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Marcel DESPORTES Choix de Poésies. Préface de Jacques Bailbé. Editions Subervie. 1963

Ce recueil pourra surprendre le lecteur par ses titres énigmatiques et audacieux, comme des phares qui balayent un vaste océan, par le mélange qu'il offre de strophes rudes et de complaintes d’une autre « chanson douce ». C'est le secret d’un dosage étrange, d'un choix sévère et significatif. Car cette poésie est signe, signe de granit, signe d’humanité, signe de bonheur.

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Marcel DESPORTES Choix de Poésies. Préface de Jacques Bailbé. Editions Subervie. 1963

Ce recueil pourra surprendre le lecteur par ses titres énigmatiques et audacieux, comme des phares qui balayent un vaste océan, par le mélange qu'il offre de strophes rudes et de complaintes d’une autre « chanson douce ». C'est le secret d’un dosage étrange, d'un choix sévère et significatif. Car cette poésie est signe, signe de granit, signe d’humanité, signe de bonheur.

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Marcel DESPORTES

CHOIX
POÉSIES
Préface de JACQUES BAltBf

EDITIONS SUBERYIE
Mg,rccl DESPORTES

CHOrX
DE

POÉSIES
Prdfacc dc JACQUE§ D ILET

EDITIONS SUBERYIB
NODEZ
PRE::::D

Ce rccueil pounn surprendre le lecteur por ses lilres


énigmatiques et audacieuc, comme des phares quî
balagent un uaste océan, par le mélange gu'il oflre de
strophes rudes et de complaintes ûune aulre < chanson
douce ». C'est le secret d'un dosage étrange, d'un choîr
séoère et signifîcatif. Cur c,e.tte poésie est stgne, « signe
de granît », « signe d'humantté », « signe de bonheur ».
Pourtant elle n'admet pas tartifice ou la mgstîficatîon !
Ouoerte sur le passé, elle retient quelque chose de la
grande tradîtîon du Mogen Age, de Chateaubriand., d.e
Victor Hugo, peut-être d'A pollinaire. Du présent elle
garde un modernisme de bon aloi. Ë,lle est il'essence trop
pure pour rien soulfrîr de commun. Ce n'est pas de la
poésie facile, et c'est bien ainsi !
Marcel Desportes ne cherche pas seulement un de
ces « repos d.e plus grand trauail >>, cher aur Humanîstes.
Il ne sacrilîe aucun aspect du métier poétique, îl est
edgeant et sincère- Àassr' son æuure est-elle sttte d'elle,
témoigmage de la lutte el de l'épreuue. Point n'est besoin
tlu luth mignard pour é»oquer des souuenirs de captiuité
ou pout faire reuiwe I'âme de la Bretagne ! Le heurt
des strophes et des rimes fl suffit, ainsi que l'éclat ile
ces mols ûpres comme du < sile.æ éclaté », sonores
comme le ressac des uagues de grande marée. Grc|lée
sur le sauuage, cette poésie de la famille, du rêoe ei'ile
l'espérance est toute pénétrèe de cette âme bretonnc
Tous droits rércrvés
secràte et prolonde. N'esl-elle ps le rellet d'une terrc
quï brîse les reins el lrempe les eæurs, teffe seteine et
@ by Marccl Desportec 1963
-7 -
no§talgiquc qüi ettend, lùge en àge. dans la splendeur
du ciel el de-l'euu, lo « llloire dtr rouchanl » el Ie repos
du sair.
MaÎs ællt püé$ie, romme nne luue de uokan, coule OHT}RE }ES POEMES
rrussi au milieu de réalités plus louchdntes. Elle ruche
un trésor des humbles, lacte de loi de < I'Homo laber »,
celui du « ùieur )rdipr >>- du pagsan et du pèlerÎn, qui
piucnt. commc au lemps reculé de lu r1uête du Graal, Hors-tertc l0
dans un monde merueilleur oit jouent les lormes étran- ll
lres, oit l'ohscur lascine I'espril à I'égol de lo lumière. 13
I)ans les coins de landes. dans les e.roisées de chemins, t4
dans ces sentiers qui se faufilent ù lraoers les brous- t5
§ailles oiennent s'abiter el s'apaiser tous les secrets d.e l6
I univers. C'est dire qüe, pour < entrct » dans cette t7
poésie, iI faudrait garder précieusemenl cn soi, comme I\lycènes . t9
une clef, ces phrases prélimr'.naÎres : Corseul
Armoriquc 2l
A rcrs signes dc racc et signcs d'univers Acte de foi . . 77
Il faut verbe boùl€tÀ- rourmerté dc Iunièrc. Paroisccs . 21
Saint-Lunairc 24
M<trcel Desportes sail, (omme Romuz qu'il laut < se Michacl Archangelus .............. 26
conslruire en soi l? paÿs qn'on aimp ». el que c'ell la 1422 ?7
poésie qüi est uérîté. Alors que dans Ie monde moderne Dllérencc uhimc 28
eertuins poi,les s'éoarenl soütrent ùers l'«rlîlîce et le pro- La potcrie 29
cédé lîttéraire. on temps d un curieur mépris d.e la cul- Aveugle. 30
lnre qui odmet drs poésîes ortalogues et inlerehangea- Vertierr .. 1t
hles, il e:lt hon de trouuer des »ers dr cp oenru, lantôt Chcmins creux
allègre s, tantït méldncolique s, tanlôl boul ette rsants par Castes 13
I eur tral1igue simplicité.
Autrc aleuglc v
Le coteau 75
Que celui quî ne peul (.ompiendre soit quond même Cordier . - 16
ttu"hanté ! Ponr moî. qui suis témoîn plutôl que ju11e, la Lit 37
modcslie dc l'auleur me délend d'en dirc douanlage el 1901 . 38
tes lîgnc.s doiuent s'arrêter icî pour' êtrc »raiment Repas du soit .. ... 39
Fenêtre ,{0
« signe » d'amîtié.
Jacques BerluÉ Nettoycur dc tranchécs . 4t
Fcrycur . 42
Caen, Ie 6 Î&ûcr 1962.
I

