UE 211 Estion Juridique Fiscale ET Sociale
UE 211 Estion Juridique Fiscale ET Sociale
Année 2016-2017
Ce fascicule comprend :
La série 2
Le devoir 2 à envoyer à la correction
Le droit de La concurrence
L’entreprise et L’administration fiscaLe
Le déveLoppement de L’entreprise
Jacques AMAR
Tahar MABROUK
En collaboration avec le Deborah PAULY
Jacques VERNET
Haiying WANG-FOUCHER
Z2111-F2/4
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Les auteurs :
Jacques AMAR : Maître de conférences en droit privé de l’université de Paris-Dauphine.
Tahar MABROUK : Conseiller juridique et financier à l’ADIL de Paris.
Deborah PAULY : Juriste d’entreprise.
Jacques VERNET : Inspecteur des impôts, chargé de cours au Cnam.
Haiying WANG-FOUCHER : Maître de conférences en droit privé au Cnam.
� • • • www.cnamintec.fr • • • �
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
2
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
OBJECTIFS DE LA SÉRIE 2 9
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 3
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Section 2. Le droit de contrôle.............................................................................52
Chapitre 2. Les différentes formes de contrôle....................................................53
Section 1. Les contrôles réalisés au bureau de l’administration..........................53
Section 2. Le contrôle fiscal externe (CFE)...........................................................56
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
4
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
INTRODUCTION............................................................................................... 91
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 5
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Section 3. La sanction civile...............................................................................145
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
6
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
INDEX 163
DEVOIR 2 165
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 7
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Objectifs de la série 2
L’entreprise est, le plus souvent, soumise à une rude concurrence. Mais, dans
certains cas, des pratiques anticoncurrentielles peuvent fausser le libre jeu de la
concurrence, par le biais d’ententes entre concurrents ou bien dans le cadre d’une
position dominante acquise par une entreprise. Le législateur est intervenu dans ce
domaine, afin d’assurer le libre jeu de la concurrence.
L’entreprise qu’elle soit de forme individuelle ou sociétaire a des relations avec l’ad-
ministration fiscale, et peut faire l’objet de contrôle. Parfois un contentieux inter-
vient sur certains points.
L’entreprise a, par ailleurs, certaines obligations à respecter en matière d’environ-
nement.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Une constitution de société, sauf exception des sociétés créées de fait et des
sociétés en participation, est soumise à certaines formalités. Et d’autres formalités
sont nécessaires en cas de transformation de société.
L’entreprise, même de taille très modeste, est informatisée, connectée à Internet
et elle peut avoir, en outre, un site Web. Des règles précises régissent le droit de
l’informatique ainsi que l’utilisation d’Internet.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 9
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
3
PARTIE
Le droit de la concurrence
Section 1. Le dénigrement
Le dénigrement consiste en propos péjoratifs tenus sur un produit ou une prestation de ser-
vice d’un concurrent ou sur ce concurrent. La diffusion de ces propos péjoratifs a pour objec-
tif de jeter le discrédit sur le concurrent, d’affaiblir l’activité économique de celui-ci, pour
rehausser son propre prestige et toucher plus de clientèle. Il y a aussi dénigrement lorsque l’on
donne des informations chiffrées partielles, de nature à induire en erreur le consommateur ou un
professionnel utilisateur potentiel.
Le dénigrement doit être public ou s’adresser à des clients. Il suffit alors d’une lettre envoyée
à un seul client pour que le dénigrement soit caractérisé. Mais il n’y a pas de dénigrement quand
le document est destiné à un usage interne.
Quant aux moyens utilisés, tout mode d’expression peut être retenu : parole, écrit, image. Il est
donc parfaitement possible de sanctionner une campagne de dénigrement lancée par exemple
par Internet.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 11
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUES
1. Critiques reposant sur des faits exacts
La critique des produits concurrents, même si elle repose sur des faits exacts, peut constituer
un dénigrement. Tel est le cas d’un laboratoire pharmaceutique qui a diffusé auprès d’un
nombre important de pharmacies un article de presse critiquant un produit concurrent.
2. Publicité comparative
La publicité comparative n’est pas, par définition, du dénigrement. Il s’agit d’une méthode qui
est admise mais avec beaucoup de prudence.
3. Dénigrement collectif
En principe, il n’y a pas de concurrence déloyale tant que la victime n’a pas été désignée ou
n’est pas facilement reconnaissable. Mais, le dénigrement peut être collectif et viser l’ensemble
d’une profession.
Le risque de confusion avec une entreprise concurrente est un procédé très courant, qui
consiste à susciter une confusion dans l’esprit de la clientèle du concurrent afin de l’attirer à soi.
La technique fréquemment utilisée est l’imitation, qui est en quelque sorte l’inverse du dénigre-
ment : celui qui imite cherche à s’approprier le succès de son concurrent en trompant la clien-
tèle. Au titre de l’imitation, il convient de distinguer deux hypothèses distinctes :
• l’imitation par une entreprise de signes distinctifs ou la copie des produits d’une autre entre-
prise exerçant leur activité sur un même marché (I) ;
• l’imitation par une entreprise de signes ou comportements d’une autre entreprise exerçant son
activité sur un marché différent (le parasitisme) (II).
REMARQUES
1. Distinction entre action en concurrence déloyale et action en contrefaçon
Lorsque le signe distinctif est susceptible d’être protégé par un droit de propriété industrielle,
deux situations doivent être envisagées :
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
• sans avoir acquis le droit de propriété industrielle, le concurrent est protégé par la seule
action en concurrence déloyale. D’une part, l’absence de droit privatif de propriété intellec-
tuelle n’empêche pas une action en concurrence déloyale et d’autre part, l’action en concur-
rence déloyale a pour objet « d’assurer la protection de celui qui ne peut se prévaloir d’un
droit privatif » ;
• après avoir acquis un droit de propriété industrielle, le concurrent bénéficie d’une double
protection. Il peut agir soit en contrefaçon, soit en concurrence déloyale, soit les deux cumu-
lativement. Dans ce dernier cas, les deux actions sont distinctes : elles procèdent de causes
différentes et ne tendent pas aux mêmes fins ; la seconde n’est pas l’accessoire ou le
complément de l’autre.
L’action en contrefaçon a pour objet de protéger le signe et l’action en concurrence déloyale
de protéger les autres éléments d’identification de l’entreprise ou d’un produit. L’action en
concurrence déloyale exige une faute alors que l’action en contrefaçon concerne l’atteinte à
un droit privatif, ce qui allège la charge de la preuve.
La jurisprudence classique considère que l’action en concurrence déloyale et l’action en
contrefaçon doivent reposer sur des faits distincts et que l’action en concurrence déloyale ne
sera accueillie qu’à la condition que soit rapportée la preuve de faits distincts de la simple
reproduction ou imitation. La jurisprudence est fluctuante concernant la notion de faits dis-
tincts.
Le TGI est exclusivement compétent quand l’action en concurrence déloyale est introduite en
complément d’une action civile de contrefaçon. En revanche, une action en concurrence
déloyale exclusive de toute demande attachée à un brevet est dans la compétence du tribunal
de commerce.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
12
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
frontière entre les deux qualificatifs n’est pas nette et la jurisprudence en la matière est fluc-
tuante ;
• lorsque l’imitation résulte d’exigences techniques telles que les normes standards.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 13
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
autre produit ou service lorsque cette utilisation est susceptible de détourner ou d’affaiblir la
notoriété de l’appellation d’origine. La cour d’appel de Paris (15 déc. 1993) a appliqué ce prin-
cipe dans l’affaire relative au parfum « Champagne » en précisant que :
« Adoptant le nom Champagne pour le lancement d’un nouveau parfum de luxe, en choi-
sissant une présentation rappelant le bouchon caractéristique des bouteilles de ce vin et en
utilisant dans les arguments promotionnels l’image et les sensations gustatives de joie et
de fête qu’il évoque, la société Yves-Saint-Laurent a voulu créer un effet attractif emprunté
au prestige de l’appellation Champagne ; de ce seul fait, elle a, par un procédé d’agisse-
ment parasitaire, détourné la notoriété dont seuls les acteurs et négociants de champagne
peuvent se prévaloir pour commercialiser le vin ayant droit à cette appellation. »
REMARQUE
La banalité des modèles ou techniques copiés fait naturellement obstacle à l’action en concur-
rence déloyale.
Le juge exige la démonstration de la réalité des investissements et de son savoir-faire par
la victime prétendue.
Section 3. La désorganisation
On distingue, au sein de cette catégorie, le cas de la désorganisation interne d’une entreprise (I)
de celui de la désorganisation générale du marché (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
En principe, la liberté du travail, la liberté d’embauche et la liberté d’entreprendre font souvent
échec à l’action fondée sur le débauchage. D’une part, le salarié a la liberté de rechercher
l’emploi qui lui convient le mieux et, d’autre part, on ne commet aucune faute en recrutant les
salariés de son concurrent. La difficulté se produit cependant concernant la distinction entre le
débauchage et le simple recrutement d’un salarié d’un concurrent.
Pour que l’action en concurrence déloyale pour débauchage puisse prospérer devant le juge, il
faut démontrer que le transfert de personnel a eu pour effet de désorganiser l’entreprise.
Autrement dit, il faut prouver la déloyauté dans l’embauche. Ce n’est qu’en fonction des
conditions dans lesquelles le débauchage a lieu que celui-ci devient déloyal. Les juges du
fond exercent leur pouvoir souverain pour apprécier si des procédés déloyaux ont été employés
et que l’ex-employeur a été fortement désorganisé par le départ de certains salariés. En consé-
quence, il y a concurrence déloyale pour débauchage dès lors que la conjonction de plusieurs
indices concordants (nombre, proportion, degré de qualification des salariés débauchés, conco-
mitance ou quasi-simultanéité des démissions, etc.) démontre l’existence de manœuvres ayant
eu pour effet de désorganiser l’activité du concurrent. Le débauchage est fautif lorsqu’il vise à
l’obtention du savoir-faire dans des conditions irrégulières. Le débauchage peut avoir pour objet
de détourner la clientèle d’une entreprise. Lorsque le recrutement est massif, systématique, de
nature en réalité à désorganiser l’entreprise concurrente, il y a concurrence déloyale. En revanche,
le débauchage d’un nombre important de salariés d’une entreprise concurrente n’est pas en soi
déloyal et peut se justifier par les difficultés internes et l’inquiétude des salariés débauchés.
Si le recrutement intervient en cours de contrat de travail, en cours de préavis par exemple, le
nouvel employeur est condamné s’il n’a pas vérifié, par la production du certificat de travail, que
le salarié était libre de tout engagement.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
14
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Il s’agit notamment :
• de l’inobservation d’une réglementation : par exemple, l’exercice d’une activité sans autori-
sation, le non-respect de l’obligation de fermeture des magasins le dimanche, une vente avec
prime ;
• de l’inobservation d’une obligation à l’égard d’un tiers : à titre d’exemple, un défaut d’infor-
mation à l’égard des consommateurs justifie une sanction pour concurrence déloyale. Dans un
cas, des cybercommerçants étrangers ont été condamnés pour avoir proposé aux internautes
français la vente en ligne de CD et DVD vierges pour un prix très compétitifs, sans indiquer
qu’ils étaient tenus d’acquitter, au moment de l’importation, la redevance sur supports vierges
dite « taxe Sacem » ;
• des pratiques commerciales déloyales à l’égard des consommateurs : les pratiques
commerciales déloyales sont interdites. Une pratique commerciale est déloyale lorsqu’elle
est contraire aux exigences de la diligence professionnelle et qu’elle altère, ou est susceptible
d’altérer de manière substantielle, le comportement économique du consommateur normale-
ment informé et raisonnablement attentif et avisé, à l’égard d’un bien ou d’un service.
Pour exercer l’action en concurrence déloyale (section 2), il faut réunir les conditions de l’exer-
cice de la responsabilité civile délictuelle (section 1).
Pour prospérer, l’action en concurrence déloyale exige la preuve des trois éléments suivants : la
faute, le préjudice et le lien de causalité entre faute et préjudice.
La faute est caractérisée par un acte déloyal et matérialisée par un comportement évoqué ci-
avant : un dénigrement, un risque de confusion, un acte désorganisant le(s) concurrent(s) ou le
marché ou autres comportements fautifs. La faute peut être intentionnelle ou constituée par
une simple négligence. Elle s’apprécie par rapport à l’idée que se font les juges du comporte-
ment d’un professionnel honnête, prudent et scrupuleux en affaires, compte tenu des usages de
la profession considérée.
Le préjudice consiste ordinairement dans la perte d’un avantage économique, telle que la
perte d’une partie de la clientèle que l’auteur de la concurrence déloyale a détournée à son pro-
fit ou la perte de marchés importants. Il est le plus souvent matériel. Il se manifeste par une
baisse du chiffre d’affaires, l’impossibilité d’augmenter la clientèle ou la perte d’une clien-
tèle potentielle. Dans certains cas, le préjudice consiste en un trouble commercial manifesté
par une atteinte à la capacité compétitive de la victime. Il peut également être moral : tel est le
cas de l’atteinte portée à l’image d’une marque de joaillerie en cas de distribution de bijoux
contrefaits dans l’hypermarché Leclerc.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 15
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Enfin, le demandeur doit démontrer le lien de causalité entre le préjudice qu’il a subi et la faute
commise par son concurrent. Ce lien est notamment établi en démontrant la corrélation entre les
agissements fautifs et l’évolution du chiffre d’affaires de l’auteur et celui de la victime.
A. LE DEMANDEUR
Seules les victimes de l’acte de concurrence déloyale peuvent intenter l’action. L’action peut
alors être engagée par l’entreprise victime d’un trouble commercial, mais aussi par un syndi-
cat professionnel, un GIE chargé de la promotion commerciale de ses membres ou par une
association pour défendre les intérêts de ses membres. En revanche, ni les salariés ni les
consommateurs ou leurs unions ne peuvent agir en concurrence déloyale.
On n’exige pas de rapport de concurrence entre les parties pour la mise en œuvre d’une action
en concurrence déloyale.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Lorsque plusieurs personnes sont intervenues dans la réalisation d’un acte déloyal, les co-
auteurs peuvent être condamnés solidairement. Par exemple, les chambres syndicales et leurs
adhérents ou ancien salarié d’une entreprise et la société constituée par celui-ci pour avoir
détourné la clientèle de cette entreprise.
REMARQUE
Lorsqu’un ex-salarié n’a pas respecté la clause de non-concurrence et qu’il a ensuite été
recruté par un concurrent de son ancien employeur, ce dernier peut agir sur deux fonde-
ments : fondement contractuel contre son ex-salarié et fondement extracontractuel contre le
nouvel employeur de ce dernier. Les deux actions se cumulent mais elles se distinguent.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
16
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
L’action contre le nouvel employeur fondée sur la complicité dans la violation d’une clause de
non-concurrence, qui relève de la compétence de la juridiction commerciale, suppose que soit
tranchée la question préalable de la violation de cette clause par le salarié, laquelle relève de
la compétence exclusive de la juridiction prud’homale.
de la concurrence
La concurrence n’est pas uniquement la situation existant à un moment sur un marché. C’est
également un processus que le législateur essaie de favoriser. Il est donc intervenu pour régle-
menter des comportements qui n’ont pas forcément d’impact direct sur la concurrence mais
empêche son développement. Deux axes ont été privilégiés et donné lieu à réglementation : les
pratiques restrictives de la concurrence (chapitre 1) et la transparence tarifaire (chapitre 2).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 17
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Pour faire baisser les prix et augmenter en conséquence le pouvoir d’achat des consommateurs,
a été supprimé le principe de non-discrimination dans les relations commerciales et a été consa-
cré le principe de libre négociabilité des tarifs entre fournisseurs et distributeurs. Mais, pour
éviter des abus, des comportements répréhensibles sont définis par la loi. Ainsi, un article fon-
damental en la matière (art. L. 442‑6, C. com.) précise quelles sont les pratiques constitutives de
fautes civiles (I) pouvant donner lieu à l’action en responsabilité (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
discriminatoires et non justifiées par des contreparties réelles en créant, de ce fait, pour ce par-
tenaire, un désavantage ou un avantage dans la concurrence.
Les distributeurs, par leur puissance, se sont trouvés en mesure de se faire accorder des pro-
ducteurs différents avantages que les petits commerçants ne peuvent, eux, obtenir. Dans ce cas,
l’auteur de la discrimination est celui qui obtient l’avantage.
Il appartient à la victime de prouver la pratique abusive et au défendeur d’établir la licéité des
avantages perçus ou accordés.
La jurisprudence admet que le partenaire qui n’a pas bénéficié de mêmes avantages que ses
concurrents n’a pas à établir l’existence d’un préjudice. Dans ce cas, l’avantage ou le désavan-
tage est présumé et la pratique discriminatoire est établie.
Au regard des faits justifiant la discrimination, on retiendra un traitement inégal entre deux
situations non identiques. Les conditions générales de vente peuvent être différenciées selon les
catégories d’acheteurs de produits ou de demandeurs de prestation de services. Il peut s’agir
également d’une contrepartie quantitative (différence de coût de production, importance ou
accroissement du chiffre d’affaires) ou qualitative (service d’assistance aux clients ou service
après-vente assuré par le distributeur par exemple) qu’il appartient au bénéficiaire d’en justifier
l’existence.
En revanche, une remise de fidélité accordée au client est discriminatoire si, dans son calcul,
sont intégrés des critères subjectifs.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
18
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
services proposés ne doivent pas relever de la fonction propre du distributeur (ex. : rémunération
antivol) ; les services proposés doivent présenter un intérêt pour le fournisseur (ex. : l’action pro-
motionnelle pour des produits du fournisseur, sur lesquels ne figure pas son nom, ne présente
pas d’intérêt pour lui) ; les tarifs de la prestation fournie par le distributeur doivent être compa-
rables à ceux offerts par d’autres prestataires pour des services similaires.
Sont nulles les clauses qui permettent de bénéficier rétroactivement de remises, de ristournes
ou d’accords de coopération commerciale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 19
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
EXEMPLES
• Toute relation commerciale établie, qu’elle porte sur la fourniture d’un produit ou d’une pres-
tation de services, entre dans le champ d’application (cas d’un architecte).
• Il est interdit aux notaires de se livrer à des opérations de commerce. Un notaire ne peut
invoquer la disposition sanctionnant la rupture d’une relation établie.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le caractère « établi » de la relation commerciale
Il s’agit des relations commerciales qui revêtaient, avant la rupture, un caractère suivi, stable et
habituel et où la victime pouvait raisonnablement anticiper pour l’avenir une certaine conti-
nuité du flux d’affaires avec son partenaire commercial.
Les relations commerciales peuvent être informelles (ex. : relations établies sans écrit, relations
poursuivies au-delà du terme d’un contrat à durée déterminée, relations composées de presta-
tions ponctuelles ou saisonnières). Une succession de contrats ponctuels peut suffire à caracté-
riser une relation commerciale établie.
REMARQUE
La rupture partielle est appréciée par le juge de façon souple : diminution importante des
commandes, modification unilatérale du mode de paiement, etc.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
20
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
➠➠Les sanctions
Le fait de soumettre un partenaire commercial à des conditions de règlement manifestement
abusives peut être sanctionné par la mise en cause de la responsabilité civile de son auteur.
Est nulle la clause prévoyant la possibilité de bénéficier automatiquement des conditions de règle-
ment plus favorables consenties aux entreprises concurrentes par le cocontractant. L’annulation
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
des clauses relatives au délai de règlement entraîne l’application du délai légal de 30 jours.
Les intérêts des pénalités de retard minimum dus en cas de retard dans le paiement de la
facture sont 3 fois le taux d’intérêt légal. Outre les pénalités de retard, les indemnités forfai-
taires pour frais de recouvrement (éventuellement les indemnités complémentaires) et d’éven-
tuels dommages et intérêts, le non-respect de ces délais est sanctionné par une amende civile
pouvant aller jusqu’à 2 millions d’euros.
En outre, le fait de ne pas respecter le délai de paiement légal ou conventionnel est passible
d’une amende administrative dont le montant n’excède pas 75 000 euros pour une personne
physique et 375 000 euros pour une personne morale.
b. La concertation professionnelle
➠➠La réduction des délais
Sauf cas particuliers, les professionnels d’un secteur, clients et fournisseurs, peuvent décider
conjointement de réduire le délai maximum de paiement. Un décret peut étendre le nouveau
délai maximal à tous les opérateurs du secteur.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 21
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUE
Les sociétés dont les comptes sont certifiés par un CAC (commissaire aux comptes) doivent
mentionner dans leur rapport de gestion des informations sur les délais de paiement de leurs
fournisseurs et de leurs clients. Ces informations font l’objet d’une attestation d’un CAC.
A. LA NATURE DE L’ACTION
La nature de la responsabilité est extracontractuelle.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
B. LES PERSONNES POUVANT METTRE EN JEU L’ACTION
Cette responsabilité peut être mise en jeu non seulement par la victime des agissements illicites,
mais aussi par toute personne justifiant d’un intérêt, par le ministère public, par le ministre
chargé de l’Économie ou par le président de l’Autorité de la concurrence.
REMARQUE
L’action du ministre de l’Économie est une action autonome de protection du fonctionne-
ment du marché et de la concurrence qui n’est pas soumise au consentement ou à la pré-
sence des fournisseurs. Cela a pour effet de garantir l’efficacité de la mesure si les victimes,
dans le souci de préserver les relations contractuelles existantes, ne décident pas d’agir elles-
mêmes.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
22
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Chapitre 2. La transparence
et les pratiques tarifaires
La transparence tarifaire est l’autre vecteur du respect de la concurrence envisagée comme
processus. Si les prix sont transparents, les professionnels peuvent comparer en toute objecti-
vité. Dans ce cadre, la concurrence joue sur la qualité et non sur le prix des produits.
Le droit français pose des règles concernant l’information sur les prix, notamment en ce qui
concerne la transparence tarifaire (section 1), et prévoit des incriminations particulières, pénale-
ment sanctionnées (section 2).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 23
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
d’escompte applicables, le taux des pénalités exigibles et les indemnités forfaitaires pour frais
de recouvrement dues au créancier en cas de retard de paiement.
Concernant les sanctions applicables, toute infraction aux dispositions relatives à l’obligation
de facturation et aux mentions obligatoires de la facture peut être punie d’une amende de
75 000 €, celle-ci peut être portée à 50 % de la somme facturée ou de celle qui aurait dû être
facturée. Les personnes morales déclarées pénalement responsables de l’infraction encourent
une peine d’exclusion des marchés publics pour une durée de 5 ans au plus. En outre, la
DGCCRF peut adresser des injonctions de faire dont le non-respect peut être sanctionné par
une amende administrative.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
24
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Au titre des pratiques restrictives de la concurrence, trois infractions pénales sont prévues : la
revente à perte (I), la revente à prix imposés (II) et la hausse ou la baisse artificielle de prix (III).
commerciale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 25
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Cette troisième catégorie de règles vise à empêcher l’émergence de situations qui aboutiraient
soit à limiter, soit à fausser le jeu concurrentiel. Ce qui importe ici, c’est l’impact direct sur le
marché. Compte tenu du fait que le marché n’est pas limité par les frontières territoriales, doivent
ici s’accorder deux corps de règles : le droit communautaire et le droit interne. Compte tenu de
la primauté du droit communautaire sur le droit interne, les définitions des pratiques réprimées
sont similaires avec quelques nuances. Nous exposerons ces règles en distinguant les pratiques
anticoncurrentielles (chapitre 1) des sanctions encourues (chapitre 2).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
En droit français, une entreprise est une entité exerçant une activité de production, de distribu-
tion et de services.
La nature économique de l’activité est donc un critère de la notion d’entreprise. Ainsi, la juris-
prudence a défini ce qu’il faut entendre par activités de nature économique. On peut retenir qu’il
s’agit d’une activité, à but lucratif ou non, qui implique des échanges économiques.
À partir d’une définition aussi large, s’est également posée la question de savoir si l’État et les
personnes publiques ou encore les entités à but non lucratif peuvent se voir appliquer des
règles du droit de la concurrence.
• En droit communautaire, « l’action des personnes publiques » dans leur qualité d’autorité
publique « ne constitue pas une activité économique », pas plus que la mise en vigueur d’une
réglementation. De la même façon, une organisation internationale assurant, pour le compte
des États qui en sont membres, des missions d’intérêt général ne saurait être regardée comme
une entreprise.
• En droit interne, si l’activité de la personne publique en cause consiste en l’exercice de pré-
rogatives de la puissance publique, alors elle échappe au droit de la concurrence, mais si elle
constitue une activité de production, distribution, ou services, il lui sera alors applicable.
A contrario, toute activité exercée par l’État pouvant être assumée par une personne privée
relève du droit de la concurrence, ce qui pose par exemple la question du maintien des condi-
tions d’exercice de la concurrence dans le secteur de la santé ou de l’éducation.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
26
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
A. LE MARCHÉ GÉOGRAPHIQUE
Déterminer le marché géographique pertinent consiste à déterminer le territoire à l’intérieur
duquel s’exerce la concurrence (et par là même à déterminer si l’on applique le droit interne ou
le droit communautaire de la concurrence).
B. LE MARCHÉ DE PRODUITS
L’élément essentiel de la notion de marché de produits est l’interchangeabilité du produit. On
parle de substituabilité du produit : substituabilité du côté de la demande et substituabilité du
côté de l’offre.
• La substituabilité du côté de la demande s’analyse comme la perception qu’en a l’utilisa-
teur : si celui-ci les juge comme substituables au niveau de la qualité des produits ou des
services considérés (ex. : existe-t-il un marché des boissons gazeuses et des boissons plates,
et/ou bien un marché des eaux de source embouteillées et le marché des boissons rafraîchis-
santes sans alcool ?).
• La substituabilité du côté de l’offre sert à vérifier si d’autres fournisseurs ont la possibilité de
réorienter de façon immédiate et efficace leur production et leur commercialisation sur le mar-
ché en cause.
Tout l’enjeu, une fois l’entreprise identifiée et le marché pertinent déterminé, consiste à identifier
le responsable. À ce titre, on retiendra que si le pouvoir de décision appartient à la société mère
et même si la filiale dispose de la personnalité juridique propre, alors elle n’aura pas un compor-
tement autonome sur le marché. C’est une remise en cause du principe d’autonomie des per-
sonnes morales propres au droit des sociétés au nom du réalisme économique. Ainsi, la maison
mère est présumée responsable des pratiques commises par sa filiale à 100 %, sauf pour elle à
renverser cette présomption en démontrant que la filiale disposait d’une autonomie de décision.
Contrairement aux ententes (I), les abus de position dominante (II) ne sont jamais tolérés.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 27
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
a. L’accord
Pour qu’il y ait accord entre entreprises, il suffit que les entreprises en cause aient exprimé leur
volonté commune de se comporter sur le marché d’une manière déterminée. Il n’est pas néces-
saire que l’action prenne la forme d’un accord au sens de « contrat » du Code civil. Il suffit que
les parties aient décidé de suivre une politique commune. Le consentement peut être la consé-
quence d’un comportement actif qui démontre la volonté à adhérer à l’entente. Il résulte le plus
souvent de la présence à des réunions, des communications téléphoniques au cours desquelles
l’objet de l’entente a été débattu. Une recommandation, un engagement d’honneur, une règle
déontologique, la mise en œuvre d’un protocole non signé peuvent matérialiser un accord. Mais,
la constatation d’un accord ne suppose pas d’établir que celui-ci ait engendré des obligations
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
pour ses auteurs.
En outre, une jurisprudence abondante porte sur des cas de consentement tacite. Des arrêts
estiment qu’il y a accord entre les entreprises en présence d’une décision apparemment unilaté-
rale de la part de l’une de ces entreprises à laquelle les autres se conforment.
Deux types d’accords existent :
• ces accords peuvent constituer des ententes qualifiées d’horizontales lorsqu’ils sont conclus
entre des entreprises concurrentes les unes des autres (ex. : entreprises concurrentes mettant
en place un barème de prix ou un système de rabais qu’elles s’engagent à respecter) ;
• ils peuvent également être conclus entre entreprises qui n’interviennent pas à un même niveau
de la chaîne commerciale. On qualifie dans ce cas l’entente verticale. Les accords en question
sont souvent conclus sous forme de contrats-cadres organisant des réseaux de distribution.
EXEMPLE
L’Ordre national des pharmaciens français a été considéré comme une association d’entre-
prises au sens du droit de la concurrence.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
28
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
c. L’action concertée
L’action concertée se caractérise par des comportements coordonnés des entreprises.
Celle-ci est définie comme une forme de coordination entre entreprises qui, sans avoir été pous-
sées jusqu’à la réalisation d’une convention proprement dite, substituent sciemment une coopé-
ration pratique entre elles aux risques de la concurrence.
C’est alors la constatation d’une altération de la concurrence résultant d’une comparaison entre
la situation réelle du marché et celle qui aurait résulté du libre jeu de la concurrence qui peut
permettre de déceler la concertation à travers l’identification d’un comportement parallèle.
Préalablement à ces comportements parallèles, pour qu’il y ait concertation, il faut une prise de
contact entre les entreprises concernées. En conséquence, le simple parallélisme des com-
portements ne suffit pas à faire présumer la concertation préalable. Il est en effet possible que
plusieurs entreprises concurrentes augmentent leurs prix dans des proportions voisines, à
quelques jours d’intervalle, sans qu’elles se soient nécessairement concertées au préalable.
Les textes instituent un caractère alternatif. Pour tomber sous le coup de la prohibition, il suffit
que l’entente ait pour objet ou pour effet de porter atteinte à la concurrence. Ainsi, en l’absence
d’objet anticoncurrentiel, un accord, une décision ou une pratique entre dans le champ d’appli-
cation de la prohibition à raison de son seul effet anticoncurrentiel.
