Conseil des ministres.
COMMENTAIRES
L’article 57 de la Charte de la Transition édicte les modalités de nomination des
responsables administratifs et financiers ou questeurs des Institutions de la
République. Cette disposition juridique instaure un mécanisme de nomination
encadré par un décret pris en Conseil des ministres. L’analyse suivante tente
de disséquer cet article dans un contexte juridique tout en soulignant les
implications potentielles, les atouts et les faiblesses.
I/ PRÉCISION DES TERMINOLOGIES ET CADRE NORMATIF
A/ TERMINOLOGIE
Le terme « responsables administratifs et financiers » couvre un large spectre
de postes essentiels au bon fonctionnement des institutions de la République.
Cela pourrait inclure, par exemple, les directeurs financiers, les contrôleurs
budgétaires, entre autres.
Le terme « questeurs » fait référence à des individus chargés de la gestion
administrative et financière d’une institution.
B/ CADRE NORMATIF
L’expression « nommés par décret » suggère un formalisme juridique, assurant
ainsi que la nomination se fait suivant un processus légal et officiel.
La mention du « Conseil des ministres » évoque une collégialité dans la prise de
décision, permettant un contrôle et une validation collective des nominations.
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II/ MÉRITES ET LIMITATIONS
L’article établit un mécanisme formalisé, ce qui permet de garantir une
certaine transparence et légalité dans le processus de nomination.
La nécessité d’un décret assure une traçabilité des décisions prises et peut
contribuer à l’imputabilité.
Cependant, l’article ne précise pas les critères de sélection ni les qualifications
requises pour les postes mentionnés, laissant ainsi une marge de manœuvre
qui pourrait être sujette à des abus.
L’analyse de l’article 57 révèle une tentative de structuration juridique de la
nomination des responsables clés, bien que des zones d’amélioration
demeurent pour assurer une gouvernance robuste et transparente.
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TITRE IV : DE LA RÉVISION DE LA CHARTE DE LA TRANSITION
ARTICLE 58
L’initiative de la révision de la présente Charte appartient concurremment au
Président de la Transition et au tiers (1/3) des membres du Parlement de la
Transition.
Le projet ou la proposition de révision est adopté à la majorité des 4/5 ème des
membres du Parlement de la Transition.
Le Président de la Transition procède à la promulgation de l’acte de révision.
COMMENTAIRES
L’Article 58 de la Charte de la Transition traite de la révision de cette dernière,
en établissant les principes directeurs et les mécanismes requis pour
l’initiation, l’adoption et la promulgation de toute révision envisagée. Cela revêt
une importance particulière dans le contexte de la Transition, où l’équilibre
entre les différentes entités gouvernementales doit être maintenu pour
garantir la stabilité et la légitimité du processus de transition. L’analyse
détaillée de cet article est présentée comme suit :
A/ INITIATIVE DE RÉVISION
L’article 58 confère le droit d’initier une révision de la Charte non seulement au
Président de la Transition, mais aussi au tiers (1/3) des membres du Parlement
de la Transition.
Cette provision assure un certain degré de séparation des pouvoirs et
d’initiative législative, permettant ainsi une dynamique collaborative et
démocratique.
Toutefois, la nécessité d’une majorité significative pour initier une révision
peut, dans la pratique, constituer une barrière à l’adresse des changements
nécessaires, en particulier dans une situation où le consensus pourrait être
difficile à atteindre.
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B/ ADOPTION DE LA RÉVISION
L’adoption d’une proposition de révision requiert une majorité qualifiée des 4/5
e des membres du Parlement de la Transition, ce qui démontre l’intention de
garantir une large approbation avant toute modification de la Charte.
Cette exigence de majorité qualifiée peut être vue comme une mesure
prudentielle visant à éviter des modifications impulsives ou partisanes de la
Charte, bien que dans la pratique, elle puisse également entraver des
modifications consensuelles et nécessaires.
C/ PROMULGATION DU TEXTE RÉVISÉ
La promulgation de l’acte de révision relève de la compétence du Président de
la Transition, illustrant ainsi le rôle exécutif final du Président dans le processus
de révision.
Bien que cette clause respecte la traditionnelle division des pouvoirs, elle
concentre néanmoins une certaine autorité entre les mains du Président, ce
qui pourrait, dans certains scénarios, miner la volonté collective du Parlement
de la Transition.
