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Petit Guide Pour S - Enrichir Avec Les Cryptomonnaies - Romain Ducat

cryto millionaire guide pour investir

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ROMAIN DUCAT

PETIT GUIDE
pour s’enrichir avec les
CRYPTOMONNAIES
Si vous souhaitez prendre connaissance de notre catalogue :
www.editionsarchipel.com

Pour être tenu au courant de nos nouveautés :


www.facebook.com/editionsdelarchipel

E-ISBN 978-2-8098-4895-3
Copyright © L’Archipel, 2024.
SOMMAIRE

INTRODUCTION
Petite histoire d’un cheminement personnel dans le monde des
cryptos
Cypherpunks et libertariens
Les montagnes russes
Aucune recette miracle

PREMIÈRE PARTIE
Une histoire fracassante
Le Bitcoin, un enfant de la crise
Une réponse à la crise financière de 2008
2017, année où le BTC est devenu mainstream
21 millions de BTC
Le halving
L’or numérique
Le BTC, un actif « ESG compatible » ?

Ethereum, l’autre grande crypto


Un ordinateur mondial

Dans la lignée de l’Ether, la galaxie des « Alts »


Ripple (XRP)
Litecoin (LTC)
Cardano (ADA)
Polkadot (DOT)
Chainlink (LINK)
Binance Coin (BNB)
Monero (XMR)
Dogecoin (DOGE)
Solana (SOL)
Uniswap (UNI)

Stablecoins : les monnaies des cryptos


Différents types de stablecoins
Des stablecoins vraiment stables ?
NFT : et la blockchain est soudain devenue un marché de l’art mondialisé
Des NFT sur la blockchain Bitcoin
Les NFT et leurs différentes places de marché
Le Metaverse, un univers valorisé par les NFT

La crypto, secteur en quête de régulation

SECONDE PARTIE
S’enrichir grâce aux cryptos
Règle n°1 : maîtriser ses émotions
Comment s’informer pour forger ses convictions ?
Les sites Internet officiels : un premier aperçu souvent révélateur
Un peu d’esprit critique ne nuit pas
Un investisseur averti n’en vaut pas toujours deux

Quels échanges choisir ?


N’accorder sa confiance à personne

N’investir que ce que l’on peut se permettre de perdre


L’effet de levier : un mirage potentiellement fatal

The trend is your friend : l’importance du timing


Retour d’expérience et enseignements

DCA (Dollar Cost Averaging), ou l’art de l’échelonnement


La vente, ou l’autre revers de la pièce

Gagner sans vendre ?


Le staking
Le liquidity mining
Le lending

CONCLUSION
CHI VA PIANO VA SANO
INTRODUCTION

Petite histoire d’un


cheminement personnel dans le
monde des cryptos
ou comment un investisseur dénué d’expérience, en
dépit d’erreurs de débutant, a su prospérer dans
l’univers hautement volatil du Bitcoin et autres
cryptomonnaies.
O
n m’a parlé pour la première fois du Bitcoin en 2014, c’est-à-dire
très tôt, puisque le lancement de la blockchain Bitcoin date de
janvier 2009 et que, cinq ans plus tard, seul un cercle d’initiés
encore restreint savait réellement de quoi il s’agissait.
À l’époque, son cours oscillait entre 300 et 600 dollars – sachant que le
12 octobre 2009, date de la première vente connue de BTC en dollars
(5 050 BTC pour 5,02 dollars virés sur un compte PayPal), le BTC affichait
une valeur officielle de 0,001 dollar et qu’il n’a atteint la parité avec ce
dernier qu’en février 2011. Et si l’on se penche sur sa courbe, on s’aperçoit
que ces oscillations pouvaient être d’une rare violence. Les détenteurs de
BTC pouvaient voir la valorisation de leur mise de départ divisée par deux
ou doublée en l’espace de quelques jours. En somme, il fallait avoir le cœur
bien accroché.
Aujourd’hui, ces quelques centaines de dollars paraissent dérisoires par
rapport au cours actuel. La plupart de ceux qui s’intéressent aux
cryptomonnaies regrettent de ne pas en avoir acheté plus tôt, et ceux qui
étaient déjà sur le coup regrettent de ne pas en avoir acheté davantage. Mais
avec des « si », n’est-ce pas…
Je peux en parler avec d’autant plus de liberté que c’est mon cas. Non que
je n’en aie pas acheté assez à l’époque… mais parce que je n’en ai pas
acheté du tout !

Cypherpunks et libertariens
La raison de ce manque de clairvoyance tient à mes sources d’information
d’alors, plus précisément dans la qualité de ceux qui me conseillaient
d’investir : des proches, qui n’avaient aucune autorité en termes
d’investissement financier ni de compétences particulières en informatique,
et qui tenaient autour de la question du Bitcoin des propos qui me
semblaient plutôt farfelus, voire antisystème.
Ne perdons pas de vue l’esprit et l’ambition qui ont présidé à la
conception du Bitcoin, tout comme le fait que ses tout premiers promoteurs
comptaient dans leurs rangs une majorité de cypherpunks et de libertariens
avant tout intéressés par la protection de leurs données. L’analogie peut
paraître audacieuse, mais on peut comparer l’intérêt croissant des
institutions financières pour le Bitcoin et les cryptos à celui que
provoquèrent tour à tour le rock, le punk, le rap, récupérés, comme la
plupart des mouvements contestataires, par le capitalisme dont l’une des
principales caractéristiques est de savoir tout assimiler, tout monétiser, faire
feu de tout bois…
Et puis, de quoi s’agissait-il en 2014 ? Qu’était-ce donc que ce Bitcoin
dont personne ou presque n’avait entendu parler et qu’aucun financier de
profession ne prenait au sérieux (tout du moins officiellement, certains ne
l’attaquant que pour tenter de bloquer sa progression) ? Quelques centaines
de dollars ou d’euros pour une obscure « cryptomonnaie » qui ne reposait
sur rien, n’avait aucune valeur légale et pouvait s’effondrer du jour au
lendemain, c’était déjà beaucoup d’argent, après tout, et je n’avais aucune
intention d’en jeter par les fenêtres.
En réalité, s’il y a une leçon à tirer de cette expérience, c’est que j’aurais
dû, à l’époque, faire mes propres recherches (DYOR : do your own
research, selon l’acronyme anglo-saxon), ne pas m’arrêter à ces récits
anarchistes et m’intéresser de plus près à la question, ce qui m’aurait peut-
être convaincu d’investir au moins une somme modique, ne serait-ce que
pour voir par moi-même et comprendre.
De plus grandes priorités m’ont happé et ce n’est que trois ans plus tard
que je me suis vraiment intéressé au Bitcoin… avec le regret de ne pas
m’être lancé plus tôt.
Une « créature » objet de toutes les attentions
Affirmer que personne ou presque n’avait entendu parler du Bitcoin en 2014, c’est se
limiter au grand public, toujours dernier averti. Or le lancement d’une monnaie virtuelle
reposant sur une technologie nouvelle, dont l’ambition de son (ou ses) créateur(s) était
de concurrencer les systèmes monétaire et bancaire, ne pouvait prospérer dans
l’indifférence générale. Le sujet était beaucoup trop sensible.
Se pencher sur l’histoire du Bitcoin et les réactions qu’il a provoquées depuis sa création
est d’ailleurs riche d’enseignements. Les sites internet bitcoin.org ou bitcoin.fr
représentent chacun une mine sur la question. On y découvre ainsi que le 9 avril 2013,
dans un article intitulé « Le “bitcoin”, une monnaie virtuelle qui s’arrache », le journal
Le Monde évoquait les origines mystérieuses de cette monnaie inconnue du grand public,
dont le cours venait d’atteindre les 194 dollars alors qu’elle n’en valait que 20 en janvier
de la même année, soit un cours multiplié par près de dix en à peine trois mois. Pour
expliquer ce soudain accès de popularité, le quotidien relayait une hypothèse avancée
par certains analystes financiers selon laquelle la crise chypriote et la crainte de voir leurs
dépôts confisqués auraient poussé de nombreux épargnants à convertir leurs euros en
bitcoins pour échapper au système bancaire devenu menaçant.
Mais bien avant 2013, les autorités de nombreux pays avaient évidemment scruté
l’évolution de ce nouveau venu aspirant au statut de monnaie. Ainsi, dès le 14 juin 2011,
à l’invitation de la CIA, Gavin Andresen, l’un des développeurs historiques du Bitcoin, y
faisait une présentation de la première des cryptos. Et l’on peut énumérer un certain
nombre de dates qui sont autant d’étapes de l’histoire officielle du Bitcoin.
En octobre 2012, la Banque centrale européenne publiait un premier rapport sur les
monnaies virtuelles, dont le Bitcoin. Le 6 septembre 2013, Ben Bernanke, alors président
de la Réserve fédérale des États-Unis, la Fed, adressait une lettre à un comité du Sénat
dans laquelle il présentait le Bitcoin comme un système de paiement rapide, sûr et
efficient.
En décembre de la même année, face à la montée en puissance du Bitcoin, plusieurs
banques centrales, dont celles de la Chine, de l’Europe et de l’Inde, émirent des
premières mises en garde à l’attention des usagers. Mais le 30 avril 2014, le site
Bloomberg commençait à afficher le cours du Bitcoin, ce qui représentait une forme de
reconnaissance.
Le 17 septembre 2015, la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), l’organisme
régulant les bourses du commerce américain, assimilait le Bitcoin à une marchandise,
une commodity en anglais, au même titre que le blé, l’or ou le pétrole, offrant ainsi au BTC
une forme de reconnaissance officielle, ainsi qu’un statut particulièrement précieux. Sa
qualité de commodity le met à l’abri des attaques de la SEC (Securities and Exchange
Commission), dont le président, Gary Gensler, notoirement anticrypto, décrétait en juin
2022 qu’un certain nombre de cryptos parmi les plus importantes étaient des securities
(l’équivalent d’actions), tombant par conséquent sous l’autorité de la SEC et soumises à
une réglementation très contraignante, provoquant aussitôt une chute brutale des cours
des cryptos concernées (Atom, BNB, SOL, ADA, Matic, FIL, Sand, Mana, Algo, AXS,
Near, Flow, Dash, Nexo…).
On peut noter que la principale justification de cette politique hostile avancée par la SEC
est la défense des usagers (une préoccupation que justifient quelques scandales
retentissants, comme l’effondrement de Terra/Luna ou la faillite de FTX, qui ont coûté des
fortunes à de nombreux investisseurs). Mais on peut également se demander, par la
même occasion, s’il ne s’agit pas en réalité d’une tentative de la SEC pour défendre le
système financier en place et lutter contre l’avènement de cette liberté financière
défendue par les développeurs du Bitcoin.

Au cours du premier trimestre de l’année 2017, les amis qui m’avaient


parlé du Bitcoin s’étaient diversifiés dans l’Ethereum et en parlaient avec
autant de passion que trois ans plus tôt. Le bitcoin ne s’était pas effondré, il
s’était même largement apprécié, flirtant alors avec les 1 000 dollars, et j’ai
fini par me décider.
Au mois de mai, après avoir fait un minimum de recherches et compris ce
qu’était la blockchain, technologie sur laquelle repose le Bitcoin, j’investis
une première somme, à un cours du BTC avoisinant les 1 400 euros, que je
doublai quelques semaines plus tard à un cours supérieur à 2 500 euros (!),
renforçant une troisième fois ma mise à un cours avoisinant les 3 000 euros
(convaincu par ce que j’avais appris sur cet actif encore relativement
confidentiel, je n’avais pas hésité à le payer deux fois plus cher seulement
deux mois plus tard).
Bien qu’ayant investi graduellement, j’espérais ne pas m’être emballé
quand autour de moi, comme dans les médias, il commençait à être question
du Bitcoin et autres cryptomonnaies sur lesquelles les gens (parmi lesquels
des personnes aux parcours professionnels remarquables) tenaient des
discours moqueurs, prédisant la ruine pour tous ceux qui y avaient cru.
Les défenseurs du Bitcoin évoquaient alors les étapes types du parcours
de toute idée révolutionnaire : d’abord ignorée, puis, à mesure qu’elle prend
de l’importance, moquée, avant d’être combattue parce qu’elle représente
une menace réelle pour l’équilibre en place, pour finir par s’imposer,
jusqu’à assister au ralliement de ses détracteurs de la première heure.
En 2017, on était dans la phase intermédiaire entre les moqueries et les
attaques. Face à toutes ces rumeurs, mes cours d’achat m’apparaissaient
parfois très élevés pour une « monnaie » dont on prédisait la fin imminente.
Malgré tout, je continuais à y croire. Ma conviction n’était pas
suffisamment ébranlée pour que je renonce et j’estimais mieux maîtriser le
sujet que la plupart des détracteurs qui ne faisaient que répéter les mêmes
arguments dictés par la peur du changement et de l’inconnu.

Les montagnes russes


Et puis, au mois de septembre de la même année, le cours du bitcoin s’est
véritablement emballé, passant de 3 600 dollars à près de 20 000 dollars fin
décembre. Ceux qui, autour de moi, savaient que j’avais investi
commencèrent à me regarder d’un autre œil : en quelques mois, j’étais
passé à leurs yeux du statut d’inconscient à celui d’investisseur avisé, à tout
le moins chanceux, et je continuais à regarder le cours grimper en
commençant naïvement à croire qu’il n’y avait aucune raison pour que ça
s’arrête en si bon chemin… Victime du biais cognitif assez répandu qui
consiste à penser qu’une tendance est définitive (le cours du Bitcoin ne
s’arrêtera jamais de s’apprécier lorsqu’on est en phase haussière, ou, au
contraire, il finira par retomber à zéro avant sa disparition pure et simple
lorsqu’on est en phase baissière), j’avais succombé à l’avidité qui entraîne
aveuglement et prise de mauvaises décisions.
Pour ma défense, au moment du pic (très éphémère, comme j’allais le
constater par la suite à plusieurs reprises), étant en voyage et n’ayant pas
accès à mon ordinateur et à mes clés privées, je n’étais pas en mesure de
vendre ; mais je ne suis pas sûr, en aurais-je eu la possibilité, que j’aurais
vendu ne serait-ce qu’une partie de mes avoirs. Toujours est-il que j’avais
commis là une erreur de débutant (une parmi tant d’autres) qui devait être
l’occasion d’une leçon, en l’occurrence celle de la nécessité de la maîtrise
de ses wallets (c’est-à-dire de ses portefeuilles), de ses clés privées et/ou
mots de passe, en résumé la maîtrise de ses actifs.
Et puis, contrairement à nombre d’investisseurs de la dernière heure, je
n’avais pas acheté à un cours proche du plus haut, victime de ce que les
Anglo-Saxons appellent la FOMO (fear of missing out) qui menace les
néophytes se ruant sur des actifs en pleine fièvre haussière quand les
professionnels au contraire revendent – ce que l’on appelle le smart
money…
Une fois ce sommet atteint, janvier 2018 fut un bain de sang. Et je n’avais
toujours rien vendu. J’ai regardé le cours s’effondrer pour finir par frôler les
3 000 dollars en décembre 2018, regrettant de ne pas avoir vendu non
seulement au plus haut, mais aussi lors des quelques rebonds au cours
desquels le bitcoin atteignit les 11 000 dollars ou encore les 9 000 dollars.
Mais il était hors de question pour moi de vendre à ces cours, alors que
j’aurais pu réaliser une plus-value deux fois supérieure un peu plus tôt… ce
qui rétrospectivement était une erreur.
Bien qu’ayant succombé à l’avidité et de ce fait raté l’occasion d’une
plus-value exceptionnelle, n’ayant rien vendu, je n’avais rien perdu.
Surtout, parce que j’avais acheté au bon moment, suivant un bon timing
(essentiel, le timing, nous y reviendrons1), le cours du BTC demeurait
même supérieur à mon cours moyen d’acquisition et, ne me trouvant pas
dans la nécessité de revendre (je n’avais investi que de l’argent dont je
savais n’avoir pas un besoin immédiat et que je pouvais donc m’autoriser à
perdre), je restais dans la course et conservais mes espérances de gain. En
dépit d’une longue année 2018 passablement décourageante sur le front des
cryptos, je ne cessais en effet de croire en leur potentiel et continuais à
m’informer sur le sujet de façon régulière, ce qui ne faisait que renforcer
ma conviction que le meilleur restait à venir.
Je conserve de cette période un regret, celui de ne plus disposer de
liquidités qui m’auraient permis d’investir à des prix cassés, ces liquidités
qui ne m’auraient pas fait défaut si j’avais su vendre une partie de mes
actifs quand il était encore temps. C’est à cette occasion que j’ai découvert
une autre règle, appliquée par les investisseurs professionnels, qui consiste
à toujours conserver une partie de son portefeuille en liquidités afin de
profiter des chutes brutales de 10 %, 20 %, 30 %, que le marché des cryptos
réserve régulièrement. Ces moments lors desquels les néophytes paniquent
et vendent à perte… aux professionnels trop heureux de saisir ce type
d’opportunités.
Six ans ont passé depuis mes premiers pas dans l’univers de la crypto. Je
suis toujours investi dans le Bitcoin et, après diversification, dans certaines
autres cryptomonnaies, que l’on appelle les altcoins. Fort de cette
expérience accumulée, de multiples tentatives, aussi bien d’investissements
que de méthodes, sur ces marchés encore jeunes et en évolution constante,
riche de mes erreurs comme de mes succès (heureusement plus importants),
j’ai acquis la conviction qu’en appliquant certaines règles simples, il est
tout à fait possible, et même relativement facile, de gagner de l’argent en
investissant dans les cryptomonnaies.

Aucune recette miracle


Cette facilité peut paraître présomptueuse, s’agissant d’un sujet aussi délicat
que l’investissement financier, surtout dans les cryptos où beaucoup ont
essuyé des pertes considérables. Mais, dans un secteur en pleine croissance,
susceptible d’apporter des progrès indéniables dans des secteurs très variés,
dont la courbe d’adoption n’est encore qu’à ses débuts, en procédant avec
méthode et discipline (respecter les règles que l’on s’est fixées, sans céder à
ses émotions, représente déjà pour la plupart un défi majeur), il est tout à
fait possible de tirer son épingle du jeu.
Ne nous leurrons pas : ceux qui se sont vraiment enrichis grâce aux
cryptos sont ceux qui ont investi au tout début, qui ont acheté du Bitcoin
quand il valait quelques dizaines de dollars, ou des Ethereum lors de l’ICO2
à un prix inférieur à 50 cents, et qui les ont conservés assez longtemps. Ces
gens-là ont pu constituer de véritables fortunes à partir de quelques milliers,
voire centaines de dollars.
Il paraît peu vraisemblable que ce type d’opportunités se présente à
nouveau. Mais pourquoi pas : d’autres ont également gagné beaucoup
d’argent en investissant dans le Dogecoin, dont le cours en décembre 2020
se situait aux alentours de 0,003 dollar, pour culminer cinq mois plus tard à
0,73 dollar, notamment après les interventions d’Elon Musk sur Twitter.
Ce qui est en revanche certain, c’est que le Bitcoin et l’ensemble des
cryptos n’en sont encore qu’à leurs balbutiements ; que les institutions
financières qui représentent des centaines, voire des milliers de milliards de
dollars, ne sont pas encore massivement investies ; que la blockchain qui
sous-tend chacun de ces projets représente une évolution technologique
majeure aux applications innombrables ; et que l’adoption par le plus grand
nombre reste à venir. Par conséquent, prendre aujourd’hui position sur ce
marché en pleine croissance, comme l’était celui de l’Internet et des valeurs
de la tech dans les années 1990, c’est prendre une option très sérieuse pour
des plus-values qui ne se présentent que très rarement dans une existence, à
la faveur de ce type de révolutions technologiques. À condition de ne pas
tarder, car les choses évoluent vite…
Je me propose dans une première partie d’évoquer brièvement l’origine et
l’histoire du Bitcoin et des cryptomonnaies, de présenter un état des lieux
de cet univers et ce marché en pleine évolution, d’évoquer les grands enjeux
et les menaces pesant sur cette industrie. Puis, dans une seconde partie,
j’exposerai les différents moyens de gagner de l’argent en investissant dans
les cryptos, moyens qui pour la plupart relèvent avant tout du simple bon
sens.
Enfin, pour clore cette introduction, il est de mon devoir de préciser que
je ne suis en aucun cas un conseiller financier (sans doute l’aurez-vous déjà
compris) et que rien de ce qui suit ne s’apparente à des recommandations
d’investissement. Il s’agit plutôt du compte rendu de mon expérience
personnelle et des leçons que j’en ai tirées, dans l’espoir que vous y
trouviez une quelconque utilité.

1. Voir p. 145.
2. ICO : Initial Coin Offering, c’est-à-dire l’émission des coins d’une nouvelle crypto.
PREMIÈRE PARTIE

Une histoire fracassante


ou comment une obscure cryptomonnaie,
créée par un développeur informatique à
l’identité à ce jour inconnue, a fini par
s’imposer au point de révolutionner la
finance mondiale.
L
es cryptomonnaies ont véritablement atteint le grand public en 2017
lors du fameux « bull run3 » qui a vu le cours du Bitcoin passer de
1 000 dollars en janvier à près de 20 000 dollars fin décembre, pour
retomber aux alentours de 3 000 dollars un an plus tard et atteindre
68 789,63 dollars le 10 novembre 2021 (son plus haut historique à ce jour),
avant de s’effondrer à nouveau un an plus tard aux alentours de
16 500 dollars… pour de nouveau dépasser les 29 400 dollars le 2 août
2023…
Depuis, aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux, il est
régulièrement question de ces nouveaux actifs qui représentent une
révolution technologique et financière menaçant des intérêts et des
privilèges que l’on pensait immuables (à commencer par le monopole
étatique de battre monnaie), qui comptabilisent déjà plusieurs déroutes et
scandales retentissants, mais qui ont aussi permis à certains de réaliser des
plus-values extraordinaires et de s’enrichir considérablement.
Un tel bouillonnement déchaîne les passions : les détracteurs du Bitcoin
et autres cryptos les accusent d’être très énergivores et par conséquent très
polluantes, de ne reposer sur rien, de favoriser les transactions illicites et le
blanchiment de l’argent sale ; ses défenseurs, au contraire, y voient un
instrument vertueux face à la folie inflationniste des banques centrales, un
moyen de se passer d’intermédiaires financiers souvent coûteux, ou encore
un instrument de liberté sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Il y a là autant de fantasmes que de réalité, mais le potentiel de gains que
réservent encore ces nouveaux actifs aiguise bien des appétits. Encore faut-
il savoir de quoi l’on parle et comment s’y prendre pour investir dans ce
marché pour éviter les écueils et maximiser ses chances de plus-value.

