T2019 04 Thèse Henry Ngongo
T2019 04 Thèse Henry Ngongo
(UPC) en Afrique
Faculté d’Administration des Affaires et (RUPA)
Sciences Économiques
Par
Henry Ngongo Muganza
Octobre, 2019
présentée par:
Les statistiques officielles révèlent qu’en moyenne plus de huit congolais sur dix
cherchent de l’emploi sans succès. Mais, dans le fait, l’attention reste tournée vers l’ex-
plication du phénomène de pauvreté laissant de côté le problème de fond, à savoir celui
du chômage. Or, c’est la hausse de celui-ci qui est à l’origine de la pauvreté et donc de la
misère du peuple. Pour identifier ses déterminants réels ainsi que sa nature, nous avons
estimé un modèle macro-économétrique stochastique du marché du travail qui prend
appui sur le modèle « WS-PS ». Basé sur le modèle d’équilibre général en concurrence
imparfaite, ce modèle offre un cadre théorique simple et opérationnel pour analyser le
chômage sur une longue période.
Les résultats de nos analyses montrent qu’en RD Congo les causes du chômage
sont expliquées par les chocs d’offre négatifs. Il s’agit d’un chômage involontaire dû à
l’insuffisance de l’offre plutôt que de la demande sur le marché des biens et services.
Ce qui traduit la défaillance du système productif à la suite de l’absence du progrès
technique. On réalise que l’offre globale n’arrive pas à satisfaire la demande locale de
telle manière que toute politique de relance par la demande aura pour effet la hausse des
prix et des importations. Autrement dit, la hausse de la demande locale n’a pas d’effets
sur la production et l’emploi.
v
Sur le plan structurel, le pays étant à dominance rurale, le secteur agricole constitue
une source potentielle en matière de création d’emplois. En cohérence avec les autres po-
litiques sectorielles, la politique agricole constitue un outil puissant dans le processus de
lutte contre le chômage en RD Congo. L’essor de l’agro-alimentaire, de l’agro-industrie
et de l’agro-pastorale via le mécanisme de financement de l’entrepreneuriat rural favori-
serait une croissance inclusive créatrice d’emplois. L’État devrait aussi placer au cœur de
son action l’amélioration des compétences professionnelles et techniques du capital hu-
main, car tout progrès économique en dépend. Ceci permettrait au pays de disposer d’une
main d’œuvre qualifiée capable de répondre aux besoins du marché de travail et donc de
l’économie réel. Il faudra également doter le pays des infrastructures de base lesquelles
concourent à la création d’un environnement favorable aux investissements. Ainsi, les
politiques agricole, éducative, industrielle et démographique peuvent résolument aider à
résorber le chômage et promouvoir ainsi le pays à l’émergence auquel il aspire d’ici 2030.
Official statistics reveal that on average more than eight out of ten Congolese seek
employment without success. But, in fact, attention remains focused on explaining the
phenomenon of poverty, leaving aside the fundamental problem, namely unemployment.
However, it is the rise of the latter that is at the root of poverty and therefore of the
people’s misery. To identify its real determinants and nature, we estimated a stochastic
macroeconometric model of the labor market based on the "WS-PS" model. Based on
the imperfectly competing general equilibrium model, this model provides a simple and
operational theoretical framework for analyzing unemployment over a long period of time.
The results of our analyses show that in DR Congo the causes of unemployment are
explained by supply shocks. It is an involuntary unemployment due much more to insuf-
ficient supply than demand. This reflects the failure of the productive system as a result
of the lack of technological progress. It is realized that global supply cannot satisfy local
demand in such a way that any recovery policy by demand will result in higher prices
and imports. In other words, the increase in local demand has no effect on production
and employment. In view of these results, a number of measures are needed that are
much more structural than cyclical in order to boost global supply, which is a guarantee
of job creation and therefore of the massive and lasting decline in unemployment in the
DR Congo. This implies the implementation of employment policies, i.e. all public
vii
policies aimed, as a main or secondary objective, at influencing the level and quantity of
employment.
In cyclical terms, reducing the weight of the public sector in the economy would
help to create jobs. The Central Bank should also make inflation its priority target to
stabilize economic agents’ expectations.
RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv
ABSTRACT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vi
DÉDICACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xviii
REMERCIEMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xix
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
0.1 Objet de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
0.2 Contexte de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
0.3 Problématique de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
0.4 Objectifs de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
0.5 Hypothèses de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
0.6 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
0.7 Plan sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
0.8 Contribution de cette thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
LISTE DES TABLEAUX
D.1 Pouvoir de prédiction des chocs structurels sur les prix . . . . . . 182
D.2 Pouvoir de prédiction des chocs structurels sur la productivité du
travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
D.3 Pouvoir de prédiction des chocs structurels sur le salaire réel . . . 183
D.4 Pouvoir de prédiction des chocs structurels sur l’emploi . . . . . . 183
LISTE DES FIGURES
Lorsqu’on a travaillé sur un projet et qu’on y arrive au bout après plus de quatre
ans, on ne peut que se réjouir. C’est pourquoi nous tenons à remercier le Professeur
Antoine Kamiantako Miyamueni pour avoir volontiers accepté de diriger cette thèse. S’il
faut paraphraser Sir Issac Newton, on retiendra que c’est en montant sur les épaules des
géants qu’on peut voir plus loin.
Nous rendons également notre profonde gratitude au Professeur José Maria Mella
Marquez pour avoir accepté sans relâche de suivre l’évolution de cette thèse pendant et
après notre séjour documentaire à l’Université Autonome de Madrid.
Nous aimerions exprimer notre profonde gratitude à nos parents Ngongo Kakelela
Maurice et Mawazo Kulanabo Line ainsi qu’à tous les membres de la famille pour leur
amour et soutien indescriptible. Nous exprimons également notre gratitude à la famille
Byamungu Munyololo Franck pour nous avoir accueilli et aménagé un espace de travail
pendant notre durée de formation.
Nous ne saurons pas passer sous silence les soutien et encouragement des collègues
de l’Université Évangélique en Afrique en général et de la faculté des sciences écono-
miques en particulier auprès de qui nous exprimons nos sincères remerciements.
Nous remercions vivement les ami(e)s et collègues Aaron Lupasula Lubango, Mar-
dochée Ngandu Mulotwa, Michael Uhuru, Alain Mujinga, Kermelis Makaya, Mabika
Kalanga, Matchinda Tchinda Carole, Nemie Marie Paule, Augustin Mumbere, Laurant
Mumbere, Ir. Imani Katembera, Ir. Germain Magene, Alenga Moise, Remy Kalafula,
Pezolo Lutete et Prospère Ciamala pour leur soutien fraternel.
Que tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de cette thèse
trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude.
INTRODUCTION
L’objet de cette thèse est d’évaluer empiriquement les causes du chômage pour
comprendre non seulement sa nature, mais aussi la raison de son niveau élevé et de
sa persistance et par voie de conséquence discuter de l’orientation des politiques pour
l’emploi. Cette analyse s’inscrit dans la logique d’une recherche fondamentale basée sur
l’expérimentation en vue d’expliquer de manière holistique le phénomène du chômage
dans le cadre d’une économie en développement.
1. La RD Congo pourrait aussi être rangée parmi le top des pays réputés avoir le taux du chômage
le plus élevé au monde au même rang que : le Zimbabwe 95%,le Liberia 85%, le Burkina Fasso 77%,
le Cocos Island 60%, le Djibouti 60%, le Congo Brazzaville 53%, le Sénégal 48%, le Népal 46%, Gaza
Strip 45,1%, Bosnie-Herzégovine 43,9%, Haïti 40,6%, le Kenya 40%, la Syrie 40%, le Swaziland 40%,
Marshall Island 36%, l’Afghanistan 35%, Grenade 33,5%, la Mauritanie 31%, Kosovo 30,9% et Kiribati
30,6% (cf. www.statista.com)
3
En effet, même si l’économie congolaise a renouée avec une croissance économique
positive depuis 2002 après plus d’une décennie de récession, le niveau de chômage reste
élevé. Il est estimé à 43% en 2014 avec une moyenne de 63,5% entre 2002 et 2014 à en
croire les statistiques officielles. Ces dernières révèlent par ailleurs que sur l’ensemble de
la main d’œuvre disponible plus de 8 sur 10 congolais en moyenne cherchent de l’emploi
sans succès.
En dépit de cette réalité, l’attention demeure beaucoup plus tournée vers l’explica-
tion du phénomène de pauvreté laissant de côté nous semble-t-il le problème de fond, à
savoir celui du chômage. Ce constat est illustré par l’adoption des stratégies pour réduire
la pauvreté, processus dans lequel un certain nombre de pays en développement se sont
engagés sous l’impulsion des institutions de Bretton Woods (Cling et al., 2002).
Il semble pourtant clair que pour inscrire le pays dans la logique des objectifs du
millénaire pour le développement, du moins en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté,
il faut préalablement s’attaquer au chômage. Toujours est-il que c’est la hausse de celui-ci
qui est à l’origine d’une augmentation significative de la pauvreté et donc de la misère
du peuple comme les soutiennent Nickell et al. (1991) et Atkinson et al. (1998).
C’est en s’attaquant aux causes et non pas aux conséquences, en promouvant des
actions visant à créer l’emploi, que l’on peut vaincre ce fléau qui accroît les inégalités,
érode le capital humain et représente donc une menace à la stabilité aussi bien qu’aux
perspectives de développement socio-économique. C’est dans ce contexte qu’il nous
parait judicieux de chercher à comprendre les contours et la nature du chômage aussi
bien que ses causes à travers une analyse empirique appliquée aux pays en développement
dont les réalités de l’économie congolaise nous serviront de cadre de référence. Cette
étude nous paraît fondamentalement importante pour l’orientation et la mise en œuvre
des politiques pour l’emploi.
4
0.3 Problématique de recherche
Le chômage est l’un des problèmes auxquels sont confrontés la plupart de pays
aussi bien développés qu’en développement. Cependant, pour le cas des pays en déve-
loppement, ce problème se pose beaucoup plus en termes de sous-emplois et de chômage
déguisé généralement un emploi mal rémunéré ou médiocre dans le secteur informel
(Dumont, 2014, Freyssinet, 2002, Gautié, 2015).
Comme dans la plupart de pays africains, le marché congolais du travail n’est pas
en marge de ce déséquilibre qui affecte non seulement les diplômés du système éducatif,
mais quasiment toutes les classes d’âges actifs jusqu’à perpétuer le cercle vicieux de la
pauvreté et de l’exclusion sociale.
Sur le plan théorique, plusieurs approches s’affrontent pour expliquer les causes du
chômage parmi lesquelles deux courants sont à ce jour dominants dans la littérature : la
NEC et la NEK. Les prédictions théoriques de ces deux approches sont par la suite sou-
mises à des vérifications empiriques afin de ressortir les recommandations des politiques
pour l’emploi. En effet, si l’on enregistre une centaine des travaux empiriques appliqués
aux pays développés sur la question du chômage, il n’en est pas le cas pour la plupart de
pays en développement, en l’occurrence la RD Congo.
De ce point de vue, nous pensons, à l’instar de Bah (2012), que le marché du travail
dans les pays en développement offre encore un champ très peu investi et dont l’analyse
s’impose pour comprendre la nature et les causes du niveau élevé et persistant du chô-
mage. Il reste sans aucun doute admis que les pays en développement et, en l’occurrence
la RD Congo, souffrent encore d’une absence d’évidences empiriques sur le chômage
qui du reste constitue un des principaux indicateurs de la performance économique si
bien que les économistes et acteurs publics doivent lui apporter une attention particulière.
Il reste aussi clair que pour résoudre l’épineux problème du chômage, il faut d’abord
comprendre sa nature et cela à travers une analyse conjointe des marchés du travail et
5
des biens & services dans un cadre d’équilibre générale tel que décrit dans les nouvelles
théories du chômage. C’est sur la base de cette analyse que le pouvoir public peut disposer
des informations indispensables pouvant lui permettre de définir clairement les politiques
à mettre en œuvre pour promouvoir l’emploi. Lorsqu’elles sont clairement définies, ces
mesures restent la voie idéale pour résorber le chômage et de surcroit s’éloigner de plus
en plus de la pauvreté.
De toute évidence, dans une société caractérisée par la manifestation des besoins
illimités exprimés par les agents, il n’y a véritablement pas de raison que le chômage
puisse perdurer. Et, si tel est le cas, ce qu’il se pose le problème de sous-utilisation des
ressources humaines dans le processus de production des biens destinés à satisfaire les
besoins si bien que la population sera inévitablement confrontée à l’épineux problème
d’accès à l’emploi. Pour résoudre ce problème, il convient tout d’abord de chercher à
mieux comprendre ses origines à travers une analyse empirique de ses déterminants réels
et ensuite proposer les pistes de solutions.
Pour rappel, il existe trois types du chômage : (i) le chômage cyclique s’apparente à
la sphère macro-économique d’offre globale comme variable motrice. Cette conception
est rejetée par les classiques pour qui la main invisible répond rapidement au chômage
et à la sous-utilisation des ressources par une baisse des salaires suivie d’une hausse
de l’emploi. Pour eux, le chômage survient suite à un dysfonctionnement ponctuel sur
le marché du travail, dont la disparation est conditionnée par le retour aux mécanismes
de marché, (ii) le chômage frictionnel expliqué par les inadéquations liées aux compé-
tences, au salaire, aux industries, etc. et (iii) le chômage structurel qui dure plus longtemps
contrairement au chômage frictionnel. Il résulte des divergences entre les compétences
des chômeurs et celles requises pour les emplois disponibles (El Aynaoui et Ibourk, 2018).
L’objectif principal de cette thèse est d’identifier les chocs qui expliquent le dés-
équilibre sur le marché congolais du travail ainsi que les raisons de leur persistance afin
d’en déduire les implications des politiques pour l’emploi.
Par hypothèse, nous soutenons que le niveau élevé du chômage qui caractérise
l’économie congolaise et sa persistance seraient essentiellement expliqués par les fac-
teurs structurels. Les hypothèses spécifiques découlant de nos questions spécifiques sont
formulées comme suit :
1°) le niveau du chômage au Congo serait essentiellement expliqué par des chocs
d’offre sur le marché des biens et services ;
2°) la persistance du chômage en RD Congo serait expliquée par le phénomène d’hys-
térèse.
7
0.6 Méthodologie
Cette étude s’appuie sur une démarche hypothético-déductive telle qu’établit par
l’approche positiviste. Aussi faut-il noter que dans le but de proposer les recomman-
dations des politiques économiques, nous exploiterons également l’approche normative.
Le choix de ce paradigme méthodologique se justifie par le fait que l’économie est une
science qui est à la fois positive et normative.
En effet, les modèles structurels Keynésiens ont largement dominé la recherche empi-
rique en économétrie jusqu’à la fin des années 70. Fondés sur l’approche par les équations
simultanées, ces modèles étaient utilisés pour évaluer les politiques économiques c’est-à-
dire identifier l’impact d’une décision politique sur les agrégats macroéconomiques afin
de déterminer la valeur à attribuer aux instruments pour atteindre les objectifs.
Dès lors, les modèles vectoriels et les modèles d’équilibre général occupent une
place de choix dans les analyses empiriques en macro-économie pour leur capacité à
analyser le rôle joué par différents chocs exogènes dans l’explication des fluctuations
économiques. Toujours est-il que le modèle VAR est considéré comme le meilleurs par
rapport aux modèles DSGE 2 (Collard et Fève, 2007). Rotemberg et Woodford (1997) et
Christiano et Evans (2005) vont jusqu’à montrer que la validation des modèles DSGE
repose sur les résultats fournis par le VAR.
Le choix de l’approche VAR structurel par rapport au modèle d’équilibre général est
motivé par le fait les modèles VAR structurels sont d’une part statistiquement rigoureux,
ayant de très bonnes qualités prédictives, non soumis à la plupart des critiques des années
1980 et, d’autre part, ils fournissent des résultats interprétables économiquement. S’il y
a une contrainte à l’utilisation des modèles VAR pour notre problématique, c’est surtout
en termes de données.
Pour besoin d’analyse, nous allons utiliser les statistiques publiées par le Fonds
Monétaire International et subsidiairement complétées par celles publiées par les autorités
congolaises via les différents rapports de la Banque Centrale du Congo. Il s’agit des
données en séries chronologiques de la RD Congo portant sur la période allant de 1960
à 2014. Ces observations sont tirées de la base des données actualisées conçue et utilisée
initialement par Akitoby et Cinyabuguma (2004). Le choix porté sur la période 1960 –
2014 est justifié par la disponibilité des données. La toute dernière publication de la BCC
du chiffre sur le chômage s’arrête en 2014.
Enfin, le chapitre six discutera, au regard des résultats obtenus, de l’orientation des
politiques économiques pour lutter contre le chômage. Les discussions sur l’ensemble
de mesures visant à promouvoir la création d’emplois seront inscrites dans le cadre du
10
débat sur les politiques de relance par l’offre ou par la demande. Dans tous les cas, c’est
la nature des chocs qui va orienter notre prise de position et proposer et/ou soutenir de
surcroît les politiques à mettre en œuvre pour favoriser la création d’emplois et donc
réduire le chômage.
Ce chapitre passe en revue les différentes théories mobilisées dans la littérature pour
rendre compte des origines du chômage. En plus des théories traditionnelles ayant fait
l’objet de controverses entre classiques et keynésiens, l’attention dans ce chapitre sera
beaucoup plus focalisée sur les nouvelles théories micro fondées développées à partir des
années 70 pour améliorer la compréhension des facteurs à l’origine du déséquilibre sur
le marché du travail.
Selon les néo-classiques, le marché du travail est un lieu fictif où se rencontre l’offre
et la demande de travail. C’est de cette confrontation entre l’offre et la demande que
résulte l’emploi. Le travail est considéré comme une marchandise qui s’échange sur un
marché de concurrence pure et parfaite. Ce marché étant autorégulé, la confrontation de
l’offre et de la demande permet d’établir l’équilibre en vertu de l’hypothèse de flexibilité
de salaire (Cahuc et Zylberberg, 2001).
12
1.1.1.1 L’offre du travail
Il y a lieu de noter que cette propriété peut toutefois connaitre des exceptions. À titre
d’exemple lorsque les salaires sont très faibles, les travailleurs les plus démunis peuvent
en effet être incités à augmenter leur offre de travail quand le salaire diminue, afin de
maintenir leur revenu qui leur permet tout juste de survivre. Dans ces conditions, la
courbe peut avoir une forme croissante, sauf pour les valeurs les plus faibles de w, où elle
serait décroissante avec un crochet vers la gauche. Cette situation peut même alimenter
la fuite de cerveau et bien au-delà la migration des jeunes.