Supposons par exemple que certaines factions au sein du Parlement de la
Transition souhaitent modifier une disposition particulière de la Charte pour
élargir le mandat de la Transition. Ils devront rassembler au moins un tiers des
membres pour initier la révision, puis convaincre une majorité de 4/5 pour
l’adopter, ce qui pourrait s’avérer difficile en présence de divergences
idéologiques ou partisanes.
Si une proposition de révision concernant l’amélioration des mécanismes de
contrôle démocratique au sein de la Transition était introduite, le Président de
la Transition aurait le pouvoir de promulguer l’acte de révision post-adoption.
Cependant, si le Président est en désaccord avec la révision, bien qu’il n’y ait
pas de provision explicite dans cet article, la promulgation pourrait
théoriquement être retardée, mettant en lumière une possible faille dans le
mécanisme de révision stipulé.
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L’article 58, par ses dispositions, tente d’équilibrer les pouvoirs et les
responsabilités entre les principaux organes de la Transition, tout en
établissant un mécanisme robuste pour la révision de la Charte. Toutefois, la
mise en œuvre pratique de ces dispositions pourrait révéler des défis quant à la
réalisation des aspirations démocratiques de la Transition, notamment en
raison des exigences de majorité qualifiée et de la capacité du Président à
promulguer l’acte de révision.
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TITRE V : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES
ARTICLE 59
Les membres du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions,
en abrégé CTRI, et tous les acteurs ayant participé aux événements allant du
29 août 2023 à l’investiture du Président de la Transition bénéficient de
l’immunité. À ce titre, ils ne peuvent être poursuivis ou arrêtés pour des actes
posés lors desdits événements. Une loi d’amnistie sera adoptée à cet effet.
COMMENTAIRES
L’article 59 du Titre V concernant les dispositions transitoires et finales de la
Charte de la Transition offre une analyse juridique perspicace sur des questions
cruciales relatives à l’immunité et à l’amnistie, en rapport avec les événements
politiques survenus à la suite de la proclamation des résultats de l’élection
présidentielle du 29 août 2023. Le texte cristallise un certain nombre
d’éléments clés qui méritent une réflexion approfondie et critique.
I/ DÉSIGNATION DES BÉNÉFICIAIRES DE L'IMMUNITÉ
L’article 59 précité identifie explicitement les bénéficiaires de l’immunité
comme étant les membres du Comité pour la Transition et la Restauration des
Institutions (CTRI) et tous les acteurs ayant participé aux événements entre le
29 août 2023 et l’investiture du Président de la Transition. La précision dans la
désignation des bénéficiaires est cruciale pour éviter toute ambiguïté
juridique, bien que la définition large de « tous les acteurs » puisse soulever des
questions sur l’étendue de l’immunité. Par exemple, cette formulation ouvre-t-
elle la porte à l’immunité pour des acteurs extérieurs qui auraient pu influencer
indirectement la transition ?
II/ NATURE ET ÉTENDUE DE L'IMMUNITÉ
L’article 59 pose un principe d’immunité en faveur des acteurs susmentionnés
pour les actes posés lors des événements spécifiés. Cependant, la portée et la
nature de cette immunité ne sont pas détaillées. Est-ce une immunité totale
ou partielle ? Les actes criminels graves tels que les violations des droits de
l’homme sont-ils inclus ? L’exemple historique de l’Amérique du Sud post-
dictature, où des lois d’amnistie similaires ont été critiquées, pourrait être
évoqué pour souligner l’importance d’une approche nuancée.
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III/ ADOPTION D’UNE LOI D’AMNISTIE
L’article prévoit l’adoption d’une loi d’amnistie. Cependant, il ne donne pas de
détails sur le processus législatif ni sur les critères d’éligibilité à l’amnistie. Il est
donc opportun de se demander comment cette loi d’amnistie s’articulera avec
les principes de justice, de responsabilité et de réparation. La référence à des
exemples internationaux, comme la loi d’amnistie en Afrique du Sud post-
apartheid, peut fournir un éclairage utile sur les avantages et les inconvénients
de telles mesures.
