INTRODUCTION:
Dans un but pratique d’approfondir nos connaissances en matière de droit spécialement en droit
approfondi des contrats nous avons comme routine d’effectuer des travaux pratiques en rapport avec
le cours et comme cela ne viendrait par magie , nous voilà ainsi à une mise en pratique de ce présent
travail portant sur: la responsabilité dans les chaînes contractuelles .
D’entrée de jeu il sied de rappeler que Le principe de la relativité n’est pas du tout absolu, et partant
de l’article 63 nous fait croire que le tiers qui, par définition n'a consenti à l'acte, ne saurait se voir
imposer des obligations ou en bénéficier.Une séries des questione va se poser, néanmoins, celle de
savoir si le contrat ne produit vraiment aucun effet à l'égard des tiers?. La réponde est non , car l'Art.
63 du Code des obligations qui pose le principe de la relativité des contrats en prévoient certaines
dérogations, notamment la stipulation pour autrui (Art. 2 la clause de porte fort (Art. 20) l'action
oblique (Art. 64) et l'action paulienne (Art. 65).
Quid néanmoins, de l’hypothèse où, par exemple, un même bien fait l’objet de plusieurs contrats de
vente successifs ? Le vendeur initial doit-il être regardé comme un véritable tiers pour le sous-
acquéreur ? Ou peut-on estimer qu’existe un lien contractuel indirect entre eux ?
C’est toute la question de l’application du principe de l’effet relatif dans les groupes de contrats.
Deux groupes de contrats doivent être distingués :
● Les ensembles contractuels
○ Ils regroupent des contrats qui concourent à la réalisation d’une même opération
● Les chaînes de contrats
○ Elles regroupent des contrats qui portent sur un même objet
Nous nous focaliserons ici sur la seconde forme de groupes de contrats.
L’intérêt de notre travail concerne la situation d'une personne qui, sans avoir consenti à l'acte, qui
donc ne peut pas être regardée comme partie au contrat, entretient, néanmoins, un lien de droit,
contractuel, avec l'un des cocontractants .
C’est pour cela que nous sommes tenus de réfléchir autour de la notion des groupes de contrats et des
chaînes translatives des contrats.
Dans le cadre ce travail il sera donc question de parler comment se fait la répartition des
responsabilités dans les différentes sortes des chaînes contractuelles après parler de la responsabilité
en cas des produits défectueux .
Notre travail sera scinder en
Nous allons commencer par comprendre qu’est-ce que nous pouvons entendre par chaînes
contractuelles.
CHAPITRE 1 : DÉFINITION ,SORTES ET EFFETS DES CHAÎNES CONTRACTUELLES
La chaîne de contrats constitue une entité singulière au sein du droit des contrats, définie de
manière approfondie par la doctrine et dont le régime a été continuellement façonné par la
jurisprudence.
Cette notion a été initialement définie par Bernard Teyssié dans sa thèse consacrée aux
groupes de contrats.
L'auteur y distingue les ensembles contractuels, qui trouvent leur identité dans la poursuite
d'un objectif commun, des chaînes de contrats, qui partagent quant à elles un objet
commun. Dans son étude, il accorde une attention particulière aux effets de la
caractérisation d'un groupe de contrats sur l'exécution desdits contrats. Ainsi, mettant en
évidence l'émergence des actions directes issues de la jurisprudence, il explique que les
groupes de contrats engendrent la création de relations contractuelles. Il émet ainsi
l'hypothèse que, même en l'absence de lien contractuel direct entre les différents
contractants d'un groupe, des relations contractuelles "secondaires" peuvent exister,
remettant ainsi en question le principe classique de la relativité des contrats. À cet égard, il
démontre que, en plus des actions directes prévues par la loi (comme l'action du mandant
contre le sous-mandataire ou celle du sous-traitant contre le maître de l'ouvrage),
La jurisprudence a admis des actions directes en garantie d'un sous-acquéreur à l'encontre
des vendeurs successifs d'un même bien. Il soutient que cette création de nouveaux liens
contractuels s'impose par le développement souhaitable de la responsabilité contractuelle,
qu'il perçoit comme plus avantageuse pour la victime et, au minimum, plus adaptée à la
"résolution logique des responsabilités encourues dans le cadre d'une activité contractuelle".
