Auteur : Martial Cadiou
LE MYSTÈRE DE
« L'APOCALYPSE DE
JEAN »
ou
L'AVÈNEMENT DE « LA BELLE & LA
BÊTE »
(Essai de relecture symbolique & eschatologique)
Elle rira aux derniers jours
L'Apocalypse XII, v 1
L'imminence de nombreux signes annonciateurs de bouleversements
sociopolitiques... et religieux, nous oblige en ces temps ultimes à faire une
place de premier choix à l'étude ou plutôt à la relecture symbolique d'une
œuvre de visionnaire ou transe prophétique : l'Apocalypse de Jean.
L’Apocalypse dite de Jean, qui clôt la longue suite des écritures vétéro et
néotestamentaires, peut se targuer en effet d'être une ‘révélation’ à part
dans la « Révélation ».
D'ailleurs, le mot ‘apocalypse’ traduit du mot apocalypsis, du grec apo et
caluptein signifie « révélation » ou « soulever le voile ou le couvercle »...
et rien d'autre !
Ce n'est que depuis le XIXe siècle, ère d'industrialisation et de
matérialisme triomphant, qu'il prit une acception ou coloration
catastrophique ; comme si l'homme moderne en ces temps d'achèvement
pressentait obscurément dans le tréfonds de son inconscient, l'écho d'une
justice dévastatrice, en réparation de sa prévarication !
Texte mystérieux, d'une exégèse facétieuse, l’Apocalypse favorise à elle
toute seule une pléthore d'interprétations, parfois extravagantes ; et où
chaque scholiaste réquisitionné — ils sont nombreux — s'évertue en
d'ultimes — mais vaines — catharsis à projeter leurs phobies et fantasmes,
sans disposer dans leur très grande majorité de la qualification initiatique
appropriée pour ce genre d'entreprise.
Ce que nous voulons dire, c'est que la structure symbolique et
eschatologique de l'Apocalypse n'est décryptable qu'à la lueur de
« l'Initiation sacerdotale » ou « Grands Mystères » dits « Mystères
polaires » et uniquement !
C'est aussi la raison pour laquelle les nombreuses exégèses expérimentées
par les biblistes, théologiens, et autres initiés aux « Petits Mystères » ou
« Initiation royale » se révèlent infructueuses et erronées (1).
* *
Au sein de l’Église, on semble de tout temps avoir été rebuté par cet intrus.
C'est ainsi qu' Origène († 254) l'ignore, Eusèbe de Césarée († 350),
contemporain de l'empereur Constantin et son panégyriste, sans oser
prendre position ouvertement, cite longuement les objections de Denys
d'Alexandrie († 261) et donne tous ses arguments contre le caractère
apostolique de l’Apocalypse. On sent bien qu'Eusèbe de Césarée épouse
intérieurement les objections de Denys d'Alexandrie contre cet importun.
Puis, le concile de Laodicée (362) refusera de l'inscrire parmi le canon
officiel.
Et, d'autres « Pères de l'Église » vont se dresser contre cet intrus, qui, il
faut bien le souligner, ne présente aucun caractère permettant de l'associer
au message nouveau.
Citons : saint Basile († 379), saint Cyrille de Jérusalem († 386), Grégoire
de Nazianze († 390), Grégoire de Nysse († 400), saint Jean Chrysostome
(† 407) n'en disent pas un mot et ne le comptent pas dans les textes dont ils
usent !
Saint Jérôme († 420) tient une position semblable à celle d'Eusèbe de
Césarée.
En dépit de ces suspicions unanimes, l’Église, contre toutes ces prudences,
n'hésitera pas à classer l’Apocalypse parmi les textes canoniques au
Concile de Trente (1545) ; date qui consacra le triomphe de l'exotérisme en
une époque où il s'agissait de lutter contre la Réforme protestante en
effrayant les croyants.
Il reste comme le souligne Robert Ambelain, que : « (...) de nombreuses
Églises autocéphales orientales, et non unies à Rome, continuent à le refuser, et ce à
juste raison, suivant en cela d'illustres et anciens ”Pères de l'Église”. »
Dorénavant, intégrée au canon officiel, elle fera l'objet d'âpres débats
auprès des scholiastes rameutés sur son historicité. Ainsi, deux points de
vue s'opposeront chez les exégètes : le plus courant et conformiste (donc le
plus suspect) en fait remonter la rédaction à la fin du premier siècle, après
la destruction du Temple de Jérusalem par Titus, en 70 après J.C, et qui
tend à interpréter les fléaux et la destruction de Babylone comme l'annonce
de la chute de l'Empire romain, qui aura bien lieu, mais quatre cents plus
tard (476).
En opposition à ce point de vue, celui soutenu par Claude Tresmontant,
selon lequel l’Apocalypse aurait été écrite avant l'an 70 par un mystique
juif et qui prédira la destruction de Jérusalem et la dispersion du peuple
juif.
Pour Robert Ambelain, l’Apocalypse fut rédigée avant 64, puisque
l’Apocalypse primitive qui était en araméen, langue écrite et parlée alors
en Palestine, a disparu (sans ses adjonctions ultérieures), et que l'auteur
était Jésus lui-même, comme il le dit d'ailleurs dans le ‘Prologue’ et dans
‘l’Épilogue’.
Celui-ci l'aurait rédigée vers 26-27 de notre ère, et le destinataire n'aurait
été autre que Jean, le baptiste.
Ce que nous sommes convenus de nommer l’Apocalypse serait donc un
assemblage de plusieurs textes d'origine juive – et, plus précisément judéo-
messianiste, différents mêmes quant aux auteurs.
Les uns parlent de trois ouvrages différents, les autres parlent de deux, le
plus souvent d'origine juive, mal compilés par un rédacteur-faussaire
chrétien qui y ajouta ce qui a trait à Jésus-Christ. C'est pourquoi saint
Irénée semble le premier chrétien « évangélique » à en parler.
Pour le R.P.Boismard, professeur à l'école biblique de Jérusalem, la partie
prophétique de l'Apocalypse (chap. IV à XX II) serait composée de deux
‘Apocalypses’ différentes primitivement indépendantes, et ensuite fondues
en un seul texte.
En fait de mauvaise compilation, nous n'hésiterons pas quant à nous à
parler d'authentique et consciente falsification !
Nous ne possédons donc qu'une ‘traduction’ (trahison) grecque rédigée à
Pathmos par le dit Jean, d'où sa désignation d'Apocalypse de Pathmos –
laquelle a subi pendant deux ou trois siècles au moins, depuis l'empereur
Hadrien (76-138), des falsifications, des interpolations, suppressions,
sophistications systématiques, visibles comme des effractions et, destinées
à tromper le croyant sur l'origine, la date, la portée, les tendances, la
signification de l'œuvre.
L'original de l'Apocalypse de Ioannes (le vrai) — variante de Iao-Annès
d'où Oannès puis déformé en Johannes, Jean, Jehan — a disparu.
Et, c'est donc sous ce nom déformé de Iôannès que le scribe faussaire de
Pathmos fit passer sa fraude et inversa le message de la tradition
étrusco-égypto-chaldéenne exprimé par la Sibylle de Cumes et qui avait
selon Ovide (Métamorphoses ; XIV, 3), mille ans de vie.
Le kabbaliste Roger Sabbah, Le Pharaon juif p.266 Éd. J.C.Lattès –
reconnaît que les symboles de l'Apocalypse de Jean sont les symboles
inversés de la religion d'Amon !
Ainsi, par effet de l'inversion exercée par le pseudo-Jean (mais rétablie par
Iôannès Robin), doit-on relire tout autrement et positivement,
l'interprétation donnée de la Bête de la Mer ; de la Grande Prostituée ou
Femme Ecarlate ; La Bête de la Terre ; l'Apollyon destructeur ; le Dragon
rouge feu.
L’Apocalypse en son chapitre treize nous parle de deux bêtes. L’une
sortant de la mer et l’autre montant de la terre pour blasphémer et séduire.
Des deux bêtes, celle qui retient le plus notre attention dans ce chapitre est
la première, celle qui sort de la mer et qui est a priori la plus difficile à
cerner.