13
1.1.1.2 La demande du travail
Contrairement à l’offre, la demande de travail est le fait des entreprises. Ces dernières
réalisent leur production Y en combinant les facteurs travail L et capital K, soit :Y = FK,L
avec K = K 0 traduisant la constance du stock du capital à court terme. Pour cette raison,
la production ne peut être modifiée que lorsque L varie et elle est donc vendue au prix
P qui permet de maximiser son profit π . Cet objectif ne peut être atteint que si le prix
auquel la production est vendue correspond au salaire versé par unité de travailleurs.
Y
Ainsi, en dérivant la fonction de profit : max = PFK 0 ,L − W L par rapport à L , on
K 0 ,L
W
obtient une relation négative entre la demande du travail et le salaire réel, soit : Ld = f
P
∂L
, avec < 0. Graphiquement on a :
∂w
Figure 1.2: Courbe de demande de travail
Ainsi, la demande du travail augmente à mesure que le salaire réel baisse. Comme
la productivité marginale est croissante puis décroissante à partir d’un certain niveau, les
entreprises devront embaucher jusqu’à ce que le produit marginal du travail soit égal au
taux de salaire réel ce qui signifie que la courbe marginale du travail est équivalente à la
courbe de la demande de travail.
Sur le marché du travail, il existe un niveau de salaire qui permet d’égaliser l’offre
et de la demande du travail. En effet, lorsque l’offre est supérieure à la demande, la
baisse du salaire réel conduit certains offreurs à renoncer à la recherche d’emploi et les
14
demandeurs à embaucher de plus. Au contraire, si la demande est supérieure à l’offre, le
salaire augmente ce qui, d’une part, attire davantage les offreurs et réduit la possibilité
de travailler, d’autre part. L’illustration graphique de l’équilibre classique du marché du
travail se présente comme suit :
Le déséquilibre persistant peut-être expliqué par l’existence des rigidités qui em-
pêchent le salaire de se fixer à son niveau d’équilibre. Ces rigidités résulteraient de
plusieurs facteurs notamment l’existence d’un salaire minimum, l’indemnisation du chô-
mage, le syndicat, la législation sur la protection de l’emploi, la politique fiscale et les
prélèvements sociaux. Même lorsque le salaire est à son niveau d’équilibre, il existe
un niveau de chômage qui est de nature volontaire. Les individus décident ou non de
rechercher l’emploi en fonction de leur salaire de réserve lequel dépend entre autres des
allocations et des aides sociales auxquelles l’individu peut prétendre 1.
Ainsi, le chômage étant volontaire, l’État ne peut donc pas y remédier si bien que
toute politique de l’emploi sera vouée à l’échec. En augmentant les dépenses publiques
via le prélèvement d’impôts sur les revenus, la consommation publique remplace la
consommation privée sans augmenter l’offre d’emploi. De manière bien considérer, seule
la baisse du salaire réel, moindre consommation, peut résorber le chômage et rétablir
l’ensemble des équilibres.
1. Les chômeurs ne sont pas incités à rechercher l’emploi si le salaire proposé est inférieur au salaire
de réserve. Pour qu’ils soient motivés à reprendre un emploi, il faut que le salaire soit supérieur au salaire
de réserve. Toujours est-il que la reprise d’un emploi s’accompagne de coûts supplémentaires qui le rend
moins rentable aux yeux du travailleur notamment le transport, la garde des enfants, etc.
15
1.1.2 Vision Keynésienne du chômage
Par rapport aux rigidités prônées par les classiques pour justifier l’existence du
chômage, Keynes met en avant l’insuffisance de la demande globale. De ce point de
vue, l’offre du travail ne peut être fonction du salaire réel surtout que les travailleurs ne
maîtrisent pas les prix des biens et services. Ces derniers sont fixés par les entreprises et
les travailleurs se limitent à négocier le salaire nominal. Dans ce cas, le niveau d’emploi
est déterminé par les entreprises lesquelles cherchent à maximiser leur profit en faisant des
anticipations sur la demande. Il résulte que le niveau d’emploi peut ne pas correspondre
au niveau de plein emploi. Si la demande anticipée est faible, les entreprises ne peuvent
pas embaucher si bien qu’une partie de la population peut se retrouver au chômage
involontaire 2. C’est pourquoi Keynes (1936) parle d’équilibre de sous-emploi.
2. Il s’agit d’une situation où l’individu souhaite participer au marché du travail au salaire en vigueur,
mais ne parvient pas à le faire. Ce qui viole le principe de salaire de réserve est violé.
16
Les causes du chômage selon Keynes (1936) sont à rechercher dans le dysfonction-
nement du marché des biens et services. Lorsque les entreprises anticipent une baisse de
la demande, elles vont réduire dès aujourd’hui leur production pour éviter de se constituer
des stocks. Les effectifs seront ainsi réduits et les embauches suspendues tant et si bien
que le chômage va augmenter surtout lorsque toutes les entreprises demeurent pessimistes
quant à leurs débouchés. On assistera à la baisse de la consommation des ménages parce
que d’un côté les chômeurs vont réduire leurs dépenses à la suite de la baisse du revenu et
de l’autre côté les actifs toujours en emploi vont accroître leur épargne par peur de perdre
leur emploi. Or, la baisse de la consommation conforte les anticipations pessimistes des
entreprises jusqu’à accentuer la hausse du chômage.
Il s’agit donc d’un cercle vicieux et l’économie se retrouve piégée dans un équilibre
de sous-emploi : l’ensemble des agents auraient intérêt à ce que les ménages consomment
plus, mais chacun d’entre eux n’est pas incité à le faire, par crainte de ne plus avoir d’ar-
gent s’il se retrouvait au chômage ; l’ensemble des agents auraient intérêt à ce que les
entreprises embauchent plus mais chacune d’entre elles n’est pas incitée à le faire, car
cela accroîtrait ses coûts de production et augmenterait les chances qu’elle se retrouve en
faillite. Tant que les ménages et entreprises sont pessimistes, cela entretient le pessimisme.
Les années 70 - 80 ont été marquées par les tentatives de la reformulation d’une
synthèse entre les théories keynésiennes et néo-classiques pour ramener l’explication du
chômage au cœur des mutations du système productif (Barro et Grossman, 1971, 1976,
Benassy, 1975, Dreze, 1975, Grandmont et Laroque, 1976, Malinvaud, 1977, Muellbauer
et Portes, 1978, Varian, 1977)
Cette théorie admet notamment la possibilité qu’un chômage keynésien puisse exis-
ter, en plus du chômage classique. Il peut donc y avoir un chômage involontaire prolongé.
En effet, les prix à court terme sont rigides ce qui peut provoquer des déséquilibres.
Le chômage apparaît dans ce cas comme un déséquilibre entre l’offre et la demande
sur le marché de l’emploi (Perrot, 1992). Ce sont les facteurs internes à l’économie qui
suscitent une crise plus ou moins durable.
3. Les théoriciens du déséquilibre : i) sont des théoriciens de l’équilibre général qui s’appuient sur
la théorie walrasienne ; ii) partagent tous l’idée que la cause du chômage involontaire est à rechercher du
côté de la viscosité des prix ; iii) s’ils peuvent tous être épinglés comme keynésiens, leur keynésianisme se
révèle être plus une affaire de motivation que de méthode. Ils ne reprennent véritablement pas les concepts
de Keynes (1936), mais seulement son projet de démontrer que le laisser-faire peut engendrer des situations
sous-optimales, susceptibles d’être améliorées par des interventions de relance étatiques (De Vroey, 2004)
18
montre un problème au niveau de l’offre. Les entreprises ne produisent pas assez faute
de rentabilité et de compétitivité, notamment à cause du coût du travail trop élevé. De
fait, il faut envisager une baisse du coût du travail ; ii) une offre supérieure à la demande
de biens et de services renvoie au chômage keynésien. Les ménages ne consomment pas
assez, ce qui crée un problème de demande. Il faut alors augmenter le pouvoir d’achat
des ménages à travers les politiques de relance de la demande (De Vroey, 2004).
Dans les deux cas, on s’aperçoit que les politiques de lutte contre le chômage
doivent être adaptées en fonction du type concerné. La difficulté vient évidemment de
la détermination du type de chômage au bon moment, car une erreur d’appréciation ne
fera qu’aggraver la situation de l’emploi. De plus, tous les secteurs ou branches d’activité
ne sont pas forcément dans la même situation. On reproche à la théorie du déséquilibre
le fait de considérer la rigidité des prix comme une donnée. Cela constitue une des
principales critiques qui lui est adressée. Elle n’a pas réussi à fournir les fondements
micro-économiques au phénomène de rigidité des prix (Mignon, 2010, Perrot, 1992).
D’où la naissance des nouvelles théories du chômage fonde sur le concept du taux de
chômage d’équilibre.
L’idée sous-jacente à cette relation est l’existence d’un mécanisme d’ajustement sur
le marché du travail : un surcroît de demande de travail fait baisser le chômage, ce qui
augmente le pouvoir de négociation des salariés et pousse les salaires à la hausse. Pour
les keynésiens, la courbe de Phillips est, d’une part, perçue comme le maillon manquant
permettant de boucler le modèle keynésien, et d’autre part, elle justifie l’intervention-
nisme économique car elle impliquerait l’existence d’un dilemme inflation - chômage
(Le Bihan, 2009, Reynès, 2006).
Cependant, la vieille relation de Phillips va montrer ses limites dans les années
1970, c’est-à-dire quand le chômage a continué à croître en même temps que l’inflation.
Du point de vue empirique, la hausse simultanée de l’inflation et le chômage a discrédité
la courbe de Phillips. Sa stabilité a rapidement été remise en cause par Phelps (1967) et
Friedman (1968) qui rejettent l’existence à long terme du dilemme inflation - chômage.
Ils proposent par ailleurs une nouvelle version qui intègre les anticipations d’inflation
que l’on va appeler la courbe de Phillips augmentée laquelle va donner naissance à la
théorie du NAIRU.
20
Figure 1.5: Courbe de Phillips augmentée des anticipations et le NAIRU
Sur la base d’une analyse micro fondée de la macro-économie, Lucas (1972), Barro
(1974) et Sargent et Wallace (1975) vont remettre en cause les thèses keynésiennes en
postulant : i) la neutralité à court terme de la monnaie, renouant ainsi avec la vision dicho-
tomique stricte des classiques, ii) l’inefficacité des politiques conjoncturelles si bien que
tout déséquilibre ne peut être que rare et temporaire et iii) que les fluctuations cycliques
21
sont la réponse optimale de l’économie à des chocs exogènes, ce qui ôte toute légitimité
à l’intervention étatique.
Sur le marché du travail toute personne désireuse de travailler peut trouver un emploi
au salaire d’équilibre en vigueur sur le marché. Le chômage est un phénomène tout à
fait volontaire. Si les autorités veulent augmenter la production et réduire le chômage à
long terme, elles devraient poursuivre les mesures qui augmentent les incitations micro-
économiques pour les entreprises et les travailleurs à fournir plus de puissance et de la
main-d’œuvre. Les modèles basés sur la nouvelle théorie classique avaient cependant
atteint les limites. On leur reproche l’incapacité à expliquer la caractéristique empirique
majeure des fluctuations économiques, à savoir leur persistance (Modigliani, 1977).
C’est ainsi que pour répondre à la critique de Modigliani (1977), les tenants des
cycles réels, à la différence de Lucas et de la NEC, vont privilégier les chocs d’offre et non
pas de demande. Ils se proposent de construire des modèles d’équilibre général dans une
économie sans rigidités. Il s’agit bien évidemment des modèles facilement simulables et
donc capables de reproduire les principaux faits stylisés, sans qu’il soit nécessaire d’in-
troduire les défauts de coordination, les rigidités des prix ou encore des chocs monétaires.
22
Les modèles pionniers sont ceux développés par Kydland et Prescott (1982), Long
et Plosser (1983) et King et al. (1988) en prenant appui sur le modèle de croissance
néo-classique. Dans ces modèles, les fluctuations économiques sont essentiellement ex-
pliquées par les chocs technologiques c’est-à-dire les chocs sur la productivité globale
des facteurs de production. Les autres chocs sont dû à des changements sectoriels et des
modifications des arbitrages inter-temporels des agents. C’est donc un cadre qui permet
de rendre compte de l’essentiel des fluctuations économiques sans introduire de pertur-
bations monétaires (Ertz, 2001, Hairault, 1992).
Les propositions de base de la théorie du cycle réel sont : i) les chocs réels peuvent
être beaucoup plus importants que les chocs monétaires pour expliquer le développe-
ment de la production globale au fil du temps (Nelson et Plosser, 1982) ; ii) en vertu de
l’hypothèse de substitution du travail inter-temporelle, les ménages changent leur offre
de travail par rapport aux salaires réels au fil du temps. L’hypothèse sous-jacente est que
les ménages seraient plus prêts à travailler lorsque les salaires réels sont temporairement
élevés et être disposés à travailler moins quand les salaires réels sont temporairement bas.
En général, ces critiques ont été entendues, et parfois devancées. Cela a entraîné le
développement de modèles de plus en plus sophistiqués mais également plus réalistes.
De ce fait, l’apport méthodologique de cette approche, admis par la majorité de macro-
économistes, est indéniable. C’est pour cela que certains ont pu y voir l’émergence d’une
nouvelle synthèse néo-classique (Avouyi-Dovi et al., 2007). Sur le marché du travail, les
fluctuations de l’emploi sont des réponses aux changements économiques causés par les
chocs. Les travailleurs révisent alors leur offre de travail selon l’hypothèse de substitution
inter-temporelle. Le chômage observé est que le résultat de ce processus de substitution
est toujours volontaire. Le marché du travail est toujours en équilibre au plein emploi.
4. Depuis la montée du chômage consécutive aux chocs pétroliers des années soixante-dix, l’analyse
du chômage et les recommandations de politique économique ont fortement évolué, en relation avec les
développements de la théorie macroéconomique et de l’économie du travail. La fin des années quatre-vingt
et le début des années quatre-vingt-dix constituent de ce point de vue une période charnière, où s’affirme
une représentation de l’économie et en particulier du marché du travail, fondée sur le modèle W S − PS
(Erhel et Zajdela, 2003).
24
Sur le marché des biens, l’équation de formation des prix résulte d’un comportement
d’optimisation des entreprises qui se livrent une concurrence par les prix et l’équation
de formation de salaire sur le marché du travail provient du programme de négociations
salariales entre les syndicats et les employeurs. Sous forme log linéaire le système standard
W S − PS peut s’écrire comme suit :
w − p = y − n − bu + νws (1.1)
w − p = y − n − ν ps (1.2)
Où w − p, y − n et u désignent respectivement le salaire réel, la productivité du
travail et le chômage. νws et ν ps sont les chocs qui peuvent affecter la courbe W S et PS.
Toute contrainte subie par les entreprises (hausse des cotisations ou des salaires,
35 heures) augmente le chômage et déplace l’équilibre vers la droite. Inversement, l’ac-
croissement de la concurrence entre travailleurs (syndicats affaiblis) et/ou entre firmes
(pouvoir de marché affaibli) ainsi que des gains de productivité réduisent le chômage et
déplacent l’équilibre vers la gauche. En d’autres termes la courbe W S − PS détermine
le niveau du chômage d’équilibre qui sera modifié par les chocs structurels affectant les
déterminants des salaires ou des prix, notamment les chocs pétroliers, les chocs sur le
niveau des prélèvements directs ou indirects et les chocs de taux d’intérêt réels (L’Horty
et Rault, 2003).
5. https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/contenus-associes-document-\
7--graphique--N-15393-23160.pdf
26
Les nouvelles théories du marché du travail place au cœur du débat la théorie du
chômage d’hystérèse aussi bien que celle des défauts de coordination. En effet, l’effet
d’hystérèse désigne une situation dans laquelle le taux de chômage d’équilibre augmente
durablement alors que sa cause a disparu. Il désigne en d’autres termes la situation dans
laquelle, après un choc macro-économique, le taux de chômage d’équilibre tend à aug-
menter avec le chômage effectif. Ce concept a été utilisé par Blanchard et Summers (1986)
pour expliquer le chômage structurel en Europe. Il montre qu’après un choc négatif de la
demande, les travailleurs qui ont perdu leurs emplois deviennent sans importance dans le
processus de négociation salariale. Cette hypothèse sera en plus intégrée dans la version
du modèle explicatif du chômage d’équilibre présenté par Nickell et al. (1991).
Parmi les facteurs explicatifs de l’effet d’hystérèse, on peut sans être exhaustif rete-
nir trois causes principales : i) la dégradation du capital humain expliquée par la perte
de l’employabilité. Les chômeurs de longue durée sont considérés par les employeurs
comme moins productifs, donc moins rentables, ii) le niveau élevé des taux d’intérêts et
la baisse de l’investissement. Les entreprises sont, au début de la période d’expansion,
contraintes de réduire leurs investissements de capacité si bien qu’elles n’embauchent
pas et enfin iii) le pouvoir de négociation des insiders. L’entreprise préfère rémunérer les
insiders à un salaire réel plus élevé que le niveau concurrentiel plutôt que d’embaucher
des outsiders pourtant prêts à recevoir un salaire plus faible.
D’autres explications aux rigidités des salaires ont été proposées dans la littérature
notamment les rigidités nominales et réelles. Par rapport aux prix nominaux, Akerlof et
Yellen (1985) considèrent que les ajustements de prix ne correspondent pas aux fonda-
mentaux du marché du fait de l’existence d’une concurrence imparfaite. Il y a aussi le
fait pour les entreprises de prendre en compte le coût du changement des prix dans leur
décision de ne pas les modifier (Mankiw, 1985).
Quant aux rigidités réelles, on s’accorde sur le fait que les prix sont largement fixés
par les individus eux-mêmes. Le salaire réel d’équilibre peut être différent du salaire
qui permet le plein emploi. Ainsi, les rigidités réelles peuvent découler des contrats im-
27
plicites. Azariadis et Stiglitz (1983) montrent que l’aversion pour le risque des salariés
est prise en charge par les employeurs. Dès lors, les entreprises ne modifient pas immé-
diatement les salaires réels en cas de choc économique : quel que soit la conjoncture,
l’employeur garantit le salaire. Les modèles de contrat implicite expliquent comment le
salarié et l’employeur se maintiennent dans des relations de long terme. Ces accords
de long terme sont dominants sur le marché du travail. Cela signifie que les individus
acceptent un salaire réel en moyenne inférieur à celui qui serait dicté par les forces du
marché.
Elles peuvent provenir de l’existence d’un salaire d’efficience. Akerlof (1982) sou-
tient que les employeurs garantissent un salaire élevé en contrepartie des efforts du
salarié quel que soit la conjoncture. Elles peuvent également découler du pouvoir de
négociation salariale des syndicats. Initié par Lindbeck et Snower (1985, 1986), la théo-
rie Insider-outsider vise également à expliquer pourquoi la rigidité des salaires persiste
avec la présence de chômage involontaire. Bien que les modèles de salaire d’efficience
fassent valoir qu’il est dans l’intérêt de l’employeur de payer l’efficacité salaire plus élevé
que le salaire d’équilibre du marché, l’approche Insider-outsider souligne que les firmes
subissent des coûts plus ou moins élevés (les coûts de recherche, les coûts de formation
des nouveaux employés, les coûts liés au licenciement, ...) pour remplacer un insider par
un outsider si bien qu’un chômeur ne peut pas espérer prendre la place d’un employé en
demandant un salaire légèrement inférieur.
