Anesthésir
Anesthésir
Année 2015
THÈSE
Pour le
DOCTORAT VÉTÉRINAIRE
par
JURY
Président : Pr.
Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL
Membres
Directeur : Dr. ZILBERSTEIN Luca,
Maître de conférences à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort
Assesseur : Pr. TISSIER Renaud,
Professeur à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort
LISTE DU CORPS ENSEIGNANT
Mai 2015
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Directeur : M. le Professeur GOGNY Marc
Directeurs honoraires : MM. les Professeurs : COTARD Jean-Pierre, MIALOT Jean-Paul, MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard.
Professeurs honoraires : Mme et MM. : BENET Jean-Jacques, BRUGERE Henri, BRUGERE-PICOUX Jeanne, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CHERMETTE René, CLERC Bernard,
CRESPEAU François, M. COURREAU Jean-François, DEPUTTE Bertrand, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, POUCHELON Jean-Louis, ROZIER Jacques.
* responsable d’unité
REMERCIEMENTS
À M. Luca ZILBERSTEIN,
Qui nous a fait l’honneur d’être notre directeur de thèse et de nous encadrer dans ce
travail tout au long de l’année,
Hommages respectueux
À M. Renaud TISSIER,
Qui nous a fait l’honneur d’accepter l’assessorat de cette thèse,
Sincères remerciements
1
a.
Généralités
sur
l’inflammation
_______________________________________________________________________
41
b.
Classification
et
pharmacocinétique
des
AINS
______________________________________________________
42
c.
Pharmacodynamie
des
AINS
_________________________________________________________________________
43
8
-‐
Atipamézole
___________________________________________________________________________________
44
II
-‐
Partie
expérimentale
___________________________________________________________________
47
A)
Introduction
aux
expérimentations
_________________________________________________________
47
1
-‐
Etablissement
des
protocoles
d’anesthésie
balancée
______________________________________
47
a.
Choix
des
protocoles
anesthésiques
_________________________________________________________________
47
b.
Analgésie
per
et
post-‐opératoire
____________________________________________________________________
48
c.
Ojectifs
de
l’étude
et
hypothèses
sur
les
résultats
__________________________________________________
49
2
-‐
Conditions
de
l’étude
__________________________________________________________________________
50
a.
Conditions
pré-‐opératoires
__________________________________________________________________________
50
b.
Conditions
opératoires
_______________________________________________________________________________
51
c.
Conditions
post-‐opératoires
_________________________________________________________________________
51
B)
Matériel
et
méthode
____________________________________________________________________________
51
1
-‐
Animaux
________________________________________________________________________________________
51
a.
Critères
d’inclusion
___________________________________________________________________________________
51
b.
Critères
de
non
inclusion
_____________________________________________________________________________
51
c.
Admission
des
animaux
_______________________________________________________________________________
52
2
-‐
Groupes
________________________________________________________________________________________
52
3
-‐
Protocoles
anesthésiques
et
monitorage
____________________________________________________
52
a.
Préparation
des
molécules
anesthésiques
__________________________________________________________
52
b.
Temps
pré-‐opératoires
_______________________________________________________________________________
53
c.
Temps
per-‐opératoires
_______________________________________________________________________________
53
4
-‐
Evaluation
de
la
douleur
per-‐opératoire
____________________________________________________
54
5
-‐
Evaluation
de
la
douleur
post-‐opératoire
___________________________________________________
54
6
-‐
Evaluation
de
la
qualité
du
réveil
____________________________________________________________
54
7
-‐
Analyses
statistiques
__________________________________________________________________________
55
C)
Résultats
__________________________________________________________________________________________
55
1
-‐
Description
des
animaux
_____________________________________________________________________
55
2
-‐
Paramètres
pré
et
per-‐opératoires
__________________________________________________________
56
a.
Paramètres
relatifs
à
l’induction
_____________________________________________________________________
56
b.
Variables
cardiovasculaires
et
respiratoires
________________________________________________________
57
c.
Maintien
de
l’anesthésie
et
de
l’analgésie
___________________________________________________________
59
3
-‐
Paramètres
post-‐opératoires
_________________________________________________________________
59
a.
Qualité
du
réveil
_______________________________________________________________________________________
59
b.
Douleur
post-‐opératoire
_____________________________________________________________________________
61
D)
Discussion
_______________________________________________________________________________________
62
1
-‐
Interprétation
des
résultats
__________________________________________________________________
62
a.
Induction
_______________________________________________________________________________________________
62
b.
Paramètres
cardiovasculaires
et
respiratoires
per-‐opératoires
__________________________________
62
c.
Maintien
anesthésique
et
analgésique
au
cours
de
la
procédure
chirurgicale
___________________
63
d.
Qualité
du
réveil
______________________________________________________________________________________
63
e.
Douleur
post-‐opératoire
______________________________________________________________________________
64
2
-‐
Intérêt
de
ce
protocole
pour
une
utilisation
autre
que
pédagogique
_____________________
64
3
-‐
Limites
de
l’étude
_____________________________________________________________________________
65
CONCLUSION
_________________________________________________________________________________
67
ANNEXES
______________________________________________________________________________________
69
BIBLIOGRAPHIE
_____________________________________________________________________________
75
2
LISTE DES ANNEXES
3
LISTE DES FIGURES
Figure 9 : Cinétique de l'alfaxalone dans le sang après une administration de 5 mg/kg par voie
intraveineuse chez un chat (Whittem et al., 2008)
Figure 10 : Cinétique du fentanyl administré par voie intraveineuse chez un chien (Riviere et
Papich, 2009)
4
Figure 18 : Pression artérielle systolique moyenne (mmHg)
5
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 3 : Les différents types de récepteurs opioïdes et leurs effets (Riviere et Papich, 2009)
6
LISTE DES ABREVIATIONS
7
8
INTRODUCTION
9
avec un α2-agoniste et un opioïde, car elle présente l’avantage d’être peu onéreuse et d’avoir
des effets anesthésiques et analgésiques prévisibles (Ko et al., 2011 ; Carbone, 2012).
Cependant, lorsqu’elle est utilisée seule avec des doses répétées plusieurs fois, elle
s’accumule et est responsable de réveils dysphoriques et ralentis (Liu et al., 2006). De plus, la
kétamine a un effet tachycardisant et augmente les besoins du myocarde en oxygène, ce qui
rend son utilisation non recommandée chez un animal présentant une pathologie cardiaque.
Ce n’est donc pas l’anesthésique idéal à utiliser chez un animal peu coopératif, pour lequel
l’examen pré-anesthésique aura été difficile à réalisé.
L’alfaxalone est un neurostéroïde de synthèse qui est disponible depuis peu de temps en
Europe. Cette molécule relativement récente pourrait présenter certains avantages par rapport
à la kétamine, en raison de sa rapidité d’élimination de l’organisme, rendant l’utilisation de
doses répétées possible (Whittem et al., 2008), et de sa remarquable stabilité cardiovasculaire
(Muir et al., 2009). De plus, l’alfaxalone possèderait des propriétés analgésiques via le
blocage des canaux calciques type T et la potentialisation de la liaison des récepteurs GABAA
avec leur ligand (Murison et Taboada, 2010; Pathirathna et al., 2005), cependant ce point
reste actuellement sujet à controverse entre les spécialistes.
Dans cette étude, le but de notre travail a été de comparer les effets de la kétamine et de
l’alfaxalone utilisées au sein d’un protocole d’anesthésie balancée, incluant un α2-agoniste et
un opioïde, en terme de durée et de qualité de l’anesthésie et de l’analgésie, de stabilité
cardiovasculaire et de qualité du réveil. Nous avons fait l’hypothèse que l’alfaxalone serait
comparable à la kétamine pour toutes ces variables, mais offrirait l’avantage de procurer un
réveil de meilleure qualité, surtout dans le cas de procédures chirurgicales relativement
longues, nécessitant plusieurs bolus d’anesthésiques auraient été nécessaires.
10
I – Partie bibliographique
a. Positionnement de l’animal
Une fois anesthésiée, la chatte est placée en décubitus dorsal, les membres attachés à la
table par des liens, en hyperextension. Elle est tondue de l’appendice xiphoïde du sternum au
pubis, et latéralement jusqu’au milieu des flancs. Une désinfection chirurgicale est réalisée
avec de la Chlorhexidine savon, qui est ensuite rincée, et de la Chlorhexidine solution est
pulvérisée sur la zone chirurgicale.
b. Temps chirurgical
Une fois les champs opératoires positionnés, une incision cutanée médiane est pratiquée
au bistouri (lame de 10), sous l’ombilic, sur 5 cm environ. Le tissu conjonctif sous-cutané est
disséqué aux ciseaux de Metzenbaum, jusqu’à visualisation de la ligne blanche. Cette dernière
est ponctionnée, et une boutonnière est pratiquée, toujours avec les mêmes ciseaux. Une
sonde cannelée est introduite et la ligne blanche est incisée au bistouri.
La corne utérine droite est ensuite recherchée au doigt, en région sous-vésicale. Pour
faciliter cette recherche, la table d’opération peut être inclinée vers l’avant de l’animal de
façon à ce que les viscères abdominaux glissent vers le diaphragme du chat, et ne gênent ainsi
pas la recherche de la corne utérine. La corne est ensuite sortie de l’abdomen avec le doigt, en
veillant à bien extérioriser l’ovaire. Deux clamps chirurgicaux sont mis en place de chaque
côté de l’ovaire. Une ponction du ligament large est réalisée pour permettre la mise en place
des ligatures des deux pédicules vasculaires de l’ovaire. Ces étapes sont illustrées sur la
figure 1. Les ligatures sont alors réalisées en amont des clamps (par rapport à l’ovaire) avec
du fil tressé résorbable décimale 2. La section de l’ovaire côté pédicule ovarien se fait entre le
clamp et la ligature, en prenant soin d’attraper l’ovaire avec une pince à bord mousse, afin de
vérifier que le pédicule ne saigne pas. L’ovaire est ensuite sectionné du côté utérin, de la
même manière. Une fois l’hémostase vérifiée, l’utérus est suivi jusqu’à la bifurcation utérine,
et le deuxième ovaire est localisé en remontant le long de la deuxième corne utérine. Son
exérèse est réalisée de la même manière que celle du premier ovaire.