3. Bull run : forte hausse des cours d’un ou plusieurs actifs financiers. Cette expression boursière fait
référence au « bull », le taureau, symbole de marché haussier à Wall Street, le « bear », l’ours,
symbolisant au contraire un marché baissier.
Le Bitcoin, un enfant de la crise

Une réponse à la crise financière de 2008


Le premier BTC a été « miné », c’est-à-dire émis par ordinateur sur un
réseau, la blockchain, en janvier 2009, comme une réponse à la crise
financière de 2008, à ceci près que le projet était déjà en développement en
2007. Son (ou ses) créateur(s) – on ne sait toujours pas qui se cache derrière
Satoshi Nakamoto – avai(en)t alors pour ambition de proposer une
alternative au dollar et autres monnaies émises par des banques centrales
qui, depuis plusieurs décennies (et notamment depuis la décorrélation du
dollar d’avec l’or en 1971), avaient tendance à répondre aux crises
successives par la politique de la planche à billets, ce que les Anglo-Saxons
appellent le Quantitative Easing, ou QE, avec pour conséquences
automatiques l’augmentation de la masse monétaire et l’érosion de la valeur
des monnaies en question.
Face à ce système monétaire considéré comme vicié et voué à enchaîner
les crises jusqu’à son effondrement, le Bitcoin est présenté par ses
défenseurs comme un actif indépendant de toute autorité centrale,
inattaquable, puisque reposant sur un réseau de milliers d’ordinateurs
indépendants les uns des autres, qui ensemble représentent une puissance de
calcul mettant le réseau à l’abri de toute attaque, et surtout comme un actif
dont la valeur est garantie par la limitation du nombre de BTC à 21 millions
d’unités prévue à sa création et inscrite dans le code informatique qui régit
la blockchain Bitcoin.
Mais au-delà de la limitation de son nombre d’unités, comme de son
inflation maîtrisée et décroissante (voir plus bas), le Bitcoin est apparu avec
une offre jusqu’alors impensable : la possibilité pour ses utilisateurs de
transférer des fonds (en l’occurrence du bitcoin) à n’importe qui, partout
dans le monde, sans intermédiaire.
À la différence des virements bancaires normaux ou autres services
financiers tels que Paypal, le Bitcoin et la plupart des cryptomonnaies
créées à sa suite permettent en effet désormais de se passer d’intermédiaire,
c’est-à-dire d’une autorité centrale intervenant dans une transaction entre un
expéditeur et un destinataire, qui en outre a le pouvoir de surveiller,
censurer ou annuler des transactions et peut partager avec des tiers les
données sensibles des utilisateurs. En d’autres termes, le Bitcoin est apparu
comme un instrument offrant, pour la première fois sans doute dans
l’histoire de l’humanité, une véritable liberté financière pour ses usagers…
avec tous les risques et écueils inhérents à la liberté.
Les risques concernent les usagers eux-mêmes, mais aussi la société dans
son ensemble. Sans le recours à une banque à qui confier leurs avoirs, les
détenteurs de cryptos deviennent en effet seuls responsables de leurs
propres fonds, comme certains en ont douloureusement fait les frais après
avoir perdu disque dur ou phrase clé (un risque qui représente encore un
frein à l’adoption générale).
Quant aux gouvernements, ils considèrent d’un œil critique cette perte de
contrôle sur les mouvements financiers de leurs citoyens (ce qui est inexact
concernant le Bitcoin, dont la blockchain est publique et les transactions
transparentes et traçables).
Le minage des premiers bitcoins, en janvier 2009, est passé totalement
inaperçu, n’intéressant qu’une poignée de programmeurs, de geeks et de
libertariens, et les premiers d’entre eux ne valaient rien. Mais, assez vite,
l’intérêt pour ce nouvel actif a fait tache d’huile et, passé de 0,04865 dollar
le 14 juillet 20104 à son plus haut historique onze ans et quatre mois plus
tard, le Bitcoin figure comme l’investissement financier le plus rentable
du siècle et peut-être de tous les temps.
Par ailleurs, le fait que, quinze ans après le lancement du Bitcoin, et
malgré l’ampleur qu’il a prise, la véritable identité de Satoshi Nakamoto
demeure un mystère ajoute à la légende. Mais une telle discrétion
correspond à la philosophie qui sous-tend toute l’entreprise : en s’étant ainsi
effacée et en ayant renoncé à la célébrité (et sans doute aux pires ennuis),
l’entité qui se cache derrière ce pseudonyme acte ainsi la décentralisation
totale de la blockchain Bitcoin, par opposition aux banques centrales, et
pourquoi pas, d’une certaine manière, un certain idéal de démocratisation
de la création monétaire, puisqu’il convient désormais à l’ensemble des
développeurs qui entretiennent le réseau d’en assurer l’avenir.
Le « Genesis Block » par lequel tout a commencé
C’est le 3 janvier 2009 que Satoshi Nakamoto a émis le premier bloc sur la blockchain
Bitcoin. Il contenait un message en anglais, reproduction d’un titre de la une du jour du
quotidien anglais The Times : « The Times 03/Jan/2009 Chancellor on brink of second
bailout for banks » (ce qui peut se traduire par : « Le Chancelier sur le point de sauver
pour la deuxième fois les banques »).
Ainsi, à un sauvetage de banques, qui se traduit par de la création monétaire par une
banque centrale, et donc inévitablement par de l’inflation, Satoshi Nakamoto répondait
par le lancement de sa cryptomonnaie limitée, dès sa création, à 21 millions d’unités.
Onze ans plus tard, une autre crise, sanitaire cette fois, entraînait, de la part des
principales puissances économiques, un nouveau recours massif au Quantitative Easing
pour limiter les effets du confinement sur l’économie mondiale, ce qui s’est assez
rapidement traduit par un nouveau sommet atteint par le Bitcoin.

Le Whitepaper, entre feuille de route et bible


Tout projet crypto qui se respecte repose sur un « Whitepaper », ou Livre blanc. Ce
document, rédigé par les concepteurs et l’équipe de développeurs, généralement
consultable sur Internet, est destiné aux investisseurs potentiels, aux mineurs et aux
usagers. Y sont précisés les éléments clés, à savoir les objectifs visés par la blockchain et
sa crypto, les aspects techniques et économiques, le mécanisme de consensus, le
procédé de minage, l’architecture du réseau…
Le plus célèbre d’entre eux est celui du Bitcoin, dévoilé pour la première fois le
31 octobre 2008. Il s’agit d’un document de neuf pages intitulé : « Bitcoin: A Peer-to-Peer
Electronic Cash System », signé par Satoshi Nakamoto. Il y dévoile les objectifs visés par
sa création et ses caractéristiques. Ces dernières sont résumées dans un premier
paragraphe dévoilant dans leurs grandes lignes les intentions : une version « pair à pair »
de cash électronique permettant des transactions directes, sans l’intermédiaire d’aucune
institution financière, grâce au recours à des signatures électroniques. Le risque de
double dépense, habituellement éliminé par les intermédiaires, est écarté grâce à
l’inscription de chaque transaction sur une chaîne de blocs sécurisée par le mécanisme
de la Proof of Work5.
Suivent dix points traitant des principaux aspects du Bitcoin (transactions, serveur
horodateur, Proof of Work, réseau…). On peut noter que dans la sixième section,
consacrée à l’« Incentive » (la prime aux mineurs qui assurent la maintenance du réseau
et sont à l’origine de la création des blocs, opération générant une récompense en
bitcoins), il est question de l’analogie avec les mines d’or, les mineurs traditionnels
devant investir pour procéder à l’extraction du minerai, étant précisé qu’en l’occurrence
l’investissement consiste en temps de CPU (unité centrale de calcul) et en électricité.
Depuis, le Bitcoin est presque unanimement considéré comme l’or numérique.
Se pencher sur ce document relativement aride, par endroits technique, mais par sa
clarté plutôt accessible, y compris pour un lecteur dénué de compétences informatiques
(en tout cas dans les grandes lignes), est fascinant quand on songe à la révolution
mondiale qu’en une dizaine d’années il a provoquée.

Derrière toute crypto, une blockchain


Le concept de blockchain est sorti du cercle restreint des initiés en octobre 2015 quand
l’hebdomadaire The Economist en a fait son sujet de une (« The trust machine »), annonçant
que la technologie derrière le Bitcoin pourrait changer le monde. Mais de quoi s’agissait-il
au juste ?
Une blockchain est une base de données numériques infalsifiable sur laquelle sont
enregistrés et regroupés dans des « blocs » tous les échanges de ses utilisateurs depuis
sa création. De plus, la blockchain est une base de données dite « distribuée » car elle est
consultable sur l’ensemble des ordinateurs qui en constituent le réseau et que l’on
appelle des « nœuds » (nodes, en anglais). Bitcoin et blockchain sont intimement liés,
puisque le Bitcoin repose sur la blockchain qui est apparue avec lui.
La suppression du tiers de confiance, que représentent notamment les banques, est
rendue possible par la technologie sur laquelle repose la blockchain. Si par exemple un
individu A souhaite envoyer un bitcoin à un individu B, les mineurs chargés de vérifier la
validité des transactions sur le réseau scrutent l’historique des transactions de A afin de
s’assurer qu’il détient bien la quantité de bitcoins correspondante, c’est-à-dire qu’il l’a
bien reçue à son adresse (sa clé publique) et qu’il ne l’a pas déjà dépensée depuis, ceci
afin d’éliminer tout risque de double dépense.
Une fois ces éléments vérifiés (de façon totalement informatisée), le bloc sur lequel est
inscrite la transaction en question peut être validé par les mineurs, par Proof of Work ou
Proof of Stake selon la blockchain. Le bloc est alors horodaté et ajouté à la blockchain, ce
qui le rend consultable par l’ensemble des ordinateurs reliés au réseau.
La sécurité tant vantée de la blockchain repose sur un système de clés : une clé publique
correspondant dans l’univers bancaire à un RIB et une clé privée correspondant au code
PIN qui permet de signer des transactions et doit par conséquent demeurer secrète.
Ensuite, les blocs contenant les transactions sont validés par le minage qui authentifie
transactions et identités des parties. Une fois un bloc validé, il est inscrit sur l’ensemble
des nœuds (ordinateurs) constituant le réseau, ce qui, étant donné la puissance de calcul
mobilisée sur la blockchain Bitcoin, représente la meilleure sécurité possible, puisque,
pour falsifier une transaction, il faudrait corrompre la majorité des nœuds, ce qui
nécessiterait une puissance de calcul quasiment impossible à mobiliser.
Quant à l’aspect révolutionnaire de la blockchain, sa capacité à changer le monde,
comme l’évoquait The Economist en 2015, elle repose sur sa qualité de registre
infalsifiable, comme sur la suppression des intermédiaires et des tiers de confiance qui, à
terme, devrait transformer des secteurs entiers de l’économie tels que la banque,
l’assurance, la santé, l’énergie, le droit d’auteur, le cadastre… sans oublier les
plateformes comme Uber, Airbnb ou Ebay dont les usagers pourraient finir par se passer,
économisant ainsi les commissions qu’elles se réservent.

2017, année où le BTC


est devenu mainstream
Avec un cours multiplié par vingt en l’espace d’un an, c’est une fièvre du
Bitcoin qui s’est emparée des marchés financiers comme des réseaux
sociaux.
Sur Youtube, Twitter ou ailleurs, on a vu éclore comme des champignons
des comptes et autres blogs de passionnés qui, enthousiasmés par leurs
premiers succès (tout le marché des cryptos montait en flèche),
s’autoproclamaient experts et prodiguaient leurs conseils à des
communautés de plus en plus étendues. On parlait alors d’objectifs de cours
astronomiques (« to the Moon », jusqu’à la Lune) et de Lamborghini
(« Lambo ») que l’on allait pouvoir se payer avec ses premiers gains. C’est
d’ailleurs à ce genre de signaux que les investisseurs les plus avisés
comprenaient qu’il était temps de quitter le navire. « Le jour où un
chauffeur de taxi m’a parlé de cette valeur, j’ai compris qu’il fallait la
vendre », ont coutume de dire les professionnels, l’homme de la rue ne
pouvant arriver qu’après la bataille.
Et tandis qu’à l’automne 2017 le cours du BTC s’envolait, les banquiers
suivaient ce phénomène avec une certaine circonspection, ayant compris la
menace que cela représentait pour leur métier, certains n’hésitant pas à
qualifier le BTC de fraude, de pyramide de Ponzi ou d’arnaque. Ainsi Jamie
Dimon, P-DG de JPMorgan Chase, ou encore Larry Fink, P-DG de
BlackRock, le plus grand gestionnaire de fonds mondial, qui en octobre
2017 qualifiait le Bitcoin d’« index of money laundering » (« index du
blanchiment d’argent »)… pour finalement candidater pour le lancement
d’un ETF Spot6 sur le Bitcoin en juin 2023.
Pourtant, si l’effondrement des cours en 2018 a refroidi bien des ardeurs
et coûté cher à certains (tous ceux qui avaient investi trop tard, au plus haut
de la courbe, juste avant la chute), le BTC, contrairement aux prédictions de
ses détracteurs, n’a pas disparu ; il est revenu en force, ayant même abouti à
une adoption (ou un début d’adoption, l’adoption véritable ne pouvant avoir
lieu qu’une fois la réglementation bien établie) par les institutionnels qui, à
l’origine, l’ignoraient ou le dénigraient, voire par certains pays comme le
Salvador.
Proof of Work et Proof of Stake
Plus il y a d’ordinateurs connectés au réseau d’une blockchain, plus il est sécurisé,
a fortiori quand ces ordinateurs sont répartis tout autour du monde, de la façon la plus
décentralisée possible, afin d’éviter tout risque de prise de contrôle physique. Mais une
blockchain reposant sur l’ensemble des ordinateurs connectés à son réseau, l’implication
de ces derniers doit être encouragée, ne serait-ce que pour compenser le coût du
matériel immobilisé et l’énergie consommée. C’est là qu’interviennent les concepts de
Proof of Work (« preuve de travail ») et de Proof of Stake (« preuve d’enjeu »).
La blockchain Bitcoin repose sur le concept de Proof of Work (PoW), Satoshi Nakamoto
ayant considéré que ce mécanisme convenait parfaitement pour sécuriser le réseau, la
sécurité étant le critère privilégié par rapport à tout autre par le concepteur du Bitcoin.
Le principe du PoW est le suivant : pour procéder à une transaction, un ordinateur doit
deviner un nombre déterminé au hasard (externally random number), ce qui représente un
coût en temps et en énergie, ce coût dépendant de la puissance de calcul en présence,
la hashing power dans le jargon de la crypto, ou « puissance de hachage ». Le premier
ordinateur à deviner le nombre déterminé au hasard obtient la récompense à la clef, le
block reward, qui consiste en un certain nombre d’unités de la crypto native de la
blockchain, en l’occurrence 6,25 BTC (jusqu’au prochain halving), auxquels s’ajoute le
montant des frais des transactions contenues dans le bloc.
Les blockchains reposant sur le concept de Proof of Stake (PoS) tendent vers le même
objectif mais de façon plus économique, c’est-à-dire moins gourmande en énergie. Pour
obtenir le droit de procéder à des transactions, les mineurs doivent « staker », c’est-à-
dire bloquer un certain nombre de cryptos sur la blockchain. Logiquement, plus le montant
de cryptos « stakées » est important, plus les chances sont grandes de procéder aux
transactions et de créer un bloc. C’est pourquoi, pour éviter que les mineurs les plus
riches gagnent à chaque fois, le système de Proof of Stake prévoit une dose d’aléas dans
la désignation du gagnant. De plus, si un ordinateur branché sur le réseau tente de
contourner les règles de la blockchain, une portion des cryptos qu’il aura bloquées en
staking sera automatiquement détruite par le mécanisme appelé slashing.
Chacun des deux systèmes a ses avantages et ses inconvénients. Le PoW est plus
coûteux (à commencer par les ordinateurs dédiés, des ASICS) et assez lent (10 mn pour
créer un bloc sur la blockchain Bitcoin, au lieu de 15 secondes sur la blockchain
Ethereum, ce qui signifie que les transactions en BTC sont plus lentes que celles en
ETH, par exemple), mais les blockchains PoW sont beaucoup plus décentralisées que
celles reposant sur le PoS et beaucoup plus sécurisées. La blockchain Bitcoin, grâce à la
puissance de calcul sur laquelle elle repose, est considérée comme le réseau de
transaction le plus sécurisé au monde. En outre, du fait des récompenses liées au
staking, le PoS induit une inflation moyenne très supérieure à celle induite par le PoW.

21 millions de BTC
C’est dans ce nombre que réside l’une des principales promesses du
Bitcoin : 21 millions de BTC et pas un de plus. À l’heure de la publication
de cet ouvrage, près de 19,6 millions de BTC ont déjà été minés. Mais selon
une étude de Chainalysis, société spécialisée dans l’analyse des données des
différentes blockchains, environ 4 millions de BTC auraient été perdus
(pour cause de perte de code, de perte de disque dur ou de décès…) et ne
peuvent être récupérés. Au cours actuel, cela représente une fortune
colossale, mais au cours des premières années suivant le minage des
premiers BTC, ces derniers ne valaient pour ainsi dire rien et bénéficiaient
vraisemblablement de moins d’attention de la part de certains de leurs
détenteurs. Le premier achat d’un bien en BTC – deux pizzas pour 10 000
BTC le 21 mai 2010 – laisse d’ailleurs rêveur, quand on songe à ce que
représentent aujourd’hui autant de BTC et à la fortune envolée de
l’acheteur. Mais si le pizzaïolo a conservé les siens…
Cette rareté en fait toute la valeur, à l’heure où les banques centrales,
depuis la crise financière de 2008 et la crise sanitaire du Covid, n’ont
jamais créé autant d’argent ex nihilo. Une rareté dont la valeur se vérifie
dans les pays à l’inflation galopante comme l’Argentine, le Nigeria ou la
Turquie, où le Bitcoin est utilisé comme valeur refuge et moyen de
paiement, alors que dans la plupart des démocraties où, malgré tout,
l’inflation demeure relativement maîtrisée, le BTC est surtout prisé en tant
que placement à haut potentiel.

Le halving
Tous les quatre ans, la récompense en BTC accordée aux mineurs est
divisée par deux. Alors que jusqu’en 2020 elle s’élevait à 12,5 BTC, elle est
actuellement, et jusqu’en avril 2024, de 6,25 BTC et passera donc après le
prochain halving à 3,125 BTC. C’est-à-dire qu’actuellement 900 BTC sont
minés chaque jour, ce chiffre devant passer à 450 au printemps 2024, à 225
quatre ans plus tard, et ainsi de suite. Cette inflation décroissante, inscrite
dans le code à l’origine de la blockchain Bitcoin, permet d’affirmer, d’après
certains calculs, que le dernier BTC devrait être miné aux alentours de
2140.
Et d’ores et déjà certains se demandent ce qu’il adviendra de la
blockchain Bitcoin quand les mineurs ne pourront plus compter sur les
récompenses en BTC pour rentabiliser l’investissement que représente la
maintenance d’un nœud. L’échéance est lointaine (d’après d’autres calculs,
elle devrait intervenir avant la fin du siècle, mais toujours dans plus de
cinquante ans), mais l’enjeu est tel que la question mérite d’être posée. Sont
alors évoqués les frais de transactions versés aux mineurs, voire, si ces
derniers devaient se révéler insuffisants, la possibilité d’un consensus entre
les mineurs pour augmenter la quantité maximale de BTC. Et pourquoi pas
prévoir un nombre de BTC à créer équivalent à celui des BTC perdus, afin
de parvenir aux 21 millions initialement prévus ?…
Les cycles de hausse du BTC, pré- et post-halving.

Source : Pantera Capital.


Accéder à la description

L’or numérique
Si l’on parle de minage pour la création de BTC, c’est en référence à l’or
qui est extrait des mines. Comme pour tout minerai qui se raréfie, la
compétition entre les mineurs (des fermes de minage comptant des
centaines d’ordinateurs) étant de plus en plus rude, il faut des machines
toujours plus puissantes et de plus en plus d’énergie, ce qui fait dire aux
détracteurs du BTC qu’il représente une consommation d’électricité
colossale ; si cela a pu être vrai au cours des premières années, il semblerait
que ce ne soit plus tout à fait le cas (voir ci-dessous).
L’analogie ne s’arrête pas là. Comme l’or, le BTC peut être fractionné en
très petites quantités, avec huit décimales après la virgule, soit 100 millions
de Sats (abréviation de Satoshi) par BTC, ce qui permet d’en acheter des
fractions accessibles à toutes les bourses. Et comme l’or, étant donné la
lenteur des transactions par rapport aux transactions sur d’autres
blockchains, le BTC est souvent considéré comme une valeur de réserve
plutôt que d’échange, malgré tout moins volatil que la plupart des altcoins,
ce qui lui vaut souvent le surnom d’or numérique.
Le BTC, un actif « ESG compatible » ?
L’ESG (critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance) est la
nouvelle politique en matière d’investissement à laquelle se plient la plupart
des entreprises cotées, de nombreux fonds d’investissement comme
BlackRock, le plus important d’entre eux, stipulant qu’une entreprise doit
répondre à un certain nombre de critères environnementaux, sociaux et de
gouvernance.
Or, dans un rapport intitulé « Bitcoin’s role in the ESG imperative »
publié en août 2023, le cabinet d’audit et de conseil KPMG rapporte que le
minage de BTC ne représente que 0,5 % de la consommation d’énergie
mondiale. Réfutant donc l’assertion selon laquelle le Bitcoin représenterait
un désastre écologique, KPMG présente en outre quelques pistes afin de
réduire encore l’empreinte carbone du Bitcoin : avoir davantage recours aux
énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie), un processus déjà très
engagé, les entreprises de minage privilégiant depuis des années les zones
où l’électricité est la moins chère ; l’autorisation du minage accordée
seulement en cas d’énergie en surplus ; le recyclage de la chaleur produite
par le minage pour chauffer des piscines, des serres… Mieux encore,
l’électricité étant difficilement stockable, l’activité de minage peut
contribuer à la rentabilisation des installations de production d’énergie
renouvelable en consommant l’électricité produite lors des heures creuses.
Le même rapport reprend une étude de Chainalysis selon laquelle seules
0,25 % des transactions en cryptomonnaies correspondent à des activités
illicites, le Bitcoin ne représentant qu’une faible proportion de l’ensemble et
ses transactions étant par ailleurs traçables.

