Chapitre III
Fautes et sanctions
Les sanctions prévues dans cette charte relèvent davantage du non-respect des règles
déontologiques que de la violation des principes de l’éthique.
Trois (3) types de sanctions sont envisageables :
1) pédagogiques,
2) administratives
3) pénales.
III-1) Personnel du secteur public
1) Personnel titulaire.
S’agissant des sanctions afférentes aux personnel (enseignants-chercheurs, enseignants-
chercheurs hospitalo-universitaires et chercheurs permanents) exerçant dans le secteur
public, il y a lieu de se reporter à l’ordonnance N° 06-03 du 15 juillet 2006, portant statut
général de la fonction publique, publiée au JORADP N° 46 du 16 juillet 2006, qui
détermine dans ses articles 160 à 185 les fautes professionnelles et les sanctions qui s’y
rapportent.
Ce dispositif général est utilement complété par les statuts particuliers de :
L’enseignant-chercheur hospitalo-universitaire (articles 22 et 23 du décret exécutif 08-129
du
03 mai 2008 ; JORADP N°23 du 04 mai 2008 – Page 10) ;
L’enseignant-chercheur (article 24 du décret exécutif 08-130 du 03 mai 2008 ; JORADP
N°23 du 04 mai 2008) ;
Du chercheur permanent (article 31 du décret exécutif 08-131 du 03 mai 2008 ;
JORADP N°23 du 04 mai 2008 – page 28).
Il demeure entendu que les sanctions en ce domaine exigent l’intervention des
commissions désormais prévues et organisées par le décret exécutif n°20-199 du 25 juillet
2020 relatif aux
commissions administratives paritaires, commissions de recours et des comités
techniques dans les institutions et administrations publiques, publié au journal officiel
n°44 du 30 juillet 2020, pages 6 à 15.
1.1)- En plus des fautes professionnelles mentionnées dans les textes sus évoqués, la
violation de règles énoncées dans la présente charte devra également recevoir une
juste sanction, proportionnelle à la gravité de la faute commise.
En effet, la violation de règles déontologiques, désormais consacrées dans la charte, ne
doit plus rester impunie, comme :
le harcèlement psychologique (moral) ou sexuel, qu’il soit le fait des enseignants, des
étudiants ou des agents techniques et de soutien (ATS),
le comportement sexiste,
les manifestations de racisme et les discriminations à l’égard des migrants ou fondées sur
l’identité de genre, les convictions religieuses, les opinions politiques,
l’appartenance ethnique ou à une minorité, les origines sociales, la maladie et le
handicap,
le discours de haine se rapportant à toutes formes d’expression qui propagent, incitent,
encouragent ou justifient la discrimination, ou ceux qui expriment le mépris,
l’humiliation, l’hostilité, la détestation ou la violence.
La violation de ces règles est constitutive de faute du 4ème degré.
1.2)- Qui plus est, conformément à l’article 41 de l’arrêté ministériel du 30 octobre 2016…,
« le directeur de l’établissement privé veille au respect des règles d’éthiques et de
déontologie universitaires par le personnel et les étudiants ».
1.3)- Les fautes professionnelles peuvent aussi recevoir des sanctions pédagogiques, qui
ne figurent pas dans les textes susmentionnés, comme :
Retrait d’un enseignement ;
Exclusion de toute activité d’enseignement ;
Exclusion de tout organe de gestion pédagogique et scientifique ;
Exclusion des jurys d’évaluation et/ou de soutenance ;
Exclusion de la direction de mémoire ou de thèse ;
Suppression du bénéfice du congé scientifique, …
1.4)- Les fautes professionnelles peuvent également recevoir des sanctions pénales, qui
sont notamment prévues dans les trois (03) textes suivants :
Loi sur les droits d’auteur : Ordonnance 03-05 du 19 juillet 2003, relative aux droits
d’auteur et aux droits voisins (JORA N° 44 du 24 juillet 2003 / pages 03-18 ).
Arrêté ministériel sur le plagiat n° 1082 du 27 décembre 2020.
Dispositions afférentes au harcèlement sexuel : article 341 bis du code pénal (version
2015) ;
Loi sur la corruption : loi 06-01 du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte
contre la corruption (JORA N° 14 du 08 mars 2006 / pages 04-13).
2) Agents contractuels
Les fautes professionnelles et les sanctions disciplinaires sont déterminées par le
décret présidentiel N° 07-308 du 29 septembre 2007 (articles 59 à 68) ; JORA N° 61 du
30 septembre 2007.
III-2) Personnels des établissements privés
L’exercice des libertés académiques passe par une sacralisation des franchises
universitaires, que l’état s’engage à garantir.
Toutes les parties prenantes de la communauté universitaire contribuent, dans tous
leurs comportements, au rehaussement des libertés universitaires de telle sorte que soient
garanties leur spécificité et leur immunité. Elles s’interdisent de favoriser ou d’encourager
les situations et les pratiques qui peuvent porter atteinte aux principes, aux libertés et
aux droits de l’université. Par ailleurs, elles doivent s’abstenir de toute activité politique
partisane au sein de tous les espaces universitaires.
III- 3) Etudiants
1- S’agissant des étudiants, les infractions et les sanctions ainsi que la procédure
disciplinaire sont consacrées par l’arrêté du Ministre de l’Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique du 11 juin 2014, publié au Bulletin Officiel du MESRS,
année 2014, 2ème trimestre, portant « création, composition et fonctionnement des
conseils de discipline au sein des établissements de l’enseignement supérieur ».