Il s’est toutefois révélé qu’en dépit de fait que ces économies ont connu les mêmes
chocs, des divergences se dégagent sur le niveau chômage. Ce qui a conduit les écono-
mistes dès les années 90 à s’intéresser de plus en plus au cadre institutionnel pays par
pays. Cette approche repose sur le fait de vouloir analyser le rôle que peuvent jouer les
institutions du marché du travail dans la capacité de chaque pays à absorber les chocs.
On a donc constaté que les institutions de chaque pays peuvent réagir différemment aux
cycles conjoncturels et contribuer à des degrés divers à la baisse du chômage (Kramarz,
2005).
Dans ce cadre, l’analyse de Nickell (1997) sur l’influence des institutions sur le chô-
mage dans les pays de l’OCDE montre que le niveau du chômage est significativement
expliqué par le taux de syndicalisation, le niveau et la durée des indemnisations chômage,
la coordination des décisions entre employeurs et salariés, une fiscalité sur le travail ou un
salaire minimum élevé et une mauvaise performance du système de formation (Kramarz
et al., 2008).
Dans le même ordre d’idée, Blanchard et Wolfers (2000) analysent les interactions
entre chocs macro-économiques et institutions du marché du travail et trouvent que les
institutions n’ont pas d’effets directs sur le chômage compte tenu de leur stabilité relative
comparée aux variations importantes du taux de chômage durant la seconde moitié du
XXe siècle. Par contre, elles peuvent amplifier ou au contraire atténuer l’effet des chocs
macro-économiques sur le chômage. Les différences de trajectoires du chômage résulte-
raient ainsi d’une succession de chocs communs subis par certains pays connaissant des
contextes institutionnels différents.
29
Si l’on se réfère aux analyses de Nickell et al. (2005) et Bassanini et Duval (2006),
on retient la conclusion selon laquelle les institutions seraient directement responsables
du chômage. La générosité des prestations de chômage augmenterait le taux de chômage,
tandis qu’un degré élevé de coordination des négociations salariales tendrait à le diminuer.
La protection de l’emploi interviendrait, quant à elle, davantage sur le dualisme du marché
du travail que sur le niveau du chômage.
Le modèle d’appariement fut développé au début des années 1990 par Christopher
A. Pissarides (1990), Mortensen et Pissarides (1994). Il permet d’analyser la dyna-
mique du chômage dans un cadre d’équilibre non-walrasien et suppose donc l’absence
du commissaire-priseur sur le marché du travail (Esping-Andersen et Regini, 2000, Hunt,
1995).
Il va sans dire que si l’analyse des causes du chômage a fait l’objet de plusieurs études
empiriques dans les pays développés, il n’en est pas le cas dans les pays en développe-
ment où très peu d’études seulement sont recensées. L’attention est, à ce niveau, focalisée
sur les études que se sont penchées sur l’identification des chocs macro-économiques et
l’évaluation de leur importance sur le chômage.
À l’aide d’un modèle VAR structurel sur les données trimestrielles, Fabiani et al.
(2001) ont analysé les principales sources du chômage en Italie entre 1954 - 1998. Ils
concluent que le niveau élevé du chômage italien est attribué aux chocs de productivité
et d’offre de travail. Hansen et Warne (2001) ont réalisé une étude sur les causes du
chômage au Danemark pour la période 1905 - 1992. Les résultats obtenus à l’aide du
modèle de tendances communes avec les contraintes de cointégration ont montré que ce
sont les chocs d’offre qui expliquent principalement le chômage an Danemark.
Dolado et Jimeno (1997) ont analysé les principales causes du chômage en Espagne
entre 1973 - 1995 en prenant appui sur la méthodologie VAR structurel. Ils ont constaté
que le chômage espagnol est expliqué à la fois par les chocs d’offre et de demande. Dans
leurs analyses sur les causes du chômage en Allemagne, Brüggemann (2006) découvrent
qu’à long terme le chômage est expliqué par les chocs de productivité, de demande et
d’offre du travail. À court terme se sont plutôt les chocs du salaire et de prix du pétrole
qui sont déterminants.
6. Les données utilisées sont celles tirées de l’enquête 1-2-3 élaborée par l’INS en 2007 et 2012.
31
Jacobson et al. (1997) ont utilisé l’approche VARX sur les données qui couvrent
la période de 1965 à 1989 pour analyser la persistance et les sources du chômage dans
les pays scandinaves. Les résultats de leurs analyses concluent en faveur de la pertinence
du phénomène d’hystérèse dans les pays scandinaves. Ils ont dégagé trois sources à la
base de ce phénomène : le choc technologique, le choc d’offre du travail et le choc du
chômage d’équilibre c’est-à-dire de fixation des salaires. Ce dernier est la seule source
commune d’hystérèse dans les trois pays. Les chocs technologiques ont des effets per-
manents sur le chômage en Norvège, alors que pour le Danemark se sont les chocs d’offre.
Sunde et Akanbi (2016) ont fait recours à la méthodologie VAR structurel pour
analyser les sources du chômage en Namibie. À partir des données annuelles pour la
période 1980-2013, ils ont constaté que ce sont les chocs de prix et de productivité qui
expliquent le chômage au court de la période sous étude. À l’aide du modèle VAR struc-
turel, Damane et Sekantsi (2018) ont fait recours aux données en série chronologique sur
la période qui va de 1980 à 2014 pour analyser les sources du chômage au Lesotho. Ils ont
abouti à la conclusion selon laquelle les fluctuations du chômage au Lesotho sont dus en
grande partie aux chocs de la demande et d’offre du travail, de la productivité, des salaires
réels et des prix. L’importance des chocs positifs pour l’emploi et le chômage lui-même
pour expliquer les variations du chômage diminue avec le temps, tandis que l’importance
des chocs positifs pour la productivité, les salaires réels et l’inflation augmente avec le
32
temps.
CHAPITRE 2
Sources : Construits par l’auteur à partir des données tirées de l’annuaire 2015
1. La jeunesse est une période charnière pendant laquelle les individus finissent leurs études, cherchent
un premier emploi, quittent le foyer parental et commencent une vie de couple, en d’autres termes,
deviennent des adultes indépendants (Vergnat, 2019).
35
On s’aperçoit à partir du tableau ci-dessus que l’âge moyen de la population congo-
laise est de 22 ans par individu. On constate aussi que non seulement les femmes sont
légèrement plus nombreuses que les hommes, mais aussi 38,8% de la population vivent
dans le milieu urbain contre 61,2% dans le milieu rural. C’est dans le milieu urbain où
on constate une forte concentration de la population dont l’âge varie entre 15-59 ans, soit
52,9% contre 47,7% en milieu rural.
Pour définir une personne au chômage, la plupart de pays se réfèrent aux critères
établis par le BIT. Ces derniers renvoient à trois conditions : être sans travail, être dispo-
nible pour travailler et rechercher effectivement un travail. Ainsi, l’estimation du nombre
de chômeurs "au sens du BIT" repose sur l’exploitation d’enquêtes périodiques auprès
d’un échantillon représentatif des ménages dont disposent la plupart des pays (Gautié,
2015).
Cependant, dans les pays en développement, la définition du BIT semble mal venu
pour rendre compte de la situation du chômage. C’est pourquoi très souvent on recourt à
une définition élargie qui tient compte des chômeurs découragés. Celle-ci repose sur le
relâchement du critère de recherche qui semble non pertinent dans un pays à dominance
rural où le marché du travail est de moins en moins évoquer. À notre avis, nous estimons
que pour besoin des comparaisons au niveau international, il serait mieux d’évoquer le
concept du "chômage monétaire".
36
Tableau 2.2: Taux de chômage par tranche d’âge et par milieu de résidence
On réalise que lorsqu’on définit le chômage au sens du BIT, les résultats sont souvent
étonnants et surtout en déphasage avec la situation exacte du chômage dans ce pays. C’est
d’ailleurs pour cette raison que d’aucuns estiment qu’il serait très risqué de mettre à la
disposition du public non avisé un taux de chômage calculé selon l’approche BIT qui
indique que la plupart des pays africains sont en plein emploi, ce qui contraste avec la
réalité. Cette appréciation incorrecte de la mesure du chômage présente l’inconvénient de
sous-estimer les actions à mettre en œuvre pour lutter contre ce fléau social. Pour plus de
prudence, dans le rapport de l’enquête 1-2-3, on s’est réservé de ne présenter que les carac-
téristiques du chômage issu de l’enquête plutôt que la présentation du niveau de chômage.
En dépit des limites que présentent le taux de chômage au sens strict surtout de
manière générale dans les pays en développement et en RD Congo particulièrement,
nous nous servons de cet indicateur pour caractériser les chômeurs en deux blocs : les
primo-demandeur et les anciens occupés.
On constate que plus de 9 chômeurs sur 10 sont des chômeurs de longue durée, c’est-
à-dire des personnes au chômage depuis plus d’un an. L’obtention ou la ré-obtention d’un
emploi peut en effet devenir plus difficile au fur et à mesure que la situation de chômage
persiste, l’individu perdant ses qualifications et son contact avec le marché du travail. Les
anciens occupés ont déjà connu une expérience d’emploi, les rendant potentiellement
plus aptes à retrouver du travail. Bien que la différence soit légère, la durée moyenne du
chômage est plus élevée chez les primo-demandeurs que chez les anciens occupés, soit
8,2 ans contre 8,1 ans, soit 8 ans de recherche de travail. Dans les deux groupes, ce sont
les hommes qui sont les plus touchés. On note plus de 2 sur 3 chômeurs chez les anciens
occupés contre 3 sur 5 chez les primo-demandeurs.
Hormis ces statistiques fournies par l’enquête 1-2-3, le ministère du travail fait valoir
que sur les 70 millions d’habitants que comptait la RD Congo en 2008, 27,4 millions
des personnes dont l’âge varie entre 16-65 ans sont considérées comme actives. Mais,
curieusement seule 1.009.553 milles sont dans la catégorie des employés salariés. Le
portefeuille de l’État et l’armée comptent respectivement 612.000 et 112.000 employés.
Sous cette configuration, il ressort que le secteur privé congolais offre moins d’emplois
formel. Il regorge un nombre considérable de la population. Et, de toute évidence,
l’État reste le meilleur pourvoyeur d’emploi formel. C’est le secteur qui est de plus en
plus convoité par la jeunesse pour y faire carrière. Du fait de la défaillance dans le
fonctionnement de marché des biens et par voie de conséquence celui du travail, les
concepts du chômage déguisé et du sous-emploi sont de plus en plus évoqués.
40
Dans le secteur privé on enregistre seulement 295.253 emplois. Le secteur infor-
mel quant à lui regorge 19,9 millions soit 72% de la population active. Ceux qui sont
déclarés au chômage ou n’ayant pas la moindre activité sont estimées à 6,6 millions
des personnes (G. Justaert, et al., 2011). En considérant par essence que tous ceux qui
sont dans l’informel sont chômeurs, il n’est pas surprenant de constater que par rapport
à la population active en 2008, 26,4 millions des personnes sont au chômage, soit 96,63%.
L’emploi dans le secteur privé est caractérisé par la prédominance du secteur infor-
mel organisé autour des petites activités commerciales. Le secteur informel qui occupe
une place non négligeable dans l’économie congolaise. Toujours est-il que le niveau de
pauvreté de la population reste très élevé et les disparités des revenus sont criantes. Faute
d’un système productif efficient, on enregistre un niveau de chômage extrêmement élevé
tant et si bien qu’à ce jour le pays se trouve inscrit en huitième position sur la liste des 10
pays les plus pauvres en Afrique selon le classement 2018.
Il ressort de ce tableau 71,2% des actifs occupés sont employés dans le secteur
primaire. Le secteur secondaire c’est-à-dire l’industrie qui est considérée comme le pou-
mon de l’économie en termes d’absorption de la main d’œuvre n’emploie que 4,4% de
la population active. Ce qui dénote un mauvais signal de la performance de l’économie
congolaise. L’emploi en RDC est essentiellement agricole et le secteur industriel apparaît
particulièrement peu développé. Dans le commerce et le service on enregistre respective-
ment 15,2% et 9,2% de la population active. Ces activités reposent sur l’import-export.
Quel que soit le milieu de résidence, la scolarité est la principale raison de l’inactivité
en RD Congo. Les élèves et étudiants forment la majorité des inactifs, soient 60,3%.
42
Les femmes au foyer représentent une part non négligeable (11,5%). On signale 6,9%
d’inactifs pour cause de maladie ou d’invalidité en plus de 20,4% d’inactifs dont les
raisons n’ont pas été précisées. La franges de rentiers et retraités constitue un groupe
marginal. Il y a lieu de souligner qu’en milieu urbain ou rural et sur l’ensemble du
territoire les inactifs sont à 93,8% pris en charge par les membres de leurs familles.
Pour se faire une idée sur l’état de la demande du travail, il suffit de procéder à
une description détaillée du système productif en se basant sur le nombre d’entreprises
aussi bien dans le secteur privé que public et cela par secteur et par branche d’activité.
Mais, faute de disposer les renseignements qui décrivent systématiquement le système
productif congolais, nous allons partir de l’approche en termes de contribution de chaque
secteur dans le produit intérieur brut.
On réalise par contre que le système productif congolais est tellement défaillant
que l’économie repose sur les exportations des matières premières et les importations
des biens de consommation et d’équipement. Ceci traduit une dépendance quasi-totale
vis-à-vis de l’extérieur. Au niveau local, le marché n’est pas diversifié et le secteur secon-
daire est quasiment absent lorsqu’on regarde de près la configuration de notre système
productif. En termes de contribution de chaque secteur au PIB on note que l’agriculture,
les mines, l’industrie et service contribuent à l’ordre de 40%, 24%, 5% et 31% respecti-
vement.
2. Cf. Plan cadre des nations-unies pour l’assistance au développement-UNAF 2013 – 2017, Répu-
blique Démocratique du Congo. Équipe des Nations-Unies en RD Congo : www.cd.undp.org
44
Figure 2.2: Évolution de l’emploi
Sources : BCC
La lecture du graphique (2.2) nous conduit à retenir cinq sous périodes qui caracté-
risent l’évolution de l’emploi. La première va de 1960 à 1967, la seconde de 1968 à 1981,
la troisième de 1982 à 1989, la quatrième de 1990 à 2001 et enfin la cinquième par de
2002 à 2014. Le tableau ci-dessous résume la tendance de l’évolution de cet indicateur.
Tableau 2.8: Tendance de l’emploi en RD Congo
Il est généralement admis que toute croissance économique n’est pas synonyme
d’un accroissement de l’emploi (Baudin et de la Croix, 2015). Pour une structure donnée
de la répartition des revenus entre le profit, les salaires et les droits de douane et taxes
nettes sur les biens et services à une date donnée, la croissance économique entre deux
dates s’accompagnera d’un accroissement de l’emploi que si elle est caractérisée par
de faibles taux d’accroissement du salaire réel moyen (i), du profit brut réel (ii) et des
droits de douanes et taxes nettes (iii), de sorte que le taux de croissance du PIB réel soit
45
supérieur au taux de croissance de la somme de (i), (ii) et (iii). A l’inverse, lorsque le
taux de croissance du PIB réel est inférieur à la somme de (i), (ii) et (iii), la croissance
économique se traduit par une baisse de l’emploi.
∆L ∆Ta ∆Pa
+ (2.1)
L Ta Pa
L
Avec Ta = soit L = Ta × Pa respectivement le taux d’activité et la population
Pa
active. En appliquant cette formule au cas de la RD Congo, nous obtenons les résultats
ci-après :
46
Tableau 2.9: Croissance de la population active
N
Sachant que le taux de chômage u = 1 − et que le taux d’emploi et d’activité
L
N L
respectivement par Te = et Ta = , il vient alors que :
Pa Pa
Te
1−u = (2.2)
Pa
En différentiant l’équation (2.2), elle peut se présenter sous forme logarithmique
comme suit : ∆ln1 − u = ∆lnTe − ∆lnTa. Cette relation permet ainsi d’exprimer la
variation du taux du chômage par rapport au taux de croissance de l’emploi et de celui
du taux d’activité. On aura ainsi :
∆Ta ∆Te
∆u = − (2.3)
Ta Te
Sur la base de cette décomposition, il est possible de mieux cerner l’évolution du
taux de chômage.
47
Tableau 2.10: Analyse de la décomposition du taux de chômage
Il ressort des graphiques ci-haut que le nombre de chômeurs n’a cessé d’augmenter
depuis les années 1960 en dépit de quelques légères fluctuations. La tension reste très
forte sur le marché congolais du travail où l’offre dépasse largement la demande du
travail. Ce point de vue est illustré sur le graphique ci-haut. On constate que la courbe
de chômeurs est largement supérieure à celle de l’emploi. Ces tensions peuvent être
illustrées à travers l’analyse graphique de la courbes d’offre et celle de la demande du
travail telle que présentée ci-dessous :
Par ailleurs, les tensions qui planent sur le marché congolais du travail peuvent aussi
être appréhendée en analysant le flux observé sur ce marché à partir d’un certain nombre
d’indicateurs tels que repris dans le tableau ci-dessous :
Tableau 2.11: Indicateurs d’échange sur le marché du travail
Le réseau relationnel a une grande influence dans l’obtention d’un emploi en RDC.
Cependant, sur 9 000 jeunes sortant des universités congolaises chaque année, moins
de 100 accèdent à un emploi. Il arrive fréquemment que de jeunes diplômés deviennent
vendeurs, « cambistes », receveurs, tenanciers d’une cabine téléphonique, gardiens, faute
de possibilités d’embauche. Le manque de travail et l’absence de structures d’encadre-
ment efficaces poussent aussi de nombreux jeunes vers la délinquance jusqu’à intégrer les
groupes rebelles surtout à l’est du pays. Après avoir décrit le fonctionnement du marché
du travail, il devient nécessaire de jeter le regard sur les politiques d’emploi mises en
œuvre au cours de ces cinq dernières décennies.
Pour parler de la mise en place des mécanismes de la politique nationale sur l’em-
ploi, un forum national 4 a été tenu à Kinshasa du 18 au 22 septembre 2007. Au sorti
de ce forum, cinq mécanismes suivants ont été mis en place notamment : (i) les axes
majeurs de la politique nationale de l’emploi ; (ii) les programmes et les projets pilotes
du plan d’action national pour l’emploi ; (iii) les mécanismes de mise en œuvres des pro-
grammes et des projets pilotes du plan national pour l’emploi ; (iv) dossiers se rapportant
sur la gouvernance de l’emploi en République Démocratique du Congo (RDC) ; (v) les
stratégies de mise en œuvre de politique sectorielle de l’emploi.