11
Figure 1 : Technique de ligature d'un ovaire (Boissay, 2004)
La paroi abdominale est suturée plan par plan, le plan musculaire étant refermé à l’aide
d’un surjet simple, et le plan sous-cutané à l’aide d’un surjet de Cushing, tous les deux avec le
fil ayant servi à ligaturer les pédicules vasculaires (tressé résorbable décimal 2). La peau est
ensuite suturée par un surjet simple, avec du fil monofilament résorbable décimal 2.
La définition actuelle de la douleur a été décrite par l’International Association for the
Study of Pain (IASP) en 1979, comme « une expérience sensorielle et/ou émotionnelle
désagréable, créée par une atteinte tissulaire réelle ou potentielle qui provoque des réactions
motrices et végétatives protectrices spécifique de l’individu ». L’IASP ajoute à cette
définition que « l’absence de communication n’annule en rien la possibilité pour un individu
de ressentir de la douleur et la nécessité de recevoir un traitement antalgique approprié »
(Merskey, 1979). Cette définition s’applique également aux animaux, chez lesquels il peut
être difficile de déceler la douleur en raison de l’absence de communication. Elle peut aussi
conduire à un comportement d’évitement ou un comportement social particulier (agressivité
etc.).
- la douleur pathologique qui est ressentie suite à la première, lorsqu’il y a déjà des
lésions tissulaires. Ce sont les lésions nerveuses et/ou l’inflammation tissulaire qui sont
responsables de cette douleur. Elle peut être aiguë ou chronique (si son évolution dépasse
12
trois mois). L’intensité de la douleur aiguë varie de moyenne à sévère, mais elle répond
généralement bien à un traitement adapté. En revanche, lorsque la douleur dure depuis plus de
trois mois et persiste au-delà du phénomène à l’origine de la douleur, ou accompagne un
processus pathologique chronique comme l’arthrose, on parle de douleur chronique. Celle-ci
répond beaucoup moins bien aux traitements que la douleur aiguë (Maynard, 2002).
La douleur qui suit une intervention chirurgicale peut être représentative d’une douleur
pathologique aiguë, car elle apparaît brutalement suite à une lésion traumatique ou une
inflammation des tissus (Pibarot et Grisneaux 1998).
- les nocicepteurs associés aux fibres Aδ, responsables d’une sensation aiguë, localisée
et ne durant que le temps du stimulus douloureux ;
- les nocicepteurs associés aux fibres C, entraînant la seconde douleur, c’est à dire une
sensation plus diffuse et persistante même après la fin du stimulus douloureux.
Le message nociceptif est conduit jusqu’à la corne dorsale de la moelle épinière par les
fibres Aδ de diamètre relativement petit et myélinisées (conduction rapide), et/ou par les
fibres C, de petit diamètre et sans myéline (conduction plus lente). Ces dernières transmettent
une information afférente qui renforce celle, immédiate, conduite par les fibres Aδ, la réponse
devenant donc de plus en plus importante à mesure que le stimulus douloureux persiste
(Raffe, 1997 ; Lamont et al., 2000 ; Muir et Woolf, 2001). Les fibres de diamètre important et
13
myélinisées Aα et Aβ sont responsables de la transmission de messages tactiles et
proprioceptifs (Maynard, 2002).
Ces fibres nerveuses sensitives afférentes pénètrent dans la moelle épinière par les
racines dorsales des nerfs spinaux, puis se séparent et innervent les neurones de deuxième
ordre, ou neurones relais, qui sont situés dans les laminae de la corne dorsale. La projection
du message jusqu’au cerveau passe par des voies nerveuses ascendantes spécifiques dont le
faisceau spinothalamique, qui se projette au niveau thalamique et permet la prise de
conscience et la localisation de la douleur, et le faisceau spinoréticulaire, qui se projette sur la
formation réticulée du tronc cérébral et est responsable de l’apprentissage, de la mémorisation
et de l’aspect émotionnel de la douleur. Un troisième neurone (et parfois un quatrième) assure
la transmission depuis les formations réticulées et le thalamus vers les zones corticales
limbiques et somesthésiques. C’est à ce moment que l’on passe de la nociception à la douleur.
Tout ceci permet l’intégration du message, la modulation de la réponse ainsi que le
rétrocontrôle négatif, constituant un mécanisme d’analgésie endogène via la sécrétion
d’endorphines (Raffe, 1997 ; Lamont et al., 2000 ; Muir et Woolf, 2001 ; Maynard, 2002). La
figure 2 résume de manière simplifiée les voies de transmission de la douleur détaillées dans
ce chapitre.
c. La douleur pathologique
14
- l’hyperalgie primaire : douleur exagérée par rapport au stimulus subi ;
15
de la période post-opératoire (Kehlet, 1997 ; Pibarot et Grisneaux, 1998 ; Smith et al., 1999 ;
Cambridge et al., 2000).
Chez le chat, l’activation de l’hypothalamus par la douleur et les conséquences
humorales induites peuvent causer l’apparition d’une anorexie, d’un iléus, d’une ulcération
gastro-intestinale, ainsi que d’une lipidose hépatique. De plus, l’hypercortisolémie secondaire
à l’activation de l’hypothalamus entraîne une immunodépression générale qui peut être à
l’origine de retard de cicatrisation, et favoriser le développement d’infections, la croissance
tumorale et la formation de métastases (Smith et al., 1996 ; Pibarot et Grisneaux, 1998 ;
Smith et al., 1999 ; Cambridge et al., 2000).
Le tableau 1 présente les conséquences de la douleur de manière exhaustive.
16
b. L’ovariectomie, une intervention sans douleur ?
Dans son étude, Boutet (2010) a montré que l’ovariectomie chez la chatte était associée
à une douleur d’intensité modérée à sévère (scores 4-A-Vet entre 5 et 8), ne dépassant jamais
la limite douleur modérée/douleur sévère. Trois groupes ont été étudiés, un groupe témoin ne
recevant pas d’analgésie, un groupe recevant du méloxicam en pré-opératoire et un dernier
groupe recevant de la morphine. Aucune différence significative entre les trois groupes n’a pu
être montrée concernant les scores de douleur. En revanche, les résultats révèlent l’importance
de la mise en place d’un traitement analgésique lors d’ovariectomie chez la chatte en ce qui
concerne la récupération post-chirurgicale : la reprise d’un comportement normal est
accélérée par l’administration de morphine ou de méloxicam. Les propriétaires de chats du
groupe ayant reçu de la morphine étaient plus satisfaits que ceux des autres groupes. Ces
résultats soulignent l’importance économique et éthique venant renforcée la nécessité
médicale d’un traitement analgésique adapté lors de procédures de convenance chez le chat.
La gestion de la douleur est une des attentes principales des propriétaires d'animaux de
compagnie, mais malgré cela, les vétérinaires français n'accordent que peu d'intérêt à son
évaluation et sa prise en charge. Les principales raisons évoquées par ces derniers sont : la
non-reconnaissance de la douleur, l'ignorance des effets délétères de celle-ci, la peur des
effets secondaires des molécules antalgiques et le manque de connaissances de thérapies
efficaces (Hugonnard et al., 2004).
Les principales raisons évoquées dans l’article de Hugonnard et al. (2004), pour
expliquer le manque d'utilisation d'analgésiques sont : les difficultés à reconnaitre la douleur ;
le manque de connaissances sur les thérapies analgésiques à utiliser ; la peur des effets
secondaires, et enfin l'inconscience de la douleur subie par l'animal.
La plupart des vétérinaires interrogés estiment que leur formation dans les écoles
vétérinaires françaises ne leur a pas apporté les connaissances suffisantes à l'estimation de la
douleur et sa prise en charge chez les chiens et les chats, bien que les plus jeunes vétérinaires
(<35 ans) semblent plus satisfaits de leur formation que les plus âgés.
17
Une étude similaire, légèrement plus récente, montre des résultats diffèrents de ceux
obtenus précédemment. En effet, elle montre un intérêt fort à majeur des praticiens vis à vis
de la prise en charge de la douleur animale, avec un développement de plus en plus important
des opioïdes, bien que les molécules les plus utilisées restent les AINS. De plus, il ressortait
de cette étude que les praticiens étaient désireux d’approfondir leurs connaissances en matière
d’analgésie (Sourdin, 2008). Cependant, cette étude ne se concentre pas sur la douleur
chirurgicale, et est donc beaucoup moins ciblée par rapport à notre sujet d’étude.
4 - Reconnaître la douleur
a. Modifications cliniques
La douleur entraîne également (comme vu plus haut) des modifications végétatives, qui
se traduisent par une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle ; une
augmentation de la fréquence respiratoire et une modification de la courbe respiratoire.
Cependant, ces modifications sont présentes lors de stress de toutes natures (peur,
manipulation excessive, etc.), et devront donc inciter le clinicien à faire des investigations
plus poussées (Kehlet, 1997 ; Pibarot et Grisneaux, 1998 ; Smith et al., 1999 ; Cambridge et
al., 2000).
18
b. Les échelles de douleur
Figure 3 : Importance de l'analgésie en fonction des temps opératoires. Td : début de la chirurgie, Tf : fin de la chirurgie
(Maynard, 2002)
20
Les analgésiques peuvent être utilisés en association, afin d’éviter la possibilité d’effet-
plafond et d’effets secondaires. Ces associations peuvent se faire au cours d’une même
administration ; ainsi, l’association d’un morphinique et d’un α2-agoniste permet une
analgésie de qualité avec des doses réduites de chaque composant et donc moins d’effets
secondaires. Cependant, elles peuvent également se faire en différents sites d’action et à
différents moments. Par exemple, certains AINS administrés de manière concomitante avec
aux morphiniques permettent une réduction conséquente de ces derniers (Fletcher, 1996). La
poursuite du protocole analgésique en période post-opératoire est impérative. Suivant la
procédure chirurgicale réalisée, elle doit durer de quelques heures à plusieurs jours, et des
réévaluations à l’aide d’échelles de douleur doivent être réalisées régulièrement pour estimer
l’efficacité du traitement analgésique (Maynard, 2002).
