L'Expédition Militaire en Tunisie 1881-1882 Bpt6k6472082k
L'Expédition Militaire en Tunisie 1881-1882 Bpt6k6472082k
Tunisie, 1881-1882
MILITAIRE
PARIS
HENRI CHARLES-LAVAUZELLE
Éditeur militaire
118, Boulevard Saint-Germain, Rue Danton, 10
1881-1882
DROITS DE REPRODUCTION ET DE TRADUCTION RÉSERVÉS
L'EXPÉDITION
MILITAIRE
PARIS
HENRI CHARLES-LAVAUZELLE
Éditeur militaire
118, Boulevard Saint-Germain,Rue Danton, 10
Les 2
—
feuilles 1
d'escadron d'état-major français, et d'après les renseignements
50
franco1(>()
recueillis par eux; à l'échelle du 400,1000"' Paris 1857, 2 feuilles.
à l'échelle du
Les 4 feuilles
lOO.OO"
—
2
Itinéraire de Tunis à Bizerte et à la frontière d'Algérie,
50
franco 70
Colonel PÉRIER, 4 feuilles.
:
La feuille.
—
franco
Carte de la Tunisie, au
1 1
POSTÉRIEURES
10
A
800,1000"
,
L'OCCUPATION
2 feuilles.
1 »
Feuilles au
La feuille
lraneo.»
Sud-Est de la Tunisie
70
(RÉGION FRONTIÈRE DE LA THIPOLITAINE)
•
200.10()o-,
»
)
)
de l'édition provisoire.
u
au 400.000, ,
1 feUI
lIe (1893).
(1893)
franco»80
feuille 70
» 80
—
Feuilles au 200.1000"' carte de reconnaissance.
La
Feuilles au
La feuille
—
—
1
franco 6050
50.000* (en cours de publication).
Préliminaires.
;
commande, a l'ordre de rester provisoirement sur la défensive.)
Envoi de troupes de France (7 avril, 20 avril) la concentration est terminée le
20 avril. Le corps expéditionnaireest mis sous les ordres du général Forgemol
de Bostquénard; il comprend deux colonnes (Delebecque et Logerot) et une
brigade de réserve (général deBrem).
1°
1. La confédération des Khoumir se subdivisait en trois groupes principaux
les Khoumir-Thademaka (Atatfa, Houamdia, Oulad-Cedra, Oulad-ben-Said,
:
Oulad-Amor); 2° les Khoumir-Slelma (Tebainia, Rekhaissia, Hamran, Debabsa);
3° les Khoumir-Selloul (Oulad-Hellel, Oulad-Ali-ben-Naceur-Selloul, Khemairia,
Gouaidia, Assinia).
2. Voir annexe n° II (Organisation du service des affaires indigènes dans la
division de Constantine).
I
CBOQIISN°
KHOUMIRIE
rembourseraient les dégâts que les leurs venaient de com-
mettre; mais les Oulad-Cedra refusèrent de tenir les pro-
messes faites par leurs représentants.
Les Nehed se jettent à leur tour sur les campements tuni-
siens et se vengent en tuant cinq Oulad-Cedra; ils perdaient
eux-mêmes trois hommes.
Premier
envoidetroupes.
L'autorité militaire française', pour rassurer les tribus
algériennes, dirigea sur la frontière la smalah de spahis du
Tarf2 et une compagnie du 59e d'infanterie (bataillon détaché
àBône)3.
Conférence Pendant ces incidents de frontière, le commandant supé-
de
Drâ-el-Keroum. rieur du cercle de Souk-Ahras, le chef de bataillon Vivensang,
du 3e tirailleurs, était en conférence à Drâ-el-Keroum, près de
Souk-Ahras, avec Si Hassouna Zouari, fonctionnaire tunisien,
pour obtenir l'extradition d'un certain nombre de réfugiés
algériens, la reddition de nombreux animaux volés à nos
tribus et des indemnités pour les incendiés de la Galle4.
Le général Ritter, commandant la subdivision de Bône, se
trouvait près de lui à Souk-Ahras.
A la suite de leur engagement malheureux avec les Nehed,
;
Le gouverneur général de l'Algérie, informé de cet état de choses, avait
demandé des instructions à l'autorité supérieure les événements des 30 et 31 mars
vinrent précipiter le dénouement de l'affaire.
1. Le capitaine Barbier ne pensait pas que les Khoumir oseraient se repré-
senter après l'arrivée de la compagnie du 59" aux Aouaouecha.
soutenir la compagnie du 59e d'infanterie, amenant avec elle
le médecin du bataillon de zouaves.
Les attaques des Khoumir sont très vigoureuses'; nos
troupes perdent quatre tués et ont six blessés dont un mortel-
lement et un disparu'. Sans artillerie pour déloger l'ennemi
du pays très accidenté qu'il occupe, obligées de ménager
leurs munitions3, sans mulets de cacolets, elles ne peuvent
que difficilement maintenir leurs positions4.
Heureusement pour nos compagnies la nuit arrive et le
combat cesse.
Depuis longtemps les munitions pour les indigènes sont
épuisées; les cartouches pour fusil 1874 sont très réduites;
nos soldats auraient dû battre en retraite si la lutte n'avait
pris fin.
Le capitaine Barbier5, commandant les troupes engagées sur
l'oued-Djenan, a rendu compte par quatre télégrammes de sa
1. Le combat du 31 mars ne prit fin qu'à 6 heures du soir, après avoir duré
:
onze heures.
2. Pertes Merle, caporal, 59e, mort;
;
Rochelle, soldat, 59e, mort
59e, mort;
Eymeric, soldat,
;
Sujet, soldat, 59e, blessé et disparu
Bordes, soldat, 3e zouaves, mort;
Benck, sergent, 3e zouaves, blessé mortellement
Grenier, soldat, 3e zouaves, blessé.
;
Lagarderie, soldat, 3e zouaves, blessé;
Blanchard, soldat, 3e zouaves, blessé;
Delacroix, soldat, 3e zouaves, blessé.
3. Les munitions pour indigènes avaient manqué totalement avant la fin du
combat; à la fin de l'action, les cartouches pour fusil 1874 étaient presque entière-
ment consommées.
4. Elles n'ont pas eu à contrevenir aux ordres donnés par le général de divi-
sion, le 30 au soir, de ne pas dépasser la frontière.
Le général commandant la division de Constantine avait approuvé la mesure
prise par le commandant supérieur de la Calle de faire soutenir les Nehed par les
troupes de Remel-Souk. Il avait ajouté dans son télégramme expédié de Constan-
tine, le 30 mars à 5 h. 5 du soir:
« Ces troupes (de Remel Souk) ne devront être engagées que si cela est indis-
pensable pour soutenir les Nehed et faire respecter notre territoire.
« Si elles agissent, elles agiront énergiquement mais sans pousser au delà de la
frontière. Au besoin le bataillon de zouaves du Tarf enverra des renforts. »
:
5. Ancienneté du capitaine infanterie hors cadres Barbier, chef de bureau
arabe de 2e classe à la Calle 13 mai 1873.
Ancienneté du capitaine Drouin, du 3e zouaves : 29 mars 1879.
situation critique. Il demande instamment des renforts, du
canon, des munitions, des mulets de cacolets et du matériel
d'ambulance dont il manque complètement.
Il termine son dernier télégramme (oued-Djenan, 6 h. 30
soir) en annonçant qu'il lui sera même impossible de se main-
tenir dans son camp, s'il ne reçoit pas de munitions pendant
la nuit.
La place de la Galle, fort mal approvisionnée d'ailleurs
(elle n'a ni cantines médicales, ni tentes d'ambulance, presque
pas de brancards, aucun mulet) ne peut lui envoyer pendant
la nuit du 31 mars au 1er avril qu'un petit convoi de muni-
tions1 pour indigènes et pour fusil modèle 1874 sur mulets
réquisitionnés auprès du maire et escortés par le peu d'hom-
mes qui restent dans la place.
Le chef de bataillon Bounin, commandant le bataillon du
3e zouaves, qui a déjà envoyé du Tarf, dans la nuit du 30 au
31, la compagnie Drouin2 au secours de la compagnie du 59e,
sur la demande directe du commandant du cercle de la Calle,
télégraphie du Tarf, le 31, dès le matin, pour demander au
général commandant la subdivision de Bône d'emmener les
trois compagnies qui lui restent, à Remel-Souk, afin que son
bataillon puisse y être réunien entier le 1er avril.
Ce télégramme est transmis au général Ritter, qui est tou-
jours à Souk-Ahras. Le commandant Bounin est avisé par
Bône qu'il recevra directement la réponse du général Ritter.
Il est probable qu'il a été renseigné sur les différentes phases
du combat du 31, soit directement du théâtre de l'affaire, soit
par le commandant supérieur de la Calle.
;
aller coucher à Zérizer (ce bataillon de zouaves emmène avec
lui vingt mulets de cacolets l'hôpital de la Calle fournira le
matériel d'ambulance nécessaire) 2.
1. Voirannexe III.
2. La Calle n'a rien comme matériel d'ambulance.
Le 2 avril, le colonel Cajard emmènera le bataillon du 3e
zouaves, la compagnie du 596 d'infanterie et les cinquante
hussards de Zérizer à l'oued-Guergour. Là, il devra trouver
les ordres du général Ritter' pour la direction à prendre le
3 avril.
En réalité, les mouvements exécutés sont les suivants
La compagnie du 596 et la division de hussards arrivent le
:
1er avril au soir à Zérizer, le 2 à l'oued-Guergour;
Le colonel Cajard, avec son bataillon de zouaves, une sec-
tion d'artillerie de montagne et un petit détachement des ser-
vices administratifs, passe la nuit du 1er au 2 à Mondovi, est
le 2 à Zérizer, le 3 à l'oued-Guergour2.
A la date du 1er avril, soir, le général commandant le 19e Mouvements
ordonnés
corps d'armée croit suffisants, pour protéger efficacement nos
tribus de la frontière, les moyens d'action suivants
Deux bataillons de zouaves3, un bataillon du 346 régiment
: par le général
commandant
le 19*corps
pour renforcer
les troupes
de
d'infanterie" un du 59e5, un escadron de hussards6 et tous les première ligne.
deux choses :
phié que le ministre des affaires étrangères recommandait
1° faire, avec le moins d'éclat possible, les
1. Le 1" avril, le général Ritter rentre à Bône (il avait été invité par le général
commandant la division à se rendre le plus tôt possible, de sa personne, sur le
théâtre des opérations). N'ayant pas reçu, à Souk-Ahras, les télégrammes du géné-
ral de division relatifs aux mouvements des 1er et 2 avril, il avait ordonné à tout
l'escadron du 4e régiment de hussards de se mettre en route, le 1er avril, de Bône
sur le Tarf.
2. Le bataillon de zouaves ne débarqua qu'à 11 heures du soir, le 1er avril, à
Mondovi et dut y passer la nuit.
La section d'artillerie n'embarqua à Constantine, le 1", qu'à 4 heures du soir
le petit détachement des services administratifs, que le 2 avril, à 10 heures du
;
matin.
:
3. Deux bataillons du 3" zouaves le bataillon Bounin, déjà sur les lieux, et le
bataillon amené de Constantine, le 1er avril, par le colonel Cajard.
4. Stationné à Guelma (il envoie deux compagnies à Souk-Ahras pour en ren-
forcer la garnison).
5. Bataillon de Bône, en partie sur les lieux.
6. L'escadron du 4" régiment de hussards, parti le 1er avril de Bône.
7. La section partie de Constantine le 1er avril.
mouvements de troupes en Algérie; 2° prévenir immédiate-
ment l'agent du bey si on était amené à franchir la frontière,
le général en chef prescrit, le 2 avril, que si on est contraint,
à la suite d'une attaque, de franchir la frontière, on devra
lui rendre compte sans retard des circonstances qui auraient
rendu ce mouvement inévitable; mais il ajoute qu'il vaut
mieux pourtant l'éviter.
Le gouverneur ordonne la rupture de la conférence de Drà-
el-Keroum 1.
Le 2 avril, le général Ritter est enfin au Tarf.
Le 2 avril au soir, le général commandant le 19e corps se
décide, en. présence de l'attitude des Khoumir qui restent réu-
nis et menaçants, à faire partir pour la frontière le bataillon
de tirailleurs de Sétif et une deuxième section d'artillerie dè
zouaves ;
montagne; ce sera une réserve pour les deux bataillons de
elle pourra rester au Tarf.
Ces deux éléments doivent s'embarquer au Kroubs, en deux
trains, dans la matinée du 4 avril, et descendre à la station de
Mondovi dans la soirée du même jour.
Dans la nuit du 2 au 3 avril, le chef d'escadrons de spahis,
commandant du Tarf, fait parvenir au général Ritter, couché
:
à Aïn-Assel, un télégramme qui lui est arrivé à minuit et qui
est adressé au général « Dites-moi quelle force en infanterie,
cavaliers et artillerie vous paraîtrait nécessaire pour pénétrer
chez les Khoumir et les châtier vigoureusement en douze ou
quinze jours environ? Calculez qu'il faudrait être assez fort
pour éviter toute éventualité fâcheuse. »
Le général de division demande une réponse sommaire télé-
graphique et, de plus, un rapport donnant des renseigne-
ments sur les points d'accès dans le pays des Khoumir, leurs
;
une division de 50 hussards et une compagnie du 59e, qui ont
couché le 2 à l'oued-Guergour, le rallient le colonel Cajard,
avec un bataillon du 3e zouaves, une section d'artillerie de
montagne et un petit détachement de services, coucheront le 3
au soir à l'oued-Guergour, pour le rejoindre le lendemain.
Il sait qu'un bataillon du 3e tirailleurs algériens (colonel
Gerder) et une deuxième section d'artillerie de montagne dé-
barqueront le 4 avril au soir3 à la station deMondovipour être,
le 5 au soir, au plus tôt, à l'oued-Guergour'; il a été prévenu
que les goums des communes mixtes de la Séfia et de Guelma
vont être réunis et mis à sa disposition5; il peut requérir
cavaliers, fantassins et animaux sur les territoires civils de
Zérizer et de l'oued-Cham. Deux escadrons de chasseurs
:
Il est à remarquer que, dès le 4 avril, le service des affaires indigènes de la sub-
division de Bône télégraphia au général Ritter à Oum-Theboul « En prévision
d'Afrique et une troisième section de montagne arriveront
le 6 avril à Guelma, par voie de terre.
L'expédition
de Khoumirie Le 3 avril, le conseil des ministres décide l'expédition'.
est décidée
(3avril).
Dans la soirée du avril, le général Ritter est avisé que le
3
Le général
commandant général commandant le 19e
le 19*corps corps envoie 6 bataillons de zoua-
envoie
des troupes ves ou tirailleurs, 2 batteries de montagne, 200 mulets de bât
destinées qui débarqueront à Bône2, du 6 au 9 avril, pour se diriger
à couvrir
la concentration
du corps ensuite sur la frontière. Le général en chef prescrit de rester
expéditionnaire.
provisoirement sur la défensive.
Il ne s'agit pas d'un coup de main, mais d'une leçon sévère
à infliger aux Khoumir.
Le général Ritter est invité à envoyer le plus rapidement
possible des renseignements sur ces tribus, la topographie de
leur pays et à fournir un itinéraire pour le faire parcourir en
entier en douze ou quinze jours par nos colonnes; il est prié
de faire, par télégramme, des propositions pour la répartition
des troupes déjà arrivées ou en route.
La subdivision de Bône aura à faire parvenir des renseigne-
ments sur la nouvelle et la vieille route de Bône, les gîtes
d'étapes, les points d'eau, etc.
Le général Ritter fait ses propositions au sujet de la réparti-
tion des troupes. Le général commandant la division estime
;
qu'illes étend trop ill'invite à les concentrer davantage et à
placer ainsi les éléments qu'il a à sa disposition :
La Calle Une compagnie du 59e.
Oum-Theboul. Deux compagnies du 59e.
Deux bataillons du 3e zouaves.
El-Aïoun Deux compagnies de tirailleurs.
(le général Ritter).
Deux sections d'artillerie de montagne.
Remel-Souk Une compagnie de tirailleurs.
Tarf Une compagnie de tirailleurs.
d'emploi des goums de Séfia et de Guelma, je crois devoir vous faire remarquer
que je n'ai jusqu'à présent aucun renseignement sur leur esprit. Peut-être serait-il
bon de le connaître avant de les employer. »
1. Voir annexe V.
2. Venant, par mer, d'Alger et Oran.
Cette situation ne durera que jusqu'à l'arrivée des bataillons
d'Alger et d'Oran.
Le 4 avril, dans la soirée, le général Ritter reçoit l'ordre de Ordre
du
de répartition
répartir, de la façon suivante, toutes les troupes à l'arrivée destroupes
des fractions venant d'Alger et d'Oran : de couverture.
Oum-Theboul. ne I du 59c,
v9c
et demiefI
1. Les troupes d'Alger et d'Oran vinrent par mei, la province d'Alger n'étant
pas encore reliée alors à celle de Constantine par une voie ferrée.
Ritter; le capitaine Herchet vient prendre le commandement
du train de la colonne; comme le train des équipages ne peut
fournir qu'un très petit nombre de mulets de bât et qu'il en
faut au moins deux mille pour la colonne, le général Ritter
exercera des réquisitions tant en territoire civil (les adminis-
trateursetadministrés sont prévenus) qu'en territoire militaire.
Dix mille francs sont envoyés pour payer les mulets de
réquisition; quinze cents francs pour les fonds secrets.
Cinq cent mille cartouches pour fusil modèle 1874 sont
expédiées à la Calle pour y former un parc que commandera
le capitaine Maréchal.
:»,
A une demande de cartes faites par le général Ritter, l'état-
major de la division de Constantine répond « Je n'ai malheu-
reusement pas de cartes de la Tunisie et il envoie cinq
exemplaires de la carte au 1/400.000e
;
El-Aïoun devient le point de concentration de la brigade
Vincendon (troupes de France) Remel-Souk devient le point
de concentration de la brigade Galland (troupes de France).
Ces trois brigades formeront la colonne Delebecque, quartier
général à Remel-Souk.
Les troupes d'Algérie destinées à entrer dans la composition
de la colonne Logerot appuient au contraire sur leur droite,
cette colonne devant opérer plus au sud, quartier général à
Souk-Ahras.
Omposilion Le corps expéditionnaire ainsi créé est mis sous les ordres
du corps
expéditionnaire. du général Forgemol de Bostquénard2.
La colonne Delebecque3, qui doit opérer dans le nord, en.
pays de montagnes, comprend trois brigades d'infanterie à
sept bataillons chacune, des canons de montagne exclusive-
ment et peu de cavalerie (deux escadrons seulement).
Les bataillons de la brigade Ritter'sont tous d'Algérie (dont
le bataillon du 59e d'infanterie); la brigade Vincendon' com-
:
2. Général Forgemol de Bostquénard, commandant la division de Constantine
(chef d'état-maior colonel du génie hors cadres de Polignac).
:
3. Général Delebecque, commandant la 13e division d'infanterie (Chaumont)
(chef d'état-major commandant Crétin).
4. Général Ritter, commandanMa subdivision deBône..
5. Général Vincendon, commandant la 58e brigade d'infanterie (loe corps), Mar-
seille.
prend surtout des troupes du 15e corps d'armée; celle du
général Galland1, surtout des troupes du 18e corps d'armée.
La colonne Logerot2, qui doit opérer plus au sud, dans un
terrain plus facile, comprend une brigade d'infanterie à sept
bataillons (cinq bataillons d'Algérie et deux bataillons de
France), sous les ordres directs du général Logerot; une bri-
gade de cavalerie forte de neuf escadrons (d'Algérie et de
France), sous les ordres du général Gaaime3; des canons de
campagne et de montagne4.
Il faut ajouter à ces deux colonnes une brigade dite de ré-
serve, forte de cinq bataillons d'infanterie venus du 16e corps,
sous les ordres du général de Brem5, et un groupe de trois
escadrons.
Le 20 avril, le général Forgemol adresse, de Bône, ses in-
structions générales pour le corps expéditionnaire sur la fron-
tière tunisienne6.
Le même jour, il communique à ses généraux « le projet
d'instructions pour les commandants de l'expédition fran-
çaise » qui vient de lui être envoyé par le ministre de la
guerre.
Ce document peut se résumer ainsi :
« L'expédition entreprise ne peut être considérée, ni comme
une guerre internationale (l'état de paix subsiste entre les
gouvernements français et tunisien), ni comme une guerre
civile (puisque nous allions combattre une rébellion armée,
en substituant en quelque sorte notre autorité à celle du sou-
verain territorial) 7.
;
—
Dans la colonne de droite, les brigades de Brem et Gaume
campent à Sidi-el-Hamissi, sur la Medjerdah la brigade Lo-
gerot à Sidi-Youcef.
Le bey, après sa vaine protestation du 7 avril, et bien
:
1. C'est assez vague
soldatfrançais.
c'est le système du « Débrouillez-vous! » bien connu du
Première expédition.
Plan de campagne.
le
Le général Logerot franchit la frontière le 24 avril, entre au Kef 26 (M. Roy). —
Le même jour (26), la colonne Delebecque entre en Khoumirie (elle s'arrête), et
1.200 hommes (colonel Delpech), prennent pied sur la côte tunisienne à Tabarka.
Le 28 avril, le général Logerot arrive à Souk-el-Arba; la brigade de réserve a
prononcé son mouvement dans la vallée de la Medjerdah.
Engagement du colonel Hervé, le 30 avril, à Ben-Béchir. — 1er mai, occupation de
-3
Bizerte. mai, débarquement de la colonne Bréart (attitude du bey Mohammed
es Saddok; du bey du camp Ali Bey). — Le 8 mai, la colonne Bréart se met en
route sur Tunis; elle arrive le 12 mai à la Manouba. — Traité de Iîassar-Said.
1. M. Roy était, en 1881, chef dela station télégraphique du Kef et agent consu-
avait ouvert les portes de la place réputée, dans la Régence,
comme imprenable'.
Occupation
Dans le nord, les opérations des troupes chargées de l'exé- de
Tabarka
cution de la deuxième partie du plan avaient été contrariées (25-26avril).
Joubaud) ;
Une section de la 1" batterie du 9°, armée de canons de 90mm (lieutenant
6. Colonne de droitç :
5. Voir annexes n08 XVII, XVIII et XIX.
colonel Cajard; deux bataillons du 3e régiment de
Colonne de gauche :
zouaves (commandants Bounin et Baudoin).
colonel Gerder (3e bataillon du 1er tirailleurs, comman-
dant Gay de Taradel, et 1er bataillon du 3e tirailleurs, capitaine Meaux).
Les hommes de ces deux colonnes laissent leur sac au camp que gardent un
bataillon du 2e zouaves et un bataillon du 1er tirailleurs. (Le général Delebecque
avait donné cependant l'ordre d'emporter dans le sac trois jours de vivres. Voir
annexes n08 XVI et XVII.)
noncéele 25 sur Tabarka avait dégarni complètement cette
région; les indigènes qui l'occupaient s'étaient portés à Ta-
barka'. L'artillerie tira cependant six obus sur un ennemi
invisible2. La brigade battit, sans y rencontrer un seul
Khoumir, les pentes du djebel-Addeda et la vallée de l'oued-
Djenan, se vit obligée de s'arrêter' (les chemins étaient deve-
nus impraticables et le général Ritter' avait été frappé d'une
attaque d'apoplexie) et rétrograda, le 27, sur Oum-Theboul.
Le même jour, 26, la brigade Vincendon, soutenue par la
brigade Galland, s'était dirigée sur Babouch, par le Fedj-Kahla.
Les Khoumir occupaient ce passage; ils le défendirent vi-
goureusement pendant plusieurs heures et ne se retirèrent
qu'après des pertes sérieuses. Les batteries de la brigade Vin-
cendon tirèrent 73 obus; l'artillerie de la brigade Galland tira
58 obus5.
1. Les Khoumir, qui avaient appris par leurs émissaires venus rôder autour
des camps que la colonne Delebecque allait entrer en Tunisie, avaient aussitôt
réparti leurs contingents le long de la frontière et avaient occupé les principaux
passages.
L'attaque prononcée sur Tabarka, en attirant les Oulad-bou-Said, les Houamdia
;
et les Oulad-Amor (voir annexe n° XV), avait eu pour résultat de dégarnir les
régions que devait parcourir le général Ritter mais les autres fractions étaient
restées à leurs postes, observant les troupes françaises.
Elles avaient eu l'intention d'occuper le passage deBab-Abrik, mais le 26 avril,
au matin, les trois brigades s'étant mises en marche, il n'avait plus été possible
de mettre ce projet à exécution.
2. Extrait du Résumé historique des marches et opérations de l'artillerie
pendant la campagne.de Tunisie.
3. A 8 h. 30 du matin, les troupes sont installées sur les sommets.
A 9 heures, ordre est adressé au camp de faire parvenir les sacs. Le convoi
qui les porte arrive à 3 heures du soir.
La colonne d'attaque passe la nuit du 26-27 au col de Bab-Abrik. Le 27, au
matin, elle redescend sur le camp de Demenet-Rebah; à 2 heures, la brigade
entière se porte à El-Aîoun, où elle arrive vers 6 heures du soir.
4. On dut l'évacuer sur La Calle (descendu en brancard du Kef Bab-Abrik
jusqu'à Oum-Theboul.) Le colonel Gerder, du 3e tirailleurs, prit à la date du
27 avril le commandement de la brigade.
5. Cette journée de début (26 avril) est celle où l'artillerie fut le plus engagée;
quatre batteries de 80 de montagne prirent part à l'action. La batterie de 4 rayé
de montagne (2e du 1er), seule, ne fut pas employée.
Brigade Ritter
8.••j -
91 obus ordinaires et 16 obus à balles furent tirés
Brigade Vincendon.
Brigade Galland. lre —
5",59
6",
14
:
2e batterie du 16", 6 obus ordinaires;
ge --
7e, 42 obus ordin. et 16 obus à balles.
Le général Vincendon occupa, dès le milieu de l'après-
midi, le Kef-Cheraga; le général Galland, le plateau de Had-
jar-Mkoura1.
Le mouvement rétrograde de la brigade Ritter arrêta la Lacolonne
Delebecque
marche en avant des brigades Vincendon et Galland. s'arrête
(27avril).
Cette marche en retraite de la brigade Ritter et l'arrêt des
brigades Vincendon et Galland firent cesser les inquiétudes
qu'avait causées aux Khoumir notre ingression du 26. Il
leur parut évident que nous n'oserions pas nous aventurer
plus loin; ils reprirent courage et décidèrent de se retrancher
dans le cœur du pays où, jusqu'à ce jour, n'avaient pu péné-
trer les soldats beylicaux.
Le 27 avril, le général Logerot, qui a laissé une garnison Marche
(83e régiment d'infanterie, colonel de Coulanges) au Kef, passe de la colonne
Logerot.
à Nebeur, puis, se rapprochant de l'oued-Mellègue, vient
camper à Bahirt-el-Morr.
Le 28, il arrive à Souk-el-Arba et établit son camp entre le
chemin de fer et la Medjerdah.
Pendant ces deux journées, la brigade de Brem, partie de La brigade de
Sidi-el-Hamissi, était venue occuper les gares de Ghardimaou réserve descend
lavallée
de la Medjerdah.
et de l'oued-Méliz, pour assurer les ravitaillements de la co-
lonne Logerot par l'Algérie.
Ali Bey2 se trouvait alors à Ben-Béchir avec ses contingents. Entrevue
Le 29 avril il vint trouver le général Logerotdans son camp, du général
Logerot
et d'Ali Bey.
à Souk-el-Arba. Il déclara que le gouvernement tunisien ne
;
Il y aune erreur dans ces chiffres donnés par le Résuméhistorique de l'artillerie.
Le tir fut fort difficile à apprécier les sections agissaient isolément et souvent
chaque pièce de la même section tirait sur un but différent.
La distance moyenne du tir a été de 1.500 mètres. (Extrait du Résumé histori-
rique des marches et opérations de l'artillerie, document déjà cité.)
1. Dans la journée du 26 avril, le 29e bataillon de chasseurs à pied reçut l'or-
dre de protéger la retraite des deux bataillons du 22, régiment d'infanterie engagés
avec les Khoumir et la marche des convois des brigades Vincendon et Galland
jusqu'à leur arrivée aux camps de ces brigades établis sur les crêtes du djcbel-
Oum-Skek.
Le bataillon prit position, repoussa victorieusement les attaques des Khoumir
et rentra au camp, sa mission accomplie.
2. Voir annexe n° XXI (Agissements d'Ali Bey et engagement de Ben-Béchir).
comptait mettre aucun obstacle à nos opérations et que, de
son côté, il faisait tous ses elîorts pour calmer l'agitation qui
régnait dans le pays.
Ali Bey mentait; il excitait les Khoumir contre les colon-
nes Vincendon et Galland, les Chiahia contre la colonne de
Brem.
Le général Logerot invita Ali Bey à s'éloigner dans le plus
bref délai de Béja et à porter son camp du côté de Tunis, vers
Téboursouk et Medjez-el-Bab.
Le lendemain, 30, Ali Bey se retira, dès le matin, dans la
direction de Tunis; mais chemin faisant il licencia, en leur
laissant leurs armes, les contingents originaires de la région,
qui s'empressèrent de rejoindre les Khoumir dans les mon-
tagnes.
Engagement Le général Logerot, avant de se remettre en marche, avait
ducolonel Hervé
àBen-Béchir
le
envoyé une reconnaissance, le 30, vers Ben-Béchir.
30avril. Legoumqui précédait cette reconnaissance, commandée par
le colonel Hervé (du 1er zouaves), fut accueilli par une vive
fusillade (Chiahia). Aussitôt, de nombreux groupes armés
descendirent les pentes environnantes (8 heures du matin).
Le colonel Hervé prit ses dispositions de combat et de-
manda, à Souk-el-Arba, des renforts qui arrivèrent vers midi.
A 6 heures du soir, l'ennemi était en déroute, ayant fait des
pertes sérieuses1.
batterie du 38e tira, dans cette affaire, 33 obus ordinaires (le deuxième
1. La 8e
obus tomba à trente mètres en avant des tirailleurs du 1" zouaves. — Voir an-
nexe n° XX).
de cette colonne, sur le Bardo et d'imposer de force à Moham-
med es Saddok un traité qui mit fin à la comédie que le gou-
vernement beylical jouait depuis si longtemps1.
Nous savons2qu'à la dépêche du 6 avril de notre ministre Attitude du bey
Mohammed es
des affaires étrangères, faisant connaître notre résolution de Saddok;
du bey du camp,
châtier les Khoumir avec l'aide des troupes tunisiennes, le AliBey.
bey avait répondu qu'il s'opposait formellement à l'entrée de
nos soldats dans son royaume; puis qu'ayant appris la con-
centration de notre corps expéditionnaire, il s'était décidé à
empêcher à tout prix son entrée dans la Régence et qu'il avait
convoqué ses troupes régulières.
Nous avons vu l'effet produit sur les tribus de la frontière et
de la vallée de la Medjerdah par l'arrivée de ces troupes dont
les chefs prêchaient la résistance.
Mais quand Mohammed es Saddok vit que ses protestations
restaient sans effet et que nos troupes franchissaient la fron-
tière, il se ravisa, chercha où était son intérêt et recommanda
à ses sujets la résignation et la soumission aux événements
présents3.
Il donna l'ordre aux chefs indigènes de licencier leurs trou-
pes; il recommanda de ne pas défendre le Kef, Tabarka et de
ne pas contrarier les opérations des troupes françaises.
Mais ces recommandations étaient balancées par la propa-
gande hostile d'Ali Bey, qui déclarait hautement tenir des in-
structions particulières de son frère.
Traité
;
es Saddok demanda le temps de réfléchir et de consulter ses
ministres le général français lui accorda trois heures3.
A 8 heuresdu soir, letraité, dit du Bardo, établissant notre
de Kassar-Saïd.
protectorat, était signé.
Le bey, en prenant congé, demanda que nos troupes ne fissent
pas leur entrée dans Tunis4. Le gouvernement français, inter-
rogé par télégramme, envoya l'ordre de ne pas occuper Tunis.
doute, dans d'excellentes conditions, ce à quoi nous nous efforçons d'arriver avec
le concours de l'empire ottoman et de toutes les autres puissances voisines.
» Restez donc dans vos commandements afin d'empêcher vos administrés d'at-
tenter en quoi que ce soit à la paix et à la sécurité générale.
» Empêchez-les d'écouter les paroles des gens malintentionnés et menacez de
peines sévères ceux qui contreviendraient à mes ordres. »
C'est la dernière fois que Mohammed es Saddok devait faire allusion, dans ses
actes officiels, à une intervention étrangère et à l'appui de l'empire ottoman.
1. « Nous exprimons tout notre regret, disait le bey, de nous voir traiter ainsi
par un gouvernement ami pour lequel nous avons eu toujours les plus grands
égards et avec lequel nous nous sommes toujours efforcé de conserver de bons
rapports. »
2. Il comprit la faute qu'il avait commise en ne suivant pas la politique de ses
prédécesseurs; sous lecoup d'une irritation profonde, il reprocha amèrement aux
agents italiens de l'avoir poussé à la résistance lorsque leur gouvernement n'était
pas en état de le soutenir.
Le 10 mai, il avait réuni son entourage pour le consulter et déclaré qu'il pré-
férerait plutôt mourir que de soumettre son royaume à un protectorat.
3. Voir annexe n° XXIII.
4. Voir annexe n° XXIV.
CHAPITRE III
un numéro :
A la date du 29 avril, les brigades de la colonne Delebecque prennent chacune
La brigade Ritter, le n° 1.
-- Galland, lele
Vincendon, n° 2.
n° 3.
2. Djebabra n'est pas sur la carte au 1/50.000.
Cepoint doit setrouver certainement un peu au nord d'El-Hammam, à3kilomètres
au sud d'Ain-Smain, laquelle est située à 4 kilomètres au sud-sud-ouest d'El-Aioun.
3. Pour l'exécution de ce mouvement, dans la colonne Delebecque, la brigade
Gerder (qui laisse deux compagnies du 59" à Oum-Theboul) se dirige tout
entière, le 3 mai, avec son convoi sur El-Hammam. Son convoi administratif, auquel
viennent se joindre les convois administratifs des brigades Vincendon et Galland,
la suit, le même jour (par un chemin plus praticable probablement).
Il est vraisemblable que les brigades Vincendon et Galland ont marché directe-
ment sur El-Hammam.
et s'alignent à trois jours de vivres de sac et cinq jours de
vivres de convoi.
Le 4 mai, le camp est porté à Sidi-Youcef La colonne
Le 5 mai, - à El-Mana'.
Le 6 mai, le général Forgemol va, sous la protection de deux
Delebecque
marche
vers l'est.
1. La tribu des Houamdia avait envoyé les cheiks des trois fractions EI-Koua-
mia, Oulad-Saad et Alaoua au colonel Delpech, à Bordj-Djedid (Tabarka) pour
faire leur soumission. La quatrième fraction, celle des EI-Bedjaibia, qui se trou-
vait au milieu des Mekna, restait seule rebelle.
Les Oulad-Cedra et les Oulad-ben-Said avaient également fait leur soumission.
2. Dans cette journée, les batteries de montagne Moll et Parriaud tirèrent, du
camp d'El-Fedj, sur les groupes d'Arabes aperçus dans la vallée de l'oued-Illil, de
1.500 à 3.400 mètres. Le lieutenant-colonel, commandant l'artillerie de la colonne,
fit remarquer, à propos de cette affaire, combien il est indispensable de faire cam-
per l'artillerie sur des emplacements d'où elle peut voir les terrains environnants.
(Extrait du Résumé historiquedes marches et opérationsdel'artillerie.)
3. Pluies torrentielles.
4. Le convoi de la brigade Cailliot, parti d'El-Abidi le 12 mai à 10 h. 30 du
matin, sous la protection d'une compagnie de tirailleurs, conduit par un guide
envoyé par la division, s'égara, descendit beaucoup trop au sud et passa à Sidi-
Youcef à 2 h. 30; il ne fit sa jonction qu'à 3 heures du soir avec les convois des
brigades Vincendon et Galland, partis de Sidi-Abdallah, qui se trouvaient en
arrière et sur sa droite. (Extrait du rapport du capitaine commandant la compa-
gnie d'escorte.)
Le convoi devait se rendre au pont construit sur l'oued-Melah pour les colonnes
Vincendon et Galland; en réalité, il fut conduit par le guide au gué de l'oued-
Melah, par où était passée la brigade G-erder, le 3 mai, en allant de Djebabra à
Sidi-Youcef.
A 2 h. 30 du soir, le capitaine, alors décidé à continuer et à conduire son convoi
jusqu'à Remel-Souk, fut prévenu par son arrière-garde qu'un parti de cavaliers,
que la distance et le brouillard empêchaient de distinguer clairement, suivait son
convoi. Il envoya reconnaître ce groupe; c'était la division de hussards qui mar-
chait avec les convois des brigades Galland et Vincendon.
Après avoir réuni son convoi à ceux des deux autres brigades, il fit demi-tour
et rentra avec sa compagnie au camp de Dar-el-Abidi à 6 heures du soir.
(En réalité, il fallait cinq quarts d'heure pour aller d'El-Abidi au pont et sept
quarts d'heure pour en revenir.)
vivres; la brigade Cailliot fait des reconnaissances dans la
direction de Ben-Métir et prépare le passage du col d'El-
Méridj1.
Lescolonnes Le 14 mai, la brigade Cailliot' marche sur Ben-Métir.
Delebecque.
etLogerotsont Le même jour, la colonne Logerot3 se porte vers le nord, en
en relations
(14 mai). remontant la vallée de l'oued-el-Lil, pour protéger le débouché
de la brigade Cailliot.
Les Khoumir, en fuyant devant les troupes de la brigade
Cailliot, viennent passer sous le feu des tirailleurs de la
colonne Logerot; ils n'engagent le combat que pour couvrir
leur retraite et protéger leurs troupeaux; ce but atteint, ils
abandonnent la lutte, en proie à un profond découragement.
Le soir, les brigades Cailliot et Logerot campent à Ben-
Métir. Les colonnes Delebecque et Logerot sont en relations;
on peut, à cette date du 14 mai, considérer l'insurrection de
Khoumirie comme terminée.
Ordres Il ne s'agissait plus que d'atteindre les fuyards dans leur
de manœuvre
donnés dernier refuge pour les empêcher de gagner d'autres régions.
aux généraux
Delebecque,
Logerot
Le général en chef décida que les brigades de la division
etMaurand. Delebecque manœuvreraient de façon à acculer à la mer les
tribus du nord-est, tandis que le général Logerot et le général
Maurand, après avoir occupé l'un Béja et l'autre Mateur,
s'avanceraient dans le pays des Mogod, pour s'opposer au pas-
sage des groupes rebelles.
La division Delebecque est campée, le 15 mai, à Ben-Métir
et à l'ouest de ce point4; elle aura donc à marcher vers le nord.
La colonne Logerot retourne le 15 à Fernana; (Je général
:
Les brigades Cailliot et Vincendon marchent parallèlement,
à 2 ou 3 kilomètres l'une de l'autre la première (avec laquelle
marche le général Delebecque), à droite, suit la vallée; la
deuxième suit les crêtes. La brigade Galland séjourne à Aïn-
Draham pour assurer les communications avec Remel-Souk.
Affaire
à
d'avanl-postes
Le 19 mai, la
brigade Cailliot s'installe à El-Guemaïr (oued-
EMinemaïr Zeen)
(19 mai).
A 1 heure de l'après-midi, aussitôt après l'arrivée au
;
sur des ennemis toujours invisibles, 17 coups par la 2e batterie du 16e (801, de mon-
tagne, de la brigade Cailliot) à des distances variant de 2.000 à 3.800 mètres aucun
point de chute ne put être observé. (Extrait du Résumé historique de l'artillerie.)
bivouac, le sous-lieutenant Lamy, du 1er tirailleurs, dont la
section est en petit poste, est, en faisant avec quatre hommes
une patrouille en avant de ses sentinelles, attaqué par des
indigènes. Le petit poste, la grand'garde s'engagent successi-
vement. Il faut deux compagnies de la réserve pour dégager
cette compagnie qui eut trois hommes tués dans cet engage-
ment1.
Du 19 au 24 mai, le général Delebecque reste à El-Guemaïr.
Ses troupes occupent un front de 17 kilomètres de longueur
orienté nord-ouest, sud-est, d'Ouldj-Souk à Fedj-Aïeck2.
(La brigade Galland s'est portée en ligne, ne laissant qu'un
détachement à Aïn-Draham. La colonne de munitions de
Remel-Souk s'est transportée à La Galle.)
Pendant cette période de cinq jours, les brigades envoyèrent
des reconnaissances pour se relier et pour explorer le pays.
Le 25 mai, la colonne Delebecque tout entière s'avance de
10 kilomètres vers le nord et vient occuper le front Fedj-el-
Asker (Vincendon); El-Khadouma (Delebecque et Galland);
Sidi-Khouider4 (Cailliot).
Son but est de repousser les derniers débris des Mekna vers
la mer.
Le 22 mai, la colonne Logerot a quitté Béja se dirigeant vers
le nord-ouest pour garder les défilés et couper toute ligne de
retraite aux fuyards. Le 23, elle est à Souk-el-Tenin; le 25 à
Feighou.
Le même jour, 25, la garnison de Tabarka a opéré vers le
sud-est un mouvement qui rejette sur la brigade Vincendon
des groupes d'Arabes quecanonne son artillerie5.
;
Le 27 au matin, le général Cailliot envoie deux compagnies
au devant du convoi, sur la piste de Tabarka deux compagnies
restent au bivouac de Berzigue pour le garder, avec la batterie
de 4.
Puis l'opération tentée la veille, avec le général Vincendon,
est reprise, sans plus de succès d'ailleurs3.
Dans la journée, Le général Delebecque, qui était resté au
bivouac de Sidi-Khouïder, rallie le bivouac de Berzigue avec
un demi-bataillon de la brigade Cailliot.
Le 29 mai, les trois brigades de la colonne Delebecque sont La colonne
Delebecque est
massées autour de Berzigue, sur un front de 3 kilomètres (gé- concentrée
néral Vincendon, à gauche, à Sidi-Asker; général Delebecque
à Rerzigue
(26mai).
et général Cailliot, à Berzigue; général Galland, en deuxième
ligne.)
Dans la journée, une reconnaissance de deux bataillons,
deux sections d'artillerie et un escadron de hussards descend
la vallée de l'oued-Zeen vers son embouchure.
En exécution d'ordres du général en chef, la brigade Cailliot
doit se tenir prête à entrer, le 2 juin, par l'ouest, sur le terri-
ï(
ment à Aïn-Draham.
Le 18 juin, le général Delebecque quitta le commandement
de la colonne.
Le 1er juillet, toutes les troupes d'Algérie du corps expédi- Le corps
expé-
tionnaire ont repassé la frontière. Le corps expéditionnaire ditionnaire
est dissous
est dissous à cette date1. le1"juillet.
(Les généraux commandant les troupes d'occupation en
Tunisie doivent adresser leur correspondance au général com-
,
mandant la division de Constantine).
Restent en Tunisie 15 bataillons d'infanterie, 7 escadrons de
cavalerie, 6 batteries 1/3 d'artillerie, 4 compagnies du génie,
répartis en 8 points'.
Aïn-Draham,
LeManouba, Î Tabarka, Général
Général G^eneral,
Bizerte,
Maurand.
Maurand.
Fernana, Cailliot.
Cailliot.
Mateur. Ghardimaou,
]
LeKef.
Par décision ministérielle du 1er juillet, le général de divi-
sion Logerot' est appelé au commandement du corps d'occu-
pation de Tunisie, sous l'autorité du général commandant en
chef le 19e corps d'armée4.
;
mis de dire que les opérations de la colonne furent sans résultats. Il n'existait
aucune ville, aucun village pouvant servir d'objectif capital il n'y avait eu au-
cun rassemblement d'indigènes dont la défaite eût frappé la défense d'un coup
décisif; les populations clairsemées s'étaient laissées traverser.
Pour cette expédition rien n'avait été préparé à la frontière; il n'y avait pas de
mulets, pas de matériel d'ambulance. Aucun renseignement sur la Khoumirie, sur
les tribus qui l'habitaient, n'avait été recueilli. On n'avait pas de cartes (ce
n'est que le 26 mai, les opérations terminées, que furent distribués quelques cro-
quis par renseignements).
IIe PARTIE
Situation générale de la Tunisie au 1" juillet 1881. Ali ben Khalifa, caid des Nef-
fet, se met à la tête du mouvement insurrectionnel et vient à Sfax organiser la
résistance.
15 juillet, bombardement de Sfax par la flotte française; 16 juillet, débarquement
et prise de la ville (colonel Jamais).
;
Opérations contre Gabès (lieutenant-colonel Mille) débarquement les 24 et 25
juillet.
Occupation de Djerba (lieutenant-colonel Bernet), 28-31 juillet.
SUD DE LA RÉGENCE
fatalement en Tunisie, où les rancunes personnelles, les riva-
lités de race et les intérêts particuliers passent avant la reli-
gion et la patrie.
Il ne s'était encore produit aucun désordre grave quand les
gouverneurs reçurent du bey des instructions particulières
leur prescrivant de s'abstenir de tout acte d'hostilité contre
l'armée française. Ces nouvelles dispositions de Mohammed es
Saddok jetèrent le trouble dans tousles esprits. D'une part,
le gouvernement tunisien interdisait absolument de lutter;
d'autre part, Ali Bey, qui se disait investi de la confiance de
son frère Mohammed es Saddok, pressait le rassemblement
des contingents armés.
Les populations commencèrent à manifester leur mécon-
tentement; leur indignation s'accrut quand elles apprirent
(un courrier du Bardo à Ali Bey fut intercepté), que le bey
ordonnait à son frère de se replier devant les troupes fran-
çaises.
L'irritation gagna de plus en plus. Quelques tribus sommè-
rent leurs caïds de se prononcer pour l'insurrection; ceux-ci
partirent pour Tunis, soi-disant pour y chercher des instruc-
tions et ne revinrent pas.
Des bandes se mirent à attaquer les caravanes et piller les
douars; les soldats réguliers des garnisons du Sahel désertè-
rent et allèrent se mettre sous les ordres de bandits en renom
opérant dans les environs.
Cependant, ceux qui possédaient quelque chose ou qui
; :
n'avaient rien à gagner à la lutte, provoquèrent une réaction;
deux partis se dessinèrent nettement dans le pays l'un, de la
paix, l'autre, de la résistance ce dernier beaucoup plus nom-
breux que le premier, renfermant tous les mécontents et
comptant dans ses rangs de hauts personnages, particulière-
ment Ali Bey (entouré d'Italiens), qui continuait à semer le
désordre.
Sur ces entrefaites, la connaissance du traité de Kassar-
Saïd vint jeter un nouveau trouble dans les esprits. Les chefs
du parti de la résistance surent habilement profiter de ce mo-
ment d'indécision et d'étonnement; en même temps, ils repré-
sentèrent ce traité comme une capitulation de la France devant
les exigences des puissances européennes (on parlait égale-
ment de l'arrivée des armées du sultan), et ils soulevaient
l'opinion publique contre le bey, le disant rallié à la cause
française et traître à son pays.
Le désordre augmenta1.
Les tribus les plus puissantes (Fraichich, Zlass, Hammema)
forcèrent les tribus moins importantes.ou enclavées au milieu
d'elles à prendre les armes; mais celles-ci, redoutant les
bandes armées de leurs puissants voisins qui rôdaient autour
de leur territoire, hésitaient à se mouvoir; elles préféraient
défendre leurs biens contre leurs voisins que de s'opposer à
l'invasion française.
D'ailleurs, toutes ces tribus paraissaient peu disposées à
antipathies subsistaient2. -.
obéir à un chef unique; les anciennes inimitiés, les vieilles
Les premiers efforts d'Ali ben Khalifa échouèrent donc; il Ali ben Khalila
vientàSfax
ne se rebuta pas et partit à Sfax avec les cavaliers Neffet, pour organiser
la résistance:
y organiser la résistance. Il fut reçu avec enthousiasme par la
population, imposa son autorité à la ville et saisit la direction
générale des affaires3.
Le 20 juin, toutes les populations nomades de la Régence,
en dehors du rayon d'action de nos troupes, sont en insurrec-
:
confiance pour arrêter les meneurs. Ils revinrent sans avoir accompli leur mis-
sion les uns n'avaient pas pu, les autres n'avaient pas voulu, un certain nombre
avait encouragé les populations à la désobéissance et à la révolte.
2. Le mouvement insurrectionnel était dirigé: chez les Zlass, par El Hadj Hassein
ben Messai, caid des Oulad-Iddir; chez les Fraichich, par El Hadj Harrat, caïd des
Oulad-Nadji; chez les Hammema, par Ahmed ben Youcef, caïd des Oulad-Redhouan.
Quant aux tribus voisines du Kef (la ville est presque bloquée), elles sont tout
aussi agitées; mais elles n'ont encore à leur tête personne capable de grouper
leurs éléments épars.
3. Les Zlass, eux, se dirigèrent sur Kairouan, bien décidés à mettre au pillage
cette ville tranquille et riche. Le gouverneur Mahmed el Mrabot, confiant dans
son autorité, les laissa pénétrer; immédiatement, ils se proclamèrent les maîtres
de la ville.
occasion :
tion. Le parti de l'insurrection n'attend, pour agir, qu'une
le rapatriement de nos troupes la lui fournit.
:
1. Voir annexe n° XXXV.
2. Escadre vice-amiral Garnault, contre-amiral Conrad :
Colbert, Revanche, Friedland, lre division. Escadre de la Méditerranée.
Trident, Surveillante, Marengo, 20 —
Chacal, Hyène, LéopaTd, canonnières;
Alma, Galissonnière, Reine-Blanche, division de l'escadre du Levant
La Sarthe, l'Intrépide, transports.
;
3. Voir annexes n" XXXVI et XXXVII.
;
Quatre des cinq bataillons du colonel Jamais' débarquèrent
ensuite successivement et par petits paquets une partie péné-
tra dans la ville arabe, une partie combattit à l'extérieur les
indigènes sortant des jardins.
A 10 heures, le drapeau français était hissé sur la kasbah;
A 11 heures les troupes atteignaient la porte des champs.
La ville est parcourue en tous sens. A midi seulement
débarque le cinquième bataillon.
Le 18 juillet débarque un sixième bataillon2.
Le 25 juillet, le colonel Jamais s'embarque pour Gabès3.
Sfax et de Gabès pour pouvoir en faire connaître les résultats avant la fin de
juillet, et empêcher l'opposition d'aborder les élections générales sur la mauvaise
impression des derniers événements.
Pour l'exécution de ces opérations, le gouvernement ne peut envoyer que 8.364
hommes de renfort aux 15.000 hommes laissés en Tunisie.
Dans les dernières séances de juillet, malgré la prise de Sfax et le débarque-
ment à Gabès, le ministère n'a plus pour lui que 214 voix (201 lui sont défavora-
bles; sa majorité de 13 voix provient du vote des ministres).
Le 29 juillet les Chambres se séparent; la période électorale est ouverte.