Ces développements demeurent donc pertinents, alors que la question de la nature de la
responsabilité entre le tiers "ayant un intérêt légitime à la bonne exécution du contrat"
suscite encore des interrogations aujourd'hui.
EFFETS DES CHAÎNES DE CONTRATS:
En vertu du principe d'effet relatif, chaque contrat est isolé et ne peut produire d'effet sur les
autres. Mais de nombreux contrats sont liés entre eux pour permettre la réalisation d'une
seule opération juridique. La disparition d'un contrat peut entraîner la disparition de l'autre.
Plusieurs fondements :
● l'accessoire : la disparition d'un contrat principal entraîne la disparition d'un contrat
accessoire (Accessorium sequitur principale)
● la condition : un contrat peut être conditionné par la formation ou l'exécution d'un
autre
● la cause : un contrat étant la cause d'un autre, la disparition du second contrat prive
le premier de cause.
● L'indivisibilité : si deux ou plusieurs sont indivisibles, l'un ne peut disparaître sans
entraîner la disparition de l'autre
● L'anéantissement de l'un des contrats de la chaîne peut-il affecter l'existence des
autres contrats?.
L'indivisibilité contractuelle a été évoquée : elle trouverait sa source dans la seule volonté
des parties.
L'Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 modifiant l'article 1186 du Code civil a fait
cesser les hésitations de la Cour de cassation en prévoyant que « lorsque l'exécution de
plusieurs contrats est nécessaire à la réalisation d'une même opération et que l'un d'eux
disparaît, sont caducs les contrats dont l'exécution est rendue impossible par cette
disparition et ceux pour lesquels l'exécution du contrat disparu était une condition
déterminante du consentement d'une partie.
». et il a été ajouté "La caducité n'intervient toutefois que si le contractant contre lequel elle
est invoquée connaissait l'existence de l'opération d'ensemble lorsqu'il a donné son
consentement".
La responsabilité dans les chaines translatives des contrats
Rappelons Le principe qui gouverne la détermination des obligations des parties à un
contrat est celui de l'autonomie de la volonté. Selon ce principe, ce sont les parties qui sont
maître de leur contrat; ce sont elles qui en déterminent le contenu et les effets. Ce principe
semble, néanmoins, ne pas être absolu.
§1. Le principe de l'autonomie de la volonté et de la liberté contractuelle
Le principe de l'autonomie de la volonté n'est exprimé dans aucun texte de loi. Il découle
plutôt de la philosophie juridique individualiste du XIX* siècle, selon laquelle, la volonté
humaine constitue elle-même sa propre loi, se crée sa propre obligation. En vertu de ce
principe, le seul fait qu'une personne ait voulu un contrat justifie suffisamment qu'elle soit
tenue de l'exécuter.
Du principe de l'autonomie de la volonté découle les trois conséquences juridiques
suivantes:
- les parties sont libres de contracter ou de ne pas contracter; on parle du principe de la
liberté contractuelle;
- lorsque les parties décident de se lier, elles sont tenues de respecter leurs engagements:
on parle alors de la règle de la force obligatoire du contrat,
- les personnes qui ont entendu se lier sont les seules à être tenues par le contenu de leur
engagement : on parle de l'effet relatif du contrat ou de la relativité des contrats.
L'article 63 du Code des obligations pose pour règle que « les conventions n'ont d'effet
qu'entre les parties contractantes ». Ce principe est toutefois assorti d'exceptions.
Lorsque plusieurs contrats se succèdent dans le temps et portent sur le même objet ou
concourent au même but et entretiennent des liens entre eux, on fait appel à la notion
de"chaîne de contrats" on dit aussi "groupe de contrats" ou encore " ensembles
contractuels".
En bref : Contrairement aux ensembles contractuels qui regroupent des actes qui
concourent à la réalisation d’une même opération, les chaînes de contrats sont constituées
d’actes qui portent sur un même objet.
Exemple : un contrat de vente est conclu entre A et B, puis entre B et C. La question qui
immédiatement se pose est de savoir si, en cas de vice affectant la chose, le sous-
acquéreur dispose d’une action contre le vendeur initial ?
