Djibril Beleissir
Td séance 4 DIP
Rapport concernant la possibilité pour les victimes ukrainiennes d’obtenir effectivement
réparation devant les tribunaux français
Le droit international permet de régir les relations entre les états mais il protège notamment
avec ses diverses sources formelles comme les conventions, la coutume ou les PGD, la
souveraineté de tous les états. Cette protection découle notamment de la volonté commune
des états de se protéger des juridictions internes des autres états. La Cour internationale de
justice est le principal organe juridictionnel de l’Organisation des Nations Unies, organisme
qui est le symbole du droit international. C’est grâce à cette Cour, la CIJ que les états peuvent
régler les différends entre eux. Ils ne peuvent pas cependant condamner un autre état dans
leur juridiction interne : en effet dans le droit international public, il existe une règle
coutumière qui consacre l’immunité juridictionnelle des états. Une règle coutumière est
source formelle du droit international : il s’agit d’une pratique répétée, uniforme, réalisée par
la majorité des états et considérée comme étant de droit.
Les états de la communauté internationale doivent ainsi respecter ce principe d’immunité
juridictionnelle qui a été de nombreuses fois reconnu comme une règle coutumière par la
cour internationale de justice, notamment le 3 février 2012 dans l’affaire opposant l’Italie et
l’Allemagne : dans cette affaire la cour a rejette tous les arguments de l’Italie et consacre le
fait que l’immunité juridictionnelle dans la pratique internationale des états n’est soumis à
aucune limitation : elle ne peut ni être écartée en raison du caractère grave des violations qui
font l’objet d’une décision juridictionnelle interne, ni en raison du conflit avec des normes jus
cogens comme l’interdiction des conflits d’agression par exemple : ainsi un état ne peut pas
être condamnée dans un litige civil par exemple par un autre état : il n’est pas possible pour
les victimes (italienne en l’espèce) d’obtenir réparation du préjudice matériel et ou moral
causé par les agissements d’un état au cours d’un conflit armé
La règle coutumière de l’immunité juridictionnelle des états s’applique également aux
personnes les plus hauts placées des états dans l’exercice de leur fonction.
Ainsi s’agissant des réfugiés ukrainiens en France, il n’est normalement pas possible d’obtenir
réparation des préjudices causé par la Russie par décision d’une juridiction française en
rejetant l’immunité de la Russie avec les mêmes arguments que l’Italie en 2012 présenté.
Certains auteurs considèrent cependant que les crimes de guerre peuvent être considérés
comme n’entrant pas dans la fonction des hommes politique, il serait alors peut être
envisageable de mettre en œuvre une assignation de Mr. Poutine dans une juridiction
française pour crime de guerre en raison de ses actions lors de la guerre déclenchée par ce
dernier contre l’Ukraine et ainsi hypothétiquement recevoir la réparation des préjudices
subis par les citoyens ukrainiens.
De plus, la compétence universelle de l’état français, qui est un principe fondamental,
pourrait également hypothétiquement permettre des poursuites judiciaires en France.
Djibril Beleissir
Néanmoins, les critères régissant l’application de cette compétence sont rigoureux : en effet
l’article 689-11 du code de procédure pénale dispose que les juridictions françaises peuvent
de manière générale exercer leur compétence en cas de crimes de guerre, ou encore de
crimes contre l’humanité. En effet, les conditions pour que cet article soit effectif sont très
strictes : le mis en cause doit notamment vivre en France, ce qui n’est pas le cas
spécialement de M. Poutine, mais cela peut être le cas d’auteurs de crimes de guerres en
Ukraine résidant en France ce qui pourrait permettre à certains réfugiés ukrainiens victimes
de crimes de guerre d’obtenir réparation pour les dommages causés. Comme le montre cet
article et la position de la CIJ au regard de l’immunité juridictionnelle il est donc très difficile
de pouvoir obtenir réparation des dommages causés par la Russie, de ses soldats ou encore
de ses hommes politiques via les juridictions nationales (françaises notamment).
En définitive, il vaudrait mieux privilégier une action en justice devant les juridictions pénales
internationales que devant les juridictions pénales française en raison d’une plus haute
probabilité d’obtenir réparation.