LA ‘BÊTE DE LA MER’
« Je vois, venant de la mer, une bête monte. Elle a des cornes, dix ; et des têtes, sept.
Sur ses cornes, dix diadèmes ; sur ses têtes les noms de blasphème. La bête que je
vois est semblable à un léopard ; ses pieds comme d'un ours, sa gueule comme une
gueule de lion. Et le dragon lui donna son dynamisme, son trône, et la grande
puissance. L'une de ses têtes est égorgée à mort ; mais la plaie de sa mort se guérit.
Toute la terre est étonnée derrière la bête.»(Ap.13, 1-3)
Elle n'est autre que : Vénus-Anadyomène-Oannès-Janus.
Vénus-Anadyomène se présente sous des dénominations diverses
(notamment de Dercéto-Atergatis, Astarté, Ishtar) comme la parèdre
d'Oannès, (le dieu poisson des Chaldéens ) ou comme la ‘Dame du Lotus’
(Ishtar comme Esther en hébreu signifient ‘lotus’ et aussi ‘lys’ — non
moins curieusement ‘Nazareth’, la ville natale putative du Christ, qui
n'apparaît nulle part dans l'Ancien Testament, signifie elle aussi ‘lotus’) ;
telle la “Kwan-Yin" de la tradition extrême-orientale qui est également la
"Déesse du fond des mers”.
(cf : John Blofeld, Le culte mystique de la "Kwan-Yin" : le yoga de la
Compassion Éd. Albin-Michel, 1982)
Dans la quête graalique, nous retrouvons cette divinité des eaux en la
personne de Morgane dont le nom proviendrait de l'ancien breton
Morigena, « née de la Mer ». C'est donc une fée liée à la mer. La fée
Morgane exerce une fascination particulière, car c’est le personnage le
plus mystérieux, le plus énigmatique de toute la tradition arthurienne.
À la suite d’Arbois de Jubainville, on a suggéré à ce nom la signification
de « reine des cauchemars ». C’était avouer qu’elle faisait peur et qu’elle
était au centre de tous les fantasmes de la nuit. Mais, en fait, le nom de
Morrigane s’explique très simplement : elle est la Grande Reine, ou plus
exactement « la grande royale ». Mais qui donc se cache derrière le visage
ambigu de cette déité qui est à la fois vierge, mère, prostituée, et
néanmoins souveraine des âmes, des cœurs et des corps ?
L’Évangile de Jean nous en donne la réponse. C’est une réponse gnostique.
Elle est la Pistis Sophia des anciens jours, celle à qui on doit obéir parce
qu’elle est la Vie. Et, elle est aussi ce triple personnage féminin auquel on
attribue le nom de Marie de Magdala (2), cette femme qui verse du parfum
sur les pieds de Jésus et les essuie avec sa longue chevelure, à Béthanie, lui
conférant ainsi l’onction sacerdotale de l’antique Déesse des
Commencements dont elle était la grande prêtresse. Morgane serait-elle
l’aspect celtique et médiéval de cette prostituée sacrée pour qui l’Amour
est la marque unique de l’existence ? Lorsque Morgane emmène sur sa nef
le corps ensanglanté du roi Arthur pour le régénérer dans l’île d’Avalon,
elle ne fait pas autre chose que la Madeleine qui ose pénétrer dans le
tombeau de Jésus pour le prendre dans ses bras et lui donner sa nouvelle
naissance.
Disciple de Merlin (archétype de « l'Initiation sacerdotale »), Morgane
représente la polarité noire (contre-initiatique), maîtresse du domaine
mystérieux qui gît dans les profondeurs aquatiques de l'inconscient humain
comme le « Béhémoth » biblique.
Béhémoth est présenté comme la « première des œuvres de Dieu » (Job ;
XL, 19).
Ne s'agirait-il pas de l'Eau primordiale ?
L'Apocalypse de Baruch semble l'accréditer : « Et Béhémoth se manifestera,
sorti du lieu qui lui est propre, et Léviathan montera de la mer, ces deux monstres
immenses que j'ai créés au cinquième jour (3) de la Création, et que j'ai mis en
réserve jusqu’à ce temps ; alors ils serviront de nourriture pour tous les survivants . »
(cf : Baruch ; XXIX, 4)
Béhémoth vient de la racine ‘baham’ ou ‘abham’ qui signifie ‘être muet’
(souvenons-nous d'Amon le Caché).
Dans le Targum de Jonathan, il est dit : « Dieu produisit deux bêtes immenses,
Léviathan (le Dragon rouge feu ou “Bête de la Terre”) et sa femelle (Béhémoth), qui
furent préparés pour le Jour de la Consolation. »
Ainsi, Léviathan et Béhémoth, comme le souligne Bernard Teyssèdre, Le
Diable & l'Enfer au temps de Jésus p.180 Éd. Albin Michel, 1985 — « …
n'étaient pas nourris par Dieu en vain (...) ils étaient “préparés” en vue de quelque
projet caché aux profanes, mais nécessairement au salut du Peuple élu [= “Justes”]. »
Jalouse de son frère Arthur (représentant de « l'Initiation royale ») et de
tous les Chevaliers de la Table Ronde, Morgane œuvre dans l'ombre de
Merlin, et, grâce à ses sortilèges et ruses, met souvent en péril le monde
fragile du monde arthurien.
Elle présente tout comme Ishtar, un caractère extrémiste et hautement
subversif. Elle est bel et bien une des images fortes de la Vierge
universelle, maîtresse de la vie et de la mort, des tempêtes, des vents et des
animaux sauvages, de l’amour et de la haine, l’ambiguïté faite femme.
Charismatique, elle est sujette à de violentes colères. Elle assume à ce
titre une prérogative inhumaine par son absence de compassion (4).
Luxurieuse et légèrement « putain » comme Ishtar, la déesse de l'amour
des Babyloniens, elle fut maudite par les docteurs de la Loi en raison de
son insoumission au pouvoir patriarcal.
Pareille mésaventure affligera Lilith, dans la tradition rabbinique
notamment dans le Talmud ; celle-ci ne se prêtant plus au jeu de la
soumission patriarcale, sera rejetée, elle aussi, dans le cartulaire de
l'Abîme. Son domicile sera fixé dans « les profondeurs de la mer » (5).
En hébreu, Esther (Ishtar) a pour nombre 661, et si l'on fait précéder son
nom de la lettre « he », signe de l'article défini, dont la valeur est 5, on
obtient 666...
Ce qui démontrerait que le très redouté 666 apocalyptique, n’est pas un
nombre d'homme, comme le prétend fallacieusement le pseudo-initié Jean,
mais un nombre de femme !
Comme le rapporte l'ex-luciférien repenti, Jean-Paul Bourre, Dracula &
les Vampires p.50 Éd. du Rocher, 1981 — cette locataire de la nuit
entretint des rapports étroits avec le Vampirisme, car pour les magiciens de
Ninive (créé par Nemrod), Ishtar règne sur les morts-vivants, c'est-à-
dire sur ceux qui ont vaincu la mort.
La tradition si méconnue du vampirisme initiatique détient des clés
essentielles pour la compréhension et la pratique opérative de
l’immortalité physique et spirituelle.
Le vampirisme est lié à l’éternelle jeunesse, à l’imminente résurrection des
plus subtiles énergies.
Car, c’est la Voie du Dragon Rouge, la Voie tantrique de la Main Gauche,
qui seule permet à quelques-uns de transcender les apparences, d’explorer
les ténèbres de l’intime labyrinthe et de sortir à la lumière d’une réelle
renaissance.
Autrement dit, un être parfaitement éveillé, tel un sage ou un saint, ne peut
absolument plus être vampirisé. Les prédateurs ne s’attaquent qu’aux plus
faibles, c’est bien connu, le vampire initié explore consciencieusement,
d’une manière à la fois métaphorique et scientifique, les nombreuses voies
de l’alchimie.
Le vampirisme initiatique n’est rien d’autre que la quête du Graal ou
d'immortalité, la découverte du Corps de Gloire et d’une substance
incorruptible.(cf : Johannes Van Aken (Jean Robin ?), Histoire vraie du
vampirisme Éd. Famot & Crémille, 1980 )
Vénérée à Sidon, en Phénicie, Ishtar passa à Chypre et de Chypre à
Cythère. Cette divinité des Cananéens figure dans la Bible sous le nom de
« Astaroth » que les Septante ont rendu par Astarté.
