Les Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix
Les Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix
DE
CHRISTIAN ROSE-CROIX
1
LES MYSTERES
DE LA FRATERNITE
DE LA ROSE-CROIX
2
LES NOCES ALCHIMIQUES
DE
CHRISTIAN ROSE-CROIX
premiere partie
1999
3
Traduit du ne¤erlandais
Titre original :
de alchemische bruiloft van christiaan rozenkruis
4
Table des matie' res
Pre¤ face ix
le premier jour
1. La veille de Pa“ ques
2. La lettre d’ invitation
3. C.R.C. prend conscience de sa propre indignite¤
4. Le re“ ve de C.R.C.
5. La corde salvatrice
6. C.R.C. se pre¤ pare au voyage
le deuxie' me jour
7 Les quatre chemins
8 La rencontre de la colombe et du corbeau
9 ßHors d’ ici, indignes ?
10 Les six lanternes
11 Le Temple du Jugement (I)
12 Le Temple du Jugement (II)
13 Le courant du Nombre parfait
5
le troisie' me jour
14 La balance et le jugement
15 Les Sept Poids (I)
16 Les Sept Poids (II)
17 Les quatre roses
18 Les six sentences
19 Les repas du Jugement
20 Le lieu du Jugement
21 L’exe¤ cution des sentences (1)
22 L’exe¤ cution des sentences (Il)
23 La Licorne, le Lion et la Colombe
24 Le Phe¤ nix
25 L’Aigle, le Griffon et le Faucon
26 Le crite' re astral
27 La Bibliothe' que royale de la Chambre fune¤ raire
28 L’ Horloge et le Globe
29 Ne¤ cessite¤ de la purification astrale
30 Les dix anecdotes
31 La polarisation inverse
32 LaVierge Alchimia
33 Les dix forces nouvelles de l’accomplissement
Glossaire
6
Liste des illustrations
7
JohannValentin Andreae en 1616,
l’anne¤ e ou' parut les Noces Alchimiques.
8
Pre¤ face
9
10
les noces alchimiques
de christian rose-croix
anno 1459
1
11
Page de titre d ’une des trois premie' res e¤ ditions de Chymische
Hochzeit, Strasbourg, 1616.
12
De¤ voile¤ s les myste' res s ’avilissent,
Profane¤ s, ils perdent leur force.
13
PremierJour
Un soir, la veille de Pa“ ques, j’e¤ tais assis a' ma table et, apre' s m’e“ tre
entretenu avec mon Cre¤ ateur en une humble prie're, selon mon ha-
bitude, et avoir me¤ dite¤ beaucoup de grands myste' res (par lesquels
le Pe' re de la Lumie' re m’avait amplement de¤ montre¤ Sa Majeste¤ ),
j’allais pre¤ parer dans mon coeur, avec mon cher agneau pascal, un
pur pain sans levain, quand, soudain, un vent si impe¤ tueux se leva
que je crus voir voler en e¤ clat sous sa violence la montagne dans
laquelle ma maisonnette e¤ tait niche¤ e. Pourtant, comme rien de
semblable ne m’e¤ tait arrive¤ par le fait du diable (lequel m’avait
tourmente¤ maintes fois), je repris courage et poursuivis ma me¤ dita-
tion jusqu’au moment ou', de fac on inhabituelle, quelqu’un me
toucha le dos, ce qui m’effraya au point que j’osai a' peine tourner
la te“ te ; mais je ressentis de la joie, pour autant que la faiblesse hu-
maine le perm|“ t en pareille circonstance. Lorsqu’on m’eut tire¤ par
mon habit a' plusieurs reprises, cependant, je me retournai. Une
merveilleuse forme d’apparence fe¤ minine se trouvait la' , ve“ tue
d’une robe bleue somptueusement constelle¤ e d’e¤ toiles d’or,
comme le ciel.
Dans sa main droite elle tenait une trompette d’or pur, sur laquelle
e¤ tait grave¤ un nom, que je parvins a' lire mais qu’ il m’est interdit
de re¤ ve¤ ler ; dans la main gauche, une grosse liasse de lettres e¤ crites
dans toutes les langues, qu’elle devait, comme je l’appris plus tard,
porter dans tous les pays. Elle avait aussi des ailes, grandes et ma-
gnifiques, entie'rement couvertes d’yeux, gra“ ce auxquelles elle
pouvait s’e¤ lever dans les airs et voler plus vite que l’aigle. J ’aurais
peut-e“ tre pu observer d’autres de¤tails la concernant, mais comme
14
elle ne resta pre' s de moi qu’un bref instant et que je n’e¤ tais pas
encore revenu de mon effroi et de ma surprise, je dus y renoncer.
A peine m’e¤ tais-je retourne¤ qu’elle chercha dans sa liasse et trouva
enfin une petite lettre qu’elle de¤ posa avec respect sur la table ; puis
elle disparut sans mot dire. Mais en s’envolant, elle sonna si fort de
sa belle trompette que le son re¤ sonna dans toute la montagne et
que je restai dans l’ impossibilite¤ d’entendre mes propres paroles
pendant pre' s d’un quart d’ heure.
Dans une aventure aussi impre¤ vue, je ne savais vraiment pas que
faire, malheureux que j’e¤ tais. Je tombai donc a' genoux, priant
mon Cre¤ ateur de ne rien m’envoyer qui menac a“ t mon salut e¤ ter-
nel ; ensuite, plein d’angoisse et de crainte, je me tournai vers la
lettre. Elle e¤ tait si lourde que, d’or pur, elle n’aurait gue' re pese¤
plus. En l’examinant avec attention, je de¤couvris qu’elle e¤ tait fer-
me¤ e par un petit sceau, sur lequel e¤ tait finement repre¤ sente¤e une
croix, avec cette inscription : ßIn hoc signo + vinces1 Dans ce si-
gne, tu vaincras.
Cette de¤ couverte me rassura pleinement, je savais bien que le diable
n’appre¤ cierait pas ce cachet et qu’en outre il ne lui servirait de rien.
J ’ouvris donc la petite lettre avec pre¤ caution et y trouvai e¤ crits, en
caracte'res d’or sur fond bleu, les vers suivants :
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et contempler le prodige.
Sois vigilant,
examine-toi.
Si tu ne prends un bain de purete¤ ,
les noces te causeront dommage.
Pars: si tu vis dans le pe¤ che¤ ,
tu seras trouve¤ trop le¤ ger.
En dessous figurait :
ßSponsus et Sponsa*
A cette lecture, je faillis m’e¤ vanouir. Mes cheveux se dresse' rent sur
ma te“ te et une sueur froide m’ inonda de toute part. Car si je
comprenais qu’ il s’agissait des noces promises, annonce¤ es sept ans
auparavant par une vision, attendues depuis longtemps avec un
grand de¤ sir et pre¤ vues par des calculs et analyses pousse¤ es de mes
positions plane¤ taires, je n’avais pourtant jamais suppose¤ qu’elles
s’accompagneraient de conditions si se¤ ve' res et si risque¤ es.
Je m’e¤ tais imagine¤ jadis, en effet, qu’ il suffirait d’y para|“ tre
pour y e“ tre un ho“te bienvenu et estime¤ ; or, maintenant, on me
parlait d’un choix divin dont, pour ma part, je n’avais jamais e¤ te¤
certain d’e“ tre l’objet. Je de¤ couvrais aussi, plus je m’examinais,
qu’ il n’y avait dans ma te“ te qu’ incompre¤ hension et aveuglement
concernant les choses cache¤ es ; que je n’e¤ tais pas non plus capable
de saisir les choses les plus simples que j’avais pourtant a' faire
chaque jour. Que j’e¤ tais encore moins destine¤ par la naissance a'
percer les secrets de la Nature et a' les pe¤ne¤ trer ; a' mon avis, elle au-
rait pu trouver un disciple plus vertueux a' qui confier des tre¤ sors si
pre¤ cieux, fussent-ils soumis au temps et au changement. Je de¤cou-
vrais en outre que mon corps, mon comportement exte¤ rieur et
mon amour fraternel du prochain n’e¤ taient pas encore vraiment
* Le Fiance¤ et la Fiance¤ e.
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purs et sans taches.
Il m’apparaissait enfin que l’aiguillon de la chair e¤ tait toujours
pre¤ sent en moi, tourne¤ surtout vers la conside¤ration et le luxe de ce
monde et non vers le salut de mes semblables. De ce fait, je suppu-
tais sans cesse les moyens d’accro|“ tre rapidement mon profit per-
sonnel, d’e¤ difier des constructions grandioses, d’ immortaliser
mon nom en ce monde, et entretenais bien d’autres pense¤es char-
nelles du me“ me ordre. Cependant, les paroles obscures relatives
aux trois Temples me pre¤ occupaient particulie'rement ; je n’arrivais
pas a' les expliquer, me“ me apre' s mu“res re¤ flexions. Et peut-e“ tre n’y
serais-je pas encore parvenu sans une miraculeuse re¤ ve¤ lation.
Oscillant donc de la crainte a' l’espoir, ne voyant en moi qu’ im-
puissance et faiblesse ^ de sorte que je ne trouvais aucune aide en
moi-me“ me et que l’ invitation m’effrayait se¤ rieusement ^ je finis
par recourir a' ma voie habituelle la plus su“re : avant de m’adonner
au repos, faire la profonde et ardente prie' re que mon bon ange
m’apparu“t, par de¤ cret divin, pour me guider dans mon incertitude,
comme cela s’e¤ tait de¤ ja' souvent produit auparavant ; ce qui, Dieu
soit loue¤, arriva sous forme d’un pre¤ cieux et grave avertissement,
pour mon bien et pour le bien du prochain.
Sito“t endormi, j’eus l’ impression de me trouver, avec d’ in-
nombrables autres hommes, dans la tour obscure d’une prison, at-
tache¤ a' de lourdes cha|“ nes. Il n’y avait pas le moindre rayon de
lumie're, et nous grouillions comme un essaim d’abeilles, aggra-
vant encore nos maux les uns les autres. Je n’y voyais pas plus que
mes compagnons, cependant je percevais que certains s’efforc aient
de s’e¤ lever par-dessus les autres, quand leurs cha|“ nes ou leurs fers
e¤ taient un tant soit peu plus le¤gers. Cela dit, personne n’avait beau-
coup d’avantage sur les autres ; nous e¤ tions comme une grappe de
raisin, tous pendus les uns aux autres.
Etant reste¤ s longtemps ensemble dans cette mise' re, nous trai-
tant mutuellement d’aveugles et de forc ats, nous entend|“ mes enfin
la sonnerie d’un grand nombre de trompettes, accompagne¤ es de
coups de timbales si alertes que cela nous re¤ jouit et nous re¤ conforta
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dans notre malheur. Au son de cette musique, le couvercle de la
tour fut souleve¤ et un peu de lumie're tomba sur nous. Il aurait fallu
voir alors cette bousculade ? Nous grouillions pe“le-me“ le, au point
que celui qui s’e¤ tait un peu e¤ leve¤ au-dessus des autres tombait sous
leurs pieds. Chacun cherchait la position la plus e¤ leve¤ e, et moi-
me“ me, sans he¤ siter, malgre¤ mes lourdes cha|“ nes, je luttai pour me
de¤ gager et me hissai sur une pierre que j’avais pu atteindre. Mais la'
aussi, attaque¤ a' plusieurs reprises, je me de¤fendis de mon mieux,
des pieds et des mains. Nous n’avions qu’une seule pense¤ e : se-
rions-nous tous libe¤ re¤ s !
Or il en alla tout autrement. En effet, les seigneurs qui nous
regardaient d’en haut, par l’ouverture de la tour, s’e¤ tant quelque
peu divertis de nos ge¤ missements et fre¤ tillements, un vieillard aux
cheveux blancs nous ordonna de nous tenir tranquilles. De' s que
nous eu“mes obe¤i, il prononc a les paroles suivantes, pour autant
que je m’en souvienne :
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En l’honneur de la fe“ te,
ce¤ le¤ bre¤ e aujourd ’hui,
elle multiplie ses gra“ ces:
une bonne oeuvre s ’accomplira.
De' s lors une corde descendra,
et qui s ’y accrochera,
la liberte¤ trouvera.*
De' s qu’ il eut prononce¤ ces paroles, la Ve¤ ne¤ rable Dame ordonna a'
ses serviteurs de faire descendre sept fois la corde dans la tour et de
remonter ceux qui y resteraient accroche¤ s. Dieu me permette de
de¤ crire en de¤ tail l’agitation qui nous saisit : chacun voulait s’empa-
rer de la corde et, par la' me“ me, empe“ chait les autres d’en faire au-
* Re¤ fe¤rence a' un sermon de Bernard de Clairvaux, Sermo III. De fragmentis
septem misericordiarum (J. P. Migne, Patrologia Latina, 183, p. 344.): ßTria consi-
dero, in quibus tota spes mea consistit ; charitatem adoptionis, veritatem
promissionis, potestatem redditionis. Murmuret jam, quantum voluerit,
insipiens cogitatio mea dicens ; Quis enim es tu, aut quanta est illa gloria,
quibusve meritis hanc obtinere speras ! Et ego fiducialiter respondebo;
Scio cui credidi, et certus sum quia in charitate nimia adoptavit me, quia
verax in promissione, quia potens in exhibitione ; licet enim ei facere quod
voluerit. Hic est funiculus triplex qui difficile rumpitur, quem nobis a
patria nostra in hunc carcerem usque demissum firmiter, obsecro, tenea-
mus ; ut ipse nos sublevet, ipse nos trahat et pertrahat usque ad conspec-
tum gloriae magni Dei, qui est benedictus in saecula. Traduction ; Il y a
trois choses sur lesquelles repose toute mon espe¤ rance ; l’amour de la filia-
tion divine, la ve¤ rite¤ de la promesse, et le pouvoir de les re¤ aliser. Alors des
pense¤ es insense¤ es vinrent me tourmenter : ßQui es-tu donc ? Combien
cette gloire est grande ? Et par quels me¤ rites espe' res-tu l’acque¤ rir ! Plein
de confiance je re¤ pondis : ßJe connais Celui en Qui j ’ai confiance et je suis
certain que, dans Son immense amour, Il m’a accepte¤ comme Son enfant ;
qu’ Il est vrai dans ses promesses et qu’ Il a le pouvoir de les remplir. Il lui
est permis de faire ce qu’ Il veut. C ’est la triple corde qui ne se rompt pas facile-
ment. Depuis notre Patrie, elle est descendue dans ce cachot. Je vous en supplie :
tenez-la fortement pour qu’elle nous e¤ le' ve et nous hisse et que nous
contemplions la gloire de notre Grand Dieu, qui est be¤ ni de toute e¤ ter-
nite¤ .
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tant. Cependant, sept minutes s’e¤ tant e¤ coule¤es, une clochette
donna un signal ; les serviteurs hisse' rent alors quatre personnes
cette premie're fois. Perche¤ sur une pierre contre la paroi de la tour,
pour mon plus grand malheur, comme je l’ai de¤ ja' dit, j’e¤ tais dans
l’ impossibilite¤ de m’approcher de la corde qui pendait au milieu,
hors de ma porte¤ e.
On redescendit la corde une deuxie'me fois. Mais les cha|“ nes de
la plupart e¤ taient trop lourdes et leurs mains trop faibles pour s’y
tenir accroche¤s, de sorte qu’en tombant ils entra|“ naient beaucoup
de ceux qui auraient peut-e“ tre pu s’y cramponner. Plus d’un, oui,
furent de¤ croche¤ s par d’autres qui n’e¤ taient pas parvenus a' se hisser,
tant nous e¤ tions envieux les uns des autres dans notre grande mi-
se' re. Mais j’avais surtout pitie¤ de ceux dont le poids e¤ tait si grand
qu’ ils eurent les mains arrache¤ es et ne purent donc pas remonter.
Ainsi advint-il que, les cinq premie'res fois, un petit nombre
seulement fut ramene¤ . En effet, le signal sito“t donne¤ , les serviteurs
halaient la corde si vite que la plupart retombaient les uns sur les
autres. La cinquie'me fois, d’ailleurs, la corde remonta a' vide. Aussi
la majorite¤ d’entre nous, dont j’e¤ tais, commencions a' de¤ sespe¤rer
d’e“ tre de¤livre¤ s et implorions Dieu d’avoir pitie¤ de nous et de nous
libe¤rer de ces te¤ ne' bres ; sur quoi, quelques-uns furent exauce¤ s. Car,
lorsque la corde redescendit pour la sixie'me fois, plusieurs s’y
agrippe'rent fermement et, lorsqu’elle se balanc a en remontant, elle
s’approcha aussi de moi, sans doute par la volonte¤ divine. En ha“te,
je la saisis, de sorte que je me trouvai au-dessus de tous les autres et
qu’ainsi, contre toute attente, je sortis enfin de la tour. Mon bon-
heur e¤ tait si grand que je ne sentis pas la blessure qu’une pierre
pointue m’avait faite a' la te“ te dans la remonte¤e, avant d’avoir aide¤
a' hisser la corde pour la septie'me et dernie' re fois (comme cela
s’e¤ tait fait toutes les fois pre¤ ce¤ dentes). L’effort fit couler le sang
sur mes ve“ tements mais, dans ma joie, je ne m’en aperc us point.
Lorsqu’on remonta la corde pour la dernie're fois, le plus grand
nombre y e¤ tait enfin accroche¤ ; alors la Ve¤ ne¤ rable Dame la fit em-
porter et enjoignit a' son fils, un homme d’un grand a“ ge (ce qui m’
20
e¤ tonna beaucoup) d’envoyer un message aux autres prisonniers.
Apre' s un instant de re¤ flexion, il dit ces mots :
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Chers enfants ici rassemble¤ s,
ce qui e¤ tait pre¤ vu depuis longtemps,
est enfin accompli,
et, par la Gra“ ce de ma Me' re,
accorde¤ a' vos amis.
Ne soyez pas envieux de leur sort,
un temps heureux va biento“ t commencer,
ou' tous les hommes seront e¤ gaux,
et ou' il n’y aura plus ni pauvres ni riches.
Ces paroles prononce¤ es, le couvercle fut remis sur le puits et ver-
rouille¤, tandis que retentissaient a' nouveau trompettes et timbales.
Mais le son des instruments n’e¤ tait pas assez puissant pour couvrir
les lamentations des prisonniers de la tour, ce qui me fit venir les
larmes aux yeux. Peu apre' s, la Ve¤ ne¤ rable Dame s’assit avec son fils
sur des sie'ges dispose¤s a' cet effet et ordonna de compter les de¤livre¤ s.
Apre' s avoir pris connaissance de leur nombre, elle l’ inscrivit sur
une tablette jaune d’or et demanda le nom de chacun d’entre nous,
qu’un page nota e¤ galement. Puis elle nous regarda les uns apre' s les
autres et soupira en disant a' son fils, de telle sorte que je pusse l’en-
tendre clairement : ßAh ? que j’ai pitie¤ des pauvres gens de la tour.
Plu“t a' Dieu que j’eusse re¤ ussi a' les de¤ livrer tous ? Son fils re¤ pondit
alors : ßMe' re, Dieu en a dispose¤ ainsi et nous ne saurions nous y
opposer. Si nous e¤ tions tous des seigneurs, posse¤ dant tous les biens
de la terre, et e¤ tions assis a' table, qui nous servirait le repas !
Apre' s quoi la Me' re se tut ; mais elle reprit biento“t : ßDe¤ livrons
donc ces gens de leurs fers, ce qui fut fait a' l’ instant. J ’e¤ tais pres-
22
que le dernier de la file et, a' la diffe¤ rence des autres, je ne pus me
retenir de faire une re¤ ve¤ rence a' laVe¤ ne¤ rable Dame, et de remercier
Dieu qui, par son interme¤ diaire, avait bien voulu, dans sa gra“ ce pa-
ternelle, me porter des te¤ ne' bres a' la lumie're. D’autres suivirent
mon exemple et s’ incline' rent de-vant la Ve¤ ne¤ rable Dame. Enfin
chacun se vit remettre, comme viatique, une me¤ daille comme¤ mo-
rative en or, ou' e¤ taient grave¤ s, d’un co“te¤ , le Soleil levant et de l’au-
tre ^ pour autant que je m’en souvienne ^ les trois lettres D. L. S.*
A cause des blessures cause¤ es par mes fers, je n’avanc ais qu’avec
peine et boitais des deux jambes. La Ve¤ ne¤ rable Dame le remarqua
aussito“t, se mit a' rire, m’appela pre' s d’elle et me dit : ßMon fils, ne
t ’afflige pas de ton infirmite¤ , mais souviens-toi de tes faiblesses et
remercie Dieu de te permettre d’avoir part, de¤ja' en ce monde et
malgre¤ ton imperfection, a' une Lumie're si e¤ leve¤ e ; garde ces bles-
sures pour l’amour de moi.
A ce moment, la sonnerie de trompette retentit a' nouveau, ce
qui m’effraya au point de me re¤ veiller. Alors seulement je m’aper-
c us que tout n’avait e¤ te¤ qu’un re“ ve, mais il e¤ tait si profonde¤ ment
grave¤ dans ma conscience qu’ il continuait a' me pre¤ occuper et que
j’avais l’ impression de sentir encore les blessures de mes pieds.
Quoi qu’ il en fu“t, je comprenais bien que Dieu me donnait d’as-
sister a' la ce¤ le¤ bration de noces secre' tes et myste¤ rieuses ; aussi, avec
une confiance enfantine, je remerciai Sa Divine Majeste¤ , la priant
de me garder continuellement dans le respect que j’avais pour elle,
de combler journellement mon coeur de sagesse et de compre¤ hen-
sion et de le guider, par sa Gra“ ce, jusqu’au but souhaite¤ , sans me¤ rite
aucun de ma part.
La' -dessus, je me pre¤ parai au voyage, me reve“ tis de lin blanc et
ceignis mes reins d’un ruban rouge sang, que je croisai sur mes
e¤ paules. A mon chapeau, je mis quatre roses rouges, pour me faire
reconna|“ tre plus facilement dans la foule. Comme provisions, je
pris, sur les conseils d’un sage, du pain, du sel et de l’eau, dont je
23
me servis a' des moments de¤termine¤ s, non sans profit. Avant de
quitter ma hutte, je tombai a' genoux ainsi e¤ quipe¤ de mes habits
de noces, priant Dieu de me guider, quoi qu’ il du“t m’arriver, vers
une bonne fin. Et je promis a' la face de Dieu que, si quelque chose
m’e¤ tait re¤ ve¤ le¤ par sa Gra“ ce, je ne l’emploierais point pour obtenir
honneur et prestige en ce monde, mais pour la gloire de son Nom
et au service de mon prochain. Apre' s ce voeu, je quittai ma cellule
dans l’espoir et la joie.e
24
Deuxie' meJour
25
disputerai-je avec Dieu !
Avec violence, dans la tempe“ te ce¤ leste,
lutterai-je contre le Grand Art !
Car nul ne contraint Dieu.
Ici, qui ne vaut rien passe son chemin.
O hommes, soyez-en satisfaits ?
26
est certain qu’ il ne va pas dans la mauvaise direction. Il est plat et
facile, a' condition de ne de¤ vier ni a' droite ni a' gauche, et cela a'
l’aide d’une boussole.
Le troisie'me est la vraie Voie royale, car il re¤ conforte le coeur
par toutes sortes de joies et de spectacles princiers. Cependant, jus-
qu’a' ce jour, un homme seulement sur des milliers est parvenu a' le
suivre.
Par le quatrie' me chemin, il n’a e¤ te¤ permis a' nul mortel d’attein-
dre le but, car sa puissance consume, et seuls des corps incorrupti-
bles peuvent le supporter.
Choisis donc lequel des trois tu veux suivre et n’en de¤ vie plus.
Sache bien, cependant, que le chemin sur lequel tu poseras le pied
t ’est attribue¤ par le destin ine¤ luctable et aussi qu’ il est interdit, au
pe¤ ril de ta vie, de revenir en arrie're sur un seul de tes pas.
Voila' ce que nous voulions te faire savoir. Si tu prends a' la le¤ ge' re
ce se¤ rieux avertissement, tu parcourras le chemin au milieu des
plus grands dangers, avec force plaintes et lamentations. Si tu te sais
coupable de la moindre infraction aux lois du Roi, fais demi-tour
pour autant que cela soit possible et retourne en ha“ te chez toi, en
reprenant le chemin par lequel tu es venu ?
Je n’avais pas plus to“t lu cet e¤ criteau que toute ma joie disparut, et
moi qui chantais si gaiement un moment auparavant je commenc ai
a' pleurer ame' rement. Je voyais bien trois chemins devant moi et je
comprenais qu’ il me serait donne¤ , le moment venu, d’en choisir
un, mais je craignais de prendre celui qui e¤ tait encombre¤ de roches
et de pierres et d’y trouver une mort lamentable ; ou si c’e¤ tait la
longue route qui m’e¤ tait de¤volue, de m’e¤ garer, ou encore d’avoir
un accident au cours de ce lointain voyage ; je ne pouvais pas non
plus espe¤ rer e“ tre justement celui qui, parmi des milliers, choisirait
laVoie royale. Je voyais aussi devant moi le quatrie' me chemin, mais
il e¤ tait tellement environne¤ de flammes et de vapeurs que je ne
m’aventurai pas de son co“te¤ .
Je me demandai longtemps si j’allais m’en retourner ou choisir
27
l’une des quatre voies. Bien conscient de mon indignite¤ , je me
consolais sans cesse en pensant au re“ ve ou' j’e¤ tais de¤livre¤ de la tour,
sans trop m’y fier pourtant. J ’ he¤sitai si longtemps entre toutes ces
possibilite¤ s qu’un profond e¤ puisement, ainsi que la faim et la soif
surprirent mon corps. Je sortis donc mon pain et le coupai en mor-
ceaux. Ce que vit une colombe blanche comme neige, perche¤ e sur
un arbre, que je n’avais pas encore remarque¤ e et qui descendit
comme elle le faisait peut-e“ tre souvent ; elle se posa en toute
confiance a' co“te¤ de moi, je partageai donc mon pain avec elle. La
colombe le prit et sa beaute¤ me re¤ conforta de nouveau un peu.
Mais un corbeau noir, son ennemi, l’aperc ut, fondit aussito“t sur
elle, et comme ce n’e¤ tait pas mon morceau de pain qu’ il voulait
mais le sien, elle ne put que prendre la fuite.
Ils s’envole' rent tous deux en direction du midi, ce qui m’attrista
et me fa“ cha a' tel point que, sans re¤ fle¤chir, je pourchassai l’ insolent
corbeau et qu’ainsi je m’engageai contre ma volonte¤ dans la voie
pre¤ destine¤ e, sur la longueur d’un champ d’une acre environ, chas-
sai le corbeau et de¤ livrai la colombe.
Alors je me rendis compte que j’avais agi sans re¤ fle¤ chir et que
j’e¤ tais de¤ ja' engage¤ sur un chemin qu’ il m’e¤ tait interdit de quitter
sous peine d’un lourd cha“timent. Je me serais console¤ si, a' mon
grand regret, je n’avais pas laisse¤ , au pied de l’arbre, mon baluchon
avec mon pain, que je ne pouvais plus aller chercher. Car a' peine
me retournai-je que souffla dans ma direction un vent si violent
qu’ il manqua de me renverser. Cependant, si je continuais ma
route, je ne le sentais pas du tout.
J ’en conclus aise¤ ment que me retourner contre le vent me cou“-
terait la vie. Je pris donc patiemment ma croix sur mes e¤ paules, me
mis en route et de¤ cidai, puisqu’ il devait en e“ tre ainsi, de tout met-
tre en oeuvre pour arriver avant la nuit.
Malgre¤ de nombreuses bifurcations ^ vraisemblablement des
de¤ tours ^ j’arrivai toujours a' garder la bonne direction gra“ ce a' ma
boussole, car je ne voulais pas de¤ vier d’un pas du me¤ ridien, bien
que le chemin fu“t parfois si rocailleux et encombre¤ d’obstacles
28
que j’avais souvent des doutes. En marchant, je pensais continuel-
lement a' la colombe et au corbeau, sans en comprendre la signifi-
cation.
Enfin, je de¤ couvris dans le lointain, sur une haute montagne,
un portail splendide, vers lequel je me ha“tai, bien qu’ il se trouva“ t
loin, tre' s loin de ma route, que le soleil disparu“t de¤ ja' derrie' re les
montagnes et que je n’aperc usse au-dela' ni refuge ni abri. J ’attri-
buai cela a' Dieu seul, qui aurait tout aussi bien pu me laisser pour-
suivre ma route en frappant mes yeux de ce¤ cite¤ afin que je ne visse
pas le portail ? Comme je l’ai de¤ ja' dit, je me de¤ pe“chai et l’atteignis
alors qu’ il faisait encore jour ; je pus donc le contempler rapide-
ment. C ’e¤ tait un portail exceptionnellement beau, un portail
royal, orne¤ d’une multitude de sce' nes et de symboles grave¤ s ma-
gnifiques, dont chacun, comme je l’appris plus tard, avait sa signi-
fication particulie' re. Tout en haut, e¤ tait fixe¤ e une plaque d’assez
grande taille portant cette inscription : ßProcul hinc, procul ite,
prophani !* et d’autres paroles encore, qu’ il m’est formellement
interdit de re¤ ve¤ ler.
De' s que j’arrivai au portail, apparut subitement quelqu’un qui
portait un ve“ tement bleu ciel ; je le saluai aimablement. Il re¤ pondit
a' ma salutation mais exigea d’emble¤ e ma lettre d’ invitation. O
que je fus content de l’avoir emporte¤ e avec moi ? J ’aurais pu si fa-
cilement l’oublier, comme cela e¤ tait arrive¤ a' d’autres, a' ce qu’ il me
dit. Je lui montrai rapidement la lettre et non seulement il en fut
tre' s content mais il me te¤ moigna un grand respect, ce dont je m’
e¤ tonnai fort, et me dit : ßEntrez-donc, fre' re, vous e“ tes pour moi un
ho“te bienvenu ? Ensuite, il me demanda de lui re¤ ve¤ ler mon nom,
et quand je lui eus re¤ pondu que j’e¤ tais un fre' re de la Rose-Croix
rouge, il fut tre' s surpris et se re¤ jouit en me“ me temps. Il me de-
manda alors : ßFre' re, avez-vous de quoi vous acheter un insigne !
Je lui re¤ pondis que ma fortune e¤ tait mince, mais que s’ il trouvait
sur moi quelque chose qui lui plu“t, il pourrait bien le prendre.
29
Comme il de¤ sirait ma gourde d’eau, je la lui offris et il me donna
en e¤ change un insigne d’or, sur lequel e¤ taient grave¤ es deux lettres :
S. C.* Il m’adjura de penser a' lui, car cela me serait tre' s salutaire.
Quand je lui demandai combien de personnes e¤ taient entre¤ es avant
moi, il m’en informa. Enfin, il me donna, par pure amitie¤, une
lettre scelle¤ e pour le deuxie'me gardien.
Comme je m’e¤ tais un peu attarde¤ aupre' s de lui, la nuit e¤ tait
tombe¤e, de sorte qu’on alluma biento“t, au-dessus du portail, un
grand re¤ cipient rempli de poix, afin que, si quelqu’un e¤ tait encore
en route, il pu“t se diriger vers lui. Le chemin qui menait directe-
ment au cha“ teau e¤ tait clos des deux co“te¤ s par de hauts murs et
plante¤ de beaux arbres fruitiers de toutes espe' ces. En outre, de part
et d’autre, se dressaient trois arbres auxquels e¤ taient accroche¤ es des
lanternes, dont toutes les lumie'res avaient de¤ ja' e¤ te¤ allume¤ es avec
une torche splendide par une belle jeune fille e¤ galement* habille¤e
de bleu. Spectacle si superbe et si exquis qu’ il me retint plus long-
temps que ne¤ cessaire.
Toutefois, apre' s avoir rec u d’amples renseignements et des
e¤ claircissements utiles, je pris cordialement conge¤ du premier gar-
dien. En cours de route, j’e¤ tais curieux de conna|“ tre le contenu de
la lettre, mais comme je ne devais pas soupc onner le gardien de
de¤ sobligeance, je contins ma curiosite¤ et poursuivis ma route jus-
qu’a' l’autre portail. Il e¤ tait presque identique au premier, mais orne¤
de sculptures diffe¤ rentes, d’une signification myste¤ rieuse. Sur la
plaque fixe¤ e en haut e¤ tait e¤ crit : ßDate et dabitur vobis ?*
Sous ce portail e¤ tait couche¤ un lion terrifiant attache¤ par une
cha|“ ne. De' s qu’ il me vit, il se leva et m’accueillit avec de forts ru-
gissements. Cela re¤ veilla l’autre gardien, e¤ tendu sur un bloc de
marbre, qui m’exhorta a' n’avoir ni inquie¤tude ni peur, chassa le
lion qui recula et prit la lettre que je lui tendis en tremblant.
* La constance par la sanctification. L’e¤ poux bien-aime¤ . Espe¤ rance,
Amour.
* LaVierge porteuse de lumie' re.
* Donnez, et il vous sera donne¤.
30
L’ayant lue, il dit avec un grand respect : ßBienvenue, au nom de
Dieu ? Vous e“ tes l’ homme que, depuis longtemps de¤ ja' , j’aurais
aime¤ rencontrer ? eIle sortit en me“ me temps un insigne en me de-
mandant si j’avais de quoi l’e¤ changer. Comme je n’avais rien d’au-
tre sur moi que mon sel je le lui offris et il l’accepta en me
remerciant. Sur l’ insigne, il n’y avait de nouveau que deux lettres :
S. M.*
Alors que j’allais parler a' ce gardien, une cloche se mit a' tinter
dans le cha“ teau, sur quoi il me conseilla vivement de me de¤pe“ cher,
sinon toutes mes peines et tous mes efforts se re¤ ve¤ leraient vains, car
on commenc ait de¤ja' , la'-haut, a' e¤ teindre les lumie'res. Je m’exe¤ cutai
si pre¤ cipitamment que j’oubliai de lui dire adieu tellement j’e¤ tais
effraye¤ , et a' juste titre. En effet, je ne pus courir assez vite pour
n’e“ tre pas rejoint pas la Jeune Fille. Comme toutes les lumie' res
s’e¤ teignaient derrie' re elle, je n’aurais jamais pu trouver le chemin
si elle ne m’avait pas e¤ claire¤ avec sa torche. Et c’est a' peine si je pus
me glisser a' ses co“te¤ s* pour entrer, car le portail se ferma si vite
qu’un pan de mon manteau s’y trouva pris. Je dus naturellement
l’y laisser, car ni moi, ni ceux qui m’avaient obligeamment exhorte¤
devant le portail ne purent convaincre le gardien de le rouvrir. Il
assurait qu’ il avait donne¤ la clef a' la Jeune Fille et qu’elle l’avait
emporte¤ e avec elle a' la Cour.
Pendant ce temps, je contemplai ce portail. Il e¤ tait si splendide
qu’ il n’avait pas son pareil dans le monde entier. De chaque co“te¤ se
dressait une colonne. Sur l’une, il y avait une statue au visage
joyeux avec l’ inscription : Congratulor*. Sur l’autre, une statue au
visage triste avec l’ inscription : Condoleo*. Bref, c’e¤ taient des figu-
res et des paroles si obscures et myste¤ rieuses que me“ me l’ homme le
plus instruit de la terre n’aurait su les interpre¤ ter. Cependant, si
Dieu le veut, elles seront biento“t toutes mises en lumie're et expli-
* Me¤ rite par l’e¤ tude. Sel liquide pour le marie¤ . Sel mine¤ ral. Sel purificateur.
* C ’est donc la troisie' me porte.
* Je me re¤ jouis avec toi.
* Je souffre avec toi.
31
que¤ es par moi.
A ce portail, je dus a' nouveau donner mon nom ; il fut inscrit
en dernier sur un livret de parchemin, puis envoye¤ avec d’autres a'
l’ Epoux. C ’est alors seulement que le ve¤ ritable insigne destine¤ aux
invite¤s me fut donne¤ ; il e¤ tait plus petit que tous les autres, mais
bien plus lourd. Il y figurait les lettres S. P. N.* On me donna de
plus une paire de souliers neufs, car le sol du palais e¤ tait couvert de
pur marbre clair. Je pus faire don a' ma guise de mes vieux souliers a'
un des pauvres qui attendaient en grand nombre, assis en bon ordre
pre' s du portail. Je les donnai a' un vieillard. Par la suite, deux pages
portant des flambeaux me conduisirent dans une petite chambre,
ou' l’on me fit prendre place sur un banc. Ils fixe' rent leur torche
dans deux trous du sol et disparurent, me laissant seul.
Peu apre' s, j’entendis du bruit mais ne vis rien. C ’e¤ tait quelques
hommes, qui tombe' rent sur moi. Comme je ne les voyais pas, je
dus me laisser faire et attendre ce qui allait m’arriver. M’apercevant
rapidement que c’e¤ taient des barbiers, je leur demandai de ne pas
me serrer si fort, car j’e¤ tais dispose¤ a' faire ce qu’ ils voudraient. Ils
me la“che' rent alors et l’un d’eux, que je ne pus voir, me rasa les
cheveux en rond, tre' s e¤ le¤gamment et proprement, au milieu du
cra“ ne, en laissant pendre sur mon front, a' la hauteur des yeux et
des oreilles, mes longs cheveux blanc de neige. Je dois avouer
qu’un tel de¤ but m’o“ta presque tout courage. En effet, comme ils
me serraient fortement et que je ne voyais rien, j’en arrivais a' croire
que Dieu m’avait abandonne¤ a' cause de ma hardiesse. Cependant
les barbiers invisibles ramasse' rent soigneusement les cheveux rase¤ s
et les emporte' rent avec eux.
Sur quoi, les deux pages rentre' rent en riant de bon coeur de ce
que j’avais eu si peur. A peine eurent-ils e¤ change¤ quelques mots
avec moi qu’une petite cloche retentit de nouveau, signalant qu’ il
fallait nous rassembler, dirent-ils. Ils m’ invite' rent a' les suivre et m’
e¤ claire' rent le long de nombreux couloirs, portes et tournants,
* Gue¤ rison par la nature. Celui-ci est, aux noces, l’ invite¤ du marie¤ .
32
jusque dans une vaste salle.
Dans cette salle, il y avait une grande foule d’ invite¤ s : empe-
reurs, rois, princes et seigneurs, nobles et bourgeois, riches et pau-
vres, ainsi que pas mal de gredins, ce qui m’e¤ tonna fort, et je pensai
en moi-me“ me : ßQuel sot tu as e¤ te¤ de t ’e“ tre rendu la vie si ame' re et
si dure pour ce voyage ? Ces gens, tu les connais bien et tu ne les as
jamais estime¤ s. Et maintenant, ils sont la' , eux aussi, alors que toi,
avec toutes tes prie'res et tes supplications, c’est a' peine si tu as pu
rentrer le dernier ? Le diable me souffla ces pense¤ es, et beaucoup
d’autres, bien que je lui eusse montre¤ la porte de mon mieux.
Entre temps, plusieurs de ceux qui me connaissaient m’ inter-
pellaient : ßEh bien, fre' re Rose-Croix, te voila' , toi aussi ? ^ ßOui,
fre' res, re¤ pondais-je, la gra“ ce de Dieu m’a permis, a' moi aussi, d’en-
trer ici. Sur quoi ils e¤ clataient de rire, trouvant ridicule qu’une si
mince affaire ne¤ cessita“ t l’aide de Dieu. Quand je demandais a' cha-
cun par quel chemin il e¤ tait venu, la plupart racontaient qu’ ils
avaient escalade¤ les rochers. Alors, a' coups de trompettes ^ dont
on ne voyait aucune ^ le signal fut donne¤ de passer a' table ; sur ce,
chacun alla s’asseoir selon l’ ide¤ e qu’ il avait de valoir mieux que
certains autres, si bien qu’ il ne resta, pour moi et quelques pauvres
compagnons, qu’une petite place au bas bout de la table. Peu apre' s,
les deux pages rentre' rent et l’un prononc a une prie' re si belle et si
admirable que mon coeur se re¤ jouit inte¤ rieurement. Quelques
grands seigneurs n’y pre“ te' rent gue' re d’attention ; ils riaient entre
eux, gesticulaient, mordaient leur chapeau et faisaient bien d’autres
pitreries. Ensuite on servit le repas, et tout y e¤ tait si soigneusement
ordonne¤ qu’ il me sembla que chaque invite¤ avait son propre servi-
teur, bien qu’on n’en v|“ t aucun.
De' s que les plaisantins furent quelque peu rassasie¤s et que le vin
leur eut fait perdre toute retenue, ils se mirent a' se vanter et a' fan-
faronner. L’un aurait fait ceci, l’autre cela, et les plus insignifiants
criaient le plus fort. Quand je repense aux choses improbables et
prodigieuses dont j’entendis alors parler, je pourrais encore m’en
irriter. A la fin, ils ne reste' rent me“ me plus a' leur place ; biento“t les
33
beaux parleurs se glisse' rent, ici et la', entre les seigneurs. Ils se van-
taient de hauts faits qu’un Hercule ou un Samson, malgre¤ toute
leur force, n’auraient pu accomplir. L’un voulait libe¤ rer Atlas de
son fardeau, l’autre arracher Cerbe' re trice¤phale aux enfers.
Mais les grands seigneurs n’avaient pas la sottise de les croire.
Les sce¤ le¤rats finirent par montrer tant d’audace que, bien qu’on
leur tapa“ t de temps en temps sur les doigts avec les couteaux, ils
n’y faisaient pas attention et quand l’un d’eux eut de¤ robe¤ une
cha|“ ne en or, ils voulurent tous essayer d’en faire autant. L’un pre¤ -
tendait entendre le bruissement du ciel, un deuxie' me contempler
les Ide¤ es de Platon, un troisie'me de¤ nombrer les atomes de De¤ moc-
rite. Plusieurs avaient me“ me invente¤ le mouvement perpe¤ tuel. Il
est vrai que beaucoup me paraissaient intelligents mais, malheu-
reusement pour eux, ils avaient trop bonne opinion d’eux-me“ mes.
Pour finir, l’un d’eux voulut tellement nous en faire accroire qu’ il
pre¤ tendit voir ceux qui nous servaient. Il aurait certainement
continue¤ ses vantardises, si l’un des serviteurs invisibles ne lui avait
administre¤ une claque si retentissante sur sa bouche pleine de men-
songes que non seulement lui, mais plusieurs a' co“te¤ de lui en de-
vinrent muets comme des carpes.
Ce qui me plaisait beaucoup, ne¤ anmoins, c’e¤ tait que tous ceux
qui m’avaient fait bonne impression gardaient distinction et re¤ -
serve dans leurs faits et gestes, ne parlaient pas fort et reconnais-
saient que, ignorants comme ils l’e¤ taient, les myste' res de la nature
leur paraissaient trop grands et eux-me“ mes trop petits.
Dans ce brouhaha, j’en venais presque a' maudire le jour qui
m’avait amene¤ ici, constatant avec douleur combien les personna-
ges assis au haut bout de la table e¤ taient licencieux et le¤gers, tandis
que, dans mon coin discret, on ne me laissait me“ me pas tranquille,
puisque l’un des coquins m’avait insolemment traite¤ de grand sot ?
A ce moment, j’ ignorais encore qu’ il y avait un autre portail a'
franchir et je supposais que, durant toutes les noces, on me traiterait
ainsi de fac on moqueuse, me¤ prisante et indigne, ce que je n’avais
me¤ rite¤ ni de la part de l’ Epoux, ni de la part de l’ Epouse. On au-
34
rait mieux fait de choisir un autre bouffon que moi pour les noces ?
Voici a' quelle impatience les injustices de ce monde peuvent
conduire des a“ mes simples. En re¤ alite¤ , il s’agissait d’une partie de
l’ infirmite¤ dont j’avais re“ ve¤ , comme je l’ai relate¤ ci-dessus. Les cris
augmentaient toujours. Il y en avait aussi qui se vantaient de visions
fausses et imaginaires, et racontaient des re“ ves effrayants et men-
songers.
Or, a' co“te¤ de moi, e¤ tait assis un homme calme et distingue¤ , qui
parlait de temps a' autre de choses plus e¤ leve¤ es. Il finit par dire :
ßVoyez, fre' re, si quelqu’un voulait ramener dans le droit chemin
de pareils obstine¤ s, l’e¤ couterait-on ! ^ ßCertes, non, re¤ pondis-je.
^ ßAinsi le monde pre¤ fe' re a' toute force e“ tre trompe¤, dit-il, ßet re-
fuse d’e¤ couter ceux qui lui veulent du bien. Regardez pluto“t
comment ce beau parleur-ci, avec ses sottises et ses balivernes, tente
d’attirer l’attention sur lui. Et comment cet autre, la'-bas, avec ses
paroles e¤ tranges et myste¤ rieuses, se moque du monde. Mais,
croyez-moi, le temps viendra ou' l’on arrachera les masques a' ces
menteurs et ou' l’on montrera au monde entier quels mystificateurs
du peuple se cachent derrie' re. Alors, peut-e“ tre, ceux que l’on n’es-
timait pas auparavant seront-ils respecte¤ s.
Comme il parlait et que le bruit croissait et empirait, une mu-
sique plus belle et plus impressionnante que toutes celles que
j’avais entendues de ma vie s’e¤ leva soudain dans la salle. Chacun
se tut alors dans l’attente de ce qui allait arriver. La musique e¤ tait
exe¤ cute¤ e sur tous les instruments a' cordes imaginables, si harmo-
nieusement que je m’oubliai moi-me“ me dans une immobilite¤ telle
que mes voisins s’en e¤ tonne' rent. Cela dura pre' s d’une demi-heure,
pendant laquelle nul ne souffla mot, car de' s que quelqu’un voulait
ouvrir la bouche, il recevait une tape inopine¤ e, sans savoir d’ou' elle
venait. Comme nous ne voyions rien des musiciens, je pensais a'
part moi combien j’aurais aime¤ examiner tous les instruments
dont ils se servaient. Au bout d’une demi-heure, la musique cessa
subitement et il ne fut plus possible de rien voir ni d’entendre.
Mais biento“t retentit, devant la porte de la salle, une e¤ clatante et
35
retentissante sonnerie de trombones, trompettes et timbales, cela
aussi magistralement que si l’ Empereur romain lui-me“ me eu“t fait
son entre¤ e. Puis la porte s’ouvrit d’elle-me“ me et le fracas des trom-
bones devint si puissant qu’ il e¤ tait a' peine supportable. En me“ me
temps, des milliers de petites lumie' res, me sembla-t-il, pe¤ ne¤ tre' rent
dans la salle, se portant d’elles-me“ mes en avant dans un ordre si
parfait que nous en fu“mes extre“ mement impressionne¤ s ; enfin les
deux pages dont nous avons de¤ ja' parle¤ entre' rent avec des torches
flamboyantes, e¤ clairant une belle Jeune Fille assise sur un tro“ne
d’or, magnifique et triomphal, qui avanc ait de lui-me“ me. J ’eus
l’ impression que c’e¤ tait la me“ me qui, tout a' l’ heure, sur la route,
avait allume¤ puis e¤ teint les lumie' res, et ses serviteurs, ceux qu’elle
avait poste¤s pre' s des arbres. Cependant, elle n’e¤ tait plus habille¤e de
bleu, mais d’un ve“ tement d’un blanc de neige e¤ blouissant, scintil-
lant d’or pur et si rayonnant que nous osions a' peine la regarder.
Les deux pages e¤ taient habille¤s de me“ me, quoiqu’un peu plus sim-
plement.
Sito“t arrive¤ e au milieu de la salle, la Jeune Fille descendit de son
tro“ne et toutes les lumie'res s’ incline' rent devant elle. Nous nous
leva“ mes tous de nos bancs, mais en restant chacun a' notre place.
Quand nous nous fu“mes incline¤ s, elle devant nous, nous devant
elle, et salue¤ s les uns les autres respectueusement, elle commenc a a'
parler en ces termes d’une voix suave :
36
une entie' re re¤ ussite
et que la joie de la fe“ te prochaine
ne soit me“ le¤ e d ’aucune peine.
La lettre d ’invitation
n’appelle, vous l’avez vu,
personne qui n’ait rec u
37
une balance sera place¤ e
et chacun saura biento“ t
ce qu ’en lui il a oublie¤ .
38
de¤ sarroi e¤ tait si grand que je puis a' peine de¤ crire quelles pense¤es et
mimiques me¤ lancoliques furent e¤ change¤ es. Cependant, la plupart
d’entre nous projete' rent d’attendre la pese¤e, espe¤ rant, si cela finis-
sait mal, pouvoir repartir en paix.
Je pris rapidement ma re¤ solution : comme ma conscience m’as-
surait de ma stupidite¤ et de mon indignite¤ , je de¤ cidai de rester avec
les autres dans la salle et de me contenter du repas offert, pluto“t que
d’attendre un e¤ chec imminent, avec les dangers correspondants.
Apre' s que tous eurent e¤ te¤ conduits par leur lumie're quelque part
dans une chambre (chacun se¤ pare¤ ment comme je l’appris par la
suite), nous resta“ mes neuf, dont notamment celui qui m’avait parle¤
a' table. Malgre¤ tout, nos lumie' res ne nous quittaient pas. Biento“t,
un des pages de¤ ja' nomme¤ s entra avec un gros paquet de cordes et
nous demanda gravement si nous e¤ tions de¤ cide¤ s a' rester ici. Quand
nous eu“mes acquiesce¤ en soupirant, il attacha chacun de nous dans
un endroit de¤ termine¤ , puis disparut avec nos lumie'res, nous aban-
donnant, mise¤ rables que nous e¤ tions, dans l’obscurite¤ .
Pour beaucoup, la mesure e¤ tait pleine et je ne pus moi-me“ me
retenir mes larmes. Car, bien qu’ il ne fu“t pas interdit de se parler,
les mots nous manquaient pour exprimer notre tristesse et notre
douleur. Les cordes e¤ taient faites de matie're e¤ tonnante : il e¤ tait im-
possible de les couper et encore moins d’en libe¤ rer ses pieds. Je ne
pouvais pas non plus me consoler en pensant que de grands af-
fronts attendaient ceux qui e¤ taient alle¤s prendre du repos, alors
que nous, nous e¤ tions en mesure de payer notre audace en une
nuit. Je finis par m’endormir sur des pense¤es me¤ lancoliques. En
effet, si bien peu d’entre nous parvinrent a' fermer les yeux, je ne
pus m’empe“ cher de sombrer dans le sommeil a' cause de ma fati-
gue.
En dormant, je fis un songe et, quoiqu’ il ne signifie pas grand
chose, il ne me semble pas superflu de le raconter. Je re“ vai que
j’e¤ tais sur une haute montagne. Devant moi je voyais s’e¤ tendre
une grande valle¤e, ou' s’entassait une foule innombrable d’e“ tres hu-
mains. Chacun e¤ tait suspendu au ciel par un fil a' la te“ te. L’un e¤ tait
39
accroche¤ haut, l’autre plus bas, plusieurs me“ me e¤ taient encore a'
terre. Un vieillard volait alentour dans l’air, tenant dans ses mains
des ciseaux avec lesquels il coupait un fil par-ci, un fil par-la'. Ceux
qui pendaient pre' s du sol tombaient vite et sans bruit, mais si
c’e¤ tait le tour de quelqu’un qui pendait haut sa chute faisait trem-
bler la terre. Certains avaient la chance d’avoir un fil qui s’e¤ tirait,
en sorte qu’ ils arrivaient sur terre avant qu’ il fu“t coupe¤ . Leurs ca-
brioles m’amusaient beaucoup et je me re¤ jouissais fort quand l’un
de ceux qui s’e¤ taient maintenus longtemps dans le ciel, comme
s’ ils pre¤ tendaient aux noces, retombait honte’usement en entra|“ -
nant quelques voisins dans sa chute.
Je me re¤ jouissais aussi, quand quelqu’un qui s’e¤ tait toujours
maintenu pre' s de la terre disparaissait avec une discre¤ tion si mer-
veilleuse que ses voisins eux-me“ mes ne s’en apercevaient pas. Au
plus fort de ma gaiete¤ , un de mes compagnons d’emprisonnement
me heurta, ce qui me re¤ veilla, mais je ne tins pas a' lui parler. Je
re¤ fle¤chis cependant a' mon re“ ve, et le racontai a' mon fre' re couche¤
pre' s de moi de l’autre co“te¤. Il lui plut beaucoup, espe¤rant qu’ il re-
celait pour nous un re¤ confort.
Tout en parlant ainsi, nous passa“ mes le reste de la nuit dans l’at-
tente impatiente du jour.e
40
Troisie' meJour
De' s que le jour radieux eut commence¤ a' poindre et que le soleil
brillant, montant au-dessus des montagnes, eut repris la ta“ che a'
lui confie¤e dans le haut du ciel, mes compagnons de combat se le-
ve' rent aussi et commence' rent a' se pre¤ parer peu a' peu en vue de
l’e¤ preuve. L’un apre' s l’autre ils revenaient dans la salle, nous sou-
haitant le bonjour et nous demandant comment nous avions
dormi pendant la nuit. A la vue de nos cordes, beaucoup riaient
de ce que nous eussions capitule¤ si la“chement et non pas pre¤ fe¤ re¤
tenter notre chance, a' tout hasard, comme eux ; cependant quel-
ques-uns, dont le coeur battait la chamade, se gardaient d’en parler
tout haut. Nous nous excusa“ mes de notre sottise, espe¤ rant e“ tre
biento“t de¤ livre¤ s et justifie¤ s en de¤pit de leurs railleries ; d’ailleurs ils
n’e¤ taient pas encore hors d’affaire, et le plus grand des dangers les
guettait peut-e“ tre.
Quand tous furent rassemble¤ s, trompettes et timbales retenti-
rent une nouvelle fois, comme la veille, et nous ne pu“mes nous
empe“cher de penser que le Fiance¤ ^ la plupart d’entre nous ne
l’avaient pas encore aperc u ^ allait maintenant se pre¤ senter. Nous
nous trompions grandement, c’e¤ tait a' nouveau la Jeune Fille de la
veille, tout habille¤ e de velours rouge et ceinture¤ e de blanc. Sur la
te“ te, elle portait une verte couronne de laurier, qui lui allait a' mer-
veille. Cependant ce n’e¤ taient plus les petites lumie' res qui l’escor-
taient, mais environ deux cents hommes arme¤ s, habille¤s comme
elle de rouge et de blanc.
A peine leve¤ e de son tro“ne, elle vint droit vers nous, les prison-
niers, nous salua et nous adressa brie' vement ces paroles : ßQue
41
quelques-uns parmi vous soient conscients de la mise' re de leur e¤ tat,
mon exigeant Seigneur s’en re¤ jouit fort et il en tiendra compte en
leur faveur. M’apercevant dans mon habit, elle rit et dit. ßTiens, te
voici donc, toi aussi, sous le joug ! Et moi qui pensais que tu t ’e¤ tais
e¤ quipe¤ avec tant de soin ? Ces paroles m’arrache' rent les larmes des
yeux. Puis elle ordonna de nous de¤ tacher et de nous regrouper
dans un endroit d’ou' nous verrions bien la balance. Ensuite, elle
dit : ßIl se pourrait que cela fin|“ t mieux pour vous que pour tel ou
tel audacieux qui se trouve ici encore sans liens.
Pendant ce temps, une balance en or e¤ tait suspendue au milieu
de la salle, a' co“te¤ de laquelle on dressa une petite table recouverte de
velours rouge, ou' sept poids furent place¤ s. D’abord un poids assez
gros, puis quatre plus petits, a' part ; enfin encore deux gros, e¤ gale-
ment a' part. Proportionnellement a' leur volume, ces poids e¤ taient
d’une lourdeur telle que personne n’eut pu le croire ni le
comprendre. Tous les hommes arme¤ s portaient, outre une e¤ pe¤ e
nue, une corde solide. Ils furent range¤ s en sept groupes, conforme¤ -
ment au nombre des poids, et la Jeune Fille en de¤signa un pour
chaque poids. Alors elle monta de nouveau sur son tro“ne e¤ leve¤ , fit
une re¤ ve¤ rence et parla aussito“t d’une voix puissante :
42
et entre plein de vaine importance
est rec u par des railleries.
Ces paroles a peine dites, elle ordonna aux pages de mettre tout le
monde en rang et de faire monter chacun a' tour de ro“le sur la ba-
lance. Aussito“t un des empereurs, dans son habit d’apparat, apre' s
une re¤ ve¤ rence a' la Jeune Fille, grimpa sur un plateau. Alors chaque
chef de groupe posa son poids sur l’autre plateau, ce a' quoi l’em-
pereur re¤ sista, a' l’e¤ tonnement ge¤ ne¤ ral. Mais le dernier poids fut
trop lourd et il s’e¤ leva haut en l’air, a' sa grande tristesse. Il me sem-
bla que cela provoqua la pitie¤ de la Jeune Fille, qui fit signe aux
siens de se taire ; le bon empereur fut attache¤, on le confia au
sixie'me groupe.
Apre' s lui un autre empereur prit fie'rement place sur la balance,
non sans avoir dissimule¤ sous son habit un gros livre e¤ pais, pensant
ainsi ne pas devoir e¤ chouer. Il re¤ sistait de justesse au troisie' me poids
quand il fut impitoyablement entra|“ ne¤ vers le haut ; dans sa frayeur,
le livre lui e¤ chappa, tous les soldats se mirent a' rire et il fut livre¤ ,
attache¤ , au troisie' me groupe. Il en alla encore de me“ me pour d’au-
tres empereurs, qui furent tous honteusement raille¤s et ficele¤ s.
Ensuite parut un petit homme a' la barbe brune et frise¤ e, e¤ gale-
ment empereur, qui, apre' s la re¤ ve¤ rence habituelle, monta lui aussi
sur le plateau. Il re¤ sista si fermement qu’a' mon avis me“ me si les
poids avaient e¤ te¤ plus nombreux il n’aurait pas bouge¤. La Jeune
Fille se leva aussito“t, s’ inclina devant lui, lui fit reve“ tir un habit de
velours rouge, lui tendit une branche de laurier, dont elle avait a'
profusion sur son sie'ge, et l’ invita a' s’asseoir sur les marches de
son tro“ne.
Il serait trop long de raconter ici tout ce qui arriva aux autres
43
empereurs, rois et seigneurs ; mais je ne peux passer sous silence
que, contre mon attente, peu nombreux furent les nobles person-
nages qui triomphe' rent de l’e¤ preuve, tout pare¤ s qu’ ils fussent de
maintes vertus. L’un re¤ sistait a' ce poids-ci, l’autre a' ce poids-la' ;
quelques-uns a' deux, et d’autres encore a' trois, quatre ou me“ me
cinq poids ; cependant, rares furent ceux qui arrive' rent a' bout de
l’e¤ preuve. Tous ceux qui e¤ chouaient e¤ taient durement raille¤s par
les groupes.
Apre' s que les nobles, les savants et d’autres eurent passe¤
l’e¤ preuve, on ne trouva dans leur groupe qu’une ou deux person-
nes, le plus souvent aucune qui re¤ sista“t a' tous les poids. Finalement,
ce fut le tour des pieux messieurs, mystificateurs du peuple, et des
faiseurs de lapis spitalauficus.* On les plac a sur la balance avec tant de
moqueries que moi-me“ me, malgre¤ ma tristesse, je ris a' m’en faire
e¤ clater le ventre, et que me“ me les prisonniers ne pouvaient s’empe“ -
cher de s’esclaffer. La plupart n’eurent pas besoin d’attendre le ju-
gement du tribunal : ils furent chasse¤ s de la balance a' coups de
fouet et de cravache, et mene¤ s vers les autres prisonniers, chacun
dans son groupe.
De la foule, il resta si peu de gens que j’ose a' peine en dire le
nombre ; parmi eux se trouvaient pourtant de hauts personnages ;
tous furent honore¤ s d’un habit de velours et d’une branche de lau-
rier.
L’e¤ preuve termine¤ e, il ne restait, dans un coin, que nous qui
avions les mains attache¤ es ; alors l’un des capitaines s’avanc a et
dit : ßNoble Dame, s’ il pla|“ t a' votre Gra“ ce, ne pourrait-on peser
ces gens qui reconnaissent leur sottise, par simple divertissement
et sans danger pour eux, pour voir si, par hasard, il n’y aurait pas
quelqu’un de bon parmi eux !
Pour commencer, cela m’ inquie¤ta fort car, dans mon e¤ preuve,
je me consolais a' l’ ide¤e de n’avoir pas a' subir de honte ni a' e“ tre
chasse¤ du plateau a' coups de fouet. Je ne doutais pas, en effet, que
* Appellation ironique pour un pseudo-reme' de universel imitant le ßlapis
philosophicus, la pierre des sages.
44
beaucoup de prisonniers regrettaient de n’e“ tre pas pluto“t reste¤ s dix
nuits avec nous dans la salle.
Mais comme la Jeune Fille donnait son assentiment, la chose
devait se faire ; nous fu“mes de¤livre¤ s de nos liens et place¤ s un a' un
sur le plateau. Beaucoup e¤ choue' rent, mais ni raille¤s ni battus, ils
furent tranquillement conduits a' l’e¤ cart. Mon compagnon e¤ tait le
cinquie'me, il tint bon, alors nous l’acclama“ mes, en particulier le
capitaine qui avait interce¤ de¤ pour nous, et la Jeune Fille lui accorda
les honneurs habituels. Ensuite deux furent jete¤s en l’air a' nou-
veau. Quant a' moi, j’e¤ tais le huitie'me. De' s que, tout tremblant,
j’eus grimpe¤ sur le plateau, mon compagnon de¤ ja' assis la'-bas dans
son habit de velours me regarda d’un air bienveillant et la Jeune
Fille elle-me“ me esquissa un sourire. Je re¤ sistai a' tous les poids, alors
la Jeune Fille ordonna de me soulever par la force, et trois hommes
se suspendirent a' l’autre plateau, sans re¤ sultat. Sur quoi l’un des
pages se leva d’un bond et cria le plus fort qu’ il put : ßC ’est lui ?
Et l’autre reprit : ßRendons-lui la liberte¤, ce que la Jeune Fille ac-
cepta.
Apre' s m’avoir admis avec les ce¤ re¤ monies voulues, on m’accorda
de libe¤ rer l’un des prisonniers de mon choix. Je n’eus pas besoin de
re¤ fle¤chir longtemps, je choisis le premier empereur, dont j’avais eu
pitie¤ depuis le de¤ but. Il fut aussito“t mis en liberte¤ et se joignit a'
nous avec tous les honneurs.
Lorsque le dernier fut pese¤ et trouve¤ aussi trop le¤ ger, la Jeune
Fille aperc ut les roses que j’avais o“te¤es de mon chapeau et tenais a'
la main ; elle me fit gracieusement demander par son page de les lui
offrir, ce que j’acceptai volontiers. Ainsi le premier acte se termina
a' dix heures du matin et les trompettes, que nous ne voyions tou-
jours pas, retentirent une nouvelle fois.
Pendant ce temps, les soldats durent se retirer avec les prison-
niers, dans l’attente de la sentence. Un jury fut forme¤ , comprenant
les sept capitaines et nous-me“ mes, avec la Jeune Fille comme pre¤ -
sidente, et nous conv|“ nmes que chacun dirait son avis concernant
le sort des prisonniers. La premie' re ide¤e fut de les mettre tous a'
45
mort plus ou moins cruellement, dans la mesure ou' ils avaient
contrevenu aux exigences pose¤ es. D’autres voulaient les garder
prisonniers. Mais ces deux propositions ne plurent ni a' la pre¤ si-
dente ni a' moi. Finalement l’affaire fut re¤ solue par l’empereur
que j’avais libe¤re¤ , par un autre prince, par mon compagnon et par
moi-me“ me de la manie' re suivante : en premier lieu, les seigneurs
les plus e¤ minents seraient conduits hors du cha“ teau discre' tement ;
on pourrait mettre les autres dehors avec plus de moqueries, les
de¤ shabiller et les laisser courir tout nus ; les derniers seraient fouet-
te¤ s, ou chasse¤ s par des chiens. On laisserait partir sans nulle sanc-
tion ceux qui, la veille, avaient capitule¤ de leur propre chef ;
toutefois les impudents et ceux qui, au cours du repas de la veille,
s’e¤ taient conduits de fac on inde¤ cente, seraient punis dans leur
corps et dans leur a“ me, selon leur comportement.
Cette proposition plut a' la Jeune Fille et obtint la majorite¤ . En
outre, on servirait encore un repas a' tous, ce dont on les informa
aussito“t. L’annonce de la sentence fut reporte¤ e a' midi. Ainsi prit
fin le conseil.
Alors la Jeune Fille se retira avec sa suite a' l’endroit habituel ;
dans la salle, on nous indiqua la table supe¤ rieure, en nous priant
de nous en contenter jusqu’a' la fin de toute l’affaire. Ensuite nous
serions conduits vers le Fiance¤ et la Fiance¤ e et, dans cet espoir, nous
attend|“ mes tranquillement ce moment.
Entre-temps, les prisonniers e¤ taient ramene¤ s dans la salle et pla-
ce¤ s chacun selon son rang. On leur ordonna de se conduire plus
convenablement que la veille, conseil superflu, le courage les avait
depuis longtemps abandonne¤ s.
Par souci de ve¤ rite¤ et sans flatter quiconque, je dois te¤ moigner
qu’en ge¤ ne¤ ral ce furent les grands personnages qui surent le mieux
s’accommoder de cette situation inhabituelle. Leur comporte-
ment, il est vrai, e¤ tait maladroit mais since' re. Ils ne voyaient tou-
jours pas les serviteurs, alors qu’ ils nous e¤ taient maintenant
visibles, ce dont je me re¤ jouissais fort. Si e¤ leve¤ s que nous fussions
par la fortune, nous ne nous en flattions pas devant les autres, mais
46
nous nous adressions a' eux et les encouragions : les choses ne tour-
neraient pas si mal a' leur e¤ gard ? Ils eussent volontiers pris connais-
sance de la sentence, mais on nous avait si formellement interdit
d’en parler que nul ne laissa e¤ chapper un mot. Nous les consola“ mes
donc de notre mieux, buvant avec eux afin que le vin les e¤ gaya“ t un
peu.
