Le Maroc connait une sécheresse structurelle Chaque goutte compte

sans précédent, accentuée par les effets

extrêmes du dérèglement climatique. L’économie circulaire nous permettra de sortir
du modèle linéaire actuel, non soutenable, qui
En effet, notre pays vient de passer officiellement consiste à produire/extraire de l’eau, l’utiliser, la
de la situation de stress hydrique à la pénurie gaspiller (en grande partie), et/ou la contaminer,
d’eau. Pour faire face à cette crise majeure et la polluer et la jeter, entrainant ainsi la pollution
ses implications sociales, macroéconomiques d’autres sources d’eau. Dans ce sens, en plus
et financières, il est urgent d’impliquer tous d’une stratégie de conduite de changement,
les citoyens, acteurs institutionnels et privés formation, accompagnement sensibilisation, des
(producteurs, distributeurs et consommateurs) et études financières des coûts supportés par la
décideurs politiques nationaux et des collectivités collectivité et les contribuables pour assainir les
territoriales, de manière continue dans le temps, eaux polluées, par rapport aux gains réalisés par
et d’agir sur tous les leviers : techniques, tarifaires, l’industriel sur ses services et produits, aideront
institutionnels, législatifs, réglementaires, à mieux faire aboutir les efforts de convaincre et/
culturels et écologiques. ou de contraindre. En outre, l’instauration d’une
bonne gouvernance, capable de mettre en œuvre
Chaque acte compte les nouveaux procédés de l’économie circulaire
Agir, pour rendre l’offre soutenable et maitriser
la demande, à travers la mobilisation de tous
les moyens disponibles pour diversifier l’offre de
l’eau via des projets de petite et grande taille,
et la réduction de la consommation et de la
pollution, en généralisant en aval, les nouvelles
technologies d’économie de l’eau, et les procédés
de dépollution et réutilisation des eaux usées
épurées, car chaque goutte compte. Agir, pour
la mise en place d’un système d’information et
d’évaluation territoriale, qui est nécessaire pour
atteindre, d’ici 2030, les 20 cibles de l’ODD 6 « Eau
propre et assainissement ».