Cette période s'écoulera sans qu'un seul bataillon puisse être embarqué pour Tu-
nisie. Les envois do troupes de renfort, commencés le 9 juillet, cesseront du 1er au
30 août.
1. Un bataillon du 71e régiment, nouveau.
Un bataillon du 92" régiment, a fait partie de la colonne Bréart, vient de la
Manouba.
Un bataillon du 93" régiment, nouveau.
Un bataillon du 136e régiment, nouveau.
Un bataillon du 137° régiment, nouveau.
Le bataillon du 92" qui a fait partie de la première expédition est seul à 500
hommes.
Les bataillons nouvellement venus de France n'ont même pas cet effectif ils
seront complétés à 500 par l'envoi ultérieur de renforts.
:
2. Un bataillon du 77" régiment, nouveau.
3. Nous savons que le gouvernement était décidé à brusquer les opérations.
Dès le 17 juillet, immédiatement après la nouvelle de la prise de Sfax, le mi-
nistre de la guerre télégraphiait au général Saussier, à Oran, et au général Loge-
rot, à la Manouba : « Le gouvernement a décidé que l'on occuperait Gabès et
Djerba. Prescrivez au colonel Jamais de laisser à Sfax garnison suffisante, deux
ou trois bataillons au plus et une demi-batterie, sous les ordres du lieutenant-co-
lonel, et de se mettre avec le reste de ses troupes à la disposition d'Amiral com-
mandant les forces navales qui prendra les mesures pour occuper de vive force
Gabès et Djerba. Dès qu'il sera établi sur ces deux points, la marine lui continuera
appui tant que besoin pour la sécurité de l'occupation, etc. »
Le 18 juillet, le ministre de la guerre télégraphie au général Saussier, Oran,
Deux bataillons sont embarqués, de Sfax, le 27 juillet, à
destination de Gabès et Djerba.
Le lieutenant-colonel Dubuche reste à Sfax avec quatre ba-
taillons (dont trois sont réunis en un régiment de marche,
n° 1, sous ses ordres directs); un de ces quatre bataillons s'em-
barque le 11 août pour la Goulette, un deuxième le 4 septem-
bre'.
Insurrection
de
L'Aarad' avait été relativement tranquille jusqu'au traité de
l'Aarad. Kassar Saïd. Mais à ce moment, où Ali ben Khalifa (qui pos-
sédait d'importantes propriétés à Chenini et qui y jouissait par
suite d'une grande influence) faisait sa propagande la plus
active, la confiscation de cinquante fusils par notre agent
consulaire, M. Sicard, provoqua le soulèvement de tous les
villages de l'Aarad, à l'exception du seul village de Djara.
Le 25 juin, la nouvelle de l'insurrection de Sfax se répandit
ii Gabès et augmenta encore l'effervescence. (M. Sicard, dont
la vie était menacée, dut s'embarquer le 30 juin.) Les gens de
Menzel et de Chenini se montraient les plus ardents (ils avaient
qu'il est à même d'envoyer au général Logerot, à très bref délai, des renforts en
infanterie et en artillerie.
Le 19 juillet, le général Logerot demande trois bataillons d'infanterie organisés
en régiment de marche, sous les ordres du lieutenant-colonel d'un des régiments
appelés à les fournir, l'organisation actuelle par bataillon ollrant de sérieux incon-
vénients.
Le 22 juillet, le ministre de la guerre télégraphie au général Saussier, à Saida :
« Les troupes de Sfax ne pouvant pas immédiatement être
pédition de Gabès et de Djerba, j'envoie au général Logerot le télégramme suivant
commandant l'escadre, à la disposition
:
disponibles pour l'ex-
El Hadj Hassein ben Messai, avec les Zlass, occupe Kairouan. — Les Hammema,
conduits par Ahmed ben Youcef, viennent du sud, occupent la plaine du Sers
et ravagent les environs du Kef. — Ali ben Ammar (détenu jusque là à Tunis
et à qui le bey vient de rendre la liberté) prend la direction du mouvement
insurrectionnel chez les Oulad-Ayar.
;
Réunion des chefs insurrectionnels à Sbeitla (15 août) la conduite à tenir y est
décidée.
LesZlass.
El Hadj Hassein
de Kairouan, et y dirige le mouvement insurrectionnel. benMessaï.
Les Hammema, conduits par Ahmed ben Youcef, se sont LesHammema.
Ahmed
répandus dans la plaine du Sers; ils razzient les douars établis benYoucef.
aux portes du Kef.
El Hadj Harrat, révoqué par le bey, n'ayant plus rien à ris- Les Fraichich.
El Hadj Harrat.
1. El Hadj Hassein ben Messai proposa aux autres chefs une marche générale
sur Tunis. Les Hammema et les Fraichich, peu disposés à se lancer dans cette
aventure et surtout à se mettre sous l'autorité d'El Hadj Hassein, ne se rendirent
pas à son appel. Quant aux Oulad-Ayar, inquiétés par la présence, sur leurs con-
fins, des Hammema, ils répondirent que les circonstances présentes leur interdi-
saient de quitter leur territoire.
2. Les Chambres s'étaient séparées le 29 juillet (voir note a, page 54); à partir
de cette date et pendant la période électorale, il ne fut plus envoyé un homme
de renfort en Tunisie.
-.,.
Il n'était pas possible d'entamer des opérations sérieuses avec les faibles effectifs
àce moment en Tunisie; 23.000 hommes au plus (15.000 laissés après le premier
rapatriement, 8.000 envoyés du 9 juillet au 1er août, avant les élections).
Le gouvernement était obligé de remettre au mois de septembre la préparation
de la deuxième expédition qui devenait indispensable (voir annexe XLV le sys-
tème employé pour la formation de ce second corps expéditionnaire). Il écourta
la période électorale de plus d'un mois et, pour éviter l'augmentation de l'inquié-
tude et de l'énervement, fixa les élections au 21 août alors qu'il avait laissé pré-
voir qu'elles auraient lieu du 18 septembre au 2 octobre.
3. Voir annexe XLIV.
4. Le discours modéré de - -
- -Mohamed -
- Salan Denmcn et les paroles ûAU bgmr,
qui osa seul protester catégoriquement contre la résistance, causèrent un tumulte
Mais quand il fallut décider la conduite à tenir, l'entente de- La conduite à
tenir par
vint fort difficile, personne ne voulant abandonner son terri- les insurgés est
décidée.
toire qu'en cas de nécessité absolue.
Après de longs débats, on finit par décider que les tribus
menacées se porteraient à la rencontre des colonnes françaises
et que les autres feraient diversion en se portant vers le nord
de la Régence pour inquiéter les populations soumises, les
razzier et intercepter les communications.
Cette solution convenait parfaitement à Ahmed ben Youcef,
son territoire étant alors suffisamment éloigné de nos centres
d'opération. Il appartenait donc aux contingents Hammema
de faire incursion chez leurs voisins, rôle parfaitement en
concordance avec leurs goûts et leurs coutumes.
Le 18 août, l'assemblée se dispersa; tout le monde rentra Razzias faites
parles
sur son territoire, à l'exception des bandes Hammema qui se Hammema dans
laplaine
mirent immédiatement en campagne, se répandirent dans le du Sers et
sous les murs
Sers, vinrent razzier jusque sous les murs de Kef et firent un du Kef.
butin considérable'.
Les Fraichich firent une pointe de peu d'étendue sur l'oued-
Mellègue. -
indescriptible; des coups de feu furent tirés. Mais les discours violents d'Ahmed
ben Youcef et d'El Hadj Harrat pesèrent sur la majorité.
1. Les Hammema oublièrent, d'ailleurs, d'accomplir la seconde partie de leur
programme (attaque du Kef et destruction de la voie ferrée) et s'en retournèrent
dans le sud, avec le produit de leurs razzias, dans les nremiers iours de aentemhrft.
2. Ces bandes étaient alors au nombre de quatre :
échappés de Sfax après la prise de la ville et qui avaient pré-
féré rester dans cette riche contrée que de suivre Ali ben Khalifa
dans sa retraite vers le sud, répondirent aux émissaires d'El
Hadj Hassein qu'ils étaient prêts à seconder ses efforts.
Les Zlass continuaient à razzier autour du Bardo; ils ve-
naient même rôder jusqu'autour du camp de la Manouba.
Leur audace, sans cesse croissante, nous força à sortir de
notre inaction.
Marche,en
Le 23 août, les troupes de la 5e brigade1 (général Sabattier)
deux colonnes, des camps de Carthage et d'Hammam-Lif se mirent en mouve-
dela 5"
brigade (général
Sabattier) ment en deux colonnes2 pour aller occuper Zaghouan et
surZaghouan Hammamet.
et Hammamet.
Kalaa-Kébira ;
Groupe de l'Embachi Sassi Souilem, 143 soldats déserteurs, 39 personnes de
terie, n° 6, 14,25,65, 71, 77,78, 93, 107, 125, 128, 136, 137.
2. Très approximativement 2.000 cavaliers et 4.000 fantassins.
3. La bande de Sassi Souilem (voir note 2, page 61) qui était partie de Kalaa-
Kebira, près de Sousse, le 27 au matin et avait rejoint les dissidents le 28 au soir,
prit une part active au combat de nuit, après ses fatigues (80 kilomètres à vol
d'oiseau); Sassi Souilem y fut tué. (Voir annexes nosXLVI et XVLI bis, détails sur
l'engagement d'El-Arbaïn.)
4. Le 30 août, le ministre de la guerre télégraphiait que trois bataillons, com-
mandés par le lieutenant-colonelBrault, et une batterie de montagne allaient être
embarqués à Toulon pour débarquer à Sousse.
:
Le 31 août, le général Logerot fait connaître par télégramme la retraite du
lieutenant-colonel Corréard (pertes de la colonne 16 blessés, 6 morts dont 1 offi-
cier), rend compte qu'il n'a plus qu'un seul bataillon disponible pour Carthage et
La Manouba et demande que les troupes du lieutenant-colonelBrault débarquent à
La Goulette pour servir à couvrir, au moins momentanément, Tunis menacé par
un soulèvement général.
Le 1er septembre, le ministre de la guerre répond par télégramme au général
Logerot qu'il estime, comme lui, qu'il faut avant tout couvrir Tunis et l'autorise
à disposer des trois bataillons du lieutenant-colonel Brault, destinés à Sousse.
sous les ordres d'El Hadj Hassein ben Messaï, pour observer la
colonne Sabattier. Ils la harcelèrent jusqu'au 11 septembre.
A cette date, ayant appris le débarquement de nos troupes à
Sousse1, la majeure partie des Zlass reprit le chemin de Kai-
rouan où ils avaient laissé un certain nombre des leurs pour
s'assurer de la possession de la ville.
Le 11 au soir arrive Youcef, fils aîné d'Ahmed ben Youcef,
avec 150 Hammema. (Après avoir razzié les douars du Sers, ils
ont été rejetés sur la Kessara par les Oulad-Aoun et battus
par les Oulad-Ayar qui leur ont enlevé leur butin.)
L'aqueduc Aussitôt arrivé, Youcef propose de couper l'aqueduc ame-
deZaghouan
est coupé
(12-13
nant les eaux de Zaghouan à Tunis. Dans la nuit même, pen-
septembre). dant qu'une partie des insurgés attaque le camp français pour
faire diversion, d'autres coupent l'aqueduc en trois endroits.
Les dégâts sont réparés le 12, mais le 13 une nouvelle sai-
gnée est faite dans l'aqueduc2. Le général Sabattier prend des
otages à Zaghouan; alors les insurgés se dispersent; les Zlass
retournent à Kairouan, les Hammema de Youcef repartent vers
le sud.
Les Le désordre reparaît dans Kairouan quand tous les Zlass
Zlass se replient
sur
Kairouan; y sont rentrés; des rixes sanglantes s'élèvent même dans
ils se divisent leur camp; à la suite de ces rixes, ils se divisent en deux
endeux groupes
qui se mettent
en observation
sur les routes
de
groupes :
L'un, commandé par El Hadj ben Messaï, se met en obser-
Kairouan
àZaghouan
et à
vation sur la route de Zaghouan à Kairouan;
Sousse. L'autre, commandé par Ali ben Amara, s'établit à Aïn-el-
Khazazia, entre Sousse et Kairouan (excellente position, eau
;
en abondance, ne pouvant être tournée, entre les lacs Kelbia
et Sidi-el-Hani) quelques douars se réunissent aussi à l'oued-
Laya.
suivantes :
Les Zlass sont au nord et à l'est de Kairouan, surveillant
le 20
insurgés
septembre.
;
contingents des Fraichich). Il se prépare à agir, mais la
retraite des Hammema l'inquiète il craint qu'ils viennent
piller les biens des Oulad-Ayar quand il sera engagé avec les
troupes françaises ou beylicales.
(Une colonne beylicale récemment formée et commandée
par Ali Bey venait d'arriver à Testour).
Le 24 septembre, Ali ben Ammar se met en marche vers le Opérations
(TAtibenAmmar
vers le nord2.
Nazaréens :
pas la guerre à notre bey, disait-il, mais seulement aux
que Dieu les brûle » !
Il laissa dans le djebel-Bahara, entre l'extrémité du Dyr et
le khanguet-el-Gueddim, un contingent nombreux sous les
ordres de Salah ben Hamouda, destiné à masquer la place du
Kef et à opérer, suivant les circonstances, sur les routes qui
conduisent de cette ville à Tunis et à Souk-el-Arba.
Le colonel de la Roque2, commandant la place du Kef, avait
sous ses ordres une force mobile trop faible pour attaquer Ali
ben Ammar dans sa marche de flanc. La ville était complète-
ment isolée, les communications ne se faisaient plus que par
l'oued-Meliz. Les tribus de l'Ounifa attendaient lesévénements
pour se joindre aux insurgés si les Français étaient débordés,
ou rester en paix si nous avions le dessus.
Le colonel de la Roque se garda bien, dans ces conditions,
d'attirer Ali ben Ammar vers le Kef; l'arrivée de ses contin-
gents eût été le signal de la levée en masse des tribus hési-
tantes; il le laissa s'éloigner.
Le 29, Àli ben Ammar arrive à Aïn-Tunga, à 9 kilomètres
de Testour, où est campé Ali Bey.
Dans l'après-midi, l'attaque de la voie ferrée est décidée
pour le lendemain.
Massacre de Le 30 septembre, une bande de six cents hommes quitte
l'oued-Zergua
(30 septembre). Aïn-Tunga; au confluent de la Medjerdah et de la Silianah,
elle se divise en trois groupes marchant sur les kilomètres 98,
97 et la station de l'oued-Zergua.
L'agression eut lieu après le passage des trains qui se croi-
sent à la station de l'oued-Zergua (depuis le 27 septembre, il y
1. Ali ben Ammar n'a avec lui ni femmes ni enfants; il n'a que des combat-
tants.
2. Le colonel de la Roque a, au Kef, deux bataillons (83e et 124e), un escadron
(du 13" chasseurs à cheval) n'ayant plus que 60 hommes montés, une batterie
montée de 90mm et une section de 80mm de montagne.
Il a affecté à la défense de la place un bataillon et la batterie de 90 de campagne,
Il a donc comme colonne mobile un bataillon (de 400 fusils au maximum).
60 cavaliers et 2 pièces de 80 de montagne.
avait un officier et vingt-cinq hommes d'escorte dans chaque
train)
Au kilomètre 98, trois Européens sont tués et brûlés au
kilomètre 97, cinq ouvriers italiens surpris sont écharpés; à
;
la station de l'oued-Zergua, le chef de gare, M. Raimbaud, est
tué et brûlé, la gare et le matériel incendiés1.
L'attaque de la station de l'oued-Zergua avait été dirigée par
le frère d'Ali ben Ammar. 1
montée au Kef.
Le lieutenant qu'Ali ben Ammar avait laissé avec 1.200 fan-
,
Manouba et partit, par chemin de fer, à 11 heures du soir.
Ce détachement descendit du train à l'oued-Zergua, le matin du 1er octobre,
marcha jusqu'à Beja en travaillant à la voie, puis il remonta à Beja dans le train
venant de la frontière algérienne qui portait à Tunis des malades, des chevaux
de remonte et les cadavres des Européens massacrés (qui avaient été ramenés
à Beja).
train dérailla; il fut attaqué. Il y eut moment de pani-
Vers 5 h. 30 du soir, ce
perdu).
que chez les hommes du 73e, depuis huit jours seulement en Tunisie. Mais le
lieutenant-colonel Debord put ramener son monde à pied à Medjez-el-Bab (32 kilo-
mètres) où il arriva le 2 octobre, à 9 heures du matin (on avait, pendant un certain
temps, cru tout ce monde
Le 2 octobre, à la nuit, le lieutenant-colonel Vinciguerra partit de Beja relever
et ramener les dix-neuf voitures du train déraillé et ramena les cadavres à Beja-
garea,où illes enterra. (Ces cadavres avaient déraillé deux fois; une première fois
quand ils furent ramenés à Beja, puis quand le lieutenant-colonel Debord les
remportait.)
a Béja-gare est maintenant dénommé « Pont de Trajan. »
tassins et 400 cavaliers pour le couvrir sur son flanc gauche,
dans la direction du Kef, avait essayé de surprendre la gar-
nison de la place, le 28 septembre, en l'attaquant par les crètes
du Dyr; il avait été repoussé.
Le 2 octobre, il faillit réussir dans son entreprise contre la
colonne Gerboin.
Un bataillon du 80° régiment d'infanterie était envoyé par le
général Cailliot, commandant à Aïn-Draham, renforcer la gar-
nison du Kef.
Pour aider ce bataillon à traverser le terrain entre Souk-el-
Arba et le Kef, où il pouvait être attaqué par les rebelles, le
général Cailliot le faisait escorter par le 29e bataillon de chas-
seurs à pied (pris à Aïn-Draham), une compagnie du 96e
(Ghardimaou), une compagnie du 88e et un peloton du 136
chasseurs à cheval (Fernana).
La concentration de ces différents éléments eut lieu*le
1er octobre au matin à Souk-el-Arba1.
Le 1er octobre, à 2 heures de l'après-midi, la colonne (dix
compagnies d'infanterie et un peloton de cavalerie) sous les
ordres du chef de bataillon Gerboin (29e bataillon de chasseurs),
quitte Souk-el-Arba.
Elle couche à l'oued-Mellègue, suivant les ordres du général
Cailliot au 29e bataillon de. chasseurs :
« Se rendre dans l'après-midi du 1er octobre à l'oued-Mel-
lègue et y coucher; partir le 2 pour Nebeur et-rétrograder le
même jour après que le bataillon destiné au Kef aura rejoint
les troupes venues de cette place au devant de la colonne. »
Le 2, le commandant Gerboin laisse la compagnie du 96e à
Bahirt-el-Morr (à 3 kilomètres de l'oued-Mellègue)pourassurer
sa ligne de retraite, continue sa route; arrivé à 10 heures à
Nebeur, Hy fait une grand'halte.
;
principalement en queue et sur le flanc gauche. Les hommes
sont fatigués la chaleur est forte. « Les capitaines sont obligés
d'attarder leurs compagnies pour les reposer et les distraire
ppr le feu contre les Arabes 1 ».
La situation est critique pour la colonne française.Heu-
reusement apparaît, à 3 heures, à l'extrémité nord-est du
Dyr, la portion mobile de la garnison du Kef, partie de cette
place à 11 h. 30. Le feu de ses deux pièces de montagne,
dirigé sur le flanc gauche de l'ennemi, permet à la colonne
Gerboin de remonter la vallée qu'elle traversait à ce moment,
de dépasser la colonne du Kef déployée et, après s'être
reformée; de poursuivre sa route a.
Les contingents de Salah ben Hamouda, après avoir tenté
une dernière attaque au moment où les deux colonnes faisaient
leut jonction, se replièrent vers l'est, dans le khanguet-el-
Gueddim.
La compagnie laissée à Bahirt-el-Morr ne fut pas inquiétée
et, prévenue, put rentrer le 3 au matin à Souk-el-Arba.
1. « Qui cherchaient à
s'emparer de quelques vivres et quelques sacs qui avaient
été abandonnés ». (Extrait du rapport du chef de bataillon Dudon, commandant
lebataillondu80e.)
a. Voir annexe XLVIII, page 234.
Les Fraichich qui étaient avec Salah ben Hamouda, appre-
nant qu'une colonne française se formait à Tebessa, rega-
gnèrent en toute hâte leur pays. Salah ben Hamouda se retira
ben Ammar l
personnellement de la lutte; le reste de sa bande rejoignit Ali
qui, à force d'activité, put reconstituer un groupe
d'environ 2.700 combattants vers le 18 octobre, au klianguet-
el-Gueddim.
;
Le général
Sabattier
à Zaghouan
(du 14septembre
Testour, le général Sabattier2 exécutait des reconnaissances
au 21 octobre). dans les environs de Zaghouan il occupe le Fahs, puis El-
La 5* brigade.
Oukanda; il fait travailler, malgré les attaques d'El Hadj
Hassein ben Messaï, au défilé de Karrouba, pour le rendre pra-
ticable3.
1. Bataillons des 48e, 660 et 116e. (Voir annexe n0 XLVII, page 214.)
2. 7e brigade, général Etienne : ;
23° bataillon de chasseurs à pied
1 bataillon de chacun des régiments nos 19, 48, 62, 66, 116, 138;
1 batterie de 95
90 montées ;
--
—
80
80 de montagne;
3 escadrons du 6e régiment de hussards.
3. Voir annexe n° L.
3e PARTIE
SECONDE EXPÉDITION
;le
18 bataillons, 5 batteries et 1 section, 8 escadrons (fournis par
les 5e et 6e brigades et les troupes de Sousse) il demande un
régiment pour assurer ses communications, car mouvement
doit se faire par terre en prenant comme base d'opérations de
la colonne du nord la place de Zaghouan.
Il commence à faire concentrer des approvisionnements à
Sousse et à Zaghouan; mais les moyens de transport par terre
lui manquent presque complètement; il lui faudrait au moins
1
1.500 arabas en plus des mulets du train qu'il a demandés
et il n'a pu faire réunir que quelques-unes de ces voitures.
Il ne pourra donc pas se mettre en route avant le 10 ou 12
octobre.
1. En France surtout.
2. Voir note 2 de l'annexe XLVI (page 206) et l'annexe XLVI bis.
3. Voir tome I, page 30 et annexe n° XXI, page 144.
4. Voir tome I, page 67 et annexe nO XLVIII, pages 226 et 230.
Les Zouaouas qui sont à Mohamédia n'assurent pas les
communications de la Manouba à Zaghouan. Legouvernement
tunisien reste sourd à toutes les plaintes que porte le général
français, tant sur l'attitude de l'armée que sur celle de divers
chefs indigènes.
«Tous ceux qui nous ont servi pendant l'expédition sont
impitoyablement révoqués et remplacés par des agents qui
nous sont ouvertement hostiles. Il est indispensable que le
gouvernement tunisien adopte une ligne de conduite franche
et correcte, surtout à la veille de notre expédition sur Kai-
rouan, afin que nous sachions bien que nous ne laissons pas
d'ennemis derrière nous' ».
Le général sait de source certaine que les populations des
régions du nord n'attendent que le moment où nous nous met-
trons en marche sur Kairouan pour se soulever.
La situation à Tunis et aux environs devient de plus en plus
mauvaise. Le général Logerot est dans l'impossibilité d'arrêter
côté:
ces méfaits si le gouvernement tunisien ne fait rien de son
ses soldats (beylicaux) regardent et laissent faire; ils
sont respectés par les insurgés, preuve de connivence. Tout
le monde est contre nous; les armes et la poudre sortent
journellement de Tunis'.
division LOGEROT :
2° Commandant supérieur de la région sud de la Régence, général de
;
Venant du nord, la colonne Logerot (brigade Sabattier et
Philebert) le général en chef marche avec elle.
volonté que mit AliBey, à Zaghouan (quand le général d'Aubigny eut obtenu son
renvoi de Testour), à garder notre ligne d'opérations.
Il fallut immobiliser la plus grande partie de la 6e brigade française pour cette
mission.
1. Il emmène avec lui un bataillon du 1er zouaves (464 hommes), trois pelotons
d'escorte du 1er chasseurs d'Afrique (82 chevaux) et un détachement du train (65
mulets).
2. Voir annexe n° LI.
3. D'une façon générale, on peut dire que les troupes des trois généraux de la
région nord sont des troupes d'occupationa, tandis que les troupes des trois géné-
raux de la région sud de la Régence vont marcher sur Kairouan en deux colonnes
pendant que que la colonne de Tebessa marchera sur le même objectif.
à
et avoir briser une résistance acharnée.
i
4. On croyait, paraît-il, rencontrer a Kairouan tous les ianatiques ae isiam
l'ouest1;
La brigade Sabattier campée à El Oukanda (biscuit-ville au
Fahs) prépare le passage de Foum-el-Karrouba';
La brigade Philebert, qui a quitté La Goulette et Carthage le
28 septembre, est en marche entre Birine et Bou-Hamida pour
venir rejoindre la brigade Sabattier3;
La colonne Forgemol concentrée à El-Aïoun (nc-d-est de
Tebessa) est prête à franchir la frontière.
A la même date, Ali ben Amara, avec les Zlass campés à desPositions
insurgés,
face
Aïn-Kazezia et à l'oued-Laya, fait face au général Etienne; El aux colonnes
françaises
Hadj Hassein ben Messaï, avec les Zlass qui l'ont suivi à Djebi- qui
bina, observe le
général Sabattier; El Hadj Harrat a concentré
vontdéboucher.
:
Le général Saussier était venu de La Manouba avec le général Logerot (ils
avaient suivi l'itinéraire suivant Birine, Bir-Mecherga, le Fahs et El-Oukanda).
La 5e brigade l'attendait à El-Oukanda.
La 6e brigade de renfort avait quitté, le 28 septembre, La Goulette et Carthage,
et avait campé le même jour à Rades; le 29, elle vient (moins le 2e régiment)
s'installer à Mohammédia (mise en main de la brigade); le 7 octobre, la brigade
s'installe à Birine, où elle reste jusqu'au 15 octobre. Puis elle vient se concentrer,
par petites fractions se succédant à un jour d'intervalle, à Bou-Hamida, où elle
remplace la brigade Sabattier: elle y arrive le 19. Le 20 octobre, le groupe du
lieutenant-colonel Travailleur rejoint le général Philebert et toute la brigade est
concentrée à Bou-Hamida (rive droite de l'oued-Miliane). Le même jour, le général
Saussier et le général Logerot arrivent à Bou-Hamida.
Le 21 octobre, toutes les troupes se portent sur El-Oukanda.
Le général Logerot prend le commandement des deux brigades réunies.
Le 22 octobre, le général Saussier, le général Logerot, la brigade Sabattier et
l'escadron du 1er hussards, la section d'artillerie et les deux bataillons (33e et 43e.
lieutenant-colonel Frayermuth) pris à la 6" brigade, se mettent en route sur
Kairouan, laissant le général Philebert à EI-Oukanda avec mission de couvrir la
route de Tunis et de rayonner avec des colonnes légères. (Voir plus loin, note 4,
page 86).
(Voir l'ouvrage du général Philebert : La Ge brigade en Tunisie, Lavauzelle,
1895.)
27"bataillon de chasseurs à pied.
6e brigade
1 bataillon de chacun des régiments d'infanterie nos 33, 43, 46,
de renfort 61,110 et IIIe.
(général
3 escadrons du 1er régiment de hussards
Philebert).
2 batteries d'artillerie (une montée, une de montagne).
4. Le jour même où le général Saussier entrait à Kairouan, se réunissait, pour
la première fois, la nouvelle Chambre des députés. Cette heureuse coïncidence ne
sauva pas cependant le ministère Jules Ferry, qui fut obligé de donner sa démis-
sion quelques jours plus tard.
5. Les communications de cette colonne sont gardées par une partie des troupes
(Les Zlass ont abandonné la lutte' :
ils ont essayé de piller
Kairouan avant l'arrivée des troupes françaises; cette fois, le
gouverneur avait fermé les portes et ils ne peuvent que piller
;
sous peu, le gouvernement tunisien serait impuissant à satisfaire. Le trésor tuni-
sien ne pourrait continuer une pareille solde il s'ensuivrait des désertions en
masse; d'ailleurs, toute la solde mise dans la main du soldat ira à la famille de
celui-ci et n'améliorera en rien l'état des troupes, » On continue donc la solde de
cinq réaux.
:
En résumé, la mauvaise volonté d'Ali Bey est flagrante révolte, probablement
suscitée par lui, pour ne pas quitter la vallée de la Medjerdah; envoi du détache-
ment à Hammam-Lif au lieu d'Hammamet; difficultés pour recevoir argent et
vivres, vraisemblablement pour amener les désertions.
Aussi, le 22 novembre, le camp tunisien fut-il levé. Ali Bey rentra à Tunis, le
farik Si ben Turki demanda « un carta » et le lieutenant-colonel Noëllat com-
-
manda la colonne de Zaghouan.
1. Voir annexe n° LIV, page 247.
les faubourgs; puis ils battent en retraite vers le sud, seule
ligne qui leur reste pour s'échapper'.)
La colonne Forgemol2, qui avait franchi la frontière le 17 oc-
tobre, eut un engagement avec les Fraichich d'El Hadj Harrat,
au koudiat-Remila. Le 22, elle se heurta de nouveau, sur la
Rouhia, aux contingents d'El Hadj Harrat, renforcés par les
bandes d'Hammema qu'Ahmed ben Youcef avait amenées. (La
jonction des Fraichich et des Hammema avait eu lieu le jour
même de la rencontre; l'effectif total des combattants était de
3.000).
Les insurgés se replièrent sur le koudiat-el-Halfa où ils
furent rejoints par trois cents Oulad-Ayar qu'amenait Ali ben
Ammar (c'était tout ce qui restait à ce chef après sa défaite à
Testour et les échecs successifs infligés à ses contingents par
le colonel de la Roque sur la Tessaâ3). Le 25 octobre, la
colonne Forgemol fut attaquée pendant sa marche sur le
koudiat-el-Halfa.
Les insurgés furent battus et la plus grande partie se dis-
persa après cette défaite.
Ahmed ben Youcef et les Hammema rentrèrent sur leur ter-
ritoire pour se préparer à émigrer vers le sud; El Hadj Har-
rat, abandonné des Fraichich, suivit Ahmed ben Youcef avec
quelques partisans qui lui étaient restés fidèles; Ali ben Am-
mar, avec les Oulad-Ayar qu'il put entraîner à sa suite,
remonta vers la hamada.
Le général Forgemol arrive à Kairouan le 29 octobre.
Ali ben Ammar, après sa défaite à Testour1, s'était replié Ali ben Ammar
après
dans le Ghorfa. Il déployait la plus grande activité pour le combat
de Testour.
reconstituer son armée avec les bandes qui erraient près de
Bordj-Messaoudi, dans le Ghorfa et dans le Sers, et avec le petit
nombre de fidèles, provenant de la bande de Salah ben Ha-
mouda, qui étaient venus la rejoindre, quand son lieutenant
s'était retiré de la lutte2.
Pendant ce temps la garnison du Kef était renforcée. La colonne
mobile du Kef
Huit cents hommes, venant d'Algérie, arrivèrent dans la prend
l'oflensive
place le 13 octobre3. Aussitôt qu'il eut reçu ces renforts, qui (14 octobre).
a. Voir croquis n° V.
1. Voirpage67.
2. Voir 1, page 70.
Un bataillon du 2e régiment d'infanterie de ligne,
3. Deux compagnies du 3° régiment de tirailleursalgériens,
150 goumiers de Souk-Ahras.
(Voir annexe LVIII, note 3, page 274.)
4. Voir annexe LVIII, pages 274 et suivantes.
et au djebel bou-Kohil, les bandes d'Oulad-Ayar qui s'étaient
réfugiées près de Bordj-Messaoudi 1.
La colonne Le général d'Aubigny, avec une colonne, vint de Testour à
de
Testour. Bordj-Messaoudi faire sa jonction avec le colonel de la Roque
(24 octobre) 2.
La route de Tunis était rouverte.
Opérations Par de petites opérations combinées, prenant comme base
autour de Borj-
Messaoudi. Bordj-Messaoudi, les deux commandants de colonne nettoient
le pays au nord de la route3; puis la colonne d'Aubigny
reprend le chemin de Testour où elle rentre le 10 novembre4.
Ali ben Ammar Ali ben Ammar, après la défaite des Fraichich et des Ham-
dans
leMassouge. mema, le 25 octobre, au koudiat-el-Halfa, était revenu dans la
hamada des Oulad-Ayar.
Il essaie de grouper de nouveaux contingents; mais la pré-
sence des deux colonnes du général d'Aubigny et du colonel
de la Roque à Bordj-Messaoudi et l'arrivée de la reconnaissance
du général Philebert à la zaouïa de Sidi Abd el Melek ont
démoralisé ses derniers partisans; ils déclarent qu'ils ne veu-
lent plus se battre.
Cependant le retour du général d'Aubigny à Testour, la
retraite inexpliquée du général Philebert sur El-Oukanda, le
séjour du colonel de la Roque à Bordj-Messaoudi, permirent à
Ali benAmmar de
réunir environ un millier d'hommes (Oulad-
Ayar et Oulad-Aoun les plus compromis).
;
batterie montée, elle n'a pu marcher directement sur Maktar par la montagne et
a fait un long détour par le nord-ouest
lons.
elle a été contrainte à marcher par éche-
certaine, des goums de plus en plus nombreux étaient venus se mettre à la dis-
position des commandants des colonnes françaises, principalement du général
Philebert et du colonel delà Roque qui marchaient aux ailes.
Depuis quelques jours, au contraire, Ali ben Ammar n'avait plus avec lui qu'une
foule aflolée; il ne s'y trouvait plus, au maximum, qu'un millier d'hommes armés,
tous des Oulad-Ayar, traînant maintenant avec eux femmes, enfants et troupeaux,
et ne songeant plus qu'à s'échapper.
1. AlibenAmmar, avec une petite troupe de fidèles, s'était échappé dans la nuit
du 19. Le caïd des Oulad-Ayar, Mohamed Salah ben Ali Debbich, qui voltigeait de
l'une à l'autre des colonnes françaises, protestant de son dévouement, était celui
qui, vraisemblablement, avait fait fuir son ancien compagnon de prison. (Voir
annexe LVIII, page 301.)
Quant aux autres Oulad-Ayar, ils avaient caché leur fuite, dans la nuit du 20,
par l'incendie des plateaux.
2. Cependant, il semble que si lescommandants des deux ailes avaient envoyé
leurs goums nombreux, connaissant bien le pays et ne désirant que piller les
Oulad-Ayar (ils s'étaient fait suivre, dans ce but, de tous les moyens de transport
qu'ils avaient pu trouver) surveiller le sud de la hamada, seule ligne de retraite
laissée aux dissidents, ceux-ci n'auraient pu s'échapper aussi facilement.
3. Le 21 au matin (c'eûtété déjà bien tard) au lieu de mettre à sa gauche tout
son goum d'Oulad-Aoun, connaissant par conséquent le pays, et de lui donner
l'ordre de se relier au goum du colonel de la Roque dans le cas où celui-ci aurait
envoyé le sien sur sa droite, le général Philebert n'en envoya qu'une partie avec
le bataillon de chasseurs sur son flanc extérieur; de sa personne et avec le gros
de ses forces, il se porta sur son flanc intérieur.
Quand il vit que la hamada était vide, il fit encore un nouveau détachement
vers sa droite et, par suite, ne put se lancer à la poursuite des Oulad-Ayar
qu'avec les trois cinquièmes de ses forces; les deux détachements ne rejoignirent
que dans la nuit, après une marche de quarante kilomètres.
;
Lance, du 11e hussards, reste encore quelques jours à Ellez,
pour recevoir les soumissions) la colonne de la Roque part
vers le Ksour, chez les Ouartan, avant de rentrer au Kef; la
6ebrigade se dirige vers le sud-est (Sidi Mohamed ben Ali, où
le général Philebert avait envoyé un bataillon dès le 20 no-
vembre).
CHAPITRE III
:
des incursions en Algérie, demeuraient sur leur territoire.
Ces pillards avaient deux points d'appui les oasis du Djérid
et le groupe des villages de Tameghza, Chebika et Midès.
Pour arrêter leurs razzias en Algérie, des troupes avaient
été échelonnées sur la frontière; cette mesure n'avait pas
r
suffi et deux colonnes4 avaient été organisées pour refouler du
Djérid ces maraudeurs et en même temps appuyer le mouve-
ment du général Forgemol vers le sud.
Ces deux colonnes s'étaient mises en marche le 19 novembre.
tahouine, la colonne Jamais sur l'oued-Fessi. Elles ne peuvent atteindre les dis-
sidents.
Fin des opérations actives.
1.Pour les entraîner, il leur assura également que les troupes turques qui
devaient venir à leurs secours, retardées jusqu'ici par le mauvais temps, allaient
arriver.
2. Voir annexe n° LXIII.
3. La canonnière l'Aspic stationnait en face de Zarzis et surveillait la côte aun
de prévenir tout débarquement clandestin sur le rivage, entre l'île Djerba et la
frontière tripolitaine.
tripolitaines étaient entrées en relations avec les dissidents
les campements avaient pu s'étendre et les groupes reconsti-
tués sous les ordres de leurs chefs pouvaient se mettre en
campagne.
Aussitôt les razzias commencèrent; les djich s'aventurèrent
jusqu'à Gafsa, Kairouan et Sfax pendant que les Ouarghamma
brigandaient dans l'Aarad.
1, On dut bientôt constater que le blocus tenté par la canonnière l'Aspic (voir
note 3, page 98) restait sans effets; les populations tripolitaines et les autorités
turques ravitaillaient les dissidents.
2. Voir La 6e brigade en Tunisie, chap. IX, pages 138 et suivantes, et l'annexe
no LXIV, page 349.
3. Voir plus haut, 2, page 96.
deux de ses bataillons'1; le même jour le général commandant
la 6e brigade recevait l'ordre d'être le 31 à Oum-Smaâ (nord-
ouest de Kebilli). Ordre fut envoyé au dernier bataillon laissé
à Djilma de rallier directement la colonne d'opérations.
Le 25 mars, le général Philebert, laissant un bataillon à
Gafsa, se met en route. Il traverse le défilé d'Oum-Ali le 29,
le chott El-Fedjej le 30 et arrive à Oum-Smaâ le 31 mars.
Le 3 avril, le général détruit le bordj de Negguâ; il est rejoint
le 4, à Tembar, par le dernier bataillon de Djilma et arrive le 5
à Kebilli.
Le 6, le général Philebert commence la construction d'une
redoute et envoie le lieutenant-colonel Travailleur (avec deux
bataillons, deux pièces de montagne et un peloton de hus-
sards) à Gabès, y chercher des vivres.
Le 14 avril, le général se rend à Douz; il y reçoit les protes-
tations d'amitié des Merazigue. Avec l'aide de ces derniers, il
propose de marcher sur Rhadamès quand il reçoit l'ordre de
se porter vers l'est, à Bir-Sultan.
La colonne du général se met en route le 15 avril, dans cette
direction et arrive le 18 à Bir-Zoumit2. Le général s'y'arrête et
décide de ne pas pousser plus loin. Il fait restaurer le bordj,
combler l'ancien puits à un kilomètre et creuser un nouveau
mais il reçoit de nouveau l'ordre de se porter sur Médenine,
;
pour se relier au général Jamais.
gens de Tamezert.
L'occupation de Bir-Zoumit et de Bir-Sultan avait eu pour
résultat de rendre de plus en plus rares les incursions des
djich; la traversée du Dahar leur devenait presque impos-
sible'.
Le 3 mai, le général Philebert arrive à Ksar-beni-Khedach;
ainsi qu'il en a reçu l'ordre du général Logerot, il détruit les
récoltes sur pied, coupe les arbres fruitiers et détériore les
citernes des Aouaya.
L'expédition était terminée, mais son but était manqué. A Fin des
opérations ac-
la suite de conventions passéespar un ambassadeur envoyé tives(14mai
1882).
directement de Paris à Tripoli, ordre avait été donné à nos
troupes de ne pas dépasser l'oued-Fessi.
Les insurgés, réfugiés entre l'oued-Fessi et la frontière tri-
politaine réelle, n'avaient pas été atteints. Il eût fallu marcher
1
;
de temps, par les populations jalouses de leur sol qui suffit à
peine à leurs besoins) à sejeter dans le Sahara (où une pareille
agglomération n'aurait pu faire vivre ses troupeaux).
Djich poussés jusqu'à Kairouan, Djilma, El-Djem, etc., dans le Djérid; nos colon-
nes ne peuvent les atteindre; on occupe les points de passage obligés.
Le mouvement d'expansion des dissidents est devenu presque impossible; pre-
mières soumissions.
Colonnes du colonel de la Roque et du lieutenant-colonelCorréard, de Gabès et de
Zarzis, dirigées par le général Guyon-Vernier (décembre 1882 et janvier 1883).
a.Voircroquisn°II.
1. Les colonnes Philebert et Jamais. Voir plus haut, page 102.
2. Voir annexe LXIII, page 346.
Messaï à venir lui parler. Il voulait imposer son autorité à tous
les rebelles et devenir le chef unique du parti de la protesta-
tion. Cette deuxième tentative devait échouer comme la pre-
mière et pour les mêmes raisons1.
Ahmed ben Youcef et Hassein ben Messaï, voyant dans ce
procédé une atteinte à leur indépendance, refusèrent de se
rendre à cette invitation; Ali ben Khalifa vint donc les trouver
à leur camp.
Il lui fut reproché de n'être qu'un intrigant ambitieux,
poussant les autres à la lutte sans s'être jamais exposé dans
aucun combat. A la fin de cette réunion orageuse il fut décidé
que chacun, à l'avenir, opérerait pour son propre compte dans
une région bien déterminée.
Afin de rendre ces opérations plus fructueuses, il convenait
que les maraudeurs se rabatissent sur les pays qu'ils avaient
précédemment habités, dont ils connaissaient les points de
passage, les ressources et les habitudes des populations.
C'est d'aprèscette idée que furent déterminés les futurs
théâtres d'opérations2.
-
LES DJICH. 3 A la fin du ramadan, dans les premiers jours du mois
Le djich d'août 1882, un groupe de 250 cavaliers environ (Zlass, Oulad-
des Zlass
et Hammema Redhouan, Oulad-Aziz) quitta l'oued-Fessi, passa à Douiret,
vers le nord.
Bir-Sultan, Bir-Zoumit (où il culbuta les gens de Tamezert
chargés de la garde du puits), Limagués et traversa le chott.
Le 28 août, au soir, il est dans les collines à 8 kilomètres
au sud de Gafsa guettant les chameaux de la colonne mobile
qui viennent chaque jour pâturer dans cette direction.
Cette surprise n'échoua que grâce au dévouement du caïd
d'El-Ayacha qui vint dans la nuit, à franc étrier, prévenir
1. Les abris que renfermait le Regab, les silos, les figues et les pâturages qui
s'y trouvaient et qui permettaient d'y faire vivre hommes et animaux, avaient fait
choisir cette zone comme centre d'opérations.
2. A la suite de cet engagement malheureux, il fut rappelé aux commandants
des compagnies mixtes que les cavaliers adjoints à leur infanterie avaient pour
mission d'éclairer la marche à faible distance et que, sous aucun prétexte, ils ne
devaient engager l'action isolément ni charger l'ennemi avant que celui-ci ait été
mis en déroute par l'infanterie.
Les Les Oulad-Redhouan, qui avaient quitté le Regab postérieu-
Oulad-
Redhouan. rement, font preuve d'une égale activité.
Du 14 au 25 septembre, ils exécutent les opérations sui-
vantes :
1° Surprise d'un douar des Oulad-Redhouan campé par
ordre à Sidi-Ali-ben-Aoun pour assurer le service de la
correspondance; pillage des tentes, enlèvement des trou-
peaux; les silos sont vidés, le courrier porteur des dépêches
de Djilma est tué;
2° Razzia des troupeaux des gens du Majoura, d'Oum-Saâd
et de Rou-Amran, à Sbeitla;
3° Pillage de caravanes a Bir-Mrabot, dans la plaine de Lalla
(aux portes de Gafsa), à Sidi-Aïch ;
4° Razzia de 35 chameaux, sous le feu d'une compagnie du
43e, à Lalla; de 36 chameaux d'un convoi du 4e zouaves
5° Engagementsprès de la Zaouïa-Ceddaguia avec une recon-
;
naissance1 venue de Djilma et conduite par un officier de ren-
seignements.
Les Oulad-Aziz. Les Oulad-Aziz montrèrent beaucoup moins d'audace que les
autres Hammema. Ils rayonnèrent assez timidement autour
;
du Regab. Ils ne pouvaient d'ailleurs s'attaquer aux leurs
restés dans le devoir la seule fraction qui n'avait pas émigré
avait été mise à l'abri sur le territoire des Fraichich.
Des groupes Les djich poussés au nord du chott revenaient avec d'assez
d'émigrés
cherchent à
rentrer dans la
maigre butin. La misère augmentait chez les émigrés. Les
Régence2. secours turcs, si souvent annoncés, ne paraissaient pas. Le
découragement se mit dans un certain nombre de groupes qui
vinrent s'installer entre l'oued-Fessi et Ksar-Médenine, tant
pour sonder les intentions de l'autorité militaire française que
pour s'éloigner du parti violent des dissidents.
Le mouvement vers le nord de ces groupes, de plus en plus
considérables, eut pour conséquence de pousser de nouvelles
bandes de maraudeurs dans l'Aarad.
Pour faire cesser cetteagitation il fallait montrer des troupes
dans le sud de la subdivision de Gabès. Leur présence aurait
pour effet de soumettre les tribus encore hostiles et de com-
battre ou, tout au moins, de forcer à s'éloigner de notre fron-
tière les dissidents et de permettre aux groupes qui voulaient
rentrer sur leur territoire et qui stationnaient hésitants près de
Médenine, de se détacher' des fractions qui persistaient dans
leur hostilité.
1. Le 18 décembre 1882, 2.900 tentes environ des Zlass, Hammema, etc., ont
remonté à Ras-el-Oued.
la première quinzaine de janvier à faire des reconnaissances
dansles environs. Lel6 janvier il se miten marche vers l'oued-
Fessi (facilitant la rentrée par Tatahouine de 3.000 Zlass ou
Souassi) et assura la soumission des Ouderna et des Bou-Zid
à
(Touazine); puis il revint Ras-el-Oued, le 9 février 1883.
TOME II
2" rég. de zouaves.. Colonel Swiney. à Oran.
2" rég. de tiraill. Colonel O'Neill. à Mostaganem.
1er bat. d'inf. légère
d'Afrique Command. Pyot. à Tlemcen.
3ecomp. de fusil. de
discipline. Capit. Stocker. à Tiaret.
Troupes
T roupes L..
Légion étrangère..
, , 1 de
Col.
C d Mallaret.
M Il à
S'd' b 1 Abb'
Sidi-bel-Abbès.
d'Afrique. Pitray.
2e rég. de chasseurs Col. de Simard de
à Tlemcen.
4° rég. de chasseurs
d'AfriqueCol.Innocenti à Mascara.
2e rég. de spahis.L.-col. Gaillard. à Sidi-bel-Abbès.
:
Division de Constantine Général FORGEMOL DE BOSTQUÉNARD.
(Chef d'état-major : Colonel du génie hors cadres DE POLIGNAC.)
ConstantineGén.deGislain àConstantine.
Subdivision de
-- deBône.
Batna. GénéralRitter àBône.
Logerot.
deSétif.
de Général à Batna.
- Gén. de laSoujeole. à Sétif.
3" rég. de zouaves.. Colonel Cajard.à Constantine.
3e rég. de tiraill. à
Colonel Gerder. Constantine.
3e bat. d'inf. légère
d'Afrique. Command. Gallet.. à Batna.
2ecomp. de fusil, de
Troupes discipline. à
Capit. Cellarié. Souk-Ahras.
Comp. de pionniers
de discipline. Capit. Thieulent. à Guelma.
d'Afrique.
3" rég. de chasseurs
à Constantine.
3" rég. de spahis. L.-col. Masson. à Batna.
(â0
I Guelma.
34° —
- àBône.
°treg.e
59e —
n^ s.
d,eh,ussardj )[4e rég. de hussards.
ussar s. Colonel
olonel de
de Bonne. à Orléansville.
r eansvllle.
debussaras. rég. de hussards. Colonel de Poul. àSétif.
N° II
Organisation du service des affaires indigènes dans la division
de Constantine (au 1er avril 1881).
2"dasse. :
2" subdivision Bône. Séris, lieut., adjoint
Mouline, capit., h. cad., chef de bu- de 2e classe.
reau arabe, près du général com-
CercledelaCalle
Richomme, lieut., sLa-
mandant la subdivision. giaire.
Louvet, capit., h. cad., adjoint de Meyer, lieut., stag.
3°
4°
.,. : Batna
subdivision
subdivision :
- 7
i
< Chollat-Traquet, 1. c.,
Cercle de Batna.
Annexe
deBiskra.
adj. de 2" classe.
— de Khencela.
:
A 10 h. 45 du matin, le commandant Bounin expédie à la
subdivision de Bône un second télégramme
Je partirai demain matin (avec les trois compagnies qui me res-
tent) pour RemelSouk, car je n'aurai mes mulets de la Calle eL de
Bône que ce soir tard.
;
remplacer compagnie Drouin à RemelSouk. Bataillon partira ou
ce soir ou demain matin cela dépendra de l'état des mulets de Bône.
Le commandant Bounin était donc décidé à faire partir le
31, à 5 heures du soir, une compagnie sans attendre l'arrivée
des mulets. Il est presque certain qu'au moment (11 h. 45) où
il expédiait ce troisième télégramme à Bône, il n'avait pu
encore recevoir ni la réponse de la subdivision de Bône, l'in-
formant que le général Ritter lui répondrait directement, ni
cette autorisation venant de Souk-Ahras, la durée de la trans-
mission télégraphique entre le Tarf et Bône étant, à ce
moment, d'environ deux heures, ce qui nécessitait au moins
quatre heures pour recevoir une réponse.
Les deuxième et troisième télégrammes du commandant
Bounin furent transmis de Bône au général Ritter, le troisième
à 2 heures de l'après-midi.
Ce troisième télégramme du commandant Bounin fut remis,
à Bône, au capitaine faisant fonctions d'officier d'ordonnance.
Celui-ci écrivit au commandant chargé de l'expédition des
affaires:
Aucune dépêche de Bône n'a été envoyée à M. le commandant
Bounin lui prescrivant de partir. Peut-être a-t-il reçu une dépêche
directement du général?
Je crois qu'il y aurait lieu d'envoyer à M. le commandant Bounin
une dépêche lui disant d'attendre pourpartir ou faire partir ce soir
une compagnie, d'avoir reçu la réponse du général à cet égard, et
j'ai l'honneur de prier M.le commandant chargé de l'expédition des
affaires de me faire connaître sa décision à ce sujet.
Ce télégramme et la demande du capitaine faisant fonctions
d'officier d'ordonnance ne furent envoyés au commandant
chargé de l'expédition des affaires qu'a 2 heures de l'après-
midi.
