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Int. J. Biol. Chem. Sci. 9(3): 1431-1439, June 2015
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Original Paper http://indexmedicus.afro.who.int
Amélioration de l’offre fourragère par l’association culturale céréale-
légumineuse à double usage en zone nord soudanienne du Burkina Faso
M.F. OBULBIGA1*, V. BOUGOUMA2 et H O SANON1
1
Département de Productions Animales. Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA),
04 B.P. 8647 Ouagadougou 04, Burkina Faso.
2
Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso 01 B.P. 1091 Bobo-Dioulasso, Burkina Faso.
*
Auteur correspondant ; E-mail :
[email protected]RESUME
L’étude a été réalisée dans deux types de terroir du plateau central du Burkina Faso: le centre périurbain
de Tenkodogo, situé dans la partie Centre-Est et le terroir agropastoral de Monomtenga, localisé au Centre Sud
du pays. Elle a consisté en la mise en place dans chacun des deux sites une association culturale sorgho (variété
ICSV 1049) x niébé (variété KVX 745 11P). Ces tests ont été conduits par 74 producteurs volontaires du terroir
de Monontenga et 25 agropasteurs péri-urbains de Tenkodogo retenus à partir des critères de choix
préalablement élaborés et soumis aux producteurs intéressés par le test dans le village. L’association culturale
des deux espèces à double objectif s’est avérée intéressante, eu égard aux productions obtenues bien qu’elles
soient modestes. Les rendements de 425,21 kg ha-1 en grain avec 1233,47 kg ha-1 en pailles de sorgho et de
235,34 kg ha-1 en graines avec 891,16 kg ha-1 en fanes de niébé obtenus par le mode d’association introduit
constituent un important appoint alimentaire pour les familles et le bétail des producteurs . Ces résultats
obtenus en rendements culturaux montrent que les nouvelles variétés des deux espèces proposées en milieu
rural sont adaptées à l’amélioration du disponible fourrager local.
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Mots clés : Association culturale, sorgho, niébé, production, Burkina Faso.
INTRODUCTION Stapf, Loudtia togoensis (Pilger) C.E. Hubb,
Dans les zones tropicales sèches, la etc. au détriment des graminées pérennes
saison de pluies correspondant à l’abondance telles que Andropogon gayanus Kunth,
des pâturages naturels demeure très courte. Andropogon Ascinodis C.B.Cl, etc. (Yameogo
Elle varie de 3 mois (zone sahélienne) à 5 et al., 2013). Cette situation est due aux
mois (zone soudanienne). Toutefois, en zone principales activités de l’homme qui sont la
agro-climatique nord-soudanienne du Burkina pâture par le bétail, les feux de brousse et la
Faso, les pâturages naturels sont coupe du bois à des fins diverses (Sawadogo,
essentiellement constitués des graminées 2009) Durant la saison sèche, s’étendant
annuelles dont les plus fréquentes sont d’octobre à mai, la difficulté d’alimentation
Pennisetum pedicellatum Trin, Schoenefeldia des animaux herbivores est alors au centre des
gracilis Kunth, Setaria pallidefusca (Schum) préoccupations des éleveurs. En effet, au
Stapf et Hubb, Andropogon pseudapricus cours de celle-ci, les pâturages herbacés, outre
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leur pauvreté en espèces pérennes, sont MATERIEL ET METHODES
constitués d’essences sénescentes et des Sites d’étude
résidus de récolte notamment les pailles de L’étude est réalisée dans deux types de
céréales (sorgho, mil, maïs, riz) dont la terroir : le centre périurbain de la ville de
disponibilité est fonction de la nature et de Tenkodogo se trouvant à 11° 77’ N de latitude
l’intensité de l’activité agricole dans la zone et 0° 36’ W de longitude, et le terroir
(CIRAD, 2009). Pendant cette période, les agropastoral du village de Monomtenga
ressources herbacées seules ne suffisent plus à localisé à 12° 11’ N de latitude et 1° 18’ W de
couvrir les besoins qualitatifs des animaux. A longitude. Au plan géomorphologique, ces
ce stade phénologique, elles apportent une deux sites d’étude, relevant du plateau central
ration énergétique à peine satisfaisante et très ou bouclier africain sont dominés par les sols
pauvre en azote (Kagoné, 2000 ; Zampaligré, ferrugineux tropicaux lessivés indurés qui
2012). Ce problème de disponibilité en couvrent 76,6% du territoire de la province du
quantité et en qualité du fourrage est aggravé Boulgou (MAE, 1988). Les autres principaux
par les effets d’autres facteurs non moins types de sols présents sous forme d’inclusions
importants qui sont la baisse de la sont les sols ferrugineux tropicaux lessivés à
pluviométrie, la diminution des surfaces concrétions, nodaux ou hydromorphes, les
pâturables au profit de l’extension des sols bruns eutrophes et peu évolués
cultures pour la satisfaction des besoins (PDRDP/BK-BUNASOL, 2004).
