I
TSHIZANGA MUTSHIPANGU
DROIT CONGOLAIS
DES
ASSURANCES
2021
1
INTRODUCTION
L’enseignement du droit des assurances a des objectifs à atteindre et
est dispensé selon les méthodes appropriées.
I. Objectifs du cours
a) Objectifs généraux
En tant qu'un ensemble de règles qui régulent les opérations de
garantie des risques au travers des mécanismes de mutualisation ainsi que celles
d'indemnisation en cas de survenance des sinistres, le droit des assurances
encadre les mécanismes de sécurisation et de lutte contre le hasard 1. Son
enseignement permet aux apprenants de se pénétrer des règles qui gouvernent
le mode de gestion des assurances et les contrats qui les accompagnent.
Autrement dit, il s'assigne comme objectif d'habiliter les étudiants à appréhender
les mécanismes, les règles et les usages applicables aux assurances dont le rôle
économique et social est indéniable dans la société contemporaine.
b) Objectifs spécifiques
L'apprentissage du droit des assurances procure le savoir juridique
spécifique et les compétences appropriées aidant à fournir des orientations dans
la sélection de modes de gestion de risques et de lutte contre les aléas. Il rend
apte à interpréter et à appliquer correctement les règles d'assurances aux conflits
et litiges impliquant l'indemnisation des victimes des dommages causés par la
survenance des événements malheureux ou aux occurrences nécessitant le
versement d'un capital ou d'une rente en cas d'événement heureux.
II. Stratégie pédagogique
Le cours est dispensé de manière magistrale, interactive et
humaniste. Il est assorti des situations didactiques construites autour des
problèmes réels.
1
ABRAVANEL - JOLLY Sabrine, Droit des assurances, Paris, édition Ellipses, 2013, p. 8.
2
III. Technique d'évaluation
L'acquisition par les étudiants des connaissances en matière
d'assurance est évaluée au travers des travaux pratiques, des interrogations et
des examens.
Prérequis
Pour bien appréhender le cours de Droit des assurances, il faut au
préalable avoir suivi le cours de Droit des obligations, le cours des Contrats
usuels, le cours de Droit commercial, le cours de Procédure civile et le cours de
Procédure pénale.
IV. Plan du cours
Le cours est parcellisé en deux parties contenant chacune plusieurs
chapitres et ce, de manière à permettre une appréhension progressive de
l'univers assuranciel. Le chapitre préliminaire, qui les précède, définit le domaine
du Droit des assurances, rappelle sa genèse et trace son évolution, décrit
l'organisation des assurances au Congo, identifie les sources du droit de
assurances et classifie les assurances.
La première partie porte sur le mécanisme des assurances et le
contrat d'assurance.
Le chapitre 1er de cette première partie analyse le mécanisme des
assurances que sont la mutualité, les statistiques, le calcul des probabilités, la
sélection des risques, la prévention, la réassurance et la coassurance. Le chapitre
2eme se rapporte au contrat d'assurance. On y définit le contrat d'assurance et ses
caractères. La conclusion du contrat d'assurance et le contentieux dudit contrat y
sont également appréhendés.
La deuxième partie est consacrée à l'étude de différents types
d'assurances.
3
Le chapitre 1er est destiné à l'étude des assurances de
responsabilités que sont :
- l'assurance obligatoire en matière d'utilisation des véhicules
automoteurs ;
- les assurances obligatoires des aéronefs ;
- les assurances obligatoires des constructeurs.
Le chapitre 2 a pour objet l'assurance obligatoire des choses qui
comprend l'assurance contre le risque d'incendie de certains bâtiments.
Le chapitre 3 étudie les assurances de personnes qui comprennent
l'assurance en cas de vie, l'assurance en cas de décès et l'assurance mixte.
Le chapitre 4 est consacré à l'appréhension de l'assurance maritime.
4
V. BIBLIOGRAPHIE
Les ouvrages dont les références figurent ci-après peuvent être
consultés avec intérêt.
A) Ouvrages de Droit congolais
1. KABANGE NTABALA Clément, Grands services publics et entreprises
publiques en droit congolais, Etudes monographiques SONAS - SNEL,
Université de Kinshasa, 2007.
2. KALONGO MBIKAYI, Responsabilité et socialisation des risques en Droit
congolais, Kinshasa, PUZ, 1979.
3. KALONGO MBIKAYI (sous la direction), L'automobile et la sécurité routière en
Droit zaïrois, Travaux du colloque, Kinshasa, PUZ, 1982.
4. KANGULUMBA MBAMBI, Indemnisation des victimes des accidents de la
circulation et assurance de responsabilité automobile, Louvain-la-Neuve,
Académia, 2001.
5. LOMENDJA Lambert, L'assurance de proximité dans un système d'intégration
économique sous-régionale, Kinshasa, Edition NORAF, Avril 2017.
6. LUKAU NKODI François, Gestion des assurances, Manuel à l'usage des
étudiants de licence en gestion de la R.D.Congo, RCD, Paris, L'Harmattan,
2014.
7. TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, Kinshasa,
édition connaissance du droit, 2010.
B) Ouvrages de Droit étranger
1. ABRAVANEL - JOLLY Sabine, Droit des assurances, Paris, édition Ellipse,
2013.
2. BIGOT jean (sous la direction), Traité de Droit des assurances, Tome 3. Le
contrat d'assurance, Paris, L.G.D.J, 2002.
3. CHARBONNIER Jacques, L'assurance du risque automobile, contrôle et
assurance, Bruxelles, Edition Larcier, 2012.
4. JEANSEN Emeric, Droit de la protection sociale, 2ème édition, Paris, éditions
Lexisnexis, 2015.
5
5. LAMBERT-FAIVRE Yvonne, Droit du dommage corporel, systèmes
d'indemnisation, Paris, éditions, Dalloz, 2011.
6. LAMBERT-FAIVRE Yvonne et LEVENEUR Laurent, Droit des assurances,
14ème édition, Paris, éditions Dalloz, 2017.
7. LAMBERT-FAIVRE Yvonne et LEVENEUR Laurent, Droit des assurances,
Paris, Dalloz, 2011.
8. Lopez Gérard, la victimologie, Paris, édition Dalloz, 2014.
9. Nicolas Véronique, Droit des assurances, Paris, Economica, 2012.
10. Nicolas Véronique, Essai d'une nouvelle analyse du contrat d'assurance,
Paris, L.G.D.J, 1988.
6
CHAPITRE PRELIMINAIRE
L'appréhension du domaine du droit des assurances, le traçage de ses
origines et évolution et le repérage de ses sources constituent la trame de ce
chapitre préliminaire.
I. Domaine du droit des assurances
1.1. Approche lexicale
Le droit des assurances est une discipline récente qui régit les contrats et
opérations d'assurance. Ces opérations visent la protection du patrimoine
privé contre les aléas en garantissant une indemnisation en cas de perte ou
de détérioration d’un bien ou une prestation de service. Elles concernent
également la prise en charge des conséquences pécuniaires d'un fait
dommageable nécessitant une indemnisation. Elles ont, aussi, pour objet, le
versement d'un capital ou d'une rente lors de la survenance du décès2, de
l'incapacité, de l'invalidité ou en cas de survie3.
La couverture de la maladie, de l'invalidité, de la vieillesse et du décès des
travailleurs est mêmement intégrée dans le domaine des assurances sous le
régime de la sécurité sociale qui est fondée sur la solidarité nationale4.
Si certaines opérations d'assurances sont libres, c'est-à-dire, sont laissées à
la discrétion des parties, d'autres sont, en revanche, imposées par l'Etat dans le
souci de protéger impérativement les individus5.
Au total, les opérations d'assurances visent la sauvegarde du patrimoine,
l'indemnisation des victimes de dommages, la fourniture de certaines prestations
et la protection sociale.
2
NICOLAS Véronique, Essai d'une nouvelle analyse du contrat d'assurance, Paris, L.G.D.J., 1996, n° 242, p. 114
et n* 253, pp. 117 et 119.
3
Cf. Article 3, point 8 du code des assurances du 17 mars 2015.
4
Cf. Articles 1, 34, 37,39, 43, 52, 57 et 58, de la loi n° 16/009 du 15 juillet 2016 fixant les règles relatives au
régime général de la sécurité sociale in journal officiel, numéro spécial du 28 juillet 2016. Voir également article
er
1 du code des assurances.
5
Cf. articles 108, 109, 184, 188, 193, 210, 231 et 238 du code des assurances ; voir aussi Lambert Faivre Yvonne
Droit des assurances, Paris, Ed. Dalloz, p. 35.
7
L'opération d'assurance diffère du contrat d'assurance. Elle implique des
relations entre l'assureur et l'ensemble de ses assurés6.
NICOLAS Véronique note à ce propos que « l'assurance s'entend de la
réunion d'un nombre aussi grand que possible de contrats afin de diluer la perte
ressentie par certains individus en faisant supporter sa charge financière par le
groupe tout entier. Il s’agit de ce que l'on nomme la mutualité, laquelle explique
le mode de gestion par répartition de l'ensemble de contrats d'assurance par
l'entreprise d'assurance. Le coût des sinistres survenant à quelques assurés est
réparti sur l'ensemble »7.
En revanche, le contrat d'assurance est le rapport contractuel liant
l'assureur et l'assuré pris individuellement8.
Il va sans dire que les activités d'assurances ne peuvent être menées sans
le contrat.
Dans la plupart des pays, les assurances sociales sont gérées en monopole
par des organismes bénéficiant d'un statut public. Il en est de même en
République Démocratique du Congo où ces assurances sont gérées par la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale9. Le législateur envisage exceptionnellement leur
gestion par les mutualités.
Les assurances ordinaires sont, quant à elles, gérées par les sociétés
privées et une entreprise publique, y compris les mutuelles10.
1.2. Nature du droit des assurances
Généralement, le droit des assurances relève, comme le droit commercial,
du droit privé11.
6
LAMBERT-FAIVRE Yvonne, o p. c it p. 35.
7
NICOLAS Véronique, op. cit, n° 91.
8
Idem.
9
Cf. la loi n° 16/009 du 15 juillet 2016 fixant les règles relatives au régime général de la sécurité sociale, op. cit.
10
Cf. articles 284, 285 et 303 du code des assurances.
11
LAMY Emile, Le droit privé zaïrois, volume I, Introduction à l'étude du droit écrit et du droit coutumier zaïrois,
Kinshasa, PUZ, 1976, p. 61.
8
S'il est dépendant du droit civil, qui constitue le droit commun, il
comprend, toutefois, des dispositions d'ordre public rompant avec le principe de
la liberté12.
La police d'assurance qu'il régule peut être civile, commerciale ou mixte
selon la qualité des parties13.
Elle est civile lorsqu'elle est conclue par un particulier, par une association
sans but lucratif, par une société civile ou par une entreprise mutuelle.
Lorsqu'elle est, en revanche, initiée par un commerçant ou une société
commerciale, elle est de nature commerciale dans le chef de ces derniers.
Elle est mixte lorsqu'elle met en présence un particulier et un
commerçant.
L'article 3 de l'Acte uniforme portant sur le droit commercial général du 17
avril 1997 confère aux opérations d'assurance le caractère d'acte de commerce14.
Bien qu'ayant été revêtue de la forme d'une société commerciale
anonyme, la Société Nationale d’Assurances demeure, compte tenu de la nature
de son capital social, une entreprise publique ou du portefeuille15.
A ce titre, elle est à percevoir comme une société commerciale spécifique
à l'instar de la Générale des Carrières et des Mines et d'autres sociétés à capital
public.
Avant sa conversion en société commerciale, la Société Nationale
d'Assurances a conclu plusieurs contrats d'assurances. Ceux-ci n'ont pas acquis le
caractère de contrats commerciaux en vertu de la théorie d'accession16.
12
Cf. articles 8, 9, 13,16, 20, 108, etc.
13
BONNARD Jérôme, Droit et pratique des assurances, 1er édition, Paris, 1997, n° 333, pp. 81-92.
14
Acte uniforme portant sur le droit commercial général, au journal officiel de la République Démocratique du
Congo, numéro spécial du 12 septembre 2012, p. 121 et suivants.
15
Cf. En ce sens, Henri BEBEY MODI KOKO, Droit communautaire des affaires (OHADA - ŒMAC), Tome I, Droit
ère
commercial général et Droit de la concurrence, 1 édition, CHENNEVIERES-Sur-Marnes, 2008, pp. 45-46.
9
DJILALI TCHOUAR et KHAIR EDDIN TCHOUR mentionnent que « l'analyse
du droit des entreprises publiques nous apprend que la nature des contrats
conclus par ces entreprises requiert davantage des procédés du droit privé que
ceux du droit public. Or, en dépit de cette considération, il n'est pas surprenant
qu'une partie de ces contrats relève du droit public, lequel permet parfois à
l'entreprise publique de participer à l'exercice de la fonction administrative »17.
Ils précisent, en outre, que « ...en dehors du procédé contractuel,
l'entreprise publique agit, de façon plus ou moins directe, en vue de satisfaire le
bien-être social, mais afin de pouvoir atteindre cette fin, des prérogatives de
puissance publique lui sont reconnues et parfois aménagées selon le cas »18.
Ils concluent, en définitive, que "...l'entreprise publique, même si elle est
principalement soumise au droit commercial quant à sa gestion ne saurait faire
oublier complètement son caractère public, c'est-à-dire qu'elle n'hésiterait guère
à faire signaler sa qualité publique lorsque celle-ci se révèle profitable19.
Il nous semble que le contrat d'assurance peut, dans le chef des assureurs
publics, s'analyser comme un contrat administratif dès lors qu'il renferme des
clauses exorbitantes de droit commun.
La transformation de la Société Nationale d'Assurances en une société
anonyme ne résout pas le problème de son statut juridique dans la mesure où
l'Etat en demeure le seul actionnaire.
Comme l'indiquent, du reste, MFB Reinecke, Schalk Van der Merve, J.P.
Van Nierkerk et Peter HAVENGA, le droit des assurances se décline sous deux
16
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, Kinshasa, Editions Connaissances du Droit, 2010,
p. 15.
17
DJILALI TCHOUAR et KHAIR EDDIN TAHOUR, Contrats, contrôles et droit des entreprises publiques en Algérie,
Revue africaine de droit international comparé, n° 11, 1999, p. 437.
18
Idem.
19
Ibidem.
10
sous-branches, à savoir, le droit privé des assurances et le droit public des
assurances20.
La même déclinaison en deux sous-branches s'observe en matière
d'assurances sociales où la sécurité sociale relève du droit public21, tandis que
celle gérée par les mutuelles est de droit privé22.
II. Genèse et évolution du droit des assurances
Pour bien cerner les règles du droit des assurances, il est nécessaire de
retracer son histoire et son évolution.
II.1. Historique des assurances en occident
Les assurances sont nées du besoin de sécurité qui s'est fait sentir en
Europe au 14ème siècle à la suite du déclin de la solidarité familiale 23. Ce besoin
s'est accru avec l'urbanisme24, l'industrialisation et plus encore le développement
du capitalisme moderne25.
La première forme d'assurance s'est manifestée dans le commerce
maritime au 14ème siècle en Italie26. Elle est née de la préoccupation des
armateurs de se protéger contre le risque de mer27. Il s'agit de l'assurance
maritime qui couvrait les navires et les cargaisons28. Elle a succédé au « prêt à la
grosse aventure » qui était basé sur « l'idée de spéculation d'assurance »29.
Dans le cadre dudit prêt, les banquiers prêtaient de l'argent aux
commerçants qui l'affectaient à l'achat des marchandises qu'ils faisaient
20
MFB Reinecke, Schalk Van der Merwe, J.P. Van Nierkerk et Peter HAVENGA, General principles of insurance
law, Durban, Lexisnexis, 2007, n° 7, p. 4.
21
Cf. La loi n" 16/009 du 15 juillet 2016 fixant des règles relatives au régime général de la sécurité sociale,
op.cit..
22
Cf. la loi n° 17/006 du 8 février 2017 déterminant les principes fondamentaux relatifs à la mutualité
23
LAMBERT FAIVRE Yvonne, op. cit, p. 2.
2d
Idem, p. 6.
25
FAUQUE Maurice, Les assurances, que sais-je ?, Paris, PUF, 1161, p. 5.
26
FONTAINE Marcel, Dr o it de s a s su ranc e s, Bruxelles, Larder, 1996, p. 10, Voir aussi Waloffe, Cours
d'assurances privées, Bruxelles, des éditions comptables commerciales et financières, 1958, pp.
27
FONTAINE Marcel, op.cit. p. 10.
28
Idem., p. 9.
29
LAMBERT-FAIVRE Yvonne, op.cit., pp. 1-2. Voir aussi FONTAINE Marcel, op.cit., p. 9.
11
transporter par voies maritimes. Le prêt n'était pas remboursable en cas de perte
du navire et ses marchandises. Il ne l'était que si le navire revenait avec les
marchandises. En plus, le prêteur avait droit au partage du bénéfice réalisé30.
Les abus commis par certains assurés qui couvraient leurs biens pour une
valeur excessive et occasionnaient le sinistre en vue de réaliser un profit de
l'intervention de l'assureur ont donné lieu aux 15ème et 16ème siècles à la
réglementation des assurances par les pouvoirs publics à Genève, Barcelone,
Bruxelles et Anvers31. Les ordonnances exigeaient que le montant assurable
corresponde à la valeur mise en risques.
L'urbanisme a, quant à lui, donné naissance à l'assurance contre
l'incendie. En effet, l'accroissement de la population aux 17ème et 18ème siècles, a
entraîné l'extension des villes et des incendies étaient devenus monnaie
courante32.
Les premières compagnies d'assurances contre l'incendie ont été créées
en Angleterre à la suite de l'incendie qui a ravagé Londres en date du 2
septembre 1666 et détruit 13.000 maisons qui étaient en bois avec toits de
chaume et 100 églises dans un quartier de 400 rues33.
En Allemagne, l'assurance contre l'incendie fut organisée par des
organismes semi-publics tandis qu'en Angleterre, elle fut gérée par les sociétés
privées34.
Le bureau des incendies de Paris, organisme municipal créé en 1717,
centralisa les fonds issus de la charité publique35.
30
FONTAINE Marcel, op.cit. p. 10.
31
FAUQUE Maurice, pp. 5-6. Voir également FONTAINE Marcel, op.cit., p. 11. Cf. aussi KL0TCHTA10FF Jean-
Claude, Accès mondial de l'assurance informelle, Afrique économique, n° 270 du 31 août au 13 septembre
1998, pp. 78-79.
32
LAMBERT FAIVRE Yvonne, op.cit., pp. 1-2.
33 ème
LAMBERT FAIVRE Yvonne et LEVENEUR Laurent, Droi t de s as su ranc e s, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
p. 5.
34
LAMBERT FAIVRE Yvonne, op.cit., pp. 1-2.
35
Idem.
12
La compagnie d'assurances générales créée par Maisonneuve ajoute en
1753 à l'assurance maritime qu'elle gère, l'assurance contre l'incendie. Il en fut de
même de la compagnie des eaux de Paris appartenant aux frères Perier qui
créent en 1783 la branche de l'assurance contre l'incendie et de Monsieur
Labarthe qui créa la compagnie d'assurance contre les incendies36.
A la suite de l'assurance contre l'incendie, s'est développée l'assurance
sur la vie37. Considérée comme immorale et prohibée, car susceptible de
conduire le bénéficiaire à vouloir le décès de l'assuré ou à le provoquer, elle a
ses ancêtres dans les petites mutuelles qui prenaient en charge les frais
funéraires de leurs associés38. Bien plus, elle était au départ cumulée avec
l'assurance maritime39.
On situe également son origine dans les tontines. En effet, le banquier
LORENZO TONTI a imaginé en 1653 un système d'emprunts publics dont les
intérêts sont payés aux souscripteurs en fonction de leur âge et variant de 5 %
pour les plus jeunes à 12,5 % pour les plus âgés40, le décès d'un souscripteur
entraînant l'extinction de tous ses droits, ce qui profite aux survivants41.
En définitive, l'assurance sur la vie s'est développée d'abord en
Angleterre et ensuite en France où elle était pratiquée par la compagnie Labarthe
en vertu d'un édit de 1787, compagnie qui a été supprimée le 24 août 1793 par la
convention à cause de l'agiotage sur ses actions et ce, à l'instar de toutes les
sociétés par actions42.
C'est dans le régime de la restauration et sous celui de Louis Philippe que
réapparaissent les sociétés françaises d'assurance sur la vie humaine43.
36
FAUQUE Maurice, op.cit, p. 6. Cf. aussi FONTAINE Marcel, op.cit, p. 11.
37
FONTAINE Marcel, op.cit., p. 12. Cf. également WALEFFE, op.cit., pp. 9-10.
38
FAUQUE Maurice, op.cit., p. 7. Cf. aussi BOUNARD Jérôme, op.cit., n° 47, p. 21.
39
Ibidem.
40
FAUQUE Maurice, op.cit., p. 7. Voir également BONNARD Jérôme, op.cit., n° 47, p. 21.
41
LAMBERT FAIVRE Yvonne et LEVENEUR, op.cit., p. 5.
42
FONTAINE Marcel, op.cit., p. 6.
43
FONTAINE Marcel, op.cit., p. 12. Voir aussi BONNARD Jérôme, op.cit., n° 47, p. 22 ; consulter également
NICOLAS Véronique, Droit des contrats d'assurance, op.cit., n° 22, p. 14.
13
C'est au 19ème siècle que l'assurance contre les accidents a fait son
apparition44. Elle a son origine d'une part, dans l'institution de la responsabilité
des employeurs en cas d'accidents du travail, qui incite ces derniers à s'assurer
contre ceux-ci, et d'autre part, dans la multiplication des accidents due à
l'invention et à la circulation de l'automobile45 qui a poussé les propriétaires
d'automobiles à se protéger contre les conséquences de la responsabilité leur
incombant en cas d'accident de la circulation.
L'assurance contre les accidents posa au début le problème de sa
moralité, dans la mesure où elle transfère les conséquences de la responsabilité
civile de l'auteur du dommage à l'assureur.
Au 20ème siècle, les pouvoirs publics ont rendu obligatoire l'assurance
contre les accidents de la circulation routière46.
Bien plus, les accidents du travail sont attachés à la sécurité du travail
tandis que les accidents de la vie privée relèvent de l'assurance de responsabilité
civile qui est marquée par la cession de la charge de la réparation à l'assureur47.
L'évolution de l'assurance contre les accidents a fini par donner naissance
à la responsabilité objective, c'est-à-dire, la responsabilité sans faute48.
Toutefois, elle a un revers dans la mesure où elle est susceptible
d'infléchir le sens de responsabilité des individus et d'inciter les tribunaux à
condamner lourdement l'assureur49.
L'assurance scolaire est, quant à elle, née en France en 1870 à la suite de
l'apparition des sociétés municipales de secours mutuel et s'est développée dans
44
FONTAINE Marcel, op.cit., p. 12 ; Voir également LAMBERT FAIVRE Yvonne, op. cit, pp. 6-7. Cf. WALEFFE,
op.cit., p. 10. Cf. aussi BONNARD Jérôme, op.cit. p. 22 ; Consulter mêmement NICOLAS Véronique, Droit des
contrats d'assurance, op.cit., n° 14, p. 15.
45
FONTAINE Marcel, op.cit., p. 10. Voir également LAMBERT FAIVRE Yvonne, op. cit, pp. 6-7. Voir WALEFFE,
op.cit., p. 10. Cf. mêmement BONNARD Jérôme, op.cit. p. 22 ; Consulter mêmement NICOLAS Véronique, Droit
des contrats d'assurance, op.cit., n° 25, pp. 15-16.
46
LAMBERT-FAIVRE Yvonne, op.cit. pp. 6-7 ; Voir aussi NICOLAS Véronique, Droit des contrats d'assurance,
op.cit. n° 25, pp. 15-16.
47
Ibidem.
48
NICOLAS Véronique, Droit des assurances, op.cit. n° 25, pp. 15-16.
49
LAMBERT FAIVRE Yvonne, op.cit. pp. 11-12.
14
le cadre des mutualités d'écoliers qui couvraient les accidents, les maladies et le
décès qui pouvaient survenir aux élèves50.
C'est en 1911 que l'assurance des aéronefs a été mise en route aux Etats-
Unis. Limitée d'abord aux dommages à l'aéronef, elle a été étendue par la suite
aux passagers et aux tiers au sol.
Les assurances des constructeurs et l'assurance sportive sont de création
récente.
Le besoin de sécurité a, par ailleurs, entraîné l'inclusion des risques
politiques liés aux investissements étrangers qui, jusque-là, étaient non
assurables dans le champ d'application des assurances51.
En effet, dans le souci d'encourager l'afflux de capitaux à l'étranger, les
pays exportateurs ont mis au point, à côté de leurs dispositions relatives au
change, un système national de garantie. Cette garantie est accordée, sous les
modalités diverses, aux investissements effectués à l'étranger par leurs
ressortissants contre certains risques notamment la nationalisation, la non-
convertibilité monétaire, l'interdiction de transfert des profits et la guerre52.
Les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la
France, le Japon, la Suisse, la Belgique, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni
et le Canada ont instauré, chacun en ce qui le concerne, un système national de
garantie53.
Dans la même optique, une assurance généralisée et multilatérale a été
mise en place par l'Agence de Garantie pour l’investissement (A.M.G.I.)54.
50
BOISSIEU Jean-Luc, L'assurance facile, Paris, édition LP M, 2001, p. 202.
51
L'assurance aviation, www.ffsa.fr/weloffsa/transport.ns/itm/aviation
52
Cf. KANGULUMBA MBAMBI M., Tension et mutations politiques en Afrique, les entreprises étrangères face
aux risques politiques, quel risque management et quelle assurabilité, in Revue de droit africain, n° 3, juillet
1995, pp. 20-34.
53
Voir T0USC0UZ Jean, Les opérations de garantie de l'Agence Multilatérale de Garantie des Investissements
(A.M.G.D.I), in journal de droit international 4,1984, pp. 901.
54
Ibidem, voir aussi Jeune Afrique n° 774 du 7 novembre 1975 ; Consulter également FONTAINE Marcel, op.cit.,
p. 19.
15
Au niveau régional, les pays arabes, ont par la convention de Koweït du 27
mai 1971, institué la compagnie inter-arabe pour la garantie de l'investissement.
Jusqu'à sa dissolution, cette compagnie a garanti les investissements
arabes effectués dans les pays contractants contre les risques politiques. A la date
du 30 juin 1975, la compagnie intra-arabe pour la garantie de l'investissement
comptait 15 membres55.
Par ailleurs, le droit des assurances s'intègre, pour l'heure, dans un
mouvement d'uniformisation. En dehors du droit européen des assurances, la
Conférence Interafricaine du Marché des Assurances, en abrégé, la CIMA, qui
comprend le Bénin, le Burkina-Faso, le Cameroun, le Centrafrique, le Congo-
Brazzaville, la Côte-d’Ivoire, le Gabon, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le
Togo, a uniformisé le droit des assurances desdits pays et édicté le code des
assurances applicable à ces derniers.
La République Démocratique du Congo n'est pas membre de la
Conférence Interafricaine du Marché des Assurances qui est distincte de
l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
Le Common Market for Eastern of Southern Africa, en abrégé COMESA, a
mis en place la « Yellow card scheme » en matière d'assurance de responsabilités
civiles des véhicules automoteurs qui ressemble à la carte verte en vigueur en
Europe56.
Elle permet la couverture de cette responsabilité dans tout pays membre
du COMESA où se produirait l'accident de la circulation.
La carte jaune est l'équivalent de la police d'assurance de responsabilité
civile en matière d'utilisation des véhicules automoteurs en vigueur dans le pays
visité. Elle procède du protocole conclu en date du 4 décembre 1986 par les pays
55
FONTAINE Marcel, op. cit.
56
Voir COMESA Yellow card compedium, September 1998, p.5.
16
membres du PTA devenue le COMESA57 et est délivrée dans chaque pays
membre par l'organisme d'assurance local appelé Bureau national58.
La carte jaune est en vigueur au Burundi, en République Démocratique du
Congo, en Erythrée, en Ethiopie, au Kenya, au Malawi, au Rwanda, en Swaziland,
en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe59.
L'harmonisation des lois d'assurance des Etats membres du COMESA est
en voie de réalisation60.
Il résulte de ce qui précède qu'à côté du droit interne des assurances, se
sont créés le droit uniformisé des assurances et le droit international des
assurances.
Etant donné que le besoin de sécurité qu'éprouvent les individus ne cesse
de croître, les nouveaux produits en matière d'assurance ne manqueront pas
d'apparaître pour gérer les risques nouveaux.
II.2. Apparition des assurances au Congo
Au Congo, l'organisation des assurances a varié selon les périodes qui
sont la période précoloniale, la période de l'Etat Indépendant du Congo et de la
colonisation et la période post-coloniale.
Période précoloniale
L'histoire de la législation relative aux assurances au Congo est liée à
celle de la pénétration européenne dans ledit pays. Cela veut dire qu'avant la
colonisation, la notion d'assurance était inconnue des populations autochtones.
Cette période était caractérisée par l'économie de subsistance.
57
Voir COMESA Yellow card compedium, September 1998, p.5.
58
Ibidem.
59
Voir COMESA, Yellow card compendium, September 1998, p. 5. Cf. aussi LOMENDJA VANDA Lambert,
L'assurance de proximité dans un système d'intégration économique sous-regional, Kinshasa, Edition NORAF,
2017, pp. 85-90.
60
Voir COMESA, op.cit.
17
Les échanges de biens et services s'effectuaient à l'intérieur des
communautés ayant des objectifs collectifs.
La solidarité qui est le soubassement des sociétés traditionnelles, donnait
lieu à des groupements d'entraide dont le but était d'assister les membres du clan
dans la réalisation de certains travaux tels que la construction des huttes, les
travaux des champs61.
De même, les gens se regroupent pour mieux faire la chasse ou exécuter
les travaux d'intérêt collectif62.
Concrètement, dans les sociétés traditionnelles, l'homme n'existe que
pour sa collectivité. Etant un élément du groupe, il est tenu d'en assurer la
préservation et la continuité63.
Il n'a lui-même de signification qu'à l'intérieur de la communauté ou mieux
de la société globale qui constitue, pour ainsi dire, un élément de référence. Il en
résulte la primauté du groupe64. Cette primauté s'explique par le fait que le
groupe procède d'un ancêtre commun, comprend les vivants et les morts qui sont
en communion par le biais du culte des morts et possède la force vitale65.
Elle se fonde également sur l'idée de garantie qu'il implique dans la
mesure où c'est le groupe qui répond des faits de ses membres. Autrement dit, la
réparation du préjudice causé par un membre est collective en vertu de la
responsabilité qui est en droit traditionnel également collective66.
61
MPASE SELENGE MPETI, L'évolution de la solidarité traditionnelle en milieu rural et urbain du Zaïre, Le cas des
Ntomba et des Basangele du lac Mal-Ndombe, Kinshasa, PUZ, 1974, p. 63.
63
Voir LAMY Emile, Le droit coutumier- droit positif/intégration ou rupture, in Revue Burkinabé n° 15, janvier
1989, p. 73, Cf. également KAMTO Maurice, Pouvoir et droit en Afrique noire, Paris, LGDJ, 1987, pp. 57 et 155.
Voir encore FOTSING Jean-Baptiste, Le pouvoir fiscal en Afrique. Essai sur la légitimité fiscale dans les Etats
d'Afrique noire francophone, Paris, LGDJ, 1995, pp. 291-244.
64
KALONGO MBIKAYI, Responsabilité civile et socialisation des risques en droit zaïrois, Kinshasa, PUZ, 1978, p.
57 et suivantes.
65
LAMY Emile, Le droit privé zaïrois. Introduction à l'étude du droit écrit et du droit coutumier, Volume I,
Kinshasa, PUZ, 1975, pp. 134 et 194.
66
KALONGO MBIKAYI, op. ci t., p. 37 et suivantes. Voir également SOHIER Antoine, Traité élémentaire du droit
coutumier au Congo belge, Deuxième édition, Bruxelles, Maison F. Larcier S.A., 1954.
18
Par ailleurs, l'aspect communautaire de la vie fait naître dans le chef des
individus l'obligation de solidarité67.
La solidarité s'analyse, dès lors, comme un système de communication, de
partage (de la force de travail, de services, des biens, des maux, etc.) et de
coopération entre personnes sans appel explicite de la réciprocité, mettant en
évidence le caractère de générosité, de spontanéité dans l’échange68. C'est un
attachement profond et total des membres d'un clan donné, attachement fondé et
causé par le sentiment de participation de tous à une vie commune dont les
ancêtres fondateurs et autres ascendants forment la partie invisible du clan que
les vivants honorent encore aujourd'hui69.
Toutefois, la solidarité est, selon les circonstances, assortie ou non de
l'idée de réciprocité. Mpase Nselenge Mpeti indique, à ce propos, que chez les
Tomba et Basengele du lac Mai-Ndombe en République Démocratique du Congo,
la réciprocité est de mise au niveau du clan et qu’elle n’existe pas ou elle est
diffuse au niveau de la famille. La parenté de voisinage génère également la
solidarité70.La création des villes n'a pas eu d’incidence sur cet aspect
communautaire de la vie d'autant plus que les citadins demeurent attachés aux
traditions ancestrales et aux groupes de parenté dont ils sont issus71.
Les principaux groupes de parentés susvisés sont le lignage et le clan. Le
lignage est la partie du clan qui assemble des membres dépendants d'un ancêtre
commun intermédiaire, c'est-à-dire moins ancien que l'ancêtre ayant fondé le
clan72. En revanche, le clan regroupe les parents ayant un ancêtre commun
67
LAMY Emile, Le droit privé zaïrois, op.cit., p. 77. Voir aussi TSHIMBOMBO MUDIBA, La famille Bantu Lulua et
le développement, édition de l'Archidiocèse de Kananga, 1983, pp. 107-108. Cf. également MUKADI BONYI
KABONGO, Rapports entre la sécurité sociale et la responsabilité civile, coexistence ou élimination. Etude du
droit zaïrois et de droit comparé, Thèse de doctorat en droit, Katolicke Universität Leuven, 1984, pp. 376-377 et
407.
68
BUAKASSA TUBU KIA MPASU, Que penser de la solidarité africaine, in Cahier de religions africaines, Faculté
de Théologie catholique. Campus de Kinshasa, Centre d'Etude des Religions Africaines, C.E.R.A., Kinshasa, PUZ,
Volume 7 n° 7 et 14, juillet 1973, p. 304.
69
LUSANGU Gabriel, Structures parentales et développement au Congo, Thèse pour le doctorat en droit,
Université de Paris, Faculté de Droit et des Sciences Economiques, Paris, 1971, p. 289.
70
MPASE SELENGE MPETI, op. cit., pp. 89-93. Cf. également LUSANGU Gabriel, op.cit.
71
SAMBA KAPUTO, Phénomène d'ethnicité et conflits ethno-politiques en Afrique noire post-coloniale, Kinshasa,
PUZ, 1982, pp. 13-22.
72
Voir MPASE SELENGE MPETI, op.cit., p. 93.
19
éloigné, c'est-à-dire, les personnes pouvant « se considérer à un titre quelconque
comme parents »73.
Au-dessus du clan, existent la tribu et l'ethnie. La tribu est un ensemble de
clans issu soit de la division d'un clan initial soit du regroupement de plusieurs
clans. Sa variété a occasionné la perte de l'importance du principe généalogique.
Toutefois, les rapports sociaux y sont réglementés par des normes se fondant sur
la tradition ancestrale.
