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Manuel Sur Le Droit Minier - Niveau 1

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Droit Minier

Présenté par
DroitNiveau
Minier
1
DROIT MINIER

T A B L E D E S M A T I È R E S

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER


1. Historique du secteur minier en Afrique 8
2. L’exploitation minière aujourd’hui 14
3. Structure de l’industrie minière 18
4. Sources de financement 21

CHAPITRE 2 : LE CYCLE MINIER ET LES CONCEPTS CLÉS


1. Introduction aux principaux concepts 26
2. Les différentes phases des opérations minières 26
3. Structure contractuelle 28

CHAPITRE 3 : CADRE LEGAL


1. Propriété des ressources naturelles 31
2. Cadre juridique applicable aux activités minières 38
3. Typologie des contrats, des licences et des permis 49
4. Comment les droits miniers sont-ils accordés ? 56
5. Régime fiscal et douanier, réglementation des changes 63

CHAPITRE 4 : INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES


1. Introduction 76
2. Anatomie de la convention minière 77
3. Processus de rédaction et de révision 87

CHAPITRE 5 : APRÈS L’EXTRACTION


1. Réhabilitation et fermeture de la mine 90
2. Transformation, vente, importation et exportation des minéraux extraits 95
ou traités

CHAPITRE 6 : REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS


CONNEXES
1. L’exploitation minière artisanale et à petite échelle 98
2. L’exploitation de carrières 100
3. L’exploitation minière illégale 101
4. Responsabilité sociale des entreprises 101

4
DROIT MINIER

T A B L E D E S M A T I È R E S

CHAPITRE 7 : APERÇU DES CONSIDÉRATIONS


ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES
1. Considérations locales 105
2. Participation locale et prise de participation de l’État dans les projets miniers 114
3. Contenu local 115
4. Questions environnementales 120
5. La nature des contributions économiques des activités minières 122
6. La Vision Minière Africaine 124

CHAPITRE 8 : INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS


DANS LE SECTEUR MINIER
1. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? 128
2. Mécanismes de règlement des différends 129

BIBLIOGRAPHIE 139

5
DROIT MINIER
CHAPITRE 1

INTRODUCTION AU SECTEUR
ET AU DROIT MINIER
1. HISTORIQUE DU SECTEUR MINIER EN AFRIQUE

2. LE SECTEUR MINIER AUJOURD’HUI

3. STRUCTURE DE L’INDUSTRIE MINIÈRE

4. SOURCES DE FINANCEMENT
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Cette introduction présente une brève histoire de l’exploitation minière en Afrique et


examine les développements principaux du droit minier. L’objectif est de comprendre les
principales tendances du secteur, à savoir l’intégration progressive de l’environnement et
des populations locales dans la mise en œuvre des projets miniers.

Les États africains renégocient ces accords existants avec les exploitants afin d’imposer
de nouvelles obligations environnementales et sociales. Afin de se protéger contre les
modifications de la législation qui pourraient être brutales, les exploitants miniers peuvent
rechercher la protection des traités bilatéraux d’investissement et essayer d’inclure des
clauses de stabilisation et d’intangibilité dans les contrats conclus avec les États.

Il convient également de noter que le secteur minier est marqué par la présence d’acteurs
publics et privés. L’État est un acteur public majeur dans le secteur en Afrique et peut
agir soit par son administration, soit via des sociétés lui appartenant. Dans le secteur
minier, le financement est un enjeu pour les opérateurs, en particulier dans le contexte
des opérations d’exploration car, dans cette phase, il est difficile de trouver des sources de
financement. Ce n’est que pendant la phase d’exploitation que les prêteurs sont enclins à
prêter aux opérateurs.

HISTORIQUE DU SECTEUR MINIER EN AFRIQUE


1. Historique

Les civilisations les plus anciennes ont, de par le monde, été marquées par la découverte
et l’utilisation des ressources minérales ; depuis des millénaires, des récits et des légendes
relatent l’utilisation de ces ressources.

L’exploitation des métaux ferreux et des métaux précieux, a ainsi marqué les civilisations
les plus anciennes. Les Incas, par exemple, ont abondamment utilisé certains métaux
précieux, tels que l’or et l’argent. Selon la mythologie inca, l’or était la sueur du soleil, alors
que l’argent était considéré comme les larmes de la lune. D’autres métaux comme le plomb
ou l’étain étaient également commercialisés par les Phéniciens et les Carthaginois. De
même, dans l’antiquité grecque, du fait de la très grande teneur de leurs mines d’étain, les
îles britanniques ont été baptisées « Cassiterides » (c’est-à-dire, « Îles d’étain »).

En Afrique, les écrits historiques mentionnent l’entrée du roi Mansa Moussa dans la ville
du Caire en 1324, précédé de 500 esclaves, portant chacun 1,7 kilogramme d’or. Il serait,
pense-t-on, à l’origine de la première crise financière consécutive à une baisse du prix de
cette matière première.

Les Africains ont toujours été impliqués dans l’exploitation minière artisanale. Cette forme
d’exploitation a pendant longtemps supplanté l’exploitation minière semi-industrielle et
industrielle qui n’est apparu qu’après la seconde guerre mondiale en Afrique, à l’exception
de certains pays comme l’Afrique du Sud.

8
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Les ressources minérales sont devenues au fil du temps des ressources stratégiques,
dont dépend l’économie mondiale. L’Afrique, riche en ressources minérales, apparaît
aujourd’hui comme un continent très convoité.

1.1.1. 2002 – 2011

Les pays africains riches en ressources minérales ont connu un boom minier entre 2002 et
2007 ; durant cette période le cours des métaux a été multiplié par trois.

De 2001 à 2014, les industries extractives ont représenté près des deux tiers des
exportations des pays africains (le pétrole et le gaz représentant à eux seuls près de 50 %
des exportations totales). L’expansion du secteur des industries extractives a notamment
conduit à une augmentation des investissements directs étrangers en Afrique qui sont
passés de 10 à 50 milliards de dollars EU entre 2000 et 20121 .

Ce boom minier a renforcé la dépendance de certaines économies africaines à l’égard


des recettes générées par l’exploitation minière. Ces économies ont dû faire face à une
conjoncture fortement défavorable en raison de la chute des cours des matières premières
survenue il y a quelques années.

1.1.2. 2014 – 2016

Bien qu’essentielles, les ressources naturelles ne sont pas à l’abri d’une baisse de leur
consommation2 qui reste largement dépendante de la croissance économique mondiale.

En 2014, les cours du fer ont fortement baissé sur les marchés internationaux, passant de
140 dollars EU la tonne au début de l’année 2014 à 68 dollars EU la tonne en décembre
2014, soit une baisse de plus de 40 % sur une année. Le rapport pessimiste de Goldman
Sachs de septembre 2014, intitulé The End of the Iron Age (La fin de l’âge de fer), illustre
le scepticisme dont font preuve les experts envers le secteur minier3 . Les cours des autres
matières premières ont également baissé en 2014. Le cours du cuivre a par exemple chuté
de 15 % en 20144 . Les cours de l’or lui ont emboîté le pas, avant de remonter en 2016. Le
cours des métaux précieux est en effet resté bas pendant un certain temps, notamment
en raison de la perte de son attrait en tant qu’investissement sûr pour les investisseurs
institutionnels5 .

La chute des cours des matières premières a un impact significatif sur les sociétés minières
et les États producteurs. Un prix élevé favorise l’exploitation des ressources naturelles pour
lesquelles les coûts de production sont élevés, alors qu’un cours bas est susceptible de
remettre en cause les projets dont la viabilité économique est incertaine. Dans ce contexte,
la baisse des cours des matières premières a affecté la rentabilité de nombreux projets. La
baisse des cours du fer, due au ralentissement de la demande et à une forte augmentation
de la production des projets en phase de pleine capacité, a entraîné la suspension de
nombreux projets miniers sur le continent africain.

1
Stephen YEBOAH « The economic costs of illicit financial flows in Africa’s extractive sector », juillet 2017, Banque africaine de développement (disponible en ligne à l’adresse suivante :
https://www.afdb.org/fr/blogs/industrialisation-and-trade-corner/post/the-economic-costs-of-illicit-financial-flows-in-africas-extractive-sector-17190/).
2
Le ralentissement de l’économie chinoise est l’un des facteurs à l’orgine de la baisse du cours des matières premières en 2014. La Chine consomme près d’un quart de l’énergie mondiale et la moitié
de la production mondiale de métaux (pour plus d’informations sur ce sujet, voir Terence CREAMER « Risk Factor », Mining Weekly, 23-29 janvier 2015, à la page 26).
3
Pour de plus amples informations sur ce sujet, voir Jasmine NG « Goldman Calls End to Iron Age After “Dramatic” Drop in Ore Price », BloombergBusiness, 10 septembre 2014 [en ligne].
4
Pour de plus amples informations sur ce sujet, voir African business « Gold, Diamonds Hold Steady but Copper Suffers », African Business, février 2015, p.39.
5
Voir Ina OPPERMAN, «Commodities forecast 2015», Mining, décembre 2014, p.58 et suiv.

9
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Le graphique ci-dessous, qui indique les ouvertures de mines en Afrique entre 1980 et
2014, montre une baisse significative de l’ouverture de nouvelles mines après 2012.

Les fluctuations du marché peuvent donc modifier l’équilibre économique d’un projet ;
elles peuvent également avoir une incidence sur les recettes des États producteurs. En effet,
la volatilité des cours internationaux des matières premières a d’importantes répercussions
sur les pays exportateurs de ressources naturelles, et se traduit par une instabilité des taux
de change et des pressions inflationnistes, ainsi que par des variations considérables des
recettes.

Il est dans l’intérêt de ces États, largement tributaires des recettes générées par l’exploitation
de leurs ressources naturelles, d’opter pour la diversification de leur économie. Même si les
ressources naturelles demeurent des sources de revenus importantes dans plusieurs pays
africains, leur rôle de moteur de la croissance diminue progressivement.

1.1.3. 2017 – 2018

Les développements plus récents nous permettent d’être plus optimistes. En 2017, le cours
de l’or a par exemple augmenté de 10 %. Celui du cobalt a lui aussi rebondit. En 2017,
Randgold (société londonienne exploitant des mines aurifères en Afrique de l’Ouest et cotée
à la Bourse de Londres), a vu ses actions augmenter de 16 %.

1.1.4. Tendances et évolutions réglementaires depuis les années 1980

À la fin des années 1980, une grande partie de l’industrie minière africaine était en situation
de crise et de sous-performance. Les attitudes et les politiques gouvernementales en matière
de propriété ont commencé à changer ; Il y a eu un changement de paradigme fondamental
et une redéfinition du rôle de l’État, qui est passé de l’entière propriété et contrôle des

10
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

minéraux jusqu’à un retrait presque complet. De nombreux pays africains ont entrepris un
processus de réforme radical à la fin des années 1980 et au début des années 1990 dans le but
d’attirer des investissements étrangers directs pour réhabiliter leurs minéraux et leur secteur
minier moribonds. À cet effet, les entreprises d’État ont été privatisées et des efforts et des
ressources ont été déployés pour améliorer le climat d’investissement.

Les pays africains ont commencé à adopter de nouvelles lois minières et une législation
connexe plus favorables aux investisseurs privés. De nouveaux cadres de politique minérale,
juridique, réglementaire et administrative ont été formulés et mis en place. Des ensembles
complets d’incitations pour les investisseurs miniers en termes de réduction d’impôts
et de redevances ont également été approuvés. La structure de la production minérale
dans la plupart des pays africains a ainsi été transformée par la libéralisation des codes
d’investissement, la restructuration des cadres fiscaux, juridiques et réglementaires pour
l’exploitation minière et la privatisation des sociétés minières publiques. Cela a entraîné
un boom minier, accru les investissements directs étrangers et l’afflux connexe de capital
minier, de technologie et de compétences.

Le fait que la majeure partie du processus de réforme soit centrée sur le gouvernement
et n’inclue pas la société civile et surtout les communautés locales en tant que parties au
processus a également été une source de préoccupation, les intérêts du gouvernement n’étant
pas les mêmes que ceux de la population. Avec leur nouvelle casquette de régulateurs et
promoteurs de l’exploitation minière, les gouvernements africains génèrent des revenus de
l’industrie minière par la fiscalité, les prélèvements, les redevances et les actions des sociétés
minières et/ou des joint-ventures ; ils déterminent également si et comment les recettes
minérales seront dépensées. Même si les gouvernements peuvent prétendre opérer dans
l’intérêt d’une nation entière, il n’est pas nécessairement vrai que la «prise du gouvernement
est la prise de la population». Par conséquent, les perspectives de développement peuvent
ne prendre en considération que les perspectives du gouvernement et des sociétés minières,
sans tenir dûment compte des vues et des aspirations des communautés locales et de la
société civile. Les processus de communication, de consultation et de décision tendraient
donc à favoriser les initiatives bipolaires, et les résultats ne seraient pas suffisamment
représentatifs et participatifs. D’autre part, certains considèrent que le manque de capacités
et de ressources locales pour administrer et faire appliquer les lois et règlements miniers
entrave le rôle du gouvernement dans l’élaboration des résultats de développement de
l’exploitation minière.

En réponse aux nouvelles pressions exercées sur l’industrie des minéraux pour une
répartition équitable des bénéfices, y compris pour les communautés locales, et pour
maximiser les impacts locaux en matière de développement durable, l’industrie cherche
un nouveau contrat social pour l’exploitation minière qui se traduit en un développement
intégré et l'amélioration du bien-être social, la sécurité des moyens de subsistance et la
réduction de la vulnérabilité des communautés pauvres. La pression provient principalement
d’organisations communautaires, d’ONG et d’autres parties prenantes.

L’ élévation des considérations environnementales dans les obligations constitutionnelles

11
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

et statutaires, ainsi que la création d’institutions gouvernementales ayant des responsabilités


environnementales, ont été des caractéristiques significatives depuis la Conférence des
Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) qui a eu lieu en 1992.

L’analyse d’impact est l’un des outils les plus significatifs qui a été introduit pour améliorer
les obligations environnementales et mettre l’environnement dans l’arène de la prise de
décision sur les projets, les plans et les politiques de développement.

La détermination des États africains à renforcer la contribution des industries extractives


au développement local a également abouti à des réformes juridiques menées au niveau
national6 .

Deux avantages clés sont maintenant communément proclamés comme découlant de la


participation des populations à la prise de décision quant à la question de savoir si un projet
ayant des incidences environnementales potentiellement significatives devrait se poursuivre.

Les connaissances locales fournissent souvent des informations précieuses qui pourraient
être manquées par des experts externes. La prise de participation des populations locales
améliore les chances de légitimité d’un projet, réduisant ainsi les coûts engendrés par les
tensions sociales qui peuvent résulter d’un projet imposé.

Jusqu’aux années 1970, la plupart des pays ne disposaient pas d’une réglementation
environnementale saine – ils ont laissé les entreprises opérer sans les obliger à prévenir ou
à assainir la pollution. Depuis la prise en compte des considérations environnementales, le
paradigme s’est déplacé du «celui qui est pollué souffre» au principe du «pollueur payeur».

Il existe maintenant un consensus sur le fait que les pollueurs, plutôt que les communautés,
doivent assumer le coût de la pollution. Reflétant ce consensus, la réglementation
environnementale est devenue plus stricte à travers le monde au cours des dernières
décennies.

Lorsque des obligations en matière d’évaluation de l’impact environnemental sont


imposées, il est désormais normal qu’elles comprennent une composante de participation
des populations. Par exemple, le règlement sur l’exploitation minière (gestion et protection
de l’environnement) de la Tanzanie de 1999 demande aux promoteurs de projet de
publier, en kiswahili et en anglais, dans un journal circulant dans la localité du projet
proposé, une indication entre autres (a) de l’endroit où une copie de son étude d’impact
environnemental peut être consultée; et (b) que les déclarations concernant sa demande
d’approbation environnementale puissent être faites à l’autorité chargée de l’agrément dans
un délai déterminé. Les règlementations de l’Ouganda sur l’évaluation des incidences sur
l’environnement de 1998, semblent quant à elles, prévoir un champ d’application plus large
pour la participation des populations. L’article 12 (1) oblige le promoteur à « prendre toutes
les mesures nécessaires pour solliciter l’opinion des communautés qui peuvent être touchées
par le projet pendant le processus de réalisation de l’étude…».
6
À titre d’exemple, voir la loi n ° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant code minier en République démocratique du Congo, qui, dans son préambule, stipule que
le régime de la convention collective précédant l’adoption du code minier a été marqué par un manque de création d’emplois et un manque d’amélioration des
infrastructures sociales, l’absence d’intégration avec d’autres secteurs économiques et la réduction des possibilités de développement pour d’autres secteurs par un
effet de frappe, malgré les avantages exorbitants accordés aux investisseurs. En ce qui concerne les codes miniers et pétroliers qui établissent une obligation de la
part des exploitants de contribuer au développement de l’Etat d’accueil, il convient de mentionner les dispositions suivantes: pour l’Angola, l’article 26, paragraphe
2, de la loi n ° 10/04 du 12 novembre 2004 sur le pétrole ; pour la Sierra Leone, l’article 138 de la 2009 Loi sur les mines et les minéraux; pour le Soudan du Sud,
l’article 128 de la 2012 MiningAct. au niveau régional, l’article 16, paragraphe 1, de la directive de la CEDEAO C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009. Il convient de
mentionner l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier.

12
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

À ce jour, la réforme de la réglementation minière est en cours dans les pays suivants :
Lesotho, Libéria, Tchad, Madagascar, Malawi, Namibie, Sénégal, Togo, Ouganda, Zimbabwe.

1.1.5. Protection des investisseurs

D’autre part, les investisseurs veulent se protéger contre les risques politiques liés à leur
investissement minier. Par conséquent, bien que le droit de l’Etat de modifier unilatéralement
un accord d’exploitation soit soumis à certaines limites, les opérateurs peuvent se protéger
contre des mesures exorbitantes de l’Etat au moyen de clauses d’intangibilité. Les clauses
d’intangibilité visent à empêcher toute modification par l’État hôte d’un contrat. Elles
combinent souvent un double engagement de l’État hôte : un engagement de ne pas
modifier unilatéralement l’accord d’exploitation et un engagement de renoncer à son
droit de nationaliser. Dans les contrats plus récents, il y a une nette tendance à inclure un
engagement de ne pas modifier unilatéralement les clauses contractuelles qui se matérialise
par une clause d’intangibilité.

1.1.6. La protection des investissements : un facteur clé dans


l’investissement de l’exploitant

Les investisseurs étrangers, en particulier ceux qui investissent dans les marchés émergents,
doivent analyser non seulement l’efficacité fiscale d’un véhicule d’investissement particulier,
mais aussi l’existence et la substance des Traités Bilatéraux d’Investissement (TBI) dont le
pays hôte est signataire. Parfois, les règles fiscales et les TBI pointent vers le même véhicule
d’investissement optimal. Si tel n’est pas le cas, la solution peut être d’utiliser deux sortes de
véhicules d’investissement afin que la planification fiscale optimale soit combinée avec la
meilleure protection résultant des TBI.

Les TBI sont des accords entre deux Etats protégeant les investissements effectués par des
investisseurs d’un État contractant sur le territoire de l’autre État contractant. Le but des TBI
est de stimuler les investissements étrangers en réduisant les risques politiques. Le nombre
de TBI a augmenté exponentiellement au cours des deux dernières décennies. Le premier
TBI a été conclu entre l’Allemagne et le Pakistan en 1959. À la fin des années 1980, il y avait
environ 385 TBI, alors que le nombre se rapproche actuellement de 3.000. La plupart des
TBI comprennent les obligations matérielles suivantes, que chaque pays s’engage à respecter
envers les investisseurs de l’autre pays, avec seulement certaines exceptions :

1. Traitement juste et équitable des investissements des investisseurs étrangers,


c’est-à-dire ne pas prendre de mesures déraisonnables ou discriminatoires et traiter
les investissements des investisseurs étrangers au moins aussi favorablement que
les investissements de ses propres ressortissants et des ressortissants d’États tiers;

2. Ne pas nationaliser ou exproprier les investissements d’investisseurs étrangers,


sauf si les mesures prises ne sont pas discriminatoires, prises dans l’intérêt public,
tout en respectant la procédure régulière, contre le paiement d’une indemnisation

13
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

prompte, adéquate et équitable. Il est important de noter que les règlements qui
affectent sensiblement la valeur d’un placement peuvent être considérés comme
une expropriation ; Et

3. Autoriser les fonds liés aux investissements à être librement transférables


par les investisseurs étrangers sans délai, ce qui inclut la protection contre les
restrictions de change

4. Plus important encore, les TBI donnent aux investisseurs le droit de présenter
des réclamations pour violation des TBI par l’État hôte devant les tribunaux
arbitraux, ce qui empêche les tribunaux locaux d’entendre l’affaire.

1.2. L’exploitation minière aujourd’hui

1.2.1. Le potentiel minier de l’Afrique

Les sociétés minières recherchent un approvisionnement en ressources minérales pour


leur propre marché national et le continent africain offre en la matière des perspectives
intéressantes7. Certains facteurs font de ce continent une destination clé pour les
investisseurs, notamment la diversité des ressources contenues dans son sous-sol en quantités
importantes, ainsi que de sa situation géographique qui facilite l’approvisionnement en
ressources naturelles de tous les pays consommateurs 8.

L’Afrique détient une part considérable des réserves mondiales. Selon les connaissances
géologiques actuelles, l’Afrique abrite 40 % des réserves mondiales d’or et 80 à 90 % des
réserves mondiales connues de chrome et de platine 9.

À ce jour, le potentiel du continent africain reste largement sous-exploré, bien que l’Afrique
abrite certains des plus grands gisements de ressources minières inexploités de la planète10 .
La découverte constante de nouveaux gisements témoigne de l’ampleur du potentiel minier
du continent africain.

Les investissements consacrés aux opérations minières en Afrique demeurent cependant


limités comparé aux autres continents. L’Afrique représente près de 15 % du budget mondial
d’exploration. Ce chiffre s’explique principalement par les défis spécifiques auxquels les
sociétés minières doivent faire face lorsqu’elles opèrent sur le continent africain.

7
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Mineral resources and development in Africa − Report from the International study group
on African mining regimes, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et Union africaine 2011, à la page 47 [en ligne].
8
Voir MAGIC, «Africa: A future Centre of Gravity for Global Mining», Magic 2015, à la page 6. Pour une analyse détaillée de l’attractivité du continent africain,
voir l’étude d’Ernst & Young, EY’s attractiveness survey Africa 2015 Making choices (2015).
9
Voir Mining Review Africa «Taking Safety more seriously in Africa» Mining Review Africa, janvier 2015, p.72.
10
Voir Metal Bulletin Magazine, «International View» Metal Bulletin Magazine (numéro spécial sur l’exploitation minière africaine), février 2015, p.26 ;
voir «Africa: A future Centre of Gravity For Global Mining » loc cit.

14
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Budget d’exploration minière par région

1.2.2. Les défis du continent africain

Les acteurs de l’industrie extractive sont confrontés à de nombreux défis lorsqu’il s’agit
de conduire des projets miniers sur le continent africain. Parmi ces défis, il convient
notamment de mentionner la prise en compte de l’impact environnemental et social des
projets miniers, la gestion de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, l’accès aux
infrastructures et aux données géologiques, la bonne gouvernance, le risque politique,
l’insécurité, les problèmes de santé, le besoin d’un partenaire local, etc.

Depuis l’adoption du Plan de Lagos dans le cadre de l’Organisation de l’Unité africaine


(OUA) en 1980, les principaux problèmes liés aux activités extractives sur le continent
africain restent d’actualité, à savoir : «[l]’absence d’informations sur la dotation en ressources
naturelles de vastes zones inexplorées [...] ; le manque de capacités adéquates (capitaux,
compétences et technologies) pour le développement de ces ressources ; une dépendance
considérable à l’égard des sociétés transnationales [...] 11» .

En premier lieu, le manque d’infrastructures du continent africain constitue un défi


majeur, en particulier en Afrique subsaharienne, où les infrastructures sont inadéquates
voire inexistantes. Cet obstacle est d’autant plus important compte tenu des fonds nécessaires
à la construction de ces infrastructures et des difficultés de financement pouvant en résulter.
Or, des infrastructures modernes et de qualité sont essentielles au développement du
secteur minier 12.

Le manque d’infrastructures représente un défi de taille, en particulier pour les pays


enclavés, où les États ne peuvent maximiser les bénéfices tirés de l’exploitation de leurs
ressources naturelles. De nombreux pays africains n’ont pas accès aux infrastructures

11
Pour une vue d’ensemble des défis, voir également le préambule de la Directive de la CEDEAO C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 sur l’harmonisation des principes
directeurs et des politiques dans le secteur minier.
12
Comme l’a réitéré le gouvernement du Malawi dans le cadre de sa Politique minière, « [l]’infrastructure de soutien est essentielle à la croissance du secteur
minier. Le gouvernement est conscient du fait que le secteur a peu de chances de se développer si l’on n’améliore pas les infrastructures existantes telles que les
réseaux de transport, les télécommunications, l’approvisionnement en eau et l’électricité ». (Politique des mines et des minéraux du Malawi, ministère des Mines,
mars 2013).

15
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

nécessaires à la transformation des ressources naturelles sur leur territoire national, ce qui
les contraint à exporter leurs ressources naturelles brutes, les privant ainsi du gain en capital
potentiel résultant de l’exportation des matières premières. Ce manque d’infrastructures
prive les États africains de nombreux bénéfices ; en effet, la transformation des ressources
naturelles sur le territoire national leur permettrait d’approvisionner le marché local sans
qu’ils n’aient à importer de matières premières, de créer des emplois locaux et d’augmenter
les recettes fiscales de l’État13 .

En outre, les États africains ne possèdent que rarement les informations géologiques et
foncières nécessaires pour optimiser l’octroi des droits miniers14 . Les politiques minières
mises en œuvre par les États mentionnent souvent cette difficulté15 . Certains États tentent
actuellement de faire face à ces difficultés, notamment en créant des fonds destinés à
financer la recherche géologique16.

En deuxième lieu, les sociétés minières qui investissent en Afrique doivent faire face à un
risque politique que l’on ne saurait sous-estimer.

Les exploitants qui décident d’investir dans le secteur des ressources naturelles doivent
s’attendre à ce que le cadre législatif et réglementaire applicable au jour de leur investissement
évolue. En effet, le caractère stratégique des ressources naturelles est susceptible de favoriser
l’évolution du cadre juridique applicable au secteur minier, notamment en cas de changement
de gouvernement. L’exemple du Mali en atteste clairement. Depuis son indépendance en
1960, la législation minière du Mali a été amendée à six reprises, en 197017 , en 198118 , en
199119 , en 199920 , en 200021 et en 201222 , et cette tendance n’est pas encore à son terme, étant
donné que le code minier est déjà en cours de révision.

Outre le risque lié aux modifications de la législation, les exploitants privés sont également
confrontés au risque de nationalisation ou d’expropriation de leurs investissements.

De plus, il est courant que les Etats se lancent dans des programmes de renégociation23
ou des révisions des conventions minières qui peuvent, dans certains cas, entraîner la
modification ou la résiliation unilatérales de ces accords . Des pays tels la République de
Guinée (Conakry) 24, la République démocratique du Congo, la République du Congo25 , le
Mali26 ou la Tanzanie sont des exemples récents de ces tendances.

Encourager la transparence, assurer le respect du cadre juridique et protéger les intérêts


nationaux sont les principaux arguments avancés par les autorités concédantes qui se
lancent dans des programmes de renégociation27. Malgré leur volonté de préserver leurs
intérêts économiques, les États africains ne peuvent renégocier des conventions minières
sans créer une véritable insécurité, au risque d’entraver les investissements dans le secteur
des industries extractives.

Enfin, l’instabilité politique demeure une entrave majeure à l’investissement dans certaines
régions du continent africain. Même si le continent est de façon générale engagé dans la
démocratie, il n’est pas rare que les élections soient reportées.
13
Les recettes fiscales tirées de l’exportation de matières premières dépassent manifestement celles générées par l’exportation de ressources naturelles brutes.
14
Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) Ressources minérales et développement en Afrique. Document
d’orientation stratégique, p.10.
15
Voir, en particulier, la Politique minière mise en œuvre par le gouvernement ougandais : «[l]a disponibilité de données de base et fiables constitue une
base importante pour l’investissement dans le secteur minier. À ce jour, on manque d’informations géologiques, géochimiques et de télédétection adéquates,
modernes, compréhensibles et détaillées couvrant l’ensemble du pays» (Politique minérale de l’Ouganda, p.13). Voir également la Politique minière de
Madagascar qui rappelle «l’insuffisance des données géologiques de base à Madagascar».

16
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Pour faire face à ces risques politiques, les exploitants privés ne sont pas dépourvus de
moyens de protection. En effet, au-delà des protections prévues par les traités bilatéraux
de promotion et de protection des investissements, des instruments contractuels tels que
les clauses de stabilisation ou d’intangibilité insérées dans les accords aident les exploitants
privés à limiter les risques politiques auxquels ils sont exposés.

Enfin, le continent africain n’est pas épargné par les crises sanitaires. L’année 2014 a été une
année difficile pour le continent africain ; le virus Ébola, qui a touché l’Afrique de l’Ouest, a
eu un impact considérable sur l’industrie minière dans certains pays comme la Guinée, la
Sierra Leone et le Libéria28 . Ce risque sanitaire a amené les gouvernements à prendre des
mesures pour limiter le transport des ressources extraites d’un État à un autre, affectant
ainsi les exploitants des zones touchées par le virus Ébola. La propagation de ce virus a
entraîné une hausse significative des coûts de production dans le secteur minier, coûts liés
notamment aux retards d’approvisionnement et à l’indisponibilité de la main-d’œuvre, les
populations étant parfois mises en quarantaine29.

16
Au Burkina Faso, voir l’Article 29 de la Loi n°036-2015/CNT du 16 juin 2015 portant Code minier du Burkina Faso et qui stipule que : «[l]e Fonds de
financement de la recherche géologique et minière et de soutien à la formation sur les sciences de la terre est alimenté par 15 % des redevances proportionnelles,
des taxes superficiaires, des droits fixes et des frais de demande d’agrément d’achat et de vente d’or collectés.»
17
Ordonnance n°34/CMLN du 3 septembre 1970 portant Code minier en République du Mali.
18
Loi n°81-80/AN-RM du 13 juillet 1981 portant amendement du Code minier en République du Mali.
19
Ordonnance n°91-065/P-CTSP du 19 septembre 1991 portant Code minier en République du Mali.
20
Ordonnance n°99-032/P-RM du 19 août 1999 portant Code minier en République du Mali.
21
Ordonnance n°00-013/P-RM du 10 février 2000 portant modification du Code minier en République du Mali.
22
Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier en République du Mali.
23
Pour de plus amples informations sur cette question, voir Thierry LAURIOL et Emilie RAYNAUD « La rupture unilatérale des contrats d’exploitation », publié
dans Le contentieux extractif (ICC, 2015) 140.
24
Plus récemment, en Guinée-Conakry, le processus de renégociation engagé par le gouvernement a touché les sociétés minières. Le 20 janvier 2012, le
gouvernement de la République de Guinée, sous l’impulsion du président Alpha Condé, a annoncé le réexamen systématique des accords miniers existants,
sous l’égide du Comité technique de révision des titres et des conventions minières (CTRTCM). Ce processus, qui a débouché sur l’annulation de plusieurs
droits miniers, a pris fin en avril 2016.
25
Le 11 juin 2007, le gouvernement de la République démocratique du Congo a engagé un processus qui aboutira à la modification des accords miniers signés
avec les exploitants privés. Ce processus de révision, qui s’est achevé en 2009, a conduit à la résiliation de nombreux accords miniers et à la résolution de
nombreux litiges portés devant les tribunaux arbitraux. Par exemple, à la suite du retrait de ses droits miniers, la société minière canadienne International
Quantum Resources Limited a intenté des poursuites contre la République démocratique du Congo devant la Chambre de commerce internationale et le Centre
international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.
26
La révision des accords signés avec les exploitants privés a également conduit le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, à demander que les conventions,
droits et permis miniers dans les secteurs minier et pétrolier soient inventoriés en 2013, en précisant que tout accord jugé contraire aux intérêts du Mali serait
renégocié avec les partenaires concernés. Dans le secteur minier, cette révision a déjà donné lieu à l’annulation de nombreux permis.
27
Pour de plus amples informations sur cette question, voir les termes de référence pour la révision des accords miniers en République de Guinée.
28
En août 2014, le groupe Arcelor Mittal a suspendu ses activités dans le cadre du projet Yekepa au Libéria, invoquant un cas de force majeure (voir Metal
Bulletin Magazine, « West African iron ore reassessed » Metal Bulletin Magazine (numéro spécial sur l’exploitation minière africaine), février 2015, à la page 43).
29
Pour de plus amples informations sur cette question, voir Meredith Campion et Tim Scales « New Dawn for Africa in 2015 » Australia’s Playdirt, décembre
2014 – janvier 2015, p.65.

17
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

1.3. Structure de l’industrie minière

Les projets miniers impliquent deux parties prenantes ayant des intérêts complémentaires
(et non opposés comme cela est trop souvent affirmé). Il s’agit, d’une part, de l’État
(conscient du potentiel que représente tout investissement étranger en termes de
développement) et, d’autre part, de la société minière qui possède la technologie et les
capitaux nécessaires à l’exploitation des ressources naturelles.

1.3.1. L’État

L’État interviendra principalement en tant qu’autorité concédante chargée d’octroyer des


licences et droits miniers. L’État sera également impliqué en tant qu’autorité souveraine
en édictant le cadre juridique régissant les activités minières. Il peut également
intervenir en tant qu’autorité contractante et conclure des conventions minières avec
les exploitants privés.

L’intervention indirecte de l’État peut consister en la signature d’accords connexes avec


la société minière, notamment des accords d’établissement. Par ces accords, l’État fournit
à l’investisseur des garanties politiques et juridiques pour assurer le bon déroulement
des opérations décrites dans le contrat principal.

Les dispositions légales ou les politiques minières réaffirment parfois les différentes
missions de l’État 30.

Le secteur minier peut devenir une source importante de revenus pour les États (voir
section 3.5 ci-dessous). La gestion de cette richesse peut être problématique.

Les États disposant de grandes quantités de ressources naturelles peuvent être victimes
de la malédiction des ressources ou de la maladie hollandaise. La malédiction des
ressources est une situation paradoxale dans laquelle les pays disposant d’une abondance
de ressources naturelles non renouvelables éprouvent une stagnation de la croissance
économique ou même une contraction économique. La malédiction des ressources
se produit lorsqu’un pays commence à concentrer tous ses moyens de production sur
une seule industrie, comme l’exploitation minière, et néglige les investissements dans
d’autres grands secteurs.

En conséquence, la nation devient excessivement dépendante du prix des produits


de base, et le produit intérieur brut global devient extrêmement volatile. Parfois, la
malédiction des ressources est connue comme le «paradoxe de l’abondance».

La maladie hollandaise est le cas où une forte augmentation des recettes des ressources
naturelles peut nuire à d’autres secteurs de l’économie, en particulier la production
basée sur les exportations, en provoquant l’inflation ou l’appréciation du taux de change
et en déplaçant le travail et le capital des autres secteurs de l’économie au secteur des
ressources naturelles.

30
La Politique minière édictée par le gouvernement tanzanien définit clairement le rôle du gouvernement dans les opérations minières : « [l]e rôle du
gouvernement est de formuler des politiques, d’établir des directives et de réglementer le secteur minier, de promouvoir, de faciliter les investissements privés et de
fournir les services essentiels dont les mines ont besoin. Le gouvernement peut participer de manière stratégique à des activités minières telles que l’exploration,
l’exploitation des minerais et l’ajout de valeur » (Politique minière de la Tanzanie, 2009).

18
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

L’effet préjudiciable des ressources naturelles sur d’autres industries a été bien établi
en Iran, en Russie, à Trinité-et-Tobago et au Venezuela, qui ont vu un déclin précipité
dans les secteurs de la fabrication. Ces impacts peuvent être minimisés si le pays a la
capacité d’absorption pour transformer les entrées de recettes de ressources naturelles
en investissements tangibles, tels que les routes et l’électricité ; le gouvernement utilise
les recettes des ressources naturelles pour faire des investissements dans l’économie
qui génèrent une croissance dans les autres secteurs de l’économie ; le gouvernement
place une partie de ses revenus résultant des ressources naturelles dans des actifs
étrangers.

1.3.2. L’exploitant étatique local

Il est courant qu’un Etat prenne part aux activités miniers par l’intermédiaire d’une
société étatique 31. Il s’agit généralement d’une société d’État spécialisée qui participe
à un projet entrepris sur le territoire qui relève de la souveraineté de l’État qui l’a
créée. La société minière nationale peut intervenir en tant que partenaire des sociétés
minières ou comme exploitant unique.

Par le passé, l’objectif de ces sociétés nationales était de créer ou de développer


des industries minières au sein de l’État, ou de restituer ces industries aux pays en
voie d’industrialisation qui avaient acquis leur indépendance politique. Ces entités
publiques sont particulièrement bien établies dans le secteur pétrolier et gazier et
sont appelées à occuper une place grandissante dans le secteur minier.

Dans le secteur minier, la société minière nationale a un rôle essentiel à jouer et


elle sera généralement chargée de prendre et de gérer la participation de l’État au
capital social de la société d’exploitation. Toutefois, cette mission peut s’avérer
difficile compte tenu du manque de financement et de la mauvaise gestion auxquels se
heurtent certaines de ces entreprises publiques. En la matière, la situation à laquelle
est actuellement confrontée la société nationale ivoirienne SODEMI illustre les défis
que doivent surmonter les exploitants étatiques32.

1.3.3. Parties prenantes du secteur privé

Les États n’entendent pas supporter les risques associés aux activités extractives ou
ne disposent pas des capacités techniques et financières appropriées pour ce faire.
Le plus souvent, ils auront recours à des exploitants privés pour l’exploitation des
ressources naturelles existant sur leur territoire.

Ces exploitants privés locaux ou étrangers ont une nationalité qui influencera
largement leur relation juridique avec l’État, dans la mesure où certaines législations
nationales imposent la création d’une société locale afin d’exploiter les ressources
naturelles sur le territoire de l’État, en particulier une fois la phase d’exploration

31
De nombreuses dispositions légales prévoient l’intervention de l’État par l’intermédiaire de l’exploitant étatique local. Par exemple, la Loi n°007-2002 du 11
juillet 2002 portant Code minier en République démocratique du Congo (Article 8, alinéa 3) stipule que : «[l]’État peut également, à travers des personnes morales
publiques ou des organismes spéciaux créés à cet effet, soit seul soit en association avec des tiers, se livrer à une activité régie par le présent Code. Dans ce cas, les
personnes morales publiques et les organismes spécialisés de l’État à vocation minière sont soumis aux dispositions du présent Code au même titre que les personnes
privées».
32
En 2017, la Sodemi a dû céder sa participation dans diverses sociétés d’exploitation, faute de financement.

19
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

achevée. Par ailleurs, la nationalité de l’exploitant privé n’est pas sans incidence,
notamment en termes de résolution des litiges et d’arbitrage33.

Une distinction doit être faite entre les grandes sociétés minières («major»), les petites
sociétés minières («junior») et les sociétés minières de niveau intermédiaire («mid-
tier»).

Une «major» est un producteur ou un exploitant qui tire ses revenus de la production et
de la vente du produit qu’il exploite. Ce terme désigne des sociétés telles que Randgold,
Anglo American, Glencore, Rio Tinto, BHP Billiton, Vale, etc.

Les opérations d’exploitation des ressources naturelles nécessitent des investissements


considérables et, de ce fait, les gisements miniers ont longtemps été exploités au seul
profit de grandes entreprises étrangères. À ce jour, malgré l’implication croissante des
investisseurs locaux et de certains États, les sociétés transnationales continuent à jouer
un rôle prépondérant dans l’exploitation des ressources naturelles sur le continent
africain.

Le pouvoir de ces sociétés internationales est loin d’être négligeable, certaines d’entre
elles affichant des profits plus élevés que ceux générés par des États. Par exemple, le
revenu de Rio Tinto en 2007 équivalait à deux fois le PNB de la Guinée34. Le poids de
ces «majors» peut avoir un impact significatif sur les négociations du cadre contractuel
de l’investissement.

Une «junior» est une société minière qui n’a aucune activité minière et est
essentiellement une société de capital-risque. Elle compte sur les marchés financiers
ou sur des sources privées pour financer ses activités d’exploration. Les petites sociétés
minières représentent environ 30 % des dépenses d’exploration.

Une société minière dite «mid-tier» est généralement une petite société qui a décidé
d’entrer en production sur des propriétés qu’elle a découvertes.

Il existe des liens de dépendances entre les majors et les juniors. Les investissements des
premières représentent une part importante du financement dont ont besoin les juniors
pour financer les toutes premières phases de leurs projets et les phases d’exploitation.
Parallèlement, les majors sont tributaires des résultats positifs des projets des juniors
pour maintenir leur production future.

33
Il convient de mentionner par exemple l’arbitrage du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) et l’Article 25(1)
de la Convention de Washington, qui confère compétence au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements pour les différends
juridiques entre un État contractant (l’État de l’investissement) et un ressortissant d’un autre État contractant.
34
Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) Ressources minérales et développement en Afrique. Document
d’orientation stratégique, p.10.

20
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

1.4. Sources de financement

1.4.1. Introduction

Les industries extractives ont pour dénominateur commun des investissements substantiels.
En 2008, par exemple, les dépenses mondiales d’exploration se sont élevées à 13,8 milliards
de dollars EU contre à peine 2,6 milliards en 200035. Malgré une réduction des dépenses
d’exploration au cours des dernières années (dans un contexte marqué par la chute des cours
des matières premières), les ressources financières nécessaires à la conduite des opérations
minières demeurent considérables.

L’importance des investissements oblige généralement les exploitants à rechercher des


capitaux extérieurs. Malgré les bénéfices générés, les projets miniers peuvent connaître
certaines difficultés de financement, en particulier des difficultés liées à l’extrême volatilité
des cours des matières premières sur les marchés internationaux. Dans ce contexte, les
sociétés minières sont confrontées à des défis croissants pour obtenir les fonds nécessaires
afin de mener à bien des projets miniers sur le continent africain.

1.4.2 Sources de financement

Financement sur fonds propres. Au cours de la première moitié du siècle, le secteur des
industries extractives s’autofinançait pratiquement et le financement extérieur ne représentait
qu’une infime partie de ses besoins. Peu à peu, l’ampleur des projets d’exploitation a affecté
les possibilités d’autofinancement. La part de l’emprunt dans le financement des projets
miniers a continué de croître et de nouvelles formes contractuelles de financement ont vu
le jour.

35
«Ressources minérales et développement en Afrique», rapport du Groupe d’étude international sur les régimes miniers africains (Union africaine et
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique), page 33.

21
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Financement par emprunt. Actuellement, la recherche de capitaux extérieurs par les


exploitants constitue un défi majeur. En l’état actuel des choses, les sociétés minières doivent
faire face à la difficulté, voire à l’impossibilité, de lever les fonds nécessaires pour financer
leurs projets, particulièrement en Afrique. La sélection des projets est très rigoureuse,
favorisant d’autres régions du globe, notamment en raison du manque d’infrastructures. En
conclusion, le financement par emprunt demeure disponible, mais plus difficile à conclure.
Le graphique ci-après analyse la part mondiale du financement par emprunt et sur fonds
propres dans l’industrie minière entre 2007 et 2014. Il montre que la part des capitaux
propres dans le financement des projets miniers demeure dominante.

Source : MECO, Gamah International Ltd

Les sources de financement externes sont généralement sollicitées au stade de l’exploitation.


À ce stade, l’entreprise lève des fonds pour commencer la construction et le développement
de la mine. Les sources de financement des activités minières comprennent : les obligations
convertibles, les financements par redevances, les financements par prélèvement, les prêts
structurés, le financement de projets, les prêts aux entreprises, etc.

1.4.3. Comment l’investisseur finance le projet et quels pourraient


être les obstacles ?

Le besoin de ressources financières est problématique parce que les ressources naturelles
sont souvent situées dans les pays en développement avec des moyens financiers limités.
Cette situation aboutit à l’internationalisation des relations contractuelles. Pourtant, dans le
cadre de ces projets, les banques ne veulent s’impliquer qu’une fois les ressources naturelles
découvertes en quantités commerciales ; jusqu’alors, les opérateurs sont contraints à
l’autofinancement.

22
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

Lorsqu’ils recherchent un financement, les opérateurs doivent également tenir compte


de critères purement financiers afin de parvenir à un juste équilibre entre les différentes
techniques et optimiser le projet en termes de fiscalité et de financement. À titre d’exemple,
le financement par emprunt a un coût puisque la dette est associée à un taux d’intérêt, de
sorte que l’arbitrage entre le financement par actions (autofinancement ou augmentation de
capital) et le financement par emprunt dépend du taux d’intérêt et du niveau d’endettement
déjà atteint.

En raison du resserrement de la législation bancaire suite aux crises économiques de ces


dernières années, les conditions d’accès à ce type de financement sont de plus en plus
difficiles. Les sociétés auxquelles les banques peuvent accorder des prêts sont celles qui n’en
ont pas besoin, cette méthode n’est donc pas facilement accessible aux juniors.

La source de financement n’est disponible qu’à un stade ultérieur, c’est-à-dire pendant la phase
de production, alors que des montants considérables sont nécessaires pour les opérations de
recherche et de développement. Le principe est que l’opérateur privé finance les opérations
et assume tous les risques. Si des quantités commerciales sont découvertes, et qu’il y a donc
production subséquente, une grande partie de son investissement est remboursée sous la
forme d’un droit de percevoir une part de cette production.

Les crédits institutionnels sont une autre façon de répondre aux besoins de financement.
Il existe deux types de crédit possibles : les crédits remboursables et les crédits non
remboursables. Concernant les crédits non remboursables, des accords de coopération
devraient être mentionnés, lorsque l’Etat d’origine de l’investisseur fournit à cet investisseur
des crédits de coopération pour promouvoir l’investissement dans certains pays. Les crédits
de coopération ne sont pas remboursés par l’investisseur si la mise en œuvre du projet
remplit certaines conditions, notamment si elle contribue au développement de l’État en
question.

1.4.4. Comment surmonter les risques financiers et de changement


de loi

Premièrement, la gestion de ce risque financier par les sociétés minières peut entraîner
l’apport de droits miniers en tant que garantie, l’octroi de garanties sur la production future ou
la mise en gage des équipements nécessaires à l’exploitation des ressources naturelles. Dans
le cadre des projets miniers, les garanties ne sont pas accordées sur les actifs immobiliers
(ressources naturelles non extraites) mais sur les biens mobiliers (les ressources extraites),
ce qui affecte sensiblement le financement du projet.

Deuxièmement, la protection des investissements étrangers a toujours été une préoccupation


majeure des opérateurs commerciaux internationaux. Pendant la période de l’accord
d’exploitation, les exploitants tenteront d’atténuer l’instabilité politique qui pourrait avoir
un impact sur l’investissement, notamment en incluant des clauses de stabilisation et des
clauses d’intangibilité.

23
INTRODUCTION AU SECTEUR ET AU DROIT MINIER

La stabilisation perse du contenu de la loi applicable exige l’utilisation de deux techniques


différentes, la première étant dénommée incorporation et la seconde inopposabilité. La
technique d’incorporation correspond à une transformation des termes légaux en termes
contractuels en les incluant dans l’accord d’exploitation lui-même. Dans ce cas, une liste des
dispositions pertinentes est incluse dans l’accord d’exploitation. Les conditions légales et
réglementaires stabilisées font donc partie intégrante du contrat. Une autre méthode consiste
à donner au contrat la force de la loi afin que les modifications futures de la législation ne
puissent pas s’appliquer au contrat.

La technique d’inopposabilité suppose que les nouvelles conditions légales et réglementaires


ne peuvent être appliquées à l’encontre d’un exploitant qui bénéficie d’un régime stabilisé. La
technique d’inopposabilité implique qu’au moment de la signature de l’accord d’exploitation,
il soit convenu que les termes du contrat et de la législation nationale sont compatibles et que
toute modification future de la législation locale incompatible avec l’accord d’exploitation ne
puisse pas être appliquée contre l’exploitant.

Les investisseurs et leurs prêteurs peuvent donc exiger une assurance, notamment que le
régime fiscal restera stable, au moins pendant une certaine période, avant qu’ils n’investissent.
Dans une étude importante sur la fiscalité minière, l’ICCM (2009) a indiqué que les deux
questions fiscales les plus importantes pour les compagnies minières sont la stabilité et
la prévisibilité. Les gouvernements ayant des antécédents d’instabilité politique ou fiscale
peuvent trouver nécessaire ou utile de stabiliser une ou plusieurs taxes afin de répondre aux
besoins des investisseurs. Il y a deux façons principales pour les gouvernements d’aborder la
stabilisation budgétaire : par des conditions négociées dans un accord avec l’État et par des
dispositions énoncées dans une loi. La première approche permet une certaine souplesse
sur une base projet par projet, tandis que l’approche législative prévoit la normalisation. Les
décideurs fiscaux, qu’ils négocient un accord ou rédigent une loi, ont plusieurs questions clés
à régler : quelles taxes doivent être stabilisées ? Le taux d’imposition est-il stabilisé ou la base
fiscale est-elle également stabilisée ? Pour quelle période de temps la stabilisation est-elle
permise ? L’État peut-il imposer de nouvelles taxes sur un projet une fois qu’il est construit?
Les gouvernements qui assurent la stabilisation fiscale ont accru les défis administratifs.
Chaque mine qui opère dans le cadre d’un régime de stabilisation devient une exception au
système fiscal existant lorsque ce système évolue. Au fil du temps, de nombreux «systèmes
fiscaux» distincts peuvent résulter du fait que les mines bénéficient d’une stabilisation fiscale
à différents moments. L’administration de plusieurs projets miniers, fonctionnant chacun
sous un régime stabilisé différent, constitue un défi pour les gouvernements.

Conclusion

En conclusion, le rôle de l'État est prépondérant dans le secteur minier. Il établit des règles
de plus en plus strictes pour les opérateurs, en particulier en ce qui concerne la protection
de l’environnement et des communautés locales, mettant ainsi en place un nouvel équilibre
entre les parties prenantes, après une première vague de libéralisation destinée à attirer les
investissements étrangers.

24
CHAPITRE 2

LE CYCLE MINIER ET LES CONCEPTS CLÉS

2.1. INTRODUCTION AUX PRINCIPAUX CONCEPTS


2.2. LES DIFFÉRENTES PHASES DES OPÉRATIONS MINIÈRES
2.3. STRUCTURE CONTRACTUELLE
LE CYCLE MINIER ET LES CONCEPTS CLÉS

L’objectif de ce chapitre est de distinguer clairement les différentes phases d’un projet
minier : prospection, exploitation, réhabilitation. Chacune de ces phases est associée à un
type particulier de contrat. Il est donc important de comprendre l’objet de chacun de ces
contrats afin de rédiger des clauses dans l’intérêt de la partie représentée, que ce soit l’État
hôte ou l’exploitant.

2.1. Introduction aux principaux concepts

Le terme «mine» désigne la zone où des gisements de substances minérales ou fossiles


sont exploités, à ciel ouvert ou à travers des puits et des galeries. Les substances minérales
sont des minéraux ou des minéraux naturels associés que l’on trouve dans le sol et le sous-
sol, dans l’eau et sous l’eau, susceptibles d’être utilisés dans des activités économiques en
raison de leur composition chimique ou de leurs propriétés physiques remarquables.

Il convient de faire une distinction entre ressources naturelles et matières premières. Les
pratiques commerciales et juridiques ont pris en compte cette distinction pour tracer
une ligne de démarcation claire entre les activités extractives et celles de l’industrie de
transformation.

Une ressource naturelle fait référence à la ressource extraite qui n’a subi aucune
transformation (affinage des substances minérales) ; avant cette étape, la ressource
naturelle est la plupart du temps impropre à un usage immédiat.

La matière première désigne quant à elle un produit commercialisable, directement


utilisable dans l’industrie ou à des fins de consommation finale ; elle est dérivée de la
ressource naturelle.

Cette distinction emporte des conséquences juridiques importantes, notamment en


termes de propriété et de souveraineté ; la notion de souveraineté des États sur leurs
ressources naturelles ne s’applique qu’aux ressources naturelles et non aux matières
premières, c’est-à-dire les matières transformées.

2.2. Les différentes phases des opérations minières

L’exploitation des ressources minières donne lieu à une multitude d’opérations, allant de
la prospection à la production. L’industrie minière fonctionne en effet selon une séquence
d’étapes : la prospection et l’exploration, la découverte, le développement, la production
et la fermeture de la mine. Ces notions font l’objet de définitions légales relativement
détaillées qui peuvent, le cas échéant, être complétées par des définitions contractuelles.

Tout d’abord, une distinction doit être faite entre les opérations amont et aval. Les
opérations en amont font référence à l’exploitation d’une ressource minérale ; il s’agit
de la mise en valeur de la ressource et de sa mise à disposition. Les activités amont
comprennent la prospection, l’exploration, le développement et, pour finir, la production
ou l’extraction. Les opérations aval désignent les activités menées après l’extraction des
ressources minérales. Elles comprennent le transport, la transformation, la distribution et
la vente des ressources minérales extraites.

26
LE CYCLE MINIER ET LES CONCEPTS CLÉS

Le schéma ci-après détaille les activités menées au cours du «cycle minier», allant de la
phase d’exploration à la fermeture la mine.

2.2.1 Prospection et exploration

La première phase du cycle minier est subdivisée en deux phases : la prospection et


l’exploitation. Cette première étape du cycle minier durera généralement entre un et dix
ans, mais peut aussi durer bien plus longtemps.

Prospection. La phase de prospection, également appelée « reconnaissance », est


la première étape des opérations minières. Elle comprend les travaux préliminaires
d’observation de surface ou de levés manuels afin de mettre en évidence les sites susceptibles
de présenter un intérêt minier. Sont considérées comme activités de prospection : les
études topographiques, géologiques et géophysiques, la reconnaissance de sites ou tout
autre travail d’investigation préliminaire.

Exploration. Cette phase comprend toutes les activités menées dans le but de découvrir
ou de déterminer l’existence d’un gisement, de le délimiter ainsi que d’en évaluer l’étendue
et les possibilités d’exploitation commerciale. La phase d’exploration est postérieure et
différente des travaux de prospection, notamment parce qu’elle implique généralement la
réalisation de travaux non seulement en surface, mais aussi en profondeur.