Le commandant chargé de l'expédition des affaires répondit
par écrit de télégraphier au commandant Bounin d'attendre.
Il est étrange de voir à Bône, à 2 heures de l'après-midi,
quand la situation est relativement grave, le capitaine faisant
fonctions d'officier d'ordonnance transmettre les télégrammes
au commandant chargé de l'expédition des affaires, lui faire
des propositions par écrit et le commandant y répondre par
écrit.
Cette perte de temps eut un résultat heureux :
le comman-
dant Bounin ayant reçu ses mulets plus tôt qu'il supposait,
pût adresser à Bône, du Tarf, à 3 heures du soir (c'est-à-dire
:
avant d'avoir reçu la réponse à son troisième télégramme), ce
quatrième télégramme
Je fais partir ce soir deux compagnies au lieu d'une. J'ai bien fait
1
d'envoyer cette nuit compagnie Drouin qui est arrivée à temps; la
quatrième compagnie partira demain matin à 4 heures; mulets
fatigués m'empêchent de l'emmener ce soir.
Le commandant du bataillon de zouaves put donc faire
marcher ses soldats vers la fusillade bien qu'un camarade
moins ancien que lui dans le grade et seulement chargé de
l'expédition des affaires de la subdivision, lui eût télégraphié
d'attendre.
N° IV
N° V
:
midi, bien entendu, appuyaient leur opinion des raisons sui-
;
vantes le midi n'a pas souffert de l'invasion allemande, à lui
de donner maintenant c'est une excellente occasion de faire
;
l'essai de notre nouvelle organisation militaire qui n'a pas
encore été expérimentée un exemple de mobilisation partielle
avait d'ailleurs été donné, peu de temps auparavant, par
l'Autriche-Hongrie quand elle avait occupé la Bosnie et
l'Herzégovine.
Mais les populations du midi n'étaient pas du tout de cet
avis; l'exécution de ce système eût vraisemblablement com-
promis l'existence de la République elle-même.
Pour ne pas aller contre l'opinion des régions du midi, le
ministre dut recruter le corps expéditionnaire de façon à peu
près égale dans tous nos corps d'armée. Comme il ne pouvait
songer, à cause de la mobilisation des réservistes dans le cas
d'une guerre européenne imprévue, à prendre des régiments
de France complets, il fut obligé de recourir à l'expédient
suivant: prendre des moitiés de régiment de France (deux
bataillons complétés à cinq cents hommes) et quelques
bataillons des régiments d'Afrique.
Ces mesures furent critiquées toutes deux; on reprocha au
ministre de n'avoir laissé en France, dans chaque corps de
troupe auquel il avait fait des emprunts, qu'un demi-régiment
squelette (il n'en pouvait être autrement) et on le rendit res-
ponsable de l'insurrection du Sud oranais, ce qui était un tort
puisque les troupes d'Afrique (trois bataillons et une batterie)
détachées de la division d'Oran en Tunisie furent remplacées
sur le territoire algérien par des troupes de France et que,
plus tard, quand on préleva sur l'armée d'Afrique, pendant
l'expédition du Tonkin, des détachements beaucoup plus
forts, il n'y eut aucun trouble en Algérie.
N° VII
la colonne Logerot.
Objectif de
nôtre.*
tunisien, soit près de la Calle, soit dans la vallée de la Medjerdah.
C'est en alliés et en auxiliaires du pouvoir souverain du bey que
les soldatsfrançais poursuivront leur marche; c'est aussi en alliés et
auxiliaires que nous espérons rencontrer les soldats tunisiens avec
les renforts desquels nous voulons châtier définitivement les auteurs
de tant deméfaits, ennemis communs del'autorité du bey et de
la
BARTIIÉLEMY-SAINT-HILAIRE.
MOHAMMED ES SADDOK.
7 avril 1881.
N° IX
1
Les troupes chargées des opérations sur la frontière tunisienne
sont organisées en deux colonnes sous les ordres des généraux
Delebecque et Logerot.
La colonne Delebecque a été concentrée à Remel-Souk.
La colonne Logerot a été concentrée à Souk-Ahras.
Ces colonnes sont composées ainsi qu'il suit :
3''
I-régiment
3°
aalons.
-
7 bataillons.
Brigade GALLAND,
7bataillons.
1°COLONNE DELEBECQUE
40
3e
39e
(96°
{ 296 -
INFANTERIE
12erégiment de zouaves
—
-
de
-- d'infanterie. -'
71 bataillon de chasseurs à pied.
2° Brigade VINCENDON, 141, régiment d'infanterie
-.
-.
bataillon de chasseurs à pied.
régiment d'infanterie.,
57 -
18'
226 -
-
tiTailleurs.2
-.
1
1
1
1
2
2
2
1
2
2
2
bataillon.
-
—
--
--
—
--
-
-
ARTILLERIE
2"
8e
ire
8e
2°
--
batterie du
—
16e
6e
T
5e
1"
régiment d'artillerie
—
—
- (2 sections seulement)
80min
4
—
de montagne.
-rayé -
—
—
—
—
— —
GÉNIE
4e régiment de
de
hussards.
spahis
CAVALERIE
1 1 escadron.
escadron mixte.
1" -.
3e —
2° COLONNE LOGEROT
INFANTERIE
Brigade GAUME, (
v) 3° régiment de chass. d'Afrique 3 escadrons.
9 escadrons.
escadrons 11e
7
-
—
- cheval.
de hussards.
3
3
-
—
ARTILLERIE
Brigade DE BREM
(dite de réserve),
5 bataillons.
13e
I27e (
régiment de chasseurs à
142e
INFANTERIE
cheval.
CAVALERIE
-.
bataillon de chasseurs à pied 1 bataillon.
122" régiment d'infanterie. 2
2
3
—
—
escadrons.
NoX
CORPS EXPÉDITIONNAIRE
dela Ordre général.
frontièretunisienne.
»Au moment où cette dépêche vous sera remise, vous serez sur le
point d'entreprendre les opérations sur les frontières de la Tunisie,
dont le gouvernement de la République vous confie la direction.
» Je compte sur votre énergie et votre prudence pour obtenir tous
les fruits qu'on doit en attendre. Il faut mettre un terme aux dépré-
dations incessantes des Khoumir, trop longtemps tolérées par un
excès de longanimité. Il faut châtier et mettre dans l'impuissance
de nuire, ces tribus turbulentes, ne reconnaissant aucune loi, et qui
ont poussé l'audace jusqu'à attaquer nos troupes. Il faut, au besoin,
faire respecter les personnes et les droits de nos concitoyens éta-
blis sur le territoire de la Régence.
» Les troupes sous vos ordres sauront se dévouer à cette œuvre de
réparation et de justice. L'Europe entière a les yeux sur elles, le
Président de la République compte sur leur valeur, leur constance
et leur discipline. Cette campagne aura pour résultat, j'en ai la
profonde conviction, de mettre glorieusement en relief toutes les
qualités de notre armée. Vos collaborateurs, inspirés parles senti-
ments les plus élevés, seconderont vaillamment vos patriotiques
efforts et, par leur courage eL leur sagesse, ils élèveront à la hau-
teur où il doit être porté le drapeau de la République. »
Je ne saurais faire un appel plus élevé à votre patriotisme.
Chacun, dans le corps expéditionnaire, sera jaloux, j'en ai la
ferme conviction, de justifier la confiance que le gouvernement de
la République et le pays mettent dans nos efforts et notre dévoue-
ment.
FORGEMOL.
N°XI
:
Commandant Un échelon de mu-
N.
de l'artillerie 1 nitions.
Camp
deRemel-Souk. 1
Reynaud. )
la
l
section de munitions tirée de la
Un dépôt d'appro-
[ 13ebatterie du 2e (capitaine Bas-
En dehors I visionnement de set).
des brigades J munitions formé ] un détachement de la section de
munitions tirée de la 10e du 36°
J
il y a, par [
à
à Remel-Souk ff (lieutenant Leclerc).
Une section de 4 de montagne de la 2e batterie du 28e
(capitaine Gradoz).
COLONNE LOGEROT
groupe.12e8ebatterie
1er
Commandant
DECREUZE
du 16'.
batteriedu38e
3e J„qnc
Deux sections de la
U section
Une
du 28e
de la 2e
2
—
—
I
80" de mont. Cap.Cohadon
]
Cap. Moll.
Parnaud.
Parriaud. A
Cap. Parriaud"
Cap-
•
Fil
F
:
Tunis, président de la municipalité
Caïdatdel'ArianaAmel.
El Arbi Zerrouk, émir ellioua.
El Hadj Mohamed el Branessi,
bach bouab.
delaMarsa. -
—
— Cebala.
de
Tebourba.
SiChakir.
Si Mohamed Eddouik.
— de -
delaManouba—AlielAchi.
—
—
Djellouli.
-esla•
— Hassouna
— de Mornag
— Outhan-el-Guebli — Taharben Hassein, émir ellioua.
avec le Fahs,
d- R.desRiah
hTestour,
ghouan
et
Za-
— de
Medjez
Bizerte., - —
Mostepha ben Cherif Ali.
SiMourad.
Bejaoua.
— des
des Mogod.
Mateur.
—
Si Sliman el Khabitani.
Si Ali ben Ismaïl.
—
—
—
de
des
Trabelsia —
—
— --
Gouverne-
ment
de l'Ounifa. I Embrassant Le Kef, les Arrouch-Sendjak, les Zeghalma,
- 1
les Touaba, les Gouazine, les Oulad-Yacoub, les Khe-
Gouverneur: f mensa et Doufan, les Ouagha, les Cheren et les Oulad-
l'émir I bou-Ghanem.
el Amara
J
Si Réchid.
Caïdat des Ourtan.
des Gherabas
Amel. El Abidi Esbouaï, émir alaï.
Hamouda Ech Chergui.
— —
Gouverne- ¡
ment J
des Drid. r
-
Gouverneur: !
(Beni-Rezg, Oulad-Djouni, Oulad-Mennâa, Oulad-Arfâ).
Si Mérad, ]
émirellioua.
Caïdat des Arab-Meijour. Amel. Si Mérad, émir el lioua.
deTeboursouk.
nia. —
HassounabenBrahimedDjouini,
—
émir alaï.
desArrouch-Regag-Etta-
—
—
Mohamed es Sfar. émir ellioua.
Caïdat des Ouceltia Amel. Mohamed bou Harem, kaïmakam.
— des Arrouch-Regag-el-
Aoulà
desOulad-Aoun.
-ChadlielDjellouli.
edDjouini.
Brahim
— —
—des Oulad-Ayar. — Ahmed Abou.
Gouverne-
ment
de laRebka.
dela Rebka.
(Ghazouan, Oulad-Sedira, Hakim, Oulad-Ali, Oulad-Soltan,
Gouverneur: Khezara, Massen, Ouchteta, Beni-Mazzen).
Ahmed 1
ben Amara ]
El Hamissi.
Caïdat des Djendouba. Amel. Allala Djouini, émir alaï.
Gouverne-
ment I]
deBéja.
Gouverneur:(Béja-Ville, Amdoun, Nefza, Mekna, Chiahia et Khoumir).
Younés 1
Dziri, émir 1
ellioua.
Caïdat des Oulad-bou-Salem. Amel. Ali ben Salah.
r Drid-Badia
- de Kouka et Oulad-
( Khiar — Hassouna ed Djouini.
Gouverne-
ment I]
du Sahel.
—
Gouverneur: Monastir.
Sousse. Khalifa. Mohamed Righi, alaï amin.
— Salah Mezali, alaï amin.
l'émir Mahédia Mohamed ben Mahmoud Khodja.
el Amara 1 —
Mohamed el ]
Bacouch.
Sfax.
Caïdat des Oulad-Saïd (Enfida). Amel. El Hafleïd ben Chikh.
— des Souassi., — Ahmed ben Sliman, alaï amin.
de Hassouna Djellouli, émir ellioua.
—
— des Metellit—Mohamed
—
Djellouli,émirellioua.
Gouverne-
ment j
desZlass. j
I Oulad-Sendacen.
Gouverneur: Oulad-Iddir
— -- Mohamed el AfH.
El Hadj Hassein ben Messaï.
l'émir
el Amara
Mahmed el
l Oulad-Khalifa
J
- Mostepha ben Gaddoum.
Mrabot.
Kairouan.
Caïdat des Arrouch-es-Sendjak
de
Caïdat des Koobs et Gouazine..
— Si Amor bel Ounis.
Mohamed Chaïb ben Ferdjani.
—
Gouverne-
ment
de Kairouan J
etde
la Kessera.
Gouverneur:
Mahmed
f§
I
> neur.
KaIrouan,
KTrai.rouan, sous-gouver-
.,
el Amara.
des Madjeur.
Caïdat des Chéketma et Fouad
—
Azir).
des Oulad-Abd-el-Krim (Oulad-
des Oulad-Ben-el-Hadi
Caïd. Ahmed ben Ali el Hamami.
l
chich) — Ali Sghir.
— des Oulad-Nadji (Frai-
chich) — El hadj Harrat ben Mohamed.
)
— desOulad-Ali(Fraichich) — ElhadjGaïd.
—
Feriana et Oulad-Tlil. — Belkacem ben Sassi.
nemeivfdu
G
Touzeur. Khalifa. Salah ben Athman Ezz Beidi.
Abidi ben el Hadj Ahmed el
Nefta. | Alguemi et Si Mohamed ben el
:
j
Djérid. —
-
Gouverneur
f
V
El-Oudiane. --
(
Ghazem ben Nacer Allah chérit.
Si Tahar ben el Hadj Ahmed.
Mahmed
eraot, El-Hamma.
]Tameghza.
Tameghza.
Mohamed ben Youcef.
]wNpefiz7flamouiaa
émir — Ahmed ben Messaoud.
Aara
el Amara. Nefzaoua
1 Ahmed ben Hamadi, alai amin
rdned-etMeeh.
—
deGafsa. AthmanbenAssen.
Mah
ned,ettMe'ch.
Gouverneur: (> El-Guettar,Se-
,
—
Mabrouk
AM.ab,rouk ben Rezg„ui..
b,en Rezgui.
el Mrabot, El-Aaïacha et
émir 1
Bou-Saâd. BrahimbenSoucy.
el Amara
N°XIII
1. Voir annexe n° LXII, page 340, l'attitude des Ouarghamma pendant l'expé-
dition française.
N°XIV
;
femme qui voyageaient sans crainte, conduisant un mulet
chargé de marchandises ils avaient blessé l'homme, violé la
femme et s'étaient enfuis, emmenant le mulet et son charge-
ment.)
N°XV
BRIGADE RITTER.
çut de Si Ali Bey, toujours à Manâ, une nouvelle lettre dans laquelle il déclare
qu'il ne s'opposera pas à la marche de nos troupes, mais qu'il nous laisse la res-
ponsabilité des faits que notre entrée sur le territoire tunisien pourrait amener.
Le ministre de la guerre français fait savoir, par télégramme, que d'après une
convention avec le bey, les troupes tunisiennes doivent nous livrer passage où
nous les rencontrerons et se retirer vers les points que nous leur indiquerons, et
prescrit d'agir rigoureusement dans ce sens.
(Extraits de la lettre n° 27, en date du 25 avril, du général Delebecque au géné-
ral Ritter.)
1. Les sept bataillons de la brigade Ritter avaient été groupés en deux régi-
ments de marche.
1er rég. de marche. Un bataillon (le 2e) du 2e régi-
Colonel CAJARD (du j ment de zouaves
3e zouaves),
trois bataillons. I de zouaves
Commandant Leschères.
(
j Deux bataillons du 30 régiment Commandant Baudouin.
Bounin.
Commandant (
i
—
Deux
( -Deux
bataillons11,tirailleurs de
du Gay Ta-
Wasmer.
2e rég. de marche. (lieutenant-colonel
.batai.l,l,ons
radel.
(lieutenant-colonel Rousset ) j
Rousset) radel. a
Colonel GERDER (du bataillon du 3e tirailleurs Capitaine Maux.
3e
31 tirailleurs)
tirailleurs) ,
Un bataillon (le 59' régi-
31) du 59,
3e)
quatre bataillons.
ment d'infanterie. Commandant O'Kelly.
2. ?
général de brigade qui appréciera le temps nécessaire à la colonne
de gauche pour arriver devant son objectif.
Chaque colonne prendra la formation d'attaque suivante
Un bataillon en première ligne marchant en deux échelons de
:
deux compagnies chacun, destinés à se relever successivement pen-
dant la marche, et séparés par une distance d'autant moindre que
l'on se rapprochera davantage du col;
Un bataillon en seconde ligne, servant de réserve, prêt au besoin
à relever le premier, et marchant à la distance et dans la formation
que le colonel commandant la colonne jugera les plus opportunes.
A la colonne de droite, seront affectées une section de trois pièces
de 30 de montagne et une section de 4 de montagne; à la colonne
de gauche, deux sections de 80 de montagne et deux sections de !
de montagne'.
Dans les deux colonnes, l'artillerie marchera avec l'avant-garde,
de façon à prendre position le plus tôt possible sur les points
reconnus à l'avance et préparera l'attaque du col et du contre col3
par une canonnade qui devra se prolonger jusqu'au moment où
elle pourrait inquiéter nos troupes de première ligne.
Les mulets porteurs des cartouches de baLaillon marcheront
groupés avec le bataillon de résqrve de chaque régiment.
:
La compagnie du génie de la brigade sera partagée ainsi qu'il
suit entre les deux régiments soixante hommes avec la colonne de
gauche et quarante avec celle de droite.
Elle créera ou améliorera le chemin des colonnes, au fur et à
mesure des progrès de l'attaque.
Dans chaque colonne, vingt mulets de cacolet marcheront en
arrière du deuxième échelon, entre les bataillons de première et de
seconde ligne.
Ces mulets devront être amenés tout bâtés, à 3 heures du matin,
au point de rassemblement de chacune des colonnes.
L'ambulance restera au camp.
Les troupes laisseront leurs sacs au camp. Elles emporteront la
musette, le capuchon, les outils de compagnie et deux jours de
vivres dont un de réserve2.
Le bataillon de chacun des régiments de marche qui devait pren-
dre aujourd'hui le service d'avant-postes, restera demain à la garde
du camp. Les grand'gardes seront relevées ce soir à 3 heures.
1. Iln'y a pas concordance avec les effectifs d'artillerie pris dans le Résumé
historique des marches et opérations de l'artillerie.
D'après ce document officiel, il n'y a à la brigade Ritter qu'une batterie de 8011
de montagne et deux sections de 4 de montagne. (Voir annexe n° XI.)
2. Voir, annexes nO' XVI et XVII, les instructions du général Delebecque au sujet
du transport des vivres de sac.
3. ?
Le général de brigade se tiendra de sa personne entre les deux
colonnes sur le mamelon placé en face du col où sera l'artillerie de
la colonne de gauche.
Les troupes de la colonne de gauche, qui ont un détour à faire,
se mettront en marche demain à 3 heures du matin, et la colonne
de droite se rassemblera à 3 h. 30.
Des ordres ultérieurs fixeront les mesures à prendre pour s'in-
staller et se fortifier sur les hauteurs du Kef-Baba-Brik.
Deux cent soixante outres serviront au transport de l'eau pour
les troupes parvenues au col et à leur approvisionnement, en cas
de besoin, lorsqu'elles parcourront et fouilleront le pays des
Oulad-Cedra (Khoumir).
Dès que le général trouvera le moment opportun, le grand camp
se transportera au pied de l'Adeda et traversera cette chaîne, si des
emplacements favorables sont trouvés en pays ennemi.
Un mulet du train, porteur de deux tonnelets d'eau, marchera,
dans chaque colonne, avec le détachement de mulets de cacolet.
Camp de Demenet-Rebah, le 25 avril 1881.
Le général de brigade,
Général RITTER.
N° XX
:
Le lieutenant-colonel commandant l'artillerie signala dans
cet engagement un fait intéressant la distance fut mal appré-
ciée; le deuxième obus tomba à trente mètres en avant des
tirailleurs du 1er zouaves. D'où la nécessité de munir les bat-
teries de montagne d'un télomètre dans des pays et des cli-
mats où la pureté de l'air rapproche les distances et peut cau-
ser de grandes erreurs d'appréciation. (Extrait du Résumé
historique des marches et opérations de l'artillerie.)
N°XXI
N° XXII
N° XXIII
:
de l'expédition et les résultats que la France en attend.
En résumé la France est obligée d'assurer la sécurité de sa
colonie algérienne; or, à l'est, du côté de Tunis, le désordre est
permanent; le premier objet de l'expédition est donc la pacifi-
cation complète de la frontière orientale de l'Algérie.
'L'ordre et le calme rétablis, il est indispensable que la Tu-
nisie, d'hostile et menaçante qu'elle est maintenant, devienne
une alliée loyale et bienveillante.
Le ministre signale, d'une façon discrète, les agissements
de l'Italie. (Le livre jaune adressé à nos agents diplomatiques
les édifiera d'ailleurs.) Le second motif de l'expédition est de
soustraire le gouvernement beylical à l'influence de la puis-
sance étrangère qui nous est si hostile.
Puis il établit l'indépendance du royaume de Tunis à l'égard
du sultan et par conséquent la responsabilité directe du bey.
C'est donc au bey qu'il faut imposer un traité qui garantisse
l'Algérie sur sa frontière et le gouvernement français contre
les menées déloyales du Bardo. Enfin, après avoir rappelé ce
que la France a fait jusqu'alors pour la Tunisie, il conclut en
montrant l'avantage que le bey trouvera dans notre alliance,
les bienfaits que la Tunisie, placée sous la protection de la
France, retirera des travaux qui seront exécutés et des réformes
qui seront faites, et le profit que toutes les nations civilisées
tireront, aussi bien que la France, des progrès apportés par
nous dans la Régence.
N° XXIV
1. En vain les zaptiés et les gendarmes beylicaux avaient-ils été chargés d'an-
noncer qu'il ne serait porté atteinte ni à la vie, ni aux biens des habitants. Ces
déclarations, contredites par des personnages intéressés à voir le désordre s'ac-
centuer, restaient sans effet.
2. Cette retraite qui, du reste, dura fort peu de temps, fut vivement commen-
tée sur le moment. On attribuait à Mohammed es Saddok l'intention d'éloigner du
théâtre des événements la personnalité gênante d'Ali Bey, et cette opinion pouvait,
à bien des titres, être considéréecomme fondée.
Raïd el Tounsi, un récit, très adroitement présenté, de l'en-
trevue du Bardo, et d'après lequel la mission du général
Bréart n'avait eu d'autre but que de renouer les anciennes
relations d'amitié qui avaient existé entre la France et la
Tunisie.
« Son Altesse le Bey, disait le Journal officiel, a prié le géné-
ral de repartir avec son armée, et elle a reçu l'assurance que
les troupes françaises reprendraient le chemin par lequel elles
étaient venues. »
Tpnis reprit bientôt son aspect accoutumé.
N° XXV
;
se met en marche au commandement du général Delebecque.
La marche s'exécute ainsi pendant 5 kilomètres les troupes
couronnent le faîte en face du marabout. Le détachement
Galland s'établit à droite, dans une forêt de chênes-liègei)e
détachement Cailliotreste en position. Le détachement Vin-
cendon se porte en première ligne, descend dans le ravinjH
traverse l'oued et fait halte en attendant le résultat de la
pointe de cavaliers envoyés sur le marabout.
Pendant ce temps tous les convoyeurs, protégés par le déta-
chement Vincendon, font du fourrage dans la vallée.
A 8 h. 30, la cavalerie s'empare du marabout (il y était resté
seul un vieux brave homme
;
1). A 9 heures, l'infanterie Vin-
cendon en prend possession les fantassins font le café. La
cavalerie s'est portée en avant pour razzier. A 1 heure de
l'après-midi, le détachement Vincendon redescend dans la
vallée et se replie par échelons, protégeant le retour du trou-
peau pris par les spahis.
A 3 heures, les détachements des trois brigades se replient
(les troupes du général Cailliot en tête de colonne) et rentrent
au camp de Fedj-el-Mana à 4 heures.
»
Marche N° XXVI
de Dar-el-Abidi
sur
Ben-Mélir.
No 44. Ordre pour la journée du 14 mai 1881 (donné par
M. le général Cailliot).
N° XXVII
N° XXIX
:
1. Un fort troupeau, qui avait été cerné par une compagnie de zouaves, échappa
par l'effet d'une rue originale Deux Arabes présentèrent au commandant de la
compagnie française « un carta » au crayon, sans date, signé du capitaine d'état-
major de la brigade, certifiant que ces deux hommes avaient fait leur soumission
;
et que leurs propriétés devaient être respectées. 1
Les zouaves laissèrent donc aller le troupeau on s'aperçut ensuite qu'il n'appar-
tenait pas aux indigènes qui avaient montré le carta et qui lui avaient servi de
sauvegarde.
a. Une compagnie de tirailleurs algériens en razzia n'eut à son tableau que
1° un petit poulain de 6 mois; 2° une ânesse; 3° un petit bourriquot de 1 mois
:
environ; 4° deux pots de beurre; 5° une botte de couscouss; 6° un pot d'huile;
7° un petit sac de farine; 8° dix galettes; 9° un fusil assez mauvais; 108 un pis-
; ;
tolet sans batterie; 11" six tellis; 12° deux couvertures; 13° une mauvaise car-
touchière khoumir 14° un poignard 15° deux petits poulets.
b. Le convoi, qui devait primitivement revenir à Sidi-Khouider, d'où il était
parti le 26, reçut l'ordre de venir se décharger à Berzigue, le 27.
On supposait que les animaux, après avoir été déchargés de leurs vivres à
Berzigue, pourraient repartir à 2 heures de l'après-midi pour aller chercher les
sacs et les bagages des officiers.
En réalité, le 28 au matih, à 8 heures, les six compagnies de Sidi-Khouider at-
tendent encore, tentes pliées, l'arrivée des mulets qui auraient dû arriver la veille
dans l'après-midi et qui ne sont même pas signalés.
c. Le 27 au soir, quand le général de division voulut faire tirer des fusées, à
Berzigue, pour correspondre avec les autres brigades, on s'aperçut que les artifi-
ces de la 1" brigade étaient restés à Sidi-Khouider!
2° Un groupe de 6 compagnies, à Sidi-Khouïder (gardant les
sacs de la colonne volante, les impedimenta) complètement
immobilisé;
30 Un groupe de deux compagnies, à Berzigue (gardant le
camp de la colonne volante), immobilisé;
40 Un groupe de deux compagnies, entre Sidi-Khouïder et
Berzigue (escortant le général de division) ;
5° Un groupe de deux compagnies, entre Berzigue et Ta-
barka (au-devant du convoi) ; ;
6° Trois bataillons en opération
7° Un groupe (convoi) renfermant tous les mulets (du con-
voi, des corps, d'outils, du génie, d'artillerie, indigènes), à
Tabarka en chargement, ou en route pour revenir.
N° XXX
CORPSEXPÉDITIONNAIRE
DE TUNISIE.
Ordre général à la brigade Vincendon.
Colonne Dclebecque.
Le général de division,
DELEBECQUE.
N° XXXI
CORPS EXPÉDITIONNAIRE
DETUNISIE. Ordre général n° 16 adressé aux troupes
Colonne Delebecque de la brigade Cailliot.
Le général de division,
DELEBECQUE.
N°XXXIII
CORPS EXPÉDITIONNAIRE.
sagesse;
gemol dont le commandement supérieur a élé exercé avec une rare
;
au général Delebecque, qui commandait la colonne prin-
cipale d'opérations au général Logerot, qui a su donner une éner-
gique impulsion à ses troupes; au général Bréart, qui a si dignement
représenté notre pays dans des circonstances difficiles, ainsi qu'aux
généraux et chefs de corps sous leurs ordres.
» Ces services ne seront pas oubliés; la reconnaissance de la
République est acquise à tous ceux qui ont pris part à cette cam-
pagne. »
Au camp de Souk-el-Arba, le21 juin 1881.
Un bataillon du
àpied.
Le29,bat.dechass.
18e. - Galland, à Aïn-Draham.
Galland, à Aïn-Draham.
-- 22e.
7e.
—
Galland, à Aïn-Draham.
—8o3oee—LTogerot. auKjr
—
, ,3comp.auauKef,
Galland, à Béja.
laSidi-Youceî.
ef,(3comp.
—
Kef,
t
à
or,, L, ,, K
Le27°bat.dechass.àpied. — deBrem.
Un bataillon du 122e de Brem, au Kef.
-- 142" de Brem.
—
- 143e
à
—
88° avantàTabarka,à Fernana.
Tabarka.
Le30ebat.dechass. pied,prov'delabrig.Bréart, Mateur. à
Un bataillon du 20"
38e. Bréart.
-- 92"
—
—
—
Bréart, à Bizerte.
Bréart, à la Manouba.
CAVALERIE (7 escadrons).
1 escadron au Kef (le 2e).
Trois escadrons du 13e chass. à cheval 1 — à Fernana (le 4").
1
— àGhardimaou(le3e).
Trois escadrons du 11e hussards.
L'escadron mixte fourni par le 3e spahis.
compagnies).
GÉNIE (3
rég.
Compagnies 12/2, 18/2 et 16/3.
ARTILLERIE (6 batteries 1/3.)
.,
10e bat. du 9e 80mm de camp., à la Manouba.
8e
— 12e
- (1sect.seul1).. 80mm demont.,àTabarka.
1 sect.,Kef.
(1
9e
— 13e - 801, — 1
Ghardimaou.
—
Fernana.
—
111 sect., La Manouba.
10°
— 13e — 80mm
—
1 — Mateur.
— Béja.
- à Aïn-Draham.
38e—gO"
13e 16e 80mm
— —
1" — 19e —
,
à
batterie à pied, servantdu90, Bizerteet Tabarka. à
2e — de camp., au Kef.
N° XXXV
Insurrection de Sfax.
1. Ali ben Khalifa, le vieux caïd des Neffet, avait affirmé, dès le début, son in-
tention de se mettre à la tête du mouvement insurrectionnel; il se faisait remar-
quer par son activité.
Il avait envoyé un de ses fils en Tripolitaine, soi-disant pour demander des
secours à l'empire ottoman et il affirmait hautement que cinq armées turques
avaient débarqué à Tripoli et allaient incessamment se mettre en route pour venir
au secours de la Tunisie.
Il serait difficile de préciser le mobile qui avait poussé Ali ben Khalifa à se lan-
cer dans le parti de la protestation. Etait-ce l'ambition, le mécontentement ou les
?
convictionspolitiques et religieuses Redoutait-il de perdre, par le fait de notre
protectorat, la considération et l'influence dont il jouissait dans le pays, ou bien
rêvait-il, peut-être, de substituer son autorité à celle du bey et de se créer une
puissance avec laquelle nous consentirions à traiter? Il y avait certainement un
peu de tout cela dans les motifs qui le faisaient agir. Ajoutons que depuis quel-
que temps il voyait son crédit diminuer à la cour du Bardo et qu'il désirait vive-
ment ressaisir la haute situation qu'il avait occupée jusqu'alors dans la Régence.
Son fils Rached, ardent et fanatique, aux passions vives et d'une ambition sans
bornes, entraîné par son caractère vers les émotions et les aventures de la vie
guerrière, avait une grande influence sur l'esprit, déjà affaibli par l'âge, de son
père Ali ben Khalifa.
Au même moment, les Metellit' refusaient d'obéir à Has-
souna Djellouli.
Sur ces entrefaites, le consul de France d'une part et les
officiers de la canonnière le Chacal mouillée en rade de Sfax,
furent l'objet de violences et d'insultes de la part des indi-
gènes ameutés qui dirigèrent même des coups de feu sur les
marins venus au secours de notre représentant et de leurs
chefs.
Le surlendemain et les jours suivants, des bâtiments de
l'escadre vinrent renforcer le Chacal. La population euro-
péenne, menacée par les insurgés, dut se réfugier à bord de
nos vaisseaux.
Un comité de défenses'organisa dans la ville sous la prési-
dence du cheik El Hadj Mohamed Kamoun (la direction des
travaux était confiée à l'amin des maçons, Mohamed ben Zid ;
le commandement de l'artillerie à Mohamed Mahtoug).
Des contingents des Souassi, des Oulad-Iddir et des Zlass
arrivèrent, répondant à l'appel d'Ali ben Khalifa.
Les Souassi (cent cavaliers) s'en retournèrent bientôt chez
eux. Les Oulad-Iddir séjournèrent quelques jours dans la ville ;
ils y commirent tant de désordres qu'Ali ben Khalifa les ren-
voya honteusement2.
Cette intervention accrut encore l'influence d'Ali ben Kha-
lifa sur la population de Sfax.
Dès lors il imposa complètement son autorité à la ville et
saisit la direction générale des affaires.
1. Ils voulaient un autre caïd de leur choix. Celui qu'ils voulaient c'était Moham-
med Djellouli récemment nommé gouverneur du Kef et de l'Ounifa, en remplace-
ment de Rechid (celui qui avait livré la place au général Logerot). Cette préfé-
rence mérite d'être remarquée et se passe de commentaires.
Le Bardo avait été informé des événements survenus à Sfax. Espérant donner
satisfaction, dans une certaine mesure, aux exigences des Metellit, illeur envoya
comme caïd Saddok ben Abd el Ouahab bach amba. Ce personnage ne put que se
présenter devant la ville; l'attitude de ses administrés lui parut si peu rassu-
rante qu'il jugea prudent de retourner immédiatement à Tunis.
2. Ils allèrent rejoindre, sous la conduite d'Ali ben Amara et d'Ali, fils de leur
caïd El Hadj Hassein ben Messai, les Oulad Sendassen et les Oulad Khalifa des
Zlass à Sidi-Amor-bou-Hadieba.
Hassouna Djellouli était, par ce fait, mis à l'écart. Comme il
évitait prudemment de faire parler de lui, personne ne son-
geait à l'inquiéter. Mais tout à coup le bruit se répandit qu'il
favorisait les étrangers et leur confiait les secrets de la
défense. Aussitôt la foule se porte devant sa maison et le me-
nace de mort; il n'eut que le temps de se réfugier dans l'asile
de la zaouïa de Sidi-el-Karraï, d'où il put gagner clandestine-
ment un des bâtiments de la flotte.
Le départ du gouverneur de Sfax fut le signal du pillage du
quartier européen, auquel se livrèrent, avec une égale ardeur,
les habitants de la ville et les Metellit accourus du dehors.
Le 13 juillet, Mohamed el Baccouch, gouverneur de Sousse,
envoya aux notables une lettre pour les inviter à respecter les
volontés du bey et à ne pas prendre part à la révolte.
Les notables se réunirent chez le cadi. La majeure partie
désirait vivement la paix; mais la minorité turbulente fit pré-
valoir son avis et réussit, par ses menaces et ses violences, à
intimider les instigateurs du mouvement de réaction.
Pendant que l'on commentait, dans le plus grand tumulte,
les termes de la lettre du gouverneur du Sahel, arrivent deux
cavaliers Neffet, qui, sans plus de cérémonie, arrachent ce
document des mains du cadi qui venait d'en donner lecture
et vont le porter à Ali ben Khalifa.
Dès le lendemain, Ali ben Khalifa fait venir les notables
à son camp, leur reproche amèrement leur faiblesse et leur
déclare que, dans ces conditions, il va se rendre à Gabès
où il a des biens et des propriétés à défendre; tant pis pour
eux si, après son départ, les Métellit et les autres tribus
mettent leur ville au pillage. Il donne, devant eux, l'ordre
du départ et de la marche sur la route de Si-el-Aguerba et
les congédie..
Les Neftet lèvent immédiatement le camp et commencent
leur mouvement de retraite; mais dans la soirée les notables
de la ville vinrent supplier Ali ben Khalifa de ne pas les aban-
donner, lui promettant de se défendre jusqu'à la dernière
extrémité.
Le chef insurgé consentit à arrêter la marche rétrograde de
sa tribu.
Peu de temps après, le bombardement régulier de la place
vigueur;
commença. Les habitants de Sfax résistèrent d'abord avec
la nuit, ils réparaient les dégâts causés à leurs murs
pendant le jour et remettaient en batterie les canons démon-
tés. Le commandant de l'escadre française mit fin à ces tra-
vaux en faisant continuer le tir à l'aide de la lumière élec-
trique.
Le 16 juillet au matin, la majeure partie des insurgés,
effrayés par le redoublement de la canonnade et par les pré-
paratifs de débarquement, s'enfuit dans les jardins; quelques
groupes de fanatiques seuls restèrent dans l'intérieur de l'en-
ceinte pour faire face à notre attaque. Abrités derrière les
débris de leurs murailles ou derrière des retranchements im-
provisés, ils soutinrent courageusement la lutte, jusqu'à la
dernière extrémité, malgré de fortes pertes.
Les Neffet et les autres nomades s'étaient chargés de la
défense extérieure. Ils combattirent d'abord sur le rivage;
mais bientôt, chassés par le feu del'artillerie, ils prirent fuite la
pour se réfugier dans les jardins. Presque aussitôt Ali ben
Khalifa donna le signal de la retraite.
Laissant son frère El Hadj Salah ben Khalifa3 repartir pour
Chenini, il alla reporter son camp dans la vallée de l'oued-
Chaffar, au lieu dit Marouga, à 60 kilomètres à l'ouest de
Sfax; plus tard il devait aller s'établir avec ses fils et ses
neveux à Oglat-el-Foumi, dans la vallée de l'oued-Rann.
Les combattants de Sfax qui échappèrent au désastre allè-
rent, pour la plupart, se joindre à Ali ben Khalifa; quelques-
N° XXXVI
;
Cette masse de jardins, tous garnis de murs ou de haies de
cactus, forme un ensemble presque inabordable les arbres y
cachent les mouvements de l'ennemi.
La plage n'est abordable que sur un très petit espace, au
débarcadère ordinaire; partout elle est très vaseuse. Il n'y a
d'autre point abordable qu'à 11 kilomètres au sud ou à 2 kilo-
mètres au nord.
L'ennemi avait renforcé sa position par une redoute carrée
en terre renfermant un chantier d'alfa; des ballots d'alfa en-
combraient les environs.
La flotte arriva au mouillage, le 14 juillet, à 10 h. 30.
A 4 heures, il y eut conseil chez le vice-amiral Garnault. On
y proposa le débarquement soit à 11 kilomètres au sud, soit
à 2 kilomètres au nord; dans le premier cas, il fallait faire une
longue marche de flanc, dans un terrain assez découvert,
mais par une température élevée, avec des soldats fatigués de
la vie à bord; le deuxième projet présentait des difficultés
moindres, mais le terrain était plus couvert et la ligne de
marche enserrée entre les jardins et la plage.
La colonel Jamais préférait tenter le débarquement de vive
force après bombardement. Il fit accepter son projet par le
vice-amiral et il fut décidé que les préparatifs seraient faits
le lendemain dans tous leurs détails, que le bombardement
serait entretenu avec régularité pendant ce temps et que
le 16, au point du jour, le bombardement le plus intense
écraserait la ville pendant que les troupes descendraient dans
les embarcations et seraient remorquées vers la plage.
Le colonel Jamais, qui prenait le commandement de l'opé-
ration dès que les troupes étaient à terre, régla ainsi les dis-
positions de l'attaque :
L'attaque du quartier européen fut donnée aux compagnies
de débarquement de la marine (1.200 hommes) elles devaient ;
être appuyées par un bataillon du deuxième voyage (bataillon
du 136e) ;
L'attaque de droite était donnée au bataillon du 92e (500
hommes), déjà habitué au climat1; il devait être soutenu par
le bataillon du 93e;
L'attaque de gauche devait être exécutée par le bataillon
du 71e, soutenu par le bataillon du 137e.
Le côté droit était certainement le plus menacé.
Pendant l'attaque, les flancs devaient être balayés par les
canonnières et les canots armés.
;
On devait commencer à toucher terre à 6 heures du matin.
Les choses suivirent d'abord leur cours mais les marins de
débarquement gagnèrent de vitesse et débarquèrent seuls et
avec entrain au quartier de la marine. Une batterie rasante,
qui s'y trouvait, n'avait pas été complètement démontée; son
tir n'eut pas d'effet. Une tranchée établie à sa droite contenait
une douzaine de fantassins qui firent feu sans résultat et
furent tués sur place. Le quartier européen put être abordé
et tourné sur la droite.
Les marins s'étendirent vers le chantier d'alfa mais pres- ;
que aussitôt arriva le convoi de l'Alma portant le 92e, qui
débarqua aussi à la marine et remplaça les marins à droite.
:
marins avaient occupé le quartier européen et avec la torpille
faisaient sauter la porte de l'enceinte des coups de fusil par-
taient d'une maison sur la gauche; ils y firent plusieurs
pertes.
Les deux portes successives étant brisées, les fusiliers
marins se dirigèrent sur la kasbah. Le 93earrivant enfin, le
colonel Jamais le fit entrer dans la ville arabe. Conduit par le
lieutenant-colonel Dubuche, ce bataillon devait gagner, le
plus vite possible, par le chemin de droite, le bout de la ville;
il fut renforcé dans ce mouvement par deux compagnies
du 71e, suivies plus tard des deux autres.
Deux compagnies de marins, avec trois batteries de 65,
étaient à gauche.
Le débarquement continuant avec assez de lenteur, le
colonel Jamais dut diriger les groupes à mesure qu'ils étaient
formés. C'est ainsi qu'il fit passer le 136e près de la kasbah
pour renforcer les fusiliers marins puis envoya à l'alfa deux
des trois batteries de 65 qui n'étaient pas nécessaires à
gauche.
Cependant, en ville, les marins gagnaient la kasbah; le
lieutenant-colonel Dubuche faisait le tour des remparts à
droite.
A l'alfa, les Arabes disparaissaient, puis revenaient; les
cavaliers tournoyaient en tiraillant. Nous y faisions quelques
pertes et nos munitions commençaient à s'épuiser. Le colonel
Jamais en fit envoyer de la marine et demanda au capitaine
de vaisseau de Marquessac, commandant au débarquement,
de faire passer au nord des canonnières et des cahots armés
de canons-revolvers pour flanquer de leurs feux la droite de
la ligne d'attaque.
:
Leur effet ne se fit pas attendre les Arabes, déjà fatigués de
leurs pertes antérieures, rentrèrent dans les oliviers et n'en
sortirent plus ensuite qu'en petit nombre.
Le combat était en réalité terminé; il était environ 11 heu-
res. En ville, les marins avaient aussi continué leur marche
vers l'ouest et s'étaient rencontrés avec les compagnies d'in-
fanterie. On sillonnait les rues. A la mosquée, il y eut des
coups de fusil et des blessés.
Le drapeau français flottait à la kasbah à 10 heures;
à 11 heures il était planté à la porte de la campagne.
A la porte de la plage, il fallut faire avancer un canon de 65
pour mettre le feu à la maison d'où l'ennemi nous avait blessé
et tué des marins.
Le 137e ayant pu débarquer un deuxième convoi à midi, le
colonel Jamais lui fit relever le 92e. Les fusiliers marins
rentrèrent à bord et les bataillons prirent leurs positions
d'occupation et de défense.
Le 92e, rentré dans Sfax, occupa la moitié est de la ville,
dont le 93e occupait la moitié ouest; le 137e s'installa dans la
redoute de l'alfa; le 136e prit position au pied de la kasbah, en
dehors et le 71e dans le quartier européen, prêts à se porter
où il serait nécessaire.
Puis on continua à fouiller les maisons. Les Arabes qui s'y
défendaient encore furent exécutés; à la mosquée il fallut
employer la torpille, une douzaine d'Arabes y furent écrasés.
Nos pertes dans la journée du 16 furent de dix tués (dont sept
marins) et vingt-cinq blessés (le lendemain un fantassin fut
tué fouillant une maison).
encore en
On trouva sur place 43 pièces de 16 et 18 centimètres, puis
19 de calibres très variés 12, 4, etc; des boulets de tous les
modèles, 2.200 kilogrammes de poudre à la kasbah et beau-
coup de munitions de fusils de guerre de précision portant
sur l'enveloppe des paquets l'indication de leur origine, suisse,
américaine, anglaise, italienne, Venise1.
Un bataillon du 77e et des détachements de renfort arrivè-
rent en rade de Sfax, le 17 juillet dans l'après-midi.
N° XXXVII
;
la kasbah et ses abords; avec deux compagnies le bastion blanc et
ses abords le 93e occupa tout l'intervalle entre ces deux postes,
vers la porte des champs; le 71e fut cantonné dans la ville euro-
péenne; le 136e dans la partie ouest de ce quartier avec une com-
pagnie de grand'garde sur la face de la kasbah, en avant de laquelle
elle commença une tranchée-abri et une compagnie en soutien
gardant la porte de l'ouest; le 137e occupa l'enceinte palissadée de
l'alfa, prolongée jusqu'au rempart par des balles de cette plante.
La nuit se passa sans incidents bien notables; il y eut quelques
coups de feu et beaucoup de bruit à l'extérieur, surtout du côté
nord-est; de nombreux coups de feu également dans la ville arabe,
ce qui tint les troupes en alerte une partie de la nuit.
Le service de sûreté avait été aussitôt organisé partout.
;
sounaDjellouli, réfugié à bord de l'Alma, descend à terre et reprend
possession de son poste il avait attendu, sur le bâtiment français,
de pouvoir rentrer chez lui en toute sûreté.
Arrivée en rade de Sfax du général Logerot, commandant
sion d'occupation.
la
divi-
et
juillet, en même temps que le bataillon du 78e, venu sur l'Algésiras qui, avec
le bataillon du 71e, formera le groupe commandé par le lieutenant-colonel Bernet,
chargé de l'occupation de l'île Djerba.
1. L'Intrépide arrive le 29 juillet en rade de Gabès, y débarque le 137e (une
compagnie le 29 au soir, trois compagnies le 30 au matin), puis file sur Djerbaoù
il débarque, le 31 juillet, le bataillon du 71e.
N° XXXVIII
i
Baba, Chenini, Bou-Chemma, Methouïa, Oudref, Grennouch, Teboulbou,
Zarat)
2°
;El-Hamerna, possédant les oasis de Mareth, Ketena, Zrigue el Ber-
rania, Aram,El-Medouc, El-Ghendri, El-Mnara;
3° El-Aleya;
4° Oulad-Mansour;
5° El-Hazem. Les Hazem possèdent Zrigue-el-Daklania et ;
Meterech;
6° El-Gheraïria, possédant les oasis de Sidi-Salem et Gheraïri
7° Benid-Zid et El-Hamma;
8° Matmata (El-Achach, Taoudjout, Guelaat-beni-Aïssa, Tamezeght,
Oulad-Sliman, Beni-Zelten, El-Braouka, Zmerten, Zraoua, etc.).
Hararza,
Rebeten noirs,
Rebeten blancs,
1° Khezour. Oulad-Aoun-Allah,
a
Rebaïa,
Mestoura,
Haouaïa;
;
u| [
20 Accara;
30 Oulad-Medenin
9° Confédération 40 Temera;
des
Ouarghamma.
<]5°TouazineOulad-M hamed,
I Oulad-Bou-Zid J;(
Oulad-Hamed
Mhamed<(~Oulad-Hamed;
ameOulad-Khalila;
;
l
F
707°
;
Ouderna nomades
6°
Djelidat;
Djelidat;
dudjebel. ,
I Ghoumerassen, Beni-Barka, Guet-
du djebel.
Hdu Je
toula, Beni-Khezer, Cedra, Che-
nenni, Douiret.
•
N° XXXIX
Insurrection de l'Aarad.
;
temps après la signature du traité; nous devons continuer à obéir au bey, tout en
?
vous obéissant comment cela pourra-t-il se faire Une femme ne saurait être à
deux maris. »
Ces paroles étaient bien l'expression des sentiments qui animaient la foule.
2. Voir la note 2 de l'annexe n° XXXV, page 165.
La mesure, dont M. Sicard avait pris l'initiative, causa chez
les Beni-Zid et les Hazem aussi bien qu'à Menzel et à Chenini,
une très vive irritation qui se traduisit par des menaces de
mort à l'adresse de notre agent consulaire et des rares Euro-
péens établis dans la région.
Tous les villages de l'Aarad, à l'exception du seul village de
Djara, résolurent de prendre les armes.
Cette abstention de Djara était due à El Hadj Ahmed ben
Djerad, oukil des habbous à Djara, vieillard de 80 ans, qui
persista jusqu'au bout, malgré les menaces de ses ennemis
et les malheurs qui vinrent le frapper, dans la voie qu'il s'était
tracée.
Il avait compris que toute immixtion dans les affaires de la
Régence devait nécessairement mettre un terme aux abus qui
écrasaient son pays et il désirait pour les siens la civilisation,
la paix et la prospérité.
Ali ben Khalifa qui, quelques semaines avant, campait au-
près de Chenini, sur la lisière de l'oasis, avait remarqué la
tiédeur des sentiments qui animaient les habitants de Djara. Il
avait fait appeler El Hadj Ahmed ben Djerad; celui-ci avait
refusé de se rendre à cet appel.
Les événements du nord avaient attiré Ali ben Khalifa vers
l'oued-Rann; il avait oublié d'inquiéter l'homme qui lui avait
résisté.
Les gens de Chenini et de Menzel apprirent avec colère la
défection des habitants de Djara; ils leur envoyèrent M'hamed
elMidassipour tâcher de les entraîner; une dizaine de mes-
kines ou de voyous de Djara se rallièrent seuls à sa cause.
Vers le 15 juin 1881, les Menzeli affirmaient leurs intentions
séditieuses en assassinant un juif de Ksar-Moudeninequi était
venu se réfugier dans leur village, et en détruisant le fil télé-
graphique. Le premier pas était fait.
Le lendemain, Mohammed ben Cherfcddine1, El Hadj Salah
;
ment dans l'insurrection aux premières excitations d'Ali ben Khalifa il avait
répondu, tout en lui promettant son concours, qu'il regrettait de ne pouvoir quitter
son territoire menacé par les Ouarghammaet les bandits tripolitains.
1. Voir 1, annexe n° XXXV, page 162.
familles; elles devaient y revenir plus tard en fugitives et en
vaincues.
Le 25 juin, la nouvelle de l'insurrection de Sfax se répand à
Gabès.
Aussitôt les Beni-Zid manifestent ouvertement l'intention
de massacrer les étrangers établis à Gabès.
Malgré les protestations des notables de Djara qui promet-
,
taient de le défendre jusqu'à la dernière extrémité, notre
agent consulaire jugea prudent de s'éloigner; il s'embarqua
le 30 juin avec sa famille, quelques Européens et deux em-
ployés tunisiens.
Le khalifa de l'Aarad, Si Zerrouk ben Bou Ali, s'empresse
de rendre les armes confisquées quelque temps auparavant et
qu'il n'avait pas envoyées à Tunis, malgré les ordres du gou-
vernement beylical. Cet acte de Zerrouk (le représentant offi-
ciel du gouverneur de l'Aarad Si Haïder, qui était à Tunis et
se gardait bien de revenir dans son commandement), fut con-
sidéré comme la reconnaissance de l'insurrection.
Dès lors ceux qui, en dehors du village de Djara, pouvaient
encore pencher en notre faveur, nous abandonnèrent.