L'ethnie englobe, quant à elle, les tribus parlant la même langue, ayant un
passé commun et possédant les mêmes coutumes, croyances et pratiques.
En conclusion, l'importance du groupe dans les milieux traditionnels et la
nature des fonctions qu'il assure lui confèrent un primat sur les individus et font
peser sur lui une responsabilité exclusive de toute responsabilité individuelle des
membres74, en ce sens que c'est le groupe qui répond des actes de ceux-ci
d'autant plus qu'il est en charge de leur protection 75. Cette structure assure la
protection de ses membres en répartissant entre ces derniers les conséquences
pécuniaires d'un fait dommageable commis par un d'eux. Elle assume la même
fonction que l'assurance de responsabilité, mais gratuitement. Une autre
différence entre la solidarité et l'assurance consiste en ce que la solidarité
familiale ou clanique joue après la réalisation du risque et ce, sans prévision,
alors que l'assurance se fonde sur le calcul de probabilité76.
Période de l'Etat Indépendant du Congo et de la colonisation
73
REDECLIFFE-BROWN et DERLY FORDE, Systèmes familiaux et matrimoniaux en Afrique, Paris, PUF, 1959, p.
49, cité par MPESE SELENGE MPETI, op.cit., p. 89.
74
KALONGO MBIKAYI, Responsabilité civile et socialisation des risques, op.cit., pp. 25-26 et 29.
75
Idem, op.cit. p. 286.
76
KABANGE NTABALA Clément, op.cit., p. 286.
20
L'assurance fait son apparition au Congo77 durant la période de l’Etat
indépendant du Congo. Déjà, en 1889, la Société Charles Lejeune couvre des
risques dans le bassin du Congo78. Les sociétés d'assurances de cette époque
opéraient sur un marché exigu composé uniquement des blancs qui demeuraient
leur propre assureur sauf pour les gros risques dont ils confiaient la gestion aux
assureurs79.
L'existence de la solidarité familiale ou clanique n'incitait pas les
populations autochtones à souscrire une assurance80. De même, les maigres
rémunérations que percevaient les travailleurs congolais ne les autorisaient pas à
prendre une assurance81.
Au demeurant, étant dans la majorité des cas, les filiales ou les agents des
sociétés métropolitaines, les sociétés d'assurances locales étaient gérées par
celles-ci et leurs réserves mathématiques transférées à l'étranger82.
A l'époque sous revue, le secteur des assurances était caractérisé par le
libéralisme83. Cela a eu pour conséquence que la réglementation en cette matière
était embryonnaire pour ne pas dire inexistante84. Elle se limitait au contrôle des
entreprises d'assurances sur la vie85.
Toutefois, l'assurance obligatoire des aéronefs prévue par la convention
de Rome du 29 mai 1933 a été rendue applicable au Congo belge par la loi du 11
septembre 1936 à laquelle renvoyait l'ordonnance n° 62/321 du 8 octobre 1955
relative à la navigation aérienne qui traitait de cette assurance.
Par ailleurs, le décret du 24 mai 1950, qui avait été édicté, réglementait la
responsabilité civile en matière d'accident de la circulation et l’assurance
77
Idem.
78
Ibidem.
79
Ibidem.
80
Ibidem.
81
KABANGE NTABALA Clément, op.cit., p. 286.
82
Idem
83
Ibidem.
84
Ibidem.
85
Idem, op.cit, p.294
21
obligatoire des véhicules. Malheureusement, il n'avait pas été mis en vigueur 86. Il
avait consacré la présomption de responsabilité dans le chef du conducteur qui,
du reste, pouvait la renverser en prouvant qu'il n'avait pas commis la faute87.
Le deuxième texte, qui fut pris, était l'ordonnance n° 62/262 du 21 août
1958 relative à la souscription obligatoire de l'assurance de
responsabilité civile par les exploitants du transport rémunéré des personnes88.
Période post-coloniale
La situation qui a prévalu durant la période coloniale a perduré jusqu'en
1966. Par ordonnance-loi n°66/622 du 23 novembre 1966, le Président de la
République a créé la Société Nationale d’Assurances et institué une assurance
obligatoire automobile, aviation, incendie et maritime. Cette ordonnance-loi a été
modifiée et complétée par les ordonnances-loi n°66/622 bis du 23 novembre
1966, n°67-018 du 17 janvier 1967 et n°069-029 du 20 janvier 1968.
L'assurance automobile couvrait les différentes responsabilités civiles,
l’incendie, les dommages, le vol, les transports terrestres et la sécurité routière.
L'assurance aviation couvrait les corps des aéronefs, le transport des
personnes et des marchandises.
L'assurance incendie garantissait les risques d'incendie des immeubles
des particuliers et des sociétés commerciales, ainsi que ceux des capitaux
immobilisés des commerçants.
L'assurance maritime avait pour objet de couvrir les bâtiments (les corps
des navires) et les marchandises transportées (facultés).
L'assurance sur la vie était, quant à elle, libre.
86
Ibidem, op.cit., p. 296. Cf. également FOUAMBI NSADI, L'assurance obligatoire de responsabilité civile en
matière d'utilisation des véhicules automoteurs, in L'automobile et la sécurité routière en droit zaïrois,
Kinshasa, PUZ, 1982, pp. 59-79.
87
FOUAMBI NSADI, op.cit. p. 61.
88
KABANGE NTABALA Clément, op.cit., p. 296.
22
L'ordonnance-loi n° 67/240 du 2 juin 1967, qui a fait suite à l'ordonnance-
loi n° 66/622 du 23 novembre 1966, a conféré à la Société Nationale d'Assurances
le monopole des assurances au Congo89.
L’article 1er de ladite ordonnance-loi disposait que « la SONAS jouit à
compter du 1er janvier 1967 du monopole de toutes les opérations d’assurances
en République du Zaïre. Toutefois la SONAS peut, si elle le juge utile, assurer des
risques en coassurance avec les sociétés d’assurances privées. Dans toutes les
opérations effectuées en coassurance avec les sociétés privées, la SONAS sera
toujours la société apéritrice ».
Kabange Ntabala note que c’est pour « mettre un terme à
l’hémorragie financière pratiquée par les compagnies étrangères » que la
Société Nationale d’Assurances a été créée »90. Modifiés à plusieurs reprises, les
statuts de celle-ci étaient définis par l’ordonnance n°78/194 du 5 mai 1978 qui, en
définitive, a été abrogée par le décret n°09/11 du 24 avril 2009 à la suite de la
transformation de la société en société par actions à responsabilité limitée.91
La société nationale d’assurance a régné seule sur le marché des
assurances jusqu’au 17 mars 2016.
Mais le système de monopole mis en place s’est révélé peu
performant eu égard aux résultats négatifs réalisés par l’entreprise plusieurs
années durant.
L’impact des assurances sur le PIB et leur densité se sont situés
durant la période de monopole en déça de 1%. 92
On a imputé cet état des choses à la sous-capitalisation de la Société
Nationale d’Assurances, à l’affectation de provisions techniques constituées à
89
Moniteur congolais, 1967, p. 496. Voir aussi KAL0NGO MBIKAYI, Code civil et commercial congolais, p. 348.
90
Kabange Ntabala clément, op. cit. p.297
91
Par effet de l’adhésion de la République Démocratique du Congo au traité de l’OHADA la Société Nationale
d’Assurance a été transformée en société anonyme.
92
M. MULUMBA KENGAT et P. DEVODER, L’organisation des assurances et l’impact de l’industrie des
assurances sur l’économie. Cas de la R.D.Congo, Working paper, school of management research instute,
Louvain-la-Neuve, 2011/01.
23
autres fins et ce, sur injonction des pouvoirs publics et à l’inexistence d’une loi-
cadre.
Tenant compte de cette situation, le législateur a, par la loi n°15/005
du 17 mars 2015, libéralisé le secteur des assurances.
Le nouveau code des assurances, qui procède de la loi n°15-005 du
17 mars 2015, a le mérite de rassembler dans un même corps les règles, normes
et principes applicables aux assurances et d’uniformiser leur application à des
assurances relevant de la même catégorie.
Dans le but de protéger les assurables et les assurés et de leur
permettre de se familiariser avec les méandres du droit des assurances le
législateur a défini dans le code des assurances le contrat d’assurance et exigé
qu’il soit constaté par écrit. Il y a également déterminé les modalités de sa
conclusion et celles de sa terminaison ainsi que les mentions obligatoires qu’il
doit comporter. Il a, en outre exigé, que les clauses contraignantes pour les
assurés soient libellées en caractère gras ou apparent. Il en est de même des
clauses relatives à l’indemnisation et aux exclusions de garantie.
De même, les prospectus, les conditions de police d’assurances, les
clauses types, la tarification, les propositions et les bulletins de souscriptions
doivent être communiqués à l’Autorité de Régulation et de Contrôle des
Assurances pour approbation. Il en est de même des tarifs dont l’application est
subordonnée au visa de cette autorité.
Le législateur a, pour ainsi dire, opté pour un formalisme qui est à la
fois probatoire et d’opposabilité.
La plupart des apports du nouveau code des assurances seront
épinglés dans le développement qui suivent.
En exécution de la libéralisation du secteur des assurances, bon
nombre d’assureurs ont été agréés par l’Autorité de Régulations et de Contrôle
des Assurances (ARCA).
24
Il s’agit de Rawsur life, Rawsur République Démocratique du Congo,
activa assurance République Démocratique du Congo, la société financière
d’assurance du Congo (SFA), AFRISSUR, la Société Nationale d’Assurance, etc.
III. Sources du droit des assurances
Il existe deux catégories des sources du droit des assurances. Les
sources matérielles et les sources formelles. Les premières sont les faits qui ont
incité les pouvoirs publics et les particuliers à organiser les assurances. Les
secondes sont, en revanche, les procédés par lesquels les règles relatives aux
assurances sont élaborées.
Les sources formelles du droit des assurances se déclinent sous deux
groupes que sont les sources internes et les sources internationales.
3.1. Les sources formelles internes
Les sources formelles internes comprenent la constitution, la loi, le
règlement, les usages, la jurisprudence et la doctrine.
3.1.1. La constitution
La constitution du 18 février 2006 traite dans ses articles 122 et 202
de la sécurité sociale, qui est une assurance sociale, et des assurances ordinaires.
Elle range toutes ces assurances dans les matières relevant de la compétence
exclusive du pouvoir central et intègre les assurances obligatoires dans le
domaine de la loi.
3.1.2. La loi
La source principale du droit des assurances est la loi. Cela
s’explique par le fait que les assurances relèvent du domaine de la loi. C’est ainsi
que le code des assurances procède de la loi n°15/005 du 17 mars 2015.
De même, la loi n°10/014 du 31 décembre 2010 relative à l’aviation
civile renferme des règles relatives au droit des assurances. Elle rend obligatoire
25
l’assurance des aéronefs et détermine la hauteur de la garantie de cette
assurance.
Dans le même ordre d’idées, la loi-cadre sur l’enseignement national
traite dans certaines de ses dispositions de l’assurance scolaire qu’elle rend
obligatoire.
La loi n°11/023 du 24 décembre 2011 portant principe fondamentaux
relatifs à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives en
République Démocratique du Congo n’est pas en reste. Elle rend obligatoire
l’assurance sportive.
3.1.3. Le règlement
Par délégation de pouvoirs lui conférée par le législateur, le premier
ministre a pris par voie de décret les mesures d’application du code des
assurances.
Il s’agit du :
Décret n°18/012 du 2 mai 2018 fixant les conditions de dérogation à
l’obligation de l’assurance des risques de construction pour les
bâtiments à usage d’habitation privée des particuliers ;
Décret n°18/013 du 2 mai 2018 fixant la durée de la garantie
d’assurance des dommages à l’ouvrage ;
Décret n°018/014 du 2 mai 2018 portant le montant minimum de la
garantie d’assurance de responsabilité civile automobile pour les
dommages matériels aux tiers par véhicule et par sinistre ;
Décret n°18/016 du 14 mai 2018 fixant le barème de responsabilité des
véhicules impliqués dans un accident ;
Décret n°16/001 du 26 janvier 2016 portant création, organisation et
fonctionnement de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des
Assurances.
Prenant également appui sur les pouvoirs lui conférés par le
26
législateur, le ministre des finances a édité un bon nombre d’arrêtés relatifs à
l’assurance de responsabilité civile en matière d’utilisation de véhicules
automoteurs terrestres.
Ces arrêtés se ventilent comme suit :
Arrêté ministériel N°CAB/MIN/finances/2019/008 du 18 mars 2019
fixant le barème fonctionnel indicatif des incapacités ;
Arrêté ministériel N°CAB/MIN/Finances/2017/022 du 28 aout 2017
portant fixation des limites du montant des frais de traitement médical
remboursables ou pris en charge par l’assureur à la suite d’un accident
causé par un véhicule terrestre à moteur ;
Arrêté ministériel N°CAB/MIN/Finances/2017/023 du 29 aout 2017
fixant le montant de l’indemnité mensuelle à verser en cas d’incapacité
temporaire pour des personnes salariées et non salariées disposant des
revenus ;
Arrêté ministériel N°CAB/MIN/FINANCES/2017/024 du 29 aout 2017
fixant le barème fonctionnel indicatif, le taux de base d’incapacité et le
plafond de l’indemnité à payer à la victime en cas d’incapacité
permanente ;
Arrêté N°CAB/MIN/FINANCES/2017/025 du 29 aout 2017 fixant le
barème d’indemnisation de la souffrance physique et du préjudice
esthétique ;
Arrêté N°CAB/MIN/FINANCES/2017/026 du 29 aout 2017 fixant le taux
d’indemnité à allouer en cas de préjudice de carrière ;
Arrêté N°CAB/MIN/FINANCES/2017/027 du 28 aout 2017 fixant la limite
des frais funéraires ;
Arrêté N°CAB/MIN/FINANCES/2017/028 du 29 aout 2017 fixant les
modalités d’indemnisation du préjudice économique des ayants droit
de la victime décédée ;
Arrêté N°CAB/MIN/FINANCES/2017/029 fixant le taux d’indemnisation
du préjudice moral des ayants droit de la victime décédée ;
27
Arrêté N°CAB/MIN/FINANCES/2017/030 du 29 aout 2017 fixant les
conditions de souscription d’une assurance frontière pour les véhicules
en circulation internationale.
Dans le même temps, l’Autorité de Régulation et de Contrôle des
Assurances (ARCA) a pris le règlement n°001/019 fixant les modalités et
conditions de distribution des produits d’assurance par les banques ainsi que les
décisions d’octroi d’agrément des compagnies d’assurances et de courtage.
3.1.4. Les usages
Les usages sont des pratiques courantes qui se créent dans le cadre
d’une profession.93 L’on distingue les usages conventionnels ou de fait et les
usages de droit94. Si les usages de droit s’imposent impérativement les usages de
fait sont, en revanche, supplétifs de volonté et reposent sur une présomption.95
Comme le revèle Stryckmans, les usages ont donné naissance à
plusieurs règles ou mécanismes nécessités par les besoins du commerce
maritime96. Il en est ainsi de la police négociable, de la police d’abonnement et
de la responsabilité croisée. A ces usages s’ajoutent la pratique de bonus-malus
et de l’assurance flotte, y compris la captive.
3.1.5. La jurisprudence
Comme le disent Clesse et Kéfer, « la jurisprudence n’est pas faite
d’une pièce »97. Elle est composée de plusieurs décisions judiciaires. Elle
s’appréhende, dès lors, en termes d’ensemble des solutions apportées par les
cours et tribunaux aux litiges qui leur ont été soumis et qui sont suivies
continuellement par d’autres juridictions. Elle est perçue comme une « règle
issue de la pratique des juges »98 et venant « de la réitération de certaines
93
Fr. Dekeuwer Défossez, Droit commercial, Paris, Montchrestien, 1990, pp.18-19.
94
M. Germain et L.Vogel, Traité de droit commercial de G. Ripert et R. Roblot, Paris, L.G.D.J, pp.26-27.
95
F. Dekeuwer Defossez, op. cit., pp.18-19.
96
J.J. Strykmans, assurances maritimes, ULB, PUB, Bruxelles, 1991-1993.
97
J. CLESSE, F. KEFER, Manuel de droit du travail, Bruxelles, éditions Laccier, 2014, n°138, p.138.
98
GAUZERO E, BOCKES, droit du travail.
28
solutions, interprétations, affirmations dans les décisions de justice »99. Elle
constitue une source de droit dans la mesure où elle interprète les textes légaux
en la matière et comble parfois les lacunes de la loi.100
3.1.6. La doctrine
La doctrine est l’ensemble d’écrits consacrés aux matières
scientifiques et juridiques. Elle comprend les traités, les précis, les mémentos, les
manuels, les monographies, les encyclopédies.101
La doctrine consacrée aux assurances a une autorité et incite, par les
commentaires qu’elle comporte, le législateur à améliorer des textes ambigus,
incomplets ou inadaptés. Elle avise également le juge de l’évolution de la
jurisprudence, son étendue et ses contradictions102. Elle est également
susceptible de donner naissance à un mouvement juridique.103
3.2. Les sources formelles internationales
Quatre conventions internationales renferment les normes relatives
au droit des assurances.
La convention de Séoul du 11 novembre 1985 a créé l’agence
multilatérale de garantie des investissements étrangers qui couvre ces derniers
contre les risques politiques.
La République Démocratique du Congo l’a signée en date du 26
mars 1986 et ratifiée en date du 3 janvier 1989.104
Par ailleurs, ayant pour but d’unifier certaines règles relatives au
transport aérien international, la convention de Montréal conclue en date du 28
99
Idem.
100 e
Chr. LARROUMET, Droit civil, Tome I, Introduction à l’étude du droit privé, 3 édition, Paris, Economica,
1998, n°173, p.110. voir aussi E. LAMY, Droit privé zaïrois, Volume I, Introduction à l’étude du droit écrit et
coutumier zaïrois, n°61, p.68.
101
E. LAMY, le droit privé zaïrois, op. cit., p.134.
102
M. GERMAIN et L. VOGEL, op. cit., pp.26-27.
103
E. LAMY, op. cit., p.121.
104
Cf ordonnance-loi n°89-003 du 3 janviers 1989 autorisant la ratification de la convention portant création de
l’agence multilatérale de garantie des investissements, un journal officiel n°2 du 15 janvier 1989, pp.16-17.
29
mai 1999 rend obligatoire l’assurance des aéronefs et détermine les modalités
d’indemnisation des passagers des aéronefs victimes des lésions corporelles et
de leurs ayants cause en cas de décès de ces derniers.
Dans la même perspective, la convention de Montréal du 2 mai 2009
oblige les Etats l’ayant ratifiée à rendre obligatoire l’assurance des aéronefs dans
la préoccupation de garantir une indemnisation aux tiers au sol victimes des
accidents des aéronefs.
Il en est de même de la convention de Montréal de la même date qui
envisage l’indemnisation des tiers au sol victimes des actes de terrorismes
impliquant les aéronefs détournés. Elle renferme des normes relatives à
l’assurance obligatoire des aéronefs.
IV. Classification des assurances
Il existe plusieurs catégories d’assurance. Les types d’assurance les
plus usités sont les assurances de dommages et les assurances de personnes.
Les assurances de dommages comprennent les assurances de choses
et les assurances de responsabilité.105
Les assurances de choses ou de biens garantissent l’indemnisation
d’un préjudice subi par l’assuré et résultant de la perte, de la détérioration ou de
la destruction d’un bien patrimonial.106 Elles couvrent normalement les risques
d’incendie, de vol, de dégâts des eaux, de dommages à l’ouvrage, etc.
En revanche, les assurances de responsabilité ou de dettes visent la
prise en charge par l’assureur de la réparation du dommage causé à autrui par
l’assuré. Elles garantissent les dettes de responsabilité de ce dernier.107
Les assurances de biens constituent le noyau dur du droit des
assurances sur lequel se sont greffées d’autres telles que les assurances sur la
105
Y. LAMBERT FAIVRE, Droit des assurances, paris, Dalloz, 1985, pp.48-49.
106 ère
J. BONNARD, Droit pratique des assurances, 1 édition Paris, Delmas, 1997, n°8, p.12.
107
J. BONNARD, op. cit., p.12.
30
vie.108
Les assurances de personnes incluent les assurances vie, l’assurance
accident corporel et l’assurance maladie.109
Les assurances sur la vie ont pour objet le versement au bénéficiaire
choisi d’une somme d’argent en cas de vie ou de décès de l’assuré. L’on distingue
trois sortes d’assurance vie qui sont l’assurance en cas de vie, l’assurance en cas
de décès et l’assurance mixte.110
L’assurance en cas de vie garantit le paiement au bénéficiaire d’un
capital ou d’une rente si l’assuré est vivant à l’échéance du contrat.111
L’assurance en cas de décès est l’inverse de l’assurance en cas de
vie en ce sens que le versement du capital ou de la rente garanti a lieu en cas de
décès de l’assuré avant le terme convenu.112
L’assurance mixte est la combinaison de l’assurance en cas de vie et
de l’assurance en cas de décès.113
Les assurances de biens sont fondées sur le principe indemnitaire.
L’indemnité versée par l’assureur ne peut être supérieure aux dommages subis
par l’assuré.
En revanche, les assurances sur la vie ont un caractère forfaitaire.
Cela s’explique par le fait qu’elles affectent la personne de l’assuré et non son
patrimoine.114
Autrement dit, elles ne visent pas l’indemnisation ou la réparation
d’un dommage mais le paiement d’un capital ou d’une rente déterminés dans la
108
J. Héron, préface in essai d’une nouvelle analyse du contrat d’assurance de Véronique Nicolas, op. cit., pp.5-
6.
109
Ibidem.
110
J. Héron, op. cit.
111
Ibidem.
112
Idem.
113
J. Héron, op. cit., pp.5-6.
114
Idem.
31
police. 115
Bien plus, les assurances sur la vie ne vont pas sans poser problèmes
dans la mesure où elles sont considérées comme des opérations d’épargne et non
d’assurance. 116
Une autre classification distingue les assurances de répartition et les
assurances de capitalisation.117
Les assurances de répartition impliquent la répartition des risques
entre les assurés ou mieux la répartition de la masse des primes payées par
l’ensemble des membres. Elles comprennent les assurances des choses et les
assurances de responsabilités.118
Les assurances de capitalisation sont celles où les primes sont
capitalisées selon la méthode des intérêts composés119.
Une autre classification oppose les assurances sociales aux
assurances ordinaires.
Les assurances sociales garantissent les travailleurs salariés contre
les risques sociaux que sont la maladie, le vieillissement, l’invalidité, le décès, la
maternité et les accidents du travail et de trajet.120
Les assurances ordinaires forment la catégorie des assurances
terrestres qui se différencient de l’assurance aérienne et de l’assurance maritime.
L’assurance aérienne vise la couverture des risques aériens qui
comprennent les décès et les lésions corporelles survenant aux passagers des
aéronefs et aux tiers au sol, ainsi que les avaries et pertes des bagages et des
marchandises confiés aux transporteurs aériens. Elle couvre aussi le corps des
aéronefs
115
J. BONNARD, op. cit., n°8, p.12.
116
V. NICOLAS, op. cit., n14, p.10.
117
J. LAMBERT FAIVRE, op. cit., PP.50-51.
118
Idem.
119
Ibidem.
120
G. DORLON et A. GUIONNET, La sécurité sociale, collection que-sais-je ? Paris, PUF, 2000, p.20 et suivantes.
32
En revanche, l’assurance maritime traite de fortunes de mer ou de
risques de navigation maritime.
Une autre classification met en présence les assurances facultatives
et les assurances obligatoires. Les assurances facultatives sont les assurances
dont la souscription est laissée à la discrétion des assurés. Il s’agit des assurances
libres.
En revanche, les assurances obligatoires sont celles dont la
souscription est obligatoire.
Les assurances obligatoires dérogent au principe de la liberté
contractuelle qui procède de l’autonomie de la volonté. Elles symbolisent
l’intrusion du législateur dans les rapports entre contractants.121
Elles se justifient par le souci du législateur de protéger les tiers,
c'est-à-dire les personnes étrangères à la conclusion du contrat.
Ce sont surtout les assurances de responsabilité qui sont obligatoires
et ce dans le but de protéger les tiers. Cette protection se traduit par l’institution
en leur faveur de l’action directe et de l’inopposabilité à eux des déchéances
postérieures aux sinistres.
Les contrats d’assurances obligatoires ne sont, dès lors, pas la chose
de parties en ce sens que leurs « garanties acquièrent une autonomie qui tient à
l’intervention des pouvoirs publics ».122
Il importe, toutefois, de noter que les parties au contrat d’assurance
obligatoire ont latitude de prévoir des garanties complémentaires facultatives.123
Elles n’ont pas, en revanche le droit d’insérer dans ledit contrat les clauses de
déchéance lorsque la loi pose uniquement le principe de l’obligation
121
Jean ROUSSEL et Cathérine BENODON-DELUBRIA, Les assurances obligatoires, Paris, édition Securitas, 1984,
pp.12-13.
122
J. ROUSSEL, C. RENODON DELUBRIA, op. cit., n°66.
123
Idem.
33
d’assurance.124
Malgré l’obligation d’assurance, le principe de la liberté des
conventions subsiste.
Le refus de souscrire la police d’assurance n’est pas sanctionné par
une souscription forcée.125 De plus, les parties peuvent souscrire des clauses plus
restrictives que celles exigées dans le cadre de l’obligation d’assurance.126
Au surplus, il va sans dire que les assurances obligatoires ne
peuvent être efficaces que si elles sont assorties des contrôles et des sanctions
pénales dissuasives et réellement appliquées.
124
J. ROUSSEL, C. RENODON DELUBRIA, op. cit., n°66.
125
Ibidem.
126
Ibidem.
34
PREMIERE PARTIE :
MECANISMES OU TECHNIQUES D’ASSURANCE ET
CONTRAT D’ASSURANCE
35
La mise en œuvre des opérations d’assurances postulent l’utilisation, des
techniques appropriées et la conclusion des contrats d’assurances.
36
CHAPITRE I :
LES TECHNIQUES DES ASSURANCES
Les assurances se fondent sur la mutualité, la diversification et la
division de risques ainsi que sur la réduction de l’aléa.
Section 1. Mutualisation et diversification de risques
§1. Mutualisation ou collectivisation de risques
Les assurances présupposent le groupement des personnes
exposées au même risque et entre lesquelles est répartie la charge des sinistres
qui se réalisent dans le chef de certains d’entre elles de telle sortie que celles-ci
ne soient pas appauvries.127
Tous les membres du groupe payent pour un mais a moindre cout 128.
Bien que les assurés ne se connaissent pas entre eux, c’est dans le chef de
l’assureur que la mutualité se manifeste.129
Les sinistres qui se réalisent sont couverts par les risques non
réalisés. L’assurance s’analyse, dès lors, comme « l’organisation de la solidarité
entre les gens assurés contre la survenance d’un même évènement ».130
L’organisation de cette mutuelle postule l’utilisation de la statistique
et du calcul des probabilités.131
§.2. Diversification de risques
La diversification de risques permet à l’assureur d’avoir un
portefeuille équilibré et de compenser les risques déficitaires avec les risques
avantageux, c’est-à-dire bénéficiaires. Elle a également pour effet de réduire la
127
Y. LAMBERT FAIVRE, Droit des assurances, Paris Dalloz, 1985, p.13, voir aussi WALEFFE, op. cit. pp.17-18, cf.
également J. BONARD, op. cit., op. cit., n°25-26, p.17, cf. mêmement G. BRIERE D’ISLE, Droit des assurances,
Paris, PUF, 1986, p.39.
128
Idem.
129 e
F. COUILBAUT et Alii, Les grands principes de l’assurance, 4 édition, Paris, l’Argus, 1999, p.46.
130
Y. LAMBERT FAIVRE, op. cit., p.13, voir aussi WALEFFE, op. cit., pp.17-18, cf. également J. BONNARD, op. cit.,
n°24 à 26, p.17.
131
Idem.
37
charge financière de l’assureur en ce sens qu’il n’aura pas à mettre en jeu son
propre argent.
Section 2. Réduction de l’aléa et évaluation de risques
Les assureurs n’acceptent que les risques assurables. Ils effectuent
leur choix grâce à la statistique, au calcul des probabilités, à la sélection et à la
prévention de risques.
§1. Statistique et probabilités
La statistique permet de connaitre le nombre de sinistres survenus et
de déterminer leur fréquence. La loi des grands nombres permet de dégager les
132
probabilités de survenance des sinistres ou des évènements observés et de
maitriser le hasard. Cette loi a été énoncée au 18e siècle par Bernoulli,
mathématicien suisse.
Au regard de cette loi, les résultats des expériences se rapprochent
de la probabilité théorique de survenance d’un évènement si le nombre
d’expériences effectuées est plus grand.133
En d’autres termes, la connaissance parfaite et précise de la
probabilité de survenance d’un évènement n’est possible que si les études sont
menées sur le grand nombre de cas134.
La loi des grands nombres permet de connaitre la fréquence du
risque.135 La probabilité mathématique est « le rapport du nombre de chances de
réalisation d’un évènement sur le nombre de cas possibles136.
132
Y. LAMBERT FAIVRE, Droit des assurances, Paris, Dalloz 1985, p.13, voir aussi WALEFFE, op. cit., pp.17-18.
133
F. COUILBAULT et Alli, op. cit., p.47.
134
Idem.
135
Ibidem.
136 e
Y. LAMBERT FAIVRE, Droit des assurances, 10 édition, Paris Dalloz, 1985, p.35.
38
§2. Sélection de risques
Les assurances impliquent la sélection de risques en ce sens qu’elles
ne doivent garantir que les risques appréciés. Les mauvais risques sont exclus, ou
mieux, assortis d’un maximum de couverture au-delà duquel la garantie n’est plus
due. Ce maximum est connu sous le nom de plein d’assurance.137
La sélection de risques vise l’homogénéité de ceux-ci ou mieux le
groupement des risques semblables. Elle permet de constituer de catégories des
risques en fonction de leurs principaux éléments. Ces catégories de risques sont,
en fait, des sous-mutualités. Seuls les risques homogènes par leur nature, leur
valeur et leur durée doivent être assurés.
La sélection de risques facilite leur compensation ainsi que leur
division par le biais de la coassurance et de la réassurance.
§3 Dispersion de risques
La dispersion de risques consiste à éviter que les risques assurés ne
surviennent tous en même temps, c’est-à-dire touchent à la fois un grand nombre
d’assurés.
Les risques techniquement inassurables sont écartés car leur
survenance est de nature à rompre l’équilibre de la mutualité.
§4. Prévention de risques.
Pour qu’elle joue pleinement son rôle social, l’assurance postule des
mesures préventives destinées à empêcher la réalisation de sinistres et à réduire,
par ricochet, son coût.138
Les abaissements de tarif sont accordés à ceux qui prennent des
précautions réduisant le nombre et la gravité des sinistres.139 D’autres techniques
sont également utilisées pour inciter les assurés à bien se comporter. Il s’agit de
137
Y. LAMBERT FAIVRE, droit des assurances, Paris, Dalloz, 1985, p.38.
138
M. FONTAINE, op. cit., p.14, cf. également WALEFFE, op. cit., p.19.
139
Idem.
39
la franchise et du découvert.140
La franchise est la mise à charge de l’assuré d’une partie du sinistre.
L’assureur s’exonère de l’obligation d’indemnisation qui pèse sur lui à
concurrence d’un certain montant.
Dans le même sens, le découvert obligatoire met à charge de
l’assuré une partie du dommage. Toutefois, il lui est interdit de le faire garantir
par un autre assureur contrairement à la franchise.141 Il est d’application sur un
marché non monopolisé.
Section 3 : Division de risques
La division de risques permet à l’assureur de partager les risques
avec d’autres assureurs ou de leur céder une partie des risques et de conserver
une fraction de ceux-ci, appelée le plein d’assurance.
Deux techniques facilitent cette division. Il s’agit de la réassurance et
de la coassurance.
§1. La réassurance
La réassurance est une opération par laquelle l’assureur cède
l’excèdent de la somme à laquelle il a limité son engagement que l’on appelle le
plein, à un autre assureur moyennant paiement à ce dernier de la prime
correspondant au capital réassuré.
Autrement dit, la réassurance est une assurance que souscrit un
assureur auprès d’un autre assureur pour une partie ou la totalité du risque qu’il
garantit.142
Le réassureur s’oblige à son tour, à rembourser au cédant
(l’assureur direct), l’indemnité qu’il est tenu de verser à l’assuré. La convention
de réassurance s’appelle « traité de réassurance ». Il s’agit de l’assurance au
140
M. FONTAINE, op. cit., p.14, voir également WALEFFE, op. cit., pp.18-19.
141
J. LAMBERT-FAIVRE, Droit des assurances, op. cit., p.42 ; voir également WALEFFE, op. cit., pp.18-19
142
J. BONNARD, op. cit., n°743, p.20.
40
second degré qui rend l’assurance possible.143
Le réassureur n’est pas lié à l’assuré primitif mais au réassuré. La
réassurance est susceptible de rétrocession144 qui « l’opération par laquelle le
réassureur cède, à son tour, une partie des risques qu’il a réassurés à un
rétrocessionnaire qui peut être une société de réassurance ou une société
d’assurance ».145
La réassurance se décline sous deux formes à savoir la réassurance
proportionnelle et la réassurance non proportionnelle.146
La réassurance est dite proportionnelle lorsque le réassureur prend
en charge un pourcentage déterminé du risque moyennant perception d’une
prime calculée en tenant compte dudit pourcentage du risque.147
Elle est conclue au même moment que les contrats d’assurance,
c’est-à-dire avant la survenance des sinistres.148
L’indemnisation qui incombe au réassureur est aussi proportionnelle
au pourcentage du risque et de la prime.149 Lorsque le réassureur prend en
charge le même pourcentage sur tous les risques la réassurance est en
participation pure ou en quote-part.150
Lorsqu’il garantit les contrats réassurés pour les sommes qui
excèdent un seuil la réassurance est en excèdent de plein.151 La réassurance non
proportionnelle est l’inverse de la réassurance proportionnelle. L’intervention du
réassureur est calculée après la survenance du sinistre.152 Elle est, de ce fait,
143
Jérôme BONNARD, op. cit., n°743, p.20
144
Cf. ARMONT FOSSOUL, Organisation et technique comptable de l’assurance, les éditions comptables,
Bruxelles, 1953, p.10
145 e
F. COUILBAULT et Alii, Les grands principes de l’assurance, 4 édition, l’Argus, édition, Paris, 1999, p.58.
146
Idem
147
Ibidem.
148
Ibidem.
149
Ibidem.
150
Ibidem.
151
Ibidem.
152
Ibidem.
41
qualifiée de réassurance de sinistres.153
Lorsque l’intervention du réassureur porte sur les sinistres dont la
valeur excède un certain seuil on dit que la réassurance est en excèdent des
sinistres.154
Elle est en excèdent de pertes dans l’hypothèse où les sinistres
155
couverts durant une année excèdent les primes perçues par le réassureur.
Elle rime avec les assurances aux tiers. La réassurance s’oppose à la coassurance.
§2. La coassurance
La coassurance se définit comme étant la prise en charge d’un grand
risque par deux ou plusieurs assureurs en vertu d’un contrat unique, et à
concurrence d’un pourcentage déterminé de la valeur assurée. 156 Il s’agit d’une
police collective qui peut être ordinaire ou quittance unique.157 Dans l’une ou
l’autre forme c’est le chef de file ou l’apériteur qui a la charge de percevoir la
prime qu’il repartit entre les co-assureurs et de recevoir les déclarations de
sinistres.
