REVUE DE LITTÉRATURE
I. Etat des connaissances sur la qualité 4.0
1. L’émergence de la qualité 4.0
1.1. Contexte historique et technologique
Au fil des décennies, la gestion de la qualité a connu une évolution grâce à l'utilisation de
nouvelles technologies et de nouvelles méthodologies pour améliorer les processus
opérationnels. La gestion de la qualité s'est traditionnellement basée sur des systèmes tels que
le contrôle statistique de la qualité (SQC) et les normes ISO, qui ont posé les jalons d'une
gestion de la qualité systématique et standardisée. Ces systèmes avaient pour objectif
principal de limiter les écarts et d'assurer la conformité des produits et services aux
spécifications définies.
De nouvelles opportunités ont émergé avec l'avènement de l'industrie 4.0 pour intégrer les
technologies numériques avancées dans les systèmes de gestion de qualité. Cette évolution
s'est accompagnée de l'émergence de l'Internet des objets (IoT), de l'intelligence artificielle
(IA), et de l'analyse de données massives (Big Data), qui permettent une surveillance en
temps réel et une prise de décision à partir de données exactes et à jour. Dans le contexte de
l'ère de l'industrie 4.0, Salimova, Vatolkina et Makolov (2020) soutiennent que les systèmes
de gestion de la qualité sont devenus des outils essentiels pour l'amélioration continue des
processus.
Pozzi, Rossi et Secchi (2023) soulignent que l'application réussie des technologies de
l'industrie 4.0 dans les entreprises manufacturières dépend de plusieurs facteurs critiques, tels
que la formation des employés et l'adaptation des processus organisationnels. Si l'ensemble
de l'organisation ne comprend pas et accepte pleinement ces nouvelles technologies, les
avantages potentiels de la Qualité 4.0 ne peuvent pas être pleinement réalisés.
1.2 Innovation majeure et progrès technologiques
Les innovations technologiques liées à la Qualité 4.0 ont un impact considérable sur diverses
entreprises et industries, modifiant non seulement la façon dont les produits sont fabriqués,
mais également comment ils sont contrôlés et améliorés. Haleem et al. (2021) explorent
l'application de ces technologies dans le domaine de la médecine traditionnelle chinoise pour
relever les défis de santé posés par la COVID-19. L'utilisation de capteurs intelligents et
d'intelligence artificielle (IA) permet une surveillance plus précise et en temps réel des
traitements médicaux, illustrant ainsi le potentiel de la Qualité 4.0 au-delà de la fabrication
industrielle.exclamation
Dans le secteur manufacturier, Javaid et al. (2021) soulignent que la Qualité 4.0 apporte des
améliorations significatives en intégrant des technologies telles que l'Internet des objets (IoT)
et l'IA. Ces technologies permettent une surveillance continue et un contrôle en temps réel
des processus de production, réduisant ainsi les défauts et améliorant la conformité aux
normes de qualité, ce qui se traduit par une efficacité opérationnelle et une qualité des
produits accrue.
Afin de guider les entreprises dans l'adoption des technologies de la Qualité 4.0, Armani et al.
(2021) proposent un cadre pour mesurer le degré de maturité en Qualité 4.0. Ce cadre met
l'accent sur l'importance de l'évaluation continue et de l'amélioration des processus de qualité
à l'ère numérique. En identifiant leurs forces et leurs points d'amélioration, les entreprises
peuvent mieux adapter leurs stratégies d'adoption de la Qualité 4.0.
1.3 Analyse comparative avec les systèmes qualités antérieurs
L'avènement de la Qualité 4.0 marque un tournant décisif dans le domaine de la gestion de la
qualité, se distinguant des approches traditionnelles par son intégration profonde des
technologies numériques et son orientation résolument proactive. Cette révolution se
caractérise par l'exploitation des capacités offertes par l'Industrie 4.0, telles que l'Internet des
objets (IoT), le Big Data et l'intelligence artificielle (IA), pour transformer radicalement les
pratiques de gestion de la qualité.