B) Molécules anesthésiques
1 - Dexmédétomidine
- Récepteurs adrénergiques : ils sont situés à la surface des cellules innervées par le
système orthosympathique (ainsi qu’à la surface de quelques autres cellules non innervées).
La fonction de base de ces récepteurs est de reconnaître et d’interagir avec les médiateurs
adrénergiques endogènes : l’adrénaline et la noradrénaline. Cette interaction fait intervenir
une série d’évènements intracellulaires et aboutit à une modification d’activité de la cellule.
Il y a deux types de récepteurs adrénergiques : les récepteurs α et les récepteurs β. La
plupart des molécules adrénergiques affectent ces deux types de récepteurs. L’action de ces
molécules dépend de la similarité de leur structure avec celle de l’adrénaline ou de la
noradrénaline (Riviere et Papich, 2009).
21
concentration en adrénaline stimule le relargage de noradrénaline. Les récepteurs β
s’opposent à cette augmentation de relargage sur les neurones qui possèdent ce type de
récepteurs (Riviere et Papich, 2009).
Figure 4 : Schéma d'une jonction neuro-cellulaire noradrénergique périphérique et ses effets sur différents types de cellules
effectrices. NA : noradrénaline, A : adrénaline, MAO : monoamine oxydase, DMO2 : demande myocardique en dioxygène,
FC : fréquence cardiaque (Adams, 1984).
b. Agonistes sélectifs α2
Le système nerveux central possède des récepteurs α2 au niveau des neurones qui
interviennent dans le contrôle de la pression artérielle ou la fréquence cardiaque, dans la
perception de la douleur ou encore dans le niveau de sédation. En médecine vétérinaire, les
α2--agonistes sont utilisés essentiellement pour leurs propriétés sédatives et analgésiques,
alors qu’en médecine humaine, ils sont également utilisés pour leurs propriétés hypotensives
22
(Riviere et Papich, 2009).
- Mécanismes d’action : ils agissent sur les récepteurs α2 ainsi que sur les récepteurs
imidazolines (Bousquet et al., 1999 ; Head, 1999). La localisation anatomique des récepteurs
α2 est rappelée dans le tableau 2. La majeure partie des effets sédatifs et analgésiques des α2-
agonistes se fait via les récepteurs α2 situés dans le locus coeruleus et la moelle épinière
(Scheinin et Schwinn, 1992). Le mécanisme d’action fait en général intervenir l’activation
d’une protéine G. L’activation de ces récepteurs va provoquer l’inhibition du mécanisme de
rétrocontrôle positif du relargage de la noradrénaline par le neurone pré-synaptique en
diminuant la conductance du calcium au niveau des canaux calciques de type N (Cormack et
al., 2005). Ce phénomène va diminuer l’éveil et inhiber les voies afférentes de conduction de
la douleur. Les agonistes α2 ont également une activité agoniste sur les récepteurs
adrénergiques α1, atténuant les effets dus à l’activation des récepteurs α2. Les molécules sont
classées en fonction du ratio de spécificité α2/α1. Les récepteurs imidazolines semblent jouer
un rôle important dans l’hypotension centrale et l’effet anti-arrythmogène des agonistes α2
(Riviere et Papich, 2009).
Tableau 2 : Localisation des récepteurs adrénergiques α2 dans le système nerveux central (SNC) (Riviere et Papich, 2009)
B Thalamus
C Cerveau : bulbe olfactif, hippocampe, cortex cérébral
Moelle épinière
Terminaisons axonales des neurones relais dans la corne
dorsale de la moelle épinière
23
Clark, 1998). La durée de sédation et le niveau d’analgésie sont dose-dépendants. Les α2-
agonistes peuvent également activer les récepteurs α1 centraux, provoquant une excitation,
ainsi qu’une augmentation de l’activité locomotrice paradoxales. Cet effet non désiré peut être
plus ou moins présent en fonction de l’activité α1 de ces molécules (Sinclair, 2003).
Les α2-agonistes ont un certain nombre d’effets sur le système cardiovasculaire, qui
s’expriment via une réponse biphasique, en raison des différences des réponses périphérique
et centrale. Durant la phase initiale, l’activation des récepteurs adrénergiques α2 centraux
diminue la réponse orthosympathique (par une diminution de la quantité de noradrénaline), et
augmente ainsi le tonus parasympathique. Les α2-agonistes sont donc chronotropes, inotropes
et dromotropes négatifs et provoquent initialement une vasodilatation périphérique.
L’apparition de blocs atrio-ventriculaires 1 ou 2 est fréquente pendant cette phase. Ensuite, les
récepteurs α1 et α2 périphériques sont activés, entrainant une vasoconstriction périphérique
importante, et une augmentation de la pression artérielle, provoquant une bradycardie réflexe,
via l’intervention de barorécepteurs. Durant la phase initiale, la plupart des patients sont
hypertendus et bradycardes, et la fréquence cardiaque reste souvent basse au cours de la
seconde phase. Aux doses thérapeutiques, les α2-agonistes entrainent une diminution réflexe
du débit cardiaque d’environ 50 % par réflexe via les barorécepteurs, par une diminution du
volume d’éjection systolique, en raison du peu de catécholamines présentes ainsi que par une
vasoconstriction coronarienne (Pypendop et Verstegen, 1998). Le flux sanguin est ainsi
redistribué des organes non vitaux comme les viscères ou la peau aux organes vitaux : le
cœur, le cerveau et les reins (Lawrence et al., 1996 ; Pypendop et Verstegen, 1998).
Les α2-agonistes provoquent une bonne relaxation musculaire en interagissant avec les
interneurones de la moelle épinière (Riviere et Papich, 2009).
Au niveau rénal, les α2-agonistes entrainent une diurèse par plusieurs mécanismes : ils
diminuent la production d’hormone anti-diurétique au niveau des glandes
pituitaires (Humphreys et al., 1975), inhibent l’action de cette hormone au niveau des tubules
collecteurs (Gellai et Edwards, 1988) et entrainent une diminution du taux de rénine par
activation des récepteurs adrénergiques α2 rénaux et par l’hypertension artérielle initiale
(Smyth et al., 1987).
24
L’effet analgésique produit par les α2-agonistes est produit par l’activation des
récepteurs α2 au niveau du locus coeruleus et de la corne dorsale de la moelle épinière
(Schwartz et Clark, 1998 ; Savola et Savola, 1996). Ils agissent ainsi en synergie avec les
opioïdes et les antagonistes des récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA), comme la
kétamine (Regunathan, 2006).
c. Dexmédétomidine
Les effets secondaires classiquement observés sont un réveil brutal, avec l’apparition
d’un comportement agressif. Des vomissements sont également possibles. La
dexmédétomidine, comme la plupart des α2-agonistes est contre-indiquée chez les patients
présentant une baisse du débit cardiaque (maladie cardiaque préexistante, surtout si elle
entraine une brady-arythmie, déficits de contraction du myocarde, maladie valvulaire
obstructive, hypovolémie). En cas de surdosage, il est conseillé d’administrer des antagonistes
α2, et de monitorer les fonctions cardiaques de l’animal de façon intensive (Riviere et Papich,
2009).
2 - Méthadone
Les opioïdes incluent les molécules dérivées de l’opium (d’où leur nom) ainsi que les
agents synthétiques affectant les récepteurs opioïdes. La plupart des molécules de cette
catégorie sont des substances contrôlées en raison du risque d’abus chez l’homme. Un des
25
avantages notable des opioïdes réside dans leur grande efficacité associée à une sécurité
remarquable chez l’animal. En effet, ils ont très peu d’effets secondaires, et même si un effet
secondaire apparaît, le temps de demi-vie étant remarquablement court chez l’animal, les
signes cliniques disparaissent rapidement. Ceci permet aux cliniciens d’augmenter
progressivement les doses en fonction de la douleur de l’animal (Riviere et Papich, 2009).
- Analgésie : les opioïdes exercent leur effet analgésique en se liant aux récepteurs
spinaux et supra-spinaux, via l’activation d’une protéine G et de canaux potassiques, et
l’inhibition de canaux calciques voltage-dépendants. Les récepteurs pré-synaptiques spinaux
µ, κ et δ se trouvent dans la corne dorsale de la moelle épinière, et leur activation entraîne une
diminution du relargage du neurotransmetteur en diminuant l’influx de calcium. Des
récepteurs post-synaptiques µ sont également présents dans les ganglions de la racine dorsale,
hyperpolarisant le neurone en augmentant la conductance des canaux potassiques, ce qui
aboutit à la diminution de la propagation du signal nociceptif. De plus, il existe une synergie
entre les récepteurs µ et δ supra-spinaux en cas d’activation simultanée. Les récepteurs aux
opioïdes sont également présents tout le long des voies descendantes de la douleur (Riviere et
Papich, 2009).
Les douleurs sévères doivent être traitées par des agonistes µ possédant une forte
activité intrinsèque, tels que la morphine ou le fentanyl. Les douleurs modérées à sévères
peuvent être gérées par des agonistes µ, des agonistes partiels ou des agonistes-antagonistes.
L’administration pré-opératoire d’opioïdes produit une analgésie de meilleure qualité que
l’administration post-opératoire (Lascelles et al., 1997). Cependant, les douleurs chroniques et
neuropathiques répondent moins bien aux opioïdes, et peuvent nécessiter une multi-thérapie,
en combinant des opioïdes et d’autres molécules telles que des antagonistes NMDA,
notamment la kétamine (Riviere et Papich, 2009).
- Excitation du système nerveux central : des fortes doses d’opioïdes peuvent provoquer
une excitation, et à de très fortes doses, des convulsions. Cependant, chez le chat, à des doses
dix fois supérieures (2 mg/kg) à la dose conseillée, aucun effet secondaire de ce type n’est
observé (Barr et al., 2000).