La phase d’exploration peut déboucher sur une découverte. Il convient de mentionner que
très peu de gisements découverts deviennent des mines de production.

2.2.2. Développement des mines

La phase de développement désigne toutes les activités liées au développement d’un


gisement, à compter de la date à laquelle ce gisement est jugé exploitable commercialement
et la décision de le mettre en valeur a été prise. Cette phase dure généralement entre un
et cinq ans.

27
LE CYCLE MINIER ET LES CONCEPTS CLÉS

Elle comprend les études de faisabilité, les études géo-scientifiques et les études techniques.
Si tous ces résultats sont favorables et que toutes les approbations sont en place, l’entreprise
décide alors si elle poursuivra le projet.

À ce stade, l’entreprise lève des fonds pour commencer la construction et le développement


d’une mine. C’est la phase la plus coûteuse du cycle minier.

En ce qui concerne les études réalisées par la société minière à ce stade, une distinction
doit être faite entre l’évaluation préliminaire, l’étude de préfaisabilité et l’étude de faisabilité.

L’évaluation préliminaire ou scoping study est une étude qui comprend une analyse
économique de la viabilité potentielle d’un gisement effectuée à un stade précoce du
projet avant l’achèvement d’une étude de faisabilité préliminaire.

L’étude de préfaisabilité est une analyse préliminaire d’un projet minier potentiel. Ces
études donnent un aperçu de la logistique d’un projet minier, des besoins en capitaux,
des principaux défis et autres renseignements jugés importants pour la prise de décisions.

L’étude de faisabilité est une étude approfondie d’un gisement de ressources minérales
dans laquelle tous les facteurs géologiques, techniques, juridiques, opérationnels,
économiques, sociaux, environnementaux et autres facteurs pertinents sont pris en compte
de façon suffisamment détaillée pour qu’ils puissent raisonnablement servir de base à la
prise d’une décision finale par une institution financière de financer le développement du
gisement à une fin de production minière.

2.2.3. Production

Cette phase comprend l’extraction et la transformation des matières premières. La durée


d’exploitation d’une mine en production dépend de la quantité et de la qualité du minerai
ou du métal que renferme le gisement et de la rentabilité de l’exploitation.

2.2.4. Fermeture définitive et déclassement

Cette phase concerne les opérations mises en œuvre à la fin du projet afin d’assurer la
sécurité et de réduire les risques pour la santé du public et de l’environnement. Les travaux
de déclassement seront réalisés conformément au plan de réhabilitation approuvé par les
autorités minières pendant les étapes précédentes du projet.

2.3. Structure contractuelle

Un projet minier implique généralement l’intervention d’une multitude de sociétés et la


prolifération d’accords contractuels. On assiste donc à une augmentation de la quantité
d’accords liés à l’exploitation des ressources minérales. Toutefois, une ligne de démarcation
devrait être établie entre l’accord principal (c’est-à-dire la convention minière signée
entre l’État et l’exploitant privé) et les accords qui ne sont que subsidiaires (ces derniers
constituant un moyen de réaliser le projet minier).

28
LE CYCLE MINIER ET LES CONCEPTS CLÉS

En ce qui concerne les accords dits subsidiaires, une société minière responsable de
l’exploitation d’un gisement devrait, dans le cadre des opérations minières, signer des
contrats avec d’autres exploitants, notamment des contrats d’approvisionnement, des
baux, des contrats pour la construction de la mine et des infrastructures associées, des
accords de financement, des polices d’assurance, etc.

En raison de leur importance et de leur impact potentiel sur la conduite des opérations
minières, ces accords sont pris en considération par les lois et règlements miniers. Ainsi,
certaines législations prévoient l’agrément du sous-traitant par les autorités minières et
étendent les incitations fiscales et douanières aux entreprises associées à la réalisation du
projet minier.

Outre les contrats signés avec les exploitants privés, un faisceau d’accords contractuels
secondaires sera tissé entre l’État et l’exploitant privé. Cet ensemble contractuel comprend
notamment les accords d’investissement conclus entre l’État et l’exploitant privé.

Parallèlement à ces accords dits subsidiaires, l’État conclura un accord principal avec la
société minière (la convention minière ou l’accord miner), dont l’objectif est de prévoir
l’exploitation du gisement.

En outre, la structure contractuelle dépendra également de la structure globale du projet,


en particulier dans le cadre des projets miniers intégrés. Les projets miniers intégrés
comprennent plusieurs composantes et nécessiteront la construction et l’exploitation de la
mine et de l’infrastructure associée, telle qu’une voie ferrée ou un port. Ce type de projet
donnera lieu à la négociation d’accords complémentaires avec l’État. En effet, au-delà de
la convention minière, le projet minier intégré nécessitera la négociation et la signature
d’un accord-cadre ou d’un accord général et de contrats relatifs à la contractualisation et
à l’exploitation de l’infrastructure associée (PPP, concessions, etc.).

Conclusion

Afin de synthétiser le processus minier, nous pouvons dire que les opérations d’exploration
se réfèrent à toutes les activités d’exploration et d’évaluation, y compris toutes les activités
géologiques, géophysiques et géochimiques (dont l’objectif est de découvrir les ressources
naturelles) ainsi que des études de faisabilité technique et économique réalisées pour
évaluer la nature commerciale potentielle de ces ressources.

Le développement d’une mine consiste à construire toutes les installations de production


nécessaires pour extraire les ressources naturelles du gisement. Les opérations de
développement se réfèrent donc à toutes les activités relatives au développement d’un
gisement, à partir de la date à laquelle ce gisement est réputé exploitable commercialement,
la décision de développer a été prise, les travaux de construction et d’installation réalisés,
ainsi que les études correspondantes menées pour extraire, exploiter, transporter,
entreposer et éliminer les hydrocarbures avec succès.

29
CHAPITRE 3

CADRE LEGAL

3.1. PROPRIÉTÉ DES RESSOURCES NATURELLES


3.2. CADRE JURIDIQUE APPLICABLE AUX ACTIVITÉS MINIÈRES
EN AFRIQUE

3.3. TYPOLOGIE DES CONTRATS, AUTORISATIONS ET PERMIS


3.4. COMMENT LES TITRES MINIERS SONT-ILS OCTROYÉS ?
3.5. RÉGIME FISCAL ET DOUANIER, RÉGLEMENTATION DES
CHANGES
CADRE LEGAL

Le but de ce chapitre est de décrire la voie juridique que devra emprunter un investisseur
minier qui cherchera à mettre en place son projet et à sécuriser son investissement. Dans
cette perspective, l’exploitant doit tenir compte des règles nationales applicables dans
le pays d’accueil, mais aussi du droit communautaire applicable, car le non-respect des
règles impératives peut compromettre les avantages de l’investissement.

Le principe de souveraineté des États sur leurs ressources naturelles complique néanmoins
la mission de sécurisation des investisseurs. En effet, étant donné que les États sont
souverains sur leurs ressources naturelles, ils risquent de compromettre les conditions du
contrat conclu avec l’exploitant minier et d’empêcher ainsi la poursuite de l’exploitation.
Cette remise en cause de l’investissement peut prendre la forme d’un retrait du permis
d’exploration et/ou d’exploitation donné à l’investisseur. Il convient donc d’accorder une
attention particulière à la manière dont les dispositions du permis sont rédigées et aux
droits accordés à l’exploitant privé.

Enfin, ce dernier doit tenir compte du régime douanier et fiscal du pays d’accueil. La
pluralité des règles fiscales et douanières en Afrique rend l’investissement plus incertain.
Il est donc courant que les opérateurs négocient des privilèges fiscaux et douaniers avec
les autorités du pays hôte.

3.1. Propriété des ressources naturelles

3.1.1 Souveraineté permanente des États sur leurs ressources


naturelles
La seconde moitié du XXe siècle a été marquée par la rupture des relations entre les
investisseurs étrangers et les États, à l’initiative de ces derniers qui entendaient réaffirmer
leurs intérêts dans la gestion de leurs ressources naturelles. L’importance stratégique des
ressources naturelles a souvent conduit les États à recourir à des nationalisations afin de
réaffirmer leur contrôle sur leurs ressources et tenter d’en tirer de meilleurs profits.

Les Nations Unies n’ont pas pu ignorer les vagues de nationalisations inspirées par le
mouvement de décolonisation. C’est ainsi que l’Organisation des Nations Unies, par
le biais de plusieurs résolutions, a établi le principe de la souveraineté permanente des
États sur leurs ressources naturelles. Ce principe, qui a été repris bien au-delà du cadre
des Nations Unies, est apparu comme un principe du droit international coutumier. Ce
principe international a été transposé dans la législation nationale par de nombreux États
africains qui ont posé le principe de la souveraineté sur leurs ressources naturelles au
niveau constitutionnel.

C’est dans le cadre des travaux consacrés à l’élaboration des traités internationaux
relatifs aux droits de l’homme que les Nations Unies ont d’abord étudié les droits des
États à la souveraineté permanente sur leurs ressources naturelles36. Ainsi, en 1952,
à la huitième session de la Commission des droits de l’homme, le Chili a présenté un
projet de résolution affirmant le principe de la souveraineté permanente des États sur
leurs ressources naturelles. Aux termes de ce projet de résolution, il est affirmé que le

36
Ces travaux ont été menés en application de la Résolution 421(V) de l’Assemblée générale du 4 décembre 1950 – Draft International Covenant on Humans
Rights and measures of implementation: future work of the Commission on Human Rights.

31
CADRE JURIDIQUE

droit des peuples à l’autodétermination comprend également un droit à la souveraineté


permanente sur leurs richesses et leurs ressources naturelles. Les droits que d’autres États
peuvent revendiquer ne peuvent en aucun cas justifier qu’un peuple soit privé de ses
propres moyens de subsistance37.

C’est en 1952 que l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu pour la première fois
le principe de la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles. Dans sa Résolution
523 (VI) du 12 janvier 1952, l’Assemblée a statué comme suit :
«Les pays insuffisamment développés ont le droit de disposer librement de leurs
richesses naturelles [...] qu’ils doivent utiliser [...] de manière à se mettre dans une
position plus favorable pour faire progresser davantage l’exécution de leurs plans
de développement économique conformément à leurs intérêts nationaux, et pour
encourager le développement de l’économie mondiale» 38

Par cette résolution, l’Assemblée affirme ainsi le droit des États d’utiliser librement les
ressources naturelles dont ils disposent.

La même année et dans une deuxième résolution, la Résolution 626 (VII) du 21 décembre
1952, l’Assemblée générale a déclaré que «le droit des peuples d’utiliser et d’exploiter
librement leurs richesses et leurs ressources naturelles est inhérent à leur souveraineté et
conforme aux buts et principes de la Charte des Nations Unies» 39. L’Assemblée générale a
également recommandé que tous les États membres s’abstiennent de toute action, directe
ou indirecte, visant à empêcher un État d’exercer sa souveraineté sur ses ressources
naturelles.

Suite à ces résolutions, le mouvement des Nations Unies vers l’établissement du principe
de la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles n’a cessé de se renforcer et a
conduit, le 12 décembre 1958, à la création de la Commission des Nations Unies pour
la souveraineté permanente sur les ressources naturelles. Cette Commission avait pour
mission de mener une étude sur le principe de la souveraineté permanente des États sur
leurs ressources naturelles et présente des observations visant à renforcer ce droit. Une fois
ces travaux achevés, le 3 août 1961, le rapport de la Commission du Conseil économique
et social a été transmis à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Cette longue période de maturation a débouché, un an plus tard, sur la Résolution 1803
(XVII) qui établit le droit à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles.
C’est par la Résolution 1803 (XVII) du 14 décembre 196240 , adoptée par 87 voix pour, 2
voix contre et 12 abstentions, que l’Assemblée générale des Nations Unies a confirmé le
principe de la souveraineté permanente des États sur les ressources naturelles.

Le principe de souveraineté est affirmé ici comme un droit inaliénable et permanent


susceptible de favoriser l’indépendance économique des États. L’Assemblée générale
des Nations Unies a reconnu la compétence générale de tout État à gérer ses ressources
nationales comme il juge approprié. La Résolution a également indiqué que le droit à la

37
Voir George Fischer « La souveraineté sur les ressources naturelles » 1962 AFDI 516.
38
Résolution 523(VI) de l’Assemblée générale du 12 janvier 1952 – Développement économique intégré en tant que – Développement économique intégré
et accords commerciaux.
39
Résolution 1803(XVII) de l’Assemblée générale du 14 décembre 1962 – Droit d’exploiter librement les richesses et ressources naturelles.
40
Résolution 1803 (XVII) de l’Assemblée générale du 14 décembre 1962 – Souveraineté permanente sur les ressources naturelles.

32
CADRE JURIDIQUE

souveraineté permanente sur les ressources naturelles doit être exercé dans l’intérêt de
la population de l’État en question41. Elle a également précisé que les bénéfices tirés de
l’utilisation des ressources naturelles doivent être partagés entre les investisseurs étrangers
et l’État, sans porter atteinte à la souveraineté dudit État.

La résolution permet à l’État de procéder à des nationalisations, des expropriations ou


des réquisitions, à condition que ces mesures soient justifiées pour des motifs d’utilité
publique et donnent lieu à une indemnisation adéquate. Ainsi, l’exercice par l’État
de sa souveraineté sur ses ressources naturelles reste subordonné au respect du droit
international et, en particulier, au principe d’une indemnisation rapide, adéquate et
effective.

Le principe de la souveraineté de l’Etat sur ses ressources naturelles, qui a été affirmé
comme l’un des principaux corollaires du droit des peuples à l’autodétermination, a été
confirmé par de nombreux instruments internationaux.

En 1966, c’est par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels42 que le principe de la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles
est affirmé. Ce texte dispose que «tous les peuples peuvent [...] disposer librement de leurs
richesses et de leurs ressources naturelles» et réaffirme «le droit inhérent de tous les peuples
à profiter et user pleinement et librement de leurs richesses et ressources naturelles».44 Deux
années plus tard, ce principe a, au-delà du cadre des Nations Unies, été affirmé au sein
de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). L’Organisation a réaffirmé
le droit inaliénable des États d’exercer une souveraineté permanente sur leurs ressources
naturelles dans la quête de leur développement45. La Déclaration de Stockholm de
197246 réitère le principe de la souveraineté sur les ressources naturelles, à la suite de
la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et de la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement47. En 1974, le principe de la souveraineté sur les
ressources naturelles a été réaffirmé dans le cadre des Nations Unies par la Charte des
droits et devoirs économiques des États du 12 décembre 197448. La Convention de
Vienne de 1978 sur la succession d’États en matière de traités énonce également ce
principe dans son Article 13, qui prévoit ce qui suit : «Rien dans la présente Convention
n’affecte les principes du droit international affirmant la souveraineté permanente de chaque
peuple et de chaque État sur ses richesses et ses ressources naturelles».

Au niveau européen, le principe de souveraineté a été établi dans le cadre du Traité sur
la Charte de l’énergie, qui reconnaît la souveraineté nationale et les droits souverains des
États contractants sur les ressources énergétiques. De même, dans le cadre de l’Union
européenne, la Directive 94/22/EC du Parlement et du Conseil du 30 mai 1994 relative
aux conditions d’octroi et d’exercice des autorisations de prospecter, d’utiliser et d’extraire
des hydrocarbures prévoit que «[l]es États membres possèdent la souveraineté et des droits
souverains sur les ressources en hydrocarbures situées sur leur territoire».

En ce qui concerne le continent africain, c’est la Charte africaine des droits de l’homme et

41
L’Assemblée générale a déclaré : «Le droit des peuples et des nations à la souveraineté permanente sur leurs richesses et leurs ressources naturelles doit
s’exercer dans l’intérêt de leur développement national et du bien-être des populations de l’État concerné. Ainsi, l’obligation d’utiliser les ressources naturelles
conformément à l’intérêt national incombe à cet État.
42
Adopté et ouvert à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’Assemblée générale par la Résolution 2200 A(XXI) du 16 décembre 1966 – Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
43
Alinéa 2 de l’Article premier du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
44
Article 25 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

33
CADRE JURIDIQUE

des peuples qui, en 1981, a établi le principe de la souveraineté des États sur leurs ressources
naturelles en affirmant que : «[L]es peuples ont la libre disposition de leurs richesses et de
leurs ressources naturelles. Ce droit s’exerce dans l’intérêt exclusif des populations. En aucun
cas, un peuple ne peut en être privé» . Cette disposition a été interprétée par la Commission
africaine des droits de l’homme et des peuples dans l’affaire opposant le Centre d’action
pour les droits sociaux et économiques (SERAC) et le Centre pour les droits économiques
et sociaux (CESR) au Nigéria . Les requérants ont fait valoir que le gouvernement nigérian
était directement impliqué dans l’exploitation du pétrole par l’intermédiaire d’une société
d’État, actionnaire du consortium. Selon eux, l’exploitation des ressources pétrolières
serait préjudiciable à la population locale. Dans sa réponse, la Commission a pu préciser
le sens de l’Article 21 de la Charte en indiquant :

«Les conséquences de l’exploitation coloniale ont laissé les populations et les


ressources précieuses de l’Afrique encore vulnérables au détournement étranger.
Les rédacteurs de la Charte africaine voulaient manifestement rappeler aux
gouvernements africains l’héritage douloureux du continent et ramener le
développement économique coopératif à sa place traditionnelle, c’est-à-dire au
cœur de la Société africaine» 51.

Dans sa décision, la Commission affirme sa position selon laquelle les gouvernements ont
le devoir de protéger leurs citoyens, ce qui suppose une action positive de ces derniers52.
La Commission a estimé que le gouvernement nigérian ne s’était pas acquitté de son
obligation de protéger la population contre toute atteinte à l’exercice de ses droits ; l’État a
facilité la destruction du pays en violation de l’Article 21 de la Charte53. Si la Charte n’a pas
d’effet horizontal, la Commission impose des actions positives aux États, notamment pour
garantir le droit des peuples à disposer de leurs richesses et de leurs ressources naturelles.

Aujourd’hui, le principe de la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles s’est
étendu aux lois nationales qui, parfois, sont allées jusqu’à faire de ce principe un droit
ayant valeur constitutionnelle.

3.1.2. Propriété des ressources naturelles

La ressource naturelle, selon qu’elle soit extraite ou non, suit un régime distinct. Les
ressources naturelles contenues dans le sous-sol sont assujetties à un régime juridique
différent de celui des ressources extraites. Il faut donc distinguer la nature de ces biens
(à savoir les ressources naturelles non extraites et les ressources extraites). Une ressource
naturelle encore contenue dans le sous-sol est soit inconnue, soit méconnue tant en
ce qui concerne sa quantité que sa qualité. Elle ne saurait donc être transformée ou
commercialisée. Son régime juridique est comparable à celui d’un immeuble à usage
d’habitation. Toutefois, une ressource naturelle extraite est séparée de ce support matériel;
elle devient un bien meuble. Cette distinction est reprise par les législations minières
africaines. La différenciation entre biens immeubles et biens meubles a des conséquences
importantes sur le financement des activités minières. Des garanties ne seront pas prises

45
Résolution XVI.90 de l’OPEP du 24 juin 1968 – Déclaration générale sur la politique pétrolière pour les pays membres.
46
Principe 10 de la Déclaration de Stockholm : «Pour les pays en développement, la stabilité des prix et l'obtention de revenus adéquats pour les produits de base et
les matières premières sont essentielles à la gestion environnementale, car les facteurs économiques ainsi que les processus écologiques doivent être pris en compte».
47
Principe 2 de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement : «Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit
international, les États ont le droit souverain d’exploiter leurs propres ressources selon leur politique d’environnement et de développement, et ils ont le devoir de faire
en sorte que les activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommages à l’environnement dans d’autres États ou dans
des zones ne relevant d’aucune juridiction nationale».
48
Résolution 3281(XXIX) de l’Assemblée générale du 12 décembre 1974 – Charte des droits et devoirs économiques des États.

34
CADRE JURIDIQUE

sur des biens immeubles (ressources naturelles non extraites), mais sur des biens meubles
(ressources naturelles extraites).

Les droits miniers ne confèrent pas un droit de propriété perpétuel sur une ressource
naturelle qui n’est pas encore extraite, mais seulement un droit de propriété sur la partie
d’un gisement qui est extraite. Le titulaire d’un droit minier peut donc extraire les ressources
naturelles pendant la durée de validité de son titre ou de son autorisation d’exploitation.
Les droits miniers ne sont ni plus ni moins qu’une autorisation administrative permettant
à leur titulaire d’accéder aux ressources naturelles contenues dans le sous-sol.

Les carrières suivent un régime juridique distinct. Ainsi, certaines législations prévoient
que les gisements soumis au régime des carrières respectent les conditions de propriété
des terres54. Toute personne physique ou morale peut les prospecter, les explorer et les
exploiter à condition qu’elle soit le propriétaire du terrain où se trouvent ces gisements ou
même si elle en a obtenu l’autorisation du propriétaire par un contrat conférant des droits
d’excavation 55.

En ce qui concerne la propriété des ressources naturelles, il convient de distinguer


différents systèmes :
• Le régime régalien56 ;
• Le régime domanial57; et
• Le régime d’accession58.
Les régimes régaliens

Il convient d’établir une distinction entre le système régalien classique, d’une part, et le
régime d’inspiration régalienne, d’autre part.

Le régime régalien : «res nullius».

Les ressources minières sont considérées comme des biens sans propriétaire. L’État ne se
proclame pas lui-même propriétaire, mais s’arroge le droit d’établir des règles d’attribution
et d’utilisation de ces ressources par voie législative.

L’aspect réglementaire prévaut et ne conduit pas véritablement à la signature du contrat


entre l’État et l’exploitant privé, mais plutôt à l’adhésion de ce dernier aux principes
généraux établis par l’État.

Le régime d’inspiration régalienne

L’État fait valoir, à son profit, un droit de propriété sur les ressources naturelles ; dès lors,
ces dernières ne sont plus des biens sans propriétaire. Il peut ainsi fixer les modalités
d’exercice des droits miniers par l’établissement d’un contrat-type spécifique.

49
Alinéa 1 de l’Article 21 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981.
50
Communication n°155-96 du 13 octobre 2001 : Affaire opposant le Centre d’action pour les droits économiques et sociaux (SERAC) et le Centre pour les droits
économiques et sociaux (CESR) au Nigéria.
51
Affaire opposant le Centre d’action pour les droits économiques et sociaux (SERAC) et le Centre pour les droits économiques et sociaux (CESR) au Nigéria, nº56.
52
Affaire opposant le Centre d’action pour les droits économiques et sociaux (SERAC) et le Centre pour les droits économiques et sociaux (CESR) au Nigéria, nº57.
53
Affaire opposant le Centre d’action pour les droits économiques et sociaux (SERAC) et le Centre pour les droits économiques et sociaux (CESR) au Nigéria, nº58.

35
CADRE JURIDIQUE

Plusieurs législations minières africaines appliquent le système d’inspiration régalienne,


consacrant le principe de la propriété du peuple ou de la nation sur les ressources
naturelles59.

Certaines législations nationales attribuent la propriété des ressources naturelles à la


nation. Ainsi, le code minier du Lesotho prévoit également que la nation est propriétaire
des ressources naturelles.

Enfin, certaines législations nationales peuvent affirmer l’existence d’une propriété


conjointe de l’État et du peuple sur les ressources naturelles. C’est le cas de l’Éthiopie,
dont le code minier prévoit que les ressources minières existant dans leur état naturel
sur le territoire éthiopien ou dans son sous-sol sont la propriété du gouvernement et de
l’ensemble des citoyens éthiopiens60.

Le système domanial

L’État, c’est-à-dire le gouvernement local ou le souverain local, est considéré comme le


propriétaire des ressources naturelles qui font partie intégrante de son domaine.

La différence existant d’avec le système régalien doit être clairement définie. Dans ce
dernier cas, ce sont les populations qui sont les propriétaires des ressources naturelles;
le gouvernement n’a le pouvoir d’appliquer que les règlements promulgués par les
représentants du peuple réunis en assemblée. D’autre part, dans le cadre du régime
domanial, la population ne possède pas les ressources naturelles contenues dans le sous-
sol.

Le système domanial est sans aucun doute le système le plus largement appliqué sur le
continent africain61.

En Afrique francophone, la propriété de l’État sur les ressources naturelles contenues dans
le sous-sol est ainsi affirmée au Burkina Faso où le code minier réitère que : «Les gisements
naturels de substances minérales contenues dans le sol et le sous-sol du Burkina Faso sont, de
plein droit, la propriété de l’État.»62

En Afrique lusophone, la propriété de l’État sur les ressources naturelles est également
affirmée en Angola, où la législation minière stipule que les ressources minières existant
sur l’ensemble de son territoire appartiennent à l’État et font partie de son domaine privé63.

Les exemples d’application du système de terres appartenant à l’État sont également


légion en Afrique anglophone. Ainsi, le Nigéria64, le Soudan65, la Tanzanie66 et le Ghana67
devraient être mentionnées, dans la mesure où leurs législations consacrent le principe de
la propriété de l’État sur les ressources naturelles.

54
Voir, en particulier, à cet effet l’Article 4 de la Loi n°2012-0 15 du 27 février 2012 portant Code minier du Mali : «[l]es substances minérales soumises au régime des
mines dans le territoire de la République du Mali appartiennent à l’État. Toutefois, les titulaires des titres miniers d’exploitation acquièrent la propriété Ces substances
minérales qu’ils extraient. Les droits à ces substances constituent une propriété distincte de celle de la surface. Le régime des mines se différencie de celui des carrières.»
55
Contrat par lequel le propriétaire du terrain décide de ne pas exploiter le gisement qui se trouve sur son terrain et accorde le droit de l’exploiter à un tiers.
56
C’est l’État qui attribue les droits miniers aux sociétés de son choix qui sont tenues de respecter les conditions fixées par la Loi sans discrimination ; c’est le cas de
la France.

36
CADRE JURIDIQUE

Le système d’accession

Le système d’accession prévoit que le propriétaire foncier est également propriétaire


du sous-sol et donc des ressources naturelles qu’il contient ; leur exploitation s’effectue
contractuellement par la signature de contrats de droit privé. Institué par le droit romain68,
le système d’accession trouve sa justification dans le principe de la primauté du droit de
propriété sur la loi.

La séparation du droit d’usage du droit de propriété sur la terre est opérée par une division
dans l’espace de la propriété de la terre en deux ou plusieurs droits indépendants. En
d’autres termes, le principe est que la propriété s’étend jusqu’au centre de la terre et qu’elle
peut être scindée horizontalement en deux ou plusieurs parties indépendantes.

Le système d’accession présente un inconvénient majeur : le morcellement des surfaces


rend les opérations diverses et donc coûteuses et limite l’intervention de l’État, ce qui l’a
conduit à rétablir une réglementation préservant l’intérêt public national.

Ce système a été appliqué en Grande-Bretagne jusqu’en 1934, sauf pour les ressources
minérales que sont l’or et l’argent considérés comme appartenant au souverain ; il stipulait
que le droit d’usage ne pouvait en principe être séparé de la propriété du terrain que
par contrat. Il n’y a eu ni attribution du droit d’usage ni enquêtes contre la volonté du
propriétaire foncier.

Ce système constituait un cadre très spécifique ; son déclin en termes d’application


territoriale a pu être observé depuis de nombreuses décennies et ne bénéficie pas d’une
application préférentielle dans les pays africains anglophones69, ce qui favorise l’application
d’autres systèmes, notamment le système d’inspiration souveraine et le système de terres
appartenant à l’État.

57
L’exploitation des mines est soumise à des accords conclus entre l’État et l’entreprise de son choix. Les aspects contractuels l’emportent sur les aspects légaux.
Ce système est dominant au Proche-Orient. Le développement des gisements peut être effectué soit par quiconque exerce des droits miniers, soit par un tiers
spécialement par lui désigné.
58
C’est l’État qui attribue les droits miniers aux sociétés de son choix qui sont tenues de respecter les conditions fixées par la Loi sans discrimination ; c’est le
cas de la France.
59
Voir l’Article 3 de la Loi de 2005 sur les mines et les ressources minérales : «Sous réserve de l’Article 1407 de la Constitution du Lesotho et sans préjudice de tout
droit conféré par la présente Loi, tous les droits de propriété sur les minéraux appartiennent à la Nation Basotho».

37
CADRE JURIDIQUE

3.2. Cadre juridique applicable aux activités minières

3.2.1. Aperçu des générations successives de codes miniers


Depuis les années 1980, le secteur minier a été progressivement libéralisé. Il y a eu
plusieurs phases, chacune correspondant à une génération de code minier.

Premièrement, le développement de l’investissement minier transnational s’est caractérisé


par la redéfinition du rôle et des fonctions de l’État et par une nouvelle délimitation entre
les pôles d’autorité publique et privée. Le programme du Consensus de Washington
comprenait la privatisation des entreprises publiques, la fin des restrictions à la propriété
étrangère, l’abaissement des taux d’imposition et des redevances, la réforme du droit
du travail afin d’assurer une plus grande «souplesse» et la fin des exigences en matière
d’embauche et de fourniture locales.

En sus d’abandonner le rôle d’opérateur local, les gouvernements africains ont également
dû limiter la poursuite d’objectifs sociaux ou politiques, tels que l’élargissement des
programmes sociaux, éducatifs et de l’emploi, par l’implication opérationnelle dans le
secteur des ressources naturelles. Leur mandat consistait plutôt à faciliter l’investissement
privé grâce à une meilleure réglementation «apolitique» et efficiente. Le format de
ces nouveaux codes réglementaires et législatifs consiste souvent à restreindre la
propriété publique dans le secteur des ressources naturelles, à privatiser les opérations
minières menées par l’État et à éliminer les exigences locales en matière d’embauche
et d’approvisionnement. Par conséquent, l’expérience de l’Afrique depuis plus de deux
décennies a été un processus de réformes cumulatives qui ont conduit à plusieurs
générations de régimes miniers de plus en plus libéraux.

Encouragés par ces politiques en faveur des investissements, la reprise de la demande


mondiale de produits de première nécessité et les efforts directs déployés par le
gouvernement du Ghana pour attirer et soutenir des joint-ventures avec des entreprises
étrangères (par exemple, en créant le ministère du développement du secteur privé, qui
agirait en tant que médiateur entre le gouvernement et les entreprises), les trois plus
grandes sociétés minières du pays, Newmont, Golden Star et AngloGold ont investi,
depuis la fin des années 1980, plus 3 milliards dollars dans les activités minières.

La deuxième génération de codes miniers a émergé entre le début et le milieu des années
1990, poursuivant la tendance de la libéralisation et de la privatisation, mais avec une
reconnaissance nominale de la nécessité de certaines règles sociales et environnementales.
L’Action pour l’Environnement de 1994 (AAPE) et le code minier 1995 ont souligné
que la «protection de l’environnement» relève de la responsabilité des sociétés qui
opèrent. Toutefois, ces règles ne s’appliquaient toujours pas aux multinationales et les
gouvernements n’avaient guère d'effet de levier pour les faire appliquer.

Une troisième génération a émergé à la fin des années 1990, car des pays comme le Mali

60
Voir l’Article 5(1) de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales : «[l]es ressources minérales existant dans
leur état naturel sur, dans et sous le territoire de l’Éthiopie sont la propriété du gouvernement et de l’ensemble des populations éthiopiennes».
61
Voir à cet effet Evaristus OSHIONEBO «Fiscal regimes for natural resource extraction: implications for Africa’s development» in FN Botchway (ed) Natural
Resource Investment and Africa’s Development (Edward Elgar Publishing 2011) 200.
62
Voir l’Article 5 de la Loi n°031-2003 portant Code minier. Pour d’autres exemples où le système foncier de l’État est respecté en Afrique francophone, voir, en
particulier, au Burundi, l’Article 7 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier : «[l]es gisements des substances minérales ou fossiles soumis au régime
légal des Carrières ou des Mines constituent la propriété exclusive de l’État. Cette propriété relève de la souveraineté permanente de l’État sur ses ressources naturelles
et est inaliénable, imprescriptible et distincte de la propriété du sol.»

38
CADRE JURIDIQUE

et Madagascar ont ouvert leurs industries minières à l’investissement étranger. Au Mali,


le nouveau code minier rédigé en 1999 a été modelé sur la base de celui du Ghana. Il a
été conçu pour attirer l’investissement étranger en accordant des incitations aux sociétés
minières étrangères et visait à faire du Mali «l’un des principaux pôles du commerce de
l’or en Afrique». En outre, la nouvelle politique minière visait à accroître la contribution
de la production minérale au PIB du pays, principalement par le biais de la fiscalité
des activités des compagnies minières (malgré la création de nombreuses exonérations
fiscales pour les sociétés minières dans le code 1999). De même, à Madagascar, le nouveau
code minier de 1999 visait à «accélérer le processus de désengagement de l’État dans les
activités commerciales d’exploration, de production et de commercialisation», tout en
favorisant l’accroissement des investissements dans le secteur des ressources naturelles
et l’accroissement de la contribution du secteur minier à la croissance économique
nationale. Dans les années qui ont suivi, la libéralisation croissante des codes miniers a
été ultérieurement adoptée par de nombreux États africains.

Les dernières années ont vu la montée d’une nouvelle vague d’initiatives de gouvernance
des ressources naturelles visant à combler les lacunes des générations précédentes de
codes et de règlements miniers. Avec le déclin apparent des pouvoirs et de la capacité
de réglementer efficacement l’exploitation des ressources naturelles, de nouvelles formes
de gouvernance transnationale et privée ont émergé pour promouvoir le «capitalisme
socialement responsable», où les marchés et les gouvernements travaillent ensemble
avec la société civile. Le lancement en 1998 de l’Initiative Minière Mondiale, dirigée
par un consortium de dirigeants d’entreprises minières sans implication directe d’États
souverains, a marqué le début de cette nouvelle approche. Ces «autres mécanismes de
responsabilisation» comprennent diverses initiatives privées, bénévoles et régionales
régies par un groupe hétérogène d’acteurs, comprenant non seulement les entreprises et
les gouvernements, mais aussi les organisations régionales et des groupes nationaux et
internationaux de la société civile.

L’émergence de ces nouvelles initiatives de gouvernance, que certains appellent la


«quatrième génération» des codes de gouvernance des ressources naturelles, trouve ses
origines dans les débats sur la responsabilité sociale des entreprises, en particulier dans le
secteur minier latino-américain, où les organisations sociales ont réussi à attirer l’attention
sur les éventuelles violations des droits de l’homme et la dégradation de l’environnement
par les grandes entreprises minières.

Questions environnementales

Les États africains ont donc pris conscience de la nécessité de prendre en considération
les questions environnementales et ont développé des moyens légaux pour préserver leur
environnement. Il existe maintenant très peu de lois minières africaines qui ne traitent pas
de la question de la protection de l’environnement ; à cet égard, la législation africaine se
classe effectivement parmi les plus modernes du monde.

En Côte d’Ivoire, l’Article 3 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier stipule que : «[t]outes les substances minérales, toutes les eaux minérales et
tous les gites géothermiques contenus dans le sol et le sous-sol, les eaux territoriales, la zone économique exclusive et sur le plateau continental ainsi que son extension
au-delà de deux cents miles marins jusqu’aux limites conventionnelles internationalement reconnues de la Côte d’Ivoire, sont propriétés de l’État de Côte d’Ivoire.»
63
L’Article 42 de la Loi minière n°31/11 du 23 septembre 2011 prévoit que : «[l]es ressources minérales se trouvant dans le sol, le sous-sol, la mer territoriale, le
plateau continental, la zone économique exclusive et dans les autres zones de la zone terrestre ou maritime relevant de la juridiction de la République d’Angola sont
la propriété de l’État et font partie de son domaine privé».

39
CADRE JURIDIQUE

Certains États ont créé des institutions nationales spéciales pour superviser la protection
de l’environnement et prendre des mesures dans le secteur minier (par exemple au
Ghana et en Sierra Leone, l’Agence de protection de l’environnement ; en Guinée, la
Direction Nationale de l’Environnement ; et au Kenya, l’autorité nationale de gestion de
l’environnement). La prévention consiste notamment dans une obligation incombant
aux exploitants de mener des opérations minières et pétrolières conformément aux
règles afin de minimiser l’impact de l’exploitation sur l’environnement et de protéger cet
environnement.

La gestion de l’impact environnemental des opérations minières exige, en particulier,


la réalisation d’une étude d’impact environnemental, que les codes miniers et pétroliers
considèrent de la plus haute importance70. C’est lors de l’examen de la demande d’octroi
de droits miniers que les enquêtes publiques et administratives seront menées qui, dans
de nombreux cas, précèdent la décision d’octroyer des droits miniers. En effet, la sélection
d’un opérateur privé exige que des enquêtes soient menées afin d’évaluer les impacts de
l’octroi de tels droits miniers.

Par conséquent, de nombreuses législations prévoient que l’octroi de droits miniers


sera précédé d’une enquête publique, dont l’objectif est d’évaluer les conséquences de
l’exploitation envisagée, en particulier sur l’environnement et les populations locales
concernées.

Après l’extraction, la restauration des sites miniers est un élément essentiel de la


prévention des dommages environnementaux. Il consiste, par exemple, à enlever toutes
les installations, à niveler et à reboiser la zone. La réhabilitation du site devrait notamment
permettre de rétablir des conditions stables de sécurité et de productivité agricole.
L’obligation de réhabilitation oblige donc l’exploitant à assumer la charge financière de la
restauration des sites miniers et pétroliers (voir le chapitre 5 ci-dessous).

Si l’exploitant ne respecte pas ses obligations relatives à la réhabilitation, l’État hôte peut
utiliser les sommes déposées dans le Fonds de réhabilitation. Il convient de noter que
certains textes juridiques étendent l’obligation de payer une provision afin de garantir
l’ensemble des obligations environnementales de l’exploitant.

Dans certains pays, il existe un véritable système de responsabilité pour les opérateurs
en cas de dommages environnementaux. Certains textes dépassent le principe général de
la responsabilité de l’exploitant pour les dommages causés dans le cadre des opérations
minières et pétrolières en prévoyant des régimes de responsabilité spécifiques pour
compenser les dommages causés à l’environnement, aux terrains en surface et aux
exploitants de mines voisines.

3.2.2. Lois et règlements nationaux régissant les projets miniers

L’importance stratégique des ressources minières a conduit les États à assujettir les
activités minières à des lois et règlements spécifiques.

64
Voir l’Article 1(1) de la Loi de 2007 sur les mines et les ressources minérales : «[l]a propriété et le contrôle entiers de toutes les ressources minérales dans, sous ou
sur toute terre au Nigéria, son plateau continental contigu et tous les fleuves, ruisseaux et cours d’eau du Nigéria, toute zone couverte par ses eaux territoriales ou sa
circonscription et la zone économique exclusive sont et seront confiés au gouvernement de la Fédération pour et au nom du peuple du Nigéria».
65
Voir l’Article 4 de la Loi de 2007 sur les ressources minérales et l’exploitation minière : «[t]outes les ressources minières se trouvant à la surface ou sous la terre,
dans les eaux régionales ou sur son plateau continental, sont la propriété de l’État, représenté par le gouvernement national, et ce dernier a le droit absolu de rechercher
et explorer toutes les ressources minières et d’en disposer».

40
CADRE JURIDIQUE

Cette affirmation doit toutefois être nuancée. En effet, pour appréhender les règles
applicables aux activités minières dans leur intégralité, il convient de se référer (outre
les codes miniers et leurs textes d’application) à une multitude textes qui ont vocation à
s’appliquer indirectement aux opérations minières. Il s’agit notamment des lois relatives à
la protection de l’environnement, à la propriété foncière et à l’expropriation, à la fiscalité,
aux douanes, à l’emploi ou encore à la santé et à la sécurité. Les opérations minières sont
également soumises à des réglementations régionales (communautaires) en matière de
fiscalité, de douanes ou de change.

La multiplicité des normes applicables aux opérations minières peut dans certains cas être
accrue par l’application de textes régissant des domaines spécifiques, tels que l’exploitation
de matières précieuses ou celle des carrières71. En outre, par l’application de clauses de
stabilisation, certains États appliquent simultanément plusieurs réglementations minières.
L’application simultanée de différents textes conduit également à des dispositions qui
donnent aux exploitants la possibilité d’opter pour l’application de l’ancienne ou de la
nouvelle législation.

L’évolution rapide de la législation est une constante dans de nombreux États africains.
Au-delà des lois adoptées en 2015 72, en 2016 73 et en 201774 , de nombreuses réformes ont
été annoncées.

Les lois récemment promulguées dans le secteur minier ont tendance à prendre en
compte les nouvelles problématiques auxquelles le secteur minier est confronté, telles que
la bonne gouvernance, les droits de l’homme, la transparence, la responsabilité sociale
des entreprises, etc. Lorsqu’ils entreprennent des réformes, les États africains doivent
trouver le juste équilibre entre la nécessité d’établir un cadre juridique qui encourage
l’investissement étranger ainsi que l’exploration et la nécessité d’assurer la contribution
des industries extractives à l’expansion du développement local.

Dans le cadre de la conciliation de ces deux objectifs, certains États africains choisissent de
favoriser les profits de l’État et des communautés locales au détriment des investissements
étrangers dans le domaine des ressources naturelles. En 2017, cette tendance a conduit
la Tanzanie à adopter plusieurs textes allant dans le sens d’un plus grande protection
des intérêts nationaux et notamment une loi qui donne mandat au gouvernement pour
renégocier ou supprimer les conditions des accords investisseur-État que le Parlement
considère «inadmissibles» ou encore une loi qui exige une approbation parlementaire
pour tout accord investisseur-État, qui doit «pleinement protéger» les intérêts des citoyens
tanzaniens et empêcher les investisseurs d’exporter des minerais bruts, de rapatrier des
fonds ou d’initier des procédures d’arbitrage.

Secteurs ne relevant pas des codes des investissements

L’importance stratégique du secteur minier et son poids dans l’économie nationale ont
conduit les États à exclure les investissements réalisés dans ces domaines stratégiques du

66
Voir l’Article 5 de la Loi de 2010 sur l’exploitation minière : «Sous réserve des dispositions de la présente Loi, l’ensemble des biens et du contrôle des minéraux se
trouvant sur, dans ou sous les terres auxquelles la présente Loi s’applique sont dévolus à la République-unie de Tanzanie».
67
Voir l’Article 1 de la Loi de 2006 sur les ressources minérales et l’exploitation minière : «Tout minéral dans son état naturel dans, sous ou sur les terres du Ghana,
les rivières, les ruisseaux, les cours d’eau à travers le pays, dans la zone économique exclusive et dans une zone couverte par la mer territoriale ou le plateau continental
appartient à la République et est confié à la garde du président au nom du peuple du Ghana».
68
Voir Peter FISCHER «Historic Aspects of International Concession Agreement» Grotian Soc Pap (1972) 222.
69
Certains chercheurs affirment au contraire que le régime d’adhésion est conçu pour s’appliquer à l’Afrique anglophone. Voir à cet effet Serge BANDOKI : Le
droit minier et pétrolier en Afrique (Edilivre 2008) 12 et suivants.

41
CADRE LEGAL

champ d’application des lois sur les investissements. Les États ont promulgué des lois
spécifiques et ont souvent exclu les activités extractives du champ d’application des lois
sur l’investissement75.

Toutefois, certains d’entre eux ont choisi d’appliquer concomitamment des textes spéciaux
réglementant les activités minières et des lois sur les investissements76. En effet, certaines
législations africaines prévoient expressément l’application des lois sur les investissements
aux activités minières77 ou accordent à un exploitant privé le droit de se prévaloir des
dispositions du code des investissements qu’il juge plus favorables78.

En tout état de cause, l’exclusion des projets miniers du champ d’application des codes
des investissements peut faire l’objet de critiques. En effet, les opérations minières doivent
être appréhendées dans leur intégralité ; les projets miniers et pétroliers sont des projets
transversaux qui ne se limitent pas à l’extraction des ressources naturelles. Les codes
d’investissement devraient pouvoir s’appliquer aux accords qui s’inscrivent dans le cadre
des projets miniers et pétroliers et qui complètent l’accord pétrolier ou minier. L’on devrait
opter pour une telle approche afin de promouvoir non seulement les projets extractifs en
Afrique, mais également leur intégration dans le cadre social et économique local général.

3.2.3. Cadre régional régissant les activités minières en Afrique

L’Afrique se caractérise par l’influence accrue des organisations régionales dans le


secteur des industries extractives. En Afrique de l’Ouest, la Communauté économique
des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou l’Union économique et monétaire ouest-
africaine (UEMOA) ont désormais un rôle clé à jouer dans l’adoption des politiques et
réglementations minières.

Il est intéressant de noter, à différents niveaux de développement, la similitude des


sujets traités dans les réglementations de l’UEMOA et de la CEDEAO. Les risques de
chevauchement, voire de contradiction entre les différents textes doivent donc être
étudiés avec le plus grand soin.

Selon les praticiens, l’existence d’une norme régionale supranationale constitue un


élément indéniable de sécurité et de stabilité. Toutefois, l’existence de normes régionales
est également une source de complexité car la connaissance de la norme minière n’est plus
uniquement locale, mais doit inclure une approche sous-régionale.

Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)

C’est par un texte en date du 23 décembre 2003 que l’UEMOA s’est dotée d’un cadre
juridique79 régissant l’ensemble des opérations liées à la prospection, à l’exploration,
à l’exploitation, à la détention, à la circulation, à la transformation, au transport et à la
commercialisation des substances minières sur toute l’étendue de son territoire80.

70
Par exemple, en Afrique du Sud, les articles 5 (4) et 39 de la Loi sur le développement des ressources minérales et pétrolières, 2002 se réfèrent à un «programme
de gestion de l’environnement» ou à un «plan de gestion environnementale»; en Algérie, la loi n ° 01-10 du 3 juillet 2001 établissant la loi minière fait référence
à une "étude d’impact" (articles 149 et 150) complétée par un "plan de gestion de l’environnement" (article 151), la loi n ° 05-07 du 20 avril 2005 relative aux
hydrocarbures fait référence à un "environnement l’étude d’impact» et un «plan de gestion environnementale» (article 18); en Angola, la conduite d’une "étude
d’impact" est prévue à l’article 64 de la loi no 31/11 du 23 septembre 2011; au Bénin, la loi n ° 2006-17 du 17 octobre 2006 établissant le code des mines et des
impôts miniers de la République du Bénin prévoit la réalisation d’une "évaluation de l’impact environnemental" et d’un "programme pour la protection de
l’environnement" (article 35); au Botswana, la Loi sur les mines et les minéraux fait référence à une «évaluation de l’impact environnemental» (article 65 (2)

42
CADRE LEGAL

Ce règlement minier communautaire s’inscrit dans le cadre des prérogatives et objectifs


fixés par l’UEMOA, à savoir le renforcement des activités économiques et financières des
États, la convergence des politiques économiques nationales, la réalisation d’un marché
commun, la mise en place de politiques sectorielles communes et l’harmonisation des
législations dans la mesure nécessaire pour réaliser le marché commun81.

L’effet de ce texte sur les législations minières nationales est significatif, en raison du
principe de primauté de la norme de l’UEMOA sur la législation nationale . Par ailleurs,
l’Article 41 du Code minier de l’UEMOA renforce la primauté de la norme communautaire
sur la législation minière nationale en abrogeant et en remplaçant toutes les dispositions
antérieures contraires sur l’ensemble du territoire de l’Union ; désormais, aucun État ne
peut édicter des normes allant à son encontre. Le champ d’application du Code minier de
l’UEMOA est d’autant plus important que son adoption en conseil des ministres par voie
de règlement l’a rendu directement applicable dans les États membres. Cette applicabilité
directe de la réglementation est stipulée à l’Article 43 du Traité de l’UEMOA, qui l’établit
sans mesures de transposition verticale ou horizontale et définit une portée générale et
obligatoire dans tous ses éléments.

Parmi les objectifs du Code minier de l’UEMOA, il conviendrait de mentionner


l’harmonisation, la modernisation et la clarification des législations minières. D’un
point de vue économique, il vise à créer les conditions pour apporter une contribution
substantielle au secteur minier dans les économies des États membres en accélérant le
développement des substances minérales.

En l’état actuel des choses, le Code minier de l’UEMOA énonce des principes importants,
laissant souvent aux États le soin de les compléter ou de les appliquer.

À cet égard, les Articles 13 à 17 du Code minier de l’UEMOA établissent les garanties
auxquelles les investisseurs miniers ont droit, notamment la protection de la propriété , la
libre importation de biens, de matériaux et d’équipements, le libre choix des fournisseurs,
le libre transfert des devises et des bénéfices ou encore la stabilité du régime fiscal et
douanier. Les Articles 25 à 33 du Code minier de l’UEMOA traitent des avantages fiscaux
et douaniers accordés tant au stade de l’exploration que de la production. On peut citer le
principe de l’admission temporaire pendant toute la durée de validité des droits miniers,
ou l’exonération de la TVA, de l’impôt sur les bénéfices, de l’impôt forfaitaire minimum,
des cotisations patronales sur les traitements et salaires et des taxes professionnelles. Par
ailleurs, l’Article 12 du Code minier de l’UEMOA prévoit la possibilité pour les États
membres d’obtenir une participation gratuite de 10 % dans le capital social des sociétés
d’exploitation.

Enfin, il convient de souligner que des règlements d’application pour l’application du


Code minier de l’UEMOA sont attendus.

La Commission de l’UEMOA a lancé un appel d’offres afin de procéder à une refonte du


Code minier et d’élaborer des règles d’implantation dans les domaines économique, fiscal,
71
Voir, en particulier, en Afrique du Sud, la législation spéciale relative applicable à certaines activités minières, comme la Loi de 1986 sur les diamants ou la Loi
de 2005 sur les métaux précieux. Par ailleurs, le Maroc a promulgué deux lois différentes pour régir l’exploitation des minéraux et des carrières sur son territoire.
72
Par exemple, au Burkina Faso, le Conseil national de transition a adopté un nouveau Code minier le 26 juin 2015. De même, au Maroc, le mois de juillet 2015
a été marqué par la publication au Journal officiel de la Loi n°33-13 sur les mines (réforme entrée en vigueur en avril 2016 suite à la publication de son Décret
d’application au Journal officiel).
73
L’année 2016 a été marquée par l’adoption de nombreuses législations, notamment au Kenya (adoption de la Loi minière de 2016), à Djibouti (adoption de la
Loi n°138/AM/16/7thL du 23 juillet 2016 portant Code minier), etc.

43
CADRE LEGAL

douanier, environnemental et de gestion des droits miniers, afin de réduire les disparités
dans le secteur minier.

La contribution de ce secteur au développement des États membres, l’exploitation


efficace et durable des ressources minières, la promotion de la préférence locale ainsi que
l’amélioration du fonctionnement des gouvernements au sein de l’Union figurent parmi
les principaux objectifs de la présente réforme. Dans cette perspective, l’avant-projet de
Code minier comporte des dispositions relatives aux éléments ci-après :
• la bonne gouvernance ;
• la protection des droits de l’homme ;
• la responsabilité sociale d’entreprise ;
• les règles en matière d’emploi, de formation et de préférence nationale ;
• les conditions d’octroi des titres miniers ;
• la cession, le transfert, l’annulation et le retrait des titres miniers ;
• les relations avec les propriétaires fonciers ;
• la protection de l’environnement (protection, réhabilitation, fermeture
des mines) ;
• la surveillance administrative, etc.

Les textes d’application du Code minier communautaire porteront sur :


• l’adoption d’une convention minière type ;
• les droits, les taxes et les redevances applicables aux activités minières ;
• la provision pour la reconstitution des gisements ;
• les fonds de réhabilitation et de fermeture des mines.

Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)

En mai 2009, la CEDEAO a promulgué un cadre juridique pour régir les opérations
minières sur son territoire, en adoptant une directive sur l’harmonisation des principes
directeurs et des politiques dans le secteur minier 84. Cette directive a été complétée en
février 2012 par un acte additionnel 85 qui a promulgué la politique de développement des
ressources minérales de la CEDEAO et son plan d’action.

Ces directives relèvent directement de la compétence de la CEDEAO, dont l’objectif est


de promouvoir l’intégration de tous les domaines de l’activité économique, notamment
l’énergie et les ressources naturelles 86.

74
En Tanzanie (le gouvernement a promulgué plusieurs règlements tels que : le Règlement de 2017 sur le pétrole (contenu local), 2017 ; la Loi de 2017 sur la
richesse et les ressources naturelles (souveraineté permanente) ; la Loi de 2017 sur la richesse et les ressources naturelles (examen et renégociation des clauses
abusives) au Burkina Faso, au Sénégal et au Kenya (adoption des règlements pour l’application des nouvelles lois minières), au Niger (Ordonnance n°2017-03 du
30 juin 2017 portant modification et complément de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Législation minière;
75
À titre d’exemple, au Cameroun, l’alinéa 3 de l’Article 2 de la Loi n°2013/004 du 18 avril 2013 portant mesures d’incitation à l’investissement privé en République
du Cameroun stipule que : «[l]es dispositions de la présente Loi ne s’appliquent pas aux investissements dans les secteurs régis par des textes particuliers, notamment
le secteur pétrolier amont, le secteur minier et le secteur gazier, ainsi qu’au régime général des contrats de partenariat.»
Voir également, au Burkina Faso, l’Article 4 de la Loi n°62/95/ADP du 14 décembre 1995 portant Code des investissements, tel que modifié par la Loi n°15-1997
du 17 avril 1997, la Loi de finances 2009 et la Loi n°07-2010 du 29 janvier 2010 ; en République centrafricaine, l’Article 5 de la Loi 01-010 du 16 juillet 2001
portant promulgation de la Charte des investissements ; en République du Congo, l’Article 5 du Décret n°12/046 du 1er novembre 2012 portant application du
Code des investissements ; en République démocratique du Congo, l’Article 3 de la Loi n°004 du 21 février 2002 portant Code des investissements ; en Côte
d’Ivoire, l’Article 4 de l’Ordonnance n°2012-487 du 7 juin 2012 portant Code des investissements ; en Éthiopie, l’Article 3 portant proclamation du Code des
investissements n°280/2002 ; au Ghana, l’Article 17 de la Loi sur les investissements ; en Guinée, l’Article 9 de l’Ordonnance n°001/PRG/87 du 3 janvier 1987
modifiée par la Loi n°L/95/029/CTRN du 30 juin 1995 ; en Libye, l’Article 27 de la Loi n°9/2010 ; à Madagascar, l’Article 2 de la Loi n°2007-036 du 14 janvier 2008
sur les investissements à Madagascar ; en Mauritanie, l’Article 2 de la Loi n°2002-03 portant Code des investissements ; au Mozambique, l’Article 3 de la Loi n°3/93
; et à Sao Tomé-et-Principe, l’alinéa 3 de l’Article premier de la Loi n°7/2008 du 27 août 2008 portant Code des investissements.