Les résultats attendus de ce forum sont les suivants : lever les options sur les axes
4. Le Forum national de l’emploi a levé les options sur les axes stratégiques de la politique nationale
de l’emploi et de la formation professionnelle, à valider et adopter des programmes et projets pilotes
sur l’emploi pour une rapide mise en œuvre du programme du gouvernement, à formuler de manière
concrète des recommandations pour une meilleure prise en compte de l’emploi et trouver des solutions
pour l’amélioration de la gouvernance de l’emploi en Publique Démocratique du Congo.
52
majeurs de la politique nationale de l’emploi et de la formation professionnelle, valider et
adopter les programmes et projets pilotes du Plan national pour l’emploi et la lutte contre
la pauvreté en vue de la mise en œuvre adéquate du Programme d’action prioritaires
du gouvernement. Pour réduire la pauvreté en République Démocratique du Congo, le
DSRP a été en œuvre.
Sur le plan stratégique, il faut admettre que la RD Congo n’a pas encore de véritable
politique en faveur de l’emploi des jeunes. Ce dernier constitue un défi majeur pour le
pays dans la mesure où plus de 70% de la population dont l’âge varie entre 15-24 ans sont
au chômage, notamment en milieu urbain. Cette situation contribue énormément d’une
part à l’élargissement du secteur informel et conduit vers la délinquance des jeunes faute
des structures d’encadrement, d’autre part 5.
Nous allons donc dans cette section faire un panorama de l’ensemble des actions
mises en œuvre pour promouvoir l’emploi aussi bien en termes des politiques passives
et actives de l’emploi ainsi que les reformes qui ont eu lieu ces dernières années.
Les politiques passives n’ont pas pour objectif de réduire le chômage, mais visent
à le rendre supportable. Elles jouent prioritairement le rôle d’accompagner socialement
les demandeurs d’emploi via le mécanisme d’indemnisations. Dans cette logique, elles
renforcent la protection contre l’exclusion sociale en octroyant les indemnités ou allo-
cation chômage. Elles cherchent aussi à réduire l’offre du travail à travers entre autres
l’allongement des études, le financement de la pré-retraite et l’abaissement de l’âge de
la retraite. De manière bien considérer, on peut dire avec force que ces politiques ne sont
pas en application en RD Congo. Il n’y a donc pas de rigidités qui empêcheraient la
flexibilité des salaires sur le marché du travail. Ce dernier répond favorable à la vision
néo-classique du marché du travail. Cependant, le salaire ne joue pas son rôle en tant que
mécanisme d’incitation.
5. www.africaneconomicoutlook.org
53
2.3.2 Politiques actives de l’emploi
Les politiques actives de l’emploi agissent directement sur l’offre du travail par
l’intermédiaire de la formation professionnelle. Grâce à celle-ci les offreurs du travail ont
la possibilité d’avoir ou de retrouver un niveau de qualification compatible avec le profil
exigé par les demandeurs du travail. Il s’agit donc d’un ensemble de mesures 6 destinées
à améliorer le fonctionnement du marché du travail et axées sur les chômeurs (Calmfors,
1994).
La conduite des politiques de l’emploi est du ressort du ministère du travail qui joue
un rôle fondamental dans l’univers du marché du travail. Ce ministère renferme à son
sein plusieurs agences spécialisées, qui sont censées remplir certains rôles précis dans le
marché du travail (Herderschee et al., 2012).
6. Il s’agit des programmes mis en place par les administrations publiques sur le marché du travail
afin d’encourager les sans-emplois et autres chômeurs à trouver un emploi en promouvant une croissance
créatrice d’emploi. L’accroissement du marché de l’emploi du travail, le plein emploi et l’emploi décent,
sont les buts poursuivis par les politiques actives de l’emploi.
54
La Direction de l’emploi
À la suite des pillages, guerres et récession qui ont frappé l’économie congolaise au
cours de ces cinq dernières décennies, le marché du travail en RD Congo s’est fortement
rétréci jusqu’à entrainer une fracture sociale. C’est dans l’objectif de résoudre ce fléau
qu’est né l’idée de mettre en place l’Office National de l’Emploi 7 . Ce service public
n’a été créé qu’en juillet 2002 par décret-loi n° 081/2002 et est placé sous la tutelle du
ministère du travail et de la prévoyance sociale.
L’inspection du Travail
7. La mission principale de l’ONEM est de faciliter la rencontre entre les offreurs et les demandeurs
d’emplois dans le but de promouvoir l’emploi décent et d’entreprendre, en collaboration avec d’autres
organismes publics et privés intéressés, l’amélioration de l’organisation du marché du travail. Elle repose
sur les mécanismes d’appariement du marché du travail.
55
Elle a pour mission de : (i) assurer l’application des textes juridiques qui portent
sur les conditions de travail et sur la protection des travailleurs ; (ii) fournir des rensei-
gnements et des conseils techniques aux employeurs et aux travailleurs concernant les
moyens de mise en œuvre les plus efficaces ; (iii) donner des conseils en réponse à des
questions portant sur l’établissement ou la modification des installations appartenant à
des entreprises et des organismes, à savoir des changements pour lesquels il faut avoir
l’autorisation administrative ; (iv) signaler aux autorités compétents les déficiences et les
abus reliées à l’application de la loi du travail et d’autres décrets reliés.
Cette institution a été créée par ordonnance-loi n° 206 du 29 juin 1964 pour aider
l’industrie congolaise à faire face au départ massif des techniciens et cadres étrangers.
La formation professionnelle vise l’adaptation et l’amélioration des compétences des
demandeurs d’emploi par rapport aux exigences des entreprises et organismes offreurs
de l’emploi. La mise en place des structures de formation permet de renforcer la capacité
d’employabilité des chômeurs. Cette tâche rentre dans les prérogatives de l’INPP qui est
une organisation chargée de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi.
C’est par le décret n° 09/12 du 24 avril 2009 qu’elle sera transformé en Établissement
public à caractère technique et social doté de la personnalité juridique et de l’autonomie
administrative et financière placé sous la tutelle du Ministère de l’Emploi, du Travail
et de la Prévoyance Sociale. Cette institution a pour rôle de rendre compétitif les de-
mandeurs d’emploi sur le marché du travail en renforçant d’une part leur employabilité
en conformité avec les conditions et exigences des postes publiées et en permettant aux
travailleurs en cours d’emploi de s’adapter à l’évolution de la technologie, d’autre part.
Elle a pour mission de prendre les décisions concernant l’octroi des permis de travail
56
à des travailleurs étrangers. Dans cette veine, la Commission décide si un travailleur
étranger peut être embauché, ou si son permis de travail peut être renouvelé, et conseille
le Ministère du travail et de la couverture sociale sur les mesures qui visent à protéger
l’emploi des travailleurs nationaux contre la compétition provenant de l’étranger.
2.3.2.2 Le rôle de l’O.I.T dans les mises en œuvre des politiques de l’emploi
De toute évidence, l’OIT a quand même joué un rôle prépondérant dans la mise en
place des stratégies pour la réduction de la pauvreté. Élaboré en 2006, le DSRP s’est
inscrit dans le schéma de la réduction de pauvreté en privilégiant la création d’emploi.
Les politiques nationales de l’emploi s’efforcent de lier explicitement la croissance et les
stratégies économiques à la création d’emplois et établissent un diagnostic des difficultés
et des possibilités de création d’emplois productifs. L’OIT aide les pays à réexaminer,
formuler et appliquer ces politiques conformément aux prescription de l’agenda mondial
pour l’emploi, adapté pour s’appliquer à des contextes spécifiques.
8. Pour plus d’information sur la liste des pays n’ayant encore ratifié la convention numéro C 122
referez-vous à l’adresse suivante : https :// www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p)
57
cueillies à cet égard sont utilisées comme base pour négocier et hiérarchiser les priorités
dans les futures politiques de l’emploi et sont alors intégrées à la politique nationale de
l’emploi. Ce processus offre l’occasion de promouvoir la cohérence entre les différents
ministères du gouvernement, encourager le dialogue tripartite - entre les gouvernements,
les employeurs et les travailleurs - et pour lancer une dynamique et trouver un consensus
sur la meilleure façon d’obtenir une augmentation des emplois dans un contexte donné.
L’OIT surveille l’évolution de ses activités sur les politiques nationales de l’emploi 9
et le degré de présence des questions d’emploi dans les plans nationaux de développement
en utilisant un système de base de données qui permet d’obtenir rapidement un aperçu
mondial et l’accès à des informations sur des pays spécifiques. Les recherches relatives
aux politiques appliquées permettent d’approfondir l’analyse et comprendre quelles sont
les politiques qui ont été les plus efficaces quant à la création d’emplois productifs et de
travail décent dans les pays à différents niveaux de développement, et promouvoir ainsi
des évaluations transnationales des bonnes pratiques.
9. Pour l’OIT, les politiques de l’emploi comprennent généralement des recommandations sur les
objectifs d’emploi nationaux ou sectoriels convenus, et les moyens de les concrétiser, une analyse du cadre
macro-économique, des ajustements aux politiques et institutions du marché du travail, le repérage des
secteurs susceptibles de croissance et les stratégies d’investissement sectoriel, ainsi que le développement
des entreprises y compris les Petites et Moyennes Entreprises, les questions relatives à la capacité des
ressources humaines, employabilité, l’amélioration de la qualité de l’emploi et la promotion des normes et
instruments nationaux.
58
des politiques de l’emploi, la formation professionnelle joue un rôle important car elle
permet de lutter contre le chômage dû au manque d’expériences, de qualifications requises
et de capacités d’employabilité des demandeurs d’emploi. Elle permet aux demandeurs
d’emploi formés d’accéder à l’emploi décent et conduit à l’amélioration de la productivité
du travail au niveau des entreprises.
Les projets agricoles pour la promotion de l’emploi rural sur le plateau Bateke
Le taux élevé de chômage en RDC est un problème qui remonte à plusieurs années.
On retrouve dans cette catégorie des demandeurs d’emploi qui ont mis plus de huit ans
sans avoir travaillé du tout. Au bout de temps, la plupart de ces demandeurs d’emploi
ont perdu toute motivation de recherche de l’emploi soit par manque de disponibilité
des emplois, soit par manque d’expérience professionnelle et qualification requise pour
entrer dans la compétition des emplois, postes publiés.
10. Selon la Banque mondiale, la RDC devrait créer de 2 à 4 millions d’emplois chaque année pour
absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail et réduire la pauvreté. C’est sur la base d’un
engagement fort en faveur de l’emploi des jeunes que la RDC sera en mesure de répondre à l’appel
international lancé en 2003 pour élaborer et appliquer des stratégies donnant aux jeunes une chance réelle
de trouver un travail décent.
CHAPITRE 3
La présentation du cadre d’analyse nous semble très utile parce qu’il facilite la
compréhension de l’environnement dans lequel porte nos analyses. Cette description est
d’autant plus importante qu’elle constitue un outil puissant et nécessaire dans l’analyse
du marché du travail. C’est pourquoi dans ce chapitre nous nous proposons de rendre
compte, de façon détaillée, de la situation socio-économique du pays au cours de la
période sous analyse c’est-à-dire entre 1960 – 2014.
Pour se faire une idée claire sur la santé de l’économie congolaise, il nous semble en
effet nécessaire d’analyser l’évolution dans le temps d’un certain nombre d’indicateurs
économiques et sociaux depuis l’accession du pays à l’indépendance.
Il ressort du graphique 3.1a ci-dessus que l’évolution du Produit Intérieur Brut réel
de la RD Congo est caractérisée par cinq phases principales : la première va de 1960 à
Ce n’est qu’à partir de 2002 que la RD Congo a renoué avec un taux de croissance
positif après plus d’une décennie de récession, soit 6,21% en moyenne par an entre 2002
et 2014. Cette situation est consécutive au fait pour le gouvernement d’avoir rétabli sa
coopération avec la communauté financière internationale.
Le lieu entre croissance et chômage a été pour la première fois mise évidence par
l’économiste Américains A. Okun en 1962. Connue sous la loi d’Okun, cette relation,
constitue dès lors le cadre idéal pour analyser la relation croissance – chômage. Elle
stipule que toute augmentation de 3% du PIB entraîne une baisse de 1% du chômage par
rapport à leur série tendancielle (Stephan, 2014). Exprimé en écart à leur niveau naturel,
la relation linéaire entre chômage et activité, c’est-à-dire la loi d’Okun peut être décrite
par l’équation suivante :
u − u∗ = β y − y∗ + εt (3.1)
Sources :Auteur
On constate, pour ce qui est de la RD Congo, que la relation entre chômage et activité
(3.2) est positive contrairement aux prédictions théoriques de la loi d’Okun. Ceci revient
à dire que l’augmentation de la croissance économique s’accompagne d’une hausse du
chômage. C’est souvent le cas, lorsqu’on a une croissance économique qui n’est pas
génératrice d’emplois (Stephan, 2014). Il ne suffit pas d’avoir un taux de croissance élevé
pour baisser le chômage, encore faut-il que ce taux de croissance soit bien supérieur à
la somme des taux de croissance de la population active et celui de la productivité du
travail.
Tableau 3.2: PIB réel, population active et productivité
Le tableau ci-dessus montre que pour le cas de la RD Congo, il n’est pas surprenant
de constater une corrélation positive entre le chômage et l’activité économique. Pour toute
la durée sous étude, on se rend compte que le taux moyen de croissance économique
66
est inférieur à la somme du taux de croissance de la population active et celui de la
productivité du travail, soit 1,24% inférieur à 3,93% entre 1960 – 2014.
3.1.1.2 Inflation
Trois indices servent de référence pour mesurer l’inflation à savoir l’indice des prix à
la consommation, le déflateur implicite du PIB et les coûts unitaires de la main-d’œuvre.
En RD Congo, c’est l’indice général des prix à la consommation du type Laspeyres qui
est utilisé pour mesurer l’inflation c’est-à-dire le coût de la vie.
Caractérisée par un taux d’inflation moyen de 25,45%, c’est au cours des années
(1961 - 1970) que l’on a enregistré les taux d’inflation le plus faibles dans l’histoire
monétaire de la RD Congo respectivement -1,32% en 1965 et -0,50% en 1969. A la suite
de l’incertitude créée par le chaos politique postcoloniale, on a observé en 1963 et en
1964 un taux d’inflation respectivement de 105,18% et 53,18%.
Dans les années (1971 - 1982), la tendance à la hausse de l’inflation est amorcée
68
depuis les années 71 à la suite des à-coups de la Zaïrianisation et du premier choc pétrolier
en 73. Elle s’est poursuive jusqu’en 1982 avec une pointe de 101% en 1979, l’année où
le deuxième choc pétrolier a eu lieu. Pendant la période de 1983 à 1990, on enregistre un
taux d’inflation moyen de 50,33% par an, avec une pointe de 84,32% en 1987 et un taux
minimum de 13,06% en 1985.
L’année 1991 marque le début d’une phase de chocs monétaire avec la manifestation
de l’hyperinflation : 4562,77% en moyenne par an entre 1991 et 1994 avec des pointes
de 1141,32%, 2729,79%, 4583,08% et 9796,9% respectivement en 1991, 1992, 1993
et 1994. Les années suivantes, c’est-à-dire entre 1995 jusqu’en 2001, l’hyperinflation
va persister en dépit de la réforme monétaire de 1997. On enregistre au cours de cette
période un taux d’inflation moyen de 334,55% par an.
Ce n’est qu’à partir de 2002 que l’hyperinflation était cassée grâce au soutien des
institutions de Bretton Woods. On a donc enregistré entre 2002 et 2014 un taux d’inflation
moyen de 14,86% par an avec un pic de 53,44% en 2009 et un minimum de 1,08% en 2013.
3.1.1.3 Le chômage
Réduire le chômage est certes l’un des quatre objectifs de la politique économique.
Cependant, pour le cas précis du Congo, force est de constater que non seulement cet
indicateur attire de moins en moins l’attention des décideurs politiques, mais aussi dans
le milieu universitaire le débat sur ce fléau social semble absent.
Par chômage Ut il faut attendre le nombre de personnes qui font partie de la popula-
tion active, mais n’ayant pas d’emploi. Il est obtenu à partir du rapport entre le nombre
d’actifs non occupés et la population active. La transformation de la mesure du chômage
sous forme logarithmique peut se réécrire comme suit :
N
ut = −log1 − u = −log = l −n (3.2)
L
Où les N et L désignent respectivement le niveau d’emploi et la population active.
Le minuscule exprime les valeurs en logarithme.
Chacune des sous périodes est marquée par un certain nombre de caractéristiques.
Entre 1973 et 1982 beaucoup des faits peuvent être ressortis. D’abord, l’augmenta-
tion de la population active qui passe de 6,8 millions en 1960 à 10,3 millions en 1973
jusqu’à atteindre 12,4 millions en 1982. On enregistre au cours de cette période un
taux de chômage moyen de 91,23%. Cette hausse est expliquée par l’augmentation de
la population active dans un environnement caractérisé non seulement par les guerres
de sécession en 1977 et 1978, mais aussi les deux crises pétrolières en 73 et 79 aussi
bien que la crise de la dette à 82. Ces évènements n’ont pas favorisé la création d’emplois.
3. C’est tout le débat sur la croissance non inclusive. À ce sujet, il faut noter qu’aussi longtemps que
la demande locale sera satisfaite par l’offre externe, il n’y aura jamais une croissance inclusive. Plus de la
moitié de notre revenu est dépensé à l’extérieur de notre système économique. Ce qui revient à donner du
travail aux ouvriers étrangers au détriment de nôtres.
74
Figure 3.6: Incidence de la dépendance extérieure sur l’emploi
Sources : Auteur
La demande globale étant essentiellement couverte par l’offre externe, tout aug-
mentation de celle-ci se traduirait automatiquement par la hausse des importations 4. Le
marché des biens et services étant en déséquilibre permanent, toute hausse de la demande
ne peut pas avoir d’effet significatif sur la production locale c’est-à-dire engendrer un
gain en termes de croissance économique et de surcroît de l’emploi. On assistera à un
creusement non seulement du déficit extérieur, mais aussi du chômage. Dans pareille si-
tuation, l’économie va donc enregistrer une fuite à l’issue de laquelle les dépenses locales
finissent par soutenir l’activité du reste du monde. Partant de ces observations, il nous
paraît dès lors intéressant d’analyser l’évolution de quelques indicateurs clés décrivant
l’équilibre extérieur à savoir le solde commercial, les termes de l’échange et le taux de
pénétration.
4. Fautes d’intégrer la contrainte extérieure, toute politique de relance par la demande sera vouée à
l’échec en raison de l’importance des effets de débordement. Ceci restera valable aussi longtemps que la
production intérieure ne sera pas à mesure de satisfaire la consommation locale.