À noter que ce qu’on cherche à sauvegarder, c’est l’intérêt général et non la protection à titre
individuel d’un concurrent.
Les textes ne sanctionnent que les pratiques qui menacent sérieusement le jeu de la concur-
rence, c’est-à-dire celles qui ont un effet sensible sur le marché pertinent.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 29
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le texte français, quant à lui, autorise les ententes :
• qui résultent de l’application d’un texte législatif ou d’un texte réglementaire pris pour son
application ;
• dont les auteurs peuvent justifier qu’elles ont pour effet d’assurer un progrès économique, y
compris par la création ou le maintien d’emploi, et qu’elles réservent aux utilisateurs une partie
équitable du profit qui en résulte, sans donner aux entreprises intéressées la possibilité d’éli-
miner la concurrence pour une partie substantielle des produits en cause.
Il est admis en outre que certaines catégories d’accords ou certains accords, notamment
lorsqu’ils ont pour objet d’améliorer la gestion des entreprises petites ou moyennes, peuvent
être reconnus comme satisfaisants à ces conditions par décret pris après avis conforme de
l’Autorité de la concurrence.
De ces textes, on peut tirer quatre conditions générales pour que certains accords soient
admis :
• un bilan économique positif justifiant l’atteinte à la concurrence ;
• les pratiques réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte ;
• le caractère indispensable de l’atteinte à la concurrence ;
• l’absence d’élimination de la concurrence.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
30
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
L’article 82 du TCE prévoit qu’est incompatible avec le marché commun et interdit, dans la
mesure où le commerce entre États membres est susceptible d’en être affecté, le fait pour une
ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché
commun ou dans une partie substantielle de celui-ci. Ces pratiques abusives peuvent, notam-
ment, consister à :
• imposer, de façon directe ou indirecte, des prix d’achat ou de vente, d’autres conditions
de transaction non équitables ;
• limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des
consommateurs ;
• appliquer à l’égard des partenaires commerciaux des conditions inégales à des presta-
tions équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence ;
• subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, pour les partenaires, de presta-
tions supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de
lien avec l’objet de ces contrats.
De son côté, l’article L. 420‑2, alinéa 1er, du Code de commerce énonce qu’est prohibée l’exploi
tation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises d’une position dominante sur le
marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci. Ces abus peuvent notamment consister
en refus de vente, en ventes liées ou en ventes discriminatoires aussi que dans la rupture de
relations commerciales établies, au seul motif que le partenaire refuse de se soumettre à des
conditions commerciales injustifiées.
Ces deux textes soumettent l’interdiction à une double condition : l’existence d’une position
dominante (A) et l’exploitation abusive de cette position (B).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 31
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
1. L’accord d’exclusivité
Une clause d’approvisionnement exclusif pendant une durée de 30 ans constitue un abus.
Néanmoins, des circonstances exceptionnelles peuvent compenser l’inconvénient de la
clause d’exclusivité et la justifier en quelque sorte. Les circonstances exceptionnelles peuvent
être admises plus facilement en présence d’engagements des entreprises pour éviter un abus
(ex. : concernant les clauses d’exclusivité portant sur les réfrigérateurs de distribution Coca-
Cola, l’engagement de libérer au moins 20 % de leur surface pour exposer les produits des
concurrents).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
5. La théorie des équipements (ou « facilités », « installations »,
« infrastructures » ou « ressources ») essentiels
Parfois, l’entreprise en possession d’infrastructures de produits ou de services essentielles pour
l’accès au marché refuse de les fournir au concurrent qui ne dispose pas d’alternative viable
pour accéder au marché. Elle indique, pour justifier son refus, un droit de propriété par exemple
et ce refus s’explique par sa volonté de se préserver ou de réserver à des entreprises de son
choix le marché en question. Les juridictions communautaires et internes sanctionnent cette
pratique en admettant la théorie des équipements essentiels sous certaines conditions :
• il faut qu’il y ait un équipement ou une ressource importante (par exemple, un réseau câblé,
une boucle de télécommunication, une installation aéroportuaire) ;
• cette installation doit être essentielle, c’est-à-dire que sans son utilisation, les concurrents ne
peuvent servir leur clientèle ;
• il est impossible de reproduire ou de se procurer facilement cette installation de manière
raisonnable ;
• la mise à la disposition des concurrents est possible ;
• il faut un abus : celui-ci consiste en un refus d’accès ou un accès discriminatoire ;
• il faut une atteinte à la concurrence : le refus ou la discrimination sont de nature à éliminer
toute concurrence possible ou potentielle.
6. D’autres comportements
Les abus de position dominante peuvent être le refus de contracter, l’amenuisement des
marges, le fait de jeter le discrédit sur la qualité des produits des concurrents ou la rupture
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
32
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
affecter le commerce entre États membres de l’UE, l’Autorité de la concurrence sera compétente
pour se prononcer à son égard.
REMARQUE
Pour que l’Autorité de la concurrence se concentre sur les affaires les plus importantes, les
pratiques anticoncurrentielles commises sur un marché géographiquement restreint par
des entreprises de petite taille (dites « micro-PAC ») (art. L. 464‑9, C. com.) relèvent de la
compétence des services du ministre chargé de l’Économie.
Le ministre est compétent en cas d’affectation d’un marché de dimension locale et de pré-
sence d’entreprises dont le chiffre d’affaires individuel réalisé en France lors du dernier exer-
cice clos ne dépasse pas 50 millions d’euros et dont les chiffres d’affaires cumulés ne
dépassent pas 200 millions d’euros.
Le ministre peut soit classer l’affaire, soit prononcer des injonctions de mettre un terme aux
pratiques visées et des sanctions pécuniaires, soit proposer des transactions à l’encontre
d’entreprises auteurs de pratiques. Il ne peut proposer de transaction ni imposer d’injonction
lorsque les mêmes faits ont, au préalable, fait l’objet d’une saisine de l’Autorité de la concur-
rence.
Quant à l’entreprise, soit elle l’accepte, alors l’Autorité de la concurrence en sera informée, soit
elle garde le silence, refuse ou n’exécute pas (ou encore exécute mal) la décision du ministre,
alors l’Autorité de la concurrence est saisie.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 33
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
A. LES SANCTIONS
1. Les amendes
En droit communautaire, pour chaque entreprise et association d’entreprises participant à
l’infraction, l’amende n’excède pas 10 % de son chiffre d’affaires total réalisé au cours de l’exer-
cice social précédent. Lorsque l’infraction d’une association porte sur les activités de ses
membres, l’amende ne peut dépasser 10 % de la somme du chiffre d’affaires total réalisé par
chaque membre actif sur le marché affecté par l’infraction de l’association.
En droit français, les sanctions pécuniaires sont proportionnées à la gravité des faits reprochés,
à l’importance du dommage causé à l’économie, à la situation de l’organisme ou de l’entreprise
sanctionné(e) ou du groupe auquel l’entreprise appartient et à l’éventuelle réitération de pra-
tiques prohibées.
• Si le contrevenant n’est pas une entreprise, le montant maximum de la sanction est de
3 millions d’euros.
• Le montant maximum de la sanction est, pour une entreprise, de 10 % du montant du chiffre
d’affaires mondial HT le plus élevé réalisé au cours d’un des exercices clos depuis l’exercice
précédant celui au cours duquel les pratiques ont été mises en œuvre. Si les comptes de
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
l’entreprise ont été consolidés ou combinés, le chiffre d’affaires pris en compte est celui figu-
rant dans les comptes consolidés ou combinés de l’entreprise consolidante ou combinante.
REMARQUE
Le montant de l’amende peut être très élevé.
La méthode de détermination du montant de l’amende pose des difficultés. Plusieurs éléments
doivent être pris en compte pour que la sanction pécuniaire soit individualisée et propor-
tionnelle (ex. : gravité de l’infraction, importance du dommage causé à l’économie, situation
individuelle de l’entreprise ou du groupe, appartenant à un groupe, chiffre d’affaires ayant trait
à l’infraction, durée du comportement, circonstances atténuantes ou aggravantes, par
exemple, réitération, procédure de clémence ou de non contestation des griefs, rôle particulier
dans la conception et la mise en œuvre de la pratique).
2. Les injonctions
Pour faire cesser les pratiques illicites, un pouvoir d’injonction appartient à la Commission euro-
péenne et à l’Autorité de la concurrence.
La Commission européenne peut obliger par voie de décision les entreprises et associations
d’entreprises intéressées à mettre fin à l’infraction constatée.
De même, l’Autorité de la concurrence française peut ordonner aux intéressés de mettre fin aux
pratiques anticoncurrentielles dans un délai déterminé ou imposer des conditions particulières.
Pour les contraindre, elle peut fixer des astreintes dans la limite de 5 % du chiffre d’affaires
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
34
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
journalier moyen, par jour de retard, à compter de la date qu’elle fixe. Elle peut aussi accepter
des engagements proposés par les entreprises de nature à y mettre un terme. Le premier
président de la Cour d’appel de Paris est autorisé à ordonner le sursis à l’exécution d’une
décision de l’Autorité de la concurrence, faisant l’objet d’un recours en annulation ou en réfor-
mation, notamment lorsque celle-ci est susceptible d’entraîner des conséquences manifeste-
ment excessives.
REMARQUE
Les décisions de l’Autorité de la concurrence sont soumises au contrôle de la Cour d’appel de
Paris. Celles rendues par la Commission européenne peuvent faire l’objet d’un recours devant
le TIUE (tribunal d’instance de l’Union européenne).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 35
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Les sanctions prononcées par les juridictions sont de nature pénale (I) ou civile (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le droit communautaire prévoit la nullité de plein droit des accords ou décisions interdits en
cas d’entente illicite. De son côté, le droit français énonce qu’est nul tout engagement, conven-
tion ou clause contractuelle se rapportant à une pratique anticoncurrentielle.
Par ailleurs, la victime des pratiques anticoncurrentielles peut exercer une action en responsa-
bilité civile délictuelle contre leur auteur. Il convient alors de démontrer une faute, un préjudice
et un lien de causalité. Les victimes peuvent être des consommateurs, des entreprises ou des
autorités publiques.
Une association de défense des consommateurs agréée peut agir afin d’obtenir la réparation
des préjudices individuels subis par des consommateurs et causés par des pratiques anticon-
currentielles (action de groupe).
Le contrôle des concentrations est l’examen par une autorité publique des rapprochements. Il
peut aboutir à une autorisation pure et simple, à une interdiction ou à une autorisation condi-
tionnelle. C’est alors un contrôle a priori exercé, selon les cas, par les autorités communau-
taires ou nationales (chapitre 2) portant sur certaines formes de concentrations (chapitre 1).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
36
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
A. LA FUSION
La fusion au sens du contrôle des concentrations concerne indifféremment la fusion-acquisi-
tion et la fusion-absorption. En revanche, les fusions au sein des groupes de sociétés
échappent au contrôle des concentrations car l’addition des puissances est d’ores et déjà opé-
rée. Les entités des groupes sont déjà gouvernées par les « mêmes personnes » et disposent
des mêmes stratégies pour agir sur le marché.
C. LA PRISE DE CONTRÔLE
Le contrôle est la possibilité d’exercer une influence déterminante sur l’activité d’une entre-
prise. La condition d’influence déterminante est remplie chaque fois que les dirigeants ou les
actionnaires d’une entreprise peuvent bloquer les décisions stratégiques de l’entreprise,
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 37
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
telles que celles relatives à la nomination des organes de décision de l’entreprise que sont le
conseil d’administration et le conseil de surveillance.
La prise de contrôle d’une entreprise par une autre entreprise est une opération de concentra-
tion soumise au contrôle quel que soit le moyen utilisé (prise de participation majoritaire au
capital, contrats commerciaux, achat d’éléments de l’actif, pactes d’actionnaires, modifications
statutaires, etc.).
Le pouvoir de gouverner une entreprise peut s’exercer à titre exclusif ou en commun lorsque
plusieurs personnes exercent de façon coordonnée une influence déterminante sur la stratégie
d’une entreprise.
On notera que la Commission européenne a précisé que dans des cas exceptionnels, une situa-
tion de dépendance économique peut aboutir à un contrôle de fait, notamment lorsque
d’importants accords de fourniture à long terme octroyés par des fournisseurs ou des clients
couplés avec d’autres biens structurels permettent d’exercer une influence déterminante. C’est
le cas par exemple lorsqu’une entreprise se trouve face à un créancier de grand poids.
De même, des accords autres que le contrat permettant la prise de contrôle d’une cible peuvent
restreindre la liberté d’action des intervenants sur le marché. Tel est le cas d’une clause de non-
concurrence. Les accords entraînant une intégration économique, comme les contrats de
franchise ou de distribution exclusive, peuvent mettre une entreprise en situation de dépen-
dance économique et lui interdire d’être autonome dans ses choix en matière d’approvisionne-
ment, de prix, etc. Dans le même sens, on retiendra qu’un contrat de location-gérance, un
contrat de gestion de fonds communs de placement ou un contrat de gestion hôtelière,
peuvent être à l’origine d’une concentration.
Seules les opérations d’une certaine envergure sont soumises au contrôle, et ce, aussi bien en
droit communautaire qu’en droit interne. Entrent ainsi dans le champ d’application du contrôle
les concentrations dépassant certains seuils (I). Ceux-ci permettent de délimiter respectivement
les compétences des autorités communautaires et nationales de la concurrence (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
I. LES SEUILS DE CONTRÔLE
L’appréciation des seuils est réalisée sur la base du chiffre d’affaires total des entreprises concer-
nées. Pour les groupes de sociétés, le chiffre d’affaires à retenir est celui obtenu en agrégeant
au chiffre de l’entité directement concernée celui de l’ensemble des sociétés du groupe, qu’elles
soient, directement ou indirectement, contrôlées par celui-ci.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
38
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
• le chiffre d’affaires total réalisé par toutes les entreprises concernées est supérieur à 100 mil-
lions d’euros dans chacun d’au moins trois États membres ;
• le chiffre d’affaires total réalisé individuellement par au moins deux des entreprises concernées
est supérieur à 25 millions d’euros dans chacun d’au moins trois États membres inclus aux fins
du point précédent ;
• le chiffre d’affaires total réalisé individuellement dans la Communauté par au moins deux des
entreprises concernées représente un montant supérieur à 100 millions d’euros, à moins que
chacune des entreprises concernées réalise plus des deux tiers de son chiffre d’affaires total
dans la communauté à l’intérieur d’un seul et même État membre.
REMARQUE
Il existe un seuil de contrôle plus bas pour le secteur de la distribution au détail et pour les
opérations de concentrations réalisées dans les DOM‑TOM.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 39
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUE
Les concentrations soumises à contrôle doivent être préalablement notifiées. Avant cette
phase de notification, il existe une phase de pré-notification facultative. L’objectif de celle-ci
est de déterminer l’existence éventuelle des concentrations ou leur notifiabilité et de préparer
le dossier de notification. Pendant cette phrase, on peut organiser des réunions avec l’autorité
compétente. Il n’y a cependant pas de limite temporelle.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
d’affaires HT réalisé en France lors du dernier exercice clos par jour de retard), aux parties de
notifier l’opération, à moins de revenir à l’état antérieur à la concentration. L’Autorité de la
concurrence peut en outre infliger aux personnes morales à qui incombait la charge de la notifi-
cation une sanction pécuniaire dont le montant maximum s’élève, pour les personnes morales,
à 5 % de leur chiffre d’affaires HT réalisé en France lors du dernier exercice clos, augmenté de
celui qu’a réalisé en France durant la même période la partie acquise et, pour les personnes
physiques, à 1,5 million d’euros.
La même sanction pour les personnes qui ont notifié l’opération trop tard et qui ont notifiées les
opérations mais n’ont pas attendu l’accord de l’Autorité de la concurrence.
En cas d’omission ou de déclaration inexacte dans une notification, l’Autorité de la concurrence
peut infliger une sanction pécuniaire, accompagnée du retrait de la décision ayant autorisé la
réalisation de l’opération. Le montant maximal de la sanction est identique à celle applicable à
la première hypothèse.
Une fois l’opération notifiée à l’Autorité, cette dernière procède à un examen de l’opération, plus
ou moins rapide selon la nature de l’opération et les difficultés qu’elle soulève.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
40
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
B. LA PROCÉDURE NATIONALE
La phase I de la procédure ne doit pas, en principe, dépasser la durée de 25 jours ouvrés, à
compter de la date de la réception de la notification complète par l’Autorité de la concurrence.
Si les engagements des parties, visant notamment à remédier aux effets anticoncurrentiels de
l’opération, sont reçus par l’Autorité avant l’expiration du délai de 25 jours, ce délai est prolongé
de 15 jours. En outre, les parties peuvent demander à l’Autorité de suspendre les délais d’exa-
men dans la limite de 15 jours.
Comme dans le cadre du droit communautaire, l’Autorité dispose de trois possibilités :
• elle peut constater que l’opération ne relève pas du contrôle des concentrations ;
• elle peut autoriser l’opération parce qu’elle estime qu’elle ne comporte pas de danger pour la
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 41
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Sont déclarées incompatibles les concentrations qui entraveraient de manière significative une
concurrence effective dans le marché ou une partie substantielle de celui-ci, notamment du fait
de la création ou du renforcement d’une position dominante. Mais, ceci est écarté lorsque l’opé-
ration de concentration porte sur une entreprise défaillante même si celle-ci conduit au renfor-
cement ou à la création d’une position dominante. Deux conditions sont imposées dans ce cas :
• d’une part, l’entreprise défaillante doit être condamnée à disparaître rapidement du marché si
elle n’est pas reprise ;
• d’autre part, il n’existe pas d’alternative de reprise moins dommageable pour la concurrence.
Pour une concentration déjà réalisée mais déclarée incompatible avec le marché commun, la
Commission peut ordonner aux entreprises concernées de dissoudre la concentration, notam-
ment par la séparation des entreprises fusionnées ou la cession des actions ou actifs acquis, afin
de rétablir la situation antérieure à la réalisation de la concentration. Elle peut ordonner toute
autre mesure lorsqu’un tel rétablissement ne serait pas possible.
La décision de la Commission peut faire l’objet d’un recours en annulation devant le TIUE.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
tion de concentration, l’Autorité constate leur inexécution. Elle peut alors retirer la décision auto-
risant la concentration, enjoindre sous astreinte aux parties d’exécuter les engagements ou
prononcer une sanction pécuniaire.
Par ailleurs, à titre exceptionnel, l’affaire peut être évoquée par le ministre en charge de
l’Économie lorsque celle-ci revêt une dimension stratégique. Il pourra dans ce cas passer outre
la décision de l’Autorité, en adoptant une décision motivée par des raisons d’intérêt général
autres que le maintien de la concurrence (développement industriel, compétitivité des entre-
prises en cause au regard de la concurrence internationale, création ou maintien de l’emploi).
L’intervention doit être effectuée dans un délai de 25 jours ouvrés à compter de la date à laquelle
il a reçu la décision de l’Autorité de la concurrence ou en a été informé par celle-ci.
Synthèse de la partie 3
L’objectif du droit de la concurrence est de garantir une libre concurrence sur un marché dit
« pertinent ». La difficulté de ce droit tient au fait qu’il est composé d’un ensemble de règles
ayant des origines variées et des objectifs différents :
• le droit de la concurrence fait appel à des mécanismes de droit commun (l’action en
concurrence déloyale est fondée sur la responsabilité civile extracontractuelle de l’arti
cle 1240 du Code civil), mais un droit spécial composé de règles spécifiques a progres-
sivement vu le jour (le contrôle préalable des concentrations, la répression des pratiques
anticoncurrentielles et les pratiques restrictives de la concurrence) ;
• le droit de la concurrence est fortement influencé par le droit communautaire ;
•••
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
42
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
•••
• enfin, la libre concurrence est protégée tant en amont (avant la production des atteintes
à la concurrence, par exemple, grâce au contrôle préalable des concentrations) qu’en
aval (sanction des atteintes déjà produites, par exemple, par la répression des pratiques
anticoncurrentielles). Le droit de la concurrence contient donc un volet préventif et un
volet répressif.
L’action en concurrence déloyale n’est pas expressément prévue par un texte et a pour
fondement la responsabilité civile extracontractuelle. En conséquence, les règles de droit
commun s’appliquent tant en ce qui concerne les conditions de fond de l’exercice de
l’action (faute, préjudice et lien de causalité entre faute et préjudice) qu’en ce qui concerne
les règles de procédure (juridictions compétentes, délai de prescription). Cependant, il n’est
pas exigé de rapport de concurrence entre les parties pour l’exercice d’une telle action.
Une difficulté particulière tient à la qualification d’acte déloyal engageant la responsabilité
de son auteur. Les actes déloyaux peuvent notamment résulter d’un(e) :
• dénigrement : propos péjoratifs visant à discréditer l’entreprise concurrente ;
• risque de confusion dans l’esprit d’un client d’attention moyenne et normale :
–– si l’auteur se trouve sur le même marché que ses victimes, la technique généralement
utilisée est l’imitation (on peut également commettre des actes parasitaires),
–– s’ils se trouvent sur des marchés différents, la méthode employée est le parasitisme ;
• désorganisation de l’entreprise concurrente : les pratiques utilisées sont nombreuses.
À titre d’illustration, on peut citer le cas où un ex-salarié lié par une clause de non-
concurrence à son ancien employeur est recruté, immédiatement après sa démission, par
un concurrent du premier. L’ancien employeur peut agir sur deux fondements : fonde-
ment contractuel contre son ex-salarié et fondement extracontractuel contre le nouvel
employeur de ce dernier. Les deux actions se cumulent mais elles se distinguent tant
quant à leurs fondements que quant aux juridictions compétentes. En outre, le juge
cherche à concilier la liberté d’entreprendre, la liberté de recruter, la liberté de travailler et
une concurrence saine ;
• désorganisation du marché : il s’agit essentiellement des pratiques pénalement sanc-
tionnées. Ceci étant, simultanément à une action pénale, la victime de ces pratiques peut
introduire une action en concurrence déloyale de droit commun.
Les pratiques restrictives de la concurrence, regroupées dans le Code de commerce,
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
sont sanctionnées tantôt pénalement (revente à perte, prix minimums imposés, hausse ou
baisse artificielle des prix) tantôt civilement (art. L. 442‑6, C. com.). L’action en responsabi-
lité fondée sur l’article L. 442‑6 est spécifique :
• concernant la personne pouvant agir : la victime, toute personne justifiant d’un intérêt, le
ministère public, le ministre chargé de l’Économie, le président de l’Autorité de la concur-
rence peuvent mettre en jeu cette responsabilité ;
• concernant la procédure : sur le territoire français, seules quelques TGI et TC sont compé
tents en raison d’une spécialisation des juridictions.
La transparence tarifaire se manifeste en amont et en aval des relations commerciales.
Avant la réalisation des opérations économiques, on doit communiquer à son partenaire
commercial les termes des négociations et à la suite de celles-ci, un accord écrit doit être
établi. Dans une relation professionnelle, la facturation est obligatoire.
Les PAC (pratiques anticoncurrentielles) visent principalement les ententes et les abus
de position dominante. L’étude est centrée autour de trois thèmes.
• Définition des pratiques :
–– l’entente prend trois formes principales : accord, association d’entreprises et concerta-
tion ; les ententes sont condamnées non seulement en raison de leur but anticoncur-
rentiel mais aussi en raison de leur effet anticoncurrentiel ;
–– l’abus de position dominante nécessite que soient caractérisés une position dominante
(individuelle ou collective) et un abus (refus de vente, vente liée, vente discriminatoire,
prix excessivement bas, etc.).
•••
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 43
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
•••
Toutes les ententes ne sont pas prohibées alors que l’abus de position dominante n’est
jamais toléré.
• Sanctions susceptibles d’être prononcées par les autorités de la concurrence (commu-
nautaire et française) et par les juridictions (pénale ou civile) :
–– d’une part, les autorités de la concurrence constatent et sanctionnent les pratiques
elles-mêmes (par l’amende, l’injonction, les mesures de publicité ou les mesures provi-
soires) tandis que les juridictions civiles se prononcent sur les effets des pratiques (par
la nullité de l’acte, la mise en jeu de la responsabilité de l’auteur et l’action de groupe) ;
–– et, d’autre part, les autorités de la concurrence sanctionnent les entreprises auteurs des
pratiques alors que les juridictions pénales poursuivent les personnes physiques pour
leur contribution dans la conception, l’organisation et la mise en œuvre des pratiques.
C’est pourquoi il ne s’agit pas d’une hypothèse de cumul des sanctions.
• Règles de procédure :
–– afin de faciliter et accélérer la résolution des dossiers, des procédures alternatives sont
proposées (clémence, non-contestation des griefs et engagement) ;
–– recours contre les décisions rendues : alors que les décisions de l’Autorité de la concur-
rence sont soumises au contrôle de la cour d’appel de Paris, celles rendues par la
Commission européenne peuvent être contestées devant la TIUE.
Le contrôle des concentrations est exercé de façon préventive. Seules les concentrations
importantes (dépassant les seuils prévus) sont soumises à un contrôle préalable. Les
concentrations prennent trois formes : fusion, prise ou acquisition du contrôle (unique ou
conjointe) et entreprise commune.
En matière de concentration, la compétence pour connaître de ces opérations est partagée
entre l’autorité de la concurrence nationale et la Commission européenne. En revanche,
concernant les PAC, les autorités nationales sont compétentes, à égalité avec la Commis-
sion européenne, pour examiner les PAC de dimension communautaire. En droit français,
les micros-PAC sont traitées directement par la DGCCRF alors que les PAC de dimension
nationale sont traitées par l’Autorité de la concurrence.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
44
4
PARTIE
L’entreprise
et l’administration fiscale
L’administration fiscale est un partenaire majeur dans la vie de l’entreprise et dont la position est
assimilable à celle d’un important actionnaire soucieux de préserver (au nom de la collectivité)
ses droits à percevoir un tiers dans les résultats de l’entreprise à travers l’impôt sur les sociétés
(IS). Ceci explique que l’administration fiscale puisse apparaître tantôt comme un « partenaire
choisi » par l’entreprise (procédure d’agrément ou de rescrit) (titre 1), tantôt comme un « parte-
naire subi » par elle (procédure de contrôle fiscal) (titre 2).
La procédure de rectification est la conclusion des opérations de contrôle fiscal. En prin-
cipe, la procédure est contradictoire. Mais dans certains cas, l’administration a le pouvoir d’éta-
blir d’office les impositions supplémentaires (titre 3).
Le recours contre la décision de l’administration est un droit pour le contribuable. Il convient de
distinguer les moyens de recours précontentieux, d’une part, des moyens de recours conten-
tieux, d’autre part (titre 4).
Dans les opérations qu’elle doit réaliser, l’entreprise peut être amenée à demander à l’adminis-
tration fiscale la délivrance d’un agrément (chapitre 1) ou bien à lui poser une question de droit
sur une situation de fait (rescrit) (chapitre 2).
Chapitre 1. L’agrément
Les agréments fiscaux sont des procédures administratives permettant à un contribuable
de bénéficier d’un régime fiscal dérogatoire pour certaines opérations prévues par la loi.
Leur obtention est subordonnée à une demande de l’intéressé et à une décision de l’autorité
compétente. L’exigence d’un agrément ne confère pas au ministre le pouvoir, qui n’appartient
qu’à la loi, de déterminer le champ d’application d’un avantage fiscal mais lui permet de s’assu-
rer que l’opération satisfait aux conditions posées par la loi.
La procédure d’agrément est donc différente de celle de rescrit fiscal qui est davantage une
procédure assurant la sécurité juridique des opérations réalisées par les contribuables.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 45
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
comme cela a été le cas pour la succession du peintre Picasso) ;
• pour l’obtention de réductions d’impôts par les entreprises qui réalisent certains investisse-
ments dans les DOM.
I. LE CARACTÈRE PRÉALABLE
Sauf disposition expresse contraire, toute demande d’agrément à laquelle est subordonnée
l’application d’un régime fiscal particulier doit être préalablement déposée à la réalisation de
l’opération qui la motive. La demande est établie d’après un modèle fourni par l’administration.
De manière générale, le délai au terme duquel le silence gardé par l’autorité administrative sur
une demande d’agrément vaut décision de rejet est fixé à 4 mois. Concernant le régime de
déduction des investissements réalisés dans les DOM, l’absence de réponse de l’administration
dans un délai de 3 mois vaut accord tacite. Le délai peut être réduit à 2 mois lorsque le dossier
est examiné par l’un des directeurs des services fiscaux des DOM.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
46
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Les délais de recours ne sont opposables qu’à la condition d’avoir été mentionnés, ainsi que les
voies de recours, dans la notification de la décision. S’il a été mentionné dans la décision, le
recours pour excès de pouvoir doit être formé dans les 2 mois qui suivent la notification de la
décision au contribuable. À défaut, l’intéressé peut se pourvoir en tout temps devant le tribunal
administratif.
Le contribuable a, par ailleurs, dans le cadre du recours hiérarchique, la possibilité de deman-
der à l’administration de reconsidérer sa position.
Section 4. Le retrait
Le maintien des avantages attachés à l’agrément est subordonné à la réalisation des engage-
ments contractés. En cas d’inexécution des engagements, l’agrément est retiré et les avan-
tages fiscaux qu’il comportait sont remis en cause dans les limites du droit de reprise.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Avant le retrait de l’agrément, l’entreprise doit être mise en demeure de présenter ses observa-
tions. Le délai accordé ne peut être inférieur à 30 jours. Le contribuable peut se faire assister par
un conseil de son choix. La décision de retrait doit être motivée. Les effets du retrait peuvent
toutefois être limités à une fraction des avantages obtenus. Les rappels de droits sont assortis
de l’intérêt de retard.
