JUDEO-ESPAGNOLS DE RHODES …ET D’AILLEURS
Lors d’un récent séjour à Rhodes, île du Dodécanèse, située à quelques encablures des côtes
turques, il m’a été donné de visiter la synagogue. Temple à l’extérieur discret, au cœur de la
vieille ville entièrement ceinte d’un formidable appareil défensif édifié par l’Ordre de Saint
Jean de Jérusalem à partir du début du XIVème siècle. Si l’aspect extérieur de la synagogue
est discret, la salle de prières est vaste, décorée et jalousement entretenue. L’estrade ou téba
porte une inscription relative à un donateur nord-américain qui a aidé financièrement à la
réhabilitation du temple, en souvenir des treize membres de sa famille disparue dans les
camps de la mort. A côté de la salle principale, un petit musée expose documents, objets de
culte relatifs à la communauté juive de l’île.
Au nombre de ces objets, deux assiettes ; sur chacune d’elles est transcrit un poème.
1
KE KEDO DE MI JUDERIA AKRODATE
De la Kay Ancha al Datilar
De l’Espejo a la Puerta de la Mar Mi pena es muy fuerte
Por las siete Kalejikas Por los que de Rodes se yevaron
Dando bueltas y bueltesikas Y por sus tan mala suerte
Del Kal Grande a la Turkeria Ke a todos los kemaron
Ke kedo de mi Juderia ? En los Kampos de la muerte
De Judios kedo vasia De eyos siempre me akrodare
Ke pekado y ke mansia En mi korazon y en mi tino
Ma yo siempre busko y digo Sus rekuerdos yevaré
Un pariente…un amigo De sus kruel destino
Puede ser se salvaria Nunca me olvidaré
Ke kedo de mi Juderia ?
Kaminando komo un loko
No topi muntcho ni poko
De los mios por dolor.
Mas ni uno !Ke malor…
Por la poka l’alegria
Nada kedo de mi juderia
Les deux poèmes sont signés : J. D. ALHADEFF. 1
Ces textes, par les drames qu’ils évoquent, le caractère de poignante quête qui est le leur,
l’espagnol employé, contiennent en eux-mêmes des mondes.
Sans vouloir me lancer dans une analyse linguistique, pas plus que dans un long exposé-l’une
et l’autre vont au-delà de mes compétences- ,je voudrais livrer à ceux qui visitent ce site dédié
aux hispanistes, quelques réflexions et informations sur cet univers judéo-espagnol qui me
passionne depuis bien longtemps. Le sujet est immense ; aussi me contenterai-je de quelques
approches et amorces. Internet offre d’innombrables entrées permettant de pousser plus avant
la recherche sur un thème captivant, et me semble-t-il peu connu de l’hispaniste « corriente y
moliente ».
BREF HISTORIQUE DES JUIFS DE RHODES
Je commencerai par évoquer l’histoire de cette communauté judéo-espagnole –semblable à
beaucoup d’autres- Les remarques linguistiques qui peuvent être faites sur les deux poèmes
n’en seront que plus claires : ces deux textes portent les stigmates de l’histoire des juifs de
Rhodes. La présence d’une communauté juive à Rhodes est attestée depuis l’antiquité
hellénistique. Entre 1307 et 1310, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, ordre militaire,
en font la conquête. La communauté juive connaîtra dès lors, époques de paix et temps de
persécutions. En 1522, l’île est conquise par les Ottomans, soit quelques décennies après cet
évènement majeur que fut la prise de Constantinople (1454) par ces mêmes Ottomans et très
exactement trente ans après l’expulsion des Juifs d’Espagne par les Rois Catholiques. Deux
cent mille Juifs quittèrent alors « Sefarad », nom qu’ils donnaient à la terre d’Espagne. De
nombreux juifs espagnols vinrent s’installer dans l’empire ottoman, encouragés par le sultan
qui leur ouvrit les portes en grand : « Je ne comprends pas Ferdinand et Isabelle se passent de
tels sujets ». On donnera à ces communautés implantées dans l’Empire le nom de « grande
1
-A l’intention des non-hispanistes, voir un essai de traduction en annexe.