44
CADRE LEGAL

Les directives sont contraignantes pour les États membres de la CEDEAO, les conditions
de réalisation de leurs objectifs étant laissées à la discrétion des États membres. Le nouvel
Article 9 du Traité révisé de la CEDEAO stipule que : «Les directives sont des actes par
lesquels la Conférence ou le Conseil fixe les objectifs à atteindre pour les États membres, en
laissant à chacun d’eux la liberté de décider des procédures à appliquer pour atteindre ces
objectifs. Les directives sont des actes contraignants pour les États» 87.

Désormais, contrairement à une réglementation directement exécutoire et applicable, les


États membres sont tenus d’adopter les lois et règlements nécessaires pour se conformer
aux dispositions des directives. Ainsi, la Directive de la CEDEAO précise en son article
22 que «l’État doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour se conformer à la présente
directive au plus tard le 1er juillet 2014»88 . À cet égard, il convient de mentionner que
lorsqu’un État membre ne s’acquitte pas ses obligations à l’égard de la Communauté, tels
que les objectifs fixés par directive, la Conférence peut prendre des sanctions à l’encontre
dudit État membre 89.

La Directive de la CEDEAO vise à doter les États membres d’une politique minière et
d’un cadre juridique harmonisé tout en tenant compte de l’état de développement de
leur secteur minier. Elle énonce les principes directeurs concernant principalement la
propriété de la gestion des ressources naturelles, la protection de l’environnement, la
protection de l’intérêt national et l’accès à l’information minière.

Il est donc rappelé que les ressources naturelles sont la propriété de l’État et sont gérées
dans l’intérêt de la population. Leur exploitation devrait tenir compte de la préservation
de l’environnement et des intérêts des communautés locales. La Directive de la CEDEAO
subordonne les exonérations fiscales et douanières au respect des obligations sociales et
environnementales. Il est également précisé que l’État peut participer au capital social des
sociétés minières90.

Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC)

Le mouvement d’harmonisation des normes minières, lancé en Afrique de l’Ouest, s’est


étendu à l’Afrique centrale dans le cadre de la CEMAC où l’on attend l’adoption d’un Code
minier communautaire.

Union Africaine

Au-delà de ces réglementations régionales, l’Union africaine a adopté en 2009 la Vision


minière africaine. L’objectif de la Vision minière africaine est de promouvoir une
exploitation transparente, équitable et optimale des ressources minérales, afin de soutenir

76
À titre d’exemple, voir l’Article 4 de la Loi n°15/1998 portant promulgation de la Charte des investissements du Gabon : «[d]es textes particuliers complètent
les dispositions de la Charte pour préciser les conditions techniques, fiscales et financières de l’investissement et de l’exploitation dans certains secteurs spécifiques,
notamment ceux relatifs à l’exploitation et à la transformation des ressources naturelles.»
Voir également l’Article 3 de la Loi de 2004 de la Sierra Leone sur la promotion de l’investissement : «[o]utre la présente Loi, il existe d’autres textes législatifs
prévoyant des investissements dans les entreprises commerciales concernées par le tourisme, la pêche, les mines et les minéraux, les banques, les institutions financières
non bancaires et autres activités commerciales, y compris des questions telles que les incitations pour ces investissements».
77
En particulier, au Sénégal, l’Article 2 de la Loi n°2004-06 du 6 février 2004 portant Code des investissements stipule que : «[l]e présent Code s’applique à toutes
les entreprises qui exercent leurs activités dans l’un des Secteurs suivants : [...] extraction ou transformation de substances minérales.»
78
Voir, à cet effet, au Bénin, l’alinéa 5 de l’Article 23 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière de la République du Bénin, qui
stipule que : «[e]n se référant au code des investissements, le demandeur peut solliciter le bénéfice des dispositions dudit code qu’il juge plus favorables».
79
Règlement n°18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire. Voir Thierry Lauriol et Sophie Da Cunha «La règlementation
minière en Afrique de l’Ouest : une multiplicité des normes», publié dans Études à la mémoire de Fernand-Charles Jeantet (LexisNexis Litec 2010) 261.

45
CADRE LEGAL

une croissance durable et un développement socioéconomique à large assise. La vision


commune repose sur les objectifs suivants : un secteur minier africain axé sur le savoir qui
catalyse la croissance et le développement à grande échelle d’un marché unique africain et
qui y est pleinement intégré et y contribue ; un secteur minier qui contribue à mettre en
place une plateforme africaine compétitive en matière d’infrastructures, en maximisant
ses liens économiques locaux et régionaux dynamiques ; un secteur minier qui exploite
le potentiel des activités artisanales et à petite échelle pour stimuler l’entreprenariat local/
national, améliorer les moyens de subsistance, promouvoir un développement social et
économique rural intégré, etc.

3.2.4. Un cadre juridique et réglementaire pour s’attaquer aux


problèmes de corruption et favoriser la transparence ainsi que la
bonne gouvernance dans le secteur minier africain

La corruption a un effet dévastateur sur la stabilité des États et le développement efficace


de leur économie. Elle demeure un problème récurrent sur le continent africain et touche
particulièrement le secteur minier.

La corruption entrave la croissance économique, notamment en décourageant les


investissements étrangers et en provoquant des distorsions dans l’allocation des ressources.
Ce fléau touche autant les États que les investisseurs privés : si les acteurs privés subissent
une augmentation des coûts91, les États, eux, voient leurs recettes chuter92. Selon les
estimations de l’Union africaine, la corruption représente 25 % du produit intérieur brut
des États africains, soit 148 milliards de dollars EU93. Le secteur des industries extractives
est particulièrement touché et représente 19 % des cas de corruption 94.

Les gouvernements africains sont de plus en plus déterminés à s’attaquer aux problèmes
de corruption dans leur secteur minier. Plusieurs mesures sont mises en œuvre par les
États africains à cet égard, telles que l’accès du public aux conventions minières et autres
informations, les dispositions relatives aux sanctions pénales en cas de corruption, la
mise en œuvre de la coopération judiciaire entre États, etc. En outre, un nombre croissant
d’États africains ont inclu dans leurs lois et réglementations minières des références à des
principes tendant à favoriser la transparence et la bonne gouvernance du secteur minier
et à s’attaquer aux problèmes de corruption.

Convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption

Dans ce contexte, il convient de mentionner la Convention de l’Union africaine sur la


prévention et la lutte contre la corruption datée du 11 juillet 2003. Cet instrument (signé
par 48 États et ratifié par 37) représente une innovation majeure dans la lutte contre la
corruption. En effet, cette Convention permet au public d’accéder à l’information et facilite
80
Article 2 du Règlement n°18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire.
81
Voir, en particulier, les Articles 4 et 5 du Traité de l’UEMOA du 10 janvier 1995.
82
L’Article 43 du Traité de l’UEMOA du 10 janvier 1995 stipule que : « [l]es règlements ont une portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et
sont directement applicables dans tout État membre. Les directives lient tout État membre quant aux résultats à atteindre. Les décisions sont obligatoires dans
tous leurs éléments pour les destinataires qu’elles désignent. Les recommandations et les avis n’ont pas de force exécutoire. »
83
Cette protection de la propriété est assurée notamment par la libre fourniture de biens meubles et immeubles, corporels ou incorporels, la protection contre la
nationalisation, l’expropriation ou la réquisition.
84
62e session ordinaire du Conseil des ministres des 26 et 27 mai 2009.
85
40e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des 16 et 17 février 2012. Acte additionnel A/S A.18/02/12 sur l’adoption de la
Politique de développement des ressources minérales de la CEDEAO (PDRMC).

46
CADRE LEGAL

la participation de la société civile à la lutte contre la corruption. Elle définit également


les obligations en matière de sanctions pénales et facilite la coopération judiciaire entre
les États. Le champ d’application de cet instrument demeure toutefois limité. Le degré
de flexibilité accordé aux États dans son application conduit souvent à une application
disparate et inefficace de ses dispositions. Nonobstant ce qui précède, la Convention
prévoit des mécanismes de contrôle dans le cadre de l’Union africaine, ce qui se traduit
dans les faits par la création d’un comité consultatif sur la corruption, qui a pour but
d’assurer le suivi de l’application de la Convention95.

3.2.5. Initiative pour la transparence dans les industries extractives


(ITIE)

Les gouvernements africains prennent de plus en plus en compte les questions liées à la
transparence dans le cadre de leurs politiques minières96.

La participation des États africains à l’Initiative pour la transparence dans les industries
extractives («ITIE») témoigne de la volonté des pouvoirs publics de mettre en place un
cadre propice à l’investissement dans le secteur minier. L’ITIE est une norme mondiale
visant à promouvoir une gestion ouverte et responsable des ressources pétrolières, gazières
et minérales. Elle a pour objectifs d’instaurer la confiance, d’améliorer la gouvernance, de
renforcer la gestion économique, de favoriser l’engagement de la société civile, d’améliorer
l’environnement des affaires, de réduire la corruption, etc.

Cette initiative fait suite à la Conférence de Lancaster House, organisée par le


gouvernement britannique à Londres en 2003. Une déclaration de principes visant
à accroître la transparence des paiements et des revenus dans le secteur des industries
extractives a été adoptée lors de cette Conférence et comprend douze principes, connus
sous le nom de Principes de l’ITIE. Ces douze principes constituent la pierre angulaire de
l’Initiative :
«Nous partageons la même conviction que l’exploitation prudente des richesses
en ressources naturelles devrait constituer un moteur important pour une
croissance économique qui contribue au développement durable et à la réduction
de la pauvreté mais qui, faute d’une bonne gestion, peut avoir des répercussions
défavorables sur le plan économique et social.
Nous affirmons que la gestion des richesses issues des ressources naturelles au profit
des citoyens d’un pays relève de la compétence des gouvernements souverains, qui
l’exercent dans l’intérêt de leur développement national.
Nous reconnaissons que les avantages de l’extraction des ressources se manifestent
sous la forme de flux de recettes s’étalant sur un grand nombre d’années et peuvent
dépendre fortement des prix.

86
Voir, en particulier, l’Article 3(1) et l’Article 3(2.a) du Traité de la CEDEAO du 24 juillet 1993 qui stipulent respectivement que : « [l]a Communauté vise à
promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples,
de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les États Membres et de contribuer au progrès et au développement du
continent africain » et « [a]fin de réaliser les buts énoncés au paragraphe ci-dessus, et conformément aux dispositions pertinentes du présent Traité, l’action de
la Communauté portera par étapes sur : a) l’harmonisation et la coordination des politiques nationales et la promotion de programmes, de projets et d’activités,
notamment dans les domaines de l’agriculture et des ressources naturelles, de l’industrie, des transports et communications, de l’énergie, du commerce, de la
monnaie et des finances, de la fiscalité, des réformes économiques, des ressources humaines, de l’éducation, de l’information, de la culture, de la science, de la
technologie, des services, de la santé, du tourisme, de la justice ».
87
Acte additionnel A/SA.3/01/10 portant modification de l’Article 9 du Traité de la CEDEAO tel que modifié par le Protocole additionnel A/SP.1/06/06.
88
En outre, la Directive précise en son Article 22(4) que le Président de la Commission de la CEDEAO désigne un comité ad hoc chargé de suivre l’application
de la Directive par les États membres.
89
Article 77 du Traité de la CEDEAO.

47
CADRE LEGAL

Nous reconnaissons que la compréhension du public des revenus et des dépenses


des gouvernements sur la durée est susceptible de contribuer au débat public et
de faciliter le choix d’options appropriées et réalistes favorisant le développement
durable.
Nous soulignons l’importance, pour les gouvernements et les entreprises extractives,
d’assurer la transparence, ainsi que la nécessité de renforcer la gestion des finances
publiques et de faire respecter l’obligation de rendre des comptes.
Nous reconnaissons qu’il convient de situer les efforts pour parvenir à une plus
grande transparence dans un contexte de respect des contrats et des lois.
Nous reconnaissons que la transparence financière est un moyen susceptible de
contribuer à l’amélioration du climat pour l’investissement direct intérieur et
étranger.
Nous croyons au principe et à la pratique de la responsabilité du gouvernement
vis-à-vis de tous les citoyens en ce qui concerne la gestion des flux de revenus et
des dépenses publiques.
Nous nous engageons à encourager le respect de hauts niveaux de transparence et
de responsabilité dans la vie publique, le fonctionnement de l’État et le monde des
affaires.
Nous croyons à la nécessité d’une approche cohérente et réalisable de la divulgation
des paiements et des revenus, cette approche devant être simple à adopter et à
appliquer.
Nous sommes d’avis que la divulgation des paiements dans un pays donné devrait
impliquer toutes les entreprises extractives présentes dans ce pays.
Lorsqu’il s’agit de trouver des solutions, nous considérons que toutes les parties
prenantes – les gouvernements et leurs entités, les entreprises extractives, les
sociétés de service, les organisations multilatérales, les organisations financières,
les investisseurs et les organisations non-gouvernementales – ont des contributions
importantes et pertinentes à apporter.

À ce jour, 18 États africains respectent les exigences de l’ITIE97. D’ailleurs, les États insèrent
des dispositions sur l’application des normes de l’ITIE dans leurs législations98. En outre,
les sociétés internationales cotées en bourse (qui ont de nombreuses obligations en la
matière) favorisent la prise en considération de ces problématiques.

Les lois anti-corruption d’application extraterritorial

Lorsqu’il s’agit d’appréhender le cadre juridique visant à combattre la corruption dans le


secteur des mines en Afrique, il convient également de faire référence aux lois étrangères
contre la corruption, qui (en raison de leur effet extraterritorial) s’appliquent effectivement
en Afrique. C’est le cas de la Loi américaine sur les pratiques de corruption à l’étranger de
1977 (FCPA) ou de la loi du Royaume-Uni contre la corruption datant de 2010.
90
Par conséquent, l’Article 10 de la Directive C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 sur l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier
dispose que : « [u]ne autorité compétente d’un État membre peut par avis écrit demander à une société minière de lui octroyer une action spéciale, quel qu’en soit
le nom donné par la société. 2. Les actions spéciales constituent une catégorie spéciale d’actions et les droits qui y sont attachés sont déterminés d’un commun
accord entre l’autorité compétente de l’État membre et le titulaire du droit ou de titre minier. 3. Un État membre peut également participer au capital des sociétés
minières opérant sur son territoire dans des conditions fixées d’un commun accord. »
91
Selon les estimations du Forum économique mondial, la corruption accroît le coût des activités de 10 % en moyenne (OCDE, CleanGovBiz: Integrity in
practice, OCDE 2014).
92
Voir OCDE, CleanGovBiz : Integrity in practice, pp. 2-3.
93
Voir OCDE, CleanGovBiz : Integrity in practice, p. 3.
94
OCDE, Foreign Bribery Report: An Analysis of the Crime of Bribery of Foreign Public Officials (OCDE, 2014), p. 8.
95
Article 22 de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption.
96
Le gouvernement guinéen a essentiellement créé le Comité technique de révision des titres et des conventions minières pour améliorer la transparence dans la
gestion du secteur minier en République de Guinée.

48
CADRE LEGAL

Les dispositions anti-corruption de la Loi américaine sur les pratiques de corruption à


l’étranger de 1977 s’appliquent aux actes commis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des États-
Unis. Elles couvrent et sanctionnent les paiements destinés à influencer un fonctionnaire
étranger à user de sa position pour faciliter l’obtention ou l’orientation d’une décision ou
l’obtention d’une faveur pour quiconque.

La loi du Royaume-Uni contre la corruption s’applique également aux conduites en


dehors du Royaume-Uni. Elle sanctionne les comportements de corruption active (offrir,
promettre ou donner un pot-de-vin) et passive (demander, accepter de recevoir ou
accepter un pot-de-vin). Ce texte prévoit des sanctions, en particulier en ce qui concerne :
• la corruption d’un agent public étranger, c’est-à-dire les dispositions relatives
aux infractions d’offre ou de réception de pots-de-vin, de corruption d’agents
publics étrangers et du manquement d’empêcher qu’un pot-de-vin soit versé au
nom d’une organisation ; ou

• le manquement des organisations commerciales à prévenir la corruption,


c’est-à-dire la création d’une nouvelle forme de responsabilité des personnes
morales pour avoir omis de prévenir la corruption au nom d’une organisation
commerciale.
3.3. Typologie des contrats, des licences et des permis

3.3.1. Observations générales

L’ octroi d’un titre minier est une condition préalable à l’exercice des activités minières99.
Il existe cependant de nombreuses exceptions à ce principe, en particulier lorsque les lois
nationales autorisent leurs citoyens, dans certaines conditions (telles qu’en cas d’absence
de droits prioritaires) à exploiter les ressources naturelles sans titre minier100.

La convention minière conclue avec l’État est basée sur le titre minier délivré par l’autorité
minière. Ainsi, dans le secteur minier, l’octroi de droits miniers demeure la norme et,
l’absence de tels droits, l’exception.

3.3.2. Droits miniers

Un droit minier ou titre minier résulte d’un acte administratif de l’État. Il permet à son
titulaire, dans un périmètre déterminé et pour certaines substances, d’entreprendre des
activités minières.

Il existe une grande diversité de droits miniers selon les différentes étapes du projet.

97
Les pays africains suivants satisfont à toutes les exigences de l’ITIE : Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie,
Mozambique, Niger, Nigéria, République démocratique du Congo, République du Congo, Sierra Leone, Tanzanie, Tchad, Togo et Zambie (données recueillies à
l’adresse https://eiti.org/fr/countries). Il convient de noter que, bien que les pays africains énumérés ci-après appliquent ces principes, ils n’ont pas encore été jugés
conformes aux exigences de l’ITIE. Il s’agit de l’Éthiopie, de Madagascar, de Sao Tomé-et-Principe, du Sénégal et des Seychelles.
98
Voir par exemple la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier de la République de Côte d’Ivoire, dans le chapitre consacré à l’engagement en
faveur des principes de bonne gouvernance, relatif à l’application des Principes de l’Équateur et des principes de l’ITIE (Articles 117 et suivants du Code minier).
Enfin, au Burkina Faso, l’alinéa 3 de l’Article 6 de la Loi n°036-2015/CNT du 16 juin 2015 portant Code minier du Burkina Faso dispose que : « [l]’État réaffirme
son adhésion à tout initiative de bonne gouvernance dans le secteur minier notamment, le Processus de Kimberley et l’Initiative pour la transparence dans les
industries extractives (ITIE)»
99
Parmi les nombreuses applications, on peut citer : en Éthiopie, l’Article 7(1) de la Proclamation n°678/2010 portant sur la promotion du développement durable
des ressources minérales, qui stipule que : « [n]ul ne peut entreprendre des opérations minières sans avoir obtenu la licence correspondante en vertu de la présente
Proclamation ». Au Congo, voir l’Article 10 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, voir l’Article 5 de la Loi n°2014-138 du
24 mars 2014 portant Code minier.

49
CADRE LEGAL

Selon la phase concernée, les codes miniers et leurs textes d’application prévoiront l’octroi
d’une autorisation de prospection, d’un permis d’exploration et d’un permis de production
ou d’exploitation.

Cette affirmation doit être nuancée, étant donné que certaines législations nationales
prévoient l’octroi de droits miniers supplémentaires. Tel est le cas, par exemple, des permis
ou licences de rétention délivrés par l’autorité de délivrance des licences au demandeur
lorsqu’un gisement ayant une importance commerciale potentielle est découvert et que le
gisement en question ne peut être exploité immédiatement pour des raisons temporaires
(telles que des conditions de marché défavorables, d’autres facteurs économiques ou des
technologies de transformation non disponibles)101.

Par ailleurs, l’exploitation d’un gisement revêt diverses formes, en fonction notamment du
volume d’activité, des montants investis, du mode de réalisation des opérations minières ou
de la ressource concernée. Il faut donc faire la distinction entre l’exploitation à grande ou à
petite échelle102. En ce qui concerne les modalités d’exercice de l’activité, les codes miniers
distinguent notamment les opérations d’exploitation semi-mécanisée, d’exploitation
artisanale103, semi-industrielle104 ou d’exploitation industrielle105. Enfin, dans le cas des
ressources minérales, il convient d’établir une distinction entre l’exploitation minière et
l’exploitation des carrières ainsi que l’exploitation des résidus miniers. Ces différents types
d’exploitation donnent lieu à une grande variété de droits miniers.

La portée et le contenu des titres miniers varient en fonction de la phase concernée, mais
aussi selon le pays concerné.

Titres miniers de prospection

La phase de prospection, également appelée «reconnaissance»106, est généralement


considérée comme la première étape des opérations minières. Elle permet de réaliser les
travaux préliminaires d’observation de surface ou de levés manuels, afin de mettre en
évidence les sites susceptibles de présenter un intérêt minier. L’activité de prospection
correspond à la première étape de la phase d’exploration.

En principe, le droit de prospection ne peut être acquis qu’en vertu d’une autorisation
ou d’un permis de prospection délivré par l’autorité concédante107. Toutefois, certaines
législations nationales peuvent prévoir que le droit de prospecter sur le territoire national
est libre, sous réserve d’une déclaration préalable de l’exploitant privé108 et des autorisations
nécessaires des propriétaires privés des zones concernées. Ainsi, nul ne peut en principe
entreprendre des opérations de prospection sans bénéficier d’une autorisation.

100
À titre d’exemple, en Éthiopie, l’Article 7(5) de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales stipule que
: « [t]out Éthiopien peut effectuer des reconnaissances sans être titulaire d’une licence, à condition de ne pas porter atteinte aux droits d’un titulaire de licence
ou de toute autre personne ».
101
Voir, par exemple, en Éthiopie, l’Article 23 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion durable des ressources minérales.
102
Voir, à cet effet, dans le secteur minier, en République démocratique du Congo, l’Article 98 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier, qui
stipule que : « [l]orsque les conditions techniques caractérisant certains gisements des substances minérales ne permettent pas d’en faire une exploitation à grande
échelle économiquement rentable, mais permettent une exploitation minière de petite taille avec un minimum d’installations fixes utilisant des procédés semi-
industriels ou industriels, ceux-ci sont considérés comme gisements d’exploitation minière à petite échelle. »
103
L’exploitation artisanale désigne « toute activité par laquelle une personne physique de nationalité centrafricaine d’origine se livre, dans une zone d’exploitation
artisanale délimitée en surface et en profondeur jusqu’à trente mètres au maximum, à extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant des outils, des
méthodes et des procédés non industriels, manuels et peu mécanisés ».

50
CADRE LEGAL

L’autorisation de prospection est généralement octroyée de manière précaire et révocable;


tout retrait éventuel d’autorisation ou les restrictions qui peuvent y être apportées ne
donnent lieu à aucune indemnisation.

Le droit d’effectuer des travaux de prospection n’est pas exclusif109 et peut s’exercer
simultanément sur un même périmètre110. L’exclusivité du droit de prospection est
toutefois admise par certaines législations nationales, tant en Afrique francophone111
qu’en Afrique anglophone 112.

Nonobstant certaines exceptions113, le droit de prospection est valable sur tout le


périmètre défini par le permis. De même, dans le cadre de l’exploitation minière, le droit
de prospection s’applique aux substances mentionnées dans le permis ou l’autorisation.
Les droits du bénéficiaire du permis de prospection étant limités aux substances qu’il
mentionne, les législations nationales peuvent lui offrir la possibilité de solliciter
l’extension du permis aux substances découvertes et non incluses dans le permis114.

Les droits conférés par l’autorisation de prospection sur les substances découvertes sont
également limités. Ainsi, sauf exceptions115, le permis ou l’autorisation de prospection
ne confère à son titulaire aucun droit d’exploitation ou d’aliénation des substances
découvertes116. Toutefois, les opérations de prospection exigent que des échantillons
soient prélevés pour analyse117. Dans le cadre de l’analyse des substances découvertes, le
bénéficiaire de la licence ou de l’autorisation peut alors déplacer les substances extraites à
l’intérieur et, sous certaines conditions, à l’extérieur du territoire national 118.
La propriété des données obtenues lors des opérations de prospection est généralement
assujettie à des dispositions légales. À cet égard, la législation nationale peut accorder à
l’État la propriété des données obtenues dans le cadre d’opérations de prospection. Les
intérêts de l’État seront également protégés par une série de dispositions imposant au
titulaire du permis de transmettre gratuitement à l’autorité compétente les informations
recueillies et les résultats obtenus pendant la phase de prospection119, notamment sous
la forme d’un rapport120. La législation nationale peut parfois prévoir que les données
obtenues pendant la phase de prospection puissent être cédées par le titulaire du permis,
auquel cas les bénéfices tirés de cette cession doivent être répartis entre l’État et le titulaire
de la licence.

De manière générale, il convient de souligner que le droit à la prospection est accordé pour
une période relativement courte 121. Ce droit peut être prorogé122 ou renouvelé123. Enfin, il
convient de noter que certaines législations africaines n’autorisent pas le renouvellement
des permis ou des autorisations de prospection124.

104
L’exploitation semi-industrielle désigne « tout exploitation minière de petite taille, permanente, fondée sur la justification de l’existence d’un Gisement,
utilisant selon les règles de l’art, des procédés semi-industriels et font la production annuel en régime de croisière n’excède pas un certain tonnage du produit
commercialisable (minerai concentré ou métal) fixé par substance et par la réglementation minière ».
105
L’exploitation industrielle s’entend de « toute exploitation fondée sur la mise en évidence préalable d’un gisement, possédant des installations fixes, nécessaires
pour la récupération dans les règles de l’art, de minerais exploités par des précédés industriels ».
(en République centrafricaine, voir l’Article 1er de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier).
106
Voir, par exemple, en Guinée, les Articles 42 et suivants de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
107
Voir, en Algérie, l’Article 94 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière ; au Bénin, voir les Articles 4 et 14 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006
portant Code minier et fiscalité minière en République du Bénin.
108
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 17 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier. Dans ce cas, l’autorité
compétente délivre un certificat de prospection à l’exploitant privé (Article 18 de ladite Loi). Voir également, à Madagascar, l’Article 20 de la Loi n°99-022 du
19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005. Dans ce cas, bien que la prospection ne soit pas soumise à autorisation,
l’exploitant peut néanmoins demander qu’une autorisation exclusive lui soit accordée pour réserver le périmètre (Articles 21 et suivants de ladite Loi).

51
CADRE LEGAL

Titres miniers de recherche

Les activités d’exploration sont en principe réservées aux titulaires d’un droit minier:
le permis d’exploration125. Toutefois, les activités d’exploration ne donnent pas
nécessairement lieu à l’octroi d’un droit minier et peuvent conduire à l’octroi de simples
autorisations par des moyens administratifs, en particulier dans le cas de l’exploitation
minière artisanale ou de l’exploitation des carrières.

L’ octroi d’un permis d’exploration peut donner lieu à la signature d’une convention
minière126. Un tel accord peut également être signé à un stade ultérieur des activités
minières (c’est-à-dire à la phase de production).

Le permis d’exploration confère à son titulaire, à l’intérieur du périmètre, le droit de


rechercher les substances définies spécifiquement dans ce permis. Contrairement aux
permis ou autorisations de prospection, le permis d’exploration confère à son titulaire
un droit exclusif127. Ainsi, aucun droit minier ne peut couvrir un périmètre faisant
déjà l’objet d’un permis d’exploration128. Toutefois, l’existence d’un permis d’exploration
n’empêche pas l’octroi d’un autre permis d’exploration pour des substances différentes,
comme les substances de carrière129 ou les hydrocarbures, lorsque le permis d’exploration
vise des substances minérales130. L’octroi de tels droits, sur un périmètre couvert par un
permis d’exploitation minière, présuppose que les travaux n’entraveront pas les activités
d’exploration et peut nécessiter le consentement préalable du titulaire du permis. Une
entente préalable entre chaque titulaire de permis et l’autorité minière ou entre l’autorité
minière et tous les titulaires de permis est utile dans la pratique, mais elle est souvent mal
conçue ou simplement négligée.

Les activités d’exploration sont menées par le titulaire d’un permis d’exploration (dans les
limites du périmètre) en surface, mais aussi en profondeur131.

Afin d’empêcher les sociétés minières de bloquer des surfaces sans effectuer de travaux
d’exploration, les codes miniers prévoient de plus en plus une surface maximale ou
minimale132 et précisent la forme du périmètre couvert par le droit d’exploration minière133.

Les opérations d’exploration ne peuvent porter que sur les substances visées par le permis
d’exploration. Toutefois, le titulaire du permis peut demander l’extension du permis
d’exploration à d’autres substances si les travaux révèlent la présence de substances non
couvertes par ledit permis. L’extension, qui peut être demandée par le titulaire d’un
permis d’exploration, peut couvrir les substances concernées, mais également le périmètre
couvert par le droit minier134. Certaines réglementations prévoient qu’en cas de découverte

109
Voir, en particulier, à cet effet, au Bénin, l’Article 15 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière en République du Bénin ;
en Éthiopie, l’Article 16 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; en Namibie, l’Article 16 de la Loi
de 1992 sur la prospection des ressources minérales et l’exploitation minière ; en Ouganda, l’Article 23(1) de la Loi minière de 2003 ; au Swaziland, l’Article 38(1)
de la Loi sur les mines et les ressources minérales de 2011 ; au Togo, l’Article 11 de la Loi n°2003-012 du 4 octobre 2003 portant modification du Code minier.
110
Voir, en particulier, en République du Congo, l’Article 19 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en Tunisie, l’Article 15 de la Loi n°2003-30
du 28 avril 2003 portant Code minier.
111
Voir, en particulier, au Mali, l’Article 27 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; en Algérie, l’Article 96 de la Loi n°01-10 du 3 juillet
2001 portant Loi minière.
112
Voir, en particulier, au Malawi, l’Article 20(4) de la Loi sur les mines et les ressources minérales, 1981.
113
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 15 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière de la République du Bénin, qui stipule
que : «[s]ous réserve de l’Article 7 de la présente Loi, l’autorisation de prospection confère à son titulaire, sur tout le territoire de la République du Bénin ne faisant
pas déjà l’objet d’un permis de recherche ou d’exploitation et pour toutes les substances minières ou de carrière, le droit non exclusif de procéder concurremment
avec les autres titulaires d’autorisation de prospection valable, à des activités de prospection.»

52
CADRE LEGAL

de substances non couvertes par le titre minier, l’extension du permis à ces nouvelles
substances est de droit135.

Le permis d’exploration permet également au titulaire de disposer d’échantillons pour des


travaux d’investigation136, notamment afin de réaliser des tests et d’analyses industriels.
Les activités du titulaire d’un permis d’exploration ne peuvent prendre la forme de travaux
de production. Ce principe fait toutefois l’objet d’exceptions lorsque le titulaire d’un
permis d’exploration est autorisé à effectuer des travaux d’exploitation à titre provisoire.
Cette autorisation permet d’entreprendre de façon provisoire des travaux de production
sur le périmètre couverte par le permis de recherche. De plus, le titulaire d’un permis
d’exploration pourrait demander la conversion partielle du permis d’exploration en
permis d’exploitation minière137.

Le titulaire d’un permis d’exploration doit respecter le programme de travail et les


engagements financiers définis dans le titre minier. Le non-respect par l’exploitant du
programme de travail ou des engagements financiers peut entraîner des conséquences
graves et donner lieu au refus de renouveler le permis d’exploration, le retrait du droit
minier, la réduction automatique de la superficie du permis et parfois le paiement d’une
pénalité138.

Le titulaire d’un permis d’exploration a droit à l’octroi d’un droit minier de production139.
Ainsi, le titulaire d’un permis d’exploration bénéficiera d’une priorité140, voire d’une
exclusivité141, pour l’octroi d’un permis d’exploitation. Certaines juridictions prévoient que
le titulaire d’un permis d’exploration est tenu, dans le cas d’une découverte commerciale,
de demander l’octroi d’un permis de production. L’octroi d’un permis d’exploitation ou
de production entraîne l’annulation du permis d’exploration sur le périmètre concerné,
étant donné que deux licences pour la même substance ne peuvent être concurrentes
dans les phases d’exploration et de production. Toutefois, un permis d’exploitation
minière permettra à son titulaire de poursuivre les travaux d’exploration à l’intérieur de
son périmètre.

Le permis d’exploration est accordé pour une durée limitée, qui peut être prorogée
à certaines conditions définies par la législation nationale. Le titulaire d’un permis
d’exploration peut également en demander le renouvellement. La réglementation peut
subordonner le renouvellement au respect par le titulaire du permis de ses obligations142.

En cas de non-respect des engagements de dépenses minimales ou du programme de


travail, le renouvellement du permis d’exploration peut être subordonné au versement
d’une indemnité correspondant généralement à la différence entre l’engagement financier
initial et le montant dépensé ou le montant nécessaire pour achever le programme de
travaux. Si les exigences du permis d’exploration sont satisfaites, le renouvellement sera
114
Voir, en particulier, à cet égard, en République du Congo, l’Article 24 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; au Lesotho, l’Article 25(1) de la
Loi de 2005 sur les mines et les ressources minérales ; au Mali, l’Article 28 de la Loi n°2012-015 du 27 mai 2012 portant Code minier.
115
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 44 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier, qui stipule que : «[l]e titulaire d’une
autorisation de reconnaissance a droit à la libre disposition des produits extraits à l’occasion de ses recherches et essais, à condition que ces travaux ne revêtent
pas le caractère de travaux d’exploitation, sous réserve d’en faire la déclaration à la Direction Nationale des Mines et de respecter toutes les dispositions prises par
la réglementation minière concernant les substances minières extraites.»
116
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 18 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière en République du Bénin ; en Côte
d’Ivoire, l’Article 46 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; au Tchad, l’Article 15 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code
minier.
117
Voir, en particulier, à cet effet, en Sierra Leone, l’Article 64(2) de la Loi sur les mines et les ressources minérales, 2009.
118
Voir, en particulier, en République du Congo, l’Article 19 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République démocratique du Congo,
l’Article 21 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.

53
CADRE LEGAL

généralement accordé automatiquement au titulaire du permis 143.

En règle générale, le renouvellement d’un permis d’exploration donne lieu à l’abandon


d’une partie du périmètre à l’État. Ce rendu de surface est prévu par de nombreux textes144.

Titres miniers d’exploitation

Les travaux entrepris durant la phase d’exploration peuvent révéler l’existence d’un
gisement commercial et ainsi mener à la phase de production du projet. Cette phase
concerne les travaux de développement et tous les travaux effectués pour extraire
les ressources minérales. De façon plus générale, elle est également destinée à inclure
des activités telles que les premières opérations de transformation145. Cette phase est
subdivisée en deux étapes : la phase de développement et la phase de production.

Cette analyse ne se veut donc pas exhaustive et ne précise pas le régime applicable à
chaque type de titres miniers. Elle en énonce simplement les grands principes.

Les opérations de production ne peuvent être effectuées que sur la base d’un titre minier
(concession, permis d’exploitation, etc.). Ce principe général s’applique également à
l’exploitation des carrières146 et à l’exploitation minière artisanale147. L’octroi d’un permis
d’exploitation minière fait suite à une découverte, généralement mise en évidence par
le titulaire d’un permis d’exploration. Ainsi, à la suite d’une découverte en quantités
commerciales, un titre minier de production peut être accordé à la personne qui
prouve l’existence d’un gisement148. Dans le cas où le droit minier n’est pas accordé à la
personne qui a découvert le gisement, l’«inventeur» peut parfois demander à redevoir une
indemnisation149.

L’ octroi d’un permis d’exploitation donne généralement lieu à la négociation et à la


signature d’une convention minière150 dont la durée coïncide avec celle du titre minier151.
Soit cette convention existera déjà dans la phase d’exploration et elle sera maintenue
avec quelques ajustements en fonction des spécificités de la découverte faite, soit une
convention spéciale sera négociée et signée.

L’ octroi d’un permis d’exploitation/de production ou d’une concession entraîne


l’annulation du permis d’exploration à l’intérieur du périmètre octroyé152 , sous réserve
des droits des autres titulaires de permis d’exploration d’autres substances.

119
Par exemple, en Algérie, l’Article 101 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière ; en Guinée, l’Article 42 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre
2011 portant Code minier ; au Lesotho, l’Article 28(3) et (4) de la Loi de 2005 sur les mines et les ressources minérales ; en Tunisie, l’Article 18 de la Loi n°2003-30
du 28 avril 2003 portant Code minier.
120
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 101 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière ; au Bénin, l’Article 17 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre
2006 portant Code minier et fiscalité minière ; en Ouganda, l’Article 24 de la Loi minière, 2003.
121
Pour l’autorisation de prospection d’une durée de trois ans, voir, en particulier : au Bénin, l’Article 16 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code
minier et fiscalité minière ; au Ghana, l’Article 34(2) de la Loi de 2006 sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; au Mali, l’Article 30 de la Loi n°2012-
015 du 27 février 2012 portant Code minier.
Pour les autorisations de prospection d’une durée de deux ans, voir, en particulier : au Lesotho, l’Article 24(1) de la Loi de 2005 sur les mines et les ressources
minérales ; au Zimbabwe, l’Article 23 de la Loi sur les mines et les ressources minérales.
Pour les autorisations de prospection d’une durée de 18 mois, voir, en particulier : en Éthiopie, l’Article 17 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du
développement durable des ressources minérales.
Pour les autorisations de prospection d’une durée d’un an, voir, en particulier : en Algérie, l’Article 97 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière ;
en Érythrée, l’Article 8(2) de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion du développement des ressources minérales ; au Malawi, l’Article 21 de la Loi de 1981
sur les mines et les ressources minérales ; au Niger, l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant modification de la Loi sur l’exploitation minière ; en Namibie,
l’Article 22 de la Loi de 1992 sur la prospection et l’exploitation minières ; en Tunisie, l’Article 14 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier.
Pour les autorisations de prospection d’une durée de six mois, voir, en particulier : en Guinée, l’Article 45 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant
Code minier.

54
CADRE LEGAL

Les droits conférés par le permis d’exploitation minière doivent être exercés à l’intérieur
du périmètre défini par le permis. Généralement, le périmètre sera déterminé en fonction
de la superficie du gisement pour lequel le droit minier est accordé 153. Il sera couvert par le
permis d’exploration sur la base duquel le permis d’exploitation est accordé154. À l’intérieur
du périmètre défini, les droits conférés au titulaire d’un droit minier de production
s’étendent en surface, mais aussi en profondeur155. Les droits conférés au titulaire d’un titre
minier de production artisanale s’étendent, pour la plupart, à une profondeur limitée156.

Le permis d’exploitation confère à son titulaire le droit exclusif de procéder, dans le


périmètre concerné, au développement et à l’exploitation des gisements situés dans ce
périmètre. L’octroi de droits exclusifs est largement accepté et s’applique en particulier
au titulaire d’un permis d’exploitation ou de production157, d’une concession158, d’une
autorisation d’exploitation minière artisanale159, d’une autorisation d’exploitation
des carrières160, d’une autorisation d’exploitation minière à petite échelle ou semi-
industrielle161. L’exclusivité accordée au titulaire d’un droit minier de production exclut
toute exploitation concurrente du gisement et présuppose donc qu’aucun autre droit
minier ne soit accordé sur le périmètre. Le titulaire d’un permis d’exploitation peut,
parallèlement aux activités d’exploitation, poursuivre des activités d’exploration162.

Les droits conférés à un exploitant privé ne concernent que les substances couvertes
par le permis d’exploitation. Si, au cours des travaux de production, l’exploitant privé
découvre des substances non couvertes par le droit minier, il est en principe tenu d’en
informer l’autorité compétente163, parfois sous peine de retrait du permis de production
et de poursuites judiciaires164. En cas de découverte d’autres substances à l’intérieur du
périmètre, le titulaire du permis peut demander l’extension de son titre aux substances
découvertes, sans que l’octroi de ladite extension ne soit automatique la plupart du
temps165.

Le permis d’exploitation minière, qui peut être étendu à d’autres substances, peut
également faire l’objet d’une transformation. Ainsi, un droit minier à petite échelle peut
être transformé en permis de production à grande échelle166 dans les conditions définies
par la réglementation.

Le développement et l’exploitation du gisement doivent commencer dans les délais


prescrits par les codes167, conventions minières ou programmes de travail validés par
l’autorité concédante168. Le délai dans lequel les travaux doivent débuter est susceptible de
varier d’un permis d’exploitation à un autre169. Si les travaux n’ont pas commencé dans les
délais impartis, le titulaire du permis d’exploitation s’expose à des pénalités de retard170 ou
même au retrait du droit minier171.

122
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 97 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière.
123
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 15 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; au Lesotho, l’Article 24(2) de la
Loi de 2005 sur les mines et les ressources minérales ; au Mali, l’Article 30 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; au Niger, l’Article 17 de
l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant modification de la Loi minière ; au Tchad, l’Article 15 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier
; en Tunisie, l’Article 14 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier.
124
Voir, en particulier, en Érythrée, l’Article 8(2) de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion du développement des ressources minérales ; en Éthiopie, l’Article
17 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales.
125
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 102 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière qui dispose que : «[n]ul ne peut entreprendre des travaux
d’exploration minière s’il n’est titulaire d’un permis d’exploration.»
126
Voir, en particulier, au Gabon, l’Article 35 de la Loi n°05-2000 du 12 octobre 2000 portant Code minier ; au Bénin, l’Article 23 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre
2006 portant Code minier et fiscalité minière.

55
CADRE LEGAL

Toutefois, certaines juridictions offrent au titulaire d’un permis d’exploitation minière la


possibilité de reporter le début des travaux ou de suspendre l’exploitation du gisement. Les
lois applicables peuvent prévoir que l’exemption est accordée si la raison invoquée est liée
à des conditions de marché défavorables pour les ressources concernées 172. Toutefois, cet
aménagement n’empêche pas l’État de procéder au retrait du droit minier dans le cas où la
suspension des travaux se prolonge dans le temps 173. De même, la suspension prolongée
des opérations d’exploitation est souvent susceptible d’entraîner le retrait du droit minier
de production.

Toujours dans le but d’assurer la rapidité et le bon déroulement des opérations


d’exploitation, la législation minière peut limiter la phase de développement174 à une
certaine durée, notamment en exigeant de l’exploitant de réaliser la phase de production
dans un délai précis175.

Les permis d’exploitation sont délivrés pour une durée déterminée, qui peut varier d’un
droit minier à un autre, notamment en fonction des substances concernées176. Une
fois le permis d’exploitation expiré, le titulaire peut demander une prorogation ou un
renouvellement éventuel(le).

Comme il en est des droits miniers d’exploration, les titulaires d’un permis d’exploitation
minière peuvent en principe y renoncer177 , dans les conditions prévues par la législation
applicable.

3.4. Comment les droits miniers sont-ils accordés ?

Les conditions d’octroi des droits miniers sont plus ou moins détaillées, ce qui laisse à
l’autorité concédante une marge d’appréciation variable selon les pays.

3.4.1. Conditions d’éligibilité

Les codes miniers et leurs textes d’application définissent les règles d’octroi des droits
miniers et déterminent les personnes qui peuvent et ne peuvent pas solliciter de tels droits.
Les conditions d’éligibilité édictées par les législations nationales sont de deux types :
les conditions relatives aux capacités de l’exploitant privé, d’une part, et les conditions
relatives aux personnes qui pourraient obtenir des droits miniers, d’autre part.

127
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 105 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière ; en République du Congo, l’Article 27 de la Loi n°4-2005
du 11 avril 2005 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 20 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; en Éthiopie, l’Article 18(1) de
la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; en Guinée, l’Article 19 de la Loi n°L/2013/n°053/CNT du 8
avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; à Madagascar, l’Article 33 de la Loi n°99-022 du 19 août
1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; en Sierra Leone, l’Article 77(1) de la Loi de 2009 sur les mines et les ressources
minérales ; au Tchad, l’Article 19 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier ; au Togo, l’Article 14 de la Loi n°2003-012 du 4 octobre 2003
portant modification et complément de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code minier ; en Tunisie, l’Article 31 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003
portant Code minier.
128
Voir, en particulier, à Madagascar, l’Article 36 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005, qui
stipule que : «[t]ant qu’un périmètre est couvert par un permis de recherche, aucun permis minier, aucune autorisation exclusive de réservation de périmètre ne
peuvent y être octroyés, hormis le permis d’exploitation sollicité par le titulaire dudit permis de recherche.»
Voir également, en Tunisie, l’Article 28 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier ; au Bénin, l’Article 25 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006
portant Code minier et fiscalité minière.
129
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 40 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; au Bénin, l’Article 25 de la Loi n°2006-17 du 17
octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; en République centrafricaine, l’Article 20 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; en
Côte d’Ivoire, l’Article 21 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; au Niger, l’Article 26 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant
modification de la Loi minière.
130
Voir, en particulier, l’Article 26 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant modification de la Loi minière.

56
CADRE LEGAL

Conditions relatives aux capacités de l’exploitant privé

Les projets miniers sont, par nature, complexes et coûteux. Un manque de connaissances
techniques ou un déficit de financement peuvent remettre en question l’ensemble
du projet. Pour s’assurer que la société minière dispose des ressources financières et
des connaissances techniques nécessaires à la conduite des opérations minières, les
législations nationales énoncent un ensemble de conditions relatives aux capacités de
l’exploitant privé.

Presque toutes les législations minières africaines exigent de l’exploitant privé qu’il
détienne les capacités techniques et financières nécessaires au bon déroulement des
opérations178.

L’ obligation pour l’exploitant privé d’avoir la capacité financière nécessaire à la conduite


des opérations est parfois soumise à l’insertion de dispositions légales qui font obligation
à tout exploitant privé d’avoir un capital-actions minimum dont le montant est déterminé
par le règlement d’application179. D’autres dispositions imposent à l’exploitant privé de
constituer une réserve bancaire auprès d’une institution financière locale180. La législation
minière peut fixer les modalités de calcul des capacités financières minimales de
l’exploitant181. D’une manière générale, les capacités financières de l’exploitant peuvent
provenir de ses fonds propres, d’un emprunt ou d’une garantie bancaire.

En ce qui concerne les capacités techniques de l’exploitant, elles seront évaluées en


fonction du nombre d’années d’expérience dans le secteur minier, du nombre de projets
réalisés ou au regard des compétences du responsable des travaux.

De manière générale, il appartient à l’exploitant privé de fournir à concédante une


déclaration détaillant les moyens techniques et financiers dont il dispose182. Parfois,
pour évaluer les capacités requises, l’État peut exiger que lui soient fournis les éléments
lui permettant de se prononcer sur les capacités techniques et financières, tels que
le curriculum vitae des experts, des copies certifiées conformes des diplômes, des
relevés bancaires ou le bilan et le compte de résultat de l’exploitant privé183. Le montant
correspondant à l’engagement financier minimum prévu pour la face de recherche peut
également être déposé sur un compte séquestre 184.

L’ autorité concédante peut également désigner un comité d’experts ou un organisme afin


d’évaluer les capacités techniques et financières de l’exploitant privé185.
131
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 20 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière, qui dispose que : « [l]e permis
de recherche confère, dans les limites de son périmètre et indéfiniment en profondeur, le droit exclusif de prospection et de recherche de toutes les substances
minières ou de carrière qui en font l’objet. »
Voir également, au Bénin et au Mali, l’Article 35 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; au Niger, l’Article 21 de l’Ordonnance n°93-16 du
2 mars 1993 portant Loi minière modifiée, etc.
132
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 22 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et la fiscalité minière ; en République centrafricaine,
l’Article 22 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 53 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002
portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 23 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; en Sierra Leone, l’Article 75 de la Loi de 2009 sur
les mines et les ressources minérales ; au Soudan du Sud, l’Article 45(1) de la Loi de 2012 sur les mines ; etc.
133
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 44 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; en République du Congo, l’Article 28 de la Loi n°4-
2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 23 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; au Niger, l’Article 24 de
l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée.
134
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 111 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière qui stipule que : «[s]i les travaux entrepris dans le périmètre
d’un permis d’exploration font apparaître la nécessité de les étendre à d’autres substances, autres que celles visées par le titre minier, et/ou de les étendre à
l’extérieur du périmètre attribué, le titulaire peut demander l’extension du titre à ces substances, et/ou l’intégration de zones contiguës au périmètre initial.»
135
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 39 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier.
136
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 52 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier : «[l]e permis de recherche permet à son titulaire de
disposer des échantillons provenant de ses travaux en vue de procéder à toute étude ou à tout essai nécessaires et à l’exécution de tous les travaux d’exploitation.»

57
CADRE LEGAL

Certaines législations précisent en outre que le titulaire de droits d’exploitation minière


artisanale n’est pas tenu de justifier des capacités techniques et financières normalement
requises pour l’exploitation d’un gisement186.

Conditions relatives aux titulaires du droit minier

Les législations minières imposent généralement aux titulaires de droits miniers de


satisfaire à un ensemble de conditions, notamment en ce qui concerne leur nationalité et
leur domiciliation.

Personnes physiques ou morales

Il convient d’établir une distinction entre les personnes morales, d’une part, et les
personnes physiques, d’autre part. Alors que l’ octroi de certains titres miniers, tels que les
autorisations d’exploitation artisanale, sont réservés à des personnes physiques187, certains
textes impose que le titre minier soit octroyé à une personne morale,188 .

Condition de nationalité

Afin de promouvoir l’accès des nationaux aux ressources naturelles, les législations
minières énoncent souvent des conditions relatives à la nationalité des titulaires de
droits miniers. Souvent, la condition de nationalité ne s’ applique que pendant la phase
de production. Si les travaux de prospection et d’exploration peuvent généralement être
réalisés par des sociétés étrangères, les opérations d’exploitation, quant à elles, seront
réservées aux sociétés de droit local189.

La condition de nationalité peut, dans certains cas, être remplacée par une condition de
réciprocité. Par conséquent, les droits miniers seront accordés aux ressortissants de l’État
ou aux ressortissants des pays qui accordent la réciprocité aux ressortissants de cet État190.

Il convient de souligner que les législations réservent l’ octroi de certains titres miniers aux
intérêts locaux. Plusieurs législations minières africaines prévoient que l’exercice d’activités
minières artisanales (ou à petite échelle) sont réservés aux ressortissants de l’État191. Ainsi,
en ce qui concerne les personnes morales, les législations peuvent prévoir que l’octroi des
titres miniers est réservé aux sociétés coopératives à actionnaires majoritaires locaux192 ou
aux personnes morales (dont le capital social est détenu en totalité193 ou en partie194 par
des nationaux).
137
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 63 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.
138
Voir, en particulier, l’Article 112 de la Loi n°017/2014 du 30 janvier 2015 portant réglementation du secteur minier au Gabon.
139
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 109 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière qui dispose que : «[a]u cours des travaux d’exploration, la
découverte de substances minérales confère au titulaire du permis en cours de validité, le droit à l’obtention d’un titre minier d’exploitation.»
Voir également, au Burundi, l’Article 51 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier.
140
Voir, en particulier, en République du Congo, l’Article 36 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier, qui stipule que : «[l]e permis de recherches
minières confère en outre à son titulaire, dans le cas des résultats fructueux des recherches, la priorité dans l’octroi des titres d’exploitation de ressources
découvertes, notamment celles visées par le permis de recherches minières, dans le périmètre concerné».
Voir également, à Madagascar, l’Article 35 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
141
Voir, en particulier, en République centrafricaine, l’Article 20 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 20 de la
Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; en Guinée, l’Article 19 de la Loi n°L/2013/n°053/CNT du 8 avril 2013 portant modification de la Loi
n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; au Soudan du Sud, l’Article 50(1) de la Loi minière de 2012 ; au Tchad, l’Article 22 de la Loi n°011-
PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier.
Cette exclusivité s’applique également dans le cadre de l’octroi de concessions minières. Voir, en particulier, en Tunisie, l’Article 31 de la Loi n°2003-30 du 28
avril 2003 portant Code minier.
142
Voir, en particulier, en République centrafricaine, l’Article 21 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
143
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 21 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; au Mali, l’Article 38 de la Loi n°2012-
015 du 27 février 2012 portant Code minier ; au Niger, l’Article 25 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée ; au Togo, l’Article 15
de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code minier.

58
CADRE LEGAL

Domiciliation de la société minière

La réglementation peut donc prévoir que les personnes physiques195 ou morales


étrangères196 ne peuvent se voir accorder des droits miniers qu’à condition d’avoir élu
domicile sur le territoire de l’État. À cette fin, les codes miniers et leurs textes d’application
peuvent prévoir qu’une personne physique ou morale ne résidant pas dans l’État puisse
élire domicile chez un représentant197 ou un agent établi sur le territoire national198 .

Incompatibilités affectant certaines personnes

Toutes les personnes, qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales, ne peuvent pas
prendre part à des activités minières.

Par exemple, les fonctionnaires, les élus ou, plus généralement, les employés de l’État
sont souvent des personnes qui ne peuvent exercer des activités minières sur le territoire
national199. En conséquence, les agents de l’État ne peuvent se voir octroyer des droits
miniers ni détenir, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans un titre
minier200, sous peine de voir annuler les droits acquis en violation de cette règle201. Si
ces personnes bénéficient de droits miniers, ces droits devraient généralement faire
l’objet d’une déclaration auprès des autorités compétentes202. Les fonctionnaires ne sont
généralement pas en mesure d’exercer de telles activités pendant toute la durée de la
période où ils sont en poste. Toutefois, certaines législations prévoient que l’interdiction
est prolongée, mais seulement pour une certaine période, après la fin de leur période
d’emploi203. En outre, l’interdiction faite aux fonctionnaires d’exercer des activités minières
peut être étendue aux conjoints, ascendants ou descendants de ces personnes. Cette règle
se justifie dans le cadre de la lutte contre la corruption des fonctionnaires de l’État et
permet d’éviter tout conflit d’intérêts lors de l’octroi de droits miniers.

En outre, en ce qui concerne les personnes physiques, les mineurs ne peuvent en général
pas obtenir de droits miniers. La condition d’âge est largement reprise par les législations
minières africaines204. Cette exigence suppose donc que les titulaires de droits miniers
jouissent d’une pleine et entière capacité juridique.

Les codes miniers peuvent également prévoir que les droits miniers ne peuvent être
accordés qu’à des personnes physiques qui jouissent pleinement de leurs droits205 et ne
sont pas frappées d’incapacité juridique206.