vivriers d’une population à fort taux de Le climat qui y sévit est du type nord-
croissance (3,1%). L’élevage présent étant de soudanien avec une pluviosité moyenne
type extensif reste alors très tributaire de ces annuelle comprise entre 600 et 900 mm
pâturages naturels au plan alimentaire. (Zoungrana, 1991 ; Dembele, 2010). La saison
Trois principaux systèmes d’élevage, de pluies dure 4 à 5 mois avec 47 à 64 jours
grands consommateurs de ces ressources de pluies (juin - octobre). La température
alimentaires, sont rencontrés à savoir le annuelle moyenne atteint 27 °C environ, avec
système mixte intégré agriculture-élevage une amplitude thermique annuelle de 5 à 6 °C.
pratiqué par les agro-éleveurs sédentaires, le La température moyenne des mois les plus
système périurbain caractérisé par une semi- chauds (mars à mai) oscille entre 34 et 40,5
intensification orientée principalement vers °C. L’évapotranspiration potentielle (ETP)
l’embouche bovine et ovine et enfin, le moyenne journalière des mois de juillet, août
système agropastoral transhumant dévolu aux et septembre varie de 5,4 à 5,2 mm. Outre le
pasteurs peuls. Dans le cadre de l’amélioration caractère unimodal du régime pluviométrique,
de l’offre fourragère à ces systèmes, il s’avère il est observé une importante variabilité
donc capital de contribuer au renforcement de interannuelle du total pluviométrique, avec
l’intégration agriculture-élevage à travers la une tendance à la baisse.
recherche de voies d’amélioration du
disponible et de la qualité du fourrage, tout en Matériel végétal
tenant compte des besoins vivriers familiaux Le niébé (Vigan unguculata) utilisé est
des producteurs. La présente étude vise donc à la variété niébé KVX 745-11P. Quant au
améliorer l’offre fourragère par l’association sorgho (Sorghum almum) utilisé, il s’agit de
culturale sorgho-niébé à double usage au la variété ICSV 1049. Toutes les deux
profit des premiers systèmes évoqués. variétés son issues des collections génétiques
L’objectif de la présente étude est d’évaluer de l’Institut de l’Environnement et de
l’effet de l’association culturale de ces deux Recherches Agricoles (INERA). Il s’agit des
composantes sur les rendements en fourrage et variétés à double objectif (fourrage et
grains/graines de chacune en milieux pastoral grains/graines. En effet, les deux variétés ont
rural et périurbain. la faculté de garder leurs tiges et feuilles
encore vertes au stade maturité des grains ou
graines (« stay green »). Ceci permet d’obtenir
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un fourrage de qualité à la récolte pure de niébé en début de floraison. Le niébé
contrairement aux autres variétés qui ne n’a bénéficié d’aucun inoculum.
possèdent pas ce caractère.
Paramètres agronomiques mesurés
Méthodes La récolte a eu lieu au stade maturité
Le dispositif expérimental a comporté des grains du sorgho et des gousses du niébé.
trois (03) traitements suivants sur chaque Elle s’est étalée de la deuxième quinzaine
site: d’octobre (niébé) à fin novembre (sorgho).