Fonseca, Amaral et Oliveira (2021) explorent la relation symbiotique entre le modèle EFQM
2020 et l'Industrie 4.0, mettant en lumière le potentiel des nouvelles technologies à propulser
les pratiques de gestion de la qualité vers de nouveaux sommets. Ils soulignent que les
approches qualité traditionnelles, souvent réactives, s'attaquent aux problèmes après leur
survenance, limitant ainsi leur efficacité. En revanche, la Qualité 4.0, grâce à son approche
proactive, permet une détection précoce des anomalies et une résolution efficiente des
problèmes, avant qu'ils n'impactent négativement la qualité des produits ou services.
Antony et al. (2022) abondent dans ce sens en affirmant que la Qualité 4.0 exerce une
influence majeure sur la performance organisationnelle. En effet, elle offre une vision globale
et granulaire des processus qualité, ce qui était impensable avec les systèmes traditionnels.
Grâce à l'analyse de vastes ensembles de données par le biais de l'IA et du Big Data, les
entreprises peuvent identifier les tendances et les anomalies avec une précision accrue,
permettant une intervention rapide et ciblée pour rectifier les failles et optimiser les
processus.
Yadav, Shankar et Singh (2021) s'intéressent quant à eux aux facteurs critiques de succès du
Lean Six Sigma dans le contexte de la Qualité 4.0. Ils démontrent que l'intégration des
technologies de l'Industrie 4.0 dans les méthodologies qualité traditionnelles, telles que Lean
Six Sigma, peut conduire à des améliorations significatives en matière de réduction des coûts,
d'amélioration de la qualité et d'accroissement de la satisfaction client. Cette synergie entre
les approches éprouvées et les innovations technologiques de pointe ouvre la voie à une
gestion de la qualité d'une efficacité sans précédent.
2. Les défis de la qualité 4.0
2.1 Résistance organisationnelle au changement
L'adoption de la Qualité 4.0, bien que prometteuse, n'est pas sans obstacles. L'un des défis
majeurs réside dans la résistance organisationnelle au changement. Müller, Kiel et Voigt
(2018) explorent les facteurs influençant la mise en œuvre de l'Industrie 4.0, en soulignant les
opportunités et les défis liés au développement durable. Cette résistance découle souvent de
la peur de l'inconnu, de la réticence à abandonner les pratiques traditionnelles et de
l'incertitude quant aux réels bénéfices des nouvelles technologies. Pour surmonter ces
obstacles, les entreprises doivent investir dans la formation et la sensibilisation afin de
promouvoir une culture d'innovation et d'adaptation.
Kane et al. (2017), dans leur étude sur la maturité numérique, soulignent que l'adaptation à un
environnement en constante évolution exige une transformation culturelle au sein des
organisations, où la flexibilité et l'appétence pour l'apprentissage sont indispensables. Ils
affirment que les entreprises doivent adopter une approche holistique intégrant non seulement
les technologies, mais également les dimensions humaines et culturelles pour réussir la
transition vers la Qualité 4.0.
De ce fait, la mise en œuvre réussie de la Qualité 4.0 nécessite non seulement des
investissements technologiques, mais également une transformation organisationnelle
profonde. Les entreprises doivent s'attaquer à la résistance au changement en favorisant une
culture d'apprentissage et d'innovation, en veillant à ce que l'aspect humain ne soit pas
négligé dans la poursuite de l'excellence opérationnelle.
2.2 Les défis techniques et infrastructurels
L'adoption des technologies de la Qualité 4.0 repose sur des infrastructures techniques
solides. Rüßmann et al. (2015) analysent l'impact potentiel de l'Industrie 4.0 sur la
productivité et la croissance des industries manufacturières, soulignant la nécessité de
moderniser les infrastructures existantes pour accueillir les nouvelles technologies. Cela
implique la mise à jour des systèmes informatiques, la sécurisation des réseaux et
l'intégration des nouvelles technologies dans les processus existants. En l'absence d'une
infrastructure adéquate, les entreprises peuvent rencontrer des obstacles majeurs lors de la
mise en œuvre de la Qualité 4.0.
Zhong et al. (2017) explorent la fabrication intelligente dans le contexte de l'Industrie 4.0,
mettant en évidence les défis techniques liés à l'intégration de systèmes complexes et à la
gestion de grands volumes de données. Ils soulignent que la gestion de l'interopérabilité entre
les différents systèmes et technologies est essentielle pour assurer une transition fluide vers la
Qualité 4.0. Les entreprises doivent également investir dans des technologies de cybersécurité
pour protéger leurs données et leurs systèmes contre les menaces potentielles.
