SUJETS CORRIGES DE DROIT CONSTITUTIONNEL
SUJET 1. LE CONTRÔLE DE CONSTITUTIONNALITÉ DE LA LOI PAR VOIE
D’EXCEPTION EN DROIT IVOIRIEN.
INTRODUCTION
Dans l’ordre juridique interne, la constitution demeure la norme supérieure, la norme
suprême. Cette suprématie n’aurait cependant pas de sens si les violations de la constitution
devaient rester sans conséquence. Le contrôle de constitutionnalité de la loi a été justement
inventé pour éviter une telle situation. Il peut être défini comme l’ensemble des règles et
mécanismes juridiques destinés à assurer la conformité des règles de droit à la constitution. Le
contrôle de constitutionnalité peut être assuré par des organes politiques. Mais la forme la plus
efficace reste le contrôle juridictionnel exercé par les cours ou conseils constitutionnels. Le
contrôle de constitutionnalité par voie d’exception, matière soumise à notre réflexion,
correspond à l’une des techniques du contrôle juridictionnel de la constitutionnalité de la loi :
celui qui intervient a posteriori, c’est-à-dire après la promulgation de la loi, alors que la loi est
déjà en vigueur. L’introduction récente et le développement de cette technique dans les
systèmes constitutionnels des Etats de tradition romaniste, pour la protection de la constitution,
marquent toute l’actualité de la question. En témoigne l’institution de la question prioritaire de
constitutionnalité en France depuis la loi constitutionnelle N°2008-724 du 23 juillet 2008
portant modernisation des institutions de la Ve République. Cette actualité du sujet révèle son
intérêt dans la mesure où le contrôle de constitutionnalité par voie d’exception met à la
disposition du citoyen, de l’individu les moyens d’assurer, lui-même, la défense de ses droits.
Cette technique prévue en Côte d’Ivoire par l’effet de l’article 135 de la constitution du 8
novembre 2016 pose une question centrale : quel est le régime juridique du contrôle de
constitutionnalité de la loi par voie d’exception en Côte d’Ivoire ?
Le régime juridique du contrôle de constitutionnalité de la loi par voie d’exception, en Côte
d’Ivoire, est à rechercher à un double niveau : celui des conditions d’exercice du contrôle et des
effets attachés à la décision rendue par le juge à cet effet.
I-. LES CONDITIONS D’EXERCICE DU CONTROLE PAR VOIE D’EXCEPTION
Les conditions d’exercice du contrôle par voie d’exception sont fixées par la constitution du
8 novembre 2016 et la loi organique n°2001-303 du 5 juin 2001 déterminant l’organisation et
le fonctionnement du Conseil constitutionnel. Elles tiennent au cadre d’invocation de la
question d’inconstitutionnalité, au juge compétent pour exercer ce contrôle ainsi qu’à la saisine
dudit juge compétent.
A-. LE CADRE D’INVOCATION DE LA QUESTION DE CONSTITUTIONNALITÉ
L’exception d’inconstitutionnalité d’une loi ne peut être soulevée qu’à l’occasion d’un
procès, c’est-à-dire dans le cadre d’une procédure pendante « devant toute juridiction », selon
l’article 135 de la Constitution repris par l’article 19 de la loi organique relative au Conseil
constitutionnel. La juridiction devant qui la question d’inconstitutionnalité peut être soulevée
est, dans ce cas, uniquement celle qui a à connaitre de l’affaire au principal. Ce peut être une
juridiction répressive, civile ou administrative. Et comme l’exception d’inconstitutionnalité est,
en réalité, un incident de procédure, elle ne peut être soulevée que devant les juridictions de
jugement. Cela exclut donc les juridictions d’instruction, comme l’indique la Décision n°CI-
2009-15-10/D025/CC/SG du 15 octobre 2009.
Si le cadre d’invocation de la question d’inconstitutionnalité est celui du procès en cours, il
se pose le problème de la détermination du juge compétent pour la trancher.
B-. LE JUGE COMPÉTENT
La question ici est de savoir si le juge ordinaire devant lequel la question d’inconstitutionnalité
a été soulevée est compétent pour la trancher, c’est-à-dire y donner une réponse définitive,
suivant le principe général applicable dans un procès ordinaire selon lequel le juge de l’action
est le juge de l’exception. Aux termes de l’article 135 alinéa 2, la juridiction devant laquelle la
question d’inconstitutionnalité a été soulevée « impartit au plaideur un délai de 15 jours pour
saisir le Conseil constitutionnel ». Il en résulte que le juge ordinaire devant qui, pourtant, la
question est soulevée n’est pas compétent pour en connaître. Seul donc le juge constitutionnel,
en l’occurrence le conseil constitutionnel, connait de l’exception d’inconstitutionnalité. Il s’agit
d’un contrôle a posteriori centralisé. Une telle situation distingue la procédure du contrôle par
voie d’exception en Côte d’Ivoire de celle en vigueur aux Etats Unis d’Amérique où tout juge
peut connaître d’une question d’inconstitutionnalité.
