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Définitions de Volonté - Kant

Ces définitions présentent différentes conceptions de la volonté selon plusieurs philosophes comme Kant, Hobbes, Locke et Maine de Biran. La volonté est décrite comme la faculté d'agir selon des principes, des concepts ou la raison pratique.

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Définitions de Volonté - Kant

Ces définitions présentent différentes conceptions de la volonté selon plusieurs philosophes comme Kant, Hobbes, Locke et Maine de Biran. La volonté est décrite comme la faculté d'agir selon des principes, des concepts ou la raison pratique.

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Définitions

Faculté d’agir d’après des principes


« Toute chose dans la nature agit d'après des lois. Il n'y a qu'un être
raisonnable qui ait la faculté d'agir d'après la représentation des lois, c'est-à-
dire d'après les principes, en d'autres termes, qui ait une volonté. Puisque,
pour dériver les actions des lois, la raison est requise, la volonté n'est rien
d'autre qu'une raison pratique. » Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs,
II, p 122.
Faculté d’agir d’après des concepts
« La volonté, comme faculté de désirer, est une d’entre les multiples causes
naturelles dans le monde, à savoir celle qui agit d’après des concepts ; et tout
ce qui est représenté comme possible (ou nécessaire) par une volonté se
nomme pratiquement possible (ou nécessaire) à la différence de la possibilité
ou de la nécessité physique d’un effet, dont la cause n’est pas déterminée à
posséder de la causalité par des concepts (mais par mécanisme comme pour
la matière inanimée et par instincts chez les animaux). – Ici on laisse
indéterminé par rapport au pratique si le concept, qui donne la règle à la
causalité de la volonté, est un concept naturel ou un concept de la liberté. »
Kant, Critique de la faculté de juger, Vrin, 1968, Introduction, I, p. 22-23.
« La faculté de désirer, dans la mesure où elle n’est déterminable que par des
concepts, c’est-à-dire conformément à la représentation d’une fin, serait la
volonté » Kant, Critique de la faculté de juger, Vrin, 1968, § 10, p. 63.
Raison pratique
« Toute chose dans la nature agit d'après des lois. Il n'y a qu'un être
raisonnable qui ait la faculté d'agir d'après la représentation des lois, c'est-à-
dire d'après les principes, en d'autres termes, qui ait une volonté. Puisque,
pour dériver les actions des lois, la raison est requise, la volonté n'est rien
d'autre qu'une raison pratique. » Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs,
II, p 122.
Acte et non faculté
« Dans la délibération, le dernier appétit ou la dernière aversion, qui se trouve
au contact immédiat avec l’action ou son omission, est ce qu’on appelle
volonté : c’est l’acte (non la faculté) de vouloir » Hobbes, Léviathan, I, 6, p. 56.
Il ne faut pas définir la volonté comme un appétit rationnel, mais
comme un appétit résultant d’une délibération
« Dans la délibération, le dernier appétit ou la dernière aversion, qui se trouve
en contact immédiat avec l'action ou son omission, est ce qu'on appelle la
volonté : c'est l'acte (non la faculté) de vouloir. Les bêtes, qui ont la
délibération, doivent nécessairement avoir aussi la volonté. La définition que
les Écoles donnent communément de la volonté, que c'est un appétit
rationnel, n'est pas bonne : car s'il en était ainsi, il ne pourrait pas y avoir
d'acte volontaire contraire à la raison. Un acte volontaire est en effet celui qui
procède de la volonté, et rien d'autre. Mais si, au lieu d'appétit rationnel, on
disait appétit résultant d'une délibération antécédente, alors la définition ne
diffère en rien de celle que j'ai donnée. La volonté est donc l'appétit qui
intervient le dernier au cours de la délibération. Et quoi qu'on dise, dans la
conversation courante, qu'un homme a eu la volonté de faire une chose que
néanmoins il s'est abstenu de faire, cela n'est cependant à proprement parler
qu'une inclination, chose qui ne rend volontaire aucune action, puisque
l'action ne dépend pas d'elle, mais de la dernière inclination, du dernier
appétit. » Hobbes, Léviathan, I, ch. 6.