En revanche, la notification de la résiliation du contrat et la
déclaration de l’aggravation du risque sont adressées par les assurés à chaque
coassureur en cas de police collective ordinaire. De même, la résiliation de celle-
ci par l’assureur doit provenir de chaque coassureur. Dans l’hypothèse d’une
police collective à quittance unique c’est à l’apériteur (leading assurer) que
l’assuré doit notifier la résiliation du contrat ainsi que l’aggravation du risque.
Dans le même ordre d’idées, l’initiative de la rupture du contrat appartient à
l’apériteur.158
Les coassureurs ne sont pas solidaires. Cela signifie qu’en cas de
réalisation du sinistre l’assuré s’adressera à chacun d’eux pour obtenir
153
F. COUILBAULT et Alii, op. cit., p.58.
154
Idem.
155
Idem.
156
J. BONNARD, op. cit., n°291, p.83.
157
M. FAUQUE, op. cit., p.121, cf. également J. DONNARD, op. cit., n°291-292, pp.83-84
158
Idem.
42
l’indemnisation.159
En plus de techniques susdécrites, les opérations d’assurance se
matérialisent au travers des contrats l’assurance.
159
J. DONNARD, op. cit., n°248, p.75
43
CHAPITRE II :
LE CONTRAT D'ASSURANCE
L'étude du contrat d'assurance présuppose la définition de ce dernier,
l'appréhension de ses caractéristiques, de ses parties contractantes, des
modalités de sa conclusion et de sa terminaison ainsi que celle du contentieux qui
peut en résulter.
Section I : Approche lexicale et caractères du contrat d’assurance
§.1. Notion de contrat d’assurance
Aux termes de l’article 4 de la loi n°15/005 du 17 mars 2015, le contrat
d'assurance est « une convention en vertu de laquelle, moyennant paiement d'une
rémunération appelée prime ou cotisation, une partie, l'assureur, s'engage envers
une autre, le preneur d'assurance, à fournir une prestation stipulée dans le contrat
au cas où surviendrait un événement incertain que, selon le cas, l’assuré ou le
bénéficiaire a intérêt à ne pas voir se réaliser ».
Cette définition a été empruntée au droit belge, plus précisément à la loi
du 25 juin 1992.Elle a le mérite de ne pas comporter des éléments techniques
propres à l'opération d'assurance que sont la compensation des risques au sein
d'une mutualité et le calcul des probabilités160. Toutefois, elle est critiquable dès
lors qu’elle exclut de son périmètre les assurances en cas de vie.
Il va sans dire que l'approche du contrat d'assurance, qui procède de
l'article 2389 du code civil du Québec a la faveur des auteurs.161 Au regard de
cette disposition, le contrat d’assurance s'appréhende en termes de « contrat par
lequel l'assureur, moyennant une prime ou cotisation, s’oblige à verser au
preneur ou à un tiers une prestation dans le cas où un risque couvert par
l'assurance se réalise ».162
160
Bigot Jean, (sous la direction), traité de Droit des assurances, Tome 3, Le contrat d'assurances, Paris, L.G.D.J,
2002, pp 21-29.
161
Ibidem.
162
Cotram Geneviève, (sous la direction), Assurance de dommages, Montréal, lexis-nexis, Juin 2013, pp 11-14.
44
La définition du contrat d'assurance que formule le droit brésilien est
également appréciée. Au regard dudit droit, le contrat d'assurance « est le contrat
par lequel l'assureur est obligé, en contrepartie du paiement de la valeur du
contrat, de garantir l'intérêt légitime de l'assuré, relatif à une personne ou à un
objet, contre des risques déterminés ».163
Pour sa part, le législateur français a jugé opportun de ne pas définir le
contrat d'assurance.164
Dans son ouvrage consacré au contrat d'assurance, Bigot apprécie
l'approche du législateur français.165
Il observe que «l'élaboration d'une définition ne s'impose pas au
législateur qui peut se contenter de réglementer le contrat. C'est la méthode
généralement suivie par le code civil.... ».166
Il affine sa pensée en indiquant que « A la loi de fixer les lignes
directrices, l'ossature, au règlement d'aménager les détails... »167. Par ailleurs, il
insiste sur le fait que « L'assurance est une matière évoluant au gré des besoins
économiques et sociaux, qui s'enferme mal dans des définitions rigides dont elle
déborde rapidement »168.
§.2. Caractères du contrat d'assurance
Le contrat d'assurance s'insère dans la classification du droit des
contrats par un certain nombre de caractères.
Il est nommé, consensuel, réciproque, à titre onéreux, aléatoire,
individuel, successif, d’adhésion et de bonne foi.
163
Cf. Nicolas Véronique, op. cit., n°165, P.79.
164
Nicolas Véronique, Droit des contrats d'assurance, Paris, Economica, 2012,n°154, p.75, n°167, et 168, p.80.
165
Bigot Jean, op. cit., p.25.
166
Idem.
167
Ibidem.
168
Ibidem.
45
2.1. Le contrat d'assurance est un contrat nommé
Le contrat d'assurance est considéré comme un contrat nommé pour la
simple raison qu'il est désigné comme tel par le code des assurances qui le
régit.169 Il s'oppose, dès lors, au contrat innommé qui s'appréhende en termes de
contrat ne faisant pas l'objet d'une réglementation particulière.
Le contrat innommé est régi par des règles générales des contrats
figurant dans le code civil. Il s'agit d’un contrat sans dénomination issu de la
pratique et qui est soumis au droit commun des contrats par manque d'une
réglementation légale spécifique170.
Il en est ainsi en droit congolais du contrat de franchising et du contrat
d'affacturage.
2.2. Le contrat d'assurance est un contrat consensuel
Il est réputé conclu dès l'accord des parties. Il se forme par le seul
échange des volontés de l'assureur et de l'assuré.
Il est vrai que les articles 6, 7 et 8 du code des assurances exigent dans
le processus de conclusion du contrat d'assurance la rédaction d'un bon nombre
de documents. Il s'agit de la proposition d'assurance, du projet de contrat
d'assurance, d'une note d'information et de la note de couverture.
L’exigence de tous ces écrits ne met pas en cause le caractère
consensuel du contrat d'assurance.
La Cour de cassation de France a jugé dans le même sens. Elle a
tranché que « si le contrat d'assurance doit dans un but probatoire, être signé par
169
Cf. Loi n°15-005 du 17 mars 2015 portant codes des assurances, in journal officiel, numéro spécial du 30 avril
2015.
170
Voir en ce sens Cornu Gerard (sous-direction) Vocabulaire juridique, Paris, Presses universitaires de France,
ème
1987, p.218, cf. également Alain Benabent, Droit civil, les contrats spéciaux civils et commerciaux, 9 édition,
Paris, Montchrestien, Lextenso édition, 2011 p.21 ; consulter également Wery Patrick, Droit des obligations,
ème
volume I, Théorie générale du contrat, 2 édition, Bruxelles, édition Larcier, 2011, n°66, pp.86-88.
46
les parties, il constitue un contrat consensuel qui est parfait, dès la rencontre des
volontés de l'assureur et de l’assuré ».171
Ghestin estime, pour sa part, que le contrat d'assurance est un contrat
non pas consensuel mais solennel dès lors que la loi exige qu'il soit constaté par
un écrit.172 Il critique la jurisprudence qui considère la forme écrite qui n'est pas
prescrite à peine de nullité comme une simple exigence de preuve et pense
qu'elle est à l'encontre de la volonté du législateur.173
Il donne au caractère solennel d'un contrat une acception plus large. En
droit congolais, la solennité requiert l'implication d'une autorité publique. 174
Les assurances obligatoires ne vont pas sans poser problème au regard
du principe de la liberté contractuelle.
Bien que les parties soient tenues de souscrire les assurances
obligatoires, leur consentement joue un rôle considérable dans la conclusion des
contrats considérés. Le propriétaire d'un véhicule peut se refuser à conclure avec
l'assureur le contrat d'assurance de responsabilité en matière d'utilisation des
véhicules automoteurs et se mettre ainsi dans une situation infractionnelle. En
l'absence d'un contrat, la loi rendant obligatoire cette assurance ne tient pas lieu
de contrat.
Il va sans dire que cette loi déroge au principe de la liberté
contractuelle dans le but de protéger les victimes des accidents de la circulation.
Elle ne viole pas le principe étant entendu qu'une loi ne peut pas violer une autre.
2.3. Le contrat d’assurance est un contrat synallagmatique
L’article 2 du code civil livre III définitif « le contrat synallagmatique
comme étant le contrat par lequel les contractants s’obligent réciproquement les
171 er
Cass. 1er civ 9 mars 1999, Bull civ I ne 89p 53, Cass 1 civ, 19 mars 1966, RCA juin 1996, n°235, p.14 citée
par Nicolas Véronique, op. cit n°220 p99, cf. également Cass 2èrne civ, 14 juin 2007, Bull, liv II N°153.
172
Jacques Ghestin, Traité de Droit civil, Les obligations, le contrat, Paris, LGDJ, 1980, p.5 ; voir aussi Jacques
ème
Flour et Jean Luc Aubert, Les obligations, L'acte juridique, 8 édition, Paris, Armand Colin, 1998, n°90, p.57
173
Jacques Ghestin, op. cit.
174
Orban Paul, Droit civil du Congo Belge, Tome II, Contrats et obligations, Bruxelles, Maison Ferdinat Larcier,
1956.
47
uns envers les autres ». Il se particularise, donc, par la réciprocité des
obligations175. L’engagement de l’assureur est lié à celui de l’assuré et
inversement.
Dans le contrat d’assurance l’assuré s’oblige à payer la prime et à
déclarer le sinistre. L’assureur s’oblige, pour sa part, à garantir le risque visé.
Si l’assuré est en défaut d’accomplir ses obligations, l’assureur est fondé à
ne pas exécuter les siennes. Il est en droit d’invoquer l’exception d’inexécution
(l’exceptio non adimpleti contractus) ou de rompre le contrat.
Il peut arriver qu’un tiers au contrat d’assurance paie la prime pour le
compte de l’assuré. Dans cette hypothèse, ce dernier n’est pas redevable envers
l’assureur de la prime. Reinecke, Van Der Merwe, Van Nierkerk et Peter Havenga
sont d’avis que dans ce cas le contrat d’assurance n’est pas réciproque mais
unilatéral176.
2.4. Le contrat d’assurance est un contrat aléatoire
L’article 4 du code civil congolais livre III dispose que le contrat est
« commutatif lorsque chacune des parties s’engage à donner ou à faire une chose
qui est regardée comme l’équivalent de ce qu’on lui donne ou ce qu’on fait pour
elle. Lorsque l’équivalent consiste dans la chance de gain ou de perte pour
chacune des parties, d’après un évènement incertain, le contrat est aléatoire ».
Le contrat est aléatoire si « l’une au moins des prestations dépend dans
son existence ou son montant d’un évènement incertain »177. Dans le contrat
d’assurance contre les accidents, l’incertitude porte sur l’exécution par l’assureur
de son obligation, en ce sens que le paiement de l’indemnité par l’assureur
175
P. ORBAN, Droit civil du Congo Belge, tome II, contrats et obligations, Bruxelles, maison Ferdinand Lacier,
1958, n°15, p.20, voir aussi Jacques Ghestin, op. cit. p.7.
176
MFB REINECKE, SCHALK Van DER MERWE, J.P. VAN NIEKERK et P. HAVENGA, op. cit., n°121, 122, 123 et 531,
pp.73, 74, 75 et 379.
177
J. GHESTIN, op. cit., voir aussi J. FLOUR et J.L. AUBERT, Les obligations. L’acte juridique, 3e édition, Paris,
Armand Colin, 1998, n°87, p.55, voir également, P. ORBAN, op. cit., n°18, p.220.
48
dépend de l’éventualité d’un accident178. Donc l’obligation de l’assureur est
conditionnelle179.
Lorsque la réalisation d’un risque est très probable, l’aléa disparait et le
risque devient inassurable180.
Véronique NICOLAS le confirme lorsqu’elle enseigne que « …le contrat
d’assurance est aléatoire parce que la prestation de l’une des parties est
conditionnelle, et elle est conditionnelle parce qu’elle dépend du hasard, c’est-à-
dire d’un évènement incertain ».181 La survenance de cet évènement engendre un
déséquilibre économique au niveau des prestations des parties182.
Lorsque la réalisation de l’évènement est incertaine, le contrat est
aléatoire. Il en est de même lorsque la date de survenance de cet évènement est
incertaine.183
Le contrat aléatoire s’oppose au contrat commutatif dans lequel l’avantage
poursuivi par chacune des parties est de nature à être évalué par elle. Les
prestations dans ledit contrat sont certaines.184
Bien qu’il soit aléatoire, le contrat d’assurance n’est pas un contrat de jeu
qui est généralement prohibé sauf dans certaines occurrences. Le contrat de jeu
n’implique pas l’idée de protection d’un intérêt susceptible d’être préjudicié.
Au reste, l’utilisation de la statistique par l’assureur pour évaluer et
sélectionner les risques n’élimine pas le caractère aléatoire du contrat
d’assurance185.
178
J. GHESTIN, op. cit., p.14 ; voir aussi J. FLOUR et J. L. AUBERT, op. cit., n°87, p.55 ; cf. également P. ORBAN,
op. cit. n°18, p.220.
179
Y. LAMBERT FAIVRE, op. cit., p.65.
180
Idem.
181
N. NICOLAS, op. cit., n°174, p.81.
182
Idem.
183
V. NICOLAS, op. cit., n°58, p.37.
184
A. BENABENT, Droit civil. Les obligations, Paris, Monchrétien, 1999, n°20, pp.13-14
185
R. BOUILLANT, L’aléa dans le contrat d’assurance maritime, mémoire de Master 2, mention droit maritime
et des transports, Faculté de droit et des sciences politiques, Université d’Aix-Marseille, 2004-2005, p.11.
49
2.5. Le contrat d’assurance est un contrat à titre onéreux
« Le contrat à titre onéreux est celui qui assujettit chacune des parties à
donner ou à faire quelque chose », dispose l’article 6 du code civil congolais livre
III. Cette définition semble poser problème dans la mesure où elle est susceptible
de conduire à confondre le contrat à titre onéreux et le contrat synallagmatique.
ORBAN l’a relevé il y a bien longtemps lorsque il a écrit que la définition que
donne le code du contrat à titre onéreux n’est pas tout à fait exacte car elle
assimile le contrat à titre onéreux au contrat synallagmatique. Or, certains
contrats unilatéraux peuvent être à titre onéreux, tel est le contrat de prêt à
intérêt »186.
En réalité, le contrat à titre onéreux est un contrat aux termes duquel celui
qui s’oblige le fait en vue d’obtenir de son contractant un avantage correspondant
à celui qu’il lui procure.
L’assuré a l’obligation de payer la prime. L’assureur s’engage aussi à
garantir le risque visé et à payer une indemnité ou à exécuter une prestation en
nature en cas de réalisation du sinistre. L’un et l’autre poursuivent un profit.
2.6. Le contrat d’assurance est un contrat de bonne foi
L’article 33 du code civil livre III dispose que « les conventions
légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent
être révoquées que de leur consentement mutuel ou pour les causes que la loi
autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi ».
Appliquée au contrat l’assurance, cette disposition implique que l’assuré
doit faire montre de loyauté, de sincérité, l’honnêteté et d’absence de malice
surtout que l’on sait que l’assureur accepte sans vérification rigoureuse ses
déclarations. Le manque de loyauté et de sincérité dans son chef est susceptible
d’entrainer la nullité ou la déchéance du droit que lui confère ce dernier.
186
P. ORBAN, op. cit., n°19, p.22.
50
L’obligation de bonne foi présuppose que tant lors de la conclusion du
contrat qu’au cours du contrat, l’assuré doit déclarer187 tout fait ayant une
incidence sur le contrat188. Elle interdit à l’assuré de cacher ce qu’il connait
personnellement de manière à ne pas conduire l’assureur à conclure sur une
base erronée.189
L’assuré ne doit, toutefois, révéler que ce qu’il connait. Il ne doit pas
révéler ce qu’il ne connait pas.190 Lorsqu’il omet de bonne foi de révéler un fait, il
n’est blâmable que si un homme normalement prudent placé dans les mêmes
circonstances de fait que lui déclare ce fait. Toutefois, l’indemnité à laquelle il
peut avoir droit sera réduite.
Le fait dont la révélation est exigée doit être de nature à influer sur la
décision de l’assureur d’accepter le risque ou de fixer une prime élevée.191
L’obligation de bonne foi incombe également à l’assureur qui doit aviser
l’assuré de tout fait qu’il considère comme susceptible d’influer sur le contrat.192
L’obligation de bonne foi incombe aux parties pendant les négociations,
durant le contrat et lors de la survenance du sinistre.193 Elle reprend également
vigueur lors du renouvellement du contrat.194
La bonne foi a pour fonction d’atténuer l’application de sanctions en cas
de violation par l’assuré des obligations découlant des dispositions légales
d’ordre public. En revanche, en cas de mauvaise foi de ce dernier la sanction est
appliquée avec rigueur.
187
D.M. DAVIS, op. cit., p.112.
188
Idem.
189
Ibidem.
190
Ibidem.
191
Ibidem.
192
D.M. DAVIS, op. cit., p.113.
193
Idem, p.115.
194
D.M. DAVIS, op. cit., pp.126-127, voir aussi M. FAUQUE, op. cit. pp.72-74.
51
2.7. Le contrat d’assurance est un contrat successif
Le contrat d’assurance est à exécution successive. Cela veut être qu’il
s’étale dans le temps. Qu’elle soit longue ou brève la garantie de l’assureur dure
dans le temps après la conclusion du contrat. Cela a une incidence sur la rupture
du contrat et sur la nature de la prime.
Etant à exécution successive, le contrat d’assurance ne peut pas être
rompu avec effet rétroactif, sauf dérogation prévue par la loi.
2.8. Le contrat d’assurance est un contrat d’adhésion
Le contrat d’adhésion est un contrat pré-rédigé unilatéralement par l’une
des parties, l’autre partie étant tenue d’y d’adhérer sans possibilité de le
modifier.195 Le contrat d’assurance est considéré comme un contrat d’adhésion.196
Ce qui n’est toujours pas vrai dans la mesure où il nécessite l’accord des parties.
Même s’il est rédigé par l’assureur, il doit, pour être valide, être accepté par
l’assuré. Il est vrai que les assurés ignorent les méandres du droit des assurances.
Mais, leur protection ne résulte pas de la prohibition des contrats d’adhésion mais
de l’interdiction des clauses abusives.
2.9. Le contrat d’assurance est un contrat individuel
Le contrat d’assurance lie l’assureur à l’assuré. Il produit des effets entre
les parties contractantes. Il peut être aussi un contrat collectif, c’est le cas du
contrat d’assurance groupe qu’un employeur peut conclure au profit de son
personnel.
Il importe de noter que de tous les caractères du contrat d’assurance
examinés seul le caractère aléatoire est spécifique audit contrat. Les autres
caractères se trouvent dans un grand nombre de conventions.
195
J. GHESTIN, op. cit., pp.257 et 483.
196
G. PINDI MBESA KIFU, Le droit zaïrois de la consommation, Kinshasa, édition CADICEC, 1995, pp.83-84.
52
Section 2 : Conclusion du contrat d'assurance
La conclusion du contrat d'assurance présuppose la présence des
parties contractantes, l’accord des volontés de celles-ci et son entrée en vigueur.
§.1. Les parties
Le contrat d'assurance met en présence l'assuré et l'assureur. A ces
derniers s'ajoutent dans certaines formes d’assurances les tiers bénéficiaires.
a. L'assuré
L'article 3 point 11 du code des assurances définit l'assuré comme une «
personne physique ou morale sur laquelle ou sur les intérêts de laquelle repose
l'assurance. Il s’agit « de la personne, qui ayant intérêt à se couvrir d'un risque
déterminé, [...] contracte un contrat d'assurance à son bénéfice personnel ou à
celui d'un tiers convenu... »197
Autrement dit, c'est la « personne sur la tête [...] ou sur les intérêts [...] de
qui pèse le risque assuré ».198
Par intérêt d'assurance, on entend « l'avantage que l'assuré retire de la
situation d'assurance »199. Cet avantage consiste à être protégé contre la
réalisation d'un sinistre.200
Deux concepts s'affrontent autour de la notion d'assuré. Il s'agit du preneur
d'assurance et du souscripteur.
Le preneur d'assurance ou le souscripteur est la personne qui conclut un
contrat avec l'assureur.
Dans les assurances des dommages, l'assuré est la personne qui est
garantie par la police d'assurance souscrite contre la perte d'un bien ou la dette
197
NGUYEN CHANH Tarn et All, Lexique de Droit des affaires zaïrois, Kinshasa, Faculté de Droit, 1972, p.39.
198 eme
James Landal, Lexique des termes d'assurance, 5 édition, Paris, Editions l'Argus de l'Assurance, 2007,
p.55.
199
Provost Magalie, La notion d'intérêt d'assurance, Paris, LGDJ Lextenso éditions, 2009, p 5-6.
200
Idem, p.7.
53
de créance. L'assuré est donc le titulaire de l'intérêt d'assurance qui est un
élément essentiel du contrat d'assurance.
Dans les assurances de personnes, l'assuré est la personne sur la tête de
laquelle repose le risque de survenance de l'événement assuré. On l'appelle la
tête assurée.
La présence physique de l'assuré n'étant pas requise lors de la conclusion
de la police, l'assuré peut, en vertu d'un mandat, s'y faire représenter.
Capacité de l'assuré
Pour que le contrat d'assurance soit valablement conclu l'assuré doit
être capable de contracter, c'est-à-dire, il doit être majeur et sain d'esprit. La
majorité civile est fixée en droit congolais à l'âge de dix-huit ans201.
Le mineur ne peut conclure le contrat d'assurance que par
l'intermédiaire de ses père et mère ou de son tuteur.
Toutefois, le mineur émancipé jouit de sa pleine capacité.202
Lorsqu'un mineur non émancipé conclut seul le contrat d'assurance,
celui-ci est susceptible de nullité relative.203 L'action en nullité ne peut être initiée
que par le mineur, ses père et mère, son tuteur ou par ses héritiers.204
Le contrat irrégulier ne peut pas être annulé si l'assureur a cru de
bonne foi que le mineur a été autorisé à le conclure et qu'il est prouvé que
l'assureur n’a pas abusé de son inexpérience.205
S'agissant de la femme mariée, le nouvel article 448 du code de la
famille exige qu'elle obtienne pour conclure valablement le contrat d'assurance,
l'accord de son mari et non l’autorisation de ce dernier.
201
Article 299 du code de la famille.
202
Article 289 et 292 du code de la famille.
203
Article 294 du code de la famille.
204
Article 295 du code de la famille.
205
Article 296 du code de la famille.
54
Cet article dispose que « les époux doivent s'accorder pour tous les
actes juridiques dans lesquels ils s'obligent à une prestation qu'ils doivent
effectuer ».
Si l'accord considéré n'est pas obtenu le conjoint abusé est en droit de
saisir le tribunal de paix.
On le voit, le législateur a supprimé la discrimination au préjudice de la
femme mariée en remplaçant l'autorisation maritale par l'obligation pour chaque
époux de requérir l'accord de l'autre pour l'accomplissement de tout acte
juridique qu'il envisage.206
Si l'approche est conforme à la constitution elle ne rend pas la femme
mariée apte à conclure librement le contrat d'assurance. Elle demeure tenue de
requérir l'accord du mari tout comme ce dernier est en obligation d'obtenir celui
de l'épouse pour l'accomplissement de tout acte juridique, y compris le contrat
d’assurance.
Le contrat d'assurance conclu par la femme mariée sans l'accord marital
en violation de l'article 448 susvisé est nul de nullité relative. Cette nullité ne peut
être évoquée que par la femme, le mari ou leurs héritiers.207
De même, le contrat d'assurance que conclut le mari sans l'accord de
son épouse est nul de nullité relative.
Pour ce qui est des interdits, ils sont placés par le législateur sous le
régime d'incapacité. Ils sont, dès lors, incapables de conclure le contrat
d'assurance. Ils ne peuvent le faire que par l'intervention de leur tuteur.
Il n'en va pas de même du faible d'esprit, des prodigues et des
personnes dont les facultés corporelles sont altérées par la maladie ou l'âge.
206
Cf. nouvel article 448 du code de la famille tel que modifié et complété par la loi n°16/008 du 15 juillet
2016, in journal officiel du 27 juillet 2016.
207
Article 452 du code de la famille tel que modifiée et complété par la loi n°16/008 du 15 juillet 2016, in
journal officiel du 27 juillet 2016.
55
En cas de mise sous curatelle, ces personnes ne peuvent plaider,
transiger, emprunter, recevoir un capital mobilier, en donner décharge, aliéner,
grever leurs biens d'hypothèques, et faire le commerce sans l'assistance du
curateur.208
Dans la mesure où le contrat d'assurance n'est pas compris dans cette
énumération elles sont libres de le conclure.
b. L'assureur
L'assureur est « la personne qui, moyennant le paiement de prime ou de
cotisation, s'engage à verser à l'assuré ou à un tiers une somme d'argent, une
rente ou de lui fournir une prestation en cas de survenance d'un sinistre ».209
Seules les personnes morales de droit congolais ayant la forme de
société anonyme pluripersonnelle ou des mutuelles sont habilitées à exercer les
activités d'assurance et de réassurance.
Cette exigence procède de l'article 285 du code des assurances, qui
dispose que « Toute entreprise d'assurance ou de réassurance qui sollicite
l'agrément pour opérer dans le secteur des assurances ou des réassurances est
tenue de se constituer sous forme de société anonyme non unipersonnelle ou de
mutuelle et de fixer son siège social en République Démocratique du Congo ».
Les sociétés étrangères ne peuvent s'adonner aux activités susvisées
sur le territoire congolais que lorsque le marché national d'assurances n'est pas
en mesure de couvrir un risque ou une catégorie de risques. De plus, elles
doivent obtenir l'autorisation du ministre des Finances210.
Dans la même occurrence, des risques localisés en République
Démocratique du Congo ne peuvent être couverts par une société étrangère.211
208
Aticle 313 du code de la famille.
209
NGUYEN CHANHTAM, Lexique de droit des affaires, UNAZA, Faculté de droit, Kinshasa, 1972, p.39.
210
Article 285 alinéa 3 du code des assurances.
211 e
Article 286 alinéa 1 du code des assurances.
56
Exceptionnellement, ils peuvent être placés à l'étranger en
réassurance. Lorsque les risques à réassurer excèdent 75% du portefeuille de
l'assureur, l'autorisation du ministre des Finances est requise.212
En revanche, la réassurance à l'étranger des risques portant sur les
aéronefs, les corps de véhicules maritimes, lacustres et pluviaux et les corps de
véhicules ferroviaires est libre.213
Il en est de même des risques de responsabilité civile résultant de
l'exploitation des aéronefs et de celles des véhicules maritimes, lacustres et
fluviaux.
Une autre obligation incombe aux sociétés qui envisagent de s'adonner
aux activités d'assurances. Elles doivent avoir un capital minimum de
10.000.000.000 (dix milliards de francs congolais en espèce)214.
Toutefois, l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances peut
requérir un capital social supérieur au minimum légal.215
Par ailleurs, les actions des sociétés susdites doivent être libérées à
concurrence de la moitié au moins, le solde devant l'être dans les six mois de
l’immatriculation de la société au RCCM216 ou registre du commerce et du crédit
mobilier.217
En outre, l’assureur doit constituer les provisions techniques et les
provisions mathématiques. Il doit également avoir une marge de validité
suffisante pour la sécurité des assurés.
212
Article 286 alinéa 2 du code des assurances.
213
Article 286 alinéa 2 et article 402 du code des assurances.
214
Article 295 du code des assurances.
215
Article 295 alinéa 2 du code des assurances.
216
Article 295 alinéa 3 du code des assurances.
217
Article 295 alinéa 4 du code des assurances.
57
Les mutuelles d'assurances sont mêmement assujetties à l'obligation
d'un fonds d'établissement minimum de 3.000.000.000 (Trois milliards de Francs
Congolais).218
De plus, les sociétés d’assurances et les mutuelles d’assurance doivent
être agréées par l'Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances.219
Les mutuelles d'assurances peuvent constituer les mutuelles de
réassurance pour prendre en charge les risques qu'elles ont garantis.220
Les mutuelles de réassurance doivent comprendre aux moins sept
sociétés adhérentes.221
Les sociétés d'assurances agréées ont l'obligation de constituer une
association professionnelle destinée à protéger leurs intérêts.222
Parallèlement à leurs activités d'assurances, les sociétés d'assurances
ne peuvent aucunement exercer d'autres activités commerciales ou
industrielles.223 Il s'agit là de la limitation de la capacité d'exercice qui se fonde
sur le principe de spécialité qui conditionne le fonctionnement des personnes
morales.
Au travers de cette limitation, le législateur congolais veut empêcher
les sociétés d'assurances de disperser leurs efforts pour ne pas entamer leur
surface financière surtout qu'elles mettent en jeu les fonds mis à leur disposition
par la mutualité des assurés. Toutefois, elles peuvent développer des activités
connexes ou complémentaires.
L'article 293 alinéa 1er du code des assurances est explicite à ce sujet
lorsqu’il dispose que « les entreprises soumises au contrôle institué par la
218
Article 304 du code des assurances.
219
Article 400 du code des assurances.
220
Article 347 du code des assurances.
221
Ibidem.
222
Article 294 du code des assurances.
223
Article 293 du code des assurances.
58
présente loi ne peuvent avoir d'autre objet que celui de pratiquer des opérations
qui y sont mentionnées ainsi que celles qui en découlent directement ».
Elles peuvent également être les mandataires d'autres entreprises
d'assurances agréées et conclure en leur nom et pour leur compte des contrats
d'assurance224. L’opération s'apparente à la sous-traitance.
§.3. Autres intervenants
D'autres personnes interviennent au contrat d'assurance. Il s'agit du
tiers bénéficiaire et du tiers responsable.
a. Les tiers bénéficiaires
L'assuré peut conclure le contrat d'assurance dans l'intérêt d'une tierce
personne. Dans cette occurrence, c'est cette personne qui est le bénéficiaire de
l'indemnité d'assurance. On l'appelle tiers bénéficiaire.
Donc, le tiers bénéficiaire est la personne, en faveur de laquelle sont
stipulées les prestations d'assurance. Il est tiers au contrat.
La conclusion du contrat d'assurance au profit d'un tiers s'analyse en
termes de stipulation pour autrui.
Le principe est qu'une personne ne s'engage ou ne stipule en son nom
que pour soi-même.225 Toutefois, l'article 21 du code civil livre III déroge à ce
principe en autorisant que l'on stipule pour autrui si cela constitue la condition
d'une stipulation pour soi ou d'une donation en faveur d'autrui.
L'assurance pour compte de qui il appartiendra constitue une
stipulation pour autrui.
L'article 10 du code des assurances est explicite à ce sujet lorsqu'il
énonce que « l'assurance peut être contractée en vertu d'un mandat général ou
spécial ou même sans mandat, pour le compte d'une personne déterminée. Dans
224
Article 293 alinéa 2 du code des assurances.
225
Article 19 du code civil congolais livre III.
59
ce dernier cas, « l'assurance profite à la personne pour compte de laquelle elle a
été conclue, alors même que la ratification n'aurait lieu qu'après le sinistre. Elle
peut aussi être contractée pour le compte de qui il appartiendra... ».
L'assurance de groupe souscrite par l'employeur pour le compte des
travailleurs et l'assurance en cas de décès sont des assurances pour compte
d'autrui.226
b. Les tiers responsable du sinistre
Il s'agit de la personne qui a causé le dommage couvert par l'assureur à
l'exclusion de l'assuré.
L'assureur des choses, qui règle un sinistre, a un recours contre le tiers
responsable. Il s'agit là d'un droit dérivé qu'il a acquis de l'assuré par le biais de la
subrogation et qui se justifie par le fait que le tiers responsable du sinistre n'est
pas fondé à profiter de la police d'assurance contractée par la victime.227
Il est vrai que le tiers responsable du sinistre n’est pas partie au contrat
d'assurance mais ce dernier lui est opposable et l'inclut dans des liens juridiques
qui en résultent.
L'article 45 alinéa 1er du code des assurances énonce que « l'assureur
qui a payé l'indemnité d'assurance est subrogé, jusqu'à concurrence de cette
indemnité, dans les droits et actions de l'assuré contre les tiers qui, par leur fait,
ont causé le dommage ayant donné lieu à la prestation de l'assureur ».
Il importe de noter que lorsque l'assuré est l'auteur du dommage
l'assureur ne peut pas se retourner contre lui. Il en est ainsi en cas d'assurance de
responsabilité civile, sauf s'il a indemnisé la victime en dépit de la déchéance
encourue par l'assuré.
226
FAUQUE Maurice, Les assurances, collection que sais-je, Paris, PUF, 1961, p.81.
227
El Bakel Malika, Règlement des sinistres par l'assurance Corps, Mémoire de Master 2 Faculté de Droit,
Université d'Aix en Provence, 2004-2005, p.47.
60
Il ne peut pas non plus réclamer le paiement de l'indemnité aux
préposés, aux employés de l’assuré et aux habitants avec ce dernier.
L'alinéa 2 de l'article 45 du code des assurances, qui comporte ces
exclusions, dispose que « par dérogation aux dispositions précédentes l'assureur
n'a aucun recours contre les enfants, descendants, ascendants, alliés en ligne
directe, préposés, employés, ouvriers ou domestiques et généralement toutes
personnes vivant habituellement au foyer de l'assuré sauf cas de malveillance
commise par une de ces personnes ».
S'agissant des préposés, il y a lieu de préciser que leur commettant ne
peut exercer une action récursoire contre eux lorsqu'ils ont agi sans excéder les
missions qu'il leur a assignées.228
Il en découle qu'en matière d'accident de la circulation les cours et
tribunaux n'ont pas à condamner solidairement ou in solidum l'assureur, le
commettant et le préposé auteur de l'accident.229
§.4. Les intermédiaires d'assurance
Les intermédiaires d'assurances sont des agents généraux, les courtiers et
les producteurs salariés.
Les agents généraux
Aux termes de l'article 3 point 1 du code des assurances, l'agent
général d'assurance est « une personne physique ou morale, mandataire d'une
société d’assurance, qui dans une circonscription déterminée, la représente et lui
réserve l'exclusivité de sa production. Il est lié à l'assureur par un contrat de
nomination qui détermine l'étendue et la nature des obligations de l'agent et de
son entreprise mandante ». Autrement dit, les agents généraux sont des
mandataires de l'assureur qui sont chargés de distribuer et de gérer les produits
et les services d'assurances de ce dernier et de lui seul.
228
Couret Alain et Fortis Elisabeth, Droit pénal du travail, Paris, Lexls-Nexis, Litec, 2008, p.101.
229
Cf. en ce sens TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des relations du travail, Kinshasa, édition
connaissances du droit, 2017.
61
Pour exercer la fonction d'agent général d'assurance il faut avoir été
déclaré à l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) et
posséder une carte délivrée par cette dernière.