Notre table e¤ tait recouverte de velours rouge et garnie de gobe-
lets d’argent et d’or pur, ce que les autres observaient avec surprise
et douleur. Avant de prendre place, les deux pages entre' rent et re-
mirent a' chacun de nous, au nom du Fiance¤ , la Toison d’or sur-
monte¤ e du Lion aile¤ , en nous demandant de les porter a' table et
d’ honorer ainsi le nom et la dignite¤ de l’Ordre (ou' Sa Majeste¤
nous recevait aujourd’ hui et dans lequel Elle nous confirmerait
biento“t avec la solennite¤ requise). Nous accepta“ mes cette distinc-
tion avec la plus grande humilite¤ , promettant de faire, avec obe¤ is-
sance, tout ce qui plairait a' Sa Majeste¤ . Le page avait aussi une liste
sur laquelle nous e¤ tions inscrits dans un ordre pre¤ cis ; et si je tais ici
mon rang, c’est de crainte de me rendre peut-e“ tre coupable d’or-
gueil, ce qui signifierait commettre une faute contre le quatrie'me
poids.
Notre repas e¤ tant tre' s copieux, nous demanda“ mes a' l’un des
pages s’ il n’e¤ tait pas permis d’en donner une petite portion a' nos
amis et connaissances parmi les condamne¤ s. Il nous l’accorda sans
objection et chacun de nous les fit servir abondamment par ses ser-
viteurs. Ils ne pouvaient pas voir ces derniers, ils ne savaient donc
d’ou' cela leur venait et je voulus apporter moi-me“ me quelque
chose a' l’un d’eux. A peine m’e¤ tais-je leve¤ qu’un serviteur vint
derrie're moi me dire qu’ il souhaitait amicalement me mettre en
garde, car si un page me voyait, il le rapporterait au Roi, ce qui
me cou“terait certainement tre' s cher. Mais comme il e¤ tait le seul a'
l’avoir vu, il ne me trahirait pas si, par la suite, je respectais mieux la
dignite¤ de l’Ordre. Par ces mots, il me remit si bien a' ma place que
pendant un bon moment, je n’osai plus bouger sur ma chaise. Je le
remerciai ne¤ anmoins du mieux que je pus de ce loyal avertisse-
47
ment, pour autant que j’y songeai dans ma ha“ te et ma frayeur.
Peu apre' s retentit de nouveau la sonnerie de trompettes. Nous
savions de¤ ja' par expe¤ rience qu’elle annonc ait la Jeune Fille et nous
nous pre¤ para“ mes a' l’accueillir. Elle rentra, avec sa suite habituelle,
assise sur son tro“ne e¤ leve¤ ; les deux pages la pre¤ ce¤ daient portant,
l’un une coupe d’or, et l’autre un document sur parchemin.
S’e¤ tant leve¤ e avec gra“ ce, elle prit la coupe des mains du page et
nous la tendit en disant qu’elle nous e¤ tait envoye¤ e au nom et sur
l’ordre de Sa Majeste¤ , avec prie're de la faire circuler en son hon-
neur. Son couvercle portait une Fortune en or, moule¤ e avec art,
tenant dans la main une banderole rouge flottante ; a' cette vue, je
bus avec moins de bonne humeur, car je connaissais suffisamment
la cruaute¤ de Dame Fortune.
La Jeune Fille e¤ tait de¤ core¤ e comme nous de laToison d’or et du
Lion, d’ou' je conclus qu’elle e¤ tait sans doute la pre¤ sidente de l’Or-
dre. Nous lui demanda“ mes le nom de cet Ordre, mais elle re¤ pondit
que le moment de le re¤ ve¤ ler ne viendrait qu’une fois l’affaire des
prisonniers re¤ gle¤ e. Si leurs yeux restaient ferme¤ s, c’est qu’en effet
ce qui nous arrivait ici ne pouvait que les irriter et les offusquer,
quoique ce ne fu“t rien en comparaison de l’ honneur qui nous at-
tendait.
Puis elle rec ut des mains de l’autre page l’acte divise¤ en deux
parties. Au premier groupe, on lut a' peu pre' s les choses suivantes :
Ils devaient reconna|“ tre avoir cru trop a' la le¤ge' re en des livres
mensongers et avoir eu trop bonne opinion d’eux-me“ mes, c’est
pourquoi ils e¤ taient venus au cha“teau sans jamais avoir e¤ te¤ invite¤ s.
Peut-e“ tre la plupart e¤ taient-ils entre¤ s dans l’ intention de faire un
bon coup, afin de vivre ensuite dans une gloire et un luxe plus
grands. De la sorte, les uns avaient entra|“ ne¤ les autres, leur faisant
subir ainsi tant de honte et de moqueries qu’ ils me¤ ritaient d’e“ tre
gravement punis. Ils le reconnurent alors, humblement, en tendant
la main, apre' s quoi l’on s’adressa avec se¤ ve¤ rite¤ a' l’autre groupe a'
peu pre' s en ces termes :
C ’est en toute connaissance de cause et conviction inte¤ rieure
48
qu’ ils avaient fait des livres mensongers, pleins de pures inven-
tions, trompe¤ et dupe¤ autrui en sorte qu’ ils avaient attente¤ , chez
beaucoup, a' la dignite¤ royale. Ils savaient pertinemment quelles
images sacrile' ges et se¤ ductrices ils avaient forge¤ es, n’ayant me“ me
pas e¤ pargne¤ la Trinite¤ divine, utilise¤ e par eux pour berner tout le
monde. On voyait maintenant clairement par quelles pratiques ils
avaient tente¤ de fourvoyer des ho“tes since' res et d’e¤ garer les igno-
rants.Tout le monde savait aujourd’ hui qu’ ils s’e¤ taient rendus ou-
vertement coupables d’ impudicite¤, de prostitution, de de¤ bauche et
d’autres impurete¤ s, toutes choses contraires a' l’ordre public de no-
tre Royaume. Bref, ils savaient tre' s bien avoir porte¤ atteinte a' Sa
Majeste¤ Royale jusque dans le menu peuple ; c’est pourquoi ils de-
vaient reconna|“ tre comme ave¤ re¤ qu’ ils e¤ taient des tra|“ tres, des mi-
se¤ rables et des sce¤le¤ rats, me¤ ritant d’e“ tre punis et se¤ pare¤ s des
hommes convenables.
Les fourbes se refusaient a' cet aveu, mais comme la Jeune Fille
les menac ait de mort par serment, et qu’en outre l’autre groupe
s’emportait violemment contre eux, les accusant a' l’unanimite¤ de
les avoir malignement e¤ carte¤ s de la Lumie're, pour e¤ viter le pire, et
contraints par les circonstances, ils finirent par reconna|“ tre leurs
fautes. Ils ajoute'rent que ce qui s’e¤ tait passe¤ ne devait pas leur e“ tre
trop lourdement compte¤ , leurs victimes e¤ tant des seigneurs de¤ si-
reux d’entrer dans le cha“ teau a' tout prix et qui, a' cette fin, leur
avaient promis de fortes sommes d’argent. Tous les coupables
avaient donc rivalise¤ de ruse pour obtenir leur part. Voila' ce qui
s’e¤ tait passe¤ , mais comme ils avaient e¤ choue¤ , ils estimaient n’avoir
pas fait plus de mal que les seigneurs. Si ces derniers n’avaient pas
cru que l’un d’entre eux, au moins, re¤ ussirait a' entrer, ils n’auraient
pas escalade¤ avec eux les murs a' leurs risques et pe¤ rils pour si peu. A
propos des livres, on les leur avait achete¤ s avec tant d’empresse-
ment que ceux qui ne pouvaient subsister autrement e¤ taient bien
force¤ s de commencer par ce genre de tromperie. Ils espe¤ raient donc
que, en toute e¤ quite¤ , on ne le leur imputerait pas a' mal, qu’ ils
avaient, comme il sied a' des serviteurs, servi les seigneurs a' leur
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demande expresse.
Ils tentaient de se disculper par des discours de ce genre. On
leur re¤ pondit, ne¤ anmoins, que Sa Majeste¤ Royale avait de¤ cide¤ de
les punir tous, les uns plus durement que les autres. Ce qu’ ils invo-
quaient pour leur de¤ fense e¤ tait vrai en partie (et de ce fait les sei-
gneurs n’e¤ chapperaient pas a' la punition), mais ceux qui s’e¤ taient
pre¤ sente¤ s avec tant d’ impudence et avaient sans doute se¤ duit des
ignorants contre leur volonte¤ devaient se pre¤ parer a' la mort ; le
me“ me sort attendait ceux qui, par la lecture de livres trompeurs,
avaient offense¤ Sa Majeste¤ Royale, ce qui ressortait clairement de
leurs propres e¤ crits et ouvrages.
Sur ce, beaucoup commence' rent a' se lamenter pitoyablement.
Ils se jete' rent a' genoux, pleurant, ge¤ missant, suppliant mais en
vain. J ’e¤ tais fort surpris que la Jeune Fille pu“t rester si impassible
devant eux ; en effet (quoique la plupart nous eussent cause¤ maintes
douleurs et souffrances) leur mise' re e¤ veillait notre pitie¤ a' tous et
nous e¤ mouvait jusqu’aux larmes. Elle renvoya rapidement son
page. Celui-ci revint avec tous les cuirassiers qui se tenaient ce
jour-la' autour de la balance. On ordonna a' chacun de rassembler
les siens et de les conduire en bon ordre dans le grand jardin de la
Jeune Fille ; cela en sorte qu’un cuirassier marcha“ t toujours a' co“te¤
d’un prisonnier. Je fus e¤ tonne¤ que chacun reconnu“t le sien si faci-
lement. On permit cependant a' mes compagnons de la veille d’en-
trer sans cha|“ nes dans le jardin, pour assister a' l’exe¤ cution de la
sentence.
De' s que tous furent sortis, la Jeune Fille se leva et nous pria de
nous asseoir sur les marches de son tro“ne afin d’y e“ tre aussi pre¤ -
sents. Nous ne refusa“mes point, laissa“ mes tout sur la table ^ excepte¤
la Coupe que la Jeune Fille avait confie¤e a' la garde du page ^ et,
pare¤ s de nos somptueux ve“ tements, nous fu“mes emmene¤ s sur le
tro“ne, qui avanc ait de lui-me“ me aussi doucement que s’ il glissait
dans l’air ; parvenus ainsi dans le jardin, nous nous leva“ mes tous.
Ce jardin n’e¤ tait pas particulie'rement beau, mais il me plut que
la disposition des arbres y fu“t si raffine¤ e ; il y avait aussi une magni-
50
fique fontaine, orne¤ e de sce' nes merveilleuses, d’ inscriptions et si-
gnes e¤ tranges ^ dont je m’occuperai, si Dieu le veut, dans un pro-
chain livre. Dans ce jardin, e¤ tait e¤ rige¤ e une estrade de bois
recouverte de belles toiles, peintes avec art. Quatre galeries se su-
perposaient. La premie' re, plus belle que les autres, e¤ tait tendue
d’un rideau de moire blanche, en sorte que nous ne pouvions voir
qui s’y cachait. La deuxie'me e¤ tait vide et de¤ couverte. Les deux
dernie'res e¤ taient a' leur tour tendues de moire rouge et bleue.
Comme nous approchions de l’estrade, la Jeune Fille s’ inclina
jusqu’a' terre en arrivant, ce qui nous effraya beaucoup. En effet, il
e¤ tait facile de supposer que le Roi et la Reine n’e¤ taient pas loin.
Apre' s nous e“ tre respectueusement incline¤ s, a' notre tour, comme il
sied, la Jeune Fille nous conduisit par un escalier en spirale jusqu’a'
la deuxie' me galerie, ou' elle s’assit sur le sie'ge supe¤ rieur et ou' nous
pr|“ mes place dans l’ordre pre¤ ce¤ dent. Je ne peux rapporter ici sans
me¤ dire la fac on dont l’empereur que j’avais de¤ livre¤ se comporta
avec moi comme il l’avait fait a' table auparavant ; il aurait du“ e“ tre
bien conscient du triste e¤ tat et de l’accablement qui auraient e¤ te¤
siens, s’ il avait e¤ te¤ oblige¤ d’attendre la sentence au milieu de mo-
queries pareilles, alors que, maintenant, gra“ ce a' mon intervention,
il e¤ tait e¤ leve¤ a' un rang et une dignite¤ si conside¤rables.
Sur ces entrefaites, la jeune personne ^ qui m’avait apporte¤ l’ in-
vitation au commencement et que je n’avais pas encore revue ^
s’avanc a ; elle lanc a un coup de trompette, puis prononc a la sen-
tence d’une voix forte :
ßSa Majeste¤ Royale, mon noble Seigneur, aurait voulu de tout
coeur que l’ensemble de ceux qui sont rassemble¤s ici, sur l’ invita-
tion de Sa Majeste¤, eussent paru avec des qualite¤ s telles qu’en plus
grand nombre, pour l’ honorer, elles eussent rehausse¤ l’e¤ clat de la
bienheureuse fe“ te des noces. Comme il en a plu autrement au Dieu
tout puissant, Sa Majeste¤ ne doit pas se plaindre, mais s’en tenir
contre son gre¤ aux anciennes et bonnes coutumes de ce Royaume.
Cependant, pour que soit loue¤ e partout la cle¤ mence naturelle de Sa
Majeste¤ , Elle a de¤cide¤, avec tous ses nobles et conseillers, d’adoucir
51
conside¤rablement la sentence habituelle. C ’est pourquoi, en pre-
mier lieu, a' vous, Seigneurs et Monarques, Elle laisse non seule-
ment la vie mais la liberte¤ , en raison de quoi Elle vous prie
amicalement de ne pas lui en vouloir s’ il ne vous est pas possible
d’assister a' la fe“ te donne¤ e en Son honneur et de penser pluto“t que,
a' part cela, le Dieu tout puissant vous a de¤ ja' impose¤ plus que vous
ne pouviez supporter avec calme et biense¤ ance, et qu’ Il distribue
ses dons d’une manie' re incompre¤ hensible pour nous. Ainsi votre
re¤ putation ne souffrira point de ce que notre Ordre vous rejette, car
nous ne sommes pas tous aptes a' tout. Cependant, comme vous
avez e¤ te¤ se¤ duits par de me¤ chants coquins, ceux-ci ne resteront pas
impunis. De plus, Sa Majeste¤ a de¤ cide¤ de vous fournir, a' bref de¤ lai,
un catalogus haereticorum ou index expurgatorius*, pour que de¤ sormais
vous distinguiez avec plus de discernement le bien du mal.
Comme Sa Majeste¤ a e¤ galement l’ intention de passer en revue
sa bibliothe' que, afin de sacrifier a' Vulcain des ouvrages trompeurs,
Elle vous demande de l’aider et d’en faire autant avec la vo“tre de
sorte, espe' re-t-elle, que le mal et la me¤ chancete¤ prennent fin a'
l’avenir. De plus, que ceci vous dissuade de vouloir jamais revenir
ici de manie' re aussi irre¤ fle¤ chie, afin que vous n’ayez plus a' donner,
comme aujourd’ hui, l’excuse d’avoir e¤ te¤ se¤ duits et que vous ne
soyez pas en butte a' la haine et au me¤ pris du plus grand nombre.
Enfin, comme le pays exige de vous un tribut, Sa Majeste¤ espe' re
que personne ne fera de difficulte¤ s pour de¤ poser une cha|“ ne ou ce
qu’ il aura sous la main, qu’ainsi nous nous se¤ parerons en amis et
que, conduits par nous, vous retournerez chez les vo“tres.
Ceux qui n’ont pas re¤ siste¤ au premier, troisie' me et quatrie' me
poids, Sa Majeste¤ ne veut pas les laisser partir aussi facilement ; mais
pour qu’ ils e¤ prouvent aussi sa cle¤mence, Elle ordonne de les de¤ ve“ -
tir entie' rement et de les renvoyer d’ ici, nus.
Ceux qui ont e¤ te¤ trouve¤ s trop le¤gers pour le deuxie'me et cin-
quie'me poids, seront, outre leur mise a' nus, marque¤ s au fer, une
52
fois, deux fois et plus, suivant leur plus ou moins grande le¤ ge' rete¤ .
Ceux que soule'vent seulement le sixie'me et septie' me poids seront
traite¤ s avec plus de mise¤ ricorde.
Cela continua ainsi ; pour chaque combinaison de poids, une
sentence fu“t prononce¤e, mais il serait trop long de tout rapporter
ici.
ßCeux qui renonce' rent, hier, de leur propre chef, peuvent partir
librement, sans nulle sanction. Pour finir, les malins, mystificateurs
du peuple, qui n’ont re¤ siste¤ a' aucun des poids, seront cha“ tie¤s cor-
porellement ou punis de mort, selon le cas, par l’e¤ pe¤ e, par la corde,
par l’eau ou par les verges. Ces sentences seront exe¤ cute¤ es sans
merci, pour l’exemple.
A cet instant, notre Jeune Fille brisa son ba“ ton*. L’autre jeune
personne, a' peine la lecture termine¤ e, souffla dans la trompette et
s’avanc a avec grande de¤ fe¤ rence vers ceux qui e¤ taient derrie're les
tentures. Je ne puis m’empe“ cher de de¤voiler au lecteur quelque
chose sur le nombre des prisonniers : sept avaient re¤ siste¤ a' un poids ;
21 e¤ quilibraient deux poids ; 35, trois poids ; 35, quatre poids ; 21, cinq
poids et sept avaient re¤ siste¤ a' six poids. Parmi ceux qui e¤ taient arri-
ve¤ s au septie' me poids mais n’y avaient pas re¤ siste¤ , se trouvait celui
que j’avais libe¤ re¤ . Par ailleurs, nombreux e¤ taient ceux qui avaient
totalement e¤ choue¤ , car pour beaucoup, tous les poids e¤ taient des-
cendus.
J ’avais tout note¤ et de¤ compte¤ avec soin dans mon carnet, quand
ils se tenaient devant nous comme indique¤ . Il est tre' s e¤ tonnant que,
parmi tous ceux qui avaient un certain poids, pas un ne fu“t iden-
tique a' l’autre. Car si trente-cinq avaient re¤ siste¤ a' trois poids, l’un
e¤ quilibrait les poids un, deux, trois, un autre les poids trois, quatre
53
et cinq, un troisie'me les poids cinq, six et sept, et ainsi de suite, de
sorte que, aussi curieux que cela fu“t, sur les cent vingt-six trouve¤ s
trop le¤ gers, aucun n’e¤ tait pareil a' l’autre. Je pourrais d’ailleurs dire
le poids de chacun si le temps le permettait. J ’espe' re cependant que
cela appara|“ tra clairement plus tard, ainsi que l’explication.
La lecture termine¤ e, les Seigneurs se re¤ jouirent beaucoup, ils
n’avaient pas ose¤ espe¤ rer sentence aussi cle¤ mente apre' s pareille se¤ -
ve¤ rite¤ . Aussi donne' rent-ils plus qu’ il n’e¤ tait exige¤ , se de¤ firent-ils de
leurs cha|“ nes, bijoux, or, argent, et d’autres choses, pour autant
qu’ ils en avaient sur eux, et prirent respectueusement conge¤ .
Quoiqu’on eu“t interdit aux serviteurs royaux de se moquer de
quiconque au de¤ part, quelques railleurs ne purent se retenir de rire.
C ’e¤ tait aussi assez risible de les voir de¤camper le plus vite possible,
sans un regard en arrie're. Quelques-uns demande' rent qu’on leur
fit parvenir le catalogue promis, certifiant que, pour leurs livres, ils
agiraient comme il plaisait a' Sa Majeste¤ . On leur en donna de nou-
veau l’assurance. Au portail, on leur fit boire une oblivionis haustus *
afin que personne ne se rappela“t son infortune.
Alors s’en alle'rent ceux qui s’e¤ taient de¤ libe¤ re¤ ment tenus a'
l’e¤ cart. A cause de leur discernement, on les laissa passer, mais ils
ne devaient plus jamais revenir de cette manie' re. De' s que quelque
chose leur serait re¤ ve¤ le¤ , ne¤ anmoins, et cela valait aussi pour les au-
tres, ce serait bien volontiers qu’on les accueillerait comme invite¤ s.
Pendant ce temps, on avait de¤ ve“ tu certains et la', on remarquait
encore une ine¤ galite¤ suivant ce que me¤ ritait chacun. Quelques-uns
e¤ taient renvoye¤ s nus, mais sans e“ tre mis a' mal ; d’autres chasse¤s avec
des clochettes et des grelots, d’autres encore pousse¤ s dehors a' coups
de verges. Bref, il y avait une telle diversite¤ de cha“ timents que je ne
peux les citer tous ici. Enfin arriva le tour des derniers. Cela prit
plus de temps car avant de pendre les uns, de de¤capiter les autres,
d’en jeter a' l’eau et de mettre plusieurs a' mort autrement, il se passa
un long moment. Pendant l’exe¤ cution, les larmes me coulaient
54
vraiment des yeux, non a' cause de la punition, me¤ rite¤ e par leur
impudence, mais a' la pense¤ e de notre aveuglement, qui fait que
nous ambitionnons toujours ce qui est scelle¤ pour nous depuis la
premie're chute.
Ainsi le jardin, si rempli un moment auparavant, fut biento“t
vide et il ne s’y trouva plus personne que les soldats. De' s que tout
fut fini et qu’eut re¤ gne¤ le silence pendant cinq minutes, apparut
une Licorne d’une grande beaute¤ , blanche comme neige, portant
un collier d’or, ou' e¤ taient grave¤ es quelques lettres. Elle s’avanc a
vers la fontaine et s’agenouilla sur ses pattes de devant, comme
pour rendre hommage au Lion, qui se tenait si immobile au-dessus
de la source que je l’avais pris pour une statue de pierre ou de
bronze. Celui-ci e¤ treignit aussito“t l’e¤ pe¤e nue qu’ il retenait dans
ses griffes et la brisa par le milieu, en sorte que les morceaux, me
sembla-t-il, tombe' rent dans la fontaine. Puis il rugit jusqu’au mo-
ment ou' une Colombe blanche vint lui porter une branche d’oli-
vier qu’elle tenait dans son bec ; le Lion l’avala aussito“t, apre' s quoi
il se calma. La Licorne retourna a' sa place pleine de joie.
Ensuite la Jeune Fille nous fit redescendre de l’estrade par l’es-
calier en spirale et nous nous inclina“mes encore une fois devant le
rideau. Nous du“mes nous laver le visage et les mains a' la fontaine
puis, dans le me“ me ordre, attendre un instant que le Roi retourna“t
dans la salle par un passage de¤ robe¤ ; ensuite nous fu“mes reconduits,
nous aussi, hors du jardin, dans le lieu ou' nous se¤ journions pre¤ ce¤ -
demment, au son d’une musique merveilleuse, avec pompe et ma-
gnificence, tout en devisant agre¤ ablement. Ceci se passait vers
quatre heures de l’apre' s-midi
Pour que le temps ne nous dura“ t pas trop, la Jeune Fille nous
attribua un page a' chacun ; ils e¤ taient non seulement somptueuse-
ment ve“ tus mais remarquablement instruits, a' tel point qu’ ils dis-
couraient d’une infinite¤ de sujets si savamment que nous avions
toutes raisons d’e“ tre confus. On leur ordonna de nous mener visi-
ter le cha“ teau, mais certains endroits de¤termine¤ s seulement, et de
nous faire autant que possible passer le temps selon nos de¤ sirs. Au
55
me“ me moment, la Jeune Fille prenait conge¤ , disant pour nous
consoler qu’elle re¤ appara|“ trait au repas du soir, afin de ce¤ le¤brer en-
suite la ce¤ re¤ monie du suspensionis ponderum.* Elle nous pria d’atten-
dre patiemment le lendemain, ou' nous serions alors pre¤ sente¤ s au
Roi.
Quand elle fut partie, nous f|“ mes chacun ce qui nous plut. Les
uns regarde'rent les beaux tableaux, qu’ ils copie' rent en s’ interro-
geant sur leurs caracte' res e¤ tranges. D’autres se re¤ conforte' rent en
mangeant et en buvant. Quant a' moi, je me fis guider par mon
page a' travers le cha“teau avec mon compagnon, visite que je ne re-
gretterai jamais de ma vie. Outre beaucoup d’antiquite¤ s splendi-
des, on me montra la chambre fune¤ raire du Roi, ou' j’appris plus
que dans tous les livres du monde. Il y avait la' un Phe¤ nix magni-
fique, sur lequel j’ai fait para|“ tre un livre spe¤ cial il y a deux ans. J ’ai
l’ intention de faire para|“ tre aussi des traite¤ s particuliers sur le Lion,
l’Aigle, le Griffon, le Faucon et autres, quand ils pourront e“ tre uti-
les a' certains, et j’y joindrai croquis et descriptions. Je regrettai que
mes autres compagnons eussent ne¤ glige¤ de contempler ces tre¤ sors
pre¤ cieux ; mais je pensai, en me“ me temps, que c’e¤ tait la volonte¤
particulie're de Dieu qui en avait de¤ cide¤ ainsi.
En fait, gra“ ce a' mon page, j’avais eu la joie la plus grande pour
moi ; en effet, chacun, suivant ses dispositions, avait e¤ te¤ conduit par
son page aux lieux qui lui plaisaient. Il arriva que c’est au mien que
furent confie¤es les clefs qui me firent be¤ ne¤ ficier, avant tous, des
heureuses circonstances que voila' . Car si mon page en invita d’au-
tres a' visiter les tombes, ils crurent qu’elles se trouvaient unique-
ment dans le cimetie're et que, s’ il y avait quelque chose a' y voir,
ils iraient bien une autre fois. Je ne priverai pas mes e¤ le' ves recon-
naissants de regarder les monuments que nous avons tous deux re-
produits et dont nous avons recopie¤ les inscriptions.
On nous montra, a' tous deux, la bibliothe' que de grand prix,
telle qu’elle e¤ tait avant la Re¤ forme. Je de¤ sire n’en parler que tre' s
56
peu, bien que mon coeur se re¤ jouisse chaque fois que j’y pense, car
son catalogue para|“ tra biento“t. A l’entre¤ e de cette pie' ce, se trouvait
un Grand Livre, comme je n’en avais encore jamais vu, compor-
tant toutes les figures et les salles, tous les portails, toutes les incrip-
tions et e¤ nigmes, etc., a' voir dans le cha“teau entier. Bien que
quelque chose me fu“t promis a' ce sujet, je veux le garder provisoi-
rement pour moi, parce que je dois d’abord apprendre a' mieux
conna|“ tre le monde. Dans chaque livre e¤ tait peint le portrait de
son auteur. A ce que je compris, beaucoup devaient e“ tre bru“le¤ s, afin
que le moindre souvenir de ces dignes personnages disparu“t.
Apre' s nous e“ tre efforce¤ s de tout contempler, nous e¤ tions pre' s de
sortir, quand un page s’approcha du no“tre, lui chuchota quelque
chose a' l’oreille, en rec ut imme¤ diatement les clefs, avec lesquelles
il monta l’escalier en colimac on. Notre page, fort de¤ sempare¤ , nous
conta, sur nos instantes demandes, que Sa Majeste¤ voulait que per-
sonne n’alla“t voir la bibliothe' que et les tombes. Il nous demanda
donc, si sa vie nous e¤ tait che're, de n’en parler a' quiconque, car il
avait de¤ ja' nie¤ la chose. Nous oscillions tous deux entre l’angoisse
et la joie, mais le fait resta cache¤ et nul ne s’en informa plus. Nous
avions passe¤ trois heures dans les deux endroits, ce que je n’ai ja-
mais regrette¤ .
Cependant, sept heures ayant de¤ ja' sonne¤ , on ne nous donnait
toujours pas a' manger. Mais notre faim e¤ tait supportable gra“ ce
aux divertissements continuels, et, rec u de pareille fac on, j’eusse
volontiers jeu“ne¤ ma vie durant.
Entre-temps on nous montra les belles fontaines, les mines et
toutes sortes d’ateliers pleins d’oeuvres d’art, dont chacune de¤pas-
sait toutes les no“tres re¤ unies. Ces salles e¤ taient dispose¤ es en demi-
cercle, afin de donner sur la pre¤ cieuse horloge, qui de¤corait le mi-
lieu d’une tour magnifique, et de pouvoir s’orienter sur le cours
des plane' tes qui s’y trouvaient merveilleusement repre¤ sente¤ es. La'
je compris de nouveau sans peine ce qui manque a' nos artistes,
quoique ce ne soit pas ma ta“che de les en informer.
A la fin, j’arrivai dans une salle spacieuse qu’on avait de¤ ja' mon-
57
tre¤ e depuis longtemps aux autres. Au milieu se trouvait un globe
d’un diame' tre de trente pieds. Pre' s de la moitie¤, sauf une petite
partie recouverte de marches, e¤ tait enfouie dans le sol. Deux hom-
mes faisaient facilement pivoter ce globe sur ses gonds, de sorte
qu’on ne voyait jamais plus que la partie situe¤e au-dessus de l’ ho-
rizon. Si je compris imme¤ diatement que ce globe avait une utilite¤
particulie're, je ne parvenais pas a' de¤couvrir a' quoi servaient les cer-
cles dore¤ s place¤ s en divers endroits. Mon page se mit a' rire et me
conseilla de les examiner attentivement. Je finis par de¤ couvrir que
de l’or marquait e¤ galement ma patrie. Mon compagnon chercha
alors la sienne et fit la me“ me de¤ couverte. Il en e¤ tait de me“ me pour
la patrie de tous ceux qui e¤ taient reste¤ s la'. Alors le page nous in-
forma que, la veille, le vieil Atlas (ainsi s’appelait l’astronome) avait
montre¤ a' Sa Majeste¤ Royale que tous les points d’or correspon-
daient parfaitement a' la patrie de chacun. C ’est pourquoi, voyant
que je me sous-estimais, alors qu’ il y avait un point a' l’emplace-
ment de ma patrie, il avait persuade¤ un des capitaines de demander
que nous fussions aussi place¤ s sur la balance, sans dommage pour
nous quel que fu“t le re¤ sultat, puisque la patrie de l’un d’entre nous
montrait un signe particulie' rement favorable. Et ce n’e¤ tait pas sans
raison que le page ayant le plus de pouvoirs m’avait e¤ te¤ attribue¤ .
Je montrai une grande reconnaissance et regardai d’autant plus
attentivement ma patrie, de¤ couvrant qu’a' co“te¤ des cercles il y avait
quelques beaux trace¤ s, ce que toutefois je ne dis pas pour me louer
ou me vanter. Sur ce globe, je vis encore beaucoup d’autres choses
que je ne veux pas rendre publiques. Chacun doit comprendre de
lui-me“ me pourquoi chaque ville n’a pas un philosophe.
Ensuite le page nous fit entrer dans le globe. Il e¤ tait ainsi fait
qu’a' l’endroit de la mer, la' ou' il y avait le plus d’espace, se trouvait
une plaque sur laquelle e¤ taient marque¤s trois de¤ dicaces et le nom
du constructeur. On pouvait la soulever avec pre¤ caution et acce¤ der,
par une passerelle, au centre ou' il y avait de la place pour quatre
personnes. Ce n’e¤ tait gue' re plus qu’une planche ronde ou' s’asseoir
et d’ou' observer les e¤ toiles, me“ me en plein jour (il faisait de¤ja' nuit a'
58
ce moment). Elles me parurent autant de pures escarboucles,
rayonnant avec une telle splendeur, dans une ordonnance et sur
une trajectoire si parfaites que je ne voulais plus m’en aller.
Par la suite, le page rapporta ceci a' la Jeune Fille, qui me taquina
plusieurs fois sur le sujet ; en effet, c’e¤ tait de¤ ja' l’ heure du repas et
j’avais regarde¤ si longtemps tout autour de moi dans le globe que
j’arrivai a' table presque le dernier. Je ne m’attardai donc pas plus et,
ayant remis mon manteau que j’avais enleve¤ auparavant, je
m’avanc ai vers la table : alors les serviteurs me rendirent tant
d’ honneurs que, de confusion, je n’osais lever les yeux. C ’est la
raison pour laquelle, sans m’en rendre compte, je ne vis pas la Jeune
Fille qui attendait a' mes co“te¤ s. Elle le remarqua aussito“t, me saisit
par mon manteau et me conduisit a' table. Il me semble inutile d’en
dire plus sur la musique et les autres de¤ lices, non seulement je ne
parviendrais pas a' les de¤ crire mais je les ai de¤ja' vante¤ es, dans la me-
sure de mon pouvoir. Bref, tout n’e¤ tait qu’art et agre¤ ment.
Nous e¤ tant mutuellement raconte¤ les expe¤ riences de l’apre' s-
midi ^ sans souffler mot de la bibliothe'que et des monuments ^
et le vin nous ayant un peu e¤ gaye¤ s, la Jeune Fille nous dit :
ßNobles Seigneurs, j’ai une grande discussion avec l’une de mes
soeurs. Nous avons chez nous un aigle et nous le soignons avec tant
de ze' le que chacune de nous veut e“ tre sa pre¤ fe¤ re¤ e, ce qui cause
maintes discussions. Un jour, nous de¤ cida“ mes d’aller le voir en-
semble : il appartiendrait a' celle envers laquelle il se montrerait le
plus amical. Ainsi fut fait. Je tenais comme d’ habitude une bran-
che de laurier a' la main. Cependant ma soeur n’en avait pas. De' s
qu’ il nous eut toutes deux aperc ues, il offrit a' ma soeur la branche
qu’ il tenait dans son bec et re¤ clama la mienne, que je lui donnai.
Alors chacune d’entre nous pensa e“ tre sa pre¤ fe¤ re¤ e. Que dois-je faire
maintenant !
La re¤ serve avec laquelle la Jeune Fille posa cette question nous
plut hautement a' tous. Et tous nous eussions bien voulu savoir la
solution. Cependant, comme beaucoup se tournaient vers moi,
souhaitant que je commence, mon esprit se troubla au point que
59
je ne sus rien faire d’autre que re¤ pondre a' cette question par une
autre. Je dis donc :
ßNoble Demoiselle, il serait aise¤ de re¤ pondre si je n’avais un
souci. Deux amis m’aimaient fort. Comme ils se demandaient le-
quel je pre¤ fe¤ rais, ils de¤ cide'rent d’accourir tous deux vers moi a'
l’ improviste. Celui a' qui j’ouvrirais les bras me serait le plus cher.
C ’est ce qu’ ils firent. Mais l’un ne put suivre l’autre et resta en
arrie're en se lamentant. Je rec us l’autre avec e¤ tonnement. Ils m’ex-
plique' rent leur conduite et, n’arrivant pas a' prendre une de¤ cision,
je la laissai en suspens dans l’espoir de trouver un bon conseil.
La Jeune Fille s’e¤ tonna de cette histoire et comprit mon inten-
tion. Elle re¤ pondit donc : ßEh bien, tenons-nous pour quittes et
demandons aux autres la solution. Mais je les avais alerte¤ s, le sui-
vant commenc a donc ainsi : ßL’autre jour, dans ma ville, une noble
dame fut condamne¤ e a' mort. Le juge, pris de pitie¤ , fit savoir que si
quelqu’un voulait se battre pour elle, on l’y autoriserait. Or elle
avait deux soupirants. L’un se pre¤ para sur le champ et courut at-
tendre son adversaire. A ce moment celui-ci apparut. Bien qu’en
retard, il de¤cida de se battre tout de me“ me et de se laisser vaincre
de¤ libe¤ re¤ ment, afin que la dame eu“t la vie sauve, ce qui arriva. Cha-
cun d’eux crut alors qu’elle serait a' lui de droit. Dites-moi donc,
mes Seigneurs, a' qui appartient-elle !
La Jeune Fille ne put se retenir de dire : ßJ ’espe¤ rais en apprendre
davantage, mais me voici prise au pie' ge et j’aimerais bien savoir si
d’autres connaissent la re¤ ponse.
ßNon, certes, re¤ pondit le troisie' me, ßon n’a jamais raconte¤
aventure plus extraordinaire que la mienne. Dans ma jeunesse, j’ai-
mais une honorable jeune fille et pour arriver a' mes fins, je fis appel
a' une vieille comme' re qui me mena pre' s d’elle. Mais les fre' res de la
jeune fille nous surprirent tous les trois. Leur cole're fut telle qu’ ils
voulurent m’o“ter la vie. Devant mes supplications, ils me firent ju-
rer de prendre pour e¤ pouse chacune des deux femmes pour une
dure¤ e d’un an. Dites-moi, mes Seigneurs, laquelle je devais choisir
en premier, la plus jeune ou la plus a“ ge¤ e !
60
Nous r|“ mes aux e¤ clats de cette devinette et si quelques-uns chu-
chote' rent, personne ne voulut donner la solution. Le quatrie'me dit
alors :
ßDans ma ville habitait une honorable dame, aime¤ e de beau-
coup, en particulier d’un jeune seigneur. Celui-ci la pressait tant
qu’elle finit par lui promettre de l’accepter s’ il l’emmenait, en
plein hiver, dans une belle et verte roseraie ; en cas d’e¤ chec, il de-
vrait ne plus jamais se montrer. Le jeune noble traversa tous les pays
pour trouver un homme capable de faire pareille chose. Finale-
ment, il rencontra un petit vieux qui s’y engagea, a' condition qu’ il
lui donna“ t la moitie¤ de ses biens. Le jeune seigneur acquiesc a, l’au-
tre fit ce qu’ il avait promis. Il invita donc la noble dame dans le
jardin qui, contre toute attente, apparut entie' rement vert et agre¤ a-
blement chaud. Se rappelant sa promesse, elle le supplia de lui per-
mettre d’aller encore une fois chez son e¤ poux, a' qui elle clama sa
douleur en pleurant et ge¤ missant. Mais celui-ci, convaincu de sa
fide¤ lite¤ , la renvoya pour satisfaire un soupirant qui l’avait acquise
a' si haut prix. Le jeune noble fut tellement frappe¤ de l’e¤ quite¤ de
l’e¤ poux qu’ il conside¤ ra comme un pe¤ che¤ de toucher une femme
si honne“ te et la lui renvoya a' son tour, en tout bien tout honneur.
Devant la tre' s grande noblesse d’a“ me des deux, le vieillard ne vou-
lut pas e“ tre en reste. Si pauvre qu’ il fu“t, il rendit tous ses biens au
jeune homme et s’en alla. Je ne sais donc, nobles Seigneurs, qui de
ces trois personnes fut la plus magnanime.
La' -dessus nous ne savions vraiment pas quoi dire. La Jeune Fille
n’exprima qu’un seul souhait : que le suivant pr|“ t la parole. Le cin-
quie'me commenc a donc ainsi : ßJe de¤ sire e“ tre court : qui a le plus de
joie, celui qui contemple ce qu’ il aime ou celui qui ne fait qu’y
penser !
ßCelui qui le contemple, dit la Jeune Fille. ßNon, re¤ pondis-je.
Sur quoi une discussion s’e¤ leva jusqu’au moment ou' le sixie' me
s’e¤ cria : ßNobles Seigneurs, je dois prendre femme. J ’ai devant
moi une jeune fille, une femme marie¤ e et une veuve ; tirez-moi
de mon embarras et je vous aiderai a' re¤ soudre les autres e¤ nigmes.
61
ßC ’est faisable puisqu’on a le choix, re¤ pondit le septie'me.
ßMon affaire a' moi est toute diffe¤ rente. Dans ma jeunesse, j’aimais
du fond du coeur une belle et vertueuse jeune fille et elle m’aimait.
Cependant le refus de ses proches nous empe“ chait de nous marier.
Elle e¤ pousa donc un autre homme, honne“ te et brave, qui la traita
avec respect et amour, jusqu’au moment ou' elle attendit un enfant
et souffrit au point que tous crurent qu’elle e¤ tait morte. On l’en-
terra avec magnificence et grande tristesse. Je pensai alors en moi-
me“ me : cette femme n’a pas pu e“ tre a' toi pendant sa vie, mainte-
nant qu’elle est morte, tu peux l’embrasser autant que tu veux.
J ’emmenai donc avec moi mon serviteur qui, de nuit, l’exhuma.
Ayant ouvert le cercueil, je la pris dans mes bras, je touchai son
coeur et je m’aperc us qu’ il battait encore doucement et que, gra“ ce
a' ma chaleur, il se mettait a' battre plus fort ; alors je compris qu’elle
vivait toujours. Je la portai silencieusement chez moi et, apre' s avoir
re¤ chauffe¤ son corps refroidi dans un bain d’ herbes aromatiques, je
la plac ai sous la protection de ma me' re, jusqu’au moment ou' elle
mit au monde un beau fils, que je fis soigner avec autant d’atten-
tion que la me' re. Deux jours apre' s, comme celle-ci s’e¤ tonnait
beaucoup, je lui contai ce qui s’e¤ tait passe¤ et lui demandai de bien
vouloir de¤ sormais e“ tre ma femme. Mais elle montra de la re¤ ti-
cence : cela pouvait peiner son e¤ poux qui l’avait toujours honne“ te-
ment traite¤ e. Cependant, selon elle, apre' s tout ce qui s’e¤ tait passe¤ ,
elle e¤ tait oblige¤ e a' pre¤ sent d’aimer l’un autant que l’autre. Au bout
de deux mois pendant lesquels j’avais e¤ te¤ en voyage, j’ invitai son
mari chez moi ; lorsque je lui demandai s’ il reprendrait sa femme
morte, au cas ou' elle reviendrait chez lui, il acquiesc a, profonde¤ -
ment e¤ mu et tout en larmes. Je lui amenai donc sa femme et son
fils, lui racontant tout et le priant d’appuyer de son accord mon
projet de mariage. Nous discuta“ mes longtemps, mais il ne put me
faire renoncer a' mon droit. Il du“t finalement m’abandonner sa
femme. Cependant la discussion continua a' propos du fils.
Ici la Jeune Fille l’ interrompit en disant : ßJe m’e¤ tonne que vous
ayez encore redouble¤ les souffrances de cet homme malheureux.
62
ßQu’aurait-il donc fallu que je fasse ! demanda l’autre. La' -des-
sus s’e¤ leva une discussion, mais la majorite¤ e¤ tait d’avis qu’ il avait
bien agi. ßEh bien ? non, dit-il alors, ßj’ai redonne¤ a' cet homme
non seulement sa femme mais son fils. Maintenant dites-moi,
mes Seigneurs, ce qui fut le plus grand, ma magnanimite¤ ou sa
joie !
A ces mots, la Jeune Fille se re¤ jouit tant qu’elle fit boire a' la sante¤
de ces deux personnes. Puis les autres raconte' rent leurs histoires,
mais e¤ tant un peu confuses, je ne les ai pas toutes retenues. Une
seule me revient. L’un dit avoir connu, quelques anne¤ es aupara-
vant, un me¤ decin qui, ayant fait sa provision de bois pour la saison
froide, s’e¤ tait chauffe¤ par ce moyen tout l’ hiver. Or, le printemps
venu, il avait revendu ce me“ me bois ; il en avait donc profite¤ gratis.
ßCe doit e“ tre de la magie, dit la Jeune Fille, ßmais le temps est passe¤
maintenant. ^ ßOui, re¤ pondit mon compagnon, ßque celui qui
ne peut pas re¤ soudre ces e¤ nigmes le fasse savoir a' tout le monde
par un messager convenable. Je ne crois pas qu’ il faille lui de¤ nier
cela.
A ce moment, on commenc a a' dire les gra“ ces, puis nous nous
leva“ mes tous de table plus gais et plus satisfaits que par un repas
plantureux. Il serait souhaitable que toutes les re¤ ceptions et fe“ tes
fussent ordonne¤ es de cette manie' re. Apre' s que nous eu“mes fait
quelques pas dans la salle, la Jeune Fille demanda si nous ne de¤ si-
rions pas que la Fe“ te des noces commenc a“ t. ßOui, noble et ver-
tueuse Demoiselle, re¤ pondit l’un de nous.
Alors elle de¤ pe“ cha un page en secret tout en continuant la
conversation. Elle nous e¤ tait devenue si familie' re, a' pre¤ sent, que
j’osai lui demander son nom. Elle sourit de ma curiosite¤, ne ce¤da
pas, mais re¤ pondit : ßMon nom e¤ gale 55 et ne comporte pourtant
que huit lettres ; la troisie'me est le tiers de la cinquie'me. Si on y
ajoute la sixie'me, on obtient le nombre dont la racine, diminue¤e
de la premie' re, e¤ gale la troisie' me, racine qui est aussi la moitie¤ de
la quatrie' me. La cinquie'me et la septie' me sont identiques, de
me“ me que la dernie' re et la premie' re ; et celle-ci, ajoute¤e a' la
63
deuxie' me, e¤ gale la sixie'me, laquelle e¤ quivaut a' quatre plus le triple
de la troisie' me. Dites-moi, noble Ami, quel est mon nom !
La re¤ ponse e¤ tait pour moi assez obscure. Je ne me de¤ courageai
pourtant pas et dis : ßNoble et vertueuse Demoiselle, ne pourriez-
vous pas me dire une seule lettre ! ^ ßOui, re¤ pondit-elle, ßc’est
possible. ^ ßQuelle est la valeur de la septie'me ! Elle re¤ pondit :
ßAutant qu’ il y a de seigneurs ici.* La re¤ ponse me satisfit et je pus
facilement trouver son nom.* Elle en fut enchante¤ e et assura que
beaucoup d’autres choses nous seraient de¤ voile¤es.
Pendant ce temps, quelques nobles jeunes filles s’e¤ taient appre“ -
te¤ es et firent leur entre¤ e en grande pompe. Deux jeunes gens por-
tant des lumie' res les pre¤ ce¤ daient. L’un avait un visage enjoue¤ , les
yeux vifs et belle allure. L’autre avait l’air impe¤ tueux, tout ce qu’ il
voulait devait s’accomplir comme je l’appris plus tard. Derrie' re
eux s’avanc aient d’abord quatre jeunes filles. La premie' re baissait
pudiquement les yeux a' terre et se comportait avec humilite¤ . La
deuxie' me aussi e¤ tait modeste ct craintive. La troisie'me s’effaroucha
pour une raison quelconque en entrant dans la salle. J ’appris que
l’exube¤ rance la mettait mal a' l’aise. La quatrie'me portait quelques
petits bouquets en signe de ge¤ ne¤ rosite¤ et d’amour. Ces quatre jeu-
nes filles e¤ taient suivies de deux autres, ve“ tues avec un peu plus de
somptuosite¤ ; elles nous salue' rent courtoisement. L’une portait
* Soixante est le nombre total des jeunes filles. Mais l’ histoire montre
qu’elles ne sont que neuf pre¤ sentes, donc autant qu’ il y a de seigneurs.
(La septie'me lettre du nom de la Jeune Fille est un I, la neuvie' me lettre de
l’alphabet, voir note 21). En mentionnant le nombre 60, l’auteur a voulu
mettre sur un fausse piste ceux qui cherchent la solution de l’e¤ nigme.
* Le nom de la Jeune Fille est Alchimia, ou' A=1, L=11, C=3, H=8, I=9,
M=13, et de nouveau I=9, A=1. Au total 55, comme la Jeune Fille l’avait
dit. Nous devons cette solution au mathe¤ maticien et philosophe G. W.
von Leibnitz (1646 -1716). Il appara|“ t qu’Andreae s’est base¤ sur la valeur nu-
me¤ rique des lettres selon leur place dans l’alphabet, donc A=1, B=2, C=3,
etc. Les calculateurs attentifs reparqueront que la lettre L aurait du“ e“ tre
affecte¤ e de la valeur 12 et non pas 11, mais notons que jusqu’au de¤ but du
XVIIe sie' cle le I et le J e¤ taient confondus.
64
une robe bleue constelle¤e d’e¤ toiles d’or, la deuxie'me, une robe
verte orne¤ e de fines rayures rouges et blanches. Les deux avaient
sur la te“ te des fichus le¤ gers et vaporeux qui leur allaient a' merveille.
A la fin il en vint une qui portait une couronne sur la te“ te et tour-
nait plus ses regards vers le ciel que sur la terre. Nous cru“mes tous
que c’e¤ tait la Fiance¤ e. Mais ce n’e¤ tait pas encore elle ; pour l’ hon-
neur, la richesse et le rang, elle la surpassait de beaucoup et ce fut
elle qui, par la suite, conduisit les noces.
A cet instant, suivant tous l’exemple de notre Jeune Fille,* nous
nous jeta“ mes a' genoux devant elle, malgre¤ toute la modestie et la
pie¤te¤ qu’elle montrait. Elle nous tendit a' chacun la main, en nous
demandant de ne pas nous en e¤ tonner, c’e¤ tait la moindre chose
qu’elle pouvait nous offrir. Nous devions, cependant, lever les
yeux vers notre Cre¤ ateur, apprendre ainsi a' conna|“ tre sa toute-
puissance, continuer sur le chemin entrepris et faire usage de la
gra“ ce qui nous e¤ tait accorde¤ e, pour l’ honneur de Dieu et le salut
des hommes. Bref, ses paroles e¤ taient absolument diffe¤ rentes de
celles de notre Jeune Fille, encore quelque peu profanes. Elles me
pe¤ ne¤ tre' rent jusqu’a' la moelle des os. ßEt toi, me dit-elle ensuite,
ßtu as rec u plus que les autres, veille aussi a' donner plus en retour.
Cette recommandation m’e¤ tonna fort.
A la vue des jeunes filles et au son de la musique, nous cru“mes
qu’ il fallait de¤ ja' danser. Mais ce n’e¤ tait pas encore le moment. Les
poids, dont nous avons parle¤ plus haut, e¤taient reste¤ s au me“ me en-
droit. La Reine ^ je ne sais toujours pas qui elle e¤ tait ^ ordonna a'
chaque jeune fille d’en prendre un. A notre Jeune Fille, toutefois,
elle donna le sien, le dernier et le plus gros, et nous ordonna de la
suivre. Notre suffisance avait beaucoup diminue¤ ; je remarquai que
notre Jeune Fille e¤ tait bien intentionne¤ e a' notre e¤ gard, mais que
nous n’e¤ tions pas si estime¤ s que certains parmi nous commenc aient
a' le croire. Nous suiv|“ mes donc en rang et fu“mes conduits dans la
premie're salle, ou' la Jeune Fille suspendit le poids de la Reine, pen-
65
dant que l’on chantait un beau cantique spirituel.
Dans cette salle, il n’y avait rien de pre¤ cieux sinon quelques
splendides livres de prie' res, introuvables ailleurs. Au centre, un pu-
pitre pouvait servir de prie-Dieu. La Reine s’y agenouilla. Nous
du“mes nous agenouiller autour d’elle et re¤ pe¤ ter les prie' res que la
Jeune Fille lut dans un petit livre, souhaitant que les prochaines
noces fussent ce¤ le¤bre¤ es pour l’ honneur de Dieu et notre salut. Puis
nous alla“ mes dans l’autre salle, ou' la premie're jeune fille suspendit
son poids, et ainsi de suite jusqu’a' l’ache' vement de toute la ce¤ re¤ -
monie. La Reine nous tendit a' nouveau la main et s’en alla ac-
compagne¤ e de ses jeunes filles.
Notre pre¤ sidente s’attarda encore un instant, mais comme il
e¤ tait de¤ ja' deux heures du matin, elle ne voulut pas nous retenir da-
vantage. Quoiqu’elle eu“t plaisir a' rester parmi nous, me semblait-
il, elle nous souhaita bonne nuit en nous recommandant de dormir
en paix. C ’est ainsi qu’a' regret elle prit cordialement conge¤ de
nous.
Nos pages avaient rec u des ordres et nous montre' rent a' chacun
nos chambres. Ils reste'rent a' nos co“te¤ s, dans un deuxie' me lit, afin
de nous offrir leurs services en cas de besoin. Ma chambre ^ je ne
peux rien dire des autres ^ e¤ tait royalement de¤ core¤ e de beaux tapis
et de splendides tableaux. Mais ce qui me plaisait a' l’extre“ me,
c’e¤ tait mon page, capable de parler si excellemment de tout et si
savant dans les arts que nous passa“ mes encore une heure ensemble
avant d’aller dormir, vers trois heures et demie. C ’e¤ tait, a' vrai dire,
la premie' re fois que j’aurais pu sommeiller tranquille. Pourtant un
re“ ve angoissant me tourmenta toute la nuit : je m’affairais contre
une porte impossible a' ouvrir jusqu’au moment ou' je finis par y
parvenir. Le temps passa a' des irre¤ alite¤s de ce genre avant de
m’e¤ veiller, enfin, vers le lever du jour.
66
Analyse e¤ sote¤ rique
des
Noces Alchimiques
de
Christian Rose-Croix
premie' re partie
67
Le premier jour
68
Un soir, la veille de Pa“ ques, j ’e¤ tais assis a' ma table et, apre' s
m’e“ tre entretenu avec mon Cre¤ ateur en une humble prie' re, selon
mon habitude, et avoir me¤ dite¤ beaucoup de grands myste' res (par
lesquels le Pe' re de la Lumie' re m’avait amplement de¤ montre¤ Sa
Majeste¤ ), j ’allais pre¤ parer dans mon coeur, avec mon cher agneau
pascal, un pur pain sans levain, quand, soudain, un vent si impe¤ -
tueux se leva que je crus voir voler en e¤ clat sous sa violence la
montagne dans laquelle ma maisonnette e¤ tait niche¤ e. Pourtant,
comme rien de semblable ne m’e¤ tait arrive¤ par le fait du diable
(lequel m’avait tourmente¤ maintes fois), je repris courage et pour-
suivis ma me¤ ditation jusqu ’au moment ou', de fac on inhabituelle,
quelqu ’un me toucha le dos, ce qui m’effraya au point que j ’osai
a' peine tourner la te“ te; mais je ressentis de la joie, pour autant que
la faiblesse humaine le perm|“ t en pareille circonstance. Lorsqu ’on
m’eut tire¤ par mon habit a' plusieurs reprises, cependant, je me
retournai. Une merveilleuse forme d ’apparence fe¤ minine se
trouvait la' , ve“ tue d ’une robe bleue somptueusement constelle¤ e
d ’e¤ toiles d ’or, comme le ciel.
69
Dans sa main droite elle tenait une trompette d ’or pur, sur
laquelle e¤ tait grave¤ un nom, que je parvins a' lire mais qu ’il
m’est interdit de re¤ ve¤ ler; dans la main gauche, une grosse liasse
de lettres e¤ crites dans toutes les langues, qu ’elle devait, comme je
l’appris plus tard, porter dans tous les pays. Elle avait aussi des
ailes, grandes et magnifiques, entie' rement couvertes d ’yeux, gra“ ce
auxquelles elle pouvait s ’e¤ lever dans les airs et voler plus vite que
l’aigle. J ’aurais peut-e“ tre pu observer d ’autres de¤ tails la concer-
nant, mais comme elle ne resta pre' s de moi qu ’un bref instant et
que je n’e¤ tais pas encore revenu de mon effroi et de ma surprise, je
dus y renoncer. A peine m’e¤ tais-je retourne¤ qu ’elle chercha dans
sa liasse et trouva enfin une petitelettre qu ’elle de¤ posa avecrespect
sur la table; puis elle disparut sans mot dire. Mais en s ’envolant,
elle sonna si fort de sa belle trompette que le son re¤ sonna dans toute
la montagne et que je restai dans l’impossibilite¤ d ’entendre mes
propres paroles pendant pre' s d ’un quart d ’heure.
70
1
71
l’espace-temps, cette attente de l’avenir est la seule chose que
nous posse¤ dions, nous sommes donc de¤ pourvus de tout, et
pauvres comme Job.
C.R.C. ne parle pas de la re¤ surrection quotidienne sur le plan
dialectique, il envisage la re¤surrection dans le nouveau champ de
Vie, la Vie originelle, cette Vie vers laquelle l’ Ecole Spirituelle
actuelle se dirige. Quand un homme posse' de une telle aspira-
tion, chaque jour est pour lui ßla veille de Pa“ ques. Anime¤ par
ce de¤sir quotidien, il sait en effet que ce jour viendra. On ne
peut pas, et de loin, en dire autant des de¤ sirs dialectiques, c’est
pourquoi la lutte est perpe¤ tuelle en ce monde.
Beaucoup d’e¤ le' ves de l’ Ecole Spirituelle, cependant, tout en
assumant naturellement les devoirs ine¤vitables de l’existence or-
dinaire, nourrissent un de¤ sir supe¤ rieur, celui d’entrer dans la Vie
nouvelle. C ’est la raison pour laquelle ils sont toujours a' ßla veille
de Pa“ques.
Pour ce genre d’e¤ le' ves, l’orientation reve“ t un aspect tre' s par-
ticulier dans la vie pre¤ sente. Car ils savent qu’ ils sont appele¤s par
l’ Ecole Spirituelle a' entrer dans le Royaume gnostique. Il est
e¤ vident que ce Royaume n’est pas seulement l’ Ecole dans son
aspect exte¤ rieur, public, c’est surtout le Temple des Myste'res, le
nouveau champ astral du Royaume de l’Ame, le Temple relie¤ a'
l’ Ecole inte¤ rieure, le Temple a' nouveau e¤ difie¤ par elle. Chaque
e¤ le' ve sait que c’est ce nouveau Temple des Myste' res qui l’ap-
pelle. En outre, il sait que l’appel a un caracte' re tre's personnel.
Il s’agit donc pour lui, apre' s avoir entendu l’appel ge¤ne¤ral, de se
pre¤ parer a' l’appel personnel. C ’est a' cette pre¤ paration person-
nelle que Christian Rose-Croix fait allusion par l’expression :
ßpre¤parer avec son Agneau pascal, un pain pur et sans levain.
72
de¤ sir supe¤rieur et cette recherche, pour qui c’est de¤ja' la veille de
Pa“ques, est donc de¤ ja' en train de pre¤ parer, avec son cher Agneau
pascal, un peu de pain pur et sans levain. Car, connaissant de¤ja'
quelque chose de son de¤ sir d’accomplissement, et cherchant par
conse¤ quent a' le satisfaire, il e¤prouve toutes sortes de de¤ ceptions
dans ses efforts pour atteindre son but.
La re¤ ussite n’est pas imme¤ diate. Les de¤ ceptions sont ne¤ cessai-
res pour apprendre ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Il s’ensuit
une clarification, une purification. Mais apre's de nombreuses
tentatives pour pre¤ parer un ßpain pur, soudain, a' un moment
donne¤ , c’est la re¤ ussite. La Lumie're gnostique vous touche,
vous, e¤le' ve, et se me“ le aux forces dialectiques, ce qui de¤clenche
toujours un processus de fermentation. A ce moment, votre
ta“ che consiste a' cre¤ er, a' e¤ tablir une nouvelle base de vie avec la
force de Lumie're gnostique, et cela en dehors du processus de
fermentation. Si l’on perse¤ ve' re dans l’effort, cette recherche,
cette pre¤paration et toutes les situations re¤sultant du de¤sir supe¤ -
rieur recoivent tout a' coup une re¤ ponse ; un vent si impe¤tueux se
le' ve que le candidat en vient a' penser : ßLa montagne dans la-
quelle est niche¤ e ma maisonnette va voler en e¤ clats sous sa vio-
lence ?
Il faut bien comprendre la signification de cette tempe“ te. Il
s’agit ici d’une tempe“ te magne¤tique. Tout homme vit d’une
certaine force astrale, d’un certain champ magne¤ tique. La
tempe“ te en question se de¤clenche a' la re¤ ception d’ influences
nouvelles, par l’entre¤ e en liaison avec un champ magne¤ tique dif-
fe¤ rent, dont les radiations sont comple' tement oppose¤ es a' celles
de la nature ordinaire. Expe¤ rience e¤videmment tre' s remarquable
et toujours extre“ mement inquie¤tante. Les radiations de cet autre
champ magne¤ tique sont assimile¤ es par le coeur. Leurs ondes et
vibrations nous impre' gnent d’une force correspondant a' la
purete¤ de notre sang, au degre¤ de purete¤ de notre aspiration.
L’e¤ve¤nement n’a pas lieu qu’une seule fois, mais bien des fois,
comme en te¤ moigne le re¤ cit de Christian Rose-Croix. La
73
chose n’est pas nouvelle pour lui, c’est pourquoi, d’ailleurs, elle
ne l’ inquie' te plus. Il arrive que certains, subissant la tempe“ te ma-
gne¤ tique pour la premie' re fois, e¤ prouvent une telle angoisse
qu’ ils repoussent, ou font mourir en eux, le pur de¤ sir, puis
me' nent ainsi une vie tre' s malheureuse.
Si les efforts sont continus, un tel attouchement se produit a'
plusieurs reprises, puis cesse. De nombreuses tempe“ tes s’e¤ le' vent
et perdent ensuite de leur force. Mais quand un chercheur de la
vie nouvelle s’accorde sans cesse, d’une manie' re de plus en plus
juste, a' son de¤sir supe¤ rieur, il vient un moment ou' la tempe“ te
s’e¤le' ve, persiste et n’a plus a' se calmer. Les radiations du
nouveau champ magne¤ tique ne le quittent plus. Elles restent
sans cesse autour de lui, en lui, et prennent la direction de sa vie.
A partir de la' , nous avons affaire a' deux champs magne¤tiques.
Le nouvel influx a pour nomVirgo Lucifera, laVierge porteuse de
lumie' re. Car c’est sous son influence, par son attouchement per-
manent, que na|“ t laVie nouvelle dans le nouveau Temple.
Avant d’en arriver la', beaucoup de choses doivent se passer.
Mais les bases sont jete¤ es, les possibilite¤ s existent, c’est pourquoi
l’entre¤e dans le Temple est pre¤ sente¤ e comme une invitation a' la-
quelle on peut se rendre.
Or, dans un sens ou dans un autre, tous les e¤le' ves de l’ Ecole
Spirituelle recoivent l’ invitation. Beaucoup, du fait de leur ap-
prentissage, ont recu une invitation exte¤ rieure, qui n’en est pas
moins une liaison. Beaucoup connaissent la violence des tempe“ -
tes magne¤ tiques, et ils peuvent dire qu’ ils ont recu une invita-
tion inte¤ rieure. Quoi qu’ il en soit, tous ceux qui veulent
prendre part a' la Vie nouvelle doivent se pre¤ parer dans les plus
brefs de¤ lais a' recevoir pareille invitation. Car le moment est
venu ?
74
Dans une aventure aussi impre¤ vue, je ne savais vraiment pas que
faire, malheureux que j ’e¤ tais. Je tombai donc a' genoux, priant
mon Cre¤ ateur de ne rien m’envoyer qui menac a“ t mon salut
e¤ ternel ; ensuite, plein d ’angoisse et de crainte, je me tournai vers
la lettre. Elle e¤ tait si lourde que, d ’or pur, elle n’aurait gue' re pese¤
plus. En l’examinant avec attention, je de¤ couvris qu ’elle e¤ tait
ferme¤ e par un petit sceau, sur lequel e¤ tait finement repre¤ sente¤ e
une croix, avec cette inscription: ßIn hoc signo + vinces*
Cette de¤ couverte me rassura pleinement, je savais bien que le
diable n’appre¤ cierait pas ce cachet et qu ’en outre il ne lui servirait
de rien. J ’ouvris donc la petite lettre avec pre¤ caution et y trouvai
e¤ crits, en caracte' res d ’or sur fond bleu, les vers suivants:
*, cf. p. xvi.
*, cf. p. xviii.
75
Sois vigilant,
examine-toi,
Si tu ne prends un bain de purete¤ ,
les noces te causeront dommage.
Pars: si tu vis dans le pe¤ che¤ ,
tu seras trouve¤ trop le¤ ger.
En dessous figurait:
ßSponsus et Sponsa*
* Le Fiance¤ et la Fiance¤ e.
76
2
La Lettre d ’invitation
77
cette prie're, chaque e¤ le' ve peut la faire, chaque e¤ le' ve ve¤ ritable en
est digne. C ’est dans ces dispositions que Christian Rose-Croix
prend la lettre d’ invitation dans sa main.
L’attouchement laisse des traces et le candidat ne sera plus
jamais le me“ me homme qu’auparavant. On peut dire que celui
qui est appele¤ une fois porte en lui un signe, un sceau, une cica-
trice, une bru“lure, une marque dans le sanctuaire du coeur, no-
tamment au sternum, le miroir du coeur (le mot ßsternum veut
dire : qui rayonne).
Qui est ainsi marque¤ reste toujours re¤ ceptif a' d’autres attou-
chements du nouveau champ magne¤ tique. Il est ouvert a' la
Gnose: le bouton de rose a e¤ clate¤, il s’ouvre. L’e“ tre arrive¤ la' ne
peut plus reculer. Marque¤ par la Fraternite¤ , il portera toujours le
sceau de l’Ordre dans les globules rouges du sang*. C’est pour-
quoi Christian Rose-Croix trouve ce sceau sur la lettre, sceau sur
lequel est grave¤ e une croix avec cette inscription: ßDans ce signe, tu
vaincras. Celui qui est marque¤ du sceau de la Fraternite¤ est tran-
quille et a' juste titre. En effet, c’est le symbole de l’Ordre, symbole
incontestable. Cette marque du sang et du corps per-met a' chacun
de reconna|“ tre les autres et d’en e“ tre reconnu.
Il est compre¤hensible que ce soit par ce symbole et en lui que
l’on triomphe. Car ce n’est pas une simple marque exte¤ rieure,
mais la preuve de l’attouchement et une base de construction.
Qui construit sur cette base n’est jamais trompe¤ , et tout mal et
tout danger s’enfuient a' l’apparition de ce signe, il faut en tenir
compte. C ’est donc un signe de reconnaissance, en me“ me temps
qu’un signe protecteur, une amulette. L’on comprend mainte-
nant l’origine des re¤cits et le¤ gendes sur les amulettes et pierres
magiques.
Le fait que Christian Rose-Croix rec oive une lettre n’a rien de
singulier, l’e¤ criture sainte abonde en images semblables ou' Dieu,
la Gnose, ße¤ crit dans le coeur. C ’est ainsi que Paul dit, dans la
deuxie' me E¤p|“ tre aux Corinthiens : ßVous e“ tes une lettre de
78
Christ et parle ßdes tables de chair du coeur, et Pierre de ßla
personne cache¤ e dans le coeur.
Or quand un homme a e¤ te¤ touche¤, qu’ il a donc rec u la
marque de l’Ordre, il s’agit pour lui de pouvoir lire la lettre et
de comprendre le sens de l’attouchement. Ge¤ ne¤ ralement il se
passe beaucoup de temps avant de de¤couvrir qu’ il a rec u une
lettre. Plus vite il le comprend, plus to“t il re¤ agit, mieux cela
vaut. Il peut ainsi e¤viter bien des dangers.
