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Histoire Des Institutions Publiques

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UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP 2020/2021

HISTOIRE DES INSTITUTIONS PUBLIQUES

Prof: Dr. Amary Ndour

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L’histoire n’intéresse le juriste que dans la mesure où elle à laisser des traces dans les
règles juridiques contemporaines.
Il est souvent rappelé que toutes analyses qui ne prend pas en compte l’évolution historique
n’est pas scientifique. C’est pourquoi, les programmes officiels FSJP de L’UCAD prévoient pour
la première année de licence un enseignement qui, l’objet d’un cours annuel assorti de TD
intitulé introduction historique au droit ou histoire des institutions publiques.
L’histoire incarne en elle-même le changement.
Elle renvoie à une série d’évolution complexe qui ne peut être analysée qu’au sein de
quelques grandes périodes appelées à leur servir de cadres.
Les problèmes que posent la vie en société ne datent pas d’aujourd’hui.
Nombre d'entre eux ont épousé le cours successif des civilisations. L’attachement concret du
droit à son lieu de naissance légitime laisse une place importante aux enseignements
historiques dans les facultés de droit. Ainsi, la culture juridique mérite une approche
historique permettant d’identifier les fondements du droit en précisant sa vraie image dans un
contexte social déterminé pouvant éclairer le passé.
Le professeur Garrison, enseigne que le droit est tout à la fois un élément formel (ensemble de
règles) et un élément matériel (c'est-à-dire le contenu de ses règles).
Il appartient à la discipline d’histoire des institutions d’apporter un témoignage à l’évolution
des phénomènes juridiques.
Notre discipline contribue à la formation des juristes en les dotant d’une arme nécessaire au
jugement, la prise de conscience du relativisme des institutions.
En effet, les institutions qui régissent la société et quoique destinées à durer ne sont pas
immuables.
Malgré leur permanence, les institutions se transforment sous la pesée des mêmes facteurs
politiques, économiques, idéologiques, voire culturels.
En tout état de cause, le droit et ses institutions sont pliés à l’impératif du mouvement qui
dépend lui-même des circonstances vécues.
Il n’existe pas donc de règles définitives. C’est cette évolution que l’étudiant doit saisir.
Pour le professeur Bernard Durant, le contenu du droit, les solutions institutionnelles, ses
assises, ne sont pas partout identiques même si partout se fait sentir le besoin d’organiser les
rapports des individus entre eux et de résoudre les problèmes qui touchent au gouvernement
des hommes.
Cela est d’autant plus vrai que les systèmes juridiques différents selon les civilisations, les
cultures et les nations et que la discipline d’histoire du droit permet de rendre compte des
réformes des évolutions et des changements puisque tout événement historique trouve sa
source dans un événement antérieur qui tout à la fois l’explique et prépare déjà la chaîne des
événements ultérieurs.
Par conséquent, un recul est nécessaire à toute volonté de changer l’ordre juridique en
vigueur.
Par ailleurs, les institutions publiques visent essentiellement l’organisation et la conception
du pouvoir politique , les structures administratives et juridiques.
Traditionnellement, l’enseignement de l’histoire des institutions publiques commence par la
période de l’antiquité avec principalement deux chapitres. Au premier semestre, l’Égypte
pharaonique et l’empire romain. Au second semestre, avec deux chapitres les institutions
politiques de l’Arabie puis les institutions administratives et politiques du moyen âge
africain.

INDICATION BIBLIOGRAPHIQUE

JEAN GAUDEMET, les institutions de l’antiquité, Éd.Montchrestien, 2000,495p


BERNARD DURANT, Histoire comparative, ENEA 1983, 397p
CHEIKH ANTA DIOP, l’Afrique pré-coloniale, 2ème Éd, Présence Africaine, 268p
ROULAND NORBERT, Introduction historique au droit, Presse Universitaire de France, Paris, 1998,
722p
KAMTO MAURICE, Pouvoir et droit en Afrique noire, Librairie générale de droit et de jurisprudence,
1987, 545p
ANTOINE LECA, la genèse du droit, Presse Universitaire D'aix Marseille, vie sociale et politique, Paris
378p
LOUIS GARDET, La cité musulmane, vie sociale et politique, Paris, 1954, 350p
ÉRIC GASPARINI, Introduction historique au droit et aux institutions, Paris, 2005, 423p

Chapitre 1: les institutions politiques de l’Égypte pharaonique

Les sociétés antiques possèdent des traits communs. En général, elles apparaissent
fortement hiérarchisées, et cette hiérarchie est une condition essentielle de leur devenir.
Toutes ses sociétés reconnaissent le rôle éminent d’un chef charismatique spécialement
investi par les dieux. Souvent placé à la limite du surhomme, le chef incarne l’État. C’est
dans l’intimité directe du chef que Dieu donne la loi aux hommes. Le droit se forme à l’écart
de toutes entremises humaines autres que celle du dieu qui initie la loi et du chef qui la reçoit.
C’est le cas de l’Égypte pharaonique.
L’Égypte antique est une ancienne civilisation d’Afrique du Nord concentrée sur le long de la
vallée du Nil. Son histoire se caractérise par la longévité des institutions mises en place dès
son commencement et qui, bien que n’étant pas restées totalement figées, ont résisté aux
périodes les plus sombres.
Cette civilisation vieille de trois millénaires avant l’ère chrétienne est caractérisée par
l’omnipotence d’un personnage central appelé Pharaon. Ce souverain égyptien a été regardé
par les populations comme un dieu sur terre. C’est pourquoi, tous les secteurs de la vie active
(justice, armée, administration, économie) sont qualifiés de pharaoniques, du fait que le souverain
égyptien se voit être le moteur du bien-être de la population.
L’histoire de l’Égypte pharaonique est intimement liée à son régime politique, qui se définit
autant par ses institutions monarchiques que par son cadre géographique et chronologique.
Pour parcourir cette histoire de la civilisation égyptienne, nous insisterons sur les grandes
périodes de l’histoire de la monarchie (section 1) sur les différents secteurs de l’Etat (section 2)
et sur les fondements idéologiques du pouvoir pharaonique (section 3).

Section 1: les grandes périodes de l’histoire monarchique

Il s’agit de l’ancien empire, du moyen et du nouvel empire.

Paragraphe 1: l’ancien empire (2800-2300 av. JC)

L’invention de l’écriture hiéroglyphique en Égypte, marque la fin de la préhistoire et le


début d’une période prédynastique au cours de laquelle deux principautés se disputent la
suprématie sur la vallée du Nil: le royaume de la basse Égypte et le royaume de la haute Égypte.
C’est vers l’an 3000 qu’un Roi légendaire, originaire du Sud, Narmer Ménès dans le but
d’organiser l’activité économique, lutter contre les inondations, mettre les populations et leur
bien à l’abri des incendies et des pillages, décide de créer un pouvoir monarchique très fort.
Il réussira à réunir les deux principautés de la basse et de la haute Égypte et sera le premier
Pharaon humain à porter la couronne blanche et la couronne rouge symbolisant l’unification
territoriale de la haute et de la basse Égypte.
La dynastie des Mènes a été remplacée par celle des rois de la IIIème dynastie dont les
fondateurs sont originaires de Memphis.

