Mémoire La Transition Énergétique Au Benin PDF
Mémoire La Transition Énergétique Au Benin PDF
SEPTEMBRE 2015
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UNIVERSITE DE LIMOGES
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCE HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
SEPTEMBRE 2015
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REMERCIEMENTS
J’exprime ma profonde gratitude à toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction de ce
mémoire
Mes remerciements vont tout particulièrement à :
-Mon Directeur de mémoire, Monsieur Christophe BEAURAIN qui m’a accompagné durant
toute l’année universitaire et a accepté de m’encadrer sans ménagement d’effort ;
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SOMMAIRE
Introduction 04
Chapitre 1 : La présentation du Bénin et de la commune de Natitingou 06
I-Présentation du Bénin 06
II-Présentation de la commune de Natitingou 12
Chapitre 2:La méthode d'enquête 24
I.La justification du choix de notre terrain d'étude 24
II.Hypothèses d'analyse 27
III.Le choix d'enquête par entretien 28
IV.Les entretiens sur le terrain 30
V.Justification du choix des enquêtés 34
VI.Les difficultés rencontrées 37
Chapitre 3 : Une mise en œuvre de la transition énergétique dépendante du
contexte énergétique 40
I.La transition énergétique dans les pays du Nord 42
II.La transition énergétique en Afrique 48
Chapitre 4 : la transition énergétique : une opportunité pour le Bénin 54
I.Les enjeux liés à la transition énergétique au Bénin 54
II.Les sources d'énergie renouvelable au Bénin 59
Troisième partie : Analyse des résultats 63
Chapitre 5 : Les actions en faveur du développement du secteur de l'énergie
solaire au Bénin et dans la commune de Natitingou 64
I.Les actions menées dans le sens de l’éducation et de la formation 64
II.L'exploitation de l'énergie solaire:vers une réduction des inégalités d'accès
entre ville et campagne 70
Chapitre 6:Les obstacles au développement de l'énergie solaire 82
1.L'instabilité institutionnel 82
II.Les blocages liés au cadre réglementaire 84
III.La contrainte financière : un frein au développement de l'énergie solaire 87
IV.Un public sceptique face au développement de l'énergie solaire 89
Conclusion 94
Bibliographie
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SIGLES ET ABBREVIATIONS
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Introduction
L’énergie issue des sources fossiles tend vers sa raréfaction alors que les besoins en énergie
de la population mondiale ne cessent de s’accroître. Les enjeux environnementaux résultant de
l’exploitation de ces sources d’énergies fossiles deviennent eux aussi prépondérants. Ces deux
constats résument bien les enjeux énergétiques auxquels nous avons à faire face dans la recherche
de solutions viables pour l’avenir de notre planète. Pendant longtemps et encore aujourd’hui, les
sources d’énergies fossiles (pétrole, charbon, uranium, gaz, etc.) ont occupé le premier rang dans la
production énergétique mondiale. Cependant, du fait des conséquences environnementales liées à
l’exploitation de ces sources d’énergies et face à la demande croissante en énergie de la population
mondiale, l’humanité s’accorde dans un même élan sur la nécessité de diversifier les sources
d’énergies. C’est dans cette perspective qu’est née la notion de « transition énergétique » en
Allemagne au cours des années 80.
Cette notion de « transition énergétique » vise à substituer l’énergie issue des sources non
renouvelables par des sources d’énergie renouvelables tout en répondant à une demande mondiale
en énergie qui ne cesse de s’accroître. C’est en effet un concept économique qui vise à concilier le
développement durable avec la croissance économique. De nombreux pays, notamment du Nord,
sont très avancés dans cette nouvelle ère énergétique que l’économiste Jérémy RIFKIN qualifie de
« troisième révolution industrielle »1. Toutefois, la tendance n’est pas la même dans les pays du Sud
où la question énergétique correspond à un problème d’une toute autre nature.
« Près de 530 millions d'africains n'ont pas accès à l'électricité ; si aucun remède n'était
apporté à cette situation, ce chiffre pourrait même monter à 600 millions en 2030 »2.
C’est ainsi que se résume l’enjeu énergétique en Afrique. En effet, l’accès à une énergie
électrique de qualité et à un tarif abordable, c’est-à-dire peu coûteuse, est une équation récurrente
RIFKIN Jérémy, La Troisième Révolution industrielle, St. Matin’s Press, New York, 2011.
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7
pour les pays du Sud. C’est le cas du Bénin qui doit affronter de nombreux défis dont le plus urgent
correspond à la lutte contre la pauvreté qui se caractérise entre autre par une précarité énergétique
entraînant une faible productivité du pays. En effet, le taux d’électrification se situerait à environ
56,5% en milieu urbain et moins de 5,5% en milieu rural3 alors que plus de 60% des ménages vivent
en milieu rural au Bénin. Face à cette faible couverture en énergie électrique, la majorité des
ménages en Afrique utilise la lampe à pétrole pour s’éclairer (on estime à 1,6 milliard le nombre de
personnes contraintes de s’éclairer à la lampe à pétrole) 4 . En plus de ses conséquences sur
l’environnement (elle génère une importante pollution atmosphérique), cette source d’énergie, facile
d’accès et d’emploi, possède un impact très néfaste pour la santé. Les ménages les plus aisés ont
recours au groupe électrogène qui, selon les cas, émet d’importantes nuisances sonores et/ou
atmosphériques. Cependant, ces deux sources de production d’énergie électrique employée sont
alimentées par l’essence, un combustible fossile. Pourtant, le continent recèle de gisements de
production d'électricité à partir de sources renouvelables : c’est le cas de l’énergie solaire, objet de
notre étude.
Cette source d’énergie propre et sans danger pour la santé est encore peu exploitée en Afrique
alors qu’elle représente une opportunité majeure pour favoriser l’accès de la population à l’énergie
électrique et ainsi lutter contre la pauvreté. Il existe donc au Bénin un ensemble d’énergies
inépuisables dont la plupart sont issues de l’activité énergétique solaire et qui pourraient être
exploitées dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail, que ce soit à la
campagne ou en ville. Malgré ce potentiel, l’accès aux services énergétiques de base, constitués par
la chaleur nécessaire à la cuisson, l’éclairage, la force motrice, la communication et la réfrigération,
reste très difficile au Bénin, principalement en zone rurale. Cette question énergétique, d’abord
économique et environnementale, renvoie donc aussi à une dimension sociale majeure. Elle
interroge sur les mécanismes de mise en place de la transition énergétique dans un contexte de
précarité énergétique. La question s’inscrit aussi dans une réflexion globale sur la décentralisation
énergétique considérée comme l’échelle pertinente pour répondre aux besoins spécifiques en énergie
électrique d’un territoire et contribuer aussi à la lutte contre le réchauffement climatique, un enjeu
majeur concernant l’avenir de notre planète.
C’est en réponse à ces questionnements aux multiples enjeux que nous nous intéressons à la
transition énergétique au Bénin. Plus précisément, notre objectif est d’étudier les possibilités de
8
développement de l’énergie solaire dans la ville de Natitingou. Sur la base d’entretiens réalisés
autant à Cotonou (la capitale économique du Bénin) que dans la commune de Natitingou, nous
verrons que cette notion de « transition énergétique » peut prendre une toute autre dimension, autant
dans sa conception que dans sa mise en œuvre. Pour ce faire, notre développement s’articulera en
trois parties. La première sera consacrée à la présentation de notre cadre de recherche. Il s’agira
dans cette partie de faire une présentation de notre terrain d’étude et de préciser davantage les
objectifs de notre étude. Dans la deuxième partie, nous essayerons de mettre en lumière les
spécificités et les différents enjeux liées à la transition énergétique, enjeux qui dépendront du
contexte énergétique. La troisième partie sera quant à elle consacrée à l’analyse des résultats de nos
entretiens.
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Deux chapitres seront consacrés à cette première partie. Le premier aura pour objectif de
présenter le Bénin et la commune de Natitingou, notre terrain d’étude. Dans le deuxième chapitre,
nous traiterons de la méthode d’enquête que nous avons utilisée en revenant plus en détails sur la
commune de Natitingou. Nous préciserons ainsi ,de manière plus structurée le contexte, la
problématique et les objectifs de notre travail.
I-Présentation du Bénin.
Indépendant depuis 1960 sous le nom de Dahomey, le pays a adopté son nom actuel, le Bénin,
en 19755. La République du Bénin est située en Afrique de l’Ouest, dans la zone intertropicale. Elle
est limitée au Sud par l’Océan Atlantique sur 125 km, à l’Est par le Nigeria sur 750 km, au Nord
par le Niger sur 120 km et le Burkina Faso sur 270 km, et enfin par le Togo à l’Ouest sur 620 km.
Sa superficie est de 112 622km². Ce pays possède deux climats caractéristiques. Au Sud, règne un
climat subéquatorial assez tempéré variant entre 23° et 32°C ; il est caractérisé par deux saisons des
pluies, d’avril à juillet et de septembre à novembre, et deux saisons sèches d’août à septembre et de
décembre à mars. Au Nord, le climat est tropical et peu humide avec une saison des pluies de mai à
octobre et une saison sèche de novembre à avril. Il faut donc noter que deux grandes saisons
dominent le nord du Bénin.
Carte 1 : situation géographique du Bénin
10
Source : Google
Source : Google
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élus et, en zone rurale, d'un ensemble de villages dirigés par des chefs de villages également élus.
Les départements sont administrés par des préfets nommés par le gouvernement.
Les communes sont au nombre de 77, dont 3 à statut particulier (Porto-Novo, Cotonou et
Parakou). Chaque commune est dirigée par un conseil municipal ayant à sa tête un maire élu. Elles
disposent d’une autonomie administrative et financière. Elles sont donc responsables de
l’élaboration et de l'exécution de leurs programmes de développement local, ce qui correspond à un
aspect important à prendre en compte dans la politique d’électrification rurale.
Le schéma ci-après montre les différents niveaux d’exercice des pouvoirs publics dans le
domaine de l’organisation administrative du pays.
B- Structure politique.
Dirigé de 1972 à 1990 par un régime marxiste-léniniste, le Bénin a vécu à la fin des années
1980 une crise politico-économique sévère, suite notamment à l'effondrement du secteur bancaire
et à la chute des recettes de l'Etat. Cette crise a débouché en 1990 sur une profonde réforme politique
et administrative ayant conduit à l’adoption, le 11 décembre 1990, d'une constitution fondée sur le
libéralisme économique et un régime politique de démocratie pluraliste (Régime présidentiel et
Assemblée Nationale). Les institutions constitutionnelles du Bénin sont6 :
-le pouvoir exécutif dirigé par un Président de la République élu chaque fois pour cinq ans et dont le
mandat est renouvelable une seule fois ;
-le Parlement élu chaque fois pour quatre ans ;
-la Cour Constitutionnelle ;
-la Cour Suprême ;
6
Ministère des mines, de l’énergie et de l’hydraulique, ibid p7
12
-la Haute Cour de Justice ;
-la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication ;
-le Conseil Economique et Social.
En ce qui concerne les relations extérieures, le Bénin est membre de plusieurs organisations
internationales et régionales dont l'ONU, l'U.A (l’Union Africaine), la CEDEAO (la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), l’UEMOA (l’Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine), et le Conseil de l'Entente, etc.
Le Bénin compte une population de 10,321 millions d’habitants (données du FMI en 2013)
pour une densité de 86,7 hab/km² (données de la Banque Mondiale en 2012). La croissance
démographique estimée en 2012 par la Banque Mondiale correspond à une croissance de 2,73 %.
Avec un taux d’alphabétisation de 42,4% (données du PNUD en 2012), l’espérance de vie au Bénin
est de 56,5 ans (données du PNUD en 2012). Les religions dominantes sont le vaudou, le
catholicisme, l’islam, et le protestantisme. Selon l’indice de développement humain, le Bénin est
classé 166ème sur 186 pays (données du PNUD en 2013). Le taux de croissance au Bénin est de 5,5
% en 2013 (données du FMI). Pour cette même année, l’institution estime le Produit Intérieur Brut
(PIB) à 8 Milliards de dollars, soit 810 dollars par habitant. Les principaux clients du Bénin sont
l’Inde (15,9%), la Chine (10,4%), l’Indonésie (3,6%), le Niger (2,5%) (Données de l’EIU en 2012).
Par ailleurs, les principaux fournisseurs du Bénin sont, par ordre décroissant, les Etats Unis (28%),
la France (9%), l’Inde (8.8%), le Togo (8%), la Chine (6.7%) (Données de l’OMC en 2013). Le
principal secteur d’activité au Bénin est le secteur tertiaire qui représente 54,7% de l’activité
économique du pays, ce qui s’explique par sa situation géographique. En effet, le Port Autonome de
Cotonou (PAC) est la porte maritime des pays voisins enclavés du Bénin. Il s’agit du Niger, du
Burkina Faso et du Mali. Le transport maritime est donc une source importante de revenus au Bénin
puisque ce Port Autonome de Cotonou représente la plaque tournante du transport maritime des
13
pays frontaliers du Bénin cités précédemment. C’est d’ailleurs ce qui confère au Port Autonome de
Cotonou (PAC) son titre de « poumon de l’économie béninoise ». La seconde activité dominante
au Bénin est l’agriculture qui représente 32,2% de l’activité économique. Le troisième secteur
d’activité au Bénin est l’industrie qui couvre 13,1% de l’activité économique. Selon le classement
Doing Business de 2013, le Bénin occupe la 174ème place sur 189 pays. Pour la même année,
Transparency International classe le pays à la 94èmeplace sur 177 pays en termes d’activité
économiques.
Le Bénin et le Togo sont les premiers pays à avoir mis en commun leurs moyens pour
satisfaire leurs besoins en énergie électrique, en mutualisant leur approvisionnement dans le cadre
de la Communauté Electrique du Bénin (CEB). Ainsi, le sous-secteur économique de l’électricité
est organisé de façon commune entre le Togo et le Bénin et régi par un accord international (code
Bénino-Togolais de l’électricité) signé par les deux Etats depuis 1968. Ce code confère à la CEB
devenue opérationnelle en 1973 le monopole de la production, du transport et des
importations/exportations de l’énergie électrique sur l’ensemble des territoires des deux Etats.
Cependant, depuis 2004, les segments de la production et de la distribution de l’électricité sont
ouverts à des opérateurs privés qui pourront entrer dans le secteur7.
-La direction Générale de l’Energie (DGE), dont la mission est de proposer en liaison avec les
structures nationales compétentes, la politique du gouvernement dans le secteur de l’Energie et de
veiller à sa mise en œuvre.
- L’Agence de Contrôle des Installations Electriques Intérieures (CONTROLEC), chargée de
contrôler les installations électriques intérieures quant aux normes de sécurité notamment.
7
UEMOA , étude pour l’élaboration d’une stratégie de résolution durable de la crise
énergétique dans les pays membres vol 1 , 2008 p16
8
SOLARISS-Ing , Etude de faisabilité , PROVES , novembre 2014 p4
14
-La Société Béninoise d'Energie Electrique (SBEE), créée en 1974 et qui a pour objet l’importation,
la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique au Bénin. Elle assure donc la
distribution de l’électricité aux consommateurs béninois qu’elle achète en grande partie à la CEB.
Certes, la SBEE est sous la tutelle du Ministère chargé de l’Energie mais elle dispose d’un statut
paraétatique qui lui confère une certaine autonomie de gestion.
- L'Agence Béninoise d'Electrification Rurale et de Maîtrise de l'Energie(ABERME), créée en août
2004 et dont la mission est de mettre en œuvre la politique de l'Etat dans les domaines de
l'électrification rurale et de la maîtrise de l’énergie.
-L’Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité
Energétique (ANADER), créée le 25 juin 2014, a pour mission de promouvoir le développement
des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique conformément à la politique nationale dans
le secteur de l’énergie.
A travers cette présentation, nous observerons que la ville de Natitingou est encore peu
développée malgré son potentiel naturel, culturel et son statut administratif qui présente des niches
d’un développement économique local durable. Nous verrons également que cette commune
15
connaît une bonne croissance démographique puisque la moyenne de la population sur ce territoire
est à dominante jeune.
9
http://www.natitingou.bj/index.phpoption=com_content&view=article&id=118&Itemid=1190
, consulté le 12/05/15
16
Source : Google
17
Carte 4: Découpage administratif de la commune de Natitingou
18
B-Le milieu physique
La commune présente un relief dont les formes sont variées, allant des zones de montagnes
à Natitingou elle-même en passant par les plateaux et les pénéplaines des villages environnants. La
commune de Natitingou est caractérisée par un relief accidenté, composé principalement de la
chaîne de l’Atacora, de plateaux et de collines dont les vallées se présentent souvent sous forme
abrupte. Son climat est de type soudano-guinéen caractérisé par deux saisons : une saison pluvieuse
qui dure 06mois, de mai à octobre, et une saison sèche qui couvre la période de novembre à avril.
Du fait des influences orographiques, la commune est très arrosée, particulièrement à Natitingou où
on enregistre parfois jusqu’à 1400 mm de pluie par an. Les plus fortes pluviométries sont
enregistrées au cours des mois d’août et de septembre. La température moyenne est d’environ 27°C
avec des variations de 17°C à 35°C pendant l’harmattan (l’hiver béninois).
19
Carte 5: Réseau hydrographique de la commune
20
raison de la forte dégradation dont ils sont l’objet. Les techniques culturales inadaptées et la faible
capacité de gestion des eaux ont contribué à cette dégradation avancée des sols.
21
Source : PDC Natitingou 2011
22
C-Démographie et dynamisme de la commune de Natitingou.
Le tissu social se caractérise par de forts liens de solidarité entre les clans, les familles et les
personnes, surtout dans les villages où l’entraide est une valeur fondamentale. En revanche, la
tendance est à l’individualisme dans les agglomérations urbaines. Au sein des communautés
sociales, on note une diversité d’habitats, particulièrement de type rural et caractérisée par des tatas,
des cases rondes, des cases rectangulaires en terre de barre, couvertes de tôle ou de paille (annexe
1). Ce type d’habitation est fortement menacé par les incendies du fait de la précarité des matériaux
de construction utilisés. L’habitat de type urbain se caractérise par des constructions en matériaux
durables dans les agglomérations et dans certains milieux ruraux, notamment pour les centres de
santé, les écoles et les bâtiments administratifs. Enfin, même si cet habitat est en général groupé, on
remarque quelques cases dispersées en pays Otammari.
