M1 GG Gestion des Risques naturels UJLoG
Chapitre 1. Notion de risque naturel
Sommaire
1.1. Terminologie : Phénomène naturel – Risque naturel ………………………………………2
1.2. Risque – Aléa – Enjeu – Vulnérabilité…..………………………………………...……….2
1.3. Identification du risque naturel ………………..…………………………………………...5
1.4. Le paradoxe du risque naturel ……………………………………………………………..6
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Dr. N’DRI B. E. Maitre de Conférences, UFR-Environnement
M1 GG Gestion des Risques naturels UJLoG
1.1. Terminologie : Phénomène naturel – Risque naturel
La notion de risque naturel se distingue de celle de phénomène naturel. Les phénomènes
naturels peuvent être de nature atmosphérique (froid, chaleur, orages violents, tempêtes,
rayonnement solaire, inondations, avalanches…) ou géologique (séismes, activités volcaniques,
inondations, mouvements de terrain, raz de marée…).
Un risque naturel découle de la conjonction d'un phénomène naturel (aléatoire) et de la présence
de biens ou d'activités vulnérables. Ainsi, un orage de très forte intensité entraîne un risque
faible dans une zone déserte ou peu habitée, tandis que des pluies d'intensité moyenne peuvent
provoquer des dommages considérables si elles surviennent dans des villes. La notion de risque
implique donc la combinaison d’un aléa et d’un enjeu
1.2. Risques, aléa, enjeux, vulnérabilité
1.2.1. Le Risque est la possibilité de survenue d'un événement indésirable, la probabilité
d’occurrence d'un péril probable ou d'un aléa. Le risque est donc la confrontation d’un aléa
(phénomène naturel dangereux) et d’une zone géographique où existent des enjeux qui peuvent
être humains, économiques ou environnementaux.
La définition usuelle donnée pour le risque naturel est la suivante : (Risque) = (aléa) x (enjeu).
Le risque naturel est la menace qu’un événement intempestif dangereux dû à un phénomène
naturel appelé aléa naturel, ait des effets dommageables, imprévus ou mal prévenus, sur les
aménagements, les ouvrages et les personnes, les enjeux, plus ou moins graves, voire
catastrophiques, selon leur vulnérabilité. Les risques naturels sont des risques
environnementaux.
1.2.2. L’aléa est l’événement, le phénomène, le danger ou la probabilité d’un événement qui
peut affecter notre environnement ; en d’autres termes, c’est la tournure imprévisible que peut
prendre un évènement. L’aléa doit donc être défini par une intensité (pourquoi et comment ?),
une occurrence spatiale (où ?) et temporelle (quand ?, durée ?). L’intensité traduit
l’importance d’un phénomène.
1.2.3. L’enjeu peut être une personne, un bien, un équipement, un environnement susceptibles
de subir les conséquences de l’événement.
Les aléas, événements paroxystiques des phénomènes naturels, ne sont dangereux et
éventuellement dommageables que là où il y a des enjeux humains, un aménagement, un
ouvrage, une présence, une activité… ; pas d’enjeu, pas de risque : les phénomènes sont
naturels ; les risques sont humains.
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Les enjeux et la vulnérabilité sont liés à la présence humaine (personnes, habitations, activités
économiques, infrastructures, …) et sont difficiles à définir. Il n’existe pas de vulnérabilité
intrinsèque mais une vulnérabilité pour chacun des aléas concernés.
1.2.4. La vulnérabilité dépend des éléments exposés et de leurs résistances, comportements,
etc. Elle est caractéristique d’un site à un moment donné. C’est l’endommagement potentiel (ou
réel) d’un élément exposé à un aléa. C’est la probabilité de perte affectant les enjeux soumis à
l’aléa. On envisage l’impact physique de l’aléa sur les enjeux. On parle de nombre de morts…ou
de pourcentage du total des activités affectées. La vulnérabilité est donc déterminée par la
nature de l’aléa.
NB. La vulnérabilité est donc fonction du moment où se manifeste l’aléa (la nuit, le jour, aux
heures de pointe….)