1. un traitement constitué de la culture Elle s’est effectuée en prenant soin de laisser
pure de sorgho ; une ligne de bordure de chaque côté de la
2. un traitement constitué de la culture parcelle pour éviter l’effet bordure. Les
pure de niébé ; panicules de sorgho et les gousses de niébé
3. un traitement constitué de deux récoltées séparément ont été séchées 15 jours
lignées de sorgho intercalées d’une ligne de au soleil avant d’être battues et vannées. Les
niébé ; grains ou graines, obtenus ont été pesés et les
4. un traitement constitué des pratiques rendements estimés par ha.
habituelles paysannes d’association sorgho- Les fanes et les tiges issues de la
niébé; récolte de la parcelle utile ont été pesées sur
Dans chacun des deux sites, chaque place et un échantillon d’un (01) kg a été
traitement a été conduit par 10 exploitants sur prélevé pour la détermination de la matière
une parcelle de 800 m2 (40x20 m) par sèche (MS) par séchage à l’étuve à 105 °C
exploitant. pendant 24 h. Le poids de MS obtenu de
l’échantillon prélevé a été utilisé pour calculer
Mise en place et entretien des parcelles par extrapolation le rendement MS de fanes et
Les antécédents culturaux des parcelles de tiges par ha.
étaient : l’arachide (44%), le sorgho (35%) et
le mil (8%), mil, le niébé (5%), le mil x niébé Evaluation de l’association en termes de
(4%) et le mil x arachide (4%). La préparation rendement
du sol a consisté en un labour en sol humide à L’évaluation de l’association en
la traction animale. En culture pure, le sorgho termes de rendement a été réalisée à l’aide du
et le niébé ont été semés selon les écartements Taux de Surface Equivalente (TSE) ou « Land
de 80 cm entre les lignes et 40 cm entre les Equivalent Ratio » (LER) qui se définit
poquets sur la ligne, soit une densité de 31626 comme la superficie de terrain en culture pure
plants ha-1. En culture associée, les nécessaire pour produire les rendements
écartements ont été les mêmes avec deux atteints par ha de cultures associées. Selon
lignes de sorgho pour une ligne de niébé, soit Wiley (1979) cité par N’goran et al. (2011), il
21084 plants de sorgho ha-1 et 10542 plans de se calcule de la manière suivante :
niébé ha-1. Les semis du sorgho associé au
niébé se son étalés du 24 juin au 18 juillet
2006 conformément aux recommandations
techniques correspondantes à chacune des Où :
variétés introduites. - YA ….YN = rendement de chaque
Toutes les parcelles ont bénéficié d’au composante dans l’association
moins deux sarclages durant le cycle végétatif - SA…..SN = rendement de chaque
des cultures. Toutefois, durant la campagne, composante en culture pure
seule la fumure minérale (urée: 46-0-0) a été Si la valeur de LER est supérieure à 1,
appliquée à la dose de 50 kg d’urée ha-1 sur les cela signifie que l’association l’emporte sur
parcelles de sorgho pur au stade montaison et les cultures pures au point de vue rendement.
un traitement phytosanitaire à la dose de 1 Dans ce cas précis, l’utilisation du terrain est
litre ha-1 de Décis sur les parcelles de culture mieux indiquée pour la pratique de
l’association culturale en raison de
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l’insuffisance de l’espace cultivable due à la atteints par un hectare de culture associée a
très forte pression foncière que connaît la zone été calculé. La valeur obtenue est supérieure à
d’étude. 1 pour les deux modes d’association. Le mode
d’association : deux lignes de sorgho pour une
Analyse statistique ligne de niébé qui a été introduit accuse un
L’analyse statistique a été faite avec le LER moyen de 1,61 contre 1,60 observé avec
logiciel StatView version 4.5 en procédant les pratiques habituelles du paysan pour
aux analyses de variance et à la comparaison l’ensemble des deux sites d’études. Ce qui
des moyennes au seuil de signification de 5%. signifie qu’il y a une symbiose entre les deux
variétés associées : sorgho ICSV 1049 et
RESULTATS niébé KVX 11P dans les deux modes
Effet de l’association sur les rendements d’association. Ainsi, le LER de 1,61 obtenu
culturaux de chaque composante avec le mode cultural introduit indique un
Production de grains de sorgho et graines de avantage en rendement de l’association de
niébé 56% comparativement à la culture pure de
Les rendements en grains du sorgho et chacune des deux composantes. Toutefois, les
en graines du niébé sont consignés dans le deux modes ne présentent pas de différence
Tableau 1. Les rendements en grain de sorgho significative au seuil de 5%.
