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LA CULTURE TOUPOURI

HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN

Présentateur Modérateur
DJODA Elie BELGA Simon

GLCT/EFLC Yaoundé, le 25 Juillet 2021

1
LA CULTURE TOUPOURI
HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN

PLAN DE LA REDACTION

INTRODUCTION
I- LA CULTURE TOUPOURI HIER
1- L’homme Toupouri et sa culture : Sources, organisation sociale,
économique, politique, diplomatique…
2- Les aspects de la culture Toupouri
3- Une culture proche de la pratique chrétienne ?

II- LA CULTURE TOUPOURI AUJOURD’HUI


1- Pratiques de la culture Toupouri
2- Menaces à la culture Toupouri

III- LA CULTURE TOUPOURI DEMAIN


1- Intensification des risques à l’identité culturelle Toupouri
2- Nécessité de renforcer l’identité culturelle Toupouri

CONCLUSION

2
INTRODUCTION

Dans le cadre des activités du Groupe de Littérature Chrétienne Toupouri,


il m’a a été demandé de présenter un exposé sur la CULTURE TOUPOURI. Ce
thème m’a paru vaste et complexe pour être traité comme sujet de réflexion et
de débat.
Pour mieux l’aborder et cerner profondément son contour, le modérateur
et moi avons accordé nos violons en le reformulant sous les vocables suivants :
LA CULTURE TOUPOURI HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN.
Dans l’optique de cerner avec plus de clarté ce thème, nous avons proposé
un plan de rédaction qui s’articule sur trois (03) grands chapitres comme
indiqués ci-haut. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il nous a paru opportun
de définir le thème central de l’exposé à savoir le mot CULTURE dans ses
diverses acceptions.
En effet, la culture se définit comme un ensemble des valeurs, d’outils et
méthodes propres à une société ou à un peuple. En tant que valeurs particulières
à cette communauté, la culture met en exergue des outils de production et de
consommation, des modes vestimentaires, des langues et codes de
communication, des attitudes et comportements qui se transmettent d’une
génération humaine à une autre et s’acquièrent par l’éducation dans un cadre
précis (Gaston KELMAN). Autrement dit la culture est au sens africain, ce qui
reste quand on a tout oublié (Joseph Ki-ZERBO). C’est enfin la capacité
d’assimiler, d’accommoder et de s’adapter à son milieu de vie et à son temps en
ajoutant à la nature les produits de la créativité humaine (Jean PIAJET).
A mon humble avis, parler de la culture d’un peuple revient d’une part à
fixer ce peuple dans l’espace et dans le temps (situation géographique, histoire
du peuplement, mouvements migratoires, changements sociaux). D’autre part, il
s’agira de parler de sa langue, de ses rites (initiatiques, agraires, veuvage,

3
purification…), de ses cultes et croyances (religion), de ses célébrations
(naissances, mariages, funérailles et autres fêtes diverses), de son art
(architecture, artisanat, musique, danses, littérature, cuisine, parure, mode
vestimentaire), de ses techniques de production, de transformation, de
consommation, d’échange et de défense, des jeux et loisirs (sports et tourisme),
des traits physiques et moraux caractéristiques des composantes humaines de ce
peuple…

