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Dossier Thématique Planche À Billets

Le document décrit la création monétaire et la planche à billet. La création monétaire permet d'accroître le stock monétaire pour financer l'économie, tandis que la planche à billet consiste à imprimer de la monnaie sans contrepartie pour financer le déficit public.

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Dossier Thématique Planche À Billets

Le document décrit la création monétaire et la planche à billet. La création monétaire permet d'accroître le stock monétaire pour financer l'économie, tandis que la planche à billet consiste à imprimer de la monnaie sans contrepartie pour financer le déficit public.

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L’Économie, pour en savoir plus

La planche à billet

Par l’équipe de la Direction des Etudes


et des Relations Internationales1

Dans tous les pays du monde, les agents


économiques ont besoin de ressources
financières pour faire tourner les activités
économiques et afin de créer de la richesse.

L’économie est classifiée en quatre secteurs :


le secteur réel, le secteur extérieur, le secteur
des finances publiques et le secteur monétaire.
Les quatre secteurs sont interdépendants.
En général, un changement dans un quelconque
secteur se répercute au final sur le secteur
monétaire. Ce dernier inclut le système bancaire
composé de la banque centrale et des banques
du secteur privé. Le système bancaire a
la capacité de créer de la monnaie afin de financer
l’économie. Cependant, ce pouvoir de création
monétaire est limité par des contraintes afin
de respecter l’équilibre global de l’économie.

La création monétaire

La création monétaire est le mécanisme


permettant au stock de monnaie disponible
au niveau de l’économie de s’accroitre, afin
de répondre aux besoins de financement
des agents économiques. Cela se fait
principalement par deux canaux : l’octroi de crédit
à l’économie par les banques du secteur privé
pour financer la consommation ou la production
des ménages et des entreprises et par l’octroi
de crédit à l’Etat par la banque centrale pour
le financement du déficit public2. Une autre
source de création monétaire se fait par l’achat
en monnaie locale des devises étrangères par
les banques commerciales et la banque centrale.
Dans ce dernier cas, la monnaie locale ayant servi
à l’achat de devises est injectée dans l’économie
et vient s’ajouter au stock de monnaie existant.

La planche à billet

Il peut arriver de décider d’accroitre la quantité


de monnaie disponible en circulation sans
aucune contrepartie. C’est ce qu’on entend dans
le monde de la finance par « faire tourner la planche
à billet ». Dans la pratique, une telle démarche a
pour objectif de financer le déficit public.

1
Les idées exprimées dans cet article ne reflètent que celles des auteurs et n’expriment 2
En d’autres termes, financement d’une partie des dépenses de l’Etat non couvertes par
pas nécessairement la position de Banky Foiben’i Madagasikara les recettes

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1
Conséquences de la pratique de la planche Cas pratiques de planche à billets dans le monde
à billets
Assouplissement quantitatif
Normalement, une monnaie créée devrait ou « quantitative easing »
idéalement servir à financer l’accroissement
de la production, par exemple, par l’octroi Durant la crise financière mondiale de 2009,
de crédit pour le développement des activités les banques centrales des pays développés ont
du secteur privé. Sinon, la création monétaire décidé d’acheter des titres publics pour injecter
pour financer la consommation ne fera de la liquidité dans l’économie. Cette pratique
qu’alimenter l’inflation. Une affectation, autre est appelée « quantitative easing » et est classée
que l’amélioration de la production, engendrerait dans le domaine de la politique monétaire non
un haut risque d’augmentation incontrôlable conventionnelle. Dans la pratique, l’opération
des prix et pourrait accentuer la dépréciation de « quantitative easing » se déroule comme suit :
de la monnaie locale. En effet, par la simple loi
de l’offre et de la demande, quand la monnaie Dans le cas d’une croissance économique
locale abonde par rapport aux devises étrangères positive, plusieurs cas peuvent se présenter :
sur le marché des changes, elle perdra 1. Le gouvernement émet des bons/titres ;
de sa valeur. Les prix des produits sur le marché 2. Les banques du secteur privé
grimperont en conséquence. ou des investisseurs achètent les bons/titres ;
3. La banque centrale rachète les bons/titres
En théorie, le financement du déficit public auprès des banques et des investisseurs.
par l’achat de titres publics par une banque
centrale est prohibé3. Ceci est effectif De cette manière, l’interdiction de financer
dans de nombreux pays du monde. Il s’agit le déficit public par la banque centrale semble
d’une autre façon de faire tourner la planche être contournée, car l’achat de bons/titres
à billet. se fait sur le marché secondaire. Néanmoins,
le bilan de la banque centrale se trouve
en réalité augmenté du montant des bons/titres
à l’actif et le niveau des réserves des banques
se retrouve également majoré du même montant
au niveau du passif. Au final, il s’agit d’une
opération de « planche à billet », car la banque
centrale détient des titres publics et les fonds
ainsi collectés se retrouvent dans l’économie
en général et auprès des banques du secteur
privé en particulier.