-8- - 9-

*
HORS-TEXTE UN.ABEND

Je suis né du désir d'être ce.lui qui vois ; I.ls partagent Ie même savoir.
D'êtrc celui qui tlis jc lire ma puissance, Tous adorent la môme îerre
Et (d'un si pur respil ma ligne prend naissance !) Et la même heure de mystère
Un ne font que mâ vüe e[ Ie son de ma voix. Unit leurs bæufs à l'abreuvoir.
Face aux immenses flots de câmpagnes en fleurs Au terme du même sillon
Que ferais-je rlu poids d'une palette vague ? Le feu qui danse, ou la charmilie,
Gardez-vous d'ilhrsù'er, peintres, de vos couleurs Enchaute Ia même famille
Ou plutirt d'alorrrdir la force de la vague. Ecoutant le môme grillon.

De jour lxrur nlon recueil ct dc ieu pour mcs vers Les bergers de lous leurs troupeaux,
Je ne veux que de l'aube et de I'onde première :
Pour dire les flambeaux du monde,
A vers si5mes de race et signes d'univers A la rive de la même onde
Il faut verbe houleux tourrnenté de lumière. Empruntent les mêmes pipeaux.
Pour images il faut, non votre art mensonger. Tous élèvent les mêmes væux
Mais le Dire d'où üent Ia Nature sans trêve Vers la même voûte élernelle.
Et qui m'anime et forme, ainsi qu'un messager, Et leur prière fralernelle
f)u souffle d'Inconnu des espaces du rêve. Invoque encor les mêmes cieux.

