En quête d'Histoire

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 En quête d'Histoire
1 re année

Nicole D aron , Françoise D elante ,

Danielle l eclercq , Chantal S touffS , Dominique t oubeau
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© Groupe De Boeck, 2011 2e édition

Rue des Minimes 39, B-1000 Bruxelles
Tous droits réservés pour tous pays.
Même si la loi autorise, moyennant le paiement de redevances (via la société Reprobel, créée à cet effet), la photocopie
de courts extraits dans certains contextes bien déterminés, il reste totalement interdit de reproduire, sous
quelque forme que ce soit, en tout ou en partie, le présent ouvrage. (Loi du 30 juin 1994 relative aux droits
d’auteurs et aux droits voisins, modifiée par la loi du 3 avril 1995, parue au Moniteur du 27 juillet 1994 et mise à
jour au 30 août 2000.)
La reprographie sauvage cause un préjudice grave aux auteurs et aux éditeurs.
Le «photocopillage» tue le livre!

Dépôt légal 2011/0074/372 ISBN 978-2-8041-6690-8

IV
 INTRODUCTION

L’histoire, est-ce ...

un récit, comme quand on te raconte des histoires? Un événement qui

s’est déroulé dans le passé, comme quand tu regardes un film
historique? L’étude d’une évolution, comme lorsque tu étudies la
métamorphose de la chenille? Une science qui étudie les activités
humaines dans le passé?…

Le plus ancien «historien» connu, Hérodote, qui vivait en Grèce au

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Ve siècle avant J.C., a donné ce nom à ses écrits: il les a appelés

«histoires» (au pluriel) ce qui signifie «enquêtes».

Hérodote a beaucoup voyagé dans les pays méditerranéens. Il a

observé, décrit ce qu’il voyait, réfléchi, posé des questions, émis des
hypothèses… En Égypte, il fut ainsi très intrigué par les pyramides:
comment des êtres humains avaient-ils pu construire des monuments
aussi grandioses sans avoir recours aux machines ni aux outils de fer?
Il a interrogé les fonctionnaires, les prêtres, peut-être un architecte…
puis, à partir de ces réponses, il a tenté une explication. Il s’est parfois
trompé – ou on l’a trompé, volontairement ou non. Les pyramides
avaient déjà 2000 ans quand Hérodote les a découvertes. Les
Égyptiens eux-mêmes ne devaient plus se rappeler tous les détails
techniques de la construction. Toutefois, il a essayé d’être honnête
avec les informations qu’il a recueillies.

Toi aussi, tu peux devenir «historien», c’est-à-dire enquêteur.

Comment vivaient les hommes et les femmes aux différentes époques
de l’histoire? Pose-toi des questions, examine les documents qui te
sont proposés, lis les informations fournies par les auteurs de ce
manuel. Compare avec d’autres sources d’informations que tu auras
recherchées et tente d’élaborer des réponses.

V
 Tu enquêtes
Quel est le sujet de
ta recherche?

7. Une technique de taille de plus en plus perfectionnée

1. Fabrication de galets aménagés 2. Taille d’un biface 3. Utilisation des éclats

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Il y a environ 300 000 ans, une nouvelle

technique de taille est utilisée : un ou
plusieurs éclats sont détachés d’un bloc
de silex (appelé le nucleus). Ils sont ens-
uite retaillés pour produire des outils
Il y a 1 million d’années, l’Homme spécialisés. La matière première est ainsi
Tu observes et fabrique un nouvel outil: le biface. Celui- économisée.
ci a la caractéristique d’être taillé des
compares des deux côtés, mais seul un côté est
tranchant. Il a généralement une forme 3B. Éclats détachés
allongée caractéristique.
documents variés.
Les outils les plus anciens ont été décou-
verts en Afrique, à Olduvai (Tanzanie).
Ils remontent à 1,9 million d’années. 2B. Biface
Il s’agit de galets, dont on a retiré des
éclats pour obtenir un côté tranchant.
La partie non taillée reposait dans la
main. Ces outils pouvaient servir à cou-
per et à racler.

1b. Chopping tools en silex et en quartz Éclat détaché d’un bloc de silex, mis au
jour à Saint-Just-en-Chaussée (France).

Le biface: l’outil
multifonctionnel de
Tu lis les légendes Biface retrouvé à Mons (province du
Hainaut). Cet outil, taillé sur les deux préhistoire! la
pour comprendre Galet vieux de 500 000 ans, découvert à
Sprimont (province de Liège). Cet outil
côtés, servait un peu à tout, comme le
canif suisse.
n’a été taillé que d’un seul côté.
les documents.

2 millions 1 million

➔
d’années d’années

homo habilis homo erectus neandertaliens

6 cm = 1 000 000 d’années hommes modernes

Tu trouves dans la rubrique

«Bloc-notes» une idée
importante.

VI
 1 Le mode de vie des hommes pendant la
préhistoire

tes…
Tu découvriras 2 Les premiers écrits : le début de l’histoire
4 enquêtes dans 3 Les Celtes : des sociétés sans écriture ?
ce manuel. 4 Les racines de l’Europe : un métissage de
civilisations

ENQUÊTE 1

La technologie pour
répondre aux besoins!

4. Débitage laminaire 5. Polissage Au paléolithique, les pre-

miers outils sont fabriqués en
enlevant quelques éclats à
une pierre ou un galet afin
Tu lis pour t’informer.
d’obtenir un tranchant. Les
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archéologues les appellent

chopper ou chopping tools.

l’Homme met au point une

technique de taille du silex et
Le polissage consiste à frotter l’objet sur produit le biface. Avec un tel Tu repères les idées
un bloc rocheux en grès. Cette technique outil, il peut réaliser toutes
qui sert à rendre plus tranchant ou
plus pointu est également utilisée pour
sortes de travaux: dépecer importantes grâce aux
un animal, racler des peaux,
réaliser des haches, des herminettes, des
aiguilles en os. creuser le sol...
mots en gras.
Vers 35 000 ans avant J.-C., les éclats Au fil du temps, l’Homme per-
sont devenus des lames, longues, fines fectionne la technique de taille.
et aplaties avec un bord tranchant. Ces
Il débite le silex le plus écono-
lames, de plus en plus efficaces, pour-
ront être emmanchées. miquement possible et en
détache plusieurs éclats ou
plusieurs lames. Chaque mor-
ceau est ensuite façonné afin
d’obtenir l’instrument désiré:
4B. Microlithes
couteau, scie, grattoir, perçoir...
La pierre n’est pas l’unique
mais aussi pointe de sagaie.
Faucille composée de petites pierres tail- matériau utilisé: ils travaillent
lées (microlithes) insérées dans un os et Tailler la pierre n’est pas à la
également le bois de cerf ou
collées avec de la résine portée de tous: seuls les
de renne et l’os.
ouvriers spécialisés en sont
capables.
Poinçon en os décou-
vert place Saint- Au néolithique, l’Homme Tu consultes le lexique
Lambert à Liège,
défriche les forêts pour créer
daté d’environ 5000
avant J.-C. des surfaces cultivables. Pour
pour une explication
cela, il a besoin de nouveaux
outils qui doivent être parti cu-
des mots marqués d’un
lièrement résistants: la hache et
l’herminette*. À la taille, vient
astérisque.
alors s’ajouter le polissage.

Tu situes l’événement
10 000 9 000 8 000 7 000 6000 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 J.C.
sur la ligne du temps.
➔
ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans

1,5 cm = 1 000 ans

Tu consultes la rubrique
rique
«Magazine» pour
en savoir plus.

VII
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 ENQUÊTE 1

Le mode de vie
des hommes pendant
la préhistoire
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Grotte de Lascaux (France), vers 20000 avant notre ère.

?
Comment
vivaient-ils?
Quand sont
Comment
apparus les
arrivaient-ils
premiers hommes?
à survivre?

Pourquoi et comment
ont-ils peint dans
Que faisaient-ils
les grottes?
de leurs morts?

1
 1. Comment la vie est-elle née?

00: 00 05: 00
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- 15 000 000 000 -4 500 000 000 - 4 000 000 000 - 600 000 000
Le Big Bang Les premiers volcans Formation de l’atmosphère Les premiers invertébrés

23: 00 23: 54


-300 000 000 - 200 000 000 / Les dinosaures - 70 000 000
Les premiers amphibiens et les premiers mammifères Les premiers primates

2
 ENQUêTE 1

Retraçons en une journée

l’évolution qui conduit à l’être humain.

Pour comprendre cette page, ramenons les 4,5 milliards

d’années de notre planète à une journée de 24 heures qui
commence à minuit.

00: 00
La terre est née il y a 4,5 milliards d’années. Durant plus d’un
milliard d’années, la vie sera impossible sur notre planète car elle est
bouillante et criblée de nombreux volcans en éruption. Les gaz
émis par ces volcans vont former une atmosphère protectrice et très
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
lentement le climat va s’adoucir.

05: 00
La vie est née dans les océans, sous forme de bactéries, de molécules
et de cellules. En s’unifiant et en se reproduisant, ces cellules vont
devenir des algues et des petits animaux marins.
-480 000 000
Les premiers poissons
23: 00
Effectuons un énorme bond dans le temps. Nous sommes au jurassique:
l’âge des dinosaures. à cette époque, les premiers mammifères
apparaissent.
23: 55
23: 54
Les mammifères ont évolué et ont peuplé la Terre. Ils ont donné
naissance à plusieurs espèces animales. Parmi celles-ci: les primates*.

 23: 55
Les premiers pré-humains! Si nous ramenons la vie de notre planète à
une journée de 24 heures, l’histoire de l’humanité, elle, ne représente
que quelques minutes. La préhistoire* s’étend sur des millions
d’années, l’histoire, seulement sur 5 à 6 mille ans.
-6 000 000
Les premiers pré-humains

3
2. La représentation des hommes et des femmes

4
préhistoriques a bien changé...

4
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 ENQUêTE 1

De la première cellule…

1. On peut encore voir cette statue dans De tout temps, tous les peuples se sont posé des questions fondamen-
le village des Eyzies en France: c’est tales. Aujourd’hui, les sciences et l’archéologie* apportent un nouvel
l’Homme de Neandertal ou de Cro-
magnon tels que se l’imaginaient les éclairage et nous permettent de mieux cerner nos origines.
savants au xıxe siècle.
Des premières formes de vie aux primates ...
2. Pour que le public puisse se représenter
les différents types d’hommes, les musées
actuels proposent des mannequins, La première forme de vie s’est développée dans les océans il y a
correspondant aux reconstitutions faites 3,5 milliards d’années. à partir de ce moment, naissent de nombreux
par les scientifiques à partir des osse- organismes végétaux et animaux. Certains disparaissent et d’autres
ments trouvés.
évoluent. Il y a environ 200 millions d’années, les mammifères se
3. Représentation actuelle d'une jeune multiplient. Ces animaux, dont les femelles ont une reproduction
femme homo sapiens, âgée de 16 ans, vivipare* et allaitent leurs petits, ont la faculté de s’adapter à tous les
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dont les restes ont été découverts, avec milieux et à tous les climats. Parmi les différentes espèces de
ceux de son bébé, dans l’Abri Pataud, sur
une falaise le long de la Vézère (France) ; mammifères, les primates sont les premiers à avoir cinq doigts, dont
cette sculpture est conservée au Musée un, le pouce, s’oppose aux quatre autres. Cette originalité leur permet
situé sur le site. de multiplier les façons de saisir. Présents sur Terre depuis 70 millions
d’années, ils sont la seule espèce de mammifères qui conduit à l’être
4. Les illustrations des livres documentaires
actuels tiennent compte de l’avancement humain.
de la recherche.
Des primates aux êtres humains

L’Abri Pataud Les singes et les hommes ont un ancêtre commun qui aurait vécu il
y a 5 à 10 millions d’années. Par manque d’éléments, les scientifiques
Il s’agit d’un abri sous roche, effondré, ne peuvent dire à quoi ressemble cet ancêtre; ils l’ont donc appelé
situé dans le village des Eyzies (vallée de «le chaînon manquant» ... La préhistoire s’étend des premières traces
la Dordogne, France). humaines sur la Terre jusqu’aux premières traces écrites. Durant cette
à la fin du XIXe siècle, des préhistoriens très longue période, plusieurs millions d’années, les hommes ont
découvrent un bois de renne gravé dans progressivement peuplé notre planète et se sont peu à peu transformés
les parages d’une ferme appartenant à physiquement. La comparaison des différents squelettes humains
un certain Martial Pataud, mais celui-ci retrouvés lors des fouilles archéologiques a permis aux scientifiques de
s’oppose à la poursuite des fouilles. En conclure que les êtres humains sont le résultat d’une longue et lente
1957, une descendante du fermier vend évolution.
l’habitation et ses dépendances. Des
fouilles sont entreprises et mettent au
jour les traces d’une occupation humai-
ne allant de 33 000 à 22 000 ans. Un
million de pièces archéologiques sont L’art et la technique au service de la science
découvertes (sagaies, pierres taillées,
parures, gravures, ossements humains Aujourd’hui, pour reconstituer le plus précisément possible la
et animaux …) dont certaines sont physionomie des hominidés et des premiers humains, les
exposées, depuis 1985, dans un petit paléontologues font appel à des spécialistes en médecine
musée local. Tous les restes humains légale. Des logiciels redessinent les os manquants, les muscles…
retrouvés appartiennent à l’espèce en 3D. à partir de là, un sculpteur modèle un visage, voire un
homo sapiens sapiens (comme corps. L’aspect de la peau, l’implantation des cheveux, la
ceux découverts un peu plus loin couleur des yeux… restent hypothétiques.
sur le site appelé Cro-Magnon).

5
 3. D’où venons-nous?

Singe
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OCéANIE

Australopithèque Homo habilis Homo erectus Homo sapiens Homo sapiens sapiens

• Différents types
hu
succèdent dans le mains se
temps.
• La naissance d’
un
n’entraîne pas néce genre d’hommes
disparition d’un a ssairement la
certains d’entre eu utre puisque
x ont cohabité.
• Il n’existe qu’u
ne seule race
Préhistoire
humaine.
Débuts de
paléolithique néolithique
l'histoire

‘ 6 millions
d’années
5 millions
d’années
4 millions
d’années
3 millions
d’années
2 millions
d’années
1 million
d’années

australopithèques homo habilis homo erectus neandertaliens

3 cm = 1 000 000 d’années hommes modernes

6
 ENQUêTE 1

… à l’être humain

Lucy est-elle notre grand-mère? • Les australopithèques «grands singes du sud» sont considérés
comme des pré-humains. En effet, certaines caractéristiques les dif-
férencient des singes:
- ils commencent à se tenir debout;
- ils ont un cerveau plus développé.
La plus célèbre d’entre eux a été prénommée Lucy. Les
australopithèques sont présents en Afrique depuis environ
6 millions d’années. Suite à un brusque refroidissement
climatique, ils s’éteignent il y a 1 million d’années.

• Les homo habilis sont considérés par les paléontologues* comme

les premiers représentants de la lignée humaine parce que:
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- ils sont complètement bipèdes* et de façon permanente;

- ils sont sans doute les inventeurs du premier outil façonné:
le galet* aménagé.
C'est également en Afrique que les restes de squelette homo habi-
lis les plus anciens ont été retrouvés ; ils sont datés de 2,5 millions
d’années.

• Depuis 1,5 million d’années et jusqu’il y a 250 000 ans, peut-être

même 150 000 ans, des êtres humains du genre homo erectus,
véritables migrants, occupent progressivement l’Afrique, l’Europe
et l’Asie. Ils sont à l’origine d’une véritable révolution: la maîtrise
du feu.

• Les Neandertaliens font partie du genre homo sapiens. Ils vivent

essentiellement en Europe et au Proche-Orient entre 200 000 et
La découverte de Lucy en 1974, en Ethiopie
30 000 avant J.-C.
(Afrique), fut pour les paléontologues* un
événement exceptionnel. C’était la première
fois qu’ils retrouvaient un squelette aussi • Quant à nos ancêtres directs, les homo sapiens sapiens ou
vieux (3,5 millions d’années) dont il reste hommes modernes, ils occupent le Proche-Orient depuis
52 fragments, parfois brisés. De l’étude
du squelette, les chercheurs ont déduit 90 000 ans, et l’Europe seulement depuis 40 000 ans. Peu à peu,
qu’il s’agissait d’une femme, âgée d’une ils peuplent l’ensemble des continents. Pas besoin de reconstitu-
vingtaine d’années et mesurant à peine tion, il suffit de se regarder dans un miroir!
1,10m, qu’elle grimpait encore aux arbres
mais était déjà bipède.

10 000
ans
9 000
ans
8 000
ans
7 000
ans
6 000
ans
5 000
ans
4 000
ans
3 000
ans
2 000
ans
1 000
ans
J.C.
‘
es 1,5 cm = 1 000 ans

7
4. Où et comment les premiers humains s’abritent-ils?

6
OCéANIE
2

5
1

8
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 ENQUêTE 1

Pourquoi cette diversité d’habitats?

à l’heure actuelle, la plus ancienne trace d’habitat a été découverte

sur le site d’Olduvaï en Tanzanie. Elle date de 1,8 million d’années et
est attribuée à l’homo habilis. C’est une découverte exceptionnelle.

En fonction de son mode de vie et de l’environnement (climat, relief,

1. Reconstitution d’un habitat d’homo erectus végétation...), l’Homme a construit des abris fort divers.
mis au jour à Terra Amata près de Nice Si dans certaines régions, les archéologues ont retrouvé des traces
(France) en 1959. Vieux de 400 000 ans, il d’occupation à l’entrée de grottes, les habitations de plein air sont
était entouré de rangées de pierres
soigneusement disposées et de traces de
également très nombreuses.
trous où l’on avait enfoncé des poteaux; à
l’intérieur, des restes de foyer sont encore Nomade* ou semi-nomade, l’Homme cherche à se protéger du vent,
visibles. du froid, de l’humidité et des animaux dangereux dans des abris
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2. Maquette d'une hutte retrouvée à temporaires. Il installe son campement pour quelques semaines ou
Mezhirichi en Ukraine. Elle a été reconsti- quelques mois à proximité des troupeaux sauvages.
tuée avec 385 os de mammouths pesant
à eux seuls 25 tonnes et découverts sur
Avec le temps, l’habitat est de plus en plus élaboré. Il s’organise
place imbriqués les uns dans les autres.
Cet habitat en os mesure près de 5 mètres autour d’un foyer, et est divisé en zones d’activités. Les matériaux
de diamètre et remonte à environ 20 000 utilisés pour ces constructions sont des branchages, des pierres, des
ans. La maquette est conservée à Treignes, peaux ...
au musée du Malgré-Tout.

3. Photo d’une partie du village de Catal Au néolithique*, l’Homme se sédentarise: son habitat devient
Hüyük situé en Anatolie (Turquie). Il permanent. Dans nos régions, afin de se protéger des vents et des
comptait plus de mille habitations en bois intempéries, les habitations sont souvent orientées selon l’axe des
et en briques crues; on circulait dans la
ville par les toits. Ces maisons datent de vents dominants. Généralement, elles sont rectangulaires et divisées
6 000 avant J.-C. Elles se composent en 3 parties: la grange, la pièce d’habitation et l’étable. Certains
d’une grande pièce principale entourée groupes de maisons sont clôturés par une palissade en bois et entourés
de plus petites, le tout couvrant une
d’un fossé comme à Darion (province de Liège) et à Blicquy (province
superficie de 25 m2.
de Hainaut).
4. Reconstitution grandeur nature, au
préhistosite de Ramioul, d’une maison de
Darion (province de Liège) datée de
2000 avant notre ère. Ignorant en
quels matériaux était recouvert le toit,
les archéologues ont émis diverses
hypothèses (roseaux, bois ...).

5. Reconstitution d’une «yourte», tente aux

parois verticales surmontées d’un toit
conique, d’après les traces retrouvées à
Gönnersdorf (Allemagne). Elle remonte à
environ 10 000 ans. (Treignes, musée du
Malgré-Tout).

6. Abri sous roche situé près du Grand Lac

salé en Utah (Etats-Unis) occupé dès
9 000 avant notre ère par des groupes de
chasseurs.

9
5. Des traces de foyers: mais comment produisent-ils le feu?

