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Trend Sheets FR No5 221028 Reduziert 1667290361117

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© Nasa, Unsplash

L’eau vue de l’espace – la télédétection au


service de la gestion durable de l’eau
#5

La gestion durable des ressources et la prévention efficace des risques dans le secteur de l’eau nécessitent une
base d’informations solide. Or, celle-ci n’est souvent pas disponible. La télédétection par satellite offre de
nouvelles possibilités pour combler ces lacunes.

Lisez cette Trend Sheet pour connaître les développements récents et futurs, les exemples pratiques et les défis
liés à l’utilisation de la télédétection pour la gestion de l’eau.

Content
Pourquoi cette Trend Sheet ?...........................................................................................................................................................................................................2
Résumé..............................................................................................................................................................................................................................................................2
Définition des termes............................................................................................................................................................................................................................3
Introduction..................................................................................................................................................................................................................................................4
Développements récents....................................................................................................................................................................................................................5
Opportunités pour la gestion des ressources en eau..................................................................................................................................................6
Exemples d’applications......................................................................................................................................................................................................................8
Défis liés à l’utilisation des données de télédétection.............................................................................................................................................10
Quelles sont les évolutions à prévoir pour l’avenir ?.................................................................................................................................................11
Pourquoi cette Trend Sheet ?

Quelle tendance observons-nous ?

Depuis plus de 30 ans, les satellites d’observation de la Terre fournissent une vue globale qui permet de mieux surveiller et comprendre
les défis d’un monde qui connaît une mutation rapide. Parallèlement à la digitalisation généralisée, les champs d’application potentiels
de la collecte et du traitement des données de télédétection évoluent vite.

Pourquoi cette tendance est-elle importante pour les praticiens de l’eau dans la coopération au déve-
loppement ?

Les données pertinentes pour la gestion de l’eau sont souvent rares, surtout dans les pays en développement, car les réseaux hydromé-
téorologiques sont souvent coûteux à mettre en place et à entretenir. La télédétection peut jouer un rôle clé en fournissant des
données essentielles pour combler les lacunes existantes et permettre une prise de décision éclairée.

Qu’y a-t-il de nouveau ?

Au cours des cinq dernières années, une nouvelle génération de missions satellitaires appelée a été lancée, fournissant des
volumes et une qualité de données sans précédent pour la gestion de l’eau et d’autres ressources naturelles. De nouvelles applications
logicielles ont été développées pour traduire ces données en informations pertinentes pour la prise de décision - et la recherche réalise
de plus en plus d’avancées dans l’utilisation des données satellitaires.

Résumé

Les derniers développements en matière de télédétection, combinés à l’augmentation des capacités de calcul et à l’amélioration de
l’apprentissage automatique, offrent de nouvelles perspectives pour une meilleure surveillance des ressources en eau et des facteurs
connexes tels que le climat et le changement d’affectation des terres. En fin de compte, ces données de télédétection interdépen-
dantes peuvent aider à combler les lacunes en matière de données et à prendre des décisions éclairées pour assurer la sécurité de l’eau.
Les applications concrètes vont, entre autres, de l’alerte précoce aux inondations à la gestion de l’irrigation, en passant par l’application
des réglementations ou la planification de l’approvisionnement en eau des camps de réfugiés. Les principales limites à une mise en
œuvre à grande échelle sont le manque de données locales nécessaires pour valider les informations de télédétection et les capacités
techniques et humaines locales limitées pour traiter les données. Lisez cette Trend Sheet pour en savoir plus sur les opportunités et les
défis ainsi que sur des exemples pratiques de télédétection pour une gestion de l’eau plus durable.

2
Définition des termes

L’observation de la Terre « est la collecte d’informations sur les systèmes physiques, chimiques et biologiques de la planète
Terre. Elle implique la surveillance et l’évaluation de l’état et des changements de l’environnement naturel et artificiel. Ces
dernières années, l’observation de la Terre est devenue de plus en plus sophistiquée grâce au développement de satellites de
télédétection et d’instruments de plus en plus sophistiqués. Aujourd’hui, les instruments d’observation de la Terre compren-
nent des bouées flottantes pour surveiller les courants, la température et la salinité des oceans, des stations terrestres qui
enregistrent la qualité de l’air et les tendances des eaux de pluie, des sonars et des radars pour estimer les populations de
poissons et d’oiseaux, des stations sismiques et pour le système de positionnement mondial (GPS) ; et plus de 60 satellites
environnementaux de haute technologie qui scrutent la Terre depuis l’espace. » (Groupe sur les observations de la Terre)

