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Le Debat Interdit Langage, Covid Et Totalitarisme Ariane Bilheran

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Ayur Deva
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Le Debat Interdit Langage, Covid Et Totalitarisme Ariane Bilheran

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© 2022, Guy Trédaniel éditeur.

ISBN : 978-2-8132-2777-5

Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation réservés pour tous pays.

Note de l’éditeur : L’auteur et l’éditeur déclinent toute responsabilité provenant directement ou


indirectement de l’utilisation de ce livre. Les déclarations faites par l’auteur concernant les produits,
les processus, méthodes de traitements ne sauraient se soustraire à un avis médical.

Cet ouvrage a été achevé au 1er février 2022. Il ne prend donc pas en compte les nouvelles
informations parues après cette date.

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« Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on avale sans y
prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps
l’effet toxique se fait sentir. »
Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich.

« À l’heure d’une société française qui bascule de plus en plus dans une paranoïa
collective, il est clair que le glissement des débats scientifiques dans le champ
politique et la dépréciation des vrais experts de telle ou telle discipline relèvent de
la négation de l’autorité scientifique. […] Le débat scientifique et la recherche ne
sauraient se discuter comme des opinions, et ceci illustre bien la démesure et le
délire politiques où les lois fondées sur des opinions, des émotions ainsi que sur
des modes et sur des lobbies, sont venues se substituer au débat de chercheurs et
d’experts. »
Ariane Bilheran, Psychopathologie de la paranoïa.

« Pourquoi, dites-vous, à certaines époques le langage s’est-il corrompu ? Et


comment les esprits ont-ils penché vers ces défauts qui ont mis en vogue tantôt
l’amplification ampoulée, tantôt la période brisée et cadencée en manière de
chant ?

Pourquoi s’est-on engoué parfois de pensées gigantesques et hors de


vraisemblance, et parfois de sentences coupées et énigmatiques, qui laissent plus
à entendre qu’elles ne disent ? […]

Enfin partout où vous verrez réussir un langage corrompu, vous pourrez en


conclure que là aussi les mœurs ont déchu de leur pureté. Et de même que le luxe
de la table et des costumes dénote une civilisation malade, ainsi la licence du
langage, lorsqu’elle est générale, atteste que les âmes, dont le style n’est que
l’écho, ont elles-mêmes dégénéré. »
Sénèque, Lettres à Lucilius [19,114] CXIV, « Que la corruption du langage
vient de celle des mœurs ».

« Le principe selon lequel la fin justifie les moyens est et demeure la seule règle
de l’éthique politique ; tout le reste n’est que vagues bavardages et vous fond
entre les doigts… Si Raskolnikov avait assassiné la vieille par ordre du Parti –
par exemple, pour augmenter les fonds de grève ou pour monter une imprimerie
illégale – alors l’équation collerait, et le roman, avec son problème trompeur,
n’aurait jamais été écrit ; et ce serait tant mieux. […] Il n’y a que deux
conceptions de la morale humaine, et elles sont à des pôles opposés. L’une d’elles
est chrétienne et humanitaire, elle déclare l’individu sacré, et affirme que les
règles de l’arithmétique ne doivent pas s’appliquer aux unités humaines – qui,
dans notre équation, représentent soit zéro, soit l’infini. L’autre conception part
du principe fondamental qu’une fin collective justifie tous les moyens, et non
seulement permet mais exige que l’individu soit en toute façon subordonné et
sacrifié à la communauté – laquelle peut disposer de lui soit comme d’un cobaye
qui sert à une expérience, soit comme de l’agneau que l’on offre en sacrifice. »
Arthur Koestler, Le Zéro et l’Infini.
REMERCIEMENTS

C e livre a été écrit en hommage aux plus vulnérables, à nos


Anciens, aux enfants de la « génération Covid », aux peuples, à
tous ceux qui souffrent.

Il est dédicacé à nos enfants, Lya, Enaut-Lou, et à nos familles, en guise


de témoignage.

Remerciements spéciaux à François Hou, ancien élève de l’École normale


supérieure (rue d’Ulm, Paris), agrégé d’Histoire, docteur en Histoire
contemporaine (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), à Stéphan, à Jean
Claude Bilheran, pour leurs relectures attentives.

Remerciements à tous les participants des ateliers « Penser le phénomène


totalitaire » d’A. Bilheran, en particulier Lilly S., Michel, Ad’ailes, Isabelle,
Alice, et tant d’autres.

Une forte pensée pour notre ami et compagnon de route Philippe Vergnes.
SOMMAIRE

Avant-propos
Préface
Introduction
Préambule
LA LANGUE COMME PATRIMOINE

CHAPITRE 1.
LA PERVERSION DE LA SCIENCE : LA LOGIQUE,
L’ÉPIDÉMIOLOGIE ET LE RAPPORT À L’EXPÉRIENCE
Le langage mathématique : un formalisme devenu vide de
sens
Une bien pauvre épidémiologie
Une crise de la science et de la politique
CHAPITRE 2.
LA PERVERSION DE LA LANGUE À DES FINS
POLITIQUES : ANALYSE DE LA LANGUE COVID ET DE
SA SÉMANTIQUE
Les sophismes au principe de la politique déployée
Les biais interprétatifs occultant l’argumentation principale
La persuasion par la charge émotionnelle des discours
politiques et médiatiques
Les néologismes, le nouveau lexique pour penser et le
langage administratif
Les amalgames, les assimilations et les interrogations
faussées
Les euphémismes, les superlatifs et les slogans
Les glissements de sens, la disparition de mots et les
métaphores
Les incantations hypnotiques et le collage
Les paradoxes et les clivages
CHAPITRE 3.
LA PERVERSION MORALE, ÉPISTÉMOLOGIQUE ET
PSYCHOLOGIQUE
Épistémologie et déontologie : le rapport à la vérité
L’irresponsabilité scientifique et politique
La fracture du temps et de l’espace
Le déni des origines et le primat du mimétisme
CHAPITRE 4.
L’IDÉOLOGIE SANITAIRE ET LE PARADIGME
TOTALITAIRE
Rappel historique : des dangers d’une idéologie sanitaire
La rupture silencieuse et masquée du contrat social par
une néo-réalité guerrière et numérique
Le corps social malade : l’idéologie de la santé et son
corollaire xénophobe
« L’homme nouveau » et le paradigme totalitaire
L’effondrement de la morale et de la Justice
Conclusion
LE TOTALITARISME EN MARCHE ET LA SUITE

Annexes
AVANT-PROPOS

Le Verbe planait sur le monde…

Q uelle chance que de pouvoir lire ce texte avant les autres.


Merci à Ariane et Vincent pour ce travail majeur. Il n’aura pas fallu moins
qu’une « guerre » mondiale pour faire se rencontrer une docteur en
psychopathologie – spécialiste de la psychose – et un mathématicien –
spécialiste de modélisation. Quelle improbable, mais nécessaire étincelle !
Elle illumine la nuit intellectuelle dans laquelle nous sommes plongés. Le
feu qu’elle embrase est une clarté crue, enfin posée sur la déraison et
l’imposture perverse systématiques des discours. Les auteurs se sont donné
pour objet une mise en abyme vertigineuse en tenant un discours sur le
discours. Et cela augure du meilleur, car au cœur d’une folie naît le germe
d’une compréhension renouvelée. Cette compréhension n’est rien moins
que de renouer avec le sens et avec le lien. L’art de la langue est notre
amarre sans cesse retissée avec le réel.
Merci à eux deux car, le temps d’une lecture, le logos perverti reprend son
sens. Le logos, c’est le discours. Et il est bien ce fil qui nous relie, qui nous
met en lien. Il nous relie entre humains et nous relie au monde. Qu’il se
rompe, et nous perdons pied avec la réalité. Sans plus de sens, la langue ne
fait que séparer. Séparateur à l’infini. Babel infiniment répétée. Chacun,
incapable de parler, se retrouve seul et désemparé dans sa prison de mots
vidés. Et l’autre ne peut y être qu’un ennemi. Le réel du monde, qu’une
menace.
Mais, quand la langue sonne creux, de quoi notre crise est-elle le nom ?
Cette crise est la révélation, l’apocalypse du délire totalitaire et paranoïaque
qui sommeille en chacun de nous et en chaque société. Et ce délire se
réveille sporadiquement comme un monstre insensé, brutal et froid, quand
le discours est arrivé à une trop grande et douloureuse distance d’avec le
réel. Comme une amarre malmenée, tendue à se rompre, qui finit par
claquer dans un fracas de violence. Nous avons perdu pied. Nous sommes
partis à la dérive, dans une tempête très loin des continents du réel.
La langue dominante est devenue une aporie, une boucle algorithmique
inlassablement répétée, un goto informatique systématique ne menant plus à
rien. Repli circulaire dont s’ensuit un délire collectif. Il n’y a plus aucun
repère. Tout est brouillé. Le réel est nié. Mais continue, vaille que vaille, à
lui être surimposée une invention sans fondement, comme des reflets de
miroirs brisés se renvoyant un vide d’image infiniment répété. L’écho
inepte est celui de notre rêve prométhéen de toute-puissance sans cesse
rejoué. Hybris maximale, quand l’impuissance est à son comble.
Tout nous échappe. Le vrai monde s’effiloche de nos violences répétées,
mais rien ne devrait survenir. Tout s’effrite et s’effondre, mais le discours
continue à construire ses châteaux de cartes de manière effrénée. Le délire
est, cette fois, techno-sanitaire. Les Khmers blancs ont perdu la raison. Ils
sont assoiffés de pouvoir et d’argent. Ils ont abouti à la perversion de la
langue et de la pensée. Ils ont consommé la rupture. Chacun se réveille dans
un cauchemar. Chacun est prisonnier d’un langage dénaturé. Sans issue.
Sans cohérence. Sans plus aucun lien avec quelque réel.
L’étude d’Ariane et de Vincent est précise, implacable et construite. De
l’art des mathématiques à celui de la dissertation, l’œuvre ménage un
chemin pour ainsi dire poétique dans le fatras des incompréhensions, des
oublis à mesure et des aboiements des meutes fanatiques de l’Inquisition
scientiste éperdue.
Rien n’est neuf, et pourtant tout est complètement renouvelé, comme un
Jugendstil linguistique rejoué. L’apologie à nouveau de la reconstruction,
de la refondation, de la déconstruction… Que n’avons-nous de mémoire ?
Faut-il que les choses se répètent inlassablement pour nous mettre du plomb
dans la cervelle ? Combien faudra-t-il de sacrifices pour que renaisse le
sacré ? Tout ceci ne vous rappelle rien ? Hannah Arendt parle de
l’« Amtssprache » – cette langue bureaucratique qui ôte toute
responsabilité, pratiquée par les nazis. C’était « la règle », c’était « la
politique de notre organisation », c’étaient « les ordres de la hiérarchie »,
c’était « le protocole »… Combien de lâches, aujourd’hui, se réfugient
derrière ces mots creux qui ne servent que de refuges d’illusion pour ne plus
parcourir un réel trop effrayant ! François Bizot raconte, dans Le Portail, ce
« At oy té » répété comme une rengaine par les Khmers rouges, conduisant
au meurtre de leurs victimes. At oy té : « tout va bien », alors qu’on vous
conduit à la mort. Inversion systématique, perversion définitive. Tout le
monde se souvient-il des cyniques et insensées maximes au-dessus de
l’entrée des camps, comme « le travail rend libre » ? Nous y voilà. Qui ne le
voit ? La novlangue des publicitaires propagandistes d’un ordre sanitaire
totalitaire est bien en marche. Au pas. Ils ont rompu le fil de la langue qui
nous reliait, et qui nous reliait au monde. Infâmes tordus qui ne savez pas
vous taire. Honte à vous, quand vos mots sont des murs qui séparent.
L’Histoire vous jugera.
Au sujet de la dérive des discours, les auteurs nous entraînent de l’autre
côté des mots. Ils poussent la logique jusqu’au bout, remontant aux
origines, mettant à nu les mécanismes implacables de la folie contagieuse :
celle des discours anxiogènes, des manipulations psychologiques, des
paradoxes insoutenables, des contradictions schizophrènes, des ascenseurs
émotionnels, des alternatives illusoires, des extorsions hypnotiques
abjectes, des consentements frelatés, des persuasions extorquées, des
fausses représentations, des mathématiques irréelles.
En convoquant les philosophes du totalitarisme (Husserl, Arendt,
Foucault, Agamben), ses historiens (Chapoutot), ses témoins (Klemperer),
ses romanciers (Orwell), ses psychanalystes (Racamier), les auteurs
assument parfaitement les références à la période nazie, à laquelle les
conduisent immanquablement leurs analyses.
À l’heure où le port obligatoire du masque n’est même plus discuté, où le
« pass sanitaire » entre irrémédiablement dans les mœurs, où l’on ne cache
même plus l’agenda de l’identité numérique, ou celui de la disparition de
l’argent liquide, il apparaît effectivement que c’est bien vers une nouvelle
normalité délirante que les politiques, les exécutifs, les médias, les faux
intellectuels et les salonards mal diplômés de médecine cherchent à nous
mener. Mais il n’y a rien de fatal dans cette tentative. Car, bien nommée, la
folie apparaît au grand jour. Malgré les tonnes de bla-bla qui
l’ensevelissent, la déraison dévoilée laisse enfin la porte ouverte à un retour
du réel.
Ariane et Vincent ont compris les enjeux dès la première heure. Avec
« RéinfoCovid », ils contribuent plus que jamais à faire vivre l’une des
raisons d’être de notre collectif : analyser et se donner les moyens de
diffuser une autre vision de la crise. Ils nous aident, ici, à revenir enfin au
sens frémissant qui sommeille sans nom au creux des mots, au cœur de
nous et du vivant du monde.
Puisse cette lecture nous remettre en lien et en raison. Puissent les fous
s’ouvrir la porte d’un réel chatoyant, comme des malvoyants chaussant des
lunettes pour la première fois et contemplant, guéris, la beauté de ce qui
nous reste à accomplir ensemble. Ce livre est thérapeutique. Il doit soigner
ce qui reste de nos sociétés fanatisées à la religion d’un scientisme
autodestructeur.
Toute mon admiration et mon amitié à vous deux. Puisse ce détour imposé
par les chemins de la folie nous mener, ensemble, à une compréhension
agrandie des langages du lien, de la joie et de la paix.

Louis FOUCHÉ, médecin anesthésiste-réanimateur,


fondateur du collectif RéinfoCovid, auteur de Tous résistants dans l’âme
(Guy Trédaniel éditeur, 2021).
PRÉFACE

I
l est des enthousiasmes qu’il importe de ne pas voiler, que ce soit par
fausse pudeur ou par posture. Le livre que vous tenez entre les mains
m’a procuré l’éclairement le plus magistral et le plus délectable que
j’aie vécu depuis le début de la « pandémie ». À partir de mon propre
domaine (qui étudie la santé dans ses différentes dimensions), j’avais
d’emblée repéré, avec bien d’autres, une somme suspecte d’anomalies dans
les réponses « sanitaires » à ce qui était – et aurait dû rester – une épidémie
relativement banale et, somme toute, peu compliquée à gérer.
Le (ou la) Covid s’est révélé d’une létalité relative, ne présentant un
danger (sauf exception) que pour les personnes en toute fin de vie, ou
atteintes de comorbidités graves. On sait, par ailleurs, que la règle de base
pour faire face à une épidémie est de laisser la société fonctionner le plus
normalement possible, tout en protégeant les groupes de personnes à risque,
et en confiant au « premier rideau » des médecins généralistes le soin de
traiter et d’accompagner les malades – fût-ce avec les moyens du bord.
Il apparut assez rapidement que les anomalies constatées ne pouvaient
trouver leur seule explication dans la médiocrité ambiante. Celle-ci alterne,
en effet, le « pas mal » et le « pas bien » avec une morne constance. Ce
n’est pas son registre que de faire systématiquement faux, ni de produire de
monstrueux contresens. Les réponses sanitaires face au Covid ont constitué
le parfait « contraire » des connaissances accumulées, ainsi que des bonnes
stratégies en santé publique. Avec un autre motif stupéfiant : celui d’un
simulacre collectif au sein duquel les élites (politique, médicale,
scientifique, médiatique) ont continuellement rationalisé des décisions
délirantes, allant jusqu’à faire croire qu’un fiasco sanitaire et sociétal
constituait, en réalité, une réussite.
Parvenir à faire passer un fatras d’absurdités abusives et délétères pour
une politique utile, nécessaire et raisonnable, était en effet intrigant… Si la
gravité de la corruption systémique en santé est une évidence connue de
longue date (sans que l’on ait cherché à corriger cet état de fait qui s’est
aggravé au cours des dernières décennies), il faut voir plus loin que ce motif
pourtant aussi saillant que hideux.
Comme elle le fait régulièrement, l’industrie pharmaco-vaccinale a bel et
bien œuvré au long de cette crise pour torpiller, sans états d’âme, les
traitements précoces peu onéreux (issus du repositionnement de remèdes
connus) qui étaient prometteurs ou – pire – efficaces. En isolant les
malades, en les privant de soins, en laissant ceux qui étaient à risque voir
leur état s’aggraver, jusqu’à ce qu’il soit, le cas échéant, nécessaire de les
hospitaliser en catastrophe, cette politique sanitaire « contraire » a optimisé
les perspectives lucratives de remèdes inefficaces – au prix de nombreuses
vies. Et surtout celles d’une campagne de « vaccination » mondiale
professée d’emblée comme étant la seule « planche de salut » face au « mal
absolu » du « virus tueur ». Avec, au passage, un drôle de « vaccin »,
radicalement différent de ceux employés jusqu’à ce jour, en réalité, une
injection génique expérimentale à visée immunogène, aux risques
inévitablement inconnus.
Dans cette course au salut génique, on observa de bien troubles motifs.
Comme celui d’une science non seulement achetée (comme c’est souvent le
cas), mais devenue même franchement délirante puisque coupée du réel.
Que le professeur Neil Ferguson, fort contesté dans le milieu de
l’épidémiologie, et adepte des prédictions sensationnelles non réalisées, soit
tenu pour autorité ultime avec ses modélisations abracadabrantesques avait
déjà de quoi choquer. Un peu comme si l’on confiait le pilotage de
l’économie à un homme d’affaires qui aurait fait faillite sur faillite tout au
long de sa carrière sans jamais connaître le succès. Ou que l’on considérât
comme le plus grand athlète de tous les temps un sportif n’ayant jamais rien
gagné.
La comparaison peut sembler cruelle, c’est pourtant exactement ce qui
s’est passé. Avec, dans le rôle de prophète de malheur, ce « titan » du ratage
tenu pour oracle par les gouvernants. Il entraîna dans son sillage
l’émergence d’une cohorte de suiveurs révérés eux aussi aveuglément,
malgré la semblable fausseté systématique de leurs élucubrations. Ce délire
au long cours n’a jamais été altéré ni ralenti par la confrontation avec la
réalité. Les « vaccins » géniques, présentés ab initio comme « sûrs et
efficaces », se sont-ils révélés progressivement inefficaces et franchement
dangereux ? L’analyse des confinements confirmait-elle leur radicale
inutilité, accessoirement connue depuis deux siècles ? Les recherches
menées prétendument pour évaluer objectivement l’effet de remèdes
prometteurs étaient-elles systématiquement conçues ou conduites de
manière malhonnête ? Les pays préconisant les traitements précoces
obtenaient-ils systématiquement une extinction rapide des poussées
épidémiques ? Les « études » et « données » brandies par les « conseils
scientifiques » autorisés étaient-elles, au mieux, des malfaçons et, au pire,
des falsifications (comme l’un des auteurs de cet ouvrage l’a démontré avec
brio) ? Les arguments en faveur du « pass sanitaire » (éthiquement
irrecevables) se dissolvaient-ils devant la contagiosité intacte des injectés ?
Rien de tout cela ne signifia jamais quoi que ce soit, aux yeux des
décideurs. Il devenait de plus en plus évident que nous étions confrontés à
bien autre chose qu’une crise sanitaire, avec les apparences d’un
phénomène totalitaire, c’est-à-dire envahissant et reconfigurant toutes les
facettes et dimensions de nos sociétés vers une domination totale de la vie
des citoyens. Accompagné d’un effondrement, observable et généralisé, de
nos principaux repères civilisationnels – qu’ils soient médicaux,
scientifiques, épistémologiques, médiatiques, politiques, juridiques,
éducatifs, économiques, éthiques, philosophiques ou même spirituels : « Se
soumettre à une injection génique expérimentale aux risques inconnus,
imposée par le chantage et la contrainte, et ne prévenant aucunement la
contagion, est un acte d’amour1. »
On constata aussi une prise en otage du langage, novlanguisé avec une
intensité rendant un somptueux hommage posthume à George Orwell : la
science malhonnête et falsifiée devenue « vérité », le fait de priver les
malades de soins, défini comme une « médecine scientifique basée sur les
preuves » ; la contestation critique et étayée des politiques insensées,
qualifiée de « complotisme » ; les meilleurs spécialistes dans leurs
domaines, traités de « charlatans » ; des inconnus n’ayant à peu près rien
accompli d’intéressant et ânonnant de malveillantes inepties sur les plateaux
télé, transformés en « experts scientifiques ». Enfin, une injection génique
expérimentale muta, par la seule magie du langage, en « vaccin sûr et
efficace » devant être imposé (par altruisme et à leurs risques et périls) aux
réfractaires, forcément égoïstes et « ennemis de la démocratie ». Tout ceci
dans un grand crescendo de l’agressivité sociétale suivant à pas cadencés
celle impulsée martialement par des autorités de plus en plus abusives et
brutales.
Ces phénomènes, l’anthropologie a appris à les penser au cours du temps.
Les sociétés ont, elles aussi, leur inconscient et leurs propres pathologies.
La violence mimétique est à la source de toute organisation sociale, alors
que les déferlements totalitaires ont été récurrents au cours de l’Histoire
moderne. Nous savions aussi que nous étions engagés – selon la judicieuse
expression de Michel Serres – dans un « changement de monde », un de ces
moments rares de l’Histoire au cours desquels l’ensemble des systèmes
sociaux sont rebattus de fond en comble en l’espace de seulement quelques
années. Nous connaissions aussi l’effondrement en cours (décrit par Michel
Maffesoli, en particulier) de la pensée moderne, avec ses principes
fantasmatiques de rationalité, d’utilité et d’individualité. Nous sentions que,
dans le désarroi d’une époque brusquement virtualisée, hors-sol et de plus
en plus déréalisée, l’abrutissement produit par l’excès des technologies du
numérique et une obsession gestionnaire historiquement héritée du nazisme
engendrait de nouvelles formes d’aliénation. Albert Jacquard nous avait mis
en garde au début des années 1990 : « Nous sommes en train, disait-il, de
créer un monde dangereux. L’emphase généralisée sur la compétition
procure un avantage aux profils les plus ambitieux comme aux plus
conformes. »
La crise « sanitaire » est, évidemment, le symptôme de la déliquescence
de notre civilisation. Comme une supernova sur le point de s’effondrer sur
elle-même, la modernité flamboie tous azimuts en dardant ses rayons
destructeurs. Qu’une mentalité aussi marquée par le refoulement s’effondre
aujourd’hui dans une débauche de pulsionnalité débridée, de cynisme ainsi
que d’exhibitionnisme crapuleux de la part de nos « élites » ne devrait, au
fond, guère nous surprendre. Le refoulé fait toujours retour avec une
intensité proportionnelle à son évitement.
L’ouvrage d’Ariane Bilheran et Vincent Pavan est somptueux
d’intelligence. Mettant à profit ce qui constitue, à mes yeux, le meilleur de
leurs disciplines, la docteur en psychopathologie et le mathématicien-
chercheur dénudent et dissèquent la « Bête de l’événement », annoncée
avec une jouissive ambiguïté par Emmanuel Macron le 14 avril 2020.
Leur travail est, en quelque sorte, symphonique, mobilisant les différents
instruments et registres de la compréhension. Les auteurs visitent, avec
fulgurance et avec une généreuse rigueur, l’idiosyncrasie de la dérive en
cours et ce qu’elle dit de notre monde. Psychologie, mathématiques,
épistémologie, logique, philosophie, sciences sociales, histoire, sociologie
des religions, linguistique, philologie, sémantique sont mises au service de
l’analyse, qui dévoile les fondements du déferlement totalitaire dans lequel
nous sommes emportés et désormais forclos, au sens juridique : dépouillés
des droits que nous avions.
Le tout lève le voile de manière saisissante sur ce que nous avions encore
imparfaitement perçu. J’ai embarqué dans ce livre comme on monte à bord
d’un navire après un long chemin pour arriver au port. Un navire ouvrant
sur un autre voyage, permettant de contempler le paysage depuis le grand
large, dans une vision d’ensemble plus vaste. Je garde des aventures
intellectuelles du jeune âge adulte (ces années de développement et de
construction) le souvenir émerveillé de la confrontation à ces phares qu’ont
été pour moi les livres de Gaston Bachelard, Gilbert Durand ou Michel
Maffesoli. La part d’effort à fournir pour entrer et progresser dans une
matière qui, forcément, n’est pas simple est, en retour, immédiatement
récompensée par l’éclairement engendré.
On se sent alors, avec une évidente jubilation, devenir plus intelligent à
chaque page, pendant que se déposent en nous des compréhensions qui
nous façonnent et nous aident à grandir, et qui, dans cette communion avec
les auteurs, nous relient à travers eux à des générations de penseurs.
L’enthousiasmante aventure que j’ai vécue à la lecture de ce texte aura été
de cet ordre. « Nous avons le droit d’être intelligents », a professé de
manière récurrente et à voix haute un des héros de l’épopée tragique en
cours. « Il est urgent et même crucial de l’être », pourrions-nous ajouter
pendant que nos gouvernements nous embarquent dans une course folle
vers un nouvel abîme, celui du transhumanisme, qui n’est jamais – ne
soyons pas dupes – qu’un nouvel avatar du fascisme.
Seule l’intelligence, celle de la rationalité sensible (et non le faux-
semblant du rationalisme morbide selon la judicieuse distinction proposée
par Maffesoli), l’intelligence du vivant, l’intelligence du plus-grand-que-
nous, l’intelligence de la créature que nous sommes peut nous conduire à
bon port. Le transhumanisme n’est, au fond, rien d’autre que le rejet
mortifère et délirant de notre réalité de créature. Nous sommes nés, sans
l’avoir choisi, au sein d’une espèce et dans un univers mystérieux, que nous
n’avons pas créé. Le tragique de la condition humaine, marquée par
l’expérience incontournable de la souffrance et de la finitude, est le
cauchemar des transhumanistes comme de tous les délirants. Alors que c’est
forcément dans l’humus de notre vulnérabilité et de notre petitesse que
réside notre vraie grandeur. La seule richesse qui tienne est celle de notre
radicale pauvreté existentielle.

« QU’EST-CE QUE LA VIE ?


C’EST L’ÉCLAT D’UNE LUCIOLE DANS LA NUIT.
C’EST LE SOUFFLE D’UN BISON EN HIVER.
C’EST LA PETITE OMBRE QUI COURT DANS L’HERBE ET SE PERD AU
COUCHER DU SOLEIL. »

L’accepter, l’accueillir, et même s’en réjouir, voilà la voie pour créer un


monde qui, selon la parole du mystique catholique Maurice Zundel, soit
enfin à la mesure de la valeur de dignité infinie déposée au cœur de chaque
être humain. La « crise sanitaire » apparaît bien comme la révélation
(« apocalypse ») des scories déshumanisantes de la modernité et du
transhumanisme. Ainsi que le contre-exemple presque parfait de ce à quoi
aspire notre dignité. Sacrée boussole qui nous est donnée en négatif,
indiquant le chemin vers notre humanité et vers la vraie vie. Lesquelles,
proposait Zundel, restent « en devant de nous ».

Jean-Dominique MICHEL,
anthropologue de la santé, auteur de Covid : anatomie d’une crise
sanitaire
(HumenSciences, 2020).
INTRODUCTION

L
e totalitarisme est un régime politique qui repose sur la terreur et la
persécution des citoyens. Il diffère de tous les autres régimes en ce
qu’il vise « la domination totale » : il s’immisce dans la totalité des
sphères sociales, privées et intimes, jusqu’au psychisme des
individus, à leurs croyances et à leur faculté de raisonner. Il se reconnaît à
son écart toujours croissant entre ses dogmes et le réel de l’expérience, mais
également à une corruption de la logique et de la langue, qui englue et
entraîne la pensée dans une croyance délirante partagée, sans plus
s’embarrasser de la recherche de la vérité. Hannah Arendt précise à ce sujet
que, dans le régime stalinien, « tous les faits qui ne concordaient pas ou qui
étaient susceptibles de ne pas concorder, avec la fiction officielle – données
sur les révoltes, la criminalité, les véritables incidences des activités
“contre-révolutionnaires” par opposition aux ultérieures conspirations
fictives – étaient traités comme irréels1 ».
Le système totalitaire est d’abord une pathologie psychique collective, qui
produit un délire paranoïaque (une « folie raisonnante »), contribuant à la
contagion délirante. Plusieurs facteurs doivent être réunis pour que cette
contagion délirante fonctionne ; et sans doute ce thème mériterait-il
beaucoup plus d’attention de la part des spécialistes en psychopathologie,
afin d’en extraire les subtils mécanismes. Néanmoins, et indubitablement,
la corruption de la langue est une des portes d’entrée dans la contagion
délirante. Le délire se reconnaît au fait qu’il se présente comme certitude
qui ne peut plus être contestée. Les opposants – ceux qui doutent – sont
persécutés comme des opposants politiques, ainsi que ceux qui voudraient
confronter la croyance collective à une recherche de vérité ou à l’épreuve
des faits. Tous les systèmes totalitaires ont, en effet, créé leur novlangue,
laquelle peut se retrouver également dans des îlots totalitaires, par exemple
au sein des entreprises fonctionnant à la terreur, au harcèlement et à la
persécution de leurs salariés. Tout totalitarisme vit par la « prétention
idéologique2 » conquérante, et par la « rectification de la pensée » (Mao
Zédong). Pour franchir ces paliers idéologiques, qui éloignent chaque jour
davantage de la recherche de la vérité et du savoir, l’instrumentalisation de
la langue est nécessaire. C’est sur celle-ci que nous souhaitons nous
attarder, à partir du traitement de l’information dans la crise politique
majeure du Covid, qui a traumatisé l’ensemble de l’humanité à partir du
premier trimestre 2020.
PRÉAMBULE

LA LANGUE
COMME PATRIMOINE

L
a langue est le terrain de jeu de prédilection du mouvement
totalitaire, qui l’utilise dans un sens dévoyé et perverti, afin de
détruire les liens de transmission, d’appartenance, et les liens
logiques, pour faire entrer dans la certitude délirante. La langue est
un patrimoine. Que cela nous plaise ou non, nous arrivons au monde dans
une culture, un rapport à la tradition et à nos ancêtres. Ainsi, les langues ont
toujours évolué dans l’Histoire. Le français est le produit du latin, du grec,
de langues celtes, de l’arabe, de l’anglais, etc., au gré notamment des
nombreuses invasions subies ; et toutes ces origines en font à la fois la
complexité et l’essence propre. Lorsque, de façon intentionnelle, la langue
est trafiquée par des intérêts du politique ou de groupes communautaires,
les citoyens doivent absolument s’en alarmer. Nous renvoyons à ce sujet,
entre autres travaux, à Orwell et Klemperer.
C’est par le langage pseudo-logique que le psychisme paranoïaque
individuel ou collectif crée son délire, qui répond parfaitement à la
définition donnée par Lacan au sujet des délires : « ces immenses bla-bla-
bla extraordinairement articulés ». Une pseudo-dialectique semble mise à la
défense des convictions délirantes : tout s’enchaîne, sans supporter la
moindre contradiction, ni, au fond, le moindre interlocuteur, ce dernier étant
ravalé au statut de récepteur obéissant et soumis. Et lorsque la contradiction
apparaît, le psychisme paranoïaque s’érige en victime et accuse le
contradicteur – voire le contradictoire – d’être coupable. Il est très difficile
de saisir l’enchaînement temporel, spatial et causal des intuitions initiales
du paranoïaque, des faits originels, ainsi que la logique des déductions. À la
base du délire se trouve une déficience du principe de non-contradiction :
tout objet qui ne rencontre pas de contradiction devient ipso facto un objet
de croyance transformé en une vérité absolue. Ce qui est pathologique est la
fixation de l’erreur par où se produisent le délire et son extension
progressive, où l’état normal se transforme en paranoïa.
Étudier la sophistique (faux raisonnement) du délire paranoïaque est donc
fondamental, puisque c’est de là que naît l’abolition d’un rapport intègre à
la vérité. Comment cette sophistique se manifeste-t-elle dans la crise
politique que nous traversons ? Nous proposons ici des pistes d’analyse et
de réflexion qui, loin d’être exhaustives, invitent les citoyens à retrouver
leur libre arbitre, en se dégageant des pièges instillés dans la langue, depuis
le premier trimestre 2020.
La marque de fabrique du délire paranoïaque est surtout le détournement
des règles du raisonnement logique, pour interpréter le monde sous
l’angle de la persécution. Cette apparente cohérence confère force de
conviction et pouvoir de contamination. En cela, la sophistique est bien une
compétence paranoïaque pour détourner l’essence même de la langue.
D’ailleurs, le paranoïaque déplace les débats scientifiques, historiques,
sociétaux, etc. vers le champ rhétorique et politique (par exemple, des
questions d’historiens deviennent des questions politiques), où il pourra
utiliser les manœuvres manipulatoires de la langue, loin des discussions
entre véritables chercheurs (d’où le danger, en France, d’avoir autorisé le
transfert, dans le champ politique, de questions relevant de la science, de
l’histoire, de l’expertise, de la recherche).

RHÉTORIQUE OU SOPHISTIQUE : RAPPEL


« Athènes, qui créa la démocratie, créa aussi le discours qui l’accompagne. La parole y devint
outil politique de commandement et de domination. C’est là que naquit la rhétorique, codifiée
par les Grecs puis les Romains, reprise lors de l’avènement de la République, car il s’agissait
de redonner aux citoyens les armes de l’esprit critique.

Aristote, dans son ouvrage La Rhétorique, explique que cet art consiste à trouver des preuves
pour une idée plutôt que pour une autre. Il distingue trois classes de preuves : l’ethos, le
pathos, le logos. Pour emporter l’adhésion, il convient donc de les allier.
L’ethos concerne le caractère du rhéteur, ou plutôt, l’apparence de son caractère, qui doit
donner l’illusion d’une bonne foi, l’apparence d’un caractère moral, par des paroles et gestes
appropriés.

Le pathos vise à susciter des émotions dans l’auditoire.

Le logos tend à s’occuper des probabilités (et non des certitudes, qui relèvent de la science
pure).

[…]

Le discours politique n’est pas de l’ordre du vrai, mais du vraisemblable. Il n’a pas pour but
de révéler la vérité, bien qu’il puisse faire semblant de le faire, mais sa finalité est de motiver,
de rassembler, de séduire, en s’appuyant sur les valeurs et émotions supposées de l’auditoire
afin de susciter l’adhésion.

L’essence de la manipulation politique a donc été étudiée depuis des millénaires, avec l’art du
discours.

[…]

Ce qui distinguait aussi, pour les Anciens, la rhétorique de la sophistique était l’amour du
Beau et du Vrai. Pour les sophistes, tout pouvait s’argumenter, d’un côté comme de l’autre,
dans une sorte de relativité du vraisemblable, disponible autant pour une cause que pour son
contraire… Cette sophistique du pour et du contre, intervenant dans des conflits du droit et de
la politique, est illustrée dans le Gorgias de Platon : Socrate s’y oppose, arguant que le “bien
parler” ne suffit pas, il faut bien penser, et servir le Vrai et le Beau1. »

En amont de la sophistique, il existe également un autre travers dont le


délire paranoïaque peut se saisir pour créer une néo-réalité délirante. C’est
celui d’un langage logique qui serait totalement déconnecté de l’expérience
et du réel. Le retour au réel est fondamental, car la seule logique d’un
raisonnement ne garantit pas qu’il corresponde à la complexité du réel, qu’il
en ait inclus tous les paramètres et sache les restituer. Ainsi, le risque est
grand de produire une logique imparable dépourvue de tout rapport avec
l’expérience, et susceptible de devenir dangereuse si elle prétend s’imposer
à l’être humain et à l’épreuve du réel. De fait, cette logique imparable,
détachée de la réalité de l’expérience, est une idéologie. L’idéologie est une
croyance délirante qui s’organise en une folie raisonnante (produite par une
paranoïa individuelle et/ou collective), et qui caractérise le totalitarisme
selon Hannah Arendt. Le totalitarisme n’existe, en effet, pas sans idéologie :
« Dans les gouvernements totalitaires, le principe de l’action […] est
l’idéologie2. » Et cette croyance délirante d’apparence pseudo-logique exige
que la réalité de l’expérience se plie à elle ; la pensée n’est plus régulée par
le retour d’expérience ; elle s’impose en tant que certitude délirante sur
l’expérience, interprète et déforme la réalité pour la faire plier sous sa folie,
et la lire au travers du prisme de son dogme qui ne souffre d’aucune remise
en question3. Rappelons-nous ce que disait Hannah Arendt : dans le
totalitarisme, les faits sont traités comme irréels. Car derrière l’atteinte à la
langue, c’est la question de la possibilité même de la vérité qui est en jeu.
De retour d’Espagne, Orwell avait été saisi d’effroi, par la manière dont, de
toutes parts, les journaux s’étaient acharnés à ne pas dire les faits tels qu’ils
s’étaient produits. Ce fut là l’une des sources de sa réflexion romanesque de
1984 sur l’appauvrissement systématique de la langue comme visée de
domination ultime et disparition de toute pensée critique. Et, au fond,
résister aux mensonges publics, aux mystifications officielles et à
l’impudeur journalistique, c’est tenter d’empêcher que soit « détruit le
rapport des hommes à la signification, et le langage comme milieu et
véhicule d’une vérité possible, donc d’un mouvement de la société4 ».
Pour parvenir à ses fins délirantes, déconnectées du champ de
l’expérience, l’idéologie a besoin de tordre la langue ; et nous nous
attarderons sur les différentes modalités de fraude imposées à notre langue,
de façon masquée et presque invisible. Plus généralement, la somme de tous
ces facteurs de risque de la désunion entre la pseudo-rationalité idéologique
et l’expérience doit nous inciter à la prudence quant à la certitude des
conclusions d’un quelconque raisonnement mathématique ou statistique,
certitude qui conduirait à prendre des décisions sur nos vies. Les garde-fous
au sens propre, dont le doute, la prudence, la recherche de cohérence et la
validation du raisonnement par l’expérience, sont nécessaires, afin de ne
pas tordre le réel par un raisonnement que l’on souhaite lui imposer.
L’objectif de notre analyse est donc précisément de réintroduire ces garde-
fous, en étudiant les dérives présentes dans le traitement des données
mathématiques de l’épidémie de Covid, mais aussi dans la récupération
politique qui a pu en être faite, ajoutant aux premières dérives celles de la
rhétorique politique et médiatique, à savoir la sophistique, la manipulation
par l’émotionnel et le sensationnel, l’introduction d’un nouveau champ
lexical, etc. L’ensemble de ce processus concourt à l’instauration
d’une idéologie au contenu sanitaire, qui propose de se substituer au
savoir dans notre rapport au réel, et s’orchestre comme le principe
de l’avènement d’un nouveau totalitarisme numérique visant à
régenter nos vies, sans aucun état d’âme pour la destruction du lien
social et de notre humanité.
L’ENSEMBLE DE CE
PROCESSUS CONCOURT À
L’INSTAURATION D’UNE
IDÉOLOGIE AU CONTENU
SANITAIRE, QUI PROPOSE DE
SE SUBSTITUER AU SAVOIR
DANS NOTRE RAPPORT AU
RÉEL, ET S’ORCHESTRE
COMME LE PRINCIPE DE
L’AVÈNEMENT D’UN NOUVEAU
TOTALITARISME NUMÉRIQUE
VISANT À RÉGENTER NOS
VIES, SANS AUCUN ÉTAT D’ÂME
POUR LA DESTRUCTION DU
LIEN SOCIAL ET DE NOTRE
HUMANITÉ.
CHAPITRE 1

LA PERVERSION DE LA
SCIENCE : LA LOGIQUE,
L’ÉPIDÉMIOLOGIE ET LE
RAPPORT À L’EXPÉRIENCE
D
ans ce premier temps, nous allons analyser les dérives présentes
dans la logique mathématique et statistique ayant traité du Covid,
et son rapport inadapté à l’expérience. Commençons par une
citation de Jean Merker1 : « En biologie comme en mathématiques ou
ailleurs, nous nageons en pleine incertitude. » Cette nécessaire incertitude
n’a pas été prise en compte dans l’analyse originelle de l’épidémie, et
encore moins dans les décisions politiques qui s’en sont suivies, dans de
nombreux pays du monde. Notre constat est celui d’une inflation du
langage spécieux qui a totalement fait fi du réel et de l’expérience.

Le langage mathématique :
un formalisme devenu vide de sens
On ne saurait comprendre le décalage existant aujourd’hui entre le réel et sa
présentation délirante dans les discours de l’épidémiologie sans en passer
par quelques rappels historiques de la construction du langage
mathématique et de sa rupture progressive avec l’expérience sensible a
priori.

NOTRE CONSTAT
EST CELUI D’UNE INFLATION
DU LANGAGE SPÉCIEUX
QUI A TOTALEMENT FAIT FI DU
RÉEL ET DE L’EXPÉRIENCE.
À l’origine de tout : la géométrie
Modèle par excellence de tous les discours scientifiques, la géométrie (qui
avec l’arithmétique permettra, via la structuration de l’espace-temps, de
poser la cinématique) est une discipline incontournable dans l’analyse de
l’évolution des mathématiques. Dans sa tradition antique, jusqu’au milieu
du XIXe siècle, la géométrie s’appréhendait de façon aussi bien
expérimentale que logique. Il s’agissait d’un tout. Le réel et le discours
s’articulaient notamment autour de la notion de figure qui permettait de
guider le raisonnement de telle façon qu’il ne s’éloigne jamais trop de
l’expérience. L’une supportait l’autre, et les preuves pouvaient de façon
convaincante reposer sur la construction expérimentale. Le découpage et le
recollement devenaient ainsi un moyen de prouver l’égalité des aires et
d’affirmer le théorème de Pythagore. D’un point de vue matériel, le
discours géométrique permettait de penser l’espace comme l’ensemble des
positions possiblement occupées par la matière. Ainsi, aux « points
géométriques » – introduits par Euclide comme « tout ce qui n’a pas de
partie » – correspondaient de façon naturelle les « points matériels » – les
atomes – précisément définis comme plus petite unité de matière
indivisible, c’est-à-dire n’ayant pas de partie. Dans cette perspective, et
comme le rappelait Jean Merker, le texte d’Euclide « raconte
indubitablement quelque chose du réel ou du monde des idées ». Le point
matériel ne fait rien d’autre que de marquer, dans le monde matériel et
sensible, l’idée du point géométrique, et le dessin devient le guide dans le
discours de la preuve.
Ainsi, la géométrie était toujours rattachée au monde réel, et ce qui
fondait « sa vérité » n’était ni plus ni moins que son lien avec l’expérience
et la réalisation dessinée ou matérielle qui permettait d’emporter la
conviction sur la véracité et sur le chemin qui l’y menait. Le discours ne
pouvait donc en aucun cas contredire l’expérience sensible. Il s’agissait là
d’un crime très grave contre l’entendement qu’aucun philosophe ni
mathématicien n’aurait eu l’idée de commettre. Pourtant, au fur et à mesure
que les mathématiques et l’Histoire avançaient, la tension entre le dire et le
faire, entre le langage raisonnant et l’expérience sensible, semblait devenir
insoutenable. Était en jeu la démonstration du cinquième postulat d’Euclide
à propos des parallèles, qui affirmait que « par un point extérieur à une
droite, on ne peut mener qu’une parallèle à cette droite ».
On peut dire, sans exagérer, que cette question a été l’une des plus
structurantes de l’histoire des mathématiques. Personne ne pouvait d’abord
remettre en cause un tel postulat, car les objets primitifs des mathématiques
(points, droites, plans) étaient expérimentés et conçus par la pensée, de
sorte que toute affirmation contraire au cinquième postulat contredisait
nécessairement la géométrie en tant que discours sur l’expérience a priori.
Gauss, parmi les premiers qui s’affranchissaient d’une telle contrainte,
n’osait toutefois pas publier ses idées sur la question, se contentant de les
échanger en privé avec quelques mathématiciens susceptibles de dialoguer
sur le sujet. À cette époque, les mathématiques ne pouvaient, ni ne devaient,
contredire la perception immédiate : la contingence de la perception aurait
nui à leur vérité. E. Kant l’avait notoirement spécifié dans la Critique de la
raison pure : « Si la représentation de l’espace était un concept acquis a
posteriori et puisé dans une expérience extérieure universelle, les premiers
principes de la science mathématique ne seraient plus que des perceptions.
Ils auraient toute la contingence de la perception, et il n’y aurait plus rien de
nécessaire dans cette vérité qu’entre deux points il ne peut y avoir qu’une
ligne droite ; seulement, l’expérience nous montrerait qu’il en est toujours
ainsi. » Cela montre que l’on commençait à dissocier les vérités logiques et
les données de l’expérience.
Pour sortir de la géométrie euclidienne et du cinquième postulat, il fallait
donc imaginer et se couper du réel. Ne plus nécessairement rattacher, dans
un premier temps, le discours avec l’expérience. Mais, pour que
l’imagination soit légitime, encore fallait-il que le discours, puisqu’il n’était
plus rattaché à la catégorie kantienne de l’espace, se dote de garde-fous.
Le développement de la logique formelle pouvait sans doute alors
commencer. Les mathématiques devenaient nécessairement un langage qui
n’avait plus besoin d’être à l’épreuve du réel, mais qui devait respecter alors
une structure rigoureusement contrôlée. Les compromis dans le
raisonnement, auparavant tolérés car justifiés par la réalisation dans
l’espace du dessin ou de l’expérience qui emportait la conviction, devaient
disparaître au profit d’un pur formalisme. La conquête des géométries non
euclidiennes nécessitait ainsi, dans un premier temps, de rompre le lien
rapprochant le signifiant du signifié.
En analysant l’axiomatisation hilbertienne de la géométrie, A. Einstein2
l’avait parfaitement compris : « Une telle exposition épurée
[l’axiomatisation des mathématiques et de la géométrie] rend de même
évident que la mathématique comme telle est incapable d’énoncer quoi que
ce soit, ni sur les objets de la représentation intuitive, ni sur la réalité. Par
les mots point, droite, etc., il ne faut entendre, dans la géométrie
axiomatique, que des concepts schématiques vides de contenu. Ce qui leur
confère du contenu n’appartient pas à la mathématique. » D’un discours
fondamentalement ancré dans le réel et pour lequel on n’avait pas
profondément distingué les aspects du langage et ceux de l’expérience, les
mathématiques se sont, par la suite, orientées vers une grammaire purement
formelle, coupée de tout lien avec la réalité.

Quand le calcul remplace le raisonnement


Mais, bien avant l’aventure axiomatique et purement logique de la
géométrie, pour laquelle l’expérience disparaissait au profit du langage
parfaitement raisonné, R. Descartes avait, lui aussi, posé les conditions
intellectuelles d’un dépassement du réel. En établissant les bases de la
géométrie analytique, Descartes opérait, par la même occasion, le
remplacement du raisonnement par le calcul. Dans ce cadre-là, les points
étaient remplacés par leurs coordonnées, et les droites ou les plans, par des
équations algébriques. Le parallélisme et la perpendicularité relevaient de
formules calculatoires dérivant du produit scalaire et du produit extérieur
(via les déterminants). La trigonométrie devenait une discipline à part
entière, et les mesures d’angles finissaient par se confondre avec les angles
eux-mêmes.
Avec Descartes s’inventait ainsi l’arithmétisation du raisonnement : le
calcul dans les nombres réels se substituait au langage formel issu des
règles de dérivation logique. Entre les deux (la géométrie pure et la
géométrie analytique) se développaient divers systèmes d’écriture mixte où
les raisonnements s’appuyaient de plus en plus sur des symboles
d’opération. La géométrie affine permettait ainsi de discourir sur les points
en utilisant l’outil de calcul vectoriel. On définissait les vecteurs par une
relation d’équivalence sur les bipoints (ce qu’il est convenu d’appeler
« l’équipollence ») et, ce faisant, on pouvait introduire la somme « + » entre
un point A et un vecteur u3, de sorte que « B = A + u » devenait licite.
Finalement, la somme entre deux vecteurs et l’action d’un nombre réel sur
un vecteur permettaient de formaliser la notion d’espace vectoriel, qui
rendait totalement algébriques – et donc calculatoires – d’innombrables
problèmes de géométrie. Les calculs barycentriques révélaient alors toute
leur importance en mécanique du solide, mais également en
électromagnétisme. Dans cette perspective se mettait en place une dérive
inquiétante dans la déliaison au réel : la figure dessinée – garante du lien
avec la réalité –, après s’être effacée au profit du raisonnement, ne trouvait
plus aucune place légitime lorsque le raisonnement lui-même était remplacé
par le calcul.
La réalité s’incarnait dans le calcul ; le calcul, c’était la réalité. Pourtant,
l’omnipotence calculatoire se heurtait à un ennemi de taille : l’impossibilité
de réaliser le calcul. On notera ici que le syntagme verbal dit beaucoup de
cette confusion entre le réel et le calcul. La réalisation d’un calcul
s’appréhende de la même façon qu’un vœu qui s’exauce. L’ordinateur sera
la baguette magique qui permettra de consacrer définitivement le calcul
comme l’expression même du réel. En attribuant des valeurs numériques
réelles aux variables algébriques représentatives des points géométriques et
de la substance que ces derniers incarnaient, l’ordinateur permettait
d’achever la confusion totale entre calcul et réalité : ça existe, puisque je
l’ai calculé. Ainsi, le calcul n’est que la forme ultime, la plus achevée, du
discours sur le réel. On ne se lassera pas de constater que les mathématiques
partagent le même vocabulaire que la magie : les formules se réalisent par le
calcul grâce à l’ordinateur, comme les vœux deviennent réalité grâce à la
baguette magique. On revient ainsi à une forme d’omnipotence divine : au
commencement du monde était le Verbe. Au commencement du monde
était l’équation.

Le calcul mathématique comme seule forme de


vérité
L’idée qui avançait au début du XXe siècle était celle selon laquelle le
langage mathématique et sa cohérence devaient primer sur la réalisation
expérimentale, par le dessin par exemple. À ce titre, deux épisodes
particulièrement instructifs doivent retenir l’attention.
Le premier concerne le statut de l’équation de Boltzmann et la suspicion
qu’elle inspira à certains mathématiciens, Poincaré en tête. À une époque où
l’existence des atomes n’était encore qu’une simple hypothèse (il fallut le
prix Nobel de Jean Perrin en 1926 pour mettre un terme définitif à ce
débat), et la physique statistique, une discipline encore inconnue, Ludwig
Boltzmann proposa de formuler un traitement des interactions entre
particules, permettant, dans une seule et même équation statistique (il
utilisait déjà la notion de densité de probabilité) – et qui s’appuyait sur des
outils novateurs (tels que la section différentielle de collision, qui sera
consacrée expérimentalement par Rutherford) –, la compréhension
simultanée de la thermodynamique et de la mécanique des fluides. Cette
équation, toutefois, dérangeait à plus d’un titre, en particulier les tenants de
l’électromagnétisme, lesquels préféraient s’en tenir à la notion encore
prégnante d’éther, plus conforme à la représentation des phénomènes
électromagnétiques. Comme on le sait aujourd’hui, la vision
boltzmannienne était, cependant, parfaitement correcte. Le rejet de son
équation – qui conduisit vraisemblablement le scientifique autrichien au
suicide – ne pouvait donc passer que par des considérations formelles, en
dehors de toute forme d’empirisme. La vérité devait sortir du langage seul,
des calculs en découlant, et non pas des formes de l’expérience. Ce fut
Knudsen, via l’observation de l’effusion moléculaire en 1909, qui mit le
premier en évidence la distribution de Maxwell (inhérente à l’équilibre de
l’opérateur de collision de Boltzmann). Mais il faut sans doute croire que
les victoires des géométries non euclidiennes avaient enhardi les tenants de
l’approche formelle dans leur certitude que le développement systématique
du langage, appuyé par le calcul, pouvait – bien mieux que n’importe quelle
perception du réel – décider de la véracité des propos. Les deux principaux
reproches que l’on adressa à Boltzmann (les paradoxes de Zermelo et de
Loschmidt) se basaient ainsi sur une exploitation stricte du langage,
entretenant une confusion inquiétante entre vérité et cohérence
mathématique.
Le second épisode concerne la formule de Stokes. Elle permettait (et
permet toujours, bien entendu) de transformer l’intégrale des formes
différentielles d’une surface vers le volume qu’elle délimite (et vice versa).
Pour cela, il fallait toutefois utiliser une notion aussi intuitive qu’elle est
difficile à définir mathématiquement : la notion de normale extérieure (i.e.
en un point d’une surface, une direction perpendiculaire à la surface
orientée de l’intérieur d’un objet vers son extérieur). Depuis qu’ils en
avaient besoin, les physiciens utilisaient toujours cette notion grâce à un
dessin qui permettait de guider leurs calculs, lesquels finissaient toujours
par tomber juste. C’est le groupe Bourbaki (un collectif de mathématiciens
créé peu avant la Seconde Guerre mondiale par André Weil, frère
de la célèbre philosophe du même nom) qui prit en charge la réécriture
mathématique de la formule de Stokes. Il s’agissait là d’une illustration,
parfaite dans la généralisation, de la méthode d’axiomatisation – c’est-à-
dire les mathématiques purement formelles et logiques, en dehors de
l’expérience donc – que le mathématicien allemand David Hilbert avait
consacrée dans son traité sur les fondements de la géométrie. Comme
Christian Houzel le rappelait, Bourbaki, en réécrivant les mathématiques,
stimulé par la critique de la formule de Stokes, « a adopté, en suivant
Hilbert, la méthode axiomatique d’exposition des mathématiques ».
Houzel poursuivait : « Cet effort de refondation a eu pour conséquence un
certain repli des mathématiques sur elles-mêmes, repli encore accentué par
un éloignement du côté des physiciens. […] La méthode axiomatique avait
été élaborée par Hilbert pour analyser les fondements de la géométrie
élémentaire, et elle s’était développée en algèbre ainsi qu’en topologie
générale. Bourbaki voulait l’étendre à l’ensemble des mathématiques. Cette
méthode consiste, après avoir analysé les démonstrations des théorèmes
pour en extraire les hypothèses utilisées, à poser ces hypothèses comme
axiomes de la théorie et à ne plus faire intervenir que ces axiomes dans les
démonstrations. Il en résulte une théorie beaucoup plus abstraite. […] La
mathématique exposée selon la méthode axiomatique peut paraître très
abstraite, et le contenu de ses objets risque de se dissoudre. » Traduite dans
la réforme des mathématiques modernes en France dans les années 1970,
l’influence bourbakiste a donné lieu à cette définition de la droite en 4e, en
1971 :
« Par définition, une droite affine D est un ensemble E muni d’une
famille Φ de bijections de E sur R telles que :
a) pour tout f élément de Φ, et pour tout élément (a,b) de R* x R,
l’application définie par g(M) = a f(M) + b appartient aussi à Φ ;
b) réciproquement, si f1 et f2 sont deux éléments quelconques de Φ, il
existe (a,b) appartenant à R* x R tel que f2(M) = f1(M) + b. L’ensemble E
est appelé le support de la droite affine D, un élément M de E est appelé un
point de la droite affine D. »
Ainsi s’achevait le triomphe axiomatique des mathématiques, vides
de sens, dépourvues de lien avec le réel. Si l’on ne peut nier qu’une
telle conception a permis de nombreuses avancées, mal utilisée, en
revanche, elle autorisait aussi l’enfermement dans un monde imaginaire –
celui de la logique pure –, rassurant parfois, fascinant sans doute,
dangereux indubitablement, où la vérité relève entièrement du choix
arbitraire des règles de déduction et des axiomes. Le régal de
l’omnipotence, en somme : la possibilité de créer un monde dans lequel on
décide à l’avance de l’ensemble de ce qui peut s’y produire.

Une bien pauvre épidémiologie


Science opérative, science spéculative,
prédictions ou oracles ?
En réalité, à l’origine des mathématiques se trouvaient donc la géométrie et
la volonté de parler rigoureusement de l’expérience spatiale. Parce qu’elle
était contraignante – l’espace possède ses propres lois –, l’expérience
spatiale devait nécessairement s’associer à un discours contraignant : la
logique l’accompagnerait. Au fur et à mesure, cependant, le langage se
développa de façon autonome. Peu importe son lien avec le réel, pourvu
qu’il soit consistant. Finalement, le raisonnement remplacera l’expérience ;
le calcul remplacera le raisonnement ; et l’ordinateur donnera l’illusion
d’un retour vers le réel à travers la réalisation numérique. Les
épidémiologistes contemporains – ceux de l’école axiomatico-déductive –
ne sont que la queue de la comète des mathématiques. Ni physiciens ni
mathématiciens, ils ne dominent pas plus le langage qu’ils ne cherchent de
lien avec la réalité. Pour eux, les mathématiques ne sont que des formules
magiques qui permettraient d’arrêter, d’un coup de baguette
computationnelle, les épidémies.
AINSI S’ACHEVAIT
LE TRIOMPHE AXIOMATIQUE
DES MATHÉMATIQUES,
VIDES DE SENS, DÉPOURVUES
DE LIEN AVEC LE RÉEL.

Dans le chapitre « Philosophie de la nature » de son Encyclopédie des


sciences philosophiques (1817), le philosophe Hegel explique que l’idée
doit s’éprouver dans son rapport à la nature et à l’expérience. Il est
impossible d’imposer à la réalité des procédures dialectiques et logiques,
c’est la spécificité différentielle du contenu empirique qui opère comme
garde-fou. Le thème essentiel de l’exposé de la première section de la
« Philosophie de la nature » est bel et bien la détermination logique du
mode de transcription mathématique qui respecterait le caractère sensible et
empirique des phénomènes naturels. Il existe un va-et-vient entre la logique
et l’expérience qui caractérise toute science prétendant avoir affaire à la
nature et au vivant, et dont, sans conteste, font partie l’épidémiologie et
même la médecine. Ce sont des sciences opératives, qui doivent se
confronter sans cesse à l’expérience pour ne pas perdre leur chemin vers la
vérité, qui doit s’entendre comme correspondance à la réalité des faits.
Boèce avait également éclairé cette histoire de sciences opératives et de
sciences spéculatives. La science mathématique est spéculative, car elle
considère les choses indépendamment du mouvement et en abstraction,
c’est-à-dire sans rapport. Les mathématiques relèvent de la science
spéculative, tandis que la médecine et l’épidémiologie relèvent de la science
opérative, en ce sens qu’elles ne sauraient, sauf à s’induire elles-mêmes en
erreur, s’abstraire de l’expérience. Quant aux statistiques, il s’agit d’un outil
d’analyse, qui sert de support ensuite à des interprétations. En tant qu’outil,
elles sont neutres ; c’est leur utilisation qui détermine si l’on opère, ou non,
d’une manière rigoureuse et avec une intention intègre de recherche de
vérité.
D’un point de vue historique, la naissance de l’épidémiologie se situe en
pleine période scientiste et biocrate4, vers la fin du XIXe siècle, au moment
où l’on tentait de consacrer l’idée d’un pouvoir politique devant être exercé
par les sachants plutôt que par les élus. Il semble important de replacer
l’histoire de cette discipline dans l’optique du changement téléologique
de l’exercice du pouvoir à la fin du XVIIIe siècle, tel que Michel Foucault le
décrit. L’administration d’une population supplante alors les formes
anciennes de la souveraineté princière où « L’art du gouvernant, son savoir-
faire, ses techniques étaient toutes concentrées sur son habilité à conquérir
et, surtout à conserver le pouvoir5 ». La biopolitique s’impose et exige la
construction de savoirs qui lui sont dédiés. Le passage du peuple à la
population entraîne ainsi un regard nouveau. Les sujets (différenciés et) liés
à un souverain – selon des rapports à la Loi dont l’objet consiste à délimiter
l’omnipotence princière – deviennent alors des individus (semblables et)
appartenant à un (même) ensemble. La théorie des ensembles se développe
(logiquement, mathématiquement) avec toutes les techniques de mesures
associées. Les bijections de Cantor permettent de définir la notion de
cardinalité ; les techniques de probabilités et de statistiques permettent de
consacrer les règles de calcul des mesures. De ce point de vue, comme le
rappelle Michel Foucault, « la statistique » signifie, étymologiquement, « la
science de l’État » ; et les probabilités ne quantifient pas nécessairement
l’incertain (même si elles naîtront de ces considérations), mais, dans leur
construction mathématique, elles permettent simplement de rapporter la
mesure des sous-ensembles à la mesure de l’ensemble lui-même (d’où le
fait que toutes les probabilités soient toujours positives et plus petites que
1). Dans un premier temps, on ne peut pas parler d’épistémologie associée
aux statistiques. Il s’agit simplement d’une technique, d’un art, en quelque
sorte, permettant de mettre en relief les populations, d’en faire ressortir une
topologie. Dans cette perspective, les statistiques sont autant d’outils à
disposition pour sculpter un ensemble brut (on parle d’ailleurs souvent en
statistiques de données brutes). Dans le maniement des statistiques, encore
aujourd’hui, il s’agit surtout d’obtenir un résultat, de faire valoir une
méthode permettant de mettre en chiffres une partie de la population. La
seule contrainte que l’on se fixe, c’est la formule de la cardinalité sur la
réunion de deux ensembles disjoints : comment compter des objets sans se
tromper, en quelque sorte. On parle alors de statistiques descriptives. De ce
point de vue, les statistiques ne relèvent pas d’une philosophie scientifique
particulière, mais simplement de techniques et de règles de calcul.
L’épidémiologie s’invente ainsi d’abord nécessairement comme
l’utilisation des statistiques dans les questions de santé. Il s’agit bien de ce
que l’on pourrait appeler une science opérative. Cela demande moins
d’imaginer qu’existent des lois qu’il faudrait mettre en langage formel,
permettant ainsi de prévoir l’avenir par des raisonnements qui pourront
nous aider à y accéder, que de décrire les corps en bonne santé afin que
l’évaluation des forces puisse se faire de façon « objective ». Le
mercantilisme décrit par Foucault bat alors son plein : la compétition entre
les nations implique une estimation serrée des forces en présence. Il s’agit
d’effectuer des opérations de comptage. Les statistiques en sont un outil.
Pourtant, sous l’impulsion de Boltzmann, un peu après le milieu du
XIXe siècle, s’invente la physique statistique – ou comment introduire des
grandeurs intrinsèquement liées au dénombrement (à savoir les densités de
probabilités qui servent de pierre élémentaire au comptage) dans des
équations d’évolution spatio-temporelle de type prédictive. La physique
statistique – en premier lieu, l’équation de Boltzmann et la théorie cinétique
des gaz – nous dit ainsi qu’il existe des équations mathématiques qui
gouvernent les grandeurs statistiques. Les statisticiens ont donc vocation à
devenir des physiciens et à utiliser ainsi le langage mathématique. De façon
assez curieuse, ce sont les médecins qui vont, les premiers, s’emparer de
cette tendance pour le dénombrement des classes d’individus : R. Ross (le
théorème du moustique et l’équation du paludisme) et McKendrick (le
modèle SIR et l’immunité collective). Ces deux effets de seuil, qui
apparaissent comme des interprétations grossières et impropres de
propriétés asymptotiques dans des équations différentielles, peuvent trouver
leur origine dans l’absence de formation des médecins au langage
mathématique. L’ambition est de faire du dénombrement des personnes qui
changent d’état (i.e. devenir malade, recouvrer ou préserver sa santé) une
science dure, au même titre que les physiciens l’ont fait pour la matière, ou
encore, de voir, dans les interactions entre êtres vivants (êtres humains,
animaux, insectes, plus généralement vecteurs de maladies), une agitation
moléculaire. Mais, au lieu de travailler avec des atomes évoluant dans un
champ de force, et dont les chocs vont engendrer des changements d’états
(cinétiques, chimiques), les épidémiologistes travaillent avec des individus
(et des vecteurs de maladies tels que les moustiques) dont les rencontres
interpersonnelles ou vectorielles vont engendrer, elles aussi, des
changements d’états. Ainsi, de même que la physique statistique permet
d’ancrer le dénombrement dans des équations d’évolutions déterministes
(au sens où, par exemple, on peut démontrer l’existence et l’unicité des
équations posées), l’épidémiologie « mathématique » (ainsi que certains
observateurs la dénomment) permet, elle aussi, de faire entrer des grandeurs
de dénombrement dans des équations déterministes au même titre que celles
de la physique. L’idée se développe donc de transformer le langage
statistique caractéristique de la science opérative en un monde d’équations
spéculatives : les grandeurs importantes sont obtenues par le raisonnement
bien plus que par l’observation, et doivent se traiter par le raisonnement
mathématique avant de se traiter par la mesure physique. Il existerait donc,
en réalité, des lois sur l’état physiologique des êtres humains – celles de
l’épidémiologie, dont les mesures statistiques ne constituent que des classes
de solutions à des équations qu’il nous faut trouver et traiter de façon
logique. De même que la géométrie perd son lien avec le réel en se
transformant en discours purement logique, l’épidémiologie passe
d’une science opérative, simplement descriptive, à une science
spéculative, raisonnante, en perdant, elle aussi, le lien au réel pour
n’évoluer que dans l’espace cohérent d’une langue purement
grammaticale, mais vidée de sa sémantique.
DE MÊME QUE LA GÉOMÉTRIE
PERD SON LIEN AVEC LE RÉEL
EN SE TRANSFORMANT EN
DISCOURS PUREMENT
LOGIQUE, L’ÉPIDÉMIOLOGIE
PASSE D’UNE SCIENCE
OPÉRATIVE, SIMPLEMENT
DESCRIPTIVE,
À UNE SCIENCE SPÉCULATIVE,
RAISONNANTE, EN PERDANT,
ELLE AUSSI, LE LIEN AU RÉEL
POUR N’ÉVOLUER QUE DANS
L’ESPACE COHÉRENT D’UNE
LANGUE PUREMENT
GRAMMATICALE, MAIS VIDÉE
DE SA SÉMANTIQUE.

Le « théorème du moustique » de R. Ross, souvent considéré comme le


« premier vrai résultat de l’épidémiologie mathématique », en est une bonne
illustration. Prix Nobel de médecine en 1902 pour avoir confirmé
l’hypothèse de Laveran sur le rôle des piqûres de moustiques femelles
anophèles dans la transmission du paludisme, Ross pose un modèle
mathématique simpliste pour tenter de prouver une affirmation qui lui tenait
à cœur : il n’y a pas besoin d’éradiquer tous les moustiques d’une région
pour venir à bout du paludisme sévissant dans la zone considérée. Il existe
un seuil en deçà duquel le nombre de moustiques ne permet plus la
propagation de l’épidémie. D’un point de vue historique, il s’agit du
premier « théorème de seuil » de l’épidémiologie, qui pose l’équation de la
transmission du paludisme et cherche, dans la structure mathématique des
solutions, la baguette magique permettant d’éradiquer la maladie. Si l’on
peut évidemment saluer Ross pour les travaux fondamentaux qu’il a réalisés
dans la compréhension de la maladie, sa représentation formelle de la
transmission du parasite pose toutefois la question du lien de
l’épidémiologie au réel. En essayant de transcrire une situation biologique
complexe dans une équation mathématique simple, Ross introduisit
l’illusion fondamentale de l’épidémiologie, à savoir que les mathématiques
et les raisonnements qui y sont associés permettraient de trouver les
réponses maîtrisées aux questions complexes de lutte contre les maladies
infectieuses. Mais, alors que l’équation de Boltzmann, par la nature même
des objets qu’elle impliquait (des atomes, en nombre gigantesque, aisément
manipulables par des expériences reproductibles) se trouva vite confirmée
par les mesures de Knudsen (tout en expliquant déjà la loi des gaz parfaits
de Dalton), l’équation de Ross resta longtemps sans aucune possibilité de
vérifications concrètes – qui ne sont d’ailleurs jamais arrivées. Le
programme GMEP (Global Malaria Eradication Program), tenu entre 1955
et 1969, devait permettre, grâce à une politique systématique d’épandage de
DDT et de chloroquine assurant l’élimination des moustiques et des
parasites, l’éradication du paludisme sur la base des calculs et des
paramètres issus de l’équation d’équilibre de Ross. Il s’agissait de rendre
inférieur à 1 le fameux R0 (nombre basique de reproduction) en contrôlant
le nombre de vecteurs transmettant la maladie. Selon le théorème du
moustique de Ross (dont l’équation fut étudiée par Lokta en 1923), un
contrôle du nombre de moustiques permettant de rendre R0 , 1 devait
stopper net la diffusion des parasites. Hélas, rien de tel ne fut observé. Le
GMEP échoua dans ses buts ultimes. Un papier de 2013 (Chiyaka, Tatem,
Cohen et al., « Infectious disease. The stability of malaria elimination »,
Science, 2013) rapporte que les pays ayant réussi à éliminer totalement la
maladie ont pu estimer qu’il existait un facteur 100 environ entre la
prédiction théorique et l’estimation concrète dans la valeur du R0 critique.
Pourtant, au lieu de se résigner à regarder la réalité en face et à acter
l’impuissance modélisatrice des mathématiques dans la compréhension de
la transmission des maladies, les épidémiologistes ont, au contraire,
poursuivi, avec encore plus de paramètres et d’incertitudes associées, la
voie de modélisation de Ross. Les théories du seuil continuent, encore
aujourd’hui, d’encombrer les discours de santé publique. Des prédictions
jamais vérifiées, telles que celle de l’immunité collective (transcription dans
la transmission interhumaine des maladies infectieuses), s’imposent contre
toute forme d’observation et de mise en évidence expérimentale, avec, à la
clé, des conséquences politiques parfois désastreuses.
On peut penser qu’il existe une fascination pour le discours mathématique
– quelle que soit la discipline en jeu –, quand bien même les faits montrent
qu’il n’a pas d’application dans la représentation du réel. L’économie et
l’épidémiologie en sont deux exemples frappants. La fulgurance
géométrique, l’exactitude sidérante de la cinématique – qui plus est
appliquée aux mouvements célestes – devaient devenir la forme obligée de
tout discours scientifique. Car, en prenant pour modèle absolu la
mécanique, la science c’est la vérité, et la vérité tiendrait tout entière dans le
discours mathématisé. Il n’y aurait donc aucune vérité sans l’introduction
des mathématiques. Pourtant, en s’interrogeant sur la géométrie, Einstein6
avait bien mis en garde contre l’emploi abusif des mathématiques en
science :
« Ici surgit une énigme qui a fortement troublé les chercheurs de tous les
temps. Comment est-il possible que la mathématique, qui est un produit de
la pensée humaine et indépendante de toute expérience, puisse s’adapter
d’une si admirable manière aux objets de la réalité ? La raison humaine
serait-elle donc capable, sans avoir recours à l’expérience, de découvrir, par
la pensée seule, les propriétés des objets réels ? À cette question il faut,
d’après mon avis, répondre de la façon suivante : pour autant que les
propositions de la mathématique se rapportent à la réalité, elles ne sont pas
certaines, et pour autant qu’elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à
la réalité. » Plutôt que de renoncer à l’utilisation des formules
mathématiques, et à l’illusion de leur vérité absolue, des épidémiologistes
incapables d’affronter leur impuissance ont préféré recréer une réalité
virtuelle dans laquelle les simulations obéissaient aux équations.
L’informatique, dans sa capacité à mettre en scène les calculs, aura ainsi
servi de refuge. La simulation, en dépit des faits, a fini par s’imposer. Faire
en sorte que le monde colle aux modèles : voilà, au fond, le projet
totalitaire que tentent d’imposer certains épidémiologistes, et qui est
tout à fait en rapport avec ce que nous vivons depuis 2020.