75
Figure 3.7: Évolution des indicateurs décrivant l’équilibre extérieur
On constate sur le graphique 3.7a que l’évolution du solde commercial entre 1960 –
2014 peut être trois sous périodes. Entre 1960 – 1966, la balance commerciale présente
un solde négatif. Ce n’est que dans les années 1967 – 1993 que la situation commerciale
s’est améliorée en dépit de quelques creux enregistrés respectivement en 71, 76-77 et
87-88. Dans l’ensemble, on se rend toutefois compte que la balance commerciale est
en situation de déficit chronique. Par rapport au graphique 3.7b qui traduit l’évolution
des rapports des prix des marchandises exportées et importées, on s’aperçoit là aussi
que les termes de l’échange n’ont cessé de se détériorer depuis la fin des années 70.
Ils sont toujours en baisse et signifie donc que les marchandises que nous vendons au
reste du monde c’est-à-dire les matières premières essentiellement sont moins chers que
celles que nous leur achetons, c’est-à-dire les produits qui sont directement destinés à la
consommation.
Parmi les indicateurs sociaux, l’éducation et la santé occupent une place de choix
si bien que les économistes et décideurs politiques doivent y accorder une attention
particulière. Ces indicateurs jouent un rôle considérable dans le processus de création
de la richesse dans un pays. Comme nous l’avons annoncé précédemment, les dépenses
liées à l’éducation et à la santé permettent de rendre compte de la qualité de la main
d’œuvre et donc sa capacité à produire la richesse laquelle est indispensable si l’on veut
améliorer le bien-être collectif.
5. L’accumulation de capital humain mise en valeur par Lucas Jr (1988) peut être volontaire ou
involontaire (learning by doing).
77
comme source d’aptitudes et des compétences, est le moteur principal de la croissance
et son développement doit précéder toute modernisation économique. On peut donc
appréhender la qualité de l’éducation par la part du budget affecté à l’éducation. En ce
qui concerne la RD Congo, le graphique ci-dessous retrace l’évolution de la part du
budget affectée au social c’est-à-dire à l’éducation et à la santé.
Sources : BCC
Dans la première phase (1960-1982), on enregistre une part moyenne des dépenses
affectées au social de 0,40 du PIB. Ces dépenses ont connu une chute permanente à partir
de 1966 jusqu’à atteindre 0,27 en 1982 après un pic jamais réalisé de 0,77 en 1966 et un
creux de 0,065 en 1979. Au cours de la seconde phase (1983-1987), le ratio des dépenses
sociales était relativement bas jusqu’à atteindre en moyenne 0,05 du PIB. Cette situation
serait expliquée par la crise économique qu’a connue la RD Congo en 1983 laquelle a par
ailleurs entrainé le désengagement des services sociaux à la suite des recommandations
issues du programme d’ajustement structurel : le soin de santé devient payant, les emplois
de la moitié des enseignants sont supprimés, etc. Cette tendance à la baisse du ratio des
dépenses affectées au social va s’accentuer au cours de la troisième phase (1988 – 2000).
Ce qui reflète un oubli effectif du secteur éducatif et sanitaire par le gouvernement central.
Ce n’est qu’à partir de la quatrième phase (2001 – 2014) plus précisément en 2006
que l’intérêt accordé au secteur social refait surface avec un ratio par rapport au PIB de
0,11 lequel constitue d’ailleurs la moyenne pour toute la période. Les années 2007 et
2008 ont enregistré les ratios les plus élevés soient respectivement 0,30 et 0,26. En 2014
par exemple, c’est seulement 0,14 du budget qui a été affecté au social, éducation et santé
comprise.
Dans l’ensemble, nous devons reconnaître que la part du budget affectée au social,
c’est-à-dire à l’éducation et à la santé est très faible, soit 0,21 en moyenne entre 1960 et
79
2014 et cela en raison de 0,11 et 0,10 respectivement pour l’éducation et la santé. Ce qui
remet un peu en doute la qualité de la main d’œuvre congolaise et donc sa capacité à
créer la richesse pour sortir ainsi du carcan de la pauvreté.
C’est à partir des années 70 qu’un consensus a été largement partagé par les écono-
mistes pour reconnaitre que les fluctuations économiques sont essentiellement expliquées
par les chocs de nature diverses. En accord avec cette logique, il nous paraît important de
passer rapidement en revue les différents chocs qui ont frappés l’économie congolaises
au cours de ces cinq dernières décennies. Nous allons d’abord définir ce qu’est-ce qu’un
choc macro-économique et ensuite nous décrirons de manière théorique le rôle joué par
chacun d’eux sur les fluctuations du chômage.
Le concept chocs est généralement utilisé pour décrire une perturbation inattendue de
l’économie. Il s’agit d’un certain nombre de changements imprévus dans l’environnement
économique. Leur l’importance sur le marché du travail a connu un regain d’intérêt à
la suite de l’apparition des chocs pétroliers de 1973 et 1979 ainsi que le ralentissement
de la productivité dans les années 70. Pour ce qui est de la RD Congo, il est très
intéressant d’analyser sur la base de quelques indicateurs le rôle joué par les chocs
macro-économiques tout au long de notre période d’études.
De l’autre côté, on note souvent la lenteur dans les ajustements des aspirations sa-
lariales des travailleurs. Il est généralement admis qu’à un taux de chômage donné, le
ralentissement de la croissance de la productivité implique un ralentissement de la crois-
sance réalisable du salaire réel. Étant donné que les travailleurs disposent généralement
d’une longue période de temps pour adapter leurs revendications salariales à la baisse de
la croissance de la productivité, les salaires de réserve des travailleurs continuent d’aug-
menter rapidement, trop rapidement par rapport au taux de croissance de la productivité,
qui est maintenant plus faible. L’emploi diminue par la suite, de même que le taux de
profit. L’investissement diminue, ce qui se traduit par une diminution de l’accumulation
de capital et une nouvelle diminution de l’emploi tant et si bien que le chômage augmente.
(a) Taux d’interet nominal (b) Lien entre chômage et taux d’intérêt
Sources : Calcul de l’auteur à partir des données de la BCC et du FMI
Il ressort du graphique 3.10a ci-dessous que la BCC est passée à une politique mo-
nétaire stricte à partir des années 80 pour réduire l’inflation résultant du deuxième choc
pétrolier. La hausse du taux d’intérêt à court terme a freiné les investissements jusqu’à
entraîner la hausse du chômage. Avec la manifestation de l’hyperinflation dans les années
90, la BCC n’a cessé de durcir sa politique monétaire en relevant le taux d’intérêt à court
terme jusqu’en 2001. Malgré la réforme monétaire de 1997 qui a permis de ramener
le taux d’intérêt à 22% en 1997 après un pic de 238% en 1996, la BBC a rompu avec
une politique monétaire restrictive plus stricte qu’à partir de 2001 étant donné le niveau
d’inflation élevé qui a suivi la réforme de 97. On constate aussi à partir de 3.10b} que
le taux d’intérêt réel élevé correspond au niveau élevé du chômage pour les périodes
correspondantes.
Le taux de croissance des dépenses publiques réelles est passé d’une moyenne an-
nuelle de 19,23% en 1961-1975 à -4,44 % en 1976-1982. Sans atteindre son niveau
d’après l’indépendance, le taux de croissance des dépenses publiques est en moyenne
estimé à 4,94% pendant toute la période d’ajustement structurel 1983-1989. Les années
1990-2001 sont caractérisées par une chute spectaculaire des dépenses publiques avec
en moyenne un taux de -8,53%. On note une reprise entre 2002-2014 où le taux de
croissance des dépenses publiques est en moyenne estimé à 17,27%.
Blanchard et Katz (1999) soutient, toutes choses restant égales par ailleurs, que les
effets du taux d’intérêt sur le chômage sont susceptibles d’être lents parce qu’ils sont
principalement dus à l’accumulation de capital. Toutefois, la BCC a opté pour un pro-
cessus de désengagement très graduel. En fait, elle a maintenu des conditions serrées
pendant une si longue période de temps que le taux de chômage d’équilibre a suivi le taux
de chômage réel (mécanisme d’hystérésis). Bien que la banque centrale ait finalement
abaissé son taux d’intérêt, cela n’a pas eu d’effets significatifs sur le taux de chômage,
car le taux d’équilibre a également augmenté à ce moment-là. Cela signifie que le pro-
cessus de désinflation initié par la BCC a duré trop longtemps, de sorte que des effets
d’hystérésis pourraient se produire.
Outre qu’elle influe sur le chômage par le biais de la demande globale, la politique
monétaire joue également un rôle dans la détermination du taux de chômage naturel à
travers deux canaux : i) une contraction monétaire augmentera les salaires réels et donc
diminuera le chômage étant donné le stock de capital, ii) l’augmentation du taux d’intérêt
réel dû à une politique monétaire restrictive entraîne la baisse de l’emploi.
Les effets des taux d’intérêt sur l’emploi et le chômage ont été mis en évidence
par plusieurs auteurs. À en croire Newell et Symons (1987), les entreprises n’engageront
des coûts fixes d’embauche et de formation que si la valeur actualisée des quasi-loyers
futurs sur les nouveaux emplois est suffisamment élevée. Pour cette raison, les entreprises
réduiront le taux d’embauche face à une hausse des taux d’intérêt réels. Si le taux de départ
est exogène, la demande de travail pour un salaire réel donné diminuera en conséquence.
Phelps et al. (1994) souligne le rôle du taux d’intérêt et son influence sur la majoration
des prix. Blanchard et Katz (1999) se concentrent plutôt sur l’effet de l’accumulation
86
de capital. Il insiste sur le fait qu’une augmentation du taux d’intérêt réel augmente le
coût d’usage du capital, ceteris paribus. On observe une baisse de l’investissement qui se
traduit par une diminution de l’accumulation de capital et une diminution de l’emploi.
Cela se poursuit jusqu’à ce que les salaires soient ajustés et que l’augmentation du taux
de profit corresponde à l’augmentation du coût d’usage.
Il est vrai que la hausse des prix de l’énergie implique toutes choses restant égales
par ailleurs des coûts plus élevés pour les entreprises et entraîne par conséquent une
baisse de la demande de main d’œuvre. Les deux chocs pétroliers 6 de 73 et 79 ne sont
pas restés sans conséquence sur l’économie congolaise. Par ailleurs, la flambée des prix
des produits de base amorcée depuis la fin des années 70 a considérablement entrainée
la détérioration des termes de l’échange laquelle s’est accentuée avec la manifestation de
l’hyperinflation dans les années 90 jusqu’en 2001. Le système productif national a subi
de plein fouet les conséquences de ces chocs d’offres négatifs entrainés par la hausse des
prix si bien que beaucoup d’entreprises ont fermé et d’autres détruites par les guerres et
conflits socio-politiques qui ont gangrené la RD Congo. Les emplois ont été détruits au
point où le chômage et la pauvreté qui en est résulté ont donc pris une ampleur inimagi-
nable. L’économie s’est donc retrouvé face à un choc d’offre négatif récurrent et qui pèse
jusqu’à ce jour sur l’économie.
Comme pour les pays Européens à la fin des années 70 et au début des années
80 tel que fait valoir Bean (1994), la hausse des prix entraîne effectivement une baisse
du pouvoir d’achat réel en raison de la détérioration des termes de l’échange, ce qui
peut conduire plus ou moins à la hausse du chômage. Il y a lieu de noter aussi que
l’augmentation des prix entraine un déplacement du barème prix-emploi jusqu’à affecter
le chômage d’équilibre. Étant donné que cette hausse implique la baisse des salaires réels,
la demande de main d’œuvre diminuera et le chômage d’équilibre va augmenter.
6. La première crise des prix du pétrole a été déclenchée par l’embargo pétrolier arabe de 1973-1974 ;
la deuxième par la révolution iranienne en 1979 et la guerre Iran-Irak de 1980. Par conséquent, le prix
réel du pétrole (en dollars) au début des années 1980 était presque quatre fois plus élevé qu’au début des
années 1970.
87
3.2.4 Chocs de l’offre de main-d’œuvre
Dans une large mesure, l’augmentation de l’offre de travail est liée à des facteurs
exogènes comme entre autres la poussée démographique. On peut donc admettre qu’à
la suite de l’entrée d’une nouvelle génération dans la catégorie de la population en âge
de travail, l’offre du travail s’est accrue. Et, le constat est tel que la hausse du taux de
chômage va de pair avec le taux de croissance de la population active. Ce facteur contribue
énormément à la hausse du chômage en RD Congo.
Plus précisément, plusieurs chocs macroéconomiques ont conduit à une hausse glo-
bale du chômage. L’augmentation correspondante du chômage de longue durée montre
que le taux de chômage n’est pas en mesure de revenir à son niveau d’avant le choc. Bien
que la hausse des taux de chômage puisse s’expliquer dans une large mesure par certains
de ces chocs, il n’est pas convaincant qu’ils offrent à eux seuls une explication plausible
et complète de la persistance de l’évolution du chômage sur ces cinq dernières décennies.
Les effets d’hystérèse fonctionnent comme un mécanisme de propagation qui traduit les
chocs transitoires en chocs permanents du chômage.
Depuis son accession à l’indépendance dans les années 60, l’économie congolaise
a été frappée par plusieurs chocs macroéconomiques qui ont eu comme conséquence
88
l’aggravation du chômage. Les effets d’hystérèse n’ont pas permis au chômage de revenir
à son niveau antérieur, même lorsque les chocs de départ ont disparu. Nous pensons,
en effet, que le niveau élevé et persistent du chômage en RD Congo est la résultante
d’un ensemble des chocs négatifs d’offre et de la demande lesquels sont amplifiés par le
phénomène d’hystérèse.
C’est sur la base des faits stylisés évoqués ci-hauts que notre analyse quantitative va
s’appuyer pour évaluer empiriquement lesquels parmi ces chocs expliquent véritablement
le chômage en RD Congo.
CHAPITRE 4
Cette thèse a comme point d’ancrage la théorie du chômage d’équilibre. Elle s’appuie
sur le modèle « WS-PS » tel que décrit par Richard Layard (1986), Nickell et al. (1991).
Ce modèle offre un cadre théorique simple et opérationnel à partir duquel les évolutions
macroéconomiques historiques du chômage et des salaires sur une longue période peuvent
être analysées (Chelini et al., 2013). Ainsi, pour décrire le comportement du chômage à
long terme, nous construisons un modèle macro-économétrique stochastique du marché
du travail en nous référant au cadre élaboré par Dolado et Jimeno (1997), Linzert (2004)
et Brüggemann (2006) pour orienter notre réflexion au cas de l’économie congolaise.
Nous partons des équations structurelles du modèle théorique présenté sous la forme
log-linéarisée qui décrivent deux types du marché : le marché des biens et services et
le marché du travail. Ce modèle cherche à expliquer le chômage en introduisant les
hypothèses de concurrence imparfaite sur les deux marchés dans un cadre d’équilibre
général.
y = ϕd − p + aϑ (4.1)
y = n+ϑ (4.2)
p = w−ϑ +Ψ (4.3)
Il convient de préciser que les chocs stochastiques que régissent l’évolution des
facteurs exogènes ϕ, ϑ et Ψ, suivent des processus aléatoires :
∆d = εd (4.4)
∆ϑ = εs (4.5)
∆Ψ = ε p (4.6)
Le marché du travail est modélisé à l’instar de (Dolado et Jimeno, 1997) par deux
équations relatives d’une part au mode de fixation de salaire et la fonction d’offre du
travail, d’autre part. Ainsi, nous avons :
w = w∗ + εw + γ1 εd + γ2 ε p (4.7)
l = αw − p − bu + ζ (4.8)
∆ζ = εl (4.9)
L’offre de travail est complétée par la fonction de salaire donnée dans l’équation
(4.10) où w∗ désigne le salaire nominal ciblé et ne le niveau attendu de l’emploi. Suivant
92
cette paramétrisation, on admettra que l’hystérèse est partielle lorsque 0 < λ < 1 et elle
est totale si λ = 0. Sous cette dernière hypothèse l’équation (4.10) peut se réécrire comme
suit :
w∗ = ne = n−1 (4.11)
Sachant que le niveau de chômage u est obtenu en faisant la différence entre l’offre
de travail captée par la population active l et le nombre de travailleurs n lequel détermine
le nombre d’emploi, nous pouvons écrire que :
u = l −n (4.12)
n = y−ϑ (4.13)
n = ϕd − w∗ + εw + γ1 εd + γ2 ε p + ϑ − Ψ + a − 1ϑ (4.14)
Compte tenu, d’une part, des équations (4.4), (4.5) et (4.6) et de l’équation (4.11)
qui fonde l’hypothèse de l’hestèrese total, l’équation (4.14) peut se réécrire comme suit :
∆y = ∆n + ∆ϑ (4.16)
Il suffit d’introduire les équations (4.15) et (4.5) dans (4.16) pour obtenir :
∆w = εw + γ1 εd + γ2 ε p (4.18)
∆p = ∆w − ∆y + ∆n + ε p (4.19)
∆p = εw + 1 + γ2 ε p + γ1 εd − εs (4.20)
En fin, pour résoudre les équations (4.1) - (4.12) par rapport au chômage, il faut
remplacer l’équation (4.8) dans (4.12). Ce qui donne :
u = αw − p − bu + ζ − n (4.21)
⇒1 + bu = αw − p + ζ − n (4.22)
⇒1 + b∆u = α∆w − p + ∆ζ − ∆n (4.23)
Il suffit de remplacer (4.9), (4.15), (4.18) et (4.20) pour réécrire l’équation (4.21)
comme suit :
En considérant les chocs comme des variables indépendantes, les équations (4.15),
(4.17), (4.18), (4.20) et (4.24) nous permettent d’obtenir le modèle réduit. Il s’agit d’un
système de cinq équations à cinq inconnues tel que décrit ci-après :
∆y − n = εs (4.30)
∆w − p = εs − ε p (4.31)
∆p = −εs + 1 + γ2 ε p + εw + γ1 εd (4.32)
∆n = ϕ + a − 1εs − ϕ1 + γ2 ε p − ϕεw + ϕ1 − γ1 εd (4.33)
∆u = 1 + b−1 {−ϕ + a + α − 1εs + ϕ1 + γ2 − αε p + ϕεw − ϕ1 − γ1 εd + εl } (4.34)
Les équations (4.30) – (4.34) 1 exploitent les restrictions selon lesquelles les chocs
de la demande εd et de salaire εw n’ont pas d’effet permanent sur la productivité y − n et le
salaire réel w − p . Seul le choc de productivité εs peut affecter le niveau de production à
long terme en raison de l’hypothèse des rendements d’échelle constants. La composante
permanente du salaire réel w − p est quant à elle affectée par les chocs de productivité εs
et des prix ε p . Le choc d’offre du travail εl par ailleurs n’a pas d’effet sur y, n, w et p .