Faculté de mouvoir
« La volonté n’est autre que le pouvoir de l’esprit d’orienter les facultés
opératoires d’un homme au mouvement et au repos, dans la mesure où elles
dépendent d’une telle orientation. » Locke, Essai sur l’entendement humain, II, 21,
§ 29.
La thèse de Locke est résumée et approuvée ainsi par Maine de Biran : « La
volonté n’est autre chose qu’une puissance ou faculté de mouvoir ; c’est une
force essentiellement agissante. Vainement, elle a été confondue avec les
différentes affections, et surtout avec le désir ; et c’est cette méprise qui est la
cause des égarements où l’on est tombé sur cette matière. Ne sentons-nous pas en
effet que nous pouvons faire volontairement ou librement un acte en désirant une
chose contraire ? La volonté ne se rapporte donc qu’à nos propres actions ;
elle se termine là sans aller plus loin ; et la volition n'est que cette détermination
particulière, par laquelle l’âme fait effort, pour produire, suspendre ou arrêter un
mouvement qu’elle sait être en son pouvoir. Voilà bien, je crois, le sens
véritable que la réflexion attache à l’idée simple de vouloir. » Maine de Biran,
Mémoire sur la décomposition de la pensée, Vrin, p. 398-399.
La volonté, concept « artificiel » ?
La volonté est un « concept artificiel » inventé pour résoudre des problèmes
eux-mêmes artificiels : Ryle, La notion d’esprit, cité par H. Arendt, La vie de
l’esprit, II, 72.
Distinctions
Voir Claude Romano, art. « Volonté » du Vocabulaire européen des philosophies. La
volonté ne doit pas être confondue avec :
- La proairesis d’Aristote (elle ne relève pas d’un pouvoir de se déterminer soi-même,
mais désigne un jugement et une décision de l’intellect pratique).
- La boulesis d’Aristote (logistikè horexis, Rhét., I, 10, 1369a2), qui n’est soumise que par
accident à la raison (on peut souhaiter l’impossible : EN, III, 2, 111b22).
- La sunkatathesis (assentiment) des stoïciens, dont le caractère libre n’est pas une
propriété de la volonté, mais du jugement1.
- La logikè hormè de l’ancien stoïcisme, qui n’est pas une faculté de l’âme distincte de la
raison.
- La thelesis d’Epictète, qui n’est pas une fonction nettement spécifiée.
- La voluntas de Saint Augustin, qui n’est pas une faculté distincte de l’amour.
Désir et volonté
Descartes, Traité des passions, art. 80 : « Au reste, par le mot de volonté, je
n’entends pas ici parler du désir, qui est une passion à part et se rapporte à
l’avenir ; mais du consentement… ». Descartes commente ici sa définition de
l’amour, qui incite l’âme « à se joindre de volonté aux objets qui paraissent lui être
convenables ».
Heidegger, Nietzsche, I, Gallimard, 1971, p. 43-44.
Actions volontaires : corps et esprit
« Nos volontés sont de deux sortes. Car les unes sont des actions de l’âme qui
se terminent en l’âme même, comme lorsque nous voulons aimer Dieu ou

1
Taylor, par contre (Les sources du moi, p. 186) fait de l’assentiment des
stoïciens une des sources de la notion nouvelle de volonté qui apparaît chez les
stoïciens.
généralement appliquer notre pensée à quelque objet qui n’est point matériel.
Les autres sont des actions qui se terminent en notre corps, comme lorsque
de cela seul que nous avons la volonté de nous promener, il suit que nos
jambes se remuent et que nous marchons. » Descartes, Les passions de l’âme, art.
18.
Termes associés
Acrasie
Aristote, Éthique à Nicomaque, III.
Ruwen Ogien, La faiblesse de la volonté, PUF, 1993.
Taylor, Les sources du moi, Seuil, 1998, p. 187 (montre que l’acrasie représente
un problème important pour les théories qui procèdent de Socrate, alors que
pour Augustin, l’acrasie n’est pas tant un problème que la crise principale de
l’expérience morale.
Volontarisme
Sur le cynisme antique comme volontarisme, voir Comte-Sponville, Valeur et
vérité, p. 35-36.
Origine du concept de volonté
Stoïcisme
Sur la naissance de la notion de volonté chez les stoïciens et le rôle charnière
que joue saint Augustin dans la formation du concept, voir Charles Taylor,
Les sources du moi, Seuil, 1998, p. 185-187.