En plus des défis techniques mentionnés ci-dessus, Puttini et al. (2021) soulignent
l'importance de la durabilité dans la mise en œuvre de la Qualité 4.0. Ils affirment que les
entreprises doivent adopter une approche holistique qui intègre des considérations
environnementales et sociales, en plus des aspects techniques et économiques, pour une
transition réussie vers la Qualité 4.0.
2.3 Sécurité des données et confidentialités
L'avènement de la Qualité 4.0, avec son intégration massive de technologies numériques,
soulève des préoccupations majeures en matière de sécurité des données. La collecte et
l'analyse de vastes quantités de données, bien que nécessaires pour optimiser les processus et
la qualité, engendrent des risques accrus pour la confidentialité et la sécurité des informations
sensibles.
Christiaanse (2022) met en lumière l'importance de la qualité et de l'intégrité des données
dans le contexte de la Qualité 4.0. Il souligne que les méthodes computationnelles, telles que
le cryptage et la gestion des accès, jouent un rôle crucial dans la protection des données
contre les accès non autorisés, les altérations et les fuites. La mise en place de mesures de
sécurité robustes est essentielle pour garantir la fiabilité des données collectées et leur
utilisation responsable dans les processus de la Qualité 4.0.
Brandenburger et al. (2021) abordent la question de la supervision transparente de la qualité
des produits à l'ère de l'Industrie 4.0. Ils soulignent le dilemme entre la nécessité de partager
des données sensibles pour une analyse collaborative et la protection de la propriété
intellectuelle et des informations commerciales confidentielles. La mise en place de solutions
de sécurité adéquates, telles que des modèles de partage de données contrôlés et des
technologies de blockchain, est indispensable pour concilier ces objectifs contradictoires.
La sécurité des données dans la Qualité 4.0 soulève des questions éthiques et réglementaires
importantes. Les entreprises doivent s'assurer de respecter les lois sur la protection de la vie
privée et de garantir aux individus un contrôle adéquat sur leurs données personnelles. La
transparence et la responsabilité sont essentielles pour établir la confiance avec les clients et
les partenaires dans l'environnement numérique de la Qualité 4.0. Mehta et Das (2022)
proposent une revue complète des défis de sécurité et de confidentialité liés à l'Industrie 4.0,
et présentent des solutions potentielles pour les atténuer. Ils soulignent l'importance de mettre
en place des contrôles d'accès stricts, de chiffrer les données sensibles et de sensibiliser les
employés aux risques de cybersécurité.
3.0 Les bénéfices de la qualité 4.0
3.1 Amélioration de l’efficacité opérationnelle
L'un des principaux avantages de la Qualité 4.0 réside dans son impact positif sur l'efficacité
opérationnelle des entreprises. En effet, l'intégration des technologies numériques et
l'adoption d'une approche proactive de la gestion de la qualité permettent d'optimiser les
processus, de réduire les gaspillages et d'améliorer la productivité.
Kiefer, Rinaldi et Smith (2020) explorent la relation symbiotique entre la fabrication Lean et
la performance des entreprises dans le contexte de la Qualité 4.0. Ils démontrent que
l'intégration des principes Lean, tels que l'élimination des gaspillages et la standardisation des
processus, avec les technologies de l'Industrie 4.0, telles que l'Internet des objets (IoT) et
l'analyse de données, peut conduire à des gains de productivité et de qualité significatifs. Les
auteurs soulignent que la Qualité 4.0 permet de collecter et d'analyser des données en temps
réel sur les processus de production, ce qui offre aux entreprises des informations précieuses
pour identifier les inefficacités et les opportunités d'amélioration.
Rossi, Castelli et Haraldson (2021) mettent en lumière l'impact positif de l'intégration des
technologies de l'Industrie 4.0 dans les processus de fabrication. Ils affirment que
l'automatisation des tâches répétitives et l'analyse avancée des données permettent d'optimiser
les opérations, de réduire les erreurs et d'améliorer la qualité des produits. Les auteurs
illustrent leur propos par des exemples concrets d'entreprises manufacturières ayant utilisé
des robots collaboratifs, des systèmes de vision industrielle et des algorithmes d'apprentissage
automatique pour améliorer leur performance opérationnelle. L'amélioration de l'efficacité
opérationnelle est l'un des principaux moteurs de l'adoption de la Qualité 4.0 par les
entreprises. En tirant parti des technologies numériques et en adoptant une approche
proactive de la gestion de la qualité, les entreprises peuvent optimiser leurs processus, réduire
les coûts, améliorer la qualité des produits et accroître leur compétitivité sur le marché.