IV/ RAPPORT AVEC LES NORMES INTERNATIONALES
L’article 59 pourrait être analysé en regard des normes internationales en
matière de droits de l’homme, notamment le principe de l’obligation de rendre
des comptes pour les graves violations des droits de l’homme. En l’absence de
clauses d’exclusion claires, l’article pourrait être perçu comme en contradiction
avec ces normes, ce qui pourrait avoir des implications pour la reconnaissance
internationale de la transition.
V/ AMBIGUÏTÉS ET CLAUSES D'INTERPRÉTATION
L’article 59 présente des ambiguïtés potentielles, notamment en ce qui
concerne la définition des « acteurs » et des « actes posés lors desdits
événements ». Ces termes pourraient nécessiter une interprétation juridique
plus approfondie pour éviter une application trop large ou abusive de
l’immunité et de l’amnistie.
En conclusion, l’article 59, tout en cherchant à apporter une certaine stabilité et
réconciliation, soulève des questions juridiques et éthiques importantes qui
méritent une attention et une analyse approfondies. La clarté et la précision
dans la formulation des clauses d’immunité et d’amnistie, ainsi que leur
harmonisation avec les normes internationales, sont cruciales pour assurer la
légitimité, l’équité et la justice tout au long et après la période de transition.
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TITRE V : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES
ARTICLE 60
La présente Charte entre en vigueur dès son adoption par les Forces vives de
la Nation.
COMMENTAIRES
L’article 60 de la Charte de la Transition est succinct, mais revêt une
importance cruciale, car il établit le mécanisme d’entrée en vigueur de la
Charte. Il dispose que la Charte prend effet dès son adoption par les « Forces
vives de la Nation ». Cette analyse cherche à éclairer plusieurs facettes de cette
disposition, en mettant en lumière ses implications, sa clarté et sa pertinence
au regard des standards juridiques et constitutionnels.
I/ L'ENTRÉE EN VIGUEUR DE LA CHARTE
L’article précise un moment précis pour l’entrée en vigueur de la Charte —
immédiatement après son adoption. Cette clause est vitale, car elle établit un
point de départ clair pour l’application des dispositions de la Charte. Elle assure
également que la transition vers les nouveaux arrangements institutionnels se
fait sans vide juridique, ce qui peut être crucial pour la stabilité politique et
sociale.
II/ ACTEURS MOBILISÉS LORS DE L’ADOPTION
La référence aux « Forces vives de la Nation » comme acteurs responsables de
l’adoption de la Charte est à la fois intrigante et potentiellement
problématique. Le terme « Forces vives de la Nation » est vague et peut
englober une gamme diverse d’acteurs, des partis politiques aux organisations
de la société civile, en passant par les leaders communautaires et autres. Cette
ambiguïté peut soulever des questions quant à l’inclusivité et la
représentativité du processus d’adoption.
Par exemple, dans le cas du Burkina Faso en 2014, les « Forces vives » étaient un
consortium d’acteurs sociopolitiques qui ont joué un rôle clé dans la transition.
Toutefois, la composition exacte et la légitimité de telles formations peuvent
varier d’un contexte à l’autre, ce qui peut entraîner des débats sur la légitimité
de l’adoption de la Charte.
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III/ LA PROCÉDURE D’ADOPTION
L’article 60 reste silencieux sur la procédure exacte d’adoption, ce qui peut
poser des questions. Quel est le mécanisme précis par lequel les « Forces vives
de la Nation » adopteront la Charte ? Y a-t-il des dispositions pour le débat
public, l’approbation parlementaire, ou un référendum ? La clarté sur ces
processus est cruciale pour assurer la transparence, la légitimité et l’adhésion
aux nouvelles dispositions constitutionnelles.
IV/ PRÉCÉDENT JURIDIQUE ET COMPARAISONS INTERNATIONALES
Il pourrait être utile de comparer cette disposition à des dispositions similaires
dans d’autres chartes de transition ou constitutions à travers le monde. Cela
pourrait fournir un éclairage sur la manière dont d’autres nations ont navigué
dans l’articulation des mécanismes d’entrée en vigueur de leurs lois
fondamentales.
V/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET POLITIQUES
L’entrée en vigueur de la Charte représente un moment charnière dans le
paysage juridique et politique. Elle signale la mise en place d’un nouveau cadre
juridique et institutionnel qui guidera la transition. Les implications de cette
transition sur le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, ainsi que sur la
gouvernance globale, méritent une exploration minutieuse.
