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Cours d'OCJ - Prof Bakama Bope 2021

Ce document traite de l'organisation et de la compétence judiciaire en République démocratique du Congo. Il définit le droit judiciaire et explique son utilité sociale en assurant la sécurité et en évitant le recours à la justice privée. Il décrit ensuite les branches et sources du droit judiciaire.

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Cours d'OCJ - Prof Bakama Bope 2021

Ce document traite de l'organisation et de la compétence judiciaire en République démocratique du Congo. Il définit le droit judiciaire et explique son utilité sociale en assurant la sécurité et en évitant le recours à la justice privée. Il décrit ensuite les branches et sources du droit judiciaire.

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E.

J LUZOLO BAMBI LESSA


Professeur Ordinaire
Et
Eugène BAKAMA BOPE
Professeur associé

FACULTE DE DROIT DE L’UPN

L’ORGANISATION ET LA COMPETENCE JUDICIAIRE EN


REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Manuel d’enseignement

Année académique 2020-2021

1
INTRODUCTION

Le Cours de l’organisation et compétence judiciaire est un enseignement


prévu dans le cursus universitaire des étudiants des Facultés de droit (niveau première
année) en République démocratique du Congo. Ce cours à vocation de donner aux
étudiants une formation essentielle sur l’organisation, le fonctionnement et
compétence judiciaire et de les préparer, en même temps, à bien assimiler plus tard les
notions et mécanismes plus complexes de la procédure pénale (G2 droit) et de la
procédure civile (G3 droit) applicables devant les cours et tribunaux i1

1. DEFINITION DU DROIT JUDICIAIRE

En tant que garant de la paix, de la sécurité et du bien commun des


administrés, l’État a l’obligation d’organiser le fonctionnement des juridictions afin
d’éviter le recours à la justice privée 2, même lorsque celle-ci peut être justifiée. Le
relâchement de l’État dans le secteur de la justice engendre le recours dangereux à la
vengeance privée.
La fonction juridictionnelle, celle qui se rapporte à la rhétorique du droit,
suppose une tierce autorité qualifiée pour dire le droit et pour prendre, en
conséquence, une décision exécutoire protégeant ou restaurant le droit. L’exercice de
cette mission régalienne de l’État est confié aux organes juridictionnels animés par les
magistrats assis, appelés juges 3. Considérée comme une mission essentielle de l’État,
la fonction juridictionnelle lui permet d’instaurer la sécurité et la tranquillité des
membres de la communauté.

L’organisation et la compétence judiciaires qui est l’objet du présent cours


fait partie des branches du droit judiciaire4.
En effet, le droit judiciaire est l’ensemble des règles qui gouvernent
l’organisation et le fonctionnement de la justice en vue d’assurer la mise en œuvre et
la sanction des droits subjectifs et objectifs.

2. UTILITE SOCIALE DU DROIT JUDICIAIRE

L’ordre social est-il troublé par une infraction qui est commise ? Dans
l’affirmation, il faut punir le coupable. Pour aboutir à la sanction, à la peine légale, il
faut connaître la procédure à suivre. De même, le titulaire d’un droit subjectif qui se
trouve lésé dans son droit et qui veut obtenir la réparation du préjudice subi doit savoir

1
Mupila Ndjike K (HF), Cours de l’organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre
judiciaire, 1ère année graduat, UPN, Faculté de Droit, première édition, Année Académique 2019-2020, p. 2.
2
Akele Adau P., Le citoyen justicier, la justice privée dans l’Etat de droit, Kinshasa, ODF éditions, 2002, p. 13.
3
Luzolo Bambi Lessa, EJ., Traité de droit judiciaire, la justice congolaise et ses institutions, Presses
Universitaires du Congo, PUC, Kinshasa, 2018, p. 48.
4
H. SOLUS, R. PERROT, Droit Judiciaire Privé, T.1, Paris, Sirey, 1961, p. 4.

2
comment procéder pour y aboutir.
Nous pouvons donc dire, que le droit judiciaire est la voie nécessaire et
obligatoire par laquelle doit passer, celui qui veut obtenir justice. Sans l’existence du
droit judiciaire, la justice ne peut être rendue à moins évidemment d’admettre le
système archaïque et anarchique du recours à la vengeance privée. Le droit judiciaire
est donc le canal d’expression de toutes contestations qui nait au sein de la société.

En clair, le droit judiciaire vise à :


- Mettre fin à l’insécurité, aux violences et aux désordres qu’engendre le
droit de se faire justice à soi-même ;
- Paralyser à l’avance la résistance, la fraude ou la mauvaise foi : c’est parce
qu’il sait ; qu’il pourra être poursuivi en justice, que le malfaiteur sera parfois
contraint, soit de cesser son comportement infractionnel, soit d’exécuter un
engagement contractuel non rempli.

3. SUBDIVISION DU DROIT JUDICIAIRE

Généralement, il est admis que le droit judiciaire se subdivise en deux


branches, d’une part la procédure pénale et, d’autre part, la procédure civile.
La procédure pénale ou le droit pénal de forme, étudie l’ensemble des règles
sur la recherche de l’infraction, la poursuite et la condamnation du délinquant ;
La procédure civile étudie, quant à elle, l’ensemble des règles permettant à
un titulaire de droit lésé d’obtenir, soit le rétablissement de son droit, soit la réparation
du préjudice que lui cause la dépossession de son droit.

Nous pensons pour notre part, qu’en plus de ces deux grandes branches du
droit judiciaire, il faut encore ajouter : « l’organisation et la compétence
judiciaires », qui est l’objet du présent cours. Il s’agit de l’étude des principes
d’organisation et de fonctionnement des services judiciaires et des services de la
justice. Nous dirons, que c’est l’étude des structures tant matérielles qu’humaines sur
lesquelles est bâtie la justice en République démocratique du Congo.

4. LES SOURCES DU DROIT JUDICIAIRE5

Par source, l’on entend, l’ensemble des procédés par lesquels les règles de
droit naissent. Le droit judiciaire a plusieurs sources. Elles sont internationales,
constitutionnelles, légales, réglementaires, coutumières, etc.. On peut citer :
- Les traités et accords internationaux ;
- La Constitution du 18 février 2006 ;
- La loi et les actes ayant force de loi ;
- Le pouvoir réglementaire du Président de la République ;

5
A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome I, le pouvoir, l’organisation et la compétence
judiciaires, Kinshasa-Universisté Lovanium-Bruxelles, Maison Ferdinand Larcier S.A., 1970 n°24.

3
- Le pouvoir réglementaire du premier ministre ;
- Le pouvoir réglementaire du Ministre de la justice ;
- Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions et chefs des
offices ;
- La coutume ;
- Les principes généraux du droit ;
- L’équité ;
- La jurisprudence ;
- La doctrine ;
- Les usages

A. Les traités et accords internationaux

La lecture de l’art. 215 de la Constitution du 18/02/2006 telle que modifiée


par la loi du 20 janvier 2011 révèle que, les traités et accords internationaux
régulièrement ratifiés ont une autorité supérieure à celle des lois, à la condition qu’ils
soient également appliqués par l’autre partie. Et l’article 153 alinéa 3, fait application
aux juges civils et militaires d’appliquer, les traités et accords régulièrement signés, les
lois, les actes règlementaires, la coutume pour autant qu’elle ne soit pas contraire à
l’ordre public et aux bonnes mœurs. Ainsi par exemple, les traités conclus en matière
d’extradition et d’exécution des commissions rogatoires, d’arbitrage et d’exécution des
jugements et actes, peuvent avoir une incidence remarquable sur l’organisation et le
fonctionnement de la justice.

B. La Constitution du 18 février 2006

La Constitution contient un certain nombre des dispositions qui relèvent du


droit judiciaire. A titre d’illustration nous citerons :
- La garantie de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Cette indépendance
est affirmée par rapport au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif 6.
- La garantie de la publicité des audiences judiciaires7 (art.20 de la
Constitution du 18/02/2006),
- La garantie du droit de la défense8 ;
- L’obligation de motiver tout jugement9 ;
- Le prononcé de tout jugement en audience publique10 ;
- La présomption d’innocence dont bénéficie toute personne accusée d’une
infraction, jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie par un jugement définitif 11 ;

6
Art.149 al. 1. de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011
portant révision de certains articles de la constitution.
7
Article 20 de la constitution du 18 février 2006.
8
Art.19, in fine de la Constitution du 18 février 2006.
9
Art.21. al.1 de la Constitution du 18 février 2006.
10
Art. 20. al.1 de la Constitution du 18 février 2006.
11
Art. 17, in fine de la Constitution du 18 février 2006.

4
C. La loi et les actes ayant force de loi

En tant qu’actes relevant du pouvoir législatif, la loi est une source importante
du droit judiciaire. Selon la matière qu’elle vise, la loi peut être organique ou
ordinaire. Actuellement, il y a plusieurs lois ordinaires et lois organiques relatives à
l’organisation de la justice en RDC. On peut à titre illustratif citer :
- la loi organique n°13/11-B du 11 avril 2013 relative à l’organisation, au
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire
- la loi organique n° 13/012 du 19 février 2013 relative à la procédure
devant la Cour de cassation ;
- La loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour Constitutionnelle.
La constitution du 18 février 2006 dispose en son article 129 que le
gouvernement peut, pour l’exécution urgente de son programme d’action, demander à
l’Assemblée nationale ou au sénat de prendre par ordonnances lois, pendant un délai
limité et sur des matières déterminées, des mesures qui sont normalement du domaine
de la loi. C’est cette catégorie d’actes qu’on appelle acte ayant force de loi.
Les actes ayant force de loi se rapportent également au domaine judiciaire.
Nous pouvons citer, l’ancien code d’organisation et de compétence judiciaire du 31
mars 1982 ; l’ordonnance-loi relative à la procédure devant la Cour suprême de justice
de la même date.

D. Le pouvoir réglementaire du Président de la République

Le Président de la République exerce ses compétences par voie


d’ordonnance12. Certaines de ses décisions ont une incidence sur l’organisation et le
fonctionnement de la justice, pour autant qu’il se trouve dans le système judiciaire.
A titre d’illustration, on peut citer les compétences suivantes :
- l’autorisation de poursuites judiciaires ou la mise en accusation de certains
justiciables de la Cour de cassation ;
- le pouvoir de remettre, commuer ou réduire les peines prononcées par les
cours et tribunaux13 ;
- le pouvoir de suspendre et d’y substituer celles des juridictions militaires
et ce sur tout ou partie du territoire national et pour la durée et les infractions qu’il
détermine14.

E. Le pouvoir réglementaire du 1er Ministre

Statuant par voie de décret 15, le Premier Ministre peut obtenir de par la loi
certaines prérogatives qui rentrent dans le domaine de la justice. Au regard du régime

12
Art. 79 alinéa 3 de la Constitution du 18 février 2006.
13
Art. 87 in fine de la Constitution du 18 février 2006
14
Art 87in fine de la Constitution du 18 février 2006.
15
Art. 92, al.2, constitution du 18 février 2006

5
politique consacré par la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée, le pouvoir
réglementaire est exercé par le premier ministre sous réserve des prérogatives
dévolues au président de la République16. On peut citer notamment :
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal pour
enfant17 ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal de
paix18 ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal de grande
instance 19;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort de la cour d’appel 20.

F. Le pouvoir réglementaire du Ministre de la Justice

La loi reconnaît au Ministre de la justice le pouvoir réglementaire en matière


judiciaire, notamment :
- le pouvoir d’établir pour toutes les juridictions des sièges secondaires dans
les localités autres que celles où sont établis les sièges ordinaires desdites
juridictions 21;
- le pouvoir de déterminer le nombre et la périodicité des sessions ;
- le pouvoir de fixation du ressort des sièges secondaires des tribunaux pour
enfants 22;
- le pouvoir de regrouper deux ou plusieurs ressorts des tribunaux pour
enfant en un seul pour les mesures de garde, d’éducation et de
préservation 23;
- le pouvoir de déterminer la compétence matérielle et territoriale des
OPJ 24;
- le pouvoir de fixation des taux, des droits, taxes et redevances à percevoir
à l’initiative du Ministère de la justice25;
- le pouvoir de fixation des taux et des taxes des recettes administratives et
judiciaires26.

Outre ces divers pouvoirs, il sied de mentionner l’autorité que le Ministre de


la justice exerce sur le parquet. Mais, ce pouvoir était mis en cause par la constitution
du 18 février 2006. En effet, aux termes de l’article 149, al.2 une problématique sur
l’appartenance du parquet au pouvoir judiciaire lequel est indépendant du pouvoir

16
Art. 92 alinéa 1 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011.
17
Art. 84, loi portant protection de l’enfant
18
Art. 7, al.3, loi organique de 2013 sur l’OCJ
19
Art. 14, al. 2, idem
20
Art. 19, al.2, ibidem
21
Art. 46, al.1, loi organique de 2013 sur OCJ.
22
Art. 86, loi portant protection de l’enfant
23
Art. 85, idem
24
Art. 5, al.2, loi organique de 2013 sur l’OCJ
25
Arrêté interministériel n°213/CAB/MIN/J/2009 et n°253/CAB/MIN/FINANCES/2009 du 23 décembre
2009
26
Arrêté interministériel n°25/CAB/MIN/R.I-J& GS FIN/98 du 14 décembre 1998

6
exécutif et législatif, a vu le jour. L’article 149 al.1 disposait : « Le pouvoir judiciaire
est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Il est dévolu aux Cours et
Tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’État,
la Haute Cour militaire, les cours et tribunaux civils et militaires ainsi que les parquets
rattachés à ces juridictions…».
Pourtant, il faut relever que la nature des attributs du ministère public
emmène ce dernier à se situer plus près du pouvoir exécutif que du pouvoir judiciaire.
En effet, le ministère public veille au respect des actes législatifs et réglementaires
censés être exécutés par l’administration, qui relève du pouvoir exécutif. A ce titre, il
remplit les mêmes fonctions qu’un fonctionnaire de l’État. En outre, en vue de
l’exécution des décisions judiciaires dont il est chargé par la loi, le ministère public
doit recourir aux unités de la force publique, qui relèvent également du pouvoir
exécutif. Ainsi, aussi bien en amont qu’en aval, les fonctions du ministère public le
mettent en rapport plus direct avec le pouvoir exécutif.
Mais depuis la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains
articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février
2006, dont l'article 149 introduit un amendement qui consiste en la suppression du
Parquet dans l'énumération des titulaires du pouvoir judiciaire. Celui-ci est dévolu aux
seuls cours et tribunaux. Cet amendement remet ainsi en harmonie l'article 149 avec
les articles 150 et 151 qui proclament l'indépendance du seul magistrat du siège dans
sa mission de dire le droit ainsi que son inamovibilité27.
De ce qui précède, on peut affirmer que, tout en étant séparés, les pouvoirs
institutionnels ne sont pas pour autant isolés les uns des autres. Le ministre de la
Justice conserve son pouvoir d’injonction à l’égard du ministère public sans que ce
pouvoir ne se transforme en un droit de veto, de telle sorte que, la parole étant libre, le
magistrat du parquet continue à jouir pleinement de son pouvoir d’appréciation
pouvant aboutir, le cas échéant, à la relaxation, au classement sans suite ou à
l’acquittement de la personne poursuivie.
L’autorité du Ministre de la justice se limite à ordonner les poursuites, à
donner l'impulsion aux poursuites et à exercer un droit de regard sur les officiers du
ministère public sans porter préjudice au pouvoir du Conseil supérieur de la
magistrature en matière disciplinaire.

G. Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions et Chefs des


offices

Le pouvoir réglementaire est principalement l’apanage de l’exécutif mais il


est reconnu aussi à d’autres autorités administratives et chefs d’office. Les Présidents
des juridictions, de par leur responsabilité dans la régularité du service public qu’ils
gèrent, ont, de par la loi, un pouvoir réglementaire leur permettant de faire asseoir un
minimum d’ordre au sein de leurs juridictions. Ils peuvent donc prendre des

27
Exposé des motifs de la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
constitution du 18 février 2006.

7
ordonnances qui règlent des questions d’ordre administratif, notamment celles se
rapportant :
- au règlement d’ordre intérieur de la juridiction et du greffe ;
- à la désignation des huissiers et à l’organisation de leur service ;
- à la surveillance et à l’inspection des juridictions inférieures 28.
Faisant application du principe du dédoublement fonctionnel, les présidents
des juridictions exercent, d’une part, les fonctions administratives et, d’autre part,
celles de magistrat.
Le dédoublement fonctionnel tire sa source du droit public. Il désigne le fait
pour une autorité publique d’agir au nom de deux personnes publiques différentes 29.
C’est le cas du gouverneur qui agit tantôt au nom de sa province, tantôt au nom de
l’État. Transposé au domaine judiciaire, ce concept s’applique au magistrat président
de juridiction qui exerce les fonctions administratives et judiciaires bien que dans les
deux cas il serve un seul maître, l’État, qui est son commettant.
En effet, les deux fonctions ne s’excluent et ne sont pas incompatibles, mais
complémentaires 30. Les présidents des juridictions en font une application pratique.
Le Premier président de la Cour de cassation est chargé de l’administration de
la Cour. Il fixe par ordonnance le règlement d’ordre intérieur de cette juridiction 31.
Le Premier président de la Cour d’appel est chargé de la répartition des
services internes de cette juridiction. Il a en outre la responsabilité de réglementer les
services d’ordre intérieur des juridictions inférieures32.
Le président du Tribunal de grande instance est chargé de la répartition des
services internes de sa juridiction 33.
Le Président du Tribunal de paix est également chargé de la répartition des
services de sa juridiction 34.

H. La coutume

La coutume est une règle de droit qui se dégage lentement et spontanément


des faits et des pratiques habituellement suivis dans un milieu social donné, qui
devient obligatoire indépendamment de toute intervention expresse ou approbation
même tacite, du législateur 35.
.
Les articles 10, 110, 118 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoient que
si une contestation doit être tranchée suivant la coutume, celles-ci s’appliquent [pour
autant qu'elle soit conforme aux lois et à l'ordre public.

28
R. KAMIDI OFIT, Le système judiciaire congolais : organisation et compétence, Kinshasa, éd. Fito,
1999, p.18.
29
S. GUINCHARD et alii, op. cit., p.276.
30
L. YUMA BIABA, Manuel de Droit administratif général, Kinshasa, éd. CEDI, 2012, pp. 21-22.
31
Art. 26, loi organique n°13/011-B, précitée.
32
Art. 21, idem.
33
Art. 18, idem.
34
Art. 11, loi organique n°13/011-B, précitée.
35
M. FONTAINE, Principes & techniques du Droit, T.1, Droit civil et Droit commercial, Paris, Foucher,
1986

8
Les articles 17 et 77 du Code de procédure pénale permettent respectivement
à l’officier du ministère public et au juge d’imposer au témoin une forme de serment
dont l’emploi, d’après les coutumes locales, paraît le plus propre à garantir la sincérité
de la déposition. Devant les juridictions coutumières, la procédure applicable est certes
fixée par la loi, mais les règles procédurales coutumières s’appliquent également dans
la mesure où elles ne sont pas contraires à l’ordre public.

I. Les principes généraux du droit

Les principes généraux sont des principes directeurs qui servent de guide
voire même de source du droit en cas de silence de la loi.
La base légale des principes généraux du droit est l’art. 1 de l’ordonnance de
l’Administrateur Général du Congo, du 14 mai 1886 approuvée par le décret du 12
novembre 1886.
Cet article dispose : « Quand la matière n’est pas prévue par un décret, un
arrêté ou une ordonnance déjà promulguée, les contestations qui sont de la compétence
des tribunaux du Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes
généraux du droit et l’équité »36.
Cette disposition demeure d’application aujourd’hui. A l’époque coloniale,
s’était établie une opinion selon laquelle, par « principes généraux » du droit, il fallait
entendre « principes généraux du droit belge » ; cette interprétation ne peut être de
mise depuis l’indépendance de la R.D.C.
La loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ dispose :
« Si une contestation doit être tranchée suivant la coutume,
les Cours et tribunaux appliquent celle-ci, pour autant qu'elle soit conforme
aux lois, à l'ordre public et aux bonnes mœurs.
En cas d'absence de coutume ou lorsque celle-ci n'est pas conforme
aux lois, à l'ordre public et aux bonnes mœurs, les Cours et tribunaux s'inspirent des
principes généraux du droit »37.
Souvent, les principes généraux du droit sont contenus dans les adages.
Exemples de quelques principes généraux du droit :
- Le pénal tient le civil en état ;
- In dubio pro reo (le doute doit profiter au prévenu) ;
- Nul n’est censé ignorer la loi ;
- Electa una via, non datur recursus ad alteram;
- Actori incumbit probatio.

J. L’équité

L’ordonnance de l’Administrateur Général du Congo du 14 Mai 1886, permet


aux également aux cours et tribunaux, en cas de silence de la loi, de recourir à

36
Voir Pierre PIRON et Jacques DEVOS, code civil, préliminaire in codes et lois du Congo-Belge, Tome
I, matière civile, commerciales et pénales, Bruxelles, Larcier, 1960, p.49.
37
Article 118, loi organique de 2013 sur l’OCJ.

9
l’équité, c’est-à-dire au sens personnel de la justice et de l’ordre social. L’on peut
définir l’équité comme le sens humain de la pondération et de la conscience sociale du
juge38.

K. La jurisprudence

L’on peut définir la jurisprudence comme un ensemble de décisions


suffisamment concordantes rendues par les juridictions sur une question.39
La jurisprudence peut revêtir plusieurs épithètes 40 :
- elle est constante lorsqu’elle acquiert une certaine permanence par le fait
conjuguer de la répétition et de la confirmation par les juridictions supérieures (Cours
d’Appel et Cour de cassation) ;
- elle est constante et définitive lorsque la Cour de Cassation agissant en
cassation est intervenue pour départager des jurisprudences diverses ;
- l’on parle aussi de jurisprudence « ancienne » en raison de sa vétusté ;
- la jurisprudence est dite récente, lorsqu’elle est encore hésitante et mal
établie ;
- l’on parle également de jurisprudence isolée, lorsqu’elle va dans le sens
contraire de la jurisprudence habituelle ; ou encore la signale alors par la référence
« contra » ;
- l’on dit aussi que la jurisprudence est partagée, incertaine ou flottante
lorsque les tribunaux tranchent différemment une question de droit.
Il y a lieu de noter qu’un seul arrêt de cassation peut fixer d’une manière
constante et définitive la jurisprudence surtout lorsqu’il s’agit d’un arrêt de principe.
La jurisprudence peut être source de droit judiciaire à la condition
qu’elle soit constante car, en ce cas, elle fait partie du droit et l’on ne peut pas s’en
écarter sans mettre en cause la sécurité juridique qui est un facteur du maintien de
l’ordre et de la paix sociale.
Notons que, la jurisprudence permet d’admettre en droit les pratiques
judiciaires, les principes généraux du droit et l’équité.

L. La doctrine

Le rôle de la doctrine est primordial. La doctrine anime considérablement le


progrès et l’évolution du droit par ses analyses, ses recherches et ses critiques, elle
stimule le législateur à améliorer des textes incomplets ou obscurs et elle informe le
juge sur l’évolution de la jurisprudence : bref, la doctrine peut créer une école, une
orientation nouvelle41.

38
Emile Lamy, Le droit privé zaïrois, Kinshasa, 1975 p.118.
39
Raymond GUILLIEN et Jean Vincent, Lexique de termes juridiques, Dalloz, 6ème éd, 1985.
40
E. LAMY, Op. cit., p.124
41
Lire à ce sujet Emile LAMY, op.cit., p.131, n°81.

10
M. Les usages

Il faut distinguer deux catégories d’usages.


Il y a d’abord les usages locaux qui sont légalement prévus par la loi
organique à l’art. 108 : les juges qui allouent des dommages-intérêts d’office peuvent
fonder leur jugement sur la loi, la coutume ou les usages locaux. Il s’agit, en ce cas,
des règles nouvelles nées du commerce social dans un milieu déterminé. Ils ne se
rattachent cependant pas à la coutume.
Il y a les usages qui sont des pratiques judiciaires ayant acquis force de droit,
complémentaire ou dérogatoire à la loi42. Ces usages peuvent être une explication des
textes trop rigides. Mais il y en a qui sont « praeter legem », c'est-à-dire qui vont au-
delà de la pensée du législateur. Ils peuvent aussi être « contra legem» ; en ce cas, ils
constituent une véritable rébellion contre la loi.

5. L’INTERPRETATION DES LOIS DE PROCEDURE

Nous utilisons l’expression lois de procédure dans un sens large. Ce sens


permet d’y inclure les règles d’organisation et de compétence judiciaires.
Le droit judiciaire est soumis à une stricte interprétation, les juges ne peuvent
se permettre de se livrer à une interprétation analogique ou à une large interprétation
des textes de lois organisant le droit judiciaire. Toutefois, les règles de procédure
pénale peuvent faire l’objet d’interprétation extensive en faveur du justiciable 43.
En aucun cas, le silence de la loi ne peut servir de prétexte pour ne pas dire le
droit, ce serait s’exposer à commettre un déni de justice, car, nous avons déjà vu qu’en
cas de silence de la loi, les juges recourent à la coutume, aux principes généraux du
droit ou à l’équité.

6. L’APPLICATION DES LOIS DE LA PROCEDURE

A. L’application dans le temps

Les règles de procédure sont d’application immédiate en ce sens qu’elles


s’appliquent immédiatement au procès déjà engagé. A titre d’exemple : un tribunal
devant lequel une affaire est pendante devra se dessaisir si un texte nouveau lui retire
la compétence, sauf, si ce tribunal a déjà rendu, à l’occasion d’un incident, une
décision qui intéresse le fond de l’affaire44.

B. L’application dans l’espace

42
A. RUBBENS, Le Droit Judiciaire Congolais, Tome I. Le pouvoir, l’organisation et la compétence
judiciaires, Bruxelles, Larcier, 1970, p. 41.
43
A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome III, l’instruction criminelle et la procédure pénale,
Bruxelles-Kinshasa 1965, n°8, p. 36.
44
A. RUBBENS, op.cit., Tome I n° 29B ; Jean Vincent et Serge GUINCHARD, Procédure civile, 22ème
éd., Dalloz, 1991 n° 13, p.26.

11
Le droit judiciaire régissant le fonctionnement d’un service public (cours,
tribunaux et parquets), ne peut concerner que les institutions judiciaires établies sur le
territoire national.
Ainsi, le droit judiciaire congolais ne s’applique pas à l’étranger, même entre
ressortissants nationaux. Mais des conventions internationales peuvent organiser la
coopération des services judiciaires de deux pays souverains.
Le droit congolais prévoit que, les décisions des juridictions étrangères
peuvent s’exécuter en République Démocratique du Congo moyennant exequatur et en
se conformant aux conditions suivantes 45 :
- ces décisions ne peuvent contenir rien de contraire à l’ordre public
congolais ;
- ces décisions doivent être d’après la loi du pays où elles ont été rendues,
passées en force de chose jugée ;
- les expéditions de ces décisions doivent, selon la loi du pays où elles ont
été rendues, réunir les conditions nécessaires à leur authenticité ;
- les droits de la défense doivent avoir été respectés lors de la prise de ces
décisions ;
- le tribunal étranger qui a eu à rendre ces décisions, ne doit pas avoir été
compétent en raison de la nationalité du demandeur.

Ce sont des tribunaux de grande instance qui sont compétents pour


l’exéquatur des décisions des juridictions étrangères.
Ajoutons que, les actes authentiques en formes exécutoires qui ont été dressés
par l’autorité étrangère sont aussi exéquaturés par les tribunaux de grande instance
moyennant le respect des conditions suivantes46 :
- les dispositions dont l’exécution est poursuivie ne doivent avoir rien de
contraire à l’ordre public congolais ;
- ces actes doivent d’après la loi du pays où ils ont été passés, réunir les
conditions nécessaires à leur authenticité.

7. PLAN SOMMAIRE DU COURS

Le cours d’organisation et de compétence judiciaires qui nous occupent se


base essentiellement sur la loi organique n°13/11-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire qui
abroge l’ordonnance loi n°82-020 du 31 mars 1982 portant Code de l’organisation et
de la compétence judiciaire.
Il est subdivisé en trois grandes parties. La première est consacrée aux
principes généraux de l’organisation et de compétence judiciaires.
La deuxième partie aborde, quant à elle, l’étude des structures matérielles et
humaines des cours et tribunaux.

45
L’art. 119 de loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
46
L’art. 121 de loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.

12
Dans cette partie, seront analysées les diverses juridictions existant au Congo
(juridictions civiles, juridictions coutumières et juridictions militaires). Les grades des
magistrats et les différents auxiliaires de la justice (greffiers, huissiers, avocats,
défenseurs judiciaires) seront étudiés.
Dans la troisième partie, après avoir maîtrisé les principes généraux de
l’organisation et de compétence judiciaires et les structures tant matérielles
qu’humaines des cours et tribunaux, il pourra alors être étudié les différentes
compétences qui sont dévolues aux cours et tribunaux de la République Démocratique
du Congo.

13
PREMIERE PARTIE

PRINCIPES GENERAUX DE L’ORGANISATION ET DE LA


COMPETENCE JUDICIAIRE

14
CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION
JUDICIAIRE

1. PRINCIPE DE LA REPARTITION DES FONCTIONS


JUDICIAIRES

Les fonctions judiciaires se répartissent entre 4 organes :


- les cours et tribunaux exercent le pouvoir judiciaire (en vérité l’expression
judiciairement adéquate serait le pouvoir juridictionnel, consistant à dire le droit) ;
- les parquets qui exercent l’action publique et sont les gardiens de la loi et
de l’ordre public ;
- les greffes qui sont les conservateurs des archives des tribunaux ;
- le barreau qui est l’organe chargé d’assurer les droits de la défense.

2. PRINCIPE DE L’INDEPENDANCE DES ORGANES JUDICIAIRES

Le bon fonctionnement de la justice requiert que les 4 organes qui, chacun


dans sa sphère, concourt à l’administration de la justice, soient indépendants.
La Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier
2011 en son art.149 garantit l’indépendance des cours et tribunaux vis-à-vis d’autres
pouvoirs. En effet, l’article précité dispose que : « le pouvoir judiciaire est
indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif » ; l’art. 150 de la même
Constitution renchérit à son al. 2 que : « les juges ne sont soumis dans l’exercice de
leurs fonctions qu’à l’autorité de la loi ».
L’indépendance du pouvoir judiciaire ne signifie pas « séparation », car la
justice doit compter sur la coopération avec les autres pouvoirs ; l’indépendance ne
doit donc pas être absolue, car ce qui importe est qu’il n’y ait ni entrave ni pression
dans la mission propre de l’organe judiciaire. La même affirmation peut valoir pour les
autres organes judiciaires. Les organes judiciaires doivent s’abstenir d’empiéter sur les
prérogatives et pouvoirs de l’exécutif et du législatif.

A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif

Ces relations se caractérisent par les éléments suivants :


- le référé législatif n’existe pas : quand un juge, est saisi d’une contestation
et qu’il y a lacune de la loi, il ne peut surseoir à statuer et demander au parlement de
prendre une loi pour permettre la solution de cette contestation ;
- le parlement peut adopter une loi interprétative : cette loi donne à un texte
de loi un sens déterminé et différent de celui que le juge va vraisemblablement lui
reconnaître ou lui a déjà donné ; cette loi a un effet rétroactif ;
Si la loi interprétative intervient en cours d’instance, fausse totalement le
débat dont elle renverse la solution prévisible. Il s’agit là manifestement de l’ingérence

15
du Parlement dans le pouvoir judiciaire47.
Le législateur ne pourrait adresser des ordres aux juridictions que ce soit pour
leur ordonner ou pour leur interdire un certain comportement ;
Le principe de l’interdiction des arrêts de règlement, qui est formulé en
France par l’art. 4 du code civil, signifie qu’il est interdit au juge de se prononcer par
voie des dispositions générales ou réglementaires sur les causes qui leurs sont
soumises48.
Au Congo, cette interdiction des arrêts du règlement s’applique en droit
congolais en tant que principe général du droit49.
- le juge a l’obligation d’appliquer la loi ; mais, il ne peut tirer prétexte des
lacunes ou des imperfections de la loi pour refuser de statuer a peine de déni de
justice. Cependant, le juge a le pouvoir d’interpréter les textes de lois obscurs par
recherche de la volonté du législateur à travers l’analyse des débats parlementaires ;
- le juge exerce un contrôle juridictionnel de la constitutionnalité des lois.
Ce contrôle peut intervenir par voie d’action : on demande au juge, à titre
principal de constater l’inconstitutionnalité de la loi pour la remettre à néant. Au
Congo, c’est la Cour de Constitutionnelle qui exerce le contrôle. Ce contrôle peut
aussi s’exercer par voie d’exception d’inconstitutionnalité soulevée par un plaideur
devant tout tribunal.

B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif

Ces relations se caractérisent par les éléments suivants :


a) Au Congo, la Cour de cassation, ne contrôle pas les actes législatifs car il
existe une Cour Constitutionnelle.
b) Les actes du Gouvernement échappent au contrôle du pouvoir judiciaire : Il
s’agit des actes chargés pourvus d’une immunité de juridiction. Ils échappent à tout
contrôle juridictionnel. Administratif ou constitutionnel.
Exemple : actes relatifs aux relations internationales : exercice de la fonction
diplomate50, les actes relatifs à la nomination des membres du gouvernement, les actes
de dissolution du parlement, etc…
c) Il y a interdiction pour les juges de faire acte d’administration.
Sur le rôle de l’administration en se substituant à elle, en accomplissant à sa
place des actes d’administration ou en lui ordonnant de prendre une mesure juridique
ou matérielle.
d) l’indépendance fonctionnelle du juge doit être assurée par un aménagement
de son statut particulier, c’est ainsi que sa promotion professionnelle ne peut pas
dépendre du Gouvernement.
Il est nommé et promu sur proposition du Conseil Supérieur de la
Magistrature et après avis conforme du Parlement de la République.

47
Jean Vincent, Serge Guinchard, Gabriel Montagnier et André Varinand, La justice et les institutions,
3ème édition, Dalloz, Paris 1991, n°69
48
J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINAND, op.cit., n°70.
49
E. LAMY, op. cit, p.74.
50
J. VINCENT , S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER & A. VARINARD, op.cit. 78.

16
L’indépendance fonctionnelle du juge est également assurée par
l’inamovibilité qui veut que le juge ne puisse sans son consentement recevoir une
affectation nouvelle même en avancement 51.
Au Congo, le principe d’inamovibilité du juge, qui avait été reconnu dans la
loi fondamentale du 19 juin 1960 relative aux structures du Congo et par la
Constitution du 1er août 1964, a été abrogé, pour des raisons pratiques de
fonctionnement de la justice dans la Constitution du 24 juin 1967. L’Acte
Constitutionnel de la Transition ne le garantissait pas ; mais, le projet de Constitution
de la 3ème République élaboré par la C.N.S l’avait néanmoins garanti (art 132).