Christian Rose-Croix pe¤ne'tre aussito“t l’ intention de la lettre
et la traduit comme suit :
Nous rappelons ici que l’ouvrage a pour titre : Les Noces Alchimi-
ques de Christian Rose-Croix. Il y est traite¤ du processus de la trans-
figuration, de la re¤ ge¤ ne¤ration de l’e“ tre entier, d’une monte¤e dans
le champ de vie originel, d’une union avec ce champ de vie par
la transfiguration. Pour que la fe“ te puisse commencer, il faut en
e“ tre digne, il faut e“ tre ne¤ pour elle. Et l’on est ne¤ pour elle,
de¤ signe¤ pour elle, si l’on porte le sceau de l’Ordre grave¤ sur le
sternum. En pareil cas, le chemin est libre, on peut le suivre et
gravir la montagne ou' trois Temples se dressent.
L’Ordre posse' de trois Temples. Un Temple est un chantier de
travail, un lieu de service, ou' est exige¤ un dur labeur. Le premier est
le Temple de la Foi: de la compre¤ hension et de la reddition de soi.
Le deuxie' me est leTemple de l’Espe¤ rance: de la sanctification et de
la re¤ ge¤ ne¤ ration. Le troisie'me est le Temple de l’Amour : de l’ac-
complissement.
79
Dans le premier Temple, le vieil homme se constitue prison-
nier de la Gnose, des forces christiques du salut. Dans le
deuxie' me Temple, le vieil homme diminue par l’endura*,
tandis que cro|“ t en lui l’ Homme nouveau, l’Autre, l’ Immortel.
Dans le troisie'me Temple, l’oeuvre est accomplie, et ce¤ le¤ bre¤e la
fe“ te de la victoire, la fe“ te du retour. Tout e¤le' ve doit traverser ces
trois chantiers de travail, ces trois Temples.
Celui qui a rec u le sceau de l’Ordre peut et doit se mettre a' la
ta“ che, ta“ che immense et merveilleuse ; mais qu’ il prenne garde a'
l’avertissement :
Sois vigilant,
examine-toi.
Si tu ne prends un bain de purete¤ ,
les noces te causeront dommage.
Pars: si tu vis dans le pe¤ che¤ ,
tu seras trouve¤ trop le¤ ger.
Cet avertissement vient a' point nomme¤. Celui qui a rec u le signe
de l’Ordre est pre“ t a' suivre le chemin. En effet, il est ouvert au
champ magne¤ tique nouveau et peut s’y e¤ lever. Mais s’ il veut
servir deux ma|“ tres a' la fois, vivre de deux champs magne¤ tiques
oppose¤ s, son e“ tre entier sera extre“ mement perturbe¤ . Sa vie
devient un enfer, son corps un grand tourment. Celui qui veut
vivre les noces de Christian Rose-Croix mais s’agrippe en
me“ me temps a' son ancienne vie, de¤ couvre que le re¤ sultat est un
attachement encore plus fort a' la terre. Il lui est e¤galement im-
possible de remettre a' plus tard en se disant : ßEncore un peu ceci,
encore un peu cela. Il est possible de supporter la tension des
deux champs magne¤ tiques a' la seule condition de suivre la voie
de Jean-Baptiste, de Jean le Pre¤curseur, le chemin de celui qui
re¤agit directement en disant : ßLui, l’Autre, doit cro|“ tre, et je
dois diminuer.
Il faut donc que le candidat tienne compte du danger logique
80
dont la lettre l’avertit. Aucune personne appele¤ e par l’Ordre ne
subit de contrainte. Chacun peut suivre son propre rythme et
remplir ses devoirs normalement. Mais une orientation et une
perse¤ ve¤rance conse¤ quentes, en direction du But, sont une ne¤ces-
site¤ absolue.
81
A cette lecture, je faillis m’e¤ vanouir. Mes cheveux se dresse' rent
sur ma te“ te et une sueur froide m’inonda de toute part. Car si je
comprenais qu ’il s ’agissait des noces promises, annonce¤ es sept
ans auparavant par une vision, attendues depuis longtemps avec
un grand de¤ sir et pre¤ vues par des calculs et analyses pousse¤ es de
mes positions plane¤ taires, je n’avais pourtant jamais suppose¤
qu ’elles s ’accompagneraient de conditions si se¤ ve' res et si risque¤ es.
Je m’e¤ tais imagine¤ jadis, en effet, qu ’il suffirait d ’y para|“ tre pour
y e“ tre un ho“ te bienvenu et estime¤ ; or, maintenant, on me parlait
d ’un choix divin dont, pour ma part, je n’avais jamais e¤ te¤ certain
d ’e“ tre l’objet. Je de¤ couvrais aussi, plus je m’examinais, qu ’il
n’y avait dans ma te“ te qu ’incompre¤ hension et aveuglement
concernant les choses cache¤ es; que je n’e¤ tais pas non plus
capable de saisir les choses les plus simples que j ’avais pourtant
a' faire chaque jour. Que j ’e¤ tais encore moins destine¤ par la nais-
sance a' percer les secrets de la Nature et a' les pe¤ ne¤ trer; a' mon avis,
elle aurait pu trouver un disciple plus vertueux a' qui confier des
tre¤ sors si pre¤ cieux, fussent-ils soumis au temps et au changement.
Je de¤ couvrais en outre que mon corps, mon comportement exte¤ -
rieur et mon amour fraternel du prochain n’e¤ taient pas encore
vraiment purs et sans taches.
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Il m’apparaissait enfin que l’aiguillon de la chair e¤ tait toujours
pre¤ sent en moi, tourne¤ surtout vers la conside¤ ration et le luxe de
ce monde et non vers le salut de mes semblables. De ce fait, je
supputais sans cesse les moyens d ’accro|“ tre rapidement mon
profit personnel, d ’e¤ difier des constructions grandioses, d ’immor-
taliser mon nom en ce monde, et entretenais bien d ’autres pense¤ es
charnelles du me“ me ordre. Cependant, les paroles obscures relati-
ves aux troisTemples me pre¤ occupaient particulie' rement; je n’ar-
rivais pas a' les expliquer, me“ me apre' s mu“res re¤ flexions. Et peut-
e“ tre n’y serais-je pas encore parvenu sans une miraculeuse re¤ ve¤ la-
tion.
Oscillant donc de la crainte a' l’espoir, ne trouvant en moi qu ’im-
puissance et faiblesse ^ de sorte que je ne trouvais aucune aide en
moi-me“ me et que l’invitation m’effrayait se¤ rieusement ^ je finis
par recourir a' ma voie habituelle la plus su“re: avant de m’adonner
au repos, faire la profonde et ardente prie' re que mon bon ange
m’apparu“t, par de¤ cret divin, pour me guider dans mon incertitude,
comme cela s ’e¤ tait de¤ ja' souvent produit auparavant; ce qui, Dieu
soit loue¤ , arriva sous forme d ’un pre¤ cieux et grave avertissement,
pour mon bien et pour le bien du prochain.
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3
84
Sois vigilant,
examine-toi.
Si tu ne prends un bain de purete¤ ,
les noces te causeront dommage.
Pars: si tu vis dans le pe¤ che¤ ,
tu seras trouve¤ trop le¤ ger.
Finies, les re“ veries ide¤ alistes, il faut avancer. Si vous ne bougez
pas ou si vous faites marche arrie're, des difficulte¤ s surgiront a'
coup su“r, tels des maux physiques, des tensions psychiques. Tant
qu’un e¤le' ve de l’ Ecole Spirituelle s’obstine a' ide¤ aliser le chemin
de la de¤ livrance ou a' en parler, il ne fait qu’endosser un costume
d’ initie¤, tisse¤ par lui-me“ me de toutes ses re“ veries, et se regarder
dans une glace en disant : ßComment cela me va-t-il ! tandis
qu’un autre, qui en fait autant, re¤ pond : ßCela ne te va pas du
tout ? Saisissez-vous a' quel point de tels agissements rele' vent
de la seule the¤ orie !
Qui a recu le sceau est admis dans un processus au cours
duquel le moi ne peut jouer aucun ro“le que celui de la reddition
totale, de l’endura*, du de¤pe¤rissement, qu’ il doit re¤ aliser dans la
Force de la Gnose. Le candidat est place¤ au centre du processus
avec ses qualite¤ s inte¤ rieures du moment et malgre¤ ses manque-
ments et de¤ fauts encore pre¤ sents.
Vous pouvez donc vous repre¤senter la de¤solation de C.R.C.
de' s qu’ il eut recu le sceau. Que posse' de-t-il en effet ! Certes, le
signe de l’Ordre est grave¤ sur son sternum, mais pour le reste il
ne constate en lui que re¤ sistance et aveuglement concernant les
choses cache¤ es, et son incapacite¤ a' comprendre les choses qui
tombent sous le sens, et qu’ il a pourtant a' faire chaque jour ? Il
a l’ impression de n’e“ tre bon a' rien et pense qu’on trouverait
partout des candidats plus aptes que lui.
Son corps, son comportement exte¤rieur, son amour du pro-
chain sont-ils bel et bien purifie¤s ! Ne lui reste-t-il pas quelques
convoitises pour les choses de ce monde !
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Les paroles obscures relatives aux troisTemples, dont la signi-
fication lui e¤ chappe, le frappent surtout ; un temple ou' prier, il
conna|“ t cela, un temple ou' s’adonner aux me¤ ditations mysti-
ques, il conna|“ t cela de la me“me manie' re ; un temple ou' se ras-
sembler, il conna|“ t cela aussi ; un temple ou' venir e¤couter, pareil-
lement. Mais un temple qui soit un lieu de travail, ou' entrer
comme ouvrier ! Et puis cet avertissement pressant ! Comment
s’y retrouver !
Ainsi le nouveau fre' re, ou la nouvelle soeur, oscille entre l’es-
poir et la crainte. Christian Rose-Croix est dans une grande de¤ -
tresse inte¤rieure. Il s’examine a' tout instant mais ne de¤ couvre en
lui que faiblesse et impuissance. Conscient de ne pouvoir rien
faire pour lui-me“ me, il est de¤ concerte¤ par l’avertissement mena-
c ant qu’ il vient de lire. C ’est la raison pour laquelle il recourt au
moyen le plus su“r qu’ il emploie habituellement : avant de
s’adonner au repos, prier instamment et ardemment, afin que
son bon ange, par de¤ cret divin lui apparaisse pour le guider
dans son incertitude ; ce qui arrive, Dieu soit loue¤ , comme
souvent de¤ ja' auparavant.
C.R.C. se soumet a' la seule reddition de soi requise d’un ve¤ -
ritable e¤ le've : non pas la reddition en tant que me¤thode cultu-
relle, mais l’abandon de soi a' la gra“ce comme a' la disgra“ ce, avec
l’espe¤ rance que le chemin vous sera montre¤ inte¤rieurement.
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autour de nous et en nous, un champ de force. De me“me pour
toute la vie gnostique. De ce fait, nous avons donc un bon ange
et un mauvais ange qui, aux moments marquants de la vie, nous
aident ou nous contrecarrent. Faire appel, instamment, ardem-
ment, a' son bon ange, c’est donc crier de toute son a“ me : ßJe ne
sais plus ce que je dois faire, Seigneur, viens-moi en aide ?
Alors arrive la re¤ponse de la Gnose, par l’ interme¤ diaire du
champ de force du Bien qui s’e¤ tend autour de nous. Et l’ inte¤ -
resse¤ recoit une impression du chemin a' suivre, ge¤ ne¤ ralement en
re“ve ou dans une vision.
87
Sito“ t endormi, j ’eus l’impression de me trouver, avec d ’innom-
brables autres hommes, dans la tour obscure d ’une prison, attache¤
a' de lourdes cha|“ nes. Il n’y avait pas le moindre rayon de lumie' re,
et nous grouillions comme un essaim d ’abeilles, aggravant encore
nos maux les uns les autres. Je n’y voyais pas plus que mes
compagnons, cependant je percevais que certains s ’efforc aient de
s ’e¤ lever par-dessus les autres, quand leurs cha|“ nes ou leurs fers
e¤ taient un tant soit peu plus le¤ gers. Cela dit, personne n’avait
beaucoup d ’avantage sur les autres; nous e¤ tions comme une
grappe de raisin, tous pendus les uns aux autres.
Etant reste¤ s longtemps ensemble dans cette mise' re, nous traitant
mutuellement d ’aveugles et de forc ats, nous entend|“ mes enfin la
sonnerie d ’un grand nombre de trompettes, accompagne¤ es de
coups de timbales si alertes que cela nous re¤ jouit et nous re¤ conforta
dans notre malheur. Au son de cette musique, le couvercle de la
tour fut souleve¤ et un peu de lumie' re tomba sur nous. Il aurait
fallu voir alors cette bousculade ? Nous grouillions pe“ le-me“ le, au
point que celui qui s ’e¤ tait un peu e¤ leve¤ au-dessus des autres
tombait sous leurs pieds. Chacun cherchait la position la plus
e¤ leve¤ e, et moi-me“ me, sans he¤ siter, malgre¤ mes lourdes cha|“ nes, je
luttai pour me de¤ gager et me hissai sur une pierre que j ’avais pu
atteindre. Mais la' aussi, attaque¤ a' plusieurs reprises, je me
de¤ fendis de mon mieux, des pieds et des mains. Nous n’avions
qu ’une seule pense¤ e: serions-nous tous libe¤ re¤ s !
88
4
89
extre“me mise' re, c’est chose certaine ; et tous essaient de s’appro-
prier une meilleure place. Ils sont plonge¤ s dans les te¤ne'bres parce
qu’ ils ne voient pas les causes de leur mise' re. Ils perc oivent leur
mise' re, mais n’en savent pas l’origine ; c’est pourquoi ils se que-
rellent et s’accusent les uns les autres violemment.
Vous savez tous combien cette description de la re¤alite¤ est
exacte et comple'te. Dans ce monde, par exemple, on pourrait
aligner a' perte de vue les mouvements, les groupes et les e¤ glises
qui s’adressent les reproches les plus virulents et tentent de s’ap-
proprier la place la plus e¤leve¤ e. Une telle place se de¤finit du point
de vue e¤ conomique, social, politique ou religieux, et s’e¤ value
d’apre' s le nombre d’adhe¤ rents.
Mais la re¤ alite¤, c’est que cette foule grouille dans le trou du
cachot et non pas en dehors ? En d’autres mots : la condition est
la me“ me, et reste la me“me, pour tous, quoi qu’ ils fassent. Cepen-
dant personne ne le voit en raison de l’obscurite¤ ; et la lutte
continue inde¤finiment entre les hommes qui, a' ce moment
pre¤ cis, sont dans l’e¤tat de C.R.C., sans parler des autres.
Soudain la situation change. Tandis que tout le monde se
traite d’aveugle et de forc at, la sonnerie de nombreuses trompet-
tes et des coups de timbales retentissent. Mais la lutte ne change
pas. Tous ces gens pleins d’angoisse continuent d’agir de la
me“ me manie're. La lutte, cependant, provoque l’e¤ puisement et,
malgre¤ le co“te¤ ne¤gatif, une sorte de purification, une sorte d’ane¤ -
mie. Le sang perd quelque chose de son ardeur, et un homme
ane¤ mie¤ gagne de la sensibilite¤ .
La personnalite¤ obtient ainsi quelque re¤ ceptivite¤ a' un autre
champ magne¤ tique. Il ne s’agit donc, ici, ni de me¤ rite ni de
compre¤ hension, mais d’une conse¤ quence de la lutte. Celui qui
obtient quelque perception des radiations gnostiques n’est donc
ni change¤ ni e¤leve¤ , mais juste sensibilise¤ par les circonstances de
la vie dialectique.
90
tentissent, le couvercle de la tour est souleve¤ , ce qui fait tomber
un peu de lumie're a' l’ inte¤ rieur. La sensibilite¤ cro|“ t en me“me
temps que l’e¤ puisement ; elle se transforme en sensibilite¤ a' la
nouvelle Lumie' re, se traduisant par un de¤ sir du sang, une exas-
pe¤ ration du sang ; dans cette Lumie're, on voit mieux que jamais
auparavant l’e¤ tat ou' l’on se trouve.*
Chacun s’efforce de s’e¤lever et, dit C.R.C., moi-me“ me, sans he¤ siter,
malgre¤ mes lourdes cha|“ nes, je luttais pour me de¤ gager et me hissai sur une
pierre que j ’avais pu atteindre. Mais la' aussi, attaque¤ a' plusieurs reprises,
je me de¤ fendis de mon mieux, des pieds et des mains. Nous n’avions
qu ’une seule pense¤ e: serions-nous tous libe¤ re¤ s !
Etre sensible au Tout Autre n’a donc pas pour cause une perfec-
tion quelconque, mais l’e¤ puisement ; non pas un changement de
l’e“tre, mais une sorte d’ane¤mie ; la cause n’est pas non plus une
franc-mac onnerie personnelle, puisque tous ces prisonniers sont
encore solidement encha|“ ne¤ s.
Et voila' que, dans cette situation, la situation d’ innombrables
personnes, se de¤ veloppe sans cesse la possibilite¤ d’e“tre secouru,
donc en dehors de tout me¤ rite personnel. Ne vous leurrez pas
en ce domaine : nul n’est meilleur que l’autre, personne n’est
bon, pas me“ me un. Quelle consolation, pour C.R.C., tour-
mente¤ par sa propre imperfection apre's avoir rec u le sceau de la
Fraternite¤ ? Il n’y a personne qui puisse faire partie de l’Ordre
sur la base de ses propres me¤ rites. ßTous s’en sont e¤ loigne¤ s, dit
l’ Ecriture Sainte. Personne ne doit donc e¤ prouver de sentiment
d’ infe¤riorite¤.
L’action de la Fraternite¤ universelle consiste a' faire descendre
* Dans l’ histoire, c ’est toujours le cas, par exemple apre' s un grand conflit.
Des livres paraissent alors pour de¤ masquer ou conjurer, assortis de re¤ solu-
tions a' appliquer. Les foules, a' bout de forces. en viennent a' bien voir les
conditions de leur vie ; puis, de nouveau, une lutte e¤ clate, d’une toute
autre sorte, une lutte d’apre' s-guerre, mettant les dernie' res forces en jeu.
91
une corde. Et cela a' sept reprises. A chaque pe¤ riode d’e¤ puise-
ment de l’ humanite¤ , la Fraternite¤ salvatrice exe¤ cute ce travail
septuple, qui s’exprime, en outre, par la cre¤ation d’une Ecole
Spirituelle. Et le re¤ sultat d’une telle activite¤ , c’est naturellement
d’’e de¤clencher de nouvelles luttes, qui font rage, des plus mons-
trueuses aux plus ignobles. Mais revenons maintenant a' C.R.C.:
92
Or il en alla tout autrement. En effet, les seigneurs qui nous re-
gardaient d ’en haut, par l’ouverture de la tour, s ’e¤ tant quelque
peu divertis de nos ge¤ missements et fre¤ tillements, un vieillard aux
cheveux blancs nous ordonna de nous tenir tranquilles. De' s que
nous eu“mes obe¤ i, il prononc a les paroles suivantes, pour autant
que je m’en souvienne:
93
En l’honneur de la fe“ te,
ce¤ le¤ bre¤ e aujourd ’hui,
elle multiplie ses gra“ ces:
une bonne oeuvre s ’accomplira.
De' s lors une corde descendra,
et qui s ’y accrochera,
la liberte¤ trouvera.
De' s qu ’il eut prononce¤ ces paroles, laVe¤ ne¤ rable Dame ordonna a'
ses serviteurs de faire descendre sept fois la corde dans la tour et de
remonter ceux qui y resteraient accroche¤ s. Dieu me permette de
de¤ crire en de¤ tail l’agitation qui nous saisit: chacun voulait s ’em-
parer de la corde et, par la' me“ me, empe“ chait les autres d ’en faire
autant. Cependant, sept minutes s ’e¤ tant e¤ coule¤ es, une clochette
donna un signal ; les serviteurs hisse' rent alors quatre personnes
cette premie' re fois. Perche¤ sur une pierre contre la paroi de la
tour, pour mon plus grand malheur, comme je l’ai de¤ ja' dit,
j ’e¤ tais dans l’impossibilite¤ de m’approcher de la corde qui
pendait au milieu, hors de ma porte¤ e.
On redescendit la corde une deuxie' me fois. Mais les cha|“ nes de la
plupart e¤ taient trop lourdes et leurs mains trop faibles pour s ’y
tenir accroche¤ s, de sorte qu ’en tombant ils entra|“ naient beaucoup
de ceux qui auraient peut-e“ tre pu s ’y cramponner. Plus d ’un,
oui, furent de¤ croche¤ s par d ’autres qui n’e¤ taient pas parvenus a' se
hisser, tant nous e¤ tions envieux les uns des autres dans notre
grande mise' re. Mais j ’avais surtout pitie¤ de ceux dont le poids
e¤ tait si grand qu ’ils eurent les mains arrache¤ es et ne purent donc
pas remonter.
94
Ainsi advint-il que, les cinq premie' res fois, un petit nombre seule-
ment fut ramene¤ . En effet, le signal sito“ t donne¤ , les serviteurs
halaient la corde si vite que la plupart retombaient les uns sur les
autres. La cinquie' me fois, d ’ailleurs, la corde remonta a' vide.
Aussi la majorite¤ d ’entre nous, dont j ’e¤ tais, commencions a' de¤ s-
espe¤ rer d ’e“ tre de¤ livre¤ s et implorions Dieu d ’avoir pitie¤ de nous et
de nous libe¤ rer de ces te¤ ne' bres; sur quoi, quelques-uns furent
exauce¤ s. Car, lorsque la corde redescendit pour la sixie' me fois,
plusieurs s ’y agrippe' rent fermement et, lorsqu ’elle se balanc a en
remontant, elle s ’approcha aussi de moi, sans doute par la volonte¤
divine. En ha“ te, je la saisis, de sorte que je me trouvai au-dessus de
tous les autres et qu ’ainsi, contre toute attente, je sortis enfin de la
tour. Mon bonheur e¤ tait si grand que je ne sentis pas la blessure
qu ’une pierre pointue m’avait faite a' la te“ te dans la remonte¤ e,
avant d ’avoir aide¤ a' hisser la corde pour la septie' me et dernie' re
fois (comme cela s ’e¤ tait fait toutes les fois pre¤ ce¤ dentes). L’effort
fit couler le sang sur mes ve“ tements mais, dans ma joie, je ne
m’en aperc us point.
Lorsqu ’on remonta la corde pour la dernie' re fois, le plus grand
nombre y e¤ tait enfin accroche¤ ; alors la Ve¤ ne¤ rable Dame la fit
emporter et enjoignit a' son fils, un homme d ’un grand a“ ge (ce
qui m’e¤ tonna beaucoup) d ’envoyer un message aux autres pri-
sonniers. Apre' s un instant de re¤ flexion, il dit ces mots:
Ces paroles prononce¤ es, le couvercle fut remis sur le puits et ver-
rouille¤ , tandis queretentissaient a' nouveau trompettes et timbales.
Mais le son des instruments n’e¤ tait pas assez puissant pour
couvrir les lamentations des prisonniers de la tour, ce qui me fit
venir les larmes aux yeux. Peu apre' s, laVe¤ ne¤ rable Dame s ’assit
avec son fils sur des sie' ges dispose¤ s a' cet effet et ordonna de compter
les de¤ livre¤ s. Apre' s avoir pris connaissance de leur nombre, elle
l’inscrivit sur une tablette jaune d ’or et demanda le nom de
chacun d ’entre nous, qu ’un page nota e¤ galement. Puis elle
nous regarda les uns apre' s les autres et soupira en disant a' son
fils, de telle sorte que je pusse l’entendre clairement: ßAh ? que
j ’ai pitie¤ des pauvres gens de la tour. Plu“t a' Dieu que j ’eusse
re¤ ussi a' les de¤ livrer tous ? Son fils re¤ pondit alors: ßMe' re, Dieu
en a dispose¤ ainsi et nous ne saurions nous y opposer. Si nous
e¤ tions tous des seigneurs, posse¤ dant tous les biens de la terre, et
e¤ tions assis a' table, qui nous servirait le repas !
96
Apre' s quoi la Me' re se tut; mais elle reprit biento“ t: ßDe¤ livrons
donc ces gens de leurs fers, ce qui fut fait a' l’instant. J ’e¤ tais
presque le dernier de la file et, a' la diffe¤ rence des autres, je ne pus
me retenir de faire une re¤ ve¤ rence a' laVe¤ ne¤ rable Dame, et de remer-
cier Dieu qui, par son interme¤ diaire, avait bien voulu, dans sa
gra“ ce paternelle, me porter des te¤ ne' bres a' la lumie' re. D ’autres sui-
virent mon exemple et s ’incline' rent devant laVe¤ ne¤ rable Dame.
Enfin chacun se vit remettre, comme viatique, une me¤ daille
comme¤ morative en or, ou' e¤ taient grave¤ s, d ’un co“ te¤ , le Soleil
levant et de l’autre ^ pour autant que je m’en souvienne ^ les
trois lettres D. L. S. *Chacun put ensuite prendre conge¤ , retour-
ner a' ses occupations, avec cette mission: servir son prochain pour
la gloire de Dieu et taire ce qui lui avait e¤ te¤ confie¤ . Nous en f|“ mes
la promesse et nous se¤ para“ mes.
A cause des blessures cause¤ es par mes fers, je n’avanc ais qu ’avec
peine et boitais des deux jambes. LaVe¤ ne¤ rable Dame le remarqua
aussito“ t, se mit a' rire, m’appela pre' s d ’elle et me dit: ßMon fils,
ne t ’afflige pas de ton infirmite¤ , mais souviens-toi de tes faiblesses
et remercie Dieu de te permettre d ’avoir part, de¤ ja' en ce monde et
malgre¤ ton imperfection, a' une Lumie' re si e¤ leve¤ e; garde ces bles-
sures pour l’amour de moi.
* cf. p. xxv.
97
A ce moment, la sonnerie de trompette retentit a' nouveau, ce qui
m’effraya au point de me re¤ veiller. Alors seulement je m’aperc us
que tout n’avait e¤ te¤ qu ’un re“ ve, mais il e¤ tait si profonde¤ ment
grave¤ dans ma conscience qu ’il continuait a' me pre¤ occuper et
que j ’avais l’impression de sentir encore les blessures de mes
pieds. Quoi qu ’il en fu“t, je comprenais bien que Dieu me
donnait d ’assistera' la ce¤ le¤ bration de noces secre' tes et myste¤ rieuses;
aussi, avec une confiance enfantine, je remerciai Sa Divine
Majeste¤ , la priant de me garder continuellement dans le respect
que j ’avais pour elle, de combler journellement mon coeur de
sagesse et de compre¤ hension et de le guider, par sa Gra“ ce,
jusqu ’au but souhaite¤ , sans me¤ rite aucun de ma part.
98
5
La corde salvatrice
99
bonne de¤ cantation et une juste e¤volution. Il appara|“ t clairement,
dans le texte, que Christian Rose-Croix ne peut saisir que la
ßsixie'me corde, parce qu’ il se tenait sur une pierre, contre le
mur de la prison; cela signifie qu’ il a pu e“tre e¤ leve¤ , dans la
Force de Christ et par l’ Esprit Saint, en raison de la fermete¤ de
ses efforts conscients en direction du but.
Un petit nombre seulement, un tre' s petit nombre, est sorti les
cinq premie' res fois. Cela est du“ a' la lutte, qui se de¤ montre per-
manente dans les actes de violence engendre¤ s par la jalousie et la
haine, et d’autre part au fait que cinq des sept lignes de force
magne¤ tique ne peuvent e¤ lever que tre' s peu d’ hommes.
La plupart de ceux qui appartiennent a' ces cinq groupes san-
guins sont des e“ tres tellement lie¤ s a' la nature (leurs cha|“ nes sont
trop lourdes, leurs mains trop faibles), qu’ ils sont encore inaptes
a' e“ tre secourus, bien qu’ ils perc oivent quelque chose de la
Lumie' re en raison de l’e¤ tat de leur sang, et y re¤agissent. Cepen-
dant des cordes leur sont jete¤ es a' eux aussi, et ils recoivent tous
leur chance. Car l’e¤galite¤ des chances pour tous est une des re' gles
de l’Ordre.
Christian Rose-Croix est remonte¤ par la sixie' me corde ; nous
remarquons qu’une pierre pointue le blesse alors a' la te“ te, et
qu’ il ne s’en aperc oit qu’au moment ou' il aide a' tirer la septie'me
et dernie're corde avec les autres, l’effort faisant suinter le sang sur
ses ve“ tements.
Quand vous e“ tes touche¤ dans l’atome du c|« ur par la lumie' re
magne¤ tique nouvelle de l’ Ecole Spirituelle et que, comme
Christian Rose-Croix, vous appartenez au sixie' me groupe
sanguin ^ c’est le groupe ou' domine l’amour de l’ humanite¤ et
l’amour du prochain ^ une telle blessure a' la te“te brise de¤ ja' les
lignes de forces magne¤ tiques de la nature dialectique. Elle sym-
bolise la disparition de ce qui obstruait la fene“tre de l’Ame.
Une fois que la corde a e¤ te¤ hisse¤ e pour la dernie' re fois, le
cachot est referme¤ pour un temps. Ici, comprenons que l’ Ecole
Septuple n’oeuvre pas en permanence, mais qu’une fois sa ta“ che
100
accomplie, elle se retire pour e“ tre remplace¤ e, au bon moment,
par un groupe qui appara|“ t exte¤rieurement comme nouveau.
C ’est pourquoi nous parlons de l’ Ecole Spirituelle actuelle.
Entre deux phases actives sur les sept, il y a toujours une pause,
qui se remarque par l’arre“t du travail exte¤ rieur, apre's quoi une
Nouvelle Ecole recommence, jeune et dynamique.
101
Mais le fait que certains ne puissent pas e“tre sauve¤s durant une
certaine pe¤ riode d’activite¤ , en raison de l’e¤ tat de leur sang,
montre par la' -me“ me la ne¤ cessite¤ d’une pe¤ riodicite¤ dans les
efforts de sauvetage entrepris par la Gnose. Il faut que le sang
des hommes soit rendu re¤ceptif a' l’activite¤ de la Lumie're, et
que la force de perse¤ ve¤rer soit suffisante.
C.R.C. poursuit son re“ ve. Tous ceux qui ont e¤ te¤ sortis du puits
sont de¤livre¤ s de leurs cha|“ nes et rec oivent une me¤daille d’or,
dont ils auront l’usage pendant le voyage. D’un co“te¤ est repre¤ -
sente¤ le soleil levant, de l’autre les lettres D. L. S.Tous les rescape¤ s
retournent a' leur travail, avec le devoir de servir leur prochain
pour l’amour de Dieu, et de garder le silence sur ce qu’on leur
a confie¤. Ils en font la promesse.
A ce moment, la sonnerie de trompette se fait entendre de
nouveau, sur quoi Christian Rose-Croix se re¤veille, sort de son
re“ve, et comprend. Il comprend qu’ il ne faut pas s’ inquie¤ ter de
sa faiblesse. Quiconque rec oit le sceau de l’Ordre rec oit en
me“ me temps une chance absolument nouvelle. Le passe¤ est
efface¤ . Cet homme est de¤ livre¤ de ses fers. Christian Rose-
Croix rec oit un viatique sous forme d’une pie' ce de monnaie.
D’un co“te¤ flamboie l’aurore qui point, le nouveau matin. C ’est
sur le soleil levant que le voyageur doit orienter sa boussole. De
l’autre co“te¤ de la pie'ce, se trouvent les trois lettres D. L. S.:Deus,
Lux Solis, ce qui donne a' entendre que le candidat est, dans son
corps physique, lie¤ a' la Gnose, Deus.
Il en re¤ sulte qu’ il a, en lui, la lumie' re, Lux, d’une vie nou-
velle. Il appartient donc a' la Nouvelle Fraternite¤ , Fraternitas
Solaris, la Fraternite¤ du Soleil.
On pourrait dire aussi que ces trois lettres repre¤ sentent le
Pe' re, le Fils et le Saint-Esprit :
Deus: le Pe' re,
Lux: la Lumie' re du Fils,
Solacium: la force de la gra“ ce du Consolateur.
102
Sur cette base, base immense, chacun peut commencer son
voyage et le couronner de succe' s. Nous espe¤ rons ardemment
que, gra“ ce a' ce qui pre¤ ce' de, vous pourrez, vous aussi, lecteur,
saisir la cle¤ de votre propre chemin.
103
La'-dessus, je me pre¤ parai au voyage, me reve“ tis de lin blanc et
ceignis mes reins d ’un ruban rouge sang, que je croisai sur mes
e¤ paules. A mon chapeau, je mis quatre roses rouges, pour me
faire reconna|“ tre plus facilement dans la foule. Comme provisions,
je pris, sur les conseils d ’un sage, du pain, du sel et de l’eau, dont
je me servis a' des moments de¤ termine¤ s, non sans profit. Avant de
quitter ma hutte, je tombai a' genoux ainsi e¤ quipe¤ de mes habits de
noces, priant Dieu de me guider, quoi qu ’il du“t m’arriver, vers
une bonne fin. Et je promis a' la face de Dieu que, si quelque chose
m’e¤ tait re¤ ve¤ le¤ par sa Gra“ ce, je ne l’emploierais point pour obtenir
honneur et prestige en ce monde, mais pour la gloire de son Nom et
au service de mon prochain. Apre' s ce voeu, je quittai ma cellule
dans l’espoir et la joie.e
104
6
Apre' s toutes les expe¤ riences du premier jour, et surtout a' cause
de son re“ve, C.R.C. sait qu’ il lui est accorde¤ de se rendre a' la
ce¤ re¤monie myste¤ rieuse et secre' te des noces. L’appel a' venir aux
noces n’est pas un fait exte¤ rieur, mais une expe¤ rience inte¤rieure
tre' s profonde, a' la suite de laquelle une compre¤hension mu“rit,
de¤ peinte dans le re¤ cit sous forme d’un re“ ve.
Nous connaissons tous l’extre“me importance de la compre¤ -
hension. Comprendre un processus par lequel on doit passer est
de¤ ja' une expe¤rience en soi. Mais il faut apprendre a' bien faire la
distinction entre la compre¤ hension intellectuelle et la pe¤ne¤tra-
tion inte¤ rieure dont il est question ici.
Comprendre intellectuellement est une activite¤ dialectique
du cerveau c’est se charger la me¤ moire d’une certaine manie're.
C ’est un phe¤nome'ne de la conscience, inhe¤ rent a' l’ homme ne¤
de la nature, un processus base¤ , entre autres, sur les proprie¤te¤ s du
sang ; et le sang constitue un des e¤le¤ments animateurs de notre
vie.
On peut se charger intellectuellement la me¤ moire de choses
les plus insense¤ es, voire d’absurdite¤ s les plus e¤ normes ; de choses
qu’on assimile une fois seulement et qui doivent e“ tre rejete¤ es
plus tard. Le savoir intellectuel n’est donc jamais la sagesse. Par
conse¤ quent, un homme tre' s intellectuel n’est pas un sage. Son
existence est dirige¤ e par son savoir intellectuel, dont les acquisi-
tions s’accumulent dans sa me¤ moire. La conscience du moi
re¤ussit a' faire coope¤rer la te“ te et le syste' me foie-rate*. L’a“ me-
105
sang joue alors le ro“le d’ interme¤ diaire et le coeur n’est qu’un
appareil a' pomper le sang.
L’ Homme ve¤ritable, c’est l’ homme dirige¤e par l’Ame ve¤ ri-
table. Or l’Ame ne peut accomplir son oeuvre qu’au moyen
d’expe¤ riences, et ce n’est que par les expe¤ riences que la compre¤ -
hension mu“rit. La compre¤ hension est donc une acquisition inte¤ -
rieure. Seule cette acquisition inte¤rieure peut activer le cerveau
correctement, de la manie' re pre¤ vue originellement, et charger la
me¤ moire, ainsi qu’un autre centre de¤ nomme¤ centre de la
sagesse, de fac on libe¤ratrice.
Il est tre' s difficile pour l’ homme actuel, qui n’est qu’une ap-
parence d’ homme, d’ imaginer pour lui un tel e¤ tat. Toute la vie
dialectique est re¤ gie par des foces qui agissent en sorte que l’a“ me
ne profite jamais des expe¤riences ve¤cues, que les expe¤riences
soient toujours interpre¤ te¤es de fac on inexacte, et servent exclusi-
vement a' la conservation de la vie personnelle, centre¤ e sur le
moi. La vie dialectique s’oppose donc a' la loi naturelle, et
contraint l’e“ tre a' servir le moi par une volonte¤ et une activite¤
mentales de¤ raisonnables. Les conse¤ quences sont : mise' re, peine,
amerture, emprisonnement durable de l’Ame ve¤ ritable. Car
l’a“me-sang de l’ homme dialectique ne joue plus qu’un ro“le pu-
rement organique, elle n’est plus qu’un simple e¤le¤ ment du corps
physique. Et le corps abritant la personnalite¤ plie sous les coups
de fouet de la conscience ce¤ re¤ brale : le moi. La conscience de
l’Ame n’existe plus. L’Ame ve¤ ritable est un tre¤ sor perdu, un
organe qui n’a jais e¤ te¤ utilise¤ pour sa ve¤ritable destination, et n’a
jamais eu la chance de s’e¤panouir.
On voit maintenant clairement que, pour qu’ il y ait noces
alchimiques, immortalite¤ re¤ elle de l’ homme et re¤ surrection
d’une humanite¤ nouvelle, il faut avant tout e“ tre dote¤ d’une
a“ me re¤ ellement vivante. L’a“ me endommage¤ e, en le¤ thargie
depuis si longtemps, doit reprendre vie. Les yeux de l’a“me, qui
sont morts, doivent a' nouveau s’ouvrir. Une ve¤ritable cons-
cience de l’a“ me doit na|“ tre et exercer un pouvoir absolu sur la
106
conscience du cerveau. Alors seulement la transfiguration
devient possible.
L’ humanite¤ entie' re est, depuis tant de sie'cles, si de¤ grade¤e par
une conscience prive¤ e de raison et de morale que la personnalite¤
totale, comple' tement de¤ ge¤ ne¤ re¤e, est devenue inhumaine jus-
qu’en sa racine, jusqu’en sa semence. C ’est pourquoi, il faut
d’abord que la conscience de l’Ame ve¤ ritable s’e¤veille, puis
naisse. Alors seulement l’entite¤ pourra commencer a' gue¤rir du
grand mal cause¤ a' la personnalite¤ .
Cette gue¤ rison est appele¤e noces alchimiques et commence a'
Bethle¤ em, a' la naissance de l’Ame ve¤ ritable. La naissance de
l’Ame a essentiellement lieu au cours du premier jour des noces
alchimiques, il est donc ne¤cessaire que le candidat ait acquis
d’abord quelque compre¤ hension, sans le secours d’aucun guide
intellectuel. Cette pe¤ ne¤ tration inte¤rieure s’acquiert gra“ ce a' un
nouvel e¤ tat sanguin, par l’ irruption des forces de rayonnement
gnostiques dans le sang, par les courants de l’Ame ve¤ ritable. La
re¤ceptivite¤ a' ces phe¤ nome' nes provient de l’aspiration a' la Gnose,
et ce qui engendre cette aspiration, ce sont les expe¤ riences ame'res
^ expe¤ riences actuelles ou bien he¤ ritage de l’e“ tre aural donc he¤ -
ritage non parental, ou les deux a' la fois.
C ’est par une telle aspiration, qui vient des profondeurs du
sang, que l’ homme rec oit les influences de la Gnose. Le coeur
n’est plus alors une simple pompe. Car les influences gnostiques,
une fois admises dans le sang, agissent sur la conscience ce¤ re¤ -
brale ; celui qui s’y soumet peut alors se laisser guider par ces
influx nouveaux, qui travaillent son sang, et c’est le premier
signe, en lui, d’une naissance possible de l’Ame, le premier
sympto“me d’une nouvelle conscience de l’Ame. (L’ hypophyse
agit par la te“ te au niveau de la conscience ce¤ re¤ brale, par la Rose
du coeur au niveau de la conscience de l’a“ me.)
Donc l’appel aux noces alchimiques proce' de d’une aspira-
tion, et d’un processus qui e¤veille la compre¤ hension profonde.
C.R.C. le de¤crit sous forme d’un re“ve. Dans ce processus,
107
l’e¤le' ve voit et vit cet appel en perspective, et en saisit la significa-
tion avec le coeur et la te“te. Sa compre¤ hension s’approfondit
encore. Une telle acquisition doit e“tre assez solide pour engen-
drer un acte libe¤ rateur.
Et c’est alors la fin du Premier Jour des Noces Alchimiques.
L’e¤le' ve e¤ prouve, comprend inte¤rieurement que la Gnose le
dispose a' prendre part aux noces secre' tes. C ’est pourquoi il est
plein de confiance et de reconnaissance, de¤ termine¤ qu’ il est a'
parcourir le chemin.
Nous voyons maintenant, a' la lumie' re de l’e¤ tat de¤crit ci-
dessus, que le re¤ cit de C.R.C. est le te¤ moignage d’un e¤ le' ve de
cette qualite¤ . Quoi qu’ il en fu“t, je comprenais bien que Dieu
me donnait d’assister a' la ce¤ le¤ bration de noces secre' tes et myste¤ -
reuses ; aussi, avec une confiance enfantine, je remerciai Sa divine
Majeste¤ , la priant de me garder continuellement dans le respect
que j’avais pour elle, de combler journellement mon coeur de
sagesse et de compre¤ hension et de le guider, par sa Gra“ce, jus-
qu’au but souhaite¤ , sans me¤ rite aucun de ma part.
La' dessus, je me pre¤ parai au voyage, me reve“ tis de lin blanc et
ceignis mes reins d’un ruban rouge sang que je croisai sur mes
e¤ paules. A mon chapeau, je mis quatre roses rouges pour me faire
reconna|“ tre plus facilement dans la foule. Comme provisions, je
pris, sur les conseils d’un sage, du pain, du sel et de l’eau dont je
me servis a' des moments de¤termine¤ s, non sans profit. Avant de
quitter ma hutte, je tombai a' genoux ainsi e¤quipe¤ de mes habits
de noces, priant Dieu de me guider, quoi qu’ il du“t m’arriver,
vers une bonne fin.
Le ve“ tement de lin blanc que met C.R.C. montre qu’ il s’est
purifie¤ et pre¤ pare¤ pour les processus a' venir. La preuve en est le
ruban rouge sang passe¤ deux fois sur le sanctuaire du coeur, puis
sur les deux e¤ paules et sur le syste' me du foie et de la rate. L’a“me-
sang est donc ouverte a' la gnose.
Les quatre roses repre¤ sentent le Carre¤ de construction sur la
108
Pierre d’angle, Je¤sus-Christ, c’est-a' -dire : de¤ vouement ine¤ bran-
lable, intelligence active, harmonie cre¤ atrice, abne¤gation et
comportement sacerdotal, base¤ s sur la force de l’Ame et e¤ claire¤ s
par elle. L’ homme qui peut mettre ces quatre roses a' son
chapeau ^ c’est sa vie qui le de¤montre ^ sera toujours reconnu
dans la foule. Les Myste'res gnostiques feront ne¤cessairement
avancer le processus pour un tel homme. Il progressera de force
en force.
C ’est dans l’e¤tat d’e“ tre de la premie're pre¤paration que prend
fin le premier jour. C.R.C. promet, a' la face de Dieu, de ne pas
de¤ tourner a' son profit ce qui lui sera re¤ ve¤ le¤, mais d’en faire usage
pour la gloire de Dieu et le service de son prochain. Car telle est
la caracte¤ristique de cet e¤tat nouveau, du nouvel e¤ tat du sang, de
la possession de la Rose.
C.R.C. commence donc ainsi le Deuxie'me Jour, avec du
pain, du sel et de l’eau, triple viatique qui l’a soutenu jusqu’a' ce
point. Nous reviendrons sur la signification de ce viatique.
109
Le deuxie' me jour
110
De' s que je sortis de ma cellule et arrivai dans la fore“ t, il me sembla
quele ciel entier et tous les e¤ le¤ ments s ’e¤ taient pare¤ s pour ces noces. A
mon sens les oiseaux chantaient plus joliment que jamais et les faons
sautaient si gaiement alentour que mon vieux coeur bondit de joie et
qu ’entra|“ ne¤ par leur exemple: je me mis a' chanter a' pleine voix:
112
Le deuxie' me est plus long, a' cause de ses longs de¤ tours, mais il est
certain qu ’il ne va pas dans la mauvaise direction. Il est plat et
facile, a' condition de ne de¤ vier ni a' droite ni a' gauche, et cela a'
l’aide d ’une boussole.
Le troisie' me est la vraieVoie royale, car il re¤ conforte le coeur par
toutes sortes de joies et de spectacles princiers. Cependant,
jusqu ’a' ce jour, un homme seulement sur des milliers est
parvenu a' le suivre.
Par le quatrie' me chemin, il n’a e¤ te¤ permis a' nul mortel d ’atteindre
le but, car sa puissance consume, et seuls des corps incorruptibles
peuvent le supporter.
Choisis donc lequel des trois tu veux suivre et n’en de¤ vie plus.
Sache bien, cependant, que le chemin sur lequel tu poseras le
pied t ’est attribue¤ par le destin ine¤ luctable et aussi qu ’il est
interdit, au pe¤ ril de ta vie, de revenir en arrie' re sur un seul de tes
pas.
Voila' ce que nous voulions te faire savoir. Si tu prends a' la le¤ ge' re
ce se¤ rieux avertissement, tu parcourras le chemin au milieu des
plus grands dangers, avec force plaintes et lamentations. Si tu te
sais coupable de la moindre infraction aux lois du Roi, fais demi-
tour pour autant que cela soit possible et retourne en ha“ te chez toi,
en reprenant le chemin par lequel tu es venu ?
113
7
114
de pouvoir se dire, parce qu’on le sait de fac on absolue : ßLes dif-
ficulte¤ s existent, c’est inde¤ niable, mais elles n’auront pas raison
de moi. Je posse' de la force inte¤ rieure de passer outre. Nul
besoin de se faire du souci, d’e“ tre inquiet, d’avoir peur. Il faut
seulement la certitude et le calme inte¤ rieurs, et comprendre
comment diriger le bateau au milieu des e¤ cueils.
Mais le fait d’e“ tre libe¤ re¤ de ses cha|“ nes cache encore une diffi-
culte¤, et c’est la' que le Deuxie'me Jour donne des pre¤ cisions. Il y
a des e“tres qui, par nature, sont tre's su“rs d’eux, se sentent tre' s
forts, et qui pourraient penser : ßJe fais tout, je peux tout, je sais
tout. Rien ne peut m’arre“ ter. A l’ heure actuelle, certaines me¤ -
thodes e¤ ducatives dialectiques tendent a' donner de l’assurance a'
l’enfant de' s son jeune a“ge. Il ne s’agit la' , cependant, que d’une
culture dialectique fonde¤e sur l’ ignorance et la violence.
On pourrait, en effet, confondre cet e¤ tat d’e“ tre avec celui
d’une personne libe¤ re¤e de ses cha|“ nes et assez mu“re inte¤ rieure-
ment pour supporter toutes les difficulte¤s au sens de la Gnose.
C ’est pourquoi celui qui se dispose a' suivre le chemin doit
savoir sur quoi se fond cette libe¤ ration des cha|“ nes terrestres. Il
doit l’apprendre par l’expe¤ rience, le comprendre en profondeur
jusque dans le sang. C ’est la seule manie' re de savoir si l’on a ef-
fectivement ve¤ cu le Premier Jour.
A ce’’tte fin, C.R.C. se met en route avec grand enthou-
siasme, grande joie et marche en chantant. Il traverse d’abord
une fore“ t, puis arrive dans une belle prairie verdoyante, ou' se
dressent trois ce' dres magnifiques. Sur l’un d’eux, il de¤ couvre
un panneau donnant des indications sur les quatre chemins qui
me' nent a' la salle des noces.
Ainsi se pre¤ sente la premie' re difficulte¤ : lequel de ces chemins
doit-il choisir ! Pour chacun, il y a du pour et du contre. Nous
voyons C.R.C. dans l’ inde¤cision, ne sachant plus que faire. La
certitude, transmise par son re“ ve, d’e“ tre de¤ livre¤ , libe¤ re¤ de sa
prison, le tranquillise, mais il para|“ t manquer encore a' ce
115
moment d’une juste vision inte¤ rieure du chemin.
Observons maintenant la situation et analysons-la'. Nous
voyons clairement que l’a“me doit vivre d’un savoir expe¤ rimen-
tal et d’une conscience nouvelle. Le savoir du“ a' l’expe¤ rience
permet de tirer des conclusions et de comprendre avec certitude
les choses qui vont venir. En conse¤ quence, on peut y trouver des
directives sur le chemin a' suivre.
C ’est ainsi que C.R.C. se met en route, sachant par expe¤ -
rience qu’ il pourra faire le voyage. Mais il n’a pas encore fait
l’expe¤ rience du chemin lui-me“ me ? Il ne fait que suivre un
ligne directrice.
Quand un homme arrive a' de¤ gager une ligne directrice a'
partir de son expe¤rience, il a toujours l’espoir de re¤ ussir. C ’est
ainsi que, dans ces dispositions, C.R.C. sort de la fore“ t et arrive
dans une verte prairie. La couleur verte symbolise ici l’espe¤ -
rance. Plein d’entrain, C.R.C. se ha“te donc vers les trois ce' dres,
pour se reposer un peu sous leur ombre.
Que symbolisent ces trois ce' dres ! Nous savons que leTemple
de Salomon e¤ tait fait en bois de ce' dre. Le bois de ce'dre joue un
grand ro“le dans la Bible. C ’est l’expression qui de¤signe le mate¤ -
riau le plus beau, le plus noble et le plus solide qu’on puisse em-
ployer pour une construction. Les trois ce'dres, sur la verte prairie
de l’espe¤ rance, forment un sanctuaire, un sanctuaire inte¤ rieur.
On peut les comparer au Triangle du tapis magique de l’accom-
plissement universel ; ils repre¤sentent les trois premiers aspects
de la Gnose, qui se manifeste :
1. dans le sang,
2. dans la Lumie're qui nous touche,
3. dans la compre¤ hension inte¤rieure libe¤ ratrice.
Guide¤ par l’espe¤ rance, C.R.C. me¤ dite sur le Triangle qui se
re¤ve' le en lui. Dans ce sanctuaire inte¤ rieur, la Gnose peut e¤ tablir
sa demeure. Elle peut utiliser ce sanctuaire. Et tout en me¤ ditant,
C.R.C. de¤ couvre, au de¤but du voyage, ce qu’on appelle la tabula
116
mercurialis, le tableau qui lui donne des indications, c’est-a' -dire la
compre¤ hension nouvelle qui parle dans son for inte¤ rieur. La
voix de l’Ame l’avertit par ces mots :
ßDieu te prote'ge, Invite¤ ? Tu as entendu parler du chemin, tu
es invite¤ par le Roi. Porte ton attention sur les quatre chemins.
Le premier est court mais pe¤ rilleux. Le deuxie'me est long,
plat et facile, a' condition de se diriger avec une boussole et de
ne de¤vier ni a' droite ni a' gauche. Mais il fait de longs de¤ tours ?
Le troisie'me est la vraie Voie royale, mais jusqu’a' ce jour un
homme seulement sur des milliers est parvenu a' le parcourir.
Le quatrie'me est inaccessible aux mortels, seuls des corps incor-
ruptibles peuvent le supporter.
Quels sont donc ces chemins, tous les quatre si difficiles et si
dangereux ! Remarquez ici que vous ne pouvez suivre que le
chemin qui vous est destine¤ , le chemin pour lequel vous e“ tes
mu“r et qui correspond a' votre e¤tat.
Mais comment savoir lequel est le vo“tre ! Comment C.R.C.
raisonne-t-il pour sortir de son incertitude et comment, a' ce
moment-la' , parvient-il a' la nouvelle conscience, forme¤e par
l’expe¤ rience !
117
Je n’avais pas plus to“ t lu cet e¤ criteau que toute ma joie disparut, et
moi qui chantais si gaiement un moment auparavant je commen-
c ai a' pleurer ame' rement. Je voyais bien trois chemins devant moi
et je comprenais qu ’il me serait donne¤ , le moment venu, d ’en
choisir un, mais je craignais de prendre celui qui e¤ tait encombre¤
de roches et de pierres et d ’y trouver une mort lamentable; ou si
c ’e¤ tait la longue route qui m’e¤ tait de¤ volue, de m’e¤ garer, ou encore
d ’avoir un accident au cours de ce lointain voyage; je ne pouvais
pas non plus espe¤ rer e“ tre justement celui qui, parmi des milliers,
choisirait laVoie royale. Je voyais aussi devant moi le quatrie' me
chemin, mais il e¤ tait tellement environne¤ de flammes et de vapeurs
que je ne m’aventurai pas de son co“ te¤ .
Je me demandai longtemps si j ’allais m’en retourner ou choisir
l’une des quatre voies. Bien conscient de mon indignite¤ , je me
consolais sans cesse en pensant au re“ ve ou' j ’e¤ tais de¤ livre¤ de la
tour, sans trop m’y fier pourtant. J ’he¤ sitai si longtemps entre
toutes ces possibilite¤ s qu ’un profond e¤ puisement, ainsi que la
faim et la soif surprirent mon corps. Je sortis donc mon pain et le
coupai en morceaux. Ce que vit une colombe blanche comme
neige, perche¤ e sur un arbre, que je n’avais pas encore remarque¤ e
et qui descendit comme elle le faisait peut-e“ tre souvent; elle se posa
en toute confiance a' co“ te¤ de moi, je partageai donc mon pain avec
elle. La colombe le prit et sa beaute¤ me re¤ conforta de nouveau un
peu. Mais un corbeau noir, son ennemi, l’aperc ut, fondit aussito“ t
sur elle, et comme ce n’e¤ tait pas mon morceau de pain qu ’il
voulait mais le sien, elle ne put que prendre la fuite.
118
Ils s ’envole' rent tous deux en direction du midi, ce qui m’attrista
et me fa“ cha a' tel point que, sans re¤ fle¤ chir, je pourchassai l’insolent
corbeau et qu ’ainsi je m’engageai contre ma volonte¤ dans la voie
pre¤ destine¤ e, sur la longueur d ’un champ d ’une acre environ,
chassai le corbeau et de¤ livrai la colombe.
Alors je me rendis compte que j ’avais agi sans re¤ fle¤ chir et que
j ’e¤ tais de¤ ja' engage¤ sur un chemin qu ’il m’e¤ tait interdit de
quitter sous peine d ’un lourd cha“ timent. Je me serais console¤ si,
a' mon grand regret, je n’avais pas laisse¤ , au pied de l’arbre, mon
baluchon avec mon pain, que je ne pouvais plus aller chercher.
Car a' peine me retournai-je que souffla dans ma direction un
vent si violent qu ’il manqua de me renverser. Cependant, si je
continuais ma route, je ne le sentais pas du tout.
J ’en conclus aise¤ ment que me retourner contre le vent me cou“terait
la vie. Je pris donc patiemment ma croix sur mes e¤ paules, me mis
en route et de¤ cidai, puisqu ’il devait en e“ tre ainsi, de tout mettre en
oeuvre pour arriver avant la nuit.
119
8
Par chemin e¤sote¤ rique, nous ne de¤ signons pas ce qu’on entend
par la' a' notre e¤poque : la culture du moi et le de¤veloppement de
certaines qualite¤ s par des exercices et des efforts contraignants,
comme la pratique du yoga et tout ce qu’on inclut sous ce
nom. Certainement pas non plus un entra|“ nement exclusive-
ment scientifico-intellectuel, ou' le coeur, l’aspect mystique, ne
joue pas le moindre ro“le. Non, nous de¤signons ainsi la possibi-
lite¤ , fonde¤ e sur une qualite¤ inte¤rieure ve¤ ritable pre¤ sente de's la
naissance, donc provenant du passe¤ du microcosme, de parvenir
120
au cours d’une seule vie (c’est-a'-dire en un nombre d’anne¤ es
relativement restreint) a' une totale reddition de soi et a' une
transfiguration prodigieuse, en mobilisant et en utilisant toutes
les qualite¤ s inte¤ rieures ; la possibilite¤ , par conse¤ quent, d’entrer de
haute lutte dans le Royaume.
L’ Ecriture Sainte dit de tels hommes qu’ ils font violence au
Royaume des Cieux. Ils sont repre¤sente¤ s avec justesse comme
des empereurs et des rois dans Les Noces Alchimiques. Sur ce
chemin, il y a de si grands dangers : e¤gocentrisme, imperfection,
e¤ garement, et de¤ gradation si totale qu’elle atteint les atomes
me“ mes du corps, que de¤ cide¤ ment, on doit le de¤ conseiller
me“ me s’ il e¤ tait praticable.
Nous appelons le deuxie'me chemin, le chemin de l’e¤ volu-
tion. C ’est la voie de de¤veloppement de ceux qui re¤agissent a'
l’appel inte¤ rieur au re¤ veil par une intense aspiration et s’efforcent
de purifier et d’e¤ lever leur vie ; mais c’est la personnalite¤ qui est
vue comme l’animal a' cultiver et a' e¤ lever. De tels hommes s’em-
parent avidement de tout ce qui respire la beaute¤ , la purete¤ et le
raffinement inte¤ rieur comme nourriture vitale, en sorte qu’a' la
longue, par l’e¤ panouissement et la croissance de la vie inte¤ rieure,
l’amour du prochain et l’engagement since' re au service des
hommes apparaissent.
Il va de soi qu’une telle sublimation du comportement de¤ ve-
loppe e¤ galement des qualite¤ s d’a“ me, mais comme la compre¤hen-
sion libe¤ratrice fait de¤faut, le chemin de la de¤ livrance n’est pas
de¤ couvert, et l’on s’avance sur une base errone¤ e : celle de la
culture de la personnalite¤ . De nombreuses vies pleines d’expe¤ -
riences sont ne¤ cessaires sur ce chemin plat et facile, le long
duquel, toutefois, par manque du juste entendement, nous
pouvons faire mille de¤tours, tourner en rond par mille de¤via-
tions et nous e¤ garer sur mille voies sans issue, pour que la cons-
cience finisse par reconna|“ tre qu’ il y a des limites infranchissa-
bles, et que l’a“ me, e¤ puise¤ e d’errer et de recommencer sans arre“t,
se souvienne a' nouveau de l’ Esprit et se dirige vers lui.
121
L’ Ecole Spirituelle conna|“ t aussi des personnes qui, malgre¤
des qualite¤ s inte¤ rieures excellentes, leur amour et leur de¤ voue-
ment, frappent par leur passivite¤ en ce qui concerne le chemin,
leur manque total ou presque d’action sur elles-me“ mes. Leur
comportement en tant qu’e¤ le' ves est d’ailleurs irre¤ prochable,
mais encore de¤ nue¤ de ce qui est justement ne¤cessaire a' la grande
re¤alisation : le juste entendement, poussant a' l’action sur soi au
sens de la Gnose, le ve¤ritable esprit de franc- mac onnerie person-
nelle, l’acte magique qui libe' re. C ’est pourquoi de tels e¤le' ves
devront mu“rir par l’expe¤rience au cours de leur apprentissage,
jusqu’au moment ou' ils de¤ couvriront la nature ve¤ritable et les
exigences du chemin de libe¤ ration que suit Christian Rose-
Croix.
Le quatrie' me chemin est exclu pour nous. Il ne peut e“tre suivi
que par des entite¤s montrant, apre' s leur mort, tant de qualite¤ s
propres a' l’Ame nouvelle, et une telle orientation inte¤rieure
qu’elles peuvent se maintenir dans le microcosme avec une
partie de leur personnalite¤ et se risquer a' confier leur corps
astral au feu astral nouveau.
Reste le troisie' me chemin, la vraie Voie royale, le chemin de
la magie gnostique, le chemin ou' le bouton de Rose s’e¤veille de
son sommeil de mort, le chemin qui nous est pre¤sente¤ a' tous, le
chemin des vraies joies royales.
Toutefois, jusqu’a' ce jour, a' peine quelques-uns sont parve-
nus a' le suivre jusqu’a' la libe¤ ration finale ; cela parce que le moi
joue continuellement de mauvais tours a' l’ homme, qui pre¤ fe' re
l’ illusion temporelle au salut e¤ ternel.
On veut bien s’astreindre a' gravir l’e¤ chelle sociale pour at-
teindre une position dans la socie¤ te¤ . On s’ impose a' cette fin les
plus grands sacrifices. On prend volontiers de grands risques.
Cela va ainsi quelques anne¤ es, jusqu’au jour ou' une crise car-
diaque ou un autre mal nous rattrapent, car les maux courent
plus vite que nous ?
Le refus ou l’acceptation du chemin de la de¤ livrance n’est pas
122
une question de foi ou de manque de foi, comme on l’a pre¤ -
tendu un jour. Ne vous bercez pas d’ illusions ? Ce qui est ne¤ces-
saire, c’est l’aspiration profonde a' devenir un homme ve¤ ritable ;
sinon on ne veut pas sortir de l’e¤tat animal ordinaire. Ce n’est
pas pour rien qu’ il est dit, dans le Sermon sur la Montagne :
ßLa' ou' est ton tre¤ sor, la' aussi sera ton coeur.
L’ Ecole Spirituelle actuelle correspond tout a' fait au troi-
sie' me chemin, a' la Voie royale, car le deuxie'me et le quatrie'me
sont exclus, tandis que le premier n’est valable que pour quel-
ques-uns. Et puisque vous e“ tes e¤le've de cette Ecole, veillez
donc, comme Christian Rose-Croix, a' prendre la route qui
me' ne au Temple de l’ Initiation, a' la salle des noces.
123
La voix de la Gnose, la Lumie' re en nous, ne contraint jamais.
Elle se soustrait toujours a' la lutte. Elle se contente de vibrer
dans la se¤ re¤nite¤. La voix de la nature, en revanche, essaie conti-
nuellement d’e¤ clipser l’ influence de l’autre et de nous diriger.
Cela cre¤e toujours une tension inte¤ rieure, surtout au moment
de prendre une de¤ cision. Dans une telle situation, si l’e¤ le' ve se
tourne inte¤ rieurement vers la voix de l’Ame, avec spontane¤ ite¤,
donc quand il chasse loin de lui le corbeau noir et veut affermir
ses qualite¤s inte¤ rieures pour qu’elles puissent s’exprimer, il s’en-
gage toujours dans le bon chemin, le chemin totalement
conforme a' son destin.
Il n’y a aucune exception a' la re' gle, me“ me si on a parfois
l’ impression du contraire. C ’est un axiome du chemin de Vie :
quiconque suit la voix de l’Ame est toujours et invariablement
victorieux et be¤ ni, parce que le de¤ veloppement de l’Ame n’est
jamais centre¤ sur le moi et fait partie d’un processus menant
vers le but prescrit par Dieu. La voix du moi ordinaire est une
fiction ; ce n’est qu’en apparence qu’elle vous pre¤ sente un objec-
tif, pour vous en de¤ tourner aussito“t. Le moi est extre“ mement
fantasque et toujours solitaire ; et, a' la fin, il ne vous laisse rien
que des ruines.
La conscience ce¤re¤ brale dialectique est une conscience de soi
isole¤ e ; elle conduit l’ homme a' l’ individualisme, a' une
immense solitude et, pour finir, c’est comme si elle l’abandon-
nait dans un mare¤ cage.
La conscience de l’Ame, en revanche, prend sa source dans
une grande communaute¤, appele¤ e Communaute¤ divine.
L’Ame de¤ lie¤ e de ses cha|“ nes a la possibilite¤ de se lier a' la
Communaute¤ des Hommes-Ames tout entie' re, ainsi que d’en
recevoir la force. Pour autant que votre a“me soit quelque peu
e¤ veille¤ e, vous e“tes attire¤ vers cette grande Communaute¤ divine,
qui comporte trois aspects.
Premie' rement, on parle d’une Communaute¤ du Pe're, la
Rose-Croix. C ’est le premier Myste' re gnostique, lequel oeuvre
124
avec la Rose du coeur, l’e¤ tincelle latente de l’ Esprit, qui e¤ veille
le vrai mental.
Par cette activite¤ , vous e“ tes appele¤ et relie¤ a' la Communaute¤
de Je¤ sus-Christ, la Communaute¤ des Purs ; c’est le deuxie'me
Myste' re gnostique, lequel oeuvre avec le nouveau manteau
astral et suscite l’orientation vraie.
Par cette activite¤ se de¤veloppe alors la Communaute¤ de l’ Es-
prit-Saint, la Communaute¤ du Saint Graal, troisie' me Myste' re
gnostique, lequel oeuvre avec le nouveau corps e¤ the¤rique, le
mettant en e¤ tat d’agir de manie're libe¤ ratrice et salvatrice.
Celui qui reste, inte¤rieurement, constamment fide' le a' cette
triple Communaute¤ , sera toujours vainqueur. C ’est pourquoi
l’ Ecriture Sainte la de¤ signe sous le nom de Communaute¤ de la
Consolation ? Voila' le moyen de suivre toujours le bon chemin ;
et nous voyons comment Christian Rose-Croix emploie inte¤ -
rieurement ce moyen, de facon spontane¤ e, en dehors de toute
de¤ libe¤ ration intellectuelle. En effet, la spontane¤ ite¤ est une exi-
gence absolue. S’ il n’y a pas spontane¤ite¤, il y a e¤chec : l’action
rele' ve de la morale the¤ ologique.
Telle est donc la base de l’unite¤ de groupe gnostique, la
condition pour e“ tre admis dans l’unite¤ de groupe des
Hommes-Ames ve¤ ritables, comme la premie' re Ep|“ tre de Jean, 1,
5 -7, y fait allusion ;
ßLa nouvelle que nous avons apprise de lui et que nous vous
annonc ons, c’est que Dieu est lumie're, et qu’ il n’y a point en
Lui de te¤ne'bres. Si nous disons que nous sommes en commu-
nion avec Lui, et que nous marchions dans les te¤ ne' bres, nous
mentons, et nous ne pratiquons pas la ve¤ rite¤ . Mais si nous mar-
chons dans la lumie' re, comme Il est Lui-me“ me dans la lumie' re,
nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Je¤ sus
son Fils nous purifie de tout pe¤che¤ .