A) Caractéristique de l’ancien empire

Appelé également empire Memphite, du nom de sa capitale Memphis, établi à la tête du


Delta, cette période est celle des grands pharaons guerriers et bâtisseurs. Elle est inaugurée par
les rois de la IIIème dynastie célèbres pour avoir lancé une expédition militaire victorieuse en
Nubie (actuel Soudan), pour avoir construit la première pyramide près de Memphis.
C’est au cours de cette période que d’immenses pyramides (Khéops, Khéphren et Mykérinos)
furent construites.
Par ailleurs, l’étude des dimensions externes et internes des pyramides à montrer une séance
mathématique qui n’a pas fini de nous étonné, mais surtout la taille extraordinaire de ces
tombes royales qui sont en même temps des temples, prouve que le Roi était vraiment
considéré comme un dieu , maître absolu des hommes et des biens, envers lequel tout
témoignage d’irrespect aurait été un sacrilège.
Cette conception de la royauté divine est une caractéristique essentielle de l’Égypte
pharaonique: le Roi est le descendant du dieu Horus, fils d’Osiris et d’Isis.
Mais, ce roi-dieu est en même temps un roi-prêtre responsable du culte. La cérémonie du
couronnement le charge d’une puissance magique nécessaire à l’équilibre du force de la
nature. Elle comporte trois épisodes.
Le roi apparaît d’abord une première fois, coiffé de la couronne blanche de la haute Égypte;
puis une deuxième fois, coiffé de la couronne rouge de la basse Égypte et une troisième fois
coiffé des deux couronnes.
Ce rituel de l’intronisation lié à une coutume religieuse apparaît encore comme un trait
spécifique africain de la vieille Égypte. La conception de la royauté divine est d’ailleurs
répondu chez de nombreux peuples de l’Afrique noire ou le roi devient après son
couronnement, le réceptacle visible de la force vitale qui anime le monde et qui est censé
apporter le bonheur. Si la santé du roi s’altère, cette force vitale risque de diminuer d’où chez
les anciens égyptiens la pratique des jubilés périodiques ou fête-sed, qui répété la cérémonie de
l’intronisation en rajeunissant spirituellement le pharaon; chez certaines cultures de l’Afrique
noire, le meurtre, rituel du souverain malade, pratiqué il n’y a pas très longtemps, répondait à
la conception vitaliste de la royauté.
Sous la Vème dynastie, la monarchie connaît une importante réforme religieuse avec
l’introduction du culte adressé aux dieu Râ, le dieu soleil honoré par les prêtres Heliopolis.
Mais, des troubles sociaux assombrissent la fin du règne de Pépi II; ils vont aboutir à une
décadence très nette de la monarchie avec des pratiques féodales de certains collaborateurs du
pharaon qui finiront par saper l’unité interne de l’empire: c’est la première période
intermédiaire.

B)- la première période intermédiaire (2300-2065 av. JC)

Cette période très mal connu, est caractérisée par l’effacement du roi de la scène politique
au profit des nomarques, (des fonctionnaires qui administraient les nomes au nom du
pharaon) des chefs de provinces à l’origine désigné par le souverain et dont le titre est devenu
héréditaire avec le temps.
Cette boulimie de pouvoir des élites locales se serait surtout faite sous le règne Pépi II, dont
l’âge avancé empêchait de contrôler toute la monarchie. Le règne d’une femme, la reine
Nitocris (VIème dynastie) portera un coup fatal à la crédibilité de la monarchie, permettant aux
fonctionnaires locaux solidement implantés dans leurs nomes de s’émanciper de l’autorité
royale. Ces fonctionnaires locaux ont refusé de payer l’impôt, refusé de reverser à l’armée
pharaonique leurs contingents militaires, mais encore ils se font enterrer dans leurs propres
principautés, érigeant des cultes locaux, leur permettant de remplacer le pharaon dans leurs
localités.
L’instabilité politique est illustrée sous le règne des pharaons de la XVIIème dynastie (Manéthon)
avec le morcellement de l’Égypte en trois régions: le Delta aux mains des asiatiques, la
moyenne Égypte sous l’autorité des nomarques d’Héracléopolis, la haute Égypte gouvernée par
les rois de Thèbes. Au cours de l’an 2040, les forces thébaines sous la conduite du pharaon
(Montouhotep II) avaient pour mission de reconstituer l’unité de la nation, l’unité territoriale en
éliminant les chefs locaux qui avaient pris leurs indépendances (la rébellion interne).
Ainsi, s’ouvre une période de renaissance politique, économique et culturelle appelée le
moyen empire.

Paragraph 2: Le moyen empire (2065-1785 environ)


A)- Caractéristique du moyen empire

Le pharaon Montouhotep (II) et ses successeurs de la XIème dynastie réorganisent


l’administration et interdisent aux fonctionnaires provinciaux de transmettre leurs pouvoirs à
leur fils. Ils avaient pour mission de rappeler à l’ordre, les administrateurs locaux qui se sont
démarqués du pouvoir pharaonique.
Cette dynastie est la plus connue de l’histoire égyptienne. Elle est originaire de Thèbes
(capital du moyen empire) et les nouveaux rois ont développé le culte d’Amon en tant que
dieu de Thèbes.
Ils ont transféré leur capital dans une région moins excentrique entre Memphis et le Fayoum,
d’où ils pourront surveiller la totalité du territoire égyptien afin de lutter contre les tentatives
d’indépendance.
C’est cette façon de gouverner qui a permis à des monarques de retrouver la souveraineté sur
l’ensemble de l’Égypte.
Par ailleurs, l’autorité pharaonique s’est affaiblie avec les souverains de la XIIIème et XIVème
dynastie et l'État et les institutions subissent alors une véritable invasion (les Hyksos).
Ainsi, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du Delta pour
finalement monter sur le trône d’Égypte sous le nom d’Hyksos: c’est la deuxième période
intermédiaire.