En plus de supposer que le choc de demande εd n’a pas d’effet sur le prix au cours de la
période initiale, on retiendra aussi que le choc de prix ε p n’a pas d’effet permanent sur la
productivité y − n.
L’approche retenue dans cette étude va reposer sur le modèle VAR structurel et le
cas échéant sur le VEC structurel au cas où les variables retenues pour besoin d’analyse
sont intégrées d’ordre 1. En effet, cette approche insiste sur la dimension stochastique et
offre un cadre à partir duquel la question de l’évaluation des causes du chômage peut être
analysée. Elle semble appropriée pour expliquer le chômage à travers les chocs de nature
différente qui affectent l’économie.
Les critiques de Lucas (1976) et de Sims (1980) ont rendu caduc les modèles
structurels keynésiens. A ce jour, les modèles vectoriels et les modèles d’équilibre général
occupent une place de choix dans les analyses empiriques en macro-économie pour leur
1. Il s’agit d’un modèle composé de cinq équations à cinq inconnues : l’emploi, la productivité du
travail, le salaire réel et le taux de chômage. Ce modèle a une solution unique qui peut être exprimée par
les équations (4.30) - (4.34).
96
capacité à analyser le rôle joué par différents chocs exogènes dans l’explication des
fluctuations économiques. Dans cette étude, nous allons prendre appui sur les modèles
vectoriels en exploitant l’approche VAR structurel telle qu’ initiée par Blanchard et Quah
(1989). Pour comprendre ce modèle, il faut commencer par rappeler les fondements du
modèle VAR.
Au début des années 80, l’analyse des données multivariées est devenue un instru-
ment standard en économétrie à la suite de la critique de Sims (1980). Ce dernier estime
que la distinction entre variables endogènes et exogènes paraît arbitraire et ne tient pas
compte des anticipations des agents. Les faits stylisés à inclure dans le modèle théorique
adopté pour analyser les politiques doivent provenir de l’analyse empirique. Ces preuves
portent sur les réponses des variables macro-économiques aux chocs économiques, les
instruments de politique économiques étant considérés comme endogènes.
2. Ainsi, la procédure à suivre dans l’approche VAR consiste à : i) identifier les chocs pertinents au
début de la période, ii) décrire le mécanisme de propagation à travers l’analyse de la réponse du système
aux chocs et iii) analyser les décompositions de la variance de l’erreur de prévision.
97
p
X
AXt = Bi Xt−i + ut (4.35)
i=1
Où Xt est le vecteur des variables endogènes et Xt−i le vecteur des variables endo-
gènes retardées. Les chocs uit sont de bruits blancs des variances constantes σui2 et non
auto-corrélées. Sous une telle forme, le modèle n’est pas complètement identifié. Pour
estimer les paramètres du modèle, on peut écrire l’équation (4.35) sous la forme réduite
comme suit :
Xt = ΦLXt + εt (4.36)
⇒ ΦLXt = εt (4.37)
0 Pp
Où εt est un bruit blanc avec Eεt = 0, Eεt εt = Σε . ΦL = In − i ; Φ = A−1 Bi
i=1 Φi L
et εt = A−1 ut . Si ΦL est inversible, alors l’équation (4.37) peut s’écrire sous la forme
VMA (∞) comme suit :
Xt = ΨLεt (4.38)
Pour analyser la dynamique des modèles VAR clairement identifiés, deux outils sont
nécessaires à savoir : les fonctions de réponse aux impulsions et la décomposition de la
variance de l’erreur. Si l’analyse des fonctions de réponse aux chocs permet d’expliquer
comment les variables réagissent dans le temps aux chocs d’une autre variable, la décom-
position de la variance compare la contribution de chaque variable dans la production de
telles réactions.
Xt = ΨLεt (4.39)
∂ Xt+s
0 = Ψs (4.40)
∂ εt
2.2. Décomposition de la variance
∞
X
Xt = Ψi εt−i (4.41)
i=0
On peut alors noter l’erreur de prévision d’un VAR à la période s comme suit :
s−1
X
Xt+s − Et Xt+s = Ψi εt+s−i (4.42)
i=0
s−1
X
x j,t+s − Et x j,t+s = Ψ j1,i ε1,t+s−i + Ψ j2,i ε2,t+s−i + . . . + Ψ jn,i εn,t+s−i (4.43)
i=0
Où Ψ jk,i est l’élément j,k de la matrice Ψi et ε1,t l’élément 1 du vecteur εt . On peut
exprimer différemment la somme de gauche en intervertissant les deux signes sommes
99
implicites :
n
X
x j,t+s − Et x j,t+s = Ψ jk,1 εk,t+s + . . . + Ψ jk,s−1 εk,t+s (4.44)
k=1
Sachant que les ε sont non corrélés et de variance unitaire, il devient facile de
calculer la variance de l’erreur de prévision. Ainsi, on aura :
n
2 X
x j,t+s − Et x j,t+s = Ψ2jk,1 + . . . + Ψ2jk,s−1 (4.45)
k=1
s−1 2
X 0
Ψ2jk,1 + . . . + Ψ2jk,s−1 = e j Ψi ek (4.46)
i=0
n X
X s−1
Ψ2jk,i (4.47)
k=1 i=0
3. La représentation dynamique du modèle VAR telle qu’introduit par Watson (1994) peut prendre la
forme suivante :Xt = ΨLεt , avec ΨL = Φ−1 L (Lubrano, 2008)
101
4.2.2.2 Restrictions d’identification
C’est au niveau de matrice carrée et symétrique A que réside la différence entre les
équations (4.36) et (4.49). Contrairement au VAR standard où la matrice A est identitaire,
les éléments nuls de cette matrice peuvent, dans le VAR structurel, être remplacés par
les valeurs estimées, captant des effets instantanés entre variables. Le simple fait que A
ne soit pas une matrice identité dans le VAR structurel rend la forme réduite difficile à
estimer (Kuma, 2018). Pour s’en rendre compte, il suffit de compter les coefficients de
ces deux structures. Pour ce qui est du VAR, sachant que Xt est un vecteur de dimension
2p + 1k2 + k
k × 1 et que BL des polynômes en L de degré p, on aura en tout coefficients
2
à estimer, soient :
Il faut noter que les restrictions de court terme sont appliquées sur la matrice A de
simultanéité constituée des coefficients des variables contemporaines à expliquer. Le plus
souvent, sur la base de la théorie économique et sans tenir compte de l’aspect triangulaire
de la matrice A, certains coefficients sont mis à zéro, ce qui revient à exclure les variables
concernées dans la liste des variables explicatives d’une ou de plusieurs équations (Sims,
1980),(Bernanke et Mihov, 1998).
Les chocs structurels ont des effets de court terme et des effets cumulés qui persistent
dans le temps si bien qu’on parle des effets de long terme suite à un choc structurel.
Toutefois, selon la théorie économique, ces effets ne persistent pas toujours dans le
temps. Autrement dit, il y a des chocs structurels qui n’affectent pas le comportement
d’une variable à long terme 4. Considérons l’équation (4.37) c’est-à-dire le modèle VAR
représenté par les coefficients estimés Φi et donc la forme VMA (∞) peut s’écrire comme
suit :
Xt = ΨLA−1 ut (4.51)
Avec εt = A−1 ut .
Pour passer à l’analyse des effets cumulés de long terme, cette relation s’écrit par
itération, sous la forme :
4. On admet par exemple que les chocs de demande n’ont pas d’effet de long terme sur la production.
103
que sur le court terme, cette approche peut être très attrayante pour les économistes.
En outre, il présente l’avantage de ne pas imposer de restrictions contemporaines, mais
permet plutôt aux données de déterminer la dynamique à court terme en fonction d’un
modèle particulier à long terme.
En résumé, les restrictions à long terme permettent de récupérer les chocs structurels
sous-jacents qui peuvent être utilisés pour obtenir des fonctions de réponse impulsionnelle
et des décompositions de variance pour analyser les réponses dynamiques des variables
aux différents chocs structurels. Par ailleurs, il faut aussi noter la possibilité d’imposer
en même temps n1 restrictions de court et n2 restrictions de long terme de sorte que
n1 + n2 = 2 .
nn−1
Il s’agit autrement dit d’imposer à l’instar de (Gali, 1992) n1 contraintes
sur la matrice des effets instantanés A et n2 contraintes sur la matrice des multiplicateurs
M de long terme.
En plus des modèles VAR et SVAR, qui sont adaptés pour les séries stationnaires,
Engle et Granger (1987), Johansen (2002, 1991, 1995) ont mis sur pieds un modèle VEC
qui est en cohérence avec les séries non-stationnaires. Ce modèle constitue un cadre idéal
pour analyser de manière séparée la dynamique à la fois de court et de long terme.
Lorsqu’on considère que Xt est non stationnaire c’est-à-dire intégré d’ordre 1 avec un
vecteur de cointégration r, l’équation 4.25,conformément au théorème de représentation
de Engle et Granger (1987), peut s’écrire comme suit :
p−i
0 X
∆Xt = αβ Xt−1 + Φi ∆Xt−i + εt (4.53)
i=1
Tout comme pour le VAR, il s’agit d’un modèle qualifié d’à-théorique par le simple
fait de ne pas inclure explicitement les hypothèses théoriques. On note que :∆ = 1 − L
est l’opérateur de différence première ; β et α sont des matrices K × r respectivement de
104
0
cointégration et des coefficients d’ajustement, r étant le rang de cointégration ; αβ Xt−1
fait référence au terme de correcteur d’erreur ; Φi i = 1, . . . ,p − 1 désigne la matrice k × k
des coefficients de court terme et εt est un bruit blanc avec une matrice de covariance
moyenne nulle et non singulière ε = εt v 0, ε .
P P
L’approche structurel du modèle SVEC a été popularisée par King et al. (1991),
Breitung et al. (2004) et Lütkepohl (2006). En effet, lorsqu’on tient compte des hypothèses
basées sur la théorique, l’équation 4.42 peut être réécrite sous la forme structurelle comme
suit :
p−i
0 X
A∆Xt = αβ Xt−1 + Φi ∆Xt−i + Bεt (4.54)
i=1
p−i
X
⇒∆Xt = ΠXt−1 + Γi ∆Xt−i + εt (4.55)
i=1
0
Où Π = A−1 αβ , Γi = A−1 Φi , les chocs structurels εt ont une moyenne nulle et une
matrice de covariance identitaire, ε = Ik , εt v 0, Ik . On note aussi que les chocs de la
P
forme réduite εt sont liés aux chocs structurels sous-jacents εt par : εt = A−1 Bεt . A et B
sont des matrices k × k qui intègrent les aspects théoriques dans le modèle.
Pour identifier les paramètres dans le modèle SVEC, il faut imposer des restrictions
sur les matrices de ces paramètres. Ainsi, en appliquant la décomposition de Beveridge
et Nelson (1981) 5, l’équation 4.42 peut avoir la forme suivante :
t
X ∞
X
Xt = Ξ εi + Ξ∗j εt− j + X0∗ (4.56)
i=1 j=0
Où le terme Ξ∗j sont absolument cumulables de sorte que la somme infinie est bien
0
Parce que = BB , rKΞB = K − r, il peut y avoir au plus r colonnes zéro dans cette
P
ε
matrice. Cela signifie que r innovations structurelles peuvent avoir des effets transitoires
et K − r d’entre elles doivent avoir effets permanents. La matrice ΞB a un rang réduit
de rKΞB = k − r, par conséquent, chaque colonne de zéros représente K − r restrictions
indépendantes. Et, le r chocs transitoires représentent rK − r restrictions indépendantes.
CHAPITRE 5
Dans ce chapitre, nous allons d’abord analyser les rôles joués par les chocs macro-
économiques dans l’explication du chômage et évaluer ensuite l’hypothèse d’hystérèse du
chômage. Après avoir présenté les sources et la description des données, nous procéderons
aux analyses préliminaires des données c’est-à-dire au test de stationnarité, au choix du
nombre de retard optimal, au test de co-intégration, au test des restrictions linéaires
ainsi qu’ à l’identification du modèle VEC. La présentation des résultats ainsi leurs
interprétations concluront ce chapitre.
Comme pour la plupart des pays en développement, les données sur la RD Congo
sont incluses dans plusieurs bases de données internationales 1 . Ainsi, pour le besoin
d’analyse dans cette étude, nous utilisons les données en séries chronologique portant sur
la période allant de 1960 à 2014. Le choix de cette période est motivé par la contrainte
de disponibilité des données.
Les données utilisées dans cette étude sont tirées de la base de données construites
initialement par Akitoby et Cinyabuguma (2004) à partir des données issues du Fonds
Monétaire International, de la Banque Centrale du Congo et subsidiairement complétées
par celles du Bureau International du Travail pour la période 1960 − 2000. Nous avons
actualisé cette base dans le strict respect des différentes sources pour chaque variable
ayant trait avec notre étude.
1. Parmi les plus importantes, nous pouvons retenir : World Develepment Indicators (WDI), Penn
World Table (PWT), African Development Indicators (ADI), International Financial Statistics (IFS), Keys
Indicators of the Labor Market (KILM), etc.
107
On note aussi que pour la plupart des pays en développement, les données sur le
salaire font généralement défaut. Il est tout de même possible de recourir aux outils de
l’optimisation dynamique ou à la méthode de décomposition de la fonction de production
pour construire cette variable.
Dans le cas précis de cette étude, nous allons retenir les variables qui sont suscep-
tibles de capter les différents chocs exogènes tels que décrit dans le modèle théorique à
savoir : le choc de productivité, le choc technologique, le choc de prix, le choc salarial,
le choc de demande et le choc d’offre du travail.
Pour capter ces chocs, la littérature retient un certain nombre de variable macro-
économique sur lesquelles l’on revient constamment pour expliquer les origines du chô-
mage. Il s’agit principalement de : la productivité du travail, du niveau des prix, de
salaire, de l’emploi et de la population active. Ces deux dernières variables permettent
de calculer le niveau de chômage. Ci-dessous, la description et la mesure des différentes
variables retenues.
Par productivité du travail ( Prodt ), il faut entendre la valeur d’une unité produite par
travailleur. On la mesure donc par le rapport en volume entre la production et le facteur
travail c’est-à-dire le nombre de personnes en emploi. Ce rapport peut algébriquement
se réécrire comme suit :
PIBrt
Prodt = (5.1)
Nt
Avec PIBrt la valeur réelle du niveau de production réalisée à l’intérieur d’un pays
au cours d’une année et Nt la population active occupée c’est-à-dire l’ensemble de per-
sonnes qui ont un emploi rémunéré.
Dans le cadre de cette analyse, le PIBrt est calculé à l’instar de Linzert (2004)
108
comme le niveau de production corrigé par les fluctuations des prix. C’est donc l’indice
des prix à la consommation (IPC) qui est utilisé et non pas le déflateur du PIB. Le choix
porté à l’indice des prix à la consommation peut se justifier par le simple fait que les biens
et services consommés par les ménages se situent en fin du processus de production.
Selon cette approche utilisée par Akanbi et Toit (2011) et Sunde et Akanbi (2016),
le capital et le travail étant les deux principaux facteurs de production, il est possible de
dériver le salaire réel à partir de l’identité suivante 2 :
PIBrt − Kt × Tit
RWt = (5.3)
Nt
À titre de rappel, nous avons dit que Kt × Tit désigne la rémunération du capital
physique sur l’ensemble de l’économie. Avec respectivement Kt et Tit la valeur du stock
Quant au taux d’intérêt réel, il n’est rien d’autre que la rémunération de l’épargne
et donc de l’investissement, c’est-à-dire le fonds qui permet l’accumulation du stock des
infrastructures et des équipements utilisés dans le processus de production. Il est obtenu
à partir de la formule suivante :
1 + rt
Ti = −1 (5.5)
1 + πt
Avec respectivement et le taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation tous deux
convertis en valeur décimale. Il devient dès lors possible de déterminer le salaire réel en
exploitant l’approche de la décomposition du produit intérieur brut surtout que toutes les
variables dont on a besoin pour ce faire sont déjà déterminées. Ainsi, le salaire réel se
présente graphiquement comme suit :
111
Figure 5.2: Évolution des salaires en RD Congo
Yt
W = 1−α (5.8)
Nt
Connaissant Yt et Nt , il suffit alors de déterminer la valeur de α pour calculer
112
aisément le salaire réel Wt par l’approche de l’optimisation dynamique. Pour ce faire,
nous reprenons la valeur de ce paramètre estimée à 0.34 tel que ressorti dans la plupart
des analyses effectuées dans les pays en développement Fischer (1993) et Akitoby et
Cinyabuguma (2004) respectivement pour le cas de la RD Congo entre 1960 et 2000
et en Haïti et au Madagascar entre 1961 et 1988. Ainsi, en exploitant l’approche de
l’optimisation dynamique, l’évolution du salaire réel calculé au cours de la période sous
analyse se présente graphiquement comme suit :
Les résultats obtenus à partir de ces deux approches peuvent être visualisés dans les
graphiques ci-dessous :
Figure 5.4: Comparaison des salaires calculés par les deux approches
On constate alors que le salaire réel déterminé par les deux approches conduit
quasiment au même résultat au regard de la tendance observée pour la période retenue.
113
Ainsi, après avoir présenté les différentes sources et description des données, il devient
dès lors nécessaire de parler de la méthode d’estimation qui est appropriée pour analyser
ces données dans le but de vérifier nos hypothèses de départ.
Pour analyser les séries chronologiques, il sied d’en étudier leurs caractéristiques
stochastiques c’est-à-dire la moyenne, l’écart type, la variance et l’autocovariances. Cette
étape consiste à s’intéresser aux propriétés de stabilité uni-variée des séries, c’est-à-dire
vérifier si les séries oscillent autour de leurs moyennes avec une variance constante, et à
en détecter le degré d’intégration (Bourbonnais, 2015). Pour ce faire, nous allons recourir
au test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) dont les résultats sont reportés dans le tableau
ci-après :
114
Tableau 5.1: Récapitulatif du test de racine unitaire
Test ADF
Variables
Valeur Valeurs Lags Décision Type de modèle
du test critiques∗
pt -2,2675 -3,50 1 NS Constante, tendance
∆pt -2,5919 -1,95 0 I (1) None
prodt -1,9527 -3,50 0 NS Constante, tendance
∆prodt -7,7229 -3,50 0 I (1) Constante, tendance
wt -2,3622 -3,50 0 NS Constante, tendance
∆wt -6,5516 -3,50 0 I (1) Constante, tendance
nt -1,3956 -3,50 0 NS Constante, tendance
∆nt -6,2175 -3,50 0 I (1) Constante, tendance
ut -1,5710 -3,50 0 NS Constante, tendance
∆ut -6,1615 -3,50 0 I (1) Constante, tendance
Sources : calculs effectués avec le logiciel Eviews 10
Notes : * au seuil de 5%.