Nous avons donc de¤ couvert, dans le re¤ cit, que Christian
Rose-Croix se tient sur cette base. En lui, spontane¤ment, il
prote'ge la colombe blanche, donc il s’engage sur le bon
125
chemin. Puis il s’apercoit qu’a' un moment donne¤ la nouvelle
conscience lui a fait prendre une voie, dans laquelle il ne lui est
plus permis de faire me“ me un seul pas en arrie're.Voila' une autre
caracte¤ristique de la vie de l’a“ me : les choses faites sont irre¤ voca-
bles.
Enfin, Christian Rose-Croix a laisse¤ son sac avec son pain sous
l’arbre, et il ne peut plus aller le chercher. De's qu’ il tente de se
retourner, un vent si violent s’e¤ le' ve qu’ il lui est impossible de
faire front.
Que veut-on nous montrer par la' ! Avoir un sac de pain se
re¤fe're a' une habitude dialectique tre' s connue. On veut faire des
re¤serves de ce qui est usuel. On veut se parer de¤ finitivement
contre toute e¤ ventualite¤ . Aucun d’entre nous ne niera que c’est
souvent ne¤ cessaire dans la nature de la mort. Il faut compter avec
les risques toujours possibles ; par exemple, le risque de manquer
de nourriture a' un moment donne¤.
En ce qui concerne l’Ame vivante, ce comportement serait,
par contre, absolument faux ; en effet, celui qui existe et vit par
l’a“me puise a' une source de force vivante et constamment jaillis-
sante ; il ne se trouvera jamais a' court de pain de Vie. En pareille
circonstance le sac de pain, pour faire des provisions, est tout a'
fait superflu.
En outre, l’ Homme-Ame est tenu de rayonner a' l’exte¤ rieur,
de distribuer autour de lui, imme¤diatement, tout ce qu’ il libe' re
en lui comme force d’Ame vivante. C ’est pourquoi l’ Homme-
Ame est quelqu’un qui ne remet jamais au lendemain ce qu’ il
peut faire le jour me“ me. La force de l’a“me afflue de la Source
e¤ ternelle, divine, de la grande Communaute¤ des enfants de
Dieu.
Le pain est ici le symbole du premier Myste' re gnostique, qui
oeuvre en collaboration avec la Rose du coeur. Le pain est le
produit de la force d’a“me ne¤ e du sang. Posse¤ der cette force de
l’a“me signifie travailler avec elle, rayonner avec elle, ici et main-
126
tenant, et non pas a' la manie're typiquement dialectique : en at-
tendant le moment opportun. C ’est pourquoi Christian Rose-
Croix avance dans une soumission intelligente vers la prochaine
e¤ tape du chemin libe¤rateur.
Vous savez que C.R.C. s’est mis en route avec du pain, de
l’eau et du sel. Peut-e“ tre est-ce le moment d’expliquer ici ce
que Valentin Andreae veut dire par la'. Le Pain de la Vie attire
notre attention sur ce que nous venons d’appeler le premier
Myste' re, le Myste're de la Rose-Croix. La cruche remplie de
l’ Eau de laVie, c’est le deuxie'me Myste' re, le Myste're de la Fra-
ternite¤ des Purs. Le Sel de laVie attire notre attention sur le troi-
sie' me Myste're, le Myste're du Saint Graal.
Qui pe¤ ne' tre ces trois Myste' res, qui se met en route avec le
pain, l’eau et le sel peut ce¤ le¤ brer la ve¤ritable Sainte Ce' ne. Il est a'
me“ me d’accomplir sa re¤ surrection, sa re¤surrection dans la Te“te
d’Or, l’aspect le plus e¤ leve¤ du Corps Vivant de l’ Ecole Spiri-
tuelle actuelle.
127
Malgre¤ de nombreuses bifurcations ^ vraisemblablement des
de¤ tours ^ j ’arrivai toujours a' garder la bonne direction gra“ ce a' ma
boussole, car je ne voulais pas de¤ vier d ’un pas du me¤ ridien, bien
que le chemin fu“t parfois si rocailleux et encombre¤ d ’obstacles que
j ’avais souvent des doutes. En marchant, je pensais continuelle-
ment a' la colombe et au corbeau, sans en comprendre la significa-
tion.
Enfin, je de¤ couvris dans le lointain, sur une haute montagne, un
portail splendide, vers lequel je me ha“ tai, bien qu ’il se trouva“ t
loin, tre' s loin de ma route, que le soleil disparu“t de¤ ja' derrie' re les
montagnes et que je n’aperc usse au-dela' ni refuge ni abri. J ’attri-
buai cela a' Dieu seul, qui aurait tout aussi bien pu me laisser
poursuivre ma route en frappant mes yeux de ce¤ cite¤ afin que je
ne visse pas le portail ? Comme je l’ai de¤ ja' dit, je me de¤ pe“ chai et
l’atteignis alors qu ’il faisait encore jour; je pus donc le contempler
rapidement. C ’e¤ tait un portail exceptionnellement beau, un
portail royal, orne¤ d ’une multitude de sce' nes et de symboles
grave¤ s magnifiques, dont chacun, comme je l’appris plus tard,
avait sa signification particulie' re. Tout en haut, e¤ tait fixe¤ e une
plaque d ’assez grande taille portant cette inscription: ßProcul
hinc, procul ite, prophani ?*et d ’autres paroles encore, qu ’il
m’est formellement interdit de re¤ ve¤ ler.
* cf. p. xxxii.
128
De' s que j ’arrivai au portail, apparut subitement quelqu ’un qui
portait un ve“ tement bleu ciel ; je le saluai aimablement. Il
re¤ pondit a' ma salutation mais exigea d ’emble¤ e ma lettre d ’invi-
tation. O que je fus content de l’avoir emporte¤ e avec moi ?
J ’aurais pu si facilement l’oublier, comme cela e¤ tait arrive¤ a'
d ’autres, a' ce qu ’il me dit. Je lui montrai rapidement la lettre et
non seulement il en fut tre' s content mais il me te¤ moigna un grand
respect, ce dont je m’ e¤ tonnai fort, et me dit: ßEntrez-donc, fre' re,
vous e“ tes pour moi un ho“ te bienvenu ? Ensuite, il me demanda
de lui re¤ ve¤ ler mon nom, et quand je lui eus re¤ pondu que j ’e¤ tais un
fre' re de la Rose-Croix rouge, il fut tre' s surpris et se re¤ jouit en
me“ me temps. Il me demanda alors: ßFre' re, avez-vous de quoi
vous acheter un insigne ! Je lui re¤ pondis que ma fortune e¤ tait
mince, mais que s ’il trouvait sur moi quelque chose qui lui plu“t,
il pourrait bien le prendre. Comme il de¤ sirait ma gourde d ’eau, je
la lui offris et il me donna en e¤ change un insigne d ’or, sur lequel
e¤ taient grave¤ es deuxlettres: S.C.* Il m’adjura de pensera' lui, car
cela me serait tre' s salutaire. Quand je lui demandai combien de
personnes e¤ taient entre¤ es avant moi, il m’en informa.
* cf. p. xxxii.
129
9
130
lance. Guide¤ par la voix de l’Ame et totalement oublieux de
vous-me“ me, de¤ vouez-vous en servant. Si vous vivez dans
l’oubli de vous-me“ me, l’angoisse n’aura plus de prise sur vous
et vous ne penserez donc plus a' vous. Il faut apprendre cela par
l’expe¤ rience.
La voix de l’Ame a trois tonalite¤s, elle exerce trois actions. Il
serait peut-e“ tre plus exact de parler de trois voix. Durant la crois-
sance de l’Ame, trois voix se font entendre progressivement.
Elles correspondent a' trois Myste' res, les trois Myste' res gnosti-
ques cite¤ s dans le chapitre pre¤ ce¤ dent.
La premie're voix commence a' se manifester quand la radia-
tion gnostique peut pe¤ne¤trer dans le sanctuaire du coeur et, par
la Rose, e¤ veiller la compre¤ hension inte¤ rieure dans le sanctuaire
de la te“ te.
La deuxie' me voix commence a' parler quand la force de cette
Ame, la force gnostique, exerce son pouvoir sur votre champ de
respiration ; quand la radiation gnostique transperce le manteau
side¤ral. L’organe physique correspondant est le foie.
La troisie'me voix de l’Ame, qui correspond au troisie'me
Myste' re gnostique, commence a' se faire entendre quand le
courant de force gnostique touche le corps e¤the¤ rique, lequel tra-
vaille en collaboration avec la rate dans le corps physique.
La voix de l’Ame parle donc trois langages, celui des trois Fra-
ternite¤ s que nous avons de¤ ja' de¤ signe¤ es comme la Fraternite¤ de la
Rose-Croix, la Fraternite¤ des Purs et la Fraternite¤ du Saint
Graal.
C.R.C. a de¤ja' de¤ montre¤ sa ma|“ trise de l’un de ces trois lan-
gages au moins, le langage du coeur, du sternum, le chant de la
Rose ; c’est le langage du premier Myste're, qui jaillit du coeur et
e¤ veille l’entendement dans le sanctuaire de la te“ te. Et il est clair
que celui qui se trouve encore dans le premier Myste're doit en-
treprendre le processus de pre¤ paration a' l’entre¤ e dans le
deuxie' me Myste' re. Le deuxie' me Myste' re attire l’attention sur
le manteau astral, le manteau side¤ral, le champ de respiration.
131
La' chacun doit apprendre a' re¤sister a' toutes les forces du champ
de respiration et a' les vaincre. Le champ de respiration, le
manteau side¤ ral, doit e“ tre comple' tement purifie¤ .
132
soit rendu re¤ ceptif a' l’attouchement gnostique, et cela juste au
bon moment. A cet effet, la force gnostique traverse le champ
astral, le champ de respiration du microcosme.
Le foie est enferme¤ dans une sorte de filet. Ce filet est un
syste' me d’antennes tre's complexe, destine¤ a' capter toutes sortes
de radiations astrales. Ainsi, lorsqu’au cours du deuxie'me
Myste' re la Gnose pe¤ne'tre dans le champ de respiration, que le
coeur fonctionne de¤ ja' en elle et que le sang devient donc re¤ cep-
tif, le foie accepte aussi les radiations gnostiques et il est a' me“ me
de retenir le fluide gnostique dans le sang. Ce qui pe¤ ne' tre dans le
coeur n’est donc plus rejete¤ par le foie, mais au contraire favorise¤
par son activite¤.
Nous attirons expresse¤ ment votre attention sur ce phe¤ no-
me' ne, pour vous faire comprendre qu’a' un moment donne¤ le
processus physiologique de l’e¤ le've de la Rose-Croix s’accomplit
d’une manie' re tout a' fait diffe¤ rente de celui de l’ homme ordi-
naire. De' s le de¤ but, les bases de la grande transfiguration sont
re¤ellement jete¤ es.
C ’est en obe¤ issant a' la voix de l’Ame que C.R.C. atteint
donc le portail. La nouvelle activite¤ du foie commence a' se ma-
nifester et se trouve tre's fortement stimule¤ e. Des e¤ nergies nou-
velles conside¤ rables sont libe¤ re¤ es dans le sang. Vous savez que
toutes les e¤ nergies corporelles sont soumises, au plus haut
point, a' l’ influence du syste' me foie-rate et en de¤ pendent. Ainsi
Christian Rose-Croix s’avance rapidement vers le portail, avec
beaucoup d’e¤ nergie, sans plus s’occuper de sa route car, en fait,
ce portail se trouve en dehors du chemin qu’ il doit suivre.
Voila' une partie tre' s myste¤rieuse des Noces Alchimiques. Le
chemin, ce qui est de¤nomme¤ chemin dans Les Noces Alchimiques,
n’est rien d’autre que le trace¤ du syste'me du feu du serpent, le
chemin qu’ il faut parcourir de haut en bas dans le processus
gnostique, contrairement au processus occulte, ou' l’on tente,
de' s le de¤ but, de le parcourir de bas en haut, ce qui entra|“ ne tou-
jours les pires de¤ boires.
133
Quand l’Ame est e¤ veille¤e dans le sanctuaire de la te“ te, le chemin
doit e“ tre parcouru de haut en bas. Mais, a' un moment donne¤ , au
cours de la descente dans le feu du serpent, il faut tourner vers la
droite, vers le foie. C’est pourquoi il est juste que C.R.C. aperce-
vant le portail du foie, s’e¤carte de la route et accourre vers lui
(faisons remarquer en passant que le chemin qui descend suit le
cordon droit du sympathique jusqu’au plexus sacre¤ .*
Quand C.R.C. approche, il lit cette inscription, au-dessus du
portail : ßHors d ’ici, indignes ? Ce qui veut dire : ßSi vous n’e“ tes
pas initie¤ , si vous n’en e“tes pas encore arrive¤ la', ne forcez pas
cette voie de de¤ veloppement, car cela vous ferait grand tort. Per-
sonne ne peut ni ne doit rien brusquer en ce domaine.
134
Vous remarquez ainsi que la transfiguration commence a'
s’e¤laborer de' s le de¤but du chemin. Le coeur qui se confie a' la
Gnose est toujours d’un type de¤termine¤ . On peut dire exacte-
ment la me“me chose du foie. De' s que le foie s’est accorde¤ aux
radiations side¤ rales gnostiques et les absorbe, l’e¤ le've est tenu
d’employer cette e¤ nergie spe¤ ciale du sang au service de la
Gnose. D’ou' l’avertissement, qui parle de lui-me“ me : ßHors
d ’ici, indignes ?
135
Lorsque le coeur te¤ moigne du nouvel e¤tat d’e“ tre, c’est donc bien
par ces mots que nous sommes accueillis : ßEntrez donc, Fre' re,
Soeur, vous e“ tes un ho“te bienvenu ?
Et quand on demande son nom a' Christian Rose-Croix, il
re¤pond : ßJe suis un fre' re de la Rose-Croix rouge. La loi de Christ
est grave¤ e dans son coeur ; en lui, la Rose rouge du sang s’est
e¤ panouie.
Un Rose-Croix rouge est avant tout un homme qui s’efforce
d’arriver au deuxie'me Myste' re. C ’est pourquoi ce fre' re de la
Rose rouge et de la Croix se donne sans he¤ siter le nom de Chris-
tian Rose-Croix. Il n’est pas un Rose-Croix, sans plus, non ;
l’e¤tincelle d’ Esprit, la Rose, s’est mise, en lui, au service de la
Lumie' re astrale de Christ ?
Voila' ce que nous voulons dire par la' : le sternum a le pouvoir
d’attirer les choses vers lesquelles se porte le de¤sir. Vous ouvrez
votre coeur a' vos de¤sirs. En conse¤ quence, vous attirez, par le
foie, des forces astrales. Vous e“ tes entoure¤ d’un champ astral
puissant, vous vivez dans un oce¤ an side¤ ral impe¤ tueux. A
chaque battement du coeur, le foie absorbe des forces side¤ rales.
Donc, quand le coeur s’ouvre au myste' re gnostique, une
re¤ponse vient toujours, un attouchement se produit, un proces-
sus se de¤ clenche. Mais, en me“ me temps, il faut rester tout entier
tourne¤ vers Je¤ sus-Christ, notre Seigneur, c’est-a' -dire vers le
champ astral de la Gnose. Car ce dont vous avez besoin pour
atteindre le but, c’est bien de la force side¤rale du Champ chris-
tique, du sixie' me Domaine cosmique, du nouveau Champ de
vie.
Par conse¤ quent, on ne peut pas se contenter de dire : ßJe suis
Rose-Croix, cela ne signifie rien. Il y a, comme vous savez,
nombre de groupes qui portent ce nom. Or il n’y a qu’une
seule Rose-Croix christique. Il n’y a qu’un seul type
d’ homme qui puisse se parer du nom de Christian Rose-
Croix. Le comprenez-vous ! Ces hommes ne sont pas seulement
des fre' res de la Rose-Croix, ils portent le nom de Christian
136
Rose-Croix. Et c’est dans les radiations christiques, dans le
champ astral des Hie¤rophantes de Christ, qu’ ils parcourent le
chemin.
Ainsi Christian Rose-Croix franchit-il le portail, mais il lui
faut d’abord acheter un signe distinctif, une me¤daille d’or. Il la
recoit en e¤ change de sa gourde d’eau. Comme vous le savez, il
s’est mis en route avec du pain, de l’eau et du sel. Son pain, il l’a
abandonne¤ sous les ce' dres ; sa gourde d’eau, il l’a laisse¤ e au
portail. Car, a' pre¤sent, outre le Pain de Vie, il posse' de aussi en
lui l’ Eau de laVie ; il posse' de maintenant lui-me“ me le pain et le
vin. Il est devenu maintenant un ve¤ ritable chre¤ tien.
Si on ne veut pas, ou si on ne peut pas, e“ tre un chre¤ tien dans
ce sens, on reste toujours lie¤ a' la nature dialectique. Par conse¤-
quent si, profonde¤ ment inte¤ resse¤ , vous avez ouvert votre coeur
a' la Gnose, mais non pas dans le sens positif et parfaitement chre¤ -
tien, non pas dans le de¤sir absolu de l’autre Royaume, sans faire
le don total de vous-me“ me, alors vous demeurez un homme du
type dialectique ordinaire qui, a' un moment donne¤, est comme
un vase plein ou' l’on ne peut plus rien verser.
Le grand courant sanguin qui se de¤ verse du foie par la veine
porte est toujours compare¤, dans l’ Enseignement universel, a' un
courant d’eau ou a' du vin.Vous, e¤ le' ve de l’ Ecole des Myste' res,
faites en sorte d’e“ tre un jour capable de canaliser ce courant de
force nouveau ? Pensez ensuite a' la Sainte Ce' ne, ou' l’on offre
au candidat le pain et le vin.
Voici de quoi il s’agit : lorsque quelqu’un entre dans l’ Ecole
de la Rose-Croix actuelle, il n’est pas seulement relie¤ a' un ensei-
gnement mais a' une force.Vous recevez toujours deux forces. A
chaque service deTemple, le pain et le vin vous sont offerts, vous
sont dispense¤ s ; le pain afin d’accomplir le premier processus du
coeur ; le vin de l’ Esprit, l’ Eau de la Vie, afin de pourvoir pro-
visoirement a' la fonction re¤ ge¤ ne¤ ratrice du foie, cet organe
n’e¤tant pas en mesure d’assurer sa nouvelle fonction chez
l’e¤le' ve de¤ butant. C ’est avec ce viatique que l’on doit essayer
137
d’aller le chemin. Le don du pain et du vin sustente et re¤ conforte
au de¤but du chemin.
Mais, bien su“r, en ce qui concerne l’auto-re¤alisation, on
attend de vous que vous deveniez le plus vite possible votre
propre autorite¤ en la matie' re ; que vous soyez capable de vous
procurer directement le pain et le vin.
Au de¤but, le pain et le vin sont offerts comme mate¤riau gnos-
tique de construction de l’Ame, afin de pouvoir commencer le
travail. Cependant, aussito“t que le portail s’ouvre de lui-me“ me,
cette e¤nergie provisoire indirecte est remplace¤ e par une e¤ nergie
side¤rale directe. C ’est pourquoi, au gardien du premier portail,
Christian Rose-Croix doit donner la gourde d’eau, a' laquelle il
s’est de¤salte¤ re¤ jusqu’alors ; a' pre¤ sent, il n’a plus besoin de re¤con-
fort ; du point de vue gnostique il est devenu autonome. La
preuve en est qu’ il rec oit un signe distinctif, une pie' ce d’or, sur
laquelle sont grave¤ es deux lettres seulement, S et C, initiales des
mots Spes Charitas. Nous aimerions vous les traduire ainsi :
ßL’ Espe¤rance bien fonde¤ e de la manifestation de l’Amour divin
est maintenant a' vous.
138
jours plus d’e¤ nergie pour suivre le chemin et perse¤ ve¤ rer. Celui
qui accomplit ainsi, inte¤rieurement, le deuxie'me Myste' re, peut
nourrir l’espe¤ rance bien fonde¤e de la manifestation de l’Amour
divin. L’Amour divin, l’Amour universel est l’e¤nergie la plus
haute, la plus noble, la plus pure ; c’est gra“ce a' lui que s’accomplit
aussi le troisie' me Myste' re, le Myste' re du Graal, et que se de¤ ve-
loppe la magie de l’Amour. A cet effet, Christian Rose-Croix
posse' de encore un troisie' me pouvoir d’emprunt, le sel. Mais,
comme nous allons le voir, il faut biento“t qu’ il l’abandonne.
139
Enfin, il me donna, par pure amitie¤ , une lettre scelle¤ e pour le
deuxie' me gardien.
Comme je m’e¤ tais un peu attarde¤ aupre' s de lui, la nuit e¤ tait
tombe¤ e, de sorte qu ’on alluma biento“ t, au-dessus du portail, un
grand re¤ cipient rempli de poix, afin que, si quelqu ’un e¤ tait
encore en route, il pu“t se diriger vers lui. Le chemin qui menait
directement au cha“ teau e¤ tait clos des deux co“ te¤ s par de hauts murs
et plante¤ de beaux arbres fruitiers de toutes espe' ces. En outre, de
part et d ’autre, se dressaient trois arbres auxquels e¤ taient accro-
che¤ es des lanternes, dont toutes les lumie' res avaient de¤ ja' e¤ te¤
allume¤ es avec une torche splendide par une belle jeune fille e¤ gale-
ment habille¤ e de bleu. Spectacle si superbe et si exquis qu ’il me
retint plus longtemps que ne¤ cessaire.
Toutefois, apre' s avoir rec u d ’amples renseignements et des e¤ clair-
cissements utiles, je pris cordialement conge¤ du premier gardien.
En cours de route, j ’e¤ tais curieux de conna|“ tre le contenu de la
lettre, mais comme je ne devais pas soupc onner le gardien de de¤ s-
obligeance, je contins ma curiosite¤ et poursuivis ma route jusqu ’a'
l’autre portail. Il e¤ tait presque identique au premier, mais orne¤ de
sculptures diffe¤ rentes, d ’une signification myste¤ rieuse. Sur la
plaque fixe¤ e en haut e¤ tait e¤ crit: ßDate et dabitur vobis ?*
140
Sous ce portail e¤ tait couche¤ un lion terrifiant attache¤ par une
cha|“ ne. De' s qu ’il me vit, il se leva et m’accueillit avec de forts
rugissements. Cela re¤ veilla l’autre gardien, e¤ tendu sur un bloc de
marbre, qui m’exhorta a' n’avoir ni inquie¤ tude ni peur, chassa le
lion qui recula et prit la lettre que je lui tendis en tremblant.
L’ayant lue, il dit avec un grand respect: ßBienvenue, au nom
de Dieu ? Vous e“ tes l’homme que, depuis longtemps de¤ ja' ,
j ’aurais aime¤ rencontrer ?
Il sortit en me“ me temps un insigne en me demandant si j ’avais de
quoi l’e¤ changer. Comme je n’ avaisrien d ’autre sur moi que mon
sel je le lui offris et il l’accepta en me remerciant. Sur l’insigne, il
n’y avait de nouveau que deux lettres: S. M.*
Alors que j ’allais parler a' ce gardien, une cloche se mit a' tinter
dans le cha“ teau, sur quoi il me conseilla vivement de me
de¤ pe“ cher, sinon toutes mes peines et tous mes efforts se re¤ ve¤ leraient
vains, car on commenc ait de¤ ja' , la' -haut, a' e¤ teindre les lumie' res.
* Me¤rite par l’e¤ tude. Sel liquide pour le marie¤. Sel mine¤ ral. Sel purifica-
teur.
141
10
142
par le foie que pe¤ne'trent les forces side¤ rales, qui transmettent au
sang de grandes e¤ nergies.
Christian Rose-Croix peut donc laisser sa gourde d’eau au
gardien du portail, et comme nous l’avons dit, recevoir un
insigne d’or, le sceau de l’ Espe¤ rance et de l’Amour. C ’est a'
juste titre qu’ il peut maintenant entretenir l’espe¤ rance de voir
se manifester l’Amour divin du troisie' me Myste' re, le Myste' re
du Saint Graal. Il peut maintenant escompter en toute confiance
la re¤ alisation totale de la suite du processus. Et c’est ainsi qu’ il se
dirige vers le gardien du deuxie' me portail.
Entre-temps, la nuit est tombe¤ e, tout s’est obscurci. Quand la
porte du foie s’ouvre a' la Gnose et que les fonctions de cet
organe e¤ chappent de plus en plus a' l’ influence des forces astrales
dialectiques de la nature ordinaire, tout ce qui appartient au
monde dialectique s’obscurcit devant l’e¤ le've. Si le foie et ses
fonctions changent de la fac on de¤crite, des e¤ le¤ments importants
du syste' me de l’e¤ le've sont comple'tement coupe¤ s de la nature
dialectique et de ses manifestations. Le coeur, pour commencer,
ne fonctionne plus pour la nature ; ensuite, c’est le tour du foie.
Et comme cet organe est une source d’e¤ nergie conside¤ rable, il est
clair que lorsqu’une grande partie n’est plus lie¤ e a' la nature dia-
lectique, celle-ci perd toute couleur et tout e¤ clat pour l’e¤le' ve. Ce
dernier ne risque plus de s’e¤ garer dans le monde, ni de gaspiller
son temps et son e¤ nergie aux futilite¤ s de la nature de la mort, a' tel
point que celle-ci devient la nuit pour lui.
Quand la lumie' re du soleil dialectique s’e¤ teint, la nuit tombe
sur la nature de la mort. Mais imme¤ diatement ^ et comment
pourrait-il en e“tre autrement ^ brille l’aurore d’un jour
nouveau ? D’un co“te¤ , c’est la nuit, mais de l’autre, c’est la
lumie' re ? L’e¤nergie du foie s’accompagne toujours de force et
de lumie're. L’e¤ nergie nouvelle qui afflue montre qu’une nou-
velle source de lumie' re commence a' agir dans l’e¤ le' ve.
C ’est pourquoi une belle jeune fille ve“ tue de bleu ^ allusion a'
la nouvelle activite¤ du foie ^ allume toutes les lumie' res des lan-
143
ternes suspendues aux arbres, dont trois se dressent de part et
d’autre du chemin menant au cha“teau.
Ce de¤ tail fait allusion aux fonctions du foie. Les trois arbres
de chaque co“te¤ de la route, et leurs lanternes allume¤es, repre¤ sen-
tent les forces e¤ manant de la nouvelle source d’e¤ nergie. A chaque
arbre est suspendue une lanterne, trois a' gauche et trois a' droite :
symbole d’une activite¤ positive et d’une activite¤ ne¤ gative. Deux
fois trois forces, polarise¤ es positivement et ne¤gativement. Deux
forces attractives, deux forces re¤ pulsives, et deux forces neutrali-
santes. La fonction du syste' me he¤ patique est ainsi repre¤sente¤ e en
entier.
C ’est par le foie que pe¤ ne' trent les forces astrales. Dans le cas
de l’e¤le' ve, ce sont des forces astrales en provenance du sixie'me
Domaine cosmique, du nouveau Champ de vie. Le foie attire
des forces mais rejette en me“ me temps ce qui n’est ni utile ni
salutaire. Si bien que l’e¤le' ve est efficacement prote¤ ge¤ : aucune
influence side¤ rale nocive ne peut plus pe¤ne¤ trer par la porte du
foie.
Mais il y a d’autres entre¤ es, d’autres voies d’acce's, par lesquel-
les les forces ennemies peuvent envahir le syste'me de l’e¤ le've
arrive¤ a' cet endroit du chemin. Pensez, par exemple, a' diffe¤rents
points du syste'me du feu du serpent et aux diverses fonctions
respiratoires du sanctuaire de la te“ te. Pensez aussi au chandelier
a' sept branches, si souvent mentionne¤ dans l’ Ecole. Il est e¤vident
que, par ces autres chemins, d’autres forces ennemies peuvent
s’ infiltrer dans le sang de l’e¤le' ve. Mais, maintenant, le foie
posse' de une force neutralisante. Vous comprenez que, face aux
forces ennemies qui tentent d’envahir le sang de l’e¤ le' ve, pour
de¤ vier sa route ou sa vision, ce facteur qui neutralise, lie et
expulse toutes les influences nocives, repre¤ sente une grande pro-
tection.
Quelle extraordinaire utilite¤ pour l’e¤ le've que ce triple
syste' me du foie ? Ces trois forces side¤rales ensemble sont pour
lui une aide puissante, une puissante source de lumie're. Chris-
144
tian Rose-Croix posse' de, de¤ sormais, dans le syste' me du foie et
de la rate, une triple lumie're inte¤ rieure.
Re¤ sumons encore une fois brie' vement ce qui est ne¤cessaire pour
parvenir a' entrer dans le nouveau Champ de vie, le champ de la
Re¤ surrection.
Premie' rement, il faut un principe vital nouveau, engendre¤
par le coeur. Deuxie' mement, il faut une e¤ nergie vitale nouvelle
puissante, en relation avec le foie. Et troisie' mement, il faut une
substance vitale nouvelle pour le grand changement de la trans-
figuration. Donc un principe vital nouveau, une e¤ nergie vitale
nouvelle et une substance vitale nouvelle.
La substance vitale nouvelle est le mate¤ riau dont sera fait le
Manteau d’or des noces. Les nouveaux mate¤ riaux de construc-
tion sont libe¤ re¤s dans le corps e¤ the¤ rique, en relation avec la rate
dans le corps physique. La rate, comme vous le savez probable-
ment, est un organe qui absorbe les e¤ thers. Et les e¤ thers sont, au
sens absolu, des mate¤ riaux de construction. Ils sont de¤ signe¤ s
comme ßle sel dans Les Noces Alchimiques de Christian Rose-
145
Croix. Le sel est cristallisant, le sel est conservateur et aussi puri-
ficateur.
L’e¤le' ve qui commence a' suivre le chemin, au de¤ but de son
de¤ veloppement, oeuvre avec les anciens e¤ thers, les e¤ thers dialec-
tiques, il ne dispose pas encore des e¤ thers nouveaux. C ’est pour-
quoi, au de¤ but, il s’efforce de purifier le plus possible les anciens
e¤ thers de la nature de la mort. Il ta“che d’en ßretirer ce qui s’y
trouve, afin de servir a' l’exe¤cution de son plan : participer a' la
vie du Royaume immuable. De la' le comportement e¤ le¤mentaire
et les re' gles qu’adopte l’e¤ le' ve confessionnel. Il s’efforce, au
de¤ but, de ramer avec les rames dont il dispose. Pour ce faire, il
entretient ces rames dans le meilleur e¤ tat possible.
Mais les vrais mate¤riaux de construction, les mate¤ riaux de
construction nouveaux dont nous avons besoin, ne peuvent ab-
solument pas provenir des e¤ thers anciens. Ceux-ci sont totale-
ment de¤pourvus de valeur pour le nouveau Champ de vie.
C ’est pourquoi il faut d’abord disposer d’un nouveau principe
vital, a' partir duquel une e¤ nergie vitale nouvelle se de¤ veloppe, de
par le deuxie' me Myste' re. Et quand le foie est en mesure d’assu-
rer parfaitement le de¤ veloppement ulte¤ rieur et que l’e¤ le've rec oit
les quatre nourritures saintes, les e¤ thers nouveaux, la nouvelle
substance vitale, les nouveaux mate¤riaux de construction pe¤ ne' -
trent dans son syste' me.
Comme le foie, la rate se ferme autant que possible aux forces
dialectiques, aux e¤ thers anciens, et s’ouvre aux quatre e¤thers ce¤ -
lestes de l’origine. Le troisie'me aspect de la Gnose, le troisie'me
Myste' re s’accomplit dans l’e¤ le' ve. Il ne recoit plus ßle sel de la
nature ordinaire, mais les mate¤ riaux de construction e¤ the¤ riques
de la nouvelle nature.
Ces mate¤riaux e¤ the¤riques sont de¤ signe¤s, dans Les Noces Alchi-
miques, par les lettres S. M.: Sal Menstrualis, le sel purificateur. La
nouvelle substance pe¤ ne' tre le syste' me, un nouveau sel, un sel re¤ -
ge¤ne¤rateur se diffe¤rencie dans l’organisme. Et ce sel est l’e¤ le¤ment
qui assurera la transfiguration effective et, tout d’abord, consti-
146
tuera le Manteau d’or des noces. Telle est la signification du
deuxie' me insigne que rec oit Christian Rose-Croix.
Alors que j ’allais parler au deuxie' me gardien, une cloche se mit a'
tinter dans le cha“ teau, sur quoi il me pressa de me de¤ pe“cher, sinon
toutes mes peines et tous mes efforts se re¤ ve¤ leraient vains, car on
commenc ait de¤ ja' , la' -haut, a' e¤ teindre les lumie' res. Je me mis donc
en route pre¤ cipitamment.
Quant a' vous, Dieu fasse que, le plus rapidement possible, vienne
le jour ou' le gardien pourra vous dire : Bienvenu, au nom de la
Gnose, vous e“ tes l’homme que, depuis si longtemps de¤ ja' , j ’aurais aime¤
rencontrer ?
147
Je m’exe¤ cutai si pre¤ cipitamment que j ’oubliai de lui dire adieu
tellement j ’e¤ tais effraye¤ , et a' juste titre. En effet, je ne pus courir
assez vite pour n’e“ tre pas rejoint pas la Jeune Fille. Comme
toutes les lumie' res s ’e¤ teignaient derrie' re elle, je n’aurais jamais
pu trouver le chemin si elle ne m’avait pas e¤ claire¤ avec sa torche.
Et c ’est a' peine si je pus me glisser a' ses co“ te¤ s pour entrer, car le
portail se ferma si vite qu ’un pan de mon manteau s ’y trouva
pris. Je dus naturellement l’y laisser, car ni moi, ni ceux qui
m’avaient obligeamment exhorte¤ devant le portail ne purent
convaincre le gardien de le rouvrir. Il assurait qu ’il avait donne¤
la clef a' la Jeune Fille et qu ’elle l’avait emporte¤ e avec elle a' la
Cour.
Pendant ce temps, je contemplai ce portail. Il e¤ tait si splendide
qu ’il n’avait pas son pareil dans le monde entier. De chaque
co“ te¤ se dressait une colonne. Sur l’une, il y avait une statue au
visage joyeux avec l’inscription: ßCongratulor*. Sur l’autre,
une statue au visage triste avec l’inscription: ßCondoleo. Bref,
c ’e¤ taient des figures et des paroles si obscures et myste¤ rieuses que
me“ me l’homme le plus instruit de la terre n’aurait su les interpre¤ -
ter. Cependant, si Dieu le veut, elles seront biento“ t toutes mises
en lumie' re et explique¤ es par moi.
148
A ce portail, je dus a' nouveau donner mon nom; il fut inscrit en
dernier sur un livret de parchemin, puis envoye¤ avec d ’autres a'
l’Epoux. C ’est alors seulement que le ve¤ ritable insigne destine¤
aux invite¤ s me fut donne¤ ; il e¤ tait plus petit que tous les autres,
mais bien plus lourd. Il y figurait les lettres S. P. N. On me
donna de plus une paire de souliers neufs, car le sol du palais
e¤ tait couvert de pur marbre clair. Je pus faire don a' ma guise de
mes vieux souliers a' un des pauvres qui attendaient en grand
nombre, assis en bon ordre, pre' s du portail. Je les donnai a' un
vieillard. Par la suite, deux pages portant des flambeaux me
conduisirent dans une petite chambre, ou' l’on me fit prendre
place sur un banc. Ils fixe' rent leur torche dans deux trous du sol
et disparurent, me laissant seul.
Peu apre' s, j ’entendis du bruit mais ne vis rien. C ’e¤ tait quelques
hommes, qui tombe' rent sur moi. Comme je ne les voyais pas, je
dus me laisser faire et attendre ce qui allait m’arriver. M ’aperce-
vant rapidement que c ’e¤ taient des barbiers, je leur demandai de ne
pas me serrer si fort, car j ’e¤ tais dispose¤ a' faire ce qu ’ils voudraient.
Ils me la“ che' rent alors et l’un d ’eux, que je ne pus voir, me rasa les
cheveux en rond, tre' s e¤ le¤ gamment et proprement, au milieu du
cra“ ne, en laissant pendre sur mon front, a' la hauteur des yeux et
des oreilles, mes longs cheveux blanc de neige. Je dois avouer
qu ’un tel de¤ but m’o“ ta presque tout courage. En effet, comme ils
me serraient fortement et que je ne voyais rien, j ’en arrivais a'
croire que Dieu m’avait abandonne¤ a' cause de ma hardiesse. Ce-
pendant les barbiers invisibles ramasse' rent soigneusement les
cheveux rase¤ s et les emporte' rent avec eux.
149
Sur quoi, les deux pages rentre' rent en riant de bon coeur de ce que
j ’avais eu si peur. A peine eurent-ils e¤ change¤ quelques mots avec
moi qu ’une petite cloche retentit de nouveau, signalant qu ’il
fallait nous rassembler, dirent-ils. Ils m’invite' rent a' les suivre et
m’e¤ claire' rent le long de nombreux couloirs, portes et tournants,
jusque dans une vaste salle.
Dans cette salle, il y avait une grande foule d ’invite¤ s: empereurs,
rois, princes et seigneurs, nobles et bourgeois, riches et pauvres,
ainsi que pas mal de gredins, ce qui m’e¤ tonna fort, et je pensai
en moi-me“ me: ßQuel sot tu as e¤ te¤ de t ’e“ tre rendu la vie si ame' re
et si dure pour ce voyage ? Ces gens, tu les connais bien et tu ne les
as jamais estime¤ s. Et maintenant, ils sont la' , eux aussi, alors que
toi, avec toutes tes prie' res et tes supplications, c ’est a' peine si tu as
pu rentrer le dernier ? Le diable me souffla ces pense¤ es, et
beaucoup d ’autres, bien que je lui eusse montre¤ la porte de mon
mieux.
150
Entre temps, plusieurs de ceux qui me connaissaient m’interpel-
laient: ßEh bien, fre' re Rose-Croix, te voila' , toi aussi ? ^ ßOui,
fre' res, re¤ pondais-je, la gra“ ce de Dieu m’a permis, a' moi aussi,
d ’entrer ici. Sur quoi ils e¤ clataient de rire, trouvant ridicule
qu ’une si mince affaire ne¤ cessita“ t l’aide de Dieu. Quand je de-
mandais a' chacun par quel chemin il e¤ tait venu, la plupart racon-
taient qu ’ils avaient escalade¤ les rochers. Alors, a' coups de
trompettes ^ dont on ne voyait aucune ^ le signal fut donne¤ de
passer a' table; sur ce, chacun alla s ’asseoir selon l’ide¤ e qu ’il
avait de valoir mieux que certains autres, si bien qu ’il ne resta,
pour moi et quelques pauvres compagnons, qu ’une petite place
au bas bout de la table. Peu apre' s, les deux pages rentre' rent et
l’un prononc a une prie' re si belle et si admirable que mon coeur
se re¤ jouit inte¤ rieurement. Quelques grands seigneurs n’y pre“ te' -
rent gue' re d ’attention; ils riaient entre eux, gesticulaient, mor-
daient leur chapeau et faisaient bien d ’autres pitreries. Ensuite
on servit le repas, et tout y e¤ tait si soigneusement ordonne¤ qu ’il
me sembla que chaque invite¤ avait son propre serviteur, bien
qu ’on n’en v|“ t aucun.
151
De' s que les plaisantins furent quelque peu rassasie¤ s et que le vin
leur eut fait perdre toute retenue, ils se mirent a' se vanter et a' fan-
faronner. L’un aurait fait ceci, l’autre cela, et les plus insignifiants
criaient le plus fort. Quand je repense aux choses improbables et
prodigieuses dont j ’entendis alors parler, je pourrais encore m’en
irriter. A la fin, ils ne reste' rent me“ me plus a' leur place; biento“ t les
beaux parleurs se glisse' rent, ici et la' , entre les seigneurs. Ils se
vantaient de hauts faits qu ’un Hercule ou un Samson, malgre¤
toute leur force, n’auraient pu accomplir. L’un voulait libe¤ rer
Atlas de son fardeau, l’autre arracher Cerbe' re trice¤ phale aux
enfers.
Mais les grands seigneurs n’avaient pas la sottise de les croire. Les
sce¤ le¤ rats finirent par montrer tant d ’audace que, bien qu ’on leur
tapa“ t de temps en temps sur les doigts avec les couteaux, ils n’y
faisaient pas attention et quand l’un d ’eux eut de¤ robe¤ une cha|“ ne
en or, ils voulurent tous essayer d ’en faire autant. L’un pre¤ ten-
dait entendre le bruissement du ciel, un deuxie' me contempler les
Ide¤ es de Platon, un troisie' me de¤ nombrer les atomes de De¤ mocrite.
Plusieurs avaient me“ me invente¤ le mouvement perpe¤ tuel. Il est
vrai que beaucoup me paraissaient intelligents mais, malheureu-
sement pour eux, ils avaient trop bonne opinion d ’eux-me“ mes.
Pour finir, l’un d ’eux voulut tellement nous en faire accroire
qu ’il pre¤ tendit voir ceux qui nous servaient. Il aurait certaine-
ment continue¤ ses vantardises, si l’un des serviteurs invisibles ne
lui avait administre¤ une claque si retentissante sur sa bouche
pleine de mensonges que non seulement lui, mais plusieurs a' co“ te¤
de lui en devinrent muets comme des carpes.
152
Ce qui me plaisait beaucoup, ne¤ anmoins, c ’e¤ tait que tous ceux
qui m’avaient fait bonne impression gardaient distinction et
re¤ serve dans leurs faits et gestes, ne parlaient pas fort et reconnais-
saient que, ignorants comme ils l’e¤ taient, les myste' res de la nature
leur paraissaient trop grands et eux-me“ mes trop petits.
Dans ce brouhaha, j ’en venais presque a' maudire le jour qui
m’avait amene¤ ici, constatant avec douleur combien les personna-
ges assis au haut bout de la table e¤ taient licencieux et le¤ gers, tandis
que, dans mon coin discret, on ne me laissait me“ me pas tranquille,
puisque l’un des coquins m’avait insolemment traite¤ de grand
sot ? A ce moment, j ’ignorais encore qu ’il y avait un autre
portail a' franchir et je supposais que, durant toutes les noces, on
me traiterait ainsi de fac on moqueuse, me¤ prisante et indigne, ce
que je n’avais me¤ rite¤ ni de la part de l’Epoux, ni de la part de
l’Epouse. On aurait mieux fait de choisir un autre bouffon que
moi pour les noces ? Voici a' quelle impatience les injustices de ce
monde peuvent conduire des a“mes simples. En re¤ alite¤ , il s ’agissait
d ’une partie de l’infirmite¤ dont j ’avais re“ ve¤ , comme je l’ai relate¤
ci-dessus. Les cris augmentaient toujours. Il y en avait aussi qui
se vantaient de visions fausses et imaginaires, et racontaient des
re“ ves effrayants et mensongers.
153
Or, a' co“ te¤ de moi, e¤ tait assis un homme calme et distingue¤ , qui
parlait de temps a' autre de choses plus e¤ leve¤ es. Il finit par dire:
ßVoyez, fre' re, si quelqu ’un voulait ramener dans le droit chemin
de pareils obstine¤ s, l’e¤ couterait-on ! ^ ßCertes, non, re¤ pondis-
je. ^ ßAinsi le monde pre¤ fe' re a' toute force e“ tre trompe¤ , dit-il,
ßet refuse d ’e¤ couter ceux qui lui veulent du bien. Regardez
pluto“ t comment ce beau parleur-ci, avec ses sottises et ses baliver-
nes, tente d ’attirer l’attention sur lui. Et comment cet autre, la' -
bas, avec ses paroles e¤ tranges et myste¤ rieuses, se moque du monde.
Mais, croyez-moi, le temps viendra ou' l’on arrachera les masques
a' ces menteurs et ou' l’on montrera au monde entier quels mystifi-
cateurs du peuple se cachent derrie' re. Alors, peut-e“ tre, ceux que
l’on n’estimait pas auparavant seront-ils respecte¤ s.
Comme il parlait et que le bruit croissait et empirait, une musique
plus belle et plus impressionnante que toutes celles que j ’avais
entendues de ma vie s ’e¤ leva soudain dans la salle. Chacun se
tut alors dans l’attente de ce qui allait arriver. La musique e¤ tait
exe¤ cute¤ e sur tous les instruments a' cordes imaginables, si harmo-
nieusement que je m’oubliai moi-me“ me dans une immobilite¤ telle
que mes voisins s ’en e¤ tonne' rent. Cela dura pre' s d ’une demi-
heure, pendant laquelle nul ne souffla mot, car de' s que quelqu ’un
voulait ouvrir la bouche, il recevait une tape inopine¤ e, sans savoir
d ’ou' elle venait. Comme nous ne voyions rien des musiciens, je
pensais a' part moi combien j ’aurais aime¤ examiner tous les ins-
truments dont ils se servaient. Au bout d ’une demi-heure, la
musique cessa subitement et il ne fut plus possible de rien voir ni
d ’entendre.
154
Mais biento“ t retentit, devant la porte de la salle, une e¤ clatante et
retentissante sonnerie de trombones, trompettes et timbales, cela
aussi magistralement que si l’Empereur romain lui-me“ me eu“t
fait son entre¤ e. Puis la porte s ’ouvrit d ’elle-me“ me et le fracas des
trombones devint si puissant qu ’il e¤ tait a' peine supportable. En
me“ me temps, des milliers de petites lumie' res, me sembla-t-il, pe¤ ne¤ -
tre' rent dans la salle, se portant d ’elles-me“ mes en avant dans un
ordre si parfait que nous en fu“mes extre“ mement impressionne¤ s;
enfin les deux pages dont nous avons de¤ ja' parle¤ entre' rent avec
des torches flamboyantes, e¤ clairant une belleJeune Fille assise sur
un tro“ ne d ’or, magnifique et triomphal, qui avanc ait de lui-
me“ me. J ’eus l’impression que c ’e¤ tait la me“ me qui, tout a'
l’heure, sur la route, avait allume¤ puis e¤ teint les lumie' res, et ses
serviteurs, ceux qu ’elle avait poste¤ s pre' s des arbres. Cependant,
elle n’e¤ tait plus habille¤ e de bleu, mais d ’un ve“ tement d ’un blanc
de neige e¤ blouissant, scintillant d ’or pur et si rayonnant que nous
osions a' peine la regarder. Les deux pages e¤ taient habille¤ s de
me“ me, quoiqu ’un peu plus simplement.
Sito“ t arrive¤ e au milieu de la salle, la Jeune Fille descendit de son
tro“ ne et toutes les lumie' res s ’incline' rent devant elle. Nous nous
leva“ mes tous de nos bancs, mais en restant chacun a' notre place.
Quand nous nous fu“mes incline¤ s, elle devant nous, nous devant
elle, et salue¤ s les uns les autres respectueusement, elle commenc a a'
parler en ces termes d ’une voix suave:
155
Le Roi, mon gracieux Seigneur,
est de¤ ja' non loin d ’ici,
Avec sa Fiance¤ e bien-aime¤ e
a' lui confie¤ e en tout bien tout honneur.
Ils ont vu avec un extre“ me bonheur
que vous e“ tes tous arrive¤ s.
Ils offrent a' chacun de vous
leur gra“ ce, leur be¤ ne¤ diction.
Ils vous souhaitent de tout coeur
une entie' re re¤ ussite
et que la joie de la fe“ te prochaine
ne soit me“ le¤ e d ’aucune peine.
La lettre d ’invitation
n’appelle, vous l’avez vu,
personne qui n’ait rec u
en soi les dons de Dieu
et n’aspire vraiment au salut,
comme il convient en un tel cas.
Or ils ne pourraient croire,
qu ’ici, quelques audacieux,
bravant lois et interdits,
oseraient mettre les pieds
sans s ’e“ tre depuis longtemps
pour les noces pre¤ pare¤ s.
Leur souhait le plus ardent
156
est que chacun re¤ ussisse.
En ces temps obscurs ils se re¤ jouissent
qu ’un si grand nombre se mettent a' l’oeuvre.
157
Qui conna|“ t donc son passe¤
veuille bien suivre son serviteur:
il lui montrera la chambre
ou' il pourra reposer
en attendant la gloire de la pese¤ e,
sinon la nuit sera mauvaise.
Que les autres profitent de l’occasion.
Ceux qui pre¤ sument de leur capacite¤
auraient de¤ ja' du“ s ’en aller.
Espe¤ rons que pour chacun
tout ira au mieux demain.
158
Je pris rapidement ma re¤ solution: comme ma conscience m’assu-
rait de ma stupidite¤ et de mon indignite¤ , je de¤ cidai de rester avec les
autres dans la salle et de me contenter du repas offert, pluto“ t que
d ’attendre un e¤ chec imminent, avec les dangers correspondants.
Apre' s que tous eurent e¤ te¤ conduits par leur lumie' re quelque part
dans une chambre (chacun se¤ pare¤ ment comme je l’appris par la
suite), nous resta“ mes neuf, dont notamment celui qui m’avait
parle¤ a' table. Malgre¤ tout, nos lumie' res ne nous quittaient pas.
Biento“ t, un des pages de¤ ja' nomme¤ s entra avec un gros paquet de
cordes et nous demanda gravement si nous e¤ tions de¤ cide¤ s a' rester
ici. Quand nous eu“mes acquiesce¤ en soupirant, il attacha chacun
de nous dans un endroit de¤ termine¤ , puis disparut avec nos
lumie' res, nous abandonnant, mise¤ rables que nous e¤ tions, dans
l’obscurite¤ .
Pour beaucoup, la mesure e¤ tait pleine et je ne pus moi-me“ me
retenir mes larmes. Car, bien qu ’il ne fu“t pas interdit de se
parler, les mots nous manquaient pour exprimer notre tristesse et
notre douleur. Les cordes e¤ taient faites de matie' re e¤ tonnante: il
e¤ tait impossible de les couper et encore moins d ’en libe¤ rer ses
pieds. Je ne pouvais pas non plus me consoler en pensant que de
grands affronts attendaient ceux qui e¤ taient alle¤ s prendre du repos,
alors que nous, nous e¤ tions en mesure de payer notre audace en
une nuit. Je finis par m’endormir sur des pense¤ es me¤ lancoliques.
En effet, si bien peu d ’entre nous parvinrent a' fermer les yeux, je
ne pus m’empe“ cher de sombrer dans le sommeil a' cause de ma
fatigue.
159
En dormant, je fis un songe et, quoiqu ’il ne signifie pas grand
chose, il ne me semble pas superflu de le raconter. Je re“ vai que
j ’e¤ tais sur une haute montagne. Devant moi je voyais s ’e¤ tendre
une grande valle¤ e, ou' s ’entassait une foule innombrable d ’e“ tres
humains. Chacun e¤ tait suspendu au ciel par un fil a' la te“ te.
L’un e¤ tait accroche¤ haut, l’autre plus bas, plusieurs me“ me
e¤ taient encore a' terre. Un vieillard volait alentour dans l’air,
tenant dans ses mains des ciseaux avec lesquels il coupait un fil
par-ci, un fil par-la' . Ceux qui pendaient pre' s du sol tombaient
vite et sans bruit, mais si c ’e¤ tait le tour de quelqu ’un qui
pendait haut sa chute faisait trembler la terre. Certains avaient
la chance d ’avoir un fil qui s ’e¤ tirait, en sorte qu ’ils arrivaient
sur terre avant qu ’il fu“t coupe¤ . Leurs cabrioles m’amusaient
beaucoup et je me re¤ jouissais fort quand l’un de ceux qui
s ’e¤ taient maintenus longtemps dans le ciel, comme s ’ils pre¤ ten-
daient aux noces, retombait honteusement en entra|“ nant quelques
voisins dans sa chute.
Je me re¤ jouissais aussi, quand quelqu ’un qui s ’e¤ tait toujours
maintenu pre' s de la terre disparaissait avec une discre¤ tion si mer-
veilleuse que ses voisins eux-me“ mes ne s ’en apercevaient pas.
Au plus fort de ma gaiete¤ , un de mes compagnons d ’emprisonne-
ment me heurta, ce qui me re¤ veilla, mais je ne tins pas a' lui parler.
Je re¤ fle¤ chis cependant a' mon re“ ve, et le racontai a' mon fre' re couche¤
pre' s de moi de l’autre co“ te¤ . Il lui plut beaucoup, espe¤ rant qu ’il
recelait pour nous un re¤ confort.
Tout en parlant ainsi, nous passa“ mes le reste de la nuit dans l’at-
tente impatiente du jour.
160
11
161
La premie're chose que C.R.C. constate, au troisie' me portail,
c’est la splendeur qui en e¤ mane. L’e¤ le've, par expe¤rience ve¤ cue,
sait qu’ il approche de la salle des noces, il est donc rempli d’une
joie inte¤ rieure immense, qu’on ne peut comparer a' aucun
bonheur terrestre. Les deux statues de ce portail, qui portent les
incriptions Congratulo et Condoleo (Je me re¤ jouis avec toi, Je
souffre avec toi) n’enle' vent rien a' cela, mais soulignent la
nature et la profondeur du chemin d’expe¤ riences que suit Chris-
tian Rose-Croix.
Le chemin du retour est, litte¤ ralement, mort permanente et
permanente croissance dans le renouvellement. Tout l’ancien,
l’ impie, doit comple'tement dispara|“ tre pour faire place au par-
faitement saint, a' l’ incorruptible. Les deux processus se fondent
l’un dans l’autre. Ils sont inse¤ parables et me'nent a' la Vie, a' la
vraie Vie. C ’est en acceptant d’abord de ßdescendre pour
monter, c’est d’abord par le ßIn Jesu morimur que devient pos-
sible le ßPer Spiritum Sanctum reviviscimus. C ’est uniquement
ainsi que l’e¤ le've, en vertu du sceau inte¤rieur qu’ il porte, devient
aux Noces, l’invite¤ de l’Epoux. Et tout au long de ces processus,
durant toutes ses expe¤riences, la Lumie' re de la Gnose, la
Lumie' re d’Amour de Christ l’accompagne comme un guide,
qui l’entra|“ ne et le prote' ge sur le chemin de croix des Roses, la
Via dolorosa.
162
rance, le fluide astral nouveau libe¤ rait dans le corps e¤ the¤ rique les
e¤ thers nouveaux, les mate¤ riaux permettant la formation du
Manteau d’or des noces de l’Ame, et comment, par l’ interme¤ -
diaire de la rate, ceux-ci agissaient dans le corps physique.
Apre' s cette triple purification pre¤liminaire, qui dote l’e¤ le've
d’un principe vital nouveau (issu du coeur), d’une e¤nergie
vitale nouvelle (transmise par le foie) et d’une substance vitale
nouvelle (achemine¤ e par la rate), la pre¤ paration aux noces, a'
l’union alchimique de l’Ame et de l’ Esprit, peut avoir lieu a'
l’endroit ou' se situe la salle des noces : le sanctuaire de la te“ te.
Gra“ ce au travail de l’e¤ le've, le centre de l’a“ me, qui est situe¤ der-
rie're l’os frontal, dans la quatrie' me cavite¤ ce¤ re¤ brale, ou' sie' ge le
moi naturel en raison de la naissance dans la nature, s’allume a' la
lumie' re de l’Ame. A ce signe, le gardien du troisie' me portail re-
conna|“ t le nom par lequel il s’adresse a' Christian Rose-Croix :
ßFils de l’ Homme. C ’est ce nom qu’ il inscrit dans le Livre de
Vie ; c’est ce signe qui relie directement Christian Rose-Croix a'
l’ Epoux, a' l’ Esprit, a' la Monade microcosmique. C ’est par ce
signe que Christian Rose-Croix rec oit l’autorisation et le
pouvoir de prendre part et de coope¤ rer a' la fe“te des noces alchimi-
ques.
Mais il est e¤vident que, de¤ sormais, oui, plus que jamais aupa-
ravant, son comportement doit porter de¤ finitivement la marque
de cette liaison sublime. De me“ me que Mo|«se pre' s du buisson
ardent entend ces paroles : ßOte tes chaussures de tes pieds, car
le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte, ainsi Christian
Rose-Croix doit-il maintenant enlever ses chaussures, abandon-
ner de¤ finitivement l’ancien, tout l’ancien.
Ensuite deux pages portant des flambeaux le conduisent dans
une petite chambre, fixent leur torche dans deux trous du sol et
le laissent seul. Puis un bruit s’e¤le' ve et C.R.C. sent que des
hommes se jettent sur lui ; ils l’empoignent manifestement avec
violence. Il semble que ce soient des barbiers. Mais il ne les voit
pas et leur demande de le traiter avec un peu plus de me¤nage-
163
ment, puisqu’ il est pre“t a' faire ce qu’ ils veulent. Ils lui rasent
alors le sommet de la te“ te, proprement et avec e¤ le¤ gance. Pareil
traitement affecte C.R.C., qui ne voit toujours personne, au
point de lui faire perdre presque tout courage. Mais son irrita-
tion para|“ t sans motif, car les deux pages reviennent biento“t et
rient de sa peur.
Que veut dire tout cela ! La formation de la conscience omni-
pre¤ sente, la conscience de l’Ame ve¤ ritable, qui doit flamboyer
chez le candidat aux noces alchimiques, afin qu’ il puisse partici-
per consciemment au grand processus de sanctification qui va
avoir lieu, de¤ pend aussi, organiquement, de l’e¤ tablissement
d’une liaison entre la pine¤ ale et l’ hypophyse. La pine¤ale est l’or-
gane de perception supe¤ rieur, mais chez l’ homme ne¤ de la
nature, il est devenu ne¤ gatif et ne fait plus fonction de porte
d’acce's de l’ Esprit et de son activite¤. L’ hypophyse, situe¤e au
centre de l’Ame, petit organe de la plus haute importance, qui
contro“le a' peu pre's toutes les fonctions essentielles de notre
corps, e¤ tait relie¤e jadis a' la pine¤ ale par le pont ardent des forces
de la kundalini. En conse¤quence du nouveau comportement, re¤ -
sultant de l’e¤ le¤vation des vibrations de l’ hypophyse, cette liaison
est re¤ tablie dans l’e¤ le' ve et c’est gra“ ce a' elle qu’a lieu la naissance
de la Lumie' re divine dans le sanctuaire de la te“te, ainsi que la
formation de la conscience nouvelle, la naissance du vrai
pouvoir de penser.
Dans sa monte¤ e inte¤rieure vers l’accomplissement, qui le
rendra conscient dans le Temple des Myste' res, Christian Rose-
Croix, a' la suite de la triple purification dont nous venons de
parler, sent la force de la kundalini sainte jaillir de l’anneau de
feu qui entoure la pine¤ale, toucher et enflammer celle-ci ainsi
que l’ hypophyse, re¤ tablissant de la sorte la liaison entre elles
deux. L’e¤ le' ve ne reconna|“ t pas imme¤ diatement, ne rec oit pas di-
rectement de facon harmonieuse ce double et puissant attouche-
ment, qui le foudroie. Cet influx se pre¤ cipite sur lui, en lui, et sa
Lumie' re l’aveugle temporairement, de telle sorte qu’ il se croit
164
dans les te¤ ne' bres. Elle irradie le sanctuaire de la te“ te, l’encercle
d’une vibration durable puissante, et purifie les courants
d’e¤ thers qui sortent par les cheveux, exactement a' l’emplace-
ment de la huitie' me chambre de la tour, sous le toit du cra“ ne, la
ßcolline de Golgotha, l’endroit ou', biento“t, pendant la fe“te des
noces, la divine Alchimie commencera son travail de me¤ tamor-
phose.
Mais bien vite C.R. C se remet quelque peu de sa consterna-
tion initiale : les forces de Lumie' re qui le servent ^ repre¤ sente¤ es
dans le re¤ cit par les pages ^ sont a' ses co“te¤s et lui font comprendre
qu’ il n’a aucune raison d’avoir peur. Au contraire ?
Maintenant Christian Rose-Croix est pre“t a' entrer dans le
Temple de l’ Initiation. Mais a' son e¤ tonnement et a' sa tristesse,
il lui semble qu’ il y a la' de nombreuses personnes qui ne sont pas
du tout a' leur place, telle est sa conviction. Elles ont le verbe
haut et font beaucoup de remue-me¤ nage. Il en conna|“ t par leur
nom qui, visiblement, sont entre¤ es par un autre moyen que lui.
Il est donc bien compre¤hensible qu’ il se demande : ßAi-je donc
supporte¤ tant de peines et de difficulte¤s pour cela ! A la question
de certains : Eh bien, fre' re Rose-Croix, te voila' , toi aussi !! Il re¤ pond :
Oui, fre' res, la gra“ ce de Dieu m’a permis, a' moi aussi, d ’entrer ici, et on se
moque de lui. On trouve en effet ridicule de pre¤ tendre qu’une si
mince affaire ne¤ cessite l’aide de Dieu.
Puis le signal de passer a' table est donne¤ . Pour commencer, les
e¤ le' ves sont mis en rapport direct avec la force astrale pure du
Temple du Portail. Mais tre' s peu re¤ agissent a' cet attouchement
direct d’une manie' re positive, c’est-a'-dire en fonction du
nouveau principe de l’Ame pre¤ sent en eux. Les plus nombreux,
et de loin, ne peuvent rien faire d’autre que re¤ pondre avec leur
conscience dialectique, ce qui se manifeste, e¤tant donne¤ leur ne¤ -
gativite¤, par un e¤ gocentrisme exacerbe¤ non de¤ guise¤ , provoquant
les sce' nes honteuses mais re¤ ve¤ latrices de¤ peintes en de¤tail dans le
re¤cit.
165
Au milieu de tout ce tapage, retentit soudain une musique
merveilleuse comme celle de nombreux instruments a' cordes ^
mais on n’en voit aucun ^ qui rame'ne tout le monde au calme.
La se¤ re¤nite¤ du sixie' me Domaine cosmique se re¤pand, comme
pour purifier la sphe' re astrale du Temple du Portail, souille¤ e par
les chercheurs indignes, et pre¤ parer ce qui va suivre ine¤ luctable-
ment : l’annonce du prochain jugement. C ’est la premie' re
confrontation avec la grande exigence pose¤ e a' chacun de ceux
qui de¤ sirent entrer dans la salle des noces. Les portes s’ouvrent,
et, majestueusement, dans une harmonie et une purete¤ parfaites,
la Lumie're afflue dans le Temple, selon sa propre loi, la loi du
service plein d’amour, placant l’e¤ le've devant sa premie' re
e¤ preuve pre¤ paratoire : ßAs-tu de toi-me“ me une connaissance suf-
fisante ! Te sais-tu suffisamment pre“ t inte¤ rieurement a' rencon-
trer l’ Epoux, l’ Esprit, a' e“tre son invite¤ a' la Fe“ te sainte ! Sais-tu
bien si tu en es digne !
Suit alors un rappel des mises en garde de¤ ja' e¤ nonce¤ es au can-
didat dans la lettre d’ invitation : surtout ne pas para|“ tre dans la
salle des noces sans en e“tre digne.
Ensuite la Lumie' re dispara|“ t de nouveau, et chacun est aban-
donne¤ a' sa propre recherche. Mais fide' le a' la grande loi d’Amour
qui re¤ git l’univers, elle laisse derrie' re elle une petite lumie' re
aupre' s de chaque e¤ le've, en chaque e¤le' ve, pour le servir, dans la
mesure du possible.
Ensuite, vient le moment du jugement de soi-me“ me, qui
re¤sulte de l’examen de soi et de la since're connaissance de soi,
comme l’exige la Lumie' re. La plupart semblent ne pas avoir
l’e¤tat requis ; cependant ils s’obstinent a' conside¤ rer la voie des
noces alchimiques sous un angle spe¤ culatif, de me“ me que, dans le
monde dialectique, on raisonne, on de¤ cide et on s’occupe de
tout de manie' re spe¤culative. Mais celui qui veut approcher ce
qui est saint, qui veut parcourir avec fruit le chemin de la de¤ li-
vrance, devra ine¤luctablement remplir les conditions requises.
Car, dans les profondeurs, ce que l’e“ tre de¤ sire s’exprime invaria-
166
blement par la parole : ßSois saint, car Je suis saint. Qui n’en a
pas conscience e¤ prouvera que les noces lui causeront dommage.
A la fin, neuf candidats, dont Christian Rose-Croix, pensent
ne pas remplir les conditions exige¤ es ; pleins de honte, ils se lais-
sent attacher avec des cordes jusqu’au lendemain, le jour du Ju-
gement.
Quelle beaute¤ dans cette partie du re¤ cit ? Quel homme, en
effet, parmi ceux qui tentent de sortir de l’e¤tat d’ homme
de¤ chu, dans l’ instabilite¤ de ce monde, est digne de para|“ tre
devant la Lumie' re immacule¤e de l’Ordre divin ! Qui, se
sachant un ßfils perdu, est digne de para|“ tre devant la face du
Pe' re ! Christ n’a-t-il pas dit, a' propos de l’ homme dialectique :
ßQue me parlez vous de bien ! Il n’y a personne de bon, pas
me“ me un.
Les neuf candidats sont conscients de cela : neuf, le chiffre de
l’ humanite¤ mu“re pour le chemin de la de¤ livrance ; neuf, les cent
quarante quatre mille dont parle l’Apocalypse. Profonde¤ment
conscients de leur indignite¤, ils se livrent en toute humilite¤ et
sans conditions a' la Lumie' re de la Gnose, et se laissent lier par
elle ? Dans l’abandon total d’eux-me“mes, sachant que seuls ils
ne peuvent rien, ils se confient a' la Lumie're qui juge ; et c’est
justement cela qu’elle demande comme condition d’admission ?
Ce n’est que par une telle reddition de notre moi terrestre, par
notre renoncement total, que la Lumie're de l’ Esprit, la Lumie' re
de Christ, peut e¤tablir en nous sa demeure. Ce n’est qu’en
ßmourant ainsi en Je¤ sus le Seigneur que peut s’accomplir la re-
naissance par l’ Esprit Saint.
Au cours de la dernie're nuit de sa conscience terrestre,
C.R.C. voit alors en re“ ve que : ßQui pend haut tombe de haut.
Qui s’e¤le' ve sera abaisse¤ . Qui s’abaisse sera e¤ leve¤ . C ’est une loi
du chemin de la libe¤ ration, dont Christian Rose-Croix aura la
pleine confirmation au Troisie' me Jour.
167
12
Nous avons dit que Christian Rose-Croix avait e¤te¤ extre“ me-
ment e¤tonne¤ , en entrant dans le Temple de l’ Initiation, de cons-
tater qu’a' son avis beaucoup de gens n’y e¤ taient pas a' leur place
et qu’ ils ne le de¤ montraient que trop par leur conduite.