4
1

10
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 ENQUêTE 1

Pourquoi faire du feu?

1-2-3. Un archéologue reproduit la façon Vers 500 000 avant Jésus-Christ, l’homo erectus domestique le feu.
dont les hommes allumaient du feu Suite à des incendies naturels ou à des éruptions volcaniques, certains
(photos prises au Préhistosite de Ramioul).
hommes ont probablement réussi à conserver et à transporter des
4. On retrouve fréquemment des traces braises.
de foyers, entourés de pierres, et situés
à l’entrée d’un habitat, comme ici à
La maîtrise du feu reste un véritable mystère. Les nombreuses
Pincevent, dans la région parisienne.
Cet habitat était occupé de manière hypothèses s’appuient sur l’observation des techniques utilisées
saisonnière par des chasseurs il y a plus aujourd’hui par des tribus dites primitives.
de 10 000 ans.
- En frappant par hasard du silex* avec de la marcassite*, de la
pyrite*, l’homo erectus aurait pu provoquer des étincelles
incandescentes qui, en tombant sur des petites brindilles sèches,
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auraient provoqué une flamme.

- Il aurait frotté vite et fort deux bouts de bois pour enflammer des
feuilles sèches, des champignons, la moëlle de roseaux.

Le feu, c’est la chaleur qui permet donc aux hommes de résister aux
périodes* glaciaires. Le feu, c’est aussi la lumière. La nuit tombée,
Le climat autour du foyer, les membres de la communauté se retrouvent pour
parler, se raconter des histoires ou peut-être même chanter. Grâce
Au cours du paléolithique, au feu, nos ancêtres peuvent cuire les aliments, durcir la pointe de
l’Europe a connu une alternance l’épieu*, se protéger des animaux sauvages.
de périodes glaciaires et de péri-
odes tempérées. La dernière péri- Sans le feu, la cuisine, l’art pariétal*, la céramique*, la
ode glaciaire a commencé il y a métallurgie... n’auraient jamais vu le jour.
environ 100 000 ans : les forêts
se sont réduites, les prairies se
sont développées et les glaciers
se sont étendus. La glaciation a
été maximale il y a environ En fonction des tr
20 000 ans et a pris fin progres- (charbon de bois, aces découvertes
sivement il y a plus ou moins l’archéologue s’effomarcassite, amadou)
10 000 ans. L’homo sapiens gestes des gens de rce de retrouver les
(Neandertal) et l’homme comprendre commen cette époque pour
moderne ont donc vécu dans
allumaient du feu. t et avec quoi ils
une période glaciaire. Et
L’archéologie expér
aujourd’hui où en sommes-
montré que, contra imentale a cependant
répandue, il est imirement à une idée
nous ? Nos scientifiques

feu avec deux silex!possible de faire du

en discutent !

Maîtriser le feu ch
Le feu va jouer un ange le mode de vie.
dans l’évolution d rôle très important
e l’humanité.

11
 6
5

4
3
6. Le renne, un animal utile

12
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 ENQUêTE 1

L’être humain, prédateur ou producteur?

1. Lampe en grès rose, trouvée dans la Au paléolithique, l’Homme vit à proximité des animaux dont il
grotte de Lascaux (France), datée d’environ connaît bien les habitudes et les déplacements. S’il veut se nourrir, il
15 000 ans avant notre ère. Soigneusement
façonnée, polie puis gravée, elle était ne doit pas perdre de vue son garde-manger. Il va donc se déplacer
remplie d’huile ou de graisse d’où émer- pour chasser et pêcher. Nous n’avons que très peu de traces des
geait une mèche en fibres végétales ou en techniques utilisées par l’homo erectus: seules quelques pointes
crins d’animal.
d’épieux en bois ont été découvertes. La plus vieille date de 300 000
2. Propulseur en bois de renne, daté de ans et a été mise au jour en Angleterre. Ces pointes sont taillées
13 000 ans avant notre ère, retrouvé dans au silex dans le bois, parfois même durcies au feu. Il est probable
une grotte des Pyrénées (le Mas d’Azil en que l’homo erectus utilise également des pièges. Au fil du temps,
Ariège). Le motif du faon se tordant le cou
l’Homme perfectionne et diversifie son équipement de chasse et de
et des deux oiseaux est connu sur d’autres
propulseurs. S’agit-il d’un symbole*? pêche. Il invente la sagaie*, le propulseur*, le harpon*.
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3. Harpons en bois de renne provenant Les chasseurs du paléolithique chassent en groupe. Ils s’organisent,
de la grotte de Bomal (province de
Luxembourg) et datés d’environ 10 000 construisent des pièges, rabattent les animaux, les tuent, dépècent
ans avant notre ère. sur place le gibier abattu, partagent la viande entre les membres de
la communauté. Il existe donc une organisation sociale entre
4. Aiguilles à chas en os. Elles apparaissent
les Hommes de cette époque. à leur menu, on ne trouve pas que
vers 16 000 avant J.-C. Très communes,
elles témoignent de l’habitude de coudre de la viande. Ils se nourrissent également de baies sauvages, de
les vêtements, probablement à l’aide de champignons, de châtaignes, de racines, d’œufs ... qu’ils ramassent
tendons, de crins de cheval, de longs ou qu’ils cueillent.
poils ou de fibres végétales. La pointe
était polie sur une pierre.
Au néolithique, l’Homme continue à chasser; cependant, il com-
5. Les peaux servaient à recouvrir les parois mence à apprivoiser et à domestiquer* des animaux comme le
des tentes de chasseurs. Reconstitution mouton, la chèvre, le porc et le bœuf. En Europe, ce changement
au musée du Malgré-Tout à Treignes.
survient aux alentours de 6000 avant J.-C. Au Proche-Orient, vers
6. Collier retrouvé dans la grotte de Goyet 8 0 0 0 a v a n t
(province de Namur). Il est fait de 13 dents J.-C., l’Homme récolte des céréales sauvages comme le blé et
animales perforées et incisées. On le situe
l’orge. Par la suite, il apprend à les cultiver. Pour cela, il a besoin
entre 16 000 et 10 000 ans avant notre ère.
de nouveaux outils: la houe, la faucille... à cette époque,
apparaissent également de nouvelles techniques: la poterie, le filage
et le tissage. Il faudra presque 3000 ans pour que ces techniques se
Le gaspillage n’existe pas!
diffusent et arrivent en Europe.

Un animal tué ne fournit pas que

de la viande. Les os, les dents, les
bois ou les cornes servent à fabri-
quer des outils, des armes et des
bijoux. La graisse brûle dans les
lampes en pierre. Les peaux sont
à partir du néolit
dépend plus uniqu hique, l’homme ne
travaillées de différentes façons

de la nature: il p ement des ressources

pour obtenir vêtements, couver-
tures, toiles de tentes, outres ... roduit sa nourriture
Les boyaux et les tendons sont .
utilisés pour coudre les peaux,
pour réaliser des colliers ...

13
 7. Une technique de taille de plus en plus perfectionnée

1. Fabrication de galets aménagés 2. Taille d’un biface 3. Utilisation des éclats

Il y a environ 300 000 ans, une nouvelle

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technique de taille est utilisée : un ou

plusieurs éclats sont détachés d’un bloc
de silex (appelé le nucleus). Ils sont ens-
uite retaillés pour produire des outils
Il y a 1 million d’années, l’Homme spécialisés. La matière première est ainsi
fabrique un nouvel outil: le biface. Celui- économisée.
ci a la caractéristique d’être taillé des
deux côtés, mais seul un côté est
tranchant. Il a généralement une forme 3B. éclats détachés
allongée caractéristique.

Les outils les plus anciens ont été décou-

verts en Afrique, à Olduvai (Tanzanie).
Ils remontent à 1,9 million d’années. 2B. Biface
Il s’agit de galets, dont on a retiré des
éclats pour obtenir un côté tranchant.
La partie non taillée reposait dans la
main. Ces outils pouvaient servir à cou-
per et à racler.

1b. Chopping tools en silex et en quartz éclat détaché d’un bloc de silex, mis au
jour à Saint-Just-en-Chaussée (France).

Le biface: l’outil
multifonctionnel de
Biface retrouvé à Mons (province du
préhistoire ! la
Hainaut). Cet outil, taillé sur les deux
Galet vieux de 500 000 ans, découvert à côtés, servait un peu à tout, comme le
Sprimont (province de Liège). Cet outil canif suisse.
n’a été taillé que d’un seul côté.

2 millions 1 million

➔
d’années d’années

homo habilis homo erectus neandertaliens

6 cm = 1 000 000 d’années hommes modernes

14
 ENQUêTE 1

La technologie pour
répondre aux besoins!

4. Débitage laminaire 5. Polissage Au paléolithique, les pre-

miers outils sont fabriqués en
enlevant quelques éclats à
une pierre ou un galet afin
d’obtenir un tranchant. Les
archéologues les appellent
chopper ou chopping tools.
Il y a environ 1 million d'années,
l’Homme met au point une
technique de taille du silex et
Le polissage consiste à frotter l’objet sur produit le biface. Avec un tel
un bloc rocheux en grès. Cette technique outil, il peut réaliser toutes
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qui sert à rendre plus tranchant ou

plus pointu est également utilisée pour
sortes de travaux: dépecer
réaliser des haches, des herminettes, des un animal, racler des peaux,
aiguilles en os. creuser le sol...
Vers 35 000 ans avant J.-C., les éclats Au fil du temps, l’Homme per-
sont devenus des lames, longues, fines fectionne la technique de taille.
et aplaties avec un bord tranchant. Ces
Il débite le silex le plus écono-
lames, de plus en plus efficaces, pour-
ront être emmanchées. miquement possible et en
détache plusieurs éclats ou
plusieurs lames. Chaque mor-
ceau est ensuite façonné afin
d’obtenir l’instrument désiré:
4B. Microlithes
couteau, scie, grattoir, perçoir...
La pierre n’est pas l’unique
mais aussi pointe de sagaie.
Faucille composée de petites pierres tail- matériau utilisé: ils travaillent
lées (microlithes) insérées dans un os et Tailler la pierre n’est pas à la
également le bois de cerf ou
collées avec de la résine portée de tous: seuls les
de renne et l’os.
ouvriers spécialisés en sont
capables.
Poinçon en os décou-
vert place Saint- Au néolithique, l’Homme
Lambert à Liège,
défriche les forêts pour créer
daté d’environ 5000
avant J.-C. des surfaces cultivables. Pour
cela, il a besoin de nouveaux
outils qui doivent être particu-
lièrement résistants: la hache et
l’herminette*. à la taille, vient
alors s’ajouter le polissage.

10 000 9 000 8 000 7 000 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 J.C.

➔
ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans

1,5 cm = 1 000 ans

15
 8. Des croyances, mais lesquelles? En tout cas, les défunts sont honorés ...

1 4
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3
2 5

Comment auraient-ils pu transporter et ériger ce monument de pierre?

6 7

16
 ENQUêTE 1

1. Mégalithes en cercle, Ve millénaire avant Les mystères... de la mort

J.-C., à Stonehenge au S.E. de l’Angleterre.

2. Menhirs dressés en lignes à Carnac en On attribue généralement l’apparition des sépultures* aux
Bretagne (France), datés du IVe millénaire Néandertaliens. Rien n’est moins sûr! Les sépultures les plus anciennes
avant J.-C. mises au jour au Proche-Orient datent de 100 000 ans. En Europe, ce
3. Sépulture de deux enfants retrouvée à
n’est qu’autour de 10 000 ans avant J.-C. que les morts sont systéma-
Grimaldi (Italie) et datée du paléolithique. tiquement inhumés*. Certaines tombes sont individuelles et d’autres
Les nombreux petits coquillages devaient collectives. Les défunts sont déposés dans une fosse, à même le sol,
être cousus sur leurs vêtements. étendus ou recroquevillés ou encore avec les membres légèrement
4. Tumulus* de Bougon (Ouest de la France) pliés. Dans certaines sépultures, les archéologues ont relevé la
érigé vers 4500 avant J.-C. Une entrée présence d’ocre* rouge et d’objets (armes, outils, bijoux...).
mène à la chambre funéraire dont les
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murs de pierre sèche sont recouverts de

Si, grâce à ces vestiges, les archéologues étudient l’évolution physique
terre.
de l’Homme, l’outillage ... , lorsqu’il s’agit d’explorer les domaines des
5. Dolmen de Wéris (province de Luxem- rites*, des croyances, ou de l’organisation sociale, c’est ... mission
bourg), IIIe millénaire avant notre ère. Il impossible! De nombreuses questions restent sans réponse. Les
mesure plus de 10 mètres de long sur
4,60 m de large.
Hommes ont-ils craint les phénomènes naturels? Ont-ils cherché à les
expliquer par l’existence de sources surnaturelles? Croyaient-ils en une
vie dans l’au-delà? à quoi servaient les parures et les outils disposés
aux côtés des défunts...?

Les mégalithes: une énigme

Au néolithique, les mégalithes*, comme des géants de pierre, se

dressent dans le paysage européen. Certains d’entre eux mesurent
plusieurs mètres de haut et pèsent plusieurs tonnes.

• Les menhirs* sont soit isolés, soit alignés ou encore disposés

en cercles. S’agit-il de bornes, de repères dans le paysage,
d’un calendrier astronomique, d’un lieu de culte* ...? à l’heure
Faute de preuves,
n’avons aucune pos d’indices, nous
actuelle, nul ne le sait!
• Les dolmens* sont des tombes collectives dont les parois sont
hypothèses sur les sibilité d’émettre des parfois décorées. Généralement, ces allées de pierres coiffées
ancêtres, leur reprécroyances de nos d’une dalle sont recouvertes de terre: les archéologues appellent
sentation du mond
e... ces ensembles des tumuli.

Il fallait plusieurs dizaines d’hommes pour l’extraction de la

pierre, le transport des mégalithes et l’édification de tels
monuments. Ce qui tend à prouver l’existence d’une vie en
communauté organisée.
6. Essai de déplacement d’une dalle de
couverture de dolmen au Préhistosite de
Ramioul.

7. évocation de l’élévation d’un menhir.

17
 4

6
9. L’art mobilier

18
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 ENQUêTE 1

Les premiers artistes

L’origine de l’art est un des grands mystères de l’évolution humaine.

Le sens du beau apparaît déjà lorsque, au paléolithique*, les
Néandertaliens taillent leurs outils en leur donnant une certaine
symétrie ou qu’ils rapportent dans leurs habitats des fossiles* ou des
coquillages dont la forme leur a plu. Les historiens de l’art classent les
traces du passé en deux catégories: l’art mobilier* et l’art pariétal*.

Les objets les plus anciens de l’art mobilier* sont des éléments de
parure (perles, pendeloques), des statuettes d’animaux ou d’êtres
humains gravées dans l’ivoire. Dans les sépultures d’homo sapiens, les
défunts portent tous des éléments de parure, perles en bois ou en
os, anneaux (aux poignets, aux coudes ou aux chevilles), bagues, dents
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et coquillages formant colliers ou pendentifs... Tous ces bijoux varient

d’une région à l’autre et en fonction de la mode. Comme c’est le cas
dans de nombreuses sociétés, on peut aussi supposer que ces bijoux
marquent l’appartenance à un groupe social, une classe d’âge ou un
7 niveau hiérarchique*.

Parmi les objets de la vie quotidienne, on a découvert des armes et

1. Sculpture en ivoire de mammouth, haute des outils sculptés ou gravés à l’aide d’une pointe en silex. Ces
de 3 cm, trouvée dans une grotte près armes et outils ont servi, car on peut y déceler des traces d’usure. Il
de Brassempouy (France) et datée de s’agit donc pour chacun d’ajouter un élément esthétique à un objet
25 000 ans.
usuel, non pas de créer une oeuvre d’art ...
2. Figurine en terre cuite, trouvée à
Cernavoda (Roumanie), IVe millénaire Les vestiges* retrouvés nous montrent que les homo sapiens ont
avant J.-C. travaillé l’ivoire, la pierre, l’os et le bois de cervidé. Ils ont, peut-être,
3. Statuette en calcaire, découverte à travaillé le bois et la peau mais ces supports périssables n’ont pas
Willendorf en Autriche. Cette “Vénus” résisté au temps.
est caractéristique des représentations
féminines du paléolithique.
Le cycle des saisons, l’alternance de la mort et de la renaissance de la
4. Statue-menhir découverte à Saint-Sernin végétation frappe les esprits. Des milliers de statuettes en terre cuite,
dans l’Aveyron (France), datée du datant du néolithique, représentant des femmes en train d’accoucher,
Ve millénaire avant J.-C. De nombreux
exemplaires ont été retrouvés en Europe.
ont été retrouvées d’une extrémité à l’autre de l’Europe. Déesses-
S’agit-il de dieux ou de héros ? mères, déesses de la fertilité ? Sont-elles les représentations de scènes
de vie ou sont-elles des symboles ? Elles ont souvent les hanches, le
5. Pots en céramique retrouvés à Omal
(Belgique), décorés de “rubans” très ventre et les seins très développés, alors que leur visage et leurs mem-
caractéristiques. bres sont peu marqués. C’est pourquoi elles sont considérées par les
archéologues comme des représentations symboliques de la fécondité.
6. Paniers en osier remarquablement bien
conservés provenant de la région de Nous ne pourrons jamais le savoir avec certitude.
Grenade (Espagne). La vannerie serait
apparue vers la fin du néolithique. Les fouilles ont aussi mis au jour de nombreux objets usuels décorés.
7. Plantureuse déesse mère découverte à Les poteries, en particulier, nous informent sur ceux qui les ont produi-
Catal Hüyük (Turquie) et datée de tes. Les motifs sont propres à un groupe donné et à une période par-
6250 - 5400 avant J.-C. Haute de ticulière.
16,5 cm, elle est assise dans un fauteuil
dont les bras sont des félins. Elle donne
naissance à un enfant.

19
 4

6
10. L’art pariétal

20
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 ENQUêTE 1

1. Chevaux peints il y a plus de 10 000 ans L'art pariétal* débuterait il y a plus de 30 000 ans, les Hommes
dans la grotte de Pech-Merle (sud-ouest modernes ont peint et gravé les parois des grottes. Ces grottes ornées
de la France). Que signifient les mains et
existent partout dans le monde. Rien qu’en Europe, on en a découvert
les signes?
plus de 150 jusqu’à présent, comme à Lascaux en France ou Altamira
2. Lionnes peintes dans la grotte Chauvet en en Espagne. Dans d’autres pays, comme au Portugal, ce sont des
Ardèche (France). Découvertes en 1994, parois rocheuses à l’air libre qui ont été peintes ou gravées. On parle
elles datent de 32 000 ans.
alors d’art rupestre.
3. Points et figures géométriques peints
dans la grotte d’El Castillo (Espagne). Les sujets représentés le plus souvent dans l’art pariétal sont surtout
Mais quelle en est la signification? des animaux: lions, chevaux, bisons, cerfs, mammouths, rhinocéros.
Si les êtres humains sont rarement représentés, beaucoup de mains
4. Jeunes femmes peintes sur un rocher
dans le Tassili (Algérie), datées d’il y a
sont peintes. Pour signer? Pour évoquer le chasseur? Pour une autre
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3000 ans. raison...? Il y a aussi des signes abstraits (points, lignes, rectangles,
cercles...) dont on ne connaît pas la signification. Néanmoins, la
5. Girafes peintes sur une paroi rocheuse répétition de ces dessins, leur combinaison et leur organisation dans
(Sahara occidental). Elles attestent un
l’espace témoignent d’une pensée cohérente. Ils sont porteurs de
Sahara encore verdoyant.
signification et ne sont pas le fruit du hasard.
6. Scènes d’agriculture et d’élevage gravées
sur des roches en plein air à Val Camonica Ces peintures se situent souvent en hauteur et au fond des grottes.
(Italie). C’est pourquoi, leurs auteurs ont dû s’éclairer, probablement en se
servant d’une lampe à graisse, comme celle retrouvée à Lascaux. Pour
atteindre le haut des parois et les plafonds, ils ont donc dû construire
des échafaudages. Les teintures utilisées sont fabriquées à l’aide de
colorants naturels (ocre, charbon de bois ...); ils les étendent à l’aide
de leurs doigts, de pinceaux en fibres végétales ou en poils d’animaux
ou encore ils les projettent à l’aide de petits «tubes».