Le juge compétent, ailleurs comme en Côte d’Ivoire, n’a pas un pouvoir d’auto saisine. Il doit
être actionné, saisi.
C-. LA SAISINE DU JUGE COMPÉTENT
Selon le second alinéa de l’article 135 de la Constitution du 8 novembre 2016 précitée, la
juridiction saisie au principal « impartit au plaideur un délai pour saisir le conseil
constitutionnel ». Il appartient donc au plaideur qui a soulevé l’exception au cours d’un procès
de saisir, lui-même, le Conseil constitutionnel. Cette responsabilisation du plaideur constitue
un point de distinction entre la procédure du contrôle par voie d’exception en Côte d’Ivoire et
la procédure de la question prioritaire de constitutionnalité en France où seules les juridictions
suprêmes judiciaire et administrative, c’est-à-dire la cour de cassation et le conseil d’Etat sont
habilitées à saisir le conseil constitutionnel. Pour ce faire, la Constitution a prévu en Côte
d’Ivoire que le juge doit accorder au plaideur un délai de quinze jours ». Le plaideur doit saisir
le Conseil constitutionnel par voie de requête.
Si la saisine de la juridiction constitutionnelle est effectuée dans le délai prescrit et que la
preuve en est rapportée, le procès est suspendu jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel.
Si Le Conseil constitutionnel n’a pas été saisi dans le délai ou si la preuve de sa saisine n’a pas
été rapportée le procès qui avait été suspendu reprend son cours.
Lorsque le Conseil constitutionnel a été régulièrement saisi, c'est-à-dire dans les conditions
sus mentionnées, il devra rendre une décision emportant des effets.
II-. LES EFFETS DE LA DECISION RENDUE PAR VOIE D’EXCEPTION
Les effets de la décision rendue par le Conseil constitutionnel saisi par voie d’exception sont
doubles. Ils peuvent être distingués selon que la loi attaquée est conforme à la constitution ou
non.
A-. EN CAS DE DÉCISION DE CONFORMITÉ
Lorsque la loi déférée au Conseil constitutionnel a été examinée par celui-ci et déclarée
conforme, celle-ci demeure dans l’ordonnancement juridique ; elle survit. Dans ce cas, la
décision du Conseil constitutionnel n’a aucune incidence sur la loi. Du moins, elle la conforte.
Dès lors la loi contestée pourra s’appliquer au procès en cours. Par ailleurs, la disposition jugée
conforme par le conseil constitutionnel par la voie d’exception ne pourra plus être examinée
par lui à la suite d’une nouvelle contestation.
La solution retenue est différente dans le cas où la loi comporte des dispositions déclarées
inconstitutionnelles. Celles-ci sont déclarées abrogées.
B-. EN CAS DE DÉCISION D’INCONSTITUTIONNALITÉ
Si l’examen du conseil constitutionnel aboutit à une déclaration de non-conformité de la loi
ou certaines de ses dispositions sont contraires à la constitution, la loi ou ses dispositions
déclarées non conformes sont abrogées. Pendant longtemps, la doctrine s’est interrogée sur les
effets de cette déclaration d’inconstitutionnalité. La déclaration d’inconstitutionnalité restait-
elle limitée au procès et permettait la survivance de la loi avec toutes ses dispositions dans
l’ordonnancement juridique ou conduisait-elle à annihiler définitivement les dispositions
reconnues inconstitutionnelles ? Les réponses n’allaient pas toujours dans le même sens et
inscrivaient dans l’incertitude. Aujourd’hui, depuis la décision n°CI-2014-139/26-06/CC/SG
du 26 juin 2014, cette incertitude est levée dans le sens de l’abrogation. Cette solution a été
consacrée par la Constitution du 8 novembre 2016 en son article 137 alinéa 2 qui énonce que
« La loi ou la disposition contraire à la Constitution par le Conseil constitutionnel est abrogée »
Cette solution tranche avec les effets traditionnellement attachés aux déclarations
d’inconstitutionnalité rendues par voie d’exception, à savoir l’autorité relative de la chose jugée
et la survivance des dispositions déclarées inconstitutionnelles.