En Phénicie et en Égypte, on ne distinguera guère Astarté d'Anat. Anat fut
dans les textes d'Ugarit, appelée « Vierge d'Anat ». C'était alors une vierge
guerrière, belliqueuse, au service de son frère, Aleyn Baal (l« Antéchrist »
ou « Bête de la Terre »), seigneur de la montagne du Nord (6).
Il est curieux que la Bible qui inverse tout, prophétisent par l'intermédiaire
de ses Prophètes de l'Ancien Testament pour la Fin des Temps, l'arrivée
de terribles menaces en provenance du Nord :
« J’amène du Nord une grande calamité et une grande dévastation. Le destructeur des
peuples s’est mis en marche. » (Jérémie, 4, 6-7.)
« Je te mettrai en marche depuis l’extrême Nord et je t’amènerai sur les montagnes
d’Israël. » (Ézéchiel, 39, 2.)
Ainsi, nous constatons le télescopage voire l'opposition entre les
traditions eschatologiques païennes et judéo-chrétiennes, symbolisé
par le combat final entre les armées « orientales » (axe eurasiatique)
de Gog et Magog commandées par un roi venu du Nord et l'Empire
thalassocratique occidental !
Précisons que le roi de Shambhala a pour nom Magag pa Aniruddha et un
sceau marqué du swastika et le royaume d'El-Khidr « est connu sous le
nom de Yûh (…) Il est situé à l'Extrême Septentrion », c'est à dire dans
cette « terre du sanglier » (Varahi en sanskrit) qui est la terre primordiale,
la terre sacrée polaire. En effet « la racine var, pour le nom du sanglier, se
retrouve dans les langues nordiques sous la forme bor ; Varâhî est donc la
"Borée" ». Nous avons ici l'indication et la confirmation que le Messie
de la Tradition primordiale hyperboréenne et polaire n'est autre que
l'Antéchrist des judéo-chrétiens et vice-versa.
Dans l'Apocalypse, au chapitre X III, correspondant à l’arcane X III du
Tarot « Mem » (« la Mort »), « la Bête de la Mer » est représentée avec dix
cornes et sept têtes (7), et sur ses dix cornes, dix couronnes :
« Et la Bête que je vis était semblable à un léopard [l'animal tacheté dont
nous parle René Guénon in “Seth”, Symboles fondamentaux de la Science
sacrée Éd. Gallimard, 1962] et ses pattes comme un ours [symbole kshatriya
dont le nom se retrouve dans “Arthur”, artos en celte, art en irlandais, arth
en gallois, arzh en breton] et sa gueule comme une gueule de lion [symbole
christique... et antéchristique]. Et le Dragon [la force serpentine = kundalini]
lui donna sa puissance, et son trône et un grand pouvoir.
Et, il lui fut donné de régner 42 mois [trois ans et demi], de détruire les saints [à la
mode de l’Église], de proférer des énormités et des blasphèmes [non-
reconnaissance de la divinité stricto sensu du Christ ; rejet de la théologie
trinitaire ; non-validité du baptême ; inutilité de la communion
eucharistique ; rejet de la résurrection ad-litteram ; rejet de l'antipaganisme
de l'Église ; rejet de la hiérarchie ecclésiale et donc papale]. »
Comme le laisse entendre Guénon — qui fut averti des « Grands
Mystères », quoique son œuvre « officielle » ressortît essentiellement aux
« Petits Mystères » comme l'a confirmée Jean Robin, Le royaume du
Graal p.521 Éd.Guy Trédaniel, 1993 — dans son chapitre sur Seth :
« (...) le nombre 666 n'a pas une signification exclusivement maléfique ; s'il
est le “nombre de la Bête”, il est tout d'abord celui d'Hakathriel ou “l'ange de la
couronne”. D'autre part, ce nombre est également donné par le nom de “Sorath”, qui
est, suivant les kabbalistes, le démon solaire, opposé comme tel à l'archange Mikaël ;
“Sorath” est en outre l'anagramme de “sthur”, qui signifie “chose cachée” : est-ce là
le “nom de mystère” dont parle “l'Apocalypse” ?
Mais si “sathar” signifie “cacher”, il signifie aussi “protéger” ; et en arabe, le même
mot “satar” évoque presque uniquement l'idée de protection, et même souvent d'une
protection divine et providentielle... »
Et pour troubler le néophyte, il ajoute :
« Pourrait-on, sans trop de fantaisie linguistique, en rapprocher le grec “sôter”,
“sauveur” ? Et faut-il dire à ce propos qu'il peut et qu'il doit y avoir même, entre
les désignations du Christ (El-Messîh, en arabe) et celles de l'Antéchrist (El-
Messîkh), une singulière ressemblance (8) ? »
Que ceux qui ont des oreilles pour entendre, entendent !
LA « BÊTE DE LA TERRE »
Il s'agit d'Aleyn Baal ou de l'Antéchrist (9) selon l'acception paulinienne,
et son rôle est de susciter l'adoration à l'égard de « la Bête de la Mer », qui
le chevauche.
Il est pourvu de deux cornes comme Moïse (10) et Alexandre-le-Grand,
avec lequel il partage de nombreux points communs, évoquant encore
l'Apollon Karnéios (devenu par l'incompréhension du pseudo-Jean,
« l'Apollyon destructeur » [11] ) et qui présente un rapport plus qu'étroit
avec El-Schaddaï.
Le pseudo-Jean insiste beaucoup sur son caractère destructeur. En cela, il
semble très proche d'une des figures du panthéon hindou : Shiva.
En Inde, Shiva, représente dans la Trimurti hindoue l'aspect « destructeur »
ou plutôt « transformateur » du Principe. Il fut également appelé Shringin,
le « Cornu » et on lui prêtait l'apparence du léopard (12), du lion, et de la
panthère !
Il fut baptisé aussi Târâ, dont la signification en sanscrit désigne « l'étoile
Polaire ». Cette « étoile polaire » est regardée comme la « Shakti »
d'Avalokitêshvara ou Avalokita, l'équivalent de Baleshvara-Shiva. Dans
cette application, Phom-Bou représente Avolakitêshvara Hayagrivâ (à tête
de cheval), qui est un « Roi de la Connaissance » et qui, comme tel, à la
fonction de Destructeur : « dévorant, brisant, détruisant » est son mantra ;
ce qui rejoint, d'une part Kalki, et d'autre part, le cheval blanc (couleur du
Soleil) de l'Apocalypse, correspondant à la première caste (VI, 2) et à
« Celui qui est au-dessus de toute distinction des castes » (XIX,11).
Arthur = Artha, anagramme de Thara est seigneur d'Avalon, dont le préfixe
est semblable à Avalokita, l'île mythique d'immortalité, dont Morgane est
aussi la dame.
Sous ce rapport, la Bête de la Terre incarnera une fonction sacerdotale et
législative. De fait il est authentique prophète, non selon la tradition
catholique romaine, il faut bien insister, mais selon la Tradition
primordiale. Il est le Xe Avatara.
D'ailleurs, le mot Avatara peut se prêter à une étude étymologique très
intéressante qui confortera notre définition. Ava signifie « descente » (d'ou
« Aval » et « Aval-on ») et Târâ que nous venons de voir.
Dans les Écritures bouddhistes, Târâ est la puissance
d' « Avalokitêshvara ». Elle représente l'élément air et la direction
septentrionale ainsi que la compassion et la rédemption. Le nom indien de
la déesse Tara (en tibétain Dolma ou Doema, et en mongol Dara Ekhe),
« Mère Tara » la rapproche de la planète Vénus. On la connait sous 21 ou
27 formes, dont deux surtout sont très répandues : la Tara verte, au pied
dressé, et la Tara blanche, assise comme le Bouddha (13).
Messie guerrier, sa mission consistera à restaurer le Sanatana Dharma
(Loi Primordiale) — fusse-t'-il aux prix de nombreuses conflagrations —
et préfigurera l'émergence d'un nouveau cycle.