en culture pure obtenus sont 526 ,64 kg ha-1
dans le terroir de Monomtenga et 451,82 kg Production de pailles de sorgho et fanes de
ha-1 dans le centre périurbain de Tenkodogo, niébé
soit une moyenne de 489,23 kg ha-1. Il n’a pas En matière de production des pailles et
été observé une différence significative entre fanes, il a été observé dans les deux sites
les deux sites (P < 0,05). Il en est de même d’étude que l’association réduit
pour les rendements en culture pure de niébé significativement le rendement de chaque
dont la valeur la plus élevée (331, kg ha-1) est composante par rapport à sa culture pure (p<
obtenue dans le centre périurbain de 0,05). Ainsi, le sorgho en culture pure donne
Tenkodogo. En comparant ces rendements à un rendement moyen en pailles de 1333,20 kg
ceux obtenus en cultures associées, il se ha-1 pour l’ensemble des deux sites d’étude
dégage que l’association sorgho x niébé réduit contre 1233,47 kg ha-1 (Tableau 2) avec le
significativement la production de chaque mode d’association introduit, soit une
composante (P < 0,05). réduction de 7,5%. Dans le cas du mode
Le rendement potentiel de la variété de d’association traditionnelle, cette réduction de
sorgho utilisée étant 1 à 1,5 t ha-1, la valeur la production atteint 10,7%, mais il n’existe
obtenue en culture pure 489,23 kg ha-1 ne pas de différence significative au seuil de 5%
représente que 32,6 à 48,6% de ce potentiel. entre ces pratiques paysannes et le mode
Ceci s’expliquerait essentiellement par la non d’association introduit.
utilisation optimale de la fertilisation Le LER moyen le plus élevé (1,56) est
minérale, les écarts des dates de semis entre observé avec le mode d’association introduit
producteurs, les antécédents culturaux et les et donne un avantage en rendement de
aléas climatiques. Aussi, il a été constaté une l’association de 56% comparativement à la
infestation générale des parcelles par l’espèce culture pure de chacune des deux
Striga hermontthica (Delile) Bentham, une composantes. Les écarts relativement
adventice dont les dégâts sur les cultures importants observés entre les minima et les
céréalières ne sont plus à démontrer. maxima aussi bien pour les rendements (grain
Le taux de Surface Equivalente (TSE) et fourrage) témoignent la grande variabilité
ou « Land Equivalency Ratio » (LER) qui liée principalement aux facteurs édaphiques,
correspond à la superficie de terrain en culture aux pratiques culturales et à la mauvaise
pure nécessaire pour produire les rendements répartition spatio-temporelle des pluies.
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Tableau 1 : Rendements en grains du sorgho et gaines du niébé selon le mode cultural.
Systèmes culturaux Sites Grains sorgho Graines niébé LER
(kg ha-1) (kg ha-1)
Culture pure sorgho Monomtenga 526 ,64 d - 1,00
(460 – 611)
Tenkodogo 451,82 d - 1,00
(347 – 638)
Moyenne 489,23 d - 1,00
Monomtenga - 322 ,65 b 1,00
(285 – 380)
Culture pure niébé Tenkodogo - 331,67 b 1,00
(347 – 638)
Moyenne - 327,17 b 1,00
Monomtenga 471,62 c 212,15 a 1,56
Association sorgho x niébé (2 :1) (420 – 533) (180 – 240)
Tenkodogo 469,40 c 258,53 a 1,67
(316 – 474) (196 – 341)
Moyenne 425,21 c 235,34 a 1,61
Monomtenga 425,32 c 221,62 a 1,51
Association sorgho x niébé (364 – 480) (143 – 300)
pratiques paysannes Tenkodogo 491,18 c 208,96 a 1,68
(372 – 638) (189 – 238)
Moyenne 458,25 c 215,29 a 1,60
Les moyennes affectées d’une même lettre sur la même ligne pour la comparaison des moyennes entre modes culturaux et sur la même colonne pour la comparaison sorgo et niébé ne diffèrent
pas significativement (p < 0,05); Les valeurs ( ) indiquent les minima et les maxima.