La décision de retrait peut être contestée par la voie du recours pour excès de pouvoir et,
après expiration de ce délai de recours, par la voie d’exception d’illégalité, à l’appui de la
demande en décharge des impositions qui en découlent.
REMARQUE
Lorsque le bénéficiaire d’avantages fiscaux accordés du fait d’un agrément administratif se
rend coupable, postérieurement à la date de l’agrément, d’une infraction fiscale reconnue frau-
duleuse par une décision judiciaire ayant autorité de chose jugée, il est déchu du bénéfice
desdits avantages depuis la date de l’infraction. Il s’agit de la déchéance de l’agrément. Il
convient de la distinguer du retrait de l’agrément.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 47
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
I. LE PRINCIPE
La procédure du rescrit fiscal général permet au contribuable de demander à l’administration
fiscale de lui expliquer comment sa situation doit être traitée au regard des impôts. La réponse
de l’administration, appelée rescrit fiscal, donne au contribuable des garanties juridiques, sous
certaines conditions (art. L. 80 B, 1°, LPF).
La question peut porter sur tous les impôts, droits et taxes prévus par le CGI (par exemple, le
contribuable peut demander si sa situation lui permet de bénéficier d’une réduction d’impôt).
Lorsque la question a déjà été posée par un autre contribuable à l’administration fiscale et
qu’elle a fait l’objet d’une réponse publiée sur le site de la direction générale des finances
publiques, il est possible d’appliquer la solution publiée à condition de s’assurer que les condi-
tions sont les mêmes et de se conformer strictement à la réponse donnée.
La prise de position formelle de l’administration sur l’appréciation de la situation du contri-
buable au regard d’un texte fiscal est opposable. Ainsi, en cas de rehaussement, le contribuable
peut bénéficier d’une garantie contre les éventuels changements de doctrine, sous certaines
conditions. Le rescrit fiscal engage l’administration à ne pas remettre en cause la situation
fiscale du contribuable si celui-ci a suivi la position ou les indications communiquées par l’admi-
nistration et qu’il est de bonne foi (c’est-à-dire qu’il a donné à l’administration toutes les infor-
mations utiles pour qu’elle prenne sa décision).
La garantie prend fin dans les trois cas suivants :
• la situation du contribuable n’est plus identique à celle qu’il a présentée dans sa demande ;
• la législation applicable à la situation a évolué ;
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
• l’administration modifie son appréciation sur la situation qui lui a été présentée. Dans ce cas,
l’appréciation antérieure n’est plus valable à partir du jour où le contribuable est informé de ce
changement, et seulement pour l’avenir.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
48
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
A. EN CAS DE DÉSACCORD
En cas de désaccord avec la réponse de l’administration fiscale, le contribuable peut solliciter un
second examen de sa demande. Il doit alors formuler cette nouvelle demande dans les 2 mois
après réception de la réponse de l’administration à la demande initiale, selon les mêmes règles
de contenu et d’envoi que pour la demande initiale et sans invoquer d’éléments nouveaux.
L’administration fiscale notifie au demandeur une nouvelle réponse au plus tard 3 mois après
réception de la demande de second examen.
Le contribuable n’est pas tenu de se plier à la réponse de l’administration fiscale.
B. LE DÉFAUT DE RÉPONSE
Le défaut de réponse de l’administration dans le délai de 3 mois ne vaut pas en principe accord
tacite. En revanche, il existe des rescrits pour lesquels le défaut de réponse vaut accord tacite
(voir section 2).
Il existe des rescrits particuliers : accords tacites (I), rescrit « mécénat » (II) et rescrit « abus de
droit » (III).
202111TDPA0216 49
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUE
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Entre deux solutions légales, le contribuable est libre de choisir la moins onéreuse fiscalement.
Mais, l’administration fiscale peut donner à cet acte une interprétation différente et la remettre
en cause sur les fondements de l’article L. 64 du Livre des procédures fiscales alors même que
le contribuable n’a commis aucune infraction au regard du droit civil ou commercial.
Ainsi, l’administration fiscale peut requalifier la vente d’un immeuble en donation déguisée si
elle peut prouver que la finalité de l’opération était effectivement une donation mais avec la
volonté de profiter de droits de mutation réduits applicables aux ventes de biens. Dans ce cas,
l’administration peut entamer une procédure de l’abus de droit qui lui permettra de rendre à
l’opération son véritable caractère fiscal et d’encaisser les droits perçus majorés de 80 % et
l’intérêt de retard (0,40 % par mois). La majoration due en cas d’abus de droit est abaissée
de 80 % à 40 % lorsque le contribuable n’a pas eu l’initiative principale du ou des actes
constitutifs de l’abus de droit et qu’il n’en a pas été le principal bénéficiaire.
Afin d’en restituer le véritable caractère, l’administration est en droit d’écarter, comme ne lui
étant pas opposables, les actes constitutifs d’un abus de droit, dès lors que l’abus de droit
recouvre l’une des deux situations :
• la fictivité : il s’agit de dénoncer les actes dissimulant la portée véritable d’un contrat ou
d’une convention, l’exemple le plus courant est la donation déguisée en vente ;
• le but exclusivement fiscal : il s’agit de démontrer qu’il y a eu une volonté expresse d’éluder
ou d’atténuer les charges fiscales que l’intéressé aurait normalement supportées, les crédits
d’impôt fictifs constituent un exemple de but exclusivement fiscal.
Il faut distinguer l’abus de droit de l’acte anormal de gestion (AAG).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
50
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Le délai de reprise est la période pendant laquelle l’administration fiscale peut corriger des
erreurs dans la déclaration du contribuable et effectuer des rectifications.
I. LE DÉLAI DE REPRISE
En principe, le délai de reprise de droit commun est de 6 ans, dès lors qu’il n’est pas expres-
sément prévu de délai de prescription plus court ou plus long.
En pratique, le délai de reprise est de 3 ans. Il est toutefois plus exact de dire que le droit de
reprise de l’administration s’exerce jusqu’à la fin de la 3e année suivant celle au titre de laquelle
l’impôt est dû. Ce principe s’applique à la majorité des impôts, taxes et droits (IR, IS, CSG/
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
EXEMPLES
1. Les revenus soumis à l’IR au titre de l’année 2012 (déclarés en 2013) peuvent faire l’objet
d’un redressement jusqu’au 31 décembre 2015. Inversement, en 2015, l’administration peut
redresser les revenus des années 2012, 2013 et 2014.
2. La société SA Vakomça clôturant ses comptes au 31 décembre ne pourra être redressée sur
l’IS dû au titre de l’exercice 2012 que si la proposition de rectification parvient à la société au
plus tard le 31 décembre 2015.
Si la société clôture ses comptes au 30 mars 2012, la proposition de rectification devra égale-
ment parvenir à la société au plus tard le 31 décembre 2015 (et non pas au 30 mars 2015).
3. Une entreprise, créée en 2006, soumise à l’IS (clôture des exercices au 31 décembre) et
assujettie à la TVA selon le régime réel normal mensuel (date de dépôt des déclarations CA3 le
19 de chaque mois) a fait l’objet d’une vérification générale de comptabilité dont elle a été
informée par un avis de vérification du 15 juin 2015 (date de réception le 25 juin 2015).
En matière de TVA, l’avis peut régulièrement viser la période du 1er janvier 2012 au 30 avril 2015
(date de dépôt de la CA3 au 19 mai 2015, soit antérieurement à la rédaction de l’avis de véri-
fication).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 51
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
EXEMPLE
Si une vérification de comptabilité effectuée en matière d’IS portant sur les revenus 2010 à
2012 donne lieu à une proposition de rectification et à un dépôt de plainte en 2013, l’adminis-
tration fiscale peut engager (avant le 31 décembre 2013) une nouvelle vérification portant sur
les exercices 2008 et 2009.
Une prorogation est également applicable en cas de recours à l’assistance administrative
internationale. Une demande de renseignements adressée à une autorité étrangère dans le
cadre de l’assistance administrative internationale a pour effet, sous certaines conditions et
dans la limite de 5 ans, de prolonger le délai de reprise qui court alors jusqu’à la fin de l’année
suivant celle de la réponse, même si le délai initial a expiré
En matière de droits d’enregistrement, le délai de reprise de 3 ans est porté à 6 ans si les
déclarations souscrites n’étaient pas suffisantes pour calculer le montant du redressement et si
l’administration a dû se livrer à des recherches ultérieures.
La prescription a pour effet de « figer » les résultats et revenus des années ou exercices qu’elle
atteint ; en d’autres termes, aucun impôt ou taxe supplémentaire ne pourra être réclamé sur ces
périodes. Le délai de reprise est « expiré ».
Le service des impôts peut cependant exercer, sur une période prescrite, un droit de contrôle.
En effet, les infractions qui trouvent leur origine dans les exercices prescrits et qui ont une inci-
dence sur les résultats et donc l’assiette et le calcul de l’impôt du premier exercice non prescrit,
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
pourront être rectifiées.
Il ne s’agit pas d’une extension du délai de reprise mais de la possibilité pour l’administration de
contrôler des opérations effectuées pendant la période prescrite qui modifient la base imposable
ou l’impôt relatif à une période sur laquelle peut s’exercer le droit de reprise de l’administration.
Les deux principales situations dans lesquelles le contrôle d’exercices prescrits est possible
sont les suivantes :
• déficits antérieurs ou crédits d’impôt reportés sur une période non prescrite ou report en arrière
de déficits sur des exercices prescrits ;
• erreur figurant au bilan d’ouverture du premier exercice non prescrit (règle de la correction
symétrique des bilans et intangibilité du bilan d’ouverture).
EXEMPLE
Une entreprise a déclaré à tort un déficit fiscal en 2008 de 150 000 € qui a été par la suite
reporté et imputé successivement sur 2009 (pour 25 000 €), 2010 (pour 50 000 €), 2011 (pour
50 000 €) et 2012 (pour 25 000 €). L’entreprise fait l’objet, en 2015, d’une vérification de
comptabilité sur les exercices 2012 et 2013. L’administration fiscale peut exercer un droit de
contrôle sur l’origine du déficit (2008) mais ne pourra pas exercer son droit de reprise, l’exer-
cice 2008 étant prescrit en 2015. Toutefois, elle pourra exercer son droit de reprise sur 2012
(premier exercice non prescrit en 2015) à hauteur de 25 000 €.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
52
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Le contrôle formel (I) et le contrôle sur pièces « CSP » (II) sont deux formes de contrôle fiscal
réalisé du bureau. Les agents de l’administration fiscale opèrent ces contrôles sans avoir l’obli-
gation d’en informer le contribuable. En outre, deux formes de contrôle ont été récemment
introduites en droit français : le contrôle sur demande et le contrôle de flagrance fiscale (III).
I. LE CONTRÔLE FORMEL
Le contrôle formel opéré du bureau par les services des impôts a pour objet d’assurer une
présentation correcte de la déclaration en vue de son exploitation optimale par les moyens infor-
matiques. Il permet également de rapprocher les éléments déclarés avec les différents docu-
ments que le contribuable doit joindre à sa déclaration.
A. UN CONTRÔLE SYSTÉMATIQUE
Le contrôle formel est un contrôle systématique qui vise toutes les déclarations déposées
par le contribuable (déclarations de revenus des particuliers, déclarations de résultats des
entreprises, déclarations de TVA, déclarations annexes, etc.) ainsi que les pièces justificatives
qui sont censées les accompagner.
Cette procédure permet de détecter, préalablement à sa saisie informatique, des incohérences
graves, par exemple :
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 53
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
A. LA DÉFINITION DU CSP
Le contrôle sur pièces permet à l’administration de s’assurer à la fois que les contribuables ont
totalement satisfait à leurs obligations déclaratives et qu’ils ont correctement déclaré les élé-
ments devant être communiqués aux services fiscaux.
Le CSP s’effectue du bureau et consiste en l’examen critique des déclarations déposées par
les contribuables. Il comporte plus précisément trois aspects :
• la détection et la relance des contribuables défaillants (ceux qui n’ont pas déposé spontané-
ment leur déclaration dans les délais légaux) ;
• l’action de prévention afin de réparer les erreurs relevées dans les déclarations ;
• la sélection des dossiers en vue du CFE (ESFP et VG).
REMARQUE
Le CFE (contrôle fiscal externe) comprend deux types d’opérations : la vérification générale
de comptabilité (VG) et l’examen contradictoire de situation fiscale personnelle (ESFP). Les
travaux effectués dans le cadre du CSP sont naturellement moins étendus que dans ces deux
types d’opérations. Par ailleurs, il est important de noter que la différence primordiale qui
existe entre le CSP (ou le contrôle formel) et le CFE repose sur l’obligation d’informer le contri-
buable :
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
• dans le cas du CSP, l’administration fiscale n’est pas tenue d’informer le contribuable
qu’elle engage le CSP de son dossier fiscal. L’administration peut donc adresser une
demande d’informations (ou de renseignements) ou même une proposition de rectification à
un contribuable qui ignorait le contrôle en cours le concernant. Les garanties du contribuable
(délai de réponse, voies de recours, etc.) ne sont pas remises en cause.
Le service des impôts peut interroger le contribuable sur plusieurs points de sa déclaration
mais le juge de l’impôt peut considérer que l’administration a engagé un CFE sans en avoir
avisé le contribuable dès lors que l’importance des questions posées le justifie ;
• dans le cadre du CFE, aucune demande de l’administration fiscale ne peut, en principe, être
adressée au contribuable avant qu’il n’ait reçu un avis de vérification l’informant de l’ou-
verture du contrôle à son encontre.
Aussi, chaque fois qu’un dossier présente des anomalies et mérite un examen approfondi, le
service des impôts le programmera en CFE, sans procéder à des investigations trop lourdes
afin de ne pas encourir la sanction du juge pour non-respect des garanties accordées aux
contribuables en la matière.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
54
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
1. Le champ d’application
Les petites et moyennes entreprises dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas certains mon-
tants peuvent demander à l’administration de contrôler les opérations réalisées, y compris pour
la période ou l’exercice en cours, sur des points précis. Il s’agit des entreprises dont le chiffre
d’affaires ou les recettes professionnelles ne dépassent pas 1 500 000 € pour les entreprises
dont le commerce principal est la vente de marchandises, d’objets, de fournitures et de denrées
à emporter ou à consommer sur place ou la fourniture de logement, ou 450 000 € pour les autres
(prestations de services). Ces montants sont appréciés hors taxes et annuellement ou par
période de 12 mois. Lorsque l’activité de l’entreprise se rattache à la fois aux deux catégories
d’opérations, le chiffre d’affaires global de l’entreprise ne doit pas excéder la limite des
1 500 000 € et le chiffre d’affaires résultant des opérations autres que les ventes ou la fourniture
de logement ne doit pas dépasser la limite des 450 000 €. Le chiffre d’affaires à prendre en
compte est celui réalisé au titre de l’année ou de l’exercice précédant l’exercice au cours duquel
la demande est présentée.
Ce contrôle sur demande, en tant qu’il porte sur le CIR (crédit impôt recherche), s’applique à
toutes les entreprises, quel que soit leur chiffre d’affaires.
2. La procédure
L’administration n’est pas tenue de déférer à la demande de contrôle. Lorsque l’administra-
tion répond favorablement à la demande du contribuable, elle l’informe des résultats du contrôle
sur chacun de ces points et ses conclusions constituent des prises de position formelles qui
engagent l’administration.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 55
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
1. Le champ d’application
Cette procédure peut être mise en œuvre, à tout moment, dans le cadre du droit de visite et de
saisie, du droit d’enquête, de la procédure de contrôle en matière de TVA pour les redevables
relevant du RSI, de la vérification de comptabilité ou bien encore du contrôle inopiné.
La flagrance fiscale concerne des contribuables exerçant une activité professionnelle et sou-
mis à ce titre à des obligations déclaratives en matière d’IR (BIC, BNC, BA), d’IS et de TVA, quel
que soit leur régime d’imposition.
Peuvent donner lieu à l’établissement de procès-verbaux de flagrance fiscale des faits constatés
au titre des périodes achevées (non plus de la période en cours) pour lesquelles aucune obliga-
tion déclarative n’est échue.
La mise en œuvre de la flagrance fiscale doit être justifiée par l’une des situations suivantes :
• l’exercice d’une activité que le contribuable n’a pas fait connaître à un centre de formalités
des entreprises ou au greffe du tribunal (sauf s’il a satisfait, au titre d’une période antérieure, à
l’une de ses obligations fiscales déclaratives) ;
• la délivrance de factures ne correspondant pas à la livraison d’une marchandise ou à
l’exécution d’une prestation de services, ou de factures afférentes à des livraisons de biens
au titre desquelles la TVA ne peut faire l’objet d’aucune déduction ou la comptabilisation de
telles factures reçues ;
• lorsqu’elles sont de nature à priver la comptabilité de valeur probante, soit la réitération
d’opérations commerciales sans facture et non comptabilisées, soit l’utilisation d’un logiciel de
comptabilité ou de caisse « permissif » de nature à priver la comptabilité de valeur probante ;
• une infraction aux interdictions mentionnées par le Code du travail, relatives au travail dissimulé ;
• l’absence réitérée du respect de l’obligation de déclaration mensuelle ou trimestrielle de la TVA ;
• lorsque les agents sont informés de l’exercice par le contribuable d’une activité criminelle ou
délictuelle (trafic de stupéfiants, etc.), même si les obligations déclaratives ne sont pas encore
échues.
2. La procédure
Cette procédure doit être mise en œuvre par un agent de l’administration fiscale ayant au moins
le grade de contrôleur des finances publiques.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Afin de respecter les droits de la défense, le législateur a assorti la procédure de flagrance fiscale
de garanties et de voies de recours au bénéfice du contribuable, dans les conditions de droit
commun ou selon des dispositifs nouvellement créés. Le contribuable peut notamment bénéfi-
cier de deux recours cumulatifs en référé, l’un contre la mise en œuvre de la procédure de
flagrance fiscale et l’autre contre la mise en œuvre des saisies conservatoires.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
56
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
À l’occasion de cet examen, l’administration peut contrôler la cohérence entre, d’une part, les
revenus déclarés et, d’autre part, la situation patrimoniale, la situation de trésorerie et les
éléments du train de vie des membres du foyer fiscal.
Les ESFP viennent, en pratique, souvent en complément d’une vérification de comptabilité, ce
qui permet aux services fiscaux d’appréhender la situation économique d’un exploitant indivi-
duel, gérant, administrateur, etc. dans sa globalité et de déceler notamment d’éventuels mouve-
ments financiers de comptes professionnels vers des comptes privés.
B. LE DÉROULEMENT DE L’ESFP
1. L’avis de vérification
Un ESFP ne peut pas être engagé sans que le contribuable en ait été informé par l’envoi ou
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
la remise préalable d’un avis de vérification (imprimé n° 3929). Les conditions d’engagement
de l’ESFP sont sensiblement les mêmes que pour la vérification de comptabilité.
L’avis de vérification doit préciser certaines mentions. En outre, il doit informer le contribuable
que la Charte des droits et obligations du contribuable vérifié peut être consultée sur le site
Internet de l’administration ou lui être remise sur simple demande.
2. Le lieu de l’examen
L’ESFP se déroule en principe dans les locaux de l’administration, c’est-à-dire dans les
locaux du service qui a engagé le contrôle. L’ESFP peut, très exceptionnellement, avoir lieu chez
le conseil du contribuable, au siège de son entreprise ou à son domicile si le contribuable vérifié
en fait la demande.
3. La durée de l’examen
Sous peine de nullité de l’imposition, la procédure d’ESFP ne peut pas s’étendre sur une durée
supérieure à un an. Ce délai a pour point de départ la date de réception ou de remise de l’avis
de vérification et pour point d’arrivée la date d’envoi de la proposition de rectification au contri-
buable (cachet de la poste faisant foi).
Toutefois, la durée de l’ESFP est portée à 2 ans dans un des deux cas suivants :
• en cas de découverte, en cours de contrôle, d’une activité occulte dans le délai initial d’un an,
éventuellement prorogé ;
• en cas de mise en œuvre, dans le délai initial d’un an, de l’exercice de droit de communica-
tion auprès du ministère public et de l’autorité judiciaire.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 57
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Le délai d’un an peut être prorogé du délai nécessaire à l’administration pour obtenir commu
nication des comptes bancaires ou pour obtenir des renseignements auprès des autorités étran-
gères ou bien de 30 jours lorsque l’administration aura adressé une demande d’éclaircissements
et de justifications.
4. Les investigations
L’administration effectue le relevé des sommes figurant aux crédits des comptes bancaires.
Lorsque, pour une même année, la somme de ces crédits (diminuée des virements internes réa-
lisés entre comptes du contribuable) représente au moins le double de la somme des revenus
déclarés à l’IR (principe appelé « règle du double ») ou excède les revenus déclarés d’au
moins 150 000 €, l’administration interroge le contribuable sur la nature et l’origine de ces cré-
dits. Cette demande de l’administration doit indiquer explicitement les points sur lesquels elle
porte et mentionner au contribuable le délai de réponse dont il dispose.
Lorsque le contribuable est défaillant, la « règle du double » ne peut évidemment pas s’appli-
quer. En conséquence, la demande d’éclaircissements et de justifications est remplacée par une
simple demande non contraignante. L’administration, pouvant recourir à la force de la procédure
d’imposition d’office, peut qualifier librement les crédits figurant sur les comptes bancaires,
même en l’absence de réponse du contribuable.
C. LA CLÔTURE DE L’ESFP
1. La proposition de rectification ou l’avis d’absence de rectification
L’administration doit porter les conclusions de l’ESFP à la connaissance du contribuable même
en l’absence de rectification. Pour cela, elle adresse une proposition de rectification ou un avis
d’absence de rectification.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
• ou lorsque l’administration a dressé un procès-verbal de flagrance fiscale ;
• ou lorsque l’administration a, dans le délai initial de reprise, demandé à l’autorité compétente
d’un autre État ou territoire des renseignements ;
• ou lorsque l’administration a, dans le délai de reprise, déposé une plainte ayant abouti à
l’ouverture d’une enquête judiciaire pour fraude fiscale (le délai de reprise est de 10 ans).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
58
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
EXEMPLE
La SARL Hureau est soumise à l’IS au régime réel normal. Elle dépose ses déclarations de TVA,
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
REMARQUE
En principe, il est impossible pour l’administration de renouveler une vérification de
comptabilité déjà effectuée pour un impôt ou une période déterminée. Toutefois, il est fait
exception à cette règle, notamment en cas d’agissements frauduleux, dans les cas où l’admi-
nistration a dressé un procès-verbal de flagrance fiscale, dans les cas de vérification de la
comptabilité des sociétés mères qui ont opté pour l’intégration fiscale, après l’intervention de
la réponse de l’autorité compétente de l’autre État ou en cas de dépôt d’une plainte ayant
abouti à l’ouverture d’une enquête judiciaire pour fraude fiscale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 59
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
EXEMPLES
Une entreprise relevant du régime réel (mensuel en TVA) a fait l’objet d’une vérification de
comptabilité en novembre 2013 au titre de l’IS (exercices clos les 31/12/2011 et 31/12/2012)
et en matière de TVA (période du 01/01/2011 au 31/09/2013).
En septembre 2014, une nouvelle vérification de comptabilité pourra être opérée au titre de l’IS
(exercice clos le 31/12/2013) et en matière de TVA (période du 01/01/2013 au 31/07/2014).
On constate que la TVA, pour la période du 01/01/2013 au 31/09/2013, a été vérifiée réguliè-
rement deux fois.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
➠➠Les exceptions au principe de l’envoi ou de la remise de l’avis préalable
Toutefois, il existe des exceptions à ce principe :
• le contrôle inopiné (art. L. 47, al. 4, LPF) : le vérificateur peut intervenir inopinément dans les
locaux de l’entreprise. Au cours de cette intervention, l’avis de vérification, accompagné de la
Charte des droits et obligations du contribuable vérifié, est remis au début des opérations de
constatations matérielles. Cependant, aucune investigation n’est menée sur place ; il
s’agit simplement de faire un relevé exhaustif des éléments présents sur place (matériels, liqui-
dités dans les caisses, etc.). L’examen au fond des documents comptables ne peut commen-
cer qu’à l’issue d’un délai raisonnable (2 jours francs au moins) permettant au contribuable de
se faire assister d’un conseil de son choix ;
• le droit de visite et perquisition (art. L. 16 B, LPF) : l’autorité judiciaire, saisie par l’adminis-
tration, peut autoriser les agents de l’administration des impôts à rechercher la preuve d’agis-
sements frauduleux, en effectuant des visites en tous lieux, même privés, où les pièces et
documents s’y rapportant sont susceptibles d’être détenus et procéder à leur saisie, quel
qu’en soit le support. Chaque visite doit être autorisée par une ordonnance du JLD du TGI
dans le ressort duquel sont situés les lieux à visiter. Il est prévu l’accès pour le contribuable
perquisitionné à un juge d’appel qui appréciera les faits et le droit ;
• le droit de communication (art. L. 13, LPF) : ce droit permet à l’administration de prendre
connaissance et, au besoin, copie de documents détenus par des entreprises, administra-
tions, établissements financiers, etc. en vue de leur utilisation à des fins d’assiette ou de
contrôle des impôts dus. Il ne peut pas être exercé à l’encontre des particuliers. Les éléments
dont l’administration prend connaissance ne doivent pas faire l’objet d’un examen critique, les
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
60
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
b. Le lieu du contrôle
➠➠Le principe de contrôle sur place
Première hypothèse : le contrôle au siège de l’entreprise vérifiée
La vérification de comptabilité doit normalement se dérouler sur place, c’est-à-dire au siège de
l’entreprise de manière à permettre au contribuable de suivre les opérations, au vérificateur
d’apprécier les conditions de fonctionnement de l’entreprise et d’instaurer un débat oral et
contradictoire. Est également régulière la vérification de comptabilité effectuée sur le lieu de
l’exploitation où sont déposées les déclarations fiscales et non au siège de l’entreprise.
Les interventions du vérificateur doivent avoir lieu pendant les heures normales d’ouverture
des locaux professionnels et il est en droit de les visiter afin de s’assurer de leur conformité
avec les éléments figurant dans la comptabilité (ex. : l’inscription de certains biens sur le registre
des immobilisations et leur présence dans l’entreprise ou la réalité des stocks).
Le débat oral et contradictoire est présumé dans la mesure où les investigations se déroulent
dans les locaux de l’entreprise (ou, le cas échéant, au cabinet comptable ou au bureau du
conseil de l’entreprise). S’il entend se prévaloir de l’absence de dialogue pour faire échec aux
rectifications notifiées, le contribuable doit établir l’inexistence de ce débat ou établir que les
circonstances du déroulement du contrôle l’ont privé de la possibilité d’avoir un débat oral et
contradictoire.
L’examen de la comptabilité en dehors des locaux de l’entreprise doit résulter d’une demande
expresse du contribuable ou de son mandataire ou encore d’un seul des associés d’une
société non soumise à l’IS, ou lorsque les circonstances le justifient et si le contribuable ne s’y
oppose pas.
Si l’administration accepte de réaliser les opérations de contrôle dans ses propres bureaux, elle
doit prouver le caractère oral et contradictoire du débat (nombre d’entretiens, documents exa-
minés, etc.).
➠➠L’emport de documents
Le principe des interventions sur place signifie en théorie l’examen des documents comp-
tables sur place ; il est alors interdit d’emporter des documents hors de l’entreprise. Toutefois,
le vérificateur peut demander une copie de certains documents (factures, etc.) dès lors que le
contribuable en conserve l’original. En cas exceptionnel de contrôle dans les locaux de l’admi-
nistration, la jurisprudence conditionne le caractère régulier d’un emport de documents aux
quatre conditions suivantes :
• une demande préalable : le contribuable qui souhaite remettre ses documents comptables au
vérificateur doit lui adresser une demande écrite préalable à l’emport en mentionnant expres-
sément avoir été averti que ce contrôle devait normalement se dérouler dans son entreprise.
Aucune demande ne doit être faite sur un modèle préimprimé ou matériellement rédigée par le
vérificateur. La demande peut être révoquée par le contribuable à tout moment du contrôle ;
• le reçu détaillé des documents emportés : le vérificateur n’est pas tenu d’accéder à la
demande du contribuable ; mais, s’il accepte, il doit remettre au contribuable un reçu détaillé
des documents. Ce reçu doit être signé par le vérificateur et par le contribuable ;
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 61
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
• la restitution des documents emportés : les documents comptables emportés doivent être
restitués avant la clôture des opérations sur place, avant l’envoi de la proposition de rectifica-
tion ou d’une demande de renseignements portant sur les documents en cause, et avant
l’expiration du délai de 3 ou 6 mois lorsque la durée du contrôle est limitée dans le temps.
C’est pour que le contribuable soit en possession de ces documents lors de la discussion sur
les résultats du contrôle. Lors de la restitution des documents, le vérificateur doit exiger une
décharge qui corresponde strictement au reçu qu’il a délivré lors de l’emport. Après restitution
des documents, la vérification peut se poursuivre dans l’entreprise ;
• le débat oral et contradictoire : dans tous les cas (contrôle sur place ou dans les locaux de
l’administration), l’emport de documents ne doit pas priver le contribuable du débat oral et
contradictoire. Le vérificateur ne peut donc pas justifier qu’il n’ait effectué qu’une seule inter-
vention sur place du fait qu’il disposait par ailleurs de tous les documents comptables, empor-
tés régulièrement.
c. La durée de contrôle
➠➠Pour les petites entreprises (art. L. 52, I, LPF)
Sous peine de nullité du contrôle et des rappels d’impôts en résultant, la vérification sur place
des livres ou documents comptables ne peut excéder 3 mois lorsque le chiffre d’affaires ou
le montant des recettes brutes HT ne dépasse pas les limites suivantes du RSI (régime simplifié
d’imposition) :
• pour les entreprises réalisant des ventes ou fournissant le logement : 783 000 €
• pour les entreprises réalisant des prestations de services : 236 000 €
• pour les entreprises agricoles : 350 000 €
REMARQUE
Le délai de 3 mois est décompté à partir de la date de la première intervention sur place (et
non de la réception de l’avis) qui figure sur l’avis de vérification.