3. PRINCIPE DU MONOPOLE DES ORGANES JUDICIAIRES

Le monopole du pouvoir judiciaire est garanti par la Constitution. En effet,


celle-ci est hostile à la création de toute juridiction en dehors de la hiérarchie unique
des cours et tribunaux.
L’art. 149 al. 4 de la Constitution du 18/02/2006 dispose en effet qu’ : « il ne
peut être créé des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque dénomination
que ce soit ». Par contre la même disposition confère expressément à la loi le pouvoir
de créer des juridictions spécialisées52.
Dans certains textes de lois et de règlements, on trouve mentionnée
l’expression « juridiction de droit commun », l’usage de cette expression laisse
entendre qu’il existerait dans le droit congolais des juridictions d’exception ; certains
juristes soutiennent ce point de vue, que nous ne pouvons pas partager pour des
raisons suivantes :
1° L’expression « juridictions d’exception » est inconstitutionnelle et
anachronique ; elle est inconstitutionnelle au regard de l’article 149, al.5 de la
Constitution du 18 février 2006.
Elle est anachronique pour les motifs suivants : durant les cinq premières
années de son indépendance, le Congo a connu des graves troubles politiques,
caractérisés notamment par la sécession de certaines provinces du pays.
Le Gouvernement central, pour faire face à cette grave situation, avait eu
recours à une mesure politique exceptionnelle : l’état d’exception ; qui fut proclamé
dans certaines provinces, qui de ce fait, étaient placées sous le commandement d’un
commissaire général extraordinaire, nanti de pleins pouvoirs. Pendant l’état
d’exception, les juridictions ordinaires étaient mises en veilleuse ; elles furent
remplacées par les juridictions dites « d’exception », créées pour les besoins de la
circonstance ; ces juridictions furent célèbres pour le caractère partial et excessif de
leurs décisions et pour leurs abus fort nombreux. C’est pourquoi, elles furent
supprimées en 1964, par la Constitution dite de Luluabourg, enterrant ainsi
définitivement le régime d’exception ; d’où, l’interdiction qui figure jusqu’aujourd’hui

51
Idem, n°85.
52
Article 149, tel modifié par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de la constitution du 18
février 2006

17
dans la Constitution de créer des tribunaux de circonstances, qu’ils soient appelés
« juridictions d’exception » ou « tribunaux extraordinaires ».
2° L’expression « juridiction d’exception » entendue au sens du droit
français, est aussi incorrecte si l’on veut introduire son usage en droit Congolais ; en
effet, en droit français, cette expression couvre trois notions ; elle vise :
- les juridictions politiques ;
- les juridictions spéciales notamment les juridictions des enfants et les
juridictions militaires ;
- les juridictions extraordinaires.
Entendue au sens de juridiction politique, l’usage de cette expression est
incorrect, parce qu’au Congo, les hommes politiques ne sont pas comme en France,
jugés par des juridictions politiques, c’est-à-dire des organes dont le plus souvent, le
personnel est politique et dont les procédures suivies ne sont pas celles des codes
ordinaires53.
Au Congo, les hommes politiques sont jugés, selon le cas, soit par la Cour
Constitutionnelle, soit par la Cour de cassation qui applique au jugement des prévenus,
les règles de la procédure pénale, du droit pénal et de la loi organique sur
l’organisation, fonctionnement et compétence des juridiction de l’ordre judiciaire.
- Entendue au sens de juridiction extraordinaire, c’est-à-dire des
juridictions caractérisées par le fait qu’elles sont temporaires en ce sens qu’elles
disparaissent avec les circonstances qui les ont motivées 54.
Le monopole du parquet n’est pas garanti par la Constitution, mais il ne fait
pas de doute : le Ministère Public a bien le monopole de l’exercice de l’action
publique. En procédure pénale, on étudiera cependant que dans certains cas, le
Ministère Public est limité, parfois empêché d’exercer l’action publique, qui peut être
dévolue à d’autres organes. Le monopole du greffe est évident.
Le monopole du barreau est affirmé par l’art. 6 de l’Ordonnance-Loi n°79/08
du 28 septembre 1979 ; mais ce même article prévoit que la loi peut dans des cas et
selon les modes prévus, déroger à ce monopole. Par ailleurs, les parties ont toujours le
droit de se défendre elles-mêmes (art. 21 al. 3 de la Constitution de la Transition).
Il nous faut ajouter, que le monopole du barreau et du corps des défenseurs
judiciaires en matière d’assistance et de représentation se trouve remis en cause par
l’art. 19 al. 4 de la Constitution du 18/02/2006 qui prévoit le droit pour toute personne
poursuivie d’être entendue en présence de son avocat, de son défenseur judiciaire ou
de toute personne de son choix.

4. PRINCIPE DE L’EGALITE DE TOUS LES CONGOLAIS DEVANT


LA LOI

L’égalité en droit est entendue comme, un principe d’après lequel tous les

53
R. MERLE & A. VITU, Traité de droit de criminel, Procédure pénale, Edition Cujas, 4è édition, 1989
n° 539
54
R. MERLE, A. VITU, op.cit., n°540.

18
individus de part leur création, doivent être considérés comme semblables, sans
distinction de personne, race, religion, classe ou de fortune 55. En ce sens, il est interdit
une quelconque discrimination quelle qu’elle soit à l’égard des membres de la
communauté. Il s’agit là d’une question substantielle et inhérente à la nature humaine.
Dans le domaine judiciaire, le concept égalité de tous se traduit par la règle de
traitement identique devant la justice. Celle-ci exige que tous les justiciables, se
trouvant dans les mêmes conditions, sans considération de leur moyen, origine ; soient
jugés par les mêmes juridictions selon les mêmes règles de procédure et de fond. Le
juge appelé à trancher le litige doit, dans sa conduite, se passer de toute considération
subjectiviste liée à la personne. Il doit, dans sa fonction juridictionnelle, s’en tenir
qu’aux faits qui lui sont soumis.
Cette égalité se trouve garantie, notamment, par la Constitution du 18 février
2006 telle que modifiée à ce jour, à son article12 « Tous les congolais sont égaux
devant la loi et ont droit à une égale protection des lois ». Mais égalité n’est pas
synonyme d’identité, car tous en étant égaux, les Congolais peuvent relever de deux
ordres juridiques différents : droit écrit ou droit coutumier. Certes l’unité juridique se
trouve aujourd’hui réalisée en matière du droit de la famille qui régit depuis le 01 août
1987, tous les Congolais (tel que modifié en 2016).
Mais qu’en est-il pour les autres branches du droit privé, notamment les biens
et les obligations ? Avant l’indépendance, les Belges avaient institué
l’immatriculation, institution par laquelle les Congolais qui avaient assimilés l’esprit
du droit écrit, faisaient option en faveur de ce droit, renonçant ainsi définitivement au
droit coutumier, considéré à l’époque comme un droit inférieur.
L’art. 2 de la loi fondamentale du 17 juin 1960 relative aux libertés publiques,
ayant proclamé l’égalité de tous les Congolais en dignité et en droit ; nous soutenons
que par ce fait a été abrogée l’institution de l’immatriculation dont le caractère
discriminatoire est incontestable.
Mais il faut reconnaître que cette abrogation a donné naissance à une situation
favorisant la fraude légale et la confusion juridique ; en effet, dans le domaine des
biens et des obligations, ou l’unicité du droit n’est pas encore réalisée, tout congolais
peut invoquer indifféremment les règles du droit civil et les règles du droit coutumier ;
la tentation est grande de voir le congolais invoquer les règles de l’ordre juridique qui
lui paraissent favorables selon les données du conflit ; ceci crée de l’insécurité
juridique qui n’est guère favorable au commerce juridique.
Dans le domaine judiciaire, l’égalité devant la loi se traduit par la règle de
l’égalité devant la justice, qui exige que tous les justiciables se trouvant dans la même
situation soient jugés par les mêmes tribunaux, selon les mêmes règles de procédure et
de fond ; mais cette égalité connaît des limites de droit et des limites de fait.
Au titre des limites de droit, nous citerons le privilège de juridiction, les
immunités et le principe de l’inexécution forcée contre l’État et les autres personnes
morales de droit public (sociétés paraétatiques et établissements d’utilité publique).

55
CORNU, G., Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2009, p. 347.

19
Le privilège de juridiction est une dérogation aux règles de compétence
matérielle répressive, qui fait que certaines catégories de personnes doivent être jugées
par des juridictions bien déterminées, à l’exclusion de toutes les autres et ce dans le
noble souci d’empêcher que ces personnes ne puissent influencer ces juridictions.
Les immunités constituent également des dérogations aux règles de
compétence matérielle prévues par la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur le
droit des traités. Elles ont pour effet d’empêcher toute poursuite à l’égard des
diplomates en fonction quelle que soit l’infraction qu’ils adviendraient à commettre
sur le territoire de l’État hôte sauf levée de ces immunités par l’État d’affectation.
En matière d’exécution de jugement, normalement la partie gagnante du
procès, par exemple, si elle bénéficie d’un jugement qui a condamné son adversaire à
des dommages-intérêts, peut procéder à ce qu’on appelle « l’exécution forcée » qui
peut revêtir plusieurs formes : saisie-exécution, saisie conservatoire, saisie-arrêt ou
saisie immobilière. Il faut indiquer que depuis l’entrée en vigueur des actes uniformes
de l’OHADA, en particulier l’acte uniforme relatif aux procédures simplifiées de
recouvrement des créances et voies d’exécution, la saisie-arrêt est remplacée par la
saisie attribution des créances.
Lorsque c’est l’État ou une personne morale de droit public qui est
condamnée à payer ces dommages-intérêts un principe général du droit empêche
l’exécution forcée dudit jugement. L’État bénéficie ainsi de l’immunité d’exécution.
La raison est qu’on ne peut pas concevoir que l’État puisse retourner contre lui-même
la force publique qu’il utilise pour assurer le maintien de l’ordre public. Mais la raison
pratique fondamentale réside, à notre sens, dans le souci de ne pas voir perturber, pour
la satisfaction des intérêts individuels, le fonctionnement de l’État ou d’une personne
morale de droit public, qui poursuit la satisfaction de l’intérêt général.
Il nous faut cependant noter qu’un acte de la C.N.S avait en son temps décidé
qu’on peut exécuter par la force contre une personne morale de droit public sauf contre
l’État et les établissements publics à caractère scientifique et social.
Au titre des limites de fait, il y a lieu de noter les inégalités économiques ou
sociales. Bien souvent les ressources financières des parties en présence peuvent
permettre à la partie qui a plus de moyens financiers, d’user des manœuvres
dilatoires ; bien entendu, la loi a imaginé des mécanismes qui tendent à réduire ce
genre d’inégalité. C’est ainsi qu’on a créé l’aide juridique et la procédure du « pro
deo » d’un conseil.
La Constitution du 18/02/2006 ne garantit pas l’égalité des étrangers devant
les juridictions du Congo. Mais cette égalité ne fait pas de doute, car, elle relève des
règles de notre hospitalité56.

56
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, Précis, éd. Dalloz,,
1992, n° 82 à 84.

20
5. PRINCIPE DE LA GRATUITE DE LA JUSTICE

La gratuité de la justice est une garantie démocratique qui permet aux plus
humbles d’obtenir le respect de leurs droits ; c’est le corollaire de l’égalité devant la
justice. Le système de la gratuité s’oppose au système des épices qui existe là où les
justiciables doivent payer leurs juges. C’était le régime qui était en vigueur en France
jusqu’en 1790 ; c’était également le même système que connaissent bon nombre des
coutumes congolais. Aujourd’hui, les parties payent encore leurs arbitres (juges
privés) ; mais les magistrats et les greffiers sont payés par l’État ; il en est de même de
l’huissier.
La gratuité de la justice n’exclut pas le payement des honoraires des avocats
ou des défenseurs judiciaires ni le payement des frais de justice. C’est cela qui fait dire
que la justice est gratuite mais elle est onéreuse de sorte que la conduite d’un procès
peut être très onéreuse, même pour la partie qui a gagné le procès car tous les frais ne
sont pas compris dans les dépens lesquels se récupèrent sur la partie perdante. Une
telle situation est de nature à empêcher les indigents de faire valoir leurs droits en
justice, en dépit du principe de la gratuité de la justice. C’est pour écarter ce danger et
assurer le respect absolu de ce principe que la loi a organisé l’assistance judiciaire
gratuite.
L’assistance judiciaire gratuite peut se présenter sous quatre aspects :
a) L’assistance judiciaire gratuite peut consister au bénéfice gratuit d’un
conseil (avocat ou défenseur judiciaire). En matière de droit privé, le bénéfice gratuit
d’un conseil est prévu par l’art. 68l de la loi organique sur l’OCJ qui dispose que les
officiers du Ministère Public, peuvent par voie de requête écrite, demander au
président de la juridiction, la désignation d’un conseil chargé d’assister les personnes
physiques lésées qui seraient inaptes à ester en justice, à assurer leur défense ou à y
pourvoir.
Remarquons, qu’ici la loi a voulu venir en aide non seulement aux personnes
dépourvues des moyens financiers, mais, aussi aux personnes inaptes à agir en justice
ou à assurer leur défense, c’est-à-dire des personnes qui, culturellement parlant, ne
maîtrisent pas les organes du fonctionnement de l’appareil judiciaire (c’est la grande
majorité des Congolais).
En matière répressive, la désignation d’office d’un conseil en faveur des
inculpés ou des prévenus indigents ne trouve à l’heure actuelle aucune base légale. Le
statut du barreau de 1968 (Ordonnance-Loi n°68/247 du 10/07/1968 avait rendu
compétent le président du Tribunal de Grande Instance pour requérir les avocats et les
stagiaires pour assister gratuitement les indigents ; la loi n° 76/026 du 23 décembre
1976 a étendu ce bénéfice du « pro deo » d’un conseil aux inculpés. Malheureusement,
le statut du barreau du 29 septembre 1979 ne contient aucune disposition réglementant
l’assistance judiciaire gratuite d’un conseil. Mais les présidents des juridictions se sont
attribués au plan pratique, le pouvoir de désigner d’office un conseil en faveur des
indigents.

21
b) L’assistance judiciaire gratuite peut aussi consister au bénéfice de la
dispense de consignation des frais : lorsqu’une partie veut agir en justice, elle se
présente devant le greffier ; ce dernier, avant d’effectuer tout acte quelconque que la
partie veut faire accomplir (recevoir une assignation, acter une déclaration d’appel,
d’opposition ou du pourvoi en cassation, etc.) va exiger que la partie consigne des
frais : il s’agit en quelque sorte de payer à l’État, une somme d’argent à titre
d’acompte, sur les frais judiciaires. Lorsque la partie est indigente, elle peut être
dispensée de la consignation par une ordonnance du président ; l’indigence est
constatée par le juge ou le président de la juridiction devant laquelle l’action est ou
doit être intentée ; ceci est valable en matière civile, et même devant la Cour de
cassation.
c) L’assistance judiciaire gratuite peut également consister en la délivrance
en débat des pièces de procédure ; normalement le greffier ne peut délivrer, sauf au
ministère public, grosse, expédition, extrait ou copie d’un jugement, portant
condamnation à des dommages-intérêts, avant que le droit proportionnel n’ait été payé
(art. 134 du Code de procédure pénale, art. 157 du Code de procédure civile).
Mais, en cas d’indigence constatée par le juge ou par le président de la
juridiction qui a rendu le jugement, la grosse, une expédition, un extrait ou une copie
peut être délivrée en débat, c’est-à-dire que les frais sont supportés par le trésor public,
la partie indigente bénéficiaire ne débourse aucune somme d’argent.
d) L’assistance judiciaire gratuite peut enfin revêtir la forme de
consultation gratuite. A l’heure actuelle, l’art. 43 de l’ordonnance-loi n° 79/08 du 29
septembre 1979 portant organisation du barreau, du corps des défenseurs judiciaires et
du corps des mandataires de l’état a convié au conseil de l’ordre, le soin d’organiser un
bureau de consultation gratuite en faveur des indigents en déterminant les conditions
de son fonctionnement. Nous déplorons pour notre part, qu’une matière aussi
importante soit laissée à la discrétion du conseil de l’ordre ; compte tenu de
l’ignorance aggravée par le fait que bien souvent le droit congolais se trouve en porte-
à-faux avec les réalités socioculturelles de notre pays, la solution idéale, selon nous,
est de voir la loi elle-même organiser entièrement le fonctionnement du bureau de
consultation gratuite en faveur des indigents.
En France, la loi du 3 janvier 1972 avait institué l’aide judiciaire, expression
qui a été remplacée par l’aide juridique depuis la loi du 10 juillet 1991 : il s’agit de
permettre aux plaideurs dont les revenus ne dépassent pas une certaine somme, de
bénéficier du concours gratuit des avocats et des officiers ministériels et de l’avance
par l’Etat des frais occasionnés par les mesures d’instruction. Il faut cependant
préciser que l’aide juridique porte également sur la consultation, l’assistance au cours
de procédure non juridictionnelles (juridiction gracieuse) et les procédures
d’exécution57.

57
J. VINCENT, S.GUINCHARD G. MONTAGNIER et A. VARINAID, op. cit, n° 958.

22
6. PRINCIPE DE L’IMPARTIALITE DU JUGE

La Constitution du 18 février 2006 en son art 150 al. 2 proclame l’impartialité


du juge « les juges ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à l’autorité de la
loi ». Il en est de même de l’art. 153 de la même Constitution telle que modifiée.
L’impartialité du juge est aussi garantie par la loi organique de 2013 sur
l’OCJ. Cette garantie est consacrée par les articles 49 à 59 qui instituent la récusation
et le déport du juge, tandis que les articles 60 à 62 réglementent le renvoi pour cause
de sûreté publique ou de suspicion légitime. Des notions que nous verrons plus loin
comme règles de fonctionnement communes aux cours et tribunaux de droit écrit.
Le code judiciaire militaire à l’art. 235 permet à toute juridiction militaire de
condamner sur le champ toute personne qui, à l’audience, se rend coupable envers le
tribunal, ou envers l’un des membres, des voies de fait, d’outrages ou des menaces par
propos ou par gestes.

7. PRINCIPE DE LA COLLEGIALITE

Ce principe exige que l’œuvre juridictionnelle soit celle de plusieurs juges


qui, appelés à siéger dans une affaire, doivent être au moins trois.
La collégialité est de règle en toute matière pénale même devant le tribunal de
paix58.
En matière civile, c’est le principe de juge unique qui s’applique au premier
degré mais la collégialité s’impose au niveau d’appel 59. La collégialité s'impose devant
le tribunal de paix lorsqu'il statue en application de la coutume 60.
La collégialité présente l’avantage de fournir une meilleure justice en ce sens
qu’elle permet de mieux peser les arguments, de mieux motiver les décisions et de
garantir une plus haute impartialité sans compter qu’elle protège chaque membre
contre les pressions et assure une plus forte indépendance à tous 61. Il semble même
qu’à compétence technique égale, plusieurs juges rendront une meilleure décision
qu’un seul62. Grâce à cette collégialité, la justice est par ailleurs réputée impartiale par
le fait que les juges exercent les uns sur les autres un contrôle réciproque, celui-ci
élimine ainsi les risques de collusion destinée à favoriser une partie aux dépens d’une
autre. Cependant, ce principe n’est pas à l’abri des critiques. On parle de l’ascendance
que peut avoir certains juges sur d’autres. Ce qui amène certains à soutenir l’unité du
siège des juridictions. Il s’agit de confier au juge un plus grand sens de responsabilité.

58
Art.10, loi organique de 2013 sur l’OCJ
59
Art. 16, 22 et 34, loi organique de 2013 sur l’OCJ
60
Idem
61
R. MERLE. & A. VITU, op. cit., n° 569.
62
MUPILA op.cit. p. 18.

23
8. PRINCIPE DE L’ITINERANCE63

Les juridictions ne sont pas obligées de tenir les audiences judiciaires à leur
siège ordinaire ; elles peuvent tenir des audiences judiciaires en dehors de ce siège en
se déplaçant à l’intérieur de leur ressort, selon les besoins de service ; cela permet de
rapprocher la justice des justiciables ; mais, l’on doit veiller à ce que l’itinérance ne
puisse pas empêcher le fonctionnement de la justice au siège ordinaire, d’où
l’expression audience foraine, pour parler d’une audience qui se tient en dehors du
siège ordinaire du tribunal.

9. PRINCIPE DU DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION

Ce principe garantit le droit pour toute affaire soumise aux cours et tribunaux
de faire l’objet d’examen quant au fond, à deux niveaux :
- au premier degré et ;
- en appel (2ème degré).
Ce principe se trouve garanti par la Constitution du 18/02/2006 en son art. 21
al. 2 sans préjudice de son application à l’endroit des justiciables de la Cour
Constitutionnelle, la Cour de Cassation et du Conseil d’Etat.
Deux raisons justifient le principe du double degré de juridiction : il s’agit
tout d’abord de veiller à ce que les décisions des tribunaux, qui peuvent être entachées
d’insuffisances ou d’erreurs, voire d’injustice, fassent l’objet d’un second examen.
Ensuite, du seul fait de savoir que sa décision pourrait être réformée en appel, le juge
du premier degré sera incité à redoubler de zèle et de conscience professionnelle, car,
en plus de son rôle réformateur, la juridiction d’appel joue, indirectement un rôle de
surveillance et d’appréciation de la compétence technique et morale du juge de
juridiction inférieure.
En droit privé congolais, l’appel n’est pas exclu en ce qui concerne les litiges
simples ou peu importants, car, une cause peu importante peut avoir une grande
répercussion sur le plan social et psychologique. Ainsi donc la mutation dite « de
ferctu sommae » n’existe pas ; toutefois, il existe des cas d’interdiction d’appel.
Une cause ne peut être examinée que deux fois par les tribunaux quant au
fond ; il n’y a pas de troisième degré de juridiction pour statuer sur le fond.
10. PRINCIPE DE LA CASSATION

Toute décision pénale ou civile, rendue en dernier ressort par un tribunal ou


une cour et qui viole la loi ou la coutume, est susceptible d’être attaquée au moyen
d’un pourvoi en cassation formé devant la Cour de cassation.
Le terme « décision » est de large compréhension, il faut y inclure aussi les

63
L’art. 45 à 48 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.

24
ordonnances qui statuent en dernier ressort en matière de détention préventive. A
l’heure actuelle, les décisions des juridictions militaires sont soumises au même sort.

11. PRINCIPE DU JUGE NATUREL

En matière pénale, l’expression « juge naturel » désigne le juge vivant devant


un prévenu lequel doit comparaître pour être jugé et déterminé soit la gravité de la
peine qui doit sanctionner l’infraction commise, (c’est le principe de fixation de la
compétence matérielle), soit selon le rang social ou la qualité du prévenu (c’est le
principe de la fixation de la compétence personnelle).
En matière de droit privé, le juge naturel est également désigné par les règles
de l’organisation judiciaire. Ainsi, le tribunal de paix est reconnu compétent pour
connaître des litiges portant sur le droit de la famille, les successions, les libéralités et
les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume ; il connaît
également de toutes les autres contestations susceptibles d’évaluation pour autant que
leur valeur ne dépasse pas deux millions cinq cent milles francs congolais (art. 110 de
la loi organique du 11 avril sur l’OCJ), le Tribunal de Grande Instance connaît de
toutes les contestations qui ne sont pas de la compétence du Tribunal de paix (art. 112
de la loi organique du 11 avril sur l’OCJ).

25
PARTIE II. STRUCTURES MATERIELLES ET HUMAINES DES
COURS ET TRIBUNAUX
Il s’agit dans cette partie de l’organisation des juridictions de l’ordre judiciaire et du
personnel judiciaire. Nous verrons successivement la hiérarchie et la composition des cours
et tribunaux en RDC (Chap. 1), les règles de fonctionnement des Cours et tribunaux (Chap.
2).

CHAPITRE 1. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS


ET TRIBUNAUX EN RDC

Le Constituant du 18 février 2006, dans son exposé des motifs, au point 3


relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir judiciaire a estimé nécessaire, pour
plus d’efficacité, de spécialité et de célérité dans le traitement des dossiers, d’éclater
en trois ordres juridictionnels les cours et tribunaux congolais, à savoir :
- les juridictions de l’ordre judiciaire placées sous le contrôle de la Cour de
Cassation ;
- celles de l’ordre administratif, coiffées par le Conseil d’État et
- la Cour constitutionnelle.
Selon les dispositions de l’art 149 al.1 de la Constitution de 2006 « le pouvoir
judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Il est dévolu aux
Cours et Tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le
Conseil d’État, la Haute Cour militaire, les cours et tribunaux civils et militaires ainsi
que les parquets rattachés à ces juridictions ». Disposition qui a été modifiée par la loi
de 2011.
Tirant conséquence de cet état des choses, l’étude des structures matérielles
(cours et tribunaux), reflétera la séparation de ces trois ordres de juridictions.

SECTION I. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L’ORDRE


JUDICIAIRE

Il importe de relever que, l’ordre judiciaire comprend d’une part les


juridictions ordinaires (civiles et militaires) et, d’autre part les juridictions spécialisées.

S/SECTION 1. LES JURIDICTIONS ORDINAIRES

Ces juridictions sont organisées par la loi organique n°13/011-B portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. Elles sont habilitées à
juger principalement les civils et comprennent, le Tribunal de paix (§1), le Tribunal de
grande instance (§2), la Cour d’appel (§3) et la Cour de cassation (§4).

§1. Tribunal de paix

Régi par les articles 7 à 13 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, le
Tribunal de paix a un ressort qui couvre la circonscription administrative d’une ville

26
ou d’un territoire/commune. Il comprend un Président, magistrat de carrière et, dans
certaines circonstances, deux juges assesseurs.
- Création : un ou plusieurs dans chaque ville ou territoire ;
- Siège ordinaire et ressort : fixé par le Premier ministre ;
- Composition : - Un président ; un ou plusieurs juges et deux ou plusieurs
assesseurs choisis parmi les notables du ressort du tribunal. Ces juges assesseurs sont
régis par un statut particulier, alors qu’ils étaient nommés par le Ministre de la
Justice sous l’ancien régime ; la nouvelle loi d’organisation et de compétence
judiciaires a retiré cette compétence au ministre de la Justice en faveur du Président de
la juridiction.
- Tenue des audiences : collégialité (trois juges) en matière pénale et celle
requérant l’application de la coutume, sauf en matière de droit privé ou matière civile
où la composition est à juge unique.
- La grande innovation de la nouvelle loi organique au niveau des Tripaix
réside en ce qu’elle supprime le système de juge unique au profit du système collégial
en matière pénale, quand bien même il garde ce système en matière civile.
- En outre, la loi organique rend obligatoire la présence du ministère public,
en instituant même un parquet près cette juridiction.
- Là où les tribunaux pour enfants (TPE) ne sont pas installés, les tribunaux
de paix jouent le rôle des TPE au premier degré.
- Le tribunal de paix siège avec l’assistance du greffier.

§2. Tribunal de Grande Instance

Régi par les articles 14 à 18 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, le
Tribunal de grande instance a un ressort qui couvre la circonscription administrative
d’une ville. Avec la subdivision du pays en 26 provinces, les districts n’existent plus
et les TGI sont installés dans les villes et sont un ou plusieurs TGI dans une ville.
Le Tribunal de Grande Instance siège à 3 juges (siège collégial) en matière
pénale et civile et à un seul juge en matière d’urgence (juridiction présidentielle).
Dans le cas où l’effectif des juges du tribunal de grande instance présents au lieu où le
tribunal tient une audience ne permet pas de composer le siège, le président du tribunal
peut assumer, au titre de juge, sur réquisition motivée du Procureur de la République,
un magistrat du Parquet près le tribunal de grande instance, un avocat ou un défenseur
judiciaire résidant en ce lieu ou un magistrat militaire du tribunal militaire de garnison
ou du parquet militaire près cette juridiction (Voir article 16 du Code d’OCJ).
L’avocat ou le défenseur judiciaire assumé prête serment prévu à l’article 10 du Code
d’OCJ devant le président.
Là où les tribunaux de travail et les tribunaux de commerce ne sont pas
installés, le TGI fait office de ceux-ci et de tribunal pour enfants (TPE) au second
degré, le premier degré étant assuré par le Tripaix.

- Création : un ou plusieurs tribunaux dans chaque ville ;

27
- Siège ordinaire et ressort : fixés par Premier ministre ;
- Composition organique : un Président et des juges ;
- Tenue des audiences : 3 juges seulement ;
- Le tribunal siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance du
greffier.

§3. La Cour d’Appel

Régie par les articles 19 à 23 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, la
Cour d’appel a un ressort qui couvre la circonscription administrative de toute une
province à l’exception notamment de la ville – province de Kinshasa qui compte deux
cours d’appels à savoir : celle de Kinshasa/Gombe et de Kinshasa/ Matete.
La Cour d’Appel est une juridiction à siège collégial de trois juges. Toutefois,
le siège collégial peut être composé de cinq juges, lorsque cette juridiction est appelée
à statuer en matière des crimes internationaux (crimes de guerre, crimes contre
l’humanité et crimes de génocide).
- Création : une Cour d’Appel par province et plusieurs Cours d’Appel à
Kinshasa (2 pour le moment) Kinshasa /Gombe et Kinshasa/Limete.
- Siège ordinaire : - Chef-lieu de province
- Composition :
- Un premier président, un ou plusieurs présidents, des conseillers.
- Tenue des audiences : - 3 membres en principe. 5 membres
exceptionnellement.
- La Cour siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance du
greffier.
- Le greffe de la Cour d’appel fonctionne avec des greffiers placés sous
l’autorité du greffier principal et qui font l’administration au sein de cette Cour. De
même que le TGI a des greffiers placés sous l’autorité du greffier divisionnaire et le
Tripaix sous l’autorité du greffier titulaire. Toutes ces juridictions ne peuvent
fonctionner sans l’appui du service de greffe.

§4. La Cour de cassation

Le ressort de la Cour de cassation s’étend sur toute l’étendue du territoire de


la République Démocratique du Congo. Elle comprendra un président, des présidents
des chambres et des conseillers. Sa composition intègre des conseillers référendaires
qui sont des assistants des membres de la Cour pour l’accomplissement aisé de leurs
tâches. Elle siègera avec le concours du Procureur Général qui proviendra du Parquet
général près cette Cour.
Ce parquet général comprend également en son sein plusieurs avocats
généraux. Elle est sommairement régie par les articles 24 à 36 la loi n°13/011-B du 11
avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de
l’ordre judiciaire. En sus de cette loi, la loi organique n° 13/012 du 19 février 2013

28
relative à la procédure devant la Cour de cassation détermine son organisation, sa
composition et son fonctionnement.

S/SECTION 2. LES JURIDICTIONS SPECIALISEES

§1. Les Tribunaux pour enfants

Lorsqu’un enfant est en conflit avec la loi, il est prévu des mécanismes de
poursuites différents de ceux des adultes. C’est ainsi que la loi n°09/001 du 10 janvier
2009 portant protection de l’enfant a prévu la création des tribunaux spéciaux pour les
enfants64.

1. Compétences du Tribunal pour enfant

La compétence personnelle du tribunal pour enfant s’étend à tous les enfants


âgés de moins de 18 ans. Toutefois il faut signaler particulièrement que pour ceux âgés
de moins de 14 ans, ils bénéficient, en matière pénale d’une présomption irréfragable
d’irresponsabilité. Considérant que tels enfants agissent sans discernement, le juge doit
donc les relaxer. En cas de préjudice, c’est le civilement responsable qui devra payer
des dommages et intérêts à la victime. L’âge à prendre en compte est l’âge au moment
des faits.
Est territorialement compétent, le tribunal de la résidence habituelle de
l’enfant, de ses parents ou tuteur, du lieu des faits, du lieu où l’enfant aura été trouvé,
ou du lieu où il a été placé, à titre provisoire ou définitif 65.
Signalons que le Décret n°11/01 du 05 janvier 2011 portant création des
tribunaux pour enfant, fixe le ressort de ceux-ci en raison d’un tribunal par territoire
rural et un par ville urbaine.
Quant à la compétence matérielle, le tribunal pour enfants est seul compétent
pour connaître des matières dans lesquelles se trouve impliqué l’enfant en conflit avec
la loi. Il s’agit de tout acte qualifié d’infraction par la loi pénale, mais aussi des
matières se rapportant à l’identité, la capacité, la filiation, l’adoption et la parenté
telles que prévues par la loi. Dans ce cas, les règles communes en matière de
procédure civile s’appliquent.

2. Composition

Contrairement aux juridictions ordinaires, le principe du double degré de


juridiction connait une application non pas dans deux différentes juridictions, mais
dans un seul. En effet, le tribunal pour enfants est composé de la chambre de première

64
Article 149, al.5 de la Constitution du 18 février 2006. Lire aussi l’Exposé de motifs de la loi n°09/001
du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en RDC
65
Article 101 de la loi n°09/001 sur la protection de l’enfant. Signalons que jusqu’à 17 ans et 364 jours
l’enfant est considéré comme mineur et ne peut être pénalement responsable. L’acte qu’il commet bien
qu’infractionnel ne peut pas engagé sa responsabilité parce que le législateur considère que l’enfant n’est
pas conscient de ses actes.

29
instance (elle siège à juge unique) et la chambre d’appel (elle siège à trois juges). Les
deux chambres sont indépendantes l’une de l’autre quant à leur fonctionnement. Le
tribunal pour enfants siège avec le concours du ministère public du ressort et
l'assistance d'un greffier.
Le tribunal pour enfants comprend un président et des juges, tous affectés par
le Conseil Supérieur de la Magistrature parmi les magistrats de carrière spécialisés et
manifestant de l’intérêt dans le domaine de l’enfance.
Il est doté d’au moins un assistant social affecté par les services provinciaux
ayant les affaires sociales dans leurs attributions.

3. Procédure

Le tribunal pour enfants est saisi par :


1) la requête de l’officier du ministère public du ressort dès qu’il a
connaissance des faits portés contre l’enfant ;
2) la requête de l’officier de police judiciaire dès qu’il a connaissance des
faits portés contre l’enfant ;
3) la requête de la victime ;
4) la requête des parents ou du tuteur ;
5) la requête de l’assistant social ;
6) la déclaration spontanée de l’enfant ;
7) la saisine d’office du juge.

Lorsque le tribunal est saisi par l’officier de police judiciaire, celui-ci en


informe immédiatement l’officier du ministère public du ressort.
Tout au long de la procédure, l’enfant suspecté ou accusé d’un fait qualifié
d’infraction par la loi pénale bénéficie, sous peine de nullité de la procédure,
notamment des garanties ci-après 66:
1. le droit à la présomption d’innocence et à un procès équitable ;
2. la présence au procès ;
3. le droit d’être informé, dans le plus bref délai, dans une langue qu’il
comprend et de manière détaillée, de la nature et des motifs de l’accusation portée
contre lui ;
4. le droit à l’assistance par un conseil de son choix ou désigné d’office par le
juge ;
5. le droit de voir son affaire être jugée dans un délai raisonnable;
6. le droit à un interprète ;
7. le droit au respect de sa vie privée à toutes les étapes de la procédure ;
8. le droit d’être entendu en présence des parents, du tuteur, de la personne
qui en a la garde ou de l’assistant social ;
9. le droit de ne pas être contraint de plaider coupable ;
10. le droit d’interroger ou de faire interroger des témoins à charge et à
décharge et à obtenir la comparution et l’interrogatoire des témoins.

