Droit Du Travail de Mihel Miné
Droit Du Travail de Mihel Miné
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INCONTOURNABLE : rend compréhensible la complexité du
nouveau droit du travail.
ACTUALISÉ : permet de saisir les évolutions les plus récentes du
droit du travail.
DOCUMENTÉ : donne accès aux principaux articles du Code du
travail et aux principales jurisprudences.
Cet ouvrage est entièrement à jour des récentes évolutions du droit du
travail et en particulier des nouvelles règles concernant le dialogue
social dans l’entreprise.
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Le Comité social et économique est l’institution de représentation du
personnel depuis le 1er janvier 2020 dans toutes les entreprises d’au
moins 11 salariés.
La négociation d’entreprise, nouveau centre de gravité de la
négociation collective, joue un rôle déterminant dans de nombreux
domaines, notamment pour définir des règles du jeu concernant le Comité
social et économique (mise en place, attributions et fonctionnement),
règles auparavant fixées par la loi. Cette édition présente l’ensemble du
nouveau dispositif légal ainsi que les premières décisions rendues par la
Cour de cassation.
D’autres nouveautés juridiques importantes viennent modifier le quotidien
dans l’entreprise, notamment :
En pratique
www.editions-eyrolles.com
Ouvrage initié par Yves Delamotte †, Professeur Honoraire au Conservatoire national des Arts et
Métiers, ancien directeur du Centre de Formation des Inspecteurs du Travail ; poursuivi par Daniel
Marchand †, Professeur Honoraire au Conservatoire national des Arts et Métiers.
Mention spéciale Prix Harvard l’Expansion 1983.
Ce livre fait référence aux textes en vigueur au moment de sa mise à jour. L’évolution très rapide du
droit du travail impose de s’assurer que l’on est bien en possession de la dernière édition.
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Du même auteur, chez le même éditeur :
Michel Miné (dir.), Le droit social international et européen en pratique, 2e édition, 2013 (Mention
spéciale du prix Francis Blanchard, décerné par le jury de l’Association française pour l’OIT).
© Groupe Eyrolles – 1983, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005,
2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2018
© Éditions Eyrolles, 2019
ISBN : 978-2-212-57312-1
SOMMAIRE
Avant-propos
Introduction – Présentation générale du droit du travail
Première partie
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SOURCES ET INSTITUTIONS
Chapitre I : Sources du droit
Chapitre II : Juridictions
Chapitre III : Conseil de prud’hommes
Chapitre IV : Administration du travail et organismes compétents en matière de
travail et d’emploi
Deuxième partie
L’EMPLOI
Chapitre V : Libertés et droits de la personne du travailleur
Chapitre VI : Pouvoir de l’employeur
Chapitre VII : Formation et mise en œuvre du contrat de travail
Chapitre VIII : Contrats de travail atypiques
Chapitre IX : Modification et suspension du contrat de travail
Chapitre X : Rupture du contrat de travail à durée indéterminée à l’initiative de
l’employeur
Chapitre XI : Protection de l’emploi – Gestion de l’emploi
Chapitre XII : Ruptures du CDI à l’initiative du salarié ou d’un commun accord.
Documents et clauses liés à la rupture du contrat
Troisième partie
LE TRAVAIL
Chapitre XIII : Santé et sécurité au travail
Chapitre XIV : Temps de travail
Chapitre XV : Jours fériés et congés
Chapitre XVI : Rémunération
Quatrième partie
RELATIONS COLLECTIVES DE TRAVAIL
Chapitre XVII : Droit syndical
Chapitre XVIII : Négociations collectives et conventions collectives
Chapitre XIX : Comité social et économique. Élections professionnelles
Chapitre XX : Comité social et économique
Chapitre XXI : Conseil d’entreprise. Comité de groupe. Comité d’entreprise
européen
Chapitre XXII : Statut protecteur des représentants des travailleurs
Chapitre XXIII : Conflits collectifs du travail et droit de grève
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Indications bibliographiques - Blogosphère
Index
Table des matières
AVANT-PROPOS
Objet
Dans le cadre d’une relation salariale, une personne fournit un travail à
une autre personne. Dans cette relation, une personne (l’employeur)
exerce un pouvoir privé sur une autre personne (le travailleur). Le
bénéficiaire du travail détermine les conditions du travail. Le droit du
travail reconnaît juridiquement ce pouvoir de fait et conforte en droit ce
pouvoir économique. Mais tout pouvoir pouvant dégénérer en « abus de
pouvoir », le droit du travail fixe des limites à ce pouvoir privé.
D’une part, le droit du travail est basé sur une fiction juridique : dans la
relation de travail, le travailleur met à disposition de l’entreprise son travail
(sa capacité de travail, ses compétences, sa « force de travail » physique
et intellectuelle), mais pas sa personne. La personne doit demeurer à
l’abri de l’échange entre l’employeur et le salarié. Le travailleur n’est pas
une chose, ni un esclave, ni un serf. « Le travail ne doit pas être considéré
comme une marchandise » (Constitution de l’OIT de 1919, Déclaration de
Philadelphie de 1944).