I- LA CULTURE TOUPOURI HIER


1- L’homme Toupouri et sa culture : Sources, organisation sociale,
économique, politique, diplomatique…
Dans le passé, espace-temps que nous avons fixé des origines du peuple
Toupouri à l’aube des indépendances des pays africains, c’est-à-dire du milieu
du XVème siècle au milieu du XXème siècle; la culture Toupouri a bel et bien
existé et s’est illustrée par un ancrage plus ou moins secoué par les guerres
tribales, les trafics d’esclaves et les affres de la colonisation européenne
(allemande et française). De langue Adamawa-Oubangui, le peuple Toupouri
piloté par la dynastie des Doré a développé une vie culturelle authentique en
coopérant pacifiquement avec les Massa et les Kéra, deux groupes ethniques
voisins de langurs tchadiques.
Rappelons que l’élément culturel le plus expressif et commun à ces trois
peuples est le GOURNA, une danses spectaculaire et esthétique, bien connue
pour sa chorégraphie singulière et sa fondation comme une école de vie pour la
jeunesse et les adultes qui la pratiquent. Qui aurait cru que la vache laitière qui
anime le camp des GOURNA donnerait un sens pertinent à cette institution
sociale et déboucherait sur un autre élément culturel emblématique qu’est le
mariage en ce qui concerne la dévolution de la dot ?
L’énergique interview du Lamido de Guidiguis à la CRTV il y a quelques
semaines a remis au goût du jour les caractéristiques fondamentales de la culture

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Toupouri. L’intensité de l’interview et la qualité des termes utilisés par
l’intervenant sont à saluer puisque l’autorité traditionnelle à travers une kyrielle
d’éloges à l’égard des Toupouri a prouvé qu’il collabore bien avec un peuple
dynamique, travailleur, endurant, valeureux, acceptant le mutualisation des
cultures et combattant farouchement la dépravation des mœurs et autres maux
qui minent notre société. Un petit pas dans la pratique culturelle Toupouri du
passé confirmerait que sa majesté ALIOU AMADOU maîtrise parfaitement
notre culture qui est désormais devenue sa culture d’adoption.
En effet, les Toupouri, selon Marcel AFFETE SEBARA (1959) occupaient
à l’origine les terres autour du Mont Illi au Tchad. Ils auraient des liens anciens
avec les Moundang dont la langue est apparentée. La dynastie Doré venant du
Sud du territoire déjà occupé par les Mougouri (Guidamré), les Kéra et les
Gouwa’a a constitué de façon diplomatique avec les premiers occupants une
mosaïque de peuples tout en imposant son hégémonie politico-religieuse.
Dans leurs mouvements migratoires, les composantes Toupouri ainsi
constituées ont rencontré des peuplades d’origine Massa, Muzuk et Moundang
qui ont accepté de s’unir à elles. Dès lors la mosaïque s’est élargie et la langue
Toupouri intégrant des emprunts lexicaux de ces dernières s’est consolidée et est
devenue un élément fédérateur. Population à habitat dispersé, les toupouri sont
d’excellents agriculteurs et éleveurs dans l’ensemble. Ceux vivants dans les
secteurs à bosquets giboyeux, pratiquent la chasse et ceux qui habitent les berges
des cours d’eau pratiquent la pêche. Les clans (lignages), composantes
essentielles de l’ethnie Toupouri sont de type patrilinéaire et pratiquent
l’exogamie. L’habitat de type virilocal est un modèle libéral qui laisse à chaque
chef de famille des pouvoirs consistants dans la conduite des affaires
personnelles. Le pouvoir juridico religieux central est assuré par le Wang Doré.
Toutefois, il délègue une partie de ses pouvoirs aux Chefs de Terres désignés
dans les différents villages. Des devins à l’esprit prophétique assistent les chefs

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religieux dans les différentes consultations des ancêtres et, divinités protectrices
pour des prises clairvoyantes des décisions.