- t0- - lt -
}IOMME YASES SACRAS

En oes gauches essais par les àges vieiliis Cette crucl.re d'algilc *u visage sans traits
.I'ai longtemps vu le rlieu d"unc gent foreslière, Darde d'un jet pointu sÊs yeux leuticulaires ;
LIU dieu captil encor de la rude matière Elle ne doit servir qu'à ces philtres seerets
Et planté comn:e Esus an détour des taillis. Qui nous rendent l'éié les sources tutélaires.
Puis ce que je nommais l'Flspril dn pavsage noir ;
Celle-ci, funérnil'e, est fait€ de sol
 mes yeux r(:vé!a, profondément humain, A doublc sein de femme, inépuisable amante,
Ce que furent les bras ct quel fut Ie visage Elle évoque des rnolts lc malernel manoir
Au rigide sorlir rle la lrrsliqrre mail. Et côntieût le 1'epâs doot la (aim les tourmen{e.
C)utre Iafixité je lus de la souplesse Quant à cette urne d'or au triângle sacré,
Et je perçus Ie sens tle l'rnuvre vermoulu, C'est la glèlie féconde et la plaine infinie ;
Car jamais ce rellos ne fut de la faiblesse Et c'est âussi la }lère et le voile doré
Et ,iamais de raiderrr nc lrrt cet aLrso]u. Qui vêt de cheveinre une splendeur bénie.
Je reconnus le Pur, saintement inactif, ' Et le.graal gue voiei, le graal du Roi des Rois,
I'll toule la rertu de sa lihre puissance. Nous mène âu fur des l'crdps vers l'Ultime Colline,
Et l'Ilornme d'avant l"acte et sa divine essence. Et porte comrne sceân l'universelle croix
Etrâng€ment pareii au lirnon plimitif. Qui signe de bonheur verc le coucl)ânt s'incline.

-12- rl'l-
tIoMO I'ÀBIEB
COYTEAU

Mon père m'a légué son couteau de marin :


*iâî'iltt":bïi$r
C'est un outil puissant à trancher un cordage,
A poignarder d'un coup, pour parer le naufrage,
Ou Ia voile trop pleine ou le Kraken norrain. [*Llîqîi1:fl ffi
Et mon père, plus tard, au pays revenu,
Ne s'en allait jamais sans I'arme salutaire ;
Et cet attachement relevait du mystère,
Et de la grande nuil du voyage inconuu, ffiii}"q;*dii[lîti:ÏÏÏ:'"i'ï,i'ix:-"
Os noir' ? Acier luisant ? Non ! Silex eclaté,
Au passage taillé dans un bloc erratique,
Aieul du blanc calcul et du seuil domèstique
Et du tombeau girant au bortl des mers planté |
il;$i#*ËdiÉ"frî:#j;llTIT",""
D.u caillo-u_-qui premier se fit
latrce ou coupoir un :t$*i"liiÏltl"àii;
inf rux émanaii rre
Avait jailli le feu de l'heure souveraine,
Et les nôtres, pasôan t Iâ plaine et Ia moraine, 'àiîtitili,'riï'?T::i'liÏiriii:rri:ri"-"
En nul impur flambeau n'ont mis leur pur espoir.

-14-
-tr*
AGE DTl FER
BOBÜM fiII{OI

A grands coulrs le màrtcâu bat ct rebat le fer ;


Le maintient sur I'euclume une rude tenaille ;
On ne voit pas qrrel sens prend ce qui se travaille r\u rvthme de ia mel tranquillc l

Aux t«rrrides reflcts d'uu formirlable enfer. En tôn cercueil notre berceatt
Tu rePosais en la Presqu'lle
L'indomptable folgeur s'acharue à tour de bras Enscveli dans ton rnanteau '
;
Sa poigne pat moment retourne la matière,
Et I'on cherche toujours sur I'enclume ouvricre I)e ton silence rnillénaire
À quel æuvre olrl tendu tant de labeurs ingrats. Emane ton ultime voix'
El. tâ nuit comlne un lumrnall'c
Et voici que la barre obéit à I'effort É)claire nos lreux. lot qur vors
Et qu'une forme, encore énorrne et maladroite,
A soi-même s'unit dans la soudure étroite (le ou'est la vanité du glaive
Et d'un puissant dessin se dirige ou se tord. gi Ju Po;sna"t couvert. dbubli'
Tandis que l'aurore se leve
Et ce qui fait le sceau de cette srlreté, Àu delir-du clan tboli
C'est de quelque hasard la trace imégulière
Et I'imprécis détail de frappe singulière
En signe de prêcise et large humanité. Pourquoi sut la telre infinie
Cette PersPective de crorx-
Et de carri's d'herbe jaunte
6i,ü"Ë"oiilï sou""les cieur froide ?

tt
- -
-16-
llt
ii
,l I Pourquoi sur la morue colline
l Ainsi pleurent dans le brouillard
rl
:l Iei la veuve et l'orpheline
Et là, tout seul, quelque vieillard ?
!l
il(t Tel apaise du fond des âges
,l I Un cycle absurde révolu ! MYCDNES
Soyoos frères, ah ! soyons sages
Ecoutons l'aÏeul chevelu.

