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Dokumen - Tips Esprit Metis Hs Bordeaux Metisse

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HORS SéRIE / 12 mai 2011

L'édito du Maire
Bordeaux métisse
Depuis toujours, Bordeaux est une ville d'accueil, pétrie d'humanisme et donc ouverte à toutes
les diversités...
Au quotidien, avec divers partenaires et les acteurs de la diversité, notre action vise à conforter
cette tradition et à inscrire les valeurs de la diversité culturelle dans nos grands projets : l'Agenda
21, le Projet urbain "Bordeaux 2030" et le Projet social de Bordeaux.
Avec l'organisation du 1er Forum interculturel de Bordeaux le 21 mai 2011, c'est une nouvelle
impulsion que nous avons souhaité donner au Conseil de la diversité: faire de la diversité culturelle
une affaire de tous les Bordelais, ancrer durablement le sens et les formes de cette Bordeaux
métisse qui favorise le bien vivre ensemble.

Alain Juppé
Je suis heureux qu'Esprit Métis nous invite cette découverte.

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comme tous les autre r tous
Esprit Métis | 7 rue des trois chandeliers 33000 Bordeaux
ine de cœ ur, d’idées et prête à releve
| Tél : 06 10 54 97 06 | [email protected] | www. équipe ple
aient du sens.
les défis, pourvu qu’ils
espritmetis.com | http://espritmetis.wordpress.com |
Rédaction : [email protected] | Publicité :
doise
rre, bleue comme l’ar
[email protected] | Radio : radio@espritmetis.
Beige comme la pie
com .
tou te sa
Le magazine Esprit Métis est un trimestriel gratuit édité
, c’est la ville dans
par l’association loi 1901 Esprit Métis et tiré à 5000 et rouge comme le vin ie. Et force
ur de ce hors-sér
pluralité qui est au cœ
exemplaires.| Publication du hors série le 12 mai
le Bré sil, la Co rée
2011 | Dépôt légal à parution | ISSN : 1960 - 2332
tre Mayotte,
Directrice de publication : Achta Clanet | Rédactrice en est de constater qu’en ire , ce nu mé ro d’ici
frique no
du Sud ou encore l’A
chef : émeline Joffre | Rédacteurs invitées : Le conseil
me
de la diversité de la ville de Bordeaux | Secrétaire de
au fina l joy eu sem en t cosmopolite ! Mais ne
rédaction : Isabelle Marcuzzo | Correctrices : Marion est
doutiez ?
dites pas que vous en
Roset, Isabelle Marcuzzo & Marie-Christine Galy-Aché |
Directrice artistique - Créatrice et fondatrice d’Esprit Métis
ture
une certitude : l’aven
: Kellie Dubois | Mise en page: Anthony Rojo et Kellie
Des vies, une ville, et
Dubois | Couverture : Laure Moulé | Un merci spécial à Eric
de rni er mo t à
Cattelain et aux membres du conseil de la diversité de
r dit son
Bordeaux | Une pensée à tous les bordelais qui ont l'esprit métisse est loin d’avoi
Bordeaux !
métis. | La team métis 2011 : Jamila Ouala, Quam Kuakuvi,
Sébastien Lamigou Gratiaa, Grégory Provenzano, Hélène
Morin, Julie Audemard, Julie Brault, Benjamin Lagard,
Emeline Joffre
Martin Debray, Cédric Jault, Alexis Fernandez, Laure
Moullé, Faniry Ratziferana, Sami Ben Hamid, Amanda
Guilherme, Siti Said Ali, Karen Toris, Badara Sarr, Noémie
Harriet, Warda Mohamed, Amandine Bouinot, Julie Jacotin,
Mohamed Boussahla, Anissa Bestaoui, Stivel Dahyot,
Sébastien Gouriou, Thomas Dubourg, Emilie Jaquet, Milo,
Isis Spiteri, Elodie Anceney, Samira El Lebbar, Noufal
Bensaoud, Célia Planche, Fabienne Serenus. | Impression :
Atelier Graphique Saint-Jean, 10rue Flottes, 81000 ALBI

www.espritmetis.com
Esprit métis #HORS SéRIE / Bordeaux Métisse 3
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Compagnie Fabre/Sènou
Norbert Sènou. Caroline Fabre. Le premier est expert en danse
africaine, avec des gestes saccadés et puissants. La seconde
fait de la danse contemporaine, et réinvente avec lui les codes
chorégraphiques. Vous avez dit métissage ? En atelier comme en
spectacle, la compagnie Fabre Sènou célèbre en mouvements leur
rencontre et leur talent. Et on en
prend plein les yeux. ►Ghiska Lipdub en Langue des Signes ● buzz du net
EN SAVOIR PLUS ●
http://cie-fabresenou.com
http://cie-fabresenou.com

● Ils se sont bougés

Dis'fusion métis

L'émission radio Dis'fusion Métis


est un magazine culturel un jeudi
sur deux, de 19h à 20h. Les quatre
animateurs nous font voyager en Afin de représenter la diversité culturelle et le mélange des
nous présentant un pays différent à différences, Sébastien Lamigou-Gratiaa a réalisé pour Esprit
chaque émission. Dis'fusion métis Métis un clip vidéo qui s’apparente à un lipdub (vidéo réalisée en
est un projet d'Esprit Métis soutenu playback au sein du milieu professionnel, scolaire ou associatif
et généralement destinée à une diffusion sur Internet).
et hébergé par Radio Campus ;
l’émission nous fait découvrir les
Près de 180 personnes, issues de divers horizons, ont participé
nouvelles compétences d'une à ce projet très métissé sur fond de la chanson « He lives in
équipe jeune et dynamique, avec you » interprétée par Lebo M.
laquelle parcourir le monde devient Le clip est intégralement interprété en Langue des Signes afin
facile. ►Célia de sensibiliser les gens au monde des sourds et malentendants,
Blog : dis-fusion-metis.blogspot.com et à leur langue.
Radio campus : 88.1 FM Bordeaux blog.espritmetis.com
5
● MUSIQUE

L e j a z z a r m é n i e n d e T i g r a n H a m a s ya n

Pianiste vertigineux et jazzman intemporel, le talent de Tigran Hamasyan n’est plus à prouver. Du haut de
ses 23 ans, il a su conquérir amateurs et passionnés grâce à des mélodies et improvisations envoûtantes.
Nouvel acteur de la scène Jazz arménienne, la richesse de son jeu est née du délicieux mélange de
folklore arménien mêlé à l’inspiration de grands classiques tels que Duke Ellington, Charlie Parker et
Miles Davis. Après l’obtention du prestigieux prix The Thelonious Monk Institute of Jazz en 2006, Tigran
revient aujourd’hui, épaulé par Herbie Hancock, pour la promotion de son 4ème album intitulé «A Fable».
Un vrai bijou ! ►Texte : Alexandra Julien-Tchapoutian

● littérature exotique

Métis, métisse, métissage,


de quoi parle-t-on ?
Anaïs Favre.