23
Les tableaux ci-dessous présentent respectivement la situation démographique de la
commune et la répartition des ménages par arrondissement en 2002.
24
ARROND: PEPORIYAKOU 871 6,2 2611 2803
ARROND:TCHOUMI- 731 6,2 2245 2272
TCHOUMI
Le secteur commercial est dominé par l’informel c’est-à-dire que les activités issues de ce
secteur échappent à toute régulation de l'Etat, elles ne sont souvent pas déclarées et ne sont
soumises à aucune règle juridique. La plupart des échanges commerciaux portent sur les produits
agricoles et d’élevage, les produits artisanaux locaux et les produits manufacturés importés. On peut
distinguer le commerce intérieur qui se fait entre villages, entre arrondissements et le commerce
extérieur avec les communes voisines mais aussi avec des pays voisins tels que le Togo et le Nigéria.
Le secteur artisanal occupe une proportion importante des jeunes actifs. Il s’agit d’un
artisanat de service et de transformation des produits agricoles locaux. Secteur développé dans les
agglomérations, il mobilise les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux selon une répartition
par corps de métiers. Les métiers les plus importants, du point de vue du nombre d’acteurs sont les
suivants :
La couture (25,05%) ;
La fabrication de boissons locales (18,55%) ;
Le travail de la pierre (9,56%) ;
25
La coiffure (5,61%).
Ces métiers totalisent 58,77% des artisans. C’est dans ce groupe de métiers que l’on retrouve
majoritairement les femmes. L’artisanat est donc le secteur économique où les femmes sont le plus
investies.
Avec un relief accidenté dans la commune, la pratique de la sylviculture se présente comme
un atout pour la valorisation des terres. La commune de Natitingou compte des plantations de
manguiers, agrumes, anacardiers, tecks, eucalyptus, bananes, orangers et des pépinières.
Au total, il existe environ 155 hectares de plantations, toutes espèces confondues (tous les
arrondissements sont concernés). L’anacarde est produit essentiellement pour l’exportation alors
que la production des autres fruits est destinée à la consommation locale dans les ménages et à la
commercialisation sur les marchés.
Le tourisme occupe aussi une grande place dans l’économie de la commune. En effet, La
commune de Natitingou est la vitrine et la porte d’entrée de la région Atacora, relativement riche en
potentialités touristiques naturelles et en richesses culturelles des différents groupes sociaux
culturels. Elle dispose d’un fantastique paysage montagneux et de grottes, d’importants sites
touristiques qui jalonnent les arrondissements et accueille chaque année près de 6 000 touristes. La
ville de Natitingou est donc une ville de transit pour les touristes qui vont le plus souvent dans les
communes voisines visiter le Parc National de la Pendjari , les Tata-Somba, etc. La position de la
ville de Natitingou comme chef-lieu du département et principal centre de concentration des
services, des infrastructures socio communautaires et d’hébergement lui donne une place de choix
dans le tourisme de l’Atacora.
A la suite de cette présentation générale du Bénin et de notre terrain d’étude, nous aborderons
la méthode de recherche que nous avons employée pour mener à bien notre projet.
26
Chapitre 2 : La méthode d’enquête
Dans ce deuxième chapitre, nous expliquerons le choix de notre terrain d’étude, les différents
processus qui ont abouti à la collecte des données, les critères de sélection de nos enquêtés et leur
composition, les hypothèses de recherches établies et enfin les difficultés que nous avons
rencontrées dans l’accomplissement de ces travaux de recherche.
En effet, les villes de Natitingou et de Kandi sont celles où le rayonnement solaire est le plus
important, c’est-à-dire dans le nord du Bénin. Ce potentiel est encore plus élevé dans la ville de
Kandi que dans celle de Natitingou mais nous avons tout de même choisi la ville de Natitingou
comme terrain d’étude parce qu’elle répond mieux aux deux autres critères cités précédemment,
c’est-à-dire que c’est un territoire pertinent qui possède de gros besoins en énergie électrique. La
ville de Natitingou est le chef-lieu du département de l’Atacora, ce qui implique que tous les services
déconcentrés de l’Etat se situent dans son secteur géographique. Natitingou est aussi une ville
carrefour dans le Nord du Bénin, une sorte de plaque tournante qui représente la porte d’entrée vers
les pays africains voisins. En effet, il faut la traverser pour se rendre dans les pays voisins tels que
27
le Togo, le Burkina Faso. Elle constitue à la fois la vitrine et le point de passage du département de
l’Atacora qui est relativement riche en potentialités touristiques naturelles et en richesses culturelles
des différents groupes sociaux culturels. Elle dispose d’un fantastique paysage montagneux et de
grottes, d’importants sites touristiques qui jalonnent les arrondissements et les nombreuses
attractions touristiques dont certaines sont valorisées et exploitées. Ces sites touristiques attirent
chaque année plus de 6500 touristes10.
Le dernier critère est aussi rempli car le besoin en énergie électrique de la population locale
est très important. Avec l’urbanisation progressive et croissante du chef-lieu de la commune et des
noyaux des arrondissements ruraux, la fourniture actuelle en électricité ne répond plus à la demande
grandissante en énergie électrique. Depuis 2008, le réseau électrique n’a pas connu une extension
significative. Aujourd’hui encore, même avec le projet d’électrification promu par la CEB, des
pannes cycliques alimentées par de fréquentes coupures continuent d’être enregistrées à l’échelle
communale.
De même, la carte ci-dessus met en lumière le potentiel naturel de la ville de Natitingou qui
représente une source d’attraction touristique du département de l’Atacora.
10
PDC, Natitingou 2011 , p 30
11
ibid p28
28
Carte 7 : les grandes réserves naturelles de l’Atacora
29
Nous voyons donc à travers le développement de l’énergie solaire dans la ville de Natitingou
une opportunité pour rendre indépendant le département d’un point de vue énergétique et pour
favoriser un développement local durable. L’exploitation de l’énergie solaire permettra aussi
d’améliorer l’offre touristique dans la ville de Natitingou et contribuera par conséquent au
développement économique du Bénin. Après la présentation de la démarche qui a conduit au choix
de cette thématique et de ce terrain d’étude, nous présenterons nos hypothèses de recherche.
A partir de l’étude de documents spécifiques liés au sujet de notre recherche et dans le cadre
de la construction de notre objet d’étude, nous avons élaboré plusieurs hypothèses. Celles-ci tendent
à répondre à la problématique générale de savoir quelles sont les possibilités de développer l’énergie
solaire dans la ville de Natitingou.
L’hypothèse principale correspond au fait que l’Etat béninois s’est engagé dans la
démocratisation du secteur de l’énergie solaire pour faire face à la demande croissante en énergie
électrique. L’implication de l’Etat dans le développement d’un marché des énergies renouvelables
décentralisées « grand public » serait un facteur déterminant à l’évolution économique du pays
puisqu’il contribuerait à la construction de structures modernes adaptées au développement
énergétique voulu par le pays et à un affaiblissement des coûts d’achat de l’électricité, facilitant du
même coup l’accès à ces nouvelles technologies pour le Bénin.
Toutefois, l’Etat béninois n’est pas le seul acteur de la diffusion de l’énergie solaire au Bénin.
En effet, il ne suffit pas de démocratiser l’énergie solaire. Il faut aussi une connaissance technique
spécifiquement adaptée au domaine de compétences visées pour accompagner cette vulgarisation
de l’énergie solaire. La deuxième hypothèse représente le fait que ce secteur a donné naissance à de
nouvelles filières de formations afin d’améliorer la connaissance de ce type de technologies
nouvelles pour le pays. La technologie renouvelable, de par son statut innovant et son caractère
écologique viable, serait porteuse de sa propre vulgarisation, propice au développement économique
du Bénin. Les spécificités de la technologie renouvelable contribueraient ainsi à la distinguer des
autres systèmes énergétiques déjà présents sur le territoire, mettant en avant d’une part l’accès sans
30
rupture à l’énergie électrique et d’autre part au développement de l’avantage écologique de cette
nouvelle technologie qui pourrait représenter l’avenir du pays.
« Alors que l’idée originelle de l’acquisition d’une innovation peut être attribuée à un seul
individu, les conditions de son succès sont fonction des interactions opérant entre les acteurs des
sphères étatiques, économiques et de la société civile. Ainsi, la dynamique relationnelle constituerait
le levier central du processus de diffusion »12.
C’est en se basant sur cette assertion de Marjorie FILLIASTRE ROUX que nous avons fondé
notre troisième hypothèse de recherche selon laquelle certains bâtiments ou ménages sont éclairés
par l’énergie solaire, fait qui suscitera la curiosité et le désir d’autres ménages d’accéder à ce
nouveau type d’énergie.
Face au faible pouvoir d’achat de la population béninoise et au coût très élevé voir exorbitant
de la technologie solaire, seuls certains ménages (les plus riches) peuvent acquérir des équipements
solaires. Cependant, la demande en énergie solaire est telle que l’engouement vers ce type d’énergie
s’est accru très fortement ces dernières années en ce sens qu’il permet l’indépendance énergétique
tant rêvé par la population béninoise et qui entraînera le développement d’un marché informel du
secteur de l’énergie solaire.
La quatrième hypothèse sur laquelle nous baserons notre travail de recherche est établie par
le fait que l’énergie solaire est en plein développement dans le marché informel au Bénin. Cet état
de chose va se matérialiser par l’existence de petits commerces spécialisés dans la vente
d’équipements solaire. Si cette dernière hypothèse se trouve confirmée, cela signifie que les
équipements solaires non certifiés sont les plus vendus sur le territoire béninois, ce qui signifie aussi
que la demande est plus importante en milieu rural où le pouvoir d’achat est pourtant très faible.
12
FILLIASTRE ROUX, M «formes de l’adoption d’une innovation « énergétique » Analyse
sociologique de la diffusion des énergies renouvelables décentralisées en France et au
Royaume-Uni »Thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de DESJEUX D. Paris,
Université Paris Descartes ,2012 p75
31
l’entretien semi directif comme notre mode d’enquête favori. Contrairement à l’entretien directif où
les questions sont bien précises et fermées, limitant ainsi les possibilités de réponse et qui évite
d’aborder d’autres thèmes qui pourraient être très utiles pour l’enquêteur et à l’entretien libre où
l’enquêté peut facilement s’éloigner de l’objet de l’enquête dans le choix de ses réponses, l’entretien
semi-directif n’est ni entièrement ouvert ni entièrement fermé. Ce type d’entretien nous permet
d’aborder l’ensemble des thèmes que nous souhaitons approfondir tout en laissant notre enquêté
s’exprimer librement. Aussi, ce choix nous a semblé être la solution la plus judicieuse puisque cette
méthode est la plus susceptible de faire apparaître des éléments liés à la transition énergétique que
nous aurions pu oublier de mentionner. L’avantage de ce type d’entretien réside dans le fait que nous
avons pu laisser nos enquêtés s’exprimer librement sans pour autant nous éloigner trop
dangereusement de notre grille d’entretien. Même si nos questions sont souvent les mêmes, les
réponses divergeaient selon nos enquêtés. Il existe donc un avantage qualitatif lié à ce type
d’entretien.
Dans certains cas, nous avions toutes les réponses aux questions que nous voulions poser
parfois en posant une seule question. Nous n’intervenions alors que pour relancer le débat tandis
que dans d’autres cas les réponses étaient trop brèves et courtes. Dans cette position difficile, nous
avons néanmoins essayé de poser des questions complémentaires aux réponses que nous attendions
afin d’obtenir tous les renseignements que nous désirions. Toutefois, dans certaines situations
déterminées, les entretiens étaient plutôt libres avec nos enquêtés. C’est le cas par exemple avec le
président directeur général de l’hôtel Tata Somba que nous avons rencontré par hasard au détour
d’un site touristique un dimanche et qui a gentiment accepté de nous accorder quelque minutes en
entretien. Nous avons donc pu lui poser quelques questions mais nous avons dû les improviser car
cette rencontre surprenante était une occasion rêvée d’approfondir des notions que nous voulions
aborder avec lui. Nous avions plusieurs fois essayé de le rencontrer, mais sans succès. Malgré cette
situation inhabituelle, nous avons réussi à obtenir des informations précieuses qui nous ont servi à
développer notre travail de recherche et nous pouvons grandement l’en remercier. Nous avons
également rangé volontairement notre grille d’entretien pour nous entretenir directement avec les
autres entreprises définies comme des « petits commerces ». Elles étaient plutôt réticentes au début
à répondre à nos questions en nous voyant arriver avec un questionnaire préétabli parce que nous
leur donnions l’impression d’être envoyés par un concurrent pour espionner leurs activités. Malgré
la présentation de notre lettre de mission, nous avons dû prendre quelque minutes pour convaincre
en particulier de manière précise et détaillée un responsable de l’entreprise que l’enregistrement de
32
notre entretien ne servira que pour des fins académiques, et non à des fins concurrentielles comme
il semblait le redouter.
Durant un séjour de 6 semaines allant du 4 mars au 15 Avril 2015 nous avons enquêté auprès
de 24 personnes qui peuvent être réparties en deux catégories : les acteurs à différents niveaux
intervenant dans le domaine de l’énergie électrique ou des énergies renouvelables et la population
locale (Cf figure 2). Les questions n’ont pas systématiquement été les mêmes. Nous nous sommes
adaptés aux interlocuteurs que nous avions en face de nous, précisant à chaque fois en début
d’entretien l’objet de notre étude, mais les sujets abordés étaient néanmoins récurrents. Que ce soit
lors de la visite des amis à la maison, dans la rue, dans une salle d’attente ou même sur un
ZEMIDJAN (taxi moto), nous ne rations aucune occasion pour en savoir plus sur la manière dont la
population locale vit la crise énergétique et dans quelle mesure elle prend des proportions
grandissantes pour elle. Leurs réponses confirmaient souvent les descriptions de nos enquêtés.
Parfois, il leur arrivait d’aborder des aspects auxquels nous n’aurions peut-être pas porté une grande
attention alors qu’ils sont pourtant essentiels à notre travail de recherche. Les réponses qu’ils nous
ont fournies nous ont permis d’affiner nos interrogations de manière plus précise et ainsi améliorer
notre grille d’entretien. C’est sur la base de cette approche que nous avons préparé notre séjour
d’étude au Bénin.
Avant la visite de notre terrain d’étude qui nous permettra de vérifier les quatre hypothèses
établies précédemment, nous avons entrepris des recherches sur le web afin de cibler les acteurs
concernés par notre travail de recherche qui interviennent dans le secteur de l’énergie solaire au
Bénin. Il s’agit autant des structures étatiques et non étatiques que des personnes ressources. Une
fois ces acteurs ciblés, nous avons effectué des démarches pour les contacter. Cette phase nous a
permis d’obtenir cinq rendez-vous, notamment à la direction générale de l’énergie au Bénin, à
l’agence béninoise de l’électrification rurale, à l’agence nationale pour le développement des
énergies renouvelables, à l’ONG« Nature Tropicale » et à l’agence française pour le développement.
En parallèle de ces démarches, nous avons réalisé une grille d’entretien et plusieurs
questionnaires qui nous ont permis de mieux préparer les questions que nous voulions poser à ces
différents acteurs en prenant en compte le champ de compétences dans lequel interviennent chacun
33
de ces acteurs. Dans l’objectif de recueillir suffisamment d’informations pour procéder à une
analyse pertinente de la situation énergétique de notre terrain d’étude, nous avons ciblé six
catégories d’enquêtés : les acteurs institutionnels, les acteurs politiques, les associations, les
partenaires techniques et financiers, les entreprises intervenants ce secteur et enfin les ménages.
Dès le lendemain de notre arrivée au Bénin, c’est-à-dire le vendredi 6 mars 2015, nous avons
recontacté les différents acteurs avec qui nous avions déjà pris contact pour l’établissement de notre
travail de recherche à travers des appels téléphoniques afin de les informer de notre arrivée à
Cotonou et ainsi en profiter pour confirmer la date et l’heure de nos rendez-vous. Cependant, nous
avons dû faire face à une situation très inquiétante puisque seule l’Agence Française pour le
Développement a confirmé le rendez-vous que nous avions pris avec elle. Nous étions alors très
stressés par la conduite de l’étude qui nous incombait. Finalement, les choses ont fini par s’arranger
et les quatre autres structures nous ont proposé des dates ultérieures pour nous rencontrer.
C’est par cette entrée que nous avons commencé à comprendre les difficiles réalités du
terrain mais cet obstacle n’a fait que renforcer notre détermination et notre motivation à mener à
bien notre projet car nous avons immédiatement compris qu’il fallait anticiper autant que faire se
peut ces possibles éventualités de modification de notre emploi du temps si nous voulions réussir
notre enquête sur le terrain. C’est ainsi qu’avec l’aide d’un contact béninois présent sur place que
nous avons pu confirmer rapidement deux autres rendez-vous pour la semaine du 16 mars. N’ayant
pu réaliser aucun entretien dans la semaine du 9 mars, nous l’avons mise à profit pour commencer
la recherche de certains documents nécessaires à la réalisation de nos travaux. A la fin de cette
première semaine d’enquête, nous avons pu obtenir certains documents tels que le plan de
développement stratégique du secteur de l’énergie, la politique d’électrification rurale du Bénin et
les données actualisées sur l’électrification au Bénin.
Notre premier entretien s’est tenu dans la matinée du lundi 16 mars 2015 avec le chargé de
projet de l’Agence Française pour le Développement. Après lui avoir reprécisé l’objet de notre
entretien, nous avons échangé pendant une trentaine de minutes sur la base de la grille d’entretien
que nous avions préparée à l’avance. A partir de ce jour, notre séjour s’est transformé en un
enchaînement d’entretiens, de recherches documentaires et de retranscriptions écrites via notre
ordinateur. Nous avons réalisé en moyenne 3entretiens par semaine. A l’issue d’un entretien, nous
demandions toujours à nos enquêtés s’ils connaissaient d’autres acteurs intervenant dans le domaine
des énergies renouvelables, l’objectif étant de vérifier si nous avions bien ciblé les acteurs clés de
34
ce secteur d’énergie au Bénin. La plupart du temps, ils nous citaient soit des acteurs que nous avions
déjà rencontrés soit des acteurs que nous projetions de rencontrer. Mais il nous est également arrivé
qu’on nous cite des acteurs très importants dont nous ignorions l’existence. C’est le cas par exemple
du président de AISER (Association Interprofessionnelle des Spécialistes des Énergies
Renouvelables) avec qui nous avons pu convenir d’une rencontre.