4. Source : CoinMarketCap.
5. Voir p. 41.
6. ETF : Exchange Traded Fund (fonds indiciels cotés en Bourse). L’approbation d’un ETF Spot sur
le Bitcoin entraînerait automatiquement un accroissement de la demande en BTC, ce qui ferait
monter son cours. En effet, contrairement aux ETF Futures (dits à terme), les ETF Spot (dits au
comptant) supposent de la part de l’émetteur de l’ETF, l’achat d’autant de BTC (en l’occurrence) que
l’ETF en propose sur le marché.
Ethereum, l’autre grande crypto

Le 30 juillet 2015, Vitalik Buterin, un tout jeune développeur russo-


canadien, lançait avec sept autres informaticiens la blockchain Ethereum
avec une nouvelle promesse par rapport au Bitcoin : l’exécution de smart
contracts, ou « contrats intelligents décentralisés », autrement dit
l’exécution de tâches prévues par le code en fonction de l’apparition de
certaines conditions.
Un tout nouvel horizon aux possibilités quasi infinies allait peu à peu se
révéler. Alors que le Bitcoin était considéré comme une monnaie
numérique, un moyen d’échange pair à pair sans intermédiaire (proposition
déjà révolutionnaire en soi), ainsi qu’une réserve de valeur, l’Ethereum était
présenté comme une sorte de super ordinateur décentralisé capable
d’exécuter une variété de tâches à donner le tournis.
Vous avez dit smart contract ?
Les smart contracts, ou contrats intelligents (pour la plupart des termes spécifiquement
liés à la crypto, je préfère m’en tenir à l’anglais), sont des programmes informatiques, à
l’origine implémentés sur la blockchain Ethereum, qui exécutent un ensemble
d’instructions prédéfinies en fonction de certaines conditions, sur le mode « if… then… »
(« si… alors… »). Cette automatisation garantit une infinité de conditions d’exécution qui,
contrairement à l’interprétation humaine, ne laissent pas de place au doute ou à l’erreur.
Grâce à la transparence et à l’immutabilité de la blockchain, les smart contracts permettent
de sécuriser un accord entre deux ou plusieurs parties, d’automatiser les paiements tout
en éliminant les risques d’impayés, de réduire, voire de supprimer les intermédiaires…
Les exemples les plus populaires de smart contracts sont les applications de prêt, les
échanges de trading décentralisés (ce que l’on appelle la DeFi, ou finance décentralisée),
les assurances, les applications de crowdfunding… la liste ne dépend que de l’imagination
des développeurs.
Les smarts contracts présentent cependant certains inconvénients tels que le risque de
failles : un code mal conçu peut permettre à des hackers d’exploiter les failles qu’il
contient au détriment des autres utilisateurs. Le standard de smart contract le plus
répandu, l’ERC-20, a pour fonction principale de permettre la création de tokens (actifs
numériques, cryptomonnaies) sur le réseau Ethereum.

Un ordinateur mondial
L’objectif d’Ethereum est selon l’un de ses fondateurs, Gavin Wood (depuis
créateur de Polkadot7), de devenir une sorte d’ordinateur au service du
monde entier, une plateforme globale accueillant des applications
décentralisées, les « dApps », tout en permettant à ses utilisateurs, quelle
que soit leur localisation, d’écrire des programmes résistant à la censure et
aux manipulations.
Sa crypto native, l’Ether (ETH), est utilisée pour payer les frais de
transaction et récompenser les mineurs qui sécurisent le réseau en validant
les transactions. Plus de 60 millions d’ETH ont été vendus au prix de
0,311 dollar l’unité lors de l’ICO (quelque six ans plus tard, le 16 novembre
2021, le cours de l’ETH atteignait son plus haut historique à
4 891,70 dollars).

7. Voir p. 63.
Dans la lignée de l’Ether,
la galaxie des « Alts »

En raison de ses fonctionnalités avancées, Ethereum est devenu le choix


préféré de nombreux développeurs pour créer leurs propres applications
décentralisées, entraînant la création de dizaines de projets concurrents et de
tout un écosystème particulièrement vivace. On regroupe ces
cryptomonnaies sous l’appellation d’altcoins, ou « Alts », soit toutes celles
qui ne sont pas le Bitcoin et l’Ethereum. Parmi ces cryptos, les altcoins
layer 2 sont construites comme des solutions de mise à l’échelle de
« deuxième couche » (layer 2) pour les blockchains existantes. Les
blockchains de « deuxième couche » sont des protocoles et des réseaux
construits au-dessus d’une blockchain principale (layer 1) pour améliorer
ses performances, sa scalabilité et ses fonctionnalités.
L’Ethereum, blockchain de première couche (ce qu’est également le
Bitcoin), a en effet une capacité de traitement limitée en termes de nombre
de transactions par seconde (TPS) et peut être confrontée à des problèmes
de congestion et, par conséquent, à une augmentation drastique des frais de
transaction qui se révèle pénalisante pour le réseau. Les solutions de
deuxième couche visent à résoudre ces problèmes en déplaçant une partie
du traitement des transactions hors de la blockchain principale, tout en
bénéficiant de la sécurité de cette dernière. C’est ce que proposent des
blockchains comme Polygon et Binance Smart Chain (BSC), qui font partie
des altcoins layer 2 les plus importantes.
Longtemps pénalisée par la lenteur et le coût de ses transactions, la
blockchain Bitcoin bénéficie désormais aussi d’un layer 2 : le Lightning
Network, qui tend à résoudre les problèmes de scalabilité pour Bitcoin.
Lightning Network crée un réseau de canaux de paiement en dehors de la
blockchain principale grâce auquel les utilisateurs peuvent effectuer des
transactions rapides et à faible coût, avant de les valider définitivement sur
la blockchain Bitcoin, profitant ainsi des atouts de la blockchain la plus
sécurisée et la plus sûre au monde.
Vous avez dit « scalabilité » ?
Toute blockchain se trouve confrontée à un trilemme dont les trois éléments sont la
décentralisation, la sécurité et la scalabilité. Or toute blockchain ne peut privilégier que
deux de ces éléments au détriment du troisième. On l’a vu, pour la blockchain Bitcoin, la
sécurité et la décentralisation (intimement liées) ont été privilégiées dès sa conception,
entraînant des problèmes de scalabilité apparus avec l’accroissement de l’adoption,
notamment lors du bull run de 2017, avec des délais et des frais de transaction
rédhibitoires dus à la taille des blocs (1 Mo, soit environ 2 500 transactions par bloc).
La scalabilité correspond à la capacité d’une blockchain à traiter un grand nombre de
transactions de manière rapide et fluide. L’enjeu est particulièrement important pour les
cryptos et les blockchains qui visent à être utilisées à grande échelle (comme pour les
jeux en ligne), car elles doivent pouvoir gérer un grand volume de transactions sans
ralentir le réseau.
La scalabilité d’une blockchain dépend de plusieurs facteurs :
– la vitesse de traitement des transactions ;
– la taille des blocs qui détermine le nombre de transactions pouvant être enregistrées
dans chaque bloc. Mais une taille de bloc importante peut compliquer la gestion de la
blockchain et augmenter les exigences de stockage ;
– le protocole de consensus : le Proof of Work (PoW) induit des temps de confirmation
plus longs et des frais de transaction plus élevés lorsque le réseau est fortement
sollicité.
Pour améliorer leur scalabilité, certaines blockchains mettent en œuvre des solutions
telles que les sidechains, le sharding, ou la mise en cache des transactions. Autant de
techniques permettant de répartir la charge de travail et d’augmenter la capacité du
réseau à traiter davantage de transactions.
Le concept de sidechains permet de transférer des actifs ou des données de la chaîne
principale vers une chaîne secondaire, où ils peuvent être traités de manière plus
spécifique ou efficace.
Le sharding vise à diviser la base de données de la blockchain en plusieurs fragments plus
petits, appelés shards, qui peuvent fonctionner de manière indépendante. Chaque shard
agit comme un sous-ensemble de la blockchain, ne validant et ne stockant qu’une partie
des transactions du réseau, ce qui permet à l’ensemble du réseau de traiter plus de
transactions simultanément.
La mise en cache des transactions consiste à stocker provisoirement les transactions
déjà confirmées dans une mémoire cache. Lorsqu’une nouvelle transaction arrive sur le
réseau, le nœud de traitement vérifie si cette transaction n’a pas déjà été validée et
stockée dans la mémoire cache. Si c’est le cas, le nœud peut utiliser les informations
déjà validées et accélérer le processus de confirmation de la nouvelle transaction.
On ne compte plus les altcoins. Il en existe des dizaines de milliers, la
plupart aux capitalisations n’excédant pas quelques millions de dollars et
vouées à disparaître. Nous parlons ici des Alts qui ne reposent sur rien, qui
n’apportent aucune nouveauté, aucune solution, aucune amélioration réelle,
qui ne disposent pas des fonds nécessaires pour tenir la distance jusqu’à
l’amorce des premiers revenus, particulièrement en temps de bear market,
des Alts créées par appât du gain mais qui finiront par provoquer la ruine de
leurs investisseurs attirés par des perspectives de plus-values faramineuses.
C’est le lot des industries nouvelles, en particulier lorsque le ticket d’entrée
n’est pas trop élevé.
L’important est d’identifier les projets les plus sérieux, les plus solides,
ceux dont les créateurs ont déjà une réputation bien assise, qui comptent les
équipes de développeurs les plus étoffées, qui ambitionnent d’apporter des
solutions vraiment innovantes et qui disposent d’une trésorerie suffisante
pour tenir sur la durée. La capitalisation est un critère parmi les plus
évidents. S’intéresser aux cryptos aux capitalisations les plus élevées est le
moyen le plus simple de faire le tri.
Certes, plus la capitalisation d’une crypto est importante, moins la plus-
value potentielle le sera, mais se focaliser sur ces dernières permet de
limiter considérablement les risques que recèle encore ce marché.
Voici un éventail d’altcoins parmi les mieux installées et les plus sûres,
qui permettent de se faire une idée des services et des possibilités offertes
par la blockchain en général.

Ripple (XRP)
En 2012, David Schwartz, Jed McCaleb et Arthur Britto lançaient
le XRP Ledger avec sa crypto native, le XRP. Leur intention était de
présenter une alternative plus économe en énergie et plus rapide que la
blockchain Bitcoin grâce à une méthode de validation des transactions, le
Federated Consensus mechanism, reposant sur un réseau de serveurs
indépendants, les validateurs. En septembre de la même année, ils créaient
la société Ripple Labs, dont le siège social est à San Francisco.
Reposant sur une technologie open source, permissionless et
décentralisée, XRP Ledger offre des frais de transaction très faibles
(0,0002 dollar), une rapidité d’exécution (3 à 5 secondes par transaction)
une scalabilité élevée (1 500 TPS), ainsi qu’une empreinte carbone neutre.
Les principales applications sont les paiements, la tokenisation d’actifs, la
DeFi, les CBDC (Central Bank Digital Currencies) et les stablecoins.
Ripple figure à la cinquième place en termes de capitalisation sur le marché
des cryptos (31,9 milliards de dollars le 17 novembre 2023).
Le 22 décembre 2020, la SEC intentait un procès à l’encontre de Ripple
Labs, considérant que cette dernière avait commercialisé ses tokens XRP
pour un montant total d’environ 1,3 milliard de dollars, lors d’une opération
s’apparentant selon la SEC à une émission d’actions (securities), alors que
Ripple Labs n’avait pas entrepris les démarches nécessaires auprès de la
SEC. Loin de se soumettre, Ripple a engagé un bras de fer avec la
Commission.
En juillet 2023, un tribunal américain a donné partiellement raison à
Ripple en décrétant que XRP ne s’apparentait pas à une security lorsque
commercialisé auprès d’investisseurs individuels. L’affaire n’est pas encore
close, mais l’industrie crypto dans son ensemble demeure suspendue à
l’issue de cette affaire.
Site Internet : xrpl.org

Litecoin (LTC)
Directement inspirée du Bitcoin, la blockchain Litecoin a été lancée en
octobre 2011, ce qui fait du LTC une des plus anciennes cryptos après le
BTC. Depuis lors, le Litecoin n’a jamais quitté le sommet du classement
des cryptos en termes de capitalisation (18e le 17 novembre 2023 pour une
capitalisation de près de 5,1 milliards de dollars).
Son créateur, Charlie Lee, un des premiers mineurs de Bitcoin et ancien
ingénieur chez Google puis chez Coinbase, a tout simplement eu l’idée de
génie de dupliquer la blockchain Bitcoin en modifiant certains paramètres
afin d’en faire un bitcoin plus « lite », c’est-à-dire plus léger, plus rapide,
plus souple. Ainsi, par rapport à son modèle, Litecoin propose des temps de
confirmation de transaction quatre fois plus rapides (2,5 minutes par bloc au
lieu de 10), des frais de transaction beaucoup plus bas, ce qui, par rapport
au Bitcoin, autorise davantage les petites transactions, ainsi qu’un nombre
de coins en circulation multiplié par 4, soit un maximum de 84 millions de
LTC une fois que tous les coins auront été minés.
Comme pour le Bitcoin, les validations de blocs reposent sur le système
du Proof of Work. La blockchain est rythmée par les halvings qui entraînent
tous les quatre ans une division par deux des récompenses accordées aux
mineurs. Le troisième halving a eu lieu en août 2023, la récompense étant
passée de 12,5 LTC à 6,25 LTC. Tandis que le Bitcoin est généralement
considéré comme l’or numérique, moins rare et moins cher, le Litecoin est
considéré comme l’argent numérique.
Charlie Lee a provoqué la controverse en déclarant publiquement en
décembre 2017, alors que le cours du LTC était à son plus haut historique,
avoir vendu tout son stock de LTC afin de se concentrer sur le
développement du projet, ce qui a entraîné une chute du cours
correspondant également à celle de l’ensemble du marché…
Enfin, comme la blockchain de Bitcoin, celle de Litecoin a évolué avec
les années et a notamment su s’adapter à la révolution de la DeFi. Ainsi,
depuis l’automne 2021, il est possible de bâtir des smart contracts et des
dApps sur Litecoin grâce à une solution layer 2 appelée OmniLite.
Site Internet : litecoin.org

Cardano (ADA)
Lancée en 2017 par l’inspirant Charles Hoskinson, l’un des créateurs
d’Ethereum, et baptisé en hommage à Gerolamo Cardano, savant italien
considéré comme un esprit universel du XVIe siècle (le token ADA devant
son nom à Ada Lovelace, mathématicienne du XIXe siècle communément
considérée comme le premier programmeur informatique), Cardano est une
plateforme blockchain reposant sur le Proof of Stake, axée sur la sécurité et
la scalabilité.
Cardano vise à offrir une flexibilité pour les contrats intelligents et les
dApps. Il met l’accent sur la recherche scientifique pour résoudre les
problèmes du monde réel. L’un des objectifs ultimes de ce projet est la
redistribution du pouvoir aux individus, ainsi que la contribution à
l’élaboration d’une société plus sûre, plus transparente et plus juste. Cela
peut paraître utopiste, mais c’est justement ce genre d’idéaux qui ont
présidé à la création du Bitcoin comme de l’Ethereum : profiter de la
décentralisation inédite que permet la blockchain pour redonner le pouvoir
aux individus par rapport aux grandes organisations (étatiques ou privées).
Un rêve une première fois autorisé par l’avènement de l’Internet, mais en
grande partie confisqué depuis, notamment par les Gafam. Le sujet n’est
plus uniquement technologique et financier, il devient philosophique,
puisqu’il est question de liberté individuelle et par conséquent de son
corollaire, la responsabilité. Dès lors, on comprend les réactions
passionnées provoquées par cette industrie nouvelle.
Les ingénieurs Cardano se sont concentrés sur cinq secteurs : l’éducation,
le commerce de détail, l’agriculture, l’administration, la finance et la santé.
Dans le domaine de l’éducation, Cardano propose l’enregistrement des
diplômes sur la blockchain afin que ces derniers soient en permanence
accessibles, indépendamment des établissements émetteurs des diplômes ;
dans le secteur du commerce, Cardano propose un système permettant de
garantir l’authenticité des produits afin de lutter contre la contrefaçon ; pour
l’agroalimentaire, Cardano propose différentes solutions permettant
d’assurer la traçabilité des produits de la ferme à l’assiette ; dans le domaine
de l’administration comme de la finance, avec Atala PRISM, Cardano
propose un service d’identité digitale permettant de faciliter et d’accélérer
de nombreuses démarches.
Enfin, alors que l’Organisation mondiale de la santé estime que plus de
50 % des médicaments vendus en ligne sont issus de la contrefaçon ou ne
correspondent pas à leurs promesses thérapeutiques, avec Atala SCAN,
Cardano offre la possibilité de garantir l’origine des produits
pharmaceutiques vendus en ligne…
Site Internet : cardano.org

Polkadot (DOT)
Polkadot est un protocole réseau qui permet de transférer des données à
travers des chaînes de blocs. Polkadot peut transférer ces données dans des
chaînes de blocs publiques, ouvertes et sans autorisation, ainsi que dans des
chaînes de blocs privées autorisées. Cela permet de créer des applications
qui obtiennent des données autorisées à partir d’une blockchain privée et de
les utiliser sur une blockchain publique. Par exemple, la chaîne de dossiers
académiques privée et autorisée d’une école pourrait envoyer une preuve à
un contrat intelligent de vérification des diplômes sur une chaîne publique.
Lancé en 2020 par Gavin Wood, un des créateurs d’Ethereum, Polkadot
est considéré comme un meta-protocol layer 0, parce qu’il consiste en une
chaîne relais sur laquelle se greffent des blockchains layer 1 qui par
conséquent doivent adopter le format de Polkadot. En tant que meta-
protocol, Polkadot a la faculté de faire évoluer de façon autonome, et sans
avoir recours à une fork, en fonction de la volonté de la communauté des
détenteurs de DOT, son propre code source. Ces blockchains layer 1, au
nombre d’une centaine, sont appelées parachains. Autant de chaînes
parallèles spécialisées, indépendantes, dotées de leurs propres tokens, qui
peuvent se concentrer sur leurs propres tâches, tandis que la relay chain, le
cœur de Polkadot, assure la logistique générale et la sécurité du réseau. La
connexion de plusieurs blockchains à la relay chain permet
l’interopérabilité entre elles, de même que des bridges permettent la
connexion entre les parachains et des blockchains étrangères à
l’écosystème Polkadot, comme Ethereum.
Polkadot vise à créer un écosystème blockchain interconnecté, permettant
aux différentes chaînes de travailler ensemble de manière transparente. Là
encore, l’un des objectifs ultimes du projet est l’avènement d’un Internet
open source décentralisé, complètement fonctionnel et user friendly, soit un
Internet au service de ses usagers, des individus.
Chacune des parachains reliées à la relay chain de Polkadot (qui sont
autant de cryptos) correspond à un projet visant à répondre à un besoin
particulier ou à apporter des solutions dans un secteur donné. En voici
quelques exemples :
• Centrifuge (CFG) utilise le concept de la DeFi pour l’appliquer au
financement des entreprises traditionnelles.
• Astar (ASTR) propose des solutions aux développeurs de dApps tout en
permettant le déploiement de smart contracts de différentes blockchains.
• Phala Network (PHA) est une plateforme de smart contracts qui a pour
but de redonner de la confiance dans le domaine du cloud informatique en
respectant la confidentialité des données.
Polkadot repose sur la technologie Nominated Proof of Stake (NPoS). Un
réseau décentralisé de validateurs est sélectionné par les nominateurs pour
sécuriser l’ensemble de l’écosystème multicanal de Polkadot. Les
validateurs et les nominateurs obtiennent une part de DOT en retour8.
Le 17 novembre 2023, Polkadot se situait en 15e position en termes de
capitalisation (6,7 milliards de dollars).
Site Internet : polkadot.network

Chainlink (LINK)
En tant que premier réseau oracle décentralisé (l’oracle étant un software ou
un hardware jouant le rôle d’interface entre des données du monde réel et
des systèmes décentralisés, permettant ainsi aux blockchains d’interagir
avec des données off-chain), Chainlink permet aux développeurs de créer
des applications Web3 avec un accès transparent aux données du monde
réel et un calcul hors chaîne sur n’importe quelle blockchain, et fournit aux
entreprises une passerelle universelle vers toutes les blockchains.
Les données ainsi transmises à la blockchain peuvent aller de cours de
valeurs (généralement mobilières, comme des actions, des matières
premières) à des relevés de températures, en passant par des résultats
sportifs… autant d’éléments traités ensuite par les smart contracts de la
blockchain. Ainsi (pour reprendre un exemple donné sur le site de
Chainlink), si le vol 777 est annulé demain, émettez un paiement
d’assurance de 77 dollars ; sinon, n’effectuez pas le paiement.
À cette fin, Chainlink utilise un modèle similaire à une blockchain en ce
qu’il existe un réseau décentralisé d’entités indépendantes (les oracles) qui
récupèrent collectivement les données de plusieurs sources, les agrègent et
fournissent ainsi des données fiables aux smart contracts afin de leur
permettre de déclencher leur exécution, supprimant tout risque de
défaillance. Par exemple, Chainlink fournit le prix en dollars de l’ETH aux
blockchains via l’ETH/USD Price Feed, qui utilise de nombreuses sources
de données pour s’approvisionner et fournir les données de prix. L’oracle de
prix en dollars peut ensuite être utilisé par une application de blockchain
pour obtenir le prix de l’ETH utilisé en garantie pour obtenir un prêt ou
pour régler une prédiction faite sur le prix ETH futur.
De nombreux produits financiers traditionnels tels que les prêts, les
paiements, les dérivés, les capitaux propres, sont construits sur la
blockchain en utilisant des contrats intelligents pour accroître leur sécurité
et leur transparence et réduire les obstacles à l’entrée. Dans la DeFi,
Chainlink peut permettre d’évaluer les actifs, d’accéder aux taux d’intérêt,
de vérifier la collatéralisation, etc., ce qui permet à ces produits d’exécuter
des fonctions telles que l’émission d’un prêt à la juste valeur marchande,
automatiser l’émission de dividendes ou régler un contrat d’options.
Chainlink est également utilisé dans l’agriculture pour fournir des
données météorologiques au marché de l’assurance des cultures Arbol et
permettre aux agriculteurs d’assurer leurs cultures et d’obtenir des
indemnisations automatisées grâce aux smart contracts en fonction des
précipitations, des températures ou d’autres paramètres.
Autre cas d’utilisation de Chainlink : la fourniture aux systèmes
traditionnels tels que les fournisseurs de données, les réseaux IoT (l’Internet
des objets), les sites web et les entreprises, un moyen de rendre leurs
données et services disponibles pour tout réseau de blockchain. Un cadre
d’interopérabilité standard de l’industrie utilisant des réseaux oraculaires
comme Chainlink pour connecter des systèmes traditionnels avec des
blockchains a été décrit dans le rapport du Forum économique mondial
coécrit par le cofondateur de Chainlink, Sergey Nazarov, intitulé « Combler
l’écart de gouvernance : interopérabilité pour les systèmes de blockchain et
d’héritage ».
Si les blockchains sont des ordinateurs décentralisés et les contrats
intelligents des applications décentralisées, Chainlink peut être considéré
comme un Internet décentralisé permettant aux contrats intelligents
d’interagir avec le monde extérieur, tout en conservant les garanties
fondamentales de la technologie blockchain en matière de sécurité, de
transparence et de confiance.
Le 16 octobre 2023, Chainlink se situait à la 18e place en termes de
capitalisation (environ 4,2 milliards de dollars).
Site Internet : chain.link