FAIRE EN SORTE
QUE LE MONDE COLLE
AUX MODÈLES :
VOILÀ, AU FOND, LE PROJET
TOTALITAIRE QUE TENTENT
D’IMPOSER CERTAINS
ÉPIDÉMIOLOGISTES,
ET QUI EST TOUT À FAIT
EN RAPPORT AVEC CE QUE
NOUS VIVONS DEPUIS 2020.

L’épidémiologie n’emprunte évidemment rien à la médecine. Elle se


contente d’essayer de « casser » les chaînes de transmission. Sa cible
privilégiée, c’est donc le lien entre les infectés et les infectants – qui
peuvent être de la même espèce (les hommes entre eux) ou qui peuvent être
d’espèces différentes (les hommes et les moustiques, par exemple). Il ne
faudrait d’ailleurs pas confondre la santé publique – discipline
administrative dérivant parfois dangereusement vers la pure spéculation
mathématique – avec la pratique médicale – discipline éthique dans l’art de
soigner. Il paraît même certain que les deux s’opposent. De ce point de vue,
la création en France par le régime de Vichy du Conseil de l’Ordre des
médecins répondait précisément à l’utilisation des compétences des
médecins sur les corps biologiques pour construire une population
répondant à des critères de qualité. Dans sa vocation politique, le Conseil de
l’Ordre s’emploie à modeler le médecin, pour qu’il devienne un simple
agent exécutant les directives administratives de l’État dans le domaine de
la santé publique7. Le médecin doit alors cesser d’agir dans le cadre
d’une relation privée patient-soignant, pour devenir le support d’une
prophylaxie publique. L’épidémiologie ne s’intéresse pas aux individus,
mais aux grandeurs collectives que l’on peut établir sur eux. Elle ne traite
que des ensembles, et pas des cas particuliers. L’épidémiologie se conçoit
(faussement) comme une physique statistique spéculative (il s’agit, en
réalité, d’une entreprise essentiellement biocratique, le plus souvent
naïvement scientiste), dont l’objet de connaissance et d’étude est la
population. À l’opposé, la médecine se construit comme un art, une science
opérative, qui s’exerce de façon privée, humaine et secrète entre un
médecin et un malade, en visant le soin individuel – lequel n’intéresse
jamais l’épidémiologie. C’est une des raisons pour lesquelles ses moyens
d’action préférés restent les mesures non médicamenteuses (NPI : non-
pharmaceutical intervention, en anglais).
Alors que les mathématiques et la médecine remontent, en Occident, à la
Grèce antique, et donc s’attachent à des savoirs humanistes, discutés dans
un cadre moral et épistémologique – finalement philosophique –, les
statistiques et l’épidémiologie apparaissent déjà comme des disciplines
relevant de l’administration et de la technique, apanage de la fin du
XVIIIe siècle. Le passage de la médecine à l’épidémiologie accompagne ainsi
fidèlement la transformation du pouvoir décrite par Foucault : les sujets,
avec leurs droits personnalisés (qu’il s’agit de gouverner et dont on veut
surtout s’assurer la loyauté), deviennent ainsi des individus
interchangeables pris dans un ensemble à administrer. Le point de vue
particulier se perd au profit des considérations collectives, et la médecine
individuelle perd son rôle central au profit de la gestion centralisée de la
santé publique. L’interchangeabilité des personnes permet une vision
purement ensembliste de la population.
D’un point de vue psychologique, ce passage de l’individuel au collectif
s’appuie sur la régression ante-œdipienne (en référence aux travaux de
Racamier). Il s’agit d’une forme de retour vers des états psychiques
inconscients qui sont régis par la satisfaction de ressentir à nouveau la
toute-puissance et le narcissisme de la symbiose et de l’indéfinition entre la
mère et l’enfant. Nous reviendrons ultérieurement sur ces notions. Les êtres
humains sont en effet fondamentalement des êtres vivants, et leur existence
suit les étapes essentielles caractérisant le vivant : la naissance, la
croissance, la reproduction, la vieillesse et la mort. La croissance s’attache à
la survie de l’individu, à sa différenciation et à son existence propre, alors
que la reproduction engage la survie de l’espèce. La période de l’ante-
Œdipe se rapporte ainsi à l’individuation (processus consistant en
différentes étapes de séparations et de castrations de type symbolique), alors
que le complexe œdipien relève du lien à l’autre, c’est-à-dire de la capacité
à accepter les différences8, et de s’en enrichir mutuellement. Le point de
vue ensembliste consiste à dire que nous sommes tous équivalents, que
l’individu ne représente rien en tant que tel, qu’il n’a pas d’existence
propre, mais que sa vocation est de venir assurer la perpétuation de
l’espèce. Il suppose donc la négation de l’existence cultivée, personnalisée,
particulière. Une telle vision ensembliste, transformant un peuple constitué
de sujets, en une population composée d’individus interchangeables,
nécessite donc de régresser vers un état psychologique où domine la
négation de la personnalité. Pour administrer une population plutôt que de
gouverner un peuple, il faut d’abord supposer que le semblable prime sur le
différent. L’épidémiologie a pour vocation l’espèce. La médecine a pour
vocation l’individu singulier. Dans la crise du Covid, c’est bien la
substitution de la « santé publique » au « soin individuel » qui mène
l’action du gouvernement. La régression ante-œdipienne se met en action,
avec des conséquences inquiétantes sur la réorganisation de la société, selon
les principes mêmes de la perversion narcissique, demeurée précisément au
stade de la confusion ante-oedipienne (voir infra).
En somme, le maniement des oracles en lieu et place des
références traditionnelles au passé fut un premier signe – et non des
moindres – de la mise en place d’un totalitarisme d’allure
internationale, sous l’égide de l’OMS. Citons Hannah Arendt : « La
scientificité de la propagande totalitaire se caractérise par l’accent qu’elle
met presque exclusivement sur la prophétie scientifique, par opposition à la
référence plus traditionnelle au passé9. »

EN SOMME, LE MANIEMENT
DES ORACLES EN LIEU
ET PLACE DES RÉFÉRENCES
TRADITIONNELLES AU PASSÉ
FUT UN PREMIER SIGNE –
ET NON DES MOINDRES – DE
LA MISE EN PLACE D’UN
TOTALITARISME D’ALLURE
INTERNATIONALE,
SOUS L’ÉGIDE DE L’OMS.

Le retour à l’origine
Expliquons davantage la pauvreté conceptuelle et discursive de
l’épidémiologie mathématique par un retour aux principes d’origine qui ont
fondé les prédictions épidémiologiques et orienté les décisions politiques.
Un raisonnement scientifique est le fruit de premiers principes qui sont
posés, validés et établis, à partir desquels s’enchaîneront les liens logiques.
Dans la corruption de la langue présente dans la paranoïa (cf. infra) –
qu’elle soit pathologie individuelle ou collective –, le rapport à l’origine est
toujours problématique, et c’est ce que nous allons étudier. En clair, sont
pris comme acquis des premiers principes qui n’ont absolument rien
d’acquis, et ne sauraient être validés comme vérités premières ou axiomes.
Ainsi, et comme nous l’avons constaté, l’épidémiologie « mathématique » a
transformé la mesure statistique et son lien avec la réalité en une
spéculation : celle d’une loi physique qui serait régie par une équation
différentielle, et dont le calcul des solutions donnerait accès à la vérité.
Derrière l’idée que l’épidémiologie pourrait se mettre en équation, il y a la
folie des origines : celle de Ross, celle de Kermack et McKendrick qui
croient naïvement établir l’équation de la réalité épidémiologique via une
équation différentielle ordinaire. L’idée d’une physique statistique
appliquée à l’interaction entre individus, transitant éventuellement par des
vecteurs, pour rendre compte de la propagation des virus, apparaissait certes
séduisante, mais butait cependant sur le lien au réel. Le langage
mathématique ne peut pas être adapté à toutes les situations. Voilà ce que
nous rappelait sagement Einstein. Tout ne se met pas en équation. Il est
assez faux de penser que l’on pourrait comprendre les maladies virales
grâce à des formules. Il y a, dans l’utilisation des mathématiques, une forme
de fascination qui se situe en dehors du raisonnable. Curieusement, ce sont
très souvent les individus les moins dotés en capital mathématique qui en
sont le plus demandeurs, à commencer par certains biologistes et certains
médecins. Bien entendu, les épidémiologistes en font également partie : le
plus souvent, leur production mathématique suscite la consternation des
mathématiciens, et leur compréhension du formalisme rappelle parfois celle
des prêtres récitant une messe en latin (à ceci près que les prêtres, jusqu’à
une époque récente, comprenaient ce qu’ils disaient en latin !).
Il faudrait sans doute une sociologie serrée de la discipline pour
comprendre le rapport – souvent frustré – des épidémiologistes au langage
mathématique. À l’origine, il y a donc une erreur fondamentale, qui
consiste à vouloir analyser la propagation des virus en l’enfermant dans un
modèle naïvement scientiste de la physique statistique : celui du « transport-
collision ». En pratique, dès le début, l’épidémiologie se conçoit comme
une discipline administrative, d’une administration qui cherche néanmoins à
se rationaliser et à imposer ses décisions par voie politique, plus qu’à
constater seulement les dégâts. Les équations visent moins à trouver la
vérité sur le monde qu’à se donner des moyens rationnels pour légitimer
une action et dimensionner la dépense publique. Hier, c’était le Programme
mondial d’éradication du paludisme qui se déployait, grâce à l’épandage de
DDT sur la base du théorème du moustique de Ross. Aujourd’hui, c’est le
fantasme de l’éradication du Covid sur la base du théorème de seuil qui
opère (la fameuse immunité collective associée au modèle SIR), et dont on
suppose qu’il ne met en jeu que la (pré)notion de « contacts ». De ce point
de vue, les différentes injections géniques d’ARNm réalisées chez les
individus remplacent exactement l’utilisation des insecticides supprimant
les moustiques. Il ne s’agit pas de soigner, mais de briser la chaîne de
contamination. On ne vous vaccine pas pour vous protéger de la maladie,
mais pour vous empêcher de la diffuser (même si l’arrêt de la contagiosité
par la vaccination n’est d’ailleurs garanti par personne). L’origine de
l’épidémiologie mathématique repose ainsi sur une illusion : penser que la
transmission virale obéit à des lois de Newton que l’on serait capable
d’intégrer à une vision statistique et ensembliste. L’idée d’un système de
type « transport-collision » qui sous-tend l’équation de Boltzmann et qui
dimensionne toute la mécanique des fluides des gaz sert faussement de
modèle à l’épidémiologie et ne peut évidemment pas s’appliquer aux
considérations des transmissions virales : le « transport » (i.e. le
déplacement) des êtres humains ou des vecteurs n’obéit à aucune forme de
déterminisme, et la « collision » (i.e. la transmission du virus lors d’une
rencontre) n’a, elle-même, aucune loi bien précise. Le modèle lagrangien de
Ferguson (qui consiste à suivre les individus un par un dans le temps et
l’espace pour en décrire le changement d’état viral) ne peut en aucun cas
avoir le statut de la dynamique moléculaire en physique, et le calcul ne peut
prétendre à une quelconque forme de vérité : il n’a, en soi, aucun lien avec
la réalité (contrairement, par exemple, à la géométrie euclidienne qui naît
d’abord du dessin avant de basculer dans le raisonnement et le calcul pour
revenir rapidement vers le réel via la construction géométrique de la figure).
La science consiste ainsi en l’établissement du lien entre les choses de la
logique (le discours) et la logique des choses (l’expérience réelle), et c’est
ce lien fondamental que l’épidémiologie « mathématique » a enterré depuis
longtemps. Il n’y a pas d’équation déterministe de la maladie. Le vivant est
beaucoup trop complexe pour cela, et l’axiomatico-déductif ne peut s’y
appliquer de façon brutale. Dans les sciences du vivant, l’induction reste la
règle essentielle. La prétention au basculement d’une épistémologie à
l’autre, le déductif à la place de l’inductif, voilà exactement ce qui plonge
l’épidémiologie « mathématique » dans l’obscurantisme et le scientisme
navrants. En épidémiologie, la mathématisation déterministe est
d’abord une illusion.

EN ÉPIDÉMIOLOGIE,
LA MATHÉMATISATION
DÉTERMINISTE
EST D’ABORD UNE ILLUSION.

Pourtant, c’est bien cette proposition initiale qui va être prise au sérieux :
celle qui affirme que l’on possède effectivement des modèles pour prévoir,
aussi raisonnablement que le mouvement des molécules dans un gaz,
l’évolution de la diffusion du virus et, finalement, le nombre de morts qui
en découlent. Et que l’adéquation supposée du modèle à la réalité permet de
déduire « scientifiquement » des méthodes d’endiguement de l’épidémie.
Dans un livre stimulant sur la prétention modélisatrice de l’épidémiologie,
J. Rouchier et V. Barbet, critiquant les modèles de Ferguson sur la
modélisation du Covid, avertissaient cependant10 : « À la base, un modèle
ne sera jamais plus vrai que ses hypothèses [i. e. les choix des variables
pertinentes, des équations les impliquant et des valeurs numériques initiant
le calcul] et ne permettra pas d’affirmer des résultats hors d’un espace
d’application précis. Pour autant, pour ceux qui le créent et les utilisent, ils
sont souvent vus comme plus puissants qu’ils ne le méritent. »
L’avis du Conseil scientifique du 12 mars 2020 détermina –
originellement – toute la politique sanitaire de la France, dont le
gouvernement ne s’écartera jamais. Chercheur à l’Institut Pasteur, l’un des
plus jeunes membres du Conseil scientifique, S. Cauchemez11 – la voix de
son maître, Neil Ferguson, l’épidémiologiste anglais très controversé12 –
rédigea l’essentiel de la partie liée aux prévisions (même s’il refusa de
s’identifier dans le document public) et y posa les deux axiomes de base
dans la manière de considérer l’épisode sanitaire :
1. Il existe une référence mathématique et informatique dans la
modélisation de l’épidémie : celle de Neil Ferguson à l’Imperial
College.
2. Dans ce modèle, la seule possibilité de lutter contre la diffusion du
virus consiste à diminuer le nombre de « contacts ».
Il est important de comprendre, dans cette suite d’affirmations, que le
calcul remplaça d’emblée toute autre forme d’appréciation de la situation :
ce sont uniquement les considérations sur les hypothèses du calcul qui
furent discutées.
Le postulat de base peut s’y énoncer comme suit : la propagation de
l’épidémie virale se modélise comme un processus de type « transport-
collision » qui reflète parfaitement la réalité, et dont nous connaissons les
paramètres. Toute mesure prise dans la vie réelle et permettant de modifier
les conditions du calcul autorise donc de présenter à la baisse les résultats
de contamination et d’affirmer ainsi mécaniquement, et de manière
totalement tautologique, l’efficacité des prises de décision. Il s’agit, en
pratique, de bouleverser toute l’organisation sociale de sorte que l’on puisse
changer, en conséquence, les résultats des simulations telles qu’elles sont
paramétrées dans le code de Ferguson. De ce point de vue, de même que la
généralisation de la vaccination s’effectue officiellement tandis que l’on se
trouve encore en phase d’essai, l’imposition des mesures sociales tirées des
calculs de l’Imperial College s’interprète exactement comme une
gigantesque expérience réalisée sur la base d’une imposture mathématique.
Avant d’aller plus loin, nous devons faire un détour plus détaillé sur ce
que l’on a pu nommer, dans le langage de la simulation, les « modèles à
base d’agents » (agent-based models, en anglais13). Il s’agit, du point de vue
des « sciences humaines » (en particulier l’économie, mais également
l’épidémiologie) de ce que l’on appelle depuis longtemps en science
physique le suivi « lagrangien ». Plus précisément, dans un ensemble
dynamique, où chaque élément a la possibilité d’évoluer – selon certaines
« lois » plus ou moins connues – dans le champ des autres, on suit
individuellement « l’état » de chaque « particule » dans le temps et dans
l’espace. Le but de la dynamique – autrement dit le « transport » –, c’est de
fixer les rencontres dans le temps et dans l’espace ; le but de la « collision »
– autrement dit des rencontres –, c’est de traduire les changements d’état
lors des interactions (en physique, l’état consiste essentiellement à attribuer
un niveau d’énergie, tandis qu’en épidémiologie le changement d’état
concerne le fait d’être infecté ou non. Il existe éventuellement des
transformations dites « spontanées » qui n’ont pas besoin de rencontres
pour être effectuées). À nouveau, c’est l’équation de Boltzmann, en
physique statistique, qui constitue le modèle indépassable de ce genre de
théorie. Indépassable, car les bases physiques et mathématiques de cette
équation reposent sur une somme impressionnante de connaissances,
passant de la logique à l’observation, dans un dialogue constant reliant
précisément l’expérience aux équations associées. En particulier, le passage
du point de vue lagrangien (on suit les molécules une par une en
déterminant au fur et à mesure des rencontres les changements d’état) au
suivi eulérien (on détermine, dans un volume donné et à un instant donné, la
répartition de la population en fonction de son état) est maintenant très bien
compris et précisément formalisé grâce au travail – entre autres – de la
mathématicienne L. Saint-Raymond et de ses coauteurs. En épidémiologie,
le passage du point de vue lagrangien (les modèles agent-based de suivis
individuels comme celui de Ferguson) au point de vue eulérien (les
équations homogènes de Kermack et McKendrick de 1927 sur l’évolution
temporelle du nombre de personnes infectées par un virus se transmettant
entre hôtes) n’est évidemment pas construit. On se contente de passer d’un
point de vue à un autre en supposant que le lien existe (de sorte qu’on laisse
supposer une hypothétique cohérence de la discipline) – ce qui n’est
évidemment jamais le cas. Finalement, les simulations lagrangiennes de
Ferguson s’imposent, non pas parce qu’elles seraient plus pertinentes, mais
parce qu’elles sont plus complexes : elles donnent ainsi l’illusion de la
rigueur et de l’investissement scientifique, alors qu’il ne s’agit en fait que
d’un mauvais jeu vidéo.
Nous retranscrivons, ici, les passages (rédigés sans nul doute par S.
Cauchemez) de l’avis du Conseil scientifique du 12 mars 2020 mettant en
évidence les postulats de base quant à l’appréciation de la situation. La
première série d’affirmations consiste à établir, d’autorité et sans que cela
ne puisse jamais être contesté, l’existence d’un modèle et de son lien avec
la réalité. « Cette intuition a été illustrée à travers la réalisation d’un modèle
Covid-19 particulier (Neil Ferguson, communication personnelle). Ce
modèle est adapté d’un modèle précédemment utilisé pour évaluer l’impact
des stratégies de contrôle de premier niveau dans une pandémie de grippe
(Ferguson et al., 2006 ; Luca et al., 2018 ; Ferguson et al., 2005). Ce
modèle reste une référence pour la planification des pandémies. Cette
réalisation de modèle a été présentée pour illustrer le raisonnement
scientifique détaillé ci-dessus et pour aider les décideurs à comprendre les
différents scénarios. Elle confirme les observations faites à l’étranger. »
« Les données de surveillance épidémiologique fournies par Santé
publique France montrent un décollage de l’épidémie (2 281 cas, et
48 décès pour la France au 11 mars 2020). Elles accréditent les travaux de
modélisation, et sont corroborées par l’état actuel des services de
réanimation dans les zones les plus touchées, ainsi que par l’exemple de
l’Italie (Remuzzi et al., 2020 ; Grasselli et al., 2020). » Dans un article du
Monde daté du 15 mars 2020, les journalistes Chloé Hecketsweiler et
Cédric Pietralunga confirmaient d’ailleurs les prétentions de Cauchemez
s’agissant du passage des modèles à la réalité, sur un ton de faux désespoir
butant, hélas, sur la solidité des approches mathématiques/informatiques
(on croit rêver) :
« Il existe des incertitudes quant aux hypothèses retenues et au
comportement du virus – pourcentage d’asymptomatiques, transmissibilité,
impact des mesures de quarantaine – mais, “même en divisant par deux,
trois ou quatre, c’est une situation très sérieuse”, insiste Simon Cauchemez,
l’épidémiologiste de l’Institut Pasteur qui a présenté ces modélisations.
“S’il y a une situation où je serais heureux que les modèles se trompent,
c’est celle-là”, ajoute le scientifique, en insistant sur le fait que les
observations de terrain coïncident avec les prédictions du modèle et ont tout
autant concouru au processus de décision. »
AINSI, LE PREMIER POSTULAT ÉTAIT
POSÉ : LES MODÈLES DE FERGUSON
ET LES CALCULS QUI Y FURENT
ADOSSÉS CORRESPONDAIENT À LA
RÉALITÉ. C’EST PRÉCISÉMENT À
PARTIR DE CET INSTANT QUE LE
DÉLIRE COLLECTIF COMMENCE. LA
DÉLIAISON AU RÉEL EST ACTÉE, ET
DÈS LORS VA S’IMPOSER LE
POSTULAT DE LA PRÉDOMINANCE
DE CHIFFRES ARBITRAIRES ISSUS
DE LA SPÉCULATION
MODÉLISATRICE, EN LIEU ET PLACE
DU DÉNOMBREMENT STATISTIQUE
DES SCIENCES OPÉRATIVES
(CELLES QUI PARTENT DES FAITS ET
LES MESURENT).

Ainsi, le premier postulat était posé : les modèles de Ferguson et


les calculs qui y furent adossés correspondaient à la réalité. C’est
précisément à partir de cet instant que le délire collectif commence.
La déliaison au réel est actée, et dès lors va s’imposer le postulat de
la prédominance de chiffres arbitraires issus de la spéculation
modélisatrice, en lieu et place du dénombrement statistique des
sciences opératives (celles qui partent des faits et les mesurent). La
conséquence de l’acceptation de ce premier postulat sera logiquement
l’acceptation du second. Puisque l’on pose, en effet, comme axiome que les
calculs de Ferguson prédisent l’avenir, il faut aller jusqu’au bout : c’est la
modification des hypothèses dans les calculs de Ferguson qui permettront
de modifier le futur. De fait, pour comprendre pourquoi on a décidé de
certaines mesures et pas d’autres, il suffit de comprendre quels sont les
paramètres qui supportent le code de Ferguson.
En tant que telle, la tâche n’est évidemment pas réalisable. Le code de
Ferguson contient plus de 900 paramètres – certains modifiables, d’autres
non. En pratique, comme nous l’avons déjà évoqué, le code de Ferguson
fonctionne selon le principe suivant :
1. On crée une population artificielle dans laquelle on insère des
personnes infectées, qui guérissent ou meurent selon une certaine
probabilité et une certaine cinétique.
2. On fait se déplacer cette population dans divers lieux (les pixels).
3. On fait se rencontrer les gens dans les lieux où ils se rendent. À chaque
rencontre, on établit la possibilité d’une transmission du virus selon une
certaine probabilité.
Il s’agit donc bien de créer un espace totalement synthétique pour essayer
de « coller à la réalité ». On imagine sans peine à quel point une telle
tentative semble désespérée. En particulier, on ne connaît rien de précis
s’agissant de la transmission du virus. La notion même de « rencontre », au
même titre que celle de « contact » au cours duquel le virus peut passer
d’un hôte à l’autre, ne relève que de la prénotion durkheimienne. Comme le
rappelaient J. Rouchier et V. Barbet, citant les travaux du chercheur
G. Manzo : « Si l’interaction est l’unité de base de la transmission, c’est une
vraie réflexion à son sujet qu’il faut mener, et cela n’a clairement pas été
fait. » Quant aux déplacements qui sont pris en compte par le code de
l’Imperial College, ils apparaissent totalement limités, pour ne pas dire
franchement irréalistes, en tout cas sans grand lien avec la vie réelle. Pour
reprendre la description qu’en font J. Rouchier et V. Barbet, on reste là dans
une grande pauvreté de modélisation :
« Ainsi, les formes de réseaux [le déplacement des agents et leurs
rencontres, NDA] sont reconstruites à partir de données agrégées sur les
lieux de travail et de vie, ainsi que les écoles et un peu les loisirs (limités). »
Il est important de comprendre ici que ce sont les paramètres du code de
Ferguson, les lieux et les déplacements qui sont pris en compte dans ses
programmes qui vont servir de politique sanitaire. Pour une raison simple :
tout ce qui n’est pas calculable par le code n’a pas d’influence puisque l’on
ne peut pas estimer – numériquement – ce qu’il en est. En particulier, le
code en question ne dit jamais rien des traitements médicaux que l’on peut
apporter à une infection virale. Il est donc important de ne jamais en parler.
L’idée, par exemple, qu’une personne malade serait soignée et diminuerait
sa charge virale de sorte que, même encore infectée, elle ne soit plus
contagieuse, ne semble pas entrer dans la modélisation. Dans l’esprit du
code, chacun est susceptible de transmettre le virus (une hérésie totale, d’un
point de vue physiologique) ou alors est immunisé pour l’avoir déjà
contracté. La seule forme d’immunisation individuelle qui peut être
envisagée devient alors celle du vaccin. En résumé, le code de Ferguson ne
modélise (de façon remarquablement artificielle) que des déplacements et
des contacts dans certains lieux, en n’imaginant que des personnes toutes
susceptibles d’être infectées, sauf si elles sont vaccinées ou guéries de la
maladie. C’est donc sur ces paramètres, de déplacement et de contacts, que
se concentre l’action politique. Cauchemez donnera donc le la de toute la
politique sanitaire que nous payons encore aujourd’hui en France (avis du
Conseil scientifique du 12 mars 2020) : « En l’absence de vaccin, outre les
mesures barrières, la seule option est de diminuer les contacts que nous
avons les uns avec les autres, pour réduire la transmission. »
De façon concordante avec les seules considérations calculatoires retenues
par le code de Ferguson, les endroits ciblés pour essayer de lutter contre la
diffusion seront établis conformément à la réalité virtuelle produite
informatiquement, dans laquelle les écoles et les lieux d’éducation occupent
une place importante. Ainsi S. Cauchemez continue-t-il dans l’avis du
Conseil scientifique du 12 mars 2020 :
« Les mesures de contrôle de premier niveau sont traditionnellement,
durant les épidémies, la fermeture des écoles, l’isolement des malades,
l’interdiction des rassemblements de masse, et le télétravail14. » Cauchemez
ayant lui-même travaillé de façon imaginaire (c’est-à-dire de façon
purement théorique, sans aucune forme de vérification expérimentale) sur la
fermeture des écoles et leur supposée influence dans la réduction de la
transmission de la grippe en population générale, la question de la
fermeture des écoles sera rapidement mise en avant. On se souvient
d’ailleurs que le confinement généralisé du 17 mars 2020 avait été précédé,
quelques jours auparavant, d’une fermeture des écoles, des collèges et
lycées, et des universités. Il n’y avait évidemment rien de rationnel là-
dedans, mais simplement l’« intuition » d’un jeune chercheur formé aux
méthodes de Neil Ferguson ayant soudain cru que ses paroles et ses visions
scientifiquement hasardeuses tenaient lieu de réalité et allaient sauver le
monde. On insistera donc lourdement sur la fermeture des écoles puisque
Simon Cauchemez, n’ayant comme vision étriquée d’une épidémie que la
virtualité des codes de Ferguson, dont il avait une connaissance certaine,
avait décidé que cela sauverait des vies. L’avis du Conseil scientifique du
12 mars 2020 décrète ainsi que :
« Une littérature scientifique importante évalue l’impact de ces
interventions sur les épidémies (Cauchemez et al., 2008 ; Cauchemez et al.,
2009 ; Ferguson et al., 2006 ; Luca et al., BMC Infect Dis, 2018). Si on
ferme les écoles pendant une épidémie de grippe, on ne va pas
complètement stopper la transmission, mais elle va être ralentie ; si bien que
le nombre de malades au pic épidémique sera plus faible (Ferguson et al.,
2006). »
On remarquera, au passage, que la littérature citée ne constitue en fait
qu’un auto-référencement, c’est-à-dire que les auteurs se citent eux-mêmes
comme preuves de leur raisonnement. Nous pouvons rappeler ici que la
tautologie est le mode de « raisonnement » essentiel qui préside aux
processus pervers et paranoïaques (cf. infra). Un peu plus loin, un long
passage viendra détailler les prétentions de Simon Cauchemez sur le rôle
particulier des écoles : « Éducation : La question de la fermeture des
crèches, des écoles, des collèges, des lycées et des universités a été
longuement débattue. Il existe en effet des incertitudes quant au rôle des
enfants dans la transmission du SARS-CoV-2, les enfants faisant des formes
bénignes de la maladie (Cao et al., 2020), et les données de charge virale
dans les sécrétions respiratoires chez les enfants étant encore très
parcellaires. Néanmoins, compte tenu des premières données montrant des
taux d’attaque intra-domiciliaires (Bi et al., 2020) et des concentrations
virales identiques chez les enfants comparés aux adultes (Xu et al., 2020),
de l’augmentation de la proportion d’enfants infectés avec la progression de
l’épidémie en Chine (Liu et al., 2020), du rôle important de la fermeture des
lieux d’enseignement dans le contrôle des épidémies liées à des virus
respiratoires comme la grippe (Cauchemez et al., 2008 ; Livinova et al.,
2020), et de la gravité de la situation épidémiologique, il a été décidé de
proposer la fermeture de tous les établissements suscités. Cette fermeture ne
peut être que nationale, et non simplement régionale, du fait du risque de
propagation rapide de l’épidémie à l’ensemble du territoire. Cette fermeture
doit être accompagnée de la mise en place de modes de garde des enfants
des personnes dont les activités sont essentielles, en particulier des enfants
de personnels soignants. »
Ainsi, dès l’origine, c’est bien le délire mathématique qui s’exprime. On
prétend que la vie est remplacée par son calcul, que le calcul ne concerne
que le travail, l’école et les rassemblements, et que les individus n’ont
d’autre choix que d’être vulnérables au virus lors de leurs rencontres ou
d’être immunisés d’avoir guéri. Pour diminuer la diffusion de l’épidémie
(on ne parlera jamais de soigner les individus, puisque les épidémiologistes
en sont évidemment incapables), il faut donc simplement agir sur les
déplacements pris en compte dans les algorithmes et sur la fermeture des
lieux apparaissant dans les calculs. Les méthodes de calcul sur la réalité
virtuelle sortent donc de leur espace synthétique pour s’imposer au réel.
Voilà ce qui tient lieu de politique sanitaire. À l’origine donc, était le code
de calcul. On peut penser, encore aujourd’hui, que les mesures
particulièrement barbares que l’on impose aux enfants (le port du masque,
notamment, la fermeture des classes en cas de « cas positifs », etc.)
proviennent de la prétention absurde d’un homme (Simon Cauchemez) qui
a cru, toute sa vie, de façon totalement ridicule, qu’il détenait – par les
modèles mathématiques qu’il ne maîtrise absolument pas15 – le pouvoir de
comprendre l’influence des écoles dans la transmission de la grippe. Dans
les résultats de Cauchemez, les conclusions ne sont que les conséquences
assez saugrenues des hypothèses de base. Mais, une fois enclenchée cette
pseudo-logique absurde – qui n’a à peu près aucun sens –, impossible de
repartir en arrière : cela équivaudrait à dire que, depuis le début, on a failli,
et que l’on s’est lourdement trompé. Revenir à l’origine de la croyance,
voilà bien une remise en question trop douloureuse à faire. Tout cela nous
conduit à l’argument d’autorité dont la fausseté est factuelle. Les arguments
d’autorité consistent à invoquer des experts, des intellectuels et des savants
célèbres pour leur emprunter une pensée, ou plutôt une assertion. Dans le
cas présent, cela a conduit à des décisions politiques d’exception, qui sont
devenues peu à peu la règle : cela entraîne une rupture progressive du
contrat social. Le débat est supposé déjà entendu, et ne pouvant plus faire
l’objet de critiques ultérieures. Ainsi, ces premiers principes posés par
certains épidémiologistes tels que Ferguson ont été admis sans critique par
le champ politique, et sans débat contradictoire, ce qui a permis d’asseoir ce
faux argument d’autorité. Il faut se demander pourquoi l’État n’a pas choisi
de « prendre soin » des Français. Il faut se demander pourquoi il ne libère
pas la médecine générale – médecine de terrain, de première ligne, faite
pour encaisser le premier choc. Il faut se demander pourquoi, pour assumer
sa fonction régalienne de sécurité, il n’a pas choisi de donner simplement
souplesse et liberté au système de santé pour une meilleure résilience,
puisque le prétexte aux confinements est son absence de capacité à
encaisser les chocs.
Cette précipitation pour pérenniser le totalitarisme comme seul moyen de
faire face à une épidémie est très significatif de l’état d’esprit et des
desseins des gouvernants. Persister dans l’erreur est une faute. Persister
dans la faute dévoile une préméditation et un but : bâtir une société nouvelle
et un homme nouveau. Pour certains, cela a déjà commencé : The Great
Reset 16.

La pensée tautologique et omnipotente


Le délire paranoïaque s’organise dans l’auto-engendrement. Il fonde une
pensée à partir d’un postulat qui est le sien et ne se confronte pas à une
antériorité. À partir de ce postulat, le faux raisonnement est de nature
tautologique : le même engendre le même, et tourne en cercle vicieux. Les
seules références envisageables sont celles que crée le faux raisonnement, et
le doute est exclu. Ces références tautologiques sont de cet ordre : les seules
mesures envisageables sont celles de Ferguson, ou encore, comme le dit
Cauchemez son élève : « sa parole tiendra lieu de preuve ». Dans l’avis du
Conseil scientifique du 12 mars 2020, nous venons de relever que les
mesures en France, particulièrement celles qui touchaient les écoles et les
lieux d’éducation, puisaient leurs sources dans les autoréférences de
Cauchemez et Ferguson. Grâce à une forme d’intronisation purement
politique, ils ont le pouvoir de dire ce qu’est la science ; et sans surprise, la
science, ce sont eux ! Il s’agit ici d’un total auto-engendrement.
Cauchemez, Fontanet ou Ferguson n’ont que faire de la critique. Nous
verrons d’ailleurs de façon précise que la Justice administrative et judiciaire
veille scrupuleusement à les protéger de toute forme de débat
contradictoire. Ils fonctionnent à la manière de nouveaux Lyssenko : on leur
a donné la possibilité de déclarer et de dire officiellement ce qu’était ou non
la science, et ils ont évidemment commencé par s’auto-consacrer. Nous
allons voir, dans l’épisode du confinement de printemps (17 mars-11 mai
2020), que la tautologie constitue, en fait, le principal mode de
fonctionnement des personnes concernées. En France, cet épisode met
précisément en scène Arnaud Fontanet et Simon Cauchemez (membres du
Conseil scientifique, respectivement introduits dans cette instance comme
« épidémiologiste » et « modélisateur »), ainsi qu’une quinzaine d’autres
auteurs plus ou moins expérimentés dans le domaine des sciences. Il illustre
la tautologie suivante : « Si on suppose que le confinement casse la chaîne
de transmission, alors on peut tracer une courbe qui montre que l’on a
contrôlé l’épidémie, ce qui prouve bien que le confinement est efficace dans
la gestion sanitaire de la crise. » Nous renvoyons le lecteur à l’annexe 1
pour mieux comprendre comment Arnaud Fontanet et Simon Cauchemez
ont pris part à une publication parfaitement truquée sur l’idée que le
confinement ait pu réduire le nombre basique de reproduction (et donc le
coefficient de contagiosité) de 84 % : il s’agissait là, en fait, d’une
proposition totalement tautologique et biaisée qui consistait à « conclure » à
l’efficacité de la mesure, en ayant d’abord supposé qu’elle serait efficace.

Le déni
Le déni de l’expérience
L’épidémiologie de Ferguson s’est donc voulue prédictive, déterministe et
oraculaire, en faisant une totale abstraction de la confrontation du
raisonnement à l’expérience. Or l’expérience est essentielle dans le champ
de la médecine, puisque la médecine est une science opérative : elle passe
par l’expérience, et un médecin expérimenté n’est pas un jeune médecin
inexpérimenté, quand bien même les deux pourraient recourir aux mêmes
théories. C’est l’expérience qui indique la pertinence de recourir à tel
remède dans tel contexte et sur tel patient, et, puisque d’après le politique
nous étions « en guerre » contre un virus – assertion pour le moins
discutable et contestable –, il était nécessaire de s’appuyer sur des médecins
expérimentés dans le domaine de l’infectiologie, pour administrer des
remèdes et évaluer leur pertinence dans le champ de l’expérience. Les
décisions politiques ont pourtant empêché ce recours à l’expérience en
interdisant aux médecins généralistes de prescrire comme il leur semblait
juste, avec la connaissance de leurs patients, et à partir de leur expérience.
Cette réalité virtuelle des prédictions de l’épidémiologie a, de fait, éliminé
la complexité du réel, et entraîné une confusion grave et dangereuse entre la
simulation et le fait, simulation d’autant plus problématique qu’elle
s’imposait comme modèle encourageant à la dissimulation (par exemple,
diagnostiquer « morts du Covid » des personnes qui présentaient les
symptômes du Covid ou avaient été diagnostiquées positives au test PCR,
sans pour autant qu’il soit établi que le Covid avait entraîné la mort). L’idée
qu’il fallait recourir aux soins, en passant par la médecine, a donc été
totalement écartée. Il fallait évidemment pour cela que l’on pose un autre
axiome pour imposer les choix de l’épidémiologie. On déclara donc qu’il
n’existait aucun traitement contre le Covid-19. Rien de moins. L’affaire de
l’hydroxychloroquine, puis celle de l’ivermectine (un antiparasitaire ayant
montré, selon plusieurs études, des preuves spectaculaires d’efficacité dans
le traitement du Covid-19) montrent à quel point le délire collectif a pu
enclencher des réactions d’une violence inouïe. Bidonnant une série
statistique qu’elle réussira à faire publier dans une revue médicale
prestigieuse (The Lancet), une équipe de « chercheurs » essaiera de prouver
– chiffres à l’appui – qu’un médicament prescrit depuis plus de soixante ans
à des milliards de doses, que l’on donnait en médecine préventive (i.e. sans
qu’aucune maladie ne soit déclarée, ce qui prouve ainsi l’absence de toute
forme sérieuse de risque) devient un poison mortel lorsqu’il est prescrit à
des patients atteints de Covid-19. Dans le même esprit, la « méta-analyse »
de Fiolet et al.17 (incluant N. Peiffer-Smadja, ancien étudiant de
Y. Yazdanpanah, membre du Conseil scientifique) entendait prouver que
l’usage de l’hydroxychloroquine présentait plus de risques que d’avantages
dans le traitement du Covid-19, ce que de nombreuses autres analyses ont
démenti depuis. L’arrêt controversé de l’essai Discovery, alors que le
professeur Didier Raoult expliquait que l’on commençait à y voir des
bénéfices de l’hydroxychloroquine, poussera, en outre, l’infectiologue à
demander la mise en place d’une enquête (journalistique, parlementaire)
afin de faire toute la lumière sur cette affaire. La dénonciation, par le
journal France Soir du rôle trouble qu’aurait pu jouer Dominique Costaglia
– par ailleurs, déjà membre de l’organisation du projet Discovery – dans les
conclusions prudentes d’un article présentant l’efficacité de l’ivermectine
posait également des questions sur l’éviction des pratiques de terrain dans le
soin apporté à la maladie. Dans ces faits, le délire totalitaire agit ici de
façon très méthodique. L’axiome originel, posé par Ferguson dans le
rapport 9 du 16 mars 2020 (lequel n’a pas même le statut d’article relu et
publié dans une revue scientifique), doit s’actualiser dans le monde réel : il
n’y a pas de traitement puisque cela a été d’emblée exclu des considérations
de l’épidémiologiste. La médecine doit donc être écartée ; et, par
conséquent, aucun traitement ne saurait exister qui viendrait précisément
d’une étude expérimentale menée par un médecin habitué aux maladies
infectieuses (le Pr Raoult). Là encore, on voit à quel point la logique se
coupe totalement du lien au réel. Elle refuse d’intégrer ce qu’elle a exclu
d’emblée, même si cela doit mener à des contradictions insurmontables :
c’est pour votre santé et votre bien-être que l’on agit, mais sans chercher
aucun traitement. De façon structurelle, l’épidémiologie ne peut s’imposer
que si elle écarte d’abord la médecine. Voilà bien le discours qui sous-tend
son existence. Didier Raoult a représenté en France la pratique de la
médecine, celle du soin et du traitement, que l’on découvre par l’usage et
par l’expérience. Il fallait donc méthodiquement éliminer sa conception. La
corruption usuelle d’une partie des cadres opérationnels de la santé18,
évoluant tantôt dans le public tantôt dans le privé, fera le reste pour tenter
d’organiser, à une échelle systémique, l’élimination de toutes les formes de
soin. On n’évoquera pas ici l’idée d’utiliser le Rivotril, que de nombreux
médecins ont dénoncée comme étant une façon légale d’autoriser
l’euthanasie en ville.

Le déni des experts et le déni de réalité


La confusion des rôles illustre le déni des experts. Le pouvoir politique s’est
arrogé le savoir, et en a confisqué les modalités de création en muselant
toute voix discordante. Les experts médicaux et scientifiques qui n’entrent
pas dans le dogme politique sont réduits au silence, à l’ostracisme, à
l’insulte et à l’injure, ou à la calomnie. En France, les cas des
professeurs Raoult, Perronne, des généralistes Zeller et Rézeau-Frantz ou de
l’oncologue Nicole Delépine en constituent de parfaites illustrations. Dans
un article numérique du Journal du dimanche, daté du 22 décembre 2020,
le journaliste Thomas Liabot reprenait les reproches dont on estimait qu’ils
avaient servi au Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) pour
engager ou s’associer à des mesures disciplinaires (la teneur exacte des
plaintes n’a jamais été révélée) : pour le Pr Raoult, « d’avoir promu
l’utilisation de l’hydroxychloroquine “sans qu’aucune donnée acquise de la
science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les
recommandations des autorités de santé » ; pour le Pr Perronne, d’avoir
affirmé « qu’une large prescription de ce traitement [celui du protocole
Raoult] aurait permis d’éviter 25 000 morts en France » et d’être « l’un des
personnages principaux du documentaire Hold-Up, qui s’appuie sur son
témoignage pour dérouler sa thèse conspirationniste » ; pour le Dr Zeller,
d’avoir « en plein cœur de l’épidémie de Covid-19, traité 200 patients avec
de l’azithromycine » et d’avoir affirmé « avoir obtenu de très bons
résultats » tandis que le Haut Conseil de santé affirmait que « [d]ans
l’infection par le SARS-CoV-2, la littérature n’apporte pas d’argument pour
proposer la prescription d’azithromycine » ; pour le Dr Rezeau-Frantz,
d’avoir « défendu l’utilisation d’un traitement non recommandé, celui
d’antihistaminiques, d’ordinaire utilisé contre les allergies » et d’avoir
déclaré qu’à son niveau « en tant que médecin généraliste qui connais mes
patients, je ne vois pas pourquoi je n’utiliserais pas quelque chose qui peut
améliorer leur état, qui ne va pas leur donner d’effets secondaires graves et
qui ne va pas compliquer les choses » ; pour l’oncologue pédiatrique
(retraitée) le Dr Delépine, de s’être « opposée au confinement, au port du
masque et [d’avoir] qualifié les tests PCR de “fraudes” » et d’avoir déclaré
que « la chloroquine, c’est le meilleur de ce qu’on peut proposer. Il y a des
gens qui vont mourir, à qui on refuse de passer en réanimation, et on refuse
de les soigner à partir du moment où ils toussent ».
Dans le même registre, les Drs Erbstein, Gastaldi et Vansteenberghe,
médecins généralistes en Moselle, ont subi les foudres du Conseil
départemental de l’Ordre des médecins (Cdom) de sorte que la journaliste
Camille Bazin pouvait écrire19 : « Deux médecins mosellans se retrouvent
convoqués devant le Conseil de l’Ordre des médecins de Moselle pour avoir
utilisé un “protocole” de traitement en dehors de la législation en vigueur.
Le Dr Jean-Jacques Erbstein, médecin généraliste à Créhange et son
confrère le Dr Denis Gastaldi généraliste à Morhange devront s’expliquer
prochainement sur le traitement à base d’azithromycine qu’ils ont prescrit à
certains de leurs patients pour éviter les complications liées au
coronavirus. »
À ce jour, aucune sanction n’a encore abouti : le Dr Erbstein a été
officiellement blanchi des accusations portées à son encontre ; le
Dr Gastaldi a même rapporté les félicitations que lui ont finalement
prodiguées ses confrères du Cdom ; le Pr Raoult, après avoir été déféré
devant le Conseil de l’Ordre des médecins pour charlatanisme, a seulement
écopé d’un blâme pour la promotion d’un protocole à l’efficacité
insuffisamment démontrée20 ; seul le Pr Perronne a été démis de sa chefferie
par M. Hirsch dans des conditions que le Syndicat national des médecins
hospitaliers FO a d’ailleurs largement dénoncées, aussi bien sur le fond que
sur la forme. On peut donc légitimement s’interroger ici sur la violence des
méthodes employées par le Conseil de l’Ordre, quel que soit le niveau
administratif considéré. Cette confiscation du débat et du cadre
contradictoire – seuls garants de la construction d’une connaissance
raisonnable et des implications qu’elle pourrait avoir sur l’organisation de la
société entière –, on peut la caractériser en disséquant l’histoire du recours
déposé devant le Conseil d’État contre le fonctionnement du Conseil
scientifique par l’avocate Maître Clarisse Sand. Le 6 mars 2021,
Me Clarisse Sand, représentant les intérêts à agir d’un des deux auteurs de
cet ouvrage, sollicitait une suspension de l’article 4 du décret du 29 octobre
2020 ainsi que de l’avis du 8 janvier 2021 émanant du Conseil scientifique,
l’un établissant le deuxième confinement, et l’autre s’exprimant
favorablement quant à la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. Au nom
de l’article R623-1 du Code de Justice administrative, le recours demandait
que soit diligentée une enquête permettant d’établir l’objectivité des avis
rendus par le Conseil scientifique sur la situation sanitaire en France et de
justifier ainsi du bien-fondé des réponses qu’il avait proposées. Il s’agissait
de produire un cadre juridique dans lequel on pouvait débattre
contradictoirement des arguments avancés. Le Conseil d’État jouera alors le
rôle de rempart pour défendre le Conseil scientifique contre toute forme de
questionnement. Éludant de façon expéditive l’instruction liée à la requête
(il laissera s’écouler un délai d’à peine quelques semaines avant de clôturer
cette phase), opérant la jonction de plusieurs affaires (quatre au total) afin
d’optimiser son temps de travail, le Conseil d’État rejeta toute audition en
prétextant que les conditions sanitaires l’empêchaient d’en organiser une :
« les parties ont été informées, sur le fondement de l’article 3 de
l’ordonnance no 2020-1402 portant adaptation des règles applicables aux
juridictions administratives, de ce qu’aucune audience ne se tiendrait et de
ce que la clôture de l’instruction se tiendrait le 22 mars 2021 à 12 h ».
L’article 3 de l’ordonnance évoquée stipule, en effet, qu’« il peut être statué
sans audience, par ordonnance motivée, sur les requêtes présentées en
référé. Le juge des référés informe les parties de l’absence d’audience et
fixe la date à partir de laquelle l’instruction sera close ». Le motif invoqué
par le Conseil d’État pour se passer d’audience sera simplement les
nouvelles mesures de restriction prises par le gouvernement en matière de
lutte contre le Covid en date du 18 mars 2021. Il s’agissait, évidemment,
d’un prétexte assez fallacieux puisque l’article 2 de la même ordonnance
2020-1402 indiquait : « Sur décision du président de la formation de
jugement insusceptible de recours, les audiences des juridictions de l’ordre
administratif peuvent se tenir en utilisant un moyen de télécommunication
audiovisuelle permettant de s’assurer de l’identité des parties et garantissant
la qualité de la transmission et la confidentialité des échanges entre les
parties et leurs avocats. »
Ainsi, même en période de restriction rien n’empêchait l’organisation
d’une audition par téléconférence – ce que le requérant essaiera en vain
d’obtenir par l’intermédiaire de son avocate, Me Sand. On voit ici que le
décret 2020-1402 permet simplement à la juridiction administrative de se
débarrasser rapidement, et au moindre prétexte, des affaires qu’elle ne veut
pas traiter, parce que ces dernières risqueraient de mettre l’exécutif dans
l’embarras. Certes la décision doit être motivée, mais il suffit d’invoquer le
mot Covid pour que le motif soit entendu par une juridiction (ici, le Conseil
d’État) qui, en outre, constitue la plus haute marche de la Justice
administrative, et donc contre laquelle on ne peut absolument rien, sinon
passer à l’échelon européen. Autrement dit, on donne la possibilité au
Conseil d’État de fonctionner en dehors des règles usuelles du Droit,
lesquelles, évidemment, ont été édictées pour garantir à la société le respect
des libertés publiques. Ainsi, le décret 2020-1402 constitue bien une
atteinte caractérisée au fonctionnement normal du Droit. À titre de
comparaison, on se souviendra que, durant l’épidémie de grippe espagnole
aux États-Unis, des juges n’hésitaient pas à faire tenir des audiences en
plein air pour assurer coûte que coûte le fonctionnement normal de la
Justice. La photographie qui suit est issue de la National Archives and
Records Administration dans le Maryland, aux États-Unis.

Audience devant le tribunal de police aux États-Unis.


D’après le site https://www.touslesjourscurieux.fr/cetait-le-
temps-de-la-grippe-espagnole. Cette photo est issue du
fond de la National Archives and Records Administration,
qui est une agence indépendante du gouvernement des
États-Unis, établie dans le Maryland, responsable des
archives produites et reçues par les organes du
gouvernement fédéral. Elle a pour mission de faciliter
l’accès au public à ces documents.
Il s’agit d’une audience tenue en plein air devant un tribunal de police aux
États-Unis. Comme on peut le constater, respecter un fonctionnement de la
Justice garant des principes fondamentaux dépend surtout de la volonté que
l’on veut bien y mettre. De ce point de vue, il est inutile de préciser que le
Conseil d’État a surtout fait preuve d’une mauvaise foi évidente. Comme le
rappelait le philosophe Giorgio Agamben dans son étude sur la philosophie
de l’état d’exception, ce dernier relève essentiellement d’un moment
politique où le fait prime sur le Droit, où la norme s’efface au profit du
contexte (Agamben parle d’« éclipse du Droit »). Fondamentalement, le
Conseil d’État va considérer que le juge de l’excès de pouvoir n’a pas de
compétence pour intervenir sur les avis rendus par le Conseil scientifique.
Son argument principal s’appuie sur le raisonnement suivant : bien qu’il ait
été créé dans un cadre légal, avec un fonctionnement réglementaire et des
objectifs parfaitement circonscrits par la loi, les avis du Conseil scientifique
ne sauraient intéresser la Justice puisqu’ils n’ont aucune valeur juridique
contraignante. Il s’agit seulement de notes d’information destinées à
éclairer le pouvoir exécutif dans ses prises de décision politique et sociétale.
Dans un premier temps, le Conseil d’État rappelle ainsi, en citant
l’article L-3131-19 du Code de la santé publique, les conditions dans
lesquelles s’installe le Conseil scientifique : « En cas de déclaration de
l’état d’urgence sanitaire, il est réuni sans délai un comité de scientifiques.
Son président est nommé par décret du président de la République. Ce
comité comprend deux personnalités qualifiées respectivement nommées
par le président de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, ainsi que
des personnalités qualifiées nommées par décret. Le comité rend
périodiquement des avis sur l’état de catastrophe sanitaire, les
connaissances scientifiques qui s’y rapportent et les mesures propres à y
mettre un terme, y compris celles relevant des articles L-3131-15 à L-3131-
1721 ainsi que sur la durée de leur application. Dès leur adoption, les avis
sont communiqués simultanément au Premier ministre, au président de
l’Assemblée nationale et au président du Sénat par le président du Comité.
Ils sont rendus publics sans délai. Le comité est dissous quand prend fin
l’état d’urgence sanitaire… »
Comme on peut le voir, le poids du Conseil scientifique est énorme. Il
pilote de façon évidente les orientations de la politique sanitaire, en
particulier les décisions restreignant les libertés individuelles. Ce comité
possède une assise administrative puisqu’il est nommé par l’exécutif dans
un cadre légal parfaitement identifié. Il est donc acté de façon évidente et
imposée que le Conseil scientifique appartient à la structure administrative,
et que le Conseil d’État possède en dernière instance le devoir de le
contrôler dans ses missions et dans son fonctionnement.
« Il résulte de ces dispositions que les avis formulés par le conseil des
scientifiques, qui n’ont pour objet que d’éclairer les autorités qui en sont
destinataires sur l’état de catastrophe sanitaire, les connaissances
scientifiques qui s’y rapportent et les mesures propres à y mettre un terme,
sans s’imposer à elles, et qui ne sont pas susceptibles d’avoir des effets
notables sur les droits ou la situation d’autres personnes ne sont pas
susceptibles d’être déférés devant le juge de l’excès de pouvoir. Par suite le
ministre est fondé à soutenir que les conclusions de MM. P… et PAVAN
tendant, sur les fondements de l’article L-521-1 du Code de justice
administrative, à la suspension de l’exécution de l’avis du comité de
scientifiques du 8 janvier 2021 sont irrecevables et ne peuvent qu’être
rejetées. »
En expliquant que le Conseil scientifique n’a aucun pouvoir contraignant,
le Conseil d’État méconnaît de façon aussi risible que stupéfiante les
mécanismes philosophiques, moraux et sociaux qui président au
fonctionnement du Droit. À ce stade de l’explication, nous devons faire un
détour sur le pouvoir spécifique de nomination que détient le juge et qui
fonde son action. Citons ici le sociologue Pierre Bourdieu dans son analyse
tirée de La Force du droit 22 : « À la différence de l’insulte lancée par un
simple particulier qui, en tant que discours privé, idios logos, n’engageant
que son auteur, n’a guère d’efficacité symbolique, le verdict du juge, qui
tranche les conflits ou les négociations à propos de choses ou de personnes
en proclamant publiquement ce qu’elles sont en vérité23, en dernière
instance, appartient à la classe des actes de nomination ou d’institution et
représente la forme par excellence de la parole autorisée, parole publique,
officielle, qui s’énonce au nom de tous et à la face de tous : en tant que
jugements d’attribution formulés publiquement par des agents agissant en
mandataires autorisés d’une collectivité et constitués ainsi en modèle de
tous les actes de catégorisation (katègoresthai, on le sait, signifie “accuser
publiquement”), ces énoncés performatifs sont des actes magiques qui
réussissent, parce qu’ils sont en mesure de se faire reconnaître
universellement, donc d’obtenir que nul ne puisse refuser ou ignorer le
point de vue, la vision qu’ils imposent. »
Ainsi, le juge se veut celui qui a le pouvoir de nommer la vérité et de faire
en sorte qu’elle s’impose à tous. Mais, pour que la parole du juge se
distingue – selon Bourdieu – de la parole privée particulière (celle qui
relève de l’opinion, de l’insulte, bref de tout ce qui se trouve amputé d’une
quelconque valeur symbolique), il faut que cette parole du juge puise sa
source dans une force extérieure qui la constitue. Le juge ne parle jamais
depuis lui-même. Dans sa parole, il incarne nécessairement une entité
supérieure consacrée par les textes (le peuple, etc.), et dont la valeur
symbolique relève de la croyance sociale qu’on veut bien lui accorder. Le
pouvoir du juge, celui précisément qui s’impose à tous – et cette fois-ci de
façon coercitive –, est donc nécessairement le pouvoir symbolique et social
(textuellement consacré) de ceux dont il se veut le représentant. Le juge n’a
ainsi aucun autre pouvoir que celui que lui confère « une certaine société »,
et c’est toujours au nom de cette société supérieure qu’il énonce ses
verdicts. Dans le cas de l’état d’urgence sanitaire, le juge n’aurait aucun
pouvoir sans les avis du Conseil scientifique puisqu’il n’existerait alors
pour lui aucun moyen de nommer une quelconque vérité sur le monde
sanitaire sans que lui soit reprochée instantanément une parole ne relevant
que de l’opinion personnelle. De ce fait, le pouvoir du Conseil scientifique
constitue, en réalité – et contrairement à ce qu’affirme le Conseil d’État –,
le fondement même du pouvoir, puisqu’il donne au juge la capacité de
nommer une vérité s’imposant « à la face de tous ».
L’INTÉGRITÉ
DES PSEUDO-EXPERTS
PRÉSENTÉS AUX MÉDIAS
N’A JAMAIS ÉTÉ QUESTIONNÉE,
PAS PLUS QUE LES CONFLITS
D’INTÉRÊTS À L’ŒUVRE,
QUI DOIVENT ENTRER
DANS LE CHAMP DE L’ANALYSE
DE CELUI QUI PARLE.

L’intégrité des pseudo-experts présentés aux médias n’a jamais


été questionnée, pas plus que les conflits d’intérêts à l’œuvre, qui
doivent entrer dans le champ de l’analyse de celui qui parle. « La
confusion des places consiste à noyer le poisson pour que l’auditeur n’ait
plus d’éléments de repérage stables. Qui parle ? De quelle place parle-t-il ?
Dans quel but ? sont autant de questions à se poser face à chaque
discours24. » Pourtant, la loi Kouchner de 2012 avait été rédigée dans un but
louable de transparence, de sorte que l’on ne puisse pas cacher ses liens
d’intérêts avec les grandes entreprises privées du médicament. Plus
précisément, dans le chapitre III du titre Ier du livre Ier de la quatrième partie
du Code de la santé publique, on trouve : « Art. L. 4113-13. Les membres
des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et
établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des
organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire
connaître au public lorsqu’ils s’expriment lors d’une manifestation publique
ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits. Les conditions
d’application du présent article sont fixées par décret en Conseil d’État. Les
manquements aux règles mentionnées à l’alinéa ci-dessus sont punis de
sanctions prononcées par l’ordre professionnel compétent. » De fait, sans
qu’elles ne déclarent aucunement leurs conflits d’intérêts, de nombreuses
personnes ayant eu, dans un lointain passé, leurs diplômes de médecine, ne
pratiquant quasiment plus les soins, reconverties de façon lucrative dans le
conseil, appartenant aux administrations ou aux boards de grandes
entreprises pharmaceutiques, sont venues sur les plateaux de télévision dire,
en toute décontraction, pourquoi il était urgent d’enfermer tout le monde
chez soi, de faire porter aux enfants un masque en toute circonstance,
d’interdire l’administration des derniers sacrements aux mourants et la
célébration des obsèques des personnes décédées, en niant évidemment que
cette politique reposait essentiellement sur l’invraisemblable axiome
qu’aucun soin n’existait en dehors de l’attente fétichisée d’un éventuel
« vaccin » ou de médicaments au coût exorbitant finalement enterrés par
l’OMS elle-même. Cela permit d’ailleurs aux équipes de l’IHU de Marseille
de montrer que les discours négatifs que l’on tenait sur
l’hydroxychloroquine se corrélaient parfaitement avec l’argent reçu des
grands groupes pharmaceutiques, où l’on retrouve un biais connu mis en
évidence par la Cochrane Library : « Le parrainage des études portant sur
des médicaments et sur des dispositifs médicaux par les sociétés produisant
ceux-ci conduit à des résultats en matière d’efficacité et à des conclusions
plus favorables par rapport au parrainage provenant d’autres sources. Nos
analyses suggèrent qu’il existe un biais lié au parrainage industriel qui ne
peut pas être expliqué par les évaluations standards du risque “de biais”25. »
Le Monde diplomatique, dans son numéro de novembre 2020, sous la plume
de Philippe Descamps, confirmait les conflits d’intérêts : « Il n’est pas
difficile de constater, en effet, que beaucoup d’experts siégeant dans les
institutions publiques (Agence du médicament, HAS, HCSP, etc.) sont liés
par des conventions, rémunérations, avantages à des sociétés privées
directement impliquées dans la production de potentiels traitements :
Sanofi, Gilead, Roche, Novartis, Bayer, etc. » Identifiant au passage l’une
des personnes les plus en vue sur les plateaux télé et qui fut promue, le
1er janvier 2021, chevalier de la Légion d’honneur pour son investissement
sans faille dans l’épidémie de Covid-19, l’article poursuit : « Mme Karine
Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-
Antoine (Paris), a voulu sonner l’alarme sur le mauvais rapport bénéfice-
risque de l’hydroxychloroquine. Mais ses nombreux liens avec l’industrie
pharmaceutique lui sont revenus comme un boomerang. » Avant d’enfoncer
une plume assassine sur la formation des deux instances les plus puissantes
de l’actuelle crise politique : « En témoigne la légèreté avec laquelle ont été
constitués le Conseil scientifique et le Comité analyse recherche et
expertise, dont plusieurs membres bénéficient de rémunérations,
d’“hospitalités” ou de contrats divers, parfois déclarés tardivement. » Ce
que l’on constate, finalement, c’est que certains médecins et autres
scientifiques investis dans les sciences du vivant ont fini par dévoyer leurs
connaissances pour passer du côté de la biocratie – celle qui consacre le
pouvoir politique et/ou économique aux personnes possédant les
connaissances sur les hommes biologiques. Au nom des connaissances
qu’ils ont, d’une manière ou d’une autre, sur la vie, ils réclament le pouvoir
politique. Le dévoiement de la pratique médicale pour tenter de la
transformer en pouvoir souverain sur la vie constitue, chez le philosophe G.
Agamben, le principe par excellence du totalitarisme. Et comme le rappelait
J. Chapoutot dans Libres d’obéir : le management, du nazisme à
aujourd’hui 26, le fonctionnement des dictatures biopolitiques a toujours
reposé sur la corruption, celle de la médecine en premier lieu. On sait que
les médecins étaient surreprésentés dans le parti nazi. Il ne s’agit pas d’un
hasard. Le détournement de la médecine à d’autres fins conduit toujours
aux pires catastrophes pour l’humanité. Certains se présentent comme
médecins alors qu’ils trahissent profondément cette pratique, et la
philosophie hippocratique qui l’accompagne. La médecine est un art, car
elle est une science opérative, et non une science dure. Il est
important de le rappeler, car c’est précisément sa dimension d’art –
donc d’interprétation des symptômes, de relation humaine au
patient, de recours à l’expérience et de prescription en conscience
du médecin – qui a été niée en 2020.
LA MÉDECINE EST UN ART, CAR
ELLE EST UNE SCIENCE
OPÉRATIVE, ET NON
UNE SCIENCE DURE.
IL EST IMPORTANT
DE LE RAPPELER,
CAR C’EST PRÉCISÉMENT
SA DIMENSION D’ART
– DONC D’INTERPRÉTATION
DES SYMPTÔMES, DE
RELATION HUMAINE AU
PATIENT,
DE RECOURS À L’EXPÉRIENCE
ET DE PRESCRIPTION EN
CONSCIENCE DU MÉDECIN –
QUI A ÉTÉ NIÉE EN 2020.

Cette confusion et ce mélange des places, invalidant par principe le


recours aux experts de terrain, et disqualifiant systématiquement ceux qui
récusaient la croyance dominante, se sont associés à la démagogie du règne
de l’opinion dans les médias. Ainsi, en lieu et place de débats argumentés,
surgissaient des confrontations d’opinions non argumentées sur des
questions rendues simplistes. L’un accusant l’autre de « charlatanisme »,
par exemple, sans démontrer ce qui pouvait justifier sa pensée. Ce règne de
l’opinion, qui se substitue à une recherche active de la vérité, est aussi le
fonds de commerce des régimes d’essence totalitaire, qui s’adressent à une
foule qu’ils infantilisent, et non à un peuple doué d’esprit critique et de
capacité de décision pour sa propre autodétermination. Par les médias de
masse, nous sommes ainsi tombés dans l’illusion d’une science qui, en
réalité, relevait davantage d’une croyance délirante déniant la réalité. Ce
déni de réalité, qui contient aussi un déni de la parole des médecins offrant
leur retour critique sur leur propre expérience médicale, est un marqueur de
la psychose, en clair, de la folie. C’est un procédé fondamental des régimes
totalitaires, qui se caractérisent par une psychose collective – la paranoïa –
organisée autour de la certitude délirante, laquelle s’illustre par
l’impossibilité d’assimiler une information contradictoire, qu’elle soit
d’ordre théorique ou pratique : « Aucune information sur les camps de
concentration soviétique, aucune information sur les usines de la mort
d’Auschwitz n’a dissuadé les nombreux compagnons de route que les deux
régimes ont su séduire », disait Hannah Arendt27. En clair, le déni de réalité
présent dès l’origine des prédictions déterministes de Ferguson s’est
prolongé ensuite, avec une incapacité à se représenter l’idée que le modèle
de départ ne correspondait pas à la réalité de l’expérience, par exemple
concernant le nombre de morts. Le simple fait que le modèle prédictif de
départ se soit autant trompé sur la réalité des chiffres issus de l’expérience28,
et quand bien même ces chiffres ont été grossis par des stratégies de
corruption et de confusion (par exemple, davantage d’argent public versé
aux cliniques pour chaque diagnostic de Covid, dans certains pays, ou
encore confusion entre malades et porteurs éventuels du virus à partir de
tests dont les résultats aléatoires ne font plus mystère), aurait dû conduire à
son annulation radicale, pour repenser un autre modèle épistémologique qui
soit plus conforme à l’expérience. Cela n’a pas été fait. À aucun moment,
le champ politique n’estime nécessaire de critiquer ses propres
décisions, et d’en faire un bilan au travers de débats contradictoires.
À AUCUN MOMENT,
LE CHAMP POLITIQUE
N’ESTIME NÉCESSAIRE DE
CRITIQUER
SES PROPRES DÉCISIONS, ET
D’EN FAIRE UN BILAN AU
TRAVERS DE DÉBATS
CONTRADICTOIRES.