Pourquoi ces hommes et ces femmes se sont-ils enfoncés dans

l’obscurité et la profondeur de certaines grottes pour en peindre ou en
graver les parois? Nous l’ignorons complètement. Certains y voient
La préhistoire est l’expression d’un art sacré, peut-être secret et réservé à quelques-uns.
extrêmement longue.une période
millions d’années Il a fallu des Au néolithique, les Hommes abandonnent les profondeurs des
notre anatomie, nopour que se constituent grottes pour pratiquer leur art sur des rochers de plein air, des dalles
croyances, nos pen tre langage, nos en pierre, des stèles* et surtout sur de l’argile cuite.

difficile de compre sées. Il est bien

lointains et d’interpndre ces temps
Le nouveau mode de vie, basé sur la production, influence l’art et les

sont parvenues jusq réter les traces qui

croyances. Aux scènes d’élevage s’ajoutent des scènes de chasse; l'être

jour, de nouvelles u’à nous. Chaque

humain est de plus en plus souvent présent.

de nouvelles informdécouvertes apportent Le cycle des saisons, l’alternance de la mort et de la renaissance de la

même, remettent en ations et, parfois végétation frappent les esprits. Des statuettes en terre cuite représen-
cru jusque-là. cause ce qu’on ava
it tent des femmes en train d’accoucher. Déesses de la fertilité? Déesses-
mères? Sont-elles la représentation de scènes de vie ou sont-elles des
symboles? Nous ne pourrons jamais le savoir avec certitude.

Les fouilles ont aussi mis au jour de nombreux objets usuels décorés. Les
poteries, en particulier, nous renseignent sur ceux qui les ont produites.
Les motifs sont propres à un groupe donné et à une période particulière.

21
 Discussion

En 1859, Charles Darwin, un natura-

liste anglais, publiait ses travaux
sur l’origine des espèces. Il y décrit
l’évolution et la sélection naturelle
de la faune et de la flore. Cet
ouvrage crée le scandale, parce qu’il
va à l’encontre de ce que décrit la
Bible sur la création de l’Homme. En
effet, Darwin place l’Homme au
niveau de l’animal et le fait même
descendre du singe!
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En 1830, Ph. Ch. Schmerling, un

médecin liégeois, découvre dans
plusieurs grottes des bords de
Meuse, des restes de Néander-
taliens. Il prend conscience qu’il
s’agit d’une espèce humaine
très ancienne, différente de la nôtre.
Mais il hésite à parler de ses
découvertes…

En fonction des époques, des

croyances, de l’avancement de la
recherche et de ses propres habitu-
des de vie…, l’image qu’on se fait de
l’Homme préhistorique évolue.

Voici comment un manuel de 1958

présente son mode de vie.

Extrait de Hébette L'histoire par la méthode active et concrète, Wesmael-Charlier, 1958.

Ce questionnaire se rapporte à trois gravures dont

seule la troisième vous est ici présentée.

À vous maintenant de critiquer cet extrait

de manuel à la fois sur le plan scientifique
(que sait-on aujourd’hui?) et sur le plan des
stéréotypes.

22
 ENQUÊTE 2

Les premiers écrits :

le début
de l’histoire
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Tablette en calcaire,
écriture pictographique.
Fin du IVe millénaire avant
J.-C., Mésopotamie (Irak)

?
À quoi vont Pourquoi l’homme
servir les écrits? veut-il écrire?

Un signe, un dessin, Et quand il n’y a pas

est-ce une écriture? d’alphabet?

Comment
apprend-on à Y a-t-il des écoles?
écrire? Si oui, où sont-elles?

23
 7
6
5
1. Que nous révèlent ces traces?

4
1

24
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 ENQUêTE 2

L’écrit… un outil pour faciliter la communication

1. Bulle-enveloppe en argile marquée de Au néolithique, avec la sédentarisation, la société s’organise autour de

signes et les calculi qu’elle contenait. la production et des échanges. Au départ, ces échanges sont limités
Fin du IVe millénaire avant J.-C. Suse,
(Iran). dans l’espace, mais bientôt, les relations commerciales se développent
Instruments de comptabilité qui précè- avec des contrées lointaines, et nécessitent la tenue de comptes.
dent l’écriture.
C’est ainsi qu’en Mésopotamie, au IVe millénaire avant J.-C., les Hommes
2. Ostracon* d’une hauteur de 16,4 cm. inventent les calculi modelés dans de l’argile. Ces sortes de billes sont
daté du XIIIe s. avant J.-C.
En Égypte, pour écrire, on n’a pas toujours enfermées dans des enveloppes de glaise scellées. Elles représentent la
du papyrus sous la main. Lorsqu’on veut quantité de denrées qui doivent être fournies, vendues ou achetées.
prendre des notes rapidement un tesson
de poterie ou un éclat de calcaire fait Par la suite, les Sumériens, habitants les plus anciens du sud de
l’affaire. Ces quelques lignes sont écrites la Mésopotamie, mettent au point un système de signes: les
par un habitant de Deir el-Medineh à un
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artisan Nakhtamon: “Veuille me faire pictogrammes*. Ces derniers leur permettent de noter la nature des
quatre fenêtres très exactement de ce marchandises, de comptabiliser les têtes de bétail ou les sacs de grains.
modèle. Dépêche-toi!” Les différentes informations sont gravées à l’aide d’un calame, un
roseau taillé, sur des tablettes d’argile humide et malléable, qui sont
3. Clou de fondation, figurine en cuivre
d’une hauteur de 25 cm. Découverte à Ur ensuite séchées au soleil.
en Mésopotamie. Datée de la fin du
IIIe millénaire avant J.-C. (Musée du Au fil du temps, les pictogrammes évoluent et subissent une série de
Louvre, Paris). transformations qui aboutissent à l’écriture cunéiforme*: les courbes
disparaissent et sont remplacées par des lignes droites et des triangles.
4. Hiéroglyphes peints sur la paroi du tom-
beau du pharaon Ramsès IX, XIIe siècle D’abord utilisée comme un outil économique, cette écriture est
avant J.-C. progressivement employée pour consigner les lois, inscrire les ordres
militaires et relater les mythes*. Entre le IVe millénaire avant J.-C. et le
5. Papyrus* phénicien retrouvé à Malte,
début de l’ère chrétienne, les divers peuples du Proche-Orient qui vivent
datant de l'antiquité.
dans les territoires situés entre la mer Noire, le golfe Persique et la mer
6. Plaque en or couverte d’écriture cunéi- Rouge, ont recours aux caractères cunéiformes pour écrire leur langue.
forme. Découverte en Mésopotamie et
datée du IIIe millénaire avant J.-C. (Musée À la même époque, les Égyptiens utilisent leurs propres formes
du Louvre, Paris).
d’écriture. Les hiéroglyphes* sont réservés à un usage sacré. On les
7. Palette de scribe au nom de Toutank- retrouve principalement sur des stèles*, les murs des temples et des
hamon. Rangés dans une cavité aména- tombeaux et sur des papyrus religieux. L’écriture hiéroglyphique com-
gée au centre du plumier, les calames* prend 700 signes de base et plus de 7000 variantes de signes combinés.
servaient à tracer les caractères hiéro-
glyphiques ou hiératiques. Elle demande donc un très long et difficile apprentissage. Pour tenir les
(vers -1500/-1200.) livres de comptes, remplir les registres et échanger de la correspondan-
ce, les scribes utilisent une graphie simplifiée: l’écriture hiératique*.

En échange de bois, les Égyptiens

fournissent aux Phéniciens du
papyrus. Malheureusement, ce « Avec les codes éc
support résiste très mal au climat l’histoire. Des cod rits commence
humide de la Phénicie. À ce jour, s’échelonnent dans es différents
seuls deux papyrus écrits en L’histoire commen le temps et l’espace.
phénicien ont été retrouvés, un différents selon lesce donc à des moments
en Égypte et l’autre à Malte.
fait, d’où vient no endroits. Mais en
tre alphabet ? »

25
 2. Où et quand situer les premières écritures déchiffrées?
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Il y a 2000 ans, avec la fin de

l’ancienne Égypte, les hiéroglyp- B
hes disparaissent. Durant des siè-
cles, la complexité de l’écriture
hiéroglyphique représente un
véritable casse-tête pour les
savants. Impossible de la décryp-
ter! En 1882, le savant français, C
Jean-François CHAMPOLLION, y
parvient grâce à la pierre de
Rosette.

-3000 -2500 -2000 -1500


26
 ENQUêTE 2

1. Sceau cylindrique en calcaire provenant de À la fin du IIe millénaire avant J.-C., les Phéniciens créent un alphabet
Mésopotamie daté du IVe millénaire avant de 22 signes qui représentent les consonnes. C’est une évolution impor-
J.-C. L'empreinte sur l'argile représente la
tante dans l’histoire de l’écrit. Grâce à cette écriture alphabétique, le
rentrée d'un troupeau de bovidés. (Musée
de Bagdad). savoir, jusque-là réservé à une minorité de la population, va se répandre
plus facilement et être accessible à un plus grand nombre de personnes.
2. La pierre de Rosette présente le même
texte en trois écritures différentes.
C’est cet alphabet qui est l’ancêtre de tous ceux utilisés actuellement
A. Écriture hiéroglyphique
B. Écriture hiératique dans le monde: l’arabe, le cyrillique, l’hébraïque, le gaélique, etc.
C. Écriture grecque Chaque peuple a fait évoluer le tracé ou varier le nombre de lettres
Stèle en basalt découverte en 1799 en fonction des nécessités de sa propre langue. Entre le Xe et le
en Égypte et datée de 196 avant J.-C. VIIIe siècle, les Grecs ont introduit les voyelles. Aux alentours du
(hauteur: 1,18 m) (British Museum).
VIIe siècle avant J.-C., les Romains l'empruntent aux Grecs et nous
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3. Carte actuelle représentant le bassin médi- transmettent cet alphabet au Ier siècle.
terranéen et des sites antiques du Proche-
Orient. Les fouilles récentes confirment que c’est dans les vallées du Tigre,
de l’Euphrate puis du Nil que sont conçues et mises en pratique les
premières formes d’écriture.

Echelle: 1 cm = 100 ans

Le Néolithique L’Antiquité

-1250 -1000 -500 -196 J.-C. 500

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3. Ces villes antiques sont-elles semblables aux villes d'aujourd'hui?

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 ENQUêTE 2

L’écrit… un outil pour répondre

aux besoins de la ville

1. Plan de Babylone (VIIe – VIe siècle avant J.-C.) Les premières formes d’écriture coïncident avec la naissance des cen-
d’après les fouilles menées depuis 1851. tres urbains* en Mésopotamie et en Égypte.
2. Soldats américains devant la porte d’Ishtar Proches des terres cultivées, situées aux bords des fleuves et entou-
à Babylone en 2003. rées d’une enceinte*, les premières villes sont organisées autour de
bâtiments publics tels que le palais et le temple. Le palais n’est pas
3. Les ruines de Deir-el-Medineh (Égypte), où
seulement l’habitation du roi ou du pharaon: c’est de là que partent
habitaient les artisans qui construisaient
les tombeaux de la Vallée des Rois. toutes les décisions importantes pour diriger la vie de la population.
Il abrite des services administratifs, des tribunaux, mais aussi des
4. Reconstitution du palais de Nabucho- greniers. Dans ces réserves, sont stockés des matières précieuses, ainsi
donosor II, roi de Babylone entre 604
et 562. Ce palais a été reconstruit au que de nombreux produits comme les céréales et l’huile, qui peuvent
XXe siècle. Les créneaux sont une inventi- être distribués à la population en cas de disette*.
on irakienne. Le temple, lieu de culte, est aussi un centre économique avec des
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ateliers, des boutiques, des entrepôts… C’est là qu’habitent tous ceux

5. Atelier de brasserie en Égypte. Figurines
en bois polychrome remontant à une date qui sont affectés au service du temple: les prêtres, et aussi des paysans
située entre 2040 et 1780 (Musées Royaux et des artisans. C’est une ville dans la ville.
d’Art et d’Histoire de Bruxelles.) La vie urbaine s’articule autour de quartiers artisanaux bien
6. Photo actuelle de la ville de Rouad en séparés des zones d’habitations. Par exemple, afin d’éviter les risques
Syrie, autrefois Arwad en Phénicie. d’incendie, les ateliers des métallurgistes et les fours des potiers sont
Les ports sont protégés des tempêtes par regroupés dans un secteur éloigné. Les rues sont de simples chemins
un cordon rocheux.
de terre damés* par le passage des hommes et des bêtes. Il existe
7. Maquette antique d’une maison citadine cependant quelques rares artères* dallées, comme la voie procession-
en Égypte. nelle* de Babylone en Mésopotamie et certaines rues de Mirgissa et
de Bouhen en Haute Égypte. Au fil du temps, la population s’accroît
De tout temps le passage des et s’installe en dehors des remparts*.
armées endommage les sites. Ici,
la porte d’Ishtar à Babylone, En Phénicie, les villes fondées à partir du IIe millénaire avant J.-C. sont
reconstruite au XXe siècle, a installées soit au bord de la Méditerranée, dans un port naturel,
échappé à la folie des hommes. comme Sidon ou Byblos, soit sur une île proche de la côte, comme
Arwad ou Tyr. De même qu’en Mésopotamie et en Égypte, elles sont
composées de plusieurs quartiers et entourées d’une enceinte. Par
contre, ces villes présentent certaines particularités: les bâtiments ont
Peut-on généraliser ? plusieurs étages et les sanctuaires*, édifiés à ciel ouvert, sont situés
à l’extérieur des villes, généralement dans la montagne.
Même si les traces archéologiques
sont rares, des fouilles organisées D’abord utilisée comme un outil économique, l’écriture devient
à 13 km au sud de Sidon, ont mis véritablement indispensable pour l’administration des villes et
au jour un quartier artisanal com- l’organisation de la société.
prenant des fours de potiers, des
ateliers de teinture et de métal-
lurgie. L’éloignement de ces
Les fouilles ont m
- des portes, une is au jour:
installations rappelle les mesures
de sécurité prises par les
- des palais enceinte
Mésopotamiens et les Égyptiens
contre d’éventuels incendies. - des temples
Mais est-ce le cas pour toutes - des quartiers
les villes phéniciennes? - des rues …
Nous pouvons don
sommes dans une c en déduire que nous
ville.
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 4. L'eau, source de vie?
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Ordonnance royale du
XVIIe siècle avant J.-C. en
Mésopotamie

“Si quelqu’un a été paresseux pour

1
renforcer la digue de son champ, si
une brèche s’est ouverte dans sa
digue et que, pour cette raison, les
Le rôle des Phéniciens eaux ont emporté la terre fertile,
l’homme responsable compensera
“Tarsis* échangeait avec Tyr toutes la récolte d’orge perdue par sa
sortes de biens en abondance. faute. S’il est incapable de fournir
Les marchands de Tyr en rame- de l’orge, il devra se vendre lui-
naient du fer, de l’argent, de l’étain même ainsi que ses biens.”
et du plomb. Même la Grèce et
l’Asie Mineure faisaient du com- Extrait du code d’Hammourabi. Articles
merce avec cette ville: elles fournis- 53 et 54.
saient des esclaves et des objets de 3 6
bronze.
D’Arménie, [les Phéniciens] rappor-
taient des chevaux et des mulets.
La ville de Damas échangeait de la
laine et du vin contre tout ce que
[les Phéniciens] fabriquaient en
abondance: des étoffes de pour-
pre, des pierres précieuses… […]
Quant au pays d’Israël, il fournissait
[à Tyr] du blé, du millet, de l’huile
et de la résine. L’Arabie lui confiait
le transport de ses agneaux, de
ses béliers, de ses boucs, du
meilleur de ses aromates et des
métaux précieux.”

ÉZECHIEL, XXVII, 12-24 dans La Bible,

Ancien Testament, Le Livre des Prophètes.

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30
 ENQUêTE 2

L’écrit… un outil économique!

1. Le chadouf est un récipient que l’on fixe à Apprivoiser les fleuves

un levier à contrepoids.
Aquarelle d’après une peinture murale
détruite à Thèbes. (Égypte) Alors que la Mésopotamie et l’Égypte sont de vastes étendues déser-
tiques, elles ont essentiellement basé leur économie sur l’agriculture.
2. Ezéchiel était un prophète hébreu du Traversées l’une par le Tigre et l’Euphrate et l’autre par le Nil, ces régi-
VIe siècle avant J.-C. qui vécut à Jérusalem
ons doivent leurs richesses aux crues annuelles de ces fleuves que les
et à Babylone.
habitants ont apprivoisés. Lorsque les eaux débordent, elles déposent
3. Bateau phénicien, bas-relief, palais de du limon* fertile sur les terres. Cet engrais naturel explique, en partie,
Khorsabad (Mésopotamie), VIIe siècle le rendement élevé de leur agriculture. Mais, les crues peuvent aussi
avant J.-C. Transport du bois du Liban le
se montrer dévastatrices. Par contre, à d’autres moments, il faut com-
long de la côte phénicienne.
penser le manque d’eau. Pour régulariser les apports en eau, les agri-
4. Nilomètre, 1er siècle après J.-C., culteurs construisent des digues et des barrages; ils mettent en place
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Eléphantine (Haute Égypte). tout un système de canaux d’irrigation alimentés par des engins
5. Noria actuelle élévatoires. L’accroissement des surfaces cultivées nécessite à la fois
Système d’irrigation utilisé depuis des ces efforts physiques individuels et une gestion collective de l’eau.
millénaires, photographié en Afrique du
Nord.
Si l’agriculture est à la base de leur économie, les Mésopotamiens et
6. Ordonnance royale du XVIIe siècle avant les Égyptiens pratiquent également un commerce prospère.
J.-C. en Mésopotamie. En Mésopotamie, la batellerie s’installe sur les deux fleuves. Fabriqués
avec des roseaux tressés, enduits de bitume*, les bateaux sont d’abord
propulsés à la perche, puis à la rame. Dès le IIIe millénaire avant J.-C.,
la voile fait son apparition.
La Basse Mésopotamie manque de bois, de pierre, de bitume, de
cuivre, de vin, de bétail. Par contre, elle peut exporter des roseaux
pour la construction des maisons, du blé, des dattes. Des textes
décrivent ce commerce fluvial, notamment les échanges, les voyages,
les procès auxquels les accidents donnent lieu… Il existe aussi un
trafic extérieur par caravanes en direction des côtes méditerranéennes
et de la vallée de l’Indus.
En Égypte, les nombreuses richesses du sol et du sous-sol ne suffisent
pas à satisfaire les besoins du pharaon. Les métaux, pour la
fabrication des armes, et le bois, pour la construction des grands
édifices et des embarcations, manquent. Il faut aller les chercher à
l’étranger: au nord-est vers le Proche-Orient, à l’est vers la corne de
l’Afrique et au sud vers la Nubie. Ce commerce extérieur, bien que
contrôlé par le pharaon, est laissé aux marchands étrangers (Hébreux,
Crétois, Phéniciens) qui s’installent dans le delta* du Nil.

L’écriture, un outi
et de formes variée l à usages multiples…
Maîtriser la mer
s.
Les plus audacieux de ces marchands qui n’hésitent pas à se lancer sur
la mer sont les Phéniciens. Ils sillonnent la Méditerranée et fondent des
comptoirs* comme Carthage. Là, ils échangent les produits miniers indi-
gènes contre du bois de cèdre et des produits de leur artisanat: céra-
mique, verrerie, parfums, bijoux, étoffes de pourpre*… Des écrits méso-
potamiens et égyptiens attirent l’attention sur la qualité de leurs
produits.

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 5. Tous égaux?

Un écolier à Sumer.