Autrefois évité, le mot « métissage » est aujourd’hui utilisé à outrance,


voire galvaudé. Dès lors, on peut se poser la question de son sens
véritable. Anaïs Favre tente de donner des clefs de compréhension
dans cet essai en quatre parties, basé sur des études et des entretiens
avec des métis ethniques et culturels. Après un rappel historique
prenant ses racines dans l’esclavage et la colonisation, l’auteure nous
plonge au cœur de nos sociétés multiculturelles afin de nous guider
vers notre définition de l’identité métisse. http://www.editions-liroli.net
►Patricia Grange-Boué

Deux graines de cacao


Evelyne Brissou-Pellen

A 12 ans, Julien apprend qu’il a été adopté et qu’il est né à Haïti. Il


embarque sans le savoir à bord d’un négrier qui le mènera vers la
vérité et vers son destin. Des sujets difficiles sont ici mis à la portée
des enfants dès 9 ans : la traite des esclaves, les relations entre
la France et Haïti, les douleurs de la décolonisation… Une lecture
recommandée pour tous, jeunes et adultes ! ► Véronique Magniant

6 Esprit métis #HORS SéRIE - Brèves


MASCARADES, de Lyes Salem
Le Grand Prix de la communication interculturelle du
Festival "Vues d'Afrique" de Montréal.

Un village quelque part en Algérie, dans un coin perdu des


Aurès. Persuadé que Rym finira vieille fille à cause de sa
narcolepsie, son frère Mounir déclare pourtant un jour qu’il
lui a trouvé un riche prétendant…Le film porte bien son
nom : joutes verbales dignes du théâtre classique, comedia
dell arte et pantomime burlesque, le spectacle est complet
et le plaisir au rendez-vous. Les masques peuvent tomber,
et derrière l’exagération se profile un discours sur l’Algérie
contemporaine.

LE DERNIER VOYAGE DE TANYA,


de Aleksei Fedorchenko
Un voyage aux abords de la
Volga chez les Méria, peuplade
russe oubliée.

A la mort de son épouse Tanya,


Miron, accompagné de son ami
Aist, sillonnent la Russie pour
incinérer le corps sur les lieux de
leur lune de miel. Comme le veut
la coutume, Miron partage avec
son ami les souvenirs de sa vie
conjugale. Précarité de la vie physique, permanence de l’âme,
vitalité des souvenirs et nostalgie du présent…autant de thèmes
évoqués, tandis que défilent les étendues russes traversées par
les trois héros. Un road-movie tchekhovien en quelque sorte….
► Marion Roset
On a tous des préjugés qu’on le veuille ou
non. Ils sont ancrés dans l’Histoire, la culture,
les « on dit » ou vus à la télé. Pourquoi ces
préjugés existent-ils ?

Clichés, croyances, représentations, préjugés… marquent bien


souvent les histoires de migration et de double appartenance
culturelle.

Un de ces clichés encore en cours : « Pour que le migrant et ses descendants puissent bien
s’intégrer, pour que la migration soit réussie, il ne faut pas parler la langue d’origine dans la famille
et il n’est pas souhaitable non plus de trop parler du pays d’origine aux enfants. »
Cette croyance alimentée à la fois par les représentants de l’Etat et de la société, tels que l’école,
les services sociaux et civiques, dans le souci de maintenir l’Unité nationale a été également
relayée par les familles dans le souhait d’être de bons migrants mais aussi de favoriser l’avenir
de leurs enfants en terre d’accueil.
Cette injonction d’oubli de la langue, de la culture et de l’histoire de la famille a rendu la tâche
des parents difficile. Comment parler avec son enfant, dans une langue qu’on maîtrise si mal ?
Comment continuer à exercer un rôle de parent sans pouvoir transmettre ?
Néanmoins, mais avec la créativité et la capacité adaptative dont les migrants font souvent preuve,
plusieurs générations ont dû faire face à cette réalité qui induit à mon sens une forme de conflit de
loyauté entre pays d’origine et pays d’accueil, langue première et langue seconde.
Psychologue clinicienne et chercheur, je constate que, contrairement à ces idées reçues, la
transmission est en réalité au cœur de la notion de double appartenance effective.
Les personnes qui ne rompent pas avec leur histoire sont plus aptes grâce à une certaine sécurité
identitaire, à investir la culture du pays d’accueil.
L’expression de la double appartenance comme un atout devient possible pour le sujet s’il ne vit
clichés mis à mal

pas un conflit de loyauté entre deux univers culturels. Cette violence du choix impossible met le
sujet dans l’embarras pour se construire et pour investir la culture du pays d’accueil et y réussir
en utilisant le potentiel créatif que cette existence multiculturelle lui offre.
Le sujet ne vit pas son identité multiculturelle de manière isolée, mais plutôt en relation : avec sa
famille nucléaire, élargie, avec la société qui l’entoure, le pouvoir public, avec ses pays.
Malgré la valorisation actuelle des cultures et des langues, Il va nous falloir des années pour
déconstruire ce cliché qu’une culture chasse une autre et qu’une langue remplace une autre.
Parlons-en !
► Ivy Daure, est brésilienne. Psychologue à Bordeaux.

8 Esprit métis #HORS SéRIE - Clichés mis à mal


un esprit plus ouvert

Pays d'origine - Pays d'accueil : deux cultures, une richesse.


Et si, malgré les tendances d'assimilation et d'intégration
forcées, c'était la clef ?
Toutes les migrations ont eu une période pendant portugaise est venue modifier le cours paisible de
laquelle il était de bon ton de ne plus parler la langue mon existence. Comme tant d’autres je suis arrivée
du pays d’origine. C’est ainsi que dans beaucoup à Paris, dans le cadre du regroupement familial
de familles portugaises, après des études secondaires au Portugal.

Il m’a été conseillé de m’inscrire à


il fallait uniquement parler l’Alliance Française. Mes bonnes bases en
et « vivre » français. langue portugaise ainsi que ma curiosité naturelle
m’ont beaucoup facilité l’apprentissage des langue
et civilisation françaises. L’enseignement était
excellent et les contacts avec les autres étudiants
Cette tendance était souvent véhiculée par venant du monde entier me donnaient une vraie
les femmes, qui travaillaient dans des familles ouverture vers les autres.
françaises. Leurs enfants devaient faire des études,
ils ne devaient s’exprimer que dans la langue du Depuis, bien du temps a passé. Les deux cultures,
pays d’accueil, celle d’origine était un handicap à d’origine et du pays d’accueil, peuvent coexister en
leur réussite. Cela donnait parfois des situations parfaite harmonie. Il me semble évident que le fait de
paradoxales car ces femmes avaient elles-mêmes connaître parfaitement la culture d’origine, de savoir
des difficultés à parler le français. d’où l’on vient, est une richesse et permet de ne pas
se trouver écartelé entre deux univers culturels. Ils
Beaucoup de ces enfants, quand ils partaient en se complètent. Je me sens riche de cette
vacances, étaient dans l’incapacité de parler avec double appartenance contrairement aux
leurs grands-parents restés au pays, au grand idées reçues et autres stéréotypes.
regret de ceux-ci. Ce pays qui était trop souvent
assimilé au seul lieu de vacances en été, sans trop Je me souviens d’une remarque d’une personne à
un esprit plus ouvert

en comprendre la culture, sans une vraie sensation Bordeaux il y a quelques années. M’ayant aperçue
d’appartenance. sur une photo de groupe dans un article sur
Bordeaux et les étrangers, elle me dit : « Ah, vous
Mon histoire est différente, êtes portugaise ?!! Pourtant, quand on vous voit, on
atypique. ne sait pas que vous êtes étrangère !!! ».
Née au Portugal au temps de la « Petite Maison Comme si on portait tous une inscription sur le front
dans la Prairie », mon souhait était de continuer pour nous différencier des autres, une maladie
mes études dans la très ancienne Université de honteuse qu’il faut cacher !
Coimbra. L’histoire familiale et de l’immigration ► Un témoignage de Teresa