La télédétection est « la technologie d’acquisition de données et d’informations sur un objet ou un phénomène par un
dispositif qui n’est pas en contact physique avec lui. En d’autres termes, la télédétection consiste à recueillir des informations
sur la Terre et son environnement à distance, une capacité essentielle du système d’observation de la Terre. Les observations
globales depuis l’espace nécessitent une télédétection à partir d’un engin spatial situé à une altitude bien supérieure à la
mésopause. Parmi les systèmes de télédétection rencontrés dans la vie quotidienne figurent l’œil et le cerveau humains, ainsi
que les appareils photographiques et vidéo. » (Glossaire de la NASA)

Le capteur est un « dispositif qui produit une sortie (généralement électrique) en réponse à un stimulus tel qu’un rayonne-
ment incident. Les capteurs à bord des satellites obtiennent des informations sur les caractéristiques et les objets de la Terre en
détectant le rayonnement réfléchi ou émis dans différentes bandes du spectre électromagnétique. L’analyse des données
transmises fournit de précieuses informations scientifiques sur la Terre. » (Glossaire de la NASA)

La vérité au sol, en télédétection, « fait référence aux informations recueillies sur place. La vérité au sol permet de relier les
données d’image à des caractéristiques et des matériaux réels sur le terrain. La collecte de données de vérité au sol permet de
calibrer les données de télédétection et facilite l’interprétation et l’analyse de ce qui est détecté. » (Wikipedia)

3
Introduction

La gestion durable de l’eau et la prévention des risques liés à l’eau


nécessitent une base d’informations solide, comprenant divers
ensembles de données, par exemple sur le débit des cours d’eau,
l’étendue des masses d’eau de surface et souterraines, la qualité de
l’eau, les précipitations, la couverture neigeuse, l’humidité du sol,
les besoins en eau des cultures, la structure de l’habitat, etc. Cepen-
dant, ces données ne sont pas toujours faciles à collecter. Souvent,
les données nécessaires doivent couvrir de vastes o z nes, par
exemple pour comprendre pleinement la dynamique des cours
d’eau dans un bassin entier, pour évaluer toute l’étendue des inon -
dations et de la couverture neigeuse, ou pour surveiller la qualité
de l’eau dans différentes parties de grands lacs. En outre, les o z nes
critiques peuvent être difficiles à atteindre, comme les glaciers et
les sources d’eau en haute montagne, ou les o z nes touchées par les
inondations.

Les systèmes traditionnels complets de surveillance hydrométéo -


rologique sont donc souvent très coûteux à mettre en place et diffi
-
ciles à entretenir. Ils sont également facilement endommagés par
les inondations, les animaux ou les personnes qui espèrent gagner
un peu d’argent en vendant le matériel. De fait, le nombre de
stations de surveillance hydrométéorologique est en baisse dans le
monde depuis les années 1980, notamment dans les pays en déve -
loppement qui ne disposent pas des fonds nécessaires pour les
exploiter et les entretenir. Un autre problème lié aux données sur
l’eau tient au fait qu’elles ne sont pas toujours partagées ouverte
-
ment entre les différents utilisateurs de l’eau, par exemple par les
pays riverains dans les bassins transfrontaliers ou par les industries
polluantes qui sont réticentes à divulguer ce qu’elles savent.

La télédétection par satellitepeut combler d’importantes lacunes


en matière d’information et relever plusieurs des défis mentionnés
ci-dessus. Les missions satellitaires, avec des satellites en orbite
autour de la Terre pendant plusieurs années ou décennies,
© Nasa, Unsplash

observent en permanence la surface de la Terre : Les capteurs trans


-
portés par les satellites collectent des données qui peuvent être
utilisées pour produire des images de différentes caractéristiques
du paysage. En fonction du temps nécessaire au satellite pour
compléter une orbite et revisiter la même o z ne d’observation, les
données peuvent être collectées par exemple quotidiennement,
toutes les deux semaines ou mensuellement. Une seule image satellite a le potentiel de fournir des informations sur de
vastes oz nes, ce qui permet une surveillance opportune et objective de nombreuses composantes du cycle de l’eau. À
partir des données recueillies par les images satellite, des cartes, des modèles et des outils d’aide à la décision peuvent
être développés pour fournir aux gestionnaires de l’eau et aux autres acteurs des informations pertinentes (voir la section
sur les exemples d’applications à la page 8).

Regardez cette courte vidéo pour une introduction et retrouvez les définitions de l’observation de la Terre, de la télédé
-
tection, du capteur et de la vérité au sol à la page 3.