De façon générale, il apparait que la décision


de procéder aux opérations de « quantitative
easing » est souvent prise compte tenu de :

• La limite des instruments de politique


monétaire conventionnelle. Le niveau
des taux d’intérêts étant proche de 0,0 %,
il est attendu un retour au fonctionnement
normal du système monétaire et des marchés
financiers gravement malmenés par l’érosion
de confiance ;
• Ses effets positifs sur la relance
de l’économie : reprise de la croissance
économique et de l’inflation4.

L’effet attendu de la mise à disposition de liquidité


dans l’économie est la reprise de la consommation
et de l’investissement par les agents
économiques, donc de la demande. A posteriori,
cela occasionnerait une reprise de l’inflation
et une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB).

4
Un taux d’inflation positif dans la limite des objectifs fixés par la banque centrale est
3
Cas de la Banque Centrale Européenne : cf. Art 123 du Traité de Fonctionnement de la BCE nécessaire pour l’économie

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2
Après les mesures de politique monétaire non conventionnelle prises par les banques centrales de certains
pays développés5 suite à la crise financière de 2009, les niveaux de croissance du PIB et du taux d’inflation
se sont accrus (Cf. Figure 1 et 2).

Figure 1. PIB réel dans la Zone Euro, au Royaume-Uni Figure 2. Taux d’inflation dans la Zone Euro, au
et au Japon [Base 2008T1=100] Royaume-Uni et au Japon PIB réel [en %]

Source: Dell’Ariccia Giovanni, Pau Rabanal, Damiano


Sandri (2018) « Unconventional Monetary Policies Source: Dell’Ariccia Giovanni, Pau Rabanal, Damiano
in the Euro Area, Japan, and the United Kingdom » - p.2 Sandri (2018) « Unconventional Monetary Policies
in the Euro Area, Japan, and the United Kingdom » - p.2

Emission des titres publics

Un autre exemple pour illustrer cette relation


entre quantité de monnaie dans l’économie
et inflation est l’émission des titres
publics, rachetés par les banques et suivie
de leur refinancement auprès de la banque
centrale. Lors de la 1ère Guerre mondiale, les
Etats-Unis ont principalement financé la guerre6
par l’émission de titres publics. Les titres
ainsi émis ont été achetés par les détenteurs
de monnaie. Ce sont principalement les banques
du secteur privé, lesquelles peuvent se refinancer
auprès de la banque centrale, augmentant
ainsi la masse de monnaie dans l’économie.
Une augmentation fulgurante du niveau des prix
s’en est suivie.

5
Pays de la zone Euro, Royaume-Uni, Japon
6
Gilbert Charles, décembre, 1955 « How the US financed World War I ». The Journal of Finance,
Vol. 10, No. 4, pp. 510-511

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3
Le cas de l’Allemagne après la première guerre
mondiale [1914-1918]

Concernant le terme « planche à billet », l’exemple


de l’Allemagne après la 1ère Guerre mondiale
(1914-1918) est historique. Pour la reconstruction,
le gouvernement allemand a utilisé la planche
à billet après avoir étudié les ressources
de liquidité possibles. Les solutions trouvées
étaient difficiles à mettre en œuvre en raison
du taux d’imposition trop élevé et de la possibilité
réduite en termes d’émission de titres publics
(montants largement en deçà des besoins
de reconstruction). A partir de 1922, l’offre
de monnaie s’est accrue et une accélération
du niveau des prix (inflation) s’en est suivie.
L’Allemagne a connu, pour la seule année 1923,
une période qualifiée d’hyperinflation où les prix
ont augmenté de 1,0 million pour cent7.

Il convient de noter que la décision d’appliquer


la planche à billet était prise dans un cadre
de méconnaissance des conséquences
d’une telle mesure sur le niveau des prix par
les Autorités allemandes. Avec le nationalisme
des dirigeants allemands de l’époque
et l’obligation pour l’Etat allemand d’indemniser
les pays détruits par la guerre, la Théorie
Quantitative de la Monnaie8 (TQM), développée
par des non allemands9, qui met en relation
la quantité de la monnaie sur l’économie
et le niveau des prix a été occultée10. Cette TQM
suppose qu’une augmentation de la masse
monétaire se répercute sur le niveau des prix
ou sur le niveau de la production ou sur les deux
à la fois. Les conséquences sur le niveau des prix
ont été une hyperinflation.

D’autres pays ont également expérimenté


des périodes d’inflation élevée. C’est le cas
du Brésil et du Pérou qui ont respectivement
enregistré des taux d’inflation de 432,8 % (1991)
à 2075,8 % (1994) et 409,5% (1991) à 7481,7 %
(1990)11. Les mêmes raisons que l’Allemagne
durant la 1ère Guerre mondiale ont poussé
les Autorités gouvernementales de ces pays
à financer les dépenses publiques par la planche
à billet et le refus d’imposer davantage
leurs citoyens.