Lorsque l’avis de vérification couvre plusieurs exercices, il suffit que le chiffre d’affaires d’un
seul d’entre eux excède la limite pour que le délai de 3 mois ne s’applique plus pour toute la
période vérifiée.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Par exception, la limitation du délai de 3 mois ne s’applique pas notamment :
• en cas de graves irrégularités privant de valeur probante la comptabilité, dans ce cas, la véri-
fication sur place ne peut s’étendre sur une durée supérieure à 6 mois ;
• pour la vérification de comptabilité de l’année ou de l’exercice au cours duquel l’administration
a dressé un procès-verbal de flagrance fiscale ainsi que pour la vérification des années anté-
rieures ;
• lorsqu’à la date d’expiration de ce délai, une enquête judiciaire ou une information ouverte par
l’autorité judiciaire est en cours ;
• dans le cadre d’une vérification de comptabilité informatisée, le délai de 3 mois est prorogé
de la durée nécessaire pour l’administration d’obtenir les fichiers d’écriture comptable.
REMARQUE
La proposition de rectification interrompt la prescription et fait courir un nouveau délai de
même nature et de même durée que celui interrompu. La prescription n’est valablement inter-
rompue que si la proposition de rectification est régulière.
L’avis de vérification n’interrompt pas la prescription, contrairement à la proposition de
rectification. Ainsi, bien qu’un avis de vérification de comptabilité ait été adressé à une entre-
prise le 15 novembre 2014 visant les années 2011, 2012 et 2013 et que les opérations de
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
62
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
contrôle sur place seraient encore en cours au 31 décembre 2013, l’année la plus ancienne,
soit 2011, sera prescrite à compter du 1er janvier 2015, c’est-à-dire que plus aucune rectifica-
tion ne sera possible après cette date, au titre de 2010. C’est pourquoi, l’administration va
établir avant le 31/12/2014 une proposition de rectification « interruptrice de prescription » qui
visera prioritairement l’année 2011. Par cette procédure, la proposition de rectification inter-
rompt la prescription à hauteur des montants rehaussés (c’est-à-dire que l’administration fis-
cale conserve en 2015 le droit de diminuer ou d’abandonner les redressements notifiés au titre
de 2011 mais ne peut plus en augmenter le montant).
d. L’examen de la comptabilité
➠➠Les investigations dans l’entreprise
Les contribuables doivent présenter, à la demande du vérificateur, tous les documents comp-
tables, inventaires, copies de lettres, pièces de recettes et de dépenses, de nature à justifier
l’exactitude des résultats indiqués dans leur déclaration. Le refus de présenter les documents
comptables au vérificateur peut conduire l’administration à notifier par procès-verbal une oppo-
sition à contrôle fiscal.
Font l’objet du contrôle : le compte de résultat, le bilan, le grand-livre, les journaux, les factures,
l’inventaire, le courrier administratif, le livre de paye, les pièces de recettes et de dépenses,
l’ensemble des documents juridiques (contrats, statuts de la société, procès-verbaux des
assemblées générales…).
caires à usage professionnel et privé. L’examen peut se faire aussi bien dans le cadre d’une
vérification de comptabilité que d’un ESFP. Par conséquent, les investigations menées sur ces
comptes dans le cadre d’une vérification de comptabilité ne peuvent être assimilées à un com-
mencement d’ESFP, et inversement.
En principe, le vérificateur ne peut pas rectifier directement les revenus professionnels à partir
des seules constatations effectuées dans le cadre d’un ESFP. Cependant, lorsque sont décou-
vertes, au cours de l’ESFP, les activités occultes ou sont mises en évidence les conditions
d’exercice non déclarées de l’activité d’un contribuable, l’administration peut régulariser cette
situation sans avoir l’obligation d’engager une vérification de comptabilité.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 63
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUE
Pour être probante, la comptabilité doit être régulière et complète, enregistrer exactement
toutes les opérations de l’entreprise et être appuyée des justifications permettant de contrôler
ses énonciations.
a. L’erreur comptable
Il convient de distinguer l’erreur commise de bonne foi de l’erreur commise de mauvaise foi.
• Les erreurs comptables (de fait ou de droit) commises de bonne foi peuvent être rectifiées,
dans la limite du délai de reprise, à l’initiative de l’administration ou du contribuable.
• Les erreurs commises de mauvaise foi (on parle de « manquements délibérés ») sont oppo-
sables au contribuable et ne peuvent être rectifiées que par l’administration. Dans ce cas, il s’agit
d’une décision de gestion irrégulière, car une erreur ne peut sous-entendre que la bonne foi.
b. La décision de gestion
Lorsque la loi fiscale ouvre une faculté ou un choix entre plusieurs solutions, le choix retenu par
le contribuable procède d’une décision de gestion.
Il convient de distinguer les décisions de gestion régulières des décisions de gestion irrégu-
lières :
• la décision de gestion est considérée comme régulière lorsqu’elle résulte du pouvoir du
chef d’entreprise d’apprécier différentes situations au regard des règles fiscales en vigueur
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
(ex. : décision d’amortir selon le mode linéaire alors que le dégressif est possible, maintien
dans le patrimoine privé d’un élément servant à l’exploitation, décision de ne pas provisionner
un client douteux, décision de ne pas étaler une plus-value à court terme). La décision de ges-
tion régulière ne peut plus être remise en cause ; elle s’impose aussi bien au contribuable qu’à
l’administration qui ne peut s’immiscer dans la gestion de l’entreprise ;
• la décision de gestion est dite « irrégulière » lorsqu’elle n’est pas conforme à la législation
ou à la réglementation fiscale ; elle correspond généralement à la recherche d’une diminution
du bénéfice imposable (ex. : comptabilisation de charges fictives, décision de ne pas compta-
biliser des recettes). La décision de gestion irrégulière est opposable au contribuable, mais
inopposable à l’administration qui a, par conséquent, la possibilité de la rectifier.
EXEMPLE
L’omission, par une société, de comptabiliser les frais de déplacement exposés au cours d’un
exercice, dans le but de présenter à un organisme bancaire un résultat bénéficiaire, revêt un
caractère délibérément irrégulier. La société n’est pas fondée à demander la rectification de
cette omission pour la détermination des bases de l’IS auquel elle a été assujettie au titre de
l’exercice en cause.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
64
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
plutôt que l’utilisation de ses fonds propres). Ce principe de non-immixtion trouve toutefois ses
limites lorsque l’administration rectifie les conséquences d’une décision de gestion en la quali-
fiant d’acte anormal de gestion.
EXEMPLES
Constituent des actes anormaux de gestion les opérations se traduisant par :
• des dépenses injustifiées dans leur principe : prise en charge indue des dépenses per-
sonnelles exposées par le dirigeant ;
• des dépenses exagérées dans leur montant : paiement au propriétaire et également asso-
cié d’un loyer supérieur à la valeur locative réelle de l’immeuble qu’il loue à la société, sup-
plément de prix important payé au fournisseur ;
• des manques à gagner injustifiés : cession à un associé d’une immobilisation pour un prix
inférieur à sa valeur, abandon de créance pour des raisons étrangères à l’exploitation, ou
encore prêts ou avances consentis sans intérêt ou assortis d’intérêts réduits ;
• la carence manifeste de l’entreprise dans l’hypothèse d’une prise de risque manifeste-
ment excessive : avance de trésorerie assortie du versement d’intérêts, consentie par une
sous-filiale à sa société mère en difficulté, lorsque cette sous-filiale n’entretenait aucune
relation commerciale avec sa société mère et que cette avance était d’un montant manifes-
tement hors de proportion avec la solvabilité du bénéficiaire.
La charge de la preuve
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Lorsque l’administration fonde une rectification sur le caractère anormal d’un acte de gestion,
elle doit en apporter la preuve. Cette preuve est considérée comme rapportée si le contri-
buable n’est pas en mesure de justifier l’existence d’une contrepartie commerciale ou financière.
Par exemple, l’abandon de créances est injustifié dans son principe, c’est donc au contribuable
de justifier de contreparties ; faute d’une telle justification, l’administration est réputée apporter
la preuve qui lui incombe en la matière.
Les sanctions
Lorsque l’AAG est retenu, la charge considérée comme anormale n’est pas déductible et doit
être réintégrée dans le bénéfice imposable de l’entreprise. Par ailleurs, le bénéficiaire de l’avan-
tage anormal, assimilé à un supplément de revenu, est imposé sur cet avantage, soit dans la
catégorie des BIC si l’entreprise relève de l’IR soit dans la catégorie des RCM au titre des reve-
nus réputés distribués si l’entreprise relève de l’IS.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 65
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUES
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
1. Influence de la décision de l’administration
Une irrégularité de procédure, qui porte atteinte aux droits et garanties conférés par la loi aux
contribuables, a nécessairement pour effet d’influencer la décision de redressement prise par
l’administration au terme de cette procédure et de rendre celle-ci invalide. Inversement, une
irrégularité de procédure, qui ne porte pas atteinte à une garantie fixée par la loi, n’a pu avoir
d’influence sur la décision de l’administration.
2. Distinction entre non-respect des garanties non substantielles et non-respect des
garanties substantielles et des nullités légales prévues par les textes
La juridiction saisie peut, lorsqu’une erreur non substantielle a été commise dans la procédure
d’imposition, prononcer, sur ce seul motif, la décharge des majorations et amendes, à l’exclu-
sion des droits dus en principal et des intérêts de retard. Elle prononce la décharge de l’en-
semble lorsque l’erreur a eu pour effet de porter atteinte aux droits de la défense ou lorsqu’elle
est de celles pour lesquelles la nullité est expressément prévue par la loi ou par les engage-
ments internationaux conclus par la France.
Les nullités légales prévues par les textes fiscaux sont au nombre de deux :
• l’avis ne mentionnant pas expressément que le contribuable a la faculté de se faire assister
par un conseil de son choix ;
• la durée de la vérification sur place dépassant la limite légale de 3 mois pour certaines entreprises.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
66
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
a. Le principe
➠➠Les modalités du contrôle des comptabilités informatisées
La présentation des documents comptables sous forme dématérialisée s’effectue par la remise,
au début des opérations de contrôle, d’une copie des fichiers des écritures comptables (FEC)
sous forme dématérialisée répondant à des normes fixées par arrêté.
S’agissant des modalités pratiques de réalisation des traitements informatiques, il appartient au
contribuable de choisir la modalité pratique qu’il entend retenir pour mettre en œuvre le traite-
ment informatique demandé par l’administration parmi les options suivantes :
• soit le contribuable autorise l’administration à effectuer le contrôle sur le matériel de l’entre-
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
prise ;
• soit le contribuable décide d’effectuer lui-même le traitement informatique et dans ce cas,
l’administration lui précise par écrit les travaux à réaliser ainsi que le délai accordé pour les
effectuer ;
• soit le contribuable demande que le contrôle ne soit pas effectué sur le matériel de l’entreprise
et il met alors à disposition de l’administration les copies des documents, données et traite-
ments soumis au contrôle.
L’administration peut effectuer des tris, classements ainsi que tous calculs aux fins de s’assurer
de la concordance entre la copie des enregistrements comptables et les déclarations fiscales du
contribuable. L’administration détruit, avant la mise en recouvrement, les copies des fichiers
transmis.
Les fichiers informatiques contenant les pièces justificatives (facturation, recettes, etc.) ne sont
pas concernés par cette mesure et l’emport « papier » de ces documents demeure très encadré.
Tous les supports sont envisageables, qu’ils soient physiques ou électroniques (CD, DVD, clé
USB, disque dur externe, serveur sécurisé de la DGFIP, etc.).
Le contrôle des comptabilités informatisées ne constitue pas une catégorie à part de contrôle
fiscal externe. Il s’agit seulement d’un aménagement de la vérification générale de comptabilité.
Cette situation reste sans incidence sur les garanties offertes au contribuable et ne modifie en
rien les conditions du déroulement habituel de la vérification sur place. De même, l’existence du
débat oral et contradictoire est préservée : si des erreurs ou des anomalies sont décelées lors de
la consultation des fichiers des écritures comptables, elles devront être débattues avec le contri-
buable, préalablement à tout rehaussement éventuel.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 67
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
EXEMPLE
Dans le cadre d’un contrôle de comptabilité informatisée, un avis de vérification est adressé à
une entreprise et fixe la première intervention le 24 janvier 2015. La durée de 3 mois expire en
principe le 23 avril 2015.
Le contribuable remet la copie des fichiers des écritures comptables conformes à l’agent véri-
ficateur le 30 janvier 2015, date à laquelle le délai de 3 mois commence à courir. La durée de
3 mois expire le 29 avril 2015.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
a. Le principe du contrôle
Les sociétés du groupe intégré restent soumises à l’obligation de déclarer leurs résultats qui
peuvent être vérifiés dans les conditions de droit commun. Toutefois, l’existence du groupe
entraîne la possibilité pour l’administration de procéder à plusieurs contrôles de la société mère
pour la même période et pour les mêmes impôts. Cette possibilité n’est utilisée que pour contrô-
ler les écritures relatives à la détermination du résultat d’ensemble, à l’exclusion des écritures
relatives à la détermination du résultat propre de la société mère.
En outre, l’administration a la possibilité de vérifier, comme dans le régime de droit commun, les
résultats des exercices atteints par la prescription dès lors que ces résultats ont concouru à
la détermination d’un déficit d’ensemble imputé sur le résultat d’ensemble au cours d’une
période non prescrite. Ce droit de reprise est limité au montant du déficit d’ensemble imputé sur
le bénéfice d’ensemble de l’exercice non prescrit et soumis à vérification.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
68
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
délai initial de 30 jours, un délai supplémentaire de 30 jours). En cas d’accord entre le contri-
buable et l’administration, l’imposition supplémentaire est établie sur la base de ce qui est notifié
dans la proposition de rectification. Si l’intéressé ne répond pas à l’administration, son silence
vaut acceptation tacite (mais il pourra toujours contester ultérieurement dans la phase conten-
tieuse) (chapitre 2).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 69
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
La proposition de rectification doit être envoyée, en principe, par lettre recommandée avec accusé
de réception au contribuable ou à son représentant légal. Elle peut toutefois être remise en mains
propres au dirigeant. Elle peut enfin être adressée au syndic en cas de liquidation judiciaire, ou au
contribuable en cas de redressement judiciaire (une copie est alors envoyée au syndic).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Il convient de distinguer deux hypothèses : accord exprès ou tacite (I) et observations du contri-
buable (II).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
70
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Il convient de distinguer les intérêts de retard des majorations fiscales. L’intérêt de retard n’est
pas regardé comme une sanction ou une pénalité car il est destiné à réparer le préjudice subi par
le Trésor public. Il s’ajoute en général aux majorations et amendes calculées sur le montant des
droits éludés par le contribuable.
REMARQUE
Les majorations pour manquement délibéré (c’est-à-dire lorsque la bonne foi du contri-
buable n’a pas pu être retenue) de 40 % sont incompatibles avec les majorations d’assiette
de 40 %, applicables en cas de défaut de dépôt d’une déclaration dans les 30 jours d’une
mise en demeure. La mauvaise foi n’est donc jamais retenue pour un contribuable défaillant.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 71
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Lorsque l’administration constate une insuffisance, une inexactitude, une omission ou une dissi-
mulation dans les éléments servant de base au calcul des impôts, droits, taxes et redevances,
ou sommes quelconques, les rectifications doivent être effectuées selon la PCR (procédure de
rectification contradictoire).
Cette procédure doit être suivie, sous peine de vice de forme entachant de manière définitive le
supplément d’impôt établi, à l’égard de tous impôts.
La PRC est engagée par l’envoi au contribuable d’une proposition de rectification que l’admi-
nistration envisage d’apporter à ses déclarations.
I. LE PRINCIPE
L’administration peut, dans des cas limitativement prévus par la loi, mettre en œuvre des PIO
(procédures d’imposition d’office). Ces procédures (évaluation d’office ou taxation d’office
des bases d’imposition) se caractérisent par le fait que le contribuable ne peut pas, en droit
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
strict, faire état de ses arguments et qu’il supporte la charge de la preuve en cas de contentieux.
Sont passibles d’une PIO les six catégories d’infractions suivantes (art. L. 65 et s., LPF) :
• en cas de défaut de dépôt ou de dépôt tardif de certaines déclarations ;
• en cas du non-respect des obligations incombant aux microentreprises ;
• en cas de défaut de justifications de l’origine et des modalités d’acquisition des avoirs à l’étranger ;
• en cas de défaut de réponse aux demandes d’éclaircissements ou de justifications ;
• en cas d’opposition à contrôle fiscal du fait du contribuable ou de tiers ;
• en cas de défaut de désignation d’un représentant fiscal en France par un non-résident.
REMARQUES
1. Opposition à contrôle fiscal
Si, du fait du contribuable ou de tiers, l’agent des impôts se trouve dans l’impossibilité de
procéder aux opérations de contrôle, que l’opposition soit individuelle ou collective, les bases
d’imposition sont évaluées d’office, sans mise en demeure préalable.
Dans cette situation, le contribuable n’a pas la possibilité de saisir la commission départe-
mentale des ID/TCA, et les suppléments de droits mis à sa charge sont assortis de l’intérêt
de retard et d’une majoration de 100 %. En outre, l’opposition à contrôle fiscal peut entraî-
ner, dans certains cas, des poursuites correctionnelles.
2. Mise en demeure
Dans le cadre du non-respect des obligations déclaratives, le contribuable doit avoir été mis
en demeure de déposer la déclaration en cause dans un délai de 30 jours et ne pas s’être
exécuté pour que la PIO soit applicable.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
72
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Cependant, en matière de TVA, la mise en demeure n’est pas obligatoire. Le simple fait de
ne pas avoir déposé sa déclaration dans les délais prescrits par le CGI place le contribuable
défaillant en situation de taxation d’office. Toutefois, l’envoi d’une mise en demeure, dès lors
que le contribuable ne dépose pas sa déclaration dans les 30 jours, a pour effet de porter la
majoration d’assiette de 10 % à 40 %.
En outre, il n’y a pas lieu de procéder à une mise en demeure si le contribuable change fré-
quemment de lieu de séjour ou séjourne dans des locaux d’emprunt ou des locaux meublés,
ou a transféré son domicile fiscal à l’étranger sans déposer sa déclaration de revenus, ou si un
contrôle fiscal n’a pu avoir lieu du fait du contribuable ou de tiers.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 73
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Titre 4. Les voies de recours
Le contrôle fiscal se termine par l’épuisement des voies de recours précontentieux (appelées
également non juridictionnelles) (chapitre 1). Les rectifications proposées par l’administration
fiscale sont alors mises en recouvrement.
À tout moment, le contribuable peut adresser une demande de remise gracieuse (chapitre 2).
Le contribuable qui souhaite maintenir sa contestation des rehaussements proposés peut recou-
rir aux voies contentieuses (juridictionnelles) (chapitre 3). Cette possibilité présente un avantage
important pour les contribuables défaillants qui ont fait l’objet d’une PIO et ont, à ce titre, été
privés des voies de recours ouvertes aux contribuables faisant l’objet d’une PRC.
Le contentieux communautaire occupe une place importance dans le contentieux fiscal (cha-
pitre 4).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
74
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
I. LE RECOURS HIÉRARCHIQUE
Le recours hiérarchique constitue une garantie dont bénéficie tout contribuable faisant l’objet
d’un contrôle fiscal. Il peut, à tout moment de la vérification, saisir l’inspecteur principal ou
l’inspecteur départemental pour obtenir toute précision sur le contrôle en cours et sur les rec-
tifications envisagées par le vérificateur.
L’avis de vérification comporte les noms, grade et adresse du supérieur hiérarchique du vérifica-
teur.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 75
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
considération.
REMARQUE
Le champ de compétence du conciliateur départemental s’étend à l’examen des litiges de
toute nature, portant sur un différend persistant entre administration et contribuable, relatifs à
l’assiette, au recouvrement, au contentieux et au contrôle sur pièces. Cependant, les procé-
dures engagées dans des opérations de CFE (dont la VG) ainsi que les réclamations conten-
tieuses ou demandes gracieuses qui y font suite sont exclues du dispositif.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
76
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 77
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
EXEMPLE
L’épouse sans emploi, placée dans une situation d’indigence notamment du fait de l’abandon
du foyer familial par le conjoint, peut demander une décharge en responsabilité pour l’IR qu’elle
doit acquitter, dès lors qu’il a été assis sur les seuls salaires du conjoint.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
REMARQUE
La demande de remise gracieuse doit être distinguée de la réclamation contentieuse.
Dans le cas de la demande de remise gracieuse, le contribuable ne conteste pas le bien-fondé
de l’imposition mais fait part à l’administration de la gêne financière qu’il rencontre. L’administration
dispose alors d’un pouvoir discrétionnaire pour rejeter la demande ou accorder une remise
partielle ou totale de l’impôt, en fonction de son appréciation d’une situation de fait. S’agissant
d’un pouvoir discrétionnaire, l’administration n’a pas à motiver sa décision, ce qui est, en prin-
cipe, insusceptible de recours. Toutefois, les contribuables ont la possibilité de saisir le concilia-
teur dont l’avis est suivi par l’administration. Certains impôts ne peuvent jamais faire l’objet de
remise gracieuse, quelles que soient les circonstances, il s’agit notamment de la TVA.
Il en va différemment en matière de réclamation contentieuse puisque la décision de l’adminis-
tration doit être motivée et est susceptible de recours devant le tribunal en cas de rejet ou
d’admission partielle. Toutefois, les demandes de remise gracieuse peuvent être formulées en
dehors du délai légal de réclamation contentieuse.
La demande de remise gracieuse et la réclamation contentieuses interviennent après la mise
en recouvrement de l’impôt. La procédure de transaction se rencontre davantage au terme des
opérations de contrôle fiscal externe, entre l’épuisement des recours précontentieux et la mise
en recouvrement de l’impôt. Elle permet au contribuable, contre l’engagement contractuel de
sa part de ne pas engager de procédure contentieuse et d’acquitter selon un échéancier strict
la totalité des droits, de bénéficier de la remise totale ou partielle des pénalités. Il s’agit d’un
véritable contrat conclu entre le comptable public et le contribuable imposé. Il n’a, bien
entendu, d’intérêt que si le contribuable doit supporter de lourdes majorations fiscales.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
78
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Quelle que soit la nature des impôts, droits ou taxes en cause, les contestations soulevées par
les contribuables doivent obligatoirement être soumises, par voie de réclamation conten-
tieuse, à l’administration des impôts, qui doit leur notifier sa décision dans un délai de 6 mois.
À défaut, le contribuable est en droit de saisir la juridiction compétente (l’absence de réponse de
l’administration dans le délai de 6 mois vaut décision de rejet implicite).
Selon ce cas, la réclamation contentieuse tend à obtenir :
• une décharge, lorsque la contestation porte sur la totalité de l’imposition ;
• une réduction, si la contestation porte sur une partie de l’impôt.
La réclamation doit, en principe, être déposée après le paiement de l’imposition contestée et
donner lieu, le cas échéant, à une restitution de l’impôt mis en recouvrement à tort. Toutefois, les
contribuables ont la possibilité de demander le sursis de paiement de l’imposition contestée en
attendant la décision de l’administration (dans ce cas, le contribuable s’expose au paiement
d’intérêts de retard si la somme contestée est finalement maintenue et que le délai de paiement
initial a expiré).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 79
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
A. LE DÉLAI GÉNÉRAL
À peine d’irrecevabilité définitive, les réclamations adressées au service compétent doivent être
envoyées au plus tard le 31 décembre de la 2e année suivant celle :
• de la mise en recouvrement du rôle pour les impôts directs établis par voie de rôle ;
• de la notification d’un avis de mise en recouvrement pour les impôts perçus par les comp-
tables des impôts ;
• du versement spontané de l’impôt contesté, lorsque ce versement n’a donné lieu, préalable-
ment, ni à l’établissement d’un rôle ni à la notification d’un avis de mise en recouvrement ;
• de la réalisation de l’événement qui motive la réclamation.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le service compétent pour statuer sur une réclamation est celui à qui elle doit être adressée.
Le service des impôts statue sur les réclamations dans le délai de 6 mois suivant la date de leur
présentation. S’il estime ne pas être en mesure de statuer dans ce délai, il doit en informer le
réclamant et lui préciser le terme du délai complémentaire (ne pouvant excéder 3 mois) qui lui
paraît nécessaire pour prendre sa décision.
En cas de rejet total ou partiel de la réclamation, la décision doit être motivée.
L’expiration du délai de 6 mois ne dispense pas le service des impôts de statuer et de notifier sa
décision qui ne saurait, du fait de ce retard, être entachée de nullité. En revanche, l’expiration du
délai ouvre le droit au contribuable qui n’a pas reçu la notification de la décision de saisir direc-
tement le tribunal compétent et ce, alors même qu’il a été informé qu’un délai supplémentaire
est nécessaire pour prendre la décision.
REMARQUES
1. La substitution de base légale
Ce droit permet à l’administration d’invoquer, à tout moment d’une procédure, tout moyen de
nature à justifier le maintien d’impositions contestées, et notamment de substituer à cette fin,
une base légale nouvelle à celle initialement retenue. Dans ce cas, la rectification initiale est
maintenue, mais le motif sur lequel elle repose est modifié. Cette substitution est à condition
que le contribuable ne soit pas privé des garanties. En outre, la substitution de base légale est
limitée au montant initialement notifié.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
80
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Ex. : pour l’IR, la substitution de base légale peut porter sur un changement de catégorie de
revenu. C’est le cas, lorsqu’un BNC est qualifié de BIC.
2. Le sursis de paiement (art. L. 277, LPF)
En principe, le contribuable qui conteste le bien-fondé de son imposition n’est pas dispensé
d’acquitter dans le délai légal l’intégralité de cette imposition (y compris les pénalités et tous
accessoires de l’impôt). Mais, le contribuable est autorisé, s’il en a expressément formulé la
demande dans sa réclamation et précisé le montant ou les bases du dégrèvement auquel il
estime avoir droit, à différer le paiement de la partie contestée de ces impositions et des péna-
lités y afférentes. L’exigibilité de la créance et la prescription de l’action en recouvrement sont
suspendues jusqu’à ce qu’une décision définitive ait été prise sur la réclamation soit par
l’administration, soit par le tribunal compétent.
En cas de réclamation relative à l’assiette d’imposition et portant sur un montant de droits
supérieur à 4 500 €, le débiteur doit constituer des garanties portant sur le montant des droits
contestés. À défaut de constitution de garanties ou si les garanties offertes sont estimées
insuffisantes, des mesures conservatoires pour les impôts contestés peuvent être prises.
3. Les intérêts moratoires (art. L. 208 et L. 209, LPF)
En matière de contentieux fiscal, les intérêts moratoires sont dus soit par l’État, soit par le
contribuable :
• concernant les intérêts dus par l’administration, quand l’État est condamné à un dégrève-
ment d’impôt ou quand l’administration prononce un dégrèvement d’impôt à la suite d’une
réclamation contentieuse, le remboursement au contribuable des sommes déjà perçues
donne lieu au paiement d’intérêts moratoires. Les intérêts sont calculés au taux d’intérêt de
retard (0,40 % par mois). Ils courent du jour du paiement. Ils ne sont pas capitalisés. Il en est
de même du remboursement des sommes consignées à titre de garantie à l’occasion d’une
réclamation contentieuse demandant le sursis de paiement ;
• concernant les intérêts dus par le contribuable, lorsque le tribunal administratif rejette une
demande visant à l’annulation ou à la réduction d’une imposition en matière d’impôts directs
pour laquelle le contribuable avait obtenu le sursis de paiement, les sommes en jeu donnent
lieu au paiement d’intérêts moratoires (au taux de l’intérêt de retard de 0,40 % par mois). Sur
demande justifiée du contribuable, le montant des intérêts moratoires est réduit du montant
des frais éventuellement engagés pour la constitution des garanties propres à assurer le
recouvrement des impôts contestés. Ils courent du 1er jour du 13e mois suivant celui de la
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
I. L’ORDRE ADMINISTRATIF
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 81
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
2. L’instruction de la demande
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
L’instruction se déroule selon une procédure écrite, contradictoire et conduite par le tribunal lui-
même dont le président désigne un rapporteur qui peut demander aux parties tout document
utile à la solution du litige.
Suite au mémoire introductif d’instance présenté par le contribuable, le directeur des services
fiscaux dispose de 6 mois, sauf prorogation de délai, pour produire un mémoire en défense. Ce
dernier est notifié au demandeur, qui peut transmettre au greffe un ou plusieurs mémoires en
réplique.
Le président de la formation de jugement peut, par ordonnance, fixer la date à partir de laquelle
l’instruction sera close.
3. Le jugement
Le jugement est notifié le même jour à toutes les parties en cause, à leur domicile réel, par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception.
Les jugements des tribunaux administratifs sont susceptibles de faire l’objet de recours :
• soit devant la cour administrative d’appel ;
• soit devant le tribunal administratif lui-même. Les recours devant le tribunal administratif lui-
même sont le recours en interprétation (si une difficulté s’élève sur l’interprétation du jugement)
et la tierce opposition.
Les tribunaux administratifs statuent en premier et en dernier ressort en matière d’impôts locaux
et de taxes annexes autres que la CVAE.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
82
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Le Conseil d’État constitue le juge de cassation à l’égard du contentieux fiscal dévolu aux CAA.
Les cas d’ouverture du recours en cassation sont l’incompétence de la CAA, le vice de forme ou
la violation des règles générales de procédure, la violation de la loi.