Saint Augustin
Sur la naissance de la notion de volonté chez les stoïciens et le rôle charnière
que joue saint Augustin dans la formation du concept, voir Charles Taylor,
Les sources du moi, Seuil, 1998, p. 185-187.
Invention médiévale (Maxime le Confesseur)
La volonté se définit essentiellement comme « appetitus rationalis sive
intellectualis », distinct aussi bien du désir que de la raison, et qui constitue
l’instrument de la liberté. L’invention de cette faculté remonte à Maxime le
Confesseur, qui attribuait au Christ (querelle du monothélisme) une volonté
humaine, mais naturellement droite. Sur cette volonté naturelle (à distinguer
de la volonté « gnomique », ou délibérative, qui peur errer), voir R.A.
Gauthier, « Saint Maxime le Confesseur et la psychologie de l’acte humain »,
Recherches de théologie ancienne et médiévale, 21, 1954, p. 77-822.
Propriétés de la volonté
Libre
2
Barnes ironise sur cette invention de la volonté « vers l’année 645 de notre ère »
(J. Barnes, « Aristote chez les anglophones », Critique, 1980, p. 711) et tente de
montrer que le concept d’horexis chez Aristote présente au moins deux des
caractères de la « théorie traditionnelle de la volonté » : c’est une faculté
(dunamis) et elle a un pouvoir causal sur nos actions. Quant au troisième caractère
de cette « conception traditionnelle », le fait que cette faculté rend nos actions
« volontaires », Barnes montre qu’Aristote l’admet, mais de façon nuancée (à la
différence de Hume). Kenny, par contre, dont Barnes critique la thèse (Kenny,
Aristotle’s Theory of the Will, Londres, 1979) montre qu’Aristote ne conçoit
absolument pas la volonté de cette façon traditionnelle, et se est plus proche des
conceptions de Ryle et de Wittgenstein.
Origine de l’idée moderne de liberté de la volonté
Sur l’idée moderne de liberté de la volonté et d’autonomie, en laquelle
se révèle le moi véritable, et dont dépend la valeur spécifique de
l’homme, voir E. Cassirer, Descartes, Corneille et Christine de Suède, p. 79
sq.
Cassirer insiste sur le rôle de Pierre Charron, qui s’est « engagé sur un
chemin qui dépassera le pyrrhonisme de Montaigne pour aboutir au
rationalisme de Descartes » (p. 80).
Sur le rapport de Descartes à Kant, voir p. 22-23.
La liberté constitue la substance et la destination de la volonté
« La volonté est libre, à ce point que la liberté constitue sa substance
et sa destination » Hegel, Principes de la philosophie du droit, § 4.
Infinie
Chez Saint Thomas, la volonté est infinie parce qu’elle est rationnelle (elle a
pour objet le bien en général et ne peut donc se satisfaire d’un objet fini),
alors que pour Descartes, le caractère infini de la volonté lui vient de son
indépendance à l’égard de toute détermination extérieure.
Voir Laporte, « La liberté selon Descartes », Revue de métaphysique et de morale,
1937, p. 142 et p. 120, note 8.
Les actions « volontaires »
Conditions de l’action volontaire
Aristote, Éthique à Nicomaque, III :
Le « volontaire » (hekousion) se définit (1) par l’absence de contrainte (le principe
de l’acte réside dans l’agent) et (2) par la connaissance des circonstances de
l’action (pour agir « volontairement », il faut savoir ce qu’on fait).
Il suffit que l’un ou l’autre de ces deux facteurs soit absent pour que l’acte
soit involontaire.
Les critères du « volontaire » qui conduisent à cette définition sont :
- L’éloge et le blâme (un acte est volontaire s’il est loué ou blâmé).
- La présence ou l’absence de repentir.
Mouvement volontaire des animaux
L’imagination est le « premier commencement interne » du
mouvement volontaire des animaux
Hobbes (Léviathan, I, 6, p. 46) distingue le mouvement volontaire (ou animal)
du mouvement vital, qui ne requiert pas l’aide de l’imagination.