66
Article 104 de la loi sur la protection de l’enfant.

30
§2. Les Tribunaux de travail

Il convient de parcourir l’évolution des tribunaux du travail avant d’aborder


leur compétence ainsi que la procédure applicable.

1. L’évolution des tribunaux du travail en droit congolais

La législation sur les tribunaux du travail a évolué en trois périodes


importantes :

A. Avant 1967

Notons que le législateur colonial n’a pas institué des juridictions spécifiques
des litiges individuels et des procédures propres à ces juridictions.
Aussi faute de dispositions spéciales devant régir les affaires du travail,
celles-ci étaient soumises aux juridictions de droit commun, suivant les règles
ordinaires de procédure civile et ce, conformément aux décrets du 30 juillet 1888
portant code civil congolais livre III, du 8 mai 1958 sur l’organisation et la
compétence judiciaires, du 7 mars 1960 portant code de procédure civile ainsi qu’à
celui du 1er février 1961 sur le contrat de louage de services.
Cet état de choses fut corrigé avec la promulgation de l’ordonnance-loi n°
67/310 du 9 août 1967 portant code du travail et des textes subséquents.

B. De 1967 à 2002

Le Code du travail du 9 août 1967 constitue une étape importante en ce que,


notamment, il a réuni en un tout cohérent des lois jadis éparses et a créé des
institutions jusque-là inconnues comme les tribunaux du travail.
Les règles de procédure utilisées dans le règlement des conflits individuels du
travail sont demeurées celles de la procédure civile et une demande principale au
premier degré est introduite par l’assignation ou la comparution volontaire 67.
Environ cinq mois après la promulgation du Code du travail, le législateur a,
en exécution des articles 205 et 212 de ce texte, créé des tribunaux spécifiques des
litiges du travail par Ordonnance-loi n° 68/036 du 20 janvier 1968.
Après la création de ces tribunaux, le même législateur promulguait
l’Ordonnance-loi n° 68/100 du 29 mars 1968 portant organisation des tribunaux du
travail et relative à la procédure et aux voies de recours devant ces tribunaux.
Malheureusement, compte tenu de l’impossibilité pour l’État de créer un plus
grand nombre de tribunaux du travail en raison du manque de magistrats spécialisés en
législation du travail, il fut jugé rationnel d’intégrer ces tribunaux au sein des cours et
tribunaux ordinaires, sous forme de chambres spéciales des affaires du travail.

67
KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant la
période transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19

31
C’est la loi n° 73/008 du 5 janvier 1973 qui insérait après l’article 45 de
l’Ordonnance-loi n° 68/248 du 10 juillet 1968 portant code d’organisation et de
compétence judiciaires une section III bis et après l’article 143 du décret du 7 mars
1960 portant code de procédure civile un titre III bis sur la procédure particulière aux
affaires du travail.
Voulant ainsi élaguer tous les obstacles dus aux contradictions de certains
textes, le législateur de 1973 a institué une procédure spéciale de saisine du tribunal du
travail par requête écrite ou verbale.
Cependant, ne disposant pas à suffisance des moyens financiers pour faire
fonctionner ces chambres spéciales des affaires du travail, celles-ci furent supprimées
et l’Ordonnance-loi n° 78/005 du 29 mars 1978 à travers ses articles 147 et 148
prévoyait que les litiges individuels du travail relevant de la compétence des anciennes
chambres des affaires du travail seraient désormais portés devant les tribunaux
ordinaires du lieu du travail.
Avec les réformes de 1978, 1982 et 2013 sur l’organisation et la compétence
judiciaires, les débats autour du mode de saisine ont été résolus.

C. L’ère du nouveau code du travail

Le 16 octobre 2002, le législateur congolais qui tient à ce que les litiges


individuels du travail soient portés devant des juridictions propres a promulgué la loi
n° 015/2002 portant Code du travail et la loi n° 016/2002 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux du travail.
Dans cette dernière, le législateur a repris la requête comme mode de saisine
du tribunal du travail. Ce texte a ainsi relancé sur la table de vieilles discussions autour
de la saisine du tribunal ayant jadis conduit à des décisions discordantes.
En effet, aux termes de l’article 26 al. 1er de la loi n° 016/2002, la saisine du
tribunal du travail se fait exclusivement par voie de requête écrite ou verbale du
demandeur ou de son conseil ou de l’Inspecteur du travail porteur d’un pouvoir
spécial » Tandis que certains plaideurs recourent au traditionnel exploit d’assignation ;
et dans les deux cas, le juge s’estime valablement saisi pour connaître des faits de la
cause.
Les divergences surviennent autour de l’interprétation des articles 44 et 45 du
même texte. L’article 44 dispose : « les dispositions du code civil pour autant qu’elles
ne sont pas contraires à la présente loi sont d’application en matière du travail »
Et l’article 45 renchérit : « jusqu’à l’installation des tribunaux du travail, les
juridictions de droit commun demeurent compétentes pour connaître des litiges
individuels de travail »
Des arguments en faveur de l’assignation figure la non-installation des
tribunaux du travail, les affaires du travail étant toujours examinées par les juridictions
de droit commun qui, en vertu des articles 1 et 2 du Code de procédure civile, sont
saisies par assignation.
Pour les tenants de la requête, l’article 47 de la loi n° 016/2002 est clair quand
il dispose que « la présente loi entre en vigueur à la date de sa promulgation »,

32
promulgation faite par le Chef de l’État le 16 octobre 2002.
A propos, Hector-André rappelle que la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002
doit s’appliquer immédiatement car elle n’a pas conditionné l’application de l’article
26 à l’installation préalable des tribunaux du travail et elle s’impose en même temps
au juge et aux parties dès sa publication au journal officiel (68), en tant que règle de
procédure et ce, même devant les juridictions de droit commun siégeant en matière du
travail.
Sur le plan de principes généraux de droit, il est admis que les lois de
procédure, comme en l’espèce, ne rétroagissent pas. Elles ont pour vocation de régir
l’avenir et (…) sont d’application immédiate. De ce point de vue, même si les
tribunaux de travail ne sont pas installés, il est légalement régulier que la procédure
prévue pour ces tribunaux soit immédiatement appliquée (…) Pour toutes ces raisons,
en tant que loi spéciale, bien qu’applicable momentanément par une juridiction de
droit commun, la requête verbale ou écrite est désormais le seul mode de saisine en
matière de travail 69.

2. Compétence du tribunal

A. Compétence territoriale

Le ressort du Tribunal du Travail couvre celui du Tribunal de Grande


Instance dans lequel il a son siège.
En cas de litige, le tribunal du lieu d’exécution du travail demeure compétent
sauf accord international contraire. Cependant, lorsque le travailleur rejoint le siège
social de la société ou le lieu de son engagement et qu’il y est notifié de son
licenciement, le tribunal de ce lieu devient compétent.

B. Compétence matérielle

Les Tribunaux du Travail connaissent des litiges individuels survenus entre le


travailleur et son employeur dans ou à l’occasion du contrat de travail, des conventions
collectives ou de la législation et de la réglementation du travail et de la prévoyance
sociale70.
Les Tribunaux du Travail connaissent aussi des conflits collectifs de travail, à
savoir, les conflits survenus entre un ou plusieurs employeurs d’une part et un certain
nombre de membres de leur personnel d’autre part, au sujet des conditions de travail
lorsqu’ils sont de nature à compromettre la bonne marche de l’Entreprise ou la paix
sociale.

68
KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant la
période transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19
69
KANGULUMBA MBAMBI, V., « Encore à propos de la saisine du tribunal de travail en droit
congolais : assignation ou requête. Note d’observation sur l’arrêt RTA 1160, CA Kinshasa/Matete », in
Revue du droit africain, n° 33/05, janvier 2005, pp. 80-92
70
Article 15 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement
des tribunaux de travail

33
3. Composition

Le Tribunal du Travail est composé d’un Président, des juges et des juges-
assesseurs. Le Président et les juges sont désignés par le Ministre ayant la Justice dans
ses attributions parmi les juges du Tribunal de Grande Instance.
Les juges-assesseurs sont désignés pour un mandat de deux ans par le
Ministre ayant le Travail et la Prévoyance Sociale dans ses attributions sur base des
listes proposées par les organisations professionnelles des employeurs et des
travailleurs.
Le Tribunal du Travail siège avec l’assistance d’un greffier et le concours
d’un Officier du Ministère Public. C’est le Procureur de la République près le Tribunal
de Grande Instance dans le ressort duquel se trouve le Tribunal du Travail qui exerce
les fonctions du Ministère Public près cette dernière juridiction.

4. Procédure

Le Tribunal du travail est saisi par une requête écrite ou verbale du


demandeur ou de son conseil. La requête écrite est déposée entre les mains du greffier
qui en accuse réception ou adresse au greffier par lettre recommandée à la poste contre
récépissé. Elle est datée et signée par son auteur.
La requête verbale est actée par le greffier et signée conjointement par ce
dernier et le déclarant.
La requête écrite ou l’acte dressé sur requête verbale par le greffier doit
contenir l’identité, la profession et le domicile des parties. Une ampliation du procès-
verbal de non-conciliation ou de conciliation partielle dressé par l’Inspecteur du
Travail du ressort doit obligatoirement y être jointe71.
La requête est inscrite à sa réception dans le registre des affaires du travail.
Les dispositions communes aux cours et tribunaux telles que prévues aux articles 58 à
83 du code de l’organisation et de la compétence judiciaire s’appliquent mutatis
mutandis aux tribunaux de travail.

§3. Les Tribunaux de commerce

La base légale c’est la loi n°002/2001 du 3 juillet 2001 portant création,


organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce.
Le Tribunal de Commerce est une juridiction spécialisée siégeant au premier
degré et composée de juges permanents qui sont des magistrats de carrière et de juges
consulaires. Son siège ordinaire et son ressort sont ceux du Tribunal de grande
instance. Il est présidé par un magistrat du siège appartenant au corps judiciaire
désigné et le cas échéant, relevé de ses fonctions par le Ministre de la justice ( voir art.
2 de la loi de 2001)

71
Lire les articles 25 et 26 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et
fonctionnement des tribunaux de travail.

34
1. Compétence

a) Compétence matérielle

Le Tribunal de Commerce connait deux catégories de matière : civile et


pénale. En matière de droit privé il connait :
1. des contestations relatives aux engagements et transactions entre
commerçants ;
2. des contestations entre associés, pour raisons de société de commerce;
3. des contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce,
en ce compris les actes relatifs aux sociétés commerciales, aux fonds de commerce, à
la concurrence commerciale et aux opérations de bourse :
4. des actes mixtes si le défendeur est commerçant;
5. des litiges complexes comprenant plusieurs défendeurs dont l'un est soit
caution, soit signataire d'un chèque bancaire, d'une lettre de change ou d'un billet à
ordre ;
6. des litiges relatifs au contrat de société;
7. des faillites et concordats judiciaires.

Il connait, en matière de droit pénal, des infractions à la législation


économique et commerciale, quel que soit le taux de la peine ou la hauteur de
l'amende (Voir art. 17 de la loi de 2001).

b) Compétence territoriale

Son siège ordinaire et son ressort sont ceux du Tribunal de Grande Instance
(Voir art. 2 de la loi de 2001). En clair, le tribunal de commerce, le tribunal de travail
et le tribunal de grande instance ont la même compétence territoriale.

c) Compétence personnelle

Tous les commerçants ainsi que toute personne exerçant une activité
commerciale sont les justiciables relevant du tribunal de commerce. Même les sociétés
commerciales, leurs associés, les banques, etc. relèvent de la compétence de cette
juridiction.

2. Composition

Le Tribunal de Commerce comporte au moins deux chambres. Il siège au


nombre de trois juges dont un permanent et deux consulaires. Le juge permanent
préside la Chambre lorsqu’il s’agit des affaires qui touchent à l’ordre public. Sont
rangés dans cette catégorie notamment, les cas suivants : les faillites et concordats
judiciaires ; les contentieux relatifs au contrat de société ; les sanctions en matière de

35
concurrence déloyale ; les contestations relatives aux affaires dans lesquelles un ou
plusieurs défendeurs ont été caution ou signataires d’un chèque bancaire, d’une lettre
de change ou d’un billet à l’ordre (article 3 de la loi de 2001).

Les juges consulaires sont élus, pour une durée de deux ans pour le premier
mandat et quatre ans pour les mandats suivants, par un collège électoral composé de
délégués consulaires désignés par les organisations professionnelles également
reconnues et représentatives du commerce et de l'industrie (Voir article 4 de la loi de
2001). La désignation des délégués consulaires s’effectue, dans le ressort de chaque
tribunal de commerce, au sein de chaque organisation professionnelle pour un effectif
proportionnel au nombre de ses adhérents en règle de cotisation et en veillant à une
représentation de différentes branches de l’activité économique (art 5).

3. Procédure

Le Tribunal de Commerce est saisi par requête verbale ou écrite ou par


assignation conformément à l'article 2 du code de procédure civile.
Lorsque la requête est verbale, c’est-à-dire formée par une déclaration reçue
et actée par le greffier, elle est signée par ce dernier et par le déclarant.
La requête écrite est déposée au greffe ou adressée au greffier par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception. Elle est datée et signée par son auteur
et doit contenir les noms, professions et domiciles des parties ainsi que l'indication de
l'objet de la demande.
En matière pénale, le Tribunal de Commerce est saisi conformément aux
régies de la procédure pénale en vigueur, soit par requête du Ministère Public, soit par
citation directe.
La requête, l'assignation ou la citation directe sont inscrites, à leur réception,
dans un registre d'ordre tenu par le greffier (Art. 20 de la loi de 2001)
Dans le cas où la requête est formée verbalement ou déposée au greffe, un
récépissé est délivré par le greffier. Il est tenu dans chaque greffe un registre des
affaires commerciales et un registre des affaires pénales.

S/SECTION 3. LES JURIDICTIONS MILITAIRES

La loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant Code judiciaire militaire a


modifié celle du 25 septembre 1972 ayant porté Code de justice militaire et a apporté
une série d’innovations notamment liées à l’usage d’une certaine terminologie. Ainsi
avec le Code judiciaire militaire du 18 novembre 2002, le législateur parle de tribunal
et cour militaire en remplacement des conseils de guerre, appellation jadis usitée dans
le Code de justice militaire devenu anachronique. C’est l’art 1 de la loi portant Code
de justice militaire qui détermine les juridictions militaires en RDC. Il s’agit de : les
tribunaux militaires de police, les tribunaux militaires de garnison, les Cours militaires
et les Cours militaires opérationnels ainsi que la Haute Cour militaire. Sous réserve

36
des dispositions de ce Code, le Code de l’organisation et de la compétence judiciaires
de droit commun est applicable aux Cours et tribunaux militaires (art. 2 du Code de
justice militaire).

§1. Le Tribunal Militaire de Police

Il est régi par les articles 23 à 26 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002


portant Code Judiciaire Militaire.
Il est institué un ou plusieurs tribunaux militaires de police dans le ressort
d’un tribunal militaire de garnison.
Le tribunal militaire de police siège toujours avec trois juges, dont un
magistrat de carrière qui en est le président. Le Premier Président de la Cour militaire
du ressort peut désigner un juge du Tribunal militaire de garnison pour siéger au
Tribunal militaire de police. Il siège avec le concours du Ministère public et
l’assistance d’un greffier. Dans la pratique, il faut signaler que ces tribunaux militaires
de police ne sont pas fonctionnels. On peut s’interroger 19 ans après pourquoi cette
situation perdure.

§2. Le Tribunal Militaire de Garnison

Il est organisé par les articles 21 et 22 du Code judiciaire militaire.


Il est établi un ou plusieurs tribunaux militaires de garnison dans le ressort
d’une ville, d’une garnison ou d’une base militaire. On ne parle plus de district car ils
ont été supprimés et sont devenus des provinces avec des territoires.
Le siège ordinaire est fixé, dans la ville où est situé l’état-major de la garnison
ou dans un lieu fixé par le Président de la République.
Le tribunal militaire de garnison siège au nombre de cinq membres, tous
officiers supérieurs ou subalternes, dont un magistrat de carrière qui en est président. Il
siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance d’un greffier.

§3. La Cour militaire opérationnelle

Régie par les articles 18 à 20, la Cour militaire opérationnelle est une
juridiction ponctuelle, car, elle n’existe pas de manière permanente.
En effet, la Cour militaire opérationnelle est instituée en cas de guerre ou
dans toutes autres circonstances exceptionnelles de nature à mettre en péril la vie de la
nation, notamment les menaces de guerre, de rébellion ou d’insurrection armées (art.
18). Il est établi dans les zones d’opération de guerre, des Cours militaires
opérationnelles qui accompagnent les fractions de l’armée en opération.
Leur implantation est décidée par le Président de la République. Elles
connaissent, sans limite de compétence territoriale, de toutes les infractions relevant
des juridictions militaires qui leur sont déférées.
La Cour Militaire opérationnelle siège au nombre de cinq membres, dont au
moins un magistrat de carrière, qui sont revêtus autant que possible des grades

37
d’officiers supérieurs.
Elle siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance d’un greffier.
Elle a rang de Cour militaire.

§4. Les Cours Militaires

Régies par les articles 12 à 17 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002


portant Code judiciaire militaire, les Cours militaires sont établies dans le ressort
territorial de chaque province ainsi que dans la ville de Kinshasa. La loi précise qu’il
peut être institué une ou deux Cours militaires dans la ville de Kinshasa.
Le siège ordinaire de la Cour militaire est établi au chef-lieu de la province,
dans la localité où se trouve le quartier général de la région militaire ou dans tout autre
lieu fixé par le Président de la République.
Le Ministre de la défense peut fixer par arrêté en un autre lieu le ressort de la
Cour militaire. Elle est composée d’un premier président d’un ou de plusieurs
présidents et des conseillers nommés, et le cas échéant, relevés de leurs fonctions par
le Président de la République.
Elle siège au nombre de cinq membres, tous officiers supérieurs au moins,
dont deux magistrats de carrière qui président ses deux chambres.
La Cour militaire est composée d’un Premier Président, d’un ou de plusieurs
présidents et de conseillers, nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par
le Président de la République.
La Cour militaire est présidée par un officier général ou par un officier
supérieur, magistrat de carrière. En cas d’absence, le Premier président est remplacé
par le président le plus ancien ou, à défaut, par le Conseiller le plus ancien. Il en est de
même du président à l’égard des Conseillers. Elle siège avec le concours du Ministère
Public et l’assistance d’un greffier. Le Premier président de la Cour militaire peut, en
cas de nécessité, requérir les services d’un magistrat civil, en vue de compléter le
siège.

§5. La Haute Cour Militaire

Organisée par les articles 6 à 11 du Code judiciaire militaire, elle occupe le


sommet de la hiérarchie des juridictions militaires et a son siège dans la capitale.
Son ressort s’étend sur tout le territoire de la République. Elle est présidée
par un officier général, magistrat de carrière. Elle siège avec le concours du Ministère
Public et l’assistance d’un greffier.
Dans le cas des circonstances exceptionnelles, le siège de la Haute Cour
Militaire peut être fixé en un autre lieu par le Président de la République. En temps de
guerre, la Haute Cour Militaire tient des chambres foraines en zones opérationnelles.
La Haute Cour Militaire comprend deux ou plusieurs chambres. Elle siège au
nombre de cinq membres, tous officiers généraux ou supérieurs, dont deux magistrats
de carrière.
Lorsqu’elle siège en appel, la Haute Cour militaire est composée de cinq

38
membres dont trois magistrats de carrière.
La Haute Cour militaire est composée d’un premier président, d’un ou de
plusieurs présidents et des conseillers nommés et, le cas échéant, relevés de leurs
fonctions par le Président de la République parmi les membres de la Haute Cour
Militaire ou du Parquet militaire près celle-ci. Il y a lieu de noter qu’avec la loi de
2006 portant Statut des magistrats, le Président de la République ne peut nommer ou
relever des magistrats de leurs fonctions que sur proposition du Conseil supérieur de la
magistrature. Lire aussi les dispositions combinées des articles 82 et 152 de la
Constitution.
Voici le schéma des juridictions de l’ordre judiciaire et des parquets près ces
juridictions.

SIEGE CIVIL SIEGE MILITAIRE


A. Cour de Cassation A. Haute Cour militaire
• Premier président de la Cour de • Premier président de la Haute
Cassation Cour Militaire
• Présidents à la Cour de Cassation • Président à la Haute Cour
militaire
• Conseillers à la Cour de • Conseillers à la Haute Cour
Cassation militaire
B. Cour d’appel B.Cour Militaire ou militaire
opérationnelle
• Premier président des Cours • Premier président de la Cour
d’appels militaire/C.M.O
• Présidents à la Cour d’appel • Présidents à la Cour
militaire/CMO
• Conseillers à la Cour d’appel • Conseillers à la Cour
militaire/CMO
C. Tribunal de Grande instance C.Tribunal militaire de
garnison
• Juges au TGI/T.com/T.trav/ • Présidents et Juges au Tribunal
Tribunal pour enfants militaire de garnison
D. Tribunal de paix D.Tribunal militaire de police
• Président du Tribunal de paix • Présidents du Tribunal militaire
de Police
• Juges au Tribunal de paix • Juges au Tribunal militaire de
Police

39
PARQUET CIVIL PARQUET MILITAIRE
A. Parquet général près la Cour de A. Auditorat militaire près la Haute
cassation Cour militaire
• Procureur général près la Cour • Auditeur général des forces
de Cassation armées
• 1ers Avocats généraux près la • 1ers Avocats généraux des forces
Cour de Cassation armées
• Avocats généraux à la Cour de • Avocats généraux des forces
Cassation armées
B. Parquet général près la Cour B.Auditorat militaire
d’appel supérieure près la militaire ou
Cour militaire opérationnelle
• Procureur Général près la Cour • Auditeur militaire supérieure
d’appel
• Avocats généraux à la Cour • Avocats généraux militaires
d’appel
• Substituts du Procureur généraux • Substituts de l’auditeur militaire
à la Cour d’appel supérieur près la Cour
militaire/CMO
C. Parquet près le Tribunal de C.Auditorat militaire près le
Grande instance tribunal militaire de garnison
• Procureur de la République près • Auditeurs militaires de garnison
le Tribunal de grande
instance/Tricom/travail / Tr. Enf.
• 1ers Substituts du procureur de la • 1ers substituts de l’auditeur
république près le TGI militaire
• Substituts du procureur de la Substituts de l’auditeur
république près le TGI militaire près le TMG
D. Parquet près le Tribunal de paix D.Auditorat militaire près le
Tribunal militaire de police
• 1ers substituts du procureur de la • 1ers substituts de l’auditeur
république près le tribunal de militaire près les TMP
paix
• Substituts du procureur de la
république près le tribunal de • Substituts de l’auditeur mil.
paix

NB : Le premier substitut ou le substitut de l’auditeur militaire de garnison


représente le Ministère public devant les tribunaux militaires de police(TMP). Article
52 du Code d’OCJ
Le schéma ci-dessous reprend uniquement les juridictions de l’ordre
judiciaire (sans leurs parquets)

40
S/SECTION 4. LES JURIDICTIONS CIVILES ET MILITAIRES DE LA
VILLE DE KINSHASA

Étant la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa dispose


de plusieurs juridictions civiles et militaires qu’il importe de détailler. Il serait difficile
de décrire toutes les juridictions civiles et militaires des 26 provinces de la RDC. On
se limitera uniquement à la ville province de Kinshasa. Le schéma ci-dessous
répertorie les différentes juridictions civiles et militaires de la ville de Kinshasa.

41
42
Voici le schéma des juridictions et parquets militaires de la ville de Kinshasa

43
44
SECTION 2. LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF

L’ordre administratif désigne l’ensemble des juridictions compétentes à


connaître du contentieux administratif. Il se charge du contrôle des actes pris par les
autorités administratives. Il assure à ce titre le contrôle juridictionnel de
l’administration.
Les juridictions de l’ordre administratif sont compétentes pour connaître des
recours pour excès de pouvoir contre les actes pris par les autorités investies d’un
pouvoir administratif, qu’il s’agisse des autorités administratives du pouvoir central,
des autorités provinciales ou locales.
Étant donné que ce sont des actes des personnes morales ne constituant pas
des infractions et qui émanent des pouvoirs publics, censés protéger les citoyens, il est
nécessaire de les traiter dans un régime différent de ceux des autres actes. C’est ainsi
qu’à été institué un ordre de juridictions administratives à côté des deux ordres
judiciaire et constitutionnel.
Les juridictions administratives sont un élément puissant de protection des
administrés vis-à-vis des abus qui pourraient naître des actes ou décisions des autorités
administratives. En effet, il arrive que les autorités administratives prennent des
décisions qui entrent en collision avec les intérêts des administrés. Ces actes
d’autorités paraissent souvent inattaquables même lorsqu’ils contiennent des
imperfections manifestes. Les juridictions administratives donnent justement cette
possibilité de recours à tout citoyen dont les droits sont lésés par une telle décision.
C’est la Constitution de 18 février 2006 qui a institué l’ordre des juridictions
administratives composé du sommet à la base de la pyramide, du Conseil d’État et des
Cours administratives d’appel et tribunaux administratifs (voir art 154 de la
Constitution). L’organisation, la compétence et le fonctionnement des juridictions de
l’ordre administratif ont fait l’objet de la loi organique n°16/027 du 15 octobre 2016.
Voici le schéma de l’organisation des juridictions de l’ordre administratif et

45
les grades.

Juridictions de l’ordre Parquet près ces juridictions


administratif
B. Conseil d’Etat E. MP près le Conseil d’Etat
• Premier président du Conseil • Procureur général près le C.E
d’Etat
• Présidents à la Conseil d’Etat • 1ers avocats généraux
• Conseillers au Conseil d’Etat • Avocats généraux
F. Cours administratives d’appel B.MP près la Cour
administrative d’appel
• Premier président des Cours • Procureur général
administratives d’appels
• Présidents à la Cour Adm. • Avocats généraux
d’appel
• Conseillers à la Cour Adm. • Substituts du Proc. Général
d’appel
G. Tribunal administratif C.Tribunal administratif
• Présidents • Procureur de la République
• Juges • 1er substitut du Proc
• Substitut du Proc de la Rép.

SECTION 3. LA COUR CONSTITUTIONNELLE

La Cour constitutionnelle est la seule juridiction de l’ordre constitutionnel. Elle est


considérée comme la plus haute juridiction de la République. C’est une institution dotée
d’importants pouvoirs en matière de contrôle de constitutionnalité des actes tant législatifs
que réglementaires. Elle a également la compétence de statuer sur les conflits de
compétence. Elle peut être saisie par toute autorité que la loi désigne, par toute personne
justifiant d’un intérêt ou, à titre préjudiciel, par toute juridiction. Cette saisine peut
intervenir par voie d’action ou par voie d’exception, lorsqu’à l’occasion d’une affaire une
exception d’inconstitutionnalité est soulevée par l’une des parties.
La Constitution de 2006 telle que modifiée à ce jour attribue à la Cour
constitutionnelle plusieurs compétences qui peuvent être regroupées en deux grandes
catégories, à savoir les compétences non contentieuses et les compétences contentieuses.
Parmi les compétences non contentieuses il y a la réception du serment du Président de la
République, de la déclaration de la vacance des fonctions du Président de la République
ainsi que la déclaration du patrimoine du Président et des membres du gouvernement, la
compétence en matière consultative. Pour les compétences contentieuses on peut citer le

46
contrôle de la constitutionnalité, le recours en interprétation de la Constitution, le
contentieux électoral et référendaire, les conflits de compétence enfin la compétence
répressive. Cette Cour est organisée par la loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013.
Voici le schéma de l’organisation de cet ordre constitutionnel

Juridiction de l’ordre Parquet près cette juridiction


constitutionnel
C. Cour Constitutionnelle H. MP près la Cour
Constitutionnelle
• Premier président de la Cour • Procureur général près le Cour C.
Const.
• Juges de la Cour Const. (9 juges) • 1ers avocats généraux
• Conseillers référendaires • Avocats généraux

47
CHAPITRE 2. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS
ET TRIBUNAUX

SECTION I. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES


JURIDICTIONS COUTUMIERES

Le commissaire directeur de district et le président du tribunal de territoire et


leurs adjoints peuvent présider les tribunaux de chefferie et de secteur avec voix
délibérative (art. 7 de l’arrêté royal du 13 mai 1938 coordonnant les différents décrets
relatifs aux juridictions coutumières).
Un tribunal coutumier ne peut siéger valablement sans le concours, d’un
greffier nommé par le commissaire de zone rural ; en cas d’absence ou
d’empêchement du greffier, sachant écrire, qui est désignée par le juge ou le président
du tribunal (art. 9 l’arrêté royal précité).
Le Ministère Public surveille la composition et l’action de tous les tribunaux
coutumiers de son ressort, il leur donne des directives nécessaires pour la bonne
administration de la justice (art. 10 de l’arrêté royal précité).
Le Tribunal de Grande Instance a le pouvoir sur requête, que seul le Ministère
Public peut introduire, d’annuler les décisions des juridictions coutumières qui violent
la coutume ou les règles de la procédure qui sont considérées comme fondamentales
(art. 35 de l’arrêté royal précité).

SECTION 2. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX


COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT (JURIDICTIONS CIVILES)

§1. Rappel des règles déjà étudiées plus haut

- Le respect du principe du juge naturel ;


- L’itinérance ;
- Le principe de la collégialité ;
- La règle du double degré de juridiction ;
- Le principe de l’égalité de tous devant la loi ;
- Le principe de la gratuité de la justice ;
- Le principe de la cassation ;
- Le principe de l’impartialité du tribunal.

§2. Autres règles

1. La récusation et le déport

Les règles relatives à la récusation et au déport sont prévues aux articles 49 à


59 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.

48
Une partie au procès peut estimer qu’un des juges appelés à statuer sur son
affaire doit être écarté ou remplacé. La loi prévoit plusieurs causes qui peuvent
justifier la récusation ; il y en a au total huit (8) :
- Le juge ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans l’affaire ;
- Le juge ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe soit en ligne
collatérale jusqu’au troisième degré de l’une des parties, de son avocat ou de son
mandataire ;
- L’existence d’une amitié entre le juge et l’une des parties ;
- L’existence d’une inimitié entre le juge l’une des parties ;
- L’existence des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de
serviteur ou d’employé entre le juge et l’une des parties ;
- Le fait que le juge a déjà donné son avis dans l’affaire ;
- Le fait que le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, de
témoin, d’interprète, d’expert ou d’agent de l’administration ou d’avocat ou de
défenseur judiciaire ;
- Le fait que le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’O.P.J. ou
d’O.M.P. ;
Signalons que la cause de récusation prévue en tout dernier lieu ne s’applique
pas aux juges des tribunaux de paix.
Celui qui veut récuser un juge doit se manifester au plus tard avant la clôture
des débats, par une déclaration motivée et actée au greffe de la juridiction dont le juge
mis en cause fait partie : cette déclaration est notifiée par le greffier au président de la
juridiction, ainsi qu’au juge mis en cause ; ce dernier est tenu de faire une déclaration
écrite ou verbale, actée par le greffier, et ce dans les deux jours de la notification de
l’acte de récusation (Voir art. 50 du Code d’OCJ).
Nous devons insister sur le fait que, contrairement à ce que croit l’opinion
publique, la seule déclaration de récusation faite par une partie au procès ne suffit pas
pour obliger un juge à se retirer. Elle doit être soumise à une vérification au cours
d’une audience que va tenir la juridiction à laquelle appartient le juge mis en cause ;
cette juridiction doit statuer toutes affaires cessantes, la partie récusante entendue ; le
juge, mis en cause doit se défendre et doit donc être entendu en ses explications ; ce
qui veut dire qu’il ne peut pas faire partie du siège appelé à statuer, sur les mérites de
la récusation.
Le tribunal statuant sur les mérites de la récusation, peut considérer que la
demande est fondée ; en ce cas, le juge récusé doit se retirer du siège. Mais ce tribunal
peut rejeter la récusation ; il peut dans ce cas ordonner, pour cause d’urgence, que le
siège comprenant le juge ayant fait l’objet de la récusation rejetée, poursuivre
l’instruction de la cause, même s’il y a appel (Voir article 52 du Code d’OCJ).
L’on doit bien comprendre que, faire une déclaration de récusation comporte
des risques, tout comme le fait pour un juge, de se maintenir au siège malgré cette
déclaration, comporte aussi des risques.
Si le jugement rejetant la récusation est maintenu par la juridiction d’appel,
celle-ci peut, après avoir appelé le récusant, le condamner à une amende ainsi qu’aux
dommages-intérêts envers le juge mis en cause. La sanction qui est ici prise contre le

49
récusant est due à son obstination à vouloir à tout prix récuser un juge de manière
légère, téméraire ou vexatoire. Le fait que des dommages- intérêts sont alloués au juge
mis en cause suppose que ce dernier a été appelé devant la juridiction d’appel.
Les décisions sur la récusation intervenue au premier degré devant la Cour
d’Appel sont susceptibles d’appel devant la Cour de cassation. Lorsque, la récusation a
été dirigée contre un magistrat siégeant à la Cour de cassation, cette juridiction peut,
en cas de rejet de la récusation, prononcer les condamnations à l’amende et aux
dommages-intérêts.
Si le juge d’appel infirme le jugement rejetant la récusation, il va annuler
toute la procédure du premier degré qui en aurait été la suite et renvoyer les parties
devant le même tribunal pour y être jugées par un autre juge ou devant un tribunal
voisin du même degré, sans préjudice de l’action disciplinaire.
Nous devons ici faire observer, que l’action disciplinaire ne pourrait
logiquement se concevoir que contre le juge mis en cause qui s’est obstiné à se
maintenir au siège ; le principe de l’indépendance qui doit protéger les juges, s’oppose
à notre avis, à ce qu’on puisse sanctionner l’ensemble du siège pour avoir mal
apprécié les éléments de la cause qui auraient dû l’amener à déclarer la récusation
fondée.
Le juge qui se trouve dans une des hypothèses de récusation, est tenu de se
déporter, sous peines de poursuites disciplinaires. Le juge qui désire se déporter
informe le président de la juridiction à laquelle il appartient en vue de pourvoir à son
remplacement.