En conclusion, l’article 60, tout en étant bref, engendre une série de questions
et de considérations qui méritent une analyse approfondie. Une articulation
plus claire des acteurs et des procédures impliqués dans l’adoption de la
Charte, ainsi qu’une réflexion sur l’harmonisation avec les normes juridiques
internationales, pourrait renforcer la robustesse et la légitimité de cette
disposition cruciale.
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TITRE V : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES
ARTICLE 61
En cas de contrariété entre la Charte de la Transition et la Constitution du 26
mars 1991, les dispositions de la présente Charte s’appliquent. La Cour
Constitutionnelle de la Transition statue en cas de litige.
COMMENTAIRES
L’Article 61 de la Charte de la Transition traite de la résolution des conflits
potentiels entre les dispositions de cette Charte et celles de la Constitution du
26 mars 1991. Il s’agit d’une clause importante qui cherche à établir la primauté
de la Charte de Transition dans le contexte juridique du processus de
transition. Cet article couvre plusieurs dimensions critiques de la gouvernance
transitionnelle, qui seront examinées ci-après :
I/ LA PRIMAUTÉ DE LA CHARTE DE TRANSITION
Le texte établit clairement la primauté de la Charte de Transition sur la
Constitution en cas de contradiction entre les deux textes. Cette primauté est
essentielle pour éviter l’ambiguïté juridique et assurer la stabilité du cadre
juridique durant la période de transition.
II/ RÉSOLUTION DES LITIGES PAR LA COUR CONSTITUTIONNELLE DE LA
TRANSITION
L’attribution du rôle de résolution des litiges à la Cour Constitutionnelle de la
Transition est un aspect judicieux de cet article. Cette disposition assure qu’il
existe un mécanisme institutionnel formel pour trancher les éventuels
désaccords sur l’interprétation des dispositions constitutionnelles et
transitoires.
III/ CLARTÉ ET PRÉCISIONS
L’Article 61 est rédigé de manière concise et claire, ce qui facilite la
compréhension de son contenu et de ses implications. Toutefois, il pourrait
être utile d’avoir plus de détails sur la procédure que la Cour Constitutionnelle
de la Transition suivra pour résoudre ces litiges.
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IV/ COMPARAISONS INTERNATIONALES
Dans plusieurs pays ayant traversé des périodes de transition, des dispositions
similaires ont été adoptées pour assurer la primauté des lois de transition. Par
exemple, en Afrique du Sud post-apartheid, des dispositions transitoires ont
été mises en place pour guider la transition vers une nouvelle dispensation
constitutionnelle.
V/ IMPLICATIONS JURIDIQUES ET POLITIQUES
Cette clause protège la période de transition contre les incertitudes juridiques
qui pourraient découler de contradictions entre les anciennes et nouvelles
dispositions. Elle favorise ainsi la mise en place d’un environnement stable
pour la réalisation des objectifs de la transition.
VI/ PROBLÉMATIQUES POTENTIELLES
Bien que l’Article 61 apporte une certaine clarté, il pourrait aussi créer des
tensions entre les organes de la Transition et les institutions existantes, surtout
si des divergences d’interprétation surgissent. Il pourrait également y avoir des
discussions sur l’adéquation entre certaines dispositions de la Charte de
Transition et les standards constitutionnels ou les conventions internationales.
En somme, l’Article 61 fournit un cadre important pour la gestion des relations
entre les normes constitutionnelles existantes et les exigences du processus de
transition. Son efficacité dans la facilitation d’une transition en douceur
dépendra en grande partie de l’intégrité, de l’impartialité et de l’efficacité de la
Cour Constitutionnelle de Transition.
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TITRE V : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES
ARTICLE 62
Jusqu’à la mise en place des organes de Transition, le Comité pour la
Transition et la Restauration des Institutions, en abrégé CTRI, prend les
mesures nécessaires au fonctionnement des pouvoirs publics, à la vie de la
Nation, à la protection des citoyens et à la sauvegarde des libertés.
COMMENTAIRES
L’article 62 de la Charte de la Transition aborde une phase cruciale dans le
processus de stabilisation et de transition d’un régime à un autre. Il dispose le
rôle temporaire du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions
(CTRI) avant l’établissement formel des organes de transition. L’analyse
suivante détaille les composants clés et les implications de cet article :
I/ CADRE TEMPORAIRE DE GOUVERNANCE
L’article 62 établit un mécanisme intérimaire permettant une continuité
gouvernementale en définissant le rôle du CTRI. C’est une étape nécessaire
pour éviter un vide politique ou administratif qui pourrait être exploité de
manière néfaste.