- Effets sur le tractus urinaire : les agonistes µ induisent une augmentation du tonus des
sphincters urinaires, inhibant ainsi la miction et pouvant aboutir à des rétentions urinaires. De
plus, ces molécules diminuent la production d’urines via un mécanisme mal connu (Riviere et
Papich, 2009).
Les effets des différents récepteurs opioïdes à la suite de leur activation sont présentés
dans le tableau 3.
27
Tableau 3 : Les différents types de récepteurs opioïdes et leurs effets (Riviere et Papich, 2009)
Antidiurétique Diurétique
Immunomodulation Immunomodulation
Diminution des
contractions utérines
Myosis/mydriase Myosis/mydriase
Nausée/vomissement
c. La méthadone
28
Figure 6 : Structure moléculaire de la méthadone (Fanoe et al., 2009)
3 - Kétamine
- Effets sur le système nerveux central : comme indiqué dans le paragraphe précédent,
l’action antagoniste sur les récepteurs NMDA entraîne une dissociation fonctionnelle et
électrophysiologique des systèmes thalamocortical et limbique (Reich et Silvay, 1989). Ceci
produit une altération de la conscience ou une cataplexie ; le patient peut ne pas paraître
endormi mais ne réagit pas aux différents stimuli. Lorsqu’ils sont utilisés seuls, les agents
dissociatifs ne produisent que rarement une anesthésie suffisamment profonde pour réaliser
une procédure chirurgicale, mais utilisés en association à d’autres dépresseurs du système
nerveux central (SNC), ils produisent une relaxation et une immobilité adéquate (Riviere et
Papich, 2009).
Les effets des anesthésiques dissociatifs sur le SNC sont différents de ceux obtenus avec
d’autres molécules anesthésiques. En effet, ils entraînent une augmentation du flux sanguin
cérébral, couplée à une augmentation du métabolisme cérébral du glucose et de la demande en
oxygène (Dawson et al., 1971). L’augmentation du flux sanguin cérébral résulte d’une
vasodilatation des vaisseaux cérébraux et d’une augmentation de la pression artérielle,
aboutissant à une augmentation de la pression intracrânienne. Ces molécules ne devraient
donc pas être utilisées chez les patients suspectés d’hypertension intracrânienne. Par ailleurs,
les agents dissociatifs induisent une augmentation de la concentration de noradrénaline via
une stimulation adrénergique centrale et une diminution de sa recapture, ce qui produit une
augmentation du tonus orthosympathique et affectant tous les systèmes sur lesquels la
noradrénaline a un effet (Stoelting et Hillier, 2012). L’utilisation des anesthésiques
dissociatifs doit être évitée chez des patients présentant un tonus orthosympathique élevé
(hyperthyroïdie, phéochromocytome).
Des études animales ont montré que la kétamine produit une dépression sur le colliculus
inférieur (un noyau impliqué dans la perception acoustique) et sur le corps géniculé médial
(un noyau impliqué dans le relai de la vision) (Nelson et al., 1980). Et l'émergence de
réactions psychiques au réveil après une induction à la kétamine, serait liée à la dépression de
ces centres acoustique et visuel, aboutissant à une mauvaise perception et/ou une mauvaise
interprétation des stimuli acoustiques ou visuels. Garfield et son équipe (1972) ont montré que
la kétamine induisait des illusions auditives, visuelles, proprioceptives ou confusionnelles,
avec ou sans combinaison avec d'autres agents anesthésiques (bien que ces illusions
30
apparaissent plus fréquemment lorsque la kétamine est utilisée seule).
- Effets divers : la plupart des patients anesthésiés avec de la kétamine ne ferment pas
les yeux, il est donc important de bien lubrifier la cornée de ces animaux. Les réflexes
cornéens et de clignement à la lumière restent présents au cours de l'anesthésie. Des
mouvements occasionnels et une hypertonicité non liés à la douleur ont été observés.
c. Kétamine
La kétamine est apparue en tant qu'agent anesthésique, appelé le CI-581 en 1965, et les
études ont montré qu'elle provoquait une anesthésie adéquate pour une intervention
chirurgicale, un réveil rapide, et moins de réactions que les molécules utilisées jusqu'alors
31
(Domino et al., 1965).
La kétamine, ou 2-(o-chlorophenol)-2-(methylamino)-cyclohexanone, dont la molécule
est présentée sur la figure 7, est un dérivé hydrosoluble de la phéncyclidine présenté sous
forme d’un mélange racémique, dont le S (+) isomère est quatre fois plus puissant que le R (-)
isomère.
La kétamine est un agent anesthésique sûr, à délai d'action rapide. Elle provoque une
augmentation de la pression artérielle systémique et de la fréquence cardiaque ; ainsi qu'une
32
hypersalivation, une élévation du tonus musculaire squelettique, et des délires pendant la
phase de réveil (White et al., 1982).
4 - Alfaxalone
Les neurostéroïdes sont des agonistes des récepteurs GABAA, récepteurs intégrant des
canaux chloriques se liant au neurotransmetteur GABA (Harrison et Simmonds, 1984 ;
Albertson et al., 1992). L’alfaxalone se lie directement aux récepteurs GABAA, ce qui
potentialise les effets du GABA endogène en provoquant des mouvements d’ions chlorure
vers l’intérieur de la cellule neuronale post-synaptique, ce qui crée une hyperpolarisation du
33
neurone et une inhibition de la propagation du potentiel d’action (Lambert et al., 2003). Ceci
aboutit à une inhibition des voies d’activation contrôlant l’éveil et la conscience (Riviere et
Papich, 2009).
Dans le système nerveux central, les neurones expriment différentes isoformes des
récepteurs GABAA (α1–α6, β1–β3, γ1–γ3, etc.), déterminant l’affinité du récepteurs pour les
molécules agonistes, la conductance et les autres propriétés pharmacologiques (Lambert et al.,
2003). La variabilité des propriétés pharmacologiques des différentes molécules agissant sur
les récepteurs GABAA est due à la spécificité d’action sur les différentes sous-unités des
récepteurs. Par exemple, l’alfaxalone est un meilleur modulateur allostérique positif de
l’isoforme α1β1γ2L du récepteur (Maitra et Reynolds, 1998).
- Effets sur le système nerveux central : les neurostéroïdes entraînent une inconscience
et une anesthésie avec une diminution de l’activité dose-dépendante. Ils induisent des effets
neurologiques favorables à une anesthésie en diminuant le flux sanguin cérébral, la pression
intracrânienne et la demande cérébrale en métabolite (Rasmussen et al., 1978).
- Effets respiratoires : chez la plupart des patients, les neurostéroïdes préservent les
fonctions respiratoires, bien que certains animaux présentent une brève période d’apnées,
attribuées à une dépression directe dose-dépendante des centres respiratoires du système
nerveux central ainsi qu’à une relaxation musculaire squelettique (Dyson et al., 1987 ; Muir et
al., 2009). Une diminution dose-dépendante de la pression artérielle en dioxygène survient
presque instantanément après l’injection d’alfaxalone alors que le pH sanguin et la pression
artérielle en dioxyde de carbone restent inchangés (Muir et al., 2009)
34
- Analgésie : Pathirathna et ses collègues (2005) ont montré que les neurostéroïdes
possèdent des propriétés analgésiques périphériques, dues à une action sur les récepteurs
GABAA, sous la dépendance du blocage des canaux calciques type-T. Une explication
potentielle avancée par les auteurs de ce phénomène réside dans le fait que le calcium
intracellulaire pourrait avoir un rôle inhibiteur de la fonction anti-nociceptive des récepteurs
GABAA. Lorsque les canaux calciques voltage-dépendant sont bloqués, il se produit une
diminution de la concentration intracellulaire en calcium, les récepteurs GABAA seraient alors
désinhibés, ce qui induirait une analgésie périphérique. Il y aurait alors une contribution à la
fois des canaux calciques type-T et des récepteurs GABAA dans l'effet analgésique
périphérique des neurostéroïdes. Cependant, ces effets analgésiques sont plutôt attribués à
l’alfadolone, tandis que l’alfaxalone serait responsable d’effets sédatifs, sans effet analgésique
(Winter et al., 2003). Les effets analgésiques de l’alfaxalone restent encore aujourd’hui sujets
à controverse (Kalchofner Guerrero et al., 2014), et une étude a montré que l’alfaxalone
n’aurait pas plus d’effets analgésiques post-opératoires après une ovariectomie de chatte que
le propofol (Murison et Taboada, 2010).
c. L’alfaxalone
Des études expérimentales chez le chat et le chien ont montré que l’alfaxalone est
rapidement métabolisée par les hépatocytes, via un processus comprenant deux phases : la
première faisant intervenir le cytochrome P450, et la seconde faisant intervenir un phénomène
de glucurono-conjugaison (Warne et al., 2015). L’excrétion des métabolites de l’alfaxalone se
fait à 70 % dans la bile et à 30 % dans les urines (Strunin et al., 1977).
Whittem et son équipe (2008) ont obtenu le tracé de la cinétique de l’alfaxalone dans le
sang après une injection intraveineuse à 5 mg/kg d’Alfaxan® chez des chats. Ce tracé est
présenté sur la figure 9. La pharmacocinétique de l'alfaxalone est non linéaire : absorption,
distribution, métabolisation et élimination n'obéissent pas à un processus du premier ordre.
Les effets et la persistance du produit ne sont donc pas prédictibles à une dose différente de
35
celle étudiée. Plusieurs hypothèses d'explication ont été avancées par les auteurs, comme par
exemple une possible capture d'une partie de la dose dans les muscles ou les poumons avec
un relargage ultérieur. Le temps de demi-vie plasmatique de l’alfaxalone est d’environ 45
minutes.