Un esprit plus ouvert / Esprit métis #HORS SéRIE 9


De la « diversité culturelle » quelques lignes sujettes à questionnement
et prolongement. À commencer par celle-
et du « bien vivre ensemble » : ci : « Vous avez dit culture ? ».
une question de mots ?
À peine évoquée, un éventail d’approches
Il n’est pas aisé de définir la « diversité se manifeste. À défaut de les citer ici,
culturelle », et l’une des difficultés à le rappelons cette définition produite par
faire tient bien entendu à la précision l’UNESCO (1982) : « La culture est
préalable des notions qui la constituent l’ensemble des traits distinctifs, spirituels
: « culture » et « diversité », mais aussi et matériels, intellectuels et affectifs,
« valeur », « respect », « humanité », qui caractérisent une société ou un
« citoyenneté », etc. De tels repères groupe social. Elle englobe, outre les
varient considérablement dans le arts et les lettres, les modes de vie, les
jugement et l’opinion que chacun est en droits fondamentaux de l’être humain,
mesure de formuler, et l’on aura donc tôt les systèmes de valeurs, les traditions
fait de constater bien des écarts, sinon des et les croyances ». Tout en y relevant
CULTURE

malentendus. Loin de vouloir en résoudre des éléments essentiels à nos analyses,


la problématique en ce court propos, nous nous aurions aussitôt envie d’y associer
aimerions inviter à la poser en avançant l’appréciation du poète Kenneth White

10 Esprit métis #HORS SéRIE - Mot de la diversité


lorsqu’il nous dit : « Si la culture offre société juge positivement de ce qui est
une vision de l’homme, une conception accompli ou en voie de l’être. » C’est
de ce qu’est un être humain, elle insiste ainsi que la diversité culturelle peut
également sur ce que l’homme pourrait concourir directement au « bien vivre
être en fonction d’une direction, d’un ensemble » que nous aborderons comme
idéal à atteindre.». la « capacité à accorder à chaque être
dignité et justice, au regard de ses droits
Oui, la culture est engagement, de et devoirs, au sein d’une société apte à
vie, de conscience, et renvoie donc porter et partager un projet collectif où
prioritairement aux valeurs qu’elle tous puissent s’épanouir dans le respect
porte et que nous sommes censés non mutuel et le partage des valeurs. Le bien
seulement sauvegarder, mais aussi vivre ensemble gagne à s’appuyer sur la
faire vivre et évoluer. Quelle vision clarté de ce projet, et sur la pédagogie à
moins enthousiasmante pourrions-nous laquelle il engage. ».
donner de la diversité culturelle que
celle d’un musée de cires, collection Si l’on peut donc voir un
d’empreintes culturelles figées ne rapprochement entre diversité
reflétant en aucune sorte la vie des culturelle et bien vivre ensemble,
sociétés et le dynamisme des êtres, c’est parce qu’ils procèdent tous deux
comme des idées enchevêtrées qui les de cette interrogation sur un projet
composent dans toute leur diversité ! concret dans lequel le dialogue, le
Diversité oui, comme nous l’encourage dépassement des stéréotypes, la
l’écrivain Amin Maalouf, mais en évitant force et les fonctions du respect, la
absolument ces « égarements » qui relation à l’autre, etc., sont autant de
consisteraient à la croire, ou à la dire, pistes livrées à notre meilleur jugement.
seulement représentative de l’autre, En se hissant à la hauteur d’un tel
dans sa différence, et non plus de projet, en le faisant rayonner dans
soi, dans l’humanité qui nous lie. La l’ensemble des dimensions constitutives
diversité est indissociable de l’unité de notre réalité (économie, santé, école,
qui nous assemble, elle clame notre gastronomie, etc.), nous pouvons être
appartenance universelle au genre convaincus que les sociétés qui auront
humain, à son indivisibilité. La diversité fait le choix de ce projet auront pris une
culturelle dit toute la force et l’importance option sérieuse sur la construction d’un
d’une présence au monde, à l’autre et monde où ici sera enrichi de la pluralité
à soi, dans l’épanouissement de ses des ailleurs, dans un dialogue nourri de
interactions et de leur équilibre sensible. nos identités, respectueux de nos droits
et de nos devoirs de paix.
► Texte: Eric Cattelain
Nous en venons alors naturellement
► Illustration : Anthony Dezorzi
à nous interroger sur l’idée du « vivre
ensemble » qui caractérise une partie
du débat contemporain. Une fois
encore, en acceptant l’usure dont Le Conseil de la Diversité
pareille expression peut faire l’objet, de Bordeaux mène au sein
qu’entendons-nous par là ? Par nature, d’ateliers réguliers un travail
ne vivons-nous pas ensemble, de gré sur les mots de la diversité culturelle,
ou non ? C’est dans la qualification de dans l’idée d’élaborer un lexique d’un
ce vivre ensemble que les jugements sens en partage, confrontant nos
sont appelés à se prononcer. C’est opinions, pratiques, savoirs, histoires et
pourquoi nous serions portés à croire cultures.
à l’introduction d’un « bien » comme :
« mesure éthique selon laquelle une
Mot de la diversité - Esprit métis #HORS SéRIE 11
Quand le piment des migrants rencontre les
fromages du terroir,
l’esprit métis passe définitivement par les papille
s!
Depuis la constitution des hommes en sociétés, bon fromage français n’est pas toujours goûteux.
le moment du repas, vécu au départ comme Et pourtant, j’ai constaté qu’au fil du temps, les
un moment exceptionnel résultant d’une lutte habitudes alimentaires parviennent à se modifier
difficile, est progressivement devenu un moment chez la plupart des migrants que j’ai pu côtoyer.
de convivialité, de partage et de retrouvailles. Etant moi-même un féru de piment, j’ai
Ainsi dans la Gaule antique, on partageait le progressivement accepté l’invitation au voyage
« repas de l’amitié » pour mettre un terme à que nous offre la ville de Bordeaux en matière de
un différend. Il en était de même en Afrique, en gastronomie du Sud-ouest et de la France plus
Asie et aux Amériques précolombiennes. généralement. Ainsi du goûteur timide du magret
de canard, foie gras, escalopes aux échalotes, on
De nos jours, la diversité des produits culinaires devient un habitué et même un fin connaisseur.
permet de consommer à l’envi un plat d’une Et en ce qui concerne le fromage, dont la France
destination inconnue ou lointaine. Cela est est l’un des plus grands producteurs, je dois dire
particulièrement vrai à Bordeaux où les que sa variété à elle seule permet à chacun d’y
immigrations successives ont enrichi et modifié trouver son compte.
les habitudes alimentaires des migrants et des
locaux. C’est ainsi que l’on rencontre au sein A ceux qui disent que le fromage sent fort, un brie
de la ville de nombreux restaurants de cuisines ou de la « Vache qui rit » suffiront aisément. A
étrangères et même des quartiers1 où l’on ceux qui veulent goûter un peu plus : un brebis,
peut s’approvisionner à souhait en produits du un chèvre, du cantal, de la tomme conviendront.
monde. Aux connaisseurs : du comté, du roquefort, ou du
camembert iront très bien accompagnés d’un bon
Deux mutations se sont ainsi opérées au sein de vin de Bordeaux…
la société bordelaise : la première concerne les
migrants qui partent du piment vers le fromage Ce sont donc, pour revenir sur terre, les
et la seconde les locaux qui, en sens contraire, habitudes alimentaires des migrants qui se sont
conjuguent le fromage avec le piment. progressivement transformées. Le pas vers
l’autre a été franchi à tel point que pour beaucoup
Du piment au fromage il ne saurait plus en être autrement.
Le piment est un aliment particulier en ce qu’il est Il n’est plus rare aujourd’hui de se voir proposer
Société

souvent perçu comme l’épice par excellence des au sein des citoyens d’origine africaine vivant à
populations migrantes d’Afrique, d’Amérique latine Bordeaux, un fromage au cours d’un repas.
ou d’Asie. D’un autre côté, pour les arrivants, le