Redouté et craint des hommes, c'est lui : « le “Fils de Dieu” à qui sera donné
les nations en héritage, en propriété les extrémités de la terre, et qui brisera les
nations avec un sceptre de fer, et comme un vase de potier, les mettra en pièces. »
(cf : Psaumes ; II, 8-9)
L'Apocalypse de Pierre, un apocryphe chrétien, évoque un redoutable
« Fils du Lion » qui s'éveille d'un long sommeil pour vaincre tous les
peuples. Ce thème sera repris par une prophétie du XVIe siècle attribuée à
Paracelse (1493-1541), membre de l'Ordre du Dragon Vert et du Vril, où il
annonce la venue du « Lion du Septentrion » victorieux de la
« cléricaille ». Cet alchimiste suisse, élève à Bâle, aurait reçu la « pierre
philosophale » à Constantinople de Salomon Trimosin. Pour Christian
Jacq, La Confrèrie des Sages du Nord » p. 221 Éd. Du Rocher - Il aurait
appartenu à la « Confrèrie des Sages du Nord ».
Son empire sera universel et sa puissance sans pareille. Pour l'asseoir, seuls
les services d'une organisation ultra-hiérarchisée toute dévouée à sa cause
le rendront invincible.
Les armes technologiques les plus audacieuses et la toute-puissance
psychique et spirituelle lui assureront une domination totale sur tout ce qui
bouge et vit sur cette planète.
Les peuples seront en admiration devant ces trésors technologiques, tels
les Ovnis, etc. Comme aime à le ressasser Jean Robin, l'Antéchrist usera
de la dramaturgie extra-terrestre à satiété.
Le monde politique, économique, militaire sera encadré : l'ordre règnera.
Ainsi le projet hégémonique préconisé dans les Protocoles des Sages de
Sion sera établi.
Sémiologie du phénomène OVNI dans la perspective
eschatologique.
Les extraterrestres qui semblent nous tomber dessus du haut du ciel
dans d’étranges machines spatiales, représentent un défi majeur à
l’idéologie naturaliste et objectiviste, car ils partagent apparemment
les propriétés appartenant à la fois au monde spirituel et au monde
matériel, faisant fi, et sans le moindre effort, de la division sacro-
sainte et intouchable qui prévaut désormais entre ces deux royaumes
depuis le schisme de la science et de la religion survenu au XVIIe
siècle.
Professeur John E.Mack
Dans la citation du professeur John Mack, tout est dit. Le dualisme
scientifique régnant en maître depuis le XVIIe siècle a interdit aux
hommes de comprendre le phénomène dans sa singularité eschatologique.
Le phénomène OVNI, remonte dit-on à la très haute Antiquité. Des
historiens de renom de l'Antiquité en font état : Tite-Live, Cicéron,
Sénèque, Pline l'Ancien, Dion Cassius, Eschyle, Plutarque, Scipion,
Xénon.
Ainsi, aucune époque historique ne fut épargnée par le phénomène OVNI ;
pas plus de lieux géographiques. Le phénomène OVNI se veut
transnational et multiséculaire. Dans ce cas, l'agent X sait tout de nous
et nous ne pouvons rien lui cacher. C'est aussi la preuve que cette
puissance extérieure poursuit des buts autrement plus importants que la
simple étude de la faune et la flore qu'elle connaît à fond. C'est là, la
réponse donnée à ce curieux passage de l'Apocalypse où il est fait mention
du rôle des Sauterelles sortant du Puits de l'Abîme aux préoccupations
écologiques plus authentiques et légitimes que celles de nos escrologistes
actuels !
L’ensemble du phénomène OVNI ressemble en fait à une gigantesque
pièce de théâtre dont les hommes seraient les acteurs inconscients et
manipulés par un Metteur en scène tout puissant, à la discipline de
l'Esprit incarnée, capable d’intervenir aussi bien sur le monde de la
matière que sur le psychisme des individus.
Tout tend à suggérer que « l’agent X », à l’œuvre derrière le phénomène
OVNI, s’emploie depuis des millénaires à démontrer son existence à
l’homme, mais sans jamais en apporter la preuve formelle.
Ces entités profitent donc de la médiocrité spirituelle ambiante pour
« jouer » avec les hommes, usant des concepts humains les plus divers, y
compris nos croyances religieuses et superstitions. Elles réussissent à
s'engouffrer dans les univers mentaux des peuples par le biais du monde
« psychique » ou « intermédiaire ».
Les fameux humanoïdes, dont il est fait grand cas dans la mythologie
extra-terrestre, sont issus du « monde intermédiaire » ou « monde
psychique ». Jacques Vallée dans Visa pour la Magonie Éd. Robert
Laffont, 1978, situe les humanoïdes ou extra-terrestres, en les rapprochant
de la mythologie et le « folklore », avec les lutins, ces fées et djinns de
toutes sortes. Ces entités connaissent parfaitement toutes les mythologies
anciennes et épousent le développement de la conscience religieuse, ce qui
veut dire qu'elles sont présentes dans notre univers depuis très longtemps.
(cf : Jean Bastide, La mémoire des OVNI Éd. Mercure de France, 1978)
Il semble que les « Extraterrestres » d'aujourd’hui sont les dieux des
civilisations disparues qui sont devenus par l'incompréhension et
l'inculture des théologiens, des démons. Le phénomène Ovni produit
« l'inversion des mythes ». Jean Robin n'a t'il pas reconnu qu'autour de
Seth une fatalité de l'inversion s'imposait et tout ce qui le concerne ne
devait-il ne pas être vu comme dans un miroir, avant le temps ultime du
« renversement des pôles » !
Le comportement « magique » des Ovnis n'est que l'expression d'une
science très avancée.
Cela rappelle la 3 ème loi de Clarke (« toute technologie suffisamment
développée est indiscernable de la magie »).
Une des caractéristiques fondamentales de la problématique OVNI :
évoluer et se comporter en fonction des croyances d'une époque historique
donnée, tout en conservant dans ses manifestations une complexité parfois
perçue comme absurde qui, elle, est transséculaire et transculturelle.
L’Ufologie se perpétue donc par le biais de la rumeur. Son occultation est
le fruit d'une stratégie délibérée. Le phénomène qui pourrait jouir d'une
reconnaissance ultime et décisive préfère pour l'instant mettre en place un
camouflage de sa propre existence par différents artifices : détails
incongrus et absurdes, manifestations sporadiques, élusives et mimétiques,
comportement irrationnel et fantasque, « magique », et surtout absence
délibérée et provisoire, il faut insister, de preuves définitives et
incontournables pour l'agora internationale. Cette absence de preuves
nourrit l'arrogance scientifique, celle qui nie le phénomène, comme
l'opportuniste Albert Einstein qui écrivit ainsi à propos des témoins et des
OVNI : « Ces gens ont vu quelque chose. Ce qu’est ce quelque chose, je ne le sais
pas et je ne veux pas le savoir. » où s'en désintéressent complètement (cf : Jean
Heidmann, A.Vidal-Majar, N.Prantzos, H.Reeves, Sommes-nous seuls
dans l'Univers ? Éd.Fayard, 2000) en lui donnant l'illusion d'une liberté
conquise sur les hasards de l'évolution et les aléas de l'histoire. Ceci avec
l'objectif très proche lors de la désoccultation, de discréditer à tout jamais
tous les contempteurs du phénomène et toute la pseudo-élite politico-
scientifique.
Les OVNIS montrent à l'évidence que le phénomène peut aisément passer
complètement inaperçu. Ce qui n'est pas le cas. À l'humanité de retirer
toute la « subtantifique moelle » de cette faveur.
Le fait qu'il s'expose sporadiquement, et plus encore, lors de l'incident de
Roswell en 1947, situé sur le mystérieux 33 ème parallèle, doit conduire la
communauté des hommes à lui donner une signification primordiale, et
dirons-nous, eschatologique. Cet incident, très à dessein commandité,
intervient la même année que la création officieuse de l’État d'Israël, la
découverte des manuscrits de Qumrân, la création de l'O.N.U, de la C.I.A.,
l'expédition mystérieuse « High Jump » de l'amiral Byrd, et la conférence
de Seelisberg avec ses 70 participants, prélude à Vatican II !