2- Les aspects de la culture Toupouri


A l’instar des Peuls qui, pour définir leur culture font appel à leur cadre de
vie résumé par leur morphologie sémitique, leur langue (Fulfuldé) et leurs
activités pastorales d’une part et à leur code éthique basé sur la prudence, la
patience et la réserve contenu dans le « Poulakou » d’autre part ; par rapport à
quoi peut-on identifier l’homme Toupouri et sa culture ?
D’emblée, la culture Toupouri s’exprime par un code de vie qui met en
exergue les us et les coutumes centrés sur le respect d’autrui, l’acceptation de
l’autre, la soumission au Chef Suprême des Toupouri (WANG DORE » qui
définit la vie politico-religieuse, économique et sociale. La langue Toupouri
vivante et authentique facilite la communication. Les activités quotidiennes
qu’elles soient productives ou artistiques sont inspirées des pratiques vertueuses.
L’outil de production assez rudimentaire dans le passé permettait tout de même
au peuple rompu aux activités agropastorales de tirer l’essentiel de sa
subsistance alimentaire. L’art Toupouri fondé sur l’artisanat usuel et sur
l’architecture d’habitat rustique soutenait bien le cadre matériel de vie. Les
objets de parure, de décoration, de tissage, de tressage, de sculpture, de poterie,
de fonderie (forge), de literie et d’ameublement divers constituaient un
répertoire authentique de l’artisanat local.
Le code de vie Toupouri inculquait aux individus et à la communauté des
vertus cardinales et des attitudes favorables à une vie sociale digne et
responsable. L’accueil des étrangers, l’hospitalité, le partage, l’assistance à
autrui en danger ou en situation de détresse, la solidarité, la défense collective
de l’intégrité territoriale attaquée par des forces du mal, l’union sacrée contre
tous les actes d’aliénation culturelle et de profanation des lieux sacrés
justifiaient au quotidien l’adhésion du peuple à son code éthique. Les garants

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des cultes traditionnels jouaient correctement leur rôle de contrôle des actes
relatifs à la morale publique. A cet effet, les actes déviants à l’instar de la
délinquance, des meurtres, d’adultères, des viols, des vols, de détournement des
biens d’autrui, de sorcellerie et d’outrage étaient sévèrement sanctionnés.
Le pronom personnel « je » fonctionnait en marge du pronom personnel
« nous» qui ramenait à l’ordre toute velléité de grandeur et d’insolence ou de
mépris vis-à-vis des aînés. En un mot, toute pratique discriminatoire et tout acte
d’exclusion sociale étaient dénoncés et sanctionnés.
Les aspects de la culture Toupouri sont multiples et variés.
L’anthropologue Jean KOULANDI leur a consacré tout un volumineux
document intitulé « Quelques aspects de la culture Toupouri» portant
notamment sur le Gourna et autres danses traditionnelles, l’initiation ou
Gounogaye, la naissance et maternité, le mariage, les cultes et croyances, les
rites funéraires et agraires, etc… Il serait fastidieux de revenir sur ce travail
effectué par un spécialiste de grande renommée dans le cadre restreint de cette
étude. J’invite les lecteurs à rechercher et lire ce document qui circule déjà
depuis quelques années sur les réseaux sociaux.

3- Une culture proche de la pratique chrétienne ?


Comme l’écrivain malien AMADOU HAMPATE BÂ a écrit un livre
intitulé : «Jésus vu par un musulman », pour contribuer au dialogue des religions
dans son pays, l’on est en droit d’écrire «Moïse vu par un Toupouri», pour
établir les similitudes entre le Judaïsme d’hier, le christianisme d’aujourd’hui et
la pratique cultuelle (religieuse) Toupouri.
En effet, la vie religieuse Toupouri dans le passé était faite des cultes, des
croyances, des rites et des célébrations commandés par le «Wang Doré», chef
suprême et intercesseur des cultes traditionnels auprès d’un Dieu miséricordieux
autour duquel gravitent des divinités plus ou moins exigeantes. Au rythme des