Que le pourvoi soit formé par le ministre ou par le contribuable, le délai de recevabilité du recours
en cassation est de 2 mois à compter de la date de la notification de l’arrêt ou du jugement attaqué.
Si le Conseil d’État rejette le recours, l’arrêt de la CAA est confirmé.
S’il prononce l’annulation d’un arrêt rendu par une CAA, le Conseil d’État peut :
• soit renvoyer l’affaire devant la CAA qui avait rendu l’appel, mais elle statue dans une autre
formation ;
• soit renvoyer l’affaire devant une autre CAA ;
• soit régler l’affaire au fond si l’intérêt d’une bonne administration de la justice le justifie.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 83
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
2. L’assignation
L’assignation est signifiée à la partie adverse par voie d’huissier.
L’assignation doit contenir les mentions spécifiques relatives notamment à l’indication du tribu-
nal saisi, à l’objet de la demande et à l’exposé des moyens de fait et de droit ainsi qu’à la compa
rution du demandeur.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
4. Le jugement
Le jugement est rendu par le tribunal composé d’au moins 3 juges, dont le juge chargé du rap-
port. Mais, le président du tribunal peut, jusqu’à fixation de la date de l’audience, décider que
l’affaire sera jugée par le tribunal statuant à juge unique.
L’affaire est en état d’être jugée dès la signification du mémoire en réponse à l’acte d’assigna-
tion, si aucun délai n’a été demandé au tribunal pour répliquer à ce mémoire en réponse.
La signification du jugement par ministère d’huissier à la partie elle-même fait courir les délais de
recours et constitue un préliminaire de l’exécution de la décision. Les jugements des TGI ont un
caractère exécutoire de droit à titre provisoire.
Indépendamment des recours particuliers ou extraordinaires, les jugements rendus par les TGI
peuvent faire l’objet de recours devant la cour d’appel.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
84
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
C. LA COUR DE CASSATION
Le contribuable qui n’a pas obtenu satisfaction peut se pourvoir en cassation, dans un délai de
2 mois à compter de la signification de la décision de la cour d’appel. Le pourvoi en cassation
doit être déposé au greffe de la Cour de cassation par l’intermédiaire d’un avocat.
Le pourvoi en cassation ne produit en principe ni effet suspensif ni effet dévolutif de sorte que
les jugements peuvent être exécutés.
se situe au Luxembourg, par opposition à la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) qui
siège à Strasbourg. Depuis le 1er décembre 2009, la CJCE est devenu la CJUE.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 85
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
renvoi initial, la CJCE étant dans ce cas appelée à reconsidérer la solution qu’elle avait donnée.
Si la Cour a constaté l’invalidité de la règle, cela n’empêchera pas un autre juge national de sai-
sir ultérieurement la Cour sur la question de la validité de la même règle. Ce système permet de
préserver la responsabilité du juge national sur les litiges dont il est originairement saisi.
La procédure de renvoi préjudiciel est étendue aux actes pris par les organes et organismes de
l’Union incorporés au droit de l’Union européenne (Traité de Lisbonne).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
86
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Ce recours est ouvert aux États membres, au Conseil de l’Europe, à la Commission européenne,
ainsi qu’à toute personne physique ou morale concernée directement ou indirectement par
l’acte.
naux spécialisés.
• Il est en outre compétent pour statuer sur les recours formés par les particuliers (personnes
physiques ou morales) contre un acte réglementaire s’il affecte directement ceux-ci et s’il est
dépourvu de mesures d’exécution (ils n’ont plus à démontrer qu’ils sont individuellement
concernés par cet acte).
Les décisions du TIUE peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant la CJUE mais seulement pour
les questions de droit.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 87
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Synthèse de la partie 4
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
tions ou une proposition de rectification.
En revanche, en cas de CFE, l’administration est tenue d’informer le contribuable de l’enga
gement du contrôle de sa situation, préalablement à toute opération de contrôle (on notera
que le choix du mode de contrôle n’est pas lié à la situation déclarative ou défaillante du
contribuable, notion pourtant très importante mais qui n’a d’effet que sur l’utilisation d’une
PRC (procédure de rectification contradictoire) ou d’une PIO (procédure d’imposition
d’office) et sur le droit de réponse du contribuable).
Le jour de l’examen : il est important de bien identifier dans l’énoncé de l’épreuve cer-
taines informations qui vont conditionner les réponses attendues. Ainsi, il convient de déter-
miner si le contribuable est à jour de ses obligations déclaratives ou bien s’il est défaillant,
cela conditionnant la procédure applicable (PRC ou PIO) pour la période (la procédure
s’applique période par période : un même contribuable peut donc relever de la PRC pour
les années N–1 et N–3 et relever de la PIO pour l’année N–2 parce que la déclaration cor-
respondante n’a pas été déposée), donc le montant de la majoration d’assiette applicable
(en fonction de la mise en demeure) et les garanties dont dispose le contribuable. Enfin, il
faut faire attention au point de savoir s’il s’agit d’un CSP ou bien d’un CFE, la différence
résidant principalement dans l’information préalable du contribuable, obligatoire en matière
de CFE.
Il importe également de bien maîtriser les vices de procédure liés soit à l’envoi de l’avis de
vérification, soit au déroulement du contrôle sur place (dans le cadre des VG), soit enfin à la
procédure de rectification.
•••
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
88
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
•••
Dans le cadre de la VG, cette obligation d’information préalable (matérialisée par l’envoi ou
la remise préalable d’un avis de vérification), utile pour justifier du respect du débat oral et
contradictoire, garantie essentielle imposée par le juge, expose l’administration fiscale à
des vices de procédure (erreurs matérielles dans l’avis de vérification, omissions de men-
tions obligatoires, erreurs dans la période vérifiée, etc.) de nature à rendre nulle la procé-
dure engagée.
Dans le cadre de la VG, le contribuable est tenu de recevoir le vérificateur et de lui présen-
ter sa comptabilité et tout justificatif appuyant sa comptabilité (à défaut, le vérificateur peut
rejeter la comptabilité ce qui aura pour effet de renverser la charge de la preuve). Le droit
de reprise de l’administration fiscale s’exerce sur une période de 3 ans, mais le droit de
contrôle peut porter sur des années antérieures lorsque celles-ci impactent, notamment
par l’imputation d’un report déficitaire, le résultat du premier exercice non prescrit.
Dans le cadre de l’ESFP, la procédure étant contradictoire, le contribuable n’est pas tenu
de répondre favorablement aux propositions de rendez-vous du vérificateur ; pour autant
l’administration fiscale conserve le droit de poursuivre la procédure en cas de discordance
importante entre les revenus déclarés et les crédits bancaires constatés sur les relevés des
comptes, dès lors que les réponses fournies sont insuffisantes.
En contrepartie, le contribuable a des droits et des garanties dont la méconnaissance peut
vicier la procédure de contrôle. Certaines garanties sont communes aux VG et aux ESFP
(garanties contre les changements de doctrine, envoi ou remise préalable d’un avis de véri-
fication accompagné de la charte des droits et obligations du contribuable vérifié et
comportant certaines mentions telles que la faculté de se faire assister d’un conseil de son
choix, communication des résultats de la vérification, communication des conséquences
financières des rectifications).
Certaines garanties sont propres aux VG (non-renouvellement de la vérification, durée de la
vérification selon le montant des chiffres d’affaires vérifiés, respect du délai des 2 jours
francs entre la réception de l’avis de vérification et la première intervention sur place, res-
pect du débat oral et contradictoire).
Enfin, d’autres garanties sont propres aux ESFP (durée de l’ESFP limitée à un an, éventuel-
lement portée à 2 ans, limitation du droit de reprise sur une période déjà contrôlée, respect
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
du débat contradictoire).
Le jour de l’examen : il est important de bien connaître les différents vices de procédure
qui sont de nature à annuler les rehaussements notifiés par l’administration.
La notion d’abus de droit et d’acte anormal de gestion est particulièrement importante.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 89
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
•••
La mise en recouvrement d’une imposition, qu’il s’agisse d’une imposition primitive
(c’est-à-dire l’imposition qui suit le dépôt spontané d’une déclaration, en l’absence de rec-
tification) ou d’une imposition supplémentaire (c’est-à-dire une imposition qui fait suite à
la rectification d’une imposition primitive), ouvre au contribuable la possibilité de contester,
en droit, l’impôt exigible (il s’agit alors d’une réclamation contentieuse) ou de solliciter sa
remise (demande de remise gracieuse). La décision prise par l’administration est suscep-
tible de recours devant les tribunaux nationaux (judiciaires ou administratifs selon l’impôt)
ou les juridictions communautaires.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
90
5
PARTIE
Le développement de l’entreprise
Introduction
Une entreprise est le cadre dans lequel s’exerce une activité économique. Pour exercer une
activité économique, les individus disposent de plusieurs possibilités :
• soit créer une entreprise individuelle, concrètement aller s’inscrire au RCS (registre du
commerce et des sociétés) ou se déclarer comme autoentrepreneur. Dans ce cas, il n’y a
qu’un seul patrimoine. Autrement dit, chaque fois que l’entrepreneur passe un contrat pour
son activité, il engage en garantie l’intégralité de son patrimoine. C’est pour éviter les consé-
quences pouvant survenir en cas d’incidents de paiements que le législateur a défini les tech-
niques suivantes visant à protéger les biens de l’entrepreneur :
–– l’insaisissabilité de plein droit de la résidence principale de toute personne physique
entrepreneur (contre les actions susceptibles d’être diligentées par ses créanciers profes-
sionnels),
–– la déclaration notariée d’insaisissabilité des biens immobiliers autres que la résidence
principale de l’entrepreneur de façon à empêcher la saisie,
–– l’EIRL (entreprise individuelle à responsabilité limitée) qui consacre la technique du patri-
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
moine d’affectation : l’entrepreneur, sans création d’une personne morale, distingue, au sein
de ses biens, ceux qu’il affecte à son activité des autres de façon à limiter sa responsabilité
aux seuls biens affectés ;
• soit créer une société. Ce choix couvre, en fait, trois hypothèses bien distinctes :
–– créer une société sans personne morale ou société en participation : c’est la situation où
plusieurs personnes décident de monter une activité économique mais ne crée pas pour
autant un patrimoine distinct du leur ; ce mode d’organisation extrêmement souple se
retrouve dans des situations aussi diverses que l’achat d’un cheval en commun ou la réali-
sation d’une co-production audiovisuelle,
–– créer une société unipersonnelle : dans ce cas, l’entrepreneur décide de créer un patri-
moine distinct du sien pour exercer son activité économique ; il y a ici une claire séparation
entre le patrimoine privé et le patrimoine professionnel puisque ces sociétés sont à respon-
sabilité limitée – EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) ou SASU (société
par actions simplifiée unipersonnelle),
–– créer une société à plusieurs, avec personne morale : dans ce cas, le terme de « société »
vise aussi bien le contrat à l’origine de la société et la personne morale créée ; les individus
choisissent un moule parmi ceux proposés par le législateur de façon à organiser à la fois les
relations entre eux mais également les relations avec les tiers ; la rédaction du contrat (des
statuts) permettant d’aménager les relations entre les associés dépend du choix de la forme
sociale. À ce titre, on peut distinguer :
– les sociétés à risque limité des sociétés à risque illimité, le choix de la forme sociale
conditionnant la possibilité pour les éventuels créanciers impayés de la société de se retour-
ner contre les associés,
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 91
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
– la SAS (société par actions simplifiée), forme sociale atypique qui permet à la fois une
grande liberté contractuelle dans la rédaction des statuts et une responsabilité limité,
– la SA (société anonyme), seule société dont la constitution exige un capital minimum
(37 000 €) et qui présente une réglementation d’ordre public extrêmement détaillée en raison
de sa finalité : attirer un nombre potentiellement infini d’associés.
À ce cadre, on comprendra aisément que la réglementation présente des différences impor-
tantes selon que la société recourt ou non au marché boursier. Dans cette hypothèse, la régle-
mentation a pour principe directeur le principe d’égalité entre actionnaires, ce qui se traduit
par une augmentation des obligations en termes de transparence.
Bien évidemment, aucun choix n’est définitif. Il est parfaitement possible de commencer sans
patrimoine distinct, donc sans personne morale, pour ensuite créer une société avec d’autres
associés. Tout dépend bien souvent des perspectives de développement et de crédibilité.
Pour rendre compte de ces différentes facettes de l’entreprise, nous exposerons dans un pre-
mier temps les règles communes à toutes les sociétés (titre 1) en précisant les règles fiscales
applicables (titre 2) pour, dans un second temps, exposer en détail la réglementation de la SA
(titre 3) et terminer sur les spécificités des sociétés cotées (c’est-à-dire dont les titres sont admis
aux négociations sur un marché réglementé) (titre 4).
Le programme de l’État couvre en outre les obligations de communication des entreprises en
matière environnementale (titre 5), les notions essentielles de droit de l’informatique et les prin-
cipales règles juridiques régissant l’utilisation d’Internet (titre 6).
À partir du moment où des individus décident d’agir à plusieurs, ils doivent passer un contrat de
société et ensuite choisir une forme sociale dans laquelle exercer leur activité.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Il ne faut pas confondre les règles applicables à toutes les sociétés en raison du fait qu’elles
reposent toutes sur un contrat (chapitre 1) et les règles définissant les modes de fonctionne-
ment de chaque société qui dépendent du choix de la forme sociale opéré par les individus
(chapitre 2). Au cours de la vie d’une société, des transformations peuvent intervenir (chapitre 3).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
92
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
REMARQUE
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 93
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Il s’agit à présent d’exposer les éléments constitutifs du contrat de société, c’est-à-dire les élé-
ments permettant de le distinguer des autres contrats : les apports (I), la réalisation de bénéfices
ou d’économies (II) et la volonté de s’associer (III).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
de l’évaluation par rapport aux associés (pour qu’ils ne soient pas lésés par rapport lors de la
distribution des bénéfices) et par rapport aux tiers (pour qu’ils ne soient pas lésés lorsqu’ils
contracteront avec la société). Là encore, ces questions prennent plus d’importance dans les
sociétés à risque limité que dans celles à risque illimité.
L’apport en nature porte sur un bien. Il est donc parfaitement possible de l’apporter en pleine
propriété de façon à ce que la société en devienne propriétaire ou de le démembrer et de
n’apporter dans ce cas soit l’usufruit (la société récupérera les fruits dégagés par le bien
comme des loyers s’il s’agit d’un appartement), soit la nue-propriété (la société sert ici de
technique de gestion de patrimoine).
Plus encore, il est également possible d’effectuer un apport en jouissance, c’est-à-dire de
donner le bien en location et d’en conserver la propriété. Dans cette hypothèse, en cas de
faillite de la société, le bien revient dans le patrimoine de l’associé et ne peut faire l’objet d’une
saisie (c’est par exemple le cas d’un brevet dont l’inventeur ne veut pas prendre le risque de le
perdre en cas de faillite de la société à qui il en confierait l’exploitation).
La somme de ces apports compose le capital social, c’est-à-dire le gage des créanciers de la
société. Sauf liquidation judiciaire, les associés ont théoriquement vocation à récupérer leurs
apports en fin d’activité.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
94
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
1. La qualité d’associé
C’est l’apport qui constitue l’associé. En principe, une société, lors de sa constitution, doit compor
ter au moins deux associés. Il est cependant parfaitement possible de créer seul une société
(EURL et SASU). Les associés peuvent bien évidemment être des personnes physiques ou morales.
lateur a prévu la stipulation d’une clause d’inaliénabilité des actions rémunérant l’apport en
industrie et la procédure de révision du nombre de titres attribué à l’associé par le CAC pour
vérifier si l’attribution originelle reste toujours pertinente au terme d’un délai fixé par les statuts).
Cet apport n’est pas autorisé dans les SA.
REMARQUE
Le texte interdit les clauses léonines (art. 1844‑1, C. civ.). Ces clauses peuvent prendre deux
facettes, soit la clause prévoit une répartition foncièrement inégalitaire au bénéfice d’un des
associés et donc au détriment des autres, soit la clause aboutit à exonérer l’associé de sa
participation aux pertes. Dans les deux cas, ces clauses sont réputées non écrites. D’où retour
au droit commun, c’est-à-dire à un partage égalitaire en fonction du nombre d’actions ou de
parts sociales détenues par chacun des associés.
On notera que la sanction du caractère « léonin » d’une clause n’a tendance à jouer que
si elle est stipulée dans le contrat de société et non dans un acte séparé (c’est l’enjeu des
pactes extrastatutaires d’actionnaires et des promesses de rachat croisées).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 95
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
À partir du moment où les associés décident de créer une personne morale et de ne pas rester
uniquement dans le cadre d’une société en participation, on peut donc distinguer deux étapes :
la rédaction des statuts (I) et les formalités postérieures (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
La loi impose la forme écrite et des mentions obligatoires (telles que les apports de chaque asso-
cié, la forme, l’objet, l’appellation, le siège social, le capital social, la durée de la société et les
modalités de son fonctionnement). Le législateur impose par ailleurs des mentions complémen-
taires spécifiques propres à certains types de société (notamment SA et SARL). Les associés
peuvent inscrire dans les statuts diverses mentions non imposées par la loi.
La société est constituée dès la signature des statuts.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
96
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
REMARQUE
Cette règle pose des difficultés en matière de SAS en raison de la liberté contractuelle que le
législateur a accordé aux fondateurs de ce type de société. La loi prévoit expressément, à
l’égard des SAS, une nullité absolue (art. L. 227‑15 : « Toute cession de titres effectuée en
violation des clauses statutaires est nulle ») et une nullité facultative (art. L. 227‑9 : « Les statuts
déterminent les décisions qui doivent être prises collectivement par les associés dans les
formes et conditions qu’ils prévoient […] Les décisions prises en violation des dispositions du
présent article peuvent être annulées à la demande de tout intéressé »). Le juge cherche alors
à concilier la liberté contractuelle et le droit des sociétés d’ordre public.
Dans un cas, la direction d’une SAS, détenue à parts égales par deux associés, avait été
confiée à un conseil d’administration dont le nombre de membres avait été statutairement fixé
à 4 au moins et 6 au plus. Le règlement intérieur de la société imposait que cette composition
reflète la parité existant entre les associés dans la répartition du capital. À la suite d’une démis-
sion, le conseil d’administration réduit à 3 membres s’était réuni sans que ne soit exercée la
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 97
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
faculté, offerte par les statuts, de procéder à titre provisoire au remplacement de l’administra-
teur démissionnaire. Un actionnaire entendait obtenir la nullité d’une décision adoptée par le
conseil au motif que la composition du conseil d’administration était contraire aux exigences
impératives posées par les statuts et le règlement intérieur de la société. La Cour de cassation
n’a pas reconnu la nullité de la décision.
Les relations entre dirigeants et associés sont d’une nature radicalement différente selon que la
société est à risque illimité ou à risque limité :
• si la société est à risque illimité, compte tenu de la possibilité pour les créanciers de se
retourner contre les associés, ceux-ci disposent indirectement un droit de regard permanent
sur la gestion avec la possibilité de demander la nullité des actes qui outrepassent l’objet
social ;
• si la société est à risque limité, les voies de droit des associés sont en revanche restreintes
pour remettre en cause les actes des dirigeants. Il existe cependant la procédure propre aux
conventions réglementées qui permet d’informer les associés sur les actes qui créeraient un
conflit d’intérêts entre la société et son bénéficiaire.
Dans un cas comme dans l’autre, l’information des associés joue un rôle fondamental. Nous en
exposerons d’abord les règles (I) ensuite les sanctions (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
1. Les règles communes à toutes les sociétés à l’exception des SAS
Pour toutes les formes sociales à l’exception de la SAS, le législateur a consacré pour tout asso-
cié le droit d’obtenir, au moins une fois par an, communication des livres et des documents
sociaux, et de poser par écrit des questions sur la gestion sociale. L’associé a également la
possibilité de demander, lors des assemblées générales, toutes explications complémentaires
qu’il jugerait opportune (sous réserve du respect du secret des affaires).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
98
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
doit être exercé par l’associé lui-même. Il peut se faire assister d’un expert inscrit. De même,
l’associé a le droit de faire une copie de ces documents (sauf de l’inventaire).
Tout associé peut également, à tout moment, obtenir, au siège social, la délivrance d’une copie
certifiée conforme des statuts de la société en vigueur au jour de la demande. Dans ce cas, la
société doit annexer à ce document la liste des gérants et, le cas échéant, des CAC en exercice.
Tout associé non gérant peut, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au gérant
sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Ce droit peut être mis en
œuvre dans le cadre d’une procédure d’alerte, ouverte à tous les associés non gérants, quelle
que soit la proportion de leurs droits dans le capital. Le gérant doit répondre par écrit dans le
délai d’un mois, et transmettre copie de la question et de la réponse au CAC s’il en existe un.
c. Dans une SA
La SA présente quelques nuances en matière des règles relatives à l’information due aux action-
naires en raison de son mode d’organisation.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 99
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
1. La règle commune : l’astreinte (art. L. 238‑1, C. com.)
De façon générale, si le dirigeant d’une société refuse de communiquer ou de donner accès à
des documents, les associés peuvent demander au président du tribunal de commerce statuant
en référé, soit d’enjoindre sous astreinte au gérant de les communiquer, soit de désigner un
mandataire chargé de procéder à cette communication.
Lorsqu’il est fait droit à la demande, l’astreinte et les frais de procédure sont à la charge du
gérant, du conseil d’administration ou du directoire mis en cause.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
100
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Les conditions requises pour que les minoritaires puissent procéder à cette demande sont pré-
vues par la loi :
• dans une SARL, un ou plusieurs associés représentant au moins le 1/10 du capital social
peuvent, soit individuellement, soit en se groupant, demander en justice la désignation d’un ou
plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion
(art. L. 223‑37, C. com.) ;
• dans une SA, SCA ou SAS, une association d’actionnaires ainsi qu’un ou plusieurs action-
naires représentant au moins 5 % du capital social, soit individuellement, soit en se grou-
pant, peuvent poser par écrit au président du conseil d’administration ou au directoire des
questions sur une ou plusieurs opérations de gestion de la société, ainsi que, le cas échéant,
des sociétés qu’elle contrôle (art. L. 225‑231, C. com.). À défaut de réponse dans un délai d’un
mois ou à défaut de communication d’éléments de réponse satisfaisants, ces actionnaires
peuvent demander en référé la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter un
rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
REMARQUE
S’agissant des SA, des questions écrites doivent précéder la demande de désignation d’un
expert alors que s’agissant des SARL, des questions écrites préalables ne sont pas exigés. En
matière de SA, le seuil de détention des demandeurs de l’expertise est d’au moins 5 % du
capital social alors que pour les SARL, le seuil est d’au moins 10 % du capital social.
• les SAS ne sont pas tenues de désigner un CAC dès lors qu’elles n’ont pas dépassé les
chiffres fixés pour deux de ces trois critères pendant les 2 exercices précédant l’expiration du
mandat du CAC : 1 000 000 € de total du bilan, 2 000 000 € de montant hors taxe du chiffre
d’affaires et 20 salariés permanents. En outre, sont également tenues de désigner au moins un
CAC les SAS qui contrôlent une ou plusieurs sociétés ou qui sont contrôlées par une ou plu-
sieurs sociétés. Même si les seuils prévus ci-avant ne sont pas atteints, la nomination du CAC
peut être demandée en justice par un ou plusieurs associés représentant au moins le 1/10 du
capital.
Les CAC sont nommés par l’AGO et rendent compte de leur mission à cette AGO, en présentant
un rapport de certification.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 101
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
d’information concernant les participations dans les filiales et sociétés contrôlées :
• art. L. 247‑1, al. 1er, C. com. : est puni d’un emprisonnement de 2 ans et d’une amende de
9 000 €, notamment, le fait, pour les présidents, les administrateurs, les directeurs généraux
ou les gérants de toute société de ne pas mentionner dans le rapport annuel présenté aux
associés sur les opérations de l’exercice, une éventuelle prise de participation dans une société
qui a son siège sur le territoire français, dès lors que cette prise de participation représente,
selon le cas, plus du 1/20, du 1/10, du 1/5, du 1/3, de la moitié ou des deux tiers du capital ou
des droits de vote aux assemblées générales de cette société ou de l’éventuelle prise de
contrôle d’une telle société.
• art. L. 247‑1, al. 2, C. com. : encourent une amende de 9 000 € les membres du directoire ou
du conseil d’administration des sociétés qui sont tenus d’établir des comptes consolidés, dès
lors que ces documents n’ont pas été établis et n’ont pas été adressés aux actionnaires ou
associés, dans les délais prévus par la loi.
b. Les contraventions
Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe le fait, pour le président,
l’administrateur, le DG ou le gérant d’une société cotée (dont les actions sont admises, en tout
ou partie, à la négociation sur un marché réglementé) de n’avoir pas procédé aux publications
légales.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
102
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
REMARQUE
Nous n’examinerons ici que le cas où la société est in bonis. En cas de procédure collective,
on peut exercer l’action en comblement de passif à l’encontre des dirigeants (l’action sociale
ne peut pas se cumuler avec l’action en comblement de passif).
La distinction entre responsabilité pénale (1) et responsabilité civile (2) découle de la différence
de finalité pouvant exister entre une action en justice intentée devant le juge pénal et celle menée
devant le juge civil. Le point commun dont il faut tenir compte, c’est l’existence de la personne
morale qui fait écran entre la personne du dirigeant et celle de l’associé qui voudrait se retourner
contre lui.
REMARQUE
La faute de gestion reprochée au dirigeant s’apprécie de façon différente selon que le préju-
dice a été subi par la société elle-même, par les associés de la société ou par un tiers.
En principe, en cas de dommage causé par une faute du dirigeant, le tiers doit se retourner
contre la société et la responsabilité du dirigeant, subordonnée à la démonstration d’une faute
détachable de ses fonctions qui lui est personnellement imputable, n’est qu’exceptionnelle.
Concernant la responsabilité civile du dirigeant à l’égard de la société elle-même, la faute com-
mise par le dirigeant doit être une faute détachable de ses fonctions.
En revanche, la mise en œuvre de la responsabilité du dirigeant à l’égard des associés en
réparation du préjudice qu’ils ont personnellement subi n’est pas soumise à la condition que
les fautes imputées à ce dirigeant soient des fautes détachables de ses fonctions.
La faute détachable des fonctions est une faute intentionnelle d’une exceptionnelle gravité
incompatible avec l’exercice normal des fonctions. Par exemple, commet une faute détachable
des fonctions le dirigeant d’une filiale qui, dans l’intention d’avantager la société mère en
redressement judiciaire, s’abstient de déclarer la créance de la filiale au passif de cette procé-
dure collective, ou encore le gérant d’une SARL qui n’a jamais exécuté le contrat signé par lui
au nom de la société.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 103
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
ment, les dommages-intérêts sont attribués à la société.
Si l’associé ou l’actionnaire peut exercer cette action sociale même si, dans le même temps, il
demande réparation de son préjudice personnel dans le cadre d’une action individuelle, il doit
cependant avoir la qualité d’associé ou d’actionnaire au jour où il forme l’action sociale.
Les associés ou actionnaires peuvent exercer l’action sociale, soit individuellement, soit en se
regroupant et en chargeant un ou plusieurs d’entre eux de les représenter, soit par une associa-
tion d’actionnaires (dans les sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un marché
réglementé).
Le législateur a donné un caractère d’ordre public à ce droit en n’accordant aucune portée aux
éventuelles atteintes qu’il pourrait subir. Ainsi, est réputée non écrite toute clause des statuts
ayant pour effet de subordonner l’exercice de l’action sociale à l’avis préalable ou à l’autorisation
de l’assemblée ou qui comporterait par avance renonciation à l’exercice de cette action. Aucune
décision de l’assemblée des associés ne peut avoir pour effet d’éteindre une action en respon-
sabilité contre les gérants pour la faute commise dans l’accomplissement de leur mandat.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
104
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
La transformation d’une société en une autre forme sociale n’entraîne pas la création d’un être
moral nouveau. Ce n’est véritablement que dans des cas extrêmes qu’il y a véritablement créa-
tion d’une personne morale nouvelle (passage d’une société à une association ou vice versa par
exemple).
En revanche, le choix de la forme sociale a un impact sur la procédure.
• par principe, toute transformation en SAS implique un vote à l’unanimité en raison du mode de
fonctionnement de celle-ci et de l’importance de la négociation des statuts dans cette struc-
ture pour définir les droits de chacun ;
• de même pour une transformation en SNC, la loi exige également l’unanimité en raison cette
fois de la solidarité indéfinie qui pèse sur chaque associé.
REMARQUE
Lorsqu’une société de quelque forme que ce soit qui n’a pas de CAC se transforme en société
par actions, un ou plusieurs commissaires à la transformation, chargés d’apprécier la valeur
des biens composant l’actif social et les avantages particuliers, sont désignés, sauf accord
unanime des associés par décision de justice.
Quels que soient l’importance et le nombre des modifications apportées aux statuts, il ne saurait
y avoir disparition de la personne morale.
S’agissant de modifications statutaires, le changement d’objet ou d’activité de la société est de
la compétence de l’AGE.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le transfert de siège social n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle.
La décision de transférer le siège de la société doit être prise dans les conditions prévues par la
loi pour toute modification des statuts. Cette décision relève de la compétence de l’AGE. Des
modalités particulières sont cependant prévues par la loi.
EXEMPLE
En cas de transfert de siège au sein de l’Union européenne, le principe de la liberté d’éta-
blissement permet à la société de réaliser le transfert de son siège sans perdre sa personnalité
morale, sous réserve de respecter les règles de transfert françaises et les formalités de consti-
tution dans le pays d’accueil.