La question s’ impose : comment est-ce possible ! Comment
quelqu’un peut-il entrer dans leTemple de l’ Initiation, alors que
ses dispositions inte¤ rieures prouvent qu’ il n’a pas la maturite¤ ne¤ -
cessaire ! Nous le comprendrons en approfondissant la ve¤ rite¤ que
nous transmettent Les Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix.
Vous savez que les sept domaines cosmiques s’ interpe¤ne'trent
tous. En un certain sens, ils forment un tout, un Univers, un
Temple, une Demeure divine. En outre, comme la logique
nous le montre, il y a, dans cette grande Demeure divine, des
points ou des domaines qui sont des sphe' res de transition entre
un domaine et un autre. Car tous ces domaines glissent les uns
dans les autres. Mais il y a aussi des sphe' res ou' la septie' me partie
cosmique cesse absolument d’exister et dont la nature, les vibra-
tions et la ple¤ nitude de rayonnement appartiennent de¤ja'
comple' tement au sixie'me Domaine cosmique.
Or le Temple ou' nous conduit le Deuxie'me Jour des Noces Al-
chimiques est une sphe're interme¤diaire, un domaine de transition.
C’est la raison pour laquelle on parle d’un portail, d’un ba“ timent
d’entre¤ e. Et derrie' re ce ba“ timent d’entre¤ e, derrie' re ce Temple, se
trouvent encore deux autresTemples, comme on le voit dans l’in-
vitation aux noces, ou' il est question de troisTemples.
168
Le Septuple CorpsVivant de la Jeune Gnose est entoure¤ d’un
champ astral, dont une partie, le sommet, se divise en trois
aspects, en trois Temples.
Le premier est le Temple du Jugement, une sphe're interme¤ -
diaire, un domaine de passage, ou' l’e¤ le've doit montrer s’ il
posse' de ou non des qualite¤ s d’a“ me assez grandes pour satisfaire
aux exigences d’une Communaute¤ d’Ames parfaites.
Le deuxie' me Temple est cette Communaute¤ d’Ames parfai-
tes elle-me“me.
Et le troisie' meTemple est celui de la Communaute¤ divine, le
Temple de la naissance de l’ Esprit.
Mais attention, on ne peut pas parler de la Communaute¤
d’Ames de la Jeune Gnose comme d’un groupe rigoureusement
se¤ pare¤ . L’e¤tat de se¤ paration est un concept dialectique, un fait
dialectique. La Communaute¤ d’Ames comprend tous ceux qui
sont re¤ ge¤ ne¤ re¤ s selon l’a“me. C ’est la totalite¤ de la Cha|“ ne univer-
selle, la grande foule que personne ne peut compter ; la phalange
ou', en vertu de leur nature, se fondent toutes les Fraternite¤ s et
tous les groupes qui ont trouve¤ et parcouru l’ Unique Chemin.
L’on comprend ainsi pourquoi C.R.C. et nous de me“me, si
nous suivons le chemin, retrouvons dans le premier Temple, le
champ du Jugement, l’espace situe¤ entre le septie' me et le
sixie'me Domaine cosmique, tous ceux qui tentent, d’une
manie' re ou d’une autre, dans n’ importe quel groupe ou e¤ cole,
d’atteindre un nouvel e¤tat de vie. Tous ceux qui s’y efforcent de
n’ importe quelle fac on se rencontrent dans ce champ.
Maintenant vous pouvez vous repre¤ senter la profonde cons-
ternation, la grande de¤ ception de Christian Rose-Croix ; et vous
comprenez qu’ il se pose la question : ßMe suis-je donne¤ tant de
mal pour cela !
Le se¤ jour dans cette sphe' re astrale, en effet, n’est pas agre¤able ?
Alors qu’au de¤ but nous n’aspirons qu’a' la paix absolue, au calme
immense de la Vie libe¤ re¤ e, quelle de¤ ception, apre' s s’e“ tre donne¤
tant de mal pour arriver jusque-la' , d’e“ tre oblige¤ de constater
169
que ceux qui croient le plus fermement e“ tre arrive¤ s, alors qu’ ils
n’y sont pas du tout, sont ceux qui bavardent le plus et se pous-
sent aux premie'res places.
Mais ne voyez-vous pas comment la loi de la Liberte¤ univer-
selle va se de¤ montrer ici ! Vous vous efforcez de conna|“ tre et de
posse¤ der la Ve¤ rite¤, vous croyez que vous y e“ tes parvenu, vous
croyez avoir converti la Ve¤ rite¤ en valeurs positives, au plus
profond de vous-me“ me. Eh bien, vous avez le pouvoir, oui,
vous avez me“ me le devoir d’en te¤moigner, ici, dans le premier
Temple ?
Ne voyez-vous pas, la' encore, comment la loi de la Gra“ ce uni-
verselle se de¤ montre ! Marque¤ du sceau de la Voie royale, vous
vous efforcez de lutter, vous avez de¤ja' lutte¤ pour atteindre la
Ve¤ rite¤ , et vous croyez sans doute n’e“ tre arrive¤ a' rien, au contraire
de ceux qui s’ imaginent avoir tout si bien re¤ ussi. Or, d’apre' s
votre e¤ tat d’e“ tre, vous e“ tes mene¤ vers un seuil astral, et c’est
votre e¤ tat d’e“ tre qui de¤terminera si, oui ou non, l’on vous accor-
dera d’acce¤der au Troisie' me Jour des noces alchimiques. Tous
ceux qui veulent re¤ ellement se soustraire a' la nature de la mort
sont confronte¤ s a' ce crite' re astral, sont attire¤s vers ce seuil astral
comme le fer par l’aimant. Et comme on l’a de¤ja' dit : ce seuil
astral, c’est le Temple du Jugement.
Ainsi le Troisie'me Jour commence avec le feu du jugement
dans le Temple du Portail. Et vous savez de quelle manie' re ce
jugement est prononce¤ puis exe¤ cute¤. Chaque e¤ le've doit e“ tre en
mesure de re¤ sister, sur le plateau de la balance, a' la charge des sept
poids.Vous comprenez sans aucun doute ce que repre¤ sentent ces
poids. Ce sont les sept Rayons de l’ Esprit Septuple, auxquels
l’e¤le' ve ve¤ ritable doit re¤ agir.
Celui qui ne re¤ agit pas positivement a' ces sept Rayons est
renvoye¤ a' son propre e¤tat d’e“ tre, celui d’ homme ne¤ de la nature
de la mort. Celui qui veut s’arracher a' la nature dialectique, mais
ne posse' de pas encore les qualite¤s requises, y est donc sans cesse
rejete¤ . Ce n’est pas une sanction, c’est la loi. Alors, e¤ le've, quand
170
vous subissez l’ inexorable emprise de la nature ordinaire et que
re'gnent en vous le mal et la douleur, sachez qu’ il n’est pas encore
question pour vous de franchir le Temple du Portail. Vous ne
sauriez passer ce seuil astral : les flammes du feu astral vous l’ in-
terdisent.
Maintenant regardez-vous vous-me“ me, dans votre vie pre¤ -
sente. Le Troisie' me Jour se le' ve, pour un temps, sur l’ humanite¤
tout entie' re, autrement dit les Rayons de l’ Esprit Septuple aug-
mentent beaucoup leur puissance et me' nent l’ humanite¤ au ju-
gement. Tous ceux qui sont pleins d’aspiration, tous ceux qui,
d’une manie' re ou d’une autre, se disent religieux, dans
quelque sens que ce soit, tous ceux qui croient avoir compris
ßCela, subissent pendant les heures de sommeil, l’e¤preuve du
nouveau Champ astral, ils sont donc conduits au Temple du
Portail. Par ailleurs, les forces des sept Rayons suscitent dans la
vie sociale ordinaire des situations et des circonstances qui sont,
manifestement, autant d’exe¤cutions du jugement.
Sentez-vous a' quel point il est ne¤ cessaire, si vous voulez vous
soustraire a' la chute le¤murienne de¤ ja' visible en ce monde, de
mener votre apprentissage avec le plus grand se¤ rieux, afin de
pouvoir franchir le Portail, au-dela' duquel s’engage le processus
d’e¤ le¤vation appele¤ ßnoces alchimiques!
Car si vous de¤ sirez devenir des serviteurs et des servantes de la
Lumie' re gnostique, il faut aussi que vous posse¤ diez la science de
laVie nouvelle, que vous de¤ teniez la force de laVie nouvelle, que
vous soyez des pre“ tres ve¤ritables.
Reve“ tez-vous donc, comme Christian Rose-Croix, du ve¤ ri-
table ve“ tement de l’ordre de votre apprentissage. Et accomplis-
sez avec nous la grande mission du nouveau Royaume gnos-
tique, qui a e¤ te¤ fonde¤ pour recueillir et aider tous ceux qui
veulent vraiment essayer d’e¤quilibrer la charge des sept poids.
171
13
172
co“te¤ de toutes les autres ! N’accroissons-nous pas ainsi la disper-
sion des efforts dans le domaine spirituel ! Pourquoi e¤lever la
voix si haut dans un choeur de¤ ja' si bruyant ! Qui nous en
donne le droit ! Avons-nous bien l’approbation et l’aide des
Grands !
Ce droit, nous allons vous l’expliquer ? Et, une fois que nous
l’aurons fait, vous jugerez vous-me“me si vous pouvez de¤ja'
exercer ou non ce droit avec nous. Ce n’est que dans ce cas, et
seulement si vous comprenez le juste fondement inte¤rieur de
notre intervention, que vous pourrez approfondir les ve¤ rite¤ s
que nous allons vous exposer.
173
l’ histoire mondiale, appara|“ t une Ecole qui, en vertu de sa nature
et de son appel, se tient comple' tement a' l’e¤ cart de tous les efforts
de bonte¤ du monde. Ce sont les e¤poques ou' les circonstances
naturelles favorisent l’afflux du seul Bien dans le coeur des
hommes qui s’ouvrent a' lui et vivent pour lui. Donc, n’ interve-
nons pas dans la bataille du ßbien, ne nous placons me“ me pas au-
dessus, restons carre¤ ment en dehors.
En tant que Communaute¤ de la Rose-Croix d’Or, nous
avons fonde¤ un Royaume gnostique, ou' nous avons forme¤ un
Corps Vivant gnostique, organisme d’ initiation vivant pour
tous ceux qui de¤ sirent y entrer. L’ Esprit Saint descendra sur
tous ceux qui voudront remplir les conditions de l’ initiation, il
se manifestera a' eux, il se libe¤ rera en eux. Quelles sont ces condi-
tions ! Elles consistent en l’accomplissement d’une loi septuple,
la loi de l’ Esprit Saint Septuple, avec laquelle on ne peut transi-
ger.
C ’est pour vous faire conna|“ tre cette loi de l’ Esprit Saint
Septuple, la loi de l’entre¤ e dans la Vie libe¤ratrice, que nous
allons vous parler maintenant du Troisie' me Jour des Noces Alchi-
miques de Christian Rose-Croix, notre prototype a' tous, l’ homme
qui, en nous, doit revenir a' la vie, le vrai Fils de Dieu.
Apre' s tout ce qui pre¤ ce' de, vous comprendrez mieux que
jamais que tous les candidats qui sont parvenus dans le Temple
de l’ Initiation, le Temple du Portail, soient soumis a' l’e¤preuve
de la balance. Chaque candidat doit subir l’e¤ preuve des sept
poids, avant de pouvoir poursuivre le chemin du grand change-
ment, de la transmutation.
Il fallait que nous vous disions tout cela, comme introduction
au Troisie' me Jour des Noces Alchimiques. Et nous re¤ pe¤ tons avec
insistance : nous ne vous parlons pas des Noces Alchimiques pour
vous en expliquer la signification, mais pour qu’elles s’accom-
plissent en vous ?
Compre¤hension, entendement signifient conscience dans la
Gnose, mais en me“ me temps, liaison simultane¤ e avec le coeur.
174
Vous savez que c’est presque a' perte de vue que s’allonge la file
des hommes qui tentent de pe¤ ne¤ trer dans le Temple de l’ Initia-
tion et qui ont tous des raisons personnelles de le faire. Le
plupart ont acquis une grande bonte¤ , parfois me“ me une
extre“me bonte¤. Mais pour ne pas e“ tre trouve¤s trop le¤ gers dans
le Temple de l’ Initiation de la Gnose, ils doivent re¤ pondre au
Nombre parfait, au nombre sept, le nombre de l’ Esprit Septu-
ple, le nombre de Dieu.
Vous devez savoir cela, vous devez y re¤ fle¤chir, vous qui e“ tes
candidat au chemin de la de¤ livrance ? Il faut donc vous y pre¤ pa-
rer le plus vite possible, en toute ha“ te. Maintenant que l’e're du
Verseau est commence¤ e, le courant de gra“ce de la ple¤nitude
gnostique afflue vers vous de toute sa force ; le courant du
Nombre parfait. Etes-vous pre“ t a' passer l’e¤ preuve !
La ce¤ re¤monie de l’ initiation, que l’ Ecole ce¤ le'bre avec ses
e¤ le' ves, conduit ceux-ci devant la balance, sur laquelle ils auront
a' prendre place en vertu de leur apprentissage. Cet apprentissage
n’a de sens que s’ ils se rendent compte de la relativite¤ de toute
bonte¤ terrestre et que, s’en tenant a' l’ Unique Ne¤ cessaire, le
Nombre parfait, ils ne sont pas trouve¤s trop le¤ gers a' la pese¤ e.
L’ E¤uvre sainte, ordonne¤e par le Pe' re depuis les origines,
appelle tous ceux qui, en ve¤ rite¤ , aspirent a' la de¤ livrance.
175
Le troisie' me jour
176
De' s que le jour radieux eut commence¤ a' poindre et que le soleil
brillant, montant au-dessus des montagnes, eut repris la ta“ che a'
lui confie¤ e dans le haut du ciel, mes compagnons de combat se
leve' rent aussi et commence' rent a' se pre¤ parer peu a' peu en vue de
l’e¤ preuve. L’un apre' s l’autre ils revenaient dans la salle, nous
souhaitant le bonjour et nous demandant comment nous avions
dormi pendant la nuit. A la vue de nos cordes, beaucoup riaient
de ce que nous eussions capitule¤ si la“ chement et non pas pre¤ fe¤ re¤
tenter notre chance, a' tout hasard, comme eux; cependant
quelques-uns, dont le coeur battait la chamade, se gardaient d ’en
parler tout haut. Nous nous excusa“ mes de notre sottise, espe¤ rant
e“ tre biento“ t de¤ livre¤ s et justifie¤ s en de¤ pit de leurs railleries; d ’ail-
leurs ils n’e¤ taient pas encore hors d ’affaire, et le plus grand des
dangers les guettait peut-e“ tre.
Quand tous furent rassemble¤ s, trompettes et timbales retentirent
une nouvelle fois, comme la veille, et nous ne pu“mes nous
empe“ cher de penser que le Fiance¤ ^ la plupart d ’entre nous ne
l’avaient pas encore aperc u ^ allait maintenant se pre¤ senter.
Nous nous trompions grandement, c ’e¤ tait a' nouveau la Jeune
Fille de la veille, tout habille¤ e de velours rouge et ceinture¤ e de
blanc. Sur la te“ te, elle portait une verte couronne de laurier, qui
lui allait a' merveille. Cependant ce n’e¤ taient plus les petites
lumie' res qui l’escortaient, mais environ deux cents hommes
arme¤ s, habille¤ s comme elle de rouge et de blanc.
177
A peine leve¤ e de son tro“ ne, elle vint droit vers nous, les prisonniers,
nous salua et nous adressa brie' vement ces paroles: ßQue
quelques-uns parmi vous soient conscients de la mise' re de leur
e¤ tat, mon exigeant Seigneur s ’en re¤ jouit fort et il en tiendra
compte en leur faveur. M ’apercevant dans mon habit, elle rit et
dit. ßTiens, te voici donc, toi aussi, sous le joug ! Et moi qui
pensais que tu t ’e¤ tais e¤ quipe¤ avec tant de soin ?
Ces paroles m’arrache' rent les larmes des yeux. Puis elle ordonna
de nous de¤ tacher et de nous regrouper dans un endroit d ’ou' nous
verrions bien la balance. Ensuite, elle dit: ßIl se pourrait que cela
fin|“ t mieux pour vous que pour tel ou tel audacieux qui se trouve
ici encore sans liens.
Pendant ce temps, une balance en or e¤ tait suspendue au milieu de
la salle, a' co“ te¤ de laquelle on dressa une petite table recouverte de
veloursrouge, ou' sept poids furent place¤ s. D ’abord un poids assez
gros, puis quatre plus petits, a' part; enfin encore deux gros, e¤ gale-
ment a' part. Proportionnellement a' leur volume, ces poids e¤ taient
d ’une lourdeur telle que personne n’eut pu le croire ni le compren-
dre. Tous les hommes arme¤ s portaient, outre une e¤ pe¤ e nue, une
corde solide. Ils furent range¤ s en sept groupes, conforme¤ ment au
nombre des poids, et la Jeune Fille en de¤ signa un pour chaque
poids. Alors elle monta de nouveau sur son tro“ ne e¤ leve¤ , fit une
re¤ ve¤ rence et parla aussito“ t d ’une voix puissante:
178
Qui s ’introduit dans l’Ordre des artistes,
sans pour autant y e“ tre e¤ lu,
et joue l’artiste plein d ’importance,
me¤ rite les railleries qui l’attendent.
179
14
La Balance et leJugement
180
de vos expe¤ riences nocturnes, ou tout au plus de quelques bribes
seulement, au travers de re“ ves confus et trompeurs, il est absolu-
ment certain que l’endroit ou' vous allez pendant le sommeil, le
champ astral de respiration ou' vous se¤ journez et ou' votre corps
reprend des forces pour le lendemain, est parfaitement conforme
a' votre mentalite¤ , a' vos de¤sirs et a' vos actes. C ’est ainsi que les
hommes sont attire¤ s, durant le sommeil, par le champ astral cor-
respondant a' leur aspiration.
On peut se repre¤ senter l’aspiration des hommes, dans toutes
ses gradations, comme les marches d’un escalier, escalier ayant sa
contre-partie dans le monde astral. Au sommet de l’escalier se
manifeste un e¤ tat astral correspondant aux plus hautes aspira-
tions dont l’ homme soit capable en vertu de son e¤tat ordinaire
d’e“ tre ne¤ de la nature. Tout ce qui de¤ passe ce degre¤ n’est plus de
la terre, n’appartient de¤ ja' plus au septie'me Domaine cosmique,
mais a' l’essence du sixie'me Domaine cosmique, le monde de
l’e¤tat d’Ame vivante.
A ce point, dans cet e¤ tat d’e“ tre extre“ me, on pourrait dire que
l’on est parvenu a' une limite, a' un seuil, ou' l’on sera juge¤ sur un
crite' re astral, ou bien encore, comme dans les Noces Alchimiques,
au Temple du Portail. Un homme veut-il franchir la porte de ce
Temple, alors il doit absolument posse¤ der la nature, l’e¤ tat d’Ame
vivante.
Or vous savez, connaissant la nature humaine, que les
hommes dialectiques dote¤s des aspirations les plus hautes sont
parfois extre“ mement de¤ plaisants dans leur pre¤ somption, et
qu’ ils peuvent e“ tre dangereux pour eux-me“ mes et les autres. Il
y a, en effet, beaucoup de dames et de messieurs dont la pre¤ ten-
tion, en raison de leur position sociale et familiale, est grande
comme une montagne, et ils illusionnent leur entourage au
point qu’ ils en perdent tout e¤ quilibre psychique.
Pendant les heures nocturnes de sommeil, ces pre¤somptueux
bondissent sur les marches de l’escalier astral et, avec force
tapage, se placent au tout premier rang dans le Temple du
181
Portail, voulant ainsi atteindre le seuil astral et le de¤ passer. Leur
de¤ sir est tre' s pur jusqu’a' un certain point, donc compre¤ hensible,
mais l’ illusion qui leur est propre, due a' leur fatuite¤ , leur fait
de¤ passer la place qui leur reviendrait. Car il est impossible de
sauter une marche, de passer une phase astrale, sans satisfaire a'
la loi de l’e¤ tat d’e“ tre correspondant.
182
versel attestent toujours que celui qui rencontre et percoit la
Lumie' re commence par tomber comme mort.
Sentez-vous que la conscience d’e“ tre ainsi encha|“ ne¤ est un
puissant te¤moignage de l’e¤ tat de ßnon-e“ tre et, en me“me temps,
de l’ impossibilite¤ d’e“tre trompe¤ par cette expe¤ rience ! Car le ve¤ -
ritable e¤ tat d’e“tre, l’ habit, le ve“ tement astral que l’on porte, est
ici de¤terminant.
Vous savez, bien su“r, que le corps astral est justement de¤ peint
comme un habit, un ve“tement. L’ habit de son e¤ tat, le ve“ tement
de sa condition n’est pas ici quelque chose que l’on endosse pour
para|“ tre ce que l’on n’est pas ; le manteau astral, par son rayonne-
ment, sa couleur et sa vibration, montre qui l’on est et ce que
l’on est. Ce qui explique le passage suivant, relatif a' C.R.C.:
Quand la Jeune Fille m’aperc ut dans mon habit, Elle rit et dit: ßTiens,
te voici toi aussi sous le joug ! Et moi qui pensais que tu t ’e¤ tais e¤ quipe¤
avec tant de soin ?
A ces mots, les larmes lui viennent aux yeux. Il croit qu’on se
moque de lui. Mais le ve“tement astral ne ment ni ne flatte : par
son ve“ tement, Christian Rose-Croix a e¤ te¤ trouve¤ digne. Il ne lui
reste plus qu’a' confirmer cette dignite¤ dans sa conscience, et cela
par l’e¤ preuve.
183
les sept Fraternite¤s du Saint Graal correspondantes, qui oeuvrent
dans le monde au nom de la Cha|“ ne universelle. Chaque rayon
de la sainte Lumie' re Septuple est repre¤ sente¤ par une Fraternite¤
du Graal. Et la' ou' chaque Fraternite¤ du Graal, conforme¤ ment a'
sa ta“ che unique, monte la garde a' co“te¤ d’un des poids, donc
re¤pand de nouveau la Lumie' re Septuple tout entie're, nous
voyons re¤appara|“ tre les sept fois sept Rayons, comme une force
de Lumie' re autour de l’ Etoile de Bethle¤ em.
La balance est tout en or. Savez-vous que le me¤tal que nous
connaissons sous ce nom se compose de sept autres me¤taux
connus ayant fusionne¤, s’e¤tant combine¤s selon une formule de¤ -
termine¤ e pour n’en faire qu’un seul ! Voyez-vous que la balance
d’or repre¤ sente l’essence me“ me du jugement, le crite' re du juge-
ment de l’ Esprit Septuple dans le Temple du Jugement !
Comprenez-vous maintenant pourquoi on appelle ßmanteau
d’or des Noces le ve“ tement astral qui correspond aux sept
Rayons ! Et ce que le nombre vingt-huit nous re¤ ve'le des cheva-
liers de laToison d’or ! Ils repre¤ sentent, dans leur conjonction, le
symbole du soleil, le nombre du soleil, le symbole de l’or, qui
renferme non seulement l’Amour de Dieu, la grande impulsion
a' la renaissance, mais aussi le Jugement.
Les poids, nous l’avons dit, ne sont pas tous de la me“ me gros-
seur. Leur diffe¤ rence souligne le fait que les sept Rayons
connaissent des phases d’activite¤ puissante, puis d’activite¤ de¤ -
croissante, qui de¤ terminent le comportement des hommes et
alourdissent certaines obligations a' des moments donne¤ s.
Enfin les poids sont si pesants, en proportion de leur volume,
qu’aucun homme ne pourrait le croire ni le comprendre. En
effet, aucun homme du monde dialectique ne saurait re¤sister a'
la pesanteur de ces poids. Pour cela il faut e“ tre rene¤ selon l’Ame
et avoir trouve¤ son Pymandre.
Il est significatif que tous les poids n’aient pas la me“ me valeur
ni la me“ me forme. Trois gros sont a' l’e¤cart de quatre plus petits
juxtapose¤ s. Nous allons essayer maintenant d’expliquer le sens
184
de cette disposition et de ces diffe¤rences. Elles correspondent a' la
signification, au but et a' l’activite¤ conjointe des sept Rayons.
185
Ces paroles a' peine dites, elle ordonna aux pages de mettre tout le
monde en rang et de faire monter chacun a' tour de ro“ le sur la
balance. Aussito“ t un des empereurs, dans son habit d ’apparat,
apre' s une re¤ ve¤ rence a' la Jeune Fille, grimpa sur un plateau.
Alors chaque chef de groupe posa son poids sur l’autre plateau,
ce a' quoi l’empereur re¤ sista, a' l’e¤ tonnement ge¤ ne¤ ral. Mais le
dernier poids fut trop lourd et il s ’e¤ leva haut en l’air, a' sa grande
tristesse. Il me sembla que cela provoqua la pitie¤ de laJeune Fille,
qui fit signe aux siens de se taire; le bon empereur fut attache¤ , on
le confia au sixie' me groupe.
Apre' s lui un autre empereur prit fie' rement place sur la balance,
non sans avoir dissimule¤ sous son habit un gros livre e¤ pais,
pensant ainsi ne pas devoir e¤ chouer. Il re¤ sistait de justesse au troi-
sie' me poids quand il fut impitoyablement entra|“ ne¤ vers le haut;
dans sa frayeur, le livre lui e¤ chappa, tous les soldats se mirent a' rire
et il fut livre¤ , attache¤ , au troisie' me groupe. Il en alla encore de
me“ me pour d ’autres empereurs, qui furent tous honteusement
raille¤ s et ficele¤ s.
Ensuite parut un petit homme a' la barbe brune et frise¤ e, e¤ galement
empereur, qui, apre' s la re¤ ve¤ rence habituelle, monta lui aussi sur le
plateau. Il re¤ sista si fermement qu ’a' mon avis me“ me si les poids
avaient e¤ te¤ plus nombreux il n’aurait pas bouge¤ . LaJeune Fille se
leva aussito“ t, s ’inclina devant lui, lui fit reve“ tir un habit de
velours rouge, lui tendit une branche de laurier, dont elle avait a'
profusion sur son sie' ge, et l’invita a' s ’asseoir sur les marches de
son tro“ ne.
186
Il serait trop long de raconter ici tout ce qui arriva aux autres em-
pereurs, rois et seigneurs; mais je ne peux passer sous silence que,
contre mon attente, peu nombreux furent les nobles personnages
qui triomphe' rent de l’e¤ preuve, tout pare¤ s qu ’ils fussent de
maintes vertus. L’un re¤ sistait a' ce poids-ci, l’autre a' ce poids-
la' ; quelques-uns a' deux, et d ’autres encore a' trois, quatre ou
me“ me cinq poids; cependant, rares furent ceux qui arrive' rent a'
bout de l’e¤ preuve. Tous ceux qui e¤ chouaient e¤ taient durement
raille¤ s par les groupes.
Apre' s que les nobles, les savants et d ’autres eurent passe¤
l’e¤ preuve, on ne trouva dans leur groupe qu ’une ou deux person-
nes, le plus souvent aucune qui re¤ sista“ t a' tous les poids. Finale-
ment, ce fut le tour des pieux messieurs, mystificateurs du peuple,
et des faiseurs de ßlapis spitalauficus* On les plac a sur la balance
avec tant de moqueries que moi-me“ me, malgre¤ ma tristesse, je ris a'
m’en faire e¤ clater le ventre, et que me“ me les prisonniers ne pou-
vaient s ’empe“ cher de s ’esclaffer. La plupart n’eurent pas besoin
d ’attendrele jugement du tribunal : ils furent chasse¤ s dela balance
a' coups de fouet et de cravache, et mene¤ s vers les autres prisonniers,
chacun dans son groupe.
De la foule, il resta si peu de gens que j ’ose a' peine en dire le
nombre; parmi eux se trouvaient pourtant de hauts personnages;
tous furent honore¤ s d ’un habit de velours et d ’une branche de
laurier.
187
L’e¤ preuve termine¤ e, il ne restait, dans un coin, que nous qui
avions les mains attache¤ es; alors l’un des capitaines s ’avanc a et
dit: ßNoble Dame, s ’il pla|“ t a' votre Gra“ ce, ne pourrait-on peser
ces gens qui reconnaissent leur sottise, par simple divertissement et
sans danger pour eux, pour voir si, par hasard, il n’y aurait pas
quelqu ’un de bon parmi eux !
Pour commencer, cela m’inquie¤ ta fort car, dans mon e¤ preuve, je
me consolais a' l’ide¤ e de n’avoir pas a' subir de honte ni a' e“ tre
chasse¤ du plateau a' coups de fouet. Je ne doutais pas, en effet,
que beaucoup de prisonniers regrettaient de n’e“ tre pas pluto“ t
reste¤ s dix nuits avec nous dans la salle.
Mais comme la Jeune Fille donnait son assentiment, la chose
devait se faire; nous fu“mes de¤ livre¤ s de nos liens et place¤ s un a' un
sur le plateau. Beaucoup e¤ choue' rent, mais ni raille¤ s ni battus, ils
furent tranquillement conduits a' l’e¤ cart. Mon compagnon e¤ tait le
cinquie' me, il tint bon, alors nous l’acclama“ mes, en particulier le
capitaine qui avait interce¤ de¤ pour nous, et la Jeune Fille lui
accorda les honneurs habituels. Ensuite deux furent jete¤ s en l’air
a' nouveau. Quant a' moi, j ’e¤ tais le huitie' me. De' s que, tout trem-
blant, j ’eus grimpe¤ sur le plateau, mon compagnon de¤ ja' assis la' -
bas dans son habit de velours me regarda d ’un air bienveillant et
la Jeune Fille elle-me“ me esquissa un sourire. Je re¤ sistai a' tous les
poids, alors la Jeune Fille ordonna de me soulever par la force, et
trois hommes se suspendirent a' l’autre plateau, sans re¤ sultat. Sur
quoi l’un des pages se leva d ’un bond et cria le plus fort qu ’il
put: ßC ’est lui ? Et l’autre reprit: ßRendons-lui la liberte¤ , ce
que laJeune Fille accepta.
188
15
189
son groupe, il doit, lui aussi, prendre place sur la balance. Or ^ et
comment pourrait-il en e“tre autrement ^ il ne se fait aucune illu-
sion quant au re¤sultat. Mais, a' sa grande surprise, voila' qu’ il
re¤siste aux sept poids. Et lorsqu’on tente de le tirer fortement
vers le haut et qu’on commande a' trois hommes de se suspendre
a' l’autre plateau de la balance, rien ne se passe. La balance ne
bouge pas. Alors retentit le cri : C ’est lui ? Libe¤ rez-le ?
190
continue, nuit apre' s nuit. Car c’est tout un processus qui se
de¤ roule, le processus du Temple, le processus de l’ Initiation.
C ’est pourquoi, lorsque l’e¤ le' ve s’e¤ veille le matin, dans la vie
quotidienne ordinaire, il porte en lui bien souvent les traces des
expe¤riences nocturnes faites dans leTemple. Car c’est dans la vie
quotidienne ordinaire qu’ il doit apprendre la grande lec on, la
lec on du Nombre parfait. Les instructions recues doivent e“ tre
exe¤ cute¤ es directement et comple'tement sous forme d’actes,
elles doivent e“tre grave¤es au fer chaud dans l’e¤le' ve.
C ’est pourquoi vous devez pe¤ ne¤ trer cette ve¤ rite¤ profonde : a'
co“te¤ de votre apprentissage exte¤ rieur dans l’ Ecole Spirituelle, il
y a aussi un apprentissage inte¤rieur, apprentissage de la plus haute
importance.
191
Donc, prenez garde, il s’agit pour vous, en premier lieu,
d’e“ tre admis dans le processus de formation et de de¤ veloppe-
ment de la Gnose. Alors seulement commence le ve¤ ritable ap-
prentissage de la Rose-Croix ; alors seulement vous pouvez
avec fruit entrer en liaison avec la splendeur grandiose du
Nombre parfait, de l’ Esprit Septuple.
Il y a donc sept lec ons a' apprendre, sept apprentissages a' vivre,
sept vertus a' acque¤ rir, sept qualite¤ s a' posse¤ der. Il faut donc qu’un
septuple changement s’accomplisse. Les expe¤riences de la
balance sont donc en rapport avec un processus d’ initiation.
Nous avons maintenant le devoir de vous en parler. C ’est une
affaire de¤ licate, dont on ne traite que de temps en temps et par-
tiellement, car ce n’est pas dans les habitudes de la Fraternite¤. La
me¤ thode normale est toujours celle-ci : chaque candidat doit
arriver a' de¤ couvrir lui-me“ me, sans interme¤diaire, le chemin de
l’ initiation dont nous allons maintenant vous parler.
Pourquoi donc aller a' l’encontre de cette habitude ! C ’est
parce qu’ il faut que la salle des noces du nouveau Champ astral
se remplisse ? Le temps presse ? Il ne reste a' l’ Europe qu’un
court de¤ lai ? Les choses se passent donc comme pour vous
forcer, si c’e¤ tait possible, a' entrer dans le Nouveau Royaume.
Cette me¤thode inhabituelle est employe¤ e pour vous faire
prendre conscience des possibilite¤ s qui sont les vo“tres au-
jourd’ hui.
Or vous venez d’entendre parler des sept poids : trois grands,
et quatre petits pose¤ s a' co“te¤ . Les trois premie'res initiations aux
petits Myste' res, qu’ il faut d’abord vivre, ont trait a' :
la ve¤ ritable connaissance de Dieu,
la ve¤ ritable connaissance de l’Amour universel, et
la ve¤ ritable connaissance de la Sagesse.
Tels sont les trois poids primordiaux qui, bien que de forme, de
valeur et d’aspect diffe¤ rents, ne peuvent e“tre conside¤ re¤ s se¤ pare¤ -
ment.
Ce sont les trois co“te¤ s d’un triangle e¤ quilate¤ral. Ce sont les
192
trois premie' res auto-initiations, que chaque e¤ le' ve du Temple du
Portail doit accomplir sur la base de son e¤ tat astral, et transformer
en actes concrets dans sa conscience de veille. Ce sont, en
premier lieu, les trois premiers rayons de l’ Esprit Septuple, aux-
quels il doit re¤ agir par un comportement positif.
193
sant ou de¤croissant ; tout et tous, sans exception, sont entoure¤ s
par l’Amour, qui est de Dieu.
Et quand le deuxie' me Rayon a ainsi exerce¤ son pouvoir sur
l’e¤le' ve, le troisie' me Rayon qui est la connaissance de la Sagesse
se de¤ ploie tout entier. Alors ^ saisissez bien cela ^ cet homme ne
peut plus jamais dire : ßJe posse' de la Sagesse. Je suis un sage.
Non, il acce'de a' la Sagesse, il pe¤ne'tre la Sagesse.Vous pouvez la
comparer a' la lumie're du soleil, dans laquelle on se baigne, a' la
lumie' re du soleil, qui re¤ chauffe et re¤ conforte, qui donne la vie.
Tel est le troisie'me Rayon : un Soleil puissant. Qui marche dans
la lumie' re de ce Soleil, acce'de a' la Sagesse universelle, et la rec oit
a' chaque souffle, en s’appuyant sur les deux premiers Rayons.
Cet homme est alors totalement arme¤ pour suivre la voie de
l’offrande au monde et a' l’ humanite¤ . Le Triangle e¤ quilate¤ral est
trace¤. Le Triangle se dresse. Ensuite vient le Carre¤ de construc-
tion, la pratique des quatre autres poids.
194
Apre' s m’avoir admis avec les ce¤ re¤ monies voulues, on m’accorda
de libe¤ rer l’un des prisonniers de mon choix. Je n’eus pas besoin
de re¤ fle¤ chir longtemps, je choisis le premier empereur, dont j ’avais
eu pitie¤ depuis le de¤ but. Il fut aussito“ t mis en liberte¤ et se joignit a'
nous avec tous les honneurs.
195
16
Il faut maintenant vous parler des quatre poids plus petits, que
chaque candidat doit supporter, apre' s avoir de¤ montre¤ qu’ il
pouvait satisfaire aux exigences des trois poids supe¤rieurs fonda-
mentaux.
Vous vous rappelez ce que les trois gros poids nous re¤ ve' lent
du Nombre parfait. Ils attirent l’attention sur la connaissance ve¤ -
ritable de Dieu, la connaissance ve¤ ritable de l’Amour universel
et la connaissance ve¤ ritable de la Sagesse. Nous appelons cette
trinite¤ : le Triangle e¤quilate¤ ral des forces qui mettent re¤ ellement
le candidat en mesure de s’e¤ lever jusqu’au service de Dieu et de
l’ humanite¤ . Il va de soi que le candidat aux petits Myste' res doit ;
1. e“ tre, et pouvoir e“ tre, d’un de¤ vouement ine¤ branlable ;
2. re¤pandre l’ harmonie autour de lui, dans l’exe¤ cution de son
service et par son service ;
3. suivre une voie de de¤ veloppement cohe¤ rente et logique dans
son travail et par son travail ;
4. e“ tre un pre“ tre ve¤ ritable dans tous les aspects de l’exercice de
son service.
Telles sont les ta“ ches assigne¤ es par les quatre Rayons du Nombre
parfait, ta“ ches qui ne peuvent e“ tre exe¤ cute¤ es et mene¤ es a' bien que
lorsque le triangle des trois gros poids a e¤te¤ trace¤ . Nous allons
maintenant examiner le Carre¤ de construction sous diffe¤rents
points de vue et commencer par l’ habituelle me¤ thode des ana-
logies.
196
Nous, les hommes de ce monde, nous sommes incapables
d’e“ tre ine¤branlables dans notre de¤vouement a' partir des possibi-
lite¤ s et des forces dialectiques. La pratique humaine du de¤voue-
ment, dans le monde dialectique, de¤ pend trop de l’estime ou du
me¤ pris, de la bonne ou mauvaise re¤putation, des sympathies ou
antipathies, donc du bien et du mal, de l’amour et de la haine,
avec toutes les nuances interme¤ diaires.
L’ homme ne¤ de la nature est aussi beaucoup trop personnel
pour pouvoir e“tre absolument impersonnel. Il est d’ailleurs trop
indiffe¤ rent envers son prochain pour pouvoir se tourner vers lui,
si besoin est, et se de¤vouer a' lui. Bref, dans la nature de la mort, le
de¤ vouement humain est trop de¤pendant de toutes sortes de fac-
teurs et trop influence¤ par toutes sortes de circonstances accessoi-
res pour e“ tre absolument ine¤ branlable.
Et pourtant, c’est pre¤ cise¤ ment par ce de¤vouement absolu,
ine¤branlable, que doit commencer tout service ve¤ritable, au
sens de l’ Esprit Septuple. On peut le conside¤ rer comme surhu-
main. Mais cela ne l’est pas du tout, lorsqu’ il y a le Triangle
e¤ quilate¤ral. Il va de soi que, s’agissant du travail pour le monde,
au service de la Gnose, la communaute¤ des travailleurs se doit
d’avoir un de¤ vouement pour le moins ine¤branlable et sans
faille. C ’est la' l’exigence minimale ? Le travail une fois
commence¤ doit e“ tre mene¤ jusqu’au bout, malgre¤ bonne ou
mauvaise re¤putation, mensonges ou calomnies, perse¤ cutions et
emprisonnement, douleur et souffrance. En raison de toutes ces
influences, il faut que le candidat soit ine¤ branlable et le demeure.
Le re¤sultat ne doit pas entrer en ligne de compte. Les crite'res
ordinaires naturels n’ont pas cours. Il s’agit d’un de¤ vouement a'
une ta“ che donne¤ e une fois pour toute, de¤vouement sans limite
jusqua’a' la derie' re heure, jusqu’au dernier soupir.
{...}
Comprenez-nous bien, il ne s’agit pas de se de¤ vouer a' un
quelconque ide¤ al, a' une chime' re, a' une ide¤ e plaisante, mais de
se de¤ vouer au saint Travail universel, au Logos, a' Dieu. A un
197
Travail prote¤ge¤ par Dieu lui-me“me, a' un Travail qui doit donc
e“ tre fait, un Travail pour lequel, en tous temps, des travailleurs
sont recherche¤ s, re¤ clame¤ s pour ainsi dire avec supplication.
Maintenant, ne soupirez pas : ßQuelle perse¤ ve¤rance il faudra
avoir ? Quelle vitalite¤ il faudra posse¤ der ? En parlant de la sorte,
vous vous placez en effet du co“te¤ dialectique du proble' me. Or
l’ Ecriture Sainte dit : ßMa force s’accomplit dans ta faiblesse.
C ’est pourquoi ce sont souvent des personnes disposant de
peu de vitalite¤ naturelle qui ont le de¤ vouement le plus dyna-
mique. Car elles se sentent bru“ler du feu d’une mission
sublime, assigne¤ e par Dieu. Car elles savent qu’elles ne peuvent
et ne veulent pas faire autrement, et que c’est ainsi qu’elles trou-
vent la joie et la paix.
Celui qui peut se consacrer a' sa ta“che, dans un de¤vouement
ine¤branlable, de¤ couvrira qu’ il cre¤e l’ harmonie en servant. La
grande ide¤ e du Logos, c’est de re¤ aliser un ordre raisonnable et
sublime. Et celui qui se met au service du Logos finit par re¤ pan-
dre cet ordre autour de lui.
C ’est pourquoi le cinquie' me aspect du Nombre parfait est
ßl’ harmonie cre¤ atrice. Mais attention : une telle harmonie s’ob-
tient pour ainsi dire de haute lutte. Car le Saint et Grand E¤uvre
doit e“ tre re¤ alise¤ dans la nature de la mort, donc en pays ennemi,
et comment parler d’ harmonie dans la nature de la mort !
Pourtant l’oeuvre se re¤ alise ? De quelle harmonie s’agit-il la' !
D’une harmonie qui n’a aucun sens pour l’ homme naturel
endurci. Car c’est l’ harmonie de la paix de Bethle¤ em, l’ harmo-
nie de l’amitie¤ et de la se¤ re¤ nite¤ des enfants de Dieu. C ’est l’ har-
monie de l’Ame.
Celui qui ressent encore les paroles de l’ Ecole et de ses servi-
teurs comme des attaques, des coups de fouet, des coups d’e¤ pe¤ e,
peut e“ tre su“r qu’ il est incapable d’e¤ couter et de vivre comme un
homme dont l’Ame est ne¤ e, mais exclusivement comme un
e“ tre-moi. Pour l’ homme-moi, l’ Ecole entie' re est discordante,
hautement contre-nature. Mais quand l’Ame, votre Ame, s’e¤ pa-
198
nouit, vous entrez dans l’alle¤gresse des enfants de Dieu. Vous
e¤ prouvez alors que les serviteurs de Dieu ont un seul but, une
seule ta“ che : vous e¤ lever dans la paix et l’ harmonie du peuple
de Dieu.
Quand vous visitez les anciens sanctuaires de la Fraternite¤ des
Cathares, dans la te¤ne¤breuse ambiance des grottes, il vous est im-
possible d’ imaginer, vous, homme de ce sie' cle, que c’est la' que
les fre' res et soeurs des temps passe¤ s trouve' rent la paix de leur
Ame, que c’est la' qu’ ils entre' rent dans la se¤ re¤nite¤ du peuple de
Dieu. Mais quand l’Ame est ne¤ e, quand l’Ame s’ illumine dans
le coeur du microcosme, tout ce qui est te¤ne¤ breux, tout ce qui est
dialectique dispara|“ t comple' tement. Alors, nous entendons les
voix jubilantes des jeunes fre'res et soeurs entrant pour la pre-
mie're fois dans cette paix et s’exclamant de joie : ßLe Graal ? Le
Graal offre a' chacun la Lumie' re immuable.
La signification des deux autres poids infe¤ rieurs n’est plus dif-
ficile a' comprendre maintenant. De ce qui pre¤ ce' de on peut aise¤ -
ment de¤ duire que les serviteurs de Dieu, le fre' re et la soeur de la
Rose-Croix, accomplissent leur travail suivant un plan logique,
e¤ labore¤ dans ses moindres de¤ tails et conforme a' la raison supe¤ -
rieure de la Gnose universelle. Il est e¤vident qu’en aucun cas ils
ne voudront s’e¤carter de ce plan.
Que tant de personnes tournent en rond, avec des plans de
toutes espe' ces, marque bien le de¤veloppement intellectuel
actuel. On se noie dans la multiplicite¤ des ide¤es. Le serviteur de
Dieu est parfois comme submerge¤ par un flot de projets au but
louable, e¤chafaude¤ s, il est vrai, par des gens bien intentionne¤ s,
mais qui sont souvent tre' s mauvais au fond. Or leurs inspira-
teurs, les forces qui les ont faits na|“ tre, savent bien que tout plan
qui ne vient pas de la Gnose e¤ choue irre¤vocablement dans le
monde, ou que ses effets, me“ me apparemment salutaires, seront
contraires, puisque le bien dialectique est un moindre mal.
Il doit donc e“tre clair pour vous que re¤pondre aux exigences
du sixie'me Rayon n’est rien d’autre que se tourner irre¤ vocable-
199
ment vers l’unique Plan de Dieu pour le monde et l’ humanite¤ ,
en profonde obe¤issance a' votre haute vocation.
Vous voyez clairement maintenant ce qu’est la ve¤ ritable pre“ -
trise gnostique. Le pre“ tre ve¤ritable est le serviteur de Dieu et des
hommes. Il est serviteur de Dieu, dans un de¤ vouement ine¤ bran-
lable, reconnu, professe¤ dans le sang et les larmes. De ce fait, et
exclusivement, il est le serviteur de tous les hommes. C ’est ainsi
que vous devez vous repre¤ senter l’e¤tat d’e“ tre du Rose-Croix ve¤ -
ritable. L’e¤tat d’e“ tre du Christian Rose-Croix des Noces Alchimi-
ques.
C ’est ainsi qu’un tel homme s’approche du premier Temple,
le Temple du Portail. Il va passer l’e¤ preuve fondamentale du
Nombre parfait. Il est, alors, de plein droit, Chevalier de la
Toison d’or. La raison pour laquelle un pareil exemple nous est
propose¤ est e¤ vidente. Car nous qui aspirons aussi aux noces al-
chimiques, nous aurons part au me“me processus de de¤ veloppe-
ment, si tout va bien. Comprenez-le clairement : si vous le
voulez, vous pourrez, vous aussi, devenir et e“ tre comme Chris-
tian Rose-Croix.
200
la vibration fondamentale de la Triple Alliance de la Lumie're. Il
ne nous est pas permis d’en dire plus a' ce sujet.
En ce qui concerne le deuxie'me point : le magicien de la
Gnose ne sert pas seulement l’ humanite¤ en ge¤ ne¤ ral mais, a' un
moment donne¤ , il est aussi mis en mesure d’aider concre' tement
et de¤ finitivement une a“ me humaine en perdition dans l’oce¤ an de
la vie, si elle en est digne, et de la sauver.
201
Lorsque le dernier fut pese¤ et trouve¤ aussi trop le¤ ger, laJeune Fille
aperc ut les roses que j ’avais o“ te¤ es de mon chapeau et tenais a' la
main; elle me fit gracieusement demander par son page de les lui
offrir, ce que j ’acceptai volontiers. Ainsi le premier acte se termina
a' dix heures du matin et les trompettes, que nous ne voyions
toujours pas, retentirent une nouvelle fois.
202
17
203
3. que dans son travail, et par ce travail, il peut suivre une voie
d’e¤ volution logique ;
4. et que dans tous les aspects de son comportement, de son
travail et de son service, il est un homme sacerdotal.
204
noces alchimiques, au cours desquelles l’ Esprit immanent
descend en nous, Pymandre pe¤ ne' tre en nous. Au pre¤ alable,
tout le travail de l’a“ me doit s’accomplir d’apre' s les re' gles duTri-
angle et du Carre¤ , les normes du tapis du renouvellement.
Vous avez maintenant compris que tout ce qui nous est de¤crit
dans Les Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix peut devenir
votre propre histoire. De' s lors, on peut se demander si le septu-
ple processus du chemin, de's l’ instant de la vision jusqu’a' la prise
de conscience, peut mener a' la re¤ alisation en suivant les seules
re'gles esquisse¤ es. Il faut re¤ pondre que les radiations ou influences
qui transmettent a' l’ homme re¤ceptif l’ ide¤ e du chemin, comme
dans une vision, proviennent du champ astral ou' se situe le
premier Temple des Myste'res de la Rose-Croix, dont nous
avons de¤ja' parle¤ longuement.
C ’est le champ astral qu’on peut de¤ signer comme la limite
extre“me de ce qui est re¤alisable dans le monde dialectique ; c’est
le champ ou' l’e¤tat astral de l’ homme ne¤ de la nature acce' de a' la
purete¤ du sixie'me Domaine cosmique. Il y a la' un foyer d’ou'
e¤ manent de puissants influx, qui appellent l’ homme a' rena|“ tre
en tant qu’ Homme ve¤ ritable. Tous ceux qui y sont sensibles
e¤ prouvent son influence. De l’exte¤rieur, d’abord, comme dans
une vision. Ensuite, quand ils se sont mis a' l’oeuvre, de l’ inte¤ -
rieur, comme d’un foyer situe¤ dans leur propre corps astral ; et
cela toujours plus consciemment, toujours plus concre' tement,
jusqu’a' un e¤ tat d’e“ tre les rendant capables de re¤ sister sans an-
goisse a' la charge des sept poids, et assez nobles pour participer
aux noces alchimiques. Alors l’e¤ le've peut se pre¤ parer a' la des-
cente de l’ Esprit immanent, et c’est a' ce moment que s’avance
la me¤ diatrice : la Jeune Fille.
Vous vous e“tes sans doute maintes fois demande¤ pourquoi,
dans le re¤ cit, figuraient toutes ces jeune filles, tous ces pages, ou
jeunes gens, qui entrent en sce' ne comme serviteurs ou servantes
du Roi et accompagnent le candidat au cours du processus de
205
transmutation alchimique.
Eh bien, c’est qu’avant l’apparition comple' te de l’ Esprit im-
manent, de Pymandre, du Roi et de la Reine, au cours du pro-
cessus d’ initiation microcosmique, un influx spirituel se mani-
feste en tant que messager de l’ Esprit immanent qui va venir.
Cet influx se manifeste d’abord, on le voit clairement, sous
deux aspects : un aspect fe¤ minin, re¤ cepteur, et un aspect mascu-
lin, activement re¤ alisateur. Un aspect qui contribue a' rendre le
syste' me re¤ ceptif aux processus futurs, et un aspect qui stimule
et conduit ces processus. En tant que radiations repre¤ sentant
Pymandre, ces deux messagers de l’ Esprit pur rencontrent le
candidat qui en a obtenu la capacite¤ , et le rec oivent dans le
premier Temple des Myste'res.
Ainsi nous pouvons maintenant parfaitement comprendre
cette courte phrase du Troisie' me Jour :
Lorsque le dernier fut pese¤ , la Jeune Fille aperc ut les roses que
j ’avais o“te¤ es de mon chapeau et tenais a' la main ; elle me fit gracieu-
sement demander par son page de les lui offrir, ce que j ’acceptai
volontiers.
206
Fille, pour recevoir de lui les roses merveilleuses de l’action. Un
candidat capable est entre¤ dans la salle des noces et y est cordiale-
ment accueilli. Le processus alchimique, qui me' ne a' la royaute¤
de l’ Esprit, peut maintenant commencer.
207
Pendant ce temps, les soldats durent se retirer avec les prisonniers,
dans l’attente de la sentence. Un jury fut forme¤ , comprenant les
sept capitaines et nous-me“ mes, avec la Jeune Fille comme pre¤ si-
dente, et nous conv|“ nmes que chacun dirait son avis concernant le
sort des prisonniers. La premie' re ide¤ e fut de les mettre tous a' mort
plus ou moins cruellement, dans la mesure ou' ils avaient contre-
venu aux exigences pose¤ es. D ’autres voulaient les garder prison-
niers. Mais ces deux propositions ne plurent ni a' la pre¤ sidente ni
a' moi. Finalement l’affaire fut re¤ solue par l’empereur que j ’avais
libe¤ re¤ , par un autre prince, par mon compagnon et par moi-me“ me
de la manie' re suivante: en premier lieu, les seigneurs les plus
e¤ minents seraient conduits hors du cha“ teau discre' tement; on
pourrait mettre les autres dehors avec plus de moqueries, les de¤ sha-
biller et les laisser courir tout nus; les derniers seraient fouette¤ s, ou
chasse¤ s par des chiens. On laisserait partir sans nulle sanction
ceux qui, la veille, avaient capitule¤ de leur propre chef ; toutefois
les impudents et ceux qui, au cours du repas de la veille, s ’e¤ taient
conduits de fac on inde¤ cente, seraient punis dans leur corps et dans
leur a“ me, selon leur comportement.
208
18
209
Enfin il est encore possible, par toutes sortes de me¤thodes oc-
cultes et sans posse¤ der les qualite¤s inte¤ rieures requises, de rendre
la personnalite¤, donc le corps astral, capable d’entrer consciem-
ment en contact avec le rayonnement du Temple.
Soit par illusion, extre“me e¤ gocentrisme ou tendance au mal,
soit par un penchant pour les hautes valeurs gnostiques, de telles
personnes sont naturellement porte¤ es a' pe¤ ne¤ trer dans le champ
astral nouveau. Derrie' re tout cela, il y a le de¤ sir d’agrandir son
propre rayon d’action, ou d’e¤ chapper a' certaines situations pe¤ni-
bles. C ’est pourquoi il est compre¤ hensible que, dans le Temple
du Jugement et dans le champ astral correspondant, de puissan-
tes forces correctrices interviennent afin de renvoyer a' la place
qui leur revient ceux qui sont indignes ou encore inaptes.
La manie're dont cela se passe est expose¤ e dans le re¤ cit sous
forme symbolique et romanesque. Tentons maintenant de vous
expliquer, d’apre' s ce re¤cit romanesque et voile¤, comment le
renvoi s’effectue sous l’action des lois astrales naturelles, en
sorte que nul e“ tre indigne ou inapte ne puisse se glisser a' travers
les mailles du filet.
Six sortes de renvoi sont mentionne¤es :
1. certains sont reconduits en silence hors du Temple,
2. certains sont expulse¤ s de facon infamante,
3. d’autres sont de¤ve“tus et renvoye¤ s nus,
4. il y a le groupe de ceux qui sont cha“ tie¤s a' coups de verges et
chasse¤ s par des chiens,
5. il y a ceux qui peuvent se retirer de leur plein gre¤ et sans cha“ -
timent,
6. les malintentionne¤ s sont punis tre' s gravement, dans leur
corps et leur a“me.
210
souvent un homme religieux a' tous e¤ gards, menant une vie tre' s
pieuse. Par son oeuvre et sa conduite, il me¤ rite souvent l’estime
et le respect de tous.
Vous imaginez facilement qu’un homme de ce type expri-
mera ses hautes et nobles aspirations dans le corps astral, en par-
ticulier par un puissant de¤sir de servir le monde et l’ humanite¤
d’une manie're ou d’une autre. Il recherche, il de¤sire ce qu’ il y a
de meilleur et de plus haut pour elle. Par conse¤ quent il est su“r
qu’ il sera touche¤ par l’ardent foyer astral pre¤cite¤, qui n’a qu’un
seul but : le sauvetage du monde et de l’ humanite¤, mais cela
dans un sens positif et absolument libe¤ rateur ?
C ’est pourquoi il est clair que ces deux dispositions astrales,
bien qu’ayant un point commun, se repoussent l’une l’autre en
raison de l’opposition des deux ordres de nature, la nature de la
mort et le Royaume qui n’est pas de ce monde. Il n’est pas pos-
sible a' l’ humanitariste le plus noble d’atteindre le grand espace
du monde de l’Ame. En raison de l’orientation fausse de son e¤ tat
astral, il est conduit hors du Temple dans un silence complet. Il
ne me¤ rite nulle punition car, vu son type, il n’y a pas d’ homme
meilleur que lui. Mais il ignore sa haute destine¤ e, sa vocation
sublime. Et, bien qu’enfant de Dieu, il doit e“ tre ramene¤ dans
l’errance a' cause de son manque de connaissance ; jusqu’au jour
ou', dans cette errance, il fait la de¤ couverte de son inefficacite¤, se
met a' en chercher la cause et a' chercher laVe¤ rite¤ qui le de¤ livrera.
Mais les hommes de ce genre sont l’exception. Les autres
sont plus ou moins charge¤ s de dettes. Que pensez-vous, par
exemple, des autorite¤ s religieuses de toute nature qui, de facon
purement spe¤ culative, sur des bases intellectuelles sans fonde-
ment exact, e¤ garent des peuples entiers et les tiennent prison-
niers, condamne¤ s par leur illusion. Ces personnes, de propos de¤ -
libe¤ re¤, se sont charge¤ es de responsabilite¤ s e¤ manant de leur e“ tre
astral. Elles cre¤ ent d’ innombrables forces mauvaises dans le
monde astral, mais elles sont aussi touche¤ es par la fontaine
astrale du premier Temple, dont nous avons parle¤ .
211
Il faut bien vous repre¤ senter la situation complexe de ces
hommes. Par nos pense¤ es, nous portons notre corps astral dans
un e¤ tat d’activite¤ de¤termine¤ . Le corps astral est comme un feu.
L’ impulsion d’une pense¤ e produit un principe igne¤ incandes-
cent, qui e¤ met des radiations vers la personnalite¤ entie' re. De
telles radiations libe'rent des e¤ thers et ces e¤ thers incitent le corps
entier et ses fonctions sensorielles a' re¤ agir conforme¤ ment a' l’ im-
pulsion de la pense¤ e.
Conside¤ rez maintenant tous ces poe' tes, penseurs, e¤ crivains,
philosophes, chefs d’e¤tat et autres qui, pour une raison quel-
conque, influencent les pense¤ es des masses : ces pense¤ es
forment, orientent et fac onnent de multiple manie' re le savoir
du monde. Cela se fait au moyen de livres, d’ institutions e¤ duca-
tives, de la radio et de la te¤ le¤ vision, de la presse, etc. Les millions
de personnes qui suivent ces autorite¤ s par ces moyens sont trom-
pe¤ es en raison des processus de¤ clenche¤ s dans la sphe' re astrale.
Mais la foule des chefs et des autorite¤ s sont eux-me“ mes in-
fluence¤ s astralement, charge¤ s astralement par ceux qui les
louent, les lisent et s’en font l’e¤ cho. Car la foi libe' re des forces
et des courants de nature astrale en direction de la source et de
l’objet de cette foi. De la sorte, les chefs et autorite¤s sont a' leur
tour prisonniers, si bien qu’ ils finissent par se prendre eux-
me“ mes au jeu de leurs spe¤ culations. Ils sont ainsi pousse¤ s jus-
qu’au crite' re astral dont nous avons parle¤ , charge¤ s effectivement
de dettes, mais aussi traque¤ s comme prisonniers des conse¤ quen-
ces de leurs fautes.
Or, au contact avec le champ astral serein de l’Origine, le
corps astral des autorite¤ s en question est saisi d’une manie' re
tre' s particulie're. C ’est que, dans leur ve¤hicule astral, se libe' rent
des forces ne correspondant absolument pas a' leur ve¤ ritable
nature. Au de¤but du processus, la pense¤ e personnelle autonome
n’a plus de prise sur le corps astral, ce qui provoque chaos et de¤ -
sordre dans la vie personnelle, et fait na|“ tre toutes sortes d’ inci-
dents inde¤ sirables plus ou moins graves.
212
Examinons de plus pre's la situation sur le parvis du premier
Temple, apre' s la pese¤ e. Pensons a' l’ab|“ me des effrayantes corrup-
tions astrales. Vous comprenez aise¤ment que de nombreuses
forces astrales de¤moniaques chassent vers leTemple du Jugement
des milliers d’entite¤s sensibles aux influences astrales de la
Gnose, mais incapables de la comprendre, cela par des me¤thodes
occultes les poussant a' faire toujours plus d’efforts pour pe¤ ne¤ trer
par effraction dans le monde des Ames vivantes ; et plus pre¤ cise¤ -
ment, pour ouvrir une bre' che par ou' fuir la condition infernale
du feu astral.
Tous ceux qui, de manie' re spe¤ culative, se laissent manipuler
de la sorte sont cha“ tie¤ s par la loi astrale en fonction de leurs actes.
Il ne faut pas concevoir ces cha“ timents, dont il est aussi longue-
ment question dans l’ Ecriture Sainte, comme des sanctions au
sens dialectique, donc comme des vengeances, mais comme des
re¤actions ne¤ cessaires a' la protection absolue de l’unique proces-
sus de libe¤ration, la protection du Plan de Dieu pour le monde et
l’ humanite¤ ; donc aussi la protection des personnes concerne¤es.
Car me“ me ceux que le feu astral consume horriblement subi-
ssent ce tourment afin de garder jusqu’au tout dernier moment
la possibilite¤ de participer a' la liberte¤ ve¤ritable.
Pourquoi Les Noces Alchimiques e¤ clairent-elles cet aspect te¤ ne¤ -
breux de la vie humaine ! Pour vous placer devant l’absolue ne¤ -
cessite¤ de ve¤ rite¤ , loyaute¤ et re¤alite¤ , vous qui e“tes appele¤ par la
vision de la Gnose et voulez approcher les Myste' res. Car seule
la Ve¤ rite¤ peut vous libe¤ rer. Soyez donc, en tout, since' re et vrai.
Ne spe¤culez en rien. Ne vous laissez pas mener par l’ instinct du
moi ou les passions. Car, alors, vous e¤ voquez les tensions astrales
fatales qui ane¤antissent vos faculte¤ s de discernement, et vous font
reculer de plus en plus sur le chemin du de¤ veloppement.
De' s le de¤ part, ne suivez que le seul chemin qui soit su“r : le
chemin des quatre roses.
213
Cette proposition plut a' la Jeune Fille et obtint la majorite¤ . En
outre, on servirait encore un repas a' tous, ce dont on les informa
aussito“ t. L’annonce de la sentence fut reporte¤ e a' midi. Ainsi prit
fin le conseil.
Alors la Jeune Fille se retira avec sa suite a' l’endroit habituel ;
dans la salle, on nous indiqua la table supe¤ rieure, en nous priant
de nous en contenter jusqu ’a' la fin de toute l’affaire. Ensuite nous
serions conduits vers le Fiance¤ et la Fiance¤ e et, dans cet espoir,
nous attend|“ mes tranquillement ce moment.
Entre-temps, les prisonniers e¤ taient ramene¤ s dans la salle et place¤ s
chacun selon son rang. On leur ordonna de se conduire plus conve-
nablement que la veille, conseil superflu, le courage les avait
depuis longtemps abandonne¤ s.
Par souci de ve¤ rite¤ et sans flatter quiconque, je dois te¤ moigner
qu ’en ge¤ ne¤ ral ce furent les grands personnages qui surent le
mieux s ’accommoder de cette situation inhabituelle. Leur
comportement, il est vrai, e¤ tait maladroit mais since' re. Ils ne
voyaient toujours pas les serviteurs, alors qu ’ils nous e¤ taient
maintenant visibles, ce dont je me re¤ jouissais fort. Si e¤ leve¤ s que
nous fussions par la fortune, nous ne nous en flattions pas devant
les autres, mais nous nous adressions a' eux et les encouragions: les
choses ne tourneraient pas si mal a' leur e¤ gard ? Ils eussent volon-
tiers pris connaissance dela sentence, mais on nous avait si formel-
lement interdit d ’en parler que nul ne laissa e¤ chapper un mot.
Nous les consola“ mes donc de notre mieux, buvant avec eux afin
que le vin les e¤ gaya“ t un peu.
214
Notre table e¤ tait recouverte de velours rouge et garnie de gobelets
d ’argent et d ’or pur, ce que les autres observaient avec surprise et
douleur. Avant de prendre place, les deux pages entre' rent et
remirent a' chacun de nous, au nom du Fiance¤ , laToison d ’or sur-
monte¤ e du Lion aile¤ , en nous demandant de les porter a' table et
d ’honorer ainsi le nom et la dignite¤ de l’Ordre (ou' Sa Majeste¤
nous recevait aujourd ’hui et dans lequel Elle nous confirmerait
biento“ t avec la solennite¤ requise). Nous accepta“ mes cette distinc-
tion avec la plus grande humilite¤ , promettant de faire, avec obe¤ is-
sance, tout ce qui plairait a' Sa Majeste¤ . Le page avait aussi une
liste sur laquelle nous e¤ tions inscrits dans un ordre pre¤ cis; et si je
tais ici mon rang, c ’est de crainte de me rendre peut-e“ tre coupable
d ’orgueil, ce qui signifierait commettre une faute contre le qua-
trie' me poids.
Notre repas e¤ tant tre' s copieux, nous demanda“ mes a' l’un des
pages s ’il n’e¤ tait pas permis d ’en donner une petite portion a'
nos amis et connaissances parmi les condamne¤ s. Il nous l’accorda
sans objection et chacun de nous les fit servirabondamment par ses
serviteurs. Ils ne pouvaient pas voir ces derniers, ils ne savaient donc
d ’ou' cela leur venait et je voulus apporter moi-me“ me quelque chose a'
l’un d ’eux. A peine m’e¤ tais-je leve¤ qu ’un serviteur vint derrie' re
moi me dire qu ’il souhaitait amicalement me mettre en garde, car si
un page me voyait, il le rapporterait au Roi, ce qui me cou“terait cer-
tainement tre' s cher. Mais comme il e¤ tait le seul a' l’avoir vu, il ne me
trahirait pas si, par la suite, jerespectais mieuxla dignite¤ del’Ordre.
Par ces mots, il me remit si bien a' ma place que pendant un bon
moment, je n’osai plus bouger sur ma chaise. Je le remerciai ne¤ an-
moins du mieux que je pus de ce loyal avertissement, pour autant
que j ’y songeai dans ma ha“ te et ma frayeur.