Binance Coin (BNB)


Lancé en juillet 2017 par Changpeng Zhao qui en est toujours le Chief
Executive Officer (CEO), Binance est la plus importante plateforme
d’échanges crypto en termes de volume quotidien de trading. Un tel succès
s’explique en partie par l’écosystème de fonctionnalités pour ses usagers
comprenant la Binance Chain, la Binance Smart Chain, la Binance
Academy ou encore le BNB. La crypto native de la plateforme d’échange
Binance, au cœur de cet écosystème, est utilisée pour payer les frais de
transaction sur la plateforme et offre un certain nombre d’avantages à ses
détenteurs. L’objectif de Binance est de hisser les échanges crypto au
premier plan de la finance mondiale. Le nom même de Binance a été pensé
pour refléter ce nouveau paradigme dans la finance globale : Binary
Finance.
Cependant, depuis déjà plusieurs années, Binance concentre les attaques
de différentes autorités financières américaines, multipliant les incertitudes
judiciaires pesant sur la plateforme. Ainsi, en septembre 2021, la CFTC
(Commodity Futures Trading Commission), l’organe fédéral américain
chargé de la régulation des marchés des produits dérivés, ouvrait une
enquête pour déterminer si des employés de la plateforme avaient commis
des délits d’initiés. De plus, Binance a été accusé de blanchiment d’argent
ayant conduit à de nouvelles investigations menées par le ministère de la
Justice américain (DoJ) et l’Internal Revenue Service (IRS).
Enfin la SEC met en doute la légalité de l’ICO du BNB en 2017. Selon
l’agence, Binance (comme d’autres entreprises dans le secteur des
cryptomonnaies faisant l’objet d’une enquête similaire) aurait dû enregistrer
cet actif auprès des autorités américaines préalablement à toute vente
publique. Une accusation désormais classique.
Le cours du BNB a été affecté par les menaces judiciaires pesant sur
Binance. Pourtant, en novembre 2023, BNB était encore la quatrième
crypto en termes de capitalisation, juste derrière le BTC et l’ETH (si l’on
exclut Tether (USDT) qui est un stablecoin).
Site Internet : bnbchain.org

Monero (XMR)
Monero (mot issu de l’espéranto qui signifie « pièce ») a été lancé en avril
2014 à dessein de permettre des transactions privées et anonymes, ce que le
Bitcoin n’autorise pas. Alors que chaque bitcoin en circulation se distingue
par l’historique des transactions dont il a fait l’objet, les Monero sont
fongibles, c’est-à-dire interchangeables, plus encore que les billets de
banque qui sont numérotés.
Par ailleurs, les détails concernant les expéditeurs et les destinataires de
chaque transaction, ainsi que le montant de ces dernières, sont, grâce à un
procédé relativement complexe, masqués par défaut.
Pour assurer cette confidentialité, Monero s’appuie sur trois technologies
différentes : les signatures de cercle (ring signatures), les transactions
confidentielles de cercle (RingCT) et les adresses furtives (stealth
addresses). Celles-ci masquent respectivement l’émetteur, le montant et le
destinataire d’une transaction. Toutes les transactions sur le réseau sont
ainsi obligatoirement (par défaut) sécurisées, sans que ni l’émetteur ni le
destinataire n’ait à procéder à quelque manipulation que ce soit. Il est donc
impossible de faire une transaction non sécurisée par accident. Ainsi, la
confidentialité ne repose pas sur la confiance accordée à qui que ce soit,
mais sur le système lui-même : un atout non négligeable, notamment pour
favoriser l’adoption de masse par des usagers sans compétences
informatiques ou cryptographiques particulières.
La fongibilité est une propriété basique de la monnaie selon laquelle il
n’y a pas de différence entre deux montants de la même valeur. Si deux
personnes échangent 10 unités contre deux fois 5 unités, personne n’y perd.
Cependant, supposons que tout le monde sache que les 10 unités ont été
utilisées lors d’une attaque par ransomware (ce qui peut être le cas sur une
blockchain transparente comme le Bitcoin) : la seconde personne sera-t-elle
d’accord pour procéder à l’échange ? Probablement pas, même si la
personne détentrice des 10 unités n’a aucun lien avec le ransomware. C’est
un problème, puisqu’une personne recevant de l’argent devra constamment
vérifier si cet argent n’est pas sale (et par conséquent susceptible d’être
confisqué ou gelé par toute autorité compétente). Or la fongibilité de
Monero signifie qu’il n’est pas nécessaire d’appliquer ces mesures.
Le nombre total de Moneros n’est pas limité. En revanche, Monero a un
taux d’émission fixe de 0,3 XMR par minute depuis mai 2022, soit
0,6 XMR par bloc, un bloc étant miné toutes les deux minutes. Ainsi, à
mesure que le nombre de XMR en circulation augmentera, cette inflation
aura tendance à se rapprocher de zéro, sans jamais être nulle, ces 0,6 XMR
par bloc servant de récompense aux mineurs. Cette motivation financière
permet de s’assurer de leur soutien et de limiter les frais de transactions.
L’un des principaux objectifs de Monero étant de prévenir toute
centralisation susceptible d’entraîner une prise de contrôle de la blockchain,
le réseau utilise pour cela un mécanisme de consensus de Proof of Work
particulier, appelé CryptoNight, qui vise à empêcher la domination de
grandes fermes de minage.
Selon les développeurs de Monero, sur l’ensemble des critères
généralement attachés à une cryptomonnaie, vie privée, sécurité et
résistance à la censure doivent primer l’efficacité, la scalabilité et la facilité
d’usage, une conception qui ne correspond pas à l’ambition de la plupart
des autres blockchains. D’ailleurs, cinq des sept développeurs ayant
participé à la création de Monero ont décidé de rester anonymes, certaines
rumeurs insinuant même qu’il aurait été inventé par Satoshi Nakamoto.
En novembre 2023, Monero était la vingt-sixième crypto en termes de
capitalisation.
Site Internet : getmonero.org

Dogecoin (DOGE)
Lancé en décembre 2013, Dogecoin est une fork (une scission) de Litecoin.
Ses créateurs l’ont appréhendée comme une cryptomonnaie fun, avec son
logo représentant un Shiba Inu. Sur le site internet officiel de Dogecoin, il
est stipulé que la communauté rassemblée autour du DOGE défend des
valeurs telles que l’entraide, la bienveillance, la générosité (à travers des
collectes de fonds), le fun, la création de memes et l’absurdité (sic), ce que
tend à confirmer le slogan non officiel de DOGE : Do Only Good Everyday.
Dogecoin diffère du protocole de Proof of Work de Bitcoin de plusieurs
façons, à commencer par la technologie Script sur laquelle il repose. Par
ailleurs, les blocs sont validés toutes les soixante secondes et non toutes les
dix minutes. Enfin et surtout, le nombre total de Doge est illimité.
À ses débuts, Dogecoin était utilisé comme un système de pourboire de
récompense sur Reddit et Twitter pour la création ou le partage de contenus
de qualité. L’altcoin doit sa montée en puissance à l’engagement de la
communauté en ligne, ainsi qu’à la publicité que lui ont faite les tweets
d’Elon Musk dès les premiers mois de l’année 2021, notamment un meme à
la gloire du DOGE faisant référence au Roi Lion, provoquant un
engouement massif et une hausse du cours vertigineuse. En novembre 2023,
Dogecoin était la neuvième crypto en termes de capitalisation.
Site Internet : dogecoin.com
Solana (SOL)
Lancé le 16 mars 2020, notamment par Anatoly Yakovenko, son CEO,
Solana est un projet open source ambitionnant l’apport de solutions pour les
entreprises, les jeux en ligne, le commerce, la finance décentralisée, la
création artistique (via les NFT). Le protocole Solana a été conçu pour
faciliter la création d’applications décentralisées.
Afin d’améliorer les performances du réseau, en particulier la scalabilité,
Solana combine un mécanisme de consensus Proof of History (PoH) avec le
Proof of Stake ce qui autorise une réduction des temps de validation, aussi
bien pour les transactions que pour l’exécution des smart contracts, au
point que le projet a souvent été considéré comme un des rivaux les plus
sérieux d’Ethereum. Certains puristes considèrent Solana comme beaucoup
trop centralisé, favorisant les fonds d’investissement et le capital-risque, et
par conséquent ne correspondant pas à la philosophie à l’origine de la
création de la blockchain tournée vers l’usager. Toujours est-il que le projet
se distingue notamment par le nombre très élevé de TPS, ainsi que par sa
rapidité propre à répondre aux exigences de nombreuses dApps.
Ce point est d’ailleurs passionnant car il illustre parfaitement les
différentes conceptions qui peuvent s’affronter autour de la blockchain,
dans un antagonisme comparable à celui qui s’est développé autour de
l’Internet : d’un côté, les défenseurs de la liberté individuelle, de
l’autonomie et de la décentralisation, inquiets de l’accroissement du
contrôle autorisé par les nouvelles technologies ; de l’autre, les promoteurs
de l’efficacité qu’autorise cette technologie, qui permet aussi un plus grand
contrôle…
Le 17 novembre 2023, Solana se situait à la septième place en termes de
capitalisation sur le marché des cryptos.
Site Internet : solana.com

Uniswap (UNI)
Fondé sur la blockchain Ethereum, Uniswap est un Automated Market
Maker (AMM), c’est-à-dire un protocole d’échange décentralisé (DEX)
permettant à ses usagers l’achat et la vente d’actifs sans intermédiaire. Il
utilise des liquidity pools (pools de liquidités) gérés par des smart contracts
pour faciliter les échanges.
Les pools de liquidités sont des mécanismes utilisés dans les protocoles
de DeFi pour faciliter les échanges entre différents actifs numériques, tout
en limitant les risques ainsi que les frais pour chacune des parties. Ainsi,
lorsqu’un utilisateur souhaite échanger une crypto contre une autre, il n’a
pas besoin de trouver un autre utilisateur : il échange ses actifs avec le pool
de liquidités en fonction du ratio des deux actifs à un instant T. Ce
processus se fait de manière automatique grâce au smart contract qui
garantit des échanges équitables et transparents. En récompense de leur
fourniture de liquidités au pool, les utilisateurs reçoivent des jetons de
liquidités qui représentent leur part de propriété dans le pool.
Lancé en novembre 2018 par Hayden Adams, un des développeurs
d’Ethereum (décidément !), c’est en 2022 que le projet a véritablement
gagné en popularité, bénéficiant de l’engouement généralisé pour la DeFi.
UNI, le token d’Uniswap, est ce que l’on appelle un token ERC-20, ce qui
signifie qu’il nécessite la blockchain Ethereum pour fonctionner. Le nombre
total d’UNI disponibles devrait s’élever à un milliard d’unités en septembre
2024, après quoi l’inflation devrait être limitée à 2 % par an, à seule fin
d’assurer le bon fonctionnement de la blockchain.
Le 17 novembre 2023, Uniswap se situait à la vingt-septième place en
termes de capitalisation sur le marché des cryptos.
Site Internet : blog.uniswap.org/uni

8. Voir la rubrique consacrée au staking, p. 158.


Stablecoins : les monnaies
des cryptos

USDT, USDC, BUSD, DAI… On ne peut évoquer les cryptos sans


s’attarder sur les stablecoins, ces cryptomonnaies conçues pour maintenir
une stabilité de valeur avec une monnaie fiduciaire, comme le dollar ou
l’euro, ou une réserve de valeur stable, comme l’or. Largement utilisés dans
l’écosystème des cryptos pour faciliter échanges et transactions, les
stablecoins permettent de conserver des actifs numériques sans être soumis
à la volatilité des prix typique des autres cryptomonnaies.
Les stablecoins autorisent également une certaine marge de manœuvre
par rapport à l’impôt, seules les transactions en monnaies fiduciaires,
comme l’euro ou le dollar, pouvant être soumises à une taxation sur la plus-
value en France. En d’autres termes, les plus-values ne sont imposées que
lorsque l’on sort de l’écosystème crypto : quand on convertit une crypto en
monnaie fiduciaire, ou quand on achète un bien directement avec une
cryptomonnaie. Par exemple, l’acquéreur d’un bien immobilier payé en
bitcoins se verra imposer sur la plus-value réalisée sur ses BTC entre leur
valeur à l’achat et celle au moment de la transaction immobilière. Il ne
s’agit donc pas d’échapper à l’impôt (une pratique très fortement
déconseillée !), mais de pouvoir procéder à autant de transactions que
nécessaires sans se soucier de l’impôt. Ainsi, les traders utilisant des robots
de trading qui jouent sur la volatilité d’une crypto à même d’effectuer des
centaines ou des milliers de transactions par mois utilisent pour cela un
stablecoin.
C’est en 2020 que les stablecoins ont décollé, lorsqu’à partir du mois de
mars la capitalisation de Tether (USDT), s’élevant alors à environ
4,5 milliards de dollars, a commencé à croître à un rythme soutenu pour se
stabiliser deux ans plus tard au-dessus des 80 milliards de dollars. Ce
stablecoin a ouvert la voie à une nouvelle ère de stabilité dans l’écosystème
crypto.
Certains stablecoins, comme Tether, sont émis par des entités
centralisées. Cela peut présenter des risques en cas de défaillance ou de
manipulation. D’autres, comme DAI, sont décentralisés, ce qui signifie
qu’en théorie aucune entité unique ne les contrôle. En dehors de cette
première distinction, il existe différents types de stablecoins :
• Les stablecoins adossés à une monnaie fiduciaire, soutenus par des
réserves équivalentes en monnaies fiduciaires, généralement en dépôt
dans une banque ou une institution financière.
• Les stablecoins adossés à des actifs autres que des monnaies fiduciaires,
tels que l’or, des obligations ou des paniers d’autres cryptomonnaies.
• Les stablecoins algorithmiques, qui utilisent des algorithmes et des
mécanismes de marché pour ajuster l’offre de stablecoins en fonction de
la demande, afin de maintenir une valeur stable.

Différents types de stablecoins


• Tether (USDT). Lancé en 2014, Tether a été conçu pour faciliter l’usage
du dollar de manière digitale, avec l’ambition de révolutionner le système
financier conventionnel via une approche plus moderne de la monnaie. Il
s’agit aujourd’hui de la troisième cryptomonnaie en termes de
capitalisation derrière le Bitcoin et l’Ether. Adossé au dollar américain
(USD) à un taux de 1:1, chaque USDT est censé être soutenu par une
réserve de dollars américains détenus par la société émettrice de l’USDT.
Cependant, à plusieurs reprises des doutes sont apparus sur le montant
réel de ces réserves en dollars censées garantir la parité avec le dollar,
allant jusqu’à entraîner en avril 2017 un décrochage de l’USDT d’environ
10 %.
Site Internet : tether.to
• USD Coin (USDC). Sixième cryptomonnaie en termes de capitalisation
en octobre, USDC est un autre stablecoin dont la parité avec le dollar
américain est assurée par une réserve de dollars et de bonds du Trésor
américain. Lancé conjointement par Coinbase et Circle (une entreprise
mondiale de technologie financière) en septembre 2018 avec pour
mantra : « Digital money for digital age », l’USDC ambitionne la
création d’un écosystème intégrant le plus grand nombre possible de
wallets, d’échanges, de fournisseurs de services et de dApps. Il s’agit
d’un des stablecoins jouissant d’une des meilleures réputations.
Site Internet : circle.com
• Dai (DAI). Douzième crypto en termes de capitalisation en octobre, Dai
est un stablecoin décentralisé adossé au dollar, créé par MakerDAO
(MKR), une Decentralized Autonomous Organization (voir ci-dessous)
opérant le Maker Protocol, une plateforme de smart contracts basée sur la
blockchain Ethereum permettant à ses usagers de bloquer certaines
cryptos (notamment l’ETH) ayant valeur de collatéral pour obtenir
l’équivalent en DAI. En d’autres termes, contrairement à d’autres
stablecoins adossés à des réserves de dollars, DAI est généré par un
mécanisme algorithmique complexe qui utilise des actifs numériques
comme garantie.
Site Internet : makerdao.com
• Binance USD (BUSD). Ce stablecoin émis en septembre 2019 (en
partenariat avec Paxos) par Binance, adossé au dollar à un taux de 1:1, est
largement utilisé pour le trading sur Binance en raison des frais de
transaction moins élevés qu’il offre. Mais depuis l’attaque en justice
intentée par la SEC à l’encontre de Binance, le BUSD a été délisté de
plusieurs échanges et sa capitalisation a fortement décliné, tombant en
octobre à 2,1 milliards de dollars, alors qu’en novembre 2022 elle
culminait au-delà des 23 milliards de dollars.
Pendant quelques mois, en 2021, sur Binance justement, j’ai eu recours à
un robot de trading réglé pour effectuer des transactions à des variations de
cours réglées, selon les paires de cryptos (différentes cryptos
systématiquement face au BUSD), entre 0,4 % et 0,6 % environ. Étant
donné la volatilité des cryptos, il arrivait fréquemment que le nombre de
transactions par heure, à l’achat comme à la vente, excède largement la
dizaine, voire la vingtaine.
Assister dans un premier temps à l’accumulation des BUSD grâce au
cumul de toutes ces microtransactions s’est avéré grisant, mais après une
période d’environ neuf mois j’ai fini par me lasser. Cette méthode
d’investissement nécessite finalement beaucoup d’attention et ne me
correspondait pas. Nous y reviendrons.
Site Internet : binance.com
Decentralized Autonomous Organization (DAO)
Les Decentralized Autonomous Organizations (organisations autonomes décentralisées)
fonctionnent de manière autonome grâce à des règles programmées et exécutées sur
une blockchain ou tout autre réseau décentralisé. Conçues pour être transparentes,
autonomes et résistantes à la censure, car elles reposent sur une technologie de registre
distribué (DLT) telle qu’Ethereum, les DAO sont principalement utilisées dans la DeFi,
mais elles peuvent être appliquées à d’autres domaines comme la gouvernance
d’organisations.
Toutes les règles qui régissent le fonctionnement d’une DAO sont enregistrées de
manière immuable sur la blockchain, donc consultables à tout moment, d’où la
transparence. La blockchain décentralisée assure aux DAO une résistance à la censure et
à la manipulation par des tiers. Quant à l’autonomie, elle est assurée par les smart
contracts qui exécutent des fonctions spécifiques comme la distribution de récompenses,
l’allocation de fonds, voire la prise de décisions de gouvernance conformément à leurs
règles prédéfinies sans intervention humaine.

Des stablecoins vraiment stables ?


La première promesse des stablecoins est contenue dans leur nom : la
stabilité, si précieuse dans un univers financier où la volatilité reste encore
exceptionnelle. Or, dans la réalité, les stablecoins ne sont pas tout à fait
stables, ils sont soumis à des microvariations de cours dont savent profiter
certains traders. Mais si ces variations infimes sont acceptables, les
stablecoins ne sont pas complètement à l’abri du risque de « dépegage », ou
décrochage, ce phénomène qui se produit lorsqu’un stablecoin cesse d’être
adossé à sa référence et devient vraiment volatil. Malgré les efforts des
émetteurs pour maintenir la stabilité, il existe toujours des risques.
Si un stablecoin n’a pas suffisamment de réserves pour couvrir tous les
jetons en circulation, il peut se produire un dépegage aux conséquences
potentiellement désastreuses. On l’a vu le 9 mai 2022 avec le TerraUST
(UST), le stablecoin de l’écosystème coréen Terra-Luna, dont la parité par
rapport au dollar était assurée par un algorithme, qui a plongé de 99 %,
provoquant une perte sèche de plus de 60 milliards de dollars. Un premier
dépegage de l’UST avait entraîné une perte de confiance et provoqué la
vente en masse de Luna, le collatéral de l’UST, accélérant la chute du cours
de façon dramatique.
De même, les régulateurs gouvernementaux peuvent imposer des
restrictions ou des sanctions aux émetteurs de stablecoins, ce qui peut
affecter leur stabilité. Nous ne faisons ici que soulever la question de la
régulation, sur laquelle nous reviendrons, à laquelle est suspendue
l’ensemble de l’industrie de la crypto et qui dans bien des pays, comme aux
États-Unis, faute de cadre légal précis, empêche encore les institutions
financières d’investir massivement dans la crypto.
Les erreurs de programmation ou les failles de sécurité peuvent
également entraîner un dépegage.
NFT : et la blockchain est
soudain devenue un marché
de l’art mondialisé