Lorsqu'il s'agit d'une personne morale elle ne doit pas avoir été soumise
au régime de redressement et de liquidation judiciaire.230
Si le candidat est une personne physique, il doit être majeur, n'avoir
pas été condamné à une peine de servitude pénale pour une infraction
intentionnelle et n'avoir pas été révoqué des fonctions de l'officier du ministère
public.231
De plus, il doit être de nationalité congolaise, être détenteur des
diplômes certifiant qu'il a acquis des connaissances en matière d'assurance et
avoir une expérience d'au moins deux ans dans le domaine d'assurance ou dans
une entreprise commerciale ou industrielle.232
- Les courtiers
L'article 208 de l'acte uniforme relatif au droit commercial général
appréhende le courtier comme « le professionnel qui met en rapport des
personnes en vue de faciliter ou de faire aboutir la conclusion de conventions
entre ces personnes ».
Un courtier peut être un simple médiateur. Il peut être aussi un
mandataire.
Les courtiers d'assurance sont des commerçants.233 Ils doivent être
autorisés à exercer en tant que tels par l'Autorité de Régulation et de Contrôle des
Assurances.234
Ne peuvent exercer la fonction de courtier :
230
Article 463 du code des assurances.
231
Article 468 du code des assurances.
232
Ibidem.
233
Article 483 du code des assurances.
234
Article 484 alinéa 1 du code des assurances.
62
- les entrepreneurs de travaux publics et de bâtiments ;
- les architectes ;
- les constructeurs automobiles et leurs filiales ;
- les garagistes concessionnaires ;
- les agents de vente de véhicules ;
- les réparateurs de véhicules ;
- les sociétés de financement d'achat des véhicules ;
- les sociétés commerciales et industrielles ;
- les experts comptables ;
- les conseillers juridiques ;
- les conseillers fiscaux ;
- les experts d'assurances ;
- les administrateurs, dirigeants, inspecteurs et employés des sociétés
d'assurance ou de réassurance ;
- les agents immobiliers, les administrateurs de biens, les mandataires en
vente ou location de fonds de commerce ;
- les administrateurs et agents de sociétés de construction ou de promotion
immobilières ;
- les agents qui négocient les contrats d'assurance des entreprises qui les
emploient ou de leurs filiales.235
Il est interdit aux courtiers de percevoir les primes dues aux sociétés
d'assurances par les assurés.236 Ils ne peuvent les encaisser qu'en vertu d'un
mandat leur donné par les compagnies d'assurances.237
De même, ils ne sont pas autorisés à compenser les primes encaissées
avec les commissions qui leur sont dues par les assureurs.238
En cas d'encaissement des primes, ils sont tenus de les verser aux
assureurs dans un délai de 10 jours ouvrables qui suivent leurs encaissements.239
235
Article 486 alinéa 1 du code des assurances.
236
Ibidem.
237
Ibidem.
238
Article 486 alinéa 2 du code des assurances.
63
Les courtiers ne peuvent aucunement délivrer les notes de couverture
aux assurés.240 Ils ne peuvent le faire que moyennant un mandat de l'assureur241.
Chaque courtier a l'obligation de souscrire une police d'assurance de
responsabilité professionnelle couvrant sa responsabilité.242
L'assurance doit comprendre une garantie de 20.000.000 francs
congolais par sinistre.243
§.5. Formation du contrat d’assurance
Le contrat d’assurance requiert l’accord des volontés de l’assureur et
de l’assuré sur l’objet de la garantie et la prime.
La personne qui envisage de se couvrir par une police d’assurance fait
une proposition d’assurance à l’assureur. Il s’agit d’une demande de garantie
d’assurance destinée à couvrir les risques qu’elle redoute ou qu’elle souhaite 244
et qui est établie sur un formulaire rédigé par l’assureur. Elle ne lie ni celui-ci ni
l’assuré.245
Si l’assureur l’accepte, il élabore une police qu’il signe et transmet à
l’assuré. Sa signature implique l’acceptation de la pollicitation. L’assuré devra
également signer la police.246
En attendant la finalisation de celle-ci, l’assureur remet à l’assuré la
note de couverture ou la lettre de garantie qui le couvre provisoirement. Lorsque
la police est établie la note de couverture cesse tout effet.
Lorsque la police est établie, elle contient l’identification de l’assureur
et du souscripteur, le préambule, la chose ou la personne assurée, les risques
239
Article 487 alinéa 2 du code des assurances.
240
Article 498 du code des assurances.
241
Ibidem.
242
Ibidem.
243
Article 493 du code des assurances.
244 er
Article 6 alinéa 1 du code des assurances.
245
Idem ss
246 er
Article 6 alinéa 1 du code des assurances.
64
couverts, la période d’assurance, le point de départ, la date de renouvellement,
le montant de la prime, le montant de la garantie, les modalités de modification
du contrat et de terminaison de celui-ci ainsi que le délai de déclaration du
sinistre et le mode de preuve de ce dernier.247
La police d’assurance comprend les conditions générales et les
conditions particulières qui complètent ou dérogent à celle-ci.
§.6. Entrée en vigueur du contrat d’assurance
Aux termes de l’article 16 alinéa 1er du code des assurances, le contrat
d’assurance n’entre en vigueur qu’après le paiement de la prime ou de la
cotisation d’assurance par le souscripteur ou l’assuré.
Il en découle que le contrat d’assurance n’entre pas en vigueur dès sa
conclusion.
En rapprochant l’alinéa 1er de l’article 16 du code des assurances et
l’alinéa 2 du même article qui interdit aux assureurs de conclure ou de renouveler
le contrat d’assurance sans paiement de la prime ou de la cotisation par le
souscripteur ou l’assuré, il se constate que la conclusion du contrat d’assurance et
le paiement de la prime doivent coïncider. Ils doivent se réaliser en même temps.
A la limite, on peut soutenir que la condition de paiement de la prime
est une condition résolutoire du contrat d’assurance en ce sens que le défaut de
paiement de la prime ou de la cotisation entraine sa rupture de plein droit.
Au reste, le paiement de la prime ou de la cotisation par le souscripteur
ou l’assuré est à appréhender comme une des obligations qui procèdent du
contrat d’assurance et qui incombent aux précités dès que le contrat est conclu.
247
Article 9 du code des assurances.
65
§.7. Durée du contrat d’assurance
La durée du contrat d’assurance est fixée librement par les parties
contractantes. Elle peut être déterminée ou indéterminée. Toutefois, elle est, dans
certains types d’assurance, fonction de la durée du risque garanti.
Ainsi, la durée de la police d’assurance tous risques chantiers dépend
de celle des travaux de construction.248 Il en est de même de la police
d’assurance de responsabilité décennale des constructeurs dont la durée est liée
à celle de la responsabilité du constructeur.249
La police d’assurance de responsabilité civile en matière d’utilisation
de véhicules automobiles et celle de l’assurance des risques d’incendie de
certains bâtiments sont normalement à durée indéterminée et ce, compte tenu de
la nature des risques qu’elles couvrent et de leur caractère obligatoire. Toutefois,
pour des raisons pratiques, elles sont conclues pour de courtes périodes d’un
an.250
La police d’assurance décès, dans sa version vie entière, est conclue
pour une durée indéterminée. Elle couvre le risque qui est le décès durant toute
la vie de l’assuré.251
En revanche, le contrat d’assurance décès temporaire a une durée
déterminée par l’assuré.252 Il en est de même du contrat d’assurance en cas de
vie.253
Il importe de relever que par application des articles 24 et 25 du code
des assurances, le contrat d’assurance à durée déterminée dont celle-ci est
supérieure à un an peut être résilié par l’assuré à la date anniversaire de sa
conclusion, cela veut dire le contrat considéré est résiliable par l’assuré à
248
Cf. infra.
249
Cf. infra.
250
Y. LAMBERT-FAIVRE, op. cit., p.108.
251
M. FAUQUE, op. cit., p.35.
252
M. FAUQUE, op. cit., p.35-36.
253
M. FAUQUE, op. cit., pp.33 et 86.
66
l’expiration de la période d’un an, sans indemnité moyennant un préavis d’au
moins un mois.254
Il en est de même des contrats d’assurance à durée indéterminée à
l’exclusion de contrat d’assurance de constructeurs et du contrat d’assurance sur
la vie.
L’assureur jouit également du droit de rompre le contrat dont la durée
excède un an.255
L’assureur et l’assuré peuvent renoncer au droit de résiliation annuelle
du contrat d’assurance que le législateur leur attribue.256 Cette renonciation n’est
autorisée que lorsque l’assuré est une personne morale qui privilégie le contrat
d’assurance pluriannuel.257
Section 3 : Terminaison du contrat d'assurance
Les modes de terminaison du contrat d’assurance varient selon que le
contrat est à durée déterminée ou à durée indéterminée.
§.1. Contrat à durée déterminée et contrat à durée indéterminée
Le contrat d'assurance à durée déterminée prend fin à l'arrivée du
terme. Lorsqu'il est à durée indéterminée, il se termine par la résiliation par l'une
des parties en cas de faute contractuelle de l'autre partie258. Il peut l'être aussi à la
date anniversaire de sa conclusion moyennant un préavis d'au moins un mois259.
Les contrats d'assurance vie et d'assurance construction échappent à la
règle de résiliation à la date anniversaire de leur prise d'effet.260
254
Article 25 du code des assurances.
255
Article 25 alinéa 3 du code des assurances.
256
Article 25 alinéa 4 du code des assurances.
257
Idem
258
Article 24 du code des assurances.
259
Article 25 du code des assurances.
260
Idem.
67
Le décès de l'assuré ne provoque pas la rupture du contrat d'assurance.
Ce dernier se poursuit entre l'héritier et l'assureur. Toutefois, l'héritier a
l'obligation de se faire connaître à l'assureur dans un délai de 30 jours.261
Par ailleurs, il est reconnu à l'héritier ou à l'assureur le droit de rompre
le contrat dans un délai de trois mois à partir du jour du transfert du bien assuré
dans le chef de l’héritier.262
Dans le même ordre d'idées, la vente de la chose assurée laisse
subsister le contrat d'assurance entre l'acquéreur et l'assureur.263
L'acquéreur et l'assureur ont toutefois le droit de résilier le contrat
d'assurance moyennant un délai de préavis de trois mois à compter de la vente.264
S'il y a une portion de la prime qui existe, elle doit être remboursée à
l'acquéreur par l'assureur.265
Dans le cas où la prime n'a pas été acquittée, le vendeur reste tenu de
la payer à l'assureur sauf s'il a avisé l'assureur de la vente par lui de la chose
assurée.266
La situation est tout autre en cas d'aliénation d'un véhicule terrestre à
moteur.
Dans cette hypothèse le contrat d'assurance est suspendu de plein droit
dans les cinq jours qui suivent l'aliénation du véhicule.267
Pendant la suspension du contrat, l'une ou l'autre partie est en droit de
rompre le contrat d'assurance moyennant un préavis de dix jours.268 Les parties
peuvent également remettre le contrat en vigueur.269
261
Article 31 alinea 2 du code des assurances.
262
Idem.
263
Ibidem.
264
Article 31 alinea 2 du code des assurances.
265
Article 31 alinéa 4 du code des assurances.
266
Ibidem.
267
Article 32 alinéa 2 du code des assurances.
68
Si pendant la suspension du contrat celui-ci n'est ni rompu ni remis en
vigueur, il est rompu de plein droit.270
La portion de la prime payée est remboursée à l'assuré par
l'assureur.271
La déconfiture, le redressement et la liquidation judiciaire de l'assuré
n'entrainent pas la résiliation du contrat d'assurance.
Toutefois, le liquidateur peut le résilier moyennant un préavis de trois
mois à compter du redressement ou de la liquidation judiciaire.272
Curieusement, le droit de rompre le contrat pour cause de déconfiture,
de redressement ou de liquidation judiciaire de l'assuré est reconnu à l'assureur
en matière d'assurance de transport maritime, fluvial et lacustre.273 Ce droit est
également attribué à l'assuré lorsque l'assureur est en redressement ou en
liquidation judiciaire.274
Il importe, toutefois, de noter que le changement de domicile, le
changement de profession, la retraite professionnelle, la cessation définitive
d'une activité professionnelle et le changement de régime matrimonial sont
susceptibles d'entraîner la rupture du contrat d'assurance lorsque les risques
couverts s'y rapportent.275
Le contrat est résiliable dans les trois mois qui suivent soit le jour de la
survenance de l'événement considéré276 soit le jour à laquelle la situation
antérieure prend fin (cas de retraite ou de cessation définitive d'activité
268
Ibidem.
269
Ibidem.
270
Article 32 alinéa 3 du code des assurances.
271
Ibidem.
272
Article 33 du code des assurances.
273
Article 78 du code des assurances.
274
Article 78 alinéa 2 du code des assurances.
275
Article 27 du code des assurances.
276
Article 27 alinéa 3 du code des assurances.
69
professionnelle)277 soit le jour où l'acte juridictionnel le constatant est passé en
force de chose jugée.278
Les contrats d'assurance sur la vie ne peuvent aucunement être rompus
en cas de survenance de l'un ou de l'autre événement précités.279
La perte de la chose assurée résultant d'un événement non visé par le
contrat d'assurance et survenant après la conclusion du contrat entraine la
résiliation de plein droit du contrat d'assurance.280
De même, le retrait de l'agrément accordé à une société d'assurances
ou de réassurance, à une mutuelle d'assurance ou de réassurance entraine la
rupture des contrats d'assurances conclus par l'assureur et divers assurés.281
En revanche, la réquisition d'un véhicule n'entraine pas la rupture du
contrat d'assurance. Elle n'a qu'un effet suspensif.
Section 5 : Le contentieux du contrat d'assurance
Les différends relatifs au contrat d’assurance donnent lieu à des actions
judiciaires devant les cours et tribunaux.
§.1.Action judiciaires afférentes au contrat d’assurance
Le contrat d'assurance peut donner lieu à des actions en justice en cas
d'inexécution par l'une des parties de ses obligations contractuelles.
En matière d'assurance de responsabilité civile, l'assureur est
régulièrement impliqué dans les actions judiciaires par les victimes des
dommages qu'elles subissent du fait de l'assuré.
Les victimes d'accidents de la circulation ont une action directe contre
l'assureur. L'article 57 alinéa 2 du code des assurances est en ce sens lorsqu'il
277
Article 27 alinéa 6 du code des assurances.
278
Article 27 alinéa 7 du code des assurances.
279
Article 27 infine du code des assurances.
280
Article 30 du code des assurances.
Article 78 alinéa 2 du code des assurances.
70
énonce que « le tiers lésé ou ses ayants droit peuvent poursuivre directement
l'assureur du responsable pour obtenir la réparation de leurs dommages ».
L'action directe peut être intentée contre l'assureur tout aussi bien
devant les tribunaux civils que devant les tribunaux répressifs. L'article 221 du
code des assurances est en ce sens lorsqu'il dispose que « Au cas où une
juridiction répressive est saisie d'une action publique contre l'assuré, elle sera
compétente pour connaître de l'action directe prévue par l'article précédent de la
présente loi ».
Il s’agit en réalité d’une citation directe devant le tribunal répressif.
L'action directe se définit comme une action que peut exercer un tiers à
un contrat auquel est partie son débiteur et ce, contre le co-contractant débiteur
de celui-ci en vertu de la loi et sans qu'il y ait cession de droit ou stipulation pour
autrui.282
Lorsque l'assuré a couvert sa responsabilité civile seul l'assureur doit
être condamné à indemniser la victime.
Mais, généralement, les cours et tribunaux condamnent in solidum
l'assureur et l'assuré à indemniser la victime ou ses ayants droit.
§.2. Les juridictions compétentes
L'action en réparation des dommages peut être portée par les victimes
devant le tribunal répressif. Dans cette occurrence, l'assureur doit être cité
devant cette juridiction.
L'assureur peut également être cité devant le tribunal de commerce
territorialement compétent.
Les actions en paiement des indemnités par l'assureur doivent être
portées devant le tribunal de commerce du domicile de l'assuré lorsque
282 er
Van Omneslaghe Pierre, Droit des obligations volume 1, 1 licence en droit, Université libre de Bruxelles,
1985-1986, Bruxelles, PUB, p.256.
71
l’assureur est commerçant. L'article 34 du code des assurances est explicite à ce
sujet lorsqu'il mentionne que « pour tout litige relatif à la fixation et au règlement
des indemnités dues après sinistre, le tribunal compétent est celui du domicile de
l'assuré de quelque espèce d'assurance qu’il s'agisse ».
Par dérogation à cette règle, les actions judiciaires doivent, en matière
immobilière ou mobilière, être portées devant le tribunal du lieu où sont localisés
les risques (lieu de l'immeuble ou du meuble).283
En matière d'accidents, l'assureur est cité devant le tribunal du lieu de
l'accident.284
§.3. La prescription
a. Approche lexicale
La prescription se définit comme « un moyen d'acquérir ou de se
libérer par un certain laps de temps et sous les conditions déterminées par la loi
».285 Il s'agit d'une érection du fait en droit286.
La prescription produit des effets acquisitifs et libératoires.287
En tant que phénomène extinctif, la prescription permet au débiteur de
se libérer de la dette et au propriétaire d'affranchir son immeuble d'une charge
réelle le tout sans prestation aucune. Autrement dit, elle est un mode d'extinction
d'une obligation ou d'un droit à la suite de l'écoulement d'un laps de temps
conjugué à l'inaction du créancier. Elle est destinée à consolider les situations de
fait éprouvées par le temps et à sanctionner le créancier qui est censé avoir
abandonné ses droits.
283 e
Article 34 alinéa 1 du code des assurances.
284
Article 613du code civil livre III.
285
Fréderic ZENATI et Stéphane FOURNIER, « Essai d’une théorie unitaire de la prescription » in revue
trimestrielle de droit civile (2), avril-juin 1996, pp.339 et suivantes.
286
Ibidem.
287
Article 35 du code des assurances.
72
b. Délai de prescription
Le code des assurances du 17 mars 2015 prévoit trois délais de
prescription.
En matière d'assurance de risque d'incendie et d'assurance de risque
de transport, le délai de prescription est de deux ans.288
En revanche, en matière d'assurance sur la vie, le délai de prescription
est de cinq ans289. En matière d'accident de la circulation routière, le délai de
prescription est de quinze ans pour les victimes.290 Le délai est de cinq ans pour
les ayants droit des victimes décédées.291
S'agissant du dies aquo, la prescription court à compter de l'événement
qui génère l'action judiciaire.292 En matière de dommages causés au tiers par
l’assuré la prescription de l'action de ce dernier contre l'assureur court à compter
de l'action en justice diligentée par le tiers contre l'assuré ou à partir du jour où le
tiers a été indemnisé.293
En cas de sinistre, la prescription court à partir du moment où les
intéressés en ont eu connaissance.294
Dans l'hypothèse où il y a réticence, omission, déclaration fausse ou
inexacte sur le risque couru, la prescription court à compter du jour où l'assureur
en a eu connaissance.295
c. Interruption et suspension de la prescription
La prescription est susceptible d'interruption et de suspension.
288
Article 35 alinéa 1 du code des assurances.
289
Article 35 alinéa 2 du code des assurances.
290
Article 159 du code des assurances.
291
Article 35 du code des assurances.
292
Article 35 alinéa 2 du code des assurances.
293
Article 35 alinéa 4 du code des assurances.
294
Article 35 alinéa 3 du code des assurances.
295
Article 35 alinéa 3 du code des assurances.
73
L'interruption de la prescription est l'effacement du temps écoulé et
marque le commencement d'une nouvelle prescription.
Aux termes des articles 638 et 640 du code civil livre III, la prescription
est interrompue par :
- une citation en justice,
- une requête devant les tribunaux ;
- un commandement ;
- une saisie ;
- ma reconnaissance de droit.
Par application de l'article 36 du code des assurances, la prescription
peut également être interrompue par la réclamation de l'assuré ou de l'assureur.
Elle peut aussi être interrompue par la désignation d'un expert à la suite d'un
sinistre.
La prescription est suspendue par la minorité et l'interdiction de
l’assuré. Cela procède des articles 235 et 295 du code de la famille.
La force majeure, la guerre et l'ignorance sont également susceptibles
de suspendre la prescription.
En cas de suspension de la prescription, le temps couru subsiste et
s’ajoute au temps qui reste à courir lorsque la cause de la suspension disparait.
d. Effets de la prescription
La prescription a pour effet d’éteindre le droit, l’obligation et les
actions y afférentes.
L'obligation prescrite change de nature et devient une obligation
naturelle qui ne peut être reçue par les cours et tribunaux.
74
De plus, les tribunaux n’appliquent la prescription que lorsqu'elle est
invoquée par la partie intéressée. On peut dire, à cet égard, que l'exception de
prescription n'est pas d’ordre public.
75
CHAPITRE III :
LES ELEMENTS ESSENTIELS DU CONTRAT
D’ASSURANCE
Les éléments essentiels du contrat d’assurances sont le risque, la prime
et la garantie d’assurance.
Section 1 : Le risque en matière d’assurance
La notion de risque a une connotation particulière dans les opérations
d’assurance. Elle renferme également les caractérises propres.
§1. Notion de risque
Le risque est un évènement aléatoire dont la survenance est susceptible
de causer un dommage qui est redouté ou de produire un effet bénéficiaire. Il
présuppose un péril, une perte potentielle ou un évènement heureux. Le vol, le
décès et la responsabilité constituent les risques dans la mesure où leurs
conséquences sont préjudiciables.296 De même, la survie est un risque mais un
risque heureux.297
§2. Caractéristiques du risque
Pour faire l’objet d’assurance, le risque doit être réel, licite, fortuit, futur
et incertain.
1. Réalité du risque
Pour qu’il soit assurable, le risque doit être réel.298 Cela veut dire que
sa survenance doit être possible. Lorsqu’elle est impossible, le risque n’est pas
aléatoire et ne peut, de ce fait, faire l’objet d’une assurance299.
296
J. BONNARD, op. cit., n°431, p.117; voir également M. FONTAINE, Droit des assurances, op. cit., p.104. et
D.M DAVIS, op. cit., pp.174-175.
297
G. Briere de l’Isle, Droit des assurances, collection Thémis, Paris, PUF, 1986, p.89.
298
Y. LAMBERT FAIVRE, Droit des assurances, op. cit., n°126, p.136.
299
J. BONNARD, op. cit., n°433, p.118.
76
La réalité du risque implique une incertitude.300 Le fait dont la
réalisation est certaine ne constitue pas un risque dans la mesure où sa
survenance est attendue. Ainsi la détérioration d’un bien par son usage ne peut
être assurée étant donné qu’elle est certaine.301 Les risques spéculatifs ne
peuvent pas être assurés. Il s’agit des risques inhérents à une activité.
2. Licéité du risque
Le risque doit être conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
Notion fuyante et évolutive, l’ordre public est la considération de
l’intérêt général.302 Les bonnes mœurs sont « les règles morales dont l’intérêt
général de la société impose le respect aux volontés individuelles.303
La police d’assurance du risque d’incendie d’une maison de tolérance
est illicite et par conséquent nulle de nullité absolue304. Il en est de même de la
police d’assurance des marchandises résultant d’un vol ou des fraudes
douanières ou de celle des amendes pénales dues à une infraction.305
3. Non réalisation du risque
Le risque qui s’est déjà réalisé ne peut pas être assuré, car l’aléa qui
fonde le contrat d’assurance n’existe pas.306 L’interdiction de ce genre de risque
s’explique par l’absence de l’intérêt assurable307 ou mieux de l’aléa. Toutefois, le
risque déjà réalisé peut être couvert par la police d’assurance maritime si les
parties n’en ont pas connaissance lors de la conclusion du contrat. Il s’agit d’un
risque putatif.308
300
D.M. DAVIS, op. cit., p.175.
301
Y. LAMBERT FAIVRE, op. cit., n°127, p.127.
302
J. GHESTIN, op. cit., pp.66-67.
303
J. BONNARD, op. cit., n°432, p.118.
304
Idem.
305
Ibidem.
306
J. BONNARD, op. cit., n°432, p.118.
307
D.M. DAVIS, op. cit., p.177.
308
J. BONNARD, op. cit., n°434, p.119.
77
4. Risque fortuit
Le risque ne doit pas être provoqué volontairement par l’assuré.309
L’assurance étant fondée sur la notion d’aléa, le risque provoqué
intentionnellement ne peut être pris en charge par l’assureur. Seuls les risques
dus à la négligence et à l’imprudence sont couverts. Il en est de même de ceux
qui sont fortuits.
Le suicide volontaire et conscient de l’assuré survenu au cours de deux
premières années d’assurance n’est pas couverte par l’assurance.310 Il en est de
même de l’exécution de l’assuré à la suite de la condamnation à mort.
Seul est couvert le suicide volontaire et conscient de l’assuré qui
survient deux ans après la conclusion de l’assurance.
En droit congolais des assurances, la faute lourde de l’assuré est
exclue de la garantie d’assurance au même titre que la faute intentionnelle ou
dolosive de ce dernier.
Section 2 : La Prime et la cotisation d’assurance
§.1. Notion de prime et de cotisation
L'article 3 point 45 du code des assurances définit la prime en termes
de « somme due par le souscripteur d'un contrat d'assurance en contrepartie des
garanties accordées par l'assureur ».
Il s'agit du prix de la prestation que l'assureur promet à l'assuré en
termes de garantie.
La prime est perçue par les sociétés d'assurance revêtues de la qualité
de sociétés anonymes pluripersonnelles.
309
D.M. DAVIS, op. cit., p.172.
310
Article 252 du code des assurances.
78
Lorsque l'assureur est une société mutuelle le prix de la garantie qu'il
fournit à l'assuré est connu sous le nom de cotisation d'assurance.311 Il est appelé
ainsi eu égard au caractère intraverti des mutuelles d’assurance.
§.2. Les composantes de la prime
S'agissant de la prime, elle se compose d'une part, du coût technique
du risque que l'on appelle la prime pure et d'autre part, des frais de gestion et de
la taxe baptisés du nom de chargement de prime.
La prime totale comprend la prime nette et le chargement fiscal. C'est
la prime totale que le souscripteur paye à l'assureur.
La prime pure est égale à la fréquence du risque multipliée par le coût
moyen d'un sinistre.
Certains éléments entrent en ligne de compte pour la fixation de la
prime d'assurance. Il s'agit de la qualité de l'assuré et de la potentialité
dommageable des biens ou des produits commerciales.
On recourt également à la pratique dite de Bonus-malus.
§.3. Régime de la cotisation d’assurance
La cotisation d'assurance à percevoir par les mutuelles d’assurance est
soumise à un régime particulier.
La cotisation peut être fixe ou variable. En matière d'assurance sur la
vie, la cotisation est fixe et non variable.312
Dès lors que la mutuelle d'assurance couvre ses risques apportés par
les sociétaires ou ses adhérents le montant minimum de cotisations à libérer par
ces derniers est fixé par les statuts de la mutuelle.313
311
Cf. Article 324 du code des assurances.
312
Cf. Article 324 du code des assurances.
313
Article 308 et 312 du code des assurances.
79
Lorsqu’elle est variable la cotisation ne doit pas être inférieure à une
fois et demie le montant de la cotisation normale nécessaire pour permettre à la
mutuelle de faire face aux charges probables résultant des sinistres et aux frais
de gestion.314
De plus, tous les sociétaires doivent être traités de manière égale en
matière de cotisation. « Aucun traitement préférentiel ne peut être accordé à un
sociétaire».315
§.4. Caractère proportionnelle de la prime
La prime d'assurance doit être proportionnelle au risque garanti. Il en
est résulté la règle proportionnelle de prime qui s'applique en cas de sous-
assurance afin de rétablir l'équilibre de la police d'assurance. Cette règle
implique la réduction de l'indemnité due par l'assureur en tenant compte du
rapport entre le taux de la prime payée et celui de la prime qui aurait dû être
payée.
La règle proportionnelle de prime se schématique comme suit :
Indemnité réduite = Dommage x taux de prime payée
taux de prime due.
La règle coexiste avec la règle proportionnelle de capitaux qui joue
également en matière de sous-assurance. Dans cette occurrence, l'assureur est
fondé à verser à l'assuré une indemnité réduite calculée à partir de la différence
entre la valeur assurée et la valeur assurable.
L'assureur et l'assuré peuvent déroger auxdites règles en prévoyant la
clause d'indexation de la valeur assurée, la clause de tolérance de la baisse ou
de la hausse de la valeur assurée, la clause de réversibilité ou la police
d'assurance au premier risque ou au premier feu.
314
Article 335 alinéa 2du code des assurances.
315
Article 309 et 336 du code des assurances.
80
§.5. Conditions de paiement de la prime
La prime d'assurance est due par le souscripteur du contrat. Elle peut
être payée par l'assuré s’il est distinct du souscripteur.
En cas d'assurance pour compte de qui il appartiendra ou d'assurance
pour le compte la prime est due par le souscripteur et non par l'assuré.
La prime d'assurance doit être payée au moment de la conclusion du
contrat d'assurance.316
L'article 16 du code des assurances proclame à ce propos « qu'il est
interdit aux entreprises d'assurances, sous peine de sanctions, de souscrire ou de
renouveler un contrat d'assurance dont la prime n'est pas payée ».
Exceptionnellement, un délai n'excédant pas soixante jours peut être
accordé à l'assuré pour acquitter sa dette de prime lorsque celle-ci est supérieure
au SMIG annuel multiplié par 95.317 Cette faveur est exclue en matière
d'assurance automobile, d'assurance maladie et d'assurances marchandises
transportées.318
La prime est portable et non quérable. Elle est payée dans le bureau de
l'assureur. Le paiement de la prime réalisé entre les mains de l'agent général
d'assurance est libératoire dès lors que ce dernier est le mandataire de l'assureur.
En revanche, le paiement de la prime fait au courtier n'est pas
libératoire, celui-ci étant en principe le mandataire de l'assuré. Il est, toutefois,
libératoire si le courtier représente à la fois l'assureur et l'assuré.
Le paiement de la prime peut être fait en numéraire, par chèque,
virement, carte bancaire ou par compensation. La remise du chèque ne vaut
paiement qu'après son encaissement.
316
Article 16 du code des assurances.
317
Article 16 alinéa 2.
318
Idem.
81
§.6. Sanction du défaut de paiement de la prime
Lorsque le souscripteur ne verse pas la prime, le contrat est rompu de
plein droit.319 La situation est, toutefois, différente en matière d'assurance
maritime, lacustre et fluviale.
En cas de non-paiement de la prime, l'assureur peut soit suspendre le
contrat soit en demander la résiliation.320
Il ne peut suspendre le contrat que lorsque l'assuré ne supplée pas à la
carence dans un délai de huit jours après la notification de son intention de
suspendre le contrat ou après la mise en demeure de payer.321
Notons que la suspension du contrat ou sa résiliation est inopposable
aux tiers de bonne foi, aux cessionnaires de la police en vertu d'un contrat de
cession antérieur à la notification de la suspension de la police ou de résiliation
de celle-ci.322
En matière d'assurance sur la vie, le non-paiement de la prime peut
être sanctionné par la suspension du contrat, la réduction de la garantie ou la
résiliation du contrat.323
Auparavant, une mise en demeure doit être adressée à l'assuré par
l'assureur de payer la prime endéans quarante jours courant à compter de l'envoi
de la lettre.324
En cas de résiliation du contrat, l'assureur est tenu de payer à l'assuré la
valeur de rachat de ce dernier.325
319
Article 16 alinea 4 du code des assurances.
320
Artide 76 du code des assurances.
321
Artide 76 du code des assurances.
322
Artide 77 du code des assurances.
323
Artide 261 du code des assurances.
324
Artide 261 alinea 2 du code des assurances.
325
Ibidem.
82
La valeur de rachat est égale à la provision mathématique diminuée de
5% si le rachat a lieu avant dix ans à compter de l’entrée en vigueur du contrat
d’assurance.326
Section 3 : La garantie d’assurance
La garantie de l’assurance consiste en des prestations de l’assureur en
cas de réalisation d’événement défini dans le contrat d’assurance. Ces prestations
sont soit en numéraire ou en nature.
§.1. Caractère des prestations de l’assureur
Les prestations de l’assureur sont conditionnelles. Elles sont fonction de
la réalisation de l’événement considéré, c'est-à-dire du hasard.327 Leur
appréhension est plus difficile étant donné que l’assureur peut ou non les
accomplir.328
L’assureur s’engage à être éventuellement tenu envers son contractant
qui est l’assuré.329 Il ignore, comme l’assuré, si ses prestations auront lieu.330
§.2. Conditions d’exécution des prestations de l’assureur
L’assureur n’exécute ses prestations que lorsque le sinistre défini dans
le contrat se réalise. Il intervient en indemnisant la victime du sinistre ou ses
ayants cause ou en fournissant les prestations promises.331
En matière d’assurance de dommages, l’indemnisation est gouvernée
par le principe indemnitaire332 et l’interdiction de la surassurance.333
326
Artide 262 du code des assurances.
327
Véronique NICOLAS, op. cit., n°69, p.42, n°96, p.53 et n°174, p.81.
328
Véronique NICOLAS, op. cit., n°153, p.73.
329
Véronique NICOLAS, op. cit., n°156, p.74.
330
Véronique NICOLAS, op. cit., n°157, p.74.
331
Article 21 du code des assurances.
332
Article 37 du code des assurances.
333
François CHAPUISART, op. cit., p.31.
83
a. le principe indemnitaire
En assurance de dommages, l’assuré poursuit sa remise dans la
situation dans laquelle il se trouvait avant la réalisation du sinistre.334
L’indemnité promise doit être proportionnelle au préjudice subi,335 ce
qui exclut un enrichissement pour l’assuré.336
Le principe vise le respect de la règle d’équité qui sous-tend la
mutualité.337
Il a pour conséquence que l’indemnité due par l’assureur ne peut
excéder la valeur du préjudice.338
Le principe indemnitaire interdit à l’assuré de réaliser un gain.339 La
valeur de référence pour la détermination de l’indemnité est celle du bien ou du
dommage au jour du sinistre.340
Il importe de noter qu’une indemnité correspondant à la valeur d’une
chose neuve doit être payée à la victime lorsqu’un bien ayant les mêmes
caractéristiques que le bien détruit est impossible à trouver.
Par ailleurs, le principe indemnitaire a aussi pour raison d’être
d’éviter les sinistres volontaires.
b. La surassurance
Il y a surassurance lorsque la valeur assurée excède celle du bien
assuré.341
334
François COUILBAULT et Alii, op. cit., p.102.
335
Idem, pp.102-105.
336
Idem.
337
François COUILBAULT et Alii, op. cit., p.102-105.
338
Idem.
339
Ibidem.
340
rançois CHAPUISART, op. cit., p.32.
341
Idem.
84
S’agissant d’une tromperie constitutive de dol, l’assureur est, dans cette
occurrence, fondé à demander l’annulation de la police. Dans la mesure où la
nullité considérée est relative, l’assureur peut y renoncer et maintenir la police
d’assurance toute en réduisant la valeur assurée à la valeur réelle.
En droit comparé, on tient compte de la foi de l’assuré. Lorsque la
surassurance est due à la mauvaise foi de l’assuré, l’assureur est fondé à postuler
la nullité du contrat et à prétendre aux dommages et intérêts.342
En cas de bonne foi, la valeur assurée est réduite à la valeur réelle du
bien assuré.343 Il en est de même de la prime.344
De même, pour éviter un enrichissement sans cause, les polices
d’assurances cumulatives frauduleuses sont sanctionnées par la nullité des
contrats à l’exclusion des polices d’assurances cumulatives non frauduleuses.345
Les polices d’assurances cumulatives sont celles qui sont souscrites
auprès de plusieurs assureurs par une personne et ce, pour un même intérêt et
contre un même risque.346
Pour qu’il ait indemnisation, l’assuré doit déclarer le sinistre dans le
délai convenu.