D’autre part, le droit du travail prévoit :
des règles fixant des droits minimums pour les salariés (exemple : le
salaire minimum, la durée maximale du travail) ;
des mécanismes d’élaboration et d’articulation de ses règles
(exemple : la loi, la négociation collective).
À RETENIR
Le droit du travail constitue la « règle du jeu » des relations de travail : il fixe les droits et les
obligations des différents acteurs (personnes physiques et morales). Il constitue l’ensemble
des règles qui régissent le travail dépendant dans le cadre d’une relation salariale.
Champ d’application
Le droit du travail s’applique :
– Essentiellement aux salariés des entreprises privées (quel que soit
leur statut – sociétés commerciales, associations, etc.), soit environ 16
millions de personnes. Les salariés agricoles relèvent du droit du travail,
mais sont couverts, sur certains points, par des dispositions spécifiques
(Code rural). Le droit du travail couvre de nouvelles professions
(professions libérales où le statut salarial se développe comme les
avocats, architectes, etc.) et parfois même des dirigeants d’entreprise
(cumulant un mandat social et un contrat de travail, Soc. 16 oct. 1991). Le
droit du travail s’applique donc à la grande majorité de la population
active.
– Partiellement aux salariés des entreprises publiques et des
Établissements Publics Industriels et Commerciaux (ÉPIC) (RATP, SNCF,
etc.) en articulation avec les règles prévues par les statuts. Mais il ne
s’applique pas aux fonctionnaires des fonctions publiques (État,
collectivités territoriales, hôpitaux), qui relèvent du « droit administratif du
travail ». Cependant, il s’applique de manière marginale aux contractuels.
– Ponctuellement aux travailleurs indépendants (chauffeurs routiers :
limitation du temps de conduite ; artisans du bâtiment : règles de sécurité
et de coordination ; gérants ; etc.).
Et, bien évidemment, ce droit doit être appliqué par les employeurs.
Nature
Le droit du travail a un caractère statutaire : l’employeur et le salarié qui
concluent et exécutent un contrat de travail adhèrent à un statut largement
déterminé en dehors de leur volonté ; leurs relations sont largement
prévues par la loi et par les textes conventionnels applicables (conventions
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collectives et accords collectifs de la branche en particulier).
La relation de travail individuelle s’inscrit dans ce cadre. L’individualisation
peut s’appuyer sur le contrat de travail, mais dans les limites légales et
conventionnelles.
Le droit du travail a un caractère différencié : ses règles applicables
sont différentes suivant de nombreux paramètres. Il s’agit notamment :
des seuils d’effectifs (11, 20, 50, 250, 300, 500, 1 000, etc. ; la
majorité des salariés travaillent dans des PME – plus de 50 % des
salariés travaillent dans des entreprises de moins de 50 salariés,
environ 25 % dans des entreprises de moins de 10 salariés, etc.,
INSEE 2006) ;
de la branche professionnelle ;
de la qualification et de la catégorie professionnelles.
Suivant ces données, le salarié et l’employeur n’ont pas les mêmes droits
et ne sont pas tenus aux mêmes obligations.
Le droit du travail a un caractère instable : il est soumis aux évolutions
sociales, économiques et politiques. C’est un droit jeune, complexe et
dynamique.
Le droit du travail n’a pas un caractère indépendant, mais il développe
une certaine autonomie. C’est une branche du droit privé qui entretient des
liens étroits avec les autres branches du droit (privé, public, européen –
UE et supranational) :
Droit de l’emploi
Au sein du droit du travail se développe un droit de l’emploi (droit de la
formation professionnelle, du chômage – indemnisation et recherche
d’emploi, etc.).
Droit pénal
Le droit pénal du travail permet la sanction du non-respect de certaines
règles essentielles du droit du travail (exemple : SMIC, santé et sécurité
au travail, etc.).
Le droit pénal des affaires prévoit des sanctions pour des infractions
souvent dommageables pour les salariés (abus de biens sociaux, etc.).
Droit administratif
Il existe un droit administratif du travail lié aux décisions administratives
prises par l’administration du travail (statut protecteur contre le
licenciement pour les salariés investis d’un mandat de représentation des
travailleurs, repos dominical, temps de travail, etc.).
Droit constitutionnel
Le « bloc de constitutionnalité » peut être mobilisé dans le cadre de
contentieux entre employeur et salarié (Soc. 8 avril 1992) et les décisions
du Conseil constitutionnel s’imposent au Parlement en cas d’annulation
d’un texte et aux juridictions dans l’interprétation de la loi.
Fonctions
Le droit du travail est « ambivalent » (selon la formule du professeur
Gérard Lyon-Caen) : il reconnaît et conforte le pouvoir de l’employeur,
mais le limite et garantit des droits aux salariés.
Le droit du travail a une utilité sociale et également économique (ces deux
dimensions ne sont pas séparables). En préservant la personne au
travail (notamment en matière de santé et de sécurité), en accroissant le
niveau de qualification (en particulier par la formation professionnelle), en
recherchant l’application des règles d’égalité de traitement, en favorisant
le dialogue social, etc., il contribue à la paix sociale et à une plus grande
efficacité du travail humain.