Figure 9 : Cinétique de l'alfaxalone dans le sang après une administration de 5 mg/kg par voie intraveineuse chez un chat
(Whittem et al., 2008)
Dans une seconde expérience, les mêmes auteurs ont réalisé une induction (sans
prémédication) avec de l’alfaxalone (Alfaxan®) à 5 mg/kg, et ont injecté des bolus à 2 mg/kg
dès que le chat répondait à un stimulus nociceptif. Les paramètres cardiovasculaires mesurés
(fréquence cardiaque, pression artérielle et saturation en dioxygène) sont restés stables et à
des valeurs acceptables. Malgré la non-linéarité de la pharmacocinétique de l'alfaxalone, les
bolus de maintien anesthésique à des doses recommandées n'ont pas conduit à une
accumulation plasmatique du produit. Dans cette expérience, les auteurs ont mis en évidence
que la concentration plasmatique en-dessous de laquelle on retrouve une réponse à un
stimulus nociceptif est située entre 2 et 3 mg/L. D'après le tracé de la cinétique de l’alfaxalone
obtenu ci-dessus, la concentration plasmatique passe en-dessous de 3mg/L après environ dix
minutes après une induction à 5 mg/kg. D’après cette étude, une dose de 7-8 mg/kg/h
d’alfaxalone peut être utilisée comme référence chez des chats non prémédiqués (Whittem et
al., 2008).
L‘alfaxalone est un agent dépresseur du système nerveux central efficace, avec des
effets cardiovasculaires et respiratoires minimes chez des chats sains (Warne et al., 2015).
L’alfaxalone produit, aux doses recommandées, une anesthésie stable et prévisible chez le
chat (Whittem et al., 2008).
36
5 - Fentanyl
Le fentanyl est un opioïde de synthèse qui agit spécifiquement sur les récepteurs µ (pour
plus de détails sur les opioïdes, se référer aux parties « généralités sur les opioïdes » et
« pharmacologie et pharmacodynamie des opioïdes »).
Le fentanyl possède une marge de sécurité importante, avec des doses trois-cents fois
supérieures aux doses recommandées non létales chez des chiens qui respirent seuls. Il est
hautement lipophile (environ 1000 fois plus que la morphine), ce qui explique que son délai
d’action soit très rapide comparé aux autres opioïdes, du fait de sa diffusion très rapide dans
le système nerveux central. Le pic de concentration maximal dans le sang est atteint entre 2,5
et 10 minutes après l’injection intraveineuse (à titre de comparaison, celui de la morphine est
atteint entre 15 et 30 minutes après). La dépression respiratoire se produit immédiatement
après l’injection intraveineuse de fentanyl. Le fentanyl est principalement éliminé après avoir
été métabolisé via une hydroxylation et une désalkylation (Riviere et Papich, 2009).
La cinétique du fentanyl chez le chien est exposée sur la figure 10, dans des conditions
particulières. L’animal est sous CRI (constant rate infusion) de fentanyl à 2 µg/kg/h, et a reçu
deux bolus de fentanyl à 5 µg/kg, à 0 et 2 heures, afin de rester au-dessus d’une concentration
sanguine de 1 ng/mL de fentanyl, concentration plasmatique idéale pour l’analgésie. La
cinétique est comparable chez le chat.
37
Figure 10 : Cinétique du fentanyl administré par voie intraveineuse chez un chien (Riviere et Papich, 2009)
Le fentanyl est cents fois plus puissant que la morphine et en raison de toutes ses
propriétés, il est idéal pour être utilisé par voie transdermique sous forme de patch, ou par
voie intraveineuse pour traiter des douleurs aiguës, par exemple chirurgicales.
Le fentanyl est bien toléré chez le chat avec des effets secondaires modérés incluant
notamment une sédation, des ronronnements et des frottements, ainsi qu’une mydriase. La
demi-vie du fentanyl chez le chat est plus courte que chez le chien (2,5 heures chez le chat
38
contre environ 6 heures chez le chien) en raison d’un volume de distribution plus petit chez le
chat (Lee et al., 2000).
Le fentanyl est également bien absorbé, mais avec une grande variabilité lorsqu’il est
administré par voie transdermique (sous forme de patch). Contrairement à chez le chien, chez
le chat, le fentanyl persiste plus longtemps dans la peau, ce qui explique une demi-vie plus
longue sous forme de patch, lorsque celui-ci est retiré (Lee et al., 2000).
6 - Buprénorphine
La buprénorphine est un agoniste partiel ayant une haute affinité pour les récepteurs µ,
et un antagoniste des récepteurs κ (Johnson et al., 2005), dont la structure moléculaire est
présentée sur la figure 12. Pour plus de détails sur les opioïdes, se référer aux parties
« généralités sur les opioïdes » et « pharmacologie et pharmacodynamie des opioïdes ».
b. Pharmacocinétique de la buprénorphine
Malgré le fait que la buprénorphine soit fortement lipophile, le délai d’action est retardé
après administration intraveineuse. Ce délai est probablement dû à la distribution dans le
système nerveux central (SNC), que les spécialistes supposent être l’étape limitante (Yassen
et al., 2005). De ce fait, les effets de la buprénorphine sont probablement prolongés par
rapport à sa présence dans le sang (faible diffusion hors du SNC).
La buprénorphine est bien absorbée, et de manière rapide après une injection
intramusculaire chez le chat, avec un pic de concentration à environ trois minutes post-
injection. L’absorption par voie sous-cutanée est retardée par rapport aux autres voies
(Steagall et al. 2006). Chez l’homme, par voie sous-linguale, l’absorption de buprénorphine
est d’environ 30 %, alors qu’elle est plus importante chez le chat, en raison d’un pH salivaire
qui est plus élevé. En effet, chez le chat, l’absorption orale par voie trans-muqueuse est
proche de 100 % (Robertson et al., 2003).
40
7 - Méloxicam
41
La cyclo-oxygénase COX-1 est une enzyme membranaire présente sur le réticulum
endoplasmique dans de nombreux tissus et dans les plaquettes. Elle est impliquée dans de
nombreuses fonctions, dont la coagulation sanguine, la régulation de l’homéostasie
vasculaire, la protection rénale et gastrique ainsi que la coordination de la circulation
hormonale (Riviere et Papich, 2009).
La synthèse de la cyclo-oxygénase COX-2 est stimulée par des cytokines pro-
inflammatoires, des facteurs de croissance et les lipopolysaccharide (LPS). Les COX-2
produisent des prostaglandines pro-inflammatoires et anti-inflammatoires sur le site de
l’inflammation.
Dans le cas d’une inflammation granulomateuse chronique, l’aspirine, un anti-COX-1
préférentiel est plus efficace que des anti-COX-2 pour réduire la taille du granulome, la
vascularite et l’activité des cyclo-oxygénases (Gilroy et al., 2014).
Les anciens AINS (les classiques) sont divisés en deux groupes en fonction de leur
structure chimique : les acides carboxyliques et les acides énoliques. Chaque groupe est
ensuite divisé en sous-groupes en fonction de la structure des molécules.
Les COXIB, un nouveau groupe d’AINS comprend notamment le célécoxib, le
robénacoxib, firocoxib et l’étoricoxib. Ce sont des inhibiteurs sélectifs COX-2 et leur
structure diffère de celle des AINS classiques : la plupart sont des sulphones ou des
sulphonamides. Leur structure est relativement volumineuse, ce qui limite l’inhibition des
COX-1. Quatre spécialités vétérinaires sont déjà sur le marché, dont deux à base de firocoxib
et de robénacoxib, et d’autres sont en cours de développement.
Les AINS sont des acides organiques liposolubles et donc facilement absorbés après une
administration orale. L’administration en même temps que la nourriture augmente leur
biodisponibilité (Homer et al., 2005). La formulation de la molécule intervient également
dans la disponibilité une fois le produit ingéré.
La plupart des AINS circulent liés aux protéines plasmatiques, entre 95 et 99 %, ce qui
explique que le passage du plasma aux fluides interstitiels est limité (Galbraith et McKellar,
1996). Il existe cependant des exceptions, comme l’acide tolfénamique, le robénacoxib et le
firocoxib chez le chien. Un des avantages thérapeutiques de cette forte liaison des AINS aux
protéines plasmatiques est l’accumulation de ces molécules dans l’exsudat inflammatoire. En
effet, cet exsudat est riche en protéines plasmatiques provenant de la circulation sanguine, et
la liaison des AINS à ces protéines garanti une pénétration et une persistance au niveau des
sites de l’inflammation aiguë. Ceci explique le maintien de l’efficacité des AINS y compris
lorsque leur concentration plasmatique a diminué, et donc que malgré la courte demi-vie de
certains AINS (kétoprofène, acide tolfénamique etc.), une administration quotidienne est
suffisante (Riviere et Papich, 2009).
Tous les AINS classiques, dont fait partie le méloxicam sont des acides faibles dont
l’élimination dans les urines varie en fonction du pH urinaire. En effet, l’urine acide des
chiens et chats ne favorise pas l’élimination de ces AINS. Un des paramètres les plus
importants dans l’excrétion rénale est le degré important de liaison des AINS aux protéines
plasmatiques, ce qui limite l’ultrafiltration glomérulaire à un faible pourcentage des molécules
présentes dans le plasma (celles qui ne sont pas liées aux protéines). De ce fait, seule une
42
faible partie des AINS est éliminée sous sa forme initiale par les urines. La plupart d’entre
eux sont éliminés après avoir été transformés en un métabolite hépatique peu actif ou inactif
via une métabolisation hépatique. La demi-vie du méloxicam chez le chat est d’environ 37
heures. La pharmacocinétique des AINS est très variable en fonction des espèces, et leur
utilisation doit donc se faire en ayant connaissance des particularités de l’espèce en question
(Riviere et Papich, 2009).
Bien qu’au début de leur utilisation, les AINS étaient supposés n’avoir qu’une activité
analgésique périphérique, il est aujourd’hui reconnu qu’ils agissent à la fois au niveau central
et périphérique (Dolan et Nolan, 2000). Les cyclo-oxygénases COX-1 et COX-2 sont
exprimées dans les ganglions de la racine dorsale, dans la substance grise dorsale et ventrale
de la moelle épinière ainsi que dans des cellules non-neuronales tels que les astrocytes
(Svensson et Yaksh, 2002). L’administration intra-spinale d’inhibiteur COX-2 diminue la
concentration centrale en certaines prostaglandines et supprime le mécanisme d’hyperalgie
(Samad et al., 2001).