I
A ses reliques inconnues
Voilà I Toute unc vie uu fond du sabüer
I
I
Allons ensemble face aur flots plénitude;
Dresser un autel sous la nue iàri*rr a""i. .'err va devenir
I
Du débris de nos iavelots. Ë; l"i"i; à jamais se clôt la servitude'
I
, il-plîi,'t""i ài"dème, à son tou' uublier'
Plus ne se reverra l'étrange dureté
f}e sa fa"e inégale aux pommettes osseute§ ;
berceuses'
Ëi Ë ü;;il;' Ëir restaif de nos sombres
il; ;Â;";-ertume et moins d'anxiéte'
Fermez les veux di'Iun(s' Reinc, slüvant I'rrsage'
Èt le Dauvre ccur à I'une et l'autre maln
I "ur ru i""ittrge et la fleur du chemin'
üi"Ë
iT"ir-Ii""", l'âm-e seulc éclairer le visâge'
Àu soir de son trépas de sereine ascendance
iii-""" ,^ piopice et pucifique ,.it {9re
"i.l
t','*lti' : mniil' ïL,"ffi "l' iii.if"*"Tl

*19-
-lE-
i " -_ "4'r,,i.}5{{ilrlïEwexrr
I

{ ll
j
i
I I
I
I I
i
I

I 1
t COffiETIT
f { ARMORIQUE
l
I

I I
t
i i":: yli,îi: Lîi:,i3 J:î",,îiïïI", _ u,,,, La gloire du Couchant, immensérnent tragique,
I
Ë1il,i"i"'ili;i;.' ;,'iilË::' Est comme une esearboucle au ras de l'Océan ;
l
I
î,,"Ë:, f ilïïitr Âu delà, c'est le vide, ct Ie graal du NéBnt,
Dont l'abime ehr,'ironne un monde nostalgique.
Et_lu.suhis I'a(trait de ces déj)ris
agreslcs
i
ji. T:fi ;x,a,,",tti,:ti*:iâ
iili;i
F, n'err rompre,iamais
tr
;,., Noirs se tonl pâr degrê le cap el I'anse creuse.
Et noirs, au ras du soi, les flèctres el les bourgs
le Et non moins noir.s les bois, les landes, les labours
"t,u"n" .rjiËur I
Et le morne lever de l'heure ténébreust-
ti'li"":#, Le Dien du Jour n'esl pius ; l'ombre est un lit immense :
§l',:,j"î. niru.";i*:r;,
t lnvrle à mierrr voir.
r,_r
Y flue et tourlrillonne un fleuve aux pâles flots,
un peLr de tu !"ïna",,.. Qui r»llc sur Ia plairrc r:t roule sur les clos"
(iagne un iieu. pnis irn ilulre, un â[tre. e[ recommenc€.

Au c<nul tle ces lamLeaux rcstenl les NIonts d'Àrrée.


I flift i,*-"ï,,iii{ tpË;{rl il: ;:: El sur les Monls tl Ârrri., i;er','ynicrr (,omnle clt\.
F'arortche. le témoin dc r:cl assaul bnrrneux,
Sous rlui hrise en silt'lcc, unc étrÉrnge tnârée.

*20_
*2t *
ACTE DE FOI
PANOI§ISES

Hruîi:*rïnsi,ft #,,:r..,r*",
Vestiges dans Ie sol de l'inrmense galgal
Se voit distinctement comme une trace humaine,
Et Ie 'Iemps a fixé le contour inégal
Dans Ie durcissemenl de la terre germaine.

Elânt nos dieux sans prêtre et nos morts sans repas,


Il$*'",,,,;ffi [.,:t;ffi Le clan resla sans culte et l'autel sans victime.
Une très longue nuit figea ces derniers pas
.r",ïfu Dans le grand tumulus après la fête ultime.