144
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 62 de la Loi n°18/001 du 9 mars 2018 portant modification et complément de la Loi
n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; en Guinée, l’Article 24 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; au Niger,
l’Article 25 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant modification de la Loi minière ; au Soudan du Sud, l’Article 45(2) de la Loi minière de 2012 ; au Togo,
l’Article 15 de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code minier.
145
Voir, à cet effet, en Algérie, l’Article 16 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière.
146
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 106 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier.
147
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 51 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; au Mali, l’Article 43 de la Loi
n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier.
148
Voir, en particulier, au Niger, l’Article 33 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée.
149
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 31 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier, qui stipule que : «[s]i le permis d’exploitation
est délivré à une personne autre que l’inventeur du gisement, le titulaire du permis doit verser à ce dernier une juste indemnité fixée dans le cadre d’une
transaction commerciale privée. L’indemnité est destinée à compenser le montant des frais effectivement engagés par l’inventeur pour les travaux de recherche
proprement dits effectués sur le gisement en vertu d’un permis de recherche. L’inventeur ne peut se prévaloir de cette disposition s’il n’a pas satisfait à toutes ses
obligations selon le présent Code.»
150
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 61 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier, qui dispose que : « [l]e titre minier d’exploitation est
constitué du permis d’exploitation auquel est annexé obligatoirement une convention minière ». Voir également, au Niger, l’Article 51 de l’Ordonnance n°93-16
du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée.
151
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 71 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier.

59
CADRE LEGAL

La plupart des législations minières prévoient que les personnes morales qui font ou ont fait
l’objet d’une procédure d’insolvabilité (le plus souvent de liquidation) ne peuvent solliciter
l’octroi de droits miniers207. Le même principe s’applique aux personnes physiques qui ont
été déclarées en faillite208.

Les personnes morales ou physiques ne peuvent pas non plus demander des droits
miniers si, par le passé, elles ont fait l’objet d’une condamnation, voire parfois d’une
simple enquête, pour infraction à la législation minière ou pour d’autres infractions,
notamment pour fraude, blanchiment de capitaux, corruption ou violation des règles
environnementales, sociales ou de sécurité 209.

Enfin, les personnes qui, par le passé, se sont vu retirer leur droit minier par l’autorité
concédante ne peuvent généralement pas solliciter de nouveaux droits miniers210.

3.4.2. Modalités d’ octroi de titres miniers

Les procédures administratives visant à sélectionner les exploitants privés font l’objet de
dispositions détaillées, le plus souvent contenues dans les textes d’application des codes
miniers211. La sélection de l’exploitant privé pour l’attribution des droits miniers est
généralement soumise à deux procédures distinctes. L’octroi de droits miniers peut faire
suite à une procédure de mise en ou à une demande introduite par l’exploitant privé.

L’ octroi des titres miniers dans le cadre d’une procédure de mise en concurrence

Récemment, un nouveau modèle est apparu en Afrique en faveur du développement des


procédures d’appel d’offres dans le cadre de l’octroi des titres miniers et de la signature de
conventions minières. Cette tendance est récente et tend à se généraliser. La sélection des
exploitants par voir d’appel d’offres favorise la transparence dans le cadre de l’octroi des
droits miniers et répond également aux exigences de bonne gouvernance. La volonté de
promouvoir la transparence dans les industries extractives passe par des procédures de
sélection claires 212 et l’observance d’une concurrence loyale. La sélection des exploitants
par voie d’appel d’offres répond à ces exigences.

Le recours à la procédure d’appel d’offres peut être rendu obligatoire ou laissé à la


discrétion des autorités compétentes de l’État. Par conséquent, si certaines législations
minières prévoient que le recours à une procédure d’appel d’offres est le principe, d’autres

152
Voir, en particulier, en Tunisie, l’Article 53 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier ; en République centrafricaine, l’Article 35 de la Loi n°09-
005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
153
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 33 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière, qui dispose que : «[l]a superficie du
permis d’exploitation est délimitée en fonction de la taille du gisement telle qu’elle a été définie dans l’étude de faisabilité.»
Voir également, en République centrafricaine, l’Article 40 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; au Niger, l’Article 37 de l’Ordonnance n°93-16
du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée ; etc.
154
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 33 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière, qui stipule que : «[l]e périmètre du
permis d’exploitation doit être entièrement situé à l’intérieur du permis de recherche dont il dérive». Voir également, en Guinée, l’Article 29 de la Loi n°2011/006/
CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
155
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 75 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; en Guinée, l’Article 28 de la Loi n°2011/006/CNT du
9 septembre 2011 portant Code minier ; au Mali, l’Article 63 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; en République du Congo, l’Article
58 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République centrafricaine, l’Article 37 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
156
Voir notamment au Niger l'Article 45 de l'Ordonnance n° 93-16 du 2 mars 1993 portant modification de la Loi minière ; au Mali, l'Article 48 de la Loi n° 2012-
015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.
157
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 75 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 31 de la Loi n°2014-138 du
24 mars 2014 portant Code minier ; en Guinée, l’Article 28 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; à Madagascar, l’Article 37
de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; en République centrafricaine, l’Article 37 de la Loi
n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.

60
CADRE LEGAL

font de cette règle une exception. Tel est le cas des législations nationales qui précisent que
l’autorité de délivrance des licences peut recourir à la procédure d’appel d’offres lorsque
l’intérêt public l’exige213 , laissant ainsi une large marge d’appréciation quant à la possibilité
de recourir à une telle procédure. De même, l’autorité concédante peut décider de recourir
à une procédure d’appel d’offres pour les sites non attribués sur lesquels les travaux ont
prouvé l’existence d’un potentiel minier214 , pour les zones ayant déjà fait l’objet d’études215
ou suite à la révocation d’un droit minier216 .

L’ octroi de droits miniers à la suite d’une demande émanant de la société minière

Dans bien des cas, l’octroi de droits miniers ne résulte pas d’une procédure d’adjudication,
mais plutôt d’une demande de droits miniers soumise à l’autorité de délivrance des
licences par l’exploitant privé.

Les législations nationales et, plus précisément, les décrets d’application contiennent de
nombreuses règles précisant les procédures de dépôt des demandes d’obtention de droits
miniers. La demande de droits miniers doit, en règle générale, être établie sur la base d’un
formulaire fourni par l’administration minière217 , annexé à la législation applicable218 ou
établi par un décret d’application219. L’autorité à qui la demande de droits miniers doit être
adressée220 ainsi que le nombre d’exemplaires à soumettre sont généralement précisés par
la législation. Une liste des données, des renseignements et des documents qui doivent être
fournis en appui à la demande est précisée dans la loi. En particulier, la demande devrait
indiquer les substances pour lesquelles le droit est sollicité et définir la zone concernée221.

Après le dépôt de la demande, l’autorité concédante se prononcera sur la recevabilité


de la demande222 (généralement dans un délai déterminé) et notifiera sa décision au
demandeur. En cas d’irrégularité dans la demande, la législation peut prévoir la possibilité
de demander la rectification de la demande223 , dans les délais prescrits224 .

L’ examen des demandes de titres miniers

L’examen de la demande de titres miniers nécessite souvent la réalisation d’une enquête


préliminaire, de sorte que l’autorité concédante dispose de toutes les informations
nécessaires pour statuer sur la demande. La procédure d’examen est le plus souvent
limitée dans le temps.

158
Voir, en particulier, en Tunisie, l’Article 54 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier.
159
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 100 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; en République du Congo, l’Article 41 de la Loi n°4-2005
du 11 avril 2005 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 66 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.
160
Voir, en Côte d’Ivoire, l’Article 77 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.
161
Voir, en Côte d’Ivoire, l’Article 54 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.
162
Voir, au Burundi, l’Article 75 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier, qui stipule que : « [l]e titre minier d’exploitation confère à son titulaire,
dans les limites de son périmètre et indéfiniment en profondeur, un droit exclusif de prospection, de recherche et d’exploitation des substances minérales pour
lesquelles il a été délivré, sous réserve des lois et de la réglementation en vigueur, notamment en matière d’environnement, de santé publique et de sécurité
sociale. »
Voir également, en Guinée, l’Article 28 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; à Madagascar, l’Article 37 de la Loi n°99-022 du
19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; au Mali, l’Article 63 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code
minier ; au Togo, l’Article 18 de la Loi n°2003-012 du 4 octobre 2003 portant modification et complément de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code
minier ; en République centrafricaine, l’Article 37 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
163
Voir, en particulier, à Madagascar, l’Article 30 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
164
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 70 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier.
165
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 70 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 77 de
la Loi n°18/001 du 9 mars 2018 portant modification et complément de la Loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; à Madagascar, les Articles 30
et 31 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
166
Voir, en particulier, au Niger, l’Article 42 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant modification de la Loi minière ; au Togo, l’Article 20 de la Loi n°96-
004 du 26 février 1996 portant Code minier.

61
CADRE JURIDIQUE

Enquêtes préliminaires

C’est lors de l’examen de la demande d’octroi du titre minier que les enquêtes publiques et
administratives seront menées. En règle générale, l’octroi de droits miniers 225 sera précédé
d’une enquête publique dont l’objectif est d’évaluer les conséquences du projet proposé,
notamment sur l’environnement et les populations locales concernées226.

Les codes miniers peuvent également prévoir la conduite d’enquêtes administratives227 ,


cadastrales, techniques et environnementales.228

La période d’enquête peut être limitée pour garantir la célérité de la procédure d’octroi
des titres miniers229 .

Parallèlement à ces enquêtes, l’autorité concédante peut consulter les communautés


locales230 et recueillir les objections de tiers qui s’opposent à l’octroi des droits miniers231.
Ces enquêtes se multiplient aujourd’hui, car l’impact des projets miniers sur les
populations locales est souvent considérable.

Périodes de traitement des demandes d’octroi

Afin d’assurer la célérité des procédures administratives, les législations nationales


peuvent prévoir des délais dans lesquels les demandes d’octroi de titres miniers doivent
être traitées par l’autorité concédante232. Ces délais peuvent varier en fonction des titres
miniers concernés. Si la demande de droits miniers n’est pas traitée dans les délais impartis,
ils peuvent être réputés accordés au demandeur233.

Outre le renouvellement, certaines législations prévoient que la durée de validité du


titre minier est tacitement prorogé si l’administration n’a pas statué sur une demande de
renouvellement avant l’expiration de sa période de validité, et ce, jusqu’au moment où la
décision d’octroi ou de refus du permis est prise par l’autorité de délivrance des licences.

Sélection de l’exploitant

Afin d’assurer la plus grande transparence possible dans la sélection des exploitants, les
codes miniers et leurs textes d’application prévoient de plus en plus souvent des règles
relatives aux demandes concurrentes présentées sur un même périmètre par différents
exploitants.

167
Voir, en particulier, au Cameroun, l’Article 57(3) de la Loi n°2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier qui prévoit que : « [l]e titulaire d’un permis
d’exploitation de la mine industrielle doit commencer les travaux de développement dans un délai de deux (02) ans, à compter de la date de notification du permis,
faute de quoi, il s’expose au retrait du permis, après une mise en demeure restée sans suite ».
Voir également en République centrafricaine, l’Article 41 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 34 de la Loi n°2014-
138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; en Guinée, l’Article 34 de la Loi n°L/2013/n°053/CNT du 8 avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/
CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
168
Voir, en particulier, au Soudan du Sud, l’Article 61(1) de la Loi de 2012 sur l’exploitation minière, qui dispose que : « Outre les modalités et conditions prescrites
par règlement, chaque permis d’exploitation minière à petite échelle est accordé sous réserve des modalités et conditions que le titulaire doit respecter, à savoir
: a) commencer l’exploitation d’une mine ou d’une usine de transformation, si la zone visée par le permis d’exploitation minière est destinée à des opérations
de transformation des minéraux conformément au programme approuvé ». Voir également, dans le cas d’un « permis d’exploitation minière à grande échelle »,
l’Article 67(1) de ladite Loi.
169
Par exemple, en Guinée, tout titulaire d’un permis d’exploitation minière semi-industrielle est tenu de commencer les travaux d’aménagement et d’exploitation
dans un délai maximum de six mois à compter de la date d’octroi du permis contre un an pour tout titulaire d’un permis d’exploitation industrielle (Article 34 de
la Loi n°L/2013/n°053/CNT du 8 avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier).
170
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 34 de la Loi n°L/2013/n°053/CNT du 8 avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre
2011 portant Code minier.

62
CADRE JURIDIQUE

À l’exception des permis d’exploitation, pour lesquels les titulaires d’un permis
d’exploration ont généralement la priorité, les codes miniers peuvent prévoir que les titres
miniers soient accordés selon la règle du «premier arrivé, premier servi», c’est-à-dire
selon la priorité des demandes234. A contrario, certaines législations nationales confèrent
à l’autorité de délivrance des licences un pouvoir discrétionnaire en cas de demandes
concurrentes.

La règle de priorité peut également être appliquée par certaines législations. Selon
ce principe, les demandes d’octroi de droits miniers sont enregistrées dans l’ordre
chronologique de leur dépôt et, tant qu’une demande est pendante, aucune autre demande
concurrente ne peut être examinée235.

Octroi des titres miniers

Les titres miniers sont généralement octroyés par arrêté du ministre chargé des mines ou
par décret. Parfois, le décret sera pris en conseil des ministres sur la , le cas échant sur avis
du ministre des mines.

Les codes miniers peuvent prévoir que la décision d’octroi des titres miniers fait l’objet
d’une publication au journal officiel de l’État236. Les droits octroyés seront généralement
inscrits dans un registre et numérotés237.

Dans le cas où la demande d’octroi de titre minier est rejetée, la législation peut prévoir
que les décisions de rejet doivent être motivées238. Le rejet, dûment justifié, d’une demande
ne donne pas lieu à indemnisation au profit du demandeur débouté239.

3.5. Régime fiscal et douanier, réglementation des changes

3.5.1. Fiscalité

Observations générales

Initialement, la fiscalité des États africains était soit inexistante, soit insignifiante. Cette
situation a été résorbée par le développement constant de la fiscalité locale.

171
Voir, en particulier, en République du Congo, l’Article 62 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier.
172
Voir, en particulier, au Burkina Faso, l’Article 53 de la Loi n°036-2015/CNT du 16 juin 2015 portant Code minier du Burkina Faso concernant le permis
d’exploitation minière industrielle, qui dispose que : «[u]ne dispense de commencer les travaux de développement et de mise en exploitation ou de continuer
l’exploitation du gisement peut être obtenue par arrêté conjoint des ministres chargés des mines et des finances. [...] Elle est toujours accordée lorsque le motif
invoqué est la conjoncture défavorable du marché des produits concernés au moment de la demande de dispense, telle que démontrée par une étude économique
produite par l’opérateur.»
En ce qui concerne le permis d’exploitation minière semi-mécanisé, voir l’Article 62 de ladite Loi. Voir également, en République centrafricaine, l’Article 41 de la
Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
173
Voir également, en République centrafricaine, l’Article 41 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
174
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 8(2) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 sur le modèle de convention minière, qui stipule que : «[l]a Période de
Développement et de Construction sera celle prévue dans l’Étude de Faisabilité, mais elle ne devra en aucun cas excéder une période de cinq (5) ans à compter
de la date d’octroi de la Concession Minière».
175
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 34 de la Loi n°L/2013/n°053/CNT du 8 avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011
portant Code minier, qui dispose que : «[l]e titulaire d’un Permis d’exploitation minière est tenu d’atteindre la phase d’exploitation, telle que définie à l’Article 168,
dans la durée prévue dans l’étude de faisabilité et, ce, dans la limite maximale de quatre (4) ans à compter de la date de l’octroi du Titre minier pour les Permis
d’exploitation destinés à l’extraction et à l’exportation du minerai brut et cinq (5) ans pour ceux destinés à la transformation de matières premières sur le territoire
guinéen. Passé ce délai une pénalité de retard correspondant au solde non exécuté des dépenses prévues sur une année civile, lui sera appliquée. Cette pénalité
ne sera pas due si l’écart non exécuté des dépenses ainsi constaté est inférieur à 10% des dépenses pour l’année civile concernée et/ou résulte d’un ajustement du
programme des travaux validé par le Ministre, après avis favorable de la Commission Nationale des Mines».

63
CADRE LEGAL

La fiscalité offre à l’État un moyen rapide et souple d’augmenter ou de diminuer ses


recettes. Elle peut également être utilisé par l’Etat de manière incitative afin d’attirer les
investissements sur son territoire. Cette facilité peut apparaître injuste pour la société
minière, dans la mesure où elle touche la société minière avant même qu’une ressource ne
soit découverte ce qui pourrait parfois mettre en cause la rentabilité d’un projet.

Les États disposant de réserves de ressources naturelles doivent mettre en balance leur
volonté d’attirer les investisseurs étrangers, par le biais d’une fiscalité attractive, et la
nécessité d’obtenir une part équitable de la rente minière240. Cet équilibre délicat peut
être apprécié différemment par chaque pays en fonction de son histoire minière et de la
stabilité de son régime politique241. Une tendance générale en matière de fiscalité, qui n’est
pas spécifique au secteur des industries extractives, tient à la lourde charge fiscale qui pèse
sur les investisseurs sur le continent africain.

L’origine des recettes que les États tirent de l’exploitation des ressources minérales sur leur
territoire a subi un changement structurel majeur. À cet égard, il convient de mentionner
la réduction de la part des redevances, l’émergence de l’impôt sur les bénéfices et la quasi-
disparition des droits de douane, situation qui s’explique par les exonérations fréquentes
accordées aux exploitants. Insignifiant au cours des quatre premières décennies du
XXe siècle, l’impôt sur les bénéfices a depuis le milieu des années 60 pris le pas sur les
redevances qui ne constituent plus la source principale des recettes minières perçues par
l’Etat.

Lorsqu’il s’agit de déterminer le régime fiscal applicable aux activités minières, plusieurs
sources doivent être prises en compte, à savoir : les codes miniers et leurs textes
d’application, les codes d’investissement (si applicables aux activités minières), les
conventions minières, les lois générales déterminant le régime fiscal et les réglementations
régionales.

Sur ce dernier point, la large application des règles régionales doit être soulignée. Ces
règles fiscales unifiées, au sein de l’UEMOA242 et de la CEMAC243 , constituent des outils
d’harmonisation fiscale qui auront également vocation à s’appliquer aux sociétés minières.
Le régime fiscal qui s’applique à l’exploitant privé dans le cadre de ses activités englobe les
règles fiscales ordinaires et la fiscalité spécifique aux activités extractives.

176
Par exemple, au Bénin, alors que le permis de production est valable pour une période de 20 ans (Article 32 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant
Code minier et fiscalité minière de la République du Bénin), le permis d’exploitation et de démarrage de carrière est, quant à lui, valable pour une période de 5
ans (Article 44 de ladite Loi).
177
Voir, en particulier, au Mali, l’Article 70 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; au Niger, l’Article 41 de l’Ordonnance n°93-16 du 2
mars 1993 portant Loi minière modifiée.
178
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 103 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière ; au Botswana, l’Article 39 de la Loi sur les mines et les
ressources minérales ; au Burundi, l’Article 42 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; en République du Congo, les Articles 10, 51 et 59 de la
Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 56 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code
minier ; en Guinée, les Articles 15 et 22 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; au Malawi, l’Article 27(4) de la Loi 198 sur les
mines et les ressources minérales ; au Mali, les Articles 16, 18 et 39 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; au Mozambique, les Articles 39,
42, 45 et 50 de la Loi minière n°20-2014 du 18 août 2014 ; au Niger, les Articles 22 et 46 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée ;
au Soudan, les Articles 9 et 11 de la Loi de 2007 sur les ressources minières et le développement minier ; au Soudan du Sud, les Articles 55 et 62 de la Loi minière
de 2012 ; au Togo, l’Article 6 de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code minier.
179
Voir, en particulier, en Afrique centrale, l’Article 19 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; au Nigéria, l’Article 54 de la Loi de 2007 sur les
ressources minérales et l’exploitation minière.
180
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, l’Article 19 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.
181
Voir, en particulier, au Mali, l’Article 8 du Décret n°2012-311/P-RM du 21 juin 2012 fixant les modalités et conditions d’application du Code minier.
182
Voir, en particulier en Tanzanie, l’Article 28(3) de la Loi minière de 2010.

64
CADRE LEGAL

Au regard des règles fiscales ordinaires, l’exploitant privé sera redevable de divers impôts,
notamment la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les
bénéfices, l’impôt foncier ou même la taxe professionnelle, sauf disposition contraire
de la convention minière244 ou d’autres incitations prévues par les codes miniers et
leurs textes d’application. La fiscalité générale applicable aux activités minières varie en
fonction de la phase d’exploitation concernée (prospection, exploration, production). À
ce titre, les incitations fiscales seront généralement plus importantes au cours des phases
de prospection et d’exploitation et pendant une période limitée au cours de la phase de
production.

En outre, la société minière sera soumise aux règles de droit commun cadre juridique
commun en ce qui concerne les obligations déclaratives245 , la prescription ou encore les
règles régissant le contentieux fiscal.

Les développements qui suivent donnent un aperçu des principaux impôts et taxes qui
s’appliquent spécifiquement aux activités minières.

Taxe superficiaire

La fiscalité minière constitue une charge pour la société minière avant même que les
opérations n’aient produit un résultat financier. C’est le cas de la taxe superficiaire payable
par la société minière dès le début des opérations minières.

Cette taxe est fonction de la superficie couverte par le titre minier. Ainsi, la taxe
superficiaire est proportionnelle à la superficie du périmètre défini par le titre minier246 .

Ce type d’imposition est largement répandue de telle sorte que le mécanisme de la taxe
superficiaire est connue en Afrique lusophone247, hispanophone248 et francophone. De
même, le paiement d’une taxe superficiaire est prévu à l’échelle communautaire par le
Code minier UEMOA249. Dans les pays anglophones, le paiement d’une taxe foncière reste
moins répandu.

Le calcul de la taxe superficiaire dépend de nombreux paramètres, par exemple la phase


des opérations concernée ou la substance couverte par le titre minier. Traditionnellement,
au stade de la production, le montant de la taxe superficiaire est plus élevé que durant
les phases de prospection ou d’exploration250. En outre, au cours d’une même phase
d’exploitation, la réglementation peut prévoir le paiement de montants différents d’une

183
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 43 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier et au Mali, l’Article 8 du Décret n°2012-311/P-RM du 21 juin
2012 fixant les modalités et conditions d’application du Code minier.
184
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, la Loi n°18/001 du 9 mars 2018 portant modification et complément de la Loi n°007/2002 du 11
juillet 2002 portant Code minier.
185
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 42 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier.
186
Voir, en particulier, en Érythrée, l’Article 5(2) de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion du développement des ressources minérales ; en Éthiopie, l’Article
1(2) de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales.
187
En particulier, au Bénin, voir l’Article 11 de la Loi n°2006-18 du 17 octobre 2006 portant Code minier qui dispose que : «[l]es titres pétroliers ne peuvent être
accordés qu’à une personne morale ou conjointement et solidairement à plusieurs personnes morales, qu’elles soient nationales ou étrangères.» De même, au Burundi,
l’Article 27 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier stipule que : « [s]eules les personnes morales peuvent être titulaires d’un titre minier».
188
Voir, en particulier, au Tchad, l’Article 8 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier qui stipule que :«[u]ne société ne peut obtenir ou détenir un
permis d’exploitation si elle n’est pas constituée conformément aux lois régissant le statut des sociétés en République du Tchad ».
Voir également l’Article 11 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant modification du Code minier et, en Guinée,
l’Article 69 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
189
Cela concerne en particulier l’Article 45 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier du Mali qui stipule que : «[l]’autorisation d’exploitation
artisanale est attribué à des personnes physiques de nationalité malienne ou morales de droit malien ou aux ressortissants des pays accordant la réciprocité aux
maliens.»

65
CADRE LEGAL

année à l’autre251, le principe étant que l’augmentation de la taxe superficiaire au fil du


temps. Enfin, la réglementation peut prévoir une augmentation du montant de la taxe
superficiaire en cas de renouvellement des droits miniers252.

Les montants à payer sont susceptibles de varier en fonction de la substance concernée et


selon que le titre minier porte sur des substances minérales, des substances de carrière,
des métaux ou des minerais précieux.

La taxe superficiaire est généralement payable sur une base annuelle253. Ce principe,
largement admis par les législations minières, est également affirmé au niveau régional254.

Parfois, les législations minières prennent soin de fixer les conditions de répartition
des ressources tirées de la perception de la taxe superficiaire. Ainsi, le Code minier de
la République centrafricaine prévoit que 20 % de la somme perçue bénéficieront aux
autorités locales du territoire sur lequel sont situés les titres miniers255, illustrant ainsi une
fois de plus la volonté d’intégrer les projets d’extraction dans la région où ils sont basés.

Redevances

La redevance est le concept fiscal le plus étroitement lié à l’exploitation des ressources
naturelles. Elle compense l’Etat, propriétaire de la ressource, pour la partie qui est extraite
et qui diminuera les réserves disponibles et donc son patrimoine minier.

En règle générale, les taux de redevance applicables aux substances minérales sont
inférieurs à ceux qui s’appliquent dans le secteur pétrolier. Il serait toutefois risqué de
généraliser. En effet, les taux de redevance applicables aux métaux précieux et aux pierres
précieuses et semi-précieuses sont souvent bien plus élevés que ceux qui s’appliquent aux
autres substances minières ou aux substances de carrière256. Le taux de redevance peut être
fixé par les législations minières ou le contrat, la première hypothèse étant généralement
privilégiée.

Redevances basées sur le niveau de production. La méthode de calcul des redevances


peut être basée sur le niveau de production. Dans ce cas, un taux de redevance sera
appliqué à une certaine quantité de substances extraites257.

Les textes vont dans ce cas préciser les méthodes utilisées pour déterminer le niveau de
production sur la base duquel le montant de la redevance est calculé.

190
Voir, en particulier, en République centrafricaine, l’Article 62 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; en République du Congo, l’Article 40 de
la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, les Articles 5 et 26 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant
Code minier ; au Ghana, l’Article 83 de la Loi de 2016 sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; à Madagascar, l’Article 11 de la Loi n°99-002 du 19 août
1999 portant Code minier tel que modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; au Mali, les Articles 45 et 46(2) de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant
Code minier ; et en Sierra Leone, l’Article 84 (relatif à l’exploitation minière artisanale) et l’Article 95 (relatif à l’exploitation minière à petite échelle) de la Loi de 2009
sur les mines et les ressources minérale.
191
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, pour les opérations minières semi-industrielles, l’Article 53 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; et
pour l’exploitation artisanale, l’Article 65 de cette même Loi.
192
Voir, en particulier, au Mali, l’alinéa 2 de l’Article 46 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; et en Sierra Leone, l’Article 84 de la Loi de 2009
sur les mines et les ressources minérales.
193
En ce qui concerne l’exploitation minière à petite échelle, voir, en particulier, en Sierra Leone, l’Article 95 de la Loi de 2009 sur les mines et les ressources minérales.
194
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 5 de la Loi n°2006-17 portant Code minier et fiscalité minière.
195
Voir, à Madagascar, l’Article 11 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; au Soudan du Sud,
l’Article 7(2) de la Loi minière de 2012 ; au Swaziland, l’Article 27 de la Loi sur les mines et les ressources minérales de 2011.

66
CADRE LEGAL

Redevances basées sur le prix de vente des ressources naturelles. Différents systèmes
sont utilisés pour déterminer la valeur de la production. Tout d’abord, la valeur de la
production peut être déterminée en prenant en considération le prix à l’extraction : pour
les activités minières, on parle du prix carreau mine258. Il s’agit de fixer un prix en fonction
des seuls coûts d’exploitation.

La valeur de la production peut également être déterminée en tenant compte du prix


bord-champ. Il s’agit de fixer un prix basé sur les coûts d’exploitation et les coûts de
transformation en vue du transport.

Enfin, la valeur de la production peut être déterminée en fonction du prix au port


d’exportation. Il s’agit notamment d’une législation qui prend en considération la
valeur franco à bord (FOB)259 de la matière première260. Si la redevance est déterminée
en fonction du prix FOB des matières extraites, elle sera calculée de manière à inclure
tous les coûts jusqu’au moment du chargement sur les navires de transport. Le prix est
donc fixé en fonction des coûts d’exploitation, des coûts de transformation en vue du
transport et du coût du transport du gisement jusqu’au port d’exportation. Toutefois,
certaines dispositions précisent que la redevance sera calculée sur la base du prix au point
d’exportation moins les frais de transport entre le point d’exportation et le point de départ
sur le terrain.

Le calcul de la redevance basée sur le prix de vente des ressources naturelles présente
un intérêt réel pour les sociétés minières étant donné l’instabilité actuelle des cours des
matières premières. En effet, une réduction des prix internationaux se refléterait dans ce
cas automatiquement dans le montant de la redevance, qui serait également réduit.

Redevances basées sur la qualité de la ressource naturelle extraite. La redevance peut


dans certains cas dépendre de la qualité de la ressource naturelle extraite.

Redevances basées sur le lieu de transformation de la ressource naturelle. Pour l’État, la


transformation sur son territoire de la ressource naturelle revêt un grand intérêt politique
et économique ; à cette fin, il peut utiliser la redevance comme une incitation. Ainsi, un
taux de redevance différent peut être appliqué selon que la production est transformée ou
non sur le territoire national de l’État.

Droits fixes

L’octroi, le renouvellement ou le transfert d’un permis ou d’une autorisation donne lieu


au paiement d’un droit fixe. Ce droit fixe peut être payable au moment de l’octroi du droit
minier ou dès le stade de la demande.
196
Cette solution demeure peu courante. Par exemple, cette solution a été admise au Cameroun avant la promulgation de la nouvelle Loi minière (Article 10 de la
Loi n°001 du 16 avril 2001 portant Code minier qui stipule que : « [t]out titulaire d’un titre minier émis en vertu de la présente Loi doit justifier d’un domicile au
Cameroun. S’il ne réside pas lui-même au Cameroun, il doit y élire domicile chez son représentant dont il fait connaître l’identité et les qualifications à l’administration
chargée des mines. » La nouvelle Loi minière prévoit que seules les personnes morales de droit camerounais peuvent détenir un titre minier (Article 15(5) de la Loi
n°2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier).
197
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 23 de la Loi n°007-002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 9
de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; et à Madagascar, l’Article 11 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la
Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
198
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 80 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière qui prévoit que : « [l]es fonctionnaires de l’État et des Collectivités
territoriales, les élus et les employés des établissements et Organismes publics en poste, ne peuvent exercer des activités minières, durant l’exercice de leur fonction. »
Ce principe est également affirmé : en Côte d’Ivoire, dans les Articles 10 et 11 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; à Madagascar, dans l’Article
10 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifiée par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; au Togo, dans l’Article 6 de la Loi n°96-004 du 26
février 1996 portant Code minier.
199
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, l’Article 10 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier. A contrario, certains codes prévoient que ces personnes
peuvent prendre une participation au capital social des sociétés minières (Article 27 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier en République
démocratique du Congo).

67
CADRE LEGAL

Le montant des droits fixes dépendra du titre minier concerné (c’est-à-dire selon qu’il
s’agisse d’un permis ou d’une autorisation de prospection, d’exploration ou de production)
et de l’opération qui donne lieu au paiement du droit fixe (octroi, renouvellement,
transfert).

Bonus

Outre l’impôt, et dans le but de générer des revenus faciles, l’État reçoit souvent des bonus.
Le principe des bonus en espèces a été adopté dans les contrats internationaux sous la
forme de primes de signature. Ce mécanisme est principalement utilisé dans les zones à
fort potentiel.

3.5.2. Régime douanier

Observations générales

Le régime douanier applicable aux opérations minières résulte des textes de droit
commun, des codes miniers et de leurs textes d’application, de la convention minière et
des codes d’investissement (si ces derniers sont applicables aux opérations minières). Le
régime douanier applicable aux opérations minières est également déterminé, au niveau
régional, par le Code minier communautaire de l’UEMOA261 .

Le principe de l’exonération des droits de douane est largement répandu en matière


d’investissements étrangers et fait l’objet de dispositions détaillées dans les codes
d’investissement. Ces mesures incitatives existent également dans le secteur minier. Elles
s’appliquent à la société minière et peuvent être étendues à ses sous-traitants.

Les incitations douanières ont tendance à fluctuer en fonction de la phase d’exploitation


concernée262. Alors que les phases d’exploration et de développement donnent
généralement lieu à l’octroi de nombreux avantages, la phase de production est quant
à elle marquée par une diminution ou la disparition des incitations douanières. Ainsi,
les exonérations douanières accordées aux exploitants privés peuvent être limitées aux
activités de prospection et d’exploration. Elles peuvent également s’étendre à la phase de
production, uniquement en ce qui concerne le développement ou jusqu’à la date de la
première production. En outre, afin de promouvoir le marché national, les législations
minières peuvent limiter l’octroi d’incitations douanières aux cas où les produits importés
ne seraient pas disponibles sur le marché local.

200
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 82 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière.
201
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, l’Article 11 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.
202
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, l’Article 11 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.
203
Voir, en particulier, au Botswana, l’Article 6 de la Loi sur les mines et les ressources minérales ; en République du Congo, les Articles 21, 31 et 40 de la Loi n°4-2005
du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, les Articles 23 et 26 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; au
Lesotho, l’Article 5(1) de la Loi de 2005 sur les mines et les ressources minérales ; en Ouganda, l’Article 5 de la Loi de 2003 sur l’exploitation minière ; au Soudan du
Sud, l’Article 7(2) de la Loi de 2012 sur l’exploitation minière ; en Tanzanie, l’Article 8(1) de la Loi de 2010 sur l’exploitation minière ; et au Zimbabwe, l’Article 24 de
la Loi sur les mines et les ressources minérales.
204
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, l’Article 10 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation du Code minier.
205
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 27 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.
206
Voir, en particulier, au Botswana, l’Article 6 de la Loi sur les mines et les ressources minérales ; en Côte d’Ivoire, l’Article 10 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014
portant Code minier ; en Éthiopie, l’Article 11 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; en Ouganda,
l’Article 5 de la Loi minière de 2003 ; au Soudan du Sud, l’Article 7(2) de la Loi minière de 2012 sur l’exploitation minière ; et en Tanzanie, l’Article 8(1) de la Loi
minière de 2010.

68
CADRE LEGAL

Les marchandises, matériaux et équipements bénéficiant d’un régime douanier préférentiel


peuvent être inclus dans une liste qui sera généralement annexée à la convention minière
ou jointe au titre minier.

En principe, l’exploitant privé ne sera pas dispensé de suivre la procédure de dédouanement


et aura l’obligation d’accomplir les formalités prévues par la réglementation en vigueur,
notamment en matière déclarative263.

Parmi les incitations communément accordées aux sociétés minières, on peut citer :
• l’exonération des droits à l’importation des marchandises, matériaux,
machines et équipements nécessaires à la conduite des opérations minières. Les
biens et équipements importés doivent être destinés directement, exclusivement
et définitivement à l’exploitation minière. Dès que les marchandises importées
en franchise de droits cessent d’être utilisées à des fins des opérations minières,
l’État peut généralement demander le paiement des sommes dues au titre des
droits d’entrée ;
• le régime de l’admission temporaire permet, sous certaines conditions,
l’importation, en franchise totale ou partielle de droits de douane et de taxes, des
marchandises destinées à être réexportées en vue de leur utilisation temporaire
sur le territoire de l’État264 ;
• l’exonération des droits à l’importation et à l’exportation en ce qui concerne les
effets personnels du personnel expatrié employé par la société minière ;
• l’exonération des taxes à l’exportation pour les substances extraites.
3.5.3. Réglementation des changes

La réglementation des changes applicable est déterminée à l’échelle nationale par les codes
miniers et leurs textes d’application, la législation de droit commune relative aux règles de
changes, les codes d’investissement (le cas échéant), parfois par des textes spécifiques et
les textes régionaux266.

La destination du capital tiré des opérations minières est une question essentielle pour
l’État. En effet, l’injection des bénéfices générés par les activités minières dans l’économie
nationale représente une source substantielle de développement. Dans l’intervalle, la
société minière souhaite quant-à elle s’assurer du rapatriement de ses bénéfices. Le régime
de change applicable aux opérations minières, tout en accordant de nombreuses garanties
207
Voir, en particulier, au Botswana, l’Article 6 de la Loi sur les mines et les ressources minérales ; au Lesotho, l’Article 5(1) de la Loi de 2005 sur les mines et les
ressources minérales ; en Ouganda, l’Article 5 de la Loi de 2003 sur l’exploitation minière ; au Soudan du Sud, l’Article 7(2) de la Loi de 2012 sur l’exploitation minière
; en Tanzanie, l’Article 8(1) de la Loi de 2010 sur l’exploitation minière.
208
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 27 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article
10 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier, ainsi que l’Article 5 du Décret n°2014-397 fixant les modalités et conditions d’application de la Loi
n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; en Guinée, l’Article 15 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; au Niger, l’Article
10 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière ; au Soudan du Sud, l’Article 7(2) de la Loi minière de 2012.
209
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 27 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; en Éthiopie, l’Article 11(4) de
la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; et à Madagascar, l’Article 10 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999
portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
210
Dans de nombreux cas, les codes miniers renvoient aux dispositions réglementaires pertinentes. Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 73 de la Loi n°01-10 du
3 juillet 2001 portant Loi minière ; et au Bénin, l’Article 4 du Décret n°2008-804 du 31 décembre 2008 portant application du Code minier et de la fiscalité minière.
211
Voir, à cet effet, en République démocratique du Congo, l’Article 32 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier qui stipule que : «[e]n vue d’assurer
la transparence, l’objectivité, l’efficacité et la rapidité dans les processus de réception, d’instruction, de décision et de notification relatifs aux demandes d’octroi des
droits miniers ou de carrières ainsi que dans la délivrance des titres octroyés y afférents, la procédure prévue dans le présent chapitre, s’applique, sous réserve des
dispositions particulières à chaque loi minière et de carrières, à l’octroi des droits miniers et de carrières organisés dans le présent Code. La procédure d’octroi des
droits miniers ou de carrières et de délivrance des titres y afférents est de stricte application.»

69
CADRE LEGAL

à l’exploitant privé, permet également de garantir un réinvestissement des capitaux générés


par les industries extractives dans l’économie nationale. En conséquence, deux séries de
dispositions peuvent être identifiées : les dispositions garantissant la libre circulation des
capitaux et celles qui restreignent cette libre circulation.

Dispositions garantissant la libre circulation des capitaux tirés de l’exploitation

Une des préoccupations essentielles de l’exploitant privé, comme pour tout investisseur,
est de pouvoir rapatrier les bénéfices générés par les opérations minières. Le régime
de change applicable aux industries extractives est un facteur décisif dans la décision
d’investissement et revêt une importance considérable lors de la négociation des
conventions minières.

Les codes miniers et leurs textes d’application tiennent compte de ces préoccupations en
accordant un ensemble de garanties à l’exploitant privé en faveur de la libre circulation des
capitaux générés par l’exploitation. Il lui est notamment accordé une garantie de transfert.
La garantie de transfert de capitaux couvre de nombreux domaines et permet notamment
à l’exploitant de transférer à l’étranger les dividendes et produits du capital investi ainsi
que le produit de la liquidation de ses actifs267.

Plus précisément, la garantie de transfert peut également porter sur les indemnités dues au
titre d’une expropriation ; en l’absence de dispositions légales et dans le cas où le paiement
de cette indemnité résulte de la décision d’un tribunal arbitral, il est important que la
sentence mentionne cette libre transférabilité des sommes perçues par l’exploitant privé268.

L’exploitant privé a généralement la possibilité de transférer à l’étranger les montants


nécessaires pour rembourser les dettes contractées à l’extérieur dans le cadre d’opérations
minières et, en particulier, pour payer les fournisseurs et prestataires de services étrangers
agréés269 .

La réglementation applicable garantit également à l’exploitant privé le droit d’ouvrir, de


détenir et d’utiliser des comptes bancaires en monnaie nationale et en devises dans l’État
et à l’étranger270. Ces comptes permettent à l’exploitant privé de déposer à l’étranger les
produits de la vente de sa part de la production et les fonds nécessaires au règlement des
fournisseurs271.

La législation de certains pays prévoit également que l’investisseur puisse bénéficier de


l’ouverture de comptes spéciaux auprès des organismes de banque centrale. Ainsi, dans le
212
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 33 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier, qui dispose que : « [s]i
l’intérêt public l’exige, le Ministre soumet exceptionnellement à un appel d’offres, ouvert ou restreint, les droits miniers et de carrières portant sur un gisement étudié,
documenté ou éventuellement travaillé par l’État ou ses services, qui est considéré comme un actif d’une valeur importante connue ».
Voir également, en République centrafricaine, l’Article 32 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; et au Mozambique, l’Article 10 de la Loi minière
n°20-2014 du 18 août 2014.
213
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 22 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
214
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 22 de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
215
Voir, en particulier, au Burundi, l’Article 74 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier, qui dispose que : «[u]ne procédure d’adjudication d’un permis
d’exploitation est ouverte lorsque l’ancien titre minier d’exploitation a été révoqué pour l’un des motifs prévus à l’Article 37.»
216
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 35 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.
217
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 2 du Décret exécutif n°02-65 du 6 février 2002 fixant les conditions et procédures d’attribution des droits miniers ; et au
Lesotho, les Articles 20(2), 32 et 46(2) de la Loi de 2005 sur les mines et les ressources minérales.
218
Voir, en particulier, à Madagascar, l’Article 43 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
219
À titre d’exemple, en Algérie, la demande d’obtention des titres miniers doit être adressée à l’Agence nationale du patrimoine minier (Article 2 du Décret exécutif
n°02-65 du 6 février 2002 fixant les conditions et procédures d’octroi des droits miniers).
220
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 30 de la Loi n°2008-804 du 31 décembre 2008 portant application du Code minier et de la fiscalité minière.

70
CADRE LEGAL

cadre de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et dans des cas prédéterminés,
l’exploitant peut ouvrir un compte dédié aux revenus générés par la commercialisation
des substances extraites et un compte de paiement international pour le règlement de ses
engagements financiers à l’étranger.

Enfin, les exploitants privés se voient généralement accorder le droit d’accéder librement
aux devises étrangères au taux du marché et de convertir librement la monnaie nationale
en devises272 . À l’échelle régionale, la garantie de libre conversion des monnaies nationales
et des devises est régie par les traités internationaux en vigueur, notamment les textes
instituant la Zone franc, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
ou l’Union économique et monétaire ouest-africaine273.

Les garanties de change accordées aux exploitants privés s’étendent souvent à des tiers,
et en particulier au personnel expatrié, aux sociétés affiliées, aux sous-traitants et autres
prestataires de services ou fournisseurs étrangers et à leurs employés étrangers274.

Dispositions restreignant la libre circulation des capitaux

Les États peuvent être réticents à permettre aux capitaux tirés de l’exploitation de quitter
leur territoire. Ils demandent une compensation économique pour l’exploitation de
leurs ressources naturelles sous la forme d’un développement de leur richesse nationale.
Plusieurs solutions ont été envisagées pour permettre aux États de tirer le meilleur parti
de l’exploitation de leurs ressources naturelles, notamment l’obligation de réinvestir une
partie des bénéfices dans l’industrie extractive locale et d’autres industries nationales ou
l’instauration par certains États d’allégements fiscaux pour les investissements au niveau
local.

Différents mécanismes sont prévus par les textes pour assurer le contrôle de l’Etat sur les
flux financiers générés par l’activité minière. C’est le cas des dispositions visant à contrôler
les transferts effectués par l’exploitant privé au profit de ses sociétés affiliées. Nonobstant
le droit de libre transfert assuré par l’État, les codes miniers peuvent prévoir que les
transferts intragroupes effectués pour l’acquisition d’équipements ou de services rendus
soient justifiés par rapport aux prix appliqués sur le marché pour des biens et services
similaires275.

Les investisseurs étrangers ne seront généralement pas tenus de rapatrier les bénéfices tirés
de l’exportation des ressources extraites et pourront en disposer librement ; toutefois, un
certain nombre de textes imposent de rapatrier les montants nécessaires aux opérations
221
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 2 du Décret exécutif n°02-65 du 6 février 2002 fixant les conditions et procédures d’attribution des droits miniers.
222
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 2 du Décret exécutif n°02-65 du 6 février 2002 fixant les conditions et modalités d’attribution des droits miniers ; en Afrique
centrale, l’Article 73 du Décret n°09-126 du 30 avril 2009 fixant les conditions d’application de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; à Madagascar,
l’Article 7 du Décret n°2004-669 du 29 juin 2004 portant application de la Loi n°99-10.
223
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 4 du Décret exécutif n°02-65 du 6 février 2002 fixant les conditions et procédures d’attribution des droits miniers.
224
Voir, en particulier, en République centrafricaine, l’Article 42 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; au Tchad, l’Article 26 de la Loi n°0011-
PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier.
225
Voir, en particulier, au Tchad, l’Article 26 de la Loi n°0011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier.
226
Voir en Algérie, l’Article 7 du Décret exécutif n°02-65 du 6 février 2002 fixant les conditions et procédures d’attribution des droits miniers.
227
Voir en République démocratique du Congo, les Articles 39, 40, 41 et 42 de la loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier.
228
Voir, en particulier, en République du Congo, les Articles 14 et 21 du Décret n°2007-274 du 21 mai 2007 fixant les conditions de prospection, d’exploration et
d’exploitation des substances minérales ainsi que de mise en œuvre du suivi administratif.
229
Voir en République centrafricaine, l’Article 42 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier.
230
Voir en Érythrée, l’Article 8 de l’Avis juridique n°19/1995, le Règlement sur les opérations minières ; et en Éthiopie, l’Article 7 du Règlement n°182/1994 sur les
opérations minières.
231
Voir, en particulier, en République centrafricaine, les Articles 29 et 72 du Décret n°09-126 du 30 avril 2009 fixant les conditions d’application de la Loi n°09-005 du
29 avril 2009 portant Code minier ; au Mali, l’Article 13 du Décret n°2012-311/P-RM du 21 juin 2012 fixant les modalités et conditions d’application du Code minier
; à Madagascar, les Articles 44 et 45 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier, modifiée par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.

71
CADRE LEGAL

minières et au paiement des charges, notamment des impôts276.

La législation d’un certain nombre de pays prévoit l’obligation, aux frais des exploitants
privés, de rapatrier les recettes tirées de la vente des ressources extraites vers le pays277.

Les restrictions introduites peuvent également s’appliquer aux conditions d’ouverture


d’un compte en devises. Un certain nombre de codes miniers subordonnent l’ouverture
d’un tel compte à l’autorisation préalable de l’Etat, et plus précisément du ministre de
l’économie et des finances278.

Le contrôle de l’Etat implique également que la société minière établisse un relevé des
importations de devises convertibles et des transferts. La société minière pourra également
être tenue de transmettre régulièrement à l’Etat les informations sur le transfert de fonds
réalisés entre l’État et l’étranger279. Certaines procédures et, en particulier, l’obligation
de transférer des fonds par le biais d’une banque intermédiaire agréée, par exemple en
remplissant un document de change, assure également un meilleur contrôle par l’État des
opérations de change280.

Conclusion

Pour conclure, le cadre juridique d’un projet minier en Afrique est particulièrement
complexe et ce pour deux raisons. Premièrement, il s’agit de différentes strates de règles
dans la mesure où les États africains sont parties à diverses communautés économiques
régionales. La loi applicable à un projet minier peut être le droit national de l’Etat
d’accueil, mais aussi le droit régional. Deuxièmement, en matière douanière, le manque
d’intégration régionale entre les États africains rend la circulation des marchandises et des
capitaux sur le continent plus difficile, ce qui est une source de complexité supplémentaire
pour les investisseurs.

232
Cette solution demeure peu courante. La lenteur administrative des administrations minières empêche généralement le législateur d’adopter ce type de
dispositions. Par exemple, au Cameroun, avant l’adoption de la nouvelle Loi minière, l’Article 22(2) du Décret n°2002-648-PM du 26 mars 2002 fixant les modalités
d’application de la Loi n°001 du 16 avril 2001 portant Code minier modifié par le Décret n°2014/1882/PM du 4 juillet 2014.
233
Voir au Burundi, l’Article 41 de la Loi n°1-21 du 15 octobre 2013 portant Code minier ; à Madagascar, l’Article 41 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code
minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 ; et au Mozambique, l’Article 9 de la Loi minière n°20-2014 du 18 août 2014.
234
Voir, en particulier, en République démocratique du Congo, l’Article 34 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.
235
Voir en Tunisie, les Articles 29 et 51 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier.
236
Voir au Bénin, l’Article 10 de la Loi n°2008-804 du 31 janvier 2008 portant application du Code minier et de la fiscalité minière.
237
Voir en République démocratique du Congo, l’Article 44 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; et au Tchad, les Articles 14, 36, 18 et 32 de
la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier.
238
Voir au Tchad, les Articles 14, 36, 18 et 32 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier et au Togo, les Articles 11, 14 et 22 de la Loi n°2003-012
du 4 octobre 2003 portant modification et complément de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code minier.
239
La notion de revenu minier signifie « la différence entre les recettes générées par l’activité minière et les coûts encourus par l’activité, ce qui inclut la rémunération
«normale» du facteur capital. En termes de micro-économie, il existe donc un excédent qui peut être imposé au taux de 100 % sans affecter l’utilisation de la
ressource, c’est-à-dire sans affecter le choix de l’investisseur et sans distorsion économique, d’où l’intérêt comme source de revenus pour les gouvernements. Voir
Alain CHARLET, Bertrand LAPORTE & Grégoire ROTA-GRAZIOSI « La fiscalité minière en Afrique de l’Ouest et du Centre » (2013) 48 Revue de droit fiscal 14.
240
Id.
241
Les règles unifiées qui s’appliquent dans la zone UEMOA en termes de règles ordinaires de fiscalité sont notamment : le Règlement n°08/2008/CM/UEMOA
du 26 septembre 2008 édictant les règles visant à éviter la double imposition au sein de l’UEMOA et les règles régissant l’assistance fiscale ; la Directive n°02/98/
CM/UEMOA du 22 décembre 1998 relative à l’harmonisation des législations des États membres en matière de taxe sur la valeur ajoutée, modifiée par la Directive
n°02/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009 ; la Directive n°07/2001/CM/UEMOA du 26 novembre 2001 portant régime harmonisé de l’acompte sur impôt assis sur
les bénéfices au sein de l’UEMOA ; la Directive n°01/2008/CM/UEMOA portant harmonisation des modalités de détermination du résultat imposable des personnes
morales au sein de l’UEMOA ; la Directive 08/2008/CM/UEMOA du 26 septembre 2008 portant harmonisation des taux de l’impôt assis sur les bénéfices des
personnes morales dans les États membres de l’UEMOA.
242
Les règles unifiées qui s’appliquent dans la zone CEMAC en termes de règles ordinaires de fiscalité sont notamment : la Convention fiscale de la CEMAC (Loi
n°5/66 UDEAC-49 du 13 décembre 1966) ; la Directive n°1/99/-CEMAC-028-CM-03 du 17 décembre 1999 portant harmonisation des législations des États membres
en matière de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et du droit d’accises (DA) ; de l’Acte n°10/88-UDEAC-257 du 7 décembre 1988 portant harmonisation des droits
d’enregistrement, du timbre et de la curatelle ; l’Annexe à la Directive n°02/01/UEAC-050-CM-06 portant révision de l’Acte n°3/72-153-UDEAC du 22 décembre 1972
instituant de l’impôt sur les sociétés ; le Règlement n°17/99/CEMAC-20-CM-03 du 17 décembre 1999 relatif à la Charte des investissements.
243
Voir, en particulier, au Tchad, l’Article 59 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier qui stipule que : « [l]es titulaire de titres miniers ou
bénéficiaires d’autorisations en vertu du Code minier, ainsi que les entreprises travaillant pour leur compte ou en association avec eux, sont assujettis au Code
Général de Impôts notamment, à la patente, à la taxe forfaitaire, à l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux et à l’impôt sur les dividendes, sauf stipulation
contraire dans la convention minière ».
244
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier.