La ville de Natitingou étant peu développée, la majorité des acteurs qui interviennent dans
le domaine de l’énergie solaire en général et des énergies renouvelables en particulier est concentrée
à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Nous avons donc effectué plus de la moitié de nos
entretiens à Cotonou.
A deux reprises, nous avons dû recourir aux services d’un traducteur officiel pour des
entretiens car certains enquêtés ne savaient ni s’exprimer en français ni en Fon (la première langue
locale au Bénin). C’est le cas par exemple d’un entretien réalisé dans un village environnant de la
commune de Natitingou. Nous avons remarqué lors de cet entretien que le traducteur ne restait pas
dans l’esprit de nos questions car les réponses de notre enquêté ne répondaient pas vraiment à nos
questions. Nous avons donc reformulé les questions que nous voulions lui poser afin qu’il puisse
bien les comprendre et ainsi nous donner les réponses justes que nous attendions. Certains enquêtés
connaissaient bien le sujet et avaient le recul nécessaire pour répondre à nos questions. D’autres, en
revanche, ne comprenaient pas ce que nous voulions leur demander et il a d’abord fallu leur
expliquer de quoi il s’agissait. La carte ci-après illustre la répartition géographique de nos enquêtés.
35
Carte 8 : répartition géographique des enquêtés.
Notre objectif en ciblant ces différentes catégories d’acteurs était d’avoir le point de vue le
plus représentatif possible des principaux acteurs concernés par le domaine de l’énergie solaire au
Bénin, de manière générale, et dans la ville de Natitingou en particulier. Nous étions donc dans une
démarche qualitative dans la recherche des renseignements désirés.
Avec les entreprises intervenant dans le domaine de l’énergie solaire, nous avons pu nous
faire une idée plus précise sur le poids économique du secteur de l’énergie solaire au Bénin,
connaître les difficultés que ces entreprises rencontrent et aussi l’origine de leur produits. Les
entretiens avec les acteurs institutionnels nous ont également permis de prendre davantage
connaissance de la politique de promotion des énergies renouvelables effectuée au Bénin, plus
précisément en matière de politique énergétique liée à l’énergie solaire, et en particulier d’évaluer
les avantages et les blocages institutionnels de cette politique menée.
Notre objectif en rencontrant les ONG était avant toute chose de connaître les projets qu’elles
réalisent dans le secteur des énergies renouvelables mais aussi d’avoir leur point de vue sur la
sensibilité environnementale de la population locale dans la mesure où ces ONG bénéficient d’un
contact privilégié et permanent avec cette population béninoise. Nous avons également enquêté
auprès de partenaires techniques et financiers afin de savoir de manière plus précise et détaillée les
mesures d’accompagnement qu’ils prennent pour soutenir la politique énergétique de l’Etat
béninois. Ces entretiens nous ont par ailleurs permis de confirmer les obstacles au développement
des énergies renouvelables relevés par les ONG et les entreprises qui interviennent dans le secteur
de l’énergie solaire au Bénin.
Deux raisons nous ont poussées à rencontrer un parlementaire béninois. Premièrement, nous
voulions savoir ce qu’il pense, en tant que représentant du peuple béninois élu au suffrage universel,
de cette crise énergétique à laquelle le pays fait face actuellement et si le manque d’énergie
électrique fait partie des principaux problèmes qui lui sont soumis par la population locale,
répondant ainsi à un besoin récurrent des ménages dans les milieux ruraux pour l’accès à l’énergie
électrique. Notre deuxième objectif, lié au premier, était de savoir comment il défend la cause de la
36
population béninoise et si le parlement envisage de faire une proposition de loi afin de réglementer
le secteur des énergies renouvelables. Il faut noter ici qu’aucune loi ne réglemente encore le secteur
des énergies renouvelables au Bénin. Nous y reviendrons plus tard dans la suite de notre
développement.
Au cours de notre entretien avec le député, nous avons été rejoints par un maire élu dans sa
circonscription électorale qui s’est invité dans notre échange. Ainsi, profitant de cette occasion
unique, nous n’avons pas hésité à réaliser deux entretiens simultanément car c’était une formidable
opportunité pour nous de pouvoir poser des questions sur le domaine des énergies renouvelables
auprès de deux élus le même jour (même si nos attentes n’ont pas été comblé). Les personnes
ressources sont celles qui, outre les informations recueillies lors des entretiens, nous ont donné de
la documentation et des informations pertinentes sur le sujet de notre recherche. C’est le cas par
exemple du président de l’ONG « Nature Tropicale » qui, à l’issue de notre entretien, nous a donné
un document listant les acteurs clés du secteur de l’énergie solaire au Bénin et leur contact. En ce
qui concerne la population locale, nous avons rencontré deux catégories de ménages qui se
subdivisent en deux sous-catégories. D’une part, la première catégorie est constituée de ménages
non raccordés au réseau conventionnel et n’ayant pas encore accès à l’énergie électrique. D’autre
part, la deuxième catégorie représente la catégorie des ménages qui sont raccordés au réseau
conventionnel et qui disposent donc d’un accès privilégié à l’énergie électrique. Les deux sous-
catégories sont les suivantes :
– Les ménages non raccordés au réseau conventionnel, qui n’ont pas installé d’équipements
solaires chez eux, et qui sont éclairés par une lampe à pétrole.
– Les ménages non raccordés au réseau conventionnel mais qui ont installé des équipements
solaires qui leur permettent une fourniture constante en énergie électrique.
– Les ménages raccordés au réseau conventionnel qui ont installé des équipements solaires et
qui ont arrêté leur abonnement au réseau conventionnel.
– Les ménages raccordés au réseau conventionnel qui n’ont pas installé d’équipements
solaires et qui sont toujours alimentés par le réseau conventionnel.
Les entretiens avec les différentes catégories de ménages présentés ci-dessus nous ont permis
de connaître plus précisément l’utilisation qu’ils font de leur accès à l’énergie selon leurs moyens,
leur perception de l’énergie solaire, et la mesure de leur sensibilité à l’environnement et au
37
réchauffement climatique. Le schéma suivant résume les différents acteurs rencontrés pour réaliser
notre enquête.
Nous avons rencontré plusieurs difficultés qui peuvent être notées pendant notre séjour au
Bénin sur le terrain de notre recherche.
38
La principale difficulté rencontrée était liée à la prise de rendez-vous. La plupart de nos
enquêtés ne nous donnant jamais des dates et des heures fixes de rendez-vous, ils nous disaient
souvent : « Je ne maîtrise pas totalement mon programme de la semaine. Rappelle-moi demain
matin pour que nous puissions convenir ensemble d’un rendez-vous ! » ou encore « Rappelle-moi
plutôt la semaine prochaine ! Nous fixerons un rendez-vous ». Par conséquent, nos rendez-vous
étaient soit annulés à la dernière minute soit un rendez-vous s’imposait entre deux autres déjà très
proches, ce qui nous laissait très peu de temps pour être à l’heure au prochain rendez-vous fixé. Il
faut savoir que la philosophie africaine est différente de la philosophie occidentale en termes de
prise de rendez-vous. En France par exemple, quand on appelle une personne pour convenir d’un
rendez-vous et qu’elle nous dit qu’elle sera disponible à 14h, on peut être sûre qu’elle se sera
dégagée un peu de temps libre pour pouvoir nous recevoir à l’horaire indiqué. Alors qu’au Bénin, il
nous arrivait souvent d’entendre au téléphone « Viens à 15h ! Je pourrais te recevoir », de nous
présenter à l’heure convenue et d’attendre 30 minutes voir parfois deux heures avant de pouvoir
réaliser notre entretien avec l’enquêté. Parfois même, il nous est arrivé d’attendre plusieurs heures
avant de comprendre que nous n’obtiendrions pas le rendez-vous convoité dans la journée et que
nous serions obligés de revenir ultérieurement. Dans ces conditions, il nous était très difficile
d’établir un planning structuré à l’avance et de mieux nous organiser dans la conduite de nos
entretiens.
L’autre difficulté rencontrée est liée à la période électorale dans laquelle s’est déroulée nos
recherches. En effet, les élections législatives au Bénin se sont déroulées le 26 avril 2015. Les deux
mois qui ont précédés cette élection représentaient donc une période de pré-campagne électorale.
La conséquence directe de ce calendrier législatif résidait dans l’impossibilité de rencontrer certains
acteurs institutionnels et parlementaires. C’est le cas par exemple des membres du conseil
communal de la ville de Natitingou que nous n’avons malheureusement pas pu rencontrer malgré
notre insistance. Il en est de même pour un responsable de l’agence béninoise de l’électrification
rurale et de la maîtrise de l’énergie (ABERME) qui, après plusieurs tentatives de prise de rendez-
vous, a finalement accepté de nous rencontrer. Pensant que l’entretien allait enfin pouvoir avoir
lieu, ce dernier nous a clairement dit qu’il ne pourrait nous accorder un entretien qu’après les
élections législatives du 26 avril 2015 et nous a proposé de lui remettre la grille de questions que
nous voulions lui poser afin qu’il puisse en préparer les réponses à l’avance mais cette proposition
ne nous convenait pas du tout puisque notre séjour au Bénin s’est achevé le 15 Avril 2015.
39
Enfin, malgré nous, nous avons eu l’impression de laisser une certaine image sur notre terrain
d’étude, celle d’être une personne aisée. En effet, les Africains qui vivent en Europe sont souvent
victimes de l’idée reçue selon laquelle « En Europe, on vit mieux qu’en Afrique. On dispose d’une
certaine aisance. On gagne très bien sa vie ».
La conséquence première de cette mauvaise image, selon notre point de vue, correspond au
fait que les enquêtés manquaient parfois d’objectivité ou cherchaient à dissimuler ou à minimiser
certains aspects de leur travail alors que ce sont ces même aspects qui nous intéressaient le plus
particulièrement dans notre travail de recherche. Nous avons souvent été marqués par l’honneur
qu’on nous faisait après avoir montré notre lettre de mission qui indiquait que nous étudions en
Europe alors qu’avant sa présentation, nous étions traités comme « Monsieur tout le monde ».
A la suite de cette première partie, nous allons maintenant aborder la deuxième partie de
notre mémoire de recherche qui traite des spécificités liés à la transition énergétique selon qu’il
s’agisse d’un contexte d’indépendance ou de précarité énergétique.
40
2ème partie : Les enjeux de la transition énergétique
41
Au cours de ce XXIe siècle, une transition énergétique majeure et de grande envergure
s’impose parce que les sources d’énergies fossiles se tarissent alors que la demande mondiale
s’accroit .Cette transition est aussi nécessaire parce que l’exploitation de ces sources non
renouvelables accélère le réchauffement climatique La transition énergétique s’inscrit donc dans
une transition vers une économie « décarbonisée », en rupture avec le système économique actuel
et en lien avec la lutte contre le réchauffement climatique de la planète. Dans la perspective d’une
nouvelle dynamique énergétique, les sources d’énergies renouvelables ont fortement augmenté pour
représenter, selon les estimations actuelles, 16,7 % de la consommation énergétique finale mondiale
en 201013. Cependant, cette transition énergétique se traduit différemment selon les pays où elle est
entreprise. L’Allemagne, où ce concept est né, continue d’occuper la première place en Europe et
d’être pionnière au niveau international dans ce domaine énergétique. Elle figure parmi les premiers
utilisateurs des technologies issues des énergies renouvelables pour l’électricité, le chauffage et le
transport. En 2011, les énergies renouvelables ont assumé 12,2 % de la consommation énergétique
finale allemande14.
Toutefois, en ce qui concerne la transition énergétique dans les pays africains, cette
dynamique n’est pas la même. Elle évolue moins rapidement que dans les autres pays du monde.
Ainsi, la part des énergies renouvelables dans les pays africains reste encore modeste. En effet, les
13
REN 21 rapport mondial sur les énergies renouvelables, 2012 p 5
14
ibid p 5
15
ibid p 5
16
Ibid p 5
42
énergies renouvelables ne représentent que 3% de la consommation finale d’énergie 17 en Afrique.
Cependant, d’après les projections de l’IRENA (International Renewable Energy Agency) sur le
futur mix énergétique de l’Afrique, la part des énergies renouvelables pourrait augmenter de 50%
d’ici à 2030 et de 73% d’ici à 2050 à l’échelle du continent. En Afrique de l’Ouest, le scénario de
l’IRENA projette une montée en puissance des grands barrages hydroélectriques (37% de la
production d’électricité à l’horizon 2030) et de l’éolien (17%).
Tous ces chiffrent donnent une vue globale de la volonté réelle des pays de diversifier les
sources d’énergies mais, pour mieux cerner les contours de la transition énergétique, il faut se
pencher autant du côté du producteur (l’Etat et les entreprises privées) que du consommateur (les
ménages). Par ailleurs et autant dans les pays du Nord que du Sud, des obstacles importants se
dressent sur la voie de cette nécessaire transition énergétique. En effet, les structures économiques
actuelles sont largement dominées par le secteur des énergies fossiles, de sorte que des
investissements à long terme sont effectués dans ce domaine, verrouillant les trajectoires
économiques pour plusieurs décennies. Toutefois, la croissance verte fait naître de nouveaux espoirs
sur l’avenir énergétique de la planète avec des concepts tels que l’écologie industrielle (deux termes
à priori antinomiques), la nature en ville, ce qui implique que le développement économique des
pays et la protection de l’environnement ne s’opposent pas et qu’elles peuvent même être
complémentaires dans une volonté de modernisation de la politique énergétique liée à son impact
sur l’environnement.
Nous pouvons aussi donner l’exemple des éco-quartiers et des maisons à énergie positive
qui prennent de plus en plus une place importante et grandissante dans la promotion immobilière. Il
apparaît donc qu’à côté du système économique classique, il se développe un autre système plus
écologique qui est en train de gagner progressivement du terrain. Cette nouvelle cohabitation
entraîne donc de nombreuses mutations et il s’agira sans doute de trouver un meilleur compromis
afin de réussir ce pari de changer le modèle économique actuel. C’est dans cet ordre d’idée que
Jeremy RIFKIN affirmait : « Il nous faut une nouvelle logique économique, capable de nous faire
entrer dans un futur plus équitable et plus durable »18. Néanmoins, la connaissance des enjeux liés
à cette transition énergétique nous semble nécessaire afin de mieux comprendre son approche. Nous
aborderons donc dans ce chapitre les différents enjeux liés à la transition énergétique autant dans
17
ADF et BAD, « l'énergie en Afrique à l'horizon 2050» op.cit p 6
18
RIFKIN Jeremy, op.cit p 11
43
les pays du Nord que ceux du Sud, l’objectif étant de mettre en lumière les spécificités liées à cette
nouvelle ère énergétique.
19
ADAM N «RIFKIN Jeremy, la troisième révolution industrielle » revue développement durable
et territoires», n°1 pp 1-10
20
RIFKIN Jeremy ibid. p 155
44
l’exemple des Etats-Unis, de la Russie ou même de la France mais, avec le développement des
énergies renouvelables qui entraîne l’accessibilité de l’énergie à l’ensemble de la population, un
bouleversement des rapports de force liés à l’énergie s’opère à travers le monde.
21
CACCIARI Joseph, «L’impératif de « transition énergétique » comme double peine pour un
territoire de la production énergétique soumis à reconversion», revue science de
l'environnement n°3.pp 1-18
45
La décentralisation énergétique représente l’échelle territoriale pertinente pour mettre en
place la transition énergétique dans la mesure où les besoins en énergie varient d’un territoire à un
autre. Dans une perspective d’efficacité énergétique, il est important que les communes produisent
elles-mêmes leur propre énergie pour combler leurs besoins.
Par ailleurs, cette décentralisation énergétique peut avoir des retombées socio-économiques
locales appréciables, entraînant par exemple la création d’emplois et de nouveaux marchés. Selon
Jeremy Rifkin : « La troisième révolution industrielle sera probablement la dernière occasion dans
l’histoire de créer des millions d’emplois de travailleurs salariés » 23 . Ainsi, la décentralisation
énergétique met en évidence le rôle central que jouent les collectivités locales dans la mise en œuvre
de la transition énergétique.
Même si le transfert des compétences de production énergétique de l’Etat central aux
collectivités locales reste très coûteux 24 , la décentralisation énergétique constitue un levier
indispensable pour le développement des énergies renouvelables.
Toutefois, il serait illusoire de croire que le changement de modèle énergétique se fera par
un simple coup de baguette magique à la façon d’Harry Potter. Le recours aux énergies fossiles pour
produire de l’électricité n’est hélas pas terminé. A cet effet, Jean-Marc JANCOVICI affirme cette
vérité : «A l’échelle planétaire, l’augmentation de la production électrique n’as pas été
22
https://sites.google.com/site/transitionenergetiquelille2015/programme-du-colloque/resumes
consulté le 13/04/15
23
RIFKIN Jeremy,ibid p 371
24
(http://energie.sia-partners.com/20120316/quel-avenir-pour-la-production-decentralisee-
denergie-renouvelable/ consulté le 13/04/15
46
essentiellement permise par la croissance du nucléaire mais par les combustibles fossiles qui
fournissaient 75% de la production électrique en 1973 et 67% aujourd’hui 25».
Cela implique donc que le modèle centralisé et hiérarchique dominera encore longtemps le
développement de l’énergie électrique parce que sa remise en cause porterait atteinte à un système
économique établi depuis des siècles. Même si le stock mondial tire à son épuisement et qu’il y a
une tendance à la baisse de sa consommation, le pétrole reste la principale source d’énergie utilisée
au monde26. Il en résulte que le processus de transition énergétique actuellement en cours n’a pas
que des conséquences sur l’économie mondiale et les rapports de force entre les Etats. Il entraîne
également un changement des rapports entre l’homme et l’énergie, changement qui présente biens
des enjeux.