A i'élernel relour des brumes et des flots,


§,"ï*îf,{{i§i,:",i*ft Les âges 6ont passés sur l'empreinte de pierre.
;üi,#liî1"'-'
snos compagnons. El Ia lande, oir le soir on entend des sanglots,
Devint le champ funètrre et Ie lieu de prière.

Àinsi I'on â revu nos signes de grarrit


Ë'#'tï.:f iffi**t*ï1,.il+i*: Sortir au ras des clos en sombres sanctuaires
Et l'église, oir se donne encor le pain bénit,
Marquer de quelque tour nos larges estuaires.

-,,-
-13-
,f
I

I I

îttii*i'$'"l+}it'ffir
SAINT LUNAINE Ëiü s,fr '§i"'Ï ï.î*-,Lo--'u"''
tffii:','',iil"'u""L;ii1:
On lui parla de trois üeillards,
De lrois vieillards sur Ieur falaise
A travers brumes et brouillards
Au péril de Ia Mer Anglaise. i'fiîr,l,iàîd'i'-î:i'*}i-
nous lit
Par la tourmenle et I'ouragân , Rien oue nolre serment
Un peu de ce pan solitaire
Au brave marin naviguant
Signalait Ie bout de Ia terre. it*î:"i"{I#îiIir*iÏT
I'aise'
Alol,s par brumes et brouillards Alors le Prôlat' mal 'à
L'Apôtre des joncs et des Iandes
Aborde l'îIe des Vieillards
Pareils à des rois de légendes. i$itl",.*f*;lilitr
Aussitôt par eux invilé
I
f)evant Ia flamme de bruyète :
« Au nom du Dieu de Charilé,
Que dites-vous comme prière ?
Vous êtes 'frois. Nous sommes trois.
-Protègez-nous ! .- Bien. Mais t'on pric
Âu nom de .Iésus mis en croix
Et de notre mère Marie »

-25 -
-24-
MICHAEL AR{HANGELU§
| 122

Vaine et simple fureur ! L'Anti-Dieu ridicule


Elevait. entassait des miracles d'orgueil,
Et tout ce qu'au Seigncur monlra le crépuscule
Etait la nudité du plus immonde écueil. r-i!i,î:,,i$'"'',tilt"$ii"[îit*Iii*,"*,'*
Mais l'Archange humblement avec bonheur s'applique
Une fleur, une stalle..., une ogive..., un créneau...
La penture, Ia f1èche et Ia dentelle oblique
Altendenl pêle-mêle entre marche et meneau. ii**utt*i,l*PfÏ-*i*'"
Le maître du détail ae révèle en silence :
Il ne songe pas môme aux airs du Paradis ;
Il n'a pour tout ciseau que le fer de sa lance,
Et mensole et motif jamais ne sont redits. *,"*-****l*gng';;t1*+*::*"'*
Point l'aube : sans choisir il scelle quelque dalle...
O Merveille ! et du coup I'on vit. du Cap Fréhel,
Sur d'invisibles plans surgir le Bean Scandale,
Et Saint Michel-du-Monde enlonnait Ie réel. i,Et,fr 'ËÏtr'*:+tj*t"q:j,**'"

-2i-
-n-
LÀ POIfERIE

ti DIFTENENCE UI,IIME

Courbé sur les labours de quelque Pont-Àroir.


I Courbé, Ia houe en main. depuis I'heure première
Et tout à ses petits ct lout à sa chaumière
Allant de motte en motte, un manânt du terroir ; i:'i*fîÏîitr§*îËl*.1rË-ïî:"Ï::'"
En sa glèbe natale étroiiement inclus.
Hermdtique dormeur de Ia tiédeur paisible
Invisible lui-même en sa cache invisible,
Altendant lcs beaux jours, nn chantre des talus...
ffi:ii{r,;l*::{rn,{rliit{,i",i",'**':'::*
( Àh ! fit I'aulre, un crapaud ! », et <léjh le pied bot
D'un seul coup éventrait la re{raite frileusc
Et tenait, salrs presser, la bête pusluleuse
A Ia merci du fer qu'ii avail pour sabot. §*q"t..''.";:i..'Jiiüklr*i*x-"-'"-
Un rang d'énormes clous remparait le talon :
C'était une implacable, une atroce chaussure.
Alors jaillit Ie sang comme une éclaboussure
Et le rire du grueux emplil tout le vallon.
i;i,iffi *,*+'}.ih'ili\':',Ë;,,"
*2q -
-28-
I