Parmi les révolutions provoquées par Ethereum se trouve la création des


Non-Fungible Tokens, communément appelés NFT. Ces actifs numériques
aux caractéristiques uniques stockés sur une blockchain ont en effet permis
l’éclosion d’un tout nouveau marché de l’art, avec des œuvres d’un type
nouveau, dans lequel se sont engouffrés pionniers, curieux, amateurs avides
de nouveautés et spéculateurs.
Je ne me suis intéressé que de loin au sujet et n’ai jamais investi dans les
NFT (question de temps, de disponibilité, de goût, et comme le dit si
justement le dicton : « Qui trop embrasse, mal étreint »). Cela dit, dans un
monde toujours plus numérisé, j’en saisis parfaitement l’intérêt et ai peu de
doutes sur l’avenir des NFT.
Pour commencer, un NFT peut représenter n’importe quel type d’actif
numérique, qu’il s’agisse d’une œuvre d’art numérique (dessin, photo,
vidéo…), d’un GIF animé, d’un morceau de musique, ou même d’un tweet.
Chaque NFT possède son propre code numérique qui le différencie de tous
les autres et par conséquent le rend unique.
Grâce à la technologie de la blockchain, la propriété et l’authenticité d’un
NFT sont enregistrées de manière inaltérable et transparente, ce qui garantit
que personne ne puisse modifier ou contrefaire la propriété du NFT en
question. Les NFT permettent ainsi aux créateurs de vendre leurs œuvres
numériques de manière unique et directe en se passant d’intermédiaire
(galerie d’art, maison de disques, etc.) : toujours cette notion de peer-to-
peer… Quant aux détenteurs de NFT, ils peuvent en disposer comme ils
l’entendent, les imprimer, les utiliser en fond d’écran, les partager sur les
réseaux… bref, tout ce qu’autorise la technologie.
Comme dans tout marché, la valeur et la notoriété des NFT dépendent de
divers facteurs tels que la réputation de l’artiste, la rareté, l’historique de
l’œuvre, sa valeur artistique, son originalité…
Les premiers NFT à avoir attiré mon attention sont les « CryptoPunks »,
une collection de dix mille portraits en plan serré, générés de manière
algorithmique, chacun ayant sa propre combinaison d’attributs (boucle
d’oreille, lunettes, cigarette, coupe de cheveux…). Grossièrement
pixellisés, présentant une gamme de couleurs et un graphisme basiques, un
cadrage unique, ils ne présentent à mes yeux aucun intérêt esthétique, ce qui
explique que je n’aie pas été tenté d’en acquérir un à un prix déjà supérieur
à 10 000 dollars quand j’ai découvert leur existence… À ma décharge, j’ai
en matière d’art une vision d’esthète plus que de spéculateur et préfère me
fier à mon propre goût plus qu’à des perspectives de gains hypothétiques.
En revanche, étant considérés comme les pionniers de l’adoption des
NFT, les CryptoPunks conserveront toujours une grande valeur historique,
ce qui en matière d’art est souvent un des critères les plus importants. Reste
à savoir à partir de quel prix il devient déraisonnable de s’en porter
acquéreur…
À propos d’art et d’argent, les deux étant difficilement dissociables, en
mars 2021, une vente aux enchères organisée par Christie’s a vu une œuvre
numérique adjugée pour plus de 69 millions de dollars, ce qui en faisait
l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue sur ce support. Il s’agit de
Everydays: The First 5 000 Days, un collage de toutes les images postées
en ligne depuis 2007 par l’artiste Mike Winkelmann, connu sous le nom de
Beeple…
Autre record de prix atteint par un NFT, le « Jack Dorsey’s First Tweet »,
autrement dit le tout premier tweet du cofondateur de Twitter, Jack Dorsey,
vendu sous forme de NFT. Il a été acquis pour plusieurs millions de dollars
par l’entreprise de technologie Bridge Oracle. De quoi laisser songeur…
Plus proche des CryptoPunks et donc plus accessible : CryptoKitties, créé
en 2017. Il s’agit d’un jeu de collection de chatons virtuels basé sur la
blockchain Ethereum. Les joueurs peuvent acheter, vendre et élever des
chatons virtuels uniques. Là encore, sans regret, je passe mon tour…
Également très populaire, le Bored Ape Yacht Club compte dix mille
Bored Ape (autant de tokens ERC-721 sur la blockchain Ethereum), chacun
de ces portraits de singes étant, à la manière des CryptoPunks, unique et
généré de manière algorithmique à partir d’un panel de cent soixante-dix
éléments possibles incluant expressions, couvre-chef, vêtements,
accessoires, couleurs… À l’origine, les Bored Apes ont été dispersés en
2021 lors d’une vente sur le site boredapeyachtclub.com au cours de
laquelle il était possible de les acquérir pour 0,08 ETH l’unité, un tarif
somme toute abordable par rapport aux cours actuels. Les Bored Apes ont
tous été vendus depuis et l’on doit désormais, pour les acheter ou les
revendre, passer par une plateforme d’échanges spécialisée dans les NFT
comme Opensea (le 17 octobre 2023, le moins cher, le numéro 2 511, y était
proposé pour 25,85 ETH et le plus cher, le numéro 7 684, pour
6 969,69 ETH).
Je dois confesser qu’une telle variation de prix me laisse rêveur,
s’agissant de portraits bâtis sur un modèle unique, ne différant que par
quelques détails et d’un intérêt artistique somme toute limité. En tout cas,
Yuga Labs, l’entreprise à l’origine de cette série, qui semble parfaitement
maîtriser les codes du marketing, a créé un univers d’une cohérence
évidente, au graphisme amusant. Sans me risquer à quelque prédiction
hasardeuse, je ne serais pas surpris que ces Bored Apes parviennent à
s’inscrire dans la durée.

Des NFT sur la blockchain Bitcoin


Impensable il n’y a pas si longtemps, il existe désormais des NFT sur la
blockchain Bitcoin. L’univers de la crypto est en évolution permanente et
les Ordinals ont changé la donne. En résumé (je ne me lancerai pas dans
l’explication détaillée d’une technologie dépassant mes compétences), les
bitcoins ne sont pas complètement fongibles (ou interchangeables),
puisqu’il est possible de retracer l’ensemble des transactions de chaque Sat.
Ordinals exploite cette fongibilité relative pour transformer chaque satoshi
en NFT potentiel, sans sacrifier leur nature ou leur quantité. Mais les
échanges ne peuvent se faire qu’entre utilisateurs de Sats identifiés par le
logiciel d’Ordinals – ce même logiciel qui profite de la mise à jour Taproot
assouplissant les limites de taille de données témoins (comme les
signatures) dans une transaction, pour traiter des fichiers plus lourds qui
correspondent aux NFT.
Les premiers NFT sur la blockchain Bitcoin sont les Pixel Panda Wars,
deux cents cartes d’un jeu de plateau, numérisées pour l’occasion, chacune
de ces cartes affichant l’image d’un panda sous laquelle sont détaillés le
nom de ce dernier ainsi que ses caractéristiques. Et ce qui semble en faire
toute la valeur : ces cartes sont inscrites sur la blockchain à partir du
bloc 78, soit l’un des tout premiers, ce qui est vérifiable sur la blockchain
ou plus simplement sur le compte X (ex-Twitter) @pixelpandawars. Le
17 octobre 2023, quarante-trois de ces Pixel Panda Wars étaient en vente
sur ordinalhub.com à des prix compris entre 0,029 BTC pour The Dude
Panda, et 10 BTC pour Warlord Important Poe…

Les NFT et leurs différentes places de marché


Relié à la blockchain, tout NFT nécessite un portefeuille numérique
compatible avec la blockchain sur laquelle il est émis (comme Ethereum),
que ce soit pour l’acheter, le vendre ou le stocker. Certaines plateformes
intègrent directement des portefeuilles, tandis que d’autres exigent la
connexion d’un portefeuille externe pour effectuer des transactions.
Il est essentiel de prendre en compte les frais associés aux transactions et
de vérifier l’authenticité et l’origine de l’œuvre avant d’acheter un NFT.
Voici quelques-unes des principales plateformes populaires pour acheter des
NFT.
• OpenSea, fondé en décembre 2017, propose une des plus grandes places
de marché pour les NFT. Elle se présente comme le site d’une galerie
d’art en ligne proposant une large gamme d’œuvres d’art numériques, de
jeux, de memes, de photographies, de morceaux de musique… autant
d’éléments vendus à des prix affichés en ETH.
Site Internet : opensea.io
• Rarible est une plateforme de NFT qui permet également aux créateurs de
créer et de vendre leurs propres œuvres. Rarible répertorie les NFT selon
divers critères : collection, créateur, type d’œuvre, prix… Les artistes
peuvent définir un pourcentage (10 %, 20 % ou 30 %) de redevance qui
leur sera reversé à chaque vente de leur NFT. Rarible prélève 2,5 % de
chaque transaction effectuée sur la plateforme.
Site Internet : rarible.com
• SuperRare se concentre principalement sur l’art numérique de haute
qualité. Les œuvres d’art disponibles sur cette plateforme sont souvent
des éditions limitées.
Site Internet : superrare.com
• Foundation est une plateforme décentralisée de commerce de NFT,
reposant sur la blockchain Ethereum et permettant de créer, de vendre et
d’acheter des NFT. La plateforme a la particularité de sélectionner les
créateurs exposés, ce qui évite de s’égarer parmi des centaines de
collections différentes. Les NFT de jeux vidéo, les « collectibles » ou
encore les NFT de terrain en sont exclus. L’application propose des
ventes et achats directs, mais également des mises aux enchères.
Site Internet : foundation.app
• Decentraland, ouvert au public en février 2020, est une plateforme de
réalité virtuelle 3D décentralisée composée de parcelles de terrains qui
sont autant de NFT. Ceux-ci peuvent être achetés avec la cryptomonnaie
native de Decentraland, MANA, qui repose sur la blockchain Ethereum.
Mais on quitte ici le champ des plateformes d’échanges de NFT pour
pénétrer dans l’univers en pleine évolution du métavers. Il ne s’agit plus
simplement d’acquérir des NFT comme un amateur, un collectionneur ou
un spéculateur espérant faire une plus-value dans un avenir plus ou moins
proche, mais de s’engager dans un univers virtuel qui va exiger un certain
nombre d’actions et d’interactions et qui peut, à l’instar des jeux vidéo,
s’avérer très chronophage.

Le Metaverse,
un univers valorisé par les NFT
Sans s’impliquer personnellement dans le métavers, sans y acheter de
terrain, y construire, y faire évoluer un ou plusieurs avatars, on peut, si l’on
croit à l’avenir du métavers, investir en se portant acquéreur de MANA, ou
encore de SAND, la crypto native de The Sandbox, autre métavers basé sur
la blockchain Ethereum créé par deux Français et racheté en 2018 par
Animoca Brands, une société de développement de jeux vidéo implantée à
Hong Kong. De nombreuses marques internationales y sont déjà investies,
ce qui tendrait à confirmer le potentiel économique du métavers ; mais,
comme pour tout investissement, il est essentiel de se forger sa propre
conviction avant de se lancer.
Sites Internet : decentraland.org, sandbox.game
En ce qui me concerne, sans en nier l’intérêt, je ne suis pas fasciné par le
métavers, ses propositions comme ses promesses, ce que l’on peut y
acquérir ou y faire, mais l’avenir pourra très bien me donner tort, y compris
du point de vue économique qui nous intéresse ici. Je préfère me concentrer
sur d’autres secteurs de l’univers de la crypto déjà suffisamment vaste pour
que l’on puisse s’y éparpiller.
Certes, seuls les pionniers, les premiers acheteurs, ont pu vraiment gagner
des fortunes avec le Bitcoin, l’Ethereum, Doge, Solana ou Cardano, pour ne
citer qu’une poignée de cryptos parmi les plus importantes. Mais en ce qui
concerne le métavers, la route me semble encore très longue et semée
d’embûches, si bien qu’à mon sens il faudra aux investisseurs une certaine
dose de patience avant de réaliser les plus-values espérées. La vitesse à
laquelle évolue l’univers de la crypto a pu faire oublier cette vertu qu’est la
patience. Elle demeure cardinale en matière d’investissement.
En ce qui concerne les NFT, là encore, ce sont les premiers acquéreurs,
que ce soit de CryptoPunks, de Bored Apes sur la blockchain Ethereum, ou
peut-être (pour ces derniers il est encore trop tôt) de Pixel Panda Wars sur la
blockchain Bitcoin, sur les rangs dès leur émission, qui ont pu les revendre
en réalisant des plus-values exceptionnelles. Mais, comme l’ensemble du
secteur de la crypto, les NFT peuvent être soumis à une volatilité extrême et
s’y intéresser en plein boom, au moment où tout le monde en parle, est sans
doute le meilleur moyen d’y laisser sa chemise.
Encore une fois, tout est une question de sang-froid, d’émotions
auxquelles il ne faut pas céder, de FOMO9 et par conséquent de recherches
à entreprendre par soi-même pour investir en toute connaissance de cause,
sans céder à la précipitation. Seriez-vous prêt à dépenser l’équivalent de
plusieurs milliers de dollars pour la représentation pixelisée, certes unique,
d’un punk ou d’un singe, sachant que sa valeur pourrait aussi bien être
démultipliée que tomber à zéro ? On a quitté ici l’univers de
l’investissement pour celui du jeu ou du pari. Et mieux vaut en avoir
conscience.
9. Voir p. 112.
La crypto, secteur en quête de
régulation

Malgré sa jeunesse, le marché des cryptos a déjà été marqué par plusieurs
faillites ou scandales retentissants, entraînant chute des cours sur
l’ensemble du marché (et par conséquent pertes sèches, parfois
dramatiques, pour certains investisseurs), suivie d’un bear market de
plusieurs mois, le tout résultant en un effondrement de la confiance dans ces
actifs numériques et retardant d’autant investissements institutionnels et
adoption de masse.
Le premier de ces accidents, en février 2014, fut la faillite de Mt. Gox,
liée à un piratage ayant provoqué pour des milliers de détenteurs de BTC la
perte de leurs avoirs (quelque 750 000 BTC, auxquels s’ajoutaient environ
100 000 BTC détenus par Mt. Gox pour une valeur totale d’environ
350 millions d’euros d’alors). Basée à Tokyo, avant d’être l’une des
principales plateformes d’échanges de BTC (début 2014, Mt. Gox
concentrait environ 70 % des transactions mondiales de BTC), Mt. Gox
avait été conçue en 2009 comme une plateforme d’échanges de cartes de
jeu, avant sa reconversion en 2010 et son rachat en 2011 par Mark Karpelès,
un Français. La faillite de ce géant a provoqué un effondrement du cours du
BTC, ainsi qu’une panique sur ce marché encore balbutiant. La plupart de
ces BTC ont depuis été récupérés et, dix ans plus tard, les détenteurs floués
devraient récupérer une partie au moins de leurs avoirs ; il n’en reste pas
moins que, sur le moment, le scandale provoqua un coup de frein brutal à
l’adoption de la crypto.
En mai 2021, le marché des cryptos s’est retrouvé confronté à un danger
d’une autre nature, plus important encore. Alors que la Chine concentrait
environ 70 % de la puissance mondiale de minage de bitcoins, les autorités
chinoises annonçaient vouloir bannir les fermes de minage, après avoir
annoncé leur intention d’interdire aux institutions financières de proposer
des services liés aux cryptomonnaies. Résultat de la panique causée par
cette menace : le cours du Bitcoin, qui en avril avait dépassé pour la
première fois les 61 500 dollars, entama un plongeon jusque sous les
33 000 dollars en juillet.
Au printemps 2022, le scandale de Terra/Luna a ébranlé très sérieusement
un marché pourtant bien plus mature qu’à l’époque de Mt. Gox. Le Terra
UST, stablecoin algorithmique dont la parité avec le dollar était assurée par
un mécanisme relativement complexe impliquant Luna (dont la quantité
variait à la hausse ou à la baisse pour maintenir cette parité), s’était hissé à
la troisième place des stablecoins en termes de capitalisation, notamment
grâce à l’Anchor Protocol qui proposait aux détenteurs d’UST un
rendement annuel de près de 20 % (grâce à un mécanisme trop complexe
pour fonctionner durablement autrement que sur le papier…). Le 7 mai
2022, un léger dépegage de l’UST par rapport au dollar a aussitôt entraîné
des retraits massifs d’UST, Anchor Protocol perdant dans les 48 heures
environ 9 milliards des UST sur les 14 dont le protocole avait la garde. Le
13 mai, les cours de Luna et de l’UST étaient tombés à zéro, cet
effondrement représentant une perte directe d’environ 40 milliards de
dollars pour l’ensemble de leurs détenteurs en six jours à peine. Ceci sans
mentionner les nombreux dommages collatéraux dans tout l’écosystème
crypto, à commencer par l’effondrement du cours du BTC qui, le 6 mai,
était encore supérieur à 36 500 dollars, pour tomber aux alentours des
20 000 dollars le 30 juin.
À peine six mois plus tard, en novembre 2022, FTX était la troisième
plateforme d’échange de cryptomonnaies dans le monde, quand une crise de
liquidités provoquée par un retrait massif d’actifs de la part de nombreux
déposants (retrait dû à des rumeurs liées à la gestion frauduleuse de Sam
Bankman-Fried, le jeune et emblématique patron de FTX, surnommé
« SBF », et les liens suspects entre FTX et Alameda Research, société de
trading en cryptomonnaies cofondée par SBF) a provoqué sa faillite… Le
11 novembre 2022, FTX, FTX USA, Alameda Research et plus de cent
sociétés affiliées déposaient leur bilan dans le Delaware, entraînant une
série de révélations sur les pratiques hors la loi qui avaient cours dans
l’écosystème FTX, avec une série de réactions en cascade : perte de la
parité de Tether tombé à 0,97 dollar, baisse du cours des actions des sociétés
de cryptomonnaie cotées en Bourse, chute du cours de Solana qui était
étroitement lié à SBF, augmentation des retraits sur les autres places de
marché, faillite de BlockFi, un prêteur de cryptos alors très exposé sur FTX,
exacerbation du scepticisme institutionnel à l’égard des cryptos en tant que
classe d’actifs…
Autant d’accidents aux origines diverses et aux conséquences parfois
dramatiques, qui donnent la furieuse impression que ce marché des cryptos
s’apparente au Far West : un univers non régulé qui autorise les espoirs les
plus démesurés, sans offrir aucun garde-fou contre la ruine.
Malgré les craintes des libertariens, des cypherpunks et autres
anarchocapitalistes, qui comptent parmi les premiers à avoir adopté le
Bitcoin, la régulation du marché des cryptos ne serait pas forcément néfaste,
peut-être même au contraire. Certes, la confidentialité des transactions, la
fameuse privacy que ces early adopters placent au-dessus d’à peu près tout,
serait compromise, en tout cas pour l’immense majorité qui ne maîtrise pas
les arcanes de la cryptographie ; mais, sur un plan strictement financier, les
bénéfices pourraient être supérieurs aux inconvénients.
Ne nous leurrons pas non plus. La confidentialité des transactions
combattue par les États, qui considèrent d’un mauvais œil toute perte de
contrôle sur leurs citoyens et leurs avoirs, y voyant avant tout une porte
ouverte à la fraude, au blanchiment d’argent ou au financement du
terrorisme, peut aussi se révéler salutaire dans certaines circonstances qui
ne peuvent être écartées d’un revers de main ; elle ne doit par conséquent
pas être diabolisée.
Quant à la régulation, qui permettrait en théorie d’éviter les pratiques
frauduleuses et proprement délirantes qui ont abouti à la faillite de FTX, ou
les sophistications hasardeuses de Terra/Luna (hasardeuses ou frauduleuses,
car comment peut-on garantir un rendement annuel de près de 20 % ?), il ne
faut pas non plus en attendre des miracles : la finance traditionnelle,
pourtant régulée et en théorie scrutée de près par les autorités financières,
n’est pas à l’abri de dérives (la pyramide de Ponzi organisée par Bernard
Madoff ou la crise des subprimes, pour ne citer que ces retentissants
exemples). La cupidité est en effet telle que certains trouveront toujours les
moyens de contourner les règles les plus rigoureuses, au mépris des
conséquences les pires.
La régulation du secteur aurait une vertu majeure : elle permettrait à de
nombreuses institutions financières qui ne peuvent s’engager sur un marché
non régulé d’y investir enfin, ce qui représenterait un afflux sans précédent
de capitaux sur ces actifs et une hausse de leurs cours vraisemblablement
spectaculaire. Si l’interdiction chinoise du minage de bitcoins, malgré la
panique qu’elle a engendrée, ne s’est pas avérée dramatique (les mineurs
ont pu exporter leur activité dans des pays plus accueillants et la puissance
de hachage du Bitcoin n’a été que brièvement affectée), pour reprendre cet
exemple, ce type de revers n’est pas acceptable pour des institutions gérant
des milliards de dollars, notamment pour des fonds de pensions.
Le 20 avril 2023, une première étape importante a été franchie avec
l’adoption par le Parlement européen du règlement européen sur les
marchés de cryptoactifs (Markets in Crypto-Assets), communément appelé
MiCA. Le texte vise à encadrer les cryptoactifs qui ne relèvent pas des
règlementations européennes existantes en matière d’instruments et produits
financiers, en créant un cadre réglementaire européen équilibré visant à
protéger les investisseurs européens. Il couvre à la fois l’offre et l’admission
aux négociations de cryptoactifs et la fourniture de services sur ces
cryptoactifs. Il contient également un dispositif d’encadrement des abus de
marché sur cryptoactifs applicable à toute personne impliquée dans la
réalisation de transactions sur ces actifs. La DeFi est pour l’instant exclue
du champ d’application du texte et la Commission européenne doit évaluer
la nécessité de proposer un régime spécifique aux NFT.
En fournissant enfin une clarté réglementaire au marché des cryptos,
Mica représente donc une étape attendue depuis longtemps, aussi bien par
les investisseurs que par les acteurs de cette industrie ou par les autorités
des États. Mais à présent tous les regards sont tournés vers les États-Unis,
où l’incertitude réglementaire demeure et les menaces continuent de planer,
émanant notamment de la Securities and Exchange Commission, mais aussi
du Financial Stability Board, une organisation internationale établie par le
G20 après la crise de 2008, qui en juillet 2023 a publié ses
Recommendations for Global Crypto Regulations préconisant la sauvegarde
des actifs des clients, la révélation des conflits d’intérêts et la coopération
transfrontalière. Deux organisations influentes et notoirement peu
favorables aux cryptos dans leur ensemble (le FSB dépend de la BIS, la
Bank for International Settlements, soit la banque des banques centrales qui
voient évidemment d’un mauvais œil l’émergence de ces nouvelles
monnaies), mais qui se heurtent à des oppositions puissantes, notamment au
sein du personnel politique, comme Gary Gensler a pu en faire l’expérience
lors de ses auditions successives devant certaines commissions du Sénat.
Un certain nombre de politiciens, aussi bien démocrates que républicains,
ont en effet, depuis plusieurs années déjà, pris la défense de cette industrie,
défendant notamment l’argument selon lequel les États-Unis ne peuvent se
couper de ce secteur en pleine croissance et potentiellement révolutionnaire.
Le combat qui se joue là est absolument passionnant, encore plein
d’incertitudes, mais ce sont ces mêmes incertitudes qui autorisent les
opportunités d’investissements et les espérances de gains comme il s’en
présente rarement. Car si ces plus-values demeurent hypothétiques, une
chose est certaine : lorsque toutes les réglementations seront en place et que
les institutionnels auront investi le secteur, il sera trop tard.
SECONDE PARTIE