2. La police de l’audience (art. 66 de la loi organique du 11 avril 2013 sur


l’OCJ)

C’est le juge qui préside l’audience qui en assure la police et la direction des
débats. Le pouvoir de police d’audience permet de maintenir l’ordre dans la salle, et
aux abords de la salle d’audience pour éviter ou prévenir les attroupements et
tumultes. En vertu de ce pouvoir, il peut faire expulser, évacuer les perturbateurs, tout
ou partie du public, en faisant appel en cas de nécessité aux forces de l’ordre. C’est sur
base de ce pouvoir qu’il peut interdire l’accès de la salle d’audience aux mineurs ; le
pouvoir de direction des débats l’autorise à décider l’ordre de production des preuves
et à rejeter des débats tout ce qui peut tendre à compromettre la dignité de la justice ou
à allonger inutilement les débats 72.

3. Composition régulière du siège

Une décision judiciaire doit être prise par les juges qui, depuis le début ont
pris part à tous les débats. En effet, il s’impose pour la garantie de la vérité judiciaire
et dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, qu’une affaire soit jugée
uniquement par les juges qui ont eu une bonne connaissance du dossier. Il peut arriver

72
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaire 1970 n° 153 ;
R. MERLE et A. VITU, op.cit., n° 624.

50
qu’un nouveau juge entre dans le siège pour remplacer un autre juge absent ou
empêché, en ce cas il est exigé qu’il y ait réouverture des débats, le président de
l’audience doit faire à l’intention de ce nouveau juge, un compte rendu valable, un
résumé des débats antérieurs et cela, en présence de toutes les parties qui doivent avoir
été appelées pour cela ; le respect de ces conditions va rendre régulière la composition
du siège comprenant le nouveau juge 73. Il a été jugé par la Cour suprême de justice
que « lorsque les juges signataires de la décision entreprise n’ont pas assisté à toutes
les audiences d’instructions d’une même cause, la composition irrégulière du siège
constitue un moyen de nullité d’ordre public que la Cour suprême peut soulever
d’office en vertu de l’art. 15 de l’ordonnance-loi de 1969 règlementant sa procédure-
Cassation du jugement en Cause : Mwanji julienne contre le MP, Arrêt RP49.
« Attendu qu’il est admis comme principe général de droit qu’une décision judiciaire
ne peut être rendue que par les juges qui ont assisté à toute l’instruction de la cause
tant dans l’intérêt des parties elles-mêmes que dans celui d’une bonne justice. Cette
règle s’impose ». Cour suprême de justice, section judiciaire, Audience du 26 juillet
1972.
4. Le renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime
(articles 60 à 62 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

Le juge naturel peut être refusé par une partie au procès ou par le Ministère
Public et ce pour deux raisons :
Soit parce que, le climat social ou politique du lieu où siège le juge naturel est
détérioré au point qu’il ne soit plus possible de rendre une justice sereine. En ce cas, la
cause qui est pendante devant ce tribunal, doit être renvoyée devant un autre tribunal.
C’est le renvoi pour cause de sûreté publique. Il n’y a que le Ministère Public qui peut
introduire une requête aux fins de renvoi pour cause de sûreté publique. Ce qui est
compréhensible puisqu’en sa qualité de gardien de l’ordre public, il est le mieux placé
pour apprécier si oui ou non, le climat politique ou social du lieu où siège le tribunal
est perturbé.
Soit parce que, tous les juges du tribunal ayant été récusés, il ne soit plus
possible de constituer un siège ; mais il peut arriver aussi que l’on soupçonne tous les
juges d’un tribunal d’avoir subi des pressions au point de ne plus jouir de
l’indépendance ou de l’impartialité requise pour juger une cause de manière équitable.
C’est le renvoi pour cause de suspicion légitime. Les parties au procès peuvent
introduire une demande de renvoi pour cause de suspicion légitime.
Il y a lieu de noter que la simple introduction d’une demande de renvoi ne
suffit pas pour obliger le tribunal soupçonné à cesser de juger une cause ; la juridiction
qui est saisie d’une demande de renvoi doit donner acte du dépôt de la requête ; c’est
au vu de l’expédition du donné expédition que peut produire le Ministère Public ou la
partie la plus diligente, que la juridiction saisie quant au fond va surseoir à statuer. La
requête aux fins de renvoi pour cause de sureté publique ou de suspicion légitime peut

73
Nimy MAYIDIKA NGIMBI, Essai critique de jurisprudence. Analyse des arrêts de la Cour Suprême
de Justice 1969-1972, Kinshasa, 1973, pp.88-89.

51
être présentée, soit par le Procureur général près la Cour de cassation, soit par
l’officier du Ministère public près la juridiction saisie. Pour cause de suspicion, la
requête peut également être présentée par les parties. Elle est introduite par écrit.
La juridiction saisie de la demande de renvoi, va tenir une audience pour
statuer sur les mérites de cette demande ; toutes les parties à la cause doivent recevoir
notification de la date d’audience dans les formes et délais ordinaires.
A l’audience, les débats se déroulent de la manière suivante :
- le requérant expose ses moyens ;
- la partie adverse présente ses observations ;
- le tribunal clôt les débats et prend l’affaire en délibéré.
La décision sur la requête doit être rendue dans la huitaine de la prise en
délibéré de l’affaire ; elle n’est susceptible ni d’opposition ni d’appel.
Une expédition de la décision de renvoi (jugement ou arrêt) sera transmise du
greffe de la juridiction saisie à celui de la juridiction à laquelle la connaissance de
l’affaire a été renvoyée.
La compétence pour opérer le renvoi est réglée de la manière suivante :
Le Tribunal de Grande Instance peut renvoyer la connaissance d’une affaire
d’un tribunal de paix de son ressort à un autre tribunal de paix du même ressort ;
La Cour d’Appel peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’un tribunal de
grande instance de son ressort à un autre tribunal de grande instance du même ressort ;
La Cour de cassation peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’une Cour
d’Appel à une autre Cour d’Appel ou d’une juridiction du ressort d’une Cour d’Appel
à une juridiction de même rang du ressort à une autre Cour d’Appel (Voir art. 60 du
Code d’OCJ).
Si la requête aux fins de renvoi pour cause de suspicion légitime est déclarée
non fondée, la juridiction saisie peut, après avoir appelé le requérant, le condamner à
l’amende de cinq cent mille francs congolais sans préjudice des dommages intérêts
envers les juges composant la juridiction mise en cause (Voir art. 62 du Code d’OCJ).

5. Les règles du délibéré

Délibérer, c’est réfléchir à plusieurs, confronter les opinions pour aboutir à


une décision commune. Par extension, on parle de délibéré d’un juge unique parce
qu’il fait une comparaison mentale entre les conclusions des parties et les diverses
opinions possibles pour prendre une décision.
Le délibéré obéit aux règles suivantes (art. 41 à 43 la loi organique du 11 avril
2013 sur l’OCJ) :
a) Le délibéré est secret ;
b) Dans le délibéré, le juge le moins ancien du rang le moins élevé donne son
avis le premier, le président donne son avis le dernier. Cette règle a été prévue pour
éviter que le juge le moins expérimenté n’adopte par référence pour son aîné, l’opinion
que celui-ci donne ;
c) Des décisions sont prises à la majorité des voix. Toutefois, en matière
pénale, s’il se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le juge qui a émis

52
l’opinion la moins favorable au prévenu est tenu de se rallier à l’une des deux autres
opinions. En matière de droit privé, s’il se forme plus de deux opinions dans le
délibéré, le juge le moins ancien du rang le moins élevé est tenu de se rallier à l’une de
deux autres opinions74.
La Chambre qui prend une cause en délibéré en indique la date du prononcé.
Le prononcé intervient au plus tard dans les trente jours en matière civile, commerciale
ou sociale et dans les dix jours en matière pénale. Toutefois en cas de force majeure ce
délai peut être proroger de quinze jours en matière civile, commerciale ou sociale et de
cinq jours en matière pénale par une ordonnance motivée, laquelle est aussitôt
signifiée aux parties (Voir art. 43 du Code d’OCJ). En matière pénale, lorsque le
jugement ou l’arrêt est prononcé en l’absence des parties et au-delà du délai sans
notification préalable de la date du prononcé aux parties, le délai de recours court à
partir de la signification de la décision.

6. La surveillance et l’inspection des cours et tribunaux (art. 44 la loi


organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

La Cour de cassation et, dans leur ressort, les cours et tribunaux, ont droit de
surveillance et d’inspection sur les juridictions inférieures. La surveillance est exercée
par le chef de la juridiction ou par son remplaçant. Le droit de surveillance consiste à
veiller à ce que les dossiers qui sont portés devant les cours et tribunaux soient
rapidement et régulièrement traités. Il s’agit d’une surveillance purement
administrative qui ne peut en aucune manière chercher à violer l’indépendance
garantie aux cours et tribunaux par la Constitution. Les magistrats qui vont inspecter
les cours et tribunaux ne peuvent pas dicter aux juges les décisions judiciaires à
prendre ou chercher à remettre en question les décisions judiciaires déjà prononcées.

7. Le sanction en cas d’action téméraire et vexatoire portée devant une


juridiction (article 142 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

La loi sanctionne le comportement d’un demandeur/ou d’un plaignant qui


accuse injustement une autre personne en justice, soit devant une juridiction pénale
soit, devant une juridiction civile. La personne ainsi accusée, comparaîtra devant les
juges pour se défendre, elle ne va cependant pas se limiter à se défendre pour prouver
son innocence. Dans sa défense, elle va exiger que la personne qui l’a accusé
injustement soit condamnée à lui payer des dommages-intérêts. Mais, pour les obtenir,
elle devra démontrer que l’action judiciaire introduite par son accusateur a un
caractère vexatoire et téméraire, c’est à dire que l’accusateur a agi avec une intention
méchante dans l’intention de nuire, alors qu’il savait qu’elle n’a commis aucune
infraction ni une quelconque violation de la loi.

8. Vacances judiciaires, Audience solennelle de la Cour de cassation et

74
A. RUBBENS, op.cit., Tome III n°181 et 205. Voir aussi l’art 42 du Code d’OCJ de 2013.

53
mercuriale du Procureur Général de la République

On appelle « vacances judiciaires », une période pendant laquelle les cours et


tribunaux fonctionnent au ralenti, les audiences judiciaires se limitent au cas
d’urgence. Pour cela, fonctionnent des chambres de vacation. Les juges mettent à
profit les vacances judiciaires pour liquider les dossiers pris en délibéré et qui
connaissent du retard. La période de vacances judiciaires va normalement du 15 août
au 15 octobre75 de chaque année.
La fin des vacances judiciaires se caractérise par la rentrée judiciaire qui se
manifeste par la tenue d’une audience solennelle et publique, au cours de laquelle un
discours du premier président de la Cour de cassation en voie de disparaître et une
mercuriale du Procureur Général de la République sont prononcés 76.
Dans la pratique, les Cours d’Appel organisent également des audiences
solennelles de rentrée judiciaire, marquées par le discours du premier président et les
mercuriales des Procureurs généraux pour une bonne administration de la justice
(article 64 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ).

SECTION 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX


COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT (JURIDICTIONS MILITAIRES)

§1. La police de l’audience (art.233 C.J.M)

Le Président a la police de l’audience. Les personnes qui assistent à


l’audience sont sans armes. Elles se tiennent à découvert dans le respect et le silence.
Elles ne peuvent donner des signes d’approbation ou de désapprobation sous peine
d’expulsion par le président. Si elles résistent à ses ordres, le président ordonne quelles
que soient leur qualité, leur arrestation et leur détention dans une maison d’arrêt ou de
détention pendant un temps qui ne peut excéder 48 heures. Le président peut faire
expulser de la salle d’audience et reconduire en prison ou garder par la force publique
à la disposition du tribunal, jusqu’à la fin des débats, le prévenu, qui par ses clameurs
ou par tout autre moyen propre cause tumulte fait obstacle au cours normal de
l’audience (240 C.J.M.).
Quiconque à l’audience, se rend coupable envers un ou plusieurs membres de
la juridiction militaire de voies de fait, d’outrage ou de menace par propos ou gestes,
est condamné sur- le champ aux peines prévues par le Code pénal militaire (Art. 235
du CJM).

75
Article 63 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
76
Article 64 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.

54
§2. Le renvoi pour cause de sûreté ou de suspicion légitime

L’auditeur général des forces armées peut, pour cause de sûreté ou de


suspicion légitime, renvoyer la connaissance d’une affaire d’une Cour militaire, ou
opérationnelle ou d’un tribunal militaire de garnison, à une autre Cour militaire ou
opérationnelle ou Tribunal militaire de garnison de même rang.
§3. La collégialité des juridictions militaires

Les juridictions militaires siègent en collège.


- Haute Cour militaire : 5 membres, tous officiers généraux ou supérieurs ;
- Cours militaires : 5 membres, tous officiers supérieurs au moins ;
- Cours militaires opérationnelles : 5 membres ;
- Tribunaux militaires de garnison : 5 membres, tous officiers supérieurs ou
subalternes ;
- Tribunaux militaires de police : 3 juges. (Tribunaux pas fonctionnels dans
la pratique).

§4. Les règles du délibéré

Le Président déclare les débats clos. La juridiction se retire pour le délibéré.


Le Président pose à chaque juge et juge assesseur la question de savoir si le prévenu
est coupable d’avoir commis le fait de la prévention tel que spécifié dans le dispositif
de la décision de renvoi, ou de la traduction directe. Chaque circonstance aggravante,
chaque cause d’excuse invoquée fait l’objet d’une question distincte (voir art. 255 du
CJM).
La juridiction délibère, puis vote, par scrutins secrets distincts et successifs au
moyen de bulletins écrits, sur le fait principal d’abord et, s’il y a lieu, sur chacune des
circonstances aggravantes, sur les questions subsidiaires et sur les faits d’excuse légale
(art. 260 du CJM).
Chaque membre de la juridiction exprime son opinion en déposant dans
l’urne un bulletin fermé, marqué du timbre de la juridiction militaire et sur lequel il
porte l’un des mots : OUI ou NON.
§5. La règle du double degré de juridiction

Excepté les arrêts rendus par les cours militaires opérationnelles, c'est-à-dire
en temps de guerre, les arrêts et jugements rendus par les cours et tribunaux militaires
sont susceptibles d’opposition et d’appel (art.276 Code de justice militaire). L’art.278
dispose, que l’appel est interjeté devant les juridictions ci-après :
- La Haute Cour Militaire, lorsque la décision attaquée a été rendue par la
Cour militaire ;
- La Cour militaire, lorsque la décision attaquée a été rendue par le tribunal

55
militaire de garnison ;
- Le Tribunal militaire de garnison, lorsque la décision attaquée a été rendue
par le tribunal militaire de police.
L’appel est introduit dans les 5 jours francs après celui où cette décision aura
été portée à la connaissance de la partie intéressée. Il est introduit par déclaration ou
lettre missive au greffe de la juridiction ayant rendu le jugement. La procédure suivie
est celle prévue par le Code de procédure pénale ordinaire (Voir aussi l’art 129 du
Code d’OCJ).
Notons qu’un acte de la C.N.S. a décidé d’étendre le droit d’appel en temps
de guerre avec les justiciables des juridictions militaires. Mais cela est resté lettre
morte.
S’agissant de l’opposition, l’art 277 du CJM (Code de justice militaire)
dispose qu’elle est faite contre les arrêts et jugements rendus par défaut par les
juridictions militaires dans les 5 jours francs après celui où cette décision aura été
portée à la connaissance de la partie intéressée. L’opposition est introduite par
déclaration ou lettre missive au greffe de la juridiction ayant rendu l’arrêt ou le
jugement.

56
CHAPITRE 3. L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU MINISTERE
PUBLIC

Dans le cadre de l’éclatement de la Cour suprême de Justice en trois ordres


des juridictions, il est important d’examiner la question relative à l’organisation du
Ministère public. En effet, dans chaque ordre et dans chacune des juridictions, il est
désormais exigé le concours du parquet. La Cour constitutionnelle siège avec le
concours d’un Procureur Général ou O.M.P qui provient du Parquet Général près cette
Cour ; de même pour le Conseil d’État et toutes les juridictions de l’ordre
administratif, ils fonctionnent avec le concours des Parquets pré ; la Cour de cassation
et toutes les juridictions de l’ordre judiciaire ont également chacune un parquet y
rattaché.
Le Ministère Public est également appelé parquet. Ces deux termes méritent
d’être expliqués :
Dans le mot « Ministère », nous retrouvons l’origine latine du terme
« mittere » qui veut dire « envoyer » ; l’on comprend donc que le mot « Ministère »,
puisse correspondre à « mission ». Celui qui exerce un ministère quelconque remplit
donc une mission. Le Ministère Public au sens judiciaire est donc la mission publique
confiée aux magistrats du parquet de veiller au respect de la loi, au maintien de l’ordre
public et de poursuivre en justice ceux qui commettent des infractions et troublent cet
ordre.
Le terme « parquet » remonte en France, à l’époque du moyen – âge où le Roi
et les seigneurs avaient confié à des collecteurs d’impôts appelés « Procureurs », la
mission de récolter les impôts, et de traduire en justice avec l’aide des avocats, ceux
des sujets qui refusaient de payer ces impôts. Au moment où les gens du Roi
(procureurs et avocats) comparaissaient à l’audience du tribunal, ils se tenaient sur le
parquet de la salle d’audience et non sur l’estrade réservée aux juges. Vu l’évolution
historique, les gens du Roi étaient devenus les seuls représentants officiels de
l’accusation d’où l’appellation « Procureurs du Roi », devenue à la révolution
française « Procureurs de la République ». L’expression magistrat du parquet » est
maintenue dans le langage moderne même si à l’heure actuelle, les magistrats du
parquet siègent à l’audience sur l’estrade où se trouvent les juges 77. Le terme
« parquet » désigne aussi aujourd’hui l’office ou bureau qui abrite les services du M.P.
L’on désigne également le Ministère Public par l’expression « magistrature
debout », parce que ses membres se lèvent à l’audience pour prendre la parole, par
opposition à la magistrature assise ou du siège (les juges), qui reste assises à
l’audience pour interroger les prévenus, entendre les témoins et prononcer des
jugements78.

77 R. MERLE et A. VITU, Traité de droit criminel, Procédure pénale, 4ème édition, Paris, Cujas, 1989, n°180
78 Idem.

57
SECTION I. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES
PARQUETS

L’on doit savoir, qu’à chaque tribunal se trouvent rattachés un certain nombre
de magistrats du parquet, qui y exercent les fonctions de Ministère Public y compris au
tribunal de paix79.

§1. Cour Constitutionnelle

Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle remplit près cette


juridiction les fonctions de Ministère public (Article 12 de la loi organique n° 13/026
du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
constitutionnelle).
Il est principalement chargé de mouvoir l’action publique contre le Président
de la République et le Premier Ministre qui, aux termes de l’art. 160 de la
Constitution, sont pénalement justiciables de la Cour Constitutionnelle pour des
infractions politiques de haute trahison, d’outrage au parlement, d’atteinte à l’honneur
ou à la probité ainsi que pour les délits d’initier et pour les autres infractions de droit
commun commises dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
De même que, cette même haute juridiction est compétente à l’égard des complices et
co-auteurs du Président de la République et du Premier Ministre. Ce parquet général
agira également pour d’autres matières dévolues à la Cour de Constitutionnelle par
voie d’avis.

§2. Cour de Cassation

C’est le Procureur Général près la Cour de cassation, qui remplit auprès de


cette juridiction les fonctions du Ministère Public 80.
En principe, le Procureur Général près la Cour de cassation ne peut exercer
l’action publique que sur des personnalités déterminées, que nous avons énumérées
plus haut, lorsqu’elles ont commis des infractions.
Le Procureur Général près la Cour de cassation a un droit de surveillance et
d’inspection sur les parquets généraux près les Cours 81.
Il est assisté dans l’exercice de sa mission par un ou plusieurs premiers
avocats généraux et avocats généraux, qui tous exercent tous leurs fonctions
d’officiers du Ministère public sous sa surveillance et sa direction.

79 Art. 13, loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.


80 Art. 72 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
81 Art. 72, Idem

58
§3. Conseil d’État

Près cette haute juridiction de l’ordre administratif fonctionnera également un


parquet général. Signalons que la mission principale du Ministère Public consiste à
veiller à l’ordre public. Cette juridiction n’a pas dans l’arsenal des compétences qui
lui sont dévolues par la Constitution des matières répressives. Il va sans dire qu’il aura
plus pour rôle, en tant que tout de même gardien de la loi, de veiller à l’application
correcte de la loi relativement aux matières dévolues au Conseil d’État pour lesquelles
les avis du parquet général près cette cour seront indispensables.
§4. Cour d’Appel

Près de chaque Cour d ‘Appel existe un Procureur Général. C’est lui qui est le
chef, (le patron) de l’action publique devant toutes les juridictions de son ressort ; en
terme technique, on dit qu’il a la plénitude de l’exercice de l’action publique (Art. 77,
loi organique de 2013 sur l’OCJ)
Le Procureur Général près la Cour d’Appel exerce les fonctions du Ministère
Public auprès de toutes les juridictions de son ressort.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel peut prendre la parole à
l’audience devant tout tribunal de son ressort, il prend la parole aux audiences
solennelle de la Cour d’Appel. Il est assisté d’un ou, plusieurs avocats généraux et
substituts du Procureur Général.

§5. Cour Administrative d’Appel

Près cette juridiction fonctionnera également, un parquet général chargé de


veiller à l’application correcte par la Cour Administrative d’Appel de la loi en rapport
avec les compétences que la loi aura à assigner à cette juridiction.

§6. Tribunal de Grande Instance

Il existe un Procureur de la République au siège de chaque Tribunal de


Grande Instance, il exerce sous la surveillance et la direction du Procureur Général
près la Cour d’Appel, les fonctions du Ministère Public près le Tribunal de Grande
Instance, ainsi que près les tribunaux de paix du ressort82.
Le Procureur de la République est assisté d’un ou de plusieurs premiers
substituts et substituts du Procureur de la République qui tous exercent les mêmes
fonctions que lui sous sa surveillance et sa direction 83.

82 Art. 16, Ibidem


83 Art.16, Ibidem

59
§7. Tribunal Administratif

Un parquet sera institué près cette juridiction et veillera à l’application


correcte par cette juridiction de la loi en rapport avec les compétences que la loi aura à
assigner à cette juridiction.
§8. Tribunal de paix
Le parquet est institué près chaque juridiction (art 65 du COCJ). Il est
constitué près le Tribunal de paix, d’un premier substitut du Procureur de la
République auquel sont adjoints un ou plusieurs substituts du Procureur de la
République.

SECTION 2. LES REGLES JUDICIAIRES COMMUNES AUX MAGISTRATS


DU PARQUET

§1. Les attributions du Ministère Public en matière d’exécution des lois et de


jugements

Le Ministère Public surveille l’exécution des actes législatifs, des actes


réglementaires et des décisions de justice (art. 66 du Code d’OCJ) ; il intervient
d’office c’est à dire sans avoir été prié par quelqu’un pour exécuter les lois, les
ordonnances et les jugements chaque fois que l’ordre public est intéressé 84. Ainsi par
exemple quand une loi qui contient une disposition pénale est violée, le Ministère
Public intervient d’office pour faire sanctionner cette violation en exerçant l’action
publique. En matière d’exécution des jugements, le Ministère Public ayant le droit de
réquisitionner la force publique, c'est-à-dire la force de l’État, c’est à lui que vont
s’adresser les huissiers de justice pour obtenir l’assistance nécessaire en vue de briser
toute résistance ou la violence qui leur est opposée 85.
En matière d’exécution des jugements répressifs, le Ministère Public est
chargé des tâches suivantes :
- exécuter les peines corporelles (exécution capitale et emprisonnement) ;
- exécuter les condamnations aux dommages-intérêts alloués d’office ;
- exécuter la contrainte par corps en ordonnant la prise de corps.

§2. La mission de surveillance des services judiciaires

Le Ministère Public a reçu de la loi une mission générale de surveillance des


officiers de police judiciaire, des officiers publics et des officiers ministériels, sauf les

84 Art.66, loi organique de 2013 sur l‘OCJ


85 Art.66, loi organique de 2013 sur l‘OCJ

60
agents du greffe et de l’office des huissiers 86. Les officiers de police judiciaire que
nous étudierons plus loin, sont les yeux et les oreilles du Ministère Public dans sa
mission de rechercher les preuves des infractions commises.
Les officiers publics sont des personnes à qui ont été confiées par l’autorité
publique (l’État) la qualité et le pouvoir d’authentifier des actes et les tenir en dépôt ;
exemple le Maire en tant qu’officier de l’état civil, le notaire, les greffiers et les
huissiers87.
Les officiers ministériels entendus au sens strict du droit français, sont des
personnes titulaires d’un office ou d’une charge, qui leur est donné à vie par l’autorité
publique et pour lequel elles ont le droit de présenter un successeur. En outre, elles
jouissent d’un monopole ; c’est le cas des notaires, des greffiers et des huissiers de
justice88.
Entendu en ce sens, le terme « officier ministériel » est impropre en droit
congolais dans lequel les fonctions de notaire, de greffiers et des huissiers sont remplis
par des fonctionnaires de l’État. Mais on peut qualifier en droit congolais les greffiers,
les huissiers et les notaires « d’officiers ministériels » au sens étymologique d’officiers
chargés d’un Ministère obligatoire, d’une mission publique.
Le Ministère Public veille au maintien de l’ordre dans les cours et tribunaux ;
mais, il n’a pas la police de l’audience qui appartient au Président de l’audience 89. Il
peut par exemple demander au Président de l’audience de prendre telle mesure qu’il
juge convenable pour le maintien de l’ordre. Il lui appartient aussi de provoquer les
mesures de police nécessaires au maintien de l’ordre aux abords de la salle d’audience,
pour prévenir les attroupements90.
Nous rappelons que le Ministère Public surveille la composition et l’action de
tous les tribunaux coutumiers de son ressort ; il leur donne des directives nécessaires
pour la bonne administration de la justice 90. Nous partageons le point de vue de A.
RUBBENS, qui estime que ces dispositions heurtent le principe de l’indépendance des
juges91 ; toutefois, nous ne pouvons le suivre sur la justification qu’il en donne en
affirmant que : « ces dispositions sont marquées au coin de la politique paternaliste du
régime colonial »92.
A notre point de vue, la mission de surveillance du Ministère Public exercée
sur la composition et l’action des tribunaux coutumiers se justifie de deux manières : il
y a d’abord le fait que l’officier du Ministère public est juriste de formation, à ce titre,
il dispose de la formation technique qui lui permet de contrôler le fonctionnement des
tribunaux coutumiers composés de non-juristes, ensuite. Il y a la perspective de la

86 Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ


87 Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ
88 R.GUILLIEN et J. Vincent : Op.cit., p.310.

89 Art.66 de la loi organique du 11 avril 2014 sur l’Organisation et la compétence Judiciaires.

90 Art.10 de l’arrêté royal du 13 mai 1938 coordonnant les décrets sur les juridictions indigènes

91 A. RUBBENS, op.cit., Tome I, n° 153

92 Idem.

61
requête en annulation des jugements coutumiers, requête, ainsi que nous l’avons déjà
développé plus haut que seul le Ministère a compétence d’introduire devant le tribunal
de grande instance lorsque les jugements coutumiers ont violé la coutume ou les règles
substantielles de procédure.
C’est au cours de sa mission de surveillance que le Ministère Public va
pouvoir relever les jugements qui ont violé la coutume et les règles substantielles de
procédure et décider d’introduire une requête en annulation de ces jugements devant le
tribunal de grande instance.
Le Ministère Public contrôle les officiers de police judiciaire étant donné que
ces derniers exercent leur mission judiciaire sous les ordres et l’autorité du Ministère
Public93.
Il est même prévu la procédure d’habilitation par le Procureur de la
République : ce dernier peut accorder ou refuser l’habilitation à exercer les
attributions d’officiers de police judiciaire94; l’officier de police judiciaire, qui fait
l’objet d’une mesure de refus, de suspension, de retrait de l’habilitation ne peut
exercer ces attributions judiciaires attachées à la qualité d’officier de police
judiciaire ; l’officier de police judiciaire frappé par ces mesures et qui s’obstine à
poser les actes judiciaires propres à un officier de police judiciaire, peut être poursuivi
en justice et être condamné à une peine de prison de 2 à 6 mois ou à une peine
d’amende95.

§3. La mission du Ministère Public en matière répressive

C’est à dire lorsqu’il s’agit de poursuivre (réprimer) des infractions :


Le Ministère Public est par excellence officier de police judiciaire 96 c’est à
dire celui qui est chargé de constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les
preuves et d’en rechercher les auteurs. C’est cette mission que le code de
l’organisation et de la compétence judiciaire a confié au Ministère Public disposant
qu’en matière répressive, le Ministère public recherche les infractions aux actes
législatifs et réglementaires qui sont commises sur le territoire de la République 97
Le Ministère Public reçoit les plaintes et les dénonciations 98
Le Ministère public a reçu de la loi la mission de mener l’instruction
préparatoire en vue de mettre les causes pénales en état d’être jugées ; pour ce faire,
les officiers du Ministère public disposent des pouvoirs étendus.

93 Art.1 du code de procédure pénale.


94 Art.13.de l’ordonnance n°78 :289 du 3.07.1978 relative à l’exercice des attributions des O.P.J.
95 Art.13. de la même ordonnance

96 Art.11 du code de procédure pénale, A.RUBBENS : Op.cit., Tome I n°146, R. MERLE et A.VITU : op.cit,

n°204
97 Art. 65, loi organique de 2013 sur l‘OCJ

98 Idem

62
A la fin de l’instruction préparatoire, lorsque le magistrat instructeur estime
avoir réuni suffisamment des preuves de la commission de l’infraction, il saisit le
tribunal compétent pour y traduire le prévenu, auteur de l’infraction 99.
Dans la procédure des poursuites engagées contre un mineur délinquant, le
Ministère public tient un rôle analogue à celui qu’il remplit près les juridictions
répressives mais le caractère répressif fait place à un souci manqué de tutelle à assurer
à l’égard de l’enfant qui fait l’objet des mesures de défense sociale (décret du 06
décembre 1950, art. 2, 5, 13, 14, 15, 18 et 19). Voir aussi la loi n°09 /001 du 10 janvier
2009 portant protection de l’enfant.
En matière de libération conditionnelle et de recours en grâce, le Ministère
Public est appelé à donner son avis.
Le Ministère Public a également la mission d ‘inspection des prisons (art. 28
de l’ordonnance du 17 septembre 1965 relative au régime pénitentiaire). Au cours de
cette mission, il vérifie les registres d’écrou, le registre d ‘hébergement et s’assure si
aucune personne arrêtée n’est retenue au-delà du temps nécessaire pour être conduite
devant l’autorité judiciaire compétente pour exercer les poursuites. Enfin, le Ministère
public assiste à toutes les audiences de la Cour de cassation, des Cours d’appels, des
tribunaux de grande instance, des tribunaux de commerce, des tribunaux de travail et
des tribunaux de paix. Il ne prend cependant pas part au délibéré ( art. 66 du Code
d’OCJ).

§ 4. La mission du ministère public en matière de droit privé

En matière de droit privé, le Ministère Public a reçu ces missions :


1. Mission générale permanente d’assister à toutes les audiences

L’on ne peut pas concevoir une audience judiciaire en matière de droit privé
sans que le Ministère Public soit présent, car la loi exige qu’il assiste à toutes les
audiences de la Cour de cassation et de toutes les autres juridictions jusqu’au niveau
des tribunaux de paix100.
Nous devons ici noter l’illogisme de la position légale. En effet, nous avons
déjà dit que le tribunal de paix est la juridiction compétente chargée de juger tous les
litiges du droit de la famille. Or, des nombreuses dispositions du Code de la famille
font intervenir le Ministère Public101.
- l’art.319 relatif à l’autorité parentale, le Ministère Public peut requérir la
déchéance ;
- l’art. 359 où le Ministère Public peut saisir le tribunal de paix en cas de

99 Idem
100 Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
101 Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ.

63
refus de l’art.367 qui permet au Ministère Public de saisir le tribunal de paix en
amiable conciliateur lorsqu’il y a refus de réception de la dot.
Notons également, que la loi exige l’avis du Ministère Public chaque fois
qu’une juridiction doit faire application de la coutume 102. Or, comme dit ci-haut, le
tribunal de paix est la juridiction compétente, pour juger les conflits fonciers collectifs
ou individuels régis par la coutume et les litiges relatifs aux successions.

2. Mission de donner des avis

La loi exige dans des cas bien déterminés que les dossiers judiciaires soient
communiqués au Ministère Public pour qu’il donne son avis, la loi a déterminé onze
(11) cas, nous ne citerons que les suivants à titre illustratif :
- les dossiers dans lesquels sont en cause l’État, les établissements publics,
les provinces, les assemblées régionales et les collectivités ;
- les dossiers relatifs aux litiges de successions ;
- les dossiers qui concernent les mineurs.
- le Ministère Public peut de lui-même demander que les dossiers où il croit
pouvoir donner son avis lui soient communiqués103.
- une juridiction peut aussi estimer indiquer de communiquer des dossiers
au Ministère Public pour recueillir son avis 104.
Dans les pays qui ont une vieille expérience judiciaire, ce sont des juristes
spécialistes qui siègent en matière de droit privé. C’est pourquoi, leurs avis sont
attendus avec intérêt parce qu’ils constituent des véritables consultations des
spécialistes.
La décharge est l’équivalent de la récusation au niveau du parquet. Le
magistrat instructeur en charge d’un dossier peut se retrouver dans une situation qui ne
garantit pas l’équité dans le traitement d’une affaire.
En se fondant sur le fait que le ministère public instruit à charge et à
décharge, une partie peut estimer, au regard de l’opinion qu’un magistrat a déjà émise
dans le cadre du dossier la concernant ou au regard des affinités que ce magistrat
pourrait avoir avec son adversaire, qu’il est difficile voire impossible que l’instruction
qu’il mène soit orienté autrement qu’en sa défaveur. Elle peut, dans ce cas, s’adresser
au chef d’office aux fins d’obtenir le remplacement du magistrat suspecté.
La loi ne détermine pas une procédure particulière pour les magistrats du
ministère public et la règle du contradictoire ne semble pas de mise comme dans le cas
de la récusation des magistrats du siège.
On en vient à croire que sur ce point, les chefs d’office seraient investis d’un
pouvoir discrétionnaire leur permettant de faire droit ou non à la demande tendant à
obtenir la décharge.

102 Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ.


103 Art. 69 OCJ
104 Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ.

64
3. Mission de partie principale

Le Ministère Public remplit la mission de partie principale de deux manières :


A. Mission de partie principale quand l’intérêt public l’exige.

Le Ministère Public agit comme partie principale à chaque fois que, l’intérêt
public exige son concours 105.
Il doit cependant être noté, que le Ministère Public ne peut pas se substituer à
une partie privée sous prétexte que celle-ci s’abstient d’exercer une action qui
intéresse l’ordre public, par exemple en matière de divorce 106
C’est pour empêcher le Ministère Public d’agir dans ce domaine de manière
inconsidérée, que la jurisprudence congolaise a limité son champ d’action en
affirmant : « il faut que l’ordre public soit mis en péril par un état de choses auquel il
importe de remédier, pour que le Ministère Public puisse agir d’office en matière
civile, il ne peut agir en invoquent l’ordre public si des intérêts privés sont seuls en
cause107.