12 Esprit métis #HORS SéRIE / Société


Cette diversité dans les habitudes alimentaires,
s’est faite automatiquement par l’ouverture ● La patate douce
d’esprit et traduit une volonté d’acceptation de De couleur orange ou légèrement jaune, cette
l’autre dans le temps et dans l’espace. Il en est tubercule se cuit à l’eau ou se frit comme la pomme
également de même en sens contraire. de terre. Cuite à l’eau on peut la faire en purée pour
un gratin de confit de canard par exemple.
Du fromage au piment La diversité est donc présente au sein de nous
Les habitudes alimentaires des Bordelais ont au travers de ces mets dont la liste est loin d’être
également subi des changements du fait des exhaustive2.
migrations.
Un exemple frappant de ces changements La diversité culinaire, la variété des offres est
se retrouve au sein des supermarchés et des dans l’air du temps et Bordeaux n’y échappe pas.
commerces de proximité où l’approvisionnement Partager un repas, est une invitation au voyage,
en produits divers est aisé. Il n’est plus rare de à la découverte d’une histoire de l’autre et à un
consommer des produits exotiques quand on échange.
est un « Bordelais d’origine ». L’esprit métis dont font montre les citoyens
Même le piment, qui constituait l’infranchissable bordelais, au travers de leurs habitudes culinaires
hier, est de plus en plus apprécié, mais attention est un exemple palpable de la réalité de la diversité
aux dosages quand même… culturelle.
En ces temps, où la peur de l’autre semble reprendre
Parmi les produits exotiques les plus le dessus, je vous invite à découvrir cette diversité
appréciés par les Bordelais que j’ai côtoyés, culinaire et vous voyagerez tous les jours sans avoir
j’aimerais en citer trois : à vous déplacer.
►Maître Jacques-Brice MOMNOUGUI, Avocat à la Cour
● La semoule de blé ► Illustration : Kellie Dubois
Elle nous vient de l’Afrique du Nord et offre
une variété de possibilités culinaires. Fine ou
moyenne, on peut la consommer en couscous, 1 ● Notamment le quartier de la victoire où
tajine et desserts. coexistent de nombreux magasins de produits
exotiques. 2 ● Je pense notamment aux
● La banane plantain
Elle se consomme mûre ou verte. Verte, elle pâtisseries orientales qui sont de plus en plus
peut être frite comme des chips. Mûre, son goût appréciées par les Bordelais.
fondant et sucré s’accompagne aisément de
sauces telles que les daubes.
Société / Esprit métis #HORS SéRIE 13
Un bel air
de
bèlè
A quelques jours de la transculturel qu’ils ont développé. Les
esclaves venaient de peuples de langues
commémoration de l’abolition de et de traditions africaines différentes.
l’esclavage (10 mai), plongeons- Leurs cultures se sont mêlées à l’influence
européenne et aux contraintes du système
nous dans les racines d’un art esclavagiste. Le bèlè était né.
métis né de l’esclavage : le bèlè, Une diversité de rythmes et de
messages
une des musiques et danses Le bèlè accompagnait les esclaves dans leurs
traditionnelles de Martinique. activités quotidiennes. A chaque moment,
son message, son rythme, son chant, et sa
danse. On compte les bèlè de travail qui
Un tambour, fait à partir d’un ancien tonneau rythmaient les mouvements des esclaves
de rhum, un «ti-bwa» (deux baguettes en bois des champs ; les bèlè de divertissement,
que l’on frappe sur l’arrière du tambour pour les bèlè pour veillées mortuaires et les
battre la mesure), un chanteur de bèlè, les danses «la line klè» plus sensuelles, où les
«répondè» (le chœur) et la musique bèlè bat danseurs sont en ligne. Selon le rythme, le
son plein. Danseurs et danseuses se font face, nombre de danseurs varie. Le chant est en
se croisent, s’observent, leurs pas s'accordent créole et la danse se fait dans le respect de
et s’enchaînent au rythme des percussions, codes ancestraux.
les jupes entourées d’un foulard madras
virevoltent. Puis chaque couple fait sa «montée Le bèlè est donc cette tradition peu connue
au tambour» où courtoisie et jeu de séduction du grand public en dehors des Martiniquais,
s’immiscent furtivement. Une complicité se crée mais qui est pourtant un des fondements de la
entre danseurs, musiciens et chanteurs qui culture de l'île, l’épine dorsale de ses musiques
se répondent harmonieusement. Se dessine y compris le zouk. Un patrimoine qui donne tout
une mise en abyme du bèlè comme harmonie son sens au mot «métissage».
artistique née de la rencontre d’éléments ►Karen TORIS
culturels divers au fil des générations.
croisement artistique

Une danse chargée d’histoire POUR LES PETITS CURIEUX


Ce n’est pas pour rien que le bèlè est étiqueté
comme "tradition martiniquaise". C’est une
part d’histoire qui vit en lui car il était la ● Ecoles | lamaisondubele.com
danse des esclaves, du XVIe au XIXe siècle ● Histoire du bélé | www.grioo.com/
; le refuge de ceux à qui l’on interdisait de info4341.html
parler leur langue, de jouer leur musique, de ● Voir du bélé | taper bélé dans
pratiquer leur religion; le moyen d’expression youtube.

14 Esprit métis #HORS SéRIE / croisement artistique


►Poème: Patricia Grange-Boué
►Illistration : Mowatibe

poème

15
16 Dossier
De part et d’autre de la Garonne, au
cœur de la Gironde et de ses vignobles,
Bordeaux est une ville d’Histoire. Riche
d’une culture, d’un patrimoine qui lui
sont propres, elle ne cesse pourtant
de se réinventer au fil des arrivées,
des rencontres et des échanges,
se transformant ainsi en une ville
d’histoires. Celles d’étudiants, de jeunes
adultes, de familles, francophones ou
non, qui ont tant à découvrir et tant
à apporter. Accueillante, ensoleillée et
gourmande, découvrez cette Bordeaux
métisse qui glisse le long du fleuve
pour s’ouvrir vers l’ailleurs…
►Emeline Joffre

Dossier LA
17 URE
MOULLÉ
Aperçu historique
ed s migrations à Bordeaux
A l’échelle de la ville de Bordeaux, la
diversité culturelle se lit à travers
les différents quartiers qui au-delà
d’entités géographiques et humaines
sont des espaces de foisonnement
culturel perméables les uns aux
autres, enrichis au cours de l’histoire
par maintes migrations.

D ans sa diversité, la culture « a une valeur intrinsèque aussi bien


pour le développement que pour la cohésion sociale ». Ainsi
« la diversité culturelle est une force motrice du développement
» un « moyen de mener une vie intellectuelle, affective, morale
et spirituelle plus satisfaisante », avec l’idée d’atténuer les
inégalités dans le sens d’un développement durable.