I
I

VENfiERS
AÿEUGLE

Ventiens, c'est le regard qui mesure I'orage,


Et dans le champ de blé le premier coup de faulx ;

Ventiers, c'est le défi du corsaire au caufrage,


fl ti.1i'i,,ïts['+;ïlr,idtii.È- Et cap srrr I'emrerni l'essor rles blancs gerlauts ;
i
Ventiers, o'est le regard du disciple à sou maitre,
I
I
Et I'appel du Sauveur eu tournant de la croix ;
i flHfj*î*qflï,*ù##Ât*'ii-î-", Ventiers, c'est prendre pied sur le fond du verbe Etre
Et, pâtre inassouvi, déchiffrer I'Helles UI ;
l
l
#i"::1ï,,i::1"1:ylcn:-::
-ê'i',ili,;ft .r"
resistait pas ; Veutiers, c'est pour le cceur, pour la foi d'uue mère
I 81,'*..*
er ** "*iüï_ ï:,"*;iïi.iliiijif
,,
Tff i
lLt"i;
Irarra.,aroiïet':ïi,"i';i,i;;T"S,l;l:Tl";".n.,.
Un vouloir sans limite au nom de son enfant ;
":ïif Ventiers. c'est l'au-rlela du péril éphémère
Et le retour d'exil tranquille et triomphant ;
Âu* paur"u* àt
ff#;îr{Ïi tJ.i,':,:.}î,iïi"Ti J,,iï..,h
ii _,,", Ventiers, c'est I'aventure et pourtent la prudence,
il,,..:g;:i Jiff;'ïi,:ilii::
y,i::." ;il]ü.i ü i"ffii:*ji: i*:l Espérance toujours debout comme un menhir ;

C'est le tumultueux &wetr. c'est I'aboDdanc€


Et la Tour du Verseau. Ventiers ? C'est I'Aveuir.

-30- *il
-
II
I
I
CASTE§
CHEMINS CEEUX

Elles n'onl ici-bas de père


ni de mère'
Ce sont moins tles chemins que «l'immeuses réseau-r rl u." hôq']{:..
De froids, de sourds oourânts de sources algileuses Ëii"" Ë"i", , r" jour air lond
iroD amere'
Ë;; ;iË" il n'ôst pas rle tàclte
Oir surnage parfois au mouvement dcs eaux le'creur dc rang sàcerdotal'
Un éclrevellemertt de l'lores onduleuses. ilîi;ïï;;;
de I'Assistânce
Les lrtxrrnes tle lranrcarr. lxrul sc n.ntlre à lcurs bout'gs. Iuvincibles, mes sæurs' ô Vous triomphé !
'l'r'ouvent pârtout lâ douyc et partout la rivièrc, iïloffi;'""". .vcz' quùnd même'
Bt doivent pnr lcs ckrs, le loug dc lcurs lnbours, I,e*irîï't"rrurrittlon»ûcontrevotreexistcnce'
Illéclrir à grrrrd tltao lt,ur rnnrclte prisonnière. àÏ ijii"i"""iùr"l;u n'en fut pas étouffé'
de la souftrancc
Quand ils rentretrl le soir sous lâ trop prompte nuil Comme vous ÿernontez du fond
Au long tâtonnernent de leur p(rnible ronde, ËiîIàao"tà", pas d'un-passé révolu'
Àu long cri du hibou qui les navre d'ennui,
Sans repos autoul d'eux toule le flot qui grondc. i$i:: Ïm;:"ff.",im*rïi:' ::i,'
.Ie vous place audessus de-uos
rires iufàmes
L'impraticable Hiver et son fu,nèbre cours Beauté'
s'clève la
Et ses détours obscurs accroissent l'étendue, i'rt"îï"iî *" l'horretr
'fant le ciel pluvieux. quand les jouls se font courts. Ë;; ;;i';il;;'s bénit cntre toutes les femmes
ËiiËii,'à.;i;;;;" rur de rêve auaité'
Recule au bout du monde une ferme perduc.