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Tableau 2 : Rendements en pailles du sorgho et fanes du niébé selon le mode cultural.
Systèmes culturaux Sites Pailles sorgho Fanes niébé LER
(kg ha-1) (kg ha-1)
Culture pure sorgho Monomtenga 1536 ,67 d - 1,00
(1140 – 1860)
Tenkodogo 1129,74 d - 1,00
(1029 – 1263)
Moyenne 1333,20 d - 1,00
Culture pure niébé Monomtenga - 1203 ,95 b 1,00
(1028 – 1377)
Tenkodogo - 1320,81 b 1,00
(1044– 1752)
Moyenne - 1262,38 b 1,00
Association Monomtenga 1403,92 b 808,84 a 1,41
sorgho x niébé (2 :1) (1063 – 1682) (710 – 918)
Tenkodogo 1063,01 b 973,47 a 1,70
(909 – 1207) (736 – 11271)
Moyenne 1233,47 b 891,16 a 1,56
Association Monomtenga 1233,14 b 845,22 a 1,38
sorgho x niébé ( 996– 1460) (557 – 1100)
pratiques paysannes Tenkodogo 1148,42 b 840,61 a 1,67
(981– 1323) (668 – 1007)
Moyenne 1190,78 b 842,92 a 1,53
Les moyennes affectées d’une même lettre sur la même ligne pour la comparaison des moyennes entre modes culturaux et sur la même colonne pour la comparaison sorgo et niébé ne
diffèrent pas significativement (p < 0,05); Les valeurs ( ) indiquent les minima et les maxima.
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DISCUSSION mode d’association introduit est similaire à
La production de grains de sorgho et de celle de 1,7 observée par Zougmoré et al.
graines de niébé (2003) de l’association de variétés améliorées
L’association culturale des deux de sorgho (ICSV1049) et de niébé (IAR/180-
espèces à double objectif s’est avérée 5-4). Enfin, en matière de qualité
intéressante, eu égard aux productions nutritionnelle, l’introduction du niébé dans le
modestes obtenues dues principalement aux système de culture du sorgho améliore
facteurs de performance observés par qualitativement la production en augmentant
Coulibaly et al. (2012) pour les associations celles des lipides et des protéines sur la même
maïs/niébé qui sont les dates de labour et de surface. Ceci est confirmé par les travaux de
semis, la densité de peuplement et le niveau Adjahossou et al. (2009) qui ont montré que
de fertilité des sols. Les rendements de 425,21 l’association culturale arachide-maïs améliore
kg ha-1 en grain de sorgho et de 235,34 kg ha-1 significativement la production de protéines
en graines de niébé obtenus avec le mode (24,1% à 106,2%) et de lipides (147,9% à
d’association introduit constituent un 386%).
important appoint alimentaire pour les
familles des producteurs dans cette zone La production des pailles du sorgho et des
agro-écologique (plateau central) où les fanes du niébé
populations sont soumises à des famines Les résultats obtenus en matière de
saisonnières chroniques (Ouédraogo, 2003). rendement en pailles et fanes ont également
Les rendements habituels observés en système montré que l’association culturale des deux
traditionnel dans ladite zone sont de l’ordre de espèces à travers des variétés améliorées
844 kg ha-1 de grain de sorgho en culture pure semble être une des voies de renforcement
et 156 kg ha-1 de graines de niébé en durable de l’intégration agriculture-élevage
association avec le mil (Obulbiga, 1998). En par une amélioration quantitative et qualitative
effet, outre son caractère d’améliorateur de la du disponible du fourrager dans le terroir.