La transition énergétique n’est-elle qu’une histoire de grandes décisions d’un État garant du
fonctionnement de l’économie et de la sauvegarde de la nature comme bien commun ? Au-delà de
ces aspects, ne faut-il pas observer la transition énergétique « par le bas », c’est-à-dire en
s’intéressant aux principaux consommateurs de l’énergie électrique que sont les ménages ?
25
JANCOVICI J-M, Transition énergétique pour tous : ce que les politiques n’osent pas vous dire,
Ed Odile Jacob, 2013, Paris,p140
26
http://www.notre-planete.info/ecologie/energie/ consulté le 04/08/15
27
http://www.actu-environnement.com/ae/news/transition-energetique-sociologie-18289.php4)
consulté le 10/04/15
47
Cette citation met l’individu au centre de la transition énergétique. Il ne suffit pas de voter
une loi sur la transition énergétique pour que la société s’engage directement dans ce sens. Il faut
donc promouvoir une culture énergétique tout en encourageant la sobriété. Il faut créer les
conditions incitant des ménages à y adhérer .Les citoyens doivent se sentir mieux impliqués dans
cette transition énergétique. Certes, il est indispensable de créer le cadre juridique, institutionnel et
de développer la technologie afin de mettre en œuvre cette politique, mais il s’agit d’abord et avant
tout de sensibiliser et de former la société à cette nouvelle donne énergétique. Dans une telle
démarche, les ménages prendront mieux en compte leur besoins énergétique et seront incité à la
sobriété.
Allant dans le même sens que cette affirmation, le sociologue Gaëtan BRISPIERRE affirme
que :
« Les consommateurs d’énergie sont pluriels de par leur profil sociodémographique (âge,
niveau de vie, composition familiale…) mais aussi leur situation sociotechnique (type de logement,
mode de chauffage…). Ces caractéristiques les dotent de plus ou moins de ressources (économique,
compétence, réseau…) et de marge de manœuvre (propriétaire/locataire, chauffage
collectif/individuel…) qui définissent une capacité à agir sur leur consommation d’énergie. Ils
expriment une hiérarchie des préférences qui leur est propre et surtout agissent sous contrainte
d’une situation sociotechnique particulière »28.
Il est intéressant de noter à travers cet extrait que le rapport entre les individus et l’usage de
l’énergie varie selon les générations, le mode de vie et les enjeux énergétiques développés par
chacun. Un ménage français qui vit dans l’abondance énergétique ne traitera pas la question de la
transition énergétique de la même façon qu’un ménage béninois qui vit dans un contexte de précarité
énergétique. De même, le rapport qui existait entre l’homme et l’énergie dans la période des trente
glorieuses n’est pas le même que celui que nous avons actuellement. C’est donc à juste titre qu’il
souligne que la situation sociotechnique des ménages influence leur choix en matière d’énergie
électrique.
Pour le sociologue Bruno Maresca, la question des modes de vie est centrale quand on traite
de la question de la transition énergétique. Le développement industriel et économique conditionne
28
ADEME, Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels
et tertiaires, bilan et perspectives, 2013 p 5
48
notre consommation énergétique mais il déplore que cette réflexion sur l’énergie et le mode de vie
ne se mène pas dans le contexte de la transition énergétique.
Dans une analyse psychologique, LAVILLE Mireille Mary, LENEVEU Jacky et CADET
Bernard abordent la question énergétique en rapport avec la richesse.
Vue sous cet angle, la transition énergétique se présente comme une autre ère du système
productiviste où l’objectif n’est pas tant de remettre en cause le système économique actuel en
promouvant la sobriété énergétique mais de trouver des palliatifs pour continuer à vivre dans une
abondance énergétique. . C’est dans cette quête d’indépendance énergétique en rapport avec le bien
être humain ou la lutte contre la pauvreté de façon générale que s’inscrit la transition énergétique
en Afrique.
29
http://www.actu-environnement.com/ae/news/transition-energetique-sociologie-18289.php4)
consulté le 12/04/15
30
Ibid
31
LAVILLE M-M, LENEVEU J et CADET B, « La transition énergétique : analyse d’un point de vue
psychologique» revue science de l'environnement n°3 pp 1-36
49
II-La transition énergétique en Afrique
Pour l’Afrique, la problématique énergétique se situe dans un contexte qui relève des
multiples exigences auxquelles le continent est confronté : croissance économique, dynamique
démographique et lutte contre la pauvreté de façon générale. L’énergie est tout à la fois une question
de première nécessité, mais aussi un tremplin vers les marchés mondiaux et vers une meilleure
intégration à l’économie mondiale. Afin de mieux cerner les enjeux liés à la transition énergétique
en Afrique, il est nécessaire de comprendre la situation globale de la question énergétique soulevée
en Afrique. Il s’agira ici de la précarité énergétique qui caractérise ce continent et de son potentiel
en énergies renouvelables, vecteur de son développement.
Figure 3 : Comparaison de l’accès à l’électricité dans les zones rurales et urbaines en 2010 et en
2030 (projection)
32
IRENA, rapport l’Afrique et les énergies renouvelables, la voie vers la croissance verte p 5
50
Source: analyse de l’IRENA d’après World Energy Outlook 2012 de l’Agence internationale de
l’énergie (AIE) et World Population Prospects de l’ONU Révision 2010
Les économies africaines connaissent actuellement une croissance annuelle moyenne de 4%.
Six des dix économies ayant enregistré la croissance la plus rapide au cours de la dernière décennie
se trouvent en Afrique subsaharienne. Si cette tendance se poursuit, le PIB de l’Afrique devrait être
multiplié par trois d’ici 2030 et par sept d’ici 2050. La consommation d’énergie de la population
africaine, qui s’articule autour des énergies hydraulique, fossile et de biomasse, principalement dans
son usage traditionnel, représente un quart de la consommation mondiale moyenne d’énergie par
habitant33. En Afrique de l’Ouest par exemple, la consommation du bois et de ses dérivés représente
entre 80 et 95 % des consommations finales d’énergie des ménages. Cette dépendance sur la
biomasse contribue au déséquilibre des écosystèmes et au renforcement de la vulnérabilité sociale
et économique des femmes. Son usage affecte aussi l’équilibre des écosystèmes en dégradant et en
désertifiant les sols notamment. Au niveau macroéconomique, le poids de la facture pétrolière pèse
33
Ibid p 10
51
lourdement sur les budgets des Etats. Dans beaucoup de pays importateurs de produits pétroliers, la
facture pétrolière peut représenter 40 à 50 % des recettes d’exportation des pays34.
Le développement des énergies renouvelables, avec l’énergie solaire en tête de liste, apparaît
comme l’ultime chance pour le continent Africain d’atteindre son indépendance énergétique et ainsi
favoriser par ricochet sa croissance économique. La carte ci-dessous présente un plan détaillé du
gisement en énergies renouvelables dont dispose le continent36.
34
http://www.ictsd.org/bridges-news/passerelles/news/l%E2%80%99afrique-de-
l%E2%80%99ouest-face-aux-enjeux-de-la-transition-%C3%A9nerg%C3%A9tique consulté le
12/03/15
35
http://www.bj.undp.org/content/benin/fr/home/mdgoverview.html consulté le 29/08/15
36
IRENA,op.cit, p 13
52
Carte 9 : Les énergies renouvelables en Afrique
Source : Rapport l’Afrique et les énergies renouvelables, analyse de l’IRENA d’après l’Atlas
mondial
Il ressort de l’analyse de cette carte que l’Afrique regorge d’énormes potentialités en termes
d’énergies renouvelables. Il faut aussi noter que l’énergie solaire est la plus importante des énergies
renouvelables et que le développement technologique dans ce secteur énergétique est un avantage
profitable pour le continent Africain. Compte tenu des avancées technologiques récentes et de la
réduction de leurs coûts, le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables offre aux pays
Africains une voie économique vers une croissance rapide, durable et équitable.
53
C-Les enjeux liés à la transition énergétique en Afrique
Que ce soit dans les pays Européens ou Africains, les enjeux liés à l’énergie touchent autant
l’économie, l’environnement que le domaine social mais la différence majeure entre ces pays se
situe au niveau du contexte énergétique. Contrairement au pays du Nord où la transition énergétique
vise une croissance verte et une injonction à changer de modèle énergétique, elle rime avec richesse,
émancipation, libéralisation de la consommation, développement humain dans le contexte Africain.
On peut donc conclure que la transition énergétique possède un double sens. Dans les pays
du Nord, elle implique une remise en cause de la consommation d’énergie, elle interroge le modèle
économique occidental alors qu’en Afrique, la transition énergétique implique un accroissement de
la consommation d’énergie en réponse à une demande actuellement insatisfaite.
.
Le Bénin peine à satisfaire sa demande en énergie électrique alors que cette demande ne
cesse de s’accroître davantage. Pourtant, ce pays dispose de sources d’énergies renouvelables
exploitables pour réponde à cette demande et même atteindre son indépendance énergétique. Après
54
avoir exposé les enjeux liés à la situation énergétique du Bénin, nous mettrons lumière son potentiel
en source d’énergie renouvelable.
Nous développerons ici les conséquences de la précarité énergétique du Bénin sur les aspects
économiques, sociaux et environnementaux, ce qui n’est rien d’autres que les trois piliers du
développement durable.
37
PNUD, Identification et cartographie des potentialités et sources d’énergies renouvelables
assorties des possibilités d’exploitation, juillet 2010
38
JANCOVICI Jean-Marc op.cit. p19
55
Source : initiative énergie solaire de la CEDEAO 2010
L’offre de l’énergie électrique au Bénin ne pouvant pas satisfaire toute la demande malgré
l’apport extérieur, la population se tourne vers d’autres sources d’énergies dont l’exploitation n’est
pas sans conséquence sur l’environnement.
Dans un cadre général, l’enjeu environnemental lié à l’utilisation des énergies fossiles est
représenté par l’accélération du réchauffement climatique. Le Bénin est en partie responsable de
cette pollution puisque les produits pétroliers représentent une part importante de sa consommation
finale d’énergie. Dans les pays africains de manière générale et au Bénin en particulier, la
conséquence directe de la précarité énergétique est la pression constante réalisée sur les ressources
naturelles. Le bois-énergie représentant 59,4% de la consommation finale d’énergie au Bénin, il en
résulte une surexploitation des ressources forestières. La conséquence de cette surexploitation est
la baisse de l’offre soutenable des forêts qui présente un déficit de plus en plus grand par rapport à
la demande de bois-énergie en constante progression. Il y a donc ici un double enjeu
environnemental lié à l’énergie. Le premier est la pollution atmosphérique produite par les sources
d’énergie fossile et le deuxième enjeu correspond à la pression sur les ressources forestières qui
entraîne un déséquilibre et un dysfonctionnement des écosystèmes. Toutefois, il faut noter que cette
tendance à la surexploitation du bois-énergie dans les pays en développement était la même que
celle connue par les pays développés européen avant la forte industrialisation que ces pays ont
56
connue au XXe siècle. Le schéma ci-dessous résumant les sources d’énergie et leur pourcentage met
en lumière la part importante des produits pétroliers dans la consommation finale d’énergie et nous
donne ainsi une idée de la pollution atmosphérique qui résulte de la consommation massive de ce
type d’énergie. Il en est de même pour le bois-énergie qui constitue la principale source d’énergie
au Bénin.
Le dernier point de cette partie traitera de l’impact de cette crise énergétique sur la population
locale béninoise.
57
urbain s’est créée. Ce déséquilibre s’explique par l’absence de plan d’urbanisme, ce qui entraîne des
constructions anarchiques. Les ménages en milieu rural sont le plus souvent isolés et les habitations
sont dispersées un peu partout pour la plupart, ce qui rend complexe l’électrification rurale par le
raccordement au réseau conventionnel national. A cette difficulté de raccordement, on peut ajouter
le faible pouvoir d’achat de la population béninoise. Cette précarité énergétique entraîne donc une
absence de services sociaux de base (école, centre de santé, accès à l’eau potable) dans certaines
localités du territoire national.
Le Bénin peine aujourd’hui à satisfaire sa demande en énergie électrique alors que cette
situation risque de s’aggraver si aucune solution à long terme n’est proposée car elle va fortement
s’accroître d’ici 203039.
En effet, ce pays connaît une bonne croissance démographique. Elle est estimée à 2,73 %
par la Banque Mondiale en 2012. La demande en énergie risque donc de s’accroître alors que la
demande actuelle en énergie n’est pas encore totalement satisfaite. Aucun développement n’est
possible sans un recours à l’énergie et, en comparaison avec le phénomène de la mondialisation où
chaque pays veut s’affirmer sur la scène internationale, un déséquilibre s’est créé entre les pays du
nord et ceux du Sud à cause de cette précarité énergétique, notamment dans les pays Africains. De
la même manière qu’aucun ménage en France ou dans un pays développé ne peut s’imaginer vivre
sans avoir recours à l’énergie électrique (tenant compte de l’importance de cette énergie dans leur
quotidien), la disponibilité permanente de l’énergie électrique reste encore une forme de rêve, un
idéal à atteindre pour la population béninoise, en particulier en milieu rural. Le tableau ci-dessous
nous montre la disparité qui existe entre l’électrification en milieu rural et celle réalisée en milieu
urbain.
2013
2006 2012
39
ADF, BAD, op.cit, p 10
58
Taux de couverture national 24,70% 39,20% 41,9 %
Source : ABERME
Même si certaines sources d’énergies durables comme l’énergie solaire sont plus importantes
dans le Nord du Bénin, ce pays dispose d’un ensemble d’énergies inépuisables dont l’exploitation
favoriserait l’acquisition de son indépendance énergétique. Plusieurs études, dont la plus récente
59
« Développer le Bénin à partir des sources d’énergies renouvelables », réalisée par la Direction
Générale de l’Energie et financée par le PNUD, ont conclu que le Bénin regorge de sources
d’énergies renouvelables dont la valorisation contribuerait de façon substantielle au développement
du Bénin. Nous allons à tour à tour les exposer.
Avec une irradiation moyenne sur toute l’année de 3,9 kwh/m2/jour au Sud et 6,2
kwh/m2/jour au Nord, le Bénin dispose d’un potentiel énergétique solaire valorisable sur toute
l’étendue du territoire national 40. L’énergie solaire correspond en effet à l’une des technologies
d’énergies renouvelables la mieux connue dans ce pays. Elle est utilisée depuis très longtemps pour
sécher les peaux des animaux et les vêtements, conserver la viande, sécher les produits des récoltes
et évaporer l’eau de mer pour extraire du sel41. Rappelons que ce fort potentiel d’ensoleillement
existant dans la commune de Natitingou est l’un des critères qui a fondé le choix de ce terrain
d’étude.
L’extrême Nord, la zone cotonnière du Nord du Bénin, les zones vivrières du Sud et
du Nord-est, la zone cotonnière du centre, avec leur grand potentiel en résidus agricoles, sont réputés
propices à la valorisation de la biomasse. Ainsi le centre SONGHAI situé dans le Sud du Bénin
fabrique des digesteurs de biogaz qui sont aussi bien opérationnels à Porto-Novo, la capitale du
Bénin que dans certaines localités du sud-est, du centre et du nord du Bénin (Parakou). Dans la
famille des biocarburants, l’ONG « SOLIDARITE MONDIALE » a financé un prototype de
rappeuse de manioc, alimenté à l’huile de Jatropha en biocarburation et susceptible d’être utilisé
comme plate-forme multifonction (annexe 2). Les résidus des palmiers à huile produits dans le Sud
du pays constituent aussi une source potentielle non négligeable d’énergie de la biomasse.
40
MALIKY DJAMIYOU Siaka , Etat des lieux des énergies renouvelables en république du
Bénin , 2011, p 5
41
PNUD, op.cit. P 22
60
La zone côtière, les vallées du fleuve Ouémé et du lac Ahémé, avec des vitesses de
vent estimées à environ 11,50 m/s à 60m d’altitude, sont des zones du Bénin avec un gisement éolien
susceptible d’être exploité et valorisé. Aucun projet d’exploitation de cette source d’énergie n’est
encore mise en œuvre au Bénin.
61
Source : Etat des lieux des ENR au Bénin
Même si l’énergie solaire est l’énergie renouvelable la plus en vogue au Bénin, la biomasse
et l’hydroélectricité font partie également des sources d’énergie exploitées dans le pays. Toutefois,
ces différentes sources d’énergies ne sont pas suffisamment exploitées alors qu’elles peuvent
contribuer grandement à l’amélioration des conditions de vie et de travail de milliers de béninois,
que ce soit en ville ou à la campagne. Face au renchérissement et à la raréfaction des ressources
fossiles, et dans un contexte de changement climatique très fluctuant, le développement des énergies
renouvelables ne constitue-t-il pas une formidable opportunité pour que la production énergétique
ne soit pas un obstacle, mais plutôt un levier de développement du pays? N’est-ce pas également
l’opportunité de promouvoir un développement écologiquement vertueux ?
62
Le développement des énergies renouvelables au Bénin, et plus précisément de l’énergie
solaire dans le cadre de notre recherche, apparaît comme la dernière chance du pays pour atteindre
l’indépendance énergétique et répondre ainsi de manière satisfaisante aux besoins énergétiques de
base. Dans une perspective d’indépendance énergétique, l’énergie solaire permettra donc aux
communes Béninoises de mieux répondre aux demandes en énergie actuellement insatisfaite.
Dans les pays du nord, la démarche vers la transition énergétique est véritablement différente
puisque la question d’accès à l’énergie électrique est déjà réglée. L’apparition de la problématique
de la transition énergétique se justifie principalement par la préoccupation de sauvegarder une
indépendance énergétique face à l’épuisement des sources d’énergies fossiles et par les enjeux
environnementaux liés à leur exploitation. Dans le contexte béninois, la transition énergétique
apparait comme une solution pour accéder à l’énergie électrique. Elle pourrait donc être l’une des
voies de salut face à la crise énergétique aigüe que connaît ce pays. Nous aborderons à présent la
dernière partie de notre mémoire où nous analyserons dans la suite de notre développement les
données recueillies sur notre terrain d’enquête au Bénin.
63
La visite de notre terrain d’enquête nous a permis de nous rendre compte que le secteur de
l’énergie solaire est actuellement en plein développement au Bénin. Du petit commerce de rue aux
grandes entreprises, les équipements solaires sont présents un peu partout sur l’ensemble du
territoire avec un maillage différent selon les communes. Comment expliquer un tel déploiement
des équipements solaires alors que cette technologie est a priori encore chère et inaccessible au
béninois lambda ? C’est bien parce qu’il y a une demande que l’offre augmente ? Mais d’où viennent
tous ces équipements solaires ?