4
Développements récents

Si la télédétection par satellite n’est pas nouvelle, elle s’est développée rapidement ces
dernières années. Un nombre croissant de satellites sont désormais en orbite autour de la
© Nasa, Unsplash

Terre, transportant des capteurs optiques, thermiques, radar et autres, dont les capacités
s’améliorent constamment pour collecter des informations sur diverses caractéristiques
de la surface de la Terre avec une résolution toujours plus grande. La National Aeronautics
and Space Administration (NASA) des États-Unis et l’Agence spatiale européenne (ESA)
sont les principaux fournisseurs de données de télédétection par satellite, mais un
nombre croissant d’États ont acquis des capacités d’observation spatiale. Les économies émergentes ayant des missions
satellitaires notables comprennent la Chine, l’Inde et le Brésil. Plus récemment, les satellites du programme Sentinel de
l’ESA ont fourni une observation de la Terre nouvelle génération qui crée également des opportunités pour la gestion de
l’eau. Par exemple, jusqu’à présent, les données permettant d’évaluer l’étendue des masses d’eau de surface n’étaient
disponibles qu’à une résolution spatiale de 30 m grâce aux missions Landsat de la NASA. Avec cette résolution, seule une
fraction des masses d’eau existantes pouvait être couverte. Désormais, grâce aux données fournies par Sentinel avec une
résolution de 10 m, des données plus précises sur la dynamique des petits plans d’eau peuvent être obtenues, ce qui
fournit des informations importantes sur les capacités de stockage de l’eau dans un bassin donné, par exemple.

Un défi commun à la mise en pratique des données dérivées des satellites est la capacité technique limitée à traiter de
grandes quantités de données. Les progrès récents de la numérisation, notamment l’augmentation des capacités de calcul,
les avancées en matière d’intelligence artificielle, permettent désormais de mieux traiter les énormes archives de données
satellitaires qui sont souvent disponibles gratuitement. En combinant ceci avec les nouvelles technologies de capteurs et de
satellites, cela ouvre une nouvelle ère pour la cartographie et la surveillance systématiques des ressources en eau de surface.

Les missions de Sentinel

Grâce aux qui ont été lancées de 2014 à 2020, la surface terrestre de la Terre peut être capturée avec plus de
précision qu’auparavant : les satellites du programme Sentinel orbitent autour de la Terre assez rapidement et les temps de revisite
élevés permettent de produire des images satellites quotidiennes/hebdomadaires/mensuelles qui sont essentielles pour surveiller les
changements dynamiques. La résolution spatiale relativement élevée fournie par les satellites des missions Sentinel augmente
- la préci
sion. Les données collectées par les missions Sentinel sont ouvertes au public et disponibles gratuitement sur le
avec une garantie de service opérationnel pour de nombreuses années. Les missions sentinelles offrent donc un accès à
long terme à des données de télédétection par satellite améliorées à haute et moyenne résolution spatiale qui peuvent constituer une
base solide pour le développement d’une aide à la décision. Les caractéristiques de la mission Sentinel sont notamment les suivantes :

• Contrairement aux capteurs optiques, le capteur radar de la mission Sentinel-1 recueille et fournit ainsi des images satellite par
tous les temps, de jour comme de nuit. Il s’agit d’un outil puissant pour surveiller la dynamique des eaux de surface, les risques
d’inondation et les modèles de culture dans les régions sujettes aux nuages. Comme le satellite revisite fréquemment les mêmes
o
z nes, les données recueillies peuvent être utilisées non seulement pour surveiller, par exemple, l’étendue des inondations à un
moment donné, mais aussi par intervalles de quelques o j urs, ce qui permet de calculer
. les
• La vaste oz ne de couverture des données de, ses fréquents passages au-dessus de la même o z ne et sa haute résolution
spatiale permettent un suivi précis des changements dans les masses d’eau intérieures et d’autres caractéristiques de la surface
terrestre. Les nouveaux capteurs de la mission Sentinel-2 peuvent également enregistrer un certain nombre de
, avec une solution temporelle et spatiale plus élevée qu’auparavant : (i) la concentration de chlorophylle a, (ii) la densité
de cyanobactéries, (iii) la turbidité, (iv) la matière organique dissoute colorée, (v) le carbone organique dissous et (vi) la couleur de
l’eau. Cette méthode a été utilisée pour évaluer la teneur en chlorophylle dans un point chaud de pollution . du
• La mission Sentinel-2 complète idéalement la plus longue collection d’observations optiques acquises en continu par la famille
des missions Landsat (opérationnelles depuis 1972) qui sont librement accessibles et offrent la possibilité d’évaluer les conditions
historiques des ressources en eau de surface dans le monde entier ;
• En plus des capteurs optiques et thermiques de haute précision, la mission Sentinel-3 transporte un altimètre radar qui peut être
utilisé pour estimer les changements du niveau d’eau dans les rivières et les lacs.
5
Opportunités pour la gestion des
ressources en eau

Grâce aux récentes avancées en matière de capteurs et de capacités de calcul, les


scientifiques et les gestionnaires peuvent désormais utiliser la télédétection par satel-
lite pour surveiller presque toutes les facettes du cycle de l’eau en temps quasi réel.