S’agissant du déni de réalité – en particulier, celle qui émane de


l’expérience minutieusement établie sur le terrain –, on peut évoquer
l’épisode sidérant de l’hypoxie silencieuse, dont on peut hélas estimer
qu’elle aura entraîné le décès d’un certain nombre de personnes qui auraient
pu être sauvées par une prise en charge précoce. De quoi s’agit-il ? Quoique
finalement peu dangereux du point de vue des statistiques de mortalité (de
façon générale, on ne meurt pas plus en 2020 qu’en 2015), le Covid-19
constituait cependant une maladie nouvelle dont il fallait évidemment
étudier les caractéristiques. Les syndromes respiratoires surviennent à cause
de certains virus qui empêchent, de fait, une bonne oxygénation du sang.
On utilise le terme d’hypoxie pour désigner ce phénomène. Lorsque la
maladie respiratoire se trouve à un stade significatif, les difficultés de
respiration se traduisent par une diminution du taux d’oxygène dans le
sang : on parle alors de « désaturation ». En général, la désaturation entraîne
des signes cliniques importants (dyspnée, tirage respiratoire, cyanose,
tachycardie, etc.) et conduit à la détresse respiratoire, qui nécessite une
prise en charge par une supplémentation en oxygène. Une des spécificités
de la maladie du Covid-19 cependant est que la désaturation en oxygène
s’accompagne d’une arrivée tardive des symptômes caractéristiques. C’est
ce que l’on désigne sous l’appellation d’hypoxie silencieuse. La
conséquence en est la suivante : lorsque les signes cliniques de l’hypoxie
commencent à se manifester, le taux en oxygène des malades est tellement
bas que leur diagnostic clinique engage rapidement le pronostic vital. Dans
son audition au Sénat, le 15 septembre 2020 devant la commission
d’enquête sur la gestion de la crise du Covid-19, le Pr Raoult déclarait sous
serment : « Par ailleurs, puisqu’on ne pouvait pas tester les gens peu
symptomatiques, la position officiellement a été celle de dire que, tant que
vous ne présentez pas de signes compatibles avec une détresse respiratoire,
ne venez pas à l’hôpital vous faire tester, restez à la maison avec du
Doliprane. Ce qui était une erreur très importante liée au fait qu’on ignorait
la présentation de la maladie, en particulier, l’épisode d’“hypoxie
heureuse”, c’est-à-dire que l’essoufflement arrive parfois très tard, juste
avant la détresse respiratoire, et qu’à ce stade la mortalité devient
considérable ; 60 % des entrées en réanimation même à Marseille sont
directes, sans soins antérieurs. Ces choix ont été faits sans connaître la
maladie, et c’est une erreur. Une erreur qui a mis du temps à être rattrapée
parce que certains sont plus ou moins disposés à reconnaître des erreurs
stratégiques. En pratique, l’idée de laisser les gens sans consultation, à la
maison, en prenant du Doliprane, de mon point de vue, est une erreur ; et
c’est une erreur que je n’aurais pas commise ! Je continue à penser que la
stratégie que nous avons mise en place, et qui se traduit par des différences
de mortalité très notables, était la meilleure, c’est-à-dire : premièrement, de
tester les malades ; deuxièmement, de les prendre en charge, parfois en
dehors même du traitement spécifique qui a été donné, le fait de les
oxygéner, de surveiller leur oxygénation, rapidement de se rendre compte
qu’ils avaient des troubles de la coagulation, et les anticoaguler permettait
une prise en charge qui sauve les gens ! »
À son tour, dans une interview donnée au journal Corse Matin, le
professeur Philippe Parola, chef de service à l’IHU Méditerranée et
collaborateur du professeur Didier Raoult, exprimait très clairement la perte
de chance intervenant chez les patients atteints du Covid-19 et que l’on
avait privés d’une prise en charge précoce : « Nous avons aussi constaté ce
qu’on appelle l’“hypoxie heureuse”. C’est-à-dire que les patients respiraient
bien, alors que, quand on mesure la qualité d’oxygène qu’ils ont dans le
sang, elle est très basse ! À ce stade, tout bascule très vite. Cela interrogera
sur la stratégie des autorités sanitaires du pays qui préconisaient aux
malades de rester à la maison, confinés, en attendant que les difficultés
respiratoires s’aggravent… » Pourtant, le phénomène d’hypoxie silencieuse
était soupçonné très tôt par les autorités sanitaires mondiales, et l’OMS
avait déclaré, dès le 1er mars 2020, l’intérêt de pratiquer de façon
généralisée et systématique les mesures d’oxygénation chez les individus
pour diagnostiquer et traiter rapidement le Covid-19. Et, comme le rapporte
ainsi une dépêche de l’AFP, reprise par de nombreux organes de presse
écrite et télévisuelle, les déclarations de l’OMS ne souffraient aucune
ambiguïté : « Tous les pays devraient s’équiper en oxymètres de pouls et en
appareils d’assistance respiratoire » puisqu’il s’agit d’un « outil important
pour le traitement des patients atteints de la forme sévère de Covid-19. »
Le Pr Philipe Parola, toujours lui, dans un entretien donné cette fois au
webmagazine Paroles de Corse, le 10 septembre 2020, indiquait d’ailleurs
que les Chinois avaient déjà constaté la baisse asymptomatique de
l’oxygène chez leurs patients, confirmant que ce phénomène – qui existe
en outre dans d’autres maladies respiratoires – avait déjà fait l’objet d’une
alerte largement appuyée et ne pouvait donc pas être ignoré des autorités
sanitaires en France, quand bien même l’épidémie n’avait pas encore
réellement commencé (officiellement, l’épidémie démarre en France le
1er mars 2020). « Nous nous sommes ainsi aperçus qu’il pouvait y avoir une
discordance chez des patients qui avaient l’air bien, mais qui présentaient
néanmoins des lésions importantes décelées au scanner, et manquaient
d’oxygène. Avec un état qui peut alors se dégrader très vite. Ce que l’on
appelle l’hypoxie heureuse, que les Chinois et les Américains ont
également pu constater. C’est pourquoi il faudra ainsi s’interroger sur le
message adopté par le pays de dire aux gens de rester chez eux et d’appeler
le Samu en cas de difficultés respiratoires. On entre alors dans une phase
tardive et grave de la maladie ! Ce qui explique les réanimations saturées à
certains endroits. Et, évidemment, il est à déplorer qu’on ait exclu ceux qui
sont en première ligne, à savoir les médecins de ville ! Se greffe à cela la
question des traitements et des essais cliniques. »
Aujourd’hui, il apparaît clairement que la prise en charge précoce des
patients en état d’hypoxie est l’un des facteurs de survie les plus
significatifs, puisqu’elle permet de gagner du temps, de sorte que les
traitements ou les défenses immunitaires puissent agir. Le Pr Raoult, dans
une vidéo du 30 mars 2021 sur le site de l’IHU, rappelait en effet les deux
éléments suivants : « Maintenant, on a appris à avoir des outils qui nous
permettent d’observer ça. D’une part, la mesure de la saturation en oxygène
qui devrait être généralisée maintenant chez les médecins, tout le monde
devrait être capable de mesurer la saturation en oxygène, y compris
d’ailleurs les malades eux-mêmes qui s’achètent ça dans les pharmacies, ça
ne coûte pas très cher […]. La deuxième chose que l’on a apprise et qui a
joué un très grand rôle ces derniers mois, c’est des capacités d’oxygénation
bien plus fortes avec les Optiflows qui permettent de sauver des gens qui ne
sont pas susceptibles d’être transmis en réanimation, soit parce qu’il n’y a
pas assez de places, soit parce qu’ils sont considérés comme étant trop
fragiles pour pouvoir être pris en charge par les réanimations, et qui nous a
permis de sauver à peu près 30 % de gens qui étaient refusés par les
réanimations du fait de leur état général ou de leur âge. »
On voit ainsi que la question cruciale de la détection rapide des
désaturations en oxygène avait été suggérée très tôt par les Chinois
(constatant des malades sans symptôme, ce qui était précisément les
conséquences de l’hypoxie heureuse) et rapidement reprise dans les
recommandations de l’OMS par l’appel à la généralisation des mesures. De
façon incontestable, on est aussi mort au printemps 2020 d’avoir attendu
chez soi l’aggravation des symptômes, dont on pouvait d’ailleurs combattre
la maladie sous-jacente sans avoir nécessairement besoin d’en passer par
des lits de réanimation, l’oxygénation haut débit pouvant se pratiquer dans
des services classiques. Or, dans un article historique de manipulation et
d’enfumage, Cauchemez et Fontanet, accompagnés d’une quinzaine
d’autres « scientifiques », ont totalement nié l’existence de l’hypoxie
silencieuse alors que les chiffres qu’ils détenaient sur la situation
sanitaire témoignaient de façon hurlante d’un abandon mortifère de
soin, qu’il paraissait pourtant évident de rattacher – selon les
observations de l’IHU confirmant celles des Chinois et relayées par
l’OMS – à l’hypoxie heureuse. On touche là le cœur des
(dys)fonctionnements délirants dans lesquels la réalité s’efface au profit
d’une croyance absurde protégée par une impressionnante accumulation
d’illusions raisonnantes. Décrivons l’histoire.
Le 20 avril 2020, le site HAL PASTEUR29 offrait en ligne un preprint30
intitulé « Estimating the burden of SARS-CoV-2 in France » qui prétendait
établir un certain nombre de résultats sur la pandémie de Covid en France.
Cet article sera accepté pour publication dans le journal Science et mis en
ligne le 11 mai 202031. Le papier disposait d’une statistique fondamentale :
pour les personnes mortes à l’hôpital et classées Covid-19+, on connaissait
le nombre de jours d’hospitalisation avant leur décès. Pour le dire
autrement, pour un individu décédé à l’hôpital, les auteurs connaissaient la
probabilité (pour être précis, la fréquence) de mourir 0, 1, 2, etc. jours après
l’admission. Cette statistique était essentielle, en particulier parce qu’elle
disait nécessairement quelque chose sur la précocité de la prise en charge et
sur le degré de gravité des patients Covid-19 arrivant à l’hôpital. On peut
retracer ce diagramme en fonction des données fournies par les auteurs eux-
mêmes32 : en abscisse, le nombre de jours d’hospitalisation avant de
mourir ; et en ordonnée, la probabilité (uniquement calculée sur les
personnes décédées) de mourir le jour correspondant. Le constat est
frappant : 18 % des personnes mortes à l’hôpital et étiquetées « Covid-
19+ » sont décédées le jour même de leur admission ! 45 % sont mortes en
3 jours ou moins après leur arrivée. Une chose étonne, d’ailleurs, dans cette
courbe : c’est le caractère strictement décroissant de son aspect. Or, du
point de vue statistique, cela pose une question de taille. En général, un
phénomène aléatoire se distribue de façon plus ou moins régulière autour de
sa moyenne. Ici, si l’on suppose que l’on meurt en moyenne 6 jours après
son hospitalisation (ce que donnent les calculs d’espérance), et si l’on
suppose que cela se produit de façon « aléatoire », alors on devrait observer,
selon toute vraisemblance, un maximum de distribution autour de cette
moyenne. On voit que ce n’est absolument pas le cas.
ALORS QUE LES CHIFFRES
QU’ILS DÉTENAIENT SUR LA
SITUATION SANITAIRE
TÉMOIGNAIENT DE FAÇON
HURLANTE D’UN ABANDON
MORTIFÈRE DE SOIN, QU’IL
PARAISSAIT POURTANT
ÉVIDENT DE RATTACHER –
SELON LES OBSERVATIONS DE
L’IHU CONFIRMANT CELLES
DES CHINOIS ET RELAYÉES
PAR L’OMS – À L’HYPOXIE
HEUREUSE.
Il y a donc un véritable biais dans cette statistique par rapport à ce que
l’on s’attendrait à observer. D’ailleurs, les auteurs de l’étude (dont
Cauchemez et Fontanet, entre autres) en seront parfaitement conscients
puisqu’ils proposeront de scinder cette probabilité en deux distributions :
1. Une distribution regroupant les gens qui meurent de façon très rapide.
Pour celle-là, les auteurs proposent une loi temporellement décroissante
de type « exponentielle » ;
2. Une distribution pour les gens qui meurent de façon « plus lente », pour
laquelle ils proposent une loi temporelle de type « log-normale ».
La seconde loi recouvre, en fait, le comportement relativement usuel des
populations arrivant à l’hôpital et finissant par décéder : très peu meurent
les premiers jours, très peu effectuent un séjour long, et la grande majorité
décède autour du temps moyen. Mais pourquoi donc une autre population,
parallèle, qui décède si vite ? Le fait même de superposer deux lois
distinctes pour tenter de « modéliser » la courbe observée (ce que les
auteurs, d’ailleurs, n’arriveront même pas à faire honnêtement dans leur
article, finissant par truquer la présentation de leurs résultats sur cette
question) constitue la preuve évidente que quelque chose ne tourne pas
rond. Or il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que cette
population arrivant à l’hôpital seulement pour y mourir doit très
certainement correspondre en grande partie à ceux des plus fragiles qui ont
eu à subir l’hypoxie heureuse. En tout état de cause, ils meurent rapidement,
car ils arrivent évidemment bien trop tard. On retrouve bien là, dans les
chiffres, les analyses du Pr Parola et du Pr Raoult indiquant que les
messages catastrophiques de Santé publique France incitant les gens à rester
chez eux jusqu’à ce que les symptômes deviennent sévères avaient
délibérément condamné un grand nombre de malades que l’on aurait peut-
être pu sauver. Lorsque le preprint sort, le 20 avril 2020, l’hypoxie heureuse
est parfaitement identifiée (les équipes de l’IHU l’ont déjà médiatisée), et
ce d’autant plus que les soupçons qui la concernent existent depuis
longtemps au plus haut niveau, et ont été documentés en Chine. Ne pas faire
le lien entre les personnes arrivant trop tard à l’hôpital et les innombrables
messages de Santé publique France33 exhortant à rester chez soi sans même
appeler son médecin traitant, voilà qui sidère totalement, de la part de ceux
à qui on a confié la responsabilité de guider la politique sanitaire. Il s’agit
d’un déni total de réalité. D’ailleurs, dans la version publiée par Science, les
auteurs commenteront de façon totalement hallucinante l’existence de cette
« seconde » population parallèle à la première : « Alors qu’il serait
intéressant de mieux comprendre le groupe des patients qui meurent
rapidement, les données leur correspondant et que nous avons pu
analyser ne contiennent malheureusement aucune information sur
les facteurs potentiels qui auraient pu les conduire à une mort rapide
(i.e., par exemple, des données sur les comorbidités sous-jacentes
ou la source d’infection)34. » De façon intéressante, cette mention ne
figurait même pas dans le preprint. Elle a été ajoutée entre le 20 avril et le
11 mai 2020. Très tôt donc, les auteurs ont refusé de regarder la réalité en
face : la politique de confinement sans soins (en attendant le vaccin) a très
rapidement produit des résultats catastrophiques. Mais l’idée de se tromper
dans sa perception du monde, voilà qui place toujours le paranoïaque dans
l’angoisse. Car il ne peut s’imaginer une seule seconde que le monde ne
fonctionne pas selon la représentation qu’il s’en fait et la logique qu’il
construit derrière. Oui, il y a bien une incohérence dans le déroulement de
l’expérience. Mais il n’y a rien de pertinent que l’on puisse en dire puisque
notre logique dans la « lutte » contre la maladie est totalement optimale.
Les calculs de l’ordinateur l’ont montré, et donc il ne saurait être question
de donner un sens à cette bizarrerie. Ainsi, on évacue rapidement – en niant
sa pertinence, ou même simplement son existence – tout ce qui n’entre pas
dans notre logique. Au prix, très certainement, d’un nombre élevé de
victimes. Mais, chez le paranoïaque, il y a toujours plus grave que la mort
des autres : c’est l’angoisse de sa propre fin, si l’on doit se retrouver
contredit par le réel.

ALORS QU’IL SERAIT


INTÉRESSANT DE MIEUX
COMPRENDRE LE GROUPE
DES PATIENTS QUI MEURENT
RAPIDEMENT, LES DONNÉES
LEUR CORRESPONDANT ET
QUE NOUS AVONS PU
ANALYSER NE CONTIENNENT
MALHEUREUSEMENT AUCUNE
INFORMATION SUR LES
FACTEURS POTENTIELS QUI
AURAIENT PU LES CONDUIRE À
UNE MORT RAPIDE (I.E., PAR
EXEMPLE, DES DONNÉES SUR
LES COMORBIDITÉS SOUS-
JACENTES OU LA SOURCE
D’INFECTION).
L’éviction du principe de non-contradiction
La certitude délirante qui a fondé les décisions politiques n’a, en outre,
jamais fait cas d’un nécessaire principe de non-contradiction dans la
logique de départ. Le principe de non-contradiction en logique est que l’on
ne peut affirmer une chose et son contraire à la fois. On parle alors de
« consistance ». Un méta-théorème (défini de façon approximative comme
un énoncé général sur les mathématiques en tant que langage) affirme une
chose importante qu’il faut rappeler ici : s’il existe simultanément, dans une
théorie, une formule et son contraire qui peuvent être logiquement déduits
des axiomes (les vérités premières) et des règles d’inférence (le
raisonnement), alors toute formule est vraie en même temps que son
contraire. Autrement dit, dans les langages (formels du premier ordre), s’il
existe une seule contradiction, tout devient contradictoire ou, de façon
équivalente, il devient impossible de distinguer le vrai et le non-vrai. Il
serait dangereux de sous-estimer les déclinaisons pratiques et
psychologiques de cette vérité, car elle demande la plus grande vigilance
sur la considération suivante : dès que l’on aura réussi à faire accepter à une
personne une contradiction profonde, fondamentale, alors il existe
potentiellement pour elle un risque que tout devienne contradictoire, ou
plutôt que rien ne le soit plus. De ce point de vue, la position de l’exécutif
sur le port du masque revêt une importance cruciale, et l’on peut penser
que, dans le long combat qui opposera la population à son gouvernement
pour le recouvrement de ses libertés, la mesure du masque obligatoire sera
la dernière à laquelle s’accrochera le pouvoir avant de céder. Et pour cause :
le changement de position sur le masque constitue la plus évidente marque
d’une contradiction qu’il faut absolument faire accepter, de sorte que, si
l’on s’en accommode, toute forme de contradiction disparaîtra ensuite
conformément au modèle d’inconsistance que nous avons présenté. Ainsi,
le fait d’avoir d’abord affirmé que le masque n’avait aucune utilité, avant de
l’avoir rendu fermement obligatoire, permet de s’affranchir ensuite de toute
forme de cohérence : dans un système inconsistant, la valeur de vérité
devient uniforme ; le vrai et le non-vrai sont confondus, ils valent tout
autant. Comme le rappelait Le Figaro dans son édition numérique du
20 avril 2020 : « C’est un virage à 180 degrés dont les effets risquent de se
faire sentir bien après la crise. Depuis l’arrivée du coronavirus en France,
l’exécutif a radicalement changé de discours sur la question des masques.
De leur inefficacité, martelée au début, le gouvernement envisage
désormais le port obligatoire. »
L’importance psychologique du principe de non-contradiction doit être
soulignée. Dans la langue, cette non-contradiction peut s’interpréter comme
l’expression verbale de la différenciation. Rien, en effet, n’est plus
dissemblable qu’un énoncé et son opposé, et on peut dire sans exagérer que
le pilier fondamental du langage (en tout cas, dans ses aspects de logique
formelle) réside précisément dans l’idée que l’on doit impérativement
distinguer A et non(A). La consistance, l’interdiction formelle de
rassembler ce qui ne peut pas l’être, voilà finalement l’assise de toute forme
de discours, permettant de construire de façon rassurante le fonctionnement
du psychisme. Structurellement, la non-contradiction emprunte donc
nécessairement à l’expérience psychique de la différenciation. Accepter
ainsi le retour au même, revenir à l’indistinct, c’est demander aux structures
mentales de briser le tabou de l’indifférenciation. Il en ressort que le prix
psychique à payer ne saurait être minoré. Le totalitarisme emprunte
nécessairement au mode de fonctionnement du pervers narcissique35 qui
procède exactement du refus de la séparation, d’une part, et de la jouissance
dans la fusion de ce qui devrait être séparé, d’autre part. Le délire
paranoïaque et ses connexions perverses s’expriment nécessairement dans
l’absence de conscience vis-à-vis de la contradiction. Il peut arriver,
d’ailleurs, qu’il soit dangereux de contredire un pervers ou un paranoïaque
(et pas seulement parce qu’il s’agit de pathologies narcissiques ne souffrant
aucune remise en question). Ayant effacé les limites, gommé les
différences, il ne peut supporter aucun rappel de ce qui le ramènerait à
l’idée de rupture ou de séparation : fondamentalement, il n’est pas différent
de ce qui l’entoure, sa logique se confond avec le fonctionnement extérieur.
Dans la pratique de la science, la première chose à distinguer, c’est la
différence entre les choses de la logique (c’est-à-dire le discours sur la
perception du monde) et la logique des choses (c’est-à-dire le
fonctionnement du monde précisément en dehors de la perception). Le
travail scientifique consiste donc, dans un premier temps, à effectuer le
deuil de l’idée selon laquelle la perception du monde et le discours que nous
portons sur le monde seraient l’exacte correspondance du monde lui-même.
Il faut acter, d’abord, la différence pour, ensuite, reconstruire le lien. La
traduction psychologique d’une telle disposition s’interprète alors
directement dans les cadres bien construits de la psychanalyse, à l’aide des
notions d’Œdipe et d’ante-Œdipe chez Racamier. Dominé par le délire
paranoïaque de l’épidémiologie, et par sa volonté jouissive de forcer l’autre
à vivre selon les règles de son propre fonctionnement – qu’il imagine
universelles et qu’il a sanctuarisées dans les circuits de l’ordinateur –, le
Conseil scientifique construit ainsi son discours sur le principe même de
l’évitement de la contradiction. Cette marque de fabrique constituera son
identité et le rendra, de fait, invulnérable à la critique : il ne saurait avoir
tort puisque, de toute façon, il a toujours tout affirmé à la fois chaque chose
et son contraire. Le message originel qui marque le fonctionnement du
Conseil scientifique s’énonce donc de la façon suivante : « Croyez-nous,
puisque nous vous avouons que nous nous sommes toujours trompés. »
Ainsi, si nous disons que nous avons failli, c’est que nous sommes
honnêtes ; si nous sommes honnêtes, c’est que nous sommes dignes de
confiance ; si nous sommes dignes de confiance, c’est que vous pouvez
nous croire. De fait, dans le rapport même du Conseil scientifique du
12 mars 2020, il est indiqué, bien que les simulations se soient toujours
trompées dans le passé, que ces mêmes simulations restent une référence
pour la gestion des pandémies. « D’un point de vue épidémiologique, il [le
Conseil scientifique] a considéré les limites des modèles mathématiques
qui, dans le passé, ont souvent fait des prédictions exagérées sur le taux
d’attaque et le nombre de décès associés à une épidémie. »
Mais, dans le même temps, l’avis affirme de façon totalement
contradictoire que : « Ce modèle est adapté d’un modèle précédemment
utilisé pour évaluer l’impact des stratégies de contrôle de premier niveau
dans une pandémie de grippe (Ferguson et al., 2006 ; Luca et al., 2018 ;
Ferguson et al., 2005). Ce modèle reste une référence pour la planification
des pandémies. » Tout en ayant évidemment annoncé des centaines de
milliers de morts en référence à l’article d’Anderson et al., 2020, dont le
premier auteur travaille au Department of Infectious Disease Epidemiology,
MRC Centre for Global Health Analysis, Imperial College London,
précisément dirigé par Neil Ferguson : « Pour un niveau de mortalité qui est
actuellement estimé à 0.5-1 %, cela correspond à des centaines de milliers
de morts en France avec une surmortalité importante due à la saturation des
services de réanimation (Anderson et al., 2020). » La contradiction est
évidente. Le fait, d’ailleurs, qu’un logiciel paramétré sur les données de la
grippe en 2006 puisse rendre un nombre de morts dépassant d’un facteur 10
au moins celui que l’on a observé sur la grippe en question, cela aurait dû,
d’emblée, clore les débats du Conseil scientifique sur l’utilisation des
prévisions : elles n’ont aucune forme de lien avec le réel. Au moment où ce
conseil se réunit en France, à la date du 12 mars 2020, il n’y a rien de
nécessairement alarmant dans le champ de l’expérience. Ainsi les points
d’observation initialement relevés par le Conseil scientifique sont-ils les
suivants :
1. « Une crise sanitaire rapidement évolutive et sans précédent en Italie,
atteignant, le 11 mars 2020, 827 décès de Covid-19 pour 12 462 cas
enregistrés, alors que l’Italie dispose de services de réanimation
performants. »
Alors que l’Italie possède une dizaine de jours d’avance sur la France en
termes d’épidémie, on peine à voir un signal d’alarme particulier dans
les 827 morts diagnostiqués du Covid-19 (dont on ignore, au passage,
les comorbidités et l’âge moyen dans les caractéristiques de décès). Sur
une période hivernale, cela ne semble pas dépasser radicalement les
mortalités usuelles des grippes saisonnières, même si le document ne
précise pas grand-chose sur la répartition géographique des décès,
l’intervalle de temps pour lequel ils sont constatés, etc. Au moment où
s’exprime le Conseil scientifique, la létalité observée en Italie est de 7 %
– ce que l’on sait évidemment être totalement surévalué puisque l’on se
situe en début d’épidémie et que le nombre réel de personnes atteintes
demeure alors inconnu. Le rapport 30 de l’OMS du 19 février 2020
indique d’ailleurs avec beaucoup de prudence que le taux de létalité de
la maladie (IFR ; en anglais, Infected Fatality Ratio) se situerait entre
0,3 % et 1 % : on reste, quoi qu’il en soit, dans des ordres de grandeur
comparables à ceux de la grippe, d’autant que les incertitudes sont assez
importantes. À cette date, dans le rapport 44 de l’OMS du 4 mars 2020,
le nombre total de morts dans le Hubei en Chine (berceau de l’épidémie)
se situe aux alentours de 3 000 victimes (pour une population totale de
60 millions d’habitants). Même si personne ne croit vraiment à ce
chiffre, il reste assez peu alarmant.
2. « Un doublement tous les 4-5 jours du nombre de cas confirmés sur le
territoire national, indiquant une dynamique épidémique similaire à ce
qui a été observé en Chine et en Italie, accompagné d’une augmentation
rapide du nombre de cas hospitalisés en services de réanimation des
hôpitaux des ESR de Paris, Alsace et nord de la France, avec l’arrivée
de sujets jeunes (moins de 60 ans) au cours de la semaine précédente et
le tableau clinique sévère des patients en réanimation en France. » Le
doublement du nombre de cas confirmés tous les 4 ou 5 jours
correspond à ce que l’on appelle la « croissance exponentielle » de
l’épidémie. Cette affirmation reprend l’article d’Anderson (et al.), cité
par le Conseil scientifique, avec le commentaire suivant36 :
« Qu’impliquent pour le Covid-19 et son contrôle ces comparaisons
avec la A et le SRAS ? D’abord, nous pensons que, dans un pays donné,
l’épidémie va initialement se diffuser de façon plus lente que ce que l’on
constate typiquement pour une souche de grippe A. En Chine, durant la
phase précoce, le Covid-19 a un temps de doublement37 d’environ 4 à
5 jours. » Là encore, la cinétique observée peine à prouver une forme
exceptionnelle de contagiosité et de rapidité dans la diffusion du virus,
dans la mesure où, tous les ans, les épidémies de grippe obéissent
manifestement aux mêmes constatations empiriques.
3. « Un risque de saturation rapide des services de réanimation dû i) à la
dynamique épidémique exponentielle et ii) aux durées de séjour
prolongées prévisibles en réanimation pour une infection grave Covid-
19. Pour des pathologies similaires (SDRA), la durée de séjour en
réanimation est de l’ordre de 3 semaines, dont 2 semaines de ventilation
mécanique. » Là encore, l’idée selon laquelle les réanimations devraient
être saturées résonne comme sonnette d’alarme assez peu convaincante
puisque, précisément, les services hospitaliers ont été dimensionnés
pour qu’il en soit ainsi. La stagnation du nombre de lits de réanimation
en France, doublée d’une diminution de 25 % du nombre de lits
d’hôpital par habitant depuis 2000 (tandis que la Corée du Sud a vu ce
chiffre multiplié par 3), le tout dans une population notoirement
vieillissante et devenant, par conséquent, plus fragile et plus
demandeuse en soins – voilà qui devait mécaniquement conduire à la
saturation des services hospitaliers à la moindre épidémie. Le sujet
constitue, d’ailleurs, un marronnier de tous les médias dominants de
sorte que, chaque hiver, on ressort depuis des lustres des images
épouvantables de services totalement débordés où les patients, parfois
dans un état inquiétant, doivent stationner dans les couloirs des services
d’urgences. Dans le document du 12 mars, toutes les affirmations sont
donc gratuites, non argumentées et sans fondement. Les contradictions y
sont présentes dès le début, de sorte que l’on ne peut jamais contester les
prises de position. Certes, les prévisions se sont révélées inexactes, mais
on vous l’avait bien dit : de toute façon, cela ne valait rien. Et,
d’ailleurs, elles n’ont jamais été fausses puisque, si la réalité des décès
n’a pas répondu aux prédictions, c’est précisément parce que les
mesures de confinement et les autres restrictions de libertés auront
permis de couper toutes les formes de « contacts » et donc de contrôler
la maladie. Sans quoi, évidemment, la prophétie apocalyptique se serait
réalisée, ce que le papier de Ioannidis, professeur de médecine et
chercheur à l’université de Stanford, du 5 janvier 202138 a pourtant
totalement exclu.
Simon Cauchemez, dans Le Monde du 6 mars 2021, se défendait pourtant
de toute forme de contradiction, d’erreur d’appréciation ou de
manipulation : « Non, nous ne nous sommes pas trompés car ces chiffres
étaient avancés pour illustrer l’hypothèse où rien ne serait fait pour enrayer
l’épidémie. Or évidemment, des mesures très fortes ont été prises. Dans le
premier avis du Conseil scientifique, nous étions prudents et parlions de
quelques centaines de milliers de morts si rien n’était fait. Dans ce scénario,
on s’attendait à ce que plus de 50 % de la population soit touchée par le
virus. Aujourd’hui, avec 85 000 morts pour, selon nos estimations, environ
17 % de personnes infectées, nous voyons par une simple règle de trois que
le Covid aurait, en effet, pu causer des centaines de milliers de morts. Nous
donnions aussi une létalité [la proportion de décès parmi la population
infectée] située entre 0,5 % et 1 %, et c’est ce qui a été confirmé depuis.
Même avec les connaissances actuelles, je ne changerais pas le texte de ce
premier avis. » Notons au passage que, tout au long de ses avis « éclairés »,
le Conseil scientifique n’a jamais dépassé la règle de trois. Pourtant, dans le
même article, quelques lignes plus loin, le membre du Conseil scientifique
déclarait que : « Mi-mars 2020, les outils de surveillance n’étaient pas en
place et, pour calibrer nos premiers modèles, on n’avait guère qu’un ou
deux points de mesure… » Le charlatanisme dans toute sa splendeur, donc.
Nous ne nous sommes pas trompés et, de toute façon, nous n’étions pas en
position, finalement, de prévoir quoi que ce soit, ce qui implique que toute
tentative de nous confronter aux faits serait particulièrement mal
intentionnée. D’ailleurs, les prédictions, c’est compliqué, car la réalité se
laisse finalement assez mal approcher par nos équations et nos techniques
de calcul. La conclusion de l’auteur, énoncée dans la même interview avec
la plus simple décontraction, constitue un véritable bijou de déni, de
contradiction et d’absence de consistance : « Je veux clarifier ce que
l’on peut attendre ou pas des modèles dans le contexte actuel,
car il continue à y avoir beaucoup de confusion sur ce point. La dynamique
de l’épidémie dans les prochains mois va dépendre de trois facteurs clés.
Tout d’abord, il y a ce variant dit “britannique”, qui est 50 %-70 % plus
transmissible que les virus historiques39 et peut donc rendre l’épidémie
encore plus explosive. Il y a aussi l’espoir énorme qui vient avec ces
vaccins efficaces et sûrs40, qui devraient, à terme, conduire à une réduction
importante des hospitalisations41. Et puis il y a le timing, l’intensité et la
durée des mesures de contrôle42. On voit bien que tout cela constitue une
équation très complexe, avec de très nombreuses incertitudes. Dans ce
contexte, il est illusoire d’essayer de faire des prédictions43. »
Autrement dit : évidemment que nous n’en savions rien au début, que nous
n’en savons toujours pas plus maintenant et que nous n’en saurons jamais
rien, mais cela ne nous a pourtant pas empêchés d’affirmer que les modèles
s’accordaient parfaitement avec la réalité et que les prédictions étaient
vraies, d’autant plus vraies qu’elles n’ont jamais été réalisées, grâce à notre
action salvatrice. Ferguson est un épidémiologiste connu pour confondre,
dans le langage, ses visions personnelles aspirant à l’omnipotence, et la
réalité. Le champ politique reprendra immédiatement ces contradictions
dans les discours, et les décisions. À ce titre, on peut rappeler, ou plutôt
exhumer tant cela ressemble aujourd’hui à une sorte de parole
archéologique, les propos du ministre de la Santé, Olivier Véran, devant les
sénateurs, le 4 mars 202044 : « Mesdames, Messieurs les sénateurs, tout le
monde doit montrer l’exemple, et il ne sera ni inutile ni fastidieux de
rappeler devant votre assemblée les gestes qui constituent une barrière
efficace contre la propagation et le risque de contracter le virus du Covid-
19 : se laver régulièrement les mains, si possible toutes les heures ; tousser
et éternuer dans son coude plutôt que dans sa main ; utiliser des mouchoirs
à usage unique ; ne plus se serrer la main, pour quelque temps, hélas ! ;
appeler le 15 en cas de symptômes, ne pas se rendre chez son médecin
généraliste, ne pas se rendre soi-même aux urgences ; et ne porter
un masque qu’en cas de maladie – nous aurons sans doute l’occasion de
reparler des masques au cours de ce débat. » On connaît la suite de
l’histoire sur le masque… Quant aux propos de Sibeth Ndiaye, le même
jour du 4 mars 2020, il semble important de les rappeler ici, tels que le site
France Info s’en porte garant45 : « Toutefois, le virus progresse de jour en
jour. Cependant, si la France atteint le stade 3 de diffusion du coronavirus, il
n’y aura donc pas de confinements massifs. On ne fermera pas toutes les
écoles de France, de même que, quand il y a une épidémie de grippe en
France, on ne ferme pas toutes les écoles », poursuit la porte-parole du
gouvernement.

DANS CE CONTEXTE,
IL EST ILLUSOIRE D’ESSAYER
DE FAIRE DES PRÉDICTIONS.

En clair, « on fera en sorte que les 20 % de malades les plus fragiles soient
bien soignés. Cela s’appelle atténuer les effets de l’épidémie », précise
Sibeth Ndiaye. Les mesures de confinement prises dans le stade 2 sont donc
plus contraignantes que dans le stade 3. Une réalité « contre-intuitive »,
selon Sibeth Ndiaye qui reconnaît qu’au début elle a eu « du mal à
comprendre » ces notions épidémiologiques. « Au début, on est sur des
mesures très individuelles, afin de ne pas apporter le virus sur le territoire. Il
y a donc des mesures individuelles de confinement. » Ensuite, « le virus
circule sur un bout du territoire, alors on met en place des mesures de
confinement à l’échelle du territoire ». Mais, si le virus circule partout en
France, « alors on laisse les gens vivre et on prend des précautions pour que
les plus fragiles soient les mieux protégés ».
Que s’est-il produit entre-temps ? Le Conseil scientifique est passé par là ;
les prédictions de Ferguson sont devenues parole d’Évangile ; et Simon
Cauchemez aura servi la parole du maître en France46. Qui est Ferguson ?
Un épidémiologiste connu pour ces prévisions aussi catastrophistes qu’elles
ne sont jamais vérifiées. Le webjournal Economie Matin47 rappelait, le
28 avril 2020, sous la plume de l’oncologue pédiatrique retraitée Nicole
Delépine (auteur de nombreux ouvrages, aussi adorée par ses patients
qu’elle a été décriée et calomniée par des collègues de l’AP-HP), quelques
faits saillants des prédictions de Ferguson.
Dans le « fameux » rapport 9 de l’Imperial College, il est ainsi indiqué,
s’agissant de la Grande-Bretagne et des États-Unis que48 : « Pour une
épidémie non maîtrisée [i.e. sans mesures de confinement et autres formes
de restrictions sévères dans les libertés de se déplacer, NDA], nous
prévoyons que la capacité en lits de soins intensifs sera dépassée dès la
deuxième semaine d’avril, avec un pic de la demande en soins intensifs plus
de 30 fois supérieur à l’offre maximale possible dans les deux pays, et un
nombre total de décès de 510 000 en Grande-Bretagne et de 2,2 millions
aux USA, et cela sans tenir compte des morts supplémentaires liées à
l’absence de traitement d’autres maladies du fait de la saturation des
hôpitaux. »
A priori, rien ne dit que des simulations aient été faites pour la France,
Simon Cauchemez indiquant simplement, dans l’avis du Conseil
scientifique du 12 mars 2020, « des centaines de milliers de morts » sur la
base d’une « communication personnelle » de Ferguson. Comme nous
l’avons vu, aucune des prédictions ne s’est réalisée et ce, même en
l’absence délibérée, en France et ailleurs, de soins. Bien entendu, Ferguson
et ses fidèles y verront la réussite salvatrice de leurs « préconisations » non
pharmaceutiques : les fameuses NPIs (non pharmaceutical interventions).
Remontant un peu le passé et les sensationnelles annonces de Ferguson, le
magazine National Review précisait, dans un webarticle du 6 mai 202049
qu’en 2001 Ferguson se trouvait derrière les recherches controversées
déclenchant l’abattage en masse de 11 millions de têtes de bétail, bovins et
ovins, lors de l’apparition de la fièvre aphteuse. L’article cite Charlotte
Reid, voisine d’un fermier, qui se rappelle : « Je me souviens de ces temps
épouvantables. On laissait mourir de faim les bêtes dans les prés juste à
côté. Puis vint le temps des massacres à ciel ouvert. Les pauvres animaux
étaient en panique totale. Ce fut une des pires choses auxquelles j’ai assisté.
Et tout cela, sur la base d’un simple modèle avec des “si” et des “mais”… »
En 2002, Ferguson prédisait que 150 000 personnes pourraient mourir de
l’exposition à la maladie de la vache folle. En Angleterre, seules
177 personnes décédèrent.
En 2005, Ferguson prédisait que 150 millions de personnes risquaient
d’être tuées par la grippe aviaire. Finalement, dans le monde entier, seules
282 personnes moururent de cette infection entre 2003 et 2009. En 2009,
une estimation gouvernementale anglaise, basée sur un calcul de Ferguson,
expliquait qu’un scénario pessimiste « raisonnable » prévoyait que
65 000 citoyens britanniques allaient succomber de la grippe porcine.
Finalement, on dénombra 457 morts. Qu’un oracle aussi funeste, dont la
valeur prédictive des calculs se révèle aussi fiable que la lecture dans le
marc de café ou le sacrifice d’un poulet vaudou, ait pu à ce point imposer
ses prétentions quant à l’évaluation de la dangerosité d’un virus finalement
banal implique nécessairement d’en passer par une psychologie serrée des
preneurs de décisions ainsi que par une étude minutieuse de la perversion et
de la corruption intellectuelle et morale de ceux qui les servent – personnes
politiques et journalistes inclus. Car il va sans dire que le personnage
inspirait très tôt la méfiance dans les milieux de la santé publique un tant
soit peu sérieux. On se reportera ainsi à l’audition par le Sénat, le 16 juin
2010, du docteur Wolfgang Wodarg, en annexe du rapport sur la gestion de
la grippe H1N1, intitulé « La grippe A (H1N1)v : Retours sur “la première
pandémie du XXIe siècle”50 ».

M. WOLFGANG WODARG
J’aimerais expliquer pourquoi, peu après la déclaration de la pandémie par l’OMS, je me suis
montré très sceptique concernant ce qui s’est passé au Mexique où il n’y a eu que quelques cas
manifestes, utilisés peu après pour créer un scénario qui a effrayé le monde entier. Les
données du professeur Neil Ferguson montraient que les chiffres ont rapidement augmenté,
mais le nombre global des cas ne dépassait pas 600. Si je compare cela avec ma région, ce qui
a été présenté était ridicule, mais a servi de base à des calculs. M. Neil Ferguson a calculé le
nombre de personnes qui prennent l’avion à Mexico pour se rendre quelque part dans le
monde. Des dizaines de milliers de personnes sont dans ce cas. Sur 600 malades, on a appris
plus tard que la grippe n’avait pas toujours été confirmée. Des erreurs ont donc été commises
dans les statistiques, et le nombre a dû être révisé. […] On a ainsi créé une pandémie. Mon
collègue Thomas Jefferson a déjà dû vous l’expliquer. La définition a été modifiée – je l’ai
dit –, et cela a été une des raisons pour lesquelles je me suis élevé contre ce qu’a fait l’OMS.
Pour que l’on puisse parler de « pandémie », il faut que la maladie soit grave. L’OMS a retiré
le critère de gravité de sa définition. C’est ainsi que cette maladie légère a pu être déclarée
comme une pandémie. On a créé la peur.

La communication de l’OMS au sujet des critères a donc été très mauvaise. L’OMS aurait dû
dire que cette grippe était légère et qu’il ne fallait pas avoir peur, qu’elle progressait certes très
vite, mais que c’était normal et qu’elle était moins grave que la grippe saisonnière. Or l’OMS
ne l’a jamais fait. Ceux que l’OMS considère comme les meilleurs virologues nous ont donc
induits en erreur et ont procédé à de fausses affirmations. Beaucoup d’autorités nationales
l’ont fait savoir, et certains instituts nationaux en étaient conscients. Le 19 mai, avant la
déclaration de pandémie, lors d’une conférence de presse, de nombreux États ont demandé à
l’OMS pourquoi elle modifiait sa définition. La Grande-Bretagne, le Japon et la Chine ont
protesté, ainsi que quinze autres pays. L’OMS a affirmé avoir entendu le message puis, entre
le 19 mai et le 11 juin, le groupe d’experts – dont les noms sont tenus secrets – s’est réuni en
affirmant qu’il fallait déclarer la pandémie. Les arguments et les calculs que j’ai indiqués ont
alors joué un rôle très important. Je ne sais si M. Neil Ferguson a fait partie de ce groupe, mais
je pense que c’est le cas – bien que je n’en sois pas certain. Ce groupe existe toujours, et il est
demeuré secret. Même le Conseil de l’Europe n’a pu savoir qui en est membre, et reste très
étonné que l’OMS ne joue pas cartes sur table !

M. FRANÇOIS AUTAIN, PRÉSIDENT


M. Neil Ferguson a donc participé à ce groupe ?

M. WOLFGANG WODARG
J’ai dit que M. Neil Ferguson est un des conseillers principaux de l’OMS. Je ne sais pas
comment ce groupe d’experts est composé, et j’aimerais savoir si M. Neil Ferguson a défendu
les arguments de l’OMS que je vous ai montrés, qui ont été utilisés pour justifier la pandémie.

M. FRANÇOIS AUTAIN, PRÉSIDENT


M. Neil Ferguson est-il membre du groupe de travail scientifique européen sur la grippe
(ESWI) ?

M. WOLFGANG WODARG
Oui.

Pourquoi avoir accordé tant de crédit à de simples calculs, quand la


médecine basée sur la preuve (l’observation opérative donc, en lieu et place
de la simulation spéculative) criait (et crie toujours, mais trop poliment
hélas) au scandale, comme le rapporte Nicole Delépine ? Les
professeurs Carl Heneghan et Tom Jefferson du Centre d’Evidence-Based
Medicine de l’université d’Oxford se sont dits surpris que le modèle de
l’Imperial College ait été si facilement accepté par les organisations
internationales et ait pu servir de base pour leurs recommandations, sans
aucune vérification de l’exactitude des hypothèses et des calculs.
Le professeur John Ashton, ancien directeur en santé publique du nord-
ouest de l’Angleterre, a accusé le ministère britannique d’« avoir accordé
un statut de demi-dieu à Ferguson et son équipe et considéré leurs
prédictions comme les Tables de la Loi » alors que « s’il s’agit de science,
elles auraient dû être discutées par d’autres équipes avant d’être
appliquées ». On voit ainsi que la science, celle qui doit faire le lien entre
les choses de la logique et la logique des choses, s’est effectivement effacée
devant la croyance dans l’omnipotence du calcul en lieu et place de la
réalité. Les mathématiques computationnelles ont triomphé. Ce sont elles
désormais qui disent le monde, et gare à celui qui voudrait se risquer à les
remettre en cause au nom de l’observation. Même si calculs et observations
apparaissent comme violemment contradictoires. De toute façon, la
contradiction n’a plus d’importance. Elle n’existe pas, puisque le monde
fonctionne comme on se le représente. L’algorithmique devient ainsi
l’argument suprême de la parole autorisée, celle que la Justice invoque
pieusement, tout comme la classe politique ou journalistique, chaque fois
que l’on essaye de la ramener à la réalité. Les conseillers d’État sont ainsi
devenus les prêtres de la messe en latin, les fact-checkers, quelques brutes
inconsistantes de la pensée inquisitoriale, et les scientifiques corrompus, de
faux savants gardiens volontairement aveugles de l’orthodoxie du
mensonge. La paranoïa des Gafam, essayant de rendre à toute force le
monde conforme à ses simulations, de lui imposer un fonctionnement selon
le langage mathématique qui leur sied le mieux, peut ainsi se répandre de
façon contagieuse. Derrière le choix des croyances diffusées par Ferguson,
il n’y a finalement que la soumission à la foi du numérique. Même si ce que
l’on nous annonce comme un nouveau monde résonne trivialement comme
un retour navrant aux croyances et à l’ignorance du siècle dernier. On
pourra ainsi se reporter à un article fort intéressant des Annales de
démographie historique, publié en 1982 sous la plume de Pierre Darmon,
intitulé « Une tragédie dans la tragédie : la grippe espagnole en France
(avril 1918-avril 1919) » : « La prophylaxie offre d’autres morceaux de
bravoure. En premier lieu, les médecins rendent un culte au platonique
masque protecteur. Il faut dire que le masque est entré dans les mœurs et
que l’on passe de façon naturelle du masque à gaz au masque de gaze. “Être
contre, écrit le professeur Vincent, c’est le même préjugé absurde qui a
entraîné la mort de tant de combattants au début de la guerre barbare par les
gaz toxiques ou asphyxiants inventés par les Allemands.” Le Dr Roux,
directeur de l’Institut Pasteur, et l’Académie de médecine s’enthousiasment
pour le masque. Celui-ci doit être imprégné d’antiseptiques : eucalyptol, ou
baume du Pérou, ou térébenthine. À défaut, écrit un médecin dans
Le Matin, “une simple compresse hydrophile trempée dans l’eau bouillie,
posée sur le nez et la bouche et attachée par-dessus les oreilles avec un
cordonnet, fera l’affaire”. L’Académie de médecine, moins plébéienne,
recommande de se couvrir le visage et de recouvrir le berceau des enfants
d’un double voile de tarlatane, imbibé d’un liquide antiseptique. À
Besançon, le médecin major Trémollières ira jusqu’à ensevelir ses grippés
sous un linceul de mousseline aspergée d’eucalyptus.
Dans les journaux, les conseils abondent. À titre préventif, se soumettre à
des fumigations d’essence d’anis, de girofle, d’eucalyptus, de menthol, de
camphre (The Lancet). “Se brosser les dents et passer dans les interstices un
fil que l’on fera glisser par un mouvement de va-et-vient. Rinçage de la
bouche à l’eau fraîche” (Bulletin de l’Académie de médecine). “Se
gargariser, matin et soir, avec une solution antiseptique, eau oxygénée ou
eau dentifrice” (Le Matin).
À la prophylaxie individuelle s’ajoute la prophylaxie sociale, plus difficile
à imposer. Dans certaines villes de province, les écoles ferment et, à
Montpellier, où 65 grippés décèdent dès le mois d’août, le plancher des
salles de spectacle est lavé au crésyl, alors que des ventilateurs y sont mis
en action, comme au bon temps des miasmes. Rien de tel, d’ailleurs, pour
soulever virus et pneumocoques ! »
Malgré tout, les salles de spectacle restent ouvertes dans les grandes
villes, et les passagers voyagent librement dans les trains. Tel n’est pas le
cas en Suisse où écoles, cinémas, théâtres et réunions sportives sont
interdits. Les voyages sont, eux-mêmes, contrôlés. Une « carte de
légitimation » est nécessaire pour prendre le chemin de fer. Deux médecins
portant brassard sont du voyage. Interdiction de quitter le train ou d’y entrer
en cours de route. Les vivres seront distribués aux voyageurs par les
fenêtres. Une note précise : « On donnera au personnel d’escorte l’occasion
de se désinfecter les mains et de se gargariser. Le cas échéant, on le munira
de masques contre la grippe et de gants. » Tout y est, donc, que l’on
retrouve aujourd’hui, exactement un siècle après, dans la « lutte » contre le
Covid-19 : le masque, y compris artisanal, les gants, le passeport sanitaire
(la carte de légitimation), la fermeture des écoles, des lieux de
rassemblement, les réunions sportives. Sans oublier les « gestes barrières »
(lavage des mains, gargarisme, distanciation sociale). Déjà The Lancet à la
pointe des études « scientifiques » et l’Institut Pasteur à la baguette. On ne
s’étonnera pas, en 2020, de la décision prise par les autorités de suspendre
les enterrements civils ou religieux, si l’on comprend que c’est
manifestement la remontée inconsciente, dans la mémoire collective, des
scènes de 1918 qui s’impose. Ainsi que le rappelle Pierre Darmon : « Sur
les modes de contamination circulent de folles rumeurs. Dans une petite
commune de Corse, un homme meurt de la grippe, mais on attend un
proche parent pour l’enterrer. À son arrivée, on ouvre le cercueil, et toute la
famille se précipite sur la dépouille pour l’embrasser. Neuf personnes
contracteront ainsi une grippe mortelle. Le jour même ont lieu les obsèques.
Dans l’église où s’est déroulée la cérémonie funéraire, les fidèles se rendent
en masse pour assister aux offices religieux. Deux ou trois jours plus tard,
600 personnes, sur une population de 1 100 habitants, contractent une
pneumonie. Bilan : 54 décès. Réminiscence de la théorie miasmatique, la
rumeur voudra que, sur le parcours du convoi funèbre, se soient dégagées
les émanations putrides qui ont empoisonné la ville. »
D’ailleurs, les enterrements seront vite effectués de façon confidentielle,
sans cérémonie, afin d’éviter la propagation du virus, mais aussi et surtout
d’adresser un message de peur à une population que l’on cherche
manifestement à impressionner. Pierre Darmon poursuit ainsi : « À Lyon et
à Dijon, on enterrerait les cadavres de nuit pour ne pas impressionner les
populations, et il serait défendu de suivre les corbillards. En fait, s’il est vrai
que les pompes funèbres sont partout obligées de procéder à des
enterrements nocturnes, il ne s’agit pas pour autant d’épargner les esprits. »
En Europe, la géographie de la grippe ressemble furieusement à celle du
coronavirus actuel : « En fait, cette région [le sud-est de la France] s’intègre
dans une vaste zone à forte mortalité grippale qui comprend la Suisse, le
nord de l’Italie et le nord-est de l’Espagne (Milan et Barcelone sont parmi
les villes les plus touchées d’Europe). »
Les « vagues » viennent déjà de cette période. Ainsi que le notait
Françoise Bouron51 : « La grippe espagnole déferle sur la France en trois
vagues successives : une première vague qui s’étend d’avril à août 1918 ;
une deuxième vague, la plus meurtrière, qui va de septembre à
novembre 1918 ; et enfin une troisième vague qui touche le pays en février-
mars 1919. » La presse se complaît déjà en fidèle relais des consignes du
gouvernement, tout en le poussant à la radicalité. Ainsi, l’historienne
précise : « Dans l’ensemble, les journaux critiquent peu la façon dont les
autorités luttent contre la grippe. […] Le même jour, en page 2 cette fois,
Le Journal accuse les autorités de s’être contentées de placarder des
affiches et de publier des circulaires, mais de ne pas avoir lancé de lutte
sérieuse. Le journaliste pense qu’il faut prendre des mesures plus fortes
comme le licenciement des écoles, l’interdiction des rassemblements et un
cordon sanitaire aux frontières et dans les ports. Et le journaliste conclut :
“L’heure n’est pas aux demi-précautions”. »
Dans la presse, on fustige déjà les médecins qui tentent de soigner en
utilisant de la quinine (l’ancêtre de la chloroquine), tandis que l’on fonde
déjà l’espoir sur la mise au point d’un vaccin. Pierre Darmon : « Mais la
plupart des médecins restent à juste titre sceptiques. Aussi les espoirs se
reportent-ils sur les vaccins et les sérums qui, depuis les travaux de Pasteur
et de Roux, jouissent d’un immense prestige. Avant l’épidémie, l’Institut
Pasteur avait mis au point un sérum anti-pneumococcique polyvalent d’une
inefficacité avérée. Certains médecins n’en croient pas moins obtenir de
bons résultats en l’administrant à titre préventif à toute personne
hospitalisée. D’autres ont recours au sérum de Leclanche et Vallée. Un peu
partout dans le monde, de miraculeux vaccins ou sérums voient le jour. »
Mais on ne devrait pas s’étonner, toutefois, d’un tel retour au siècle
dernier. Lorsque la science est à ce point désertée et que le discours
calculatoire tend à remplacer le réel, ce n’est jamais dans le sens du progrès
qu’il faut regarder. Au fond, les paranoïaques, les pervers, les corrompus
n’ont jamais aucune imagination. Le psychanalyste Paul-Claude Racamier
soulignait d’ailleurs à juste titre la pauvreté intellectuelle de ces gens-là. Le
futur numérique, calculable par de mauvais jeux vidéo, se conçoit
ainsi comme une régression aussi inquiétante qu’elle s’annonce
implacablement mortifère.

LE FUTUR NUMÉRIQUE,
CALCULABLE
PAR DE MAUVAIS JEUX VIDÉO,
SE CONÇOIT AINSI COMME UNE
RÉGRESSION AUSSI
INQUIÉTANTE QU’ELLE
S’ANNONCE IMPLACABLEMENT
MORTIFÈRE.

La réduction du champ visuel sur le seul Covid


Il existe un autre procédé ayant biaisé l’analyse, c’est la réduction du champ
de l’expérience humaine, sociale et politique, et de son appréhension, au
seul prisme du Covid. Nous savons, par l’épistémologie, que l’observateur
oriente la nature de l’observation par ses propres limitations, ses croyances
personnelles, ses intentions, ainsi que par la méthodologie qu’il emploie.
Tout cela doit donc faire l’objet d’une analyse critique propre à rappeler la
limite des paradigmes scientifiques utilisés. Or la réduction du champ visuel
sur un seul paramètre est de nature à simplifier exagérément l’expérience, et
relève d’une forme de mensonge. Si nous nous concentrons uniquement sur
le fait qu’une personne fume ou non, peut-on en déduire qu’elle mourra à
coup sûr d’un cancer du poumon ? Voilà un type de raisonnement qui fait fi
de la complexité de la recherche médicale à mener : les antécédents
familiaux, le terrain et le mode de vie de la personne, son alimentation, sa
pratique sportive, le niveau de stress auquel la personne est confrontée, la
quantité de cigarettes consommées par jour, etc. sont autant de facteurs qui
auraient dû être pris en compte dans l’appréhension de l’expérience. Ainsi,
pour une femme qui fait une grossesse extra-utérine, en trouver les raisons
scientifiques dans le seul fait qu’elle fume, sans prendre en compte le fait
qu’elle vient de perdre son travail, qu’elle est en plein divorce, qu’elle se
retrouve sans logement et vient de subir le décès de son père est du ressort
d’une manipulation grossière de raisonnement, maquillant la complexité de
l’expérience, et cela conduira donc à des conclusions erronées. C’est
exactement ce qui s’est passé en 2020, lorsque le réel n’a plus été observé,
par le politique et les médias, qu’au travers du Covid, avec des chiffres
déconnectés du réel, sans aucune autre considération des autres morts bien
plus importantes, par exemple, ce qui conduira le philosophe italien Giorgio
Agamben à dire ne pas avoir été « le seul à noter que les données de
l’épidémie sont fournies d’une façon générique et sans aucun critère
scientifique. D’un point de vue épistémologique, il est évident, par
exemple, que donner un nombre de décès sans le mettre en relation avec la
mortalité annuelle de la même période et sans spécifier la cause effective de
la mort n’a aucune signification. Pourtant, c’est exactement ce que l’on
continue chaque jour à faire sans que personne ne semble s’en apercevoir.
Cela est d’autant plus surprenant que les données qui permettent la
vérification sont disponibles pour quiconque voudrait y accéder, et j’ai déjà
cité dans cette rubrique le rapport du président de l’ISTAT, Gian Carlo
Blangiardo, où il est montré que le nombre de décès par Covid-19 se révèle
inférieur à celui des décès par maladies respiratoires durant les deux années
précédentes. Cependant, bien que sans équivoque, c’est comme si ce
rapport n’existait pas, de même que l’on ne tient aucun compte du fait,
pourtant déclaré, qu’est aussi compté comme décédé par Covid-19 le
patient positif qui est mort d’un infarctus ou de toute autre cause. Pourquoi,
même si la fausseté est documentée, continue-t-on à lui prêter foi52 ? »
On peut noter, au passage, la qualité des sources de G. Agamben puisque
ses propos sont corroborés, en France, par les calculs de mortalité en
population générale. Nous les reportons en annexes. Ils prouvent de façon
objective que l’épisode que nous traversons n’est absolument pas une crise
sanitaire, mais une violente crise politique. De fait, malgré l’absence de
soins ou la surconsommation de Rivotril pour les personnes âgées les plus
fragiles, l’année 2020 en France est la sixième année la moins mortelle
depuis soixante ans. Si l’on ramène à des taux de mortalité standardisés les
décès observés (voir annexe), on ne meurt pas plus en 2020 qu’en 2015, et
on meurt moins en 2020 que toutes les années précédant 2013. Seules les
années de 2016 à 2019 sont moins mortelles que 2020. Mais ces années
sont connues comme des années d’exceptionnelle sous-mortalité, laissant en
vie des personnes âgées qui devaient statistiquement mourir, de sorte que
2020 aura fonctionné comme une année dite « moisson », parfaitement
prévisible dans l’observation de la démographie, en particulier dans les
classes d’âge les plus vieilles. Il est totalement insensé de croire que l’on
pourrait gagner de l’espérance de vie tous les ans, en particulier dans une
pyramide des âges vieillissante, une offre de soins structurellement
décroissante et des maladies environnementales en pleine explosion. De ce
point de vue, l’arrivée d’un virus respiratoire doit nécessairement être
nommée par ce qu’elle est réellement : une « syndémie », c’est-à-dire
l’irruption dans une population touchée par les maladies environnementales
(diabète, obésité, hypertension) d’un agent pathogène amplifiant les effets
indésirables initialement présents.
Il s’agit désormais non de science, et encore moins de médecine, mais
d’un discours aux accents religieux, avec ses litanies, et son comptage
mortifère quotidien, réduisant la complexité du réel à un seul prisme de
lecture. La construction d’une nouvelle langue, avec ses mots et ses
expressions nouveaux, totalement éloignée de la réalité de l’expérience,
relève davantage de la croyance sectaire et religieuse – donc de la foi dans
la messe dite par les médias et le politique – que de la science, et c’est à
l’analyse de cette nouvelle langue que nous allons nous employer.
Une crise de la science et de la politique
Retour sur l’analyse husserlienne
Lorsqu’il étudie la crise de l’Europe en 1935, le philosophe Husserl la situe
essentiellement dans le positivisme triomphant et dans la mort de la
philosophie en tant que discipline capable d’interroger le sens de la vie. Ce
faisant, il réaffirme la valeur de la science comme discours méthodique sur
la vérité de la nature (phusis/physis) et écarte radicalement l’idée d’une
crise des sciences en tant que telles. Ainsi, ce n’est pas la scientificité des
différentes disciplines qui est remise en cause, mais l’impossibilité, pour la
science, de créer les conditions d’une interrogation philosophique sur le
sens de la vie et l’organisation de la société.
Dans son analyse épistémologique des mathématiques comme langage de
la science « naturelle », Husserl réalise cependant une réduction de la
science à la physique. Or il apparaît que le langage mathématique ne peut
prétendre décrire le vivant. Dit autrement, il existe dans « la nature » une
séparation fondamentale entre l’objet vivant et celui qui ne l’est pas. En ce
sens, les sciences dites dures travaillent sur de la matière morte. À l’un, le
discours inductif s’exprimant essentiellement à travers le langage naturel ;
et à l’autre, le discours axiomatico-déductif caractérisé par les
mathématiques. À la question suivante, que lui adressait la philosophe
Françoise Balibar : « D’où vient que les grandeurs de la physique puissent
acquérir cette conceptualisation mathématique et que les grandeurs de la
biologie ne le puissent pas ? », le scientifique et épistémologue Jean-Marc
Lévy-Leblond répondait ainsi : « Il faudrait demander aux biologistes ce
qu’ils en pensent ; mais, en tant que physicien, il me semble effectivement
que la plupart des concepts fondamentaux de la biologie ne sont pas
mathématisés, ne sont même pas numérisés. Quand on parle du gène, par
exemple, il n’y a pas de structure mathématique qui correspond à cette
notion. »
Au moment où Husserl produit son Krisis, le temps est à la physique
triomphante. Suivant en cela les articles fondamentaux d’Einstein sur la
relativité, la mécanique quantique et la diffusion, publiés en 1905, les
esprits les plus brillants du XXe siècle utiliseront ainsi des trésors de
formalisme mathématique – tous plus brillants les uns que les autres – à
l’appui de la modélisation de l’atome, avec des conséquences spectaculaires
sur le développement des technologies. Penser la science en 1935, comme
s’y applique Husserl, implique donc d’en passer par une réduction à ce que
l’on appelle aujourd’hui précisément la science physique, définie
tautologiquement comme étant celle relevant du langage mathématique.
Ainsi Jean-Marc Lévy-Leblond53 précise-t-il dans l’entretien que nous
avons déjà évoqué : « La physique est pour ainsi dire d’emblée traversée
par les mathématiques – depuis qu’elle est ce qu’elle est au sens moderne
du terme, essentiellement depuis la “coupure galiléenne” au XVIIe siècle. Il
n’y a pas entre la mathématique et la physique un rapport d’extériorité. Pour
ma part, je ressens plutôt leur relation comme un rapport d’intériorisation
des mathématiques au sein de la physique ; on pourrait d’ailleurs, par
opposition à “application”, parler d’“implication” des mathématiques dans
la physique. Autrement dit, on ne peut pas penser la physique sans passer
par (penser par) les mathématiques. Ce qui caractérise la physique, c’est
qu’aucun concept n’échappe à une formulation mathématique. » Dès lors,
ce qui permet à Husserl de rejeter l’idée d’une crise de la science, c’est
précisément la réduction de cette science à la physique au moment exact où
cette dernière développe les résultats les plus denses et les plus féconds de
son histoire. L’idéalisation typiquement philosophique de la science par un
passage à la limite la ramenant in fine à la mécanique galiléenne permet,
certes, de clarifier les termes du débat phénoménologique que Husserl veut
développer en précisant ce que l’on entend par « crise de la science », mais
opère aussi une unification épistémologique des sciences qu’il aurait fallu
manifestement éviter. Car déjà de façon certaine dans les années 1930
s’impose en Europe une perversion de la science en tant que méthode de
recherche de la vérité. Par le développement de la génétique, par exemple,
émergeait ainsi l’idée « scientifique » de la race, entraînant avec elle la
certitude de l’évolution de l’espèce humaine vers un ensemble d’individus
« débarrassé » des plus faibles, selon les lois de l’évolution darwinienne.
Alors qu’aujourd’hui la notion de gène subit une déconstruction en règle –
interrogeant par là même l’ensemble des énoncés que l’on a pu établir à
son propos –, il apparaît que les affirmations scientifiques de l’entre-deux-
guerres (déjà développées au milieu et à la fin du XIXe siècle) constituaient
de façon évidente des déclarations qualitativement erronées.
C’est ainsi, dans le contexte d’une physique mathématisée triomphante,
que les épidémiologistes Kermack et McKendrick posèrent en 1927 le
modèle originel de l’épidémiologie « mathématique ». Il s’agissait
d’appliquer à une situation du vivant des méthodes de mise en forme
mathématique. En définitive, le système d’équations consistera
essentiellement en une analogie avec la cinétique chimique, de sorte que le
mimétisme modélisateur résonnera d’emblée comme une grossière erreur
de conception. Un tel parallèle, Jean-Marc Lévy-Leblond le réfutait
évidemment sans appel. À la question : « D’où vient qu’il ne soit pas
possible d’effectuer à propos des concepts de la biologie, de certains d’entre
eux au moins, le même travail d’“explication” ou de “transcription” que
celui effectué à propos de la valence chimique ? », le scientifique répondait
ainsi : « Parce que ce travail est d’autant plus difficile que la science
considérée s’occupe d’objets compliqués. Je dis “compliqués” plutôt que
“complexes” parce que je ne veux pas m’embarquer dans une discussion sur
la complexité – qui, à mon avis, est un non-concept. Le moindre virus est
un objet incroyablement plus compliqué que l’atome le plus gros. Et, du
coup, la précision et l’acuité des notions mathématiques n’ont pas prise (ou
ont mal prise) sur des objets aussi compliqués que ceux qu’étudie la
biologie. Pour utiliser une métaphore simpliste, je dirais que les
mathématiques offrent un instrument d’analyse d’une finesse incomparable
– qui, par là même, est extrêmement fragile. C’est un peu comme si on
cherchait à couper un arbre avec un scalpel. Avec un scalpel, on ne peut
faire que des dissections très fines, sur des morceaux d’objets déjà réduits et
soigneusement nettoyés. » Son point de vue invalide l’idée que l’on pourrait
utiliser un modèle de cinétique chimique pour traduire la diffusion d’un
virus.

Un délire institutionnalisé
Le délire scientiste de l’épidémiologie mathématique repose sur une série
de confusions que l’on peut appréhender selon une succession d’étapes
cohérentes. Il y a d’abord la construction d’un discours mathématique
abstrait qui s’affranchit progressivement du réel pour ne devenir qu’une
grammaire vidée de toute sémantique. Seule compte « la formule bien
formée », et la valeur de vérité ne dérive que de la correction du
raisonnement ou du calcul (ce qui finit toujours par revenir au même). Vient
ensuite l’idée que seules les mathématiques pourraient consacrer la science
naturelle en dehors des distinctions épistémologiques pourtant nécessaires
entre la physique et la biologie. De ce fait, par une manipulation navrante
du formalisme, on utilise l’environnement calculatoire et équationnel pour
imposer l’apparence pourtant trompeuse d’une rigueur sans aucune
consistance. Alors que chez Descartes le formalisme mathématique de
l’optique géométrique était précisément un rempart contre l’illusion des
sens visuels, la réalisation par l’ordinateur de calculs permet aujourd’hui, à
l’inverse, de faire croire qu’une simulation correspondrait nécessairement à
une vérité. Derrière l’idée que tout serait calculable, au sens prédictible du
terme, triomphe ainsi la réduction de toute science à la science physique,
même si le cadre épistémologique ne peut pas convenir, et même si le
recours à l’illusion devient une nécessité.
Dans la mesure où la correspondance entre le langage mathématique et
l’observation du réel ne peut se réaliser de façon structurelle en
épidémiologie, cette dernière devient alors nécessairement et purement
tautologique, complètement coupée de l’expérience et finalement
prisonnière d’elle-même. Elle évolue ainsi dans un enfermement délirant
qui ne supporte plus la moindre intrusion extérieure. Tout ce qui la
ramènerait à l’origine de son impuissance et du mensonge épistémologique
qui la constitue la réduirait ainsi instantanément à néant. On comprend de
cette manière que le maintien institutionnel de la discipline passe
obligatoirement par un ensemble de protections parfaitement artificielles
sans lesquelles l’épidémiologie serait fatalement condamnée à disparaître
des rangs universitaires et de ceux de la science. Ce qui se donne à voir
dans la perversion des valeurs de la science que construit l’épidémiologie,
c’est que cette dernière appartient d’abord à l’ordre administratif et donc au
projet biopolitique qui inspire l’exécutif depuis la Révolution. Rien à voir
donc avec la production d’une connaissance épistémologique.
Dans le milieu scientifique, la revue par les pairs, au lieu de fonctionner
comme la mise à l’épreuve selon le principe d’un regard critique extérieur,
devient ainsi la garantie de la reproduction du même, et l’éviction de toutes
les formes de conflit ou de contradiction. De cette manière, il apparaît de
façon troublante qu’absolument rien n’a changé en épidémiologie depuis
les équations de Ross, Kermack et McKendrick – dont les dernières sont
pourtant connues pour être inconsistantes du point de vue mathématique. Le
fonctionnement en circuit fermé assure, in fine, la survie de la discipline au
sein des universités et la publication dans les revues à comité de lecture.
Dans le milieu juridique, la Justice administrative – et parfois même
pénale – joue le rôle d’une muraille de protection contre l’intrusion d’une
parole critique. Il faut dire que la consécration du Conseil scientifique et des
épidémiologistes le constituant relève d’un acte de survie indispensable
pour les différents niveaux de juridiction. Car, sans cette référence
incontournable, aucun juge n’a la possibilité de trancher les questions de
libertés publiques posées par les citoyens dans les différents recours. Dit
autrement, en sauvant le Conseil scientifique de toute forme d’interrogation
critique (que l’avocate Maître Clarisse Sand a tenté de susciter, en portant
un référé expertise devant le Conseil d’État pour forcer la Justice à établir
un débat contradictoire sur les raisons ayant conduit l’exécutif à proroger
l’état d’urgence sanitaire), ce n’est pas seulement l’exécutif que la Justice
maintient en vie, mais également elle-même. Il y va de sa propre existence
en tant qu’institution devant rendre ses décisions au nom d’une puissance
sociale extérieure. La Justice n’ayant pas, en effet, pour vocation de
trancher les prétentions scientifiques à la vérité entre les partis, il lui faut
impérativement se raccrocher à l’existence d’une vérité officielle pour
pouvoir maintenir le fonctionnement du syllogisme du Droit. Dans le milieu
médiatique, les épidémiologistes sont consacrés comme autant d’experts,
sans que leur parole ne puisse souffrir la moindre contradiction. Dans cette
optique, les usurpations mathématiques servent de paravent permettant de
repousser les questions critiques émises par les profanes. Elles fonctionnent
ainsi comme la logorrhée d’une messe en latin, psalmodiée de façon
incompréhensible par des prêtres incompétents s’adressant à une audience
ignorante. Il s’agit de célébrer une croyance, celle du Dieu tout-puissant des
mathématiques, qui viendrait sauver le monde grâce à l’exégèse des
formules de calcul. Dès lors, les rites de la nouvelle religion (port du
masque, couvre-feu, confinement, pass sanitaire) s’imposent comme autant
de signes de dévotion sans lesquels l’humanité s’exposerait à la colère des
dieux54.

Positivisme et vie nue


Dans son analyse philosophique et historique de la biopolitique, Giorgio
Agamben rappelle opportunément l’existence, chez les Grecs, de deux
termes distincts pour désigner le mot vie : bios et zôè. Le premier terme
renvoie au concept de « vie politique, qualifiée », celle précisément issue de
l’interrogation philosophique de la cité ; tandis que l’autre renvoie au
concept de « vie nue », celle qui relève uniquement de la biologie et donc
du discours scientifique. Le totalitarisme biopolitique – objet des recherches
d’Agamben – consiste alors précisément en l’immixtion de la zôè dans le
bios. Ce qui devient le moteur de l’organisation politique n’est plus le
questionnement toujours renouvelé, portant sur le sens de la vie sociale,
mais la focalisation et la réduction de l’individu à un segment du réel
relevant du discours scientifique. Le vocabulaire de la science supplante
alors celui de la philosophie. La mort ne relève plus d’une question
métaphysique mais d’un fait. L’individu n’est plus qu’un élément de
l’espèce, et sa disparition n’est plus qu’un événement arithmétique qui ne
remet pas en cause l’ensemble lui-même. L’idée d’une « optimisation »
apparaît dans le dénombrement de ceux qui doivent survivre ou disparaître.
Dans le preprint circulant sur l’idée d’éliminer les non-vaccinés de la vie
sociale – soit l’exacte mise au ban de l’analyse agambienne – des membres
du Conseil scientifique, en l’occurrence Cauchemez, Fontanet,
Yazdanpanah, Benamouzig, écrivaient ainsi : « Exiger des individus
vaccinés une distanciation sociale n’ajoute rien. Ceci suggère que dans
la nouvelle période qui s’annonce les mesures de contrôle visant les
personnes non vaccinées (par exemple avec l’utilisation d’un pass
disponible seulement pour les vaccinés) pourrait aider à maximiser le
contrôle de l’épidémie55. » Les individus ne sont donc appréhendés ici que
comme des facteurs entrant dans la comptabilité épidémiologique et dans
une mise en équation susceptible de décrire un optimum. Le vocabulaire des
mathématiques de la zôè s’impose dans le bios. L’humanité disparaît au
profit des considérations purement biologiques de la vie, qui n’est, elle-
même, conçue que dans l’acception réduite de l’espèce. Dans l’organisation
politique dérivée de la philosophie grecque – ce que Husserl définit
précisément comme constituant l’Europe –, on peut voir que la médecine
constitue le lieu en soi de la frontière entre le corps comme objet d’un
discours « réifié » – relevant de la science – et le corps comme élément
individué du groupe social et à ce titre objet d’un discours « historique » –
relevant de la philosophie. La figure du médecin s’impose ainsi comme
celle d’un scientifique moral, capable d’arbitrer dans son art entre ce qui
relève de la science et ce qui relève de la philosophie. De façon pratique, la
médecine opère donc en acte l’articulation entre la vie nue et la vie
qualifiée, mais toujours de telle sorte que ce soit l’humanité qui reste
prioritaire. Ainsi, la médecine consacre la philosophie avant de considérer
la science. « JE N’UTILISERAI PAS mes connaissances médicales pour
enfreindre les droits humains et les libertés civiques, même sous la
contrainte. » Le serment d’Hippocrate, tel qu’il se trouve formulé par la
déclaration de Genève en 2017, précise ainsi la supériorité des
considérations humaines sur les considérations scientifiques. Seule se
trouve reconnue au bout du compte l’acceptation de l’homme en tant
qu’être humain, chez lequel la dignité et le respect s’imposent
prioritairement, comme autant d’attributs inaliénables attachés à chaque
individu. La médecine agit alors comme la frontière qui permet de séparer
clairement le bios de la zôè. En formulant de façon explicite son
rattachement à l’humanité, elle empêche structurellement le discours
scientifique de pénétrer la sphère politique. Toute forme de thanato-
politique implique donc une corruption de la médecine. Il ne faut alors pas
s’étonner, comme le rappelait la survivante des camps d’extermination Vera
Sharav, que ce qui caractérise le massacre de masse des dictatures bio-
politiques coïncide toujours avec l’abandon par la médecine de son rôle :
cela précipite l’adoption, au sujet de ce qu’est un être humain, du point de
vue réducteur de la science et de l’épidémiologie. L’affirmation du rôle
moral de la médecine doit ainsi constituer la digue infranchissable de la
sagesse, mais doit aussi protéger la cité de toutes les formes de perversion
scientifique. En clair, ce n’est pas la scientificité dure qui doit nous protéger
de l’usurpation du vocabulaire biologique et épidémiologique, mais les
sciences humaines (anciennement, les « Humanités »), et en particulier la
philosophie morale et politique. Voyons les propos de Vera Sharav : « Sous
le régime nazi, les normes morales étaient systématiquement anéanties. La
profession médicale et les institutions ont été radicalement transformées. La
science académique, les militaires, l’industrie et la médecine clinique
étaient étroitement liés, comme ils le sont maintenant. Le système nazi a
détruit une conscience sociale au nom de la santé publique. La politique de
santé publique, axée sur l’eugénisme, a remplacé l’attention du médecin
pour le bien-être de l’individu. Les mesures sanitaires sont aujourd’hui un
important pas en arrière vers une dictature fasciste et un génocide. La dure
leçon de l’holocauste, c’est que, chaque fois que les médecins unissent leurs
forces avec le gouvernement, la médecine humanitaire et bienveillante se
transforme en un appareil meurtrier56. »

LE FACT-CHEKING
CONSTITUE AINSI
LA RÉUNION CANONIQUE
DE LA FAUSSE SCIENCE
ET DU SOPHISME POLITIQUE :
C’EST LA FORME
CONTEMPORAINE
PAR EXCELLENCE
DE LA LANGUE TOTALITAIRE.