2
Espagne ». Le grand rabbin faisait figure de chef de la « nation juive » et siégeait au divan
impérial d’Istanbul. La capitale de l’Empire en vint à compter quarante quatre synagogues.
A l’instar de ce qui se produisit en de multiples zones de l’empire ottoman, les Juifs de Rhodes
prospérèrent et la communauté en vint à compter entre deux et quatre mille membres.
Leur réussite économique se basa essentiellement sur le commerce : riches marchands et
petits commerçants. La vie de la communauté était rythmée par le calendrier religieux et les
célébrations qui émaillaient l’année.
Les judéo-espagnols conservent leur langue ; on peut s’étonner qu’elle n’ait pas disparu en
quelques générations, mais de puissantes raisons en expliquent la survivance. J’y reviendrai
plus loin.
Pendant une partie du XIXème siècle la communauté juive de Rhodes vit dans l’angoisse,
accusée en 1840 de pratiquer des crimes rituels d’enfants –vieille accusation antisémite-.
Finalement innocentés par un firman du sultan, ils renouent avec une existence pacifique et
laborieuse.
Vue du quartier juif intra muros de Rhodes, ou KAL
Lors de la décomposition de l’Empire ottoman, l’île ne fut pas rattachée à la Grèce, mais à
l’Italie (1912). La population juive de Rhodes est alors estimée à environ quatre mille cinq
cents personnes. A l’annonce de l’armistice conclu entre l’Italie et les Alliés, les Allemands
attaquent en septembre 1943, les possessions italiennes en mer Egée. Rhodes est investie par
les nazis, qui, moins d’un mois plus tard, entreprennent de recenser les juifs, et en mars 1944,
l’Office central de la Sécurité du Reich décide de procéder à des arrestations « massives et
soudaines ». Certains parviennent à fuir, mais près de mille sept cents d’entre eux sont
embarqués. Leur martyre commence : mauvais traitements, conditions inhumaines de
3
transport. Il s’achèvera dans les fours d’Auschwitz. A la Libération, les juifs de Rhodes
n’étaient plus qu’environ cent cinquante.
Monument commémoratif et liste des membres de la communauté
morts en déportation. Cette liste est placée dans la cour d’entrée de la synagogue.
REMARQUES LINGUISTIQUES
Séparés de l’Espagne pendant des siècles, les membres de cette communauté juive
conservèrent leur langue. Il en fut de même pour les autres communautés de la diaspora
judéo-espagnole qui essaimèrent dans tout le bassin méditerranéen et même dans d’autres
zones. Ces communautés connurent maintes expatriations y compris sur le continent
américain. La disparition rapide de langues minoritaires en quelques générations est un
phénomène hélas courant de tout temps, à toutes les époques y compris et peut-être même
surtout, la nôtre. Il est notoire que la langue de nos « ancêtres les gaulois » disparut très
rapidement au contact du conquérant romain exogène.
Pourquoi n’en fut-il pas de même pour le judéo-espagnol ?
J’y vois plusieurs raisons :
Ces populations séfardim se considéraient comme faisant partie d’une aristocratie.
Communautés intellectuellement brillantes, ayant engendré poètes, interprètes,
talmudistes, financiers, médecins, astronomes…Citons –mais la liste est loin d’être
exhaustive- Salomon Ibn Gabirol (littérateur, philosophe et poète), Juda Halevi
(poète), Abraham Zacuto qui mit au point vers 1473 les tables astronomiques dont
Christophe Colomb se servirait 19 ans plus tard, Samuel Levi (financier et
constructeur de la synagogue du Tránsito de Tolède), les intellectuels de l’Ecole des
Traducteurs de Tolède, le cordouan Maïmonides considéré comme un des plus grands
penseurs juifs. Ces juifs expulsés d’Espagne avaient perdu tous leurs biens matériels.
Il leur restait le trésor de la langue, les proverbes, les chants, les romansas, la musique,
les traités savants…Langue espagnole d’un paradis perdu, inestimable trésor…
4
Une seconde raison est à chercher dans le réflexe communautaire qui joua à plein.