Les variables essentielles à la gestion des ressources en eau qui peuvent être esti-
mées par télédétection comprennent (voir Sheffield et al. 2018 pour la descrip-
tion des variables et la façon dont elles peuvent être évaluées par télédétection) :

• la précipitation,
• l’évaporation et l’évapotranspiration,
• l’humidité du sol,
• la végétation ainsi que l’utilisation et la couverture des sols,
• le niveau et l’étendue des eaux de surface,

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• la couverture de neige et de glace,
• certains paramètres de qualité de l’eau (turbidité, transparence, chlorophylle,
substances humiques, cyanobactéries et température de l’eau)
• eaux souterraines (avec des limitations importantes)

Pour chacune de ces variables, divers algorithmes ont été développés afin d’extraire les données pertinentes, en utilisant les observa-
tions de différents capteurs et missions satellites, parfois en combinaison et complétées par des données autres que celles de la télé-
détection. Par exemple :

• Les méthodes d’évaluation des précipitations mesurent généralement la réflexion du rayonnement des nuages et des gouttes de
pluie à l’aide de capteurs micro-ondes et de radars à haute résolution, parfois combinés à des capteurs infrarouges, afin de saisir
l’intensité des précipitations sur de plus grandes zones (résolution spatiale d’environ 5 à 30 km). Des données mondiales pertinentes
sont collectées, par exemple par la mission Global Precipitation Measurement de la NASA qui fournit des données sur l’intensité
des précipitations toutes les 3 heures à une résolution de 10 km. Ces données peuvent être utilisées pour calculer les précipitations
totales accumulées pendant une période donnée, par exemple un événement de fortes pluies sur la côte est de l’Australie.
• L’évapotranspiration (ET) peut être estimée, par exemple, en combinant des données de télédétection sur la température de la
surface terrestre et la couverture terrestre avec des données météorologiques proches de la surface, notamment la température
de l’air et le vent. Plusieurs méthodologies ont été développées en utilisant diverses observations satellitaires pour estimer l’ET à
différentes échelles spatiales, de l’échelle de la ferme à celle du bassin versant. L’application WaPOR de la FAO, par exemple, utilise
une approche plus fine qui fait appel à sept composantes de données pour estimer l’ET.

Bien que les estimations satellitaires soient rarement aussi précises que celles d’une mesure équivalente sur le terrain, elles constituent
une source de données importante et parfois la seule dans les régions où les réseaux de surveillance hydrométéorologique font défaut.
De plus, les réseaux de surveillance sur le terrain sont souvent clairsemés et ne fournissent pas de données assez rapidement pour
permettre une prise de décision en temps réel, par exemple pour la prévision des inondations, comme dans l’étude de cas du Bas-Mé-
kong ci-dessous. La télédétection est donc une source de données importante, car l’imagerie satellitaire peut fournir des informa-
tions avec une plus grande étendue spatiale, une plus grande densité spatiale et une plus grande fréquence temporelle que
la plupart des réseaux de surveillance sur le terrain.

Même dans les régions disposant de réseaux étendus de stations de mesure des cours d’eau, la télédétection peut combler les lacunes
des variables moins surveillées, en fournissant des informations sur les écosystèmes liés à l’eau, l’évapotranspiration ou le manteau neigeux,
par exemple, qui sont nécessaires pour évaluer les changements en amont dans les ressources et la couverture des terres. La large couver-
ture (jusqu’au niveau mondial) des données satellitaires permet en outre d’évaluer les ressources au niveau régional, par exemple la sécu-
rité de l’eau et de l’alimentation dans les zones à risque comme la Corne de l’Afrique. Un autre avantage des données issues de la télédé-
tection est qu’elles sont objectives et librement disponibles pour toutes les parties partageant les ressources, par exemple dans les bassins
transfrontaliers, où l’absence d’une base de données et d’informations commune est parfois une pomme de discorde. Ces avantages font
que la télédétection convient également à la surveillance mondiale, comme dans le cadre des objectifs de développement durable
(ODD), par exemple la surveillance de l’ODD 6.6.1 sur les écosystèmes liés à l’eau (voir les exemples d’applications ci-dessous).
6
Comparaison de la surveillance sur le terrain et de la surveillance par télédétection

Sur le terrain Basé sur la télédétection

Mesure directe de certaines variables d'in- Mesure de la réflectance spectrale (qualité de


térêt (par exemple, pluviomètre, tempéra- l'eau, précipitations), de l'émittance (tempéra-
Acquisition de ture, concentrations des paramètres de ture), ou de la distance (altimétrie), à partir de
données qualité de l'eau). Mesures indirectes d'autres laquelle les variables d'intérêt sont estimées.
variables : biomasse, évapotranspiration,
débit.