B)- la deuxième période intermédiaire (1785-1580 environ) troubles externes

Il ne s’agit plus cette fois-ci de l’agitation des fonctionnaires locaux, mais l’arrivée de
nombreuses populations qui ont quitté la Syrie et la Palestine.
Appelées Hyksos, ses étrangers écrasent les troupes égyptiennes grâce à une armée beaucoup
plus performante.
Les pharaons abandonnent la totalité du Delta ainsi que le centre de l’Etat, pour se réfugier à
Thèbes. Ces Hyksos s’emparent de Memphis et fondent dans le nom du royaume une
nouvelle capitale appelée Avaris.
Ayant apporté leurs divinités asiatiques, ils veulent les imposer, les habitants d'Égypte, ce qui
suscite un profond mécontentement au sein de la population autochtones. C’est finalement
qu’ils se sont conformés à la tradition égyptienne, en se considérant comme de véritables
égyptiens fondateurs de la XV et XVIème dynastie, ces Hyksos se font appelées fils de Rê.
Pendant près d’un siècle, ses asiatiques règnent sur le Delta et la moyenne Égypte et font
payer des impôts aux rois de Thèbes. Vers la même époque, les nubiens se révoltent et
fondent le royaume de Koush, gouvernés par des princes soudanais qui s'allient avec les
Hyksos contre les rois de Thèbes. Ces derniers, pourtant ont pris le dessus sur leur ennemi et
ont réussi à expulser les asiatiques et à refaire l’unité des deux royaume du nord et du sud.
C’est le début du nouvel empire

Paragraph 3: le nouvel empire (1580-1085)


A)- Caractéristique du nouvel empire

C’est par l’expulsion des Hyksos hors d’Égypte et l’unification de la haute et de la basse
Égypte d’Ahmôsis I, fondateur de la XVIIIème dynastie, que commence le nouvel empire, dont le
centre administratif reste fixé à Thèbes.
La politique d’expansion vers l’Est, marque alors profondément la civilisation égyptienne par
des apports culturels étrangers, un luxe très oriental et une évolution de la pensée religieuse.
Les conquêtes asiatiques seront donc au premier plan de leur préoccupation; entreprises par
Ahmôsis I, Thoutmôsis I, et Thoutmôsis II, elles sont arrêtées sous le règne de la fameuse reine
Hatchepsout de 1505-1483 qui succède à son époux Thoutmôsis II.
Malgré ses réalisations, son neveu et beau fils Thoutmôsis III, cherche à l’effacer vers la fin de
son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé le trône. Il en est suivi de
nombreux bouleversements politiques et sociaux avec l’avènement des pharaons Amenhotep IV
et Ramsès II. L’impact des menaces extérieures est aggravé par les problèmes internes tels que
la corruption et les troubles civils. Vers 1070, sous le règne de Ramsès XI, le clergé d'Amon,
devenu une véritable dynastie, prend le pouvoir en haute Égypte. C’est la fin du nouvel
empire.

B)- la troisième période (1070-713 av. JC).

Après la mort de Ramsès XI en 1078, l’Égypte entre dans une période de décadence qui
dure VII siècles et au cours de laquelle le pouvoir royal s’affaiblit tandis que les gouverneurs
des nomes s’émancipent et reprennent leur indépendance et que les prêtres d’Amon
deviennent plus puissants que jamais.
De la XXIème à la XXXème dynastie, lutte sociale, guerre civile et invasion se succèdent
presque sans interruption; des souverains libyens cèdent la place à des rois d’origines de
Perses ou d’Abyssinie et les Assyriens envahissent par trois fois l’Égypte ou le sud s’oppose
au nord dans des luttes interminables.
Le roi de Koush, Piankhy envahit le nord de l’Égypte et prend le contrôle de Thèbes, les
nubiens seront vaincus plus tard par les Assyriens qui occupent la ville de Memphis.
La monarchie ne se relèvera plus et ne sera plus jamais libérée entièrement de la domination
étrangère. Elle sera Grecque pendant 05 siècles avant de devenir en l’an 30 province de
l’empire Romain.

Section 2: les différents secteurs étatiques

Ils sont nombreux, mais notre attention portera sur l’organisation administrative et le
système juridique et judiciaire pharaonique.

Paragraph 1: l’organisation administrative

Au sommet de la hiérarchie administrative, existe une seule autorité: le pharaon. Il est roi
et seul intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il tire directement son pouvoir des dieux.
Rappelons que des théories de légitimation de la filiation divine du pharaon ont été
soutenues: la filiation solaire et la filiation osirienne.
Ainsi, dans le souci de conserver la pureté du sang royal, le mariage du roi avec l’une de ces
sœurs consanguines était admis. Bien plus qu’un roi, le pharaon est à la fois l’administrateur
principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l’Égypte.
C’est ce qui fait que l’institution monarchique devient le symbole de l’unité nationale et la
condition essentielle de la stabilité du pays.
Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le roi s’appui sur ses collaborateurs,
composé de fonctionnaires, de scribes et de prêtres qui gèrent ses affaires au quotidien.
Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, sorte de premier
ministre (Tati), il agit comme le représentant du roi et coordonne l’arpentage des terres, les
trésors, les projets de construction, le système juridique et les archives. Au niveau local,
l’Égypte est divisée en provinces appelées Nomes ((42) nomes: (20) Nord et (22) au Sud)
assujettie aux services centraux et dont les administrateurs ont été mis en place par le
pharaon. Au départ, les charges importantes étaient réservées à la famille du souverain, mais
la spécialisation des métiers et le développement croissant de l’administration poussa le roi a
délégué le pouvoir à des personnes qui n’étaient pas de sang royal.
Les nomes sont constitués de plusieurs villages dirigés par des nomarques.

Paragraphe 2: systèmes juridiques et judiciaires pharaoniques


Le régime pharaonique disposait d’un système juridique sophistiqué. Les grands principes
de l’idéologie dictent la conduite politico-judiciaire, à tenir en cas d’infraction grave à l’ordre
établi. Ce système était organisé autour de la haute figure du pharaon et de son pouvoir, c’est
pourquoi toute atteinte (préjudice) avérée à la personne du roi, à son autorité sur le territoire,
à l’exercice de ses fonctions ou à son destin poste-mortem (après la mort) était considéré
comme un crime passible de la peine de mort.

A)-le système juridique

Le droit égyptien vise formellement à exprimer l’équité et la justice prescrite par Maât.
Bien qu’étant une théocratie protégeant l’ordre établi sur la base de la reconnaissance du droit
divin du souverain, le système pharaonique initie une sorte d'État de droit pour que nul ne fut
à l'abri de la sanction de Maât. Les lois de l’Égypte ancienne paraissent se diviser en deux
groupes:
– Le premier est celui des lois proprement dites, entendues au sens large, de normes
destinées à réguler l’administration, l’économie ou la justice de l'État.
– Le second, couramment désigné sous le nom de décrets royaux, semble
l’expression d’un pouvoir réglementaire.
La loi voulue par le pharaon est la loi de dieu. Quelle que soit sa nature, l’écrit, lorsqu’il
témoigne des actes indispensables à la vie de l'État et relève à ce titre du département des
décrets royaux, est toujours l’expression du sacré.
L’application des lois se fait selon l’origine des justiciables. Ainsi, quand un syrien se
présentait devant les tribunaux égyptiens pour régler un litige l’opposant à un de ses
compatriotes, on appliquait les lois syriennes en vigueur. A l'inverse, quand il s’agit d’un
étranger en conflit avec un égyptien, l’emportait évidemment l’application des lois
égyptiennes.