La principale action des AINS est l’inhibition des COX, enzymes ayant un rôle central
dans la cascade de réactions de l’acide arachidonique, ce qui conduit à une inhibition de la
synthèse de facteurs pro-inflammatoires. Ce mécanisme induit des actions analgésiques,
antipyrétiques, anti-inflammatoires et anti-thrombotiques des AINS (Welsh et Nolan 1994 ;
Giraudel et al., 2005). Un niveau élevé d’inhibition des prostaglandines (entre 80 et 95%) est
nécessaire afin d’obtenir une réponse clinique adéquate (analgésie, activité anti-inflammatoire
etc.).
La plupart des AINS classiques (dont le méloxicam) inhibent les deux isoformes COX-1
et COX-2 des cyclo-oxygénases. L’inhibition des COX-1 est à l’origine des effets néfastes
des AINS alors que l’inhibition des COX-2 est à l’origine leurs effets thérapeutiques. En effet,
les COX-1 sont des enzymes présentes dans la plupart des cellules de l’organisme (hormis les
érythrocytes) et ont un rôle dans les fonctions physiologiques, telles que la protection gastro-
intestinale ou rénale, ou encore la coagulation sanguine. Les COX-2 sont quant à elles
présentes physiologiquement dans le cerveau, les reins, les ovaires, l’utérus etc., et sont à
l’origine de la synthèse de facteurs pro-inflammatoires (Kujubu et al., 1991).
Le méloxicam est un inhibiteur COX non spécifique. Il n’y a pas de différence clinique
ou biologique entre l’inhibition des COX-1 et des COX-2 avec l’utilisation de cet AINS chez
le chat. La spécificité COX-1/COX-2 peut varier pour une même molécule en fonction de
l’espèce sur laquelle elle est utilisée (Riviere et Papich, 2009).
L’inhibition des fonctions physiopathologiques provoquée par l’utilisation des AINS
peut entraîner l’apparition d’effets secondaires (rares aux doses recommandées chez un
animal sain), dont les principaux sont :
- retard de cicatrisation des tissus mous et des os. En ce qui concerne la cicatrisation
osseuse, ligamentaire ou tendineuse, les AINS peuvent la retarder dans sa phase initiale mais
ils sont sans effets néfastes sur le long terme (Radi et Khan, 2005). La cicatrisation des tissus
mous est impactée par l’inhibition des COX-2 (Wilgus et al., 2003), ce qui retarde la
formation de la cicatrice en inhibant la phase initiale inflammatoire de la cicatrisation.
8 - Atipamézole
L’atipamézole est un antagoniste hautement spécifique des récepteurs α2, dont le but est
d’antagoniser les effets de la médétomidine et donc de la dexmédétomidine. Sa structure est
illustrée sur la figure 14.
44
Figure 14 : Structure moléculaire de l'atipamézole (Riviere et Papich, 2009)
Il s’agit d’un inhibiteur compétitif des récepteurs adrénergiques α2 (Carroll et al., 2005).
La sédation est levée, en revanche, les effets cardiovasculaires des agonistes α2 ne sont pas
complètement reversés (Hubbell et Muir, 2006). L’atipamézole est l’antagoniste α2 le plus
spécifique (environ cent fois plus que la yohimbine).
En raison de sa forte spécificité, il ne se lie pas aux récepteurs α1, ni aux récepteurs
muscariniques ou dopaminergique (Tranquilli, 2007). La dose à utiliser est de 0,1 à 0,3 mg/kg
par voie intramusculaire.
45
46
II - Partie expérimentale
L’alfaxalone est un inducteur disponible en France depuis 2008, qui pourrait présenter
certains avantages par rapport à la kétamine grâce à ses effets cardiovasculaires minimes aux
doses recommandées. La combinaison entre cette molécule, un α2-agoniste et un opioïde a
déjà été étudiée par plusieurs auteurs. Bösing et son équipe (2012) ont montré que
l’alfaxalone associée à la buprénorphine induisait une anesthésie de qualité, compatible avec
des procédure de courte durée. De plus, une autre étude a démontré que l’utilisation combinée
de la médétomidine et du butorphanol réduisait la dose d'alfaxalone nécessaire pour
l'induction de 36 %, par rapport à leur utilisation séparément (Maddern et al., 2010). De la
même manière qu’avec la kétamine, la combinaison entre un α2-agoniste et un opioïde
s’avère intéressante lorsque l’on induit une anesthésie avec l’alfaxalone. Le deuxième
protocole étudié dans notre travail comprendra donc la dexmédétomidine, la méthadone et
l’alfaxalone dans une injection intramusculaire unique. L’utilisation de bolus d’alfaxalone par
voie intraveineuse pour le maintien de l’anesthésie est recommandée par la WSAVA, et sera
utilisée pour notre étude avec ce protocole (Mathews et al., 2014).
Dans notre étude, l’analgésie per-opératoire est réalisée par une injection de méthadone
48
au moment de l’induction. Cependant, si l’animal manifeste des signes de douleur pendant
l’intervention, des bolus intraveineux de fentanyl seront utilisés comme analgésie
supplémentaire, en raison de la rapidité d’action et de la courte demi-vie de cette molécule
chez le chat (Lee et al., 2000 ; Riviere et Papich, 2009). Ces bolus seront répétables toutes les
cinq minutes jusqu’à disparition des signes de douleur.
A travers notre étude, nous avons souhaité comparer l’alfaxalone, molécule disponible
en France depuis sept ans seulement avec une molécule très couramment utilisée pour
l’induction lors d’interventions de convenance chez le chat : la kétamine. Il s’agit de
comparer deux protocoles comprenant chacun une de ces deux molécules, un α2-agoniste et
un opioïde, en ce qui concerne la durée et la qualité de l’anesthésie et de l’analgésie, la
stabilité cardiovasculaire et la qualité du réveil. A cette fin, de nombreuses variables ont été
mesurées au cours de la procédure, et des scores de douleur ont été utilisés pendant la période
post-opératoire (voir la partie « matériel et méthode »).
Kalchofner et son équipe (2014) ont voulu comparer les paramètres per-opératoires et la
douleur post-opératoire après injection d’alfaxalone ou d’une combinaison kétamine-
médétomidine, pour des ovario-hystérectomies de chattes. Ils ont ainsi montré que les valeurs
des paramètres opératoires ne sont pas significativement différentes entre les deux groupes.
Les chats n'ayant reçu que l'alfaxalone ont en revanche présenté des scores de douleur
(échelle de douleur visuelle analogique, VAS) supérieurs et un seuil de douleur à la palpation
49
de la plaie moins élevé que le groupe ayant reçu de la kétamine et de la médétomidine. Ces
résultats indiquent que l'association kétamine-médétomidine produit une meilleure analgésie
post-opératoire que l'alfaxalone seule. De plus, les chats du groupe ayant reçu uniquement de
l'alfaxalone ont nécessité plus de bolus pour le maintien de l'anesthésie que ceux ayant reçu de
la kétamine et de la médétomidine. Whittem et ses collègues (2008) ont montré que le temps
moyen de non-réponse à un stimulus nociceptif après une induction avec 5 mg/kg d'alfaxalone
était de 7,2 ± 2,7 minutes. Cette courte durée d'action est un désavantage dans les conditions
cliniques. Une combinaison de molécules anesthésiques et analgésiques avec l'alfaxalone
pourrait selon les auteurs prolonger la durée de l'anesthésie et diminuer les effets secondaires
de l’alfaxalone. Dans cette étude, l’alfaxalone n’était pas directement comparée à la kétamine
mais à son association avec la médétomidine. Dans notre étude, nous avons voulu comparer
directement l’alfaxalone et la kétamine, afin de voir si l’association d’alfaxalone avec une
molécule anesthésique (la dexmédétomidine) et un opioïde (la méthadone) prolongeait
suffisamment l’anesthésie tout en procurant une analgésie efficace et conforme à des
interventions de convenance chez le chat.
Notre étude ayant été menée uniquement chez des chats sains (ASA I) et avec des doses
d’anesthésique limitées (3 mg/kg de kétamine ou d’alfaxalone), notre hypothèse reposait sur
l’absence de différences entre les deux protocoles au niveau des modifications
cardiorespiratoire au cours de la procédure (ces changements étant supposés rester minimes).
De même, en ce qui concerne la durée et la qualité de l’anesthésie, nous avons fait
l’hypothèse d’une absence de différence entre les deux protocoles.
Bien que l’action analgésique de l’alfaxalone soit sujette à controverse, nous avons
supposé pour cette étude que cette molécule exerce une action analgésique périphérique
(Pathirathna et al., 2005), et que l’analgésie per- et post-opératoire ne serait pas différente de
celle induite par le protocole comprenant la kétamine.
En revanche, en ce qui concerne la qualité du réveil, en raison de l’apparition fréquente
de délire au cours de la phase de réveil avec l’utilisation de la kétamine (White et al., 1982),
nous avons fait l’hypothèse que le réveil serait meilleur dans le groupe ayant été anesthésié
avec l’alfaxalone. En effet, bien que certains auteurs aient observé une hyperréactivité et une
excitation prolongée au cours du réveil après induction à l’alfaxalone (Grubb et al., 2013), ces
effets restent minoritaires parmi toutes les études ayant ciblé l’alfaxalone sous sa formulation
actuelle (Alfaxan®).
2 - Conditions de l’étude
a. Conditions pré-opératoires
Les animaux ont tous été admis à huit heures du matin, le jour de l’intervention.
Pour standardiser l’injection anesthésique intramusculaire, nous avons utilisé une cage
de contention pour tous les animaux. Une fois endormi, l’animal était conduit dans une salle
de préparation, puis placé sur la table opératoire.
Toute la procédure opératoire a été réalisée par le même binôme d’étudiants.