Mesures locales, ponctuelles. Discontinu Mesures globales et surfaciques (intégrées


dans l'espace, souvent non représentatif sur la taille du pixel, du sous-mètre à plusieurs
Couverture
dans l'espace. Zones éloignées sous- km). Continu dans l'espace.
représentées.

Exigences de base en matière de capacité Des exigences plus élevées en matière de


technique et de formation. En général, capacité technique et de formation.
aucun prétraitement approfondi n'est
Besoins en capaci-
nécessaire. (Pré-) traitement nécessaire pour extraire
tés techniques
des informations des données, bien que la
disponibilité des produits de données prêts à
être analysés soit en augmentation.

Coût de l'installation, de l'exploitation et Coûts du personnel formé et coûts minimes


de la maintenance des stations de surveil- du matériel informatique. Une multitude de
lance (temps du personnel et transport vers données sont gratuites et accessibles au pub-
Coût chaque station). Le coût augmente avec lic, tout comme les logiciels de traitement à
la couverture spatiale. Si l'échantillonnage code source ouvert. Disponibilité croissante de
n'est pas automatique et avec télétransmis- données commerciales à très haute résolution
sion, coûts élevés de collecte des données. et diminution des coûts.

Manque systématique de données Certains capteurs sont limités par la couver-


suffisantes et manque de représentativité ture nuageuse. Même lorsqu'elles sont faibles,
Principales limita- spatiale et temporelle. Difficulté de relier les incertitudes sont difficiles à quantifier en
tions des mesures ponctuelles à des moyennes raison de la difficulté de comparer les moy-
surfaciques. ennes de pixels des satellites avec les mesures
ponctuelles in situ.

Source: Banque mondiale 2019

7
Exemples d’applications

Au cours des dernières années, plusieurs initiatives ont été lancées afin de mieux exploiter les données de télédétection par satellite
pour la gestion de l’eau. Parmi les initiatives récentes figurent le projet EO4SD de l’ESA sur les ressources en eau, l’initiative SERVIR de
la NASA et le portail Space4water du Bureau des affaires spatiales des Nations unies (UNOOSA). La section ci-dessous présente
quelques exemples d’applications qui ont été développées et démontrées dans le cadre de ces programmes et d’autres.

Soutenir l’application du système de licences


pour l’eau au Malawi :

Grâce à plusieurs réformes de ses cadres de politique de l’eau, le


Malawi a introduit un système de licences d’utilisation de l’eau
afin de mieux gérer des ressources en eau limitées, et notam-
ment leur utilisation pour l’irrigation. Cependant, l’application
du système de licence et la collecte des frais connexes auprès
des utilisateurs d’eau ont pris du retard, en raison des difficultés
à surveiller le prélèvement et l’utilisation de l’eau. Dans le cadre
du projet EO4SD financé par l’ESA, les données de télédétec-
tion par satellite ont été utilisées pour combler cette lacune.
L’imagerie satellitaire a été utilisée pour cartographier et surveil-
ler l’étendue des zones d’irrigation afin de les comparer avec
l’étendue des permis d’utilisation de l’eau délivrés. Cela a permis
d’identifier l’utilisation de l’eau sans permis, ce qui pourrait à
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l’avenir contribuer à l’application du système de permis et à la


collecte des frais connexes pour financer la gestion des
ressources en eau et les services. Une évaluation préliminaire
suggère que les revenus provenant des droits de licence pour-
raient être augmentés de 75 %, si tous les détenteurs de licence
connus étaient facturés, ce qui se traduirait par environ 200 000
USD de droits supplémentaires collectés par an.

Soutenir l’amélioration de la prévision des inon-


dations et de l’alerte précoce dans le bassin du
Bas-Mékong (Cambodge, RDP Lao, Thaïlande et
Vietnam) :

La répartition irrégulière des stations météorologiques et hydro-


logiques dans le bassin du Bas-Mékong crée un manque d’infor-
mations dans le temps et l’espace, ce qui entrave la planification
des ressources en eau et l’alerte précoce. En outre, les données
sur le débit des rivières ne sont pas largement partagées entre
les pays riverains du bassin transfrontalier. Dans le cadre de l’ini-
tiative SERVIR, financée par la NASA et l’USAID, les partenaires
ont mis au point un outil en ligne qui fournit des données de
haute précision sur les précipitations et la hauteur des cours
d’eau, dérivées de satellites, en temps quasi réel. Cela permet à
la Commission du Mékong (MRC) et aux agences nationales
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d’améliorer la précision des prévisions d’inondation et de fournir


un délai de quinze jours pour l’alerte précoce (contre six jours
auparavant), ce qui contribue à renforcer la résilience des
communautés du bassin face aux risques d’inondation.