B)- le système judiciaire

La justice c’est Maât. Il existe deux types de justice:


– La justice oraculaire, rendue par les dieux par l’intermédiaire des prêtres.
– La justice humaine, rendue par les différents tribunaux de l’architecture
constitutionnelle pharaonique.
Ces tribunaux appliquent le principe de juridiction: l’appel et la cassation. Il s’agit du tribunal
de nomes, du tribunal de ville où de la cour provinciale, de la cour suprême et du conseil
supérieur pharaonique.
La recherche de la vérité semble s’effectuer par des recoupements divers, par la quête et
l’accumulation d'indices, par la multiplication de la confrontation des témoins .
Ces juridictions peuvent retenir (04) types de sanctions:
– l’utilisation de la force de travail du condamné.
– la privation d’un bien matériel ou immatériel considéré comme essentiel
– les châtiments corporels.
– la peine capitale dont le pharaon seul peut prononcer.

Section 3: les fondements idéologiques du pouvoir pharaonique

Selon Pierre Legendre, toute société est amenée à construire l’univers fonctionnel de sa
référence, sur laquelle puisse se fonder une indestructibilité, non pas matérielle ni physique,
mais symbolique. Parce que toutes sociétés représentent pour les sujets humains de sa
mouvance, la figure de l’espèce. Autrement dit, la vie et la reproduction de la vie. Cela
implique pour nous, que nous interrogeons « pourquoi l’homme ne peut vivre sans être légitimé
pour vivre ».
En Égypte, cette référence est appelée le principe de Maât. Cette référence à la divinité est en
même temps le socle qui légitime son pouvoir, mais aussi ses freins ou limites en ce sens que
le pharaon peut-être sanctionné s’il ne remplit pas cette fonction.

Paragraph 1: le Maât politique

La mission essentielle du pharaon est de mettre Maât à la place du désordre et de


l’injustice. Elle symbolise l’homme et le périmètre au profit des populations.
Cette Déesse incarnait à la fois la vérité et la justice. L’Etat et la civilisation pharaonique
reposent sur cette base intangible et toutes les activités des anciens égyptiens font référence à
elle.
L’équilibre de la société égyptienne est basé sur le lien permanent entre Maât et le pharaon, son
représentant sur terre. C’est pourquoi, la gestion de la monarchie ne pouvait pas être arbitraire
puisque cette Déesse avait un droit de regard sur la gouvernance pharaonique sur terre.
Une belle manière de penser: l'Etat montre qu’il existe un pouvoir surnaturel, extérieur aux
monarques dont il a l’obligation de se référer dans ses agissements sur terre.
C’est pourquoi, lorsque le pharaon a failli à sa mission de bienfaisance, du moins, lorsqu’il ne
respecte pas le principe de Maât, il rendra compte dans l’au-delà, devant le tribunal divin ou
le tribunal Osirien, c’est le Maât judiciaire.

Paragraph 2: le Maât judiciaire ou le tribunal Osirien

Les pharaons de l’antiquité parlaient d’une vie après la mort, ils parlaient d’enfer et de
paradis, du salut de l’âme. Ainsi, ils faisaient la distinction entre le Kâ et le Bâ.
Le Kâ étant l’aspect matériel de l’humain et le Bâ, l’âme. C’est ce Bâ qui sera jugé par le
tribunal divin.
La Justice divine est composée de (42) juges et présidée par Osiris, cette justice avait pour rôle
de statuer sur la gestion du pouvoir pharaonique sur terre, de voir si le pharaon respecte le
principe de Maât en se gardant de commettre tout acte contraire aux recommandations de la
Déesse.
En déclarant, selon une énumération bien claire, n’avoir commis aucun manquement aux
règles sociales et morales qui s’imposent à tous, l’âme du pharaon sera déclaré Maâty,
c’est-à-dire positif.
C’est-à-dire, conforme à la Maât et pourra faire la navette entre le monde céleste et le monde
terrestre.
Dans le cas contraire, lorsque le Bâ du pharaon est déclaré non conforme aux principes de
Maât, le tribunal Osirien donnera une sanction négative, consistant à condamner l’âme du
pharaon dans le monde des morts.

Chapitre 2: Les institutions Romaines

Rome n’était à l’origine que l’une des nombreuses citées de l’Italie centrale et d’après la
tradition légendaire, la ville aurait été créée en 753 av. JC et l’on a coutume d’arrêter son
histoire et celle du droit romain à la mort de l’empereur Justinian en 565 av. JC.
Au cours de cette longue histoire, Rome a connu trois régimes politiques :
– la royauté qui selon la légende commence avec la fondation de Rome et cesse par
l’expulsion des rois Étrusques en 509 av. JC.
– La République de 509 à l’an 27 av. JC.
– L’empire, subdivisé en haut empire de l’an 27 à 284 av. JC et le bas empire de
l’empire 284 à 565 après JC.
La royauté romaine n’étant connue que par des sources imparfaites et fragmentaires, notre
attention va porter essentiellement sur la République en tant que première expérience
démocratique fondée sur le culte de l’État et de la citoyenneté.
Cette République de l’an 509 av. JC s’est voulu le contraire de la royauté étrusque en mettant
le peuple au centre du jeu politique. Elle s’est voulue également performante, dans la manière
dont les différents pouvoirs ont été articulés. Ces pouvoirs ont été séparés théoriquement
même s’ils restent complémentaires dans leur fonctionnement. Dans l’histoire de la Res
publica, il s’est produit beaucoup de bouleversements politiques qui ont fini par plonger la
République dans une profonde cris, laquelle aboutira à la restauration de la monarchie.
Si la cité est formée par le peuple, le pouvoir n’y est pas détenu par celui-ci. Le
gouvernement n’est pas l’affaire du peuple. Il n’est pas res-publica au sens littéral du terme,
parce que contrôlé par la minorité patricienne. Ce qui pousse le peuple à se révolter contre
l’aristocratie et rejette le pouvoir.
Une crise politique et économique pousse le gouvernement à adopter le régime impérial.