S’enrichir grâce aux cryptos


en appliquant quelques règles de base
comme l’étude, l’identification des sources
d’information, la diversification, mais avant
tout en maîtrisant ses propres émotions…
S
i vous avez entrepris la lecture de ce guide, c’est qu’a priori vous
n’êtes pas un professionnel de la finance, ce que je ne suis pas non
plus. Mais cela n’a aucune importance. Nul besoin de passer ses
journées à surveiller les cours devant un écran d’ordinateur pour investir
avec succès, ce que font les traders qui pratiquent l’analyse technique,
investissent avec des effets de levier et prennent des positions sur des
durées parfois très courtes. Mais il s’agit là de financiers qui ont étudié
longuement et acquis une véritable expérience pour maîtriser ces techniques
délicates. Tel n’est pas le propos de cet ouvrage.
Bien que concluante, mon expérience d’investisseur ne m’a pas
convaincu d’y consacrer ma vie, et s’il m’arrive de suivre sur Internet les
analyses de traders pour tenter d’anticiper des tendances de cours, je n’ai
jamais suffisamment accroché pour me lancer moi-même dans l’analyse
technique. Je n’en ai ni le temps ni l’aptitude, ni surtout le goût. Mon
objectif est d’exposer quelques principes et règles simples et efficaces que
chacun peut mettre en pratique sans y passer trop de temps.
Avant tout, la première règle que doit observer tout investisseur qui se
respecte (ce qui n’est pas le cas du trader, et encore moins du day trader
qui achète et revend parfois en l’espace de quelques minutes), c’est la
conviction qu’il s’est forgée de la valeur intrinsèque et du potentiel d’un
projet (en l’occurrence une crypto) avant d’investir. Car, contrairement au
trader qui s’intéresse avant tout aux courbes, aux graphiques, sans
nécessairement tenir compte des fondamentaux de tel ou tel actif parce qu’il
joue sur le court terme, l’investisseur joue sur le long terme, le temps
nécessaire à un projet pour arriver à maturité et s’imposer. C’est cette
conviction, dès lors qu’elle repose sur des bases solides, qui permet ensuite,
une fois investi, de conserver une certaine tranquillité d’esprit sans éprouver
le besoin de consulter les cours plusieurs fois par jour.
Règle n°1 :
maîtriser ses émotions

Dans un marché aussi volatil que celui des cryptos, avec des cours épousant
régulièrement les contours de montagnes russes, des envolées vertigineuses
suivies de chutes abyssales, on a très vite fait de perdre le contrôle de ses
émotions. Pensez donc : en pleine alt season, notamment sur des altcoins
dont la capitalisation totale n’excède pas quelques centaines de millions de
dollars, voire quelques dizaines de millions de dollars, il n’est pas rare
d’assister à des appréciations de cours de 1 000 %, de 1 500 %, voire
davantage, en quelques semaines à peine (en tout cas lors des cycles
précédents).
Qu’on se le dise : cette volatilité exceptionnelle serait considérée comme
anormale sur un marché dit mature, ce que le néophyte ignore
généralement. Le néophyte peut au contraire, dans ces cas-là, être enclin à
penser que la tendance ne va pas s’arrêter en si bon chemin, que le cours
déjà multiplié par dix ou douze par rapport au prix d’achat pourrait très bien
encore doubler, ou tout au moins qu’il ne redescendra jamais (j’en sais
quelque chose, je suis passé par là, comme évoqué plus haut). Il est alors
aveuglé par l’avidité (greed) et rate ainsi le plus haut et l’occasion d’une
plus-value proprement extraordinaire. Car une fois que le cours de la
crypto, monté aussi haut et aussi vite, a entamé sa chute, le néophyte,
obsédé par le cours record que sa crypto a effleuré, souvent l’espace d’une
journée à peine, voire quelques heures ou quelques minutes, refuse de
vendre à un prix inférieur, suppose ou espère qu’un rebond lui permettra de
retrouver ce cours. Incapable de vendre, il regarde sa plus-value potentielle
fondre comme neige au soleil à mesure que le cours redescend vers son
cours d’achat.
Et encore. À supposer que le même néophyte ait investi en plein bull
market, en pleine hype, sujet à ce que les Anglo-Saxons appellent le FOMO
(fear of missing out, la peur de manquer une occasion) – ce qui peut arriver
quand, par crainte de ne pas profiter de la hausse, on achète poussé par
l’avidité, sans tenir compte du cours relatif à la valeur intrinsèque du
projet –, il n’est pas rare alors de voir le cours de la crypto en question
plonger très en deçà du prix d’achat. Affolé par sa moins-value potentielle
qui ne cesse d’augmenter, désireux de limiter ses pertes, le néophyte vendra
alors dans la panique, finissant par enregistrer, après une plus-value
potentielle, une moins-value bien réelle, dans un premier temps soulagé
d’échapper à ce piège et de limiter ses pertes, avant de céder à l’amertume.
Dégoûté, ou à cours de liquidités, il jettera l’éponge, abandonnant
définitivement un marché qui, abordé avec plus de sang-froid, aurait pu lui
être très profitable. Il s’agit là d’un schéma classique, bien connu des
professionnels de la Bourse, qui repose avant tout sur la courbe des
émotions successives par lesquelles il est fréquent de passer.
Les théoriciens de la finance comportementale ont identifié un cycle des
émotions en quatre phases qu’il est important de connaître pour maîtriser
les siennes :
1. Optimisme, enthousiasme, emballement et euphorie.
2. Anxiété, déni, crainte, désespoir.
3. Panique, capitulation, découragement, dépression.
4. Espoir, soulagement et optimisme.
Étant passé par toutes ces phases, je peux témoigner de l’acuité de ce
schéma. C’est guidé par l’optimisme, persuadé que le Bitcoin allait
s’imposer, qu’en 2017 j’ai commencé à investir. J’ai connu l’enthousiasme,
l’emballement, puis l’euphorie, en décembre de la même année, en voyant
la valeur de mon investissement multipliée par près de huit, euphorie qui
m’a aveuglé au point que je n’ai rien vendu… Après avoir traversé
l’anxiété, le déni puis la crainte, à mesure que le cours du BTC n’en
finissait pas de plonger, sans y céder complètement, j’ai été proche du
désespoir, fin 2018, quand il est retombé aux alentours de 3 000 dollars. Si
la capitulation se traduit par la vente d’actifs dévalués, par conséquent
à perte, n’ayant, grâce à la force de ma conviction (ou en tout cas de mon
autopersuasion), ni cédé à la panique ni capitulé, j’ai évité cette phase
particulièrement douloureuse, souvent fatale en termes d’investissement.
Mais je n’ai pas échappé à l’amertume provoquée par mon incapacité à
vendre à temps (d’autant que l’on regrette en ces occasions les liquidités
que l’on aurait pu dégager pour racheter plus tard à prix cassés, comme
semblent l’avoir fait certains des analystes que je suis sur Internet).

Source : Banque nationale.


Accéder à la description

Et lorsque le cours du BTC a fini par remonter en 2019, mais surtout en


2021, à l’espoir a succédé le soulagement, puis de nouveau l’optimisme. Et
j’ai ainsi pu constater, ce qui n’a rien d’étonnant, que je ne diffère en rien de
la norme ! Ayant investi en 2017, j’ai surtout pu vivre ce cycle d’émotions
deux fois, ayant connu le bull market de 2021 au sommet duquel le bitcoin
a dépassé les 68 000 dollars, cours auquel, je n’en suis pas fier, je n’ai pas
non plus vendu… ou beaucoup moins que j’aurais dû le faire.
Ainsi, si j’ai pu me féliciter de l’intuition dont j’ai fait preuve au
printemps 2017 en investissant dans un actif à l’époque considéré comme
extrêmement risqué, je dois au contraire déplorer le manque d’intuition qui,
deux fois de suite, à quatre ans d’intervalle, m’a empêché de vendre au bon
moment. Mais nombre de financiers s’accorderont sur le fait que l’achat et
la vente sont deux choses très différentes, que dans les deux cas la maîtrise
du timing est extrêmement compliquée et que l’on peut être un bon acheteur
et un mauvais vendeur – et inversement.
Un peu d’introspection en la matière n’est pas inutile, car l’honnêteté
avec soi-même permet de corriger ses propres erreurs. J’ai fini par
m’expliquer en partie l’hésitation que j’ai pu avoir à vendre : ma conviction
de la valeur intrinsèque, de la valeur fondamentale du Bitcoin était telle que
je rechignais à le vendre, à m’en séparer, ce qui signifie que j’ai en
l’occurrence manqué de sang-froid. Or il s’agit uniquement de valeurs
mobilières, de simples actifs financiers qui ne doivent en aucun cas générer
le moindre sentiment, cet attachement irrationnel qui en 2021 m’a
objectivement fait rater une occasion d’enrichissement.
À ce propos, en juin 2022, l’un de mes amis m’avait demandé de le
conseiller pour se constituer un petit portefeuille de cryptomonnaies. Trois
mois plus tard, à ma grande surprise, il avait déjà liquidé ses quelques
positions et réalisé une plus-value d’environ 60 %. Sur le moment j’ai été
surpris, mais je dois reconnaître qu’il a eu raison : 60 % en trois mois,
objectivement, que demander de plus ? Les Anglo-Saxons ont à ce sujet une
expression amusante : You are not married to your bag (« vous n’êtes pas
marié à votre sac »).
Les investisseurs sujets au cycle infernal des émotions (infernal ou, du
moins, presque toujours fatal à leurs investissements) s’apparentent souvent
à ceux qu’en langage boursier on qualifie de petits porteurs. En langage
crypto, on les appelle les Weak Hands (« mains faibles ») car, contrairement
aux Strong Hands (« mains fortes »), ou mieux encore aux Diamond Hands
(« mains de diamant »), ils paniquent et jettent l’éponge au premier
retournement de tendance, bien évidemment à perte. Et puisqu’il faut bien
des perdants pour qu’il y ait des gagnants, c’est sur leur dos que les
professionnels, ceux qui constituent ce que l’on appelle le smart money,
génèrent leurs plus-values.
La maîtrise de ses propres émotions n’est qu’un préalable, un prérequis
pour espérer gagner de l’argent sur le marché des cryptos, comme en
Bourse d’ailleurs. Reste ensuite à identifier les projets sur lesquels miser,
ceux qui ne risquent pas de s’effondrer mais qui au contraire reposent sur
des fondamentaux gages de réussite.
Comment s’informer pour
forger ses convictions ?

Plus que tout autre marché, celui des cryptos, par son côté disruptif et la
menace qu’il représente pour tout un système, pour de nombreux intérêts
établis depuis des décennies, a régulièrement été – et est toujours – l’objet
de rumeurs. Ses investisseurs sont régulièrement confrontés – je l’ai été
moi-même – à la peur, à l’incertitude et au doute, ce que les Anglo-Saxons
appellent Fear, Uncertainty and Doubt, ou FUD.
Combien de fois, par exemple, la mort du Bitcoin a-t-elle été annoncée ?
À tort, manifestement… Que ce soit dans mon entourage ou par les médias,
je ne compte plus les fois où des gens plus experts en finance, parce qu’ils
n’avaient pas vraiment étudié la question, ou parce qu’ils voyaient dans les
cryptos une menace, ont pu me faire douter – jamais assez pour me faire
vendre. Et ceci pour une simple raison : en dépit des CV très étoffés de ces
experts, aucun d’entre eux n’avait étudié le secteur des cryptos comme je
l’avais fait, aucun n’avait compris ou voulu comprendre leur intérêt (ou
peut-être au contraire l’avaient-ils trop bien compris et s’efforçaient-ils de
le dénigrer, parce qu’ils se sentaient menacés ou parce qu’ils regrettaient de
ne pas avoir investi plus tôt dans l’affaire du siècle).
Certains événements ou décisions politiques aux conséquences
immédiates sur les cours des cryptos m’ont fait douter plus que les avis de
soi-disant experts sur le non-avenir des cryptos. Je pense par exemple à
l’interdiction de l’activité de minage en Chine en 2021, évoquée plus haut.
Le doute et l’incertitude qui en ont résulté ont été assez vite balayés quand
il est apparu que cela n’avait pas changé grand-chose et que les compagnies
directement concernées avaient su s’adapter. Mais, sur le moment, c’était
assez inquiétant. Les incertitudes en matière de réglementation (exemples :
le Bitcoin sera-t-il un jour interdit ? les stablecoins ne finiront-ils pas par
représenter une concurrence trop importante pour les monnaies des banques
centrales, au point d’être proscrits ?…) ont parfois été un obstacle à une
certaine forme de sérénité.
Mais il s’agit là d’incertitudes d’ordre macroéconomique qui peuvent
influer sur la décision d’investir dans les cryptos en général plus que sur
une crypto en particulier, investissement qui nécessite également une vraie
conviction. Or sur ce point, la capacité manifeste du Bitcoin à résister à
toute forme d’attaque, à toute tentative de contrôle, à surmonter toutes les
crises, comme l’intérêt que lui portent des géants de la finance comme
Fidelity ou BlackRock, tous deux demandeurs d’une autorisation pour un
ETF Spot10 sur le Bitcoin, semblent avoir donné raison à ses défenseurs.
Par conséquent, à partir du moment où l’on est convaincu de la pertinence
du BTC (et de l’ETH) et de la prospérité de leur avenir (des nouveaux
sommets que leurs cours pourraient atteindre), l’information la plus
importante concernant ces deux actifs est liée au timing : sachant qu’ils
peuvent encore être soumis à une volatilité potentiellement vertigineuse,
quand faut-il acheter (ou vendre) ? Pour les autres cryptos, à savoir
l’ensemble des altcoins, le sujet est plus délicat car il s’agit d’un marché
extrêmement concurrentiel, immature, pas encore installé ; et parmi ces
projets, tandis que certains feront la fortune de leurs investisseurs, comme
ce fut le cas de certaines valeurs de la tech, un grand nombre aura disparu
dans quelques années.
Ce marché étant ce qu’il est, à savoir encore jeune, en attente de
régulation, totalement digital, on ne compte plus les youtubeurs et autres
influenceurs, experts autoproclamés qui recommandent tel ou tel projet
avec des promesses de plus-values faramineuses. Il faut s’en méfier comme
de la peste. Je sais d’expérience que les prévisions de cours sont souvent
démenties par les faits, y compris quand elles ont été émises par des
investisseurs jouissant d’une bonne réputation. C’est une des raisons pour
lesquelles, en décembre 2017, je n’ai pas passé d’ordre de vente sur le
BTC : Max Keiser, l’un des investisseurs de la première heure, pourtant loin
d’être le premier influenceur venu, avait affiché un objectif de cours de
25 000 dollars pour le BTC, soit 25 % au-dessus du cours atteint (ou plus
exactement frôlé) lors de ce cycle. L’avenir a fini par lui donner raison,
mais des années plus tard seulement…
Cela étant dit, le Bitcoin, comme l’Ethereum d’ailleurs, est un actif dont
la valeur intrinsèque est désormais reconnue. Il a fini par s’imposer, au
point d’être pris au sérieux par la plupart des grands établissements
financiers, des investisseurs institutionnels et même des États. Par
conséquent, en matière d’investissement, les questions concernant le BTC
et l’ETH semblent surtout liées au timing : est-ce ou pas le bon moment
d’acheter (ou de vendre) ?
La très grande majorité des altcoins en revanche, hormis les principales
(et encore), ayant des capitalisations beaucoup moins importantes,
représentent des potentiels de gains très nettement supérieurs à ceux liés au
BTC et à l’ETH, mais réservent toujours de nombreuses incertitudes. En
d’autres termes, les altcoins sont des placements beaucoup plus spéculatifs.
C’est pourquoi, avant toute chose, il est primordial de se documenter, de
faire ses propres recherches (DYOR : Do Your Own Research) afin de
s’assurer de la valeur intrinsèque de tel ou tel projet et, une fois investi, de
ne pas devenir la proie du doute.
En toute modestie (et honnêteté), le guide que vous tenez entre les mains
ne suffira pas. Si, grâce à mon expérience, il représente une entrée en
matière des plus directes et, je l’espère, efficaces, il ne saurait en aucun cas
remplacer le flot continu d’informations disponible sur Internet. Leur
consultation régulière est, du fait de l’évolution rapide de cet univers, une
nécessité absolue. Mais s’il existe une multitude de sources d’information
en ligne sur les cryptomonnaies, toutes ne sont pas fiables. Il est essentiel de
rechercher les plus crédibles et réputées.

Les sites Internet officiels :


un premier aperçu souvent révélateur
Les sites Internet officiels des altcoins représentent un moyen pratique pour
se faire une première idée. Soin apporté à la mise en page, White Paper,
feuille de route, présentation de l’équipe, des différents usages, énumération
des partenaires, régularité de la mise à jour du site, actualité du projet :
autant d’éléments précieux pour une première évaluation de toute altcoin.
Évidemment pas infaillible, cette méthode devrait quand même permettre
d’écarter d’emblée les projets les plus hasardeux dont les équipes n’ont pas
jugé utile d’allouer des ressources à leur vitrine.
CoinMarketCap (coinmarketcap.com), le site Internet recensant et
classant des milliers de cryptos, propose pour chacune d’entre elles, outre le
graphique de son cours, sa présentation, les principales statistiques la
concernant, la liste des échanges sur lesquels elle est négociable, les
dernières nouvelles concernant la crypto en question, ainsi qu’un lien vers
son site Internet officiel.
Tout aussi établi et sérieux, le concurrent direct de CoinMarketCap,
CoinGecko (coingecko.com), présente une offre comparable avec
notamment des liens vers des sites d’information (principalement en
anglais, mais également en français comme Journalducoin ou Cointribune),
vers les communautés de ces cryptos sur Reddit, Twitter, Telegram, Discord
ou Medium.
D’un premier abord souvent un peu rebutant, ces communautés
constituent de bons indicateurs, ne serait-ce que de la popularité de telle ou
telle altcoin. Une communauté active et engagée peut indiquer un intérêt
réel pour le projet et sa vision à long terme. Et ces espaces de discussion
peuvent aussi être l’occasion de trouver des avis contraires. Entendre
plusieurs sons de cloche autour d’un même projet permet d’avoir une vision
équilibrée et de mieux évaluer les risques et les opportunités liés au projet.
Évidemment, comme dans toutes les communautés de ce genre, la qualité
des contributions n’est pas uniforme, le meilleur côtoyant le pire, en tout
cas le plus inutile, voire le plus agressif. À chacun de faire son tri…

Un peu d’esprit critique ne nuit pas


La première chose à faire lorsqu’on évalue un projet altcoin avant d’investir
est d’analyser ses fondamentaux, ce qui, encore une fois, nécessite un peu
d’étude et de travail, en s’appuyant sur les sources d’information évoquées
plus haut. Voici quelques points importants à considérer.
• L’équipe. Vérifiez les antécédents des fondateurs (évident pour Polkadot
ou Cardano par exemple, Gavin Wood et Charles Hoskinson ayant
participé à la création d’Ethereum).
• Cas d’utilisation. Comment pourrait-on investir dans un projet dont on ne
comprendrait pas clairement l’intérêt ? Le projet résout-il un problème
réel ? A-t-il une utilité concrète ?
• Technologie. Analysez la technologie sous-jacente du projet. Est-elle
innovante ? Est-elle évolutive ? Est-elle sécurisée ? Une telle démarche
a priori exigerait des compétences informatiques dont tout investisseur ne
dispose pas, mais on peut toujours s’appuyer sur les avis d’experts dont
Internet regorge. Un faisceau de ces avis doit permettre de se faire une
idée.
• Partenariats. Renseignez-vous sur les partenariats éventuels du projet et
les collaborations avec d’autres entreprises.
• Feuille de route. Vérifiez la feuille de route du projet pour savoir s’il
atteint régulièrement ses objectifs et s’il a une vision à long terme.
Obtenir des réponses à ces questions nécessite un peu de temps et
d’efforts, mais il s’agit de votre argent, après tout, et la moindre des choses
est de ne pas le placer au hasard.
Cette marche à suivre étant exposée, reste à savoir où obtenir ces
informations, en dehors des sites officiels des cryptos en question et des
différents forums et plateformes communautaires… Avec l’expérience, j’ai
fini par identifier un certain nombre de canaux d’information que je
consulte régulièrement, dont je reçois des e-mails réguliers et des alertes.
L’offre en français est assez fournie et souvent de qualité, mais la maîtrise
de l’anglais demeure un atout.
Pour comprendre le marché, les décisions de la FED et ses conséquences,
les nouvelles tendances cryptos, les politiques des différents États relatives
à l’industrie, comme pour avoir des analyses approfondies sur telle ou telle
altcoin, je consulte régulièrement Coin Bureau, sur YouTube, qui présente
l’avantage d’être sobre et très didactique. Derrière Guy, son animateur star,
depuis peu épaulé par une animatrice, travaille toute une équipe faisant de
Coin Bureau une grosse machine capable de poster tous les jours un
reportage d’une vingtaine de minutes. Il est également possible de
s’abonner afin de recevoir par e-mail des alertes annonçant la mise en ligne
de ces vidéos, dont leur journal hebdomadaire, diffusé le lundi, qui
récapitule les grands événements relatifs à la crypto de la semaine
précédente. Coin Bureau est également présent sur Telegram où ce média
délivre quotidiennement les principales nouvelles du jour (partenariats,
forks, piratages, levées de fonds, projets, affaires judiciaires…).
Toujours sur YouTube, mais en français, j’apprécie les interventions de
Hasheur, le pseudonyme que s’est donné un passionné, parmi les premiers
en France à s’être emparé du sujet et par ailleurs entrepreneur de la tech
(Just Mining, deskoin.com), lui aussi sobre et didactique (deux qualités
décidément appréciables dans cet univers où l’outrance est monnaie
courante). Hasheur aborde tous ses sujets de façon claire, dynamique et
responsable. Il traite de thèmes aussi variés que : « Le prochain halving day
lancera-t-il un bull run ? », « La SEC déclare la guerre aux cryptos »,
« Mon problème avec le trading », « La finance décentralisée », « La
fiscalité des cryptomonnaies »… Il diffuse également des tutoriels comme
« Débuter dans les cryptomonnaies » et peut représenter ainsi une
excellente introduction dans cet univers. Il intervient également
régulièrement sur BFM Crypto qui diffuse par e-mail une lettre
hebdomadaire à laquelle on peut s’abonner gratuitement.
Pour l’analyse des tendances de cours, je suis régulièrement les posts (en
anglais) de Dirk de Bruin, alias Intelligent Cryptocurrency (toujours sur
YouTube et Telegram), souvent très pertinentes. Il poste notamment une
vidéo mensuelle dans laquelle il présente ses prévisions pour le mois à venir
(toujours pleines de réserves et mesurées, avec différents scénarios
possibles) et récapitule ses prévisions du mois précédent, afin que l’on
puisse vérifier leur acuité.
En dehors de ces personnalités dont j’apprécie le sérieux, on ne peut faire
l’impasse sur certains sites d’information spécialisés plus traditionnels dans
leur présentation comme Journalducoin, Cointribune, Cryptoast, ou encore
Cointelegraph et CoinDesk qui demeurent des mines d’information, aussi
bien sur l’actualité du secteur (avec des archives fort utiles) que sur
l’essence des projets, leurs équipes, leur utilité, leur fonctionnement
Comme vous pouvez le constater, l’offre est étoffée – et l’est en réalité
beaucoup plus encore –, à tel point que je suis sûr de passer à côté
d’intervenants de qualité auprès desquels j’aurais pu glaner de précieux
conseils, mais on est obligé de se concentrer sur certains si l’on ne veut pas
y passer ses journées… Car l’industrie est passionnante, bouillonnante,
d’une rare vitalité, et son étude peut être particulièrement chronophage, au
risque d’en devenir stérile.
Un investisseur averti
n’en vaut pas toujours deux
En théorie, la consultation régulière de tous ces spécialistes devrait
permettre d’éviter les accidents parfois catastrophiques dont l’univers de la
crypto n’a pas été avare au cours des deux dernières années. Car, une fois
que l’on a décidé d’investir dans les cryptomonnaies, le tout est de le faire
intelligemment et prudemment, en particulier en se méfiant des promesses
trop belles pour être vraies.
Mais ces spécialistes peuvent aussi se laisser abuser, comme ce fut le cas
pour nombre d’entre eux par l’offre d’Anchor Protocol et ses 20 % de
rendement annuel sur l’UST. La technologie permettait prétendument ce
miracle auquel tant d’investisseurs, y compris des professionnels de la
finance, ont voulu croire… avant de se réveiller avec la gueule de bois pour
revenir à la réalité. Avec le recul, on se rappelle qu’on a toujours su qu’un
rendement de 20 % annuel n’existe pas et l’on ne peut qu’en vouloir à soi-
même.
Un peu de lucidité donc, afin d’éviter de croire aux miracles parfois
vendus par des petits génies, tel Do Kwon, d’autant plus convaincants qu’ils
ont des compétences et maîtrisent des langages (informatiques) auxquels
seules des années d’étude donnent accès. Garder à l’esprit ces évidences
devrait permettre de ne pas tomber dans les pièges qui pourraient à nouveau
se présenter.
L’ultime conseil de prudence, enfin, réside dans la diversification.
Certains, que l’on appelle « Bitcoin maximalists », ne jurent que par le
Bitcoin, ne s’intéressent pas aux autres projets qu’ils considèrent comme
tout à fait secondaires par rapport au BTC et refusent toute idée de
diversification. Ils défendent un point de vue cohérent et rien ne dit que, sur
un plan strictement financier en tout cas, l’avenir ne leur donnera pas
raison.
Quelques mois après avoir investi dans le Bitcoin, j’ai cherché à me
diversifier en convertissant du BTC en d’autres cryptos, recherchant comme
de nombreux investisseurs des projets au potentiel haussier plus important
(tout du moins en théorie et à court terme). Or, bien que certains
mouvements aient pu se révéler gagnants, dans l’ensemble, le solde de mon
portefeuille serait plus élevé aujourd’hui si, au lieu de me diversifier en
quête de profits plus rapides, j’étais resté à 100 % en BTC. Et si parfois je
me dis qu’il ne serait pas trop tard pour liquider mes autres positions et tout
convertir en BTC, je n’en fais rien, ayant trouvé un intérêt dans certaines
cryptos et en leur potentiel.
Toujours est-il qu’à partir du moment où l’on décide de ne pas se
cantonner au BTC, la prudence la plus élémentaire commande de se
diversifier. De ne pas se limiter à un seule stablecoin par exemple ; sur
chaque secteur, comme le jeu, le métavers, la DeFI, l’interopérabilité, la
tokenisation d’actifs, ne pas se focaliser sur une seule altcoin, même s’il
s’agit de la plus importante dans sa catégorie, mais au moins avoir identifié
un projet concurrent sérieux.
Vous l’avez compris, l’univers de la crypto recèle encore autant
d’opportunités que de chausse-trapes. Et la diversification est le meilleur
moyen d’éviter ces dernières ou d’en limiter les effets.