Ces différentes fonctions sont jouées au niveau de l’entreprise, d’une
branche professionnelle et au niveau national interprofessionnel, et, plus
ou moins, aux niveaux européen et mondial.
Le droit du travail joue des rôles traditionnels dévolus au système juridique
dans un État de droit, et ce de manière parfois originale. Le droit du
travail a plusieurs fonctions.
Organisation sociale
Le droit du travail impose des règles dans les relations sociales : la loi est
souvent impérative. Ainsi, la qualification du contrat ne dépend pas de la
volonté des parties, mais de la situation objective dans laquelle se trouve
la personne qui fournit le travail.
De plus, il assure l’existence et le fonctionnement du « marché du travail »
au niveau interprofessionnel, sectoriel et dans chaque entreprise. Il
permet à l’offre et à la demande d’emploi et de travail de se constituer et
de se rencontrer (classifications dans chaque branche professionnelle,
formation professionnelle, essai, promotion, etc.).
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Par ailleurs, il organise les relations sociales, selon un tissu de droits et
d’obligations entre les parties.
Enfin, il propose un modèle de conduite conforme au droit et parfois
plusieurs solutions juridiques, parmi lesquelles les personnes peuvent
choisir : la loi est ici supplétive. Il en va ainsi des taux de majoration des
heures supplémentaires : l’employeur peut appliquer la loi ou négocier un
accord collectif.
Conciliation sociale
Le droit du travail cherche à concilier les intérêts légitimes des différentes
parties au contrat (individuels et collectifs) ainsi qu’à régler les conflits
d’intérêts par le biais du droit et non plus par la violence (économique,
physique, etc.), selon la « loi du plus fort ».
Promotion sociale
Le droit du travail assure la défense des intérêts de la « partie faible au
contrat » : il reconnaît aux salariés des droits économiques et sociaux, qui
peuvent être améliorés par des accords collectifs fixant des dérogations
in melius (l’ordre public social et le principe de faveur).
De plus en plus, il assure la sauvegarde de la personne du salarié – « Le
droit du travail est une terre d’élection des droits de l’Homme », selon la
formule du professeur Jean-Maurice Verdier, et exprime des valeurs
fondamentales de la société (l’égalité entre les femmes et les hommes, la
liberté d’expression, etc.).
Le droit devrait s’intéresser davantage aux travailleurs les plus vulnérables
au regard de leur faible qualification professionnelle et de leurs formations
inadaptées, de leur contrat précaire, de leur emploi dans des entreprises
sous-traitantes dépendantes, de leur état de santé dégradé ou encore
dans des situations de travail illégal (P.-Y. Verkindt).
Gestion sociale
Le droit du travail assure la défense des intérêts de la « partie forte au
contrat » : il reconnaît juridiquement aux employeurs des libertés et des
droits économiques et sociaux (le pouvoir de sanctionner, le libre choix de
leurs collaborateurs).
Il garantit une certaine égalité de concurrence entre entreprises et revêt
donc une fonction économique. international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889457667:88875375:196.200.176.177:1581095763
Enfin il permet la « flexibilité » du travail et la réduction du coût du travail
par le biais d’accords collectifs prévoyant des dérogations in pejus et en
rendant la loi supplétive par rapport à des accords collectifs (notamment
d’entreprise).
Historique
« Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens » propose un
proverbe peul. L’avenir du droit du travail est incertain. Il est nécessaire,
pour essayer de comprendre le droit d’aujourd’hui et ses possibles
évolutions demain, de repérer quelques moments clés et quelques
tendances passées encore présentes, à travers plusieurs thèmes.
À LIRE
J.-P. Le Crom (dir.), Deux siècles de droit du travail : l’histoire du droit du travail par les lois,
L’Atelier, 2002.
Emploi
Le droit est un facteur de contrôle de la main-d’œuvre : le salarié doit
détenir son « livret ouvrier » (1803), sur lequel sont consignées les
appréciations de ses précédents patrons et visé par la police (supprimé
en 1890). Le Code civil (1804) traite du « Louage des domestiques et
ouvriers » :
– « On ne peut engager ses services qu’à temps ou pour une entreprise
déterminée » (art. 1780 ; volonté d’éviter le retour du servage), et
– « Le maître est cru sur son affirmation, pour la quotité des gages, le
paiement du salaire de l’année échue ; et pour les acomptes donnés pour
l’année courante » (art. 1781, abrogé en 1868 ; le régime probatoire est
aménagé au bénéfice de l’employeur).
À côté de ce contrat de louage de services a existé pendant un temps le
contrat de louage d’ouvrage pour les « ouvriers entrepreneurs » du
bâtiment (art. 1799).
Au cours du XIXe siècle, l’industrie se développe et le nombre des ouvriers
augmente.
Sous la IIe République (1848), l’État se préoccupe des personnes sans
emploi (ateliers nationaux), et interdit le marchandage (prêt de main-
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d’œuvre ayant des conséquences préjudiciables pour les salariés), en
même temps que l’esclavage.