§.3. Déclaration du sinistre
L’assureur n’étant pas un dieu pour connaitre par lui-même la
survenance du sinistre, celui-ci doit être déclaré par l’assuré dans le délai
contractuel qui est de huit jours ou de cinq jours selon le cas347. Ce délai peut
être augmenté par l’assureur et l’assuré.348 Ce délai court, selon le cas, à
compter de la survenance du sinistre349, de la connaissance de la survenance du
342
Jérôme BONNARD, op. cit., n°774, pp.216-217.
343
Idem.
344
Jérôme BONNARD, op. cit., n°774, pp.216-217.
345
Article 40 du code des assurances.
346
Idem.
347
Article 21 du code des assurances.
348
Article 18 du code des assurances.
349
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, droit congolais des assurances, Kinshasa, éditions connaissance du droit, 2010,
85
sinistre par l’assuré, de la désignation des héritiers en cas du décès de
l’assuré350, ou du prononcé du jugement définitif.
En droit français, la déclaration tardive du sinistre n’est opposable à
l’assuré par l’assureur pour ne pas intervenir que si celui-ci prouve que cette
déclaration lui a causé un préjudice.351
Dans le même sens, le tribunal de grande instance de Lubumbashi a
par le jugement RC69.503 rendu le 13 février 1979, décidé que « dès lors que la
SODIMIZA n’a pas déclaré l’accident ainsi que l’invoque la SONAS aucun
préjudice n’en est résulté pour cette dernière… il est de jurisprudence constante
qu’en matière d’assurance le défaut de déclaration ne peut entrainer pour
l’assuré la déchéance du bénéfice de la garantie de son assureur que dans le seul
cas où il pourrait en résulter un préjudice pour ce dernier.
La forme de la déclaration est libre. Mais elle est généralement écrite.
§.4. Indemnisation de la victime
Lorsque l’assureur est mis en possession par la victime ou ses ayants
cause de documents relatifs au sinistre, il est tenu de faire offre à ces derniers du
paiement de l’indemnité352. Cette offre doit être faite dans un délai de trois mois à
compter de la réception par l’assureur des documents requis353.
Si le montant du préjudice n’est pas déterminé, l’assureur est en
obligation de proposer à la victime ou à ses ayants droit une provision
raisonnable à déduire du montant définitif de l’indemnité.354
L’assureur qui ne fait pas d’offre sera obligé à payer en plus de
l’indemnité les intérêts moratoires calculés sur la base du double taux directeur
de la banque centrale du Congo.355
p.104.
350
Idem.
351
Ibidem.
352
Article 21 du code des assurances.
353
Idem.
354
Ibidem.
86
Dans l’hypothèse où l’assuré ou ses ayants droit ont accepté l’offre, ils
ont, toutefois, la faculté de se rétracter.356 Ce droit de rétraction doit être exercé
dans un délai de sept jours à compter de l’acceptation de l’offre par eux.357
L’indemnité convenue droit être payée par l’assureur à l’assuré, à ses
ayants droit ou à la victime dans un délai de quinze jours qui suivent l’expiration
du délai de rétractation.358 A défaut de le faire, il devra payer aux précités les
intérêts moratoires qui s’ajoutent à l’indemnité.359
Le cour d’appel de Kinshasa a, par l’arrêt rendu en date du 2 mai 1966,
décidé que l’inexécution par les assureurs de leurs obligations découlant de la
police d’assurance engage leur responsabilité contractuelle sur la base de
l’article 45 livre III du code civil et justifie leur condamnation à payer à l’assuré
les dommages et intérêts pour privation de jouissance du bien assuré.360
L’indemnité ne peut être payée qu’à la victime, au mandataire désigné
par elle ou à ses ayants cause. Celui qui paye mal paye deux fois dit un adage.
En droit français, cette exigence est fondée sur le privilège de la
victime qui, en assurance de responsabilité, interdit à l’assureur de payer
l’indemnité à un autre que la victime lésée. Ce privilège est opposable à l’assuré
en ce sens que ce dernier ne peut réclamer l’indemnité même s’il s’est engagé à
réparer lui-même les dommages causés au tiers.
Hubert GROUTEL note à ce sujet que « le paiement à l’assuré ne serait
valable qu’à la condition qu’il soit établi que les réparations ont été effectuées et
que la victime est de ce fait entièrement désintéressée ».361
Toujours dans les assurances de responsabilité, le fait que la victime ait
le droit propre à l’indemnisation, n’empêche pas que l’assureur soit fondé à lui
355
Article 21 du code des assurances.
356
Ibidem.
357
Ibidem.
358
Article 21 alinéa 2 du code des assurances.
359
Idem.
360
Cour d’appel de Kinshasa, arrêt du 2 mai 1966, in revue juridique du Congo, janvier-février-mars, 1967,
pp.22-23.
361
Hubert GROUTEL, Le contrat d’assurance, connaissance du droit, Paris, édition DALLOZ, 1997, pp.32-33.
87
opposer les exceptions relatives à la garantie qui sont antérieures à la
survenance du sinistre. Autrement dit, l’assureur peut se refuser à lui payer
l’indemnité lorsque la garantie a cessé d’exister ou a été suspendue avant le
sinistre.
On a fait remarquer à ce sujet que « le contrat d’assurance, en effet,
donne la mesure des droits de la victime sur l’indemnité. Elle ne saurait en avoir
plus qu’en aurait l’assuré lui-même si le règlement intervenait à son profit.362
Si la garantie est suspendue le jour du sinistre, l’assureur ne sera en
rien tenu envers la victime, de même si les circonstances du sinistre sont de
nature à faire jouer une exclusion. Cependant, c’est au jour du sinistre que se fait
la mesure, de telle sorte que des événements postérieurs à celui-ci ne sauraient
altérer le droit de la victime. Il en résulterait tout au plus des exceptions
opposables au seul assurée »363
Il va sans dire que l’assureur ne peut compenser l’indemnité due à la
victime avec les primes échues dont lui serait redevable l’assuré avant le sinistre.
L’insuffisance du lien de connexité entre la dette de prime et le sinistre ne
l’autorise pas.364
En droit comparé, la victime a une préférence qui résulte de son
privilège par rapport à l’assureur qui est un créancier chirographaire.
Lorsqu’il y a sous-assurance, c'est-à-dire lorsque la valeur de la chose
excède la valeur assurée, l’assureur est fondé à verser à l’assuré une indemnité
réduite calculé à partir de la différence entre la valeur assurée et la valeur
assurable,365 il s’agit là de l’application de la règle proportionnelle de capitaux.
362
Idem.
363
Hubert GROUTEL, op. cit., pp.32-33.
364
Idem.
365
Ibidem.
88
Conclusion de la première partie
Les assurances socialisent les risques au travers de la mutualité des
assurés qui se forme autour de l’assureur.
Les relations entre l’assureur et l’assuré se tissent par le biais du contrat
d’assurance qui se distingue amplement de l’opération d’assurance. Elles sont
marquées par les règles de proportionnalité en matière de prime set
d’indemnisation dont la finalité est d’établir l’équilibre entre la prime et le risque
d’une part, et entre l’indemnisation et le dommage d’autre part.
En libéralisant le secteur des assurances, le législateur a ouvert le
marché à la concurrence et à la compétitivité dans l’intérêt des assurés.
En outre, le législateur institue le formalisme probatoire et
d’opposabilité en matière de contrat d’assurance en vue de protéger les assurés
qui ne connaissent pas les méandres des opérations d’assurance et de leur
régime juridique.
Par ailleurs, la protection des victimes des dommages causés par les
assurés ou leurs préposés est renforcée par le législateur en matière
d’assurances obligatoires par la création à leur profit de l’action directe contre
l’assureur et de l’inopposabilité à elles par ce dernier des déchéances
postérieures aux sinistres. Cela imprime au contentieux d’assurances une
physionomie particulière.
Au surplus, le législateur oblige les assureurs lors de la survenance des
risques à faire à l’assuré, à ses ayants causés ou à la victime une offre
d’indemnisation sans attendre.
L’étude des principaux contrats d’assurances permet d’appréhender de
plus près l’étendue et la portée du particularisme des règles et principes qui
gouvernent les assurances en droit congolais.
89
DEUXIEME PARTIE
ETUDE DE DIFFERENTS TYPES D’ASSURANCES
90
La deuxième partie du cours est consacrée à l'analyse des assurances de
responsabilités (Chapitre I), des assurances de choses (Chapitre II), des
assurances de personnes (Chapitre III) et de l’assurance maritime
(Chapitre IV)
91
CHAPITRE I :
LES ASSURANCES DE RESPONSABILITE
Dans le cadre du présent chapitre, nous étudions l'assurance de
responsabilité en matière utilisation des véhicules terrestres à moteur, l'assurance
de responsabilité du fait des aéronefs et l'assurance des constructeurs.
Section I : Assurance de responsabilité civile en matière d'utilisation des
véhicules terrestres à moteur
L’assurance de responsabilité civile en matière d’utilisation des
véhicules terrestres à moteur à une finalité et un régime spécifique surtout en
matière d’indemnisation
§.1 : Objet et finalité de l'assurance.
L'assurance de responsabilité civile en matière d'utilisation de
véhicules terrestres à moteur est organisée par la loi n° 15/005/ du 17 mars 2015
portant code des assurances.
Elle a pour objet de garantir les conséquences pécuniaires de la
responsabilité du propriétaire du véhicule impliqué dans un accident de la
circulation en République Démocratique du Congo, du conducteur dudit véhicule
et du gardien de ce dernier. Autrement dit, elle met à charge de l'assureur la
dette de responsabilité des personnes susvisées, les dépens et intérêts. Cette
dette comprend les dommages et intérêts que l'assuré est tenu de payer à la
victime du dommage. L'assurance joue même en cas de conduite du véhicule par
un tiers autorisé ou non.
La responsabilité, qui est garantie, est de nature contractuelle,
délictuelle et quasi délictuelle. Elle est contractuelle en matière de transport.
La finalité de l’assurance sous venue est de garantir aux victimes des
accidents de la circulation routière une indemnisation par les débiteurs solvables
qui sont les assureurs.
92
§.2. Régime de l'assurance de responsabilité civile automobile.
La souscription de la police d'assurance de responsabilité civile en
matière d'utilisation des véhicules terrestres à moteur, connue également sous le
nom d'assurance aux tiers, est obligatoire.
L'article 108 alinéa 1er du code des assurances dispose que « Toute
personne physique ou morale dont la responsabilité civile peut être engagée en
raison de dommage subi par les tiers résultant d'atteintes aux personnes ou aux
biens dans la réalisation desquels est impliqué un véhicule terrestre à moteur
ainsi que les remorques et semi-remorques, doit, pour faire circuler lesdits
véhicules, être couverte par une assurance garantissant cette responsabilité dans
les conditions fixées par la présente loi. »
En rendant obligatoire la souscription de la police d'assurance aux
tiers, le législateur veut, comme dit ci-avant, garantir une indemnisation aux
victimes des accidents de la circulation et à leurs ayants cause. Sa préoccupation
est de donner aux victimes d'accident un recours contre un débiteur solvable et
non de protéger le patrimoine des propriétaires des véhicules contre les actions
en responsabilité de celles-ci366.
A. Obligation de souscription d'assurance.
L'assurance de responsabilité civile en matière d'utilisation des
véhicules terrestres à moteur s'applique aux véhicules à moteur circulant en
République Démocratique du Congo sur les voies publiques. Sa souscription
incombe aux propriétaires desdits véhicules.
1. Véhicules visés
Les véhicules pour lesquels la souscription de la police d'assurance
de responsabilité civile est obligatoire sont les véhicules terrestres à moteur. Il
s'agit des véhicules sur roues ou sur chenilles pourvus d'un dispositif de
propulsion mécanique et non liés à une voie ferrée, y compris leurs remorques et
366
Marcel Fontaine, Droit des assurances, Précis de la Faculté de Droit de l'Université Catholique de Louvain-la-
ème
Neuve, 2 Edition, Bruxelles, Larcier, 1996, p . 16.
93
semi-remorques. Concrètement, il s'agit des véhicules circulant sur le sol et
fonctionnant à l'aide d'une force mécanique. Sont ainsi concernés les voitures, les
camions, les bus, les autocars, les motocyclettes et les vélomoteurs.
En revanche, ne sont pas visés, les véhicules terrestres non
automoteurs, les charrettes, les trains, les navires, les aéronefs et les êtres
humains se mouvant à pied.
S'agissant des aéronefs, ils font l'objet d'autres assurances.
Actuellement, les véhicules ferroviaires ne sont assujettis à aucune
assurance alors qu’ils sont susceptibles de causer la mort ou les lésions aux
passagers et aux tiers non transportés.
Toutefois, l'assurance desdits véhicules figure dans les branches
d'assurance qu’organise l'article 402 du code des assurances et le législateur
habilite le Premier Ministre à la rendre obligatoire. L'article 238 du code des
assurances indique à ce propos que « toute catégorie d'assurance de dommage
parmi les branches citées à l'article 402 de la présente loi. autre que les
assurances visées aux chapitres I à VII du présent titre 3, peut être rendue
obligatoire par décret du Premier Ministre délibéré en conseil des ministres, sur
proposition du ministre ayant le secteur des assurances dans ses attributions,
après avis et recommandation de l'autorité de régulation et de contrôles des
assurances. »
2. Mise en circulation du véhicule
L'obligation de souscrire le contrat d'assurance s'enclenche dès lors
que le véhicule terrestre automoteur est mis en circulation sur la voie publique ou
sur le terrain ouvert au public ou sur le terrain privé fréquenté par certaines
personnes.
94
Il en résulte que les véhicules qui roulent dans les lieux privés ne
sont pas assujettis à l'obligation d'assurance.367
Il en est ainsi des véhicules qui circulent dans les carrières et les
mines et de ceux qui ne circulent pas telles que les voitures de collection ou
celles qui sont exposées dans les vitrines des concessionnaires automobiles.
3. Débiteur de l'obligation de souscription d'assurance.
Le propriétaire du véhicule contracte dès l’acquisition et la mise en
circulation de ce dernier l'obligation de souscrire une police d'assurance.
Une autre personne peut, à sa place, et à un titre ou à un autre,
souscrire une police d'assurance de responsabilité à la place du propriétaire du
véhicule assujetti à celle-ci.
L'État, les provinces, les entités territoriales décentralisées sont
tenus de souscrire l'assurance pour couvrir leur responsabilité pouvant résulter
de l'utilisation de leurs véhicules.
L'alinéa 5 de l'article 108 du code des assurances énonce « que
l'obligation d'assurance s'applique aux véhicules appartenant au pouvoir central,
aux provinces et aux entités territoriales décentralisées, y compris les véhicules
de l'armée et de la police nationale, à l'exception de ceux destinés aux opérations
ainsi que ceux circulant sur la voie ferrée. »
Il s’agit là d’une innovation qui procède du souci du législateur de
garantir aux victimes d’accident une indemnisation surtout que beaucoup
d’accidents sont provoqués par les véhicules desdits entités qui sont toujours en
mal d’indemnisation.
De même, les établissements publics et les entreprises du
portefeuille doivent s'assurer contre le risque de responsabilité civile pouvant
résulter de l’utilisation des véhicules compris dans leur patrimoine.
367
FONTAINE Marcel, op. cit, p.429.
95
Soulignons que compte tenu du caractère obligatoire de l’assurance
souscrite, l'assureur qui se refuse à conclure avec l'assuré un contrat d'assurance
de responsabilité civile automobile peut être invité à le faire par la commission
de tarification sur la base du recours de ce dernier.
L'article 178 alinéa 1er du code des assurances dispose que « toute
personne assujettie à l'obligation d'assurance qui se voit opposer un refus, peut
saisir la commission de tarification, instance de recours dont la création,
l'organisation et le fonctionnement sont fixés par arrêté du ministre ayant le
secteur des assurances dans ses attributions, sur proposition de l'Autorité de
Régulation et de Contrôle des Assurances »
La prime ou la surprime que l'assureur devra appliquer sera fixée
par la commission de tarification.368
Si l'assureur persiste dans son refus, son agrément peut être retiré. Il
peut encourir également des sanctions administratives en vigueur.369
Au regard de l’accord de siège conclu entre le Gouvernement
congolais et l’Organisation des Nations-Unies, cette dernière est tenue de couvrir
auprès d’un assureur congolais sa responsabilité civile en matière d’utilisation de
ses véhicules terrestres à moteur circulant sur le territoire congolais.
Dès lors que le contrat d’assurance est un contrat à titre onéreux, en
contrepartie de la garantie d'assurance que lui donne l'assureur, l'assuré est en
obligation de payer une prime d'assurance qui varie selon la puissance des
véhicules, le type de ces derniers et le nombre de tiers à transporter.
Le tarif des primes est fixé par chaque assureur qui le soumet à
l'approbation de l'Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances.
L'alinéa 2 de l'article 288 du code des assurances énonce à ce propos
que « les entreprises d'assurance sont tenues, avant d'appliquer leurs tarifs,
368
Article 178 alinéa 2 du code des assurances.
369
Article 180 du code des assurances.
96
d'obtenir le visa de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances qui
statue dans le mois à dater du dépôt de trois spécimens de tarifs ».
Il est clair que l’Autorité de Régulation et de Contrôle dez
Assurances doit prendre sa décision dans un délai d'un mois à compter de la
communication du tarif par l'assureur. Le visa de l’Autorité susdite peut être
révoqué.
Donc, en matière d'assurances, les primes sont soumises au régime
de liberté surveillée qui est différent du régime de liberté assorti d’un contrôle à
posteorie qui a institué la loi de 2018 sur la liberté des prix et la concurrence.
L’obligation de souscription du contrat d'assurance est assortie d'une
sanction d’amende égale à la moitié de la prime annuelle d'assurance pour la
garantie de responsabilité civile du véhicule mis en circulation.
Pour contraindre l’assuré défaillant à se conformer à la loi le véhicule
non assuré sera mis en fourrière par la police jusqu'à la souscription de la police
d'assurance par le propriétaire du véhicule.
On le voit, le législateur congolais n'applique plus, en matière de
défaut d'assurance, la peine d'emprisonnement.
C’est peut-être le début de la remise en cause du fondement du droit
pénal qui repose sur l'idée de faire souffrir physiquement et moralement
l'infracteur en le privant de sa liberté d'aller et venir et, dans beaucoup de cas, de
la nourriture.370
La nouvelle approche ne doit-elle pas être étendue à toutes les
matières pénales à l’exception des atteintes aux droits humains ?
370
KALONGO MBIKAYI, Droit Civil, Tome 1, Les Obligations, Kinshasa, Éditions Universitaires Africaines, 2012,
p.268, cf. Jacques Charbonnier, L'assurance du risque automobile, contrôle et assurance, Éditions Larcier,
Bruxelles, 2012, pp. 216-217.
97
En dépit de l'absence d'assurance, le propriétaire du véhicule
impliqué dans un accident de la circulation engage sa responsabilité sur le pied
de l'article 258 du code civil livre III.
La victime ne peut fonder son action sur l'article 260 alinéa 1er du
code civil livre III que si le dommage qu'elle subit procède du vice du véhicule
impliqué dans la réalisation de l'accident de la circulation.
Dans cette hypothèse, le dommage sera imputé au propriétaire du
véhicule pour avoir usé d'une chose vicieuse.371
Il s'agit là d'une présomption réfragable de faute pesant sur le
propriétaire du véhicule en sa qualité de gardien de ce dernier.372
Dès que le Fonds de Garantie Automobile prévu par l’article 50 du
code des assurances sera installé, il prendra en charge les victimes des accidents
de la circulation routière dans la réalisation lesquels sont impliqués les véhicules
non assurés.373
Le Fonds aura une action subrogatoire contre les tiers responsables
desdits véhicules.374
Le Fonds sera alimenté par les contributions obligatoires des assureurs
et des réassureurs agréés en République Démocratique du Congo, les
contributions des assurés, les amendes infligées aux propriétaires des véhicules
non assurés et les dons et legs.375
B. Etendue de la garantie d'assurance
La garantie d'assurance concerne les personnes responsables assurées
et les tiers lésés.
371
KALONGO MBIKAYI, Droit civil, Tome 1. Les obligations, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2012,
p.269.
372
Idem, p. 268.
373
Article 501 alinéa 1 et 2 du code des assurances.
374
Article 501 alinéa 3 du code des assurances.
375
Article 502 du code des assureurs.
98
1. Personnes assurées
La police d'assurance de responsabilité civile en matière d'utilisation des
véhicules terrestres à moteur concerne le propriétaire, le gardien, le conducteur
du véhicule et les passagers.376
Il en est de même d’un tiers conduisant le véhicule assuré sans
l'autorisation du propriétaire ou du gardien.
La garde d'un véhicule présuppose son usage, sa direction et son
contrôle. Le conducteur et le propriétaire du véhicule en ont la garde. Le tiers
peut aussi avoir la garde du véhicule d'autrui.
Toutefois, le préposé qui conduit le véhicule de l'employeur dans
l'exercice de ses fonctions n'a pas la garde du véhicule, car il n'a pas la maîtrise
de celui-ci.377 Le propriétaire est présumé avoir la garde du véhicule378.
Dans le même ordre d'idées, l'article 115 sur la sécurité sociale exonère
les travailleurs de toute responsabilité en matière d'accident du travail qu'ils
pourraient causer à d'autres travailleurs par leur faute non intentionnelle. Cette
immunité civile peut avoir des répercussions sur l'assurance de responsabilité
souscrite par leurs employeurs.
En effet, lorsqu'un travailleur renverse un autre travailleur à l'aide du
véhicule appartenant à l'employeur pendant que la victime se trouve sur le lieu de
travail ou sur le chemin du travail, l'accident survenu s'analyse comme un
accident du travail ou de trajet.
Au plan civil, le travailleur n'encourt pas l'obligation de réparer. Il en est
de même de l'employeur. Par ricochet, l'assureur de celui-ci n'interviendra pas
pour réparer les dommages subis par le salarié victime car il y a absence de
responsabilité dans son chef.
376
Article 181 alinéa 1 du code des assurances.
377 er
BONNARD JÉRÔME, Droit et pratique des assurances particulières et entreprises, 1 édition, Paris, Delmas,
1997, p. 272.
378
KALONGO MBIKAYI, La Responsabilité civile de l'automobiliste et du piéton en droit Zaïrois, Travaux du
colloque, Kinshasa, PUZ, 1982, p.36.
99
C'est la Caisse Nationale de Sécurité Sociale qui doit réparer le préjudice
considéré. L'article 113 du code des assurances est en ce sens lorsqu’il énonce
que « la garantie ne s'applique pas à la réparation des dommages subis par les
salariés ou préposés de l'assuré, en service, responsable des dommages dans la
mesure où ces dommages sont déjà pris en charge dans le cadre de législation
sur les accidents du travail ».
Toujours en matière d'exclusion du risque de la garantie d'assurance,
l'article 114 du code des assurances permet d'exclure de la couverture
d'assurance le conducteur qui ne possède pas le permis de conduire ou qui n'a
pas l'âge requis pour conduire un véhicule automoteur. Il en est de même de celui
qui a transporté les passagers dans des conditions insuffisantes de sécurité fixées
par les constructeurs ou par la réglementation.
Soulignons que lorsque le permis de conduire a été déclaré à l'assureur,
le conducteur n'est pas exclu de la garantie malgré l'invalidité du permis due à
des conditions de résidence ou d'utilisation du permis.379
De même, l'accident dû à l'état d'ivresse du conducteur du véhicule
demeure garanti par l'assureur.380
S'agissant des personnes transportées, elles sont actuellement couvertes
par la garantie d'assurance.381 Cela veut dire que leur responsabilité civile est
garantie par la police d'assurance couvrant le véhicule lorsqu'elles causent un
dommage à un tiers. Il en est ainsi lorsqu'un passager ouvre brusquement la
portière du véhicule et blesse un cycliste ou un piéton.
Avant le 17 mars 2016, leur responsabilité n'était pas prise en charge par
l'assureur382. Il s'agit là d'une avancée significative que le législateur a réalisée.
379
Article 112 et 114 du code des assurances.
380
Article 118 du code des assurances.
381
Alinéa 2 de l'article 108 du code des assurances.
382
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais, des assurances, Éditions connaissance du droit, Kinshasa, 2010.
100
2. Les tiers
L’assurance de responsabilité automobile couvre les dommages que le
véhicule couvert cause aux tiers. Il s'agit de tous ceux qui ne sont pas parties au
contrat d'assurance.
Sont ainsi visés, les piétons, les cyclistes, les cavaliers et les passagers à
titre gratuit ou à titre onéreux du véhicule assuré et les passagers des véhicules
adverses. Il en est de même d'autres automobilistes.
3. Victimes non indemnisables
Au regard de l'article 113 du code des assurances, ne sont pas
indemnisables, le conducteur du véhicule ou le propriétaire du véhicule lorsqu'il
conduit le véhicule au moment de l'accident, la personne ayant la garde ou la
conduite du véhicule, les membres de la famille du conducteur, de l'assuré, du
souscripteur ou du propriétaire du véhicule. Les salariés ou préposés de l'assuré
en service, responsable des dommages, sont également exclus de la garantie
d'assurance.
C'est pour éviter la fraude ou la collusion que ces exclusions ont été
conçues.383
4. Victimes indemnisables
La police d'assurance de responsabilité civile en matière d'utilisation du
véhicule terrestre à moteur couvre les tiers contre les dommages corporels et les
dommages matériels.
Par tiers, il faut entendre toute personne autre que l'assureur, l'assuré et
le preneur d'assurance qui peut se prévaloir du bénéfice de la police pour se
faire indemniser.
Le conjoint, les ascendants du propriétaire, du gardien et du conducteur
du véhicule de toute évidence, ne sont pas des tiers entre eux384 vis-à-vis de
383
FONTAINE Marcel, Op. cit., p. 437.
101
l’assuré. « les parents qui sont les utilisateurs potentiels des véhicules ne
pourraient être considérés comme des véritables tiers au conducteur ».385
Le législateur a mis en place la présomption de proximité entre les
personnes susvisées.386
Le voleur du véhicule et ses complices ne sont pas couverts par
l’assurance de responsabilité automobile.
5. Dommages indemnisables
La garantie d'assurance de responsabilité en matière d'utilisation de
véhicule terrestre à moteur couvre les dommages corporels et les dommages
matériels causés aux tiers par le véhicule, ses accessoires et les biens transportés
à l'occasion des accidents, incendies et explosions. Il en est de même de ceux
causés par leur chute.
L'article 112 du code des assurances énonce à ce sujet que « L'assurance
garantit la réparation des dommages corporels ou matériels résultant :
1°) Des accidents, incendies ou explosions causées par le véhicule, les
remorques ou semi-remorques, les accessoires et les produits servant à
leur utilisation, des objets et substances qu'ils transportent,
2°) De la chute de ces accessoires, objets, substances ou produits ».
Pour que la garantie d'assurance joue, les dommages doivent été causés
sur le territoire congolais. Toutefois, les dommages causés dans un autre pays
membre du COMESA par le véhicule immatriculé au Congo peuvent être
couverts par l'assureur congolais selon certaines conditions.
384
FOUAMBLI - SAADI, « L'Assurance obligatoire de responsabilité civile en matière, d'utilisation des véhicules
automobiles », in l'automobile et le a sécurité routière en Droit Zaïrois, Kinshasa, PUZ, 1982, p67.
385
OUTARA NOHO, « La nouvelle loi portant obligation d'assurance de responsabilité automobile », in Revue
Africaine de droit international, 1992, volume 4, n°1, p.4.
386
102
La garantie d’assurance de responsabilité civile automobile est illimitée
pour les dommages corporels. Elle est limitée par le décret du Premier Ministre
pour les dommages matériels.387
Pour qu'elle soit indemnisée, la victime doit, au préalable, établir la faute
de l'assuré, le dommage subi et le lien de cause à effet entre la faute et le
dommage.388
La faute de la victime, le fait d'un tiers et la force majeure sont
inopposables aux victimes des accidents corporels. Cette inopposabilité est
prévue par les articles 130 et 131 du code des assurances.
Toutefois, la faute de la victime lui est opposable en cas de dommages
matériels.389
De même, la faute volontaire de la victime lui est opposable en cas de
dommages corporels qu’elle a subis.390
Notons que la faute du conducteur du véhicule est opposable au
propriétaire de ce dernier qui a néanmoins une action récursoire contre lui.391
Dès lors qu'il s'agit de l'assurance de responsabilité civile du fait du
véhicule automoteur, l'assureur n'intervient dans la réparation du dommage subi
par la victime que si la responsabilité de l'assuré est établie.
Kalongo MBIKAYI a écrit à ce propos que pour que la responsabilité du
propriétaire du véhicule automoteur soit engagée :
le dommage doit être causé par un véhicule automoteur ;
le dommage doit être causé par une personne qui, avec
l'assentiment exprès ou tacite du propriétaire, a la garde ou la
conduite du véhicule ;
387
Article 111 du code des assurances.
388
COUIL BAULT François et Alii., Les grands Principes de l'assurance, Paris, L'Argu, édition, 1999, p.164.
389
Article 131 alinéa 3 du code des assurances.
390
Article 131 alinéa 3 du code des assurances.
391
Article 131 alinéa 3 et 4 du code des assurances.
103
un lien de causalité générale entre le dommage et le véhicule
gardé ou conduit doit être établi.392
Il en a déduit que pèse sur le gardien ou le conducteur du véhicule une
présomption de responsabilité.393
Toutefois, le législateur congolais n'exclut pas l'idée de faute dans le chef
de l'assuré. Il décharge l'assureur de l'obligation de réparer le dommage causé
par le véhicule du fait de l'assuré lorsque le dommage procède de la faute
intentionnelle ou délibérée de ce dernier.394
Autrement dit, l'assureur ne répare le dommage que lorsque ce dernier
découle de la faute non intentionnelle de l'assuré.395
Par ailleurs, le législateur va plus loin en obligeant l'assureur à réparer
les dommages dus à des cas fortuits396, au fait d'un tiers et à la faute de la victime.
En cherchant à garantir à tout prix les victimes d’accident d’une
indemnisation, André Tunc397 et Letourneau Philipe398 ont proposé la déconnexion
entre l'assurance et la responsabilité civile et la mise en place d'une assurance
directe.
Ngomba TSHILOMBAYI KENGE de l’université de Kinshasa s'est
appropriée cette idée399 et suggérer que l’assurance directe soit organisée par le
législateur congolais.
392
Kalongo MBIKAYI, Droit civil Tome 1,Les obligations. Éditions Universitaires Africaines, Kinshasa, 2012, pp.
258-259.
393
Idem, p.259.
394
Article 23 alinéa 3 du code des assurances.
395
Article 23 alinéa 2 du code des assurances.
396
Article 130 du code des assurances.
397
Ibidem.
398
Le Tourneau Philippe, Droit de la responsabilité et des contrats, Dalloz, Paris, mai 2008, n°91, pp 41-42.
399 NGOMBA TSHILOMBAYI KENGE, Indemnisation des victimes d'accidents de la circulation, assurance de
responsabilité ou indemnisation directe. Thèse de doctorat en Droit, Faculté de Droit, Université de Kinshasa,
1999, pp 2-3 et 139-144, inédit.
104
C. Indemnisation
L'indemnisation postule la survenance du sinistre et sa déclaration auprès
de l'assureur qui a l'obligation d'indemniser la victime ou ses ayants cause.
1. Déclaration du sinistre et offre d'indemnité.
En cas de réalisation du sinistre, l'assuré est en obligation de déclarer sa
survenance dans un délai convenu qui ne peut être inférieur à huit jours
ouvrables.400 Ce délai est susceptible d’augmentation par l'assuré et l'assureur.401
Dès qu'il reçoit la déclaration du sinistre, l'assureur est tenu de demander
à l'assuré des renseignements requis.402
S'il s'avère que le sinistre qui s'est réalisé est couvert par le contrat,
l'assureur doit, dans un délai de six mois à compter de la survenance du sinistre,
faire à la victime ou à ses ayants cause en cas de décès de cette dernière une
offre d’indemnité.403
Il peut s'agir également d'une offre provisionnelle lorsque l'état de la
victime ne s’est pas consolidé.404 L'offre définitive d'indemnisation doit intervenir
dans un délai de trois mois à compter du jour où la consolidation de l'état de la
victime est communiquée à l'assureur.405 A défaut, l'assureur sera redevable d'un
intérêt moratoire calculé au double taux directeur de la Banque Centrale du
Congo et courant jusqu'au jour où il suppléera à la carence.406 Ce taux a été
ramené de 10,5% à 8,5%.
La victime est libre d'accepter ou non l'offre. Lorsqu'elle l'accepte, il se
forme entre elle et l'assureur une transaction.407
400Article 18 alinéa 1 du code des assurances.
401
Ibidem.
402
Article 21 du code des assurances.
403 er
Article 134 alinéa 1 du code des assurances.
253
Article 134 alinéa 4 du code des assurances.
405
Ibidem.
255
Article 13 alinéa 4 du code des assurances.
407
Article 141 alinéa 4 du code des assurances.
105
Néanmoins, la victime a la faculté de dénoncer 1a transaction dans un
délai de sept jours à compter de sa conclusion lorsqu'elle n'est pas conforme au
code des assurances408. Si la transaction est maintenue, l'assureur doit l'exécuter
en indemnisant la victime ou ses ayants causes dans un délai de quinze jours qui
suivent.409 A défaut, il est redevable des intérêts moratoires calculés au double
taux directeur de la Banque Centrale du Congo.410
Dans l’hypothèse où la transaction n'est pas conclue, la victime est
fondée à saisir le tribunal compétent à l'effet d'obtenir la condamnation de
l'assureur à l'indemniser.411 En cas du décès de la victime, les ayants cause de
celui-ci ont le droit de saisir le tribunal d’une action en indemnisation. De toute
manière, ni la victime ni ses ayants causes, elle ne peuvent saisir le tribunal avant
l'expiration du délai de six mois prévu pour l'offre d'indemnisation.412
Le délai susvisé est susceptible de suspension lorsque le sinistre n'a pas
été déclaré ou lorsque les documents requis par l'assureur n'ont pas été fournis.413
Il est prorogé en cas du décès de la victime d'un mois après l'accident.414
2. Modalités de réparation des préjudices subis par la victime
L'assureur rembourse à la victime les frais médicaux engagés par elle à
la suite de l'accident, s’il ne les a pas pris en charge415. Les frais sont limités aux
montants fixés par le Ministre des Finances par voie d'arrêtés.416
Si l'état de santé de la victime postule malgré sa consolidation des frais
futurs ceux-ci doivent être évalués par l'assureur et l’assuré avec le concours d’un
expert médical indépendant.417
408
Article 142 du code des connaissances.
409
Ibidem .
410
Article 140 du code des assurances
411
Article 145 du code des assurances.
412
Ibidem.
413
Article 152 du code des assurances.
414
Article 151 du code des assurances.
415
Article 161 du code des assurances
416
Article 161 alinéa 1 du code des assurances.
417
Article 161 alinéa 2 du code des assurances.
106
En cas d’incapacité temporaire de la victime, l'indemnisation n'est due
par l'assureur que dans la mesure où l'incapacité excède huit jours.418 L’indemnité
est fixée par l’assureur en tenant compte des dispositions de l’arrêté pris par le
ministre des finances.419 Elle doit tenir compte des revenus de la victime ou de
son SMI6 annuel.