Section 1: les institutions patricienne de la république romaine

L’année 509 av. JC marque l’avènement de la République. Comme chez les grecs, les
romains considèrent la Res publica comme la chose publique. Seulement, cette conception fut
mise en pratique dans la cité, sur un petit territoire à population réduite.
La Res publica n’est pas seulement un régime politique qui se différencie de la monarchie
mais une construction juridique proche de l’État qui a servi de base avec d’autres concepts à
la construction de la notion d’États modernes.
Elle est formée de la somme des droits et des intérêts du peuple romain, considéré comme un
tout; intérêts qui sont gérés collectivement.
Dans la Res publica, la communauté des citoyens forme le populus romanus. Et donc la
qualité de citoyen détermine l’appartenance au peuple romain. De ce point de vu, trois
fonctions essentielles reviennent à ce peuple:
– élire les magistrats
– voter les lois
– prononcer la peine de mort.
Dans le gouvernement républicain, des anciennes familles descendant des patrès, dès
l’époque royale se sont attribués le statut de sénateur, avec comme principale mission de
conseiller la République et de contrôler les décisions prises par les autres organes.
Cette République de l’an 509 a vu l’émergence d’un autre organe de gouvernement, détenteur
de l’administration et du commandement de la cité appelées Magistrature. En théorie, ils ont
pris la place des rois étrusques, ce qui explique l’importance des pouvoirs qui leurs sont
dévolus (potestas, impérium).
Cette manière de séparer et d’articuler les trois pouvoirs a poussé un prisonnier de guerre
grecque des romains, Polybe, à considérer que la constitution de l’an 509 allie à la fois la
monarchie, si on se réfère au pouvoir des magistrats, à la démocratie, si on fait allusion aux
assemblées et à l’aristocratie, eu égard aux pouvoirs alloués au Sénat. Ce qui nous amène à
étudier successivement les Assemblées, la Magistrature et le Sénat.

Paragraph 1: Les Assemblées

Les assemblées sont multiples du fait de leur apparition chronologique. En général, elle
rassemble toutes les personnes qui ont la qualité de citoyens et répartis en fonction de leurs
fortunes et de leurs tribus.

A)- le citoyen romain

Dans la compréhension romaine, qui est celle de toute l’antiquité, la personnalité


n’appartient en principe qu’aux citoyens.
On devrait dire, en partant de là, que pour être respecté, il faut être citoyen. Par conséquent,
l’absence de citoyenneté peut conduire une personne à être transformée en esclaves et devenir
la propriété du premier citoyen qui s’en empare.
Ainsi, la notion de citoyen traduit le statut d’homme libre et la participation à la vie publique.
Pour être citoyen, il faut remplir certaines conditions, particulièrement être descendant d’un
citoyen romain ou de personnes qui ont acquis leur citoyenneté après leur naissance. Donc le
critère sanguin (Jus sanguinis) est déterminant dans l’acquisition de la citoyenneté. Toutefois,
les femmes, les enfants, les esclaves et les étrangers ne pouvaient pas être considérés comme
des citoyens du fait qu’ils n’étaient pas aptes à participer à la vie publique.
Le statut de citoyen confère au détenteur des droits et implique naturellement le respect de
certaines obligations.
En effet, le citoyen romain a des droits civils et politiques.
S’agissant des droits civils, il a la possibilité de contracter un mariage (conubium) selon le
mode romain, ensuite, de faire des actes juridiques (commercium).
S’agissant des droits politiques, le citoyen a la possibilité de participer à la gestion des
affaires de la cité, en votant dans les assemblées (jus suffragii) et en accédant à la magistrature
(jus honorum).
Pour ce qui est des obligations, elle concerne essentiellement le service militaire et
l’obligation de payer l’impôt (tributum).
Le citoyen est obligé de respecter ses obligations, sinon, il s'exposait à des sanctions telles
que l’amende, le retrait des droits politiques et les marques d’infamies.

B )-les comices centuriates

Les origines et les développements des comices sont mal connus.


La base de leur classement est une répartition des citoyens selon leur profil et leur fortune. Ils
sont composés de 193 centuries répartis en cinq classes.
La première classe à elle seule regroupe 98 centuries. Cela veut dire, qu’en appartenant à cette
classe, on appartient à une centurie peu peuplée et on obtient la majorité. Les autres classes
qui sont toutes nombreuses n’auront pas beaucoup de voies. Cette classification s’est faite sur
la base des contributions publiques (impôts et charges publiques).
Ainsi, les plus riches dirigent. Ils se réunissent avec l’armement qu’ils se sont payés
eux-mêmes. C’est dire que, lors des consultations électorales, les plus riches disposent
souvent d’une majorité mécanique (l’Assemblée) et avaient la possibilité de faire appliquer
leurs décisions.
Les comices centuriates avaient la compétence d’élire les magistrats supérieurs, de voter des
lois et de donner l’autorisation à la cité d’engager une guerre.
Des attributions judiciaires leur ont été données notamment en cas de crimes et de haute
trahison.

C)-les comices tributes

Les origines sont encore une voie obscure. La répartition des citoyens est faite selon les
lieux d’exploitation des terres et des résidences. Ils ont été créés à l’initiative des magistrats
d’origine plébéienne et sont répartis en tribus urbaine et en tribus Rustique (rural).
Ils étaient chargés d’élire les magistrats inférieurs et plus tard ils seront appelés à voter des
lois et a fixé le taux pour les fortes amendes.
Les assemblées sont ouvertes à tous les citoyens.
En sont exclus, les femmes, les enfants, les esclaves et les étrangers. Mais, dans la pratique,
tous ne participent pas à la vie de ses regroupements du fait des longues distances, de
l’indifférence des ruraux et des habitants des cités créés par Rome qui sont plus soucieux de
leurs intérêts que ceux de la cité-mer.
Ce désintéressement des citoyens par rapport à l’activité, a eu comme conséquences la
direction des affaires publiques par une certaines minorités qui occupent les magistrats et sont
élus par leurs clientèles.

Paragraph 2: les magistratures romaines

Dans le souci d’éclairer la fonction du magistrat, rapprochons la de son antagoniste


ministère.
Ministère est celui qui est moins alors que magistère ou magistratus est celui qui est plus, le
chef titulaire du pouvoir suprême.
Les magistratures romaines ou honorés disposent du commandement de la cité et de son
administration. Prenant la place des Rois étrusques, leur pouvoir repose sur deux bases:
– la potestas
– l’imperium
La potestas est un pouvoir reconnu par le droit à une personne sur une autre personne.
Par exemple: la potestas du maître sur son esclave (domi potestas) du père sur son enfant (patria
potestas), du mari sur sa femme (maria potestas).
En droit public, ce pouvoir implique la capacité d’exprimer la volonté de l’État, soit en
édictant des ordres, soit en disposant de pouvoirs de coercition. La potestas est souvent
réservée aux magistrats inférieurs.
S’agissant de l'imperium, il consiste à un pouvoir de commandement civile et militaire qui
permettait aux magistrats supérieurs de juger un citoyen et de le punir.
En réalité, ce magistrat détenteur d’impérium est suivi de (12) personnes portant des haches
de guerres qu’on appelé Licteurs et qui exécuté séance tenante ses décisions.
L’impérium permettait également à son titulaire, de réunir des troupes pour engager une
guerre, de convoquer les citoyens en Assemblées pour faire voter une loi et de faire lever
l’impôt. Pour éviter que les pouvoirs des magistrats ne basculent dans l’arbitraire, des
mécanismes ont été aménagés dans le souci de les encadrer et de les diversifier.

A)- les caractéristiques de la magistrature romaine

Ses caractères peuvent être l’élection, l’annualité et la collégialité.