Au cours des siècles et jusqu’à nos jours, Bordeaux a été


ville de passage et d’accueil de nombreuses populations
étrangères, proches ou lointaines.
ir La Burdigala antique, située sur des axes commerciaux
en savo ite.org/
actifs, voit venir ainsi des Syriens, des Grecs, des Ibères et
uxdivers des Bretons. Pendant les premiers siècles de la période
.bordea
● www médiévale, les passages de populations vandales,
wisigothiques, franques et arabo-berbères,
témoignent de continuelle mobilité des hommes,
depuis les temps les plus anciens.
Ville portuaire, Bordeaux voit affluer vers
elle des populations provenant de son
arrière-pays. Ainsi, Basques, Pyrénéens,
Landais, viennent peupler la ville
depuis le Moyen Age, lorsque le
développement économique urbain
attire une population nouvelle
qui contribue à l’expansion des
faubourgs au-delà des remparts.
Certaines communautés que
nous pensons d’installation
récente,

18 Dossier
Espagnols ou Portugais par exemple, sont en réalité beaucoup plus anciennes : après leur
expulsion de la Péninsule ibérique, en 1492, les Marranes, s’installent à Bordeaux, comme
dans d’autres villes de la façade atlantique. A l’époque moderne, c’est l’attractivité du
commerce portuaire qui fait affluer à Bordeaux de nombreux négociants qui s’y installent,
tout en entretenant des liens étroits avec leur pays d’origine. Originaires d’Europe du
Nord, d’Allemagne, du Danemark, d’Angleterre, d’Irlande, d’Écosse, des Pays-Bas,
ils contribuent à assécher et dessiner l’actuel quartier des Chartrons où leur religion,
protestante pour la plupart, les avait rejetés. D’autres, Béarnais, Agenais, Quercynois par
exemple, viennent pour des raisons similaires, participer de ce qui fut le « Siècle d’or »
bordelais, au XVIIIe siècle.
A partir du XIXe siècle, les flux migratoires sont toujours motivés par les évolutions
économique et démographique, auxquelles s’ajoutent des causes politiques : colons
réfugiés de Saint-Domingue, réfugiés espagnols après la Restauration – les afrancesados
tel Goya, le plus célèbre -, après les guerres carlistes et, plus près de nous, la Guerre
civile, antifascistes italiens opposés à Mussolini, opposants au régime de Salazar au
Portugal, rapatriés d’Afrique du Nord et Harkis après la décolonisation, sont venus trouver
refuge à Bordeaux et dans sa région. Dans l’agglomération, le développement d’industries
mécaniques et agroalimentaires, les grands chantiers urbains, ont nécessité le recours
à une main d’œuvre étrangère provenant au départ de l’empire colonial français, depuis
le début du XXe siècle. Depuis les années 1950, de nombreux étudiants étrangers,
en particulier africains et nord-africains ont fréquenté l’Université de Bordeaux et les
établissements d’enseignement de la ville.

Ce tableau serait incomplet si l’on omettait de rappeler que Bordeaux fut aussi une ville
d’émigration. Comme dans tout le Sud-Ouest, depuis le XVIIIe siècle pour certains, de
nombreux Bordelais partirent chercher une nouvelle vie, faire fortune parfois, en émigrant
vers l’Amérique du Sud, vers les Antilles, en Afrique ou en Asie.
►Agnès Vatican, Conservateur en chef du Patrimoine, Directrice des Archives municipales de
Bordeaux

Un port sur la lune


Ce sont les petites armoiries de la ville, également
désignées par le terme de «chiffre», qui constituent le
logo de la ville. Ce chiffre, qui n’apparaît qu’au milieu
du 17ème siècle, est composé de trois croissants
entrelacés. Il s’agit de croissants de lune qui
symbolisent le Port de la Lune bordelais. On retrouve
d’ailleurs un croissant unique sur les armes de la
ville. Au 18ème siècle, on pouvait admirer ces trois
croissants sur le mascaron du fronton de la fontaine
Saint-Projet et aujourd’hui ils figurent sur tout ce qui
appartient à la ville de Bordeaux.
► Patricia Grange-Boué
Dossier 19
Témoignages
Bordeaux était une petite ville sombre et sale, dépourvue d'arbres...
"Quand je suis venue vivre à Bordeaux il y a presque 12 ans, j’ai très
mal vécu le fait de devoir quitter Paris. Parce que j'étais très attachée
à cette belle ville cosmopolite et diverse où j'ai eu mes 3 enfants.
Bordeaux était une petite ville (j'ai toujours vécu dans des grandes
villes...), sombre et sale, dépourvue d'arbres.
Au cours des 10 dernières années, Bordeaux a fait des efforts
gigantesques d’amélioration de son urbanisme. Pareillement, je
me suis efforcée de mon côté de m'adapter à cette nouvelle ville.
Bordeaux se métamorphosait et mes sentiments aussi.
La participation active dans la vie associative coréenne et dans
les actions au Conseil de la diversité de la mairie m'a beaucoup
aidée. Maintenant que je suis médaillée par la Mairie à l'occasion
de la "Semaine de la Corée" (5-13 mars 2011) pour l'ensemble des
actions culturelles que j'ai menées depuis des années, je suis plus
que comblée.
Avec les fleurs de mon jardin, le vélo avec lequel je me balade
partout, la musique qui m'accompagne quotidiennement et avec tous
les gens que je côtoie, je pense que maintenant ma vie est bien
ici, dans cette ville élégante et enivrante ! ».

►Hyang-ah KIM
Présidente de l'Association des Coréens Résidant à Bordeaux (ACRB)
http://cafe.daum.net/bordeauxkoreans

émerveillé par tant de beauté et de précision architecturale...


« Je n’oublierai jamais ma première venue à Bordeaux : un soir de
novembre sur le cours de l’Intendance, avec les décorations de Noël
lumineuses. J’étais émerveillé par tant de beauté et de précision
architecturale en un seul lieu…
De plus, à Bordeaux, dont la beauté a été reconnue par l’UNESCO, j’ai
surtout été marqué depuis mon arrivée en 2005, par les témoignages
d’amitié et d’amour que j’ai reçus des Bordelais. La ville de Bordeaux
est à mes yeux une ville de cœur, quoiqu’on en pense parfois…
Une ville dans laquelle la diversité s’exprime avec talent, où
cohabitent sans heurt des cultures différentes et, surtout, où il
clichés mis a mal

fait bon vivre.


J’ai l’occasion de vérifier tous les jours, dans l’exercice de ma
profession, que cette diversité de la ville s’exprime dans tous les
milieux et notamment au sein du Barreau de Bordeaux. »

►Jacques-Brice MOMNOUGUI
Avocat à la Cour, Président de l’Organisation pour l'Harmonisation en Afrique
du Droit des Affaires (OHADA)
http://www.ohada.com/
20 Dossier
cette diversité correspond tout à fait au monde actuel
Arrivée à Bordeaux il y a un peu plus de dix ans, Gianne Grenier rencontre
tout de suite la diversité. D’origine brésilienne, elle prend des cours de français
au DEFLE (Département d'Études de Français Langue Étrangère, Université de
Bordeaux III) où elle côtoie des étudiants d’horizons divers – originaires de la
Communauté Européenne mais aussi des Latinos américains, des Russes, etc.
Elle se rappelle avec enthousiasme la richesse des échanges et du brassage
culturel.
La diversité, Gianne la découvre également dans le secteur associatif, au
Diaconat de Bordeaux, où elle travaille auprès d’immigrés venant du Maghreb
ou d’Afrique noire. Elle admire la détermination et la volonté de s’intégrer de ces
personnes dont le plus grand souci est de vivre pleinement en France.
Aujourd’hui, Gianne vit la diversité notamment à travers ses enfants. La sortie
de l’école est l’occasion de croiser des parents parlant français avec leur accent
d’origine – Anglais, Portugais, Allemands, Brésiliens aussi…, les sonorités des
différentes langues sont agréables à entendre. Gianne est très attachée au
fait que ses enfants aient cette ouverture : nés en France, ils côtoient d’autres
cultures. Elle souligne que cette diversité correspond tout à fait au monde
actuel, dans une perspective globale, où l’on se déplace plus facilement et
plus rapidement.