Il en est de même de l’indemnité due par l’assureur en cas de
d'incapacité permanente de la victime.420 L’indemnité considérée couvre le
préjudice physiologique, le préjudice économique421, le préjudice physique, le
préjudice esthétique ou le préjudice de carriere.422
3. Modalités de réparation des préjudices subis par les ayants cause
Le préjudice économique subi par les ayants droit de la victime est
évalué par l'assureur selon la table de conversion déterminée par le Ministre des
Finances.423
La réparation tient compte des revenus annuels de la victime et du prix
de un franc de rente correspondant à l’âge de chaque ayant droit424 jusqu'à 21 ans
ou 28 ans, selon le cas.425
Les ayants cause ont également droit à une indemnisation pour le
préjudice moral426.Le taux de base de l'indemnité est déterminé par le Ministre
des Finances.427
§.3. Les véhicules étrangers circulant sur le territoire congolais
Pour qu'un véhicule immatriculé à l'étranger puisse circuler sur le
territoire congolais, le propriétaire doit souscrire une assurance internationale de
418
Article 162 alinéa 2 du code des assurances.
419
Article 162 alinéa 3 du code des assurances.
420
Article 163 du code des assurances.
421
Article 163 alinéa 1 du code des assurances.
422
Article 165 du code des assurances.
423
Article 166 du code des assurances.
424
Idem.
425
Article 168 alinéa 3 du code des assurances.
426
Article 169 du code des assurances.
427
Article 169 alinéa 2 du code des assurances.
107
responsabilité automobile dont l'étendue couvre le Congo en vertu d'une
convention internationale à laquelle ce dernier est partie. Cette exigence
procède de l'article 125 du code des assurances.
L'assurance internationale de responsabilité civile de véhicules
terrestres à moteur est en application dans l’espace COMESA qui a mis en place
la yellow card schéme en matière d'assurance de responsabilité civile de
véhicules automobiles.
Elle permet la couverture de la responsabilité du propriétaire du
véhicule dans tous les pays membres du COMESA où se produirait l'accident de
la circulation. Elle procède du protocole conclu en date du 4 décembre 1986 par
les pays parties à l'accord de libre-échange devenu COMESA. La carte est
délivrée dans chaque pays par le bureau national.
La carte jaune est en vigueur au Burundi, en République Démocratique
du Congo, en Erythrée, en Ethiopie, au Kenya, au Malawi, au Rwanda, au
Swaziland, en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe.
§.4. Le fonds de garantie automobile
L'article 501 du code des assurances institue le fonds de garantie
automobile dont la mission est de prendre en charge les frais médicaux et
l'indemnisation des victimes des accidents de la circulation dont les responsables
sont inconnus ou non assurés.
Par le fait de l'indemnisation de ces victimes, le fonds sera subrogé
dans les droits de ces dernières contre les responsables identifiés ou ayant
circulé sans l'assurance de responsabilité civile automobile.
Le fonds de garantie automobile n'est pas une assurance ou une
entreprise d'assurances. Il s'agit d'une para-assurance ou un droit pour les
victimes des accidents non couverts par une police d'assurance de responsabilité
civile automobile d'être indemnisées sans contrepartie par un organisme public.
108
Le fonds ne prend pas en charge les dommages causés par les véhicules
militaires ou de police.
Le fonds de garantie automobile sera alimenté par :
les cotisations annuelles obligatoires des entreprises d'assurance ou de
réassurance opérant en République Démocratique du Congo. Elles sont
proportionnelles aux primes nettes d'impôts.428
Au départ, elles sont calculées sur les prévisions de primes de trois
premiers exercices sociaux des entreprises d'assurance ou de
réassurance. Elles doivent être versées au fonds au plus tard le 30 juin
de l'année suivante.429
la quote-part des assurés qui s'ajoute à la prime d'assurance de
responsabilité civile automobile qu'ils versent aux assureurs ;430
les amendes infligées aux infracteurs ayant mis en circulation les
véhicules non-assurés ;431
les sommes recouvrées auprès des auteurs des accidents de la
circulation et toute autre ressource.432
Le décret du Premier Ministre organise et détermine les modalités de
fonctionnement du fonds de garantie automobile.433
Le fond n’est pas encore installé, ce qui est regrettable.
§.5. Garanties complémentaires
Facultativement, le véhicule automoteur peut être couvert contre le vol,
l'incendie et les dégâts matériels. Cette garantie est généralement envisagée
428
Article 502 du code des assurances.
429
Idem.
430
Ibidem.
431
Ibidem.
432
Ibidem.
433
Article 503 du code des assurances.
109
lorsque le véhicule considéré est neuf. Lorsqu'elle inclut la responsabilité civile la
police est dite tout risque ou omnium.
De même, le conjoint, les ascendants et les descendants du
propriétaire, du gardien ou du conducteur autorisé du véhicule peuvent être
couverts par la police d'assurance garantissant les dommages subis par les
occupants du véhicule.
La souscription de ces polices est libre et non obligatoire.
§.6. Appréciation critique
La plupart des véhicules qui circulent au Congo et qui appartiennent
aux personnes physiques ne sont pas assurés. Cela s'explique par le fait que la
plupart des congolais n'ont pas la culture des assurances. Autrement dit, leur
aversion pour les risques est minime.
De plus, les sanctions pénales prévues par la loi sont insignifiantes et
insuffisamment appliquées.
Par ailleurs, la jurisprudence pose problème dans mesure où elle n'est
pas uniforme dans l'application des textes de lois. Dans certaines assurances, les
tribunaux condamnent solidairement le prévenu, le civilement responsable et
l'assureur à payer aux victimes du sinistre des dommages et intérêts. Dans
d'autres, ils les condamnent in solidum. Il arrive parfois qu’ils condamnent
l’assureur seul.
Au demeurant, il s’avère que le système québécois, qui consiste à
dispenser de l'obligation d'assurance les entreprises privées ayant une flotte
importante de véhicule et une surface financière suffisante, est intéressant et peut
être instauré en République Démocratique du Congo.434 Cela peut donner lieu à
la création par ces entreprises des captives surtout que le secteur d'assurance est
libéralisé.435
434
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.149
435
Cf. code des assurances du 17 mars 2015.
110
Au travers du code des assurances, le ministre des finances est investi
de larges pouvoirs en matière de fixation des taux d’indemnisation des victimes
des accidents de la circulation routière. Son implication dans ce domaine bat en
brèche le principe de proportionnalité entre le préjudice et l’indemnité qui le
répare.
Section 2 : Assurance des aéronefs
Le législateur congolais organise l'assurance des aéronefs qui couvre la
responsabilité des propriétaires ou des exploitants de ceux-ci en cas de
dommages causés aux personnes transportées ou aux tiers au sol et en cas
d'avaries, de pertes ou de destruction des bagages et des marchandises leur
confiées aux fins de transport.
L'assurance des aéronefs peut assurer, en outre, le corps de ces
derniers, y compris les équipements et accessoires.
La souscription de cette assurance est obligatoire.
§.1 Régime de responsabilité du fait des aéronefs
La responsabilité des propriétaires et des exploitants des aéronefs peut
être engagée lorsque ceux-ci causent des dommages aux personnes, aux biens et
marchandises transportées ainsi qu'aux personnes et aux biens au sol.
A. Siège de la matière
La responsabilité des exploitants des aéronefs immatriculés au Congo
et de celle des exploitants des aéronefs immatriculés à l'étranger et desservant le
Congo est organisée d'une part, par la loi n°10-014 du 31 décembre 2010 sur
l’aviation civile et d'autre part, par la convention pour l'unification de certaines
règles relatives au transport aérien international conclue à Montréal en date du 28
mai 1999, la convention relative à la réparation des dommages causés aux tiers au
sol par des aéronefs conclue en date du 2 mai 2009 et la convention relative à la
réparation des dommages causés aux tiers au sol suite à des actes d'intervention
illicite faisant intervenir des aéronefs conclue à Montréal à la même date.
111
La loi du 31 décembre 2010 sur l’aviation civile s’est inscrite dans la
logique de la limitation de la responsabilité des exploitants des aéronefs tout en
améliorant les montants d’indemnisation des victimes des accidents aériens.
Elle s'est alignée en ce qui concerne le décès d’un passager sur la
convention de Montréal du 28 mai 1999 qui s'est substituée à la convention de
Varsovie du 12 octobre 1929 et est entrée en vigueur en date du 4 novembre 2003
pour les pays qui l'ont ratifiée.
Dans le même sens, le législateur a repris dans la loi les indemnités
prévues par la convention en cas de retard causé par le transporteur en cas de
perte ou d’avaries des bagages ou en cas de retard de livraison.
B. Système de responsabilité des transporteurs aériens institué par la
convention de Montréal du 28 mai 1999.
La convention de Montréal pour l’unification de certaines règles
relatives au transport aérien international a été conclue dans le but d'actualiser la
convention de Varsovie qui a vieilli en relevant les limites de responsabilité des
transporteurs aériens qui ont été jugées inéquitables à l'égard des passagers en y
intégrant les évolutions qu’a connues le domaine du transport aérien.
Elle régit le transport international de personnes, de bagages et
marchandises qu'elle appréhende en termes de transport dans lequel le point de
départ et le point de destination sont situés sur le territoire de deux États parties
ou sur le territoire d'un État partie si une escale est prévue sur le territoire d'un
autre État contractant ou non.
La convention peut être étendue aux transports domestiques par
chaque Etat partie.
Après la révision du 30 décembre 2009, les indemnités qu'elle fixe se
ventilent comme suit :
En cas de décès d'un passager, le propriétaire ou l’exploitant de
l’aéronef est redevable de 131.100 DTS soit d’environ 140.000 euros à ses ayants
112
cause. Ce montant est dû sans contestation lorsque la demande n'est pas
excédentaire.
Dans l'hypothèse où la demande d'indemnisation excède les droits de
tirages spéciaux susvisés le transporteur est tenu d'indemniser totalement la
victime si les dommages sont dus à sa faute, à celle de ses préposés ou de ses
mandataires.
En cas de dommage dû au retard causé par le transporteur,
l'indemnisation de la victime est limitée à la somme de 4694 DTS par passager.
L'indemnisation est limitée à la somme de 1131 DTS par passager en cas
d’avarie ou de perte de bagages et en cas de retard de livraison, sauf s'il y a eu
déclaration spéciale d'intérêt par passager.
En ce qui concerne l’avarie ou la perte des marchandises, la
responsabilité du transporteur est limitée à la somme de 19 droits de tirages
spéciaux par kilogramme, sauf s'il y a eu déclaration spéciale d'intérêt.
Les limitations prévues par la convention susdite ne s'appliquent pas en
cas de dol du transporteur, de ses préposés ou de ses mandataires. De plus, elles
sont révisables tous les cinq ans par OACI.
La République Démocratique du Congo a été autorisée à ratifier la
convention de Montréal du 28 mai 1999 par la loi n° 13/030 du 24 décembre 2013.
L’instrument d'adhésion a été déposé le 21 juillet 2014 et l’'entrée en vigueur a eu
lieu le 19/09/2014.
C. Système de responsabilité des transporteurs aériens institué par la
convention de Montréal du 2 mai 2009 pour les dommages subis par les
tiers au sol, à la surface d'un État partie.
La convention organise la réparation par l'exploitant aérien des
dommages corporels et des dommages matériels subis par des tiers au sol, y
compris les dommages environnementaux.
113
Sont exclus les dommages causés par la guerre, les conflits armés, les
troubles civils, et les dommages causés par le passager de l’aéronef à travers
l'espace aérien.
Les indemnités sont limitées par événements et fixées en tenant compte
du poids de l'appareil. Les limitations tombent en cas de négligence.
Les indemnités sont chiffrées comme suit :
- 750.000 DTS par événement lorsque l’aéronef pèse moins de 500
kilogrammes.
- 700.000.000 DTS par événement lorsque l’aéronef pèse plus de
500.000 kilogrammes.
D. Système de responsabilité des transporteurs aériens causés aux tiers suite à
des actes d'intervention illicite faisant intervenir des aéronefs conclue à
Montréal le 02 mai 2009.
Le système qu’organise la convention susvisé est destiné à protéger
les tiers au sol victimes du terrorisme accompagné au détournement. Celui-ci
d’aéronef est identique au système prévu par la convention du 02 mai 2009
relative à l’indemnisation des tiers au sol et de leurs biens, victimes d’accidents
ordinaires des aéronefs.
Les réclamations excédant les sommes globales à la charge de
l’exploitant sont à charge du fonds international de l’aviation civile, jusqu’à
concurrence de 3 milliards de DTS.
§.2. Structure de l’assurance de l’aéronef
L’assurance de l’aéronef est obligatoire et couvre des risques liés à
la circulation aérienne
1. Débiteur de l’obligation d’assurance
Le débiteur de l’obligation de souscrire la police d’assurance de
114
l’aéronef est le propriétaire de celui-ci ou son exploitant.
L’exploitant est celui qui utilise l’aéronef à titre lucratif. Il peut être le
propriétaire lui-même, le locataire ou l’affréteur.
Bien qu’il ait la conduite de l’aéronef, le pilote n’est pas tenu de
souscrire la police sous revue. Toutefois, il doit se refuser à piloter l’aéronef si
l’exploitant ne souscrit pas la police d’assurance de l’aéronef.
2. Etendue de la couverture
a. Risques couverts
Au regard de l’article 184 du code des assurances, la garantie de
l’assurance de l’aéronef couvre les dommages que ce dernier peut causer aux
personnes transportées ou aux tiers au sol. Elle couvre également les avaries et
les pertes des bagages et marchandises transportées.
La police d’assurance de l’aéronef s’appréhende dès lors comme un
contrat d’assurance de responsabilité du propriétaire ou de l’exploitant de
l’aéronef du fait de dernier.
L’article 14 des conditions générales de la police d’assurance pour
les aéronefs de la SONAS énonce à ce sujet que « l’assurance faisant l’objet de la
présente division a pour but de garantir, dans les limites de la législation en
vigueur et à concurrence des garanties fixées d’autre part, la responsabilité civile
pouvant incomber au preneur d’assurance du chef.
1) d’accidents corporels ou matériels, y compris ceux résultant d’incendie
ou d’exploitation de l’aéronef, causés aux tiers non transportés
pendant les évolutions aériennes et en dehors de celui-ci ;
2) d’accident corporels ou matériels […], y compris ceux résultant
d’incendie ou d’exploitation de l’aéronef, causés aux tiers transportés
pour autant que l’accident qui a causé le dommage se produise à bord
115
de l’aéronef assuré ou au cours de toutes opérations d’embarquement
ou de débarquement ».436
En ce qui concerne les opérations d’embarquement, le problème se
pose relativement au système de « city check in » instauré par les transporteurs
aériens et qui consiste en l’enregistrement des passagers au centre de la ville.
Dans la mesure où certaines compagnies, qui le pratiquent, assurent le transport
des voyageurs de la ville à l’aéroport le « city check in » peut s’analyser en
termes d’opérations d’embarquement. En cas d’accidents survenus en cours de
route, leur responsabilité sera engagée et leur assureur devra indemniser les
voyageurs ayant subi des dommages.437
S’agissant du décès ou des lésions corporelles, seules les préjudices
physiques et économiques sont indemnisables, y compris le préjudice moral.438
La maladie de la thrombose provoquée par un très long voyage dans
de mauvaises conditions ainsi que le syndrome de la classe économique ne sont
pas indemnisables.439
Par ailleurs, l’étendue du risque étant susceptible de variation, son
aggravation doit être déclarée par l’assuré à l’assureur dans les meilleurs
délais.440 Il en est de même de sa diminution.441 La modification apportée au
matériel et à son utilisation doit également être déclarée.
La déclaration de la modification du risque pose problème dès lors
qu’elle n’est concevable qu’en assurance des biens à l’exclusion de l’assurance
de dommages corporels et matériels. On a pu dire qu’il s’agit là de la
particularité de l’assurance de l’aéronef.442
436
Police type d’assurances de l’aéronef de la SONAS.
437
Voir en ce sens SEPTANDRI WIDIYATO, op. cit., p.99
438
Alexandre Barnard, op. cit., pp.43-50.
439
Alexandre Bernard, op. cit., pp.43-44.
440
Article 8 des conditions générales de la police type de l’assurance de l’aéronef de la SONAS.
441
Idem.
442
MFB Reinecre et Alli, op. cit., n°579, p.427.
116
b. Risques exclus
L’assurance de l’aéronef ne couvre pas les dommages issus des
accidents provoqués volontairement par l’assuré ou le pilote ou des accidents
occasionnés pendant la réquisition de l’aéronef par une autorité publique.443 Il en
est de même des dommages dus aux tremblements de terre, aux éruptions
volcaniques, à la guerre, à l’insurrection, aux troubles civiles, aux émeutes, à la
guerre, à l’ivresse du pilote, aux évolutions téméraires ou non justifiées par la
conduite normale de l’aéronef.444
Par ailleurs, la police d’assurance de l’aéronef exclut de
l’indemnisation l’assuré et les membres de sa famille qui sont à sa charge. Il en
est de même du pilote et du personnel de cabine. Ils sont exclus de la garantie
même s’ils ne sont pas en service.
Ils sont, en revanche, couverts par une police d’assurance dite
« individuel accident » qui est un contrat d’assurance de personnes, car la
branche vie suppose un décès quelconque, accidentel ou non.
L’exclusion des membres de la famille du propriétaire ou de
l’exploitant de l’aéronef de la garantie d’assurance est discriminatoire et
critiquable. Il est souhaitable qu’ils soient couverts lorsqu’ils sont transportés ou
lorsqu’ils sont au sol.
c. Garantie d’assurance
Il ressort de l’alinéa 3 de l’article 184 du code des assurances que
« les garanties accordées par le contrat d’assurance doivent être au minimum
égales aux montants d’indemnisation fixés par les conventions internationales qui
régissent le transport aérien ainsi que par le code de l’aviation civile ».
Les conventions auxquelles fait référence l’article précité sont la
convention de Montréal du 28 mai 1999 et les deux conventions de Montréal du 2
mai 2009.
443
Article 13 des conditions générales de la police d’assurance de l’aéronef de la SONAS.
444
Idem.
117
Aux termes de la convention de Montréal du 28 mai 1999,
l’indemnisation des victimes ou de leurs ayants droit par les propriétaires des
aéronefs ou les exploitants de ces derniers se monte comme suit :
- 131.100 droits de tirages spéciaux en cas de décès du passager ;
- 4694 droits de tirages spéciaux en cas de retard du voyage ;
- 1131 droits de tirages spéciaux en cas d’avarie ou de perte de bagages ;
- 19 droits de tirages spéciaux en cas de perte de marchandise.
S’agissant des victimes des accidents aériens se trouvant au sol,
l’indemnisation par événement est fonction du poids de l’aéronef.
Elle est de 750.000 droits de tirages spéciaux lorsque l’aéronef a un
poids inférieur à 500 kilogrammes.
Lorsque l’aéronef a un poids supérieur à 500.000 kilogrammes,
l’indemnisation par événement est fixée à 700.000.000 de droits de tirages
spéciaux.
Les limites susvisées tombent en cas de négligence ou d’omission de
l’exploitant ou de toute autre personne et l’assureur du propriétaire de l’aéronef
ou de l’exploitant de ce dernier devra indemniser intégralement la victime ou
ses ayants droit.
Pour les victimes des accidents aériens survenus à la suite des actes
de terrorisme impliquant les aéronefs, l’indemnisation est également fonction de
la masse des aéronefs. L’indemnisation est de 750.000 droits de tirages spéciaux
par événement lorsque l’aéronef a un poids inférieur à 500 kilogrammes. Lorsque
l’aéronef a un poids supérieur à 500.000 kilogrammes l’indemnisation par
événement se chiffre à 7.000.000 de droits de tirages spéciaux par événements.
3. Modalités d’indemnisation
L’indemnisation des victimes ou de leurs ayants cause implique la
déclaration du sinistre par l’assuré et le paiement de l’indemnité par l’assureur.
118
a. Déclaration du sinistre
En cas de dommages corporels ou matériels causés aux passagers
ou aux tiers au sol par l’aéronef, l’assuré doit les déclarer à l’assureur dans le
délai de huit jours, à compter du moment où il en a eu connaissance.
Lorsque l’assuré a été blessé, le délai susdit court à compter de sa
guérison.445
Dans l’hypothèse où il a été tué dans l’accident, le délai court à
compter de l’assignation en justice des héritiers.446
b. Paiement
Lorsque le sinistre est déclaré, l’assureur est tenu de faire à la
victime ou à ses ayants cause une offre d’une indemnité ou d’une provision, selon
le cas.447
En cas d’acceptation de l’offre, l’assureur et l’assuré ou ses ayants
cause concluent une transaction.448 Celle-ci peut, toutefois, être révoquée par
l’assuré ou ses ayants droits dans le délai de 7 jours à compter de sa
conclusion.449
Dans l’hypothèse où l’assureur et l’assuré ne s’accordent pas sur le
montant d’indemnisation, ce dernier (assuré) peut saisir la juridiction compétente
du lieu de l’accident.
Les conventions de Montréal vont dans le même sens.
§.3. Appréciation critique
Les conventions de Montréal limitent l’indemnisation des victimes
des accidents des aéronefs. Ces limitations ne sont pas sans poser problème dans
445
Article 21 des conditions générales de la police pour les aéronefs de la SONAS.
446
Idem.
447
Article 21 alinéa 3 du code des assurances.
448
Article 21 alinéa 4 du code des assurances.
449
Article 34 point 2 du code des assurances.
119
la mesure où elles battent en brèche le principe de proportionnalité entre les
indemnités et les dommages. De plus, elles semblent ne pas se justifier dès lors
que le domaine de l’aviation s’est considérablement développé et que les
craintes de stagnation du secteur qui les ont fondées se sont diluées.
Une autre particularité de l’assurance de l’aéronef consiste en ce que
les conventions internationales de Montréal prévoient son remplacement soit par
le dépôt en banque des sommes d’argent suffisantes pour indemniser les victimes
de dommages causés par l’aéronef soit une garantie bancaire.
Dès lors que ces conventions ont été ratifiées par le Congo, elles ont
une force supérieure à celle du code des assurances et les propriétaires des
aéronefs ou les exploitants de ceux-ci sont libres de souscrire une police
d’assurance de l’aéronef, de consigner dans un compte bancaire les fonds
d’indemnisation des victimes d’accident ou de fournir une garantie bancaire.
Par ailleurs, le législateur entrevoit par l’article 187 du code des
assurances la possibilité pour les propriétaires des aéronefs immatriculés au
Congo ou les exploitants de ces derniers de souscrire la police d’assurance à
l’étranger lorsque les assureurs implantés au Congo ne sont pas en mesure de
rencontrer leurs propositions d’assurance.
Section 4 : Assurance des risques de construction
L’assurance des risque de construction se décline sous deux formes,
à savoir l’assurance des dommages à l’ouvrage connue sous le nom de
l’assurance tous risques chantiers et l’assurance de responsabilité décennale.450
Les deux assurances considérées sont obligatoires.
§.1. Assurance des dommages à l’ouvrage
L’assurance des dommages à l’ouvrage est obligatoire et couvre
l’ouvrage pendant la construction.
450
Articles 193 et 198 du code du travail.
120
A. Base légale
L’article 193 du code des assurances énonce que « tout constructeur,
personne physique ou morale, dont la responsabilité civile peut être engagée en
raison de dommages de toute nature pouvant affecter la réalisation des travaux de
construction, de restauration ou de réhabilitation d’ouvrage est tenu de souscrire,
avant l’ouverture de chantier et en dehors de toute recherche de responsabilité,
une assurance le couvrant de tout risque professionnel ».
Il ressort de cette disposition qu’en plus du contrat d’entreprise qu’il
conclut avec le maître de l’ouvrage, le constructeur est en obligation de conclure
le contrat d’assurance de l’ouvrage avec un assureur de son choix avant le début
de travaux. L’exigence du contrat d’assurance de l’ouvrage procède de la
préoccupation du législateur de sécuriser le maître de l’ouvrage.
B. Régime d’assurance
1. Obligation d’assurance
Le débiteur de l’obligation de souscrire la police d’assurance « tous
risques chantiers » est le constructeur de l’ouvrage.451 Par constructeur,
on entend l’architecte, l’entrepreneur, le technicien, l’ingénieur conseil et
l’ingénieur d’étude.452
Le mot englobe également le promoteur immobilier qui vend les
immeubles qu’il a construits ou fait construire ainsi que le locateur d’ouvrage.453
2. Etendue de la couverture
a. Risques couverts
L’assurance de l’ouvrage couvre les travaux de construction
d’immeubles d’habitation, d’immeubles commerciaux, d’hôpitaux, d’écoles, des
451
Article 193 du code des assurances.
452
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.189.
453
Article 3 point 20 du code des assurances ; cf. également TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des
assurances, op. cit., p.189.
121
magasins, des églises, des salles de spectacles, des usines, des silos, des
charges, etc. confiés à un constructeur.454
Elle couvre les dommages causés à l’ouvrage par l’utilisation, lors de
la construction, de matériaux inappropriés ou viciés, les mauvaises prestations,
les évaluations erronées, le vol des éléments incorporés dans l’ouvrage ou la
destruction méchante de ce dernier.455
L’article 194 du code des assurances énonce à ce sujet que « la
garantie couvre la valeur totale de l’ouvrage. Elle couvre également les
dommages résultant de l’emploi des matériaux impropres ou défectueux, le
travail défectueux, les erreurs de dessins ou de calcul et les dommages dus au
vol. La garantie d’assurance s’étend aux dommages qui affectent la solidité des
éléments d’équipement d’un bâtiment, lorsque ceux-ci font indéniablement corps
avec les ouvrages de viabilité, de fondation, d’ossature, de clos et de couvert ».
Sont également couverts, les dommages occasionnés par les
phénomènes naturels.456
b. Risques exclus
La police d’assurance de l’ouvrage ne couvre pas les dommages
générés par les opérations militaires, la guerre étrangère, la guerre civile, les
émeutes, les invasions, la confiscation, la désintégration du noyau atomique, les
radiations nucléaires, les contaminations radioactives, les influences
atmosphériques normales, la corrosion et l’oxydation.457
Il en est de même des amendes ou pénalités de retard, de la rupture
du contrat et de l’inactivité du constructeur.458
454
Article 194 du code des assurances.
455
Idem.
456
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.190.
457
Idem.
458
Ibidem.
122
c. Personnes assurées
Les personnes couvertes par l’assurance de l’ouvrage sont le
constructeur, ses employés et ses sous-traitants à l’exclusion du maitre de
l’ouvrage, de ses préposés et mandataires.459
L’Etat, les provinces, les entités décentralisées et les personnes
morales de droit publiques sont dispensés de l’obligation de souscrire
l’assurance de l’ouvrage lorsqu’ils construisent eux-mêmes leurs bâtiments.
d. Nature des responsabilités assurées
La responsabilité du constructeur que couvre l’assureur est
contractuelle et non délictuelle460 ; c'est-à-dire, la police couvre les dommages
matériels. Elle couvre les risques de l’ouvrage et ne concerne pas les dommages
corporels subis par le maître de l’ouvrage, ses préposés ou par les tiers circulant
sur le chantier.461 La garantie court dès la conclusion de la police jusqu’à la
réception définitive des travaux et couvre la valeur totale de l’ouvrage. 462 Au
sujet de la réception de travaux, le droit de la construction et la pratique
organisent deux types de réception par le maître de l’ouvrage à savoir la
réception provisoire et la réception définitive.
La réception provisoire « est un premier stade de constatation
n’ayant aucun effet définitif d’agréation ».463 Elle décharge l’entrepreneur des
vices apparents.464
La réception définitive libère totalement l’entrepreneur. Elle
présuppose l’agréation par le maître de l’ouvrage des travaux réalisés par
l’entrepreneur.465
459
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.191.
460
Ibidem.
461
Ibidem.
462
Article 197 du code des assurances.
463
Maurice André, FLAMME et Philippe FLAMME, le contrat d’entreprise 10 ans de jurisprudence, (1966-1975),
maison Ferdinand Larcier, 1976, n°59, p.32.
464
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, op. cit., p.186.
465
Idem
123
Néanmoins, elle fait couvrir pour le constructeur sa responsabilité
décennale vis-à-vis du maître de l’ouvrage conformément à l’article 439 du code
civile livre III qui dispose que « si l’édifice construit à prix fait péri en tout ou en
partie par le vice de construction, même par le vice du sol, les architectes et
entrepreneur en sont responsables pendant dix ans ».
e. Victime protégée
La victime, qui est protégée par l’assurance, est le maître de
l’ouvrage.466 Toutefois, en cas de cession de ce dernier, la police d’assurance
passe dans le chef de l’acquéreur.467 Il en est de même en cas de décès du
propriétaire. Le transfert de la police dans le chef de ce dernier pose problème
dès lors que l’intérêt assurable est insusceptible d’être cédé.
3. Indemnisation
En cas de survenance du sinistre l’assuré est tenu de le déclarer à
l’assureur dans le délai convenu. La forme de la déclaration est libre en ce sens
qu’elle peut être faite par simple lettre ou par lettre recommandée. Elle peut
également être faite verbalement. Mais généralement elle est faite par écrit.
La déclaration devra comporter la description du sinistre et des
circonstances de sa survenance. L’indemnisation de la victime par l’assureur doit
se faire dans un délai de trois mois à partir soit de la détermination de l’indemnité
par les parties, l’expert ou l’arbitre soit du jour où l’issue du procès intenté contre
l’assuré ou l’assureur est devenu définitive.468
Comme on le constate, l’assureur de l’ouvrage n’est pas tenu de faire
à la victime une offre d’indemnité ou de provision comme c’est le cas en matière
d’assurance de responsabilité civile en matière d’utilisation de véhicules
terrestres à moteur. Le législateur estime que le maître de l’ouvrage n’a pas
besoin d’une grande protection. L’assureur de l’ouvrage fixe directement le
montant d’indemnisation par lui-même ou à dire d’expert ou l’arbitre et dispose
466
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, op. cit., p.112.
467
Article 207 du code des assurances.
468
Article 206 du code des assurances.
124
d’un délai de trois mois pour désintéresser le maître de l’ouvrage.
4. Prescription et contentieux
a. Prescription
Les actions relatives à l’assurance tout risque chantier et les droits y
afférents se prescrivent dans un délai de deux ans à compter de la survenance
des risques.469
b. Contentieux
Les contestations découlant du contrat d’assurance relèvent de la
compétence du tribunal de commerce ou du tribunal de grande instance, selon le
statut de l’assureur470
5. Appréciation critique
La loi n°74-007 du 10 juillet 1974 prévoyait quatre assurances de
construction à savoir :
- l’assurance de l’ouvrage ;
- l’assurance de responsabilité civile des constructeurs pendant la
construction ;
- l’assurance décennale des constructeurs ;
- l’assurance de responsabilité civile des constructeurs pendant la
période décennale.
Le code des assurances du 17 mars 2015 n’organise que deux
assurances de constructeurs que sont l’assurance de l’ouvrage et l’assurance de
responsabilité décennale du constructeur.
Cela revient à dire que les dommages que subissent les tiers
pendant la construction de l’ouvrage et pendant la période décennale sont réglés
469
Cf. supra
470
Idem
125
conformément au droit commun.471
De plus, l’obligation mise à charge du constructeur de souscrire la
police d’assurance « tous risques chantiers » ne va pas sans poser problème.
Dès lors que les matériaux mis en œuvre sont généralement fournis
par le constructeur, ce dernier en reste le propriétaire jusqu’à la livraison de
l’ouvrage. De même, les risques de vol, de dommages à l’ouvrage en
construction, de vice de construction demeurent à sa charge jusqu’à la livraison
de l’ouvrage au client.
Au reste, n’étant pas propriétaire du sol, le maître de l’ouvrage ne
devient pas propriétaire de la construction au fur et à mesure de l’incorporation
de matériaux à ce dernier, le principe de l’accession ne jouant pas dans cette
occurrence. Le droit de bail qu’il exerce sur la parcelle considérée n’est pas apte
à le mettre en jeu. Il en est de même du droit qu’il a à devenir propriétaire de
l’ouvrage.
On ne peut pas dire que le contrat d’entreprise avenu entre le maître
de l’ouvrage et le constructeur emporte transfert de la propriété des matériaux
fournis par ce dernier au premier et que l’entrepreneur se trouve être le débiteur
de l’obligation d’indemnisation en cas de malfaçon survenue avant la réception
de l’ouvrage par le client.
Ayant examiné la même question en 1957, Orban n’a pas manqué
d’indiquer que la « théorie de l’accession, dont la portée est considérable en ce
qui concerne les risques, est rejetée par une grande majorité de la jurisprudence
belge, que semble suivre la jurisprudence congolaise. L’entreprise de
construction de bâtiment sur le sol du maître de l’ouvrage reste sans doute un
louage d’ouvrage, mais auquel il y a lieu d’appliquer purement et simplement, en
ce qui concerne les risques, l’article 435. L’entrepreneur est donc propriétaire de
la construction jusqu’à la réception, ou tout au moins jusqu’à la livraison.
Les risques de perte de la chose restent donc à sa charge jusqu’à ce
471
Cf. articles 260 livre III alinéa 1 et 262 du code civil livre III.
126
moment. »472
On peut, à la limite, soutenir que la police d’assurance tous risques
chantiers doit être souscrite par le constructeur pour le compte du maître de
l’ouvrage.
Au demeurant, dans l’hypothèse où les matériaux sont fournis par le
maître de l’ouvrage le constructeur ne peut couvrir que sa responsabilité envers
ce dernier et non l’ouvrage.
Un autre questionnement qui se pose au sujet de la véritable nature
juridique de l’assurance « tous risques chantiers » est celui de savoir si elle est
une assurance de chose ou une assurance de responsabilité.
Dans l’occurrence où le constructeur fournit les matériaux de
construction elle s’appréhende en termes d’assurance de chose. Dans le cas
contraire, elle est une assurance de responsabilité contractuelle.
§.2. Assurance de responsabilité décennale du constructeur
L’assurance de responsabilité décennale de constructeur est
obligatoire et couvre la dette de ce dernier vis-à-vis du maître de l’ouvrage après
la réception de ce dernier.
A. Base légale
L’assurance de responsabilité décennale a son siège dans les articles
198 à 204 du code des assurances.
L’article 198 indique que « la responsabilité décennale prévue à
l’article 439 du code civil livre III fait l’objet, de la part du constructeur, d’une
souscription d’assurance qui prend effet à compter de la réception définitive.
Cette garantie bénéficie au maître ou aux propriétaires successifs de l’ouvrage,
jusqu’à son expiration ».
472
P. ORBAN, op. cit., n°1060, p.539.
127
L’assurance de responsabilité décennale des constructeurs est
obligatoire en ce sens que l’absence d’assurance est punie d’une amende
correspondant à la prime d’assurance.473
L’objectif visé par le législateur en rendant cette assurance
obligatoire est de sécuriser le maître de l’ouvrage.474
B. Régime d’assurance
1. Obligation d’assurance
L’assurance couvre la responsabilité du constructeur, de ses
préposés et sous-traitants.475 Toutefois, l’obligation d’assurance incombe au seul
constructeur, par application de l’article 205 alinéa 1er du code des assurances.
L’Etat, les provinces, les entités territoriales décentralisées et les
personnes morales de droit public ne sont pas assujettis à l’obligation de
souscrire la police d’assurance de responsabilité décennale et la police
d’assurance tous risques chantiers.476
Ils sont exonérés de l’obligation de souscrire l’assurance de
l’ouvrage et l’assurance de responsabilité décennale lorsqu’ils construisent leurs
propres bâtiments. Ils n’engagent pas leurs responsabilités en cas de
défectuosité des travaux qu’ils réalisent pour eux-mêmes.