72
CADRE LEGAL

245
Voir, en particulier, en Guinée, l’Article 160 de la Loi n°L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011
portant Code minier.
246
Voir, au Mozambique, les Articles 16 et suivants de la Loi n°28/2014 du 23 septembre 2014 ; en Angola, l’Article 180 de la Loi minière n°31/11 du 23 septembre 2011.
247
Voir l’Article 46 de la Loi n°9/2006 du 3 novembre 2006 portant Code minier en Guinée équatoriale.
248
Voir l’Article 22 du Règlement n°18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire, qui prévoit que : « [t]out titulaire d’un titre minier
est soumis au paiement annuel d’une taxe superficiaire dont le montant et les modalités de règlement sont fixés, en l’absence de textes communautaires, par la législation
minière nationale de chaque État membre ».
249
Les écarts sont souvent importants. Voir, en particulier, l’Article 46 de la Loi n°9/2006 du 3 novembre 2006 relative à l’exploitation minière en Guinée équatoriale.
250
En République centrafricaine, l’Article 18(1) de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier stipule que : Les taxes foncières pour les droits et permis miniers
sont fixées comme suit :
- permis d’exploration (deux premières années : 3000 XOF/km² pa ; troisième et quatrième années : 6000 XOF/km² pa ; cinquième année : 12 000 XOF/km² ; sixième
année : 24 000 XOF/km² pa) ;
- permis d’exploitation minière à petite échelle : (5000 XOF/ha pa) ;
- permis d’exploitation minière semi-mécanisée à petite échelle (première année : 10 000 XOF/ha ; années suivantes : 15 000 XOF/ha pa ;);
- permis d’exploitation minière industrielle pour petites ou grandes mines (60 000 XOF/km² pa).
251
Voir, en particulier, au Tchad, l’Annexe I de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant Code minier, qui prévoit le paiement de frais superficiaires au taux de 200
XOF par km2 et par an pendant la première période de validité du permis d’exploration. Ce taux passe ensuite à 400 XOF au premier renouvellement et à 500 XOF au
second. De même, pour les permis d’exploitation minière, le taux de 100 000 XOF qui s’applique pour la première période de validité du permis passe à 500 000 XOF
en cas de renouvellement.
252
Voir, en particulier, au Togo, l’Article 50 de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 150 de la Loi n°2014-138 du 24 mars
2014 portant Code minier.
253
Voir à cet effet l'Article 22 du Règlement de l'UEMOA n° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 promulguant le Code minier communautaire.
254
Voir l’Article 18(1) de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier de la République centrafricaine.
255
Ainsi, au Botswana, le taux de redevance applicable aux pierres précieuses est de 10 % contre 5 % pour les métaux précieux et de seulement de 3 % pour les autres
substances minérales (Article 66 de la Loi sur les mines et les ressources minérales). Des taux similaires s’appliquent au Lesotho, à savoir 10 % pour les pierres précieuses
et 3 % pour les autres substances (Article 59(2) de la Loi sur les mines et les ressources minérales).
256
Ainsi, en Algérie, l’Article 160 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière stipule que : «[p]our les métaux précieux et les pierres précieuses et semi-
précieuses, l’assiette de la redevance d’extraction est constituée par la quantité de produits marchands obtenus.»
257
Voir, en particulier, l’Article 160 de l’Ordonnance n°1/138 du 17 juillet 1976 portant Code minier et pétrolier qui prévoit que : «[l]es exploitants de substances
concessibles sont dispensés de la patente. Ils sont soumis à une taxe ad valorem, dont le pourcentage est fixé en fonction de la valeur de la production sur le carreau de la
mine, ou de la valeur départ champ des hydrocarbures liquides ou gazeux. »
258
La valeur FOB (franco à bord) est le prix de vente d’une marchandise une fois qu’elle a été chargée sur le navire.
259
Voir, en particulier, l’Article 108(1) de la Loi mauritanienne n°2008-011 du 27 avril 2008 portant Code minier qui dispose que : «[l]e titulaire d’un permis d’exploitation,
d’un permis de petite exploitation minière, d’une autorisation d’exploitation de carrière industrielle est redevable du paiement d’une redevance d’exploitation calculée sur
le prix de vente du produit résultant du dernier stade de transformation du minerai en Mauritanie ou de la valeur FOB du minerai si celui-ci est exporté avant d’être vendu.
La combinaison de ce prix de vente et de cette valeur FOB vise à déterminer “la valeur assujettie” aux fins de l’application du présent Article.»
260
Voir les Articles 25 et suivants du Règlement n°18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire.
261
Cette dichotomie entre les avantages douaniers accordés pendant la phase d’exploration et la phase d’exploitation est également incluse dans le Code minier de
l’UEMOA (voir les Articles 26 et 28 du Règlement n°18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire).
262
Voir, en particulier, en Mauritanie, l’Article 50 de la Loi n°2012/012 régissant les accords miniers et portant approbation de la convention minière type.
263
À titre d’exemple d’admission sous le régime de l’admission temporaire, Voir, en particulier, au Togo l’Article 53 de la Loi n°96-004 du 26 février 1996 portant Code
minier.
264
Voir, en particulier, en Mauritanie et l’Article 44 de la Loi n°2012/012 régissant les accords miniers et portant approbation de la convention minière type.
265
Il convient de mentionner en particulier les traités internationaux instituant la Zone franc, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale et l’Union
économique et monétaire ouest-africaine (en particulier, pour la République du Congo, voir l’Article 169 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; pour
la Côte d’Ivoire, voir l’Article 172 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; pour le Niger, voir l’Article 105 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993
portant Loi minière révisée).
266
Voir, en particulier, pour l’Algérie, l’Article 175 de la Loi n°01-10 du 3 juillet 2001 portant Loi minière et l’Article 20(2) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant
promulgation de la convention minière type ; pour le Bénin, l’Article 104 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier ; pour la République du Congo,
l’Article 169 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; pour l’Érythrée, l’Article 39 de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion du développement
des ressources minérales ; pour l’Éthiopie, l’Article 72(2) de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; pour
le Ghana, l’Article 30(4) de la Loi sur les ressources minérales et l’exploitation minière de 2006 ; pour la Guinée, l’Article 185 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril
2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier ; pour le Mozambique, l’Article 67 de la Loi n°20-2014 du 18 août 2014
sur les mines ; pour le Niger, l’Article 105 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée ; pour l’UEMOA, l’Article 15 du Règlement n°18/2003/
CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire ; au sein de la CEDEAO, l’Article 9 de la Directive C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 sur
l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier.
267
Voir à cet égard, pour la République démocratique du Congo, l’Article 264 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; pour Madagascar, l’Article 158
de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Loi minière modifiée par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005.
268
En ce qui concerne les codes miniers permettant aux exploitants privés de transférer à l’étranger les fonds nécessaires au règlement des sous-traitants, fournisseurs et
prestataires de services, il convient de mentionner : pour la République centrafricaine, l’Article 135 de la Loi n°09-2005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; pour la
République démocratique du Congo, l’Article 263 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; pour le Mali, l’Article 117 de la Loi n°2012-015 du 27
février 2012 portant Code minier.
269
Voir l’Article 104 de la Loi n°2016-17 portant Code minier et fiscalité minière en République du Bénin ; pour la Côte d’Ivoire, l’Article 172 de la Loi n°2014-138 du
24 mars 2014 portant Code minier ; pour l’Érythrée, l’Article 39 de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion du développement des ressources minérales ; pour
Madagascar, l’Article 158 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 et l’Article 405 du Décret n°2006-910
du 19 août 2006 portant application du Code minier.
270
De nombreux codes miniers garantissent à l’exploitant privé le droit de payer des sous-traitants étrangers à l’étranger et en devises pour l’acquisition d’équipements et
la fourniture de services liés aux opérations minières. Pour le Bénin, voir l’Article 104 de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière en
République du Bénin ; pour la République du Congo, voir l’Article 169 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; pour la Côte d’Ivoire, voir l’Article 172
de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; pour Madagascar, voir l’Article 158 de la Loi n°99-022 du 19 août 1999 portant Code minier modifié par la
Loi n°2005-021 du 17 octobre 2005 et l’Article 405 du Décret n°2006-910 du 19 août 2006 portant application du Code minier.
271
Pour l’Algérie, voir l’Article 20(1) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation de la convention minière type ; en République centrafricaine, l’Article
135 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; en République du Congo, l’Article 169 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en
République démocratique du Congo, l’Article 263 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 172 de la Loi n°2014-138 du 24
mars 2014 portant Code minier ; au Ghana, l’Article 30(4) de la Loi sur les mines et les ressources minérales de 2006.
272
Pour la République du Congo, voir l’Article 169 de la Loi n°4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; pour la Côte d’Ivoire, voir l’Article 172 de la Loi n°2014-138
du 24 mars 2014 portant Code minier ; pour le Niger, voir l’Article 105 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant Loi minière modifiée.
273
Pour le Mali, voir l’Article 117 de la Loi n°2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier ; pour le Tchad, voir l’Article 63 de la Loi n°011-BR-1995 du 20 juillet
1995 portant Code minier.

73
CADRE JURIDIQUE

274
Voir pour la République démocratique du Congo, voir l’Article 265 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier ; pour Madagascar, voir l’Article 39
de la Loi n°2001-031 du 8 octobre 2002 portant adoption du régime spécial des grands investissements dans le secteur minier malgache modifié par la Loi n°2005-022
du 17 octobre 2005.
275
Pour la Tunisie, voir l’Article 110 de la Loi n°2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier.
276
Pour la Côte d’Ivoire, voir l’Article 172 de la Loi n°2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; pour la Guinée, voir l’Article 184 de la Loi n°L/2013/N°053/CNT
du 8 avril 2013 portant modification de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant Code minier.
277
Pour la République centrafricaine, voir l’Article 136 de la Loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier ; pour le Ghana, voir l’Article 30(2) de la Loi de 2006 sur
les ressources minières et l’exploitation minière.
278
Pour la Guinée et Madagascar, l’Article 35 de la Loi n°2001-031 du 8 octobre 2002 portant adoption du régime spécial des grands investissements dans le secteur minier
malgache modifié par la Loi n°2005-022 du 17 octobre 2005.
279
À cet égard, pour la République démocratique du Congo, voir l’Article 264 de la Loi n°007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.

74
CHAPITRE 4

INTRODUCTION AUX CONVENTIONS


MINIÈRES
1. INTRODUCTION
2. ANATOMIE DE LA CONVENTION MINIÈRE
3. PROCESSUS DE RÉDACTION ET D’ADOPTION
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Ce chapitre aborde les principaux concepts contenus dans les contrats miniers, en
particulier en ce qui concerne les termes de concession, stabilisation et intangibilité.
Le but est de préciser la terminologie utilisée dans ces contrats et les clauses généralement
prévues en leur sein. Plus précisément, il est question de la naissance, de la vie et de la fin
des contrats miniers. Les différentes techniques contractuelles utilisées par les exploitants
miniers pour sécuriser leur investissement en Afrique seront également abordées.

Les parties à un contrat de concession minière doivent veiller à ce que leur contrat
contienne toutes les clauses essentielles pour déterminer l’intention des parties, l’objet du
contrat, sa durée et les causes de sa résiliation. En effet, la rédaction de ces clauses revêt
une importance particulière en cas de différend entre l’exploitant et l’État hôte.

1. INTRODUCTION

Observations liminaires

La signature de conventions minières est essentielle en ce qu’elles permettront de prendre


en considération les spécificités de chaque projet minier ainsi que des particularités de
l’État.

En général, ces conventions minières conclues entre l’exploitant privé et l’État, ou la


société nationale, reposent sur les droits miniers reconnus à l’exploitant privé.

Elles peuvent parfois aller jusqu’à compléter les textes applicables, voire y déroger. Une
telle dérogation requiert souvent l’autorisation du pouvoir législatif. À titre d’exemple,
au Cameroun, l’Article 16 (2) de la Loi n° 001 du 16 avril 2001 portant promulgation
du Code minier, tel que modifié par la Loi n° 2010/011 du 29 juillet 2010, prévoit que si
les dispositions de la convention complètent celles de la loi, même sans y déroger, ladite
convention est subordonnée à l’adoption d’une loi qui autorise le gouvernement à la signer.
En revanche, d’autres réglementations excluent explicitement la possibilité de décharger
un exploitant de toute obligation légale, peu importe sa nature. Par exemple, l’Article 79
de la Loi de 2011 sur les mines et les ressources minérales du Swaziland dispose que toute
disposition contractuelle contraire à la loi minière sera déclarée nulle et non avenue281.
Le même article prévoit également que les dispositions d’une convention minière ne
peuvent dispenser l’exploitant de ses obligations légales282. Il est essentiel de veiller à ce
que les conventions en question ne soient pas en contradiction avec les textes légaux et
réglementaires régissant le secteur. Par conséquent, il est nécessaire d’assurer la légalité de
l’accord, notamment au regard de la hiérarchie des normes et de la possibilité de déroger
aux textes d’application générale.

Le secteur minier s’oriente vers l’adoption de conventions minières types. Ces conventions
modèles fixent les conditions générales d’exploitation, permettant la négociation de certains
éléments spécifiques, tels que les conditions financières, même si aucune généralité ne
peut être fournie sur ce point. En général, les conventions minières types sont approuvées

281
Voir l’Article 79(1) de la Loi de 2011 sur les mines et les ressources minérales au Swaziland : «[a] les modalités d’un accord minier qui sont incompatibles avec la présente
loi n’ont, en vertu de cette incompatibilité, aucun effet juridique».
282
Voir l’Article 79(2) de la Loi de 2011 sur les mines et les ressources minérales au Swaziland : «les dispositions contenues dans un accord minier doit être interprétées
comme exonérant une partie à l’accord de toute exigence prescrite par la loi».

76
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

par une décision du pouvoir législatif local ou adoptés par voie réglementaire. Parfois, ces
conventions types sont annexées à la loi minière, ce qui soulève des questions lorsqu’il
s’agit de déterminer leur valeur juridique et la marge de négociation.
Dans le secteur minier, le mot «concession» est utilisé comme terme général pour les
licences, permis ou autres contrats qui confèrent des droits aux entreprises privées pour
gérer et extraire les minéraux des terres publiques. La terminologie peut varier au niveau
national.

La concession confère au détenteur le droit d’explorer et d’exploiter la zone. L’exploration


signifie des activités visant à fournir la taille, la position, les caractéristiques minérales,
les réserves et les valeurs des gisements minéraux. L’exploitation signifie extraire des
minéraux dans un site de gisement minier. En droit, la concession minière est un droit
de propriété sur le sous-sol plutôt que sur le terrain ou la zone où se trouve la concession.
La concession minière est octroyée aux particuliers pour une durée limitée et peut être
renouvelée, pourvu que le concessionnaire réalise les travaux et les investissements exigés
par la loi. Les droits miniers peuvent être perdus lorsque le détenteur du titre ne s’acquitte
pas du paiement de ses obligations financières annuelles, ne procède pas à certains travaux,
ne fait pas les investissements exigés par le code minier ou la déclaration d’abandon des
droits miniers de l’exploitant aux autorités minières. Dans tous ces cas, les droits miniers
reviennent à l’État lorsqu’ils sont perdus par le titulaire des droits.

4.2. Anatomie de la convention minière

4.2.1. Introduction

La convention minière se décline en trois parties :


• Le préambule : il situe la convention minière dans une perspective plus
globale ;
• La texte de la convention : la convention est élaborée sous la forme d’articles
et de sous-articles numérotés dans l’ordre, souvent regroupés en chapitres. Les
clauses habituelles peuvent être groupées en plusieurs catégories :
- Clauses techniques et opérationnelles
- Clauses économiques, fiscales, financières et commerciales
- Dispositions légales
• Les annexes, et en particulier :
- Une carte et une description du périmètre par ses coordonnées
- La liste des biens et équipements bénéficiant d’exemptions douanières
- Les engagements financiers minimums pendant la phase d’exploration
- Le programme de travail annuel pendant la phase de production
- Les garanties fournies par les banques et/ou la société mère

77
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Les développements ci-après donnent un aperçu général des principales dispositions


contenues dans les conventions minières.

4.2.2. Dispositions techniques et opérationnelles

La propriété exclusive des droits miniers est illustrée par le contrat de concession. L’Etat
d’accueil renonce à son droit de propriété contre le paiement de taxes et de revenus. La
durée de ce contrat est très longue. L’exploitant privé prend toutes les décisions importantes
et fournit tout le capital et les connaissances techniques nécessaires.

Outre ces accords de concession, l’idée d’une appropriation partagée des droits miniers
avec l’exploitant étatique est apparue ; Il s’agit de contrats d’association. Leur terme est
plus court, l’industrie extractive devient un monopole d’État et de nouvelles dispositions
apparaissent en ce qui concerne le développement local des installations sociales et
économiques ainsi que la formation du personnel local.

La convention minière comprend, avant tout, un ensemble de dispositions techniques et


opérationnelles. Les dispositions techniques et opérationnelles concernent celles relatives
à la durée de la convention minière, aux engagements financiers, au programme de travail,
au périmètre sur lequel les opérations minières sont menées, etc.

Durée de la convention minière

La disposition relative à la durée de la convention minière repose généralement sur la


durée du titre minier accordée à la société minière par l’autorité de délivrance des permis.
Cette clause prévoit également les conditions de renouvellement de la convention minière.
Le nombre de renouvellements et leur durée suivent généralement le régime du droit
minier sur la base duquel la convention minière a été signée. La convention minière peut
prévoir son renouvellement périodique jusqu’à l’épuisement du gisement. À défaut, elle
peut limiter le nombre de renouvellements dont peut bénéficier la société minière.

La disposition relative à la durée de la convention minière peut, en outre, définir les


circonstances qui entraînent la résiliation anticipée de la convention. Ces circonstances
peuvent inclure l’abandon volontaire du titre minier ou son retrait par l’autorité
concédante.

Périmètre

La convention minière définira également le périmètre accordé à la société minière. Ce


périmètre sera basé sur la zone couverte par le titre minier. Une carte du périmètre est
généralement annexée à la convention minière.

La convention minière détaille également les conditions régissant l’abandon de surface


imposée à la société minière lors du renouvellement du permis d’exploration.

78
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Obligations de la société minière

La convention minière détaille les obligations qui incombent aux parties à la convention
et, en particulier, les obligations de la société minière lors de l’exécution des travaux
d’exploitation minière. Ces obligations intègrent l’obligation de respecter les engagements
financiers et le programme de travail, qui est généralement décrit dans le permis
de recherche. Ces obligations comprendront également l’obligation de commencer
les travaux d’exploration, de développement ou d’exploitation minière dans un délai
déterminé, les obligations de la société minière en matière d’établissement des rapports,
l’obligation d’informer l’autorité minière de tout(e) découverte, accident ou suspension
des travaux miniers, etc.

Obligations relatives à la protection de l’environnement

Les obligations que les lois et règlements miniers imposent à la société minière en matière
de protection de l’environnement sont précisées dans la convention minière. Cette
dernière fournira des informations sur la mise en place et le financement du fonds de
réhabilitation ou l’adoption et la mise en œuvre du plan de réhabilitation. La convention
minière détaillera également les obligations de la société minière en matière de santé et
de sécurité283.

4.2.3. Dispositions économiques, fiscales et financières

La convention minière intègre également un ensemble de dispositions qui fixent le


régime économique, fiscal et financier des activités minières. Ces dispositions porteront
essentiellement sur le régime fiscal et douanier, les dispositions relatives au contrôle des
changes, le financement des opérations minières et la participation détenue par l’État dans
le projet minier (c’est-à-dire la participation au capital social de la société d’exploitation).

4.2.4. Dispositions légales

La majeure partie des capitaux investis sur le territoire de l’Etat d’accueil ne peut être
récupérée à court terme. Contrairement à d’autres opérations de commerce international,
les investissements réalisés dans le secteur minier impliquent un amortissement des
sommes investies sur le long terme. Tout au long de la période d’investissement, l’exploitant
est confronté à de nombreux risques qui peuvent affecter la rentabilité du projet.

Les tensions sociales et politiques persistantes dans certaines régions pourraient renforcer
cette instabilité, car le risque de résiliation ou de modification unilatérale des conventions
minières demeure une réalité.
Afin de réduire ces risques et d’assurer la pérennité des relations contractuelles, les
exploitants tentent d’atténuer ces risques politiques en insérant des dispositions
particulières dans les conventions minières. Par exemple, le cas des clauses de stabilisation
et d’intangibilité.

283
Pour avoir de plus amples informations à ce sujet, se référer aux sections suivantes : Après l’extraction et l’aperçu des considérations environnementales et
sociales.
284
Mustafa ERKAN International Energy Investment Law Stability through Contractual Clauses (Kluwer Law International 2011) 105.

79
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Clauses d’intangibilité

Bien que le droit dont jouit l’État de modifier (unilatéralement) un accord d’exploitation
soit assujetti à certaines limites, les exploitants peuvent se protéger contre les mesures
étatiques exorbitantes au moyen de clauses d’intangibilité. Les clauses d’intangibilité
visent à empêcher toute modification d’un contrat par l’État284. Elles combinent souvent
un double engagement de l’autorité publique : un engagement à ne pas modifier
unilatéralement l’accord d’exploitation et un engagement à renoncer à son droit de
nationalisation.

De nos jours, les conventions minières comportent rarement les clauses de renonciation
de l’État à son droit de nationalisation.

Clause de stabilisation

L’ exercice par l’État de ses prérogatives souveraines peut conduire à une modification de
la législation285. Tous ces changements, même s’ils n’affectent pas directement le cadre
contractuel, pourraient tout de même avoir une incidence sur la situation de la société
minière qui est soumise à un risque législatif considérable. Ces modifications du cadre
juridique pourraient même mettre en péril l’équilibre contractuel et financier initial
du projet. Les clauses de stabilisation visent donc à canaliser ce risque et à permettre à
l’exploitant privé d’obtenir le rendement attendu de ses investissements.286

Ce type de clause présente un grand intérêt dans la mesure où il limite l’exercice par l’État
de son pouvoir législatif à l’égard de l’exploitant privé,287 réduisant ainsi le risque politique
qui résulte de l’exercice par l’État de sa souveraineté. L’inclusion de clauses de stabilisation,
en vertu desquelles un État souverain convient que l’exercice de son pouvoir législatif
ou réglementaire ne peut affecter ou modifier les clauses contractuelles sur lesquelles les
parties se sont entendues, s’est généralisée et constitue une pratique couramment acceptée.

La garantie de stabilité accordée à la société minière est une constante et se retrouver


dans une grande majorité de codes miniers. Cette garantie dépasse le cadre national;
ainsi, le Code minier communautaire de l’UEMOA288 et la Directive de la CEDEAO
sur l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier289
consacrent cette garantie de stabilité dans la plupart des pays ouest-africains.

Ce n’ est pas nécessairement le cas dans d’autres communautés économiques régionales.


Le protocole sur l’exploitation minière de la SADC (1997) ne contient pas de dispositions
de stabilisation. C’est également le cas du cadre des actions pour l’harmonisation des
politiques, des normes, du cadre législatif et réglementaire en Afrique australe (2006), un
document de «soft law» sans clauses de ce type. En outre, la communauté d’Afrique de l’est
est en train d’adopter une loi minière (2017) qui exclut en principe la possibilité d’octroyer
des clauses de stabilisation et prévoit de ne les accepter qu’exceptionnellement dans des
cas limités et pour une durée limitée (cinq ans).
285
En ce qui concerne les clauses de stabilisation, consulter plus particulièrement : Piero BERNARDINI, “Stabilization and adaptation in oil and gas investments’
(2008) 1 (1) Journal of World Energy Law & Business 98 ; Nicolas DAVID ‘Les clauses de stabilité dans les contrats pétroliers. Question d’un praticien’ 1986
JDI 79 ; Abdullah AL FARUQUE ‘Typologies, Efficacy and Political Economy of Stabilisation Clauses: A Critical Appraisal’ (2007) 5 (4) OGEL 4 ; Jean-Marc
LONCLE and Damien PHILIBERT-POLLEZ «Les clauses de stabilisation dans les contrats d’investissement » (2009) 3 RDAI 267 ; Catharine TITI «Les clauses
de stabilisation dans les contrats d’investissement : une entrave au pouvoir normatif de l’État d’accueil » 2014 JDI no. 2, doctr. 6 ; DELOITTE «La reconnaissance
et l’efficacité des clauses de stabilisation dans les contrats miniers» (2015) 3 Revue juridique et fiscale d’Afrique francophone 2.
286
L’Article 23 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant promulgation du Code minier et des impôts miniers au Bénin prévoit notamment qu’un accord
minier «peut garantir au titulaire d’un titre minier la stabilité des conditions lui permettant de prendre le risque et de rentabiliser les investissements nécessaires».

80
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Toutefois, certaines difficultés découlent du nombre croissant de clauses de stabilisation.


L’inclusion de ces clauses, ainsi qu’un changement rapide dans les lois régissant le secteur
des ressources naturelles, peut aboutir à l’application simultanée d’un certain nombre
de lois minières. Sauf dans les situations où un exploitant privé bénéficie d’une garantie
de stabilité et demande formellement l’application de la nouvelle loi, l’ancienne loi peut
continuer à être en vigueur. Elle s’appliquerait alors en même temps que la nouvelle
législation, ce qui pourrait poser des problèmes en termes d’intelligibilité de la norme
juridique.

La garantie de stabilité peut découler du cadre juridique ou d’un accord contractuel. En


effet, elle peut être accordée directement par le législateur dans les lois et règlements
miniers.290 La garantie de stabilisation peut tout autant découler la convention minière.
Dans certains cas, l’application de la garantie de stabilité est facultative et l’exploitant privé
doit informer les autorités compétentes s’il souhaite ou non être assujetti à un régime
stabilisé. 291

Bien que les clauses de stabilisation soient assez courantes dans l’industrie extractive, l’on
peut s’interroger sur l’existence d’une garantie de stabilité en l’absence de dispositions
contractuelles ou juridiques connexes. Par exemple, est-ce que les traités bilatéraux
d’investissement, et plus particulièrement la notion de traitement juste et équitable,
permettent d’établir l’existence d’une obligation de maintenir un cadre juridique et
économique stable, prévisible et répondant aux attentes légitimes de l’investisseur? 292
Certains tribunaux arbitraux ont adopté cette position en acceptant l’existence d’une
violation du traitement juste et équitable lorsque les attentes légitimes de l’investisseur
comportaient une garantie de stabilité du régime législatif. 293 Cependant, cette position
fait l’objet de débat dans la doctrine et l’arbitrage international. La décision rendue dans
l’affaire Parkerings c. Lituanie réaffirme le droit de l’État de modifier le cadre législatif et
réglementaire en l’absence de clauses de stabilisation. Par conséquent, le tribunal arbitral
a estimé qu’en l’absence d’une clause de stabilisation, un État est en droit d’adopter, de
modifier ou d’annuler une loi de manière discrétionnaire. 294 La portée de cette question
reste limitée en raison du large recours aux clauses de stabilisation dans le secteur minier.

Les développements ci-après visent à donner un aperçu général du mécanisme de


stabilisation contenu dans les conventions minières. À cet égard, des différences peuvent
être observées à la fois en ce qui concerne le mécanisme juridique utilisé, et le champ
d’application de la stabilisation.

Le mécanisme de stabilisation juridique

La stabilisation peut être organisée selon trois méthodes distinctes : la stabilisation


proprement dite, une adaptation du contrat ou la non-aggravation du contenu de la loi
applicable au contrat.

- La stabilisation proprement dite


287
Voir Nicolas DAVID ‘Les clauses de stabilité dans les contrats pétroliers. Question d’un praticien’ 1986 JDI 81, 82.
288
Article 17 du Règlement de l’UEMOA n° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant adoption du Code minier communautaire.
289
Article 7 de la Directive de la CEDEAO C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 relative à l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier.
290
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 74 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant promulgation du Code minier et de la fiscalité minière de la République
du Bénin ; en République centrafricaine, l’Article 134 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; en République démocratique du
Congo, l’Article 276 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 164 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars
2014 portant promulgation du Code minier ; en Guinée, l’Article 182 de la Loi L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 amendant la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre
2011 portant promulgation du Code minier ; au Niger, l’Article 97 de l’Ordonnance n°. 93-16 du 2 mars 1993 portant promulgation de la Loi minière amendée ; au
Tchad, l’Article 62 de la Loi n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier.

81
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

La stabilisation du cadre légal et réglementaire peut découler de l’application de deux


techniques différentes : la première étant l’incorporation et la seconde l’inapplicabilité.

La technique d’incorporation correspond à une transformation des termes juridiques


en termes contractuels en les incluant dans l’accord d’exploitation lui-même. Dans ce cas,
une liste de la législation stabilisée est incluse dans l’accord d’exploitation. Les conditions
légales et réglementaires stabilisées font donc partie intégrante du contrat. Une autre
méthode consiste à donner force de loi au contrat afin que les modifications législatives
futures ne puissent pas s’appliquer au contrat. 295

La technique de l’inapplicabilité présuppose que les nouvelles conditions légales et


réglementaires ne peuvent être appliquées à un exploitant qui bénéficie d’un régime
stabilisé. 296

- L’adaptation du contrat

Il s’agit d’une situation très particulière qui peut être associée aux clauses de changement
de circonstances. En vertu de ces clauses, l’État s’engage à entamer des négociations avec
l’investisseur afin de rétablir l’équilibre économique du contrat en cas de modification du
cadre juridique ou réglementaire qui pourrait avoir un impact négatif sur l’investissement.297
Dans ce cas, le contenu de la loi applicable est modifié et s’applique immédiatement à la
convention minière. Toutefois, les exploitants acceptent de modifier leur contrat pour
annuler ou, du moins, réduire considérablement l’impact des modifications législatives.

Cette disposition est souvent utilisée pour remédier à un refus d’insérer une clause de
stabilisation.

- Non-aggravation

En ce qui concerne les clauses dites de «non-aggravation», l’État s’engage à rendre


inapplicables les modifications législatives ou réglementaires qui aggravent la situation de
l’exploitant. Toutefois, le critère d’aggravation est très rarement défini, ce qui peut, dans
la pratique, donner lieu à différentes interprétations de la part des parties. En général, le
critère d’aggravation est lié à une aggravation de la situation financière.

Le caractère aggravant d’une disposition législative ou réglementaire est apprécié dans son
ensemble au regard de l’ensemble de l’accord d’exploitation.

Étendue de la stabilisation

- Personnes concernées par la stabilisation

La stabilité du cadre juridique et réglementaire est destinée à s’appliquer principalement


aux exploitants privés, c’est-à-dire aux titulaires de droits miniers, que ces droits découlent
d’un accord ou d’un titre minier.
291
Voir, à cet effet, l’Article 154 de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 de Madagascar, portant promulgation du Code minier telle que modifiée par la Loi n° 2005-021 du 17
octobre 2005.
292
Pour des éléments de réponse, voir Eduardo SILVA ROMERO et Audrey CAMINADES «Actualité des clauses de stabilisation» in Le contentieux extractif (ICC 2015) 57.
293
Sur ce point, consulter Eduardo SILVA-ROMERO et Audrey CAMINADES Actualité des clauses de stabilisation’, in Le contentieux extractif (ICC 2015) et les décisions
citées à cet égard, c’est-à-dire CMS Gas Transmission Company c. République d’Argentine (ARB/01/8) (Décision du 12 mai 2005) ; ou Enron Corporation and Ponderosa
Assets, LP c. République d’Argentine (ARB/01/3) (Décision du 22 mai 2007).
294
Parkerings-Companiet AS c. Lithuanie (ARB/05/8) (Décision du 11 septembre 2007) no 332 : «Tout État a le droit d’adopter, de modifier ou d’annuler une loi à sa discrétion.
Sauf existence d’un accord, sous la forme d’une clause de stabilisation ou autre, la modification apportée au cadre réglementaire existant au moment où l’investisseur a effectué
son investissement n’a rien de répréhensible.»

82
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Toutefois, certaines lois minières limitent la garantie de stabilité et ne l’accordent qu’à des
catégories spécifiques d’exploitants. Ainsi, certains États africains ont décidé de limiter
les avantages de la stabilisation aux investissements qui dépassent un certain montant. 298

Au contraire, d’autres textes élargissent le champ de la stabilisation en acceptant que


les exploitants privés et les personnes impliquées dans les activités minières puissent
bénéficier de la stabilité du cadre légal et réglementaire. Selon la situation, il peut s’agir
de contractants travaillant pour le compte de la société minière ou de sociétés affiliées.

- Domaines couverts par la stabilisation

Que la garantie de stabilité découle de la loi ou d’un contrat, la garantie de stabilisation


s’appliquera généralement à des domaines limités, en particulier la fiscalité, les règles
de change et le régime douanier. Les textes qui assurent la stabilité des conditions
économiques - fiscalité, réglementation douanière et des changes - sont de loin les plus
courants. 300

D’autres clauses ont une acception plus vaste de la stabilité des conditions juridiques et
administratives. 301 La garantie peut également inclure, plus rarement, la stabilité des
règles sociales 302 ou environnementales. 303

- Domaines exclus de la stabilisation

Dans certains cas, les dispositions relatives à la stabilité du cadre juridique retirent
certains domaines du champ d’application de la stabilisation. Ces domaines concernent
principalement la sécurité des personnes, la protection de l’environnement, le contrôle
exercé sur les opérations d’exploitation et le droit du travail.

Certains textes juridiques excluent du champ d’application de la stabilisation les nouvelles


réglementations qui pourraient être adoptées au sein des organisations régionales.304
L’inclusion de ce type de disposition se justifie par l’obligation qui incombe aux États
membres des organisations régionales, telles que l’UEMOA et la CEDEAO, de respecter
les réglementations communautaires.

- Période de stabilisation

La période de stabilisation court généralement à partir de la date d’octroi du titre minier


ou de signature de la convention minière 305 . La société minière bénéficiera de la garantie
de stabilité pendant toute la durée de l’accord306 ou la période de validité du titre minier307.
Certaines dispositions précisent logiquement que la garantie de stabilité prend fin
automatiquement en cas d’annulation ou de retrait du titre minier. 308

295
Piero BERNARDINI ‘Stabilization and adaptation in oil and gas investments’ (2008) 1 (1) Journal of World Energy Law & Business 100.
296
Voir l’Article 134 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier en République centrafricaine.
297
Sur ce point, voir TITI « Les clauses de stabilisation dans les contrats d’investissement : une entrave au pouvoir normatif de l’État d’accueil » Loc cit.
298
Par exemple, à Madagascar, voir l’Article 157 de la Loi n° 99-22 du 19 août 1999 portant promulgation du Code minier tel que modifié par la Loi n° 2005-021 du
17 octobre 2005, qui dispose que: « [p]euvent bénéficier de la garantie de stabilité les investissements dans la recherché et dans l’exploitation minière, d’un montant
minimum de cinq cent millions d’ariary (Ar 500.000.000), que les promoteurs s’engagent à réaliser suivant le plan présenté au moment de l’option pour la garantie. »
Voir également, l’Article 74 de la Loi No. 2006-17 du 17 octobre 2006 de la Loi portant Code minier et fiscalité minière de la République du Bénin, qui garantit la
stabilité fiscale aux titulaires de permis d’exploitation minière accrédités sous le régime du Code des investissements.

83
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Toutefois, certains textes limitent la garantie de stabilité à une certaine période suivant
l’octroi du titre minier ou la signature de la convention minière. 309

Conséquences d’une violation d’une clause de stabilisation

La violation d’une clause de stabilisation peut avoir un impact spécifique si un traité de


promotion et de protection des investissements, qui comprend une clause de couverture
(ou clause parapluie), a été conclu entre l’État et l’État d’origine de l’investisseur. Cette
clause prévoit que chaque État respectera ses obligations à l’égard des investisseurs de
l’autre État. L’existence d’une clause de couverture fait passer les obligations contractuelles
au niveau d’un traité.310 Par conséquent, lorsqu’une clause de couverture existe, la
violation d’une clause de stabilisation peut être considérée comme une violation du traité.

La violation par l’État de son engagement de stabilité pourrait également être considérée
comme une expropriation311 et, par conséquent, donner lieu à indemnisation. Toutefois,
il est préférable que cette situation soit limitée aux cas dans lesquels une violation de la
clause de stabilisation affecte sensiblement la rentabilité de l’investissement.

Une autre solution plus largement acceptée consiste à considérer que la violation de
la clause de stabilisation - lorsqu’elle porte atteinte au respect des attentes légitimes
de l’investisseur - constitue une violation de la disposition relative au traitement juste
et équitable garanti par le traité de promotion et de protection des investissements. 312
Les tribunaux arbitraux ont jugé qu’une modification du cadre juridique découlant d’un
engagement spécifique de l’État constitue une violation de la disposition relative au
traitement juste et équitable. 313

Au sujet des conséquences financières d’une violation de la clause de stabilisation, 314 une
partie de la doctrine considère que le principe de la restitutio in integrum constitue une
compensation adéquate.315 Pour d’autres, la violation d’une clause de stabilisation doit
certes entraîner la réparation du préjudice subi par l’investisseur, mais aussi la réparation
du manque à gagner, lucrum cessans. 316 La jurisprudence internationale reste flou
sur ce point. Si certaines décisions arbitrales ont appliqué le principe de la restitutio in
integrum317 , d’autres ont rejeté l’application de ce principe.318 Enfin, une autre tendance
doctrinale fait valoir que la réparation du préjudice subi en raison de la violation d’une
clause de stabilisation dépend de la légalité ou de l’illégalité de la mesure. Si la mesure qui
viole la clause de stabilisation n’est pas discriminatoire, mais prise dans l’intérêt public,
la compensation financière due en raison de la violation de la clause de stabilisation est
calculée sur la base de la juste valeur marchande. Inversement, si la mesure prise par
l’État en violation de la clause de stabilisation est illégale, l’indemnisation doit couvrir le
préjudice actuel de l’investisseur, ainsi que le manque à gagner.

299
Voir, à cet effet, au Tchad, l’Article 62 de la Loi n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier, qui prévoit: « [l]a stabilisation des impôts
et taxes assimilées prévus au Code Miner est garantie aux titulaires de titre minier ou bénéficiaires d’autorisation en vertu du Code Minier, ainsi qu’aux entreprises
travaillant pour leur compte ou en association avec eux, pendant toute la période de validité du titre minier ou de l’autorisation.»
300
Voir, en République centrafricaine, l’Article 52 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; en République démocratique du
Congo, l’Article 166 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 164 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars
2014 portant promulgation du Code minier ; en Guinée, l’Article 182 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement de la Loi n° 2011/006/
CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; à Madagascar, l’Article 154 de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant promulgation du Code
minier amendé par la Loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 ; au Tchad, l’Article 62 de la Loi n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier.

84
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Force majeure

La notion de force majeure319 est interprétée différemment selon la tradition juridique


de l’État concerné. Les pays civilistes adoptent généralement des critères tels que
l’irrésistibilité, l’imprévisibilité et l’extériorité pour définir un cas de force majeure. 320
Toutefois, d’autres lois (le plus souvent fondées sur le système de Common Law) adoptent
un concept plus souple et prévoient qu’un cas de force majeure peut être un cas échappant
au contrôle des parties et auquel des efforts raisonnables n’ont pas permis de remédier.
Dans certains cas, la notion de force majeure est étendue aux événements qui empêchent
l’une des parties de se conformer totalement ou partiellement à ses obligations. En général,
la force majeure peut couvrir des événements tels que les guerres, les embargos, les actes
terroristes, les catastrophes naturelles, les actes des pouvoirs publics, les sabotages ou les
troubles civils.

La structure de la clause de force majeure peut sensiblement varier d’un contrat à un


autre. Premièrement, la disposition ne peut inclure qu’une définition abstraite de la
force majeure fondée sur son impact sur les obligations des exploitants. La définition
peut être remplacée par une liste exhaustive (ou non exhaustive), qui est une technique
de rédaction inspirée des pays de la Common Law et qui se trouve essentiellement en
Afrique anglophone. Il s’agit de clauses descriptives qui introduisent une incertitude dans
la mesure où chacun de leurs éléments peut donner lieu à interprétation. Afin d’éviter
toute difficulté, chacun de ces éléments devrait être défini, ce qui n’est pas souvent le cas.
Une clause de force majeure peut également contenir une définition abstraite illustrée par
quelques exemples non exhaustifs. Dans certains cas, la définition de la force majeure peut
être complétée par une définition négative, qui énumère les scénarii qui ne constituent pas
des cas de force majeure.

Reconnaissance de la force majeure et mise en œuvre de la clause

La mise en œuvre de la clause de force majeure suppose, en premier lieu, que les parties
concernées notifient immédiatement le cas de force majeure. Le plus souvent, il incombe
à la partie qui ne peut respecter l’une de ses obligations contractuelles et invoque un cas
de force majeure d’en informer l’autre partie322 ou l’autorité compétente323 dans les délais
fixés par la réglementation applicable. Certaines dispositions légales ou contractuelles
prévoient les modalités de communication de ces informations, notamment en termes de
délais324 et de moyens de notification du cas de force majeure.325

La notification d’un cas de force majeure est parfois suivie d’une enquête au cours de
laquelle l’autorité compétente doit se prononcer sur l’existence ou non d’un cas de force
majeure. 326

301
Voir, en particulier, au Sénégal, l’Article 27 de la Loi n° 2016-32 du 8 novembre 2003 portant promulgation du Code minier.
Concernant les dispositions qui garantissent la stabilité des conditions sociales, voir, en particulier, en Algérie, l’Article 84, alinéa 4 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet
2001 portant promulgation de la loi minière ; in Benin, l’Article 23, alinéa 3 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 Portant promulgation du Code minier et de la
fiscalité minière de la République du Bénin.
302
Voir, en Algérie, l’Article 84, alinéa. 4 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation du Code minier.
303
Voir en République centrafricaine, l’Article 134 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier.
304
Voir à cet effet, en Guinée, l’Article 182 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 modifiant la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant
promulgation du Code minier en Guinée ; l’Article 48 de la Loi de 2006 sur les minerais et les mines au Ghana.
305
Voir l’Article 12 du décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation du contrat minier type en Algérie ; l’Article 52 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009
portant adoption du Code minier en République centrafricaine.
306
Voir à cet effet, en Algérie, l’Article 84, alinéa. 4 de la Loi n° 01-10 du 4 juillet 2001 portant promulgation de la Loi minière ; en République centrafricaine, l’Article
134 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 166 de la Loi n° 4-2006 du 11 avril
2005 portant promulgation du Code minier.
307
Voir, à cet effet, l’Article 58 de la Loi n° 2012/012 portant réglementation des accords miniers et portant approbation de l’accord minier type en Mauritanie.

85
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

Parfois, le recours à un cas de force majeure peut être contesté. C’est généralement le cas
lorsqu’un litige surgit quant à l’interprétation des faits présentés pour justifier l’existence
d’un cas de force majeure. Certaines lois minières prévoient des procédures de recours
pour permettre à une partie de contester une décision qui remet en question l’existence
d’un cas de force majeure. Il peut s’agir d’un recours administratif formé contre une
décision de l’autorité nationale compétente 327.

Les codes miniers, ainsi que les conventions minières, peuvent prévoir que la mise en
œuvre de la clause de force majeure comprendra des mesures conservatoires afin de
s’assurer que les parties s’efforcent de prévenir l’aggravation de l’événement et de respecter
leurs obligations contractuelles dans toute la mesure possible. À cet effet, la clause de force
majeure peut notamment prévoir l’obligation pour les parties de minimiser l’impact de
la force majeure sur le bon déroulement des opérations minières328 et de prendre toutes
les mesures nécessaires pour s’acquitter normalement de leurs obligations contractuelles.

Conséquences juridiques d’un cas de force majeure

La force majeure a pour effet d’excuser le manquement de l’une des parties dans
l’accomplissement de tout ou partie de ses obligations contractuelles.329 Le manquement
d’une partie cocontractante à l’une de ses obligations ne sera alors pas considérée comme
une violation du contrat. Pendant toute la durée du cas de force majeure, le respect des
obligations affectées par l’événement de force majeur sera suspendu,330 étant entendu que
l’exécution normale du contrat reprendra dès la fin du cas de force majeure.

Toutefois, la survenance d’un cas de force majeure ne dispense pas les parties de toutes
leurs obligations. Les parties doivent continuer à s’acquitter de leurs obligations, à
l’exception de celles affectées par le cas de force majeure.331 Certaines dispositions
prévoient également que la force majeure ne libère pas l’exploitant de ses obligations liées
au paiement d’une somme d’argent.

En général, la durée du contrat d’exploitation sera automatiquement prorogée d’une durée


correspondant à celle de l’interruption causée par le cas de force majeure.332 Si l’évènement
de force majeure se prolonge dans le temps, certaines dispositions légales et contractuelles
prévoient la résiliation automatique du contrat.

Ces conditions doivent impérativement être fournies ou détaillées dans l’accord


d’exploitation.

Choix de la loi applicable

La convention minière contiendra également une disposition essentielle relative à la loi


applicable au contrat.

308
En République démocratique du Congo, l’Article 276 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier crée une période de stabilité de
10 ans en faveur de l’investisseur. La réforme prévue du code minier prévoit de ramener la période de garantie de stabilité à cinq ans.
309
À cet effet, la décision Noble Ventures Inc. c. Roumanie l’a établi : Une clause générale est généralement considérée comme transformant des obligations de droit
interne en obligations directement reconnaissables en droit international » (décision Noble Ventures Inc c. Roumanie (ARB/01/11) du 12 octobre 2005 n° 53).
Cette solution fait l’objet de débats dans la jurisprudence internationale. Certains tribunaux d’arbitrage soutiennent que la clause générale ne transforme pas
l’obligation contractuelle, mais transforme la violation de cette obligation en une violation du TBI (voir aussi, à cet effet, la décision du comité ad hoc dans l’affaire
CMS Gas Transmission Company c. République d’Argentine (ARB/01/8) : [L]a clause générale n’a pas pour effet de transformer l’obligation invoquée en autre
disposition, le contenu de l’obligation n’est pas affecté» (CMS Gas Transmission Company c. République d’Argentine (ARB/01/8), décision du 25 septembre 2007, n°
95). Sur cette distinction, voir Sophie LEMAIRE, «La mystérieuse ‘clause générale’ » (Interrogations sur l’impact de la clause de respect des engagements sur l’arbitrage
en matière d’investissements) 2009 Rev arb 479.

86
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

L’objectif des clauses de professio juris ou de choix de la loi applicable est de déterminer
la loi qui régit le contrat. Ce type de clause est d’autant plus important que la loi qui régit
un contrat détermine les conditions de son exécution, les obligations des parties et les
conséquences de tout manquement de leur part.

Bien que la liberté des parties de choisir la loi applicable demeure le principe de base, les
lois de l’État où les opérations minières sont effectuées s’appliquent généralement.

Règlement des différends (voir la section Introduction au règlement des différends dans le
secteur minier)

4.3. Processus de rédaction et de révision

Tel que mentionné précédemment, les conventions minières seront généralement basées
sur un titre minier, qu’il s’agisse d’un permis d’exploration ou d’exploitation attribué lors
de la phase de production. La négociation de l’accord peut intervenir avant ou après
l’octroi du permis.

Si les lois et règlements applicables exigent que la convention minière soit signée avant
l’octroi du titre minier, les textes peuvent prévoir un délai précis pour la négociation de
la convention. En l’absence d’accord sur la convention minière dans les délais indiqués, la
demande de titre minier pourra être rejetée.

La législation minière exige généralement que la convention minière soit soumise à un


comité interministériel pour avis ou approbation. Cette exigence résulte du fait que les
conventions minières portent sur des questions ne relevant pas du ministère des mines,
notamment en matière environnementale, douanière ou encore discale.

La convention minière est, en général, signée par le Ministre des mines. Des formalités
supplémentaires peuvent être exigées, notamment lorsque la convention déroge aux lois
minières, ce qui nécessitera son approbation par le Parlement.

La publication de la convention minière au journal officiel constitue, en général, la dernière


étape prévue par les codes miniers. Cette publication est devenue la règle et s’inscrit dans
la nouvelle tendance visant à promouvoir la transparence dans l’industrie minière.

310
Cette solution a été adoptée par le tribunal arbitral dans l'affaire Methanex Corporation c. États-Unis d'Amérique : En vertu du droit international général, un
règlement non discriminatoire visant un intérêt public, qui est adopté conformément à une procédure régulière et qui touche, entre autres, un investisseur ou un
investissement étranger, n'est pas réputé expropriatoire et indemnisable à moins que le gouvernement régulateur n'ait pris des engagements spécifiques envers
l'investisseur étranger alors présumé qui envisage un investissement que le gouvernement refuserait de faire. (Methanex Corporation c. États-Unis, décision finale
sur la compétence et le fond du 3 août 2005, no 7). À ce sujet, consulter TITI «Les clauses de stabilisation dans les contrats d’investissement : une entrave au pouvoir
normatif de l’État d’accueil» Loc cit.
311
À ce sujet, consulter TITI «Les clauses de stabilisation dans les contrats d’investissement : une entrave au pouvoir normatif de l’État d’accueil» Loc cit.
312
Dans l’affaire El Paso c. Argentine, le tribunal arbitral a estimé ceci : Une réglementation générale raisonnable peut être considérée comme une violation de la
norme FET si elle viole un engagement spécifique envers l’investisseur. Le Tribunal considère qu’un engagement particulier de l’État à l’égard d’un investisseur offre
à ce dernier une certaine protection contre les modifications de la législation». (El Paso Energy International c. République d’Argentine (ARB/03/15), décision du
31 octobre 2011, n° 375).

87
INTRODUCTION AUX CONVENTIONS MINIÈRES

CONCLUSION

Ce chapitre démontre la nécessité pour les parties à un contrat minier de maîtriser


plusieurs aspects du projet lors de la rédaction de leur contrat. Dans la négociation
d’accords miniers, plusieurs points requièrent une attention particulière, notamment les
clauses de stabilisation et les cas de force majeure.

Premièrement, il est nécessaire de définir clairement les règles juridiques qui font l’objet
de la stabilisation dans la clause de stabilisation. Il convient également de veiller à ce
que cette clause soit effectivement applicable dans le cas où le gouvernement de l’État
hôte souhaite modifier unilatéralement les règles applicables au contrat. Deuxièmement,
s’agissant de la clause de force majeure, le contrat doit prévoir clairement les conséquences
de la survenance d’un cas de force majeure afin d’empêcher qu’une partie ne soit tenue
pour responsable d’un fait qu’elle n’aurait pas pu empêcher.

313
Voir Abdullah AL FARUQUE «Validité et efficacité des clauses de stabilisation» (2006) 23 (4) Journal of International Arbitration 329 et seq.
314
Id.
315
Eduardo Jiménez de ARECHAGA ‘International Law in the Past Third of a Century’ (1978) 159 RCADI at 1.
316
Voir, par exemple, l’affaire Texaco v Libye 53 ILR 454.
317
Voir, par exemple, American Independent Oil Co. (AMINOIL) c. Gouvernement du Koweït (décision du 24 mars 1982) 1982 JDI 869.
318
Nous considérons la force majeure comme un cas fortuit. Voir notamment Georges R DELAUME ‘Excuse for Non-Performance and Force Majeure in
Economic Development Agreements’ (1971) 10 Columbia Journal of Transnational Law 242 ; Marcel FONTAINE «Les clauses de force majeure dans les contrats
internationaux» 1979 DPCI 469 ; Philippe KAHN « Force majeure et contrats internationaux de longue durée» 1975 JDI 467. Ces érudits soutiennent qu’un cas
fortuit est un événement interne lié aux activités des parties, comme un incendie ou un équipement défectueux ; pour sa part, la force majeure est un événement
externe comme la foudre ou la guerre.
319
Voir en Algérie, l’Article 31(2) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation du modèle d’accord minier en Algérie, qui prévoit que «[p]our les
fins de la Convention minière, la définition de force majeure comprend tout acte ou événement imprévisible, irrésistible et indépendant de la volonté des Parties et
les empêchant provisoirement ou définitivement d’exécuter leurs obligations.»
En République démocratique du Congo, l’Article 297 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier prévoit que : « constitue un cas
de force majeure, tout événement imprévisible, irrésistible, insurmontable et indépendant de la volonté du titulaire»
320
En ce qui concerne les lois et accords comportant une définition abstraite de la notion de force majeure, il convient de mentionner : en République du Congo,
l’Article 188 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 297 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002
portant Code minier ; à Madagascar, l’Article 180 de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant adoption du Code minier, tel que modifié par la Loi n° 2005-021 du
17 octobre 2005.
321
Voir, à cet effet, l’Article 31 du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation du modèle de convention minière en Algérie ; en Guinée, l’Article 87 de
la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier.
322
Voir à cet effet, l’Article 298 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier en République démocratique du Congo, qui prévoit l’obligation d’informer
le Cadastre minier.
323
Voir, à cet effet, l’Article 31 du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant adoption du modèle de convention minière en Algérie.
324
À titre d’exemple, certains textes prévoient notamment que la notification doit être faite par écrit : en République Démocratique par exemple, certains textes
prévoient que la notification doit être faite par écrit, notamment : en République démocratique du Congo, l’Article 83 du Décret n° 038-2003 du 26 mars 2003 portant
promulgation du Code minier ; en Guinée, l’Article 87 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant adoption du Code minier.
325
Voir, à cet effet, l’Article 84 du Décret n° 038-2003 du 26 mars 2003 portant promulgation du Code minier en République démocratique du Congo.
326
Voir, à cet effet, l’Article 89 du Décret n° 038-2003 du 26 mars 2003 portant promulgation du Code minier en République démocratique du Congo.
327
Voir, à cet effet, l’Article 87(3) de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier en Guinée.
328
Voir en Algérie, l’Article 31 du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation du modèle d’accord minier en Algérie ; l’Article 180 de la Loi n° 99-022
du 19 août 1999 portant adoption du Code minier, tel que modifié par la Loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 à Madagascar.
329
Voir, à cet effet, l’Article 298 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier en République démocratique du Congo ; l’Article 35 de la Loi n° 2014-138
du 24 mars 2014 portant Code minier en Côte d’Ivoire.
330
Voir, à cet effet, e l’Article 297 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier en République démocratique du Congo.
331
Voir à cet effet, l’Article 31(1) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation du modèle d’Accord minier en Algérie ; l’Article 298 de la Loi n° 007-
2002 du 11 juillet 2002 portant adoption du Code minier en République démocratique du Congo.
332
Dans la Common Law, le concept de loi applicable est connu sous le nom de « loi applicable du contrat » ou de « loi applicable» (voir, à cet effet, Abdul F Munir
MANIRUZZZAMAN «Choix de la loi applicable dans les contrats internationaux - Quelques questions fondamentales de conflit de lois » (1999) 16 (4) Journal of
International Arbitration 141).

88
CHAPITRE 5

APRÈS L’EXTRACTION

1. RÉHABILITATION ET FERMETURE DE LA MINE

2. TRANSFORMATION, VENTE, IMPORTATION ET


EXPORTATION DES MINERAIS EXTRAITS OU TRAITÉS
APRÈS L’EXTRACTION

Lorsque les opérations d’extraction sont terminées, et quelle que soit la raison, l’exploitant
doit envisager la réhabilitation de la mine. Les législations nationales sont de plus en
plus strictes sur les obligations des opérateurs lorsqu’une mine est close, et ce scénario
- souvent considéré et envisagé depuis la phase de recherche – doit tenir compte des
considérations sociales et financières afférentes.

5.1. Réhabilitation et fermeture de la mine

A l’expiration des droits miniers ou en cas de renonciation du titulaire du titre, ce dernier


n’est pas dégagé de ses obligations envers l’Etat. Le titulaire des droits minier doit en
effet remplir un certain nombre d’obligation relative à la réhabilitation du site minier et
à la fermeture de la mine. La réhabilitation du site nécessite un ensemble de paramètres
juridiques, sociaux, environnementaux et financiers à prendre en compte.

5.1.1. Observations générales

Toutes les mines ont une durée de vie déterminée. La plupart du temps, après que
l’extraction des ressources minérales ait été achevée et qu’il n’y a aucune possibilité
d’étendre la mine ou d’accéder à des ressources supplémentaires, la mine rentre dans la
phase finale de son cycle de vie de développement. Cette phase finale est désignée sous le
titre de phase de fermeture de la mine. Ce moment peut intervenir de manière planifiée,
lorsque les quantités connues de matériaux sont extraites sur une période de temps
définie, ou il peut arriver soudainement lorsque les conditions du marché changent, et
que la continuation de l’extraction n’est désormais plus rentable.