8
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Suivi de l’ODD 6.6.1 - Changements dans les écosystèmes liés à l’eau :

La cible 6.6 de l’ODD vise à mettre un terme à la dégradation et à la destruction des écosystèmes liés à l’eau et à aider à la reconstitution
de ceux qui sont déjà dégradés. Les progrès doivent être mesurés par l’indicateur 6.6.1 de l’ODD, qui couvre les changements dans les
différents types d’écosystèmes liés à l’eau. Les données sur les écosystèmes liés à l’eau étant très rares dans de nombreux pays du
monde, des méthodologies ont été développées pour évaluer les variables pertinentes à l’aide de données dérivées de satellites. L’ap-
plication SDG661 fournit des informations sur l’étendue des masses d’eau de surface permanentes et saisonnières, des réservoirs, des
zones humides et des mangroves, ainsi que des données sur la qualité de l’eau. Les données peuvent être visualisées et téléchargées
aux niveaux national, sous-national et du bassin. Ainsi, l’application aide les pays à suivre les progrès nationaux vers la réalisation de la
cible 6.6 des ODD et aide les décideurs à comprendre les changements dynamiques des écosystèmes.

Soutenir la planification de l’approvisionnement


en eau dans les camps de réfugiés.

La planification de l’action humanitaire peut être difficile, car les


camps de réfugiés peuvent se développer très rapidement dans
les zones de conflit. En outre, il est difficile de surveiller la dyna-
mique de la population sur de vastes zones, surtout si des
problèmes de sécurité entravent la collecte de données sur le
terrain. Les données dérivées des satellites peuvent aider les
acteurs humanitaires, tels que les organisations non gouverne-
mentales, grâce à la collecte d’informations à une distance sûre.
L’initiative E04Hum, menée par l’Université de Salzbourg en
collaboration avec Médecins Sans Frontières (MSF), a développé
des approches pour utiliser l’imagerie satellite afin de surveiller
automatiquement les mouvements de population dans les
camps de réfugiés. Cela permet d’estimer le nombre et la locali-
sation de personnes ayant besoin d’eau, d’assainissement, de
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vaccins, etc. En outre, les données satellitaires ont été utilisées


pour identifier les sites potentiels d’extraction d’eau souterraine
à proximité des camps de réfugiés, afin de planifier les systèmes
d’approvisionnement en eau. Cette approche a été appliquée
avec succès par MSF, par exemple, pour améliorer l’approvision-
nement en eau et l’assainissement, ainsi que le soutien nutri-
tionnel et sanitaire dans le camp de Minawo au Cameroun.

9
Défis liés à l’utilisation des données
de télédétection

Malgré les possibilités offertes par les données de télédétection en constante amélioration, elles ne sont pas encore
largement utilisées dans la gestion des ressources en eau. Cela est dû à un certain nombre de défis qui subsistent pour
transformer les données de télédétection en informations exploitables et facilement utilisables par les gestionnaires de
l’eau et les autres acteurs concernés. Les principaux défis sont les suivants :

• Le manque de capacités techniques, mais surtout humaines, pour traiter et exploiter utilement les données de télé-
détection.
• Les problèmes de précision et la nécessité de valider les données de télédétection par des mesures sur le terrain.
• Un fossé entre les scientifiques qui produisent, évaluent et appliquent les informations de télédétection, et les
gestionnaires et parties prenantes qui ont besoin de ces informations pour prendre de meilleures décisions.

Compte tenu de ces obstacles à l’application, l’avis d’un expert est généralement nécessaire pour évaluer l’utilité des
données de télédétection pour un objectif spécifique de gestion de l’eau. Les questions à considérer sont les suivantes :

• Quel est le problème à résoudre et comment/par qui les décisions sont-elles prises ?
• Quels sont les besoins en données (y compris la résolution spatiale et temporelle) et quand sont-elles nécessaires ?
• Quelles sont les sources de données existantes et potentielles (surveillance, modélisation, partage de données) ?
• Quelles données doivent être fournies par la télédétection ?
• La télédétection peut-elle fournir les données avec des niveaux acceptables d’incertitude et de précision ?
• Quels sont les coûts connexes et les besoins en capacité ?