Il en est de même des propriétaires en cas travaux de construction
de leurs maisons d’habitation.477
2. Etendue de la garantie
a. Risques couverts
La police d’assurance de responsabilité décennale couvre les
473
Article 208 du code des assurances.
474
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.187.
475
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p…..
476
Article 205 du code des assurances.
477
Article 205 alinéa 2 du codes des assurances.
128
dommages graves subis par l’ouvrage après sa réception définitive par le maitre
de l’ouvrage.478
La responsabilité décennale du constructeur est prévue par l’article
439 du code civile livre III qui dispose que « si l’édifice construit à prix fait périt
en tout ou en partie par le vice de construction même par le vice du sol, les
architectes et entrepreneur en sont responsables pendant dix ans ».
Les risques visés sont les dommages causés par les vices ou les
malfaçons graves compromettant la solidité de l’ouvrage.479
Les vices, défectuosités et malfaçons doivent être non seulement
graves mais aussi inconnus du maître de l’ouvrage lors de la réception de
l’ouvrage.480 Les dommages résultant du vice du sol sont également couverts.481
Les vices apparents et moins graves lors de la réception de
l’ouvrage par le maître sont exclus de la décennale.482
La police d’assurance de responsabilité décennale couvre le
constructeur. Ce concept englobe l’entrepreneur, l’architecte, l’ingénieur
d’études et l’ingénieur conseil.483
La responsabilité du constructeur est contractuelle.484 L’ouvrage est
garanti à concurrence de sa valeur totale et la garantie court pendant dix ans à
compter de la réception définitive de l’ouvrage.485
La responsabilité décennale du constructeur est conçue d’une part,
dans l’intérêt du maître de l’ouvrage eu égard à l’importance de l’investissement
478
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, op. cit., p.202.
479
Idem.
480
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, op. cit., p.203.
481
Idem.
482
Ibidem.
483
Ibidem.
484
Ibidem.
485
Article 201 du code des assurances.
129
que postulent les travaux et d’autre part dans l’intérêt de la sécurité publique.486
Les ouvrages d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires,
héliportuaires, ferroviaires, les ouvrages maritimes, lacustres, fluviaux, les voiries
ne sont pas concernées par l’assurance de responsabilité décennale.487
Cela veut dire que les constructeurs en charge desdits travaux ne
sont pas obligés à souscrire l’assurance de responsabilité décennale et
l’assurance tous risques chantiers. La dispense procède de la préoccupation du
législateur d’éviter que les constructeurs n’incorporent le coût de l’assurance
dans leurs factures ou devis.
3. Valeur assurée et durée de la garantie
L’ouvrage est garanti à concurrence de la valeur totale et la garantie
court pendant dix ans à compter de la réception définitive de l’ouvrage. L’article
201 du code des assurances dispose à ce propos que « la garantie est fixée en
fonction de la valeur de l’ouvrage construit telle qu’elle résulte du coût définitif
des travaux. Cette garantie court à la date de la réception définitive de l’ouvrage
par le maître de l’ouvrage ou son mandataire et s’étend pendant une période de
dix années calendrier sans interruption ».
Le délai de dix ans qui est prévu est un délai d’épreuve de la solidité
de l’ouvrage.488
4. Indemnisation
L’indemnisation de la victime doit se faire dans les trois mois à
compter de la date de la fixation de l’indemnité par un expert, un arbitre ou par
l’évaluation de gré à gré par l’assureur et l’assuré. Ce délai court en cas de
486
Maurice André FLAMME et Philippe FLAMME, op. cit., n°100, p.45.
487
Cf. article 205 alinéa 3 du code des assurances
488
Maurice André FLAMME et Philippe FLAMME, op. cit., n°116, p.51.
130
jugement à compter du jour où ce dernier acquiert l’autorité de la chose jugée.489
5. Prescription et contentieux
Les actions afférentes à l’assurance de responsabilité décennale du
constructeur se prescrivent après deux ans à compter des faits qui les
génèrent.490
Elles relèvent du tribunal de commerce ou de grande instance, selon
le cas.
489
Cf. article 206 du code des assurances
490
131
CHAPITRE II :
ASSURANCE OBLIGATOIRE DES CHOSES
Le législateur congolais organise l’assurance obligatoire contre les
risques d’incendie des bâtiments ouverts au public. C’est l’analyse de cette
assurance qui constitue l’objet du présent chapitre.
Section 1 : Assurance contre les risques d’incendie de bâtiments
ouverts au public
L’assurance incendie est une assurance de choses qui est la plus
répandue dans le monde. Comme nous l’avons vu, elle est apparue à la suite de
l’incendie qui a ravagé la ville de Londres en 1666.491 Elle est obligatoire pour les
bâtiments accessibles au public et les industries.
§.1. Base légale de l’assurance contre les risques d’incendie des bâtiments
ouverts au public et des usines et industries
L’assurance contre les risques d’incendie des bâtiments ouverts au
public est prévue par les articles 210 à 230 du code des assurances du 17 mars
2015. L’article 210 alinéa 1er dispose que « font l’objet de l’obligation d’assurance
incendie tout bâtiment ou immeuble ou catégorie d’immeuble à usage
administratif, culturel, sanitaire ou scolaire, les salles de spectacles, de loisirs, les
immeubles de rapport, ceux à usage industriel, agro-industriel, artisanal ou
commercial ou général ».
L’économie de cette disposition consiste essentiellement à obliger
l’assuré à se garantir contre le risque d’incendie en vue d’obtenir une
indemnisation pouvant lui permettre de reconstruire l’immeuble en cas de
destruction par le feu. Il se pose, toutefois, la question de la nécessité pour le
législateur de rendre cette assurance obligatoire dès lors que les propriétaires
des bâtiments accessibles au public, des usines et des industries peuvent
envisager de demeurer leur propre assureur. Seule la couverture obligatoire de
leur responsabilité en cas de préjudice subi par les tiers lors de l’incendie des
491
Cf. supra chapitre préliminaire
132
bâtiments peut se justifier.
§.2. Régime d’assurance
1. Les risques couverts
Les risques que couvre la police d’assurance incendie sont de deux
ordres, à savoir les dommages matériels et les risques de responsabilité civile.
a. Les dommages matériels
La police d’assurance incendie couvre l’assuré contre la perte totale
ou partielle de l’immeuble protégé et de son contenu résultant d’une combustion.
Elle garantit à ce dernier l’indemnisation du dommage qu’il subit à la suite de la
destruction, la dégradation ou la disparition du bien de son patrimoine par le
feu.492
Le risque d’incendie s’appréhende en termes de « combustion d’un
bâtiment ou des objets qu’il contient, suivie d’embrasement total ou partiel par
l’action directe d’une flamme ».493 L’embrasement doit être anormal et
susceptible de propagation494. Il est anormal lorsqu’il se produit en un lieu
inapproprié, c'est-à-dire non prévu pour l’existence d’un feu.495
La police d’assurance de risque d’incendie sous revue couvre les
immeubles à usage administratif, culturel, sanitaire et scolaire, les salles de
spectacles, ou de loisirs, les immeubles à usage industriel, agro-alimentaire,
artisanal ou commercial. Il s’agit des immeubles ouverts au public, des usines et
industries. Elle ne concerne pas les immeubles d’habitation ainsi que les
immeubles commerciaux et industriels en construction.
Les immeubles assurés sont généralement classés en quatre groupes
qui sont les immeubles simples, les immeubles industriels, les immeubles
492
J. BONNARD, op. cit., n°8, p.12.
493 er
Article 1 de la loi n°74-008 du 10 juillet 1974 abrogé par le code des assurances.
494
M. FONTAINE, op. cit., n°783, p.386.
495
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.243.
133
commerciaux et les immeubles spéciaux.496
En droit belge, les classifications des immeubles ont été ramenées à
deux, à savoir les risques simples et les risques spéciaux.497
La police d’assurance incendie peut, d’accord parties, être étendue
aux risques de foudre, d’explosion, de dégâts d’électricité et de chute
d’aéronefs.498 Il en est de même de la responsabilité des dégâts des eaux, du
chômage immobilier, des frais d’extinction, de sauvetage, de conservation, de
déblais et de démolitions.499
Les dégâts causés par les secours et par les démolitions ordonnées
par l’autorité publique pour contenir le sinistre sont automatiquement inclus dans
la police.500
Qu’il soit causé par son imprudence ou par la faute d’un tiers,
l’assuré est dans l’obligation de minimiser le dommage.501
b. Les risques de responsabilité civile
En plus des dommages matériels causés aux bâtiments couverts, la
police d’assurance des risques d’incendie de bâtiments accessibles au public,
aux usines et industries couvre les dommages corporels subis par les tiers et
résultant de l’incendie.
L’article 214 alinéa 1er du code des assurances énonce à ce propos
que « sans préjudice des dispositions des articles 258 à 260 du code civil livre III
sur la responsabilité civile, l’obligation d’assurance prévue à l’article 210 de la
présente loi s’étend aussi aux dommages corporels résultant de l’incendie ».
Si la loi n°74-008 du 10 juillet 1974 avait prévu une indemnisation
496
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.243.
497
M. FONTAINE, op. cit., n°977, p.382.
498 er
Cf. police type d’assurance incendie de la SONAS, article 1 .
499
Idem ; voir aussi D.M. DAVIS, op. cit., n°24,
500 er
cf. article 1 de la police type d’assurance incendie de la SONAS ; voir aussi M. FONTAINE, op. cit., n°756,
p.388.
501
D.M. DAVIS, op. cit., p.425.
134
forfaitaire et plafonnée des victimes de l’incendie des bâtiments, le code des
assurances du 17 mars 2015 est muet sur la question. Ce mutisme incline à
penser que l’indemnisation de celles-ci sera proportionnelle au préjudice subi.
La police d’assurance des risques d’incendie des bâtiments
accessibles au public couvre aussi les dégâts causés aux immeubles voisins par
l’incendie provenant du bâtiment couvert. Les immeubles voisins doivent être la
propriété des tiers et non de l’assuré.
La police d’assurance incendie couvre, pour ainsi dire, l’assuré
contre les recours des voisins. L’article 213 du code des assurances est en ce
sens lorsqu’il mentionne que « l’assurance obligatoire couvre les dommages
d’incendie causés aux bâtiments assurés et au contenu s’y trouvant au moment du
sinistre ainsi que le recours des voisins et ou des tiers ».
Par son jugement RC7687 rendu en date du 30 aout 1993, le tribunal
de grande instance de Lubumbashi a tranché en ce sens en condamnant la société
nationale d’assurances à payer à la voisine de l’assuré dont l’immeuble a pris feu
à la suite de l’incendie provenant du bâtiment appartenant à ce dernier la valeur
de reconstruction dudit immeuble.502
2. Les risques exclus
Le législateur laisse la liberté à l’assureur et à l’assuré d’exclure de
la garantie d’assurance incendie certains risques.
Le siège de la matière est l’article 223 du code des assurances qui
énonce que « la police d’assurance précise l’étendue des droits et obligations des
parties, les conditions de résiliation et de suspension du contrat d’assurance, les
exclusions et les déchéances ».
Généralement, les risques exclus de la garantie de l’assurance
contre les risques d’incendie comprennent les dégâts causés par le simple excès
de la chaleur sans flamme, les dégâts résultant du simple contact avec des
502
Tribunal de grande instance, jugement RC7687 du 30 aout 1993, inédit.
135
flammes provenant d’un foyer normal, les dégâts générés par le vice propre du
bien, les dégâts causés par les opérations militaires, la guerre, les émeutes, les
invasions, la désintégration du noyau atomique, les radiations nucléaires et les
contaminations radioactives.503
L’assurance incendie ne couvre normalement pas les pertes
indirectes non causées par l’incendie. Il en est ainsi des profits espérés, des
dépenses supportées pour la location d’un local de remplacement ou le stockage
des marchandises assurées en cas d’incendie.504
Toutefois, la perte des loyers et des profits générés directement par
l’immeuble incendié et l’interruption de l’activité commerciale sont couvertes. 505
L’assuré devra, dans cette hypothèse, prouver que la perte est due à l’incendie. 506
La Cour d’appel de Lubumbashi a, par l’arrêt RCA9246/9633 du 10 septembre
1996, jugé dans le même sens en décidant que la victime de l’incendie est fondée
à réclamer à l’assureur l’indemnisation pour la perte des effets personnels et des
revenus locatifs occasionnée par l’incendie de son immeuble.507
En droit belge, les risques causés par les attentats et les catastrophes
naturelles sont couverts par l’assurance incendie.508 On explique cet état de
choses par la solidarité dictée par la vague d’attentats terroristes qu’ont connus
les pays européens en 1985 et 1986.509
§.3. Valeur assurée
L’assurance incendie doit couvrir les bâtiments à leur valeur de
reconstruction, vétusté déduite. Les matériels et les biens meubles doivent l’être
à leur valeur de remplacement. En revanche, les marchandises doivent être
couvertes au prix de revient au cours du jour.
503
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit des assurances, op. cit., pp.245-246
504
Idem.
505
Ibidem.
506
Ibidem.
507
Cour d’Appel de Lubumbashi, arrêt RDA9246/9633 du 10 septembre 1996, inédit.
508
D.M. DAVIS, op. cit.
509
M. FONTAINE, op. cit., n°301, 302 et 303, pp.173è175 et n°787, pp.389-390.
136
Ces modes d’évaluation procèdent de l’article 212 du code des
assurances et constituent la mesure de la garantie que consacre l’article 215
alinéa 1er du même code qui dispose que « la garantie de l’assurance est
proportionnelle à la valeur garantie contractuelle ».
Il est évident que l’assureur et l’assuré ont le droit de déterminer
autrement la valeur de l’immeuble à assurer.510 Il s’agit là de la valeur agréée ou
contractuelle.511
L’assurance valeur agréée exclut l’application du principe
indemnitaire. Elle est généralement souscrite pour les biens dont la valeur de
remplacement s’établit difficilement.512
Pour une raison ou pour une autre, l’assuré peut sous-assurer le
bâtiment considéré. Il peut également le sur-assurer. La surassurance se définit
comme un excès d’assurance procédant d’une ou plusieurs polices d’assurances
souscrites auprès d’un assureur. Il s’agit d’une couverture excessive qui peut être
due à la bonne ou mauvaise foi de l’assuré.513
En cas de mauvaise foi du preneur, les polices d’assurances sont
frappées de nullité.514
En cas de bonne foi, la couverture excessive doit être réduite ou
mieux ramenée au niveau de l’intérêt d’assurance. Cette régularisation n’a d’effet
que pour l’avenir.515
La couverture excessive peut résulter également de polices
d’assurances multiples.516 Elle est gouvernée par les principes applicables à la
surassurance et le but poursuivi est d’éviter un enrichissement sans cause.
L’article 218 du code des assurances dispose à ce propos que « si
510
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.247.
511
Idem.
512
M. FONTAINE, op. cit., n°545, p.277 et 994, p.397.
513
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.247-248.
514
Idem
515
Ibidem
516
Articles 218 du code des assurances.
137
l’assuré conclut plusieurs assurances à propos du même risque et portant sur les
mêmes biens, le total des indemnités versées ne peut dépasser la perte subie ».
Dans le même sens, l’article 219 du même code proclame que
« l’assuré ne peut être indemnisé deux fois pour le même sinistre. En cas de
concours de plusieurs polices d’assurance, seule la plus avantageuses à l’assuré
ou aux victimes est invoquée ».
Il s’agit là de l’application du principe indemnitaire qui s’oppose au
paiement à l’assuré d’une somme supérieure à la perte réellement subie.517
Pour ce qui est de la sous assurance, elle est une insuffisance
d’assurance.518 La valeur assurable est supérieure à la valeur assurée.519
La sous assurance pose le problème de l’équivalence des prestations
entre l’assuré et l’assureur.520 En ce cas de sous assurance, on applique la règle
proportionnelle de capitaux. L’indemnité due à l’assuré en cas de sinistre est
calculée en appliquant au montant du dommage le rapport entre la valeur assurée
et la valeur assurable.
Il s’agit là d’une indemnité partielle du dommage qu’organise
l’article 215 du code des assurances lorsqu’il observe que « la garantie de
l’assurance est proportionnelle à la valeur garantie contractuelle ».
Aux termes de l’alinéa 3 du même article, l’assuré qui a
volontairement sous assuré l’immeuble encourt une déchéance de tout droit à
l’indemnisation. Constitue une sous assurance l’insuffisance d’assurance
supérieure à 33% de la valeur de l’objet assuré. L’alinéa 3 de l’article 215 du code
des assurances autorise néanmoins l’assureur à renoncer à la règle
proportionnelle.
La sous assurance peut être involontaire. Il en est ainsi en cas d’une
517
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.248.
518
Idem.
519
Ibidem.
520
Ibidem.
138
sous-estimation de bonne foi ou d’une augmentation de la valeur de la chose
pendant la période de garantie à la suite de la baisse des prix sur le marché. Elle
peut résulter aussi de la dépréciation monétaire.
La règle proportionnelle de capitaux n’étant pas impérative,
l’assureur et l’assuré peuvent y déroger en prévoyant dans la police d’assurance
la clause d’indexation de la valeur du bien assuré, la clause de tolérance de la
baisse ou de la hausse de la valeur assurée, la clause de réversibilité ou
l’assurance au premier risque.521
§.4. Le débiteur de l’obligation d’assurance
La police d’assurance des risques des bâtiments ouverts au public
doit être souscrite par les propriétaires de ces derniers. Lorsque l’immeuble est
exploité par un tiers, c’est à celui-ci qu’incombe l’obligation d’assurance. Ce
prescrit procède de l’article 211 du code des assurances qui dispose que
« l’obligation d’assurance incombe au propriétaire exploitant ou au tiers
exploitant ».
Il va sans dire que la souscription de l’assurance susdite n’est
obligatoire que si l’immeuble visé est exploité. C’est donc, la nature de l’activité
qu’abrite l’immeuble qui place ou non ce dernier dans le champ d’application
de l’assurance de risques d’incendie d’immeuble et fait naître ou non l’obligation
d’assurance dans le chef du propriétaire ou du tiers occupant. Un bâtiment
commercial qui change de destination et devient une maison d’habitation
échappe à l’assurance des risques d’incendie des bâtiments accessibles au
public.
En cas de cession d’immeuble, l’obligation d’assurance pèse sur le
cessionnaire. L’article 224 alinéa 1er du code des assurances proclame à ce
propos que « la cession à titre gratuit ou onéreux du bâtiment ou de l’exploitation
qui fait l’objet de l’assurance incendie avant l’expiration de la police d’assurance,
opère le transfert automatique de celle-ci au profit du nouveau propriétaire
521
M. FONTAINE, op. cit., voir aussi J. BONNARD, op. cit.
139
exploitant, du nouvel occupant ou du tiers exploitant quitte à ceux-ci de se faire
connaitre à l’assureur par lettre recommandée ou tout autre moyen avec accusé
de réception dans un délai de trente jours à partir de la cession ».
La disposition susvisée déroge au droit commun qui consacre la
terminaison des contrats relatifs à l’immeuble en cas de cession de ce dernier.
Pour que le transfert de la police ait lieu, il faudra que la police soit
en vigueur au moment de la cession de l’immeuble. Bien plus, il faudrait que
l’utilisation de l’immeuble par l’acquéreur soit la même sinon il y a changement
d’intérêt qui entraine la rupture du contrat.522
Il est évident que lorsque l’immeuble assuré est vendu le contrat
d’assurance souscrit par le cédant devient sans objet. De plus, le cessionnaire
peut ne pas être disposé à poursuivre la police du cédant. Mais le législateur en a
décidé autrement pour sécuriser le portefeuille de l’assureur et protéger de
manière continue les tiers pouvant fréquenter l’immeuble.
Le législateur est-il bien éclairé en décrétant la subsistance du
contrat d’assurance en cas de cession du bâtiment qui forme son objet ? Nous ne
le pensons pas.
En droit belge, la cession du bien immeuble assuré met fin à la
police trois mois après la date de l’établissement de l’acte authentique.523
Revenons au droit congolais pour relever que le décès de l’assuré
laisse également subsister le contrat d’assurance qui passe sur la tête de ses
héritiers.524
522
D.M. DAVIS, op. cit., p.430.
523
M. FONTAINE, op. cit.
524
Article 225 du code des assurances
140
§.5. Indemnisation
a. Modalités d’indemnisation
En cas de réalisation du sinistre ayant détruit l’immeuble, l’assureur
doit indemniser l’assuré.
L’indemnisation est en principe due en numéraire, c'est-à-dire en
argent. Elle peut se faire aussi en nature. Elle consistera dans ce cas en la
construction de l’immeuble endommagé. Dans cette hypothèse, l’assuré
reconstruit l’immeuble ou le répare aux frais de l’assureur dans les limites de la
garantie accordée. La construction ou la réparation du bâtiment doit se faire
endéans deux ans à compter de l’incendie.
De même, les biens meubles peuvent faire l’objet d’une
indemnisation en argent ou en nature.
Le schéma d’indemnisation susdécrit est tracé par l’article 216 du
code des assurances qui indique que « la perte éprouvée par l’assuré et s’il y a
lieu, par ses voisins en cas de sinistre, est payé en espèces, sauf clause de
reconstruction des bâtiments ou de remplacement des objets s’y trouvant. Dans
ce dernier cas, l’assuré doit rebâtir, réparer ou reconstruire les objets en
question, aux frais de l’assureur, dans les limites des garanties de la police, dans
un délai maximum de deux ans à partir de la date du sinistre. L’assureur a le droit
de veiller à ce que la somme dont il est question soit employée à cette fin ».
L’indemnisation en nature n’est pas de mise lorsqu’elle s’avère
préjudiciable à l’assuré ou à ses voisins victimes de l’incendie. Dans cette
occurrence, on recourt à l’indemnisation en numéraire comme l’annonce l’article
217 du code des assurances.
L’assureur est obligé à verser à l’assuré ou à la victime l’indemnité
dans un délai de 60 jours courant à compter de son évaluation.
En cas de responsabilité de l’assuré, l’assureur est mêmement tenu
d’indemniser la victime blésée ou ses ayants causes dans les meilleurs délais en
141
lui proposant, dès le départ, une offre d’indemnité.525
b. Privilèges et hypothèques
Lorsque l’immeuble incendié fait l’objet d’une hypothèque
l’indemnité due par l’assureur devra être versée au créancier hypothécaire. Cela
s’explique par le mécanisme de subrogation réelle. Le droit de préférence se
reporte de l’immeuble démoli à l’indemnité d’assurance.
L’article 246 alinéa 1er de la loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant
régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des suretés
telle que modifiée et complétée par la loi n°80-008 du 18 juillet 1980 est en ce
sens lorsqu’il énonce que « toute indemnité quelconque due au propriétaire à
raison de la perte ou de la détérioration d’un immeuble hypothéqué ou d’un bien
mobilier grevé de privilège ou de gage est subrogée de plein droit au bien
grevé ».
La subrogation ne joue, toutefois, pas lorsque l’indemnité est affectée
à la réparation ou au remplacement de l’immeuble.
§.6. Contentieux, prescription et terminaison du contrat d’’assurance des
risques d’incendie des bâtiments ouverts au public
1. Contentieux
Lorsque l’assureur n’exécute pas ses obligations contractuelles
l’assuré, ses ayants cause ou les victimes des dommages corporels causés par
l’incendie de l’immeuble assuré ont le droit de l’assigner devant le tribunal de
commerce ou le tribunal de grande instance, selon son statut.
Lorsque l’assureur est une personne morale de droit commercial, le
tribunal compétent à son égard est le tribunal de commerce.
Dans l’hypothèse où l’assureur est une mutuelle, son juge naturel est
le tribunal de grande instance.
525
Cf. supra
142
En cas de lésions corporelles, la victime peut saisir le tribunal
répressif. Ce droit est également reconnu aux ayants cause de la victime lorsque
cette dernière décède.
La victime, ses ayants cause et les voisins ayant subi des dommages
à la suite de l’incendie du bâtiment assuré peuvent exercer une action directe
contre l’assureur. Cela veut dire qu’ils sont en droit d’assigner l’assureur devant
la juridiction compétente sans mettre en cause l’assuré.
C’est l’article 220 du code des assurances qui leur attribue ce droit. Il
dispose que « les personnes lésées, outre l’assuré, ont une action directe contre
l’assureur et ce, dans les limites des droits dont pourrait se prévaloir l’assuré,
nonobstant leur recours contre celui-ci, en cas de débouté par l’assureur ».
Les victimes peuvent également se constituer partie civile devant la
juridiction répressive saisie d’une action publique par le ministère public ou
saisir cette juridiction par voie de citation directe.
La base juridique de la citation directe est l’article 221 du code des
assurances qui proclame que « au cas où une juridiction répressive est saisie
d’une action publique contre l’assuré, elle sera compétente pour connaitre de
l’action directe prévue par l’article précédent de la présente loi ».
Dans tous les cas, le juge saisi doit ordonner la comparution de
l’assureur conformément à l’article 222 du code des assurances.
2. Prescription
Aux termes de l’article 230 alinéa 1er du code des assurances, les
actions relatives à la police d’assurance sous revue se prescrivent dans un délai
de deux ans. Ce délai court à compter de la réalisation du sinistre, à compter du
jour du fait donnant lieu à l’ouverture de l’action, ou à compter de la mise en
demeure de l’assureur.526
526
Cf. article 230 alinéa 2 du code des assurances.
143
En cas d’action judiciaire, le délai de prescription court à compter du
jour où le jugement a acquis l’autorité de la chose jugée.527
Si l’expertise a été entreprise, le délai de prescription court à la
clôture de celle-ci.528
La prescription en matière d’assurance incendie est susceptible
d’interruption et de suspension.529
3. Terminaison du contrat d’assurance incendie
Le contrat d’assurance incendie prend fin par la résiliation ou la
résolution, le changement d’intérêt, la disparition du risque, l’arrivée du terme et
la nullité.
§.7. Police d’assurance non obligatoire des risques d’incendie
Les propriétaires des immeubles d’habitation peuvent, s’ils le
désirent, souscrire auprès d’un assureur de leur choix la police d’assurance
contre les risques d’incendie. Il en est de même des locataires desdits
immeubles.
La garantie peut être étendue aux dommages subis par les meubles
qui s’y trouvent ainsi qu’à ceux des tiers. Les dégâts causés par les eaux peuvent
également être couverts. Il s’agit des dégâts causés par les fuites des conduites
de distribution d’eau, les eaux des pluies, de lavabos, de baignoire, etc.
Le bail peut obliger le locataire à souscrire l’assurance de risque
d’incendie de l’immeuble pris à bail. Dans le cas, l’assurance est rendue
obligatoire par voie de convention.
§.8. Observations
Bien que l’omission ou l’abstention de souscrire la police
527
Idem
528
Article 230 alinéa 2 du code des assurance.
529
Cf. supra
144
d’assurance incendie soit punie d’une amende égale au montant de la prime
d’assurance, cette dernière n’est pas conclue par la plupart des exploitants des
bâtiments visés, et ceux des industries et des usines de traitement des minerais.
Au reste, son caractère obligatoire ne se justifie pas dans la mesure
où l’incendie du bâtiment ou de l’usine n’appauvrit que le propriétaire et non
l’Etat qui ne doit pas s’en préoccuper.
D’évidence, l’assurance incendie n’aurait dû être imposée que pour
couvrir les dommages que l’incendie peut causer aux tiers ou pour couvrir les
risques de responsabilité civile qui pèsent sur les exploitants des bâtiments à
usage public.
145
CHAPITRE III : ASSURANCES DE PERSONNES
Introduction
Les assurances de personnes se définissent comme des opérations
dans lesquelles la prestation de l’assureur dépend d’un événement incertain qui
affecte la vie, l’intégrité physique ou la situation familiale d’une personne.530 Elles
se distinguent des assurances de dommages qui se particularisent par le fait que
la prestation de l’assureur est fonction d’un événement incertain qui cause un
dommage au patrimoine d’une personne.531
Les assurances de personnes comprennent l’assurance sur la vie,
l’assurance contre les accidents corporels et l’assurance contre la maladie,
l’assurance de natalité et l’assurance nuptiale.532
Si l’assurance sur la vie est forfaitaire, c'est-à-dire que la prestation
de l’assureur ne dépend pas du dommage, les autres assurances de personnes
sont soit forfaitaires soit indemnitaires selon le gré des parties contractantes.533
Nous n’examinerons dans ce chapitre que l’assurance sur la vie.
Section 1 : Assurances sur la vie
Compte tenu des risques qui peuvent être garantis en matière
d’assurances sur la vie, on distingue trois catégories d’assurances sur la vie que
sont l’assurance en cas de décès, l’assurance en cas de vie et l’assurance mixte.
§.1. Assurance en cas de décès
La police d’assurance en cas de décès couvre le décès de l’assuré.
Elle oblige l’assureur à payer un capital ou une rente au bénéficiaire désigné en
530
Marcel FONTAINE, Droit des assurances, op. cit., n°688, p.341.
531
Idem ; voir aussi Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., p.327.
532
Marcel FONTAINE, op. cit., n°690, pp.341-342 ; voir aussi Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., p.378.
533
Marcel FONTAINE, op. cit., n°693 à 697, pp.343-345.
146
cas de décès de l’assuré avant le terme du contrat.534
Elle comprend deux variantes, à savoir la police d’assurance
temporaire et la police d’assurance vie entière.535
a. Assurance temporaire
La police d’assurance temporaire couvre le décès pendant le
nombre d’années convenu.536 Le capital ou la rente est garanti dans l’éventualité
où l’assuré décède avant la date fixée au contrat.537 Cela implique que le
payement du capital ou de la rente n’a pas lieu si l’assuré décède après cette
date.538
La police d’assurance temporaire est destinée à protéger la famille
contre les conséquences financières que peut causer le décès inattendu du chef
de famille pendant une période donnée.539 Elle est souvent dictée par le souci de
prévoyance.540
b. Assurance vie entière
La police d’assurance vie entière garantit l’exécution de prestation
de l’assureur en cas de décès survenant à n’importe quel moment pendant le
cours de la police.541 Elle se distingue de la police d’assurance à terme qui se
particularise par le fait que le capital ou la rente est dû non pas au décès de
l’assuré mais à l’échéance du contrat.542
534
Marcel FONTAINE, Droit des assurances, op. cit., n°969, p.490 ; voir aussi Jean-Luc DE BOISSIEU, op. cit.,
p.217.
535
Maurice FAUQUE, op. cit., p.35 ; voir également Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., pp.380-381.
536
Idem.
537
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1066, p.291.
538
Maurice FAUQUE, op. cit., pp.35-36 ; cf. également Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., p.381.
539
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1059, p.291.
540
Maurice FAUQUE, Droit des assurances, op. cit., n°971, p.491 ; voir aussi Georges BRIERE D’ISLE, op. cit.,
p.381.
541
Idem, n°973, p.491 ; voir aussi Jérôme BONNART, op. cit., n°1066, p.292 ; cf. également Jean-Luc DE
BOISSIEU, op. cit., p.223, cf. Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., p.380.
542
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1066, p.292 ; voir mêmement Jean-Luc DE BOISSIEU, op. cit., p.217.
147
§.2. Assurance en cas de vie
La police d’assurance en cas de vie garantit le versement au
bénéficiaire désigné du capital ou de la rente lorsque l’assuré est en vie au terme
de la police.543
Les prestations de l’assureur dépendent de la survie de l’assuré au
terme de la police.544 L’assurance en cas de vie s’analyse dès lors en termes
d’opération d’épargne545 et d’instrument de transmission de patrimoine grâce
aux stipulations pour autrui.546
Si l’assuré décède avant la date convenue le capital ou la rente n’est
pas dû.547
Le capital est une somme d’argent payable immédiatement tandis
que la rente est une somme d’argent fractionnée et dont le payement est étalé
dans le temps.548
§.3. Assurance mixte
L’assurance mixte ou alternative est la combinaison de l’assurance
en cas de vie et de l’assurance en cas de décès. Le capital ou la rente est payé en
cas de décès ou en cas de survie à une date convenue.549
La police d’assurance mixte ne peut pas jouer à la fois en cas de
décès et de survie. Cela veut dire qu’elle ne joue que dans l’une de ces
éventualités. Elle comprend deux variantes que sont la police d’assurance mixte
ordinaire et la police d’assurance à terme fixe.550
543
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1066, p.292.
544
Marcel FONTAINE, Droit des assurances, n°973, p.491.
545
Maurice FAUQUE, op. cit., p.32 ; cf. également Jérôme BONNARD, op. cit., n°1067, p.293 ; consulter aussi
Marcel FONTAINE, Droit des assurances, n°974, p.491.
546
Jean-Luc DE BOISSIEU, op. cit., p.224.
547
Maurice FAUQUE, op. cit., p.32 ; cf. également Jérôme BONNARD, op. cit., n°1067, p.293 ; voir aussi Marcel
FONTAINE, , n°974, p.491 ; cf. Jean-Luc DE BOISSIEU, op. cit., p.224.
548
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1070, p.294.
549
Idem.
550
Yvonne LAMBERT-FAIVRE, op. cit., n°1070, p.294.
148
En cas de police d’assurance mixte à terme fixe, le capital ou la rente
est payé en cas de décès de l’assuré non pas à la date du décès de l’assuré mais à
la date fixée au contrat.551
En revanche, la police d’assurance mixte ordinaire est celle aux
termes de laquelle le capital est payé au décès de l’assuré survenant avant
l’échéance du contrat ou, en cas de survie de l’assuré, à l’échéance du contrat.552
La police d’assurance ordinaire peut être contractée par deux
époux. Ceux-ci sont considérés comme assurés et bénéficiaires à la fois553 avec
comme conséquence que le capital sera remis aux deux s’ils ne décèdent pas au
terme du contrat ou à l’un d’entre eux en cas de décès de l’autre avant
l’échéance.554
La police susdite peut contenir la clause de double effet qui met à
charge de l’assureur l’obligation de verser le capital convenu d’une part, à
l’assuré survivant si son époux est décédé et d’autre part, aux enfants de ce
dernier s’il meurt avant le terme du contrat.555
§.4. Assurance groupe
La police d’assurance groupe est une police sur la vie contractée par
un employeur au profit de son personnel.556
Le législateur l’appréhende au travers de l’article 279 du code des
assurance en termes de « contrat d’assurance souscrit par une personne morale
ou un chef d’entreprise en vue de l’adhésion d’un ensemble de personnes
répondant à des conditions définies au contrat, pour la couverture des risques
dépendant de la durée de la vie humaine, des risques portant atteinte à l’intégrité
physique de la personne ou liés la maternité, des risques d’incapacité de travail
ou d’invalidité, ou du risque de chômage ».
551
Ibidem.
552
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1070, p.294.
553
Idem
554
Jérôme BONNARD, op. cit., n°1070, p.294.
555
Idem.
556
Marcel FONTAINE, Droit des assurances, op. cit., n968, pp.489-490.