La réhabilitation des sites miniers est un élément essentiel pour prévenir les dommages
environnementaux. Le but de la réhabilitation du site est de retrouver un environnement
sûr et durable à la fin des opérations minières et d’assurer que les sites miniers soient
correctement fermés en éliminant les dangers nuisibles pour la santé et en assurant la
sécurité publique. Cela passe notamment par limiter la production et la circulation des
substances qui pourraient porter atteinte à l’environnement ou encore restaurer le site sur
lequel était les opérations minières étaient conduites.

Dans le secteur minier, les travaux de réhabilitation consisteront, par exemple, à enlever
les installations, à niveler et à reboiser la zone, à sécuriser le périmètre, etc.

5.1.2. Cadre institutionnel et juridique relatif à la réhabilitation du


site minier

Historiquement, la fermeture d’une mine était souvent un processus qui n’était pas
333
Pour des exemples de lois nationales prévoyant la réhabilitation de sites, voir notamment, au Bénin, l’Article 35 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant
promulgation du Code minier et de la fiscalité minière ; au Burundi, les Articles 137 et 140 de la Loi n° 1-21 du 15 octobre 2013 portant adoption du Code minier
; en République centrafricaine, l’Article 104 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant adoption du Code minier ; en République du Congo, les Articles 128 et
suivants de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 61 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002
portant Code minier ; en Côte d’Ivoire, les Articles 144 et suivants de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; au Ghana, l’Article 28 de la loi
minière et minière de 2006 ; en Guinée, l’Article 64 de la Loi n° 64. 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 promulguant le Code minier ; au Lesotho, l’Article 58(4)
de la Loi de 2005 sur les mines et les minéraux ; au Libéria, l’Article 8(2) de la Loi pétrolière de 2002 ; à Madagascar, l’Article 102 de la Loi n° 99-022 du 19 août
1999 portant promulgation du Code minier modifié par la Loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 ; au Mali, l’Article 110 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012
portant promulgation du Code minier ; au Mozambique, l’Article 71 de la loi minière n° 2012-015 du 27 février 2012. 20-2014 du 18 août 2014 ; en Namibie,
l’Article 54 de la Loi de 1992 sur la prospection et l’exploitation minières ; au Nigeria, l’Article 114 de Loi de 2007 sur les ressources minérales et l’exploitation
minière ; en Ouganda, l’Article 66 de la Réglementation sur l’exploitation minière de 2004 et l’Article 110 de la loi sur l’exploitation minière de 2003 ; au Rwanda,
l’Article 31 de la Loi n° 13-2014 du 20 mai 2014 sur l’exploration des mines et des carrières ; au Sud-Soudan, l’Article 122 de la Loi de 2012 sur les mines ; au
Swaziland, l’Article 127 de la Loi de 2011 sur les mines et les minéraux ; au Tchad, l’Article 52.5 de la Loi n° 006-PR-2007 sur les hydrocarbures.
En ce qui concerne la réhabilitation des sites miniers et pétroliers, en particulier, voir Hery Ranjeva « L’obligation de réhabilitation d’un site d’extraction minière à
la charge de l’investisseur» Liber Amicorum Raymond Ranjeva L’Afrique et le droit international : variations ou l’organisation internationale (Pédone 2013) 549.

90
APRÈS L’EXTRACTION

contrôlé. Les équipements et les matériaux sans valeur de récupération étaient abandonnés
sur place et l’ouverture des mines étaient laissées sans surveillance. Tout impact sur les
communautés environnantes était considéré comme faisant partie du cycle économique
naturel.

Aujourd'hui, l’obligation de réhabilitation des sites miniers est prévue par la grande
majorité des codes miniers en Afrique.334

Plus généralement, la politique gouvernementale de fermeture des mines peut être, en


partie, dictée par la Constitution nationale qui exige un environnement sain pour ses
citoyens, ou par les exigences des traités et accords internationaux (Convention de Bâle).

En outre, les politiques sectorielles et les législations telles que les décrets exécutifs et
les accords spécifiques des gouvernements locaux doivent faire partie d’un programme
national global de fermeture acceptable des mines.

Certains pays comme l’Afrique du Sud et la Tanzanie, qui ont chacun une longue histoire
minière dans le domaine du développement minier du secteur privé, sont caractérisés par
(i) une politique et une législation très générales concernant la fermeture des mines et (II)
mettre en œuvre la fermeture des mines de façon négociée « mine par mine ».

Les représentants des gouvernements régionaux et locaux peuvent apporter leur


contribution et leur soutien aux éléments liés à l’économie régionale et locale et aux
aspects liés aux plans de développement régional, ou à d’autres secteurs sur lesquels ils
ont des pouvoirs juridictionnels, tels que la santé, l’éducation et les transports. L’entreprise
minière doit collaborer avec les autorités locales pour s’assurer qu’elle comprenne les
impacts de la fermeture des mines et comment cela impactera leurs programmes et plans
de développement.

En la matière, les obligations de la société minière consistent principalement en


l’établissement et la mise en œuvre d’un plan de réhabilitation. Le plan de réhabilitation
est généralement inclus dans l’étude d’impact environnemental. Le plan de réhabilitation
peut également être soumis séparément lors d’une demande de titre minier (permis
d’exploration, permis d’exploitation).

Les obligations incombant aux sociétés minières en matière de réhabilitation impliquent


que la société minière supporte la charge financière de la remise en état des sites miniers.

À cette fin, la société minière peut être tenue de fournir un dépôt de garantie ou de payer
une provision. Le montant de la garantie devra être suffisant pour couvrir les coûts
liés à la réhabilitation du site. La garantie bancaire sera généralement libérée au fur et à
mesure que les travaux de réhabilitation du site minier sont exécutés et en totalité après
l’accomplissement de l’ensemble des travaux de réhabilitation et d’ordre environnemental.

334
La création d’un fonds de réhabilitation environnementale constitue une obligation qui incombe aux États membres de l’UEMOA (Article 6 (7) du Règlement
n° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant adoption du Code minier communautaire).
335
La création d’un fonds environnemental de réhabilitation constitue une obligation incombant aux États membres de l' UEMOA (article 6, paragraphe 7, du
règlement n ° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant code minier communautaire);
336
Voir notamment, les Articles 84 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier en République démocratique du Congo ; l’Article 38 de la Loi n°
09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier en République centrafricaine.
337
Voir, en particulier, l’Article 81 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier en République démocratique du Congo.: «[s]
ous réserve des dispositions prévues à l’Article 10, litera j, le traitement ou la transformation des substances minérales peut être réalisée soit par le titulaire d’un
Permis d’exploitation, soit par une entité de traitement ou une entité de transformation.»

91
APRÈS L’EXTRACTION

Un fonds de réhabilitation peut également être créé à cet effet. Ce fonds sera habituellement
financé par une contribution annuelle calculé en fonction des coûts estimatifs liés à la
mise en œuvre du programme de réhabilitation. Si l’exploitant n’exécute pas le plan de
réhabilitation, l’État peut utiliser les sommes déposées sur le fonds de réhabilitation.
Une fois le programme de réhabilitation achevé, les montants peuvent être remboursés
au titulaire des droits miniers ou utilisés par l’État pour le financement de travaux
environnementaux en fonction des dispositions légales en vigueur.

5.1.3. Questions sociales

Au cours des opérations minières, les mines peuvent bénéficier aux collectivités, à travers
des possibilités d’emploi et d’autres avantages tels que l’amélioration de l’éducation, de la
formation et des soins de santé. Toutefois, lorsque la mine est une composante importante
de l’économie, la fermeture des mines peut avoir des impacts économiques locaux et
même régionaux dévastateurs pendant des décennies après la fermeture.

Cela peut être particulièrement vrai pour ceux qui sont dans les régions éloignées ou
dans les pays en développement où la mine peut devenir le principal moteur économique
local et assumer un rôle de leadership de facto qui serait autrement la responsabilité du
gouvernement.

Comme pour les autres aspects de la gestion de la fermeture de la mine, la planification


proactive et la gestion de la transition sociale à la clôture sont essentielles pour minimiser
les impacts négatifs et tirer parti des avantages. La planification de la transition sociale
devrait intégrer l’identification des risques sociaux et de leurs mesures d’atténuation
dans les premières phases de la planification minière. Intégrer les bons spécialistes et les
intervenants dès le début de la sélection des objectifs peut aider à faire en sorte que le plan
de fermeture comprenne des objectifs de transition sociale.

Par conséquent, de nombreuses juridictions et entreprises exigent un certain niveau de


consultation des parties intéressées pendant la conception du plan de fermeture. Les
communautés de la zone d’influence de la mine – qui peuvent inclure celles qui seront
directement touchées par le processus de fermeture des mines – devraient être intégrées
dans tous les aspects du processus de transition sociale.

En effet, il est nécessaire d’inclure des représentants informels et traditionnels des femmes,
des jeunes, des associations communautaires, des groupes vulnérables et des minorités
sous-représentées. Des forums publics et d’autres possibilités d’engagement peuvent
être facilités pour que la consultation et les commentaires ne reflètent pas seulement la
majorité.

Dans certaines juridictions, par exemple, les peuples autochtones seront présents dans la
zone d’influence et pourront avoir des droits sur les terres distinctes des droits miniers.
338
Voir notamment, l’Article 38 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant Code minier en République centrafricaine ; l’Article 31 de la Loi n° 2014-138 du 24
mars 2014 portant Code minier en Côte d’Ivoire.
339
Pour les avantages pour l’économie locale, voir ci-dessous parag. 1149 et suivants
340
Voir par exemple l’Article 21 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant Code minier au Mali.
341
Voir, en particulier, l’Article 139(1) de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 modifiant la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant adoption
du Code minier en Guinée : « [l]e titulaire d’un Titre d’exploitation minière, ou tout autre investisseur guinéen ou étranger est exhorté à établir en République
de Guinée des installations de conditionnement, de traitement, d’affinage et de transformation de substances minières ou de carrières, y compris l’élaboration de
métaux et alliages, de concentrés ou dérivés primaires de ces Substances minières, conformément à la réglementation en vigueur».
342
Voir, en particulier, l’Article 38 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier en République centrafricaine.

92
APRÈS L’EXTRACTION

Dans ce cas, il y a un niveau supplémentaire a considérer pour traiter correctement les


droits des peuples autochtones et reconnaître ces droits, même lorsqu’ils ne sont pas
pleinement inscrits dans la structure réglementaire dominante de l’Etat.

De même, il est souhaitable qu’un dialogue soit initié avec les employés, par l’entremise de
représentants, pour entendre leurs préoccupations et mener, si nécessaire, à une transition
professionnelle réussie.

Enfin, l’estimation du coût et de l’effet du processus de transition sociale pour la


planification de la fermeture de la mine présente des défis spécifiques. Contrairement à
d’autres éléments de l’estimation des coûts de fermeture, les coûts de transition sociale ne
sont généralement pas disponibles, en termes de coûts unitaires fondés sur l’expérience
ou de quantités mesurables. Il existe une variation considérable entre les sites en ce qui
concerne les contextes socio-économiques, environnementaux et politiques, les attentes
des intervenants, la capacité des communautés, etc.

5.1.4. Questions financières

Les exigences en matière de réhabilitation impliquent que la société minière assume


la charge financière de la restauration des sites miniers. Le coût de la fermeture d’un
site minier peut aller de dizaines de milliers à plus d’un milliard de dollars, selon les
caractéristiques de la mine. Les contributions de la société minière pour financer
les travaux de réhabilitation peuvent souvent être considérées comme une dépense
déductible.

Pour s’assurer que les gouvernements disposent des fonds nécessaires pour fermer
adéquatement les sites miniers en cas d’abandon, de nombreuses juridictions exigent
maintenant que les promoteurs de nouvelles mines fournissent une certaine forme
d’assurance financière comme condition préalable à la construction et l’exploitation de la
mine, ainsi que pour les exploitants de mines existantes afin de s’assurer qu’ils disposent
de l’assurance nécessaire.

La société minière peut être tenue de fournir un dépôt de garantie ou de payer une
provision. Un fonds de réhabilitation peut également être créé à cette fin. Il sera
généralement financé par une cotisation annuelle fondée sur les coûts estimés liés à la
mise en œuvre du programme de réhabilitation. Si l’exploitant ne parvient pas à mettre
en œuvre le plan de réhabilitation, l’État peut utiliser les sommes déposées dans le
fonds de réhabilitation. Une fois le programme de réhabilitation entièrement réalisé, les
montants peuvent être remboursés au détenteur des droits miniers ou utilisés par l’État
pour le financement de travaux environnementaux en fonction des dispositions légales
applicables.

343
Par exemple, en République démocratique du Congo, l’Article 85 de la Loi n° 2007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier prévoit : «
[s]ous réserve des dispositions de l’alinéa suivant, la commercialisation des produits miniers qui proviennent des Périmètres d’exploitation est libre. Le titulaire
d’un Permis d’Exploitation peut vendre ses produits aux clients de son choix à des prix librement négociés. Toutefois, l’autorisation du Ministre est requise pour
l’exportation des minerais à l’état brut pour traitement à l’extérieur du Territoire National. Cette autorisation ne sera accordée que si le titulaire qui la demande
démontre à la fois: a) l’inexistence d’une possibilité de traitement dans le Territoire National à un coût économiquement rentable pour le projet minier ; b) les
avantages pour la République Démocratique du Congo au cas où l’autorisation d’exportation est accordée.»
344
Voir, en particulier, l’Article 106 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant Code minier en Tunisie.

93
APRÈS L’EXTRACTION

Pourtant, les coûts de fermeture peuvent être difficiles à estimer correctement, surtout
lorsque les coûts de fermeture réels diffèrent considérablement des valeurs estimées. Cette
variation potentielle est un risque pour la société minière.
Pour cette raison, la fermeture progressive est l’un des moyens les plus efficace de mettre
en œuvre les travaux de fermeture et de caractériser avec précision leurs véritables coûts.
La transmission de ces informations dans les estimations de coûts futures réduit le risque
d’estimations inexactes.

Un autre avantage financier de la fermeture progressive concerne les flux de trésorerie. La


fermeture progressive est un coût opérationnel, généralement encouru à un moment où
le flux de trésorerie est positif, tandis que la fermeture finale survient après la production,
lorsque le flux de trésorerie de la mine peut être faible ou négatif. Il peut y avoir des
avantages à engager des coûts de fermeture lorsque le flux de trésorerie est positif, tels que
les avantages fiscaux dans certaines juridictions.

En outre, la plupart des plans de fermeture comprennent un calendrier de suivi après


la fermeture, visant à vérifier que des conditions environnementales adéquates ont été
atteintes en ce qui concerne le matériel physique du site, la qualité des eaux de surface,
la qualité des eaux souterraines, la santé et diversité du biote et d’autres objectifs de
fermeture. Sur certains sites, il sera nécessaire de poursuivre les soins actifs pendant la
fermeture. Par exemple, les soins actifs peuvent inclure le besoin de traitement de l’eau
après la fermeture.

Une fois que le montant de l’assurance financière a été fixé, il est nécessaire de décider
de la forme qu’il prendra. Il existe de nombreux instruments et approches financiers mis
en œuvre dans le monde entier pour fournir aux juridictions une assurance financière. Il
s’agit notamment de :

1. Lettres de crédit irrévocables – celles-ci sont détenues par une banque réputée
qui paiera la juridiction si les obligations de fermeture n’étaient pas remplies ;
2. Les garanties de groupe ou de maison mère — elles ont été mises en place
pour les grandes sociétés minières du «ruban bleu» qui peuvent démontrer
leur solidité financière (au moyen d’une notation de crédit par des sociétés
indépendantes de notation);
3. Fonds fiduciaires — une société minière transférera progressivement de
l’argent dans un fonds fiduciaire au cours de la vie de la mine pour accumuler
suffisamment d’argent pour couvrir intégralement les coûts de fermeture ;
4. Les dépôts en espèces — ceux-ci offrent le plus haut niveau de sécurité ;
cependant, il peut être très difficile pour les nouvelles entreprises minières de
faire un grand dépôt en espèces au début d’un projet, juste au moment où elles
essaient de financer leur coût du capital ou des investissements.

94
APRÈS L’EXTRACTION

5.2. Transformation, vente, importation et exportation des minéraux


extraits ou traités

5.2.1. Transformation des ressources extraites

Observations générales

Le permis d’exploitation donne le droit d’extraire les ressources minérales situées sur le
périmètre couvert par le permis mais aussi de transformer la ressource extraite. En effet,
les droits conférés par le titre minier comprennent généralement le droit de transporter
les produits extraits338, de procéder à leur transformation339 et, partant, d’établir sur le
territoire national des installations de conditionnement, de traitement et de transformation
des substances extraites.340

Ce principe général ne s’applique pas dans toutes les juridictions. Certaines lois et
certains règlements miniers peuvent exiger que le titulaire d’un titre minier obtienne une
autorisation spécifique pour transformer les minéraux extraits.

Contenu local et transformation de la ressource

Bien que les codes miniers et les conventions minières accordent une place de plus en
plus importante au développement de l’État, très peu de dispositions tiennent compte de
la nécessité d’encourager l’utilisation optimale au sein du pays des ressources extraites.

La transformation au niveau local de ces ressources constitue en effet un axe de


développement majeur. Un projet intégré, allant de l’exploration à la transformation,
permet à l’État de maximiser les profits générés par l’exploitation de ses ressources
naturelles.341 La transformation sur place des ressources naturelles extraites peut, en outre,
représenter un avantage considérable pour l’exploitant privé, surtout lorsque la production
a lieu dans un pays enclavé, ce qui implique des coûts de transport élevés. Cependant, la
transformation sur place des ressources extraites reste un défi pour de nombreux États
africains qui ne disposent pas d’infrastructures adéquates.

L’approvisionnement du marché local, l’emploi de personnel national et l’augmentation


des recettes fiscales sont autant de raisons qui devraient inciter les pays producteurs à
encourager la transformation des ressources naturelles sur leur territoire.

Par conséquent, dans certains pays, les sociétés minières sont tenues d’effectuer le
traitement, l’affinage ou la transformation des produits miniers ou d’extraction dans des
unités situées sur le territoire national. Au besoin, l’État peut autoriser la société minière
à effectuer de telles opérations en dehors du territoire national 342. De même, l’État peut
inciter l’exploitant privé à implanter ses installations de transformation sur le territoire
national.343

95
APRÈS L’EXTRACTION

5.2.2. Vente des ressources extraites

Les lois et règlements miniers prévoient, en général, que le permis d’exploitation donne
le droit de disposer des minéraux extraits et de vendre ces ressources, sans qu’une
autorisation additionnelle ne soit nécessaire. Toutefois, les textes légaux et réglementaires
applicables peuvent exiger que le titulaire d’un droit minier obtienne un permis spécifique.

En outre, les sociétés minières peuvent être tenues d’approvisionner les unités de
transformation sur le territoire national.

5.2.3. Exportation de minéraux extraits ou transformés

Les codes miniers et leurs textes d’application confèrent généralement le droit de disposer
des ressources extraites, et en particulier de les commercialiser et de les exporter hors
du territoire national.344 Ce droit ne s’applique qu’aux permis d’exploitation minière (et
non aux permis d’exploration). Le titulaire d’un permis de prospection peut avoir le droit
d’exporter des échantillons de minéraux à des fins d’analyse, parfois avec l’accord préalable
des autorités locales).

Toutefois, certaines législations exigent que le titulaire d’un droit minier obtienne
un certificat ou une autorisation d’exportation. De même, la loi applicable peut exiger
une autorisation spécifique pour l’exportation de ressources spécifiques, telles que les
minéraux radioactifs.

Afin de soutenir l’économie nationale et le développement de projets intégrés, la législation


nationale peut limiter l’exportation des ressources naturelles extraites en la subordonnant
à la preuve qu’il est impossible de transformer les matières extraites sur le territoire
national à un coût économiquement viable.

Enfin, les incitations douanières accordées à l’exploitant privé peuvent également être
appliquées à l’exportation des substances extraites. En effet, certaines législations prévoient
que les matières premières extraites dans le cadre des opérations d’exploitation peuvent
être exportées par l’exploitant privé en franchise de tout droit de sortie. 346

CONCLUSION

Le but de ce chapitre a été de revoir les opérations qui ont lieu à la fin de la phase d’extraction.
Selon les juridictions et les lois minières applicables, les phases de transformation, de vente
et d’exportation sont plus ou moins surveillées. La même observation peut s’appliquer aux
procédures relatives à la fermeture d’une mine.

Dans l’ensemble, nous pouvons conclure que les pays miniers s’efforcent d’intégrer des
législations qui sont de plus en plus favorables au développement économique local, en
favorisant la transformation locale et en limitant l’exportation des ressources naturelles
extraites. Sur un autre aspect, l’introduction de garanties et d’obligations en cas de
fermeture de mines contribue également à éviter les risques sociaux, économiques et
environnementaux nocifs pour les populations locales.

96
CHAPITRE 6

REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET


CONSIDÉRATIONS CONNEXES
1. L’EXPLOITATION MINIÈRE ARTISANALE ET À PETITE ÉCHELLE

2. L’EXPLOITATION DES CARRIÈRES

3. L’EXPLOITATION MINIÈRE ILLÉGALE

4. RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES


REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS CONNEXES

Dans certains pays africains, l’exploitation minière artisanale et des petites mines
représente une part importante de l’activité minière, et l’importance de l’exploitation
minière artisanale et à des petites mines tend à croître et ne doit pas être sous-estimée.
Toutefois, une attention particulière devrait être accordée à l’activité artisanale si elle
est informelle, en termes d’impacts sociaux et environnementaux. Deuxièmement,
l’exploitation des carrières doit être considérée soit séparément du cadre juridique minier,
soit réglementée par des textes législatifs spécifiques. Troisièmement, les États africains
sont confrontés à de nombreuses questions résultant d’activités minières illégales ; les
risques et les impacts sociaux et environnementaux négatifs doivent être équilibrés avec
l’économie et la politique à l’échelle nationale, ainsi que le besoin de réglementations. Enfin,
les sociétés minières sont aujourd’hui de plus en plus concernées par leur responsabilité
sociale, en mettant en œuvre la RSE en vue de réduire l’effet négatif de leurs activités et
améliorer le développement local et la protection de l’environnement.

6.1. L’exploitation minière artisanale et à petite échelle


L’ exploitation minière artisanale est la forme traditionnelle d’exploitation minière en
Afrique qui préexistait à l’exploitation industrielle des gisements par les sociétés minières.
Dans certains pays africains, l’exploitation minière artisanale et à petite échelle représente
une part importante de l’activité minière. Neuf millions de personnes sont directement
engagées dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle dans 45 pays d’Afrique.
En Sierra Leone, les activités minières artisanales et à petite échelle emploient directement
200 000 à 300 000 mineurs et creuseurs, qui comptent pour 80 à 90 % de la production
totale de diamants et d’or dans le pays.

Ce sous-secteur n’a pas été impacté par la baisse significatif des cours des matières
premières ; ainsi, si la production artisanale et à petite échelle de l’or au Burkina Faso a été
estimée entre 5 000 kg et 10 000 kg en 2012, la production d’or à grande échelle a, quant à
elle, baissé de 12,4 % en 2012.

En outre, l’importance de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle tend à croître.


À titre d’exemple, au Ghana, la contribution du secteur à la production nationale d’or a
augmenté régulièrement, passant de moins de 5 % de la production totale d’or en 1990 à
environ 14 % en 2004, puis à environ 34 % en 2012.347

6.1.2. Les défis générés par l’exploitation minière artisanale et à


petite échelle

Les enjeux sont accrus par le poids de ce sous-secteur dans les économies nationales ; au
Ghana, par exemple, les flux de revenus d’orpaillage injectés dans l’économie nationale
excèdent ceux tirés de l’exploitation industrielle.348

Ce sous-secteur, qui constitue une part importante de l’économie africaine, est confronté à

345
Source: Commission des minéraux du Ghana.
346
Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement (CICID) Ressources minérales et développement en Afrique. Document
d’orientation stratégique (Mai 2005) à la page 9.
347
Commission économique pour l’Afrique, Mineral resources and development in Africa − Report from the International study group on African mining
regimes 73 et suivants.
348
Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement (CICID) Ressources minérales et développement en Afrique. Document
d’orientation stratégique à la page 9.

98
REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS CONNEXES

de nombreuses difficultés telles que l’absence de ressources technologiques appropriées, le


manque de fonds, les législations inadaptées qui ne tiennent pas compte des spécificités de
ce sous-secteur, les difficultés d’accès des opérateurs aux marchés.349 La prise en compte
de l’activité minière artisanale pose donc un véritable défi juridique.

En outre, lorsqu’elle est mal gérée, l’activité minière artisanale ou informelle peut avoir
des effets négatifs tels que les dommages environnementaux, l’épuisement des réserves dû
aux techniques d’extraction rudimentaires ou l’exploitation dangereuse qui est la cause de
problèmes de santé et de sécurité.350

6.1.3.Distinction entre l’exploitation minière artisanale et celle à


petite échelle

Le concept d’exploitation minière artisanale désigne les opérations dont les


activités consistent à extraire des substances minérales et à en récupérer les produits
commercialisables à l’aide de méthodes et procédés manuels et traditionnels. Elle n’utilise
pas de produits chimiques ou d’explosifs et ne repose pas sur l’identification préalable
d’un gisement.

L’exploitation minière à petite échelle désigne les opérations minières formelles ou


informelles dont les formes d’exploration, d’extraction, de transformation et de transport
sont principalement simplifiées. L’exploitation minière à petite échelle est normalement à
faible intensité de capital, nécessite peu de technologie mais d’important moyens humains.
Selon la réglementation, une exploitation minière à petite échelle peut être définie par le
niveau de production ou l’investissement en capital.

Principales différences entre l’exploitation minière à petite échelle et artisanale

Nonobstant les différences existant entre l’exploitation minière artisanale et à petite


échelle, on peut regretter que certaines législations africaines ne prévoient pas une
distinction claire et des régimes juridiques propres à chacune d’entre elles.

99
REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS CONNEXES

6.1.4. Les titres miniers d’exploitation minière artisanale et à petite


échelle

L’ exploitation des ressources minières dans le cadre de l’exploitation minière artisanale ou


à petite échelle nécessite également que l’exploitant acquière un titre minier.

Les lois et règlements miniers prévoient généralement des conditions spécifiques


d’éligibilité pour l’octroi de permis d’exploitation minière artisanale ou à petite échelle.
L’octroi d’un permis d’exploitation minière artisanale sera généralement limité aux
particuliers et peut être réservé aux nationaux ou aux ressortissants d’autres pays, sur une
base de réciprocité.

De plus, il est possible que la réglementation applicable limite la quantité de ressources


minérales pouvant être extraites dans le cadre d’un permis artisanal ou à petite échelle.
Le titre minier définira le périmètre couvert par le permis et sa durée.

6.2. L’exploitation de carrières

Les carrières renvoient aux sites d’exploitation à ciel ouvert ou souterrains des produits
de carrière. Les matériaux provenant des carrières sont appelés «matériaux extraits» ou
«agrégats» et sont généralement répartis en trois catégories : matériaux non consolidés,
roches solides et matériaux recyclés. La catégorie des matériaux non consolidés intègre
les agrégats alluviaux, les agrégats marins et le sable en général. Les roches solides sont
constituées de calcaire et d’agrégats volcaniques. Enfin, les matériaux dits «recyclables»
comportent d’autres matériaux tels que le schiste charbonneux, le clinker, etc.

Le cadre juridique applicable à l’exploitation des carrières peut être défini par les codes
miniers et leurs textes d’application. Toutefois, certains pays ont décidé d’adopter des textes
spécifiques pour réglementer cette activité. De même, la supervision de l’exploitation des
carrières peut être confiée à un ministère autre que celui en charge des activités minières.
C’est par exemple le cas au Maroc, où l’exploitation des carrières est régie par un texte
spécifique et où cette activité est conduite sous la supervision du ministre de l’Équipement,
des Transports, de la Logistique et de l’Eau.

Il est important de souligner que, contrairement aux ressources minières, la propriété des
carrières suit la propriété du sol.

Malgré cette spécificité, l’exploitation des carrières sera soumise à l’obtention d’une
autorisation délivrée par l’autorité concédante. Les textes peuvent prévoir différents
types d’autorisation en fonction de la durée de l’autorisation (c’est-à-dire temporaire
ou permanente, également limitée dans le temps mais accordée pour une période plus
longue) et de la taille de l’exploitation (c’est-à-dire industrielle ou artisanale).

Enfin, et contrairement aux activités minières, l’exploitation des carrières ne donne


généralement pas lieu à la négociation et à la signature d’une convention minière.

100
REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS CONNEXES

6.3. L’exploitation minière illégale

6.3.1. Observations générales

L’ importance de l’exploitation minière artisanale en Afrique ne doit pas être sous-estimée.


À titre d’exemple, environ 200 000 personnes étaient engagées dans l’exploitation minière
illégale au Ghana en 2017.

Les pays producteurs d’or sont particulièrement touchés ; l’or est en effet plus facile à
extraire par des moyens artisanaux et les cours mondiaux de cette matière première
constituent des incitations supplémentaires. L’exploitation minière illégale a lieu à la fois
dans les mines abandonnées et en exploitation.

6.3.2. Les risques et les impacts négatifs de l’exploitation minière


illégale

L’ exploitation minière illégale comporte des risques importants en termes de santé et


de sécurité, principalement pour les mineurs illégaux mais également pour le personnel
des sociétés minières. En termes d’impact social, l’exploitation minière illégale tend à
détruire le tissu social des communautés minières à travers, entre autres, la corruption
des travailleurs pour accéder aux mines et se procurer de la nourriture ou des outils.
L’impact environnemental de l’exploitation minière illégale revêt une importance
particulière. Les mineurs illégaux ont recours à des méthodes et des matériaux d’affinage
qui sont extrêmement nocifs pour l’environnement. De plus, les activités minières
illégales menacent la viabilité des efforts déployés par les sociétés minières pour fermer
leurs mines et réhabiliter les sites miniers. Enfin, l’exploitation minière illégale entraîne le
développement d’une économie clandestine qui peut nuire à l’économie nationale.

Au regard de ces enjeux, les États africains devraient mettre en place un cadre juridique
et réglementaire adapté de sorte à réglementer cette activité et à favoriser l’exploitation
minière artisanale.

6.4. Responsabilité sociale des entreprises

6.4.1. Développement de la responsabilité sociale des entreprises


(RSE)

La Banque mondiale a défini la RSE comme «l’engagement des entreprises à contribuer


au développement économique durable en collaborant avec les employés, leurs familles, la
communauté locale et la société dans son ensemble pour améliorer leur vie de manière à
ce qu’elles soient bénéfiques pour les entreprises et pour le développement durable». Elle
est souvent considérée à tort comme faisant partie de la stratégie de relations publiques
d’une entreprise, mais elle devient de plus en plus reconnue comme efforts pour créer des
avantages durables pour toutes les parties.

101
REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS CONNEXES

En ce qui concerne le secteur minier, il s'agit d’actions volontaires entreprises par les
sociétés minières pour réduire les effets négatifs des activités minières et pour améliorer
la vie des communautés locales, l’économie et l’environnement. De plus en plus de sociétés
minières prennent un rôle actif dans la mise en œuvre des politiques RSE. Ces actions
vont au-delà des contrats et des obligations légales et ouvrent la voie à l’augmentation des
réglementations RSE dans le monde entier.

La législation dans un certain nombre de pays donne une définition du concept de


responsabilité sociale des entreprises. C’est le cas au Burkina Faso, où la loi n ° 036-2015/
CNT du 16 juin 2015 définit dans le code minier du Burkina Faso ces concepts à l’article 5
: «[l]a responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur
la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique,
qui contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société;
prend en compte les attentes des parties prenantes; respecte les lois en vigueur et est en
accord avec les normes internationales de comportement, et qui est intégré dans l’ensemble
de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations»351.

La RSE, qui implique que l’investisseur intègre les préoccupations sociales, économiques
et environnementales dans le contexte de l’exploitation, permet d’impliquer pleinement
les investisseurs dans le développement de l’État hôte.

Outre les dispositions légales visant à promouvoir le développement de l’État hôte, il est
de plus en plus fréquent de voir l’émergence de règles sur la RSE, tant au niveau régional
(article 11, paragraphe 2, de la Directive de la CEDEAO C/dir 3/05/09 du 27 mai 2009
sur l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier: «les
États membres veillent à ce que les programmes de responsabilité sociale des entreprises
(RSE) et de moyens de subsistance alternatifs (ALP) qui doivent être soumis au titre du
présent article soient une partie des conditions d’octroi d’un droit minier. [...]» qu’au niveau
national (en Côte d’Ivoire, voir l’article 121 de la loi n ° 2014-138 du 24 mars 2014 édictant
le code minier; au Soudan du Sud, voir l’article 128, paragraphe 2, de la loi minière 2012:
«[l]e titulaire du titre d’un titre minier met en œuvre un programme de responsabilité sociale
des entreprises conformément aux lignes directrices du Bureau du Cadastre minier ou en
l’absence de telles lignes directrices, conformément aux meilleures pratiques internationales»;
pour le Gabon, l’article 190 de la Loi Non, non.011/2014 du 28 août 2014 réglementant
le secteur des hydrocarbures dans la République de Gabon: «[l]a responsabilité sociale des
entreprises se traduit par l’obligation qui est faite à ces dernières de contribuer aux enjeux
de développement durable, à l’amélioration du bien-être des populations locales et à la
protection de l’environnement.» Il est notable que le Mozambique a adopté un texte sur la
responsabilité sociale des entreprises dans l’industrie minière (ordonnance n ° 21/2014
du 16 mai 2014).352

6.4.2. Impacts positifs de la sécurité sociale des entreprises

Historiquement, les opérateurs privés ont développé des politiques en faveur des locaux
afin de générer un climat de confiance et de défense contre les mesures de nationalisation.

102
REGIMES MINIERS SPECIFIQUES ET CONSIDÉRATIONS CONNEXES

Les contributions des opérateurs privés au développement local sont aujourd’hui inscrites
comme obligations légales, réglementaires ou simplement contractuelles. En outre, le
développement de la RSE dans le contexte des projets miniers contribue à favoriser la
participation des opérateurs privés au développement local.

Les avantages de la RSE varient d’une initiative à l’autre et sont généralement plus
profitables lorsque les besoins des communautés locales sont pris en compte. Parmi les
projets les plus importants figurent les réseaux électriques, les écoles, les centres de soins
de santé et les routes. Il est compliqué d’évaluer l’impact des initiatives de RSE sur un plan
international, voire national – les avantages locaux sont beaucoup plus faciles à mesurer.
Un exemple d’initiative réussie est celui des facilitateurs de santé communautaire qui ont
été formés au Ghana dans le cadre d’une initiative de Gold Fields Ltd. Ces facilitateurs ont
fourni des services de santé à près de 10.000 personnes pendant deux ans et ont envoyé
plus de 10.000 personnes dans les hôpitaux pendant cette période. Une autre initiative
au Ghana menée par Golden Star Resources a permis de planter plusieurs hectares de
palmier à huile, ce qui est devenu une source importante de revenus pour les habitants.
Ce type de responsabilité sociale des entreprises minières est de plus en plus répandue
dans le monde.

Conclusion

En conclusion, les défis économiques, sociaux et environnementaux sont de la plus haute


importance en ce qui concerne les activités minières, qu’elles soient artisanales, de petites
mines, ou illégales. Cette préoccupation a suscité une attention particulière de la part des
sociétés minières qui développent la RSE.

103
CHAPITRE 7

APERÇU DES CONSIDÉRATIONS


ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

1. CONSIDÉRATIONS LOCALES

2. PARTICIPATION DE L’ETAT ET DES LOCAUX DANS LES PROJETS


MINIERS

3. LE CONTENU LOCAL

4. PROBLÉMATIQUES ENVIRONNEMENTALES EN LIEN AVEC


LES PROJETS MINIERS
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

L’une des principales préoccupations des gouvernements est que l’exploitation minière
promeuve le développement local. Diverses questions doivent être abordées, notamment
le renforcement de l’économie locale, le contenu local et les obligations en matière
d’emploi, ainsi que la protection de l’environnement. L’Union Africaine a défini la vision
minière africaine pour élaborer des cadres de politique réglementaire afin de maximiser
le développement local et régional des ressources minières.

7.1. Considérations locales

7.1.1. L’impact positif de l’activité minière sur l’économie locale

Le développement local constitue une préoccupation majeure des États qui entend
maximiser l’impact positif des activités minières conduites sur leur territoire. Ces derniers
ont pleinement conscience du potentiel de croissance qui peut résulter de l’exploitation de
leurs ressources naturelles et entendent faire du secteur extractif un moteur de croissance
économique et un moyen permanent de contribuer à améliorer les conditions de vie de
leur population.353 A ce titre, le développement de l’État et les considérations de contenu
local revêtent une importance primordiale lorsque des conventions minières sont
négociées.

Les projets miniers peuvent contribuer au développement à travers un certain nombre


de canaux, tels que l’emploi, l’accroissement des recettes de l`État (via le paiement des
impôts), les projets d`investissements communautaires, etc.

Note : L’importance relative des différents canaux varie considérablement et


n’est pas représentée dans la figure.

Source : Wall, Elizabeth ; Pelon, Rémi. 2011. «Partager les bénéfices de


l'exploitation minière dans les pays en développement». Extractive industries
and development series n° 21. Banque mondiale, Washington, DC.

349
Voir à cet égard le Préambule de la Directive C/DIR 3/05/09 de la CEDEAO du 27 mai 2009 sur l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans
le secteur minier : «CONSCIENTS du fait que l’exploitation et la transformation des produits miniers sont essentielles au développement socio-économique des
États membres et que les avantages en découlant doivent être répartis de manière équitable entre générations actuelles et futures»
350
À titre d’exemple, voir la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier en République démocratique du Congo qui, dans son Préambule, précise
que le régime des conventions collectives précédant l’adoption du Code minier a été marqué par un manque de création d’emplois et une absence d’amélioration
des infrastructures sociales, un manque d’intégration aux autres secteurs économiques et une réduction des opportunités pour les autres secteurs par un effet
d’entraînement, tout cela malgré les avantages considérables accordés aux investisseurs.

105
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

Toutefois, l’expérience a révélé de nouveaux défis découlant du développement d’un secteur


minier qui constitue le moteur de l’économie ; sa croissance tend parfois à exacerber les
disparités technologiques entre l’industrie extractive et le reste de l’économie. En outre,
la répartition au niveau local du revenu tiré des industries extractives par l’État n’a pas
toujours été effective. Il est donc dans l’intérêt de l’État dont l’industrie est largement
tributaire des ressources naturelles d’opter pour la diversification de son économie.

On constate un nouvel élan dans les efforts déployés afin de maximiser la contribution
du secteur minier au développement local, principalement de la part de la société civile
qui considère qu’elle ne tire pas suffisamment parti de l’exploitation des ressources
naturelles. Cette dynamique s’est traduite par l’insertion de nouvelles dispositions légales
et réglementaires visant à favoriser le développement de l’État et à créer de nouvelles
obligations en la matière. La détermination des États africains à renforcer la contribution
des industries extractives au développement local s’est ainsi traduite par des réformes
juridiques réalisées au niveau national.354 Ces préoccupations ont également été entendues
à l’échelle régionale et au sein de l’UEMOA qui a initié, au début de l’année 2015, un
processus de révision du code minier communautaire qui vise notamment à renforcer le
contenu local et à maximiser la contribution du secteur minier aux économies des États
membres.

7.1.2. Dispositions légales et réglementaires en faveur du contenu


local

La volonté de promouvoir le développement local est particulièrement marquée dans les


dernières versions des codes miniers qui comportent de nombreuses dispositions visant à
favoriser le développement local.

La création de fonds de développement,355 la signature d’accords spécifiques dans ce


domaine356 ou la mise en œuvre de plans de développement communautaire357 sont
généralement prévus par les textes régissant le secteur minier.

La place accordée aux programmes de développement, dont l’élaboration implique


souvent la participation des communautés locales, peut revêtir une certaine importance358
; ces programmes sont parfois pris en compte par les autorités compétentes lors de la
délivrance des titres miniers.359

Au-delà des dispositions légales favorisant le développement de l’État, les réglementations


en matière de responsabilité sociale des entreprises ont vu le jour aux niveaux régional360
et national.361 La responsabilité sociale des entreprises, qui exige de l’investisseur qu’il
tienne compte des préoccupations sociales, économiques et environnementales dans ses
opérations, permet la pleine participation des investisseurs au développement de l’État.362

351
L’obligation de créer un fonds de développement soutenu financièrement par les titulaires de droits miniers et autres parties prenantes est consacrée par l’Article
16(7) de la Directive C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 sur l’harmonisation des principes directeurs et des politiques dans le secteur minier de la CEDEAO. En
ce qui concerne les codes miniers nationaux, à titre d’exemple, on peut citer les textes suivants : pour la Côte d’Ivoire, l’Article 124 de la Loi n° 2014-138 du 24
mars 2014 portant promulgation du Code minier ; pour le Burkina Faso, l’Article 26 de la Loi n° 036-2015/CNT du 16 juin 2015 portant promulgation du Code
minier du Burkina Faso.
352
Pour le Nigeria, voir les Articles 116 et 117 de la Loi de 2007 sur les ressources minérales et l’exploitation minière.
353
Pour la Côte d’Ivoire, voir l’Article 124 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation du Code minier ; pour le Mali, voir les Articles 150 à 153
de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier, etc.
354
À cet égard, pour le Mali voir l’Article 151 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.

106
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

7.1.3. Impact social des projets miniers

Les projets miniers peuvent avoir une incidence sociale négative sur les populations
locales. Les opérations minières entraînent souvent le déplacement des communautés
locales et ont un impact sur les moyens de subsistance (arrivée de nouvelles personnes,
bouleversement dans l’utilisation des terres, etc.). Parmi les risques sociaux associés à
la réalisation des activités minières, figurent l’aggravation de la pauvreté, en raison
des dommages causés à l’agriculture de subsistance, les inégalités sociales au sein des
communautés, entre les personnes qui tirent directement profit de l’activité minière
et les autres qui n’en bénéficient pas. L’activité minière peut aller jusqu’à générer une
dépendance économique qui rend les communautés locales vulnérables lorsque la mine
ferme ou revoit à la baisse ses activités.

7.1.4. Dispositions légales et réglementaires visant à préserver les


populations locales

Les lois et réglementations minières tendent à prévenir les impacts sociaux négatifs
des projets miniers, en particulier en prévoyant des mécanismes visant à prévenir tout
préjudice aux populations. L’obligation faite à l’exploitant de réduire au minimum l’impact
social de ses opérations est l’un des aspects de ces lois.363

La réalisation d’études d’impact permet également de prévenir les préjudices causés aux
populations locales, car elles incluent souvent non seulement un aspect environnemental
mais aussi un volet social.364 Les sociétés minières sont donc tenues d’effectuer des études
d’impact environnemental (EIE) et des études d’impact social (EIS), ce qui leur permettra
de prendre en compte les considérations environnementales et sociales dans leurs
décisions d’investissement.

Les textes juridiques peuvent également exiger que l’exploitant privé procède à des
inspections régulières des sites pour protéger la santé et le bien-être des populations se
trouvant à proximité des sites miniers. 365

En outre, la prévention des dommages causés au patrimoine culturel est incluse


dans certaines lois minières.366 L’exploitant doit en particulier informer les autorités
compétentes de toute découverte archéologique,367 prendre toutes les mesures nécessaires
pour protéger les sites historiques et minimiser l’impact des activités minières sur les us et
coutumes locaux ainsi que les traditions ancestrales.368

Enfin, les codes miniers et leurs textes d’application comportent des dispositions
spécifiques visant à protéger les communautés et les propriétaires fonciers lorsqu’il s’agit
de l’occupation des terrains nécessaires à la réalisation des opérations minières.

355
Une référence particulière est faite à la République démocratique du Congo, voir l’article 69 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du
Code minier, qui stipule que la demande de permis d’exploitation doit comporter un «plan pour le projet visant à contribuer au développement des communautés
environnantes.»
356
Voir l’Article 11(2) de la Directive de la CEDEAO C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 sur l'harmonisation des Principes directeurs et des politiques dans le secteur
minier : «Les États membres veillent à ce que les programmes de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de moyens de subsistance alternatifs (ALP) qui
doivent être soumis en vertu du présent Article fassent partie des conditions d'octroi d'un droit minier. [...]».
357
En Côte d'Ivoire, voir l'Article 121 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant Code minier ; au Sud-Soudan, voir l'Article 128 (2) de la Loi minière de 2012 :
«[L]e titulaire d'un titre minier doit mettre en œuvre un programme de responsabilité sociale des entreprises conformément aux directives du Bureau du cadastre
minier ou, à défaut, conformément aux meilleures pratiques internationales »" ; il est à noter que le Mozambique a adopté un texte spécifique sur la responsabilité
sociale des entreprises dans l'industrie minière (Arrêté n°21/2014 du 16 mai 2014).

107
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

7.1.5. Occupation des terres et indemnisation des propriétaires


fonciers et des communautés locales

Le titre minier ne confère aucun droit sur la propriété du sol et n’éteint en aucun cas les
droits du propriétaire foncier.369 Toutefois, l’exercice de droits miniers sur un périmètre
donné peut avoir un impact sur les droits de propriété dans ladite zone. Le titulaire d’un
permis d’exploitation minière a le droit d’exploiter les ressources naturelles présentes dans
le sous-sol ; toutefois, l’exercice de ce droit exige que le titulaire ait accès à la surface pour
effectuer les opérations minières. Le titulaire de droits miniers est donc autorisé à accéder
et à occuper les terres nécessaires à l’exercice de ses activités. Ce droit d’occupation sera
subordonné à une contrepartie pour le propriétaire du terrain ou l’occupant légitime,
notamment sous la forme d’une indemnisation versée pour l’occupation, liée à la perte
de l’occupation, ou d’une compensation financière versée pour réparer le dommage causé
au bien en surface.

Droit d’occupation

Les droits dont jouit le propriétaire foncier ou l’occupant légitime de la terre ne font pas
obstacle à l’octroi de droits de surface au titulaire des droits miniers. La norme est que le
titulaire de droits miniers peut, sous certaines conditions, accéder aux terres nécessaires
à l’exécution des opérations minières et les occuper. De façon générale, cette occupation
concerne à la fois les terres situées à l’intérieur et à l’extérieur du périmètre minier, car
l’accès à ces terres et leur occupation sont nécessaires aux opérations. 370

Outre ce droit d’occupation, le titulaire de droits miniers peut généralement bénéficier de


servitudes légales d’accès et de passage nécessaires à ses installations ou à la conduite des
opérations minières. 371

L’ occupation des terres nécessaires à l’exercice des activités d’exploitation implique en


principe le droit de couper le bois nécessaire à cette activité ou d’utiliser les eaux de
surface et souterraines, sous réserve dans la plupart des cas d’une compensation ou du
paiement des frais et redevances prévus par les textes applicables.

Toutefois, ce droit d’occupation n’est pas absolu, dans la mesure où le titulaire des droits
miniers devra généralement veiller au respect de certaines formalités imposées par les
législations nationales. Ainsi, le titulaire de droits miniers doit généralement informer
au préalable le propriétaire ou l’occupant légitime de son intention d’effectuer les travaux
nécessaires à l’exploitation du gisement.372 Dans certaines zones géographiques où la
publication d’informations n’est pas garantie, il incombe également au titulaire de fournir
au propriétaire de la surface une preuve des droits miniers. 373 Certaines lois vont plus loin
dans la protection du propriétaire374

358
La législation dans un certain nombre de pays fournit une définition du concept de responsabilité sociale des entreprises. C’est particulièrement le cas au
Burkina Faso, où la loi n° 036-2015/CNT du 16 juin 2015 portant promulgation du Code minier du Burkina Faso définit cette notion en son Article 5, comme suit
: «[l]a responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement
transparent et éthique, qui contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ; prend en compte les attentes des parties
prenantes ; respecte les lois en vigueur et est en accord avec les normes internationales de comportement, et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et
mis en œuvre dans ses relations.»
359
Voir, au Bénin, l’Article 98 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière.
360
Voir, en République centrafricaine, la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier, qui prévoit un «plan de gestion environnementale
et sociale» et une «étude d’impact environnemental et social » en Côte d’Ivoire, la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation du Code minier prévoit
une « étude d’impact environnemental et social » ainsi qu’un « plan de gestion environnementale et sociale» ; en Guinée, la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre
2011 portant promulgation du Code minier prévoit une « étude d’impact environnemental et social» et un «plan de gestion environnemental et social » ; au Mali,
la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier prévoit une «étude d’impact environnemental et social» ; etc.

108
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

De nombreuses législations nationales prévoient également que l’occupation de terres par


le titulaire de droits miniers doit faire l’objet d’un accord entre lui et le propriétaire de
l’occupant légitime du terrain, leur consentement étant donc requis.375 La recherche d’un
accord sur l’occupation de la terre passe a priori par l’identification du propriétaire ou de
l’occupant légitime par le titulaire des droits miniers, ce qui n’est pas toujours facile.

En outre, l’accord sur l’occupation de la terre par le titulaire des droits miniers peut prendre
la forme d’un contrat de bail376 ou d’un «bail foncier377», qui permettra au propriétaire de
percevoir une indemnisation, sous la forme de loyer en échange de l’occupation de la terre
par le titulaire de droits miniers

À défaut d’accord, l’autorité concédante est en général en droit d’intervenir, après


consultation des parties, pour accorder au titulaire de droits miniers une autorisation
d’occupation,378 lui permettant ainsi d’accéder à des terrains privés. Une telle intervention
est essentielle pour ne pas retarder le déroulement des opérations. La deuxième possibilité
est que l’occupation du terrain par le titulaire des droits miniers puisse être soumise à la
délivrance d’une autorisation administrative d’occupation,379 dont la procédure est décrite
dans la réglementation applicable.

En cas de nécessité absolue, et notamment lorsqu’un accord entre le propriétaire foncier et


le titulaire des droits miniers s’avère impossible, une procédure d’expropriation peut être
engagée380, le cas échéant, à la demande du titulaire des droits miniers. La terre expropriée
sera alors mise à la disposition du titulaire de droits miniers selon les modalités prévues
par la législation foncière et les lois sur les biens publics. La procédure d’expropriation
peut également être requise par le propriétaire du terrain lui-même, dans le cas où
l’occupation concédée au titulaire des droits miniers rend impossible l’utilisation du
terrain.381 L’expropriation du propriétaire du terrain donnera lieu à une indemnisation
dont les modalités de calcul pourront être précisées dans les codes miniers en vigueur.
Il convient de souligner que les coûts et frais résultant de la procédure d’expropriation
seront, en principe, à la charge du titulaire des droits miniers.

La tendance, évidente dans l’évolution des législations minières, est celle d’une meilleure
protection de la propriété foncière. Cette tendance se retrouve notamment dans les
dispositions relatives à l’indemnisation liée à l’exercice par l’exploitant de son droit
d’occupation.

Indemnisation liée à l’exercice du droit d’occupation

L’ accès aux terres privées et leur occupation à des fins d’exploitation minière sont soumis
à une contrepartie pour le propriétaire ou l’occupant légitime de la terre. Les perturbations
causées par les opérations minières sont considérables et la propriété de surface est

361
Voir, en Côte d’Ivoire, l’Article 141 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation du Code minier.
362
La protection du patrimoine culturel est également assurée par des dispositions légales qui interdisent les activités d’exploitation dans certaines zones
spécifiques, telles que les cimetières, les lieux sacrés et les bâtiments religieux.
363
Voir, au Soudan, l’Article 17 de la Loi de 2007 sur les ressources minérales et le développement minier.
364
Voir, au Bénin, l’Article 98 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière.
365
Ainsi, l’Article 123 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier et de la fiscalité minière prévoit : « [l]e droit minier
n’éteint pas le droit de propriété ».
366
À titre d’exemple, en Algérie, l’Article 19(1) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant sur la Convention minière type prévoit que: « [p]our l’exploitation
minière du gisement, L’ÉTAT garantit, dans le cadre de la législation en vigueur notamment les dispositions des Articles 133 à 148 de la Loi minière, à
l’investisseur l’occupation et l’utilisation de tous les terrains nécessaires, qu’ils soient situés à l’intérieur ou à l’extérieur du Périmètre ». Voir également à cet effet,
au Bénin, l’Article 115 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière.
367
Voir, en particulier, à cet effet, en Algérie, l’Article 140 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la loi minière.

109
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

fortement impactée par l’exploitation minière et les projets, qui modifient les paysages et
peuvent causer beaucoup de dommages en profondeur et, partant, au propriétaire de la
surface.

Les codes miniers prévoient ainsi un ensemble de mécanismes visant à protéger les
propriétaires fonciers touchés par l’occupation de leurs terres.

L’occupation de terres privées implique généralement une compensation financière au


profit du propriétaire foncier. Cette contrepartie peut, le cas échéant, prendre la forme
d’une indemnisation ou d’une réparation en cas de dommage causé à la propriété
foncière. Dans certaines zones, une partie de cette indemnisation est calculée sur la base
des revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles contenues dans leurs terres.

En pratique, l’occupation du terrain par le titulaire de droits miniers a pour conséquence


de priver le propriétaire foncier de son droit de jouissance. Afin de compenser cette
perte de jouissance, les lois minières imposent généralement au titulaire du permis382
le paiement d’une indemnisation. Le paiement de cette indemnisation d’occupation
est parfois une condition préalable à l’occupation du terrain par le titulaire de droits
miniers.383 Les réglementations applicables prévoient généralement que le montant
de cette indemnisation soit convenu d’accord-partie384 ; ce montant peut notamment
prendre en compte les dommages causés aux cultures ou le manque à gagner qui aurait
été généré par l’utilisation du terrain. À défaut d’accord entre les parties, les législations
minières peuvent désigner le tribunal compétent, généralement les tribunaux nationaux,
pour statuer sur les litiges concernant le montant de cette indemnisation.385 Bien souvent,
la détermination du montant de l’indemnisation est une tâche difficile, surtout lorsqu’il
s’agit de prendre en compte les ressources présentes en surface. Cette difficulté complique
considérablement la recherche d’un compromis entre le propriétaire foncier et le titulaire
de droits miniers.