Concernant les SARL, le déplacement du siège social est décidé par un ou plusieurs associés
représentant plus de la moitié des parts sociales. En revanche, les associés ne peuvent, si ce
n’est à l’unanimité, changer la nationalité de la société. En outre, le déplacement du siège
social sur l’ensemble du territoire français peut être décidé par le ou les gérants, sous réserve
de ratification de cette décision par les associés représentant plus de la moitié des parts
sociales.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 105
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
La durée d’une société est déterminée par les statuts. Elle ne peut, en aucun cas, excéder
99 ans.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
II. LA RÉDUCTION DE LA DURÉE DE LA SOCIÉTÉ
La réduction de la durée de la société n’entraîne pas sa dissolution.
S’agissant de modifications statutaires, la réduction de la durée de la société est de la compé-
tence de l’AGE.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
106
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Il convient de distinguer les apports purs et simples (I) des apports à titre onéreux (II).
REMARQUE
Par exception, lorsqu’une personne (physique ou morale) soumise à l’IR apporte un immeuble,
des droits immobiliers, un fonds de commerce ou une clientèle commerciale, un droit à un bail
ou une promesse de bail qui porterait sur tout ou partie d’un immeuble, à une société soumise
à l’IS, des droits de mutation à titre onéreux doivent être acquittés. Les apports concernant
d’autres biens sont en revanche exonérés de droit de mutation (ex. : apport en numéraire).
L’apporteur bénéficie, toutefois, d’une exonération de droits d’enregistrement si, ayant effec-
tué ses apports dès la constitution de la société, il s’est engagé à conserver pendant 3 ans
les titres qui lui ont été remis en contrepartie de l’apport. La mise en société d’un entrepreneur
individuel ne lui coûte donc strictement rien !
plutôt que de payer un prix, la société va devoir assumer une dette à l’égard de l’associé.
Cette situation joue pleinement lorsque, par exemple, des associés décident d’apporter un
immeuble grevé d’un passif hypothécaire à une société civile soumise à l’IR. Dans ce cas, il
convient de distinguer dans la valeur globale de l’immeuble :
• l’apport pur et simple qui est exonéré puisque la société est fiscalement transparente (il ne
s’agit pas de l’hypothèse évoquée précédemment du transfert du patrimoine privé vers le
patrimoine d’une société soumise à l’IS) ;
• l’apport à titre onéreux qui correspond à la valeur de la dette que la société devra assumer et
qui sera taxé comme une vente d’immeuble, soit 5 %.
De cette façon, c’est la société qui devra ensuite acquitter les mensualités de l’emprunt.
EXEMPLE
Un associé fait l’apport d’un immeuble d’une valeur de 200 000 € grevé d’une dette de
50 000 €. L’apport est pur et simple pour 150 000 € et à titre onéreux pour 50 000 €.
Dans le cadre d’apport à titre onéreux soumis aux droits d’enregistrement, le taux applicable
dépend de la nature du bien qui fait l’objet de l’apport à titre onéreux :
• s’il s’agit d’immeubles ou droits immobiliers, le taux global est de 5 % ;
• s’il s’agit de fonds de commerce, le taux est de 0 % à 5 % ;
• s’il s’agit de titres de sociétés, les droits d’enregistrement sont de 0,10 % pour les cessions
d’actions sans plafonnement ; de 3 % avec un abattement de 23 000 € sans aucun plafonne-
ment pour les cessions de parts sociales ; de 5 % pour les cessions de participations dans des
personnes morales à prépondérance immobilière ;
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 107
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
• s’il s’agit de créances de toute nature, rentes, obligations négociables, de même que les
apports à titre onéreux de brevets et concessions de licences d’exploitation, le droit fixe est
de 125 € ;
• s’il s’agit de marchandises neuves, l’apport desdites marchandises est exonéré de tout droit
proportionnel d’enregistrement lorsqu’elles donnent lieu à la perception de la TVA ou en sont
dispensées. Dans le cas contraire, les marchandises neuves garnissant le fonds de commerce
ne sont assujetties qu’à un droit de 1,50 % à condition qu’il soit stipulé, en ce qui les concerne,
un prix particulier, et qu’elles soient désignées et estimées article par article dans un état dis-
tinct ;
• en cas d’apport à titre onéreux d’un bien isolé, le droit de mutation progressif applicable à la
vente de fonds de commerce est exigible si cet apport entraîne le transfert de clientèle, ou si
l’opération a pour résultat de permettre à la société bénéficiaire de l’apport d’exercer les fonc-
tions, la profession ou l’emploi dont dépendait le bien apporté ;
• lorsqu’il est fait apport à titre onéreux, simultanément, de biens meubles et immeubles, les
droits d’enregistrement sont perçus sur la totalité du prix au taux réglé pour les immeubles, à
moins qu’il ne soit stipulé un prix particulier pour les objets mobiliers, et qu’ils ne soient dési-
gnés et estimés, article par article, dans le contrat.
En cas de mise en société de l’entreprise individuelle, les apports à titre onéreux sont exoné-
rés de tout droit d’enregistrement lorsque l’apporteur s’engage à conserver les titres reçus pen-
dant 3 ans.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Section 2. Les formalités d’enregistrement des apports
Les statuts d’une société nouvellement créée ne sont pas à être enregistrés. Lorsque la consti-
tution d’une société n’est pas constatée par un acte, une déclaration doit être déposée au ser-
vice des impôts compétent dans le mois qui suit la réalisation de l’opération.
Les droits ou taxes exigibles sur les apports sont, en principe, payables au moment de l’enregis-
trement de l’acte ou de la déclaration constatant les apports. Le paiement des droits peut néan-
moins être fractionné ou différé. Pour faciliter la création d’entreprise, les actes constatant la
formation de sociétés commerciales sont provisoirement enregistrés gratis. Les droits et taxes
éventuellement dus sont exigibles au plus tard à l’expiration d’un délai de 3 mois à compter de
la date de ces actes.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
108
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
–– si la société est transparente, cela signifie que l’imposition s’effectue au niveau des asso-
ciés : si les associés sont des personnes physiques, les bénéfices dégagés sont imposés
dans la catégorie d’imposition propre à l’IR (BIC, BNC ou RF par exemple), qu’ils soient
distribués ou non ;
• deux règles jouent un rôle fondamental dans l’optimisation fiscale de l’imposition des béné-
fices :
–– les sociétés transparentes peuvent opter pour l’IS,
–– certaines sociétés opaques peuvent bénéficier du régime de la transparence fiscale.
Il y a donc un enjeu fiscal important qu’il convient de bien comprendre en présentant dans un
premier temps les spécificités des sociétés soumises à l’IS (section 1), et dans un second temps
celles des sociétés transparentes ou sociétés soumises à l’IR (section 2).
REMARQUE
Le fait de changer de mode d’imposition entraîne une contrainte fiscale : l’application du
régime de la cessation d’entreprise. Ainsi, les résultats d’exploitation de l’exercice en cours
sont soumis immédiatement à imposition ; les bénéfices en sursis d’imposition (provisions,
profits soumis à étalement d’imposition), les profits latents sur les stocks et les plus-values
latentes sont soumis à une imposition immédiate ; le droit à report des déficits existant est
perdu ; les associés sont imposés sur l’intégralité du boni de liquidation.
Sont soumises de plein droit à l’IS les SARL, SA, SCA, SAS, SEL (sociétés d’exercice libéral),
sociétés coopératives et leurs unions.
On notera cependant que :
• le statut particulier de ce que l’on appelle la SARL de famille : celle-ci qui n’exerce pas d’acti-
vité libérale peut opter pour la transparence fiscale ;
• l’EURL dont l’associé unique est une personne physique, est imposée suivant le régime des
sociétés relevant de l’IR, sauf option pour l’IS. En revanche, les EURL dont l’associé unique est
une personne morale sont soumises à l’IS ;
• les SA, SAS et SARL, de création récente, peuvent opter, de façon temporaire, pour la trans-
parence fiscale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 109
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Sont autorisées à exercer ladite option, notamment les SNC, les SCS, les sociétés civiles, les
EURL dont l’associé unique est une personne physique et les EARL (entreprises agricoles à res-
ponsabilité limitée). Les sociétés en participation, alors même qu’elles n’existent qu’au stade
contractuel, peuvent demander à relever de l’IS. L’EIRL pourra également, alors même qu’il n’y
a qu’un seul patrimoine, relever de l’IS. L’option est traitée fiscalement comme une cessation
d’entreprise.
REMARQUE
Les sociétés en commandite se caractérisent par la présence de deux catégories d’asso-
ciés : les commandités qui ont le statut d’associés d’une SNC et les commanditaires qui ont
le statut d’associés d’une société à risque limitée.
Dans la SCS (société en commandite simple), cette dichotomie se répercute sur le mode
d’imposition lorsque celle-ci est fiscalement transparente :
• la part des résultats qui revient aux associés commandités est imposée selon le régime des
sociétés de personnes, c’est-à-dire que la part de résultat qui correspond à leurs droits dans
la société est pris en compte pour le calcul du revenu global du foyer fiscal auquel il appar-
tient ;
• la part du résultat correspondant aux droits des associés commanditaires est soumise (dans
tous les cas) à l’IS. L’IS est alors établi au nom de la société : les bénéfices distribués aux
commanditaires sont soumis à l’IR entre les mains de chaque bénéficiaire, dans la catégorie
des « RCM (revenus de capitaux mobiliers) ».
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Des différences existent cependant, qui sont la conséquence de l’existence d’un patrimoine
distinct de celui des associés ou du caractère proportionnel de l’IS :
• compte tenu de l’existence d’un patrimoine distinct de celui des associés :
–– les rémunérations versées aux associés qui travaillent dans la société sont considérées
comme des charges déductibles. Leur déduction n’est cependant possible que si elles cor-
respondent à un travail effectif dans l’entreprise (direction, gestion…) et si elles ne sont pas
excessives par rapport au travail effectué,
–– les déficits restent cantonnés au niveau de la personne morale : soit ils vont être utilisés
pour réduire les futurs bénéfices et ce, sans limitation de durée, dans la limite d’un million
d’euros majoré de 50 % (à compter des exercices clos depuis le 31 décembre 2012) du
montant correspondant au bénéfice imposable dudit exercice excédant ce premier montant
(report en avant) (des mesures d’assouplissement sont prévues pour les opérations de res-
tructuration d’entreprises), soit la société va s’en servir pour demander sous certaines condi-
tions un remboursement de son IS au regard de l’exercice précédent, dans la limite d’un
million d’euros (report en arrière/carry back) ; il est parfaitement possible de bénéficier des
deux mécanismes, c’est-à-dire demander un remboursement d’impôts sur l’année dernière
et si le déficit n’a pas été complètement absorbé, s’en servir pour réduire le futur impôt sur
les bénéfices ;
• compte tenu du caractère proportionnel de l’IS, le régime des produits exceptionnels (les plus-
values) est le suivant : tous les produits sont imposés au même taux même ceux résultant de
la cession d’immobilisations à l’exception de certains produits, par exemple :
–– les plus-values résultant de cession de titres de participation détenus depuis plus de
2 ans sont exonérés à l’exception d’une quote-part de 12 % (pour les exercices arrêtés
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
110
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
depuis le 31 décembre 2012 ; ce taux de 12 % est calculé sur le montant brut des plus-
values de cession),
–– les plus-values de cession de titres de sociétés à prépondérance immobilière sont impo-
sables au taux normal de 33,1/3 % sauf pour les titres de sociétés cotées (telles les sociétés
d’investissement immobilier cotée : SIIC) qui sont imposables à 19 % s’ils peuvent être
qualifiés de titres de participation.
L’expression « société relevant de l’IR » couvre improprement les situations dans lesquelles
l’imposition s’effectue au niveau des associés.
• si l’associé est une personne physique, tout dépend de la nature de son activité :
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
–– si l’activité est commerciale, les bénéfices relèveront de la catégorie des BIC et il faudra se
demander s’ils sont professionnels ou non-professionnels pour déterminer si les déficits
dégagés à cette occasion peuvent remonter ou non sur le revenu global,
–– si l’activité est libérale, les bénéfices relèveront de la catégorie des BNC et la question sur
leur dimension professionnelle ou non-professionnelle se posera également,
–– si l’activité est patrimoniale comme la perception de RF, le calcul du résultat imposable
dépendra des règles propres à cette catégorie de revenu ;
• si l’associé est une société soumise à l’IS, les produits sont imposés comme n’importe quel
autre produit tandis que les déficits constituent des charges déductibles.
Le régime actuel des sociétés de personnes est celui de la translucidité (régime situé entre l’opa-
cité et la transparence). Il est source de complexité sur le plan interne et sur le plan international.
Compte tenu de ces difficultés, une réforme des sociétés de personnes est envisagée.
A. LA RÈGLE GÉNÉRALE
Relèvent de la transparence fiscale les SNC, SCS (pour la part revenant aux commandités),
sociétés civiles, sociétés civiles professionnelles, sociétés civiles de moyens, EURL dont l’asso-
cié unique est une personne physique, EARL, sociétés civiles de construction-vente, GIE, grou-
pements d’intérêt public, groupements de coopération sanitaire et groupements de coopération
médicosociale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 111
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Bien évidemment, les mêmes règles valent quand il n’y a pas de personne morale comme dans
les hypothèses suivantes : société en participation, copropriétés de navires, copropriétés de
cheval de course ou d’étalon.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Les conditions pour pouvoir bénéficier de cette option sont les suivantes :
• les sociétés exercent à titre principal une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole
ou libérale (sont exclues les opérations de gestion du patrimoine mobilier ou immobilier propre
de la société – la société civile existe précisément pour cela !) ;
• les titres de la société ne sont pas admis aux négociations sur un marché réglementé (c’est-à-
dire que non cotés) ;
• le capital et les droits de vote de la société sont détenus à hauteur de 50 % au moins par des
personnes physiques et à hauteur de 34 % au moins par un des dirigeants (Président, direc-
teur général, président du conseil de surveillance, membre du directoire ou gérant) ou des
membres de leur foyer fiscal ;
• les sociétés emploient moins de 50 salariés ;
• les sociétés réalisent un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan inférieur à 10 millions
d’euros au cours de l’exercice ;
• les sociétés sont créées depuis moins de 5 ans à la date d’ouverture de l’exercice au cours
duquel sera appliquée l’option.
Il est mis fin au régime des sociétés de personnes, de manière anticipée, si les conditions d’ap-
plication de ce régime ne sont plus remplies ou si la société décide de renoncer au bénéfice de
l’option. En cas de sortie anticipée du régime, quel qu’en soit le motif, la société ne peut renou-
veler l’option pour ledit régime.
Dans un cas comme dans l’autre, il convient de tenir compte des effets du changement du mode
d’imposition : l’application de la fiscalité de la cession d’entreprise. Dès lors, si le choix est de
commencer une activité dans le cadre d’une SAS fiscalement transparente pendant les
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
112
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
5 premières années, il faut faire attention d’utiliser cette option dans une optique de remontée
des déficits sur le revenu global et d’anticiper les conséquences fiscales du changement de
régime automatique à la fin de la 5e année.
Les bénéfices personnellement imposés entre les mains des associés peuvent résulter d’une
convention de répartition du résultat, passé avant la clôture de l’exercice.
On peut relever deux différences fondamentales par rapport aux sociétés soumises à l’IS :
• comme la société est transparente, les déficits remontent directement au niveau des asso-
ciés et ne restent donc pas au niveau de la société. Des règles particulières d’imputation sur le
revenu global sont prévues pour les actionnaires personnes physiques. Il n’y a pas de possibi-
lité de report en arrière ;
• comme l’IR est progressif, les produits exceptionnels résultant principalement des cessions
d’immobilisations font l’objet d’un traitement dérogatoire selon que la cession intervient avant
ou après 2 ans leur acquisition. C’est tout l’enjeu de la distinction entre les plus-values à court
terme et les plus-values à long terme.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 113
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Il convient de distinguer deux situations : la transformation n’entraînant pas création d’une personne
morale nouvelle (I) et la transformation entraînant création d’une personne morale nouvelle (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
apports de fonds de commerce et biens assimilés et sur les apports d’immeubles affectés à
l’activité professionnelle ;
• lorsque la transformation n’a pas pour effet un changement de régime fiscal de la société :
–– l’opération reste fiscalement neutre concernant l’impôt sur les bénéfices,
–– l’acte qui constate le changement est soumis au droit fixe de 125 €. Il doit être enregistré
dans le délai d’un mois de la transformation.
REMARQUE
Une SA s’était transformée en SNC et cela avait permis d’imputer ses bénéfices fiscaux sur les
déficits de sa société mère. L’administration fiscale a remis en cause cette transformation sur
le fondement de l’abus de droit. Le Conseil d’État n’a pas retenu l’abus de droit au motif que
la SNC n’a pas recherché le bénéfice d’une application littérale du texte de la loi contraire à
l’intention de ses auteurs et que la SNC a poursuivi son activité économique dans sa nouvelle
forme sociale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
114
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
En matière d’impôt sur les bénéfices, la transformation avec création d’une personne morale
nouvelle a pour conséquence la cessation de l’entreprise originaire ; il est alors procédé à l’impo-
sition immédiate des bénéfices non encore taxés. Pour les sociétés initialement passibles de
l’IS, cette cessation entraîne de plus l’imposition du boni de liquidation constaté au nom des
associés. Le transfert des titres détenus par les associés s’analyse en un échange qui a pour
conséquence l’imposition des plus-values constatées.
En matière de droit d’enregistrement, cette opération emporte dissolution de l’ancienne société
et constitution d’une entité entièrement nouvelle ; seront perçus les droits prévus à la fois pour
la dissolution de la société et pour la constitution de la nouvelle. Pour les sociétés initialement
non soumises à l’IS, dans la limite du montant du passif de la société primitive que la société
nouvelle est tenue d’acquitter, la transformation s’analyse, en principe, comme un apport à titre
onéreux. Toutefois, l’administration applique, dans ce cas, la règle selon laquelle l’apport à une
société de personnes formée exclusivement entre les propriétaires de meubles ou d’immeubles
indivis, à charge pour la société de payer le passif qui les grève, ne constitue pas un apport à
titre onéreux.
EXEMPLE
Deux frères détenaient une SARL. Outre une activité industrielle, la société possédait d’impor-
tantes liquidités et valeurs mobilières de placement. Les associés cherchaient à céder leur
société. Un acheteur s’est proposé de ne reprendre que la gestion d’actifs financiers.
Le schéma suivant a été conçu : la SARL a été transformée en une première SA (SA I) ; une
deuxième SA (SA II) a été créée par les deux frères : la SA I a cédé son fonds de commerce,
son matériel et le stock à la SA II qui a poursuivi l’activité industrielle ; la SA I a conservé la
gestion de liquidités et de portefeuille. Les deux frères ont vendu la SA I au repreneur. Les deux
frères ont déclaré les plus-values sur les actions cédées imposées au taux proportionnel. La
SA I a changé sa dénomination et son objet social, correspondant désormais à la gestion
d’actifs financiers.
Pour l’administration fiscale, la cession de l’activité industrielle suivie de celle des titres de la
société ont eu pour résultat la disparition de celle-ci. L’administration fiscale a invoqué l’abus
de droit pour reprocher aux deux frères d’éluder l’imposition d’un boni de liquidation.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 115
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Le Conseil d’État a jugé que les modifications statutaires que la SA I a connues n’ont pas
conduit à la création d’un être moral nouveau et que son changement d’activité n’a pas entraîné
dissolution et liquidation de la société.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
d’un transfert d’actifs, l’IS dû à raison des plus-values latentes sur les éléments de l’actif immo-
bilisé transférés et des plus-values en report ou en sursis d’imposition est acquitté dans les
2 mois suivant le transfert des actifs ; cependant, les entreprises ont la possibilité d’opter pour
un paiement étalé sur 5 ans (art. 221, CGI).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
116
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Titre 3. La réglementation de la SA
Compte tenu du fait que la SA est censée accueillir un nombre illimité d’actionnaires, elle pré-
sente une réglementation extrêmement détaillée. Contrairement en effet aux autres formes
sociales dans lesquelles les relations entre associés et dirigeants s’articulent autour des rap-
ports entre les AG et la direction, la SA dispose d’organes intermédiaires. Ces organes intermé-
diaires servent à assurer la jonction entre les organes classiques présents dans toutes les autres
sociétés. La réglementation en la matière est d’ordre public, ce qui signifie que la répartition des
compétences entre les organes ne peut en aucune manière être modifiée par les AG des asso-
ciés ni par la direction.
La SA de type moniste est administrée par un conseil d’administration (chapitre 1) alors que la
SA de type dualiste est dirigée par un directoire exerçant ses fonctions sous le contrôle d’un
conseil de surveillance (chapitre 2).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 117
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
administrateurs au chiffre maximum ou le réduire.
2. Les administrateurs
a. La nomination des administrateurs
➠➠Les qualités requises pour être administrateur
• Personnes physiques ou morales : l’administrateur peut être une personne physique ou
morale (dans ce dernier cas, celle-ci nomme un représentant permanent).
• Limite d’âge : les statuts doivent prévoir, pour l’exercice des fonctions d’administrateur, une
limite d’âge s’appliquant, soit à l’ensemble des administrateurs, soit à un pourcentage déter-
miné d’entre eux. À défaut de disposition expresse dans les statuts, le nombre des administra-
teurs ayant dépassé l’âge de 70 ans ne pourra excéder le tiers des administrateurs en fonction.
• Capacité : l’administrateur doit être capable. Il ne doit pas être frappé d’interdiction, de
déchéance et d’incompatibilité. Cependant, rien n’empêche qu’un majeur sous curatelle soit
président du conseil d’administration d’une SA (c’est la logique extrême du principe selon
lequel il agit au nom de la société et sa responsabilité en tant que telle est limitée).
• Cumul des mandats :
–– une personne physique ne peut exercer simultanément plus de 5 mandats d’administrateur
de SA ayant leur siège sur le territoire français ; pour cela, ne sont pas pris en compte les
mandats d’administrateur ou de membre du conseil de surveillance exercés par cette per-
sonne dans les sociétés contrôlées par la société dont elle est administrateur ; le plafond est
de 3 mandats dans les cas de sociétés cotées d’une taille importante et de personnes exer-
çant un mandat de type exécutif ;
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
118
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
–– par ailleurs, une personne physique ne peut exercer simultanément plus de 5 mandats de
DG, de membre du directoire, de DG unique, d’administrateur ou de membre du conseil de
surveillance de SA ayant leur siège sur le territoire français ; pour cela, ne sont pas pris en
compte les mandats d’administrateur ou de membre du conseil de surveillance dans les
sociétés contrôlées par la société dans laquelle est exercé un mandat mentionné ci-avant.
• Équilibre des femmes et des hommes : le conseil d’administration est composé en recher-
chant une représentation équilibrée des femmes et des hommes.
• Conditions exigées par les statuts : les statuts peuvent imposer des conditions supplémen-
taires. Par exemple, l’obligation de détenir des actions ne relève plus d’une disposition légale
mais de la seule volonté des membres de la société. Dans l’hypothèse où les statuts imposent
la détention d’actions, si, au jour de sa nomination, un administrateur n’est pas propriétaire du
nombre d’actions requis ou si, en cours de mandat, il cesse d’en être propriétaire, il est réputé
démissionnaire d’office, à moins qu’il n’ait régularisé sa situation dans le délai de 6 mois. Cette
règle ne s’applique pas aux actionnaires salariés nommés administrateurs.
REMARQUES
1. Administrateur salarié
• Salarié nommé administrateur :
Le salarié d’une SA peut être nommé administrateur de cette société, à condition que le
contrat de travail corresponde à un travail effectif (trois critères : fonction technique, lien de
subordination, rémunérations distincte et proportionnée). Le nombre des administrateurs
liés à la société par un contrat de travail ne peut dépasser le tiers des administrateurs
en fonction.
• Salariés élus administrateurs par le personnel de la société, salariés-administrateurs
représentant le personnel et salariés-administrateurs représentant les salariés action-
naires :
Il existe des cas de représentation obligatoire des salariés. D’une part, les SA (non les
SCA) cotées ont l’obligation de faire élire au conseil d’administration un ou plusieurs repré-
sentants des salariés actionnaires lorsque les actions détenues par le personnel de la
société ou des sociétés liées représentent plus de 3 % du capital social (art. L. 225‑23,
C. com.). Ces administrateurs ne sont pas pris en compte pour la détermination du nombre
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
minimal et du nombre maximal d’administrateurs. Ils ne sont pas pris en compte pour la
détermination du nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail.
Lorsque le conseil d’administration comprend un ou plusieurs salariés élus en l’application
de l’article L. 225‑27, l’obligation prévue par l’article L. 225‑23 ne s’applique pas. D’autre
part, certaines grandes entreprises sont tenues d’instituer des administrateurs repré-
sentant les salariés (art. L. 225‑27‑1, C. com.). Lorsque le conseil d’administration
comprend des administrateurs élus en vertu de l’article L. 225‑27, l’obligation prévue à l’arti
cle L. 225‑27‑1 ne s’applique pas. Il s’agit des entreprises qui emploient au moins 1 000 sala-
riés permanents dans la société mère et les filiales françaises (ou au moins 5 000 salariés
permanents dans la société mère et les filiales françaises ou étrangères). Le nombre de ces
administrateurs représentant les salariés est au moins égal à 2 (ou 1 dans les sociétés dont
le nombre des autres administrateurs est inférieur ou égal à 12).
Un dispositif facultatif (non cumulable avec les cas obligatoires) est prévu. Les statuts
de la société peuvent prévoir que le conseil d’administration comprend des administrateurs
élus par le personnel de la société elle-même ou par ses filiales françaises. Le nombre de ces
administrateurs ne peut être supérieur à 4 (ou à 5 dans les sociétés cotées) ni excéder le tiers
du nombre des autres administrateurs. Ces administrateurs ne sont pas comptés pour la
détermination du nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail men-
tionnés au paragraphe précédent. Ils ne sont pas comptés non plus pour la détermination du
nombre maximal et du nombre minimal d’administrateurs (art. L. 225‑27, C. com.).
• Administrateur souhaitant devenir salarié de la société :
Si un salarié peut être nommé administrateur de la société, en revanche, un administrateur
en fonction ne peut obtenir un contrat de travail de la société qu’il administre (art. L. 225‑44,
C. com.). Cette interdiction s’applique à la fois aux administrateurs nommés lors de la
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 119
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUE
La cooptation est une nomination à titre provisoire.
• Cooptation facultative : en cas de vacance provoquée entre deux AG par le décès ou par
la démission d’un ou plusieurs administrateurs, des cooptations des administrateurs peuvent
avoir lieu.
• Cooptation interdite : si le nombre des administrateurs devient inférieur à 3 (minimum légal),
les administrateurs restants doivent convoquer immédiatement une AGO en vue de nomina-
tions complémentaires.
• Cooptation obligatoire : si le nombre des administrateurs devient inférieur au minimum
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
statutaire, sans être inférieur à 3 (minimum légal), le conseil doit procéder à des nominations
à titre provisoire en vue de compléter son effectif dans le délai de 3 mois.
Les cooptations sont soumises à ratification de la prochaine AGO. Dans le cas où le conseil
ne procède pas aux nominations nécessaires ou si l’AG n’était pas convoquée, tout inté-
ressé a le droit de demander la désignation, par le Président du Tribunal de commerce, d’un
mandataire chargé de convoquer l’AG à l’effet de procéder aux nominations requises ou de
ratifier des nominations à titre provisoire.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
120
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
• à part les deux cas cités ci-avant, les administrateurs autres qu’administrateurs salariés, admi-
nistrateurs élus par le personnel et administrateurs dans les PME ne peuvent recevoir de la
société aucune rémunération, permanente ou non, autres que les jetons de présence et les
rémunérations exceptionnelles, rémunérations spécifiques allouées au Président du conseil et
au DG ou DG délégué.
REMARQUE
Le directeur général (DG) est nommé par le conseil d’administration qui fixe également sa
rémunération. Il est révocable à tout moment par le conseil.
Le DG peut être président du conseil d’administration. La limite d’âge pour cette fonction est
fixée à 65 ans, à défaut de disposition expresse statutaire. Il est soumis aux règles de cumul :
une personne physique ne peut exercer simultanément plus d’un mandat de DG de SA fran-
çaises. Mais des dérogations existent.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le DG assume la direction générale de la société et il est investi des pouvoirs les plus étendus
pour agir en toute circonstance au nom de la société :
• à l’égard des actionnaires, il exerce ses pouvoirs dans la limite de l’objet social et en respec-
tant les attributions des AG et du conseil d’administration ;
• à l’égard des tiers, il représente la société. Celle-ci est engagée même par ses actes qui ne
relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que l’acte dépas-
sait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, étant exclu que la
seule publication des statuts ne suffise à constituer cette preuve. Les dispositions statutaires
et les décisions du conseil limitant ses pouvoirs sont inopposables aux tiers.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 121
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
La durée des fonctions de président est fixée par les statuts de la société ou par le conseil
d’administration. Cette durée ne peut excéder celle de ses fonctions d’administrateur (6 ans
maximum). Le président est cependant rééligible. Son mandat prend fin par le décès, l’arrivée du
terme prévu lors de la nomination, la perte de la qualité d’administrateur, la démission, l’arrivée
de l’âge limite ou sa révocation.
En rémunération de ses fonctions, le président perçoit une rémunération spéciale déterminée
par le conseil d’administration : cette rémunération peut être fixe, ou proportionnelle au chiffre
d’affaires ou au bénéfice, ou encore combiné les deux modalités.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
tion contienne un ordre du jour de la réunion.
La fréquence des séances n’est pas réglementée. Les statuts peuvent ainsi prévoir que le pré-
sident convoque les membres du conseil d’administration aussi souvent que l’intérêt de la
société l’exige.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
122
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
4. Le quorum et la majorité
Le conseil d’administration ne délibère valablement que si la moitié au moins de ses membres
sont présents physiquement ou par visioconférence ; toute clause contraire est réputée non
écrite. Pour le calcul de ce quorum, il n’est pas tenu compte des administrateurs représentés.
