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EL Le Dormeur Du Val

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Proposition d’introduction :

Présentation de l’œuvre et de l’auteur : Les Cahiers de Douai sont un recueil de poèmes rassemblant les
textes composés par Arthur Rimbaud alors qu’il n’a que 16 ans et confiés à son ami Paul Demeny. Ces
poèmes, rédigés lors d’une fugue du jeune homme, sont en lien avec l’actualité comme en témoigne « Le
Dormeur du val », inspiré par la guerre franco-prussienne de 1870 dont Rimbaud dénonce les horreurs et
l’absurdité.
Présentation du poème : Ce poème est le deuxième poème du deuxième cahier. C’est l’un des poèmes les
plus célèbres de Rimbaud.
Forme : sonnet : un sonnet est un poème de 14 vers composé de 2 quatrains (strophe de 4 vers) et de 2
tercets (strophe de 3 vers).
Rimes : croisées ABAB pour les 2 quatrains, suivies pour les 2 tercets avec répétition de la même rime pour
les derniers vers des tercets. + c’est un sonnet en alexandrins.

Normalement : 2 quatrains aux rimes embrassées (ABBA), suivis de 2 tercets dont les 2
premières rimes sont identiques tandis que les 4 dernières sont embrassées (sonnet italien)
ou croisées (sonnet français).

Rimbaud y peint une scène champêtre (qui a trait à la nature, aux champs), la nature y est décrite de manière
paisible, luxuriante malgré quelques allusions au sommeil quand un renversement s’opère créant une chute
au dernier vers qui révèle la mort du soldat.
Problématique : Comment le poète utilise-t-il la description de la nature afin de délivrer un message
politique ?
Mouvements :

I. La description d’un lieu paisible (1 er quatrain)


II. Le portrait d’un soldat endormi. (2ème quatrain)
III. Une observation plus attentive du soldat qui témoigne d’un sommeil trop paisible. (1er tercet)
IV. Et qui amène progressivement à la chute du sonnet, la révélation finale de la mort du soldat qui
permet de dénoncer la guerre. (2ème tercet).

Commenter le titre :
Le terme « dormeur » invite à comprendre le poème comme la description paisible d’une scène de repos.
Pourtant, on peut également y voir un jeu de mot révélateur : « dort-meurt ». À première vue, le poète cherche
à tromper son lecteur ou du moins à l’induire en erreur, il invite à relire son poème pour en comprendre les
subtilités.
I. La description d’un lieu paisible (1er quatrain)
 La description s’ouvre sur un présentatif « c’est », sur le champ lexical de la nature « trou de
verdure », « rivière », « herbes », « soleil », « montagne », « val » et sur une personnification puisque
la « rivière » « chante » : le cours d’eau est ainsi humanisé. Tous ces éléments en font un locus
amoenus, un lieu idéalisé et agréable qui comprend des arbres, de l’herbe et de l’eau. Le nom
commun « trou » suggère également la possibilité de s’abriter, de se blottir et en font donc un lieu
sécurisant.
 Impression de dynamisme, de mouvement avec le participe présent « accrochant » + l’adverbe
« follement » + cela se voit dans la versification puisque le poète a recours à un rejet « d’argent ». La
nature apparaît ainsi comme vivante.
 La personnification de ce lieu passe aussi par l’adjectif « fière » qui vient qualifier la montagne.
 C’est également un lieu lumineux comme en témoigne le champ lexical de la lumière : « soleil »,
« luit », « rayons », « d’argent » qui renvoie aux reflets.
 Au vers 4, le présentatif introduit « un petit val » qui renvoie directement au titre du poème,
accompagné cette fois-ci d’un adjectif qualificatif mélioratif qui rend compte d’un lieu intimiste et
tranquille.
La nature est ainsi présentée comme un lieu privilégié, reposant, agréable et accueillant.

II. Le portrait d’un soldat endormi. (2ème quatrain)


 Le poète restreint dans ce quatrain le regard à un élément plus réduit : le jeune soldat.
 L’utilisation d’un déterminant/article indéfini montre que c’est une personne inconnue du poète, il est
anonyme. Ce soldat (information importante dans le contexte de rédaction du poème car il correspond
à l’actualité politique : la guerre franco-prussienne) est décrit précisément grâce à une accumulation
d’informations : le poète s’intéresse d’abord à sa tête : « bouche ouverte », « tête nue » qui renvoient
d’ailleurs à sa somnolence, « la nuque ». Cependant, les éléments habituellement attendus lors d’une
description ne sont pas présents (couleur des yeux, cheveux etc). Le poète s’intéresse davantage à
sa position.
 Le rejet du verbe dormir en début du vers 7 insiste sur sa passivité qui contraste avec les mouvements
de la nature. Cette idée est également présente dans la forme verbale « il est étendu ».
 La nature est quant à elle toujours bien présente comme en témoignent les termes « frais cresson
bleu », « l’herbe », « la nue » et le soldat semble comme intégré dans cette nature, comme s’il en
faisait partie « baignant », « étendu dans l’herbe ».
 L’adjectif « pâle » qui renvoie à ce soldat contraste avec la vivacité du vert mentionné dans la
métaphore « dans son lit vert » l’herbe est d’ailleurs assimilée à un lit, ce qui permet de souligner son
côté confortable. Et de la lumière puisque celle-ci « pleut » : la métaphore souligne l’abondance de
luminosité, le soldat et la nature sont ainsi mis en lumière.
 Le champ lexical de l’eau avec les termes « rivière », « pleut » et « baignant » sont également
symbole de vie et de mouvement.
Si la présence de ce soldat endormi peut paraître surprenante au 1er abord, le caractère confortable de ce
lieu et de cette nature semblent expliquer son repos. Ce 2ième quatrain vient alors expliciter la personne du
« dormeur » mentionnée dans le titre.