Il est également possible que les lois nationales prévoient la perception par le propriétaire
du terrain d’une indemnisation pour la perturbation causée à la jouissance de ses biens en
lui reversant une quote-part des redevances versées par le titulaire du permis. 386

Outre l’indemnisation pour perte de jouissance, le propriétaire foncier peut également


recevoir une indemnisation financière dans l’éventualité où les opérations minières
causeraient des dommages à la propriété en surface.387 Le montant de cette indemnisation
sera généralement égal au montant du dommage causé.388

Enfin, les législations minières peuvent prévoir l’obligation pour l’exploitant d’acheter
des parcelles endommagées par l’exploitation des ressources naturelles. Cette obligation
d’achat de la terre au propriétaire est mise en œuvre si le propriétaire est privé de la

368
Voir, en particulier, à cet effet, au Botswana, l’Article 60(3) Loi sur les mines et les ressources minérales ; au Malawi, l’Article 106 Loi sur les mines et les
ressources minérales, 1981.
369
Voir à cet égard, au Botswana, l’Article 60 (2) de la Loi sur les mines et les ressources minérales, qui prévoit que : « [une] la personne qui exerce un droit en
vertu d’une concession minière doit produire la preuve de la possession de celle-ci au propriétaire ou à l’occupant légitime de tout terrain sur lequel ce droit doit
être exercé sur demande à lui adressée et, si cette personne ne peut produire une concession, elle peut se voir traitée comme une intruse ». Voir également au
Swaziland, l’Article 118 de la Loi de 2011 sur les mines et les ressources minérales.
370
Voir, en particulier, au Mali, l’Article 73 de la Loi 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier, qui prévoit que: « [n]ul droit de recherche
ou d’exploitation découlant des titres miniers ne vaut sans le consentement du (des) propriétaire(s) foncier(s), et de ses (leurs) ayant droit, en ce qui concerne les
activités impliquant la surface ou ayant un effet sur celle-ci. » Voir également, en Guinée, l’Article 123 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant
Code minier.
371
Voir, en particulier, à cet égard, en Algérie, l’Article 135 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la Loi minière ; au Mali, l’Article 73 de la
Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier ; en Tunisie, l’Article 79 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant promulgation
du Code minier, etc.

110
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

jouissance de la terre pendant un certain temps ou lorsque les parcelles occupées ne


sont plus adaptées à leur usage antérieur.389 C’est notamment le cas lorsque la terre en
question ne peut plus être cultivée. Les procédures de fixation du prix de cession de ces
terres peuvent, selon le cas, être prévues par la loi.390 De même, les lois minières peuvent
préciser la juridiction appropriée dans le cas où la fixation du prix de vente du terrain
pose des difficultés.391

7.1.6. Dispositions sur la santé et la sécurité

Les questions relatives à la santé et à la sécurité dans la conduite des opérations minières
occupent une place de plus en plus importante, ce qui se traduit notamment par une
augmentation rapide du nombre de réglementations dans ce domaine.

Certaines législations renvoient à des dispositions contractuelles ou à des textes généraux


sur la santé et la sécurité. 392 Ces textes peuvent également être complétés par des règles
spécifiques appliquées à la santé et à la sécurité dans le secteur extractif.393

L’importance accordée à la santé et de sécurité dans la conduite des opérations minières


est prise en considération lors de l’octroi des permis d’exploitation minière. Un certain
nombre de réglementations font référence à la capacité de la société minière à garantir la
sécurité des employés travaillant sur le site comme une condition préalable à l’octroi d’un
permis d’exploitation minière.394 L’importance accordée à la santé et à la sécurité est telle
que le non-respect de la réglementation en matière de santé et de sécurité peut entraîner
le retrait du titre minier.395

Les législateurs africains ont introduit de nombreuses dispositions dans les codes miniers
pour assurer la conformité à la réglementation applicable en matière de santé et de
sécurité. De nombreux textes font référence à l’obligation pour le titulaire d’un permis
d’exploitation minière d’exécuter les travaux dans le respect des obligations 396 pertinentes
et même de promouvoir le respect des textes applicables. 397

Certains codes miniers vont plus loin en précisant que l’obligation de se conformer à ces
règlements s’applique également aux sous-traitants. 398 Dans la même logique, il incombe
quelquefois à la société minière de s’assurer que les parties travaillant en son nom se
conforment aux règlements régissant la santé et sécurité.

Assurer la sécurité du personnel travaillant sur les sites miniers passe notamment par
l’utilisation de méthodes adaptées. En conséquence, un grand nombre de législations

372
Voir, en particulier, à Madagascar, l’Article 125 de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant promulgation du Code minier amendé par la Loi n°2005-021 du
17 octobre 2005, qui prévoit : « [l]e titulaire du permis minier et le propriétaire du sol conviennent par contrat de bail, de leurs droits et obligations respectifs ».
373
Voir, en particulier, en Ouganda, l’Article 81(1) de la Loi minière de 2003 qui prévoit : « [L]e titulaire d’un bail minier peut, si elle ou il exige de disposer à titre
exclusif de tout ou partie de la zone minière concernée, et si le propriétaire ou l’occupant légitime de toute partie de cette zone le lui demande, obtenir un bail
foncier ou un autre droit pour utiliser cette zone selon les modalités - en termes de durée ou de superficie ciblée dans le bail - dont le détenteur et le propriétaire
ou l’occupant légitime de la terre concernée conviennent, ou faute d’accord, selon celles que l’arbitrage pourrait déterminer. »
374
Voir, en particulier, en Côte d’Ivoire, l’Article 61 de la Loi n° 96-669 du 29 août 1996 portant promulgation du Code minier ; en Guinée, l’Article 50 de la
loi n° L/2014/No. 034/AN du 23 décembre 2014 portant promulgation du Code minier ; en Tunisie, l’Article 79 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant
promulgation du Code minier, etc.
375
Voir, en particulier, au Bénin, les Articles 115 et suivants de la Loi n°2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; en République du
Congo, l’Article 104 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier ; au Niger, l’Article 113 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993
portant promulgation de la loi minière modifiée, etc.
376
Voir en particulier à cet effet, en Algérie, l’Article 148 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la Loi minière ; en Guinée, l’Article 125 du
la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant code minier ; au Soudan du Sud, les
Articles 140 et 141 de Loi minière 2012.

111
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

exigent que l’exploitant exécute les travaux conformément aux meilleures pratiques
de l’industrie et prenne les mesures nécessaires pour assurer la santé et la sécurité des
travailleurs. 399

Sur le site même, ces obligations sont visibles au moyen de l’affichage des règles de sécurité
et de sûreté sur le site,400 de la mise en place de règles relatives aux équipements 401 du
personnel ou de la formation des travailleurs aux règles de sécurité. 402

Par ailleurs, l’obligation incombant à l’exploitant d’élaborer un règlement intérieur, 403 un


programme ou un plan de sécurité contribue à améliorer la sécurité du personnel sur les
sites miniers.

Au-delà des mesures préventives, les codes miniers tiennent également compte de la
nécessité de garantir la sécurité des travailleurs en cas d’accident. La survenance d’un
accident doit généralement être portée à l’attention de l’autorité 404 compétente, ce qui
déclenche, le cas échéant, l’ouverture des enquêtes nécessaires. Afin de remédier aux
manquements éventuels, les textes applicables prévoient également l’intervention de
l’autorité compétente, qui peut prendre des mesures provisoires pour rétablir la sécurité
des travailleurs sur les sites.405

7.1.7. Participation des communautés locales à la mise en place


du projet

Au-delà des dispositions légales visant à prévenir ou limiter l’impact social négatif des
projets miniers, la participation de la population locale à la mise en œuvre du projet
minier peut permettre de réduire l’impact négatif des projets miniers sur les communautés
locales et améliorer les avantages générés par de telles activités.

La participation des populations locales à un stade précoce du projet minier présente


deux avantages majeurs. Tout d’abord, le voisinage fournit souvent des informations sur
les questions environnementales et sociales qui échappent souvent aux experts. Ainsi, la
société minière pourra mieux cerner le contexte social et environnemental local et mettre
en œuvre les mesures appropriées. Deuxièmement, la participation de la communauté
aidera à légitimer le projet et à réduire à l’avance ainsi les tensions sociales entre les
communautés et les sociétés minières.

La volonté d’impliquer les populations locales touchées par les opérations minières est
de plus en plus perceptible.406 Ce type de dispositions légales permet de s’assurer que les
populations locales acceptent le projet et favorise leur développement. Les projets miniers
seront intégrés à la réalité locale et constitueront une composante essentielle du paysage
local.

377
Voir en particulier la République du Congo, l’Article 106 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier ; au Mali, l’Article 74 de
la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.
378
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 136 de la loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la loi minière ; au Burundi, l’Article 28 de la Loi n°
1-21 du 15 octobre 2013 portant promulgation du Code minier ; au Cameroun, l’Article 73 (1) de la Loi n° 001 du 16 avril 2001 portant promulgation du Code
minier ; en République centrafricaine, l’Article 93 de la loi n°09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; en République démocratique du
Congo, l’Article 281 de la Loi n° 007-2002 portant promulgation du Code minier ; en Côte d’Ivoire, l’Article 127 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant
promulgation du Code minier ; au Ghana, l’Article 73 de la Loi de 2006 sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; en Guinée, l’Article 124 de la
Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; au Tchad, l’Article 78 de la Loi n°011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant
promulgation du Code minier.

112
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

7.1.8. L’hostilité des communautés d’accueil, une nouvelle forme


de risque

Les activités extractives affectant souvent les populations locales, les projets pétroliers et
miniers doivent tenir compte de l’impact social de l’exploitation minière. Les opérateurs
étatiques et privés doivent tenir compte d’éléments tels que l’acquisition de terres, le
détournement de rivières, le déplacement de populations locales ou l’emploi de locaux
et d'expatriés. En conséquence, une nouvelle forme de risque pour les sociétés minières
est l’hostilité des communautés d’accueil sur les questions sociales et environnementales.
Cette hostilité est de plus en plus croissante, les populations locales étant conscientes
de leurs droits et plus protégées par les lois et réglementations minières de dernière
génération.

Formes et impact des risques de la communauté d’accueil

Les risques de la communauté d’accueil pourraient notamment résulter de manifestations


ou de protestations organisées par des populations locales, même réunies en association
ou en villages, d’actions juridiques engagées par ces derniers ou d’actions de défense
importante contre l’expropriation ou le déplacement de population, les questions
environnementales, la violence contre la terre, l’équipement, les plantes, les travailleurs,
etc. Une augmentation des prix des minéraux pourrait même conduire à une situation
pire. En outre, les actions entreprises par les communautés locales pourraient être liées à
des considérations politiques, qui doivent être prises en compte par les sociétés minières.
Afin que les projets miniers et les populations locales vivent ensemble, de nombreuses
dispositions des codes miniers et pétroliers améliorent le développement local. La volonté
d’impliquer les populations locales touchées par les opérations minières et pétrolières est
de plus en plus marquée. Cela permet de s’assurer que les populations locales acceptent le
projet et favorisent leur développement. Les projets miniers et pétroliers seront intégrés
dans la réalité locale et seront un élément essentiel du paysage local. La mise en place de
fonds de développement, la signature d’accords spéciaux dans ce domaine ou la mise en
œuvre de plans de développement locaux sont désormais des éléments communs. La place
accordée aux programmes de développement, dont la rédaction implique fréquemment
la participation des communautés locales, peut être importante, car ces programmes sont
pris en considération par les autorités compétentes lors de l’octroi de licences minières.

Ces mécanismes résultent des efforts déployés pour faire en sorte que les revenus générés
par les activités minières et pétrolières profitent aux populations locales. Par exemple en
2002 le droit minier de la République Démocratique du Congo a fixé les taux de partage
des recettes des ressources naturelles à 60 pour cent pour le gouvernement national et à
40 pour cent pour les provinces, dont 10 pour cent alloués à leurs communautés locales.
Accorder des droits sur les revenus des ressources devrait être fondé sur la promotion de
la justice sociale, qui peut être obtenue par une action positive envers les communautés

379
Voir à cet effet, en République démocratique du Congo, l’Article 108 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier, qui prévoit :
«[l]e bénéficiaire ne peut occuper une parcelle de terrain visée par l’autorisation préfectorale qu’après présentation à l’autorité administrative des mines de l’acte
attestant le paiement ou caution de payer l’indemnité d’occupation fixée dans les conditions prévues à l’Article 112 ci-dessous».
380
Voir en Algérie, l’Article 136 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la loi minière.
381
Par exemple, l’Article 281 de la Loi N°18/001 du 9 mars 2018 amendant et complétant la Loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code
minier prévoit : «[l]e règlement à l’amiable du litige s’effectue par toutes voies de droit non juridictionnelles, notamment la transaction, le compromis, l’arbitrage
ou devant un Officier de police judiciaire ou un Officier du Ministère Public. Faute d’arrangement à l’amiable entre les parties dans les trois mois à compter de
la date de la survenance du litige, les indemnités seront allouées par le tribunal compétent en vertu des règles de l’organisation et de la compétence judiciaires en
vigueur en République Démocratique du Congo.»

113
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

touchées qui sont marginalisées par rapport aux autres communautés. Les perspectives
d’équité et de justice sociale correspondent à la philosophie du partage des revenus avec la
communauté ou le gouvernement local.

De plus, il est de plus en plus admis que les sociétés minières devraient s’attaquer aux
problèmes des droits de l’homme dans les zones où elles opèrent afin de répondre aux
attentes de la communauté de l’industrie minière. Les entreprises qui déploient des
efforts proactifs pour protéger les droits de l’homme dans leurs propres opérations
et pour promouvoir les droits de l’homme, dans des circonstances où la société a la
possibilité d’influencer le dossier des droits de l’homme du gouvernement hôte, peuvent
être considérées comme des éléments clés du respect des obligations en matière de
droits de l’homme. Les entreprises reconnaissent que la protection et la promotion des
droits de l’homme peuvent avoir un impact profond sur toute relation soutenue avec la
communauté d’accueil.

7.2. Participation locale et prise de participation de l’État dans les projets


miniers

Les ressources naturelles étant la propriété des États, il semble justifié que ces derniers
puissent participer à l’exploitation de leurs ressources minérales pour compenser
l’épuisement de leurs réserves. La participation de l’État à un projet minier se traduira
par l’allocation d’une part du capital de la société d’exploitation créée au stade du
développement ou de la production. Ce mécanisme présente plusieurs avantages pour
l’État. Premièrement, il lui permet d’accroître ses recettes, immédiatement dans le cas
d’une participation à titre gracieux ou après le remboursement des coûts de production
dans le cas d’une participation contributive. Deuxièmement, l’État aura une plus grande
implication dans les projets miniers et renforcera son contrôle sur les opérations minières
sur son territoire.

Cette prise de participation a été initialement conçue comme étant gratuite. Au fil
du temps, cette participation à titre gracieux a été complétée par une participation
contributive de l’État.

La prise de participation de l’État dans les projets extractifs peut être attribuée directement
à l’État, à son exploitant local ou à toute autre entité désignée par l’État. Les codes miniers
peuvent même prévoir des prises de participation locales et non publiques.407

Même si le principe de la prise de participation de l’État dans la société d’exploitation est


largement admis par les lois nationales, la mise en œuvre de cette option peut se révéler

382
Ainsi, l’Article 83 de la Loi ougandaise de 2003 sur l’exploitation minière dispose : « le propriétaire ou l’occupant légitime de toute terre visée par un droit minier
est en droit de recevoir une indemnisation en vertu de l’Article 82 de la présente loi ou une part des redevances visées à l’Article 98 de la présente loi. L’Article 98
du même code prévoit à cet égard ce qui suit : (1) Sous réserve de la section 100 de la présente Loi, tous les minéraux obtenus ou extraits au cours d’opérations
de prospection, d’exploration, d`extraction ou de valorisation des minéraux sont assujettis au paiement de redevances sur leur valeur brute selon le prix courant
du marché, aux taux prescrits. (2) Les redevances sont partagées entre le gouvernement, les collectivités locales et les propriétaires ou occupants légaux des terres
visées par les droits miniers prévus à l’Annexe II de la présente Loi.»
383
Voir, en particulier, aux Comores, l’Article 34 du Décret-Loi N°54-1110 du 13 novembre 1954 portant sur la réforme du régime des matières minérales ; en
République démocratique du Congo, l’Article 280 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier ; en Guinée, l’Article 126 de la
Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; en Guinée équatoriale, l’Article 51 de la Loi minière n° 9/2006 du 3 novembre
2006 ; au Niger, l’Article 117 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant promulgation de la loi minière modifiée ; en Tunisie, l’Article 82 de la Loi n° 2003-30
du 28 avril 2003 portant promulgation du Code minier.
384
Voir, en particulier, au Bénin, l’Article 120 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; aux Comores, l’Article 34 du
Décret-Loi N° 54-1110 du 13 novembre 1954 portant réforme du régime des matières minérales. Il convient de noter que certaines lois fixent un plafond pour
cette indemnisation.

114
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

difficile. C’est particulièrement le cas s’agissant d’une participation contributive qui exige
une contribution financière de l’Etat.

7.2.1. La participation gratuite de l’État dans des projets miniers

Au stade de la production, la société minière sera tenue de créer une société d’exploitation
locale. Celle-ci réalisera les activités minières et détiendra le titre minier. Une fois la
société d’exploitation créée, l’État aura la possibilité d’acquérir à titre gracieux des actions
de la société d’exploitation.

Si l’État décide de mettre en œuvre cette option et de prendre une participation dans la
société d’exploitation, aucune contribution financière ne peut être exigée de ce dernier, y
compris en cas d’augmentation de capital.

La participation de l’État est généralement protégée par des dispositions légales, en


particulier lorsque, en cas d’augmentation de capital, celle-ci court le risque d’être diluée.
La participation à titre gracieux accordée à l’État porte généralement sur une participation
de 10 % au capital social de la société d’exploitation, bien que d’autres dispositions fixent
un seuil supérieur ou inférieur.

7.2.2. Prise de participation additionnelle de l’État

Dans la majorité des cas, la participation à titre gracieux accordée à l’État ne l’empêche pas
de demander une participation supplémentaire. Les codes miniers prévoient généralement
cette possibilité. 408 La participation additionnelle de l’Etat suppose un apport de l’Etat qui
aura les mêmes droits et obligations que ses partenaires.

En effet, contrairement à la participation à titre gracieux, la participation contributive


exige de l’État qu’il assume les droits et obligations découlant de sa participation. L’État
devient donc un véritable partenaire et, le cas échéant, devrait contribuer aux pertes. L’État
ou la société minière nationale doit supporter les coûts liés aux opérations d’exploitation
au prorata de sa participation.

La participation contributive de l’État est facultative. Il pourra mettre en œuvre cette


option dans les conditions prévues par la loi ou par la convention minière. En outre, les
règlements peuvent fixer un taux de participation minimum 409 ou maximum 410 pour
l’État.

7.3. Contenu local

L’économie locale tire parti de l’obligation faite aux sociétés minières de privilégier les

385
Voir, en particulier, en Algérie, l’Article 139 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la loi minière ; aux Comores, l’Article 33(B) du Décret-
Loi n° 54-1110 du 13 novembre 1954 portant réforme du régime des matières minérales ; en République du Congo, l’Article 108 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril
2005 portant promulgation du Code minier ; au Niger, l’Article 116 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant promulgation de la loi minière modifiée ;
en Tunisie, l’Article 81 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant promulgation du Code minier.
Les critères juridiques fixés pour déterminer le prix de vente d’un terrain occupé varient. À titre d’exemple, en Algérie (Article 139 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet
2001 portant promulgation de la loi minière), il est précisé que l’estimation de la valeur du terrain à acheter remonte à la date de l’occupation. Au contraire,
aux Comores (Article 33(B) du Décret-Loi N° 54-1110 du 13 novembre 1954 portant réforme du régime des substances minérales), au Niger (Article 116 de
l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant promulgation de la loi minière modifiée) et en Tunisie (Article 81 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant
promulgation du Code minier), le prix de la terre à acheter est évalué au double de la valeur qu’il avait avant l’occupation.
386
Voir, en particulier, en Tunisie, l’Article 82 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant promulgation du Code minier qui attribue la compétence aux
tribunaux ordinaires.

115
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

actifs, services, entreprises et travailleurs nationaux. Favoriser le contenu local constitue


un important moyen de renforcer l’impact positif des industries extractives sur l’économie
locale.

Dans bien des cas, l’obligation de préférence nationale implique inextricablement des
biens locaux et le recours à un personnel local. Que les préférences portent sur l’emploi de
personnel local ou sur des produits fabriqués sur place, l’obligation de préférence nationale
incombe généralement aux titulaires de licences d’exploitation minière ou aux parties à
la convention minière. Toutefois, l’obligation d’accorder la préférence au personnel local
et d’acheter des équipements et fournitures locaux peut, dans certains cas, s’étendre aux
sous-traitants 411 ou, plus généralement, aux entreprises travaillant pour le compte de
l’exploitant. 412

7.3.1. Préférence accordée à la prestation de service au niveau local

Afin de favoriser le développement de l’économie locale, les codes miniers et leurs textes
d’application donnent fréquemment la priorité au recours à des fournisseurs de services
locaux dans les opérations minières. Ces dispositions font généralement référence au
recours à des entreprises locales pour assurer la fourniture de services, notamment dans
le cadre de contrats de construction, de fournitures ou de passations de marchés. 413

Le contrôle de la conformité des sociétés minières à l’obligation d’accorder la préférence


aux prestataires de services locaux implique l’introduction de critères détaillés pour
déterminer dans quels cas le recours à des prestataires de services étrangers est autorisé.
Parmi les critères largement appliqués, figurent l’équivalence en termes de prix, de
conditions de paiement, de rentabilité, de qualité, de quantité, de garanties, de délais de
livraison ou de sécurité.

Par conséquent, dans des circonstances équivalentes, les sociétés minières doivent accorder
la préférence aux services fournis par les sociétés locales. Toutefois, la réglementation
applicable peut établir une marge de préférence en faveur des prestataires de services
locaux en stipulant que l’entreprise locale doit être sélectionnée de préférence dans les cas
où son prix ne dépasse pas celui de sa concurrente étrangère de plus d’un pourcentage
donné.

Afin de garantir le recours à des prestataires de services locaux, certains textes peuvent
fixer des quotas que l’exploitant doit respecter lorsqu’il fait appel à des sous-traitants.
Le code minier guinéen établit une telle obligation. 414

Enfin, ces dispositions ont pour but de promouvoir le recours aux entreprises locales.
Certaines lois et réglementations minières prévoient l’obligation de coopérer à la création
d’emplois au niveau national415 et de promouvoir l’entreprenariat416 local, parfois en
définissant un plan de soutien pour les entreprises nationales. 417
387
Voir en particulier, l’Article 53 de l’Ordonnance n°2008-804 du 31 décembre 2008 portant mise en œuvre du Code minier et de fiscalité minière dans la
République du Bénin, qui renvoie aux règlements figurant dans le droit du travail.
388
Voir en particulier, pour l’Algérie, la Loi n°88-07 du 26 janvier 1998 sur la santé, la sécurité et la médecine du travail ; pour le Kenya, la Loi de 2007 sur la
sécurité et la santé au travail ; pour l’Ouganda, la Loi sur la sécurité et la santé au travail de 2006. Un certain nombre de lois s’appliquent spécifiquement au secteur
minier, notamment en Afrique du Sud (par exemple la Loi de 1996 sur la santé et la sécurité minière dans les mines).
389
Pour avoir quelques exemples de codes miniers qui tiennent compte de la capacité à assurer le respect des règlements en matière de santé et de sécurité dans
l’octroi des permis d’exploitation minière, voir le Mali, les Articles 31 et 39 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.
390
Pour la République du Congo, voir l’Article 91 de la Loi n° 4-2005 portant promulgation du Code minier ; pour l’Éthiopie, l’Article 44 de la Proclamation
n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; pour le Rwanda, l’Article 25 de la Loi n° 13-2014 du 20 mai 2014 sur
l’exploitation des mines et des carrières.

116
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

7.3.2. Préférence accordée aux biens et équipements fabriqués


localement
Afin de favoriser la production nationale et de stimuler l’économie locale, les législations
et les conventions minières imposent généralement à la société minière l’obligation
d’accorder la préférence aux biens fabriqués dans l’État.

Les codes miniers et leurs textes d’application énoncent généralement les critères
permettant à l’exploitant de déterminer dans quelles circonstances il doit accorder la
préférence aux produits locaux ; parmi ces critères, la qualité, le prix, la performance, la
technologie (notamment en termes de normes environnementales), la sécurité, les délais
de livraison ou la disponibilité des produits sont généralement pris en considération.418
Ainsi, en fonction des critères déterminés par la loi ou le contrat, l’exploitant privé doit
accorder la préférence aux biens nationaux.

Les résultats pratiques de l’obligation d’accorder la préférence aux produits locaux sont
difficiles à évaluer. Toutefois, dans un grand nombre de situations, la construction ou la
fabrication dans l’État des biens et équipements destinés à des travaux miniers ne fournit
pas de justification économique immédiate.

7.3.3. Préférence accordée aux travailleurs locaux

Les projets miniers exigent une main-d’œuvre importante aux qualifications variables.
Afin de faire face aux besoins en main-d’œuvre, la société minière peut devoir recourir à
du personnel expatrié. Dans ce cas, l’État veille généralement à ce que la société minière
ait la possibilité d’employer le personnel expatrié nécessaire à la conduite des opérations
minières. L’exploitant privé a également tout intérêt à employer de la main-d’œuvre locale.
D’un point de vue financier, le coût d’un travailleur expatrié ne peut être supérieur à
celui d’un travailleur local que par exemple en raison des différentes primes versées aux
expatriés ; en outre, le coût du personnel qualifié est souvent nettement supérieur dans
le pays d’origine des expatriés que dans l’État. Les sociétés minières peuvent également
bénéficier de l’image positive résultant de l’emploi de travailleurs locaux.

Pour l’État, l’emploi préférentiel des travailleurs locaux répond au seul souci de faire
en sorte que son économie et ses ressortissants tirent le plus grand parti possible des
retombées positives de l’exploitation de ses ressources naturelles.419

Les lois et règlements miniers exigent souvent que la société minière accorde la préférence
à l’emploi des nationaux. L’emploi de la main-d’œuvre locale est envisagé dans un cadre
plus ou moins flexible en fonction des dispositions légales et contractuelles en jeu.

391
Pour l’Algérie, voir l’Article 152 de la Loi sur l’exploitation minière n° 01-10 du 3 juillet 2001, l’Article 8(1) de la convention minière type adoptée par le Décret
présidentiel du 1er mars 2003 ; pour le Bénin, l’Article 126 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière dans la République
du Bénin ; pour la Guinée, l’Article 145 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; pour Madagascar, l’Article 109
de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant promulgation du Code minier amendé par la Loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 ; pour le Mali, les Articles 83
et 140 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier ; pour la Namibie, l’Article 41(1) de la Loi de 1992 sur la prospection et
l’exploitation minières, etc.
392
Voir, en particulier, pour l’Angola, l’Article 93 de la Loi sur l’exploitation minière n° 31/11 du 23 septembre 2011 ; pour la Sierra Leone, l’Article 142 de la Loi
sur les mines et les ressources minérales.
393
Pour la Guinée, l’Article 145 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; pour le Mali, l’Article 140 de la Loi n°
2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.

117
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

Les objectifs à atteindre sont souvent définis en détail dans les conventions minières et
peuvent également figurer dans les lois et règlements nationaux. C’est le cas du code minier
promulgué en Guinée, qui fixe de manière très détaillée le pourcentage de nationaux qui
doivent être employés aux différents postes pendant chaque phase opérationnelle.420 Bien
que l’obligation d’atteindre les objectifs en matière d’emploi soit rigide dans certains cas,
un certain nombre de conventions minières stipulent que l’exploitant privé ne sera tenu
d’atteindre les objectifs en matière d’emploi que dans la mesure où ils sont réalistes, en
fonction de la rentabilité et de l’exécution efficace des opérations d’exploitation dans le
cadre des projets correspondants. La vérification de la non-disponibilité du personnel
local est généralement soumise aux indications spécifiées dans la convention minière ou
dans la législation applicable. Il pourra notamment s’agir de publier les annonces d’offres
d’emploi dans la presse ou d’appels à candidatures afin de vérifier la disponibilité ou non
de personnel sur place.

La préférence locale pour les nationaux peut être appliquée de manière différenciée en
fonction des emplois concernés. Une distinction est faite entre les postes qualifiés et
non qualifiés. La préférence accordée aux nationaux peut être restreinte aux emplois
non qualifiés. Afin de favoriser le recrutement de personnel local dans des emplois ne
nécessitant pas de qualifications, les textes interdisent parfois l’emploi de personnel
expatrié non qualifié. Tous les emplois ne nécessitant pas de qualifications particulières
sont donc réservés aux nationaux.421 Une telle disposition peut paraître surprenante, car
les exploitants privés ont intérêt à employer du personnel local pour ce type d’emploi et de
qualification. Des dispositions plus spécifiques comportent des précisions sur les fonctions
de direction qui doivent être occupées par le personnel local422 ; elles contribuent ainsi à
l’objectif de la préférence nationale, à savoir le développement de l’État.

L’obligation d’accorder la préférence au personnel local peut également varier en fonction


de l’état d’avancement des opérations et des différentes phases du projet.423

Les résultats pratiques de l’obligation d’accorder la préférence à l’emploi des travailleurs


locaux sont très difficiles à évaluer. Le faible taux de réussite observé dans de nombreux
pays est souvent attribué au fait que les instances dirigeantes des entreprises ont pris
conscience du niveau extrêmement faible de savoir-faire de la main-d’œuvre locale et
donc de l’importance des efforts à déployer pour combler ces lacunes. L’importance
de l’expertise technologique et de son développement rapide est également un facteur
qui atténue les restrictions imposées au recours au personnel expatrié. L’adoption d’une
politique modérée de remplacement du personnel expatrié par du personnel local peut
s’expliquer par une réticence à prendre le risque de ralentir les travaux opérationnels.

394
Pour l’Angola, voir l’Article 59 de la Loi sur l’exploitation minière n° 31/11 du 23 septembre 2011 ; pour la République centrafricaine, l’Article 101 de la Loi n°
09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; pour la Côte d’Ivoire, l’Article 137 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation
du Code minier ; pour l’Éthiopie, l’Article 34 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; pour le
Ghana, l’Article 93 de la Loi de 2006 sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; pour le Niger, l’Article 121 de l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993
portant promulgation de la Loi sur l’exploitation minière modifiée ; pour le Tchad, l’Article 86 de la Loi n° 001-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation
du Code minier. Au plan régional, ce règlement est également visé à l’article 11 du Règlement n° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant adoption
du Code minier communautaire.
395
Pour la République démocratique du Congo, voir l’Article 210 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier.
396
Pour le Malawi, voir les Articles 13 et 14 des Règlements sur l’exploitation minière (et la sécurité).
397
Pour le Rwanda, voir l’Article 33 de la Loi n° 13-2014 of 20 mai 2014 sur l’exploitation des mines et des carrières ; pour la Sierra Leone, l’Article 142 de la Loi
de 2009 sur les mines et les ressources minérales.

118
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

Dans la pratique, le succès de l’obligation de privilégier le personnel local dépend


largement de la mise en place de programmes de formation qui intègrent un nombre
croissant d’obligations basées sur les résultats grâce à un suivi successif et permanent de
l’exécution du transfert d’expertise.

7.3.4. L’efficacité des mécanismes de préférence nationale

Afin de garantir le respect de la préférence accordée à l’emploi des nationaux et au recours


aux biens et services locaux, un certain nombre d’États ont mis en place des mécanismes
pour assurer l’efficacité des mécanismes de préférence nationale.

Premièrement, la conformité à l’obligation de préférence peut être assurée par la mise en


place d’une procédure de sélection pour obtenir des offres des entreprises locales. À cet
égard, une procédure d’appel d’offres peut être imposée pour l’attribution des marchés.424

Encourager le respect de l’obligation de préférence locale implique également la mise en


place de mécanismes qui subordonnent l’octroi des avantages au respect des conditions
de préférence. Ainsi, les lois et règlements miniers peuvent assortir de conditions
l’application d’avantages fiscaux dans les cas où des marchandises importées auraient pu
être fournies localement.425

Afin d’éviter que l’exploitant ne contourne les exigences de préférence locale, les États
africains ont parfois mis en place des mécanismes obligeant les fournisseurs étrangers de
biens et services à travailler conjointement avec une entreprise locale.426 Les règlements
peuvent également stipuler que dans le cas de marchandises importées, l’exploitant privé
sera tenu d’intervenir par le biais d’un intermédiaire local afin d’effectuer cette importation.
De plus, les États peuvent instaurer des mécanismes de suivi, notamment en imposant
à l’exploitant l’obligation de soumettre des rapports réguliers à l’autorité compétente
pour vérifier le respect des exigences de préférence nationale.427 Ce suivi peut également
impliquer la transmission à l’autorité compétente des contrats conclus dans le cadre de
l’exploitation minière.

Assurer la conformité aux exigences de préférence implique également la mise en place


de mécanismes de sanctions et de recours en cas de non-respect par l’exploitant privé
des obligations en matière de préférence nationale. Un certain nombre de lois minières
prévoient la possibilité de prendre des mesures judiciaires ou administratives en cas de
non-respect de l’exigence de préférence nationale.428 En outre, la réglementation applicable
peut obliger l’exploitant à verser une compensation en cas de non-respect des exigences
de préférence nationale.429 D’autres textes plus stricts considèrent que la violation d’une
obligation de préférence constitue une infraction430 ou peut entraîner le retrait du permis

398
À cet égard, pour le Bénin, voir l’Article 126 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant promulgation du Code minier et de la fiscalité minière dans la
République du Bénin ; pour la République centrafricaine, l’Article 102 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; pour la Côte
d’Ivoire, l’Article 138 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation du Code minier ; pour Madagascar, l’Article 262 de l’Arrêté n° 2006-910 du 19
août 2006 portant mise en œuvre du Code minier.
399
À cet égard, pour la République centrafricaine, l’Article 103 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; pour les Comores,
l’Article 40 de l’Arrêté n° 54-1110 du 13 novembre 1954 portant réforme du régime des matières minérales ; pour la République démocratique du Congo, l’Article
209 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier ; pour l’Érythrée, l’Article 30(3) de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion
du développement des ressources minérales ; pour Madagascar, l’Article 111 de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant promulgation du Code minier amendé
par la Loi n° 2005-021 du 17 octobre 2005 ; pour le Nigeria, l’Article 84(1) de la Loi de 2007 sur les ressources minérales et l’exploitation minière et l’Article 140
du Règlement de 2011 sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; pour la Sierra Leone, l’Article 146 de la Loi de 2009 sur les mines et les ressources
minérales ; pour le Soudan du Sud, l’Article 159 de la Loi de 2012 sur l’exploitation minière ; pour la Tunisie, l’Article 72 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003
portant promulgation du Code minier ; pour le Tchad, l’Article 93 de la Loi n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier.

119
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

d’exploitation minière431. Enfin, des dispositions légales ou contractuelles pourraient


stipuler que les contrats conclus en violation des dispositions instituant une préférence
nationale au profit du marché local sont nuls et de nul effet.

7.4. Questions environnementales

Les industries extractives sont souvent critiquées pour leur impact sur l’environnement.
Les projets miniers modifient considérablement le paysage ; ce fait est particulièrement
vrai pour les mines à ciel ouvert qui engendrent d’importants mouvements de sol et
occasionnent parfois une déforestation. De nombreux impacts environnementaux
peuvent découler des projets d’extraction, tels que l’érosion des sols, leur dégradation
ou la contamination de l’eau par des produits chimiques, la disparition des collines ou
des montagnes, le détournement des rivières ou des eaux souterraines, l’affaissement des
terres, etc.

Les effets de l’exploitation minière s’étendent au-delà de la mine elle-même ; les opérations
minières ont une incidence sur l’agriculture et la pêche et il en résulte des modifications
de tout le cadre de vie qui entoure les mines. Les impacts environnementaux deviennent
donc des enjeux économiques et sociaux. De plus, les impacts environnementaux se
poursuivent bien après l’épuisement de la mine et les communautés locales doivent
supporter le fardeau à long terme des opérations minières.

L’impact environnemental des projets miniers varie considérablement d’un site à l’autre,
selon la nature des ressources naturelles extraites, la géologie du site, la technologie
utilisée, les techniques d’extraction ou l’ampleur des activités.432

Les États africains ont conscience de la nécessité d’examiner les questions environnementales
et ont élaboré des moyens juridiques pour préserver leur environnement. Il existe de nos
jours très peu de lois et règlements miniers qui ne traitent pas de la question de la protection
de l’environnement. L’obligation faite aux exploitants de réhabiliter les sites miniers illustre
l’attention accordée par les États africains aux questions environnementales.

Outre les lois nationales, les instruments régionaux sont également conçus pour prendre
en compte les questions environnementales à l’échelle du continent.433 Par exemple, la
directive de la CEDEAO subordonne les exonérations fiscales et douanières au respect
des obligations sociales et environnementales. Il est également précisé que l’État peut
participer au capital social des sociétés minières.434

Les lois et règlements nationaux imposent un certain nombre d’obligations qui varient
d’un projet à l’autre afin de minimiser l’impact des opérations minières, en particulier
les conséquences environnementales et sociales, ou dans le but de protéger le patrimoine
culturel.

400
Pour l’Algérie, voir l’Article 57 de la Loi n° 01-10 du 3 juillet 2001 portant promulgation de la Loi sur l’exploitation minière ; pour la République centrafricaine,
l’Article 103 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier ; pour les Comores, l’Article 40 de l’Arrêté n° 54-1110 du 13 novembre
1954 portant réforme du régime des matières minérales ; pour la République démocratique du Congo, l’Article 208 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant
promulgation du Code minier ; pour la Guinée, l’Article 146 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; pour le Mali,
l’Article 83 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.
401
En particulier, pour le Mozambique voir l’Article 32 de la Loi sur l’exploitation minière n° 20-2014 du 18 août 2014 ; pour l’Angola, voir l’Article 196 de la Loi
sur l’exploitation minière n° 31/11 du 23 septembre 2011.
402
Par conséquent, au Sénégal, l’Article 31 de la Loi n° 2016-32 du 8 novembre 2016 portant promulgation du Code minier prévoit: « [l]’État peut, en sus de sa
part gratuite au capital, négocier pour lui et/ou le secteur privé national, à titre onéreux, une participation supplémentaire jusqu’à hauteur de vingt-cinq pour cent
(25%) au capital de la société d’exploitation, selon les modalités habituelles en vigueur en la matière. »

120
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

Premièrement, la prévention consiste en une obligation incombant aux exploitants de


restreindre l’impact de l’exploitation sur l’environnement et de protéger ce dernier. Les
méthodes d’exploration et d’extraction utilisées par les exploitants doivent donc être
rationnelles afin que l’exploitation soit la plus rentable possible tout en restant compatible
avec les exigences de protection de l’environnement.435

La gestion de l’impact environnemental des opérations minières nécessite, en particulier,


la réalisation d’une étude d’impact environnemental, qui revêt une importance capitale
selon la législation minière. Cette étude a pour but d’évaluer l’impact des opérations
d’exploitation sur le bilan environnemental, de définir des mesures visant à atténuer
cet impact et de déterminer les méthodes de mise en œuvre et de suivi de ces mesures.
Cette étude intègre généralement le plan de réhabilitation financé et réalisé par la société
minière à la fin des opérations minières. La réhabilitation des sites est la dernière mesure
imposée aux sociétés minières pour protéger l’environnement.436

Enfin, la prévention des risques s’articule autour de la mise en place de mécanismes


d’assurance qui couvrent les risques générés par les opérations minières. Ces mécanismes
d’assurance, qui protègent l’exploitant privé, garantissent également que les dommages
potentiels puissent être indemnisés.

Les études d’impact environnemental et social

Les évaluations d'impact environnemental et social («EIES») et les plans de gestion


environnementale et sociale («PGES») sont des outils largement utilisés par de nombreux
gouvernements lors de l'évaluation de l'approbation et de la mise en œuvre de propositions
minières. Ces documents sont également généralement évalués par les prêteurs lorsqu'ils
prennent des décisions de financement. Le gouvernement devrait considérer qu'il existe
au moins deux approches pour utiliser l'EIES :

- Premièrement, pour obtenir un permis environnemental avant les activités


minières ;
- Deuxièmement, dans le cadre du processus de demande de permis
d'exploitation.

Il est essentiel que les lois minières et environnementales, ainsi que les réglementations et
contrats connexes, ne créent jamais une attente selon laquelle le demandeur a le droit de
faire approuver les EIES ou de délivrer une licence environnementale ou minière.

Il est donc essentiel que l'EIES fasse partie du processus d'autorisation et que l'octroi du
permis d'exploitation minière soit subordonné à l'approbation de l'EIES. Le manque de
clarté des lois, réglementations et contrats miniers et environnementaux concernant le
rôle de l'EIES et la nécessité de son approbation par le gouvernement augmente le risque
de conflits et de litiges juridiques.
403
Voir en particulier, au Bénin, l’Article 8 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant promulgation du Code minier et de la fiscalité minière dans la
République du Bénin ; en Côte d’Ivoire, l’Article 7 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014 portant promulgation du Code minier ; en Érythrée, l’Article 41 de la
Proclamation n°165/2011, portant amendement de Une proclamation modifiant la proclamation de la Loi sur l’exploitation minière n° 68/1995 ; en Éthiopie,
l’Article 70 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales ; en Guinée, l’Article 150 de la Loi L/2013/No.
053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; en Mauritanie, l’Article
5 de la Loi n° 2012/012 Régissant les conventions minières et approuvant la convention minière type ; au Niger, l’Article 8 de l’Ordonnance modifiée n° 93-16 du
2 mars 1993 portant promulgation de la loi minière ; au Togo, l’Article 55 de la Loi n° 2003-012 du 4 octobre 2003 modifiant et complétant la loi n°96-004 du 26
février 1996 portant promulgation du Code minier. Au niveau régional, le principe d’une participation additionnelle et par apport de l’État est prévu à l’Article 12
du Règlement n° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant promulgation du Code minier communautaire.
404
À titre d’exemple, au Lesotho, l’Article 34(1) de la Loi sur les mines et les ressources minérales, 2005 prévoit que la participation de l’État ne peut être inférieure
à 20 %.

121
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

A côté de ces évaluations d’impact environnemental et social, les Etats devraient envisager
de mener à bien une évaluation environnementale stratégique (« EES »). Cette EES
permettra d’identifier les zones sensibles où les activités minières ne sont pas souhaitables
et les licences d’exploration ne devraient donc pas être autorisées.

La réalisation d'une EES réduira ainsi le risque que les sociétés minières investissent dans
des EIES pour des projets présentant peu de chances d'être approuvés en raison d'impacts
environnementaux ou sociaux inacceptables.

La plupart des pays exigent qu'une EIES soit préparée (par le promoteur minier ou par le
gouvernement) avant de délivrer les autorisations du gouvernement pour toute activité
minière, y compris, mais sans s'y limiter, les activités de reconnaissance, d'exploration et
d'exploitation minière.

Toutefois, si les EES relèvent de la responsabilité du gouvernement, la réalisation d'une


EIES pour un projet spécifique devrait rester du ressort du promoteur minier. Dans ce
dernier cas, le rôle du gouvernement est de fournir des directives pour le processus,
d’évaluer la qualité du rapport d’EIES et d’accepter ou de rejeter le projet sur la base
des conclusions de l’EIES. Les EIES revêtent une importance particulière dans les pays
riches en ressources, fragiles du point de vue de l'environnement et exposés à des impacts
sociaux et environnementaux lorsque des opérations minières à grande échelle sont en
cours. Les EISE sont généralement associées aux étapes d'exploration et de faisabilité du
cycle du projet minier.

En plus d’exiger une analyse de l’impact sur l’environnement, la plupart des pays exigent
également l’élaboration et la soumission de PGES. Contrairement aux EIES, les PGES
décrivent les opérations minières et fournissent un cadre permettant d'identifier, de gérer
et d'atténuer les impacts environnementaux au fur et à mesure qu'ils se produisent (ceux
identifiés dans l'EIE et ceux identifiés au cours de la construction / des opérations). Les
PGES sont essentiels au contrôle des obligations des sociétés minières par le gouvernement
et devraient faire partie intégrante du processus d'EIES. Un facteur clé pour assurer le
succès de la mise en œuvre des PGES est d’exiger des rapports de mise en œuvre et des
examens périodiques pour s’adapter aux nouvelles circonstances de la vie de la mine.

Enfin, les EIES et les PGES sont étroitement liés aux plans de fermeture et de réhabilitation
de mines, et ces liens devraient être correctement reflétés dans les lois et réglementations
minières, en termes de processus de rédaction, d'approbation et de revues périodiques 437 .

7.5. La nature des contributions économiques des activités minières

Les projets miniers contribuent de plusieurs façons au développement économique du


pays hôte et des communautés voisines.

405
À titre d’exemple, au Botswana, l’Article 40(1) de la Loi sur les mines et les ressources minérales prévoit un maximum de 15 % pour la participation de l’État.
406
Concernant l’obligation faite aux sous-traitants d’employer du personnel local, pour la Côte d’Ivoire, voir l’Article 134 de la Loi n° 2014-138 du 24 mars 2014
portant promulgation du Code minier ; pour le Liberia, l’Article 20.2 de la Loi de 2000 sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; pour le Mali, l’Article
137 de la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant promulgation du Code minier.
407
Pour les entreprises travaillant pour le compte de la société minière et concernées par l’emploi du personnel local, voir par exemple le Niger, l’Article 103 de
l’Ordonnance n°93-16 du 2 mars 1993 portant promulgation de la Loi sur l’exploitation minière modifiée ; pour le Tchad, voir l’Article 69 de la Loi n° 011-PR-1995
du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier.

122
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

Renforcer l’économie locale : infrastructures locales et industrialisation

La mise en œuvre satisfaisante des opérations d’exploitation nécessite, dans la plupart des
cas, la construction d’infrastructures, notamment pour la communication, le transport et
la production d’électricité.

Ces exigences en matière d’infrastructure sont prises en compte notamment sur le plan
contractuel. De nombreux codes miniers traitent des questions liées à la construction
d’infrastructures comme une obligation aux dépens de l’investisseur, même si la plupart
des dispositions légales applicables se limitent à accorder le droit à des opérateurs privés
de construire ou d’organiser la construction des infrastructures nécessaires à la mise en
œuvre des opérations minières.

Les investissements des opérateurs privés dans les infrastructures concernent


principalement les infrastructures liées aux activités extractives et aux projets. Toutefois, la
coopération des opérateurs privés au développement des infrastructures de l’économique
locale s’étend souvent bien au-delà du secteur minier.

Les efforts déployés pour obtenir une intégration industrielle dans le domaine des
ressources naturelles ont souvent échoué. Pendant de nombreuses années, le traitement
local des ressources extraites n’était pas une préoccupation majeure. Il existe actuellement
une tendance à l’inversion de ce phénomène ; les États d’accueil cherchent à assurer le
traitement local des ressources extraites et les exploitants y ont un intérêt majeur. Le
développement des industries extractives locales peut prendre la forme d’une variété
d’activités principalement liées à l’expansion de leurs infrastructures matérielles, à une
meilleure connaissance du potentiel des ressources naturelles du pays et au financement
de la recherche scientifique.

Amélioration des conditions de travail

L’industrie minière peut améliorer les conditions de travail des employés, en termes de
santé, de sécurité et de sécurité sociale.

La sécurité des employés dans le cadre de l’exploitation des ressources naturelles est soumise
à des réglementations particulièrement strictes. La sécurité des exploitations minières a
une place de plus en plus importante ; cela résulte en particulier de l’augmentation rapide
du nombre de réglementations couvrant ce domaine. Certaines législations renvoient à
des dispositions contractuelles ou à des réglementations générales en matière de santé

408
Voir à titre d’exemple, pour l’Algérie, l’Article 14 du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation de la convention minière type ; pour l’Angola,
l’Article 19 de la Loi sur l’exploitation minière n° 31/11 du 23 septembre ; pour le Botswana, l’Article 12(1) de la Loi sur les mines et les ressources minérales ; pour
la République du Congo, l’Article 101 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier ; pour la République démocratique du Congo,
l’Article 273 de la Loi No. 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier ; pour l’Érythrée, l’Article 25 de la Proclamation n°68/1995 sur la
promotion du développement des ressources minérales ; pour l’Éthiopie, l’Article 34 de la Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable
des ressources minérales ; pour le Gabon, l’Article 197 de la Loi n° 05-2000 portant promulgation du Code minier ; pour le Ghana, l’Article 105 de la Loi de 2006
sur les ressources minérales et l’exploitation minière ; pour la Guinée, l’Article 107 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement de la
Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; pour la Guinée Équatoriale, l’Article 52 de la Loi sur l’exploitation minière n°
9/2006 du 3 novembre 2006 ; pour le Mozambique, l’Article 22(4) de la Loi sur l’exploitation minière n° 20-2014 du 18 août 2014 ; pour la Namibie, l’Article 50 de
la Loi de 1992 sur la prospection et l’exploitation minières ; pour le Swaziland, l’Article 29 Loi de 2011 sur les mines et les ressources minérales ; pour le Tchad,
l’Article 68 de la Loi n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier ; pour le Togo, l’Article 34 de la Loi n° 96-004 du 26 février 1996
portant promulgation du Code minier ; pour la Tunisie, l’Article 75 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril 2003 portant promulgation du Code minier, etc.
La préférence accordée aux prestataires de services locaux est également reconnue au niveau régional par l’Article 14 du Règlement n° 18/2003/CM/UEMOA du
23 décembre 2003 portant adoption du Code minier communautaire et l’Article 11(5) de la Directive C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 concernant l’harmonisation
des principes directeurs et des politiques du secteur minier de la CEDEAO.

123
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

et de sécurité. Ces réglementations peuvent également être complétées par des règles
spécifiques appliqués à la santé et à la sécurité dans le secteur extractif.

L’importance accordée à la sécurité des opérations d’exploitation est telle que le non-
respect des réglementations en matière de santé et de sécurité peut entraîner le retrait de
la licence d’exploitation minière.

Les prestations sociales peuvent également être traitées dans le cadre de contrats distincts
du contrat de travail lui-même, sous la forme de conventions collectives. Ces avantages
peuvent s’étendre non seulement aux familles des employés de l’opérateur, mais aussi au
personnel employé par les sous-traitants.

En outre, les opérateurs privés fournissent habituellement l’hébergement pour les


travailleurs locaux. De plus, cette politique est reprise par les codes miniers qui
contiennent des dispositions sur la construction d’infrastructures nécessaires pour
accueillir le personnel.

7.6. La Vision Minière Africaine

En 2009, la Vision Minière Africaine a été adoptée par l’Union africaine (UA), après avoir
noté que les dotations et l’exploitation des ressources minérales n’avaient pas contribué au
développement économique par le passé ou à l’industrialisation dans les pays africains.
Selon la VMA, l’exploitation minière industrielle, qui comprend également des activités
minières artisanales et de petites mines, doit être un secteur clé pour une économie
croissante, diversifiée, compétitive et axée sur l’industrie en Afrique. La transformation
structurelle des pays africains doit se fonder sur l’exploitation des minéraux, des sources
d’énergie et des liens vers d’autres secteurs économiques (liaisons amont/aval). L’objectif
est de produire un niveau de fabrication plus élevé, d’améliorer les chaînes de valeur
nationales et régionales et les infrastructures à haut rendement (chemins de fer, ports
et lignes électriques) dans les pays africains. En outre, la VMA préconise une meilleure
taxation, une répartition plus efficace des recettes provenant de l’extraction des ressources.
L’adoption de la Vision Minière Africaine a marqué une intervention à l’échelle du
continent des décideurs politiques avec pour mission de combler le fossé entre les
communautés, les sociétés minières et les gouvernements.

Le but de la VMA est principalement d’aligner l’intérêt des gouvernements avec celui
des compagnies minières. Il est possible de relever le niveau de responsabilité et de

409
L’Article 107 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier mentionne la proportion minimale de petites et moyennes
entreprises, de petites et moyennes industries et de sociétés détenues ou contrôlées par des Guinéens qui doivent intervenir aux différentes étapes du projet
minier.
410
Voir l’Article 101 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier en République du Congo.
Pour le Mozambique, voir l’Article 34 de la Loi sur l’exploitation minière n° 20-2014 du 18 août 2014 ; pour la Namibie, l’Article 50 de la Loi de 1992 sur la
prospection et l’exploitation minières.
411
Pour la Guinée voir l’Article 107 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier.
412
Pour l’Algérie, voir l’Article 14 du Décret présidentiel du 1 mars 2003 portant promulgation de la convention minière type ; pour le Botswana, l’Article 12(1) Loi
sur les mines et les ressources minérales ; en République du Congo, l’Article 101 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code minier ; pour
la République démocratique du Congo, l’Article 273 de la Loi n° 007-2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier ; pour la Guinée Équatoriale,
l’Article 52 de la Loi sur l’exploitation minière n° 9/2006 du 3 novembre 2006 ; pour l’Ouganda, l’Article 113(1) de la Loi de 2003 sur l’exploitation minière ; pour
le Rwanda, l’Article 49 de la Loi n° 13-2014 du 20 mai 2014 sur l’extraction des mines et des carrières ; pour la Tunisie, l’Article 75 de la Loi n° 2003-30 du 28 avril
2003 portant promulgation du Code minier ; l’Article 14 du Règlement de l’UEMOA No. 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant promulgation du
Code minier communautaire et l’Article 11(5) de la Directive de la CEDEAO n° C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 sur l’harmonisation des principes directeurs et
des politiques dans le secteur minier.
413
La mise en œuvre de cet objectif implique en particulier la vérification de la destination des salaires payés.
Par exemple, voir l’Article 108 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant
promulgation du Code minier dans la République de Guinée.

124
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

transparence dans le secteur minier, et les opérateurs devront garder à l’esprit que bon
nombre des conflits sur le continent, historiques et actuels, remontent à la lutte pour le
contrôle des ressources minérales.

Les partisans de l’idée de la VMA considèrent cette vision comme un moyen de déplacer
les pays africains de leur position de simples exportateurs de matières premières à celle
de transformateurs des minéraux trouvés à l’intérieur de leurs frontières. L’UA estime
que la VMA contribuera également à faire en sorte que l’exploitation minière contribue
mieux au développement local en veillant à ce que les travailleurs et les communautés
voient des avantages réels de l’exploitation minière industrielle à grande échelle et que leur
environnement soit protégé. Cela signifie également qu’il faut s’assurer que les pays soient
en mesure de négocier des contrats avec des multinationales minières qui génèrent des
revenus équitables et prévoient des soutiens locaux pour les opérations. Au niveau régional,
il s’agit d’intégrer l’exploitation minière dans la politique industrielle et commerciale.