Volonté et délibération des animaux
« Dans la délibération, le dernier appétit ou la dernière aversion, qui se trouve
en contact immédiat avec l'action ou son omission, est ce qu'on appelle la
volonté : c'est l'acte (non la faculté) de vouloir. Les bêtes, qui ont la
délibération, doivent nécessairement avoir aussi la volonté. La définition que
les Écoles donnent communément de la volonté, que c'est un appétit
rationnel, n'est pas bonne : car s'il en était ainsi, il ne pourrait pas y avoir
d'acte volontaire contraire à la raison. » Hobbes, Léviathan, I, ch. 6.
Force et faiblesse de la volonté
Aristote, Éthique à Nicomaque, III.
Davidson, D., « How is weakness of the Will possible ? » (1969), dans Essays on
Actions and Events, Oxford, 1980 ; traduit par Pascal Engel : Actions et événements, PUF,
1993.
Engel, Pascal, « Les croyances », dans Kambouchner, Notions de philosophie, II, p. 69 sq.
Ogien, Ruwen La faiblesse de la volonté, PUF, 1993.
Taylor, Les sources du moi, Seuil, 1998, p. 187 (montre que l’acrasie représente un
problème important pour les théories qui procèdent de Socrate, alors que pour
Augustin, l’acrasie n’est pas tant un problème que la crise principale de l’expérience
morale.
Il est impossible d’agir contre sa volonté
Il est impossible de ne pas faire ce qu’on veut :
« Dans la délibération, le dernier appétit ou la dernière aversion, qui se trouve
en contact immédiat avec l'action ou son omission, est ce qu'on appelle la
volonté : c'est l'acte (non la faculté) de vouloir. [...] La définition que les
Écoles donnent communément de la volonté, que c'est un appétit rationnel,
n'est pas bonne : car s'il en était ainsi, il ne pourrait pas y avoir d'acte
volontaire contraire à la raison. Un acte volontaire est en effet celui qui
procède de la volonté, et rien d'autre. Mais si, au lieu d'appétit rationnel, on
disait appétit résultant d'une délibération antécédente, alors la définition ne
diffère en rien de celle que j'ai donnée. La volonté est donc l'appétit qui
intervient le dernier au cours de la délibération. Et quoi qu'on dise, dans la
conversation courante, qu'un homme a eu la volonté de faire une chose que
néanmoins il s'est abstenu de faire, cela n'est cependant à proprement parler
qu'une inclination, chose qui ne rend volontaire aucune action, puisque
l'action ne dépend pas d'elle, mais de la dernière inclination, du dernier
appétit. » Hobbes, Léviathan, I, ch. 6.
Volonté divine et volonté propre
La volonté parfaite serait d’entrer tout entier dans la volonté de Dieu
« La volonté parfaite et vraie serait d’entrer tout entier dans la volonté de
Dieu et de rester sans volonté propre » Maître Eckhart, « Entretiens spirituels
», dans Traités et sermons, GF, p. 94.
Renoncer à la volonté propre, condition du contentement
« La volonté propre ne se satisfera jamais, quand elle aurait pouvoir de tout
ce qu’elle veut ; mais on est satisfait dès l’instant qu’on y renonce. Sans elle
on ne peut être malcontent ; par elle on ne peut être content. » Pascal, Pensées,
343 (Le Guern).
Volonté générale
Sur le concept rousseauiste de « volonté générale », voir Philonenko, Jean-Jacques
Rousseau et la pensée du malheur, III, Vrin, 1984, chapitre 2 ; Cf. aussi Luc Ferry,
Philosophie politique, III, PUF, 1985, p. 76-79 ; Badiou, L’être et l’événement, p. 379-389.
Acte pur de l’entendement
C’est un « acte pur de l’entendement qui raisonne dans le silence des passions
sur ce que l’homme peut exiger de son semblable, et sur ce que son
semblable peut exiger de lui » Rousseau, Contrat social, 1e version, Pléiade, III,
p. 286.
Volonté générale et volonté de tous
« Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté
générale; celle-ci ne regarde qu'à l'intérêt commun, l'autre regarde à l'intérêt
privé, et n'est qu'une somme de volontés particulières: mais ôtez de ces
mêmes volontés les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour
somme des différences la volonté générale.
Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les citoyens n'avaient
aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences
résulterait toujours la volonté générale, et la délibération serait toujours
bonne. Mais quand il se fait des brigues, des associations partielles aux dépens
de la grande, la volonté de chacune de ces associations devient générale par
rapport à ses membres, et particulière par rapport à l'Etat; on peut dire alors
qu'il n'y a plus autant de votants que d'hommes, mais seulement autant que
d'associations. Les différences deviennent moins nombreuses et donnent un
résultat moins général. Enfin quand une de ces associations est si grande
qu'elle l'emporte sur toutes les autres, vous n'avez plus pour résultat une
somme de petites différences, mais une différence unique; alors il n'y a plus
de volonté générale, et l'avis qui l'emporte n'est qu'un avis particulier.
Il importe donc pour avoir bien l'énoncé de la volonté générale qu'il n'y ait
pas de société partielle dans l'Etat et que chaque citoyen n'opine que d'après
lui . Telle fut l'unique et sublime institution du grand Lycurgue. Que s'il y a
des sociétés partielles, il en faut multiplier le nombre et en prévenir l'inégalité,
comme firent Solon, Numa, Servius. Ces précautions sont les seules bonnes
pour que la volonté générale soit toujours éclairée, et que le peuple ne se
trompe point. » Rousseau, Du contrat social, II, 3.
Sur le rapport entre la « somme des différences » dont parle Rousseau et le
calcul infinitésimal, voir Philonenko, Jean-Jacques Rousseau et la pensée du malheur,
III, Vrin, 1984, chapitre 2.
Cf. aussi Luc Ferry, Philosophie politique, III, PUF, 1985, p. 76-79.
Le cours de Deleuze sur Leibniz du 29 avril 1980 cite, dans un autre contexte,
un exemple d’intégration (emprunté à Turro, Les origines de la connaissance, 1914)
qui pourrait éclairer indirectement la volonté générale : toute faim est
composée de petites fins inconscienctes. On change simplement de plan en
passant des « petites perceptions » leibniziennes à l’aperception globale
(aperception), comme on change de plan lorsqu’on passe des volontés
individuelles à la volonté générale.
La volonté générale est libre
« La souveraineté, qui n’est que l’exercice de la volonté générale, est libre
comme elle et n’est soumise à aucune espèce d’engagement. Chaque acte de
souveraineté, ainsi que chaque instant de sa durée, est absolu, indépendant de
celui qui précède ; et jamais le souverain n’agit parce qu’il a voulu, mais parce
qu’il veut » Rousseau, fragment recueilli par Vaughan (Political Writings, I,
311) et cité par Derathé, J.-J. Rousseau et la science politique de son temps, p. 337.
Croyance et volonté ; jugement et volonté
Engel, Pascal, « Les croyances », dans Kambouchner, Notions de philosophie, II.
La volonté est « un des principaux organes de la créance »
« Il y a différence universelle et essentielle entre les actions de la volonté et
toutes les autres. La volonté est un des principaux organes de la créance ; non
qu’elle forme la créance, mais parce que les choses sont vraies ou fausses,
selon la face par où on les regarde. La volonté, qui se plaît à l’une plus qu’à
l’autre, détourne l’esprit de considérer les qualités de celles qu’elle n’aime pas
à voir ; et ainsi l’esprit, marchant d’une pièce avec la volonté, s’arrête à
regarder la face qu’elle aime ; et ainsi il en juge par ce qu’il voit » Pascal,
Pensées, fr. 99 Br. (pour une comparaison avec Saint Thomas, voir Laporte,
« Le libre arbitre et l’attention selon Saint Thomas », RMM, 1932, p. 212.
Entendement et volonté
Joseph Moreau, « Sur Epictète et Pascal », dans Stoïcisme, épicurisme, tradition héllénique,
Vrin, 1979, p. 89-102.
Volonté et entendement s’impliquent mutuellement
« Nous ne saurions vouloir une chose sans la comprendre en même temps, et
nous ne saurions presque rien comprendre sans vouloir en même temps
quelque chose » Descartes, Lettre à Regius, mai 1641 (édition Alquié, II, p. 333)
Il n’y a pas de volonté sans représentation
« Il n’y a aucun désir ou vouloir humain sans représentation » Hegel, Science de
la logique, Préface de la seconde édition (traduction de B. Bourgeois : Science de
la logique, Livre premier, Vrin, 2015, p. 36).