B. Mission de partie principale pour assurer une aide judiciaire.

Les officiers du Ministère Public peuvent agir par voie d’action principale
dans l’intérêt de toute personne physique lésée qui serait inapte à agir en justice ; à
assurer sa défense ou à faire face au payement d’un avocat ou d’un défenseur
judiciaire108
Nous nous trouvons ici devant une notion purement congolaise de ce qu’on
appelle en France « aide juridique » ; celle-ci, entendue au sens du droit français, est
une assistance judiciaire grâce à laquelle une personne qui a des ressources modestes
peut bénéficier du concours gratuit d’un avocat, pour faire valoir ses droits en
justice109
La note typiquement congolaise consiste à étendre l’aide judiciaire à ceux qui
sont « inaptes » pour agir en justice ou pour se défendre. Le droit congolais rejoint le
droit français, lorsqu’il prévoit la possibilité pour une personne aux ressources
modestes, de bénéficier de concours gratuit d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire,
soit pour introduire une demande en justice, soit pour se défendre face à une
accusation portée en justice.

105 Art.66, loi organique de 2013 sur l’OCJ


106 RUBBENS : Op cit, Tome I n°149
107 Revue juridique du Congo-belge : 1937, p.171

108 Art. 68 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’organisation et de la compétence judiciaires.

109 R. GUILLIEN et J. VINCENT, Lexique de terme juridiques, op.cit.

65
Mais, le droit congolais introduit une nuance propre due à l’environnement
sociologique et culturel, en prévoyant que : l’aide judiciaire puisse également être
accordée à une personne qui est inapte, non pas financièrement parlant, mais
sociologiquement et culturellement, à introduire une demande en justice ou à se
défendre face à une accusation portée en justice.
Cette inaptitude sociologique et culturelle s’explique à notre sens, par
l’ignorance généralisée dont font preuve la plupart des Congolais en matière de
procédure judiciaire, ignorance qui trouve en grande partie son origine dans le fait
qu’il s’agit d’une procédure qui est trop étrangère à la manière judiciaire traditionnelle
de rendre la justice comme cela se fait selon les coutumes.

4. Mission de partie intervenante

Nous avons déjà étudié les cas dans lesquels le Ministère Public est qualifié
pour exercer une action principale. A plus forte raison, peut-il, dans ces cas, lorsqu’il
n’a pas pu agir par voie d’action principale agir comme partie intervenante, en
déposant des réquisitions 110
Nous devons signaler l’erreur de langage que l’on retrouve chez certains
auteurs qui parlent des « conclusions » ou réquisitions » du Ministère Public lorsqu’il
est appelé à donner un avis111
Répétons, que le Ministère Public à qui un dossier judiciaire est communiqué
pour avis, ne prend pas de conclusions, encore moins des réquisitions et n’est pas
partie intervenante.

5. Mission d’introduire une requête en faveur des indigents pour la


désignation d’office d’un conseil.

Les officiers du Ministère Public peuvent, par voie de requête écrite,


demander au Président de la juridiction, la désignation d’un avocat, d’un défenseur
judiciaire chargé d’assister les personnes physiques lésées qui sont inaptes à agir en
justice ou qui sont inadaptés à se défendre en justice lorsqu’elles sont accusées ou qui
sont dépourvue de ressources financières, pour faire face au paiement d’un avocat ou
d’un défenseur judiciaire112.

6. Diverses missions judiciaires dans le cadre du Code de la famille

Signalons les missions les plus marquantes :

110 A. RUBBENS, Op.cit., T.I n°61


111 A. RUBBENS, Op.cit., T.I n°61
112 Idem

66
- saisir par requête, le Tribunal de Grande Instance afin de suppléer le défaut
d’acte de l’état civil (art.106 du code de la famille) ;
- saisir par requête, le Tribunal de Grande Instance en rectification des
actes de l’état civil (art.107 du code de la famille) ;
- saisir par requête, le tribunal de grande instance en vue de voir intervenir
un jugement déclaratif de décès d’une personne disparue (art.142.Code de la famille)
- réquisition auprès du tribunal de paix pour prononcer la déchéance de
l’autorité parentale (art.319 du code de la famille) ;
- introduire auprès du tribunal de paix une demande de condamnation du
père au remboursement des frais de gésine et d’entretien pendant les 9 mois de
grossesse, si l’action en recherche de paternité est déclarée fondée (art.639 Code de la
famille) ;
- requête pour saisir le tribunal compétent en vue de faire désigner un
liquidateur judiciaire parent ou étranger, lorsque les héritiers ne sont pas connus ou ont
tous renoncé à l’héritage.

7. Mission dans le domaine disciplinaire des avocats

Le Procureur Général près la Cour d’Appel peut déférer devant le conseil


national de l’ordre des avocats, les sentences disciplinaires prononcées par le conseil
de l’ordre (art.96 de l’ordonnance-loi n°79/08 du 2 septembre 1979 portant
organisation du barreau, du corps des défendeurs judiciaires et du corps des
mandataires de l’État).
Le Procureur Général près la cour d’appel assure et surveille l’exécution des
peines disciplinaires et de l’interdiction provisoire d’exercer prononcée contre un
avocat (art.100 du statut du barreau).
§5. Mission à caractère administratif

Le Ministère Public a reçu de la loi certaines missions à caractère


administratif. Nous pouvons en épingler quelques-unes :
Le magistrat du parquet peut être commissionné en qualité de notaire (art.2 du
décret du 17 Novembre 1953) ;
Les enquêtes de vacances de terre ne sont valides que si elles ont été
contrôlées et approuvées par un officier du Ministère Public (art.5 du décret du 31 mai
1934) ;
Autorisation du Procureur de la République pour consulter les registres de
l’état civil (art.91 du Code de la famille) ;
Surveillance de l’état (art.102 du Code de la famille) ;
Veiller à faire transcrire en marge des actes de l’état civil, des jugements
déclaratifs d’absence ou de décès (art.205 du Code de la famille).

67
§6. Quid de l’autorité du Ministre de la Justice sur les magistrats du
parquet ?

L’autorité du ministre de la Justice se limite à ordonner les poursuites, à


donner l'impulsion aux poursuites et à exercer un droit de regard sur les officiers du
ministère public sans porter préjudice au pouvoir du Conseil supérieur de la
magistrature en matière disciplinaire.
En effet traditionnellement on reconnaissait au Ministre de la Justice le droit
de donner des instructions au Procureur Général près la Cour d’appel qui est le chef de
l’exercice de l’action publique, pour lui demander d’entamer des poursuites
judiciaires. Il a également le droit de surveiller la manière dont s’exerce l’action
publique, en se faisant rendre compte des actes du Ministère Public113 Mais un grand
nombre de juristes refusaient déjà de reconnaître au Ministre de la justice le droit
d’interdire l’exercice de l’action publique lorsque, celle-ci est déjà entamé114 ; en
terme technique, ce droit qu’on refuse de lui reconnaître s’appelle le ‘droit de veto ».
Si déjà les pouvoirs exorbitants jadis reconnus au ministre de la Justice
étaient au centre d’une controverse parmi les juristes dont certains contestaient au
ministre un certain droit de veto, il faut utilement relever qu’à ce jour, le ministre de la
justice a été dépouillé de beaucoup de ses pouvoirs par la loi organique 06/020 du 10
octobre 2006 portant statut des magistrats.
Cette dernière loi très révolutionnaire, enlève dans plusieurs de ses
dispositions au Ministre ses pouvoirs traditionnels. L’art. 2, al. 2 de cette dernière loi
qui reconnaît au conseil supérieur de la magistrature l’initiative exclusive du
recrutement des magistrats en est une peinture achevée.
Mais, si dans sa lettre comme surtout dans son esprit cette loi tend à couper le
cordon ombilical entre les magistrats et le Ministre de la Justice, autant mieux dire
entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.
Pour notre part, nous soutenons que la pratique judiciaire congolaise a
introduit ce droit de veto, qui a été finalement réglementé 115; car il est prévu que
certains cas de poursuites judiciaires déterminés par les circulaires le magistrat
instructeur doit établir un document qui est appelé « avis d’ouverture d’instruction »,
destiné à être transmis à l’autorité hiérarchique immédiatement supérieure, ceci afin de
recueillir les avis et considérations de l’autorité supérieure, qui peut soit demander de
surseoir aux poursuites judiciaires ou classer purement et simplement le dossier pour
des raisons d’opportunité soit au contraire demander d’appliquer la loi avec sévérité 116.

113 BAYONA-ba-MEYA : l’indépendance de la magistrature en République du Congo in Annales de la Faculté


de droit université du Congo vo. 1. 1972, P.32-33.
114 BAYONA-ba-MEYA, idem

115 Art. 143 et 146 de l’arrêté d’organisation judiciaire n°289/70 du 20.8.79 portant règlement intérieur des cours

et tribunaux.
116 BAYONA-ba-MEYA : Op.cit, p.33.

68
Par ignorance du droit judiciaire, beaucoup de citoyens, considérant que le
Ministre de la Justice exerce l’autorité sur les magistrats du Parquet, autorité qui peut
aller jusqu’à leur donner des ordres, des instructions, soutiennent qu’au Congo la
justice n’est pas indépendante.
Nous rappelons abord que c’est la loi qui a donné ce pouvoir au Ministre de la
Justice ; ensuite il doit être reprécisé que l’indépendance absolue qui est garantie par la
Constitution concerne des juges, car ce sont eux qui disent le droit, qui jugent. Certes,
les magistrats du Parquet sont également indépendants dans leur mission qui consiste à
faire appliquer la loi, à l’interpréter ; mais il s’agit d’une indépendance relative.

§8. La mission du Ministère Public auprès des juridictions d’affectation

Le Ministère Public remplit les devoirs de sa mission auprès des juridictions


établies dans son ressort. Ceci doit être souligné pour dire que le seul fait d’être un
magistrat du parquet ne suffit pas pour exercer ses fonctions devant n’importe quel
tribunal. Nous avons déjà eu à dire que c’est toujours auprès d’un tribunal, d’une
juridiction qu’un magistrat du Parquet est affecté ; il ne peut pas exercer ses
attributions d’officier du Ministère public ailleurs, auprès d’un autre tribunal.
Ce principe devrait pouvoir mettre fin à certaines pratiques illégales que l’on
observe dans le vécu judiciaire congolais où des frères tribus, ou des relations vont
trouver un magistrat du Parquet pour l’intéresser à une affaire qui se situe en dehors de
son ressort d’affectation.

§9. Le principe du remplacement du Ministère public

En cas d’absence dû d’empêchement, le Procureur Général de la République


est remplacé dans l’exercice de ses fonctions par le Premier Avocat Général de la
République le plus ancien dans le grade ou à défaut par l’avocat général de la
République le plus ancien ( art 73 du Code d’OCJ).
En cas d’absence ou d’empêchement, le Procureur Général près la Cour
d’Appel est remplacée par le plus ancien des avocats généraux ou à défaut par le plus
ancien des substituts du Procureur Général.
En cas d’absence ou d’empêchement, le Procureur de la République est
remplacé par le plus ancien des premiers substituts résidents au siège du Tribunal de
Grande Instance ou, à défaut par le plus ancien substitut résident au siège du Tribunal
de Grande Instance (Voir art 81 du Code d’OCJ).
§10. Autorisation judiciaire pour la communication et la délivrance des
copies des actes d’instruction préparatoire et des actes de procédure à l’audience

En matière de poursuite pénale ou de poursuite disciplinaire, les parties

69
concernées ont le droit dès l’instant où le tribunal compétent a été saisi et ce jusqu’à la
décision définitive, de prendre connaissance et de recevoir copie du dossier judiciaire
117

En matière de poursuite pénale ou disciplinaire, il est interdit de


communiquer un acte de procédure que ce soit un acte de procédure au niveau de
l'enquête du parquet (instruction préparatoire) ou un acte de procédure au niveau de
l’audience du tribunal sans l’autorisation du Procureur Général de la République, s’il
s’agit d’une affaire qui est jugée par la Cour de cassation ou du Procureur Général près
la Cour d’Appel s’il s’agit d’une affaire qui est jugée au niveau de la Cour d’Appel ;la
même interdiction concerne la délivrance des copies simples, actes de procédure sauf
obtention de l’autorisation de mêmes autorités judiciaires 118 Les demandes
d’autorisation de délivrance des actes de procédure que l’on enregistre le plus portent
sur les copies des procès-verbaux des accidents de la circulation ; principalement en
vue de constituer le dossier au niveau de l’assurance.
Cependant, à la demande des parties au procès, l’on peut communiquer la
plainte, la dénonciation, les ordonnances, les jugements et les arrêts, tout comme on
peut délivrer des copies certifiées conformes (expéditions) de ces mêmes documents
119.

§11. Les principes régissant le Ministère Public

Le Ministère Public est un corps hiérarchisé. L’art. 2 de la loi organique du


11 avril 2013 sur l’Organisation et la compétence Judiciaires reprend dans un ordre
decrescendo sa composition. En tant que corps, le Ministère Public est régi par
certains principes dont l’unité, l’indivisibilité, l’irrecevabilité, l’irresponsabilité et la
subordination hiérarchique.

1. Le principe de l’unité et de l’indivisibilité du Ministère Public

Dans l’exercice de sa mission, le gardien de la loi ou de l’ordre public, le


Ministère Public est un et indivisible. Ceci entraîne notamment comme conséquence
qu’au cours d’un seul procès pénal ou civil, les officiers du Ministère public peuvent
s’inter changer.
Dans la pratique, le Procureur Général de la République, le Procureur Général
et le Procureur de la République établissent, chacun en ce qui concerne sa juridiction,
une fiche de roulement des audiences en vue de fixer et réguler la rotation des officiers
du Ministère Public placés sous leur autorité.
L’esprit du corps impose à chaque Officier du Ministère Public de relayer
correctement son prédécesseur et ce jusqu’à l’audience où l’affaire (pénale ou civile)

117 Art.21, Idem


118 Art.21 idem, voir également l’article 84 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
119 Idem

70
sera prise en délibéré.

2. Le principe de l’irrécusabilité du Ministère Public

Contrairement au juge dont l’impartialité peut être mise en cause par la


procédure de la récusation et, lorsqu’il s’agit de tout le tribunal par celle de renvoi
pour cause de suspicion légitime, respectivement prévues par les articles 49 à 62, le
Ministère Public, partie principale et agissant par voie d’action principale au procès
répressif ne peut être récusé. Ceci est du reste, conforme au prescrit de l’art. 66 alinéa
5 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’organisation et la compétence judiciaires
qui prévoit que le Ministère Public assiste à toutes les audiences des cours et
tribunaux.
Notons cependant que le Ministère Public peut être déchargé de l’instruction
d’un dossier par une ordonnance motivée de son Chef hiérarchique préalablement saisi
par une requête de la partie diligente.
Par ailleurs, au procès civil, le Ministère Public qui a toujours agi en tant que
partie jointe par voie d’avis donné sur le banc ou à l’issue d’un examen minutieux du
dossier qui lui est communiqué peut se voir appliquer les dispositions relatives au
déport sur pied des articles 58 à 59 de la loi-organique sur l’organisation et la
compétence Judiciaires.

2. Le principe de l’irresponsabilité du Ministère Public

Le Ministère Public, gardien de la loi et de l’ordre public est censé agir pour
l’intérêt public. En tant que tel, les actes qu’il pose engagent la puissance publique,
c’est-à-dire l’État qu’il représente. Toutefois, l’Officier du Ministère Public peut
engager sa responsabilité personnelle lorsqu’il a agi par sentiment et contre la loi.
Dans cette hypothèse, il peut s’exposer à des sanctions disciplinaires.

4. Le principe de la subordination hiérarchique du Ministère Public

En tant que corps hiérarchisé, le Ministère Public a plusieurs niveaux ou


paliers tel que le démontre l’art. 2 sus-évoqué de la loi-organique du 11 avril 2013 sur
l’OCJ. Les magistrats d’un palier inférieur reçoivent des injonctions de ceux d’un
niveau supérieur à qui ils doivent une subordination hiérarchique. C’est à ce titre
qu’un Procureur général, Officier du Ministère Public du parquet général près la Cour
d’Appel peut ordonner au Procureur de la République, Officier du Ministère Public du
Parquet près le Tribunal de Grande Instance, la transmission d’un dossier sur simple
réquisition.
Cependant, si le Ministère Public doit à son supérieur hiérarchique une
soumission, il jouit tout de même d’une entière liberté d’expression et d’une totale
indépendance d’esprit à l’audience en vertu de l’adage : « la plume est serve mais la
parole est libre ».

71
En effet, le Ministère Public n’est lié à l’égard de son supérieur hiérarchique
que par son écrit. Il doit une obéissance à son supérieur hiérarchique mais conserve à
l’audience une totale liberté d’opinion. C’est pourquoi, à l’audience, il peut instruire à
charge ou à décharge.

72
CHAPITRE 4 : LA HIERARCHIE, LA COMPOSITION DE
L’AUDITORAT MILITAIRE ET SES REGLES DE
FONCTIONNEMENT

SECTION 1 : L’AUDITEUR GENERAL DES FORCES ARMEES

L’auditeur Général des FARDC est le chef de corps de justice militaire. Il


remplit les fonctions du Ministère Public. Il exerce la plénitude de l’action publique
devant toutes les juridictions militaires (art.43 du C.J.M.). Cependant, il faut noter que
l’auditeur général n’a pas de pouvoir direct sur le siège militaire. Avec la loi de 2002
portant Code judiciaire militaire, il y a une séparation de pouvoir nette entre le siège
militaire et le parquet militaire. On accorde une préséance (protocolaire) au siège
militaire. L’auditeur général n’a plus des ordres à donner comme avant sous le régime
de la loi de 1972.
Cela étant dit, l’auditeur général recherche et poursuit toutes les infractions de
la compétence de la Haute Cour Militaire, des cours militaires, des tribunaux militaires
des garnisons. Il a le droit d’occuper devant toutes les juridictions militaires le siège
du Ministère Public (art 43 al 2 C.J.M.). Il surveille les actes des auditeurs militaires
près les cours militaires et les tribunaux militaires de garnison, des greffiers de
juridiction et des O.P.J. Il surveille aussi la tenue du registre et des écritures, la
conservation des archives et la conduite des agents auxiliaires (art 49 du C.J.M). En
temps de paix, il exerce ses fonctions sous contrôle exclusif et direct du ministre de la
Défense Nationale (art 47 C.J.M). En temps de guerre, sous l’état de siège ou
d’urgence, il est placé sous l’autorité exclusive du Premier Ministre.
L’auditeur Général des FARDC peut avoir un ou plusieurs Premiers substituts
et des substituts (Art 53 CJM).
L’auditeur général des FARDC est assisté d’un ou de plusieurs Avocats
militaires et des substituts de l’auditeur supérieur, nommés et, le cas échéant, relevés
de leurs fonctions par le Président de la République (art.48, in fine C.J.M).
En cas d’empêchement, l’auditeur général de FARDC peut se faire remplacer
par le plus ancien des premiers avocats généraux ou, le cas échéant par le plus ancien
des avocats généraux (art.44 in fine du Code Judiciaire Militaire).
Il est également chargé de l’exécution des arrêts de la Haute Cour Militaire
(art 45 CJM).

73
SECTION 2 : LES AUDITEURS MILITAIRES PRES LES COURS ET
TRIBUNAUX MILITAIRES

Les fonctions du Ministère Public près chaque Cour militaire sont remplies
par des auditeurs militaires supérieurs (art.48 Code Judiciaire Militaire).
L’auditeur militaire supérieur exerce, sous la surveillance et le contrôle de
l’auditeur général des FARDC les fonctions de Ministère Public près toutes les
juridictions militaires établies dans le ressort de la cour militaire. Il est assisté d’un ou
de plusieurs avocats généraux militaires et des substituts de l’auditeur militaire
supérieur, nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le Président de la
République (art.48 du Code Judiciaire Militaire).
L’auditeur militaire supérieur peut se faire remplacer par l’avocat général
militaire ou l’auditeur militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé (art.49
C.J.M.).
L’auditeur militaire supérieur règle l’ordre intérieur et la tenue des registres
des auditorats militaires près les juridictions militaires de son ressort (art. 50 C.J.M.)

74
CHAPITRE 5 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS

Nous rappelons qu’il y a deux catégories des magistrats.


Les juges, qui disent le droit, ce sont eux qui constituent une juridiction
(tribunaux ou cours). Ils sont appelés magistrats du siège. Les magistrats du Parquet
ou officiers du Ministère Public, qui sont affectés auprès des juridictions.
Il existe une correspondance de grades, entre les magistrats du siège et ceux
du Parquet.
Le passage d’une catégorie à l’autre est chose possible, et cela arrive
fréquemment. Le passage de la magistrature militaire à celle civile est prévue d’autant
qu’il existe aussi une correspondance de grades entre la magistrature civile et la
magistrature militaire.
Du fait que les juges représentent réellement le pouvoir judiciaire et qu’ils
jouissent de l’indépendance totale dans l’exercice de leur fonction juridictionnelle, et
compte tenu du fait que le magistrat du parquet est défini par rapport à une juridiction
auprès de laquelle il est affecté, il s’est créé dans les us et coutumes judiciaires, une
préséance protocolaire des juges par rapport à leurs collègues du parquet de même
grade.
SECTION 1 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS
CIVILS

§1. La hiérarchie des grades des magistrats du siège

1. Cour Constitutionnelle

- Premier Président de la Cour Constitutionnelle.


- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs présidents.
- La Cour Constitutionnelle comprend plusieurs conseillers et conseillers
référendaires.

2. Cour de cassation
- Premier Président de la Cour de cassation.
- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs présidents.
- Elle comprend plusieurs conseillers et conseillers référendaires.

3. Conseil d’État
- Premier Président du Conseil d’État.
- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs conseillers et
conseillers référendaires.
- Il comprend plusieurs conseillers.

75
4. Cour d’Appel
- Premier Président de la Cour d’Appel, un seul
- Président(s) de la Cour d’Appel, un ou plusieurs.
- Conseillers à la Cour d’Appel, plusieurs.
5. Cour Administrative d’Appel
- Premier Président de la Cour administrative d’Appel
- Conseillers à la Cour administrative d’Appel

6. Tribunal de Grande Instance


- Président du Tribunal de Grande Instance : un seul
- Juges du tribunal de Grande Instance : plusieurs.

7. Tribunal de paix
- Président du Tribunal de paix : un seul
- Juges du Tribunal de paix : plusieurs.
Nous rappelons que là où les tribunaux de paix ne sont pas encore installés,
les tribunaux de police et les tribunaux coutumiers continuent de fonctionner.

§2. La hiérarchie des grades des magistrats du parquet

1. Parquet Général près la Cour Constitutionnelle


- Procureur Général près la Cour Constitutionnelle.
- Un ou plusieurs premiers avocats généraux.
- Plusieurs avocats généraux.

2. Parquet général près la Cour de cassation


- Procureur général près la Cour de cassation
- Un ou plusieurs premiers avocats généraux
- Plusieurs avocats généraux

3. Cour d’Appel
- Procureur général près la Cour d’Appel ;
- Un ou plusieurs avocats généraux ;
- Plusieurs substituts du Procureur Général.

4. Cour Administrative d’appel


- Procureur général près la Cour Administrative d’Appel
- Un ou plusieurs avocats généraux
- Plusieurs substituts du Procureur Général près la Cour Administrative
d’Appel

76
5. Parquet près le Tribunal de Grande Instance
- Procureur de la République.
- Un ou plusieurs Premiers substituts du Procureur de la République.
- Plusieurs substituts du Procureur de la République.
6. Parquet près le Tribunal Administratif
- Procureur.
- Un ou plusieurs premiers substituts du Procureur.
- Plusieurs substituts du Procureur.
Il n’existait pas de parquet près le Tribunal paix. Mais depuis 2013 (Loi
d’OCJ), l’art 65 institue un parquet près le tribunal de paix composé d’un premier
substitut du Procureur de la République auquel sont adjoints un ou plusieurs substituts
du Procureur de la République.

SECTION 2 : LA HIERARCHIE DE GRADES DES MAGISTRATS


MILITAIRES
A la différence des juridictions civiles qui pour la tenue des audiences, font
appel à des magistrats de carrière, tant pour tenir le rôle du Ministère Public que pour
juger, les juridictions militaires font appel, pour tenir le rôle du Ministère public à des
magistrats de carrière mais ce sont des officiers non-magistrats qui composent
majoritairement le siège. Ainsi, le tribunal militaire de police siège avec trois juges
militaires dont un seul est magistrat de carrière (art. 24 al 1 C.J.M) ; le tribunal
militaire de garnison siège avec cinq juges militaires dont un seul est magistrat de
carrière (art.22 C.J.M) ; la Cour militaire opérationnelle siège avec cinq juges
militaires dont un seul est magistrat de carrière (art.20 al1 C.J.M) ; la cour militaire
siège avec cinq juges militaires dont deux seulement sont magistrats de carrière (art.16
al 1 C.J.M) ; la Haute cour militaire siège cinq juges militaires dont deux seulement
sont magistrats de carrière (art. 10 C.J.M).
Cette particularité dans la composition du siège des juridictions militaires
entraîne une différence considérable dans la hiérarchie des grades des magistrats
militaires. L’on constate une graduation hiérarchisée en ce qui concerne l’auditorat
militaire (parquet militaire) et un seul juge permanent par juridiction militaire.
AUDITORAT MILITAIRE JURIDICTION MILITAIRE

Auditeur Général des Premier Président de la Haute


F.A.R.D.C Cour Militaire

Présidents de la Haute Cour


Premiers Avocats généraux Militaire
des Forces armées

Avocats généraux des Conseillers de la Haute Cour


Forces armées Militaire

77
Auditeur militaire supérieur Premier président de la Cour
Militaire
Les avocats généraux
militaires Les présidents de la Cour
Les substituts des auditeurs Militaire/CMO et
militaires supérieur près les CM et Les Conseillers des Cours
les CMO
Les auditeurs militaires, Président du Tribunal
Les premiers substituts militaire de garnison

Les substituts des auditeurs Juges du Tribunal militaire de


militaires près les Tr. Militaires de garnison
garnison et de police
Président du Tribunal
militaire de Police

Juges du Tribunal militaire de


Police.

CHAPITRE 6 : LA COUR DES COMPTES

L’existence de la Cour des comptes en République démocratique du Congo


remonte à la période coloniale. L’article 13 de la Charte coloniale du 18 octobre 1908
soumettait les finances publiques de la Colonie du Congo Belge à la vérification de la
Cour des comptes de Belgique. L’opérationnalisation de la Cour des comptes a
cependant était effective à la suite de la promulgation de l’ordonnance-loi n°87/005 du 6
février 1987 qui fixe sa composition, son organisation et son fonctionnement. Par
ailleurs la procédure a été déterminée par l’ordonnance - loi n°87/031 du 22 juillet 1987.
La base constitutionnelle de la Cour des comptes se situe dans les articles 178 à 180 de
la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011.
La nature de la Cour des comptes au regard de la spécificité des matières
qu’elle traite se pose avec acuité. Cette nature diffère d’un système judiciaire à un autre.
Au Congo, de notre point de vue, la Cour des Comptes constitue une
juridiction mi- judiciaire et ce pour deux raisons :
-Elle prononce des arrêts de condamnation à la peine d’amende ;
-Ses arrêts sont susceptibles de pourvoi en cassation et de pourvoi en révision.
C’est pourquoi, cette juridiction doit être étudiée dans le Cours d’organisation
et compétence judiciaires.

78
En France, la Cour des Comptes constitue une juridiction administrative
spécialisée. C’est pourquoi ses arrêts sont susceptibles d’un pourvoi en cassation
devant le Conseil d’État120.

SECTION 1. DE LA COMPOSITION DE LA COUR DES COMPTES

§1. Des magistrats de la Cour des Comptes

Au niveau du siège, la Cour des Comptes comprend : un président, des vice-


présidents et des conseillers. Au niveau du Ministère Public, la Cour des Comptes
comprend : le Procureur Général près cette Cour, assisté d’un ou plusieurs avocats
généraux.
Les membres de la Cours des Comptes ont la qualité du magistrat, ils sont
régis par un statut particulier. Les membres de la Cour des Comptes ont la même
préséance que les membres de la Cour de cassation ; ils ne peuvent être poursuivis
qu’avec l’autorisation du Président de la République et sont justiciables devant la Cour
de cassation.
Cette disposition appelle les observations suivantes :
La Cour des Comptes est subordonnée à la Cour de cassation puisque cette
dernière examine les arrêts, on ne peut donc comprendre que ses membres puissent
avoir la même préséance que les magistrats de la Cour de cassation.

§2. Les sections de la Cour des Comptes

La Cour des Comptes comprend trois sections, qui peuvent être divisées en
chambre :
- section chargée des comptes et services de l’État et des entités
décentralisées ;
- section chargée des établissements publics (entreprises publiques,
organismes publics, entreprises mixtes ;
- section chargée des fautes en matière de discipline budgétaire et
financière.
La Cour des Comptes se réunit soit en audience solennelle, soit toutes
sections réunies, soit en chambre, soit en comité de rapport. Elle se réunit en audience
solennelle notamment pour procéder à l’installation des magistrats. La Cour siège
toutes sections réunies dans les cas suivants :
- Pour examiner et arrêter le compte général de l’État ;
- Pour se prononcer sur des questions de procédure, ou de jurisprudence ;
- Pour connaître des affaires qui lui sont déférée directement par le
Président, sur renvoi d’une section, à la requête du M.P sur renvoi après cassation ;

120 J. VINCENT, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses institutions, Précis, Paris, Dalloz,
1991, n°470.

79
- Pour constater et vérifier la gestion et les comptes des établissements
publics.
Les comptables de fait sont également soumis au contrôle de la Cour des
Comptes. On appelle Comptable de fait, toute personne qui effectue des opérations de
recettes, de dépenses, de détention et de maniement de fonds ou de valeur appartenant
à l’État, aux entités décentralisées et aux établissements publics.
La Cour des Comptes peut condamner à une amende qui n’excède pas le
double du traitement mensuel de tout gestionnaire public, tout fonctionnaire ou agent
de l’État, auteur d’une faute de gestion.
Les autres compétences de la Cour des Comptes sont notamment :
- Vérifier que les recettes dues à l’État sont versées régulièrement au Trésor et
appliquer les périodicités légales en cas de retard ;
- Vérifier la régularité des dépenses publiques ;
- Surveiller le remboursement des sommes dues à l’État au titre de prêts et
des garanties d’emprunts ;
- Apurer les comptes des comptables publics et établir des arrêts définitifs
qu’ils ont en débet ;
- Examiner la légalité et la régularité du marché public, des travaux et des
fournitures, des biens et services de l’État et des établissements publics ;
- Arrêter les sommes à couvrir à charge des ordonnateurs délégués lorsqu’ils
ont engagé des crédits en violation de la loi ; elle peut leur infliger des amendes qui
n’excèdent pas la moitié de leur traitement et proposer leur suspension ou leur
destitution ;
- Publier chaque année un rapport public sur la gestion des finances et biens
publics.
Le Procureur Général exerce son ministère par voie de conclusion, d’avis ou
de réquisition. Il fait dresser un état des comptables qui doivent faire parvenir leurs
comptes à la Cour ; il requiert application des amendes prévues par la loi, il défère à la
Cour les opérations présumées constitutives des fautes de gestion.

SECTION 2. DU CONTROLE DES ACTIVITES DE LA COUR DES


COMPTES

Au plan politique, la Cour des comptes relève du parlement qui peut


notamment lui adresser une question écrite ou orale, décider une commission
d'enquête et interpeller son président ou le Procureur Général.
Au plan juridictionnel, les arrêts de la Cour des Comptes sont susceptibles de
pourvoi en cassation devant la Cour de cassation sur requête du comptable ou du
Procureur général près la Cour des Comptes. En cas de cassation, le compte est

80
renvoyé devant la Cour des Comptes siégeant toutes sections réunies. Les arrêts de la
Cour des Comptes sont également susceptibles d’un recours en révision par un
comptable en cas de découverte d’un fait nouveau dans le délai de 10 ans de la
notification de l’arrêt. Le recours en révision est également ouvert au Procureur
Général près la Cour des Comptes dans un délai de 3 ans à dater de l’arrêt définitif.
CHAPITRE 7 : LES IDEES MAITRESSES DU STATUT DES
MAGISTRATS CIVILS

SECTION 1. DU RECRUTEMENT

§1. Des conditions imposées pour être nommé magistrat (art. 1 de la loi
organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats).

Parmi celle-ci, citons :


- Posséder la nationalité congolaise ;
- Être âgé d’au moins 21 ans accomplis et n’avoir pas dépassé 40 ans ;
- Jouir de la plénitude de ses droits civiques ;
- Jouir d’une parfaite moralité attestée par un certificat délivré par une
autorité administrative et par un extrait de casier judiciaire ;
- Posséder les aptitudes physiques et mentales attestées par un certificat
médical daté de moins des trois mois au dépôt du dossier au secrétariat permanent du
Conseil Supérieur de la Magistrature ;
- Être titulaire d’un diplôme de docteur ou licencié en droit délivré par une
Université nationale publique ou privée légalement agréée ou d’un diplôme délivré par
une Université étrangère déclarée équivalent conformément à la législation congolaise
sur l’équivalence des diplômes ;
- S’il s’agit d’une personne mariée, produire un extrait d’acte de mariage.
Les candidats retenus à l’issue du concours organisé par le Conseil supérieur
de la magistrature (CSM) sont sur proposition du CSM, nommés substituts du
Procureur de la République par le Président de la République. Ils sont ensuite admis à
un stage de 12 mois à l’école supérieur de la magistrature.

§2. Particularité de la nouvelle loi

La loi n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats se démarque


de l’ancien statut en disposant en son art. 2 al. 2 que tout recrutement est effectué à
l’initiative du Conseil Supérieur de la Magistrature, et requiert une publicité préalable
par voie d’avis officiel dans tous les chefs –lieux des provinces, fixant un délai utile
pour l’introduction des candidatures. En effet, l’ancien Statut des magistrats fixé par
l’ordonnance loi n°88/056 du 29 septembre 1988 ne cadrait plus avec l’esprit et l’ordre
constitutionnels nouveaux proclamant l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis
des pouvoirs législatif et exécutif.
Une autre particularité de la nouvelle loi, c’est de revaloriser le Conseil

81
supérieur de la magistrature, désormais composé exclusivement des magistrats, devant
jouer un rôle prépondérant dans la gestion administrative, disciplinaire et financière du
corps.