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saisons, se déroulaient des célébrations familiales et communautaires en
l’honneur de ce dieu adoré par un peuple fervent et vertueux.
Les Toupouri sous la conduite de Wang Doré vivaient dans la crainte de
Dieu (Bah) dans le respect des règles éthiques et morales proches des dix
commandements observés par les juifs sous la conduite de Moïse. Dès lors faut-
il reconnaître que le vol, l’adultère, l’inceste, le meurtre, la sorcellerie, le
mensonge, les faux témoignages, l’atteinte à la pudeur d’un individu, le viol,
bref la violation d’une de ces règles étaient sévèrement punies par les patriarches
gardiens de la communauté. Par ailleurs, les récalcitrants étaient soumis à des
serments et les fautifs découverts subissaient les sanctions proportionnelles à
leurs fautes commises. Aussi faut-il rappeler que les règles de vie religieuses
édictées sous forme de vertus cardinales étaient inculquées aux enfants dès le
bas âge et restaient gravées dans leur mémoire toute leur vie adulte. La paix,
l’amour, le pardon, la réconciliation, la pudeur, l’humilité, la clémence, la
tempérance, l’écoute attentive, le dialogue, l’intégrité, la fraternité, l’hospitalité,
la pudicité, la générosité… (Hébreux 13 : 1-5 ; Jacques 1 ; 26-27) sont des
vertus érigées en règles d’or qui rythmaient la vie religieuse quotidienne. Dans
le passé, des campagnes d’expiation des péchés étaient organisées à l’échelon
communautaire et s’accompagnaient des rites spéciaux visant le renoncement
des iniquités. Des rites de purification étaient également organisés au niveau des
villages ou des familles. Un jour de repos était de temps en temps à autre
décrété par le Chef Suprême des cultes Toupouri et relayé par les garants des
cultes religieux des différents villages. La collecte annuelle des petits ruminants,
en l’occurrence des moutons (Kalkao) par les serviteurs de Wang Doré dans les
villages Toupouri ne s’apparente-t-elle pas à la fête des récoltes ou de
reconnaissance juive ?
Tout compte fait, l’homme Toupouri est un fervent serviteur de Dieu dans
sa tradition séculaire et reste très disposé à exercer le service de sacrificateur. La

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preuve est là. De nombreux fils Toupouri sont de nos jours consacrés Prêtres et
Pasteurs dans diverses dénominations chrétiennes.

II- LA CULTURE TOUPOURI AUJOURD’HUI


De nos jours, la culture Toupouri telle que caractérisée ci-haut par un
modèle de vie charismatique est-elle sauvegardée ? Telle est la question
fondamentale à laquelle nous tenterons de répondre dans ce chapitre.

1- Pratiques de la culture Toupouri


La culture Toupouri se pratique principalement à travers la langue Tupuri
parlée par plus d’un million cinq cent mille (1 500 000) locuteurs du Cameroun,
du Tchad et de la Diaspora. Langue nationale non enseignée dans les écoles
formelles elle est toutefois diffusée quotidiennement dans des émissions
radiophoniques tant au Tchad qu’au Cameroun. Des essais d’enseignement de
cette langue assez dynamique se pratiquent avec beaucoup de succès dans des
institutions informelles (associations culturelles) depuis quelques décennies. Des
revues culturelles se sont engagées il y a de cela quelques décennies à la
promotion de la Langue Tupuri. C’est le cas précis de la revue Ka’Arang qui
publie périodiquement des notes et articles sur la culture Tupuri en mettant un
accent sur des poèmes chants, contes et souvenirs personnels écrit en Tupuri.
L’œuvre de promotion de la langue Tupuri bien connue et appréciée de tous est
la traduction de la Bible en Toupouri par l’Alliance Biblique Camerounaise
(ABC) et ses partenaires internationaux.
La culture Toupouri se pratique également par les chants du GOURNA, une
institution culturelle qui regroupe des danseurs dans un camp autour d’un
troupeau de vaches laitières. Cette institution se rapproche du LIGAM, une
pratique visant l’embonpoint des jeunes gens par la cure de lait avant leur
mariage. Cet embonpoint tant estimé jadis préparait les jeunes à faire face aux
activités des adultes (travaux champêtres, garde des bétails, défense du