Les gens de Menzel et de Chenini, voulant se consacrer sans
arrière-pensée et sans faiblessé à la lutte qu'ils sentaient pro-
chaine, conduisirent leurs familles et transportèrent leurs
biens dans le djebel-Matmata. Ils revinrent ensuite à Gabès,
plus arrogants encore.
Vers le 19 juillet, El Hadj Salah ben Khalifa, M'hamed el
Midassi, khalifa des Hazem et Mohamed ben Cherfeddine
revinrent de Sfax1. Leur arrivée provoqua un redoublement
d'irritation.
A force de travailler sur les événements du 16 juillet, les
imaginations voient déjà les troupes françaises en marche sur
Gabès; bientôt on raconte couramment qu'elles sont à Metouïa
et qu'elles se portent sur Chenini.
1°
2° (
opérations à Gabès Mille)
;
occupation de Sfax (lieutenant-colonel Dubuche)
;
— —
3° prise de possession de Djerba (lieutenant-colonel Bernet) ; ]
et annexe n° XLI. Résumé des rapports hebdomadaires du commandant d'armes
de Gabès.
1. L'audace des insurgés rendait intolérable la situation des habitants de Djara-
Kebira.
2. Trois soldats du 14e régiment d'infanterie.
Peu de temps après les insurgés reviennent et brûlent la
maison du télégraphe et les habitations des juifs.
Jusqu'alors, Si Haïder, gouverneur de l'Aarad, n'avait pas
quitté Tunis. Ayant appris que nos opérations étaient en bonne
voie, il s'embarque et arrive le 12 août à Gabès.
Dès le 13, il se mettait en relations avec le cadi de Menzel,
Si Abd el Aziz; celui-ci, en homme pratique et voyant que la
balance penchait de notre côté, répondit favorablement à ses
ouvertures.
Abd el Aziz n'obtint d'abord aucun succès auprès des siens;
le ramadan venait de finir et les excitations du mois sacré
avaient rallumé l'ardeur générale; mais, surtout, certaines
récoltes arrivées à maturité dans les jardins de l'oasis de Ga-
bès, tentaient les voleurs et les pillards.
L'oasis de Gabès regorgeait alors d'indigènes, venus de
presque tous les villages de l'Aarad, dans l'intention de piller
les jardins de Djara. Quelques-uns avaient commencé leur
besogne et ne voulaient pas l'abandonner; les ouvertures
d'Abd el Aziz ne pouvaient donc réussir auprès d'eux.
La situation ne se modifia pas sensiblement jusqu'à la fin
d'octobre. Les dissidents inquiétaient les gens de Djara et nos
avant-postes, reculant devant la marche de nos troupes, re-
venant à leurs positions quand celles-ci retournaient à leurs
quartiersa.
Le 31 août, le lieutenant-colonel Mille conduit une forte re-
connaissance vers Métrech et Zerigue; quelques coups de
fusils à Ménara.
Le 17 septembre, un bataillon secondé par les gens de Djara
continue la destruction de Menzel; les jours suivants l'artil-
lerie fouille les oasis des environs pendant que le Chacal
a. Les opérations autour de Gabès présentant peu d'intérêt au point de vue mi-
litaire (elles se bornèrent, presque dès le début, à des sorties du petit corps fran-
çais, s'appuyant sur un camp fortifié, contre un ennemi qui reste sur la défensive,
actions qui ont surtout pour but de lui donner de l'air) et ne se liant pas aux opé-
rations poursuivies ultérieurement par les colonnes françaises, nous avons ter- ,
miné d'un coup l'étude de l'insurrection dans l'Aarad, jusqu'au moment où l'ap-
proche de la colonne Logerot sur son flanc en désorganisa la résistance.
concentre son feu sur Chenini, Bou Chemma, Menzel et l'oasis
de Gabès.
Le 27 septembre, trois indigènes de Ghennouch, faits pri-
sonniers près de Djara, sont passés par les armes.
A la suite de cette exécution et de la canonnade des jours
précédents, les maraudeurs commencent à abandonner l'oa-
sis de Gabès pour rentrer chez eux.
La nouvelle de la prise de Kairouan (26 octobre) achève de
jeter le trouble dans le camp dissident.
Mohamed ben Cherfeddine et M'hamed el Midassi manifes-
tent l'intention de se retirer sur El-Hamma, tandis que Salah
ben Khalifa et le bach muphti Ali el Habib prétendent conti-
nuer la résistance sur place. Les moins compromis parlent
même de soumission.
Bientôt on apprend qu'une colonne française doit partir de
Kairouan pour venir donner la main aux troupes de Gabès.
Aussitôt les habitants d'Oudref et de Métouïa viennent faire
leur soumission.
;
Ceux des Djariens qui avaient suivi les conseils des gens
de Menzel, regagnent clandestinement leur village l'autorité
française, afin d'encourager ces tendances, ne paraît pas
s'apercevoir de leur retour.
Dès le 23 novembre, des groupes d'indigènes de différentes
tribus, refoulés vers le sud par la colonne Logerot, commen-
cent à affluer dans l'Aarad, ravageant les jardins, ruinant et
détruisant ce qui avait été épargné jusqu'alors.
Le 26 novembre, la. colonne française étant arrivée sur
l'oued-Akarit, les chefs insurgés se décidèrent à abandonner
Chenini, dont ils avaient fait leur quartier général, pour se
retirer sur El-Hamma des Beni-Zid.
Le désordre était arrivé à son comble. Mohamed ben Cher-
feddine et le bach muphti Ali el Habib avaient en vain essayé
de le prévenir et d'empêcher les forces insurrectionnelles de
se disperser. Ils avaient été débordés et ils se retiraient en
toute hâte, accompagnés seulement de quelques cavaliers
qu'ils avaient pu encore grouper autour d'eux.
U
Un
U
n
du
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nbataillon
dul36
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.11
(
débarqué à Sfax le
on}.
présent
presentàa
che
était présent à
N°XL
U|b 11
forte de neuf bataillons.
Elle est ainsi répartie, le 1er août 1881 :
Unbataillon)
17 juillet.
Sfax le 16 JulIlot.
n"1,sous
Sfax le 16juillet.
Ces
à SFAX.
trois batail-
Ions ont formé, à la
datedu31juillet,
les
le reglment de mar-
che n° 1, sous les
ordres du lieute-
nant-colonel DUBU-
CHE, du 83e.
présent à Sfax, le 16 juillet. Ce bataillon ancien,
U bataillon provenant de la Manouba, reste à Sfax jusqu'au 11 août,
u date à laquelle il s'embarque pour la Goulette.
était présent à Sfax, le 16 juillet. Em-
Un bataillon barque le 27 juillet (avec le 71e) à
du 137e j bord de l'Intrépide.
V débarqué à Gabès les 29 et 30 juillet.
embarqué le 21 juillet à Toulon à bord I
l de l'Algésiras, à destination de la à GABÈS.
Un bataillon ) Manouba, dirigé directement sur le Sous les ordres
du 14e j sud par ordre du ministre de la du lieutenant-colo-
r guerre. nel MILLE, du 143'',
débarqué le 25 juillet à Gabès. L
commandant d'ar-
l
!I embarqué le 21 juillet à Toulon à bord mes de Gabès.
de l'Algésiras, à destination de la
Un bataillon Manouba; dirigé directement sur le
du 107e sud par ordre du ministre de la
I
guerre.
débarqué le 25 juillet à Gabès.
embarqué le 21 juillet à Toulon à bord
l de l'Algésiras, à destination de la ]
Un bataillon lanouba; dirigé directement sur le t à DJERBA.
du 78
f guerre.giment
j sud par ordre du ministre de la Forment un ré-
de marche
débarqué le 28 juillet à Houmt-Souk. sous les ordres du
Un bataillon
-
était présent à Sfax le 16 juillet. Em- lieutenant colonel
barqué le 27 juillet (avec le 137e) à BERNET, du 55e.
du 71' bord de l'Intrépide. j
débarqué le 31 juillet à Houmt-Souk.
De ces neuf bataillons, huit sont des bataillons envoyés de
France depuis le premier rapatriement.
XLI
:
régiment d'infanterie
dont un mortellement.
5 blessés,
,
Munitions consommées.
!
1
24 -
i 10.615 cartouches mle 1879.
derevolver.
43 obus ordinaires.
5 — à balles. -
7 août. — Les habitants de Menzel inquiétant chaque jour les
s
;
habitants de Djara et nos avant-postes, le lieutenant-colonel décide
une expédition contre Menzel il se propose de faire détruire les
maisons des principaux chefs et la grande mosquée. Deux lieute-
nants de vaisseau, à la tête de quelques marins porteurs de fulmi-
coton sont chargés de l'opération. L'un d'eux a mission de détruire
ces bâtiments; le second, couvert par une compagnie du 137e,
pénètre dans l'oasis et essaie d'abattre les palmiers.
Le 107e se relie au 137e et couvre le village; les hauteurs qui
dominent Menzel, du côté du sud, sont occupées par une compagnie
du 107e.
Le travail de destruction réussit pleinement dans le village, mais
non dans l'oasis où cinq arbres seulement ont pu être abattus (le
bois de palmier est trop élastique). L'opération, commencée à 5
paru;
heures du matin a été terminée à 8 heures; l'ennemi n'a point
les hommes rapportent une petite provision de bois.
10, 11,12 août. — Les habitants de Menzel tiraillent contre Djara;
les gens de Djara, autorisés à conserver leurs armes, font le coup
de feu contre eux; les démonstrations contre nos avant-postes sont
dispersées par nos feux de salve.
Le 12, vers midi, les habitants de Menzel semblent évacuer com-
plètement ce village après avoir brûlé la maison du télégraphe et
celle d'un juif.
31 août.
— Reconnaissance des oasis de Métrech, deMénara et de
Zérigue dirigée par le lieutenant-colonel.
Y prennent part 6 compagnies (2 du 107e, 4 du 14e), la section du
génie, les 2 sections d'artillerie et le détachement du train des
équipages.
[Le bataillon du 137e fournit entièrement le service des avant-
postes (2 compagnies à Djara, 2 compagnies à la garde du camp);
les 2 compagnies restantes du 107e, en réserve, surveillent le village
de Menzel.]
La colonne, partie à 5 heures du matin, trouve Métrech inoccupé,
;
qu'à la rive gauche de l'oued-Gabès et ouvrent le feu contre nos
sentinelles établies sur les terrasses celles-ci ripostent vigoureu-
sement.
L'artillerie fouille de ses projectiles les jardins qui s'étendent à
l'ouest de Menzel.
A 7 heures, l'explosion se produit. -
(La section du génie avait disposé un chapelet de dynamite, sur
les murs à détruire, à raison de 2k,500 par mètre courant; la lon-
gueur totale du chapelet était de 18 mètres; il était amorcé en 5
points au moyen de cartouches munies de un mètre de cordeau
Bikford. A 7 heures, toutes les mèches furent allumées à la fois,
et, quelque temps après, une explosion unique déterminait la chute
de 20 mètres de murs).
: :
La colonne rentra aussitôt au camp, sans aucune perte.
137e d'infanterie 531 cartouches mle 1879.
Munitions consommées. artillerie 28 obus ordinaires, 8 à balles;
total 36.
N° XLII.
Demi-bataillon du 71".
Bordj-Marsa.
Bordj-Tarbella.
N° XLIII
;
M'ahmed el Mrabot reçut les délégués avec beaucoup d'é-
gards il les combla de bonnes paroles et, finalement, il les
congédia sans leur avoir fait aucune concession.
:
Après être sorti de la maison du gouverneur, Salah ben
Saïdan, s'apercevant qu'il avait été joué, s'écria « Si nous
ne menaçons ce chien-là de mort, nous n'obtiendrons rien de
lui. »
;
Cependant l'émeute grossissait dans la ville des groupes
de Fathnassa, de Koobs, de Gouazine, en quête d'aventures,
étaient venus se joindre aux Zlass et participer à leurs désor-
dres.
Les Zlass avaient imposé aux habitants de Kairouan, gens
;
tranquilles et pacifiques, comme caïd, un des leurs, Hassein
ben Brénis personne n'avait protesté contre cette mesure qui
mettait la ville à la merci des pillards qui faisaient partie des
bandes insurgées.
Le 17 juillet, Salah benSaïdan se rend, à la tête de quelques
hommes armés, à la maison du gouverneur, sous prétexte de
lui demander de la poudre, en réalité pour s'emparer de sa
personne. Mais il trouva porte close et une garde bien résolue
et bien armée; il fut forcé de rebrousser chemin; grand tu-
multe dans la ville.
Le lendemain 18, le bruit se répand que Sfax a été bombardé
et pris d'assaut; les émeutiers inquiets s'attendent à voiries
troupes françaises marcher sur Kairouan. Cette diversion
sauva le gouverneur.
Le ramadan venait de commencer
:
:
l'observation des pra-
tiques religieuses obligeait un grand nombre d'indigènes à
l'inaction mais si la lutte brutale était suspendue, la propa-
gande se poursuivait active et incessante.
El Hadj-Hassein ben Messaï, caïd des Oulad-Iddir, avait pris
récemment la direction du mouvement insurrectionnel à
Kairouan (il projetait une marche sur Tunis pour fêter la fin
du mois sacré et il assignait comme point de rendez-vous
général la plaine de Kasseb, au nord de Kairouan).
Ses émissaires allèrent partout porter sa parole
Les Oulad-Ayar, encore inquiétés par la présence, sur leurs
:
confins, des Hammema et des Madjeur, répondirent que les
circonstances présentes ne leur permettaient pas de se rendre
à son appel.
Les Oulad-Aoun' et les habitants de la Kessera déclarèrent
qu'ils étaient liés aux Oulad-Ayar.
1. Pendant les mois de juin et juillet, les Oulad-Aoun s'étaient maintenus dans
la neutralité la plus absolue. Un chef habile, bien intentionné et courageux, eût pu
profiter avantageusement de ces bonnes dispositions pour maintenir ses adminis-
:
trés dans le devoir. Mais le caïd de la tribu, Brahim ben Djouini, habitait Tunis.
Au milieu du désordre général, il n'eut qu'un souci nuire à la réputation et aux
Les Hammema, les Fraichich et les Madjeur paraissaient peu
disposés à s'engager dans l'aventure proposée par El Hadj
à
Hassein ben Messaï et se mettre sous son autorité.
Les Zlass se lancent donc seuls vers le nord.
El Hadj Hassein, comprenant que ces djich vont lui atti-
rer des représailles, veut des alliés. Aussitôt il envoie des
cavaliers chez les Oulad-Saïd pour les prévenir qu'il va les
attaquer s'ils ne font pas cause commune avec lui. Le caïd El
Hadj Ouâar ne fait aucune opposition; il entraîne presque
toute sa tribu qu'il groupe à El-Agaïr, au nord du lac Kelbia
et à l'est du fort de Sidi-Ghouï. (Les Oulad-Abderrahman et les
Oulad-Abdallah, seuls, restent fidèles au bey et vont camper
à Settah, près de Sidi-Bou-Ali.)
Il procède de même à l'égard des Souassi. Le khalifa Salah
ben el Hafsi, resté seul à la tête de la tribu, depuis la fuite du
caïd, lui amène immédiatement à Kairouan 150 cavaliers et
300 fantassins.
Les bandes de déserteurs et de réfractaires qui font la loi
dans le Sahel et sèment la terreur dans les environs de
Sousse, Mahédia et Monastir, répondent aux émissaires d'El
Hadj Hassein qu'elles sont prêtes à seconder ses efforts'.
Les Zlass seront donc aidés, dans les incursions qu'El Hadj
Hassein ben Messaï projette de faire dans le nord de la
Régence, par la plus grande partie des Oulad-Saïd, les Souassi
et les bandes du Sahel.
Les Fraichich.
Les Fraichich et les Hammema avaient été les premiers à se
El Hadj Harrat.
intérêts du marabout Sidi Ahmed ben Abd el Melek, avec lequel il était en mau-
vais termes.
Comme toujours, les petites rivalités et les vengeances particulières passaient
avant le bien public.
Dès le début,'Brahim ben Djouini avait accusé le marabout de prêcher le désor-
dre ; puis il avait révoqué le khalifa, parent du marabout, et l'avait remplacé par
malveillantes.
Mohamed el Bouiri, dont les sentiments hostiles à notre égard étaient connus.
Brahim ben Djouini préparait donc l'insurrection par ses mesures maladroites,
sinon
1. Voir note 2, tome I, page 61.
jeter, sans hésitation, dans le parti de l'insurrection; les Frai-
chich surtout, qui avaient depuis longtemps de vives contes-
tations de limites de territoire avec les tribus algériennes dans
la zone avoisinant Tébessa.
L'instigateur du mouvement était le caïd des Oulad-Nadji
(Fraichich), El Hadj Harrat.
Ce chef indigène devait 70.000 piastres au bey, et il ne pou-
vait s'acquitter; il avait également contracté, chez les juifs de
Tébessa et de Tunis, d'assez forts emprunts qui l'avaient forcé
à recourir aux derniers expédients.
El Hadj Harrat, dans sa situation désespérée, profita des
circonstances pour donner un prétexte grand et honorable
à sa détermination de se proclamer le défenseur de son pays
et de la religion de Mohamed.
Le caïd des Oulad-Nadji avait cherché à attirer dans ses
vues le caïd des Oulad-Ouzzez, Ali Sghir, et le caïd des Oulad-
Ali, El HadjGaïd1.Ces tentatives furent vaines. L'entente ne
parut cependant pas troublée entre les trois chefs des Fraichich.
Mais au mois de juillet, quand l'insurrection gagnait toute
la Tunisie, le gouvernement tunisien, voulant donner un point
d'appui au parti de l'ordre dans le sud-ouest de la Régence,
confia le commandement des Oulad-Nadji à Ali Sghir, espé-
rant que ce chef pourrait maintenir dans le devoir toute la
tribu des Fraichich. (Le bey avait mis El Hadj Harrat en
mesure de le rembourser et, n'ayant pu obtenir satisfaction
immédiate, il l'avait révoqué.)
El Hadj Harrat refusa de résilier ses fonctions et de fait il
resta le caïd de sa tribu jusqu'à son départ pour la Tripoli-
taine. Dès lors il mit tout en œuvre pour détacher d'Ali Sghir
1. Ali Sghir mit un certain temps à se prononcer; mais bientôt voyant la tour-
nure que prenaient les événements dans le nord de la Régence, n'ignorant pas du
reste, en homme intelligent qui avait vécu un peu à notre contact, que la lutte
serait inévitablement fatale pour sa tribu, il finit par déclarer qu'il ne voulait
pas prendre part au mouvement insurrectionnel.
Quant à El Hadj Gaid, homme déjà âgé, il désirait la paix par tempérament et
se souciait fort peu, à la fin de sa carrière, de tenter une aventure aussi péril-
leuse.
les fractions des Oulad-Ouzzez qui étaient restées fidèles jus-
qu'alors à leur caïd.
Ali Sghir entra en relations avec l'autorité militaire de
Tébessa et lui demanda son appui.
:
seurs à cheval) prend le commandement du Kef (il est arrivé au Kef depuis
trois jours). Les troupes présentes au Kef sont 3 compagnies du 83" (la quatrième
est détachée à Sidi-Youcef) ; une batterie de 90mm; un escadron du 13e chasseurs
à cheval.
Aussitôt après avoir pris possession de son commandement, le colonel de la
Roque rend compte que l'installation des troupes est des plus précaires, que l'état
;
sanitaire et l'état moral sont mauvais (deux artilleurs se suicident dans la soi-
;
rée du 26 juin) la fièvre typhoidc règne dans la population indigène (un tiers
a péri du choléra en 1845-46 la moitié de ce qui restait avait succombé au typhus
de 1867); la ville est d'une saleté repoussante.
Le colonel demande deux cents grandes tentes pour faire camper les troupes à
Le 16 juillet, le collecteur des droits du marché du Sers était
expulsé dans de pareilles circonstances. Les jours suivants,
des juifs étaient dévalisés, des boutiques de marchands mises
au pillage sur différents marchés du territoire.
Les Oulad-Ayar prenaient une large part à tous ces désor-
dres. Dans les premiers jours de juillet, leur caïd, Ahmed
Abou, se voyant en péril au milieu de ses administrés, avait
demandé au bey et obtenu l'autorisation d'aller à Tunis pour
y chercher des instructions. Il était parti avec l'intention bien
arrêtée de ne plus reparaître dans son commandement.
L'éloignement d'Ahmed Abou devait faciliter notable-
ment le jeu d'Ali ben Ammar, qui, de Tunis où il était encore
détenu, engageait les Oulad-Ayar à persévérer dans leurs dis-
positions, leur promettant de venir sous peu se placer à leur
tête pour prendre la direction du mouvement insurrection-
nell
Le parti de la protestation avait besoin d'un chef énergique;
ses éléments épars agissaient isolément, sans ordres, obéissant
aux impressions du moment, aux sentiments et aux désirs de
quelques individualités intéressées qui les entraînaient à leur
suite.
Une telle situation, en se prolongeant, eût inévitablement
provoqué, sinon un revirement complet dans l'opinion publi-
que, tout au moins une certaine lassitude dans les esprits qui
eût fortement compromis l'existence des groupes dissidents
de la région.
Sauf Ali ben Ammar, il ne s'était trouvé aucune personna-
lité assez entreprenante pour chercher à imposer son autorité
aux bandes qui parcouraient le pays.
l'extérieur de la ville, des outils (il n'yen a que dix par bataillon), des médica-
ments (il n'yen a pas).
Le bataillon du 122" qui était à Ghardimaou vient, le 27 juin, renforcer la gar-
nison du Kef; il n'a pas 400 hommes valides.
1. Ali ben Ammar, détenu à Tunis par ordre du bey, faisait prêcher l'insurrec-
tion chez les Oulad-Ayar par son frère Amor ben Ammar et par quelques per-
sonnagesttarés, anciens cheikhs ou khalifas révoqués pour concussions, abus de
pouvoir ou détournement de fonds du gouvernement.
Salah ben Hamouda, cheikh des :Oulad-Medine, des Ar-
rouch-Regag, essaya un instant d'étendre son autorité et son
influence aux tribus voisines, mais sans grand succès. A ce
moment, d'ailleurs, l'attention générale se portait avec inquié-
tude du côté de la Rouhia où les Hammema arrivaient en
foule avec l'intention, disaient-ils, d'aller attaquer le Kef et
de couper la voie ferrée.
Dès le 22 juillet, de fortes bandes de pillards Hammema
cherchaient à pénétrer sur le territoire des Oulad-Ayar; mais,
effrayés par l'attitude résolue de ces derniers, ils se rabattaient
vers le pays des Ourtan, le Sers et la région du Kef, razziant
indistinctement douars amis et ennemis, partisans de l'ordre
et dissidents, en compagnie de bandits appartenant aux tribus
de la contrée, qui les guidaient dans leurs opérations1.
Pendant quinze jours, désordre inimaginable.
Mohamed Djellouli2, qui avait remplacé Si Rachid Mameluck
dans ses fonctions de gouverneur du Kef, paraissait peu
s'émouvoir de cet état de choses.
1. Dans la nuit du 22-23 juillet, des rôdeurs viennent tâter les avant-postes du
122e, campé sous Le Kef.
Dans l'après-midi du 23, un djich de onze cavaliers (trois Oulad-Ayar, deux
Hammema, six Madjeur) vient à l'oued-Zaafran; il est, peu après, capturé à Bahra.
Le 24, d'autres cavaliers sont vus à l'oued-Remel.
Le 26, un douar des Klà, sur l'oued-Souani, à 18 kilomètres du Kef, est pillé.
2. Mohamed Djellouli est arrivé au Kef le 13 juillet (il avait été choisi par le
résident général, M. Roustan, parmi les meilleursadministrateurs de la Régence).
Il ne suit pas les conseils que lui donne le colonel de la Roque, de faire rentrer
immédiatement dans leur tribu les chefs indigènes qui résident au Kef et de par-
courir lui-même le pays. « C'est un caractère faible, écrivait le colonel de la
Roque; il demeurera tout au moins inerte au milieu de gens que je soupçonne
fort d'être en connivence avec nos ennemis. »
Si Djellouli ne quitte pas le Kef. Il ne va pas dans les tribus; il laisse ainsi
passer le moment où il pourrait encore faire usage de ce puissant moyen
d'action.
Les caida ne sont pas dans leurs tribus; ils sont dans les villes, heureux d'y
rester pour avoir, quand la révolte éclatera, un alibi à leur service.
Les autorités tunisiennes ne font rien de sérieux pour le maintien de l'ordre
elles adressent quelques lettres banales aux personnages influents pour leur
;
vanter les avantages de la paix et de la tranquillité, font quelques discours, dans
le même sens, aux caïds et aux cheikhs qu'elles mandent auprès d'elles, et tout
se borne là.
De temps en temps il envoyait des cavaliers de l'Oudjak1
pour arrêter les malfaiteurs qui lui étaient signalés ces agents
revenaient régulièrement sans avoir pu accomplir leur mis-
;
sion, après s'être fait dépouiller, le plus souvent, de leurs
chevaux, de leurs armes et de leurs vêtements2.
;
mettait en relations avec ses voisins Ahmed ben Youcef (Ham-
mema) et El Hadj Harrat (Fraichich) le 3 août, il faisait
répandre le bruit que Sfax avait été repris par Ali ben Khalifa ;
d'où surcroît d'effervescence.
N° XLIV
;
Mohamed Salah Debbich, obscur et embrouillé, parut pen-
cher pour la soumission mais le caïd des Oulad-Ouzzez, Ali
Sghir, osa seul protester catégoriquement contre toute idée de
résistance. Son discours provoqua le plus grand tumulte;
des coups de feu furenttirés, et, si des gens de sa fraction
n'étaient arrivés à temps pour le dégager, il eût couru les plus
grands dangers.
Après un certain temps de désordre indescriptible, la dis-
cussion reprit son cours.
Les autres personnalités qui prirent la parole, les unes par
conviction comme Ali ben Ammar, les autres par prudence,
se prononcèrent pour l'insurrection.
:
Ahmed ben Youcef et El Hadj Harrat s'étaient montrés des
plus violents leurs menaces et l'influence prépondérante
qu'ils exerçaient naturellement comme représentants des
deux tribus les plus puissantes parmi celles qui s'étaient
rendues à Sbeitla, avaient pesé sur la détermination de la
majorité de l'assemblée.
:
Mohamed Salah Debbich, caïd des Oulad-Mehenna (il n'était pas encore entré
;
en fonctions peu de temps après il devait céder à Ali Sghir son commandement
pour prendre celui des Oulad-Ayar)
Le caïd des Ourtan;
Ali ben Ammar, caïd insurrectionnel des Oulad-Ayar;
Enfin un grand nombre de cheikhs, de notables et de cavaliers qui avaient
accompagné leurs chefs, plus le khalifa des Madjeur et la majorité des gens de
cette tribu (Sbeitla est sur le territoire des Madjeur.)
:
Il restait encore une question à élucider Quelle conduite
?
tenir à la suite des décisions prises par l'assêmblée L'entente
devait être fort difficile sur ce point, personne ne voulant
abandonner son territoire qu'en cas de nécessité absolue.
Après de longs débats, on finit par décider que les tribus
menacées se porteraient à la rencontre des colonnes fran-
çaises et que les autres feraient diversion en se portant par
bandes vers le nord de la Régence, pour inquiéter les popula-
tions soumises, les razzier et intercepter les communications.
Cette solution convenait parfaitement à Ahmed ben Youcef;
son territoire était alors suffisamment éloigné denos centres
d'opération pour qu'il pût se croire, au moins pendant un
certain temps, à l'abri d'une attaque.
Il appartenait donc aux contingents Hammema de faire
incursion chez leurs voisins, rôle tout à fait en concor-
dance avec leurs goûts et leurs coutumes et qui devait être
une cause de profits considérables.
Le 18 août, l'assemblée se dispersa.
Les Fraichich, les Madjeur, les Oulad-Ayar, les Zeghalma et
les Ourtan reprirent le chemin de leur territoire, et Ahmed
ben Youcef partit pour le Guemonda où il avait installé sa
smalah.
Les contingents Hamemma seuls se mirent aussitôt en
campagne.
N°XLV
N° XLVI
1. Zlass etFathnassa.
Hafsi).
Souassi (Salah ben el
1.500 cavaliers, 2.500 fantassins;
150 300 —
—
Oulad-Said(caïdElHadjOuaâr) 100 — 250 —
Plus les Riah et les Trabelsia.
2. Pendant les opérations du lieutenant-colonel Corréard, une colonne tunisienne,
oommandée par le kaimakam Taieb ben el Hadj Ahsen Mesmouri, était campée à
EI-Arbain.
Tandis que les troupes françaises subissaient des pertes et se repliaient, la
colonne tunisienne restait sur ses positions, sans combattre.
L'attitude de Si Taieb el Mesmouri, l'ancien commandant du fort de Tabarka
(voir annexe n° XV), et celle de son second, le kaimakam Nasef ayant paru dou-
teuses, le général Logerot demanda ultérieurement une enquête.
Nous pourrons lire plus loin le rapport de Si Taieb el Mesmouri (annexe n*
XLVI bis).
3. La bande de Sassi Soullem est fortede182 combattants (voir tome I, page fal,
note 2).
4. Un soldat déserteur, blessé au combat de nuit d'EI-Arbain, racontait quelque
temps après, de la façon suivante, ce sanglant épisode :
« Je faisais partie de la bande de Sassi Souilem. Dans la soirée du
28, nous
rejoignîmes à EI-Arbain les contingents dissidents qui avaient décidé d'attaquer
la colonne française dans la nuit même. Vers minuit, Sassi-Souilem nous fit
prendre position derrière un pli de terrain, pendant que la cavalerie des dissi-
dents, en tête de laquelle marchaient les Zlass, allait ouvrir le feu sur la colonne
qui était au repos. Les troupes françaises, mises immédiatement sur pied, répon-
Les insurgés, voyant la colonne continuer son mouvement
de retraite, la poursuivent et l'attaquent encore dans la jour-
née du 29, à son passage dans une forêt d'oliviers, près du
village de Turki. L'engagement, qui avait commencé à 2
heures, cesse à 6 heures du soir, à l'arrivée de la colonne à
Grombalia.
;
Les Zlass et les Fathnassa avaient été les plus éprouvés dans
ces différents combats (70 morts) les Souassi, les Oulad-
Saïd, les Riah et les Trabelsia s'étaient prudemment tenus
à l'écart.
La bande de Kalaa-Kebira avait bravement donné son chef,
Sassi Souïlem, était tombé courageusement sur le champ de
;
bataille.
Le 30 août, la colonne Corréard arriva à Hammam-Lif sans
être inquiétée.
Les Zlass et les Fathnassa se replient sur Djebibina, où ils se
concentrent, sousles ordres d'El HadjHasseinbenMessaï,pour
observer la colonne Sabattier.
Les Souassi et les Oulad-Saïd regagnent leurs campements.
Les Riah et les Trabelsia prennent le chemin du Djoukar et
du Zaghouan.
dirent par une fusillade des plus nourries et forcèrent la cavalerie à se replier.
Puis elles se mirent à tirer sans interruption sur les contingents à pied.
» Les balles nous passaient sur la tête comme une averse de grêlons; mais nous
étions abrités et elles ne nous faisaient aucun mal. A un moment donné, notre
chef, voyant que nous perdions de notre assurance, nous donna l'ordre de nous
porter en avant sur un terrain découvert, non loin de la colonne, en nous laissant
combattre couchés. C'est dans cette position que j'ai été atteint par une balle qui
m'a traversé la poitrine après m'avoir cassé le menton.
» Nous ne pûmes tenir longtemps dans la position que nous occupions ; à chaque
instant le nombre des tués et des blessés augmentait. Tout à coup Sassi Souilem
tomba la face contre terre pour ne plus se relever; il venait d'être frappé d'une
balle à la tête. »
Le jour commençait alors à poindre. N'ayant plus ni chef, ni munitions, épuisée
d'ailleurs par les pertes qu'elle venait de subir, la bande de Kalaa-Kebira retourna
chez elle, emportant ses morts et ses blessés. Elle ne prit aucune part au combat
livré dans la journée du 29 août.
N°XLVIbis.
:
autre fois ces émissaires en leur recommandant d'attendre que
l'on sonnât la diane ils s'approchaient pour la deuxième fois du
camp français (le 26 au matin) quand ils entendirent une fusillade
échangée entre le camp et les Arabes. Ils revinrent en toute hâte
me prévenir. Je m'attendais à être instruit par le colonel français
de ce qui se passait; il ne me fit rien dire.
Les Arabes augmentant toujours de nombre, le camp français
battit peu à peu en retraite en faisant feu de ses pièces (les
boulets atteignirent jusqu'à mes avant-postes devant Bach-Chadir
et les balles tuèrent deux de mes zouaves). Le camp français recu-
lait toujours et il atteignit enfin, à un demi-mille de mon camp,
une élévation où il se retrancha. Nous étions en face l'un de l'autre,
mais les Arabes ne l'attaquaient pas de mon côté, mais du côté de
la Khanga. En battant en retraite, le camp français fit tout son
possible pour se rendre maître des puits qui se trouvent là, mais
il ne le put pas. J'envoyai un détachement pour s'en emparer.
Le colonel m'envoya demander de l'eau, attendu que ses soldats
1. Bir-el-Hafaied.
:
souffraient beaucoup de la soif je fournis d'eau le camp français
jusqu'à satiété, puis je me rendis de ma personne auprès du
colonel pour m'informer de son état et de celui de ses troupes. Je
lui dis que la veille, 25, je lui avais expédié des émissaires pour le
:
prévenir de l'attaque projetée contre lui il me répondit qu'il l'avait
su, mais que ses soldats n'avaient pas compris l'arabe. Il me
remercia pour l'eau que je venais de lui envoyer et me dit même
« Vous nous avez rendus à la vie avec cette eau. » Comme je lui
:
parlais ensuite du tir de ses pièces qui avaient atteint jusqu'à Bab-
Cbadir et lui disais que deux soldats zouaouas avaient été frappés
par des balles de ses soldats, il s'excusa. Il me demanda de lui
organiser un service d'eau tant qu'il occuperait la même position;
j'y consentis; sur sa demande, je lis aussi escorter, par quelques-
uns de mes soldats, ses chevaux qui allaient boire au puits. Je
revins ensuite à mon camp et chacun de nous garda sa position.
Le lendemain, 27 août, le. colonel m'ayant fait demander, je me
rendisàson appel. Il demanda de lui procurertrente bœufs, de l'orge
:
et de la paille j'y consentis. Il vint ensuite me voir à mon camp;
là, il me fit observer que les deux camps se trouvant rapprochés
l'un de l'autre, il convenait que les deux côtés du camp les plus
rapprochés l'un de l'autre ne tirassent pas de coups de fusil, si les
Arabes les attaquaient pendant la nuit, pour ne pas nous blesser
mutuellement; quant aux autres côtés, ils devaient tirer si les
Arabes les attaquaient.
Le lendemain 28 août, une reconnaissance françaises'empara d'un
troupeau de bœufs paissant près des oliviers de Turki et apparte-
nant à des Trabelsia de l'endroit; elle essuya quelques coups de
feu pendant qu'elle ramenait ces animaux au camp; celui-ci tira
quelques coups de canon.
Peu après, deux espions venaient à mon camp et m'apprenaient
que les Arabes s'étaient réunis de tous côtés dans IaKhanga, que
c'étaient des Zlass, Hammema, Beni-Zid, Metellit, Ouarghamma,
Riah et Oulad-Saïd et quelques soldats du Sahel.
Ils s'étaient promis, disaient les espions, d'attaquer le camp fran-
çais. J'envoyai du monde afin de vérifier la véracité de cette nou-
velle et, après en avoir reconnu le fondement, j'allai en personne
trouver le colonel afin de lui en faire part. Il me remercia et chacun
de nous revint garder son camp.
Vers la fin de la nuit (matin du 29) les Arabes assaillirent les
Français. Ils arrivaient du côté de la Khanga, surles derrières du
camp, et l'engagement se poursuivit jusqu'au jour. Moi et mes
officiers étions près de nos soldats, leur recommandant de ne pas
tirer du côté du camp français, pour observer l'accord intervenu
entre nous, et pour éviter toute erreur fatale.
Pendant que les deux côtés se trouvaient aux prises, une bande
d'Arabes se rua de mon côté, en poussant ses cris d'usage. Je leur
envoyai quelques boulets et ils se sauvèrent sur la montagne, pour-
suivis également par le feu français. A ce moment, le colonel me
fit appeler et me demanda s'il pouvait se rendre à Hammamet. Je
lui dis qu'il ne le pouvait pas, car la Khanga était pleine d'Arabes
et que leur nombre ne ferait que s'accroître. Il apprécia ce bon
:
conseil et il me dit : « Si je quitte cet endroit, lèverez-vous le camp
vous aussi? » Je lui dis « Je n'ai pas d'ordres pour me déplacer»
et je revins à mon camp. Peu après, des espions vinrent m'annoncer
:
que les Arabes ne faisaient que s'amasser. J'allai en informer le
colonel français il se décida à se retirer sur Grombalia; je lui don-
nai, sur sa demande, trois Mekhaznias pour lui servir de guides. Le
colonel opérait sa retraite quand, arrivé à Oued-Eddefeli, il se ren-
contra avec les Arabes. Et nous, nous restâmes à garder notre camp.
Je ne sais pas ce qui est arrivé ensuite.
N° XLVII
:
couper le canal de Zaghouan pendant la nuit. Sa motion est
accueillie entre minuit et une heure quelques insurgés font
diversion en attaquant le camp pendant que d'autres coupent
l'aqueduc en trois endroits.
Le lendemain 12, les troupes françaises réparent les dégâts.
Le 13, les insurgés font une nouvelle saignée dans la con-
duite d'eau, non loin des sources; elle est réparée le 14, après
une lutte assez sérieuse dans laquelle Youcef ben Ahmed est
blessé.
Un bataillon d'infanterie (25e) installe son camp à quelques
centaines de mètres de la prise d'eau.
La facilité avec laquelle les insurgés avaient pu accomplir
leur œuvre à deux reprises différentes permettait de supposer
que les habitants de Zaghouan et le khalifa Khemis bén
Aroussi étaient de connivence avec eux.
Le 14, le général Sabattier fit arrêter, comme otages, 15
notables de Zaghouan et imposa à cette ville une contribution
de 200 cafis d'orge, 100 bœufs et 200 moutons. Il exigea du
khalifa l'engagement formel de prévenir le commandant de
la colonne de tous les mouvements des dissidents et lui fit
connaître que les otages seraient fusillés si le camp de la
prise d'eau ou celui de l'embranchement du canal du Djoukar
étaient attaqués sans que l'autorité militaire en fût prévenue 2.
Alors les insurgés se dispersent; les Riah et Trabelsia
retournent chez eux; les Oulad-Saïd vont rejoindre les Souassi
à Bir-Gedef, près du lac de Sidi-el-Hani, et les Zlass retournent
;
dans l'engagement avec la colonne Corréard, les insurgés
brûlaient du désir de venger leurs morts ils remplacèrent
Sassi Souïlem par le nommé Ali ben Mabrouk et recommen-
cèrent à porter la terreur jusqu'aux portes de Sousse.
Les Européens habitant les trois grandes villes du Sahel
commençaient à perdre confiance; la peur gagnait surtout la
population juive. L'arrivée de nos troupes vint heureusement
ramener le calme dans les esprits.
Débarquement Dans les premiers jours de septembre, les bataillons des 48°,
àSousse
dulieutenant- 666 et 116e, sous les ordres du lieutenant-colonel Moulin,
colonel
Moulin. débarquèrent à Sousse3.
Opérations
contre
les bandes du
Le lieutenant-colonel fit prévenir les insurgés, par le gou-
Sahel.
verneur du Sahel, Mohamed el Baccouch, qu'il ne leur serait
fait aucun mal s'ils rentraient dans l'obéissance. Ces avis ne
produisirent aucun effet.
Aoun;
Cette agression éveilla cependant les craintes des Oulad-
ils se dirent que la neutralité absolue dans laquelle ils
s'enfermaient devait donner aux dissidents un excellent pré-
texte de razzias et de pillages.
Les fauteurs de désordres mirent à profit ce sentiment.
Mohamed bou Kris, chez les Oulad-Yahia, Mohamed el Bouiri
et le cheikh Bou Abena,.chez les Oulad-Aoun, recommen-
cèrent avec ardeur leur propagande. Bientôt ils purent réunir
des contingents assez nombreux qui choisirent pour caïd
insurrectionnel Bou Abena, lequel prit Mohamed bou Kris
pour khalifa.
L'exemple des Oulad-Aoun et des Oulad-Yahia encouragea
les gens de la Kessera. A leur tour, obéissant aux instigations
du nommé El Hadj Mohamed ben Ramdan, ils manifestèrent
hautement leur intention de se joindre au parti de la résis-
tance et dénoncèrent à Bou Abena leur khalifa Mohamed el
Borni qui refusait d'embrasser avec eux la cause de l'insur-
rection.
Le caïd chortia envoya aussitôt une trentaine de cavaliers à
la Kessera pour arrêter le khalifa récalcitrant, qui obtint
cependant, en raison de son état de santé, qu'on lui permît de
vivre tranquille.
Les Hammema
depuis
Les Hammema, aussitôt après la réunion de Sbeitla, s'étaient
la réunion de mis en campagne pour aller inquiéter et surtout razzier les
Sbeitla.
populations soumises.
Ils se dirigèrent d'abord sur Sbiba et de là se répandirent
vers le Sers, où vinrent les rejoindre les contingents des.
Oulad-Ayar et quelques Beni-Rezg.
Bientôt le pays fut sillonné par leurs coureurs.
Leurs opérations furent aussitôt fructueuses, car, dès le
25 août, ils se réunirent au Sers pour procéder au partage du
butin rapporté par les pillards. Les Hammema se firent la
part du lion; ils s'adjugèrent les chevaux et les chameaux,
laissant aux Oulad-Ayar les bœufs et les mulets, et le menu
bétail aux groupes des différentes tribus qui étaient venus
leur prêter leur concours.
Le partage donna lieu naturellement à une rixe; l'entente
ne fut pas longtemps troublée, car, dès le 27, les coureurs
reparurent dans la plaine du Kef; mais ils trouvèrent le pays
1. C'est le fils aîné de Ahmed ben Youcef, caid des Oulad-Redhouan et chef du
mouvement insurrectionnel chez les Hammema. -
2. Voir 2, page 217.
3. Voir 2, page 217, et 1, page 212.
sous la pression d'El Hadj Harrat, la débandade avait déjà
commencé parmi ces derniers.
Les Oulad-Asker, proches voisins des Hammema et, comme
eux, toujours en l'air, avaient donné le signal de la débâcle et
leur exemple avait été suivi par les Zaaba et les Forda, qui
n'hésitèrent pas, quelques jours plus tard, le 10 septembre, à
razzier, à 4 kilomètres de notre camp de Tenoucla1, le douar
Zeghalma appartenant à la tribu des Oulad-Sidi-Abid algé-
riens.
Leur but était de compromettre le caïd Ali Sghir et d'activer
la défection des autres cheikhs des Oulad-Ouzzez.
Leurs espérances ne furent pas complètement déçues; plu-
sieurs fractions, sans entrer ouvertement dans la lutte, prirent
aussitôt des campements séparés et refusèrent de se soumettre
aux ordres de leur caïd.
Vers le 20 septembre, Ali Sghir, dont le commandement
officiel comprenait, outre les Oulad-Azzez, les Oulad-Nadji, les
Cheketma et les Fouad des Madjeur récemment placés sous
ses ordres (ce qui constituait un ensemble d'environ 10.000
tentes), n'en avait plus auprès de lui que 500 appartenant aux
Baaça, aux Forda, aux Oulad-Moussa, aux Afiaf et aux Hanei-
dra, des Oulad-Ouzzez.
Les Cheketma et les Fouad, sur lesquels il n'avait pu étendre
son autorité, ne s'étaient pas prononcés cependant pour
l'insurrection; ils étaient campés, les uns au djebel-Maïza,
près dela Rouhia, et les autres au djebel-Hanech2, attendant
anxieusement la fin des désordres qui les environnaient.
Les Oulad-Nadji étaient restés étroitement attachés à leur
caïd El Hadj Harrat.
A cette époque (vers le20 septembre), on pouvait considérer
comme acquis à l'insurrection, dans cette région :
1° tous les Ourtan;
20 la moitié des Zeghalma;
;
pour le maintien de l'ordre; ses démarches étaient restées sans résultat, le caid
des Oulad-Ali regardant avec une méfiance égale les partis en présence il dési-
rait la paix et prétendait ne se mêler en rien aux questions qui divisaient les Ou-
lad-Ouzzez et les Oulad-Nadji (voir annexe n° XLIII, note 1, page 195).
Ali ben Amor, de Tolga (Sidi-Okba), s'arrêta à Tala, chez les
Fraichich, et y prêcha la révolte.
Les Oulad-Ali l'écoutèrent et quelques jours après rappro-
chèrent leurs campements d'El Hadj Harrat.
Vers le 10 octobre, Ali Sghir fit
encore une vaine tentative
pour les dégager des mains de l'ex-caïd des Oulad-Nadji; le
16, menacé de toutes parts, il quitta Ras-Oued-ed-Derb et se
réfugia sur le territoire algérien1.
territoire.
Son voyage se fit sans incident; mais en arrivant chez lui
il trouva un ouda-bachi et 6 hambas, venus de Tunis avec
mission du gouvernement du Bardo de l'arrêter ainsi que les
perturbateurs des Oulad-Ayar. Les agents du bey furent bien
accueillis; ils reçurent une large hospitalité et, finalement,
furent invités à retourner à Tunis. L'ouda-bachi, généreuse-
ment payé, dit-on, mais certainement peu rassuré par ce qu'il
avait vu, obéit sans hésitation à l'injonction d'Ali ben Ammar.
Peu après, Ahmed Abou était remplacé dans son comman-
dement des Oulad-Ayar par Mohamed Salah ben Ali Debbich.
Il est difficile de dire sous quelle influence se fit cette nomina-
tion ; peut-être Mohamed es Saddok espérait-il séparer les deux
anciens internés qui s'étaient étroitement liés l'un à l'autre
dans l'adversité et amener ainsi la division chez les Oulad-
Ayar.
Mais Mohamed Salah comprit son infériorité vis-à-vis d'Ali
ben Ammar et l'accepta avec d'autant plus de facilité qu'il ne
:
adieux, il leur imposa brusquement silence en leurdisant avec une grossièreté
qui contrastait avec son urbanité habituelle « Vous mentez. »
La veille de son départ, appelé une dernière fois à formuler son appréciation
surla situation du pays, il avait déclaré que tout était en bonne voie et que l'a-
gitation ne tarderait pas à se calmer.
meur, ne profiteraient pas du moment où ses forces seraient
engagées avec les troupes françaises pour faire incursion sur
leurs derrières et mettre les biens des Oulad-Ayar au pillage.
Mais il n'était plus temps d'hésiter. Le gouvernement
beylical venait d'envoyer vers Testour la colonne d'Ali Bey,
récemment formée.
Ali Bey f,
qui avait disparu un moment de la scène politique,
après une campagne malheureuse, reparaissait alors, bien
amoindri, soigneusement surveillé et contraint d'agir confor-
mément à notre volonté et à celle de son frère, Mohamed es
Saddok.
Ali ben Ammar apprit l'arrivée de la colonne tunisienne
pendant qu'il était au Sers, où il faisait tous ses efforts pour
augmenter le nombre de ses partisans que le départ des Ham-
mema avait fortementréduits. Le 6 septembre, il se rendit chez
les Oulad-Aoun avec lesquels il eut une entrevue à Aïn-
Medheja; il leur demanda instamment de se joindre à lui; les
Oulad-Aoun lui firent beaucoup de promesses et restèrent
chez eux3.
Le 8 septembre, Ali ben Ammar écrivit aux Madjeur, aux
Fraichich, aux Ourtan, aux Zeghalma et aux tribus voisines
du Kef, pour les inviter à se porter avec lui contre le bey du
camp. Il put réunir, vers le 10 septembre, à Ellez, environ
douze cents combattants3.
Dans la deuxième quinzaine du mois, des Khememsa, des
Doufan, des Oulad-Yacoub, des Touaba et des Gouazine vin-
rent encore grossir les forces des dissidents.
A cette même époque, un ancien cheikh nommé Sliman el
Azar convoquait les Drid. La lettre de convocation ne conte-
nait aucune indication sur le but de cette prise d'armes4.
N° XLVIII
la colonne du bey reprend sa marche, les Drid se joindront à elle; mais si cette
colonne, comme on le prétend, se désagrège par la désertion, il est probable qu'ils
iront grossir, avec leurs contingents, le groupe commandé par Ali ben Ammar,
qui, peut-être, attend cette éventualité.
1. Voir, annexe n° XLVIII, les opérations d'Ali ben Ammar.
a. Voir le croquis n° V.
2. Ali ben Ammar est à El-Ghorfa. Il envoie fréquemment de fortes reconnais-
sances vers le khanguet El-Gueddin, à l'entrée orientale duquel il a un poste
de garde. Des groupes de 150 à 200 chevaux vont souvent à El-Bahara et jusqu'à
la route de Nebeur. Des vigies sont postées sur des pitons du Dyr, de façon à voir
vis-à-vis du souverain de la Régence et enlui dépeignant toute
l'horreur de la lutte fratricide qu'il allait entreprendre.
C'est du moins ce que tendraient à prouver les paroles que
le chef insurgé répéta à plusieurs reprises les jours suivants,
en proclamant qu'il ne faisait pas la guerre au bey, mais qu'il
se révoltait contre les Français
Le 24 septembre, il quitta la Ghorfa3 pour aller camper à
Aïn-Hedja, près deTeboursouk, laissant dans le djebel-Bahara
un contingent nombreux, sous les ordres de Salah ben Ha-
mouda.
Le 29, il arrivait à Aïn-Tunga, à 9 kilomètres de Testour, où
se trouvait le camp d'Ali Bey.
On était à la veille du massacre de l'oued-Zergua. Massacre
de
Dans l'après-midi, les principaux chefs de la bande qui de- l'oued-Zergua
(30 septembre).
vait exécuter cette lâche agression se présentaient à Ali ben
Ammar et lui exposaient leur projet de détruire la voie ferrée
et de porter la dévastation, l'incendie et la mort de Béja à
Medjez-el-Bab, si les circonstances le permettaient.
Ali ben Ammar promit d'appuyer cette opération de son
concours.
Le lendemain, 30 septembre, un groupe d'environ 600 hom-
mes quittait Aïn-Tunga et se dirigeait, par la Silianah, sur la
cette route; elles ont l'ordre d'allumer des feux au cas où une petite troupe s'enga-
gerait dans cette direction.
Son but est évidemment de chercher, dans la surprise d'un convoi, un de ces
succès faciles qui n'en ont pas moins un grand prestige aux yeux des indi-
gènes.
1. Voir, tome I, page 65.
2. En se mettant en route, Ali ben Ammar avait annoncé qu'il se portait vers
la. voie ferrée, pour la détruire.