‘’Ecolier, où es-tu allé depuis ta plus

tendre enfance?
- Je suis allé à l’école.
- Qu’as-tu fait à l’école?
- J’ai récité ma tablette, j’ai pris mon
déjeuner [...] puis, on m’a indiqué
ma récitation et, dans l’après-midi,
on m’a indiqué mon exercice
d’écriture. À la fin de la classe, je suis
rentré à la maison, où j’ai trouvé
mon père assis. Je lui ai parlé de
mon exercice d’écriture, puis je lui ai
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récité ma tablette et il a été ravi…

Quand je me suis éveillé tôt le matin,
je me suis tourné vers ma mère et je
lui ai dit: ‘’Donne-moi mon déjeu-
ner, je dois aller à l’école’’. Ma mère
m’a donné deux petits pains et je
me suis mis en route.
À l’école, le surveillant m’a dit:
‘’Pourquoi es-tu en retard?’’ Effrayé
et le cœur battant, je suis allé
3 au-devant de mon maître et je lui ai
fait une respectueuse révérence.
Il m’a battu pour mon retard. Puis,
il m’a puni pour m’être levé en
classe…
Je lui ai montré ma tablette et il m’a
dit: ‘’Ton écriture n’est pas satis-
faisante.’’ J’ai encore reçu le fouet.
1
Vers 1780 avant J.-C. Extrait d’une
tablette d’argile retrouvée dans une
maison à Ur (Mésopotamie).
4 6

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 ENQUêTE 2

1. Stèle en diorite, d’une hauteur de 2,25 m, La situation géographique de leur pays explique l’importance accordée
datée du XVIIIe s. avant J.-C. et découverte à cette activité commerciale. En effet, de faible superficie, la Phénicie
à Suse. La partie supérieure représente le
dieu solaire Shamash (assis) accordant à, s’étend sur une étroite bande côtière, serrée entre les montagnes à
Hammourabi, roi de Babylone le pouvoir l’est et la mer à l’ouest.
de rendre la justice. La partie inférieure Excellents navigateurs, les Phéniciens ont assuré le transport des
écrite en cunéiforme comprend les articles
marchandises pour d’autres pays. Explorateurs intrépides, ils n’ont pas
du code de lois, fixant les sentences
encourues en cas de délit. (Musée du hésité à s’aventurer au-delà du détroit de Gibraltar.
Louvre, Paris.)
La géographie joue donc un rôle de premier plan dans
2. La reine Hatchepsout en Pharaon*. Bas-
l’économie d’un pays. Le développement de l’agriculture et du
relief du temple d’Amon à Karnak.
XVe siècle avant J.-C. commerce est favorisé par la pratique de l’écriture.
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3. Stèle phénicienne découverte à Marsala L’écrit cimente la société

en Sicile, elle date du IIIe - IIe siècle avant
J.-C. Elle représente un prêtre offrant de
l’encens au dieu. Avec l’écriture apparaissent les premières écoles. Ce sont principale-
ment les fils de fonctionnaires ou de dignitaires* qui ont, dès l’âge de
4. Tombe de Ramosé, Thèbes, vers 1375
cinq ou six ans, la possibilité d’accéder à ce difficile apprentissage long
avant J.-C. Chez la plupart des Égyptiens,
le mariage est monogamique. Les senti- de dix à quinze ans. Leurs études terminées, ils occupent la profession
ments des époux transparaissent dans leur de scribes. Ils lisent ou rédigent des ordres et des rapports. Ils dressent
attitude. la comptabilité des impôts, enregistrent tout ce qui entre et sort des
greniers et des entrepôts, ils organisent et surveillent les grands
5. Peinture murale découverte dans la vallée
des rois et datée de 1500 avant J.-C. travaux. Entretenus par l’État, les scribes sont payés en nature: ils
Un scribe et ses assistants mesurent la reçoivent de la nourriture, des vêtements, des matières précieuses ou
superficie du champ à l’aide d’une corde. mieux encore un domaine agricole.
Cela leur permet de calculer la part de
l’impôt sur la récolte.
Les rois exercent une autorité illimitée: ils contrôlent toute l’admi-
6. Un écolier à Sumer. nistration du royaume, font construire des palais et des temples,
occupent une place importante dans les cérémonies religieuses. En cas
de danger, ils conduisent l’armée au combat. Alors qu’en Mésopotamie,
le roi est considéré comme un simple mortel - un intermédiaire entre
les dieux et le peuple -, en Égypte, le pharaon est le successeur des
dieux, destiné à devenir lui aussi un dieu après sa mort.
En Phénicie, par contre, le pouvoir des rois est limité par celui des
riches marchands qui leur imposent parfois ses décisions.

Les prêtres jouent également un rôle très important dans ces sociétés,
ils exercent même une influence sur les ordonnances du roi. Ils assu-
ment des fonctions diverses et hiérarchisées* au sein du
temple et sont placés sous l’autorité d’un grand prêtre. Ils y suivent de
longues études pour acquérir une connaissance parfaite des textes
sacrés, des rites et des sciences sacerdotales*, dont font partie, à cette
époque, l’interprétation des songes, la médecine, la magie,
l’astronomie. Remarquons également que pour ces peuples, les
prêtres ne sont pas des guides spirituels: ils sont les serviteurs des
dieux.

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 Des ouvriers mécontents: Le roi parle
la 1re grève de l’histoire?
“Au cours d’une seule année, j’ai moulé toutes les briques cuites du temple. J’ai
“En la vingt-neuvième année du règne de fait bâtir le temple de l’E-Babbar. (Pendant ces travaux), le salaire de chaque ouvrier
Ramsès III, des ouvriers ont brisé cinq murs fut de deux sila de dattes, deux sila de fromage, deux sila de son de sésame, deux
de la nécropole. sicles d’huile; voilà ce qu’ils reçurent chaque jour en plus de la viande.”
Les ouvriers disaient: “Nous avons faim, et
Entre 1849 et 1843 avant J.-C. Traduction J.-Ph. Wauthier.
nous sommes déjà le 18e jour du mois.” Ils
1 sila = environ 84 centilitres.
s'installèrent dans une partie du temple de
Thoutmosis III. 3 1 sicle = environ 8,5 grammes.

À ce moment, arrivèrent les scribes de la

prison de la nécropole, les deux chefs
d'équipes et les deux chefs de district.
Ils leur crièrent: “Rentrez donc, [reprenez le
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travail]”.
Et ils firent de grands serments en disant:
“Venez, nous avons la parole de Pharaon.
Restez en ce lieu. Passez la nuit dans la
nécropole.”
[Le lendemain], les ouvriers racontèrent:
“Nous avons fait cela car nous avons faim
et soif. Nous n'avons pas de vêtements.
Nous n'avons pas d'huile. Nous n'avons
pas de poisson. Nous n'avons pas de légu-
mes verts. Allez le dire à Pharaon. Allez le
dire aussi à notre supérieur pour qu'il nous
donne les moyens de vivre.”

Extrait du carnet d'un surveillant de la nécropole

de Thèbes, sous le règne de Ramsès III., XIIe siècle
avant J.C.
1 4

Scène au tribunal

“Nourea réclame une esclave en fuite

comme sienne, mais cette esclave porte
une marque attestant son appartenan-
ce à un sanctuaire de la déesse Nanaya.
Nourea s’adresse aux juges: J’ai acheté
cette esclave mais, après s’être enfuie
de chez moi, elle s’est marqué la main
du signe de l’étoile et a écrit sur sa main
“Pour Nanaya’’. Les juges interrogent
l’esclave qui déclare: Avant que Nourea
ne m’ait achetée, mon maître précé-
dent m’avait vouée à Nanaya.
Les juges sont perplexes; ils font appel
à un expert en écriture qui examine la
main de l’esclave. L’expert conclut: La
main porte une ancienne inscription
“Pour Nanaya’’.
Les juges rendent l’esclave au temple et
déboutent Nourea.”

539 avant J.-C.

2 5 Traduction Jean-Philippe Wauthier

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 ENQUêTE 2

1. Papyrus, conservé au Musée de Turin. Tous ces privilégiés* dominent la grande masse des paysans, des
artisans et des esclaves. Les conditions de travail des paysans varient
2. Scène agricole découverte dans la tombe
d’Ounsou dans la Vallée des rois en en fonction de la région où ils habitent. Les terres qu’ils exploitent ne
Égypte. (Musée du Louvre, Paris). XVe siè- leur appartiennent pas. Les nombreuses taxes qu’ils doivent payer leur
cle avant J.-C. laissent à peine de quoi subsister. Pendant la période des crues, ils
participent à la construction de tombeaux, de temples, de villes.
3. Tablette mésopotamienne du XIXe siècle
avant J.-C.
Quant aux artisans, ils sont au service des rois ou des privilégiés en
4. Atelier de charpentier. Égypte et en Mésopotamie. En Phénicie, ils travaillent pour le compte
Maquette de bois peint trouvée dans le
des riches marchands. Tous mènent une vie précaire, car l’ensemble de
tombeau de Méketrê (Égypte).
Datée de 2000 avant. J.-C. leur production revient à la personne qui les emploie.
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5. Scène au tribunal. Tablette mésopotami- Au bas de l’échelle sociale, se trouvent les esclaves. Le plus souvent,
enne datée de 539 avant J.-C.
ce sont des prisonniers de guerre qui sont transformés en esclaves; des
6. Bas-relief du tombeau de Horemheb hommes peuvent aussi temporairement devenir esclaves à la suite
(Égypte). Les prisonniers de guerre étaient d’une condamnation judiciaire ou pour payer une dette. Les enfants
réduits en esclavage ou enrôlés de force.
d’une femme esclave restent esclaves. Le maître a tous les droits sur
XVIIIe siècle avant J.-C.
les esclaves qui lui appartiennent. Il peut éventuellement les louer, les
vendre ou les affranchir*, par exemple en récompense d’un service
rendu.

Dans l’Antiquité, la société est très hiérarchisée. Chaque homme

ou femme y occupe, dès la naissance, une place précise et a un
rôle à y jouer. L’écriture contribue à un meilleur fonctionnement
de la vie administrative, économique et sociale.

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6. Des dieux au service des hommes ou des hommes au service des dieux?

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3
2
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 ENQUêTE 2

Des dieux tout-puissants

1. Ruines du temple du dieu Amon à Karnak Dans l’Antiquité, la plupart des peuples ont une religion polythéiste,
en Haute Égypte. c’est-à-dire qu’ils croient en l’existence de plusieurs dieux. Ces dieux,
Avant d'y entrer, les prêtres prenaient un
bain rituel dans le lac sacré (au premier ils se les représentent à leur image: des femmes ou des hommes, qui
plan). Au cours de cérémonies régulière- ont des enfants et vivent en société. En Égypte, ces dieux sont aussi
ment célébrées, les barques des trois dieux représentés sous une forme animale ou avec un corps d’homme et
adorés à Karnak (Amon, Mout et Montou)
une tête d’animal. Ils partagent les émotions, les sentiments et les
étaient lancées sur le lac.
faiblesses des humains, mais ils sont immortels. Ils détiennent un
2. Statuette phénicienne en bronze représen- pouvoir immense et gouvernent le monde.
tant le dieu Ptah, VIIIe siècle avant J.-C., Les Mésopotamiens et les Phéniciens vivent dans la crainte des dieux:
retrouvée à Cadix en Espagne, conservée
ils les respectent, les servent, mais ne les aiment pas. Par contre, les
au Musée archéologique de Madrid.
Égyptiens les vénèrent, car bienfaisants, leurs dieux sont là pour les
3. Amulette mésopotamienne représentant protéger et veiller à l’équilibre de l’univers.
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le démon Pazuzu. Il est invoqué à des fins Ces peuples nous ont laissé des textes mythologiques qui relatent
bénéfiques, car il a le pouvoir de chasser
d’autres démons. l’origine du monde et mettent en scène des faits concernant les dieux
Au dos de la statuette on peut lire: et les hommes. La mythologie* phénicienne est peu connue, car nous
‘’Je suis Pazuzu, fils de Hanpa. Le roi n’avons pas retrouvé de tels textes.
des mauvais esprits de l’air, qui sort
violemment des montagnes en faisant
rage, c’est moi!’’ VIIIe siècle avant J.-C. Pour rendre hommage à leurs dieux, les hommes édifient des temples.
Chaque temple n’abrite qu’un seul dieu. Cet espace sacré, réservé aux
4. Peinture murale de la tombe de Sennedjem, prêtres, abrite la statue du dieu. Les anciens pensent que le dieu est
XIIIe siècle avant J.-C., située dans le village
réellement présent dans sa “maison” et même dans la statue qui le
artisan de Deir-el-Medineh.
représente. Chaque jour, les prêtres le lavent, le parfument et lui
5. Maquette de la ziggourat de Babylone offrent des boissons et de la nourriture.
édifiée au VIe siècle avant J.-C.

6. Stèle mésopotamienne représentant le De plus, lors des grandes fêtes annuelles, cette statue est promenée
dieu Shamas assis, reconnaissable au en procession au sein de la population.
soleil, IIe millénaire avant J.-C., Musée du
Louvre.
Pour communiquer avec les dieux, les anciens font appel aux devins,
des prêtres qui sont chargés de consulter les oracles* et de les
interpréter. Ils recourent aux exorcistes* pour éloigner les démons.
Pour reconnaître les dieux et
déesses, les peuples antiques
leur attribuent des symboles ou
des attributs, par exemple:
chez les Égyptiens, le dieu
Horus, protecteur de Pharaon,
est représenté avec une tête de
faucon, Anubis, le dieu de
l’embaumement, avec une tête
de chacal, Thot le dieu des scri-
bes, avec une tête d'ibis, Maât
la déesse de la justice porte
une plume sur la tête…
En Mésopotamie, le dieu
Shamash est symbolisé par
un soleil et la déesse Ishtar
par la lune.

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 4

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1

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 ENQUêTE 2

Les hommes face à la mort

1. Dessin de la pierre gravée surmontant la Des tombeaux plus ou moins imposants sont édifiés pour enterrer les
pyramide du pharaon Chéops (début du morts. Cependant, la conception de la mort varie d’un peuple à l’autre.
IIIe millénaire avant J.-C.). Elle représente le
dieu Horus (le faucon) surmonté du disque Si nous connaissons mal l’idée que s’en faisaient les Mésopotamiens
solaire (dieu Amon-Râ). et les Phéniciens, nous sommes bien mieux informés sur la croyance
des Égyptiens: pour eux, l’au-delà se présente comme un paradis,
2. Dessin des pyramides et de l'allée de
“le jardin des bienheureux”. Pour que le défunt y accède, il faut
Gizeh.
absolument que son corps soit conservé par la momification. L’âme
3. Une défunte est amenée devant le tribu- doit pouvoir habiter ce corps pour que le mort renaisse à une autre vie.
nal d’Osiris avant de soumettre son âme Cette pratique est décrite dans un papyrus, appelé le “livre des morts”
à la pesée. Livre des morts.
déposé avec la momie, dans un sarcophage.
4. Plan d’une tombe phénicienne retrouvée à Ce dernier est enseveli dans un tombeau, dans lequel sont mis des
Khaldé, près de Beyrouth. Un squelette est provisions, des ustensiles, des meubles, des bijoux et des statuettes
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entouré de nombreux objets funéraires. représentant les parents et les serviteurs du défunt. Des scènes de la
Plan établi par des archéologues.
vie courante sont peintes sur les murs. Un tel cérémonial est le
5. Tombe construite en briques cuites, Tell privilège des classes aisées.
Koshi (Irak), IIe millénaire avant J.-C. À partir du XVIe siècle avant J.-C., les papyrus décrivent le jugement
du défunt en présence du dieu Osiris*. Si le mort a mené une vie juste,
il est conduit au pays des bienheureux; dans le cas contraire, un
monstre le dévore.
Contrairement aux Égyptiens, les Mésopotamiens ne croient pas à une vie
éternelle heureuse. Pour eux, l’au-delà est une région obscure et silen-
cieuse où les âmes des morts connaissent une vie morne et ténébreuse.
Si par malheur, un individu est privé de sépulture*, il peut se transfor-
mer en démon et revenir tourmenter les vivants. C’est pourquoi, les
familles inhument leurs morts avec grand soin.
Les Phéniciens, quant à eux, pensent que la seule éternité possible, en
dehors d’une descendance importante, est celle du souvenir, de la
renommée. Dans l’espoir que le nom de certains défunts soit connu à
jamais, ils ont donc érigé de splendides tombeaux sur lesquels ils ont
fait graver des inscriptions funéraires. Les Phéniciens pratiquent
également l’incinération*: les cendres sont alors déposées dans une
urne qui est enterrée et une stèle perpétue la mémoire du défunt.

Dans l’Antiquité, la religion imprègne la vie quotidienne de tous, de

la naissance à la mort. Elle est la base de l’organisation de la société.

Une religion, c’es

pratiques collectivet un ensemble de croyances et de
• un sentiment re s basées sur trois éléments:
lig
quelque chose au-ieux, le sentiment qu’il existe
le surnaturel, le sadessus du monde visible:
• une façon de se cré;
re
dans des récits, d présenter le monde expliquée
• un comportemen es mythes;
t et des règles à re
specter: le culte.

39
 Ici et ailleurs : que constates-tu ?

EUROPE PROChE-ORIEnt
J.C. J.C.
1er siècle diffusion de l’alphabet
latin dans l’empire romain et
donc chez nous

2e siècle :
agglomérations celtiques en Europe

AntIQUIté
Premières agglomérations en Grèce et Italie
-500 -500
Vers 600 Ecriture latine à Rome
Vers 700 les Etrusques
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adoptent l’alphabet et 900 Alphabet phénicien de

-1000 -1000
le diffusent en Italie 22 lettres
800 Alphabet en Grèce : Premières villes en Phénicie
ajout de voyelles
-1500 -1500

AntIQUIté
-2000 -2000
Utilisation de la roue
en Europe

-2500 -2500

Premiers hiéroglyphes en
néOLIthIQUE

-3000 -3000 Égypte

Écriture pictographique en
Mésopotamie
-3500 -3500 Premières agglomérati-
ons en Mésopotamie
Invention de la roue
-4000 -4000 à Sumer

-4500 -4500
néOLIthIQUE

-5000 -5000

-5500 -5500
PALéOLIthIQUE

-6000 -6000

-6500 -6500
Echelle: 1,5 cm = 500 ans

40
 ENQUÊTE 3

Les Celtes :
des sociétés
sans écriture?
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Reconstitution de la tombe de la
“princesse” de Vix, en Bourgogne,
Ve siècle avant J.-C.
Musée de Châtillon sur Seine
(France).

?
Pourquoi À quoi sert
n’écrivaient-ils pas? ce grand
vase?
A-t-on vraiment
retrouvé tous ces objets Au fait, qui sont
autour de la défunte? les Celtes?

Toutes les tombes

étaient-elles Pourquoi y a-t-il des
comme celle-là? roues à côté du lit?

41
 1. Comment connaissons-nous les Celtes?

Témoignage d’un historien grec

“Les Gaulois habitent des villages non fortifiés et ils n’ont

aucune expérience dans le domaine de l’industrie.
Couchant sur des litières, ne mangeant que de la
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viande, ils ne pratiquent que la guerre et l’élevage,

mènent une vie primitive et ne connaissent ni science ni
art.”

2 POLYBE, IIe siècle avant J.-C.

Témoignage d’un Romain

“Les druides estiment que la religion ne permet pas de

confier à l’écriture la matière de leur enseignement,
alors que pour tout le reste en général, pour les
comptes publics et privés, ils se servent de l’alphabet
grec.”