L’élimination systématique, en France et dans d’autres pays, de la


médecine de ville, avec le refus de soins et de traitements pourtant efficaces
contre le Covid, résonnait comme l’abandon de toute forme de philosophie
morale au profit d’une approche purement scientifique, d’autant plus
condamnable qu’elle procédait d’une usurpation invraisemblable de toute
forme de rigueur. Dans 1984, Orwell affirmait qu’il fallait échapper à la
réduction au discours scientifique pour retrouver le chemin du sens : « Mais
si le but poursuivi était, non de rester vivant, mais de rester humain […] ? »
La distinction entre le vivant et l’humain rappelle chez Orwell la séparation
fondamentale entre la zôè et le bios. Elle dit que le discours scientifique
focalisé sur le maintien en vie ne peut fournir aucun sens téléologique à
l’existence. La perte d’humanité s’opère alors précisément lorsque la
science remplace la philosophie dans l’appréhension de la vie. La réduction
de la vie au point de vue scientifique, navrant, décadent, usurpé, a son lieu
privilégié de réalisation : le camp. Alors que l’ouverture philosophique et le
dynamisme du débat politique trouvent leur place naturelle dans la réunion
publique : l’agora. Dans le camp, l’homme se réduit à un substrat
biologique qu’il convient seulement de garder en vie (ou de faire mourir, si
cela permet d’optimiser l’économie). C’est le lieu par excellence de la
domination du discours épidémiologique et hygiéniste. Il faut ainsi
comprendre que la dualité structurelle camp/cité établie par Agamben se
retrouve dans le choix de la langue selon l’opposition husserlienne du
positivisme et de la philosophie. Il y a deux catégories d’humains : ceux à
qui s’applique le vocabulaire de la biologie, de la « science », des
mathématiques – ceux-là sont les bannis qui vivent dans des camps – ; et
ceux à qui s’applique le vocabulaire de la philosophie, de la politique au
sens noble, de la culture en général – ceux-là sont les élus qui vivent dans la
cité. Dans le champ politique actuel, servi par la propagande médiatique,
s’est répandue la culture du « fact-checking », qui marque, de façon
évidente, pour reprendre l’approche husserlienne, que seule compte
désormais la narration politique du fait « scientifique ». Pour reprendre
l’approche agambienne, il s’agit de faire croire que le vocabulaire du camp
peut devenir celui de la cité. Dans cette industrie plumitive servile de la
presse sous-prolétarisée et sous-intellectualisée, la seule interrogation
politique se ramène donc au simple fait. Or le fait lui-même s’inscrit dans le
mensonge scientifique, et sa mise en avant par la presse exprime
exactement la fin des Humanités. Le fact-cheking constitue ainsi la
réunion canonique de la fausse science et du sophisme politique :
c’est la forme contemporaine par excellence de la langue totalitaire.
CHAPITRE 2

LA PERVERSION DE LA LANGUE
À DES FINS POLITIQUES :
ANALYSE
DE LA
LANGUE COVID
ET DE
SA SÉMANTIQUE
L
« es mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les
avale sans y prendre garde. Ils semblent ne faire aucun effet, et voilà
qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir », nous
avertissait Klemperer1. Et c’est bien un certain type de langage politique
fondé sur une sémantique frauduleuse, sous couvert de science, qu’il
convient d’étudier. Nous nous fondons ici essentiellement sur ce qui se
passe en France, mais ces analyses peuvent être élargies, car ce phénomène
est mondial. La langue, trésor commun à disposition de tous, a été trafiquée
par la parole politique et médiatique, ce qui a modifié son usage, et dévoilé
par là même les intentions mensongères et totalitaires, car comme le disait
Klemperer, l’usage de la langue ne ment pas. « Pour se justifier, ils
changèrent la valeur habituelle des mots par rapport aux actes qu’ils
qualifient », disait l’historien grec Thucydide au sujet des hommes
politiques responsables de la guerre du Péloponnèse.

LES MOTS,
PERDANT DE LEUR VALEUR,
PEUVENT PARVENIR
JUSQU’À INVERSER
LA DÉSIGNATION DES
VICTIMES ET DES BOURREAUX.

Nous subissons ce viol politique de la langue, c’est-à-dire un changement


de connotation axiologique des mots. Les mots, perdant de leur valeur,
peuvent parvenir jusqu’à inverser la désignation des victimes et des
bourreaux : « Beaucoup de malhonnêtetés naissent quand on massacre la
langue, qu’on met le sujet à l’accusatif et le complément d’objet au
nominatif, brouillant ainsi les cartes, intervertissant les rôles des victimes et
des bourreaux, abolissant les distinctions et les hiérarchies en de
crapuleuses orgies de concepts et de sentiments qui altèrent la vérité2. »
Dans cette crise sanitaire, les mots sont pervertis par un processus
d’avilissement de la langue. Ils sont enlevés et pris en otage, par exemple
dans cette curieuse métaphore du virus pris « en tenaille » (discours du
31 mars 2021 d’E. Macron), sur laquelle nous reviendrons infra.

Les sophismes au principe de la politique


déployée
La nouvelle langue Covid restreint le champ de notre réflexion en nous
ôtant la possibilité de penser au-delà de son nouveau lexique, avec ses
articulations pseudo-logiques. Comme nous l’avons indiqué, le caractère
complexe de la réalité est supprimé pour la réduire à une conception binaire
de la santé, de la société, de l’économie et du politique. Tout d’abord, la
pseudo-argumentation s’établit à partir de sophismes. Le raisonnement
correct suppose des syllogismes vrais, ce qui a été analysé notamment par le
philosophe grec Aristote dans l’Organon. « Le syllogisme est un discours
par lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre en résulte
nécessairement du seul fait de ces données3. » Cette nécessité provient
exclusivement de la forme du syllogisme, et non de sa matière ou
composition. Il comporte deux prémisses, une majeure et une mineure, dont
résulte une conclusion. La manipulation du discours consiste à créer de faux
syllogismes, appelés des « sophismes », à l’insu des auditeurs sans que le
déroulement logique du sophisme soit rendu visible. C’est d’ailleurs en cela
que résident les manipulations de l’art oratoire, dont les dernières
générations sont d’autant plus victimes qu’elles n’en étudient plus les
ressorts au sein de l’Éducation nationale, loin des enseignements de
l’ancienne Instruction publique. Revenons à notre syllogisme : il pourrait
donc être valable ou correct avec des prémisses fausses (ou seulement
vraisemblables). Prenons des exemples.
DANS CETTE CRISE SANITAIRE,
LES MOTS
SONT PERVERTIS
PAR UN PROCESSUS
D’AVILISSEMENT DE LA
LANGUE.

EXEMPLE 1
Majeure :

Tout homme est rationnel.

Mineure :

Or le lion est un homme.

Conclusion :

Donc le lion est rationnel.

Le syllogisme est juste d’un point de vue formel. La conclusion est fausse
en raison de la fausseté de la mineure.

EXEMPLE 2
Majeure :

Tout ce qui est rationnel est immortel.

Mineure :

Or l’âme humaine est immortelle.

Conclusion :

Donc l’âme humaine est rationnelle.

La conclusion est vraie, mais le syllogisme n’est pas valable (en raison de
l’ordre des termes). Elle aurait tout aussi bien pu être fausse, car elle ne
provient pas du raisonnement (elle est vraie « par accident »).

Corrélativement, il existe deux types de manipulations de raisonnements,


dits sophismes (formel ou matériel), provenant :
1° soit de la fausseté (ou du caractère seulement vraisemblable) d’une des
prémisses ou des deux (sophisme matériel),
2° soit de la forme non valide du raisonnement (sophisme formel).
Aristote fait aussi la distinction entre syllogisme parfait et syllogisme
imparfait – dont les prémisses sont implicites.
Dans cette crise sanitaire, les deux types de sophismes sont présents. Les
caractères non fondés de la gravité de la pandémie et de l’efficacité des
mesures sociales opèrent comme des prémisses fausses, engendrant des
restrictions de liberté. La forme non valide du raisonnement s’organise
autour de propositions disparates et d’amalgames incessants, qui empêchent
toute possibilité d’articulation logique vraie (cf. infra).
À propos du syllogisme scientifique, Aristote précise : « Par
démonstration j’entends le syllogisme scientifique […], il est nécessaire
aussi que la science démonstrative parte de prémisses qui soient vraies,
premières, immédiates, plus connues que la conclusion, antérieures à elle, et
dont elles sont les causes4. » Un syllogisme scientifique est donc un
syllogisme valide dont les prémisses sont vraies (alors qu’un simple
syllogisme est seulement valide). La certitude délirante collective, de type
paranoïaque, s’est fondée sur des premiers principes erronés, puis une
construction du discours orchestré sur la foi, sans acceptation du moindre
doute. Cette foi s’est organisée, dès l’origine, sur trois sophismes, non
dévoilés mais présents dans le fond idéologique des discours et des
décisions politiques, et que nous exposerons ainsi :
1° L’épidémie justifie une dictature.
2° Seul un vaccin peut faire barrage à l’épidémie.
3° Un vaccin est le seul moyen qui sauvera l’humanité du grand danger
qui la menace.
Nous pourrions proposer également des sophismes similaires, qui se
rajoutent aux premiers et sont autant de croyances erronées admises en
certitudes et répétées ad nauseam : il n’y a pas d’autre traitement que le
vaccin5 (le vaccin est considéré comme un traitement), on ne sortira pas de
la crise tant qu’il n’y aura pas le vaccin, la Constitution n’a plus lieu d’être
car nous sommes en état d’exception, ce qui justifie un gouvernement par
décrets (la loi est confisquée), etc.

Sophisme 1 : « l’épidémie justifie une dictature »


Majeure :

Un grand danger justifie une dictature6 (de destituer les citoyens de leurs droits inaliénables).

Mineure :

Or l’épidémie est un grand danger qui menace l’humanité.

Déduction :

Donc l’épidémie justifie une dictature.

Analysons la majeure. Il est vrai, dans l’histoire politique, que la dictature


a pu être une réponse apportée à un grand danger menaçant la patrie, mais
le sophisme évacue la nature même de dictature, qui ne justifie ses mesures
d’exception sur les droits des citoyens que parce qu’elle est limitée dans le
temps (six mois). La majeure est donc fausse, car elle n’est que
partiellement vraie.
La mineure est un mensonge, puisque l’épidémie – requalifiée de façon
arbitraire de « pandémie » par l’OMS le 11 mars 2020, sans une définition
claire du mot pandémie – n’est pas un grand danger qui menace l’humanité.
Pourtant, elle a été traitée comme telle.
Que nous dit, en effet, le directeur général de la Santé en mars 2020 à la
suite de cette décision de l’OMS ? « Le mot fait peur, mais une pandémie
n’est qu’une épidémie qui se diffuse sur tous les continents. Elle n’est pas
plus virulente ou plus grave parce qu’on l’appelle “pandémie”. » Le terme
est équivoque, car la pandémie peut concerner une diffusion géographique,
mais aussi une répartition dans la population. Richard Horton, directeur de
The Lancet, indiqua à ce sujet sa préférence pour le terme syndémie. Mais
alors, pourquoi le monde entier a-t-il traité cette épidémie comme s’il
s’agissait d’un grand danger menaçant l’humanité, avec des décisions
politiques entraînant des situations tragiques dans les populations ? Famine,
misère économique, incertitude du lendemain, solitude et enfermement des
personnes âgées et des personnes vulnérables sur le plan psychiatrique, etc.
On apprend, en outre, que l’OMS a changé son système d’alerte sur les
pandémies, c’est-à-dire sa grille de lecture antérieure, qui n’est plus
opérante pour qualifier le coronavirus. D’autant plus que, d’après cette
ancienne grille de lecture, l’épidémie de SARS liée à l’apparition d’un
coronavirus n’avait pas du tout été qualifiée de « pandémie » en 2003, bien
qu’elle eût touché 26 pays. Le critère de propagation mondiale semble donc
arbitraire, selon le bon vouloir de l’OMS. La déduction, à partir d’un demi-
mensonge et d’un mensonge entier, ne peut donc qu’être erronée. Rien ne
justifierait une dictature, qui au demeurant n’en serait plus une, mais aurait
basculé en régime totalitaire, puisque le régime d’exception des mesures
sanitaires extrêmes et de la politique intrusive de contrôle a duré plus de six
mois consécutifs, et que s’ajoutent une volonté de transformation en
profondeur de la société et de la nature humaine, ainsi qu’un véritable
système idéologique de mensonges fondant l’action politique.
Sophisme 2 : « seul un vaccin peut faire barrage
à l’épidémie »
Majeure :

Seul un bouclier immunitaire peut faire barrage à une épidémie.

Mineure :

Or un vaccin est le seul moyen d’acquérir ce bouclier immunitaire.

Déduction :

Donc seul un vaccin peut faire barrage à l’épidémie.

La majeure peut constituer une vérité, à la condition de bien définir


l’immunité, dans toute sa complexité. Admettons la majeure pour vraie,
toutefois. La mineure est, en revanche, tout à fait contestable, puisqu’un
vaccin n’est pas le seul moyen d’acquérir un bouclier immunitaire, et
d’ailleurs, un vaccin peut produire l’effet inverse sur certains sujets, en
détruisant leur immunité par les effets secondaires ou des chocs
anaphylactiques par exemple. Il ne s’agit donc pas d’une vérité, non
seulement dans sa réduction à « le seul moyen », mais en outre dans son
affirmation première, puisqu’un vaccin peut au contraire détruire
l’immunité chez certains sujets. La déduction sera nécessairement fausse,
puisque constituée d’une majeure que nous admettons pour vraie (quoique
cela soit également contestable) et d’une mineure erronée.

Sophisme 3 : « un vaccin est le seul moyen qui


sauvera l’humanité du grand danger qui la
menace »
Le sophisme 3 est élaboré à partir des postulats et conclusions des deux
premiers sophismes, dont nous avons déjà analysé qu’ils conduisent à des
déductions erronées.
Majeure :

L’épidémie est un grand danger qui menace l’humanité, et seul un bouclier immunitaire peut
faire barrage à l’épidémie.

Mineure :

Or un vaccin est le seul moyen d’acquérir ce bouclier immunitaire, et seul un vaccin peut faire
barrage à l’épidémie.

Déduction :

Donc un vaccin est le seul moyen qui sauvera l’humanité du grand danger qui la menace.

Construite à partir de postulats erronés, la conclusion « un vaccin est le


seul moyen qui sauvera l’humanité du grand danger qui la menace » ne peut
qu’être fausse. Cependant, cet « objet fétiche » qu’est le vaccin, au regard
de la certitude délirante qui a posé en principe que « l’épidémie est un
grand danger qui menace l’humanité », est reconnu comme tel dès
mars 2020 par le champ politique. Avant même le recours à l’expérience, à
des remèdes et à des traitements dont il faut rappeler qu’ils ont fait l’objet
d’interdictions formelles, la solution « miracle » est proposée à un délirant
postulat supposé dès le départ, et autorisant des décisions politiques
démesurées : nous sommes persécutés par un virus qui met l’humanité en
grand danger.
Puisqu’il a été beaucoup question de charlatanisme en 2020 en France,
gageons que ces sophismes, au cœur des discours politiques sur la question,
relèvent du charlatanisme en logique, et d’un pseudo-raisonnement qui ne
s’embarrasse plus de la recherche de la vérité. Ce pseudo-raisonnement,
nous l’appelons en psychopathologie, lorsqu’il est systématisé autour de la
persécution (nous sommes « en guerre » contre un virus qui nous veut du
mal), une « folie raisonnante » : cela relève du champ de la psychose
paranoïaque, folie délirante qui se propage aisément d’un psychisme à
l’autre dans les groupes, notamment à partir de la langue.
Les biais interprétatifs occultant
l’argumentation principale
Le délire paranoïaque perd son interlocuteur dans les détails, souvent
soignés et éloquents, parfois insignifiants, mais en réalité sortis du contexte.
Le délire leur fait dire « autre chose », qui soutient sa construction.
L’argumentation principale de fond est toujours soigneusement évitée, de
même que la contextualisation du problème et son historicité, pour noyer
dans des détails dont l’interprétation vise à stigmatiser le persécuteur
désigné, qu’il s’agisse de personnes ou d’objets personnifiés (en
l’occurrence, ici, le virus étranger, qui ne manque pas d’être personnifié
ensuite dans les personnes qui ne souhaitent pas se faire vacciner : elles sont
porteuses saines, puis porteuses malades, et finalement sont le virus lui-
même. Elles seront dites à éradiquer, de même que le virus aujourd’hui est
vécu comme l’élément menaçant
à abattre). En somme, il s’agit d’absorber l’individu dans des détails vides
de sens, et d’orienter ses comportements selon des ordres absurdes, sinon
contradictoires dans le temps. C’est bien l’objet de la politique qui a prévalu
en France en 2020 et encore au premier trimestre 2021, à l’heure où nous
avons entrepris ce livre. Ces détails vides de sens sont de surcroît
changeants, afin de ne plus pouvoir appliquer un modèle logique et prédictif
aux décisions prises. Prenons l’exemple des décisions politiques sur les
confinements/déconfinements, attestations de sortie, etc. Quelle est la
justification logique ? Le 19 mars 2021, on peut lire un article sur France
Info7, intitulé « Confiner sans enfermer : pourquoi le gouvernement a choisi
cette nouvelle stratégie ». Un an plus tôt, il y avait la règle « 1 km,
1 heure », puis on y apprend que « les contaminations se font très
majoritairement à l’intérieur », que l’Institut Pasteur a publié une étude le
9 mars disant que « les contaminations se produisent de façon écrasante en
lieu clos et mal aéré ». Dans ces conditions, le pouvoir va-t-il reconnaître
avoir fait fausse route, et avoir encouragé les contaminations en confinant à
plusieurs reprises en 2020 ? Eh bien, non ! Il poursuit ses paradoxes : on
confine (mais pourquoi donc ?), mais avec « des allègements sur le temps et
la distance passés à l’extérieur », alors que l’article nous indique que « la
proportion d’infections au Covid-19 […] se chiffre à moins de 10 % ».
Alors, pourquoi poursuivre une logique de confinement, tout en alléguant
que les nouvelles mesures sont « pour la santé mentale des gens » ? Mais de
qui se moque-t-on ? Les détails absurdes, contradictoires et changeants se
révèlent, par exemple, dans l’attestation de sortie du 20 mars 2021. Outre le
fait de s’attester soi-même, qui relève du registre de la schizophrénie,
l’attestation de déplacement dérogatoire se perd dans une quantité de détails
absurdes et contradictoires, laissant de surcroît une place à l’arbitraire de
l’interprétation, puisque les termes et les critères ne sont pas définis : quels
sont les déplacements professionnels « ne pouvant être différés » ? Quel est
le critère de l’impératif ? Car, s’il est celui de travailler, donc de gagner sa
vie, personne ne peut alors différer son déplacement professionnel. Qu’est-
ce qu’un « motif familial impérieux » ? Avec cette perte dans les détails, la
sortie de son domicile constitue un vrai casse-tête chinois. Par exemple,
chacun doit donc, à partir de mars 2021, calculer si la course qu’il doit faire
est supérieure ou non à 10 km ; et si l’on doit sortir faire plusieurs courses,
alors il faut plusieurs attestations ! Cette situation relève en outre d’une
vraie ségrégation, puisque 10 km en ville n’ont rien à voir avec 10 km à la
campagne. Il est intéressant de relever quels sont les motifs impérieux. Par
exemple, l’activité professionnelle en est un, si tant est qu’elle ne puisse
être différée. Qu’est-ce que cela signifie ? Qui, pour des raisons
économiques, est en mesure de différer son activité professionnelle ? La
vaccination fait partie d’un motif impérieux. La garde d’enfants également,
mais leur instruction, non. Les animaux de compagnie peuvent être sortis
dans un rayon d’un kilomètre autour du domicile : là encore, on fait
semblant de réduire les besoins d’un animal à son excrétion et sa miction,
mais qu’en est-il des chiens qui, par exemple, ont besoin de faire de
l’exercice tous les jours, et peut-être dans un parc situé à un peu plus d’un
kilomètre de chez soi ? Est-ce que cela ne fait pas partie de leurs besoins
vitaux ? Tous ces motifs sont considérés formellement comme des
« exceptions » ; ce qui relève d’une langue paradoxal, car l’exception est
bien que ces motifs soient imposés en annihilant les droits humains
fondamentaux !
La gestion des horaires est aussi absurde, de même que les décisions entre
villes et départements, ce qui crée une toile d’araignée où chaque
déplacement devient de plus en plus compliqué. Les décisions politiques
par décret ne sont pas pérennes, mais changent constamment, ce qui altère
la capacité d’adaptation des citoyens aux nouveaux stimuli. Par exemple,
dans les « motifs supplémentaires applicables uniquement de 6 h à 19 h
dans les territoires soumis à des mesures renforcées […], les déplacements
ne sont autorisés qu’au sein du département ou d’un périmètre défini par un
rayon de 30 km autour du lieu de résidence, sauf pour les items signalés par
un astérisque (*) sur la présente attestation ainsi que pour les déplacements
autorisés par l’article 56-5 du décret du 29 octobre 2020 modifié. Les
personnes résidant dans les départements n’étant pas soumis à des mesures
renforcées ne peuvent entrer dans les départements soumis à des mesures
renforcées au-delà d’un périmètre défini par un rayon de 30 km autour de
leur lieu de résidence que pour les items signalés par un astérisque sur la
présente attestation, ainsi que dans le cadre de déplacements de longue
distance conduisant seulement à un transit par une zone soumise à des
mesures renforcées ». Les citoyens acquièrent peu à peu l’habitude de
devoir être autorisés pour leurs moindres faits et gestes,
conditionnement néfaste s’il en est, couplé à leur infantilisation : ils
sont jugés irresponsables, mésestimés ou insultés par le pouvoir, ce
qui montre une classe politique cynique et particulièrement coupée
des réalités.
LES CITOYENS ACQUIÈRENT
PEU À PEU L’HABITUDE
DE DEVOIR ÊTRE AUTORISÉS
POUR LEURS MOINDRES FAITS
ET GESTES,
CONDITIONNEMENT NÉFASTE
S’IL EN EST, COUPLÉ À LEUR
INFANTILISATION : ILS SONT
JUGÉS IRRESPONSABLES,
MÉSESTIMÉS OU INSULTÉS
PAR LE POUVOIR, CE QUI
MONTRE UNE CLASSE
POLITIQUE CYNIQUE ET
PARTICULIÈREMENT COUPÉE
DES RÉALITÉS.

La persuasion par la charge émotionnelle


des discours politiques et médiatiques
Avant d’entrer dans la langue elle-même, nous pouvons souligner que le
champ politique et le champ médiatique ont usé des procédés manipulateurs
bien connus en psychologie, par le recours au sensationnel et au passionnel,
chargeant d’émotions les discours pour susciter tout à la fois terreur et
empathie, davantage persuader que convaincre, et sidérer l’interlocuteur
qui, envahi par l’émotion, dont les stoïciens disaient qu’elle altérait les
facultés de raisonnement, est dessaisi de sa capacité de discernement. « La
spécialité paranoïaque est bien d’envoyer une charge traumatique délibérée,
au travers de sa compétence à manipuler le langage, le must étant d’envoyer
la charge traumatique à son destinataire, tout en emportant l’adhésion du
collectif environnant qui se retournera contre le destinataire, s’il ose se
plaindre […]8. » La première manipulation émotionnelle est celle par la
terreur, par la mise en scène d’un danger vital, d’un péril imminent à
échelle planétaire. Par exemple, la comptabilité assénée chaque jour dans
les médias, sur « les morts » du Covid a participé à cette manipulation par
la terreur. Le documentaire Ceci n’est pas un complot de B. Crutzen décrit
comment les médias n’hésitent pas non plus à altérer la vérité en montrant
des scènes jouées par des acteurs, et non des moments de l’expérience
réelle. L’OMS ayant fait appel à des influenceurs, on peut se poser la
question du rôle de la propagande médiatique « de guerre » utilisée contre
la population. De fait, l’OMS a engagé le cabinet de relations publiques
Hill+Knowlton pour « faire campagne » sur la « pandémie » : « Le géant
des relations publiques, surtout connu pour son rôle dans la fabrication de
faux témoignages9 en faveur de la guerre du Golfe, a été engagé par l’OMS
pour “assurer la crédibilité scientifique et sanitaire de l’OMS afin de
s’assurer que les conseils et recommandations de l’OMS soient
respectés”10. » Nombre des États étant liés par contrat avec l’OMS, ils se
doivent d’en respecter les préconisations. Il conviendrait de connaître les
directives exactes données par l’OMS à la France, s’il est possible d’y avoir
accès, et également de se souvenir de ce que, par exemple, le journal
Le Monde, comme d’autres médias mainstream, sont aujourd’hui
subventionnés par la fondation Bill-et-Melinda-Gates. L’AFP est partenaire
de Facebook pour la mise en place d’un système de lutte contre les fake
news. Or, c’est bien l’AFP qui donne le la de la musique que nous joueront
ensuite les médias. Qui paie l’orchestre paie la musique. Rappelons, en
outre, que c’est le même Bill Gates qui fait partie des actionnaires
majoritaires de l’OMS et propose enfin à la vente la solution miracle à la
« pandémie », à savoir le vaccin sauveur. Pour ne pas être en conflit
d’intérêts, il ne faut pas être juge et partie à la fois. Lorsque l’on est tout à la
fois le prescripteur, l’informateur, le rédacteur de la notice et le vendeur, il
s’agit d’un cumul de conflits d’intérêts. Une neutralité et une indépendance
des médias mainstream entre les mains d’un actionnariat de milliardaires
qui sont des donneurs d’ordre bien plus que des « partenaires » ? Rien n’est
moins sûr ! Pour le psychiatre Frédéric Badel, « les médias ont très
largement propagé une parole gouvernementale basée sur la manipulation
(essentiellement par la peur et les modifications des indicateurs
d’épidémie), sur le mensonge (au sujet de la disponibilité puis de
l’efficacité des masques par exemple), sur l’infantilisation (se faire à soi-
même une attestation), et sur la culpabilisation (embrasser ses proches les
fera mourir). Et tout cela dans le but de sidérer les esprits et de leur faire
accepter n’importe quoi, même ce qui n’a pas de sens11. »
La deuxième émotion qu’il convient de manipuler pour obtenir une
soumission psychique est l’empathie, qui fait rapidement le terreau de la
culpabilité. Elle a été notamment mise en scène par la culpabilisation sur
soi-même : si l’on réclame ses droits inaliénables (liberté de mouvement,
liberté de travailler, etc.), on est un criminel en puissance. Si l’on manifeste
du doute sur le vaccin sauveur, on est un assassin d’autrui. Si l’on manifeste
de l’affection à l’autre, on est encore un délinquant. Si l’on pense
autrement, la pensée est criminalisée et la personne vouée aux gémonies.
Cela se nomme « chantage », « inversion accusatoire de la culpabilité », car
n’est-ce pas au politique de garantir la pérennité, la concorde et la sérénité
du lien social en organisant sa possibilité (par exemple, en équipant
davantage les hôpitaux, en laissant les médecins prescrire, en cessant ce
rapport malsain à la terreur12) ? Renvoyer la responsabilité et, partant, la
culpabilité, sur le citoyen devenu fautif de respirer, de circuler, d’aimer, de
penser et de s’exprimer, est un processus pervers : « À tous ceux qui,
adoptant ces comportements, ont bravé les consignes, je veux dire ce soir
très clairement : non seulement vous ne vous protégez pas VOUS, et
l’évolution récente a montré que personne n’est invulnérable, y compris les
plus jeunes, mais vous ne protégez pas les autres, même si vous ne
présentez aucun symptôme vous pouvez transmettre le virus même si vous
ne présentez aucun symptôme, vous risquez de contaminer vos amis, vos
parents, vos grands-parents de mettre en danger la santé de ceux qui vous
sont chers » (E. Macron, le 16 mars 2020). « La responsabilité c’est la
confiance » en le pouvoir, dit Emmanuel Macron, le 31 mars 2021. Ceux
qui doutent deviennent des irresponsables… de mauvais citoyens, qui sont
coupables, par un retournement pervers de la faute. Le 9 mars 2021, Olivier
Véran présente la publicité vidéo pour se faire vacciner : une vidéo de
50 secondes où l’on voit deux enfants sauter dans les bras de leur grand-
mère âgée, sans masque, avec un slogan « parce qu’on rêve tous de se
retrouver, vaccinons-nous », tout en précisant qu’il faut continuer à
appliquer les gestes barrières et à porter le masque « pour le moment, même
vaccinés ». Ce sentimentalisme jouant sur l’affectif dans la famille, entre
des enfants et des personnes âgées que le pouvoir en réalité brime et
maltraite depuis deux ans (et qu’il empêche précisément de se retrouver),
est accompagné d’un message paradoxal : l’image montre des personnes
sans masque s’embrassant, tandis que le contenu du discours indique que
le vaccin ne changera rien au masque et aux gestes barrières. Dans ces
conditions, cette publicité n’est-elle pas un outil supplémentaire de
manipulation mentale des populations ? Olivier Véran ajoute, sur son
compte Twitter : « Pour nous retrouver demain, vaccinons-nous », ce qui a
l’apparence d’un odieux chantage affectif, et d’autant plus que nous n’en
avons aucune garantie. Le pouvoir ment, et l’a montré durant un an de
propagande13. Et que dire de ces incitations outrancières et manipulatrices à
la vaccination, tandis que des experts nous alertent sur la qualité intrinsèque
des produits, sur leurs procédés de fabrication, etc., selon les documents
officiels publiés par l’Agence européenne du médicament, et invitent à
retirer l’intégralité des lots ainsi qu’à annuler en urgence toutes ces
autorisations de mise sur le marché14 ? « La responsabilité, c’est la
confiance15 », vraiment ?
La manipulation émotionnelle sur la culpabilité se retrouve dans plusieurs
clips du gouvernement, par exemple un clip du 12 décembre 2020 du
ministère des Solidarités et de la Santé, où l’on voit une famille s’embrasser
sans porter de masque. À la fin du clip, la grand-mère qui fêtait son
anniversaire est allongée dans un lit d’hôpital, intubée. Donc en clair, c’est
la famille qui est responsable d’avoir aimé la grand-mère, de l’avoir
embrassée, et de lui avoir prodigué de la tendresse. Le libre arbitre de
l’individu et son individualité même sont évacués des discours, chacun
devenant une cellule du corps social au sens organique, qui peut contaminer
ou être contaminé, dans un entrelacement à autrui qui réduit l’individu à
une partie du tout organique. « Protégez-vous, protégez les autres »,
« Protège-toi, protège les autres ! », « Sauver les jeunes en confinant les
vieux », « Quand on aime ses proches, on ne s’approche pas », etc.
Or, c’est malheureusement toujours en invoquant des idéaux
incontestables, et en légitimant l’adage selon lequel « la fin justifie les
moyens » (une fin noble justifie tout et n’importe quoi : maltraitance,
harcèlement, suppression des droits etc.) que les régimes totalitaires se
mettent en place, en supprimant progressivement les droits de l’individu
jusqu’à le réduire à une cellule du corps social compris comme corps
organique.
L’être humain y est réduit à une cellule biologique, et dépouillé de sa
dimension spirituelle, qui lui confère des droits. Ceux qui d’aventure
chercheraient à s’émanciper de ce grand corps organique sont ciblés comme
coupables de l’expansion de l’épidémie.
Les discours sont teintés de sentimentalisme et de grandiloquence. Il
s’agit bien de travestir la raison dans la sphère du sentiment, de déformer et
d’obscurcir en faisant primer l’affectivité, en jouant sur les émotions
derrière la signification des mots : « Nous ressentons tous en ce moment la
peur, l’angoisse pour nos parents, pour nous-mêmes face à ce virus
redoutable, invisible, imprévisible. […] La fatigue et la lassitude pour
certains, le deuil et le chagrin pour d’autres16. » L’ordre moral est redéfini :
la nouvelle morale est d’obéir au pouvoir en fermant les yeux et en se
laissant bercer des illusions de l’union sacrée fusionnelle entre le pouvoir et
les citoyens. La grandiloquence et l’appel nostalgique, larmoyant, au passé
que l’on aimerait tant retrouver, sont présents dans les discours provenant
du gouvernement : « Mes chers compatriotes, nous les retrouverons ces
1er mai heureux, ensemble, unis. Nous surmonterons cette épreuve17 », ou
encore « Notre Nation se tient debout, solidaire, dans un but commun18 »,
« Nous voilà tous solidaires, fraternels, unis, concitoyens d’un pays qui fait
face. Concitoyens d’un pays qui débat, qui discute, qui continue de vivre sa
vie démocratique, mais qui reste uni. »
Il faut jouer sur les émotions, extraire les mots de la langue commune et
les détacher de leur contexte originel, réinvestir les mots, les insérer dans
d’autres contextes que les leurs. Par exemple, l’épidémie « mord » comme
un chien méchant, mais le pouvoir saura l’en empêcher, bien évidemment :
« Cette épidémie ne saurait affaiblir notre démocratie, ni mordre sur
quelques libertés » (discours d’Emmanuel Macron du 13 avril 2020).
L’exagération est permanente, ce qui entraîne chez l’auditeur une perte de la
sensibilité, avec un style ampoulé, la certitude d’un destin consistant à
devoir se débarrasser d’un hôte étranger gênant, d’un parasite, qui d’ailleurs
prendra des couleurs d’immigré : « variant brésilien », « variant africain »,
etc. Se vacciner contre les variants ne suffira pas !, nous dit la doxa.

LES DISCOURS CLÔTURENT


TOUT DÉBAT SCIENTIFIQUE.

Les discours clôturent tout débat scientifique, et mentent allègrement.


Dans une interview du 14 octobre 2020, le président de la République est
sec et sans appel : « Je pense qu’il faut, dans le pays des Lumières ou de
Pasteur, qu’on arrête d’avoir des espèces de débats permanents sur les faits
ou la vérité scientifique. Il y a un Conseil scientifique qui joue un rôle
essentiel, il va d’ailleurs être pérennisé et j’en remercie ses membres. »
L’ordre est désormais clair : les discours sont à charge unilatérale, aux
Français de les avaler et de se taire. De façon concomitante à cette
extinction du débat et de la pensée (de l’existence de l’autre comme sujet
pensant), on fait pleurer dans les chaumières, en appelant à « notre
résilience », à « notre unité », aux « défis ensemble ». Le président n’a pas
confiance en notre jugement critique, mais il le répète : « J’ai confiance en
vous. » Le Conseil scientifique a été tout sauf transparent, mais c’est « la
transparence » qui est invoquée, une sorte d’union sacrée avec des citoyens
bâillonnés. Le pouvoir ordonne, le pouvoir persécute, le pouvoir transgresse
par d’incessants décrets, le pouvoir se moque de l’avis de ses citoyens, le
pouvoir écrase les libertés fondamentales, mais invoque l’union sacrée :
« Si nous sommes unis, et nous serons unis. » Le pouvoir se laisse dicter
une idéologie depuis l’étranger et embauche des cabinets privés
internationaux pour du consulting, mais invoque une « nation unie et
solidaire19. »
La grandiloquence est souvent associée au maniement d’un « nous », qui
englobe encore une fois l’individu, pas forcément en accord d’ailleurs, pour
participer à une « communauté de destin » avec le pouvoir. « Communauté
de destin » bien fragile dans la réalité, et plutôt à sens unique, lorsque l’on
sait que des gens puissants, dont sans doute des ministres, enfreignent
régulièrement les ordres imposés au peuple, par exemple déjeunent dans des
restaurants clandestins sans masques ni gestes barrières20… Savent-ils qu’ils
mentent au peuple ? Sans aucun doute, à en croire les comportements.
Klemperer avait déjà souligné l’usage par les nazis des pronoms personnels
englobants, du « nous » inclusif qui absorbe tout le monde, et nie toute
contestation comme toute spécificité individuelle. La valeur générique isole
pour mieux stigmatiser, cela devient le « nous » contre celui qui émettrait la
moindre critique.
La logique sacrificielle est en permanence invoquée, que ce soit pour
l’exiger ou la dénier : « sacrifier les vacances du printemps pour un été
radieux », « sacrifions-nous les jeunes sur l’autel du Covid-19 », « l’OMS
appelle à ne pas sacrifier la santé sur l’autel du redressement économique »,
« le Préfet appelle à sacrifier le mois de mars », « avril sacrifié, mai
libéré ? », « sauver Noël mais sacrifier le réveillon du Nouvel An ? », « le
monde de la culture craint d’être sacrifié », « respecter les gestes barrières
sans sacrifier ses mains »21. N’est-ce pas l’esprit de sacrifice qui est
également invoqué par le pouvoir au sujet de la Légion étrangère : « Rien
n’est obtenu, si rien n’est sacrifié22 » ? Pourquoi exige-t-on en permanence
du peuple un consentement à des sacrifices ?
À tout cela s’ajoute le mépris du pouvoir pour le peuple, au travers d’une
infantilisation : il y a les « mauvais comportements », les « irresponsables »
(« Les Français sont-ils irresponsables ? » titre le quotidien Sud-Ouest), le
« relâchement » (« Les Français se relâchent »), les jeunes gens sont
estimés « égoïstes », « négligents », etc. L’entrée traumatique dans les
émotions entraîne fatalement une sidération de la pensée et une confusion,
de sorte que, dépossédés de la froideur nécessaire à un raisonnement
critique, les individus sont saisis d’angoisse et il faut bien alors décharger
son angoisse sur quelqu’un : ses enfants, ses voisins, ses collègues, etc.
Tout cela n’a donc pas été une politique responsable de cohésion et d’union,
bien au contraire. L’inflation des émotions, où le sentiment doit supplanter
la pensée, est le mode préparatoire d’un état d’aboulie (absence de volonté),
et de désensibilisation déliée de la réalité, parfaite formation pour fabriquer
des chefaillons en herbe, ou pire, de futurs tortionnaires qui prendront le
virus « en tenaille », pour reprendre les mots du président.

Les néologismes, le nouveau lexique


pour penser et le langage administratif
Le caractère peu vertueux de la gestion politique et médiatique s’est aussi
manifesté par l’introduction de ce que l’on nomme la « novlangue » et qui
appartient au registre totalitaire. Il s’agit de détruire la langue qui fait
patrimoine commun, pour lui en substituer une autre, qui correspond à un
nouveau champ de représentations que l’on souhaite imposer par le
vocabulaire. Pour ce faire, on introduit de nouveaux mots – dits
« néologismes » –, qui ne correspondent pas au patrimoine sémantique
partagé, et qui opèrent comme des mots fourre-tout qu’à force d’écouter, les
individus finissent par s’approprier, cédant ainsi du terrain mental et
psychique à une nouvelle représentation de la réalité, qui ne correspond
plus à l’expérience (cf. supra). On glisse, en outre, dans le lexique commun
et partagé, vers un vocabulaire technique, mécanique, et pseudo-
scientifique, dont les termes ne sont ni maîtrisés ni définis pour la
population, et qui viennent envahir le langage, lequel devient inapproprié,
car ces mots techniques inconnus, d’ordinaire réservés au champ des
experts, sont alors utilisés sans compréhension, ni discernement, ni
contextualisation. C’est donc un nouveau lexique tant en qualité (nouveaux
mots) qu’en quantité (invasion de mots inconnus du grand public) qui est
alors imposé au peuple par voie de répétition médiatique. Notons qu’il est
présenté comme tel : le gouvernement du Canada, par exemple, diffuse un
« lexique sur la pandémie de Covid-19 ».
Voyons donc de quoi il retourne, d’abord du côté des néologismes.
Covidisme, rassuriste, coronastop, déconfinement, déconfiné,
téléconsultation, Covidiot, Covidivorce, etc., viennent s’ajouter aux
néologismes qualifiant les individus qui déplaisent au pouvoir :
complotistes, et conspirationnistes. On apprend que les mots de la crise
sanitaire du coronavirus ont été intégrés aux versions numériques du Petit
Robert, mais de quel droit ?! Et de nous expliquer que pour la langue
française, cela « manifeste sa vitalité, sa force d’expansion, son ouverture »,
voire « sa résilience », alors qu’il s’agit purement et simplement de sa
colonisation ! Dans les néologismes, on voit aussi l’introduction de mots
anglais, par exemple celui de « cluster », pour désigner élégamment des
sortes de foyers où se transmettrait de façon rageuse l’épidémie, ou encore
de « coping ». Le recours à l’anglais sert souvent à cacher des réalités
désagréables. Par exemple, le « cluster » est un terme anciennement utilisé
dans le domaine économique pour rassembler des entreprises d’un même
secteur. Aujourd’hui, il signifie « foyer de contamination ». Le lexique
employé est un mélange d’ancien sur lequel s’opèrent des glissements de
sens, et de nouveau, c’est-à-dire de néologismes pour décrire une situation
épidémiologique qui n’est pas la première à laquelle doit se confronter
l’humanité.
Et voyons de quoi il retourne du côté de l’invasion dans la langue
commune des termes de la technique savante : patient zéro, variant, agent
infectieux, asymptomatique, auto-isolement, cellule hôte, charge virale,
chaîne de transmission de l’infection, certificat d’immunité, contagiosité,
crise sanitaire, écouvillon, faux négatif, faux positif, foyer infectieux,
insuffisance respiratoire, quarantaine, période d’incubation, porte d’entrée
et porte de sortie, propagation virale, taux de létalité, taux de mortalité,
comorbidité, immunité collective, Covid-19, Covid, coronavirus, SARS-
CoV-2, FFP2, endémie, zoonose, aplatir la courbe, capacité du système de
santé, masque chirurgical, fournisseur des soins de santé, épicentre,
dépistage, détection précoce, médicament antiviral repositionné, R0, EPI,
masque, PCR, thérapie génique, mutation, quatorzaine, agent pathogène,
agueusie, anosmie, capacité d’intensification, clinique de dépistage,
dépistage sanitaire, détection précoce, excrétion du virus, grappe de cas,
brigade sanitaire, hypoxémie, infiltrat pulmonaire, médicament antiviral
repositionné, noyaux de condensation, oxygénothérapie, pathogénicité,
personnel de première ligne, plasma de convalescent, précautions contre la
transmission par contact, précautions contre la transmission par
gouttelettes, précautions contre la transmission par voie aérienne,
présymptomatique, propagation virale, porteur sain, recensement des
contacts, repositionnement du médicament, saturation du système de santé,
soins intensifs, super-contaminateur, taux de reproduction de base, taux de
reproduction net, traitement antipyrétique, téléconsultation, multimorbidité,
anticipation des risques, échec de sauvetage, expologie, etc.
Enfin, le nouveau lexique consiste également à employer des termes ne
relevant pas, dans la langue commune, du champ sémantique de la
technique médicale, termes qui opèrent alors comme des marqueurs de
confusion dans le langage. Par exemple : vague, cas confirmé, cas contact,
cas primaire, cas secondaire, cas suspect, contact étroit, contact non étroit,
vecteur, ventilateur, volatilité, virulence, voyage non essentiel, métier non
essentiel, coude-à-coude, gestes de sauvegarde, gestes barrières, etc. Tout
un vocabulaire, réservé à l’infectiologie pour des études scientifiques
complexes, est simplifié puis perfusé à l’ensemble du corps social. Le
vocabulaire est hygiéniste et mécaniste, ce qui sous-entend une définition
impossible, car inatteignable, de la santé, comme « absence de potentielle
maladie ».
L’incertitude sur cette nouvelle langue, imposée mondialement par les
médias de masse, entraîne des situations équivoques, avec des
conséquences majeures sur la vie des gens. Par exemple, en Amérique
latine, certains voyageurs ont témoigné de ce que l’autorisation de leur
voyage était laissée à l’appréciation des fonctionnaires ou agents des
compagnies aériennes chargés de vérifier la viabilité de leur test PCR, selon
les conclusions des laboratoires : negativo (négatif), no detectable (non
détectable = sujet à interprétation, le voyage a pu être refusé), no reactivo
(non réactif = sujet à interprétation, le voyage a pu être refusé).
Il est à noter que le champ lexical autour de la peste a été convoqué. C’est
ainsi que le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, lors de son
audition à l’Assemblée nationale sur la gestion de la crise sanitaire du
coronavirus, affirma : « Dans l’histoire, elle peut être comparée à la
pandémie de peste de 1347. » L’absurdité d’une telle affirmation éclate
lorsqu’on se souvient que la peste noire a emporté, en quelques années, la
moitié de la population européenne ! En 1420, note l’historien Joël
Blanchard, professeur émérite à l’université du Mans, c’est 80 % de la
population de la Normandie qui disparaît ! La comparaison employée par
Jérôme Salomon n’est-elle donc pas tout simplement délirante ? Une langue
ne se falsifie et ne se modifie pas sans effets. Ainsi, convoquer l’imaginaire
de la peste a entraîné, pour effet dans le réel, et c’est un exemple parmi
d’autres, une certaine façon de traiter les morts, comme des cadavres
pestiférés, mis sous scellés avant même que les familles puissent les voir.
Le langage administratif Covid est prédominant dans le champ médiatique,
insérant, au travers des slogans, des clichés. Souvenons-nous de ce que la
philosophe Hannah Arendt disait au sujet d’Eichmann : « Le langage
administratif était devenu son langage parce qu’il était réellement incapable
de prononcer une seule phrase qui ne fût pas un cliché23. »
Le problème du langage administratif est qu’il supprime l’affect et
l’empathie dans des situations qui les nécessiteraient. Le politique, nous
l’avons vu, appelle l’émotion pour créer une sorte de communauté de
destin, et l’apitoiement, tandis que le langage technique qu’il diffuse
empêche précisément l’accès à l’émotion à propos d’êtres humains malades
ou en souffrance. La langue politique se veut savante et technocratique. Par
exemple, dans son discours du 2 mai 2020, Olivier Véran emploie les
termes « isolement prophylactique », « contact tracing », et poursuit par un
langage technique difficilement compréhensible, et surtout, euphémisant,
puisqu’il s’agit d’une traque des citoyens qui pourra être exercée par des
conseillers CPAM embauchés simplement pour l’occasion, sans aucune
formation de santé et payés au salaire minimum. Il est bien spécifié,
d’ailleurs, qu’il s’agit d’un flicage des citoyens « potentiellement
malades », bafouant donc, de fait, tous les droits humains élémentaires :
« Ensuite ce qu’on appelle le tracing de niveau 1, qui sera exercé par les
médecins, les professionnels de santé de premier recours en ville comme à
l’hôpital pour définir le premier cercle des cas contacts d’une personne
malade. […] Le tracing de niveau 2 lui sera organisé par l’assurance
maladie : il vise à enrichir la liste des contacts potentiels au-delà de ce
premier cercle, de vérifier qu’aucune personne potentiellement malade n’a
pu échapper [sic] au premier tracing et donner des consignes
prophylactiques aux intéressés. Le tracing de niveau 3 lui il est organisé
(comme c’est le cas depuis le début de l’épidémie) par les agences
régionales de santé : il s’agit d’aller identifier les chaînes de contamination
des chaînes de transmission… les clusters. Et les ARS seront aussi chargées
de faire respecter les consignes sanitaires par les intéressés. »
Cette langue technique est aussi reprise par le porte-parole du
gouvernement, Gabriel Attal, un jeune homme à l’allure de Rastignac, en
date du 29 juillet 2020, avec une forte tendance à l’abstraction : « Nous
regardons la situation heure par heure, nous sommes proches du seuil de
vigilance au niveau national avec un niveau R0 […] ce qui porte à 142 le
nombre de clusters au niveau national, c’est vous dire la situation dans
laquelle nous sommes. […] il y a des reprises épidémiques et que toute
notre stratégie tout notre objectif c’est de casser les chaînes de
contamination. D’abord, d’identifier les personnes qui sont contaminées et
c’est pour cela qu’on augmente très fortement notre capacité de tests. On est
aujourd’hui à plus de 500 000 tests réalisés par semaine, ce qui fait de la
France je crois le pays où le plus grand nombre de tests par habitant sont
réalisés chaque semaine, augmentation des tests, identification des malades,
des cas contacts, isolement quarantaine pour les personnes qui sont
contaminées ou qui “sont contacts” pour casser les chaînes de
contaminations et pour continuer à être efficace et à s’adapter à cette
situation, il pourra y avoir des conseils de défense pendant la trêve24. » La
langue administrative se marie bien avec la catégorisation des citoyens. Il
faut que nous soyons rangés dans des catégories, et de plus en plus de
catégories, ce qui dévoile une lubie maniaque du pouvoir. Catégoriser et
tracer, voici la nouvelle obsession du pouvoir : « Et ce n’est qu’alors que
nous pourrons redéployer une stratégie “Tester, Alerter, Protéger”
renouvelée, complétée. C’est pourquoi durant ces semaines nous allons
aussi produire des efforts massifs pour mettre en place beaucoup plus de
plateformes de test à travers des innovations et une nouvelle organisation.
Nous devons collectivement déployer beaucoup plus massivement
l’application TOUSANTICovid, qui sera un instrument de la sortie de cette
phase de confinement. Tests en trente minutes, meilleur traçage, isolement
plus efficace des personnes positives qui est un sujet sur lequel nous devons
encore réfléchir. Une fois le pic épidémique passé, tous ces outils doivent
nous permettre demain de tenir jusqu’au vaccin, à l’été, nous disent les
scientifiques25. » Une telle manie est le prélude à l’apartheid sanitaire
qui, inenvisageable pour la masse en 2020, devient un horizon
probable, et peu à peu accepté en 2021, l’admission ayant été
obtenue par l’usure harceleuse.
UNE TELLE MANIE
EST LE PRÉLUDE
À L’APARTHEID SANITAIRE QUI,
INENVISAGEABLE
POUR LA MASSE EN 2020,
DEVIENT UN HORIZON
PROBABLE, ET PEU À PEU
ACCEPTÉ EN 2021,
L’ADMISSION AYANT ÉTÉ
OBTENUE PAR L’USURE
HARCELEUSE.

Les amalgames, les assimilations


et les interrogations faussées
Le mensonge du discours paranoïaque abrase toute différence, et rend
équivalent ce qui ne l’est pas. Par exemple, il assimilera des viols et des
vols, ce qui n’a rien à voir, ni en termes d’actes délictueux, ni bien sûr, en
termes de gravité, et de blessure psychique. Il s’adressera à un adulte
comme s’il était un enfant, et à un enfant, comme s’il était un adulte, etc. Ce
dernier point est explicite d’ailleurs en provenance du pouvoir : des enfants
de primaire sont censés comprendre et adopter les comportements des
adultes, tandis que ces derniers sont en permanence infantilisés par le
discours politique. En particulier, le discours pervers et paranoïaque manie
les amalgames. Le mot amalgame provient de l’arabe amal al-gamāa
signifiant « fusion », « union charnelle ». En chimie, il désigne l’alliage
liquide, pâteux ou solide formé à partir du mercure. En alchimie, il désigne
la combinaison entre le mercure et les métaux. En imprimerie, il désigne
l’impression simultanée, sur une même feuille, de travaux d’impression
différents. En sémantique, il s’agit d’un mélange d’idées, d’une mixture
d’idées hétérogènes, voire contraires, jusqu’à former une fusion d’idées
abusive, telle que « juif/sioniste », ou « musulman/terroriste ». Par
l’amalgame s’opèrent des glissements sémantiques des mots, jusqu’à leur
faire dire le contraire de ce qu’ils signifient. Citons quelques amalgames :
entre létalité et mortalité26, entre malade et testé positif, entre porteur du
virus et testé positif/négatif, entre malade et contagieux, entre contagieux et
assassin, entre réanimation et soins intensifs, entre anti-vaccin en général
et anti-vaccin Covid, entre anti-vaccin Covid et criminel, entre jeune/
égoïste et vieux, etc. Mais l’amalgame sans doute le plus prégnant de toute
cette exhibition est celui entre la politique et la science épidémiologique
affiliée à l’OMS, ainsi qu’aux multinationales de la vaccination (qui
ressemblent davantage à un monopole, si l’on suit l’actionnariat direct ou
indirect de Bill Gates). La criminalisation de tout individu qui ne ferait pas
aveuglément confiance au pouvoir, et de tout individu comme
potentiellement malade, justifie et justifiera, de facto, une répression sur la
base de sanctions exemplaires, de répression, de camps d’internement, etc.
Par exemple, le 2 avril 2021, on apprend que le gouvernement italien décide
de rendre obligatoire la vaccination pour les soignants27, par décret ; et toute
personne qui entendrait faire valoir son droit au consentement éclairé, ou
douterait du discours du pouvoir assurant que cette vaccination la
« protège », sera sévèrement réprimée, avec une suspension de salaire ou
encore une affectation à « des tâches où [elle] ne ser[a] pas en contact avec
des patients ». On parle de « travailleurs réfractaires ».
Bien entendu, les soignants qui administrent le vaccin sont, eux,
totalement libérés de toute responsabilité juridique quant aux conséquences.
Car, rappelons-le, « la responsabilité c’est la confiance ». Mais si vraiment
ces vaccins étaient si inoffensifs que cela, pourquoi exonérer de toute
responsabilité ceux qui les administrent ? Le simple recrutement des
vétérinaires pour vacciner les gens dans la population française devrait
pourtant indiquer la manière dont nous voit le pouvoir : comme du bétail28.
N’y avait-il pas assez d’infirmiers et de médecins dans la société française
pour accomplir cette tâche ?
La « nouvelle normalité », c’est celle de l’individu coupable par défaut, et
qui doit porter la marque de sa culpabilité dans le bâillon ou la muselière,
pour cacher son visage. La jeunesse est stigmatisée, coupable de possibles
joies au cours de fêtes ou de réunions. Le groupe est vécu comme criminel,
et toute manifestation est réprimée. Nos écrits pourraient même être jugés
comme criminels, dans un tel contexte devenu fou. Des termes de la langue
commune fonctionnent sur le mode de la connotation positive ou négative
par association avec des termes valorisés. Le simple terme de vaccin pour
désigner ce qui n’en est pas un, ou le fait de l’associer à une « thérapie »,
démontre l’imposture langagière et conceptuelle. Des formes interrogatives
peuvent également produire un arrêt de la réflexion, tout en laissant
l’impression de lui donner tout loisir pour s’épancher. Ce sont, en général,
des questions fermées, mettant en débat deux membres de phrase qui ne
sont pas équivalents. Ainsi, l’on fait comme si le débat n’était qu’entre ces
deux membres de phrase, alors que le sujet mérite une réflexion beaucoup
plus complexe. Par exemple : « Êtes-vous pour ou contre les vaccins ? » est
une question fermée qui réduit considérablement le champ d’une pensée
complexe et en évacue le sens, en oubliant que certains « vaccins »
proposés pour le virus n’en sont, en réalité, pas au sens traditionnel, et sont
dits « thérapies géniques », ce qu’ils ne sont pas non plus, car ils ne
soignent pas (une thérapie soigne). Voilà encore un abus de langage :
appeler « vaccin » ce qui n’en est pas un. Le gouvernement français, sur son
site, indique que le principe de ces vaccins est « un peu différent du
principe plus “classique” de la vaccination ». Est-ce vraiment « un peu
différent » d’intervenir sur le génome humain29 ?
Les interrogations faussées pleuvent, ainsi en est-il de l’alternative
frauduleuse, présentée comme telle de façon sous-jacente : le confinement
ou le vaccin ? « Il n’y aura pas de retour à la normale avant le vaccin », ont
seriné divers gouvernements aux populations. Encore un pieux mensonge,
dans la mesure où le Conseil d’État, en mars 2021, estime que les
restrictions de déplacement des personnes vaccinées doivent demeurer,
puisque le juge des référés estime qu’elles peuvent être porteuses du virus
et contribuer à sa diffusion. Poser une question, même à soi-même, est
devenu un acte tabou : impossible d’interroger les dogmes de l’Inquisition,
les harpies veillent. Pour autant, l’analyse en détail du discours du 31 mars
2021 prononcé par le président de la République dévoile des procédés
sophistiques fort curieux. Prenons le temps de regarder ce discours : tout
d’abord, le président ne parle plus de « pandémie », mais d’« épidémie ».
Ensuite, il parle de 100 000 familles endeuillées, alors qu’il s’agit de
96 280 décès (donc individus morts, un individu décédé n’est pas
équivalent à une famille endeuillée). L’amalgame entre individu et famille
est révélateur : l’individu se fond dans le collectif, il n’existe plus autrement
que dans le « nous » : « Nous avons résisté et appris », « Un an où nous
avons tenu », « Je vous l’avais dit dès le début : nous allons vivre avec le
virus. C’est bien cela ». Est-on d’accord pour fusionner dans ce « nous »
avec le président de la République ? La menace est pourtant bien claire :
« dès le début », le président nous avait annoncé que ce serait « la guerre ».
Donc, si « nous allons vivre avec le virus », eh bien ce sera une guerre
perpétuelle et mondiale, ni plus ni moins ! Par ailleurs, si nous tolérons cet
état d’exception guerrier pour une épidémie, alors ce sera valable pour
toutes les épidémies. Le psychiatre Frédéric Badel dénonce l’imposture de
faire croire qu’il est exceptionnel et nouveau que nous vivions avec des
virus : « On prend des mesures infantilisantes et liberticides en l’absence de
données scientifiques, et on nous met des messages récurrents dans la tête,
comme si ce qui arrivait était nouveau. Prenez l’exemple de cette phrase :
“Vivre avec le virus de manière durable”, comme si nous n’avions jamais
vécu avec des virus, alors qu’on le fait depuis la nuit des temps. Notre
système immunitaire se forge avec eux. Ces messages répétitifs sont truffés
de biais cognitifs, de fautes de logique, qui peuvent être employés à dessein
pour tromper les gens30. » Le président, néanmoins, se contredit, car il
promet une sortie prochaine de crise, assimilant la situation présente à une
sorte de mort puis renaissance : « Essayer de vous dire que si nous restons
unis, solidaires, si nous savons, durant les prochaines semaines, nous
organiser, alors nous verrons le bout du tunnel. Et nous nous retrouverons. »
L’emploi systématique de ce « nous » pour faire fondre le peuple dans le
désir du président n’est pas sans rappeler certains accents totalitaires et
fascistes du siècle précédent. Les voix discordantes sont évacuées ; elles
n’existent pas. L’accent du discours est pétainiste31 : nous sommes divisés
par un méchant virus, et nous vaincrons le virus par notre solidarité et notre
union, et nous irons tous ensemble vers le vaccin. Bien évidemment, en
filigrane, cela suppose que, si l’on refuse de s’unir avec Emmanuel Macron,
eh bien on n’arrivera jamais au bout du tunnel – quel chantage ! C’est donc
le président qui pose les postulats et les axiomes de départ, pour arriver à la
conclusion à laquelle il veut mener les gens. « Le bout du tunnel » est
comme une sorte de paradis spirituel fondé sur la croyance. Ensuite, le
président emploie de nouveau des termes guerriers en appelant à « la
mobilisation de chacun » : l’individu revient pour le sacrifice et pour être
mobilisé au service de la cause. Les conditions de la secte sont édictées par
« beaucoup se joue » (sic). Le discours ne coïncide pas avec les faits ; le
président en appelle à la « sécurité », à l’« équilibre » et à la
« responsabilité » : il faut « permettre à chacun d’être soigné dans les
meilleures conditions ». N’est-ce pas le gouvernement qui a ôté la liberté de
prescription aux médecins, donc la possibilité de soigner de façon précoce
l’épidémie ? Est-ce que, par hasard, cela ne s’apparenterait pas précisément
à un refus de soins, de même que ce qui s’est passé dans les EHPAD en
2020 ?
Le discours est larmoyant. Après avoir maltraité les enfants par le port du
masque, les fermetures des lieux de socialisation, la dégradation de
l’instruction – ce qui a entraîné la multiplication par trois des tentatives de
suicide32 en pédopsychiatrie (cf. données transmises par l’hôpital Robert-
Debré à Paris) –, voilà que le président dit avoir pris en compte « les
conséquences aussi des restrictions sur nos enfants et leur éducation, sur
l’économie, la société, la santé mentale, notamment des plus jeunes ».
Comment les a-t-il prises en compte ? Les professionnels de santé mentale
de l’enfance attendent de voir ! Il poursuit avec le vœu de pénaliser les
territoires à forte densité, ce qui signifie tout simplement pénaliser le plus
de monde possible ! Donc l’on prend en compte ou l’on pénalise ? S’ensuit
une série de slogans sur la « responsabilité » : « préférer aux contraintes
pour tous, le civisme pour chacun », alors que ce gouvernement fait le
contraire. Depuis quand être responsable, c’est « faire confiance » ? Par
exemple, faire confiance à des escrocs, des menteurs ou des abuseurs, ce
serait loin d’être de la responsabilité ! La situation est présentée comme
s’étant améliorée, faisant fi de l’usure liée à la durée :
1) « confinement dur au printemps 2020 »,
2) « confinement adapté lors de la seconde vague »,
3) « réponse qui visait à freiner l’épidémie sans nous confiner ».
En conséquence, la situation est bien pire, et bien plus insupportable,
qu’en 2020. Tout d’abord, certaines professions sont à l’arrêt depuis de
longs mois, et sont à l’agonie. Les gens sont hébétés à l’usure, et ne
comprennent plus autant d’incohérences. Le discours affirme donc
l’atténuation d’une situation alors qu’elle a empiré, tout en passant sous
silence le durcissement des lois et des décrets qui encadrent les mesures
politiques (ex. : loi sur la sécurité globale).

LE GUIDE DU BON CITOYEN


EST PRÉCISÉ :
C’EST CELUI QUI DOIT SE
SACRIFIER.

Le guide du bon citoyen est précisé : c’est celui qui doit se sacrifier.
En clair, l’individu n’existe dans ce discours que pour être sacrifié : il doit
faire preuve de « bons comportements face au virus », on exige de lui
l’obéissance – « se faire tester aux premiers symptômes ». L’acceptation de
toutes ces contraintes est considérée comme du civisme, alors qu’est exigée
une foi aveugle dans la parole du président. Il faut partir du principe que ce
que dit le pouvoir est VRAI. Il faut partir du principe que nous devons lui
faire confiance, « s’isoler au premier symptôme ». Ensuite, le message est
clair : la punition pour être positif (sans nécessairement être malade), c’est
l’exclusion sociale – sortir du groupe. Donc insécurité, déséquilibre et
irresponsabilité priment dans ce discours, où l’axe du bien est présenté
comme la doxa du pouvoir. On comprend que la protection, c’est la
répression ! La protection passe par la répression émanant des décrets.
L’individu est de nouveau absorbé dans la fusion avec le chef : « nous
avons tous consenti » ; l’opposition et l’opinion plurielle n’existent plus,
tout le monde est censé avoir « consenti ». Ah bon, tout le monde est
d’accord avec les décisions politiques depuis un an ? D’autant plus que
Macron ajoute : « le virus a continué de circuler » – c’est peut-être, en
somme, que la stratégie n’est pas la bonne ? Le sentimentalisme larmoyant
reprend : « des jours précieux de liberté », « des semaines d’apprentissage
pour nos enfants », occultant la tragique réalité des parents qui sont
abandonnés à leur sort sans pouvoir travailler, et dont une grande partie des
enfants souffrent de la situation33. Une psychanalyste, Catherine Avice, dans
un article remarquable, indique les étapes de la mise sous emprise perverse
du peuple français, et souligne la troisième étape : « La décision abrupte et
inique d’imposer le masque aux enfants dès l’âge de 6 ans. Pourtant les
études scientifiques menées de par le monde concluaient toutes de la même
façon : les enfants ne sont pas transmetteurs et ne tombent pas malades.
Qu’importe ! C’est à ceux-là mêmes qui sont censés protéger leurs enfants,
les parents, qu’il fut réclamé alors de s’inscrire dans la maltraitance. Pour
certains parents, qu’ils puissent être maltraitants envers leurs enfants est à
ce point inconcevable que par déni, ils préfèrent soutenir que leurs enfants
supportent très bien le masque ! Des professionnels de santé de plus en plus
nombreux alertent sur les dégâts causés par le port du masque sur la santé
physique et mentale des enfants : fatigue, maux de tête, développement des
TOCs, phobie de l’école, retards d’apprentissage, dépression, voire
suicides… […], pourtant cette décision n’a toujours pas été annulée et les
enfants continuent d’être des victimes muettes. Comment jugeront-ils leurs
parents, plus tard34 ? »
Le discours retourne au paradoxe : le virus a fortement continué de
circuler, mais, pour le pouvoir, ce fut « sans jamais perdre le contrôle de
l’épidémie ». Le président croit en la responsabilité des Français – il fait
donc un pari ! La vaccination est annoncée comme le Graal de sortie de
crise, avec une « course de vitesse », voilà que nous allons courir plus ou
moins vite qu’un virus ! Mais ce Graal n’en est pas non plus un :
« raisonnablement » suppose une espérance « avec raison garder ». Puis on
apprend qu’il existe une « épidémie dans l’épidémie », comme une sorte de
mise en abyme de l’épidémie ! Cet effet de redondance revêt un caractère
absurde, amplifié par l’amalgame entre la réanimation, les soins intensifs et
le nombre de lits. Si le pouvoir se voulait rassurant, maintenant il invoque le
« risque de nous faire perdre le contrôle si nous ne bougeons pas ». Et
pourtant, c’est bien ce qui est demandé aux Français, non ? Précisément ne
pas bouger en restant confinés ! Nous sommes priés de croire le pouvoir sur
parole, qui entend « fixer un nouveau cadre » : « Ce serait faux de dire que
si nous ne faisions rien… » – pure doxa que nous sommes obligés
d’ingurgiter comme vérité. « La vie au présent », ce sont les malades. « La
vie au futur », ce sont les enfants. On comprend donc que les enfants n’ont
pas de « vie au présent ». « Un effort des soignants » est requis, comme si
les soignants avaient le pouvoir d’en faire davantage, alors que c’est un
effort du politique qui est requis ! Les soignants n’en peuvent plus de faire
toujours davantage d’efforts avec des moyens sans cesse davantage
diminués par les décisions politiques. Tous derrière Macron, réclame le
président ! Mais 7 000 lits de réanimation, comme cela nous est indiqué,
est-ce vraiment « la guerre », pour une population d’environ 60 millions
d’habitants ? N’est-ce pas complètement déséquilibré et démesuré ?
Le « deux poids, deux mesures » est rendu systématique : les fêtes
religieuses de Pâques contaminent (cf. discours du président, du 31 mars
2021), mais non le métro parisien. On peut comprendre effectivement cette
stigmatisation des événements religieux par une sorte d’effet concurrentiel à
la nouvelle religion mondiale de la pandémie, le « Covidisme », avec ses
rituels. « Partout le virus circule vite, de plus en plus vite35 » – voilà encore
une personnification du virus comme corps étranger qui se répand
sournoisement de façon invisible sur nos corps inertes, sur le mode du
« touché coulé ». Les paradoxes dans cette « Adresse aux Français »
continuent : être confiné mais veiller à ne pas s’enfermer, créer du lien mais
avec un télétravail « systématisé ». Les clivages se poursuivent : certains
seraient « irresponsables », d’autres trop durs, mais lui, notre bon président,
est « tempéré ». « L’irresponsabilité de quelques-uns ne doit pas ruiner les
efforts de tous », nous dit-il. Comme il est exclu qu’il fasse partie
des irresponsables – de même que toute cette classe politique ayant mené la
gestion de cette épidémie –, les irresponsables sont donc à comprendre
comme les opposants à cette politique, qui viendraient « ruiner les efforts »
– les termes sont assurément mesurés. Ces irresponsables sont, d’ailleurs,
assimilés à des alcooliques (« encadrer la consommation d’alcool »). Le
président nous fait grâce : l’attestation ne sera obligatoire « que » pour les
déplacements au-delà de 10 kilomètres – ce qui tait l’absurdité et
l’infantilisation d’une telle mesure, sans compter la dimension schizophrène
de se faire une attestation à soi-même. Les restrictions extrêmes sont
présentées comme un cadeau. Passons sur le cynisme de ce gouvernement
qui n’a cessé de détruire l’instruction à l’école, et nous explique miser sur
« l’éducation ».
« L’éducation de nos enfants, elle, n’est pas négociable. L’école n’est pas
négociable » – introduisant de nouveau l’amalgame entre l’instruction de
l’enfant et l’école. Le cynisme est poussé à son comble lorsque le président
nous indique faire « le choix de la responsabilité et si je puis dire, de la
respiration », immédiatement après avoir parlé des contrôles et des
sanctions sur la voie publique. En somme, la répression, c’est la confiance.
Mais, puisque la responsabilité, c’est la respiration, doit-on comprendre que
les irresponsables sont ceux qui ne respirent plus et portent un masque, ou
encore, incitent à en porter un ?
Les fêtes religieuses contaminent, il faut donc faire « cet effort » :
s’absenter des rassemblements qui unissent et transcendent par la foi –
« pour vous protéger et pour protéger les autres ». Il n’y a plus de
distinction entre l’individu et le groupe. Ma sécurité, c’est celle du groupe,
et vice versa. La logique du clan mafieux « à la vie à la mort » ne
fonctionne pas autrement. Certains termes sont curieux, comme
l’expression « jauges adaptées » dans les établissements scolaires. Notons,
tout de même, que le président parle d’éducation et d’apprentissage, jamais
d’instruction, pour les enfants. Or seule l’instruction est obligatoire.
L’objectif nous est annoncé : freiner le virus par la vaccination – « grâce à
la vaccination la sortie de crise se dessine enfin […] et le vaccin est
efficace ». Il nous indique que les résidents des maisons de retraite ont
repris une vie normale, or le Conseil d’État a spécifié que le vaccin
n’exonérait pas des mesures de biosécurité liées au Covid, donc en clair,
que le vaccin n’a rien changé !
Le terme accélérer 36 renvoie de nouveau à l’idée d’une course de vitesse
entre le lièvre (le virus) et la tortue (le vaccin, qui finira par l’emporter sur
le virus). Le président continue le « nous », exprimant une absence totale
d’opposition, y compris chez les soignants ; et pourtant, elle est importante.
Puis, le discours nous parle d’économie vaccinale. La France n’a pas
d’indépendance alimentaire, mais elle aura une indépendance vaccinale,
dans une sorte de nationalisme vaccinal, ou de production industrielle de
temps de guerre, une guerre qui implique « à l’automne, hiver ou l’année
prochaine, des nouvelles vaccinations à prévoir ». Évidemment, en niant le
scandale sanitaire préexistant à expérimenter en population générale des
injections géniques, ladite « vaccination » vise les plus fragiles et ceux qui
ont le plus de risques de développer des formes graves. L’insistance oratoire
devient pesante : « vacciner, vacciner, vacciner. Sans répit, sans jour férié.
Le samedi et le dimanche, comme la semaine », en omettant de préciser
qu’on intervient sans aucune précaution préalable, sans sérologie, sans
reconnaissance de responsabilités des fournisseurs de vaccins en cas
d’effets secondaires graves et sérieux37.
Si la tortue l’emporte dans la course de vitesse, alors ce sera « la clé pour
renouer avec la vie. La clé pour rouvrir notre pays ». On comprend donc
qu’il n’y a qu’une seule porte pour la vie, et une seule porte pour
l’ouverture du pays : le « vaccin », érigé en objet fétiche idéalisé. Puis, il est
question de la tenaille, pour « tenir le virus en tenaille » – quelle drôle
d’expression, répétée d’ailleurs : « cette tenaille », constituée, d’un côté, des
efforts, et de l’autre, de la vaccination ! Le mot tenaille a été utilisé pour la
dernière fois dans les discours politiques en France au sujet de la question
de la torture en Algérie. Ce sont, en clair, les Français qui sont soumis à des
pratiques de torture, avec un renvoi, dans l’inconscient des Français, aux
tortures pratiquées par les parachutistes français en Algérie, et qui ne sont
pas apurées de la mémoire38. Comment le président sait-il se projeter au
mois de mai, comment sait-il qu’ils vont rouvrir au mois de mai ? Le terme
de la mobilisation sur le champ de bataille est encore répété plusieurs fois.
Comment peut-il oser dire : « Nous avons appris et nous nous sommes à
chaque fois améliorés » ? De qui parle-t-il ? De lui-même et des ministres,
alors qu’ils ne font que systématiquement répéter les mêmes schémas issus
de la même idéologie depuis le départ de cette crise ?