Le colonel dela Roque a eu immédiatement connaissance de ce mouvement et
de son but.
Le plan du colonel de la Roque est d'attendre qu'Ali ben Ammar se soit éloigné
d'une ou deux journées encore, afin de ne pas attirer vers Le Kef le gros de ses
contingents dont l'arrivée serait le signal de la débâcle générale.
En même temps, le colonel voudrait que les tribus de l'Ounifa, après avoir
replié leurs troupeaux, occupent chacune un bon point de défense. Cet ensemble
formerait autour du Kef, vers le sud, un demi-cercle sur lequel il pourrait sou-
tenir le point menacé (par les Fraichich et les Madjeur).
gare de l'oued-Zergua, de façon à n'y arriver qu'après le départ
des deux trains qui s'y croisent dans la matinée1.
:
Au confluent de la Silianah et de la Medjerdah, la bande se
divisa en deux fractions l'une, sous les ordres du frère d'Ali
ben Ammar, Ahmed, continua à marcher sur l'oued-Zergua;
l'autre, qui devait se grossir en route d'une grande partie des
Mezougha et des gens de la région qui avaient été les promo-
teurs du massacre, prit la route de Testour à Béja.
Le crime devait se consommer sur trois points le kilomètre :
98, le kilomètre 97 et la gare de l'oued-Zergua.
Il y avait au kilomètre 98 deux maisons :
l'une habitée par
M. Morisseau, piqueur, l'autre par son chaouch et le nommé
Touati, son domestique.
A 10 h. 30, M. Morisseau, qui venait de descendre du train,
se dirigeait vers sa demeure quand les cris de ses gens lui
signalèrent le danger. Les Arabes, en effet, à peine le train
disparu dans les gorges de Mezougha, s'élançaient à l'assaut
des deux habitations.
Le piqueur put heureusement gagner la maison de garde
n° 30, où se trouvaient deux conducteurs de travaux, et à
l'aide de vagonnets, tous se replièrent sur Béja où ils arrivèrent
à midi, ayant recueilli sur leur trajet une trentaine d'ouvriers
de divers chantiers.
Quatre Européens se trouvaient encore dans les deux habi-
tations du kilomètre 98: le domestique du piqueur, son frère
Salvator, un Maltais nommé Faruggia et un Français nommé
Guibramente.
Le premier, gravement blessé, échappa comme par miracle
à la mort; le deuxième fut tué raide; quant aux deux autres,
couverts de blessures, ils furent achevés dans un brasier
qu'allumèrent les forcenés.
;
de malades, les cadavres transportés d'abord à Béja et des chevaux de remonte)
dérailla aussitôt, accoururent de toutes parts des indigènes armés qui, profitant
du désordre, tiraillèrent vivement sur le convoi en détresse. Il y eut un moment
Le train qui les ramenait le 1er octobre de Béja à la Manouba
dérailla vers 5 heures et demie du soir; le détachement, aussi-
tôt en butte à une vive fusillade, dut se replier par une longue
marche de nuit sur Medjez-el-Bab.
Ahmed benAmmar était retourné dès la veille auprès de son
frère; les deux compagnies du 73e n'avaient été inquiétées que
par les contingents des Mezougha et des différentes fractions
établies aux environs de l'oued-Zergua.
de panique chez les hommes du 73e (arrivés depuis huit jours en Tunisie). Le
lieutenant-colonel Debord put cependant ramener son monde à pied à Medjez-el-
Bab, où il arriva le 2 octobre, à 9 heures du matin, après avoir fait une marche
de 32 kilomètres sans nouvel incident.
Le 2 octobre, à la tombée de la nuit, le lieutenant-colonel Vinciguerra (du 121e
d'infanterie), commandant supérieur deBéja, monta en train spécial avec 8 hom-
mes, alla chercher les 19 wagons du train déraillé le 1er octobre, ramena les
cadavres et les inhuma à la gare de Béja a.
(Les documents consultés, concernant les événements survenus sur la voie fer-
rée les 1er et 2 octobre, bien qu'ils aient été établis par le lieutenant-colonel Vinci-
guerra, commandant supérieur de Béja, le commandant Abria, commandant à
Fernana, et le chef de gare de Souk-el-Arba, sont confus et contradictoires.)
La voie est coupée à de nombreux endroits, entre les kilomètres 99 et 69. Les
ouvrages d'art sont partiellement détruits. L'exploitation devient impossible et,
pour ne pas exposer inutilement la vie des employés depuis Béja, ils sont repliés
sur Ghardimaou.
a. La station de Béja-gare est maintenant dénommée « Pont de Trajan P.
L'attitude des Drid, en cette circonstance, a donné lieu à bien
des suppositions qui n'ont jamais pu être suffisamment justi-
fiées. Leur évolution fut-elle spontanée, ou, comme on le pré-
tend généralement, fut-elle le résultat des intrigues d'Ali Bey?
Cette dernière hypothèse paraît la plus vraisemblable.
Le frère de Mohamed es Saddock eût vivement désiré ne
pas combattre Ali ben Ammar. Les démarches qu'il avait fai-
tes auprès du caïd insurrectionnel des Oulad-Ayar quelques
joursavant l'engagement de Testour, et sa conduite antérieure,
ne laissent aucun doute à ce sujet.
Mais il avait auprès de lui, comme soutien, deux bataillons
d'infanterie française placés sous les ordres du colonel Menes-
sier de la Lance1; il s'était donc vu dans la nécessité absolue
de faire bonne contenance, quels que fussent ses sentiments et
ses sympathies.
Ne pouvant refuser le combat, il ne lui restait qu'à s'assurer
du succès en subissant le moins de pertes possible. Il avait eu
recours alors à une manœuvre de guerre toute orientale, qui
consiste à faire battre ses adversaires par leurs propres parti-
sans.
C'est ainsi qu'il avait sollicité la défection des Drid en leur
promettant, selon toute probabilité, de leur accorder l'aman
sans leur imposer de conditions. L'insistance qu'ilmit plus
tard à recevoir les demandes de soumission des Drid malgré
les observations que lui adressaient à ce sujet les autorités
militaires, son empressement à recommander au général d'Au-
bigny quelquespersonnalités manifestement reconnues comme
ayant participé aux faits insurrectionnels les plus graves,
prouvent qu'il avait pris, envers ceux qui trahirent Ali ben
Ammar, des engagements qu'il avait à cœur de tenir pour évi-
ter des indiscrétions qui eussent considérablement nui à sa
popularite.
:
1. Colonel du 11e
2. Voir plus loin
régiment de hussards.
Annexe LVI, page 252, et annexe LVIII, page 285, note 2.
Opérations Salah ben Hamouda, qui avait été laissé dans le djebel-Ba-
de
Salah
benHamouda.
hara pour masquer le mouvement des dissidents vers la
Medjerdah, n'avait pas été plus heureux.
Dans la matinée du 28 septembre, il s'était avancé avec 400
cavaliers et 1.200 piétons environ sur les pentes du Dyr, dans
l'intention, sans doute, de tourner la ville du Kef par le nord-
est et de surprendre le camp français.
Le colonel de la Roque, prévenu à temps de la marche des
insurgés, se porta à leur rencontre et les repoussa sans peine
(les rebelles perdirent 28 hommes dans cet engagement).
:
le bataillon du 80e dans sa marche, le général Cailliot prit les
dispositions suivantes le bataillon du 296 bataillon de chas-
seurs à pied (d'Aïn-Draham), une compagnie du 96e (de
Ghardimaou), une compagnie du 88e et un peloton du 13e
chasseurs à cheval (de Fernana) reçurent l'ordrede se réunir
à Souk-el-Arba au bataillon du 80e qu'ils devaient escorter.
Les ordres donnés par le général Cailliot étaient simples et
:
bien nets toute la colonne (dix compagnies et le peloton de
cavalerie) devait quitter Souk-el-Arba le 1er octobre dans
l'après-midi, coucher à l'oued-Mellègue, et partir le 2 au
matin pour Nebeur. Le colonel de la Roque devait envoyer sa
colonne mobile au devant de la colonne montant de Nebeur,
le 2 octobre. Quand ces deux colonnes se rencontreraient, le
bataillon du 80e passerait de la colonne de Souk-el-Arba à la
colonne mobile du Kef et continuerait avec celle-ci, qui ferait
demi-tour, sa route vers sa nouvelle garnison; les six compa-
gnies et le peloton de cavalerie d'escorte du bataillon du 80e
devaient faire demi-tour après avoir remis ce bataillon à la
colonne venue du Kef et rétrograder le même jour, 2, vers
Souk-el-Arba.
Le colonel de la Roque, prévenu le 28 septembre du mouve-
ment combiné, avait rendu compte le 30 septembre au général
Cailliot qu'il se porterait, avec sa colonne mobile et deux
pièces de montagne, au devant de la colonne venant de Souk-
el-Arba.
1, note 1, page70.
1. Voir, tome
Morr, laisse la compagnie du 96e 1 dans une forte position
avec ordre de la conserver jusqu'au retour du 29e bataillon de
chasseurs.
Le 80e, la compagnie du 88e et le 29e bataillon de chasseurs
continuent vers Nebeur, où ils arrivent sans encombre à 10
heures du matin. A Nebeur, grand'halte en formation de halte
:
gardée au lieu dit sources de Nebeur.
L'officier de renseignements qui marchait avec la colonne
(sous-lieutenant Delval) avait été envoyé en avant pour cher-
cher à découvrir la position occupée par les troupes du Kef; il
avait emmené avec lui une dizaine de cavaliers du goum; ceux
qu'il avait laissés à Nebeur ont disparu.
Ail heures, au moment où la colonne va se remettre en
marche, les vedettes, qui occupent le défilé de Nebeur, sont
attaquées.
La colonne prend les armes et le commandant Gerboin
ordonne les dispositions pour forcer le défilé de Nebeur au Kef.
Aussitôt que les mouvements prescrits s'exécutent, les insur-
gés, qui n'avaient attaqué la colonne que sur ses deux flancs
et en tête, la menacent aussi en queue.
N'apercevant pas les troupes du Kef au sommet de la pente
qui aboutit à l'extrémité nord du Dyr, le commandant Gerboin
se décide à pousser, coûte que coûte, aussi loin qu'il le faudra
(sauf à aller jusqu'au Kef et à ne pouvoir rétrograder dans la
journée jusqu'à l'oued-Mellègue, ainsi qu'il lui avait été pres-
crit), pour éviter l'effet désastreux qu'un arrêt ou un mouve-
ment de recul produiraient dans l'esprit de la population
indigène.
Il songe bien à prévenir la compagnie du 96e laissée en posi-
tion à Bahirt-el-Morr de se replier sur Souk-el-Arba, pour
éviter une attaque à la tombée de la nuit, mais cela lui est
1. Dispositif de :
marche de la fraction mobile
;
Un peloton de cavalerie, une compagnie du 122" formant l'avant-garde
A 300 mètres en arrière, une compagnie du 122", le détachement du 83e, les
;
2 pièces de 801, de montagne ayant pour soutien deux pelotons de cavalerie qui
encadrent les flancs pendant la marche
Un peloton de cavalerie forme l'arrière-garde;
Sur la crôte du Dyr, protégeant le flanc gauche, marche une compagnie du
122e;
La colonne est éclairée à distance par une trentaine de cavaliers indigènes et
une vingtaine de piétons armés.
essuyant les coups de feu tirés de la crête boisée à 600 mètres
de^sonflanc gauche, arrivait en vue de la crête.
Les deux pièces ouvrent alors leur feu à 1.200 mètres et
allongent leur tir jusqu'à 2.500 mètres (15 projectiles).
Les contingents qui harcelaient la colonne Gerboin étaient
les mêmes comme force (400 cavaliers, 1.200 piétons environ)
et composition que dans l'engagement du 28 septembre. La
cavalerie ennemie ne fut pas engagée; elle se contenta de
garder les débouchés qui, du plateau de Bahara, mènent au
khanguet, en prévision d'un mouvement tournant.
Au moment où les deux colonnes françaises allaient opérer
leur jonction, l'ennemi accusa un retour offensif sur l'arrière-
garde de la colonne Gerboin; les deux pièces se portèrent alors
au nord de leur première position et tirèrent 12 projectiles à
1.400 mètres.
Pendant ce temps la colonne Gerboin put croiser et dépasser
les troupes du Kef qui formèrent dès lors l'arrière-garde.
Ces derniers coups de canon amenèrent la retraite de
l'ennemi (les rebelles perdirent 30 hommes dans la journée).
La colonne Gerboin s'étant un peu reposée, les deux colonnes
se remirent en marche et arrivèrent au Kef à 6 h. 30 du soir;
la colonne Gerboin avait 3 blessés : un chasseur du 2ge batail-
lon et 2 soldats du 96e1.
N° XLIX
la Roque croit que l'opération combinée est pour le lendemain, 3), n'avait rien de
mieux à faire que continuer sa marche.
Il ne pouvait reculer; le bataillon du 80e avait un peu manqué de sang-froid au
début de la surprise; dans ces conditions la marche en retraite aurait pu amener
un désastre; en tout cas, il ne voulait pas rétrograder pour ne pas exalter le mo-
ral des insurgés.
Attaqué dans la cuvette de Nebeur, il y aurait probablement subi un échec s'il y
était resté sur la défensive au lieu de se porter en avant.
Une fois en mouvement vers le Kef, il ne pouvait que continuer, car il devait sup-
poser que d'un moment à l'autre il serait secouru. S'arrêter entre Nebeur et le
Kef? Il fallait que les insurgés le permissent et qu'iltrouvât de l'eau.
1. Les effectifs ne sont pas forts, à en juger par la situation de la compagnie du 88e
qui, au départ de Fernana, le 30 septembre, n'avait que 2 officiers et 59 hommes.
2. Voir tome I, page 70, note 1.
3. Voir la suite des opérations dans les environs du Kef, annexe n° LVIII, page
273, et spécialement, pages 309 et suivantes, les opérations chez les Djendouba.
a. Voir croquis n° III.
brigade1 au moment où se dispersent, vers le 15 septembre,
les bandes d'insurgés qui le harcelaient depuis la fin du mois
d'août'.
Le 21 septembre, reconnaissance envoyée par le général
Sabattier sur Foum-el-Karrouba; elle rentre le 23.
Le 27, le général se dirige lui-même, avec 3 bataillons, 6
pelotons de cavalerie et une batterie d'artillerie, vers le Fahs;
au marabout deSidi bou Hamida, le 28e bataillon de chasseurs
à pied culbute les Riah, appuyés parles Oulad-Aoun, les Oulad-
Yahia et les gens du Bargou qui cherchaient à nous disputer le
passage.
C'est le premier acte d'hostilité des Oulad-Aoun, des Oulad-
Yahia- et des gens de la Kessera, qui venaient de céder aux
instances d'El Hadj Hassein ben Messaï et d'Ali ben Khalifa3.
Le 27 au soir, la reconnaissance installe son camp sur la
rive droite de l'oued-el-Kebir, à environ 3 kilomètres du pont
du Fahs. Youcef ben Mosbah, khalifa des Riah de la région, y
vient faire sa soumission.
Le 28, le général Sabattier s'avance vers le sud pour châtier
les vaincus de la veille qui se sont établis à 9 kilomètres du
camp. Ceux-ci se replient dans le massif du djebel-Souk-el-
Arba et nos troupes arrivent au camp de l'oued-el-Kebir en
razziant les douars et les troupeaux des Trabelsia.
Zaghouan ;
Le lendemain, la reconnaissance rentre au camp de
elle est suivie de près par les khalifas des Riah
-Guebollat et des Trabelsia qui viennent se soumettre.
N° L
Chef d'état-major.
Commandant en chef Général SAUSSIER.
Colonel BOUSSENARD.
(1 u
renseignements.
Chef du bureau des Capitaine SANDHER.
Commandant de l'artillerie.
génie. Général POIZAT.
Troupes
rTp.
pe0ons
Chef du service du
Chef des services
3
roup~es du q^uartier °général,
Medjerdah.
région nord de la Régence et de la
d'état-major.
-.
Général de division JAPY.
Chef Commandant ROBERT.
Troupes des généraux de brigade. MAURAND, CAILLIOT, D'Au-
gence.
BIGNY.
Commandant de la région sud de la Ré-
Général de division LOGEROT.
Chef d'état-major Lieutenant-colonelHAREL.
des
Troupes de généraux brigadeSABATTIER, PHILEBERT,
ETIENNE et du colonel JA-
MAIS.
:
Régiments de cavalerie du général DE SAINT-JEAN T chasseurs, 1ER et
11e hussards.
Commandant de la colonne de Tebessa : général de division FORGEMOL
DE BOSTQUÉNARD.
La présente répartition des différents commandements aura son effet à
compter du 16 octobre.
COMMANDEMENT
SUPÉRIEUR Ordre no 1 du général Japy, en date du 15 octobre,
Jt
deTunjs et ordre no 3 du général Japy, en date du 26
et de la région nord octobre, modifiant l'ordre no 11.
de Tunis.
d,u genera
du ral,
gé,né,
àTunis.
L [
21
Camp
e-
Commandement Place1-
ITroupes
ville stationnées dans la
de Tunis.. assem
,
AMBERT eaaasab h Filfil,
de Tunis, aux forts
Sidi-bel-Hasseinet Filfil,'
•
du Belvedère;
LaGoulette.
-.
- 1 K
e;
La Manouba;
Commandement Bizerte;
du général MAURAND, < Mateur,
à la Manouba. et le chemin de fer jusqu'à Medjez-el-Bab exclu-
sivement.
Testour;
CommandementMedjez-el-Bab;
du
omman emen L gj.
dugénéral
général
à
Teb e,
d'AUBIGNY,
d'AuBIGNY,
Testour [ Teboursouk, k
et la portion de chemin de fer entre Medjez-el-
Bab et le 100e kilomètre.
1. Extraits.
2. Le général Lambert, 'commandant le département de la Seine et la place de
Paris, fut mis, le 16 octobre, à la disposition du général commandant le 19e corps
et commandant en chef du corps expéditionnaire de Tunisie.
Il prit, le 26 octobre, le commandement de la place de Tunis et des troupes
stationnées dans Tunis, les forts de Sidi-ben-Hassein, de la Kasbah, deFilfil et au
camp du Belvédère.
Le général Maurand, dont le quartier général fut transporté à la Manouba, prit
le commandement des autres troupes de la subdivision de Tunis.
Tabarka;
Aïn-Draham ;
Commandement
du général CAILLIOT,
Fernana;
Ghardimaou ;
à
Aïn-Draham.
Béja;
Souk-el-Arba,
et la ligne de chemin de fer du 100e kilomètre à
Ghardimaou.
La place du Kef, qui jusqu'ici avait dépendu d'Aïn-Draham, est
rattachée à la subdivision de Testour; celle de Béja est rattachée à
la subdivision d'Aïn-Draham.
N° LUI Emplacements
àlafin
d'octobre 1881.
ll
Artillerie.
LaGoulette
11er,
s
Tum.
Compagme
101°' j
Commandement du général LAMBERT, à Tunis.
118e; ,
Parcn-3.
Infanterie..
(
franche
(le 2.
118eestauBelvedère).
(lT"<,«nt.eri.e
lranehe,
j
114e.
Compa nie
e
( 1
d'artillerieàpied.
:
B. Subdivision de Tunis général MAURAND, à la Manouba.
La Manouba
B lzert
Mateur.
(Infanterie
j
Artillerie.
Infanterie
38e.
1
:
87e, 92e, 115e, 117e, 119".
Cavalerie. 11e hussards 1 escadron.
( Artillerie. 2 batteries.
Infanterie
section d'artillerie à pied.
30" bataillon de chasseurs à pied.
:1 :
(Infanterie 8e, 20e,73e,84e.
Testour. Artillerie.
Cavalerie.
(
] 11e hussards 2 escadrons.
une batterie de montagne.
Medjez-el-Bab. Infanterie..127e.
sards
! Infanterie 2e, 80e, 83e, 122e, 128e, 3" tirailleurs
Le Kef
Cavalerie.
algériens (2 compagnies).
13e chasseurs : 1 escadron
peloton.
4" hus- ;
Artillerie. une batterie de 90 de campagne et
une section de montagne.
Subdivision d'Aïn-Draham : général CAILLIOT.'
Tabarka.
Tabarka
Artillerie.
Infanterie 143e.
une section d'artillerie à pied.
[Infanterie.. 96e.
Ghardimaou
Ghardimaou
(Infanterie..
Beja. t
£
Cavalerie. 13e chasseurs : 1 escadron.
57e, 142e.
Artillerie.. une section de montagne.
Souk-el-Arba Infanterie lre compagnie de fusiliers de disci-
pline.
Région sud
GénéralSABATTIER.Infanterie
: général LOGEROT.
28e bataillon de chasseurs à pied, 6e,
51 brigade. 25e, 55e, 65e, 125e, 135e.
—
Cavalerie. 7echasseurs à cheval : 3 escadrons.
Artillerie. 2 batteries de montagne, 1 batterie
montée.
J 61
Général
Jas
brigade.
Général DPmLEBERT.
T brigade.
Cfov
i
i
u co one
Un
Un
-
CorpsSfax
ETIENNE.
Quatre
Trois
—
;-
e.
!Infanterie..
<
|
Cavalerie.
Artillerie.
Infanterie
Infanterie
Artillerie.
Artillerie.
27" bataillon de chasseurs à pied,
33e,43°,46% 61e, 110%IIIe.
1er régiment de hussards
drons.
terie montée.
Cavalerie. 6"régimentdehussards
Artillerie.
(Infanterie
Jnji.pri„js( Artillerie..,
Infanterie..71-,78\
tées, 80 de
77",
,
136'
7' 136".
:3
19% 48e, 62e, 66e, 116e, 138".
escadrons.
quatre batteries de 95, 90, 80 mon-
Opérations N°LIV
pour
préparer
un débouché
deSousse Opérations du général Etienne
versl'ouest.
1. Voir, plus loin, Rapport sur les opérations de la 7e brigade, annexe n° LV.
2. Débarqué le 14 octobre à La Goulette.
3. Voir annexe n° XLVII, page 213.
La mort d'Ali ben Amara démoralise les insurgés, qui,
apercevant tout à coup de nouvelles troupes françaises — la
colonne principale qui vient de quitter Sousse — sur la route
de l'oued-Laya, prennent la fuite dans toutes les directions.
Vers 2 heures de l'après-midi, la 7e brigade forme son camp
sur la rive droite de la rivière'.
Le vide se fait devant nos colonnes2. Les dissidents démora- Les dissidents
se replient sur
lisés se replient sur Kairouan, qu'ils veulent mettre au pillage Kairouan
(22 octobre);
avant l'arrivée des troupes françaises.
El Hadj Hassein ben Messaï paraît le premier sous les murs mais le farik
Mohamed el
de la ville; mais il trouve les portes fermées; pendant qu'il Mrabot
ne les laisse
parlemente avec le gouverneur, surviennent les contingents plus entrer.
mis en déroute par la
7e brigade. Mohamed el Mrabot ne se
laisse pas effrayer par le nombre et il déclare qu'il est prêt à
faire usage de ses armes. Les dissidents se contentent alors
d'occuper les faubourgs; ils volent les animaux, pillent, puis
;
galop. Kairouan ne donne pas signe de vie; personne sur les
terrasses des maisons la plaine environnante est déserte. Le
drapeau blanc est hissé sur la grande mosquée de Sidi-Okba et
lefarik Mohamed elMrabot sort, par Bab-el-Djeladine, à la
rencontre des troupes françaises. Il est présenté au général
Etienne. L'entrée des troupes est immédiatement décidée, et à
2 heures de l'après-midi le bataillon du 48e va prendre posses-
sion de la kasbah.
Le surlendemain, 28, la colonne Logerot arrivait également
sous les murs de Kairouan après avoir reçu, dans les environs
de Djebibina, la soumission des Oulad-Hahia.
Le général Logerot prend le commandement de la division
Sud et le général Etienne celui de la région Sousse-Kairouan.
N° LV
les
Dar-el-Bey
et du territoire compris entre ces deux villes, a établi son
quartier général à *
Le 2 novembre, pour tenir la ligne d'eau et assurer Répartition
communications, destroupes
les troupes de la 7e brigade sont ainsi de la 7* brigade
échelonnées : le21881.
novembre
Les indisponibles;
[
Le parc d'artillerie n° 2.
r Bataillon du 138e;
Oued-Laya1. < Demi-escadron du 6e hussards
( Dépôt de vivres.
;
S'd' 1 H
(
Sidi-el-Haiii.
Bataillon du 62e;
Demi-escadron du 6ehussards.
i Etat-major et divers services de la brigade;
23ebataillon de chasseurs à pied;
Groupe de bataillons des 48e,66e et 116" d'infanterie;
Deux escadrons du 6ehussards;
Kairouan
K
Demi-batteriede95
Une batterie de 90;
;
Une compagnie du génie;
— de 80 montée;
— de 80 de montagne;
Ambulance et convoi de 1.000 chameaux.
Le Général commandant la 70 brigade,
ETIENNE.
1. Nous donnerons ici, d'un seul coup, le résumé des dispositions prises pour
la protection de la ligne d'étapes de la colonne française descendue vers le sud.
2. Voir plus loin, annexe n° LVIII, page 281 (opérations contre Ali ben Am-
mar).
3. Voir plus loin, annexe n° LVIII, page 277 (opérations contre Ali ben Am-
mar).
4. Voir plus haut, annexe XLVIII, page 231.
dant militaire de Testour,sous prétexte de lui servir d'inter-
médiaire, mais en réalité pour faire le vide autour de lui.
Le commandant des troupes françaises renvoya cet impor-
tuna; en même temps il demandait qu'Ali Bey s'éloignât sans
tarder de la région.
La réponse ne se fit pas attendre 1;
le frère de Mohamed Es
Saddok recut l'ordre de se rendre à Zaghouan2 pour couvrir
les lignes de ravitaillement des troupes opérant dans la direc-
tion de Kairouan.
Il leva donc son camp de Testour le 18 octobre, « affectant de Ali Bey se rend
de Testour
se désintéresser des événements politiques et semblant aban- àZaghouan.
donner sans regretles négociations d'aman avec les Drid ».
Il aurait dû arriver le même jour à Medjez-el-Bab; mais il
s'arrêta et coucha à Slouguia, sous prétexte d'attendre des
animaux de réquisition pour ses nombreux malades3.
Le 19, il vint camper à Medjez-el-Bab. Mutinerie au
camp d'Ali Bey.
Dans la soirée, vers 8 heures, eut lieu au camp d'Ali Bey une à Medjcz-el-Bab,
le 19 octobre.
manifestation tumultueuse de 3 à 400 soldats. Cette mutinerie
débuta par un rassemblement des compagnies, en bon ordre,
mais sans leurs officiers, et criant le mot de réclamation
!
arabe « El Hamed L'Alla » (gloire à Dieu !)
Ces hommes
demandaient la grâce des prisonniers faits le 2 octobre et qui
devaient être dirigés le lendemain sur Tunis. Puis, en quel-
ques minutes, le tumulte augmenta autour de la tente d'Ali
Bey; les soldats protestaient contre l'ordre de marcher sur
Zaghouan et ajoutaient qu'ils ne se battraient pas contre les
musulmans.
Les chaouch du bey du camp dispersèrent la manifestation,
mais Ali Bey déclara au colonel Noellat4qu'en présence de
cetterévolte, ilne pouvaitplus songer à marcher surZaghouan.
a. Voir annexe n° LVIII, page 285, note 2, la suite des importunes recomman-
dations d'Ali Bey, alors qu'il fut à Zaghouan.
1. Voir tome 1, page 79, note 3.
2. Il v avait déià à Zaehouan un netit camp tunisien.
3. Il promit, malgré ce retard, d'être à Zaghouan le 23, avant midi.
4. Colonel Noellat, du 18e d'infanterie, en mission au camp tunisien.
Le colonel français représenta au prince tunisien que sa
soumission aux caprices des mutins lui ferait perdre tout pres-
tige dans son armée, qui le tiendrait dès lors à sa discrétion, et
qu'elle causerait un effet déplorable dans les tribus voisines
enfin que les
mouvements delacolonne françaisesurKairouan
;
allaient commencer et que le général en chef comptait sur lui
pour couvrir les derrières des corps en marche; Si Ali Bey fut
inébranlable; il dit qu'il ne pouvait réprimer militairement
cette mutinerie et ajouta que s'il se portait sur Zaghouan, il y
arriverait seul, sans un soldat.
Le colonel Noellat obtint d'interroger, devant le bey, tous
les officiers, puis un soldat par compagnie, tribu ou groupe.
Les officiers eurent une contenance plus que douteuse; ils
;
assurèrent le bey de leur dévouement, mais déclinèrent toute
possibilité de répondre de leurs soldats ceux-ci se montrèrent
plus dévoués, ils protestèrent contre la mutinerie et se décla-
rèrent prêts à marcher sur Zaghouan
Le colonel mit alors Ali Bey en demeure d'exécuter les
ordres qu'il avait reçus; celui-ci finit par y consentir.
La colonne de Si Ali Bey quitta donc Medjez-el-Bab le 20 au
matin2.
1. Cette marche, forte de 30 kilomètres, eut lieu sans autre incident qu'un peu
d'émotion à l'avant-garde à la vue, au loin, dans la plaine de Cedrata, de quel-
ques cavaliers que l'on supposa être des Oulad-Ayar. La colonne arriva à Bou-
Hamida à 2 heures de l'après-midi. (Le camp du 46e de la 6e brigade s'y trouvait
encore installé, gardant 360 malades à évacuer.)
2. Marche sans incidents. — Aussitôt la colonne arrivée à Mograne, des postes
furent placés le long de la conduite d'eau.
Le 23, 150 arabas de la colonne beylicale furent envoyés de Mograne à Bou-
Hamida, pour l'évacuation des 360 malades gardés par le 46".
3. Le 25 au matin, en exécution de l'ordre de Si Selim, 1.200 Coulouglis, Zaoua-
oua et Mokrasni partirent du camp de Mograne pour Hammam-Lif (qu'ils aban-
donnèrent d'ailleurs bientôt pour rentrer à Tunis). En l'état présent des choses,
le colonel Noellat aurait préféré voir tout le corps tunisien réuni à Zaghouan,
éclairant au loin vers le Fahs et Bir-Bouita, au moyen de sa nombreuse cavalerie,
toujours prêle à se porter sur les points qui seraient menacés.
Ali Bey, tout en reconnaissant qu'Hamman-Lif était bien excentrique, a exé-
cuté strictement l'ordre donné parle ministre Si Selim, et Bir-Bouita, point par
lequel on aurait tenu solidement la route de Tunis à Hammamet et couvert le
flanc gauche de la colonne française, ne fut pas occupé par un détachement tuni-
sien.
4. Il fut convenu que, pour le moment, on se bornerait à des reconnaissances
envoyées par les détachements français et tunisiens et pouvant se recontrer.
c'est tout le camp du bey. Ce camp est bien tranquille. « Les
questions politiques et religieuses paraissent préoccuper assez
peu les soldats tunisiens; ils ont appris avec beaucoup de
calme les épisodes de la marche du général en chef sur Kai-
rouan. Un peu de solde et de bien-être affermiraient ces bonnes
dispositions. »
Le colonel Noellat demande d'urgence des vivres; SiAliBey
n'en a plus que jusqu'au 28 et les patrouilles Vne pouvant plus
que difficilement être pourvues de 2 jours de vivres, sont dans
l'impossibilité de s'écarter; il demande, d'une façon encore
plus urgente, de l'argent. Les charretiers qui font nos convois
et ceux d'Ali Bey n'ont rien reçu depuis un mois; aussi bon
nombre de voitures disparaissent-elles chaque jour; quant
aux officiers et soldats, ils n'ont rien touché depuis le mois de
septembre.
Si Ali Bey essaie d'obtenir de Zaghouan des céréales et de
la viande que la population s'efforce de son côté de ne pas
fournir.
Le service de l'intendance envoie 40 voitures de petits
,
pour :
vivres à Zaghouan; Ali Bey fait les plus grandes difficultés
les accepter il fait avec ces vivres des distributions extra-
ordinaires et insiste pourqu'on ne lui en envoie plus d'autres.
Le gouvernement français, consulté, ayant autorisé le géné-
ral commandant la région nord à requérir le payeur de Tunis
de fournir une avance de fonds au gouvernement tunisien
pour la colonne de Zaghouan, vingt mille francs sont aussitôt
envoyés à Zaghouan.
Bien qu'il ait été convenu entre le colonel français2 et le
:
porté par le lieutenant de Sailly du 11e hussards, ils tombent
d'accord sur ceci le 31 octobre ou le 1er novembre sera
payée à chaque soldat la somme de 3 fr., représentant la
solde échue pour tout le mois d'octobre :
on pourra ensuite
donner 0 fr. 50 tous les 5 jours; en outre Ali Bey consent à
faire donner à ses troupes un jour de viande 1 en plus chaque
semaine, soit en tout 3 jours sur 7.
Enfin, le 1er novembre, le colonel put remettre entre les
mains du prince tunisien la solde des officiers (aussi pauvres
que leurs hommes) et celle des soldats, pour le mois d'octobre,
10.000 fr. environ. Ali Bey avait choisi ce jour afin qu'il pût
lui-même faire distribuer cette solde le lendemain, en raison
de la coutume toujours observée de payer officiers et troupe
le jour de la fête musulmane de l'Aïd-el-Kebir, qui tombait
cette année le 2 novembre.
fourni alfa et diffa, c'est-à-dire orge, paille, viande et couscouss, sans compter
leurs bêtes de somme. Les goums et mokrasni nourrissent eux et leurs bêtes par
des procédés qui me sont inconnus, mais où le gouvernement tunisien n'entre
certainement que pour fermer les yeux.
;
» Les soldats ont reçu 5 réaux (a) (3 fr.) pour le mois de septembre rien en-
;
core pour ce mois-ci. Ils mangent soir et matin une grande cuillerée de soupe faite
avec l'huile et le blé-moulu c'est là toute leur nourriture.
;
;
» Malgré cela, grâce aux diffas des villages, aux commerces multiples que font
les soldats (les uns vendent du tabac les autres des légumes, des fruits d'autres
des cotonnades, etc.), on arrivé à vivre. Les chevaux sont même en bon état.
Mais parler d'argent serait toucher à une corde si sensible que je ne crois pas que
le moment en soit venu, à moins que ce ne soit le beylik tunisien qui paye. Alors
il donnera 3 fr. aux soldats, 33 fr. aux commandants, 25 aux capitaines, et le mois
d'octobre sera censé payé.
» Lorsqu'on voudra réorganiser, le gouvernement français pourra fructueuse'
ment parler de la solde qu'il veut assurer. Avec 2 réaux par jour (1 fr. 20) déga
gés de toute autre allocation, on aurait autant de soldats qu'on en voudrait. »
(a) Le réal ou piastre tunisienne valait environ Ofr. 63.
1. Voir note 1 de la page 258.
Le 2 novembre il paya la solde des détachements du djebel-
Ressas, de Mohammédia et d'Hammam-Lif.
Mais il ne put faire accepter au bey le principe de l'alloca-
tion journalière de 0 fr. 50 pour chaque soldat
Comme l'objet de la mission du colonel français consistait
surtout à assurer le service et le bon ordre pendant la durée
des opérations du général en chef, il lui parut que le mieux
était d'innover le moins possible, et de déférer aux désirs de
Si Ali Bey et aussi du Bardo en laissant subsister toutes les
allocations comme par le passé, mais en payant ce qui était dû.
Les dépenses restèrent donc bien au-dessous des autorisations
ministérielles. Le colonel Noellat employa le surplus des fonds
envoyés à d'autres besoins urgents, ceux des officiers, ceux des
charretiers, estimant, avec raison, que le sens des instructions
ministérielles devait être surtout visé et que si, le ministre
allouant 0 fr. 50 comme aide aux troupes du bey, celles-ci se
trouvaient satisfaites avec un peu moins, il pouvait utiliser le
reste pour le bien de l'armée tunisienne.
Quand Ali Bey réunit, le 1er novembre, tout ce qu'il avait de
présent à son camp de Zaghouan, pour que le colonel français
pût en faire le dénombrement, afin de dresser ses états pour la
Goums. 350 —
j moins, 5 ou 600 indis-
130 ponibles.
:
]
—
En réalité le camp tunisien rendait peu de services l'auto-
rité militaire songea bientôt à le faire relever par des troupes
françaises et à rappeler les soldats beylicaux sur Tunis1.
Avant de renvoyer l'armée d'Ali Bey sur Tunis, le colonel
Noellat fit prélever dans le camp tunisien 2 officiers, 100 fan-
tassins et 10 cavaliers pour l'organisation d'une deuxième
compagnie franche2.
Ces 110 soldats étaient prêts, le 21 novembre, à commencer
leur service. Le colonel Noellat n'avait aucun fonds pour pour-
;
voir à la solde de ces hommes dès qu'ils ne seraient plus nour-
ris au camp tunisien il les garda cependant quelques jours
et, n'ayant aucun moyen pour les payer, il les nourrit comme
il put en attendant des ordres.
(L'ordre fut envoyé postérieurementde se débarrasser deces
soldats en les renvoyant à Tunis.)
Un bataillon français du 92e étant venu de la Manouba et Constitution
delacolonne
arrivé à Zaghouan le 21, le camp tunisien fut levé le 22 novem- française
deZaghouan.
bre et se dirigea sur Tunis. 22novembre.
Le farick Si ben Turki reçut du colonel Noellat, de la part du
1. L'emplacement du camp est bon, bien abrité, avec forte pente permettant
l'écoulement des eaux. L'eau à proximité est excellente. Les travaux d'installa-
tion sont déjà très avancés vers le 10 décembre; avec le secours des outilspromis,
ils donneraient vite une bonne somme de bien-être relatif.
;
2. Cette compagnie achève la construction du télégraphe optique et doit pro-
téger ensuite ce poste elle serait baraquée sur son emplacement actuel qui est
excellent comme salubrité, proximité de l'eau et du poste télégraphique et comme
position militaire.
3. Le caravansérail de Mograne peut recevoir une forte compagnie avec de gros
approvisionnements. Il est facile à organiser défensivement; il a sur toutes ses
faces un champ de tir de deux kilomètres; sans canon, il est imprenable. Les
deux aqueducs du Djoukar et du Zaghouan se réunissent à son angle nord-ouest-.
4. Baraquées quand ce sera possible.
vice d'étapes quand leurs camarades font colonne, semble
atteint par ce dernier coup, surtout dans le bataillon du 92e1.
« Nous serions bien heureux aussi de savoir, écrit au géné-
ral de brigade le chef de bataillon du 92e à la fin de son rap-
port sur l'orage, combien de temps doit durer notre détache-
ment, non pas que le moral soit affecté, mais une indication
à ce sujet serait la bienvenue. »
Le nouveau commandant supérieur voudrait bien partir
avec son bataillon. Le général commandant la division nord
les fixa l'un et l'autre, en leur faisant répondre que le chef de
bataillon s'acquittait trop bien de ses fonctions de comman-
dant supérieur de Zaghouan pour pouvoir être remplacé, et
que le bataillon du 92e, bien qu'il fût depuis longtemps en
Tunisie r, était en trop bonne santé pour qu'il y eût lieu de le
relever de Zaghouan.
Henni;
quatre pièces de montagne. Cette colonne arriva le 24 à Sidi-
le 25 elle remonta l'oued-el-Kébir et campa au-dessus
de Sidi-Henni; le 26, elle traversa le massif montagneux et
Naoui;
campa à Sidi-bou-Beker, à 3 kilomètres au-dessus de Sidi-
le soir, elle traversa de nouveau la montagne en sens
inverse par le chemin des crêtes et vint camper à la koubba
de Sidi-Abd-el-Kerim : le 27 elle rentra à El-Oukanda.
;
le 1er novembre, la colonne campe sur l'oued-Nebhan (étape
de 12 kilomètres) le 2 novembre, traversée du défilé de Foum-
el-Guefel et camp sur les pentes du djebel-Bargou' (étape de
31 kilomètres). Le 3 novembre, la colonne traverse la rebah
silianah des Oulad-Aoun et campe sur la rive gauche de
l'oued-Hakmès (affluent de l'oued-Silianah), près de la
zaouïa de Sidi-Abd-el-Melek'; le 4, la colonne marche paral-
lèlement et au nord du djebel-Bargou et campe à Aïn-
1. Le général
;
Philebert tomba vers Saidan sur un millier de tentes des Oulad-
Menna (Drid), des Trabelsia (Oulad-Taleb) et des Zlass (Oulad-Khalifa) ces der-
niers appartenaient aux deux fractions qui n'avaient pas suivi la tribu dans son
émigration vers le sud.
Il reçut leur soumission.
2. Le général accorde l'aman aux gens du Bargou.
3. Abd-el-Melek (Zaouià) est sur la rive droite de la Silianah, sur le territoire
des Oulad-Aoun.
Les Oulad-Aoun, qui avaient lutté contre la 5e brigade (voir annexe n° XLVII,
page 216), avaient vu avec inquiétude approcher les troupes françaises; leur
premier mouvement avait été de fuir, mais les émissaires du général Philebert
étant venus les rassurer, les cheikhs et les notables de la tribu se présentèrent
au général, au camp de Sidi-Abd-el-Melek.
Le général accorda l'aman à tout le groupe, mais en réservant au général
d'Aubigny, qui allait incessamment remonter le cours de la Silianah (voir an-
nexe LVIII, page 284), le droit de leur imposer telles conditions qu'il voudrait.
Pour lui, il exigea des moyens de transport et le concours de goums.
Les Oulad-Aoun étaient trop heureux d'en être quittes à si bon compte. (Voir
l'évolution de l'insurrection chez les Oulad-Aoun, annexe n° XLIII, page 193, et
annexe XLVII, page 216.)
Depuis une quinzaine de jours, Ali ben Ammar les pressait plus vivement de se
joindre à lui pour résister aux colonnes d'Aubigny et de la Roque, qui opéraient
autour de Bordj-Messaoudi.
Un fort parti d'Oulad-Ayar s'avançait même vers le campement des Oulad-
Aoun pour les punir de leur interminable hésitation; chemin faisant ils avaient
eu connaissance de la marche de la 6e brigade et s'étaient empressés de rétro-
grader.
Fourna1 ; le 5 novembre, elle descend la vallée de l'oued-el-
Kébir et campe, le 5, près de la koubba de Sidi-Amora, le 6,
près de Sidi-Henni.
Le 7 novembre, la colonne rentre à El-Oukanda, au grand
étonnement des gens du pays qui s'attendaient à la voir mar-
cher immédiatement vers la région occupée par les Oulad-
Ayar.
N° LVII
;
l'est signale dans le lointain de nombreux groupes armés qui
se dirigent vers rhenchir-Rouhia ils surprennent même un
parti composé de gens des Ourtan qu'ils culbutent et mettent
en fuite.
Le 22, la colonne française se porte à l'henchir-Rouhia; la
fin de la marche fut rendue très pénible par la chaleur et les
difficultés du terrain.
Les Cheketma viennent faire leur soumission mais le
khalifa Mohamed ben el Hadj Ahmed ben Rezgui avait séparé
;
sa cause de celle des siens pour se joindre aux insurgés;
quelques jours après, il partait pour la Tripolitaine 1.
L'ennemi n'attaque pas encore; mais on sait qu'il observe
la colonne française, attendant une occasion favorable pour
l'assaillir de toutes parts.
:
faisait, dans les tribus, d'examiner les questions à fond.
Au sujet de Mohamed Salah ben Ali Debbich, le général Japy répondit aussitôt
de Tunis par télégramme « Le caid Ben Debbich était en effet au camp de Si
Ali Bey; mais tous les Oulad-Ayar et Cheketma étaient révoltés et ont composé
les contingents d'Ali ben Ammar, auteur assassinat Oued-Zergua. Mon avis est :
méritent conditions très dures et surtout nombreux otages. »
Le 23, en se dirigeant vers l'oued-Sbiba, la colonne se
heurte aux contingents insurgés, près du marabout de Sidi-
Megherni. Les dissidents occupent une ligne qui s'étend de
l'oued-Rouhia jusque sur les crêtes du djebel-Sidi-Ali-ben-
Oum-Ezzin et du djebel-Sidi-Amor-Essemati, barrant ainsi
toute la vallée de la Rouhia.
Il ya là 3.000 combattants appartenant d'une façon générale
aux Oulad-Mehenna, aux Fouad, aux Fraichich, aux Ourtan,
aux Zeghalma et aux Hammema. Il y a aussi parmi eux quel-
ques Zlass et quelques Oulad-Ayar, sous la conduite du frère
d'Ali ben Ammar 1.
Aussitôt qu'il avait appris le départ de la colonne française
de Tebessa, Ahmed ben Youcef avait appelé les Hammema aux
armes, en leur fixant comme lieu de rassemblement Kasserine,
sur le territoire des Fraichich.
Quatre jours après, ses contingents étaient réunis au point Les Hammema
indiqué et il avait pu transporter ses campements dans le lesrejoignent Fraichich
(23 octobre)
djebel-Sidi-Amor-Essemati. Le lendemain, il descendait dans
la plaine de la Rouhia et il faisait sa jonction avec les combat-
tants d'Haydra que El Hadj Harrat avait amenés avec lui, et
avec les Ourtan, les Zeghalma et les différents groupes qui
avaient répondu à la convocation lancée par l'ex-caïd des
Oulad-Nadji, quelques jours auparavant.
L'artillerie de la colonne, qui s'était mise en batterie, dès la Combat
delaRouhia
pointe du jour, sur le koudiat-el-Hameïma, lança quelques (23 octobre).
projectiles contre le marabout de Sidi-Megherni et sur les
crêtes du djebel-Sidi-Amor-Essemati et du djebel-Sidi-Ali-
ben-Oum-Ezzin où apparaissaient les dissidents.
Ceux-ci, après avoir tenté quelques mouvements en avant,
se replièrent sur le koudiat-el-Halfa, laissant une vingtaine
de morts sur le terrain,
Le même jour, la colonne arrivait à Sbiba, sans autre inci-
dent.
3. Télégramme :
2. Voir annexe n° LVIII, pages 279 et 280.
taient vivement à leur soutien. Assailli alors par le feu de l'infanterie et les
obus qui battaient avec une grande justesse tous les ravins où il se dissimulait,
l'ennemi a cessé sa résistance contre notre tête de colonne. Ill'a continuée quel-
que temps encore sur sa droite et sur sa gauche, où les feux du 100e de ligne et
du 3e zouaves, celui du 3" zouaves notamment, paraissent leur avoir fait éprouver
des pertes sensibles. Un assez grand nombre de cadavres a été trouvé sur le ter-
rain. De notre côté nous avons eu un chasseur tué et six blessés parmi nos cava-
liers et les goums. Le combat, commencé vers 9 heures, a cessé vers midi et demi
Toutes les troupes et le convoi étaient au camp à 4 heures, sans que l'arrière-
garde ait été inquiétée autrement que par le feu de quelques cavaliers.
» La division ira camper demain à l'oued-el-Foul.
» Depuis le 18, je n'ai reçu aucune dépêche soit du Ministre, soit du comman-
dant le corps expéditionnaire (a). Le moral des troupes est toujours parfait. Le
nombre des hommes à l'ambulance est de 75, y compris les blessés. »
1. Il s'enfuit en Tripolitaine. Voir annexe LX, 1, page 330.
2. Voir annexe n° LX, pages 329 et suivantes, la suite de l'insurrection des Frai-
chich et leur soumission.
(a) Si on en juge par ce télégramme qui, expédié par courrier du camp du koudiat-el-Halfa,
4
le 25 octobre, à heures du soir, ne fut déposé à Tébessa que le 4 novembre, à 4 h. 03 du soir
(c'est-à-dire dixjours après), on est fixé sur la rapidité des communications entre le géné-
ral Forgemol elle Ministre, et surtout le général Saussier, car, pour ce dernier, la dépêche
une fois arrivée à Tunis (dans ce cas, la présente dépêche arriva à Tunis le 4 novembre à
8 heures soir) devait lui être expédiée sur la route de Kairouan.
Enfin Ali ben Ammar, suffisamment édifié sur la situation
des dissidents du sud-ouest de la régence, remonte vers la
hamada' avec les différents contingents des Oulad-Ayar qu'il
a pu entraîner à sa suite. Il remarque avec satisfaction que le
général Forgemol se dirige sur Kairouan, laissant complète-
ment libre le pays qu'il vient de traverser.
Le 26, la colonne française arrive sans encombre à l'oued-
Foul.
On lui signale quelques vedettes ennemies qui se sont reti-
rées à son approche. Ces vedettes appartiennent aux Oulad-
Sendacen (Zlass) sur le territoire desquels on a pénétré.
Les Le 27, au matin, après une fusillade de toute la nuit, les
Oulad-Sendacen
attaquent
la colonne
troupes sont attaquées, au départ, sur leurs flancs et sur leurs
le27octibre. derrières, par les contingents des Oulad-Sendacen qui, après
la prise de Kairouan, n'ont pas suivi la retraite d'El Hadj Has-
sein ben Messaï.
Le combat ne se prolonge pas et la marche se poursuit, sans
difficultés, jusqu'à El-Haouareb.
Le 29 octobre, Le 28, la colonne campe à Bir-Zlass et, le 29, elle arrive à
la colonne
Forgemol fait KairDuan où elle opère sa jonction avec les troupes placées
sa jonction
àKairouan, sous le commandement du général Saussier.
avec
les troupes
du général La mission d'Amor el Khadri ben Ahmed était terminée; il
Saussier. rebroussa chemin aussitôt avec ses partisans et retourna sur
le territoire des Oulad-Redhouanqui commençaient leur mou-
vement d'émigration dans la direction de Gafsa.
Les Oulad-Sendacen, au contraire, complètement décou-
ragés, se disposaient à faire leur soumission2.
heur :
Le vaincu de Testour ne s'était pas laissé abattre par le mal-
après avoir passé plusieurs jours à reconstituer ses
forces au moyen des bandes qui erraient dans les environs de
le
Bordj-Messaoudi, dans le Ghorfa etdans Sers, ilrevint occu-
per le khanguet-el-Gueddim, où il arriva avec 2.700 hommes
vers le 18 octobre'.
Il envoyait en même temps son frère vers la Rouhia avec
une cinquantaine de cavaliers pour se faire renseigner exacte-
ment sur la marche de la colonne française qui devait partir
deTebessa et dont on ignorait encore l'objectif; Ahmed ben
Ammar, pour ne pas se rendre suspect à Ahmed ben Youcef,
allait se présenter à lui comme un auxiliaire2.
La A cette époque, la garnison du Kef, considérablement ren-
colonne mobile
duKef forcée par des troupes venues d'Algérie', avait déjà commencé
prenll. l'offen-
sive. ses opérations
14 octobre.
;
Mais il voulait auparavant
évacué)
:
mandant la division d'occupation de Tunisie.
;
1° faire évacuer le khanguet-el-Gueddim (il était
2° balayer le plateau de Bahara (il le trouvera vide d'insurgés) 3° châ-
tier Nebeur (il tenait sous les verroux, au Kef, depuis le 11 octobre, le cheikh et le
chef des soldats) et faire rentrer cette bourgade dans le devoir.