2- S’agissant particulièrement des doctorants, la charte de la thèse annexée à l’arrêté
du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique N° 961 du 02
décembre 2020 « fixant les modalités d’organisation de la formation de 3ème cycle et les
conditions de préparation et de soutenance de la thèse de doctorat », édicte au titre des
obligations du doctorant, l’engagement à respecter les règles d’éthique et de déontologie.
Cette charte précise en outre, les responsabilités respectives du directeur de thèse, du
directeur du laboratoire et du responsable du Comité de Formation Doctorale (CFD).
3- Sans préjudice de la qualification pénale et conformément à l’article 13 de l’arrêté
du
Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique du 11 juin 2014
(Page
173), sont constitutives de fautes du 2ème degré : le harcèlement psychologique (moral) ou
sexuel, le comportement sexiste,
les manifestations de racisme et les discriminations à l’égard des migrants ou fondées
sur l’identité de genre, les convictions religieuses, les opinions politiques,
l’appartenance ethnique ou à une minorité, les origines sociales, la maladie et le handicap ;
le discours de haine se rapportant à toutes formes d’expression qui propagent,
incitent, encouragent ou justifient la discrimination, ou ceux qui expriment le mépris,
l’humiliation, l’hostilité, la détestation ou la violence.
4- Le dispositif pénal a été complété et enrichi par deux importantes lois publiées au
journal officiel n°25 du 29 avril 2020.
La loi n°20-05 du 28 avril 2020 relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination
et le discours de haine (Pages 4-9).
En vue de la moralisation de la vie publique, de la diffusion de la culture de la tolérance et
du dialogue ainsi que de l’éradication de la violence dans la société, cette loi définit
notamment, et pour la première fois, le discours de haine ainsi que la discrimination comme
suit :
Discours de haine : toutes formes d’expression qui propagent, encouragent ou
justifient la discrimination ainsi que celles qui expriment le mépris, l’humiliation,
l’hostilité, la détestation ou la violence envers une personne ou un groupe de personnes,
en raison de leur sexe, race, couleur, ascendance, origine nationale ou ethnique,
langue, appartenance géographique, handicap ou état de santé ;
Discrimination : toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur le
sexe, la race, la couleur, l’ascendance, l’origine nationale ou ethnique, la langue,
l’appartenance géographique, le handicap ou l’état de santé, qui a pour but ou pour effet
d’entraver ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des
conditions d’égalité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines
politique, économique, social et culturel ou dans tout autre domaine de la vie publique.
Discours de haine et discrimination sont ainsi constitutifs d’infractions pénales
d’une particulière gravité.
La loi n°20-06 du 28 avril 2020 modifiant et complétant le code pénal (pages 10-12) .
Cette loi a introduit un nouveau chapitre intitulé « de l’atteinte à l’intégrité des examens
et concours » composé des articles 253 bis 6 à 253 bis 12.
Eu égard à l’extrême importance de ce nouveau dispositif qui doit être connu de tous
les membres de la communauté universitaire, le comité national d’éthique et de
déontologie universitaires a estimé judicieux de le reproduire ci-après, afin que nul
n’ignore ou que nul n’oublie :
*article 253 bis 6 : Est passible de l’emprisonnement d’un (1) an à trois (3) ans et
d’une amende de 100.000 à 300.000 DA, quiconque diffuse ou divulgue, avant ou
pendant les examens et les concours, les questions et/ou corrigés des sujets
d’examens finaux d’enseignements primaire, moyen ou secondaire ou des concours de
l’enseignement supérieur ou de la formation et de l’enseignement professionnels ainsi que
des concours professionnels nationaux.
Est passible des mêmes peines, quiconque se substitue au candidat lors des examens
et concours cités à l’alinéa 1er du présent article.
*article 253 bis 7 : La peine est l’emprisonnement de cinq (5) ans à dix (10) ans et
l’amende de 500.000 à 1 000.000 DA, si les actes mentionnés à l’article 253 bis 6 sont
commis par :
–les personnes chargées de préparer, d’organiser, d’encadrer ou de superviser les
examens et concours ;
un groupe de personnes ;
l’utilisation d’un système de traitement automatisé des données ;
l’utilisation des moyens de communication à distance.
*article 253 bis 8 : La peine est la réclusion criminelle à temps de sept (7) à quinze (15)
ans et l’amende de 700.000 à 1 500 000DA, si la commission des actes mentionnés à
l’article 253 bis 6 a pour conséquence l’annulation totale ou partielle de l’examen ou du
concours.
*article 253 bis 9 : La tentative des délits prévus par le présent chapitre est punie des
mêmes peines prévues pour l’infraction consommée.
*article 253 bis 10 : En cas de condamnation pour les infractions prévues au présent
chapitre, l’auteur peut être puni de l’interdiction d’un ou plus des droits prévus à l’article
9 bis 1 du présent code (NB : cet article 9 bis 1 évoque en son paragraphe 4, la
privation du droit d’enseigner, de diriger une école ou d’être employé dans un
établissement d’enseignement à titre de professeur, maître ou surveillant).
*article 253 bis 11 : Sans préjudice des droits des tiers de bonne foi, il est procédé à
la confiscation des instruments, programmes et moyens utilisés dans la commission
des infractions prévues par le présent chapitre, ainsi que les fonds en résultant et à la
fermeture du site ou du compte électronique utilisé dans la commission de l’infraction ou à
l’interdiction de l’accès à ce site et à la fermeture des locaux et lieux d’exploitation
dans le cas où le propriétaire a eu connaissance de l’infraction.
*article 253 bis 12 : La personne morale qui commet l’une des infractions prévues par
le présent chapitre, est punie conformément aux dispositions du présent code.