Toute minorité expatriée –et nombreux sont les exemples- met une part de son énergie
dans la reconstitution de son organisation sociale et culturelle originelle. Ainsi en fut-il
des immigrés polonais en Lorraine, dans la région Nord-Pas-de-Calais. Mais
l’analogie s’arrête là ; peu de générations plus tard, les patronymes sont naturellement
toujours les mêmes, mais la langue n’est plus maîtrisée que par quelques uns, quelques
coutumes survivent (y compris dans le domaine alimentaire), quelques membres de la
communauté se donnent pour mission d’être les conservateurs de l’identité polonaise,
mais l’assimilation est définitivement réalisée pour l’immense majorité des membres.
Il ne reste plus qu’une conscience d’appartenance à une communauté, mais cela est
pratiquement sans influence sur les comportements quotidiens.
Si les communautés juives –et celle de Rhodes n’échappait pas à la règle- menaient
une vie discrète, leur vie communautaire, sans cesse revivifiée, constitua un puissant
ciment et un élément décisif de conservation de la langue espagnole. « Vie autonome,
hispanique et juive à la fois » écrit Haïm Vidal Shephiha, qui poursuit : « La vie
s’écoulait au rythme du calendrier juif, les journées marquées par les appels à la prière,
les semaines éclairées par les solennités du sabbat et tout au long de l’année, les
moadim- littéralement « termes, échéances, rendez-vous- Roch Hachana […], Yom
Kippour […], Soukhot…»2.
Le développement intellectuel et culturel de ce monde judéo-espagnol fut
remarquable : les université rabbiniques de Salonique, Salef et Jérusalem prirent le
relais de celles de Tolède, Cordoue, Barcelone. L’imprimerie y est active, la presse
connaît un essor impressionnant : pour la période qui va de 1842 à 1959, on dénombre
296 titres de publications de presse.
On le voit, tout concourait à ce que ces communautés conservent leur langue, mais ce
ne fut pas sans transformations, emprunts, déformations par rapport à l’espagnol de la
fin du XVème siècle. Ce judéo-espagnol porte des noms différents selon la zone où il
est parlé : espaniol, djudezmo, djudio, djidio…
Je ferai un bref commentaire linguistique des textes qui figurent dans les assiettes. Il
convient de souligner préalablement que, contrairement à ce que l’on dit et écrit
parfois, le judéo-espagnol, tel qu’il nous apparaît à l’heure actuelle n’est pas une sorte
d’ « hibernatus » linguistique venu tout droit de la fin du XVème siécle. Il est pertinent
de dire que le judéo-espagnol repose sur un substrat espagnol du XVème siècle avec
de nombreux emprunts (à l’hébreu, au turc, au français, au grec, à l’italien…). Il
contient en lui-même les marques de communautés éparses –diverses
géographiquement et historiquement- qui ont suivi des parcours différents. Ce sont là
les variantes linguistiques inhérentes à une diaspora.3.
Une raison plus générale en est la place accordée à la mémoire par le peuple d’Israël.
La principale injonction du Dieu d’Israël est « Zakhor »,« Souviens-toi ». C’est un
commandement absolu. « Souvenez-vous que vous étiez esclaves au pays d’Egypte »
est-il écrit. L’existence du peuple juif en dépend.
Remarques linguistiques sur les deux textes.
On se reportera avec profit à l’article de Gérard Galtier, « Pour une orthographe
‘méditerranéenne du judéo-espagnol’ » facilement accessible par Google.
2
Haïm idal Sephiha , L’Agonie des Judéo-espagnols –Editions Entente, 1977.
3
NOTE SUR LE LADINO que Haïm Vidal Sephiha définit comme étant le « judéo-espagnol calque, langue
pédagogique et liturgique ». Il s’agit d’une traduction littérale des textes sacrés hébreux, voire araméens en « un
espagnol qui semble remonter au XIIIème siècle. Langue utilisée uniquement lors de célébrations ou des
ouvrages philosophiques, liturgiques et éthiques et non langue de communication.
5
Je me contenterai pour ma part de quelques très modestes remarques :
« el kal grande » Kal signifie « synagogue » et par extension désigne aussi le quartier où
se trouve la synagogue. Le terme call avec le sens de quartier juif est en usage en
Catalogne. Il est ainsi désigné à Gérone.