Surtout, il s’agit d’ouvrir le statut d’enclave de l’exploitation minière afin que l’Afrique puisse
passer de son statut historique d’exportateur de matières premières bon marché à celui
de fabricant et de fournisseur de services fondés sur la savoir. En outre, les hypothèses
consistent en ce que l’addition de valeur et la création d’emplois multipliées conduisent à
une augmentation des recettes, à la réduction du chômage et la construction de la paix.

Conclusion

Le contenu local, la protection de l’environnement et des populations locales, le


développement de l’économie locale, le partage équilibré des revenus miniers sont
aujourd’hui des considérations essentielles pour les parties prenantes minières.

La réglementation des activités minières vise également à promouvoir et à développer


l’économie locale. Les projets sont désormais examinés à plus grande échelle, incluant
l’ensemble des acteurs et les impacts qu’ils pourraient avoir sur les populations et
l’environnement. Dans ce contexte, la Vision Minière Africaine a été adoptée pour améliorer
les investissements africains dans le secteur minier.

414
À cet égard, pour la Guinée, voir l’Article 108 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre
2011 portant promulgation du Code minier : «[l]e titulaire d’un Titre minier ou d’une Autorisation ainsi que les entreprises travaillant pour son compte sont tenus
d’employer exclusivement des Guinéens pour tous les emplois ne nécessitant pas de qualification. La direction du titulaire du Titre minier ou de l’Autorisation
pourra réserver certains postes ne nécessitant pas de qualification aux ressortissants de la Communauté locale.»
415
Par conséquent, en Guinée, le Code minier prévoit qu’à compter de la date à laquelle la production commerciale commence, le Directeur général adjoint doit
être un Guinéen et qu’au terme de la période de cinq ans suivant cette date, le directeur général de la société minière doit être un Guinéen (Article 108 de la Loi
n° L/2013/N° 053/CNT du 8 avril 2013 portant amendement du Code minier).
416
Pour la Guinée, voir l’Article 108 de la Loi n° L/2013/N°053/CMT du 8 avril 2013 portant amendement du Code minier qui fixe le quota minimum d’employés
guinéens par catégorie au cours des différentes phases du développement du projet.
417
Pour le Mozambique, voir l’Article 22 de la Loi sur l’exploitation minière n° 20-2014 du 18 août 2014.
418
Pour la République centrafricaine voir l’Article 127 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier.
419
Pour le Mozambique, voir l’Article 22(2) de la Loi sur l’exploitation minière n° 20-2014 du 18 août 2014.
Concernant la production de rapports sur l’emploi de personnel local, pour la Guinée en particulier voir l’Article 108 de la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril
2013 portant amendement de la Loi n°2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier.

125
APERÇU DES CONSIDÉRATIONS ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

4120
Concernant la présentation de rapports sur l’utilisation des biens et services locaux, pour la République du Congo, en particulier, voir pour le Rwanda, l’Article
49(3) de la Loi n° 13-2014 du 20 mai 2014 sur l’exploitation des mines et des carrières.
421
Pour l’Angola, voir l’Article 19(2) de la Loi sur l’exploitation minière n° 31/11 du 23 septembre 2011.
422
En ce qui concerne les sanctions en cas de manquement aux obligations d'employer du personnel national, pour la Guinée en particulier, voir l'Article 108 de
la Loi n° L/2013/N°053/CNT du 8 avril 2013 modifiant la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier.
423
Voir l’Article 88(8) de la loi de 2012 du Soudan du Sud sur l’exploitation minière, qui considère que le non-respect par un exploitant privé de ses obligations en
matière d’emploi de personnel local constitue une infraction.
424
C'est le cas du Code minier de la Sierra Leone, qui stipule qu'une violation des obligations en matière d'emploi et de formation du personnel constitue une
violation d'une obligation substantielle qui doit être sanctionnée par la suspension ou le retrait du permis minier (Article 164(7) de la Loi sur les mines et
minéraux 2009).
425
Commission économique pour l’Afrique, ‘Mineral resources and development in Africa − Report from the International study group on African mining
regimes’ à la p.50.
426
À cet égard voir la Déclaration de Libreville du 29 août 2008 sur la santé et l’environnement en Afrique.
427
Par conséquent, l’Article 10 de la Directive C/DIR 3/05/09 du 27 mai 2009 relative à l’harmonisation des Principes directeurs et des politiques dans le secteur
minier dispose que : «[L’]autorité compétente dans un État membre peut, par notification écrite, exiger d’un titulaire de droit minier qui est une personne
morale qu’il délivre à cet État membre des actions spéciales, sous quelque dénomination que ce soit, qui sont attribuées à titre gracieux. 2. Les actions spéciales
constituent une catégorie distincte d’actions et ont des droits convenus entre l’autorité compétente de l’État membre et le titulaire du droit minier. 3. Un État
membre peut également participer à l’équité de l’exploitation minière dans sa zone territoriale à des conditions à convenir d’un commun accord.»
428
Voir, en particulier, au Botswana, les Articles 58(3) et 65 de la Loi sur les mines et les ressources minérales ; au Bénin, l’Article 98 de la Loi n° 2006-17 du 17
octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière ; en République du Congo, l’Article 132 de la Loi n° 4-2005 du 11 avril 2005 portant promulgation du Code
minier ; en Guinée, l’Article 143 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier ; au Lesotho, l’Article 58(1) Loi sur les
mines et les ressources minérales, 2005 ; à Madagascar, l’Article 99 de la Loi n° 99-022 du 19 août 1999 portant promulgation du Code minier ; au Nigeria, l’Article
118 de la Loi sur les ressources minérales et l’exploitation minière, 2007 ; au Tchad, l’Article 66 de la Loi n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation
du Code minier.
429
Sur cette question spécifique, voir la section intitulé « Après l’extraction ».
430
https://www.a-mla.org/guidingtemplate/part/286

126
CHAPITRE 8

INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES


DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

1. QU’EST-CE QUI POURRAIT MAL TOURNER ?

2. MÉCANISMES DE RÈGLEMENT DE LITIGES


INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

Les projets miniers exigent des investissements financiers significatifs, à long terme, qui
peuvent donner lieu à des litiges entre l’investisseur et l’État hôte.

Ces différends peuvent être réglés par différents mécanismes de règlement des différends
par le pouvoir judiciaire ou par la voie de l’arbitrage.

8.1. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

8.1.1. Contexte des litiges dans le secteur minier

La durée des projets miniers et leur importance stratégique tendent à accroître le risque
de litiges.

Les litiges dans le secteur minier sont le plus souvent liés aux risques politiques auxquels
sont confrontés les sociétés minières. L’importance financière des projets miniers et leur
incidence sur les recettes de l’État ainsi que la dépendance de l’économie nationale vis-à-
vis de l’industrie minière tendent à favoriser le nationalisme dans le secteur minier. Le
nationalisme des ressources peut donner lieu à des décisions politiques qui directement
affecter la société minière et déboucher sur des litiges.

Au-delà de ces aspects politiques, le contexte économique général peut également susciter
des contentieux. Les projets miniers sont particulièrement sensibles aux fluctuations
du marché ; elles peuvent affecter l’équilibre financier global d’un projet et entraîner la
suspension des opérations minières. Un tel contexte économique peut donner lieu à des
litiges entre l’État et les sociétés minières, comme l’illustrent quelques exemples récents.
Les exploitants peuvent être tentés de suspendre l’exécution et de retarder la réalisation
des projets dont la rentabilité est remise en cause par le contexte économique mondial.438
Toutefois, au regard de tels changements, un exploitant privé peut-il unilatéralement
décider de ne plus se conformer à ses obligations contractuelles ? Cette question s’est
notamment posée dans le cadre d’un contentieux opposant la société Arcelor Mittal à
l’Etat sénégalais. En 2007, Arcelor Mittal et l’État du Sénégal ont conclu une série d’accords
relatifs à l’exploitation de gisements de fer à La Falémé, dans le sud-est du Sénégal. En
contrepartie de l’exploitation des gisements, Arcelor Mittal s’est engagée à concevoir,
financer, construire et exploiter un projet minier intégré, qui comprenait la construction
d’un certain nombre d’infrastructures. Après les études préliminaires réalisées dans le
cadre de ce projet, l’entreprise a annoncé qu’elle ne pouvait plus poursuivre le projet dans
un contexte marqué par une baisse des prix des minerais de fer, notamment en raison du
coût des infrastructures et de la qualité technique des ressources minérales. Suite à cette
décision, le Sénégal a engagé une procédure d’arbitrage sous le contrôle de la Chambre
de commerce internationale et a demandé la résiliation des différents accords conclus
dans le cadre de ce projet, invoquant la responsabilité d’Arcelor Mittal. Dans une décision
partielle rendue le 3 septembre 2013, le tribunal arbitral a estimé qu’Arcelor Mittal avait
manqué à ses engagements et a ordonné la résiliation desdits accords. Avant le prononcé
de la décision finale sur la responsabilité et le versement de dommages-intérêts éventuels,
les parties sont parvenues à un accord.439
438
Voir, à cet effet, en Mauritanie, la suspension de tous les projets d’exploitation de minerai de fer, en particulier le projet minier d’Askaf, en Mauritanie par Sphere
Minerals, une filiale du groupe Glencore, ou les hésitations de Rio Tinto dans le cadre du projet de Simandou en Guinée présenté comme un «Wmégaprojet»,
et l’impact sur l’État qui en découle.

128
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

8.1.2. Portée des litiges

Les opérations minières sont le plus souvent longues et complexes. Il est donc courant que
des litiges surviennent dans le cadre d’un projet minier dont la durée s’étend parfois sur
plusieurs décennies.

Tout d’abord, des litiges peuvent survenir entre la société minière et l’État. Ils résultent
généralement d’une distorsion entre l’exercice par l’État de ses prérogatives souveraines
et les garanties accordées à l’investisseur par les lois applicables, les traités internationaux
ou la convention minière. Par exemple, les litiges entre l’État et la société minière peuvent
avoir trait à la violation d’une clause de stabilisation, à une expropriation directe ou
indirecte, à une renégociation unilatérale des conventions minières etc.

Les litiges auxquels la société minière devra faire face peuvent également concerner des
co-contractants impliqués dans la conduite des opérations minières ou des tiers concernés
par le projet minier.

8.2. Mécanismes de règlement des différends

8.2.1. Les différents mécanismes de règlement des litiges


(arbitrage, expertise, tribunaux nationaux et conciliation)

De nombreuses législations africaines font directement ou indirectement (pas le biais de


la convention minière) référence à l’arbitrage comme moyen de résolution des différends.
Toutefois, l’arbitrage est censé coexister avec d’autres méthodes de règlement des litiges,
telles que les expertises techniques ou le recours aux tribunaux nationaux.440

L’expertise

En raison de la technicité des litiges pouvant survenir dans le secteur minier, les expertises
sont largement utilisées afin de mettre un terme à un différend opposant les parties sur
des aspects techniques.441 Dans ce contexte, les parties peuvent avoir recours à différents
mécanismes et notamment les «Dispute Boards» qui, bien que largement répandus dans
le secteur de la construction, demeurent peu utilisés dans le cadre de l’exploitation des
ressources naturelles.442

Les juridictions nationales

De plus, tous les codes miniers ne prévoient pas le recours à l’arbitrage comme méthode
alternative de règlement de litiges. Certains textes ne prévoient que la compétence
des tribunaux nationaux443, ce qui laisse parfois la société minière en proie au défaut
de neutralité des tribunaux locaux dans un domaine où les considérations liées à
l’importance stratégique des ressources naturelles peuvent peser fortement sur la décision
des tribunaux nationaux. Pour leur part, d’autres systèmes juridiques établissent le
principe de la compétence des juridictions nationales, sous réserve de l’existence d’une
clause compromissoire conférant compétence à un tribunal arbitral. 444
439
Accord de règlement entre le Sénégal et Arcelor Mittal en date du 30 mai 2014.
440
Parmi les lois minières africaines qui prévoient à la fois l’arbitrage et la compétence des tribunaux nationaux, il convient de mentionner ce qui suit : au Burundi,
l’Article 169 de la Loi n° 1-21 du 15 octobre 2013 portant promulgation du Code minier ; en République démocratique du Congo, l’Article 315 de la Loi n° 007-
2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier.

129
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

La conciliation préalable

Enfin, l’arbitrage est souvent soumis au respect d’une procédure de conciliation préalable.
Le recours à l’arbitrage est souvent précédé d’une phase de règlement amiable, au cours
de laquelle les parties ont l’obligation ou la faculté de tenter de résoudre leur litige à
l’amiable. Ces clauses de règlement amiable, également connues sous le nom de «clauses
d’indexation» ou «clauses de règlement de litiges par paliers», présentent de nombreux
avantages. La recherche d’un compromis évite de prendre une décision qui est parfois
perçue comme une injustice par l’une des parties. La recherche d’un compromis favorise
également la préservation des relations contractuelles.445 Le recours à la médiation ou à la
conciliation tend à se généraliser, notamment pour des questions de faible importance446
pour lesquelles l’arbitrage est très coûteux non seulement en termes de temps mais
également en termes de coûts. Il est donc dans l’intérêt de toutes les parties de convenir
d’une tentative de règlement amiable du différend qui les oppose.447

Cette phase, au cours de laquelle les parties tenteront de régler leur litige, couvre un
certain nombre de concepts tels que la conciliation et la médiation. Bien que ces termes
fassent référence à deux mécanismes distincts, l’idée sous-jacente est la même, à savoir
trouver un règlement négocié à un litige, si nécessaire avec l’aide d’un tiers.448

De nombreuses lois ont adopté des dispositions visant à mettre en œuvre une phase de
règlement amiable. Certains codes miniers prévoient le recours à une phase de conciliation
amiable449 et indiquent, qu’en cas d’échec de la conciliation, la partie la plus diligente
pourra initier une procédure arbitrale. Cette tendance générale est particulièrement
marquée dans le secteur minier. Certains textes450 font également référence aux modalités
contractuelles et donnent aux parties à une convention minière l’occasion d’inclure des
dispositions relatives à la mise en œuvre d’une phase de conciliation préalable.451 Enfin,
dans certains cas, les codes miniers sont silencieuses sur l’obligation de tenter de parvenir
à un règlement à l’amiable avant d’engager une procédure contentieuse ; il convient dans
cette hypothèse de se référer aux contrats ou conventions types promulgué(e)s par l’État
qui prévoient parfois une phase de conciliation préalable.452

Il est important de souligner que la portée de la clause de règlement à l’amiable peut


varier; la mise en œuvre de la phase de conciliation préalable peut être soit obligatoire, soit
facultative. Bien que le caractère obligatoire de certaines clauses ne pose aucune difficulté
(par exemple une clause de règlement à l’amiable qui prévoit des conditions relatives à
la désignation des médiateurs ou conciliateurs), d’autres dispositions ne permettent pas
d’identifier clairement si la mise en œuvre de la phase de règlement amiable préalable
est obligatoire ou facultative. L’emploi du terme «de préférence» semble indiquer que la
tentative de règlement amiable d’un litige n’est que facultative. Ainsi, lorsqu’un doute
persiste sur la nature obligatoire des clauses de règlement à l’amiable, les parties à une
convention d’exploitation auront tout intérêt à combler les lacunes des textes applicables
en indiquant notamment le caractère obligatoire ou facultatif 453 de la médiation ainsi que
la procédure qui doit être mise en œuvre pour parvenir à un accord.

441
Parmi ces lois, il convient de mentionner les suivantes : en Algérie, l’Article 26 (2) du Décret présidentiel du 1er mars 2003 portant promulgation de la
convention minière type ; au Togo, l’Article 60 de la Loi n° 96-004 du 26 février 1996 portant promulgation du Code minier.
442
Sur ce point, voir Florent LAGER « Les Dispute Board dans le secteur extractif » in Le contentieux extractif (ICC 2015) 213.
En ce qui concerne les lois qui prévoient la compétence exclusive des tribunaux nationaux, il convient de mentionner ce qui suit : au Tchad, l’Article 98 de la Loi
n° 011-PR-1995 du 20 juin 1995 portant promulgation du Code minier.
443
Voir, en particulier, au Togo, l’Article 60 de la Loi n° 96-004 du 26 février 1996 portant promulgation du Code minier.

130
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

Lorsqu’une étape de conciliation préliminaire existe et est obligatoire, les parties sont
liées par une obligation de résultat dans la mise en œuvre de la procédure de conciliation
préalable. Les parties ont donc l’obligation d’engager la procédure de conciliation avant
de saisir l’arbitre ou le tribunal compétent. Une fois la procédure amiable mise en œuvre,
les parties ne sont liées que par une obligation de moyens.454 Par conséquent, au stade de
la conciliation, la seule responsabilité incombant aux parties est une obligation de bonne
foi ou de loyauté contractuelle, ce qui présuppose que les parties déploient «les efforts
nécessaires pour parvenir à un règlement équitable et négocié»455

Afin de s’assurer de l’efficacité de la clause de conciliation préalable, il est important que


les textes applicables (ou les conventions minières) comportent des dispositions régissant
la conduite de la procédure. Ces dispositions permettent souvent de prévenir les obstacles
qui peuvent entraver le bon déroulement de la phase de conciliation. Par exemple, les
lois ou conventions minières peuvent indiquer un délai au-delà duquel la procédure de
conciliation sera considérée comme n’ayant pas abouti, ce qui permettra aux parties de
saisir le tribunal arbitral. Dans la pratique, on peut trouver des exemples où la période de
médiation dure entre 30 jours et trois mois. Outre ces indications sur la durée de la phase
de conciliation, il est rare de trouver des dispositions légales qui fournissent des détails sur
la procédure qui s’applique à cette phase de conciliation.

8.2.2. Arbitrage

Le mécanisme privilégié de règlement des différends dans le secteur minier

Aujourd’hui, l’insertion d’une clause d’arbitrage est une constante dans les contrats relatifs
à l’exploitation des ressources naturelles.

L’inclusion de clauses d’arbitrage dans ces contrats découle des nombreux avantages
attribués à ce mécanisme de règlement des litiges. Certains de ces avantages revêtent
une importance particulière dans le secteur minier (questions techniques qui requièrent
souvent l’intervention de spécialistes pour cerner les problématiques et trancher le
différend).458 En outre, les projets liés à l’exploitation des ressources naturelles prennent
du temps et l’arbitrage, contrairement aux procédures devant les tribunaux nationaux, est
mieux à même de préserver les relations contractuelles et permet donc aux parties de plus
facilement faire en sorte que le contrat se poursuive lorsque le litige survient.459 Cependant,
dans un domaine aussi stratégique que l’exploitation des ressources naturelles, le principal
avantage de l’arbitrage est sans doute sa neutralité. Cette méthode de règlement des
différends permet à un exploitant privé, selon l’objet du litige, de contourner le système
judiciaire de l’État.

Les clauses d’arbitrage constituent donc une disposition fondamentale des conventions
minières. Cependant, et malgré leur importance, les parties à un accord rédigent trop
souvent à la dernière minute des clauses d’arbitrage. En général, les parties à un contrat ne
tiennent pas suffisamment compte de ces clauses au stade de la rédaction des contrats et,
après de longues négociations, ne souhaitent pas s’attarder sur la question du règlement

444
Voir, en particulier, à cet effet, Jérôme ORTSCHEIDT et Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international (Montchrestien 2013) 9, 10.
445
Toutefois, l’arbitrage demeure le seul mode de règlement des litiges dans le secteur extractif pour les questions importantes, évidemment en raison de leur
complexité.
446
En outre, un règlement extrajudiciaire des litiges permet aux parties de parvenir à une solution amiable en toute confidentialité. Il est unanimement admis que
la phase de règlement à l’amiable doit être confidentielle. La confidentialité de la procédure amiable permet aux parties d’étudier tous les compromis potentiels
sans que leurs déclarations ne soient utilisées dans de futurs litiges. (Xavier LAFARGE «L’efficacité des clauses de conciliation ou de médiation» 2000 Rev arb 377).

131
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

des litiges.460 Par ailleurs, les relations positives qui peuvent exister entre de nouveaux
partenaires contractuels sont telles que le règlement des litiges est laissé de côté lors de
la rédaction des contrats. Ceci étant, il convient d’accorder une attention particulière aux
clauses d’arbitrage, car leur rédaction prudente permet d’éviter de nombreuses difficultés
lors de la mise en œuvre d’une procédure contentieuse.

Cette pratique, qui tend à inclure presque systématiquement des clauses d’arbitrage dans
les conventions minières, trouve un grand fondement dans la jurisprudence arbitrale qui a
historiquement veillé à leur pleine efficacité en dépit des différentes questions qu’elles ont
pu soulever. Par le passé, les sentences rendues sur des questions relatives à la validité des
clauses d’arbitrage ont défini une série de principes visant à protéger le choix initial des
parties de soumettre leur différend à l’arbitrage. Pour cette raison, les principes tels que la
validité et l’autonomie des clauses d’arbitrage ont été consacrés par des sentences arbitrales.
Par exemple, la légalité des clauses relatives au règlement de litiges a été contestée par des
États qui craignaient qu’elles ne remettent en cause leur souveraineté. Une solution à cette
controverse a été trouvée (dans le domaine des contrats pétroliers) dans la sentence liée
à l’affaire LIAMCO461. Dans cette sentence, le tribunal arbitral a estimé que l’engagement
pris par l’État de renoncer à une partie de sa souveraineté en signant une convention
d’arbitrage était valide. Un État peut donc valablement accepter d’être traduit devant les
tribunaux arbitraux sans que la légalité de sa renonciation soit mise en cause.

Outre l’argument fondé sur le caractère illégal des clauses d’arbitrage, les États appelés à
se défendre devant les tribunaux arbitraux ont pu contester la compétence du tribunal
arbitral en raison de l’absence d’une clause d’arbitrage résultant de la résiliation du contrat
qui contenait ladite clause. À quoi servirait-il de prévoir que toute difficulté découlant de
l’exécution du contrat sera soumise à l’arbitrage si, dès l’apparition de la première difficulté,
l’État contractant peut contourner la clause d’arbitrage ?462 Ce principe, largement accepté
en droit de l’arbitrage, a été consacré dans le secteur pétrolier dans l’affaire TOPCO
contre Libye.463 La question était de savoir si la résiliation du contrat se traduirait par la
disparition de la clause de règlement des litiges y figurant. Le tribunal arbitral a estimé que
la convention d’arbitrage était valable en dépit de la résiliation du contrat de concession.464
Cette jurisprudence arbitrale -visant à protéger la prise d’effet des clauses d’arbitrage- a
contribué au développement des procédures d’arbitrage, en particulier dans les secteurs
pétrolier et minier.

Critique de l’arbitrage par les États et alternatives

Au cours de la dernière décennie, l’arbitrage international a dû faire face à la défiance des


États qui ont critiqué à plusieurs reprises les positions adoptées par les arbitres, jugées
plus favorable aux intérêts des investisseurs.

Cette tendance s’est traduite par l’adoption des textes qui vise à restreindre ou empêcher
le recours à l’arbitrage international dans le secteur minier. Par exemple, les nouvelles
lois minières tanzaniennes promulguées en 2017 ont radicalement modifié le climat
d’investissement dans le pays, notamment en supprimant à l’avenir le recours à l’arbitrage
447
Pascal ANCEL «L’efficacité procédurale des clauses de conciliation ou de médiation» 2003 D 1386. Voir aussi, à cet effet, Xavier LAFARGE «L’efficacité des
clauses de conciliation ou de médiation» à la p.377.
448
Voir, à cet effet, ORTSCHEIDT et SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international at 11.
449
Les dispositions suivantes consacrent le principe relatif au règlement à l’amiable des litiges entre un État et l’exploitant : au Bénin, l’Article 134 de la Loi n° 2006-
17 du 17 octobre 2006 portant promulgation du Code minier et de la fiscalité minière de la République du Bénin ; au Ghana, l’Article 27 de la Loi sur les ressources
minérales et l’exploitation minière, 2006 ; en Guinée, l’Article 219 de la Loi n° 2011/006/CNT du 9 septembre 2011 portant promulgation du Code minier.
450
C’est le cas en République centrafricaine de l’Article 52 de la Loi n° 09-005 du 29 avril 2009 portant promulgation du Code minier.

132
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

international dans le cadre des projets miniers.465

Face à de telles dispositions légales, les sociétés minières se doivent de trouver une
solution alternative pour protéger leur investissement.

À cet égard, il convient d’indiquer que le recours à l’arbitrage peut, en l’absence de clause
compromissoire, résulter du consentement dissocié de l’État accordé dans le cadre d’un
traité notamment. Le consentement de l’Etat à l’arbitrage se fonde sur l’offre d’arbitrage
erga omnes contenue dans la loi ou un traité ; le consentement de la société minière résulte
quant à lui de l’acceptation de l’offre d’arbitrage par l’investisseur étranger (généralement
lorsque la procédure arbitrale est engagée).466 Ce mécanisme permettra donc aux société
minière -en l’absence de clause compromissoire- de se référer aux lois minières, aux codes
d’investissement (lorsqu’ils s’appliquent aux opérations minières) ou encore aux traités
internationaux conclus par l’État pour fonder la compétence des juridictions arbitrales.

8.2.3. Mise en œuvre de la clause compromissoire

Choix entre l’arbitrage ad hoc et institutionnel

Il existe une différence entre les systèmes juridiques qui prévoient le recours à un arbitrage
institutionnel et ceux qui renvoient à un arbitrage ad hoc.

Contrairement à l’arbitrage institutionnel, l’organisation d’un arbitrage ad hoc n’est pas


confiée à une institution arbitrale.467 Dans le cadre de l’arbitrage institutionnel, l’institution
arbitrale désignée organise l’arbitrage sous son autorité et veille à ce qu’il se déroule de
manière appropriée et efficace. L’arbitrage institutionnel présuppose, en particulier, que
la conduite des procédures d’arbitrage sera régie par des règles de procédure établies par
l’institution. Bien que l’arbitrage institutionnel soit souvent critiqué dans la mesure où
il conduit à une institutionnalisation de l’arbitrage et augmente les coûts de procédure,
il présente l’avantage majeur d’assurer le bon déroulement de la procédure.468 Au
contraire, l’arbitrage ad hoc permet aux parties de bénéficier d’une plus grande flexibilité
dans la conduite de l’arbitrage, bien que, le plus souvent, des règles de procédure soient
appliquées, comme les Règles d’arbitrage de la Commission des Nations Unies pour le
droit commercial international.469

En ce qui concerne les lois qui prévoient le recours à un arbitrage institutionnel,470 un


certain nombre d’institutions sont généralement visées ; il s’agit notamment du Centre
international pour le règlement de litiges relatifs aux investissements (CIRDI) ou encore
la Chambre de commerce internationale (CCI). En ce qui concerne le continent africain,
il convient également de mentionner l’arbitrage sous l’autorité de la Cour Commune de
Justice et d’Arbitrage (CCJA) régie par le règlement d’arbitrage de la CCJA.471 Outre son
rôle juridictionnel, la CCJA assure ainsi l’administration des procédures qui se déroulent
sous son autorité en tant que centre d’arbitrage.
452
C’est le cas en Algérie, l’Article 26 du Décret présidentiel du 1 mars 2003 Portant promulgation de la Convention minière type.
453
Voir, en particulier ANCEL «L’efficacité procédurale des clauses de conciliation ou de médiation» à la page 1386.
454
Voir Pascal ANCEL «L’efficacité procédurale des clauses de conciliation ou de médiation» à la page.1388.
455
Id.
456
En général, les lois prévoient un délai de trente jours : au Ghana, l’Article 27(3) de la Loi sur les ressources minérales et l’exploitation minière, 2006.
457
Bien que certains de ces avantages soient parfois discutables, il convient de noter, en particulier, parmi les avantages de l’arbitrage comparés aux procédures
locales devant les tribunaux étatiques : l’efficience, les coûts (bien que l’arbitrage soit de plus en plus considéré comme " élitiste " et coûteux), la flexibilité, la
confidentialité (bien que cela ne constitue pas une règle générale, notamment dans le domaine des arbitrages des investissements, qui, par principe, ne le sont
pas), le droit de choisir un arbitre, la neutralité, les facilités accordées dans l’exécution de la sentence, etc. En particulier, voir, à cet effet, Jérôme ORTSCHEIDT et
Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international (Montchrestien 2013) 52 ; Richard GARNETT, Henry GABRIEL, Jeff WAINCYMER et Judd
EPSTEIN A Practical Guide to International Commercial Arbitration (Oceana Publications 2000) 11 et suivants.

133
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

Le droit applicable au fond du litige

Le choix du droit applicable au fond du litige est essentiel. Il s’agit en effet des règles
de droit que les arbitres appliqueront pour trancher le différend.472 Il est unanimement
admis que le droit applicable au fond du litige n’est pas nécessairement celle qui s’applique
à la procédure ou à la lex arbitri (le droit du territoire où l’arbitrage a lieu).473

À cet égard, le principe est celui de la liberté des parties dans le choix du droit applicable
au fond du litige.474 Toutefois, certains codes miniers peuvent limiter la liberté des parties
en indiquant le droit qui régira le fond du litige.

Qu’elle soit choisie par les parties, par le tribunal arbitral ou imposée par le code minier, le
droit applicable au fond du litige peut être une loi nationale (la loi de l’État ou une loi neutre
sans rapport avec les parties), un ensemble de lois475 ou des règles transnationales.476 Les
code miniers africains, qui comportent des dispositions sur le droit applicable au fond
du litige, prévoiront généralement l’application du droit de l’État. Toutefois, certains
textes préfèrent l’application du droit de l’État et en complément les principes et pratiques
internationales reconnus dans le secteur.

Siège de l’arbitrage

Certaines lois et réglementations minières définissent le siège de l’arbitrage dans la


disposition relative au règlement des litiges. Le siège de l’arbitrage peut être fixé dans un
Etat tiers (favorisant ainsi la neutralité de la procédure) ou au contraire sur le territoire
de l’Etat partie au différend.477 Dans la plupart des cas, ces dispositions permettent aux
parties de convenir librement du siège de l’arbitrage.478

En l’absence de dispositions légales relatives à la détermination du siège de l’arbitrage,


il incombe aux parties à la convention minière de choisir ledit siège. Si elles ne font pas
de choix, une distinction doit être faite entre, d’une part, l’arbitrage ad hoc et, d’autre
part, l’arbitrage institutionnel.479 Dans le premier scénario - et faute d’accord entre les
parties - c’est généralement au tribunal qu’il revient de choisir le siège. Dans le second
scénario, les règles d’arbitrage seront généralement assorties des conditions relatives à la
détermination du siège de l’arbitrage en l’absence de choix des parties.480

L’examen du siège de l’arbitrage par les lois minières ne doit pas être perçu comme un
acte insignifiant et illustre l’importance que celui-ci revêt dans l’esprit des législateurs. La
détermination du siège de l’arbitrage a de nombreuses conséquences.481

Le siège de l’arbitrage est essentiel lorsque les parties ne précisent pas la loi qui s’applique
à la procédure ; dans ce cas, la loi du siège de l’arbitrage régira le déroulement de la
procédure arbitrale.482
458
En particulier, voir à cet effet, Lazare KOPELMANAS «Le rôle de l’expertise dans l’arbitrage commercial international» 1979) Rev arb 205 ; Jean ROBERT
«Contrats et arbitrage international dans le domaine des matières premières» in Les marchés internationaux des matières premières (Economica 1982) 73.
459
Voir, en particulier, Ucheora ONWUAMAEGBU ‘Resolution of oil and gas disputes at ICSID’ (2004) 21 (1) News From ICSID 14.
460
Dana H FREYER ‘Practical Considerations in Drafting Dispute Resolution Provisions in International Commercial Contracts – A US Perspective’ (1998) 15
(4) Journal of International Arbitration 7.
461
Libyan American Oil Company (LIAMCO) c. le gouvernement de la République arabe libyenne (sentence du 19 janvier 1977) 1977 JDI 350.
462
Voir Prosper WEIL « Les clauses de stabilisation ou d’intangibilité insérées dans les accords de développement économique » à la page 301.
463
Texaco Overseas Petroleum Co. and California Asiatic Oil Co c. la République arabe libyenne (sentence du 19 janvier 1977) 1977 JDI 350.
464
Voir également la sentence de l’arbitre unique, Dr. S Mahmassani dans l’affaire LIAMCO c. la République arabe libyenne (Libyan American Oil Company
(LIAMCO) c. le gouvernement de la République arabe libyenne (sentence du 19 janvier 1977) 1977 JDI 350).

134
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

En outre, les tribunaux nationaux du siège de l’arbitrage peuvent intervenir pour assurer
le déroulement efficace de la procédure arbitrale.483 Les tribunaux étatiques peuvent donc
être sollicités pour remédier à certaines difficultés qui peuvent survenir tout au long de
la procédure. Selon les lois nationales, les tribunaux étatiques peuvent intervenir pour
aider à constituer le tribunal arbitral ou à mettre fin à des incidents tels que la mort,
la démission, l’indisponibilité ou la récusation ou la destitution des arbitres. Le tribunal
national peut également ordonner des mesures provisoires et conservatoires qui, dans
certains cas, peuvent s’avérer essentielles en raison de l’absence d’autorité du tribunal
arbitral vis-à-vis des tiers. L’implication d’un tribunal national dans ces situations est
d’autant plus cruciale dans le cadre d’un arbitrage ad hoc.

La détermination du siège de l’arbitrage a également des conséquences majeures en ce


qui concerne le contrôle de l’État sur la sentence arbitrale. La requête en annulation de la
sentence ne peut être introduite que devant les tribunaux nationaux du siège de l’arbitrage.
Par conséquent, pour garantir l’effectivité de sa sentence, le tribunal arbitral doit tenir
compte des lois de police du siège de l’arbitrage pour prévenir tout risque d’annulation.484
Il est d’autant plus important de tenir compte des dispositions légales de l’État du siège de
l’arbitrage que, dans la plupart des cas,485 si les tribunaux du ressort du siège de l’arbitrage
annulent la sentence, elle ne peut plus être exécutée dans un État tiers. Le choix du siège de
l’arbitrage est encore plus fondamental car l’étendue du contrôle exercé par les juridictions
nationales sur la sentence arbitrale peut varier d’une juridiction à une autre.

Enfin, le choix du siège de l’arbitrage peut avoir des conséquences importantes lorsque la
sentence est exécutée. Il est en effet indispensable d’établir le siège de l’arbitrage dans un
État signataire de la Convention de New York de 1958 pour la reconnaissance et l’exécution
des sentences arbitrales étrangères. L’aspect facilitateur de la convention pourrait être
remis en question si la sentence est rendue dans un État qui n’a pas signé la convention et
est exécutée dans un pays qui a signé la convention sur la base de la réciprocité.486

Le choix du siège de l’arbitrage est loin d’être anodin. Les négociateurs et rédacteurs des
conventions minières ne prennent pas suffisamment en compte les enjeux juridiques de
ce choix, ce qui entraîne souvent des difficultés majeures notamment lorsque des mesures
conservatoires doivent être prises.

Constitution d’un tribunal arbitral

Il est essentiel de prévoir les conditions régissant la composition du tribunal arbitral, ce


qui permet d’éviter des difficultés lorsque la procédure est initiée. Bien que le principe
prévalant demeure la liberté de choix des parties dans la composition du tribunal487,
certaines lois minières comportent des clauses relatives à la désignation des arbitres,
notamment en ce qui concerne le nombre des arbitres ou leur nationalité.

465
Cette tendance s'est également traduite par la dénonciation de la Convention de Washington par de nombreux pays d'Amérique du Sud. La Bolivie a été le
premier État à initier cette tendance en se retirant peu après sa notification à la Banque mondiale en mai 2007. Elle a été suivie par l'Équateur en juillet 2009 et
plus récemment par le Venezuela, qui a officiellement annoncé son retrait le 24 janvier 2012.
466
Voir, en particulier, Sébastien MANCIAUX Investissements étrangers et arbitrage entre États et ressortissants d’autres États (Litec 2004) 193 et suivants ;
Michael NOLAN et Frédéric G CAIVANO ‘Limits of Consent − Arbitration without Privity and Beyond’ in Liber Amicorum Bernardo Cremades (La Ley
2010) 873.
467
Pour une définition de l’arbitrage ad hoc et institutionnel, voir Jérôme ORTSCHEIDT et Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international
(Montchrestie 2013) 23 et suivants.
468
Pour avoir un aperçu des avantages et inconvénients de l’arbitrage institutionnel, voir Jérôme ORTSCHEIDT et Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage
interne et international (Montchrestie 2013) 24 et suivants.
469
Plus couramment connues sous le nom de Règlement d’arbitrage de la CNUDCI.

135
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

Le choix du nombre d’arbitres est important. Un tribunal arbitral composé d’un seul
arbitre réduira les coûts de procédure et permettra une plus grande marge de manœuvre
pour fixer le calendrier de procédure et les dates d’audiences. La collégialité peut quant à
elle garantir une plus grande indépendance. Bien que, le plus souvent, les parties puissent
choisir librement le nombre d’arbitres, les codes miniers fixent parfois le nombre d’arbitres
que le tribunal soit composé d’un seul arbitre 488 ou de trois arbitres, le troisième étant
désigné par les deux co-arbitres nommés par les parties.

Afin de garantir une plus grande indépendance, certaines lois ou conventions minières
prévoient elles-mêmes qu’aucun des arbitres ne peut être de la même nationalité que les
deux parties.

En dépit de certaines conditions juridiques relatives à la composition du tribunal arbitral,


le principe demeure celui de la liberté des parties dans la constitution du tribunal arbitral.

Langue de l’arbitrage

Les conventions minières peuvent réunir des parties qui ne parlent pas la même langue.
Certaines lois minières envisagent cette hypothèse en précisant la langue dans laquelle la
procédure d’arbitrage devra être conduite.489 Il est important de souligner que les codes
miniers, qui comportent des dispositions relatives au choix de la langue de l’arbitrage,
favorisent la langue de l’État.

Faute de dispositions législatives régissant la langue de l’arbitrage et en l’absence de


précisions dans la convention minière, il appartient aux parties de s’accorder sur un
tel choix. A défaut d’accord, la langue sera déterminée par le tribunal arbitral qui, sauf
indication contraire, aura généralement tendance à choisir la langue dans laquelle le
contrat aura été rédigé.490

Questions relatives à l’exécution de la sentence arbitrale

Il semble évident que les parties à la procédure d’arbitrage, ayant accepté la compétence
des tribunaux arbitraux, se soumettent à la décision du tribunal arbitral.491 Conformément
à ce principe, les codes miniers peuvent indiquer que la sentence est obligatoire à l’égard
des parties.492

Une sentence arbitrale et donc obligatoire à l’égard des parties et la partie qui a obtenu
une sentence favorable a tout intérêt à s’assurer que la sentence est exécutée, en particulier
lorsque la partie contre laquelle elle a été rendue ne l’exécute pas spontanément.493 Une
sentence arbitrale ne peut faire l’objet d’une exécution forcée que lorsqu’une décision
d’exequatur a été rendue. Elle nécessite l’intervention de la juridiction nationale qui, à la
différence de l’arbitre, dispose de l’imperium et peut ordonner l’exécution de la sentence
470
En ce qui concerne les lois qui font référence à l’arbitrage institutionnel, il convient de mentionner en particulier ce qui suit : « au Botswana, l’Article 2(2) de la
Loi sur les mines et les minéraux : Lorsque dans la présente Loi il est prévu qu’une question sera soumise à l’arbitrage, celle-ci sera soumise à un arbitre unique
nommé par les parties et tranchée définitivement conformément aux règles du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements
en vigueur ou selon les autres règles ou procédures dont les parties pourraient convenir » ;
471
Au Ghana, l’Article 27 de la Loi sur les ressources minérales et l’exploitation minière, 2006 : « Si les parties ne parviennent pas à un accord en vertu de l’alinéa a)
dans un délai de trente jours, ou dans un délai plus long convenu entre les parties, à compter du moment où la question est soumise à l’arbitrage, conformément
i) premièrement, au cadre d’un accord bilatéral ou multilatéral sur la protection des investissements auquel sont parties la République et le pays dont le titulaire
est un national ou, (ii) deuxièmement, s’il n’existe aucun accord envisagé au sous-alinéa i), aux règles de procédure arbitrales de la Commission des Nations Unies
pour le droit commercial international (Règlement de la CNUDCI) » ;
472
Les Règles d’arbitrage de la CCJA adoptées le 11 mars 1999 sont actuellement révisées et de nouvelles règles d’arbitrage devraient être adoptées avant la fin de
l’année 2017. En outre, il convient de souligner la dualité qui existe dans le domaine de l’OHADA en matière d’arbitrage. Outre l’arbitrage ad hoc, qui implique
l’application de l’Acte uniforme d’arbitrage du 11 mars 1999, la zone OHADA se prête également à un arbitrage spécifique sous l’égide de la CCJA.

136
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

en mettant à contribution l’autorité coercitive dont il est investi.494 Dans certains cas, les
lois minières comportent des dispositions relatives à l’exequatur des sentences arbitrales.495
En particulier, les décisions arbitrales sont exécutoires de plein droit et contraignantes
pour les parties lorsqu’elles sont entérinées par l’exequatur.496

L’exequatur de la sentence arbitrale ne suffit pas toujours à garantir l’exécution de la


décision arbitrale. L’arbitrage d’un contrat relatif à l’exploitation des ressources naturelles
suppose en fait l’existence d’une entité publique qui peut bénéficier de l’immunité
de juridiction et d’exécution.497 L’existence de ce type de tels privilèges peut constituer
un obstacle à l’exécution des sentences arbitrales.498 Pour cette raison et pour faciliter
l’exécution, certaines lois intègrent des dispositions relatives aux domaines de l’immunité
de l’État. Certains codes miniers peuvent prévoit que, dans le cadre de l’exécution de la
sentence arbitrale, l’État renonce à toute immunité de juridiction ou d’exécution.

La levée par un État de son immunité d’exécution peut également être contractuelle. Ces
types de dispositions offrent une sécurité importante aux exploitants privés qui doivent
souvent faire face à des obstacles dans l’exécution des sentences arbitrales découlant des
immunités et privilèges des États.

Comme la plupart des lois minières ne comportent pas de dispositions relatives à


l’exécution des sentences arbitrales, il convient d’accorder une attention particulière à la
rédaction de clauses visant à remédier à ces difficultés.

Conclusion

Les investissements miniers sont souvent confrontés à des risques politiques. Le


nationalisme des ressources peut conduire à des décisions politiques qui affectent
directement la société minière et mènent à des différends. Le contexte économique général
peut également donner lieu à des différends. Les projets miniers sont particulièrement
sensibles aux fluctuations du marché, ce qui peut influer sur l’équilibre financier global
d’un projet et entraîner la suspension des opérations minières. Des conflits surviennent
entre la société minière et l’État et résultent d’une distorsion entre l’exercice par l’Etat de
ses prérogatives souveraines et les garanties accordées à l’investisseur.

Ces litiges peuvent être réglés par les juridictions nationales ou par voie d’arbitrage. Les
investisseurs choisissent souvent de recourir à l'arbitrage en raison de la nature technique
des différends miniers. Cependant, toutes les lois n'acceptent pas l'arbitrage comme mode
alternatif de résolution des litiges. Certains textes ne prévoient que la compétence des
tribunaux nationaux, laissant parfois la société minière exposée au manque de neutralité

473
GARNETT, GABRIEL, WAINCYMER et EPSTEIN A Practical Guide to International Commercial Arbitration à la page 40.
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN International Commercial Arbitration (Kluwer Law International 1999) 633 et suivants.
474
Voir en particulier, à cet effet, l’Article 21 des Règles d’arbitrage de la CCI, l’Article 15 de l’Acte uniforme de l’OHADA sur l’arbitrage du 11 mars 1999, l’Article
17 des Règles d’arbitrage de la Cour commune de justice et d’arbitrage du 11 mars 1999, et l’Article 35 du Règlement d’arbitrage de la CNUDCI de 2010. À cet
effet, voir ORTSCHEIDT et SERAGLINI Jérôme ORTSCHEIDT et Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international (Montchrestie 2013) 799
; FOUCHARD, GAILLARD et GOLDMAN op cit 785 et suivants.
475
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN International Commercial Arbitration (Kluwer Law International 1999) à la page 794.
476
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN International Commercial Arbitration (Kluwer Law International 1999) 801 et
suivants.
477
Voir, au Botswana, l’Article 2(4) Loi sur les mines et les ressources minérales : «Les procédures d’arbitrage se déroulent en anglais et à Gaborone, à moins que
les parties n’en conviennent autrement.»
478
Voir, au Botswana, l’Article 2(4) Loi sur les mines et les ressources minérales ; en République démocratique du Congo, l’Article 320 de la Loi n° 007-2002 du 11
juillet 2002 portant promulgation du Code minier : «l’arbitrage se fait en langue française au lieu convenu par l’État et le titulaire»
479
Voir Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN International Commercial Arbitration (Kluwer Law International 1999) 762.
480
Voir l’Article 18.1 des Règles d’arbitrage de la CCI, l’Article 13 des Règles d’arbitrage de la Cour commune de justice et d’arbitrage du 11 mars 1999, et l’Article
16 des Règles d’arbitrage de la LCIA de 2014.

137
INTRODUCTION AU RÈGLEMENT DES DIFFERENDS DANS LE SECTEUR MINIER

des tribunaux locaux dans un domaine où des considérations liées à l'importance


stratégique des ressources naturelles peut avoir un impact significatif sur la décision des
juridictions nationales.

Ainsi, l'arbitrage est considéré comme un moyen privilégié de règlement des différends
dans le secteur minier. Par conséquent, l’insertion d'une convention d'arbitrage est
devenue habituelle dans les contrats relatifs à l'exploitation des ressources naturelles.

481
Voir Alan REDFERN et Martin HUNTER Droit et pratique de l’arbitrage commercial international 2nd édition (LGDJ 1994) 240 et suivants.
482
Voir Alan REDFERN et Martin HUNTER, Droit et pratique de l’arbitrage commercial international 2nd édition (LGDJ 1994) 243.
483
Voir Richard GARNETT, Henry GABRIEL, Jeff WAINCYMER et Judd EPSTEIN A Practical Guide to International Commercial Arbitration (Oceana
Publications 2000) 36.
484
Sur cette question, Voir, Jérôme ORTSCHEIDT et Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international (Montchrestien 2013) 502.
485
Il conviendrait de noter que cette règle ne s’applique pas dans certaines juridictions qui consacrent le principe d’autonomie de l’arbitrage international par
rapport aux systèmes judiciaires étatiques. C’est le cas en France où la Cour de cassation a jugé que l’annulation d’une sentence arbitrale par les tribunaux du
ressort du siège de l’arbitrage ne constituait pas un obstacle à sa reconnaissance et son exécution à l’étranger (voir 1er Civ., 29 juin 2007) 2007 Rev arb 507, rapport
de Jean-Pierre ANCEL, note Emmanuel GAILLARD).
486
Voir en particulier, Richard GARNETT, Henry GABRIEL, Jeff WAINCYMER et Judd EPSTEIN A Practical Guide to International Commercial Arbitration
(Oceana Publications 2000) 36.
487
Voir en particulier, Richard GARNETT, Henry GABRIEL, Jeff WAINCYMER et Judd EPSTEIN A Practical Guide to International Commercial Arbitration
(Oceana Publications 2000) 13.
488
Voir en particulier, au Botswana, l’Article 2(2) de la Loi sur les mines et les ressources minérales.
489
Au Botswana, l’Article 2(2) de la Loi sur les mines et les ressources minérales : « Les procédures d’arbitrage se déroulent conformément à la loi sur l’arbitrage,
en anglais et à Gaborone, à moins que les parties n’en conviennent autrement. » ; en République démocratique du Congo, l’Article 320 de la Loi n° 007-2002 du 11
juillet 2002 portant promulgation du Code minier: « l’arbitrage se fait en langue française au lieu convenu par l’État et le titulaire ».
490
Voir, en particulier, à cet effet, Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN International Commercial Arbitration (Kluwer Law
International 1999) 678 ; Richard GARNETT, Henry GABRIEL, Jeff WAINCYMER et Judd EPSTEIN A Practical Guide to International Commercial Arbitration
(Oceana Publications 2000) 40 ; Voir également l’Article 20 des Règles d’arbitrage de la CCI.
491
Voir en particulier l’Article 34(6) des Règles d’arbitrage de la CCI, l’Article 34(2) du Règlement d’arbitrage de la CNUDCI (version révisée de 2010) et l’Article
53(1) de la Convention pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre États et ressortissants d’autres États.
492
Voir en Érythrée, l’Article 48(5) de la Proclamation n°68/1995 sur la promotion du développement des ressources minérales ; en Éthiopie, l’Article 76(2) de la
Proclamation n°678/2010 sur la promotion du développement durable des ressources minérales.
493
«L’exécution est une mesure positive prise pour contraindre la partie perdante à mettre à exécution une sentence qu’elle ne peut ou ne veut pas exécuter de son
plein gré. » (Alan REDFERN et Martin HUNTER, Droit et pratique de l’arbitrage commercial international 2nd édition (LGDJ 1994) 365).
494
Alan REDFERN et Martin HUNTER, Droit et pratique de l’arbitrage commercial international 2nd édition (LGDJ 1994) 365.
495
Voir l’Article 134 de la Loi n° 2006-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière dans la République du Bénin ; Article 320 de la Loi n° 007-
2002 du 11 juillet 2002 portant promulgation du Code minier en République démocratique du Congo ; à Madagascar, l’Article 426 du Décret n° 2006-910 du 19
août 2006 portant promulgation du Code minier.
496
Voir, à cet effet, l’Article 134 de la Loi n° 206-17 du 17 octobre 2006 portant Code minier et fiscalité minière de la République du Bénin ; à Madagascar, l’Article
426 du Décret n° 2006-910 du 19 août 2006 portant promulgation du Code minier.
497
Traditionnellement, l’immunité d’un État en vertu du droit international prend deux formes : l’immunité juridictionnelle, d’une part, et l’immunité d’exécution,
d’autre part. La première permet à un État jouissant d’une immunité de juridiction de ne pas être soumis à la compétence des tribunaux d’un autre État et la
seconde le protège contre toute mesure visant à saisir ses biens ou à exécuter la sentence.
498
L’exécution des décisions judiciaires ou arbitrales a certes évolué de manière positive au cours des trente dernières années vers une réduction du privilège
traditionnellement accordé aux États. Toutefois, la saisie et l’acquisition de biens publics sont souvent problématiques. (François KNOEPFLER « L’immunité
d’exécution contre les États − Les états dans le contentieux économique international, III. Le contentieux judiciaire » 2003 Rev arb 1017).

138
B I B L I O G R A P H I E
LIVRES

Serge BANDOKI Le droit minier et pétrolier en Afrique (Édilivre-APARIS 2008)


Phillipe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN International
Commercial Arbitration (Kluwer Law International 1999)
Mustafa ERKAN International Energy Investment Law Stability through Contractual Clauses
(Kluwer Law International 2011)
Richard GARNETT, Henry GABRIEL, Jeff WAINCYMER et Judd EPSTEIN A Practical
Guide to International Commercial Arbitration (Oceana Publications 2000)
Thierry LAURIOL, Emilie RAYNAUD Le droit pétrolier et minier en Afrique (LGDJ 2016)
Thierry LAURIOL, Emilie RAYNAUD Le droit pétrolier, gazier et minier en Afrique (Juta
2018)
Sébastien MANCIAUX Investissements étrangers et arbitrage entre États et ressortissants
d’autres États (Litec 2004)
Ucheora ONWUAMAEGBU ‘Resolution of oil and gas disputes at ICSID’ (2004) 21 (1)
information tirée du CIRDI, été 2004, Disponible sur le site : https://icsid.worldbank.org/apps/
ICSIDWEB/resources/Documents/News%20from%20ICSID%20Vol%2021%20No%201.pdf
Jérôme ORTSCHEIDT et Christophe SERAGLINI Droit de l’arbitrage interne et international
(Montchrestien 2013)
Alan REDFERN et Martin HUNTER Droit et pratique de l’arbitrage commercial international
2nd édition (LGDJ 1994)

ARTICLES JURIDIQUES

Pascal ANCEL «L’efficacité procédurale des clauses de conciliation ou de médiation» 2003 D


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Piero BERNARDINI ‘Stabilization and adaptation in oil and gas investments’ (2008) 1 (1)
Journal of World Energy Law & Business 98
Alain CHARLET, Bertrand LAPORTE et Grégoire ROTA-GRAZIOSI «La fiscalité minière en
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1998 vol. 15 numéro 4 p. 7
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(ed) (Edward Elgar Publishing 2011) 200
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ARTICLES DE PRESSE

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''Regional Overview: East and Central Africa'' Magic 2015 à la page 82
''West African iron ore reassessed'' numéro special de Metal Bulletin Magazine African
Mining, février 2015 à la page 43
Meredith CAMPION et Tim SCALES ''New dawn for Africa in 2015’ Australia’s Playdirt (vol
1 numéro 223), décembre 2014 – janvier 2015 à la page 61
Terence CREAMER ‘Risk Factor’ Mining Weekly (vol 21 no 2) 23-29 janvier 2015 à la page 26
Max FALQUE «Gaz de Schiste : le problème de fond est la propriété des droits sur le sous-sol»,
Institut Turgot. Disponible sur le site suivant : http://blog.turgot.org/index.php?post/Falque-
Gaz-de-schiste-2
Jasmine NG ‘Goldman Calls End to Iron Age After ''Dramatic'' Drop in Ore Price’,
BloomberdBusiness (en ligne), 10 September 2014. Disponible sur le site suivant : http://www.
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RAPPORTS

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Noble Ventures Inc c. Roumanie (ARB/01/11) Sentence du 12 octobre 2005. Disponible sur le
site suivant : http://www.italaw.com/sites/default/files/case-documents/ita0565.pdf
Enron Corporation and Ponderosa Assets, LP c. République d’Argentine (ARB/01/3) Sentence
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Parkerings-Companiet AS c. Lituanie (ARB/05/8) Sentence du 11 septembre 2007. Disponible
sur le site suivant : http://www.italaw.com/sites/default/files/case-documents/ita0619.pdf
El Paso Energy International c. République d’Argentine (ARB/03/15) Sentence du 31
Octobre 2011. Disponible sur le site suivant : http://www.italaw.com/sites/default/files/case-
documents/ita0270.pdf

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