Sous la IIIe République, le principe subsiste que le contrat conclu sans
détermination de durée peut cesser à tout moment à l’initiative de
l’employeur (Cour de cassation, 1872). Pour le salarié, il n’existe donc
aucune sécurité de l’emploi. À la fin du XIXe siècle, les tribunaux
commencent à admettre que certains licenciements peuvent être abusifs.
La loi de 1890 prévoit que la rupture du contrat peut donner lieu à des
dommages-intérêts. En 1928, une loi prévoit le maintien des contrats de
travail en cas de transfert d’entreprise.
Sous la Ve République, en 1958, les « partenaires sociaux » créent le
régime d’indemnisation du chômage ; en 1969 est conclu un premier
accord entre les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel sur la
« sécurité de l’emploi » (complété en 1974 et 1986), traitant notamment
des licenciements économiques et des mesures sociales. Mais il faudra
attendre 1973 pour qu’une loi définisse les conditions dans lesquelles un
licenciement est justifié. Après la suppression du contrôle administratif des
licenciements économiques en 1986, de nombreuses lois modifient le
régime de ces licenciements (1989, 2002, 2003, 2005, etc.).
Un accord national interprofessionnel (ANI) fixe en 1970 des règles sur la
formation professionnelle continue, modifiées notamment par l’ANI du 5
décembre 2003.
En matière de contrats précaires, la législation relative au travail
temporaire a suivi la même évolution que celle relative au contrat à durée
déterminée : une ordonnance du 5 février 1982 avait cherché à limiter les
situations dans lesquelles il est loisible de recourir au travail temporaire,
tout en améliorant le statut du salarié intérimaire. Cette ordonnance a été
modifiée par une ordonnance du 11 août 1986. Reprenant un accord
national interprofessionnel, conclu par les partenaires sociaux, la loi du 12
juillet 1990 tend à rapprocher le plus possible les législations relatives au
travail temporaire et à durée déterminée ; elle a été modifiée en dernier
lieu par la loi du 18 janvier 2005 permettant des activités de placement
privé.
Le droit communautaire influence de manière croissante le droit interne
notamment par le biais de directives devant faire l’objet de transpositions :
en 1977, en matière de maintien des contrats de travail lors de transferts
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entre entreprises ; en 1999, avec des règles protectrices pour les salariés
en contrats précaires, etc. La loi du 27 mai 2008 transpose en droit
interne des dispositions de directives communautaires en matière de lutte
contre les discriminations.
Prise en application de l’ANI sur la modernisation du marché du travail, la
loi du 25 juin 2008 modifie plusieurs règles en matière de conditions
d’emploi. Adoptée à la suite de l’ANI du 11 janvier 2013, la loi du 14 juin
2013 poursuit ce mouvement en se focalisant notamment sur le risque de
perte d’emploi pour motif économique dans les grandes entreprises. La loi
du 6 août 2015 « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances
économiques » s’inscrit dans la même démarche en matière de contrats
précaires et réforme l’organisation et le fonctionnement des conseils de
prud’hommes.
Dans le prolongement de ces textes, la loi du 8 août 2016 réforme la
définition du licenciement pour motif économique et prévoit des
dispositions innovantes dans plusieurs domaines (travail « indépendant »,
compte personnel d’activité, etc.). Les ordonnances du 22 septembre
2017 approfondissent cette orientation (définition du licenciement
économique, régime juridique du licenciement, régime des contrats
précaires, etc.).
La deuxième partie de cet ouvrage est consacrée au contrat de travail et
aux règles selon lesquelles il peut être conclu et surtout rompu, autrement
dit à l’accès à l’emploi, à la perte de l’emploi, ainsi qu’à d’autres aléas
(modification et suspension du contrat).
Travail
Au début du XIXe siècle, selon l’idéologie libérale héritée de la dimension
individualiste de la Révolution de 1789 et consignée dans le Code civil,
l’employeur et le salarié sont censés être à égalité et s’entendre
librement, « de gré à gré », pour fixer le salaire et la durée du travail.
L’État n’a pas à intervenir.
Avec le développement de l’industrie, les effets de ce libéralisme
économique, sans régulation, se concrétisent dans la misère et
l’exploitation des ouvriers, hommes et femmes et enfants (en témoignent
les livres d’Émile Zola comme Germinal, le poème « Melancholia » dans
Les Contemplations de Victor Hugo, Charles Dickens, etc.).
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Des usages existent dans certaines professions et localités, que les
conseils de prud’hommes font respecter. L’origine de l’institution remonte
aux juridictions corporatives de l’Ancien Régime, mais c’est au cours du
XIXe siècle que se sont progressivement affirmés ses traits originaux. Ces
juridictions composées à l’origine d’employeurs – 1806 – sont
progressivement devenues des juridictions électives et paritaires – en
1848 avec la IIe République, avant d’être réformées – en 1979.