10. Voir note p. 40.


Quels échanges choisir ?

Le choix de la plateforme d’échange pour conserver vos cryptos dépend de


plusieurs facteurs, notamment de vos besoins spécifiques, de vos objectifs
et de vos préférences en matière de sécurité. Voici quelques plateformes
considérées comme fiables :
Cotée au Nasdaq, Coinbase est une des plateformes d’échange de
cryptomonnaies les plus réputées, conviviale pour les débutants, dotée de
fonctionnalités de sécurité solides, notamment le stockage hors ligne des
fonds clients.
Malgré les récentes attaques de la SEC, Binance est l’une des plus
grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies au monde, offrant une
large gamme de cryptos. Elle dispose également de mesures de sécurité
robustes et propose des portefeuilles sécurisés.
Kraken est une plateforme d’échange renommée pour sa sécurité et sa
transparence. Elle propose également des options de stockage à froid (cold
storage) pour les cryptos.
Plateforme des frères Winklevoss, Gemini se concentre sur la sécurité et
la conformité réglementaire. Elle offre une assurance sur les fonds des
utilisateurs et stocke une grande partie des cryptos dans des portefeuilles à
froid.
À titre personnel, après avoir procédé à mes premiers investissements en
BTC sur Paymium, plateforme française créée par Pierre Noizat, j’ai migré
une partie de mes actifs sur Kraken afin de me diversifier sur d’autres
cryptos, puis sur Binance qui pratiquait des frais de trading moins élevés,
ce qui m’arrangeait à l’époque où j’utilisais les services d’un robot de
trading.
Enfin, j’y reviendrai par la suite, j’ai également transféré une autre partie
de mes fonds sur Nexo, une plateforme spécialisée dans le prêt et
l’emprunt. Les puristes recommandent de ne pas laisser ses actifs
numériques sur les plateformes, comme on va le voir. Soit, mais multiplier
les comptes sur différentes plateformes est aussi un moyen de répartir les
risques.
Si j’ai choisi ces échanges, c’est en raison de leur réputation et de leur
niveau de sécurité, le sujet le plus incontournable de l’investissement
crypto. On n’y insistera et on ne prendra jamais assez de précautions, on
aura beau engranger les plus-values les plus mirifiques, quelques secondes
d’inattention peuvent suffire pour voir l’un de ses comptes entièrement
siphonné.
La première des mesures à prendre est le téléchargement d’une appli
comme Google Authenticator qui génère des codes à six chiffres que
l’échange peut exiger selon le niveau de sécurité, pour se connecter et
procéder à des opérations. Ensuite, évidemment toujours vérifier l’adresse
de la plateforme au moment de vous connecter et choisir le niveau de
sécurité maximal. Puis, faut-il le préciser, adopter les plus grandes
précautions quant à ses différents mots de passe. Ces réflexes acquis, on
peut commencer à investir de l’argent sur l’une de ces plateformes.

N’accorder sa confiance à personne


« Not your key, not your coin », ont coutume d’affirmer les investisseurs
chevronnés qui ont déjà une solide expérience de la crypto. En français,
cela signifie que si vous n’êtes pas le seul à détenir les clés secrètes
permettant d’avoir accès à vos cryptos, ces dernières ne vous appartiennent
pas vraiment ; elles peuvent être gelées, saisies, confisquées ou volées.
Les détenteurs d’actifs sur FTX, Celsius ou BlockFi, pour n’en citer que
quelques-uns, en savent quelque chose. Par conséquent, laisser ses cryptos
sur un échange centralisé relève de l’hérésie par rapport à la philosophie et
à l’esprit de la crypto, puisque cela revient à confier à l’échange la
responsabilité de la garde de ses avoirs et à renoncer ainsi au pouvoir que
peut conférer la blockchain aux usagers, aux particuliers.
Les échanges décentralisés comme Uniswap, SushiSwap, Balancer ou
Curve Finance proposent une alternative intéressante aux échanges
centralisés. Ils permettent davantage aux usagers de garder le contrôle de
leurs actifs, mais il peut y avoir des risques liés à l’utilisation de smart
contracts. Il est primordial d’utiliser des DEX réputés et de prendre des
mesures de sécurité appropriées, comme le stockage de vos clés privées de
manière sécurisée. Il faut en outre vérifier la liquidité des paires de trading
sur le DEX, car une liquidité insuffisante peut entraîner des écarts de prix
importants, et tenir compte des frais de transaction sur les DEX qui varient
en fonction de la blockchain sur laquelle ils sont construits.
En réalité, la solution la plus sûre pour stocker ses cryptos réside dans les
hardware wallets, ces portefeuilles matériels de haute qualité disponibles
sur le marché pour la conservation sécurisée de vos cryptomonnaies. Le
choix dépendra de vos préférences personnelles et de vos besoins
spécifiques en matière de sécurité. Personnellement, après avoir utilisé le
Ledger Nano S, je suis passé au Ledger Nano X, plus puissant, qui offre des
fonctionnalités améliorées, et je n’ai jamais eu à m’en plaindre. Brancher
son Ledger à un ordinateur sur lequel a été téléchargée l’appli Ledger Live
et composer son code secret permet d’avoir accès à ses cryptos, de les
transférer, de les staker, d’en recevoir…
Il est important de comprendre que les cryptos ne sont pas stockées dans
le hardware wallet (Ledger ou Trezor, son concurrent, qui jouit d’une aussi
bonne réputation), comme le sont des fichiers sur une clé USB, mais
directement sur la blockchain. Le hardware wallet permet juste d’y avoir
accès. La perte définitive de son Ledger et de la liste de vingt-quatre mots
(ou seed phrase) permettant d’avoir accès à ses cryptos directement sur son
ordinateur sans hardware wallet n’entraîne pas la destruction des cryptos
qui y sont conservées, mais la perte définitive de leur accès sur la
blockchain. C’est la raison pour laquelle il est primordial de conserver la
sauvegarde de récupération (seed phrase) de votre hardware wallet dans un
endroit sûr et surtout hors ligne, car c’est la clé pour récupérer vos fonds en
cas de perte ou de vol de votre hardware wallet.
Stocker ses cryptos sur un Ledger, un Trezor ou tout autre hardware
wallet revient à se passer de banquier, à jouer le rôle du banquier, et donc à
porter l’entière responsabilité de ses fonds. Une telle responsabilité peut
effrayer et nécessite que l’on se penche avec la plus grande attention sur la
question. En contrepartie, savoir que l’on peut disposer de ses fonds à tout
moment, n’importe où dans le monde, sans passer par aucun intermédiaire,
aucune autorité, grâce à une simple connexion Internet, est une sensation
grisante qui à elle seule révèle le pouvoir de la blockchain.
N’investir que ce que l’on peut
se permettre de perdre

Le marché des cryptos en est encore à ses balbutiements, comme l’était


Internet dans les années 1990. À l’instar de certaines valeurs de la tech à
l’époque, le potentiel de gains demeure très important. Pourtant, de même
que seules quelques valeurs de la tech et d’Internet ont survécu et prospéré
dans ces proportions alors difficilement concevables, seules quelques-unes
des milliers de cryptos recensées devraient survivre.
Qu’il s’agisse de confidentialité, d’anonymat des transactions, de
scalabilité, de tokenisation d’actifs, de DeFi, de play to earn, de traçabilité,
d’oracles, de cadastre, d’assurance – en bref, quel que soit le secteur
d’activité, l’usage, ou quelle que soit la solution apportée à tel ou tel
problème, à chaque fois plusieurs projets, ou altcoins, sont en concurrence.
En toute logique, certains parviendront à s’imposer, tandis que d’autres sont
voués à disparaître. Bien malin qui saurait identifier les gagnants de demain
en éliminant tout risque d’erreur, quand tant de paramètres et d’aléas entrent
en ligne de compte.
En raison de cette incertitude majeure, à laquelle il faut ajouter
l’incertitude réglementaire, l’extrême volatilité des cours des cryptos et les
risques de piratage, les investisseurs sérieux ont coutume de dire qu’il ne
faut jamais investir dans les cryptos que ce que l’on peut se permettre de
perdre. Et ils ont raison.
Autre conseil avisé, dont j’ai pu apprécier la sagesse et que par
conséquent je me permets de vous donner à mon tour : dès que possible,
c’est-à-dire en cas d’appréciation de vos investissements suffisamment
importante (appréciation dont chacun est juge), récupérez (reconvertissez en
euros) l’équivalent de votre investissement de départ. En plein bull market,
quand les cours des cryptos dans leur ensemble montent en flèche, c’est un
mouvement contre-intuitif qui peut demander un certain effort : « Pourquoi
vendre telle quantité de cryptos pour un montant de 100, alors que dans
deux semaines, si la hausse se poursuit, je n’aurai à en vendre que la moitié
pour obtenir le même montant ? » À cette question que, comme beaucoup
d’autres, je me suis posée, on peut sans hésiter répondre que rien ne garantit
la poursuite de la hausse des cours et que les retournements de tendance
peuvent être très brutaux. La tranquillité d’esprit induite par la récupération
de son investissement de départ (augmenté, dans l’idéal, de la part qu’il
faudra payer en impôts sur la plus-value l’année suivante), en revanche, n’a
pas de prix. Car dès lors le montant demeurant investi n’est plus que du
bonus, de l’argent dont quelques mois plus tôt on ne disposait pas et que,
pour le coup, on peut vraiment se permettre de perdre.
Cela précisé, la nature humaine étant ce qu’elle est, même après avoir
récupéré son investissement de départ, on a très vite tendance à considérer
le solde demeurant investi comme ses propres avoirs, sur lesquels, même
inconsciemment, on pense pouvoir compter. Or il ne s’agit en réalité que
d’une plus-value virtuelle, puisque non encore réalisée, et qui sur un marché
aussi volatil peut fondre à une vitesse vertigineuse. C’est ici que l’on
revient à la dimension psychologique inhérente à l’investissement (on ne le
répétera jamais assez), chacun devant prendre en compte sa propre
tolérance – ou aversion – au risque.

L’effet de levier :
un mirage potentiellement fatal
À propos de risque, de nombreuses plateformes d’échanges de
cryptomonnaies offrent la possibilité d’investir avec effet de levier et de
nombreux influenceurs se gargarisent des gains faramineux engrangés grâce
à cette option, poussant leurs followers sur un terrain particulièrement
glissant. En clair, cela signifie que l’on est exposé à hauteur d’une somme
supérieure à la somme investie, ce qui permet de multiplier ses gains en cas
de hausse, mais également ses pertes en cas de baisse des cours. Ainsi,
certaines plateformes d’échanges proposent d’être exposé à hauteur de
1,5 fois son investissement (un levier raisonnable), d’autres avec un effet de
levier très supérieur, jusqu’à cinq fois l’investissement initial (un levier à
proscrire absolument pour tout investisseur dénué d’une longue
expérience), voire plus.
Sur le papier, la proposition est évidemment assez tentante, puisqu’en
étant exposé à hauteur de cinq fois son investissement, par exemple, une
hausse du cours de la crypto en question de 20 % (assez courant sur ce
marché) permet de doubler sa mise. Mais l’inverse est également vrai : une
baisse du cours de 20 %, multipliée par cinq, entraîne une perte de la
totalité de son investissement et surtout une liquidation automatique de la
position par la plateforme, qui se dégage ainsi de tout risque. Ce mécanisme
propre à toutes les plateformes d’échanges est d’ailleurs souvent à l’origine
des hausses ou des baisses vertigineuses de cours auxquelles on assiste
régulièrement sur le marché des cryptos : les liquidations en cascade de
positions sur le marché à terme amplifient les variations de cours dans les
proportions que l’on connaît. Sur une position « long » (l’investisseur joue
la hausse en achetant à terme), une baisse du cours entraînera la vente de sa
position, amplifiant ainsi la chute ; et sur une position « short »
(l’investisseur joue la baisse en vendant à terme), une hausse du cours
entraînera le rachat de sa position, amplifiant ainsi la hausse du cours.
En plein bull market, quand toutes les cryptos montent en flèche, investir
ainsi sur le marché à terme est certainement grisant (de même, en plein bear
market, quand toutes les valeurs chutent et qu’on « shorte » le marché),
mais ce jeu dangereux ne compte qu’une petite minorité de gagnants (qui
généralement font grand cas de leurs gains) et une grande majorité de
perdants (beaucoup plus discrets sur leurs pertes).
Il s’agit ici d’une pratique de trader – ce que, faute de compétences et de
temps, je ne suis pas – que je déconseille vivement aux néophytes. Les
traders professionnels s’appuient en effet sur de nombreuses analyses dont
la maîtrise est complexe et nécessite des années d’études. Et, malgré leur
expertise, ils sont loin de gagner à tous les coups. D’ailleurs, les plus
sérieux s’imposent de nombreuses règles et ne consacrent qu’une part bien
déterminée de leurs avoirs au trading sur le marché à terme et un tout petit
pourcentage à chaque position. On l’aura compris, pour gagner, l’important
est de durer ; et pour cela, mieux vaut éviter de courir après les miracles.
The trend is your friend :
l’importance du timing

Depuis l’émission du premier Bitcoin, on constate que le marché des


cryptos dans son ensemble évolue par cycles liés au halving du BTC, lequel
intervient tous les quatre ans. Les deux derniers halvings ont eu lieu en
2016 et en 2020 et le prochain aura lieu le 16 avril 2024. Quant aux
sommets successifs du BTC, ils ont été atteints en 2013, 2017 et 2021, plus
précisément vers la fin de l’année suivant celle du halving, chacun de ces
sommets ayant jusqu’à présent été suivi par une chute assez brutale.
Logiquement, la raréfaction de l’offre de BTC due au halving entraîne une
hausse des cours, hausse à chaque fois trop brutale et importante pour être
durablement soutenue, d’où la chute des cours, en partie provoquée par les
prises de bénéfices des investisseurs les plus avisés (et amplifiée par les
liquidations en cascade des positions sur le marché à terme).
Courbe du cours du BTC exprimé en dollars.

Source : CoinMarketCap.
Accéder à la description

Autre élément à prendre en compte : la plus importante des cryptos


représentant généralement plus de 50 % de la capitalisation totale du
marché, l’évolution du cours du BTC influence l’ensemble des cryptos,
généralement avec un léger décalage. C’est ainsi que l’on parle d’Alt
Season pour désigner un bull market des altcoins, succédant à la
BTC Season, au cours de laquelle le Bitcoin s’apprécie fortement (souvent
quelques mois après le halving), après quoi les investisseurs liquident leurs
positions en BTC pour se reporter sur les altcoins, au potentiel haussier plus
élevé, avant de liquider à nouveau leurs positions en altcoins pour les
convertir en stablecoins.
Évidemment, tout le monde veut investir en plein bull market, au moment
où les cours montent en flèche et donnent le sentiment de ne jamais
s’infléchir. Les médias alertés par les appréciations vertigineuses de cours
s’emparent du sujet, alimentant ainsi la fièvre crypto à la faveur de laquelle
de nombreux investisseurs paient des prix bien trop élevés, sans se soucier
des valorisations astronomiques déjà atteintes. Tout le monde finit par
prendre peur, par paniquer et par revendre en plein bear market, la plupart
du temps à perte, au moment où les cours paraissent ne jamais plus cesser
de chuter. Or c’est exactement l’inverse qu’il faut faire : acheter quand
personne n’en veut plus, quand les médias annoncent la mort prochaine du
Bitcoin, en plein bear market, quand le marché est d’un ennui profond
(comme à l’heure où j’écris ces lignes, fin septembre 2023), et vendre
quand tout le monde se précipite sur le Bitcoin, en pleine FOMO, au risque
de ne pas vendre au plus haut.
Jamais à court d’expressions aussi lapidaires qu’efficaces, les traders
anglo-saxons ont coutume de dire : « The trend is your friend », ce qui
signifie qu’il suffit souvent de suivre la tendance du marché (the trend),
elle-même indiquée par les graphiques, les courbes de cours et l’analyse
technique, avant de prendre une décision d’investissement. L’analyse
technique n’étant pas à la portée de tous, à moins d’avoir identifié un trader
partageant ses analyses sur le Net (les plus sérieux partagent les leurs
moyennant un abonnement payant), on peut aussi consulter le Fear & Greed
Index, notamment disponible sur CoinMarketCap.
Source : alternative.me.
Accéder à la description

Le Fear & Greed Index, ou « index de la peur et de la cupidité », est


conçu pour quantifier le sentiment général sur le marché des
cryptomonnaies. Lorsque la peur (Fear) prédomine, les prix des
cryptomonnaies ont tendance à baisser. Et lorsque la cupidité (Greed)
l’emporte, c’est bien souvent le signe d’une hausse des prix. Comprise entre
0 (peur maximale) et 100 (cupidité maximale), la valeur de l’indice est
calculée en fonction de la volatilité du prix d’une cryptomonnaie sur des
périodes de 30 et 90 jours, des volumes de transactions sur ces mêmes
périodes, du sentiment général sur les réseaux sociaux et de la performance
du marché.
Si les valeurs médianes (comprises entre 40 et 60) ne sont pas très
probantes, un marché dominé par la cupidité sous-entend souvent un
optimisme trop important chez les investisseurs, ce qui peut annoncer une
baisse à venir. Inversement, une faible valeur de l’indice peut indiquer une
prédominance de la peur et suggérer que le marché est survendu et que les
prix pourraient bientôt rebondir, ce qui sous-entend investir à contre-
courant du sentiment général.
Retour d’expérience et enseignements
Lorsque j’ai acheté du BTC pour la première fois, en avril 2017, même si
aujourd’hui sa valorisation de l’époque paraît dérisoire, le cours était alors à
son plus haut historique. À deux reprises, j’ai renforcé ma position alors
qu’il continuait à s’apprécier. Je n’ai donc pas cherché à acheter au meilleur
prix, ce qui tendrait à contredire ma recommandation, à savoir surveiller la
courbe du BTC (et de toute autre crypto que vous aurez jugée digne
d’intérêt) avant toute décision d’investissement.
« The trend is your friend » donc, « la tendance est votre amie ». Rien
n’est plus vrai. Pourtant, la volatilité des cryptos est telle que rien ne
garantit que l’on investit au meilleur prix, que le cours du BTC par exemple
ne va pas s’affaisser de 10 %, voire de 20 % le lendemain. Le marché n’est
pas avare de ces black swan events, ces « cygnes noirs » totalement
imprévisibles, telle l’apparition de la Covid-19 (ceux qui ont acheté du BTC
en février 2020 aux alentours de 10 000 dollars s’en souviennent). Je
l’ignorais alors, mais, au printemps 2017, le BTC était à l’aube d’un de ces
bull markets spectaculaires auxquels il nous a habitués depuis, et j’ai ainsi
profité d’un timing idéal. Certains parleront ici de chance, mais je n’aurais
pas bénéficié de cette chance si je ne m’étais pas forgé mes convictions
relatives à la valeur du Bitcoin.
Si l’histoire se répète (mais rien ne garantit qu’elle se répétera, les
performances passées ne permettent pas de prévoir les performances
futures), à l’occasion du prochain halving le BTC devrait s’apprécier à
nouveau de façon spectaculaire, vraisemblablement avant la fin 2025. Il
s’agit là, selon les défenseurs du Bitcoin qui sont convaincus de son avenir,
de la tendance sur le long terme. Or selon ces prosélytes (dont, vous l’avez
compris, je partage les idées), ceux qui à ce jour ne possèdent pas de BTC,
à la condition expresse de ne pas s’en porter acquéreur au sommet d’un bull
market, peu importent les vicissitudes du marché, ne devraient pas regretter
leur investissement… à condition de le conserver assez longtemps et de
savoir le revendre à temps.
DCA (Dollar Cost Averaging), ou
l’art de l’échelonnement