215
Peu apre' s retentit de nouveau la sonnerie de trompettes. Nous
savions de¤ ja' par expe¤ rience qu ’elle annonc ait la Jeune Fille et
nous nous pre¤ para“ mes a' l’accueillir. Elle rentra, avec sa suite ha-
bituelle, assise sur son tro“ ne e¤ leve¤ ; les deux pages la pre¤ ce¤ daient
portant, l’un une coupe d ’or, et l’autre un document sur parche-
min. S’e¤ tant leve¤ e avec gra“ ce, elle prit la coupe des mains du page
et nous la tendit en disant qu ’elle nous e¤ tait envoye¤ e au nom et
sur l’ordre de Sa Majeste¤ , avec prie' re de la faire circuler en son
honneur. Son couvercle portait une Fortune en or, moule¤ e avec
art, tenant dans la main une banderole rouge flottante; a' cette
vue, je bus avec moins de bonne humeur, car je connaissais suffi-
samment la cruaute¤ de Dame Fortune.
216
19
Deux repas sont offerts a' tous ceux qui pe¤ ne' trent dans le
nouveau champ astral, le Temple du Jugement, et en sont e¤ con-
duits en raison de leur e¤ tat d’e“ tre : un premier repas a' leur entre¤ e,
un deuxie'me repas juste avant l’exe¤cution de la sentence.
Or ceux qui sont entre¤ s de facon positive dans le Temple et
ont passe¤ l’e¤ preuve de la balance avec succe's, prennent aussi part
a' ces deux repas. Ceux-ci symbolisent les effusions astrales
recues a' l’entre¤e, influences, en fait, de¤ cisives. Analysons cette
partie du re¤ cit.
Supposez que vous pe¤ ne¤ triez dans un champ astral n’ayant
aucun rapport avec la nature de votre propre e¤ tat astral. Vous y
pe¤ ne¤ trez pour l’une des raisons dont nous avons parle¤. Pour
commencer, ce nouveau milieu vous accablera, vous angoissera
ou vous surprendra.
Il est e¤ galement possible de re¤ agir, au de¤but, en montrant une
agitation outrancie're ou en faisant un vacarme a' tout casser. Ou
bien, l’air su“r de soi, en arborant des manie' res hautaines et im-
portantes ; ou encore en adoptant l’attitude bien connue de qui
de¤ clare : ßNe m’en dites pas plus, je sais de¤ja' tout ?
Il faut se rappeler qu’au Deuxie'me Jour des Noces Alchimiques,
Christian Rose-Croix est tre's frappe¤ par les diverses re¤ actions
qu’ il observe de la part de ceux qui sont rassemble¤ s dans le
parvis du Temple du Jugement pour prendre le premier repas.
Vous devez bien comprendre qu’ il s’agit, en premier lieu, de
217
sonder l’e“tre aural, car c’est votre e¤tat astral qui de¤termine votre
conduite et tout ce que le sort vous re¤ serve. Et n’oubliez pas que
le tout est lie¤ a' votre vie mentale ? Car la pense¤ e est le principe
qui enflamme, tandis que la sphe' re astrale est le grand feu qui
re¤alise.
Ainsi, quand le premier repas est servi, tous les assistants sont
force¤ s, par l’ impulsion astrale fondamentale du Temple, de se
montrer entie' rement tels qu’ ils sont, de de¤couvrir les forces
dont ils vivent. Ce sont ces te¤moignages re¤ve¤lateurs qui font
pencher la balance et de¤terminent le jugement, donc le sort des
inte¤resse¤ s. Le premier repas a donc pour effet ge¤ ne¤ ral de de¤mas-
quer, d’e¤ claircir et d’e¤ clairer.
Pour comprendre les causes psychologiques de re¤ actions aussi
diffe¤ rentes, il faut tenir compte du fait que le champ astral de la
Fraternite¤ n’est comparable en rien au champ astral des e“tres ne¤ s
de la nature. Si un homme est tre' s oriente¤ sur la Fraternite¤, et
qu’ il s’est effectivement mis en route avec les quatre roses a' son
chapeau, l’expe¤rience de ce premier courant astral lui donne une
re¤serve et une modestie extre“mes. Si, avec tout ce qu’ il a en lui,
il cherche la sanctification et qu’ il a eu beaucoup d’ame' res de¤si-
llusions, le premier attouchement du courant astral de sanctifica-
tion e¤manant de la Fraternite¤ va l’e¤mouvoir au plus profond de
son e“ tre et le rendra silencieux.
Mais s’ il s’agit du chercheur de bonheur e¤ gocentrique, pour-
chasse¤ par un e¤ tat astral correspondant, alors le courant astral
fondamental lui donnera un sentiment de bonheur superficiel,
qui lui fera dire : ßEt bien, m’y voila' , j’y suis, j’ai gagne¤ ? La
de¤ sillusion et les flammes infernales du feu astral viendront
plus tard. Ces personnes se retrouvent dans un e¤ tat de soi-
disant illumination, elles parlent a' tort et a' travers, et se
moquent des candidats se¤ rieux et de leur pre¤tendue me¤ diocrite¤.
218
niers tandis que les encha|“ ne¤s, les accable¤ s du de¤ but, sont libe¤ re¤ s.
Comment cela se fait-il ! L’explication va de soi. Durant le
premier repas, le corps astral est charge¤ , ce qui entra|“ ne une re¤ ac-
tion plus ou moins forte de la conscience. Mais pendant le
deuxie' me repas, la force astrale dont est charge¤ le corps astral
agit totalement, de sorte que le corps e¤ the¤ rique est force¤ de
re¤agir et donc e¤ galement le corps physique. Ensuite le pouvoir
mental en e¤prouve et constate toutes les conse¤ quences.
Quand un e¤ le' ve se¤ rieux fait un usage re¤ el de l’ ide¤e libe¤ ratrice
transmise, donc se met en route avec les quatre roses a' son
chapeau, il arrive que le premier attouchement du feu astral de
la se¤ re¤ nite¤ le terrasse. Mais ensuite, sous son influence, il finit par
de¤ couvrir que sa longue pre¤paration a rendu l’ensemble de son
syste' me apte a' supporter ce feu puissant et a' y re¤ agir positive-
ment. Celui qui, au de¤ but, semblait si he¤ sitant et si faible,
devient fort comme un roc. Et c’est pourquoi ceux-la' rec oivent,
au nom de l’ Epoux, la Toison d’or avec le Lion aile¤, et peuvent
boire a' la coupe du Graal couronne¤ e de la Fortune d’or.
LaToison d’or, le Lion aile¤ , la Fortune d’or, connaissez-vous
ces symboles ! Le Chevalier de laToison d’or est un homme dote¤
d’un corps astral renouvele¤, totalement purifie¤ des souillures ter-
restres. Il porte un ve“ tement d’or, le Manteau d’or des noces, il
est marque¤ du sceau de la quintuple promesse :
219
Le Lion aile¤ est le symbole de l’Amour divin, qui agit sur la per-
sonnalite¤ entie' re par la ple¤ nitude de l’attouchement astral. La
Fortune d’or est la de¤ esse du bonheur, le bonheur le plus haut
qu’un enfant d’ homme puisse gou“ter. Le bonheur de l’Ame
vivante permettant de progresser jusqu’a' l’ Esprit vivificateur.
Ce bonheur est un e¤tat e¤ ternel, il n’a rien a' faire avec le
bonheur si fragile, si capricieux, que la naissance dans la nature
peut offrir a' l’ homme.
Maintenant vous saisissez parfaitement pourquoi, durant le
deuxie' me repas, celui qui manque de se¤ rieux voit consciem-
ment son inaptitude et la cause de la faussete¤ de ses ambitions et
de ses actes. Car ce qui pe¤ ne' tre dans le corps astral ou s’y de¤ ve-
loppe agit sur la personnalite¤. Telle est l’utilite¤ du feu infernal :
ce n’est pas une punition que le feu nous inflige, mais une lec on
qu’ il grave en nous.
C ’est pourquoi la Jeune Fille lit aux condamne¤ s le verdict
e¤ nume¤ rant les causes et les effets. Le tout de¤clenche force plain-
tes, pleurs et ge¤ missements. Ce qui e¤ meut beaucoup Christian
Rose-Croix. Les larmes coulent sur ses joues mais il ne peut rien
faire pour les condamne¤s. Ils sont objet de pitie¤ , mais pas d’une
pitie¤ de¤ place¤ e. On ne peut aider que soi-me“ me, dans la force de la
Lumie're. Qui tombe au sol, fait connaissance avec le sol.
220
Il reste encore un point sur lequel attirer votre attention et qui
me¤ rite examen : celui qui est admis par la Fraternite¤ , a' la fin de
son voyage avec les quatre roses, a de¤ ja' e¤te¤ renvoye¤ plusieurs fois
auparavant. En effet, nous le savez maintenant, il s’agit la' d’un
processus ; personne ne doit compter re¤ussir sans peine et sans
faux pas. En d’autres termes, vous avez peut-e“ tre, vous aussi,
de¤ ja' fait souvent partie du groupe des prisonniers qui, quoique
se¤ rieux, ne pouvaient pas encore e“tre admis. Et vous avez donc,
vous aussi, pris part aux deux repas du Jugement, et subi les
conse¤ quences inhe¤rentes.
Mais soyez-en certain, vous avez be¤ ne¤ ficie¤ de l’aide compatis-
sante de la Fraternite¤ a' ces moments-la' . C ’est ainsi qu’ il faut
comprendre ce de¤ tail apparemment enfantin des friandises que
les jeunes Fre' res du Graal, pendant le deuxie'me repas, peuvent
faire parvenir a' leurs amis et connaissances parmi les condam-
ne¤s.
Toute a“me a' l’aspiration vraie, aux efforts certains, est une
amie et rec oit a' chaque instant l’aide ne¤ cessaire.Vous aussi be¤ ne¤ -
ficiez, ou avez be¤ne¤ ficie¤ de cette aide ; surtout au moment ou'
vous en aviez le plus besoin.
Cependant, en offrant cette aide, l’Ordre pose une condition
fondamentale, a' savoir qu’elle ne sera jamais personnelle. Un
e“ tre ne¤ de la nature de¤ sire un ma|“ tre, un adepte, une autorite¤
qui, le soutenant, lui sert d’appui et d’aide pour laver le linge
sale de son karma. Quand c’est le cas, il n’est pas question de
pouvoir de¤ passer l’e¤ tat d’e“ tre ne¤ de la nature, car l’e¤ gocentrisme
demeure. C ’est pourquoi, celui ou celle qui aide vraiment
n’e¤tablit jamais de contact personnel. C ’est pourquoi Christian
Rose-Croix est re¤primande¤ par le page quand il essaie spontane¤ -
ment d’agir de cette facon.
La seule chose qui importe est que cette aide soit donne¤ e, et
donne¤ e de facon que l’e¤le' ve, ressentant une force impersonnelle
puissante, puisse prendre la juste de¤ cision d’un comportement
juste.
221
Celui qui veut sortir du tombeau de la nature de la mort
recoit l’aide ne¤ cessaire, mais il doit accomplir lui-me“ me l’oeuvre
du salut.
222
La Jeune Fille e¤ tait de¤ core¤ e comme nous de laToison d ’or et du
Lion, d ’ou' je conclus qu ’elle e¤ tait sans doute la pre¤ sidente de
l’Ordre. Nous lui demanda“ mes le nom de cet Ordre, mais elle
re¤ pondit que le moment de le re¤ ve¤ ler ne viendrait qu ’une fois l’af-
faire des prisonniers re¤ gle¤ e. Si leurs yeux restaient ferme¤ s, c ’est
qu ’en effet ce qui nous arrivait ici ne pouvait que les irriter et les
offusquer, quoique ce ne fu“t rien en comparaison de l’honneur qui
nous attendait.
Puis elle rec ut des mains de l’autre page l’acte divise¤ en deux
parties. Au premier groupe, on lut a' peu pre' s les choses suivantes:
Ils devaient reconna|“ tre avoir cru trop a' la le¤ ge' re en des livres men-
songers et avoir eu trop bonne opinion d ’eux-me“ mes, c ’est
pourquoi ils e¤ taient venus au cha“ teau sans jamais avoir e¤ te¤
invite¤ s. Peut-e“ tre la plupart e¤ taient-ils entre¤ s dans l’intention de
faire un bon coup, afin de vivre ensuite dans une gloire et un luxe
plus grands. De la sorte, les uns avaient entra|“ ne¤ les autres, leur
faisant subir ainsi tant de honte et de moqueries qu ’ils me¤ ritaient
d ’e“ tre gravement punis. Ils le reconnurent alors, humblement, en
tendant la main, apre' s quoi l’on s ’adressa avec se¤ ve¤ rite¤ a' l’autre
groupe a' peu pre' s en ces termes:
223
C ’est en toute connaissance de cause et conviction inte¤ rieure
qu ’ils avaient fait des livres mensongers, pleins de pures inven-
tions, trompe¤ et dupe¤ autrui en sorte qu ’ils avaient attente¤ , chez
beaucoup, a' la dignite¤ royale. Ils savaient pertinemment quelles
images sacrile' ges et se¤ ductrices ils avaient forge¤ es, n’ayant me“ me
pas e¤ pargne¤ laTrinite¤ divine, utilise¤ e par eux pour berner tout le
monde. On voyait maintenant clairement par quelles pratiques
ils avaient tente¤ de fourvoyer des ho“ tes since' res et d ’e¤ garer les igno-
rants.Tout le monde savait aujourd ’hui qu ’ils s ’e¤ taient rendus
ouvertement coupables d ’impudicite¤ , de prostitution, de de¤ bauche
et d ’autres impurete¤ s, toutes choses contraires a' l’ordre public de
notre Royaume. Bref, ils savaient tre' s bien avoir porte¤ atteinte a'
Sa Majeste¤ Royale jusque dans le menu peuple; c ’est pourquoi
ils devaient reconna|“ tre comme ave¤ re¤ qu ’ils e¤ taient des tra|“ tres, des
mise¤ rables et des sce¤ le¤ rats, me¤ ritant d ’e“ tre punis et se¤ pare¤ s des
hommes convenables.
224
Les fourbes se refusaient a' cet aveu, mais comme laJeune Fille les
menac ait de mort par serment, et qu ’en outre l’autre groupe s ’em-
portait violemment contre eux, les accusant a' l’unanimite¤ de les
avoir malignement e¤ carte¤ s de la Lumie' re, pour e¤ viter le pire, et
contraints par les circonstances, ils finirent par reconna|“ tre leurs
fautes. Ils ajoute' rent que ce qui s ’e¤ tait passe¤ ne devait pas leur e“ tre
trop lourdement compte¤, leurs victimes e¤ tant des seigneurs de¤ sireux
d ’entrer dans le cha“ teau a' tout prix et qui, a' cette fin, leur avaient
promis de fortes sommes d ’argent.Tous les coupables avaient donc
rivalise¤ de ruse pour obtenir leur part.Voila' ce qui s ’e¤ tait passe¤, mais
comme ils avaient e¤ choue¤, ils estimaient n’avoir pas fait plus de mal
que les seigneurs. Si ces derniers n’avaient pas cru que l’un d ’entre
eux, au moins, re¤ ussirait a' entrer, ils n’auraient pas escalade¤ avec
eux les murs a' leurs risques et pe¤ rils pour si peu. A propos des
livres, on les leur avait achete¤ s avec tant d ’empressement que ceux
qui ne pouvaient subsister autrement e¤ taient bien force¤ s de commen-
cer par ce genre de tromperie. Ils espe¤ raient donc que, en toute e¤ quite¤,
on neleleur imputerait pas a' mal, qu ’ils avaient, comme il sied a' des
serviteurs, servi les seigneurs a' leur demande expresse.
Ils tentaient de se disculper par des discours de ce genre. On leur
re¤ pondit, ne¤ anmoins, que Sa Majeste¤ Royale avait de¤ cide¤ de les
punir tous, les uns plus durement que les autres. Ce qu ’ils invo-
quaient pour leur de¤ fense e¤ tait vrai en partie (et de ce fait les sei-
gneurs n’e¤ chapperaient pas a' la punition), mais ceux qui
s ’e¤ taient pre¤ sente¤ s avec tant d ’impudence et avaient sans doute
se¤ duit des ignorants contre leur volonte¤ devaient se pre¤ parer a' la
mort; le me“ me sort attendait ceux qui, par la lecture delivres trom-
peurs, avaient offense¤ Sa Majeste¤ Royale, ce qui ressortait claire-
ment de leurs propres e¤ crits et ouvrages.
225
Sur ce, beaucoup commence' rent a' se lamenter pitoyablement. Ils
se jete' rent a' genoux, pleurant, ge¤ missant, suppliant mais en vain.
J ’e¤ tais fort surpris que la Jeune Fille pu“t rester si impassible
devant eux; en effet (quoique la plupart nous eussent cause¤
maintes douleurs et souffrances) leur mise' re e¤ veillait notre pitie¤ a'
tous et nous e¤ mouvait jusqu ’aux larmes. Elle renvoya rapide-
ment son page. Celui-ci revint avec tous les cuirassiers qui se
tenaient ce jour-la' autour de la balance. On ordonna a' chacun
de rassembler les siens et de les conduire en bon ordre dans le
grand jardin de la Jeune Fille; cela en sorte qu ’un cuirassier
marcha“ t toujours a' co“ te¤ d ’un prisonnier. Je fus e¤ tonne¤ que
chacun reconnu“t le sien si facilement. On permit cependant a'
mes compagnons de la veille d ’entrer sans cha|“ nes dans le jardin,
pour assister a' l’exe¤ cution de la sentence.
De' s que tous furent sortis, la Jeune Fille se leva et nous pria de
nous asseoir sur les marches de son tro“ ne afin d ’y e“ tre aussi
pre¤ sents. Nous ne refusa“ mes point, laissa“ mes tout sur la table ^
excepte¤ la Coupe que la Jeune Fille avait confie¤ e a' la garde du
page ^ et, pare¤ s de nos somptueux ve“ tements, nous fu“mes
emmene¤ s sur le tro“ ne, qui avanc ait de lui-me“ me aussi doucement
que s ’il glissait dans l’air; parvenus ainsi dans le jardin, nous
nous leva“ mes tous.
226
Ce jardin n’e¤ tait pas particulie' rement beau, mais il me plut quela
disposition des arbres y fu“t si raffine¤ e; il y avait aussi une magni-
fique fontaine, orne¤ e de sce' nes merveilleuses, d ’inscriptions et
signes e¤ tranges ^ dont je m’occuperai, si Dieu le veut, dans un
prochain livre. Dans ce jardin, e¤ tait e¤ rige¤ e une estrade de bois re-
couverte de belles toiles, peintes avec art. Quatre galeries se super-
posaient. La premie' re, plus belle que les autres, e¤ tait tendue d ’un
rideau de moire blanche, en sorte que nous ne pouvions voir qui
s ’y cachait. La deuxie' me e¤ tait vide et de¤ couverte. Les deux der-
nie' res e¤ taient a' leur tour tendues de moire rouge et bleue.
227
20
Le lieu duJugement
Vous voyez a' l’e¤ vidence, nous l’espe¤rons, que le fait de vouloir
acce¤ der de force a' un champ astral plus e¤leve¤ , plus saint, ne cor-
respondant pas a' notre propre e¤ tat astral, se retourne toujours
contre nous. Tout chercheur se¤ rieux aspire, la plupart du temps
inconsciemment, au champ astral pur de la Fraternite¤ univer-
selle. Une telle approche n’est e¤videmment jamais punie, mais
ne permet une liaison et un re¤ el se¤ jour dans le parvis du salut
que si l’e¤ tat astral personnel a e¤ te¤ mis en harmonie avec celui
du premier Temple. C ’est une loi, une loi absolue de la nature,
qui prote' ge l’e¤ difice sacre¤ de la Fraternite¤ . Comment cette pro-
tection s’ope' re, comment agit cette loi, est maintenant clair
pour vous ; au moyen des sept Rayons de l’ Esprit Septuple, des
sept poids des Noces Alchimiques.
Chaque Temple de la Fraternite¤ , chaque lieu de travail consa-
cre¤ de laTriple Alliance de la Lumie' re est un endroit ou' l’ Esprit
n’est pas seulement pre¤ sent de manie' re septuple, mais ou' il s’ex-
prime e¤galement de manie're septuple. Ceux qui entrent dans ces
lieux, pour quelque raison que ce soit, et souhaitent y rester, ne
doivent donc pas se contenter de conna|“ tre cet Esprit en the¤orie
et te¤moigner de lui en the¤ orie, mais ils doivent posse¤ der cet
Esprit gra“ ce a' un corps et a' une a“ me capables et pre¤ pare¤s.
Le premier Temple de l’ Esprit, tel qu’ il est esquisse¤ dans le
Troisie'me Jour des Noces Alchimiques, est un champ astral de ce
type, ou' se manifeste d’une manie' re de¤termine¤e la ple¤nitude
septuple de l’ Esprit. C ’est pourquoi il faut que chacun de ceux
228
qui entrent dans ce champ puisse, physiquement, psychique-
ment et spirituellement, e¤ quilibrer le poids de ces influences,
par conse¤ quent y re¤agir harmonieusement.
Il en est beaucoup dans ce monde qui ont une certaine
connaissance de l’enseignement de l’ Esprit, mais leurs nom-
breuses me¤prises leur interdisent toujours de vivre la vie de l’ Es-
prit. Comprenez bien ceci pour pouvoir pe¤ ne¤ trer entie'rement
les intentions des Noces Alchimiques. Qui conna|“ t bien l’ensei-
gnement de l’ Esprit, mais ne le vit pas, n’est pas obligatoirement
futile et indigne selon nos crite' res, mais sa vie, livre¤ e aux e¤ ons*,
est une erreur, une me¤ prise.
Dans la vie naturelle dialectique, nous ne connaissons que
deux cultures : la culture de la matie're et la culture de l’a“me. La
culture de la matie' re comprend la culture du corps ; et vous savez
tout ce que l’on fait dans ce monde pour entretenir le corps. Les
principes et pratiques d’ hygie' ne sont e¤troitement lie¤ s a' la pro-
tection de la sante¤. Pensez ici aux nombreuses branches du
sport, a' l’e¤ tablissement de meilleures relations sociales, a' la cons-
truction d’ habitations, aux efforts en vue d’ame¤ liorer l’e¤ quilibre
alimentaire, de se prote¤ ger de la pollution industrielle, d’ame¤ lio-
rer les conditions de travail, de re¤ pandre les soins me¤ dicaux, etc.,
etc.
Quant a' la culture de l’a“me, faites le compte de tous les
groupes qui se pre¤occupent de questions morales ou religieuses
sur le plan naturel. Qu’est-ce que l’a“ me, l’a“ me naturelle ! La
conscience que la personnalite¤ anime. Chaque atome de la per-
sonnalite¤ posse' de un principe vital, une force vitale. Or la
somme des forces vitales de tous les atomes de la personnalite¤
forme la conscience, appele¤e faussement esprit. La culture de
cette conscience a donc lieu purement sur le plan physique et
mate¤ riel, elle me' ne au plan me¤taphysique de la sphe' re re¤ flec-
trice*, donc elle assure la fusion de ces deux plans. Par cette
conscience, en effet, on recherche la culture de la matie're. Cette
conscience s’efforce d’ ide¤ aliser la personnalite¤, de la cultiver,
229
donc de la diviniser. L’a“ me naturelle et le corps coope' rent dans
ce but. Or ces tentatives ont leurs reflets dans la sphe' re re¤ flec-
trice, c’est-a'-dire dans le champ astral de notre vie dialectique.
Et nous le savons, ces reflets ne me' nent pas a' la libe¤ ration. Au
contraire, ils retiennent l’ homme toujours plus prisonnier, avec
toutes les conse¤quences qui s’ensuivent.
Pensez ici a' l’orientation actuelle de l’Anthroposophie et a' sa
pratique de l’eurythmie. C ’est une tentative d’e¤panouissement
du corps par l’a“ me, dans un sens hautement ide¤aliste. Mais quel
est le haut ide¤ al qui conduit a' cette pratique ! Il a pour origine un
pre¤ tendu enseignement de l’ Esprit, qui n’est rien d’autre qu’un
enseignement de l’a“me.
Et attention, un enseignement de l’ Esprit est tout autre chose
qu’une vie de l’ Esprit ? Un enseignement de l’ Esprit peut e“ tre
compris de facon intellectuelle, mais s’ il est saisi avec la raison,
dans son essence profonde, il peut relier a' une grande force,
e¤ manant du ve¤ ritable enseignement de l’ Esprit, e¤ branler inten-
se¤ ment le corps et l’a“ me, provoquer un revirement complet en
direction de la vraie vie, incitant a' ßmourir pour vivre, a' se
perdre pour ressusciter, et mener ainsi a' la transfiguration.
Gra“ ce a' la vie de l’ Esprit, par cette transfiguration, l’ Esprit
pe¤ ne' tre dans une Ame nouvelle et un corps re¤ ge¤ ne¤ re¤, et y fait sa
demeure. C ’est a' cette seule condition que l’on entre dans la
troisie' me phase : la ve¤ ritable culture de l’ Esprit.
Les faits le montrent bien, l’ homme naturel jongle conti-
nuellement, dans son ignorance et son erreur, avec la force de
l’ Esprit, avec le ve¤ ritable enseignement de l’ Esprit, tel qu’ il ap-
para|“ t par exemple dans l’ Ecriture Sainte. C ’est pourquoi, cons-
ciemment et de bonne foi, certains font de l’enseignement de
l’ Esprit une science de l’a“me ne¤ gative ; ils le de¤ forment, le
mettent en pratique et ainsi e¤tablissent un royaume divin qui
n’a rien a' voir avec le ve¤ritable Royaume. A partir d’une
science de l’ Esprit, qu’on ne comprend pas, on re¤ pand et on
pratique une science de l’a“me.
230
De la sorte, des forces sont e¤voque¤ es, libe¤ re¤ es et utilise¤ es de
fac on comple'tement fausse, parce que personne n’est plus en
mesure d’en faire une juste application. Steiner, par exemple,
avec l’eurythmie, visait tout autre chose que ce qu’en font ses
disciples.
231
1. dans l’espace ouvert du deuxie'me e¤ tage, doit se manifester
une vie libe¤ re¤ e, visible, e¤ vidente, de¤ montrable, prouve¤ e,
pleine d’actions ;
2. un nouvel e¤tat d’a“ me, un corps de l’Ame ve¤ritable (la couleur
rouge repre¤ sente la nouvelle substance astrale de l’a“ me) doit
se de¤ velopper, tandis que
3. l’a“me et le corps doivent engendrer : la nouvelle raison, la
nouvelle pense¤ e, l’e¤ tat humain-divin (d’ou' la couleur bleue);
c’est-a' -dire, l’e“tre humain ve“ tu du manteau d’or des noces,
l’e¤toile a' cinq branches, l’e¤ toile de Bethle¤em.
232
Comme nous approchions de l’estrade, la Jeune Fille s ’inclina
jusqu ’a' terre en arrivant, ce qui nous effraya beaucoup. En effet,
il e¤ tait facile de supposer que le Roi et la Reine n’e¤ taient pas loin.
Apre' s nous e“ tre respectueusement incline¤ s, a' notre tour, comme il
sied, la Jeune Fille nous conduisit par un escalier en spirale
jusqu ’a' la deuxie' me galerie, ou' elle s ’assit sur le sie' ge supe¤ rieur
et ou' nous pr|“ mes place dans l’ordre pre¤ ce¤ dent. Je ne peux rappor-
ter ici sans me¤ dire la fac on dont l’empereur que j ’avais de¤ livre¤ se
comporta avec moi comme il l’avait fait a' table auparavant; il
aurait du“ e“ tre bien conscient du triste e¤ tat et de l’accablement qui
auraient e¤ te¤ siens, s ’il avait e¤ te¤ oblige¤ d ’attendre la sentence au
milieu de moqueries pareilles, alors que, maintenant, gra“ ce a'
mon intervention, il e¤ tait e¤ leve¤ a' un rang et une dignite¤ si conside¤ -
rables.
Sur ces entrefaites, la jeune personne ^ qui m’avait apporte¤ l’in-
vitation au commencement et que je n’avais pas encore revue ^
s ’avanc a ; elle lanc a un coup de trompette, puis prononc a la
sentence d ’une voix forte:
233
ßSa Majeste¤ Royale, mon noble Seigneur, aurait voulu de tout
coeur que l’ensemble de ceux qui sont rassemble¤ s ici, sur l’invita-
tion de Sa Majeste¤ , eussent paru avec des qualite¤ s telles qu ’en
plus grand nombre, pour l’honorer, elles eussent rehausse¤ l’e¤ clat
dela bienheureuse fe“ te des noces. Comme il en a plu autrement au
Dieu tout puissant, Sa Majeste¤ ne doit pas se plaindre, mais s ’en
tenir contre son gre¤ aux anciennes et bonnes coutumes de ce
Royaume. Cependant, pour que soit loue¤ e partout la cle¤ mence
naturelle de Sa Majeste¤ , Elle a de¤ cide¤ , avec tous ses nobles et
conseillers, d ’adoucir conside¤ rablement la sentence habituelle.
C ’est pourquoi, en premier lieu, a' vous, Seigneurs et Monarques,
Elle laisse non seulement la vie mais la liberte¤ , en raison de quoi
Elle vous prie amicalement de ne pas lui en vouloir s ’il ne vous
est pas possible d ’assister a' la fe“ te donne¤ e en Son honneur et de
penser pluto“ t que, a' part cela, le Dieu tout puissant vous a de¤ ja'
impose¤ plus que vous ne pouviez supporter avec calme et bien-
se¤ ance, et qu ’Il distribue ses dons d ’une manie' re incompre¤ hen-
sible pour nous. Ainsi votre re¤ putation ne souffrira point de ce que
notre Ordre vous rejette, car nous ne sommes pas tous aptes a' tout.
Cependant, comme vous avez e¤ te¤ se¤ duits par de me¤ chants
coquins, ceux-ci ne resteront pas impunis. De plus, Sa Majeste¤
a de¤ cide¤ de vous fournir, a' bref de¤ lai, un ßcatalogus haereticorum
ou ßindex expurgatorius>, pour que de¤ sormais vous distinguiez
avec plus de discernement le bien du mal.
234
Comme Sa Majeste¤ a e¤ galement l’intention de passer en revue sa
bibliothe' que, afin de sacrifier a' Vulcain des ouvrages trompeurs,
Elle vous demande de l’aider et d ’en faire autant avec la vo“ tre de
sorte, espe' re-t-Elle, que le mal et la me¤ chancete¤ prennent fin a'
l’avenir. De plus, que ceci vous dissuade de vouloir jamais
revenir ici de manie' re aussi irre¤ fle¤ chie, afin que vous n’ayez plus
a' donner, comme aujourd ’hui, l’excuse d ’avoir e¤ te¤ se¤ duits et que
vous ne soyez pas en butte a' la haine et au me¤ pris du plus grand
nombre. Enfin, comme le pays exige de vous un tribut, Sa
Majeste¤ espe' re que personne ne fera de difficulte¤ s pour de¤ poser
une cha|“ ne ou ce qu ’il aura sous la main, qu ’ainsi nous nous
se¤ parerons en amis et que, conduits par nous, vous retournerez
chez les vo“ tres.
Ceux qui n’ont pas re¤ siste¤ au premier, troisie' me et quatrie' me
poids, Sa Majeste¤ ne veut pas les laisser partir aussi facilement;
mais pour qu ’ils e¤ prouvent aussi sa cle¤ mence, Elle ordonne de les
de¤ ve“ tir entie' rement et de les renvoyer d ’ici, nus.
Ceux qui ont e¤ te¤ trouve¤ s trop le¤ gers pour le deuxie' me et cin-
quie' me poids, seront, outre leur mise a' nus, marque¤ s au fer, une
fois, deux fois et plus, suivant leur plus ou moins grande le¤ ge' rete¤ .
Ceux que soule' vent seulement le sixie' me et septie' me poids seront
traite¤ s avec plus de mise¤ ricorde.
Cela continua ainsi; pour chaque combinaison de poids, une
sentence fu“t prononce¤ e, mais il serait trop long de tout rapporter
ici.
235
21
236
prit, qui inclut aussi l’Amour. Il va de soi que, dans notre sphe' re
de vie, personne ne sera traite¤ plus se¤ ve'rement que ne¤ cessaire au
cours de son apprentissage et pour son salut, et que tout renvoi,
quel qu’ il soit, se fera avec autant de douceur que cette exigence
le permet.
Dans la sce' ne du renvoi, l’attention est attire¤ e, premie' rement,
sur le groupe des intrus qui ont e¤te¤ trompe¤s et entra|“ ne¤ s soit par
l’appa“t du gain, soit par l’attrait de la renomme¤ e, de l’ honneur
et de la conside¤ ration. Ils sont de¤signe¤ s comme des empereurs,
des rois et des seigneurs.
Vous savez qu’ il existe des pseudo-fraternite¤ s de la Rose-
Croix, qui n’ont de commun que le nom avec cette Fraternite¤ .
Ces trompeurs font de nombreux adeptes en distribuant force
titres ronflants, symboles complique¤ s, diplo“mes et insignes ho-
norifiques. Il arrive un moment ou' les membres de ces groupes
vivent totalement persuade¤s, par autosuggestion, qu’ ils sont tre' s
supe¤ rieurs, tre' s avance¤ s, tre' s e¤ leve¤ s, tre's importants. Psychologi-
quement, pourtant, ils subissent de grands dommages, car leurs
soi-disant initiateurs leur donnent toutes sortes d’exercices a'
faire qui, par l’ illusion mentale d’un accomplissement aussi
haut que sublime, les rendent astralement sensibles au champ
de la Fraternite¤ ve¤ritable. Or la', vous le comprenez, ils sont cate¤ -
goriquement renvoye¤ s.
Mais ils peuvent partir librement. Et, comme le processus de
renvoi est tout inte¤ rieur, et a lieu ge¤ ne¤ralement pendant les
heures de sommeil, leur dignite¤ apparente ne subit pas le
moindre pre¤ judice. Cependant la loi d’Amour exige qu’ ils re-
tournent, dans leur cadre de vie habituel, diffe¤rents de ce qu’ ils
e¤ taient a' leur arrive¤e. Car ils ont e¤ te¤ trompe¤ s par des sce¤ le¤ rats.
C ’est pourquoi on leur donne, ou ils se re¤signent a' prendre, ce
qui est de¤signe¤ sous le nom d ’index expurgatorius, un purgatif
dirons-nous, un reme' de de¤puratif, destine¤ a' la purification.
Vous devez conside¤ rer ce processus de purification du seul
point de vue e¤ sote¤ rique. Il n’est pas question ici d’une interven-
237
tion miraculeuse ; simplement, lorsque quelqu’un d’ indigne
pe¤ ne' tre dans le Champ astral de la Fraternite¤, il est e¤ pure¤ et
purifie¤ par le feu astral qu’ il ne peut supporter. Il subit une cer-
taine purification de son e¤ tat d’e“ tre.
Il se peut qu’un malheureux ainsi trompe¤ se re¤veille infini-
ment meilleur qu’ il ne s’e¤ tait endormi. Au re¤veil, dans son cadre
de vie habituel, il de¤ couvre que beaucoup de son inte¤ re“t pour la
pseudo-fraternite¤ des Rose-Croix s’est amoindri. L’emprise de
la tromperie se desserre et les trompeurs perdent une victime.
Mais il y a un inconve¤nient : la victime, qui est passe¤ e par toutes
ces angoisses et de¤ ceptions, peut interrompre sa recherche et
continuer a' vivre dans la nature de la mort sans de¤ sir libe¤rateur
ni re¤ sultat positif.
Par leurs agissements, les trompeurs endommagent pour la
vie d’ innombrables personnes. C ’est la' un des plus grands
pe¤ che¤ s que l’on puisse commettre. C ’est un pe¤ che¤ plus grave
qu’un meurtre, car c’est faire mourir une a“me, faire mourir
une conscience. Il faut absolument que vous compreniez le
danger de ces choses-la' .
Mais reprenons le re¤ cit. Nous disions que les personnes trom-
pe¤ es, mais purifie¤ es par l’index expurgatorius, ne retomberont
plus si facilement dans leur erreur. Pour diminuer leur dette,
selon Les Noces Alchimiques, elles doivent abandonner un collier,
des bijoux ou autres choses pre¤cieuses dans le jardin du Temple.
A la lumie're de ce qui vient d’e“ tre dit, vous comprenez cer-
tainement cette image : les insignes honorifiques et autres dis-
tinctions fournies par de fausses fraternite¤ s portent souvent des
mantrams vole¤ s. Ils ont la forme d’objets qui relient aux forces
les plus saintes et portent les noms les plus sacre¤ s. Connaissant
quelque peu ces choses, vous savez que cela n’est pas sans
danger pour l’ inte¤ resse¤ . En effet, ces objets peuvent de¤ cha|“ ner
des forces aux effets redoutables, si on n’a pas appris a' les
dominer par ses qualite¤s inte¤ rieures ni a' les employer de la juste
238
manie' re. C ’est pourquoi on demande aux personnes ainsi trom-
pe¤ es d’abandonner ces insignes, qui, en re¤ alite¤ , ont e¤te¤ vole¤ s.
Si vous re¤fle¤ chissez a' tout ce qui pre¤ ce' de, vous voyez de plus
en plus clairement ces dangers inhe¤ rents a' la nature de la mort,
dont tous les humains, me“ me de bonne foi, risquent d’e“ tre vic-
times un nombre de fois incalculable. Ainsi, rapidement, la vie
deviendrait-elle tout simplement impossible.
C ’est pourquoi la Fraternite¤ du Saint Graal, continuellement
a' l’oeuvre pour le sauvetage du monde et de l’ humanite¤ , nous
fait la gra“ ce de purifier sans cesse l’atmosphe' re de notre vie.
C ’est pourquoi, e¤galement, le texte de la sentence lu par la
Jeune Fille dans le jardin fait allusion a' Vulcain, a' qui le seigneur
duTemple offrira tous les e¤crits trompeurs afin qu’ il les de¤truise.
Vulcain de¤ signe le Soleil inte¤ rieur, le grand foyer de feu astral du
syste' me solaire saint et universel, d’ou' e¤ mane un puissant rayon-
nement purificateur qui, jusqu’a' un certain point, peut et doit
e“ tre utilise¤ par la Triple Alliance de la Lumie' re pour prote¤ ger
l’ humanite¤ ignorante et lourdement charge¤ e.
239
ßCeux qui renonce' rent, hier, de leur propre chef, peuvent partir
librement, sans nulle sanction. Pour finir, les malins, mystifica-
teurs du peuple, qui n’ont re¤ siste¤ a' aucun des poids, seront cha“ tie¤ s
corporellement ou punis de mort, selon le cas, par l’e¤ pe¤ e, par la
corde, par l’eau ou par les verges. Ces sentences seront exe¤ cute¤ es
sans merci, pour l’exemple.
A cet instant, notre Jeune Fille brisa son ba“ ton. L’autre jeune
personne, a' peine la lecture termine¤ e, souffla dans la trompette et
s ’avanc a avec grande de¤ fe¤ rence vers ceux qui e¤ taient derrie' re les
tentures. Je ne puis m’empe“ cher de de¤ voiler au lecteur quelque
chose sur le nombre des prisonniers: sept avaient re¤ siste¤ a' un
poids; 21 e¤ quilibraient deux poids; 35, trois poids; 35, quatre
poids; 21, cinq poids et sept avaient re¤ siste¤ a' six poids. Parmi
ceux qui e¤ taient arrive¤ s au septie' me poids mais n’y avaient pas
re¤ siste¤ , se trouvait celui que j ’avais libe¤ re¤ . Par ailleurs, nombreux
e¤ taient ceux qui avaient totalement e¤ choue¤ , car pour beaucoup,
tous les poids e¤ taient descendus.
J ’avais tout note¤ et de¤ compte¤ avec soin dans mon carnet, quand ils
se tenaient devant nous comme indique¤ . Il est tre' s e¤ tonnant que,
parmi tous ceux qui avaient un certain poids, pas un ne fu“t iden-
tique a' l’autre. Car si trente-cinq avaient re¤ site¤ a' trois poids, l’un
e¤ quilibrait les poids un, deux, trois, un autre les poids trois, quatre
et cinq, un troisie' me les poids cinq, six et sept, et ainsi de suite, de
sorte que, aussi curieux que cela fu“t, sur les cent vingt-six trouve¤ s
trop le¤ gers, aucun n’e¤ tait pareil a' l’autre. Je pourrais d ’ailleurs
dire le poids de chacun si le temps le permettait. J ’espe' re cepen-
dant que cela appara|“ tra clairement plus tard, ainsi que l’explica-
tion.
240
La lecture termine¤ e, les Seigneurs se re¤ jouirent beaucoup, ils
n’avaient pas ose¤ espe¤ rer sentence aussi cle¤ mente apre' s pareille
se¤ ve¤ rite¤ . Aussi donne' rent-ils plus qu ’il n’e¤ tait exige¤ , se de¤ firent-
ils de leurs cha|“ nes, bijoux, or, argent, et d ’autres choses, pour
autant qu ’ils en avaient sur eux, et prirent respectueusement
conge¤ . Quoiqu ’on eu“t interdit aux serviteurs royaux de se
moquer de quiconque au de¤ part, quelques railleurs ne purent se
retenir de rire. C ’e¤ tait aussi assez risible de les voir de¤ camper le
plus vite possible, sans un regard en arrie' re. Quelques-uns de-
mande' rent qu ’on leur fit parvenir le catalogue promis, certifiant
que, pour leurs livres, ils agiraient comme il plaisait a' Sa Majeste¤ .
On leur en donna de nouveau l’assurance. Au portail, on leur fit
boire une oblivionis haustus* afin que personne ne se rappela“ t son
infortune.
Alors s ’en alle' rent ceux qui s ’e¤ taient de¤ libe¤ re¤ ment tenus a'
l’e¤ cart. A cause de leur discernement, on les laissa passer, mais
ils ne devaient plus jamais revenir de cette manie' re. De' s que
quelque chose leur serait re¤ ve¤ le¤ , ne¤ anmoins, et cela valait aussi
pour les autres, ce serait bien volontiers qu ’on les accueillerait
comme invite¤ s.
241
Pendant ce temps, on avait de¤ ve“ tu certains et la' , on remarquait
encore une ine¤ galite¤ suivant ce que me¤ ritait chacun. Quelques-
uns e¤ taient renvoye¤ s nus, mais sans e“ tre mis a' mal ; d ’autres
chasse¤ s avec des clochettes et des grelots, d ’autres encore pousse¤ s
dehors a' coups de verges. Bref, il y avait une telle diversite¤ de cha“ -
timents que je ne peux les citer tous ici. Enfin arriva le tour des
derniers. Cela prit plus de temps car avant de pendre les uns, de
de¤ capiter les autres, d ’en jeter a' l’eau et de mettre plusieurs a' mort
autrement, il se passa un long moment. Pendant l’exe¤ cution, les
larmes me coulaient vraiment des yeux, non a' cause de la
punition, me¤ rite¤ e par leur impudence, mais a' la pense¤ e de notre
aveuglement, qui fait que nous ambitionnons toujours ce qui est
scelle¤ pour nous depuis la premie' re chute.
242
22
Pour finir, les malins, mystificateurs du peuple, qui n’ont re¤ siste¤ a' aucun
des poids, seront cha“tie¤ s corporellement ou punis de mort selon le cas: par
l’e¤ pe¤ e, par la corde, par l’eau ou par les verges. Ces sentences seront exe¤ cu-
te¤ es sans merci, pour l’exemple.
Ici, quatre formes de peine sont e¤nume¤re¤ es, pouvant e“ tre appli-
que¤es ensemble ou combine¤ es partiellement selon les cas. Aux
formes de magie les plus noires correspondent d’abord, nous le
savons : le renvoi apre's mise a' nu ; et le renvoi apre' s mise a' nu et
marquage au fer.
ßEtre nu est une expression symbolique souvent utilise¤ e dans
la Bible. On dit, par exemple, que nous sommes tous ßnus
devant Dieu, ce qui veut dire que tous nos mouvements e¤ mo-
tionnels, toutes les raisons de notre coeur et toutes nos re¤flexions
mentales sont perce¤ s a' jour par l’observateur initie¤ . Nous
sommes tous comme nus devant la majeste¤ de l’ Esprit. Mais il
est difficile de conside¤rer cela comme une punition.
C ’est diffe¤rent si l’on conside' re que l’ homme manifeste¤ ,
c’est-a' -dire la personnalite¤ dans le mircocosme, acquiert certai-
nes caracte¤ ristiques au cours de sa vie. Les facteurs he¤ re¤ditaires et
le karma, combine¤s au subconscient, donnent a' l’ homme des
caracte'res propres. Il devient d’un type de¤termine¤ , avec des pos-
sibilite¤ s diverses, bonnes et mauvaises.Toutes les structures orga-
niques, comme la se¤ cre¤tion interne, le cercle des plexus, le coeur,
les organes de la te“ te et du plexus solaire changent totalement en
243
fonction de toutes ces possibilite¤ s et particularite¤s. Ajoutez a' ceci
le corps e¤the¤ riques, le corps astral et les divers fluides vitaux,
vous avez devant vous la personnalite¤ comple'te de l’ homme
manifeste¤ , enveloppe¤ de tous ses ve“tements.
Du point de vue de la science e¤ sote¤ rique, le ve“ tement de
l’ homme est donc l’ensemble des possibilite¤ s et caracte¤ ristiques
qu’ il posse' de, qu’ il a acquises et qui expriment et rendent visi-
bles sa nature et son type. Il y a des hommes au ve“ tement fort
suspect. Mais il y en a aussi qui sont pleins de promesses et cela
se voit dans le ve“ tement qu’ ils portent. Et me“me si ce ve“ tement
e¤ tait utilise¤ de manie're totalement errone¤ e, souille¤ et endom-
mage¤ par ignorance, on pourrait quand me“me dire : ßIls ont des
possibilite¤ s ?
Le ve“ tement est qualifie¤ de pre¤ cieux parce qu’ il a e¤te¤ tisse¤ au
cours de toutes les vies manifeste¤ es dans le microcosme. C ’est
donc un produit de millions d’anne¤ es, conserve¤ dans les cham-
bres aux tre¤sors de l’e“ tre aural.
Conside¤ rons maintenant le cas d’un de ces sce¤ le¤rats, auxquels
leTroisie'me Jour fait allusion, l’ homme qui a trompe¤ d’ innom-
brables personnes et les a jete¤ es dans le malheur de la fac on
de¤ crite. Il est certain que de tels hommes posse' dent un magne¤ -
tisme individuel tre' s prononce¤, et portent un ve“ tement extre“ me-
ment riche, tout charge¤s qu’ ils sont de beaucoup de forces et de
possibilite¤ s en raison de leur passe¤ karmique. Mais quand ils
n’utilisent pas leurs capacite¤ s comme ils le devraient, de
l’unique et juste manie' re, ils deviennent a' l’e¤ vidence un danger
mortel pour leur prochain. Comme ils disposent d’une grande
connaissance, de grandes forces et de possibilite¤s correspondan-
tes, ils peuvent e“ tre une be¤ ne¤ diction ou un danger mortel pour
leurs semblables.
Quand la vie manifeste¤ e proce' de du moi, de la matie're de
l’e“tre-moi, de l’ego, de la simple entite¤ ne¤ e de la nature, le ve“ te-
ment que l’on posse' de est toujours utilise¤ pour renforcer le moi,
pour s’enrichir mate¤riellement et se maintenir aux de¤ pens du
244
prochain.Telle est la marque de tous les ßne¤ s de la nature. L’ im-
mense tre¤ sor karmique de l’ homme ßne¤ de la nature, axe¤ sur
son moi, fait de lui ce que Les Noces Alchimiques appellent un sce¤ -
le¤ rat et un mystificateur du peuple.
Or, vous le voyez : ces personnes sont malades. Elles sont
physiquement et psychiquement perturbe¤es. Elles occupent
dans la vie des places importantes et, vu leur pertubation et leur
ve“ tement, elles sont en mesure de faire tomber d’ innombrables
e“ tres dans l’ab|“ me, a' l’ insu des autorite¤s de ce monde, a' l’abri des
accusations et condamnations de la justice de ce monde ; de plus
sans e“ tre elles-me“mes conscientes de leurs me¤ faits ?
Mais voici que s’avance, en pleine et claire lumie're, la justice
de laTriple Alliance du Graal, des Cathares et de la Rose-Croix.
Cette justice n’ implique aucune punition. En effet, a' la lumie' re
de ce qui pre¤ ce' de, que signifie ße“tre renvoye¤ nu!
Examinons le cas d’une personne perturbe¤ e psychiquement
comme nous venons de le dire : d’une part, elle est dote¤ e d’un
e¤ gocentrisme dur comme fer, d’autre part, en raison de son
passe¤ , elle porte un ve“ tement taille¤ pour exercer une grande au-
torite¤. Est-il permis de la laisser agir parmi les hommes ! Peut-on
prendre cette responsabilite¤ ! Envers l’ humanite¤, envers elle-
me“ me qui est malade ! Certainement pas ?
C ’est pourquoi de telles personnes, quand elles entrent en
contact avec la Triple Alliance de la Lumie' re, dans la sphe' re
astrale de la Fraternite¤ (et toutes s’y retrouvent to“t ou tard),
sont ßde¤ve“ tues par le feu magique purificateur de cette sphe' re
astrale ; autrement dit leur personnalite¤ est de¤ pouille¤ e de tout
son passe¤ karmique. Un passe¤ karmique puissant, relie¤ a' une per-
sonnalite¤ d’un e¤ gocentrisme exacerbe¤ , dangereux pour l’ huma-
nite¤ , est une anomalie dont on ne saurait pas re¤pondre. C ’est
pourquoi la liaison entre le karma et la personnalite¤ est bru“le¤e
par le feu astral, a' l’endroit du plexus sacre¤ ou dans l’une ou plu-
sieurs des sept cavite¤ s ce¤re¤ brales. La personnalite¤ est alors laisse¤ e a'
elle-me“me, a' son caracte' re naturel, et ne peut plus provoquer de
245
dommage a' ses semblables. Telle est la signification de l’expres-
sion ße“ tre renvoye¤ nu.
Ne trouvez-vous pas que cette pre¤ tendue punition est une
puissante preuve d’amour envers tous les hommes, et plus parti-
culie' rement envers le malade capable de causer tant de dommage
et de chagrin ! En outre, le ve“ tement karmique neutralise¤ n’est
pas de¤ truit. C ’est impossible ? Car il n’est jamais tout a' fait
exclu qu’un tel ßmise¤ rable et sce¤ le¤rat ne puisse recevoir un jour
son he¤ritage, son droit d’a|“ nesse, mais cette fois au service de hu-
manite¤ ?
Nous voulons vous montrer brie'vement par la' qu’ il existe
une loi de l’ Esprit, avec laquelle la Fraternite¤ doit intelligem-
ment collaborer en tant qu’exe¤ cutrice des de¤ crets du Conseil
divin.
246
symbolise des le¤ sions organiques, des de¤ficiences physiques.
C ’est intentionnellement que nous parlons tre's brie' vement
de ces peines dans cette dernie' re partie de notre expose¤ . Il n’est
ni utile ni agre¤ able de s’e¤ tendre sur toutes les causes des maladies
en s’appuyant sur des faits et des exemples. Il s’agit avant tout de
voir clairement que, pour la protection de l’ humanite¤ , une loi
spirituelle punit de fac on scientifique tout assassinat de l’a“ me
ou tentative de ce genre ; et de vous montrer l’ importance de
l’action protectrice de la Fraternite¤ universelle qui, en tant que
servante de Dieu, a la ta“ che d’e¤tendre et de vivifier le champ
astral pur et serein.
247
Ainsi le jardin, si rempli un moment auparavant, fut biento“t vide
et il ne s ’y trouva plus personne que les soldats. De' s que tout fut
fini et qu ’eut re¤ gne¤ le silence pendant cinq minutes, apparut une
Licorne d ’une grande beaute¤ , blanche comme neige, portant un
collier d ’or, ou' e¤ taient grave¤ es quelques lettres. Elle s ’avanc a
vers la fontaine et s ’agenouilla sur ses pattes de devant, comme
pour rendre hommage au Lion, qui se tenait si immobile au-
dessus de la source que je l’avais pris pour une statue de pierre
ou de bronze. Celui-ci e¤ treignit aussito“ t l’e¤ pe¤ e nue qu ’il
retenait dans ses griffes et la brisa par le milieu, en sorte que les
morceaux, me sembla-t-il, tombe' rent dans la fontaine. Puis il
rugit jusqu ’au moment ou' une Colombe blanche vint lui porter
une branche d ’olivier qu ’elle tenait dans son bec; le Lion l’avala
aussito“ t, apre' s quoi il se calma. La Licorne retourna a' sa place
pleine de joie.
Ensuite laJeune Fille nous fit redescendre de l’estrade par l’esca-
lier en spirale et nous nous inclina“ mes encore une fois devant le
rideau. Nous du“mes nous laver le visage et les mains a' la fontaine
puis, dans le me“ me ordre, attendre un instant que le Roi retourna“ t
dans la salle par un passage de¤ robe¤ ; ensuite nous fu“mes recon-
duits, nous aussi, hors du jardin, dans le lieu ou' nous se¤ journions
pre¤ ce¤ demment, au son d ’une musique merveilleuse, avec pompe
et magnificence, tout en devisant agre¤ ablement. Ceci se passait
vers quatre heures de l’apre' s-midi.
248
Pour que le temps ne nous dura“ t pas trop, la Jeune Fille nous
attribua un page a' chacun; ils e¤ taient non seulement somptueu-
sement ve“ tus mais remarquablement instruits, a' tel point qu ’ils
discouraient d ’une infinite¤ de sujets si savamment que nous
avions toutes raisons d ’e“ tre confus. On leur ordonna de nous
mener visiter le cha“ teau, mais certains endroits de¤ termine¤ s seule-
ment, et de nous faire autant que possible passer le temps selon nos
de¤ sirs. Au me“ me moment, la Jeune Fille prenait conge¤ , disant
pour nous consoler qu ’elle re¤ appara|“ trait au repas du soir, afin de
ce¤ le¤ brer ensuite la ce¤ re¤ monie du suspensionis ponderum.* Elle
nous pria d ’attendre patiemment le lendemain, ou' nous serions
alors pre¤ sente¤ s au Roi.
Quand elle fut partie, nous f|“ mes chacun ce qui nous plut. Les
uns regarde' rent les beaux tableaux, qu ’ils copie' rent en s ’interro-
geant sur leurs caracte' res e¤ tranges. D ’autres se re¤ conforte' rent en
mangeant et en buvant. Quant a' moi, je me fis guider par mon
page a' travers le cha“ teau avec mon compagnon, visite que je ne
regretterai jamais de ma vie. Outre beaucoup d ’antiquite¤ s splen-
dides, on me montra la chambre fune¤ raire du Roi, ou' j ’appris plus
que dans tous les livres du monde. Il y avait la' un Phe¤ nix magni-
fique, sur lequel j ’ai fait para|“ tre un livre spe¤ cial il y a deux ans.
J ’ai l’intention de faire para|“ tre aussi des traite¤ s particuliers sur le
Lion, l’Aigle, le Griffon, le Faucon et autres, quand ils pourront
e“ tre utiles a' certains, et j ’y joindrai croquis et descriptions. Je re-
grettai que mes autres compagnons eussent ne¤ glige¤ de contempler
ces tre¤ sors pre¤ cieux; mais je pensai, en me“ me temps, que c ’e¤ tait la
volonte¤ particulie' re de Dieu qui en avait de¤ cide¤ ainsi.
249
23
Il va de soi que tous les candidats aux noces alchimiques re¤ elle-
ment se¤ rieux, c’est-a'-dire ceux qui re¤ pondent aux exigences mi-
nimales impose¤ es par l’ Esprit, se sentent a' un moment donne¤
totalement libe¤re¤ s inte¤ rieurement des agitations dramatiques
dues au verdict de la balance. Ils entrent dans le calme et le
silence de la se¤ re¤nite¤ spirituelle, le repos de l’unite¤ avec l’ Esprit,
la paix que Je¤sus le Seigneur promet a' tous ceux qui suivent son
exemple. C ’est alors seulement que les objectifs re¤ els de l’ap-
prentissage ve¤ritable apparaissent et s’ imposent.
C ’est pourquoi, dans Les Noces Alchimiques, nous voyons entrer
la Licorne blanche comme neige portant un collier d’or, le Lion
qui monte la garde pre' s de la fontaine et la Colombe blanche qui
vole en tenant dans son bec un rameau d’olivier.Vous connaissez
ces alle¤ gories. La Licorne, le Lion et la Colombe symbolisent le
sublime Triangle de feu flamboyant, le trigonum igneum des Rose-
Croix du xviie sie'cle. Ils repre¤ sentent les trois rayons primordiaux
de l’Esprit Septuple. Quand le candidat bru“le inte¤ rieurement du
Triangle de feu, c’est qu’il est digne de pe¤ ne¤trer dans leTemple de
l’Initiation. Car le Triangle flamboyant rend le candidat re¤ ceptif a'
la totalite¤ de l’Esprit Septuple.
La Bible nous parle quelquefois de la Licorne. Ainsi, dans le
livre des Nombres, il est dit : ßLes forces de Dieu sont comme
celles de la licorne. Dans le merveilleux Livre de Job, nous
lisons : ßLa Licorne veut-elle e“ tre a' ton service ! Passe-t-elle la
nuit aupre's de ta couche ! L’attaches-tu par sa corde aux sillons
250
et va-t-elle passer la herse apre' s toi dans les bas-fonds ! Et dans le
Psaume 29: ßLa voix du Seigneur agite le Liban et le Sirion telle
une jeune licorne. La voix du Seigneur y fait jaillir des flammes
de feu.
Ces citations montrent que la licorne est le symbole d’un
ide¤ al spirituel sublime, d’une orientation exclusive sur un point
unique. La licorne est blanche, dit-on, blanche comme neige et
porte un collier d’or autour du cou. Elle figure la volonte¤ nou-
velle, sereine, purifie¤e, dirige¤ e par l’ Esprit, la nouvelle volonte¤
enflamme¤ e par le premier Rayon de l’ Esprit Septuple, le
premier aspect du Triangle flamboyant.
Celui qui est ve¤ ritablement enflamme¤ par l’ Esprit de Dieu
oeuvre a' partir d’un e¤tat nouveau de la volonte¤, exclusivement
oriente¤ sur un seul point. Celui qui a la nouvelle volonte¤ dispose
des forces divines. Il de¤ couvre en lui la particularite¤ d’e“ tre entie' -
rement servi par la Licorne.
De temps en temps, vous mettez votre volonte¤ comme un
joug sur vos e¤paules. Vous essayez de lui donner certaines
ta“ ches.Vous vous dites a' vous-me“ me : ßDore¤navant, je ferai ceci
et pas cela. Vous luttez ainsi contre vous-me“ me. Ne le faites
donc plus, car avec cette me¤thode vous n’obtiendrez jamais le
moindre re¤ sultat.
Mais quand la nouvelle volonte¤ est ne¤e en vous, en vertu de la
qualite¤ de votre a“ me et du nouveau comportement, alors la
Licorne passe la nuit aupre' s de votre couche, selon l’expression
de la Bible. Ce qui signifie que la nouvelle volonte¤ de¤ termine
entie'rement votre e¤tat de vie, et ceci spontane¤ ment, de l’ inte¤ -
rieur de vous-me“ me, de fac on qu’ il n’est plus possible de faire
autrement, en un service de Dieu authentique. Me“ me pendant
le sommeil, par exemple, alors que vous n’avez plus le contro“le
direct de votre personnalite¤ , me“ me alors, la nouvelle volonte¤ de¤ -
termine vos voies et vos actes, parce que parfaitement accorde¤ e a'
votre ta“che, au chemin que vous devez parcourir, au processus
que vous devez suivre.
251
Alors ßvous attachez la licorne aux sillons dans le champ de
la moisson.Vous le savez, un champ laboure¤ est trace¤ de sillons,
ou' le paysan se' me le grain. Il est donc question ici d’une vie to-
talement ordonne¤ e. Quand la nouvelle volonte¤ est enflamme¤e
en vous, toute votre vie montre un ordre harmonieux et puis-
sant. La licorne est attache¤ e aux sillons dans le champ de la
moisson et, si possible, o“te les mauvaises herbes et brise les
mottes de terre. La volonte¤ est un feu puissant. La voix du Sei-
gneur embrase de flammes de feu pleines de puissance et de
gloire la volonte¤ de celui qui est enflamme¤ de l’ Esprit de Dieu.
La volonte¤ est le plus puissant instrument magique de l’ homme.
Si votre volonte¤ n’est pas enflamme¤ e dans la volonte¤ de Dieu,
vous ne pourrez jamais accomplir un acte gnostique magique.
252
l’a“me est assassine¤ e, elle est souille¤ e et signe toujours l’arre“t de
mort du corps. En effet, une fois l’a“ me brise¤ e, le corps de¤ pe¤ rit
irre¤ me¤ diablement, la maladie s’ installe, le corps ne peut plus se
maintenir et meurt avant son temps.
253
vier est le symbole du troisie' me Rayon de l’ Esprit Septuple ;
c’est l’ intelligence active, tout entie're donne¤ e et de¤ voue¤ e a'
Dieu, le Rayon qui parfait le trigonum igneum. La Colombe repre¤ -
sente ici le comportement intelligent, toujours au service de la
paix unique et ve¤ritable, la paix qui est de Dieu. L’oeuvre doit
e“ tre accomplie dans la paix et par la paix. C ’est pourquoi la
Colombe porte un rameau d’olivier. C ’est pourquoi elle vient
l’apporter au Lion. C ’est pourquoi l’unique Paix, qui est de
Dieu, descend sur le jardin.
Quelle merveilleuse sagesse, quelle grande beaute¤ : le feu de la
volonte¤ forme l’un des co“te¤ s duTriangle, la claire lumie're blanche
de la paix forme un autre co“te¤ . Or, dans la Gnose, l’ homme sym-
bolise le feu et la femme la lumie' re. La base duTriangle, le cha|“ non
qui unit le tout, est donc le deuxie' me Rayon, celui de l’Amour
universel. N’est-il pas logique que ce Triangle flamboie d’une
force puissante ! Tel est le trigonum igneum?
254
chaque fois de nouveau ; le feu (le premier Rayon) et la paix qui
de¤ passe tout entendement (le troisie' me Rayon) baignent dans la
force de l’Amour de Dieu (le deuxie'me Rayon).
C ’est pourquoi la Jeune Gnose qui posse' de cette signature
sans se l’e“ tre attribue¤e elle-me“me, est une ve¤ ritable Ecole des
Myste' res gnostiques. C ’est pourquoi la parole de l’ Ep|“ tre aux
Romains, 11, 17 a' 24, s’adresse aux e¤ le' ves se¤ rieux : ßTu as e¤ te¤
coupe¤ de l’olivier naturellement sauvage et ente¤ contrairement
a' ta nature sur l’olivier gnostique.
La colombe vole avec un rameau d’olivier et s’approche du
lion qui, l’air furieux, de¤ vore le rameau, ce qui le satisfait. La
licorne retourne a' sa place e¤galement pleine de joie. Compre-
nez-vous ce langage, langage e¤ trange, langage des Myste' res !
Dans le ve¤ ritable jardin de la Fraternite¤ , dans l’ Ecole des
Myste' res, le repre¤ sentant du troisie' me Rayon confie a' l’Amour
universel et a' sa Force, tous ceux qui sont dignes d’entrer, apre' s
que le repre¤ sentant du premier Rayon en a cre¤e¤ la possibilite¤ .
Ainsi les branches d’olivier sauvage sont-elles coupe¤ es et sous-
traites au dieu de ce monde puis greffe¤es sur le tronc unique.
Il n’y a rien d’e¤ tonnant a' la pre¤ sence d’une fontaine dans le
jardin de la Fraternite¤. Car la fontaine est toujours l’ image des
radiations continues de sagesse et de force de l’ Esprit universel.
C ’est la raison pour laquelle, dans l’Apocalypse 21, il est dit : ßJe
suis l’alpha et l’omega, le commencement et la fin, a' celui qui a
soif je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement.
C ’est pourquoi un ine¤ puisable courant de sagesse, d’amour et
de force afflue a' travers la Jeune Gnose, fontaine vivante d’eau
divine, dans laquelle tous ceux qui y sont re¤ ceptifs peuvent se
laver le visage et les mains. C ’est la raison pour laquelle nous
lisons dans le texte :
Nous du“mes nous laver le visage et les mains a' la fontaine, puis dans
le me“ me ordre, attendre un instant que le Roi retourna“ t dans la salle
par un passage de¤ robe¤ . Ensuite nous fu“mes reconduits, nous aussi,
hors du jardin dans le lieu ou' nous se¤ journions pre¤ ce¤demment.
255
Qui est le Roi dont il est question ! Il faut le comprendre pour
de¤ couvrir combien tout ce qui est de¤ crit dans Les Noces Alchimi-
ques nous est proche.
Le Temple de l’ Initiation de¤ peint dans le livre est parfaite-
ment semblable a' celui du Corps Vivant de la Jeune Gnose.
C ’est un champ de de¤veloppement spirituel, e¤ troitement relie¤ a'
la Cha|“ ne gnostique universelle puisque e¤ manant d’elle. C ’est
l’ Esprit lui-me“ me qui ope' re donc dans ce champ, a' partir du
septie' me aspect, le champ de la re¤ surrection, laTe“ te d’Or. C ’est
au nom de l’ Esprit, au nom du Roi, que sont pre¤ sents ici la
licorne, la colombe et le lion, le trigonum igneum, personnifie¤ par
les deux membres dirigeant l’ Ecole Inte¤ rieure. A tous les e¤ le' ves
qui y sont ennoblis, ils souhaitent la bienvenue dans le jardin de
la Fraternite¤ , et font grandir ensemble le Corps Vivant, comme
un seul groupe, tous e¤ gaux dans la Gnose, un pour tous et tous
pour un.
A chaque action ne¤cessaire, l’ Esprit lui-me“ me intervient
dans le Corps Vivant. Alors tous les rayons qui le repre¤sentent,
ainsi que les serviteurs et les servantes, font affluer un puissant
courant de lumie're et de force dans tous les aspects du Corps
Vivant, puis l’ Esprit se retire a' nouveau dans les domaines de la
Te“ te d’Or, le champ de la re¤ surrection.