149
Le législateur a reproduit textuellement la définition contenue dans
la loi française. Généralement, l’assurance groupe nécessite une convention
entre l’employeur et l’assureur, un règlement qui gouverne les rapports entre
l’employeur et son personnel et les polices liant l’assureur aux travailleurs
assurés.557
La conclusion de la police d’assurance groupe n’est pas
subordonnée à un examen médical préalable des travailleurs assurés.558
§.5 : Risque garantis par les assurances sur la vie
Les assurances sur la vie couvrent les risques liés à la personne de
l’assuré ou d’un tiers. Il s’agit du risque de décès de l’assuré et du risque de
survie de ce dernier.
a. Risque de décès
Le décès est défini comme la mort d’une personne. 559 Il s’agit de la
« mort d’une personne physique mettant un terme à sa personnalité
juridique … ».560 Il constitue un risque dans la mesure où il affecte la personne
humaine dans son existence.561
Le décès peut procéder d’une cause naturelle telle que la maladie et
le vieillissement. Il peut également découler d’une violence commise sur la
victime par un tiers ou d’un suicide volontaire ou involontaire.
Le décès d’une personne a toujours eu des conséquences
financières. Celles-ci s’accroissent lorsque la personne qui décède est chef de
famille. Pour prémunir sa famille desdites conséquences, le chef de famille peut
de son vivant lui garantir une sécurité face à l’éventualité de son décès.562 D’où le
557
Idem
558
Marcel FONTAINE, Droit des assurances, op. cit., n968, pp.489-490.
559
Dictionnaire Larousse, Paris, édition Larousse 2010, p.210.
560 e
Serge QUINCHARD et Thierry DEBARD (sous la direction de), Lexique des termes juridiques, 20 édition,
Paris, éditions Dalloz, 2012, p.282.
561 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°990, p.747.
562 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
150
recours à l’assurance en cas de décès.
Avant d’accéder à la proposition d’assurance formulée, les assureurs
requièrent auprès de l’assurable des informations relatives à sa santé et à son
âge.563
Lorsque l’assurable souffre d’une maladie grave telle que le SIDA ou
lorsqu’il est séropositif, les assureurs sont fondés à ne pas garantir son décès. On
a pu écrire à ce propos que « le processus d’évolution du Sida démontre que,
pour les assureurs en cas de décès, il s’agit d’un risque aggravé et ceci non
seulement au stade final de la ‘’maladie déclarée’’, mais dès la contamination
décelée par les tests de séropositivité en termes statistiques de surmortalité et de
perte d’espérance de vie. Le Sida déclaré est inassurable, et la séropositivité
pose de difficiles problèmes ».564
Les mêmes problèmes peuvent être suscités par la maladie
dénommée Covid-19.
Le problème du secret médical n’est pas en reste565 surtout que l’on
sait que l’article 6 du code de déontologie médicale dispose que « le secret
professionnel s’impose à tout médecin, sauf dérogations établies par la loi ».566
De toute manière, l’assuré n’est pas dans l’obligation de déclarer
une aggravation du risque de décès survenu en cours de contrat. Cette
dérogation s’explique par la nature des risques garantis qui sont prédisposés à
s’aggraver.
Dans le même sens, LAMBERT-FAIVRE et LEVENEUR enseignent que
« la survenance de la contamination postérieure à la souscription du contrat ne
doit pas avoir d’effet sur la garantie contractuellement due ; les assureurs-vie
tentent seulement, avec quelque inquiétude, de calculer ce que leur coûtera la
n°992, p.748.
563
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.262.
564 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°992, p.748.
565
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.262.
566
Cf. Moniteur congolais, n°20 du 15 octobre 1970.
151
surmortalité due au Sida dans la population assurée ».567
Le décès à garantir peut être celui de l’assuré ou d’un tiers.
S’agissant du décès d’un tiers, l’article 245 du code des assurances
exige que le souscripteur obtienne l’accord de ce dernier.
Relevons, toutefois, que le libellé de l’article susvisé pose problème
dès lors qu’il énonce que « l’assurance en cas de décès contractée par un tiers sur
la tête de l’assuré est nulle si ce dernier n’y a pas donné son consentement par
écrit avec indication du capital ou de la rente initialement garantie. Le
consentement de l’assuré est, à peine de nullité, donné par écrit, pour toute
cession ou constitution de gage et pour tout transfert du bénéfice du contrat
souscrit sur sa tête par un tiers ».
Le terme « assuré » qui est utilisé dans l’article fait penser au tiers au
contrat.
Commentant l’article 132 -2C du code français des assurances dont
s’est largement inspiré le législateur congolais LAMBERT –FAIVRE et LEVENEUR
observent également que le terme assuré figurant dans ledit article fait référence
au tiers.568
Concrètement, ils opinent que « seul le souscripteur est partie au
contrat avec l’assureur, cependant, pour l’assurance vie en cas de décès, l’article
L.132-2C, assur fait intervenir l’assuré, qui n’est qu’un tiers, à la conclusion même
du contrat : il doit donner son consentement par écrit avec indication du capital
ou de la rente initialement garantis [le votum mortis] croissent avec l’intérêt de
l’opération] et ceci à peine de nullité du contrat. Il doit de même donner son
consentement par écrit pour toute cession ou constitution de gage et pour
567 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°992, pp.788-789.
568 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1027, p.779.
152
transfert du bénéfice du contrat souscrit sur sa tête ».569
Au regard de l’article 246 du code des assurances, le décès d’un
enfant de moins de 12 ans ne peut à peine de nullité être garanti par l’assurance
en cas de décès. Il en est de même de celui d’un interdit ou de la personne
hospitalisé dans un établissement psychiatrique.
L’article précité dispose à ce propos que « il est interdit à toute
personne de contracter une assurance en cas de décès sur la tête d’un mineur
âgé de moins de douze ans, d’un majeur sous contrôle judiciaire ou d’une
personne placée dans un établissement psychiatrique. Toute assurance
contractée en violation de cette prohibition est nulle. La nullité est prononcée à la
demande de l’assureur, du souscripteur du contrat ou représentant de
l’incapable ».
L’interdiction de l’assurance en cas de décès du mineur et de
l’incapable procède de la préoccupation du législateur d’éviter l’infanticide et
l’euthanasie.570
En revanche, le décès d’un mineur âgé de douze ans et plus peut
être garanti par le souscripteur dans le cadre de l’assurance en cas de décès
moyennant l’autorisation de ses père et mère ou de son tuteur et l’accord du
mineur.571
b. Risque de survie
La survie consiste à vivre le plus longtemps possible au-delà d’un
âge donné ou d’une date fixée.
Elle peut faire l’objet d’une assurance en cas de vie qui oblige
l’assureur à verser à l’assuré un capital ou une rente lorsque celui-ci est en vie à
l’échéance de la police.
569 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1027, p.779.
570
Idem.
571
Article 247 du code des assurances.
153
Généralement, la survie est garantie en vue de disposer d’un capital
ou une rente au moment de la retraite.572
Autrement dit, son assurance poursuit la constitution d’un
complément de revenu lors de la retraite.573 Elle permet d’obtenir un capital ou
une rente en vue de faire face à la diminution des revenus qui accompagne le
vieillissement.
Si, les assureurs déterminent l’âge auquel ils n’assurent pas le décès,
il en va différemment en ce qui concerne la survie. Celle-ci peut être assurée à
tout moment.
Dans l’hypothèse où l’assuré décède avant l’échéance du contrat,
l’assureur ne paye rien. En cas de souscription par le souscripteur d’une contre-
assurance, l’assureur rembourse les primes aux héritiers en cas de décès de
l’assureur.574
L’article 3 point 23 du code des assurances définit la contre-
assurance comme la « garantie consistant à rembourser les cotisations nettes,
augmentées éventuellement d’intérêt, au décès de l’assuré, avant l’échéance d’un
contrat souscrit en cas de vie ».
De toute manière, la clause de contre-assurance fait disparaitre le
hasard qui pèse sur le risque de survie,575 ce qui pose problème de la
qualification de l’opération.
§.6. Modalités de conclusion de contrats d’assurance sur la vie et faculté de
renonciation
La conclusion du contrat d’assurance sur la vie implique un échange
des documents entre le souscripteur et l’assureur.
572 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1003-2004, p.764.
573 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1019, pp.771.
574
Article 3 point 23 du code des assurances.
575 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1006, p.765.
154
De plus, le souscripteur à la faculté de se dédire.
a. Documents contractuels requis
Bien qu’étant consensuels à l’instar des contrats de dommages et de
dettes, la conclusion des contrats d’assurance sur la vie est subordonnée par les
articles 8 et 251 du code des assurances à la remise à l’assureur par le
souscripteur d’une proposition d’assurance qui est une demande de garantie
d’assurance en cas de décès ou en cas de survie.
La proposition est établie par le souscripteur sur une formule
apprêtée par l’assureur.
En cas d’agréation de la demande par l’assureur, ce dernier élabore
un projest de contrat qu’il délivre au souscripteur, aux fins de signature ainsi
qu’une note explicative ou d’information.576
b. Faculté de renonciation du souscripteur au contrat d’assurance
Eu égard au mouvement consumériste qui marque le droit des
assurances, le législateur gratifie, au travers de l’article 251 du code des
assurances, l’assuré du droit de se dédire en renonçant sans indemnité à sa
proposition d’assurance ou en mettant fin au contrat d’assurance au cas où il a été
conclu et ce, dans le temps voisin de sa conclusion.
L’alinéa 1er de l’article 251 susvisé énonce à ce propos que « toute
personne physique qui a signé une proposition ou un contrat d’assurance a la
faculté d’y renoncer par lettre recommandée ou tout autre moyen avec accusé de
réception endéans trente jours, à compter du premier versement ».
c. Mentions obligatoires du contrat d’assurances sur la vie
En plus des mentions classiques devant généralement figurer dans
tout contrat d’assurance, le contrat d’assurance en cas de décès ou en cas de
survie doit mentionner, la date de naissance de l’assuré, l’évènement dont
576
Cf. supra
155
dépend l’exigibilité du capital ou de la rente garantis, c'est-à-dire le décès ou la
survie et les modalités et les délais de règlement de ces derniers.577
§.7. Prime d’assurance sur la vie
La prime est un des éléments essentiels du contrat d’assurance dès
lors que ce dernier est à titre onéreux.578
a. Modalités de paiement de la prime
En matière d’assurance sur la vie, la prime peut être payée par le
souscripteur en une fois ou de manière annuelle.579
Elle englobe la prime de risque et la prime d’épargne.580 La prime
de risque représente le coût de la garantie.581
En revanche, la prime d’épargne permet à l’assureur de constituer le
capital due à l’assuré ou au tiers bénéficiaire ou la réserve constitutive de la
provision mathématique. La provision appartient à l’assuré qui a le droit d’en faire
usage avant la réalisation du sinistre. Il peut également demander le rachat du
contrat par l’assureur et le paiement de la provision mathématique.
Elle est calculée par l’assureur sur la base des tables de mortalité, du
taux d’intérêt et des chargements.582
En droit congolais, les tables de mortalité sont établies par les
assureurs,583 c’est grâce auxdites tables qu’est déterminée la probabilité de
décès et de survie de la population.584
577
Article 248 du code des assurances.
578
Cf. supra.
579 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1050, pp.811.
580 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1047 à 1049, pp.810S.
581
Idem.
582
Article 277 du code des assurances.
583
Idem.
584 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
p.818.
156
De même, le taux d’intérêt est déterminé par chaque assureur dans
les limites fixées par le législateur.
Aux termes de l’article 277 du code des assurances, le taux d’intérêt
ne peut excéder 3% l’an.
Toutefois, l’assureur peut appliquer un taux supérieur à 3% l’an en
cas de contrats de rente immédiate souscrits par les assurés âgés d’au moins 65
ans d’âge.585
Les tarifs de prime doivent être visés par l’Autorité de Régulation et
de Contrôle des Assurances avant leur application par les assureurs qui sont seuls
à les élaborés.586
Le paiement de la prime d’assurances en cas de décès et en cas de
vie conditionne l’entrée en vigueur des contrats desdites assurances.587 Cela veut
dire que la prime doit être payée au moment de la conclusion de la police
d’assurance.
Il ressort, toutefois, du libellé de l’article 261 du code des assurances
qu’un délai de paiement de la prime d’assurance peut être accordé au
souscripteur.
Ce moratoire est envisagé par l’alinéa 2 de l’article 261 du code des
assurances lorsqu’il énonce que « lorsqu’une prime ou une fraction de prime
n’est pas payée dans les dix jours de son échéance, l’assureur adresse au
contractant une lettre recommandée ou tout autre document par lequel il
l’informe qu’à l’expiration d’un délai de quarante jours à dater de l’envoi de cette
lettre de défaut de paiement entraine soit la résiliation du contrat en cas
d’inexistence ou d’insuffisance de la valeur de rachat, soit la réduction du
contrat ».
Il est évident que l’article 261 du code des assurances pose
585
Article 278 du code des assurances.
586
Article 277 du code des assurances.
587
Articles 16 et 260 du code des assurances.
157
problème dès lors que l’article 16 du même code exclut la possibilité pour
l’assureur d’accorder au souscripteur de la police d’assurance en cas de décès ou
en cas de vie un délai de paiement de la prime d’assurance.
Au regard dudit article, le législateur n’envisage l’éventualité de
délai de paiement de la prime qu’en matière d’assurances de choses et de
responsabilité civile.588
Dans la pratique, la prime d’assurance en cas de décès et en cas de
vie est payée par le souscripteur au moment de la conclusion desdits contrats
d’assurances surtout que l’on sait que l’alinéa 1er de l’article 261 du code des
assurances prive l’assureur du droit d’actionner en justice, le souscripteur à l’effet
d’obtenir le paiement de la prime.
Lorsque la prime est payée annuellement, il peut arriver que le
souscripteur tarde à payer la prime lors de la reconduction ou du renouvellement
de la police d’assurance. On peut penser que l’article 261 du code des assurances
envisage ce cas.
En cas de défaut de paiement de la prime par le souscripteur, le
bénéficiaire peut suppléer à la carence en payant la prime à sa place.589 Lorsque
le défaut de paiement de la prime subsiste, l’assureur est en droit de suspendre
le contrat d’assurance, de réduire la durée du contrat ou de le résilier. Ce droit
qu’a l’assureur procède de l’alinéa 2 de l’article 261 du code des assurances.
Dès lors que l’assureur opte pour la résiliation du contrat il est tenu
de verser à l’assuré la valeur de rachat de ce dernier590 et ce, dans un délai d’un
mois à compter de la rupture du contrat.591 Il s’agit du versement à l’assuré de la
provision mathématique.
Le rachat est exclu pour les assurances temporaires en cas de décès,
588
Cf. alinéa 3, 4 et 6 de l’article 16 du code des assurances.
589 e
Yvonne LAMBERT-FAIVRE et Laurent LEVENEUR, Droit des assurances, 14 édition, Paris, Dalloz, 2017,
n°1060, pp.877.
590
Article 261 alinéa 2 du codes des assurances.
591
Article 262 du code des assurances.
158
les assurances de rentes viagères immédiates, les assurances de survie et de
rente de survie, les assurances en cas de vie sans contre-assurance et les
assurances de rentes viagères différées sans contre-assurance.592
§.8 : Désignation du bénéficiaire du capitale ou de la rente assuré
Les modalités de désignation du bénéficiaire du capital ou de la
rente garantis sont déterminées par le code des assurances.
a. Attribution bénéficiaire
1. Désignation du bénéficiaire.
Le bénéficiaire de la police d’assurance en cas de décès ou en cas
de vie est désigné par le souscripteur.593 Il s’agit d’un droit personnel de ce
dernier qui procède de l’intérêt moral qui l’anime d’attribuer le bénéfice de la
police à un tiers.594 Ce droit est, toutefois, limité, en cas d’assurance sur la tête
d’un tiers ; l’accord de celui-ci est requis.595
Lorsque la police d’assurance vie est souscrite sans désignation de
bénéficiaire, le souscripteur est censé avoir stipulé pour lui-même et pour ses
héritiers et ayants cause.596
Le souscripteur peut suppléer à la carence en désignant plus tard un
bénéficiaire597.
Le bénéficiaire désigné peut être déterminé ou déterminable.598
La désignation peut être nominative ou générique.599
Lorsque le bénéfice de la police d’assurance est attribué aux enfants
592
Article 265 du code des assurances.
593
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Doit des assurances, op. cit., p.265.
594
Idem
595
Article 255 alinéa 6 du code des assurances.
596
Article 257 du code des assurances.
597
Article 255 alinéa 6 du code des assurances.
598
Article 255 alinéa 2 du code des assurances.
599
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit des assurances, op. cit., p.266.
159
nés ou à naître du contractant, à ses héritiers ou ayants droit, la désignation est
générique.600 Il en est de même de l’attribution du bénéfice au conjoint.601
La désignation du bénéficiaire peut se faire à tout moment et ce,
jusqu’à l’exigibilité du capital. Elle peut se faire dans la police ou au moyen d’un
avenant.602 Elle peut également intervenir par testament, par endossement de la
police lorsqu’elle est à ordre ou par cession de la police.603
Une simple lettre peut suffire.604
2. Acceptation de la désignation
Bien que l’attribution du bénéfice de la police d’assurance au tiers
bénéficiaire a lieu avant même qu’il ait acceptée, son acceptation est nécessaire
pour que le droit lui attribué soit efficace.
L’acceptation du bénéfice de la police d’assurance par le tiers
désigné empêche le souscripteur de révoquer l’attribution.605
L’acceptation doit être le fait du bénéficiaire.606 Ses héritiers ne
peuvent accepter l’attribution, si le bénéficiaire ne l’a pas fait avant son décès.
Si le bénéficiaire est mineur, son représentant peut le faire en ses
lieux et place.
3. Révocation du bénéficiaire par le souscripteur
Le souscripteur peut révoquer l’attribution avant son acceptation. Ce
droit est personnel ou propre au souscripteur. Les héritiers ne peuvent pas
exercer ce droit après la mort du stipulant.
600
Article 255 alinéa 3 du code des assurances.
601
Article 255 alinéa 4 du code des assurances.
602
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit des assurances, op. cit., p.266.
603
Idem.
604
Ibidem.
605 er
Article 256 alinéa 1 du code des assurances.
606
Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., p.407.
160
4. Désignation du conjoint comme bénéficiaire
Le conjoint de l’assuré peut être désigné par son époux comme
bénéficiaire de la police d’assurance. Cette stipulation peut être révoquée à tout
moment par application de l’article 889 du code de la famille qui dispose que
« toutes les donations entre époux faites pendant le mariage quoique entre vifs
sont toujours révocables ». Cette révocation est possible même si l’époux a
accepté la stipulation.
La révocabilité des donations entre époux procède de la crainte que
« l’un des époux ne subisse exagérément l’influence de l’autre ou n’agisse sous
l’empire de la passion ».607 Elle peut s’expliquer également par la volonté du
législateur de « maintenir les biens dans la famille par le sang »608
Serge GUINCHARD observe que « ce droit de révocation est
discrétionnaire, non susceptible d’abus, mais seul le donateur peut l’exercer ; les
créanciers ou ses héritiers ne sauraient agir à sa place ».609
L’acceptation par le bénéficiaire de l’attribution peut se faire dans le
contrat d’assurance ou par lettre. De toute façon, elle n’est assujettie à aucune
forme ; elle peut être expresse ou tacite.
L’acceptation rend la désignation du bénéficiaire irrévocable.610
Toutefois, elle peut être révoquée, en cas d’ingratitude et d’inexécution des
conditions dont elle est assortie lorsqu’elle a été faite à titre gratuit.
§.9. Prestation de l’assureur en cas de réalisation du sinistre
En cas de décès de l’assuré, l’assureur est tenu de verser au tiers
bénéficiaire le capital ou le rente garanti.
Il suffit pour le bénéficiaire de se présenter à l’assureur et de
produire l’acte de décès de l’assuré pour se faire payer.
607
Serge GUINCHARD, Droit patrimonial de la famille au Sénégal, Paris, Dakar, op. cit., n°788, p.350.
608
Idem
609
Serge GUINCHARD, op. cit., n°788, p.350.
610
Georges BRIERE D’ISLE, op. cit., p.407.
161
Le meurtre de l’assuré par le bénéficiaire ne donne pas lieu au
paiement à ce dernier du capital ou de la rente garanti. Il doit s’agir d’un
homicide volontaire. L’article 253 alinéa 1er du code des assurances est explicite à
ce sujet lorsqu’il dispose que « le contrat d’assurance cesse d’avoir effet à
l’égard du bénéficiaire qui a été condamné pour avoir donné volontairement la
mort à l’assuré ou tenté de la lui donner ».
L’homicide involontaire n’est pas exclusif de la garantie. Il en est de
même de l’homicide praeter intentionnel.611
En cas de meurtre tenté, le législateur laisse la faculté à l’assuré de
révoquer l’attribution du bénéficiaire de l’assurance.612
S’agissant du suicide, le législateur fait la distinction entre le suicide
volontaire et conscient survenu au cours de deux premières années de
l’assurance et le suicide volontaire et conscient survenu deux ans après la
conclusion du contrat d’assurance.
Seul le suicide survenu deux ans après la conclusion du contrat
donne lieu au paiement du capital ou de la rente au tiers. L’article 252 du code
des assurances qui constitue le siège de la matière énonce à ce propos que
« l’assurance en cas de décès est nulle si l’assuré se donne volontairement la mort
au cours des deux premières années du contrat ».
Il en découle que dans une telle occurrence le tiers bénéficiaire ne
sera pas payé par l’assureur, le contrat étant nul.
En revanche, le capital ou le rente est dû au tiers bénéficiaire par
l’assureur en cas de suicide involontaire.
Le suicide est involontaire lorsqu’il est dû à une maladie
psychiatrique.613
611
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.263.
612
Article 253 alinéa 3 du code des assurances.
613
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, op. cit., p.263.
162
Lorsque l’assuré est couvert par l’assurance en cas de vie, l’assureur
a l’obligation de lui verser le capital ou la rente garanti en cas de survie, c'est-à-
dire, lorsqu’il est en vie à l’échéance du contrat ou à la date convenue.
Il suffit qu’il s’adresse à l’assureur pour être payé.
§.10. Appréciation critique
Si dans les pays d’Asie, d’Europe et aux Etats-Unis d’Amérique
l’assurance-vie est en vogue, elle est très peu développée au Congo.
N’étant pas obligatoire, elle est laissée à la discrétion de la
population.
La Générale des Carrières et des Mines a, dans le temps, souscrit
une police d’assurance groupe pour son personnel dirigeant qui a bénéficié de
réserves mathématiques découlant de ladite police.
Dès lors que le code des assurances contient des règles régissant les
assurances de personnes on peut penser que la population s’intéressera à celles-
ci.
163
CHAPITRE IV
ASSURANCE MARITIME
Pour ce chapitre, il y a lieu de se référer à l’ouvrage ci-après :
TSHIZANGA MUTSHIPANGU, Droit congolais des assurances, Kinshasa, édition
connaissance du droit, 2010, pp.268-295.
164
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 1
I. Objectifs du cours .......................................................................................................... 1
II. Stratégie pédagogique ................................................................................................. 1
III. Technique d'évaluation .............................................................................................. 2
Prérequis ................................................................................................................................... 2
IV. Plan du cours ................................................................................................................. 2
V. BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. 4
CHAPITRE PRELIMINAIRE ........................................................................................................ 6
I. Domaine du droit des assurances................................................................................... 6
1.1. Approche lexicale ...................................................................................................... 6
1.2. Nature du droit des assurances .............................................................................. 7
II. Genèse et évolution du droit des assurances .......................................................... 10
II.1. Historique des assurances en occident .............................................................. 10
II.2. Apparition des assurances au Congo ................................................................ 16
III. Sources du droit des assurances ................................................................................ 24
3.1. Les sources formelles internes ............................................................................ 24
3.1.1. La constitution......................................................................................................... 24
3.1.2. La loi .......................................................................................................................... 24
3.1.3. Le règlement........................................................................................................... 25
3.1.4. Les usages ............................................................................................................... 27
3.1.5. La jurisprudence .................................................................................................... 27
3.1.6. La doctrine............................................................................................................... 28
3.2. Les sources formelles internationales................................................................. 28
IV. Classification des assurances ..................................................................................... 29
PREMIERE PARTIE : .................................................................................................................. 34
MECANISMES OU TECHNIQUES D’ASSURANCE ET CONTRAT D’ASSURANCE .... 34
CHAPITRE I : ............................................................................................................................... 36
LES TECHNIQUES DES ASSURANCES ................................................................................. 36
Section 1. Mutualisation et diversification de risques ................................................ 36
§1. Mutualisation ou collectivisation de risques ....................................................... 36
§.2. Diversification de risques ....................................................................................... 36
Section 2. Réduction de l’aléa et évaluation de risques ............................................. 37
§1. Statistique et probabilités ........................................................................................ 37
§2. Sélection de risques .................................................................................................. 38
§3 Dispersion de risques ................................................................................................ 38
§4. Prévention de risques. .............................................................................................. 38
165
Section 3 : Division de risques .......................................................................................... 39
§1. La réassurance ............................................................................................................ 39
§2. La coassurance ............................................................................................................ 41
CHAPITRE II : .............................................................................................................................. 43
LE CONTRAT D'ASSURANCE ................................................................................................. 43
Section I : Approche lexicale et caractères du contrat d’assurance ...................... 43
§.1. Notion de contrat d’assurance.............................................................................. 43
§.2. Caractères du contrat d'assurance....................................................................... 44
2.1. Le contrat d'assurance est un contrat nommé ................................................... 45
2.2. Le contrat d'assurance est un contrat consensuel ............................................ 45
2.3. Le contrat d’assurance est un contrat synallagmatique ................................. 46
2.4. Le contrat d’assurance est un contrat aléatoire................................................ 47
2.5. Le contrat d’assurance est un contrat à titre onéreux .................................... 49
2.6. Le contrat d’assurance est un contrat de bonne foi ........................................ 49
2.7. Le contrat d’assurance est un contrat successif ............................................... 51
2.8. Le contrat d’assurance est un contrat d’adhésion ........................................... 51
2.9. Le contrat d’assurance est un contrat individuel ............................................. 51
Section 2 : Conclusion du contrat d'assurance ............................................................. 52
§.1. Les parties ................................................................................................................... 52
a. L'assuré ............................................................................................................................ 52
b. L'assureur ....................................................................................................................... 55
§.3. Autres intervenants .................................................................................................. 58
a. Les tiers bénéficiaires ................................................................................................. 58
b. Les tiers responsable du sinistre ............................................................................. 59
§.4. Les intermédiaires d'assurance ............................................................................ 60
§.5. Formation du contrat d’assurance ........................................................................ 63
§.6. Entrée en vigueur du contrat d’assurance ........................................................ 64
§.7. Durée du contrat d’assurance ............................................................................... 65
Section 3 : Terminaison du contrat d'assurance ........................................................... 66
§.1. Contrat à durée déterminée et contrat à durée indéterminée .................... 66
Section 5 : Le contentieux du contrat d'assurance ....................................................... 69
§.1.Action judiciaires afférentes au contrat d’assurance ...................................... 69
§.2. Les juridictions compétentes ............................................................................... 70
§.3. La prescription ........................................................................................................ 71
a. Approche lexicale .................................................................................................... 71
b. Délai de prescription .............................................................................................. 72
166
c. Interruption et suspension de la prescription .................................................. 72
d. Effets de la prescription ......................................................................................... 73
CHAPITRE III : ............................................................................................................................ 75
LES ELEMENTS ESSENTIELS DU CONTRAT D’ASSURANCE ......................................... 75
Section 1 : Le risque en matière d’assurance................................................................ 75
§1. Notion de risque ......................................................................................................... 75
§2. Caractéristiques du risque ...................................................................................... 75
1. Réalité du risque....................................................................................................... 75
2. Licéité du risque ....................................................................................................... 76
3. Non réalisation du risque ....................................................................................... 76
4. Risque fortuit.............................................................................................................. 77
Section 2 : La Prime et la cotisation d’assurance .......................................................... 77
§.1. Notion de prime et de cotisation .......................................................................... 77
§.2. Les composantes de la prime ................................................................................ 78
§.3. Régime de la cotisation d’assurance ................................................................... 78
§.4. Caractère proportionnelle de la prime .............................................................. 79
§.5. Conditions de paiement de la prime ................................................................... 80
§.6. Sanction du défaut de paiement de la prime .................................................... 81
Section 3 : La garantie d’assurance.................................................................................. 82
§.1. Caractère des prestations de l’assureur ............................................................ 82
§.2. Conditions d’exécution des prestations de l’assureur ................................... 82
a. le principe indemnitaire ....................................................................................... 83
b. La surassurance ........................................................................................................ 83
§.3. Déclaration du sinistre............................................................................................. 84
§.4. Indemnisation de la victime ................................................................................... 85
Conclusion de la première partie .................................................................................... 88
DEUXIEME PARTIE ................................................................................................................... 89
ETUDE DE DIFFERENTS TYPES D’ASSURANCES ............................................................. 89
CHAPITRE I : ............................................................................................................................... 91
LES ASSURANCES DE RESPONSABILITE ............................................................................ 91
Section I : Assurance de responsabilité civile en matière d'utilisation des
véhicules terrestres à moteur ............................................................................................ 91
§.1 : Objet et finalité de l'assurance............................................................................. 91
§.2. Régime de l'assurance de responsabilité civile automobile. ....................... 92
A. Obligation de souscription d'assurance. .......................................................... 92
1. Véhicules visés ......................................................................................................... 92
2. Mise en circulation du véhicule ........................................................................... 93
167
3. Débiteur de l'obligation de souscription d'assurance. .................................. 94
B. Etendue de la garantie d'assurance.................................................................... 97
1. Personnes assurées ................................................................................................. 98
2. Les tiers ..................................................................................................................... 100
3. Victimes non indemnisables ............................................................................... 100
4. Victimes indemnisables ....................................................................................... 100
5. Dommages indemnisables .................................................................................. 101
C. Indemnisation ............................................................................................................. 104
1. Déclaration du sinistre et offre d'indemnité. .................................................. 104
2. Modalités de réparation des préjudices subis par la victime ................... 105
3. Modalités de réparation des préjudices subis par les ayants cause....... 106
§.3. Les véhicules étrangers circulant sur le territoire congolais ..................... 106
§.4. Le fonds de garantie automobile ........................................................................ 107
§.5. Garanties complémentaires ................................................................................. 108
§.6. Appréciation critique ............................................................................................. 109
Section 2 : Assurance des aéronefs................................................................................ 110
§.1 Régime de responsabilité du fait des aéronefs ............................................... 110
A. Siège de la matière ............................................................................................... 110
B. Système de responsabilité des transporteurs aériens institué par la
convention de Montréal du 28 mai 1999. ............................................................. 111
C. Système de responsabilité des transporteurs aériens institué par la
convention de Montréal du 2 mai 2009 pour les dommages subis par les
tiers au sol, à la surface d'un État partie. .............................................................. 112
D. Système de responsabilité des transporteurs aériens causés aux tiers
suite à des actes d'intervention illicite faisant intervenir des aéronefs
conclue à Montréal le 02 mai 2009. ....................................................................... 113
§.2. Structure de l’assurance de l’aéronef ............................................................... 113
1. Débiteur de l’obligation d’assurance ............................................................... 113
2. Etendue de la couverture .................................................................................... 114
b. Risques exclus ........................................................................................................ 116
c. Garantie d’assurance ............................................................................................ 116
3. Modalités d’indemnisation .................................................................................. 117
a. Déclaration du sinistre .......................................................................................... 118
b. Paiement ................................................................................................................... 118
§.3. Appréciation critique ............................................................................................. 118
Section 4 : Assurance des risques de construction ................................................... 119
§.1. Assurance des dommages à l’ouvrage ............................................................. 119
A. Base légale .............................................................................................................. 120
168
B. Régime d’assurance .............................................................................................. 120
1. Obligation d’assurance ........................................................................................ 120
2. Etendu de la couverture ...................................................................................... 120
a. Risque couverts....................................................................................................... 120
b. Risques exclus ........................................................................................................ 121
c. Personnes assurées ............................................................................................... 122
d. Nature des responsabilités assurées ............................................................... 122
e. Victime protégée .................................................................................................. 123
3. Indemnisation .......................................................................................................... 123
4. Prescription et contentieux ................................................................................. 124
a. Prescription.............................................................................................................. 124
b. Contentieux ............................................................................................................. 124
5. Appréciation critique ............................................................................................ 124
§.2. Assurance de responsabilité décennale du constructeur ........................... 126
A. Base légale ............................................................................................................. 126
B. Régime d’assurance .............................................................................................. 127
1. Obligation d’assurance ........................................................................................ 127
2. Etendue de la garantie ......................................................................................... 127
3. Valeur assurée et durée de la garantie ........................................................... 129
4. Indemnisation .......................................................................................................... 129
5. Prescription et contentieux ................................................................................. 130
CHAPITRE II : ............................................................................................................................ 131
ASSURANCE OBLIGATOIRE DES CHOSES ...................................................................... 131
Section 1 : Assurance contre les risques d’incendie de bâtiments ouverts au
public...................................................................................................................................... 131
§.1. Base légale de l’assurance contre les risques d’incendie des bâtiments
ouverts au public et des usines et industries .......................................................... 131
§.2. Régime d’assurance ............................................................................................... 132
1. Les risques couverts .............................................................................................. 132
a. Les dommages matériels ..................................................................................... 132
b. Les risques de responsabilité civile ................................................................. 133
2. Les risques exclus ................................................................................................. 134
§.3. Valeur assurée ......................................................................................................... 135
§.4. Le débiteur de l’obligation d’assurance .......................................................... 138
§.5. Indemnisation ........................................................................................................... 140
a. Modalités d’indemnisation ...................................................................................... 140
b. Privilèges et hypothèques ....................................................................................... 141
169
§.6. Contentieux, prescription et terminaison du contrat d’’assurance des
risques d’incendie des bâtiments ouverts au public ............................................ 141
1. Contentieux ............................................................................................................. 141
2. Prescription.............................................................................................................. 142
3. Terminaison du contrat d’assurance incendie ............................................... 143
§.7. Police d’assurance non obligatoire des risques d’incendie ....................... 143
§.8. Observations ............................................................................................................ 143
CHAPITRE III : ASSURANCES DE PERSONNES ............................................................... 145
Introduction .......................................................................................................................... 145
Section 1 : Assurances sur la vie ..................................................................................... 145
§.1. Assurance en cas de décès ................................................................................. 145
a. Assurance temporaire .......................................................................................... 146
b. Assurance vie entière ........................................................................................... 146
§.2. Assurance en cas de vie ........................................................................................ 147
§.3. Assurance mixte ...................................................................................................... 147
§.4. Assurance groupe ................................................................................................... 148
§.5 : Risque garantis par les assurances sur la vie ..................................................... 149
a. Risque de décès .......................................................................................................... 149
b. Risque de survie ......................................................................................................... 152
§.6. Modalités de conclusion de contrats d’assurance sur la vie et faculté de
renonciation ..................................................................................................................... 153
a. Documents contractuels requis .............................................................................. 154
b. Faculté de renonciation du souscripteur au contrat d’assurance ................ 154
c. Mentions obligatoires du contrat d’assurances sur la vie .............................. 154
§.7. Prime d’assurance sur la vie ................................................................................ 155
a. Modalités de paiement de la prime ...................................................................... 155
§.8 : Désignation du bénéficiaire du contrat ou de la rente assuré .................. 158
a. Attribution bénéficiaire ............................................................................................ 158
1. Désignation du bénéficiaire. .............................................................................. 158
2. Acceptation de la désignation ............................................................................ 159
3. Révocation du bénéficiaire par le souscripteur ............................................ 159
4. Désignation du conjoint comme bénéficiaire ................................................ 160
§.9. Prestation de l’assureur en cas de réalisation du sinistre ........................... 160
§.10. Appréciation critique........................................................................................... 162
TABLE DES MATIERES ........................................................................................................... 164