Jules CESAR, 1er siècle avant J.-C. Guerre des Gaules, T. VI, p. 14

4 7

42
 ENQUêTE 3

1. Dessin reproduisant le document le plus Des peuples peu connus…

ancien en langue celto-étrusque connu à
ce jour; graffiti sur fragment de céramique
du VIe siècle avant J.-C., Lombardie (Italie). À l’époque où les régions du Proche-Orient ont mis au point diverses
formes d’écriture et développé une civilisation urbaine, l’Europe vit
2. Polybe, historien grec, IIe siècle avant toujours comme au néolithique.
J.-C. Est-il bien informé?
Au 1er millénaire avant J.-C., elle est principalement occupée par des
3. Pierre retrouvée à Vaison-la-romaine peuples qui ont des caractéristiques communes: la langue, l’art, les
(France), datée du IIe siècle avant J.-C. croyances, les techniques.
portant une dédicace: Ségomaros, fils de Les Grecs, les premiers, ont nommé Celtes ceux qui vivaient dans
Villonos, citoyen de Nîmes, a offert ce
l’ouest de l’Europe. Les Romains, de leur côté, les appelaient Gaulois.
sanctuaire à Belisama.
Celtes ou Gaulois appartiennent donc à une même civilisation.
4. Calendrier celtique en bronze, IIe siècle,
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retrouvé à Coligny (France), conservé … par des textes rares et parfois peu fiables
au musée de la civilisation gallo-romaine
à Lyon.
Nous disposons de très nombreux vestiges archéologiques qui
5. Stèle funéraire gauloise, gravée de carac- sont autant de témoignages de leur mode de vie. Les archéologues
tères grecs. Musée de Nîmes (France).
ont retrouvé quelques inscriptions, en caractères étrusques ou grecs,
6. Pièce de monnaie en or, 1er siècle avant sur des monnaies, des tessons de poteries ou des monuments. Mais,
J.-C. représentant le chef gaulois, ces écrits très courts ne nous donnent pas beaucoup d’informations
Vercingétorix. sur leur société.
En effet, les Celtes ne nous ont pas laissé de tradition écrite de leur
7. Jules CESAR est un général romain qui a
conquis les Gaules entre 58 et 52 avant propre histoire. Chez eux, l’ensemble des connaissances était transmis
J.-C. oralement par les druides.

Les Celtes ont commencé à utiliser Quelques textes écrits, à partir du VIe siècle avant J.-C., par des
l’écriture au contact des popula- auteurs grecs et romains ont été conservés. Il faut lire ces textes
tions qui la pratiquaient déjà. avec beaucoup de prudence: les Grecs et les Romains nous parlent
Ainsi, par exemple, ils ont utilisé des Celtes avec leurs préjugés. Ils ne les comprennent pas, ils les
l’alphabet grec en se rendant dans considèrent comme des “barbares*”, et même, ils les redoutent, car
des villes grecques (comme les Celtes sont de très bons guerriers.
Massilia, aujourd’hui Marseille)
ou encore, plus tard, l’alphabet L’image que ces auteurs nous ont transmise est surtout influencée par
latin au contact des Romains. deux faits de guerre qui ont laissé longtemps des traces dans la
mémoire collective de leurs peuples respectifs.
Au tout début du IVe siècle avant J.-C., des Celtes venus d’Europe
centrale se sont emparés de Rome, une cité déjà florissante.
Un siècle plus tard, un autre groupe celtique commandé par un
Les Celtes sont d certain Brennus a voulu piller le sanctuaire de Delphes, un des lieux les
Phéniciens, des Gonc contemporains des plus sacrés du monde grec.
des Italiotes qui virecs, des Étrusques et
Méditerranée au Iervaient autour de la D’où viennent-ils?
J .-C . millénaire avant
L’origine des peuples celtes est encore inconnue. Ils ont dû s’installer
Les témoignages éc progressivement çà et là, au cours du 1er millénaire avant J.-C., à des
les Romains sont rits par les Grecs et moments différents selon les régions. De vastes territoires sont disponi-
les découvertes arcen contradiction avec bles pour le défrichement et la mise en culture. À cette époque, comme
héologiques. aujourd’hui, les hommes bougent, les migrations sont fréquentes.

43
 2. Quelles régions peuvent prétendre à des origines celtiques?
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1 4 5 6

-800 -700 -600 -500 -400 -300

➔ Halstatt La Tène

3 cm = 100 ans

44
 ENQUêTE 3

1. Poignée d’épée retrouvée en France, Des peuples, une civilisation commune

IIe siècle avant J.-C.

2. Agrafe de ceinture en bronze retrouvée Au XIXe siècle, dans une localité autrichienne appelée Hallstatt, des
en Allemagne, Ve siècle avant J.C. archéologues mettent au jour près de deux mille tombes contenant,
entre autres choses, des objets en fer.
3. Phalère* en argent retrouvé à Manerbio
(Italie), 1er siècle avant J.-C. Ces sépultures remontent à une période située entre 750 et 450 avant
J.-C. Leur contenu confirme l‘existence de différences sociales
4. Attache d’anse de seau en bronze retrou- marquées. Les “princes” de cette époque, s’enrichissent en faisant du
vée en Angleterre, 1er siècle avant J.-C.
commerce avec les villes méditerranéennes grecques et étrusques.
5. Détail d’un chaudron en argent retrouvé à Pour mieux contrôler les déplacements, ils font construire des
Gundestrup (Danemark), daté du 1er siècle agglomérations, souvent fortifiées, la plupart au sommet de collines.
avant J.-C., représentant le dieu Cernunnos.
Ils dominent une population composée d’artisans spécialisés (potiers,
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6. Petite tête de bronze, poignée d’épée bronziers, forgerons, tisserands…), d’agriculteurs et d’éleveurs.
retrouvée à Stradonice (Tchéquie), 1er
siècle avant J.-C.
Des tribus parfois très mobiles
7. Statue d’Ambiorix sur la place de Tongres
(Limbourg). Réalisée au XIXe siècle. Entre 450 et J.-C., période appelée de “La Tène” (du nom d’un site
Personne ne sait comment était Ambiorix. archéologique suisse), les Celtes entreprennent d’importantes migra-
tions en Europe. Au cours de ces déplacements, ils entrent en contact
Actuellement, plusieurs régions avec d’autres peuples, et cela parfois de manière très violente!
portent des noms très proches: Souvenons-nous de la prise de Rome en 387 avant J.-C. Mais, nous
Galice en Espagne, Galicie en ignorons comment cela s’est passé ailleurs.
Pologne, Galatie en Turquie,
pays de Galles au Royaume- Parties d’Europe centrale, des tribus* celtiques traversent la Manche
Uni. Tous ces noms ont une pour s'établir dans les îles Britanniques. D’autres franchissent les
origine celtique. Pyrénées pour s’arrêter en Espagne, où ils sont connus sous le nom de
Celtibères. D’autres encore passent le Bosphore et s’installent en Asie
Mineure.

Ambiorix, chef des ébu- Le IIIe siècle avant J.C. est la période de leur plus grande
rons, mène la révolte con- expansion en Europe. Les objets retrouvés dans les tombes ont des
tre les Romains en 54 caractéristiques communes, qu’il s’agisse de parures (fibules*, tor-
avant J.-C. et anéantit ques*), d’armes (épées, lances) et surtout de services à boisson. De
toute une légion. même, les vestiges d’agglomérations et d’habitats mis au jour dans
Mais, vaincu dès le toute l’Europe révèlent des techniques de construction similaires.
retour de César, il
disparaît. Les repré- Peu à peu, au cours de leurs conquêtes, les Romains vont s’emparer
sailles sont terribles : de la majeure partie des territoires celtiques.
le territoire est rava-
gé et le peuple À la fin du 1er siècle avant J.-C., les Celtes ont perdu leur indépen-
exterminé. dance, à l’exception de ceux qui vivent au nord des îles Britanniques.
7

-200 -100 J.-C. 52 100 200

Conquête
romaine
➔
45
 4

6
3. Des villes ou des villages?

46
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 ENQUêTE 3

Des agglomérations fortifiées

Lorsque le général romain, Jules César, au 1er siècle avant J.-C.,

conquiert la Gaule, il a besoin pour ses armées de cent tonnes de blé
par jour, sans compter le fourrage pour les bêtes de somme. Ce
1. Dessin représentant une vue aérienne
d’un des quartiers de la ville de Bibracte ravitaillement, il se le procure en quantité suffisante au fur et à
(auj. Mont Beuvray, France). Ici un quar- mesure de la conquête des territoires: la Gaule est riche et aussi
tier artisanal. remarquablement organisée.
2. Dessin représentant la porte du Rebout à
Bibracte. Les créneaux sont une hypo- En effet, chaque peuple a son administration propre et sa capitale.
thèse. César appelle oppidum cette agglomération généralement fortifiée.
Ainsi, Reims est la capitale des Rhèmes, Lutèce celle des Parisii.
Ces deux dessins sont réalisés sur base des
fouilles archéologiques.
Des fouilles ont mis au jour ce type de centres urbains dans toute
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3. Maquette actuelle de la ferme celtique de l’Europe, sur le territoire des actuelles Espagne, Tchéquie, Suisse,
Verberie au Musée grand-ducal de
Allemagne, Grande-Bretagne, France… Leur superficie varie de
Luxembourg.
quelques dizaines à quelques centaines d’hectares: par exemple, Stare
4-5. Intérieur d’une maison celtique recon- Hradisko (en Tchéquie) ne s’étend que sur 40 ha, alors que Bibracte
stitué au musée de Bibracte. (en France) compte 135 ha, et Heindengraben (en Allemagne), 1660
6. Rempart de Bérisménil (près de La Roche,
ha. Dans ces derniers cas, les habitants se comptaient en milliers.
province de Luxembourg) reconstitué en
grandeur nature, par les archéologues de Chacune de ces villes sert à la fois de centre administratif, de
l’Université libre de Bruxelles. centre religieux, de lieu de réunion et de marché. On y stocke
des denrées alimentaires, des céréales, du bétail et des matières
premières de tous genres. On y trouve des quartiers d’artisans, des
ateliers monétaires, des entrepôts, des maisons citadines, des
sanctuaires, mais aussi des enclos pour faire paître le bétail. De plus,
en cas de nécessité, les habitants des environs peuvent s’y réfugier.

Toutes ces agglomérations présentent des caractéristiques communes.

Elles sont entourées d’un rempart dont la technique de construction
est très complexe: elle mêle la terre, le bois et la pierre. Cette large
enceinte est percée de portes et surmontée d’un chemin de ronde. Les
maisons et les ateliers sont alignés le long des rues.

La plupart de ces agglomérations remontent aux deux derniers siècles

avant notre ère.

Dans nos régions, jusqu’à présent,

seuls les vestiges (remparts, portes)
de petites fortifications ont été
retrouvés, comme à Bérisménil,
Cugnon ou étalle, dans la province
de Luxembourg. Nous ignorons si
ces endroits étaient occupés en
permanence.

47
 4. Une société dominée par les hommes?

étonnement de Strabon

[Chez les Celtes] entre les hommes

et les femmes, les travaux ne sont
pas répartis comme chez nous; ce
fait est commun à beaucoup
d’autres peuples parmi les barbares.

Les historiens nous apprennent en

effet que chez les Grecs et les
Romains, seuls les hommes travail-
lent à l’extérieur; les femmes
quant à elles s’occupent de la
gestion de la maison.
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4 7

Le rôle du banquet est très

important dans cette société:
2 de nombreux festins accom-
pagnent tous les moments
importants de la vie sociale.
Du vin est offert aux nom-
breux convives. Des spectacles
sont organisés: musique,
chant, poésie, mais aussi des
joutes.
La participation à ces repas
collectifs renforce
l’appartenance à la com-
3 6 munauté.

48
 ENQUêTE 3

Des sociétés hiérarchisées

1. Strabon est un géographe grec du Ie siècle Chaque peuple celte est autonome. L’organisation de la société varie
avant J.-C. d’un peuple à l’autre et d’une époque à l’autre. Mais, comme celles
2. Statue de pierre d’un chef gaulois avec sa de l’Antiquité, toutes ces sociétés sont hiérarchisées et inégalitaires.
cotte de mailles et son bouclier, Ier siècle
avant J.-C., Vachères (France). Les hommes libres les plus importants sont les druides et les guerriers.
3. Le torque est un signe distinctif d’un rang
social élevé; celui de la “princesse” de Vix, Les druides sont des prêtres, mais aussi des savants, des éducateurs,
au Ve siècle avant J.-C., est constitué de 480 des juges, des conseillers politiques et des ambassadeurs. Ils forment
gr d’or pur. (Musée de Chatillon - France)
une grande confrérie répartie sur l’ensemble des territoires et se
4. Buste en chêne retrouvé au Puy-de- réunissent régulièrement en assemblées. Ils servent de trait d’union
Dôme, Ier siècle après J.-C. Peut-être entre les différents peuples celtes.
s’agissait-il d’une druidesse?
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5. Pièce de monnaie représentant Diviacos, Les guerriers combattent à cheval. Les cavaliers celtes sont réputés.
un druide éduen, érudit et diplomate du Riches, ils possèdent des domaines* plus ou moins grands; de plus, ils
Ier siècle avant J.-C.
contrôlent l’exploitation des mines, la production artisanale et les
6. Stèle représentant une tisserande devant échanges commerciaux. Ils dominent donc les paysans et les artisans.
son métier à tisser. Ils se réunissent pour prendre les décisions politiques et économiques
7. Détail d’une stèle gallo-romaine montrant importantes. À l’époque de Hallstatt, certains d’entre eux sont de
des artisans du bois au travail. Bas-relief véritables “princes” à la tête de ces sociétés.
conservé au musée de Metz.

8. Chaînes d’esclaves retrouvées à Bibracte. Les agriculteurs, les artisans et les commerçants constituent
un autre groupe d’hommes libres mais sans pouvoir de décision.
Ils produisent les biens et assurent la subsistance du reste de la
Les druides enseignent que
population. Les paysans vivent dans de grosses fermes ou dans des
l’âme est immortelle et que l’être
villages souvent fortifiés.
humain peut gagner le paradis
en adoptant une conduite irré-
Les esclaves sont des prisonniers de guerre. Comme chez les autres
prochable. Mais, ils ne sont pas
peuples de l’Antiquité, ils n’ont aucun droit.
seuls à s’occuper de la religion.

Les femmes semblent jouir de droits comparables à ceux des hommes.

À côté d’eux, les bardes sont des
Elles peuvent posséder des biens, exercer une profession, avoir des
personnage sacrés qui exaltent
domestiques. Il arrive même qu’elles occupent un statut élevé, comme
les valeurs guerrières et les actes
la “princesse” de Vix.
des héros dans la mémoire col-
lective et qui les jugent en bien
En l’absence de textes écrits par les Celtes eux-mêmes, il est
ou en mal. Ils chantent ces faits,
difficile de décrire une société si différente de la nôtre.
en jouant de la lyre, pour les gar-
der en mémoire. Leur parole est
sacrée.

Il y aussi les vates qui prédisent

l’avenir en examinant les
entrailles des animaux et les
phénomènes de la nature; de
plus, ils organisent les céré-
monies sacrificielles.

49
 5. Des "métallos" à l'époque celtique?

L’exploitation du sel
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1 2 3

Outils en pierre, bronze et bois utilisés Hotte de cuir et torches retrouvées

par les mineurs pour extraire le sel, dans une mine de sel à Hallstatt, datant
VIIIe siècle avant J.-C., Hallstatt*. de 900 ans avant J.-C.

Le travail du métal

4 5 6

Bijoux en or retrouvés dans une tombe Armure en bronze retrouvée en Haute- Cette enclume et ces outils de forgeron
princière en Bourgogne, VIe siècle avant Marne (France), VIIIe siècle avant J.-C. ont été retrouvés en Autriche, enfouis
J.-C. dans un tablier de cuir; ils datent du
IVe siècle avant J.-C.

Les premiers métaux ➞ Le bronze ➞ Le fer

Le travail du fer apparaît en Anatolie
Les premiers métaux utilisés sont l’or La découverte de l’étain permet la
et l’argent, pour les bijoux surtout. fabrication du bronze, alliage de au IIe millénaire: ce minerai est beau-
Le cuivre est connu au Proche-Orient cuivre et d’étain, beaucoup plus coup plus difficile à travailler. Il doit
dès le VIIIe millénaire avant J.-C. résistant. être chauffé dans un four à plus de
Progressivement, à partir du IIIe mil- Le bronze est coulé dans des moules, 2000 degrés pour ensuite être fondu
lénaire avant J.-C., des objets en puis refroidi. Il permet de fabriquer ou forgé. Les armes et outils ainsi
cuivre se répandent en Europe. des armes, de la vaisselle, des cas- obtenus sont très efficaces.
ques et des armures.

50
 ENQUêTE 3

Des savoir-faire qui révèlent une civilisation

De fameux artisans!

Les nombreux objets retrouvés dans les tombes à Hallstatt (armes,

Importance du sel bijoux, vaisselle en bronze) et dans les galeries de mine de sel situées
à proximité (outils, hottes, vêtements, bonnets et souliers en cuir) ont
Le sel est vital pour l’équilibre révélé l’habileté des artisans et la diversité des matériaux utilisés.
des animaux et des hommes.
Il permet de conserver viandes, Dès le VIe siècle avant J.-C., les pièces créées par les artisans présentent
poissons et fromages. une grande qualité artistique et rivalisent avec celles du monde grec.
Il est vendu en blocs. Passés maîtres dans le travail du fer, ils fabriquent aussi des objets en
Cette production en très or et en argent. La découverte de nombreux ateliers de fondeurs
grande quantité enrichit les atteste que le travail du bronze est largement répandu. Les bijoux
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populations qui l’exploitent (torques, bracelets, fibules..) les statuettes, les pièces de harnache-
et l’exportent dans toute ment (phalères*, mors…), les armes, les pièces de monnaie, ainsi que
l’Europe. les outils (marteaux, serpes, forces*…) et objets de la vie quotidienne
(anses et cerclages de seaux et tonneaux, couteaux, trousseaux de
toilette…) sont autant de témoins de leur ingéniosité et de leur
créativité.

Menuisiers, charpentiers, ils excellent aussi dans le travail du bois. Ils

connaissent le tour à bois et plusieurs techniques d’assemblage. Ils
réalisent charpentes, escaliers, ponts, bateaux, tables et sièges,
étagères, coffres, seaux, tonneaux, chars de transport et de guerre et
vaisselle en bois (cuillères, assiettes, bols)…

Il faut mentionner également le travail des peaux et des fourrures, la

teinture et le tissage, la corderie, la vannerie, le travail de l’os et de la
corne, la poterie, la verrerie, la sculpture sur pierre.

Ce sont de véritables professionnels qui inventent les savoir-faire et les

outils encore fabriqués à notre époque!

Toutes ces découvertes ont modifié l’image traditionnelle de peuples

7 guerriers et frustes.

Fibule en argent retrouvée en Espagne,

IIe siècle avant J.-C., musée de Cordoue.
La quantité et la qualité des objets mis au jour par les fouilles
archéologiques révèlent un monde bien plus riche et moins
simple qu’on ne le pensait.

51
 6. Les Celtes, au cœur d'un commerce international?

Le commerce L’agriculture
Nos routes,
des routes romaines?
Des volailles gauloises à Rome

“Les Romains n’apprécient les oies Si les Romains ont pu pro-

que pour leur foie… Ce qu’il y a gresser si facilement lors de la
d’extraordinaire chez cette volaille, conquête de nos régions,
c’est qu’elle vient à pied de Morinie
c’est que des voies étaient
à Rome! Les oies fatiguées sont
placées en tête; les autres les pous- déjà aménagées.
sent grâce à l’instinct qui les fait se 5 Comment le commerce
tenir groupées. Les oies blanches aurait-il été si florissant si
fournissent leur plumage. […] La
des voies routières n’avaient
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mollesse est aujourd’hui telle que

même aux hommes, il faut du existé avant l’arrivée des
duvet pour reposer leur tête.” Romains?

PLINE L’ANCIEN, Histoire natu-

relle, X, 27 Des fouilles archéologiques
1
ont révélé l’existence de ces
voies et montré comment
elles étaient construites: sol
6 remblayé de grosses pierres,
elles-mêmes recouvertes de
petites pierres tassées.
La moissonneuse gauloise
Les nombreux types de véhi-
“En Gaule, la moisson se fait selon cules inventés par les Celtes
diverses méthodes. Dans les grands et qu’on peut voir sur les
domaines, on pousse à travers les
2 bas-reliefs et les monnaies –
champs de blé une grande mois-
sonneuse dont le bord est garni de chars, charrettes, carrioles…
dents. Cette machine est montée de toutes sortes – devaient
sur deux roues. Une bête de
bien circuler!
somme est attelée à l’arrière.
Quand elle se met à pousser la
moissonneuse à travers les blés, De plus, des vestiges de
tous les épis saisis par les dents ponts ont été découverts:
s’accumulent dans un bac placé
ces ponts leur permet-
derrière celles-ci.”
taient de franchir les
PLINE L’ANCIEN, Histoire natu- fleuves.
3
relle, XVIII, 30, 296
7

52
 ENQUêTE 3

1+7. Pline l’Ancien est un naturaliste romain Des commerçants expérimentés

du 1er siècle avant J.-C.