SECTION 2. DU SIGNALEMENT

Le signalement consiste en un bulletin dans lequel sont brièvement décrites,


les activités exercées pendant l’année écoulée et dans lequel est proposée ou attribuée
une appréciation du mérite du magistrat. Il est établi chaque année et a pour but
d’éclairer les autorités compétentes sur le rendement, la conscience et les aptitudes
professionnelles du magistrat. Le Signalement est obligatoire pour tous les magistrats,
à l’exception du Premier président de la Cour de cassation, du Premier président du
Conseil d’État, et des Procureurs généraux près ces juridictions (Voir art. 7 du Statut
des magistrats de 2006)

L’appréciation du mérité est synthétisée par l’une des mentions suivantes :


Elite, « très bon », Médiocre, elle est faite à deux échelons (art.7 du statut). Les
autorités compétentes pour établir le signalement sont prévues à l’article 8 du Statut
des Magistrats de 2006.
Un problème sérieux se pose en ce qui concerne le signalement des juges.
L’on peut facilement concevoir, qu’un chef de juridiction puisse être côté sur la
gestion administrative de sa juridiction ; comment peut-on cependant, concevoir la
cotation des juges siégeant en collège ou à juge unique sans risque de censure alors
que les juges jouissent de l’indépendance totale dans cet exercice de la fonction
juridictionnelle.

§1. Des promotions

Pour être nommé à un grade supérieur, le magistrat doit avoir accompli au


moins 3 ans de service dans le grade inférieur et avoir, pendant la période, obtenu au
moins deux fois la côte « bon » (art .11 du statut).
Seul, le Président de la République a le pouvoir de promouvoir les magistrats,
sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Le magistrat nommé ou désigné à de nouvelles fonctions renouvelle le
serment prévu à l’article 5 du Statut des magistrats devant la juridiction à laquelle il
est attaché (art. 13). Celui qui est nommé ou désigné à la Cour de cassation, au Conseil
d’État ou aux parquets généraux près ces juridictions prête serment devant le Président
de la République.

§2. De l’inamovibilité du juge et de l’indépendance du magistrat du


parquet

Le juge est inamovible. Il ne peut être déplacé que sur sa demande dûment
motivée et acceptée ou suite à une promotion ou encore pour des raisons liées à ses

82
dûment constatées par sa hiérarchie qui en saisit le Conseil supérieur de la
magistrature.
S’agissant du magistrat du Parquet, il assume sa mission d’officier du
ministère public sous la direction de l’autorité hiérarchique. Toutefois, sans préjudice
des articles 149, 150 et 151 de la Constitution, le gouvernement peut saisir le
Procureur général près la Cour de cassation des faits qui relèvent de sa compétence,
afin de mettre l’action publique en mouvement (art 15 du Statut des magistrats).

SECTION 3. DES TRAITEMENTS ET INDEMNITES (ART.26)

Les traitements, les indemnités et autres avantages pécuniaires alloués aux


magistrats émargent au budget mis annuellement à la disposition du pouvoir judiciaire
sur le budget de l’État. Ce budget est géré par le Président de la Cour de cassation,
assisté du secrétariat permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature,
conformément à la loi.
Il est prévu des primes d’intérim et une indemnité de représentation pour les
chefs de juridiction ou d’offices.

SECTION 4. DES AVANTAGES SOCIAUX DES MAGISTRATS

Les avantages sociaux suivants sont accordés aux magistrats(art 25 du Statut


des magistrats) :
- Allocations familiales ;
- Soins de santé ;
- Indemnité de logement ;
- Pécule des vacances ;
- Allocations d’invalidité ;
- Frais funéraires ;
- Frais de transport.

SECTION 5. LES POSITIONS STATUTAIRES (ART.28 A 41 DU


STATUT)

Tout magistrat, est placé dans l’une des positions suivantes :


- en activité de service,
- en détachement,
- en disponibilité.

L’activité de service est la position du magistrat qui exerce effectivement les


attributions inhérentes à sa fonction. Indépendamment de la fonction du
magistrat qui lui est ainsi dévolue, le magistrat peut être chargé d’attribution
particulière, ou de missions officielles (art 29 du Statut des magistrats).
Le congé est assimilé à l’activité de service.
Le magistrat a droit :

83
- à un congé de reconstitution de 30 jours ouvrables pris chaque année ;
- à des congés de circonstance suivant des événements ;
- à des congés des maladies ou d’infirmité.

Le détachement est la position du magistrat qui est autorisé à interrompre


provisoirement ses fonctions pour prester ses services au sein
d’administration, institutions ou organismes officiels autres que ceux qui
dépendent du pouvoir judiciaire (art 33 du Statut). Le détachement rend
vacant le poste occupé par le magistrat.
Le détachement est accordé par les premiers présidents de la Cour de
cassation, de Conseil d’État ou les Procureurs généraux près ces juridictions, selon
qu’il s’agit d’un magistrat de siège ou du parquet, pour une durée qui ne peut excéder
trois ans. Toutefois, le détachement peut être renouvelé une seule fois (art. 33 du
statut).

Enfin, la disponibilité est la position du magistrat qui interrompt ses services


pour convenances personnelles ou pour une cause indépendante de sa volonté ou qui
est autorisé à les interrompre dans l’intérêt du service (art 36 du Statut). La
disponibilité est prononcée soit d’office, soit à la demande du magistrat, par le
Président du Conseil Supérieur de la Magistrature (art.36 du statut).

Le Conseil Supérieur de la Magistrature qui est devenu aux termes de l’art.


152 de la Constitution du 18/02/2006 l’organe de gestion du pouvoir judiciaire est
composé de :
- Le Président de la Cour Constitutionnelle ;
- Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle ;
- Premier Président de la Cour de cassation ;
- Procureur Général près la Cour de cassation ;
- Le premier Président du Conseil d’État ;
- Procureur Général près le Conseil d’État ;
- Premier Président de la Haute Cour Militaire ;
- Auditeur général près la Haute Cour Militaire ;
- Les premiers Présidents des Cours d’Appel ;
- Les Procureurs Généraux près les Cours d’Appel ;
- Les Premiers Présidents des Cours Administratives d’Appel ;
- Les Procureurs Généraux près les Cours Administratives d’Appel ;
- Les Premiers Présidents des Cours militaires ;
- Les auditeurs militaires supérieurs ;
- Deux magistrats de siège par ressort de cour d’appel, élus par l’ensemble
des magistrats du ressort pour un mandat de trois ans ;
- Deux magistrats du parquet par ressort de cour d’appel, élus par
l’ensemble des magistrats du ressort pour un mandat de trois ans ;
- Un magistrat de siège par ressort de cour militaire ;
- Un magistrat de parquet par ressort de cour militaire.

84
SECTION 6. DE LA RELEVE ANTICIPEE DES FONCTIONS ET DE
LA DEMISSION (Art.42 à 44 du statut des magistrats)

§1. De la relève

Le Président de la République relève de ses fonctions le magistrat qui est


déclaré inapte au service par suite de maladie ou d’infirmité grave et permanente. Une
commission médicale de trois médecins constitués par le Ministre de la justice, doit
donner un avis conforme.
La relève anticipée des fonctions peut aussi être prononcée par le Président de
la République, soit à la demande de l’intéressé, soit sur celle conjointe du premier
président de la Cour de cassation, du Conseil d’État et des Procureurs généraux près
ces juridictions sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature (art 42 du
Statut des magistrats).

§2. De la démission

Le magistrat désireux de mettre fin à ses fonctions adresse sa démission au


Président de la République par la voie hiérarchique. Le Président de la République
statue sur la demande en prenant, le cas échéant une ordonnance en acceptant la
démission. Jusqu’à la notification, en bonne et due forme, de l’ordonnance acceptant
la démission, le magistrat reste en fonction.
Une fois la procédure de démission épuisée, le magistrat concerné bénéficie
de son allocation de fin de carrière, suivant les calculs d’usage en la matière (voir art
74 du Statut).

SECTION 7. DU REGIME DISCIPLINAIRE

Tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur ou à


la dignité de ses fonctions constitue une faute disciplinaire (art 48 du Statut des
magistrats).
Les peines disciplinaires suivant la gravité des faits, sont :
- Le blâme ;
- La retenue d’un tiers du traitement pour un mois ;
- La suspension de trois mois au maximum avec privation du traitement ;
- La révocation.

L’organe chargé du pouvoir disciplinaire des magistrats est le Conseil


Supérieur de la Magistrature. A l’heure actuelle, sa composition est fixée par la
Constitution du 18/02/2006 à l’art. 152.
La Procédure disciplinaire qui est prévue à l’art 57 garantit au magistrat
poursuivi le droit de la défense au stade de la comparution devant le Conseil
supérieur : il peut se faire assister par un avocat ou un autre magistrat de son choix.

85
Il a droit ainsi que son conseil, à la communication, sans déplacement, de
toutes les pièces du dossier.
L’action disciplinaire demeure distincte et indépendante de l’action répressive
lorsqu’il subit une peine de privation de liberté supérieure à trois mois, le magistrat est
révoqué d’office.
Le Ministère de la Justice, les chefs de juridictions et les chefs d’office
peuvent, au stage de l’enquête disciplinaire, interdire, à titre conservatoire, au
magistrat poursuivi, l’exercice de ses fonctions jusqu’à la décision définitive, si les
faits leur paraissent graves (art 54 du Statut). Un acte de la C.N.S interdit au Ministère
de la Justice ce genre de pouvoir disciplinaire.
L’action disciplinaire se prescrit un an révolu après la constatation des faits ;
toutefois, lorsque les faits sont constitutifs d’une infraction à la loi pénale, l’action
disciplinaire se prescrit en même temps que l’action publique( Art 64 du Statut).

SECTION 8. DES DEVOIRS ET DES INCOMPATIBILITES (Art.65 à


69 du statut des magistrats).

Le magistrat doit servir l’État avec fidélité, dévouement, dignité, loyauté et


intégrité. Les fonctions de magistrat sont incompatibles avec toute activité
professionnelle salariée ou non dans le secteur public ou privé, hormis les cas de
détachement ou de disponibilité.
Aucun magistrat ne peut directement ou indirectement exercer un commerce
quel qu’il soit. Cependant le magistrat peut être actionnaire dans une société ou se
livrer à une exploitation agricole ou à l’élevage.
Le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature peut, dans des cas
particuliers, autoriser un magistrat à enseigner dans une université ou dans un institut
supérieur (art 67 du Statut).

SECTION 9. DE LA RETRAITE (ART.70 A 71 du statut des


magistrats)

Le magistrat est mis à la retraite à la date à laquelle il atteint l’âge de 65 ans


ou lorsqu’il a effectué une carrière de 35 ans de service ininterrompu. Cependant le
magistrat peut demander une retraite anticipée lorsqu’il a atteint l’âge de 50 ans ou
s’il a accompli une carrière de 25 ans de service ininterrompu.
Toutefois, en ce qui concerne spécialement le magistrat de la Cour de
cassation, du Conseil d’État et des parquets généraux près ces juridictions, la limite
d’âge pour la retraite est fixée à soixante-dix ans.
Dans tous les cas, lorsque le magistrat a atteint l’âge de cinquante-cinq ans et
qu’il a accompli une carrière d’au moins vingt-cinq ans de services, il peut faire valoir
ses droits à la retraite anticipée (art 70 du Statut). La pension de retraite est égale aux
trois quarts du dernier traitement mensuel d’activité.

86
SECTION 10. DES AVANTAGES ACCORDES APRES LA
CESSATION DEFINITIVE DE SERVICE (Art.72 à 82 du statut des magistrats)

§1 De la pension d’inaptitude

Le magistrat reconnu définitivement inapte à continuer ses services ou à les


rendre ultérieurement a droit à une pension d’inaptitude si celle-ci résulte d’un
accident ou d’une maladie, quelle qu’en soit l’origine. Toutefois, aucune pension n’est
due si l’inaptitude résulte d’un risque auquel le magistrat s’est volontairement exposé,
ou si elle est imputable au refus ou à la négligence de l’intéressé de se soumettre à un
traitement médical préventif.

§2. De l’allocation de fin de carrière

Tout magistrat qui, pour une cause autre que le décès, la démission d’office
ou la révocation, cesse définitivement ses services après une carrière d’au moins 10
ans reçoit une allocation de fin de carrière.
Le montant de cette allocation est égal à un quart, deux quarts ou trois quarts
du montant annuel du dernier traitement d’activité, selon que l’intéressé a accompli
une carrière d’au moins dix ans, quinze ans ou vingt ans.
Le magistrat reconnu définitivement inapte a doit à l’allocation de fin de
carrière. L’allocation de fin de carrière est exempte de toute imposition.
Lorsque le magistrat est décédé avant le paiement de l’allocation de fin de
carrière, celle-ci est liquidée à la veuve ou, à défaut de celle-ci, aux enfants du défunt
bénéficiant des allocations familiales (Art.75).

§3. De la rente de survie et de l’allocation de décès

1. La veuve du magistrat a droit à une rente de survie :


- Si le mari décédé était en cours de carrière ;
- Si le conjoint magistrat décédé était titulaire d’une pension de retraite ou
d’inaptitude à la condition que le mariage ait précédé la cessation définitive des
services ;
Le montant de la rente de survie est égal à :
- La totalité du montant annuel du dernier traitement d’activité du de cujus
pour les douze premiers mois qui suivent le décès intervenu en cours de carrière ;
- 50% de la pension du de cujus si celui-ci est décédé pensionner.

2. L’orphelin d’un magistrat soumis au présent statut a droit à une rente


d’orphelin jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Peuvent y prétendre :
Les enfants du magistrat, à condition qu’ils soient nés avant ou neuf mois
après la cessation définitive des services du magistrat ;
Les enfants adoptés par le magistrat, à condition que l’acte d’adoption ait
précédé la cessation définitive des services du magistrat ;

87
Les enfants reconnus et déclarés à l’état civil avant la cessation définitive des
services du magistrat ;
Les enfants que le conjoint a reconnus d’un précédent mariage, à condition
que le mariage avec le magistrat qui a ouvert le droit à la rente d’orphelin ait été
contracté avant la cessation définitive des services et que les enfants aient donné lieu à
l’attribution d’allocations familiales à ce conjoint ;
Les enfants sous tutelle du magistrat, à condition que la tutelle ait été déférée
avant la cessation définitive des services du magistrat et que les enfants aient donné
lieu à l’attribution d’allocations familiales au magistrat.
La veuve qui se remarie est déchue du droit à la rente ;
Les rentes sont acquises par mois ;
Lorsqu'un magistrat est décédé en cours de carrière, la veuve a droit à une
allocation de décès.

§4. De l'honorariat et de l'éméritat (art. 83 du statut des magistrats)

L'honorariat est le droit pour un ancien magistrat de porter, après la cessation


définitive de ses fonctions le titre de son dernier grade au moment où intervient la fin
de sa carrière.
L'éméritat est le droit pour un ancien magistrat de continuer à bénéficier de
son dernier traitement d'activité.
Si le Premier Président de la Cour de cassation, du Conseil d’État et des
Procureurs généraux près ces juridictions cessent d'exercer leurs fonctions, ils sont
d'office admis à l'éméritat, ils bénéficient en outre de l'honorariat.
Les magistrats de la Cour de cassation, du Conseil d’État et des parquets
généraux près ces juridictions dont l'exercice de fonctions prend fin après 25 ans au
moins de services ininterrompus bénéficient également de l'honorariat et de l'éméritat.

88
CHAPITRE 8. DE LA POLICE JUDICIAIRE

SECTION 1. DEFINITION DE LA POLICE JUDICIAIRE

Nous retiendrons la définition la plus courante : la police judiciaire est un


corps d'agents de l'État chargés de constater les infractions à la loi pénale, de
rassembler les preuves de la commission de ces infractions et d'en rechercher les
auteurs présumés 121. On peut aussi dire qu’il s’agit d’un service public de l’État crée
comme auxiliaire du parquet dans la mission du maintien de l’ordre public, dans la
mission de la recherche de l’infraction, d’indentification des auteurs….
Nous avons déjà vu que c'est le Ministère Public qui est chargé par la loi de
rechercher les infractions aux lois et règlements, mais ne pouvant pas être partout, le
Ministère Public est aidé par les O.P.J., qui sont les yeux et les oreilles du parquet et
qui ont donc la mission de constater les infractions. La police judiciaire constitue les
béquilles du parquet dans cette noble mission. Il doit être entendu que la police
judiciaire a pour fonction d'éclairer, par ses enquêtes, constat, perquisition, saisies...le
Ministère Public afin qu'il soit en mesure d'apprécier l'opportunité de poursuites, c'est-
à-dire de se prononcer sur la suite à donner à l'affaire : classer sans suite ou exercer
l'action publique122.

SECTION 2. LES AUTORITES INVESTIES DE FONCTIONS DE


POLICE JUDICIAIRE

Le Ministère Public est Officier de police judiciaire : l'art. 11 du code de


procédure pénale dispose en effet que les officiers du Ministère Public peuvent exercer
eux-mêmes toutes les attributions des O.P.J.
Les inspecteurs de police judiciaire, qui sont des agents de police judiciaire
des parquets, les officiers, sous-officiers et gradés de la gendarmerie nationale et la
prévôté militaire, les membres de la garde civile appartenant aux catégories d'emploi
de commandement et de collaboration, sont chargés à titre exclusif ou principal
d'exercer les fonctions de police judiciaire.
Avant la réforme de la police nationale congolaise, il existe cinq catégories
d’officiers de police judiciaire à savoir :
- Les OPJ de police nationale congolaise ;
- Les OPJ de FARDC ;
- Les OPJ de la police judiciaire des parquets (Inspection générale de police
judiciaire) ;
- Les OPJ à compétence restreinte de certains services spécialisés tels que la
DGDA, la DGI, la DGRK, l’OCC et l’ANR ;
- La qualité d’OPJ reconnue à certaines autorités politico-administratives
telles que le bourgmestre, le gouverneur, les administrateurs des territoires.

121
R. MERLE et A. VITU op. cit., n° 204 ; J. PRADEL, Procédure pénale, 5è édition, Paris, Cujas,
1990, n° 120.
122
Lire à ce sujet : J. PRADEL op. cit., n° 120.

89
Avec la réforme de la police nationale congolaise, l’idée générée c’est
l’unification du corps de police judiciaire au sein de la PNC. Toutes les
catégories d’OPJ doivent intégrer la PNC, c’est à dire que désormais pour
être OPJ il faut d’abord être policier. C’est ainsi que l’inspection générale de
police judiciaire du parquet a été supprimée et diluée au sein de la PNC. La
tâche reste pour les autres catégories d’OPJ.
Les OPJ sont régis par l’ordonnance n°78/289 du 3 juillet 1989 relative à
l’exercice des attributions des OPJ et APJ.

SECTION 3. LA COMPETENCE MATERIELLE ET TERRITORIALE


DES O.P.J.

La compétence matérielle pour un O.P.J. vise le nombre et la nature des


infractions que la loi lui permet de constater. A cet égard, l'on distingue la compétence
matérielle générale et la compétence matérielle limitée. Un O.P.J. est à compétence
matérielle générale lorsqu'il peut constater toutes sortes d’infraction ; il est à
compétence matérielle restreinte lorsqu'il ne peut constater qu'un genre déterminé
d'infractions.
La compétence territoriale concerne l'étendue du ressort territorial dans lequel
un O.P.J. peut circuler pour constater les infractions de sa compétence matérielle.
Cette compétence territoriale est dite générale lorsqu'un O.P.J. peut constater les
infractions sur toute l'étendue du territoire national ; elle est dite restreinte lorsqu'un
O.P.J. ne peut opérer que dans un espace territorial bien déterminé. L'on dira donc
qu'un O.P.J. est à compétence territoriale générale ou restreinte.

SECTION 4. LES RAPPORTS ENTRE LA POLICE JUDICIAIRE ET


LE PARQUET ET LE CONTROLE DES ACTIVITES DES O.P.J.

§1 Les Rapports entre la police judiciaire et le parquet


Ces rapports s’analysent sur deux aspects :
- Sur le plan administratif
- Sur le fonctionnel ou des attributions

1)Sur le plan administratif : le rapport entre la police judiciaire et parquet


s’analyse sur 5 techniques à savoir :
- L’habilitation ;
- L’assermentation
- Le signalement
- Le retrait
- La réhabilitation
2) Sur le plan fonctionnel : il existe 3 types de pouvoirs exercés entre la
police judiciaire et le parquet, notamment :
- Les pouvoirs communs : ex : la constatation matérielle d’une infraction,

90
l’interrogatoire du suspect
- Les pouvoirs susceptibles de délégation : ex : perquisitions domiciliaires,
fouilles corporelles
- Les pouvoirs non susceptibles de délégation : ex : la fixation du dossier au
Tribunal, la condamnation d’un témoin récalcitrant

Ces notions sont étudiées en détails dans le cadre du Cours de procédure


pénale en deuxième année de droit.

§2. Le contrôle des activités des OPJ

Les O.P.J. sont placés sous les ordres et l'autorité du Ministère Public. C'est le
prescrit de l'art. 1 du Code de procédure pénale. A ce titre, leurs procès-verbaux
peuvent être recommencés par le magistrat instructeur qui constate des irrégularités,
voire des illégalités dans leur établissement.
Les O.P.J. font acte d'allégeance au ministère en prêtant serment entre les
mains du Procureur de la République (procédure dite de l'habilitation).
Des garde-fous d'ordre réglementaire sont prévus dans le but de dissuader les
O.P.J. de commettre des abus dans l'exercice de leurs fonctions.
Parmi ces garde-fous, mentionnons le plus dissuasif qui menace de sanction
pénale l'O.P.J. qui se permet soit de retarder l'information judiciaire dont il a
connaissance, soit de s'octroyer le pouvoir d'appréciation, de procéder ou non à
l'accomplissement d'une enquête, soit de refuser ou de retarder la constatation d'une
infraction pour laquelle il a reçu une plainte d'un particulier ou un ordre d'enquêter du
Ministère Public. La sanction pénale peut aller jusqu'à 2 mois de prison sans compter
que la victime de l'infraction peut réclamer devant le tribunal, contre l'O.P.J. des
dommages-intérêt auxquels le coupable devait être condamné (art. 28 de l'ordonnance
n° 78/289 du 3 juillet 1978 relative à l'exercice des attributions des O.P.J. et A.P.J).
Un acte de la CNS a institué le pouvoir disciplinaire du Ministère Public de
l'auditorat militaire sur tous les O.P.J. civiles et militaires avec obligation d'exercer les
poursuites pénales en cas de violation des droits fondamentaux de l'homme.

91
CHAPITRE 9. LE GREFFE ET L'OFFICE DES HUISSIERS

SECTION 1. LE GREFFE

§1.Notion du greffe

Le greffe est un service public, mieux, un dépôt public où, sous la


responsabilité du greffier, sont conservés les originaux des décisions judiciaires qu'on
appelle "minutes", les registres, dossiers, pièces à conviction et, en général tous les
actes et pièces provenant de la justice 123
Le service d'ordre intérieur des greffes est réglementé au niveau de la Cour de
cassation, par ordonnance du Premier Président de la Cour et au niveau des
juridictions inférieures, par ordonnance du Premier Président de la Cour d'Appel.

§2. La composition des greffes

A la Cour de cassation, dans chaque Cour d'Appel et dans chaque tribunal, il


existe un greffier chargé de la direction des services du greffe ; il porte le titre de
greffier en chef à la Cour de cassation et dans les cours d'appel, de greffier principal
dans les Tribunaux de Grande Instance et de greffier dans le Tribunaux de Paix ; ces
greffiers sont assistés d'un ou de plusieurs adjoints.

§3. Le statut greffier

Le statut du greffier est celui d'un fonctionnaire public, relevant de la fonction


publique.
Les fonctions du greffier sont multiples.
La fonction essentielle est d'assister le juge dans tous les actes et procès-
verbaux de son ministère et à les signer avec lui. Si un acte ou un jugement ne peut
être signé par le greffier qui y a concouru, le juge signe et constate l'impossibilité.
Le greffier audiencier est celui qui a la mission de " tenir " les écritures du
tribunal, il doit enregistrer le déroulement de la procédure 124 en rédigeant le " plumitif
" de l'audience, c'est-à-dire une sorte de brouillon qui pourra lui servir, à tête reposée,
de rédiger plus tard, la feuille d'audience, il y a lieu de noter que les procès-verbaux du
greffier audiencier (feuilles d'audiences) ont le caractère et la force probante d'actes
authentiques 125
Le greffier est responsable de la gestion du greffe; il est responsable des
objets saisis qui lui sont confiés ainsi que des sommes déposées au titre de caution,
garantie ou de consignation; il est aussi responsable des dossiers déposés au tribunal; il
garde les minutes des jugements et arrêts dont il délivre à la demande des parties, soit
des copies simples, soit des copies certifiées conformes (expéditions), soit des copies

123 Répertoire pratique de droit belge V° greffier n° 1


124 A. RUBBENS, op. cit., Tome I, n° 165
125 Idem

92
certifiés conformes revêtues de la formule exécutoire (grosses) 126
Le greffier exerce aussi une compétence ministérielle propre et autonome,
lorsqu'il rédige les assignations (modalité de pouvoir saisir un tribunal en matière
civile), ou lorsqu'il donne acte de la constitution de partie civile en dehors de
l'audience 127, lorsqu'une victime de l'infraction se présente au greffe pour faire une
déclaration relative à sa volonté d'être dédommagé, au moment où le Ministère Public
a terminé ses enquêtes judiciaires et envoyé le dossier judiciaire devant le tribunal qui
doit juger cette infraction. Le greffier dresse aussi un acte de déclaration d'opposition
et d'appel; ce faisant il exerce toujours sa mission ministérielle propre et autonome.
Le greffier exerce aussi des attributions administratives, notamment lorsqu'il
procède aux inscriptions au registre du commerce et à la réception des dépôts d'actes
de société, garde les registres à l'intention du public qui peut venir les consulter sur
place 128
Le greffier dispose aussi d'une compétence fiscale en percevant les frais de
justice et les droits proportionnels qui sont des impôts que l'État perçoit sur les
sommes allouées par les jugements et arrêtés de condamnation 129.
Ainsi qu'on peut s'en rendre compte, le greffier a une lourde responsabilité.
Non seulement il peut, comme tout fonctionnaire de l'État, être poursuivi
disciplinairement pour les négligences ou les erreurs dans le service, mais en outre ces
négligences ou erreurs peuvent l'exposer à des actions en dommages-intérêts. C'est
pourquoi, les attributions du greffier, exigent de lui la discrétion, comme première
qualité, puis l'intelligence, le sens de l'ordre, de vigilance, de probité et de ponctualité ;
sa vie privée doit être exemplaire ; enfin il doit éviter de critiquer les décisions
judiciaires 130

SECTION 2. L'OFFICE DE L'HUISSIER

Le terme " huissier " utilisé ici ne doit pas être confondu avec l'agent de
service qui, dans l'administration publique, ou paraétatique, a pour tâche de faire entrer
les visiteurs chez un responsable administratif.
L'huissier de justice est un agent de l'ordre judiciaire dont la mission
judiciaire est d'une importance qui souvent échappe à l'attention des justiciables ;
l'huissier se trouve à la base de l'action judiciaire puisque c'est généralement lui qui
porte à la connaissance des parties appelées en justice, les convocations officielles
appelées " citations en matière pénale et " assignations " en matière de droit privé.
C'est la notification de ces convocations de justice, qui saisit le tribunal. Ainsi si cette
notification est mal faite c'est-à-dire si elle est faite sans respecter les formalités
imposées par la loi, le tribunal n'est pas saisi et ne peut pas tenir audience. Mais
l'huissier de justice se trouve également à la fin du procès, au moment de l'exécution

126 A. RUBBENS, op. cit., Tome I, n° 165


127 Idem
128 Ibidem

129 Ibidem

130 Ibidem.

93
du jugement, non seulement c'est lui qui doit notifier tout jugement à la partie perdante
avant de l'exécuter mais en outre c'est lui qui va procéder à l'exécution des jugements
en pratiquant des saisies sur les biens de la partie perdante du procès, biens saisis qui
seront mis en vente publique et dont les produits de vente revirent à dédommager la
partie gagnante du jugement.

§1.Absence de service propre

L'office d'huissier n'est pas constitué en service propre et n'a pas d'archives, il
est rattaché au greffe131

§2. Désignation des huissiers

Les présidents des juridictions désignent les huissiers parmi les agents de
l'ordre judiciaire mis à leur disposition.

§3. Rôle des huissiers


Les huissiers sont chargés du service intérieur des cours et tribunaux et de la
signification (notification) de tous les exploits. On appelle exploits les actes faits
suivant les formes tracées par la loi par des officiers publics qualifiés pour cela, dans
l'intérêt des parties en justice qui les ont chargés de le faire 132Les exploits rapportent
donc ce que l'huissier a fait, ce qu'il a dit, etc. Les exploits les plus courants sont les
assignations, les citations, les sommations à comparaître, par lesquelles les tribunaux
sont saisis ou par lesquelles les témoins sont convoqués au tribunal. Les exploits de
signification de jugements font connaître aux parties la décision judiciaire intervenue.
Cette signification a une grande importance parce que c'est à partir de la date de
signification d'un jugement que les délais pour former une voie de recours sont
comptés, de même que les délais d'exécution de ces jugements 133
Dans la pratique, c'est rare que les présidents recourent aux services
d'huissiers audienciers, chargés précisément du service intérieur : annoncer l'entrée du
tribunal dans la salle d'audience, appeler les témoins pour leur tour d'audition,
maintenir l'ordre dans la salle d'audience. C'est à la Cour de cassation que l'huissier
audiencier joue véritablement son rôle.
Les huissiers peuvent également faire des sommations civiles ; la loi prévoit
cela en matière de déni de justice, procédure que nous avons déjà vue précédemment.
Le déni de justice est constaté par deux sommations faites par huissier et adressées au
magistrat 134La loi prévoit également, en matière de saisie-arrêt procédure qui consiste
pour un créancier à saisir le compte bancaire du débiteur, avec l'autorisation judiciaire,
que le tiers saisi pourra être sommé de déclarer ce qu'il doit lorsque la saisie-arrêt aura

131 A. RUBBENS : op. cit., Tome I, n° 163


132 Petit dictionnaire de droit Dalloz, Paris, 1951, Vè exploit n° 1
133 A. RUBBENS : op. cit., Tome I, n° 169.

134 Art. 59 du code de procédure devant la cour suprême de justice

94
été déclarée valable 135
Un usage s'est établi suivant lequel un particulier, sans titre, peut requérir de
l'huissier de faire une sommation, c'est-à-dire d'effectuer une mise en demeure 136
Les huissiers sont également chargés de l'exécution forcée des jugements et
actes exécutoires ; ils procèdent aux saisies, aux expulsions, aux destructions, aux
expropriations. Ces actes sont généralement précédés d'un commandement qui est une
toute dernière mise en demeure avant de passer à l'exécution forcée 137Nous devons
noter que les huissiers Congolais n'ont pas, comme en France ou en Belgique,
compétence pour effectuer des constats (exemple constat d'adultère).
§4. Observations critiques

L'on doit déplorer le fait que les huissiers dont nous venons de décrire le rôle
fondamental en matière d'exploits de justice, ne fasse pas l'objet d'une sollicitude
particulière de la part du Ministère de la Justice.
Les huissiers doivent bénéficier d'une solide formation, spécialement en droit
judiciaire et avoir une longue expérience judiciaire. Faut-il remettre en cause la
formation qu'ils sont censés recevoir au Centre de Formation du personnel judiciaire
institué auprès du Ministère de la Justice ? On pourrait le dire. Certes, dans tous les
actes, l'huissier agit sous la direction du greffier qui reçoit les demandes d'exploits et
veille à leur exécution 138, mais cela est insuffisant.
Nous avons pu réaliser que les huissiers sont souvent à la base de graves
désordres qui surviennent en matière d'exécution forcée des jugements, ils pratiquent
des exécutions en violation des règles de procédure. Il y en a qui vont jusqu'à pratiquer
des saisies arrêts sur les comptes bancaires des personnes morales de droit public, qui
bénéficient pourtant du privilège d'inexécution forcée... D’autres huissiers, sous la
pression des parties influentes refusent carrément de procéder à l'exécution forcée.
A notre sens, l'on devrait mettre sur pied un corps d'huissiers dont la loi
devrait fixer le profil scientifique et la déontologie professionnelle. Mais surtout, les
chefs des juridictions doivent veiller avec un soin particulier à la bonne exécution des
jugements tant il est vrai que c'est au niveau de l'exécution des décisions judiciaire que
les habitants se font une opinion sur la véritable image de la justice du pays.

135 Art. 113 du code de procédure civile.


136 A. RUBBENS, op. cit., Tome 1, n° 169.
137 Idem

138 Ibidem

95
CHAPITRE 10. DES AVOCATS ET DES DEFENSEURS JUDICIAIRES

SECTION 1. DES AVOCATS

§1.Définition et mission (art. 1 de l’Ordonnance-loi n°79-028 du 28


septembre 1979)

Les avocats sont des auxiliaires de justice chargés d'assister ou de représenter


les parties, de postuler, de conclure et de plaider devant les juridictions. Ils peuvent
être consultés, peuvent conseiller, rédiger des actes sous seing privé, assister ou
représenter les parties en dehors des juridictions 139. Le terme " postuler " signifie faire
des actes de procédure que nécessite le procès et favorisée le déroulement de
l'instance140.

§2.Caractère de la profession (art. 2 de l’ordonnance-loi sur le barreau)

La profession d'avocat est une profession libérale et indépendante, les avocats


exercent librement leur ministère sous réserve de leur soumission aux lois et
règlements et du respect des règles propres à la déontologie de leur profession.

§3.Monopole
Les avocats et les défenseurs judiciaires ont le monopole en matière de
représentation et d'assistance des parties en justice, sauf les exceptions établies par la
loi. Rappelons que ce monopole est consacré par l'art. 19 al. 3 de la Constitution du 18
février 2006 qui permet à toute personne poursuivie d'exiger d'être interrogé en
présence d'un avocat ou d'un défenseur judiciaire de son choix.

§4.Conditions d'accès à la profession (art. 7 à 20 l’ordonnance-loi sur le


barreau)

A. Conditions générales à remplir :

1. Être Congolais ; l'étranger pourrait accéder à la profession sous la


condition de réciprocité ou en vertu des conventions internationales.
2. Être titulaire d'une licence ou d'un doctorat en droit délivré par une
Université du Congo ou par l'ancienne École Nationale de Droit et d'Administration ou
d'un diplôme équivalent délivré par une Université étrangère en justifiant en ce cas de
la connaissance du droit Congolais.
3. N'avoir pas été condamné pour des agissements contraires à l’honneur, à la
probité et aux bonnes mœurs, sauf amnistie ou réhabilitation.

139
Ordonnance-loi n° 79/08 du 28 Septembre 1979, portant organisation du barreau et du corps des
défenseurs judiciaires
140
Lire : lexique de terme juridique par Raymond GUILLIEN et Jean-Vincent, Dalloz, Paris, 1985, Vè
Postulation, p. 339

96
4. N'avoir pas été sanctionné disciplinairement ou n'avoir pas été l'objet d'une
décision administrative de destitution, radiation ou révocation pour les faits décrits au
point 3, sauf autorisation du Ministre de la Justice.
5. Justifier d'une bonne conduite par la production d'un certificat de bonne vie
et mœurs.
B. Soumission à un stage professionnel
Avant son inscription au tableau, l'Avocat reçoit une formation
professionnelle au cours d'un stage organisé, le stage est d'une durée de 2 ans, à la fin
du stage, il est établi par le maître de stage un rapport sur l'avocat stagiaire qui a passé
avec succès l'épreuve organisée et sanctionnée par un certificat d'aptitude
professionnelle dans des conditions fixées par le Conseil National de l'Ordre.