Gianne GRENIER
Chargée de communication

Très vite, je me suis nourri de ce melting pot culturel,


« Par un hiver glacial du mois de novembre, j’ai débarqué à Paris. Trois jours plus tard,
je me suis retrouvé sur le campus universitaire de Talence.
J’ai été doublement surpris par l’accueil très ouvert des étudiants du CEAN (Centre
d’Etude d’Afrique Noire) et cette osmose apparente entre les résidents du Village 3, de
cultures et d’origines si différentes.
Très vite, je me suis nourri de ce melting pot culturel, tout en m’engageant dès ma
première année dans le paysage associatif via l’association des résidents.
Puis vint la Coordination des Étudiants Africains et AFRICAPAC. La diversité s’exprimait
déjà, dans ma lecture du moins, dans toutes ses dimensions. J’ai côtoyé mes frères des
îles caraïbes et pacifiques ; mes autres frères d’Afrique centrale, de l’est, du Maghreb…
sans oublier mes cousins bretons, basques et autres lot-garonnais (comme je les
appelais) qui complétaient mon environnement.
Vu du campus, Bordeaux me paraissait lointaine, ville sombre qui se délivra peu à peu
sous mes pas. Au fil du temps, elle s’éclaira et, grâce au monde associatif, l’interculturalité
s’exprima de mieux en mieux. Pendant ce temps, elle se métamorphosa, devenant plus
accessible et ouverte à l’autre.
Le cadre d’expression par excellence de la diversité qu’est le milieu associatif
accompagna ce passage. Au fil du temps, Bordeaux, la délicieuse, assagie, m’entraîna
dans ses moindres méandres. »

►Alioune SY
Président d'Aquitaine Afrique Initiatives (Aqafi)
http://aqafi.org/

► Propos recueillis par Laurie Martinerie.


Merci aux personnes qui ont livré leur témoignage.
► Illustrations de la couverture et du dossier: Laure Moullé

Dossier 21
étudiant étranger à Bordeaux
Chaque année, plus de 5000 étudiants étrangers fréquentent
les universités bordelaises. Mais où peuvent-ils trouver le
soutien nécessaire pour découvrir leur nouvel univers ?

Bienvenue à Bordeaux, où le lieu incontournable pour les nouveaux


étudiants reste « l’Espace Rentrée Etudiants ». Depuis quelques années,
l’Université de Bordeaux pilote à chaque rentrée ce programme d’une
durée globale de 45 jours. On trouve dans cet espace différents services
susceptibles d’informer et d’orienter les étudiants, notamment dans leurs
démarches administratives. Les principaux partenaires en sont le CROUS1,
la Préfecture de la Gironde, la ville de Bordeaux et l’Office du Tourisme, la
CAF2, TBC3, le Conseil Régional avec son dispositif de caution solidaire
et de garantie locative, la Sécurité Sociale… Ce service précieux trouve
hélas ses limites dans le temps trop bref qui lui est consacré.

D’autres initiatives permettent aux étudiants de découvrir la ville de


Bordeaux grâce à ce partenariat avec l’Office du tourisme. Des visites
essentielles pour le nouvel arrivant, souvent totalement dépaysé !
Les contraintes sont nombreuses pour les étudiants étrangers. Ils
se retrouvent hors de la cellule familiale et doivent apprendre très
vite à être autonomes, sans compter les exigences d’adaptation
qu’impose cette nouvelle vie. Que d’étudiants n’a-t-on pas vu
rentrer chez eux au bout de quelques mois car ils n’ont pas su
s’adapter. C’est dire le travail colossal qui doit être fait par les instances
d’accueil en amont !

D’autres structures, telles que les associations d’étudiants


communautaires, exercent des missions d’accueil et d’accompagnement.
C’est par exemple le cas de l’AQAFI, Aquitaine Afrique Initiatives, qui a mis
en place à la rentrée 2009 un programme d’accueil et d’accompagnement
des étudiants étrangers, et se questionne aujourd’hui sur le bien-fondé de
l’ouverture d’un guichet unique permanent pour les étudiants.
En effet, les universités de la région, très compétitives, attirent les
étudiants étrangers qui en seront de véritables ambassadeurs dans leurs
pays d’origine. Il est donc fondamental de les accueillir dans les meilleures
conditions. Ce travail répond à une exigence d’ouverture au monde ;
ouverture à l’autre, avec toutes ses valeurs. Car dans un monde de plus
en plus globalisé, on ne peut plus se permettre d’ignorer son voisin.

Force est de reconnaitre que la plupart des étudiants réussissent, malgré


tout, à achever leur cursus universitaire. Ils auront même probablement
vécu les meilleures années de leur jeunesse. C’est une étape
fondamentale dans l’apprentissage de leur vie.
►Alioune Sy

1. Centre Régionale des Œuvres Universitaires et Sociales


2. Caisse d’Allocations Familiales
3. Tram &Bus de la CUB
22 Dossier
Toujours besoin d'un allié
Si, pour nous autres natifs, apprendre le français
n’est déjà
pas toujours évident, la richesse de cette lang
ue prend
un tout autre sens lorsque des personnes
étrangères
souhaitent la découvrir, l'apprendre et se perf
ectionner.
Bienvenue à l’Alliance Française !

L'association de « l'Alliance Française » propo


se des cours de français toute
l’année et pour tout niveau. Située en plein
centre de Bordeaux, elle accueille
et accompagne les apprenants tout au long
de ce projet de vie avec des
professeurs diplômés et expérimentés qui ense
ignent dans le cadre de stages
d'au minimum une semaine et cela sans limite
.
Intégrée à EUNIC, elle participe aux valeurs
de ce réseau regroupant d'autres
instituts culturels nationaux de l'Union Europ
éenne. Le but est de promouvoir
et de développer la diversité culturelle et lingui
stique comme la compréhension
mutuelle entre les sociétés, en renforçant le
dialogue international.

L'Alliance Française varie ses services : elle


propose différentes formules de
cours et un service d’hébergement où un vivier
de 200 familles d'accueil résidant
dans le centre-ville est référencé. En effet, il
paraît judicieux d'être au plus près
des habitants afin de s'approprier leur cultur
e et cerner leur mode de pensée.
Si la culture française attise la curiosité,
notons également l'impact du
classement de Bordeaux au patrimoine mond
ial de l'UNESCO. Ainsi, il est
proposé de multiples activités telles que des
visites guidées, des cours d'initiation
à l’œnologie, à la cuisine... La richesse cultur
elle apportée et le contenu de
l'enseignement apportent une formation de
qualité.