Cette règle étant impérative, le défaut de quorum entraîne la nullité des délibérations du conseil
d’administration.
Les décisions sont adoptées à la majorité des membres présents ou représentés ; les sta-
tuts ne peuvent déroger à cette règle qu’en prévoyant une majorité plus forte. En cas de
partage, la voix du président de séance est prépondérante sauf disposition contraire des statuts.
Sauf dispositions contraires des statuts, le règlement intérieur peut prévoir que sont réputés
présents pour le calcul du quorum et de la majorité les administrateurs qui participent à la réu-
nion du conseil par des moyens de visioconférence ou de télécommunication permettant
leur identification et garantissant leur participation effective. Toutefois, le texte impose la pré-
sence physique des administrateurs lors de la réunion du conseil pour la vérification et le
contrôle des comptes annuels et des comptes consolidés.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 123
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
b. La sanction
La sanction est la nullité des conventions.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
capital de l’autre.
La jurisprudence considère, ainsi, qu’un contrat d’entreprise conclu entre une SA et une SCI
ayant des dirigeants et associés communs pour l’édification d’un bâtiment de bureaux ne consti-
tue pas une opération courante conclue à des conditions normales lorsque, par exemple, les
conditions financières sont désavantageuses pour la première société et uniquement profitables
à la seconde. C’est dans ce genre d’hypothèses qu’intervient une procédure particulière, d’où le
nom de conventions réglementées.
b. La procédure
L’intéressé n’étant pas tenu de les communiquer au président du conseil d’administration, le
président ne communique pas la liste et l’objet desdites conventions aux membres du conseil
d’administration et aux CAC.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
124
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
EXEMPLES
• Vente, bail, prestation de services, licence de brevet, prêt consenti à la société.
• Rémunérations exceptionnelles allouées par le conseil d’administration pour des missions
ou des mandats confiés aux administrateurs.
• Attribution d’intérêts sur des sommes versées en compte courant par les administrateurs.
• Attribution aux dirigeants d’avantages en nature.
• Emprunt contracté personnellement par un PDG auprès d’une banque d’une somme que
l’intéressé met immédiatement et gratuitement à la disposition de la société, celle-ci versant
directement au prêteur des intérêts produits par cet emprunt.
• Convention, conclue à titre onéreux, destinée à permettre l’utilisation par un administrateur
d’un bien social, en dehors des opérations accomplies par la société de façon habituelle et
dans des conditions normales.
En revanche, la détermination de la rémunération du gérant d’une SARL par l’assemblée ne
procède pas d’une convention, la procédure des conventions réglementées ne s’applique pas.
Il en va de même lorsque les statuts d’une SAS stipulent que la rémunération de son président
doit être fixée par une décision collective des associés prise à la majorité simple.
droits de vote supérieure à 10 % est une société, la procédure s’applique également en cas de
convention avec la société qui contrôle cette société actionnaire (détient la majorité des droits
de vote ; détermine en fait les décisions d’assemblée ; le contrôle est présumé pour une parti-
cipation qui dépasse 40 % des droits de vote, dès lors qu’aucun autre associé ou actionnaire
ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à celle de la société concer-
née). Ainsi, si une société A est actionnaire à plus de 10 % dans une société B et si une troi-
sième société C contrôle A, la convention conclue entre B et C doit respecter la procédure des
conventions réglementées.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 125
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
• le rapport spécial établi par le CAC sur les conventions réglementées est mis à la disposition
des actionnaires 15 jours au moins avant la réunion de l’AGO ;
• l’AGO annuelle vote sur le rapport du CAC (l’intéressé ne peut pas prendre part au vote et ses
actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité).
REMARQUES
1. Procédure de contrôle dans une SARL
La procédure de contrôle des conventions réglementées est plus simple pour les SARL car elle
ne comporte pas d’autorisation préalable (il s’agit d’un contrôle a posteriori). Cependant, s’il
n’existe pas de CAC, les conventions conclues par un gérant non associé sont soumises à
l’approbation préalable de l’AG.
2. Procédure de contrôle dans une SAS
La procédure de contrôle applicable dans une SAS est simplifiée par rapport à celle applicable
dans une SA. Dans une SAS, le CAC de la société ou, s’il n’en a pas été désigné, le président
de la société, présente aux associés un rapport sur ces conventions. Les associés statuent sur
ce rapport. Le texte ne précise pas que l’intéressé ne peut pas prendre part au vote et que ses
actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.
3. Procédure de contrôle dans une société unipersonnelle
Lorsque la convention est conclue entre la société et son associé unique, il en est seulement
fait mention au registre des décisions.
4. Responsabilité des CAC
Les manquements dans la présentation du rapport spécial reprochés au CAC n’étant pas la
cause du préjudice né de la conclusion des conventions réglementées, la responsabilité du
CAC ne peut être retenue.
5. Réexamen annuel
Un réexamen annuel des conventions et la communication du CAC sont imposés. Ainsi, les
conventions conclues et autorisées au cours d’exercices antérieurs dont l’exécution a été
poursuivie sont examinées chaque année par le conseil d’administration ou le conseil de sur-
veillance et communiquées au CAC pour l’établissement d’un rapport spécial.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
6. Obligation d’information des actionnaires de certaines conventions
Le rapport présenté par le conseil d’administration ou le directoire à l’AG mentionne les
conventions intervenues, directement ou indirectement, entre l’un des membres du directoire
ou du conseil de surveillance, le directeur général, l’un des directeurs généraux délégués, l’un
des administrateurs ou l’un des actionnaire disposant d’une fraction des droits de vote supé-
rieure à 10 % d’une société et une autre société dont cette dernière possède, directement ou
indirectement, plus de la moitié du capital. Ce dispositif ne s’applique pas lorsque les
conventions portent sur des opérations courantes et conclues à des conditions nor-
males.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
126
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
REMARQUES
1. Nullité relative
En matière de convention réglementée, la nullité est relative car elle est destinée à protéger des
intérêts particuliers. En conséquence, lorsque la convention a fait l’objet d’une exécution,
même partielle, il n’est plus possible d’invoquer la nullité. Par ailleurs, la nullité peut être cou-
verte par le vote de l’AG.
2. Condition de demande de nullité
Une convention conclue sans autorisation préalable du conseil d’administration n’est nulle que
si elle a eu des conséquences dommageables pour la société.
3. Nullité invoquée par voie d’exception
Lorsque le cocontractant assigne la société en exécution d’une convention réglementée non
autorisée, la société peut soulever, par voie d’exception, la nullité de celle-ci. Dans ce cas, la
convention ne doit pas avoir été exécutée, même partiellement. Autrement dit, l’exécution (ou
même un commencement d’exécution) de la convention non autorisée, empêche la société
d’invoquer la nullité de celle-ci.
4. Délai de prescription
Quand la société demande la nullité d’une convention réglementée pour inobservation des
dispositions spécifiques applicables à ces conventions, le délai de prescription est de 3 ans.
En revanche, lorsque l’annulation de la convention est demandée pour violation des lois ou
principes régissant la nullité des contrats, le délai spécifique de 3 ans ne s’applique pas.
5. Responsabilité des administrateurs
Les administrateurs sont responsables des conséquences préjudiciables des conventions
qu’ils auraient acceptées lorsque celles-ci sont désapprouvées par l’AG des actionnaires.
que leur origine soit dans le Code pénal (escroquerie ou abus de confiance, etc.) ou dans le
Code de commerce (abus de biens sociaux, défaut de convocation du CAC, etc.) ;
• il peut également être condamné en raison de sa qualité de chef d’entreprise en cas de non-
respect des règles du droit du travail, de l’environnement, de la consommation ou des
marchés financiers ;
• il peut en outre être condamné pour un fait personnel commis à l’occasion de l’exercice de
ses fonctions (ex. : contravention pour excès de vitesse). Mais, en raison du principe de per-
sonnalité des peines, il est condamné personnellement.
REMARQUE
La faute de gestion peut engager la responsabilité d’un administrateur à condition de prouver
que les erreurs de gestion puissent lui être imputées personnellement. Ceci étant, il a été jugé
que commettait une faute individuelle chacun des membres du conseil d’administration ou du
directoire d’une SA qui, par son action ou son abstention, participe à la prise d’une décision
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 127
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
fautive de cet organe, sauf à démontrer qu’il s’est comporté en administrateur prudent et dili-
gent, notamment en s’opposant à cette décision. Il en résulte que la faute personnelle de
l’administrateur est présumée en cas de prise d’une décision fautive par le conseil d’adminis-
tration. En revanche, cette présomption peut être renversée s’il démontre qu’il s’était comporté
en administrateur prudent et diligent en s’opposant à cette décision, voire en démissionnant
dans les cas les plus graves.
Les administrateurs en fonction sont responsables des dommages subis par les actionnaires ou
les tiers à l’occasion de l’annulation de la société (hypothèse rarissime compte tenu des
conditions de mise en œuvre de la nullité d’une SA).
b. Le délai de prescription
L’action en responsabilité contre les administrateurs se prescrit par un délai de 3 ans à compter
du fait dommageable, mais aussi, au cas où il serait dissimulé, à compter de sa révélation.
Toutefois, lorsque le fait est qualifié crime, l’action se prescrit par 10 ans.
La prescription de 3 ans ne concerne que les agissements commis par les dirigeants de droit,
en conséquence, la prescription applicable aux dirigeants de fait est celle du droit commun :
5 ans à compter du jour où le titulaire d’un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui per-
mettant de l’exercer.
Nous distinguerons les attributions générales (I) des attributions spécifiques (II).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Le conseil d’administration exerce ses pouvoirs généraux dans la limite de l’objet social et
sous réserve de ceux expressément attribués par la loi aux AG d’actionnaires. Mais, comme
nous sommes dans une société à risque limité, cette limitation n’a de portée qu’à l’égard des
actionnaires.
En revanche, dans les rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du
conseil d’administration qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le
tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circons-
tances, étant exclu que la seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
128
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
• agrément d’une cession d’actions lorsque celui-ci est prévu par les statuts ;
• cautions, avals et garanties donnés par des sociétés autres que celles exploitant des établis-
sements bancaires ou financiers.
REMARQUE
Les cautions, avals et garanties donnés par des sociétés autres que celles exploitant des
établissements bancaires ou financiers font l’objet d’une autorisation du conseil d’administra-
tion ou du conseil de surveillance. Faute d’accord du conseil d’administration, le contrat est
inopposable à la société. Il est donc indispensable d’obtenir avant toute signature le procès-
verbal du conseil d’administration. Le champ d’application de ce texte peut poser des difficul-
tés.
Quels que soient en effet les termes employés, tout engagement entraînant une obligation
susceptible d’avoir des conséquences financières pour la société garante, en cas de défail-
lance de la personne garantie, doit être regardé comme entrant dans le champ d’application
de ce texte. Par exemple, le cautionnement vise le cautionnement personnel ou réel par lequel
la société limite sa garantie de la dette d’autrui à un ou plusieurs éléments de son patrimoine.
En revanche, certaines garanties sont exclues de ces dispositions dès lors que la garantie
accordée est afférente aux engagements propres de la société, par exemple, l’engagement
pris par une société de reprendre, en cas de défaillance de son concessionnaire, les biens
vendus par celui-ci.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 129
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
➠➠La nomination des membres du conseil de surveillance
Les qualités requises pour être membre du conseil
• Personnes physiques ou morales : les règles sont identiques à celles applicables aux admi-
nistrateurs.
• Limite d’âge : les règles sont identiques à celles applicables aux administrateurs (70 ans âge
limite légale).
• Capacité : les règles sont identiques à celles applicables aux administrateurs.
• Équilibre entre hommes et femmes : les règles sont identiques à celles applicables aux
administrateurs.
• Cumul des mandats : les règles sont similaires à celles applicables aux administrateurs.
• Conditions exigées par les statuts : les règles sont identiques à celles applicables aux admi-
nistrateurs.
REMARQUE
• Membre du conseil de surveillance salarié :
Le texte autorise expressément le cumul d’un mandat de membre du conseil de surveillance
et d’un contrat de travail correspondant à un emploi effectif. Toutefois, le nombre de membres
du conseil de surveillance liés à la société par un contrat de travail ne peut dépasser le tiers
des membres en fonctions. Les membres du conseil de surveillance élus par le personnel ne
sont pas comptés sur la détermination de ce nombre.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
130
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
missions et mandats qui leur sont confiés (ces rémunérations exceptionnelles sont soumises aux
dispositions relatives aux conventions réglementées).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 131
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
B. LA COMPOSITION DU DIRECTOIRE
1. Les membres du directoire
a. Le nombre de membres du directoire
Le nombre des membres est déterminé par les statuts ou, à défaut, par le conseil de surveillance.
Le nombre des membres du directoire est limité à un maximum de 5. Ce maximum est relevé à
7 dans le cas des sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur un marché régle-
menté. Ces limites doivent être respectées même en cas de fusion, dès lors que la loi ne prévoit
pas de dérogation analogue à celle accordée aux administrateurs et aux membres du conseil de
surveillance.
Lorsque le capital de la société est inférieur à 150 000 €, le directoire peut n’être composé que
d’une seule personne, qui prend alors le titre de directeur général unique.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
obligatoirement des personnes physiques. Ils peuvent être pris en dehors des actionnaires et
même parmi les salariés de la société. Le cumul de la fonction sociale avec un contrat de tra-
vail n’est pas interdit par la loi.
• Limite d’âge : les statuts doivent prévoir pour l’exercice des fonctions de membre du direc-
toire ou de directeur général unique une limite d’âge qui, à défaut de stipulation statutaire
expresse, est légalement fixée à 65 ans. Toute nomination intervenue au-delà de la limite d’âge
invoquée est nulle. Lorsqu’un membre du directoire atteint la limite d’âge, il est réputé démis-
sionnaire d’office.
• Capacité : il doit être capable, non frappé d’interdiction, d’échéance ou d’incompatibilité.
• Cumul des mandats :
–– aucun membre du conseil de surveillance ne peut faire partie du directoire ;
–– une personne physique ne peut exercer plus d’un mandat de membre du directoire ou de
directeur général unique de SA françaises ; même, de façon dérogatoire, un 2e mandat de
membre du directoire ou de directeur général unique ou un mandat de DG (dans la société
moniste) peut être exercé dans une société contrôlée par la société dont cette personne est
membre du directoire ou directeur général unique ; un 2e mandat de membre du directoire
ou de directeur général unique ou un mandat de DG (dans la société moniste) peut être
exercé dans une société non cotée ;
–– une personne physique ne peut exercer simultanément plus de 5 mandats de DG, de
membre du directoire, de directeur général unique, d’administrateur ou de membre du
conseil de surveillance de SA françaises ; pour cela, ne sont pas pris en compte les mandats
d’administrateur ou de membre de conseil de surveillance dans les sociétés contrôlées par
la société dans laquelle est exercé un mandat mentionné ci-avant.
• Conditions exigées par les statuts (mêmes règles que les administrateurs).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
132
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
2. Le président du directoire
Le conseil de surveillance peut désigner l’un des membres du directoire comme président. Les
conditions de la rémunération du président du directoire, ni celles de sa révocation ou de la
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 133
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
c. Le quorum et la majorité
Les règles sont identiques à celles applicables au conseil d’administration.
b. La responsabilité civile
Les membres du conseil de surveillance sont responsables des fautes personnelles commises
dans l’exécution de leur mandat. Ils n’encourent aucune responsabilité, en raison des actes
de la gestion et de leur résultat. Ils peuvent être déclarés civilement responsables des délits
commis par les membres du directoire si, en ayant eu connaissance, ils ne les ont pas révélés à
l’assemblée générale.
Compte tenu de la spécificité de leur mission et du fait qu’ils n’interviennent pas dans la gestion
de la société, leur responsabilité peut être engagée dans les hypothèses suivantes :
• s’il outrepasse ses fonctions et devient dirigeant de fait, il est responsable sur le fondement de
la responsabilité extracontractuelle générale, c’est-à-dire le droit commun ;
• à partir du moment où les membres se prononcent sur la gestion, leur responsabilité peut
également être engagée si l’opération se révèle contraire à l’intérêt de la société ;
• si le conseil de surveillance manque à ses obligations comme par exemple la convocation à
l’AG ou le droit à l’information de l’actionnaire, il y a également faute à partir du moment où il
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
est le représentant légal des actionnaires.
L’action sociale est bien évidemment recevable contre des membres du conseil de surveillance.
L’AG ne peut décider d’éteindre une telle action. L’action en responsabilité contre les membres
du conseil de surveillance, tant sociale qu’individuelle, se prescrit par 3 ans, à compter du fait
dommageable ou, s’il a été dissimulé, de sa révélation.
B. LE FONCTIONNEMENT DU DIRECTOIRE
ET LA RESPONSABILITÉ DES MEMBRES DU DIRECTOIRE
1. Le fonctionnement du directoire
Le directoire délibère et prend ses décisions dans les conditions fixées par les statuts.
La possibilité de réunir le conseil de surveillance grâce à des visioconférences n’a pas été prévue
pour le directoire.
Les CAC doivent être convoqués aux réunions du directoire arrêtant les comptes annuels ou
intermédiaires.
Les délibérations du directoire doivent être constatées par des procès-verbaux transcrits sur un
registre spécial. À défaut, les délibérations sont annulées à la demande des membres du direc-
toire ou du conseil de surveillance. Le tribunal saisi de cette action en nullité peut fixer un délai
pour couvrir la nullité. En outre, tout intéressé peut demander au président du tribunal statuant
en référé d’enjoindre sous astreinte la transcription des procès-verbaux des réunions sur un
registre spécial tenu au siège social.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
134
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Nous distinguerons les attributions générales (I) des attributions spécifiques (II).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 135
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
pouvoir qu’il a reçu.
Lorsqu’une opération exige l’autorisation du conseil de surveillance et que celui-ci la refuse, le
directoire peut soumettre le différend à l’AG des actionnaires de façon à ce qu’elle décide de la
suite à donner au projet.
Les sociétés cotées (dont les titres sont admis aux négociations sur un marché réglementé) ont
une double particularité :
• d’une part, elles accueillent un nombre important d’actionnaires ;
• d’autre part, la cotation d’une partie des titres fait évoluer en permanence la composition de
leur actionnariat.
Cette double particularité a conduit le législateur à prévoir des dispositions spécifiques de façon
à assurer le principe d’égalité des associés. Ces dispositions s’articulent, d’une part, autour
d’une autorité administrative indépendante, l’AMF, et, d’autre part, d’un renforcement de l’obli-
gation d’information de façon à assurer une meilleure transparence. C’est ce que nous expose-
rons en distinguant l’obligation d’information (chapitre 1) de sa sanction (chapitre 2).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
136
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
I. L’INFORMATION PERMANENTE
a. Le principe de divulgation
Tout émetteur doit assurer en France de manière simultanée une information identique à celle
qu’il donne à l’étranger.
L’AMF peut demander aux émetteurs, dans des délais appropriés, des informations qu’elle juge
utiles à la protection des investisseurs et au bon fonctionnement du marché et, à défaut, procé-
der elle-même à la publication de ces informations.
Tout changement significatif concernant des informations privilégiées déjà rendues publiques
doit être divulgué rapidement selon les mêmes modalités que celles utilisées lors de leur diffu-
sion initiale.
b. Le délai de divulgation
Les sociétés émettrices doivent, dès que possible et dans un délai raisonnable, porter à la
connaissance du public toute information privilégiée qui les concerne directement.
L’émetteur peut, sous sa propre responsabilité, différer la publication d’une information privi-
légiée afin de ne pas porter atteinte à ses intérêts légitimes, sous réserve que cette omission ne
risque pas d’induire le public en erreur et que ledit émetteur soit en mesure d’assurer la confi-
dentialité de l’information en contrôlant l’accès à cette dernière.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 137
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
du 1/2, des 2/3, des 18/20 ou des 19/20 du capital ou des droits de vote d’une société qui a son
siège en France et dont les actions sont cotées sur un marché réglementé d’un État partie à
l’accord sur l’EEE ou sur un marché négocié, cette personne est tenue d’informer la société.
L’information est également donnée lorsque la participation en capital ou en droits de vote
devient inférieure aux seuils déclarés auparavant.
Deux éléments jouent ici un rôle fondamental :
• la définition des instruments financiers pris en compte pour identifier un franchissement du
seuil : sont pris en compte les actions et droits de vote détenus ainsi que, même si la personne
concernée ne détient pas elle-même des actions ou droits de vote, les actions et droits de vote
assimilés (ex. : actions ou droits de vote possédés par d’autres personnes pour le compte de
cette personne, actions ou droits de vote possédés par les sociétés que contrôle cette per-
sonne, actons ou droits de vote possédés par un tiers avec qui cette personne agit de concert,
produits dérivés permettant une prise de contrôle, etc.) ;
• la définition de l’action de concert, de façon à appréhender les stratégies impliquant plusieurs
personnes : sont considérées comme agissant de concert les personnes qui ont conclu un
accord en vue d’acquérir, de céder ou d’exercer des droits de vote, ou pour obtenir le contrôle
de cette société pour mettre en œuvre une politique commune vis-à-vis de la société. L’action
de concert est présumée exister notamment entre une société, le président de son conseil
d’administration et ses directeurs généraux ou les membres de son directoire ou ses gérants,
entre une société et les sociétés qu’elle contrôle, entre des sociétés contrôlées par la même
ou les mêmes personnes, entre les associés d’une SAS à l’égard des sociétés que celle-ci
contrôle. Il importe peu que la politique commune ne soit mise en œuvre que de manière
temporaire. En pratique, il est difficile de cerner précisément la notion d’action de concert.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
138
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
ou du quart du capital ou des droits de vote, les objectifs qu’elle a l’intention de poursuivre
au cours des six mois à venir.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 139
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
indirectement, un nombre compris entre 3/10 et le ½ du capital ou des droits de vote et qui, en
moins de 12 mois consécutifs, augmente sa détention en capital ou en droits de vote d’au moins
un 1/100 du capital ou des droits de vote d’une société cotée, est tenue à son initiative d’en
informer immédiatement l’AMF et de déposer un projet d’offre publique en vue d’acquérir une
quantité déterminée des titres de la société. Le prix proposé doit être au moins égal au prix le
plus élevé payé par l’auteur de l’offre, sur une période de 12 mois précédant le fait générateur de
l’obligation de dépôt du projet d’offre publique.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
140
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Les sociétés émettrices françaises publient et déposent auprès de l’AMF un rapport financier
annuel, dans les 4 mois qui suivent la clôture de l’exercice. Ce rapport comprend les comptes
annuels, les comptes consolidés le cas échéant, un rapport de gestion, une déclaration des
personnes physiques qui assument la responsabilité de ces documents et le rapport des CAC
ou des contrôleurs légaux ou statutaires sur les comptes précités. Il est tenu à la disposition du
public pendant 5 ans.
B. D’AUTRES INFORMATIONS
Dans les 4 mois suivant la clôture de son exercice, tout émetteur français publie, dans un
communiqué, le montant des honoraires versés à chacun des contrôleurs légaux des comptes.
Au plus tard le jour du dépôt du rapport de gestion au greffe du tribunal de commerce, les socié-
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
tés françaises cotées rendent public, les rapports du président du conseil d’administration ou de
surveillance et du CAC relatifs aux procédures de contrôle interne et des gestions de risque.
Au contrôle effectué par les CAC, s’ajoutent le dispositif de contrôle interne (I) et les comités
d’audit (II).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 141
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Chapitre 2. Les sanctions en cas de manquement
à l’obligation d’information
De façon à assurer le plein respect de différentes obligations en matière d’information, trois types
de sanctions ont été prévues : administratives (section 1), pénales (section 2) et civiles (section 3).
L’AMF peut prononcer des injonctions (I) et des sanctions administratives (II).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
142
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
• concernant les personnes physiques, le montant de la sanction pécuniaire ne peut être supé-
rieur à 15 millions d’euros ou au décuple du montant des profits éventuellement réalisés en cas
de certaines pratiques ou à 300 000 € ou au quintuple des profits éventuellement réalisés dans
les autres cas.
Les sanctions pénales sont prévues dans le Code de commerce (I), le Code monétaire et finan-
cier (II) et le Code du travail (III).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 143
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
2. L’élément matériel
Le texte prévoit trois formes différentes de délits d’initié qui sont :
• le fait ou la tentative d’utiliser une information privilégiée en réalisant, pour elle-même ou pour
autrui, soit directement, soit indirectement, une ou plusieurs opérations sur les instruments
financiers concernés par cette information privilégiée ;
• le fait ou la tentative de recommander la réalisation d’une opération se fondant sur une infor-
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
mation privilégiée, d’inciter la réalisation d’une opération sur le fondement d’une telle informa-
tion, ou de suivre la recommandation ou de céder à l’incitation, en ayant conscience qu’elles
s’appuient sur une information privilégiée ;
• le fait ou la tentative de communiquer une information privilégiée en dehors du cadre normal
de sa profession ou de ses fonctions (le délit de « dîner en ville »).
3. L’élément intentionnel
Le délit d’initié est une infraction intentionnelle. Le simple fait qu’une personne dispose d’une
information privilégiée n’est pas constitutif de l’infraction si son comportement est légitime.
Autrement dit, le fait d’être initié n’est pas sanctionné en tant que tel, mais on sanctionne l’exploi
tation de l’information privilégiée.
2. L’élément matériel
Il s’agit du fait ou de la tentative, pour toute personne, de diffuser, par tout moyen, des informa-
tions fausses ou trompeuses sur les perspectives ou la situation d’un émetteur. Il convient de
distinguer la communication de la diffusion.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
144
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
EXEMPLE
Le dirigeant d’une société avait omis de mentionner, lors de sa communication, les risques que
présentait un accord commercial complexe alors qu’il en présentait les avantages financiers au
marché.
3. L’élément intentionnel
Le délit est intentionnel.
2. L’élément matériel
Il s’agit du fait ou de la tentative de :
• réaliser une opération, de passer un ordre ou d’adopter un comportement qui donne ou est
susceptible de donner des indications trompeuses sur le cours ou qui affecte le cours, en
ayant recours à des procédés fictifs ou à toute autre forme de tromperie ou d’artifice ;
• fournir ou transmettre des données ou des informations fausses ou trompeuses utilisées pour
calculer un indice de référence de nature à fausser le cours ou adopter tout autre comporte-
ment aboutissant à la manipulation du calcul d’un tel indice.
3. L’élément intentionnel
Il s’agit d’une infraction intentionnelle.
actionnaires et volontairement tronqué sur certains points essentiels pour l’exercice des attribu-
tions du comité. Le délit d’entrave pourrait être invoqué.
La sanction civile consiste en la privation des droits de vote attachés aux titres concernés.
202111TDPA0216 145
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
REMARQUE
Le bureau de l’AG de la société dont les titres sont concernés peut constater l’existence d’une
action en concert et déclarer la privation des droits de vote pour non-respect de l’obligation de
déclaration de franchissement du seuil de participation seulement en présence d’un des cas
de présomption prévus par la loi. Lorsque les actionnaires concernés contestent agir réelle-
ment de concert, le bureau de l’assemblée n’a pas le pouvoir de les priver de leurs droits de
vote. En outre, dans les cas autres que les cas de présomption légale d’action de concert,
l’existence du concert ne peut être constatée que par l’AMF ou le juge.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Titre 5. Les obligations de communication
des entreprises
en matière d’environnement
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
146
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
I. L’OBLIGATION D’INFORMATION
Le rapport annuel de gestion ou le rapport consolidé de gestion présenté par le conseil d’admi-
nistration ou le directoire à l’AGO doit contenir notamment des informations relatives aux
questions d’environnement (art. L. 225‑100, C. com.). Le contenu de ces informations n’est
cependant pas précisé.
I. L’OBLIGATION D’INFORMATION
Le rapport présenté par le conseil d’administration ou le directoire à l’AGO doit comprendre des
informations sur la manière dont la société prend en compte les conséquences environnemen-
tales de son activité incluant les conséquences sur le changement climatique de son activité et
de l’usage des biens et services qu’elle produit, ainsi que sur ses engagements sociétaux en
faveur du développement durable (art. L. 225‑102‑1, C. com.).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
À partir de l’exercice clos au 31 décembre 2011 pour les entreprises cotées et de l’exercice clos
au 31 décembre 2016 pour l’ensemble des entreprises concernées, l’information environnemen-
tale fait l’objet d’une vérification par un organisme tiers indépendant. Cette vérification donne
lieu à un avis qui est transmis à l’assemblée des actionnaires en même temps que le rapport du
conseil d’administration ou du directoire.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 147
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
I. L’OBLIGATION D’INFORMATION
Pour les sociétés exploitant au moins une installation classée, leur rapport annuel de gestion :
• informe de la politique de prévention du risque d’accident technologique menée par la société ;
• rend compte de la capacité de la société à couvrir sa responsabilité civile vis-à-vis des biens
et des personnes du fait de l’exploitation de telles installations ;
• précise les moyens prévus par la société pour assurer la gestion de l’indemnisation des vic-
times en cas d’accident technologique engageant sa responsabilité (art. L. 225‑102‑2,
C. com.).
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Section 1. Les sanctions pénales
La loi prévoit une sanction pénale à l’encontre du président et des administrateurs lorsque le
rapport de gestion n’est pas soumis à l’assemblée générale des actionnaires. Cette sanction
n’est pas applicable en cas d’omission de certaines mentions relatives à l’environnement qui
doivent figurer dans le rapport. En revanche, on peut invoquer le délit de diffusion d’informa-
tion fausse ou trompeuse, à l’encontre des dirigeants qui communiqueraient une information
fausse ou trompeuse relative à l’obligation d’information environnementale.