qualité du sol par la fixation de l’azote Comme cela a été constaté au niveau de la
atmosphérique (Coulibaly et al., 2012), le production de grains/graines, l’association
niébé en légumineuse vivrière joue un rôle de culturale céréale-légumineuse améliore
complémentarité avec la céréale dans la diète davantage la teneur en matière azotée du
alimentaire (Garba, 2007). Tout ceci pourrait mélange obtenu. Le LER de 1,56 observé avec
expliquer la pratique répandue de cette culture le mode d’association introduit et donnant un
dans la région du centre, malgré le fait que les avantage en rendement de l’association de 61
ménages de cette région connaissent l’un des % sur la culture pure de chacune des deux
plus faibles taux d’utilisation des engrais composantes, demeure un atout certain pour
minéraux ou la fumure organique qui est une diffusion de cette technique dans cette
estimé à 53,5% (PNGT, 2011). Egalement, zone confrontée de plus en plus au problème
l’association de deux cultures permet aux de disponibilité de terres cultivables.
producteurs de mieux gérer l’espace cultivable L’absence de différence significative entre ce
(de plus en plus rare) tout en produisant des mode d’association introduit et le système
avantages au niveau du contrôle des traditionnel à l’intérieur du même site et entre
mauvaises herbes, de la couverture du sol, de les deux sites semble confirmer l’efficacité
la protection du sol contre l’érosion et de la des espèces à double usage dans l’association.
dispersion des insectes. Zougmoré et al.
(2000) montrent dans la même zone Conclusion
climatique que l’association sorgho-niébé Les résultats obtenus en rendements
permet une réduction de l’érosion du sol de culturaux des associations sorgho-niébé
80% par rapport à la culture pure de sorgho et montrent que les variétés améliorées des deux
de 45 à 55% par rapport celle de niébé. La espèces sont adaptées à l’amélioration du
valeur moyenne de LER de 1,61 obtenue du disponible fourrager pour les systèmes
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d’élevage sédentaire présents : le système Garba AM. 2011. Etude des possibilities
mixte intégré agriculture élevage du terroir d’amélioration des systems de production
agropastoral rural et le système périurbain à base de légumineuses alimentaires
caractérisé par une semi-intensification (niébé-arachide) dans la zone agro-
orientée principalement vers l’embouche écologique du Fakara, Sud-ouest du
bovine et ovine. Niger). Mémoire Diplôme d’Etudes
Ces résultats montrent également que Spécialisées en Gestion des Ressources
ces variétés améliorées pourraient permettre Animales et Végétales en Milieux
de diminuer de façon notable les famines Tropicaux. Filière : Production Végétale.
saisonnières chroniques rencontrées les Faculté Universitaire des Sciences
populations de la zone. Il est donc possible Agronomiques de Gembloux, Belgique,
d’accroître la production agricole et animale 69 p.
de ladite région par l’intensification du mode Kagoné H. 2000. Gestion durable des
cultural : association céréale-légumineuse à écosystèmes pâturés en zone nord-
double objectif. Pour cela, nous proposons de soudanienne du Burkina Faso. Thèse de
promouvoir surtout les associations sorgho- Doctorat. Gembloux, Faculté
niébé. Le niébé est une culture importante Universitaire des Sciences
dans la zone nord-soudanienne du pays, parce Agronomiques, 237 p.
qu’il est tolérant à la sécheresse et améliore la N’Goran KE, Kaassin KE, Zohouri GP,
qualité du sol par la fixation d’azote, un effet N’Gbesso MF, Yoro GR. 2011.
compensateur de la faible utilisation de la Performances agronomiques des
fumure minérale ou organique généralement associations culturales igname-
constatée au niveau des ménages de la région légumneuses alimentaires dans le Centre-
du Centre. L’amélioration des systèmes de Ouest de Côte d’Ivoire. Journal of
culture mixte (céréale-légumineuse) constitue Applied Biosciences, 43: 2915-2923.
donc l’un des moyens pouvant permettre Obulbiga MF. 1998. Caractérisation des
d’assurer la sécurité alimentaire humaine et ressources agropastorales et des
animale dans cette zone agro-écologique qui contraintes liées à leur exploitation par les
constitue l’espace agropastoral essentiel du ruminants dans les villages de Luili-
pays. Nobéré et de Yambassé (Burkina Faso).
Mémoire DES. Faculté Universitaire des
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d’un système de culture associant le maïs production d’Andropogon gayanus Kunth
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