Pendant la révolution industrielle, les chefs d’entreprise estiment
nécessaire de définir des règles s’imposant au personnel, une « police du
travail » faisant respecter la « discipline de la fabrique » inscrite dans les
règlements d’ateliers. Le régime disciplinaire est souvent particulièrement
sévère pour les salariés – exemple de l’affaire des sabots : amende
représentant près de la moitié du salaire mensuel d’une ouvrière, pour
avoir porté des sabots en contravention avec le règlement, considérée
comme licite par la Cour de cassation (Civ. 14 févr. 1866). Un règlement
d’une usine du Calvados en 1876 édicte : « Tout ouvrier, contremaître,
employé, en entrant dans l’usine, s’engage à travailler le jour ou la nuit, les
dimanches et fêtes, quand le directeur le jugera utile. » Les règlements
intérieurs traitaient de nombreuses questions (horaires, modalités de la
paye, hygiène et sécurité, discipline, etc.).
Au cours du XIXe siècle, il apparaît peu à peu que la libre discussion des
contrats est un mythe et qu’il n’existe pas d’égalité contractuelle entre
l’employeur, qui dispose des moyens de production, et le salarié, qui n’a à
offrir que sa « force de travail » et n’a souvent d’autre choix que
d’accepter les conditions imposées par l’employeur. Si l’idée d’une
législation protectrice des salariés s’impose alors, il reste entendu que
cette législation ne se justifie que pour combattre les excès les plus
visibles et qu’elle doit répondre à des objectifs démographiques, liés aux
impératifs de la guerre, autant que sociaux. La première « loi sociale »
(1841), votée à la suite du rapport Villermé (« Tableau de l’état physique
et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine
et de soie », 1840), ne concerne que les enfants (âge d’admission au
travail à 8 ans, pour une durée quotidienne de travail de 8 heures, 12
heures de 12 à 16 ans, etc., dans les entreprises de plus de 20 salariés).
Des lois ultérieures (1874, 1892) limitent la durée du travail des femmes
et des enfants, en particulier pour des raisons démographiques. La loi de
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1906, votée à la suite de conflits collectifs dans le commerce, notamment
dans les grands magasins parisiens, dans un but de protection des
salariés, rétablit le repos hebdomadaire et pose comme principe que ce
repos doit être pris le dimanche, avec de nombreuses exceptions.
Les décrets Millerand imposent aux adjudicataires des marchés de l’État
le respect de certaines normes, dont un salaire minimum et une limitation
de la durée du travail (1899), un « mieux-disant » social.
La loi de 1910 permet la promulgation des livres du premier Code du
travail.
En 1919, une loi limite la durée du travail quotidienne pour tous les
salariés (« journée de 8 heures »), en réponse à une forte revendication
du mouvement syndical, depuis 1890, relayée par la Convention n° 1 de
l’Organisation Internationale du Travail (OIT) de 1919 (non ratifiée par la
France).
Le taylorisme et le fordisme, avec la division du travail, la parcellisation et
la standardisation des tâches, modifient profondément l’organisation du
travail pour accroître la productivité des ouvriers en usine (voir et revoir
Les Temps Modernes de Charlie Chaplin, 1936).
En 1936, avec le Front populaire est posé le principe de la « semaine de
40 heures » comme durée maximale hebdomadaire, mais avec quelques
dérogations (notamment les équivalences). En 1936, les congés payés
sont légalisés : ils sont portés de 2 semaines par an à 3 semaines en
1956, à la suite d’accords collectifs conclus en premier lieu à Renault
Billancourt, puis à 4 semaines en 1969, après les accords conclus dans le
cadre du mouvement de mai 1968, et enfin à 5 semaines en 1982.
En 1946, la loi prévoit que des heures peuvent être travaillées au-delà de
40 heures : ce seront des heures supplémentaires payées à un taux
majoré. En 1973, une loi sur l’amélioration des conditions de travail ouvre
une brèche dans l’horaire collectif obligatoire pour tous, en permettant le
travail à temps partiel et les horaires individualisés. Une ordonnance du 16
janvier 1982 fixe la durée légale de la semaine de travail à 39 heures et
prévoit la possibilité de conclure des accords « dérogatoires » pour
calculer la durée du travail sur l’année (modulation). Depuis, de nombreux
textes permettent de nouvelles possibilités de « dérogations » en matière
de temps de travail (1986, 1987, 1993).
En 1993, une directive communautaire prévoit des temps de repos
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minimums (transposés dans la loi Aubry I de 1998). La loi du 19 janvier
2000 fixe la durée légale hebdomadaire du travail à 35 heures et modifie
des règles concernant des aménagements « dérogatoires » du temps de
travail. Sans modifier la durée légale, de nombreuses lois modifient depuis
des règles d’aménagement et le régime des heures supplémentaires
(notamment les lois du 17 janv. 2003, du 4 mai 2004, du 18 janv. 2005, du
31 mars 2005, du 2 août 2005, du 21 août 2007, du 8 févr. 2008, du 20
août 2008, du 9 août 2009, du 22 mars 2012, du 14 juin 2013).