2. Reconstitution d’un bateau chargé Les échanges se pratiquent au sein du village, mais aussi au marché
d’amphores*, musée de la civilisation régional où les agriculteurs et les artisans écoulent le surplus de leur
celtique, Mont-Beuvray (France). production. De plus, les Celtes participent au commerce internatio-
nal qui, depuis le néolithique, relie l’ouest et le nord de l’Europe au
3. Essai de reconstitution d’un pont en bois,
La Tène (Suisse, 1er siècle avant J.-C.). sud et à l’est. Des matières premières comme l’ambre* et surtout
l’étain font l’objet d’un trafic intense depuis cette période.
4. Bas-relief sur le pilier funéraire de Vaison.
Le magnifique cratère* en bronze découvert dans la tombe de Vix est
5. Fragment de pierre retrouvé à Buzenol et
conservée au musée gaumais de Virton. un cadeau offert par des Grecs ou des étrusques à la “princesse” qui
contrôlait la voie commerciale traversant son territoire! Ce vase, qui
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6. Reconstitution de la moissonneuse à mesure 1,60m et pèse 208 kg, est le plus grand actuellement connu.
l’Archéoparc de Malagne (Rochefort)
faite d’après le relief de Buzenol (5). À ses côtés, un torque en or, une statuette en bronze, des bracelets
et un char magnifique témoignent de l’enrichissement des Celtes au
Ve siècle avant J.-C.

Les Celtes exportent des céréales, des salaisons, des étoffes, du cuir,
des minerais, du sel et des esclaves. Ils importent de la céramique et
surtout du vin. Les archéologues ont constaté que près d’un million
d’amphores arrivaient chaque année en Gaule! Le vin est d’abord
transporté par bateau, ensuite il est transvasé dans des tonneaux et
conduit à destination sur des chariots.

C’est pour répondre aux nécessités de ce commerce que dès le

Contrairement à l’idée répandue, IIIe siècle avant J.-C., ils frappent leur propre monnaie, en or et en
les Celtes ou Gaulois ne man- argent.
geaient presque pas de sanglier.
Si cet animal est souvent repré- Des agriculteurs efficaces
senté, sous forme de statuettes
ou sur les pièces de monnaie, Grâce à des techniques d’amélioration des sols, comme la fumure* et
c’est parce qu’il est vénéré pour le marnage*, à un outillage fonctionnel, les Celtes cultivent une
sa force et son courage. grande variété de céréales, de fruits et de légumes. Leur inventivité
leur a permis de créer la première moissonneuse connue. Ils pratiquent
l’élevage de porcs, chèvres, moutons, volailles, bœufs et chevaux.
Leurs charcuteries et leurs foies gras, ainsi que leurs fromages sont
exportés en grandes quantités, notamment à Rome.

Des techniques archéologiques modernes, comme l’étude

des pollens ou la photographie aérienne, ont confirmé que
tout le territoire gaulois est couvert d’exploitations agricoles,
de villages et de petites agglomérations.
Petit sanglier en bronze du Titelberg (GD
du Luxembourg), 1er siècle avant J.-C.

53
 4
7. Des dieux, des rites, des croyances… un mystère!

6
1

54
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 ENQUêTE 3

1. La déesse Epona, statuette en bronze, Des peuples profondément religieux

découverte à Champoulet (France), fin du
IIe siècle ou début IIIe siècle avant J.-C.,
Musée de Saint-Germain en Laye. Au début du 1er millénaire avant J.-C., comme tous les autres peuples
de la préhistoire, ils vénèrent les forces naturelles et pratiquent le culte
2. Tombe à char de Warmifontaine, près de de la fertilité.
Neufchâteau, Ve siècle avant J.-C.: photo
À partir du Ve siècle avant J.-C., les druides ont unifié les croyances et
et plan d’un archéologue.
organisé le culte public, les cérémonies et les sacrifices.
3. De nombreuses statuettes en bois ont été Au 1er siècle avant J.-C., la religion celtique est influencée par celles
retrouvées immergées dans la source de des peuples avec lesquels ils sont en contact: ils donnent désormais un
la Seine: s’agit-il de remerciements à la
nom à leurs dieux et les représentent sous une forme humaine.
déesse Séquana? Datées du 1er siècle
avant J.-C.
Les lieux de culte et les rites
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4. Statuette découverte dans les Côtes-

d’Armor (France) en 1988 et datée du
IIe siècle avant J.C.: Serait-ce une divinité? De nombreux sites naturels, comme des sources, des rivières, des lacs,
des bosquets, des marais ou des grottes ont servi longtemps de lieux
5. Reconstitution du sanctuaire de Gournay- de culte. Mais, il existe aussi des sanctuaires: ce sont de grands espa-
sur-Aronde (France), IIIe siècle avant J.-C.
ces quadrangulaires aménagés et entourés d’une palissade en bois et
On a retrouvé les traces de plus de 2000
sanctuaires de ce type. d’un fossé. Cette enceinte sépare le monde sacré et le monde profane.

6. Tumulus reconstruit dans l’état où il était Les Celtes sacrifient des animaux pour obtenir de bonnes récoltes, voir
au VIe siècle avant J.-C. (Allemagne).
prospérer leurs troupeaux, gagner une bataille ou un procès. Les ani-
maux offerts aux dieux sont parfois des bovidés; ils sont jetés dans une
fosse où on les laisse se putréfier. Les autres animaux abattus (ovins,
La grotte de Han-sur-Lesse a porcs, volailles) sont divisés en deux parts: une part pour les hommes
longtemps été utilisée comme qui la consomment au cours d’un grand banquet tandis que celle des
lieu de culte: on y a retrouvé de dieux est brûlée sur place.
très nombreuses offrandes dans
le lit de la rivière. Ils offrent aussi des céréales ou des objets, comme les armes retrou-
On ignore le nom des divinités vées par centaines dans le lac de Neuchâtel (en Suisse), ou des coupes
qui y étaient honorées et quelles et des vases mis au jour dans d’autres lieux de culte.
cérémonies y étaient organisées.
Les tombes à char

Les défunts de l’aristocratie sont inhumés dans une chambre

funéraire, garnie d’un riche mobilier: vaisselle de bronze ou de
céramique, armes, bijoux. Entre le VIIIe et le Ve siècle avant J.-C, ils sont
ensevelis avec un char d’apparat à quatre roues, qui est retrouvé
démonté dans la tombe.

Par la suite, et particulièrement en Ardenne, il s’agit d’un char à deux

Rouelle en plomb conservée au Musée
du monde souterrain à Han-sur-Lesse,
roues, un char de guerre, fonctionnel, indice du statut de “chef” du
Ve siècle avant J.-C.? défunt. La chambre funéraire est souvent recouverte de pierres et de
terre formant un tumulus.

55
 Discussion

Celtes d’aujourd’hui, Celtes d’hier ?

Les Celtes sont encore très présents aujourd’hui dans

la danse (River dance), la musique (Alan Stivell et de
nombreux groupes), la littérature (Le roi Arthur et les
chevaliers de la Table ronde), le cinéma (Excalibur,
Merlin l’Enchanteur) et la bande dessinée (Astérix).
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Asterix chez les Belges, p. 21 Dargaud

Dans tous ces cas, il s’agit de fiction: les auteurs
mêlent le merveilleux, la magie à des faits plus ou
moins historiques.

La civilisation celtique a persisté dans les îles

Britanniques durant une grande partie du Moyen
âge. Aujourd’hui encore, près de deux millions de
personnes parlent des langues celtiques, en Bretagne,
en écosse, au Pays de Galles et en Irlande.

Les druides ont disparu du continent européen au 1er

siècle après J.-C., époque au cours de laquelle les
empereurs romains ont interdit le druidisme.

Méfiez-vous: les personnages bizarres et fantastiques

qui circulent sur internet ou dans vos jeux vidéos ont
peu de chose à voir avec la réalité historique…

À votre tour, cherchez un document relatif

au monde des Celtes. Analysez-le en faisant
preuve d’esprit critique.

56
 ENQUÊTE 4

Les racines de l’Europe :

un métissage de civilisations
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Pont du Gard, partie d’un

aqueduc romain construit entre
40 et 50 après J.-C., qui servait
à alimenter en eau la ville de
Nîmes (France).
Le pont mesure 360 mètres de
long et 48,77 mètres de haut.

?
Ce monument est-il en ruines
ou sert-il encore?

Comment a-t-on Y en a-t-il

construit ce pont? ailleurs?

Y a-t-il d’autres
Pourquoi un monuments antiques
aqueduc romain en France?
en France?

57
 1. La Méditerranée, moteur ou frein pour les échanges?

1 4
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Les principaux comptoirs grecs et phÈniciens au Ive siËcle avant J.-C.

mer
du
Nord
océan
De nouvelles civilisations se
Atlantique Rhin
développent, d’autres dispa-
raissent…
En Crète, en effet, une civilisa-
Danube
Marseille
ire
tion brillante s’était développée
Etrurie mer No
Rome autour de palais comme celui
Tarsis Paestum
Cadix Asie Mineure Tigre
de Cnossos. Mais cette civilisa-
m er
EphËse Euphrate tion disparaît brutalement
Syracuse AthËnes Milet
vers 1450 avant J.-C. pour
Carthage
Agrigente

comptoirs phéniciens
des raisons que nous igno-
Médi CrËte Tyr
terranée
comptoirs grecs golfe Persique

Rome
CyrËne
rons encore.

2 Nil mer
Rouge

0 500 km

3 5

-800 -700 -600 -500 -400 -300

➔
3 cm = 100 ans

58
 ENQUêTE 4

La Méditerranée,
trait d’union entre Orient et Occident

C’est à partir du Proche-Orient que se sont diffusées les techniques,

1. Pièce de monnaie en argent , Athènes,
vers 470 avant J.-C.
sources de changements et de progrès très importants pour l’histoire de
l’humanité: l’agriculture, la métallurgie du fer en Anatolie, l’écriture
2. Carte des principaux comptoirs au alphabétique venue de Byblos en Phénicie, ainsi que la monnaie inven-
IVe siècle avant J.-C. tée par les Lydiens, des Grecs installés en Asie Mineure…
3. Bas-relief présentant un bateau phénicien, La Méditerranée joue un rôle important dans cette diffusion bien que la
Ier siècle (Musée national de Beyrouth). navigation soit rendue périlleuse par de nombreuses tempêtes ou la
présence de pirates.
4. Vase grec du VIe siècle avant J.-C. repré-
Dès le IIe millénaire, les Phéniciens ne sont plus les seuls à la sillonner.
sentant un bateau marchand mû par une
voile et une rangée de rameurs. Des Grecs originaires de la mer Egée, de même que les Crétois, y pra-
tiquent le cabotage*, puis la navigation en haute mer grâce à des
bateaux plus perfectionnés.
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5. Monnaie phénicienne, vers 340 avant

J.-C. (Musée archéologique de Beyrouth,
Ces contacts entre le Proche-Orient et le continent européen ont permis
Liban) l’échange d’objets, de techniques, de savoirs, de goûts, de modes,
d’hommes … mais aussi de croyances. C’est ainsi qu’on retrouve des
céramiques crétoises sur la côte phénicienne, des faïences bleues
d’Égypte dans les tombes grecques du Péloponnèse, des broderies
syriennes et des tissus crétois en Égypte…

Qui sont ces Grecs?…

Une légende ne raconte-t-elle pas
Ils occupent principalement le Péloponnèse, l’Attique, les côtes d’Asie
qu’une jeune fille, appelée Europe,
Mineure ou encore des îles de la mer Egée. Manquant de terres exploi-
a été enlevée par Zeus, le roi
tables, ils doivent importer des céréales d’Égypte ou des rives de la mer
des dieux transformé en taureau?
Noire. Ils exportent de l’huile d’olive, du vin, mais surtout de très belles
Des côtes de Phénicie, il l’aurait
céramiques. Ils s’établissent comme marchands ou comme merce-
emmenée en Crète …
naires* en Mésopotamie et en Égypte. Ils créent de nombreux comp-
toirs* autour de la mer Méditerranée: Cyrène en Libye, Syracuse en
Sicile, Naples en Italie, Marseille en France... Ils vont ainsi entrer en
contact avec les Étrusques (qui occupent le nord de l’Italie actuelle), les
Celtes et les Romains.

…et ces Romains?

Au VIIIe siècle avant J.-C., Rome n’est encore qu’un village de bergers et
d’agriculteurs. Mais, peu à peu, elle va devenir une ville puissante. Les
Romains entreprennent d’abord la conquête du territoire de l’Italie, puis
de tout le bassin méditerranéen. Le monde romain devient un formi-
Fresque d’une maison de Pompéi
dable pont entre les civilisations orientales (mésopotamienne, égyp-
représentant l’enlèvement de la jeune tienne, grecque) et occidentales. Les Romains vont répandre leur mode
Europe par Zeus, Ier siècle. de vie dans toutes les provinces conquises tout en assimilant des aspects
du mode de vie d’autres civilisations, en particulier celui de la Grèce.

-200 -100 J.-C. 100 200 300 400

➔
59
 2. Villes d’aujourd’hui, villes antiques, quelles diférences?
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1 4

treves a l’epoque romaine

3 6

60
 ENQUêTE 4

La cité: un modèle d’urbanisme

Les royaumes de Mésopotamie et d’Égypte ont vu se créer des villes

1. L’Acropole* à Athènes (vestiges actuels),
où se trouvaient les temples.
autour des palais et des temples.
Les Grecs, eux, vont créer des cités*, indépendantes les unes des
2. Arc de triomphe d’Orange (France) érigé autres. Il en existait plusieurs centaines. Une cité est un petit territoire
au Ier siècle. composé d’une ville et de la campagne environnante. C’est avant tout
3. Vestiges actuels d’une rue de la Rome une communauté d’hommes et de femmes: ainsi, lorsque nous disons
antique avec ses maisons et boutiques du Athènes, les Grecs eux parlent des Athéniens ou de la cité des Athéniens.
IIe siècle.
Ces villes ont des dimensions humaines, des dimensions pour piétons.
4. Reconstitution du forum à Rome tel qu’il
devait être au Ier siècle. Elles sont centrées sur l’agora: cette place entourée de portiques* et de
monuments sert à la fois de lieu de rencontre et de marché. Les rues
5. Porta Nigra, porte de l’enceinte de Trèves grouillantes de monde sont bordées de boutiques. Toutes les villes ont
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bâtie au IIe siècle.

délimité, souvent sur une colline, un espace sacré, où se trouvent les
6. Plan de la ville de Trèves (Allemagne) temples dédiés aux dieux protecteurs de la cité. Ainsi, le Parthénon à
établi d’après les vestiges et les fouilles Athènes abrite la statue d’Athéna, le temple principal de Delphes est
archéologiques. consacré à Apollon, et celui d’Olympie à Zeus. Ces villes sont protégées
7. Taverne dans une rue de Pompéi (Italie), par des remparts. La plupart ont un port, lui aussi à l’abri de fortifications.
avec le comptoir et les jarres: on y servait
des boissons et des mets chauds. Dans Les Romains, à leur tour, ont voulu faire de leur ville une des plus belles
une des jarres se trouvait encore la recette
et des plus prestigieuses du monde connu à cette époque. Couverte de
en petite monnaie (683 sesterces) enseve-
lie en 79 lors de l’éruption du Vésuve. monuments et de places publiques, Rome s’organise autour de son
Dans le fond, un petit autel avec les dieux forum, un centre à la fois commercial, religieux et politique, avec la
Lares, dieux protecteurs du foyer. basilique*, et des portiques pour se protéger du soleil ou de la pluie….
Au sommet du Capitole s’élèvent les temples de ses principaux dieux
(Jupiter, Junon, Minerve). On peut encore y voir les vestiges des premiers
immeubles à étages, les insulae. Les rues étroites, les habitations chauf-
fées par des braseros* et éclairées par des lampes à huile favorisent les
risques d’incendie. Aussi, des pompiers, les vigiles du feu, sont-ils tou-
jours prêts à intervenir.

Dans tous les territoires conquis, des villes sont créées sur un plan qua-
drangulaire intégrant ces divers espaces. Disposant d’une main-d’œuvre
à bon marché, esclaves et soldats en garnison, les Romains multiplient
7 les travaux publics. Ils utilisent des techniques et des matériaux nou-
veaux: la pierre de taille, la maçonnerie à base de mortier, la brique, la
tuile, les enduits et les placages de marbre. Outre les arcs de triomphe
et autres monuments commémoratifs, ils érigent surtout des aqueducs*
pour alimenter les villes en eau: des conduites de plomb amènent l’eau
Les Romains sont de grands
aux fontaines et dans les bâtiments publics. Des rigoles et des égouts
bâtisseurs: la caractéristique de
évacuent les eaux usées.
leurs constructions est la voûte,
probablement héritée des
Les villes sont reliées par des routes jalonnées de relais et de bornes
Etrusques. Monuments, ponts,
indicatrices. Ce n’est qu’au IIIe siècle après J.-C. et devant la menace
arcs de triomphes … sont
d’envahisseurs que ces villes ouvertes se retranchent derrière des
reconnaissables à cette façon
enceintes fortifiées, édifiées à la hâte et coupées de portes monumen-
d’élever les murs.
tales.

61
 3. Autour de quelles activités s’organise la vie urbaine?

Les thermes

“Je suis logé au-dessus d'un établissement de bains...

Quand les champions du gymnase s'entraînent aux
haltères, quand ils souffrent ou font comme s'ils
souffraient, je les entends gémir...
Si, à ce moment, un baigneur est en train de se faire
masser, j'entends le bruit de la main [du masseur] qui
claque sur ses épaules, avec un son différent selon qu'elle
arrive à creux ou à plat. [...]

Compte en plus celui qui cherche la dispute à tout

moment, le voleur pris sur le fait, l'homme qui aime
chanter dans la piscine. Pense au bassin et à l'énorme
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bruit d'eau remuée à chaque plongée. [...]

Et c'est aussi le marchand de boissons, avec ses appels sur

des notes différentes, le marchand de saucisses, le mar-
chand de friandises..., et tous ces marchands ont chacun
un cri différent pour annoncer leur marchandise!”

Sénèque, extraits de Lettres à Lucilius, XI, 56.

4

3 6

62
 ENQUêTE 4

Une vie sociale, imprégnée de culture et de loisirs

Aussi bien dans les villes grecques que romaines, les citadins fréquen-
La bibliothèque d’Alexandrie tent de multiples lieux de rencontre.