Les euphémismes, les superlatifs et les


slogans
La langue totalitaire utilise les euphémismes et les litotes pour atténuer la
portée des faits. Il s’agit de rendre acceptable une réalité moralement
condamnable, ou désagréable. Très utilisée par les régimes totalitaires,
l’euphémisation de la langue permet de minimiser l’inconfort des situations.
Par exemple, nommer « confinement » un enfermement chez soi, sans
possibilité de déplacement d’un quartier à l’autre ou d’une région à l’autre,
sans autorisation spéciale, permet d’éviter le terme de « ghettoïsation ».
Comme nous le verrons infra, seuls les nazis ont pris de telles mesures dans
l’Histoire pour lutter contre une épidémie. Parce que les termes sont
différents, l’impact des décisions politiques change-t-il, si l’on regarde leur
mise en place progressive dans la chronologie ? Comment qualifier la
distinction entre « essentiels » et « non essentiels », qui est faite pour les
métiers mais aussi les objets, autrement qu’une stigmatisation réelle d’une
partie de la population ? La conséquence est l’effondrement économique de
certaines professions, avec des réalités tragiques, et donc un harcèlement
persécuteur qui s’opère sur des catégories de la population. Mais bien sûr,
rien de cela ne transparaît dans l’usage de ces euphémismes. Les
euphémismes sont donc une forme cynique de mensonge. Effectivement,
confinement, c’est plus joli que séquestration.
Des mots sont surinvestis, comme dans le discours du 31 mars 2021, le
mot mobiliser. Il faut se « mobiliser », terme qui ne veut rien dire si l’on
demande aux Français de ne pas bouger et de rester gentiment chez eux !
Mobiliser vient du verbe latin movere, « se mouvoir » ! C’est la même
étymologie que mobilité. Le président demande donc aux Français
l’impossible : se mobiliser, c’est-à-dire se mouvoir, dans l’immobilité,
c’est-à-dire le confinement. Il définit la responsabilité par la respiration ;
mais être responsable, c’est porter le masque et ne plus respirer. C’est, selon
Klemperer, pour en imposer au peuple par des mots qui ne sont pas compris
par lui que les dignitaires du régime trafiquent la langue, dotant les mots de
doubles sens, voire de triples sens, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de valeur
fiable. D’ailleurs dans ce discours, après un an de lutte contre une supposée
« pandémie », le président n’emploie que les termes atténués
d’« épidémie », puis d’« épidémie dans l’épidémie ». Et puis, au fond
allons-nous vivre avec le virus, comme il nous l’indique au départ ou au
contraire, allons-nous le prendre de vitesse ? Les termes sont surévalués,
survalorisés, ou encore des métaphores comme la course de vitesse ou les
tenailles sont totalement ahurissantes ; elles créent un effet mémoriel par la
persuasion, en gravant des images dans le cerveau, et en court-circuitant la
pensée conceptuelle.
L’idéologie ne se contente pas, en effet, d’influer sur l’aspect connotatif
de la langue, elle évoque, au travers de la métaphore, un univers conceptuel
en obligeant la pensée à un arrêt sur image connoté émotionnellement. Les
métaphores guerrières des discours contre le virus démontrent par elles-
mêmes la malhonnêteté de la manœuvre. On perçoit bien que leur rôle
prochain sera d’animaliser les opposants (déjà vus comme des
« irresponsables », des « religieux » et des « alcooliques »), qui seront tels
des virus à prendre en tenaille, et à éliminer avant que la contagion ne
gagne. Dans le délire paranoïaque à son apogée, il s’agira d’assimiler ses
ennemis politiques à des virus dangereux et contagieux qu’il convient
d’éliminer. On retrouve avec les termes « tenaille », ou encore « étau »
(interventions télévisées de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement),
ainsi que dans les tournures militaristes, ce que Klemperer avait relevé dans
la langue nazie : la mise au pas. Après tout, si isoler, c’est protéger,
personne ne se formalisera d’abandonner des personnes à leur sort, c’est
prévu dans le programme, ni de les envoyer dans des camps de mise en
quarantaine, puisque « c’est pour le bien de la personne ».
Mécanisation et militarisation du langage rendent le monde désubjectivé
et inhumain, tout en camouflant les buts profondément meurtriers du
pouvoir. Le psychiatre Frédéric Badel, dans un article du mois de
mars 2021 sur le contrôle mental, indique : « La répétition d’informations
identiques auprès de populations en état semi-hypnotique permet de mieux
ancrer ces informations dans le cerveau. La population recevant les mêmes
informations acquiert un mode de pensée unique qui crée une pression
sociale, peer pressure, un mécanisme d’autorégulation du peuple par lui-
même. Une fonction naturelle de l’homme est en effet de se calquer
inconsciemment sur le modèle social ; à l’échelle de l’individu, un nouveau
modèle s’installe pour correspondre à la pensée dominante. » Le psychiatre
indique aussi l’existence de « la généralisation de programmes ne faisant
pas intervenir la réflexion ». Les slogans renforcent la généralisation de
ces programmes, le psychiatre cite les suivants : « le monde d’après », « il
va falloir vivre avec le virus », « objectif zéro Covid », « la seule sortie de
crise possible est la vaccination », en notant que « ces procédés ne
permettent pas de débattre des vrais sujets de façon sereine et confisquent
toute discussion constructive ».
« Le slogan est très puissant car il évite l’argumentation (donc la
construction de la réflexion, car la réflexion ne peut se dérouler qu’avec une
construction grammaticale un tant soit peu complexe), et entraîne l’auditeur
ou le lecteur vers une polyinterprétation, où il pourra choisir celle qui lui
convient. Il peut s’agir d’une affirmation ambiguë, qui sera à double voire à
triple sens […]. La fonction du slogan paranoïaque sera de rassembler le
maximum d’adhésions, quitte à ce que les uns et les autres n’attribuent pas
du tout le même sens au slogan. Il fonctionnera souvent sur le mode
contradictoire, voire paradoxal. […] La paranoïa accumule des affirmations
présentées comme évidentes, sans analyse, ni références. C’est d’ailleurs ce
que l’on appelle souvent “la langue de bois”, sorte de langage figé,
stéréotypé, ou vague qui exclut la discussion car on ne saurait en saisir un
sens consistant ou une interprétation solide39. »
Prenons d’autres exemples de slogans utilisés en 2020 et 2021 :
• « Restez chez vous si vous êtes malade. »
• « Je sauve des vies, je reste chez moi. »
• « Maintenez la distance physique. »
• « Partagez les bons réflexes, pas le virus. » (autorités belges, en
avril 2020)
• « Je mets un masque, je protège les autres. »
• « Quand on s’aime on reste à distance. »
• « Prenons soin de ceux qui prennent soin de nous. » (Leclerc)
• « Restez chez vous. Le meilleur moyen d’être bientôt avec vos
proches. » (Kombo)
• « Restez proches de vos contacts même à distance. » (Sosh)
• « S’en sortir sans sortir. »
• « Votre masque me protège. »
Le slogan « Dedans avec les miens, dehors en citoyen » (Jean Castex)
implique un certain nombre de commandements de ces nouvelles Tables de
la Loi40 : « Je ne reçois pas chez moi », « Je ne me rends pas chez les
autres », « Je télétravaille sauf impossibilité », « J’aère régulièrement mon
logement », « Je ne sors plus après 19 heures, sauf pour mon travail ou une
urgence, avec une attestation », « Je porte le masque et je respecte les
distances », « J’évite de manger ou de boire si je ne suis pas seul ou avec
les personnes de mon foyer », « Je ne quitte pas ma région ou mon
département sauf motif impérieux ou professionnel, justifié par une
attestation », « Je peux sortir jusqu’à 19 heures pour des motifs
autorisés »41.
Pour plus d’efficacité, il s’agit de déployer une démarche commerciale,
comme dans les entreprises autour de « l’innovation », pour fédérer la
culture de marché et le sentiment d’appartenance autour du lancement d’un
nouveau produit, avec des concepteurs et des promoteurs. Par exemple, un
concours est publié sur le site internet du gouvernement du Canada et qui
s’intitule « Défi de l’innovation communautaire des vaccins ». C’est publié
dans la rubrique « Occasions de financement au moyen de subventions et de
contributions pour l’Agence de la santé publique du Canada42 ». La page
glossaire est très claire, s’agissant d’une démarche de manipulation mentale
et comportementale collective : « Introspection comportementale : cette
approche utilise les preuves des facteurs conscients et non conscients du
comportement humain pour aborder des questions pratiques ». D’ailleurs,
une autre page mène vers un site think tank (https://www.bi.team/). À
l’étape 1, l’équipe de l’introspection comportementale43 (en anglais
seulement) aidera les participants à appliquer les principes de
l’introspection comportementale à leurs propositions grâce à un guide de
référence. Cet outil sera mis à la disposition de tous les participants. « Le
Défi de l’innovation communautaire des vaccins encourage les individus et
les groupes de partout au Canada à participer à la promotion de la confiance
à l’égard des vaccins dans leurs communautés. Nous vous invitons à nous
présenter vos propositions de communications pour des campagnes
novatrices et créatives qui s’adressent à des publics divers. Vos actions
peuvent faire la différence ! » Peu importe donc que cette confiance
soit acquise sur l’expérience, et la réalité des retours cliniques. Peu
importe que cette confiance ait, ou non, des raisons d’exister. Les
citoyens sont convoqués comme des acteurs de manipulation, et
rémunérés pour cela dans un concours, ce qui s’apparente à des
manœuvres de corruption : « Nous choisirons 20 finalistes qui recevront
chacun 25 000 $ pour créer et mettre en œuvre leurs campagnes. Une fois
les campagnes terminées, un heureux gagnant recevra un grand prix de
100 000 $. »
PEU IMPORTE DONC QUE
CETTE CONFIANCE SOIT
ACQUISE SUR L’EXPÉRIENCE,
ET LA RÉALITÉ DES RETOURS
CLINIQUES. PEU IMPORTE QUE
CETTE CONFIANCE AIT, OU
NON, DES RAISONS D’EXISTER.
LES CITOYENS SONT
CONVOQUÉS COMME DES
ACTEURS DE MANIPULATION,
ET RÉMUNÉRÉS POUR CELA
DANS UN CONCOURS,
CE QUI S’APPARENTE À DES
MANŒUVRES DE CORRUPTION.

Les glissements de sens,


la disparition de mots et les métaphores
« Le délire contamine le discours par des glissements de sens, qui tordent
la signification et peuvent par exemple banaliser des situations violentes, ou
exagérer des situations anodines. […] Le sens est désactivé au sein du
langage, au profit d’un absurde qui contient une charge sidérante pour le
psychisme et contribue à éradiquer toute réaction possible chez
l’auditeur44. » Cette corruption du raisonnement est corollaire d’une perte
de sens dans la langue. Un exemple aujourd’hui serait de qualifier de « non
essentiel » ce qui n’est, en réalité, pas « utile » du point de vue de la
production capitaliste. L’utile est différent de l’essentiel. Il est un outil au
service d’une production technique et/ou économique. Cela n’a rien à voir
avec l’essentiel, qui parle de notre essence d’êtres humains. L’art et la
culture, en ce sens, sont absolument essentiels pour notre humanité. Mais,
s’ils sont traités comme inutiles, sans que cela soit dit, leur rejet
devient justifié.
Des expressions dénuées de sens sont employées : le « porteur sain », le
« malade asymptomatique ». On assiste à un ensauvagement des mots,
comme le soulignait Klemperer à propos de la langue du IIIe Reich, avec
une communication asymétrique fondée sur l’amplification, du chef à la
masse, sans qu’aucune des assertions ne puisse être soumise à la
contradiction. On voit bien que le choix des mots vient pervertir le
raisonnement qui les emploie, et entraîne un nouveau rapport au monde,
plus maltraitant, et banalisant la violence, une violence qui se manifeste
davantage chaque jour, comme l’ont illustré des scènes policières au bois de
la Cambre à Bruxelles, rapportées par le philosophe et psychanalyste
Michel Rosenzweig, qui évoque un « nouvel ordre sanitaire autoritaire
policier » : « Aujourd’hui, respirer librement en plein air avec des amis,
s’asseoir sur un banc, sont devenus des infractions qui peuvent non
seulement vous coûter 250 euros et des poursuites devant les tribunaux,
mais qui peuvent aussi se terminer en cellule d’isolement pendant des
heures au risque de subir des violences physiques45. » Et c’est bien « le droit
à la vie nue » – pour reprendre le concept du philosophe Giorgio
Agamben – qui est désormais confisqué au citoyen.
La personnification du virus relève également de méthodes de
manipulation mentale qui avaient déjà été employées par les nazis contre
l’épidémie de typhus (cf. infra). De la personnification du virus à
l’amalgame entre virus méchant personnifié et des catégories d’êtres
humains, il n’y a qu’un pas très mince, qu’il n’est plus difficile de franchir.
L’inflation médiatique sur les variants étrangers (brésilien, sud-africain,
etc.) vient également renforcer la croyance en l’ennemi étranger qu’il faut
combattre, et cet ennemi peut aussi être intérieur au pays (variant breton…).
Cette personnification s’étend à la nature elle-même, qui devient un ennemi
qui se venge46.
Les glissements de sens concernent également des mots anciens qui se
voient désormais dotés d’un sens inattendu : traçage, écouvillon… Certains
termes du registre du soin médical ont amplement disparu ou sont très peu
cités, dans le nouveau lexique qui nous est imposé par les médias de masse :
soigner, diagnostiquer, guérir, immunité et même médicament, remède,
traitement.

Les incantations hypnotiques et le collage


Les incantations litaniques effectuent un lavage de cerveau ; elles sont bien
connues des chercheurs travaillant sur les méthodes sectaires, et relèvent
d’une suggestion hypnotique qui opère par une répétition de rythmes. Elles
utilisent le marketing et la publicité. « Plus insidieuse, l’imposture
publicitaire n’est pas, à la longue, moins dangereuse que l’imposture
totalitaire. Par des moyens différents, l’une et l’autre détruisent l’existence
d’un espace public de pensée, de confrontation, de critique réciproque47. »
Castoriadis avait déjà dénoncé l’invasion de la logique marchande dans le
débat intellectuel. Les incantations hypnotiques proposent un langage
performatif, où dire c’est faire, sans plus aucun espace laissé au
déploiement d’une pensée. L’hypnose opère par la répétition, et/ou par le
paradoxe ou le mensonge qui sidère la pensée. Par exemple, dans le rapport
du Conseil scientifique du 12 mars 2020, il est dit : « Une manière classique
d’empêcher la propagation des épidémies, c’est la fermeture des écoles et
des universités. » L’affirmation péremptoire est un mensonge : quand donc
a eu lieu cette « manière classique d’empêcher la propagation des
épidémies » ? Jamais, hormis dans la thèse de Ferguson !
L’incantation hypnotique concerne également l’efficacité du confinement.
Mais quelle politique a déjà mis en œuvre, dans l’Histoire récente, des
confinements pour faire face à une épidémie ? La politique des nazis !
Sacrée référence historique. L’incantation hypnotique est fondée sur une
croyance magique, que l’on imposera aux chiffres ; et la preuve est que, dès
qu’est prononcée la décision du confinement, l’épidémie part en
décroissance exponentielle48. Klemperer l’avait souligné : pour obtenir la
fanatisation de la langue, il faut appuyer la répétition au cœur des
processus, matraquer toujours la même chose, avec une répétition
obsessionnelle qui tue le sens, contredit la langue commune, retourne le
sens des mots, crée de l’invocation magique, pour ancrer la croyance dans
les esprits et les rendre imperméables aux arguments rationnels. La
répétition obsessionnelle et décalée, matraque et paralyse la pensée, tout en
la sidérant, tandis que les injonctions paradoxales tuent le sens, et que les
conflits de loyauté (choisir entre voir ses amis et la vie de sa grand-mère,
par exemple), rendent littéralement fous, et ne sont jamais des méthodes
acceptables de gouvernance, et il est également caractéristique du registre
pervers (et il relève également du registre pervers d’indiquer qu’il n’y a pas
d’autres méthodes que celle du conflit de loyauté)49.
Outre ces répétitions sémantiques exigeant le sacrifice (« actes
héroïques », « mobiliser », « effort », etc. – cf. discours du 31 mars 2021),
le discours relève du collage, pour reprendre un terme du psychanalyste
Meltzer, lorsque l’identité demeure adhésive à l’objet : collage de l’individu
au groupe et au président, dans le « nous », collage entre dire et faire,
collage du psychisme dans la pensée magique. Nous sommes bien plongés
dans une dimension des plus archaïques. Il n’y a plus de temps pour
déplier une pensée ; tout ce qui est complexe est attaqué, au profit
d’une simplification outrancière qui, néanmoins, complique (et non
complexifie), la langue qui ne fait plus tiers, ne laisse plus de place
ni à l’imaginaire ni au symbolique ; le discours colle par sa valeur
performative (quand dire, c’est faire), et son caractère de pensée
magique (si tout le monde obéit, alors le méchant virus sera
combattu – c’est bien de l’ordre de la pensée magique, du
psychisme de la prime enfance, qui opère par un déni de la réalité).

Les paradoxes et les clivages


L’un des principaux paradoxes est de se retrouver avec un champ
politique qui crie à la « lutte contre les discriminations » et ne fait que
mener une politique de discrimination :
• Discrimination entre les personnes âgées et le reste de la population.
• Discrimination des enfants et des jeunes gens.
• Discrimination entre les commerces.
IL N’Y A PLUS DE TEMPS POUR
DÉPLIER UNE PENSÉE ; TOUT CE QUI
EST COMPLEXE EST ATTAQUÉ, AU
PROFIT D’UNE SIMPLIFICATION
OUTRANCIÈRE QUI, NÉANMOINS,
COMPLIQUE (ET NON COMPLEXIFIE),
LA LANGUE QUI NE FAIT PLUS TIERS,
NE LAISSE PLUS DE PLACE NI À
L’IMAGINAIRE NI AU SYMBOLIQUE ;
LE DISCOURS COLLE PAR SA
VALEUR PERFORMATIVE (QUAND
DIRE, C’EST FAIRE), ET SON
CARACTÈRE DE PENSÉE MAGIQUE
(SI TOUT LE MONDE OBÉIT, ALORS LE
MÉCHANT VIRUS SERA COMBATTU –
C’EST BIEN DE L’ORDRE DE LA
PENSÉE MAGIQUE, DU PSYCHISME
DE LA PRIME ENFANCE, QUI OPÈRE
PAR UN DÉNI DE LA RÉALITÉ).

• Discrimination entre les métiers.


• Discrimination entre vaccinés et non-vaccinés.
• Discrimination selon les régions, les cas et les situations.
Sous une sorte de catégorie prédominante entre les « essentiels » et les
« non-essentiels », dont nous avons vu qu’il s’agit davantage d’une
idéologie qui sépare les utiles des inutiles. Rappelons que le terme même de
discrimination est inapproprié.
Il existe deux sortes de stigmatisation :
1. Stigmatisation visant à traiter le même de façon différente.
2. Stigmatisation visant à traiter le différent de la même façon.
Dans les deux cas, le caractère injuste de la décision politique prédomine,
avec des conséquences graves et sérieuses sur la vie réelle des individus.
Les paradoxes, depuis cette année 2020, sont légion, ils existent au sein de
la pensée (communication aux peuples), mais également entre les paroles et
les actes, et entre les idéaux invoqués et le réel de l’expérience.
Paradoxe 1 : protéger la population en l’empêchant de se soigner.

Ex. : protéger les personnes âgées en les séquestrant et en leur refusant l’accès aux soins.

Paradoxe 2 : autoriser des activités peuplées en empêchant des activités non peuplées.

Paradoxe 3 : placer la santé au-dessus de l’économie (« choix humaniste »).

Nous nous référons au discours aux Français du 14 juin 2020, prononcé par
Emmanuel Macron : « Nous avons fait le choix humaniste de placer la santé
au-dessus de l’économie en vous demandant de rester chez vous. » Le
paradoxe n’est pas tenable, si l’on ne peut plus travailler, et si l’on place
l’économie en dessous de la santé, comment va-t-on pouvoir se maintenir
en bonne santé (par exemple, se nourrir correctement) ? C’est d’ailleurs le
cas de la famine engendrée pour de nombreuses économies mondiales où
les personnes doivent rester chez elles sans travailler, et où certains secteurs
économiques se sont complètement effondrés50. Les paradoxes sont même
inclus dans des expressions toutes faites de ce nouveau lexique
idéologique : « distanciation sociale », par exemple. La prise de distance
avec autrui, c’est l’inverse du social ! Il ne faut plus se serrer la main, ne
plus s’embrasser, se tenir à distance à 2 mètres, on se demande bien où
réside le social dans cet éloignement physique ! Olivier Véran, dans un
discours du 2 mai 2020, parle des « brigades sanitaires » comme des
« brigades d’anges gardiens » parce qu’elles vont venir au contact des
personnes malades, au contact des personnes potentiellement malades, pour
assurer leur protection et avoir accès à un système d’information adéquat et
indispensable pour réussir l’incroyable défi qui est devant nous. Le
paradoxe est dans la formulation : une brigade est un terme militaire, peu
compatible avec la paix divine des anges gardiens… Et cette brigade a une
fonction très intrusive de ficher la population et d’opérer des cartographies
de territoires. La participation à sa propre maltraitance est requise : signer
ses propres attestations de contraintes, signer un consentement à une
quarantaine « volontaire » pour pouvoir prendre l’avion, etc. Le virus est
considéré comme un criminel : le virus tue ! Ainsi, ceux qui ne sont pas
mobilisés contre l’ennemi criminel qu’est le virus sont des criminels (si tu
n’es pas contre, tu es pour !). Et comme le gouvernement se mobilise contre
ce virus criminel, si tu n’es pas pour le gouvernement, tu es complice du
virus criminel ! Les clivages relèvent, en psychopathologie, de la
psychose, et sont promus dans le délire paranoïaque. Ils
s’organisent autour de l’injonction paradoxale de manière subtile,
afin de perdre complètement l’interlocuteur. Il s’agit de scinder la
pensée, ce qui entraînera des divisions psychiques, puis des
divisions dans le collectif sous la manifestation de clans qui
s’opposent de façon idéologique.

Nous pouvons noter :


1° un clivage entre l’émotion et le fait rapporté (ex. : rire d’une
situation tragique, prodiguer une intense compassion à des
pédocriminels, etc.),
2° un clivage entre des idées contradictoires (ex. : « je suis pour la
peine de mort » et quelques phrases plus loin : « nos sociétés ont
progressé en supprimant la peine de mort ») ;
3° un clivage entre l’intention et le projet (ex. : « c’est pour votre bien
que vous devez accepter de payer tous ces impôts »),
4° un clivage entre la parole et le comportement (ex. : « mais moi je
veux qu’on s’entende bien », alors que tous les actes prouvent le
contraire et sont persécuteurs).
Voyons comment ces clivages ont été déployés depuis deux ans en France,
par le champ politique et les médias de masse qui s’en sont fait le relais.

Clivage entre l’émotion et le fait rapporté


Le registre de la terreur n’était pas en adéquation avec la réalité des chiffres.
Insuffler la terreur (« Nous sommes en guerre ! »), alors que cette émotion
n’était pas du tout adaptée à la situation, a entraîné un clivage entre ceux
qui étaient poreux à cette terreur, sans pouvoir analyser le fait rapporté, et
ceux qui analysaient le fait rapporté, sans se laisser absorber dans la terreur.
Cela a créé deux groupes scindés dans la population française : ceux qui
agissent et réagissent à la terreur, peu importe la réalité du fait, et ceux qui
se sont accrochés à la réalité du fait. Le clivage entraîne la création de deux
clans en opposition, que plus rien ne peut réconcilier.
LES CLIVAGES RELÈVENT,
EN PSYCHOPATHOLOGIE,
DE LA PSYCHOSE,
ET SONT PROMUS
DANS LE DÉLIRE
PARANOÏAQUE. ILS
S’ORGANISENT AUTOUR
DE L’INJONCTION PARADOXALE
DE MANIÈRE SUBTILE,
AFIN DE PERDRE
COMPLÈTEMENT
L’INTERLOCUTEUR. IL S’AGIT
DE SCINDER LA PENSÉE, CE
QUI ENTRAÎNERA DES
DIVISIONS PSYCHIQUES, PUIS
DES DIVISIONS DANS LE
COLLECTIF SOUS LA
MANIFESTATION DE CLANS QUI
S’OPPOSENT DE FAÇON
IDÉOLOGIQUE.
Clivage entre des idées contradictoires
Prenons quelques exemples d’idées contradictoires. Emmanuel Macron,
président de la République française, déclare, le 4 décembre 2020, dans le
média en ligne Brut : « Je ne crois pas à la vaccination obligatoire pour ce
vaccin. Je crois beaucoup plus au travail de conviction par la transparence
qu’à l’obligation. » Quelques mois plus tard, le 12 juillet 2021, le même
Emmanuel Macron annonce que l’obligation vaccinale sera rendue effective
le 15 septembre 2021 pour les soignants. Olivier Véran, ministre de la
Santé, déclare, le 24 mars 2021, que le « pass sanitaire » pose des
« questions éthiques, scientifiques, juridiques et techniques importantes » et
indique que « ce n’est pas l’avis du gouvernement à ce stade ». Dans
Les Échos du 13 juillet 2021, on pouvait lire : « Le ministre de la Santé
Olivier Véran a annoncé mardi soir que le pass sanitaire s’appliquera pour
les adolescents de 12 à 17 ans à partir du 30 août51. »
Mais sans doute l’une des contradictions les plus sidérantes réside dans ce
qui est appelé « vaccin » alors qu’il est contestable qu’il en soit un (ce n’est
pas un vaccin classique à virus atténué ; c’est une expérimentation médicale
en cours). Un vaccin est censé protéger la personne vaccinée, or pression
est faite sur la population non vaccinée au motif qu’elle expose les
personnes vaccinées. De plus, dans l’analyse des retours d’expérience, les
personnes vaccinées ne sont, aujourd’hui, pas protégées de la contagion52,
donc elles sont tout aussi « responsables » de la propagation du virus
que les personnes non vaccinées. L’idéologie sous-tendant ces idées
contradictoires sur le vaccin – qui n’en est pas vraiment un, qui ne protège
ni de la contagion ni des formes graves53 – est l’éradication du virus
(proposition impossible), qu’en réalité on contribue à transmettre, puisque
c’est la vaccination en période épidémique qui favorise l’émergence de
variants résistants aux vaccins54. Face à tant de contradictions, comment y
retrouver son latin ?

Clivage entre l’intention et le projet


C’est pour leur bien que les Français doivent se soumettre à toute une série
de mesures confiscatoires de leurs libertés, de leur sécurité économique, de
leur division et de leur Constitution. C’est pour leur bien qu’ils doivent
consentir au harcèlement, à la maltraitance ainsi qu’à la violation de leur
souveraineté (« la fin justifie les moyens »).

Clivage entre la parole et le comportement


Dans le clivage entre la parole et le comportement, les actes démontrent le
contraire des discours. Ou encore, les actes peuvent être contradictoires sur
une période donnée. Par exemple, en mars 2020, le président et son épouse
vont au théâtre pour inciter les Français à sortir malgré le coronavirus. Par
la suite, c’est toute la culture qui sera persécutée par les décisions politiques
de fermeture des lieux culturels.
Quelle est la conséquence psychique de ces paradoxes et de ces clivages ?
L’interlocuteur, pris dans tous ces paradoxes subtils, s’il est en impossibilité
de les analyser, n’a, par conséquent, pour seule arme que le déni, afin de se
préserver psychiquement. Il épouse donc le délire paranoïaque, et se laisse
manipuler au travers de la sidération. La sidération de l’interlocuteur est
obtenue par ces différents clivages, un bombardement de stimuli « tous
azimuts » dans le discours (y compris dans la gestuelle) et l’injection de
chocs émotionnels dans le discours (évocations d’images traumatiques).
« Il n’y a aucune autorité dans le rapport à la parole et au langage, à
entendre comme engagement de soi. Selon ses besoins, le paranoïaque
modifiera son délire à sa guise. Il peut dire une chose la veille, et le
contraire le lendemain, sans même s’apercevoir de ses propres
contradictions. La parole n’a aucune valeur d’engagement (en vertu de la
non-inscription dans la temporalité linéaire dont j’ai parlé supra), de parole
signifiante et tenue, elle n’est qu’un outil mis au service du délire55. » Et
l’on voit bien à quel point, pour le politique, la parole n’a pas de valeur. Par
exemple, début février 2021, le gouvernement rassure en disant qu’il est
possible que les Français ne soient jamais reconfinés. Un mois plus tard, il
demande de tenir 4 à 6 semaines, en promettant de lâcher la bride sur les
restrictions sanitaires mi-avril. Le 31 mars, un confinement total est
annoncé du 6 avril au 3 mai, tout en prévoyant la vaccination pour tous
ainsi que la réouverture des lieux culturels en mai. « La vaccination est
vitale », dit-il. Il n’existe aucune reproductibilité dans les décisions
politiques prises, en ce sens que, par exemple tel confinement prévu à tant
de cas, ne l’est plus la fois suivante. Les kilométrages changent, les
permissions de sortie aussi, les documents à remplir, etc. – ce qui crée
davantage de confusion et d’incertitude, et empêche la moindre prévision.
Et c’est la même politique qui est utilisée dans différents pays, avec des
ordres politiques différents, entraînant davantage d’incompréhensions. En
mars, une nouvelle version d’attestation est mise en place, avec un
justificatif de domicile pour une sortie à moins de 10 kilomètres. Dans la
langue totalitaire, les mots divisent, et ne partagent plus. Ils se chargent
d’un sens nouveau, tandis qu’apparaissent des néologismes. L’Histoire
n’existe plus non plus : aucune rétrospective sur les changements de
discours, voire leur inversion, aucune remise en question, aucune excuse
donnée à la population. Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, dit le
26 janvier 2020 : « Les masques chirurgicaux […] sont uniquement utiles
quand on est soi-même malade, pour éviter de contaminer les autres. […]
Le masque bleu, chirurgical […], n’offre aucune protection contre le virus,
il ne protège de rien. » En mars 2020, les masques furent jugés inutiles :
« C’est une denrée rare, une ressource précieuse pour les soignants, et
totalement inutile pour toute personne dans la rue », déclara le directeur
général de la Santé, Jérôme Salomon, le 18 mars 2020, qui ajoute « Il ne
sert à rien de porter des masques dans la rue ». Édouard Philippe, le 13 mars
2020, avait déjà dit : « Le port du masque, en population générale dans la
rue, ça ne sert à rien. » Puis, le masque a été décrété obligatoire dans tous
les lieux publics clos à partir de juillet 2020, jusqu’à devenir indispensable
partout. Comment expliquer une telle évolution du discours politique ?
Quelles sont les études légitimant le port du masque en population
générale ?
En conclusion de cette analyse de la langue Covid, nous pouvons
légitimement nous inquiéter d’une parole confisquée, au service d’une
langue idéologique et sectaire, qui contredit et occulte tout à la fois la
réalité de l’expérience et la langue commune. Comme dans tout
phénomène totalitaire, la vérité est ce que décide le plus fort au
pouvoir, parce que son idéologie sert ses intérêts. La langue Covid
pollue notre espace psychique et nous oblige à entretenir une
posture passive de soumission à cette nouvelle langue dessinant les
contours d’une « nouvelle normalité ».

COMME DANS TOUT


PHÉNOMÈNE TOTALITAIRE,
LA VÉRITÉ EST CE QUE DÉCIDE
LE PLUS FORT AU POUVOIR,
PARCE QUE SON IDÉOLOGIE
SERT SES INTÉRÊTS.
LA LANGUE COVID POLLUE
NOTRE ESPACE PSYCHIQUE
ET NOUS OBLIGE À
ENTRETENIR UNE POSTURE
PASSIVE DE SOUMISSION À
CETTE NOUVELLE LANGUE
DESSINANT LES CONTOURS
D’UNE « NOUVELLE
NORMALITÉ ».
CHAPITRE III

LA PERVERSION MORALE,
ÉPISTÉMOLOGIQUE ET
PSYCHOLOGIQUE
Épistémologie et déontologie : le rapport à la
vérité
Modéliser une épidémie ?
Revenons aux études de Racamier : « Pour le paranoïaque, non plus que
pour le pervers, la vérité n’a pas d’existence propre : elle n’est que ce qu’il
en décrète, et sa parole seule tiendra lieu de preuve. Pas plus que le pervers,
le paranoïaque ne doit rien à personne, il ne saurait se reconnaître d’erreur
ni de tort, il ne saurait nourrir aucun doute1. » L’escroquerie intellectuelle
consiste à nous faire croire qu’il est possible de modéliser une épidémie. Or,
comme nous l’avons vu, il est impossible de modéliser la rencontre entre un
virus et une personne, ou la rencontre entre deux personnes comme on
modéliserait la rencontre entre des atomes. Le monde du vivant et sa
complexité n’a rien à voir avec un monde physique de rencontre d’atomes.
Nous avons donc affaire à un réductionnisme épistémologique qui est une
erreur, car on traite deux réalités différentes de la même façon, en faisant fi
des paramètres complexes. Il s’agit plutôt d’un placage de modèles, et
d’une confusion de plans distincts.
Ces amalgames pseudo-épistémologiques témoignent d’une imposture,
qui consiste à se prendre pour ce que l’on n’est pas. La psychopathologie
est l’étude des troubles mentaux, en particulier dans leurs processus
psychiques intra-individuels, mais également inter-individuels et groupaux.
Un certain nombre d’historiens ont beaucoup de réticence à ce que soit
utilisée la psychopathologie pour apporter un éclairage supplémentaire aux
phénomènes politiques, mais il est important de rappeler que, dans la
mesure où les décisions politiques, les productions scientifiques et les
attitudes sociétales sont le fruit d’êtres humains, qu’il s’agisse d’individus
qui remplissent un rôle historique majeur, ou de collectifs régis par des
processus psychiques, il est tout à fait essentiel et légitime de convoquer
l’étude du psychisme individuel comme groupal, et de l’appliquer à la crise
présente, comme on la mobilise d’ailleurs pour analyser des processus
pathologiques au sein des entreprises (et notamment dans le cadre des
troubles psychosociaux). C’est ainsi que l’on peut expliquer les moments
« régressifs » dans l’Histoire, où des individus, pourtant « normaux » dans
un autre cadre, sont conduits à commettre les pires atrocités, endoctrinés par
l’effet de groupe, l’idéologie et ses idées délirantes. La politique étant la
façon dont se noue le lien collectif dans une participation active à la vie
commune en cité, il est intéressant d’analyser la dégradation de ce lien à
partir de la philosophie politique et de la psychologie des foules (littérature
qui remonte au XIXe siècle, avec Gustave Le Bon, jusqu’à la
psychopathologie des groupes et de la psychologie sociale, à laquelle on
doit l’expérience de Milgram, et bien d’autres, tout aussi édifiantes), tout en
rappelant que psychologie individuelle et psychologie des groupes sont
prises dans une interdépendance.
Avec une perspective psychopathologique, la crise actuelle renvoie à une
pathologie narcissique, qui ne se contente pas des limites afférentes à sa
propre spécialité (l’épidémiologie), mais prétend détenir les secrets des
autres disciplines, en particulier des mathématiques et de la physique
mathématique, pour imposer une pensée magique sur le monde, en abrasant
la complexité du corps humain, de l’expérience et l’approche systémique
qui doit présider à la science. C’est bien d’un rapport psychologique à
l’impuissance dont il est question, auquel il est répondu par une volonté
d’omnipotence et de contrôle, dont le tiers, comme la prudence, et même la
médecine dans son approche traditionnelle et son ambition éthique (soigner)
est exclu. Il faut donc entendre au sens propre ces termes de la
psychopathologie appliqués aux populations, dans la lignée des travaux sur
les pathologies des groupes et des institutions, de la psychanalyse du lien
social et de l’approche systémique, notamment ceux compris dans les
œuvres d’Eugène Enriquez, de Didier Anzieu et de Paul-Claude Racamier.
Les collectifs, comme les individus, peuvent tout simplement devenir fous.
Et cette folie (« psychose collective », comme elle est nommée dans
Rhinocéros d’Eugène Ionesco), qui se nomme la « psychose paranoïaque »
(la folie des totalitarismes), est contagieuse, et engendre, dans la population
qui en est victime, des pathologies et conduites de type schizophrène et
mélancolique, ainsi que des passages à l’acte auto- et hétéro-agressifs
(autodestruction, propension au suicide dans la population au moment du
déferlement totalitaire).
Les mathématiques donnent l’apparence d’un langage « divin », capable
de révéler les secrets cachés de l’univers (à ce titre, on pourra relire la
démonstration de Newton sur le calcul mathématique de la loi de la
gravitation, à partir des observations de Kepler), mais aussi d’un langage
pur, et c’est bien cet idéal de pureté qui est, au fond, présent dans l’ambition
folle d’« éradiquer le virus », ou la maladie, pour un corps sain, et « sans
virus » (ce qui est impossible). On retrouve, en filigrane, l’idéologie de la
« Grande Santé » nazie2.

Le nouvel ensemble « Covid »


Dans ce nouvel ensemble qui autorise la stigmatisation et l’aliénation des
droits inaliénables – notamment celle de l’égalité de droits des citoyens –,
les critères (qui n’en sont pas, car jamais la santé ne peut aliéner des droits
fondamentaux) concernent le Covid. Il suffit d’expérimenter la réalité des
hôpitaux et des cliniques : tout est orienté sur le Covid, les autres
pathologies deviennent secondaires dans l’esprit des gens. Il en résulte des
biais cognitifs et interprétatifs graves et dangereux, de nombreuses
personnes témoignant de leurs difficultés à se faire correctement soigner
depuis la crise sanitaire. Comme le souligne le psychiatre Frédéric Badel,
les soignants, pour beaucoup, « veulent quitter le navire. Beaucoup sont à
bout et perturbés. D’un côté on demandait de les acclamer en pleine crise ;
de l’autre, on supprime des lits d’hôpitaux3 ». La logique paranoïaque est
binaire : soit on est porteur du Covid et assimilé malade, soit non.
L’indéterminé n’est plus considéré (porteur et en excellente santé, ou encore
faible porteur) ; l’indéterminé est absorbé dans la case « porteur du Covid ».
De plus, on essaie de donner des valeurs de seuil, imposant une croyance
dans des effets de seuil impliquant des échelons dans la ségrégation, sur
laquelle toute la société devrait être construite : « Je vous le rappelle, nous
sommes toujours, ce soir, au stade 2, cela veut dire que notre priorité est de
tout faire pour ralentir la propagation du virus sur le territoire national, c’est
la seule façon de protéger les personnes vulnérables et d’atténuer le pic
épidémique4. »
Ces effets de seuil introduisent nécessairement du clivage, et une
pensée binaire : être pour ou contre ; mais ils relèvent également de
différents engagements qui sont autant de compromissions, dans les
processus pervers.

L’observateur, partie prenante de l’expérience


En épistémologie, on sait que l’observateur fait partie prenante de
l’expérience, et qu’il faut inclure son propre facteur pour faire état de la
recherche. Ici, il est clair que des biais ont été – et continuent d’être –
utilisés, non seulement dans le critère d’observation recherché, mais
également dans la simplification du rapport à l’expérience. De plus, les
retours d’expérience sont éliminés. Par exemple, qui dit que le confinement
est utile ? Sur quels présupposés épistémologiques5 ? Autre exemple :
comment est-il possible que l’on ait décidé de tester des bien-portants, en
parfaite santé, « en recherchant les anticorps6 », en leur faisant endosser la
culpabilité d’être les propagateurs de l’épidémie ?
CES EFFETS DE SEUIL
INTRODUISENT
NÉCESSAIREMENT DU
CLIVAGE, ET UNE PENSÉE
BINAIRE :
ÊTRE POUR OU CONTRE ;
MAIS ILS RELÈVENT
ÉGALEMENT DE DIFFÉRENTS
ENGAGEMENTS QUI SONT
AUTANT
DE COMPROMISSIONS,
DANS LES PROCESSUS
PERVERS.

L’irresponsabilité scientifique et politique


Une étrange science qui manie la pensée
magique
La croyance, en soi, n’est pas du tout un problème. Le problème survient
lorsque, en lieu et place de la croyance, surgit l’idéologie. Et l’idéologie, sur
le plan psychopathologique, est l’émanation délirante de la psychose
paranoïaque. La paranoïa produit de l’idéologie, révèle que l’idéologie est
ce liant délirant qui structure le groupe autour du dogme infaillible, celui de
toutes les certitudes, en luttant ainsi contre les vécus mélancoliques. Le
psychanalyste René Kaës7 la définit ainsi : « Porteuse de certitudes
absolues, la position idéologique radicale ne tolère aucune transformation.
Elle s’affirme, contre l’incertitude et l’inconnu, comme une pensée contre le
penser ou comme une “authentique inaptitude à penser”, par prévalence du
déni et du désaveu. Elle commande une action et elle la justifie. Elle est
impérative, soupçonneuse, n’admet aucune différence, aucune altérité et
prononce des interdits de pensée. Elle est sous-tendue par des angoisses
d’anéantissement imminent et par des fantasmes grandioses de type
paranoïaque. […] La position idéologique radicale est une organisation
narcissique fondée sur un déni collectif de perception de la réalité au profit
de la toute-puissance de l’Idée, de l’exaltation de l’Idéal et de la mise en
place d’une Idole, ou fétiche. » Kaës avance que l’idéologie organise des
rapports de soumission à l’objet tyrannique, pour lutter contre les angoisses
dépressives majeures, en l’occurrence, de type mélancolique.

L’opportunisme politique
L’opportunisme politique s’est révélé dès le début de la crise sanitaire. Le
pouvoir politique démontre son mépris pour la Constitution, en faisant
prolonger indéfiniment un état d’exception qui engendre une politique par
décrets. Hannah Arendt indique, et malheureusement nous pouvons
constater que c’est ce qui se passe, que l’État devient un gouvernement de
façade. Le centre effectif du pouvoir se déplace, de nouveaux organes sont
sans cesse créés, sans pour autant que l’ancien soit dissous. Cela crée une
sorte de hiérarchie mouvante qui empêche de savoir à qui obéir et crée
davantage d’instabilité. Hannah Arendt énonce cette règle : « Dans un État
totalitaire, […] plus les organes de gouvernement sont visibles, moins le
pouvoir dont ils sont investis est grand ; […] moins est connue l’existence
d’une institution, plus celle-ci finira par s’avérer puissante8. » Elle précise
qu’au bout d’un certain temps, les décrets ne sont même plus rendus
publics, et que « la multiplication des services détruit tout sens des
responsabilités et toute compétence ». L’opportunisme politique consiste
également à faire croire à une apparente incompétence ou irrationalité.
Toute considération d’intérêt économique, national, humain est écartée au
profit d’un imaginaire lointain indéfini et fictif. Hannah Arendt le précise
bien : dans le totalitarisme, il faut toujours créer l’instabilité, et la
légalité doit être perçue comme constamment changeante.

L’exception prise pour la règle


Le délire paranoïaque prend toujours l’exception pour la règle, et l’érige
en norme (sur laquelle il légiférera ensuite). Or, une exception ou des cas
particuliers ne peuvent inférer une règle, une coutume ou une norme. C’est
pourtant ce qui se passe dans la prorogation toujours reconduite des
mesures d’exception, qui sont, de surcroît, changeantes.

DANS LE TOTALITARISME, IL
FAUT TOUJOURS CRÉER
L’INSTABILITÉ, ET LA LÉGALITÉ
DOIT ÊTRE PERÇUE COMME
CONSTAMMENT CHANGEANTE.
POUR CONTRAINDRE
L’AMBITION DU POUVOIR
ABSOLU, IL EST NÉCESSAIRE
D’AVOIR DES GARDE-FOUS
DANS L’ESPACE SOCIAL.
ILS ONT ÉTÉ ÉLIMINÉS EN
UN AN.

Pour contraindre l’ambition du pouvoir absolu, il est nécessaire


d’avoir des garde-fous dans l’espace social. Ils ont été éliminés en
un an. Par exemple, un garde-fou consistait à laisser les médecins
prescrire ; la médecine est un art et une science opérative parce qu’elle doit
faire l’épreuve de l’expérience thérapeutique. Il n’existe pas de certitude
logique en médecine, car on ne maîtrise pas tous les facteurs, et c’est la
raison pour laquelle ce n’est pas au politique de confisquer, selon ses
ambitions idéologiques, la sphère médicale. On voit bien que l’Ordre des
médecins (historiquement créé sous Vichy) n’opère absolument pas cette
régulation de contre-pouvoir ; au contraire, ainsi que le précise le psychiatre
Frédéric Badel : « J’ai reçu un courrier du président du Conseil de l’Ordre
qui dit “Vous devez vous faire vacciner, le faire savoir, et inciter les autres à
le faire”. En tant que médecin-psychiatre, je n’ai le droit de ne relayer que
ce qui est recommandé par l’Ordre des médecins, alors que je rappelle que
la première règle en médecine, c’est ne pas nuire : je dois être capable
d’évaluer la balance bénéfices/risques de ce que je prescris. Je le fais tous
les jours. Et concernant les vaccins contre la Covid-19, on n’a aucun recul
sur les effets à long terme, et aucune idée sur les bénéfices. Dans le Vidal, il
est indiqué qu’il n’y a aucune garantie sur l’absence de transmission du
virus et sur le fait d’éviter la forme grave du Covid. Pour rendre un truc
obligatoire, il faut prouver que le bénéfice est plus grand que le risque, ce
qui n’est pas le cas pour les vaccins actuels contre la Covid. Je précise que
je ne suis pas anti-vaccin. Je suis vacciné et mes enfants le sont. Mais
comment vendre à une population le bénéfice d’un vaccin pour un virus qui
mute ? Puis-je lui garantir que la vaccination est utile et qu’elle sera
protégée ? Pour sortir du seul éclairage du Conseil scientifique, certains
médecins, qui n’ont pas perdu de vue que leur métier est de prendre en
charge et traiter les malades, ont constitué le 9 janvier un conseil de santé
libre qui a mis en place des recommandations de traitements préventifs et
curatifs du Covid. Ceux-là, quoi qu’on en pense par ailleurs, sont courageux
et restent indépendants9. » L’opportunisme politique a reproché à des
médecins de soigner, alors qu’il agitait le spectre de la guerre. En
guerre, ne soigne-t-on pas avec les moyens du bord ?

L’OPPORTUNISME POLITIQUE
A REPROCHÉ À DES MÉDECINS
DE SOIGNER, ALORS
QU’IL AGITAIT LE SPECTRE
DE LA GUERRE. EN GUERRE,
NE SOIGNE-T-ON PAS AVEC LES
MOYENS DU BORD ?

La fracture du temps et de l’espace


Ce qui nous fait également basculer insidieusement de façon collective dans
le délire paranoïaque, c’est la fracture du temps et de l’espace. La fracture
de l’espace s’effectue par la perte de tous les repères spatiaux antérieurs.
Ces repères évoluent constamment : immobilité requise, changements des
voyages, voyages sous conditions (tests PCR…), quarantaines au dernier
moment, autorisation de sortie sur des distances systématiquement
changeantes (1 km, 10 km, etc.), modifications des autorisations de sortir
(donc de se mouvoir dans l’espace) au dernier moment10, fermeture des
lieux ou ouverture au dernier moment, etc. Le repérage dans l’espace se
réduit donc à son domicile, puisque l’extérieur est perpétuellement
changeant, mais aussi présenté comme menaçant (virus, police, militaires).
Les territoires sont redessinés, ce qui faisait foi historiquement et
légalement est disséqué. On ne peut plus circuler librement entre telle ou
telle région, et cela est laissé à l’arbitraire du prince, systématiquement
mouvant et changeant. L’incertitude devient permanente, créant ce que le
psychiatre Blankenburg appelait « la perte de l’évidence naturelle » qui
caractérise la psychose. Ces modifications de discours, cette absence
d’engagement dans la parole, les droits humains en permanence violés au
nom du principe d’exception relèvent sans nul doute de méthodes de torture
psychologique ; ce qui montre soit que les gouvernants sont totalement
incompétents pour gouverner – à savoir anticiper et prévoir –, mais aussi
pour rassurer leur population, soit sont clairement cyniques, et obéissent à
d’autres directives visant la mise au pas des populations, sans se préoccuper
le moins du monde des impacts psychiques occasionnés par une telle
incertitude et un tel arbitraire. La perte des repères spatiaux est régie par le
non-sens. Par exemple, un formateur ayant à prendre l’avion doit se
soumettre à un test PCR. S’il est positif, et ne présente pourtant aucun
symptôme de maladie, il est contraint d’annuler sa formation au dernier
moment, engendrant des effets systémiques sur l’ensemble des personnes
qui l’attendaient pour suivre cette formation. L’arbitraire sanitaire entraîne
une désorganisation spatiale et temporelle de la société. La désorganisation
temporelle relève de la psychose, opérant comme une sorte de glu sur les
psychismes, qui demeurent dans leur sidération, sans plus être capables de
prévoir ni de se projeter. Le temps est devenu cyclique, on tourne
littéralement en rond dans l’immédiateté. Elio Di Rupo, ancien ministre
belge, annonce, le 10 mars 2021 : « C’est le virus qui est le maître du
temps. » Nous voici plongés dans le champ de la psychose11 donc de la
folie, où le temps social, celui qui organise les sociétés, est évincé, pour
laisser place au temps cyclique de la psychose, celui sans début ni fin, où le
serpent se mord la queue12. Car le virus ne disparaîtra pas, tous les virus
font partie de notre environnement depuis l’origine. Le temps cyclique
instaure le primat de la folie, plus rien ne peut s’inscrire, même plus une
suite logique « A implique B », ou « A est avant B ». C’est le primat de la
circularité, de l’autoréférence, de la tautologie, de l’auto-engendrement, qui
efface les traces, nie l’historicité et l’inscription de la mémoire13, refuse
toute réflexivité sur les décisions prises, par exemple au travers de bilans, et
dénie les origines. Dans son discours du 31 mars 2021, le président affirme
qu’il connaît le futur, alors qu’il n’a pas réussi à prévoir le passé, et qu’il
donne le présent comme incertain. Il indique que le présent, ce sont les
malades, et le futur, ce sont les enfants. Par déduction, le reste de la
population relève-t-il du passé ?

Le déni des origines et le primat du


mimétisme
« Parce que les autres le font, je le fais », semble être le comportement
humain le plus répandu, sans que pour autant ne soient interrogés ni le bien-
fondé du comportement, ni sa justification rationnelle. L’idéologie ne se
contente pas de produire un discours qui s’amplifie dans l’éloignement avec
la réalité et le champ de l’expérience. Loin de se conformer avec humilité à
l’observation de l’expérience et ses leçons, elle tente d’imposer ses propres
lois à la réalité : la réalité doit plier sous elle, et devenir ce que l’idéologie a
décidé qu’elle devait être. Pour cela, il faut entraîner l’individu dans des
comportements et des rituels qui déformeront, par l’engagement du corps
dans les actes, limiteront et orienteront de façon biaisée son rapport à
l’expérience. Cette dernière ne sera lue que par le prisme idéologique, celui
de l’interprétation délirante. Et le mimétisme se chargera de la suite des
comportements, chacun adoptant la conduite du groupe, sans
nécessairement en comprendre la raison ni le sens. Une fois l’individu
embarqué dans l’idéologie, il ne lui est guère possible de revenir en arrière :
il a été formaté, comme dans une secte, par les discours et les
comportements de l’idéologie. Il contribuera donc à la déformation de la
réalité, et à la soumission de l’expérience qui devra se tordre et devenir ce
que l’idéologie veut qu’elle soit. Toutes les idéologies totalitaires effacent
les traces et évitent les écrits, qui permettent d’opérer une chronologie des
faits. Dans le pire des cas, l’idéologie totalitaire réécrit l’Histoire ;
dans le meilleur, elle se contente de l’effacer.

DANS LE PIRE DES CAS,


L’IDÉOLOGIE TOTALITAIRE
RÉÉCRIT L’HISTOIRE ;
DANS LE MEILLEUR,
ELLE SE CONTENTE DE
L’EFFACER.

Il est donc impératif de revenir à l’origine de ce qui s’est passé, et d’en


établir la chronologie, tant au niveau des discours (ce qui permet d’en
mesurer l’évolution et les paradoxes) qu’au niveau des faits et des prises de
décisions politiques. Que s’est-il passé en France concernant ce coup d’État
planétaire ? Le Conseil scientifique de mars 2020 n’a pas laissé de traces
permettant d’identifier le discours préparatoire. Nous ne savons pas ce qui a
présidé à sa création, et ne pouvons donc retrouver l’origine des prises de
décision. On ignore tout des modalités d’engendrement de l’avis du Conseil
scientifique du 12 mars 2020, qui a pourtant entériné des décisions
politiques graves et sérieuses dont la France souffre depuis près de
deux ans. Ce secret sur les origines, le psychanalyste Racamier en a
abondamment parlé. C’est une fraude originelle, un mensonge, un abus,
dont il est interdit de parler, et qu’il est interdit de nommer même s’il se
donne à voir. C’est le type de secret qui sert à la mise en œuvre de
l’idéologie, et des délires paranoïaques. Dans L’Inceste et l’Incestuel, au
chapitre 714, Racamier parle bien des secrets d’incestualité, qui s’organisent
sur un déni des origines. Ici, aujourd’hui, quelle est l’origine ? Cette origine
concerne le mensonge initial des prédictions oraculaires, mais aussi les
intentions cachées d’un petit groupe de milliardaires visant à asservir
économiquement et politiquement la planète, voire à commettre un
génocide déguisé, avec une idéologie forte (et parfois assumée
publiquement) de dépopulation, de transhumanisme et de nouvel ordre
mondial. Pourquoi le film Hold-Up, de Pierre Barnérias, a-t-il entraîné une
telle hystérie des médias ? Nous pensons que c’est précisément pour avoir
osé formuler cette hypothèse qu’il convenait à tout prix de réduire au
silence. Pour Racamier, les secrets d’incestualité « empêchent de penser
[…], s’imposent obscurément […], confondent […], obturent (les vérités)
[…], frôlent la mort […], dénient […], touchent à la non-vie, voire même, à
la mort ». La fonction majeure des secrets d’incestualité est bien
la suivante : « occulter les origines, et ainsi se mettre au service de la
séduction narcissique et sa version totalitaire : le fil des origines étant
sectionné, la séduction narcissique reste seule maîtresse du terrain ». La
matière du secret d’incestualité est la mort et la transgression : « Il est
interdit de penser. Interdit d’imaginer. Interdit de savoir. Il est interdit, à la
fois, de courir après les associations et de partir à la recherche de la vérité. »
N’est-ce pas exactement ce à quoi nous assistons depuis près de deux ans,
avec la persécution calomnieuse systématique de toute personne, quels que
soient ses diplômes, son parcours, sa formation et la légitimité de son
discours, de s’opposer aux dogmes dominants imposés par le pouvoir
médiatique confisqué par quelques grands financiers (cf. infra) ? Le secret
des origines étant occulté, alors on mime son voisin, ou l’on fait semblant
de s’en démarquer avant de mieux le mimer : les autres pays font cela, alors
faisons-le ! Ou encore, imitons de façon différente, ou différons de façon
identique ! Ainsi fonctionne la litanie du pouvoir qui devient absolu,
tyrannique, jouissant de mettre les peuples sous des contraintes
perpétuellement mouvantes.
CHAPITRE 4

L’IDÉOLOGIE SANITAIRE
ET LE PARADIGME
TOTALITAIRE
« ON NE SE DÉBARRASSE PAS
D’UNE CROYANCE EN DÉMONTRANT QU’ELLE EST IRRATIONNELLE1. »

Rappel historique :
des dangers d’une idéologie sanitaire
Comment se fait-il que nous ayons si rapidement oublié l’une des
idéologies sanitaires les plus désastreuses de l’Histoire, et des plus
meurtrières, alors qu’elle est si proche de nous ? Dans un article de
l’historien J. Chapoutot, intitulé « Éradiquer le typhus : imaginaire médical
et discours sanitaire nazi dans le gouvernement général de Pologne (1939-
1944) », on découvre sans aucune équivoque que ce qui a justifié la
persécution puis l’éradication des Juifs fut ni plus ni moins qu’une
idéologie sanitaire. L’immense mérite de cet article, en effet, est, au-delà
d’une reconstitution historique des faits et de la propagande qui ont conduit
les nazis à l’apogée de leur délire paranoïaque collectif, à savoir
l’extermination de masse, de permettre de réfléchir au statut de ce qu’est
une idéologie, qui plus est de type sanitaire, et d’interroger comment
l’idéologie organise le délire collectif et partant, le totalitarisme dans ses
pulsions liberticides et mortifères, l’obsession xénophobe étant en définitive
applicable aux épidémies, aux microbes et aux bactéries, puisque la
psychose paranoïaque se fonde aussi, dans sa folie, sur l’hypocondrie
(crainte des maladies) délirante.
Le fait de nous référer à cet article sur un contexte précis (discriminatoire,
arbitraire et violent) ayant progressivement autorisé la persécution des Juifs
dans le nazisme, pour proposer une analogie avec ce que nous vivons et
alerter sur les dangers de ce genre de stigmatisations (qui précèdent toujours
les persécutions génocidaires), est actuellement corroboré par plusieurs
témoignages et mises en garde d’anciens déportés, dont Vera Sharav2 est
l’une des figures de proue. Et que dire d’autre, lorsqu’il s’agit de
propositions telles que la mise à l’écart de la société des personnes non
vaccinées, et le fait de ne pas se préoccuper de leur sort (« comment
pouvons-nous leur fournir de la nourriture ? Eh bien, c’est en fait leur
problème… »)3, « confiner les non-vaccinés » (ex. : mesures prises en
Autriche, avec le refus pour les non-vaccinés de pouvoir acheter des
cadeaux de Noël), leur interdire de travailler (ex. : pour les soignants en
France depuis septembre 2021), leur interdire d’accéder à des soins et à des
services dont des services publics pour lesquels ces citoyens paient des
impôts (ex. : musées, en France), les priver du droit de vote (ex. : la
Lettonie prive ses parlementaires non vaccinés du droit de vote), leur tirer
dessus à balles réelles s’ils manifestent (cf. les tirs à balles réelles sur la
foule à Rotterdam) et envisager une suite encore plus violente4 voire
concentrationnaire ?
Néanmoins, et fort curieusement, à l’instar de Cyrulnik (qui ne voit aucun
problème grave au « pass sanitaire »5) ou de Chomsky, Chapoutot ne
semble pas faire le rapprochement voire s’en défend6, ce qui interroge là
encore sur les arrangements de certains intellectuels dans les politiques de
stigmatisation. L’utilisation de cet article, pour dérouler l’argumentation de
notre analogie, n’indique pas non plus que nous souscrivions à toutes les
thèses de cet auteur, en particulier lorsqu’il minimise la collaboration active
de Heidegger avec le nazisme, ou encore lorsqu’il pense que ce que le
pouvoir inflige au peuple est pour son bien puisque « le vaccin » est une
« protection ».
C’est bien précisément là que devons mesurer la puissance du psychisme
et des mécanismes de déni, en particulier dans les limites de nombreux
intellectuels à penser l’époque dans lesquels ils sont plongés, faute de
distance nécessaire. Ces limites avaient déjà été constatées par Hannah
Arendt et Günther Anders en 1933. Hannah Arendt indiqua ainsi sur cette
période : « Je vivais dans un milieu intellectuel, mais je connaissais aussi
d’autres gens. Et parmi les intellectuels, la Gleichschaltung (mise au pas)
était la règle, pour ainsi dire. Mais pas chez les autres7. »
Günther Anders quant à lui, se prononçant par la suite dans ses prises de
parole publique au sujet de ce que la collaboration de Heidegger lui avait
inspiré, précisa qu’il n’était pas du tout enclin à absoudre Heidegger de sa
collaboration « car bien des gens, qui ne possédaient qu’un millième de sa
force unique de pensée, et n’étaient pas capables, comme lui, de se référer à
Platon et à Aristote, ont tout de suite vu venir et détesté aussi bien
l’emphase sanglante que la vulgarité de ce prétendu sacré. Je n’aime pas
particulièrement faire l’éloge de Jaspers, mais en l’occurrence, il n’a pas
failli comme Heidegger 8 » (rappelons que Heidegger avait également été
très critiqué par Husserl, auquel il avait succédé). Quant à la
Correspondance entre Hannah Arendt et Heidegger, la dernière lettre de
Heidegger à Arendt date de l’hiver 1932-1933, lettre dans laquelle
Heidegger se défend de stigmatiser les Juifs, mais Heidegger n’y parle pas
de ses compromissions pour conserver son poste universitaire. Beaucoup
reprochent à Arendt cette correspondance, qui semble s’interrompre en
1933 pour reprendre en 1950, comme s’ils n’avaient jamais connu de
situations humaines complexes où les sentiments d’ordre privé
s’entrechoquent avec les prises de position publiques et politiques.
Pour Heidegger, il a sans doute été tout simplement plus confortable, eu
égard aux opinions politiques de son épouse, et au prix d’une certaine
paresse intellectuelle sectorisée, de souscrire activement au nazisme. Nous
pourrions malheureusement en dire autant de nombreux intellectuels
d’aujourd’hui, qui par complaisance et conformisme, cèdent devant la
novlangue du pouvoir totalitaire, à commencer par l’emploi du néologisme
« complotisme », sans jamais se sentir concernés par ne serait-ce qu’une
définition précise du terme. Par principe, il semblerait que pour ces
intellectuels, le pouvoir, dans la modernité, ait perdu toute habitude
ancestrale et toute compétence à comploter.
Ce qu’il convient de noter également, c’est qu’outre la propagande liée à
l’idéologie sanitaire, justifiant les maltraitances, les persécutions et
l’extermination massives, les nazis créaient le problème (répandre
l’épidémie) qu’ils prétendaient ensuite résoudre, pour « sauver »
l’Allemagne. Cet article montre bien comment s’organise, au fur et à
mesure des années, la montée en puissance de l’idéologie jusqu’à son
apogée criminelle. La guerre à l’Est commence le 1er septembre 1939 avec
l’attaque de la Pologne. Elle est l’occasion d’une grande campagne de
propagande visant à décrire l’Est comme une « terre sale peuplée de Slaves
arriérés et de Juifs contaminants, et une terre biologiquement virulente. […]
Les troupes allemandes sont prévenues du danger. Dans une série d’ordres,
échelonnés de décembre 1940 à juin 1941, la Wehrmacht, les Waffen-SS et
la police allemande sont instruits que tout, à l’Est, est facteur de mort : la
nourriture, l’eau, les puits… mais aussi les “poignées de porte” ou, en cas
de soif pressante, les “bras de pompe”, autant d’objets manipulés par les
ennemis et possiblement contaminés ou empoisonnés, que l’on aura soin de
ne pas toucher ni effleurer. Ce discours de psychose pathologique
s’accompagne de pratiques très concrètes : l’usage massif, sur les fronts de
l’Est, du lance-flammes qui permet la destruction à distance (l’amplitude du
jet est de 25-30 m) d’habitations et de refuges – et qui évite donc de saisir
les fameuses poignées de porte ; l’éradication biologique des élites
polonaises par des unités spéciales du SD (Einsatzgruppen), puis le
génocide systématique visant les populations juives d’URSS dès juin 1941 ;
la ghettoïsation dès l’automne 1939, puis l’assassinat industriel de la
population juive de Pologne puis d’Europe occidentale à partir du
printemps 1942 ».
L’historien ajoute que le Gouvernement général de Pologne instaure des
pratiques de marquage et de parcage de la population juive qui
« s’inscrivent dans un imaginaire médical qui leur donne sens et
justification : le soldat, le SS et le policier allemand agissent en médecins
contre un danger de nature pathologique. C’est ce qu’affirme un ouvrage
collectif de 1941, édité par les services sanitaires du Gouvernement général
intitulé Guerre aux épidémies ! La mission sanitaire allemande à l’Est ».
C’est l’idéologie sanitaire qui justifie alors la mise en quarantaine des Juifs,
dans des ghettos fermés : « La quarantaine imposée à la population juive
revêt un sens strictement médical. Sa nécessité est dictée par la virulence de
la maladie : les Allemands agissent au mieux face à un fait morbide dont ils
ne peuvent que constater l’existence, avant d’en induire les conséquences. »
Le Juif est décrit comme vecteur de l’épidémie de typhus. Quelles décisions
sont alors prises ? Restriction de la liberté de circulation des Juifs,
autorisation administrative médicale particulière, orientation vers des
parcs désignés à leur seul usage, interdiction de fréquenter des
omnibus.
RESTRICTION DE LA LIBERTÉ DE
CIRCULATION DES JUIFS,
AUTORISATION ADMINISTRATIVE
MÉDICALE PARTICULIÈRE,
ORIENTATION VERS DES PARCS
DÉSIGNÉS À LEUR SEUL USAGE,
INTERDICTION DE FRÉQUENTER DES
OMNIBUS.
COMMENT NE PAS S’INQUIÉTER DE
VOIR RESURGIR DES DÉCISIONS
POLITIQUES AUJOURD’HUI,
JUSTIFIÉES PAR LE DISCOURS
SANITAIRE DOMINANT, QUI
RESSEMBLENT ÉTRANGEMENT AUX
DÉCISIONS NAZIES MISES EN PLACE
AVANT LA DÉCISION D’EXTERMINER
LES JUIFS ? LA POLITIQUE ANTI-
JUIVE DU REICH ÉTAIT QUALIFIÉE DE
« MESURES DE PROTECTION »,
JUSTIFIÉES PAR LA « NÉCESSITÉ
MÉDICALE ».
Comment ne pas s’inquiéter de voir resurgir des décisions
politiques aujourd’hui, justifiées par le discours sanitaire dominant,
qui ressemblent étrangement aux décisions nazies mises en place
avant la décision d’exterminer les Juifs ? La politique anti-juive du
Reich était qualifiée de « mesures de protection », justifiées par la
« nécessité médicale ». Il est évident que l’idéologie sanitaire porte en
elle-même, par son biais interprétatif, le projet mortifère. Aujourd’hui, des
troupeaux entiers d’animaux9 ont été disséminés selon la même logique
d’un virus étranger qu’il convient d’éradiquer : comme les nazis l’avaient
déjà fait. Goebbels note dans son Journal (1939-1942) : « Dans le ghetto de
Varsovie, on a noté une certaine montée du typhus. Mais on a pris des
mesures pour qu’on ne les fasse pas sortir du ghetto. Après tout, les Juifs
ont toujours été des vecteurs de maladies contagieuses. Il faut ou bien les
entasser dans un ghetto et les abandonner à eux-mêmes, ou bien les
liquider ; sinon, ils contamineront toujours la population saine des États
civilisés. »
Actuellement, sur le même principe de porteurs invisibles/non-porteurs,
nous en venons à un apartheid extrêmement stigmatisant et problématique,
et si nous continuons de suivre cette idéologie, il est possible que
l’idéologie aille jusqu’au bout de son idée : exclure les non-vaccinés ou
lesdits « contaminés », les condamner à une mort sociale, puis les isoler
dans des camps, voire à terme les « évincer » (ce qui a déjà commencé avec
les refus de soins). Est-ce vraiment ce que nous souhaitons ? Est-ce
vraiment raisonnable et prudent ? A-t-on le droit de justifier des crimes au
nom d’idéaux tyranniques ? L’historien note : « Cet extrait du journal de
Goebbels et le livre de 1941 nous indiquent quelques repères pour
cartographier cet univers mental nazi biomédical ordonné par un idéal
aseptique. Le nazisme, qui se veut transcription politique des lois de la
nature, conçoit l’ennemi en termes biologico-pathologiques et prétend
développer des pratiques dont la fin est ouvertement et littéralement
axénique : il s’agit de débarrasser le peuple allemand et tous les territoires
du Reich (l’espace vital, l’espace où se déploie la vie de la race) de tout
élément étranger (xenos) et hostile susceptible de le contaminer et de
l’affaiblir, voire de le détruire. Ces idéaux et ces catégories font l’objet
d’une large publicité : le discours nazi est saturé de termes biologiques et
médicaux, et abuse du terme de Seuche (“épidémie”) ou de Pest pour
désigner l’ennemi. »
Fait curieux, en France, comme on l’a vu, le directeur général de la Santé,
Jérôme Salomon, auditionné par les députés en avril 2020, s’est illustré à
comparer le coronavirus à la pandémie de peste de 1347 ou celle de la
grippe espagnole en 191710. Peut-on être un peu sérieux ? La peste tua
environ la moitié de la population en cinq-six ans entre 1347 et 1352.
Faisons le bilan du nombre de morts en France en 2020, sachant qu’un
grand nombre de morts ont été attribuées au Covid sans préciser si le Covid
en était réellement la cause : 92 167 morts. La population française était de
67,06 millions. Était-il réellement sérieux de comparer le coronavirus à la
peste noire ? On peut donc identifier encore une similitude avec les
méthodes de la propagande nazie. Chapoutot rajoute que le danger est dit
« invisible », ce qui nous concerne également, puisque le virus, entendu
comme « corps étranger », ne se voit pas à l’œil nu, serait dans l’air,
resterait sur les surfaces plusieurs jours, etc. Et même, certains nouveaux
« variants » ne seraient pas détectables par les tests11 ! Quelle fut la suite du
programme nazi ? Révéler et isoler le Juif comme vecteur de la maladie ou
agent pathogène, et agir sur le mode prophylactique et curatif, dans une
médicalisation de l’antisémitisme. C’est une approche à la fois fanatique
dans la conviction, et froide dans son exécution, précise l’historien. L’idéal
fou est de sauver la communauté, en expulsant l’allogène, mais ensuite,
en diffusant « massivement ce discours sanitaire et médical qui fonde les
pratiques de meurtre et les rend acceptables en les justifiant par un impératif
sanitaire et salutaire ». Les nazis tout à la fois créent l’effroi et proposent la
solution, avec des protocoles d’action en ingénierie médicale et sanitaire
que l’on pourrait qualifier d’« obsessionnels », et auxquels s’apparentent
curieusement nos protocoles dits « de biosécurité12. » Nous sommes dans le
cadre de la pensée magique, effectivement fort présente dans la névrose
obsessionnelle grave, qui, rappelons-le, présente aussi des traits
d’hypocondrie sérieuse, et d’angoisse massive, face à laquelle les rituels,
même absurdes, rassurent : si j’accomplis un certain nombre de rituels,
alors le virus ne passera pas par moi. Encore une fois, la réponse est
simpliste, faisant totalement abstraction de la complexité des processus
engendrant la maladie chez un être humain. Le malade, c’est chacun d’entre
nous, « tout bien-portant est un malade qui s’ignore », faisait dire au
Dr Knock l’écrivain Jules Romains13. Dans le discours fou, la personne
non malade est malade, il n’y a plus que des malades, qu’ils soient
en puissance ou en acte n’importe plus, les faits n’importent plus.

DANS LE DISCOURS FOU,


LA PERSONNE NON MALADE
EST MALADE, IL N’Y A PLUS
QUE DES MALADES, QU’ILS
SOIENT EN PUISSANCE OU EN
ACTE N’IMPORTE PLUS,
LES FAITS N’IMPORTENT PLUS.