II/ FONCTIONS ESSENTIELLES DU CTRI
L’article 62 détaille les fonctions essentielles du CTRI, qui sont vastes et
comprennent le fonctionnement des pouvoirs publics, la protection de la vie
nationale, la sécurité des citoyens et la sauvegarde des libertés. Ces domaines
d’intervention sont cruciaux pour maintenir la stabilité et l’ordre durant la
période de transition.
III/ AUTORITÉ ADMINISTRATIVE
En confiant ces responsabilités au CTRI, l’article 62 instaure une autorité
administrative intérimaire, soulignant ainsi l’importance de la continuité
administrative dans les périodes de transition.
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IV/ DÉFIS ET CRITIQUES POTENTIELLES
Manque de détails : L’article peut être critiqué pour son manque de détails sur
la composition du CTRI, les procédures de prise de décision, et la manière dont
les droits et libertés seront sauvegardés.
Ambiguïté : Il peut y avoir une certaine ambiguïté quant à la durée exacte du
mandat du CTRI et les critères de transition vers les organes formels de
transition.
Responsabilité et Transparence : La mise en place d’un organe avec une telle
autorité exige des mécanismes solides de responsabilité et de transparence
pour prévenir tout abus de pouvoir.
V/ IMPLICATIONS JURIDIQUES
Il est impératif que l’opération du CTRI soit encadrée par des lois et
réglementations claires pour éviter toute outrepassement de pouvoir. De plus,
les actions du CTRI devraient être sujettes à un examen judiciaire pour assurer
la conformité avec la légalité et les droits de l’homme.
VI/ RECOMMANDATIONS
Un complément d’informations sur la mise en œuvre des mesures prévues
dans l’article serait utile pour éclairer les parties prenantes sur le
fonctionnement du CTRI.
La mise en place de mécanismes de contrôle et de surveillance pour s’assurer
que le CTRI opère dans le cadre de la légalité et dans l’intérêt public est
cruciale.
En conclusion, l’article 62 offre un cadre pour la gestion intérimaire du pays en
attendant la mise en place des organes de transition. Cependant, pour garantir
la transparence, la responsabilité et la protection des droits fondamentaux, il
est impératif que des procédures claires et des mécanismes de contrôle soient
établis et communiqués de manière transparente.
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CONCLUSION GÉNÉRALE
La Charte de la Transition gabonaise, en tant que document juridique
essentiel, pose les bases d’une période cruciale de transition dans l’État du
Gabon. Son exploration article par article révèle une tentative structurée de
naviguer à travers un territoire juridique et politique complexe, visant à rétablir
l’ordre, la légitimité et la confiance dans le système institutionnel du pays. La
perspective d’une action citoyenne sous-jacente à cette analyse renforce
l’impératif de transparence, d’engagement public et de responsabilité dans la
mise en œuvre de la Charte.
La dissection méticuleuse de chaque article de la Charte permet non
seulement une compréhension approfondie des dispositions juridiques, mais
soulève également des questions critiques, met en lumière des ambiguïtés et
propose des éclaircissements nécessaires. Ce processus révélateur est
indispensable pour évaluer l’efficacité, l’adéquation et la pertinence des
dispositions contenues dans la Charte, en particulier dans la manière dont elles
influent sur l’engagement civique et la participation citoyenne.
Les multiples dimensions abordées, allant des arrangements institutionnels,
des mécanismes de responsabilisation, aux garanties des droits de l’homme et
des libertés fondamentales, fournissent un éclairage essentiel sur l’architecture
de la transition envisagée. Les défis identifiés, ainsi que les recommandations
formulées, soulignent l’impératif d’une mise en œuvre réfléchie et inclusive de
la Charte. La nécessité d’un dialogue continu entre les parties prenantes, y
compris le gouvernement, la société civile et les citoyens, est mise en relief
pour assurer que la transition réponde aux aspirations démocratiques et aux
besoins du peuple gabonais.