Tous les magistrats sont en principe élus pour une durée d’une année afin d’éviter les abus
d’autorité.
Deux exceptions peuvent être retenues (censeurs et dictateurs) à l’image de la censure élue tous
les 05 ans pour un délai de 18 Mois et de la dictature nommée pour 06 Mois renouvelable
lorsque Rome est en état de guerre.
C’est un principe original qui apparaît dès le début de la République de l’an 509. Cela
engendre une rotation très rapide des magistrats romains et qui visent à écarter tous risques de
retour à la royauté. Plus les pouvoirs sont forts, plus la durée d’exercice est limitée. Au-delà
de ses principes de l’élection et de l’annualité que les magistrats romains travaillent dans la
collégialité.
En effet, les romains avaient une conception différente de la collégialité de celle des grecques
qui pratiquaient la collégialité par rotation. Tandis que chez les romains, le pouvoir est donné
sans partage à chacun des membres du collège. Chaque magistrat est titulaire de l’entièreté de
ses pouvoirs, ils ont un pouvoir de décision totale et sans limites.
Le principe de la collégialité se ramène aux droits de chaque magistrat de paralyser l’action
des autres membres du collège (véto). Hormis ses particularités évoquées, la magistrature est
une diversité remarquable.

B)- les différentes magistratures romaines

L’organisation des magistratures romaines prévoit une pluralité dans laquelle on trouve
des magistrats ordinaires et des magistrats extraordinaires.
S’agissant des magistrats ordinaires, elles sont capables progressivement, au fur et mesure
que Rome sent le besoin de les créés.
Elles ont été d’abord contrôlées par les patriciens et ultérieurement les fonctions de Tribun et
d’Édile de la plèbe ont été étendues aux magistratures de la cité sans changer de noms. Ces
magistratures sont en réalité :
– le consulat: créé en l’an 509 av. JC, constitue la magistrature la plus puissante. Ses
membres, les consuls sont détenteurs d'imperium. Même soumis au contrôle du Sénat, ils
conduisent la guerre, nomment les officiers et exercent le droit de répression sur les troupes.
Ils président les Assemblées et proposent les lois. Au nombre de (02), les consuls sont les
gardiens de l’ordre public.
– La préture: les prêteurs sont spécialisés dans le domaine judiciaire. Détenteur
d'imperium, il existait dès prêteurs urbains pour les procès entre citoyens romains et des
prêteurs pérégrins pour des procès entre étrangers. Il convient toutefois de préciser que ces
prêteurs avaient simplement le pouvoir de déterminer les actions de justices nécessaires de la
revendication d’un droit devant le juge. Le rôle du juge est attribué à une autre personne, un
citoyen réputé pour son honneur et sa connaissance du droit.
– La censure: créée en 443 av. JC, les censeurs avaient à la fois des fonctions
politiques et des fonctions morales. Pour ce qui est des fonctions politiques, les censeurs ont
pour mission de classer les citoyens dans différents groupes (comices centuriates et comices
tributes). Ils procèdent aux inscriptions et aux radiations des citoyens dans ses groupes en
fonction de leurs fortunes et de leurs résidences. Cette opération a lieu tous les 05 ans et le
censeur dispose d’un délai de 18 mois pour ses opérations. Leur deuxième fonction est la
police des mœurs, le contrôle des bonnes mœurs des citoyens de la cité. Ils peuvent infliger
des sanctions en cas d’adultère et de maltraitance.
– La questure: les questeurs avaient pour rôle de verser l’argent sur ordre d’une autre
autorité. Élus par les comices tributes, ils étaient spécialisés dans les questions financières.
– L’Édilité: les édiles sont élus par les comices tributes et disposent de la potestas.
Leurs fonctions se limitent à la police des marchés, à l’hygiène et à la salubrité des rues et
aux jugements des petites infractions (les contraventions).
Par ailleurs, s’agissant des magistratures extraordinaires, elles ont été créées en période de
crise et qui dérogent aux règles habituelles de l’annualité, de l’élection et de la collégialité.
Elles visent à faire face à des difficultés et à ramener au plus vite la paix. Il s'agit de la
dictature et de l'inter-roi.
– La dictature est une magistrature extraordinaire. Sa nomination par les consuls
pour 06 mois, a lieu en cas de périls intérieurs ou extérieurs graves dans l’intérêt de la cité.
Tous les magistrats supérieurs lui sont subordonnés.
Quand les magistrats supérieurs (cum impérium) disparaissent ou quand l’un meurt et l’autre
meurt, le Sénat choisit en son sein un inter-roi qui va exercer une magistrature de 05 jours au
terme desquels il doit désigner un autre sénateur qui doit prendre sa place. Ses fonctions ont
pour unique objet de réunir le plus vite possible les comices centuriates afin d’élire (02)
nouveaux consuls.
Les romains ont également prévu pendant la Res Publica, un Sénat ayant un droit de regard
sur l’activité des magistrats.

Paragraph 3: Le Sénat romain

Cicéron écrivait « nos ancêtres ont fait du Sénat le tuteur, le défenseur de la res publica.»
Les sénateurs forment un pouvoir collectif, une sagesse politique, un organe consultatif qui
regroupent les anciens magistrats ayant épuisé leurs carrières.
Le Sénat a un rôle officiel de Conseil, les consuls, les consultes.
Il a un pouvoir illimité d’inspiration de la politique de la cité, par sa prudence et par sa
sagesse. Il surveille ou supervise l’autorité des magistrats et a souvent un rôle de direction
politique effective. Ces décisions constituent les sénatus consultes, c’est-à-dire des avis relatifs
à toutes les activités de la cité.
Ainsi, pour être efficace, pour avoir une force indiscutable, toutes décisions concernant la vie
de la cité doivent revêtir l’auctoritas sénatoriale encore appelé auctoritas patrum.
En particulier, l’auctoritas patrum donne au Sénat le pouvoir de sanctionner une loi ou de
valider les élections.
Le Sénat romain a des compétences très variées.
Son premier domaine d’activité est lié aux finances publiques. Gardiens du trésor public, il
fixe le budget civil, contrôle les recettes et les dépenses de l’État.
Il a ensuite une fonction de politique extérieur.
En effet, il dirige la diplomatie en recevant et en nommant les ambassadeurs.
En matière militaire, le Sénat exerce un contrôle étroit sur les opérations militaires. Il ratifie
les déclarations de guerre signées par les Assemblées et fixe la durée des campagnes et des
recrutements militaires.
A cela s’ajoute ses prérogatives en matière foncière, puisque c’est lui qui gère le domaine
public et il lui revenait de demander l’impôt que devait verser les territoires conquis.
Enfin, en matière religieuse, le Sénat a la haute main sur les cultes de la cité. Il assure le
contrôle de l’activité religieuse des citoyens. Il décide de l’introduction de nouveaux cultes.
Par ailleurs, il faut préciser que la révolution républicaine n’a rien donné au peuple. Tout se
passe comme s’il n’existait pas. Sans pouvoir face au magistrat qu’il ne choisit pas, le peuple
est sans défense, abandonné au droit de vie et de mort de ses magistrats tout puissant coopté
par l’aristocratie.
C’est pourquoi, cette masse populaire récusera très vite les conquêtes patriciennes. C’est alors
que naît une nouvelle révolution du peuple appelée révolution plébéienne.