« ke mansia » de l’avis d’une éminente professeur de Lille III, le sens pourrait être « qué
mancilla »
« ke malor » exemple type des gallicismes introduits au XIXème siècle, par le fait de
l’influence de l’Alliance Israélite Universelle. Il existe aussi le terme « horoso » (heureux)
UNE FIGURE EXCEPTIONNELLE : le docteur Ángel Pulido Fernández
L’anecdote est belle : en 1903, alors qu’il se trouvait avec sa famille sur un bateau descendant
le Danube, l’Espagnol Ángel Pulido, entendit un couple de personnes âgées parler une espèce
d’espagnol. Ángel Pulido alla vers eux. Le docteur Pulido, sénateur et académicien, et le
docteur Bejarano, futur grand rabbin de Turquie venaient de faire connaissance.
Dès lors, cet espagnol, passionné comme on sait l’être Outre-Pyrénées, consacra sa vie à la
cause de ceux qu’il désigna par les termes de « españoles sin patria ». Il entreprit une
campagne en leur faveur, multiplia les conférences, publia un livre et se lança dans une
gigantesque correspondance avec les communautés judéo-espagnoles du monde entier. Son
objectif était multiple : faire connaître ces « autres espagnols », mettre les communautés en
contact les unes avec les autres, recueillir leur legs culturel et le sauver. Il laissa une partie de
sa santé dans cette écrasante mission qu’il s’était donnée à lui-même, essayant d’y intéresser-
en sa qualité de sénateur et d’académicien- les plus hautes autorités du pays.
En ce début du XXème siècle, l’empire ottoman était « l’homme malade ». Plusieurs pays,
dont la France tentaient d’y asseoir leur influence. Italiens, Anglais, Autrichiens, Allemands y
fondèrent des écoles. Mais c’est la France qui – avec la création de l’Alliance Israélite
Universelle- eut la plus éclatante réussite par le biais d’une activité diplomatique intense, de
l’aide apportée aux réfugiés, et surtout la création d’écoles où l’enseignement était donné en
français. Les écoles – le lycée de Galatasaray (toujours en activité) en est le plus
connu…peut-être aussi de par sa proximité avec le club de football éponyme – formèrent
traditionnellement la classe dirigeante de la société turque.
Que pouvait faire le docteur Pulido ? Que pouvait faire l’Espagne qui ne disposait pas, à une
époque où elle venait de perdre ses dernières colonies, de moyens de concurrencer la France
sur ce terrain ? Le résultat tangible de l’œuvre du docteur Pulido fut le décret du 20 décembre
1920, décret postérieurement confirmé à plusieurs reprises, qui donna la nationalité
espagnole aux juifs séfardim qui en feraient la demande.
Cette mesure eut par la suite de très heureuses conséquences pour des milliers de Juifs dans
les pays occupés par l’Allemagne nazie et en particulier en France lors des grandes rafles. Les
archives conservent plusieurs télégrammes émanant du Ministère espagnol des Affaires
étrangères (franquiste), télégrammes adressés à l’ambassade espagnole auprès du
gouvernement de Vichy, leur enjoignant de veiller à la protection des « sujets sefardim
espagnols ». Voici le texte de l’un d’entre eux :
« Los súbditos españoles hagan constar claramente, al incribirse en el registro
especial o al prestar declaracion sobre sus bienes, o de cualquier otra clase, su
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condición de españoles para poder ser defendidos como tales en el momento
oportuno »4.
C’est ainsi que les sefardim de France furent exclus –provisoirement hélas- des décrets de
juillet 1942, qui interdisaient aux juifs d’assister aux spectacles publics et qui leur faisaient
obligation de porter l’étoile jaune.
Nombreux sont ceux qui se sont demandé pour quelles raisons, pendant l’Occupation, tant de
Juifs sefardim (et autres) passèrent les Pyrénées pour trouver refuge dans l’Espagne
franquiste, alliée d’Hitler.