50
b. Conditions opératoires
c. Conditions post-opératoires
B) Matériel et méthode
1 - Animaux
Quarante-quatre chattes devant subir une ovariectomie ont été inclues dans l’étude
a. Critères d’inclusion
- chatte âgée de plus de 6 mois admis au CHUVA pour subir une ovariectomie
- animal ASA 1 (cliniquement en bonne santé)
- examen clinique dans les normes conformes à l’espèce
51
c. Admission des animaux
2 - Groupes
Les chats étaient aléatoirement attribués à l’un ou l’autre des deux groupes, grâce à une
technique de tirage au sort manuelle (22 morceaux de papier pour chaque groupe avaient été
placés dans une enveloppe au début de l’étude). Le tirage au sort a été réalisé par la personne
qui prépare les molécules anesthésiques, et qui n’intervenait pas dans les autres parties de
l’étude.
- Groupe DAM (n=22) : dexmédétomidine (15 µg/kg), alfaxalone (3 mg/kg) et
méthadone (0.3 mg/kg)
- Groupe DKM (n=22) : dexmédétomidine (15 µg/kg), kétamine (3 mg/kg) et
méthadone (0.3 mg/kg)
Les produits utilisés pour ces protocoles étaient: Dexdomitor® 0,5 mg/mL (Orion
Pharma, Finlande) ; Comfortan® 10 mg/mL (Eurovet, Belgique), Imalgène® 1000 (Mérial,
France), Alfaxan® 10 mg/mL (Jurox, Australie).
52
b. Temps pré-opératoires
Une injection intramusculaire avec un des deux protocoles cités ci-dessus a été réalisée
par l’opérateur qui surveillait l’anesthésie. Si le volume nécessaire dépassait 1mL, celui-ci
était injecté en deux sites différents. Pour l’injection, l’animal était placé dans une cage de
contention, ce qui permet une plus grande précision d’injection. Après cette injection,
plusieurs paramètres étaient évalués, dont la réaction à la sédation et la respiration de
l’animal. Le délai avant le décubitus sternal est défini comme le temps entre l’induction et le
moment où l’animal se met en position sternale. De la même manière, le délai avant le
décubitus latéral est défini comme le temps entre l’induction et le moment où l’animal se
couche sur le côté.
Durant les dix minutes suivant l’injection, un cathéter intraveineux (Delta Med, Italie)
était placé dans la veine céphalique. L’animal était ensuite placé en décubitus dorsal et tondu.
A ce moment étaient évalués la réaction au positionnement du cathéter et au placement en
décubitus dorsal.
Tous les chats étaient placés sous perfusion intraveineuse de NaCl 0,9 % (B. Braun,
Allemagne), et sous monitoring cardiovasculaire et respiratoire (Cardiocap II de Datex, Etats-
Unis ou pulse-oxymètre Vet Care de B Braun, Allemagne) pour la fréquence du pouls, la
saturation artérielle en oxygène, la fréquence respiratoire. Un doppler a été utilisé pour la
mesure de la pression artérielle systolique.
L’antibioprophylaxie a été réalisée à base d’amoxicilline pré-opératoire (Clamoxyl,
GlaxoSmithKline, Grande-Bretagne) et répétée en fin d’intervention. Une pommade
ophtalmique (Ocrygel, TVM, France) était également appliquée dans les deux yeux des
animaux pour en prévenir le dessèchement.
Le temps de début de la procédure chirurgical correspond au délai entre l’induction et
l’incision cutanée.
c. Temps per-opératoires
Pour chaque chat, les valeurs physiologiques mesurées avant le début de la procédure
ont été prises comme référence de base. Pendant l’intervention, une augmentation de 30% de
ces valeurs concomitamment à une manipulation chirurgicale a été considérée comme un
indicateur de nociception. Si deux des trois paramètres étaient augmentés, la douleur était
traitée par des administrations répétées de Fentanyl (Fentanyl Mylan 50 µg/mL, Etats-Unis) à
2 µg/kg par voie intra-veineuse toutes les 5 minutes, jusqu’au retour aux valeurs de référence.
Ces observations ont été couplées avec l’évaluation de la profondeur de l’anesthésie afin de
vérifier que l’augmentation de la fréquence cardiaque ou respiratoire ou de la pression
artérielle systolique ne soit pas liée à une anesthésie trop légère (auquel cas, un bolus
d’alfaxalone ou de kétamine était injecté et non du fentanyl). La nécessité d’injections
analgésiques de secours a été utilisée pour évaluer l’analgésie au cours de l’intervention.
La douleur post-opératoire a été évaluée toutes les heures pendant les 4 heures suivant
l’intervention en utilisant trois différentes échelles de douleur : une échelle composée
(Brondani et al., 2013), l’échelle de douleur de Glasgow, et une échelle de douleur visuelle
analogique (annexes 1 et 2).
La nécessité d’administration d’analgésique est basée sur l’échelle de douleur composée
établie et validée par Brondani et son équipe. Si la valeur de la sous-échelle « expression de la
douleur » était strictement supérieure à deux, ou celle de la sous-échelle « changements
psychomoteurs » strictement supérieure à trois, une administration d’analgésique
(buprénorphine, 20 µg/kg SC) était réalisée. Chaque chat a reçu, à la fin de l’évaluation de la
douleur, du méloxicam (Metacam, Boerhinger-Ingelheim, Allemagne) à 0,2 mg/kg par voie
sous-cutanée, et de la buprénorphine (Vetergesic, Sogeval, France) à 20 µg/kg par voie sous-
cutanée, si elle n’avait pas été administrée avant.
La qualité du réveil a été évaluée en utilisant une échelle visuelle analogique (VAS) de
100mm dans laquelle, 0 indique le meilleur réveil possible, et 100 le pire, nécessitant une
sédation supplémentaire. Le réveil a également été évalué par une échelle descriptive simple
(SDS) : « très doux », « doux », « difficile » et « très difficile ». Pour l’évaluation de la qualité
du réveil, il a aussi été pris en compte la nécessité d’une sédation au réveil (dexmédétomidine
54
2 µg/kg, par voie intramusculaire, répétée si une seule injection n’est pas suffisante).
L’opérateur notait le temps jusqu’à la position sternal, défini comme étant le délai entre
l’injection d’atipamézole (Alzane, Zoetis, Etats-Unis) et le positionnement spontané de
l’animal en décubitus sternal. De la même manière, il relevait le temps de début d’interaction
active, défini comme le délai entre l’injection d’atipamézole et le moment où l’animal réagit
aux stimuli extérieurs. L’atipamézole était administré le plus tôt possible après la fin de la
procédure chirurgicale, mais à au moins trente minutes de l’injection du dernier bolus
d’anesthésique.
7 - Analyses statistiques
Des statistiques descriptives ont été utilisées pour exploiter les données.
Pour comparer les moyennes des variables physiologiques per-opératoires (fréquences
cardiaque et respiratoire, saturation artérielle en dioxygène et pression artérielle systolique), la
comparabilité des groupes (âge, poids, durée de l’intervention etc.), les différents délais
étudiés un test de Student pour comparer les moyennes a été utilisé.
La proportion d’animaux recevant des doses supplémentaires en fentanyl,
buprénorphine, et kétamine ou alfaxalone dans chaque groupe a été analysée par un test exact
de Fischer.
L’échelle de douleur et le VAS (pour l’évaluation de la douleur post-opératoire dans les
deux groupes) ont été comparés entre les deux groupes à l’aide de mesures analytiques du
rang de variance de Friedman, et le temps de collection des données comme des facteurs par
le test de comparaison multiple de Tukey. Les scores VAS pour l’évaluation de la qualité du
réveil ont été analysés avec des tests non paramétriques de Mann-Whitney.
Les analyses statistiques ont été réalisées en utilisant des logiciels commerciaux
disponibles (NCSS, 2007 ; SigmaPlot 12 ; Epi Info). Les valeurs de p<0.05 ont été
considérées comme significatives.
C) Résultats
44 chattes ont été inclues dans l’étude qui s’est déroulée du 7 avril 2014 au 28
novembre 2014. La répartition et les caractéristiques des animaux inclus dans l’étude sont
présentées dans le tableau 4.
55
Tableau 4 : Répartition et caractéristiques des chattes inclues dans l'étude
17,4 ±
Kétamine 22 3,0 ± 0,5 198 ± 22 59 ± 28 38,6 ± 0,5 69,0 ± 14,6
16,8
Les caractéristiques générales des animaux entre les deux groupes ne différaient pas
significativement. Les deux groupes étaient donc comparables, notamment en termes de durée
d’intervention.
56
Figure 15 : Délai d'action de l'injection anesthésique
Minutes
4,5
4
4,04
3,5
2,5 Kétamine
* Alfaxalone
2
2,18
1,5 1,82
*
1
1,04
0,5
0
Décubitus sternal Décubitus latéral
Ces délais étaient significativement plus élevés pour le groupe ayant reçu de la kétamine
(décubitus sternal : 1,82 ± 1,05 minutes pour le groupe DKM contre 1,05 ± 0,58 minutes pour
le groupe DAM et décubitus latéral : 4,05 ± 1,84 minutes pour le groupe DKM, contre 2,14 ±
1,13 pour le groupe DAM, avec un p respectivement de 0,043 et 0,0002).
Figure 16 : Fréquence cardiaque (battements par minute) et saturation artérielle en dioxygène (mmHg)
FC
(bpm)
PaO2
(mmHg)
160
140
120
100
Groupe
DKM
80
Groupe
DAM
60
40
20
0
FC
PaO2
FR
(mpm)
31
*
30
29
28
27
Groupe
DKM
26
Groupe
DAM
25
24
23
22
58
Figure 18 : Pression artérielle systolique moyenne (mmHg)
PAS
(mmHg)
145
140
135
Groupe
DKM
130
Groupe
DAM
*
125
120
115
3 - Paramètres post-opératoires
a. Qualité du réveil
59
le
groupe
DKM,
contre
5,8
±
5,8
minutes
pour
le
groupe
DAM,
avec
p=0,22).
En revanche, le délai entre l’injection d’atipamézole et l’apparition d’interactions
actives était significativement plus important dans le groupe de chattes ayant reçu de la
kétamine (86,8 ± 67 minutes pour le groupe DKM, contre 12,7 ± 13,8 minutes pour le groupe
DAM avec p=0,0000), cette différence est nettement visualisable sur la figure 19.