9
territoire…). Les chants du Gourma louaient les actes sociaux biens exercés
d’une part. D’autre part, ils critiquaient et mettaient à nu ceux ou celles qui
violaient le code éthique Tupuri…
A propos du GOURNA, Guy GEORGY dans son livre intitulé « Le Petit
Soldat de l’Empire », écrit : « Les Toupouri sont une race magnifique, de haute
taille et de puissante musculature (…). Il n’est pas possible de quitter le pays
Toupouri, surtout quand la saison sèche accablante tire à sa fin sans assister à
la belle fête des danseurs de GOURNA (…). De toutes les manifestations
culturelles des Toupouri, la danse GOURNA est la plus spectaculaire et la plus
admirable (…) » .
Dans la suite de son récit, l’auteur vante sans cesse le GOURNA Toupouri
qui pour lui est une institution culturelle de grande valeur. Le camp de
GOURNA de par les activités qui s’y déroulent est à son avis semblable à un
Centre d’instruction civique, voire un centre de formation militaire où rigueur,
discipline, respect des Chefs et du règlement intérieur sont des règles
fondamentales.
La pratique de la culture Toupouri de nos jours telle que nous l’avons
décrite dans ce chapitre est en perte de vitesse. Secouée par des mouvements
migratoires intempestifs et des mutations sociales vertigineuses, la culture
Toupouri a pratiquement perdu ses repères fondamentaux.
Au-delà d’un cadre matériel de vie en progrès sensible, quoique influencé
par des hostilités environnementales, le cadre sociologique est en pleine
dégradation. Le pouvoir politico-religieux de Wang Doré est en ballotage
défavorable depuis la balkanisation de l’Afrique, ayant pour conséquence directe
la division de son territoire entre le Cameroun et le Tchad. Une telle
bipolarisation du territoire traditionnel Toupouri a affaibli le pouvoir central des
rites et cultes Toupouri et affecté son gigantesque trésor des valeurs éthiques et
morales. Cette situation a exposé notre culture à des menaces terribles que nous
essayons d’identifier dans les pages qui suivent :

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2- Menaces à la culture Toupouri.
Le vent d’acculturation ne cesse d’affecter la culture Toupouri qui se
trouve de nos jours à la croisée des chemins. Les contacts plus au moins rudes
avec d’autres peuples voisins ou lointains ont désagrégé certains éléments de la
langue Toupouri qui ne resiste plus aux emprunts linguistiques. Le modèle de
vie communautaire soucieuse du bien-être de tous et de chacun a cédé les pas à
l’égocentrisme au narcissisme, à la cupidité et à l’imposture.
Les erreurs éducatives et l’assimilation des valeurs culturelles exogènes
ont aggravé la situation et ouvert grandement les portes à des menaces qui se
manifestent par la délinquance, la criminalité, l’alcoolisme, la consommation
des stupéfiants, la prostitution, les violences sexuelles. Le penchant très
prononcé de l’homme Toupouri dépouillé de son code traditionnel de vie l’a
poussé à l’acquisition sans vergogne des biens de luxes et à la commission des
actes pervers tels que les cambriolages, les prises d’otages avec exigence des
rançons, les sectes pernicieuses et les abominations de toutes sortes, (2timothée
3 :1-5). La dépravation des mœurs fouettent au plein cœur la culture Toupouri
ces dernières décennies.
Face à ces dérives socio-culturelles, l’homme Toupouri ne sait plus à quel
saint se vouer pour sauver ce qui reste à préserver de sa riche culture humaniste
du passé.
En d’autres termes quelles actions pouvons-nous envisager pour
sauvegarder notre culture en pleine décrépitude ? Telle est la question à laquelle
nous essayerons de répondre dans la dernière partie de notre exposé.

III- LA CULTURE TOUPOURI DEMAIN

1- Intensification des risques à l’identité culturelle Toupouri.