III. Une observation plus attentive du soldat qui témoigne d’un sommeil trop paisible. (1 er
tercet)
 La description du « dormeur » se poursuit avec une focalisation sur une partie de son anatomie : « les
pieds » que le complément circonstanciel de lieu « dans les glaïeuls » permet de relier à la nature.
Rappel à nouveau de son activité avec la présence du verbe « il dort » en début du 2ème hémistiche.
 Retour à un élément du visage : son sourire mais un sourire particulier : Contre-rejet au v.9 qui permet
de retarder l’élément de comparaison : « souriant comme / sourirait un enfant malade » et qui introduit
un élément nouveau qui peut faire douter le lecteur. Pour autant, l’expression « il fait un somme »,
fait écho à celle du vers précédent « il dort ».
 V 11 : le poète apostrophe la « Nature » + vb à l’impératif présent « berce-le » : le poète demande à
la nature de prendre soin de ce soldat. Il en fait une entité à part entière. Bercer = recueillir dans ses
bras, métaphore de la mère ; Nature / terre associée à la mère qui doit s’occuper de son petit.
Antithèse « chaudement », « il a froid » permet d’attirer l’attention du lecteur une fois encore.
Ce premier tercet vient contraster avec les deux premiers quatrains, le poète y sème des éléments qui
devraient alerter l’attention du lecteur. La nature a beau être luxuriante, prospère, accueillante, le soldat a
tout de même l’air « malade », a « froid ».

IV. Et qui amène progressivement à la chute du sonnet, la révélation finale de la mort du soldat
qui permet de dénoncer la guerre. (2ème tercet).
 Le champ lexical du sommeil semble omniprésent dans ces 2 tercets comme en témoignent les
répétitions lexicales « il dort » et paraissent trahir un figement suspect.
 La négation totale en « ne pas » présente au vers 12 annonce la mort du soldat en soulignant quelque
chose d’anormal et qui devrait se produire. + allitération en « f » qui amène le lecteur à un doute
quant à la vie du soldat.
 V 13 : répétition à nouveau de « il dort », le poète martèle cette idée au lecteur afin que celui-ci ne
doute pas et le suive dans sa description. + description de sa position avec l’adjectif « tranquille »
placé en rejet qui peut laisser entendre que sa poitrine ne bouge pas et donc qu’il ne respire pas…
 Le reste du 14ème vers constitue la chute du sonnet : deux adjectifs viennent qualifier le nom
« trous » : tout d’abord l’adjectif numéral « deux » puis l’adjectif qualificatif de couleur « rouge » + cc
lieu « au côté droit » qui renvoie à la présence de deux balles dans le cœur. Chute brutal car courte
et sans explication mais à la fois très frappante car le lecteur ne s’y attend pas malgré les indices
laissés par le poète pour le préparer. Cela tient à la présence de termes à la double interprétation qui
nous mènent sur la (fausse) piste du soldat endormi. Ce vers est finalement une sorte d’euphémisme
qui renvoie aux balles qui l’ont abattu.
 Cette mort semble complètement injuste et contraste vivement avec la tranquillité du lieu qui semble
paradisiaque. À l’issue de cette lecture, le dernier vers fait basculer le lecteur dans l’interprétation la plus
malheureuse et appelle le lecteur à relire le poème et à interpréter différemment les signes apparents du
sommeil. Le « trou de verdure » peut alors être considéré comme un tombeau. De plus les glaïeuls sont
considérés comme des fleurs du deuil.
Conclusion :
Les images proposées par Rimbaud sont saisissantes, et laissent penser à la peinture d’un tableau idyllique
d’abord puis cruel enfin. Ce soldat qui est inconnu, anonyme, incarne en réalité tous les soldats morts au
combat. Le poète ne dit jamais que ce soldat est mort et pourtant nous ne pouvons pas manquer de le
comprendre à la fin de la lecture. L’absence de violence dans le texte et de vocabulaire inhérent à la guerre
traduit l’absurdité de cette dernière qui cause des morts « pour rien ». Le poète semble incapable de poser
des mots sur ce qu’il s’est passé, ce qui n’en rend pas sa dénonciation de la guerre moins efficace. En effet,
la vision presque christique du soldat tend à inscrire ce poème dans une visée pacifiste, qui montre une
innocente victime de la guerre. Ainsi, nous pouvons comprendre que Rimbaud prend position contre la guerre
franco-prussienne, très présente dans les Ardennes où il vit, en peignant un garçon de son âge, mort au
milieu d’une nature, elle, bien vivante. Il joue des contrastes des couleurs, de la description du pouvoir
évocatoire des images avec une dextérité poétique surprenante pour un poète d’à peine seize ans.
Rapprochement possible avec le poème : « La Fontaine aux lianes » de Leconte de Lisle paru en 1862. (« Et
sous le dôme épais de la forêt profonde,/ Aux réduits du lac bleu dans les bois épanché, / Dormait, enveloppé
du suaire de l’onde, / un mort, les yeux au ciel, sur le sable couché ».

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