NOTA BENE : Le principe, en droit, est que le plan soit équilibré. Cependant, pour
certains sujets, on pourrait adopter un plan déséquilibré. C’est le cas de ce sujet.
SUJET II: ETAT UNITAIRE DECENTRALISE ET ETAT FEDERAL
« Etat unitaire, Etat fédéral et confédération » telles sont les formes d’Etats que consacre la
théorie générale du droit constitutionnel. La forme de l’Etat n’est pas la forme du
gouvernement. La forme du gouvernement se rapporte au nombre de titulaires du pouvoir d’Etat
et la manière dont ils sont désignés. Cependant, la forme de l’Etat désigne la structure du
pouvoir d’Etat et la composition de l’ordre juridique de l’Etat. C’est à cet égard que l’on
distingue les trois formes d’Etats suscitées. En effet, l’Etat unitaire est celui où il existe un seul
ordre juridique qui s’applique sur l’ensemble du territoire tandis que l’Etat fédéral et la
confédération connaissent l’existence de plusieurs ordres juridiques. A la différence de l’Etat
unitaire et de l’Etat fédéral, la confédération se caractérise par le fait que ses entités membres
conservent leur souveraineté internationale. Quant à l’Etat unitaire et l’Etat fédéral, leur
distinction peut être plus difficile. En effet, dans sa forme décentralisée, l’Etat unitaire rappelle
à bien d’égard l’Etat fédéral. L’Etat unitaire décentralisé comporte, en plus de l’Etat, des
structures décentralisées qui se caractérisent par le fait qu’elles sont dotées de la personnalité
juridique et de l’autonomie administrative et financière. Pour lever toutes ambiguïtés, une étude
comparative de l’Etat unitaire décentralisé et de l’Etat fédéral peut être menée. Il s’agit
d’analyser conjointement ces deux notions afin de repérer leurs similitudes et les différences
qui les séparent. Celles-ci apparaissent tant au point de vue des structures (I) due des principes
d’organisation (II) des deux Etats.
I-. LES STRUCTURES DES DEUX ETATS
On analysera le fondement juridique et la consistance du pouvoir dans les deux Etats.
A-. LE FONDEMENT JURIDIQUE DES DEUX ETATS
L’Etat unitaire décentralisé et l’Etat fédéral sont juridiquement fondés sur une constitution. A
la différence du traité international (qui donne naissance à une confédération), la constitution
est un acte unilatéral de droit interne. Un acte unilatéral émane d’une seule volonté ou d’une
seule personne. Il en va ainsi de la constitution qui est adoptée par le peuple comme acte
fondateur de l’Etat. La Côte d’Ivoire par exemple est régie par la constitution du 8 novembre
2016 dont la première phrase est ainsi libellée : « le peuple de Côte d’Ivoire (…) Approuvons
et adoptons librement et solennellement devant la Nation et l’humanité la présente Constitution
comme Loi fondamentale de l’État, dont le préambule fait partie intégrante ». De même, les
Etats-Unis d’Amérique, Etat fédéral, ont été créés par une constitution, la constitution du 17
septembre 1787. Identiques par leur fondement, l’Etat unitaire décentralisé et l’Etat fédéral se
distinguent au regard de la consistance du pouvoir d’Etat.
B-. LA CONSISTANCE DU POUVOIR D’ETAT
Par définition un Etat unitaire, décentralisé ou non, connaît l’existence d’un seul centre d’action
et d’impulsion politique. L’Etat unitaire même décentralisé comporte un seul parlement et un
seul gouvernement. C’est le cas de la Côte dont la constitution dispose en son article 30 que
« la république de Côte d’Ivoire est une et indivisible… » Ce n’est pas le cas pour l’Etat fédéral
qui est un composé d’Etats. En effet, l’Etat fédéral est composé de plusieurs collectivités
politiques appelées « Etats fédérés » auxquelles il se superpose. Il s’agit donc d’un Etat à
« double étage ». Le premier étage étant constitué de l’Etat fédéral et le second des Etats
fédérés. En conséquence, il existe dans un Etat fédéral, à la différence de l’Etat unitaire
décentralisé, deux ordres juridiques. Il s’agit de l’ordre juridique fédéral produit par les
institutions fédérales que sont par exemple le chef de l’exécutif fédéral et le parlement fédéral.
En plus cet ordre juridique, il y a l’ordre juridique des Etats fédérés élaboré par les institutions
de ces Etats. En somme, l’Etat unitaire décentralisé connaît une structure juridique et politique
unique (simple) tandis que l’Etat fédéral est marqué par la pluralité des ordres juridiques et
politiques. Les deux types d’Etats n’ont pas exactement les mêmes principes d’organisation.