Et il fit son opération.
2. Voir plus haut note 1, p. 274.
3. Ce sont des contingents d'Ali ben Ammar; ils se montrent sur des pitons
-
inaccessibles. -
4. Dans cette première journée, le goum de Souk-Ahras a très bien marché;
aussi, profitant de ce goum qu'il a retenu un jour tout exprès pour cette première
opération, le colonel de la Roque « travaille consciencieusement; il brûle tout sur
son passage et fait une petite prise de 70 bœufs qui sont donnés, sous le burnous,
au goum de Souk-Ahras pour l'encourager ».
5. Les dissidents n'ont pu emporter leurs biens. Aussi le commandant de la
petite colonne fait-il, en passant sur le Bahara, piller ou détruire par les Charen
soumis, maisons, récoltes et biens.
Nebeur au Gueddim et coupant complètement la route de
Souk-el-Arba au Kef; il le traverse dans toute sa longueur,
parallèlement à la colonne, et arrive à Nebeur sans avoir
éprouvé de résistance1
Il y établit son camp, fait fusiller les cheikhs et le chef des
soldats'qui avaient appelé les dissidents, préparé la surprise
du 2 octobre contre la colonne Gerboin et coupé pendant un
mois les communications entre Le Kef et Souk-el-Arba, dés-
arme la population et prend des otages.
Les communications entre Le Kef et Souk-el-Arba ainsi ré-
tablies, le colonel de la Roque organise un relais de poste à
Nebeur, puis le 16 octobre, à midi, il quitte ce village, emme-
nant avec lui tous les moyens de transport qu'il y a trouvés,
et rentre au Kef3.
Le 19 octobre (2 jours après le combat du koudiat-Remila
chez les Fraichich), le colonel de la Roque quitte Le Kef à la
tête d'une colonne de 14 compagnies, 100 chevaux du 13echas-
:
Le lieutenant Vincent se porta aussitôt dans cette direction à la tête de 40gou-
miers; il reconnut la position c'était un douar de 15 à 18 gros gourbis, entourés
de fortes haies de cactus, adossés à une colline très raide. Il envoya l'ordre au
Les insurgés, après cet engagement du 21 octobre, où ils
eurent 200 morts, dont un grand nombre d'abandonnés, se
retirèrent vers la Ghorfa et le Sers 1.
Le 22 octobre, la colonne de la Roque se mit à la poursuite
des dissidents en fuite, les atteignit près du djebel-bou-
Kohil, au sud de la route de Tunis et de Bordj-Messaoudi, les
attaqua vigoureusement et les mit en déroute; puis elle revint
à Bordj-Messaoudi2.
Ali ben Ammar n'avait pas assisté à ces deux derniers en-
gagements; il était allé à la Ghorfa afin de surveiller la marche
du général d'Aubigny 3 qui venait d'arriver à Teboursouk pour
rallier les troupes du colonel Ménessier de la Lance, et qui
devait ensuite se diriger vers la colonne de la Roque a.
sous-lieutenant Delater .de. venir le. soutenir avec sa section de fusiliers en se gar-
dant sur ses flancs avec les 60 goumiers qu'il lui avait laissés.
Cet officier arriva au galop avec ses trente fusiliers, leur fit mettre pied à terre
et commença aussitôt un feu bien ajusté qui abattit 3 rebelles (les défenseurs
étaient environ 80). Le lieutenant Vincent pénétra dans le douar avec ses 40 ca-
valiers et les insurgés prirent la fuite et disparurent dans les rochers, poursuivis
par le feu des fusiliers qui abattirent encore quelques-uns des fuyards. (La section
tira en tout 45 cartouches.)
L'action avait duré une heure. Il était près de 2 heures quand la razzia et
l'incendie des gourbis furent terminés. Comme le lieutenant avait reçu l'ordre de
rentrer à Souk-el-Arba et qu'il n'aurait pu atteindre Bordj-Messaoudi qu'après la
nuit close, dans un terrain inconnu et montagneux, il fit reprendre le chemin
de la gare de Souk-el-Arba où la reconnaissance arriva à 7 heures du soir, après
avoir parcouru environ 66 kilomètres.
1. Le soir de l'engagement du 21, le colonel de la Roque demandait encore
instamment à ne pas marcher sur Teboursouk, estimant que ce mouvement n'était
pas indispensable, mais à être autorisé à aller vers le Sers poursuivre l'ennemi.
Cette demande était bien rationnelle; il fallait poursuivre l'ennemi pour le
détruire complètement, ou tout au moins le suivre d'assez près pour le retarder
et le tenir en échec dans la Gada, afin de donner le temps à d'autres colonnes de
converger vers cet objectif tactique et de l'envelopper.
Mais l'ordre qu'avait donné le général Logerot était formel
Teboursouk.
: se diriger sur
nemi, « coupé en deux par la route de Tunis », était à sa merci!! Il lui suffirait
avec sa colonne de prendre par le sud le plateau du Sers, la Ghorfa et le revers
:
des montagnes qui bordent la route pour rejeter les dissidents sur le général
d'Aubigny, qui les achèverait du même coup il reconnaîtrait les abords et les
'positions « formidables » du plateau central des Oulad-Ayar.
:
Nous verrons plus loin (note 4, p. 298) que l'attaque de ces positions formidables
coûta un homme aux trois colonnes un goumier qui, voulant violenter une
femme, fut tué dans une maison de Dar-el-Caid.
1. Voir annexe n° LVII, p. 270.
2. Nommé le 14 octobre. (Voir annexes n°. LI, LU et LUI.)
3. Du 11e régiment de hussards.
4. Le camp de Testour était situé à 800 mètres à l'ouest de Testour, entre la
Medjerdah à 1 kilomètre au nord, la ceinture des hauteurs de la Silianah à 2 ki-
lomètres à l'ouest, des hauteurs à 1.200 mètres au sud et le village de Testour
à l'est.
Se trouvaient au camp de Testour, le 18 octobre
un bataillon du 8e de ligne.
une
:
Intanterie
Intanterle
i
— 20e—
73e
compagnie du 808
-
r1erie
Cavalerie.
A l'Il
une
—
sept pelotons du 11e de hussards.
batterie de montagne;
une section de campagne.
:
5. Colonne légère, général d'AUBIGNY; capitaine Oudard, chef d'état-major
;;
Bataillon du 8e d'infanterie
Bataillon du 20e d'infanterie
Une compagnie du 80e ;
6 pelotons du 11e hussards;
1 section d'artillerie de campagne;
2 sections d'artillerie de montagne.
général Japy se porte vers Bordj-Messaoudi pour appuyer le
colonel de la Roque'.
Elle campe le 22 à Teboursouk (étape de 26 kilom.) le 23 elle
campe à Sidi-Rharsallah 2à 3 kilomètres au nord-est d'Abder-
;
Rebbou, après avoir fait une grand'halte au bordj d'Aïn-Hedja.
L'étape de ce jour fut de 20 kilomètres 3.
Le 24 octobre, la colonne d'Aubigny opère sa jonction avec Jonction
des colonnes
la colonne de la Roque4, du Kef
et de Testour
La route de Tunis était rouverte. (24 octobre)
et
Les douars réfugiés au nord de cette route, dans le djebel- opérations
autour
Ghazouan, sont affolés; leur décomposition est complète; ils de
Bordj-Messaoudi
;
ne feront plus de résistance nulle part. Les gens fuient, aban-
donnant tentes et troupeaux aussi les goums vont-ils se lancer
sur eux.
Quant àAli ben Ammar, comme il n'a pas attaqué la colonne
1. Nous avons vu plus haut que le général Japy (après le général Logerot) ne
cherchait d'autre but à ces opérations combinées que la protection de la voie
ferrée.
Les communications par chemin de fer venaient d'être rétablies entièrement
et chaque matin un train partait de Tunis et de Ghardimaou pour arriver le soir
à l'extrémité de la ligne. Le télégraphe avait été rétabli le 21 vers l'oued Zergua
et fonctionnait le 22 octobre. Le général Japy voulait fermer aux dissidents la
zone entre le Kef et Tcstour pour les empêcher de chercher à couper encore
une fois le chemin de fer. (Voir plus loin, p. 311.)
2. Ce bivouac prit le nom de bivouac d'Abdcr-Rebbou.
3. Cette marche du23 fut fort pénible; la colonne marcha dix heures et demie
sans trouver d'eau,- les sources avaient été bouchées.
Le général d'Aubigny, d'après les renseignements envoyés par le colonel dela
;
Roque, croyait être attaqué, pendant cette marche, sur son flanc gauche et ses
derrières Ali ben Ammar, au contraire, s'éloignait vers le sud.
(Les dépêches envoyées par le colonel de la Roque au général d'Aubigny étaient
écrites sur de petits bouts de papier enroulés sur des fétus de paille et portés
par des cavaliers arabes.)
4. Comme le colonel de la Roque a à peine de l'eau pour sa colonne a Bordj-Mes-
saoudi, la colonne d'Aubigny s'arrête à Ain-Guersa et s'y installe le 24 au matin,
; :
2. Pendant ces opérations les goumiers de la colonne de la Roque razzient les
goumiers du général d'Aubigny ils vont aussi razzier les Djendouba restés fidèles.
Ces faits s'expliquent naturellement une partie des goumiers étaient des ban-
dits etdes pillards qui avaient fait d'abord partie des bandes dissidentes et qui,
voyant plus tard la fortune se tourner de notre côté, étaient venus s'enrôler dans
nos colonnes.
C'est ainsi qu'un certain nombre de goumiers attachés à la colonne d'Aubigny
étaient notoirement connus comme ayant pris part au massacre de l'oued Zergua;
ils étaient cependant, quoique surveillés, conservés dans ce goum.
3. Pendant ce temps le général Philebert, prenant El-Oukanda comme base,fai.
sait une petite opération de trois jours (du 24 au 27 octobre. Voir annexe n° LVI,
p. 263).
4. Après le combat du 25 octobre au koudiat-el-Halfa. (Voir annexe n° LVII,
p.272.)
elle ne trouva personne ni dans ce massif, ni dans la plaine du Ghorfa ;
5. Le 28, la colonne du Kef opéra dans la partie occidental du djebel-bou-Kohil;
elle
brûla les habitations et les récoltes de quelques fractions insurgées des Drid qui
avaient appelé Ali ben Ammar.
Elle apprit que ce dernier venait d'arriver à EI-Guelia, près de la hamada,
partisans à une halga, espérant encore rallumer leur enthou-
siasme.
La réunion eut lieu le 29 octobre; Ali ben Ammar s'y pré-
senta, dit-on, couvert d'un sac, et, dans un discours fanatique,
supplia ses compatriotes de ne pas le laisser continuer seul la
guerre sainte.
Il put encore réunir quelques combattants.
Le 27 octobre, le généralJapy avait prescrit, partélégramme,
au colonel de la Roque de marcher vers le sud, mais sans
dépasser le Sers et sans s'engager dans la hamada des Oulad-
Ayar, et au général d'Aubigny de remonter lentement vers
Testour avec sa colonne1.
Pendant que le colonel de la Roque fait continuer ses razzias La colonne
du
au sud de Bordj-Messaoudi2 , le général d'Aubigny prépare son général
d'Aubigny
mouvement de retour3 retourne àTes-'
tour.
Dès le 1er novembre, au matin, il a envoyé une première
avant-garde de deux compagnies du 20e, la section du génie et
un peloton de hussards pour améliorer les sources et les pas-
sages difficiles sur la route de Testour.
Le 2 novembre, à midi, il fait partir un deuxième détache-
ayant avec lui environ 300 fusils, et que son frère avait, dans la journée du 27,
fait appel aux armes sur le marché des Oulad-Ayar et le 28, sur le marché d'El-
Ksour.
1. Le 1" novembre, le général de division fit connaître de nouveau qu'il fallait
attendre, pour commencer l'expédition sur la hamada des Oulad-Ayar, que la co-
lonne Forgemol fût en état d'y prendre part. Le général d'Aubigny devait, pour
le moment, se borner à prendre ses dispositions pour cette opération combinée et
à étudier les itinéraires en vue de ce mouvement.
2. A la suite de ces razzias, des fractions de Drid viennent successivement se
présenter pour faire leur soumission; le général d'Aubigny leur donne rendez-
vous, pour le 6 novembre, à Ain-Hedja.
3. Le 28 octobre, le bataillon du 73" (parti de Testour le 26) avait rejoint le gé-
néral d'Aubigny, apportant deux jours de vivres.
Le 29 octobre était arrivé à Bordj-Messaoudi le lieutenant-colonel de Puymorin
avec le bataillon du 128e (partis de Testour le 27 octobre escortant un convoi de
vivres de cinq jours destiné au colonel de la Roque).
Le lieutenant-colonel et le bataillon du 1283 avaient été immédiatement camper
près de la colonne de la Roque, à laquelle ils étaient attachés.
Le bataillon du 848 est resté à Testour où va être établi un dépôt d'approvision-
nement en vivres (fours roulants), ambulance et munitions pour deux mois pour
un effectif de 4.000 hommes.
ment commandé par le lieutenant-colonel Debord et compre-
nant les deux autres compagnies du 20e, un peloton de hussards
et une section d'artillerie; ce détachement rejoindra la pre-
mière avant-garde à Abder-Rebbou, puis le groupe réuni sous
les ordres du lieutenant-colonel Debord se rendra le 3 à Aïn-
Hedja où il attendra la colonne principale qui doit y arriver
le 4.
Le 3 novembre, à heures du matin, le général d'Aubigny,
7
;
Il a reçu cependant l'ordre du général d'Aubigny de rester entre le Ghorfa et
le Sers où il se trouvait le 8 novembre mais à ce moment déjà le colonel de la
Roque a obtenu du général de division Japy toute liberté d'action et ce ne
sera que le 11 au soir que le général d'Aubigny sera avisé de cette liberté de ma-
nœuvres donnée à son srbordonné. (Voir plus loin, note 1, p. 288.)
Ainsi, le 9 novembre, le général d'Aubigny apprend que le général Philebert a
reçu l'ordre de coopérer au mouvement combiné, mais il attend des ordres de
son général de division pour l'exécution de ce mouvement et il est obligé d'é-
crire à son camarade pour lui demander connaissance de ses projets; il est en
relations avec son lieutenant, le colonel de la Roque, mais, quand même celui-ci
n'aurait pas reçu directement du général de division sa liberté de manœuvres il
ne pourrait s'entendre avec lui sur les positions à occuper, les noms que lui cite
son subordonné ne se trouvant sur aucune carte.
:
Au moment donc où se prépare une marche concentrique de trois colonnes il
;
n'y a pas de plan d'ensemble établi un des généraux de brigade reçoit des or-
dres de son général de division qui est à Kairouan l'autre brigadier attend des
ordres de son divisionnaire qui est à Tunis (il ne les recevra pas d'ailleurs et il
partira sans les avoir reçus).
Quant au chef de la troisième colonne qui dépend du général de brigade com-
mandant la deuxième, il reçoit directement du général de division et au mo-
ment même du commencement des opérations, sa liberté d'action sans que son
chef direct en soil prévenu.
Nous verrons par la suite les résultats d'une opération débutant de cette façon.
2. Le général d'Aubigny, en descendant la Silianah avait pu reconnaître que la
:
ligne de marche que suivrait sa colonne serait très difficilc.
(Nous ne donnerons pas tous les noms de détail il serait fort difficile d'ailleurs
phia au général Japy pour lui demander des ordres; il lui
écrivit le lendemain, 11 novembre, pour lui rendre compte
de sa reconnaissance, et fit partir de Testour, à 9 heures du
matin, sa section du génie et une compagnie d'infanterie pour
préparer le passage de la colonne qu'il devait mettre en route
le 12 (principalement rocs à faire sauter au col du djebel
Lassioud et gués à aménager; travaux dont il avait reconnu la
nécessité). Puis, dans la soirée, tout étant prêt pour le départ,
et n'ayant reçu encore aucun ordre, il rendit compte par télé-
gramme qu'il partirait néanmoins vers le sud le lendemain 121.
Opérations du Pendant que le général d'Aubigny rentrait a Testour, le colo-
colonel
la
de Roque nel de la Roque avait poursuivi ses opérations en s'appuyant
autour deBordj-
Messaoudi,
après sur Bordj-Messaoudi.
le départ
delacolonne Le 2 novembre, au matin, il avait quitté son camp avec six
de Testour.
compagnies d'infanterie et son goum pour se porter sur
l'oued-Tessaâ, à 10 kilomètres au nord, à El-Biadha, où il
avait donné rendez-vous à trois petites tribus faisant partie
du sandjak du Kef et qui s'étaient refugiées là.
Il était revenu le 4 novembre à Bordj-Messaoudi, ayant été
jusqu'à Guécla, sans rien trouver; les gens qui lui avaient
donné rendez-vous avaient été rejoindre Ali ben Ammar à
Ellez.
de les retrouver sur la carte actuelle au 1/200.000". Le plus grand nombre, em"
pruntés à la carte d'itinéraire du lieutenant-colonel Périer et à la carte au
1/400.000" deFalbe, n'ont pas été reproduits sur la carte nouvelle.)
1. Le général d'Aubigny télégraphia les 9, 10 et 11 et écrivit le 11 au général
:
Japy pour lui dire qu'il attendait ses ordres. Il ne reçut que ce télégramme le 11
au soir « Le colonel de la Roque se trouve en face de forces sérieuses. Je lui
ai laissé sa liberté d'action. Tenez-vous en communication avec lui et agissez
suivant la situation. »
graphia aussitôt à 10 heures du soir, du camp de Testour, au colonel de la Roque
Je crois qu'une action commune de nos deux colonnes avec celle du géné-
:
Le général d'Aubigny,auquel on laissait le soin de se débrouiller tout seul, télé-
«
ral Philebert, même sans le concours de celle du Sud dont nous n'avons pas de
nouvelles, pourra amener des résultats meilleurs que si vous êtes obligé d'at-
taquer seul. Par conséquent, s'il n'y a pas nécessité absolue, attendez-nous encore
quelques jours. »
Quand le général Japy eut connaissance de la marche du général Philebert
sur la Silianah, il prescrivit au général d'Aubigny de rester à Testour ; mais la
lettre parvint trop tard au général d'Aubigny et celui-ci continua sa marche.
Il organisa Bordj-Messaoudi défensivement pour en faire un
dépôt de vivres, y laissa le bataillon du 128e avec le lieutenant-
colonel de Puymorin1 et se porta le 5 à El-Ghorfa; le 6, il vint
à Henchir-Mosbah, au col qui sépare la Ghorfa du Sers; il
avait reçu l'ordre de ne pas dépasser ce point2.
Il assure ses derrières en faisant la soumission de la Ghorfa.
..Tous les jours il voit les dissidents paraître sur le djebel
Massouge par groupes d'environ 25 cavaliers.
Il est au contact.
Ali ben Ammar, avec 70 tentes de guerre, est sur les hautes
pentes d'Ellez (koubba de Sidi-Abdallah-Cheikh.)
- Le colonel de la Roque
se porte dans la journée du 12 sur la
rive droite de la Tessaâ, sur le versant nord du djebel-Tricha3,
près du douar au nord des Oulad-Sahel, pour se rapprocher
du Sers et être en mesure de protéger plus vite et plus effica-
cement les tribus qui veulent se soumettre et qui peuvent
être inquiétées par Ali ben Ammar.
Il voudrait tomber dans le flanc d'Ali ben Ammar, qui fait
une reconnaissance avec 200 chevaux sur la Silianah, ou lui
couper sa ligne de retraite.
Le général Philebert avait reçu l'ordre de porter toute sa La brigade.
:
6*
:
Messaoudi un dépôt de quinze jours de vivres, se plaignait déjà que Souk-el-Arba
lui envoyait des denrées sans garder de proportions entre elles c'est ainsi qu'il
manquait de riz, tandis qu'il avait déjà un approvisionnement considérable de sel.
2. Le colonel de la Roque rend compte que les cartes sont mal faites.
3. Le djebel-Tricha (carte au 1/400.000" de Falbe) serait la partie sud-ouest du
massif djebel Massouge.
moyens de transport, ne pouvait plus marcher réunie; elle se
mit donc en route par fractions successives. Le mouvement
commença le 8 novembre. La présence d'arabas et de voitures
régimentaires força à passer par la plaine du Fahs-el-Riah, au
lieu de marcher directement par la montagne.
Le 12 novembre, le général Philebert est à Medjez-Sfa.
Ali ben Ammar
dans
laHamada.
A la l,
suite de la halga du 29 octobre Ali ben Ammar avait
encore réuni une petite armée.
Le 4 novembre il était revenu à Ellez et s'y préparait à
défendre la région des Hamada. Mais le 5, ses partisans avaient
appris que le général Philebert était campé à la zaouïa de Sidi-
Abd-el-Melek2. Cette apparition inattendue des troupes fran-
çaises qui, selon toutes probabilités, se dirigeaient sur Maktar,
sema l'épouvante dans les rangs des derniers insurgés ils
déclarèrent à Ali ben Ammar qu'ils ne voulaient plus se battre.
:
Ali ben Ammar ne conserva plus auprès de lui que des
Oulad-Ayar et quelques Oulad-Aoun dissidents trop com-
promis pour oser espérer lepardon.
Cependant, quoique ne pouvant plus avoir aucune illusion
sur l'issue fatale de la lutte, Ali ben Ammar n'avait cessé de
déployer une activité extraordinaire pour organiser la résis-
tance et faire croire à sa force.
Le 9, il était allé faire une ghazzia chez les Oulad-Aoun
pour les punir de s'être soumis au général Philebert; le 10, il
avait poussé une pointe dans la vallée de la Silianah.
Le 12 novembre, il se portait enfin avec toutes ses forces,
un millier d'hommes, vers le Massouge dont il projetait la
défense. (Le nombre de ses partisans s'était légèrement accru
depuis quelques jours par suite de la retraite, inexpliquée
pour les indigènes, du général Philebert qui avait quitté brus-
quement la zaouïa de Sidi-Abd-el-Melek3, et de la lenteur des
marches des colonnes de la Roque et d'Aubigny.)
1. Le camp est non loin de Guénouat, à peu près sur El de Kefel-Arrak, sur la
carte au 1/400.000. de Falbe.
: ;
(Les noms cités par le général d'Aubigny figurent sur la carte au l/400.000c de
Falbe : cette carte était inexacte en bien des endroits; exemple Ellez le cours de
la Tessaâ dont la large boucle vers l'est n'était pas représentée, etc.)
2. Le djebel-Tricha (carte au 1/400.000" de Falbe) serait la partie sud-ouest
du massif du djebel Massouge,
3. Harara-Kramet est sur la rive gauche de la Silianah. (Le camp fut établi
un peu au-dessous du D d'Oulad-Riah de la carte au 1/400.000° entre un marabout,
les douars, un cimetière arabe et des ruines romaines.)
La marche de la colonne d'Aubigny dans la journée du 12 avait été d'abord assez
facile (le col du djebel-Lassioud et le premier gué de la Silianah avaient été
aménagés la veille par Igénie); mais, vers 9 heures du matin, la pluie ayant com-
mencé-à tomber, la marche était devenue pénible. La tête du convoi n'était arrivée
au camp qu'à 6 h. 30 et il avait fallu déjà consommer une demi-journée de vivres
de réserve.
;
Pendant toute la nuit tomba une pluie violente la route fut cependant assez
bonne pour la marche du lendemain ; mais il fallut envoyer des chevaux du con-
voi pour faire passer à la compagnie d'arrière-garde, en face du camp, le gué
de la Silianah devenu infranchissable par suite d'une crue subite de la rivière.
écrite par le général Philebert le 12 à 2 heures du soir. Le
général Philebert, en annonçant qu'il serait le 18 au djebel-
Belota, proposait à son camarade de commencer seulement à
cette date les opérations d'ensemble
Le général d'Aubigny lui répondit aussitôt qu'il acceptait de
grand cœur cette date du 18, au lieu de celle du 16 qui avait
été primitivement convenue (il regrettait de ne pouvoir entrer
immédiatement en relations avec lui de façon à pouvoir, de
vive voix, mieux combiner leurs opérations ultérieures2), et il
écrivit au colonel de la Roque pour lui indiquer la nouvelle
date du 18 et l'inviter à ne pas précipiter les choses et à atten-
dre que les deux autres colonnes fussent en ligne; il craignait
l'impatience de la colonne de la Roque, installée depuis plu-
sieurs jours à 6 kilomètres de l'ennemi.
Le 14 novembre, la colonne d'Aubigny quitte son bivouac
d'Harara-Kramet à 7 h. 30 du matin et arrive à Aïn-Nagueur3
à 1 heure de l'après-mid'.
Le général d'Aubigny reçoit du général Philebert une lettre
lui annonçant qu'il sera le 15, à Ksar-el-Hadid et
lui donnant
rendez-vous le 15, à 2 heures du soir, au confluent de l'oued-
Massouge et de la Silianah, sur la rive gauche de cette dernière
rivière; il ne pourra arriver que le 20 au djebel-Belota4.
1. Le général Philébert avait reçu de son général (le général Logerot) des ins-
tructions lui prescrivant d'opérer au sud et.à l'est, sur le Sers, de se concerter
avec les chefs des colonnes du Kef et de Testour opérant par l'ouest et parle nord
sur le même plateau, et de se tenir en communication avec la colonne Etienne de
Kairouan, afin de pouvoir lui donner un secours immédiat si cela était nécessaire.
2. Quant au général d'Aubigny, il n'avait reçu aucun ordre de son général (le gé-
:
néral Japy) Aussi ne pouvait-il qu'écrire, dans sa lettre du 13au général Philebert:
« Les seules instructions que j'ai reçues du général Japy sont les suivantes
Leco-
lonel de la Roque se trouve en face de forces sérieuses; je lui ai laissé sa liberté
d'action; tenez-vous en communication avec lui et agissez suivant la situa-
tion. «
3. Ain-Nagueur, à 10 kilomètres Est de la Silianab, dans le GaAfour (vers Ain-
Berla, territoire de Batem-Reallah, à égale distance environ de l'H d'Oued-Riah
et du D de Djebel-Tella-es-Silianahsur la carte au l/400.000c de Falbc).
La Silianah avait baissé pendant la nuit: le passage en fut facilele 14etla route
était belle sur les plateaux du Gaàfour.
4. Il faut entendre que le général Philebert ne pourra avoir son monde concen-
tré que le 20.
La colonne, forte en infanterie de 5 bataillons seulement (nous savons que la 6e
Le 15, la colonne d'Aubigny quitte Aïn-Nagueur 7 heures du à
matin et, traversant les plateaux, va s'installer à Sidi-Djaber l
où elle arrive à midi.
Le général fait commencer aussitôt l'installation d'un bis-
cuit ville qui sera gardé par trois compagnies 2.
Le général Philebert escorté par sa cavalerie vient de Ksar- Entrevue
des généraux
el-Hadid à Sidi-Djaber conférer avec le général d'Aubigny. Philebert
etd'Aubigny
Les deux généraux arrêtent là les conditions dans lesquelles àSidi-
Djaber,
le 13 novembre.
aura lieu l'opération contre les Oulad-Ayar. Il est convenu que
le
le 21 colonel de la Roque attaquera au nord-ouest, le géné-
ral d'Aubigny au nord, et que la 6e brigade, qui d'ici là se sera
portée à Maktar, attaquera au sud et a l'est3.
Le 16 novembre, la colonne d'Aubigny stationne à Sidi-
Djaber; elle pousse une reconnaissance dans la vallée de
l'oued-Massouge.
Le même jour, le colonel de la -
Roque se porte d'Henchir-
Mosbah à Henchir-Farik et la tête de colonne du général Phi-
lebert arrive à la zaouïa de Sidi-Abd-el-Melek.
Pendant que le colonel de la Roque venait s'établir à Hen-
chir-Farik, quatre cents de ses.goumiers attaquaient les
;
1. Le camp est installé sur une croupe au sud du marabout de Sidi-Djaber,
rive droite de la Silianah eau de source bonne et abondante.
2. Le biscuit ville de Sidi-Djaber, garié par trois compagnies du 8e (commandant
de Cantillon), doit être retranché; on demande des bâches, à la division, pour
couvrir les approvisionnements. La garnison du biscuit ville fournira les escortes
entre Sidi-Djaber etla colonne; le 84e, à Testour, devant fournir les escortes entre
Testour et Sidi-Djaber.
:
3. Le général d'Aubigny, frappé des difficultés et des lenteurs de marche du
convoi sur roues de la 6e brigade, écrivait après cette entrevue «Le général Phi-
:
lebert a un convoi très complet, mais par cela même très difficile à mouvoir et
qui retarde considérablement sa marche quatre cents arabas escortées par 3
bataillons qui le suivent à une ou deux journées de marche en arrière. Le général
n'a avec lui que deux bataillons; il en attend deux de Kairouan; il ne sera que le
22 ou le 23 en mesure de commencer sa marche sur la Hamada. Je crains que ce
retard forcé nous fasse tomber dans la saison des pluies et peut-être môme de la
neige. Dans le cas de neiges, le colonel dela Roque sera obligé de gagner la plaine,
vers les Ouartana, pour ne pas perdre son convoi de chameaux. »
;
dissidents dans le haut du Massouge ils purent s'avancer
jusqu'à Touat-Zouamel et s'assurer que la vallée de la Silianah
était absolument libre.
Quant au général Philebert, aussitôt arrivé à la zaouïa de
Sidi-Abd-el-Melek, il s'empresse d'y laisser ses charrettes et
ses impédimenta. Il a pu ramasser assez d'animaux pour
porter son convoi et il constitue un goum de cent cavaliers
des Oulad-Aoun, qui venaient d'obtenir l'aman définitif du
général d'Aubigny
-
Le 17 novembre, pendant que la tête de colonne de la 66
brigade se porte de Sidi-Abd-el-Melek à Mebrouka-el-Tueggia,
dans le djebel Belota, la colonne d'Aubigny, réduite de trois
compagnies laissées à Sidi-Djaber, pénètre dans la vallée de
l'oued Massouge et va camper à M'zen-el-Nour2.
Des reconnaissances de cavalerie sont envoyées dans l'après-
midi de M'Zen-el-Nour vers Touat-Zouamel (route du lende-
main) et le djebel Massouge; elles ne signalent rien.
Dès le 17 novembre le général d'Aubigny est déjà fort
inquiet au sujet de ses ravitaillements. Il n'a plus que 3
jours de vivres de convoi et 2 de sac. Il a demandé 6 jours de
vivres à Testour le 13 novembre; mais le commandant de
cette place lui a fait connaître, le 16, qu'il ne pouvait lui
envoyer qu'un jour de vivres au lieu des six demandés; les
1. On sentait que la lutte touchait à sa fin. Les goums qui s'attachaient à nos
colonnes s'augmentaient au fur et à mesure que nos succès s'affermissaient; ils
s'attendaient à trouver des richesses considérables dans le pays des Oulad-Ayar
et ils s'étaient munis, pour emporter le butin qu'ils comptaient faire, de tous les
moyens de transport dont ils pouvaient disposer.
Quant au caïd Mohamed Salah ben Ali Debbich, il ne cessait de courir d'une
colonne à l'autre, manifestant le plus grand empressement à nous seconder et
s'occupant à négocier la soumission des Oulad-Ayar et même celle des Madjeur,
quoique son autorité sur les uns comme sur les autres fût nulle en réalité.
2. Le camp est installé sur un éperon à 2 kilomètres au sud de Sidi-Embarek
(carte au 1/400.000e) et en bordure de l'oued Massouge.
L'étape du 17, de la colonne d'Aubigny, longue de 10 à 12 kilomètres seulement,
se fit à travers un pays facile et beau où tous les douars étaient intacts; les
insurgés avaient cependant quitté le pays depuis peu, mais ils s'étaient bien
gardés de détruire des douars amis, y compris ceux de Sidi-Zerrouk, ministre
de la marine du bey, qui se trouvait au camp de Si Ali Bey à Zaghouan.
Drid ne lui ont pas encore amené leurs chameaux de réqui-
sition et les moyens de transport lui font défaut.
Le général ne peut, lui non plus, trouver d'animaux dans
le pays, car le général Philebert prend tous les animaux
disponibles, son convoi ne pouvant plus avancer avec ses
arabas.
Le général d'Aubigny est obligé d'envoyer des animaux de
sa colonne vers Testour pour former les convois de ravitaille-
ment; « il est fort inquiet; un rien peut le mettre dans un
grand embarras ».
D'un autre côté, le colonel de la Roque, qui est à Henchir-
Farik, s'impatiente; il craint que le retard apporté dans la
marche du général Philebert ne fasse manquer les opérations
et qu'Ali ben Ammar s'échappe.
du soir :
Le général d'Aubigny lui écrit, à ce sujet, le 17, à 7 heures
« Il est possible que les dissidents s'éloignent;
mais comme la porte sud-est leur sera entièrement ouverte,
c'est par là qu'ils fileront si nous n'attendons pas le général
Philebert. »
Le 18 novembre, le général d'Aubigny se porte de M'Zen-el-
à
Nour Touat-Zouamel1.
Une reconnaissance de cavalerie partie du camp de Touat-
Zouamel, à midi, rencontre une forte reconnaissance con-
duite par le colonel de la Roque, qui vient camper à 3 kilomè-
tres sud-ouest de Touat-Zouamel (le reste de la colonne de la
Roque restant campé à Henchir-Farik).
Les dissidents qui restaient encore dans le Sers et le Mas-
souge avaient été ainsi refoulés dans les hamada.
Le général d'Aubigny et le colonel de la Roque confèrent
ensemble. Pendant qu'ils sont réunis arrive une lettre du
1. Chacun écrit ou télégraphie à son général de division pour savoir qui des
deux doit recevoir la soumission des Oulad-Ayar et de quelle région, nord ou
sud, dépendront le Sers et les Hamada.
Voir plus loin, note 2, page 303, la décision prise à ce sujet.
Le général L'intention du général d'Aubigny était de ne pas bouger de
d'Aubigny,
ayant appris
la fuite son camp de Sebba-Biar pendant la journée du 20 et de s'oc-
d'Aliben
Ammar cuper de placer son convoi dans un endroit favorable pour
dans la nuit être complètement libre et sans inquiétude pendant l'opéra-
du 19,
attaque seul
le 20. tion du 21.
Mais, dès le matin du 20, il. reçut des renseignements lui
assurant qu'Ali ben Ammar était parti la veille au soir avec
25 cavaliers fidèles, sa femme, ses enfants et ses tentes,
et qu'il aurait pris le chemin du sud-est passant devant
Maktar.
Sur ces renseignements1, le général d'Aubigny donne
l'ordre de lever le camp à 11 h. 30 pour se porter à Mage-
raoua2
La plaine qui sépare Henchir-Sebba-Biar de Mageraoua est
traversée sans difficulté. La colonne s'engage ensuite dans la
montagne, en suivant la rive droite de l'oued-Zitoun. L'avant-
garde arrive sans incident, à Mageraoua, à 2 heures.
Pendant l'installation au camp, le goum, soutenu par quel-
ques pelotons de hussards et quelques compagnies d'infan-
terie, razzie tout ce qu'il trouve. (Un goumier, reconnu plus
tard pour être de la colonne de la Roque et venu probablement
d'Ellez se mêler au goum de la colonne d'Aubigny, est tué a
bout portant dans une maison de Dar-El-Caïd3 par un Arabe
qui se tue ensuite4.)
4
; ;
fusillés sur place six autres le sont au retour au camp puis un certain nombre
d'Oulad-Ayar étant venus se rendre à ses grand'gardes, le général d'Aubigny fit,
le 22 novembre, fusiller 19 des plus importants.
1. Le Fondouk-Debbich de la carte actuelle au 1/200.000e.
2. Voir La 6e brigade, du général Philebert, pages 65 et suivantes.
Ali ben Ammar s'était échappé. Ali ben Ammar
s'était enfui
Le 19 au soir il était encore à Mageraoua et, s'il n'était pas dans la nuit
du 19-20.
encore parti, c'est que la foule qui l'entourait, le considérant
comme le gage de sa soumission, le surveillait activement;
les Oulad-Ayàr, fortement irrités contre lui, voulaient le livrer
ou le tuer; ses parents et sa fraction, les seuls à prendre
sa défense, faisaient bonne garde autour de lui.
l
Dans la soirée du 19, les goums du général d'Aubigny
avaientfait 4 prisonniers; l'un d'eux était porteur d'une lettre
adressée par le cadhi des Oulad-Ayar au caïd Mohamed Salah
benAli Debbich, au nom d'un groupe de notables qui dési-
raient se soumettre.
Le général d'Aubigny fit appeler le caïd et lui communiqua
ce document en lui signifiant, devant les prisonniers, qu'avant
d'entreprendre tout pourparler avec les insurgés, il voulait
qu'Ali ben Ammar lui fût livré mort ou vif. Le caïd avait trans-
mis au groupe qui s'était adressé à lui la réponse du général
d'Aubigny.
Quelques heures après, Ali ben Ammar partait de Mage-
raoua, avec quelques cavaliers, par la route du sud, se diri-
geant sur le djebel-Berberou.
Le lendemain matin1, 20, Mohamed Salah ben Ali Debbich
venait annoncer à grand bruit le départ du chef insurgé, ajou-
tant qu'il avait mis son frère, Salem ben Ali, à la poursuite du
fuyard.
Salem ben Ali rentra le soir sans ramener Ali ben Ammar2.
Mohamed Salah ben Ali Debbich avait certainement trompé
le général d'Aubigny et favorisé l'évasion d'Ali ben Ammar.
;
de Mageraoua, il écrivait au colonel de la Roque pour lui de-
mander des conseils il ne savait plus que faire le lendemain,
commandait, les commandants de colonne ayant élé seulement invités, par leurs
généraux respectifs, à se concerter. (Voir plus haut, notes 1 et 2, page 292.)
De plus la ligne de retraite la plus probable des dissidents n'avait pas été oc-
cupée.
Dès le 6 novembre, le général Japy, commandant la région nord, prévoyait cet
insuccès et, à cette date, il écrivait au général Saussier qu'une attaque de la ha-
mada par le sud s'imposait et que les tribus cernées seraient forcées de mettre
bas les armes; que si, au contraire, le sud leur restait ouvert, elles pourraient
s'échapper.
Le 8 novembre, quand il eut apprisque le général Philebert avait reçu l'ordre
du général Logerot de se rendre avec toutes ses forces au djebel Bclota, le gé-
néral Japy écrivit de nouveau au général Saussier. Il savait qu'Ali ben Ammar
avait déjà pris des dispositions pour se retirer dans le sud avec ses principaux
adhérents et il estimait que la marche d'une colonne française au sud des hamada
:
devenait de jour en jour plus urgente, si l'occasion favorable n'était même pas
déjà passée il insistait de nouveau pour qu'une colonne fût dirigée dans la ré-
gion sud des hamada et faisait remarquer que la colonne Philebert prenait, pour
se rendre au djebel-Belota, un chemin trop long et trop au nord (nous savons
pourquoi; obligé, après avoir donné ses chameaux au général Logerot, de traîner
son convoi sur roues, le général Philebert avait dû renoncer à l'idée de marcher
directement a travers la montagne et faire le tour par la plaine). Il ajoutait que
la colonne Philebert allait parcourir un pays où la colonne d'Aubigny faisait sen-
tir son action et où par conséquent sa présence ferait double emploi et demandait
que la 6e brigade fût dirigée plus au sud.
maintenant que les dissidents lui avaient échappé, et ne trou-
vait autre chose à proposer à son Lieutenant qu'un rendez-vous
près d'un arc de triomphe oùils viendraient, en colonne légère,
déjeuner et convenir de leurs projets ultérieurs; si cependant
le colonel de la Roque avait d'autres intentions, -il
ferait cè
qu'il pourraitpour coopérer à ses opérations!
Le 22 novembre, en effet, les deux commandants de colonne
se rencontrent à la Kalaa-Kebira (à Hamman-Zouguera, sur
l'oued-Hammam, à côté des ruines romaines indiquées).
Pendant qu'ils déjeunent, une colonne légère, sous les ordres
du commandant de Cantillon, va razzier entre Mageraoua et
Maktar et ramène environ 1.500 têtes de bétail1. Les silos sont
vidés, tous les villages et douars sont razziés et incendiés et
des détachements armés vont brûler les oliviers qu'on n'a pas
pu couper.
Le général d'Aubigny reçoit du général Japy une dépêche
l'informant qu'il est chargé de recevoir la soumission des
Oulad-Ayar2, et l'invitant à en prévenir le général Philebert
dont le bon esprit militaire saura lui faciliter sa tâche3.
w
1. Cette garnison doitassurer les communications de la colonne de la Roque
qui va se porter au sud, sur les Sra-Ouartan et les Zcghalitlfl.
Le camp du 20e est organisé défensivement; une redoute est construite sur la
hauteur qui domine Ellez et le camp; un chemin d'accès muletier du camp à la
redoute est entrepris.
colonel Menessier de la Lance, quitte Mageraoua à 10 heures
du matin et vient camper à 12 h. 20 dans la plaine d'Ellez,
près de Menzel1.
Le 30 novembre, le général d'Aubigny, avisé par dépêche
de l'envoi de baraques à Medjez-el-Bab, qui sera le siège de sa
subdivision2, revient au camp deMenzel-Ellez, décidé à laisser
le colonel de la Roque diriger seul l'expédition contre les
Ouartan.
Le même jour, il rend compte au général de division que les
chefs des Oulad-Ayar et des Oulad-Aoun étant restés au camp
Philebert, les négociations se trouvent suspendues 3.
Le 1er décembre, les 3 colonnes se séparent, laissant une Le 1" décembre,
les colonnes
garnison à EUez4. se
séparent.
Le général d'Aubigny avec son état-major et un peloton de
hussards se rend directement à Medjèz-el-Bab5. -
1. Le camp dela colonne Menessier de la Lance est installé sur une croupe a
demi-distance entre Ellez et Menzel (source à l'est de Menzel).
;
2. Le 29 novembre, le général d'Aubigny avait demandé au général Japy l'en-
voi de baraques à Medjez-cl-Bab il avait aussi demandé que le siège de sa sub-
division fût fixé à Medjez-el-Bab au lieu de Testour, qui était fort malsain et en4
core infecté par suite du séjour prolongé du camp d'Ali-Bey; le bataillon de
Testour viendrait à Ain-Tunga où se trouve de bonne eau.
3. Il se plaint amèrement au général Japy de la présence à côté de lui du gé-
néral Philebert, qui, restant aux confins des Oulad-Ayar et des Oulad-Aoun pour
y poursuivre la rentrée des 150.000 francs de sa razzia, garde à son camp les
cheikhs et les otages.
Le général d'Aubigny ne peut ainsi traiter aucune question de soumission ; il
;
craint que les Oulad-Ayar ne puissent plus que difficilement ensuite solder
l'amende qu'il leur imposera pour la soumission il affirme que tous les Oulad-
Ayar habitant à côté do la hamada ont été et sont traités fort doucement par le
général Philebert, tandis que ceux de son côté l'ont été fort durement, ce qui ex-'
plique que ces tribus cherchent à rester le plus longtemps possible à l'abri de la
6" brigade, espérant améliorer les conditions qui leur seront imposées.
Il avait été convenu que cette situation cesserait le 27 et que le général Phile-
bert partirait le 28. Si les cheikhs ne viennent pas le 1er décembre à Ellez faire acte
de soumission, il donnera l'ordre à la colonne de Testour de se porter immédia-
tement chez les Oulad-Aoun et les Oulad-Ayar pour les razzier,
Le même jour, 30, il écrit également au général Philebert, pour lui faire con-
nattre qu'il ne peut accepter plus longtemps une telle situation et lui signifier
qu'il reprendra immédiatement ses opérationscontre les Oulad-Ayar
qui sont au camp de Maktar ne viennent pas à son camp d'Ellez.
si les cheikhs
4.Voirplushaut.1,page306.
5. Il arrive à Medjez-el-Bab le 2 décembre; il choisit immédiatement l'empla-
cement du camp près de la gare (on évite ainsi les transports à 4 kilomètres on;
La colonne mobile de Testeur, placée sous le commande-
ment du colonel Menessier de la Lance, reste à Menzel-Ellez
pour régler la soumission des Oulad-Ayar.
La 6e brigade se dirige vers le sud'
Le colonel de la Roque se rend au Ksour pour en finir avec
les Ouartan.
Le colonel Le 2 décembre, la colonne de la Roque arriva à destina-
dela Roque
chez
lesOuartan, tion; les Ouartan firent immédiatement leur soumission,
du acceptant des conditions très dures (450 francs par tente), en
2 au 9 décembre.
rapport du reste avec leur conduite antérieure. Le 9, le calme
paraissant suffisamment rétabli, la colonne reprit le chemin
d'Ellez, laissant à Si Khadder ben el Hadj Ali, nommé caïd, le
soin de faire remplir à ses nouveaux administrés les engage-
ments qu'ils avaient pris.
Elle arriva le 10 à Ellez2, y laissa le bataillon du2e3 pour y
remplacer le bataillon du 20e4 et rentra au Kef le 11.
;
de la 6° brigade. Voir La 6" brigade, page 77.)
2. Il n'y restait que la garnison la colonne mobile de Testour était partie de
Menzel-Ellez le 8.
Le colonel Menessier de la Lance avait reçu, le 6, les dernières soumissions des
Oulad-Ayar; il aurait donc pu rentrer à Medjez-el-Bab,mais il fut retenu à
;
Ellez par des pluies torrentielles jusqu'au 8; à cette date, la colonne mobile se
mit en route vers le nord elle revint par Bordj-Messaoudi, Ain-Hedja et Ain-
Tunga.
Le bataillon du 73e un peloton de hussards et une section d'artillerie furentlais-
sés le 13 à Ain-Tunga; le reste de la colonne continua jusqu'à Testour puis Te-
bourba.
(Le 16, le poste d'Ain-Tunga fut coupé de ses communications avec Testour
la page suivante.
8-4.Voir les notesà
La période insurrectionnelle dans la région du Kef était
terminée.
par suite d'une crue considérable de la Silianah; une traille fut confectionnée
avec des poteaux télégraphiques, des poulies de noria et des cordes en poil de
chameau pour lui passer ses vivres.)
Le 16, l'état-major de la subdivision vint s'installer provisoirement à Tebourba
avec la plus forte garnison (le siège de la subdivision venait d'être fixé au Kef).
Le 18, la colonne mobile revenue avec le colonel Menessier de la Lance arrive
à Tébourba ; le bataillon du 8e s'installe dans l'usine. Le 118 hussards, laissant
un peloton à Tébourba, se rend le 19 à la Manouba où se trouve son petit dépôt.
3. Ce bataillon du 2e, ayant reçu l'ordre de rentrer en Algérie, fut lui-même
relevé cinq jours après (le 15 novembre) par le bataillon du 80e. (Le bataillon du
2e était arrivé au Kef le 13 octobre. Voir note 3, page 274.)
;
4. Le 11 novembre, le détachement d'Amboix (bataillon du 20e et peloton de
hussards) quitte Ellez remontant vers le nord-est la section d'artillerie de mon-
tagne qui était à Ellez y resta avec le bataillon du 2e, le colonel de la Roque
n'ayant pas de pièces de montagne disponibles.
Le 16, le détachement d'Amboix qui venait d'Ain-Tunga fut arrêté par la crue
de la Silianah : il fut obligé de camper sur la rive gauche et traversa, le 17, sur
des radeaux faits avec des poteaux télégraphiques.
Le bataillon du 20e s'installa, le 21, à la fabrique de Tebourba.
I,
1. Voir tome note 1, page 70.
2. Le colonel de la Roque avait soutenu que d'assez bons contingents Djen-
douba marchaient avec Salah ben Hamouda à l'attaque duDyr-Kef le 28 septem
bre, que c'étaient eux qui lui fournissaient sa musique et qu'il avait vu les tam-
bours djendouba avec le drapeau de Salah ben Hamouda.
Il avait taxé de manque de surveillance le lieutenant chef du service des ren.
seignements de la place de Fernana, lequel n'admettait pas que les Djendouba
eussent participé à l'attaque du 28 (ce jour-là, le marché de Souk-el-Arba, au
centre des Djendouba, était très animé; un grand nombre de chefs indigènes y
étaient et aucun bruit n'avait circulé).
Quelques jours plus tard (12 octobre), quand il fut descendu dans la plaine, le
:
général Cailliot donna au colonel de la Roque l'explication de l'histoire des Djen..
douba avec leur fameuse musique il y vivait le 28, avec Salah ben Hamouda,
une trentaine de Drid, installés depuis 20 ans chez les Djendouba, dont 2 tam-
bours et 2 clarinettes.
Les Djendouba sont de nouveau sommés par Salah ben
Hamouda et par les Ouartan et les Madjeur (alors campés au
khanguet-el-Frass) de venir se joindre aux insurgés a El-Mras-
sen, entre Nebeur et
Le Kef; les Madjeur et les Ouartan vont
venir camper dans le Bahara. Les Djendouba sont prévenus
à
ques'ils ne viennent pas rallier les dissidents El-Mrassen, ils
seront prochainement attaqués par Salah ben Hamouda.
Cette fois, grand émoi chez les Djendouba, sollicités par
Ali ben Ammar et Salah ben Hamouda.
L'abandon des gares par les employés est loin de les rassu-
rer1.
Leur caïd est touj ours à Tunis et y reste sous prétexte que
a
la ligne de fer coupé ne lui permet pas de revenir chez lui.
Le commandant Gerboin2se décide à se retrancher àSouk-
el-Arba3, craignantl'attaque annoncée parSalahbenHamouda
(le commandant a saisi trois lettres adressées aux Djendouba),
et demande des renforts pour pouvoir protéger les tribus au
sud du chemin de fer.
Le général Cailliot prescrivit à trois pelotons de l'escadron
du 13e chasseurs à cheval de Ghardimaou de serendre Souk- à
el-Arba.
Puis, le général descend lui-même d'Aïn-Draham avec le
bataillon du 18e et deux sections d'artillerie de montagne.
Il quitte Aïn-Draham le 10 octobre à midi, est à Fernana le
10 et arrive à Souk-el-Arba le 11 octobre.
Le 12 octobre, le général Cailliot fait une marche dans la
avait fait escorter les trains de chemin de fer, et nous avons (septembre
et
octobre).
vu4que ces mesures avaient été insuffisantes pour protéger la
voie et le personnel.
Le 15 octobre, le général de division Japy avait reçu le
commandement supérieur de Tunis, de la région nord et de la
Medjerdah en remplacement du général Logerot qui prenait le
commandement de la région sud.
---
d'une section montée de la 1" compagnie de fusiliers de discipline dans la recon-
naissance exécutée, le 21 octobre, dans la direction de Bordj-Messaoudi, par le
lieutenant Vincent, du service des renseignements. (Annexe n° LVIII, A, p. 277.)
3. Voir annexe n° XLVIII, note 1, page 228.
4. Voir, annexe n° XLVIII, massacre de
- I - -
-. oued-Zergua.
La principale préoccupation du nouveau commandant supé-
rieur fut, comme avait été celle de l'ancien commandant de
la division d'occupation, la protection de la voie ferrée.