Section 2: la révolution plébéienne

On définira la plèbe en l’opposant


aux patriciens. Elle constitue une réalité politique qui s’est démarquée durablement contre
l’organisation républicaine ou patricienne de la cité.
Le programme porté par ce mouvement est basé sur un moyen de pression très puissant sur le
patriciat. Elle proclame qu’elle va se séparer de la cité et s’installe à l’extérieur des limites de
la ville sur une autre colline à laquelle elle donne le nom de « mont-Sacré ».
Né en 494 av. JC, la plèbe se forge une constitution et ce n’est qu’après avoir juré l’union
jusqu’à la mort qu’elle revient à Rome, décidé à s’imposer par la force les institutions qu’elle
vient de se donner. En l’occurrence, le tribunat et le concilia plebis.

Paragraph 1: le tribunat ou la magistrature de la plèbe

A la fois chef et défenseur de la plèbe, les tribuns sont d’une création originale.
Le tribun n’est pas né pour agir ou commander, mais pour venir en aide à la plèbe contre
l'imperium des consuls en offrant la protection de sa personne inviolable et sacrée. Il joue dès
les origines, un rôle d’équilibre fondamental face à la toute puissance des magistrats
patriciens.
C’est pourquoi, la protection tribunicienne s’étend à tout plébéien menacé dans sa personne
ou dans ses biens.
En tant que magistrat de la plèbe, le tribun avait (02) moyens de s’opposer à un magistrat: par
auxilium, c’est-à-dire un pouvoir d’aide et d’assistance, soit l’intercessio permettant de
paralyser l’action des magistrats en saisissant les Assemblées, alors il revenait au peuple
romain de juger le plébéien à la place du consul. Cette procédure d’écarter le magistrat
patricien en l’occurrence le consul est appelé la provocation ad populum.
La personne du tribun est sous la protection des dieux. En effet, le tribun s’est donné les
moyens les plus énergiques pour faire respecter par tous et contre tous son pouvoir d’aide à la
plèbe. Sa personne était inviolable et qui touché à un tribun commet un sacrilège d’où la
sacro-sainteté qui signifie que toute atteinte à la personne sacrée du tribun, à son autorité et
par extension aux intérêts de la plèbe dans son ensemble rend le coupable maudit, voué aux
divinités infernales (loi valeriæ horatiæ).
Quand n’est-il de la l’Assemblée de la plèbe encore appelée concilia plebis?

Paragraph 2: le concilia plebis ou Assemblée de la plèbe

Le concilia plebis est une réunion de la plèbe. Tous les plébéiens sont donc convoqués,
sont membres des conciles de la plèbe. Ce sont en général des tribuns qui convoquent ses
réunions et sont maîtres de l’ordre du jour.
Les Assemblées de la plèbe avaient rôle électoral, elles élisaient les tribuns et les édiles et
avaient un rôle décisionnaire et même normatif. Les décisions précises portent le nom de
plébiscites et ne s'appliquent qu’aux plébéiens. Ses réunions des mutins ne pouvaient liées la
cité, ne pouvaient être commandement de la cité toute entière. Pour être appliquées à tout le
peuple, ses décisions doivent recevoir la ratification sénatoriale.
Cependant, en 286 av. JC, dans l’élaboration de la loi des (12) tables, les plébiscites eurent la
même force que les lois votées par les comices centuriates (la loi hortenciæ).
Il en est de même des plébiscites archivés qui pourront être ressortis, si le Sénat ne leur
confère pas leurs autorités.
Par conséquent, la ratification du Sénat n’est plus obligatoire pour que le plébiscite ait une
valeur législative.
Ainsi, le magistrat plébéien, en l’occurrence le tribun, a le pouvoir de convoquer le Sénat et
les comices.
Il faut ajouter dans cet élan de reconnaissance et d’intégration de la plèbe au sein de la cité,
un certain nombre de mesure opèrent une réforme constitutionnelle profonde
Ces réformes portent le nom de « compromis » licinio-sextient.
Il s’agit d’un ensemble de lois acceptées par le Sénat prises par deux tribuns Licinius et Sextius
qui ont pour objectif majeurs l’accès des plébéiens au magistrature supérieure et la réforme
de la composition et du fonctionnement du Sénat.
La conséquence immédiate de ses réformes va dans le sens d’une égalisation des ordres
politiques en créant une mixité de la Magistrature et du Sénat. Cela a pour effet également, la
réconciliation de la cité avec elle-même, avec la création d’une nouvelle élite politique et
sociale portant le nom de Nobilitas, formée par les patriciens, mais également par l’élite de la
plèbe.
Cette Nobilitas a été considérée comme le symbole de l’acceptation de la plèbe dans la cité
romaine.
Justement, cette reconnaissance de la plèbe par l’Etat patricien à permis à la ville de se
renforcer militairement et à imposer sa suprématie sur ses voisins. C’est alors que Rome se
lance dans une politique d’expansion coloniale, en se taillant un immense territoire. Ainsi, il
s’est posé la question de l’adéquation entre l’immensité du territoire et la forme républicaine
du pouvoir.
Il s’en est suivi une crise de la République occasionnant la naissance de l’empire, du moins le
retour à la monarchie.

Section 3: La crise de la République et la marche vers l’empire

Il y’a faillite ou crise de la République parce le mécanisme institutionnel de l’an 509 s’est
trouvé détourné par les décideurs politiques au point que l’avènement du régime impérial
était inévitable.

Paragraph 1: la crise de République

Selon Polybe « les romains eurent l’audace de prétendre à la domination du monde et parvinrent
à leur fin ».
Cette République en tant que régime conquérant n’a pas survécu à ce gigantisme territorial
grâce à de nombreux facteurs, même si des tentatives ont été mises en place pour éviter sa
faillite.