« Parler et penser en termes de procédures, de méthodes et de modus


operandi permet également de focaliser l’attention et de concentrer les
intelligences sur le calcul des moyens, et de mettre à distance les fins,
d’occulter ainsi le fait qu’il s’agit de combattre, voire d’éradiquer, non des
puces, mais des êtres humains. » N’est-ce tout de même pas ce qui est en
gestation pour nous, lorsque le Leclerc d’Ajaccio se met à fumiger des êtres
humains comme s’ils étaient des insectes à abattre avec des « tunnels de
désinfection14 », lorsque l’on utilise des drones pour désinfecter les voies
publiques15 ou lorsque les funérailles ne peuvent plus être respectées
(interdiction de veiller les morts, introduction des corps morts dans des sacs
et des boîtes hermétiques)16 ? N’est-ce pas non plus au fond ce dont il s’agit
lorsque les êtres humains sont maltraités, par exemple enfermés dans leur
chambre (des demi-portes avec verrous ayant été installées à cet effet), ce
qui fut le cas d’individus hospitalisés en psychiatrie au Québec depuis des
mois, sans leur prodiguer des soins de santé dont ils avaient besoin17, ou
encore dans de nombreux EHPAD18 ?
À la méticulosité des protocoles obsessionnels de désinfection répond une
simplicité effarante des remèdes : Doliprane et vitamine C, restez chez
vous ! Voici les remèdes qui ont été proposés à quantité de citoyens malades
atteints d’une prétendue pandémie comparable à la peste ! Et ce, alors que
nombre de médecins et d’experts proposaient de tester des remèdes
alternatifs, qui ont été tout simplement interdits de prescription. Fidèles à la
dénégation perverse, les nazis juraient qu’il ne s’agissait ni d’idéologie ni
de politique mais de « nécessité naturelle ». Chapoutot cite Himmler, et
souligne la médicalisation du discours politique : « L’antisémitisme, c’est
une question de désinfection. Éradiquer les puces infectieuses, ce n’est pas
une question d’idéologie c’est une affaire d’hygiène. De la même manière,
l’antisémitisme n’a jamais été, à nos yeux, une question idéologique, mais
une affaire d’hygiène, une affaire bientôt réglée, soit dit en passant. » Hitler,
en décembre 1941, s’estime l’égal des grands génies de la médecine.
Retrouver la santé est conditionné à l’éradication du virus, et donc à
l’extermination d’une partie de la population désignée. Comment ne pas lire
aujourd’hui une idéologie sanitaire du même cru ? L’historien ajoute que la
propagande sanitaire trouva écho dans des décisions de politique sanitaire
concrète, dans les administrations régionales et locales. Les uns et les autres
se félicitèrent de l’ardeur et de la rudesse de la répression, et justifièrent les
sanctions extrêmement lourdes, ainsi que l’assassinat par peine de mort des
récalcitrants n’obéissant pas aux normes sanitaires édictées par le nazisme.
Le nazisme autorisa le sadisme quotidien persécutant la population.
Chapoutot rapporte le contenu du film Juifs, poux et typhus, en polonais,
commandé et diffusé en 1942 par les services sanitaires du Gouvernement
général destiné à la population de la Pologne occupée, et aux personnels
civils et militaires allemands. « À la désinfection des objets succède celle
des êtres : des malheureux, amaigris et épuisés, se déshabillent avec
lassitude, le regard vide, devant la caméra, qui ne perd rien de la suite – ni
de la tonte des cheveux, ni de celle du pubis, ni de la douche. Une séquence
intercalée montre les vêtements à leur sortie de cuve : soumis à une
vaporisation intense, ils en sortent purifiés et à nouveau propres – c’est le
mot – à l’usage. […] La conclusion implicite, mais si expresse, de cette
séquence est que le typhus ne peut être vaincu que par l’éradication des
agents pathogènes, comme dans les chambres de fumigation et dans les
cuves de désinfection », note l’historien. « En 1942, au moment où ce film
est diffusé, le traitement chimique d’êtres humains, suivi de leur crémation,
est déjà une pratique nazie éprouvée : 70 000 à 80 000 malades mentaux
allemands ont déjà été gazés et brûlés par la SS dans le cadre de
l’opération T4 (octobre 1939-août 1941), et des essais d’empoisonnement
au monoxyde de carbone et au Zyklon B ont été effectués dans plusieurs
centres expérimentaux à l’automne 1941 (Auschwitz, Chelmno). La
sidération qui frappe le spectateur du film Juden, Läuse, Wanzen provient
du fait que ce qui est décrit à l’écran correspond très précisément au
protocole testé à l’automne 1941 puis suivi dans les centres de mise à mort
qui entrent massivement en action au printemps 1942 : les vêtements sont
prélevés et désinfectés dans des cuves prévues à cet effet (avant d’être
expédiés vers le Reich), tandis que leurs propriétaires sont dirigés vers des
salles de douche où le processus de désinfection ne recourt ni à l’eau, ni au
savon, mais à la fumigation – par un produit auparavant utilisé contre les
insectes, la vermine et les rats, le Zyklon B, acide prussique concentré
produit par la Degesch (Deutsche Gesellschaft für Schädlingsbekämfung),
la “société allemande de lutte contre les nuisibles” – terme qui, dans ce
contexte mental et pratique, revêt tout son sens. Des stocks de Zyklon B
étaient présents à Auschwitz, où ils étaient utilisés pour la désinfection des
bâtiments, avant que le commandant Rudolf Höss ne les teste sur des êtres
humains (des prisonniers russes). »
C’est bien une idéologie sanitaire semblable à celle qui nous est imposée
depuis près de deux ans qui s’est emballée vers une procédure d’assassinat
industriel pratiquée dans les centres de mise à mort polonais, en service la
même année : tonte, douche, fumigation. « Peut-être est-il destiné avant tout
aux personnels du “traitement spécial”, à ceux qui savent, et qui doivent se
convaincre de la nature sanitaire de leurs pratiques. En tout cas, il témoigne
d’un imaginaire de l’éradication qui ne peut conduire qu’à la destruction
des agents pathogènes – les puces dans les cuves et salles hermétiques, mais
aussi les porteurs plus ou moins sains que le film montre au début (images
du ghetto) et à la fin (images de l’hôpital). Il en va de même pour ce manuel
sanitaire édité par l’Institut d’hygiène de la Waffen-SS et publié en 1943
sous le titre Dégerminification, désinfection, asepsie. Rédigé par un
médecin et capitaine de réserve de la SS, ce manuel, destiné aux troupes
combattantes, et non aux personnels des centres de mise à mort, prétend
répondre aux questions sanitaires qui se posent à toute troupe en campagne.
Manuel neutre, technique, donc, mais que son inscription dans l’économie
générale de la culture nazie rend signifiant bien au-delà de son objectif
proclamé. Le manuel du Dr Doetzer rappelle que “le point de départ d’une
épidémie est toujours un individu ou un animal malade” et que, pour
“prévenir la diffusion des germes morbides”, il est indiqué de les « mettre à
l’écart, de les éloigner temporairement ou définitivement de la communauté
(Gemeinschaft)”, voire de les “exterminer par une opération létale”,
notamment s’il s’agit “d’animaux sans valeur particulière”. Quant aux
porteurs sains, ils “doivent être traités et isolés comme des malades” : les
Juifs, souvenons-nous, sont, aux yeux des nazis, des porteurs sains, c’est-à-
dire des vecteurs pathologiques, qui ne sont pas malades eux-mêmes, car ils
sont immunisés, mais qui sont contaminants. En somme, résume l’auteur,
“la propagation d’une maladie infectieuse est évitée par l’isolement ou la
destruction de l’individu malade”. Pour parvenir à l’asepsie totale, l’auteur
recommande l’usage du feu et la procédure de la crémation, un feu qui “doit
être maintenu à une température telle qu’aucun reste ne demeure épargné
par la destruction”. À cette fin, l’usage de “fours crématoires […] alimentés
en combustibles complémentaires (coke, charbon, gaz, essence, huiles de
chauffage, etc.)” est recommandé, car “seules les installations fermées
permettent d’atteindre avec certitude des températures qui rendent possibles
une crémation totale”. Outre la destruction par le feu, le traitement
chimique est possible : cette “désinfection chimique” a cependant, c’est à la
fois sa vertu et son danger, “la capacité de détruire tous les êtres vivants”, y
compris “les êtres vivants évolués, pour qui elle est nocive”. L’auteur
suggère l’usage du Zyklon B, dont il vante “l’effet mortel très fort,
immédiat”, ce qui suppose des précautions strictes : les espaces visés
doivent être, au préalable, “vidés de toute présence humaine”, et les
préposés à la désinfection doivent porter gants et masques. Dans une série
de photographies en pages 120 et 121, l’auteur pousse l’obligeance jusqu’à
indiquer comment ouvrir et manipuler sans danger les boîtes hermétiques
contenant les galettes d’acide prussique avant leur vaporisation. » C’est une
présentation de protocoles par images.
Citant l’historien Paul Weindling et son livre intitulé Epidemics and
Genocide, Chapoutot rappelle les stations sanitaires délivrant des
attestations de santé et d’hygiène médicale à la frontière, indispensables à
l’obtention du visa d’entrée en Allemagne et, partant, en Europe de l’Ouest.
Ces Entlausungsanstalten (« centres d’épouillage ») et cette pratique des
Entlausungsscheine (« certificats sanitaires ») concernent toute la
communauté médicale d’Europe de l’Ouest qui, depuis les découvertes de
Pasteur et de Koch, utilisait des protocoles sanitaires de désinfection qui
soumettaient initialement les gens au déshabillage et à la fumigation. « Sous
la République de Weimar, toutefois, on en ressortait vivant. » L’évolution
chronologique de la propagande est la suivante : le danger extérieur de
l’épidémie est attribué aux Juifs, puis le Juif devient porteur sain « par
nature », puis il devient l’épidémie lui-même. Le Juif est le typhus, comme
il est vraisemblablement très probable que le non-vacciné (entendu comme
« asocial » ou « antisocial », ou encore marginal) deviendra le porteur sain
« par nature », puis incarnera l’épidémie, la part « impure » qu’il s’agit de
rejeter hors de soi, tandis que les vaccinés seront les « purifiés », en dépit de
tout bon sens ou recours à l’expérience, encore une fois.
Ne peut-on pas, d’ailleurs, s’inquiéter de ce que la population israélienne
ait, encore une fois, servi de cobaye pour des expériences hasardeuses19,
expérimentations dont il est prévu pour l’Europe qu’elles cessent au moins
en 2024 pour certaines20 ? En 1944, les nazis se glorifièrent d’être parvenus
à inverser la tendance, selon eux en raison de « toutes les mesures sanitaires
de désinfection et d’épouillage systématique », mais aussi en raison des
assignations à résidence dans les constitutions de ghettos. À partir de fin
janvier 1942, la courbe régressa, mais aucune mention ne fut faite des
raisons véritables de cette inversion, à savoir l’extermination de masse. En
dehors des mesures de visa sanitaire, de restriction de mobilité, de
protocoles ritualisés de désinfection, d’apartheid d’une partie de la
population assimilée à l’épidémie elle-même justifiant sa persécution puis
son meurtre, on peut également rappeler que les couvre-feux, horaires de
sortie, mises en quarantaine, etc. ont fait partie des lois spéciales encadrant
les ghettos juifs. Dans Holocaust City 21, l’historien Tim Cole détaille la
mise en place de la ghettoïsation à Budapest. Cette mise en place s’est faite
de manière graduelle, petites mesures par petites mesures, jusqu’à
l’enfermement total. Il nous paraît important de retracer cette histoire, pour
à la fois faire œuvre de remémoration, mais aussi parce qu’elle comporte
des points communs dans la mise en œuvre de certaines mesures, pour des
raisons « sanitaires ».
Le 5 avril 1944 intervient l’obligation du port de l’étoile jaune (à porter
sur la poitrine, à gauche, étoile de 10 x 10 cm, en tissu, soie ou velours)
pour tous les Juifs à partir de 6 ans22. Le 7 avril 1944 paraît un décret où le
ministère de l’Intérieur hongrois annonce qu’il va mettre en œuvre le
« nettoyage » (cleaning) du pays de ses Juifs, en procédant par région :
interdiction pour les Juifs de voyager dans le pays, ou alors avec un permis
spécial délivré par la police à Budapest, par la gendarmerie en province,
interdiction faite aux Juifs de voyager en voiture, restriction de leurs
déplacements en bus et en tram, couvre-feu imposé aux Juifs à partir de
20 heures23. Le 17 avril 1944 est autorisée la confiscation des œuvres d’art
appartenant à des Juifs (trouvées dans les appartements et maisons dont ils
ont été expropriés). Le 25 avril 1944 interdiction est faite aux Juifs
d’exercer une profession intellectuelle. Le 30 avril 1944 est publiée une
liste de 148 auteurs juifs dont les œuvres doivent être retirées de la
circulation et détruites, juste parce qu’ils sont juifs (500 000 volumes
détruits). Le 1er mai 1944, c’est la mise en application à Budapest d’un
décret du 22 avril 1944 qui stipule que les rations alimentaires (coupons)
des Juifs seront inférieures à celles des non-Juifs24. Entre le 15 mai et le
9 juillet 1944 (en à peine deux mois !), a lieu la déportation de tous les
« Juifs » de Hongrie (à l’exception de ceux de Budapest), organisée par
Eichmann (sur place) et les officiels hongrois : 437 402 personnes,
préalablement rassemblées dans des ghettos, sont déportées et exterminées
à Auschwitz-Birkenau25. Fin mai 1944, les Juifs de Budapest n’ont plus
accès qu’à cinq des nombreux bains de la ville, à trois hôtels, et à un
nombre réduit de bars, restaurants et cinémas. Au total, 111 lieux leur sont
accessibles, mais uniquement certains jours et à certains horaires26
(ségrégation). Le 4 juin 1944 est mise en œuvre une restriction des heures
pour les courses (en plus des coupons alimentaires) : 11 heures à 13 heures
pour l’achat de biens alimentaires ; 13 heures à 15 heures pour l’achat des
biens non alimentaires27. Pour mémoire, à Paris, les Juifs n’étaient autorisés
à sortir pour faire leurs courses que de 15 heures à 16 heures pendant la
guerre28. Le 16 juin 1944, les 220 000 Juifs de Budapest (20 % de la
population de la ville) doivent se répartir dans les 1 948 immeubles
désignés pour les reloger, situés dans les fameuses « maisons à étoiles
jaunes » (où des non-Juifs sont parfois restés, refusant de quitter leur
logement)29. Il est à noter que les Juifs ne sont autorisés à quitter ces
logements que trois heures par jour, l’après-midi (entre 14 heures et
17 heures), et uniquement pour faire leurs courses, aller aux bains et se
rendre à des rendez-vous médicaux30. À ce stade, il n’y a pas encore un
ghetto fermé. Les immeubles où les Juifs sont obligés de se regrouper sont
répartis dans plusieurs quartiers, plusieurs rues. Ce confinement est
légèrement assoupli ensuite : les Juifs peuvent sortir de chez eux six heures
par jour entre 11 heures et 17 heures, mais de nombreux lieux publics leur
sont interdits. Une ségrégation dans l’accès aux lieux publics est instaurée31.
La déportation massive des Juifs de Budapest est encore évitée du fait d’une
décision du régent Horthy, prise en juillet 1944, de stopper la déportation32.
Fin août 1944, le confinement est allégé : les Juifs de Budapest qui peuvent
participer à certaines fêtes juives et qui, après obtention d’autorisations
(papiers), peuvent quitter leurs « immeubles marqués de l’étoile jaune »,
leur ghetto encore dispersé, pour aller travailler33. Le 15 octobre 1944,
l’Allemagne nazie destitue Horthy (après avoir enlevé son fils unique et
menacé de le tuer, par un chantage pur et simple) et met au pouvoir les
Croix fléchées (nazis hongrois). À partir de là, tout s’accélère à Budapest :
massacres, qui ont conduit à parler d’un « Danube rouge » (du sang des
victimes assassinées par les Croix fléchées), jusqu’à la mise en place d’un
ghetto fermé début décembre et à des déportations « sauvages » directement
organisées par les Croix fléchées (Hanna Dallos, Lili Strausz, Eva Danos,
des Dialogues avec l’ange, comptent parmi les victimes : déportées à
Ravensbrück, le 2 décembre 1944). En octobre 1944, les Juifs n’ont plus le
droit de travailler34. Le 20 octobre 1944 : ordonnances condamnant tous les
hommes juifs de 16 à 60 ans et toutes les femmes juives âgées de 18 à
40 ans aux travaux forcés, d’où les marches forcées en direction du Sud-Est
pour construire des fortifications contre l’armée soviétique, et également en
direction de l’Autriche, en parallèle de rafles dans les maisons/immeubles
marqués de l’étoile jaune et de la condamnation aux travaux forcés étendue
de facto aux femmes juives de 16 à 40 ans35. Le 23 octobre 1944,
25 000 hommes juifs hongrois sont livrés au Reich pour travailler, pour six
mois (comme du bétail), dans des « marches de la mort » en direction
d’Hegyeshalom. Le 13 novembre, Eichmann rapporte que 27 000 Juifs sont
en route et que 40 000 supplémentaires sont attendus. En novembre 1944, le
confinement est durci. Les Juifs (de Budapest) ne peuvent sortir de chez eux
(ou plutôt des logements qui leur ont été imposés) qu’entre 10 heures et
12 heures36, avec établissement du « ghetto international », en réalité des
immeubles désignés « extraterritoriaux », sous protection d’États neutres
comme la Suisse et la Suède, où des Juifs sont logés et protégés des
exactions37. Le 2 décembre 1944 : les Juifs « non protégés » sont contraints
de vivre dans le ghetto de Budapest (« non-protected Pest ghetto »), cette
fois un ghetto fermé, dans le quartier dit traditionnellement « quartier juif »
de Budapest dans le VIIe arrondissement, et non plus le « ghetto dispersé »
(ou immeubles marqués d’une étoile jaune, « csillagos házak »)38.
L’instauration du ghetto de Budapest pour « Juifs non-protégés » suppose le
déménagement de nombreux non-Juifs du quartier désigné. Jusque-là,
l’administration tolérait que des non-Juifs continuent à habiter leurs
appartements même s’ils se situaient dans des immeubles décrétés
« maisons à étoile jaune », comme c’était souvent le cas. Dans le périmètre
assigné au ghetto, 133 immeubles étaient habités par des non-Juifs
(immeubles sans étoile) ; et, parmi les 162 immeubles à étoile, 144
comptaient des appartements occupés par des non-Juifs. Interdiction sera
désormais faite aux non-Juifs d’exercer une activité professionnelle dans le
périmètre du ghetto, avec l’interdiction aux institutions publiques d’y avoir
des bureaux39.
Les Juifs ont deux heures pour quitter les immeubles dits « à étoile » où
ils ont été contraints de vivre depuis six mois pour s’installer dans le
ghetto40 ; 10 000 à 15 000 personnes sont déplacées par jour et parquées
dans le ghetto. Le 10 décembre 1944, le ghetto est bouclé. 44 416 personnes
sont parquées dans 240 immeubles/bâtisses, dont une cinquantaine qui sont
impropres à l’habitation. Selon Cole, chaque chambre disponible est
occupée en moyenne par 5,75 personnes. Les autorités instaurent plusieurs
passeports : un passeport bleu qui autorise les non-Juifs à entrer dans le
ghetto, un passeport vert autorisant les Juifs à sortir du ghetto (4 portes
surveillées par police et milice)41. Les 17 et 18 janvier 1945 survient la
libération du ghetto, avec la prise de Pest par les Soviétiques. D’autres faits
historiques42 illustrent que les lois antijuives, motivées par la lutte contre
l’épidémie de typhus, sont mises en place graduellement, avec des allers et
retours (fermeture/ouverture, trois pas en avant/deux pas en arrière), jusqu’à
la déportation massive des Juifs de Hongrie et la ghettoïsation à Budapest.
Il est tout de même curieux de constater la résurgence d’un « passeport
vert » (curieusement appelé « green pass » en Italie), pour des raisons
sanitaires, les mêmes raisons qui étaient invoquées idéologiquement par les
nazis pour lutter contre l’épidémie de typhus, et s’en prendre aux Juifs,
estimés en être la plus grande source contagieuse. Comment ne pas
s’inquiéter de la résurgence d’une telle ségrégation, et d’une telle entrave à
la mobilité, dans l’espace social, économique et politique ? Aujourd’hui,
d’où viennent ces épidémies de coronavirus ? Sont-elles partiellement ou
totalement créées, comment et par qui ? La création du virus par voie
humaine dans un laboratoire a été soulevée par différents experts
internationaux de haut niveau. Sont-ils tous devenus séniles, ou bien les
médias de la propagande officielle ne leur donnent-ils pas voie
d’expression43 ? Cette création fut-elle intentionnelle dans le but de détruire
une partie de l’humanité, ce qui nous renvoie aux idéologies eugénistes
d’une infime partie de la classe des milliardaires qui, pour avoir toujours
davantage de pouvoir, désirent ouvertement réduire la quantité d’humains
présents sur Terre44 ?
Cette question peut-elle même simplement être posée, dans la mesure où
l’Histoire nous a démontré que tout était possible ; les nazis l’avaient bien
fait, en se posant en sauveurs pervers de situations épidémiques qu’ils
avaient, eux-mêmes, créées ? De fait, Chapoutot note que la
« performativité du discours nazi et la circularité du rapport entre
imaginaire et réel sont exemplaires : les nazis construisent l’ennemi non
seulement par le discours et par l’image, mais aussi par des pratiques qui
produisent une biologie dégradée, ensuite exhibée comme preuve de la
justesse du discours nazi ». En clair, les nazis ont suscité eux-mêmes
l’épidémie de typhus qu’ils prétendaient éradiquer, que ce soit en instillant
des insectes infectés dans les ghettos, ou en distribuant des vêtements
infectés, comme nous l’indiquent des témoignages, mais encore en créant
les conditions du développement de l’épidémie. Cela rejoint ce qu’indique
Hannah Arendt dans Humanité et Terreur : l’idéologie ne se contente pas de
réécrire le réel, elle souhaite le modeler à son image. Chapoutot insiste,
dans son œuvre, sur le fait que de nombreux discours idéologiques
nationaux-socialistes se retrouvent, sous la forme d’échos plus ou moins
atténués, dans les sociétés modernes occidentales, ce qui pourrait expliquer
une certaine apathie chez des peuples accoutumés à un formatage
idéologique latent.
Peut-on s’interroger précisément sur l’absence de soins donnés, les
confinements à répétition qui enferment les gens entre eux sans pouvoir
prendre l’air, les masques imposés qui empêchent l’organisme de se
ressourcer en oxygène, et les interdictions de se promener en pleine nature ?
Toutes ces mesures ont eu pour effet d’affecter le système immunitaire par
des défauts d’oxygénation et par un stress oxydatif distillé en permanence
par les médias de masse et les réseaux sociaux (jusqu’à l’effroi et
l’épouvante45, jusqu’au rituel quotidien de la comptabilité mortifère aux
heures de grande écoute). Ces effets collatéraux ont-ils réellement lutté
contre l’épidémie ? Ou cela a-t-il eu pour incidence d’encourager sa
propagation ? L’idéologie nazie, financée à l’époque par le grand Capital et
de grands financiers et industriels est-elle définitivement morte ? Y a-t-il
une ou plusieurs idéologie(s) masquée(s) véhiculée(s) dans les médias de
masse ?
Comment le pouvoir s’empare-t-il des épidémies pour légitimer des
régimes totalitaires ? À qui profitent toute cette détresse mondiale, ces
morts et ces souffrances, ces désastres économiques, etc. ? Certains
s’enrichissent-ils davantage, tandis que d’autres tombent dans la misère ?
Quelle est la chaîne de décisions, depuis le financeur et le commanditaire
jusqu’à l’exécutant ? Quelle est l’origine de toutes les premières décisions,
et quelle est sa validité épistémologique ? Quel est le bilan des décisions
politiques prises ? Est-on en train de basculer dans le totalitarisme, et quelle
est la suite des prétentions politiques à masque sanitaire ? Etc., etc., etc.
Chacun, en tant qu’esprit libre, a le droit de réfléchir à ses propres
réponses, mais surtout de se poser les questions préliminaires à
l’investigation, à savoir les sept questions de Quintilien : Quoi, Qui, Quand,
Où, Comment, Combien, Pourquoi, avant d’y ajouter la fameuse question
de Cicéron : à qui profite le crime (cui bono) ? La mesure, l’équilibre, la
tempérance, le doute et la prudence sont souvent nécessaires pour éviter,
d’aventure, de se retrouver malgré soi absorbé dans une idéologie,
lorsqu’elle s’emballe. Et surtout, pour pouvoir mettre des limites à ses folles
prétentions. Mais approfondissons davantage le visage inédit de ce
totalitarisme mondial qui nous est désormais imposé dans les dessous de
cette idéologie sanitaire.
La rupture silencieuse et masquée du
contrat social par une néo-réalité guerrière et
numérique
Le champ lexical de la guerre et de la
persécution
Nous l’avons vu, le nouveau lexique relève d’un vocabulaire guerrier et
persécuteur, d’un caractère prédictif sur du vivant qui annule le recours à
l’expérience. Le 4 mars 2020, le président de la République française
Emmanuel Macron réunit en effet un « Conseil de défense », terme curieux
qui laisse présager que nous sommes « en guerre » contre un virus, ce qui
est une négation totale de l’expérience du vivant, dans lequel les virus sont
innombrables et ont pour fonction, précisément, de renforcer les défenses
immunitaires. L’éviction, dès le départ, de la notion complexe de « système
immunitaire » oriente la pensée vers un corps dénué de capacités à réagir
s’il n’est pas vacciné. Or, c’est pourtant sur la sollicitation du même
système immunitaire que fonctionne le vaccin. Le 16 mars 2020, le
président de la République française annonce : « Je vous le dis avec
beaucoup de solennité… Nous sommes en guerre ! » Une fois cette
expression lâchée, elle rythme tout son discours, par répétition. Le virus est
personnifié comme un « ennemi […] invisible, insaisissable, qui
progresse »… Ce discours était-il fait pour créer une panique dans la
population ? Il en a tous les traits. La guerre justifie toutes les mesures
d’exception prises… Macron parle d’une « guerre sanitaire », comme si la
santé relevait d’un registre guerrier, et non d’un renforcement du système
immunitaire. Alors évidemment, le champ lexical de la guerre justifie des
mesures de guerre : confinements, méfiance, couvre-feux, etc. Le danger est
présenté de façon d’autant plus grave qu’il n’est pas saisissable, il est donc
tout à la fois partout et nulle part. Mais le président de la République
française n’est pas le seul à avoir élaboré un discours de guerre, de telle
sorte qu’on peut soupçonner une tactique de communication concertée. Le
directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans son
discours du 26 mars 2020, invoque : « Nous sommes en guerre contre un
virus qui menace de nous déchirer, si nous nous laissons faire. » Le virus est
donc devenu un animal sauvage qui va nous « déchirer ». « Nous traversons
une crise mondiale à laquelle il faut opposer une riposte mondiale. […] La
première, c’est de lutter, de mener un combat acharné, de jeter toutes vos
forces dans la bataille. »
Le directeur général de l’OMS ajoute : « Luttez comme si vos vies en
dépendaient, parce que c’est le cas », ce qui est un appel à la panique, or,
comme nous venons de le voir, la question est complexe, un virus peut
contribuer à renforcer un système immunitaire, nous sommes constitués de
virus, tout cela dépend d’interactions complexes, et non d’un ennemi
extérieur à nous qui nous voudrait du mal. Guerre, combat, mobilisation,
lutte, riposte, bataille, stratégie…, tout ce registre relève davantage de la
paranoïa que d’une réalité clinique.
Le délire paranoïaque est, en effet, un délire de haine, où toutes
les relations sont fondées sur la méfiance et la guerre. Le vocabulaire
relève également du champ guerrier d’abord : le « couvre-feu » notamment,
les « gestes barrières ». Pourquoi employer ce terme « barrières » et non
pas, par exemple, parler de « gestes protecteurs » ? S’agit-il d’ériger des
barricades contre un virus qui nous constitue ? Un tel vocabulaire contribue
à l’attaque du lien social : pourquoi parler de « distanciation sociale »
lorsqu’il est demandé un éloignement physique ? Pourquoi ce nouveau
vocabulaire est-il appliqué à toute la planète ? Ce vocabulaire est également
carcéral : confinement, qui signifie « emprisonnement à domicile »,
« isolement », « ghettoïsation » par quartiers ou par régions. Il s’applique à
tout le corps social, « concerts confinés », « déconfinement », « plan de
déconfinement »…
Quels sont, par exemple, les motifs « impérieux » sans lesquels les
Français vivant à l’étranger ont été empêchés, pendant plusieurs semaines
au début de l’année 2021, de revenir en France ? Un « décès d’un membre
de la famille en ligne directe d’un frère ou d’une sœur/visite à une personne
dont le pronostic vital est engagé, pour les membres de la famille en ligne
directe », justifié par « un acte ou certificat de décès, certificat médical
établissant la situation de la personne dont le pronostic vital est engagé » !
Et encore, la personne ne pouvait pas, dans ces circonstances, revenir
accompagnée. En cas d’une naissance, par exemple, d’un petit-fils ou d’une
petite-fille, un grand-parent n’était donc pas autorisé à voyager, car ce
n’était pas décidé comme « impérieux » par le pouvoir. Qui fixe l’arbitraire,
et selon quels critères ? Il aura fallu une plainte déposée auprès du Conseil
d’État pour que cesse l’arbitraire du pouvoir : « Le Conseil d’État juge
disproportionné d’exiger un motif impérieux aux Français qui souhaitent
rentrer, car l’impact de ces déplacements est mineur sur la propagation de
l’épidémie de Covid-19. » La déraison, la démesure et la panique qu’elles
engendrent ont des impacts inouïs sur la réalité.

LE DÉLIRE PARANOÏAQUE EST,


EN EFFET, UN DÉLIRE DE
HAINE, OÙ TOUTES LES
RELATIONS SONT FONDÉES
SUR LA MÉFIANCE ET LA
GUERRE.

Ce registre de la guerre n’est pas anodin, car c’est celui du délire


paranoïaque, qui s’organise autour de la haine, cette « haine qui, telle une
sorcière, se penche sur leur berceau dès leur entrée en ce monde… La haine
perçue, qui marque le destin de ces sujets et devient le pivot autour duquel
s’élabore leur théorie sur l’origine46 ». La haine, ici, est celle du vivant (le
virus), celle du corps capable de renforcer ses défenses (le corps vivant),
celle des relations entre médecins et patients capables de créer ensemble ce
renforcement du vivant, celle de l’autre qui peut nous contaminer (la faute
est mise sur l’autre, et non sur une interaction complexe entre un virus, un
environnement, et sa réception par un corps complexe auto-organisé), celle
de son voisin qui ne respecte pas les « gestes barrières » (le dénoncer sera
considéré comme un « devoir civique »), etc. Les relations sont fondées
désormais sur la guerre, cela a clairement été annoncé. La surveillance et la
délation généralisées ont des effets délétères de délitement du lien social, et
sont encouragées par le gouvernement47. Celui qui récuse le traitement
politique de la chose devient donc un ennemi de la patrie, un traître,
un collabo au virus, un assassin.

CELUI QUI RÉCUSE


LE TRAITEMENT POLITIQUE
DE LA CHOSE DEVIENT
DONC UN ENNEMI
DE LA PATRIE, UN TRAÎTRE, UN
COLLABO AU VIRUS, UN
ASSASSIN.

L’ennemi est invisible, et il est partout. La population est perçue comme


potentiellement malade, infectieuse, dangereuse ; et cette stigmatisation
s’applique à tout le corps social. Certes, les comparaisons présentent leurs
limites, mais comment ne pas se souvenir que ce traitement réservé
désormais à la population a déjà été mis en œuvre par le politique dans
l’Histoire, avec des prétextes pseudo-sanitaires ? Dès le mois de mars 2020,
la solution unique à une épidémie infectieuse est présentée sous l’angle du
« vaccin », qui obtient le dangereux statut d’objet fétiche. On parle de
« stratégie » vaccinale, la stratégie étant la conceptualisation de la réponse
guerrière à apporter à un ennemi. Seul le vaccin nous sortira de cette crise,
et non des traitements qui pourraient faire leur preuve et laisser le virus
évoluer. La question du soin est occultée dès le début. Le psychiatre
Frédéric Badel note que « de ce nouveau langage ont disparu les mots
soigner et malades, puisqu’il faut disjoindre le concept d’épidémie de l’idée
de malades à soigner ». « L’épidémie devient une épidémie de cas
positifs », touchés par « l’ennemi », et donc « contaminés » par le poison, et
« de contacts à identifier ». Le peuple passe d’une peur d’être malade à une
peur d’être « positif », voire « cas contact », et accepte docilement les tests
et les isolements, c’est-à-dire la persécution de « l’ennemi » qui se nicherait
en chacun d’entre nous, par une atteinte réelle ou potentielle d’un virus-
poison étranger.
Les discours politiques sont contradictoires, parfois au même moment,
parfois dans le temps, sans que jamais on ne revienne sur des déclarations
passées, pour admettre que l’on a pu se tromper. Par exemple, le 4 mars
2020, Olivier Véran affirme : « Il est important d’ailleurs de rappeler que le
virus, qu’avoir le virus ne signifie pas être malade. » Alors pourquoi dans
ce cas, des personnes qui ne sont même pas positives à un test et encore
moins malades sont-elles traitées comme potentiellement malades ?
Pourquoi des personnes qui n’ont pas de symptômes, quand bien même
elles seraient positives à un test, sont-elles traitées comme des malades
passés à l’ennemi ? L’être humain devient un pion mécanique sur un jeu
vidéo, qui fait l’objet de simulations48. Selon les stades du jeu vidéo, les
règles changent, elles sont connues de ceux qui les fixent, mais pas de nous.
Et elles changent tout le temps, entre les régions, entre les pays, et au sein
des pays eux-mêmes, sans que l’on puisse anticiper les nouvelles règles
avec des paradigmes fiables et logiques appliquées systématiquement à une
situation similaire. Le traçage des êtres humains, camouflé sous le mot
anglais « tracking », montre également l’objectivation des individus, qui
deviennent des colis commandés en ligne (avec leur QR Code qui peut être
scanné). La persécution intervient jusque dans l’intimité, avec des
dispositifs de géolocalisation sur les téléphones, et des appels reçus
le dimanche dans la vie familiale, pour des « cas contacts », alors
que les personnes n’ont jamais autorisé la transmission de leur
numéro de téléphone, par exemple.

La néo-réalité numérique, l’algorithme et la


« mondialisation »
Dans la néo-réalité numérique, l’être humain est traité comme un
algorithme. Cet autre champ lexical est apparu pernicieusement dans cette
année 2020, jusqu’à envahir les médias et le vocabulaire commun de la
nouvelle langue totalitaire, celui de la néo-réalité numérique, couplé à celui
de la « mondialisation » : coronapero, skypéro, whatspéro, « on se fait un
zoom ? », la réunion se tient « en présentiel », avec des « fonctions
présentielles ». Klemperer avait indiqué que la langue des nazis associait
l’organique et le mécanique. Aujourd’hui, nous pouvons ajouter la
dimension technique et numérique. Ces différents langages entraînent une
déshumanisation progressive, d’autant que l’on prend grand soin d’effacer
« l’ancienne normalité », et tout ce qui la constituait (fêtes, restaurants,
socialisation, musées, culture…). Cette suppression des traces historiques
est en cours, et est d’essence paranoïaque : remaniement profond de la
langue parlée, histoire « officielle » de la crise sanitaire que les citoyens
doivent accepter…, et ce, en faisant croire à la population qu’elle retrouvera
bientôt cette ancienne normalité, mirage qui s’efface de jour en jour. De
fait, si le 31 mars 2021 le président avait exigé une grande soumission aux
mesures draconiennes, en faisant miroiter l’horizon du 15 mai pour les
réouvertures, cet engagement est remis en question par le ministre de
l’Économie, Bruno Le Maire, le 14 avril 2021 sur BMF TV : « Le 15 mai
fait partie des hypothèses. » Sans aucune certitude, donc. Gouverner, c’est
prévoir. Lorsque les décrets sont votés à la dernière minute, même parfois
quelques heures avant leur exécution comme dans divers pays, peut-on
supposer que les gouvernants ne soient plus du tout capables de prévoir,
donc de gouverner ? Cette déshumanisation au profit de l’idéologie
intangible est ainsi analysée par Hannah Arendt : « La raison fondamentale
de la supériorité de la propagande totalitaire sur la propagande des autres
partis et mouvements est que son contenu, au moins pour les membres du
mouvement, n’est plus un problème objectif à propos duquel les gens
peuvent avoir une opinion, mais est devenu dans leur vie un élément aussi
réel et intangible que les règles de l’arithmétique49. »
LA PERSÉCUTION INTERVIENT
JUSQUE DANS L’INTIMITÉ,
AVEC DES DISPOSITIFS
DE GÉOLOCALISATION
SUR LES TÉLÉPHONES,
ET DES APPELS REÇUS
LE DIMANCHE DANS LA VIE
FAMILIALE, POUR DES « CAS
CONTACTS », ALORS QUE
LES PERSONNES N’ONT
JAMAIS AUTORISÉ LA
TRANSMISSION
DE LEUR NUMÉRO
DE TÉLÉPHONE, PAR EXEMPLE.

Le mouvement incessant
Ce que vivent de nombreux pays au monde depuis le premier trimestre
2020, c’est une méthode de dressage, selon la théorie du « stop-and-go »
préconisée par Ferguson, et qui ne s’appuie, nous l’avons vu, sur aucun
fondement médical. Il s’agit d’alterner enfermement de la population et
ouverture. Plus on avance, et en dépit de toutes les fausses promesses du
pouvoir qui assuraient que, si nous acceptions un enfermement draconien,
nous serions rapidement libérés, plus l’enfermement total apparaît comme
l’horizon ultime. Tout d’abord, par l’intention même du pouvoir qui dévoile
peu à peu ses desseins. Mais aussi, parce qu’à force d’enfermement, les
forces vives perdent de l’enthousiasme, et se démobilisent, chaque nouvelle
ouverture nécessitant de faire appel à davantage de ressources, alors que
l’on en dispose de moins en moins. L’horizon ultime est le « stop » total, la
mort de la société et donc, inévitablement, sa prise en charge totale
par un gouvernement totalitaire mondial. Pour obtenir cette soumission des
masses, le changement incessant est indispensable. On connaît la méthode,
dans certaines entreprises : exposer les salariés à un changement permanent,
qui entrave toute possibilité de se construire de nouveaux repères, sans pour
autant pouvoir s’appuyer sur les anciens. À chaque nouveau décret, les
décisions changent. Tantôt il s’agit d’un couvre-feu à 20 heures, tantôt à
19 heures, tantôt sur telle région, tantôt sur telle ville, tantôt c’est tel jour de
sortie qui est permis selon sa carte d’identité, tantôt c’est tel jour qui est un
jour d’enfermement, etc. L’individu perdu et pris à la gorge finit par céder
devant ces méthodes sectaires, et le pouvoir totalitaire obtient ce qu’il
désire de lui : la perte totale de sa spontanéité et sa soumission à l’arbitraire.
Hannah Arendt le disait bien, il s’agit de créer un état d’instabilité
permanente, d’empêcher l’avènement d’une nouvelle stabilité. Le but est la
domination planétaire totale. Les sables mouvants des décisions
politiques éternellement changeantes donnent un pouvoir
supplémentaire aux instances de contrôle, telles que la police, qui
pourront ainsi sanctionner arbitrairement. Les décrets contredisent
les lois, ce qui empêche tout enracinement.
L’atomisation dont parle Hannah Arendt est obtenue par l’isolement de
l’individu, hors de son champ de sociabilité, qu’il s’agisse de la sphère
professionnelle (télétravail, ou suppression de l’activité économique) ou du
loisir. Cet isolement, avec la disparition des liens familiaux et des intérêts
culturels, fait le lit idéal du totalitarisme. Avec ce mouvement permanent, la
légalité est constamment changeante, et l’instabilité chronique devient une
norme entraînant toujours davantage de chaos. La légalité change jusqu’à
devenir illégale, ou l’inverse, le peuple s’accoutume de plus en plus à
l’illégalité, qui, prise d’abord pour une « exception » qu’il convient de
justifier, devient progressivement une coutume qui s’instituera en Loi. Il en
est exactement ainsi de l’évolution de l’état d’exception sanitaire, justifié
par une urgence, délimitée dans le temps, sans cesse reconduit, jusqu’à
s’institutionnaliser, et rendre caduque la Constitution antérieure. Ce qui était
initialement illégal devient peu à peu le légal par la suite, annihilant tous les
repères juridiques antérieurs, en particulier le socle pénal50. Et tout cela,
dans quelle espérance ? Celle d’un futur, toujours repoussé, d’un « retour à
la normale », de la fin du calvaire.

LES SABLES MOUVANTS DES


DÉCISIONS POLITIQUES
ÉTERNELLEMENT
CHANGEANTES DONNENT UN
POUVOIR SUPPLÉMENTAIRE
AUX INSTANCES
DE CONTRÔLE, TELLES QUE LA
POLICE, QUI POURRONT AINSI
SANCTIONNER
ARBITRAIREMENT. LES
DÉCRETS CONTREDISENT LES
LOIS, CE QUI EMPÊCHE TOUT
ENRACINEMENT.
Le corps social malade :
l’idéologie de la santé et son corollaire
xénophobe
Une nouvelle définition implicite de la santé
Dans le maniement politique de cette crise, la définition implicite de la
santé est celle d’une « absence de maladie potentielle », ce qui est
totalement contraire à la nature humaine, en elle-même porteuse de
nombreux virus, qui ne sont pas des menaces, mais servent, au contraire, à
renforcer des anticorps. Le philosophe Canguilhem proposait en effet une
tout autre définition de la santé qui, si elle avait été suivie, aurait
indubitablement changé l’orientation politique face à l’épidémie : « La
santé, c’est le luxe de pouvoir tomber malade et de s’en relever. Toute
maladie est, au contraire, la réduction du pouvoir d’en surmonter d’autres.
[…] Vivre pour l’animal déjà, et à plus forte raison pour l’homme, ce n’est
pas seulement végéter et se conserver, c’est affronter des risques et en
triompher51. » La maladie n’est pas un « ennemi » à abattre, comme
en temps de guerre, mais un déséquilibre interne qu’il convient de
comprendre, pour pouvoir œuvrer à rétablir l’équilibre.
LA MALADIE N’EST PAS
UN « ENNEMI » À ABATTRE,
COMME EN TEMPS DE
GUERRE,
MAIS UN DÉSÉQUILIBRE
INTERNE QU’IL CONVIENT
DE COMPRENDRE,
POUR POUVOIR ŒUVRER À
RÉTABLIR L’ÉQUILIBRE.

Le virus comme ennemi à abattre


De quoi parle-t-on ? De partir dans une « riposte mondiale », avec un
« combat acharné », de « toutes vos forces dans la bataille », contre un
virus, alors que le corps humain en est constitué ? Un virus a-t-il même une
intention, et en particulier celle de nous tuer ? Les virus sont inscrits dans
notre ADN, nous en touchons des centaines de millions chaque jour. Curtis
Suttle, virologue à l’université de la Colombie-Britannique au Canada,
indique dans une étude de 2018 que plus de 800 millions de virus se
déposent sur chaque mètre carré de la Terre chaque jour. Dans une cuillère à
soupe d’eau de mer, il y a plus de virus que d’habitants en Europe ! « Nous
avalons plus d’un milliard de virus chaque fois que nous allons nager […].
Nous sommes inondés de virus. » Un article de 2011 publié dans Nature
Microbiology estime qu’il y a plus d’un quintillion (1 suivi de 30 zéros) de
virus sur Terre ! Environ 8 % du génome humain est d’origine virale, et les
virus ont été présents bien avant l’espèce humaine sur Terre, ils ont
contribué à donner naissance à la vie cellulaire52.
Alors, est-il sérieux de partir en guerre contre un virus ? La
personnification du virus en fait un ennemi extérieur à abattre. Nous avons
déjà parlé de cette manipulation qui ne correspond pas à la réalité en
matière d’infectiologie. Alors, bien sûr, comme tout ennemi à abattre, il faut
qu’il soit exterminé, sinon il resurgira, en ayant reconstitué ses troupes !
C’est là l’objectif « zéro Covid », qui est absolument inaccessible, et relève
d’un idéal tyrannique : les virus sont présents dans la nature, nous devons
apprendre à vivre avec eux ! Ces idéaux tyranniques sont brandis dans le
champ lexical de la guerre. Le psychiatre Frédéric Badel note d’ailleurs
« l’exaltation de certaines valeurs morales », notamment la « solidarité » :
tous au front, pourrions-nous dire ! Solidarité invoquée en idéal, dans une
politique imposée qui est, en réalité, tout sauf solidaire : en invoquant la
protection des plus fragiles (ce qui est à démontrer, au regard du traitement
subi par les personnes âgées dans les EHPAD, et des résidents en hôpital
psychiatrique, par exemple), « la vie de millions de personnes est estropiée
sans que cela ne pose de problème de logique53 ». Bien entendu, puisque
l’idéologie défie la logique et dénie la réalité, qu’elle entend tordre pour lui
imposer son modèle destructeur.
Ce virus, qui permet de terroriser les individus en jouant sur les ressorts
les plus intimes, n’en est pas moins une aubaine pour le pouvoir totalitaire.
Il s’agit de fédérer contre cet ennemi, autant extérieur qu’intérieur, de le
tenir en « tenaille », avant de lui attribuer une figure arbitraire : les
« complotistes », les croyants, etc. Dans les discours politiques depuis
deux ans, l’individu est toujours coupable de ne pas suivre parfaitement les
ordres absurdes, parfois contradictoires, et changeants du pouvoir. De cette
dette induite inconsciemment, il lui reviendra donc de s’acquitter : les
citoyens ne sont pas assez responsables, pas assez obéissants, pas assez
conscients du problème, etc. Et, bien entendu, c’est de leur faute ! Chaque
individu, même le plus zélé, ayant à un moment donné plus ou moins failli
avec les protocoles ultra-contraignants des rituels, est donc désigné
coupable par le pouvoir (n’a pas lavé son masque toutes les quatre heures, a
oublié une fois de se laver les mains, etc.). L’idéologie nie les faits, et les
fabrique selon son bon vouloir et ses réalités prophétiques. Les
masses la suivent, parce que l’idéologie rassure, par son caractère
pseudo-explicatif et global. La fiction devient réalité.

L’IDÉOLOGIE NIE LES FAITS,


ET LES FABRIQUE SELON
SON BON VOULOIR
ET SES RÉALITÉS
PROPHÉTIQUES. LES MASSES
LA SUIVENT,
PARCE QUE L’IDÉOLOGIE
RASSURE, PAR SON
CARACTÈRE PSEUDO-
EXPLICATIF ET GLOBAL. LA
FICTION DEVIENT RÉALITÉ.

L’humain réduit à un état viral


La persécution par le tracking se fait sur le changement d’état, à partir du
moment où l’individu est estimé être passé d’un état « sain » à un « état
viral », ce qui défrise toute logique, puisque l’être humain est en
permanence en état viral. En revanche, il peut vivre un déséquilibre
intérieur entre son état viral permanent et la présence insuffisante
d’anticorps pour faire face à une infection. L’être humain, dans la
propagande actuelle, devient donc l’objet d’un réductionnisme en termes
d’états. Les critères de ce changement d’état sont par ailleurs biaisés,
puisqu’il n’est pas nécessairement visible, mais constaté par des tests
rendus obligatoires en maintes circonstances, et dont le nombre de cycles
diffère d’un pays à l’autre, voire d’un laboratoire à l’autre ! Ce
réductionnisme entraîne une déshumanisation de fait, puisque l’individu est
réduit à « porteur ou non d’un virus », détecté ou non selon des critères
changeants. Il est, en somme, réduit à un « + » ou à un « − », à une unité
mathématique.
La vision complexe du réel, comme du corps humain, du psychisme
humain et de l’homme comme « animal politique » est totalement évacuée.
L’être humain en tant que porteur de virus est présumé coupable, présumé
coupable d’être finalement vivant ! La haine du vivant est également ce qui
caractérise la psychose paranoïaque, laquelle se manifeste souvent par une
hypocondrie délirante : l’être humain, réduit à un seul virus, est traité
comme un virus étranger et dangereux. L’interprétation du changement
d’état est laissée à l’arbitraire des critères évolutifs, et au manque de
fiabilité des tests. Le corps humain est considéré comme inerte, avec
une gestion statistique de corps infectés ou non infectés ; l’individu
est réduit à un cas. Notons que le statut ontologique des êtres
devient celui de corps-chiffres, ou de « corps-instruments », ce qui
pourrait légitimer leur asservissement à venir, ainsi qu’une
éventuelle extermination ou éradication future, selon l’équation qui
sera retenue.
LE CORPS HUMAIN EST
CONSIDÉRÉ COMME INERTE,
AVEC UNE GESTION
STATISTIQUE DE CORPS
INFECTÉS OU NON INFECTÉS ;
L’INDIVIDU EST RÉDUIT À UN
CAS. NOTONS QUE LE STATUT
ONTOLOGIQUE DES ÊTRES
DEVIENT CELUI DE CORPS-
CHIFFRES, OU DE « CORPS-
INSTRUMENTS », CE QUI
POURRAIT LÉGITIMER LEUR
ASSERVISSEMENT À VENIR,
AINSI QU’UNE ÉVENTUELLE
EXTERMINATION OU
ÉRADICATION FUTURE, SELON
L’ÉQUATION QUI SERA
RETENUE.
En toile de fond, une pensée primitive
archaïque :
le bouc émissaire
En toile de fond, et depuis le clivage induit dans les discours entre les
« bons citoyens », « responsables », et les autres, les irresponsables qui
refusent de se plier aux mesures arbitraires du politique, se met
progressivement en place une cible : celle du bouc émissaire qui porte la
faute. Ceux qui refusent de se plier aux mesures arbitraires et évoquent
l’instauration d’un totalitarisme sont en effet ciblés et insultés, jusqu’à être
traités d’« assassins », ce qui démontre la charge meurtrière à l’œuvre dans
les psychismes. Pourtant, il s’agit bien d’une conception profondément
archaïque de la nécessité de réaliser des sacrifices pour retrouver les faveurs
des dieux. L’invocation magique du « vaccin », comme fétiche illusoire de
sortie de crise, est donc couplée à la recherche de coupables à sacrifier :
agressions de Chinois54, opposants à la vaccination expéditive désignés
comme coupables et méritant leur sort, etc. Certains en appellent à
supprimer les soins de santé, ainsi que le droit au travail et aux achats pour
ceux qui refuseraient de servir de sujets d’expérimentation dans cette
ambition « vaccinale ». Les rituels obsessionnels sont mis en place pour
conjurer le sort : le lavage compulsif des mains, le gel hydroalcoolique
(dont les incidences sur le foie, donc l’immunité, ne sont pas du tout
évoquées), le lavage des semelles avant d’entrer dans un lieu, le couvre-
visage, etc. Objet fétiche, rituels, bouc émissaire, tout cela relève d’une
pensée magique ante-œdipienne, qui fait sauter les interdits fondamentaux
du meurtre et de l’inceste, et leurs dérivés. Le sang de l’innocent lave la
faute sur le plan anthropologique, et nous pouvons nous attendre à une
dégradation des rapports sociaux lorsque des boucs émissaires seront
nommément désignés, pour empêcher d’identifier les véritables auteurs de
la crise sanitaire et de sa mauvaise gestion. Concernant la transgression
sexuelle sous couvert sanitaire, les tests PCR par voie anale sont humiliants
(cf. infra), et attentent à la dignité humaine. Sont-ils absolument
nécessaires ? Non. Dans la présentation de son livre au titre curieux et
paradoxal L’Ordre cannibale, en 1979, Jacques Attali présuppose, de
manière totalement arbitraire, que la maladie serait « au cœur de
l’organisation sociale », en amalgamant maladie et violence, puisque, selon
lui, « la maladie, c’est la forme première de la violence ». Ce n’est pas du
tout ainsi qu’est conçue la maladie par exemple chez de nombreuses tribus
indiennes, qui la voient plutôt comme un déséquilibre signifiant une
dysharmonie entre l’être humain et son environnement. Pour les peuples
autochtones, la santé n’est pas un produit de consommation, elle est le
baromètre de la qualité de la relation que nous tissons avec notre
environnement ; elle est le symptôme d’un désordre et d’un déséquilibre.
Frederika Van Ingen, auteur de Ce que les peuples racines ont à nous dire55,
précise : « Cette crise sanitaire aussi est liée aux déséquilibres que le
système humain inflige au grand corps. Comme les précédentes épidémies
liées aux zoonoses, à l’origine, toujours se trouve la destruction des milieux
écologiques. » Le problème de l’humanité actuelle se situe dans la
prédation et dans la consommation, sans désirer créer une harmonie entre
les êtres, et encore moins entre les humains et la nature qui l’entoure. La
qualité des échanges est entravée.

« L’homme nouveau » et le paradigme


totalitaire
L’homme nouveau de la « nouvelle normalité » qui se profile est celui du
transhumanisme. Il convient, pour cela, d’opérer un rituel initiatique de
mort de l’ancienne humanité ; et ce rituel consiste à renoncer à notre vie
d’avant, et à supporter une contrainte permanente qui empêche tout oubli du
danger épidémique tel qu’il est présenté par les médias et le pouvoir, et
facilite l’acceptation du régime totalitaire. Le port du masque réduit, en
effet, l’individu à l’état d’infans, c’est-à-dire de celui qui ne peut plus
parler, qui n’a pas accès à sa propre parole, ni à celle de l’autre. Pourtant,
cela nous a été dit maintes fois, le masque ne protège pas ! La mort de
l’ancienne humanité devient une démonstration obscène du pouvoir, sans
début ni fin, avec un état de privation sensorielle caractérisant la psychose.
L’être humain est réduit, avec ce masque, à la pulsion scopique : voir/être
vu, ce qui, en psychopathologie, correspond à la perversion. Les injonctions
paradoxales et l’ensemble du tableau clinique conduisent à une destruction
de l’imaginaire et du symbolique face au pouvoir absolu. Cette destruction
est d’ailleurs illustrée parfaitement dans la réalité, par le coup mortifère
porté à la culture, au monde des arts, et aux événements sportifs. Pour
instaurer la logique totalitaire, Hannah Arendt avait également précisé
l’utilisation de méthodes des sociétés secrètes : quiconque n’est pas inclus,
est exclu ; utilisation de rituels, suppression des opinions dissidentes,
centralisation absolue du commandement, exigence d’une loyauté totale.
Nous avons déjà indiqué l’existence des rituels obsessionnels incessants qui
ont pénétré tout l’espace social et condamnent à la répétition traumatique
perpétuelle. Le corps est désormais réduit à une sorte de muselière
avec une laisse qui indiquera à quelle distance vous avez le droit de
bouger. Il s’agit d’une emprise sur l’individu obtenue par le moyen
d’intrusions violentes, entraînant l’annihilation du corps symbolique56.

LE CORPS EST DÉSORMAIS


RÉDUIT À UNE SORTE
DE MUSELIÈRE AVEC UNE
LAISSE QUI INDIQUERA À
QUELLE DISTANCE VOUS AVEZ
LE DROIT DE BOUGER. IL
S’AGIT D’UNE EMPRISE SUR
L’INDIVIDU OBTENUE PAR LE
MOYEN D’INTRUSIONS
VIOLENTES, ENTRAÎNANT
L’ANNIHILATION DU CORPS
SYMBOLIQUE.
La réduction de l’humain à la mécanique,
à la technique et à l’informatique
Que Bill Gates soit un acteur clé de cette campagne mondiale de
vaccination doit inciter à réfléchir sur le paradigme à l’œuvre concernant la
réduction de l’humain à un ordinateur. Le virus, lui-même, est compris
comme un virus d’ordinateur, les fonctions biologiques vivantes de
l’humain étant supprimées des catégories mentales : sont occultés le terrain
immunitaire et la réaction immunitaire individuelle et collective, c’est-à-
dire la dimension du vivant qui est capable de réagir face à une infection
virale. Le virus comme corps étranger pénétrant dans le système
informatique est le modèle dominant. Un individu « infecté » est considéré
« à nettoyer », comme sur un ordinateur. Le « Grand Reset » est une
opération économique à grande échelle qui reprend une terminologie
informatique. C’est un fait : dans la terminologie politique dominante, nous
sommes désormais réduits au statut d’ordinateurs. Le rapport au vivant
devient mécanique ; or la biologie humaine est une affaire complexe, qui ne
saurait faire abstraction du psychisme humain. Pas de santé physique sans
santé psychique !
L’obligation du port d’un masque polluant témoigne également de la
réduction de l’être humain à la mécanique. Santé Canada a, par exemple,
émis un avertissement concernant les masques faciaux jetables bleu et gris
qui peuvent contenir des matières toxiques semblables à l’amiante57 : depuis
quelque temps déjà, plusieurs enseignants ont émis des doutes sur les
masques qui donnaient aux enfants l’impression d’avaler des poils de chat
en les portant. Les masques fabriqués en Chine étaient obligatoires dans les
garderies. Des particules microscopiques de graphène ont été découvertes
dans les masques, ce qui peut causer de graves lésions pulmonaires et des
problèmes de santé à long terme en cas d’inhalation. Mais qu’importe,
puisque le ministre de la Famille dit que nous pouvons les utiliser58 ? On
voit bien que le corps vivant n’est plus un sujet, pour le politique ; il s’agit
d’un corps inerte qui va être touché par un virus s’il ne porte pas un
masque. L’imposture paradigmatique se manifeste dans le champ
sémantique, par l’avalanche de termes techniques, mécaniques et
informatiques hors de leurs secteurs. Cela rejoint bien la mécanisation du
vivant, présente dans la langue totalitaire nazi, comme l’avait relevé
Klemperer, avec une terminologie qui contamine également les adversaires
du totalitarisme.

La réduction de l’être humain à ses fonctions


biologiques
Dans la terminologie officielle et médiatique, l’être humain est réduit à ses
fonctions biologiques primaires ; et encore, puisqu’il ne lui est plus permis
de respirer naturellement. De même que les besoins des animaux sont
ramenés à l’excrétion et à la miction dans les autorisations de sortie, de
même les besoins humains sont réduits à manger, dormir et se distraire par
les écrans. La danse, le sport, toutes les activités de socialisation, mais
même l’instruction, l’achat des vêtements (le simple fait de pouvoir essayer
des vêtements), tout devient compliqué, sinon interdit. Le toucher étant
condamné, c’est tout le rapport au monde de l’être humain qui l’est. Le
totalitarisme s’illustre toujours dans son rapport au corps de l’humain, un
corps réduit à sa plus élémentaire expression, et qui sert de marqueur à la
ségrégation. C’est bien au regard des traits de la couleur de peau, ou encore
de la vaillance des corps, que le totalitarisme opère sa sélection entre ceux
qui ont des droits, et ceux qui sont relégués à la frontière des permissions
octroyées. Le corps souffrant et malade, le corps vulnérable, est haï des
conceptions totalitaires du monde. Est-ce vraiment un hasard d’avoir
rencontré, dans nos recherches, l’existence du passeport restreignant la
circulation autant dans le nazisme (pour des raisons expressément
sanitaires) que dans l’URSS de l’époque stalinienne (le sanitaire étant
imbriqué avec des motifs politiques de contrôle des individus)59 ?
« L’existence d’un passeport intérieur, permettant à la fois d’identifier un
individu et de définir ses droits en matière de déplacement et de choix de
lieu de résidence, est un des instruments essentiels du fonctionnement de la
société soviétique, à partir des années 1930. […] En cela, le passeport
intérieur présente de grandes similarités avec les préoccupations de contrôle
des individus perçus comme “déviants”, ainsi que des populations
migrantes. […] la volonté de purger la ville d’éléments dangereux ou
indésirables et le souci de la maintenir dans un état sanitaire satisfaisant
apparaissent étroitement imbriqués : de même que l’inspecteur de secteur
devait faire le tour des immeubles sous sa responsabilité afin d’y détecter
d’éventuelles infractions à la législation des passeports, de même devait-il
prêter attention à l’état de propreté des cours, des places, des squares, des
boulevards, relever les infractions et châtier les coupables60. » Les
passeports de l’URSS stalinienne avaient en effet une mission
« prophylactique », délimitant des zones autorisées ou non à la circulation,
« le nettoyage répressif et plus encore prophylactique en sont les
manifestations qui distinguent le cas soviétique61. » Le totalitarisme, c’est
aussi l’hyper contrôle sur les mouvements humains, les différents
« pass » ayant davantage pour fonction d’interdire de passer et de
se mouvoir librement, que de permettre la circulation.

LE TOTALITARISME, C’EST
AUSSI L’HYPER CONTRÔLE
SUR LES MOUVEMENTS
HUMAINS, LES DIFFÉRENTS
« PASS » AYANT DAVANTAGE
POUR FONCTION D’INTERDIRE
DE PASSER ET DE SE MOUVOIR
LIBREMENT, QUE DE
PERMETTRE LA CIRCULATION.

La dépossession de notre rapport métaphysique


à l’existence
Nous l’avons vu, tout le champ symbolique de la vie humaine a été évacué
au cours de l’année 2020 : de nouveaux rituels d’ordre obsessionnel et
virtuel se sont substitués, dans le lien à l’autre, aux anciens rituels
humanisants. De fait, toute la dimension symbolique de notre existence
n’entre pas en compte dans les décisions politiques prises : les naissances,
les funérailles, les rencontres et l’amour sont considérés comme « non
essentiels », alors qu’ils le sont pour notre humanité. Car c’est bien le
rapport métaphysique à la naissance et à la mort, à la fête comme rituel
socialisant, ainsi que le mystère de l’amour, essentiels à notre condition
humaine, qui sont évacués du discours et de l’expérience. La notion de
sacrifice est également pervertie. Le sacrifice est, en effet, inhérent à notre
condition de mortels. « Que vivre c’est apprendre à mourir », nous dit
Montaigne ; c’est aussi la possibilité pour nous de choisir les risques que
nous prenons. Ici, alors même que le discours dominant nous rend
coupables d’être potentiellement les meurtriers d’autrui, c’est par notre
inaction même que nous le devenons, en acceptant que certains soient
maltraités et sacrifiés (les soignants, les commerçants, les jeunes, les
enfants, les résidents en hôpital psychiatrique, les personnes âgées, etc.) au
profit d’une logique sacrificielle supérieure, qui a été appelée de ses vœux
par le président de la République dès mars 2020. Vraiment, a-t-on protégé
les personnes âgées en les laissant sans humanité dans les EHPAD avec du
Rivotril pour seul traitement (des membres du personnel soignant ont
exprimé leur émoi devant cette injonction gouvernementale qui, pour eux,
s’apparentait à une euthanasie62) ? A-t-on protégé la jeunesse en l’isolant,
en la privant de son droit à l’instruction et à la socialisation ? A-t-on
protégé la population en lui refusant des traitements et des soins ?
Le sacrifice revendiqué et consenti personnellement (se sacrifier pour une
cause, comme saint François d’Assise au chevet des lépreux, ou encore
Antigone, pour le respect des rites funéraires) est très différent de celui que
l’on impose en sacrifiant des catégories de population au nom de causes
guerrières, sans leur demander leur avis. Dans ce dernier cas, nous sommes
dans le délire d’Agamemnon sacrifiant sa fille Iphigénie sur la plage pour
pouvoir partir faire la guerre de Troie. C’est bien ce que l’on exige de nous :
sacrifier une partie de la population pour une cause plus noble, la guerre
contre le virus. Il est notable que ceux qui ont le plus recouru à la rhétorique
sacrificielle dans leurs adresses à la population, dirigeants politiques,
médecins, journalistes, sont précisément ceux qui, par leurs fonctions,
étaient exemptés du confinement et continuent souvent de s’exempter des
mesures qu’ils infligent aux autres : ainsi que les journalistes répétant le
plus les consignes gouvernementales (ceux de BFMTV, RMC, SFR63)
n’hésitaient pas à manger – en mars 2021 – dans des restaurants clandestins
tandis que dans le même temps deux restaurateurs d’une zone commerciale
de Biarritz étaient accusés de mise en danger de la vie d’autrui parce qu’ils
avaient servi des clients directement à table, au lieu de le faire avec un
service à emporter64. Dans un documentaire accablant diffusé en prime time,
la chaîne M6 révélait l’organisation – en plein confinement – de repas de
luxe – également entrepris de façon illégale – organisés pour la haute
société et dans lesquels on pouvait croiser des ministres65.
Cela relève du registre pervers en psychopathologie, puisqu’il s’agit de
concevoir des êtres humains comme de purs instruments au service d’une
fin. La logique est quantitative, déshumanisée, de quotas : qu’importe que
nous en sacrifiions quelques-uns, si nous gagnons la guerre ! Une telle
logique est-elle acceptable sur le plan moral ? Puisque nous avons affaire à
des experts en simulation de pandémie, n’ont-ils pas modélisé par
simulation le coût exorbitant représenté par les décisions politiques en
termes d’appauvrissement général, de destruction des apprentissages
cognitifs et émotionnels pour les enfants et les jeunes gens, de détresse, de
dépressions, de suicides, de rupture du lien social, d’angoisse engendré par
le paradigme « zéro Covid » ? Quel est le prix politique à payer pour cela ?
Qui paiera finalement la dette inouïe contractée d’une part par les
confinements et par les achats de tests de vaccins, et quelles sont les clauses
contractuelles avec les vendeurs de vaccins, au cas où les États ne seraient
pas en mesure de payer leur achat ?

De l’esclavage expérimental, économique et


numérique
Comme toujours dans le totalitarisme, les corps, réduits à des objets
interchangeables et mécaniques dénués de souffrances, sont persécutés. Le
chantage à la vaccination est le suivant : si vous n’êtes pas vaccinés, vous
n’aurez plus le droit à un traitement digne d’un être humain, vous n’aurez
même plus le droit à être soignés, vous n’aurez plus le droit de travailler,
vous aurez le droit de mourir en marge de la société, en tant qu’inutiles ou
pire, traités comme des criminels dangereux et des ennemis publics qui
pourront également être emprisonnés sine die dans des camps
concentrationnaires. C’est une expérimentation à grande échelle qui est
faite sur les êtres humains, comme en témoigne la politique pilote en Israël.
Pour mener cette politique de vaccination forcée, les frontières du pays ont
été totalement fermées. « Nous sommes emprisonnés dans notre propre
pays, personne ne sort, personne ne rentre, pas de vol, nous sommes
prisonniers dans notre propre pays, comme lorsque vous faites une
expérience, vous enfermez tous les rats ensemble et observez ce qui se
passe… », témoigne une femme israélienne66. Nous avons reçu un
témoignage direct du Qatar : « Nous sommes toujours interdits de voyager
librement sans contraintes. Cela va faire plus d’un an. Qatar Airways essaie
de promulguer son passeport vaccinal pour pouvoir prendre l’avion. […]
C’est un cauchemar. […] Emirates Airways fait la promotion de voyages
sur ses avions dont les passagers sont à 100 % vaccinés. On marche
littéralement sur la tête. […] Un nombre croissant de personnes de mon
entourage me rapportent oralement devoir se faire vacciner pour pouvoir
continuer à travailler. Cette mesure leur est imposée par leur direction
qatarienne. Bien évidemment, aucune mesure légale n’a été officiellement
publiée ou annoncée pour autoriser ce genre de pratique. » L’objectif de la
domination totale sera atteint dans les camps de concentration. « Les camps
de concentration et d’extermination des régimes totalitaires servent de
laboratoires où la conviction fondamentale du totalitarisme que tout est
possible se vérifie67. » Peu importe comment ces camps se nommeront :
« camps de quarantaine », « camps de soins », etc. C’est la logique
paranoïaque, et si elle n’est pas freinée ou entravée par une forte opposition,
elle se déroulera comme le commande le délire68.
Le déni d’humanité se manifeste dans les effets secondaires non
seulement des nouveaux vaccins, qui sont reportés dans de nombreux
témoignages69, et nous en avons reçu de façon directe, mais également dans
les effets immédiats des décisions politiques sur la population. Plusieurs
psychologues et pédopsychiatres alertent70. Rappelons que cliniquement, les
effets d’un délire paranoïaque – qu’il soit individuel ou collectif – est de
rendre schizophrène71. Le psychiatre Frédéric Badel insiste : « Les
désordres psychologiques naissent également du port du masque :
bâillonner les enfants alors qu’ils sont peu vecteurs de la maladie, et pas
malades, ça n’a aucun sens. La société française de pédiatrie attire
l’attention sur la dégradation de l’état psychologique des jeunes. On ne tient
pas compte de la science. Les gens deviennent complètement fous. » Il faut
entendre « fous » au sens propre, et les urgences pédopsychiatriques et
psychiatriques ne désemplissent plus. Le président s’improvise pompier
après avoir été pyromane, en annonçant un « forfait psy pour les enfants en
détresse », comme si quelques séances de psychologue allaient pouvoir
réparer les dégâts psychiques majeurs occasionnés, et ceci, sans supprimer
ce qui est à l’origine des troubles72. Mettre un pansement de consultations
thérapeutiques pour atténuer les blessures traumatiques que l’on a soi-même
occasionnées par son mode de gouvernance relève encore une fois de
procédés pervers73. Le déni d’humanité consiste aussi à minimiser les
troubles traumatiques, sinon ce ne serait pas cette solution de quelques
séances de psychologue qui serait proposée.

L’effondrement de la morale et de la Justice


La corruption généralisée, et la perversion
comme alliée
de la paranoïa dans l’avènement du
totalitarisme mondial
« Un mélange de crédulité et de cynisme prévaut à tous les échelons des
mouvements totalitaires, et plus l’échelon est élevé, plus le cynisme
l’emporte sur la crédulité74. » La corruption généralisée n’est plus à
démontrer. Les vacations pour vacciner sont rémunérées jusqu’à 460 € la
demi-journée, avec une prime de 5,40 € pour chaque saisie dans le système
informatique « Vaccin Covid ». Retraités et étudiants sont également
appelés à piquer dans les centres75. Corruption des médecins, corruption des
cliniques, corruption des médias, la vérité ne s’enracine plus. Sans vérité,
point de justice. Corruption du langage également : « Quand une société se
corrompt, la première chose qui se gangrène, c’est le langage76 », affirmait
le poète O. Paz77. La perversion, outre notre analyse antérieure, se manifeste
dans les conséquences immédiates des décisions politiques : perversion
dans l’appauvrissement généralisé des populations, perversion dans les
mauvais citoyens que l’on va justifier de maltraiter. La perversion atteint
son comble avec la proposition de tests PCR anaux (pénétration de 3 à
5 centimètres dans l’anus, non nécessaire)78, qui ressemble davantage à une
transgression de type sexuel avec sadisme de masse infligé par le pouvoir à
la population, qu’à une nécessité sanitaire. N’en est-il pas de même lorsque
les hôtesses de l’air sont incitées à porter des couches79 ?

