Marcel DESPORTES Choix de Poésies. Préface de Jacques Bailbé. Editions Subervie. 1963
Marcel DESPORTES Choix de Poésies. Préface de Jacques Bailbé. Editions Subervie. 1963
CHOIX
POÉSIES
Préface de JACQUES BAltBf
EDITIONS SUBERYIE
Mg,rccl DESPORTES
CHOrX
DE
POÉSIES
Prdfacc dc JACQUE§ D ILET
EDITIONS SUBERYIB
NODEZ
PRE::::D
-8- - 9-
*
HORS-TEXTE UN.ABEND
Je suis né du désir d'être ce.lui qui vois ; I.ls partagent Ie même savoir.
D'êtrc celui qui tlis jc lire ma puissance, Tous adorent la môme îerre
Et (d'un si pur respil ma ligne prend naissance !) Et la même heure de mystère
Un ne font que mâ vüe e[ Ie son de ma voix. Unit leurs bæufs à l'abreuvoir.
Face aux immenses flots de câmpagnes en fleurs Au terme du même sillon
Que ferais-je rlu poids d'une palette vague ? Le feu qui danse, ou la charmilie,
Gardez-vous d'ilhrsù'er, peintres, de vos couleurs Enchaute Ia même famille
Ou plutirt d'alorrrdir la force de la vague. Ecoutant le môme grillon.
De jour lxrur nlon recueil ct dc ieu pour mcs vers Les bergers de lous leurs troupeaux,
Je ne veux que de l'aube et de I'onde première :
Pour dire les flambeaux du monde,
A vers si5mes de race et signes d'univers A la rive de la même onde
Il faut verbe houleux tourrnenté de lumière. Empruntent les mêmes pipeaux.
Pour images il faut, non votre art mensonger. Tous élèvent les mêmes væux
Mais le Dire d'où üent Ia Nature sans trêve Vers la même voûte élernelle.
Et qui m'anime et forme, ainsi qu'un messager, Et leur prière fralernelle
f)u souffle d'Inconnu des espaces du rêve. Invoque encor les mêmes cieux.
- t0- - lt -
}IOMME YASES SACRAS
En oes gauches essais par les àges vieiliis Cette crucl.re d'algilc *u visage sans traits
.I'ai longtemps vu le rlieu d"unc gent foreslière, Darde d'un jet pointu sÊs yeux leuticulaires ;
LIU dieu captil encor de la rude matière Elle ne doit servir qu'à ces philtres seerets
Et planté comn:e Esus an détour des taillis. Qui nous rendent l'éié les sources tutélaires.
Puis ce que je nommais l'Flspril dn pavsage noir ;
Celle-ci, funérnil'e, est fait€ de sol
 mes yeux r(:vé!a, profondément humain, A doublc sein de femme, inépuisable amante,
Ce que furent les bras ct quel fut Ie visage Elle évoque des rnolts lc malernel manoir
Au rigide sorlir rle la lrrsliqrre mail. Et côntieût le 1'epâs doot la (aim les tourmen{e.
C)utre Iafixité je lus de la souplesse Quant à cette urne d'or au triângle sacré,
Et je perçus Ie sens tle l'rnuvre vermoulu, C'est la glèlie féconde et la plaine infinie ;
Car jamais ce rellos ne fut de la faiblesse Et c'est âussi la }lère et le voile doré
Et ,iamais de raiderrr nc lrrt cet aLrso]u. Qui vêt de cheveinre une splendeur bénie.
Je reconnus le Pur, saintement inactif, ' Et le.graal gue voiei, le graal du Roi des Rois,
I'll toule la rertu de sa lihre puissance. Nous mène âu fur des l'crdps vers l'Ultime Colline,
Et l'Ilornme d'avant l"acte et sa divine essence. Et porte comrne sceân l'universelle croix
Etrâng€ment pareii au lirnon plimitif. Qui signe de bonheur verc le coucl)ânt s'incline.
-12- rl'l-
tIoMO I'ÀBIEB
COYTEAU
-14-
-tr*
AGE DTl FER
BOBÜM fiII{OI
Aux t«rrrides reflcts d'uu formirlable enfer. En tôn cercueil notre berceatt
Tu rePosais en la Presqu'lle
L'indomptable folgeur s'acharue à tour de bras Enscveli dans ton rnanteau '
;
Sa poigne pat moment retourne la matière,
Et I'on cherche toujours sur I'enclume ouvricre I)e ton silence rnillénaire
À quel æuvre olrl tendu tant de labeurs ingrats. Emane ton ultime voix'
El. tâ nuit comlne un lumrnall'c
Et voici que la barre obéit à I'effort É)claire nos lreux. lot qur vors
Et qu'une forme, encore énorrne et maladroite,
A soi-même s'unit dans la soudure étroite (le ou'est la vanité du glaive
Et d'un puissant dessin se dirige ou se tord. gi Ju Po;sna"t couvert. dbubli'
Tandis que l'aurore se leve
Et ce qui fait le sceau de cette srlreté, Àu delir-du clan tboli
C'est de quelque hasard la trace imégulière
Et I'imprécis détail de frappe singulière
En signe de prêcise et large humanité. Pourquoi sut la telre infinie
Cette PersPective de crorx-
Et de carri's d'herbe jaunte
6i,ü"Ë"oiilï sou""les cieur froide ?
tt
- -
-16-
llt
ii
,l I Pourquoi sur la morue colline
l Ainsi pleurent dans le brouillard
rl
:l Iei la veuve et l'orpheline
Et là, tout seul, quelque vieillard ?