Minutes
85
75
65
55
45
Kétamine
35
Alfaxalone
25
15
*
5
La qualité du réveil a été mesurée via deux échelles de mesure : une échelle visuelle
analogique (VAS) et une échelle descriptive simple (SDS). Les scores VAS et SDS étaient
significativement plus élevés dans le groupe de chats induits à la kétamine (respectivement
p=0,0016 et p=0,002), comme le montre la figure 20.
60
Figure 20 : Qualité du réveil
Minutes
1,8
1,6
1,4
1,2
1 Kétamine
0,8 Alfaxalone
0,6
0,4 *
*
0,2
0
VAS SDS
b. Douleur post-opératoire
Les scores de douleur mesurés avec l’échelle composite de Luna (Brondani et al.,
2013), n’ont pas donné de différence significative entre les groupes (p=0,2). De la même
manière, l’évaluation de la douleur post-opératoire via l’échelle visuelle analogique n’a pas
montré de différence (p=0,63).
Il n’y avait donc aucune différence significative entre les deux groupes en ce qui
concerne la douleur post-opératoire.
61
D) Discussion
a. Induction
Dans les deux groupes, les paramètres cardiovasculaires et respiratoires sont restés
stables et aucune apnée ou autre complication n’a été manifestée par les animaux. Cela
prouve que d’un point de vue cardiorespiratoire, les deux protocoles utilisés dans notre étude
sont parfaitement compatibles avec la réalisation d’une intervention de convenance chez le
62
chat.
En ce qui concerne l’analgésie per-opératoire, il n’y a pas de différence entre les deux
groupes avec seulement deux animaux (du groupe DKM) qui ont nécessité une injection de
fentanyl au cours de l’intervention. Les deux protocoles offrent donc une analgésie per-
opératoire éthiquement compatible avec une intervention d’ovariectomie de durée inférieure à
une heure. Nous pouvons imaginer que pour les seuls cas qui ont nécessité une injection
analgésique per-opératoire, ce n’est pas le protocole qui est en cause mais plutôt le manque de
rapidité et d’expérience des chirurgiens.
d. Qualité du réveil
Quel que soit notre manière d’évaluer la qualité du réveil, il apparaît que l’alfaxalone
63
provoquerait un réveil de meilleure qualité que la kétamine. Ceci est compatible avec l’étude
de Garfield et son équipe (1972), qui a montré que la kétamine induisait des illusions
auditives, visuelles, proprioceptives ou confusionnelles même lorsqu’elle était employée en
combinaison avec d’autres agents anesthésiques (bien que leur utilisation diminue l’apparition
de ces réaction). En effet, la kétamine induit notamment une dépression sur le colliculus
inférieur (noyau impliqué dans la perception acoustique) et sur le corps géniculé médial
(noyau impliqué dans les voies visuelles), ce qui explique l’émergence de réaction psychiques
au réveil (Nelson et al., 1980).
Un seul chat du groupe DAM a eu un réveil « kétamine-like » mais l’atipamézole avait
été injecté trop tôt après le dernier bolus d’alfaxalone (7 minutes après), et il a donc été exclu
de l’étude statistique.
e. Douleur post-opératoire
La kétamine est connue pour avoir des effets analgésiques significatifs via le blocage
des récepteurs NMDA, l’inhibition du relargage de neurotransmetteurs ainsi que son action
sur les récepteurs opioïdes µ et κ (Annetta et al., 2005).
Les effets analgésiques de l’alfaxalone sont sujets à controverse entre les spécialistes
(Kalchofner Guerrero et al., 2014). Cependant notre étude tend à montrer que cette molécule
serait aussi efficace que la kétamine dans l’analgésie post-opératoire après une intervention de
convenance chez le chat. Ceci concorde avec l’étude de Pathirathna et son équipe (2005) qui
ont montré que les neurostéroïdes de synthèse possédaient des propriétés analgésiques via les
récepteurs GABAA sous dépendance du blocage des canaux calciques type-T. Ce sujet reste
un point de discussion très important et débattu. Des études ultérieures seront nécessaires pour
éclaircir l’implication réelle de l’alfaxalone dans la nociception et l’analgésie per-opératoire.
Afin de mimer les conditions pratiques que l’on peut retrouver dans les cliniques
privées françaises, nous avons décidé de ne pas instrumenter les animaux avec une sonde
64
intra-trachéale et de ne pas administrer d’oxygène. Cela nous a permis de mieux étudier et de
mieux définir si ces conditions « de terrain » étaient éventuellement à risque ou non. Notre
hypothèse était que dans ce contexte spécifique, les recommandations générales de la société
des anesthésistes vétérinaires peuvent être simplifiées. La sécurité du patient était toujours
garantie en temps réel grâce au matériel d’anesthésie à disposition et à la surveillance stricte.
Aucun risque n’a été pris, et si, les animaux présentaient une diminution de leur saturation
artérielle en dioxygène sous 85 %, ils étaient placés sous oxygène à 100 % ; événement qui ne
s’est jamais produit.
Les prix des deux protocoles ont été calculés sur la base d’un chat de 3 kg qui recevrait
trois bolus per-anesthésiques d’inducteurs, et avec les prix d’une centrale d’achat vétérinaire
(Centravet), avec les produits employés au Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire
d’Alfort (Alfaxan ® ; Imalgène 1000 ® ; Dexdomitor ® ; Comfortan ®). Le protocole DAM
revient à 5,17 €, et le protocole DKM à 1,75 €. En clinique privée, en raison de la rapidité lors
d’une procédure de convenance, il est peu probable que les trois bolus soient nécessaire, ce
qui diminue encore le prix de l’anesthésie (3,37 € pour le protocole DAM ; 1,66 € pour le
protocole DKM).
Le prix de ces protocoles n’est donc pas une limite à leur utilisation en clinique privée.
Cependant seulement 8,4 % des vétérinaires français utilisent des opioïdes en tant
qu’analgésiques chez le chat (Hugonnard et al., 2004). Parmi les raisons de ce manque
d’utilisation, figurent le manque de connaissances sur les thérapies analgésiques et la peur des
effets secondaires. Les deux protocoles utilisés dans cette étude sont aptes à gérer la douleur
per- et post-opératoire lors d’ovariectomie chez la chatte.
3 - Limites de l’étude
Les interventions étaient réalisées par des étudiants de 4ème et 5ème année. Du fait de
cette variabilité d’expérience chirurgicale, la durée de l’intervention pouvait varier
considérablement. Cela n’est surement pas représentatif du protocole qui pourrait être adopté
dans une clinique privé et ne peut pas, donc, être comparé à l’identique. En revanche, notre
protocole a montré sa validité dans des conditions plus difficiles et il est raisonnable
d’imaginer qu’il puisse offrir une meilleure rentabilité et efficacité dans des conditions
optimales avec des chirurgiens plus expérimentés.
66
CONCLUSION
En France, les vétérinaires ont une obligation de moyen renforcée sur les interventions
de convenance (Ducy-Froment, 2002). Ceci implique que toutes les précautions doivent être
prises sur de tels actes, notamment en matière de sécurité anesthésique. Il importe donc
d’utiliser un protocole sûr, stable et efficace, produisant à la fois une anesthésie de qualité et
une bonne analgésie pendant et après l’intervention.
Notre étude avait pour but de comparer deux protocoles anesthésiques incluant la
kétamine ou l’alfaxalone au sein d’un protocole d’anesthésie balancée, comprenant également
un α2-agoniste et un opioïde, en ce qui concerne la durée et la qualité de l’anesthésie et de
l’analgésie, la stabilité cardiovasculaire et la qualité du réveil.
Les deux protocoles ont procuré aux animaux une perte de conscience, une relaxation
musculaire ainsi qu’une analgésie compatibles avec le déroulement d’une intervention
chirurgicale. Tous les animaux ont présenté des paramètres cardiovasculaires et respiratoires
stables et dans les valeurs usuelles lors d’anesthésie générale tout au long de la procédure.
L’alfaxalone a montré un délai d’action plus bref que la kétamine ainsi qu’une durée
d’action plus importante. De plus, cette molécule relativement récente a présenté un avantage
de poids par rapport à la kétamine : des réveils calmes, rapides et sans apparition de délires
sur les animaux, ce qui est un inconvénient fréquemment rapporté lors de l’utilisation de la
kétamine.
Les deux protocoles ont produit une analgésie per et post-opératoire de qualité, sans
qu’il n’y ait de différence significative entre les deux molécules. L’alfaxalone a donc montré
dans cette étude une utilisation parfaitement comparable à celle de la kétamine, avec moins de
délires au réveil.
Les deux protocoles injectables par voie intramusculaire proposés dans cette étude sont
donc compatibles avec une anesthésie générale très sécurisée lors d’une intervention
d’ovariectomie chez la chatte, et présente l’avantage d’avoir une durée d’action compatible
avec la réalisation de cette intervention chirurgicale dans les conditions d’une clinique privée.
De plus, le protocole incluant l’alfaxalone présente notamment l’avantage de produire des
réveils plus calmes que celui comprenant la kétamine.
67
68
ANNEXES
69
Annexe 2 : Échelle de Luna remplie avec un exemple
70
71
Annexe 3 : Fiche de renseignements pré-opératoires remplie avec un exemple
72
Annexe 4 : Fiche d'anesthésie remplie avec un exemple
73
74
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87
ETUDE COMPARATIVE DE DEUX PROTOCOLES
D’ANESTHESIE PAR VOIE INTRAMUSCULAIRE
LORS D’OVARIECTOMIE CHEZ LA CHATTE
DRESCO Thomas
Jury :
88
COMPARATIVE SURVEY OF TWO
INTRAMUSCULAR ANESTHETIC PROTOCOLS
FOR CAT OVARIECTOMIES
DRESCO Thomas
Jury :
President : Pr.
Director : Dr Luca ZILBERSTEIN
Assessor : Pr Renaud TISSIER
89