La perte du rapport à la vérité :


la Justice aux mains de l’idéologie
« Tout l’art consiste à utiliser, et en même temps à transcender les éléments
du réel, d’expériences vérifiables empruntées à la fiction choisie, puis à les
généraliser pour les rendre définitivement inaccessibles à tout contrôle de
l’expérience individuelle. Grâce à de telles généralisations, la propagande
totalitaire établit un monde capable de concurrencer le monde réel, dont le
principal désavantage est de ne pas être logique, cohérent et organisé. La
cohérence de la fiction et la rigueur de l’organisation permettent finalement
à la généralisation de survivre alors que sont anéantis les mensonges plus
spécifiques – le pouvoir des Juifs, après qu’ils furent massacrés sans
défense ; la sinistre conspiration mondiale des trotskistes après leur
liquidation en Russie soviétique et l’assassinat de Trotski80. » Sans un souci
de vérité, il est illusoire d’espérer la Justice. Comment les tribunaux actuels
peuvent-ils juger ? Ils sont bien embarrassés pour le faire, face à tant de
mensonges et d’idéologie, imposant un dogme de « l’urgence sanitaire »
justifiant un régime d’exception.
Ainsi, le 1er février 2021, à Biarritz, deux restaurateurs ont servi des
clients malgré les interdictions préfectorales ; dénoncés anonymement, ils
ont été placés en garde à vue, car ils étaient accusés par le procureur de
Biarritz s’autosaisissant d’une plainte, de mise en danger de la vie d’autrui.
Trois avocats et deux experts assurant la défense ont démontré l’inanité des
accusations, et alors que l’audience avait été renvoyée à juge unique
seulement un mois après la commission des faits, le tribunal et le parquet
décideront d’un commun accord de reporter le jugement au 30 novembre
2021, par peur de devoir prendre une décision de relaxe qui aurait fait
jurisprudence envers les restaurateurs81. Finalement, le 14 décembre 2021,
le tribunal de Bayonne – voyant que, devant les arguments de la défense, le
Ministère Public décidait lui-même d’abandonner les charges dont il s’était
d’abord autosaisi – rendra une décision de relaxe – qui ne faisait aucun
doute – à l’encontre du couple poursuivi82. De ce point de vue, on pourra
effectivement dire que le tribunal aura servi le pouvoir exécutif : que ce
serait-il passé si une telle décision avait été rendue huit mois avant, comme
cela aurait dû être le cas ?
Pour autant, et par moment, des décisions de Justice ont eu lieu, invalidant
toute cette politique invasive et abusive à l’échelle mondiale. Par exemple,
le 22 février 2021, la Ligue des droits humains et son équivalent flamand, la
Liga voor Mensenrechten, ont plaidé devant le tribunal de première instance
de Bruxelles contre l’État belge. La demande était de savoir si les mesures
instaurées pour lutter contre la propagation du coronavirus, ainsi que les
décrets et arrêtés ministériels qui en découlent, respectent les prescrits
légaux. Le 31 mars 2021, le tribunal a condamné l’État belge, en donnant
gain de cause aux plaignants. Le jugement précise que l’État belge doit
« prendre toutes les mesures appropriées pour mettre un terme à la situation
d’illégalité apparente découlant des mesures restrictives des libertés et
droits fondamentaux reconnus par la Constitution ». Le jugement poursuit,
s’agissant de l’arrêté ministériel du 28 octobre 2020 et les arrêtés qui ont
suivi : « Toutes les mesures instaurées par ces textes doivent être levées
avec un délai précité maximum 30 jours [sic], sous peine d’une astreinte de
5 000 euros par jour de retard. » Encore une fois, le peuple français apprend
l’existence d’une telle décision au travers du site France Soir, classé
« complotiste » et visé comme tel par les foudres du pouvoir, ce qui
démontre la dépendance des médias de masse aux groupes financiers qui
leur donnent les directives d’assujettissement à ce programme mondial.
Mais quel exécutif s’assurera de ce que cette décision de Justice soit
appliquée ?
Personne ne consent à admettre qu’il s’est trompé. Macron suggère
parfois qu’ils ont fait « des erreurs », oui mais lesquelles ? Jamais ces
« erreurs » ne sont nommées, et jamais la responsabilité sur les
conséquences qu’elles ont pu engendrer n’est reconnue. Cette opposition
entre vérité et certitude délirante est présente dès l’origine chez Cauchemez,
qui refuse la conversation et la dispute scientifique ; il a la certitude, donc il
ne peut pas répondre, puisque la vérité, c’est lui ! Et donc, partant, la Loi,
c’est lui ! Voilà ce que révèle l’origine paranoïaque de l’idéologie. Les
gouvernements semblent atteints d’un mimétisme curieux, tels des laquais
d’actionnaires plus ou moins anonymes, qui se laissent pour certains
identifier. Ils gouvernent par décrets, avec un mépris inouï du cadre
juridique. Au bout d’un certain temps, les décrets ne seront même plus
rendus publics, indique Hannah Arendt, et l’État deviendra de façade, avec
un déplacement du pouvoir vers de nouveaux organes, sans pour autant
dissoudre les anciens. « Dans un État totalitaire, […] plus les organes de
gouvernement sont visibles, moins le pouvoir dont ils sont investis est
grand ; […] moins est connue l’existence d’une institution, plus celle-ci
finira par s’avérer puissante83. » Cela sonne pour nous comme un
avertissement. De nouveaux services voient le jour, de nouvelles fonctions
(« brigades sanitaires », etc.) qui, par leur multiplication et leurs
redondances, détruisent tout sens des responsabilités et toute compétence.
Le professeur Perronne évoque « le pouvoir… de faire n’importe quoi »,
avec la création de conseils, de comités divers et variés, d’autorités de santé
nombreuses84, diverses et variées, et l’intervention de cabinets de conseil
privés intervenant sur les affaires publiques85. Cela rappelle la pratique
nationale-socialiste des institutions, et la paradoxale décomposition de
l’État mise en œuvre par Hitler (polycratie, recours à une agence spécialisée
– Anstalt – pour chaque tâche précise, souvent concurrencée par une autre
agence).
Dans le système totalitaire – qui fonctionne sur le mode de la certitude
délirante de la psychose paranoïaque –, la Loi est présente. Mais elle l’est
davantage pour persécuter les populations que pour les protéger ; et son
expression comme son interprétation sont sans cesse assujetties à
l’arbitraire du pouvoir. Ajoutons aussi la répression envers les opposants,
qui entraîne leur éviction, plus ou moins visible, plutôt moins que plus (cf.
le cas du professeur Perronne, démis de ses fonctions, peu médiatisé), pour
permettre son efficacité, et instaurer une communauté de compromis et
d’intérêts politiques cynique et dangereuse.

Les droits humains, la déontologie et l’éthique


bafoués
Bien évidemment, la gestion d’une épidémie n’aurait jamais dû rencontrer
les liaisons incestueuses et dangereuses du politique et de la science ; ou
plutôt, la confiscation par le politique d’un scientisme idéologique, qui
cloue au pilori et ostracise les experts honnêtes et intègres, obligés de
s’exprimer dans des plateformes alternatives sur internet, tant les médias
mainstream devenus le monopole du pouvoir ne veulent aucune voix
divergente. Ou, si d’aventure, extrêmement rare, une voix divergente est
invitée, c’est au milieu d’un panier de requins destinés à la ridiculiser, à
tronquer ses propos lorsque ce n’est pas du direct, et à orchestrer sa mise à
mort, comme autant d’exemples de ce qu’il en coûte de s’opposer à
l’idéologie dominante. Par exemple, Alexandra Henrion-Caude, docteur en
génétique, ancienne chef d’équipe à l’Inserm, récipiendaire du titre
Eisenhower Fellowship en 2013 remis par Colin Powell, pour ses
recherches sur l’ARN, directrice de son institut de recherche Simplissima,
et auteur de publications scientifiques mondialement reconnues, a été à
plusieurs reprises censurée, violemment calomniée avec un argumentum ad
personam, absolument infondé (« extrême droite », « délirante »,
« catholique intégriste », etc.), mais également victime de pièges
médiatiques récurrents, comme sur CNEWS86, dans Le Monde et tant
d’autres médias de masse87.
La médecine est la première victime de cette mise au pas politique : les
médecins sont interdits de prescrire ; le consentement éclairé et la clause de
conscience sont rangés dans le rayon « vieilleries » des antiquités ; les
médecins sont remplacés par des conseillers CPAM avec infraction du
secret médical, prérogatives de traçage et émission des arrêts-maladies au
nom du Covid ; les médecins sont considérés comme corruptibles par le
pouvoir, avec des petites primes à la vaccination, au traçage, etc. Ils ne sont
jamais écoutés dans leur prise de parole complexe sur la réalité de la
médecine et de l’infectiologie (par exemple, la nécessité de faire des
sérologies avant l’administration d’un vaccin), tout ceci dans l’humiliation
la plus profonde des valeurs qui constituent la relation humaine du médecin
à son patient, et son engagement moral de départ. Tout le monde peut
s’improviser désormais médecin, et pas seulement le conseiller CPAM,
mais encore la police, le vigile du centre commercial, l’hôtesse de l’air dans
l’avion, le commerçant à l’entrée de son commerce, pour tous les pays où
est mise en place la prise de température comme condition de passage d’un
lieu à un autre. Chacun devient médecin diagnostiqueur, et policier, puisque
cette prise de température s’accompagne d’un relevé d’identité, noms,
adresse, numéro de téléphone. Les enseignants sont désormais censés tester
les élèves et, bien sûr, les signaler ; ils sont tour à tour médecins et flics.
Enfin, et comme le démontre le travail du Dr C. Frade88, les autorisations de
mise sur le marché en Europe sont scandaleuses, d’une part par leur
complaisance et leur cynisme, et d’autre part, par l’absence totale de
consentement éclairé des populations, et de principe de précaution qui doit
pourtant régir la médecine (« Dans le doute, abstiens-toi », disait la formule
grecque ancienne). Le pouvoir exige donc que les médecins se soumettent à
cette humiliation supplémentaire, mais aussi à une compromission inouïe :
dédouanant de toute responsabilité les « vaccinateurs », le pouvoir, en
réalité, les engage moralement sans plus aucune possibilité de s’arrimer à
une loi. Car il ne s’agira pas de répondre, comme Eichmann, qu’on
n’a fait qu’obéir aux ordres.

CAR IL NE S’AGIRA PAS


DE RÉPONDRE,
COMME EICHMANN, QU’ON N’A
FAIT QU’OBÉIR AUX ORDRES.

Le musellement de l’opposition,
la certitude délirante et le nouvel ordre « moral »
Avec le discours paranoïaque, il n’y a jamais débat ni confrontation
d’arguments selon un raisonnement logique étayé. Tout est sujet à
polémique, à pulvériser l’existence même de tout contradictoire, au prix de
falsifications scientifiques et historiques, et de procédés calomnieux sur les
véritables experts. Dans le délire paranoïaque s’opère le renversement de la
culpabilité : le délire sera construit autour de la diabolisation de la victime,
et de tout ce qui vient contredire la thèse officielle du paranoïaque. Le
paranoïaque se présente en victime de la victime qu’il persécute, mais qu’il
présente en persécuteur… Ce positionnement victimaire, le paranoïaque le
transmet au travers de différents signes, postures, mais aussi de messages
langagiers et émotionnels. C’est le théâtre tragique dans lequel il utilisera
différentes manières de manipuler la langue et de jouer ses propres
émotions pour induire la pitié et l’empathie chez son interlocuteur. Ainsi,
sans le moindre scrupule, le paranoïaque pourra attribuer des propos
modifiés, voire tronqués, aux personnes qui le dérangent dans sa création
d’une néo-réalité délirante. Il tentera, de cette manière, de les calomnier
pour les discréditer. Cet exercice est des plus fréquents en politique, où
lorsqu’une personnalité politique dit quelque chose qui dérange l’ordre
bien-pensant, ses propos seront décontextualisés, réduits et moulinés de
cette façon dans les médias, abrasant tout le raisonnement logique qui était
à l’origine, et transformant la pensée en slogan à qui les médias font parfois
dire le contraire de ce que l’individu a énoncé ! L’opinion politique est,
depuis le début du discours politique et médiatique sur la « pandémie »,
orientée et terrorisée. Le professeur Perronne écrit en 2021 un second livre
intitulé Décidément, ILS n’ont toujours rien compris !89 – titre à nos yeux
trompeur, car précisément, si l’on analyse ce qui se passe sous le point de
vue d’une prise de contrôle idéologique et totalitaire sur les peuples, toutes
les décisions politiques obéissent à une cohérence implacable. Les
représailles sur le professeur Perronne illustrent le musellement de tout
discours critique et de toute opposition sensée sur le maniement politique et
médiatique de la crise sanitaire. Dans le chapitre « Liberté, égalité et
fraternité », les sous-titres indiquent toute la manipulation politique à
l’œuvre : – On fait peur avec les chiffres – On fait peur avec les mots – On
fait peur avec les images – On fait taire les opposants politiques – On
disqualifie les voix divergentes – On les censure – On les punit – On te dit
quand avoir une vie sociale – On te dit où acheter – On te dit comment te
distraire – On te dit comment faire l’amour – On te dit quand parler – On
t’infantilise – On choisit à ta place, on te dit ce qui est mieux pour toi – On
t’interdit de manifester ton mécontentement – On tue la révolte dans l’œuf –
On te culpabilise, si tu n’obéis pas – Si tu persistes, on te sanctionne – On
te félicite quand tu te tiens sage – On active le syndrome de Stockholm…
Et, pour clore l’ensemble, on gouverne avec un Conseil de défense comme
en temps de guerre. En temps de guerre, on fusille les opposants. En temps
de guerre, la propagande ne souffre aucune critique, quiconque s’y
risquerait deviendrait ennemi public. Pour autant, rappelle Christian
Perronne, le mensonge est omniprésent dans cette propagande : sur les
masques, les tests, la comptabilité mortifère, les contaminations, mensonge
par grossissement ou par omission. Le professeur Perronne a été démis de
ses fonctions par l’AP-HP, où il exerçait en tant que chef de service à
l’hôpital de Garches. Les médecins sont réduits au silence : « Moi je dois
relayer la doxa de l’Ordre des médecins, sinon, je risque d’être sanctionné.
Et si je suis déconventionné par la CPAM, la plupart des patients, toujours
plus pauvres, ne viendront plus. On est dans une dictature, c’est clair. Le
médecin devrait garder son libre arbitre et sa liberté d’action dans la prise
en charge de ses patients. La médecine de terrain est complètement
déconsidérée. Aujourd’hui, il y a un délit d’opinion chez les médecins. On
se sent complètement verrouillé », témoigne le psychiatre Frédéric Badel90.
Les représailles concernent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la
propagande. La liberté d’expression n’est plus qu’un lointain souvenir, et
les calomnies91 sont montées de toutes pièces. Rappelons-le, la généticienne
Alexandra Henrion-Caude est ridiculisée sur la base de ses convictions
religieuses, qui relèvent de l’intime et n’ont pas à faire l’objet d’une
persécution sur la place publique, elle est assimilée « anti-vaccin », ce qui
est clairement faux. Le mensonge n’embarrasse plus à ce stade92.
Le sociologue et directeur de recherches au CNRS Laurent Mucchielli
commente les procédés de calomnie et de désinformation du journalisme
des medias mainstream : « Telle est la misère du journalisme de fact-
checking contemporain : des journalistes, qui ne sont compétents sur rien
mais parlent sur tout, attaquent les personnes pour mieux éviter d’avoir à
discuter réellement leurs idées ou, a minima, à les présenter au public en
respectant un principe de neutralité. […] Les bonnes questions sont :
pourquoi le débat contradictoire est-il à ce point interdit en France ?
Pourquoi les chercheurs indépendants et désintéressés qui s’interrogent sur
la communication des pouvoirs publics, et proposent des contre-analyses,
sont-ils traités par les journalistes comme des ennemis plutôt que des
alliés93 ? »
La censure bat son plein, sur les médias de masse, mais aussi sur les
réseaux sociaux. Le professeur Perronne indique avoir été censuré par le
CSA, pour être intervenu sur RMC le 16 décembre 2020, le CSA
privilégiant les interventions telles que celles d’un des scientifiques
médiatisés clamant, le 6 octobre 2020 : « Face à une pandémie, c’est un
inconvénient d’être en démocratie. » Le professeur Perronne, ancien expert
pour les agences française et européenne du médicament et à l’OMS,
censuré ? Cela démontre l’imposture scientifique à laquelle nous faisons
face. Et ils sont nombreux, les véritables experts intègres, exerçant leur
science avec probité, à être censurés. Ceci, Klemperer l’avait déjà
remarqué : les temps idéologiques placent des imposteurs
opportunistes et médiocres aux fonctions d’experts médiatisés par le
pouvoir, tandis que les véritables experts sont ostracisés, humiliés,
censurés, et mis au placard, s’ils ne sont pas tout simplement
destitués de leurs fonctions, comme le fut Klemperer lui-même.
CECI, KLEMPERER L’AVAIT
DÉJÀ REMARQUÉ : LES TEMPS
IDÉOLOGIQUES PLACENT DES
IMPOSTEURS OPPORTUNISTES
ET MÉDIOCRES AUX
FONCTIONS D’EXPERTS
MÉDIATISÉS PAR LE POUVOIR,
TANDIS QUE LES VÉRITABLES
EXPERTS SONT OSTRACISÉS,
HUMILIÉS, CENSURÉS, ET MIS
AU PLACARD, S’ILS NE SONT
PAS TOUT SIMPLEMENT
DESTITUÉS DE LEURS
FONCTIONS, COMME LE FUT
KLEMPERER LUI-MÊME.
POUR PRENDRE LE POUVOIR
DE MANIÈRE TOTALITAIRE,
IL FAUT ORGANISER
LA CONQUÊTE EN DEUX
TEMPS : UTILISER LA
PROPAGANDE POUR CRÉER
UN MONDE MENSONGER ET
PSEUDO-COHÉRENT SELON
L’IDÉOLOGIE, PUIS ÉTABLIR
UNE TERREUR QUI IMPOSE
L’IDÉOLOGIE.

Pour prendre le pouvoir de manière totalitaire, il faut organiser la


conquête en deux temps : utiliser la propagande pour créer un
monde mensonger et pseudo-cohérent selon l’idéologie, puis établir
une terreur qui impose l’idéologie. La terreur, c’est la traque des
opposants, la liquidation de toute résistance organisée, par la calomnie, ou
encore le meurtre94. Tout d’abord, ce sont les opposants au totalitarisme qui
sont réduits au silence, puis ceux qui sont estimés les soutenir, avant d’enfin
aboutir à une persécution arbitraire de la population, considérée comme un
danger en puissance. La terreur est la substance des régimes totalitaires.
Elle œuvre pour la domination totale. Et n’est-ce pas la terreur qui a régné
en ce jour du 1er avril 2021, comme une démonstration de force, effectuée
par la police et sa cavalerie : « chevaux, bottes, longues matraques, charges
équestres, piétons renversés et piétinés, jeunes maintenus au sol par la
technique dangereuse du pliage qui consiste à maintenir une personne
assise, la tête appuyée sur les genoux afin de la contenir, puis menottés à
l’aide de colsons95, arrestations administratives et judiciaires, camions
autopompes fonçant dangereusement sur la foule, largages de gaz
lacrymogènes, spray au poivre96 », pour des pique-niqueurs au bois de la
Cambre à Bruxelles ? Des vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux
(démontrant une fois de plus que les simples citoyens faisaient davantage
office de reporters que les journalistes muselés des médias mainstream),
exhibant des jeunes gens piétinés par des chevaux de la police bruxelloise.
Ces scènes relèvent-elles seulement d’un pouvoir belge devenu fou, ou
sont-elles annonciatrices de « la nouvelle normalité » européenne97, puis
mondiale ? Nous penchons pour la seconde option.
Hannah Arendt soulignait que le totalitarisme invente « le crime
possible » : anticipation logique à partir du signe, peu importe que le crime
ait été ou non commis. Le totalitarisme élimine les hommes, même (surtout)
s’ils sont totalement innocents ou inoffensifs. « Le devoir de la police
totalitaire n’est pas de découvrir les crimes, mais de passer à l’action quand
le gouvernement décide de faire arrêter une certaine catégorie de la
population. Politiquement, elle se distingue surtout par le fait qu’elle est
seule à partager les secrets de l’autorité suprême, que seule elle sait sur
quelle ligne politique sera mis l’accent98. » Pour imposer le « nouvel ordre
moral », où l’individu est quantité négligeable du tout qui doit, selon
l’idéologie dominante, compartimenter et isoler ses cellules malades pour
se maintenir en bonne santé, la collaboration de la population est requise.
Devenir un bon citoyen, c’est se convertir en mouchard : « La collaboration
de la population pour dénoncer les opposants politiques, ses offres
volontaires de service pour le mouchardage, ne sont certainement pas sans
précédent, mais ils [les organes de délation] sont si bien organisés dans les
pays totalitaires que le travail des spécialistes est presque superflu. Dans un
système d’espionnage omniprésent, où tout un chacun peut être un agent de
la police, où chaque individu se sent constamment surveillé ; dans des
circonstances, en outre, où les carrières sont extrêmement périlleuses, où les
ascensions aussi bien que les chutes les plus spectaculaires sont devenues
quotidiennes, chaque mot devient équivoque et susceptible d’une
“interprétation” rétrospective99. »
« Cette cohérence dans l’arbitraire nie la liberté humaine plus
efficacement que ne pourrait le faire aucune tyrannie. On pouvait au moins
être l’ennemi de la tyrannie, afin d’être châtié par elle. La liberté d’opinion
n’était pas abolie pour ceux qui avaient assez de courage pour risquer leur
tête. Théoriquement, choisir l’opposition reste également possible dans les
régimes totalitaires ; mais une telle liberté est, en vérité, annihilée si
commettre un acte volontaire assure seulement un “châtiment” que
n’importe qui d’autre pourrait subir de toute façon. Dans ce système, la
liberté a non seulement été réduite à son ultime et apparemment encore
indestructible garantie, la possibilité du suicide, mais elle a de plus perdu sa
marque distinctive, car les conséquences sont les mêmes pour celui qui
l’exerce et pour ceux qui sont tout à fait innocents100. » C’est toute la
population qui est manipulée par l’arbitraire, et persécutée par le pouvoir :
« Le fait également de donner des injonctions contradictoires et
changeantes, de plomber les gens économiquement. Regardez par exemple
les barmans et les restaurateurs : on leur a demandé des travaux coûteux
pour respecter les nouvelles normes qu’on leur avait données pour pouvoir
accueillir le public. Ils ont joué le jeu, ils y ont cru. Et puis après, on leur a
demandé de fermer. C’est ensuite l’insistance, et cela m’est fréquemment
rapporté par des patients, à vouloir lister et isoler les cas contacts, c’est du
jamais-vu ! Les pourchasser via les caisses primaires d’assurance maladie,
devenues des sortes de milices sanitaires, enquêter sur leurs comportements,
sur le nombre de personnes qu’ils ont vues est très intrusif », précise le
psychiatre Frédéric Badel101. Cet arbitraire capricieux, justifiant n’importe
quelle persécution, est également relevé par la psychanalyste Catherine
Avice : « Le non-sens devient la règle. […] Bien que strictement
proportionnelle alors au nombre de tests effectués, tests eux-mêmes sujets à
caution puisqu’être positif ne signifiait pas forcément être malade,
l’augmentation du nombre de “cas” fut prétexte à de nouvelles mesures
liberticides et physiquement contraignantes, sans qu’aucune base
scientifique n’en attestât réellement l’efficacité. Ces mesures furent prises
d’une façon tout à fait étonnante par le président de la République lui-
même. Le 14 juillet, celui-ci annonça que le port du masque serait
obligatoire dans tous les lieux publics à partir du mois d’août. Mais, du jour
au lendemain, il décida, sur un surprenant ton de caprice, que cette mesure
prendrait effet dès le 20 juillet ! Et ce ressenti de décision capricieuse fut
accentué par le fait que, désormais, si porter un masque était une infraction
pour le commun des mortels au plus fort de l’épidémie, c’est ne pas le
porter qui devenait une infraction en été, passible d’une amende de 135 € !
Le non-sens devint ainsi la règle, une deuxième étape dans le déploiement
du processus pervers fut ainsi franchie. »
Avec l’arbitraire, il n’y a plus de différence entre un opposant politique
réel et un individu lambda, ce qui fait perdre tout son sens au statut même
d’opposant et permet de persécuter n’importe quel citoyen. Par exemple,
des individus qui avaient obéi aux mensonges du pouvoir et avaient fait leur
double dose ont perdu tout statut aujourd’hui, c’est le retour à la case
départ ! Des doubles-injectés redeviennent identiques dans leur statut à des
non-vaccinés, puisqu’ils ont désormais des restrictions équivalentes, s’ils
refusent de poursuivre le parcours des injections. Ils sont d’ailleurs
désormais classés comme « non-vaccinés ». La cartographie des « cas » et
des « cas contacts » ressemble étrangement à une cartographie permettant
d’établir les relations entre les membres de la société. Si le paranoïaque est
certain de connaître la solution aux problèmes politiques et humains, il
développe un délire à thèse idéaliste. Il sait d’où vient le mal et propose des
solutions pour y remédier. Cela peut aller du plus banal (réforme
économique ou éducative) au plus atroce (extermination des mauvais).
Emprisonner à domicile une population entière n’est pas sanitaire. L’enjeu
est, a minima, économique (le business de la vaccination), avec un chantage
fait à la population (l’épidémie ne sera pas stoppée si le nombre suffisant de
vaccinations n’est pas atteint, et ceux qui émettent des doutes ou ne sont pas
dociles seront pointés du doigt), a maxima, politique. L’urgence et l’enjeu
du délire paranoïaque consistent à entraîner tout le monde dans le délire.
Aucune opposition ne sera tolérée, et tous les moyens de rétorsion seront
permis pour la faire taire, la réduire au silence ou encore, l’éliminer. Il faut
donc museler les contradicteurs, les opposants, mais aussi les témoins, ceux
qui savent, qui connaissent « la vraie histoire », qui peuvent détenir des
traces de la réalité telle qu’elle s’est produite : traces historiques, traces
intellectuelles, traces bibliographiques, traces culturelles, etc. Le délire
paranoïaque émet l’injonction que tous adhèrent à l’histoire officielle, telle
que le paranoïaque l’aura réécrite. Et pour réaliser cette injonction, il
n’hésitera pas à user de la propagande, y compris et surtout, scolaire102.
La fin justifie les moyens
Dans le totalitarisme, la fin justifie les moyens. Jacques Maritain le définit
d’ailleurs comme « machiavélisme absolu ». Rappelons ce que cela
signifie : « Mais cette proposition que la fin justifie les moyens n’est pas
prise dans son sens simplement formel, mais on entend par là quelque chose
de bien plus précis, à savoir qu’il est permis et que c’est même un devoir
d’utiliser comme moyen en vue d’une fin jugée bonne quelque chose qui
n’est absolument pas un moyen, c’est-à-dire de porter atteinte à ce qui est
saint en soi, donc de commettre un crime sous le prétexte que c’est un
moyen d’atteindre une fin jugée bonne. » « La fin justifie les moyens »
signifie qu’il est donc autorisé – voire possible – de maltraiter, d’atteindre à
la dignité, de bafouer des droits, pour une fin jugée bonne. Chaque fois que
la nation exige des citoyens un sacrifice personnel, nous sommes dans cette
maxime : « La fin justifie les moyens ». Le philosophe Hegel précise : « Ce
que l’on oppose à cette détermination, sous la forme d’une fin, qui devrait
lui enlever sa nature de crime, une fin sainte, n’est rien d’autre qu’une
opinion subjective concernant ce qui est bien et ce qui est mal. C’est la
même chose qui se produit lorsque la volonté s’en tient au bien abstrait :
alors, toute déterminité valable en soi et pour soi du bien et du mal, du juste
et de l’injuste est supprimée, et l’on abandonne au sentiment, à la
représentation, aux préférences individuelles, le soin de cette
détermination103. » Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie tout
simplement que ceux qui invoquent cette maxime ont une conception
systématiquement subjective, fondée sur le sentiment ou l’idéal personnel,
de telle fin qui justifie que l’on utilise comme moyen ce qui n’en est pas un.
A. Camus, dans sa pièce de théâtre Les Justes, illustra parfaitement ce
point. Est-on autorisé à tuer des enfants pour la cause ? C’est la même
logique, aujourd’hui : est-on autorisé à créer un effondrement économique
pour la cause ? Est-on autorisé à maltraiter psychiquement des populations
pour la cause ? Est-on autorisé à empêcher la jeunesse de vivre sa vie pour
la cause ? Est-on autorisé à abandonner les anciens à leur isolement pour la
cause ? Est-on autorisé à évincer et maltraiter des enfants pour la cause104 ?
Est-on autorisé à exclure, stigmatiser des citoyens, et leur refuser un travail
et des soins pour la cause ? Etc. Demander à une partie de la population de
se sacrifier pour l’autre, c’est une conception où la vie humaine est rendue
superflue, quand bien même l’on invoquerait le fait de la sauver, cela
revient à dévaloriser la vie même, et à anéantir l’individu dans le groupe
(négation même de l’individu). « La fin justifie les moyens » est la négation
totale du libre arbitre et de la dimension sacrée des droits inaliénables de
l’être humain, pour conduire à sa déshumanisation, et à son
instrumentalisation comme objet malléable. Pour ce faire, la réduction au
moyen s’opère en trois temps, comme nous l’indiquait Hannah Arendt105 :
1° Tuer en l’homme la personne juridique, celle qui possède des droits.
Les personnes sont placées « hors-la-loi », le camp est placé en dehors du
système pénal normal.
2° Tuer en l’homme la personne morale. Rendre la mort anonyme,
dépouiller la mort de sa signification, déposséder de la mort.
3° Transformer les hommes en cadavres vivants, faire disparaître la
différenciation des individus, l’identité unique de chacun (tuer la personne
physique).
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Pouvons-nous considérer avoir déjà
franchi les points 1 et 2 en France, tant par la destitution de droits à
certaines catégories de citoyens, que par le traitement réservé aux morts
(mort dans la solitude, si des proches ne peuvent pas entrer à l’hôpital,
interdiction des rassemblements dans les funérailles, etc.) ? Comment ne
pas s’en alarmer ? Le totalitarisme s’empare de force de tous les aspects de
la vie de chaque individu et de la nation, pour les utiliser comme des
moyens permettant la réalisation de ses fins idéologiques. Le totalitarisme
supprime les libertés publiques (d’association, de réunion, d’opposition, de
manifestation…) et la moindre liberté privée. Hannah Arendt parle de
« désolation » pour nommer cette épreuve d’une perte radicale des moyens
de faire l’expérience d’un monde. Le mal radical est : « à la racine ».
Nous l’avons déjà évoqué, l’entreprise totalitaire est inséparable des
camps de concentration. Pas de régime totalitaire sans camps de
concentration. La domination totale cherche à faire disparaître toute
liberté humaine, tout le monde peut être réduit à une identité
immuable de réactions, sans spontanéité individuelle. Les camps sont
le lieu d’achèvement du processus de déshumanisation et de spoliation de la
personne, l’apogée du système totalitaire dans ses velléités de contrôle et
d’extermination de masse. Le but est la disparition totale de toute
spontanéité, c’est-à-dire de la subjectivité individuelle. Il faut pour cela
réunir l’endoctrinement idéologique, et la terreur absolue des camps.

LA DOMINATION TOTALE
CHERCHE À FAIRE
DISPARAÎTRE TOUTE LIBERTÉ
HUMAINE, TOUT LE MONDE
PEUT ÊTRE RÉDUIT À UNE
IDENTITÉ IMMUABLE DE
RÉACTIONS, SANS
SPONTANÉITÉ INDIVIDUELLE.

« Les camps ne sont pas seulement destinés à l’extermination des gens et


à la dégradation des êtres humains : ils servent aussi à l’horrible expérience
qui consiste à éliminer, dans des conditions scientifiquement contrôlées, la
spontanéité elle-même en tant qu’expression du comportement humain, et à
transformer la personnalité humaine en une simple chose, en quelque chose
que même les animaux ne sont pas ; car le chien de Pavlov qui, comme on
sait, était dressé à manger, non quand il avait faim, mais quand une sonnette
retentissait, était un animal dénaturé106. » Rappelons pour finir ce que craint
le régime totalitaire, et ce qu’il doit absolument étouffer : la spontanéité
individuelle. « L’initiative intellectuelle, spirituelle et artistique est aussi
dangereuse pour le totalitarisme que l’initiative criminelle de la populace, et
l’une et l’autre sont plus dangereuses que la simple opposition politique. La
persécution systématique de toutes les formes supérieures d’activité
intellectuelle par les nouveaux dirigeants de masse a des raisons plus
profondes que leur ressentiment naturel pour tout ce qu’ils ne peuvent
comprendre. La domination totale ne tolère la libre initiative dans aucun
domaine de l’existence ; elle ne tolère aucune activité qui ne soit pas
entièrement prévisible. Le totalitarisme, une fois au pouvoir, remplace
invariablement tous les vrais talents, quelles que soient leurs sympathies,
par ces illuminés et ces imbéciles dont le manque d’intelligence et de
créativité reste la meilleure garantie de leur loyauté107. » N’est-ce pas ce à
quoi nous assistons, à échelle planétaire : l’éviction de toute spontanéité ?
CONCLUSION

LE TOTALITARISME EN
MARCHE
ET LA SUITE
D
ans son autobiographie Un mathématicien aux prises avec
le siècle, Laurent Schwartz relatait ses combats au sein du
« Comité des mathématiciens », un ensemble des plus grands
esprits du XXe siècle réunis autour de la défense « des individus opprimés,
des prisonniers d’opinions et plus spécialement des mathématiciens1 ». Il
s’agissait de lutter contre l’antisémitisme de certaines grandes universités
soviétiques, de demander la libération des intellectuels et des scientifiques
critiques jetés dans les geôles d’Amérique latine, de venir en aide à la
jeunesse contestataire de la violence politique au Maroc. Pourquoi tant
d’investissement dans des entreprises qui seraient fustigées aujourd’hui
comme n’appartenant pas à la science et relevant du militantisme patent,
incompatible avec la « neutralité » académique ? Pourquoi, pour reprendre
les mots exacts de Laurent Schwartz, « les mathématiciens se sont-ils
spécialement mobilisés pour des causes aussi diverses » ? Eh bien
simplement parce que, dans la vision de ce dernier, « les mathématiciens
transportent leur rigueur de raisonnement dans la vie courante ».
Bien loin d’enfermer les mathématiques dans une forteresse hermétique
au monde social, Laurent Schwartz prenait au sérieux la responsabilité
philosophique, morale et finalement politique des mathématiciens. « La
découverte mathématique est toujours subversive, et dépend très peu des
pouvoirs établis. Beaucoup ont aujourd’hui tendance à considérer les
scientifiques, mathématiciens ou non, comme des gens peu soucieux de
morale, nuisibles, enfermés dans leur tour d’ivoire et indifférents au monde
extérieur. Le Comité des mathématiciens est une brillante illustration du
contraire. »
La corruption du langage constitue le socle fondamental de
l’instauration des tyrannies. Mais ce que l’on pensait circonscrit à
l’usage d’une sophistique médiatique et politique, on finit par
découvrir que cela touche aussi ce que les sciences ont de plus
précieux : le langage mathématique. Il fallait en effet que des
prétentieux arrogants et consternants – des épidémiologistes sans
connaissance sérieuse et sans scrupule – donnent l’illusion – à des
journalistes serviles et grossièrement incultes – de leur raffinement formel
et épistémologique pour que des bandes pitoyables de biocrates bassement
intéressés (à l’exemple du Conseil scientifique en France) justifient, sur
commande, et au nom de la « science », la privation des libertés dictée par
des gouvernements en totale déliquescence morale, fous à lier, et ivres de
jouir enfin sans entraves de l’observation du délitement de la société que
leur délire paranoïaque – parfaitement débarrassé de toute forme de
culpabilité – leur procure.

LA CORRUPTION
DU LANGAGE CONSTITUE
LE SOCLE FONDAMENTAL
DE L’INSTAURATION
DES TYRANNIES. MAIS CE QUE
L’ON PENSAIT CIRCONSCRIT
À L’USAGE D’UNE SOPHISTIQUE
MÉDIATIQUE ET POLITIQUE,
ON FINIT PAR DÉCOUVRIR
QUE CELA TOUCHE AUSSI
CE QUE LES SCIENCES ONT
DE PLUS PRÉCIEUX :
LE LANGAGE MATHÉMATIQUE.
Il va de soi qu’une telle dénaturation du langage mathématique n’aurait
jamais été possible dans un monde où Laurent Schwartz aurait encore
animé le Comité des mathématiciens. Comme le rappelait avec lucidité ce
dernier, en 1997, alors que sa carrière est déjà derrière lui et qu’il ne lui
reste que quelques années à vivre : « Je n’en ai certainement pas terminé
avec les activités du Comité des mathématiciens. Mais je crois pouvoir
conclure que c’est une expérience assez unique dans l’Histoire. Pour des
causes relatives aux droits de l’homme, la communauté internationale des
mathématiciens s’est mobilisée, s’est adressée à de puissants chefs d’État,
et a toujours fini, après un long travail, par obtenir les libérations qu’elle
demandait. Les journaux du monde entier ont relaté des actions de ce
Comité. Tout cela, et probablement même le nom de notre Comité, est
oublié à présent. Les jeunes générations de mathématiciens connaissent
sans doute très peu cette histoire. Je crois qu’elle valait la peine d’être
racontée pour empêcher qu’elle ne tombe dans l’oubli. »
Faire vivre les mathématiques aujourd’hui, encore et toujours, ne pas
laisser leur rigueur, leur créativité ou leur subversion tomber dans l’oubli,
c’est exactement s’opposer à la prétention ignoble de quelques scientifiques
défroqués dans leur utilisation d’un formalisme non seulement dépourvu de
toute forme de correction intrinsèque, mais également de tout lien à
l’expérience du réel. C’est rappeler que, si les mathématiques se sont
progressivement coupées de leur correspondance avec la réalité au nom
d’une abstraction nécessaire à leur développement, il n’en demeure pas
moins que leur emploi dans la physique nécessite de revenir à la source
même de ce langage qui en donne aussi bien les possibles que leurs limites :
la géométrie euclidienne, première science expérimentale relevant d’un
discours formel axiomatico-déductif. Il s’agit de rappeler :
• qu’il existe des coupures épistémologiques indépassables qui ne
permettent pas de confondre l’inerte et le vivant, l’atome et le virus,
• que le dénombrement des personnes infectées par un agent pathogène,
son évolution dans le temps, ne possèdent aucune forme d’équation
prédictive permettant d’assimiler les hommes à des particules
élémentaires s’agitant dans un chaos moléculaire sous contrôle
théorique,
• que les interactions humaines ne se réduisent pas à des interactions
atomiques, et que l’on ne peut « casser » les chaînes de contamination
de la même manière que l’on « contrôlerait » l’inhibition d’une réaction
chimique dans un bécher,
• que, pour suivre la sagesse de Husserl, un simple « monde de faits »
n’engendre finalement qu’une simple « humanité de fait », soulignant en
cela que le sens de la vie ne peut se trouver dans la réduction de toute
chose au langage mathématique et à la « modélisation » par quelques
équations ineptes.
La récente propagande gouvernementale ne cesse de le répéter sur les
ondes, dans les journaux, dans les écoles : « on peut douter de tout, sauf des
chiffres. » Ce faisant, le pouvoir exécutif se comporte en diseuse de bonne
aventure – l’honnêteté et la transparence de la démarche en moins. En soi,
le fétichisme des chiffres ne constitue qu’une numérologie ésotérique qui
célèbrerait le dieu des mathématiques, sans savoir qui il est, tout en lui
sacrifiant quelques rites médiévaux. Un retour à l’obscurantisme, en
somme. Qu’il suffise de rappeler que Lyssenko, alors qu’il faisait crever de
faim des millions de personnes au nom d’une prétention délirante à sa
supposée maîtrise dans la compréhension de la reproduction végétale,
rendait toujours au régime soviétique des rapports merveilleux sur la
productivité du blé en Ukraine. Et que les statisticiens de l’administration
communiste appuyaient l’idée qu’il n’y avait aucun suicide en URSS
puisque cet État représentait exactement le paradis sur Terre.
L’épidémiologie « mathématique » est une contradiction même dans les
termes. Elle ne se réduit aujourd’hui qu’à une vague production de quelques
statistiques aussi élémentaires qu’elles sont falsifiées de façon évidente. Il
s’agit d’une perversion totale qui ne s’utilise que pour imposer une
narration délirante, paranoïaque, sans lien avec le réel, sur commande de
gouvernements assoiffés d’un pouvoir biopolitique insatiable. C’est au nom
de la vérité, celle des limites, de la rigueur et du doute – qu’il faut
aujourd’hui refuser fermement le pacte de corruption que propose une telle
épidémiologie.
« La Vérité commence à nous échapper à la seconde même où notre
regard relâche sa tension, elle nous échappe en nous laissant l’illusion que
nous continuons à la suivre. De très nombreuses dissensions viennent de là.
Et il faut savoir aussi que la vérité est rarement douce au palais : elle est
presque toujours amère », disait Soljenitsyne dans son Discours de Harvard
en 1978, où il déplorait le déclin du courage dans la couche intellectuelle
dominante en Occident, corollaire du « triomphe de la médiocrité ». Mais
cette lâcheté des intellectuels, qui devient une trahison du peuple lorsque
pointe le phénomène totalitaire, n’est pas nouvelle, Klemperer avait fait le
même constat avec effroi, au point où « la question des raisons du
ralliement au nazisme de (nombreux) universitaires et intellectuels le hante
et le hantera jusqu’à sa mort2 » : « Je vois surgir la foule des hommes de
lettres, des poètes, des journalistes, la foule des universitaires. Trahison, où
que se porte le regard3. »
Nous avons voulu, pour notre part, faire œuvre de courage, en dévoilant
ce que nous avions identifié des mensonges et des manipulations du
pouvoir. Nous savons déjà, pour l’avoir entraperçu, que le prix à payer pour
s’autoriser des désobligeances envers les idéologies actuelles sera très
coûteux, mais nous estimons faire notre devoir de résistance à ce
totalitarisme mondial. Interdiction (disqualification, calomnie, censure) de
toute expression publique de désaccord, interdiction de tous
rassemblements publics et de toutes activités politiques organisées, contrôle
étroit des faits et gestes des citoyens, contrôle étroit de la vie politique,
contrôle total de l’appareil d’État et des médias, musellement des médias
pour légitimer le pouvoir en place, projet politique qui atomise les
individus, s’immisce dans leur vie intime, et les mobilise de façon
permanente sur le plan idéologique – que faut-il de plus pour parler de
totalitarisme ? La confirmation que le totalitarisme détruit des vies ? Il
a déjà commencé dans l’ombre, dans le silence, par l’augmentation
colossale des troubles psychiatriques et des suicides, par
l’accroissement vertigineux de la famine dans le monde, par la
paupérisation aggravée des classes populaires et moyennes, et bien
sûr, par des négligences de soins, des interdictions de remèdes, des
pratiques d’euthanasie. Faut-il attendre, pour en avoir la
confirmation, l’affichage public et décomplexé d’une politique
d’extermination ?
LA CONFIRMATION QUE
LE TOTALITARISME DÉTRUIT
DES VIES ? IL A DÉJÀ COMMENCÉ
DANS L’OMBRE, DANS LE SILENCE,
PAR L’AUGMENTATION COLOSSALE
DES TROUBLES PSYCHIATRIQUES ET
DES SUICIDES, PAR
L’ACCROISSEMENT VERTIGINEUX DE
LA FAMINE DANS LE MONDE, PAR LA
PAUPÉRISATION AGGRAVÉE DES
CLASSES POPULAIRES ET
MOYENNES, ET BIEN SÛR, PAR DES
NÉGLIGENCES DE SOINS, DES
INTERDICTIONS DE REMÈDES, DES
PRATIQUES D’EUTHANASIE. FAUT-IL
ATTENDRE, POUR EN AVOIR LA
CONFIRMATION, L’AFFICHAGE
PUBLIC ET DÉCOMPLEXÉ
D’UNE POLITIQUE
D’EXTERMINATION ?
IL APPARAÎT CLAIREMENT,
AU VU DE TOUTE NOTRE
ANALYSE, QU’IL NE S’AGIT PAS
DE SOIGNER LES
POPULATIONS, ET ENCORE
MOINS DE LES PROTÉGER, OU
DE RESPECTER LEURS
DROITS, AU VU DU BILAN
ANNUEL DE DESTRUCTION ET
DE DÉGRADATION
MÉTHODIQUES DES SOCIÉTÉS.

De notre point de vue, il nous fallait nommer le secret des origines, ce


secret incestuel qui rend possible l’avènement du délire paranoïaque
orchestré sur cette idéologie sanitaire. Il nous fallait nommer les dangers de
cette idéologie qui, si elle n’est pas arrêtée, conduira fatalement à une
logique concentrationnaire et une extermination massive. Car ainsi
fonctionne le délire paranoïaque : la persécution harceleuse des peuples au
nom des idéaux tyranniques. Souhaitant rappeler la phrase de Soljenitsyne,
« à moutons dociles, loup glouton », nous avons désiré contribuer au
dévoilement du mensonge qui est à la racine de cette idéologie, pour que
s’arrête cette agitation de l’angoisse de la mort dans un système qui ne
cesse de devenir de plus en plus mortifère, au sens propre. Ou bien, a
minima, pour rendre témoignage. Non, nous n’étions pas d’accord pour
cela. Il est très compliqué de comprendre ce à quoi nous avons à faire. Nous
avons proposé, dans l’urgence, une réflexion ; elle peut être perfectionnée et
augmentée, notamment en revenant, comme dans une enquête sérieuse, aux
sept questions de Quintilien : Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ?
Combien ? Pourquoi ? Quel est le projet de ce que les peuples subissent
depuis près de deux ans ? Il apparaît clairement, au vu de toute notre
analyse, qu’il ne s’agit pas de soigner les populations, et encore
moins de les protéger, ou de respecter leurs droits, au vu du bilan
annuel de destruction et de dégradation méthodiques des sociétés.
Les accusations de « complotisme » et de « conspirationnisme »
fonctionnent désormais comme la nouvelle Inquisition. Notre analyse, après
cette étude, penche pour un projet idéologique concerté en haut lieu, qui a
été propulsé et propagé à la manière du cheval de Troie. « Je crains les
Grecs, surtout quand ils offrent des cadeaux. » Méfions-nous des cadeaux
du pouvoir, qui ne manquera pas de dérouler ensuite la facture. Un pouvoir,
pour se mettre en place de façon absolue, et se maintenir ensuite au
sommet, a besoin de contrôler son opposition. C’est le cas par exemple dans
les entreprises, où des directions vont, elles-mêmes, créer les syndicats
d’opposition, de façon cachée, pour maîtriser l’opposition et créer la
traîtrise. C’est exactement la même chose au niveau de tous les pouvoirs.
La fausse opposition a été présente quasiment dès le départ de l’opération.
C’est ainsi qu’il est très curieux d’avoir vu apparaître chez les opposants au
programme idéologique sectaire… des sectes, qui fraient généralement avec
le pouvoir, comme la scientologie. L’ennemi de mon ennemi n’est pas
forcément mon ami. Pire, il peut avoir été créé par mon ennemi lui-même
pour jeter les résistants dans le gouffre et l’impasse dès le départ. Par
ailleurs, il s’agit de discréditer toute opposition sérieuse, par calomnie ou
assimilation à des théories ubuesques qui contribuent à délégitimer les
messagers, et donc le message. La souffrance des peuples est réelle ; elle ne
saurait être traitée dans une logique quantitative ou dissimulée sous une
réalité virtuelle. Le totalitarisme est devenu notre réalité. Nous sommes
calomniés et persécutés pour dire cette vérité et dénoncer cette idéologie
sanitaire. Un pouvoir responsable recherche l’équilibre, et crée la
concorde : s’il y a autant des discordes, ce n’est pas parce que beaucoup de
citoyens seraient irresponsables, mauvais ou criminels, mais parce que le
récit dominant stigmatise des gens qui doutent (or, nous avons vu qu’il
existe de sérieuses raisons d’entretenir un doute, et même, que le doute est
impératif en science, pour raison garder), et organise un tel clivage, au nom
d’un supposé « Bien commun » (qui devient donc le « Bien » de certains au
détriment d’autres, jugés « mauvais élèves »), et d’une méthode
inacceptable sur le plan moral, d’après laquelle des individus devraient être
sacrifiés car « la fin justifie les moyens ». La souffrance morale de la
jeunesse n’est plus une hypothèse : chaque jour, des enfants et des
adolescents nourrissent davantage de projets suicidaires. Est-ce tolérable ?
Est-ce acceptable ? Est-ce le futur que nous souhaitons pour nos enfants ?
N’est-il pas temps que chacun reprenne les fonctions logiques de sa raison
pour revenir au témoignage, à l’expérience et se défaire de cette propagande
malsaine qui a envahi tous les espaces intimes dans le monde entier ?

UN POUVOIR RESPONSABLE
RECHERCHE L’ÉQUILIBRE, ET
CRÉE LA CONCORDE.

Tout est fait politiquement pour créer la désunion, pour refuser l’empathie
à ceux qui souhaitent vivre. L’empathie n’est utilisée que pour opérer un
chantage auprès de citoyens manipulés : pour le pouvoir, nous serions tous
des contaminateurs en puissance. Et si la contamination était opérée
sciemment par un pouvoir mondial cynique, comme les nazis l’avaient
également fait en leur temps, tout en se présentant comme des « sauveurs »
ensuite, apportant le remède au mal sciemment créé ? Qui peut répondre de
façon certaine à cette question ? L’utilisation massive des « vaccins »
semble obéir en tout cas à ce schéma. Ainsi, de nombreuses études ont
montré que l’immunité naturelle protège mieux et plus longtemps que
l’immunité artificielle. À cela s’ajoute le fait que la vaccination en période
épidémique produit vraisemblablement des variants résistants à ce que l’on
suppose être une protection : on ne peut s’empêcher de constater que la
poursuite massive des injections géniques possède comme fonction
objective le renouvellement incessant du virus associé à la chute rapide des
défenses immunitaires. Qu’il suffise de penser à des pays comme Israël où
la troisième et la quatrième doses sont déjà en route – sans que l’on voie
comment cette logique pourrait s’arrêter –, tandis que l’Union européenne a
passé commande de 1,8 milliard de doses pour 450 millions d’habitants
(soit exactement 4 doses par personne). De façon cynique, on constate,
hélas, que le « vaccin » entretient manifestement et de façon très objective
l’épidémie4.
LA LOGIQUE DE
LA PSYCHOPATHOLOGIE
LAISSE ENTENDRE QUE LE
POUVOIR PEUT PARFAITEMENT,
DE FAÇON TOTALEMENT
CYNIQUE
ET INTENTIONNELLE,
ENTRETENIR, PAR SES
DÉCISIONS CONTRE-
PRODUCTIVES,
LA PANIQUE SANITAIRE POUR
MIEUX POSER COMME
INCONTOURNABLES
LES RESTRICTIONS
DES LIBERTÉS. ET C’EST MÊME
TRÈS PROBABLE, CAR UNE
FOIS QUE L’IDÉOLOGIE SE
DÉCONNECTE DU RÉEL, LE
DÉLIRE PARANOÏAQUE VEUT
QUE
LE RÉEL LUI CORRESPONDE IL
LE RÉEL LUI CORRESPONDE, IL
LE FAÇONNERA DONC COMME
L’IDÉOLOGIE LE DEMANDE.

L’IDÉOLOGIE FERA TOUT POUR


QUITTER LE SENS DES MOTS,
QUI NE SERVIRONT PLUS
À NOMMER LE RÉEL,
MAIS À FAIRE ADVENIR LE
DÉLIRE DANS LA RÉALITÉ, ET À
TORDRE LA RÉALITÉ À L’IMAGE
DU DÉLIRE.

Ainsi, sans même avoir besoin de se pencher sur l’épineuse question de


l’origine du virus et des recherches douteuses sur le gain de fonction à
l’institut de Wuhan, on observe que les décisions « sanitaires » produisent
en réalité l’exact opposé de ce qu’on nous promet : le confinement a
accéléré la propagation de l’épidémie ; le masque a produit plus de
problèmes respiratoires qu’il n’en a résolu ; l’injection génique a
probablement engendré des variants5 ; et les anticorps produits avec
l’ARNm assurent une baisse rapide des anticorps, avec comme
conséquence en France et dans d’autres pays le perpétuel renouvellement de
l’état d’urgence sanitaire et des mesures liberticides associées, au prétexte
que l’on ne serait toujours pas sortis de l’infernale épidémie.
La logique de la psychopathologie laisse entendre que le pouvoir
peut parfaitement, de façon totalement cynique et intentionnelle,
entretenir, par ses décisions contre-productives, la panique sanitaire
pour mieux poser comme incontournables les restrictions des
libertés. Et c’est même très probable, car une fois que l’idéologie se
déconnecte du réel, le délire paranoïaque veut que le réel lui
corresponde, il le façonnera donc comme l’idéologie le demande.
L’épidémie ne frappe-t-elle pas assez ? Le délire paranoïaque créera
d’autres formes d’épidémies contre lesquelles il partira ensuite en croisade.
L’idéologie fera tout pour quitter le sens des mots, qui ne serviront
plus à nommer le réel, mais à faire advenir le délire dans la réalité,
et à tordre la réalité à l’image du délire.
Pour y voir clair, il est nécessaire de se désintoxiquer de l’idéologie
religieuse de la « Science » ou de la « Santé ». L’idéal de « santé pour
tous » est impossible dans un contexte où la santé est définie comme
l’absence de maladie potentielle ! Non, en 2020, l’humanité n’a pas été en
grave danger de mort ; et personne ne revient sur ce premier principe
devenu incontestable, qui a justifié tout un tas de mesures liberticides
d’exception, d’appauvrissement majeur et de division des populations, les
rendant beaucoup plus vulnérables. « L’homme nouveau » du totalitarisme
est celui d’un « nouveau langage », comme dans les sectes qui opèrent,
d’ailleurs, selon des procédés similaires. Qui est la police de la pensée,
qui est le ministère de la Vérité ? Qui s’improvise désormais comme
« garant du temple de la langue » ?
Hannah Arendt, dans un article de 1945 intitulé « Les germes de
l’Internationale fasciste », nous indiquait l’importance de concevoir le
fascisme comme « un mouvement international antinational », considérant
que les nazis avaient offert « l’Allemagne en sacrifice à l’avenir du
fascisme », et nous alertait en conséquence : « Mais la perte d’un centre
national n’a pas que des inconvénients pour la continuation de
l’Internationale fasciste. Libéré de tout lien national et des inévitables
préoccupations extérieures qui les accompagnent, les nazis peuvent tenter
une fois encore de s’organiser dans le monde de l’après-guerre sous la
forme de cette véritable et pure société secrète, dispersée partout dans le
monde, qui a toujours été le modèle d’organisation auquel ils aspiraient.
[…] Le danger existe que le nazisme parvienne à se poser comme l’héritier
du mouvement de résistance européen, en reprenant son slogan d’une
fédération européenne et en l’exploitant à ses propres fins6. »
Il est urgent et essentiel de revenir au doute et à la prudence, de cesser les
expérimentations hasardeuses sur les êtres humains et surtout, de faire un
bilan argumenté de l’année 2020, sur la base de données réelles, et non
fantasmées ou interprétées comme cela plaît au pouvoir.
Il est urgent et essentiel de revenir au passé, à notre vie d’avant, à nos
droits humains inaliénables qui ont été bafoués, à une « science avec
conscience », c’est-à-dire une science qui sait qu’elle doit absolument
s’allier aux Humanités, et non les mépriser, au risque sinon de se corrompre
et de se fasciser.
Il est urgent et essentiel de réclamer, tous ensemble, des comptes sur la
séquestration odieuse qui a pris en otage les populations en 2020, et se
poursuit encore au travers des mesures de ségrégation sociale, creusant
chaque jour davantage la tombe de l’humanité.
ANNEXES

ANNEXE 1
L
e passage qui va suivre est repris d’un article écrit par Vincent
Pavan, et qui avait été fourni pour une publication dans le
webmagazine Up Magazine en juin 20201. Un infime passage de ce
texte avait été publié par le journal en ligne, mais nous en divulguons ici
l’intégralité pour que chacun puisse réaliser à quel point les affirmations des
membres du Conseil scientifique relèvent, de façon claire, de la plus pure
tautologie. Ce texte comporte quelques passages techniques dont les
lecteurs pourront s’affranchir s’ils le souhaitent. Il est parfois écrit à la
première personne, car cela reflète le travail personnel de Vincent Pavan.

Le taux de reproduction de base :


lorsque l’Institut Pasteur invente les chiffres
Le 20 avril 2020, le site HAL PASTEUR2 offrait en ligne un preprint3
intitulé Estimating the burden of SARS-CoV-2 in France qui prétendait
établir un certain nombre de résultats sur la pandémie de Covid en France.
Cet article rassemblait 17 auteurs, de 10 institutions notoirement connues
(Institut Pasteur, Cambridge, John Hopkins, etc.) et désignait S. Cauchemez
– un étudiant du controversé Neil Ferguson à l’Imperial College4 – comme
auteur correspondant d’une équipe essentiellement composée par de jeunes
chercheurs, une grande partie étant encore non titulaire (post-doctorants).
Le résumé de l’article affirmait, de façon très sûre, des conclusions
fondamentales pour les prises de décision gouvernementales : « Le
confinement a réduit le nombre de reproduction (de base) de 3,3 à 0,5
(84 % de réduction). Au 11 mai, lorsque les interdictions seront levées,
nous estimons que 3,7 millions de personnes (intervalle de confiance 2,3-
6,7), soit 5,7 % de la population, auront été infectées. Insuffisant pour créer
une immunité collective et pour éviter une seconde vague si toutes les
mesures de contrôle sont relâchées à la fin du confinement5. » Rapidement,
avant même que les propos des auteurs soient vérifiés par les pairs (ce qui
est cependant le cas aujourd’hui, l’article, selon nous contre toute forme de
rigueur scientifique, ayant été accepté pour publication dans la revue
Science6), le contenu du document fut diffusé dans la presse nationale
(Libération, Le Journal du dimanche, France Culture, BFM, etc.), et les
conclusions répétées en boucle : le confinement a permis une réduction de
84 % de la propagation du virus, mais l’immunité collective n’étant pas
atteinte, il faudra en passer par un contrôle accru des mesures de
distanciation et de traçage7. J’étais intéressé à plus d’un titre par ce papier.
D’abord parce que la modélisation en épidémiologie rappelle furieusement
le domaine universitaire dans lequel je travaille de façon aussi bien
mathématique que physique : l’équation de Boltzmann8. Ensuite, parce que
les outils numériques utilisés par les auteurs tombaient dans l’escarcelle de
mes enseignements : théorie des opérateurs, modélisation en probabilité et
en statistique, analyse numérique et matricielle. L’épidémie me donnait
donc l’occasion d’une application grandeur nature des théorèmes établis en
cours. Cependant j’avais quand même de sérieux doutes sur les affirmations
prétendant au miracle du confinement dans la mesure où les taux de
mortalité des pays nordiques – Pays-Bas, Suède refusant l’application d’un
strict confinement – ne semblaient pas dépasser ceux des pays notoirement
autoritaires sur la question, tels que la France, l’Italie, l’Espagne et la
Belgique (l’Allemagne, avec sa structure fédérale, semblant constituer un
compromis plus ou moins libéral entre les deux) ; j’étais donc avide de
trouver des résultats scientifiques sur le sujet. Je ne peux cacher, hélas,
malgré les réserves d’usage qu’implique la relecture d’un travail
scientifique – chacun peut toujours se tromper, et le travail scientifique doit
inviter à la modestie – que ma surprise et ma colère furent totales. Pour un
chercheur et un enseignant en mathématiques, l’article cumulait, en effet,
toutes les atrocités possibles contre lesquelles je mets quotidiennement en
garde mes étudiants. Pire, dans l’analyse détaillée des prétendus résultats
des auteurs, on pouvait découvrir ce qu’il y a de plus odieux en science
dure : le non-sens des formules, les fausses références, les courbes
trafiquées, les équations sans solution dont on force un résultat, la faillite
totale des méthodes numériques, les graves manques de compréhension des
notions pourtant les plus basiques. Les affirmations sans justifications se
succédaient les unes aux autres pour en arriver à l’arbitraire le plus sidérant
sur la réduction de valeur du R0 – le fameux nombre de reproduction de
base, qui mesure combien, en moyenne, une personne infectante va
contaminer de nouveaux individus. Ce fameux R0, dont le gouvernement
attendait de pouvoir annoncer qu’une diminution était observable et qu’elle
résultait bien de l’action de confinement.

Un piètre usage des mathématiques


Deux problèmes particuliers, traités par Salje et al.9, ont attiré mon
attention.
• Le premier consistait en une modélisation classique d’une situation
relevant des probabilités. Des patients qui arrivent à l’hôpital pour cause
de Covid et qui finissent par y mourir, on se demande s’il existe une
« loi » qui permette de rendre compte du nombre de jours qu’ils sont
restés hospitalisés avant de décéder. La question était en effet
intéressante dans la mesure où l’on pouvait raisonnablement se
demander qui étaient les patients qui mouraient (on a très vite su qu’il
s’agissait plutôt d’hommes et plutôt âgés), mais également pourquoi,
comme cela a été observé, certains mouraient très vite une fois entrés à
l’hôpital, tandis que d’autres pouvaient rester entre deux et trois
semaines avant de décéder. Le niveau mathématique de cette
modélisation n’engage pas grand-chose d’autre que des connaissances
basiques enseignées en terminale : probabilité sur un ensemble fini,
variable aléatoire discrète, probabilité conditionnelle, un soupçon de
probabilité continue avec la loi exponentielle et la loi log-normale. Tout
cela figure explicitement dans les programmes ; et il s’agissait là, à
proprement parler, d’un TD que les enseignants de lycée qui voudront
bien se pencher sur la question pourront mettre en place dès la rentrée
prochaine. Sur cette partie, les auteurs ont fait preuve d’une sidérante
absence de maîtrise des concepts pourtant les plus basiques du
vocabulaire des probabilités. Cela les a conduits à utiliser des équations
sans aucune interprétation précise, dont ils ont manqué totalement la
résolution, obtenant des résultats d’une médiocrité inquiétante. Pour
masquer alors leur échec sur un problème aussi simple, ils ont dû se
réduire à maquiller – purement et simplement – les résultats obtenus10.
• Le second consistait à essayer de « montrer » que le confinement avait
eu un effet spectaculaire sur la propagation du virus : la fameuse
réduction de 84 % du R0 de 3,3 (i.e. 10 personnes en infectent 33) à 0,5
(i.e. 10 personnes en infectent 5) grâce au confinement. D’ailleurs, sans
que l’on sache pourquoi, dans la version définitive du papier, le R0
passera de 2,9 (10 personnes en infectent 29) à 0,7 (10 personnes en
infectent 7). Alors que le preprint était placé le 20 avril sur le site HAL
PASTEUR, un mois déjà s’était écoulé depuis la décision du
confinement (le 17 mars). Si effectivement ce confinement avait eu
l’effet spectaculaire que prétendaient les auteurs Salje et al., il aurait été
extrêmement facile de mettre en évidence, sur les graphes, des
comportements anguleux de certaines courbes, des baisses
immanquables dans la croissance des chiffres. Mais rien de tout cela.
Rien, désespérément rien. Et, de même que les auteurs s’étaient rendus
coupables de devoir truquer leurs résultats11, faute de pouvoir résoudre
un simple problème de probabilité, ils truquèrent de façon tout aussi
odieuse leurs prétendus calculs sur le R0. Le premier problème sur lequel
les auteurs Salje et al. se sont penchés (étudier le nombre de jours
d’hospitalisation avant la mort) n’a pas d’intérêt mathématique en soi.
En revanche, l’étude détaillée de la faillite des auteurs permet de révéler
toutes les barrières que les cosignataires de l’article sont prêts à franchir.
Voilà pourquoi il était d’abord important de se pencher plus précisément
sur cette partie. Je vais entrer un peu plus dans le détail de la seconde
partie, car c’est elle qui continue, encore aujourd’hui, à circuler telle une
traînée de poudre dans la presse.

Le nombre basique de reproduction


Le nombre basique de reproduction : voilà bien l’objet de toutes les
attentions médiatiques et gouvernementales. Surveillé comme le lait sur le
feu, même si au fond il n’est que d’importance assez relative, car il existe
effectivement, dans les courbes épidémiologiques, des grandeurs
caractéristiques autrement plus significatives que celle-là. En pratique, on
interprète ce nombre de la façon suivante : R0 est le nombre de personnes
qui vont être infectées par une personne porteuse du virus. Comment est
estimé ce nombre ? C’est bien là tout le problème. Pour parler un peu plus
en détail de cette estimation, il faut faire un détour par ce que l’on peut
appeler les « taux de croissance (et de décroissance) exponentielle ».
Les taux de croissance et de décroissance
exponentielle
Une grandeur importante, qui est reportée régulièrement dans quasiment
tous les pays12, c’est le nombre de nouvelles personnes qui sont infectées
chaque jour. On note par i(t) ce taux quotidien, t désignant le jour donné.
On dit que cette quantité suit une croissance exponentielle de taux λ0 . 0
lorsque i(t) est multiplié par 2 au bout d’un temps Δ0 = ln(2)/λ0. Ainsi, en
France, si l’on regarde ce qui se passe entre le 1er et le 10 mars, on observe
les chiffres suivants13 :
Jour 1/3/2020 2/3/20 3/3/20 4/3/20 5/3/20
i(t) 88 142 176 224 285

Jour 6/3/20 7/7/20 8/3/20 9/3/20 10/3/20


i(t) 350 435 540 613 745
On voit qu’il existe à peu près correctement un doublement du nombre de
personnes pour une durée comprise entre 3 et 4 jours. En pratique, via
quelques calculs sur les données épidémiques de la première quinzaine du
mois de mars 2020, on met en évidence de façon très fiable un taux de
croissance exponentielle λ0 = 0,202 jour-1, autrement dit un doublement du
nombre de personnes nouvellement infectées tous les 3,43 jours, ce qui
correspond bien à la tendance observée. Lorsqu’une épidémie commence à
se propager, on DOIT pratiquement toujours observer un taux de croissance
exponentielle. Une telle mesure est assez facile à mettre en œuvre. Elle
s’effectue, en principe, selon une technique de régression linéaire – c’est
une des choses les plus faciles à réaliser. Il s’agit de reporter des points dans
un repère (O, x, y) et de trouver la meilleure droite qui approche la
distribution. Mais, de même que vous devez observer un taux de croissance
exponentielle sur les nouveaux cas en début d’épidémie, de façon
« symétrique », vous DEVEZ observer un taux de décroissance
exponentielle -λ∞ , 0 sur les nouveaux cas en fin d’épidémie (le signe
« moins » signifiant que vous êtes en période de décroissance). Là encore,
si l’on reprend par i(t) le nombre de nouvelles personnes infectées par jour,
on observera une division par deux de ce nombre pour une période Δ∞ = -
ln(1/2)/λ∞. Sur l’exemple de la France, si l’on se place entre le 18 et le
27 avril, on obtient les chiffres suivants14 :
Jour 18/4/20 19/4/20 20/4/20 21/4/20 22/4/20
i(t) 1 756 1 709 1 587 1 358 1 327

Jour 23/4/20 24/4/20 25/4/20 26/4/20 27/4/20


i(t) 1 253 1 086 980 958 870
Là encore, sur cette série de chiffres, l’idée que l’on divise par deux le
nombre de nouvelles personnes infectées tous les 7 à 8 jours constitue une
représentation assez honnête de la réalité. De fait, en période de
décroissance, des calculs plus détaillés montrent que l’on divise à peu près
par 2 tous les 6,42 jours, ce qui donne un taux de décroissance
exponentielle de -λ∞ = -0,108 jour-1. Pourquoi parler de ces taux de
croissance et de décroissance ? Parce qu’ils sont, en fait, liés de façon
structurelle à la valeur du R0. Une des premières choses que l’on apprend en
épidémiologie est l’affirmation suivante : il y a une équivalence entre un R0
. 1 et une croissance exponentielle du nombre de nouveaux infectés ; et il

y a une équivalence entre un R0 , 1 et une décroissance exponentielle du


nombre de nouveaux infectés. Il faut donc, maintenant, se tenir à sa chaise :
en annonçant que le confinement avait permis de réduire immédiatement le
R0 de 2,9 . 1 à 0,7 , 1, Cauchemez, Fontanet et leurs collaborateurs
affirmaient ainsi, contre toutes les observations pourtant déjà disponibles le
20 avril, que le nombre de nouvelles personnes infectées commençait à
décroître exponentiellement à partir du 17 mars, et ce avec un taux de
décroissance de -0,04 jour-1, c’est-à-dire avec une division par 2 tous les
16 jours. Sachant que le pic épidémique (i.e. le jour où l’on a enregistré le
plus grand nombre de nouvelles personnes infectées) a eu lieu le 27 mars et
que la valeur de ce pic épidémique représentait plus de 2 fois le taux du
17 mars (1 889 nouvelles personnes infectées au 17 mars contre 4 536 au
26 mars), la seule question que l’on peut se poser est la suivante : pourquoi
de telles affirmations aussi trivialement fausses, qui sont invalidées par un
simple coup d’œil aux données quotidiennes des nouvelles personnes
infectées ?15 Pour le dire autrement, S. Cauchemez, A. Fontanet, l’Institut
Pasteur et les coauteurs du papier affirmaient, sans aucune honte, que
l’épidémie de Covid-19 était contrôlée dès le 17 mars grâce à la mesure de
confinement et que le nombre de personne infectées au 17 mars serait à
jamais le plus grand que l’on enregistrerait sur toute la durée de l’épidémie
(soit 1 889 cas, ce jour-là16…). En pratique, on montera jusqu’à un taux
journalier de 4 536 personnes, et il faudra attendre le 17 avril pour retrouver
un taux journalier de 1 849 personnes. À ce niveau de contradiction, on
reste pantois devant l’assurance des auteurs.