-t2- -rr-

_Æ.
ÀUTNE.d}-EUGL-E
LE CORBEAU
I

I
II
rl Ëiitk]fiî,":gi,I$;*,p.r'"r'Tr,Tis'*., Nul n'a le temps de voir d'oit vicnt la vision
Qui se forme, ployant sa léprcuse envergure,
vanniers' Au flexible sommet d€ l'ultimc scion,
Il,:l-y:jt au miricu 0,,,, ,,",,.,-"1..'ls Et le souille à jamais de son horrible augure.

§i,iffi hii,üi Ë, # :,,i1',',, tirlre. NuI même nc connait celte espèce de freux,
Engeance qui n'a pas de rrom dans les annales,

;
lrl *,î,;,"
m(rt. I'entreiien. Unigue, et reculant les bornes de l'aflreux
Au tlelà de l'horreur des ailes infernales.

,{,iâçli,}iç-",--tl5:àf }"i'ifr li,î.ffi Malheur' à qui ne peul., mes enfants, le chasser I


C'est signe gue pôur lui la nuit sera fatale,
Et que déjà Ia Mort, prompte à le terrasser,
Lui prend sa force d'hr:mme et dans son cceur s'installe.

$ii,tË*,îTi{,ï"j,,*ï***" Un autre d'un seul mot dissipe cel oisearr,


Et comme au coin du feu s'efface l'aventure,
Entre Ies siens soécroule, achevé son fuseau,
Qui plus longtemps ce soir parlait d'cenvre futurc.

-u*
-35-
ii#
,CONDIEI &
IIT
*ffi,

*u ltu"ru de sa haie et la :ffi


Deux immenses rideaux tombent du ciel de lit
*''' L'étrange couche en est si ]onguement vê1ue
;

#iH: Ï 1., i;:î},ür] ï,f""jl §:-ffi i Qu'ils touchent de Ieur frange à Ia tene battue
Dans la sévérité rl'un immobile pli.

iffi' InomuaHes r:ommc eux : l'éloffe et la eouleur ;

âilii*'t1k:'iî-îïHlhîîï*'ï:;," ilffi
Et le rouge tissu de ia sombre percale
Avec une rigueur simple et patriaroale
Est dans tous les fo-vers semé tle même fleur.
&.ffi Aux arglcs de nos murs ces lurges paü]ions
**f,,5**lqr***i*ïitk, rffi
i 'trS
Ouvrenl sévèrement des nrofondeurs funèhres.
Et nos fronts inclinés le ioir dans les ténèbves
a ;,r* Y trouvent une école z\ l'lreure or\ nous prions,
i..is
È th,
A l'heure ou le lieu meurt, et montre, face à nous,
â:j*iËtîiî.j: üffi ':iir.:iï: ::- En figure de cceur sous la cloix de nisèr'c
Avec branche de buis irrimense le rosaire,
Auquel, un iour venant,.. prions à deux genoux I

*36-
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1903 Ê,üPASI D{,T §OIR

ÿgbr-e og lumièr.e dn .iour.. Venait I'heule oâduque oir l'étorrpe chétive


ruls dc pins, flr;ls rie l.i,ugi,re.
rrvec lc g t soleil rlair. Entre le bec de fer fumait dans son halo ;
HIIe se lève légère. Et I'or plântait le.s bras de cct étau fâlot
Daus l'âtre ou vacillait [a torche primiüve.
Elle r.a de grand matirr.
Les ctseaux à la ceintirre Lâ mouvanle clarté" mise âu c(Êur du foyer,
Humble fille, {ier drslir, ' Ne parvenait pas même aux grandes pierres plates
\rcrs la fcrme el lu cr,u tirre. Où I'on taillait la soupc aux llammes écarlates
En tressaillant d'ouil cÀien dans I'ombre atroyer.