Le commentaire approfondi de la Charte de la Transition a également mis en
lumière l’importance d’un cadre juridique solide, le rôle de la justice, et la
nécessité d’une approche collaborative et participative dans la phase de
transition. Il exhorte à une évaluation continue et une révision constructive de
la Charte pour répondre aux dynamiques socio-politiques changeantes et aux
impératifs de justice, d’équité et de bonne gouvernance.
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En somme, cette étude minutieuse de la Charte de la Transition gabonaise
réaffirme le rôle central des citoyens dans la démarche de transition et la
réalisation des objectifs de démocratisation, de restauration institutionnelle et
de réforme. Elle met en exergue le potentiel de la Charte comme un
instrument juridique et politique pour guider le Gabon à travers une période
de transformation essentielle, tout en appelant à une vigilance, une analyse et
une action citoyenne continues pour garantir que le processus de transition
demeure fidèle aux principes de justice, de démocratie et de bien-être pour
tous.
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INDEX ALPHABÉTIQUE
A
abus, 16, 48, 52, 96, 113, 148, 151 E
Administration publique, 9, 16
affaires, 13, 27, 92, 107, 111, 125, 129 efficacité, 21, 26, 72, 105, 106, 108, 109, 110, 111, 113,
âge, 41, 42, 67, 101, 102, 122, 123 117, 119, 121, 127, 129, 131, 138, 141, 143, 146, 148,
approbation, 11, 113, 114, 130, 152, 160, 163
158 armoiries, 29, 31 égalité, 13, 41, 42, 65, 66, 68, 74
asile, 77, 78 électeurs, 34, 41, 42, 137
Autonomie, 128, 141, 142 EMBLÈME, 29
avocat, 47, 48, 49, 57, 148 enfants, 51, 73
engagement, 2, 8, 14, 25, 46, 76, 78, 89, 98, 100,
101, 108,
B 115, 126, 129, 131, 132, 163
entreprise, 4, 16, 71, 72
bicamérale, épanouissement, 44, 64
118 étudiant, 32, 104
C F
candidats, 15, 34, 42, 67, 68, 101, 102, 137, 143
favoritisme, 20, 53, 102, 121,
carrière, 44
143 femme, 41, 66, 73, 145
centralisation, 109, 113, 123, 127
forces armées, 10, 11, 82, 111
chambre, 119, 126
forces de l’ordre, 47
chiffres, 146
Forces vives de la Nation,
circulation, 88
157, 158 fraternité, 19, 21
civisme, 19, 20
fraude, 12, 16, 51
CNT, 111, 112
frontières, 56, 77
collégialité, 150
Comité pour la Transition et la Restauration
des G
Institutions, 4, 8, 9, 10, 91, 93, 94, 155, 161
commissions, 128 gestion administrative,
COMPÉTENCES, 116 109, 150
Concorde, 3, 5, 29, 30, 31
Constitution, 10, 19, 20, 23, 25, 26, 29, 30, 93, 95, H
96, 97, homme, 12, 13, 14, 15, 25, 26, 41, 46, 66, 73, 74,
111, 112, 133, 134, 139, 159 76, 148,
CONSTITUTION DU 26 MARS 1991, 20 155, 156, 162, 163
contrôle de constitutionnalité, 139, 141 homosexuelles, 73
Contrôle judiciaire, 148 hôpitaux, 16, 84, 85
conventions, 76, 160
Cour Constitutionnelle de la Transition, 91, 92, I
105, 139, impartialité, 14, 19, 20, 123, 125, 140, 143, 144,
141, 142, 144, 159 160 Impôt progressif, 84
crimes, 9, 16, 17 inclusivité, 14, 115, 157
croissance, 18, 71 indépendance, 11, 23, 25, 27, 32, 36, 37, 104,
CULTE, 69 123, 125,
126, 127, 128, 136, 141, 142, 143, 144
D indésirables, 103
INDIVISIBLE, 27
DÉFENSE, 49, 81, 85 Institutions de la République, 150
dégradants, 43, 45, 46 intérêts, 11, 14, 16, 17, 21, 35, 72, 100, 101, 110, 116,
Démocratie, 62 126, 131, 136, 138, 143
désaccord, 21, 35, 153 interprétations, 2, 116, 117, 146
détenu, 46, 47 intimidations, 39
devise, 29, 31 investiture, 98, 104, 155
devoir, 20, 34, 35, 72, 74, 81, 82, 83, 85, 86, 87, 88,
94, 131 dialogue, 19, 21, 122, 149, 163
discrimination, 14, 43, 47, 53, 54, 66, 68, 101, 116 J
Dispositions transitoires et finales, 155 Justice, 9, 19, 20, 23, 25,
DRAPEAU, 29 29, 31
droit d’accès, 67
droit pénal, 49, 51
droits individuels, 40, 47, 48, 56, 58, 69, 70, 80
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L Q
L’HETEROSEXUALITE, 74 quotas, 55,
langue, 32, 33, 44 146
législation, 62
liberté d’expression, 13, 39, 40, 41, 69, 70, 90
Libertés fondamentales, 13
R
REFONDATION, 23
Règlement intérieur, 128, 129
réglementaire, 72
M religion, 13, 14, 17, 21, 28, 36, 39, 41, 53, 65, 66,
mandat, 8, 12, 57, 98, 99, 105, 125, 126, 127, 137, 67, 68,
153, 69, 77
162 représentativité, 114, 119, 120, 121, 126, 146, 157
médias, 62 réseaux, 137
MENTALE, 101, 116
monarchie, 36 S
multilatérales, 76 sanctions, 37, 38, 51, 90, 138
sanitaire, 60
N sceau, 29, 31
Nomination, 121, 123, 125, secret, 57
142 Secrétariat général, 109
séparation des pouvoirs, 28, 118, 121, 126, 127, 128,
O 136,
ordre public, 43, 44, 60, 91 143, 152
origine, 14, 17, 18, 21, 27, 41, 53, 65, 66, 67, 77, Services publics, 84
78, 81, SILENCE, 117
100, 115 SOUVERAINETÉ, 27, 29, 32, 34, 36
spirituelle, 44
P subversion, 34
Parlement de la Transition, 91, 92, 118, 119, 125, suffrage, 34, 89, 90
127, système judiciaire, 16, 42, 48, 50, 52
128, 129, 130, 133, 134, 136, 138, 152, 153
patrie, 20, 81, 82, 104
PHYSIQUE, 43, 101, 116 T
pluraliste, 123 TERRES, 80
politique, 9, 10, 11, 14, 16, 17, 23, 25, 27, 28, 34, 35, Terrorisme, 147
42, terroriste, 40
TRAHISON, 37
53, 54, 69, 77, 89, 90, 95, 99, 100, 102, 103, 106, 110, transparence, 19, 21, 25, 62, 68, 103, 105, 106, 109,
111, 112, 115, 116, 118, 120, 121, 123, 126, 130, 133, 110,
134, 137, 138, 143, 145, 157, 158, 161, 163 114, 116, 117, 126, 129, 131, 132, 140, 143, 144, 148,
150, 158, 162, 163
PREMIER MINISTRE, 117
Transparence, 68, 162
Président de la Transition, 91, 93, 94, 95, 96, 97, TRAVAIL, 31, 65, 66
98, 100, travailleurs, 66
102, 103, 104, 105, 107, 109, 111, 113, 114, 120, 121,
122, 123, 125, 126, 142, 143, 152, 153, 155
U
probité, 19, 20 urgence, 23, 24, 39, 40, 97,
procédures, 31, 48, 49, 75, 80, 89, 90, 106, 129, 119, 128
158, 162
procès, 39, 40, 41, 42, 49, 148 V
Promulgation, 153
valeurs familiales, 74
propriété, 79, 80, 86 Vice-Président, 104, 107, 108, 110
Protection, 24, 66, 70 vie, 10, 13, 28, 42, 43, 44, 57, 58, 62,
public, 1, 2, 10, 14, 16, 21, 23, 46, 52, 58, 60, 61, 69, 73, 161 violations, 9, 12, 13, 38, 39, 138,
155, 156
79, 86,
102, 114, 123, 129, 132, 143, 158, 162, 163
publication, 105, 106
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TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS .....................................................................................................................................................................2
PRÉFACE ......................................................................................................................................................................................3
INTRODUCTION ......................................................................................................................................................................4
CHARTE DE LA TRANSITION ..........................................................................................................................................7
PRÉAMBULE .............................................................................................................................................................................8