Modèle SIR pour rendre compte de l’évolution


de l’épidémie. Lien entre R0 et les taux de
croissance ou de décroissance exponentielle λ0,
–λ∞
Nous avons dit, dans la partie précédente, qu’il existait un lien entre le R0 et
les taux de croissance ou de décroissance exponentielle du nombre de
nouveaux cas. Mais comment lier exactement les deux ? En pratique, la
seule chose que vous pouvez mesurer, ce sont essentiellement des taux de
croissance ou de décroissance sur les nouveaux cas reportés. Le lien entre le
taux λ0 et le R0 . 1 n’est cependant pas direct. En général, vous avez besoin
d’un autre paramètre (parfois deux ou trois), en plus de λ0 pour donner une
valeur à R0. Comment obtenir cet autre paramètre ? Eh bien, disons-le tout
net : la plupart du temps, les épidémiologistes donnent une valeur arbitraire
au second paramètre. Le calcul de λ0 peut être effectué assez rapidement au
début de l’épidémie. Mais la donnée du R0 en début d’épidémie est, de toute
façon, arbitraire, c’est ce qui fait qu’elle n’est pas vraiment intéressante. Au
mieux, vous pouvez donner une valeur minimale et une valeur maximale
sous certaines hypothèses. C’est pour cette raison que Simon Cauchemez et
Arnaud Fontanet se sont sentis à l’aise pour le passer de 3,3 à 2,9 sans
aucune forme de justification17. Idem pour le R0 après confinement puisque,
de toute façon, celui-là n’avait aucune forme de validation par les données
mesurées. On pouvait bien, alors, le changer comme on en avait envie. En
fait, malgré de nombreux tours et détours qui ne mènent nulle part (hormis
peut-être à décourager les lecteurs de toute forme de lecture critique),
Cauchemez, Fontanet et leurs coauteurs ont fini par se fixer sur la
détermination d’un R0 selon un modèle SIR. Ne vous découragez pas, vous
aller voir, c’est très facile. Dans ce modèle, on définit tout d’abord la
population susceptible d’être infectée par le virus. C’est seulement celle-là
qui doit être prise en compte, ce qui fait qu’en pratique, pour un virus
respiratoire, cette population est sans doute loin d’être égale à la population
totale du pays, tandis que, pour une maladie sexuellement transmissible
comme le VIH, contre laquelle il n’y a ni vaccin ni immunité naturelle, elle
doit être égale à la population entière. Cette population de susceptibles18
donc (comme la nomment les épidémiologistes) est séparée en trois
catégories :
• La catégorie S, celle des personnes saines et susceptibles de contracter le
virus,
• La catégorie I, celle des personnes infectées et infectantes,
• La catégorie R, celle des personnes rétablies ou (hélas) mortes, qui ne
sont donc plus infectantes.
À chaque instant, les grandeurs S, I, R désignent le nombre de personnes
des catégories correspondantes. Comme on conserve le nombre d’individus
de la population, on a toujours à chaque instant S(t) + I(t) + R(t) = N (N
désigne le nombre total d’individus dans la population susceptibles d’être
infectés), car : soit vous êtes sain, soit vous êtes infecté, soit vous êtes mort
ou rétabli, mais vous ne pouvez être que dans une seule catégorie à la fois.
L’idée du modèle SIR – le plus vieux qui soit –, c’est de décrire les
manières avec lesquelles on passe d’une catégorie à l’autre19.
• Pour passer de S à I, il faut deux conditions : d’abord, qu’une personne
de la catégorie S rencontre une personne de la catégorie I. Si cette rencontre
se prolonge sur une durée dt, on aura alors une « probabilité20 » β dt que la
personne de la catégorie S quitte cette catégorie pour entrer dans la
catégorie I : cette personne aura été infectée. Formellement, la variation
(par unité de temps) du nombre de personnes saines s’écrit :

=–β
la variation étant introduite ici comme la dérivée (temporelle) du nombre
de personnes saines. Le signe « - » indique que le nombre de personnes
saines va diminuer et venir augmenter d’autant le nombre de personnes
infectées.
• Dans la catégorie I, il y a deux termes qui entrent en compétition. Un
terme de gain : cela désigne toutes les personnes de la catégorie S qui
vont être infectées et donc venir peupler la catégorie I. Ce terme est le
même (avec un signe « + ») que celui qui a été dérivé tout à l’heure. Un
terme de perte (avec un signe « - ») : ce sont toutes les personnes qui
vont mourir ou se rétablir. Comment calculer le nombre de ces
personnes ? Eh bien, on va supposer que, pendant une durée dt, le
nombre de personnes qui se rétablissent est proportionnel au nombre de
personnes infectées. Autrement dit, le nombre de personnes qui passent
à R entre t et t+dt s’écrit selon Iγdt. La variation par unité de temps du
nombre de personnes infectées s’écrit donc :

= βSI – γI

• La catégorie R se remplit uniquement par le rétablissement (ou la mort)


des personnes de la catégorie I. Ce qui fait que l’on peut, maintenant,
fermer les systèmes des variations sur les catégories en posant :

= γI

Ce modèle est assez simple, mathématiquement. La plus sérieuse difficulté


que l’on a est plutôt celle de savoir quelles valeurs donner aux paramètres
du problème, c’est-à-dire aux valeurs de N, β, γ :
• Le paramètre β est appelé le « taux de transmission » : il compte le
passage des personnes saines aux personnes infectées ;
• Le paramètre γ est le « taux de rémission » ou « de rétablissement » : il
compte les personnes qui meurent ou se rétablissent ;
• Le paramètre N est la taille de la population (rappelons-le : uniquement
les personnes a priori susceptibles de contracter le virus : ce ne peut pas
être la population entière).
Il faut savoir une chose : dans le cadre des maladies sexuellement
transmissibles, ces paramètres N, β, γ peuvent être estimés de façon plus ou
moins prédictible par la connaissance des habitudes sexuelles de la
population. Mais, dans le cadre d’un virus respiratoire, c’est rigoureusement
impossible. Et il faut savoir que le système d’équations peut avoir des
variations assez importantes, même avec des erreurs modérées sur ces
paramètres. Autrement dit, ce n’est que par l’observation – le plus souvent
du début jusqu’à la fin de l’épidémie, et encore, dans l’hypothèse où le
modèle s’applique – que l’on peut espérer ensuite retrouver les paramètres.
Ce qui rend alors les prédictions assez souvent hasardeuses. Quant à savoir
dans quelle mesure un confinement peut jouer sur ces paramètres, disons-le
tout net : toute prétention dans ce domaine ne peut être que spéculative et
va se heurter, dans le cas des données observées, à la régularité des courbes
et à l’invariance, dans des pays notoirement différents, d’un certain nombre
de grandeurs observables. Pourquoi aller aussi loin dans le détail ? Pour
expliquer comment, une fois connue toute la courbe épidémiologique, on
peut effectivement remonter aux paramètres du problème et vérifier que le
modèle SIR marche relativement bien sur un grand nombre de pays où
l’épidémie est effectivement terminée (France, en tête). La chose est très
simple, dans le principe :
• L’étude théorique du modèle SIR montre que les courbes
épidémiologiques passent toujours par une phase de croissance
exponentielle en début d’épidémie (ce que l’on peut appeler la « phase
de dilution » : en proportion, peu de personnes sont infectées) et une
phase de décroissance exponentielle en fin d’épidémie (ce que l’on peut
appeler la « phase de saturation » : quasiment toutes les personnes qui
devaient être infectées l’ont effectivement été).
• Dans ce modèle, le R0 se définit simplement par R0 = β / γ ;
• Si l’on note par λ0 et λ∞ les taux de croissance et de décroissance
exponentielle, il existe alors une très belle équation qui permet de
trouver la valeur de R0. Elle s’écrit :
Où W0(x) est une fonction spéciale, la partie principale de la fonction de
Lambert. Pour la France, on a λ0 = 0,202 jour-1 et λ∞ = -0,102 jour-1 (valeurs
mesurées sur les courbes épidémiologiques21). Ce qui donne finalement un
R0 de 2,40. S. Cauchemez et ses collaborateurs l’avaient d’abord annoncé de
façon arbitraire à 3,3 (avant de le modifier de façon tout aussi arbitraire à
2,9…). Rien de très sérieux, dans toutes ces affirmations.
• Si, en plus, on intègre à ces données le nombre total de personnes qui
ont finalement été infectées (et que l’on note R∞), alors il est possible de
retrouver les trois paramètres N, β, γ du modèle SIR. On est alors prêt à
résoudre les équations du modèle, une fois ses paramètres connus, et à
les comparer, sur l’ensemble de l’épidémie, aux mesures du nombre de
personnes infectées au jour le jour. Pour la France, on arrive à β
= 0,35 jour-1 et γ = 0,14 jour-1. Finalement, on a N = 155 655. L’écart
entre le modèle théorique et les observations est alors de 23 %. C’est un
assez bon modèle – en vérité, un exploit –, eu égard aux nombreuses
incertitudes qui pèsent sur le bruitage des données et l’extrême
simplicité du modèle. Pour l’Australie, la différence entre le modèle et
les observations est à peine de 4 %. Ce qui montre parfaitement la
fiabilité des calculs et de la méthode.
• On peut donner alors un sens à la notion de « R0 » (en réalité, il faut le
noter « Rf ») en fin d’épidémie par la formule suivante :

Rf= 1 –

On obtient alors une valeur de Rf = 0,29, sans grand rapport avec celle
annoncée par les auteurs de l’article. Notez cependant que, si comme les
auteurs vous choisissez – en dépit des observations établies – d’avoir λ∞
= -0,04 jour-1 (nous avons vu que c’est la valeur retenue dans la nouvelle
version de leur article), alors avec le même γ = 0,14 jour-1, vous calculez
bien Rf = 0,7…

Conclusion
Que retenir de tout cela ? Il faut bien comprendre que, dans le modèle SIR
plébiscité par les auteurs, il y a toujours, quoi que vous fassiez ou ne fassiez
pas, deux régimes remarquables dans une épidémie (le Pr Didier Raoult
appelle cela « la courbe en cloche ») :
• En début d’épidémie : une période avec une croissance exponentielle de
taux λ0 . 0 et une valeur de R0 . 1.
• En fin d’épidémie : une période de décroissance exponentielle avec un
taux -λ∞ , 0 et une valeur Rf , 1.
Que valent ce R0 et ce Rf, ce λ0 . 0 et ce -λ∞ , 0 ? Personne ne peut le
savoir en début d’épidémie, car, comme nous l’avons souligné, dans l’état
des savoirs actuels du modèle SIR, seule la connaissance de toute l’histoire
de l’épidémie permet de trouver les paramètres N, β, γ qui caractérisent le
modèle22. C’est la raison pour laquelle S. Cauchemez s’est permis de
changer ses valeurs entre le preprint (le 20 avril 2020) et la version
définitive (le 11 mai 2020) : il sait très bien, en réalité, que l’on ne peut pas
avoir de valeurs de ces paramètres en début d’épidémie sans introduire une
dose d’arbitraire. Comment, ensuite, a-t-il « calculé » la valeur du R0 après
le confinement ? C’est très simple, il est parti du fait que l’épidémie se
finirait fatalement avec un Rf , 1. Il a ensuite « remonté »23 le cours du
temps pour dire que cette valeur, ce n’était pas la poursuite naturelle de
l’épidémie qui l’avait produite (parce qu’elle doit toujours la produire en fin
d’épidémie) mais que c’est le confinement qui avait permis de l’obtenir.
Qu’il annonce d’abord un Rf à 0,5 (et qu’il suggère, pour le justifier
arbitrairement, que le confinement réduirait les contacts transmissifs – ceux
qui transmettent le virus – de 84 %) ne coûte rien (et c’est même une
technique classique : quand vous ne savez rien d’une valeur comprise dans
l’intervalle [0,1] – ce qui est le cas de Rf –, le moins ridicule, c’est toujours
d’affirmer qu’elle vaut 0,5…). Quant à le changer à 0,7 et donc à le faire
remonter un peu plus vers 1 (sans aucune explication de ses calculs alors
que des calculs établis rigoureusement montrent qu’il vaut 0,29) cela
permet seulement d’aller dans le sens de la conclusion de l’article de
Science : attention à la deuxième vague, on est finalement à peine sorti de la
première…
ANNEXE 2
N
ous pouvons illustrer cette affirmation que l’année 2020 n’a pas
été pire que les autres par les données de mortalité provenant de
l’INSEE et pour lesquelles on est capable d’effectuer des
comparaisons sur les temps longs1. Les principes du calcul et de la
comparaison sont les suivants :
• Pour chaque année (une année est notée « k ») et pour chaque âge (l’âge
est noté « Q »), on connaît le nombre de personnes d’âge Q et le nombre
de décès (pour l’année k) des personnes d’âge Q. Soient P(Q,k) la
population, et M(Q,k) les morts.
• Cela permet de définir, pour l’année k et la classe d’âge Q, le taux de
mortalité, en effectuant la division du nombre de morts d’âge Q avec le
nombre total de personnes ayant l’âge Q. On a t(Q,k) = M(Q,k)/P(Q,k).
• Ensuite, on considère la pyramide des âges de l’année 2020 (c’est-à-
dire, pour chaque classe d’âge Q, le nombre de personnes ayant cet âge).
• On fait « mourir » cette population avec les taux de mortalité des années
précédentes. On définit donc la mortalité « ajustée » par la formule
suivante :
MA(Q,k) = t(Q,k) * P(Q,2020).
• On ramène finalement les mortalités ajustées à un taux global de
mortalité. Pour cela, on somme sur les âges les MA(Q,k), et on divise
par la population totale de 2020, c’est-à-dire la somme sur les âges des
P(Q,2020). On obtient alors le « taux de mortalité ajusté ».
• Cela donne une manière de voir « comment on serait mort » si la
population de 2020 avait vécu les années précédentes, et donc
d’effectuer des comparaisons raisonnées.
Figure 1. évolution du taux de mortalité standardisé
L’intérêt de cette méthode de calcul est qu’elle annule les effets de
vieillissement. Il est clair que, de façon « brute », une population plus âgée
mourra – en nombre absolu de façon plus importante qu’une population
jeune. Cela ne voudra pas dire cependant, qu’il y a des effets inquiétants
associés à un tel constat, à part celui du vieillissement, lequel, en soi, a tout
de même un effet assez inéluctable. Ainsi, on sait qu’en France et dans de
nombreux pays au monde, la génération du baby-boom (1945-1955) arrive
à un âge (65-75 ans) où elle entre dans les tranches à risque de la pyramide.
De fait, il ne s’agit pas de comparer le nombre absolu de morts d’une année
sur l’autre (qui n’a pas grand sens), mais plutôt de savoir si les taux de
mortalité par classe d’âge sont significativement différents. Sur la figure 1,
on voit donc que le calcul proposé permet d’affirmer que l’on n’est pas plus
mort en 2020 qu’en 2015. Qui, à cette époque, proposait d’enfermer tout le
monde pour « protéger nos plus anciens » ? Mieux, dans toutes les courbes
de mortalité en France depuis de nombreuses années, les « pics » de
mortalité succèdent aux « creux ». Il s’agit de ce que l’on appelle les
« effets moisson ». En fait, ce n’est pas tant que 2020 a été une année
particulièrement meurtrière que de comprendre que, de 2016 à 2019, on est
essentiellement moins mort. L’année 2019 a d’ailleurs été une année
particulièrement clémente en termes de mortalité, de sorte que la mortalité
en 2020 avait toutes les chances d’opérer un rattrapage. Quoi qu’il en soit,
2020 et 2015 sont équivalentes. Et toutes les années précédant 2014 ont été
pires que l’année 2020.
1. Paraphrase des propos du pape François : « se faire vacciner est un acte d’amour ».
https://www.la-croix.com/Religion/pape-Francois-faire-vacciner-acte
-damour-2021-08-18-1201171210.
1. H. ARENDT, 1949, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, Seuil, 1972, p. 18.
Les passages extraits du livre sont soulignés par nos soins.
2. Ibid., p. 21.
1. A. BILHERAN, Manipulation : la repérer, s’en protéger, Armand Colin, 2013.
2. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, Seuil, 1972.
3. A. BILHERAN, « Terrorisme : jeunesse, idéaux et paranoïa », revue Soins, Elsevier, no 819,
2017.
4. C. CASTORIADIS, Devant la guerre : les réalités, Fayard,1981 ; cf. « Octavio Paz et
Cornelius Castoriadis : résister à la corruption du langage », in Essais, Revue
interdisciplinaire d’Humanités, 2016, p. 96-109.
1. J. MERKER, « Le formalisme à travers la géométrie », 1983.
http://epiphymaths.univ-fcomte.fr/seminaire/publications/Merker-
Formalisme_a_travers_la_geometrie.pdf.
2. A. EINSTEIN, La Géométrie et l’Expérience, discours prononcé à l’Académie des sciences
de Berlin, le 27 janvier 1921.
3. Les notations sont en gras pour désigner des objets vectoriels. C’est une règle usuelle en
mathématiques.
4. À entendre comme « partisan d’un système politique basé sur l’eugénisme et la sélection
naturelle ».
5. P. LABORIER, P. LASCOUMES, « L’action publique comprise comme gouvernementalisation
de l’État », in S. MEYET (dir.), Travailler avec Foucault : retours sur le politique, L’Harmattan,
2005, p. 37-60.
6. A. EINSTEIN, La Géométrie et l’Expérience, discours prononcé à l’Académie des sciences
de Berlin, le 27 janvier 1921.
7. Ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de l’Ordre avait pour vocation de
veiller à ce que les visites médicales pour le STO soient correctement diligentées par les
médecins de ville. Voir par exemple, M. E. GENTILI. « Le conseil départemental de l’Ordre
des médecins d’Ille-et-Vilaine sous l’Occupation », in revue Hegel 2014/2 (n° 2).
8. Cette terminologie fait référence au travail du psychanalyste et psychiatre P.-C.
Racamier.
9. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
10. J. ROUCHIER, V. BARBET, La Diffusion de la Covid-19 : que peuvent les modèles ?,
Éd. matériologiques, 2020.
11. Pour plus d’information, on peut consulter la page Wikipédia dédiée à l’auteur :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_Cauchemez.
12. On se reportera à la page Wikipédia (en anglais) de la personne :
https://en.wikipedia.org/wiki/Neil_Ferguson_(epidemiologist).
13. J. ROUCHIER, V. BARBET, La Diffusion de la Covid-19 : que peuvent les modèles ?, op.
cit.
14. On voit mal comment le télétravail peut être une mesure traditionnellement admise, ou
alors c’est vraiment une tradition toute récente !
15. Ainsi, les lecteurs pourront reprendre le rapport fourni à l’OPECST :
https://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/opecst/quatre_pages/OPECST_modelisation
_Covid_19.pdf, et constater à l’aide de l’étude publique de V. Pavan et E. Darles
(https://cutt.ly/dnu0BiS) les erreurs mathématiques inquiétantes commises par les auteurs
dont S. Cauchemez.
16. K. SCHWAB, T. MALLERET, Covid-19: The Great Reset, Agentur Schweiz, 2020.
17. T. FIOLET, A. GUIHUR, M. E. REBEAUD et al., « Effect of hydroxychloroquine with or
without azithromycin on the mortality of coronavirus disease 2019 (Covid-19) patients: a
systematic review and meta-analysis », Clinical Microbiology and Infection, janvier 2021,
27(1), p. 19-27.
18. Voir l’article de J. D. MICHEL : https://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/
04/07/corruption-systemique-quand-meme-pas-chez-nous-305669.html.
19. Le 9 juin 2020 sur le site radiomelodie.com.
20. À ce titre on se demande d’ailleurs bien pourquoi tous les médecins ayant fait la
promotion du remdesivir contre la maladie, lequel médicament a été finalement
formellement déconseillé par l’OMS, n’ont pas eux aussi écopé des mêmes blâmes. Deux
poids deux mesures ?
21. Article permettant les restrictions de liberté.
22. P. BOURDIEU, La Force du droit : éléments pour une sociologie du champ juridique, Éd.
de la Sorbonne, 2017.
23. C’est nous qui soulignons, dans cette citation.
24. A. BILHERAN, Psychopathologie de la paranoïa, Dunod, 2019.
25. A. LUNDH, J. LEXCHIN, B. MINTZES et al., « Industry sponsorship and research outcome »,
Cochrane Database of Systematic Reviews, 2017, n° 2.
26. J. CHAPOUTOT, Libres d’obéir : le management, du nazisme à aujourd’hui, Gallimard,
2020.
27. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
28. Alors que l’avis du Conseil scientifique du mars 2020 indiquait – à la suite des
simulations de Neil Ferguson – que sur la seule épidémie de printemps 2020 en
France/« Pour un niveau de mortalité qui est actuellement estimé à 0,5-1 %, cela
correspond à des centaines de milliers », l’INED conviendra pour sa part que 2020 aura vu
une surmortalité de 42 000 personnes, tandis que l’épidémiologiste Laurent Toubiana et ses
co-auteurs verront une surmortalité significative d’envion 18 000 personnes.
29. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL est destinée au dépôt et à la diffusion d’articles
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, et de thèses, émanant des
établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
30. Il s’agit d’un document scientifique soumis pour publication dans une revue avec comité
de lecture, et qui suit régulièrement un processus d’évaluation par les pairs.
31. Disponible à l’adresse suivante :
https://science.sciencemag.org/content/suppl/2020/05/12/science.abc3517.DC1.
32. Disponible à l’adresse suivante : https://zenodo.org/record/3813815#.YGTg8q8zbIU.
33. D’ailleurs Agnès Buzyn est mise en examen pour mise en danger de la vie d’autrui, du
fait d’avoir donné des instructions pour que les hôpitaux n’accueillent pas les malades sauf
à avoir des symptômes graves.
34. Citation d’origine : « While it would be interesting to better understand the group of
patients that died quickly, unfortunately the analyzed datasets do not include information on
potential factors that could lead to rapid death (e. g., data on underlying comorbidities,
source of infection). »
35. Nous renvoyons aux travaux de P.-C. RACAMIER, notamment aux relations entre
perversion et paranoïa.
36. Citation d’origine : « What do these comparisons with influenza A and SARS imply for
the Covid-19 epidemic and its control? First, we think that the epidemic in any given country
will initially spread more slowly than is typical for a new influenza A strain. Covid-19 had a
doubling time in China of about 4–5 days in the early phases. » In ANDERSON et al., « How
will country-based mitigation measures influence the course of the Covid-19 epidemic? », in
The Lancet, 2020.
37. Du nombre de cas secondaires.
38. V. CHIN, J. P. A. IOANNIDIS et al., « Effects of non-pharmaceutical interventions on Covid-
19: A Tale of Three Models », medRxiv, 10 décembre 2020.
39. Affirmation gratuite.
40. Affirmation qui n’engage, selon la formule, que son auteur.
41. En Israël, en Angleterre et aux Émirats arabes unis, on observe une coïncidence entre
la généralisation de la vaccination et la proche survenue de pics de mortalité (voir
Alexandra Henrion-Caude).
42. Le contrôle est ce qui obsède les épidémiologistes, alors que, si l’on croyait à leurs
discours, il faudrait parler de « sécurité ».
43. Les lecteurs concluront ce qu’ils voudront de cette dernière phrase.
44. https://www.vie-publique.fr/discours/274439-olivier-veran-04032020-epidemie-du-
coronavirus.
45. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/video-Covid-19-si-nous-
basculons-dans-le-stade-3-de-l-epidemie-on-ne-va-pas-arreter-la-vie-de-la-france-selon-
sibeth-ndiaye_3851569.html.
46. Voir l’avis du Conseil scientifique du 12 mars 2020 dans lequel Simon Cauchemez
évoque les simulations de Neil Ferguson et leur supposée fiabilité.
47. https://www.economiematin.fr/news-rapport-confinement-ferguson-secret-
critique-decision-politique-delepine.
48. https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-
fellowships/Imperial-College-Covid19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf.
49. https://www.nationalreview.com/corner/professor-lockdown-modeler-
resigns-in-disgrace/.
50. https://www.senat.fr/rap/r09-685-2/r09-685-240.html.
51. F. BOURON, « La grippe espagnole (1918-1919) dans les journaux français », Guerres
mondiales et conflits contemporains, 2009/1, n° 233, p. 83-91.
52. G. AGAMBEN, Sul vero e sul falso, « Sur le vrai et le faux », texte italien publié le 28 avril
2020 sur le site Quodlibet.
53. Entretien avec J.-M. LÉVY-LEBLOND, « Les mathématiques de/dans la physique », Rue
Descartes 2012/2, n° 74, p. 62-80.
54. Notons que la croyance irrationnelle de devoir opérer des sacrifices humains
(désignation de boucs émissaires notamment) en cas d’épidémie, laquelle est vécue
comme un châtiment des dieux, est inscrite de longue date dans le psychisme collectif.
Citons par exemple la peste qui s’abat sur Thèbes, et la recherche du coupable dans le
mythe grec d’Œdipe.
55. Pour la citation originale du preprint : « Requesting vaccinated individuals to socially
distance adds very little. This suggests that, in this new era, control measures targeting
unvaccinated individuals (for example with the use of a pass available to vaccinated
individuals only) may help maximizing epidemic control. » BOSSETI et al., https://hal-
pasteur.archives-ouvertes.fr/pasteur-03272638.
56. Entretien entre Vera SHARAV et Reiner FUELLMICH : https://www.profession-
gendarme.com/Covid-19-entretien-avec-vera-sharav-rescapee-de-lholocauste/comment-
page-1/.
1. V. KLEMPERER, 1947, LTI, la langue du IIIe Reich : carnets d’un philologue, Pocket, 2003,
p. 40.
2. C. MAGRIS, Utopie et Désenchantement, Gallimard, 2001, p. 41.
3. ARISTOTE, Premiers Analytiques, I,1, 24b18.
4. ARISTOTE, Seconds Analytiques, I,2.16-23.
5. Notons en outre que l’usage du terme « vaccin » pour désigner les injections en cours
est tout à fait discutable, de même que sa finalité, très différente des vaccins traditionnels,
comme nous l’avons déjà indiqué. Mais ici, nous nous concentrerons sur la nature même
des faux raisonnements imposant des décisions politiques liberticides et déshumanisantes
dans de nombreux pays de la planète.
6. Nous employons ici le terme « dictature » dans son sens de régime d’exception, étant
entendu que traditionnellement, la dictature est un régime d’exception limité dans le temps
– six mois maximum pour la Rome antique –, donc que dans les faits, nous ne sommes
plus en dictature depuis longtemps, mais bien dans un autre type de régime politique,
confiscateur de la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu et garante d’un
fonctionnement démocratique, sans parler des mesures liberticides, stigmatisantes et
violentes à l’égard de la population.
7. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/confinement/
confiner-sans-enfermer-pourquoi-le-gouvernement-a-choisi-cette-nouvelle-strategie_
4339205.html.
8. A. BILHERAN, Psychopathologie de la paranoïa, op. cit.
9. https://www.theguardian.com/education/2001/oct/04/socialsciences.highereducation.
10. https://childrenshealthdefense.org/defender/loms-sappuie-sur-un-croise-anti-
conspirationniste-pour-influencer lopinion-publique-en-faveur-du-vaccin-Covid/.
11. https://www.nexus.fr/actualite/analyse/psychiatre-frederic-badel/.
12. Cf. l’article de la psychologue L. LEROY, « Urgences concernant la santé psychique des
personnes, et observations cliniques de nos gouvernants ».
https://www.arianebilheran.com/post/message-de-laurence-leroy-psychologue.
13. En-dehors des nombreuses promesses non tenues sur les mesures qui ne seraient
jamais prises en France (« pass sanitaire », « obligation vaccinale » etc.), nous renvoyons à
l’intervention sur CNews du chercheur à l’Inserm Laurent Toubiana, épidémiologiste,
rappelant une « épidémie très banale » dès le début, dont le nombre de véritables malades
(et non de « cas ») au 23 décembre 2021 s’échelonne entre 33 et 40 pour
100 000 habitants par semaine. Laurent Toubiana y cite une tribune censurée du
12 décembre 2021, signée par de 2000 scientifiques, universitaires et professionnels de
santé, tribune à laquelle le lecteur pourra se référer ici :
https://qg.media/2021/12/12/tribune-une-nouvelle-religion-vaccinale-est-nee-en-occident/.
14. https://ctiapchcholet.blogspot.com/2021/04/inedit-exclusif-vaccins-contre-la-Covid.html?
m=1.
Étude réalisée par C. FRADE, docteur en pharmacie et ancienne directrice des affaires
règlementaires internationales dans l’industrie pharmaceutique, relayée par le Centre
hospitalier de Cholet. Le Dr A. Henrion-Caude et le Dr A. Umlil ont interpellé le président de
la République, le 2 avril 2021, sans réponse à ce jour.
15. E. MACRON, discours du 31 mars 2021.
16. E. MACRON, discours du 13 avril 2020.
17. Message d’ E. MACRON pour le 1er mai 2020.
18. E. MACRON, discours du 13 avril 2020.
19. Discours du 28 octobre 2020 :
« Cette période est difficile en cela qu’elle éprouve notre résilience et notre unité. Mais elle
est un révélateur de ce que nous sommes. Des femmes et des hommes liés les uns aux
autres. Très peu de génération [sic] auront eu comme la nôtre autant de défis ensemble.
Cette pandémie historique, les crises internationales, le terrorisme, les divisions de la
société et une crise économique et sociale sans précédent liée à la première vague. Mais
j’ai confiance en vous. Confiance en notre capacité à surmonter cette épreuve. Nous
devons tenir, chacun à notre place, dans la transparence, le débat, dans la détermination
pour appliquer les règles que nous nous fixons et en nous serrant les coudes. À nouveau,
nous nous relèverons. Si nous sommes unis, et nous serons unis. Nous avons besoin des
uns des autres, nous sommes une nation unie et solidaire et c’est à cette condition que
nous y arriverons. Nous sommes la France. Je compte sur chacun d’entre vous, je serai là,
nous serons là, et nous y arriverons tous ensemble. »
20. Une enquête à la télévision de M6 a révélé que des repas clandestins étaient organisés
dans des restaurants, où participaient des ministres. Bien sûr, on attend la réalité des
sanctions prises contre lesdits ministres qui ont enfreint les règles, comme contre toute la
classe riche qui participe à ces repas clandestins. Il est pour le moins évident que c’est au
peuple d’accepter les restrictions et les maltraitances, tandis que les privilégiés ont des
passe-droits.
21. Communiqué de l’Académie nationale de médecine, 14 décembre 2020.
22. Discours d’Emmanuel Macron lors de la remise des décrets de naturalisation, à la
Légion étrangère.
23. H. ARENDT, 1963, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1997.
24. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/Covid-macron-demande-aux-ministres-de-
rester-en-etat-de-veille-permanent-20200729.
25. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/10/28/adresse-aux-
francais-28-octobre.
26. Dans le rapport du Conseil scientifique du 12 mars 2020, Cauchemez utilise le mot
mortalité au lieu de létalité et même, de létalité réelle. L’amalgame est même poussé dans
le discours médiatique jusqu’à une confusion entre mortalité, létalité réelle et létalité
apparente.
27. https://fr.businessam.be/litalie-rend-le-vaccin-obligatoire-pour-les-soignants-ceux-qui-
refusent-seront-severement-sanctionnes/.
28. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043767971.
Ajoutons que différentes autres professions sont habilitées à vacciner, notamment :
« 1. Les physiciens médicaux ;
2. Les techniciens de laboratoire médical ;
3. Les aides-soignants diplômés d’État ;
4. Les auxiliaires de puériculture diplômés d’État ;
5. Les ambulanciers diplômés d’État ;
6. Les masseurs kinésithérapeutes diplômés d’État ;
7. Les pédicures podologues diplômés d’État ;
8. Les ergothérapeutes diplômés d’État ;
9. Les psychomotriciens diplômés d’État ;
10. Les orthophonistes ;
11. Les orthoptistes ;
12. Les audioprothésistes diplômés d’État ;
13. Les diététiciens ;
14. Les opticiens-lunetiers ;
15. Les orthoprothésistes, podo-orthésistes, ocularistes, épithésistes et orthopédistes-
orthésistes ;
16. Les assistants dentaires. »
Au Québec, « L’Ordre des psychologues, ainsi que ceux des psychoéducateurs, des
travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, des orthophonistes et des sexologues ont
notamment été contactés il y a 10 jours par le ministère de la Santé et des Services sociaux
(MSSS), qui leur demandait, dans un premier temps, d’autoriser leurs membres à procéder
à des activités de vaccination ».
https://www.lapresse.ca/Covid-19/2020-10-01/les-psychologues-sollicites-pour-donner-des-
vaccins.php.
29. On pourra à ce titre se reporter à l’analyse du généticien moléculaire Chritian Vélot :
https://criigen.org/wp-content/uploads/2021/07/2020-09_Note-dExpertise-Vaccins-
GM_C.Ve%CC%81lot-06.pdf.
30. https://www.nexus.fr/actualite/analyse/psychiatre-frederic-badel/.
31. Notons par ailleurs que le slogan « En marche » du parti présidentiel renvoie également
à la période entre 1940 et 1942, où un magazine documentaire appelé La France en
marche était diffusé deux fois par mois. L’idée du magazine était venue du Secrétariat
général à l’information, qui avait en charge la promotion cinématographique de la
Révolution Nationale – « travail, famille, patrie » – prônée par le Maréchal Pétain. La
France en Marche a donc été diffusée en 62 volets. En novembre 1942, 49 de ces 62
documentaires ont été interdits par les occupants allemands qui voulaient élargir leur propre
propagande. L’ignorance, par des spécialistes en communication politique, de ce à quoi
renvoie dans l’Histoire de France un tel slogan « En marche » est fort curieuse.
32. https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2784787.
33. Voir la tribune du 2 décembre 2020, « Impacts traumatiques de la politique sanitaire
actuelle sur les enfants : un constat alarmant » : https://www.francesoir.fr/opinions-
tribunes/impacts-traumatiques-de-la-politique-sanitaire-
actuelle-sur-les-enfants-un-constat.
34. C. AVICE, « Comment un discours pervers a-t-il, en un an, établi son emprise sur le
peuple français », France Soir, le 18 mars 2021, https://www.francesoir.fr/comment-un-
discours-pervers-t-il-en-un-etabli-son-emprise-sur-le-peuple-
francais#.YHSnSJ8vRIE.whatsapp.
35. Lire l’intégralité du discours, ici : https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-17454-
fr.pdf.
36. « Notre enjeu principal aujourd’hui c’est donc d’accélérer, encore et encore. [...] Dans
les semaines à venir, nous allons encore accélérer le nombre de doses que nous obtenons
[...] nous allons accélérer à mesure que les doses seront livrées. »
https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-17454-fr.pdf.
37. Sur le sujet, nous devons nous référer à l’intervention du philosophe Giorgio Agamben
face aux sénateurs italiens, à l’occasion des débats sur le « pass sanitaire » (loi 2394), le
7 octobre 2021 : « Comment l’État peut-il accuser d’irresponsabilité ceux qui choisissent de
ne pas se faire vacciner, alors que c’est le même État qui décline le premier, formellement,
toute responsabilité pour les éventuelles conséquences graves ? ». Agamben pointe ici
« une véritable monstruosité juridique ».
https://www.voltairenet.org/auteur126596.html?lang=fr.
38. https://www.jeuneafrique.com/mag/630043/politique/reconnaissance-
par-macron-de-la-torture-en-algerie-un-geste-historique/.
39. A. BILHERAN, Psychopathologie de la paranoïa, op. cit.
40. L’allusion explicite aux nouvelles Tables de la Loi apparut très tôt, par exemple en
Colombie, avec le « décalogue » pour affronter la pandémie. Il ne s’agit donc plus de ne
pas tuer, de ne point porter de faux témoignage, etc., mais de fermer les frontières, de
maintenir les enfants à la maison…
https://id.presidencia.gov.co/Paginas/prensa/2020/Presidente-Duque-decalogo-seria-
Aislamiento-Preventivo-Obligatorio-Colaborativo-e-Inteligente-pandemia-Covid-19-
200417.aspx.
41. https://www.cnews.fr/france/2021-03-22/dedans-avec-les-miens-dehors-en-
citoyen-le-nouveau-slogan-du-gouvernement-pour.
42. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/occasions-financement/occasions-
financement-moyen-subventions-contributions/defi-innovation-communautaire-vaccins.html.
43. https://www.bi.team/.
44. A. BILHERAN, Psychopathologie de la paranoïa, op. cit.
45. https://m.facebook.com/100064392313917/posts/116289860
527424/.
46. https://journals.openedition.org/rechercheseducations/10493.
47. C. CASTORIADIS, « L’industrie du vide », in Domaines de l’homme : les carrefours du
labyrinthe II, Seuil, 1999.
48. V. PAVAN, E. DARLES, « Le confinement n’a jamais sauvé 61 739 vies », Google colab,
2021 : https://cutt.ly/dnu0BiS.
49. A. BILHERAN, « Quid du discernement dans le conflit de loyauté ? Ou comment rendre
l’autre fou… », 2017 :
https://www.arianebilheran.com/post/quid-du-discernement-dans
-le-conflit-de-loyauté-ou-comment-rendre-fou.
50. Augmentation de 82 % du nombre de personnes souffrant de famine depuis 2019 dans
le monde : https://www.oxfam.org/es/el-mundo-al-borde-de-una-pandemia-de-hambre-el-
coronavirus-amenaza-con-sumir-millones-de-personas.
51. https://www.lesechos.fr/politique-societe/gouvernement/vaccination-obligatoire-et-pass-
sanitaire-le-calendrier-les-sanctions-et-les-publics-concernes-1331896.
52. https://www.tvanouvelles.ca/2021/07/14/epidemie-de-Covid-sur-le-porte-avions-hms-
queen-elizabeth-apres-une-escale-a-chypre. Le directeur de l’OMS le docteur Tedros
Adhanom Ghebreyesus déclarait à propos du variant Delta : « Il y a des données qui
suggèrent qu’avant l’arrivée du variant Delta, les vaccins réduisaient la transmission
d’environ 60 %. Avec le Delta, ce chiffre est tombé à 40 %. » Quant au variant Omicron,
l’étude Discovery Health, menée par le plus grand organisme privé d’assurance maladie
d’Afrique du Sud, concluait que l’efficacité vaccinale chutait à 33 % contre cette nouvelle
forme du virus.
53. « Covid chez les vaccinés vs les non vaccinés », docteur Hervé Tissot-Dupont, IHU,
18 mars 2021.
https://www.youtube.com/watch?v=2Mc3PCKyHe8.
54. Le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, et le chercheur Christian Vélot,
docteur en sciences biologiques et médicales, et maître de conférences à Paris-VII, ont
bien rappelé l’importance de ne jamais vacciner en période épidémique.
https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/080721/Covid-19-vaccins-
experimentaux-strategie-vaccinale-entretien-avec-christian-velot.
55. A. BILHERAN, Psychopathologie de la paranoïa, op. cit.
1. P.-C. RACAMIER, « Compléments cliniques sur la paranoïa », in Le Génie des origines :
psychanalyse et psychoses, Payot, 1992.
2. Cf. A. MINEAU, G. LAROCHELLE, T. DE KONINCK « Le nazisme et l’idéologie de la santé : les
avatars modernes de la dignité humaine », in Revue d’histoire de la Shoah, 1998/3
(n° 164). Les persécutions nazies ont été légitimées en grande partie au nom d’une
idéologie de la santé « mise au service du corps sacré du Volk », et légitimée par le corps
médical. Les nazis revendiquaient d’ailleurs « que la biologie se situait au fondement même
de leur doctrine », tandis qu’Hitler était présenté comme « le grand médecin du peuple
allemand, lequel n’allait pas tarder à ressentir les effets secondaires des médications d’un
hypocondriaque ». Les auteurs indiquent notamment : « Il est tragique non seulement que
les nazis aient pensé et exécuté ces meurtres dans des termes scientifiques et médicaux,
mais aussi et surtout qu’ils aient été activement aidés en cela par les scientifiques en
général, par les médecins en particulier », soulignant que « la nazification des médecins
s’est opérée plus tôt et plus complètement que dans le cas de toutes les autres
professions », avec une surreprésentation dans un rapport de 3 à 1, constituant « de loin le
groupe le plus important à l’intérieur du Parti ». La santé était celle du corps du peuple
(Volk), à entendre au sens propre, dont il fallait éliminer les bactéries et impuretés, bien
entendu peu à peu personnifiées sur certaines catégories de population, d’où également les
entreprises de stérilisation, d’euthanasie et de meurtres de masse, justifiées par cette
idéologie scientiste de la grande santé du peuple, et par « une réduction ontologique et
axiologique des êtres aux organismes » ; il s’agit bien sûr d’éliminer « les êtres de moindre
valeur », depuis une position axiologique dont « découle la règle selon laquelle ce qui est
moral, c’est ce qui est nécessaire au maintien du peuple allemand » ; le sacrifice
inconditionnel de l’individu peut être exigé.
Cf. A. MINEAU, « L’idéologie de la santé et de la performance : le cas d’Himmler », in Revue
d’histoire de la Shoah 1999/1 (n° 165).
3. https://www.nexus.fr/actualite/analyse/psychiatre-frederic-badel/.
4. Olivier VÉRAN, 8 mars 2020, « Conseil de défense consacré au suivi de la crise du
coronavirus Covid-19 ».
5. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/eci.13484
https://cutt.ly/5boqFRP.
6. Voir le discours du 5 mars 2020 de J.-F. DELFRAISSY.
7. R. KAËS, L’Idéologie : l’idéal, l’Idée, l’Idole, Dunod, 2016.
8. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
9. https://www.nexus.fr/actualite/analyse/psychiatre-frederic-badel/.
10. Par exemple, le 12 avril 2021, sur la zone où se trouvait Ariane Bilheran, les jours de
sortie selon le numéro de carte d’identité (un jour par semaine) furent définis pour toute la
semaine jusqu’au 19 avril 2021 par décret. Le mercredi 14 avril, soit deux jours après, ces
numéros furent modifiés, et des jours de confinement furent décrétés, entraînant des
changements d’autorisation de sortie pour tout le monde ; et même, certaines personnes ne
purent pas sortir faire leurs courses les jours suivants, car leur numéro n’était pas désigné
pour des jours de sortie, jusqu’au 19 avril. On assiste à un phénomène politique qui se
répand dans différents pays, c’est le décret dans le décret, applicable sur-le-champ au
dernier moment.
11. A. BILHERAN, Le Temps vécu dans la psychose : approche phénoménologique et
psychanalytique du temps dans le délire psychotique, Éditions universitaires européennes,
2010.
12. A. BILHERAN, S. BARTHÉLÉMY, J.-L. PEDINIELLI, « La temporalité dans la psychose : une
temporalité mythique ? Rythmicité circulaire et sacralité », in Évolution psychiatrique, 2008,
73.
13. Les simples contradictions dans les discours politiques à quelques semaines près
démontrent que la mémoire est effacée, et que la parole n’a plus aucun ancrage de vérité,
ni aucune valeur d’engagement.
14. P.-C. RACAMIER, L’Inceste et l’Incestuel, Dunod, 1995.
1. G. ORWELL, 1944, « Sur l’antisémitisme (I) », À ma guise : chroniques 1943-1947, Agone,
2008, p. 84-87.
2. https://gloria.tv/post/CYPVzbVeGzCr2kHgjRa9DKQgK.
3. Chomsky, bon prince, concède tout de même qu’on pourra a minima les traiter comme
des prisonniers… « Bien sûr, s’ils deviennent vraiment indigents, alors oui on doit intervenir
avec des mesures pour assurer leur survie, tout comme on le fait avec les personnes en
prison », a-t-il ajouté.
4. Dans plusieurs pays, des camps de quarantaine ont été mis en place, dans lesquels les
gens sont placés contre leur gré. Jusqu’où ira la dérive ?
Quant aux déclarations violentes, elles ne manquent pas sur les médias, voici quelques
exemples :
– « Je vous ferai emmener de force par des policiers au centre de vaccination », Emmanuel
Lechypre, journaliste, juin 2021, sur RMC Story.
– « Vaccinés, guéris ou morts à la fin de l’hiver », Jens Spahn, ministre allemand de la
Santé, novembre 2021 (en ne précisant pas s’il envisageait d’ouvrir un nouveau marché : la
vaccination sur les morts).
– Une « pandémie de non-vaccinés » (?), les vaccinés sont assimilés à des criminels.
– « Affamer les non vaccinés », https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/12/19/toi-aussi-
affame-un-non-vaccine-pour-retrouver-ta-vie-davant/.
Partons en Italie, voir quelques-unes des déclarations publiques qui ont été faites, et le
lecteur pourra à sa guise se demander si oui ou non il est légitime de s’inquiéter d’un tel
climat de stigmatisation, surtout lorsque sont convoquées comme légitimes les
assimilations entre des non-vaccinés et des parasites/des meurtriers/des criminels, et les
actions meurtrières et nazies au sens propre :
– « Je souhaite vous voir tomber comme des mouches », Andrea Scanzi, journaliste.
– « Je suis très démocratique : camps d’extermination pour ceux qui ne veulent pas se
vacciner », Giuseppe Gigantino, cardiologue.
– « La solution : camps d’extermination et chambres à gaz », Marianna Rubino, médecin.
– « Des wagons séparés dans le train pour les non-vaccinés », Mauro Felicori, chargée de
la culture de la région Émilie-Romagne.
– « Qu’ils soient comme des rats enfermés à la maison et assignés à leur domicile »,
Roberto Burioni, virologue.
– « Les gens non vaccinés, il faut qu’ils portent un panneau à leur cou, cela nous permettra
de les éviter », Angelo Giovannini, maire.
– « Les anti vax sont des terroristes, et il faut les alimenter à coup de plomb », Giuliano
Cazzola, journaliste.
Que dire de Pfizer qui a installé son siège de production dans l’une des cités historiquement
connues pour être l’épicentre du nazisme, est-ce un curieux hasard, une sorte d’ironie de
l’Histoire ?
https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20210131.OBS39593/bienvenue-a-
pfizer-city-ancienne-cite-nazie-devenue-epicentre-mondial-du-vaccin.html.
5. Conférence de novembre 2021 « Pourquoi dire non, langage totalitaire et résistance »,
où Cyrulnik s’improvise infectiologue et épidémiologiste, stigmatise les personnes qui
récusent le procédé clivant qu’est le « pass sanitaire », et donc fait curieusement fi des
alertes actuelles et de témoignages des anciens déportés, ce qui pourrait ressembler à un
manque de respect absolu envers la Shoah ! Le pass, « c’est vrai c’est casse-pied », dit-il,
en oubliant à ce moment-là qu’il existe dans l’Histoire une chronologie des mesures de
stigmatisation, et faisant donc la grossière erreur de raisonnement de comparer des
mesures de stigmatisation lors d’un début de totalitarisme avec leur apogée dix ans plus
tard ! Il semblerait bien que nous n’ayons donc rien appris de l’Histoire, et de comment les
génocides se mettent en place.
6. https://www.la-croix.com/France/Manifestations-anti-passe-sanitaire-revelent-references-
nazisme-2021-07-19-1201166936.
Chapoutot parle d’insultes à la mémoire des victimes.
Que fait-il donc des alertes de plusieurs anciens déportés sur les similitudes entre ce qu’ils
ont connu au démarrage des procédés nazis ayant abouti ensuite aux déportations, et ce
qui se passe aujourd’hui ? Pourquoi les écarte-t-il d’un revers de la main, sans jamais
regarder les filiations historiques entre les décideurs financiers et industriels du jour et le
nazisme ? Pourtant d’autres l’ont fait, et de façon bénévole :
https://youtu.be/6lyiufYzBRI.
Nous renvoyons au travail de la journaliste Ceri sur le recyclage des nazis dans l’après-
guerre, et sur leur continuité aujourd’hui, sur le site de https://dondevamos.canalblog.com/,
par exemple :
https://dondevamos.canalblog.com/archives/2021/11/14/39218155.html.
Et bien sûr, nous renvoyons à Vera Sharav :
https://youtu.be/MdWaD76I8bk, et en particulier à l’interview complète de Vera Sharav en
anglais, menée par le journaliste Konrad Stachnio.
Que dire donc des témoignages de médecins qui ont dénoncé, avec l’usage de
médicaments de soins palliatifs sur les personnes âgées, une euthanasie ?
https://www.youtube.com/watch?v=SSAzPEKjA_Q. Et que penser des déclarations
publiques telles que : « J’ai proposé que les non vaccinés payent eux-mêmes leurs frais
d’hospitalisation et qu’ils les payent, d’ailleurs, à l’entrée de l’hôpital » (Charles Consigny,
chroniqueur de RMC Story, persuadé que cette mesure, si elle était envisagée par le
gouvernement, obligerait les antivax à changer d’avis sur la vaccination). « Si on dit : “Vous
devez d’abord assumer les frais prévisibles de votre hospitalisation dès votre entrée à
l’hôpital“, tout à coup, ça ferait réfléchir s’ils doivent vendre leur maison etc. [pour se faire
soigner, NDLR] » https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/faisons-payer-lentree-en-
reanimation-aux-non-vaccines-charles-consigny-tape-du-poing-sur-la-table_483307.
Les techniques actuelles de management du pouvoir ressemblent pourtant fort à celles que
Chapoutot avait dénoncées par ailleurs puisque, que sommes-nous devenus, sinon « libres
d’obéir », comme le mentionne Nadia Lamm, professeur de philosophie, dans un article de
Tribune Juive : « le chemin vers la liberté passe par la soumission totale au pouvoir » ?
https://www.tribunejuive.info/2021/10/03/nadia-lamm-le-chemin-vers-la-liberte/.
Et nous pourrions poursuivre les exemples…
S’agit-il donc de « bêtise ou d’ignorance » de la part de ceux qui s’alarment, comme cela a
pu être mentionné, ou simplement d’une analyse sans concession des processus
d’apartheid en train de se mettre en place, qui se terminent toujours, s’ils ne sont pas
freinés, par des politiques concentrationnaires et génocidaires ?
7. « Conversation avec Günter Gaus », in Essays in Understanding, traduite dans Humanité
et Terreur, Payot & Rivages, 2017.
8. G. ANDERS, 1977, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?, entretien avec
Mathias GREFFRATH, Allia, 2004.
9. Par exemple, en novembre 2020, « après avoir découvert une série de mutations du
virus transmis à l’humain par le vison, qui font craindre une efficacité réduite d’un potentiel
vaccin contre le Covid-19, le gouvernement danois a décidé d’éradiquer l’ensemble de ses
animaux d’élevage » :
https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/07/coronavirus-le-danemark-decide-d-
abattre-17-millions-de-visons_6058853_3244.html.
10. https://www.bfmtv.com/sante/une-crise-exceptionnelle-salomon-compare-la-pandemie-
de-coronavirus-a-la-peste-et-la-grippe-espagnole_AV-202004230122.html.
11. https://www.leparisien.fr/societe/sante/Covid-19-un-variant-breton-identifie-a-lannion-
des-investigations-en-cours-15-03-2021-E7J5FM6RHREZHGDNKOBKSEZDHI.php.
12. En Colombie, les protocoles biosécurité obéissent à la résolution numéro 666, et sont
donc appelés Protocolo 666,
https://coronaviruscolombia.gov.co/Covid19/decretos/protocolo-666-de-2020.html. Ironie ?
Maladresse ? Ignorance ?
13. J. ROMAINS, Knock ou le Triomphe de la médecine, Belin - Gallimard, 2008.
14. https://www.francebleu.fr/infos/societe/les-tunnels-de-desinfection-contre-la-Covid-19-
installes-a-leclerc-folelli-apres-baleone-et-avant-1605126994.
15. https://cnnespanol.cnn.com/video/drones-desinfectan-los-lugares-publicos-
en-honduras-pkg-sandoval/.
16. https://www.laprensa.hn/honduras/1367534-410/velorio-hondurenos-
coronavirus-Covid-muertos-cuarentena-toque-queda.
17. https://www.ledevoir.com/societe/sante/596393/le-devoir-enquete-
enfermes-pendant-des-mois-dans-leur-chambre.
18. https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/loir-cher/blois/ehpad-blois-
1996564.html.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/grand-paris/Covid-19-
familles-se-regroupent-porter-plainte-contre-maisons-retraite-1832970.html.
19. Les chercheurs Seligmann et Yativ « montrent que les dégâts collatéraux faisant suite
aux vaccins sont de plus en plus graves en âge, et que ces vaccins se montrent
considérablement plus dangereux que protecteurs pour les gens ».
https://www.francesoir.fr/videos-les-debriefings/israel-yativ-seligmann-juin-2021.
La vaccination en Israël a donné lieu à une plainte pour violation du « code de
Nüremberg ».
https://www.francesoir.fr/politique-monde/la-cour-penale-internationale-
accepte-la-plainte-pour-violation-du-code-nuremberg-du.
20. https://ctiapchcholet.blogspot.com/2021/04/inedit-exclusif-vaccins-contre-la-Covid.html.
21. T. COLE, Holocaust City: The Making of a Jewish Ghetto, Éd. Routledge, 2003.
22. K. FROJIMOVICS, G. KOMOROCZY, V. PUSZTAI et al., Jewish Budapest: Monuments, Rites,
History, CEU Press, 1998.
23. Ibid., p. 374.
24. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 179 (pour le détail des rations et des aliments
rationnés).
25. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 191.
26. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 176.
27. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 178. Cf. en Espagne, où les gens ont dû sortir à des
horaires différents selon ce qu’ils avaient à faire.
28. Ibid.
29. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 176.
30. T. COLE, Holocaust City, op. cit., « exclusively for medical treatment, cleaning and
shopping », p. 166 et p. 176. Cole se réfère lui-même au texte de loi cité par Braham, in
Politics of Genocide: The Holocaust in Hungary, p. 737-738.
31. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 166.
32. Développement sur les différents motifs qui ont présidé à cette décision, dans Cole,
p. 191 et sq.
33. T. COLE, Holocaust City, op. cit., « in the interest of maintening production », p. 194. On
peut faire le parallèle avec les attestations dérogatoires aujourd’hui, pour pouvoir aller
produire : on n’a le droit de bouger que dans la mesure où l’on est utile aux yeux du
pouvoir. Ceux qui sont considérés comme inutiles n’ont pas le droit de travailler.
34. En 2020, les « non-essentiels » aux yeux du pouvoir ont dû cesser toute activité
professionnelle du jour au lendemain.
35. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 203.
36. K. FROJIMOVICS, G. KOMOROCZY, V. PUSZTAI et al., Jewish Budapest: Monuments, Rites,
History, op. cit., p. 392.
37. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 204 et sq.
38. Voir https://www.csillagoshazak.hu pour cartographie et photos des maisons en
question et les témoignages de survivants ou de leurs descendants (en hongrois et
anglais).
39. T. COLE, Holocaust City, op. cit., p. 212.
40. Ibid., p. 218.
41. Ibid., p. 219.
42. K. FROJIMOVICS, G. KOMOROCZY, V. PUSZTAI et al., Jewish Budapest: Monuments, Rites,
History, op. cit.
43. Par exemple, le prix Nobel de médecine, Luc Montagnier, qui avait déclaré, en direct sur
CNEWS le 17 avril 2020, que son équipe, après avoir isolé des séquences du sida et de la
malaria dans le coronavirus, pouvait prouver ainsi la manipulation humaine partielle sur le
virus :
« Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y a eu une manipulation sur ce virus. Une
partie, je ne dis pas le total. Il y a un modèle qui est le virus classique, venant surtout de la
chauve-souris, mais auquel on a ajouté par-dessus des séquences du VIH. »
« Ce n’est pas naturel, c’est un travail de professionnel, de biologiste moléculaire,
d’horloger des séquences. Dans quel but ? Je ne sais pas […]. Une de mes hypothèses est
qu’ils ont voulu faire un vaccin contre le sida. »
Les propos de Luc Montagnier, immédiatement qualifiés d’insensés par les médias de
masse, ont été pourtant corroborés par d’autres scientifiques à sa suite :
https://www.francesoir.fr/societe-sante/Covid-19-lorigine-du-virus-lanalyse-
du-pr-tritto-confirme-celle-du-pr-montagnier.
44. Par exemple, sous le titre « Le Club des milliardaires tente de juguler la croissance
démographique », le Sunday Time du 24 mai 2009 a révélé la tenue d’une réunion secrète,
le 5 mai à New York, à l’initiative de Bill Gates, de Warren Buffet, et de David Rockefeller.
https://www.thetimes.co.uk/article/billionaire-club-in-bid-to-curb-overpopulation-d2fl22qhl02.
Un consensus a été trouvé concernant la « surpopulation » comme la cause des causes.
Une stratégie a été mise en place « dans laquelle la croissance démographique serait
attaquée comme menace écologique, sociale et industrielle ». L’un des participants, Ted
Turner, voudrait voir baisser la population mondiale de 95 %, selon une interview accordée
à Audubon Magazine en 1996 : « Une population totale de 250-300 millions de personnes,
un déclin de 95 % par rapport aux présents niveaux, serait idéal. » L’eugénisme d’Hitler fut
financé, dans une large mesure, par la Fondation Rockefeller, dont les choix scientifiques
furent rapidement orientés vers la création d’une race de maîtres créée par génie
génétique.
https://www.xn--lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?article658.
La Fondation Rockefeller finança tout particulièrement l’Institut Kaiser-Wilhelm
d’anthropologie, d’hérédité humaine et d’eugénisme de Berlin. L’idée est de modifier la
séquence génique, dans le but de modifier les caractéristiques humaines à volonté.
L’idéologie eugéniste et l’ambition de réduire la population sont bien intégrées dans le
mouvement environnementaliste et la théorie du réchauffement climatique causé par
l’homme. L’être humain apparaît comme le problème à éliminer.
45. « “Devant la porte, là, il y a la route où sont passés les fameux camions de l’armée qui
transportaient les corps de nos morts”, se souvient-elle. Des images qui ont fait le tour du
monde. »
https://www.francetvinfo.fr/monde/italie/on-n-avait-meme-plus-de-cercueils-dix-mois-apres-
le-debut-de-l-epidemie-de-Covid-19-retour-a-bergame-ville-la-plus-touchee-d-
italie_4236515.html.
« Prenons cette vidéo ci-dessus. “Les choses ne s’arrangent pas à Wuhan, les médecins
sont débordés et les patients tombent au sol”, note Coronavirus News. Le compte a été
créé en janvier 2020 et relaye des informations sur les événements liés à l’épidémie, sans
les sourcer. Le hic : les personnes parlent ici en cantonais, une langue qui n’est usitée que
dans une petite région du sud du pays, et dans tous les cas, pas à Wuhan. »
https://www.lci.fr/international/les-videos-montrant-des-chinois-s-ecrouler-au-sol-dans-la-
rue-ou-dans-des-hopitaux-sont-elles-authentiques-2143977.html.
46. P. AULAGNIER, La Violence de l’interprétation : du pictogramme à l’énoncé, PUF, 2003.
47. https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/signalement-sante-gouv-fr/.
https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_2034632/coronavirus-risques-
de-replis-communautaristes-et-de-derives-sectaires.
48. J. ROUCHIER et V. BARBET : « Les praticiens savent combien leurs modèles, dits
complexes, sont sensibles à de petites modifications d’hypothèses, et que les résultats ne
peuvent pas être plus certains que les hypothèses, qui étaient à ce moment-là très peu
certaines. En conséquence, la prédiction, en temps réel et pendant une crise, où les
données sont rares et où peu de connaissances sont solidement établies, ne relevaient pas
du champ “scientifique” pour les chercheurs sérieux. » in La Diffusion de la Covid-19 : que
peuvent les modèles ?, Éd. matériologiques, 2020.
49. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit., chapitre XI, 1.
50. https://www.lefigaro.fr/actualite-france/un-pharmacien-lyonnais-condamne-pour-vente-
illegale-de-masques-20210119# : en mars 2020, la vente des masques est illégale ;
quelques mois plus tard, elle est de nouveau autorisée, avec le port du masque rendu
obligatoire.
51. G. CANGUILHEM, 1952, La Connaissance de la vie, Librairie philosophique Vrin, 2000.
52. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1661324/virus-definition-corps-humain.
53. https://anthropo-logiques.org/3820-2/.
54. https://www.nationalgeographic.fr/societe-culture/coronavirus-le-nombre-
dactes-racistes-anti-asiatiques-a-explose-depuis-un-an.
55. F. VAN INGEN, Ce que les peuples racines ont à nous dire : de la santé des hommes et
de la santé du monde, Les liens qui libèrent, 2020.
56. Ainsi, en Suède, des premières expériences ont été menées pour implanter sous la
peau des puces permettant d’accèder directement au statut vaccinal des personnes ainsi
pucées. https://www.midilibre.fr/2021/12/23/Covid-19-en-suede-le-pass-sanitaire-implante-
sous-la-peau-grace-a-une-micro-puce-10010128.php.
57. Ces masques sont par exemple rendus obligatoires sur les vols internes en Colombie,
pour tous à partir de l’âge de 2 ans.
58. https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/masks-early-pulmonary-
toxicity-quebec-schools-daycares-1.5966387.
59. N. MOINE, « Le système des passeports à l’époque stalinienne, de la purge des grandes
villes au morcellement du territoire, 1932-1953 », in Revue d’histoire moderne et
contemporaine, 2003.
60. Ibid.
61. Ibid.
62. Voir, par exemple, le témoignage de ce médecin : « pour moi c’est une euthanasie »,
« le gouvernement autorise l’usage de soins palliatifs » : https://youtu.be/SSAzPEKjA_Q.
63. Voir l’édition du 3 mars 2021 du Canard Enchaîné.
64. https://francebleu.fr/infos/societe/coronavirus-en-desobeissance-civile-un-restaurateur-
ouvre-a-biarritz-la-police-debarque-1612186900.
65. https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/04/fetes-clandestines-haut-de-gamme-
enquete-ouverte-a-paris_6075555_3224.html.
https://twitter.com/m6info/status/1378089447271596038?s=20.
66. https://rumble.com/vexa19-dictature-sanitaire-une-isralienne-lance-un-s.o.s-.html.
67. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
68. En Australie par exemple, les camps de quarantaines sont déjà à l’œuvre :
https://www.francesoir.fr/politique-monde/australie-46-
personnes-transferes-camp-de-quarantaine.
69. L’absence de pharmacovigilance active sur les effets indésirables et la répétition
dogmatique de la fiabilité des vaccins a conduit les victimes et leurs proches à se regrouper
en association : https://www.verity-france.org/.
70. « Impacts traumatiques de la politique sanitaire actuelle sur les enfants : un constat
clinique alarmant », https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/impacts-traumatiques-de-la-
politique-sanitaire-actuelle-sur-les-enfants-un-constat.
71. Nous renvoyons aux travaux magistraux de P.-C. Racamier sur le sujet.
72. https://www.francesoir.fr/actualites-france/Covid-macron-annonce-
un-forfait-psy-pour-les-enfants-en-detresse.
73. https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/lettre-ouverte-dun-groupe-de-psychologues-
independants-au-president. Un collectif de psychologues indépendants signale une
gouvernance politique dont les choix entretiennent « une régression vers un fonctionnement
infantile, dans lequel le chantage, la peur et l’intrusion perverse permettent d’obtenir
l’obéissance ».
74. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit., chapitre XI, 1.
75. https://www.ouest-france.fr/sante/vaccin/Covid-19-combien-sont-payes-les-
soignants-pour-nous-vacciner-7153549.
76. L. LEYLAVERGNE, 2016, « Octavio Paz et Cornelius Castoriadis : résister à la corruption
du langage », in Essais, Revue interdisciplinaire d’Humanités, p. 96-109.
77. Cité dans O. PAZ, Solo à deux voix : entretiens avec Julian Rios, Ramsay, 1992.
78. https://www.cnews.fr/monde/2021-03-04/la-chine-rend-les-tests-anaux-
obligatoires-pour-les-voyageurs-etrangers-1054341.
79. https://www.bbc.com/afrique/monde-55273807.
Il est à noter que, dans certains avions également, il est conseillé de ne pas utiliser les
toilettes pendant le trajet !
80. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
81. https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/biarritz/biarritz-le-proces-des-
restaurateurs-recalcitrants-renvoyes-en-novembre-1509121.php.
82. https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20211215/les-restaurateurs-
biarrots-arretes-durant-le-confinement-relaxes.
83. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
84. C. PERRONNE, Décidément, ILS n’ont toujours rien compris !, Albin Michel, 2021, p. 98-
99.
85. Ibid., p. 105.
86. https://www.jeanmarcmorandini.com/article-462342-revoir-l-integralite-du-face-a-face-
tres-tendu-entre-le-leader-des-anti-vaccins-et-le-dr-jean-michel-cohen-ce-matin-en-direct-
dans-morandini-live-video.html.
87. https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/14/alexandra-henrion-caude-caution-
scientifique-des-Covido-sceptiques_6084016_3224.html.
88. https://ctiapchcholet.blogspot.com/2021/04/inedit-exclusif-vaccins-contre-la-Covid.html?
m=1.
89. C. PERRONNE, Décidément, ILS n’ont toujours rien compris !, op. cit.
90. https://www.nexus.fr/actualite/analyse/psychiatre-frederic-badel/.
91. http://www.arianebilheran.com/post/la-calomnie-arme-fatale-du-
pouvoir-harceleur.
92. L’une d’entre nous, Ariane Bilheran, est estimée « QAnon » (alors qu’elle a toujours
alerté sur cette idéologie qui, selon elle, sert à discréditer le véritable travail des militants
anti-pédocriminalité), ou encore « avoir écrit à plusieurs reprises dans la revue Nexus »
(alors qu’elle a été interviewée une fois en six ans par cette revue), ou encore « avoir signé
une pétition contre la légalisation de la pédophilie » (faux), ou encore être une militante
d’extrême droite pro-Soral (alors que le site « Égalité et Réconciliation » n’a partagé qu’une
seule de ses vidéos, en 2017, qu’Ariane Bilheran n’a jamais rencontré Alain Soral dont elle
est loin de partager les opinions politiques, et qu’elle n’a jamais été adhérente à « Égalité et
Réconciliation »). La calomnie s’immisce jusqu’à Wikipédia, puisque la page d’Ariane
Bilheran, qui existe depuis dix ans, est nettoyée radicalement depuis sa participation au film
Hold-Up, avec des omissions et des erreurs grossières (par exemple, faux directeur de
thèse). Elle en a été bannie comme contributeur après la sortie d’Hold Up.
93. https://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2021/04/12/esperance-de-vie-et-misere-
journalistique-314423.html.
94. Rappelons que, par exemple, en Colombie, les confinements en 2020 ont été l’occasion
d’une recrudescence des assassinats de leaders sociaux. https://atalayar.com/fr/content/en-
colombie-des-groupes-
armés-profitent-de-la-pandémie-de-coronavirus-pour-gagner-du.
95. Les colsons sont des colliers en matière plastique utilisés par les forces de l’ordre pour
menotter les individus.
96. « La mise au pas », article de Michel Rosenzweig,
https://www.arianebilheran.com/post/la-mise-au-pas-article-de-michel-rosenzweig-nous-
temoignant-des-derapages-policiers-a-bruxelles.
97. Bruxelles est le siège de l’Union européenne, lieu central des institutions et des
décisions européennes.
98. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit.
99. Ibid.
100. Ibid. p. 776.
101. https://www.nexus.fr/actualite/analyse/psychiatre-frederic-badel/.
102. Ainsi un manuel scolaire édité en 2021 présente effectivement le confinement comme
une mesure civique : https://www.20minutes.fr/societe/3125827-20210917-rentree-scolaire-
2021-oui-manuel-histoire-geo-6e-fait-reference-confinement.
103. G. W. HEGEL, Principes de la philosophie du droit, paragraphe 140.
104. Un enfant de 6 ans a ainsi été abandonné par son école, seul dehors sur le trottoir,
parce qu’il n’avait pas de masque.
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/toulouse-un-enfant-de-six-ans-sans-masque-laisse-
seul-en-pleine-rue-par-l-ecole-7900106648.
105. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit., chapitre XII, 3.
106. Ibid.
107. H. ARENDT, Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme, op. cit., chapitre XI, 2.
1. L. SCHWARTZ, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Odile Jacob, 1997.
2. F. JOLY, La Langue confisquée : lire Victor Klemperer aujourd’hui, Premier Parallèle,
2019.
3. V. KLEMPERER, 1947, LTI, la langue du IIIe Reich : carnets d’un philologue, Pocket, 2003,
p. 341.
4. Le professeur et prix Nobel de médecine Luc Montagnier affirme ainsi dans une vidéo
que la vaccination se trouve à l’origine des variants : « C’est très simple, les variants
viennent des vaccinations. » https://odysee.com/@ludovicgarcia7500:c/Professeur-Luc-
Montagnier-…Les-VARIANTS-viennent-des-vaccinations:1.
5. Que l’on se rappelle que les premiers « variants » – à savoir sud-africain, anglais et
brésilien – sont apparus simultanément aux moments ou la société AstraZeneca effectuait
des essais dans les pays concernés.
6. H. ARENDT, « The seeds of a Fascist International », Jewish Frontier, juin 1945.
Les investigations actuelles démontrent des ramifications idéologiques, sinon familiales,
avec les nazis. Voir par exemple https://www.xn--lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?
article658, et les articles sur le même site concernant le recyclage des nazis dans l’après-
guerre. Des survivants de l’Holocauste nous alertent aujourd’hui, en particulier Vera Sharav.
Des ramifications familiales troublantes peuvent également être trouvées, par exemple
l’entreprise de passeports vaccinaux au Royaume-Uni serait la propriété d’un descendant
de Goebbels :
https://historypoliticstheory.org/2021/08/03/uk-vax-passport-company-
entrust-is-owned-by-nazi-joseph-goebbels-step-grandchildren/.
1. https://up-magazine.info/decryptages/analyses/58235-grand-
confinement-histoire-dune-hallucination-collective/.
2. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL est destinée au dépôt et à la diffusion d’articles
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, et de thèses, émanant des
établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
3. Il s’agit d’un document scientifique soumis pour publication dans une revue avec comité
de lecture et qui suit régulièrement un processus d’évaluation par les pairs.
4. La page Wikipédia de S. Cauchemez indique ainsi : « Il est diplômé de l’ENSAE (1998-
2001) avant d’obtenir un DEA en biomathématiques en 2002, puis un doctorat en
biostatistiques appliquées à l’épidémiologie des maladies infectieuses en 2005 à l’INSERM.
Il travaille à partir de 2005 à l’université Imperial College London en tant que post-doctorant
au sein de l’équipe du professeur Neil Ferguson, puis comme professeur associé (senior
reader). Il rejoint l’Institut Pasteur à Paris en 2013 pour y devenir le directeur du laboratoire
de modélisation mathématique des maladies infectieuses qu’il a fondé. »
5. Texte exact en anglais : « The lockdown reduced the reproductive number from 3.3 to 0.5
(84% reduction). By 11 May, when interventions are scheduled to be eased, we project
3.7 million (range: 2.3-6.7) people, 5.7% of the population, will have been infected.
Population immunity appears insufficient to avoid a second wave if all control measures are
released at the end of the lockdown. »
6. Lien vers le papier :
https://science.sciencemag.org/content/early/2020/05/12/science.abc3517.abstract.
7. Citation dans la version publiée par Science : « Population immunity appears insufficient
to avoid a second wave if all control measures are released at the end of the lockdown. »
8. En physique, l’équation de Boltzmann modélise de façon probabiliste l’évolution de
particules qui ont la faculté de changer d’état lorsqu’elles se rencontrent – soit l’exact
problème de la diffusion d’un virus dans une population.
9. Les auteurs de l’étude Estimating the Burden of Sars-CoV-2 in France sont
respectivement : Henrik Salje, Cécile Tran Kiem, Noémie Lefrancq, Noémie Courtejoie,
Paolo Bosetti, Juliette Paireau, Alessio Andronico, Nathanaël Hozé, Jehanne Richet, Claire-
Lise Dubost, Yann Le Strat, Justin Lessler, Daniel Levy-Bruhl, Arnaud Fontanet, Lulla
Opatowski, Pierre-Yves Boelle, Simon Cauchemez.
10. Voir la demande de rétractation publique de l’article de Science de mai 2020 :
https://www.csl.ovh/retractation/.
Cauchemez et Fontanet sont sous le coup de deux plaintes pénales (contre X) pour faux,
usage de faux, escroquerie, trafic d’influence.
11. Ibid.
12. On peut, par exemple, se reporter à l’URL suivante :
https://Covid.ourworldindata.org/data/owid-Covid-data.csv. Le fichier csv indiqué est celui
avec lequel nous avons mené nos simulations numériques.
13. Ces chiffres ont été lissés selon une technique de moyenne glissante pour atténuer les
effets administratifs de remontée des données.
14. À nouveau, ces chiffres ont été lissés via une technique de moyenne glissante.
15. Notons que dans le preprint, ce taux se situait plutôt aux alentours de -0,08 jour-1, c’est-
à-dire une division par 2 tous les 8 jours. Pourquoi un tel changement ? Impossible à dire,
car on ne voit pas en quoi les données qui ont continué à arriver après le 20 avril pouvaient,
dans la démarche des auteurs, changer quoi que ce soit sur le calcul du R0 après
confinement.
16. On rappelle que les données sont lissées selon une moyenne glissante afin d’éviter les
fluctuations trop importantes dans le report des informations.
17. En réalité, dans la version définitive de Science, S. Cauchemez indique qu’il a utilisé les
méthodes répertoriées par J. WALLINGA et al., dans un article de 2006. Le problème, c’est
que l’article en question propose une dizaine de méthodes différentes sans que l’on sache
exactement celle qui est utilisée et sans qu’on sache quels paramètres interviennent.
18. Les personnes susceptibles sont la population susceptible de contracter le virus.
19. Dans les habitudes des épidémiologistes, on parle plutôt de « compartiment » que de
« catégorie ».
20. L’usage du terme « probabilité » est ici assez impropre, mais c’est pour la bonne
cause…
21. Ces valeurs ne sont définitives qu’en fin d’épidémie. Pour la France, en date du 29 mai,
celle-ci arrivait effectivement sur la fin, mais continuait à venir changer les chiffres, avec des
effets parfois significatifs sur la valeur de R0, preuve que cette dernière n’est pas des plus
faciles à mesurer.
22. D’après mes réflexions encore en cours, il n’est peut-être pas désespéré d’essayer
d’obtenir ces paramètres au moment du pic épidémiologique, mais je ne connais pas de
résultats sur cette question. Toute information sur cet aspect sera la bienvenue.
23. En réalité, l’algorithme est écrit de manière un peu plus complexe, mais revient peu ou
prou à ce que nous décrivons dans ce passage.
1. Le principe de ce calcul a été proposé de façon rationnelle par Pierre Chaillot –
statisticien du corps de l’INSEE – et Laurent Toubiana, chercheur à l’Inserm. Les calculs
reproductibles ont été programmés par Lana Gitrun (pseudonyme) informaticienne,
maître de conférences.

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