II-. LES PRINCIPES D’ORGANISATION DES DEUX ETATS
Selon Georges Scelles, le fédéralisme se caractérise par trois lois ou principes. Ce sont le
principe de superposition, le principe d’autonomie et le principe de participation. A l’analyse,
il apparaît que les principes de superposition et d’autonomie sont communs à ces deux types
d’Etats tandis que le principe de participation est spécifique à l’Etat fédéral.
A-. LES PRINCIPES DE SUPERPOSITION ET D’AUTONOMIE
Le principe de superposition signifie que l’ordre juridique de l’Etat fédéral est supérieur à
l’ordre juridique des Etats fédérés. Cette suprématie de l’ordre fédéral implique que le droit des
Etats fédérés doit être conforme au droit fédéral notamment à la constitution fédérale. De même,
la supériorité de l’ordre fédéral entraîne son application immédiate dans les Etats fédérés sans
leur accord.
La superposition est également appliquée dans l’Etat unitaire décentralisé où le droit étatique
s’applique et s’impose aux autorités décentralisées sans leur accord ou autorisation préalable.
De même, les décisions prises par les autorités décentralisées doivent être conformes aux lois
de l’Etat notamment la constitution. En Côte d’Ivoire, la suprématie du droit étatique se traduit
par le fait que c’est la constitution et la loi qui, aux termes de l’article 171 de la constitution du
8 novembre 2016, créent les collectivités décentralisées et déterminent leurs compétences et
leurs ressources.
La conséquence de la superposition est que les collectivités décentralisées, tout comme les Etats
fédérés, ont la personnalité juridique au plan interne uniquement. Mais ils sont dépourvus de la
personnalité juridique internationale. C’est-à-dire qu’au plan international ils n’apparaissent
pas ; seuls l’Etat fédéral et l’Etat unitaire ont la personnalité internationale.
Quant au principe d’autonomie, il signifie que les Etats fédérés bénéficient de compétences
propres et distinctes de celles de l’Etat fédéral. La répartition des compétences est effectuée par
la constitution fédérale qui confient certaines questions à l’Etat fédéral par exemple, la défense
nationale, la monnaie, les affaires étrangères etc. Les autres compétences reviennent aux Etats
fédérés.
L’Etat unitaire décentralisé connaît aussi l’autonomie. Par définition, l’Etat unitaire
décentralisé se distingue de l’Etat unitaire centralisé par le fait qu’il accorde une certaine
autonomie à des entités différentes de l’Etat. L’article 172 de la constitution suscité affirme et
garantie « la libre administration des collectivités territoriales ». La libre administration renvoie
à l’autonomie des structures décentralisées. Cette autonomie consiste pour les entités
décentralisées à désigner leurs propres autorités chargées de gérer leurs affaires propres.
Ainsi, dans le cadre de la commune ou des départements, les populations désignent
périodiquement le conseil municipal ou le conseil général qui sont appelés à régler les affaires
municipales ou départementales. De manière identique, dans les Etats fédéraux, chaque Etat
fédéré dispose de ses structures propres (gouvernement, parlement, justice) compétentes pour
prendre en charge les affaires locales. Une illustration patente de l’autonomie est que dans un
Etat fédéral tel que les USA, la peine de mort est appliquée par certains Etats fédérés tandis que
d’autres l’ont abolie.
Il reste que si l’autonomie est consacrée aussi bien dans l’Etat unitaire décentralisé que dans
l’Etat fédéral, son étendu n’est pas la même ici et là. Dans l’Etat unitaire décentralisé,
l’autonomie est une simple autonomie administrative. Les collectivités décentralisées ne
peuvent adopter leurs propres lois ; elles exercent leur autonomie dans le cadre des lois de l’Etat.
Mais l’autonomie des Etats fédérés est plus poussée car elle consiste dans une double autonomie
administrative et politique ; les Etats fédérés ayant leur propre organisation politique et la
possibilité d’adopter leurs propres lois. Le troisième principe d’organisation de l’Etat fédéral
est le principe de participation. Il faut rechercher s’il est également appliqué dans l’Etat unitaire
décentralisé.
B-. LE PRINCIPE DE PARTICIPATION
Le principe de participation postule que les Etats fédérés sont associés à la gestion de l’Etat
fédéral. La participation se traduit par la représentation des Etats fédérés dans les instances
fédérales. Ainsi, le parlement des Etats fédéraux est toujours bicaméral c’est-à-dire qu’il
comprend deux chambres. L’une est composée des représentants des populations tandis que
l’autre est constituée des représentants des Etats fédérés. De cette manière est assurée la
participation des Etats fédérés aux décisions prises par l’Etat fédéral.