TITRE I : VALEURS, PRINCIPES ET MISSIONS DE LA TRANSITION ......................................................21
CHAPITRE Ier : DES VALEURS ET DES PRINCIPES ........................................................................................21
Article 1er ....................................................................................................................................................................................21
CHAPITRE II : DES MISSIONS .......................................................................................................................................25
Article 2 : .....................................................................................................................................................................................25
CHAPITRE III : DE L’ÉTAT ET DE LA SOUVERAINETÉ ..................................................................................30
Article 3 .......................................................................................................................................................................................30
Article 4 .......................................................................................................................................................................................32
Article 5 .......................................................................................................................................................................................36
Article 6 .......................................................................................................................................................................................38
Article 7 ........................................................................................................................................................................................41
CHAPITRE IV : DES LIBERTÉS, DEVOIRS ET DROITS FONDAMENTAUX ......................................44
Article 8 ......................................................................................................................................................................................44
Article 9 ......................................................................................................................................................................................46
Article 10 ....................................................................................................................................................................................48
Article 11 ......................................................................................................................................................................................50
Article 12 .....................................................................................................................................................................................52
Article 13 .....................................................................................................................................................................................54
Article 14 .....................................................................................................................................................................................56
Article 15 .....................................................................................................................................................................................58
Article 16 .....................................................................................................................................................................................60
Article 17 .....................................................................................................................................................................................62
Article 18 ....................................................................................................................................................................................64
Article 19 .....................................................................................................................................................................................66
Article 20 ...................................................................................................................................................................................68
Article 21 .....................................................................................................................................................................................70
Article 22 ....................................................................................................................................................................................72
Article 23 ....................................................................................................................................................................................74
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Article 24 ....................................................................................................................................................................................76
Article 25.....................................................................................................................................................................................78
Article 26.....................................................................................................................................................................................80
Article 27.....................................................................................................................................................................................82
Article 28.....................................................................................................................................................................................84
Article 29.................................................................................................................................................................................... 86
Article 30.....................................................................................................................................................................................88
Article 31..................................................................................................................................................................................... 90
Article 32 ....................................................................................................................................................................................92
Article 33 ....................................................................................................................................................................................94