La législation relative à la durée du travail a notamment pour objet de
préserver l’intégrité physique des travailleurs. C’est la même
préoccupation qui a inspiré toute la partie de la législation relative à
l’hygiène et à la sécurité qui vise essentiellement à prévenir les accidents
du travail et les maladies professionnelles. Il existe en la matière une
réglementation très abondante, imposant à l’employeur de prendre les
mesures de précaution appropriées aux risques que présente son
entreprise, compte tenu des techniques utilisées. C’est en particulier à
l’Inspection du travail (créée en 1892) qu’il revient de vérifier que cette
législation, inaugurée par une loi de 1893, complétée par un décret de
1913, et qui n’a cessé de se développer depuis, notamment sous
l’influence du droit communautaire (Acte unique, 1986 ; directive-cadre de
1989), est correctement appliquée.
Quant à la réparation des accidents du travail et des maladies
professionnelles (c’est-à-dire les soins appropriés et l’indemnisation), elle
fait l’objet d’une première législation avec la loi de 1898 et est assurée
maintenant par la Sécurité sociale (branche AT/MP). La responsabilité
pénale de l’employeur peut être reconnue notamment en cas d’accident ou
de maladie professionnelle survenu à un salarié de son entreprise. La loi
protège également le contrat de travail du salarié victime d’un accident du
travail ou d’une maladie professionnelle et veille à sa réinsertion
professionnelle.
Le salaire constitue pour le travailleur le moyen de subvenir à ses besoins
et à ceux de sa famille. Il y attache au moins autant d’importance qu’à ses
conditions de travail. En la matière, la législation a d’abord cherché à
protéger le salarié en tant que créancier de son employeur et a doté cette
créance, parce qu’elle est « alimentaire » (le travailleur a besoin de son
salaire pour vivre), d’un statut juridique particulier. En ce qui concerne le
montant du salaire, le principe est qu’il est fixé librement. La loi intervient
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pour prévenir toute discrimination et prévoir un salaire minimum au-
dessous duquel aucun salarié ne peut être payé (loi de 1950 et surtout de
1970, mettant en œuvre le « Protocole de Grenelle » de 1968). Le droit
européen prévoit des dispositions pour protéger le salarié en cas
d’insolvabilité de l’employeur (1977).
En 1982, la « loi Auroux » du 4 août sur les libertés publiques dans
l’entreprise affirme que le salarié demeure un citoyen dans l’entreprise. En
1983, 2001 et 2008, sous l’influence du droit communautaire (directives),
le Code du travail renforce ses dispositions pour agir contre les
discriminations.
La loi du 6 août 2015 « pour la croissance, l’activité et l’égalité des
chances économiques » étend largement les dérogations au repos
dominical.
La loi du 8 août 2016 modifie de nombreuses règles en matière de temps
de travail, en donnant un caractère supplétif à la loi (au regard de son
contenu substantiel) par rapport aux accords d’entreprise. Les
ordonnances du 22 septembre 2017 approfondissent cette orientation
pour l’ensemble du Code du travail.
La troisième partie de cet ouvrage traite de la rémunération et des
conditions de travail (temps de travail, congés payés, santé et sécurité).
SOURCES ET
INSTITUTIONS
Le droit du travail est alimenté en principes et règles juridiques par de
nombreuses sources, de différente nature (constitutionnelle, légale,
professionnelle, jurisprudentielle, etc.) et de différents niveaux
(international, européen, interne – national, régional, etc. ; et ces
dernières doivent être articulées entre elles (chapitre I).
SOURCES DU DROIT
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Le droit du travail est constitué d’un ensemble de règles, dont les
sources sont multiples : internationales, européennes (ex-
communautaires) et nationales, avec des sources d’origine étatique
(constitution, loi, règlement, etc.) et celles qui résultent d’un accord
(convention collective, contrat de travail), d’usages ou d’un acte unilatéral
de l’employeur (règlement intérieur). Il s’agit là de sources qui, par
opposition aux sources étatiques, sont appelées sources professionnelles.
À LIRE
M. Miné (dir.), C. Boudineau, A. Le Nouvel, M. Mercat-Bruns, D. Roux-Rossi, B. Silhol, Droit
social international et européen en pratique, Eyrolles, 2013 (2e éd.).
Traités bilatéraux
Parmi les sources internationales, figurent les traités bilatéraux conclus
entre la France et un autre État, par exemple sur les travailleurs
migrants. Il existe de tels accords avec les pays – autres que ceux de
l’Union européenne (UE), qui garantit la liberté de circulation et de travail
dans tous les États membres – dont les nationaux sont nombreux à
travailler en France : Algérie, États d’Afrique francophone, etc.
Le Conseil de l’Europe
Les textes élaborés par le Conseil de l’Europe (organisation qui réunit 47
États membres à Strasbourg) sont principalement, pour ce qui concerne
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la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et
des libertés fondamentales (CESDHLF) de 1950, et ses protocoles
additionnels ;
la Charte sociale européenne (CSE) de 1961, révisée en 1996
(CSER).