Ainsi baigne¤ s d’ Esprit, les candidats sont ensuite laisse¤ s a' leur
e¤ tat d’e“ tre, afin que chacun puisse re¤ aliser le processus de trans-
formation alchimique qui lui est propre. Bien que laisse¤ s a' leur
e¤ tat d’e“ tre, tous travaillent pourtant dans des conditions excep-
tionnelles, puisqu’ ils peuvent le faire dans le CorpsVivant gnos-
tique, dans la Demeure de la Fraternite¤ . Ils sont peut-e“ tre isole¤s,
mais jamais abandonne¤ s. Et c’est dans cet e¤ tat de gra“ce si parti-
culier qu’ ils ont le devoir et le pouvoir d’accomplir le grand
oeuvre. C ’est un e¤ tat de gra“ ce particulier parce que tout candidat
admis a' se¤ journer dans le Corps Vivant be¤ ne¤ ficie constamment,
quand c’est utile et ne¤cessaire, de l’aide de l’ Esprit Saint lui-
me“ me.
256
C ’est pourquoi il est dit dans le texte :
Sur ces entrefaites, la Jeune Fille prit conge¤ de nous et nous pria
d’attendre patiemment le lendemain, ou' nous serions alors pre¤ sen-
te¤ s au Roi.
257
24
Le Phe¤ nix
Tous les candidats qui ont e¤ te¤ pese¤ s et n’ont pas e¤ te¤ trouve¤s trop
le¤ gers, assistent a' la sce' ne merveilleuse de la fontaine, d’ou' coule
l’ Eau de la Vie, et se retrouvent alors, de facon tout a' fait nou-
velle dans le sanctuaire de l’ Initiation. Leur pre¤paration termi-
ne¤e, ils se tiennent maintenant face au grand processus de l’auto-
de¤ veloppement gnostique.
Comprenez bien maintenant qu’ il faut associer le cha“ teau, ou'
se retrouvent les candidats et ou' va se de¤ rouler l’auto-initiation, a'
ce que nous appelons le Corps Vivant de l’ Ecole des Myste' res.
Nous vous l’avons de¤ja' clairement montre¤ , ne cherchez donc pas
le Temple de l’ Initiation de notre Pe're Fre' re Christian Rose-
Croix a' l’exte¤rieur de l’ Ecole mais a' l’ inte¤ rieur. Certains
d’entre vous ont sans doute conside¤ re¤ jusqu’a' pre¤sent le mot
Corps Vivant comme la de¤ nomination symbolique de notre
travail et de notre sphe' re de groupe. Mais attention, le Corps
Vivant est beaucoup plus que cela ? Tous ceux qui se sont e¤ leve¤ s
dans le trigonum igneum, leTriangle flamboyant, le savent. Quand
leur oeil inte¤rieur s’ouvre, ils gou“tent le privile'ge de conna|“ tre et
d’examiner, comme Christian Rose-Croix, les possibilite¤ s, les
merveilles et les tre¤ sors du Corps Vivant.
Peut-e“ tre vous demandez-vous comment s’est forme¤ ce
Corps Vivant ! Serait-ce nous qui l’aurions e¤ tabli, assiste¤ d’un
petit groupe de compagnons, bien que la chose soit juge¤e im-
possible ! En approfondissant le texte des Noces Alchimiques, il
s’ave' re que le cha“ teau dont il est question est de¤ ja' tre' s ancien et
258
cache des tre¤ sors se¤ culaires. On peut donc re¤ pondre, a' cette ques-
tion logique, que le Corps Vivant de la Jeune Gnose est tre' s
re¤cent, tout jeune, dans sa prime jeunesse, mais en me“ me temps
extre“mement vieux.
Jusqu’a' pre¤ sent, dans l’ Ecole Spirituelle, nous avons cons-
tamment pre¤ sente¤ ce Corps Vivant comme un champ de travail
qui s’est e¤ difie¤ de bas en haut depuis 1924. Commence¤ par quel-
ques-uns, continue¤ par un groupe peu a' peu croissant, ce champ
de travail se concentra, multiplia ses lignes de force, attira tou-
jours plus de force, de¤ploya des possibilite¤ s de plus en plus
grandes et finalement eut part a' l’ Esprit, lequel se manifeste
dans laTe“ te d’Or, le champ de la re¤ surrection.
Ceci est tout a' fait juste. Mais ce que nous avons tu jusqu’a'
pre¤ sent, c’est qu’a' partir du moment ou' la Jeune Gnose prit to-
talement place dans la Cha|“ ne universelle, qu’elle recueillit l’ he¤ -
ritage de la Fraternite¤ pre¤ ce¤ dente et que fut confe¤re¤ aux deux
dirigeants spirituels l’e¤ tat de grand ma|“ tre, elle rec ut encore
autre chose, a' savoir le classique Temple de l’ Initiation, garde¤
dans la Cha|“ ne universelle selon le mode' le originel. Ce qui si-
gnifie que tout, vraiment tout ce qui peut servir a' la paix et a' la
liberte¤ , a' la manifestation et au ve¤ritable de¤ veloppement de
l’ homme, tout ce qui s’est ave¤re¤ juste et bon depuis des sie' cles,
demeure en tant qu’ ide¤ e, ide¤e de l’ Esprit, et en tant que force,
force d’expression astrale, dans le puissant champ de vie de toute
la Cha|“ ne universelle. Rien de tout cela ne pourra jamais se
perdre. Au cours des sie'cles, chaque Fraternite¤ successive, par
son expe¤ rience et par sa souffrance, ajoute des objets de prix a'
cet immense tre¤ sor.
De' s qu’une Jeune Gnose surgit du champ de bataille des
sie' cles comme de la nuit, qu’elle parvient a' de¤ velopper un
Corps Vivant qui appara|“ t dans la lumie' re du nouveau matin,
un contact magne¤ tique s’ intensifie entre elle, d’une part, et la
Cha|“ ne universelle, d’autre part. Le tre¤sor des anciens est alors
peu a' peu transmis au Corps Vivant du nouveau maillon de la
259
Cha|“ ne, conforme¤ ment au de¤ veloppement de la force de lumie' re
de la Jeune Gnose. Cela jusqu’au moment ou' elles deviennent
toutes deux concentriques et forment alors une unite¤. De' s cet
instant, la Fraternite¤ universelle entie' re, y compris le nouveau
cha|“ non, est dans le monde mais plus de ce monde. Et tout ce
que la Cha|“ ne universelle entie're est, e¤tait et sera, peut alors e“ tre
connu par chacun de ceux qui en sont devenus dignes.
Celui qui se livre aux grands pre¤paratifs que nous venons
d’esquisser entre dans notre Corps Vivant et, en me“ me temps,
dans toutes les chambres au tre¤ sor de la Cha|“ ne universelle tout
entie're. C ’est pourquoi il est dit :
Celui qui entre ainsi dans le Corps Vivant, lequel est aussi le
Corps Vivant de la Cha|“ ne universelle tout entie're, comprendra
que cette entre¤e ne peut avoir lieu qu’a' un seul moment ; a'
ßquatre heures de l’apre' s-midi.
A quelle heure la rencontre aura-t-elle lieu ! La re¤ ponse reten-
tit aussito“t : ßA quatre heures de l’apre' s-midi ? Comprenez-vous le
langage des constructeurs ! Quand le soleil de votre de¤ veloppe-
ment pre¤ paratoire atteint son ze¤nith et qu’ensuite sonne la qua-
trie'me heure, le Corps Vivant universel s’ouvre a' vous. Le
nombre quatre est le nombre de l’accomplissement et en me“ me
temps celui du Carre¤ de construction. Ce nombre indique
qu’une nouvelle base est pose¤ e, a' savoir l’unique base possible :
l’ Esprit lui-me“ me. C ’est sur cette seule base que la construction
e¤ ternelle peut e“ tre e¤ rige¤ e, la construction qui s’e¤ le've jusque dans
les cieux, la tour du salut ve¤ ritable et fondamental. Cette tour a
260
e¤ te¤ imite¤ e d’ innombrables manie' res, et l’est toujours. Pensez par
exemple a' l’ histoire de laTour de Babel ?
De' s les temps les plus recule¤ s, le nom de Dieu, le nom de
l’ Esprit, l’unique base de toute construction ve¤ritable, fut
souvent e¤crit avec quatre lettres, fac on magique de donner la
clef qui me'ne a' l’ Esprit. Dans l’ Egypte antique, Herme' s Tris-
me¤ giste est nomme¤ Thot. En anglais on de¤ signe l’ Esprit par le
mot Lord, en franc ais par Dieu, en allemand par Gott, en ne¤erlan-
dais par Heer. Si, vous aussi, vous vous demandez : ßQuand donc
entrerai-je dans le Corps Vivant, avec des yeux pour voir et des
oreilles pour entendre ! La seule re¤ ponse possible est : ßA quatre
heures de l’apre' s-midi ?
Pour Christian Rose-Croix, l’ heure a sonne¤ . Dans le re¤ cit de
son entre¤ e, toute l’attention porte sur la chambre fune¤ raire du
Roi ou', dit-il, j ’appris plus que dans tous les livres du monde. Cette
chambre fune¤raire repre¤ sente, vous le comprenez, la totalite¤ de
l’ he¤ ritage spirituel et astral de la Cha|“ ne universelle.
261
de la tombe du temps. Comprenez donc le sens profond de cette
parole : vous e“ tes appele¤ a' la liberte¤ , vous e“tes appele¤ a' ressusciter
de la mort de la nature. Avotre entre¤e dans la chambre fune¤ raire
royale, vous de¤ couvrirez, en premier, le Phe¤ nix, la victoire sur la
mort ? La force de l’e¤ ternite¤ , l’oiseau de feu, ne fait qu’un avec le
Corps Vivant universel tout entier.
Le symbole du Phe¤ nix a toujours attire¤ l’attention, en parti-
culier celle des romantiques. C ’est pourquoi il y a quantite¤ de
le¤ gendes qui, d’une manie're ou d’une autre, se rapportent a'
cette unique ve¤ rite¤ . C ’est ainsi qu’une antique le¤ gende juive
parle d’un oiseau immense qui appara|“ t quelquefois sur terre. Il
marche sur l’oce¤an tandis que sa te“te porte le ciel. Nous compre-
nons maintenant cette le¤gende. Car le Phe¤ nix, la grande force de
re¤surrection de l’e¤ ternite¤ , est la signature de l’antique Corps
Vivant de la Cha|“ ne universelle, forme¤ de' s les temps les plus
recule¤ s, de' s la manifestation de la premie' re Fraternite¤ jusqu’a' la
Jeune Gnose de nos jours : lumie' re puissante, force puissante,
majestueux Phe¤ nix, qui fait le tour de la terre, se tient sur les
oce¤ans et porte la te“te jusque dans les hauteurs du ciel.
Ce corps et cette force redescendent sans cesse sur la terre,
reliant ainsi la terre au ciel, escalier immense que vous pouvez
tous gravir, jusqu’a' la victoire finale et la de¤couverte de la
Lumie' re par le dernier chercheur.
262
25
263
Gnose: la Gnose dont nous avons besoin pour notre a“ me, l’e¤ tat
de notre a“me, la renaissance de notre a“ me. C ’est l’atmosphe' re du
Corps Vivant universel, atmosphe' re dans laquelle nous devons
tous apprendre a' respirer, dont nous devons tous vivre.
Si vous suivez le chemin, si vous y parvenez, par la reddition
de vous-me“me, votre a“ me est alors pre¤ pare¤ e a' entrer dans le
Corps Vivant universel et a' y vivre la vie d’un microcosme
parfait. Vous vous e¤ levez alors jusqu’a' l’ inte¤ rieur du Corps
Vivant et, tel l’aigle, vous ma|“ trisez parfaitement ce nouvel
e¤ le¤ ment, dont vous devez vivre. L’aigle appara|“ t donc comme
le symbole de l’a“ me nouvelle et de la vie nouvelle.
Nous vous avons de¤ ja' dit que la Jeune Gnose s’est e¤ difie¤ e et re¤a-
lise¤ e a' partir de la base. Mais avant d’e¤riger une telle construc-
tion, il faut des constructeurs. Or les constructeurs ne tombent
pas du ciel. Ils sont sans cesse appele¤s par la Gnose d’une manie' re
positive et dynamique.
Avant que le travail de la nouvelle construction ne
commence, il n’existe que la Cha|“ ne universelle, Corps Vivant
sublim’’e, retire¤ dans les domaines de la pure substance astrale.
Quand une jeune Gnose s’e¤ difie, doit commencer a' s’e¤ difier, et
qu’un certain e¤ tat de vibration, de force vitale et de force de
volonte¤ se forme, l’aigle descend brusquement des hauteurs et,
tel l’e¤clair fendant l’air, frappe le travailleur au coeur d’un coup
terrible.
Nous pouvons peut-e“ tre comprendre ce qui se passe. Tout le
potentiel atmosphe¤ rique du Corps universel est soudain mis,
comme physiquement, a' la disposition du travailleur. Une
liaison est e¤ tablie entre le travailleur, dans le bas, et la Fraternite¤ ,
dans le haut. Et en me“me temps, il y a liaison entre la Cha|“ ne
universelle et la Jeune Gnose en formation, une liaison cherchant
a' s’exprimer dans la personne du travailleur appele¤ a' cela. Le tra-
vailleur ainsi frappe¤ par l’Aigle, la force du premier Rayon, ne
commettra alors plus d’erreurs, gra“ce a' cette force do’’nt il est
264
maintenant le de¤ positaire, et me' nera a' bien le travail entrepris, a'
condition de se baser sur l’Amour universel, donc de se confier
au deuxie' me Rayon de l’ Esprit Septuple et de rester fide' le a' sa
vocation ; en conse¤ quence, la Jeune Gnose se rattache a' la Cha|“ ne
universelle comme un digne maillon, en sorte que le jeune corps
vivant s’e¤ le' ve entie' rement dans le Corps Vivant universel.
En outre nous vous l’avons explique¤ , il est clair que l’ Esprit
Septuple, l’ensemble des sept rayons de l’ Esprit, est pre¤sent dans
la Cha|“ ne universelle, donc aussi dans le Corps Vivant universel,
ou' la Jeune Gnose est admise. Cet Esprit Septuple rayonnant fait
donc irre¤ vocablement partie de la nouvelle atmosphe' re, de l’at-
mosphe' re astrale pure. Et comme chaque rayon de l’ Esprit Sep-
tuple peut e“tre symbolise¤ par une e¤ toile a' cinq branches, e¤ toile
qui est aussi le symbole de l’aigle, nous pouvons comprendre
pourquoi, dans la Gnose universelle, les sept e¤ toiles, les sept pen-
tacles sont le signe du Grand Ma|“ tre de l’Ordre. C ’est donc aussi
le symbole de l’Ame-Esprit, qui tient les sept e¤toiles dans sa
main droite. Ainsi nous comprenons pourquoi l’Aigle est
associe¤ au pentacle.
Les quatre Evangiles, vous le savez, ont chacun un caracte' re
propre. L’Evangile de Jean se distingue nettement des trois autres ;
il est particulie' rement gnostique. Il respire tout entier l’atmosphe're
de la Gnose, baigne dans la sphe' re de la Gnose. Il e¤ mane en totalite¤
du Corps Vivant universel. C’est pourquoi cet Evangile est lie¤ au
champ de respiration de la Gnose, et donc a' l’Aigle.
265
Ces fables sont pour la plupart originaires de l’Orient. Le
Griffon y est souvent repre¤ sente¤ , en particulier, comme gardien
de l’or, gardien du tre¤ sor. C ’est pourquoi il est consacre¤ au
soleil. L’Orient est le pays ou' se le've le soleil.Tous ceux qui s’en-
gagent sur le chemin se tournent symboliquement vers
l’Orient, la re¤ gion du soleil levant. C ’est l’endroit par excel-
lence ou' trouver la lumie' re, mais il faut commencer par passer
devant le gardien, le Griffon ? Le Griffon est appele¤ aussi le
ßgardien de la lumie're qui n’a encore jamais brille¤ ni sur terre,
ni sur mer. Il est le symbole de la force protectrice du Corps
Vivant universel, le gardien des chambres au tre¤ sor du salut, ou'
aucun homme aux mains impies ne peut entrer. La force protec-
trice est donc aigle avec l’aigle, lion avec le lion et feu comme le
soleil.
266
ment, s’e¤ criait, a' la fin, dans un chant d’alle¤gresse : ßMon Dieu,
mon Soleil,Tu as de¤verse¤ sur moi ta splendeur ?
Selon l’ Evangile, une des paroles que prononc a Je¤ sus le Sei-
gneur sur la croix fut : Eli, Eli, Lama sabachthani, ce qui signifie-
rait : ßMon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonne¤ ?
Cette parole n’est-elle pas a' l’e¤ vidence une alte¤ ration des Pe'res
de l’ Eglise ! C ’e¤ tait primitivement : Eloi, Eloi, Lamah azabvtha-
ni, ce qui veut dit : ßElohim, Elohim, tu as de¤ verse¤ sur moi ta
splendeur ? ou ßComme tu m’as exalte¤ ?
Si les re¤ dacteurs de la Bible, qui puisaient dans les anciens
e¤ crits herme¤ tiques, avaient laisse¤ exprimer a' Je¤ sus le Seigneur,
dans leur adaptation, les paroles classiques, on aurait su par la'
que tout l’ Evangile e¤ tait emprunte¤ a' la philosophie herme¤tique
classique. Et cela, les fondateurs de la nouvelle religion de
l’ Eglise voulaient l’empe“cher. D’autant plus que la ce¤ re¤ monie
des deux bassins est le sujet de maintes repre¤ sentations de l’an-
cienne Egypte.
Ainsi nous comprenons pourquoi Valentin Andreae parle de
fac on voile¤e dans Les Noces Alchimiques. L’unique possibilite¤
qu’ il avait a' l’e¤poque de de¤verser sa force d’amour, au sens le
plus vaste, sur l’ humanite¤ et de re¤aliser un travail valable e¤tait
d’exercer la profession de the¤ologien. Un travail gnostique
avoue¤ e¤ tait impossible a' cette e¤ poque et ne pouvait tout au plus
e“ tre poursuivi que dans le plus grand secret et dans de tre' s petits
groupes. Par sa fonction de the¤ologien et de serviteur de l’e¤ glise
d’ Etat, donc aussi des anciens Pe'res de l’ Eglise, il ne pouvait
montrer ouvertement cette grosse erreur. Il le fit pourtant dans
Les Noces Alchimiques par son allusion au Faucon.
Qu’ il vous soit donne¤ de dire avec les initie¤s de tous les
temps : ßMon Dieu, mon Soleil, tu as de¤verse¤ sur moi ta splen-
deur.
267
En fait, gra“ ce a' mon page, j ’avais eu la joie la plus grande pour
moi; en effet, chacun, suivant ses dispositions, avait e¤ te¤ conduit
par son page aux lieux qui lui plaisaient. Il arriva que c ’est au
mien que furent confie¤ es les clefs qui me firent be¤ ne¤ ficier, avant
tous, des heureuses circonstances que voila' . Car si mon page en
invita d ’autres a' visiter les tombes, ils crurent qu ’elles se trou-
vaient uniquement dans le cimetie' re et que, s ’il y avait quelque
chose a' y voir, ils iraient bien une autre fois. Je ne priverai pas mes
e¤ le' ves reconnaissants de regarder les monuments que nous avons
tous deux reproduits et dont nous avons recopie¤ les inscriptions.
268
26
Le crite' re astral
269
acceptable, veulent sauter par-dessus l’ab|“ me jusque dans la vie
libe¤ ratrice.
Nous croyons donc avoir le droit de soulever un peu le voile
e¤ pais qui recouvre toutes ces donne¤ es. A l’ heure actuelle, nous
assistons a' la chute ge¤ ne¤ rale de l’ humanite¤. Or, dans les pe¤ riodes
de ce genre, la Fraternite¤ universelle entreprend un grand travail
pour tenter de sauver, dans un effort supre“ me, le plus possible
d’entite¤ s. Sauver une a“ me humaine de la chute certaine n’est
possible que si l’ Esprit peut lui redonner la vie et si elle est en
mesure de parcourir le chemin en tant que trinite¤, trinite¤ de
l’ Esprit, de l’Ame et du corps, le corps devenant un souple et
digne instrument au service de l’Ame-Esprit.
Il est donc question de six animaux des Myste' res, d’une biblio-
the' que royale, telle qu’elle existait avant la Re¤ forme, et d’un
gros livre comme Christian Rose-Croix n’en a encore jamais
vu, comportant un aperc u de toutes les figures, salles et portes
du grand Temple, ainsi que toutes les inscriptions, e¤ nigmes, etc.
Bref, un aperc u de tout ce qu’ il y avait a' voir dans la citadelle du
Temple, et que l’on peut toujours voir. Certaines choses n’ont
pas e¤ te¤ de¤ taille¤es dans notre texte. Il est seulement indique¤ que
tous les livres de cette bibliothe' que comportaient le portrait de
leur auteur, dont beaucoup devaient e“tre bru“le¤s.
Nous avons de¤ ja' parle¤ des deux champs de la sphe' re astrale,
entre lesquels s’e¤ tend un domaine interme¤diaire, le Temple du
Jugement, le Temple de l’ Initiation. Le premier champ astral
est celui de la nature de la mort, donc de la terre entie' re et de
tout ce qui se rattache a' l’e“ tre ne¤ de la nature de l’ humanite¤ dia-
lectique ordinaire. C ’est le champ de la sphe' re re¤flectrice, dont
chacun sait combien il est impie et contre-nature. Le deuxie'me
champ astral est celui de la sainteTerre, un champ d’une se¤ re¤nite¤
et d’une purete¤ tre's e¤ leve¤es, se distinguant avant tout du premier
par une tre's haute vibration. Il y a encore beaucoup d’autres
champs de ce genre autour de notre plane'te. La caracte¤ristique
270
de ces champs est qu’ ils diffe' rent tous les uns des autres par la
fre¤ quence de leurs vibrations.
Qu’est-ce donc qu’un champ astral ! Qu’est-ce, en ge¤ne¤ral,
que la substance astrale ! La substance astrale se compose d’ato-
mes spe¤ ciaux. C ’est la substance originelle, le substrat cosmique
qui se trouve partout dans l’univers, fait que les Rose-Croix du
xviie sie' cle exprimaient par la parole : Il n’y a pas d ’espace vide.
Un champ astral est une concentration de tels atomes. Partout
dans l’espace nous trouvons des concentrations de substance ori-
ginelle ayant, en ge¤ ne¤ ral, telle ou telle forme, sphe¤ rique au
de¤ but. Un champ de ce genre se constitue au moyen d’une
force. Une ide¤ e, par exemple, est une force de ce type. Rien
qu’un e¤ clair de pense¤ e provoque une condensation, une concen-
tration d’atomes de substance astrale. Une suite de pense¤ es exer-
cent donc une force e¤ norme. Les atomes de la substance origi-
nelle sont extre“ mement sensibles. Ils re¤ agissent imme¤ diatement.
Car ils appartiennent a' la nature fondamentale, la matie' re de base
de l’univers entier.
Un homme attire donc a' lui un champ astral correspondant a'
son e¤ tat mental ; et nous sommes tous dans un certain e¤tat
mental, nous avons tous une vie mentale, et notre champ astral
particulier, notre corps astral, est dans l’e¤tat correspondant. Il est
de nature semblable, de valeur semblable et me“ me, a' certain
moment, d’aspect semblable aux ide¤ es e¤ mises, et toujours d’as-
pect semblable a' celui qui les e¤ met. Les atomes de la sub-stance
originelle sont extre“mement fluides et prennent aussito“t l’aspect
correspondant aux forces qui les meuvent.
De temps en temps, par exemple, pendant la nuit, durant le
sommeil du corps, le champ astral personnel prend l’aspect de
notre e“tre. C ’est pourquoi on parle a' juste titre de corps astral.
Aux heures de veille, ce corps astral n’est qu’une concentration
de substance originelle qui entoure le corps.
Vous comprenez maintenant que la nature vibratoire de notre
corps astral de¤ termine le type de forces attire¤es ou repousse¤ es.
271
C ’est donc toujours l’e¤ tat vibratoire qui est l’e¤ le¤ ment de protec-
tion et de de¤ fense de notre champ astral. Donc, quand votre
mental, la vie de vos pense¤ es, est d’une qualite¤ supe¤ rieure,
qu’elle est d’une valeur e¤ leve¤ e et que vos pense¤ es sont vraiment
pures, votre corps astral, votre champ astral individuel, atteint
une fre¤ quence vibratoire supe¤ rieure. Plus subtile sera votre vie
mentale, plus pures et plus e¤ leve¤es seront vos pense¤ es, plus
haute sera la fre¤ quence vibratoire/ de votre champ astral. Si, par
exemple, en ce moment, vos pense¤ es volent tre' s haut et rejoi-
gnent les no“tres dans les courants spirituels des Noces Alchimiques,
et si vous vous sentez lie¤ s a' eux, votre corps astral atteint aussito“t
une fre¤ quence supe¤rieure, dont vous e¤ prouvez directement la se¤ -
re¤nite¤ . A l’ instant me“me, vous devenez insensible, inaccessible a'
toutes les vibrations oppose¤ es et influences infe¤rieures, et vous
ne recevez que ce qui correspond a' votre e¤ tat vibratoire du
moment.
Donc si vous vous e¤ levez sur le plan astral a' une fre¤ quence
vibratoire supe¤rieure, et le fait se ve¤ rifie en particulier pour les
e¤ le' ves en groupe, il en re¤sulte une ouverture aux rayonnements
de la Fraternite¤ . Tout le monde le comprendra. Nous tenons
donc dans nos mains notre liberte¤ comme notre emprisonne-
ment. Il nous est possible d’e¤ lever toujours plus la fre¤quence vi-
bratoire de notre corps astral, par un comportement nouveau et
pur, fonde¤ sur de ve¤ ritables qualite¤ s d’a“ me. C ’est la seule facon
de quitter le champ infe¤ rieur, de pe¤ ne¤ trer dans le Champ supe¤ -
rieur de la se¤ re¤ nite¤ astrale et d’en gou“ter les fruits. Parcourir le
chemin n’est donc rien d’autre qu’une marche e¤volutive, ayant
pour re¤ sultat d’e¤ lever la fre¤ quence vibratoire du corps astral de
notre e“ tre, par un comportement nouveau, par une orientation
nouvelle et conse¤ quente.
Les e¤ le' ves d’une e¤ cole spirituelle gnostique qui n’ont pas
encore compris cela sont souvent victimes des variations de leur
e¤ tat vibratoire, et des conse¤ quences qui en de¤coulent, en raison
du changement continuel de leur comportement. Tanto“t ils sont
272
inte¤rieurement d’ humeur e¤ gale, tanto“t tre' s tendus, nerveux,
mal dispose¤ s. Cette instabilite¤ endommage gravement leur
corps astral. Ils le de¤ boussolent, et leur personnalite¤ entie' re en
paie les conse¤ quences. Par ces oscillations continuelles, leur ve¤ hi-
cule e¤ the¤ rique, donc l’organisme physique, s’e¤ puise. Pensez
aussi aux conse¤ quences de la cole' re, une des plus terribles mala-
dies de l’ homme.
Notez bien que, lorsque nous disons que nous pouvons e¤lever
la fre¤quence vibratoire de notre corps astral par un comporte-
ment nouveau, plus pur, nous ne prononc ons la' qu’une
formule de science occulte, une formule connue de tous les
groupes occultes. C ’est pourquoi nous ajoutons : ce nouveau
comportement doit de¤ couler des nouvelles qualite¤ s de l’a“ me ?
Telle est la condition. Car chaque e“ tre-moi doue¤ d’une forte
personnalite¤ , c’est-a' -dire posse¤ dant une forte volonte¤ et beau-
coup de positivite¤, peut se de¤ cider a' un comportement de¤ter-
mine¤ , de quelque nature que ce soit. Les exemples sont innom-
brables. Tout ce que vous accomplissez, par un acte de¤ cide¤ de la
volonte¤ , aura pour conse¤ quence une e¤ le¤ vation de la fre¤ quence
vibratoire du corps astral et, par suite, vous fermera un champ
vibratoire et vous en ouvrira un autre, de fre¤ quence plus e¤ leve¤ e..
Mais si vous voulez avoir part aux phe¤nome' nes de¤crits dans
Les Noces Alchimiques, une de¤ cision de votre volonte¤ ne vous
aidera en rien. C ’est changer un mal contre un autre. Car une
ouverture astrale, au sens de la Gnose, doit re¤pondre aux sept
conditions, aux sept poids, comme vous le savez maintenant.
C ’est pourquoi, lorsque l’ homme-moi s’efforce, a' la facon
de la science occulte, d’adopter un certain comportement et per-
se¤ ve're dans son entreprise, le re¤ sultat ne sera jamais qu’une ou-
verture a' la sphe're re¤flectrice et a' ses imitations. Seules les nou-
velles qualite¤ s d’a“ me et le de¤veloppement qui en re¤sulte permet-
tent une reddition de soi ve¤ ritable, l’endura totale. Celui qui vit
par l’a“ me, et de l’a“me, de¤ laisse tout instinct de conservation du
moi et se donne totalement au service de Dieu et de l’ humanite¤ .
273
De la sorte, il apprend le chemin de la souffrance, et du don a' la
croix et a' la rose. Celui qui porte ainsi son moi en terre entre
dans le tombeau du Temple de l’ Initiation, ou' il trouve le
chemin qui me'ne au sommet de la tour, d’ou' il s’e¤le' vera jus-
qu’au champ de vie astral nouveau.
274
On nous montra, a' tous deux, la bibliothe' que de grand prix, telle
qu ’elle e¤ tait avant la Re¤ forme. Je de¤ sire n’en parler que tre' s peu,
bien que mon coeur se re¤ jouisse chaque fois que j ’y pense, car son
catalogue para|“ tra biento“ t. A l’entre¤ e de cette pie' ce, se trouvait un
Grand Livre, comme je n’en avais encore jamais vu, comportant
toutes les figures et les salles, tous les portails, toutes les incriptions
et e¤ nigmes, etc., a' voir dans le cha“ teau entier. Bien que quelque
chose me fu“t promis a' ce sujet, je veux le garder provisoirement
pour moi, parce que je dois d ’abord apprendre a' mieux conna|“ tre
le monde. Dans chaque livre e¤ tait peint le portrait de son auteur.
A ce que je compris, beaucoup devaient e“ tre bru“le¤ s, afin que le
moindre souvenir de ces dignes personnages disparu“t.
Apre' s nous e“ tre efforce¤ s de tout contempler, nous e¤ tions pre' s de
sortir, quand un page s ’approcha du no“ tre, lui chuchota quelque
chose a' l’oreille, en rec ut imme¤ diatement les clefs, avec lesquelles il
monta l’escalier en colimac on. Notre page, fort de¤ sempare¤ , nous
conta, sur nos instantes demandes, que Sa Majeste¤ voulait que
personne n’alla“ t voir la bibliothe' que et les tombes. Il nous
demanda donc, si sa vie nous e¤ tait che' re, de n’en parler a' qui-
conque, car il avait de¤ ja' nie¤ la chose. Nous oscillions tous deux
entre l’angoisse et la joie, mais le fait resta cache¤ et nul ne s ’en
informa plus. Nous avions passe¤ trois heures dans les deux
endroits, ce que je n’ai jamais regrette¤ .
Cependant, sept heures ayant de¤ ja' sonne¤ , on ne nous donnait
toujours pas a' manger. Mais notre faim e¤ tait supportable gra“ ce
aux divertissements continuels, et, rec u de pareille fac on, j ’eusse
volontiers jeu“ne¤ ma vie durant.
275
27
Apre' s ce que nous avons dit des deux champs de la sphe' re astrale,
celui de la nature de la mort et celui de la sainte Terre, vous e“ tes
en mesure de comprendre tout ce qui va suivre.
Tout champ astral est plein de vie et de mouvement. Quelle
vie et quel mouvement ! Le facteur de¤ terminant est la vibration
du champ astral en question. Dans le champ pur et serein auquel
font allusion Les Noces Alchimiques, le champ astral de la Frater-
nite¤ , nous trouvons, outre la substance astrale dans son e¤tat
ge¤ne¤ral, de nombreux foyers magne¤ tiques, des concentrations
tre' s positives et tre' s puissantes de substance astrale, qui sont
autant de re¤ actions a' l’e¤ gard des ide¤es, des tendances et des acti-
vite¤s des hommes vivant dans un champ de¤fini. Ces conditions
sont provoque¤es et de¤ termine¤es par le comportement de tous
ceux qui peuvent vivre dans ce champ.
Nous vous avons montre¤ a' quel point et avec quelle rapidite¤ la
substance astrale re¤ agit aux forces et influences qui la touchent.
Vous vous imaginez donc la grande beaute¤, la haute sagesse et la
ve¤ rite¤ que manifeste un champ astral aussi sublime que celui de
la Fraternite¤.
Toute la sagesse que posse' de un homme, toute cette sagesse
qui est en me“me temps une force, se projette dans le champ astral
ou' vit cet homme. Ce champ astral est-il d’une nature univer-
selle et sublime, cette sagesse et cette force ont-elles une valeur
e¤ ternelle, alors les projections ont, elles aussi, une valeur e¤ter-
nelle, elles agissent en permanence et transmettent de la force.
276
Il faut ici attirer l’attention sur la nature et la qualite¤ des pro-
jections astrales du champ de la nature de la mort, ou' tout est
engendre¤ par le moi issu de la nature. Selon la qualite¤ de ce
moi, les projections astrales se rapporteront a' des spe¤ culations, a'
des chime' res, a' des tendances e¤gocentriques, a' des instincts de
domination ou a' la religiosite¤ naturelle. C ’est pourquoi il est
clair que, aussi bouillonnante de vie astrale que soit la sphe' re re¤ -
flectrice, cette vie repose sur l’ illusion, le mensonge, l’ impos-
ture et la mort, et entra|“ ne un obscurcissement croissant de la
conscience ? Donc les projections astrales, dans le champ de la
nature de la mort, ne seront ni durables ni e¤ ternelles ; elles appa-
raissent, a' quelques exceptions pre' s, faibles, fantomatiques,
de¤ nue¤ es de toute puissance et, en raison de leur discordance,
elles se brisent sans cesse les unes contre les autres et se dissolvent.
Heureusement ?
Il est donc facile d’ imaginer combien la vie qui e¤ mane du
champ astral de la Fraternite¤ est re¤ elle, concre'te et totale, puis-
qu’elle est engendre¤ e et entretenue par la sagesse, la ve¤ rite¤ et
l’e¤ternite¤ ; par la bonte¤ , la ve¤ rite¤ et la justice ; par l’unite¤ , la
liberte¤ et l’amour, et qu’elle est tout entie' re soutenue par l’ Es-
prit. Une vie astrale de ce genre engendre une autre activite¤ que
celle que nous connaissons, ici, dans la nature de la mort ?
Car il faut bien comprendre que les projections astrales, une
fois ope¤rantes, libe' rent des e¤ thers donnant naissance a' des mani-
festations mate¤ rielles, a' la vie mate¤rielle. Pour conna|“ tre l’e¤ tat de
la sphe're re¤ flectrice, il est inutile de faire une enque“ te ou des re-
cherches ; car le champ astral entier de la nature de la mort se
projette dans notre vie mate¤ rielle, sous l’action des e¤ thers. Tel
est le champ de vie mate¤ riel, que nous connaissons bien, telle
est la sphe' re re¤ flectrice, le champ astral qui est le sien.
Par analogie, nous pouvons aussi imaginer aise¤ment la nature
du champ astral de la sainte Terre. Car du champ astral, e¤ veille¤ a'
la vie par elle, se libe' rent e¤ galement des e¤ thers, les quatre Nour-
ritures saintes, qui a' leur tour donnent naissance a' des manifesta-
277
tions mate¤ rielles, tre's concre' tes, de nature e¤ternelle. Qu’une
telle vie ne puisse pas s’exprimer dans la nature de la mort, c’est
e¤ vident.
278
le sublime e¤tat d’Ame vivante. De' s lors, de manie' re essentielle et
fondamentale, le chemin vous est ouvert. De' s lors, vous pouvez
gravir le chemin et franchir le pont.
Puissiez-vous voir clairement que ce me“ me rayonnement
septuple se manifeste de septuple manie're dans les sept domaines
cosmiques, puissante Lumie' re du Soleil vivant, saint Graal uni-
versel sept fois septuple.
279
Chaque fois que l’ impe¤rissable sagesse, fonde¤ e sur l’ Esprit,
est projete¤ e dans la sphe' re astrale, la projection demeure. Et si
l’auteur de la projection est toujours actif, si la sagesse rayonne¤e
se rapporte directement, par exemple, a' une ta“ che actuelle que les
travailleurs sont encore en train d’exe¤ cuter, alors dans cette pro-
jection astrale on verra toujours l’ image du fre' re, ou de la soeur,
qui est a' son origine, qui en est le cre¤ateur. Quand ce dernier a
acheve¤ le travail, termine sa ta“ che, ßle portrait s’estompe. Il dis-
para|“ t. Pourquoi ! Eh bien parce qu’ il ne s’agit pas, dans le foyer
astral, de faire voir le portrait des fre' res et des soeurs de la Frater-
nite¤ universelle. Il s’agit exclusivement de la sagesse. Il s’agit ex-
clusivement de la force. De ce que l’on peut faire de cette sagesse
et de cette force. Le cre¤ ateur de la projection originelle, en tant
qu’Ame vivante, se retire de¤ libe¤ re¤ ment. Pour lui, cela va de soi.
C ’est qu’ il s’absorbe comple' tement dans la communaute¤ des
Ames vivantes. La' , n’existe plus rien qui soit ßmoi. La' , on ne
pense ni a' la conside¤ ration ni a' la reconnaissance. L’Ame
vivante ne se projettera jamais personnellement. L’ image qui
appara|“ t, lorsque le travailleur exe¤ cute sa ta“ che, appara|“ t en
vertu d’une loi naturelle, parce que la projection astrale ne fait
qu’un avec son cre¤ ateur. Dans la demeure des Ames vivantes, la
projection subsiste mais l’ image de son cre¤ateur s’e¤ vanouit.
280
Ame vivante s’ajustent toujours, adhe' rent toujours harmonieu-
sement a' la force et a' la sagesse des autres Ames vivantes, me“me si
elles ne se connaissent pas.
Dans ce monde, et dans la sphe' re re¤flectrice, ce que l’un
construit est de¤truit par l’autre. C ’est vrai pour l’ individu,
c’est vrai pour les peuples. Quand un peuple adopte une loi, un
autre en adopte une contraire. Un re¤gime soutenu par un parti
arrive aujourd’ hui au pouvoir et donne une certaine forme a'
l’ Etat. Mais, to“t ou tard, viendra un autre groupe qui changera
tout radicalement. Un philosophe de¤veloppe une ide¤ e pre¤ cise,
survient un autre avec des conceptions oppose¤ es. Les deux sys-
te' mes, loin de se comple¤ ter, tendent a' s’e¤ liminer. C ’est toujours
ainsi dans la nature de la mort.
Il en va tout autrement dans le domaine des Ames vivantes. Si
nous sommes des Ames vivantes, nous travaillons continuelle-
ment en harmonie a' la construction de la puissante demeure
des Ames vivantes, la citadelle du Temple. C ’est pourquoi,
toutes les fois que l’on de¤ couvre un e¤ le¤ment de sagesse gnos-
tique, il s’ajuste aux autres e¤ le¤ ments de cette sagesse. Et l’unique
ve¤ rite¤ confirme toujours la ve¤rite¤ de ces e¤ le¤ments. Les ide¤ es
peuvent montrer des variations et concerner certains aspects par-
ticuliers, elles n’en sont pas moins en parfaite harmonie les unes
avec les autres.
Les Ames vivantes ne parlent qu’un seul langage. Et quelles
qu’en soient les nuances, il a toujours une unite¤ fondamentale,
parce qu’en fin de compte il n’existe qu’une seule Sagesse,
qu’une seuleVe¤rite¤ fondamentale. Ainsi, ine¤ luctablement, tous les
serviteurs de l’Esprit construisent ensemble le grand Temple de
l’Eternite¤ . Depuis l’origine des sie'cles jusqu’a' l’heure pre¤ sente,
ils entretiennent la citadelle du Temple dans toute sa beaute¤ . Tous
ceux qui, ve¤ ritablement, vivent de l’Esprit et appartiennent a' l’Es-
prit, apportent ainsi, de jour en jour, d’anne¤ e en anne¤e, d’a“ ge en
a“ ge, leur contribution au grand livre de la sainte re¤alite¤ , ou' l’on
peut tout lire et tout contempler, absolument tout.
281
Qui veut lire ce livre, qui veut examiner ce livre, doit s’enno-
blir et entrer dans la communaute¤ des Ames vivantes. Il pe¤ ne¤ -
trera alors dans la citadelle du Temple et deviendra, lui-me“ me,
oui, une pierre vivante de ce Temple ?
282
Entre-temps on nous montra les belles fontaines, les mines et
toutes sortes d ’ateliers pleins d ’oeuvres d ’art, dont chacune de¤ -
passait toutes les no“ tres re¤ unies. Ces salles e¤ taient dispose¤ es en
demi-cercle, afin de donner sur la pre¤ cieuse horloge, qui de¤ corait le
milieu d ’une tour magnifique, et de pouvoir s ’orienter sur le cours
des plane' tes qui s ’y trouvaient merveilleusement repre¤ sente¤ es. La'
je compris de nouveau sans peine ce qui manque a' nos artistes,
quoique ce ne soit pas ma ta“ che de les en informer.
A la fin, j ’arrivai dans une salle spacieuse qu ’on avait de¤ ja'
montre¤ e depuis longtemps aux autres. Au milieu se trouvait un
globe d ’un diame' tre de trente pieds. Pre' s de la moitie¤ , sauf une
petite partierecouverte de marches, e¤ tait enfouie dans le sol. Deux
hommes faisaient facilement pivoter ce globe sur ses gonds, de sorte
qu ’on ne voyait jamais plus que la partie situe¤ e au-dessus de
l’horizon. Si je compris imme¤ diatement que ce globe avait une
utilite¤ particulie' re, je ne parvenais pas a' de¤ couvrir a' quoi servaient
les cercles dore¤ s place¤ s en divers endroits.
283
Mon page se mit a' rire et me conseilla de les examiner attentive-
ment. Je finis par de¤ couvrir que de l’or marquait e¤ galement ma
patrie. Mon compagnon chercha alors la sienne et fit la me“ me
de¤ couverte. Il en e¤ tait de me“ me pour la patrie de tous ceux qui
e¤ taient reste¤ s la' . Alors le page nous informa que, la veille, le
vieil Atlas (ainsi s ’appelait l’astronome) avait montre¤ a' Sa
Majeste¤ Royale que tous les points d ’or correspondaient parfaite-
ment a' la patrie de chacun. C ’est pourquoi, voyant que je me
sous-estimais, alors qu ’il y avait un point a' l’emplacement de
ma patrie, il avait persuade¤ un des capitaines de demander que
nous fussions aussi place¤ s sur la balance, sans dommage pour
nous quel que fu“t le re¤ sultat, puisque la patrie de l’un d ’entre
nous montrait un signe particulie' rement favorable. Et ce n’e¤ tait
pas sans raison que le page ayant le plus de pouvoirs m’avait e¤ te¤
attribue¤ .
Je montrai une grande reconnaissance et regardai d ’autant plus
attentivement ma patrie, de¤ couvrant qu ’a' co“ te¤ des cercles il y
avait quelques beaux trace¤ s, ce que toutefois je ne dis pas pour
me louer ou me vanter. Sur ce globe, je vis encore beaucoup
d ’autres choses que je ne veux pas rendre publiques. Chacun
doit comprendre de lui-me“ me pourquoi chaque ville n’a pas un
philosophe.
284
Ensuite le page nous fit entrer dans le globe. Il e¤ tait ainsi fait qu ’a'
l’endroit dela mer, la' ou' il y avait le plus d ’espace, se trouvait une
plaque sur laquelle e¤ taient marque¤ s trois de¤ dicaces et le nom du
constructeur. On pouvait la soulever avec pre¤ caution et acce¤ der,
par une passerelle, au centre ou' il y avait de la place pour quatre
personnes. Ce n’e¤ tait gue' re plus qu ’une planche ronde ou' s ’as-
seoir et d ’ou' observer les e¤ toiles, me“ me en plein jour (il faisait de¤ ja'
nuit a' ce moment). Elles me parurent autant de pures escarbou-
cles, rayonnant avec une telle splendeur, dans une ordonnance et
sur une trajectoire si parfaites que je ne voulais plus m’en aller.
285
28
L’Horloge et le Globe
286
lieux de travail sont oriente¤s vers un point central, de¤ fini dans
Les Noces Alchimiques comme une horloge pre¤ cieuse situe¤ e au
centre de la tour. Cette horloge est relie¤ e au foyer central de l’ Es-
prit universel, et c’est cet Esprit qui maintient la tour et son
horloge. Donc, quand un travail de¤termine¤ commence et reste
constamment oriente¤ sur l’ Esprit et sur le grand but, les fontai-
nes, les sources et les tre¤ sors des mines ne s’e¤puisent jamais ; et
l’ horloge reste perpe¤ tuellement en mouvement. Une source,
une mine fore¤ e de cette manie' re continue a' produire aussi long-
temps que cela est ne¤ cessaire.
Le texte nous de¤ voile ensuite le grand but pour lequel ce
foyer fut effectivement vivifie¤ et la citadelle du Temple e¤tablie.
Le globe qui ne cesse de tourner donne la re¤ponse aux e¤ ventuel-
les questions. Le globe est, ici, la projection du monde des
hommes vivant dans les te¤ne'bres. La nature dialectique entie' re
de l’ humanite¤ de¤ chue se projette, tel un globe, dans le champ
astral de la Fraternite¤ . Comme la Fraternite¤ examine continuel-
lement ce globe, elle conna|“ t a' chaque instant les endroit les plus
menace¤ s de cette valle¤ e de larmes. Il y est indique¤ en quels lieux
du monde le grand oeuvre doit e“ tre commence¤ et poursuivi.
Tous ceux, sans exception, qui entrent dans leTemple de l’ Initia-
tion, peuvent trouver toutes les indications concernant la ta“ che
qui leur incombe, a' condition qu’ ils se pre¤ parent inte¤rieurement
et s’orientent sur le globe.
287
sur leur orbite, semblables a' de purs joyaux. C.R.C. te¤moigne
du de¤veloppement de sa conscience inte¤rieure quand il raconte
que son page le fait entrer dans le globe afin de contempler ce
spectacle. Nous sommes frappe¤ s ici du fait que, pour l’Ame
vivante qui suit le chemin de l’auto-initiation, la vie collective
et la vie individuelle ne font absolument qu’un. En effet, apre' s
s’e“tre oriente¤ , dans le champ astral de la Fraternite¤, sur le grand
oeuvre et sur sa propre ta“ che a' accomplir, C.R.C. de¤ couvre,
pour la premie' re fois au cours de son e¤ volution, son propre ciel
microcosmique et la splendeur rayonnante des lumie'res nouvel-
les qui s’y sont allume¤es : les plane' tes magne¤ tiques microcosmi-
ques en rotation, qui attirent des forces de l’exte¤ rieur pour les
transmettre a' l’ inte¤ rieur, et qui e¤ tablissent un e¤ change incessant
avec les divers plans et e¤ le¤ ments du champ astral environnant.
Cette ouverture de la conscience a' la nouvelle re¤ alite¤ inte¤ -
rieure qu’a fait na|“ tre l’apprentissage a eu lieu parce que Chris-
tian Rose-Croix se trouvait ve¤ ritablement ßsur le tapis, sur le
vrai Carre¤ de construction, soutenu par ßles trois de¤ dicaces in-
scrites sur le globe et le nom de son constructeur.
Que veut dire ici Christian Rose-Croix ! Les trois de¤dicaces
concernent la revivification, dans la force de la Gnose recre¤atrice
et purificatrice, du triangle supe¤rieur de la pine¤ale, de l’ hypo-
physe et de la thyro|« de, revivification permettant la descente ef-
fective de l’ Esprit, le po“le positif de la monade, et la louange et
glorification de son nom par la cre¤ature.
La construction perse¤ ve¤rante du Carre¤ qui, dans le corps phy-
sique, s’appuie sur le sternum, la rate et les deux capsules surre¤ -
nales, provoque, le moment venu, l’ouverture du bulbe rachi-
dien, comme porte d’acce' s du sanctuaire de la te“ te, ce qui a
pour conse¤ quence logique la coope¤ ration harmonieuse de ces
quatres centres de force infe¤ rieurs avec les trois centres supe¤ -
rieurs : ainsi est assure¤e la naissance effective de la nouvelle cons-
cience.
Il s’agit donc, pour chaque candidat devant le Temple de l’Ini-
288
tiation, de remettre de l’ordre et de re¤gler de la juste manie' re le
syste' me magne¤ tique microcosmique. Tel doit e“ tre le but supre“ me
du comportement pratique de l’e¤ le' ve. Car c’est la lipika, le syste' me
magne¤ tique, qui entra|“ ne le feu astral du corps astral dans un mou-
vement de¤ termine¤ , avec toutes les conse¤ quences qui s’ensuivent
sur tous les ve¤ hicules de la personnalite¤ et dans toute notre vie.
La substance astrale ainsi mise en mouvement, par exemple,
va affluer dans le foie et porter au sang, dans certaines condi-
tions, des forces qui vont nous faire vivre et agir ? Nous vivons
donc souvent contraints et force¤ s, puisque notre existence est
conforme au feu astral qui pe¤ne'tre notre foie ?
Cette force relie e¤galement tous les centres nerveux entre
eux. On peut me“me dire que tout l’e¤ther nerveux provient di-
rectement du feu astral, du corps astral. Le syste' me nerveux, en
particulier le fluide nerveux, est cause de beaucoup de difficulte¤s,
aussi bien dans notre corps que dans notre vie. Par exemple, c’est
lui qui fait na|“ tre les pernicieux sentiments de sympathie et d’an-
tipathie.
Le fluide nerveux astral de¤ termine e¤galement l’e¤ tat et la
qualite¤ de la se¤ cre¤ tion interne. Tous les organes a' se¤ cre¤ tion
interne bru“lent et fonctionnent exclusivement par le feu astral.
C ’est lui qui de¤ termine e¤ galement tous nos mouvements e¤ mo-
tionnels. Bref, notre nature, notre caracte' re, notre comporte-
ment comme la qualite¤ de notre volonte¤ de¤ coulent de l’e¤ tat du
corps astral. C ’est le corps astral par conse¤ quent qui gouverne
toute notre vie.
Notre comportement doit donc viser au changement
profond de notre corps astral.Voila' la clef. Si nous ne re¤ussissons
pas, tous nos efforts sont vains.
Comment donc nous comporter ! Que faire dans ce domaine !
Il y a diverses sortes de re¤formes a' faire dans notre vie. La plus im-
portante est, et doit e“ tre, la reddition de soi. Si vous accomplissiez
se¤ rieusement toutes les re¤ formes, en oubliant la reddition de vous-
me“ me, l’abandon de votre moi, tous vos efforts seraient vains. Par
289
ou' commence donc la reddition de soi, la crucifixion de la volonte¤
personnelle ! Par le moi, par la conscience propre au corps phy-
sique; par ce qui re¤sulte de tout ce qui bouillonne et s’agite dans
notre corps astral; par tout ce que produit l’anarchie astrale qui
envahit notre vie. C’est par le ßmoi que tout doit commencer.
Le moi, a' la suite d’un long chemin d’expe¤ riences, de¤couvre que
quelque chose ne va pas dans cette vie; que tout y va de travers ;
que l’on n’y fait que rencontrer difficulte¤ s, souffrances et de¤ -
sordre; cela jusqu’au jour ou' l’on comprend la parole: ßCelui qui
perdra sa vie pour moi, gagnera le Royaume, gagnera la nouvelle
Vie. Mais celui qui ne voudra pas perdre la vie de son moi, celui
qui ne voudra pas donner son moi a' l’Ame vivante, n’acquerra pas
la vie immortelle de l’a“ me ?
Quand on a vraiment compris cela, quand on a compris la
ne¤cessite¤ de cet avertissement, s’ouvre le chemin de la reddition
du moi, de l’offrande de soi, mystique, gnostique et pratique, a'
l’Ame ve¤ ritable, a' la Rose du coeur. Cette rose, que l’on sait
situe¤ e dans le coeur, au sommet du ventricule droit, est non seu-
lement le centre ge¤ ome¤trique de notre microcosme mais aussi le
coeur de notre corps astral. Cette rose doit fleurir ; son e¤panouis-
sement, sa floraison signifie la renaissance de l’Ame.
Car c’est au coeur de la Rose, au coeur de notre syste'me
astral, qu’est enfouie l’ image mentale originelle du Pe're, du
Logos, du principe originel de notre existence, l’ ide¤ e e¤ ternelle
que Dieu se fait de nous, sa cre¤ ature. C ’est pourquoi, sans
aucune re¤ ticence, l’ homme gnostique voue concre' tement a' la
Rose sa conscience, son moi, son chaos astral. Quand la Rose,
ce principe originel, est e¤veille¤e, quand de nouveau il en e¤mane
une force, alors surgit un nouveau courant astral pur, qui remplit
tout l’e“ tre. Et pour la premie' re fois de notre vie, nous voyons
enfin l’aube poindre, l’aurore para|“ tre.
De' s que la reddition du moi, avec tout ce que cela comporte,
approche de son accomplissement, que la rencontre de Je¤sus le
Seigneur avec Jean-Baptiste est re¤ellement ce¤le¤ bre¤ e sur les bords
290
du Jourdain, l’Ame s’e¤ panouit, la Rose de l’Ame se met a' vivre
et aussito“t l’ Esprit descend sur elle comme une colombe. Et
l’on entend alors la parole e¤ vange¤ lique : ßCelui-ci est Mon Fils
bien-aime¤ , en qui j’ai mis toute mon affection.
291
Par la suite, le page rapporta ceci a' laJeune Fille, qui me taquina
plusieurs fois sur le sujet; en effet, c ’e¤ tait de¤ ja' l’heure du repas et
j ’avais regarde¤ si longtemps tout autour de moi dans le globe que
j ’arrivai a' table presque le dernier. Je ne m’attardai donc pas plus
et, ayant remis mon manteau que j ’avais enleve¤ auparavant, je
m’avanc ai vers la table; alors les serviteurs me rendirent tant
d ’honneurs que, de confusion, je n’osais lever les yeux. C ’est la
raison pour laquelle, sans m’en rendre compte, je ne vis pas la
Jeune Fille qui attendait a' mes co“ te¤ s. Elle le remarqua aussito“ t,
me saisit par mon manteau et me conduisit a' table. Il me semble
inutile d ’en dire plus sur la musique et les autres de¤ lices, non seu-
lement je ne parviendrais pas a' les de¤ crire mais je les ai de¤ ja'
vante¤ es, dans la mesure de mon pouvoir. Bref, tout n’e¤ tait
qu ’art et agre¤ ment.
292
29
293
Trois groupes d’ hommes plus ou moins remplis d’aspiration se
distinguent donc tre' s clairement dans notre champ de vie.
Le premier groupe est entie' rement dirige¤ par des aspirations mate¤ -
rielles et humaines sur la ligne horizontale. Il se propose de contri-
buer au progre' s du monde et de l’humanite¤ , sur les plans culturel,
social et humanitaire, ide¤ al qu’on ne peut ni ne doit, certes,
bla“mer. Car, bien qu’en fait un tel progre's, au sens gnostique, soit
impossible, la purification et la de¤ couverte de soi, qui vont de pair
avec de hautes aspirations terrestres, sont toujours importantes et
ne¤cessaires. D’un point de vue tout re¤ aliste, il est su“r que nombre
d’aspects du champ de vie mate¤ riel sont susceptibles d’ame¤ liora-
tion.Ytendre est donc utile, important et ne¤ cessaire
Le deuxie' me groupe comprend des hommes qui, ayant dit
adieu au monde, le quittent comple' tement. Conse¤ quemment,
ils tirent une ligne de de¤ marcation stricte entre les deux champs
d’existence : celui de ce monde et celui du monde de l’ Esprit,
estimant impossible tout compromis, toute fusion entre les
deux. De temps en temps, ce deuxie'me groupe fait une tre' s
puissante apparition dans l’ histoire du monde ; parfois ce sont
des gnostiques, parfois des fanatiques, toujours des extre¤ mistes.
Pensez, par exemple, a' diffe¤rentes sectes actuelles ou d’un passe¤
re¤cent, a' la vie que l’on me' ne dans les clo|“ tres, et au mouvement
des Maniche¤ ens, si re¤ ve¤ lateur de ce point de vue.
Le troisie' me groupe, vous le comprenez, suit la voie du juste
milieu. Puisque le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde et
que la chair et le sang ne sauraient he¤ riter du Royaume, ces
hommes comprennent clairement que la vie mate¤rielle n’est pas
de¤ pourvue de sens et savent que c’est ici-bas qu’existe la possibi-
lite¤ fondamentale de la grande transformation, de la transfigura-
tion, de la renaissance d’ Eau et d’ Esprit. De la' vient aussi que la
Gnose, infailliblement, se manifeste dans la vie mate¤ rielle, fait
usage de voies et moyens mate¤riels, et tient a' demeurer parmi
les humains
294
Sans vouloir nous attarder plus longtemps sur ces trois re¤ac-
tions psychiques, nous posons la question suivante : ßD’ou' vien-
nent les motivations psychologiques qui de¤terminent l’ homme
tout entier ! Certes, nous connaissons la re¤ponse : ßDu corps du
de¤ sir, du corps astral, du subconscient, de la sphe're des de¤ sirs, de
la vie affective, notre psyche¤ . De ces e¤tats d’e“ tre qui de¤pendent
de l’ he¤ re¤ dite¤ et des influences karmiques ? Tout cela nous est
bien connu. A chaque instant nous nous rendons compte une
fois de plus de la manie' re dont agissent nos tendances et nos
de¤ sirs.
Mais connaissez-vous bien le corps du de¤ sir, le corps astral
luime“ me ! Le connaissez-vous aussi bien que votre corps phy-
sique !
Nous pouvons affirmer que vous ne savez rien de votre corps
astral, que vous n’en connaissez rien, litte¤ ralement et physique-
ment ; que vous en e“ tes encore aux rudiments quant a' la manie' re
de ma|“ triser ce corps, de le conduire et de le diriger. Nous ne
voulons pas vous offenser en affirmant cela. Nous vous expo-
sons un e¤ tat de fait de la plus grande importance. Car il faut ap-
prendre a' conna|“ tre et a' ma|“ triser son corps astral comme le
corps physique. Il faut me“ me prendre autant de soin de son
corps astral que de son corps physique. C ’est pourquoi la Frater-
nite¤ universelle attire expresse¤ ment notre attention sur le sujet.
De' s le matin, nous commenc ons par nous laver et nous habil-
ler. Nous prenons soin de nos cheveux, de nos ongles, de nos
dents. Ensuite nous nous restaurons avec nourriture et boisson.
Nous savons ce dont notre corps a besoin, nous lui donnons du
repos a' heures fixes. Si nous sentons une douleur qui ne se calme
pas rapidement, nous prenons des mesures. Que ne fait-on pas
sous le rapport des soins corporels et de la culture du corps !
Cela confine parfois a' l’absurdite¤ .
Mais quel soin prenez-vous quotidiennement de votre corps
astral ! L’ ide¤e me“ me vous en est e¤ trange're. Il ne vous viendrait
pas a' l’esprit de souiller de boue ou d’ immondices votre corps,
295
objet de tant de soins. Cela arrive au petit chien, qui y prend
parfois plaisir. Comment cela se fait-il ! Parce que le petit
animal n’est pas toujours entie' rement conscient de son corps ;
que sa conscience n’y demeure que partiellement. Mais savez-
vous qu’en ce qui concerne notre corps astral nous agissons
comme le petit chien ! Quand votre chien rentre crotte¤ , vous le
remarquez aussito“t et vous lui donnez un bain. Mais lorsque
vous entrez quelque part, le corps astral couvert de boue, per-
sonne ne le remarque, et me“me pas vous ? Si... mais apre' s,
souvent quand c’est trop tard.
Voila' qui est dangereux. Vous e“tes en train de vous faire les
ongles, pour para|“ tre net et convenable, et au me“ me instant une
charrete¤e d’ordures se de¤verse peut-e“ tre sur votre corps astral.
Vous le remarquez souvent apre' s ? Cela donne a' re¤ fle¤ chir, car la
souillure astrale corrompt les quatre corps de la personnalite¤ . Le
corps physique comme le corps e¤ the¤ rique et le corps mental par-
ticipent aux mise' res du corps astral. Quand vos enfants revien-
nent sales du terrain de jeu et que vous les re¤primandez, vous-
me“ me n’avez peut-e“ tre pas un air beaucoup plus appe¤tissant, a'
ce moment pre¤cis, vu de l’astral
Sentez-vous le grave proble' me que pose votre ignorance en la
matie' re ! C ’est la' le proble' me de l’ humanite¤ entie' re ? Voila'
pourquoi on parle tant, actuellement, de psychisme, d’aide psy-
chologique et de psychiatres. Et pourquoi on veut passer des tests
et examens psychologiques. Il se peut que le mot ßpsyche¤ ne
vous dise me“me rien. Or ce mot de¤ signe tout ce qui se cache
derrie're le visible, tout ce qui se trouve en dessous du plan de la
conscience.
Ici appara|“ t un nouveau danger, car il a germe¤ dans la cervelle
d’une foule de spe¤ culateurs et de criminels un grand nombre de
me¤ thodes, dites psychologiques, qui se¤vissent de nos jours parmi
les hommes sous le masque de la science.
Disons-le, tout ce que vous craignez dans votre vie, tous vos
ennuis, toutes vos mise' res et vos indicibles tensions, tout ce que
296
vous faites et ne faites pas, ont pour cause le manque de connais-
sance et de contro“le de votre corps astral.
Supposez que quelqu’un commette un acte fou et insense¤ ,
provoque de grosses difficulte¤s et, par suite, soit conduit chez
un psychiatre. Ce dernier essayera de de¤terminer les motivations
initiales de cet acte de de¤ mence. De' s qu’ il en aura connaissance,
il tentera de transmettre a' la psyche¤ des motivations diffe¤rentes,
inverses, et d’effacer les conse¤ quences de l’acte de¤ mentiel au
moyen de ßchocs, dans le cas ou' c’est possible. S’ il n’y parvient
pas, le malade peut causer beaucoup de tort aux autres par sa
conduite, briser le coeur de ses amis et se se¤ parer de ses fre' res
humains .
C ’est la raison pour laquelle une Ecole Spirituelle gnostique
applique une psychothe¤ rapie tout a' fait diffe¤ rente de ce que l’on
a l’ habitude de de¤signer par ce terme. Cet ouvrage a e¤ te¤ e¤ crit
pour vous e¤ clairer sur toutes ces choses et vous y relier, gra“ce au
message que nous transmettent Les Noces Alchimiques de
Christian Rose-Croix.
La ta“ che de l’ Ecole Spirituelle est de vous aider a' acque¤ rir le
contro“le, au sens libe¤rateur, de votre propre corps astral et, en
conse¤ quence, de vous offrir un pur bonheur, le bonheur inex-
primable d’une ve¤ritable gue¤ rison de tout ce qui entra|“ ne souf-
france, maladie et mort. Les Noces Alchimiques de Christian Rose-
Croix tracent le chemin complet qui me' ne a' ce bonheur inalte¤ -
rable. C ’est le chemin de la de¤ livrance, par la mise en pratique de
l’ imitation de Je¤ sus-Christ.
297
Nous e¤ tant mutuellement raconte¤ les expe¤ riences de l’apre' s-midi
^ sans souffler mot de la bibliothe' que et des monuments ^ et le vin
nous ayant un peu e¤ gaye¤ s, laJeune Fille nous dit:
ßNobles Seigneurs, j ’ai une grande discussion avec l’une de mes
soeurs. Nous avons chez nous un aigle et nous le soignons avec
tant de ze' le que chacune de nous veut e“ tre sa pre¤ fe¤ re¤ e, ce qui cause
maintes discussions. Un jour, nous de¤ cida“ mes d ’aller le voir
ensemble: il appartiendrait a' celle envers laquelle il se montrerait
le plus amical. Ainsi fut fait. Je tenais comme d ’habitude une
branche de laurier a' la main. Cependant ma soeur n’en avait
pas. De' s qu ’il nous eut toutes deux aperc ues, il offrit a' ma
soeur la branche qu ’il tenait dans son bec et re¤ clama la mienne,
que je lui donnai. Alors chacune d ’entre nous pensa e“ tre sa
pre¤ fe¤ re¤ e. Que dois-je faire maintenant !
La re¤ serve avec laquelle la Jeune Fille posa cette question nous
plut hautement a' tous. Et tous nous eussions bien voulu savoir
la solution. Cependant, comme beaucoup se tournaient vers moi,
souhaitant que je commence, mon esprit se troubla au point que je
ne sus rien faire d ’autre que re¤ pondre a' cette question par une
autre. Je dis donc:
ßNoble Demoiselle, il serait aise¤ de re¤ pondre si je n’avais un
souci. Deux amis m’aimaient fort. Comme ils se demandaient
lequel je pre¤ fe¤ rais, ils de¤ cide' rent d ’accourir tous deux vers moi a'
l’improviste. Celui a' qui j ’ouvrirais les bras me serait le plus
cher. C ’est ce qu ’ils firent. Mais l’un ne put suivre l’autre et
resta en arrie' re en se lamentant. Je rec us l’autre avec e¤ tonnement.
Ils m’explique' rent leur conduite et, n’arrivant pas a' prendre une
de¤ cision, je la laissai en suspens dans l’espoir de trouver un bon
conseil.
298
LaJeune Fille s ’e¤ tonna de cette histoire et comprit mon intention.
Elle re¤ pondit donc: ßEh bien, tenons-nous pour quittes et deman-
dons aux autres la solution.
299
30
300
rieures. En effet, plus les vibrations du corps astral sont subtiles,
plus leur fre¤ quence est e¤ leve¤e, plus les influences infe¤ rieures ont
de difficulte¤ a' pe¤ ne¤ trer l’e¤le' ve. En outre, l’apprentissage se¤ rieux
assure au candidat une liaison harmonieuse avec la partie astrale
du Corps Vivant de l’ Ecole Spirituelle. Et les agressions aux-
quelles, par sa faiblesse, le candidat re¤ siste difficilement, sont ai-
se¤ ment surmonte¤ es dans la force du Corps Vivant.