Schématiquement voici comment peut se présenter le risque naturel (figure 1)
Figure 1. Représentation schématique du risque
Le risque est donc considéré comme une mesure de la situation dangereuse qui résulte de la
confrontation de l’aléa et des enjeux. Cette mesure s’exprime souvent en termes de gravité et
probabilité.
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Pour l’inondation (événement non souhaité), l’aléa est constitué des pluies torrentielles qui ont
pour conséquences des inondations et des rivières en crues. L’aléa est défini par un certain
nombre de processus naturels qui peuvent donner lieu à des effets dominos. L’effet domino
traduit un couplage entre processus : la conséquence d’un processus père est la cause d’un
processus fils. Les enjeux sont les structures, les populations et l’environnement directement
ou indirectement touchés par l’aléa. Ces derniers constituent donc les cibles impactées par
l’aléa.
Quelques facteurs de vulnérabilité
- Facteurs sociaux : densité de population, extension du bâti.
- Facteurs techniques : mauvaise qualité de la construction, mauvaise maîtrise de l'eau, sous-
dimensionnement des ouvrages d'évacuation et de traitement des eaux usées
- Facteurs économiques : population pauvre, dépourvue de moyens de transports et souvent de
système d'information, habitat de médiocre qualité, …
- Facteurs culturels : ignorance du danger, absence de conscience du risque (risque banalisé,
intégré au quotidien), acceptation pour raisons religieuses
- Facteurs institutionnels et politico-administratifs : trop de niveaux politico-administratifs de
décision, manque de coordination entre ces différents acteurs, absence de programme de
prévention, absence de réflexion sur les programmes de planification, législation laxiste, acteurs
politiques, gestionnaires parfois peu impliqués, corruption
- Facteurs fonctionnels : absence d'une prévision efficace, absence de système d'alerte,
mauvaise gestion de crise, mauvaise organisation des aspects techniques et humains
1.3. Identification du risque « naturel »
Les aléas spontanés - tempêtes, inondations, séismes... ou provoqués – glissements de terrain,
tassements... ne sont pas les seuls éléments de la gestion des risques « naturels ». Les
conséquences de leurs effets à prévoir et les décisions à prendre sont fondées sur d’autres
éléments aussi importants : caractères géologiques et physiques du bassin de risque,
vulnérabilité des installations et des personnes, enjeux économiques, moyens de prévention et
d’intervention disponibles, détermination et compétence des décideurs et des intervenants...
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Exemples de risque naturel (figures 2 et 3)
Figure 2. Glissement de terrain
Figure 3. Inondation
1.4. Le paradoxe du risque « naturel »
Sur Terre, il n’y a pas n’importe quoi n’importe où, il ne se passe pas n’importe quoi n’importe
où, n’importe quand et n’importe comment. Les aléas sont donc étroitement localisés et, assez
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paradoxalement, en grande partie déterminés. Si, à un certain endroit et dans certaines
circonstances, la réalisation d’un aléa paraît possible, elle adviendra sans doute dans un délai
que l’on peut en principe estimer par son temps de retour, mais par ailleurs, parmi toutes les
situations imaginables, sa probabilité d’occurrence sera quasi nulle dans un grand nombre de
cas.
Le risque « naturel » nous paraît donc à peu près déterminé à très long terme et pratiquement
indéterminé à court terme ; ce paradoxe peut être atténué en considérant d’abord que l’évolution
du bassin de risque est modélisable de façon autonome si on lui attribue des conditions aux
limites acceptables, ensuite, si l’on admettait, ce qui est probable mais pour le moment
indémontrable, que le temps caractéristique de son évolution est très petit à l’échelle humaine
mais très grand à l’échelle géologique ; cela voudrait dire que ce qui peut paraître plus ou moins
déterminé à l’échelle géologique, ne l’est pas à l’échelle humaine. Et en fait, on sait où et
comment se manifeste n’importe quel événement naturel, mais on ne sait pas quand il atteindra
telle intensité éventuellement génératrice d’accident, qui n’est pas une anomalie dans le cours
du phénomène. Cela explique que l’on puisse clairement caractériser un risque naturel sans que
l’on sache le localiser précisément et en prédire l’occurrence ; structurellement, la prévision
nous est plus ou moins accessible ; la prédiction ne l’est pas.
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