Quel avenir pour la culture Toupouri ? C’est la question fondamentale que
nous devons nous poser face à la dérive qu’a emprunté notre communauté à

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l’ère de la mondialisation. Le Professeur KOLYANG DINA TAIWE qui a lancé
ce cri d’alarme a essayé de répondre lui-même le 22 Août 2018 lorsqu’il
présentait son exposé sur « L’homme Toupouri face au défi de la conservation
de sa culture et de son développement à l’ère de la mondialisation» à l’INJS de
Yaoundé. Dans son exposé présenté sous forme de diapositives, l’intervenant a
plaidé pour une prise de conscience collective des Toupouri pour la restauration
de leur riche culture en pleine décomposition. Indexant les migrations des
Toupouri vers des localités lointaines et étrangères comme causes de
dégradation de nos mœurs, et coutumes l’éminent Professeur a qualifié ces
migrants comme des nomades inadaptés, navigant à vue et se comportant
comme des géants aux pieds d’argile. Les mesures correctives que l’intervenant
a énumérées portent sur la préservation de la langue Toupouri en contact des
villes, la préservation de nos us et coutumes face aux nouvelles religions, la
lutte contre l’acculturation agissante aggravée par les réseaux sociaux, la lutte
contre l’alcoolisme invétéré des jeunes et des femmes versés dans la débauche.
Le Docteur Jean KOULANDI en 1990 avait commis un opuscule intitulé
« Le Bili Bili et la libération de la femme Toupouri » qui avait déjà soulevé à
l’époque un débat houleux sur les effets pervers de l’alcoolisme en milieu
Toupouri.
Egalement en 1987, j’avais posé un problème similaire dans une réflexion
intitulé «Quel avenir pour le peuple Toupouri ?» L’ouvrage inédit soulevait le
problème de crise d’insertion de la communauté Toupouri dans le monde
moderne. Les points saillants de cette réflexion portaient sur les phénomènes
sociaux régressifs qui occultent notre marche vers le progrès. Il s’agissait entre
autres du drame de l’alcoolisme, des mariages précoces et forcés, de la
sorcellerie, de l’individualisme, de la pauvreté ambiante, des mutations sociales
mal entretenues. Pour atteindre notre objectif de développement durable, la
préservation des éléments positifs de notre culture et une organisation
communautaire dynamique s’avèrent indispensables.

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2- Nécessité de renforcer l’identité culturelle Toupouri
En effet, les différentes interpellations des acteurs culturels sus cités ne
sont pas restées lettres mortes. Des comités de développement et des
associations culturelles se rivalisent d’adresse en pays Toupouri ces dernières
années.
Il suffit de consulter les réseaux sociaux pour se rendre à l’évidence de
cette avancée. A titre illustratif, nous pouvons citer le RADEL (Réseau des
Associations pour le Développement Endogène Local), le festival Gurna de la
Communauté Toupouri, Kéra et Wina, la dynamique Gurna internationale et
plusieurs groupes whatsapp que je ne peux pas citer ici. Des organes de presse
écrite et parlée ont vu le jour et il reste qu’une chaîne de télévision servant de
vitrine à notre peuple entre dans bientôt en action. J’ai proposé il y a de cela
trois mois «GURNA TV» pour cette cause en espérant qu’un promoteur culturel
prenne ce projet en main. Par ailleurs des écrivains et artistes musiciens
prospèrent depuis une trentaine d’années chez nous. Vivement qu’ils soient
soutenus dans leurs œuvres qui honorent bien notre communauté. Pour clore ce
chapitre très vaste et passionnant, l’interpellation récente du Révérend Docteur
NDARWE DJAKBA reste une solution idoine au renforcement de l’identité
culturelle Toupouri et au développement intégral de notre peuple.
En effet, cette interpellation qui porte sur les enjeux de la survie et de
l’émergence du peuple Toupuri dans un environnement socio-politique et
économique contraignant, invite les fils et filles Toupouri à adopter une
stratégie efficace et pragmatique pour impulser l’émergence de notre peuple
dans un contexte mondial concurrentiel.
Pour ce faire, l’auteur nous invite à tourner le dos à l’égoïsme solitaire et
destructif qui est cruel et pernicieux pour notre développement inclusif. Plutôt
devenons-nous opter pour l’égoïsme solidaire et constructif qui est une source
d’émulation saine qui fait avancer le monde. Aussi, devons-nous combattre le
principe de nivellement par la base qui ramène notre communauté à l’instinct
de survie de la masse populaire opposée à toute idée de leadership et