§5. De l'inscription au tableau (art. 21 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau)

1. Peuvent être inscrits au tableau :


a) les avocats qui ont terminé leur stage et qui ont obtenu le certificat
d'aptitude professionnelle ;
b) les personnes dispensées du stage et du certificat d'aptitude
professionnelle, notamment :
- les anciens magistrats ayant au moins 3 ans de pratique
- les professeurs de droit d'une Université ou dans une école supérieure,
ayant au moins 3 ans d'enseignement
- les anciens défenseurs judiciaires ayant exercé la profession durant au
moins cinq ans.
2. L’inscription au tableau est prononcée par le Conseil de l'Ordre. La
décision est susceptible d'appel devant le Conseil National de l'Ordre.
3. Le Conseil de l'Ordre, sous le contrôle du Conseil National de l'Ordre, tient
le tableau du barreau sur lequel sont inscrits tous les avocats ayant leurs cabinets dans
le ressort de la Cour d'Appel.
4. Le Conseil de l'Ordre assure l'affichage permanent du tableau et de la liste
des stagiaires dans un local de chaque Palais de Justice du ressort de la Cour d'Appel
accessible au public.

§6. De l'omission du tableau (art. 32 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau)

1. Doit être omis du tableau, l'avocat qui se trouve dans un des cas d'exclusion
ou d'incompatibilité prévue par la loi.
2. Peut être omis du tableau :
- l'avocat qui est empêché d'exercer réellement sa profession éloignement de
la juridiction, maladie ou infirmité grave et permanente, acceptation d'activités
étrangères au barreau
- l'avocat dont le défaut d'honorabilité pourrait porter atteinte à la dignité de
la profession

97
- l'avocat qui sans motifs valables ne s'acquitte pas de sa contribution aux
charges de l'Ordre et du barreau auquel il appartient
- l'avocat qui, sans motifs légitimes, n'exerce pas effectivement sa
profession
- l'avocat honoraire dont le défaut d'honorabilité pourrait porter atteinte à la
dignité de la profession.
3. L'avocat omis est tenu de fermer son cabinet et de remettre aussitôt les
affaires en cours à ses clients.
4. L'avocat omis peut demander sa réinscription en apportant la preuve que
les faits qui avaient motivé l'omission ont cessé et qu'il remplit désormais les
conditions requises pour exercer honorablement la profession.
5. Les décisions en matière d'omission et de réinscription sont prises dans
les mêmes formes et donnent lieu au même recours qu'en matière d'inscription.

§7. Des modes d'exercice de la profession (art. 64 à 70 l’ordonnance-loi sur


le barreau)
L'avocat peut exercer sa profession soit, à titre individuel, soit en groupe dans
le cadre d'une association, soit encore en qualité de collaborateur d'un autre avocat ou
groupe d'avocat.
Le contrat de collaboration est celui par lequel un avocat inscrit soit à la liste
de stage, soit au tableau s'engage à consacrer tout ou partie de son activité au cabinet
d'un autre avocat moyennant une équitable rémunération.
L'association est le contrat par lequel deux ou plusieurs avocats décident
d'exercer en commun la profession soit au sein d'un même cabinet soit dans des
cabinets différents, de mettre en commun et de partager les bénéfices et pertes. Les
avocats qui forment entre eux une association demeurent chacun en ce qui le concerne,
responsable vis-à-vis des clients ; mais les membres de l'association ne peuvent
assister ou représenter des parties ayant des intérêts opposés.
En cas de collaboration, l'avocat collaborateur est maître pour la défense
d'une cause, de sa plaidoirie et de son argumentation sauf à informer l'avocat à qui il
est lié, du point de vue qu'il se propose de défendre.

§8. Des droits et des devoirs des avocats (art. 71 à 80 l’ordonnance-loi sur
le barreau)

1. Au titre des droits, nous retiendrons :


Le droit de porter à l'audience la robe noire avec chausse garnie de fourrure et
le rabat blanc, d'être appelé " Maître " et de plaider débout et à découvert.
Le droit de correspondance avec leurs clients détenus et de les voir sans
témoin au lieu où ils sont incarcérés.
Le droit de prendre connaissance au greffe, sans déplacement, de tous les
dossiers des affaires dans lesquelles ils représentent ou défendent une partie.
Le droit d'être présumé représenter les parties lorsqu'ils sont porteurs des
pièces de la procédure, hors le cas où la loi exige un mandat spécial et le droit

98
d'assister à huis clos.

2. Au titre des devoirs, nous retiendrons :


Les interdictions suivantes :
- se rendre cessionnaire des droits successoraux ou litigieux,
- faire avec les parties, en vue d'une rétribution, des conventions aléatoires,
subordonnées à l'issue du procès,
- se livrer à des injures envers les parties ou à des personnalités envers leurs
défendeurs,
- avancer un fait grave contre l'honneur ou la réputation des parties à moins
que les nécessités de la cause ne l'exigent,
- refuser ou négliger la défense des prévenus et l'assistance aux parties dans
le cas où ils sont désignés,
- racoler la clientèle ou rémunérer un intermédiaire dans ce but,
- user de tous moyens publicitaires sauf ce qui est strictement nécessaire
pour l'information du public,
- accepter de défendre tour à tour les intérêts opposés dans une même cause,
- faire état à l'audience d'une pièce non communiquée à l'adversaire.

3. Comportement à avoir dans la conduite des affaires :


a. Les avocats doivent conduire jusqu'à leur terme les affaires dont ils
s'occupent sauf si le client les en décharge.
b. L'avocat doit conduire chaque affaire avec célérité et compétence. Il
engage sa responsabilité personnelle au cas où les intérêts du client viendraient à être
compromis à la suite d'une négligence dans l'accomplissement des formalités de
procédure.
c. L'avocat est tenu de restituer sans délai, les pièces ou sommes dont il est
dépositaire, dès qu'elles ne lui sont plus nécessaires pour la défense de la cause. Il peut
toutefois, exercer son droit de rétention sur les pièces dues à ses diligences, jusqu'à ce
qu'elles en aient été honorées.

4. Comportement en matière de consultation


L'avocat donne sa consultation dans son cabinet ou dans le cabinet d'un
confrère. Il ne peut se rendre au domicile de ses clients qu'exceptionnellement en cas
d'urgence ou de nécessité.

§9.Des incompatibilités (art. 58 à 63 l’ordonnance-loi sur le barreau)

La profession d'avocat est incompatible avec l'exercice de toute activité de


nature à porter atteinte à l'indépendance et au caractère libéral de la profession.
Toutefois la profession d'avocat n'est pas incompatible avec l'enseignement du droit
dans une université ou dans une école supérieure.
Tout avocat qui se propose d'exercer une activité extérieure à celle de sa
fonction est tenue d'en aviser le Conseil de l'Ordre avant tout exercice de cette

99
activité ; il joint à sa déclaration tout document et toute information utile quant à la
nature de l'activité et les conditions dans lesquelles il se propose de l'exercer. Le
Conseil de l'Ordre se prononce sur le caractère compatible ou incompatible de cette
activité avec la dignité et la délicatesse imposée aux avocats. Il peut, à tout moment,
inviter l'intéressé à cesser immédiatement l'exercice de cette activité. La décision du
Conseil de l'Ordre peut être déférée au Conseil National de l'Ordre.
Les avocats peuvent être chargés par l'État des missions temporaires même
rétribuées à condition de ne faire pendant la durée de cette mission aucun acte de leur
profession, ni directement ni indirectement. L'avocat qui accepte cette mission en
avise le Conseil de l'Ordre qui se prononce sur le point de savoir si l'intéressé peut être
maintenu au tableau, dans la négative, il est donné à l'avocat un délai de 15 jours pour
opter. S'il opte sur l'exercice de la mission ou s'il garde silence, il est omis du tableau,
sauf recours devant le Conseil National de l'Ordre.
L'avocat investi d'un mandat public (député, élu provincial ou local) ne peut
ni directement ni par l'intermédiaire d'un associé ou collaborateur, accomplir aucun
acte de sa profession, plaider ou consulter contre l'État, les sociétés paraétatiques, les
collectivités ou établissements publics.

§10.Des honoraires (art. 81 à 85 l’ordonnance-loi sur le barreau)

Les honoraires des avocats comprennent les frais dus pour sa postulation et
les actes de procédure et les frais de consultation et de plaidoirie.
Les frais de postulation et des actes de procédure ou autres sont fixés par un
tarif réglementaire.
Les honoraires de consultation et de plaidoirie sont fixés d'accord entre
l'avocat et son client.
En doctrine classique, l'on retient cinq critères de fixation des honoraires :
- la situation de fortune du client,
- la difficulté de l'affaire,
- les frais exposés par l'avocat,
- la notoriété de l'avocat,
- les diligences de l'avocat.
De manière générale, il est interdit de fixer les honoraires en fonction du
résultat judiciaire. C'est l'interdiction du pacte de " quota litis " convention par laquelle
l'avocat stipule que ses honoraires seront calculés, proportionnellement aux sommes
que le tribunal allouera à son client141.
Les frais et honoraires dus aux avocats peuvent être recouverts par la
contrainte sur un état qui en est dressé par l'avocat, visé et revêtu de la formule
exécutoire par le Premier Président de la Cour d'appel.
Un acte de la CNS a pris les décisions suivantes aux sujets des honoraires des
avocats :

141
J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses institutions,
Précis Dalloz 1991, Paris, n° 737), lire aussi " Au service de la justice. La profession juridique de demain.
Paris, Dalloz, 1967, p. 144.

100
L'avocat fixe librement ses honoraires dans le cadre de prestations de ses
services, sous réserve du respect du règlement intérieur du Conseil de l'Ordre et de la
règle de délicatesse propre à la déontologie ;
En cas de contestation des honoraires, la partie qui s'estime lésée saisit
d'abord le Bâtonnier pour arbitrage et en cas d'échec, elle recourt devant le Conseil de
l'Ordre du degré d'appel ;
Le Premier Président de la Cour d'appel a un délai de 15 jours pour donner la
formule exécutoire sur la note d'honoraires et du frais lorsqu'il en est saisi ;
L'ordonnance du Premier Président de la Cour d'appel qui refuse sans aucune
justification de donner la formule exécutoire est susceptible de recours devant le
Président de la Cour de cassation qui doit statuer dans les 15 jours qui suivent la
notification de l'ordonnance ;

En cas de silence du Premier Président de la Cour d'appel, le Premier


Président de la Cour de cassation sera aussi saisi dans les 15 jours.

§11. De la discipline des avocats (art. 86 à 102 de l’ordonnance-loi sur le


barreau)

1. Notion de faute disciplinaire


Est considérée comme faute disciplinaire pour un avocat :
- toute contravention aux lois et règlements ;
- toute infraction aux règles professionnelles ;
- tout manquement à la probité, à l'honneur ou à la délicatesse, même se
rapportant à des faits extra professionnels.

2. La grille des sanctions disciplinaires


- l'avertissement ;
- la réprimande ;
- la suspension pour un temps qui ne peut excéder une année ;
- la radiation du tableau de la liste de stage.
Chaque sanction emporte la privation du droit d'être élu bâtonnier ou membre
du Conseil de l'Ordre durant un temps qui ne peut excéder cinq ans.

3. Organe disciplinaire

Les fautes et manquements des avocats sont réprimés par le Conseil de


l'Ordre siégeant comme conseil de discipline statuant au premier degré, le Conseil
National de l'Ordre siège au degré d'appel.

4 .Règles de procédure disciplinaire

- le Conseil de l'Ordre peut interdire provisoirement l'exercice de ses


fonctions à l'avocat qui fait l'objet d'une poursuite pénale ou disciplinaire ;

101
- aucune peine disciplinaire, aucune mesure d'interdiction provisoire ne peut
être prononcée sans que l'avocat mis en cause ait été entendu ou appelé ;
- c'est le bâtonnier qui enquête sur le comportement de l'avocat mis en cause ;
si c'est le bâtonnier lui-même qui est concerné, l'enquête est menée par le membre du
Conseil de l'Ordre le plus ancien au tableau ;
- le bâtonnier peut décider soit de classer l'affaire sans suite soit de saisir le
Conseil d'Ordre ;
- tant devant le Conseil de l'Ordre que devant le Conseil National de l'Ordre,
la comparution personnelle de l'avocat poursuivi est requise sauf dispense. L'avocat
mis en cause peut se faire assister et, en cas de dispense de comparution personnelle,
se faire représenter par un confrère ;
- l'avocat poursuivi peut déférer devant le Conseil National de l'Ordre, la
sentence rendue par le Conseil de l'Ordre ;
- les décisions du Conseil National de l'Ordre rendues en matière disciplinaire
ne sont susceptibles, d'aucun recours ;
- la juridiction qui condamne un avocat pour des agissements contraires à
l'honneur, à la probité et aux bonnes mœurs, transmet une copie de sa décision au
Conseil de l'Ordre aux fins de radiation de l'avocat concerné au tableau de l'ordre ;
- l'avocat interdit ou suspendu doit s'abstenir de tout acte professionnel, il ne
peut en aucune circonstance faire état de sa qualité d'avocat ;
- l'avocat radié ne peut être inscrit à un tableau de l'ordre ou porté sur une liste
des stagiaires qu'après l'expiration d'un délai de 10 ans depuis la date où la décision de
radiation est passée en force de chose jugée et si des circonstances exceptionnelles les
justifient.
L'inscription n'est permise que sur décision du Conseil National de l'Ordre,
après avis motivé et conforme du Conseil de l'Ordre du Barreau auquel l'avocat désire
appartenir.

§12. Des organes du barreau

1. Au niveau de chaque ressort de Cour d'Appel

Les organes du barreau sont :


- L’Assemblée Générale,
- le Conseil de l'Ordre,
- le Bâtonnier.
a) L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les avocats inscrits au tableau : les avocats stagiaires
peuvent assister aux travaux de l'Assemblée générale mais ne participent pas aux
votes. Elle est compétente pour élire le bâtonnier et les membres du Conseil de l'ordre.
Elle peut porter à son ordre du jour toute question intéressant l'exercice de la
profession et le bon fonctionnement de la justice.

b) Le Conseil de l'Ordre

102
Il est composé de trois à six ou neuf membres, selon le nombre des avocats
constituant le barreau. Il a pour attribution de traiter toute question intéressant
l'exercice de la profession notamment :
- veiller à la stricte observation des devoirs des avocats et à la protection de
leurs droits ;
- arrêter et modifier le règlement intérieur ;
- assurer le maintien des principes de probité, de désintéressement, de
modération et de confraternité ;
- veiller à ce que les avocats se comportent en loyaux auxiliaire de la justice ;
- traiter toute question intéressant la défense des droits des avocats et
d'observation de leurs devoirs ;
- veiller à la formation des stagiaires ;
- organiser un bureau de consultation gratuite en faveur des indigents ;
- gérer les biens appartenant au barreau ;
- les membres du Conseil de l'Ordre sont élus pour trois ans au scrutin secret
par l'Assemblée Générale.
c) Le bâtonnier
Il est élu pour trois ans, au scrutin secret, par l'Assemblée Générale. Il
représente le barreau, il veille à la discipline de tous les avocats, concilie les différends
et assure le bon fonctionnement du Conseil de l'Ordre. Toute communication faite au
barreau ou au Conseil de l'Ordre lui est adressée.

2. Au niveau national, les organes de l'Ordre National sont :


L'Assemblée Générale ;
Le Conseil National de l'Ordre ;
Le Bâtonnier National.

a) L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les Bâtonniers et les membres des différents Conseils de
l'Ordre ;
Elle se réunit au moins une fois par an ;
Elle délibère sur toutes les questions d'intérêt commun et sur les moyens à
mettre en œuvre pour sauvegarder l'honneur, les droits et les intérêts de la profession ;
Ses réunions sont présidées par le Bâtonnier National.

b) Le Conseil National de l'Ordre


- composé de 9 avocats ayant leur résidence à Kinshasa, le Conseil National
de l'Ordre est présidé par le Bâtonnier National ;
- il veille à la sauvegarde de l'honneur, des droits et des intérêts
professionnels communs aux avocats ;
- il détermine et unifie les règles et usages de la profession d'avocat ;
- il assure le fonctionnement de l'ordre ;
- il surveille le respect des règles de la déontologie par tous les avocats, il
peut à cet effet enjoindre aux organes disciplinaires de se saisir de tout fait dont il a

103
connaissance et en cas de défaillance de ces organes, évoquer les causes devant lui,
même d'office.

SECTION 2 : DES DEFENSEURS JUDICIAIRE (Art. 125 à 141 de


l’ordonnance-loi sur le barreau)

§1. Notions et conditions d'accès à la profession


Les défenseurs judiciaires sont des auxiliaires de justice chargés d'assister ou
de représenter les parties, postuler, conclure et plaider devant les Tribunaux de Paix et
les Tribunaux de Grande Instance.
Les défenseurs judiciaires ne peuvent exercer leur ministère que devant les
Tribunaux de Grande Instance auprès desquels ils ont été inscrits, ainsi que devant les
Tribunaux de Paix faisant partie du ressort desdits tribunaux. Cependant, sur décision
du Premier Président de la Cour d'Appel, ils peuvent être admis à plaider devant tous
les Tribunaux de Paix et de Grande Instance du ressort de la Cour d'appel dans lequel
se trouve le Tribunal de Grande Instance auprès duquel ils sont inscrits.
Il est formé au siège de chaque Tribunal de Grande Instance, un tableau de
défenseurs judiciaires admis à exercer leurs ministères dans le ressort du tribunal. C'est
le Tribunal de Grande Instance siégeant à trois juges, en chambre du conseil, le
Procureur de la République entendu, qui statue sur l'admission au tableau. La Cour
d'Appel siégeant à trois juges, examine le recours contre toute décision d'admission ou
de refus d'inscription au tableau.
Les conditions suivantes sont exigées pour être inscrit au tableau :
- être Congolais ;
- être titulaire d'un diplôme de gradué en droit délivré par une Université du
Congo ou d'un diplôme équivalent ;
- n'avoir pas été condamné pour des agissements contraires à l’honneur, à la
probité et aux bonnes mœurs ;
- n'avoir pas fait l'objet de sanction disciplinaire ou administrative de
destitution, de radiation ou de révocation, pour des agissements contraires à l'honneur,
à la probité ou aux bonnes mœurs.

§2. Des droits et des devoirs des défenseurs judiciaires

1. Les défenseurs judiciaires jouissent de toutes les prérogatives reconnues


aux avocats.
2. Les défenseurs judiciaires portent à l'audience la robe noire sans chausse
mais avec le rabat blanc.
3. Toutes les interdictions faites aux avocats sont applicables aux défenseurs
judiciaires.

§3. Des organes du corps des défenseurs judiciaires

104
1. L’Assemblée Générale
C'est la réunion de tous les défenseurs judiciaires,
Elle est présidée par le Président du Tribunal de Grande Instance,
Elle délibère sur tout sujet intéressant la profession de défenseur judiciaire,
Elle procède à l'élection d'un syndic et d'une chambre de surveillance.

2. Le syndic et la chambre de surveillance

Le syndic représente le corps des défenseurs judiciaires. Ensemble avec la


chambre de surveillance, composée de cinq membres, il veille à la moralité du corps,
ils débattent de toute question intéressant le corps, ils préviennent et concilient les
différends d'ordre professionnel entre les membres.

§4. Du régime disciplinaire

Le Tribunal de Grande Instance, siégeant en chambre du conseil à trois juges,


statue en tant que juridiction disciplinaire des défenseurs judiciaires.
Les défenseurs judiciaires mis en cause sont entendus ou appelés.
Les sanctions suivantes peuvent être prises :
- l'avertissement ;
- la réprimande ;
- l'interdiction d'exercer la profession pour un temps qui ne peut excéder un
an ;
- la radiation du tableau des défenseurs judiciaires.

La Cour d'Appel siégeant en Chambre du conseil examine le recours contre la


sentence du Tribunal de Grande Instance.
Tant devant le Tribunal de Grande Instance que devant la Cour d'Appel, le
défenseur judiciaire mis en cause doit comparaître en personne sauf dispense.

SECTION 3 : INFORMATIONS UTILES SUR LES AVOUES

(Lire utilement l’ouvrage du Prof Luzolo, La justice et ses institutions…


pages : 759 à 761)

§1. Définition
On appelle avoués les officiers ministériels qui ont profession de représenter
les parties devant les Cours d’appel ; ils sont chargés de postuler et de conclure ; ils
représentent leurs clients devant la Cour d'appel sauf dans les cas où leur ministère
n'est pas obligatoire. Ils interviennent uniquement en matière de litiges et des
contestations de droit privé.

105
§2. Condition d'étude

L'avoué doit être licencié, maître ou docteur en droit, il doit passer un stage
de 2 ans dont un autre après d'un avoué, il doit passer avec succès l'examen
professionnel.

§3. Les fonctions de l'avoué à la Cour

1. Les avoués postulent et concluent pour les plaideurs devant la Cour


d'appel.
2. Ils peuvent compléter la juridiction auprès de laquelle ils exercent lorsqu'il
n'y a pas d'avocat présent dans la salle.
3. A titre exceptionnel, ils peuvent plaider notamment quand il y a grève
d'avocats.

§4. Lien juridique qui unit l'avoué et son client

C'est un mandat général constitué en vue d'un procès.

N.B : En R.D.C. la profession d'avoué n'existe pas. C'est l'avocat qui fait
tout.

106
TROISIEME PARTIE :

DE LA COMPETENCE

107
INTRODUCTION

Il existe trois sortes de compétences :


- la compétence matérielle ou d'attribution ou ratione materiae ;
- la compétence territoriale ou géographique ou ratione loci ;
- la compétence personnelle ou ratione personae.

En matière pénale, c'est le taux de la peine (la gravité de l'infraction) qui


détermine le tribunal compétent matériellement. En matière civile, c'est la nature ou le
montant de la demande qui détermine le tribunal compétent matériellement. En
matière administrative, la compétence matérielle est déterminée jusqu'ici par le niveau
de l'autorité qui a pris la décision qui doit être annulée.
Nous verrons qu'il y a trois possibilités en matière pénale de déterminer la
compétence territoriale d'un tribunal. Le principe en matière civile est que le tribunal
du domicile du défendeur est celui qui est territorialement compétent. Le même
principe est suivi en matière administrative. Cependant il existe des règles particulières
de fixation de compétence territoriale en matière civile.
La compétence personnelle n'est concevable en principe qu'en matière pénale
: mais nous verrons que le législateur de l'époque coloniale a prévu une possibilité de
compétence personnelle en matière coutumière.
En matière coutumière, les tribunaux coutumiers sont compétents
matériellement pour juger les faits qui sont réprimés par la coutume ou par la loi
écrite, lorsque celle-ci attribue d'une manière expresse cette compétence aux tribunaux
coutumiers.

108
CHAPITRE 1. LA COMPETENCE DES COURS ET TRIBUNAUX DE
DROIT ECRIT

SECTION 1. LA COMPETENCE REPRESSIVE

Il s'agit d'analyser la compétence de chaque tribunal pour punir, sanctionner


une infraction qui est commise. Nous parlons ici de la compétence qu'on appelle
matérielle (selon la matière) ou " ratione materiae ". La loi congolaise fixe la
compétence de chaque tribunal selon la peine qui est prévue pour sanctionner une
infraction en d'autres termes, la gravité de la peine détermine le tribunal qu'il faut
saisir.
Parlant de la compétence personnelle ; nous allons voir ce qu’on appelle le "
privilège de juridiction ", c.-à-d. : pour certaines catégories de personnes, c'est leur
rang social et non la gravité de la peine, qui détermine le tribunal qui est compétent
pour les juger lorsqu'elles ont commis des infractions. La loi a voulu que les personnes
ayant un rang social élevé ne puissent pas être jugées par des tribunaux de rang
inférieur, elles sont jugées par des tribunaux de rang supérieur afin de ne pas leur
donner l'occasion d'influencer les juges.

§1. Tribunal de Paix

L’organisation, le fonctionnement et les compétences des tribunaux sont


actuellement fixés par la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013. Plusieurs sont les
innovations apportées par cette loi qui, par ailleurs abroge l’ordonnance de 1982
relative à l’organisation et la compétence judiciaires.

- Le ressort des tribunaux de paix

Il existe un ou plusieurs tribunaux de paix dans chaque territoire, ville et


commune. Toutefois, la loi admet la création d’un seul tribunal de paix pour deux ou
plusieurs territoires, ville et commune142, ce qui renforce davantage l’impression que
la volonté du législateur est de rapprocher la justice des justiciables, même si les
réalités sont décevantes sur le terrain avec des territoires sans tribunaux et parfois des
tribunaux sans juge. Le premier président de la cour suprême de justice vient
d’exprimer la volonté et la détermination du pouvoir judiciaire en affectant les juges à
des endroits où la loi prévoit l’installation des tribunaux de paix.

- La composition et de l’organisation

Le tribunal de paix est composé d’un président et des juges. En cas d’absence
ou d’empêchement, il est remplacé par le juge le plus ancien d’après la date et l’ordre

142
Article 7, loi-organique n°13/011-B, précitée.

109
de nomination143.
Le tribunal de paix siège au nombre de trois juges en matière répressive, et à
un seul juge en matière civile.
Il siège en outre au nombre de trois juges dont des notables du lieu désigné
par le président de la juridiction 144 en matière de conflit foncier coutumier. Le
président du tribunal de paix reprend ainsi au ministre de la justice le pouvoir qu’il
détenait de l’ancien Code d’OCJ. En plus, les juges assesseurs ne sont plus
fonctionnaires de l’État affectés aux différentes juridictions. Ils sont désormais
désignés pour accomplir à titre ponctuel, une mission relative à leur expertise
coutumière.
Le tribunal de paix siège avec le concours du ministère public et l’assistance
d’un greffier. Le concours du ministère devient obligatoire pour la composition
régulière du siège ce qui met fin à la double casquette du juge du tribunal de paix145.

- La compétence du tribunal de paix


La compétence, prise pour une autorité publique ou une juridiction, désigne
l’aptitude légale permettant à accomplir un acte ou à instruire et juger un procès 146.
La loi reconnaît au tribunal de paix la compétence matérielle et la compétence
territoriale.
Plusieurs éléments peuvent être pris en considération pour déterminer la
compétence d’une juridiction. Il s’agit notamment de la nature des faits, du taux du
litige, de la qualité du justiciable et de la situation du bien objet du litige, ou du lieu de
la commission de l’infraction, de la résidence du suspect ou celui de l’arrestation.

La compétence matérielle

Le tribunal de paix a une compétence matérielle en matière pénale et en


matière civile.

- En matière pénale

La loi attribue aux tribunaux de paix une compétence en vertu de laquelle ils
connaissent des infractions punissables au maximum de cinq ans de servitude pénale
principale et d’une amende quel que soit son taux, ou de l’une de ces peines
seulement. Il a été jugé qu’est fondé et entraine cassation partielle du jugement
entrepris, le moyen pris de la violation des articles 83 du Code de l’organisation et de
la compétence judiciaires et des articles 54, 55 et 58 du code de procédure pénale en ce
que saisi des faits de meurtre punissable de plus de cinq ans, le juge de paix les a
connus alors qu’ils ne sont pas de sa compétence matérielle .
Lorsqu’un tribunal de paix se déclare incompétent en raison du taux de la

143
Article 9, loi-organique n°13/011-B, précitée
144
Article 10,idem.
145
Article 17, idem.
146
S. GUINCHARD et alii, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 2011, p. 186.

110
peine à appliquer, le jugement n’est pas susceptible d’appel. L’incompétence du
tribunal ne peut être invoquée que par la partie au procès. Elle peut aussi être déclarée
d’office par le tribunal.
Les tribunaux de paix sont compétents pour prendre des mesures
d’internement de tout individu tombant sous l’application de la législation sur le
vagabondage et la mendicité.
La loi du 10 janvier 2009 sur la protection de l’enfant a extrait du tribunal de
paix la compétence de prendre les mesures de garde, d’éducation et de préservation
prévues en matière d’enfance délinquante. Cette compétence est dévolue au tribunal
pour enfants.
- En matière civile

En matière civile, les tribunaux de paix sont compétents pour connaître de


toutes les contestations portant sur le droit de la famille, les successions, les libéralités
et les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume.
En outre, ils connaissent de toutes les autres contestations susceptibles
d’évaluation pour autant que leur valeur ne dépasse pas deux millions cinq cent mille
francs congolais.
Enfin, l’exécution des actes authentiques relève de la compétence des
tribunaux de paix.
La lecture du texte de l’article 110 laisse penser que les contestations portant
sur les successions sont de la compétence exclusive du tribunal de paix. Il n’en est pas
ainsi en réalité.
La valeur de la succession détermine la juridiction compétente à recevoir
l’action en pétition d’hérédité. Ainsi, l’action en pétition est introduite devant le
tribunal de paix lorsque la valeur de la succession ne dépasse pas 100.000 zaïres. Elle
est introduite devant le tribunal de grande instance du domicile ou de la résidence du
défendeur pour les autres héritages.
A la différence de l’ordonnance-loi du 31 mars 1982 qui, en son article 110,
donnait compétence au tribunal de paix de connaître des contestations susceptibles de
l’évaluation pour autant que leur valeur ne dépasse pas cinq mille zaïres, la loi-
organique du 11 avril 2013 porte cette valeur à deux millions cinq cent mille francs
congolais.
Quelle que soit la valeur du litige, les présidents des tribunaux de paix, ou, à
défaut les présidents du tribunal de grande instance, là où les tribunaux de paix ne sont
pas encore installés, peuvent autoriser les saisies arrêts et les saisies conservatoires en
matière civile ou commerciale.
Il ressort de cette disposition que les présidents des tribunaux de grande
instance n’ont pas la compétence concurrente avec les présidents des tribunaux de paix
en matière de saisie. Ils n’interviennent que pour suppléer à la carence des tribunaux
de paix.

111
§2. Tribunal de Grande Instance

Il est compétent pour juger les infractions punissables de la peine de mort et


des infractions punissables d'une peine qui dépasse cinq ans de prison ou des travaux
forcés147.
Ce tribunal est aussi compétent pour examiner l'appel des jugements rendus
par les Tribunaux de Paix.
Le Tribunal de Grande Instance est aussi compétent pour juger les Conseillers
Urbains, les Conseillers des Zones Urbaines et Rurales et les Conseillers des
Collectivités, quelle que soit l'infraction qu'ils ont commise. C'est ce qu'on appelle la
compétence personnelle ou le privilège de juridiction.

- En matière civile

Les tribunaux de grande instance connaissent de toutes les contestations qui


ne sont pas de la compétence des tribunaux de paix. Toutefois, saisi d’une contestation
de la compétence des tribunaux de paix, le tribunal de grande instance statue au fond
et en dernier ressort si le défendeur fait acter son accord exprès par le greffier.
Les tribunaux de grande instance connaissent de l’exécution de toutes
décisions de justice, à l’exception de celles des jugements des tribunaux de paix qui
relèvent de la compétence de ces derniers.
En vertu de l’art. 89 de la loi organique, les tribunaux de grande instance
connaissent en premier ressort les infractions commises par les conseillers urbains, les
bourgmestres, les chefs de secteur, les chefs de chefferie et leurs adjoints ainsi que par
les conseillers communaux, les conseillers de secteur et les conseillers de chefferie.
Cette nouvelle dérogation aux règles de compétence sous forme de privilège
de juridiction au profit des autorités de la petite décentralisation constitue une
innovation apportée par la loi organique sous examen.
La compétence matérielle des tribunaux de grande instance se répartit en
matière pénale et en matière civile.
En matière pénale, les tribunaux de grande instance connaissent des
infractions punissables de la peine de mort et d’une servitude pénale principale
excédant cinq ans.
D’ailleurs, parfaitement compatible avec l’indépendance des magistrats qui,
dans les cours et tribunaux, conservent intact leur responsabilité et leur liberté de
jugement.

§3. Cour d'Appel

Les Cours d'appel connaissent de l'appel des jugements rendus en premier


ressort par les tribunaux de grande instance et les tribunaux de commerce.
Elles connaissent également, au premier degré :
1) du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité

147
Art. 89, loi organique de 2013 sur l’OCJ.

112
commis par les personnes relevant de leur compétence et de celle des tribunaux
de grande instance ;
2) des infractions commises par les membres de l'Assemblée provinciale, les
magistrats, les Maires, les Maires adjoints, les Présidents des Conseils urbains et les
fonctionnaires des services publics de l'État et les dirigeants des établissements ou
entreprise publique revêtus au moins du grade de directeur ou du grade équivalent.

§5. La Cour de cassation

La Cour de cassation juge en premier et dernier ressort les personnes visées à


l’art. 153, al. 3 de la Constitution (Compétence personnelle), à savoir :
- Les membres de l’Assemblée nationale et du Sénat ;
- Les membres du Gouvernement autres que le premier ministre ;
- Les membres de la Cour Constitutionnelle ;
- Les magistrats de la Cour de cassation ainsi que du parquet près cette
cour ;
- Les membres du conseil d’État et les membres du Parquet près ce conseil ;
- Les membres de la Cour des comptes et les membres du Parques près cette
Cour ;
- Les premiers Présidents des Cours d’Appel ainsi que les Procureurs
généraux près ces cours ;
- Les premiers Présidents des Cours Administratives d’Appel et les
procureurs près les cours ;
- Les gouverneurs, les vice-gouverneurs de province et les ministres
provinciaux ;
- Les Présidents des assemblées provinciales.

Elle connaît également des pourvois en cassation formés contre les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort par les cours et tribunaux civils et militaires.

§6. Informations utiles sur les juridictions répressives en France

Les ouvrages de droit judiciaire souvent disponibles au Congo sont de droit


français. Leur consultation requiert d'être informé sur la répartition des juridictions
pénales françaises. C'est du reste la même répartition qu'on retrouve en droit belge.

1. Tribunal de police

C'est le tribunal qui est compétent pour juger les contraventions, c'est-à-dire
les infractions que la loi punit d'une peine de deux mois d'emprisonnement au
maximum.

2. Tribunal correctionnel
Il est compétent pour juger les délits c'est-à-dire les infractions que la loi

113
punit d'une peine qui ne dépasse pas 5 ans d'emprisonnement.