!l
il(t Tel apaise du fond des âges
,l I Un cycle absurde révolu ! MYCDNES
Soyoos frères, ah ! soyons sages
Ecoutons l'aÏeul chevelu.
I
A ses reliques inconnues
Voilà I Toute unc vie uu fond du sabüer
I
I
Allons ensemble face aur flots plénitude;
Dresser un autel sous la nue iàri*rr a""i. .'err va devenir
I
Du débris de nos iavelots. Ë; l"i"i; à jamais se clôt la servitude'
I
, il-plîi,'t""i ài"dème, à son tou' uublier'
Plus ne se reverra l'étrange dureté
f}e sa fa"e inégale aux pommettes osseute§ ;
berceuses'
Ëi Ë ü;;il;' Ëir restaif de nos sombres
il; ;Â;";-ertume et moins d'anxiéte'
Fermez les veux di'Iun(s' Reinc, slüvant I'rrsage'
Èt le Dauvre ccur à I'une et l'autre maln
I "ur ru i""ittrge et la fleur du chemin'
üi"Ë
iT"ir-Ii""", l'âm-e seulc éclairer le visâge'
Àu soir de son trépas de sereine ascendance
iii-""" ,^ piopice et pucifique ,.it {9re
"i.l
t','*lti' : mniil' ïL,"ffi "l' iii.if"*"Tl
*19-
-lE-
i " -_ "4'r,,i.}5{{ilrlïEwexrr
I
{ ll
j
i
I I
I
I I
i
I
I 1
t COffiETIT
f { ARMORIQUE
l
I
I I
t
i i":: yli,îi: Lîi:,i3 J:î",,îiïïI", _ u,,,, La gloire du Couchant, immensérnent tragique,
I
Ë1il,i"i"'ili;i;.' ;,'iilË::' Est comme une esearboucle au ras de l'Océan ;
l
I
î,,"Ë:, f ilïïitr Âu delà, c'est le vide, ct Ie graal du NéBnt,
Dont l'abime ehr,'ironne un monde nostalgique.
Et_lu.suhis I'a(trait de ces déj)ris
agreslcs
i
ji. T:fi ;x,a,,",tti,:ti*:iâ
iili;i
F, n'err rompre,iamais
tr
;,., Noirs se tonl pâr degrê le cap el I'anse creuse.
Et noirs, au ras du soi, les flèctres el les bourgs
le Et non moins noir.s les bois, les landes, les labours
"t,u"n" .rjiËur I
Et le morne lever de l'heure ténébreust-
ti'li"":#, Le Dien du Jour n'esl pius ; l'ombre est un lit immense :
§l',:,j"î. niru.";i*:r;,
t lnvrle à mierrr voir.
r,_r
Y flue et tourlrillonne un fleuve aux pâles flots,
un peLr de tu !"ïna",,.. Qui r»llc sur Ia plairrc r:t roule sur les clos"
(iagne un iieu. pnis irn ilulre, un â[tre. e[ recommenc€.
*20_
*2t *
ACTE DE FOI
PANOI§ISES
Hruîi:*rïnsi,ft #,,:r..,r*",
Vestiges dans Ie sol de l'inrmense galgal
Se voit distinctement comme une trace humaine,
Et Ie 'Iemps a fixé le contour inégal
Dans Ie durcissemenl de la terre germaine.
-,,-
-13-
,f
I
I I
îttii*i'$'"l+}it'ffir
SAINT LUNAINE Ëiü s,fr '§i"'Ï ï.î*-,Lo--'u"''
tffii:','',iil"'u""L;ii1:
On lui parla de trois üeillards,
De lrois vieillards sur Ieur falaise
A travers brumes et brouillards
Au péril de Ia Mer Anglaise. i'fiîr,l,iàîd'i'-î:i'*}i-
nous lit
Par la tourmenle et I'ouragân , Rien oue nolre serment
Un peu de ce pan solitaire
Au brave marin naviguant
Signalait Ie bout de Ia terre. it*î:"i"{I#îiIir*iÏT
I'aise'
Alol,s par brumes et brouillards Alors le Prôlat' mal 'à
L'Apôtre des joncs et des Iandes
Aborde l'îIe des Vieillards
Pareils à des rois de légendes. i$itl",.*f*;lilitr
Aussitôt par eux invilé
I
f)evant Ia flamme de bruyète :
« Au nom du Dieu de Charilé,
Que dites-vous comme prière ?
Vous êtes 'frois. Nous sommes trois.