L’hypothèse d’existence d’une racine unitaire est acceptée lorsque la valeur empi-
rique du test ADF est supérieure, en valeur absolue, à la valeur critique au seuil considéré
de 5%. La comparaison des valeurs du test ADF aux valeurs critiques montrent qu’au
seuil de 5% les cinq variables retenues pour besoin d’analyse sont toutes non stationnaires
en niveau et les deviennent en différence première. Le fait d’ailleurs que le chômage ne
soit pas stationnaire à niveau traduit la présence du mécanisme d’hystérèse. Ce qui laisse
présager l’existence d’un risque de co-intégration.
Pour ce faire, nous allons recourir au test de co-intégration de Johansen qui semble
approprier dans un cadre multivarié. Mais, avant de procéder à ce test, il convient d’abord
de déterminer le nombre de retards optimal du système.
On constate que les résultats obtenus plaident en faveur d’un décalage optimal p = 1
qui minimise tous le quatre critères : FPE(n), AIC(n), SC(n) et HQ(n). C’est donc le
modèle VAR(1) qui sera retenu pour le reste des analyses.
Le modèle théorique prévoit que la relation de co-intégration doit s’établir soit dans
l’équation de demande de travail, soit dans celle de formation de salaire. Il convient des
lors de déterminer parmi ces deux équations celle dans laquelle le vecteur de cointe-
gration est identifié. Pour ce faire, on doit commencer par estimer le modèle VEC et
ensuite procéder au test de restriction sur le vecteur de co-intégration. C’est sur la base de
ces restrictions que le modèle VAR structurel avec vecteur de co-intégration pourra être
estimé. Ce modèle, pour rappel, permet d’identifier les chocs permanent et transitoire qui
sont à l’origine des fluctuation du chômage.
S’il est vrai que le test de co-intégration permet de détecter la présence d’une relation
de long terme entre les variables, il est aussi important de connaitre l’évolution à court et
moyen terme de cette relation. L’outil nécessaire pour parvenir à une telle fin est le modèle
à correction d’erreur dont l’objectif est d’éliminer l’effet de vecteur de co-intégration,
d’une part, et de rechercher la liaison réelle entre les variables, d’autre part. Les relations
entre les variables peuvent être représentées à l’aide d’un modèle vectoriel à correction
d’erreur dont la forme vectorielle se présente comme suit :
p−i
X
M Xt = β M Xt−1 + πXt−i + εt (5.9)
i=1
On note Xt = p, prod, w, n, u le vecteur de dimension 5 de variables endogènes
∼ N0, .
P
P p−i
πXt−i et i=1 β M Xt−1 désignent respectivement la dynamique de long et de court
terme. ∆ est Opérateur de différence première. La matrice π permet de décrire les effets
de long terme. A partir de la procédure de Johansen la matrice π peut être réécrite sous
la forme π = αβ T où la matrice α est la force de rappel vers l’équilibre, il doit être
significatif et nécessairement compris entre -1 et 0. Elle mesure la vitesse d’ajustement
aux équilibres de long terme et β T constitue le vecteur de co-intégration. Il s’agit donc
d’une matrice dont les éléments sont les coefficients des relations de long terme des
variables. et β et π désignent respectivement les matrices des coefficients de long terme
et court terme. Les valeurs estimées du modèle VECM avec p = 1 sont présentées dans
le tableau ci-dessous :
118
Tableau 5.4: Les résultats de l’estimation du VECM
Ce modèle nous sert de tremplin pour estimer le modèle VAR structurel avec vecteur
de co-intégration. Il se pose alors le problème d’identification du vecteur de cointégration.
Ce qui nous conduit à procéder au test usuel des restrictions sur vecteur de cointégration.
w − pt = δ y − n − γu + ς zt + νt (5.10)
nt = ρy − ηw − p + χzt + νt (5.11)
Avec : zt qui désigne toutes les variables susceptibles d’influencer d’une part la
demande du travail et la détermination du salaire, d’autre part. Il s’agit de variables telles
que le progrès technique, les prix des matières premières, le taux d’intérêt, etc.
p prod w n u LR-test
0.098 -0.37 1 -0.95 -1.65
(0.008) (0.06) - (0.19) (0.23)
Just-Identified Cointegrating Vector
0.102 -0.838 1 0 0 χ 2 = 11.32
H1 (0.014) (0.135) - - 0.237 p = 0.00
Over-Identified Cointegrating Vector
0.115 -1 1 0 0.433 χ 2 = 11.36
H2 (0.006) - - - (0.191) p = 0.003
Sources : calculs effectués à partir des données sur E-views 10
Dans le tableau 5.5, on commence tout d’abord par estimer le vecteur de co-
intégration β lorsque le salaire réel est normalisé à 1. Ce vecteur représente la relation de
détermination de salaire. Ensuite, nous procédons au test d’exclusion de l’équation de la
demande du travail dans le vecteur β . Le résultat rejette cette hypothèse d’exclusion au
vu de la valeur du test de χ 2 . En fin nous imposons −1, 1 la relation entre w et prod qui
elle aussi n’est pas rejetée. Les restrictions de co-intégration dans le vecteur β identifie la
120
relation de détermination de salaire conformément au prescriptions du modèle théorique :
Il ressort de l’équation 5.12 que le salaire réel est, de manière significative, affecté
positivement par la productivité et négativement par le chômage. Ce qui est conforme a
la théorie économique. ce résultat montre que le marche congolais du travail n’est pas
compétitif et que les demandeurs d’emploi n’influencent pas le salaire au regard de le
valeur de l’élasticité de long terme γ = −0,433 entre le salaire et le chômage.
Par contre, s’agissant de demande de travail, on a constaté une relation positive entre
salaire et productivité. Aussi, par rapport au chômage cette relation est négative. Ce qui
n’est pas conforme avec la théorie économique. Ceci revient à conclure que le modèle à
correction d’erreur est raisonnablement estimé avec une seule équation d’équilibre. Le
vecteur de co-intégration étant identifié, il devient alors commode de mener à bon port
les analyses structurelles du modèle VECM
Breitung et al. (2004) fait valoir que pour identifier exactement les chocs structurels,
dans un système de dimension 5 × 5 variables avec r = 1 vecteur de co-intégration, on
doit imposer dans la matrice d’impact a long terme ΞB KK − r2 = 10 restrictions de
nature théorique linéairement indépendantes. Comme r = 1, on aura alors un seul choc
transitoire et k∗ = rK − r = 4 chocs permanents. Parce que la relation de co-intégration
est interprétée comme une relation de formation de salaire qui est stationnaire, le choc
temporaire est ainsi associe a la variable choc sur le salaire. Ce qui revient à dire théo-
riquement que le chocs de salaire n’ont pas d’effets permanents sur les autres variables.
Par conséquent, ΞB2,1:5 = 0. Ce qui réduit le rang de la matrice ΞB de k∗ restrictions. Il
faudra donc ajouter k∗ k∗ − 12 = 6 restrictions afin qui d’identifier les chocs permanents
et rr − 12 = 0 restriction pour identifier le choc transitoire.
Au risque d’imposer les restrictions de façon aléatoire, nous recourons à celles qui
121
sont de nature théorique. Ainsi, suivant l’hypothèse du rendement d’échelle constant
(ρ = 1), le choc de demande, d’offre, de prix et de salaire n’ont pas d’effets permanents
sur la productivité. Pour cette raison, les variables emploi, chômage, prix et salaire réel
auront des coefficients nuls dans la première ligne de la matrice ΞB. On suppose aussi
que le chômage n’a pas d’effets permanents sur la productivité, le salaire et le prix. En
plus, à long terme, la productivité n’a pas d’effets permanents sur le prix. À court terme
par contre, l’emploi n’a aucun effet sur le salaire. À cet effet, les restrictions de long
terme (ΞB) et celles de court terme (B) dans la matrice d’impact peuvent être interprétées
comme suit :
∗ ∗ ∗ 0 ∗ ∗ ∗ 0 ∗ 0
∗ ∗ ∗ ∗ ∗ 0 ∗ 0 0 0
B= ∗ ∗ ∗ ∗ ∗ et ΞB = ∗ ∗ 0 0 0 (5.13)
∗ ∗ ∗ ∗ ∗ ∗ ∗ 0 ∗ ∗
∗ ∗ ∗ ∗ ∗ ∗ ∗ 0 ∗ ∗
En accord avec les restrictions imposées sur les matrices ΞB et B, dont l’ordre des
0
variables se présente comme suit : Xt = p, prod, w, n, u , les résultats de l’estimation du
modèle VAR structurel avec vecteur de cointegration est analyse dans le point qui suit.
5.3 Résultats
L’application des restrictions telles que synthétisées dans l’équation (5.13) au modèle
VECM dont les résultats 3 sont décrits dans le tableau 5.4 permet alors d’estimer la version
structurelle du modèle à correction d’erreur (SVECM) dont les résultats se présentent
dans les lignes qui suivent.
On se propose de montrer les effets des chocs structurels sur le chômage dans
un horizon de court terme. L’objectif étant d’évaluer la significtivité des coefficients
ainsi que la pertinence des signes obtenus comparativement aux prescriptions du modèle
3. Ces résultats ont été publiés dans la Revue Congolaise d’Économie et de Gestion, EDUPC, n° 12,
vol. 12., 2018. https://arxiv.org/ftp/arxiv/papers/1804/1804.09532.pdf
122
théorique. Ces coefficients sont synthétisés dans le tableau ci-dessous :
Équation εt = B εp εs εw εd εl
p εp = 0,18∗∗ 0,11 -0,33∗ 0 0,03
(2,34) (1,42) (-1,75) (0,0) (0,29)
prod ε prod = -0,09 0,32∗∗∗ 0,07 -0,14 -0,10
(-1,11) (3,77) (1,40) (-1,30) -0,64
w εw = 0,12∗∗ 0,10∗∗ 0,04∗∗ -0,07 -0.005
(2,52) (2,21) (2,15) (-1,63) (-0,14)
n εn = -0,12∗∗∗ -0,12∗∗∗ -0,04∗ 0,04 -0,008
(-2,58) (-2,61) (-1,89) (1,43) (-0,29)
u εu = 0,13∗∗∗ 0,11∗∗∗ 0,04∗ -0,04 0,001
(2,60) (2,60) ( 1,89) ( -1,35) ( 0,04)
Sources : Nos calculs à partir du logiciel JMulTi 4
Notes : Le chiffre (.) désignent les valeurs de t-de student
De même que pour les coefficients de cours terme, à long terme il est intéressant
d’apprécier la significativité des coefficients obtenus. Cela nous aidera à confirmer ou
non si tel ou tel autre choc a un effet permanent sur le chômage.
L’analyse des résultats fournis par la matrice d’impact de long terme place au pre-
mier plan le rôle joué par deux chocs permanents, à savoir le choc de prix (ε p ) et le choc
technologique (ε s ), qui expliquent positivement et de manière significative la persistance
123
Tableau 5.7: Matrice des coefficients d’impact de long terme
Équation εt = ΞB εp εs εw εd εl
p εp = -0,82∗∗ 1,88∗∗ 0 0,63 0
(-2,25) (2,06) (1,11)
prod ε prod = 0 0,42∗∗∗ 0 0 0
(2,94)
w εw = 0,18∗∗∗ 0,09 0 0 0
(2,80) (1,14)
n εn = -0,15∗∗ -0,19∗ 0 -0,07 -0,039
(-2,40) ( -1,86) (-1,11) (-0,88)
u εu = 0,15∗∗ 0,19∗ 0 0,083 0,023
(2,38) (1,83) ( 1,11) ( 0,88)
Sources : Résultat estimé à partir du logiciel JMulTi 4
Notes : Les chiffre (.) désignent les valeur de T de Student.
Dans cette section nous présentons les fonctions de réponses du chômage aux
impulsions des chocs retenus pour besoin d’analyse et discuter de l’importance des chocs
permanent et transitoires à partir de la décomposition de la variance.
124
5.4.1 Analyses des fonctions de réponses aux chocs
Pour étudier la dynamique du chômage, il suffit de procéder aux analyses des fonc-
tions de réponses aux innovations lesquelles permettent de mettre à nu les effets des
différents chocs structurels notamment le choc de productivité, le choc de salaire, le choc
de prix, le choc de demande et le choc d’offre sur le chômage. Les résultats de cette
analyse sont décrits dans les graphiques ci- dessous :
125
Figure 5.5: Réponse du chômage aux choc structurels
Les graphiques ci-haut indiquent la réponse du chômage aux différents chocs struc-
turels tels que décrit dans le modèle de base. On constate sur le graphique (5.5a) que
le choc de prix entraîne à la hausse le niveau du chômage. Cette tendance haussière est
126
observable au cours de trois premières années. A partir de la quatrième année, le chômage
semble baisser jusqu’à rester stationnaire avec un niveau supérieur à celui d’avant choc.
Il apparaît comme un facteur décisif pour expliquer la persistance du chômage en RD
Congo en raison de son effet significatif sur le chômage aussi bien à court qu’à long
terme. Ce résultat corrobore celui obtenu par (Dolado et Jimeno, 1997).
S’il faut le rappeler, l’hystérésis ou effet d’hystérèse est concept introduit en écono-
mie par (Blanchard et Summers, 1986) pour expliquer le passage d’un chômage conjonc-
turel à un chômage structurel. Cela signifie, aux termes de (Mougin, 2013), qu’un choc
conjoncturel qui ne devrait augmenter le chômage qu’à un horizon de court terme va finir
par modifier durablement la structure du marché du travail en transformant ce chômage
128
de court terme en un chômage structurel, et donc persistant à plus long terme. Au regard
de nos résultats, l’hystérèse du chômage en RD Congo passe par deux canaux à savoir :
les chocs technologiques et ceux des prix 4 .
4. On peut aussi confirmer que les trois canaux responsables de la formation de l’hystérèse à savoir :
le capital humain, le capital physique et la théorie d’ "insider" sont vérifiés en RD Congo.
129
Les erreurs sont indépendantes au seul de 5% (annexe :B.3). L’hypothèse de nor-
malité des résidus (annexe :B.4) sont acceptées au seuil de 5% si l’on se réfère à la
probabilité associée à la valeur statistique de Jarque-Bera. Le test de stabilité du VECM
(annexe :B.1) indique que le modèle satisfait aux conditions de stabilité. On constate, à
partir du graphique en annexe que toutes les racines sont à l’intérieur du cercle unitaire.
Ce modèle peut donc servir à des fins de prévision.
Au regard des résultats issus des différents tests effectués aussi bien sur le modèle
VAR que sur le modèle VECM, il y a de conclure que les résultats du modèle SVEC sont
bel et bien robustes et peuvent servir à des fins des prévisions économiques. Autrement
dit, il est possible de s’appuyer sur ces résultats pour formuler les recommandations de
politiques économiques.
CHAPITRE 6
Les résultats de nos analyses placent au premier plan les chocs d’offre comme
facteurs à l’origine de la persistance du chômage en RD Congo. Il s’agit d’un chômage
involontaire dû essentiellement à l’insuffisance de l’offre c’est-à-dire une situation où la
demande globale n’est pas satisfaite par l’offre globale. Il s’observe un déséquilibre sur
le marché des biens et services liés au défaut de création d’emplois. Face à cette réalité,
il devient judicieux de s’interroger sur les politiques pour l’emploi 1 à mettre en œuvre
pour lutter contre le chômage et de surcroît la pauvreté. Deux axés nous paraît à cet effet
prioritaire : i) les politiques macro-économiques et ii) les politiques démographiques
La mise en œuvre des politiques pour l’emploi est une tâche complexe parce qu’elle
touche presque tous les secteurs d’activités économiques. Il a été démontré que les causes
du chômage endémique et involontaire qui se vit en RD Congo sont à court et à long terme
expliquées par les chocs technologiques et des prix. D’où, la nécessité de nous interroger
sur l’orientation à donner aussi bien aux politiques conjoncturelles que structurelles.
C’est en particulier à l’occasion de la grande crise des années 1930 que l’idée d’une
politique économique stabilisatrice a montré son utilité, tandis que les analyses de John
Maynard Keynes (1883-1946), à la même époque, ont donné aux politiques de régulation
conjoncturelle et de relance une assise scientifique (Braquet et Mourey, 2017).
1. C’est-à-dire l’ensemble des politiques publiques visant, à titre principal ou secondaire, à agir sur
le niveau et la quantité de l’emploi.
131
chômage cyclique.
Ainsi, la pensée Keynésienne a exercé avec une influence déterminante sur les
politiques macro-économiques de l’emploi. L’objectif était de répondre à la question de
savoir comment créer d’emplois ? Sans chercher à réduire la population active, l’option
privilégiée ici consiste à promouvoir la création d’emplois en déviant l’emploi total de
sa trajectoire dans le but de la rapprocher à celle de la population active. Cette démarche
peut être illustrée graphiquement comme suit :
Deux options sont possibles pour stimuler l’emploi : (i) soit on accroit directement
la demande des biens et services, (ii) soit on accorde diverses aides. Au regard de nos ré-
sultats, toute tentative de création d’emplois par la stimulation de la demande entrainerait
132
une augmentation des prix en raison de la défaillance de notre système productif. Le pro-
blème se situe beaucoup plus du côté de l’offre. C’est cette dernière qu’il faudrait stimuler.
Cette option vise à rendre le système productif compétitif et donc capable de sub-
stituer les importations. Cette approche peut avoir comme conséquence directe non
seulement la réalisation d’une croissance économique créatrice d’emploi, mais aussi la
réduction du déficit de la balance commerciale.
On constate sur le graphique ci-dessus que la mise en place à la fois des politiques
démographiques et macroéconomiques nous semble être la meilleure stratégie pour lutter
contre le chômage. Dans la configuration actuelle de l’économie congolaise, une crois-
sance économique tirée par les exportations des produits et matières premières à l’état
brut ne pas créatrice d’emploi. C’est pourquoi, le gouvernement devrait faire de l’emploi
son objectif prioritaire à court comme à long terme pour améliorer des conditions de vie
de la population et rompre ainsi avec l’engrenage de la pauvreté.
Par ailleurs, la politique de relance par la demande devient plus difficile à mettre
en œuvre en raison de l’ouverture des économies surtout lorsque l’offre globale est dé-
133
faillante, comme c’est le cas en RD Congo. En pareille situation, toute politique de
relance par la demande induirait une hausse des importations au préjudice de la produc-
tion nationale. C’est ce qu’on observe malheureusement dans la plupart des économies
en développement qui sont moins compétitives et donc englouties par le commerce in-
ternational. La plupart de ces économies connaissent une crise d’offre et c’est le résultat
auquel on est abouti pour le cas de la RD Congo où la demande interne est satisfaite par
l’offre externe si bien qu’il s’observe un déséquilibre récurrent sur le marché des biens et
services et par extension sur le marché du travail.