7
Mishkin Frederic (2013) Monnaie, banque et marchés financiers 10ème édition
8
Créée bien avant la 1ère guerre mondiale : M×v=P×Y [monnaie en circulation, v : vélocité
de la monnaie, P : niveau des prix, Y : production]
9
La TQM a été développée et reformulée par plusieurs économistes : Martin d’Azpilcueta,
Nicolas Copernic, Jean Bodin, Irving Fisher, et bien d’autres économistes
10
Mises L. (May 1932) « The Great German Inflation » Economica, pp. 227-234
11
Fond Monétaire International - World Economic Outlook Database – Octobre 2022

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4
Cas de Madagascar

En ce qui concerne Madagascar, un exemple A Madagascar, la Banque centrale est l’Autorité


explicite de l’application de la planche à billet monétaire qui définit et qui met en œuvre
n’a pas encore été constaté. Néanmoins, pour la politique monétaire. De par ses statuts,
notre analyse, la relation entre la quantité Banky Foiben’i Madagasikara (BFM) agit
de monnaie dans l’économie et le taux d’inflation en qualité de banque de l’Etat et est la banque
sera étudiée. Une forte corrélation entre des banques. Le Trésor Public détient un compte
la croissance monétaire et le taux d’inflation courant auprès de BFM qui exécute ainsi
a été enregistrée durant l’année 2003-2004. ses ordres. Ce compte fonctionne comme
Durant l’année 2003, le Gouvernement le compte courant d’un client ordinaire de toute
malgache a décidé de détaxer certaines banque commerciale et doit donc enregistrer
opérations d’importation préalablement un solde créditeur. A ce titre, il importe de noter
soumises à des tarifs douaniers et fiscaux. qu’en cas de besoin pour combler le déficit
Cela a eu pour conséquence l’augmentation budgétaire de l’Etat, le financement par BFM
du niveau des importations12, laquelle a été est bien encadré et limité par ses statuts.
suivie à la fois par une dépréciation de l’Ariary Dans la pratique actuelle, ces derniers stipulent
et une augmentation au niveau de la demande dans l’article 90 que BFM peut consentir à
de monnaie. Cette croissance a été due en partie l’Etat des avances remboursables, à hauteur
à la hausse des crédits bancaires (+37,0 % de 5,0 % du revenu ordinaire du Gouvernement
durant 2004) si cette croissance annuelle était de l’année précédente.
en moyenne de +22,0 % durant 2003, 2005
à 200813. En plus de la dépréciation de l’Ariary, Il convient également de noter que Madagascar,
les données disponibles sous-entendaient de par son appartenance aux Communautés
que cette augmentation a eu des effets Economiques Régionales (CER), a des critères
sur le taux d’inflation qui s’en est retrouvé dits de convergence à respecter. Ainsi,
impacté (cf. Figure 3). le financement du déficit budgétaire est limité à
5,0 % des recettes ordinaires du Gouvernement
lors du précédent exercice fiscal. A termes,
Figure 3. Evolutions des taux de la croissance l’objectif régional est l’interdiction de ce genre
monétaire et de l’inflation de financement. Cette pratique est justifiée par
deux objectifs à savoir minimiser la dominance
fiscale, donc conduite de la politique monétaire
indépendante et éliminer toute source de création
monétaire inflationniste.

Il en est de même des critères de suivi


du programme de Facilité Elargie de Crédit (FEC)
avec le FMI, qui consistent à plafonner les Avoirs
Intérieurs Nets14 (AIN) de BFM. En d’autres
termes, tout octroi d’avance à l’Etat au-delà
des dispositions légales pourrait compromettre
l’atteinte de l’objectif de plafonnement des Actifs
Nets en monnaie locale de BFM.
Source: BFM, Calculs internes

Outre ces différents points, il convient de rappeler les procédures strictes en vigueur au sein de BFM, en matière
d’émission de billets de banque. De plus, le Code d’éthique et de déontologie, récemment mis en place,
est venu compléter les obligations qui découlent des dispositions légales, règlementaires, contractuelles
et autres qui régissent Banky Foiben’i Madagasikara.

A court terme, pour combler le déficit public, l’Etat peut recourir aux autres outils et sources de financements
tels que l’émission des titres publics (BTA, BTF, etc.). A plus ou moins long terme, le développement du marché
des capitaux, constitue une des solutions pour optimiser la gestion des finances de l’Etat.

14
Le bilan simplifié d’une banque centrale consiste aux éléments suivants : à l’actif : Avoirs
12
Statistiques du commerce extérieur (BFM) : Total des importations en équipements Extérieurs Nets (AEN) et Avoirs Intérieurs Nets (AIN. Les crédits accordés à l’Etat sont
de 193,2 millions USD en 2003 et de 360,7 millions USD en 2004 inclus dans les AIN) et au passif : Monnaie en circulation, Réserves des banques, Dépôts
13
Les années 2002 et 2009 ont été omises du calcul à cause des crises politiques durant des Administrations publiques et Fonds Propres. Toutes avances accordées à l’Etat par
ces périodes BFM augmentent les créances de cette dernière vis-à-vis de l’Etat, donc des AIN

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