S'il s'agit d'un réseau international, c'est aussi


un carrefour entre les peuples.
1015 centres sont répartis dans 135 pays dont
28 en France. Les statistiques de
2010 indiquent que l'association a accueilli
notamment 17 % d'Espagnols, 8%
de Chinois, Italiens, Roumains, Lettons.

Plus de 90 nationalités sont représentées


et 1686
personnes étrangères fréquentent le lieu
de
formation. L'ouverture sur les générations et
les
classes sociales est présente car les étudiants,
les filles au pair, les personnes mariées à des
Français, les actifs et les retraités se côtoie
nt.
Tous arrivent là pour le plaisir d'apprendre
mais aussi par nécessité.

L'aventure, riche en émotions, rencontres


et découvertes se termine souvent en fin
de session par un repas du monde,
symbole de plaisir et de partage.
► Sébzh

Dossier 23
Entre légendes et secrets, la cuisine bordelaise se métisse au fil des
jours et des siècles pour le plaisir des papilles…
La cuisine rassemble. Elle nous rassemble autour d’une table, autour d’un plat, assis à même
le sol, ou sur des chaises. Elle a le don de nous réunir au-delà des frontières. L’amour qui se
transmet à travers les plats et les gestes sont les mêmes, qu’on soit dans une cuisine moderne
à Bordeaux, dans une rue de Singapour ou dans la cour d’une maison à Dakar. Et la cuisine à
Bordeaux n’échappe pas à cette règle universelle, qui nous fait parler le même langage, celui des
papilles. D’évidence, la cuisine est métisse.

Une jolie légende raconte bien le métissage dans la cuisine. Celle des accras de morue.
Aux Antilles, une vieille cuisinière normande se désole de ne pas avoir de pommes pour préparer
ses beignets, comme en Normandie. A ses côtés, une cuisinière africaine qui émiette de la morue, lui
propose de remplacer les pommes par le poisson. Une fois préparés, les beignets s’avèrent fades.
Une jeune hindoue propose alors de rajouter des cives et du piment. Les accras de morue, un des
plats les plus connus de la gastronomie antillaise, étaient nés…
L’histoire de la cuisine bordelaise, forcément, possède un peu de l’histoire de Bordeaux. Celle d’un
port qui porte aussi les traces des chaînes, des cales de bateaux, des larmes de la traite. Ainsi est
faite l’histoire : de petites histoires dans la Grande. Les influences des uns et des autres qui donnent
naissance au métissage.

Lorsque vous croquez dans un cannelé bordelais, vous croquez dans une légende.
Il se raconte en effet, dans les vignobles du Médoc, que les Petites Sœurs des pauvres récupéraient
les jaunes d’œufs laissés pour compte par les châteaux (les blancs étaient utilisés en très grosse
quantité pour filtrer le vin). Et pour donner du goût aux petits gâteaux qu’elles cuisinaient, elles se
munissaient de bougies, allaient près des côtes, les agitaient pour faire croire au phare et faisaient
ainsi échouer les bateaux chargés de sucre et de vanille…

Lorsque vous buvez une Marie Brizard, vous buvez une autre légende.
Celle d’un secret, partagé par un esclave (ou marin ?) des Antilles. Recueilli dans la rue, malade et
fiévreux, par la jeune Marie Brizard, cet homme, pour la remercier, lui transmet son seul trésor : la
formule secrète d’une liqueur d’anis incroyablement parfumée. L’anisette Marie Brizard était née,
d’une rencontre improbable.

C’est ce qu’est aussi le métissage. La rencontre improbable de deux cultures, deux identités, qui ne
donneront pas un mélange homogène mais qui au contraire donneront une troisième identité. Une
nouvelle identité faite de toutes les influences qui nous façonnent, nous forment, nous bercent dès
l’enfance.
► Joelle Dubois
blogueuse / www.lecoindejoelle.com/

24 Dossier
Rencontre avec Anne Brézillon, adjointe au Maire de Bordeaux charg
de la Vie Associative et de la Diversité. Elle nous parle d’échange, ée
culture, et de cet esprit métis qui s’étend sur la ville de Bordeaux… de
►Propos receuillis par Célia Planche ► Photo:Thomas Sanson

Quel est votre rôle précis au sein nos parcours de vie, faite de rencontres,
d’échanges qui nous enrichissent au
de la Mairie de Bordeaux ? quotidien.
Depuis 2008, Alain Juppé m’a chargée de
La diversité c’est d’abord un fait individuel,
concevoir et de mettre en œuvre la nouvelle
social, marqué par la différence, la pluralité.
dynamique qu’il a impulsée à la vie associative
Mais c’est aussi pour moi une valeur, un
bordelaise et pour la diversité.
sens, celui de reconnaître l’autre comme soi-
même, dans une double exigence mutuelle.
Au titre de la diversité, je préside les travaux
de deux instances qui traduisent, en lien avec
nos partenaires et les acteurs publics, privés et Vivez-vous avec plusieurs cultures ?
associatifs locaux, notre ambition en la matière : Je vis avec la culture de ce siècle, de notre
le Conseil de la diversité et le Comité Bordelais pays la France, qui a ses repères et ses
de veille et d’Action contre les Discriminations et valeurs héritées d’une histoire ancienne et
pour l’Egalité (Cobade). toujours en marche. C’est cette grande histoire
Je suis également en charge des relations avec qui continue de façonner l’esprit d’ouverture,
les cultes et les communautés religieuses, du d’accueil et de respect qui m’anime.
travail de mémoire (Shoah, Traite négrière et
Esclavage…), des politiques de prévention, de Comment définiriez-vous l’esprit
lutte contre les discriminations et de promotion de métis ? Pensez-vous que la ville
l’égalité des chances. de Bordeaux et ses habitants le
En relation avec mes collègues du Conseil possèdent ?
Municipal, il s’agit aussi de conforter au sein des L’esprit métis, loin d’une conception biologique
services de la ville et des différents établissements et de « couleur de peau », c’est l’identité
municipaux, nos actions en faveur de la diversité ouverte, plurielle, en partage, d’ouverture à
qui portent des valeurs de respect, de tolérance, de l’autre, et en permanente construction.
connaissance et de compréhension mutuelles. Oui bien sûr, Bordeaux a l’esprit métis grâce à
la conjugaison de son histoire et des valeurs
Etes-vous issue de la diversité qu’elle a héritées de ces trois grands écrivains,
vous-même ? Montaigne, Montesquieu et Mauriac et par la
Oui bien sûr. Je porte en moi une part de volonté d’Alain Juppé qui inscrit toutes ces
diversité comme chacun d’entre nous. Il valeurs dans le quotidien des Bordelais : une
s’agit de conjuguer toutes nos hérédités, ville ouverte à tous les métissages culturels,
accueillante et moderne.

Dossier 25
Cuisine Métisse

La pastilla se cuisine traditionnellement avec du pigeon.