La volonté se distingue aussi bien de l’intelligence que de la
sensibilité ; elle agit inconsciemment et silencieusement
« Quand, quelques jours après le départ de Saint-Loup, j’eus réussi à ce
qu’Elstir donnât une petite matinée où je rencontrerais Albertine, le charme
et l’élégance tout momentanés qu’on me trouva au moment où je sortais du
Grand-Hôtel (et qui était dus à un repos prolongé, à des frais de toilette
spéciaux), je regrettai de ne pas pouvoir les réserver (et aussi le crédit d’Elstir)
pour la conquête de quelque autre personne plus intéressante, je regrettai de
consommer tout cela pour le simple plaisir de faire la connaissance
d’Albertine. Mon intelligence jugeait ce plaisir fort peu précieux, depuis qu’il
était assuré. Mais en moi la volonté ne partagea pas un instant cette illusion,
la volonté qui est le serviteur persévérant et immuable de nos personnalités
successives ; cachée dans l’ombre, dédaignée, inlassablement fidèle, travaillant
sans cesse, et sans se soucier des variations de notre moi, à ce qu’il ne
manque jamais du nécessaire. Pendant qu’au moment où va se réaliser un
voyage désiré, l’intelligence et la sensibilité commencent à se demander s’il
vaut vraiment la peine d’être entrepris, la volonté qui sait que ces maîtres
oisifs recommenceraient immédiatement à trouver merveilleux ce voyage, si
celui-ci ne pouvait avoir lieu, la volonté les laisse disserter devant la gare,
multiplier les hésitations ; mais elle s’occupe de prendre les billets et de nous
mettre en wagon pour l’heure du départ. Elle est aussi invariable que
l’intelligence et la sensibilité sont changeantes, mais comme elle est
silencieuse, ne donne pas ses raisons, elle semble presque inexistante ; c’est sa
ferme détermination que suivent les autres parties de notre moi, mais sans
l’apercevoir, tandis qu’elles distinguent nettement leurs propres incertitudes. »
Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleur, GF, p. 262. Cf. aussi p. 248.
Le Moi et la volonté
La liberté de la volonté, révélatrice du moi véritable
Sur l’idée moderne de liberté de la volonté et d’autonomie, en laquelle se
révèle le moi véritable, et dont dépend la valeur spécifique de l’homme, voir
E. Cassirer, Descartes, Corneille et Christine de Suède, p. 79 sq.
Cassirer insiste sur le rôle de Pierre Charron, qui s’est « engagé sur un chemin
qui dépassera le pyrrhonisme de Montaigne pour aboutir au rationalisme de
Descartes » (p. 80).
Sur le rapport de Descartes à Kant, voir p. 22-23.
Morale et volonté
La bonne volonté
Maître Eckhart, Traités et sermons, GF, p. 89 et passim.
Bonne volonté et générosité
Sur le rapport entre l’idée de dignité humaine, reposant sur la bonne
volonté, et la générosité cartésienne, voir Taylor, Les sources du moi,
Seuil, 1998, p. 206 (et l’ensemble du chapitre 8, consacré à Descartes).
Cf. Cassirer, Descartes, Corneille et Christine de Suède, Vrin, 1997, p. 23 :
« Le mot célèbre de Kant d’après lequel on ne saurait rien imaginer
dans le monde, ni même hors du monde, qui puisse être considéré
sans limitation comme bon, si ce n’est la bonne volonté, a pour la
première fois été prononcé par Descartes, dans Les passions de l’âme. »
La vertu réside dans la bonne volonté
« Art. 152. Pour quelle cause on peut s’estimer.
« Et parce que l’une des principales parties de la sagesse est de savoir
en quelle façon et pour quelle cause chacun se doit estimer ou
mépriser, je tâcherai ici d’en dire mon opinion. Je ne remarque en
nous qu’une seule chose qui nous puisse donner juste raison de nous
estimer, à savoir l’usage de notre libre arbitre, et l’empire que nous
avons sur nos volontés. Car il n’y a que les seules actions qui
dépendent de ce libre arbitre pour lesquelles nous puissions avec
raison être loués ou blâmés, et il nous rend en quelque façon
semblables à Dieu en nous faisant maîtres de nous-mêmes, pourvu
que nous ne perdions point par lâcheté les droits qu’il nous donne.
Art. 153. En quoi consiste la générosité.
Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime
au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer, consiste
seulement partie en ce qu’il connaît qu’il n’y a rien qui véritablement
lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi
il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu’il en use bien ou mal, et
partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution
d’en bien user, c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour
entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les
meilleures. Ce qui est suivre parfaitement la vertu. » Descartes, Les
passions de l’âme, art. 152-153.
Seule la volonté peut être « bonne » sans restriction
« De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même
en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être
tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTÉ.
L'intelligence, le don de saisir les ressemblances des choses, la faculté
de discerner le particulier pour en juger, et les autres talents de l'esprit,
de quelque nom qu'on les désigne, ou bien le courage, la décision, la
persévérance dans les desseins, comme qualités du tempérament, sont
sans doute à bien des égards choses bonnes et désirables ; mais ces
dons de la nature peuvent devenir aussi extrêmement mauvais et
funestes si la volonté qui doit en faire usage, et dont les dispositions
propres s'appellent pour cela caractère, n'est point bonne. Il en est de
même des dons de la fortune. Le pouvoir, la richesse, la considération,
même la santé ainsi que le bien-être complet et le contentement de
son état, ce qu'on nomme le bonheur, engendrent une confiance en soi
qui souvent aussi se convertit en présomption, dès qu'il n'y a pas une
bonne volonté pour redresser et tourner vers des fins universelles
l'influence que ces avantages ont sur 1'âme, et du même coup tout le
principe de l'action ; sans compter qu'un spectateur raisonnable et
impartial ne saurait jamais éprouver de satisfaction à voir que tout
réussisse perpétuellement à un être que ne relève aucun trait de pure
et bonne volonté, et qu'ainsi la bonne volonté paraît constituer la
condition indispensable même de ce qui nous rend dignes d'être
heureux. » Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, I (traduction
Delbos).
Renoncer à la volonté propre
La volonté parfaite serait d’entrer tout entier dans la volonté de
Dieu
« La volonté parfaite et vraie serait d’entrer tout entier dans la volonté
de Dieu et de rester sans volonté propre » Maître Eckhart,
« Entretiens spirituels », dans Traités et sermons, GF, p. 94.
Renoncer à la volonté propre, condition du contentement
« La volonté propre ne se satisfera jamais, quand elle aurait pouvoir
de tout ce qu’elle veut ; mais on est satisfait dès l’instant qu’on y
renonce. Sans elle on ne peut être malcontent ; par elle on ne peut
être content. » Pascal, Pensées, 343 (Le Guern).
La volonté, seul fondement de la morale
Comte-Sponville, Valeur et vérité, p. 44.
Passions et volonté
Les passions disposent l’âme à vouloir les choses auxquelles elles
préparent leur corps
« Il est besoin de remarquer que le principal effet de toutes les passions dans
les hommes est qu’elles incitent et disposent leur âme à vouloir les choses
auxquelles elles préparent leur corps ; en sorte que le sentiment de la peur
l’incite à vouloir fuir, celui de la hardiesse à vouloir combattre, et ainsi des
autres. » Descartes, Les passions de l’âme, art. 40.
Raison et volonté
Il ne faut pas définir la volonté comme un appétit rationnel
« Dans la délibération, le dernier appétit ou la dernière aversion, qui se trouve
en contact immédiat avec l'action ou son omission, est ce qu'on appelle la
volonté : c'est l'acte (non la faculté) de vouloir. [...] La définition que les
Écoles donnent communément de la volonté, que c'est un appétit rationnel,
n'est pas bonne : car s'il en était ainsi, il ne pourrait pas y avoir d'acte
volontaire contraire à la raison. Un acte volontaire est en effet celui qui
procède de la volonté, et rien d'autre. Mais si, au lieu d'appétit rationnel, on
disait appétit résultant d'une délibération antécédente, alors la définition ne
diffère en rien de celle que j'ai donnée. La volonté est donc l'appétit qui
intervient le dernier au cours de la délibération. Et quoi qu'on dise, dans la
conversation courante, qu'un homme a eu la volonté de faire une chose que
néanmoins il s'est abstenu de faire, cela n'est cependant à proprement parler
qu'une inclination, chose qui ne rend volontaire aucune action, puisque
l'action ne dépend pas d'elle, mais de la dernière inclination, du dernier
appétit. » Hobbes, Léviathan, I, ch. 6.

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