A priori, le principe de l’effet relatif interdit au sous-acquéreur d’agir contre le vendeur initial
dans la mesure où ils ne sont liés par aucun contrat. L’acquéreur fait écran entre ce que l’on
appelle les « contractants extrêmes » lesquels sont des tiers l’un pour l’autre.
Aussi, une action du sous-acquéreur contre le vendeur initial ne semble pas envisageable, à
plus forte raison si elle est engagée sur le fondement de la responsabilité contractuelle.
Tel n’est cependant pas ce qui a été décidé par la jurisprudence qui a connu une longue
évolution.
Pour déterminer si le, sous-acquéreur était fondé à agir contre le vendeur initial, la Cour de
cassation a, dans un premier temps, distingué selon que l’on était en présence d’une chaîne
de contrat homogène ou hétérogène.
CATÉGORIES
Nous avons 2 catégories des chaînes de contrats :
Chaînes de contrats homogènes:Dans une chaîne de contrats homogènes, les contrats
successifs sont identiques. Par exemple, une vente suivie d'une revente. Ces chaînes de
contrats homogènes peuvent entraîner un transfert de propriété, ce qui permet l'existence
d'une action directe. Cela signifie que les clauses de la chaîne de contrats sont transmises
aux différents contractants.
Chaînes de contrats hétérogènes:Dans une chaîne de contrats hétérogènes, les contrats
successifs sont différents les uns des autres. Par exemple, la vente d'un fonds de commerce
suivie d'un contrat de prêt, suivi d'un contrat de cautionnement, suivi d'un apport à une
société.
Pour les chaînes de contrats hétérogènes qui n'impliquent pas de transfert de propriété,
aucune action directe n'est admise. Cela signifie que les clauses de la chaîne de contrats ne
sont pas transmises aux différents contractants. Par conséquent, le sous-contractant n'est
pas contractuellement lié au maître d'ouvrage.
(Assemblée plénière 12 juillet 1991, pourvoi n°90-13602, Legifrance).
La problématique qui se pose dans l'un ou l'autre catégorie est celle de déterminer comment
repartir la responsabilité en cas de survenance d'un préjudice.
Pour répondre à cette question, il convient de souligner d'emblée que le principe de la
relativité des contrats interdit généralement au sous-acquéreur d'engager une action contre
le vendeur initial, dans la mesure où ils ne sont liés par aucun contrat.
De plus, une action du sous-acquéreur contre le vendeur semble peu envisageable, surtout
si elle est fondée sur la responsabilité contractuelle, étant donné que l'exécution des
obligations contractuelles met fin au contrat.
Cependant, cette position n'est pas celle adoptée par la jurisprudence moderne qui, en
l'absence de toute disposition légale, a récemment admis la possibilité d'une action directe
en responsabilité en cas de contrats.
CHAÎNES DE CONTRATS HOMOGÈNES:
En cas de chaîne homogène de contrats (suite de ventes), le sous-acquéreur victime peut
ainsi agir directement contre le fabricant.
La Cour de cassation a pendant longtemps estimé que le sous-acquéreur disposait d’une
option en ce sens qu’il pouvait agir contre le vendeur initial, soit sur le terrain de la
responsabilité contractuelle, soit sur le terrain de la responsabilité délictuelle (V. en ce sens
Cass. civ. 25 janv. 1820).
L’idée était de permettre au sous-acquéreur de ne pas demeurer sans recours dans
l’hypothèse où une stipulation contractuelle l’empêcherait d’agir contre son propre vendeur.
En matière de chaîne de contrats homogènes , la répartition des responsabilités est
gouvernée par les conditions de mises en œuvre de deux outils juridiques qui prennent la
forme de recours en cascade ou d'une action directe contractuelle. Relativement aux
conditions de mise en œuvre, il apparaît que le mode de recours est finalement assez
neutre quant à la désignation du vendeur qui assumera la charge finale de la réparation. En
matière de vices cachés, les recours en cascade comme l'action directe conduiront à la
responsabilité contractuelle du vendeur originaire (pour autant que la condition de
l'antériorité du vice soit respectée).