Une des plus célèbres bibliothèques à Athènes, les enfants des familles aisées sont conduits par leur
de l’Antiquité est celle créée au IIIe esclave pédagogue* à l’école, au gymnase où ils peuvent s’entraîner
siècle avant J.-C., à Alexandrie en à toutes sortes de sports, et aux bains publics. Nous savons que les
Egypte. Elle rassemblait les origi- bains de vapeur existent déjà depuis le Ve siècle avant J.-C.
naux ou les copies de près de
700 000 volumes, grâce auxquels Dans le monde romain, cet établissement public, appelé thermes, ne
une partie du savoir des Anciens est répond pas seulement à des besoins d’hygiène ou de santé: c’est le
parvenue jusqu’à nous. Elle était lieu de rencontre favori des citadins, où l’on va pour entretenir son
dirigée par des savants grecs, corps dans les piscines d’eau chaude, tiède et froide, dans les salles de
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comme Erathosthène, qui, le pre- sport et de massage, mais aussi nourrir son esprit dans les salles de
mier, a calculé la longueur de la lecture et de conférences.
circonférence de la Terre. Le résul-
tat auquel il est parvenu ne diffère Chaque ville possède sa ou ses bibliothèques.
que d’un centième du chiffre
connu aujourd’hui (40 075 km)! Des édifices pour les spectacles, comme les théâtres, sont bâtis: ils
sont répandus aussi bien dans le monde grec que dans le monde
romain. Edifiés à ciel ouvert, ils ont demandé un grand sens pratique
et beaucoup d’ingéniosité de la part des concepteurs, notamment
1. Bas-relief représentant une école (Musée
d’Ostie, Italie). pour résoudre les problèmes d’acoustique. Les pièces, tragédies
et comédies, sont jouées par quelques acteurs accompagnés
2. Le grand cirque à Rome où se déroulaient d’un choeur; acteurs et choristes sont tous masculins. Ils portent des
les courses de chars (vue aérienne
masques appropriés à leurs rôles. Les pièces de théâtre font l’objet de
actuelle).
concours: l’auteur victorieux est couronné de laurier.
3. Amphithéâtre de Trèves, état actuel.
Les divertissements populaires les plus prisés des Romains sont les
4. Sénèque est un écrivain et philosophe
romain, né à Cordoue en Espagne vers courses de chars organisées dans les cirques. Des mosaïques nous
4 avant J.-C., mort à Rome en 65 après montrent ces courses, ainsi que les vainqueurs accomplissant leur tour
J.-C. d’honneur avec leur quadrige*. La popularité de ces conducteurs de
chars vaut bien celle de nos sportifs d’aujourd’hui!
5. Course de chars. Mosaïque du IVe siècle,
dans une villa près de Barcelone (Espagne).
Les combats de gladiateurs, de bêtes sauvages ou parfois de navires
6. Mosaïque représentant un combat de qui ont lieu dans les amphithéâtres attirent tout autant les foules. Les
gladiateurs sous les yeux d’un arbitre (villa
gladiateurs sont des volontaires, qui vivent dans une école “gladiato-
Nennig en Allemagne), début du IIIe siècle
rienne”: ils y résident avec femmes et enfants. Certains criminels sont
parfois condamnés à être mis à mort dans l’arène: dans ce cas, les
gladiateurs professionnels font office de bourreaux. La brutalité de ces
spectacles ne rebute pas le public qui adule les vedettes!
Comme aujourd’h
publics favorisent ui, les bâtiments Les attraits de nos villes actuelles ne sont-ils pas le reflet
le divertissement, la culture, l’hygiène, de ceux du passé?
tres le sport et les renc
on-

63
 4. Comment s’organise la vie de la famille…, de la maison?

1
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Un enfant à Rome

“Au point du jour, je m’éveille; j’appelle l’esclave. Je lui demande chaussons et

souliers parce qu’il fait froid. […] Une fois chaussé, je demande une serviette.
On m’apporte un pot d’eau pour ma toilette. […]
Je sors de la chambre avec mon pédagogue et ma nourrice pour aller saluer papa
et maman. Je cherche mon écritoire et mon cahier et les donne à l’esclave. Tout est
prêt, je me mets en route, suivi de mon pédagogue.
[Après l’école], je rentre à la maison, je me change. Je prends du pain blanc,
des olives, du fromage, des figues sèches et des noix. Je bois de l’eau fraîche.
Il faut aller se baigner. Oui, c’est l’heure. J’y vais. Je fais prendre des serviettes et je
suis mon esclave. Je cours à la rencontre de ceux qui vont aux thermes.”
Extraits d’un manuel scolaire du IIIe siècle après J.-C.
4 7

64
 ENQUêTE 4

Une vie privée

à la fois proche et lointaine de la nôtre

Le mariage est le devoir de tout homme libre: il s’agit de perpétuer la

Chez les Romains, un client est descendance. Les époux doivent s’acquitter de leurs tâches respectives:
un homme libre qui s’attache à au mari revient le travail à l’extérieur soit l’agriculture, le commerce, la
un «patron» puissant, à qui il participation à la vie publique; l’épouse, elle, s’occupe de la gestion de la
rend des services en échange de maison, du domaine, des enfants, des esclaves … Elle ne peut sortir
sa protection. Le client vient seule.
saluer son patron tous les
matins, l’accompagne dans la Les enfants, pour faire partie de la société doivent être, dès la naissance,
rue, vote et fait voter pour lui. «soulevés», c’est-à-dire acceptés par leur père qui par ce geste, les
En échange, il reçoit chaque jour reconnaît. Les enfants qui ne sont pas reconnus, sont «exposés»,
de quoi se nourrir, en nature ou abandonnés devant la porte du logis ou sur une décharge publique;
en argent. ils meurent ou sont recueillis et réduits en esclavage. Le père de famille
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L’affranchi est un esclave qui a a droit de vie ou de mort sur ses enfants. Les Grecs et les Romains
été libéré par son maître, sou- s’étonnent que les Egyptiens et les Celtes élèvent tous leurs enfants et
vent en échange de services n’en exposent aucun!
rendus. Il reste néanmoins
attaché à son maître. Chez les plus aisés, la maisonnée, la famiglia comme disent les Romains,
est aussi composée d’esclaves, d’affranchis et de clients.

1. Tombeau étrusque en terre cuite poly- Les Grecs, comme les Celtes, ne portent qu’un seul nom. Les Romains,
chrome (fin VIe siècle avant J.-C.). Chez eux, en ont trois: un prénom, le nom de famille et un surnom, comme
les Etrusques, les couples se font repré-
senter couchés sur un lit lors d’un ban-
Marcus Tullius Cicéron (en latin, cicero signifie pois chiche: Ciceron avait-
quet. il un bouton sur la figure?). Dans nos régions, après la conquête, seules
(Conservé à la Villa Giulia à Rome). quelques personnes aisées ont adopté les coutumes romaines; les noms
gravés sur des piliers funéraires sont majoritairement simples.
2. Miroir étrusque en bronze poli, original
et reconstitution (environ 500 ans avant
J.-C.). Le confort de la maison varie selon les régions. Sous le climat méditer-
ranéen, la maison des privilégiés est pourvue d’une cour entourée de
3. Toilettes publiques à Ostie, ville proche
portiques: le péristyle. Les Romains ont introduit en Gaule le chauffage,
de Rome (état actuel).
par brasero* ou par hypocauste*, les vitres et les tentures. L’éclairage est
4. Traduction d’un manuel du IIIe siècle, assuré par des torches à poix à l’extérieur du bâtiment, par des chan-
dans lequel les écoliers romains delles de suif ou des lampes à huile à l’intérieur. Le mobilier en bois a
apprenaient le grec; il contenait de petits
textes simples que l’élève devait traduire
généralement disparu, mais les fresques et bas-reliefs nous montrent des
et apprendre par coeur. banquettes surmontées de coussins, des tables couvertes d'une nappe.
Les Gallo-romains* apprécient les fauteuils ronds à dossier élevé, souvent
5. Vestiges de la maison gallo-romaine de en osier tressé; ils mangent assis et non couchés comme les Romains.
Malagne, près de Rochefort, datée du
IIe siècle. Bien que située à la campagne,
elle jouissait de tout le confort (thermes, L’hygiène est importante: de nombreuses demeures cossues sont équi-
mobilier, murs peints…) pées de latrines et de bains privés. Toilette et maquillage nécessitent une
série d’objets comme miroir, pots à onguents, palettes à fard, épingles à
6. Réchaud portatif ou brasero en bronze,
Pompéi, Ier siècle. cheveux, fioles à parfum, pinces à épiler, peignes …
Les femmes vêtues de tuniques longues se couvrent les épaules d’un
7. Bas-relief sur un pilier funéraire (Ier siècle châle ou d’un manteau drapé. La toge masculine n’est portée
après J.-C., Musée d’Arlon) retrouvé
dans la région d’Arlon. La dame est
qu’en certaines occasions: cérémonie religieuse ou participation à une
habillée à la romaine, tandis que le mari assemblée politique. Dans nos régions, les hommes préfèrent le pantalon
a gardé ses vêtements celtes. traditionnel celte - les braies* -, le manteau en laine, parfois même une
grosse écharpe!

65
 2
5. Des croyances et des rites toujours vivants?

6
5
1

66
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 ENQUêTE 4

Une vie imprégnée de croyances et de rites

1. La déesse Athéna, protectrice d’Athènes Des mythes et légendes…

(Musée du Parthénon).

2. Statue représentant le dieu grec Hermès Comme bien d’autres peuples de l’Antiquité, les Grecs et les Romains
(Mercure chez les Romains), le dieu des sont polythéistes: ils croient en plusieurs dieux qui constituent des
voyageurs et des voleurs. Copie romaine familles. Ces dieux ont un aspect, un caractère et un comportement
d’une statue grecque (musée de Naples).
humains: ils sont curieux, jaloux, colériques, généreux, amoureux…
3. Temple grec de Paestum (près de Naples) L’ensemble des récits légendaires concernant les dieux s’appelle la
en Italie, construit au Ve siècle avant J.-C. mythologie. Les mythes servent à expliquer ce qui paraît incompréhen-
sible: ainsi, lorsqu’il y a de l’orage, c’est Zeus qui tonne! Les héros, des
4. Temple romain du IIe siècle avant J.-C.
hommes extraordinaires, comme Héraclès (Hercule) ou Achille, souvent
dédié à Hercule, protecteur des mar-
chands d’huile. Il a été édifié sur le mar- fils d’un dieu et d’une mortelle, sont eux aussi vénérés.
ché aux bestiaux, près du port situé sur
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le Tibre à Rome. Les Grecs, comme les Romains, acceptent volontiers les dieux étrangers.
5. Lanceur de disque, statue en marbre du En voyage, un Grec ne voit pas d’inconvénient à célébrer un culte au dieu
Ve siècle avant J.-C. local. De même, un Romain peut honorer Isis, la déesse égyptienne.

6. Athlète lançant le disque aux premiers

…aux rites collectifs et privés
jeux olympiques modernes en 1896.

Chaque cité vénère une divinité protectrice et d’autres dieux nécessaires

à ses besoins. Pour les honorer ou pour leur demander une faveur, des
offrandes et des libations leur sont présentées et des animaux sont
sacrifiés.

En l’an 30, Jésus-Christ est cruci- Pour connaître les intentions des dieux, les Grecs consultaient les
fié par les Romains à Jérusalem. oracles*, comme la Pythie de Delphes qui interprète la volonté d’Apol-
Ses premiers disciples, tous Juifs lon, tandis que les Romains font appel aux augures* et aux harus-
comme lui, continuent à prêcher pices*.
l’amour, la paix et l’égalité des
hommes. Des fêtes et des processions sont organisées en l’honneur des dieux.
Le succès de ces idées auprès des De grandes manifestations sportives sont mises sur pied, comme les
défavorisés, des esclaves et des jeux à Olympie en l’honneur de Zeus ou ceux de Delphes dédiés à
femmes, provoque des troubles, Apollon. Les Jeux olympiques ont lieu tous les quatre ans depuis 776
puis des persécutions. avant J.-C. et ce, jusqu’en 398 après J.-C. Ils rassemblent les citoyens de
Malgré cela, les chrétiens toutes les cités grecques du bassin Méditerranéen. Pendant la célébration
deviennent de plus en plus nom- de ces jeux, une trêve est respectée. Tous ces actes rituels sont organisés
breux dans l’Empire romain. par les autorités de la cité. Le respect des rites est plus important que
Leur religion, d’abord tolérée, la croyance elle-même. Pour être un bon citoyen, il faut les accomplir
finit par supplanter définitive- scrupuleusement.
ment les anciens cultes.
Le christianisme est aujourd’hui De plus, dans chaque foyer, il revient au père de famille de déposer des
encore une des plus grandes offrandes devant un petit autel et de réciter la prière prescrite. Les
religions dans le monde. Romains vénèrent les lares et les pénates, dieux protecteurs du foyer,
Il marque le début de l’ère ainsi que les mânes, âmes des ancêtres.
chrétienne.
Au Ier siècle, le christianisme, une religion monothéiste née en
Palestine, se répand dans tout le monde romain. En 325, il devient la
religion officielle, puis en 391, la seule autorisée dans l’empire romain.

67
 6. Pourquoi parler de métissage de civilisations?

1
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Homère, le plus fameux poète

grec, VIIIe siècle avant J.-C.

3
C’était probablement un aède,
qui allait de village en village
raconter des histoires en s’ac-
compagnant d’un instrument Un chien fidèle
de musique.
Ulysse arrive chez lui , accompagné
On lui doit deux grandes épo- du berger Eumée, sans que per-
pées*: l’Iliade, récit du siège sonne ne l’ait encore reconnu:
victorieux de la ville de Troie
“Un chien couché leva la tête et les
par les Grecs, et l’Odyssée, qui
oreilles; c’était Argos, le chien que
raconte le retour des guerriers le vaillant Ulysse achevait d’élever
grecs après la chute de Troie, quand il fallut partir vers Ilion
et en particulier les aven- [=Troie]. Avec les jeunes gens,
Argos avait vécu, courant le cerf, le
tures d’Ulysse, qui a mis dix lièvre et les chèvres sauvages.
ans pour rentrer chez lui. Négligé maintenant, en l’absence
4 du maître, il gisait, étendu devant
le portail, sur le tas de fumier,
couvert de poux…
Il reconnut Ulysse en l’homme qui
venait et, remuant la queue,
coucha les deux oreilles: la force lui
manqua pour s’approcher de son
maître. […]
Mais Argos n’était plus: les ombres
de la mort avaient fermé ses yeux
qui venaient de revoir Ulysse après
vingt ans.”

Extrait de Homère, l’Odyssée, chant XVII

5

68
 ENQUêTE 4

Que nous reste-t-il aujourd’hui?

Des milliers de mots nous viennent d’un héritage lointain: ainsi bagnole,
Le latin, langue vivante ou langue char, charrue, cervoise, chêne … mais aussi Ardenne, Ourthe, Dinant et
morte? Belgique ont une origine celtique, mais le grec et le latin, plus encore que
le celte, sont les racines de notre langue française.
Si le latin n’est plus parlé
aujourd’hui, il se survit dans Les Egyptiens avaient déjà mis au point un calendrier dont l’année
toute une série de langues dites comptait 365 jours, mais c’est le calendrier julien établi par Jules César en
romanes qui en sont issues, 46 avant J.-C. qui continue à rythmer notre vie. Il commence le 1er janvier
comme l’italien, l’espagnol, le et partage l’année en 12 mois, dont la durée, l’ordre et le nom restent
français, le roumain ou encore … inchangés. Les semaines sont divisées en 7 jours: le nom de chacun d’eux
le wallon! évoque une divinité ou une planète (sauf le dimanche: jour du Seigneur).
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De plus, aujourd’hui, quand il

faut créer un mot nouveau, on a C’est aux Phéniciens et aux Grecs que nous devons notamment l’art de la
souvent recours au latin ou au navigation, l’écriture alphabétique, la monnaie. Nous avons une
grec. Par exemple pour exprimer somme d’informations sur leur civilisation, non seulement par le patri-
la petitesse on dira que c’est moine archéologique et monumental, mais aussi grâce aux nombreux
mini, comme dans minijupe, ou écrits parvenus jusqu’à nous.
que c’est micro, comme dans
micro-ondes. Pour exprimer la Depuis la plus haute Antiquité, les exploits des héros sont chantés par
grandeur, on a le choix entre des poètes itinérants. Puis, les légendes sont transcrites: à partir d’un
méga ou maxi… fond de vérité, les auteurs ajoutent des éléments de merveilleux. C’est
ainsi qu’aujourd’hui encore nous connaissons Osiris, Ulysse, Romulus ou le
roi Arthur…

Par contre, les premiers véritables historiens sont grecs, comme

1. Fresque de Pompéi (Musée de Naples), Hérodote qui nous a transmis de nombreuses descriptions des contrées
Ier siècle: peut-être représente-t-elle la
poétesse Sapho?
qu’il a visitées.

2. Festival de théâtre et de musique Empruntant les premiers éléments scientifiques aux Egyptiens et aux
aujourd’hui, dans le théâtre antique Mésopotamiens, les Grecs s’efforcent de comprendre le monde et nous
d’Athènes
lèguent les mathématiques: qui n’a entendu parler des théorèmes de
3. Carte établie par le géographe grec Pythagore et d’Euclide? De même, ils complètent les observations astrono-
Ptolémée au IIe siècle (publiée en 1482 à miques des Orientaux et améliorent les représentations cartogra-
Ulm en Allemagne)
phiques du monde. Aujourd’hui encore, les médecins prêtent le serment
4. Masques en marbre: ils décoraient une d’Hippocrate, du nom de ce médecin grec qui, au Ve siècle avant J.-C.,
maison de Pompéi du Ier siècle cherche à comprendre les mécanismes du corps humain par l’observation
et l’auscultation.

Les Grecs inventent le théâtre: les tragédies d’Euripide et de Sophocle, les

comédies d’Aristophane sont encore jouées aujourd’hui.

IVstwria, «hist
«enquête»: c’est le oire» en grec signifie
Mais si de nombreux savants et philosophes nous ont laissé un héritage
important, les gens de leur époque ne les comprenaient pas toujours: ainsi,
donné à ses livres. titre qu’Hérodote a Socrate, au Ve siècle avant J.-C. a été accusé de ne pas respecter les dieux
et condamné à mort.

Notre héritage est riche par sa diversité culturelle.

69
 Menez votre propre enquête

Ces traces du passé sont encore présentes dans notre

Serment olympique d’hier vie. Bien sûr, les toréadors ont remplacé les gladia-
(776 avant J.-C.- 394 après J.-C.)
teurs dans les arènes de Nîmes, les randonneurs et les
Nous, concurrents, nos pères et nos frères, ainsi que nos promeneurs sont seuls à franchir les vieux ponts mil-
juges, jurons de ne commettre aucune faute pendant les lénaires, les anciennes routes pavées… Mais des tra-
jeux olympiques.
gédies ou des concerts sont encore organisés dans les
Nous, concurrents, jurons d’avoir effectué pendant dix
mois les exercices prescrits. Nous, juges, jurons que nous anciens théâtres. Le vieux stade olympique d’Athènes
rendrons nos arrêtés en toute justice et loin de toute a été remis à l’honneur.
corruption.
à vous de jouer: regardez bien autour de vous,
Serment olympique d’aujourd’hui dessinez ou prenez des photos; constituez un dossier
de documents complémentaires.
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Au nom de tous les concurrents, je jure que nous nous Pour chacune des traces que vous avez collectées,
présentons aux jeux olympiques en concurrents loyaux,
respectueux des règlements qui les régissent et désireux recherchez-en l’origine, la date et la civilisation à
d’y participer dans un esprit chevaleresque, pour laquelle elle appartient.
l’honneur de nos pays et la gloire du sport.
à vous d’organiser une exposition sur nos
racines.

1. Tumulus d’Othée (province de Liège). Époque gallo-

romaine, IIe et IIIe siècles.
2. Scène d’une tragédie grecque jouée de nos jours.
3. Vue actuelle des Arènes de Nîmes construites au 1er siè-
2 cle.
4. Pyramide du Louvre inaugurée en 1988 (Paris).

70
 LEXIQUE

A bitume (M.): mélange d’hydrocarbures, très visqueux ou

solides dont la couleur varie du brun au noir. De nos jours,
acropole (F.): "ville haute", citadelle d'une cité où l'on élevait ce mélange est encore utilisé pour le revêtement des
des temples pour les dieux et qui pouvait servir de refuge routes et des trottoirs.
fortifié. Le mot avec majuscule désigne celle d’Athènes.
braies (F. plur.): pantalon ample porté par les Celtes.
affranchir (verbe): action de rendre la liberté à un esclave.
brasero (M.): récipient métallique destiné à recevoir des
ambre (F.): résine végétale fossile, de couleur brune, braises, utilisé pour le chauffage.
orange ou jaune, servant notamment à faire des bijoux.
On la trouve sur les rives de la mer Baltique. C
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amphore (F.): vase antique, à deux anses, servant à cabotage (M.): navigation le long des côtes.
conserver ou transporter des aliments et des boissons.
calame (M.): roseau taillé qui sert à écrire.
aqueduc (M.): canalisation qui sert à conduire l'eau d’un
lieu à un autre. céramique (F.): résultat obtenu par la cuisson d’un objet
façonné en terre argileuse.
archéologie (F.): science qui étudie les vestiges mis au jour
par les fouilles afin de comprendre le mode de vie des chantre : poète qui célèbre les hauts faits des personnages
civilisations. importants

art mobilier (M.): objets, armes, outils… décorés, gravés cité (F.): territoire englobant la ville et la campagne
ou sculptés. avoisinante; la cité forme une unité politique, économique
et juridique.
art pariétal (M.): dessin ou trait peint ou gravé sur la
paroi d’une grotte. comptoir (M.): lieu d’échanges créé sur des côtes étrangè-
res par des peuples en quête d’expansion commerciale.
artère (F.): voie de circulation
cratère (M.): grand vase antique à deux anses, dans lequel
augure (M.): chez les Grecs, les Étrusques et les Romains, on mélangeait le vin et l’eau. Utilisé lors des banquets.
personne chargée d’interpréter le vol, le chant des oiseaux
pour connaître la volonté des dieux. culte (M.): pratiques liées à un hommage (aux morts), à
une adoration (d’une personne ou d’une divinité) ou à une
B croyance.

barbare (M.): mot d’origine grecque qui désignait cunéiforme (adj.): écriture de l’ancienne Mésopotamie
l'étranger pour les Grecs et les Romains. dont les signes ressemblent à des petits coins.

basilique (F.): grande salle rectangulaire publique où les D

Romains traitaient leurs affaires religieuses, commerciales
ou judiciaires. • À partir du Moyen Age, église chrétienne damer (verbe): tasser, compacter.
bâtie sur le plan des basiliques romaines.
défricher : rendre une terre cultivable en enlevant la
bipède (adj.): qui se déplace grâce aux membres inférieurs, végétation spontanée
qui marche sur deux pieds.