D’une part, l’importante jurisprudence de la Cour européenne des droits
de l’Homme (CEDH) de Strasbourg, juridiction supranationale pouvant
imposer aux États des décisions de sauvegarde des droits de l’Homme ;
d’autre part, les textes du Conseil de l’Europe, interprétés par la CEDH,
constituent des fondements de décisions pour le juge interne (depuis Soc.
12 janv. 1999 ; voir notamment Soc. 9 oct. 2013 et Soc. 6 févr. 2013).
Directives
Les directives fixent des objectifs et un délai, les gouvernements étant
libres de déterminer les moyens (dispositions étatiques – lois, décrets, ou
dispositions conventionnelles) permettant d’atteindre les objectifs assignés
dans le délai prescrit. Dans le domaine de la politique sociale, pour les
« compétences partagées » entre l’UE et les États membres, elles sont
adoptées dans le cadre de la « procédure législative ordinaire » (à la
majorité qualifiée du Conseil et par une codécision Conseil/Parlement).
Jurisprudence
La jurisprudence du juge de l’UE (CJUE, dit juge de Luxembourg) assure
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la primauté du droit européen sur le droit interne de chaque État. Elle
interprète le droit européen selon une méthode téléologique (au regard
des finalités du texte concerné), pour lui donner un « effet utile » (par
exemple pour reconnaître le droit aux congés payés à un salarié en arrêt
maladie). Elle cherche une conciliation des libertés économiques avec les
objectifs sociaux de l’Union européenne (mais a pu faire prévaloir des
libertés économiques sur le droit de grève). Cette jurisprudence est une
source importante du droit du travail et apporte une certaine contribution à
l’édification d’une « Europe sociale ». La France a été l’objet de nombreux
recours et de condamnations au regard de sa lenteur à transposer de
manière satisfaisante des directives souvent favorables aux salariés.
À RETENIR
Sont ainsi notamment reconnus :
l’égalité entre les femmes et les hommes (« la loi garantit à la femme, dans tous les
domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ») ;
le droit à l’emploi (« chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi »), sans
discrimination ;
le droit syndical (« tout homme peut défendre ses droits et intérêts par l’action syndicale et
adhérer au syndicat de son choix ») ;
le droit de grève (dans le cadre des lois qui le réglementent) ;
la négociation collective et la participation (« tout travailleur participe, par l’intermédiaire de
ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion
des entreprises ») (Décision n° 77-79 DC du 5 juillet 1977) ;
le droit à la Sécurité sociale.
Dans leurs jugements, les tribunaux font parfois référence à ces droits.
Cependant, l’influence des principes posés par la Constitution est
importante.
La République « peut participer à l’UE dans les conditions prévues par le
traité de Lisbonne » (art. 88-1 et 88-2).
Ordonnance
Le gouvernement peut, pour l’exécution de son programme, demander au
Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances des mesures qui
sont normalement du domaine de la loi (art. 38 de la Constitution). Le
gouvernement intervient dans le domaine de compétence du Parlement
(art. 34 de la Constitution), en vertu d’une délégation de compétence
accordée par le Parlement. Au début du processus, le Parlement vote une
loi d’habilitation, autorisant le gouvernement à prendre des
ordonnances dans le domaine de compétence du Parlement, pendant une
durée limitée et sur des thèmes identifiés. Les ordonnances sont
rédigées par le gouvernement (les parlementaires ne peuvent pas en
amender le contenu), puis publiées au Journal officiel. À la fin du
processus, le Parlement vote une loi de ratification, donnant valeur
législative aux ordonnances. À défaut de ratification, les ordonnances sont
caduques.
Dans le domaine du droit du travail, ce processus doit être articulé avec le
« dialogue social » (voir le chapitre XVIII).
Décret
Les règlements relèvent du seul pouvoir exécutif (art. 37 de la
Constitution), sans intervention du Parlement, et sont destinés à apporter
des précisions à une loi. La loi n’est parfois pas applicable tant que les
décrets d’application n’ont pas été publiés. En outre, sur certains points,
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les ministres, les préfets ou les maires peuvent prendre des arrêtés
(arrêté interministériel fixant le nouveau taux du salaire minimum
interprofessionnel de croissance (SMIC) ; arrêté du préfet concernant le
travail du dimanche par exemple).
En fait, les questions les plus importantes font l’objet d’une loi. Les
décrets la complètent en précisant certains points ou traitent de questions
techniques qui ne touchent pas aux principes généraux (par exemple en
matière de sécurité).
En revanche, les instructions et circulaires adressées par les ministres aux
services et établissements de l’État ne constituent pas des sources du
droit. Ce sont des interprétations du droit par le ministre concerné. Les
circulaires ne modifient pas l’état du droit applicable. Elles sont
intéressantes à connaître et désormais elles « sont tenues à la
disposition du public sur un site Internet relevant du Premier ministre »
et « Une circulaire ou une instruction qui ne figure pas sur le site Internet
(…) n’est pas applicable. Les services ne peuvent en aucun cas s’en
prévaloir à l’égard des administrés » (des citoyens !) (décret du 8 déc.
2008).