.'#:,,; Sliî:;l:;îJii;llïxï."" Car l'obscur visiteur qui fi:alchissait .la porte,


r?t nolr€ sur lr: cltemin Avant de se nommer, ne se connaissail pas ;
I)e ce blant. ruàan r!<,sa].Ic. Ët la muette peul sllspendait le repas
Snudain hagard sous le reflet {ie lueur tolt€.
llords tje br.uyère<ru rle thllr.
l-rrort€ comm(. ,n" ur,"n,,,,. Et rassurés, mordartt à rnême leur quignon,
LI route dans Ic loinlain Tous enyoyâient, du lrout rle la lable féroce.
flonte sîns fin r.ers la lue. A. la blême paroi danser leur ppoupc atroce
Au farouche hasard du lointain lumignon.

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-
FEN.EfRU NETTOYrUR DE THANCHEES

À_ travers les barreaux de la prudente gr:ille I-à-bas sous le jour mat de la morte saison,
EIIe borne à la cour st_rrr Iopin d'horizon"; Tantôt par les sapins pressés cônes à cônes
Tout juste si l'été. quanrl la four.naise hrillc, Ou par 1a sablière et ses ptrr:r <.ic grison.
A quelqrre rare souffie clle ouvrc lr rnaison. L'attelage s'en va de Trd'fumel à Caulnes

C'est la. C'est l'embrasure et sa dc.uble surface Au trot du limonier passeut les pommiers gris,
Er:tre les..cadres noirs un yrcu.iuirue frfrn"fi"*.-- F]t sous les bois mouilies de la forêl ouvcrte
J crage û lnconnus Ie purlrail qui s,cfface Au gré de la jannière ou des joncs rabougris,
El retient cepcndant l".cga.d du chercheur. Snen va la carriole âvec sa bâche verte.

Tout reclrc. el se passe cn très vicillcs imngrs. Celui qui la conduit est un gâs de vingt ana.
Au-dessus de la rroce ou sur Ie r.égiment Tous ltaiment pour son c(Êur, son zèle et sa droilure
Communianle pâle ou longs pèleiinages II recoit au départ à blanc deniers comptanls
Et loute une mémoire et loul son manquemcnl. )'argent du marc.hé, qu'il porte à la ceinhrre.
Toul- fargent
Tout
Y-ais au clou Ie plus bas, souyenl sous la pelote Homme de confiânce et bon palefrenier,
Au plein de son velours énorme cccur grenat, Il oreud Dlac€ Ie soir à Ia table du maitre
Se trouve au gui l,an neuf sous f.tpoqrË fafni'" Et'remefà son père, âu iour Ie jour gagné,
Avare, seul rayon du logis. I'almjnaàh. Soit Ie prix d'une lampe ou du grand banc de hêlre.

-40* -{t -
rERVÛUn
ÀcEEvÉ D'rMParMEa
r,e 18 rervnn 1$6$
SÙN Lʧ PNESSES DE
J'ai fait quérir partout ce ['uvis tle Chavannes JEAN SUBERVIE
aiin ae voir sao" ""t.c, airtsi qu'un crucifix' ,IIPRIII(&TB A RODBZ
G cueilleuse de fleuls qui rlemcndait un fils
El fho**" âu cârrelet de Donges ou de Vaunes'
la Terre
Qu'importe qu'iis soieni gueux, ct.perdus sur
?

i* oot .ti"o, de croire e[ raist.rn de tenir, DéÉt léeal 1963


Rrisot dar. le présent, raison dans l'avenir" Premicr trimÊrtro
N d'imprcrsiol : 2
Car un fils vengcrn l'épreuve soülaire.

Iliase dans leur cætrr à l'ontbrt d'rrn ajonc ;


U lrandit, et comme eux il ignore l'envic'
MuÏa grgo" largement cc qtt'on oumme la vic
Sans à"Àir à 5çultter l'alose. ou le goujon'

Et ûü 6ait si de Lü ]a vieille Adversité


Î;roite. oüs s'attaquant au pied gui ls lerrasse^
Ne tireia le chant qu'attend leur üeille race
Èi que Aepuis toujorirs berce lelu pâuvreté ?

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