La Banque mondiale a développé un arbre de décision et des conseils pratiques pour l’évaluation et la sélection de
produits de télédétection pour répondre à des défis donnés de gestion de l’eau. Cependant, étant donné que les appli-
cations de la télédétection se développent rapidement et que la réponse à la question de savoir si la télédétection peut
répondre aux besoins en données dans un contexte spécifique est très complexe, l’implication d’un expert ayant une
vue d’ensemble à jour de l’état de ces technologies est toujours nécessaire.

Les principaux défis plus en détail

• Capacités humaines et techniques : Le manque de capacités institutionnelles et humaines est une contrainte majeure à l’adop-
tion des informations de télédétection dans la gestion de l’eau. En plus du manque d’expertise technique, un manque général de
connaissance, entraînant donc parfois du scepticisme envers les données de télédétection dans la communauté de gestion des
ressources en eau, a été observé, par exemple dans le programme EO4SD de l’ESA. De ce fait, les efforts visant à introduire l’utili-
sation des données de télédétection doivent être accompagnés de programmes appropriés de développement des capacités. Le
développement de l’expertise technique sera essentiel pour permettre l’utilisation à long terme des informations de télédétection
dans la prise de décision. En ce qui concerne les capacités techniques en termes d’équipement, il existe encore des défis liés au
stockage, au traitement, à la diffusion et à l’analyse de grandes quantités de données collectées par la télédétection par satellite.
Le satellite Sentinel-1, par exemple, fournit près d’un téraoctet de données brutes par jour. Si l’informatique en nuage peut relever
une partie de ce défi, les capacités techniques et la puissance de calcul limitées peuvent encore poser problème, notamment dans
les pays en développement. Toutefois, par rapport au développement nécessaire des capacités humaines, les besoins d’investisse-
ment pour améliorer les capacités techniques semblent plutôt mineurs, voire négligeables.

• Questions de précision et de validation : Une interprétation et des analyses significatives de ce qui est détecté par les satellites
nécessitent de relier les mesures optiques, thermiques ou radar collectées à des caractéristiques réelles sur le terrain : Afin de trans-
former les données de télédétection en informations spatiales précises et précieuses, elles doivent être comparées aux observa-
tions et aux données de terrain. Les données recueillies sur le terrain, également appelées « vérité au sol », servent à calibrer, vérifier

10
et valider les résultats de la cartographie et de la surveillance par télédétection. La collecte de la vérité au sol nécessite un certain
effort et un certain budget et, lorsqu’elle n’est pas disponible, les informations obtenues par télédétection seront moins précises
(ou peut-être même fausses). Même si les données sont validées par la vérification au sol, une certaine incertitude subsistera
toujours, comme cela peut être le cas, dans une moindre mesure, pour les mesures au sol.

• Écart entre la science et la pratique : Il existe toujours un fossé entre les avancées scientifiques dans l’interprétation des données
de télédétection et les applications dans le monde réel. Alors que les nouvelles technologies fournissent de grandes quantités de
données, les acteurs de l’eau ont besoin d’informations exploitables pour se faire une idée des ressources en eau et pour les aider
dans leurs décisions de gestion quotidiennes. La prise de décision en matière de gestion des ressources en eau exige que les
données soient fournies à différentes échelles temporelles et spatiales et avec différents niveaux de précision pour différents
objectifs. Par exemple, des données en temps réel sont nécessaires pour la gestion opérationnelle des infrastructures ou l’alerte
précoce des risques, tandis que des séries chronologiques à long terme sont nécessaires pour l’évaluation des risques, la concep-
tion et la planification. Si la résolution temporelle et spatiale fournie par la télédétection peut être très élevée pour certaines
variables, elle peut néanmoins être sous-optimale ou inutile pour d’autres. Par exemple, les informations sur les eaux souterraines
provenant de la cartographie du champ de gravité par satellite sont disponibles grâce aux missions GRACE de la NASA, mais avec
une résolution spatiale d’environ 300 km, ce qui n’est utile que pour évaluer la disponibilité des eaux souterraines à l’échelle
mondiale ou régionale. Cependant, des méthodes avancées de réduction d’échelle des données et de combinaison de multiples
sources de données de télédétection sont actuellement développées dans la recherche. La résolution spatio-temporelle inadé-
quate et la disponibilité, dans certains cas, limitent l’application pratique des données de télédétection dans la gestion des
ressources en eau. Il en va de même pour l’héritage (la longueur et la continuité des enregistrements à long terme) et la latence (la
facilité avec laquelle les données sont disponibles en temps quasi réel).