Voilà les toutes premières questions que nous nous sommes posées après avoir croisés en
une seule journée plus de cinq petits commerces (annexe 3). La surprise était très agréable car notre
objectif d’étudier les possibilités de développement de l’énergie solaire dans la ville de Natitingou
nous paraissait moins difficile à atteindre, en partant du principe que la population béninoise connait
déjà la technologie solaire.
Toutefois, pendant nos recherches, les choses sont devenues moins évidentes parce que
beaucoup d’autres facteurs sont rentrés en jeu dans le cadre de la réalisation de notre enquête. Certes,
la précarité énergétique entraîne un engouement croissant de la population béninoise vers le secteur
de l’énergie solaire mais le recours aux équipements solaires n’est pas tout à fait automatique.
Rappelons qu’il nous paraissait plus pertinent de rencontrer toutes les catégories d’acteurs
intervenant dans le secteur de l’énergie solaire au Bénin afin de procéder à une analyse pertinente
de la situation du pays concernant nos travaux de recherche. Dans cet état d’esprit Jeremy RIFKIN
affirmait que « Notre tâche cruciale immédiate est de mettre le capital public, le capital privé et tout
particulièrement le capital social de l’humanité au service d’une mission : faire passer le monde
à une économie de troisième génération industrielle et à une ère post carbone »42.
Nos entretiens avec les différents acteurs enquêtés se sont déroulés autour de trois grands
thèmes : les actions qu’ils mènent dans le secteur de l’énergie solaire, les limites ou les obstacles
42
RIFKIN Jeremy ibid p 380
64
qu’ils ont rencontrés et les solutions qu’ils proposent afin de favoriser le développement du secteur
de l’énergie solaire au Bénin.
C’est dans cette même chronologie que nous analyserons les informations recueillies sur le
terrain d’enquête. Nous aborderons donc dans une première partie les actions menées par les
différents acteurs intervenant dans ce secteur avant de nous attacher dans une deuxième partie aux
obstacles rencontrés par ces acteurs dans le domaine de l’énergie solaire au Bénin, ce qui nous
permettra de déboucher sur des préconisations et des recommandations dans le but de lever ces
obstacles.
Que ce soit du côté des producteurs (l’Etat, les partenaires techniques et financiers, les
entreprises privées et les ONG) ou des consommateurs (les ménages), diverses actions favorisent le
développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin. Avant d’aborder les actions visant à faciliter
l’accès aux équipements solaires, nous présenterons celles menées pour favoriser la connaissance
de cette nouvelle technologie dans le pays.
Au nombre des enquêtés rencontrés, certains mènent des actions de formation et d’éducation
sur la technologie solaire afin de faire adhérer la population à cette nouvelle donne énergétique.
C’est un préalable nécessaire si l’on veut développer une politique efficace de promotion de
l’énergie solaire. Aucune politique n’est encore menée dans ce sens au niveau étatique, seuls les
acteurs privés s’investissent actuellement dans ce domaine pourtant primordial pour l’avenir du pays
et sa croissance future.
65
1-Le travail en amont de la coopération Néerlandaise (Netherlands Development
Organisation)
Dans cet objectif, la SNV met en œuvre un projet dénommé « Out of poverty partnership »
en partenariat avec MTN (premier opérateur mobile au Bénin) et l’ABERME. Ce projet est formulé
à partir de la localisation précise des zones rurales qui n’ont pas encore accès à l’énergie électrique.
L’objectif est de passer par le réseau de distribution de l’opérateur mobile afin de promouvoir les
lampes solaires et l’installation de charrettes solaires (annexe 4).
En effet, les populations rurales n’ayant pas accès à l’énergie électrique sont obligées de
parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre les zones électrifiées et ainsi pouvoir recharger leur
téléphone portable. Toutefois, avec la bonne utilisation de ces charrettes solaires, elles n’auront plus
besoin de parcourir ces longues distances parce qu’elles pourront recharger 50 portables à la fois et
150 portables par jour, ce qui représente une proportion énorme pour les ménages béninois
http://www.snvworld.org/fr/countries/benin
43
Consulté le 22/106/15
44
Entretien 2
66
concernés par cette mesure. Le déploiement de ces charrettes solaires a aussi pour objectif de
familiariser les populations rurales à l’utilisation correcte de cette nouvelle technologie.
En servant d’intermédiaire entre les producteurs et les consommateurs, la SNV joue un rôle
très important dans le développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin car, sans aucune
information ou campagne de sensibilisation, la population locale ne saurait pas vraiment mesurer
les atouts de l’accès à cette nouvelle technologie.
2-Le choix d’une correction par priorité à la source de l’ONG Nature Tropicale
45
Entretien 2 ibid
67
Pour illustrer l’ignorance des enjeux environnementaux liés au jet de ces piles dans les zones
humides, le président de Nature Tropicale nous a présenté une métaphore de la manière suivante :
« Dans un village, nous avons demandé aux villageois s’ils savaient que les piles étaient
dangereuses et ils nous ont répondu qu’ils en avaient conscience et que c’est d’ailleurs précisément
pour cette raison qu’ils vont les jeter loin dans l’eau »46. Cependant, ce qu’ils ne savent pas, c’est
que jeter des piles dans l’eau contribue à renforcer la pollution déjà présente sur le territoire béninois.
C’est donc face à cet enjeu que l’ONG a choisi l’option de l’énergie solaire pour limiter l’usage de
ces piles électriques tout en répondant aux besoins de la population locale.
L’ONG joue par ailleurs un important rôle de conseil en énergie en aidant les ménages à
évaluer leurs besoins énergétiques à travers des formations en insistant sur la nécessité qu’ils
installent des équipements correspondant à leur besoins de consommation et en les incitant
également à acheter des lampes de basse consommation qui coûtent plus cher lors de l’achat initial
mais qui sont rentabilisées dans la durée de leur utilisation.
46
Entretien 9
68
également alimenté100% solaire. Nous allons ensuite aborder les actions d’éducation menées sur
notre terrain d’étude.
Pendant notre séjour dans la commune de Natitingou, nous avons rencontré le premier
responsable du CFL. Créé depuis 2009, le CFL (centre de formation Liweitari) est une organisation
à but non lucratif qui offre des formations professionnelles dans le but de combler la carence de
formation technique et pratique au Bénin dans les domaines de la poly-mécanique, de la maçonnerie
et de l’électricité. Le CFL s’intéresse aussi à l’énergie solaire où il développe des technologies dans
le solaire thermique et électrique (les cuiseurs solaires, les chauffe-eaux solaires, les séchoirs
solaires, les pompes solaires et les panneaux photovoltaïques).
Avec des promotions de 35 à 50 personnes, les apprenants viennent d’un peu partout (sud du
Bénin, Togo, Burundi, Burkina Faso, etc.). Ce chiffre reflète l’intérêt que suscite ce nouveau secteur
mais le secteur industriel n’étant pas beaucoup développé au Bénin, peu de main d’œuvre qualifiée
existe réellement dans le domaine de l’énergie solaire. A cet effet, Jeremy RIFKIN affirmait de la
manière suivante : « Puisque dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne, la deuxième
révolution industrielle n’a pas pris racine, il n’y a pas les compétences professionnelles et
techniques et les connaissances pratiques nécessaires aux secteurs d’activités qu’il faut développer
pour faire le travail »47.
Une main d’œuvre spécialisée dans le domaine de l’énergie solaire étant nécessaire pour
résoudre les problèmes liés à l’entretien des équipements et la fabrication sur place des équipements
solaires, la création de centres de formations spécialisés dans le secteur de l’énergie est
indispensable au bon développement de ce secteur énergétique au Bénin.
ECO BENIN est une organisation non gouvernementale béninoise créée en 1999. Elle
travaille pour la promotion des projets d’écotourisme et de développement local à travers le Bénin,
69
pour un « développement humain responsable, équitable et solidaire ». Depuis cinq ans, Eco-Benin
travaille dans le nord avec notamment pour objectif la protection d’une zone humide, le
développement des activités éco-touristiques et la conservation de la culture locale ainsi que la
promotion des foyers améliorés48. Un foyer amélioré est un cuiseur qui utilise les mêmes matériaux
locaux que le foyer traditionnel mais qui émet moins de fumées et réduit la déforestation, (annexe
5). Ce type de foyer a le double avantage d’être plus efficace que le foyer traditionnel et de lutter
contre la déforestation.
Dans le cas spécifique de la vulgarisation des foyers améliorés, l’ONG a installé des clubs
« environnement » dans les communes voisines de Natitingou. Avec ces clubs, elle réalise des
animations allant dans le sens de l’éducation à l’environnement dans près de 40 villages sur
l’ensemble de ce territoire. Il s’agit d’un projet de 3 ans qui s’achève cette année et qui vise à freiner
la pression humaine sur les ressources forestières, principale source d’énergie pour la cuisson en
milieu rural, et à préserver la santé des populations locales utilisant ces sources d’énergies pour la
cuisson.
L’ancienne technique qui consiste à utiliser du feu de bois étant fortement consommatrice de
cette ressource naturelle, le foyer amélioré est une technologie moins consommatrice de bois, simple
d’utilisation et qui contribue à la préservation du potentiel ligneux du couvert végétal, permettant
ainsi de lutter dans le même temps contre la déforestation des forêts béninoises dans ces zones
rurales. Son usage est en effet reconnu comme une méthode de lutte contre le déboisement. Même
si cette action d’éducation de l’ONG ne concerne pas directement l’énergie solaire, elle rentre dans
le cadre général de la sensibilisation aux questions environnementales.
70
Nous traiterons dans cette partie des actions menées autant au niveau étatique que par les
entreprises du secteur privé et qui concoure à la réduction de la précarité énergétique au Bénin de
façon générale et dans la commune de Natitingou en particulier.
L’accès aux équipements photovoltaïques s’est avéré comme une solution viable pour pallier
la précarité énergétique que traverse le Bénin actuellement. C’est ainsi que plusieurs acteurs se sont
mobilisés pour le développement de ce secteur énergétique. Le milieu rural étant le plus affecté par
l’absence d’énergie électrique, le développement de l’énergie solaire au Bénin est réalisé dans une
perspective de décentralisation énergétique. Cela implique que les grands projets d’infrastructures
solaires sont orientés vers le milieu rural. Toutefois, certains projets importants sont également
réalisés dans les grandes villes du Bénin. Nous verrons tour à tour les différentes actions menées par
les acteurs rencontrés et intervenant dans la production de l’énergie solaire au Bénin.
1-Un renouveau du secteur de l’énergie solaire favorisé par l' action publique
Le premier village solaire de notoriété nationale fut réalisé et inauguré par le Président de la
République en 1993 à SEDJEDENOU49, dans le sud du Bénin mais, par défaut d’entretien, ces
équipements n’ont pas eu une longue vie. Il en est de même pour le projet « 24 villages » réalisé en
1999 et financé par la Banque islamique de développement. Ces projets ont consisté en l’installation
de mini centrales solaires et leur gestion a été confiée aux conseils communaux bénéficiaires de ces
installations solaires. Mais le vandalisme, c’est-à-dire le vol de ces équipements solaires, et la
mauvaise gestion de ces infrastructures en rapport avec le manque de moyens financiers pour
l’entretien de ces infrastructures et de qualification professionnelle des gestionnaires 50 n’ont pas
favorisé leur survie.
Vingt-deux ans après le premier projet de l’Etat béninois dans le domaine de l’énergie
solaire, ce secteur connaît un renouveau depuis quelques années. En effet, face aux défis
énergétiques actuels et futurs auxquels fait face le Bénin depuis quelques années, le développement
49
MALIKY DJAMIYOU Siaka op.cit. p 2
50
Entretien 18
71
de l’énergie solaire est une solution durable sur le long terme envisagée par le gouvernement dans
le cadre d’un plan stratégique du développement du secteur de l’énergie au Bénin. Deux grands
projets sont connus à ce jour.
Le premier grand projet réalisé est le programme régional de développement des énergies
renouvelables et de l’efficacité énergétique ( PRODERE). C’est un programme cofinancé par
l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) et l’Etat béninois qui a démarré le
jeudi 5 juin 2014.Ce programme s’est achevé cette année et a consisté51:
- à la construction de six mini-centrales solaires dans les localités de Kpokissa, Kabo, Tandou, Oké-
Owo, Tora et Tchatingou) ;
- à l’installation de 164 kits solaires photovoltaïques dans certains ménages, écoles et centres de
santé béninois en zone rurale ;
- à l’installation de 415 lampadaires solaires sur les campus universitaires et les principales artères
des villes de Calavi, Parakou et de Porto-Novo ;
-au remplacement de lampes conventionnelles par 1403 lampes de basse consommation.
Il s’agit d’un projet pilote qui vise la réduction substantielle, à l’horizon 2017, du déficit
énergétique dans les pays membres de l’UEMOA, par le développement des énergies renouvelables.
Le projet de valorisation de l’énergie solaire (PROVES) est le deuxième projet mise en place
par l’Etat béninois. Prévu pour démarrer cette année, le PROVES sera conduit par l’agence nationale
pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ANADER). Ce
projet vise à poursuivre l’éclairage public solaire par l’installation de 15000 lampadaires sur toute
l’étendue du territoire national et de microcentrales solaires photovoltaïques dans 105 localités en
milieu rural52.
72
campus universitaires est donc un levier important pour familiariser les étudiants à l’utilisation de
cette nouvelle technologie. On peut toutefois s’interroger sur l’entretien de ces équipements solaires
puisque la principale cause de l’échec des projets solaires effectués antérieurement résidait
précisément dans le manque d’entretien de ces équipements solaires et le manque de formation du
personnel habilité à utiliser ce type d’équipements.
En parallèle à ces projets d’installation d’équipements solaires, il faut noter une évolution au
niveau de la réglementation concernant ce secteur énergétique au Bénin. Dans la loi de finance parue
en 2008, les équipements solaires importés au Bénin devaient être destinés à un projet
d’électrification rurale pour être exonérés de la TVA. Cependant, avec la loi de finance 2015, les
entreprises importatrices d’équipements solaires sont toutes exonérées de la TVA, sans distinguer la
destination de ces équipements solaires53.C’est une mesure incitative salutaire car elle favorise la
baisse du coût de vente des équipements solaires qui deviennent de ce fait un peu moins chers, ce
qui les rend un peu plus accessibles auprès des ménages béninois.
Par le déploiement de ces lampadaires solaires, l’Etat béninois veut promouvoir l’efficacité
énergétique et réduire ainsi sa dépendance au réseau électrique conventionnel. Ces projets visent
également à faciliter l’accès à l’énergie électrique des populations rurales. Un responsable de
l’ANADER nous disait que « L’objectif fondamental du gouvernement, c’est de rapprocher la
population de l’énergie »54. Même si aucun projet d’éducation ni dans le milieu scolaire ni à l’endroit
du grand public n’est encore réalisé par les institutions étatiques, ces deux nouveaux projets et cette
nouvelle loi de finance viennent marquer la volonté de l’Etat béninois de s’engager dans le
développement de l’énergie solaire sur son territoire.
La coopération allemande (GIZ) soutient la croissance du Bénin depuis 35 ans environ afin
de promouvoir le développement durable du pays. Elle opère ainsi sur plus de dix sites différents
dans tout le pays par le biais de nombreux experts qui s’investissent pour la réussite des programmes
53
-LOI N° 2014-25 portant loi de finances pour la gestion 2015.
http://www.gufebenin.org/images/documents//outils/loi_des_finances_2015.pdf Consulté le
15/03/15
54
Entretien 14 ibid
73
et des projets mis en œuvre dans le pays. L’activité de la GIZ au Bénin s’articule autour de trois
grands axes : la décentralisation et le développement communal (bonne gouvernance), l’agriculture
et l’adaptation au changement climatique, les services urbains et ruraux d’alimentation en eau
potable et d’assainissement et la gestion intégrée des ressources en eau55.
Pour bénéficier de cette aide financière, les entreprises doivent être régulièrement
enregistrées et doivent importer des équipements certifiés dans le cadre du label « Lighting Africa ».
Dans le cadre de ce projet, près de 10 000 produits photovoltaïques exonérés de droits de douanes
et de TVA ont déjà importés au Bénin. L’objectif fondamental de cette aide financière consiste en la
réduction des prix des équipements photovoltaïques, afin de faciliter l’accès de la population locale
à ces équipements de très bonne qualité. Il faut noter qu’il s’agit ici d’une aide financière et non
d’une subvention, ce qui implique que la GIZ n’impose aucun prix de vente aux entreprises
importatrices.
Par ailleurs, la GIZ possède un autre projet, actuellement en phase d’étude, qui concerne
cette fois-ci un plan de subvention dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque. Ce projet a
pour principale cible les ménages vivant en zone rurale à plus de 30 km du réseau conventionnel
national, et vise l’installation de 2500 systèmes solaires domestiques dans deux départements du
centre et les quatre du nord. Afin que ce projet soit mené à terme, la GIZ apporte une aide financière
de 142 000 FCA (200 euros environ) à chaque ménage acceptant une installation solaire basique.
http://www.giz.de/en/worldwide/29998.htmlconsulté le 08/04/15
55
Entretien 1
56
74
Dans le cadre d’un partenariat avec l’ABERME, ni la TVA ni les droits de douane ne sont payés
par les entreprises du réseau GIZ57.
Nous remarquons que les actions de la GIZ touchent deux acteurs principaux : les entreprises
(productrices de l’énergie solaire) et les ménages (consommateurs). Elle soutient à la fois les
entreprises en leur facilitant l’achat et la distribution des équipements solaires et les ménages en leur
facilitant l’accès aux équipements photovoltaïques. Ces projets viennent donc compléter les efforts
que réalisent les autorités publiques en charge de l’électrification des habitations en milieu rural.
Cependant, le projet phare dans le domaine de l’énergie solaire est celui en cours d’élaboration par
la Millenium Challenge Corporation.