De la même manière, pour ce qui concerne l'action en délivrance non-conforme cette fois, la
relativité intrinsèque du défaut de conformité explique que le jeu des actions récursoires
comme celui de l'action directe soit nécessairement limité. Il existe donc une proximité entre
ces deux types de recours.
l'action récursoire du vendeur intermédiaire est un outil naturel de répartition de la charge
indemnitaire entre vendeurs successifs lorsqu'un dommage s'est répercuté en chaîne à
l'occasion de chaque contrat. Si ces vendeurs sont réputés tenus in solidum à l'égard du
sous-acquéreur, afin d'éviter que celui ne supporte le risque d'une insolvabilité de son
propre vendeur, le vendeur solvens disposera en principe d'une action récursoire qui doit lui
permettre de reporter sur son cocontractant le poids de la réparation.
Cet outil de répartition suppose toutefois que soient réunies un certain nombre de conditions
(antériorité et caractère non apparent du vice relativement à l'action en garantie des vices
cachés, identité du défaut en matière de délivrance conforme ou d'obligation d'information
notamment). En outre, la répartition linéaire qu'il permet en principe est perturbée en
présence d'un vendeur de mauvaise foi. Au titre de la garantie d'éviction et de la garantie
des vices cachés, la faute dans la revente du dernier revendeur absorbe celle des vendeurs
antérieurs.
Lorsque le mécanisme de l'obligation in solidum est mis en œuvre et que l'action récursoire
est appelée à jouer, il demeure que les recours en contribution sont animés d'une logique
propre qui n'est pas celle du droit commun. Cela souligne la particularité des ventes
successives, le dommage final étant issu d'une chaîne dont la causalité est successive et
non simultanée. On perçoit également d'ores et déjà dans la jurisprudence une logique de
remontée de la charge indemnitaire vers le vendeur initial. Elle marque la spécificité de la
matière mais il conviendra toutefois d'affiner ce constat, en prenant en compte la nature des
obligations du vendeur .
Après avoir envisagé le fondement et les conditions de l'action récursoire, ainsi que
l'examen des recours en contribution, plusieurs points peuvent être soulignés.
Tout d'abord, contrairement aux principes de répartition de la responsabilité entre
coresponsables en droit commun, la matière est gouvernée par une logique de remontée de
la charge indemnitaire vers le vendeur originaire. En effet, si la technique de l'action
récursoire permet (comme l'action directe contractuelle), de condamner in solidum plusieurs
vendeurs à l'égard du sous-acquéreur, dans leur rapport entre eux, seul le vendeur
originaire répond par principe de la charge finale du dommage. Cela s'explique par un
argument technique et par un argument plus politique. Techniquement en effet, la
condamnation finale du vendeur originaire s'explique par la causalité successive qui affecte
les chaînes de vente. Plus substantiellement, il existe une certaine logique moralisatrice qui
tend à concevoir le vendeur originaire comme celui qui « devrait » répondre des
conséquences de son manquement initial qui s'est répercuté dans la succession des
contrats. Or, si cette solution d'une imputation au vendeur originaire de la charge finale du
dommage est concevable, elle n'en est pas moins perfectible. Il a été démontré en effet que
les manquements du vendeur à une obligation de garantie ou un obligation de résultat
entraîne une responsabilité contractuelle « objective » du vendeur. En principe,le partage
des responsabilités devrait donc se faire à part égale. Entre ces deux options, trop
schématiques, une place existe pour une analyse plus fine des responsabilités entre
vendeurs successifs. Un partage décroissant permettrait par exemple de prendre en compte
à la fois la logique de causalité successive, la dynamique contractuelle qui implique que
chaque acquéreur, devenu vendeur, peut reprocher à son propre vendeur une inexécution
contractuelle et le fait qu'intuitivement, le manquement contractuel initial est le plus « causal
» en ce qu'il est celui qui s'est répercuté dans la chaîne des ventes. L'analyse causale des
manquements contractuels à l'origine d'un dommage subi par le sous-acquéreur est
d'ailleurs une piste de répartition des responsabilités entre co-responsables non fautifs
Par ailleurs, la faute dans la revente, propre aux garanties (éviction et vices cachés)
manifestée par la revente d'un bien en connaissance du vice ou d'un motif d'éviction de
l'acheteur, vient perturber largement la répartition de principe. Il a été mis en évidence en
effet que par principe, cette faute dans la revente prive le revendeur de tout recours contre
son propre vendeur.
Cette déchéance peut être considérée comme totale au regard des solutions
jurisprudentielles les plus nombreuses. Or, cette solution pêche elle aussi par son caractère
systématique.