Quelles sont les évolutions à prévoir pour l’avenir ?


Il existe un certain nombre de missions de télédétection prévues et proposées qui offriront de nouvelles possibilités pour la gestion
des ressources en eau, notamment six missions Sentinel Expansion. Parmi les développements attendus, citons :

• La mission SWOT (Surface Water and Ocean Topogra-


phy) de la NASA et de l’agence spatiale française CNES
: La mission SWOT, qui sera lancée fin 2022 avec sa techno-
logie d’altimétrie à large fauchée, promet de fournir « la
toute première vue complète des masses d’eau douce de
la Terre depuis l’espace » et un « inventaire global de toutes
les masses d’eau terrestres (lacs, réservoirs, zones humides)
dont la surface dépasse 250 m par 250 m et des rivières
dont la largeur dépasse 100 m ». Ces données permet-
traient aux scientifiques de déterminer l’évolution des
volumes d’eau douce sur le globe avec une résolution sans
précédent. Combinées à la bathymétrie, c’est-à-dire aux
informations sur la topographie du fond d’un lac ou d’une
rivière, les données pourraient être utilisées pour calculer
les changements du volume d’eau total au fil du temps
dans une masse d’eau ainsi que les variations du débit
des rivières, à l’échelle mondiale. La mission SWOT pour-
© Nasa, Unsplash

rait ainsi fournir des informations cruciales pour


comprendre la disponibilité des eaux de surface et pour
mieux se préparer aux inondations et aux sécheresses.

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• Capteurs hyperspectraux : Plusieurs missions incluant des capteurs d’imagerie hyperspectrale sont prévues ou ont été propo-
sées. Ces capteurs mesurent le rayonnement électromagnétique sur un large spectre et augmentent la résolution de l’imagerie
satellitaire. La mission Copernicus d’imagerie hyperspectrale pour l’environnement (CHIME), prévue par l’ESA, embarquerait un
spectromètre unique dans le visible et l’infrarouge à ondes courtes, afin de fournir des services nouveaux et améliorés pour l’agri-
culture durable , la gestion de la qualité de l’eau et de la biodiversité, ainsi que pour la caractérisation avancée des propriétés des
sols. Les données dérivées pourraient améliorer la cartographie dynamique de la couverture terrestre, par exemple, et fournir ainsi
des informations pertinentes sur l’évolution des modes de culture pour la gestion des bassins versants.
• Des capteurs thermiques de plus haute résolution sont actuellement développés, ce qui permettra d’améliorer l’évaluation de
l’évapotranspiration et de la productivité de l’eau pour la production agricole alimentaire. Alors que le capteur actuel de Sentinel 3
mesure la température à une résolution de 1 km, la mission de recherche ECOSTRESS de la NASA mesure la température de
surface à une résolution de 70 mètres. Le principal objectif d’ECOSTRESS est de mesurer le stress thermique des plantes et de four-
nir des informations sur l’indice de stress évaporatif (ESI), un indicateur avancé de sécheresse. De même, la mission LSTM (Land
Surface Temperature Monitoring) de Copernicus transportera un capteur infrarouge thermique à haute résolution pour observer
la température à la surface du sol et fournir des informations pertinentes pour améliorer la productivité agricole durable à l’échelle
du champ. Mais les données recueillies peuvent également être utilisées pour évaluer d’autres phénomènes liés à la chaleur, tels
que les îlots de chaleur dans les zones urbaines.

Citation suggérée : Kramer, Annika 2022 : L’eau vue de l’espace - la télédétection pour une gestion durable de l’eau. Berne, Suisse :
Observatoire des tendances de la DDC sur l’eau.

L’Observatoire des tendances dans le domaine de l’eau de la Direction du développement et de la coopération (DDC) a pour
objectif d’informer le RésEAU, le Réseau Eau de la DDC, et les parties intéressées sur les tendances émergentes pertinentes et les
approches innovantes pour la coopération au développement dans le secteur de l’eau. Initié par le Programme Global Eau de la DDC
et géré par adelphi, il analyse comment les grandes tendances mondiales peuvent affecter les ressources en eau et les pratiques de
gestion dans le futur. Par le biais de divers formats de communication et de son site https://hazu.swiss/deza/trend-observato-
ry-on-water, il vise à sensibiliser aux opportunités qui se présentent pour des solutions plus durables, mais aussi aux risques et aux
défis qui pourraient en découler.

Contact:

DDC - Direction du développement et de la coopération (Suisse)


Programme mondial Eau
Freiburgstrasse 130, 3003 Bern
Téléphone : +41 (0)58 465 04 06
Focal Point Water E-Mail: [email protected]

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