Par ailleurs, en ce qui concerne les prérogatives du comité d’entreprise, le délit d’entrave
pourrait également être invoqué en cas de transmission au comité d’un rapport différent de celui
qui est transmis aux actionnaires et volontairement tronqué sur certains points essentiels pour
l’exercice des attributions du comité.
L’organisme tiers indépendant peut donner un avis défavorable sur les informations environ-
nementales.
Les informations environnementales ne constituent qu’une partie du rapport. L’absence de ces
informations rend le rapport incomplet. De ce fait, leur omission ne saurait entraîner la nullité de
l’assemblée mais seulement de la résolution adoptée. En effet, seule l’absence du rapport de
gestion peut entraîner la nullité de l’assemblée générale.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
148
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Lorsque le rapport annuel de gestion ne comprend pas les mentions obligatoires, toute per-
sonne intéressée peut demander au président du tribunal statuant en référé d’enjoindre, sous
astreinte, au conseil d’administration ou au directoire, de communiquer ces informations.
Le président du tribunal de commerce, statuant en référé, peut, à la demande de toute personne
intéressée, enjoindre, sous astreinte, toute personne morale de procéder au dépôt des pièces
et actes au RCS.
Dans les sociétés cotées, les actionnaires se regroupant en associations ou dans d’autres
sociétés par actions, un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital social,
soit individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que ce soit, peuvent poser par
écrit au président du conseil d’administration ou du directoire des questions sur une ou plu-
sieurs opérations de gestion. À défaut de réponse dans un délai d’un mois, ils peuvent deman-
der, en référé, la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur
une ou plusieurs opérations. Cette faculté est aussi ouverte, aux représentants des salariés, au
ministère public ou à l’AMF dans les sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur
un marché réglementé.
En revanche, une information incomplète ou erronée, susceptible d’induire en erreur, pourrait
engager la responsabilité civile des dirigeants (responsabilité individuelle ou solidaire des
administrateurs et du DG) à condition qu’un préjudice et un lien de causalité soient établis par le
demandeur.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 149
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
A. LA PROTECTION DES LOGICIELS ET BASES DE DONNÉES
1. La protection des logiciels
En dépit du caractère généralement industriel et de leur vocation utilitaire, les logiciels sont sou-
mis au régime juridique du droit d’auteur ou de la propriété littéraire et artistique qui protège les
œuvres de l’esprit.
Le droit d’auteur bénéficie aux auteurs d’œuvres de l’esprit du seul fait de leur création. La protection
du droit d’auteur est acquise de façon automatique, indépendamment de toute formalité ou dépôt.
Le droit d’auteur est à la fois :
• un droit de la personnalité : il donne à son auteur des prérogatives d’ordre moral (droits
moraux d’auteur) ;
• un droit patrimonial : il donne à son auteur des prérogatives économiques (droits patrimoniaux).
L’auteur du logiciel a droit au respect de son nom et son œuvre. C’est un droit personnel, ina-
liénable et imprescriptible.
La protection des logiciels est subordonnée à une condition d’originalité non définie par la loi.
La jurisprudence considère le logiciel comme original lorsqu’il se distingue par un apport intel-
lectuel de son auteur, c’est-à-dire un effort personnalisé allant au-delà de la simple mise en
œuvre d’une logique automatique et contraignante. Toutefois, l’originalité ne doit pas être
confondue avec sa nouveauté ou son caractère inventif. Le logiciel est protégé indépendam-
ment de son mérite ou de sa destination.
La durée d’exploitation des logiciels est de 70 ans après le décès de l’auteur.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
150
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Toute utilisation frauduleuse d’un logiciel est assimilée à la contrefaçon. Celle-ci est réalisée par
la reproduction totale ou partielle d’un logiciel, sous quelque forme que ce soit, sans autorisation
de son auteur.
Par ailleurs, les sanctions sont alourdies lorsque l’intrusion et le maintien frauduleux provoquent
la suppression ou la modification de données contenues dans le système ou une altération du
fonctionnement de ce système. Cette disposition concerne les cas d’introduction dans un sys-
tème de programmes qui ont pour effet de perturber le fonctionnement de ce système (virus,
bombes logiques, etc.).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 151
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
• les coordonnées du prestataire, y compris son adresse de courrier électronique ;
• les coordonnées de l’autorité de surveillance compétente dans le cas où l’activité est soumise
à un régime d’autorisation ;
• l’organisation à laquelle est rattachée la personne dans le cas d’une profession réglementée ;
• le numéro individuel d’identification pour les entreprises assujetties à la TVA.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
152
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Le commerce électronique est l’activité par laquelle une personne propose ou assure à dis-
tance et par voie électronique la fourniture de biens ou de services. Entrent également dans le
champ d’application du commerce électronique les services tels que ceux consistant à fournir
des informations en ligne, des communications commerciales ou des outils de recherche, d’ac-
cès et de récupération de données, d’accès à un réseau de communication ou d’hébergement
d’informations, y compris lorsqu’ils ne sont pas rémunérés par ceux qui les reçoivent.
Cette activité s’exerce librement sur le territoire national à l’exclusion des jeux d’argent légale-
ment autorisés (y compris sous forme de paris et de loteries), des activités de représentation et
d’assistance de justice et des activités exercées par les notaires.
En droit français, les règles juridiques auxquelles il faut se référer figurent principalement dans le
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
I. LA FORMATION DU CONTRAT
La formation du contrat électronique est soumise aussi bien aux règles du droit commun (A),
qu’à celles du droit de la consommation (B).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 153
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Sans préjudice des conditions de validité mentionnées dans l’offre, son auteur reste engagé par
elle tant qu’elle est accessible par voie électronique de son fait.
Sauf pour les contrats de fournitures de biens ou de prestations de services exclusivement réa-
lisés par échange de courriers électroniques ou dans le cadre des conventions conclues entre
professionnels s’il en a été décidé ainsi, l’offre doit énoncer :
• les différentes étapes à suivre pour conclure le contrat par voie électronique ;
• les moyens techniques permettant à l’utilisateur, avant la conclusion du contrat, d’identifier les
erreurs commises dans la saisie des données et de les corriger ;
• les langues proposées pour la conclusion du contrat ;
• en cas d’archivage du contrat, les modalités de cet archivage par l’auteur de l’offre et les
conditions d’accès au contrat archivé ;
• les moyens de consulter par voie électronique les règles professionnelles et commerciales
auxquelles l’auteur de l’offre entend, le cas échéant, se soumettre.
L’écrit sur support électronique doit répondre aux mêmes impératifs de lisibilité ou de présenta-
tion que ceux requis pour l’écrit sur support papier.
En matière de commerce électronique, le retrait d’un produit ou d’un service d’une vitrine vir-
tuelle s’analyse en une révocation de l’offre.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
b. L’acceptation
En matière de commerce électronique, l’acceptation peut poser des difficultés quant à sa forme
et quant à son étendue.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
154
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 155
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
b. L’information du consommateur
Une obligation d’information renforcée est portée à la charge du fournisseur de biens ou du
prestataire de services. Lorsqu’elle est adressée par un moyen de communication à distance,
l’offre de contrat doit comporter le nom du vendeur du produit ou du prestataire de services, des
coordonnées téléphoniques, son adresse ou son siège social, les frais de livraison, les modalités
de paiement, de livraison ou d’exécution, l’existence d’un droit de rétractation et ses limites
éventuelles, la durée de la validité de l’offre et du prix de celle-ci, le coût de l’utilisation de la
technique de communication à distance utilisée, le cas échéant, la durée minimale du contrat
proposé. Ces informations doivent être communiquées au consommateur de manière claire et
compréhensible, par tout moyen adapté à la technique de communication à distance utilisée.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
II. LA SÉCURITÉ DU CONTRAT
La sécurité du contrat électronique est juridiquement assurée tant au niveau de la preuve du
contrat électronique (A) que de sa signature (B), notamment grâce à la mise en œuvre de procé-
dés de cryptographie.
A. LA PREUVE DU CONTRAT
La preuve du contrat passé par voie électronique a fait l’objet d’importants bouleversements tant
jurisprudentiels que législatifs. Si le contexte légal lui est aujourd’hui largement favorable (1),
certaines limites peuvent cependant encore être relevées (2).
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
156
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Dans les cas où un écrit est exigé pour que l’acte juridique soit valable, il peut être établi et
conservé sous forme électronique (référence à la signature électronique).
Par ailleurs, lorsqu’une mention manuscrite est exigée « de la main même de celui qui s’oblige,
ce dernier peut l’apposer sous forme électronique si les conditions de cette apposition sont de
nature à garantir qu’elle ne peut être effectuée que par lui-même ».
Désormais, peuvent être conclus en ligne, sous certaines conditions, tous les actes juridiques
pour lesquels la validité est soumise à l’exigence d’un écrit ou d’une mention manuscrite.
La validité de certains contrats peut néanmoins être subordonnée à d’autres formalités comme
par exemple l’envoi « par voie postale » ou « en recommandé ». L’accomplissement de ces for-
malités par voie électronique est permis.
3. L’archivage du contrat
L’archivage du contrat constitue également une difficulté importante. Lorsque le contrat est
conclu par voie électronique et qu’il porte sur une somme égale ou supérieure à 120 €, le profes-
sionnel assure la conservation de l’écrit qui le constate pendant 10 ans et en garantit à tout
moment l’accès à son cocontractant si celui-ci en fait la demande.
B. LA SIGNATURE DU CONTRAT
1. La nécessité d’une signature
La signature ne constitue pas une condition de validité des contrats, selon la jurisprudence.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 157
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
Mais, en principe, pour qu’un acte sous seing privé soit valable en la forme, il faut qu’y soit appo-
sée la signature de chacune des parties. La signature doit en principe être manuscrite, mais la
jurisprudence a pu admettre qu’un code informatique ait la même efficacité qu’une signature,
lorsqu’existe entre les parties une convention relative à la preuve.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Il y a exécution en ligne lorsque l’obligation principale est livrée en ligne sur l’ordinateur de
l’utilisateur et ce, même si le paiement est effectué hors ligne. Dans ce cas, l’exécution du
contrat sera immédiate. En revanche, dans cette hypothèse, il sera souvent plus difficile de prou-
ver que l’exécution a bien eu lieu.
L’exécution du contrat peut avoir lieu en ligne lorsque le commerce porte sur des biens immaté-
riels ; certains biens pourront être livrés par télétransmission, en téléchargement, comme les
logiciels, la musique, les journaux, les films, le texte de livres, etc. D’autres biens immatériels
peuvent être utilisés à distance : c’est le cas des banques de données, juridiques, boursières,
etc.
Les conditions d’exécution du contrat électronique sont, par ailleurs, sensiblement les mêmes
que pour les autres contrats (voir série 1, partie 1).
Synthèse de la partie 5
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
158
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
•••
dant un certain nombre d’avantages. Le choix d’une forme sociale par rapport à une autre
est conditionné par des considérations d’ordre juridique et fiscal ayant trait :
• à la responsabilité (limitée ou illimitée) des associés ;
• aux qualités requises pour être associé (commerçant, nationalité française, etc.) ;
• au nombre minimum ou maximum d’associés ;
• aux titres émis par la société (parts sociales ou actions, actions de préférence, libre
cessibilité des titres, possibilité de prévoir une clause d’agrément ou la cession forcée,
titres admis aux négociations sur un marché réglementé, etc.) ;
• au mode d’organisation de la société (mode contractuel ou mode institutionnel) ;
• aux modes de financement de la société (capital social minimum, possibilité d’effectuer
un apport en industrie, émission d’obligations ou de titres financiers offerts au public,
etc.) ;
• à l’obligation de désigner un CAC ;
• à la procédure de contrôle des conventions réglementées ;
• à la distinction entre société de capitaux et société de personnes : les premières sont
soumises à l’IS et les secondes à l’IR (par dérogation, les SARL de type familial ainsi que
les SARL/SA/SAS de création récente peuvent opter pour l’IR ; les sociétés de personnes
peuvent, sauf exception, opter pour l’IS) ; le fait que changer de mode d’imposition
entraîne l’application du régime de la cessation d’entreprise incite les entreprises à bien
déterminer un régime fiscal dès leur création ;
• à l’assujettissement aux droits d’enregistrement : le droit fiscal distingue l’apport pur et
simple de l’apport à titre onéreux. En principe, créer une société est fiscalement neutre.
L’apport à titre onéreux est cependant soumis aux droits de mutation.
La transformation régulière d’une société en une société d’une autre forme, la prorogation
de la durée ou toute autre modification statutaire n’entraîne pas la création d’une personne
morale nouvelle. S’agissant des modifications statutaires, l’AGE est compétente ; dans cer-
tains cas, l’unanimité est cependant requise (ex. : transformation en SAS ou SNC, transfert
du siège social de la société de la France vers l’étranger). Fiscalement, les transformations
n’entraînant pas création d’une personne morale nouvelle sont sans incidence en matière
d’impôt sur les bénéfices (sous réserve d’un changement de régime fiscal) et en matière de
droits d’enregistrement, un droit fixe de 125 € sera exigé (à l’exception du cas où la proro-
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
gation de la durée de la société donne ouverture à un droit fixe de 375 ou 500 €). Il peut
avoir des incidences fiscales en matière d’impôts locaux en cas de transfert du siège social.
L’étude du fonctionnement des sociétés est développée autour de trois axes : (i) les rela-
tions entre les dirigeants et les associés ; (ii) les modes d’organisation d’une SA et (iii) les
dispositifs permettant d’améliorer la transparence du fonctionnement des sociétés cotées
(c’est-à-dire, des sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un marché régle-
menté).
L’égalité des associés est un principe fondamental en droit des sociétés (la loi autorise
néanmoins l’émission d’actions de préférence dans les sociétés par actions). Pour cela, les
associés disposent d’un droit à l’information :
• tout associé a le droit à une information permanente (prendre connaissance à tout
moment des livres et documents sociaux des 3 derniers exercices) et à une information
préalable aux AG (dans les 15 jours précédant l’AG) ;
• les associés peuvent poser des questions écrites sur la gestion sociale auxquelles les
dirigeants sont tenus de répondre au cours de l’AG ;
• les associés peuvent demander, lors des AG, toutes explications qu’ils jugent oppor-
tunes.
Lorsque son droit à l’information n’a pas été respecté, l’associé peut :
• demander au président du tribunal, statuant en référé, d’enjoindre, sous astreinte, à la
société de procéder à la communication ou de désigner un mandataire chargé de procé-
der à cette communication ;
•••
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 159
Gestion juridique, fiscale et sociale • Série 2
•••
• poser des questions écrites, deux fois par an, sur tout fait de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation (procédure d’alerte) (ce droit est accordé, dans une SARL/
SNC, à tout associé non gérant et, dans une société par actions, à un ou des actionnaires
représentant au moins 5 % du capital social ou à une association d’actionnaires) ;
• demander au juge la désignation d’un expert chargé d’établir une expertise de gestion
sur une ou plusieurs opérations de gestion (ce droit est accordé, dans une SARL, à un ou
plusieurs associés représentant au moins 10 % du capital social et, dans une société par
actions, à un ou plusieurs associés détenant au moins 5 % du capital social ou une asso-
ciation d’actionnaires ; en outre, des questions écrites doivent précéder la demande de
désignation d’un expert dans le cadre d’une SA alors que s’agissant d’une SARL, des
questions écrites préalables ne sont pas exigées) ;
• compter sur l’intervention du CAC ;
• engager la responsabilité des dirigeants (en dehors de l’hypothèse d’une procédure
collective) en se fondant soit sur le droit spécial des sociétés soit sur les règles de droit
commun (distinction entre action individuelle et action sociale/collective).
Les règles de fonctionnement d’une SA sont précisées par la loi. Ces règles n’étant pas
souples, les actionnaires organisent leurs relations grâce à des pactes d’actionnaires. Par
ailleurs, ils peuvent choisir une forme sociale dont le fonctionnement peut largement être
décidé par les associés, SAS.
Le modettitutionnel de fonctionnement d’une SA peut être moniste ou dualiste :
• dans le type moniste, le conseil d’administration est composé d’administrateurs (nom-
més et révoqués par les AG ou les statuts) et dirigé par un président (élu et révocable par
le conseil). Le conseil nomme un directeur général qui peut être son président. La loi exige
certaines conditions pour être administrateur ou président du conseil (notamment concer-
nant le cumul de mandats sociaux ou le cumul d’un mandat social et d’un statut salarié) ;
• dans le type dualiste, le conseil de surveillance exerce un contrôle permanent sur la
gestion du directoire. Les fonctions de membre du conseil de surveillance et de membre
du directoire sont incompatibles. Les conditions requises pour être membre ou président
du conseil de surveillance sont dans la majorité des cas identiques à celles prévues pour
les administrateurs (exception : cumul de mandat social et de statut de salarié). Les
membres du directoire sont nommés par les statuts ou le conseil de surveillance et révo-
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
cables par l’AG (ou par le conseil de surveillance si les statuts le prévoient).
La procédure de contrôle des conventions réglementées est un thème récurrent dans
les sujets d’examen. Les conventions intervenues entre une société et ses dirigeants, un
actionnaire disposant de plus de 10 % des droits de vote, la société qui la contrôle, une
société dotée de dirigeants communs ou par toute personne interposée sont libres, inter-
dites ou réglementées. Pour cela, il faut connaître le champ d’application du dispositif (opé-
rations et personnes concernées), la procédure de contrôle et les conséquences juridiques
du non-respect de cette procédure. L’ordonnance du 31 juillet 2014 a amélioré la transpa-
rence des conventions réglementées et simplifié la procédure : exclusion du champ d’ap-
plication de contrôle des conventions conclues entre des sociétés par actions avec les
filiales sociétés par actions à 100 %, obligation pour le conseil de motiver ses décisions
autorisant des conventions, obligation de procéder à un réexamen annuel des conventions
autorisées et communication au CAC pour l’établissement d’un rapport spécial, obligation
d’information des actionnaires concernant les conventions conclues entre un dirigeant
social ou l’un des actionnaires disposant d’une fraction des droits de vote supérieure à
10 % d’une société et une autre société dont cette dernière possède plus de la moitié du
capital (à moins que les conventions ne portent sur des opérations courantes et conclues à
des conditions normales).
Les administrateurs, membres du conseil de surveillance ou du directoire sont exposés à
un risque pénal élevé. Du côté de la responsabilité civile, les administrateurs et membres
du directoire sont responsables soit des infractions aux dispositions légales applicables,
soit des violations des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion ; en revanche,
•••
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
160
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
•••
les membres du conseil de surveillance n’encourent aucune responsabilité en raison des
actes relatifs à la gestion, ils sont évidemment responsables des fautes personnelles
commises dans l’exécution de leur mandat.
De façon à assurer l’égalité entre actionnaires et à protéger les actionnaires minoritaires, la
transparence est renforcée grâce à l’obligation d’information, au contrôle interne, à l’inter-
vention des CAC et à la création de comités d’audit.
Concernant l’obligation d’information, les sociétés émettrices de titres offerts au
public sont tenues de publier périodiquement des informations et de divulguer, dès que
possible, les informations privilégiées les concernant directement ; les personnes prépa-
rant une opération financière significative sont tenues de procéder à la déclaration du
franchissement du seuil de participation, à la déclaration d’intention, à la publicité des
opérations de cessions temporaires de titres et à la déclaration des intentions de préparer
une offre publique.
Le non-respect de l’obligation d’information est passible de sanctions administratives,
pénales et civiles. Au titre des sanctions administratives, on trouve l’injonction, les
mesures conservatoires, et des sanctions disciplinaires et pécuniaire très lourdes (jusqu’à
100 millions d’euros). Les sanctions pénales résultent du Code de commerce (ne pas
soumettre les comptes à l’approbation de l’AG, etc.), du Code monétaire et financier (délit
d’initié, de diffusion d’informations fausses ou trompeuses, de manipulation de cours) et du
Code du travail (délit d’entrave). La sanction civile consiste en la privation (de plein droit
ou sur décision du juge) des droits de vote attachés aux titres concernés.
L’évolution législative marque une généralisation de l’obligation de communication des
entreprises en matière d’environnement. Paradoxalement, aucune sanction contrai-
gnante spécifique n’a été prévue. L’obligation de communication est proportionnée aux
risques que la société fait courir à l’environnement :
• les sociétés cotées ou non cotées (qui dépassent des seuils fixés par décret) (SA ou
SARL/SCA/SNC dont les parts sont détenues par une SARL/SA/SCA) sont tenues de
présenter des informations relatives aux questions d’environnement dans leur rapport
annuel de gestion ;
• les sociétés cotées ou SA/SCA non cotées qui dépassent certains seuils fixés par décret
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
sont tenues de présenter des informations sur la manière dont la société prend en
compte les conséquences environnementales de son activité ainsi que sur ses enga-
gements sociétaux en faveur du développement durable ;
• les sociétés cotées ou non, exploitant des installations classées, sont tenues à une
obligation d’information particulière.
Les sanctions de droit commun s’appliquent en cas de non-respect de cette obligation :
sanction pénale (délit de diffusion d’information fausse ou trompeuse ou délit d’entrave) ou
civile (nullité de la résolution adoptée, injonction de communiquer sous astreinte, questions
écrites, demande de nomination d’un expert chargé d’établir une expertise de gestion,
action en responsabilité contre les dirigeants, avis d’un organisme indépendant).
En matière de protection des individus contre les traitements informatiques, certaines
données ne peuvent être collectées (ex. : origines raciales). Ainsi, un traitement ne peut
porter que sur des données à caractère personnel satisfaisant à certaines conditions (ex. :
les données doivent être collectées et traitées de manière loyale et licite).
En matière de contrats commerciaux numériques, lorsqu’elle est adressée par un moyen
de communication à distance, l’offre de contrat doit comporter certaines informations obli-
gatoires. L’acceptation du contrat électronique par la méthode du double clic consacre le
principe de « l’émission de l’acceptation confirmée ». Lorsque le contrat est conclu, il doit
être signé. La cryptographie recouvre deux modalités : les signatures numériques et le chif-
frement. Dans les cas où un écrit est exigé pour que l’acte juridique soit valable, il peut être
établi et conservé sous forme électronique.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 161
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
Index
Abus de droit 78 Imitation 12
Acte anormal de gestion 65 Interlocuteur départemental 75
Action de concert 138 Médiateur fiscal 76
Action en concurrence déloyale 16 Micro-PAC 33
Apport en industrie 95 Opposition à contrôle fiscal 63
Apport pur et simple 107 Parasitisme 13
Clause léonine 95 PCR (procédure de rectification
Comité de l’abus de droit fiscal 78 contradictoire) 72
Commission départementale PIO (procédure d’imposition d’office) 72
de conciliation 77 Prise de contrôle 38
Compte bancaire mixte 63 Prix d’achat effectif 25
Contrefaçon 151 Recours en annulation 86
Contrôle des concentrations 36 Recours en carence 87
Contrôle inopiné 60 Recours en manquement 87
Convention réglementée 124 Recours hiérarchique 75
Débauchage 14 Recours préjudiciel 86
Dénigrement 11 Référencement 19
Dépendance économique 38 Revente à perte 25
Égalité des associés 136 Substitution de base légale 80
Entente 27 Sursis de paiement 81
Examen contradictoire de la situation fiscale Théorie des équipements essentiels 32
personnelle 56 Transaction 76
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 163
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
UE 211
Devoir 2
Gestion juridique, fiscale et sociale
Année 2016-2017
À envoyer à la correction
Auteur : Jacques VERNET
INFORMATIONS IMPORTANTES
Pour l’ensemble des problèmes soulevés, il convient impérativement de motiver les solutions retenues
et de répondre précisément aux questions posées.
Afin d’éviter l’inflation de la taille des devoirs par copier-coller et/ou par développements hors sujet et
inutiles, un devoir ne peut comporter plus de 4 pages recto (police 12, interligne simple).
Seules les 4 premières pages seront corrigées.
En cas de constatation de copies présentant des similitudes troublantes, aucune des copies concer-
nées ne sera notée.
La société GAAGLE est une société spécialisée dans les moteurs de recherche sur Internet. Elle détient
95 % de parts de marché dans la recherche en Europe et a créé un environnement informatique qui
équipe plus de 80 % des Smartphones dans le monde.
La société GAAGLE, qui entend bien favoriser l’utilisation de son moteur de recherche et de ses produits
divers sur Internet (cartes routières, applications musicales, applications de messagerie, etc.), a passé
des accords commerciaux avec les différents fabricants de téléphones pour leur imposer que soient
installées par défaut des applications GAAGLE. Cette pratique de proposer ses services par défaut est
très avantageuse pour GAAGLE car les utilisateurs ne sont pas obligés de chercher des applications
similaires auprès de la concurrence et peuvent rester dans l’environnement choisi par GAAGLE.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
La société GAAGLE applique cette stratégie commerciale en France et dans le reste du monde.
TRAVAIL À FAIRE
1. Indiquez si le comportement de la société GAAGLE sur le marché français peut être condamné par
l’Autorité de la concurrence. (3 points)
2. Indépendamment de la réponse donnée à la question précédente, indiquez, si ce comportement
était reconnu fautif par l’autorité française, quelles seraient les sanctions encourues par la société
GAAGLE en droit français. (3 points)
3. D’une manière générale, existe-t-il un moyen pour une entreprise ayant participé activement à
l’infraction commise par la société GAAGLE d’échapper à la sanction pécuniaire qu’elle encourt ?
(1 point)
M. MARTIN est le dirigeant de la SA PASSIFLORE, société spécialisée dans la vente en ligne de matériels
informatiques.
Un particulier a acquis en ligne, sur le site de la SA PASSIFLORE, une imprimante laser. Le client n’étant
pas satisfait par son achat entend renvoyer l’imprimante et demander son remboursement.
M. MARTIN ne souhaite pas donner une suite favorable à cette demande, considérant que comme la
commande a été passée depuis plus de 10 jours, la rétractation n’est plus possible.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 165
✄
Gestion juridique, fiscale et sociale • Devoir 2
TRAVAIL À FAIRE
Indiquez si le refus de M. MARTIN est justifié. (2 points)
Mme LENORMAND gère une épicerie en région parisienne. Elle reçoit en mars 2016 de l’administration
fiscale un avis de vérification de comptabilité au titre de l’IS et de la TVA. L’activité de Mme LENORMAND
relève de plein droit du régime simplifié d’imposition sur l’ensemble de la période vérifiée.
Mme LENORMAND clôture ses exercices au 31 décembre et souscrit une déclaration récapitulative
annuelle en matière de TVA (déclaration CA 12).
La première intervention sur place, au siège social de l’épicerie, a eu lieu le 17/03/2016. À la suite d’un
problème informatique, le fichier des écritures comptables (FEC) n’a pu être remis qu’au cours de la
deuxième intervention sur place, le 31/03/2016.
Les interventions suivantes sur place se sont déroulées normalement. La dernière intervention a eu lieu
le 21/06/2016.
Mme LENORMAND entend contester la régularité de la procédure au motif que la durée du contrôle sur
place, engagé le 17/03/2016 et terminé le 21/06/2016, a excédé 3 mois.
TRAVAIL À FAIRE
1. Indiquez si l’argument de Mme LENORMAND est justifié au regard de la durée du contrôle sur
place. (2 points)
Mme LENORMAND ne souscrit pas ses déclarations dans les délais légaux :
• déclaration de résultats n° 2031 pour l’exercice clos le 31/12/2013 déposée dans les 30 jours de la
réception d’une mise en demeure de déposer ;
• déclaration de résultats n° 2031 pour l’exercice clos le 31/12/2014 déposée après les 30 jours de la
réception d’une mise en demeure de déposer ;
• déclaration de TVA CA12 de l’année 2013 déposée dans les 30 jours de la réception d’une mise en
demeure de déposer ;
• déclaration de TVA CA12 de l’année 2014 non déposée.
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
2. Expliquez quelle procédure de rectification (contradictoire ou d’office) doit être utilisée en matière
d’IS et de TVA. (4 points)
L’inspecteur des finances publiques adresse en septembre 2016 à Mme LENORMAND une proposition
de rectification. Mme LENORMAND conteste cette proposition de rectification. Toutefois, les arguments
présentés ne convainquent pas l’inspecteur qui maintient sa position dans un document appelé « réponse
aux observations du contribuable ».
Pour ne pas perdre davantage de temps, Mme LENORMAND souhaite déposer immédiatement un
recours devant le juge du tribunal administratif.
3. Indépendamment de la procédure utilisée (contradictoire ou d’office), indiquez si Mme LENORMAND
peut effectivement saisir immédiatement le juge de l’impôt pour contester l’imposition supplémen-
taire qui pourrait être mise en recouvrement à l’issue du contrôle fiscal. (2 points)
La SARL MODERNE HABITAT est une société spécialisée dans la fabrication et la pose de revêtements
de sols provençaux. Elle est établie dans le département du Var, dans le sud de la France. La SARL
MODERNE HABITAT est la sous-traitante de la SA RENOV’SOLS qui est également établie dans le Var.
À la suite du transfert du siège social de la SA RENOV’SOLS en mai 2016 dans le département des
Alpes-Maritimes, département limitrophe du Var, M. ADHEMAR, Gérant de la SARL MODERNE HABITAT
décide de transférer le siège social de celle-ci dans le département des Alpes-Maritimes, sans demander
l’autorisation préalable des autres associés.
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
166
✄
UE 211 • Gestion juridique, fiscale et sociale
TRAVAIL À FAIRE
Indiquez si M. ADHEMAR peut décider du transfert de la SARL MODERNE HABITAT, avant même
d’avoir recueilli l’accord des autres associés. La solution serait-elle la même si le transfert avait eu lieu
dans le département de l’Oise, non limitrophe du Var ? (3 points)
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.
202111TDPA0216 167
✄
Document de travail réservé aux élèves de l'INTEC. Toute reproduction sans autorisation écrite est interdite.