Non seulement il subordonna les mouvements des colonnes
de la Roque et d'Aubigny à la protection de la vallée de la
Medjerdah et du chemin de fer contre les opérations que les
bandes actives de dissidents auraient pu tenter, princi-
palement par la vallée de la Silianah, mais, dès sa prise de
commandement, en même temps qu'il faisait réparer la voie
entre Béja et l'oued-Zergua par les compagnies 12/2 et 16/3 du
génie, il fit occuper militairement toutes les gares et stations1
et fit escorter tous les trains par un détachement commandé
par un officier.
Pour arriver à réprimer immédiatement et d'une façon
exemplaire tout attentat, le général de division déléguait ses
pouvoirs à tous les commandants militaires des gardes (postes
des gares et stations) et des escortes des trains.
« Tout individu, quelle que soit sa nationalité, pris en
flagrant délit de tentative contre la sécurité du chemin de fer,
sera exécuté sur place et séance tenante. Son cadavre sera
placé en dehors de la voie et à côté des objets qui auront servi
à accomplir le crime. »
Ces prescriptions pratiques produisirent leur effet.
1. Les gares et stations devaient être mises en état de défense sans dégrada-
tion!
N°LIX
;
de la koubba de El-Hadj-Kaçem. Il passa quelques jours en
cet endroit mais, vers la fin d'octobre, enhardi par notre
inaction, il osa pousser jusqu'à 70 kilomètres de Kairouan et
s'installa à la retba de Sidi-Ali-ben-AbidA
Dans les premiers jours de novembre (après le pillage d'El-
Djem), ayant appris la destination de la colonne du général
Logerot, il se décida à s'enfoncer immédiatement dans le sud.
à
Il gagna grandes journées Telman, situé à l'extrémité du
chott Fedjej, en passant par Aarig-es-Sebth, Oglet-Nouhail et
Oglet-Ouhali.
Toute sa tribu, à l'exception des Neffet établis dans le nord
de la régence, le suivait.
En quittant la retba de Sidi-Ali-ben-Abid, il avait donné le
signal du départ aux tribus rebelles. Il fut bientôt rejoint à
Les Zlass qui avaient évacué Kairouan les 24 et 25 octobre (voir 2, annexe
LesZlass
après
l'occupation
A.
;
Bataillons du 107e et du 137e (provenant de Gabcs) ;
Deux escadrons du 6e hussards
;
Une batterie d'artillerie
Le goum d'Allegro.
d'El-Hamma. Cette marche la conduit non loin de Sidi-Gue-
naou, où campent les Metellit, les Souassi, les Oulad-Saïd et
les Aguerba qui n'ont pas encore pu s'enfuir en Tripolitaine, à
cause du mauvais temps1. Les dissidents, surpris le 5 décem-
bre par le goum d'Allegro et par notre cavalerie, se rendent à
discrétion. Après avoir été désarmés, ils sont dirigés vers-
leurs territoires d'origine.
Le 5 décembre, au soir, arrivait aux Oglet-Meretba le fils Soumission
de
aîné de Mohamed ben Cherfeddine, Amar, envoyé par son Mohamed ben
Chcrfeddine.
père pour entrer en pourparlers au sujet de la soumission des 6 décembre.
bli sur des collines élevées ayant vue par dessus l'oasis, deux compagnies du 77e,
La région paraissant pacifiée, le général Logerot fit ses pré-
paratifs pour ramener sa colonne à Sousse, en passant par
Sfax.
L'arrivée de la colonne Logerot dans le sud avait produit le
meilleur effet; sa marche surEl-Hammam avait impressionné
les tribus. L'annonce de son départ détruisit presque complè-
tement l'effet de l'arrivée; les indécis ne vinrent pas; quel-
ques-uns, qui avaient demandé l'aman, firent leurs réserves
et manifestèrent des prétentions nouvelles à leur présentation
au général le 10 décembre.
,
;
Ali ben Khalifa n'ignorait rien il avait fait prévenir les
tribus que la colonne française allait se retirer pour ne plus
revenir, parce que la Turquie en avait intimé l'ordre, et
qu'aussitôt après son départ les troupes turques entreraient
en Tunisie1
les bataillons des 14e, 107e, 137e, une batterie d'artillerie, deux escadrons et une
demi-compagnie du génie.
(L'arrivée de la colonne Logerot à Ras-el-Oued, sur les derrières des insurgés
qui tenaient l'oasis de Gabès, et entre cette oasis et El-Hamma des Beni-Zid, avait
eu pour résultat immédiat de faire évacuer la région et de dégager les troupes
françaises de Gabès qui étaient comme bloquées depuis quatre mois.
On s'imagina que Ras-el-Oued était « une position » et on l'occupa d'une façon
définitive.
C'était une erreur qui fut rectifiée plus tard.)
Le commandant de Marquessac, parti de Gabès le 11 au soir avec la Reine-
Blanche, seul vaisseau alors disponible dans les eaux du sud, embarqua le 12 à
Sfax le bataillon du 77e destiné à renforcer la garnison de Gabès (portée à 4 ba-
taillons au lieu de 3), et le débarqua le 13 au matin à Gabès. Il fallait prendre
encore à Sfax une batterie d'artillerie avec ses chevaux pour Gabès; il n'y avait
plus de moyens de transport.
:
1. « Les mensonges d'Ali ben Khalifa étaient malheureusement basés sur le dé-
part des troupes que les indigènes allaient voir comment aurait-on voulu qu'ils
ne crussent pas le reste?
Ils commencèrent à hésiter.
Il y avait dans ce pays, contre nous, un sentiment bien net d'opposition.
Les populations du sud sont habituées à une grande indépendance et préfé-
reront toujours les exactions du bey à la régularité de notre administration;
quels que soient les avantages que nous leur promettions, elles préféreront tou-
jours suivre la loi de leurs pères et ne prendre de notre civilisation que ce qui
convient à leur caractère.
Quant aux villes, elles ont des libertés municipales fort étendues et n'aspirent
à aucune amélioration.
Avec de pareils éléments il est difficile de réussir à accomplir une mission
civilisatrice. »
Etant données l'indécision de certaines tribus et même les
hostilités marquées sur certains points, il eût été imprudent
de ramener vers le nord la colonne qui se préparait à y retour-
ner.
Aussi, le 12 décembre, le général Logerot quitte-t-il le La
colonne Logerot
camp de Ras-el-Oued, mais conduisant sa colonne vers le sud chez
les Beni-Zid
au lieu de la mettre en marche vers le nord. et dans
les Matmata.
Il visite successivement les villages des Beni-Zid, Zeraoua,
Tamezert, Bou-Dafer.
(Le 14, avant d'arriver au village de Zeraoua, et pendant
que sa colonne est engagée dans un défilé difficile, il est atta-
qué, mais mollement, par les dissidents dont il a facilement
raison; il leur met 70 hommes hors de combat, dont 21 tués
laissés sur le terrain, mais ne peut les poursuivre en raison
du mauvais temps et de la difficulté du terrain. — Le 15, à
Tamezert, il reçoit tous les cheikhs des Beni-Zid1.)
Il contourne les Matmata en passant par Djouali et Oglet-
Saadoù il reçoit la soumission de tous les Matmata, et rentre à
Gabès en passant par Mareth et Kétenah et faisant remonter
vers le nord environ 7.000 tentes des Souassi, des Metellit, des
Oulad-Saïd et des Gouassem.
Le calme revint dans le pays à la suite de cette colonne et,
le 26 décembre, le général Logerot put avec ses troupes pren-
dre le chemin de Sousse.
La colonne suivit la côte2, trouvant partout un excellent Elle revient
à
accueil, et arriva à Sousse le 17 janvier 1882. Sousse.
1.A l'arrivée de nos troupes devant El-Alacha, les gens du village se portè-
; ;
rent à notre rencontre pour affirmer leurs bonnes intentions. Ils s'avancèrent
avec leurs armes on crut à une manifestation hostile notre artillerie envoya
quelques projectiles dans les premières maisons du village. On reconnut presque
aussitôt la méprise; les dégâts n'étaient que matériels et tout à fait insigni-
fiants.
2. Voir plus haut, annexe LIX, page 315,
rents chefs insurgés, Hammema et autres, le Mokta, sur la
frontière tripolitaine'.
Ahmed ben Youcef fit immédiatement ses préparatifs de
départ; mais, avant de quitter Gafsa, il écrivit au khalifa de
Kebilli, Chaouch Ahmed ben Belkassem, pour le prier de se
joindre à lui avec ses gens et de le suivre dans sa marche vers
le sud.
Ahmed ben Belkassem pouvait fort bien contrarier le pas-
sage d'Ahmed ben Youcef à travers le chott
passer2.
;
il le laissa
1. Ilavait été question, pendant le mois d'octobre, de pousser les tribus algé-
qui s'étaient réfugiés dans le sud de la régence
suite.
;
riennes, et notamment les Troud, à tomber sur les campements des dissidents
ce projet était resté sans
deurs qui l'infestaient, devaient en même temps contribuer à
rendre plus efficace le mouvement vers le sud prononcé par
le général Forgemol.
La colonne de Négrine fut placée sous les ordres du colonel
Jacob, du 3e régiment de tirailleurs algériens; la colonne
d'El-Oued sous le commandement du lieutenant-colonel Le
Noble, des spahisl. -
Le 14 novembre, le colonel Jacob, ayant reçu l'ordre de se Marche
delacolonne
mettre en marche le 19, entra en relations avec les Oulad- deNégrine.
Sidi-Abid2qui habitent la zone frontière de la régence entre
le parallèle de Tameghza et celui de Fériana.
Les kebar de la tribu se rendirent à l'invitation du colonel
Jacob et vinrent se présenter le 15 novembre, à Zarif-el-Ouar,
à l'officier des affaires indigènes délégué à cet effet. Ils décla-
rèrent qu'ils désiraient la paix et qu'ils se tenaient à la dispo-
sition de l'autorité française.
Il leur fut alors demandé, comme gage de leurs bonnes
intentions, de fournir un convoi de huit cents chameaux
payés de la même façon que ceux des tribus algériennes, de
camper sur des points déterminés et d'assurer le service des
courriers.
Les kebar devaient se présenter au camp de Négrine le 17
1. Midès avait bien donné asile à certains réfugiés algériens, voleurs, assas-
sins, qui avaient commis, dans les derniers temps, nombre de méfaits sur notre
territoire. Mais les deux chefs indigènes avaient été réellement impuissants à
éloigner de leur territoire ces dangereux malfaiteurs et on ne pouvait user de
rigueur à leur égard. C'était, du reste, de petites personnalités, ayant fort peu
d'action et d'influence sur leurs administrés, et ils ne pouvaient être rendus res-
ponsables des faits et gestes de ces derniers.
Toute l'influence était entre les mains d'El Haffnaoui ben Abd el Afid. cheikh
des Rahmania, qui jouissait dans toute la région d'une autorité incontestée et de
toute la considération des adeptes de son ordre, très répandus dans le sud-ouest
de la régence; il avait été cependant obligé lui-même, malgré la puissance de sa
parole et de ses conseils, de céder et de temporiser devant les violences des gens
en maraude et des malfaiteurs qui étaient passés à Tameghza.
El Haffnaoui était en relations avec les autorités militaires de Tebessa, avant les
incidents qui motivèrent notre intervention en Tunisie. Dès la concentration des
troupes à Nègrine, il s'était empressé de fournir au commandant du poste des
renseignements qui nous furent très utiles (les Hammema l'avaient, pour ce fait,
menacé et surveillé).
La colonne d'El-Oued s'était également mise en marche le Marche
dela colonne
19 novembre. d'El-Oued.
1. Ce fut à Nefta que l'opinion publique, dirigée par Mohamed ben Brahim, nous
fut le plus franchement hostile.
Mohamed ben Brahim, cheikh de la zaouia des Kadria, ne cessait de propager
les nouvelles les plus invraisemblables et les plus propres à jeter le trouble dans
le pays. (Dans les premiers jours de septembre, il était allé faire un voyage dans
l'Aarad et, à son retour, il n'avait pas manqué d'annoncer que les Turcs mar-
chaient sur la Tunisie, que la ville de Sfax avait été reprise et que les Français
n'étaient jamais entrés à Kairouan.)
2. Vers le 10 novembre, d'ailleurs, les maraudeurs Hammema commençaient
à marquer une certaine hésitation; leurs incursions devenaient de plus en plus
rares. Le bruit courait aussi qu'un nombre assez considérable d'Oulad-Sidi-Yahia
avaient franchi le chott pour aller rejoindre Ahmed ben Youcef.
- les invita.à apporter le
Le lieutenant-colonel lendemain,
comme preuve d'obéissance, une diffa pour toute la colonne,
et leur déclara que la ville de Nefta aurait à verser une
amende de guerre.
Elle entre
à
Le lendemain, la colonne atteignit Nefta, après une marche
Nefta
le 24 novembre.
de 28 kilomètres. L'installation du camp se fit sans incident.
Les indigènes s'approchèrent sans crainte de nos soldats,
cherchant à vendre leurs produits et demandant avec insis-
tance s'il y avait des canons dans la colonne, notre artillerie
leur causant une grande terreur.
Le 25 novembre, le lieutenant-colonel Le Noble imposa aux
habitants de Nefta les conditions suivantes
livraison immédiate de 1.000 fusils;
:
paiement, dans la journée du lendemain, d'une contribu-
tion de guerre équivalant à 50.000 fr;
livraison de 16 otages.
Puis il reçut les djemmaâ de Touzeur et d'El-Oudiane, qui
s'étaient déjà présentées la veille, 24, se portant garantes de la
soumission de leurs compatriotes.
A Le 27 novembre, nos troupes entrèrent à Touzeur; elles y
Touzeur
le 27 novembre. furent bien accueillies.
Le 28, au matin, le lieutenant-colonel Le Noble réunit les
khalifas de Touzeur, d'El-Oudiane et d'El-Hamma; il demanda
à chacun des deux premiers le versement de 2.000 fusils et de
150.000 fr., et au troisième les quelques armes qu'il avait
dans son village et une contribution de 10.000 fr.
Ils ne firent aucune objection et se mirent en devoir de
remplir les conditions qui leur étaient imposées.
Vers le soir, sept indigènes appartenant aux Oulad-Bou-
Yahia (Oulad-Maamar) vinrent faire connaître que leur frac-
tion, réfugiée dans le djebel-Cherb et le Tarfaoui, désirait faire
sa soumission. Ils annonçaient que les Oulad-Yahia avaient
passé le chott et se trouvaient, selon toute probabilité, au sud
du Nefzaoua.
Le 1er décembre, la paix paraissant suffisamment rétablie
dans le Djérid et les conditions imposées ayant été remplies,
la colonne française reprit le chemin de Debila, emmenant
avec elle un certain nombre d'otages.
Le 5 décembre, le général Forgemol quitta Gafsa pour re- Le 5 décembre,
lacolonne
tourner à Tebessa'; la colonne arriva à Tebessa le 12 décem- quitte Forgemol
Gafsa
bre, sans aucun incident, après avoir passé successivement et rentre à
par Sidi-Aïch, Fériana, Kasserine, Foussana et le khanguet- Tebessa
le 12 décembre.
es-Slouguia.
La colonne Forgemol fut dissoute aussitôt rentrée en Algé-
rie, et une colonne d'observation fut formée à Tebessa.
Le 4, la veille de son départ de Gafsa avec la colonne For- Lacolonne
de
gemol, avec laquelle il était venu de Kairouan, le général (colonel Gafsa
Jacob).
Saussier2avaitconstitué une colonne mobile sous les ordres
du colonel Jacob3,qui prenait le commandement supérieur
de la région et le soin de recevoir les demandes d'aman.
i,
1. Voir tome I, note page 94.
2.
3. Colonne mobile de Gafsa, colonel JACOB
Un bataillon du 340 d'infanterie,
:
Le général Saussier rentra ensuite à Alger par Ain-Beida et Constantine.
Un bataillon du 3e zouaves,
Deux bataillons du 30 tirailleurs,
Un escadron du 40 hussards,
Un escadron'du 3e spahis,
Deux sections de la2e batterie du 1" d'artillerie,
Un capitaine et 20 sapeurs du génie,
Services.
:
Cette colonne, constituée sous le nom de colonne de Gafsa, le 4 décembre, rele-
vait de Constantine elle devait rester à Gafsa jusqu'au moment.où elle pourrait
être relevée par les troupes de la division Logerot.
4. Voir annexe LVII, 1, page 271.
rallier au parti de l'ordre, et demandant à être nommé au
commandement de sa fraction, dans le cas où il réussirait.
-
Le général accepta; Mustapha ben Gaddoum partit aussitôt
pour le djebel-Semmama où se trouvait encore El Hadj Gaïd.
Soumission Ali Sghir et Mustapha ben Gaddoum n'eurent pas de peine
desFraichich
(fin novembre). à persuader aux Fraichich dissidents de se soumettre. Dès le
19 novembre, les délégués des Oulad-Ali, des Oulad-Nadji et
des Oulad-Ouzzez, auxquels s'étaient joints ceux des Mehenna
et des Fouad (Madjeur), vinrent se présenter à Méritba au
général Forgemol, se rendant de Kairouan à Gafsa, pour solli-
citer l'aman.
Il leur fut accordé à condition qu'ils livreraient 40 otages
et qu'ils paieraient une amende de 50 francs par tente.
Les Oulad-Ali et les Oulad-Nadji furent désarmés, ainsi que
deux cents tentes des Oulad-Ouzzez qui avaient pris fait et
cause contre nous; les autres tentes de la même fraction, cinq
cents environ, qui s'étaient ralliées à nous avec Ali Sghir, ne
furent l'objet d'aucune mesure de rigueur.
Le délai de dix jours, accordé pour le paiement de la contri-
bution, ayant été dépassé, une nouvelle amende de 50 francs
par tente fut imposée.
El Hadj Harrat Le promoteur de l'insurrection chez les Fraichich, El Hadj
se réfugie
en
Tripolitaine.
arrat 1, avait fui en Tripolitaine aussitôt après le combat du
koudiat-el-Halfa, avec son fils aîné, 6 serviteurs et environ
70 tentes des Oulad-Asker et des Beassa (Oulad-Ouzzez 2), et
250 tentes des Madjeur.
Aussitôt l'aman accordé aux Fraichich, le général Forgemol
avait révoqué El Hadj Gaïd et confié le commandement des
Oulad-Nadji à Mustapha ben Gaddoum.
Quant à Ali Sghir, il conserva encore pendant quelque
temps le commandement des Oulad-Ouzzez, des Otilad-Ali et
des Madjeur. Ce nefut que quelques mois plus tard qu'il obtint,
1. Abandonné des Fraichich (voir annexe LVII, 1, page 271), il a fui à la suite
d'Ahmed ben Youcef.
2. L'émigration des Fraicbich avait donc été insignifiante.
sur la demande du général Philebert, le commandement de
tous les Fraichich, cédant à Mustapha ben Gaddoum ses droits
sur les Madjeur, en compensation du caïdat des Oulad-Nadji.
Lors de son passage à Fériana, le général Forgemol réunit Le général
Forgemol
sous le commandement de Belkassem Sassi, caïd des Oulad- (7décembre.)
à Fériana
Sidi-Tlill, les Ferainya qui dépendaient alors des Beni-Rzeg.
Toute la petite tribu de Fériana réside dans l'oasis; trop
faible pour prendre une attitude:agressive, elle était restée
confinée dans ses murs, résistant aux sollicitations des Ham-
mema qui voulaient l'entraîner vers la Rouhia.
Belkassem ben Sassi avait fait tous ses efforts pour main- LesOulad-Sidi-
Tlill.
tenir les Oulad-Tlill dans le devoir; mais il ne put empêcher
leur départ pour la Tripolitaine. Dispersés sur tous les points
de la régence par petits groupes, les Oulad-Tlill devaient
nécessairement suivre la fortune des tribus près desquelles ils
vivaient, et c'est ainsi qu'ils avaient pris le chemin de l'exil.
N°LXI
La 6e brigade à Sidi-Mohamed-ben-Ali, à Djilma et à Gafsa.
-
2. Voir plus haut, annexe n° LVIII, note 1, p. 308.
3. Le détachement du lieutenant-colonel Frayermuth (2 bataillons, 1 escadron,
2 pièces), qui avait marché avec la colonne Logerot, d'El-Oukanda à Kairouan,
avait rejoint sa brigade, à Maktar, le25 novembre. (Voir annexe n° LVIII, note 3,
p. 304.) -
4. Sidi-Saadou-Seid, de la carte au 1/200.000'.
colonel Travailleur avec un détachement approvisionné à
douze jours de vivres (bataillons des 46e et 61e, un escadron
de hussards et 2 pièces de montagne) se mettre en relations
avec le lieutenant-colonel Moulin opérant alors dans la région
sud-ouest de Kairouan,vers la Trozza; le 18 décembre, il part
lui-même à la tête de trois bataillons (27e bataillon de chas-
seurs à pied, 33e et 110e de ligne), un escadron de hussards,
4 pièces de montagne.
Cette colonne, qui a dix-huit jours de vivres, gagne direc-
tement Redir-el-Hallouf1. Elle passa, au Redir-el-Hallouf,
deux jours pendant lesquels elle fut rejointe par le lieutenant-
colonel Travailleur2.
Le 28 décembre, les deux colonnes réunies allèrent camper
à Sidi-Ali-ben-Aoun(oued Cehela), et le jour même de l'instal-
lation un convoi de ravitaillement, conduit par M. l'interprète
Vallet (bataillon du 110e et un escadron), partit pour Gafsa y
chercher huit jours de vivres.
Le général Philebert reçut du général Saussier l'ordre de
à
transporter son camp dEl-Aâla Djilma et d'y attendre l'ordre
du départ pour Gafsa; il prescrivit aussitôt au lieutenant-colo-
nel Frayermuth de se transporter en deux échelons sur Djilma
et, le 6 janvier 1882, le lendemain du retour de Gafsa de son
convoi de ravitaillement, il remonta lui-même, avec ses cinq
bataillons, dans la direction de Djilma.
Le 12 janvier, toute la brigade est concentrée à Djilma4. La 6* brigade
à Djilma1.
Le 28 janvier, le général Philebert reçut l'ordre de se porter 12 janvier 1882.
1. :
Oued-Zabbès, 18; Oued-Tseledja, 19et20;
Itinéraire de la colonne Philebert
Hadjeb-el-Aloun, 22; Rcdir-Zoubès, entre l'oued-Djilma et l'oued-Fckka, 25;
Redir-Rakmate, Oued-Fekka au pied du djebel-Rakmate, 26; Oued-Hallouf.
2. Le 27 décembre, à Redir-el-Hallouf, le lieutenant-colonel Travailleur rejoignit
le général Philebert; il avait contourné le Trozza, n'ayant eu qu'un engagement
sans importance avec un djich d'une centaine de cavaliers qui était venu se
heurter contre ses troupes, par mégarde.
3. Voir la 60 brigade en Tunisie, chap. VI, pages 94 et suivantes.
4. Le général Philebert resta à l'oued-Djilma pendant près de trois semaines
maintenant ses troupes en haleine en leur faisant exécuter des reconnaissances
dans les environs et en les occupant aux travaux d'installation du camp.
de montagne, pour y remplacer les troupes de la division de
Constantine.
Marche Le lieutenant-colonelFrayermuth fut laissé à Djilma avec
sur Gafsa'.
trois bataillons (33e, 43e et IIIe); le 5 février 1882, le lieute-
nant-colonel Travailleur partit de l'oued-Djilma avec un ba-
taillon (46e), toutes les voitures et les impedimenta, et, le
8 février, le général Philebert partit de Djilma avec trois
bataillons (27e chasseurs à pied, 61e et 110e de ligne), la cava-
lerie et les canons.
Il suivit la ligne d'eau jalonnée par les points de Redir-el-
Hallouf, Majen-Smaoui2, Oglet-Mretba.
Le général Le 14 février, le général Philebert entra à Gafsa au milieu
Philebert
à Gafsa'.
14 février.
des acclamations de la population.
Elle avait en effet beaucoup à se faire pardonner et espérait
que sa réception enthousiaste pèserait sur les déterminations
du général.
L'illusion fut de courte durée.
A peine arrivé à la maison d'Ahmed-ben-Youcef, laquelle
servait de siège au commandement, le général Philebert fit
venir les principales personnalités de la ville. Il leur exposa,
avec une netteté et une précision qui les remplit à la fois de
terreur et d'étonnement, les nombreux griefs qu'il avait à leur
reprocher: tout en paraissant se soumettre au nouvel ordre de
choses, ils n'avaient cessé, depuis bientôt trois mois, de nous
faire une sourde opposition, cherchant à créer le vide autour
de nous, entretenant des relations avec les dissidents et favo-
risant leurs entreprises dans lesenvirons de l'oasis.
Quelques-uns des indigènes présents s'étant récriés, le
général désigna nominativement, et à leur grande stupéfac-
tion, les personnages dont la conduite méritait les plus grands
reproches.
dans la lutte.
;
Les dissidents sur le Mokta. — Les Ouarghamma ils entrent
:
chaient ouvertement à Ahmed ben Youcef de les avoir trompés
en leur promettant le secours des troupes turques au lieu
d'une armée prête à les recueillir ils n'avaient trouvé que la
faim, les maladies et la mort.
Ahmed ben Youcef sentait son influence décliner; déjà plu-
sieurs douars de son propre commandement (des Oulad-
Redhouan et des Oulad-Slama) l'avaient abandonné et avaient
rétrogradé sur Gafsa. Il lutta encore de toutes ses forces pour
combattre ce découragement. Il assura de nouveau que les
colonnes turques, qui avaient été retardées par les pluies,
s'approchaient à grandes journées de la frontière; il donna
jusqu'aux noms des commandants des colonnes, montra les
lettres qu'ils lui adressaient !
Cette propagande réussit encore. Ahmed ben Amar se
rapprocha de Bir Sultan, et Ahmed ben Ali el Hammami resta
hésitant sur ce qu'il devait faire, ébranlé dans ses premières
convictions.
Sur ces entrefaites, le caïd des Oulad-Redhouan reçut d'Ali
ben Khalifa l'invitation pressante de le rejoindre sur les bords
du Mokta et en même temps l'avis des mouvements des trou-
pes de Gabès1 qui semblaient, à son avis, devoir se continuer
jusqu'à la frontière de la Tripolitaine.
Ahmed ben Youcef, craignant de voir sa ligne de retraite
coupée, fit aussitôt ses préparatifs de départ. Il transmit aux
Oulad-Aziz et aux Oulad-Maamar l'avertissement adressé par
Ali ben Khalifa et leur insinua que l'autorité française ne
consentirait plus à recevoir leur soumission trop tardive.
Les Oulad-Aziz et les Oulad-Maamar se décidèrent alors à
prendre le chemin de l'exil. Ils suivirent à deux ou trois jour-
nées de distance les Oulad-Redhouan, les Oulad-Slama et les
douars d'origine diverse qui marchaient avec Ahmed ben
Youcef, passant successivement à Bir-Zoumit, à Bir-Sultan, à
l'objet de toutes leurs revendications et la seule cause de leur conflit avec les
souverains de la régence.
1. Annexe n° LIX, p. 319.
2. C'étaient les bandes qui, avec Ali ben Khalifa, battaient en retraite lente-
ment et en bon ordre. (Voir annexe n° LIX, p. 316.)
3. Voir annexe n° XIII, 1, p. 132.
4. Il faut ajouter qu'ils avaient été aussi travaillés par les émissaires turcs.
(Voir annexe n° LXIII, 2, p. 343.
5. Voir plus loin, annexe LXIII, 1, p. 345.
6. Voir suite, annexe LXIV.
N°LXIII
1. Nous nous efforcions de peser sur les déterminations des émigrés tunisiens
en leur enlevant la faculté de se ravitailler par la régence.
Le lieutenant-colonel Bernet, qui commandait les troupes de Djerbah depuis
le mois d'août 1881, c'est-à-dire depuis l'occupation de l'Ile, avait interdit d'une
façon absolue l'exportation à destination de Zarzis et des ports tripolitains qui
servaient de centre d'approvisionnement aux rebelles.
Une canonnière, l'Aspic, stationnait en face de Zarzis et surveillait la côte, afin
de prévenir tout débarquement clandestin sur le rivage, entre l'île de Djerbah
et la frontière tripolitaine.
L'application de cette mesure, qui, au début, avait soulevé les réclamations
des Accara, fut continuée aussi rigoureusement que les circonstances le permet-
taient jusqu'au jour où nous dûmes constater qu'elle restait sans effet et sans
résultats sensibles, les autorités turques de Tripolitaine ne nous secondant pas.
Une vingtaine de douars ayant voulu se diriger sur l'oued- Quelquesdouars
semettent
Fessi, des cavaliers Zlass et Nefiet se mirent à leur poursuite, en route
pour venir
les razzièrent impitoyablement et ramenèrent de force les faire
leur soumission,
hommes, les femmes et les enfants aux campements des in- ils
sont ramenés
de force.
surgés.
Cet exemple produisit un effet radical; les plaintes cessèrent.
La situation d'ailleurs s'améliorait sensiblement. Les collecti-
vités s'étaient reconstituées sous les ordres de leurs chefs, les
campements avaient pu être notablement élargis, enfin les
tribus de la Tripolitaine étaient entrées en relations avec les
dissidents.
En même temps des bandes s'organisaient pour aller en raz- Les razzias
commencent.
zia sur le territoire de la régence. Elles se mirent en campagne
au commencement de février et s'aventurèrent jusqu'aux envi-
rons de Gafsa, de Kairouan et de Sfax 1. (Elles devaient pour-
suivre leurs brigandages jusqu'au départ de la 6° brigade de
Gafsa2.)
Aussitôt qu'ils avaient été débarrassés des soucis que leur
avait causés leur installation, El Hadj el Ouar, Hassein ben
Messaï et
Ahmed ben Youcef s'étaient rendus à Tripoli; ils y
furent l'objet de grandes marques de bienveillance de la part
des autorités turques.
Lorsqu'ils revinrent, vers le 15 mars, à la frontière tuni-
sienne, ils trouvèrent certaines modifications dans la réparti-
tion des campements tunisiens.
Les Oulad-Saïd, les Zlass, les Metellit, les Hammema et les
Souassi étaient toujours sur la rive nord du Mokta, mais Ali
ben Khalifa s'était retiré avec sa smalah personnelle et un
certain nombre de douars Neffet au milieu des campements
1. Ilest à remarquer que, des cette époque, les razzias opérées chez les Hazem,
les Hamerna et les Matmata furent le fait exclusif des Ouarghamma (Voir plus
haut, annexe LXII, 5, p. 341). Par la force naturelle des choses, il s'était établi
une sorte de convention tacite entre les dissidents et les populations insoumises,
convention reconnaissant à ces dernières leurs droits de pillage sur le territoire
de l'Aarad.
2. Voir annexe LXIV, p. 349.
des Nouail tripolitains dans la plaine de Djefara, au sud du
village de Zouara.
Dissentiments Ali ben Khalifa poursuivait alors le rêve qu'il avait caressé
entre
AlibenKhalifa
et les au début de l'insurrection, celui d'imposer son autorité à tous
autres chefs
réfugiés. les rebelles et de devenir le chef unique du parti de la protes-
tation. Les mêmes causes qui l'avaient fait échouer dans ses
démarches antérieures devaient s'opposer une seconde fois à
la réalisation de son désir2.
Au retour de Tripoli d'El Hadj El Ouar, de Hassein ben
Messaï et de Ahmed ben Youcef, Ali ben Khalifa leur avait
envoyé des cavaliers pourles inviter à venir lui parler. Les
trois chefs indigènes, voyant dans ce procédé une atteinte à
leur indépendance, refusèrent d'un commun accord d'aller à
ce rendez-vous. Ali ben Khalifa, par prudence, dut encore
temporiser et il vint lui-même les trouver; la réunion eut lieu
sous la tente d'Ahmed ben Youcef.
L'omnipotence qu'Ali ben Khalifa prétendait s'arroger, l'in-
sistance marquée des journaux de Constantinople qui ne
citaient que son nom et le désignaient comme le champion de
la résistance, les louanges que lui adressaient les mêmes
feuilles qui n'hésitaient pas à faire entrevoir son élévation au
trône de Tunis, enfin l'habitude prise par les autorités turques
de lui adresser toutes leurs communications officielles ou
officieuses, constituaient autant de faits qui blessaient vi-
vement l'humeur jalouse, envieuse et indépendante de ses
collègues.
A la fin de la réunion on s'entretint du partage du butin;
cette question souleva un échange de mots violents et d'invec-
tives grossières; on reprocha à Ali ben Khalifa de n'être qu'un
intrigant ambitieux, poussant les autres à la lutte, mais ne
s'étant jamais exposé dans aucun combat; il n'avait droit, par
conséquent, à aucun bénéfice.
L'assemblée se retira après avoir décidé qu'à l'avenir cha-
N° LXIV
;
pays situés au nord du chott s'était améliorée. Les incursions des djich devenaient
de plus en plus rares on ne signalait plus que, par-ci par-là, quelques brigan-
dages commis, selon toute apparence, par des malfaiteurs étrangers au parti
dissident.
La cause de cette accalmie était bien évidente pour qui connaissait les régions Importance
sahariennes et les besoins des bandes armées en ghzzou. Celles-ci, quelles que soient des points d'eau.
la sobriété et la force d'endurance des hommes et de leurs animaux, sont astreintes etBir-Zonmit
Bir-Sultan.
à certains itinéraires fixes, déterminés invariablement parles rares points d'eau.
Si les dissidents, remontant vers le nord, trouvaient de nombreux passages
après avoir traversé le chott, il n'en était pas de môme dans le Dahar où ils
devaient successivement venir boire à Bir-Zoumit et à Bir-Sultan.
La 6e brigade, en s'enfonçant dans le sud, menaçait ces deux points, et les forts
partis insurgés qui opéraient aux environs de Kairouan et de Sfax, redoutant de
voir leur ligne de retraite coupée, avaient jugé prudent de se retirer en toute
hâte vers l'oued-Fessi.
4. Voir La 6e brigade en Tunisie, chapitre X, pages 162 et suivantes.
une grande halte à Biar-Abdallah, 18 kilomètres de Douz);
le 16, elle campe à l'oued-Zalim (à l'est du koudia-Bereslim),
le 17 à Redir-Mehella, et arrive le 18 à Bir-Zoumit.
Le général décide de rester là et de ne pas pousser jusqu'à
Bir-Sultan. Il fait restaurer le bordj tombé en ruines, creuser
un puits au pied de la colline du bordj et combler l'autre puits
situé à un kilomètre.
Le 20, il reçoit l'ordre de se préparer à marcher sur Médenine1
pour se relier au général Jamais.
ABir-Sultan Le 25 avril'un bataillon d'infanterie et la section du génie
(11,mai).
se rendent à Bir-Sultan' et, le 1er mai, la 6e brigade, munie de
quinze jours de vivres, quitte Bir-Zoumit et se porte à Bir-
Sultan'.
Lacolonne Le général5Jamais avait quitté Gabès le 30 mars 1882, avec
du
général Jamais
à Ksar-
la mission de s'installer à Ksar-Médenine et de rayonner
Médenine
(2avril).
autour de ce point, à une ou deux journées de marche, au
moyen de colonnes légères, afin d'attirer à lui les tribus ou
fractions de tribus qui demanderaient à remonter vers le nord.
La colonne, en arrivant au ksar, le 2 avril, le trouva com-
plètement abandonné. Le 5, le général Jamais dirigea une
:
s'étend jusqu'à la mer et la Sebkha-el-Mellah. Le pays était
désert les Touazine s'étaient retirés vers l'oued-Fessi.
Le 18, une colonne légère pénétra chez les Aouaya, détruisit Chez
lesAouaya
les plantations autour de Ksar-Djouama et rentral. (18 avril).
;
des opérations
faire1; il avait obtenu la soumission d'une notable partie des actives.
14 mai ls82.
Ouarghamma sédentaires quant aux groupes dissidents de la
confédération qui s'étaient réfugiés de l'autre côté de l'oued-
Fessi, ils n'avaient plus aucune raison de changer de ligne de
conduite, au moins pendant un certain temps. Ce qu'ils pos-
sédaient au nord de la ligne que nous nous étions assignée
comme frontière avait été détruit; tous leurs intérêts se trou-
vaient donc sur la rive droite de l'oued-Fessi, où ils avaient
des terrains de culture assez vastes et où ils avaient pu abriter
leurs troupeaux.
La présence de nos troupes ne pouvait donc avoir d'autre
résultat que de couvrir les tribus récemment soumises et de
leur permettre de se réorganiser pour faire face aux tentatives
des bandes rebelles.
La colonne Jamais était suffisante pour remplir ce but; elle
devait continuer à explorer la région voisine de la frontière
tripolitaine aussilongtemps que la température le permettrait,
sans trop de souffrances pour nos soldats2.
Quant à la 6e brigade, dont la présence était devenue inu- La fi* brigade
revientàGabès
tile, elle reprit aussitôt le chemin de Gabès3 où elle arriva
le 24 mai, en passant par l'oued-Bou-Hamed, Oglat-Senem,
Ksar-Métameur, Ksar-Medenine, Oum-es-Zessa, Mareth et
Ketenah.
Gafsa.
Gafsa les troupes destinées à l'occupation de ce poste et de la zone voisine; le
général de division Logerot, commandant la division sud, se rendit avec elle à
(La subdivision de Gafsa avait été créée le 22 avril et le général Philebert
nommé à son commandement le 9 mai.
Le général Philebert, qui avait un congé pour France, retourna par bateau à
Tunis, avec le général Forgemol; il revint en Tunisie au commencement d'octobre
et rentra à Gafsa le 30 octobre.)
N°LXV
;
Le général Japy, commandant supérieur de Tunis et de la région nord exerça
lé commandement provisoire du corps d'occupation du 3 février au 3 mars le
général Forgemol prit possession de son commandement le 4 mars.
BABIN, capitaine d'infanterie, H C.
SCHMITZ, - —
DE VALORI RUSTICHELLI, lieutenant de réserve.
: Bizerte.
I
'a de I Lieutenant-colonel Vinciguerra.
— de
I
Tunis | — de Zaghouan Lieutenant-colonel Barberet.
-< l Gal LAMBERT. [ Annexe
de Mateur.
1 Subdivision
: Kef.
j Cercle des Hamada.
Commandant Dudon.
o
17 Général d'Aubigny (lieutenant-co-
J du 1 — du
<3 Kef ) lonel de Puymorin, adjoint).
o? J Gal D'AUBIGNY. [ — de Teboursouk. Lieutenant-colonel Debord.
u
= Subdivision
IVIsIon
GaISABATTIER.
I
Cercle
¡Cercle d'Ain-Draham..G
d'Ain-Draham.. Général Sabattier(lieutenant-
énéralSabattier (lieutenant-
-- Beja
colonel Wattringue, adjoint).
>> m- ra am. d B j
de d t M
Commandant
C 't
Maritan.
ABATTIER. |
Q deGhardImaou. Commandant Cabuche.
C'est là une organisation tout à fait territoriale.
Nous connaissons la composition de l'état-major du géné-
ral commandant le corps d'occupation'.
<
Les états-majors des deux divisions du nord et du sud com-
prenaient chacun un officier supérieur chef d'état-major etdeux
capitaines; chaque subdivision avait un capitaine breveté2
Subdivision
S d
Subdivision
S„
uubd IVlSIOn
1 Cercle de Sousse. Général Etienne (lieutenant-co-
lonel Corréard, adjoint).
de:
- a
";
.::1
..;;
- de
de -
ousse
CercledeGafsa
a
sa -D.1 a.
-G
Gafsa.
dfe
GaIPHILEBERT. f
d
deKairouan. Lieut.-colonel de Faucomberge.
ETIENNE. Sfax Mahédia
¡ Cercle de
,
'(
b
d'EI-Ayacha
Lieutenant-colonel
Commandant Juffé.
LIeutenant-coonel Dubuc
Dubuche.
Général Philebert (lieutenant-co-
lonelFrayermuth, adjoint).
Lieutenant-colonel
Lieutenant-colonel Quinemant.
de Djilmab Commandant Forget.
rb~ PPHiLEBERT. Annexes de Feriana et du Djerid
e.
J5 Subdivision Cercle de
de l
Gabès.
C
(
Général Jamais Lieutenant-co-
lonel Mille, adjoint).
g
¡=:¡
Gabès
GaI JAMAIS.
j
[ -- de Maharès. Commandant Gillet.
de Djerba. Commandant Martin.
Le lieutenant-colonel Brault fut maintenu dans ses fonctions de commandant
d'armes à La Goulette.
Le lieutenant-colonel de Reinach fut maintenu dans ses fonctions de major de
la garnison de la place de Tunis.
Le lieutenant-colonel Robillard fut maintenu dans ses fonctions de commissaire
rapporteur près le conseil de guerre de La Goulette.
Le lieutenant-colonelTravailleur, seul des anciens chefs de groupe d'infanterie,
rentra en France.
1. Voir plus haut, page 358.
Le service des renseignements à l'état-major du corps d'occupation était assuré
par MM. Pont, chef de bataillon d'infanterie h. c., chef du service central;
;
Durand, capitaine du train des équipages militaires h. c. Coulombon, lieutenant
d'infanterie.
DIVISION DU NORD
MM. MM.
Robert, chef de bataillon d'infanterie Cauchemez, capitaine d'infanterie, h. c.,
h.c.,chef. - chef.
O'Connor, capitaine de cavalerie, h. c. Peiro, lieutenant d'infanterie.
Aubin, capitaine d'infanterie, h. c.
a) Ne fut installé que le 7 juin (annexe n° LXIV, page 356).
b) Nouvelle création.
c) Un capitaine du service de renseignementsétait chef de l'annexe de Touzeur (sans gar-
nison française).
Ils étaient complétés par les officiers d'ordonnance et les
officiers chargés du service des renseignements1.
2
La cavalerie du corps d'occupation devait se réduire à
douze escadrons (6 du 4e de chasseurs d'Afrique et 2 esca-
drons de chacun des 1er, 6e et 11e de hussards).
Chacun de ces régiments de hussards devait laisser en
Subdivision de Tunis.
M. Lande, capitaine d'artillerie, h. c. M. Poupelier (Amand), capitaine d'in-
| fanterie,h.c.
Subdivisiond'Àin-Draham.
M. Cléric (de), capitaine de cavalerie, I
M. Chollat-Traquet, lieutenant de ca-
h.c. t
valerie.
Subdivision du Kef.
M. I
Oudard, capitaine d'infanterie, h. c. M. Poupelier (Edme), capitaine d'infan-
l
terie,h.c.
DIVISION DU SUD
MM. MM.
Pellieux (de), chef de bataillon d'in- Dubreuil, capitaine d'infanterie h. c.,
fanterie, h. c., chef. chef.
Latour-d'Anaure (de), capitaine d'in- Frolisch, lieutenant d'infanterie.
fanterie, h. c. Leguen, sous-lieutenant d'infanterie.
Meunier, capitaine d'infanterie, h. c.
Subdivision de Sousse.
M. I
Canton, capitaine d'infanterie, h. c. M. Jacobé de Haut, capitaine d'infan-
I
terie,h.c.
Subdivision de Gafsa.
I
Lebrun, capitaine de cavalerie, h. c. M. Champsoin (de), lieutenant d'infan-
,-.
M.
I
terie.
Subdivision de Gabès.
M. Bougon, capitaine de cavalerie, h. c. M. Morris, capitaine de cavalerie, h. c.
(Nous n'avons pas cité les officiers du service de renseignements des cercles et
annexes. )
1. Le service des renseignements fut organisé par le Ministre de la guerre le
8 juin.
- Organisation
2. - -
de la cavalerie (Lettres ministérielles des 11 et ld mai).
Les 1", 6e et 11e hussards, 7e et 130 chasseurs à cheval avaient chacun en Tu-
nisie un état-major et 3 escadrons.
-
Dans chacun de ces 5 régiments, il fut formé un groupe (commandé par un
chef d'escadrons) de deux escadrons, chaque escadron à l'effectif de 150 hommes
Tunisie un groupe de deux escadrons commandé par un chef
d'escadrons.
Chaque escadron devait être complété à 150 hommes et 141
chevaux de selle de troupe.
Le commandement de l'artillerie et du train des équipages
militaires fut donné au lieutenant-colonel de Condé1.
L'artillerie ne comprenait plus que 9 batteries (7 batteries
de 80mm de montagne, une batterie montée de 80mm et une
batterie à pied) et un parc à la Goulette2.
Le train des équipages militaires allait comprendre sept
compagnies (cinq étaient déjà en Tunisie, deux furent créées
sur place).
Le chef d'escadrons Litschfousse reçut le commandement
de l'artillerie et du train de la division nord; le chef d'esca-
drons Parriaud, celui de la division sud.
Le général Goury fut nommé au commandement du génie
du corps d'occupation 3,
le colonel Dressel directeur du génie
;
et 141 chevaux de selle de troupe. Cet effectif fut atteint par prélèvements sur
l'escadron qui devait être rapatrié ce qui restait de cet escadron fut renvoyé en
France (Marseille, Bordeaux, Valence, Moulins et Auch).
Des cinq groupes de 2 escadrons ainsi reconstitués, 3 restent en Tunisie (hus-
sards), 2 passent en Algérie (7e et 13e chasseurs) pour tenir garnison à Bone et
Sétif (province de Constantine) et y remplacer le 4e régiment de hussards qui
passe dans la province d'Oran pour y prendre la place du 40 chasseurs d'Afrique
(Mascara) envoyé en Tunisie.
Les 6 escadrons du 40 chasseurs d'Afrique arrivèrent en Tunisie de fin mai à
mi-juillet 1882.
(Le 4e chasseurs d'Afrique et le 4e hussards firent leur mouvement simultané-
ment; les groupes des 7e et 13e chasseurs furent dirigés sur la province de Cons-
tantine dès que le 4echasseurs d'Afrique fut arrivé en Tunisie.)
1. Décision ministérielle du 30 mai.
2. A partir du mois de décembre 1882, un détachement du 1er pontonniers vint
tous les ans d'Alger en Tunisie, en automne, pour installer et manœuvrer des
trailles sur l'oued-Medjerdah et l'oued-Mellègue (routes de Souk-el-Arba à Ain-
Draham et au Kef), puis repartait de Souk-el-Arba pour Alger, au milieu de l'été
suivant, après avoir replié son matériel. Ce service dura jusqu'à l'établissement
des ponts sur les deux rivières.
;
3. Deux des cinq compagnies du génie du corps expéditionnairefurent rapatriées.
Il ne resta donc au corps d'occupation que trois compagnies une de celles-ci
fut renvoyée en France à la fin de 1883, une seconde au commencement de 1884, ce
qui réduisit les troupes du génie de la division à une seule compagnie.
territoire fut divisé en quatre chefferies, 1Tunis,
à Tunis, et le
Aïn-Draham, Ghardimaou et Sousse, chacune avec des an-
nexes.
Le service de la télégraphie militaire fut organisé le 7 août
1882.
Une décision ministérielle du 15 juin avait constitué le
service de la force publique du corps d'occupation.
Après le renvoi de la classe 1877 (octobre 1882), seuls les
24 bataillons de ligne et les 2 bataillons de chasseurs à pied,
faisant normalement partie du corps d'occupation, reçoivent
des renforts pour les maintenir à 650 hommes (160 hommes
par compagnie de chasseurs); les autres bataillons sont
laissés à l'effectif de 350 hommes prévu par la loi des cadres
(4 compagnies à 85 hommes).
1. Le 1er juillet 1883, il ne restait déjà plus au général Forgemol que 20 batail-
lons d'infanterie; des 26 affectés à son corps d'occupation, 6 avaient été embarqués
au mois de juin; les effectifs des bataillons restants étaient tombés de 650 à 600 et
le corps d'occupation ne comprenait plus que
Vingt bataillons d'infanterie.
:
à600hommes. 12.000
Dixescadronsdecavaleric. à 150 1.500 1
Infirmiers.
Trois compagnies du génie à 180 540
Quatre compagnies du train -
d'administration.
Commis et ouvriers
à 260 1.040
600
17.870
Gendarmes.
Secrétaires d'état-major.
Télégraphistes.
hommes.
Plus (pour mémoire) 12 compagnies mixtes à 250
600
100
100
80
3.000°
Deuxbataillonsd'infanterie1.300 Hommes.
Ce qui ramena la
2. A dater du 1er
Soitau total.
Cent hommes par section d'ouvriers et d'infirmiers.
Cinquante hommes par compagnie du train des équipages.
d.eTunis,
VdJi-vi•si•onde
Subdivision
^c
général de division LOGEROT.
de Tunis,
d'Ain-Draham
général de brigade BOUSSENARD. )
Subdivision de Sousse,
-
Cercle
(
du Kef.
de Sousse,
général de brigade Riu. — de Kairouan.
Subdivision de Gabès, 1Cercle de Gabès,
colonel de la ROQUE (13e chasseurs). — de Gafsa.
du 18 janvier 1886 pour commander la division de Tunisie,
vint prendre possession de son poste le 27 janvier.
Le 17 avril 1886, le Ministre de la guerre ordonne le
rapatriement de deux escadrons du 66 hussards et de sept
bataillons d'infanterie de ligne1
Les embarquements furent échelonnés du 25 avril 1886 au
10 juin.
En 1885, l'installation du 2e régiment étranger avait été
prévue à Gabès, Gafsa et Sfax; mais, le 22 avril 1886, le
Ministre décida que ce régiment ne serait pas transféré en
Tunisie et qu'il serait maintenu en Algérie.
Le 4e bataillon d'infanterie légère d'Afrique vint à Ras-el-
Oued.
Le 15 juin 1886, la division fut transformée en une brigade Brigade
d'occupation
d'occupation dont le général de brigade Gillon prit le com-
mandement2
Trois commandements militaires (Tunis, Sousse et Gabès)
et un cercle3 (Gafsa dépendant de Gabès) furent créés, et les
cercles d'Aïn-Draham, Le Kef et Kairouan supprimés.
Onze bataillons
bataillons du 4e tirailleurs (formé en 1885, avec
I l'infanterie des 12 compagnies mixtes supprimées
et une compagnie < voir annexe n° LXIX, page 408).
;
d'infanterie. j Les 27e et 29e bataillons de chasseurs à pied.
[ Le 4e bataillon d'Afrique.
La 1" compagnie de fusiliers de discipline.
Neuf escadrons j Six escadrons du 4' chasseurs d'Afrique.
de cavalerie. ) Trois escadrons de spahis tunisiens.
Quatre batteries d'artillerie.
Quatre compagnies du train.
Une compagnie du génie.
3. Plus tard, le 10 mai 1889, un emploi de commandant supérieur est créé à
Les généraux commandant en Tunisie furent successive-
ment, après le général Gillon, les généraux Saint-Marc,
Swiney et Leclerc\
Rétablissement
de la division.
Par décision ministérielle du 19 décembre 1894, la brigade
d'occupation fut transformée en une division.
Cette mesure reçut son exécution à la date du 1er janvier
1895, et le général Leclerc, promu divisionnaire, conserva le
commandement des troupes de Tunisie.
En même temps un général de brigade d'infanterie et un
général de brigade de cavalerie étaient envoyés en Tunisie le
premier à Tunis, le second à Sfax.