Code du travail
La distinction entre la loi, les règlements et les décrets se reflète dans la
structure du Code du travail. Le Conseil constitutionnel a validé la loi
ratifiant l’ordonnance du 12 mars 2007 relative à la nouvelle codification du
Code du travail et a apporté plusieurs précisions importantes (DC 17 janv.
2008 ; loi du 21 janv. 2008) et en particulier le fait que « l’emploi du
présent de l’indicatif ayant valeur impérative, la substitution du présent
de l’indicatif à une rédaction formulée en termes d’obligation ne retire
pas aux dispositions du nouveau Code du travail leur caractère
impératif ».
À RETENIR
Dans le Code du travail, figurent :
les textes d’origine législative (les articles commencent par la lettre L) ;
les dispositions résultant de décrets : décrets en Conseil d’État (les articles commencent
par la lettre R) et décrets simples (les articles commencent par la lettre D).
Jurisprudence
Définition international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889457667:88875375:196.200.176.177:1581095763
À RETENIR
La jurisprudence est composée des décisions de justice rendues par les cours et les
tribunaux qui appliquent une règle de droit à des situations de fait. La jurisprudence de
juridictions, notamment celle de la Cour de cassation et du Conseil d’État, constitue une
source du droit du travail, du fait notamment qu’elle pose certaines règles, relatives à des
points non précisés par la loi ou donne une interprétation d’un texte (loi, convention, etc.) ou
encore règle une antinomie entre lois. Mais il n’est fait référence qu’à la jurisprudence publiée
(revues, sites Internet).
Selon l’article 5 du Code civil, il est défendu aux juges de prononcer par
voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui leur sont
soumises. De ce principe la Cour de cassation a justement déduit que la
référence à une décision rendue dans un litige différent de celui soumis à
une juridiction ne saurait servir de fondement à cette dernière (Soc. 27
févr. 1991). Cependant, les décisions de justice européennes (CJUE,
CEDH) « s’imposent » aux États et en particulier aux juridictions internes,
qui parfois les mentionnent explicitement dans leurs motivations (exemple :
Cour d’appel de Riom, 16 janv. 1995, Usai Champignons).
Selon l’article 4 du Code civil, le juge qui refusera de juger, sous prétexte
du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, pourra être
poursuivi comme coupable de déni de justice. Ceci revient à dire que le
juge est obligé de trancher le litige qui lui est soumis, mais que sa décision
ne concerne que ce litige précis. Une décision de justice ne lie que les
parties au litige (ce sont des « arrêts d’espèce »). Il n’en reste pas moins
vrai qu’il est toujours intéressant de savoir comment un juge a tranché telle
ou telle question et de l’invoquer (comme « précédent » diraient des
juristes anglo-saxons), dans une situation estimée semblable. Mais rien ne
garantit qu’un autre juge prendra dans ce cas la même décision, ni même
que le premier juge prendra une décision identique (ce sont les aléas des
« revirements de jurisprudence »).
Cour de cassation
La Cour de cassation a notamment pour fonction d’unifier la jurisprudence,
de « dire le droit » (même si parfois des juridictions « résistent » à son
interprétation). Depuis la Grèce et la Rome antiques, pour appliquer le
droit, le juge doit interpréter le droit : par le choix opéré, il crée du droit
(création prétorienne). Ce pouvoir créateur est renforcé par l’obligation de
motiver les décisions : le juge formule alors sa décision en termes
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généraux. Cette création passe parfois par la « découverte » d’un principe
par le juge.
Ainsi, des décisions font autorité, « font jurisprudence » : la solution
retenue dans une affaire (entre les parties, inter partes) revêt une forte
autorité pour l’avenir (à l’égard de tous, erga omnes). Il s’agit en
particulier des « arrêts de principe » de la Cour de cassation, qui font
l’objet d’une forte communication – ces arrêts, rendus en formation
plénière de la chambre (FP), sont publiés au bulletin annuel (P), au bulletin
d’information bimensuelle (B), figurent au Rapport annuel (R), qui relate
les principaux arrêts rendus et les réformes souhaitables, et sont diffusés
sur le site Internet de la Cour (I) : le numéro de l’arrêt est alors suivi des
lettres FP-PBRI. Les solutions de ces arrêts sont parfois reprises par le
législateur pour combler un vide législatif (exemple : nullité du licenciement
consécutif à un plan social nul) ou au contraire infirmées par une nouvelle
loi (exemple : astreinte pendant le temps de repos).
Accords collectifs
Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites (C. civ. art. 1103). La convention collective est l’une des sources
importantes du droit du travail. Elle peut couvrir une branche d’activité (par
exemple : métallurgie, commerce alimentaire) ou une entreprise. La
plupart des conventions collectives contiennent des dispositions sur les
salaires (ce sont des minima, dépassés le plus souvent en fait), les
primes, la durée de la période d’essai, la durée du préavis à respecter en
cas de licenciement ou de démission, les congés (notamment pour
événements familiaux), les indemnités de licenciement, les indemnités
versées par l’employeur en cas de maladie, d’accident ou de grossesse et