3. Cour d'assises
C'est une juridiction composée de 3 magistrats de la Cour d'Appel et de 9
jurés (juges populaires en quelques sortes).
Elle est compétente pour juger les crimes c'est-à-dire des infractions
punissables de la peine de mort ou d'une peine supérieure à 5 ans d'emprisonnement.
La Cour suprême de justice de la République, créée par la loi
constitutionnelle du 27 juillet 1993 a pour compétence de juger des membres du
gouvernement qui, dans l'exercice de leurs fonctions des infractions. Elle est composée
de 15 juges dont 12 parlementaires et 3 magistrats du siège de la Cour de cassation.
La Haute Cour de justice est compétente pour juger le Président de la
République pour haute trahison.

SECTION 2. LA COMPETENCE CIVILE DES TRIBUNAUX

§1. La compétence territoriale des tribunaux civils

Le mot civil doit être entendu ici dans le sens le plus large. Il ne s'agit en tout
cas pas des tribunaux statuant à l'égard des civils, l'épithète " civil " doit ici revêtir le
sens juridique, il s'agit donc des tribunaux qui jugent des litiges civils, ou mieux des
litiges du droit privé lequel englobe le droit civil, le droit du travail, le droit
commercial, le droit coutumier.... Bien plus, ces tribunaux dits " civils " connaissent
également des actions patrimoniales dirigées par ou contre les services publics. Est
compétent le juge du lieu où l'une des infractions a été commise, celui de la résidence
du prévenu et celui du lieu où le prévenu aura été trouvé.
En procédure pénale, nous aurons l'occasion d'étudier les différents cas de
prorogation de cette compétence. La règle de base est que le juge du domicile ou de la
résidence du défendeur est seul compétent pour connaître de la cause. S'il y a plusieurs
défendeurs, le demandeur peut choisir le domicile de l'un d'eux. Les parties peuvent, si
l'ordre public n'est pas intéressé, déroger conventionnellement aux règles de la
compétence territoriale. Elles peuvent le faire soit par une clause attributaire de
compétence soit par l'élection de domicile, soit en comparaissant volontairement
devant un juge autre que le juge naturel.

§2. La compétence personnelle des tribunaux civils

En principe, le problème de la compétence personnelle ne se pose qu'en


matière pénale car c'est là que l'on rencontre de nombreux cas du privilège de
juridiction. Toutefois, il faut signaler un cas du compétence personnelle en matière
coutumière : lorsque le défendeur ou le prévenu est un militaire en activité de service,
un agent de l'administration, de l'ordre judiciaire ou de la police territoriale, un juge,
une autorité coutumière, communale ou lorsque le demandeur est un juge, une autorité

114
coutumière, communale ou territoriale, seul le tribunal de territoire ou de ville connaît,
à l'exclusion de tout autre tribunal des affaires dans lesquelles ces défendeurs ces
prévenus et demandeurs sont parties.

§3. La compétence matérielle des tribunaux civils

1. Règles ordinaires

1.1. La compétence matérielle est déterminée par la nature ou le montant


de la demande

- les fruits, intérêts, arrérages, dommages-intérêts, frais et autres accessoires


ne sont ajoutés au principal que s'ils ont une cause antérieure à la demande ;
- si la demande a plusieurs chefs qui proviennent de la même cause, on le
cumule pour déterminer la compétence ;
- si une somme réclamée fait partie d'une créance plus forte qui est
réclamée, c'est le montant de celle-ci qui détermine la compétence ;
- si une demande est formée par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs
défendeurs en vertu d'un même titre, la somme totale réclamée fixe la compétence ;
- s'il y a contestation sur la validité d'un bail, on détermine la valeur du litige
en cumulant les loyers pour toute la durée du bail ;
- s'il y a résiliation du bail, on détermine la valeur du litige en cumulant les
loyers à échoir ;
- lorsqu'il n'existe pas d'autre base d'estimation, le litige est évalué par les
parties, sous le contrôle du juge.

1.2. Répartition de la compétence matérielle

a. Tribunal de paix

Il examine les contestations qui portent sur le droit de la famille, les


successions, les libéralités et les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la
coutume. Il nous faut relever une grave lacune : la loi a omis d'attribuer compétence au
tribunal de paix pour trancher les litiges relatifs à la cour de façon générale.
Les Tribunaux de paix connaissent des infractions punissables au maximum
de cinq ans de servitude pénale principale et d'une peine d'amende, quel que soit son
taux, ou de l'une de ces peines seulement.
Le Tribunal de Paix est également compétent en matière d'exécution des actes
authentiques.

b. Tribunal de Grande Instance


Il examine toutes les contestations qui ne sont pas de la compétence 148 du
Tribunal de Paix. Il est aussi compétent en matière d'exécution de toutes les décisions

148 Voir article 112 du COCJ

115
de justice sauf celles de jugement au Tribunal de Paix149 .
Il examine également les problèmes relatifs à l'exécution des autres actes
authentiques 150.
Le Tribunal de Grande Instance examine l'appel des jugements rendus en
premier ressort par les Tribunaux de Paix 151.

c. La Cour d'appel
Elle examine l'appel des jugements rendus en premier ressort par les
Tribunaux de Grande Instance152, les tribunaux de commerce et les tribunaux de
travail.
d. La Cour de cassation
Elle connaît des pourvois en cassation pour violation des traités
internationaux dument ratifiés, des lois et de la coutume contre les arrêts et jugements
rendus en dernier ressort par les juridictions de l’ordre judiciaire en matières civile,
commerciale et sociale153.

2. Règles spéciales

Les demandes reconventionnelles n'exercent, quant à la compétence, aucune


influence sur l'action originaire, c'est pourquoi les tribunaux connaissent de toutes les
demandes reconventionnelles quelque en soient la nature et le montant.
Les demandes fondées sur le caractère téméraire et vexatoire d'une action
sont portées devant le tribunal saisi de cette action (art. 142 de la loi organique du 11
avril 2013 sur l’O.C.J.).
Le juge compétent pour statuer sur la demande principale, connaît de tous les
incidents et devoirs d'instruction auxquels donne lieu cette demande (art. 143 de la loi
organique du 11 avril 2013 sur l’O.C.J.). En doctrine l'on dit que « le juge de l'action
est le juge de l'exception ».
Le juge devant lequel la demande originaire est pendante connaît des
demandes en garanties.
En cas de litispendance154 les règles suivantes s'appliquent et c’est en
respectant l'ordre ci-après :
1. La juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie au
premier ressort ;
2. La juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition
d'ordre intérieur est préférée aux autres juridictions ;
3. La juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions.
En cas des demandes connexes devant les juridictions différentes, les règles

149 Voir article 112 du COCJ


150 Voir article 113 du COCJ
151 Voir article 114 du COCJ

152 Voir article 115 du COCJ

153 Voirs article 116 du COCJ

154 Il y a litispendance lorsque deux ou plusieurs juridictions compétentes se trouvent saisies à la fois des mêmes
faits intéressant les mêmes personnes.

116
suivantes sont appliquées :
1. Les demandes pendantes devant le Tribunal de Paix peuvent, à la demande
de l'une des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes devant le Tribunal
de Grande Instance. La juridiction ainsi saisie statue en premier ressort (art. 145 de la
loi organique du 11 avril 2013 sur l’O.C.J.) ;
2. Lorsque les demandes pendantes devant les juridictions différentes de
même rang sont connexes, elles peuvent, à la demande de l'une des parties, être
renvoyées à celle de ces juridictions qui a déjà rendu une décision autre qu'une
disposition d'ordre intérieur, sinon à la juridiction saisie la première.

§4. La Compétence en matière fiscale

Le Tribunal de Grande Instance est le tribunal qui peut saisir le service des
impôts lorsqu'un habitant du pays refuse de payer les impôts qu'il doit à l'État.
La Cour d'Appel examine l'appel des jugements rendus au premier degré par
le Tribunal de Grande Instance.
La Cour d'Appel est saisie en premier et dernier ressort c'est-à-dire sans
possibilité d'appel pour examiner les recours introduits par le contribuable contre les
décisions du service des impôts lorsque ces décisions constituent la cotisation d'impôt
ou d'accroissement d'impôt établis d'office c'est-à-dire d'autorité.

§5. La compétence en matière administrative

La Constitution du 18 février 2006 telle modifiée, confie désormais la matière


administrative à l’ordre administratif de juridictions constitué d’un conseil d’État, des
cours administratives d’appel, et des Tribunaux administratifs
Le fonctionnement de l'État, de l'administration publique et des sociétés para-
étatiques peut, par les actes et décisions qu'ils prennent, causer du tort aux habitants du
pays, en ce cas, la personne qui a été lésée par ces actes ou ces décisions peut les
attaquer en justice pour les faire annuler, et si possible pour obtenir un
dédommagement. C'est cela qu'on appelle « contentieux administratif ».
Notons qu’au niveau de la Cour de cassation, le pourvoi en cassation c'est-à-
dire l'examen des demandes qui veulent voir cassé les jugements illégaux ou
irréguliers prononcés par ces tribunaux qui ont siégé au niveau d'appel. Nous devons
ici faire remarquer que les Congolais n'ont pas encore assimilé le mécanisme de la
cassation. Certains croient qu'ils peuvent saisir la Cour de cassation dès l'instant où un
mauvais jugement est rendu au premier degré alors que la loi exige d'aller d'abord
jusqu'à la juridiction d'Appel. D'autres s'imaginent que la Cour de cassation constitue
un 3ème degré de juridiction c'est-à-dire une juridiction qui va comme devant le
tribunal du premier degré ou devant la juridiction d'appel, interroger les parties et
entendre les témoins. Non. La Cour de cassation siège en matière de cassation, " juge "
les jugements pour vérifier s'ils n'ont pas violé la loi ou la coutume, elle ne juge pas les
causes, ni les affaires.
La Cour Constitutionnelle est chargée du contrôle de la constitutionnalité des

117
lois et des actes ayant force de loi, les lois organiques, avant leur promulgation, et les
règlements intérieurs des chambres parlementaires et du congrès, de la commission
électorale nationale indépendante ainsi que du conseil supérieur de l’audiovisuel et de
la communication. Avant leur mise en application, ils doivent être soumis à la cour
constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la Constitution. Aux mêmes
fins d’examen de la constitutionnalité, les lois peuvent être avant leur promulgation
par le Président de la République, déférées devant la Cour Constitutionnelle par le
Premier Ministre, le Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat ou le
dixième des députés ou Sénateurs (art.160 de la Constitution du 18/02/2006).

§6. Dérogation ou principe du juge naturel 155

Le tribunal de territoire ou de la ville est seul compétent, pour juger les


affaires suivantes :
1. Les affaires dans lesquelles, un militaire de forces armées, un agent de
l'État, un juge coutumier, une autorité administrative de la chefferie ou de la
collectivité est prévenu ou défendeur.
2. Les affaires dans lesquelles un juge coutumier, une autorité administrative
de la chefferie ou de la collectivité est demandeur.

155 Art. 16 de l'arrêté royal du 13 Mai 1938.

118
CHAPITRE 2. LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES

En principe ce sont les militaires qui sont jugés par les juridictions militaires
lorsqu'ils ont commis des infractions 156
Les juridictions militaires jugent des civils qui ont commis des infractions
notamment dans les cas suivants :
1. Lorsqu'il s'agit des personnes employées dans un établissement ou dans un
service de l'armée qui dépendent du Ministère de la Défense Nationale, qui ont
commis des infractions de toute nature au service de l'armée ou dans l'exercice ou à
l'occasion de l'exercice de leurs fonctions 157 ;
2. Lorsqu'il s'agit des civils qui provoquent, engagent ou assistent un ou
plusieurs militaires à commettre une infraction à la loi ou au règlement militaire 158 ;
3. Lorsqu'il s'agit des civils qui commettent des infractions dirigées contre
l'armée, son matériel ou ses établissements ou au sein de l'armée 159;
4. Lorsqu'il s'agit des civils qui ont autorités à accompagner une unité de
160
l'armée .
5. Lorsque le pays se trouve en état de guerre ou d'urgence et que le Président
de la République fait remplacer les juridictions civiles par les juridictions militaires 161
Les juridictions militaires n'ont aucune compétence pour juger les conflits ou
contestations purement civiles qui éclatent entre les militaires ou entre les militaires et
les civils ; ce sont en ce cas les juridictions civiles qui interviennent pour juger ces
contestations.
Les cours et tribunaux militaires ne connaissent pas de l’action disciplinaire
(art. 78 du code judiciaire militaire)

SECTION 1. LA COMPETENCE MATERIELLE

Les juridictions militaires jugent les infractions d'ordre militaire et les


infractions de toutes sortes commises par des militaires 162.
Ce n'est pas la gravité de la peine prévue par la loi pour chaque infraction qui
détermine le tribunal militaire devant lequel un prévenu militaire doit comparaître car
c'est le grade que porte ce dernier qui détermine le tribunal compétent.
Mais de façon exceptionnelle, la loi rend compétent le tribunal militaire de
police pour juger les infractions punissables au maximum d'un an de prison et de la
privation de grade - ainsi que pour juger toutes les autres infractions lorsque la peine à
prononcer ne doit pas, compte tenu des circonstances, dépasser un an de prison et la
privation de grade 163.

156 Art. 106 du Code judiciaire Militaire


157 Art. 121, Idem
158 Art. 127, idem

159 Art. 127 idem

160 Art. 127 idem

161 Art. 70 de l'acte portant disposition constitutionnelle pour la période de transition

162 Art. 76 du Code Judiciaire Militaire

163 Art. 90, idem

119
Mais nous devons signaler que même en ce cas, en réalité, le grade du
militaire détermine malgré tout le tribunal car ce n'est qu'un militaire de grade
inférieur à celui de général de brigade qui peut éventuellement comparaître devant le
Conseil de guerre, de police si l'infraction commise n'est punissable au maximum que
d'un an.
Voici la répartition de la compétence entre les juridictions militaires
1. La Haute Cour militaire : Elle connaît, en premier et dernier ressort, des
infractions de toute nature, commises par les personnes énumérées à l’art
120 du Code judiciaire militaire. Elle connaît également de l’appel des
arrêts rendus au premier degré par les Cours militaires. Les arrêts de la
HCM ne sont susceptibles que, d’opposition, conformément à la
procédure du droit commun.
2. Les Cours militaires (les articles 84 et 85 du CJM) : Elles connaissent, au
premier degré, des infractions commises par les personnes énumérées à
l’art 121 du CJM. Elles connaissent également de l’appel des jugements
rendus en premier ressort par les TMG (tribunaux militaires de garnison).
Les arrêts rendus par les Cours militaires au premier degré sont
susceptibles d’opposition et d’appel.
3. Des Cours militaires opérationnelles (CMO, les articles 86 et 87 du CJM) :
Les Cours militaires opérationnelles des infractions de toute nature,
commises par des justiciables des juridictions militaires (art. 86). Les
arrêts rendus par les cours militaires opérationnelles ne sont susceptibles
d’aucun recours.
4. Des Tribunaux militaires de garnison (articles 88 et 89) : Les tribunaux
militaires de garnison connaissent des infractions punissables de la peine
de mort et celles punissables d’une peine supérieure à un an commises par
des personnes déterminées à l’art 122 al 1, du CJM. Ils connaissent en
outre de l’appel des jugements rendus en premier ressort par les
TMP(tribunaux militaires de police). Les jugements rendus en premier
ressort par les TMG sont susceptibles d’opposition et d’appel.
5. Des Tribunaux militaires de police (articles 90 et 91 du CJM) : Les TMP
connaissent des infractions punissables de 1 an de servitude pénale, au
maximum, commises par des personnes déterminées à l’art 122 al 2. Ils
sont également compétents à l’égard d’autres infractions lorsque, à raison
des circonstances, l’auditeur militaire estime que la peine à prononcer ne
doit pas dépasser un an de servitude pénale, une amende et la privation de
grade. Les jugements rendus par les TMP sont susceptibles d’opposition
et d’appel. Rappelons que ces tribunaux militaires ne sont pas
fonctionnels dans la pratique près de 19 ans après la promulgation du
Code judiciaire militaire en 2002.

120
SECTION 2. LA COMPETENCE PERSONNELLE

La compétence personnelle d'un tribunal militaire est déterminée par la


qualité et le grade que porte le prévenu militaire au moment de la commission de
l'infraction ou au moment de sa comparution devant le tribunal 164.
Lorsqu'un officier qui doit normalement être jugé par la haute cour militaire
est poursuivi en même temps qu'un officier qui doit normalement être jugé par le
Conseil de guerre supérieur, et que tous les deux sont poursuivis pour des infractions
commises en des lieux différents, ils sont tous jugés par la Haute Cour Militaire 165.
Sont appelées infractions connexes, des infractions distinctes commises par différentes
personnes - lorsque ces infractions sont reliées entre elles par un lien tel qu'il est
indiqué pour une bonne administration de la justice de les juger en même temps par un
même tribunal166.
Le tribunal militaire de garnison connaît de toutes les infractions punissables
de la peine de mort commises par les membres des forces armées d'un rang inférieur à
celui de major (art. 122 du C.J.M).
La Cour militaire juge toutes les infractions commises par les membres des
Forces Armées d'un rang inférieur à celui de Général de Brigade. Elle juge également
les personnes justiciables devant la Cour d’Appel et n'ayant pas la qualité militaire
sont jugés par les juridictions militaires 167. Il juge également les membres du Conseil
de guerre de garnison poursuivis pour une infraction commise dans l'exercice de leurs
fonctions
La Haute Cour Militaire est compétente envers les officiers généraux de
l'armée ou assimilés, les magistrats militaires, membres de la haute cour militaire et
des cours militaires poursuivis pour les infractions commises dans l'exercice ou à
l’occasion de l'exercice de leurs fonctions. Elle examine également les recours en
annulation pour violation de la loi, dirigés contre les jugements rendus par les
juridictions militaires inférieures, elle examine également les demandes en révision 168,
c'est-à-dire des demandes qui visent à corriger des erreurs de fait contenus dans des
jugements qui normalement sont devenus définitifs parce qu'ils sont revêtus de
l'autorité de la chose jugée.

164 Art. 117 du Code judiciaire Militaire


165 Art. 101 du code judiciaire militaire
166 Les Nouvelles, Corpus, Juris, Belgici-Droit pénal, Maison Ferdinand Larcier, Bruxelles, 1956,

T.I., vol. I, n° 2236.


167 Art. 121 du C.J.M

168 Art. 120 du CJM

121
SECTION 3. LA COMPETENCE TERRITORIALE

Le tribunal militaire qui est compétent territorialement pour juger une


infraction commise par un militaire peut être soit celui du lieu où l'une des infractions
a été commise, soit celui du lieu où le prévenu a été arrêté 169.
Le conflit de compétence territoriale est réglé de la manière suivante :
Si l'un des tribunaux compétents territorialement est saisi, l'autre qui est
également compétent ne peut plus juger cette affaire 170 ;
Lorsque deux ou plusieurs tribunaux de même rang compétents
territorialement, se trouvent saisis de même faits, le tribunal saisi le premier est préféré
aux autres 171.

CHAPITRE 3. DES CONFLITS DE COMPETENCE

SECTION 1. LA LITISPENDANCE ET LA CONNEXITE

§1. Notion

Il y a litispendance lorsque deux ou plusieurs juridictions compétentes se trouvent


saisies à la fois des mêmes faits intéressant les mêmes personnes. Pareille situation peut se
produire aussi bien en procédure pénale qu'en procédure civile.

§2. Règles applicables pour mettre fin à la litispendance

Il y a quatre règles qui s'appliquent de façon alternative et non cumulative, c'est-à-dire


l'une d'elle suffit, selon le cas d'espèce, pour faire cesser le conflit de compétence :
la juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie en premier
ressort ;
la juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition d'ordre
intérieur est préférée aux autres juridictions ;
la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions ;
le tribunal du rang le moins élevé déclinera sa compétence 172.
Une expédition de la décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure
au greffe de la juridiction à laquelle la cause a été renvoyée.

169 Art. 113 idem


170 Art. 113 du Code judiciaire Militaire
171 Art. 114 du Code judiciaire Militaire

172
Art. 145, loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013, précité

122
SECTION 2. LE REGLEMENT DU JUGE OU CONFLIT DE
JURIDICTION

§1. Notion

Il y a lieu à règlement du juge lorsque deux ou plusieurs juridictions


judiciaires statuant en dernier ressort se déclarent compétents pour connaître d'une
même demande qui concerne les mêmes parties.

§2. Procédure pour mettre fin à ce genre de conflit de compétence

Le règlement de juges peut être demandé par requête de toutes les parties à la
cause ou par le Ministère Public près l'une des juridictions concernées. C'est la Cour
de cassation qui désigne souverainement la juridiction qui connaîtra de la cause.
Nous devons noter que le règlement de juges est la manifestation claire que
les règles prévues pour mettre fin à la litispendance n'ont pas permis, pour une raison
ou une autre, de mettre fin à la litispendance. Il s'impose alors, pour prévenir la
contrariété et ses conséquences juridiques malheureuses, entre des décisions
judiciaires rendues en dernier ressort, de recourir au règlement des juges.

SECTION 3. LE CONFLIT D'ATTRIBUTION

§1. Notion

Il y a conflit d'attribution lorsqu'une juridiction judiciaire et une juridiction


administrative se déclarent toutes deux compétentes ou incompétentes pour une même
demande qui concerne les mêmes parties.
Ce conflit oppose deux ordres de juridictions, en l’occurrence une juridiction de
l’ordre judiciaire et une juridiction de l’ordre administratif. Il en est ainsi du conflit qui
pourrait naître entre le conseil d’État et la Cour de cassation concernant les mêmes parties.
La constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour, donne compétence à la Cour
constitutionnelle à travers son article 161 alinéa 4, de connaître des recours contre les arrêts
rendus par la Cour de cassation et le Conseil d’État uniquement en tant qu’ils se prononcent
sur l’attribution du litige aux juridictions de l’ordre judiciaire ou administratif.

2. Procédure pour mettre fin au conflit

Le conflit d’attribution peut être positif ou négatif. Il est positif lorsque la Cour de
cassation et le Conseil d’État déclarent chacun une juridiction de l’ordre judiciaire pour la
première et une autre de l’ordre administratif pour le second compétente pour connaître d’un

123
litige qui oppose les mêmes parties. Dans ce cas, la Cour constitutionnelle désigne celle
dont la compétence est la mieux fondée.
Ce conflit est négatif lorsque chacune de deux hautes juridictions déclare les Cours et
tribunaux de son ordre incompétents vis-à-vis d’un litige survenu entre deux parties. Il y a
alors lieu de craindre le déni de justice. Le rôle de la Cour constitutionnelle en pareille
hypothèse sera de désigner la juridiction dont l’incompétence n’est pas fondée.
En droit français 173, la question du conflit entre deux ordres de juridiction est soumise
au Tribunal des conflits. En cas de conflit positif, le préfet adresse un déclinatoire de
compétence sous forme de mémoire à la juridiction de l’ordre judiciaire. Par cet acte, il
revendique la compétence d’une juridiction administrative.
Dans le cas de refus opposé à sa demande, le préfet prend, dans les quinze jours, un
arrêté des conflits en vue de contraindre le juge judiciaire à surseoir à statuer. Le Tribunal
des conflits rend sa décision dans les deux mois.
En droit congolais c’est l’une des parties au procès qui saisit le juge de la Cour
constitutionnelle. La procédure à suivre est consacrée aux articles 66 et suivants de la loi-
organique portant organisation, fonctionnement de la Cour constitutionnelle :
A. En cas de conflit négatif
La partie qui s’estime lésée par de fait que deux juridictions sont déclarées
incompétentes de connaître de sa cause adresse une demande à la Cour. La demande doit
prendre la forme d’une requête. Pour qu’elle soit recevable elle doit intervenir dans le délai
de deux mois à compter de la signification de la décision d'où résulte le conflit 174.
La requête doit être signée par un avocat au barreau près la Cour de cassation, porteur
d’une procuration spéciale signée par le requérant. Elle doit en outre porter les mêmes
mentions que celles qui sont exigées pour un pourvoi en cassation.

B. En cas de conflit positif

Lorsque deux juridictions, l’une de l’ordre judiciaire et l’autre de l’ordre administratif


se déclarent compétentes, la juridiction du second ordre est appelé à surseoir à statuer sur le
fond jusqu'à l'expiration du délai imparti pour introduire la demande devant la Cour
constitutionnelle et la décision sur le conflit en cas de recours. Ce délai est de deux mois à
dater de la signification de la décision d’où résulte le conflit175.

173
GUINCHARD S., et BUISSON, J., Procédure pénale, Paris, Litec, 2000, n° 798, p. 455.
174
Article 69 de la loi sur la cour constitutionnelle
175
Article 67 de la loi portant organisation de la Cour constitutionnelle.

124
TABLE DES MATIERES

E.J LUZOLO BAMBI LESSA 1

L’ORGANISATION ET LA COMPETENCE JUDICIAIRE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU


CONGO 1

INTRODUCTION 2

1. Définition du Droit Judiciaire 2

2. Utilité sociale du Droit Judiciaire 2

3. Subdivision du Droit Judiciaire 3

4. Les sources du droit judiciaire 3


A. Les traités et accords internationaux 4
B. La Constitution du 18 février 2006 4
C. La loi et les actes ayant force de loi 5
D. Le pouvoir réglementaire du Président de la République 5
E. Le pouvoir réglementaire du 1er Ministre 5
F. Le pouvoir réglementaire du Ministre de la Justice 6
G. Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions et Chefs des offices 7
H. La coutume 8
I. Les principes généraux du droit 9
J. L’équité 9
K. La jurisprudence 10
L. La doctrine 10
M. Les usages 11

5. L’interprétation des lois de procédure 11

6. L’application deS lois de la procédure 11


A. L’application dans le temps 11
B. L’application dans l’espace 11

7. plan SOMMAIRE du cours 12

PREMIERE PARTIE 14

125
PRINCIPES GENERAUX DE L’ORGANISATION ET DE LA COMPETENCE JUDICIAIRE 14

CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION JUDICIAIRE 15

1. Principe de la répartition des fonctions judiciaires 15

2. Principe de l’indépendance des organes judiciaires 15


A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif 15
B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif 16

3. Principe du monopole des organes judiciaires 17

4. Principe de l’égalité de tous les Congolais devant la loi 18

5. Principe de la gratuite de la justice 21

6. Principe de l’impartialité du juge 23

7. Principe de la collégialité 23

8. Principe de l’itinérance 24

9. Principe du double degré de juridiction 24

10. Principe de la cassation 24

11. Principe du juge naturel 25

PARTIE II. STRUCTURES MATERIELLES ET HUMAINES DES COURS ET TRIBUNAUX 26

CHAPITRE 1. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS ET TRIBUNAUX EN RDC 26

Section I. Les cours et tribunaux de l’ordre judiciaire 26

S/section 1. Les juridictions ordinaires 26


§1. Tribunal de paix 26
§2. Tribunal de Grande Instance 27
§3. La Cour d’Appel 28
§4. La Cour de cassation 28

S/Section 2. Les juridictions spécialisées 29


§1. Les Tribunaux pour enfants 29
§2. Les Tribunaux de travail 31
§3. Les Tribunaux de commerce 34

S/Section 3. Les Juridictions militaires 36


§1. Le Tribunal Militaire de Police 37
§2. Le Tribunal Militaire de Garnison 37
§3. La Cour militaire opérationnelle 37
§4. Les Cours Militaires 38
§5. La Haute Cour Militaire 38

CHAPITRE 2. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS ET TRIBUNAUX 48

Section I. Les règles de fonctionnement des juridictions coutumières 48

126
Section 2. Les règles de fonctionnement communes aux cours et tribunaux de droit écrit
(juridictions civiles) 48
§1. Rappel des règles déjà étudiées plus haut 48
§2. Autres règles 48

Section 3. Les règles de fonctionnement communes aux cours et tribunaux de droit écrit
(juridictions MILITAIRES) 54
§1. La police de l’audience (art.233 C.J.M) 54
§2. Le renvoi pour cause de sûreté ou de suspicion légitime 55
§3. La collégialité des juridictions militaires 55
§4. Les règles du délibéré 55
§5. La règle du double degré de juridiction 55

CHAPITRE 3. L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU MINISTERE PUBLIC 57

Section I. La hiérarchie et la composition des parquets 58


§1. Cour Constitutionnelle 58
§2. Cour de Cassation 58
§3. Conseil d’État 59
§4. Cour d’Appel 59
§5. Cour Administrative d’Appel 59
§6. Tribunal de Grande Instance 59
§7. Tribunal Administratif 60

Section 2. Les règles judiciaires communes aux magistrats du Parquet 60


§1. Les attributions du Ministère Public en matière d’exécution des lois et de jugements 60
§2. La mission de surveillance des services judiciaires 60
§3. La mission du Ministère Public en matière répressive 62
§ 4. La mission du ministère public en matière de droit privé 63
§5. Mission à caractère administratif 67
§6. Quid de l’autorité du Ministre de la Justice sur les magistrats du parquet ? 68
§8. La mission du Ministère Public auprès des juridictions d’affectation 69
§9. Le principe du remplacement du Ministère public 69
§10. Autorisation judiciaire pour la communication et la délivrance des copies des actes d’instruction
préparatoire et des actes de procédure à l’audience 69
§11. Les principes régissant le Ministère Public 70

CHAPITRE 4 : LA HIERARCHIE, LA COMPOSITION DE L’AUDITORAT MILITAIRE ET SES


REGLES DE FONCTIONNEMENT 73

Section 1 : L’auditeur Général des Forces Armées 73

Section 2 : Les auditeurs MILITAIRES PRES les cours Et TRIBUNAUX militaires 74

CHAPITRE 5 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS 75

Section 1 : La hiérarchie des grades des magistrats civils 75


§1. La hiérarchie des grades des magistrats du siège 75
§2. La hiérarchie des grades des magistrats du parquet 76

Section 2 : La hiérarchie de grades des magistrats militaires 77

CHAPITRE 6 : LA COUR DES COMPTES 78

Section 1. De la Composition de la Cour des Comptes 79

127
§1. Des magistrats de la Cour des Comptes 79
§2. Les sections de la Cour des Comptes 79

Section 2. Du Contrôle des activités de la Cour des Comptes 80

CHAPITRE 7 : LES IDEES MAITRESSES DU STATUT DES MAGISTRATS CIVILS 81

Section 1. Du recrutement 81
§1. Des conditions imposées pour être nommé magistrat (art. 1 de la loi organique n°06/020 du 10
octobre 2006 portant statut des magistrats). 81
§2. Particularité de la nouvelle loi 81

Section 2. Du Signalement 82
§1. Des promotions 82

Section 3. Des traitements et indemnités (art.26) 83

Section 4. Des avantages sociaux des magistrats 83

Section 5. Les positions STATUTAIRES (art.28 à 41 du statut) 83

Section 6. De la relève anticipée des fonctions et de la démission (Art.42 à 44 du statut des


magistrats) 85

Section 7. Du régime disciplinaire 85

Section 8. DES DEVOIRS et des incompatibilités (art.65 à 69 du statut des magistrats). 86

Section 9. De la retraite (art.70 à 71 du statut des magistrats) 86

Section 10. Des AVANTAGES ACCORDES APRES la cessation définitive de service (art.72 à 82
du statut des magistrats) 87
§1 De la pension d’inaptitude 87
§2. De l’allocation de fin de carrière 87
§3. De la rente de survie et de l’allocation de décès 87
§4. De l'honorariat et de l'éméritat (art. 83 du statut des magistrats) 88

CHAPITRE 8. DE LA POLICE JUDICIAIRE 89

Section 1. Définition de la police judiciaire 89

Section 2. Les autorités investies de fonctions de police judiciaire 89

Section 3. La compétence matérielle et territoriale des O.P.J. 90

Section 4.Les rapports entre la police judiciaire et le parquet et Le contrôle des activités des O.P.J.
90

CHAPITRE 9. LE GREFFE ET L'OFFICE DES HUISSIERS 92

Section 1. Le greffe 92
§1.Notion du greffe 92
§2. La composition des greffes 92
§3. Le statut greffier 92

Section 2. L'office de l'huissier 93

128
§1.Absence de service propre 94
§2. Désignation des huissiers 94
§3. Rôle des huissiers 94
§4. Observations critiques 95

CHAPITRE 10. DES AVOCATS ET DES DEFENSEURS JUDICIAIRES 96

Section 1. Des avocats 96


§1.Définition et mission (art. 1 de l’Ordonnance-loi n°79-028 du 28 septembre 1979) 96
§2.Caractère de la profession (art. 2 de l’ordonnance-loi sur le barreau) 96
§3.Monopole 96
§4.Conditions d'accès à la profession (art. 7 à 20 l’ordonnance-loi sur le barreau) 96
§5. De l'inscription au tableau (art. 21 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau) 97
§6. De l'omission du tableau (art. 32 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau) 97
§7. Des modes d'exercice de la profession (art. 64 à 70 l’ordonnance-loi sur le barreau) 98
§8. Des droits et des devoirs des avocats (art. 71 à 80 l’ordonnance-loi sur le barreau) 98
§9.Des incompatibilités (art. 58 à 63 l’ordonnance-loi sur le barreau) 99
§10.Des honoraires (art. 81 à 85 l’ordonnance-loi sur le barreau) 100
§11. De la discipline des avocats (art. 86 à 102 de l’ordonnance-loi sur le barreau) 101
§12. Des organes du barreau 102

Section 2 : Des défenseurs judiciaire (art. 125 à 141 de l’ordonnance-loi sur le barreau) 104
§1. Notions et conditions d'accès à la profession 104
§2. Des droits et des devoirs des défenseurs judiciaires 104
§3. Des organes du corps des défenseurs judiciaires 104
§4. Du régime disciplinaire 105

Section 3 : Informations utiles sur les avoués 105


§1. Définition 105
§2. Condition d'étude 106
§3. Les fonctions de l'avoué à la Cour 106
§4. Lien juridique qui unit l'avoué et son client 106

TROISIEME PARTIE : 107

DE LA COMPETENCE 107

INTRODUCTION 108

CHAPITRE 1. LA COMPETENCE DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT 109

Section 1. La compétence répressive 109


§1. Tribunal de Paix 109
§2.Tribunal de Grande Instance 112
§3.Cour d'Appel 112
§5. La Cour de cassation 113
§6. Informations utiles sur les juridictions répressives en France 113

Section 2. La compétence civile des tribunaux 114


§1. La compétence territoriale des tribunaux civils 114
§2. La compétence personnelle des tribunaux civils 114
§3. La compétence matérielle des tribunaux civils 115
§4. La Compétence en matière fiscale 117
§5. La compétence en matière administrative 117

129
§6. Dérogation ou principe du juge naturel () 118

CHAPITRE 2. LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES 119

Section 1. La compétence matérielle 119

Section 2. La compétence personnelle 121

Section 3. La compétence territoriale 122

CHAPITRE 3. DES CONFLITS DE COMPETENCE 122

Section 1. La litispendance ET LA CONNEXITE 122

Section 2. Le règlement du juge ou conflit de juridiction 123


§1.Notion 123
§2. Procédure pour mettre fin à ce genre de conflit de compétence 123

Section 3. Le conflit d'attribution 123


§1. Notion 123

TABLE DES MATIERES 125

iiiiii

130

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