:
Enfin, une note ministérielle du 24 avril 1897 changeait
l'organisation de la division d'occupation de Tunisie. Le terri-
toire alors divisé en 3 commandements militaires (Tunis, Sfax
et Gabès) ne devait plus comprendre à l'avenir que deux
commandements, celui de Tunis et celui de Gabès.
Le commandement militaire de Sfax était supprimé et son
territoire rattaché à celui de Gabès.
N° LXVI
:
et la traversée d'un sol marécageux,dut s'arrêter à Ain-Naga, à 6 kilomètres du but.
4. Le torrent est infranchissable le camp est établi sur la rive gauche.
Dans l'après-midi du 9, une compagnie d'infanterie et le génie vont reconnaî-
tre le gué de la Silianah : elle est infranchissable. Les Arabes qui ont tenté le
passage à la nage ont dû y renoncer à cause du courant.
Fatiguée, elle fait séjour le 1.0à1;oued-Logueur. Le général
se décide à se rapprocher le lendemain de la Silianah, pour
la passer dès que ce sera possible.
Le 11 avril, la colonne quitte l'oued-Logueur à 6 heures
du matin. A 8 heures elle arrive au gué d'El-Aroussa. La Silia-
nahest infranchissable (2 mètres d'eau et courant rapide). La
colonne campe sur la rive droite.
Dans la nuit du 11 au 12, la Silianah n'a baissé que de 12
;le
centimètres général renonce à toute idée de passage qui con-
duirait la colonne dans des régions non encore parcourues; le
mois d'avril est pluvieux, les torrents deviennent rapidement
infranchissables et les troupes pourraient éprouver de grandes
difficultés de marche et de sérieux embarras de ravitaillement
en pays inconnu. Il arrête définitivement l'itinéraire par Tes-
tour et Aïn-Tunga.
Il faut donc reprendre la direction du nord. Elle reprend
la
Le 12, la colonne descend le long de la rive droite de la direction
du nord.
Silianah et vient camper à Kheneg-Mourou (rive droite).
Le 13, elle quitte Kheneg-Mourou à 6 heures du matin, re-
descend encore la Silianah et arrive à 8 heures à Testour. Elle
s'arrête, se masse (de 8 heures à 9 h. 30) à hauteur du camp
du 84e et fait le repas du matin.
Pendant ce temps est faite la reconnaissance de la rivière. Passage
de la Silianah,
« Le gué de la route a Offi,70 d'eau, le fond est excellent, au gué
de Testour,
mais le courant est rapide. La direction à suivre, très oblique le 13 avril.
1
:
1. Les effectifs ne sont cependant pas élevés.
Ils étaient, le 6 avril, au départ
20e de ligne, 14 officiers, 360 hommes de troupe.
88e — 12 — 375 —
119 — 13 — 394 —
» Il n'y eut aucun accident, au passage, dans toute la co-
lonne.»
Le 14, la colonne fait séjour à Aïn-Tunga (rive gauche). La colonne
-
à
Le 15, elle se porte Aïn-Hedjà par la route du Khaled (passe
reprend
la marche
vers le sud.
sept fois l'oued et suit son cours pendant une centaine de mè-
tres); le 16, elle vient camper à Bordj-Messaoudi1.
Le 17, elle se porte au djebel-Tricha, et le 18 à Seba-Biar2.
Le 19, la colonne vient aux ruines de M'Djouffa3.
Elle y fait séjour le 20; le général d'Aubigny avec le colonel
la
de la Roque va visiter position du Dyr-Attaff.
Le 21, la colonne vient camper sur la rive gauche de l'oued- Réunion
des2colonnes
Ouzafa; elle y reste le 22, pendant que le général reconnaît les (d'Aubigny
et dela Roque)
pentes sud-est de la Hamada-el-Kessera. au pied
delaKessera.
Le 23, tandis que les camps de l'oued-Ouzafa et de l'oued-
Daoud4restent dressés, la plus grande partie des troupes des
deux colonnes5vont camper en un seul bivouac à 1.500 mètres
au sud des deux villages de la Kessera.
Dans l'après-midi du 23, le général d'Aubigny, le colonel
de la Roque et quelques officiers montent aux villages de la
Kessera. L'attitude des indigènes n'est que correcte l'unifor-
mité de leurs manifestations de respect sent la consigne; on
:
voit que le caïd Mohamed el Borni aFœil sur eux. Leur accueil
est réservé; on les devine dans le fond animés de dispositions
malveillantes.
Le 24, les camps de l'oued-Ouzafa, de l'oued-Daoud et de Reconnaissance
de la Hamada
la Kessera restant dressés, le général, l'état-major, 2 compa- EL-Kessera
(24avril).
gnies par bataillon (sans sacs) et un peloton du 11e hussards
1. A
Medenine. »
cette date du 1er mai, le général Philebert arrivait à Bir-Sultan et le gé-
néral Jamais opérait autour de
forment tablier sont maintenues par des cordes. L'établisse-
ment du pont exigea trois quarts d'heure.
La colonne
,est disloquée
Le 10 mai, la colonne, qui est à Aïn-Tunga depuis le 1er,est
le 10 mai. disloquée. A 5 h. 30 du matin, le 88e ,.le 119e, les hussards,
l'artillerie et les services quittent Aïn-Tunga sous les ordres
du commandant Danès, chef d'état-major.
N° LXVII'
les douars
tripolitains.
mouvement d'expansion des djicji ne pouvant se produire du
côté de la régence, à cause de la présence de nos colonnes, les
maraudeurs Zlass et Hammema tentèrent quelques coups de
main sur les troupeaux et les récoltes des Tripolitains.
Un conflit grave et sanglant se fût produit sans l'interven-
tion des autorités turques.
De plus, le mois du ramadan approchait et tout bon musul-
man le considère comme une période de trêve et d'apaise-
ment.
Ramadan. Fidèles à leurs anciennes traditions, les émigrés tunisiens
1. Le djich fut attiré sous le feu d'une compagnie d'infanterie postée en avant
de l'oasis de Lalla.
cavaliers. Ces derniers avaient pu passer entre Ras-el-Oued et
Gabès, dans la nuit du 12 au 13, grâce à la complicité des gens
deMenzeletdeChenini.
Le 18 septembre, le groupe des Zlass, en quête de pillage,
se rencontra inopinément avec la compagnie mixte de Kai-
rouanqui campait aux environs du djebel-Mehari. Malgré les
pertes qu'iléprouve, il n'en continue pas moins son mouve-
ment en avant; le 19 au matin, il razzie compltèement à
Djemalia la fraction des Fouedh, des Oulad-Khalifa, puis il
reprend le chemin du Regab.
Le 20, à 7 heures du matin, il enlève en passant les cha-
meaux de la compagnie détachée à Sidi-Amor-bou-Adjeba.
Le 22 septembre, attaqué vivement par la compagnie mixte
de Kairouan quis'est postée au djebel-Mettelègue pour l'atten-
dre, il lui tue un officier, un sous-officier et 3 cavaliers fran-
çais et se lance à la poursuite des débris du peloton de cavale-
rie qui s'était engagé inconsidérément sans être soutenu;
L'approche de l'infanterie peut seule décider les dissidents à
se retirer.
Les
Oulad-Re-
Pendant ce temps les Oulad-Redhouan font preuve d'une
dhouan. égale activité.
Dans la nuit du 13-14, ils surprennentun douar des Oulad-
Redhouan campé par ordre à Sidi-Ali-ben-Aoun pour assurer
le service de la correspondance; ils pillent les tentes, vident
les silos, enlèvent les troupeaux et tuent le courrier porteur
des dépêches de Djilma.
Le lendemain matin, ils razzient les troupeaux des gens
de Majoura.
Le même jour (15), on apprend que 40 cavaliers des Oulad-
Redhouan, commandés par Aij ben Dhô 1ont passé en vue
d'Oum-Saâd et de Bou-Amran, se dirigeant vers le sud.
Les environs de Sfax n'eurent que peu à souffrir pendant cette période :
;
1.
quelques cavaliers Neffet, qui avaient pu traverser le territoire des Beni-Zid sans
être inquiétés, passèrent vers le 10 septembre à Sidi-el-Aguerba de là ils se di-
rigèrent sur El-Djem et dévalisèrent coup sur coup, à environ 12 kilomètres de
ce point, deux petites caravanes qui se rendaient de Tebessa à Sfax; puis ils dis-
parurent et on ne les revit plus dans la suite.
préoccuper des coups de fusil tirés par la garde indigène
placée en ce point.
L'autorité militaire, prévenue encore par le caïd d'El-Aya-
cha, ne put que lancer à la poursuite des dissidents les quel-
ques cavaliers des Fraichich et des Oulad-Redhouan qui se
trouvaient alors à son service. (Un seul prisonnier fut fait; il
fut fusillé le lendemain à Gafsa.)
Le gros du djich et le convoi prirent immédiatement la
direction du Cherb-Dakkelani1, traversèrent successivement
le khanguet-oum-Djaâf et le khanguet-Zitoun, parurent à
Zaouït-Limaguès et vinrent se heurter une seconde fois, dans
la journée du 30 septembre, au poste de Bir-Zoumit. Contrai-
rement à'leur attente, les dissidents trouvèrent ce point bien
gardé; ils durent poursuivre leur retraite sans avoir pu boire
et en laissant un homme mort sur le terrain. Le 3 octobre ils
reparaissaient au milieu des campements de l'oued-Fessi'.
Les efforts des dissidents ne s'étaient pas portés seulement Incursions
dansleDjerid
vers le nord de la régence.
Pendant tout le mois de septembre, les habitants du Djerid
avaient vu passer et repasser des groupes de pillards qui les
avaient mis à contribution, malgré la présence d'une compa-
gnie mixte à Touzeur3. Ces partis insurgés (complètement
indépendants de ceux qui opéraient dans les régions de Gafsa,
de Kairouan et de Djilma) comprenaient d'une façon générale
les Oulad-Yahia (Oulad-Aziz), ayant habité précédemment les
ksour.du Djerid ou tout au moins les environs, des Oulad-
Yagoub d'Ali ben bou Allègue, et, disait-on, quelques Tripo-
litains.
:
Bir-el-Asseli; à cet endroit elle rencontre une caravane des
Souafa, la razzie; puis elle se divise une partie prend la
route de l'est par Djebil; l'autre repasse par El-Oudiane dans
la nuit du 8-9.
Le 14 septembre, un djich d'une certaine importance, dont
le passage avait été signalé à Bir-Zoumit, attaque à Tarafi,
dans le chott, au nord de Seftimi, une caravane de Merazigue,
lui tue sept hommes et lui enlève 400 chameaux.
Le 17, vingt-six cavaliers des.Oulad-Aziz, appartenant selon
toute probabilité au même groupe, surprend au khanguet-
oum-Ennass, à 6 kilomètres de Chebika, une caravane des
Oulad-Sidi-Abid allant au Djerid.
Quelques heures après, à Bir-el-Haouch, rencontrant une
autre caravane dans laquelle se trouvait le marabout El
Hafïnaoui1, de Tameghza, ils s'approprient chargement et
animaux, sans respect pour le caractère sacré du pieux voya-
geur.
-
Vers la même époque, un fort parti d'Oulad-Yacoub de et
Hammema (celui qui avait paru le 14 à Tarafi), razzie des
troupeaux des Messaaba du Souf, à Bir-Youcef.
Après ce coup de main, ils se replient sur l'oued-Fessi en
passant par Djemma et Akelia; leur retraite s'effectua sans
incident. Ils rendirent aux Merazigue les troupeaux razziés à
Découragement
;
chez les
dissidents
premiers
;
Depuis la fin du ramadan, le découragement s'était encore
accru dans le camp des émigrés ils ne voyaient pas arriver
;
les secours turcs tant promis et leur misère augmentait tou-
rapatriements
jours1 les maraudeurs n'avaient rapporté de leurs incursions
qu'un butin insignifiant, mais ils comptaient dans leurs rangs
de nombreux vides. Les dissidents apprenaient en outre que
;
les populations soumises étaient heureuses; que la religion,
les biens et les femmes avaient été respectés que l'argent y
abondait. Ils regrettèrent de s'être exilés. Bientôt, plusieurs
groupes manifestèrent l'intention de revenir sur leur territoire
d'origine. Ils vinrent d'abord s'installer entre Ksar-Medenine
et l'oued-Fessi, tant pour sonder nos intentions que pour s'é-
loigner de la partie violente des rebelles.
Le gouverneur de l'Aarad, Youcef Allégro, s'était établi à
Zarzis pour poursuivre les négociations qu'il avait entamées
depuis quelques mois déjà avec certaines personnalités in-
fluentes qui s'étaient mises à la tête du parti de la soumission.
1. Il fallut, quand une partie fut repassée sur le territoire de la régence, leur
distribuer,surl'ordre du général en chef et dans la mesure du possible, du bis-
cuit et de la farine pris sur les approvisionnementsmilitaires, pour leur permet-
tre de continuer leur marche vers leur territoire.
En même temps, notre consul à Tripoli s'efforçait de déta-
cher de l'opposition les chefs insurgés réfugiés à Tripoli; il
cherchait à rompre l'unité de la famille d'Ali ben Khalifa pour
atteindre le parti de la protestation dans ses principes vitaux.
Cette action combinée amena le rapatriement, pendant le
mois d'octobre, d'environ 300 familles (Drid, Oulad-Ayar,
Hammema, Zlass et Sahel).
Ce mouvement fut bientôt suivi d'un plus important.
Le 6 novembre, la canonnière la Vipère amenait à Gabès,
avec le consul de Tripoli, M. Féraud, Ali ben Ammar et El Hadj
Salah ben Khalifa.
Le même jour, un groupe1 considérable de dissidents quit-
tait l'oued-bou-Hamed; le 8 novembre ils arrivaient sur la
ligne de Mareth à Oum-Es-Zessar, et le 10 ils atteignaient Ras-
el-Oued'.
Les Touazine et les Khezour, après être rentrés en relations
avec le gouverneur de l'Aarad pour traiter de leur soumission,
s'étaient brusquement ravisés et avaient continué à harceler
les tribus voisines des Hararza et des Matmata3.
Le 1er décembre, on signalait une incursion des gens de
Toudjane jusqu'à 24 kilomètres de Ras-el-Oued; le 4 décem-
bre, on apprenait que les bandes de maraudeurs étendaient le
rayon de leurs opérations et menaçaient le Nefzaoua.
,.
1. Ce groupe, au moment de son départ, avait été vivement attaqué par des
:
contingents conduits par Ali ben Dhô, opérant alors, parait-il, pour le compte
d'Ali ben Khalifa. Ce n'est qu'après avoir tué dix de leurs adversaires, parmi
lesquels se trouvait le père d'Ali ben Dhô, que les émigrants purent continuer
leur route vers Gabès.
Zlass.
suivants
.-.,
2. Le 1U novembre loez, le dénombrement des groupes campes a fias-el-Uued
Oulad-Redhouan.
donnait les résultats
(Radadia).,.
Oulad-Aziz
Tentes.
2.600
310
Drid 245
NefIet. , ,
Le 13 novembre, ces différcntes collectivités
250
45
repartaient pour gagner leur pays
d'origine.
11 restait encore environ 70.000 individus en état d'insurrection.
N° LXVIII
1.Le frère d'Ali bon Khalifa, El Hadj Salah ben Khalifa sut profiter de ce mou-
vement de recul pour ramener avec lui 14 douars Neffet sous la protection de
300 cavaliers envoyés par les Ouderna soumis sur l'invitation du gouverneur de
l'Aarad.
2. La colonne du lieutenant-colonel Corréard est la colonne mobile de Sousse.
Elle est forte de 3 bataillons d'infanterie, un escadron de cavalerie, 2 sections
d'artillerie de montagne, une section du génie et services, savoir :
Le 27e bataillon de chasseurs à pied, embarqué à Sousse, le 6 décembre
Un bataillon du 33" de ligne, — Sfax, le 6 —
;
— 138° — — Sousse, le 6 —
Unescadrondu11ehussards, — Sousse, leo —
Deux sections d'artillerie i 1 section Sousse, le 5
de montagne 1 — —
—
Sfax, le 8
Sousse, le 9
—
—
du général Allegro; il était descendu à terre avec lui pour se faire présenter les
principaux chefs des groupes qui voulaient se soumettre, puis était remonté à
bord pour y passer la nuit du 10-11.
1. Le 28 décembre on constatait à Ras-el-Oued qu'il était rentré depuis le 15
du même mois : 320 tentes des Madjeur,
335 — desZlass,
700 — desOulad-Aziz,
100 — des Oulad-Sidi-Tlil,
400 — des Oulad-Redhouan.
Au total. 1.855 tentes.
2. L'effectif total de la colonne de Zarzis, au débarquement, est de 60 officiers,
1.916 hommes de troupe, 181 chevaux, 263 mulets.
La partie mobile (état-major, 27" bataillon de chasseurs et bataillon du 33°,
l'escadron de cavalerie, une section d'artillerie, l'ambulance mobile et le convoi)
a un effectifde 41 officiers, 1.535 hommes de troupe, 163 chevaux, 203 mulets et
467 chameaux) ; la partie fixe (bataillon du 138e, une section d'artillerie, les ser-
vices et l'ambulance fixe) a un effectif de 19 officiers, 381 hommes de troupe,
18 chevaux, 60 mulets.
3. Le général Allegro, avec un goum de 30 cavaliers, rejoint la colonne à Biar-
el-Begra; il était resté le 15 à Zarzis pour la mise en route des groupes soumis.
4. La colonne traversa l'oued-Fessi (lit de 15 mètres de largeur et de 3 mè-
tres de profondeur) et campa à El-Ouamhia, à 6 kilomètres sur la rive droite.
Le camp fut installé à 150 mètres au sud d'un aiguelet de 50 puits maçonnés seu-
lement à la margelle. 3 de ces puits contenaient de l'eau excellente; la nappe
était à 4 mètres du sol et' elle montait de 0m,50 par nuit.
La colonne reste à El-Ouamhia du 18 au 26, envoyant des s'arrêteàEl-
Ouamhia,
reconnaissances dans les environs; par sa présence elle pro- y séjourne
et retourne
tège la rentrée sur le territoire tunisien de quelques douars1 vers
le nord-ouest.
Puis, le 27, la colonne se met en marche pour se rabattre au
nord-ouest vers Ksar-Médenine.
-
Le 26, le goum avait reconnu le passage de l'oued-Fessi en
aval de son confluent avec l'oued-Sébegue; mais le 27 au ma-
tin un guide indiqua une direction qui permettrait de se rendre
à El-Ksar sans rencontrer d'eau2, en passant les rivières plus
en amont que le point reconnu la veille par le goum.
« La'colonne marche dans cette direction; à 8 kilomètres Elle marche
vers l'ouest,
d'El-Ouamhia elle rencontre l'oued-Sebègue, affluent de traverse
l'oued-Sebègue,
droite de l'oued-Fessi. L'oued-Sebègue a des berges d'un res-
saut de 3 mètres; il n'a que 2 mètres de large et 0,m40 d'eau;
-
le courant est faible; le lit est formé d'un fond de sable résis-
tant. Mais, sur une étendue de 25 mètres sur la rive droite et
de 300 mètres sur la rive gauche, les abords de l'oued sont
fangeux et glissants.
» La colonne fait une grand' halte sur la rive droite pendant
que des travailleurs (4 compagnies et génie) aménagent le
passage. On fait une chaussée de 10 mètres de largeur sur la
rive droite avec des touffes d'alfa et de tamarin; on aménage
les berges; on comble le fond de l'oued avec des broussailles;
on fait une chaussée sur la rive gauche.
» A 1 heure, le passage commence; le passage des troupes
s'exécute facilement, mais tous les mulets s'abattent; il faut
les décharger et porter leur chargement à bras d'hommes. Le
passage des chameaux se fait plus facilement. Le passage de
l'oued-Sebègue est terminé à 4 h. 30 par les deux compagnies
d'arrière-garde.
;
une compagnie du 27e chasseurs, escortant un convoi, avait trouvé la sebka El-
Makada couverte de 70 centimètres d'eau elle avait dû abandonner le convoi et
faire un détour pour n'avoir que 3 kilomètres de sebka à franchir, et à la fin
de la journée elle n'avait pu franchir l'oued-Fessi.
» kilomètres de l'oued-Sebègue, la colonne traverse en
A 8
pleine nuit (6 h. 30 du soir) l'oued-Fessi (60 mètres de large,
sans eau) et s'installe à El-Ksar, à 200 mètres sur la rive
gauche del'oued-Fessi. »
Le 28, la colonne fait séjour à El-Ksar.
marche Le 29, elle se remet en marche, suivant la rive gauche de
vers le nord,
séjourne
l'oued-Fessi1, campe le 29 à Tabiat-el-Ferdjane', le 30 à El-
à Métameur, Mahahir'; le 31 décembre 1882 elle marche directement sur
se
rendàGabès le nord et vient camper à Bir-el-Ahmeur, et le 1er janvier 1883
elle arrive à Ksar-Métameur, où se trouve alors la colonne de
Gabès.
et à la Skirra, Le colonel de la Roque présente au général d'Aubigny les
oùelle
s'embarque
pourSousse.
mihad des tribus et fractions qu'il a récemment soumises4,
Toudjane, Rebeten, Aouaya; la colonne de Zarzis séjourne
les 2, 3 et 4 au camp de Métameur, puis, sa missionremplies,
elle se remet en mouvement le 5 pour remonter vers le nordG.
Elle arrive à Gabès le 8 janvier, y séjourne.les 9 et 10, reprend
sa marche le 117, arrive à Sidi-Meheddeb le 13, y séjourne
les 14 et 15, et arrive à la Skirra le 16 janvier.
La colonne est disloquée à cette date8; les troupes de la
:
I. L'oued-Fessi est fort encaissé ses berges atteignent jusqu'à 20 mètres de
hauteur: il est couvert d'une abondante végétation de tamarins.
2. Trois redirs dans le lit de l'oued-Fessi.
3. Le camp est établi à 200 mètres sur la rive gauche de l'oued-Fessi-redirs.
4. Voir plus loin,3, page 393.
5. Si on excepte les principaux chefs dissidents « présentés » le 10 décembre,
c'est-à-dire avant le débarquement de la colonne, au général Guyon-Vernier par
Allegro (voir plus haut, note 3, page 389) et qui avaient ramené 4.407 tentes, les
seules soumissions reçues pendant la colonne furent celles des cheikhs Saoula et
Bou Becker avec 30 tentes des Beni-Zid, de 4 douars des Mctellit, de 5 douars
des Souassi et des douars d'Ali-el-Kibeni et d'Ali-ben-Touanni des Mehedba, qui
vinrent se présenter, le 22 décembre 1882, au camp d'El-Ouamhia.
Les résultats obtenus par la colonne semblent donc insignifiants.
6. La colonne campe, le 5, à 1oued-Zeuss; le 6,- à Mareth; le 7, à --
Kétenah;
- -les
8. 9, 10, à Gabès-port
7. La colonne campe, le 11, à Ouderef; le 12 à l'oued-Akarit; les 13, 14 et 15,
à Sidi-Meheddeb, et arrive le 16 janvier à la Skirra.
8. La partie mobile de la colonne de Zarzis avait fait dans une période de
trente-trois jours (du 15 décembre 1882 au 16 janvier 1883) un total de 272 kilo-
mètres, ce qui ferait une moyenne de 8 kil. 200 par jour.
Le point le plus méridional qu'elle ait atteint fut El-Ouamhia, à moins de 50
kilomètres de Zarzis.
Elle n'eut aucune perte à déplorer.
partie mobile s'embarquent' les 17, 18 et 19 et rentrent à
Soussele21.
;
la chaloupe à vapeur du Tarn. Il faut faire 100 mètres dans l'eau pour aborder
les mahonnes ou le chaland pour les animaux, il faut construire, au moyen de
sacs remplis de sable, une ramne Dour leur faciliter l'accès du chaland.
2. La colonne de la Roque comprend un bataillon du 101e, un bataillon du 119",
un bataillon du 4e zouaves, 2 sections d'artillerie de montagne, un escadron du 4*
chasseurs d'Afrique, la 6" compagnie mixte et des services.
Son effectif total au départ est de 60 officiers, 2.032 hommes de troupe, 254 che-
vaux, 270 mulets et 857 chameaux.
Trois bataillons He, 77e et 107") restent à Ras-el-Oued, Gabès, sous le comman-
dement du lieutenant-colonel d'Arragonès d'Orcet.
3. Arrivé le 1er janvier avec la colonne de Zarzis (voir plus haut, 4, page 392).
La colonne reste réunie à Métameur jusqu'au 3 janvier
Le 4 janvier (le biscuit ville de Métameur étant laissé à la
garde du bataillon de zouaves, d'un peloton de chasseurs
d'Afrique et de 12 cavaliers de la compagnie mixte), le colonel
de la Roque, avec une colonne légère, se porte à Aïn-Smar.
Recherche Il n'y trouve aucun campement de Touazine, contrairement
des Touazine.
Soumission
des aux dires d'un certain nombre de personnages3 de cette
Bou-Zid. tribu qui s'étaient présentés, le 3 janvier, au camp de Méta-
meur.
Le 5, la colonne légère se porte à Aïn-Maider; on n'y trouve
aucun campement; mais les reconnaissances indigènes dé-
couvrent les traces toutes fraîches d'une migration nom-
breuse; ce sont les Touazine, qui, pour la plupart3, se sont
portés sur l'oued-Fessi4.
Le 7 janvier, la colonne légère se rend à Bou-Grara; les Bou-
Zid, qui sont réellement campés à Gourine5, font leur sou-
mission6.
Le 9 janvier, la colonne légère revient à Aïn-Smar et rentre
le 10 janvier à Métameur.
La colonne réunie passe la journée du 11 à Métameur.
Colonne légère 7 Le 12, une colonne légère se dirige chez les Ghoumrassen
chezles
Ghoumrassen ; (le biscuitville de Métameur est gardé par le bataillon du 119e
-
a
vers l'oued-Fessi pour être prêts à passer, s'il y lieu, en Tripolitaine.
4. Le 5.janvier, 500 tentes des Oulad-Redhouan campés à Hassi-Sultan, à 15 ki-
lomètres du camp d'EI-Maider et conduits par Ahmed ben Youcef, font leur sou-
mission. Ils avaient été razziés, à leur passage de l'oued-Fessi, en sortant de
;
1
Tripolitaine, par les Oulad-Khalifa (Touazine) et les Nouail.
5. Ainsi que l'avait dit leur chef Hassi ben Nadji, le3, à Métameur.
legere _L
o. -La compagnie mixte qui marene avec la coionne- '11_- !_-_:.1.
ie o0 janviei
part, 1-
Bou-Grara pour aller à Zarzis chercher un convoi de six jours de vivres pour
toute la colonne elle le ramène lo 12 à Métameur.
uu
Bataillon du 101°.
Bataillon du 4e zouaves.
Trois pelotons de chasseurs d'Afrique.
Une section d'artillerie.
La 6e compagnie mixte (ne rejoint que le 15 à Foum-Ghoumcrasscn).
210 chameaux de convoi.
1. Le 15 janvier, la 6e compagnie mixte rejoint la colonne légère au camp de
Foum-Ghoumerassen. Elle amène huit jours de vivres.
2. Le 17 janvier, se présentent au colonel des chefs des Zlass (Oulad-Iddir) des
;
Beni-Zid et des Metellit, en tout 3.000 personnes, campés à l'oucd-bou-Hamed et
à l'oued-Maider ils rentrent de Tripolitaine et ont été razziés par les Nouail, en
passant la frontière.
3. La colonne volante est forte de 7 compagnies (bataillon de zouaves, 2 compa-
gnies du 101e, la compagnie mixte), d'une section d'artillerie, de 2 pelotons de
:
Tatahouine : 2 compagnies, 1 peloton de cavalerie.
Colonne volante 7 compagnies, 2 pelotons de cavalerie, 2 pièces.
4. A la date du 25 janvier les Oulad-Khalifa sont campés entre l'oued-Fessi et
l'oued-Sabègue, près du confluent de ces deux rivières; les Oulad-Hamed sont plus
au sud, près de Saiden et au delà de la frontière, dans la plaine de Mirta.
Nos troupes se trouvaient donc à bonne portée des Oulad-Khalifa, qui, suivant
Le 28 janvier, par une marche forcée (un camp intermé-
diaire a été établi le 28 à Kerchaou; le bataillon de zouaves le
garde) il surprend les campements et les troupeaux des Oulad-
Khalifa (les cavaliers de cette fraction sont absents) sur
l'oued-Fessi et les razzie1.
Puis la colonne revient directement à Métameur.
Les Oulad-Hamed, plus au sud, n'ont pu être atteints.
La colonne légère rentre le 3 février à Métameur2.
La colonne, Le 5 toute la colonne se remet en route sur Ras el Oued-
rentrée
le 9 février 1883 Gabès où ellearrive le 9 février; elle est disloquée à cette
à
Ras-El-Oued,
est
date'.
disloquée.
l'exemple des Ouderna, n'avaient donné aucune suite aux démarches de soumis-
sion qu'ils avaient faites dans les premiers jours de décembre.
Nos griefs contre cette fraction étaient nombreux. Depuis plusieurs mois elle
nous amusait avec ses promesses, parlementant avec le gouverneur de l'Aarad.
Peu de jours auparavant un courrier envoyé à la colonne par le commandant de
Ksar-Métameur avait été assassiné par les Oulad-Khalifa. On venait d'apprendre
enfin que tout le groupe s'apprêtait à fuir en Tripolitaine pour échapper à notre
action et conserver son indépendance.
Le colonel ne pouvait laisser échapper les Oulad-Khalifa, sans essayer au moins
de les châtier, s'il ne pouvait les ramener de gré ou de force.
(Il avait d'ailleurs reçu, le 24, un télégramme du général de division lui pres-
crivant de pousser rapidement et vigoureusement les opérations contre les
Touazine, de lancer contre eux le goum des Beni-Zid et d'être rentré à Gabès le
10 février.)
1. Les opérations contre les Oulad-Khalifa pouvant seules présenter un certain
ntérêt, nous donnons plus loin (page 397, complément à l'annexe n° LXVIII) le
détail des journées des 27, 28 et 29 janvier).
2. Le colonel de la Roque laisse la 6e compagnie mixte à Métameur quand il
en renart le 5 février.
3. La colonne de Gabès a, en 57 journées, parcouru 538 kilomètres, ce qui ferait
une moyenne d'un peu plus de 9 kilom. 400 par jour. Les résultats obtenus ne
paraissent pas considérables, car si l'on excepte la soumission des Toudjane, des
Rebeten et des Aôuaya, qui ne firent aucune résistance, et celle des Ouderna de
Si-Salem-bou-Hadjila, qui, surpris par la marche des 23-24 janvier, ne se défen-
dirent pas, il reste l'affaire contre les campements et les troupeaux des Oulad-
Khalifa (Touazine) pendant que les cavaliers étaient absents.
Les autres dissidents qui firent leur soumission s'étaient déjà mis spontané-
ment en marche vers le nord.
des Touazine, les Oulad-Hamed et les Oulad-Khalifa (Oulad-
Mahmoud)
Plusieurs douars dissidents purent encore rentrer dans la
;
régence par le pays des Ouarghamma pendant la première
quinzaine de janvier à partir de cette époque le mouvement
de retour par terre cessa brusquement; il ne devait plus
ensuite s'effectuer que par mer.
;
dans l'ordre suivant : le goum des Beni-Zid sous les ordres du
général Allegro1 avant-garde, la cavalerie; gros, compagnie
mixte, 101e, artillerie.
Le convoi suit sous la garde spéciale du bataillon du 46
zouaves.
La colonne, par un beau clair de lune, suit le cours de
l'oued-Zamaz jusqu'à son confluent avec l'oued-Fessi, puis
celui-ci jusqu'à Oglet-Kerchaou; distance 18 kilomètres. Le
camp est établi à 500 mètres au sud des oglet, sur un mamelon
près duquel se trouve la retba, sous la garde de la tribu des
Medenine campés sous la tente.
A 8 h. 40, le goum se remet en marche, suivi à 9 heures par
les troupes de la colonne. Cavalerie; avant-garde, compagnie
mixte; bataillon du 101e en carré encadrant la section d'artil-
lerie.
Les hommes ont laissé leurs sacs à Kerchaou ils empor-
tent la couverture en sautoir et une journée de vivres le
; ;
camp est laissé sous la garde du bataillon du 4e zouaves.
N° LXIX
;
L'essai de la compagnie franche formant corps a déjà donné,
au contraire, d'excellents résultats après une expédition de
cinq mois, ses éléments se sont complètement amalgamés; il
s'est créé un excellent esprit de corps.
Le général propose donc de conserver la compagnie franche
et de créer cinq nouvelles compagnies.
L'uniforme des recrues tunisiennes (il faut le rapprocher
le plus possible de celui des tirailleurs, puisque les compa-
gnies sont destinées à former un régiment de tirailleurs) serait
le pantalon rouge de l'infanterie, que porte déjà l'armée tuni-
sienne, la veste, le gilet et la ceinture des tirailleurs et le fez.
Les cavaliers auraient le même uniforme mais avec le pan-
talon rouge basané des chasseurs d'Afrique et l'équipement
des cavaliers1.
spéciaux (numéro au centre d'un soleil brodé); troupe, tenue des tirailleurs
algériens et des spahis.
1. En conformité d'une autorisation ministérielle du 14 avril.
2. Tunis, Le Kef, Ain-Draham, Sousse, Gafsa et Gabès.
3. Les Chambres n'ayant pas encore voté les crédits nécessaires, le personnel
du cadre français est simplement détaché. En attendant l'organisation de dépôts-
magasins, les indigènes faisant partie des compagnies conservent l'uniforme de
l'armée du bey.
4. Composition de la compagnie franche (autorisation ministllc du 14 avril 1882) :
Français..(Capitaine
(Sous-lieutenant
jgous.lieutenant
Lieutenant.
TIndigè,nes.
4 1
commandant
Lieuteants(dont
2 trésorier).
1
)
.,..,
il 2
j
6 officiers.
1
d'officiers., D
Chevaux
Adjudant sous-officier., 1
Sèrgent-major 1
l
Sergents.,.,
.,
Sergent-fourrier.1 8
F Caporal-fourrier
1301
Clairons. 1 Ij
Sergents.
Caporaux",
Soldats.
Caporaux.8 4~g4 100
16
ani-
maux.
49
bât.
144hommes
1d.
TIndji.è 80
nes. Clairons
n 19 gènes. CI
detroupe.
2
290
b 1
1. On alla même jusqu'à inscrire, contre leur gré, sur les contrôles de compa
gnie, d'anciens soldats beylicaux. Les indigènes protestèrent contre cet enrôle-
-
ment forcé, et l'autorité militaire fut obligée de les renvoyer, sans leur dire pour-
quoi.
2. Cette section d'artillerie a rejoint la compagnie à Hammamet le 30 juillet
1882; elle fut licenciée le 12 décembre 1883. Elle paraît, durant ces dix-sept mois,
rête toujours restée stationnée à Hammamet pendant les tournées de la compagnie.
La compagnie mixte de Tunis, n'ayant pas assez d'artilleurs français, employa
des indigènes comme auxiliaires. Le Ministre de la guerre consulté, répondit que
« la Chambre des députés, lors de la discussion du projet de loi relatif à l'orga-
nisation des compagnies mixtes, s'était formellement opposée à l'admission de
l'élément indigène dans les sections d'artillerie ». Le capitaine commandant la
compagnie mixte de Tunis conserva cependant ses auxiliaires indigènes qu'il
avait pris avant le vote en question.
La compagnie mixte de Tunis fut la seule qui reçut de l'artillerie.
3. Décision ministérielle du 21 août 1882.
Instruction Le 25 octobre 1882, le général Forgernol, commandant le
du général
Forgemol corps d'occupation, donne une instructionpour les compagnies
pour
les compagnies
mixtes.
mixtes1 se résumant ainsi :
Les compagnies mixtes ont été instituées pour mettre à la
;
disposition du commandement une force sérieuse toujours
prête à marcher2 et à combattre préparer des officiers et des
sous-officiers aux fonctions de guides de colonnes et de chefs
de partisans; concourir à la surveillance des tribus.
En un mot, on doit pouvoir considérer ces compagnies
comme un moyen d'action toujours disponible et comme un
instrument de surveillance et de renseignements.
Chaque compagnie est autorisée a avoir un fanion du modèle
de ceux en usage dans les compagnies de tirailleurs algériens;
elle reçoit une paire de cantines médicales.
Dédoublement Le 1er avril 1883, les premières compagnies mixtes sont
des
compagnies: dédoublées et les compagnies « bis » sont formées.
douze
compagnies Deux états sont dressés, comprenant les Français par
mixtes.
ancienneté de service (afin qu'après le dédoublement chaque
compagnie possède un nombre égal de militaires de chaque
classe) et les indigènes divisés en deux groupes (cette dernière
1.
Gafsa, Sfax, Gabès, Kairouan (sud).
:
Il y a à cette date 7 compagnies mixtes Tunis, Le Kef, Ain-Draham (nord);
français.
commandant le dépôt et 4 indigènes. 10
Fantassins
>
1441
132A
français 18
Mulets55] français..52
— indigènes (dont 30 muletiers) Total:
Cavaliers
indigènes. 33 379,troupe.
d'officier.
—
Artilleurs
Chevaux
— troupe.
de
10 j
57 j 122,animaux.
44/
33
Total:
299, troupe.
Ar
—
d'officier.
troupe.
Mulets.
Chevaux
— de
101
58
53 ]
121, animaux.
;
lerie, un seul sous-officier était dans les conditions pour
prendre part au tir de concours il ne mit aucune balle dans
la cible.
:
leur suite et de protéger, les colonnes ne peuvent plusse mou-
voir que lentement elles deviennent fonction de leur convoi,
De plus, elles se divisent en nombreux échelons qui gardent
les biscuit villes et font la navette entre la base de ravitaille-
ment et les dépôts de vivres; les effectifs réellement utili-
sables diminuent et leur rendement décroît rapidement.
géographique ;
Le temps ne presse pas trop si l'on marche sur un objectif
on pourra toujours l'atteindre dans des condi-
tions plus ou moins favorables. Mais si l'on vise un objectif
mobile, il devient impossible de l'atteindre2
Si l'on veut nous objecter que quelques dissidents ont été
rejoints par nos - colonnes, nous répondrons qu'ils étaient
empêtrés eux-mêmes de femmes, d'enfants et de troupeaux;
c'étaient des migrations. Des combattants n'auraient jamais
été atteints.
Le seul exemple de marche assez rapide que nous puissions
enregistrer nous montre une colonne forte, au départ, de
13 compagnies d'infanterie, amenant seulement cinq compa-
1. Cependant nous avions à ce moment des soldats de cinq ans et les hommes
étaient choisis puisqu'ils étaient tries, non seulement dans le régiment qui déta-
chait un bataillon, mais encore dans le corps d'armée dont faisait partie le régi-
ment.
2. Nous nous souvenons qu'une colonne obligée de charrier son convoi a été
forcée de marcher lentement par échelons et de changer d'itinéraire-pour pouvoir
se faire suivre de ses arabas.
gnies, soit 600fusils au màximun, sur le terrain où aurait pu
se produire un engagement.
Ces fantassins étaient sans sacs; ils n'avaient qu'un jour de
;
vivres. Ils tombèrent, il est vrai, sur des troupeaux non dé-
fendus mais ilest permis de se demander ce qu'il serait advenu
s'ils avaient eu à engager un vrai combat et à le poursuivre,
séparés qu'ils étaient de leur deuxième échelon, qui était com-
plètem.eli.t,,"iai'mobilisé,
par unedistance de plus de 15 kilomè-
tres..
Une colonne forte au départ de 60 officiers, de plus de
2.000 hommes et de près de 1.400 animaux, n'arrive donc à
mettre enligne que 600 fusils.
Il estcertain qu'en pratique deux compagnies montées,
fortes chacune de 5 officiers et 250 hommes, auraient, s'il avait
fallu agir, produit un meilleur résultat. Les fantassinsauraient
été moins fatigués et ils auraient eu avec eux leurs sacs, des
vivres et des cartouches.
Il faudrait donc, dans les grosses colonnes, rendre les fan-
tassins plus alertes et les cavaliers plus vite, et pour cela débar-
rasserles premiers soitde leurs lourds effets de France, soit des
costumes historiques d'Afrique (l'esprit de corps des troupes
spéciales n'y perdrait rien, croyons-nous) et alléger les che-
vaux en simplifiant leur harnachement et la tenue de leurs
cavaliers
Quant aux colonnes véritablement rapides que l'on voudrait
former, il nous semble indispensable de les constituer avec
des compagnies montées d'infanterie, c'est-à-dire des fantas-
sins choisis avec, pour deux soldats, un mulet portant tou-
jours les deux sacs et alternativement l'un des deux hommes.
1. Les personnes qui ont un peu voyagé en Orient ont pu remarquer que les
soldats beylicaux, turcs et égyptiens ont une tenue simple et certainement plus
pratique que les uniformes fantaisistes de nos spahis, tirailleurs et zouaves.
Dans l'armée égyptienne principalement, dont les troupes marchent actuelle-
ment de Dongola sur Khartoum, les soldats portent, à part le tarbouche natio-
nal, un uniforme européen; les cavaliers même ont la culotte, les bandes moIIc
tières et les souliers; les chevaux ont des harnachements anglais.
La compagnie montée des régiments étrangers a fait ses
preuves d'endurance et de vitesse.
L'inefficacité des compagnies mixtes, où se trouvaient mé-
langés fantassins et cavaliers, a été démontrée; il faut que
les fantassins des compagnies mixtes restent des fantassins,
n'employant leurs animaux que pour se mouvoir rapidement
TABLE DES MATIÈRES
TOME I
Pages.
AVERTISSEMENT 5
I" PARTIE
PREMIÈRE EXPÉDITION
; ;
Événements à la frontière concentration des troupes le premier corps ex-
péditionnaire. —Opérations en Khoumirie ; traité de Kassar-Said; rapatrie-
ment.
CHAPITRE I. — Préliminaires.
Engagements entre les Oulad-Cedra (Tunisiens) et les Nehed (Algériens), fé-
9
;
es Saddok et du bey du camp Ali Bey). — Le 8 mai, la colonne Bréart se
(suite).
met en route sur Tunis elle arrive le 12 mai à la Manouba. — Traité de
Kassar-Said.
CHAPITRE III.
— Première expédition
;
Concentration de la colonne Delebecque, le 3 mai, à Djebabra marche vers
l'est (reconnaissance de Sidi-Abdallah, le 8 mai).
33
Pages.
La colonne Delebecque et la colonne Logerot en relations à Ben-Métir, le 14
mai.
Conversion à gauche, vers le nord-est, de la colonne Delebecque. — Dernier
IIe PARTIE
ÉVÉNEMENTS ET OPÉRATIONS ENTRE LE PREMIER RAPATRIEMENT
ET LA SECONDE EXPÉDITION
Ali ben Khalifa; défense et prise de Sfax. — Opérations contre Gabès. — Oc-
cupation de Djerba.
Les Zlass à Kairouan. — Réunion des chefs insurrectionnels à Sbeitla. — Les
Zlass et la 5e brigade.
Ali ben Ammar et les Oulad-Ayar; massacre de l'oued-Zergua et combat de
Testour.
CHAPITRE I. — Opérations du colonel Jamais 51
Situation générale de la Tunisie au 1er juillet.
Ali ben Khalifa, caïd des Neffet, se met à la tête du mouvement insurrec-
tionnel et vient à Sfax organiser la résistance.
Bombardement de Sfax (15 juillet); débarquement et prise de la ville (16
juillet).
:
Opérations contre Gabès débarquement les 24 et 25 juillet.
Occupation de Djerba (28-31 juillet(.
CHAPITRE II. — Incursions des insurgés 59
El Hadj Hassein ben Messai, avec les Zlass, occupe Kairouan. — Les Ham-
mema, avec Ahmed ben Youcef, dans le Sers et autour du Kef. — Ali ben
Ammar chez les Oulad-Ayar.
Réunion des chefs insurrectionnels à Sbeitla (15 août).
Les Zlass et la 5e brigade française; le lieutenant-colonel Corréard à Bir-el-
Hafaied (26 août) et à El-Arbain (nuit du 28-29); le général Sabattier à
Zaghouan.
Position des insurgés le 20 septembre.
; ;
Opérations d'Ali ben Ammar dans le nord massacre de l'oued-Zergua (30 sep-
tembre) combat de Testour et surprise de Nebeur, le 2 octobre.
IIIe PARTIE
SECONDE EXPÉDITION
La
CHAPITRE IV.
6" brigade (général Philebert) à El-Aâla
1882).
;
— La poursuite (suite); incursions
des
à Djilma; à
dissidents
Gafsa (14 février
95
,
CHAPITREV.
zis et de Gabès 103
Djich poussés jusqu'à Kairouan, Djilma, El-Djem, etc dans le Djerid.
Nos colonnes ne peuvent les atteindre; on occupe les points de passage
obligé.
Le mouvement d'expansion des dissidents est devenu presque impossible
premières soumissions.
:
Colonnes de Gabès (colonel de la Roque) et de Zarzis (lieutenant-colonel Cor-
réard) dirigées par le général Guyon-Vernier (décembre 1882 et janvier
1883).
NOTA. — La suite des sommaires en tête de chaque chapitre dans le texte peut
servir de résumé de l'expédition.
TOME II
1881.
1881.
ANNEXES
Annexes.
I.
1881.
Le 19" corps d'armée, au 1er avril
II. Organisation du service des renseignements dans la division de
Constantine, au 1" avril
III. Le bataillon du 3" régiment de zouaves du Tarf, le 31 mars
113
111
114
Annexes. Pages.
Annexes.
XLV.
août.
Recrutement du second corps expéditionnaire.
Arbain (nuit du 28 au 29) et à Turki (29 août).
XLVI. Le lieutenant-colonel Corréard à Bir-el-Hafaied (26 août), à El-
1881.
XLVI bis. La colonne tunisienne du kalmakam Taieb ben el Hadj Ahsen
Mesmouri, à El-Arbain, pendant les ailaires des 26, 28 et 29
.,nord.
XLVII. Situation générale des tribus du sud-ouest de
de septembre
Pages.
205
la régence, à la fin
211
204
208
Nord.
XLVIlI. Opérations d'Ali ben Ammar vers le 226
ghouan.,
XLIX. Opérations du général Sabattier au sud et au sud-ouest de Za-
expéditionnaire.
2421
Etienne.
LIII. Répartition, à la fin d'octobre 1881, des troupes du second corps
243
LV.
Kairouan.
LIV. Opérations du général
Marche du général Etienne de Sousse sur Kairouan.
LVI. Garde des communications delà colonne Logerot en marche sur
Kairouan.
LVII. Marche de la colonne Forgemol sur
LVIII. Opérations contre Ali ben Ammar
LIX. Une colonne, sous les ordres du général Logerot, va de Kai-
246
248
252
265
273
lutte.
Zid et revient à Sousse. — Retraite d'Ali ben 313
; 320
turques.
LXI. La 6e brigade à Sidi-Mohamed-ben-Ali, à Djilma et à
LXII. Les dissidents sur le Mokta. Les Ouarghammma
dans la
Gafsa.
il entrent
LXI1I. Situation des dissidents en Tripolitaine et attitude des autorités
actives.,.
du général Jamais à Ksar-Médenine; la 6" brigade sur l'oued-
d'occupation.
Tatahouine. — Fin des opérations
Organisation des troupes
348
334
338
342
mixtes.
LXV. 357
LXVI. Colonne du général d'Aubigny, de Tebourba à la Kessera. 369
LXVII. Expansion des dissidents; leurs djich; premières soumissions. 376
LXVIII. Les colonnes de Zarzis et de Gabès 388
POSTFACE.,
LXIX. Les compagnies 400.
411
CROQUIS
N" N"
I. Khoumirie. V. Théâtre d'opérations d'Ali ben
II. Sud de la Régence. Ammar.
III. CentredelaRégence(partieest). VI. CentredelàRégence (partieouest).
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4 «
in-Su de 16 part,lePérou et
»75
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tactique et d'histoire à l'Ecole militaire d'infanterie
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1805. 1 volume '2 cartes). — 1809. 1 volume (3 cartes). — 1812. 1 vol.
(5 cartes). — 1813. 1 volume (4 cartes). — 1814. 1 volume (1 carte). —
1815. 1 volume (1 carte). — Crimée. 1 volume (3 cartes). — 1859. 1 vol.
(1 carte). 1866. 1 volume (4 cartes). — 1877-78. 1 volume (3 cartes).
— 12 vol. in-32 hrochés, l'un.. 50; reliés pleine toile gaufrée, l'un. »75
—
Memento chronologique de l'histoire militaire de la France, par le
litaire d'infanterie. — Volume in-18 de 316 pages.,..
capitaine Ch. ROMAGNY, professeur de tactique et d'histoire à l'Ecole mi-
4 »
»
112
par Emile SIMOND, capitaine au 28J d infanterie. — 2 volumes in-32 de
et 102 pages, brochés, l'un. »50; reliés pleine toile gaufrée, l'un. » 75
l'un
Histoire militaire de la France, de 1643 à 1871, par Emile SIMONU,
capitaine au 28e d'infanterie (3e édition). — 2 vol. in-32 de 96 et 104 pages,
brochés, l'un. »50; reliés pleine toile gaufrée,
cartes.
75
Précis historique des campagnes modernes, avec 36 cartes du théâtre
des opérations (2e édition). — Volume in-18 de 224 pages.
L'Armée de Metz, 1870, par le colonel THOMAS. — Vol. in-8ode 252 pages,
3 50
Paris et Limoges.
toile.
grand in-8o de 350 pages, avec 17 cartes et croquis, couvert, en coul. 7 50
LA VIE MILITAIRE A L'ÉTRANGER. — Un congé au Queen's-Royal-South-
Surrey-Regiment, lettres d'un engagé-volontaire, par George TRICOCHE,
ancien officier d'artillerie. — Volume in-18 de 184 pages, avec couverture
imprimée en couleurs
pàges.
3 »
Le Soudan, Gordon et le Mahdi, par le lieutenant-colonel HEUMANN, *,
O. I. U, ex-directeur des études à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr,
avec 2 cartes et 4 plans. — Volume in-32 de 96 pages,
Relié
broché. » 50
» 75
Guerre du Soudan (le Mahdi), avec carte du théâtre de la guerre, par
de 32
: :
L'armée espagnole (aperçu historique et :
A. GARÇON, professeur à l'Association polytechnique. — Brochure in-32
organisation
» 60
;
composition de
relié.
l'armée recrutement et mobilisation établissements militaires, comités
instruction, service intérieur, alimentation; grades et uniformes; système
défensif de la Péninsule; colonies: retraites et pensions militaires). —
Vol. in-32 de U8 pages, broché. » 50;
L'Espagne et l'armée espagnole. Brochure in-8J de 16 pages.
La garde civile espagnole, traduction par E. TAILHADES, capitaine de
»
gendarmerie. — Vol. -in-32 de 128 pages, broché
» 75
» 50