Cas des jurisprudence :
CHAÎNES DE CONTRATS HÉTÉROGÈNES :
La suite de contrats se compose d'opérations différentes. Par exemple, un contrat de vente
de tuiles est conclu entre un fabricant et un entrepreneur ; un contrat de construction d'une
maison est passé entre le même entrepreneur et un maître de l'ouvrage. Les différents
contrats n'ont pas la même nature juridique,
mais ouvrent droit, pour la personne située au bout de la chaîne et dernier intéressé, à
l’action directe contre le fabricant (en cas de vice caché ou de défaut de conformité).. Cette
jurisprudence, aujourd'hui systématisée, est propre aux contrats translatifs et s'explique par
l'idée d'accessoire ou d'intuitus rei. Ainsi, la Cour de cassation a admis qu'une clause de
non-garantie opposable par un vendeur intermédiaire à son propre acquéreur ne peut faire
obstacle à l'action de l'acquéreur final contre le vendeur originaire (Cass. 3° civ., 16 nov.
2005 :Bull. civ. 2005, III, n° 222).
Ou (Vente + Entreprise ou Entreprise + Vente) : l'action du maître de l'ouvrage contre le
vendeur de son entrepreneur est contractuelle (Ass. plén. 7 févr. 1986, n° 84-15189) ;
l'action de l'acquéreur contre l'entrepreneur de son vendeur est contractuelle (Civ. 3°, 12
juill. 2018, n° 17-20627).
Ainsi, le maître de l'ouvrage jouit de tous les droits et actions attachés à la chose qui
appartenait à son auteur, tel que l'action en garantie des vices cachés ou celle fondée sur la
non-conformité de la chose livrée à l'entrepreneur.
Logiquement, l'entrepreneur principal exerce aussi une action contractuelle directe contre le
fournisseur de son sous-traitant et vendeur intermédiaire (Civ. 3°, 26 nov. 2014, n° 13-
22067). En outre, les actions contractuelles attachées à l'immeuble sont transmises aux
acquéreurs successifs, ce qui leur permet d'invoquer la faute dolosive du constructeur
même si la garantie décennale est forclose.
En revanche, s'agissant d'une chaîne de contrats non translatifs de propriété
(Entreprise + Entreprise), l'action du maître de l'ouvrage contre le sous-traitant est
extracontractuelle (Ass. plén. 12 juill. 1991, Besse, n° 90-13602). Il en va de même de
l'action du maître de l'ouvrage contre le fournisseur du sous-traitant (Civ. 3°, 28 nov. 2001,
n° 00-13559 : Vente + Entreprise + Entreprise), alors que l'action de l'entrepreneur contre le
vendeur du sous-traitant est contractuelle (Com. 8 mars 2017, n° 15-15132).
B. Le régime de l'action directe en responsabilité
L'action directe permet d'exercer les droits et actions transmis avec la chose.
Or, l'auteur ne peut transmettre plus de droits qu'il n'en dispose lui-même (Nemo plus juris),
si bien que le défendeur peut invoquer toutes les exceptions fondées sur le contrat qu'il a
conclu. Il peut invoquer les clauses limitatives de sa responsabilité contractuelle (Civ. 1", 7
juin 1995, n° 93-13898 ; Com. 8 mars 2017, n° 15-15132). Si le sous-acquéreur exerce
l'action rédhibitoire (de son auteur), le vendeur originaire ne peut être tenu de restituer
davantage qu'il n'a reçu (Civ. 1r, 27 janv. 1993, n° 91-11302). Suivant la même logique, le
sous-acquéreur ayant la qualité de consommateur ne dispose contre l'importateur d'aucune
action directe fondée sur la garantie légale de conformité de l'article L. 217-4 du code de la
consommation (Civ. 1", 6 juin 2018, n° 17-10553).
En revanche, le défendeur ne peut invoquer les exceptions tirées du contrat conclu par le
sous-acquéreur. Ainsi, la clause de non-garantie stipulé dans le contrat conclu entre le
vendeur intermédiaire et le sous-acquéreur ne fait pas obstacle à l'action directe de ce
dernier contre le vendeur originaire (Civ. 3°,
22juin 2011,7 08-21804).