À partir du moment où l’on a décidé d’allouer une certaine somme à un


investissement particulier, le réflexe premier consiste trop souvent à aussitôt
investir cette somme, et surtout d’un seul coup, en une fois. C’est en tout
cas l’erreur commise par la plupart des néophytes. La sagesse commande
pourtant de procéder autrement, c’est-à-dire en échelonnant son
investissement. D’ailleurs, en matière d’investissement (contrairement au
trading), la sagesse commande souvent de ne rien faire et d’attendre, plutôt
que de multiplier les mouvements.
Il est vrai que mes premières acquisitions de BTC au printemps 2017
auraient été plus rentables encore si j’avais tout investi d’un coup et non pas
en trois fois, avec un BTC à chaque fois toujours plus cher. J’aurais alors
disposé du double environ de BTC. Mais je le regrette d’autant moins que
ça n’était pas calculé : cet investissement en trois fois ne correspondait pas
à une stratégie, mais au renforcement de ma conviction provoqué par
l’appréciation du cours du BTC.
Aurais-je renforcé mon investissement comme je l’ai fait à deux reprises
en cas de baisse des cours ? En toute honnêteté, rien n’est moins sûr (on
adopte généralement face aux valeurs mobilières le comportement inverse
de celui qui prévaut face à des biens de consommation qu’en toute logique
on cherche à acheter lorsque les prix baissent). Et pourtant, c’était
exactement ce qu’il aurait fallu faire. Les faits depuis m’ont donné cent fois
raison.
Toujours est-il que cette stratégie, qui en l’occurrence n’en était pas une,
correspond à la bonne manière d’agir. À mon insu, j’avais procédé
exactement comme un investisseur avisé. Et si aujourd’hui je m’autorise ces
moments d’introspection, avec ma petite expérience d’investisseur, c’est
parce que j’ai la conviction que la psychologie et la maîtrise de ses propres
émotions est l’un des paramètres les plus décisifs de tout investissement
rentable, ce que l’on a trop souvent tendance à ignorer.
L’échelonnement de l’investissement, ou Dollar Cost Averaging, qui
consiste à fractionner une somme allouée à un investissement pour étaler
cet investissement dans le temps, est particulièrement indiqué face à des
actifs aussi volatils que les cryptomonnaies. Ainsi, quelqu’un ayant décidé
d’acquérir pour 10 000 euros de BTC, par exemple, aura tout intérêt à
fractionner cette somme en cinq ou en dix parts, afin de procéder à autant
d’achats à intervalles réguliers d’une semaine. Statistiquement, cette
méthode permet d’obtenir le meilleur prix sur un marché où analyse
technique et prédiction des cours ne protègent pas même les experts
d’erreurs potentiellement coûteuses.
Plutôt que d’investir une certaine somme d’un coup (même de manière
échelonnée), on peut aussi décider d’allouer tous les mois, au moyen d’un
prélèvement automatique, une certaine somme à un actif numérique,
comme le Bitcoin ou l’Ethereum. De nombreuses plateformes d’échanges
proposent ce service, via un virement récurrent depuis un compte bancaire
classique, ce qui représente certainement l’une des stratégies les plus
efficaces pour contrer la volatilité et se constituer un portefeuille crypto au
fil du temps, sans même y penser.

La vente, ou l’autre revers de la pièce


Si la décision d’achat n’est pas toujours simple sur un marché aussi volatil
que celui des cryptos, la vente peut se révéler plus difficile encore, et je
parle ici d’expérience. Car si l’achat matérialise en quelque sorte un espoir
de gain et d’une certaine manière correspond à une prise de participation
dans un projet, vendre un actif en période de hausse (ce qui correspond
souvent à une bonne décision : vendre trop tôt n’a jamais empêché de
s’enrichir, au contraire, c’est souvent en vendant trop tôt que l’on
s’enrichit), c’est renoncer à un gain potentiellement supérieur, c’est aussi
accessoirement se couper d’un projet auquel on a cru (mais entretenir ce
type d’idées n’est pas très professionnel). Et c’est précisément ce genre
d’hésitations qui empêchent certains investisseurs de réaliser des plus-
values pourtant à leur portée.
Or, la technique de fractionnement, ou DCA, préconisée à l’achat est
également valable pour la vente : à partir d’une certaine appréciation du
cours de l’actif en question, en l’occurrence une crypto, au lieu de liquider
d’un coup une position, on peut aussi bien s’être fixé au préalable un certain
nombre de paliers, chacun entraînant un allégement gradué de ladite
position. Alors qu’à l’achat il est préconisé de fractionner la somme à
investir afin de procéder à intervalles réguliers, à la vente on fractionne la
position, en tranches de 10 % ou de 20 % par exemple, à l’appréciation de
chacun, afin de vendre ces tranches de manière échelonnée à mesure que le
cours de la crypto s’apprécie, de 10 % par exemple. Ne vendre à chaque
fois qu’une quantité limitée d’une position permet de sécuriser des gains,
tout en continuant à profiter de la hausse éventuelle et d’éviter d’assister à
un retournement de tendance souvent brutal sans avoir rien vendu.
Enfin, grâce à l’établissement d’un plan de sortie conçu à froid, cette
méthode facilite la vente : s’en tenir au plan que l’on s’est fixé en
l’appliquant sans réfléchir, de manière automatique (il est d’ailleurs
possible de programmer des ordres de vente sur la plupart des échanges),
présente l’immense avantage de faire abstraction de toute émotion en plein
bull market, en pleine fièvre, quand le sang-froid, qualité la plus importante
dans ce type de circonstances, se raréfie de façon dramatique.
Gagner sans vendre ?

Lors de mes premiers pas dans l’univers de la crypto, naïvement je pensais


que la réalisation de plus-values était l’unique moyen de gagner de l’argent,
ce qui devait nécessairement se traduire par la vente de mon stock de BTC
par exemple, ce à quoi, tout aussi naïvement, je rechignais (n’ayant pas
encore découvert les cycles du cours du BTC – à ma décharge, on manquait
de recul à l’époque –, je ne pouvais projeter de vendre pour racheter ensuite
à la baisse). En d’autres termes, on pouvait déplorer l’impossibilité de
générer des revenus passifs comme en offrent par exemple les actions
d’entreprises versant des dividendes. Mais si la réalisation de plus-values
hors normes, comme devrait encore l’autoriser le BTC, demeure
incontestablement le moyen le plus sûr de s’enrichir, cette industrie a
évolué de façon spectaculaire depuis 2017, ce qui se traduit par la variété
des possibilités qu’elle offre.
L’une des principales propositions de la crypto (en tout cas de certains des
projets parmi les plus en vue) étant de révolutionner la finance, la plus
importante, inscrite en tête du White Paper de Bitcoin, étant certainement la
suppression des intermédiaires, il est logique d’y trouver des produits
financiers résolument tournés vers les usagers.

Le staking
Certaines blockchains fonctionnant par Proof of Stake permettent aux
détenteurs de leurs coins de les « staker », c’est-à-dire de les mettre au
service de la blockchain contre rémunération. Il s’agit d’un processus par
lequel les détenteurs de certaines cryptos bloquent (ou « stakent ») une
partie de leurs jetons dans un réseau blockchain spécifique. En retour, ils
sont récompensés par des jetons supplémentaires de cette blockchain en
fonction de la quantité de cryptos qu’ils ont mise en jeu et de la durée
pendant laquelle ils la maintiennent verrouillée. Le staking est un élément
clé des systèmes de consensus de type PoS utilisés pour valider les
transactions et sécuriser les réseaux blockchain.
Les détenteurs de cryptos transfèrent leurs jetons dans un portefeuille
compatible avec le staking, et les bloquent pour une période déterminée (ou
pas). Bloquer ses jetons par le mécanisme du staking aide à sécuriser le
réseau et à valider les transactions. En retour, cela permet d’obtenir des
récompenses généralement distribuées sous forme de jetons natifs du réseau
blockchain en question. Certains réseaux autorisent le retrait des jetons
« stakés » à tout moment, tandis que d’autres peuvent avoir des périodes de
verrouillage spécifiques, de quatorze ou vingt-huit jours par exemple, en
échange de quoi le rendement est généralement plus élevé.
Sur Kraken, par exemple, j’ai depuis au moins deux ans plusieurs
positions de staking (Cardano, Cosmos Polkadot et Tezos, pour ne pas les
nommer) dont les rendements sont clairement définis par l’échange et dont
les récompenses (en ADA, ATOM, DOT et XTZ donc) s’ajoutent à chacune
de ces positions de façon hebdomadaire et automatique. Concernant
Polkadot, l’échange propose deux formules de staking : l’une sans délai de
déblocage proposant un rendement annuel compris entre 8 % et 12 %,
l’autre avec un délai de déblocage de vingt-huit jours (période au cours de
laquelle on ne perçoit plus de récompense) proposant un rendement annuel
compris entre 15 % et 21 %.
Cosmos propose également deux formules de staking, l’une flexible, d’un
rendement annuel compris entre 7 % et 11 %, l’autre bloquée, d’un
rendement annuel compris entre 17 % et 21 %. Certains investisseurs
refusent obstinément de bloquer leurs cryptos pour une durée donnée. Dans
un marché aussi volatil, un tel refus peut se comprendre, la réactivité étant
souvent déterminante. Pourtant, lorsqu’on constate la durée des bear
markets, la relative précision avec laquelle on peut prévoir leur fin et
surtout le temps vraisemblablement nécessaire à la remontée de certaines
altcoins vers leurs sommets, il me semble qu’étant donné la différence de
rendements, le jeu en vaut la chandelle. Mais ceci demeure à l’appréciation
de chacun…
Bien entendu, des rendements aussi élevés supposent une importante
inflation des coins en question. Mais, parce qu’ils sont exprimés en jetons
natifs de chacune des blockchains concernées, ils ne correspondent pas à
une promesse intenable ou frauduleuse, comme a pu l’être celle d’Anchor
Protocol sur Terra/Luna. Le risque principal en l’occurrence serait la
dilution de la valeur de chaque coin induite par l’inflation. Mais lorsqu’on
se trouve en plein bear market, comme à l’heure où j’écris ces lignes, alors
que les valorisations végètent à des niveaux désespérément bas, exprimé en
dollars ou en euros, ces rendements pourraient se révéler extraordinaires en
cas de reprise du marché et d’appréciation sensible de ces projets parmi les
plus solides.
Pour en revenir au Polkadot, Kraken proposait de participer au
financement des parachains évoquées plus haut en bloquant pour une
période de près de deux ans un certain nombre de DOT sur la ou les
parachains de son choix en échange de jetons des nouvelles parachains.
Les guichets en l’occurrence sont fermés depuis et il ne s’agit pas ici de
staking, mais d’une autre manière de générer des revenus passifs sans avoir
à vendre ses actifs comme il devrait s’en présenter de nouveaux à l’avenir.

Le liquidity mining
Le liquidity mining, également appelé yield farming, est un mécanisme
conçu pour inciter les détenteurs de cryptomonnaies à déposer leurs actifs
dans un pool de liquidité (souvent utilisé pour faciliter l’échange de ces
actifs) sur une plateforme DeFi, ce qui contribue à la liquidité du marché en
question et permet aux traders d’effectuer des transactions avec moins de
slippage (écarts de prix). En retour, les fournisseurs de liquidités reçoivent
des récompenses sous forme de jetons natifs du protocole ou d’autres
avantages financiers.
Cependant, il est nécessaire de bien comprendre les protocoles DeFi dans
lesquels on investit car les jetons des récompenses peuvent être volatils et
les risques associés au secteur DeFi sont importants. Il est recommandé de
faire des recherches approfondies et de consulter des sources fiables avant
de participer au liquidity mining. Voici quelques-unes des plateformes et des
protocoles populaires où pratiquer le liquidity mining.
• Uniswap : l’un des échanges décentralisés (DEX) les plus populaires sur
Ethereum, il permet aux utilisateurs de fournir de la liquidité à des pools
d’échange pour gagner des récompenses en UNI, le jeton natif
d’Uniswap.
• SushiSwap : un protocole DeFi fonctionnant de manière similaire à
Uniswap, accordant des récompenses en jetons SUSHI en échange de la
fourniture de liquidités à des pools.
• PancakeSwap : un DEX construit sur la blockchain Binance Smart Chain.
Les utilisateurs peuvent participer au liquidity mining en fournissant de la
liquidité et en gagnant des jetons CAKE.
• Curve Finance : un DEX spécialisé sur les pools de liquidité pour les
stablecoins. Permet de gagner des récompenses en CRV (jeton natif de
Curve).
• Compound : un protocole de prêt et d’emprunt DeFi proposant également
du liquidity mining. Les utilisateurs peuvent fournir des actifs à des pools
de liquidité pour gagner des COMP, le jeton natif de Compound.
• Aave : un autre protocole de prêt DeFi proposant une fonction de liquidity
mining. Les récompenses sont exprimées en jetons AAVE.
• MakerDAO : ce protocole, qui est à la base de la stablecoin DAI, a
également mis en place des programmes de liquidity mining pour
encourager la fourniture de liquidité sur sa plateforme.

Le lending
Sans avoir à s’aventurer dans la DeFi, pour ceux à qui cet univers encore
nouveau n’inspirerait pas confiance, de nombreuses plateformes d’échanges
centralisées proposent des services de lending (prêt de cryptomonnaies)
permettant de générer des revenus passifs. Les rendements nettement plus
élevés que ceux du système bancaire traditionnel (cf. les 3 % du Livret A)
ont de quoi surprendre, mais s’expliquent par un éventail de raisons, à
commencer sans doute par la philosophie sous-jacente de la blockchain, à
savoir la suppression des intermédiaires et la redistribution du pouvoir (et
des profits) aux usagers.
De plus, les plateformes de prêt de cryptomonnaies sont souvent
confrontées à une forte demande de prêts de la part de traders, d’entreprises
et d’autres acteurs du marché. Cette demande peut provenir de personnes
souhaitant emprunter des cryptos pour effectuer des transactions ou pour
d’autres besoins ; or, contrairement à la demande, l’offre de prêts de
cryptomonnaies peut être limitée, car les détenteurs de cryptos sont souvent
réticents à prêter leurs actifs en raison des risques associés. Les plateformes
de prêt peuvent utiliser la volatilité à leur avantage en prêtant des cryptos à
des taux d’intérêt plus élevés pour compenser les risques. Elles peuvent
également gagner de l’argent en empruntant des actifs à un taux d’intérêt
bas afin de les prêter à un taux d’intérêt plus élevé, générant ainsi un spread
d’intérêt. Elles peuvent enfin investir les actifs déposés par les utilisateurs
dans des produits financiers ou des prêts à plus long terme, ce qui peut
générer des revenus supplémentaires pour la plateforme.
Les grands échanges comme Binance, Coinbase ou encore Kraken
proposent ce type de services à leurs clients. Personnellement, pour ne pas
conserver tous mes actifs numériques sur un seul échange au risque de tout
perdre en cas d’accident (piratage, faillite…), j’utilise ceux de Nexo
(platform.nexo.com), une plateforme de lending basée aux États-Unis.
Présente dans plus de deux cents juridictions et comptant plus de cinq
millions de clients, Nexo, qui propose un éventail d’une soixantaine de
cryptos différentes, s’est spécialisée dans les prêts et les emprunts de
cryptos et se distingue par une très grande simplicité d’utilisation. Elle
possède son propre token, NEXO, dont la possession offre aux usagers des
avantages non négligeables en fonction du pourcentage du portfolio que
représente la part de tokens NEXO à travers un programme de fidélité :
Silver (entre 1 et 5 %), Gold (entre 5 et 10 %), Platinum (10 % et plus). Il
est ainsi possible de déposer des cryptos et d’utiliser ces actifs comme
garantie pour obtenir un prêt en devise fiduciaire ou en crypto. Ces prêts
peuvent être remboursés à tout moment sans frais supplémentaires, ou selon
un calendrier de paiement flexible, ce qui confère à cette fonction une
flexibilité assez exceptionnelle.
À l’inverse, Nexo permet aussi à ses clients le prêt de cryptos (la fonction
que j’utilise) en échange d’intérêts payables de façon quotidienne, dans la
devise ou la crypto prêtée ou en token NEXO, ce qui permet de bénéficier
d’un bonus de 2 %.
Cette présentation serait malhonnête sans une mise en garde. Ne nous
voilons pas la face : on obtient rarement quoi que ce soit sans contrepartie
et l’augmentation des profits ne se fait pas sans celle des risques. L’absence
de risques, elle se trouve dans le Livret A dont le rendement est
actuellement inférieur à l’inflation…
L’effondrement de l’écosystème Terra/Luna évoqué plus haut11 a
provoqué la faillite de CelsiusNetwork en juillet 2022 (et l’arrestation en
juillet 2023 de son ancien patron, Alex Mashinsky, sous le coup d’un
faisceau d’accusations émanant d’au moins trois régulateurs américains, la
SEC, la CFTC et la procureure de l’État de New York). La faillite de FTX,
également évoquée plus haut12, a entraîné celle de BlockFi, une autre des
plateformes de lending les plus importantes, qui a dû se placer sous le
régime des faillites en novembre 2022, bloquant par la même occasion les
dépôts de ses clients. Dans les deux cas, les déposants se sont retrouvés
suspendus aux propositions de plans de restructuration et à leur acceptation
par la justice américaine, sans garantie de récupérer l’intégralité de leurs
dépôts.
On ne peut faire abstraction des conséquences souvent dramatiques pour
les personnes concernées par ces catastrophes. Mais ces dernières sont sans
doute le lot d’une industrie en pleine jeunesse et pourraient à l’avenir être
évitées grâce aux régulations que partout les États préparent.

11. Voir p. 100.


12. Voir p. 101.
CONCLUSION
Chi va piano va sano

Révolution technologique au même titre que l’Internet et les entreprises qui


se sont bâties sur le réseau dans les années 1990, la blockchain représente
même une deuxième opportunité, avec le web 3.0 (le web décentralisé), de
retrouver l’idéal d’un Internet par et pour les gens, confisqué par les Gafam
et autres géants de la tech. Bien plus qu’une occasion de réaliser des plus-
values même records, il s’agit d’une chance d’améliorer le monde. Tout le
monde n’ayant pas cette vocation, ambition aux résultats ô combien
incertains que la plupart préfèrent laisser à une poignée d’idéalistes, la
motivation financière se suffit largement à elle-même pour s’intéresser aux
cryptomonnaies.
Avec toutefois quelques réserves.
Une telle décision doit en effet s’accompagner des plus grandes
précautions. Tout d’abord parce que le maniement d’argent sur la
blockchain peut tout d’abord impressionner. Une simple seconde
d’inattention et l’on a vite fait de renseigner sur un site pirate reproduisant
celui d’une plateforme d’échanges son identifiant et son mot de passe, ou
d’envoyer à une mauvaise adresse (une succession de chiffres et de lettres)
une somme ainsi à jamais perdue. La manipulation et la conservation de ses
codes, recovery phrases et autres hardware wallets demande une certaine
dextérité, ainsi qu’une discipline que l’on acquiert à l’usage.
C’est pourquoi, quand on se lance pour la première fois dans cet univers
où l’on se retrouve seul responsable de ses actifs, sans l’assurance et les
garanties conférées par les services d’une banque, il est fortement
recommandé de démarrer modestement, le temps de se familiariser, afin que
d’éventuelles erreurs ne soient pas trop coûteuses.
Ensuite, pour reprendre l’analogie avec les entreprises de la tech, si
quelques-unes sont devenues des géantes, championnes de la capitalisation
boursière, faisant au passage la fortune de ceux qui avaient misé dessus au
départ, un grand nombre d’entre elles ont disparu. Il devrait en être de
même pour les cryptos, nouvelle classe d’actifs proposant des innovations
qui révolutionnent déjà Internet et l’usage que l’on peut en avoir. Il est par
conséquent indispensable d’opérer ses choix d’investissement avec le plus
grand discernement, ce qui suppose un peu de recherches et d’études
préalables afin de savoir dans quoi on s’apprête à investir.
Enfin, bien que les performances passées ne préjugent pas des
performances futures et que les cycles ne se répètent jamais à l’identique, il
est fort possible que le marché des cryptos réserve de nouveaux épisodes de
fièvre, notamment dans la période post-halving qui approche à grands pas,
puis de panique. Le microcosme des investisseurs de la crypto évoque
souvent avec respect les strong hands et les diamond hands qui,
contrairement aux weak hands que l’on considère avec condescendance,
forment les rangs des Hodlers (acronyme de Hold on for Dear Life, « tenir
coûte que coûte »). Ils sont considérés comme la crème de la crème des
investisseurs crypto, les purs, les aristocrates, contrairement à la plèbe des
weak hands dénués de convictions qui achètent trop tard quand tout le
monde en parle, sans autre moteur que l’appât du gain, et vendent au
premier retournement, la plupart du temps à perte.
Mais au bout du compte, même si la blockchain et les cryptos (en tout cas
certaines d’entre elles, parmi lesquelles le Bitcoin) peuvent représenter un
idéal de vertu financière, d’indépendance et de liberté, ou plus précisément
un moyen d’y parvenir, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit aussi
d’investissement, et par conséquent d’argent et de profit qu’à défaut de
pouvoir sauver le monde il est essentiel de savoir réaliser.
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Achevé de numériser en novembre 2023


par Soft Office
1. Optimisme, enthousiasme, emballement (wow, ce placement est
fantastique) et euphorie (point culminant du risque financier).

2. Anxiété (recul temporaire, j'investis à long terme), déni, crainte,


désespoir.

3. Panique, capitulation, découragement (point culminant d'occasions de


placement), dépression.

4. Espoir, soulagement et optimisme.

Retour
Évolution du cours du BTC de 2011 à 2023, en dollars.

2011 : 1 dollar.

2013 : 10 dollars.

2015 : 500 dollars.

2017 : 1000 dollars.

2020 : 10000 dollars.

2021 : 80000 dollars.

2024 : 35538 dollars.

Retour
Courbe du cours du BTC en dollars, entre 2011 et 2023. Pics en 2018 (20.0
K), 2021 et 2022 (65.0 K). Fin de la courbe en 2023 (26.0 K).

Retour
Exemple au 26 septembre 2023.

Fear : 46 sur une échelle de 100.

Yesterday : Neutral (47).

Last week : Fear (46).

Last Month : Fear (38).

Retour

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