Désir du Caudillo de se dédouaner auprès des Alliés et de leur donner des gages à un moment
où il présentait la défaite à venir d’Hitler ? Conviction profonde d’un homme dont
l’ascendance juive est prouvée ? Les historiens en débattent encore…
UNE AUTRE FIGURE EXCEPTIONNELLE : Vidal Haïm Sephiha
Né à Bruxelles en 1923 d’une famille judéo-
espagnole turque, il entreprend des études de
langues. Déporté à l’âge de 20 ans, il est
interné au camp d’Auschwitz dont il sera
libéré en 1945, année de la mort de son père
interné à Dachau.
En 1950, à la mort de sa mère, il décide de
consacrer son existence à ses racines judéo-
espagnoles. Il entreprend des études
linguistiques, de littérature espagnole et
portugaise à la Sorbonne. En 1977, il publie
son ouvrage le plus connu : L’Agonie des
Judéo-espagnols, dont je me suis largement
inspiré pour l’élaboration de cet article.
Professeur des Universités en 1981, il
occupe en 1984 la chaire de judéo-espagnol
créée pour lui à la Sorbonne. Il gardera cette
chaire jusqu’en 1981. Ses nombreux travaux
font autorité.
Parvenu au terme de ce modeste article, j’espère avoir donné à mes lecteurs la curiosité de
s’intéresser à ce monde judéo-espagnol, bien peu abordé -me semble-t-il- au cours des études
universitaires classiques. En s’y intéressant on aborde de multiples horizons. Mais la question
fondamentale est sans doute celle-ci : et maintenant ? et demain ?
Je livre en conclusion ces lignes de Vidal Haïm Sephiha :
« Qu’ils aient trouvé refuge dans un judaïsme plus vaste, dans le sionisme, la conversion à la
religion dominante, l’athéisme ou le militantisme, ils n’oublient pas leurs sources, quand bien
même ils les nieraient [….] Il reste la nostalgie d’un passé révolu qu’on identifie aux patries et
aux enfances perdues, ou encore ce sentiment d’un double exil […]Les derniers témoins de
4
Voir traduction en annexe
7
l’avant-dernière guerre meurent et avec eux, langue et culture […] L’effritement se poursuivra,
mais les thésauriseurs se multiplieront. A eux reviendra le rôle le plus important. Ethnologues,
historiens, musicologues, sociologues, philologues ou linguistes recueilleront ce qui demain ne
sera que vestiges […] Il faudrait sauver synagogues, cimetières –celui de Rhodes, seul vestige
avec une synagogue de cette communauté autrefois si brillante, est encore intact- bâtiments
civils – la maison de Sabbatai Zemi à Izmir- de la pioche des démolisseurs. Il faudrait que les
organisations internationales, comme l’Unesco, sortent de leur silence indifférent ou
impuissant ».
Daniel BRETTE – 9 mars 2012
ANNEXE –traductions
QU’EST-IL RESTE DE MA JUIVERIE ? SOUVIENS-TOI
Qu’est-il resté de ma juiverie ? Grande est ma peine
De l’Espejo à la Porte de la Mer Pour ceux que l’on a emmenés de
Par les sept ruelles Rhodes
Tournant et tournant encore Pour leur destin si noir
De la grande synagogue au quartier turc On les a tous brûlés
Qu’est-il resté de ma juiverie ? Dans les camps de la mort
Elle s’est retrouvée vide de ses juifs D’eux je me souviendrai toujours
Quel péché et quelle souillure Dans mon cœur et dans mon
Mais moi je cherche toujours et je dis esprit
Un parent…un ami Je porterai leur souvenir
A peut-être pu sauver sa vie Leur cruel destin
Qu’est-il resté de ma juiverie ? Jamais n’oublierai.
Cheminant comme un fou
Je n’ai trouvé ni beaucoup ni peu
des miens, quelle douleur
Mais pas un seul ! quel malheur !
C’en est fini de la joie
Il n’est rien resté de ma juiverie
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Au moment de s’inscrire sur le registre spécial ou de
déclarer leurs biens, ou quelque autre chose que ce
soit les sujets espagnols feront figurer clairement
leur condition d’espagnols, afin de pouvoir être
opportunément défendus comme tels.