Challenge Corporati en vue de former un nouveau partenariat de développement entre les États-
Unis et les pays en développement dans l’objectif de lutter contre la pauvreté. Le MCC verse des
subventions aux pays qui ont démontré leur engagement à la promotion des bonnes pratiques de
gestion et à la réforme économique 59. Le Bénin ayant rempli les critères d’éligibilité fixés par les
Etats-Unis, il a bénéficié d’un premier contrat estimé à un montant de 307 millions de dollars durant
la période 2006-2011. Ce premier contrat s’est essentiellement consacré à l’accès au foncier et à la
justice, de véritables freins au développement économique du Bénin.
57
Entretien 1 ibid
58
Entretien 1 ibid
59
http://www.deleguescommerciaux.gc.ca/fra/marches-developpement-aide-
humanitaire/mca.jsp consulté le 22/06/15
75
A l’issue d’une réunion tenue le mercredi 17 juin 2015 aux Etats-Unis, le conseil
d’administration du MCC (Millenium Challenge Corporation) a approuvé le don d’un montant
estimé à 375 millions de dollars pour une période de 5 ans au Bénin60. Le Bénin a donc une nouvelle
fois été éligible pour un second contrat dont le montant est encore plus élevé que le premier. Ce
deuxième contrat, entièrement consacré au développement du secteur énergétique au Bénin, a pour
objectif d’accroître l’accès à l’électricité renouvelable hors-réseau au Bénin.
Dans ce cadre, le MCC ambitionne de réaliser un projet qui couvre quatre domaines
essentiels sur le territoire béninois. Le premier domaine concerne les infrastructures publiques
essentielles, c’est-à-dire les installations de systèmes solaires photovoltaïques de traitement et de
pompage d’eau, les hôpitaux, les cliniques, les tribunaux, les universités, les écoles et les ports.
Ensuite, le troisième domaine vise à mettre en place des mécanismes autonomes permettant
aux ménages béninois de produire et de stocker l’énergie dont ils auront besoin grâce à des systèmes
solaires domestiques, permettant un accroissement de l’efficacité énergétique solaire au niveau des
ménages.
Enfin, le dernier domaine concerne l’efficacité énergétique gérée de manière globale à travers
l’ensemble du territoire national, c’est-à-dire le développement et le déploiement des modèles
d’appareils et autres équipements économes en énergie à destination de l’ensemble des utilisateurs,
qu’ils soient des partenaires privés, des administrations ou des entreprises61.
Pendant notre séjour, le MCC avait lancé un appel à projet afin d’évaluer les propositions
des entreprises dans ce sens et de mettre en place les mécanismes de financement appropriés. En
abordant les solutions pour mieux développer le secteur de l’énergie solaire au Bénin, la plupart de
nos enquêtés ont évoqué ce projet du MCC qui pour eux constitue l’ultime opportunité pour
véritablement développer le secteur de l’énergie solaire au Bénin. Ainsi, le MCC est-il beaucoup
60
http://fr.africatime.com/benin/articles/augmentation-du-montant-octroye-au-benin-pour-le-
second-compact-du-mcc-un-grand-coup consulté le 22/06/15
61
Appel à projet, Solution d’énergies propres hors réseau pour le Bénin
76
attendu sur le volet juridique dans le secteur des énergies renouvelables car aucune loi ne règlemente
actuellement le secteur des énergies renouvelables au Bénin. Or, la réussite de ce projet
révolutionnaire nécessite des réformes profondes dans le domaine de l’énergie solaire que le pays
est en train d’entreprendre.
L’objectif principal que nous souhaitions atteindre, à travers toutes les enquêtes que nous
avons menées auprès des entreprises qui interviennent dans le secteur de l’énergie solaire au Bénin,
était d’avoir une idée générale sur la demande dans ce secteur afin de mesurer l’engouement de la
population locale pour cette nouvelle technologie, récente au Bénin, et de déterminer les facteurs
majeurs qui bloquent le développement de l’énergie solaire dans ce secteur.
Ainsi, ces entretiens nous ont permis de confirmer l’hypothèse selon laquelle la population
locale porte un grand intérêt pour ce type d’énergie renouvelable. A la question de savoir si la marche
vers l’énergie solaire est véritablement en cours au Bénin, un responsable de ARESS SARL
répondait ceci :« Il n’y a pas de doute. En 2012, quand nous commencions, les gens étaient très
réticents par rapport à l’énergie solaire mais aujourd’hui, on peut dire que ça commence à prendre.
Au départ, on avait du mal à vendre 10 kits solaires dans le mois mais aujourd’hui, ça coule bien »62.
Toutes les entreprises enquêtées se sont accordé sur le fait que le secteur de l’énergie solaire est en
pleine croissance au Bénin et que leur clientèle ne cesse de s’accroître, un peu plus chaque jour.
Toutefois, qu’en est-il réellement dans la ville de Natitingou?
Que ce soit dans les projets de l’Etat ou des partenaires techniques et financiers, la ville de
Natitingou bénéficie du déploiement des équipements solaires sur son territoire. Dans la composante
de l’éclairage public solaire du projet PROVES, il sera installé dans la ville de Natitingou 150
lampadaires solaires. En effet, les 15 000 000 lampadaires solaires prévus à l’initiative de ce projet
62
Entretien 7
77
sont répartis sur dix zones et Natitingou représente une des villes situées dans la zone 6 qui
comprend la commune de Natitingou en particulier et ses périphéries63.
Outre ces grands projets, de petits commerces de ventes d’équipements solaires sont installés
dans le centre-ville de Natitingou. Afin de poursuivre notre enquête, nous en avons ciblé trois et
réussi à en enquêter deux. L’existence de ces petits commerces dans la ville de Natitingou représente
une bonne chose pour le développement de l’énergie renouvelable au Bénin et constitue déjà une
preuve qu’il y a une demande grandissante dans ce secteur énergétique. Ce phénomène nous a été
confirmé par le gérant d’un de ces petits commerces qui a déjà plus de 50 clients alors qu’il n’avait
ouvert que depuis un mois et demi66.
L’ONG « ECO BENIN » intervient aussi dans le secteur de l’énergie solaire par le biais des
lampes solaires. En partenariat avec des bénévoles français, l’ONG met à la disposition des ménages
situés en périphérie de Natitingou des lampes solaires, depuis cinq ans. D’une autonomie avoisinant
une période de 3 jours, ces lampes solaires ont contribué à l’amélioration de la vie des populations
rurales car, à la question de connaître l’impact de la promotion de ces lampes solaires auprès des
ménages, notre enquêté a répondu de la manière suivante : « Les gens sont très intéressés. Beaucoup
d’élèves utilisent ces lampes-là et ça améliore leur rendement à l’école. Après, c’est vrai que ça ne
sert que pour l’éclairage. Les gens n’arrivent pas à regarder la télévision avec ces équipements,
mais c’est déjà un minimum satisfaisant. Les agriculteurs et éleveurs s’en servent aussi beaucoup
parce qu’ils sont souvent dans les champs, loin du réseau électrique ».
Il ressort également des entretiens avec les petits commerces intervenant dans le secteur de
l’énergie solaire à Natitingou que la majorité des clients sont des ménages issus des zones rurales
non raccordées au réseau conventionnel national. Ce contexte spécifique au pays en voie de
63
Etude de faisabilité PROVES; Sollaris Ing p13
64
Entretien 1 ibid
65
Entretien 4
66
Entretien 9
78
développement concoure à réduire l’inégalité d’accès à l’énergie électrique entre le milieu rural et
le milieu urbain. Les ménages passent ainsi d’une absence totale de l’énergie électrique à une
disponibilité totale de cette énergie sans passer par le réseau conventionnel. C’est ce qui amène
Jeremy RIFKIN à dire que « Ce qui se passe en Afrique annonce une mutation historique. Les
ménages sautent directement de l’époque d’avant l’électricité à la troisième révolution
industrielle »67.
Même si l’engouement vers l’énergie solaire n’est pas principalement motivé par des
considérations environnementales, il faut reconnaître le rôle important que joue l’Afrique dans la
lutte contre le réchauffement climatique à travers le développement de l’énergie solaire. A petite
échelle, l’usage de l’énergie solaire se vulgarise dans les ménages sur l’ensemble du continent
africain, ce qui concoure à la lutte contre le réchauffement climatique. Les ménages étant des acteurs
clés du développement des énergies renouvelables en Afrique, nous allons à présent aborder la
réceptivité de cette nouvelle donne au Bénin.
Au niveau des ménages, on assiste à deux grandes tendances simultanées. Pour certains
ménages, le choix de l’utilisation de l’énergie solaire est motivé par l’absence du réseau de
distribution conventionnel alors que pour d’autres c’est l’instabilité du réseau de l’énergie électrique
qui motive le choix de l’énergie solaire.
1-Le recours à l’énergie solaire : un palliatif puissant pour répondre aux besoins en énergie
électrique en milieu rural
Fort du faible taux d’électrification en milieu rural, et face aux difficultés financières liées
au raccordement au réseau conventionnel national, certains ménages se sont orientés vers l’énergie
solaire pour répondre à leurs besoins journaliers. C’est le cas des deux ménages en milieu rural que
nous avons enquêté dans les périphéries de la ville de Natitingou. Le premier est un agriculteur
installé à 15 km du centre-ville de Natitingou. Il s’agit d’une personne illettrée qui a pendant
79
longtemps utilisé un groupe électrogène pour s’alimenter en énergie électrique mais qui a décidé de
passer à l’énergie solaire pour des raisons économiques.
En effet, ce dernier nous a expliqué qu’il était impossible pour lui de se raccorder au réseau
conventionnel national car la SBEE lui avait dressé une facture de 6 000 000 FCFA équivalente à
4000 euros quand il avait fait la demande de raccordement au réseau. Il a donc opté pour le choix
de l’acquisition d’un groupe électrogène pour lequel il dépense environ 200.000 FCFA équivalents
à 350 euros de pétrole par an. Cependant, aujourd’hui, cet agriculteur a installé des équipements
solaires dans sa maison (cf. annexe photo), d’abord parce que ça lui revenait moins cher que le
groupe électrogène (700 euros pour acheter les équipements solaires) mais aussi parce que l’énergie
solaire issue du domaine photovoltaïque n’émet aucune nuisance sonore, contrairement au groupe
électrogène. Cet extrait de notre entretien résume bien cet enjeu financier :
« Il est vrai qu’avec la SBEE il y a l’électricité mais chaque fin de mois, il faut payer la
facture, ce qui serait impossible pour lui parce qu’il est agriculteur et qu’il n’a pas de salaire à
chaque fin de mois. Ce n’est qu’après les récoltes en fin d’année qu’il gagne de l’argent, donc le
recours à l’énergie solaire était la meilleure solution pour lui car il a investi juste une fois dans ce
domaine pour l’achat des équipements solaires »68.
C’est pour ces même raisons financières que notre deuxième enquêté, un enseignant de la
langue française au Bénin, nous a expliqué son choix du recours à l’énergie solaire comme
alternative au raccordement électrique au réseau conventionnel national mais, contrairement à
l’agriculteur qui a acheté ses équipements au Burkina Faso dans le secteur informel, ce dernier a
68
Entretiens 22
80
sollicité les services d’une structure agrée pour l’installation de ses équipements solaires. Il s’agit
du CFL dont nous avions parlé plus haut. Il a d’ailleurs reconnu l’expertise de ce centre de formation.
« Certes, avec la première société, j’ai dépensé un peu plus qu’avec la deuxième mais je n’ai
jamais eu de soucis avec les installations solaires alors que les autres ont dû revenir plusieurs fois
faire revoir leurs installations »69. Notre enquêté n’a cessé de vanter les mérites de la technologie
solaire et nous disait d’un ton ironique que ces amis qui habitent en ville viennent souvent chez
lui dans la campagne pour suivre des matchs de football quand il y a une coupure de l’énergie
électrique en ville. Cette dernière information est véritablement antinomique parce que, dans le
cadre d’un fonctionnement de l’électricité avec le réseau conventionnel national, il serait plus
logique que les habitants de la campagne viennent chez leurs amis qui habitent en ville pour regarder
les matchs de football à la télévision.
Il faut noter deux principaux éléments qui retiennent notre attention. Ici, le premier enquêté
a invoqué la raison économique comme le principal argument qui justifie son choix au recours à
l’énergie solaire en milieu rural. Malgré le coût très élevé des équipements solaires, les ménages en
milieu rural s’y engagent parce qu’ils ne disposent pas d’un meilleur recours pour accéder à
l’énergie électrique.
Le deuxième élément important à noter, c’est le rôle que jouent ces ménages dans la
vulgarisation de cette nouvelle technologie. De façon inconsciente ou involontaire, ils contribuent
ainsi à la démocratisation de l’énergie solaire en milieu rural, ce qui est un facteur important pour
son développement futur sur l’ensemble du territoire national.
Nous avons également rencontré un ménage lettré (aisé) en milieu urbain afin de comprendre
les raisons qui l’ont motivé à faire le choix de l’énergie solaire dans la mesure où les ménages en
milieu urbain n’ont pas cette difficulté de raccordement au réseau conventionnel national. Ainsi, à
la question de savoir pourquoi il a installé des équipements solaires chez lui, notre enquêté nous
répondait de la manière suivante.
Entretien 23
69
81
« La raison en est que je suis totalement dépité par les prestations de la SBEE qui est
incapable de nous fournir de l’électricité de façon régulière. Les coupures quotidiennes,
pratiquement tous les jours, abîment nos appareils électro-ménagers alors qu’il n’y a pas de
répondant, aucune assurance sur nos appareils. Le deuxième motif de ce choix au recours à
l’énergie solaire, c’est l’impossibilité que nous avons d’anticiper la consommation énergétique sur
les factures que nous recevons car certaines factures apparaissent fantaisistes. A bien y réfléchir, je
me dis que je n’ai pas consommé autant d’électricité que le montant qui figure sur la facture
envoyée. Non, ma facture ne peut pas être si élevée que ça. Ce n’est pas possible. Il doit sûrement y
avoir une erreur ! »70.
Nous avons donc affaire à deux grandes catégories de ménages : ceux qui vivent en milieu
rural et dont le choix du solaire est motivé par l’absence de l’énergie électrique conventionnelle et
ceux qui vivent en milieu urbain et dont le choix est justifié par les coupures régulières de l’énergie
électrique conventionnelle. Dans tous les cas, il faut noter que la préoccupation environnementale
n’est évoquée par aucun des ménages enquêtés, ce qui n’est pas tant surprenant que ça dans la
mesure où la priorité de la population locale, c’est d’avoir accès en quantité suffisante à l’énergie
électrique, peu importe le moyen qu’elle utilise pour arriver à combler ce besoin.
Certes, les différents entretiens réalisés nous ont permis d’en arriver à la conclusion que le
secteur de l’énergie solaire est en pleine croissance au Bénin mais nous devons aussi noter des
obstacles particuliers au développement de ce secteur énergétique.
70
Entretien 24
82
Malgré les actions menées pour le développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin,
plusieurs obstacles subsistent qui freinent le développement économique de ce secteur d’énergie
dans le pays. Ces obstacles sont autant d’ordre institutionnel, financier, juridique que sociologique.
Nous essayerons de développer de la manière la plus détaillée possible dans cette partie les différents
obstacles constatés pendant notre enquête sur le terrain.
I-L’instabilité institutionnelle
« Chaque nouvelle autorité remet en cause tous ce qui a été fait par la précédente et crée
ainsi d’autres projets nouveaux alors qu’il aurait déjà fallu achever les projets qui sont en cours
d’élaboration »71. Cette affirmation du président de l’ONG « Nature Tropicale » résume bien cette
instabilité institutionnelle qui caractérise le Bénin et qui constitue un facteur important de frein au
développement de l’économie locale, bloquant le développement global du pays en général et de
ces projets en particulier.
En effet, la politique s’est mêlée à tous les domaines institutionnels, de sorte qu’un ministre
ou un directeur général peut perdre son poste 2 mois après sa nomination. Pour exemple, le Bénin a
connu onze gouvernements depuis 2006 72 et rien que de 2006 à 2010, le Bénin a connu sept
gouvernements. Or, chaque nouveau gouvernement implique l’installation d’une nouvelle équipe.
En l’absence de planification à long terme, les projets n’aboutissent pas souvent aux résultats
escomptés, étant donné que chaque nouvelle équipe propose sa propre politique.
A ce sujet, un responsable de l’ABE regrettait que les actions entreprises par l’ancien
directeur de l’agence, dans le domaine de l’éducation à l’environnement, n’aient jamais abouties :
« Par le passé, l’ancien directeur de l’ABE avait commencé un travail dans le sens d’un
développement de l’éducation à l’environnement. On avait même élaboré des curricula et des fiches
pédagogiques dans l’enseignement mais, depuis quelques temps, plus rien ne se fait dans le sens de
ce mouvement, et c’est très regrettable pour le pays »73.
71
Entretien 10
72
http://www.izf.net/pages/les-gouvernements-b-nin consulté le 21/07/15
73
Entretien 15
83
L’autre obstacle institutionnel réside dans ce que nous pouvons qualifier de« résistance au
changement ». En effet, de peur de perdre leur poste et les avantages qui y sont liés, certaines
autorités administratives bloquent la réalisation des projets. C’est ce qui a amené le président de
l’ONG « Nature Tropicale » à affirmer les propos suivants : « Ce sont nos institutions qui bloquent
le développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin. On crée des institutions budgétivores.
Après l’ABERME, nous sommes passés à l’ANADER alors que la situation énergétique du Bénin
continue de se détériorer »74.
Nous avons eu le même retour avec le premier responsable de la société ENERDAS qui
affirmait de la même façon, mais avec ses propres termes, une idée similaire. « Selon mon
expérience, nous sommes dans un système à deux vitesses. Il y a l’Etat central, le gouvernement qui
incarne la politique générale du pays et, à ce niveau, je peux te dire qu’il y a de la volonté, mais il
y a aussi l’administration d’Etat qui bloque l’Etat central parce que, pour des raisons de manque
de qualifications professionnelles et d’avantages liés à leurs postes, les gens ont peur du
changement et bloquent l’élaboration des nouveaux projets. Même les initiatives de l’Etat central
sont bloquées par l’administration, ce qui implique que les partenaires techniques et financiers
doivent intervenir »75.