71
 delta (M.): nom donné par les Grecs à la Basse Égypte, là G
où le Nil se divise en plusieurs branches et forme un
triangle • Forme de la lettre grecque delta par extension, galet aménagé (M.): outil primitif constitué par un galet
embouchure d’un fleuve. dont on a taillé un côté pour le rendre tranchant.

dignitaire (M.): personne occupant une fonction élevée gallo-romain(e) (nom M. ou F.): habitant de la Gaule
dans la société. après la conquête Romaine • (adj.) mode de vie des
Gaulois après la conquête romaine.
disette (F.): manque de vivres qui conduit à la famine.
H
dolmen (M.): au néolithique, monument mégalithique
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constitué de grosses pierres verticales sur lesquelles sont harpon : arme de jet munie de barbelures pour attraper
posées des pierres horizontales. Sépulture collective ayant des poissons
l’aspect d’une allée couverte.
haruspice (M.): chez les Étrusques et les Romains, prêtre
domaine (M.): ensemble des terres d'un propriétaire qui interprète la volonté des dieux en examinant les
comprenant à la fois des champs, des prés, des forêts..., entrailles des animaux sacrifiés.
les bâtiments d'exploitation et l’habitat.
herminette (F.): outil apparenté à la hache dont la lame
domestiquer (verbe): apprivoiser, dompter, dresser. est perpendiculaire à la direction du manche. Elle sert à
débroussailler, à défricher.
E
hiérarchie (F.): classement ou organisation des personnes,
enceinte (F.): voir rempart. les unes par rapport aux autres selon leur importance.

épieu (M.): gros bâton dont une des extrémités est taillée, hiérarchique (adj.): relatif à la hiérarchie.
utilisé comme arme de guerre ou de chasse.
hiérarchiser (verbe): classer ou organiser des personnes
épopée : récit poétique racontant les exploits des héros et selon leur importance.
faisant intervenir le merveilleux
hiératique (adj.): écriture égyptienne courante.
exorciste (M.): personne capable de chasser, de combat-
tre les forces du mal. hiéroglyphe (M.): signe idéographique de l’écriture sacrée
des Égyptiens.
F
hypocauste (M.): système de chauffage utilisé par les
fibule : agrafe, épingle, broche Romains. Le foyer installé au sous-sol permettait le
chauffage de certaines pièces.
forces (F. plur.): ciseaux servant à tondre les moutons, mais
aussi à couper tissus, cheveux, barbes ou moustaches. I

fossile (M.): reste ou empreinte d’un être vivant (homme, incinération (F.): crémation, le fait de réduire un corps en
animal, plante) ayant vécu ou existé dans une ère passée, cendres.
conservé dans des dépôts sédimentaires.
inhumation (F.): ensevelissement des morts dans la terre
fumure (F.): amélioration d’une terre par incorporation de ou dans un tombeau.
fumier.

72
 LEXIQUE

inhumer (verbe): ensevelir un corps. O

L ocre (F.): terre poudreuse servant de colorant naturel. Elle

peut être jaune, rouge ou brune.
limon (M.): terre entraînée par les eaux d’un fleuve et
déposée sur ses rives. Il engraisse, fertilise les terres qu’il oracle (M.): réponse d’une divinité à la question posée par
recouvre. un fidèle. • Personne qui transmet cette réponse (ex. la
Pythie à Delphes, la Sibylle à Cumes). • Sanctuaire où les
M réponses étaient données.

marcassite (F.): cristal de roche contenant du fer. Osiris (nom propre): au départ, dieu de la végétation;
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marnage (M.): action d’enrichir un sol avec de la marne ensuite, dieu du monde souterrain et des morts. C’est lui
qui est un mélange naturel d’argile et de calcaire. qui préside le tribunal des morts.
ostracon (M.): éclat de roche ou tesson de poterie utilisé
mégalithe (M.): littéralement, grosse pierre; monument par les Égyptiens comme support d’écriture pour les
en pierre, non taillé, de très grande taille (voir dolmen). comptes, brouillons, lettres, etc.

menhir (M.): grosse pierre non taillée dressée verticale- P

ment (monument mégalithique). Les menhirs sont soit
isolés soit présentés en alignement. paléolithique (M.): période la plus ancienne de la
préhistoire, au cours de laquelle les hommes ont vécu de
mercenaire (M.): soldat qui combat pour une armée pêche, de chasse et de cueillette. Ils étaient nomades.
étrangère en échange d’un salaire, appelé solde.
paléontologue (M.): scientifique qui étudie les êtres
mosaïque (F.): ensemble de petits blocs colorés de marbre, vivants à partir de fossiles.
de terre cuite, de verre ou d’or servant à décorer le sol, les
murs ou les voûtes. L’assemblage de ces blocs forme un papyrus (M.): variété de roseaux qui pousse sur les bords
tableau figuratif ou géométrique. du Nil. Cette plante était utilisée par les Égyptiens pour
fabriquer un support d’écriture.
mythe (M.): récit traditionnel concernant les dieux et les
origines du monde. pariétal (adj.): art pratiqué sur les parois des grottes par
l’homme de la préhistoire.
mythologie (F.): ensemble de récits concernant les dieux
et les origines du monde. pédagogue (M.): dans le monde grec, esclave chargé
d’accompagner les garçons entre la maison et l’école.
N
période glaciaire (F.): période du paléolithique au cours
nécropole : vaste cimetière de laquelle une grande partie de l’Europe était recouverte
de glaciers.
néolithique (M.): période la plus récente et la plus courte
de la préhistoire, au cours de laquelle les hommes devenus phalère (F.): disque de métal qui orne le harnais des chevaux.
sédentaires ont produit eux-mêmes leur nourriture.
pharaon (M.): nom donné aux rois de l’Égypte ancienne.
nomade (M.): personne qui se déplace pour se procurer
de la nourriture et qui n’a pas d’habitat permanent. pictogramme (M.): dessin figuratif constituant un signe
d’écriture.

73
 portique (M.): galerie à colonnade offrant un abri contre sagaie : lance, javelot
la pluie et le soleil.
sanctuaire (M.): lieu de culte (chapelle, temple, grotte...).
pourpre (F.): teinture, connue des Phéniciens, tirée de
certaines parties du murex, un coquillage que l’on trouve sédentaire (adj.): mode de vie de celui qui a un habitat
en Méditerranée. Très aimée des Anciens, la couleur pour- permanent.
pre (rouge foncé) était un symbole de puissance et souvent
réservée aux chefs. sépulture (F.): fosse, tombe, tombeau (voir inhumation).

préhistoire (F.): période du passé de l’humanité pour silex (M.): roche taillée par les hommes de la préhistoire
laquelle nous n’avons pas de documents écrits. Elle pour réaliser des outils et des armes.
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commence avec les premiers êtres humains et se termine

à des dates différentes selon les régions. stèle (F.): pierre couverte d’inscriptions, soit funéraires (en
l’honneur d’un mort), soit commémoratives (rappelant un
primate (M.): mammifère à main préhensile et dentition événement).
complète.
stéréotype : idée toute faite, cliché
privilégié (adj.): se dit d’une personne qui jouit d’avantages
dans la société. symbole (M.): représentation d’une idée par un objet.

processionnel(le) (adj.) (voie): rue par où passaient les T

cortèges des cérémonies religieuses.
tarsis : ville que les historiens situent en Espagne
propulseur : bâton à encoche servant à lancer une arme (Tartessos ?)
de jet
torque : collier rigide porté les personnages importants
pyrite (F.): sulfure naturel de fer. chez les Celtes

Q tribu (F.): groupe social et politique formé à partir du

rassemblement des membres de quelques familles.
quadrige (M.): char romain attelé de quatre chevaux de
front. tumulus (M.): tertre (ou monticule) de terre et de pierres,
au sommet aplati, recouvrant une tombe.
R
U
rempart (M.): paroi en terre, en bois ou en pierres
entourant et protégeant un camp, un village, une ville. urbain (adj) : de la ville

rite (M.): pratique propre à une croyance, à une religion V

(cérémonie, offrande…).
vestige (M.): ce qui reste d’une chose détruite ou
S disparue; trace ou témoignage.

sacerdotal (adj.): qui a un rapport avec la fonction de vivipare (adj.): se dit d’un animal dont l’œuf se développe
prêtre. complètement à l’intérieur de l’utérus maternel.

74
 CONSEILS LECTURE

Bavay L., GaLLet L. et taLLet P., L’Égypte, tout ce qu’on sait et comment on le sait, Éd. La Martinière
Jeunesse, 2003.
de Saint BLanquat H., aGeorGeS V., Lascaux et son temps, Coll. Repères/Histoire, Casterman, 1999.
Hurt V., Montens V., Le monde des Celtes, co-édition Musée des Celtes et Musées royaux d’Art et
d’Histoire, 2001.

Collection «Sur les traces de…»

CaStejon PH., Sur les traces des fondateurs de Rome, Gallimard Jeunesse, 2001.
CHavot P., Sur les traces de Moïse, Gallimard Jeunesse, 2001.
davidSon M.-Th., Sur les traces d’Ulysse, Gallimard Jeunesse, 2001.
tiano oL., Sur les traces des dieux d’Égypte, Gallimard Jeunesse, 2001.
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Collection «Comment on vivait?»

Grant n., Comment on vivait à Rome?, Gründ, 2001.
MorriS n., Comment on vivait en Égypte?, Gründ, 2001.
SenSer C., Comment on vivait en Grèce?, Gründ, 2002.

Collection «Entre chez…»

jaMeS S., Les Romains, Gründ, 1992.
Wood t., LeS GreCS, Gründ, 1993.

75
 TabLE dES maTIèRES

Introduction V

Tu enquêtes VI

ENQUÊTE 1 1
Le mode de vie des hommes pendant la préhistoire

1. Comment la vie est-elle née? 2

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2. La représentation des hommes et des femmes préhistoriques a bien changé… 4

3. D’où venons-nous? 6
4. Où et comment les premiers humains s’abritent-ils? 8
5. Des traces de foyers: mais comment produisent-ils le feu? 10
6. Le renne, un animal utile 12
7. Une technique de taille de plus en plus perfectionnée 14
8. Des croyances, mais lesquelles ? En tout cas, les défunts sont honorés… 16
9. L’art mobilier 18
10. L’art pariétal 20
Discussion 22

ENQUÊTE 2 23
Les premiers écrits, le début de l’histoire

1. Que nous révèlent ces traces? 24

2. Où et quand situer les premières écritures déchiffrées? 26
3. Ces villes antiques sont-elles semblables aux villes d’aujourd’hui? 28
4. L’eau, source de vie? 30
5. Tous égaux? 32
6. Des dieux au service des hommes ou des hommes au service des dieux ? 36
Ici et ailleurs 40

76
 TabLE dES maTIèRES

ENQUÊTE 3 41
Les Celtes: des sociétés sans écriture?

1. Comment connaissons-nous les Celtes? 42

2. Quelles régions peuvent prétendre à des origines celtiques? 44
3. Des villes ou des villages ? 46
4. Une société dominée par les hommes ? 48
5. Des “métallos” à l’époque celtique? 50
6. Les Celtes, au cœur d’un commerce international? 52
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7. Des dieux, des rites, des croyances… un mystère! 54

Discussion 56

ENQUÊTE 4 57
Les racines de l’Europe: un métissage de civilisations

1. La Méditerranée, moteur ou frein pour les échanges? 58

2. Villes d’aujourd’hui, villes antiques, quelles différences? 60
3. Autour de quelles activités s’organise la vie urbaine? 62
4. Comment s’organise la vie dans la maison? 64
5. Des croyances et des rites toujours vivants? 66
6. Pourquoi parler de métissage de civilisations? 68
Menez votre propre enquête 70

Lexique 71

Conseils lecture 75

Table des matières 76

Crédits photographiques 79

77
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 CRédITS phOTOgRaphIQUES

Abbaye Saint-Gérard de Brogne, Saint-Gérard p. 12 n° 3-6; p. 14; Agence AKG Photothèque, Paris p. 30 n° 5; Agence Enguerand-Iliade,
Saint-Denis p. 70 n° 3; Akropolis Museum, Athènes p. 66 n° 1; Archéologia (éditions Faton, Dijon), cliché © A.Duboulez p. 4 n°2;
Archéoparc Malagne p. 52 n° 6; Bibliothèque nationale de France, Paris p. 42 n° 6; p. 58 n° 1; p. 68 n° 4; Bompiani editrice p. 24 n° 5;
British Museum, Londres p. 26 n° 2; p. 28 n° 6; p. 38 n° 3; p. 44 n°4; p. 64 n° 3; Casterman, Tournai p. 4 n° 4; Centre archéologique de
Pincevent p. 10 n°4; Centre national de la Préhistoire, Périgueux p. 1,cliché © N.Aujoulat.; Clarisse Benoît, Bousval p. 16 n° 2 (bas) – Carnet
du Patrimoine, n° 23, Édition de la Région Wallonne; Collège de France, Paris p. 30 n° 1; Dagli Orti, The Picture Desk; p. 28 n° 3; p. 36
n° 2; p. 60 n°1; Direction générale des affaires culturelles de Bretagne, Rennes cliché © H. Paitier-Inray p. 54 n° 4; Dossiers d’archéologie
(éditions Faton, Dijon) sculpture Er. Grangwist, cliché © S. Van Poucke p. 4 n° 3; p. 7; p. 12 n° 1; p. 20 n° 1, 6; p. 38 n° 5; Éditions du
Castelet, Boulogne p. 20 n° 3 (© R. Delon/Castelet); Éditions Ouest-France, Rennes p. 46 n° 1-2; p. 54 n° 5; Éditions Paris-Méditerranée
p. 42 n° 1; Fotolia © Jj-Fotolia.com p. 6 ; Fotolia © D.Pépin p. 12 (centre).; France loisirs éditions, Paris p. 14 n° 8-9; p. 34 n° 6; p. 36 n°
1, 4; Friedrich-Schiller Universität, Jena – Hilprecht Sammlung p. 68 n° 2; Galleria degli Uffizi, Florence p. 66 n° 3; Giraudon, Paris p. 32
n° 3; Graham Harrison p. 32 n° 4; Gubel Éric, Bruxelles p. 38 n°4; Hanlet Yves, Liège p. 18 n° 5 – Carnet du Patrimoine, n° 20, Édition de
la Région Wallonne; Holford Michael p. 60 n°2; L’Archéologue, Paris p. 54 n° 3; L’Histoire, Paris p. 18 n° 4; p. 28 n° 1-2, 4; Jürgen Liepe,
Berlin, P.35 n° 4; Larousse éditions, Paris p. 8 n° 1; Ministère de la Culture et de la Communication. Direction régionale des Affaires cul-
turelles Rhône-Alpes, Lyon p. 20 n° 2; Mouseio Benaki, Athènes p. 66 n° 6; Musée archéologique d’Arlon, p.64 n° 7; Musée archéologique
de Beyrouth, p.58 n°5; Musée archéologique de Bibracte, Saint-Léger sous Beuvray p. 46 n° 4-5; p. 52 n° 2; Musée archéologique, Dijon
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p. 54 n° 4; Musée archéologique, Nîmes p. 42 n° 5; Musée Calvet, Avignon p. 42 n° 3; p. 48 n° 2; Musée de Bagdad p. 26 n° 1; Musée

de Baugy, Cher p. 48 n° 6; Musée gallo-romain, Lyon, cliché (c) Ch. Thioc p. 42 n° 4; Musée de Metz p. 48 n° 7; Musée de Préhistoire de
l’Île de France, Nemours p. 10 n° 4; Musée des civilisations anatoliennes, Ankara p. 18 n° 7; Musée des tumulus de Bougon p. 16 n° 4;
Musée du Châtillonais p; 41 n° 1 (© photo musée du Châtillonais, Châtillon sur Seine) Musée du Malgré-tout, Treignes p. 8 n° 2; Musée
du monde souterrain, Han-sur-Lesse p. 54 n° 2; Musée gaumais, Virton p. 52 n° 5; Musée Meermanno Westreenianum, La Haye p. 58 n°
4 (Inv.619/836); Musée national d’histoire et d’art, Luxembourg p. 46 n° 3; p. 53 (cliché ©M.N.H.A.); Musée national de Beyrouth p. 58
n°3; Museen in Hallstatt p. 50 n° 2-3; Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles p. 28 n° 5; p. 52 n° 3; Museo archeologico nazionale
di Napoli, Naples p. 66 n°4; Museo arqueologico, Barcelone p. 62 n°5; Museo arqueologico provincial, Cordoue p. 50 n° 7; Museo arque-
ologico y etnologico, Grenade p. 18 n° 6; Museo civico dell’età romana, Brescia p. 44 n° 3; Museo delle Antichità egizie, Turin p. 24 n°
4; Museo nazionale de Villa Giulia. Soprintendenza alle Antichità per l’Etruria meridionale, Rome p. 64 n° 1; Museu nacional d’Art de
Catalunya, Barcelone p. 62 n° 5; Museum für Vor- und Frühgeschichte, Saarbrücken p. 62 n° 6; Muzeul nacional de Istorie a Romaniei,
Bucarest p. 18 n° 2; Narodni Muzeum, Prague p. 44 n° 6; Naturhistoriches Museum, Vienne p. 18 n° 3; p. 50 n° 1; p.54 n°1; Perrin V.,
cliché p. 32 n° 5; Préhistosite, Ramioul p. 10 n° 1-3; Réunion des Musées nationaux, Paris p. 12 n° 2; p. 16 n° 3; p. 18 n° 1; p. 23 n° 1;
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Meyer) p. 23 n° 1; p. 24 n° 1, 3, 6; p. 32, n° 1; p. 34 n° 2; p. 36 n° 1, 3 (cliché © H. Lewandowski) p. 32 n° 1 (cliché © Archives Larbor)
p. 24 n° 2, 7; Musée Ladevèze, Le Mas d’Azil (cliché © G. Blot) p. 12 n° 2; Musées des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye p.
18 n° 1; p. 48 n° 5; p. 50 n° 4; Salzburger Museum Carolino Augusteum, Salzbourg p. 50; Scala. Istituto fotografica editoriale, Antelle
Firenze p. 60 n° 5; p. 62 n° 1, 2; Sciences humaines, Auxerre p. 30 n° 5; Soprintendenza archeologica di Pompei, Pompei p. 58 n° 5, p.
64 n° 2, 7; p. 68 n° 1, 4; Tandem Verlag GmbH, Königswinter p. 30 n° 4; The National Museum of Denmark, Copenhague p. 44 n° 5.

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Les photos sans références appartiennent aux auteurs.

L’éditeur remercie ceux qui ont accepté de lui accorder l’autorisation de publier dans le présent ouvrage les extraits
dont ils détiennent les droits de reproduction.
En dépit de ses recherches et sollicitations, l’éditeur n’a pas réussi à joindre certains ayants droit.
Qu’ils soient avertis ici qu’il reste à leur disposition pour satisfaire, le cas échéant, à la législation sur le droit
d’auteur.

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