En ces temps de crise et en prévision d’un été

difficile, il est indispensable d’ériger l’efficacité
hydrique en priorité nationale, de maitriser la
demande et préserver la qualité de l’eau par la
mise en place du nouveau business model basé
sur l’économie circulaire de l’eau.
visant à « Mieux produire – Mieux consommer – le dessalement de l’eau de mer, d’investir
moins gaspiller et moins polluer– Mieux valoriser fortement pour développer d’une part, les
et surtout fermer le cycle de l’eau », pour que zones humides naturelles et artificielles, les
les déchets ne deviennent pas des ordures réserves d’eau stratégiques que représentent
nuisibles, mais des ressources réutilisables les eaux souterraines, et d’autre part, les
dans une autre chaine de valorisation, doit systèmes de captages et de stockages
permettre à l’ensemble des pays de poursuivre traditionnels et modernes, de chaque goutte
de manière commune l’objectif « Zéro déchet ». de pluie qui tombe, avec différents collecteurs
(bassins de collecte, puits, khettarate,..). Et
Appliquer le principe pollueur-payeur ce, au niveau des maisons, des villages, les
établissement, scolaires, universitaires, des
Ce nouveau paradigme apparait actuellement
oasis et des villes ... En effet, le bilan de ces
comme le plus adéquat pour agir sur les flux
systèmes de collecte permet d’assurer une
d’eau entrants et sortants et sur les pratiques
épargne importante en eau pour les saisons de
des grands consommateurs et usagers
crise et pour les générations futures.
(agriculteurs, industriels, unités touristiques,
citoyens). Il s’agit notamment de responsabiliser Gouvernence participative (GIRE).
et d’impliquer l’ensemble des acteurs dans les
initiatives visant à réduire le gaspillage et la Par ailleurs, la conception et la mise en œuvre
pollution de l’eau par des interventions légales des politiques, stratégies, programmes, règles,
et techniques. Il faut agir aussi bien en aval, par encadrant la mobilisation et la gestion de l’eau,
le traitement, l’épuration et le recyclage des ne doivent plus être portés uniquement par les
eaux usées, qu’en amont, en agissant sur les organes de l’État, les acteurs privés, les grands
causes, à la racine, en appliquant les principes consommateurs (agriculteurs, industriels..)
de pollueur-payeur, responsabilité élargie des et élus territoriaux, mais doivent également
producteurs, inscrits dans les lois 10.95 puis 36.15 impliquer en force et systématiquement les
et 99.12, tout en accompagnant les industriels acteurs de la société civile (non bénéficiaires),
pour appliquer les 7 piliers de l’économies universitaires, médiatiques, et principalement
circulaire (avec à leur tête l’écoconception), et les citoyens, qu’aucun autre acteur ne peut
aussi par l’interdiction de toute production, et ne doit remplacer, en tant que premiers
importation et rejet de substances chimiques, affectés par la dégradation et la rareté de l’eau.
qui bloquent ou impactent négativement le Ces mécanismes de gouvernance participative
fonctionnement des stations d’épuration ou de l’eau, appelés « Gestion Intégrée des
rendent le coût de leurs traitement très élevés. Ressources en Eau (GIRE) », représentent
des pratiques ancestrales qui ont fait leurs
Chaque point d’eau compte preuves durant des millénaires par une gestion
soutenable de la rareté en milieu oasien.
Pour agir sur l’offre, nous avons besoin, en
Les populations des oasis y appliquent une
complément des grands projets de production
démocratique directe, planifient, innovent,
et de stockage tels que les barrages ou encore
réalisent des ouvrages, s’adaptent, légifèrent,
règlementent, arbitrent, surveillent et sanctionnent, afin de
faire de ce bien commun une affaire de la commune et non
d’une entité extérieure. La GIRE leur a permis de créer des
boucles locales de l’eau, bien traitée et préservée, générant
de la valeur territoriale.

L’approche GIRE locale a été introduite dans la loi 10.95 avec

une approche de bassin plus large, création des ABH, PDAIRE
et Contrats de nappes, mais elle n’a pas pu atteindre une
partie importante des objectifs, en lien avec la durabilité
et l’inclusion sociale, qu’elle s’est fixée. Il faut trouver des
moyens pour dépasser le déséquilibre des pouvoirs dans
les instances de décision, entre les acteurs d’exploitation
et acteur de préservation, afin de dépasser la faiblesse du
poids donné à la science et dépasser la faible intégration des
opportunités qu’offre la digitalisation pour la mise en place
de systèmes d’information, d’évaluation, de communication
et sensibilisation…, indispensable à l’implication des citoyens
du bassin au niveau local, provincial et régional, et donc à la
bonne gouvernance de l’eau

Développer et appliquer la GIRE locale

Dans ce cadre l’AESVT-Maroc mène un projet ProGIRE

au niveau de deux Oasis au sud de Tata (Aguinane) et
d’Errachidia (Ferkla), en collaboration avec des acteurs
territoriaux, des experts nationaux et avec le soutien de
l’Union Européenne, afin de contribuer aux efforts de doter
le Maroc d’une approche ascendante allant du niveau local
au niveau national. En passant par les ABH, par la mise en
place de nouveaux mécanismes favorisant l’implication
effective et large des citoyens, de la société scientifique, civile
et médiatique ; stimulant le partage et la collaboration avec
les différents acteurs et secteurs, afin de faire converger leurs
efforts et actions avec ceux des acteurs publics territoriaux
et privés, pour une appropriation effective des solutions à
mettre en œuvre, par toutes et tous, en premier lieu les jeunes
et les femmes.
+212 5 22 81 11 99
www.aesvtmaroc.org
www.facebook.com/AESVTMAROC [email protected]