L'intelligence qui créé les phénomènes paranormaux, introduit de manière
délibérée des actes burlesques et grotesques. Le phénomène est « un
spectacle mis en scène pour les hommes » ou « préparé pour les
spectateurs ».
Cependant, « L'absurdité des manifestations physiques des Ovnis n'est
qu'apparente. Elle est conforme à la vaste ignorance des humains et, pire, elle devient
un concept attendu qui se traduit, il faut le rappeler, par la manifestation de
l'impossible. L’Hypothèse Extraterrestre, la vraie, est fondamentalement liée à
l'exhibition de la magie. »
(cf : Michel Picard, Les Ovnis, laboratoire du futur p. 248 Éd. JMG, 2002)
Toujours selon Michel Picard - opus cité - p. 163 : « L'ufologie est une
initiation.» Elle implique une transcendance qui fait défaut à l'homme
moderne aux insuffisances intellectuelles et spirituelles évidentes.
L'intelligence de l'agent X axe toutes ses actions sur la tromperie, ses ruses
sont tellement bien agencées que les personnes qui en sont victimes n'ont
presque jamais le sentiment d'avoir été leurrées par divers artifices. Son
niveau technologique est tellement supérieur au nôtre, qu'ils peuvent
matérialiser et dématérialiser à volonté les particules de matière, et celle de
la matière vivante. Elle peut les dissocier et les réassocier dans le même
ordre sans conséquence préjudiciable pour la survie des êtres ainsi visée.
D'où les phénomènes de « téléportation » dans le temps et l'espace. Pour
résumer, la science des OVNI réside dans la maitrise de trois paradigmes
scientifiques majeurs inconnus de la science actuelle : technique de la
dématérialisation + structuration génétique + pouvoirs psy. (cf : Éric
Julien, La science des Extraterrestres Éd. Le Temps Présent, 2010)
L'OVNI est donc un inconcevable produit d'une métascience post-
relativiste. Il y a donc une part d'absurdité, un comportement extravagant
violant les lois admises en physique, produit d'une superscience supra-
rationnelle.
Quid de leur métascience : une hyperphysique pluridimensionnelle d'où
l'invisibilité, concept de voyage relativiste qui se traduit, par la
manifestation interdite pour l'humanité profane, de l'Impossible, de
l'Indicible, ou de la pure Transcendance. L'Ufologie constitue bien une
Initiation dans ses dimensions secrètes. Initiation tant redoutée que tous
les gouvernements mondiaux s'emploient à en interdire l'accès et l'étude.
(cf : François Parmentier, OVNI : 60 ans de désinformation Éd. Du
Rocher, 2004)
Les OVNI conduisent l'humanité à son propre dépassement, vers la quête
de la surhumanité (Jacques Vallée), en distillant les germes dans le
subconscient des peuples abatardis un nouveau paradigme spirituel (la
Tradition primordiale), car il devra poindre une surhumanité latente en
l'homme contemporain, si celui ci veut survivre.
De cette métanoïa ou révolution naîtra un nouveau paradigme
civilisationnel où seront absentes les valeurs contemporaines : athéisme,
libéralisme, multiculturalisme, relativisme, scientisme, cartésianisme, etc.
Les fausses élites paléolithiques, qui nous gouvernent, les redoutent au
point que les pouvoirs politiques en place, les élites des armées, des
Églises des principales religions, et des organismes responsables de la
recherche scientifique, risqueraient de ne pas sortir indemnes d’une telle
confrontation !
Quant à l'apparition de ce nouveau paradigme civilisationnel, les savants
Von Foerster, Meyer et Jacques Vallée, Kaplan la prévoit entre les années
2020 et 2030 ! (cf : Michel Picard, Aimé Michel, la Quête du Surhumain
p.300 Éd.1996)
« LA FEMME ÉCARLATE »
ou
« LA GRANDE PROSTITUÉE »
Dans l'Apocalypse, elle est revêtue de pourpre et d'écarlate, symbole de
l'« œuvre au rouge » ou rubedo, c'est-à-dire la phase ultime et achevée du
« Grand Œuvre alchimique », celle du « Feu dévorant », d'où procède la
destruction de l'humidité radicale des Eaux, la suprême calcination et
fixation.
La « Femme Écarlate » préfigure encore le principe féminin, la Grande
Déesse dotée d'une triple caractéristique :
* l'Eau : Babel « assise au bord des Grandes Eaux » selon Jérémie ; Rahab
près du Jourdain, comme plus tard Marie-Madeleine, la prostituée-
compagne de Jésus, celle qui ruisselle (tout coule, chez Madeleine, larmes
et parfums).
Chez les taoïstes, l'Eau est Wou Ki, le « Sans- commencement », le Chaos,
l'indistinction première.
Pour beaucoup, ce Chaos originel ressemblerait par trop à ce Tohu-bohu-
Bohu biblique. On traduit généralement cette expression par « confusion »
ou « grand Désordre ».
Cependant, pour le kabbaliste A.D.Grad, Les clefs secrètes d'Israël p.162
Éd. du Rocher — le Tohu-bohu-Bohu originel est totalement bénéfique, puisqu'il
ramène l'être vers sa condition originelle, celle d'avant la chute (14).
* L'Écarlate : Couleur rouge du vêtement royal ou sacerdotal ; couleur du
sang (la « femme sanguinaire » dont parle Ézéchiel ; chevelure rousse
(couleur sethienne) de l'initiatrice, femme de feu et de soleil (Ariane par
exemple) ; couleur de la grenade.
Au Japon, la couleur rouge (Aka) est portée presque exclusivement par les
femmes. C'est ici un symbole de sincérité et de bonheur. Le rouge, est,
l'une des trois couleurs fondamentales, apanage des dieux, des monarques
et de la noblesse. Chez les Égyptiens, on peignait en rouge les génies
bienfaisants et les Pharaons se drapaient de manteaux de cette couleur,
comme feront plus tard les empereurs romains. Byzance alla encore plus
loin : ses empereurs s'habillaient uniquement et entièrement en rouge. À
l'époque médiévale, le Christ sera le plus souvent représenté sur les vitraux
et les peintures, recouvert d'un manteau rouge.
D'autres traditions reconnaissent dans le rouge, une couleur guerrière, ainsi
dans l'antique tradition irlandaise. Dans la geste argonautique, une
tradition très confidentielle enseignait que la Toison n’était pas d’or,
mais de pourpre. Et Acusilaos liait la Toison à la mer, « qui l’avait teinte de
pourpre ». L'Argô primitive aurait eu des joues de vermillon et un front
d'azur – proue cyanée.
Enfin dans l'alchimie musulmane, le soufre rouge désigne l'Homme
Universel (al-insan al-kamil).
* la zone frontière : Port ou porte, margelle, gué, passage, transition,
isthme, pont, etc.
« Je suis la porte, si quelqu'un entre par Moi, il sera sauvé. » (Jean ; X, 9)
LE DRAGON ROUGE FEU
Il est dépeint au verset 3 du ch. XII de l'Apocalypse : "Et alors il parut dans le
ciel un autre signe, c'était un grand dragon couleur de feu."
Le pseudo-Jean n'hésite pas — suivi en cela par les catholiques — à
assimiler le dragon ou serpent au diable ou Satan. C'est Nemrod qui
inauguerera le culte du feu puisqu'un fragment d'Apollodore nous apprend
que c'est Ninus-Nemrod qui apprit aux Assyriens à adorer le feu. Le soleil
était vénéré sous le nom de Baal. Dans le langage primitif de l'humanité, le
soleil s'appelait Shamesh.
Selon la tradition rabbinique, Satan (en hébreu Shatan signifie
« l'Adversaire ») aurait été créé le sixième jour de la Création (15) — soit
relativement tard — en même temps qu'Ève, et était alors le plus beau et le
plus puissant des Anges.
Il est en fait le « Grand Accusateur » des hommes, manifestement au
service de Yahweh, puisqu'il est fils d'Élohim.
À partir du Moyen Âge surgira un autre Satan (16), au pouvoir terrifiant,
« adversaire » non plus des hommes... mais de Dieu (17).