Il sied de rappeler que les économistes s’accordent pour reconnaître que la priorité à
la stabilité des prix est l’objectif principal assigné aux autorités monétaires. Or, il ressort
nettement de nos analyses que les chocs des prix constituent un des facteurs explicatifs
de la persistance du chômage en RD Congo. Ces résultats nous conduit à discuter lar-
gement sur la stratégie monétaire qui peut permettre à la Banque Centrale d’atteindre
l’objectif qui lui est délégué à savoir la stabilité des prix c’est-à-dire la stabilisation des
anticipations des agents à court et à long terme.
Pour ce qui est de la Banque Centrale du Congo, c’est le contrôle de la masse moné-
taire qui est utilisé comme objectif intermédiaire de la politique monétaire. Il s’agit d’un
outil puissant pour influencer le comportement général de l’économie. Cette stratégie doit
en principe reposer sur les conditions suivantes : (i) la masse monétaire doit entretenir un
lien stable avec l’inflation, (ii) elle doit être contrôlable et (iii) elle doit servir d’indicateur
avancé de l’inflation.
135
Ces conditions ont malheureusement été rendu caduc à la suite de la dérèglemen-
tation et le cloisonnement des marchés financiers dans la zone OCDE en 1980. Et, au
regard du caractère inflationniste de l’économie congolaise, l’objectif intermédiaire basé
sur le contrôle de la masse monétaire ne semble pas montrer toutes ses preuves. Parmi les
raisons évoquées, nous pouvons retenir : (i) la faible influence avérée de la monnaie sur
l’inflation, (ii) la remise en cause de l’hypothèse de contrôlabilité de la masse monétaire
surtout dans un environnement dollarisé et (iii) l’économie étant frappée par le choc
monétaire, le choix de la masse monétaire comment objectif intermédiaire ne semble pas
approprier conformément au modèle de Poole (1970).
Pour toutes ses raisons, le ciblage monétaire ne peut pas permettre à la Banque Cen-
trale d’atteindre son objectif principal. Quelle stratégie choisir dans ce cas ? deux cas sont
possibles : (i) l’ancrage nominal par le taux de change ou (ii) le ciblage direct de l’inflation.
Les fluctuations du taux de change ont une incidence considérable sur l’inflation de
telle sorte que l’ancrage nominal du franc congolais au dollar américain apparaît plus
pertinent pour orienter et stabiliser les anticipations des agents.
L’idée que sous-tend l’ancrage nominal du taux de change vis-à-vis du dollar consiste
ici à construire la crédibilité de la politique monétaire en s’appuyant sur la réputation
d’une banque centrale étrangère, considérée comme plus vertueuse. Le caractère radical
d’une telle règle est de nature à provoquer un choc stabilisant sur les anticipations dans
des économies fortement inflationnistes comme c’est le cas de l’économie congolaise.
Par sa rigidité, surtout lorsqu’elle s’accompagne de la mise en place d’une caisse d’émis-
sion, un « currency board » 2, elle peut être une réponse appropriée dans des situations
extrêmes (Dempere et Quenan, 2000).
Comme le fait remarquer Mishkin (2007), dans les pays en transition frappés par le
phénomène d’hyperinflation, le mérite de la stabilisation fondée sur le taux de change
par rapport à l’objectif de croissance de la masse monétaire ne fait aucun doute si le
pays dispose des réserves de change suffisantes pour soutenir le système de change fixe.
Cette stratégie fournit une règle automatique pour la conduite de la politique monétaire
permettant de résoudre le problème d’incohérence temporelle.
2. Le currency board, ou caisse d’émission, est caractérisé par trois éléments : un taux de change
fixe avec la monnaie de rattachement, la convertibilité automatique et l’engagement crédible des autorités
monétaires. Concrètement, il s’agit de garantir la base monétaire par les réserves de change. Les objectifs
en sont la restauration de la crédibilité économique, la lutte contre l’inflation et la réduction du niveau
moyen des taux d’intérêt domestiques.
138
En optant pour cette stratégie, la Banque Centrale cesse d’être le préteur en dernier
ressort et perd du coups le droit du seigneuriage constitue les « coûts » le plus souvent
mis au premier plan. Le principal inconvénient de cette stratégie est la perte par les
autorités de tout contrôle sur leur politique monétaire, devenue désormais dépendante de
la Banque Centrale de la monnaie d’ancrage. En effet, le choix d’une autorité monétaire
externe comme point de référence implique la subordination de la politique monétaire.
La Banque centrale nationale n’aura plus la possibilité de battre monnaie. Or, c’est là
l’attribution à partir de laquelle elle peut exercer la fonction de prêteur de dernier ressort.
Celle-ci est essentielle pour le système bancaire car elle permet de stopper une crise
bancaire en fournissant un supplément de crédit. Plus encore, le fait d’ancrer la parité
de sa devise à celle d’un autre pays condamne à subir (ou à importer) les chocs réels,
monétaires ou financiers, qui touchent ce pays, et donc son taux de change (Pollin, 2008).
Aussi, le système de «currency board», par exemple, est peu adapté aux écono-
mies très vulnérables aux chocs extérieurs et à celles qui ont un secteur bancaire affaibli
comme c’est le cas de la RD Congo. En effet, la politique monétaire n’existe plus dans
le sens où la création monétaire ne dépend que de la capacité de l’économie nationale à
accroître ses réserves en devises. Dès lors, il n’est plus possible de soutenir un secteur
bancaire défaillant et d’adapter la masse monétaire aux données conjoncturelles. La po-
litique budgétaire doit elle-même devenir prudente, puisque le financement monétaire du
déficit budgétaire n’est plus envisageable. Le renoncement à la souveraineté monétaire
peut aller jusqu’à l’abandon d’une monnaie nationale.
139
En dépit des limites que présentent le ciblage du taux de change, Mishkin (2007)
pense que la perte d’indépendance monétaire découlant d’une politique d’objectif de
change est sans doute moins coûteuse pour les pays en développement. Elle peut même
être avantageuse, car ces économies ont souvent tout intérêt à amarrer leur monnaie sur
celle d’un autre pays au lieu de poursuivre une politique monétaire autonome. C’est sans
doute la raison pour laquelle nombreux pays émergents, adoptent un ciblage du taux de
change. Cette stratégie parait plausible pour le cas de la RD Congo.
Ainsi, faute d’un consensus sur le canal prédominant à travers lequel la politique
3. Ce régime suppose : 1) l’engagement institutionnel envers la stabilité des prix comme objectif
prioritaire de la politique monétaire ; 2) la stratégie utilisant des indicateurs d’inflation pour décider des
modifications des instruments chaque fois que l’inflation anticipée diffère de la cible ; 3) la transparence
accrue ; 4) la responsabilité accrue de la banque centrale dans la réalisation des objectifs.
140
monétaire opère pour atteindre son objectif de stabilité des prix, c’est la prévision de
l’inflation qui doit tenir lien d’objectif intermédiaire et non pas la masse monétaire ou le
taux de change. La banque centrale doit donc veiller sur les indicateurs informationnels
reconnus comme étant aptes à prévenir l’inflation pour parvenir à contrecarrer les tensions
inflationnistes avant qu’elles ne se concrétisent. L’intervention de la banque centrale sur
le marché monétaire va viser dans ce cas à ramener le taux d’inflation anticipé proche de
l’inflation ciblée (Levieuge, 2003).
L’adoption de cette stratégie apporte une solution pour mieux éclairer aussi bien la
Banque Centrale que le grand public sur l’évolution en temps réel de l’objectif final de la
politique monétaire. À la différence de la cible intermédiaire de monnaie ou de taux de
change, la poursuite de la prévision d’inflation permet une meilleure flexibilité lorsque
la Banque centrale est tenue de veiller sur la stabilité du produit à court terme en plus de
la stabilisation des prix à long terme (Layouni, 2007).
Parmi les politiques structurelles qui devraient très rapidement être définies par le
gouvernement congolais, nous pouvons citer : la politique éducative, la politique agricole
et la politique industrielle.
La première richesse d’une nation dit-on, c’est sa population. Cependant, cette ri-
chesse peut se transformer en fardeau si rien n’est fait dans le domaine de l’éducation
141
ou mieux si elle n’est pas instruite. Le fait de disposer une population jeune constitue un
atout énorme pour le développement du Congo, certes. Mais, cela ne suffit pas parce qu’il
ne faut pas seulement muser sur la quantité encore faut-il qu’elle soit de bonne qualité.
Et, c’est là que l’éducation retrouve toute son importance si bien que la qualité du capital
humain doit donc être placé au cœur de l’action de l’État car tout progrès économique
en dépend Lucas Jr (1988).
4. comme le souligne Roland (2018), la RD Congo est un des rares pays plus pauvre aujourd’hui que
dans les premiers temps de l’indépendance.
143
corder une attention particulière aux infrastructures de base c’est-à-dire le transport, la
télécommunication et l’énergie en raison du lien qu’elles entretiennent directement avec
la croissance économique (Barro, 1990). Lorsque le transport est handicapé les coûts de
transactions et de la logistique sont élevés ce qui rend les produits non compétitifs et
limite la production rurale et l’accès des populations aux marchés au point et de telle
façon que l’activité économique en pâti et la pauvreté s’installe. Il en est de même pour
l’énergie et la télécommunication (Escribano et al., 2010, Isaksson, 2009) 5 .
5. Cette situation reflète sans conteste la réalité de la RD Congo où les routes sont presque imprati-
cables, la voie ferroviaire obsolète et l’énergie constitue à ce jour un casse-tête.
144
des prix à court terme, ce qui incitent les entreprises à investir et en conséquence la
production augmente. D’un côté on assistera par exemple à la construction des nouvelles
unités de production sur le marché des biens et services et il y aura de l’autre côté création
d’emplois sur le marché du travail.
L’agriculture est le secteur le plus important. Elle contribue à plus de 40% au PIB de
la RD Congo et plus de la moitié de la population en dépende. Sur l’ensemble d’hectares
cultivable, c’est seulement 11,4% qui sont exploités et cela de manière artisanale pour la
subsistance. Le pays souffre de l’autosuffisance alimentaire et dépend pour sa consomma-
tion quasiment de l’extérieur. Or, la mise en valeur de l’espace cultivable peut permettre
au pays de : (i) couvrir ses besoins alimentaires, (ii) tirer la croissance économique, (iii)
générer des devises, (iv) créer d’emplois décents pour les jeunes et femmes dans les
milieux ruraux.
Le pays étant à dominance rurale, le secteur agricole constitue une source poten-
tielle en matière de création d’emplois. Une politique agricole clairement définie et
en cohérence avec les autres politiques sectorielles constituerait un outil puissant dans
le processus de lutte contre le chômage en RD Congo. L’essor de l’agro-alimentaire,
de l’agro-industrie et de l’agro-pastorale favoriserait une croissance inclusive créatrice
d’emplois.
C’est pourquoi, non seulement la part du budget affectée à l’agriculture doit être
conséquent encore faut-il canaliser l’aide au développement vers ce secteur en rendant
prioritaire la réhabilitation des routes de dessertes agricoles et le financement des petites
unités de transformation de produits agricoles. Ainsi, l’État Congolais pourra contribuer
énormément à l’amélioration de la qualité de vie de la population, mais aussi à la lutte
145
contre la faim dans le monde. Des mesures règlementaires, des dispositifs structurels,
des moyens financiers et humains doivent être mis en œuvre par l’État pour contribuer à
la progression du secteur agricole.
S’il faut définir les politiques démographiques encore appelées politique de popula-
tion, on retiendra qu’il s’agit d’un ensemble des politiques délibérées, des arrangements
institutionnels ou des programmes spécifiques visant à modifier la quantité et la compo-
sition de la population (Demeny, 2003).
Ces politiques sont en parfaite harmonie avec celles de l’emploi dont la réussite reste
conditionner par la compréhension du fonctionnement du marché du travail à travers la
maitrise des indicateurs tels que la population, la population active, la demande et l’offre
du travail. Un certain nombre de mesures doivent être mises en œuvre pour améliorer
l’adéquation entre l’offre et la demande du travail, assurer la fluidité suffisante du marché
d’emploi et à stimuler la création d’emplois.
L’efficacité de toutes ces mesures ne doit pas perdre de vue l’idée selon laquelle
toute augmentation d’emploi d’une unité entraîne une diminution moins proportionnelle
du chômage. Tout dépend du rythme d’accroissement de la population active.
Tableau 6.2: Relation création d’emploi et baisse du chômage
Le débat sur les problèmes démographiques est totalement absent dans notre so-
ciété. Il attire de moins en moins la curiosité aussi bien dans le milieu politique que
scientifique. Pourtant, la dynamique de la population constitue un des indicateurs clés
dans le processus de développement surtout pour un pays qui se veut émergent à l’horizon
2030 et développé en 2050 (Roland, 2018). Il suffit pour s’en rendre compte d’observer
et comparer l’évolution de la population dans les pays développés et dans les pays en
développement.
La population active suit sans doute le même rythme de croissance que la popula-
tion totale. On constate à partir du graphique ci-haut que la RD Congo présente un taux
de croissance démographique le plus élevé avec une moyenne de 2,9% contre 0,4% en
Russie et dans les pays de l’Union Européenne, 2% en Inde, 1,1% aux États-Unis, 1,3%
en Chine et 2,1% en Afrique du Sud.
Ainsi, sur le plan démographique, si l’on veut réduire le chômage, il suffit de réduire
la population active ou améliorer sa capacité à répondre aux besoins des entreprises
ou carrément à entreprendre. En effet, cette stratégie permet effectivement d’amoindrir
l’écart entre la main d’œuvre disponible et l’emploi. Pour ce faire, la littérature revient
sur un certain nombre des mesures parmi lesquelles on peut citer : (i) la réduction de
l’âge de la retraite, (ii) le prolongement de la scolarité et la promotion de la formation
professionnelle, (iii) la mise en place d’un salaire maternel, (iv) les contrôles des flux
migratoires, (v) favoriser l’éducation des filles et promouvoir l’emploi féminin.
6. Pour déterminer le nombre d’années T où un agrégat peut doubler, il suffit de résoudre l’équation
∆pop.active T ln2
suivante :1 + = 2 , soit T =
pop.active ∆pop.active
ln1 +
pop.active
149
ce fléau, il serait mieux que le gouvernement mette en place un mécanisme de contrôle
de la population dont l’objectif serait d’inverser le rythme de croissance démographique,
ce qui entrainerait la baisse du chômage.
Par ailleurs, il faut reconnaître que dans la couche de la population active, la jeunesse
représente une part très importante, soit 63,5%. Le pays peut donc appliquer une politique
d’insertion en promouvant le stage de professionnalisation au sein des entreprises et
beaucoup plus la formation professionnelle et/ou l’apprentissage des petits métiers. Ces
mesures pourraient permettre bien attendu d’améliorer les qualifications et la capacité
d’insertion. Ce qui véritablement entrainerait au niveau national le déplacement vers la
gauche de la courbe de Beveridge.
Grosso modo, notre travail a porté sur un thème intitulé causes du chômage et poli-
tiques de l’emploi en RD Congo. En abordant ce sujet, nous avons cherché à évaluer la
nature du chômage ainsi que ses déterminants réels.
Par hypothèse, nous avons avancé que le niveau élevé et persistant du chômage qui
caractérise l’économie congolaise serait essentiellement expliqué par le choc d’offre.
Pour vérifier cette hypothèse, le modèle élaboré par Dolado et Jimeno (1997), Linzert
(2004) et Brüggemann (2006) nous a servi un cadre de référence pour orienter notre
réflexion au cas de l’économie congolaise et cela à l’aide de l’approche VAR structurel.
Les résultats de nos analyses montrent que le problème du chômage est beaucoup
plus lié au défaut de création d’emplois plutôt qu’à la hausse de l’offre du travail. On note
la présence d’une inadéquation de la formation (système éducatif, formation technique
et professionnelle) aux besoins du marché national.
151
Pour lutter contre ce fléau, l’État doit définir un ensemble de mesures au niveau
macro-économique et sectoriel susceptible de favoriser la croissance économique du-
rable, inclusive et créatrice d’emplois. Ainsi, la priorité serait accordée aux politiques :
(i) éducative, (ii) démographique, (iii) agricole, (iv) industrielle, etc. Les politiques bud-
gétaire et monétaire doivent aussi être repensées. Chaque politique préconisée peut faire
l’objet d’une étude empirique spécifique pour analyser l’efficacité des instruments utili-
sés, mais hélas ! Cet aspect sera approfondi dans les études ultérieures.
Nous n’avons pas la prétention de présenter les conclusions de nos analyses comme
des certitudes et des vérités inexorables. L’analyse ayant été orienté du point de vue
global, il serait souhaitable d’analyser les causes du chômage par secteur d’activité. Nous
sommes bien disposés à recevoir toutes les remarques et suggestions pouvant conduire
à la perfection de ce travail. Ainsi, tout en reconnaissant et en appréciant hautement
la contribution de nos encadreurs, nous assumons entièrement les insuffisances et les
manquements de ce travail
BIBLIOGRAPHIE
1 7.634645 — 7.781465 — —
2 43.34949 0.0128 44.89689 0.0086 25
*Test is valid only for lags larger than the VAR lag order.
df is degrees of freedom for (approximate) chi-square distribution
1 0.910262 2 0.6344
2 7.760797 2 0.0206
3 64.57174 2 0.0000
4 0.398739 2 0.8192
5 267.3579 2 0.0000
Joint test :
Chi-sq df Prob.
Individual components :
Root Modulus
0.778786 0.778786
0.513541 0.513541
0.361220 0.361220
0.097497 0.097497
-0.087868 0.087868
Cointegrating Eq : CointEq1
p(-1) 1.000000
prod(-1) −3.743395
0.53631
[-6.97993]
w(-1) 10.10576
1.52822
[ 6.61278]
n(-1) −10.00313
1.47646
[-6.77509]
U(-1) −16.66445
2.08806
[-7.98081]
C 56.35907
1 10.61834 — 10.82254 — —
2 26.49695 0.9873 27.32384 0.9827 45
*Test is valid only for lags larger than the VAR lag order.
df is degrees of freedom for (approximate) chi-square distribution after
adjustment for VEC estimation (Bruggemann, et al. 2005)
1 1.993369 2 0.3691
2 125.7685 2 0.0000
3 605.5317 2 0.0000
4 17.27611 2 0.0002
5 0.444698 2 0.8006
Joint test :
Chi-sq df Prob.
Individual components :
Root Modulus
1.000000 1.000000
1.000000 - 1.26e-15i 1.000000
1.000000 + 1.26e-15i 1.000000
1.000000 1.000000
0.638904 - 0.114581i 0.649097
0.638904 + 0.114581i 0.649097
0.516183 0.516183
0.320143 0.320143
0.241609 0.241609
-0.061882 0.061882
(a) Réponse des prix aux ε p (b) Réponse des prix aux ε s
(c) Réponse des prix aux ε w (d) Réponse des prix aux ε d
Tableau D.1: Pouvoir de prédiction des chocs structurels sur les prix
Tableau D.3: Pouvoir de prédiction des chocs structurels sur le salaire réel