TITRE II : DES ORGANES DE LA TRANSITION ...................................................................................................96
Article 34 ....................................................................................................................................................................................96
CHAPITRE I : DU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION ........................................................................................98
Article 35 ....................................................................................................................................................................................98
Article 36 ..................................................................................................................................................................................100
Article 37...................................................................................................................................................................................103
Article 38.................................................................................................................................................................................. 105
Article 39.................................................................................................................................................................................. 109
Article 40 ...................................................................................................................................................................................112
Article 41 ....................................................................................................................................................................................114
CHAPITRE II : DU CONSEIL NATIONAL DE LA TRANSITION ..................................................................116
Article 42 ...................................................................................................................................................................................116
CHAPITRE III : DU GOUVERNEMENT DE LA TRANSITION ......................................................................118
Article 43 ...................................................................................................................................................................................118
Article 44 .................................................................................................................................................................................120
CHAPITRE IV : DU PARLEMENT DE LA TRANSITION .................................................................................123
Article 45 ..................................................................................................................................................................................123
Article 46 ..................................................................................................................................................................................125
Article 47 ..................................................................................................................................................................................127
Article 48 ..................................................................................................................................................................................130
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Article 49 ..................................................................................................................................................................................133
Article 50 ..................................................................................................................................................................................135
Article 51 ...................................................................................................................................................................................138
Article 52 ..................................................................................................................................................................................140
CHAPITRE V : DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE DE LA TRANSITION .....................................143
Article 53 ..................................................................................................................................................................................143
Article 54 ..................................................................................................................................................................................146
CHAPITRE VI : DES AUTRES DISPOSITIONS ...................................................................................................149
Article 55 ..................................................................................................................................................................................149
Article 56 ..................................................................................................................................................................................151
Article 57 ..................................................................................................................................................................................154
TITRE IV : DE LA RÉVISION DE LA CHARTE DE LA TRANSITION .......................................................156
Article 58 ..................................................................................................................................................................................156
TITRE V : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES ...............................................................................159
Article 59 ..................................................................................................................................................................................159
Article 60 ..................................................................................................................................................................................161
Article 61 ...................................................................................................................................................................................163
Article 62 ..................................................................................................................................................................................165
CONCLUSION GÉNÉRALE ...........................................................................................................................................167
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