Le judéo-christianisme en a fait une sorte de dieu méchant, opposé au dieu
bon, et dirigeant les Enfers.
C'est donc sur cette économie-là qu'il faut comprendre la lecture
théologique actuelle de l Apocalypse faite par l'Église.
Quant à nous, nous ne pouvons qu'assimiler le « Dragon rouge feu » au
Mahachohan de la tradition hindoue, seigneur du Feu de la Création qui
vomit du soufre alchimique (principe igné et solaire) au soir des Temps
pour la régénérer et la purifier de ses souillures.
Le dragon, loin d'être maléfique, est celui qui garde précieusement la
« Toison d'Or » dans la tradition argonautique grecque, barrant l'accès
aux non-initiés, au jardin des Hespérides. À ce titre, il peut faire penser
aux Chérubins, ces anges armés d'un glaive de feu, qui barrent eux aussi,
l'accès aux profanes au jardin d'Éden.
Selon Ananda Coomaraswamy, Hindouisme & Bouddhisme p. 19
Éd.Gallimard : « En réalité, le Tueur et le Dragon, le sacrificateur et la victime sont
Un en esprit derrière la scène, où il n'y a pas de contraires irréductibles, tandis qu'ils
sont ennemis mortels sur le théâtre où il se déploie la guerre perpétuelle des Dieux et
des Titans. »
Dans l'Égypte ancienne, le Dragon se dit « messeh » dans la langue
démotique, ce qui, par extension donnera « messiah » en hébreu, messie en
français.
En Chine, on le retrouve, dans un conte des Tang, celui de la « Perle » ; la
légende germanique de Siegfried confirme que le « trésor » gardé par le
dragon n'est autre que l'immortalité.
Puissance céleste, créatrice et destructrice, ordonnatrice, le Dragon est tout
naturellement le symbole de l'empereur, de domination universelle. Les
armées romaines arboreront des étendards frappés d’un dragon pourpre. Le
dragon s'apparente au serpent, dont il possède parfois la queue. Comme
lui, il est depuis la plus haute Antiquité le symbole du soleil et du feu.
L'étymologie du mot « dragon » vient du grec drakon, voisin de drakos :
œil, du sanscrit : voir, voyant, œil ! C'est donc l'animal qui nous aide à
découvrir d'où vient la vie et comprendre où nous mène la mort.
Il est remarquable que ce symbolisme s'applique non seulement en Chine,
mais aussi chez les Celtes, et même un texte hébreu parle du dragon
céleste comme d'un roi sur son trône. Il est en effet associé à la foudre
comme Baal (il crache du feu) et à la fertilité (il amène la pluie).
Si dans les traditions occidentales, le Dragon flirte avec le Mal, il n'en est
pas de même dans les traditions orientales et extrême-orientales moins
exposées au dualisme aliénant, ainsi que le démontre Michel Béresniak &
Michel Random, Le Dragon Éd.du Félin.
Cette ambivalence provient du fait que le Serpent ou Dragon est toujours
lié à la notion de danger, d'aventure périlleuse.
Il perd qui ne sait le dompter, il tue celui qui ignore comment le maîtriser.
Ainsi faute d'avoir pu et essayé de le comprendre et donc de le maîtriser,
les profanes (99, 999 999... % de l'humanité) et autres initiés aux « Petits
Mystères » ont cherché à le maudire et à le discréditer ; alors qu'autrefois il
jouissait en des époques plus glorieuses de faveurs insignes, comme le
regrette René Guénon en épigraphe de son chapitre consacré à « Seth » :
« L'homme fut serpent autrefois (18). »
(1) La majorité des scholiastes actuels rameutés autour de l'Apocalypse
sont des vaishyas et kshatriyas d'esprit et de qualifications initiatiques.
Dans Aperçus sur l'Initiation, le Maître prévient que le domaine initiatique
qui leur est dévolu, est proprement celui des « petits mystères ». En aucun
cas, ils ne peuvent et doivent investir l'économie des « Grands Mystères »
qui est réservée à l'élite sacerdotale dont ils ne font pas partie !
(2) Vers 200 de notre ère, Tertullien se rendit dans la ville de Magadala
d'où provenait, selon les Saintes Écritures, Marie de Magdala. Là, il
enquêta au sujet de la célèbre pécheresse, mais il ne trouva pas la moindre
trace de son existence. Marie-Madeleine est tout autant inconnue des
Épîtres de Paul, des Actes des Apôtres, des Épîtres de Jude, de Jacques, de
Pierre et, enfin, le célèbre Eusèbe de Césarée [265-340] n'en souffla mot
dans son Histoire Ecclésiastique.
(3) La spéculation ésotérique sur le symbolisme des « Jours de la
Création » relève de « l’Initiation sacerdotale ». L’antériorité d’une
création sur une autre participe donc d’une primordialité.
(4) Selon Jacques Brengues, La franc-maçonnerie du bois p.124 Éd.
Daniel Béresniak, 1973 – la fée Morgane apparaît comme étant à la source
de rites féminins de vengeance contre les hommes concupiscents et
infidèles : ceux-ci étaient enfermés dans le Val Sans Retour où coulait le ru
« le Rauco » et d'où ils ne pouvaient jamais revenir.
(5) La seule allusion à Lilith se trouve dans le Livre d’Isaïe (XXXIV, 13-
14). La raison de sa disgrâce puis de sa diabolisation (injustifiée) procède
d’un point de vue outrageusement exotérique. Pour le Talmud, où se
retrouve exposé l’essentiel de l’histoire légendaire de Lilith, il lui est
reproché de ne pas s’être soumis à Adam, se brouilla avec lui, prononça le
nom de l'Ineffable et s’envola dans les airs. D'après l'Alphabet de Ben
Sirah, texte kabbalistique du X-XIe siècle, Adam et Lilith auraient été
créés afin de répondre au besoin du Créateur : il y aurait donc eu égalité
parfaite entre l'homme et la femme. La Tradition affirme même qu'ils
furent créés unis par le dos. Le conflit entre le couple primordial débutera
par le comportement sexuel de Lilith. Refusant sa position soumise dans
l'étreinte sexuelle, Adam la chassa.
Afin ne pas demeurer seul, Yahvé donnera à Adam une nouvelle compagne
Ève, la soumise, mais de nature terrestre. Lilith de par sa conduite
participe d’une nature amazoniaque. Elle est l’image projetée de la
« Déesse des Commencements » ; la Vierge des Vierges que l’on reconnaît
dans le personnage de Mélusine ou Morgane. Devenue gênante dans
l’orthodoxie hébraïque qui ne la comprenait plus, elle fut écartée des textes
canoniques et ravalée au rang des démons femelles. D’après le Zohar
(Haddash, section Ytro), elle participe avec Samaël avec qui elle est
associée à la perte d’Adam. Malgré le peu de sympathie que le Zohar
accorde à la figure de Lilith, il lui concède néanmoins un rôle important
dans son eschatologie : c’est cette puissance féminine qui accomplira à
la fin des temps, la destruction de Rome.
Pour les Gnostiques, le péché originel réside dans l'usurpation du pouvoir
absolu par Adam, alors qu'à l'origine, ce pouvoir était partagé
conjointement avec Lilith.
La Lilith du texte hébreu est traduite par ônokentauros dans la version
grecque dite des Septante (rédigée soi-disant par 72 Sages en 72 jours), et
par Lamia dans la Vulgate latine de saint Jérôme. On sait que
l’ônocentaure est un animal fabuleux de la mythologie grecque, à moitié
homme et à moitié cheval ou âne. Ce qui met Lilith en rapport avec le dieu
Seth, le dieu à la tête d’âne.
Le regretté Jean Markale, dans son chapitre consacré à Lilith in Les
Révoltés de Dieu Éd. Presses du Châtelet, 2 003, reconnaît que Lilith
participe d’une nature céleste alors qu'Ève recouvre une nature terrestre.
Lilith possède par ailleurs une dimension ésotérique supérieure à Adam et
Ève : elle connaît le nom ineffable et imprononçable de Dieu : » Yâh » !
« Yah » est l'un des noms Amon-Re gravés sur les lions du temple de Soleb
à l'époque d'Aménophis II (1350 av.J.C.)