-Protègez-nous ! .- Bien. Mais t'on pric
Âu nom de .Iésus mis en croix
Et de notre mère Marie »
-25 -
-24-
MICHAEL AR{HANGELU§
| 122
-2i-
-n-
LÀ POIfERIE
ti DIFTENENCE UI,IIME
I
I
VENfiERS
AÿEUGLE
-30- *il
-
II
I
I
CASTE§
CHEMINS CEEUX
-t2- -rr-
_Æ.
ÀUTNE.d}-EUGL-E
LE CORBEAU
I
I
II
rl Ëiitk]fiî,":gi,I$;*,p.r'"r'Tr,Tis'*., Nul n'a le temps de voir d'oit vicnt la vision
Qui se forme, ployant sa léprcuse envergure,
vanniers' Au flexible sommet d€ l'ultimc scion,
Il,:l-y:jt au miricu 0,,,, ,,",,.,-"1..'ls Et le souille à jamais de son horrible augure.
§i,iffi hii,üi Ë, # :,,i1',',, tirlre. NuI même nc connait celte espèce de freux,
Engeance qui n'a pas de rrom dans les annales,
;
lrl *,î,;,"
m(rt. I'entreiien. Unigue, et reculant les bornes de l'aflreux
Au tlelà de l'horreur des ailes infernales.
-u*
-35-
ii#
,CONDIEI &
IIT
*ffi,
#iH: Ï 1., i;:î},ür] ï,f""jl §:-ffi i Qu'ils touchent de Ieur frange à Ia tene battue
Dans la sévérité rl'un immobile pli.
âilii*'t1k:'iî-îïHlhîîï*'ï:;," ilffi
Et le rouge tissu de ia sombre percale
Avec une rigueur simple et patriaroale
Est dans tous les fo-vers semé tle même fleur.
&.ffi Aux arglcs de nos murs ces lurges paü]ions
**f,,5**lqr***i*ïitk, rffi
i 'trS
Ouvrenl sévèrement des nrofondeurs funèhres.
Et nos fronts inclinés le ioir dans les ténèbves
a ;,r* Y trouvent une école z\ l'lreure or\ nous prions,
i..is
È th,
A l'heure ou le lieu meurt, et montre, face à nous,
â:j*iËtîiî.j: üffi ':iir.:iï: ::- En figure de cceur sous la cloix de nisèr'c
Avec branche de buis irrimense le rosaire,
Auquel, un iour venant,.. prions à deux genoux I
*36-
-tt-
i§i
i#
iÊ
-38- *39
-
FEN.EfRU NETTOYrUR DE THANCHEES
À_ travers les barreaux de la prudente gr:ille I-à-bas sous le jour mat de la morte saison,
EIIe borne à la cour st_rrr Iopin d'horizon"; Tantôt par les sapins pressés cônes à cônes
Tout juste si l'été. quanrl la four.naise hrillc, Ou par 1a sablière et ses ptrr:r <.ic grison.
A quelqrre rare souffie clle ouvrc lr rnaison. L'attelage s'en va de Trd'fumel à Caulnes
C'est la. C'est l'embrasure et sa dc.uble surface Au trot du limonier passeut les pommiers gris,
Er:tre les..cadres noirs un yrcu.iuirue frfrn"fi"*.-- F]t sous les bois mouilies de la forêl ouvcrte
J crage û lnconnus Ie purlrail qui s,cfface Au gré de la jannière ou des joncs rabougris,
El retient cepcndant l".cga.d du chercheur. Snen va la carriole âvec sa bâche verte.
Tout reclrc. el se passe cn très vicillcs imngrs. Celui qui la conduit est un gâs de vingt ana.
Au-dessus de la rroce ou sur Ie r.égiment Tous ltaiment pour son c(Êur, son zèle et sa droilure
Communianle pâle ou longs pèleiinages II recoit au départ à blanc deniers comptanls
Et loute une mémoire et loul son manquemcnl. )'argent du marc.hé, qu'il porte à la ceinhrre.
Toul- fargent
Tout
Y-ais au clou Ie plus bas, souyenl sous la pelote Homme de confiânce et bon palefrenier,
Au plein de son velours énorme cccur grenat, Il oreud Dlac€ Ie soir à Ia table du maitre
Se trouve au gui l,an neuf sous f.tpoqrË fafni'" Et'remefà son père, âu iour Ie jour gagné,
Avare, seul rayon du logis. I'almjnaàh. Soit Ie prix d'une lampe ou du grand banc de hêlre.
-40* -{t -
rERVÛUn
ÀcEEvÉ D'rMParMEa
r,e 18 rervnn 1$6$
SÙN Lʧ PNESSES DE
J'ai fait quérir partout ce ['uvis tle Chavannes JEAN SUBERVIE
aiin ae voir sao" ""t.c, airtsi qu'un crucifix' ,IIPRIII(&TB A RODBZ
G cueilleuse de fleuls qui rlemcndait un fils
El fho**" âu cârrelet de Donges ou de Vaunes'
la Terre
Qu'importe qu'iis soieni gueux, ct.perdus sur
?
*12_