A)- les facteurs de crise


1)- La question agraire

Elle ne fait que culminer sous les frères gracques (Tiberius et Caius) et ne concerne pas
l’agriculture elle-même, mais une catégorie de terre (l’Ager Publicus).
En effet, les soldats de l’armée romaine sont recrutés dans la classe des propriétaires de terres.
C’est donc cette catégorie de paysans qui est la plus touchée par les pertes démographiques
(disparition de la classe moyenne par les guerres et l’esclavage) tandis que ceux qui survivent
sont conservés longtemps dans l’armée et ne s'occupent plus de leur terre. Le butin éventuel
des survivants ne suffit pas en général à remettre en culture les terres. Les récoltes du blé ne
sont pas rémunératrices: Rome commence à importer du blé des provinces conquises.
Alors, soit ses propriétaires s'endettent et revendent leurs terres pour rembourser, soit ils se
mettent au service d’un grand domaine, soit ils abandonnent la campagne pour la ville et
grossissent la masse prolétaire urbaine.
Dans le principe, l’Ager publicus (territoire qui appartient au peuple) doit être maintenue dans
son intégrité pour nourrir le peuple romain.
Mais de plus en plus, ses terres sont lotis et aliénées soit à titre en retour de service rendus à
l’Etat, soit attribuées à des colons. Au lendemain de la deuxième guerre Punique, (30) mille
personnes furent casées dans le Sud de l’Italie sur des lots de l’Ager Publicus. Donc
théoriquement, quand on aliène les terres de l’Etat, on en obtient pas une propriété pleine et
entière: l’Etat demeure propriétaire des lots.
En réalité, le temps passe, les occupants usurpent ses lots en se considérant comme les
véritables propriétaires.
C’est ainsi que des membres de la Nobilitas se sont vu attribuer d’immenses étendues de terres
publiques sur lesquelles travaillent les esclaves. L’Etat romain, voulant récupérer ses terres
accaparées, se heurte au refus des occupants de les rendre. Ce qui porte un coup dur à l’esprit
républicain.

2)-La dislocation de la Nobilitas

Le climat politique, à partir de 140 av. JC, se dégrade à son tour. Le jeu constitutionnel
admiré par Polybe se dérègle au moment où la Nobilitas s’isole face à une masse urbaine
instable et misérable. Devant le vide laissé par la disparition de la classe moyenne, ce
contrepoids salutaire, la cohésion de la Nobilitas porteuse d’harmonie éclate.
Deux groupes rivaux la séparent.
L’un sensible aux aspirations de la masse, combat pour la défendre et flatter sa puissance
(populars).
L’autre au contraire, s’en détourne dans la crainte, le mépris et l’égoïsme (Optimates).
Ces deux idéologies discordantes ont dominé la vie politique de Rome occasionnant la
cassure de la Nobilitas.
Cicéron seul tentera d’effacer cette rupture, source de violence. Malgré son génie politique,
ses efforts pour ramener l’unité ont échoué.

3)- La privatization de l’Etat

Certains hommes politiques se sont taillés d’immenses richesses en abusant de leur


puissance économique au détriment de leur responsabilité politique.
Ces décideurs politiques se sont convertis en homme d’affaires dans le souci de tirer le
maximum de richesses personnelles.
Certains de ses hommes politiques audacieux à l’instar de César ont voulu un changement de
la nature du régime politique, même si des réformes avaient été tentées dans le but d’éviter le
retour à la monarchie.

B)-les tentatives de réformes politiques et sociales

Dans le souci de trouver des solutions à cette mort lente de la res publica, des mesures
politiques et sociales ont été prises.
La première est celle des frères Gracques.
Tiberius initia une réforme foncière dans le sens de limiter la propriété terrienne et à retirer les
possessions détenues par la noblesse au profit des classes les plus défavorisées.
Caius, l'autre frère quant à lui, met l'accent sur des considérations humanitaires en permettant
à chaque citoyen pauvre de recevoir tous les mois une quantité suffisante de blé à prix
réduits.
Des réformes politiques ont été également envisagées avec le triumvirat, dont le premier fut
composé de César, Pompée, Crassus
Et le second d’Octave, de Marc Antoine et de Lépide.
Cette gestion du pouvoir à 3 n'a pas survécu aux coups d'État internes qui permettront à
Octave August d’être le seul maître de la République.
Sentant que le retour à la monarchie était irréversible, il s'est voulu être très prudent et rusé
contrairement à son oncle César.
Ainsi, de manière silencieuse et intelligente, il a réussi à mettre en place le régime impérial.

Partie 2: Le retour à la monarchie

L'empire romain est divisé en 2 périodes: le haut empire ou le principat de l'an 27 av. JC avec
Octave Auguste à l'an 284 après JC avec l’avènement de l'empereur Dioclétien et le bas empire
ou le dominat de l’an 284 jusqu'à l'an 565 avec la mort de l’empereur Justinien.

A)- Le haut empire ou le principat

Au commencement de la période impériale sous le principat, les apparences


républicaines sont respectées: les comices se réunissent, l’empereur exerce une magistrature
morale, d’influence et recueille la puissance tribunicienne ainsi que l'imperium consulaire.
Avec le principat, les institutions républicaines sont en réalité au service d'une seule
personne, le princeps, Octave Auguste.
Maître de l'empire, son pouvoir s'appuie sur 03 fondements:
– ︎l'imperium consulaire qui n'est plus limité comme à l’époque de la République
zpar les règles de l’annualité, de la collégialité, ni par le véto tribunicien. Cette imperium est
illimitée dans le temps et dans l'espace.
– ︎l'auctoritas qui permettait à Octave de disqualifier le Sénat comme gardien de
la République, ainsi que de contrôler les autres magistrats dans leur fonction.
– ︎la puissance tribunicienne, elle fut une création de César alors qu'il n’était pas
comme Octave, des plébéiens. Cependant, cette puissance tribunicienne lui permettait d'avoir
le pouvoir d’auxilium, le droit de véto et d’être sacro-saint.
Non sans difficulté, en raison de l'absence de règles de succession au trône, le principat
fonctionne ainsi sur les apparences de continuité républicaine jusqu’à la crise du IIIème siècle.
C'est alors que le régime se transforme, le principat s'efface devant le dominat.

B)- Le bas empire ou le dominat


Avec le dominat, le pouvoir impérial change de nature, ce que répercute le vocabulaire
politique: l’empereur n'est plus le premier des citoyens, il devient le maître (dominus) de
Rome; les habitants de l'empire sont ses sujets.
Le pouvoir dont il est revêtu change de contenu: il ne procède plus de la réunion des
magistratures civiles et militaires d’origine républicaine.
Il est désormais présenté comme étant d’essence divine, sacré, ce qui le met à part. Il peut
donc facilement écarter les pouvoirs rivaux comme le Sénat.
Absolument affranchi de toutes dépendances mêmes formelles, l'empereur devient
logiquement la seule source du droit.
Cette sacralisation du pouvoir impérial a aussi pour but d’enlever toute légitimité aux
usurpations éventuelles puisque l'empereur est le seul élu des dieux, et que seul son pouvoir
est légitime.
La conversion de l’empereur Constantin au christianisme en 312 après JC lui permet d’affirmer
qu'il est investi par Dieu pour gouverner l'empire et que le christianisme devient une religion
d'État.
Finalement, l'empereur s'est autoproclamé Dieu. Et puisqu'il est Dieu, il est au dessus de tout,
sa volonté deviendra une source du droit.

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