74
Entretien 10 ibid
75
Entretien 5
84
Outre les deux lois de finances (2008 et 2015) et la création en 2014 de l’ANADER, le
secteur des énergies renouvelables au Bénin n’est encore régi par aucune loi. Les seuls textes qui
traitent de l’énergie électrique sont le code Bénino-Togolais et la loi portant sur le code de
l’électrification au Bénin. Cette situation n’est pas du genre à favoriser le développement du secteur,
d’abord parce que l’absence de cadre règlementaire ne rassure pas les investisseurs nationaux et
internationaux.
Ainsi, cet extrait de notre entretien avec un responsable de la GIZ illustre bien le
blocage réglementaire dont il est question dans notre pays au sujet du développement de l’énergie
électrique : « Aujourd’hui, aucune loi ne règlemente l’installation de centrales solaires et ce
phénomène constitue un blocage dans le sens où un investisseur ne prendra pas le risque de
s’installer au Bénin dans de telles conditions. Je donne l’exemple de mon supérieur à qui j’ai
proposé un projet de centrale solaire qu’il a trouvé très intéressant mais il émet des réserves à cause
de cette question-là »76.
76
Entretien 1
77
Entretien 7
85
est donc indispensable de créer un cadre juridique pour lever ces différents obstacles qui empêchent
aujourd’hui un réel développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin.
Certains enquêtés estiment que nous n’avons pas un problème de carence de règlementation
mais plutôt d’application des textes existants. Ce point de vue est soutenu par le président de l’ONG
« Nature Tropicale » qui nous a affirmé en ces termes : « Le Bénin n’a pas un problème de textes
législatifs. Les textes sont là. Certes, il est peut-être nécessaire d’actualiser les textes mais on serait
très loin si on appliquait déjà le peu de textes qui existent »78.
Pour mieux comprendre cette affirmation, il nous paraît nécessaire de nous attarder un peu
sur le contenu des textes législatifs qui traitent de l’électricité au Bénin. Le cadre règlementaire du
secteur de l’énergie électrique est régi par deux principaux textes, à savoir le code Bénino-Togolais
de l’électricité et la loi portant sur le Code de l’électrification au Bénin.
78
Entretien 10
79
Etude de faisabilité, PROVES ibid p 5
86
– les dispositions relatives à la production, à la distribution, aux installations électriques
intérieures, à l'activité des constructeurs, installateurs et autres professionnels de l'électricité
– les modalités de participation des entreprises publiques et privées du secteur, la mise en place
des règles de concurrence et les formalités auxquelles elles sont soumises80.
Plusieurs décrets ont été pris dans le cadre de l’application de cette loi. Ainsi, on peut citer
entre autre le décret portant sur la création de l’autorité de régulation et le décret portant sur la
création du fond de l’électrification rurale.
Il ressort que ces différents textes ont prévu les modalités d’ouverture du secteur de l’énergie
électrique aux producteurs privés mais, malgré ces dispositions juridiques, les acteurs privés
enquêtés estiment que ces textes de loi ne se traduisent pas directement en acte et que l’Etat veut
toujours rester en situation de monopole vis-à-vis du marché de l’énergie au Bénin, situation qui ne
favorise pas le développement du secteur de l’énergie électrique.
Allant dans le même sens, le premier responsable de SOLARISS NG (ex directeur général
adjoint de l’énergie) nous a proposé un commentaire sur la situation de la façon suivante :« J’étais
à une position au ministère de l’énergie où je voyais ce qui se passait avec le privé. Des milliers de
projets venant du privé nous étaient soumis mais il y a avait toujours quelque chose qui bloquait »82.
Même s’il n’a pas voulu donner de précisions sur le blocage réglementaire dont il s’agit, le chargé
de projet de l’ADF nous a confirmé avec regret ce non-respect des textes législatifs par les autorités :
« On voulait financer un projet mais, si ça n’a pas abouti, c’est parce qu’il y a eu quelques soucis.
80
Plan stratégique du secteur de l’énergie électrique,
81
Entretien 5
82
Entretien 6
87
Je ne vais pas aller dans les détails mais ça concerne le cadre réglementaire qui permet aux
promoteurs privés de pouvoir mettre en place un projet »83.
Même s’il est indispensable de créer un cadre juridique pour réglementer le secteur des
énergies renouvelables au Bénin, il faut remarquer que le principal obstacle règlementaire du secteur
est lié à la non-application des textes législatifs par les autorités administratives compétentes qui
sont actuellement en place dans ce pays.
Ces blocages financiers se situent autant au niveau des entreprises que des ménages. Malgré
l’existence d’un marché informel des équipements photovoltaïques, peu de béninois peuvent
accéder à ces équipements car la morosité économique présente au Bénin induit que le pouvoir
d’achat des ménages reste encore faible (cf. présentation du Bénin).
C’est le principal obstacle qui a été le plus souvent cité lors de nos entretiens avec les
ménages, les partenaires techniques et financiers et les entreprises. A ce propos, notre enquêté à la
SNV a affirmé de la manière suivante : « Les équipements solaires ont un coût important et le
premier investissement paraît très lourd pour le ménage. Il faut donc voir dans quelle mesure
renforcer la capacité financière des ménages » 85. La faiblesse du pouvoir d’achat des ménages
constitue un blocage important au développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin parce que
les ménages restent le principal consommateur d’énergie.
83
Entretien 3
84
Entretien 16
85
Entretien 2
88
Les entreprises importatrices des équipements solaires rencontrent aussi des difficultés
financières qui ne favorisent pas le développement de leur activité et donc du secteur de l’énergie
solaire en général. A ce propos, notre enquêté à la GIZ nous a répondu de la manière suivante. « La
plus grosse limite, c’est la difficulté des entreprises à importer les équipements solaires. Le système
bancaire béninois n’accompagne pas les entreprises. C’est le principal obstacle évoqué par nos
entreprises partenaires. Les banques ne sont pas prêtes à financer le secteur de l’énergie solaire »86.
Le secteur de l’énergie solaire étant encore embryonnaire au Bénin, les banques sont
réticentes à soutenir les promoteurs de ce secteur. Elles n’y voient pas un investissement fiable. Le
président du groupe hôtelier Tata Somba de Natitingou a été victime de cette réticence économique
des institutions bancaires. Afin de mieux répondre aux besoins en énergie électrique liés au
développement de ses activités hôtelières, ce dernier avait sollicité une banque afin qu’elle
l’accompagne dans un projet d’installation de panneaux photovoltaïques mais ce projet n’a jamais
abouti car la banque ne l’a pas soutenu. Il nous a affirmé avec regret que «Nous avons l’ambition
de passer au solaire mais malheureusement, c’est le facteur financier qui bloque »87.
Nous avons eu le même retour avec la SNV qui nous a donné l’exemple d’une entreprise
partenaire en rupture de stock depuis le mois de novembre dernier et qui n’arrivait pas à trouver un
financement auprès d’une banque pour satisfaire sa clientèle. Il en est de même pour un ménage
qui a déploré le fait que l’entreprise qu’elle a sollicitée pour l’installation des équipements solaires
a fonctionné à la commande mais que le délai de la livraison de sa commande a été très long, c’est-
à-dire 6 mois, alors qu’une bonne capacité financière de cette entreprise lui aurait permis d’importer
et de stocker les équipements solaires, ce qui favoriserait une meilleure qualité des services qu’elle
représente.
Au total, il semble souhaitable que les projets de la GIZ visant à soutenir financièrement les
ménages et les entreprises dans l’acquisition d’équipements photovoltaïques soient effectivement
réalisés, car il paraît indispensable de soutenir le pouvoir d’achat de ces deux acteurs si l’on veut
véritablement développer le marché de l’énergie solaire au Bénin.
Entretien 1
86
Entretien 27
87
89
Le blocage sociologique se traduit par la résistance à l’acquisition de la technologie solaire,
résistance qui peut s’expliquer par la mauvaise publicité dont est victime cette nouvelle technologie
au Bénin. Ce blocage peut également s’expliquer par l’absence de sensibilité environnementale de
la population locale.
« Il y a des gens qui veulent faire le solaire alors qu’ils ont déjà le courant chez la SBEE .L’objectif
c’est de l’utiliser en cas de coupure et de réduire la facture énergétique aussi »89. Cet extrait d’un
entretien avec un ménage illustre bien cette perception de l’énergie solaire. C’est cet de chose qui
amène le directeur général de CONTROLEC à dire que pour certains ménages « le solaire n’est
pas la vraie électricité ». 90
Cette réticence à la technologie solaire peut s’expliquer par l’échec des projets antérieurs
entrepris par le gouvernement avec l’exemple des 24 villages solaires. En effet, l’échec des projets
solaires antérieurs a fait répandre la rumeur selon laquelle l’énergie solaire n’est pas une technologie
fiable. Cette idée reçue s’entretient également par les ménages qui ont fait de mauvaises
expériences des équipements solaires achetés sur le marché informel. Sur ce point, un responsable
de la société ARESS SA nous a dit ceci : « L’autre problème, c’est que les ménages qui font ces
mauvaises expériences de l’énergie solaire répandent la rumeur selon laquelle cette technologie
n’est pas bonne, ce qui rend réticent les gens à aller vers le domaine de l’énergie solaire »91.
88
Entretien 17
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Entretien 23
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Entretien 17
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Entretien 7
90
C’est aussi le cas d’un ménage lettré enquêté en milieu urbain qui, parlant du manque
d’information sur la technologie solaire au Bénin, nous a présenté sa manière de voir les choses. « Je
peux te dire que j’ai des collègues au boulot qui ne sont pas dans la même logique que moi. Ils ne
voient pas l’utilité du solaire en ce moment. Ils restent bloqués sur la SBEE et préfèrent continuer
à payer des factures fantaisistes. Ils ne se rendent pas compte de l’intérêt de l’énergie solaire. Pour
eux il n’y a rien d’autre, il n’y a aucune alternative »92. En bref, ces ménages réticents à utiliser
l’énergie solaire ne voient pas l’utilité énergétique de l’énergie solaire comme une solution qui leur
permet d’accéder à leur indépendance énergétique.
Nous abordons maintenant un autre facteur constituant de notre point de vue un blocage au
développement de l’énergie solaire au Bénin. Il s’agit de l’absence de sensibilité environnementale
de la population béninoise pour cet aspect écologique.
A la question de savoir s’ils savent que l’énergie solaire constitue une source d’énergie
propre, aucun ménage n’a su nous répondre par l’affirmative. De même, les entreprises et les
partenaires techniques et financiers enquêtés s’accordent tous sur le fait que le citoyen béninois
ignore ce volet environnemental de l’énergie solaire.
Ainsi, pour combler ce manque de curiosité des béninois pour l’énergie solaire, le directeur
du Master « énergie renouvelable » de l’Ecole Polytechnique de l’Université du Bénin nous a
proposé la solution suivante. « Les béninois veulent répondre à un besoin précis, celui d’accéder
92
Entretien 26
91
facilement et durablement à l’énergie. Que cette énergie soit issue du recours à l’énergie solaire ou
non, ce que les béninois veulent, c’est seulement d’avoir le droit d’accéder à l’énergie. Il suffit juste
de leur montrer comment résoudre ce problème. C’est aussi simple que ça. »93.
Il n’y a aucune démarche environnementale dans l’engouement des ménages vers l’énergie
solaire. Il s’agit juste de pouvoir satisfaire un besoin exprimé, ce qui implique qu’il n’y aurait aucune
hésitation si une autre forme d’énergie moins propre et moins chère était à la portée des
consommateurs béninois.
Ce phénomène nous a d’ailleurs été confirmé par notre enquêté à la direction générale de
l’énergie qui a formulé l’idée de la manière suivante : « Pour nous, les africains qui vivons dans un
pays non développé, c’est le moyen le plus rapide que nous cherchons pour accéder à l’énergie. Il
est vrai que nous n’avons pas les technologies pour utiliser l’énergie nucléaire mais nous
connaissons un peu plus l’énergie solaire puisque nous avons le soleil en grande quantité chez nous,
donc nous devrions commencer par exploiter cette source d’énergie naturelle. Nous sommes prêts
à aller vers les autres sources d’énergie mais, dans l’immédiat, c’est vers l’énergie solaire que nous
voulons nous tourner pour le moment parce cela va nous permettre d’aller de l’avant, donc nous
avons tout intérêt à commencer par là »94
Il est important de noter ici que le développement de l’énergie solaire n’est pas
prioritairement motivé par une sensibilité environnementale. Pour le béninois moyen, il s’agit de
répondre à un besoin, celui d’accéder pleinement à l’énergie électrique. Ce phénomène constitue de
notre point de vue un blocage car la prise de conscience de cet aspect pourrait faire accroître
l’engouement de la population vers l’énergie solaire. Mais une telle prise de conscience n’est
possible que si des actions d’éducation et de formation sont menées dans ce sens. Outre les actions
des ONG telles que « ECO Bénin » (cf. annexe) et « Nature Tropicale » pour ne citer que celles-là,
aucune action n’est menée au niveau gouvernemental pour éduquer et former la population aux
enjeux environnementaux de notre siècle.
Toutefois, une nuance mérite d’être formulée à ce sujet. Certes le lien entre l’énergie solaire
et la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas évident pour les ménages enquêtés mais
ces derniers ont bien conscience des menaces environnementales qui pèsent sur l’avenir de notre
93
Entretien 18
94
Entretien 16
92
planète. Autant pour ces ménages que pour la plupart de nos enquêtés, la manifestation visible du
changement climatique correspond à l’irrégularité des saisons observées depuis un certain nombre
d’années maintenant. A la question de savoir s’il a conscience des conséquences du changement
climatique sur l’avenir de notre planète, un agriculteur et chef traditionnel religieux nous répond
avec cette formule : « Avant, on arrivait à distinguer les différentes saisons et, quand il y avait des
retards pour les saisons de pluie, nous consultions l’oracle qui nous expliquait les causes de ce
phénomène et nous faisions des cérémonies pour faire venir la pluie. On arrivait à prédire le début
de la saison des pluies mais aujourd’hui on ne contrôle plus rien. Tout est mélangé ! »95.
Cet agriculteur a également une toute autre approche des causes de ce changement
climatique. Selon lui, le changement climatique s’explique par la colère de nos ancêtres face au non-
respect des lois naturelles qu’ils ont prescrites : « La nature a été créée avec des règles. Avant, nous
les respections et tout se passait bien mais la génération d’aujourd’hui ne respecte plus les règles
naturelles et, quand nous en parlons, les jeunes disent que cette vision est dépassée. C’est parce que
nos ancêtres sont en colère que nous vivons cette ère de dérèglements climatiques. C’est notre
punition ! 96».
Il est intéressant de remarquer ici qu’à côté de l’approche scientifique des causes du
changement climatique, il existe une approche culturelle, relevant des croyances endogènes. Dans
tous les cas, le constat est que la prise de conscience du changement climatique est une réalité, même
dans les endroits les plus reculés du monde où les populations n’ont pas accès à l’énergie.
La contribution de l’énergie solaire à la lutte contre le réchauffement climatique doit
également être nuancée. Certains remettent en cause le caractère propre de l’énergie solaire. Dans
son ouvrage intitulé « La transition énergétique pour tous », Jean-Marc Jancovici explique comment
le bilan carbone d’un panneau photovoltaïque peut contredire son caractère vert présumé. Pour ce
faire, il part du constat que la fabrication d’un panneau solaire consomme beaucoup d’énergie et en
arrive à la conclusion qu’en subventionnant le développement du secteur de l’énergie
photovoltaïque, la France contribue à l’augmentation de l’émission de CO2 dans l’atmosphère.
« En pratique, fabriquer un panneau solaire consomme à peu près l’énergie fournie par le
panneau pendant trois ans. Si le contenu en CO2 de l’énergie utilisée pour fabriquer le panneau
est plus élevée que le contenu en CO2 de l’électricité du réseau, alors le temps de retour sur
95
Entretien 22
96
Entretien 22 ibid
93
carbone, c’est-à-dire la durée au bout de laquelle le panneau aura remboursé ses émissions de
départ, peut être bien plus long »97.
Par ailleurs les matières premières telles que le plomb, le brome, et le cadmium qui rentrent
dans le processus de fabrication des équipements photovoltaïques sont des substances polluantes.
D’autres telles que l’éthylène-acétate de vinyle (EVA) et le Tedlar ne sont pas des ressources
illimitées. Le silicium, constituant primaire des cellules photovoltaïques vient alourdir davantage le
bilan énergétique de la technologie solaire98. Un panneau solaire n’est recyclable qu’à 85% ce qui
implique que tous les matériaux qui ont contribués à sa fabrication ne sont pas valorisable. Les
chercheurs s’activent pour améliorer cette technologie afin qu’elle devienne véritablement une
énergie 100% propre. Il apparaît donc que le bilan carbone d’un panneau photovoltaïque peut vite
monter si on tient compte de toutes les externalités qui ont contribué à sa fabrication. Loin de vouloir
remettre en cause les atouts de la technologie solaire, il nous paraissait nécessaire de constituer cette
petite parenthèse pour mettre en lumière ces aspects qui ne sont pas souvent révélés.
Conclusion
http://www.actu-environnement.com/ae/pdt/panneaux-solaires-impact-environnement-edf-
98
94
essor. Toutefois, des obstacles subsistent. Ces obstacles sont autant liés à l’absence de cadre
juridique spécifique au secteur des énergies renouvelables qu’aux blocages provenant des autorités
institutionnelles en charge de l’électrification. Concernant ce dernier volet, il est nécessaire que tous
les acteurs s’impliquent et jouent pleinement leur rôle, à tous les niveaux. Ne pas associer les acteurs
tels que l’AISER, un réseau associatif de plus de trente entreprises spécialisées dans le secteur des
énergies renouvelables, aux projets du gouvernement touchant des actions à mener dans ce secteur
ne favorise pas un développement efficace de la technologie solaire 99 . Toutefois, ce constat
n’empêche pas les entreprises qui s’efforcent, malgré leur capacité financière limitée, à proposer
des équipements solaires mieux adaptés aux besoins et au pouvoir d’achat des consommateurs
béninois. A travers les subventions et les aides financières accordées à ces entreprises implantés sur
le territoire béninois, les partenaires techniques et financiers jouent donc un rôle important car le
faible pouvoir d’achat des consommateurs reste le principal obstacle au développement de l’énergie
solaire au Bénin.