Le point important, donc, est que celui qui tend vers un re-
nouvellement de la vie, au sens des Noces Alchimiques, doit adopter
un comportement du corps astral conscient et pur, tout en veillant
a' la bonne orientation du corps physique. Si ce comportement
astral pratique fait de¤ faut, ou n’est re¤alise¤ que partiellement, il n’y
a pas ce¤le¤bration des noces alchimiques. L’e¤ le' ve stagne en un point
de¤ termine¤ du chemin sans avancer d’un millime' tre. Il rencontre
les me“ mes difficulte¤ s que la Pistis Sophia, qui s’efforce de remettre
son apprentissage en bonne voie mais est sans cesse terrasse¤ e par les
forces des e¤ ons, c’est-a' -dire par les nombreuses et diverses influen-
ces contraires qui ope'rent dans le corps astral et dont la victime est
la quadruple personnalite¤ tout entie' re.
Les noces alchimiques, auxquelles aspire le candidat, impli-
quent l’e¤ tablissement d’une liaison de nature triple. L’Ame
rene¤e, la personnalite¤ quadruple et l’ Esprit doivent parvenir a'
l’unite¤ parfaite dans le champ microcosmique.
Revenons a' pre¤ sent au Troisie'me Jour des Noces Alchimiques.
Nous rappelons au lecteur que nous avons de¤ ja' mentionne¤ et ex-
plique¤ des e¤ le¤ ments tre's importants de la pre¤ paration ne¤ cessaire a'
l’union de l’ Esprit, de l’Ame et du corps. Dans la phase des
Noces Alchimiques ou' nous en sommes, le candidat a de¤ja' donne¤
la preuve :
1. que la naissance de l’a“ me a eu lieu en lui ;
2. qu’ il a acquis assez de re¤ ceptivite¤ pour comprendre l’appel a'
laVie nouvelle e¤ manant de la Gnose universelle, et y re¤ agir
positivement ;
3. qu’en conse¤ quence, il est pre“t a' faire des sacrifices pour
301
l’amour du chemin de la de¤livrance ;
4. qu’en pratique il veut aller a' la de¤ couverte du Temple de
l’ Initiation ; et
5. qu’ il a surmonte¤ l’e¤ preuve des sept poids.
302
aussi le symbole de l’atmosphe' re de vie indispensable a' l’Ame, a'
l’Ame-Esprit, celle ou' elle peut s’e¤ lever jusque dans les hauteurs
les plus sublimes. Les deux soeurs du re¤ cit se tournent entie' re-
ment vers l’Aigle, vers l’Ame-Esprit. L’une et l’autre aiment
de tout leur coeur le nouvel e¤ tat de vie. Mais surgit la question
courante, le proble'me psychologique auquel se heurtent un jour
tous les e¤ le'ves : ßAi-je pour l’Ame un amour suffisant ! L’of-
frande que je fais de moi-me“me a' l’Ame est-elle totale ! La nou-
velle force de l’Ame peut-elle agir et prendre forme en moi !
Suis-je en bonne voie ! Quel comportement, au point ou' j’en
suis, est le meilleur et le plus efficace !
Voyons ce qui se passe maintenant d’apre's le re¤ cit. La branche
de laurier est le symbole de l’espe¤ rance, l’espe¤ rance inte¤rieure
inde¤ fectible, le symbole de la vie continuellement oriente¤ e, de
la force et de la gue¤ rison. Les Fraternite¤ s de l’ancienne Gnose
ve¤ ne¤ raient aussi beaucoup le laurier et en utilisaient fre¤quem-
ment les rameaux dans leurs Temples au cours des Services. On
peut encore en trouver de nos jours a' l’entre¤e de l’ancienne
grotte de l’ initiation, la grotte de Bethle¤em a' Ussat.*
Pour en revenir au re¤ cit : l’Aigle, puissant symbole de la
liaison re¤tablie entre l’Ame et l’ Esprit, rec oit une branche de
laurier de l’une des deux soeurs : les plus ardents de¤ sirs de celle-
ci vont a' l’Ame vivante, a' l’Ame-Esprit, a' l’Aigle. Et l’Aigle
accepte son amour. Mais en me“me temps, il fait don du rameau
de l’espe¤ rance a' celle qui n’en avait pas encore. L’ intention est
de mettre celui qui e¤ tudie Les Noces Alchimiques et celui qui ap-
proche de la fe“ te des noces devant le fait constant que l’Amour
divin, qui doit devenir une re¤ alite¤ dans l’ Homme ve¤ ritable, est
303
offert a' toute cre¤ ature ; qu’ il rayonne sur les bons et les me¤ -
chants, sans aucune distinction.
L’Amour divin est, sur tout et sur tous. Il est indivisible. Il n’y
a pas pour lui de plus ou de moins. Donc l’ homme re¤ ellement
rene¤ selon l’Ame peut vivre de cette loi merveilleuse. De me“ me
le rayonnement d’Amour de l’Ame s’adresse a' tous, en parfaite
e¤ galite¤ . Il ne saurait faire autrement. Avec une espe¤ rance inde¤fec-
tible, il vient vers tous ceux qui ont besoin d’assistance ; vers
ceux qui cherchent ; vers ceux qui sont e¤gare¤s et blesse¤ s ; et aussi
vers ceux qui s’opposent encore totalement a' son exigence re¤ge¤ -
ne¤ratrice. L’Ame ne met jamais de terme a' son Amour, a' son
service d’Amour. Elle perse¤ ve' re dans sa fide¤ lite¤ , de toute e¤ter-
nite¤ .
Si l’on me¤ dite ces choses, on ne confond plus l’Amour divin,
qui se re¤ pand sur tout et sur tous, avec l’affabilite¤ vertueuse et
peu logique de¤ ploye¤ e par certaines personnes dans certains
milieux, attitude superficielle, inutile, voire pernicieuse.
L’Amour divin, que porte a' tous l’ Homme-Ame ve¤ ritable, en
un rayonnement e¤ gal pour tous, aide ou sanctionne, e¤ difie ou
brise. Il donne a' chacun ce dont il a besoin, en se comportant
de manie' re totalement impersonnelle. Il n’y met aucune inten-
tion e¤ gocentrique.
Apre' s ces conside¤ rations sur l’Amour divin, nous voudrions
vous montrer, a' propos de l’ histoire de l’aigle, que la premie' re
condition pour acque¤ rir la ma|“ trise du soi astral est l’uniformite¤
totale des vibrations de votre corps astral. Quand vous e“ tes
parvenu a' cet e¤ quilibre absolu, la porte des noces alchimiques
s’ouvre toute grande devant vous.Vous en avez la possibilite¤ cer-
taine. Le corps astral en a l’aptitude. Pour bien vous le montrer,
nous vous rappelons que le corps astral, ou corps du de¤ sir,
posse' de trois pouvoirs : l’attraction, la re¤ pulsion et l’e¤ galite¤ . Ce
troisie' me pouvoir, l’e¤galite¤ (a' ne pas confondre avec la neutralite¤
ou l’ indiffe¤ rence) est un rayonnement dynamique, e¤gal, objec-
tif, impersonnel, immuable, adresse¤ dans une uniformite¤
304
absolue a' toute cre¤ature de Dieu. Lorsque, votre a“ me grandis-
sant, vous parvenez a' cet e¤ tat, il n’y a plus de place en vous
pour l’agitation des passions et les violents mouvements
e¤ motifs avec toutes leurs conse¤ quences. Vous vous tenez alors,
cande¤ labre clair et lumineux, dans le grand Temple de Dieu.
Lorsque la se¤ re¤ nite¤ de la lumie're astrale n’est pas encore votre
partage, votre e¤motivite¤ astrale reve“ t trois aspects. Vous e“tes en
lutte continuelle en vous-me“ me, contre vous-me“ me et contre
ce qui est hors de vous-me“ me.Vous recherchez et attirez ce que
vous de¤ sirez avec force.Vous repoussez, donc combattez, ce qui
vous fait du tort et vous de¤pla|“ t. Vous restez indiffe¤ rent envers
tout ce qui ne vous inte¤ resse pas, tout ce que vous n’aimez pas,
tout ce a' quoi vous e“tes inte¤ rieurement hostile. Alors votre per-
sonnalite¤ entie' re se de¤ sagre' ge dans le tourbillon incessant de vos
sensations et des influences recues.
Si, fortifie¤ par l’Ame, vous vous e¤ levez jusqu’a' l’e¤galite¤ dont
nous venons de parler, jusqu’a' l’e¤ quilibre des vibrations astrales,
il va de soi que vous attirerez, donc que vous recevrez, ce qui est
bon, mais sans e¤motivite¤ . Et ce qui n’est pas bon ne pourra pas
pe¤ ne¤ trer en vous. Vous ne de¤ penserez pas la moindre parcelle
d’e¤ nergie pour les choses qui ne le ne¤cessitent pas ou n’en
valent pas la peine, quelque lien que vous ayez avec elles.
Par l’e¤ quilibre astral, vous te¤ moignerez donc d’un compor-
tement en accord parfait avec le Sermon sur la Montagne.Vous
aimerez ceux qui vous ha|« ssent. Vous ne re¤ sisterez pas aux me¤ -
chants et be¤ nirez ceux qui vous maudissent. Et cela, non pas
d’une manie' re personnelle e¤ gocentrique (la personnalite¤ e¤go-
centrique est incapable de se comporter selon le Sermon sur la
Montagne), mais gra“ce aux qualite¤s et a' la noblesse de l’Ame.
La deuxie'me anecdote de Christian Rose-Croix, qui est une
re¤ponse a' la premie're, et plusieurs autres parmi les dix, nous pa-
raissent maintenant e¤ videntes. Les questions inextricables de la
nature dialectique qui se pre¤sentent sans cesse, telles que les sui-
vantes : qui be¤ ne¤ ficie de plus ou moins de sympathie ! Qui a plus
305
ou moins de droit ! Que faire et ne pas faire ! Tout cela dispara|“ t
comple' tement une fois atteint l’e¤ quilibre astral, pour la bonne
raison que l’Ame ne rentre jamais dans ce genre de proble¤ ma-
tique.
Certaines questions demeurent pourtant, comme, par
exemple, celle de l’association de deux e“tres humains pour la
vie. Examinons si les autres re¤ cits nous e¤clairent sur ce point, et
quels conseils ils nous donnent concernant la ma|“ trise totale du
corps astral qu’ il faut acque¤ rir.
306
Mais je les avais alerte¤ s, le suivant commenc a donc ainsi:
ßL’autre jour, dans ma ville, une noble dame fut condamne¤ e a'
mort. Le juge, pris de pitie¤ , fit savoir que si quelqu ’un voulait se
battre pour elle, on l’y autoriserait. Or elle avait deux soupirants.
L’un se pre¤ para sur le champ et courut attendre son adversaire. A
ce moment celui-ci apparut. Bien qu ’en retard, il de¤ cida de se
battre tout de me“ me et de se laisser vaincre de¤ libe¤ re¤ ment, afin que
la dame eu“t la vie sauve, ce qui arriva. Chacun d ’eux crut alors
qu ’elle serait a' lui de droit. Dites-moi donc, mes Seigneurs, a' qui
appartient-elle !
LaJeune Fille ne put se retenir de dire: ßJ ’espe¤ rais en apprendre
davantage, mais me voici prise au pie' ge et j ’aimerais bien savoir si
d ’autres connaissent la re¤ ponse.
ßNon, certes, re¤ pondit le troisie' me, ßon n’a jamais raconte¤
aventure plus extraordinaire que la mienne. Dans ma jeunesse,
j ’aimais une honorable jeune fille et pour arriver a' mes fins, je fis
appel a' une vieille comme' re qui me mena pre' s d ’elle. Mais les
fre' res de la jeune fille nous surprirent tous les trois. Leur cole' re
fut telle qu ’ils voulurent m’o“ ter la vie. Devant mes supplica-
tions, ils me firent jurer de prendre pour e¤ pouse chacune des deux
femmes pour une dure¤ e d ’un an. Dites-moi, mes Seigneurs,
laquelle je devais choisir en premier, la plus jeune ou la plus
a“ ge¤ e !
Nous r|“ mes aux e¤ clats de cette devinette et si quelques-uns chu-
chote' rent, personne ne voulut donner la solution. Le quatrie' me dit
alors:
307
ßDans ma ville habitait une honorable dame, aime¤ e de beaucoup,
en particulier d ’un jeune seigneur. Celui-ci la pressait tant
qu ’elle finit par lui promettre de l’accepter s ’il l’emmenait, en
plein hiver, dans une belle et verte roseraie; en cas d ’e¤ chec, il
devrait ne plus jamais se montrer. Le jeune noble traversa tous
les pays pour trouver un homme capable de faire pareille chose.
Finalement, il rencontra un petit vieux qui s ’y engagea, a' condi-
tion qu ’il lui donna“ t la moitie¤ de ses biens. Le jeune seigneur
acquiesc a, l’autre fit ce qu ’il avait promis. Il invita donc la
noble dame dans le jardin qui, contre toute attente, apparut entie' -
rement vert et agre¤ ablement chaud. Se rappelant sa promesse, elle
le supplia de lui permettre d ’aller encore une fois chez son e¤ poux,
a' qui elle clama sa douleur en pleurant et ge¤ missant. Mais celui-
ci, convaincu de sa fide¤ lite¤ , la renvoya pour satisfaire un soupirant
qui l’avait acquise a' si haut prix. Le jeune noble fut tellement
frappe¤ de l’e¤ quite¤ de l’e¤ poux qu ’il conside¤ ra comme un pe¤ che¤
de toucher une femme si honne“ te et la lui renvoya a' son tour, en
tout bien tout honneur. Devant la tre' s grande noblesse d ’a“ me des
deux, le vieillard ne voulut pas e“ tre en reste. Si pauvre qu ’il fu“t,
il rendit tous ses biens au jeune homme et s ’en alla. Je ne sais
donc, nobles Seigneurs, qui de ces trois personnes fut la plus ma-
gnanime.
La'-dessus nous ne savions vraiment pas quoi dire. LaJeune Fille
n’exprima qu ’un seul souhait: que le suivant pr|“ t la parole. Le
cinquie' me commenc a donc ainsi: ßJe de¤ sire e“ tre court: qui a le
plus de joie, celui qui contemple ce qu ’il aime ou celui qui ne
fait qu ’y penser !
308
ßCelui qui le contemple, dit laJeune Fille. ßNon, re¤ pondis-je.
Sur quoi une discussion s ’e¤ leva jusqu ’au moment ou' le sixie' me
s ’e¤ cria : ßNobles Seigneurs, je dois prendre femme. J ’ai devant
moi une jeune fille, une femme marie¤ e et une veuve; tirez-moi
de mon embarras et je vous aiderai a' re¤ soudre les autres e¤ nigmes.
ßC ’est faisable puisqu ’on a le choix, re¤ pondit le septie' me.
ßMon affaire a' moi est toute diffe¤ rente. Dans ma jeunesse,
j ’aimais du fond du coeur une belle et vertueuse jeune fille et elle
m’aimait. Cependant le refus de ses proches nous empe“ chait de
nous marier. Elle e¤ pousa donc un autre homme, honne“ te et brave,
qui la traita avec respect et amour, jusqu ’au moment ou' elle
attendit un enfant et souffrit au point que tous crurent qu ’elle
e¤ tait morte. On l’enterra avec magnificence et grande tristesse.
Je pensai alors en moi-me“ me: cette femme n’a pas pu e“ tre a' toi
pendant sa vie, maintenant qu ’elle est morte, tu peux l’embrasser
autant que tu veux. J ’emmenai donc avec moi mon serviteur qui,
de nuit, l’exhuma. Ayant ouvert le cercueil, je la pris dans mes
bras, je touchai son coeur et je m’aperc us qu ’il battait encore dou-
cement et que, gra“ ce a' ma chaleur, il se mettait a' battre plus fort;
alors je compris qu ’elle vivait toujours. Je la portai silencieuse-
ment chez moi et, apre' s avoir re¤ chauffe¤ son corps refroidi dans un
bain d ’herbes aromatiques, je la plac ai sous la protection de ma
me' re, jusqu ’au moment ou' elle mit au monde un beau fils, que je
fis soigner avec autant d ’attention que la me' re.
309
Deux jours apre' s, comme celle-ci s ’e¤ tonnait beaucoup, je lui
contai ce qui s ’e¤ tait passe¤ et lui demandai de bien vouloir de¤ sor-
mais e“ tre ma femme. Mais elle montra de la re¤ ticence: cela
pouvait peiner son e¤ poux qui l’avait toujours honne“ tement
traite¤ e. Cependant selon elle, apre' s tout ce qui s ’e¤ tait passe¤ , elle
e¤ tait oblige¤ e a' pre¤ sent d ’aimer l’un autant que l’autre. Au bout
de deux mois pendant lesquels j ’avais e¤ te¤ en voyage, j ’invitai son
mari chez moi; lorsque je lui demandai s ’il reprendrait sa femme
morte, au cas ou' elle reviendrait chez lui, il acquiesc a, profonde¤ -
ment e¤ mu et tout en larmes. Je lui amenai donc sa femme et son
fils, lui racontant tout et le priant d ’appuyer de son accord mon
projet de mariage. Nous discuta“ mes longtemps, mais il ne put me
faire renoncer a' mon droit. Il du“t finalement m’abandonner sa
femme. Cependant la discussion continua a' propos du fils.
Ici laJeune Fille l’interrompit en disant: ßJe m’e¤ tonne que vous
ayez encore redouble¤ les souffrances de cet homme malheureux.
ßQu ’aurait-il donc fallu que je fasse ! demanda l’autre. La'-
dessus s ’e¤ leva une discussion, mais la majorite¤ e¤ tait d ’avis qu ’il
avait bien agi. ßEh bien ? non, dit-il alors, ßj ’ai redonne¤ a' cet
homme non seulement sa femme mais son fils. Maintenant dites-
moi, mes Seigneurs, ce qui fut le plus grand, ma magnanimite¤ ou
sa joie !
310
A ces mots, laJeune Fille se re¤ jouit tant qu ’elle fit boire a' la sante¤
de ces deux personnes. Puis les autres raconte' rent leurs histoires,
mais e¤ tant un peu confuses, je ne les ai pas toutes retenues. Une
seule me revient. L’un dit avoir connu, quelques anne¤ es aupara-
vant, un me¤ decin qui, ayant fait sa provision de bois pour la
saison froide, s ’e¤ tait chauffe¤ par ce moyen tout l’hiver. Or, le
printemps venu, il avait revendu ce me“ me bois; il en avait donc
profite¤ gratis. ßCe doit e“ tre de la magie, dit laJeune Fille, ßmais
le temps est passe¤ maintenant. ^ ßOui, re¤ pondit mon compa-
gnon, ßque celui qui ne peut pas re¤ soudre toutes ces e¤ nigmes le
fasse savoir a' chacun par un messager convenable. Je ne crois pas
qu ’il faille lui de¤ nier cela.
311
31
La polarisation inverse
Nous nous trouvons maintenant devant une ta“ che fort de¤licate, a'
savoir traiter de cette partie du Troisie' me Jour des Noces Alchimi-
ques qui sert de pre¤liminaire a' ce chapitre. Nous ne croyons pas
que, tout au long de notre travail dans l’ Ecole Spirituelle, nous
ayons jamais du“ parler d’un si grand nombre d’ histoires
d’amour aussi frappantes. Mais ce serait de l’enfantillage que
d’ ignorer tout simplement cette partie des Noces Alchimiques.
De plus vous verrez bien vite, nous l’espe¤ rons, que ces pseudo-
histoires d’amour ont un sens profond. Superficielles en appa-
rence, elles ont une grande porte¤ e. On pourrait en conclure que
l’auteur des Noces Alchimiques devait avoir des raisons bien
fonde¤ es de tenir cache¤ ce qui n’e¤ tait pas destine¤ aux oreilles pro-
fanes. Essayons d’en acque¤rir une bonne compre¤hension.
312
sien (dans le re¤cit des Noces Alchimiques, qu’ il est arrive¤ a' la
connaissance de l’ inte¤ rieur du globe), qu’enflamme¤ de
l’Amour divin, il est devenu un Homme-Ame et qu’ il rayonne
uniforme¤ ment sur tout et sur tous de facon ine¤ luctable, il af-
fronte le proble'me de ce que l’on appelle la ßVertu. La Vertu
fait toujours suite a' l’Amour. Ou pluto“t, a' co“te¤ de l’Amour
marche toujours laVertu. C ’est pourquoi, dans l’ Enseignement
universel, on parle du chemin de la myste¤ rieuse Vertu. Voici ce
que l’on entend par la'. Lorsque ce puissant e¤ tat astral nouveau
s’e¤veille dans le candidat et que la nouvelle force d’Amour s’ im-
pose a' lui, alors appara|“ t e¤ galement une pratique de vie nouvelle
appele¤ e la ßVertu. C ’est une loi divine qui oblige, avec son aide
et sous sa conduite, a' rayonner, a' manifester et a' pratiquer cet
Amour ; et quelles que soient les re' gles et limitations qui sont
les no“tres dans la nature de la mort, cet Amour devient be¤ne¤dic-
tion. Cette loi est laVertu, la myste¤rieuse Vertu.
LaVertu, c’est le bien, n’est-il pas vrai ! Un homme vertueux
est un homme de bien. Et cette loi de la Vertu a, parmi d’autres
exigences, celle de ne jamais infliger a' autrui, de son propre chef
et de quelque fac on que ce soit, aucun tort, offense, chagrin,
douleur, serait-ce me“ me dans la manie' re d’exprimer son amour.
Dans l’e¤tat d’Ame vivante, la loi de la Vertu va de soi, de
me“ me que l’Amour. Mais, pour l’e“ tre ne¤ de la nature dialec-
tique, ce n’est pas chose facile en raison du pe¤ che¤ et de la confu-
sion extre“ me ou' il vit et du chaos qui re' gne dans son corps astral.
C ’est pourquoi le candidat, qui est encore un e“ tre ne¤ de la nature
tout en e¤ tant devenu digne d’entrer dans la salle des noces, doit
tenir compte, jour apre' s jour, et me“ me d’ heure en heure, de la
loi de la Vertu. Cette loi doit e“ tre grave¤e dans sa personnalite¤
entie're pour lui servir de frein. Car qui ne sait pas manoeuvrer
le frein de la Vertu se fera e¤ craser to“t ou tard ou, comme on l’a
dit, causera du tort a' beaucoup. Toute erreur dans ce domaine se
paie. On peut dire que le proble' me de la Vertu est le talon
d’Achille du chercheur.
313
LaVertu s’applique a' nombre de choses de la vie et le candidat
doit en te¤ moigner. Mais rien n’est plus important qu’une re'gle
solide dans les relations entre les sexes, une re' gle base¤ e sur
l’Amour et la Vertu.Vous comprenez que nous ne nous attarde-
rons pas a' toutes les conduites et situations complique¤es possibles
entre les sexes, dans la nature de la mort, a' propos desquelles on
pourrait e¤crire des milliers d’ histoires. Tel n’est pas non plus
l’objet des anecdotes rapporte¤ es le Troisie' me Jour. Essayons
d’en de¤ gager la ve¤ritable intention.
314
Il s’ensuit que l’ homme et la femme ont besoin de se mani-
fester dans des domaines diffe¤ rents et que c’est justement ainsi,
par la polarisation inverse, que pourra e“tre obtenue une bonne
collaboration, exactement proportionne¤e au service de la Frater-
nite¤ sainte. De' s que l’un ou l’autre sexe sort de son domaine,
naissent toujours des complications et des difficulte¤ s ; de' s que
l’ homme n’est plus masculin et la femme plus fe¤ minine, le
travail s’en trouve change¤ , ralenti. Alors la situation est mau-
vaise, sans vertu ?
Un exemple : comme le corps mental de l’ homme est
ne¤gatif, donc re¤ ceptif, il est capable d’ inspiration. Comme le
corps mental de la femme est positif, donc rayonnant, l’ intelli-
gence fe¤minine, dans notre nature, est plus doue¤ e de raison mais
aussi plus limite¤ e. Le corps astral de l’ homme est au plus haut
point dynamique et plein de feu ; le corps astral de la femme
plus re¤ ceptif, donc plus ouvert aux influences. Le corps e¤ the¤ -
rique de l’ homme est re¤ceptif, celui de la femme est au contraire
rayonnant, cre¤ ateur. Tandis que c’est de nouveau le contraire en
ce qui concerne le corps physique : rayonnant, cre¤ ateur, chez
l’ homme, re¤ ceptif chez la femme.
Donc chez les deux, le principe rayonnant est cre¤ ateur et le
principe re¤ceptif est ge¤ ne¤ rateur. A cause de la ne¤gativite¤ du
corps mental masculin, l’ homme, dans la Gnose, est plus re¤ cep-
tif aux irradiations directes de l’ Esprit, qui est positif. En raison
de la positivite¤ de son corps mental, la femme, dans la Gnose, est
plus re¤ ceptive a' la lumie' re et a' la force de l’Ame, qui est ne¤ gative.
C ’est pourquoi on parle de l’ Esprit au masculin et de l’Ame au
fe¤ minin. C ’est pourquoi l’ Esprit repre¤ sente l’aspect du Pe' re et
l’Ame l’aspect de la Me're. Au cours des sie' cles, on a beaucoup
violente¤ les ve¤ rite¤ s de l’ Enseignement universel relatives a' la
question des sexes.
Ainsi appara|“ t-il que les deux sexes ont absolument besoin
l’un de l’autre et doivent parvenir a' une collaboration des plus
intelligentes, pour que leurs domaines de travail respectifs s’ in-
315
terpe¤ ne' trent en toute harmonie. Et cette collaboration doit
maintenant se re¤ aliser sous la re' gle de¤ ja' cite¤ e de l’Amour et de
la Vertu. Que sur ce point, un de¤sordre extre“ me re' gne dans le
monde, entra|“ nant pour les deux parties un malheur indicible,
c’est l’e¤ vidence me“ me. De cette confusion et de ce malheur
nous ne voulons pas parler ici. Nous voulons pluto“t, a' la faveur
de ce que nous venons de dire sur la polarisation inverse mais
e¤ quivalente de l’ homme et de la femme, en faire une e¤ tude ap-
profondie, en pe¤ ne¤ trer la grande sagesse et en tirer les conse¤-
quences. A chaque homme et a' chaque femme, il est donne¤ de
collaborer au sein de la grande Communaute¤ des Ames. Tout
ceci n’a rien a' voir avec le mariage terrestre et ses proble' mes,
encore que l’un n’exclue pas l’autre.
Tenez compte du fait que, dans le de¤ roulement de la vie
humaine (et telle est aussi la signification des e¤ nigmes et anecdo-
tes des Noces Alchimiques), de nombreux fils karmiques s’entrela-
cent irre¤ me¤ diablement, en d’autres termes, que des hommes
sont conduits les uns vers les autres et contraints de se de¤ cider et
d’agir en conse¤ quence.
En toutes circonstances, le candidat pleinement digne des
Myste' res gnostiques adoptera toujours un point de vue et une
fac on d’agir tels qu’ il fera toujours passer sa propre personne
apre' s les inte¤re“ ts de l’autre, ou des autres, suivant ainsi totalement
les normes de la myste¤ rieuse Vertu.
Quand vous vous en tenez a' cette loi, tout le chagrin d’un
petit sacrifice mate¤ riel se change en une joie haute et sereine.
Car votre souffrance n’a qu’un temps ? Tandis que la victoire
de l’Ame est e¤ ternelle.
316
A ce moment, on commenc a a' dire les gra“ ces, puis nous nous
leva“ mes tous de table plus gais et plus satisfaits que par un repas
plantureux. Il serait souhaitable que toutes les re¤ ceptions et fe“ tes
fussent ordonne¤ es de cette manie' re. Apre' s que nous eu“mes fait
quelques pas dans la salle, la Jeune Fille demanda si nous ne de¤ -
sirions pas que la Fe“ te des noces commenc a“ t. ßOui, noble et ver-
tueuse Demoiselle, re¤ pondit l’un de nous.
Alors elle de¤ pe“ cha un page en secret tout en continuant la conver-
sation. Elle nous e¤ tait devenue si familie' re, a' pre¤ sent, que j ’osai
lui demander son nom. Elle sourit de ma curiosite¤ , ne ce¤ da pas,
mais re¤ pondit: ßMon nom e¤ gale 55 et ne comporte pourtant que
huit lettres; la troisie' me est le tiers de la cinquie' me. Si on y ajoute
la sixie' me, on obtient le nombre dont la racine, diminue¤ e de la
premie' re, e¤ gale la troisie' me, racine qui est aussi la moitie¤ de la
quatrie' me. La cinquie' me et la septie' me sont identiques, de
me“ me que la dernie' re et la premie' re; et celle-ci, ajoute¤ e a' la
deuxie' me, e¤ gale la sixie' me, laquelle e¤ quivaut a' quatre plus le
triple de la troisie' me. Dites-moi, nobleAmi, quel est mon nom !
La re¤ ponse e¤ tait pour moi assez obscure. Je ne me de¤ courageai
pourtant pas et dis: ßNoble et vertueuse Demoiselle, ne
pourriez-vous pas me dire une seule lettre ! ^ ßOui, re¤ pondit-
elle, ßc ’est possible. ^ ßQuelle est la valeur dela septie' me ! Elle
re¤ pondit: ßAutant qu ’il y a de seigneurs ici. La re¤ ponse me
satisfit et je pus facilement trouver son nom. Elle en fut enchante¤ e
et assura que beaucoup d ’autres choses nous seraient de¤ voile¤ es.**
*, cf. p. lxxiii.
*, cf. p. lxxiv.
317
32
LaViergeAlchimia
318
ques commencent, leur re¤ ponse retentit : Oui, noble et vertueuse
Demoiselle. Et pour souligner une fois de plus l’ importance
extre“me du chemin de la myste¤ rieuse Vertu, a' la question pose¤ e
par Christian Rose-Croix, le nom de la Vierge lui est re¤ ve¤ le¤ de
fac on voile¤ e. Ce nom est Alchimia, nom qui re¤ sonne naturelle-
ment de fac on familie're a' nos oreilles. En effet, nous reconnais-
sons ici l’ ide¤ e de la transfiguration.
Qui veut accomplir en soi la transfiguration doit entamer un
processus de transmutation alchimique. Il est impossible qu’un
tel processus de¤ bute sur la base d’un inte¤ re“ t banal ou d’une de¤ ci-
sion ordinaire. Non, pour mettre en action semblable phe¤ no-
me' ne, il faut que soient cre¤ e¤ es des conditions absolues et de¤ter-
mine¤ es, une se¤ rie de conditions dont l’ensemble constitue une
force qu’on peut appeler Alchimia. Cette force n’est que poten-
tielle, elle n’a encore rien re¤ alise¤, c’est une promesse, une
ßvierge. L’e¤ le've acquiert inte¤ rieurement cette possibilite¤ alchi-
mique par le don de soi a' la Rose du coeur, par la nouvelle nais-
sance de l’a“ me et, le nouvel e¤ tat de l’a“me atteint, par la liaison
avec les sept Rayons de l’ Esprit, donc avec les sept poids, dont
il faut supporter la pesanteur et aux exigences desquels il faut sa-
tisfaire.
Dans cette situation, un e¤ tat astral nouveau appara|“ t dans le
microcosme entier et dans le champ de respiration, synthe' se al-
chimique des forces qui ne manquent pas d’agir sur la moindre
partie du microcosme. La ne¤cessite¤ de la transfiguration est cre¤e¤e
et le candidat ne peut rien faire d’autre que d’y consentir ; bien
mieux, il y est oblige¤ ?
Donc, lorsque ce nouvel e¤ tat fondamental est constitue¤ , l’ in-
te¤ resse¤ a fait son premier pas sur le chemin de la myste¤rieuse
Vertu : un chemin qu’ il ne peut parcourir que dans l’Amour et
par l’Amour, dans laVertu et par laVertu. Un Amour qui est de
Dieu, qui est Dieu lui-me“ me. Un Amour re¤ ve¤ le¤ par le deuxie'me
Rayon de l’ Esprit Septuple, et qui devient lumie' re gra“ ce a' la
pure substance astrale du syste' me microcosmique.
319
Il est dit dans l’ Ecriture Sainte : ßDieu est Esprit, Dieu est
Amour, Dieu est Lumie' re. Voyez cela dans le processus alchi-
mique : de bas en haut, l’Ame na|“ t, l’e¤ tat astral nouveau se
constitue et se re¤ pand dans le syste' me. Alors l’ Esprit survient,
qui est Amour et qui fait la Lumie're.
Et tandis que le processus progresse dans cette Lumie' re, la
Vertu, la myste¤ rieuse Vertu ne tarde pas a' se montrer. Cette
Vertu consiste en un comportement totalement nouveau et hau-
tement significatif, n’ayant plus rien de commun avec la nature
de la mort et absolument en conformite¤ avec le principe de po-
larisation inverse des sexes. Nous comprenons maintenant que le
chemin de la myste¤ rieuse Vertu concerne la longue transmuta-
tion alchimique du candidat, fonde¤e sur un e¤ tat d’e“ tre nouveau
et guide¤ e par la conscience .
Ici, prenez garde : la pre¤ sence d’Alchimia n’entra|“ ne pas le de¤ -
roulement automatique du processus, il faut que votre cons-
cience tout entie' re suive Alchimia, la force pre¤ sente en vous, avec
une ferme re¤solution et une grande positivite¤ . Il est merveilleux
que Les Noces Alchimiques attirent spe¤ cialement votre attention
sur ce point avec la question d ’Alchimia : ßVotre de¤ sir n’est-il pas
que les noces commencent !
Pour que le candidat re¤ponde par un ßOui ? assure¤ , il faut
qu’ il comprenne que la force qui le conduit a pour nom Alchi-
mia, et que celui qui e¤ voque pareille force ne peut plus la rejeter.
Il faut y re¤ pondre, et si ce n’est pas de fac on positive ce sera de
fac on ne¤ gative. Car lorsque cette force d’Amour divine libe¤ re¤ e
en nous n’engendre pas un comportement nouveau, alors
aucun processus de transformation, aucune transmutation alchi-
mique n’a lieu, mais un processus de brisement, un processus de
consomption : bref, le phe¤ nome'ne habituel d’extinction et de
de¤ sagre¤ gation, mais a' un rythme acce¤ le¤ re¤ .
Nous pouvons voir toutes ces complications autour de nous
dans le monde. Les exemples abondent. Soit par l’observation
personnelle, soit dans l’ histoire, soit par des re¤ cits, nous avons
320
tous connaissance d’ hommes qui sont un exemple de don spon-
tane¤ d’eux-me“ mes et d’abne¤ gation. Vous pouvez e“ tre su“rs que
tous ceux qui font ainsi un tel don d’eux-me“ me au cours de
leur vie, e¤ veillent de ce fait quelque chose de l’Ame ve¤ ritable, et
en me“ me temps se rendent quelque peu re¤ceptifs a' l’ influence
des sept Rayons de l’ Esprit Septuple. Dans ce cas, ils libe'rent
en eux, spontane¤ ment, la force d’Alchimia, sans le savoir et sans
se rendre compte de la possibilite¤ offerte. Oui, sans avoir me“ me
jamais entendu parler de la Vie libe¤ratrice et du chemin de la
myste¤ rieuse Vertu ?
Il en re¤ sulte qu’ ils progressent sur le chemin d’une bonte¤ re-
marquable, mais au sens expresse¤ ment dialectique. Ils suscitent
par la' beaucoup de souffrance dans leur vie ; non pas la souf-
france purificatrice et libe¤ ratrice de la transmutation, mais celle
d’un inutile brisement, pouvant aller jusqu’a' causer des mala-
dies par de¤ sorganisation des cellules. Car le sens e¤leve¤ de la vie
n’est pas compris, et les puissantes forces libe¤ ratrices e¤voque¤ es
ne peuvent pas provoquer la re¤action de base permettant au pro-
cessus libe¤ rateur de se de¤ve¤lopper.
Admettons que vous ayez bien compris, que vous soyez entre¤
dans le Temple de l’ Initiation, que, par le don total de vous-
me“ me, vous ayez rencontre¤ et reconnu Alchimia, ne¤ e de l’ Esprit,
de l’Amour et de la Lumie' re ; que la question vous soit pose¤ e a'
vous aussi : ßDe¤ sirez-vous que la Fe“te des noces commence de' s a'
pre¤ sent ! et que vous re¤pondiez de tout votre c|« ur : ßOui ? Alors
e¤ tudions maintenant les conse¤ quences de cette re¤ ponse positive.
321
Pendant ce temps, quelques nobles jeunes filles s ’e¤ taient appre“ te¤ es
et firent leur entre¤ e en grande pompe. Deux jeunes gens portant
des lumie' res les pre¤ ce¤ daient. L’un avait un visage enjoue¤ , les
yeux vifs et belle allure. L’autre avait l’air impe¤ tueux, tout ce
qu ’il voulait devait s ’accomplir comme je l’appris plus tard.
Derrie' re eux s ’avanc aient d ’abord quatre jeunes filles. La
premie' re baissait pudiquement les yeux a' terre et se comportait
avec humilite¤ . La deuxie' me aussi e¤ tait modeste ct craintive. La
troisie' me s ’effaroucha pour uneraison quelconque en entrant dans
la salle. J ’appris que l’exube¤ rance la mettait mal a' l’aise. La
quatrie' me portait quelques petits bouquets en signe de ge¤ ne¤ rosite¤
et d ’amour. Ces quatre jeunes filles e¤ taient suivies de deux autres,
ve“ tues avec un peu plus de somptuosite¤ ; elles nous salue' rent cour-
toisement. L’une portait une robe bleue constelle¤ e d ’e¤ toiles d ’or,
la deuxie' me, une robe verte orne¤ e de fines rayures rouges et
blanches. Les deux avaient sur la te“ te des fichus le¤ gers et
vaporeux qui leur allaient a' merveille. A la fin il en vint une
qui portait une couronne sur la te“ te et tournait plus ses regards
vers le ciel que sur la terre. Nous cru“mes tous que c ’e¤ tait la
Fiance¤ e. Mais ce n’e¤ tait pas encore elle; pour l’honneur, la
richesse et le rang, elle la surpassait de beaucoup et ce fut elle qui,
par la suite, conduisit les noces.
322
A cet instant, suivant tous l’exemple de notre Jeune Fille, nous
nous jeta“ mes a' genoux devant elle, malgre¤ toute la modestie et la
pie¤ te¤ qu ’elle montrait. Elle nous tendit a' chacun la main, en nous
demandant de ne pas nous en e¤ tonner, c ’e¤ tait la moindre chose
qu ’elle pouvait nous offrir. Nous devions, cependant, lever les
yeux vers notre Cre¤ ateur, apprendre ainsi a' conna|“ tre sa toute-
puissance, continuer sur le chemin entrepris et faire usage de la
gra“ ce qui nous e¤ tait accorde¤ e, pour l’honneur de Dieu et le salut
des hommes. Bref, ses paroles e¤ taient absolument diffe¤ rentes de
celles de notre Jeune Fille, encore quelque peu profanes. Elles me
pe¤ ne¤ tre' rent jusqu ’a' la moelle des os. ßEt toi, me dit-elle ensuite,
ßtu as rec u plus que les autres, veille aussi a' donner plus en
retour. Cette recommandation m’e¤ tonna fort.
A la vue des jeunes filles et au son de la musique, nous cru“mes
qu ’il fallait de¤ ja' danser. Mais ce n’e¤ tait pas encore le moment.
Les poids, dont nous avons parle¤ plus haut, e¤ taient reste¤ s au
me“ me endroit. La Reine ^ je ne sais toujours pas qui elle e¤ tait ^
ordonna a' chaque jeune fille d ’en prendre un. A notreJeune Fille,
toutefois, elle donna le sien, le dernier et le plus gros, et nous
ordonna de la suivre. Notre suffisance avait beaucoup diminue¤ ;
je remarquai que notre Jeune Fille e¤ tait bien intentionne¤ e a' notre
e¤ gard, mais que nous n’e¤ tions pas si estime¤ s que certains parmi
nous commenc aient a' le croire. Nous suiv|“ mes donc en rang et
fu“mes conduits dans la premie' re salle, ou' laJeune Fille suspendit
le poids de la Reine, pendant que l’on chantait un beau cantique
spirituel.
323
Dans cette salle, il n’y avait rien de pre¤ cieux sinon quelques
splendides livres de prie' res, introuvables ailleurs. Au centre, un
pupitre pouvait servir de prie-Dieu. La Reine s ’y agenouilla.
Nous du“mes nous agenouiller autour d ’elle et re¤ pe¤ ter les prie' res
que la Jeune Fille lut dans un petit livre, souhaitant que les pro-
chaines noces fussent ce¤ le¤ bre¤ es pour l’honneur de Dieu et notre
salut. Puis nous alla“ mes dans l’autre salle, ou' la premie' re jeune
fille suspendit ses poids, et ainsi de suite jusqu ’a' l’ache' vement de
toute la ce¤ re¤ monie. La Reine nous tendit a' nouveau la main et
s ’en alla accompagne¤ e de ses jeunes filles.
Notre pre¤ sidente s ’attarda encore un instant, mais comme il e¤ tait
de¤ ja' deux heures du matin, elle ne voulut pas nous retenir davan-
tage. Quoiqu ’elle eu“t plaisir a' rester parmi nous, me semblait-il,
elle nous souhaita bonne nuit en nousrecommandant de dormir en
paix. C ’est ainsi qu ’a' regret elle prit cordialement conge¤ de nous.
Nos pages avaient rec u des ordres et nous montre' rent a' chacun nos
chambres. Ils reste' rent a' nos co“ te¤ s, dans un deuxie' me lit, afin de
nous offrir leurs services en cas de besoin. Ma chambre ^ je ne
peux rien dire des autres ^ e¤ tait royalement de¤ core¤ e de beaux
tapis et de splendides tableaux. Mais ce qui me plaisait a' l’ex-
tre“ me, c ’e¤ tait mon page, capable de parler si excellemment de tout
et si savant dans les arts que nous passa“ mes encore une heure
ensemble avant d ’aller dormir, vers trois heures et demie.
C ’e¤ tait, a' vrai dire, la premie' re fois que j ’aurais pu sommeiller
tranquille. Pourtant un re“ ve angoissant me tourmenta toute la
nuit: je m’affairais contre une porte impossible a' ouvrir
jusqu ’au moment ou' je finis par y parvenir. Le temps passa a'
des irre¤ alite¤ s de ce genre avant de m’e¤ veiller, enfin, vers le lever
du jour.
324
33
325
Reine. Cette Reine prononce quelques paroles : Levez les yeux
vers votre Cre¤ ateur et sa toute-puissance. Continuez le chemin ou' vous
e“ tes engage¤ s et faites servir sa gra“ ce a' la gloire de Dieu et au salut des
hommes. Pour finir, elle dit encore a' l’adresse de Christian
Rose-Croix : Tu as rec u plus que les autres, veille aussi a' donner
plus en retour.
326
est dit qu’une jeune fille porte un ve“tement vert, couleur de l’es-
pe¤ rance, raye¤ de rouge et de blanc : le blanc e¤clatant de la Divi-
nite¤ inconnaissable que sert le candidat, et le rouge de l’e¤ nergie
dynamique.
Il est e¤ vident qu’a' partir de la', quatre autres aspects peuvent
de nouveau se manifester ; quatre, par allusion au Carre¤ de cons-
truction. La construction n’est pas encore e¤ difie¤ e, mais les e¤ le¤ -
ments sont pre¤ sents et les conditions re¤ unies. C ’est pourquoi
ces quatre personnes, bien que pures et rayonnantes d’amour,
sont excessivement modestes et craintives. Car l’oeuvre reste
encore a' accomplir ?
Ainsi l’Ame, coeur de la Rose, posse' de-t-elle sept servantes
secourables, y compris Alchimia. L’oeuvre sera accomplie, la
Rose aux sept pe¤ tales parviendra a' son plein e¤panouissement ;
les constructeurs sont effectivement sur les lieux, c’est ce que
symbolisent les deux jeunes gens qui pre¤ ce' dent le groupe entier
en portant des lumie' res. Le premier constructeur donne le pro-
totype de l’e¤ difice : beau de forme et d’aspect, car le plan a' re¤ ali-
ser, c’est l’Ame vivante ve¤ ritable. Le deuxie'me constructeur est
la ferme perse¤ ve¤ rance, l’e¤nergie dynamique intransigeante,
libe¤ re¤e par les nouvelles possibilite¤ s.
C ’est ainsi que se pre¤ sente la manifestation d ’Alchimia : l’Ame
et les neuf forces. Cet ensemble forme le nombre dix, chiffre de
l’accomplissement virtuel. Le grand oeuvre, l’oeuvre sainte,
peut s’accomplir. La phase pre¤paratoire est termine¤e.
En conse¤ quence, il faut mener a' bien une nouvelle ta“ che. Les
sept poids ayant servi pour l’e¤ preuve du Jugement, a' l’occasion
de la fameuse sce' ne de la balance, doivent maintenant, sous la
tension des possibilite¤ s nouvelles, e“ tre porte¤ s aux lieux de leur
se¤ jour habituel. C ’est pourquoi les sept vierges, sous la direction
de l’Ame, prennent chacune l’un des poids pour les remettre a'
leur place. Sept poids, donc sept places. Dans chacune de ces
places, l’Ame pe¤ ne¤ trera. Dans chacune d’elles entrera aussi la
vierge portant un poids.
327
Comprenez-vous cette ta“ che grandiose ! Les sept places cor-
respondent aux sept cavite¤ s ce¤ re¤brales. Dans chacune d’elles, un
des rayons de l’ Esprit Septuple se fixe et s’associe a' l’un des
aspects de la Rose de l’Ame. Les forces de l’ Esprit et les forces
de l’Ame s’unissent dans le grand chantier. Dans leTemple inte¤ -
rieur, au plus profond de l’e“ tre, l’Ame et l’ Esprit ont de¤ ja' scelle¤ ,
en principe et en puissance, les Saintes Noces. Et maintenant, ce
qui doit et peut se passer, c’est la grande transmutation, l’e¤ difica-
tion grandiose du nouveau corps, du nouvel e¤tat ve¤ hiculaire.
Nous voyons donc comment le chandelier a' sept branches de la
te“ te s’enflamme d’une nouvelle et merveilleuse lumie're, la
lumie' re du nouveau matin.
328
de la porte, et pour la maintenir ouverte ? Mais c’est toujours
possible avec l’aide des deux jeunes gens dont nous avons parle¤
plus haut : la force de l’ ide¤ e, du plan, et la force de l’e¤nergie dy-
namique, forces a' la disposition de tout candidat se trouvant dans
les conditions de¤ crites.
329
Glossaire
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ce qui ne l’est pas. En particulier, l’ Ecole de la Rose-Croix d’Or a
de¤veloppe¤ un champ spe¤ cifique servant d’ interme¤ diaire entre le
champ terrestre, et le champ christique de la Fraternite¤ universelle
ou' chaque e¤ le' ve se¤ rieux de cette Ecole Spirituelle doit parvenir.
Champ de respiration : le champ de force direct qui assure la vie de la
personnalite¤ , champ parfaitement conforme a' la personnalite¤ puis-
qu’ il attire et repousse les substances et les forces ne¤ cessaires a' la vie et
au maintien de cette personnalite¤.
Corps Vivant : c’est le champ astral gnostique constitue¤ par la Jeune
Fraternite¤ Gnostique en coope¤ration avec la Cha|“ ne Universelle
Gnostique dont elle est le plus jeune maillon. Gra“ ce a' ce champ,
l’ homme qui cherche vraiment la de¤ livrance rec oit toutes les forces
ne¤ cessaires pour franchir le pont entre le champ de l’existence terres-
tre, le septie'me Domaine cosmique, et le champ de la re¤ surrection
du sixie' me Domaine cosmique.
Dialectique : voir Nature de la mort.
Domaine cosmique : le Septe¤ naire cosmique, le Royaume universel, est
forme¤ de sept sphe'res, ou domaines cosmiques, qui s’ interpe¤ ne' trent.
L’ homme, apre' s sa chute, a e¤ te¤ rele¤ gue¤ dans un espace clos du septie'-
me Domaine cosmique afin que soit prote¤ ge¤ l’e¤ quilibre du Septe¤-
naire. C ’est l’ordre de secours de la nature dialectique instable d’ou'
quiconque, s’ il suit le processus de la transfiguration, peut s’e¤ lever
dans le sixie' me Domaine cosmique, le ßnouveau ciel et la ßnouvelle
terre, le Royaume immuable.Voir aussi Corps Vivant.
Ecole Spirituelle : voir Fraternite¤ universelle.
Endura : terme du gnosticisme cathare. Il s’agit du de¤pe¤rissement du
moi selon la parole de Je¤ sus : ßCelui qui voudra perdre sa vie pour
moi la trouvera. L’endura repre¤ sente un processus alchimique par
lequel le candidat, guide¤ par l’Ecole Spirituelle de la Rose-Croix
d’Or, entreprend de fac on syste¤ matique de se libe¤rer de ses instincts
e¤ gocentriques et de placer sa personnalite¤ et sa conscience sous
l’e¤ gide de l’Ame nouvelle en croissance. Le chemin de l’endura est
la voie classique au bout de laquelle l’ homme tombe¤ dans les te¤ne' -
bres, la souffrance et la mort retrouve sa vraie nature et ressuscite en
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un e“ tre immortel. Il ne s’agit en aucun cas d’une mort de l’e“ tre
humain, lequel trouve au contraire le vrai sens de sa vie sur terre, et
se voue alors au sauvetage de l’ humanite¤ en me“ me temps que du
sien.
Enseignement universel : ce n’est pas un enseignement au sens habituel.
En fait, cet enseignement existe en tant que ple¤ nitude de rayonne-
ment transmise a' l’ humanite¤ par la Fraternite¤ des Libe¤re¤ s de tous les
temps. Sous cette forme inaccessible a' la conscience ordinaire et
exempte de toute de¤formations ou fausses interpre¤ tations, il s’adresse
directement a' la conscience de l’Ame nouvelle, qui s’e¤ panouit et ap-
prend peu a' peu a' comprendre la sagesse universelle du Cre¤ ateur.
Eons : ce sont des forces dialectiques e¤ mane¤ es des activite¤ s mentales et
e¤ motionnelles d’une humanite¤ de¤tourne¤ e du plan divin. Ces e¤ ons,
qui deviennent peu a' peu de ve¤ ritables entite¤ s dans la sphe' re re¤ flec-
trice, poussent l’ humanite¤ dans la voie de la religiosite¤ naturelle, de
la science sans conscience, de l’occultisme, et finalement des chime' -
res, en utilisant diverses imitations subtiles du chemin libe¤ rateur
mais vides de toutes ide¤es et forces libe¤ ratrices. Ils perpe¤ tuent ainsi
leur emprise parasitaire en dirigeant l’aspiration des foules vers des
objectifs a' re¤ aliser ici-bas ou dans l’au-dela', et de¤truisent syste¤ mati-
quement tout ce qui a trait a' l’ Ide¤e gnostique libe¤ratrice.
Esprit Saint Septuple : c’est le troisie' me aspect de la Manifestation
divine, dont le rayonnement septuple touche l’ humanite¤ de¤chue
afin de la sauver. Le processus de la transfiguration ne peut s’accom-
plir que sous la direction et avec l’aide de cette force septuple univer-
selle. Les noces alchimiques de Christian Rose-Croix repre¤ sentent
symboliquement l’union de l’Ame immortelle avec l’ Esprit Septu-
ple, but supre“ me de la transfiguration.
Ethers : les sept forces dont vivait l’ Homme originel. Le syste' me
humain actuel ne subsiste plus que par quatre aspects tre' s de¤grade¤s
de ces sept forces : l’e¤ ther chimique destine¤ au corps mate¤riel ; l’e¤ ther
vital destine¤ au corps e¤ the¤ rique : l’e¤ ther-lumie' re destine¤ au corps
astral et l’e¤ ther re¤ flecteur destine¤ au corps mental. Le processus de
la transfiguration, ou alchimie ve¤ ritable, envisage de rendre la per-
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sonnalite¤ humaine capable d’assimiler de nouveau les e¤ thers supe¤-
rieurs de l’origine, les nourritures saintes.
Etre aural : champ magne¤ tique septuple entourant la personnalite¤ .
Porteur du passe¤ des vies ante¤rieures, du karma, il de¤termine la
trame de vie de la personnalite¤ incarne¤ e dans le microcosme. Les
douze points magne¤ tiques, de ce ßfirmament influencent la person-
nalite¤ par l’ interme¤ diaire des douze paires de nerfs cra“ niens du sanc-
tuaire de la te“ te. Ce firmament aural est aussi appele¤ ßlipika.
Feu du serpent : le feu de l’a“ me ou de la conscience localise¤ dans l’axe
ce¤ re¤ bro-spinal.
Franc-mac onnerie : activite¤ de¤ ploye¤ e par les e¤ le'ves de l’ Ecole Spiri-
tuelle de la Rose-Croix d’Or en tant que libres constructeurs pour
e¤ difier, individuellement et en groupe, un champ magne¤ tique gnos-
tique e¤ chappant au champ magne¤ tique terrestre : le Temple inte¤rieur
de la liaison avec l’ Esprit.
Fraternite¤ universelle : la communaute¤ de tous ceux qui, au cours des
sie' cles comme a' pre¤ sent, sont parvenus a' la libe¤ ration de l’a“ me et se
reconnaissent, au dela' des formes exte¤ rieures, par leur activite¤ au ser-
vice de la re¤ ge¤ ne¤ ration de l’ humanite¤ tombe¤e. On en parle comme
de l’ Eglise inte¤rieure, de la Cha|“ ne universelle gnostique ou encore
de la Fraternite¤ de Shamballa. En Occident, elle s’est manifeste¤ e
dans la Triple Alliance de la Lumie're : Graal, Cathare, Rose-Croix,
et c’est de son activite¤ qu’est ne¤ e l’ Ecole de la Rose-Croix d’Or, le
Lectorium Rosicrucianum.
Globule rouge du sang, la spiritualisation de Christian Rose-Croix
passe par son sang, il est l’ imitateur de Je¤ sus-Christ jusque dans son
sang. Seul celui qui porte le sceau de l’Ordre grave¤ dans son sang est
certain de vaincre par ce signe.
Gnose : 1. Le souffle de Dieu, Dieu, le Logos, la Source de toutes
choses, se re¤ ve¤ lant en tant qu’ Esprit, Amour, Lumie' re, Force et Sa-
gesse universelle. 2. La Fraternite¤ universelle en tant que support et
manifestation du champ de rayonnement christique. 3. La Connais-
sance vivante qui est de Dieu et en Dieu, et sera le partage de ceux
qui, par la renaissance de l’a“ me, rena|“ tront dans la Lumie' re divine.
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Gnose quintuple : les cinq aspects fondamentaux du chemin de la libe¤-
ration : compre¤ hension, de¤ sir du salut, reddition du moi, nouveau
comportement, entre¤e dans la vie nouvelle.
Homme nouveau : voir Ame-Esprit.
Homme originel : incarnation de la vivante Pense¤ e de la Gnose, c’est
l’ Homme-Ame-Esprit cre¤ e¤ , a' l’origine, a' l’ image et a' la ressem-
blance de Dieu. De cette origine, l’ homme terrestre ne garde
qu’un souvenir obscur, une nostalgie bru“lante qui le jette dans une
inquie¤ tude incessante. Mais par la Rose du coeur, l’e¤ tincelle d’ Es-
prit cache¤ dans son coeur qui est le dernier vestige de cet e¤ tat
sublime, il a la possibilite¤ de redonner vie en lui a' cet homme im-
mortel par un revirement fondamental de sa conscience et l’accom-
plissement du chemin de retour a' la Maison du Pe' re.
Joyau merveilleux : voir Rose du coeur.
Karma : tout ce que les personnalite¤ s terrestres qui se sont succe¤ de¤es
dans le microcosme au cours des re¤ incarnations ont inscrit dans l’e“ tre
aural en fait de de¤ sirs, pense¤ es, volonte¤ s. Or, comme toute transgres-
sion des lois de la Cre¤ ation divine est rectifie¤ e en vertu de la loi de
cause a' effet, afin de pre¤ server la volonte¤ du Logos, le karma est donc
le plus souvent la cause des souffrances des hommes, et ce que, dans
leur ignorance, ils appellent la fatalite¤, le destin.
Libe¤ ration : par la renaissance de l’Ame divine originelle et le re¤ tablis-
sement de la liaison avec l’ Esprit, il s’agit de vaincre l’assujettisse-
ment aux forces et puissances de cette nature, et d’e¤ chapper au cycle
emprisonnant des re¤ incarnations. Le microcosme re¤ inte'gre alors sa
sphe're de vie originelle.
Lipika : voir Etre aural.
Manteau d ’or (des noces): ve“ tement de lumie' re de l’Ame rene¤ e dans
et par la Gnose, donc pre“ te a' l’union avec l’ Esprit.
Microcosme : mot voulant dire petit monde. Il s’agit de l’ homme ve¤ -
ritable en tant que re¤ sume¤ de la Cre¤ ation entie' re, forme¤ d’un en-
semble de sept sphe'res par lesquelles l’ Homme originel e¤ tait en
relation harmonieuse avec le macrocosme, le Septe¤ naire cosmique.
La personnalite¤ terrestre, avec ses sept aspects, n’en est plus qu’un
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faible reflet. Sa de¤ ge¤ ne¤ rescence est la conse¤ quence de la ßchute de
l’ homme, c’est-a'-dire de la rupture de sa liaison avec l’ Esprit. La
re¤ inte¤gration du microcosme dans sa perfection originelle implique
donc la re¤ surrection de l’Ame originelle, seule capable de l’union
avec l’ Esprit. Par cette liaison la conscience immense du micro-
cosme re¤ ge¤ ne¤ re¤ participe de nouveau au Plan divin. La connaissance
directe de ce Plan est un des points essentiels de l’enseignement
gnostique car elle de¤truit toutes les spe¤ culations et illusions philoso-
phiques, religieuses ou occultes.
Nature de la mort : ou nature dialectique, notre monde ou' tout se ma-
nifeste sous deux aspects oppose¤s : lumie're et te¤ne' bres, joie et dou-
leur, vie et mort, etc., qui sont indissolublement lie¤ s et s’engendrent
mutuellement. La loi fondamentale de cette nature est le change-
ment et le brisement, le continuel ßmonter, briller, descendre.
C ’est le dur champ d’expe¤ rience de l’ homme, ou' toutes ses tentati-
ves, sociales, politiques, religieuses, mystiques ou occultes pour acce¤ -
der au monde divin dont il perc oit inconsciemment l’appel, sont
syste¤ matiquement ane¤ anties afin de l’amener a' trouver en lui-
me“ me le principe de la Vie divine absolue et parfaite, dont sa cons-
cience obscurcie l’exclut.
Occultisme : voir Sphe're re¤ flectrice.
Ordres de nature (les deux): par suite du grand de¤sastre cosmique
connu comme la ßchute, la Cre¤ ation originelle se scinda en deux
ordres diffe¤ rents : l’ordre de la nature dialectique (voir Nature de la
mort); et l’ordre de la nature immuable, le Royaume divin originel,
domaine de vie des Ames libe¤ re¤ es. Cette distinction entre deux
ordres de nature constitue le fondement me“ me de tout enseigne-
ment gnostique.
Ordre de secours : la nature de la mort en tant que champ d’expe¤ rience
de la conscience coupe¤e de l’ Esprit. Gra“ ce a' l’intervention de la Fra-
ternite¤ universelle, les microcosmes de¤chus doivent y trouver la pos-
sibilite¤ de re¤ inte¤ grer le Royaume originel en suivant le processus qui
permet a' la personnalite¤ de s’offrir consciemment, en abne¤ gation
totale, a' l’Ame divine. Ce don parfait d’une conscience de nouveau
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e¤ claire¤ e recre¤ e ce que la conscience e¤ gocentrique avait de¤truit :
l’ Homme-Ame-Esprit originel.
Plane' tes des Myste' res : parmi les plane' tes de notre syste' me solaire, la
science gnostique distingue Uranus, Neptune et Pluton, de¤ couvertes
depuis peu par la science exote¤rique, ainsi que diverses autres qu’elle
nomme plane' tes des Myste'res. Les forces de rayonnement d’ Ura-
nus, Neptune et Pluton sont devenues sensibles dans l’atmosphe're
de notre e¤ poque, afin d’offrir a' tous les e“ tres humains la possibilite¤
de re¤ agir positivement a' leur influences de¤ masquantes. L’objectif est
de montrer aux hommes leurs illusions, leur e¤ gocentrisme et leur
pre¤ somption, qui leur font oublier et me“ me nier l’existence de
Dieu. Au cours des temps a' venir, trois autres plane' tes des Myste' res
feront progressivement sentir leur activite¤ dans la mesure ou' leur
aide deviendra plus pressante. Les forces des plane' tes des Myste'res
repre¤ sentent donc comme la main tendue de Dieu, afin d’aider a' la
de¤livrance du plus grand nombre possible d’a“ mes humaines et a' leur
re¤ inte¤gration dans leur vraie patrie, le Royaume divin.
Pymandre: dans la Gnose herme¤ tique, de¤signe l’ Esprit vivifiant qui
se manifeste dans le sanctuaire de la te“ te en l’ homme-a“me rene¤
quand les trois sanctuaires, te“te, coeur et bassin, ont e¤ te¤ purifie¤ s et
unifie¤ s. C ’est l’ Homme ce¤ leste, le Christ inte¤ rieur, ressuscite¤ du
tombeau de la nature de la mort.
Rose du coeur : appele¤ e aussi atome primordial, atome-e¤ tincelle d’ Es-
prit, joyau merveilleux dans le lotus. C ’est le dernier vestige de
l’ Homme originel, situe¤ a' peu pre' s au sommet du ventricule droit
du coeur, centre mathe¤ matique du microcosme. Ce principe divin
est le germe d’un nouveau microcosme, la semence divine conser-
ve¤ e dans l’ homme tombe¤ comme une force potentielle, afin qu’un
jour il se souvienne de son origine et qu’ il ait le de¤sir et la capacite¤ de
retourner a' la maison du Pe' re. Ainsi est-il possible qu’en lui s’e¤ veille
et s’e¤ panouisse le bouton de rose, que s’allume la lumie're du soleil
spirituel, la lumie' re de la Gnose, et que, gra“ ce a' sa re¤ action positive et
a' son orientation perse¤ ve¤ rante, commence et s’accomplisse le pro-
cessus de sa re¤ ge¤ ne¤ ration totale suivant le Plan de sauvetage divin
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pour le monde et l’ humanite¤.
Royaume Gnostique, ou Nouveau Re' gne : le champ astral gnostique
forme¤ de pure substance astrale originelle constitue¤ par la Jeune Fra-
ternite¤ Gnostique en coope¤ration avec la Cha|“ ne universelle des Fra-
ternite¤s. Active dans deux mondes : le champ de la Re¤ surrection du
sixie' me Domaine cosmique et notre champ d’existence du septie' me
Domaine cosmique, elle met l’ homme qui cherche vraiment la de¤-
livrance en mesure d’entrer dans le champ de la Re¤ surrection apre' s
son accession dans le Corps Vivant de la Jeune Gnose. Ce dernier est
pour notre e¤ poque l’Arche dont parle la Gene' se. Ce Corps Vivant
forme tre' s provisoirement un pont entre les deux Domaines cosmi-
ques. Son appel a' l’e¤ veil est lance¤ a' toute l’ humanite¤.
Tapis : ße“tre sur le tapis, expression mac onnique de¤signant l’attitude
inte¤rieure du candidat qui s’efforce de re¤ aliser en lui, avec se¤ rieux,
de¤vouement et perse¤ve¤ rance, la Quintuple Gnose Universelle.
Sanctuaires (les trois): il s’agit des trois foyers : la te“te, le coeur et le
bassin, qui forment le triple Temple humain originel conc u a'
l’ image de Dieu. Chantiers de travail ou' l’ homme doit te¤moigner
de sa liaison avec la Gnose, ces trois sanctuaires une fois purifie¤ s re-
deviennent un, et sont le lieu de rencontre entre l’ homme et Dieu.
Sphe' re re¤ flectrice : au cours des mille¤naires, il s’est constitue¤ dans la
sphe're astrale terrestre, l’au-dela' , un ve¤ ritable reflet de la sphe' re ma-
te¤rielle terrestre. La' se sont inscrites toutes les pense¤es, passions et
volonte¤ de l’ humanite¤, et cette multitude de formes-pense¤ es sont
devenues des forces qui dominent entie' rement les hommes. Cette
liaison des humains avec ces diverses forces de la sphe're re¤ flectrice
est l’occultisme, dont la Fraternite¤ universelle essaie de libe¤rer l’ hu-
manite¤ par l’entremise des e¤ coles spirituelles authentiques. L’au-dela'
est donc un immense pie' ge ou' les morts, avant leur dissolution
comple' te, retrouvent passage' rement un domaine conforme a' leurs
nature et conceptions.
Syste' me foie-rate : sphe're active des organes regroupant la rate, le
plexus solaire et le syste' me he¤patique, re¤ ceptacles de la vie subcons-
ciente chez l’ homme de la nature.
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Temples (trois): les noces alchimiques repre¤ sentent un processus d’e¤ le¤-
vation, une progression par phases en sept Jours . A mesure que le
pe'lerin gravit la Montagne ou' se dressent trois Temples, la perspec-
tive s’e¤ largit ainsi que se de¤couvrent a' lui de sublimes re¤ alite¤s astra-
les. Les trois Temples sont ceux de la Foi, la compre¤ hension ; de
l’ Espe¤ rance, la sanctification ; et de l’Amour, l’accomplissement,
les trois grandes e¤ tapes du processus de transformation de l’ homme
terrestre en homme divin immortel.
Transfiguration : la renaissance e¤ vange¤ lique d’ Eau et d’ Esprit. C ’est
un processus par lequel le mortel reve“ t l’ immortel ; le processus al-
chimique par lequel tout ce qui n’est pas saint est dissous et redevient
saint. C ’est ßla transmutation des vils me¤ taux en or. Voir aussi
Ethers.
Trigonum Igneum ouTriangle de Feu : les trois forces divines originelles
qui se manifestent en tous ceux qui s’ouvrent a' la Gnose par un re-
virement total de leur vie ce qui leur permet de s’engager dans un
processus de transmutation, le processus de la transfiguration. Il
s’agit de la ve¤ ritable connaissance de Dieu qui ge¤ ne' re une volonte¤
enflamme¤ e en Dieu ; de la connaissance de l’Amour divin ; et de la
connaissance de la Sagesse divine
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