Cependant, la participation n’est pas un principe appliqué dans les Etats unitaires décentralisés.
Les institutions d’un tel Etat ne comprennent pas forcément des représentants des collectivités
décentralisées et la participation de celles-ci aux décisions prises par l’Etat n’est pas nécessaire.
Ainsi, le parlement de l’Etat de Côte d’Ivoire, Etat unitaire décentralisé, est monocaméral étant
composé d’une seule chambre, l’assemblée nationale. L’assemblée nationale comprend
uniquement les représentants des populations appelés « députés ». Elle ne comprend pas de
représentants des collectivités décentralisées.
SUJET III : LE PEUPLE DANS L’ELABORATION DE LA CONSTITUTION
Tout Etat dispose d’un corps de règles, écrites ou non, destinées à fixer les modalités
d’acquisition et d’exercice du pouvoir politique : c’est la Constitution. Elle est
fondatrice de l’Etat dont elle consacre la naissance. Mais, elle peut également être un
acte fondateur d’un nouveau régime au sein d’un Etat existant. L’élaboration ou
l’établissement de la constitution concerne les Etats qui n’ont pas ou n’ont plus de
constitution. Elle est l’œuvre du pouvoir constituant originaire. Ce pouvoir peut être
confié au peuple, c’est-à-dire à l’ensemble des citoyens. L’intérêt de ce sujet est
d’apprécier la légitimité des différents modes d’élaboration de la constitution. La
question que pose ce sujet est la suivante : le peuple participe-t-il toujours à l’élaboration
de la constitution ?
Il existe plusieurs procédés d’établissement de la constitution. Certains exclus la
participation du peuple, tandis que les autres y sont favorables.
I-. LES PROCEDES EXCLUANT LE PEUPLE DE L’ELABORATION DE LA
CONSTITUTION
Les procédés excluant le peuple de l’élaboration de la constitution sont qualifiés de non-
démocratiques ou d’autoritaires. Ce sont l’octroi et le pacte constitutionnel.
A-. L’octroi
L’octroi est l’illustration la plus achevée des procédés autoritaires. Dans ce procédé,
l’élaboration de la constitution relève d’une seule volonté, d’un acte unilatéral du ou des
titulaires du pouvoir. Un homme ou un groupe d’individus élabore la constitution et la
donne au peuple. L’octroi se distingue du pacte constitutionnel.
B-. Le pacte constitutionnel
Dans le pacte constitutionnel, la constitution est, comme dans le cas précédent, l’œuvre
d’un seul homme ; mais ici le peuple est invité à l’approuver à la fin. De ce fait le peuple
légitime, la constitution mais en réalité, il ne joue qu’un rôle passif puisqu’il n’est
consulté qu’après que la constitution ait été élaborée par le détenteur du pouvoir
politique. Malgré tout, il existe tout de même des procédés qui incluent le peuple dans
l’élaboration de la constitution.
II-. LES PROCEDES INCLUANT LE PEUPLE DANS L’ELABORATION DE
LA CONSTITUTION
Les procédés incluant le peuple sont qualifiés de démocratiques. Tantôt le peuple
intervient au début de l’élaboration de la constitution, tantôt il intervient au début et à la
fin du processus.
A-. LE PROCEDE INCLUANT LE PEUPLE AU DEBUT DE L’ELABORATION
DE LA CONSTITUTION
Le procédé dont il s’agit est celui de l’Assemblée Constituante souveraine Il consiste à
confier le soin d’élaborer la constitution à une assemblée dite constituante spécialement
désignée à cet effet. Cette assemblée est ad’ hoc, c’est-à-dire non permanente. C’est le
peuple souverain qui lui donne mandat pour agir à son nom. Cette assemblée est
souveraine car elle élabore et vote la constitution. Une fois la constitution votée, cette
assemblée disparaît.
Le second procédé démocratique lui, inclut le peuple au début et à la fin de l’élaboration
de la constitution.
B-. LE PROCEDE INCLUANT LE PEUPLE AU DEBUT ET A LA FIN DE
L’ELABORATION
Le procédé incluant le peuple au début et à la fin de l’élaboration de la constitution est
la technique de l’Assemblée Constituante non souveraine ou du référendum constituant.
Il apparaît comme le mode le plus démocratique d’établissement des constitutions car il
associe le peuple du début à la fin du processus. Dans ce procédé, la constitution est
rédigée par une assemblée constituante mais non souveraine. C’est le peuple qui va
valider la constitution par la voie du référendum. La constitution ainsi établie devient la
loi fondamentale, la loi suprême de l’Etat.