Mais depuis que je vis à Bordeaux, je suis amoureuse de la
gastronomie du Sud Ouest. Alors pourquoi ne pas remplacer
le pigeon par du canard confit ? Et quoi de mieux avec le
confit qu’une belle tranche de foie gras poêlée ?
Vous salivez ? C’est normal.
►Recette et photos ►Véro Cuisine Métisse

26 Dossier / Cuisine métisse / Recette et photos : Véro Cuisine Métisse


Pour 4 personnes
3 cuisses de canard confites – 1 morceau de foie gras frais, dénervé - 1 oignon – 2 c. à s. de
cannelle en poudre – 1 c. à s. de ras el hanout* – 1 c. à s. de paprika – 1 c. à s. de cumin en
poudre – sucre glace – 5 feuilles de brick – beurre

Pastilla au confit et foie gras poêlé


● Découper le foie gras en tranches épaisses. Les mettre au congélateur (oui, oui !) ● Emincer les oignons,
dépiauter les cuisses de canard en fines lamelles. ● Dans une poêle, verser le canard et les oignons
(pas besoin d’ajouter de gras, le canard l’est suffisamment !) ● Faire revenir jusqu’à ce que les
morceaux d’oignons soient cuits et dorés, assaisonner avec les épices. ● Eteindre le feu et laisser la
farce refroidir un peu. ● Préchauffer le four à 200° (th.7) ● Tapisser un ramequin d’une feuille de brick.
Couper un cercle de brick et le disposer au fond, pour que la pastilla soit assez solide. ● Recouvrir de
2 à 3 c. à s. de farce au canard. ● Refermer la pastilla, puis retourner le ramequin sur une plaque de
four recouverte d’une plaque silicone ou de papier sulfurisé : la fermeture se retrouve en dessous.
● Badigeonner les pastillas de beurre fondu. ● Enfourner pour 10 à 15 minutes, jusqu’à ce que les
pastillas soient bien dorées. ● Sortir les morceaux de foie du frigo. Faire chauffer une poêle sur feu
assez fort. ● Poêler le foie - le fait de l’avoir mis au congélateur va aider à obtenir la juste cuisson :
bien doré et croustillant dessus, bien fondant dedans. ● Sortir les pastillas du four, les saupoudrer de
sucre glace et de cannelle supplémentaire. ● Disposer le foie gras. ● Servir avec une petite salade
de laitue et de menthe.
Feuille de brick croustillante, foie gras fondant, canard épicé et douceur de cannelle…
Croquez… Voyagez… Profitez…

► http://cuisinemetisse.canalblog.com
Dossier - Cuisine métisse 27
*contraction des termes africain et européen.

Marraines d’Esprit Métis, Hélène et Célia Faussart sont des chanteuses d’origine
franco-camerounaise, qui ont fait leurs débuts à Bordeaux et qui vivent
actuellement aux Etats-Unis. Echange avec Hélène…
►Propos recueillis par Siti-Anrafa SAID ALI ►Photo © Nubians
entretien avec

Esprit métis : Pourquoi avez-vous choisi EM : Comment définiriez-vous votre univers


de vous appeler les Nubians ? Pour faire musical ? Nous avons été nourries de toutes les
référence à la Nubie, l'Afrique ancestrale, celle qu'on musiques, de par notre métissage. Nous sommes
connaît si peu finalement, l'Afrique des premières des enfants de la soul, du hip-hop, de la chanson
pyramides et des grands royaumes bâtisseurs. Les française, du makossa et de l'afrobeat. Notre
Princesses égyptiennes étaient réputées pour leur musique évolue avec nous. Notre nouvel album, Nü
très grande beauté. Revolution, est très AFROPOP.

28 Esprit métis #HORS SéRIE / Entretien avec les Nubians


EM : Est-il facile de chanter en français Mais je me sens très citoyenne universelle.
devant un public qui ne comprend pas "Je m'offre le passeport de terrienne, décide
cette langue ? Pour nous c'est naturel. Le que toute terre est mienne", je me sens chez
français est la langue de notre cœur, la langue dans moi partout. Ma maison, mes racines sont en
laquelle nous rêvons. Les idées, les images, sont moi.
aussi portées par la mélodie et la musique, faisant votre avis, quelle image la France a-t-
de la musique un langage universel. elle aujourd'hui aux Etats-Unis ?
Adaptez-vous les thèmes de vos Nous sommes les grévistes, les râleurs, les
chansons ou la langue que vous romantiques. La Haute Couture française,
utilisez à votre public (américain, le fromage et le vin ont toujours la cote aux
français, africain...) ? Nous n'adaptons USA…et les Nubians bien sûr.
rien. La musique, nos créations, sont le fruit de nos
expériences, de nos rencontres, de nos voyages,
notre musique est le fruit de ce que nous sommes.
Métisses franco-camerounaises, l'anglais est une
seconde langue naturelle pour nous. Le Cameroun
est un pays officiellement bilingue (français-anglais),
notre mère parle l'ewondo, une des 38 langues et
dialectes parlés au Cameroun, nous avons grandi au
Tchad où l'on parle un arabe dialectal. Nous avons
appris l'espagnol. Nous chantons aussi en xhosa,
en créole, et nous apprenons le portugais brésilien
en ce moment... Nos escapades linguistiques ne
sont que des élans du cœur.

Quels messages souhaitez-vous faire


passer à travers votre musique ?
Des messages de paix, d'amour, de citoyenneté
universelle, de responsabilité citoyenne, de respect,
de tolérance ... telle la devise du Hip Hop : Peace,
Unity, Love and Havin' Fun. LA REVOLUTION NUBIENNE
Après 15 ans de carrière, les Nubians ont sorti en avril
Quels sont les meilleurs souvenirs dernier leur quatrième album intitulé Nü Revolution.
que vous avez en tant que chanteuses Un album très festif que les deux sœurs conçoivent
? En presque 15 ans de métier, il y en a des comme une « célébration de la vie ».
souvenirs ... des premières scènes à Bordeaux à la
première tournée américaine, le Lady of Soul Train Que de chemin parcouru depuis leurs débuts : élevées
Award gagné en 1999, la nomination aux Grammy au Tchad, les deux sœurs commencent à se faire
Awards en 2004, des rencontres artistiques à celles connaître à Bordeaux. En 1998, avec le titre Makeda
avec notre public à travers le monde ... tous ces extrait de l’album Princesses nubiennes, le groupe
souvenirs habitent notre musique. conquiert le public américain : 500 000 exemplaires
vendus ! Il s’agit de l’un des plus gros succès
Quels sont les moments que vous francophones outre-Atlantique.
préférez dans votre métier (scène,
rencontres artistiques etc.) ? Difficile Dans leur quatrième opus, les Nubians ont collaboré
de choisir un moment particulier, ils se confondent avec de grands noms de la chanson : le Camerounais
tellement pour moi. L'enregistrement est aussi Manu Dibango, le groupe sud-africain Freshly Ground
important, que la scène, où la musique prend corps - qui interprète le tube Waka Waka, hymne de la coupe
et vit. J'embrasse tous ces moments avec bonheur. du monde de football 2011, en duo avec Shakira - ou
encore John Banzaï, poète, chanteur et écrivain anglo-
polonais d’expression française.
Vous avez vécu dans plusieurs pays,
Leur musique se veut authentique et universelle : leur
plusieurs continents. Malgré votre métissage et leur richesse culturelle leur permettent de
mobilité, vous sentez-vous enracinées ne pas se cantonner à un seul style de musique mais
dans un territoire en particulier ? de s’ouvrir constamment à de nouvelles influences.
Nomade, je suis, c'est certain. Mon cœur
penche vers le sud-ouest de la France et le www.lesnubians.com
Cameroun, les pays d'origine de mes parents. www.myspace.com/lesnubians

Entretien avec les Nubians / Esprit métis #HORS SéRIE 29


hés mis aéemal
d’arriv

►Texte : Fate
clicit

►Photo Anthony Rojo


réc

30 Esprit métis #HORS SéRIE / Récit de voyage


récit d’arrivée

Récit de voyage / Esprit métis #HORS SéRIE 31

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