3.2 Gain de compétitivité et performance économique
L'adoption de la Qualité 4.0 n'est pas seulement bénéfique pour l'efficacité opérationnelle,
mais contribue également à renforcer la compétitivité des entreprises sur le marché. En effet,
les technologies numériques et l'approche proactive de la gestion de la qualité offertes par la
Qualité 4.0 permettent aux entreprises de se différencier de leurs concurrents et d'améliorer
leurs performances économiques.
Bacik, Kloudova et Gonos (2019) mènent une étude sur la gestion de la compétitivité et de la
performance économique dans les pays du groupe V4 (République tchèque, Hongrie, Pologne
et Slovaquie). Ils soulignent que l'innovation technologique et la qualité sont des facteurs clés
pour maintenir un avantage concurrentiel dans un environnement économique mondial en
constante évolution. Les auteurs affirment que les entreprises qui adoptent des technologies
de pointe et mettent en œuvre des pratiques de gestion de la qualité robustes sont mieux à
même de répondre aux attentes des clients, de réduire les coûts et d'accroître leur rentabilité.
Dimitrova (2019) analyse les aspects clés de la compétitivité des entreprises industrielles, en
mettant l'accent sur la technologie, la qualité et l'innovation. Elle démontre que la Qualité 4.0,
avec son intégration des technologies numériques et son approche proactive de la gestion de
la qualité, peut être un levier stratégique puissant pour améliorer la performance économique
des entreprises. L'auteure cite plusieurs exemples d'entreprises qui ont réussi à se démarquer
de leurs concurrents et à accroître leur rentabilité en adoptant des principes de Qualité 4.0.
3.3 Durabilité et impact environnemental
L'avènement de la Qualité 4.0 ne se limite pas à l'optimisation des processus et à
l'amélioration des performances économiques, mais s'inscrit également dans une démarche de
développement durable et de respect de l'environnement. En effet, l'intégration des
technologies numériques et l'adoption d'une approche proactive de la gestion de la qualité
permettent aux entreprises de réduire leur impact environnemental et de contribuer à un
avenir plus durable.
Fernández, Junquera et Ordiz (2003) explorent la relation entre le développement durable et
la performance des entreprises. Ils démontrent que les entreprises qui adoptent des pratiques
de gestion de la qualité plus durables obtiennent de meilleurs résultats économiques.
L'intégration des technologies de la Qualité 4.0 permet une meilleure gestion des ressources
naturelles, une réduction des déchets et une amélioration de l'efficacité énergétique,
contribuant ainsi à des pratiques commerciales plus durables.
Wagner (2010) s'intéresse à l'impact de la gestion environnementale sur la performance des
entreprises. Il souligne que l'adoption de pratiques de qualité axées sur la durabilité peut
conduire à une meilleure performance globale et à un avantage concurrentiel durable. Les
entreprises qui intègrent des pratiques de durabilité dans leurs systèmes de gestion de la
qualité sont mieux préparées pour répondre aux réglementations environnementales et aux
attentes des consommateurs en matière de responsabilité sociale.
La Qualité 4.0 représente une transformation majeure dans la gestion de la qualité, intégrant
des technologies avancées pour améliorer les processus industriels tout en respectant
l'environnement. Bien que cette transition comporte des défis organisationnels, techniques et
de sécurité des données, les bénéfices en termes d'efficacité opérationnelle, de compétitivité
économique et de durabilité environnementale sont significatifs. Les entreprises qui
réussissent à adopter ces technologies seront mieux positionnées pour répondre aux exigences
du marché moderne et aux attentes croissantes en matière de qualité et de durabilité. Les
avancées technologiques offrent des opportunités sans précédent pour optimiser les processus
de qualité, mais nécessitent une approche stratégique et une adaptation culturelle au sein des
organisations pour réaliser pleinement leur potentiel.