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d’affirmation personnelle. En conclusion, le Révérend Pasteur invite le peuple
Toupouri à une prise de conscience accrue du concept émergence qui, à son
humble avis doit s’incruster dans l’unité spirituelle de la communauté jadis
incarnée par Wang Doré, qui fédérait autour de lui toutes les forces vives des
différents villages dans le respect des autres religions…

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CONCLUSION

Digne, dynamique et responsable hier la culture Toupouri secouée de nos


jours par des forces contraignantes et choquantes, reste toutefois résiliente dans
la voie sinueuse de son développement et de son émergence.
Cependant, son avenir reste incertain quand nous pensons à son
environnement perturbé par les effets pervers de la mondialisation. Oui, le
contexte actuel de globalisation des économies et de village planétaire n’épargne
aucune entité qui cherche à s’affirmer sans se conformer à la marche des plus
forts du monde où la loi de la jungle est la règle et la protection des faibles et
des minorités est l’exception.
Pour survivre dans cet univers virtuel complexe et déshumanisé notre
peuple doit s’enraciner dans sa culture séculaire afin d’être plus harmonieux,
humaniste et performant./-

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BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES DIVERSES

A- LIVRES, THESES ET MEMOIRES


1- FECKOUA Laurent : Les hommes et leurs activités en pays Toupouri du
Tchad. Thèse doctorat de 3ème cycle en géographie, Université de Paris
VIII, 1977, 407 pages.
2- GEORGY Guy : Le Petit Soldat de l’Empire. Edition j’ai Lu. Paris 1992.
3- KELMAN Gaston, Je suis noir et je n’aime pas le manioc. Edition Max
Milo, Normandie, France Mars 2004.
4- PIAGET Jean : La naissance de l’intelligence chez l’enfant. Delachaux
Niestlé, 1975.
5- RUELLAND Suzanne ; Une image Tupuri des Peuls Hier et
aujourd’hui. Edition Karthala, Paris pages 289-309.
6- RUELLAND Suzanne ; Dictionnaire Tupuri Français-Anglais. Paris,
Peeters/SELAF, 343 pages.
7- SEIGNOBOS Christian et TOURNEUX Henri ; Contribution à
l’histoire des Toupouri et de leur langue. In R. Nicolaï (éd).
PEETERS/SELAF. Pages 255-284.

B- EXPOSES, REFLEXIONS, DOCUMENTS ARCHIVES


8- AFFETE SEBARA Marcel : La légende de Doré. Manuscrit, 22 pages
dactylographiées, FIANGA 1959.
9- DJODA Elie : Quel avenir pour le peuple Toupouri ? Manuel inédit, 122
pages, Poli 1987.
- Repères historiques et culturels du peuple Toupouri. Exposé, 55
pages, Poli 1994.
- Langue et culture Toupouri. Exposé, 42 pages, Garoua, 2002.

16
- Rites funéraires et problèmes successoraux. Exposé, 42 pages, Garoua
2002.
- Jeunes chrétiens et déviances culturelles. Exposé 25 pages, PITOA,
2004.
10- KOLYANG DINA TAIWE : L’homme Toupouri face au défi de la
conservation de sa culture et de son développement à l’ère de la
mondialisation - Exposé Diapo, 22 Août 2018, INJS-Yaoundé.
11- KOULANDI Jean : Le Bili Bili et la libération de la femme Toupouri.
Réflexion 22 pages, Garoua, 1990.
- Quelques aspects de la culture Toupouri. Réflexion 90 pages, Garoua
2015
12- Révérend NDARWE DJAKBA : Les enjeux de la survie et de
l’émergence du peuple Toupouri dans un environnement socio-politique et
économique contraignant. Réflexion, Mai 2021.
Toute ma gratitude à Edith Computer situé au Marché Central-
Yaoundé pour sa franche collaboration.

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