« “Yah” est ma force et mon chant, à lui, je dois mon salut. »(Exode, XV,2)
Pour la Kabbale, Yah symbolise l'âme divine, la lumière universelle, à
l'origine de toutes les âmes, de toutes les lumières. Le domicile véritable de
Lilith se trouve dans les profondeurs de la mer, rappelant par là, la « Dame
du fonds des Mers » », l'Ishtar babylonienne. » (cf : Gershom Scholem, La
Kabbale & sa symbolique p.177 Éd.Payot).
Enfin, dans une première version du Coran, Muhammed aurait demandé de
rendre un culte aux déesses préislamiques. Ces versets furent abrogés et
appelés « versets sataniques » (Sourate 53, l'Étoile ; versets 19-23). Lilith,
c'est la Ghula chez les Arabes, al-Lat chez les préislamiques.
À ce point de notre exposé, nous ne pouvons ne pas évoquer ce qu’écrivait
René Guénon, à l’un de ses correspondants, imparfaitement initié, un
certain Hillel : « Il y a ici, derrière El-Azhar, un vieux bonhomme qui ressemble
étonnamment aux portraits que l’on donne des anciens philosophes grecs, et qui fait
d’étranges peintures. L’autre jour, il nous a montré une espèce de dragon avec une
tête humaine barbue, coiffé d’un chapeau à la mode du XVIe siècle, et six petites
têtes d’animaux divers sortant de la barbe. »
Le Maître, sur un air faussement surpris, car il savait bien évidemment à
quoi s’en tenir sur cette représentation, ne pouvait ignorer, qu’un dragon à
la tête barbue, non pas identique, mais dont l’allure est assez proche de
celui de l'Élue du Dragon, « chapeau à la mode du XV I ème siècle »
compris, figurait sur un bas-relief du IIIe siècle chrétien, conservé à
l’époque dans le palais Massimo de Rome. Ce Dragon (dont le chapeau
bien entendu, n’est pas du XVIe siècle) est Sérapis-Agathodaïmon (le bon
Serpent), vénéré à Rome par un culte syncrétique à mystères. En effet, la
famille Massimo était en rapports étroits avec les Jésuites de Rome, actuels
propriétaires d’une partie du palais Massimo.
(cf : Massimo Introvigne, Enquête sur la Satanisme p. 236-237 Éd. Dervy-
Livres, 1997)
(6) Dans la tradition du Kalachakra, considérée par les autorités religieuses
tibétaines comme la forme la plus haute et plus subtile de l'enseignement
tantrique, le seigneur de Shambhala (« Demeure de Shiva ») (mot
signifiant « joie ») s’appelle « Magag.pa. Aniruddha ». Un lama
contemporain de très haute réputation, Kalu Rimpoché, parle du roi à venir
de Shambhala, « le seigneur violent de la roue de fer », qui livrera la
« guerre de Shambhala », ce qui se rapporte à la venue de Maitreya, le
dernier Bodhisattva du cycle, l'équivalent du Kalki Avatara hindou, du
Mahdi de la tradition musulmane, etc.
(7) Métatron est, selon la Kabbale, « pourvu de sept Noms ». Or
l'Apocalypse, qui prend tout à rebours, voit, sur les sept têtes de la « Bête
de la Mer », des « Noms de Blasphème » (chap.XIII, I).
(8) René Guénon, nous ne le répéterons jamais assez, est un auteur
paradoxal. Si son œuvre « officielle » ressortit aux « Petits Mystères » ou
« l'Initiation royale », cela ne signifie en rien qu'il ignorât l'économie
substantielle des « Grands Mystères » ou « l'Initiation sacerdotale ».
Simplement, sa « mission » consistait à faire office de précurseur, comme
le rappelle Charles-André Gilis, Introduction à l'enseignement et au
mystère de René Guénon Éd. de l'Œuvre.
L'auteur traditionnel qui a le mieux perçu la dimension paradoxale de
Guénon est sans conteste Jean Robin, et à ce titre peut figurer parmi le
meilleur commentateur officiel du Maître. Jean Parvulesco, Le retour des
Grands Temps p. 209-210 Éd. G.Trédaniel ne s'y est trompé : « Jean Robin
apparaît, en effet, comme le premier à avoir compris que le véritable mystère du
cheminement et des missions de René Guénon n'a pas été, comme on n'a cessé de le
répéter, mais à tort, celui de ses habilitations spirituelles, régulières ou pas, avec
certaines lignées, avec certaines retraites initiatiques très occultement encore en
action, mais le mystère même de sa plus simple, de sa plus immédiate réalité
vivante. »
(9) Selon les vaticinations « antéchristiques » de saints Irénée, Ambroise,
Augustin, d'Adson, moine normand, l'Antéchrist serait issu de la tribu
biblique de Dan. Turbulents, ils étaient tenus en suspicion de la part des
autres hébreux. Jacob les avait comparés au Serpent ou Céraste (Genèse
49 :17). Adson, abbé de Montier-en-Der, écrivit vers 954 son fameux traité
alors que les Danois ou Vikings terrorisaient la Normandie. Les Danites ou
Dans étaient d'excellents guerriers comme les Celtes et comme eux,
adoraient le dragon. Le nom de Dan est typiquement nordique et tire son
étymologie des Dé Danann, qui envahirent autrefois l'Irlande et vouèrent
un culte à la Déesse Dana ou Ana. Selon les antiques Annales irlandaises,
les Tuatha de Dana sont issus de la tribu de Dan. Plus tard, au gré des
inimitiés de circonstances, on fera venir l'Antéchrist d'Allemagne, puis de
Russie.
(10) Dans l’Apocalypse de Jean « Les Visions prophétiques » chap.9 « la
5 ème trompette » le pseudo-Jean nous montre l’Apollyon destructeur à la
tête des « sauterelles » qui doivent sortir de l’Abîme et ne persécuter que
les hommes qui n’ont pas sur le front le sceau de Dieu.
L’exotériste peut-il expliquer cette contradiction ?
La logique serait plutôt que les « sauterelles » (incarnations selon eux des
forces maléfiques et contre-initiatiques) ne persécutent que les Élus ! Et
pourquoi les « Sauterelles » ne font que persécuter les humains sans les
tuer, n’y aurait-il pas là l'indice que les « Sauterelles » espèrent faire
accéder les humains au travers d’épreuves expiatoires à une plus haute
perfection initiatique, si tentés qu'ils en soient capables ?
Évidemment, le cinéma hollywoodien, en ces temps ultimes d'inversions et
de subversions, s’est largement emparé de ces représentations en les
galvaudant, notamment dans les films de Paul Verhoeven, Starship
Troopers et Steven Spielberg, très lié aux organisations sionistes : la
Guerre des Mondes. Dans ces productions cinématographiques n’apparaît
jamais la différence de sort réservé aux Élus et aux autres du fait des
« sauterelles » ! Toute l'humanité y est traitée pareillement. Égalitarisme
démocratique oblige !
Selon Pierre Gordon, l’Image du Monde dans l’Antiquité Éd. Arma Artis -
Seth apparaît comme le type de ces « démons » qui ne furent distingués
des dieux que par une incompréhension tardive, et qu’ils furent surtout des
personnages sacrés tourmenteurs, ceux qui faisaient subir des épreuves aux
néophytes.
Dans les Textes des Pyramides, il est précisé que Pharaon atteint le ciel
sous forme de sauterelle. En hébreu, sauterelle se dit Arbé signifiant
« multitude », mais aussi « quatre » (Arba)!
(11) Ainsi Moïse représenté par Michel-Ange sur la tombe de Jules II.
Amon, lui-même, était appelé « maître de la double corne » dans le Livre
des Morts égyptiens (chap.CLXV)
(12) Selon l'auteur d'un ouvrage sur le Dragon, le pasteur d'origine
normande Ernest Dallière d'Évreux, le serpent a aussi pour symbole le
léopard, le tigre, le lion. L'emblème des Vikings (ces Hommes du Nord)
était le léopard que l'héraldique fixera sur les blasons. Le dragon deviendra
le premier animal-symbole de la Normandie. Quant au léopard, nous le
retrouverons sur le blason de Richard Cœur de Lion.