RESPONSABILITÉ EN CAS DES PRODUITS DÉFECTUEUX
La spécificité de la responsabilité du fait des produits défectueux, conduit à reconnaître, en
matière de chaînes de vente, l'existence d'une opposition entre la répartition de la charge
indemnitaire du dommage lié à la non-conformité du bien au contrat et celle relative au
défaut de sécurité du bien. En effet, le premier pourra in fine faire l'objet d'une répartition
entre tous les vendeurs par le jeu des actions récursoires. De plus, c'est le vendeur
immédiat (vendeur final) qui répond seul de la non-conformité. Par ailleurs, si la garantie des
vices cachés tend aujourd'hui à une responsabilité privilégiant le vendeur initial, cela
s'explique en grande partie par l'évolution qu'a connue l'article 1645 du Code civil. En tout
état de cause, les actions rédhibitoires et estimatoires sont de nature à peser sur le seul
vendeur immédiat. Seule la mauvaise foi effective du vendeur pourra conduire à lui
appliquer des règles de répartition dérogatoires. Ainsi, l'apparition de la responsabilité du fait
des produits, qui a sa propre clé de répartition (focalisation sur le producteur), corrobore la
dichotomie structurante du droit de la responsabilité entre le dommage économique et le
dommage corporel ou plus largement les atteintes à la sécurité du contractant. Quant aux
évolutions affectant la seule action en responsabilité du fait des produits, telle qu'elle a été
conçue par le législateur de l'Union européenne et transposée en droit interne, puis
interprétée tant par le juge européen que par la Cour de cassation, il convient de relever un
paradoxe. L'extension ultime du domaine d'application de la responsabilité du fait des
produits défectueux aux dommages causés à des biens destinés à l'usage professionnel
aboutit à une meilleure protection de la victime professionnelle que la victime profane. En
effet, l'application des articles 1245 et suivants du Code civil aux biens à usage
professionnel, alors que la directive ne le prévoit pas, conduit à offrir aux professionnels
victimes une voie d'indemnisation supplémentaire, qui s'ajoute aux voies classiques
(garantie des vices ou obligation de délivrance 1067). Ainsi, les professionnels victimes de
dommages n'ont pas à craindre l'« effet pervers » 1068 de l'application de la responsabilité
du fait des produits défectueux qui a conduit à l'inverse à réduire le champ des actions
offertes aux particuliers victimes. De plus, la responsabilité du fait des produits présente
certains avantages pour les victimes de dommages, en particulier s'agissant des règles de
prescription. L'arrêt rendu par la Cour de cassation le 1e juillet 2015 présente une excellente
illustration du jeu des règles de prescription. En l'espèce, l'action en garantie des vices
cachés était prescrite, ce qui a conduit le Club des vignerons à rechercher une
responsabilité du producteur sur le terrain de la responsabilité du fait des produits
défectueux. En effet, l'action en garantie des vices cachés prévoit un point de départ flottant
et se prescrit « dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice » 1069. En
l'espèce, le défaut affectant les bouteilles était découvert dès 2005, alors que la première
action en garantie des vices n'était exercée qu'en 2012. L'action en garantie des vices
cachés était donc bien prescrite. A contrario, la responsabilité du fait des produits prévoit un
délai de forclusion fixé à dix ans après la mise en circulation du produit (art. 1245-15, C. civ.)
et un délai de prescription de trois ans après la découverte du dommage,
Le principe en matière de chaînes contractuelles, la responsabilité du producteur d'un
produit défectueux peut être engagée même s'il n'est pas directement lié par un contrat avec
la victime.
Le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit.
La responsabilité du producteur peut être engagée même s'il n'a pas de contrat direct avec
la victime.
• Par exemple, si un fabricant vend un produit défectueux à un vendeur intermédiaire, qui à
son tour le vend à un acheteur final, la responsabilité du producteur peut être recherchée
par l'acheteur final, même s'il n'a pas de contrat direct avec le producteur.
Dans ce cas, la victime peut engager la responsabilité du producteur sur le fondement de la
responsabilité du fait des produits défectueux, ainsi que sur le fondement de la garantie des
vices cachés
Cette responsabilité est de plein droit, ce qui signifie qu'il est automatiquement responsable,
sauf s'il peut prouver certaines exceptions .