Fort des enjeux environnementaux et des atouts de la technologie solaire, les ONG effectuent
un travail remarquable d’éducation et de sensibilisation en amont, ce qui favorise la connaissance
de cette technologie et incite davantage les ménages à accéder à cette technologie. Qu’ils soient
localisés en milieu urbain ou rural et quel que soit leur statut socio-professionnel, les ménages
aspirent tous à une indépendance énergétique. Les ménages installés en milieu rural et qui ne sont
pas raccordés au réseau électrique conventionnel ont de plus en plus recours à la technologie solaire
pour combler leurs besoins en énergie. Il en est de même pour les ménages installés en milieu urbain
qui optent pour cette technologie parce qu’il y a des coupures régulières de l’énergie électrique
conventionnelle. Nous pouvons donc affirmer que la transition énergétique ne prendrait pas la même
ampleur au Bénin si cette problématique de précarité énergétique n’existait pas. C’est d’ailleurs en
cela que cette notion de « transition énergétique » n’a pas les même objectifs selon qu’elle est mise
en œuvre dans les pays du Nord ou ceux du Sud. Par ailleurs, notre étude nous a permis de donner
des réponses aux hypothèses de départ suivantes :
- L’Etat béninois s’est engagé dans la démocratisation du secteur de l’énergie solaire pour faire
face à la demande croissante en énergie :
99
Entretien 5
95
Le projet pilote « PRODERE » représente la porte d’entrée par laquelle le gouvernement
s’est engagé dans le développement du secteur de l’énergie solaire au Bénin. Il a permis l’installation
de lampadaires et de mini-centrales solaires sur le territoire national. La réussite de ce projet a
entraîné la mise en place du projet « PROVES » qui, dans son volet « éclairage public solaire »,
participe au développement du secteur de l’énergie solaire dans la ville de Natitingou (150
lampadaires solaires prévus).
Dans la quasi-totalité des pays de l’Afrique de l’Ouest, les politiques mises en place sont de
court terme. Quelques rares pays opèrent selon une vision à long terme (30 ans) à l’image du Ghana
qui, grâce au Programme d’électrification nationale (NES) comme instrument clé de sa politique
gouvernementale, est arrivé à faire passer le taux d’électrification nationale de 29 % en 1992 à 49
% en 2003 et à 70 % en 2010100. En conséquence, le Bénin pourrait tout à fait prendre exemple sur
son voisin ghanéen. Face à l’instabilité institutionnelle que connaît actuellement le Bénin, un
mécanisme juridique de planification à long terme pourrait s’avérer être une solution efficace. De
même, la création d’un véritable cadre juridique dans le secteur de l’énergie renouvelable serait très
utile pour définir les règles relatives à la concurrence et au contrôle de la qualité des équipements
solaires.
L’échelle territoriale étant la plus pertinente pour mieux répondre aux besoins en énergie des
populations locales, il est nécessaire de mettre en place un cadre juridique permettant aux communes
de disposer de prérogatives en production d’énergie. Le transfert du pouvoir de décision à l’échelle
locale, à travers les processus de décentralisation en cours au Bénin, présente des niches
d’appropriation technologique, d’amélioration de la gouvernance de l’énergie et de développement
de Partenariats Public-Privé.
100
. http://www.ictsd.org/bridges-news/passerelles/news/l%E2%80%99afrique-de-l%E2%80%99ouest-
face-aux-enjeux-de-la-transition-%C3%A9nerg%C3%A9tique consulté le 22/05/15
96
modèles de gestion efficaces qui ont été ensuite de redoutables armes à l’exportation »101. Il faut
donc créer le cadre juridique permettant aux communes de définir elles-mêmes leur politique
d’électrification, ce qui permettra aux partenaires privés de développer leur expertise.
- Le secteur de l’énergie solaire a donné naissance à des filières de formation afin d’améliorer
la connaissance de ce type de technologie :
La création en 2009 du CFL, installé dans la commune de Natitingou et qui offre une
formation technique sur la fabrication des équipements solaires, vient confirmer cette hypothèse. Il
existe également un Master intitulé « énergie renouvelable et système énergétique » à l’université
d’Abomey-Calavi situé à Cotonou, dans la capitale économique du pays.
Ainsi donc, outre les actions de sensibilisation menées dans ce sens (ONG « Nature
Tropicale » et la SNV), il est indispensable d’intégrer dans les programmes scolaires des animations
et/ou des fiches pédagogiques d’éducation et de formation sur les énergies renouvelables, l’objectif
étant de développer dès le bas âge une sensibilité environnementale chez les enfants. A cet effet,
Jérémy RIFKIN a formulé l’idée suivante : « Si nous ne modifions que les compétences des élèves
mais pas leur conscience, nous n’aurons guère ébranlé l’idée que rendre productif est la mission
primordiale de l’enseignement » 102. Les autorités en charge de l’éducation nationale ont donc un
rôle important à jouer dans l’appropriation des énergies renouvelables au Bénin.
-L’utilisation de l’énergie solaire par certains ménages suscite la curiosité et le désir d’autres
ménages d’accéder à ce type d’énergie :
101
JANCOVICI Jean Marque op.cit. p 213
102
RIFKIN Jeremy ibid.p 331
97
Les ménages enquêtés qui utilisent la technologie solaire nous ont fait part de la ferme
volonté de leurs mitoyens ou amis proches, après s’être rendu compte des atouts de la technologie
solaire, de vouloir leur emboîter le pas en produisant eux aussi leur propre énergie électrique.
Cette hypothèse s’est aisément confirmée car la population locale souffre de la coupure
régulière de l’électricité et est donc très sensible à toute solution allant dans le sens de la résolution
de cette situation instable. Mais le facteur financier est un frein à cette envie des ménages de
s’équiper en équipements solaires. Le rêve de nombreux ménages voulant accéder à cette nouvelle
technologie reste difficile à réaliser. Pour réellement favoriser l’accès aux services énergétiques aux
ménages qui en ont le plus besoin, des mécanismes innovants d’appui à la demande s’imposent.
Face à la réticence des banques et aux taux d’intérêts relativement élevés qu’elles imposent, l’accès
aux services énergétiques pour les populations pauvres peut être facilité en faisant intervenir des
institutions de micro finance. Les institutions financières, communément appelées « micro crédit
aux plus pauvres », déjà mises en place au Bénin dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, peuvent
accompagner les ménages dans l’acquisition des équipements solaires.
Dans ce sens, le projet de soutien au pouvoir d’achat des ménages envisagé par la GIZ doit
être soutenu et encouragé. Comme dans certains pays d’Europe, l’Etat béninois pourrait également
mettre en place des mesures financières incitatives pour accompagner les ménages dans ce sens. Il
peut s’agir des obligations d’achat des énergies renouvelables103, comme en France par exemple.
Face au faible pouvoir d’achat des ménages, le marché informel de l’énergie solaire s’est
développé au Bénin, et la ville de Natitingou reflète bien cette tendance. C’est le cas des petits
commerces que nous avons enquêtés sur notre terrain d’étude et où le prix des équipements solaires
est largement inférieur aux prix pratiqués par les entreprises formelles. Cette concurrence déloyale
qui s’est installée ne favorise pas un développement du secteur formel de l’énergie solaire au Bénin.
L’expérience d’Eight19 dans d’autres pays africains (Kenya, Malawi, Sud Soudan et
Zambie) peut définitivement aider à résoudre et même enfin régler cette question financière liée à
l’énergie solaire. Il s’agit en effet d’un développeur et fabricant de cellules solaires de troisième
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-tarifs-d-achat-de-l,12195.html consulté le
103
02/08/15
98
génération basé sur le plastique imprimé qui a lancé en 2011 « Indigo 104 ». C’est une nouvelle façon
de fournir de l'énergie solaire dans les économies émergentes qui apporte l'énergie solaire hors
réseau à une nouvelle génération d'utilisateurs, transforme des vies et permet d’accélérer le
développement économique. « Eight 19 » s’est inspiré du système de recharge de crédit mobile qui
existe en Afrique.
Contrairement au système de forfait mobile post payé existant dans les pays du Nord (appel,
Internet, etc.), le système de recharge mobile dominant en Afrique est prépayé, c’est-à-dire que le
consommateur doit préalablement recharger son compte s’il veut accéder à Internet ou émettre des
appels. C’est de ce système, permettant aux consommateurs de contrôler leur consommation dans
la mesure où ils ne peuvent consommer qu’à la hauteur du montant de crédit rechargé, qu’ « Eight
19 » s’est inspiré pour faciliter l’accès à l’énergie en Afrique.
Ce système de carte à gratter désigné par le terme « pay-as-you-go »105, combiné à ce modèle
évolutif, a valu à IndiGo de faire partie des 100 solutions de développement durable retenues lors
de la conférence Rio+20 qui s’est tenue du 20 au 22 Juin 2012 à Rio de Janeiro.
C’est donc un système à double avantage. Il permet aux populations démunies de pouvoir
accéder à l’énergie électrique, même dans les zones les plus reculées, ce qui concoure à la lutte
contre la pauvreté. Par son faible coût, Indigo permet l’accès à l’énergie aux populations les plus
pauvres, ce qui permet donc de lever l’obstacle financier. Le développement d’un tel système au
Bénin contribuerait ainsi à lever l’obstacle financier, le principal obstacle au développement des
énergies renouvelables.
http://www.decisionsdurables.com/kenya-le-solaire-presque-gratuit-grace-au-pay-
105
99
L’unanimité n’est pas faite sur les orientations à prendre pour préserver notre planète. GIEC
contre climato sceptiques, géologues pétroliers contre pétro-sceptiques, nous avons deux forces en
position : l’une qui continue à croire que tout va au mieux et que l’humanité survivra alors que
l’autre ne cesse d’attirer notre attention sur le danger et la nécessité de réorienter notre
développement. L’issue de la dernière conférence mondiale sur le climat où les plus grands
pollueurs, c’est-à-dire la Chine et les Etats-Unis en tête, n’ont pris aucun engagement chiffré pour
réduire leur émission de CO2, est une catastrophe pour l’avenir de notre planète. Cette absence
d’engagement contraignant vient confirmer cette résistance au changement de modèle de
développement106.
Dans ce contexte, les pays du Sud ont du mal à se positionner sur la question parce que les
grandes puissances industrielles leur demandent de changer de modèle de développement alors que
ces derniers poursuivent une forte exploitation des sources d’énergies fossiles et ne mettent pas en
place comme ils le devraient les mesures financières et techniques nécessaires pour accompagner
les pays du Sud dans ce changement de modèle économique. Cette relation complexe sur les
questions climatiques entre les pays du Nord et ceux du Sud, où les premiers invitent les seconds à
réduire leurs émissions de C02 alors que ces derniers revendiquent leur « droit d’émettre du CO2 »,
ne facilitent pas une prise de décision consensuelle sur la lutte contre le réchauffement climatique à
l’échelle planétaire.
Cependant, un constat est indéniable. La marche vers la transition énergétique est en cours.
Le dernier discours de Barack Obama sur le changement climatique où il s’engage à réduire de
32 %, à l'horizon 2030, les émissions de carbone du secteur de la production d'électricité par rapport
à leur niveau de 2005, augure d’une nouvelle ère dans la lutte contre le changement climatique107.
L’espoir est également permis avec la prochaine conférence climatique mondiale qui se
tiendra à Paris en décembre 2015. Contrairement aux précédentes conférences mondiales sur le
changement climatique, il est attendu des participants des propositions et des engagements concrets
et chiffrés à la prochaine conférence climatique, engagements qui seront contraignants cette fois-
106
http://www.lemonde.fr/le-rechauffement-climatique/article/2009/12/19/la-bilan-decevant-
du-sommet-de-copenhague_1283070_1270066.html Consulté le 12/08/15
107
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2015/08/03/006-barack-obama-climat-
changements-climatiques-carbone-electricite-charbon-centrales.shtml consulté le 18/08/15
100
ci108. L’autre attente porteuse d’espoir de la conférence climatique est le financement du fond vert
pour le climat. Ce fond vise à aider les pays les plus fragiles à faire face aux conséquences du
changement climatique (catastrophes naturelles, montée des océans, etc.) et à les aider à financer
les outils nécessaires pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
108
http://www.politiques-energetiques.com/conference-climat-et-les-pays-emergents-dans-
tout-ca-episode-2 Consulté le 18/08/15
109
http://www.afdb.org/fr/topics-and-sectors/initiatives-partnerships/sustainable-energy-fund-
for-africa/ Consulté le 18/08/15
110
http://www.politiques-energetiques.com/afrique-les-energies-de-demain/#xtor=SEC-5-GOO-
-[70043442443]-S-[%2B%C3%A9nergie%20%2Bafrique Consulté le 18/08/15
111
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150628.AFP2344/l-ethiopie-pays-dans-le-vent-
pour-les-energies-renouvelables-en-afrique.html Consulté le 18/08/15
101
point de vue environnemental, la technologie verte ne cesse de s’accroître dans l’ensemble du
territoire des pays africains, ce qui concoure ainsi à répondre à une demande sociale.
102
BIBLIOGRAPHIES
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103
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104
Rapports et études
112
Vous pouvez obtenir ces documents en faisant une demande à l'adresse
[email protected]
105
S MEMBRES DE L’UEMO
Autre ressources en Lignes
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l%E2%80%99ouest-face-aux-enjeux-de-la-transition-%C3%A9nerg%C3%A9tique consulté le
03/13/15
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http://www.politiques-energetiques.com/conference-climat-et-les-pays-emergents-dans-tout-ca-
episode-2
consulté le 05/08/15
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150628.AFP2344/l-ethiopie-pays-dans-le-vent-pour-les-
energies-renouvelables-en-afrique.html consulté le 05/08/15
http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/mix-energetique-de-lafrique-de-louest
consulté le 05/08/15
107
ANNEXES
Annexe 1
108
Annexe 2
Annexe 3
109
110
Annexe 4
111
Annexe 5
Annexe 6
112
113
114
Annexe 7
Annexe 9 : grille d’entretien partenaire technique et financier et ONG intervenants dans le secteur
de l’énergie solaire
115
Question 1 : depuis combien d’année intervenez-vous dans le secteur des énergies
renouvelables ?
Question 2 : qu’est ce qui explique votre intérêt pour ce secteur ?
Question 3 : quelles sont vos actions dans ce secteur ?
Question 4 : qu’en est-il de vos actions spécifiquement dans le domaine de l’énergie solaire ?
Question 5 : quels sont selon vous les atouts de ce secteur ?
Questions 6 : rencontrez-vous des obstacles dans la réalisation de vos projets ?si oui
lesquels ?
Question 7 : quelles sont les freins au développement du secteur de l’énergie solaire ?
Question 8 : quelles solutions proposez-vous pour lever ses obstacles ?
Question 9 : étant souvent en contact avec la population béninoise, pensez-vous qu’elle a une
sensibilité environnementale ?
Annexe 10 : grille d’entretien avec les acteurs institutionnels intervenants dans le secteur de
l’énergie solaire
Annexe 11 : grille d’entretien avec les entreprises intervenantes dans le secteur de l’énergie
solaire
Question 1 : depuis combien de temps votre entreprise existe-elle ? Qu’est ce qui a motivé sa
création ?
Question 2 : qu’elles sont les conséquences de la crise énergétique sur le fonctionnement de
vos activités ?
Question 3 : qu’est-ce qui motivent vos clients à opter pour l’énergie solaire ?
Question 4 : pensez-vous qu’ils ont une sensibilité environnementale ? Arrivent-ils à faire le
lien entre « énergie solaire et lutte contre le changement climatique » ?
Question 5 : tenant compte de votre clientèle pouvez-vous affirmer que le secteur de
l’énergie solaire est en développement au Bénin ?
Question 6 : quels sont, de votre point de vue les atouts de l’énergie solaire au Bénin ?
Question 7 : quelles sont les freins au développement de ce secteur ?
Question 8 : quelles solutions proposez-vous pour lever ses obstacles ?
116
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 01
SOMMAIRE 02
SIGLE ET ABBREVIATIONS 03
Introduction 04
117
III.Le choix d'enquête par entretien 28
IV.Les entretiens sur le terrain 30
Carte 8:Répartition géographique des enquêtés 33
V.Justification du choix des enquêtés 34
VI.Les difficultés rencontrées 37
118
C.Un potentiel encore inexploité en énergie éolienne 60
D.Une faible exploitation de l'énergie hydro-électrique 60
Carte 10:Les gisements d'énergie renouvelable au Bénin 61
E.L'opportunité offerte par l'énergie solaire 62
Troisième partie : Analyse des résultats 63
Chapitre 5 : Les actions en faveur du développement du secteur de l'énergie
solaire au Bénin et dans la commune de Natitingou 64
I.Les actions menées dans le sens de l’éducation et de la formation 64
A.Différentes échelles d'action au Bénin 65
1.Le travail en amont de la coopération néerlandaise (SLV) 65
2.Le choix d'une correction par priorité à la source de l'ONG Nature Tropicale 66
B.La particularité de Natitingou:la formation d'une main d'oeuvre spécialisée 68
II.L'exploitation de l'énergie solaire:vers une réduction des inégalités d'accès
entre ville et campagne 70
A.Le déploiement de l'équipement solaire sur le territoire béninois 70
1.Un renouveau du secteur de l'énergie solaire favorisé par les actions publiques 70
2.Une contribution centrale de la GIZ 73
3.Une grande opportunité créée par le Millenium Challenge Corporation 75
4.Une sollicitation croissante des entreprises de production et de distribution
d'énergie solaire 76
B.Le déploiement de l'équipement solaire dans la ville de Natitingou 77
C.L'énergie solaire appréhendée par les ménages 78
1.Le recours à l'énergie solaire : un palliatif puissant pour répondre au besoin en
énergie électrique en milieu rural 79
2.La quête d'indépendance énergétique en milieu urbain 81
Chapitre 6:Les obstacles au développement de l'énergie solaire 82
1.L'instabilité institutionnel 82
II.Les blocages liés au cadre réglementaire 84
A.L'absence de réglementation du secteur des énergies renouvelables 84
B.Les difficultés d'application des textes existants 85
III.La contrainte financière : un frein au développement de l'énergie solaire 87
IV.Un public sceptique face au développement de l'énergie solaire 89
A.Une population béninoise peu informée 89
B.Une faible sensibilité environnementale 91
119
CONCLUSION 94
120