(13) Les monarques sont parfois associés à des divinités réincarnées. Ainsi,
les tzars de Russie furent associés à la Tara Blanche. Le mage Gurdjieff
convaincra le tsar Nicolas II de construire un temple dédié au Kalachakra à
Saint-Pétersbourg. Gurdjieff expliquait à qui voulait l'entendre que la
dynastie des Romanov était une émanation des rois de Shambhala. Se
peut-il que l'actuel tsar de la Russie moderne, dont l'emblème est un aigle à
deux têtes (spirituel et temporel), Vladimir Poutine, le soit aussi ?
(14) Selon Plutarque, Isis & Osiris, Typhon se dit en égyptien To-Bohou .
Le tohu-bohu renvoie à l'océan primordial, le Noun. Dans Le Livre des
Morts des Anciens Égyptiens, le Noun ou Nun symbolise la matrice
primordiale, le néant , lieu de naissance de l'univers, de Dieu et du soleil.
(15) Si Ève et Satan ne furent créés que le sixième jour, cela tient à leurs
natures terrestres comme Osiris, qui ne fut persécuté par son frère Seth que
pour le faire accéder à une plus haute perfection. (cf : Jean Robin « Les
métamorphoses de Seth » in Seth, le dieu maudit Éd. Guy.Trédaniel)
(16) Selon Jean-Paul Clébert, Histoire de la Fin du Monde p.181-182 Éd.
Belfond, 1994 :
« Le diable n'est pas Satan : il n'en est qu'un avatar. Satan est le Prince du
monde, selon la parole du Christ ; le diable est un démon, un “malin”, c'est à dire
entraîné à faire le mal (mais il ne prendra ce nom de Malin, avec une majuscule,
qu'à la fin du XIIe siècle, en 1190, selon les dictionnaires). Il est très étrange (…)
que le mot diable apparaisse justement à la fin du Xe siècle (...) »
Le diable, longtemps tenu en lisière par l'ordre et paix carolingiens, fait à
partir du Xe siècle un retour en force...
Il est représenté, sinon créé, par des hommes eux-mêmes qui, autour de
l'an mil, inventent une nouvelle iconographie. C'est à cette époque que l'on
voit se dessiner le visage du Malin, affublé de caractères bestiaux : des
cornes, des crocs, des griffes, des sabots de bouc, etc. Il ne quittera plus
guère ce déguisement carnavalesque.
Satan n'a jamais été autre chose que le ministre des rigueurs divines,
celui chargé d'administrer aux hommes profanes les décrets de la
rigueur divine.
(17) Pour René Guénon, « Le Démiurge » in Mélanges Éd.Gallimard,
1976 :
"... le Mal n'existe pas. Il existera seulement si l'on envisage toutes choses sous
un aspect fragmentaire et analytique, en les séparant de leur Principe commun, au lieu
de les considérer synthétiquement comme contenues dans ce Principe, qui est la
Perfection. »
L'Antéchrist est et donc sert aussi la Perfection. Loin des schémas
manichéens étroits dans lesquels se complaisent nos contemporains, tout
œuvre humaine quelle qu’elle soit participe de près ou de loin au plan
divin. Et nul, ne peut être assuré d'œuvrer en dehors de ce plan, pas même
des figures jugées ténébreuses comme Hitler ou Staline.
(18) D’après la Kabbale, le Serpent en hébreu se dit nahash, et vaut 358,
tout comme le Messie, Mashiha.
Le Serpent connaît les secrets d'Élohim. (cf : Roger Vigneron, Elohim.
Une autre lecture de la Bible p.67 Éd. Vague à L'Âme). De plus, Élohim se
décompose en El Ayam « Dieu des Eaux ou de la Mer » : « Je suis Dieu,
j'habite la demeure d'Élohim, au cœur de la mer.» (Ezéchiel.XXVIII, 1-3)
L'affirmation selon laquelle « l'homme fut serpent autrefois » se rapporte
avant tout à la Tradition primordiale ; cependant, elle comporte aussi une
signification eschatologique, car l' « homme-serpent » est en réalité
immortel. La fonction divine qu'il représente se manifestera à la fin du
cycle sous la forme imprévisible d'un ultime « retournement ».
(cf : Charles-André Gilis, Aperçus sur la doctrine akbarienne des Jinns
Éd. Albouraq, 2005)
La cinquième trompette de « l' Apocalypse de
Jean »
« Et le cinquième Ange sonna. Alors je vis un astre qui du ciel avait chu sur la terre.
On lui remit la clef du puits de l’Abîme. Il ouvrit le puits de l'Abîme et il en monta
une fumée, comme celle d'une immense fournaise. Le soleil et l'atmosphère en furent
obscurcis – et, de cette fumée, des sauterelles se répandirent sur la terre ; on leur
donna un pouvoir pareil à celui des scorpions de la terre. On leur dit d'épargner les
prairies, toute verdure et tout arbre, et de s'en prendre seulement aux hommes qui
ne porteraient pas sur le front le sceau de Dieu. On leur donna, non de les tuer,
mais de les tourmenter durant cinq mois. La douleur qu'elles provoquent ressemble
à celle d'une piqûre de scorpion. En ces jours-là, les hommes rechercheront la mort
sans la trouver, ils souhaiteront mourir et la mort les fuira !
Or ces sauterelles, à les voir, font penser à des chevaux équipés pour la guerre, sur
leur tête on dirait des couronnes d'or, et leur face rappelle des faces humaines ; leurs
cheveux, des chevelures de femmes, et leurs dents, des dents de lions ; leur thorax,
des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes, le vacarme de chars aux multiples
chevaux, se ruant au combat, elles ont des queues pareilles à des scorpions, avec des
dards ; et dans le queue se trouve leur pouvoir de torturer les hommes pendant cinq
mois. À leur tête, comme roi, elles ont l'Ange de l'Abîme ; il s'appelle en hébreu :
Abaddon, et en grec : Apollyon. »
LA STRUCTURE RÉDACTIONNELLE DE
« L'APOCALYPSE »
1 — Le livre s'ouvre par un prologue (I, 1 à 3) et une adresse (I, 4 à 8).
2 — S'ensuit une première vision du monde divin, dominée par le
nombre 7 (I, 9 à 20) où nous voyons apparaître dans sa gloire et toute
puissance le Verbe créateur, l'Alpha et l'Oméga de la manifestation dont
l'histoire va se déployer jusqu’à la destruction (Mahapralaya) du monde,
c'est à dire jusqu'au chapitre XX.
Le déploiement de cette séquence sera entièrement structuré par le
nombre 7 (sept Églises, sept sceaux, sept trompettes, sept signes, sept
coupes).
3 — Suivent les lettres aux sept Églises d'Orient (II et III) : longue suite
d'énumération des turpitudes qui ont envahi les Églises, et d'exhortations à
se ressaisir.
4 — Après les sept lettres intervient une seconde vision du monde divin
(IV), où apparaissent les nombres 4 et 6, et leur produit 24.
5 — Vision poursuivit par l'apparition du livre aux sept sceaux et celle de
l'Agneau immolé qui seul a le pouvoir d'ouvrir le livre ou d'en révéler le
contenu. (V)
6 — Le chapitre IV révèle le contenu dynamique du livre aux sept sceaux.
7 — À partir des sept sceaux, nous verrons se développer les conséquences
pratiques, selon les lois de causes et des effets, de cette déliquescence
(destruction de Babylone : XV III ; victoire du Verbe sur la « Bête » : XIX
et Jugement dernier : XX). Cette destruction est décrite à travers trois
séries de sept fléaux ou phénomènes (VIII à XVII), agencés de telle
manière que le septième élément de chaque série donne naissance aux
éléments qui vont se déployer dans la série suivante.
8 — Les deux derniers chapitres, XXI et XXII, y décrivent l'« Âge d'Or »
du nouveau cycle ou Manvatara qui succèdent immédiatement à la
dissolution du monde actuel, sous la forme de la « Jérusalem Nouvelle ».
Étonnamment, nous glissons du nombre 7, qui a structuré les vingt
premiers chapitres, au nombre 12, symbole de l'achèvement et de
l'accomplissement avec la « Jérusalem Céleste ».