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BEORGONEN REALINSR
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Accessoire ‘ ae,
FIACANEMICE
Par Nigel Findley et d'autres
Table des matiéres
Chapitre 1: Genéralites.. 2 Chapitre 8 : Manuel du parfait chasseur de dragons ...80
Chapitre 2 : Geographie : 34° Chapltre 9 : Miscellan€es ...cnrenennnen
Chapitre 3 : La psychologie des dragons 39 Aventures
Chapitre 4 : Comment jouer un dragon... 46 Le dragon millénaire (C.S.)
Chapltre 5 : Quelques dragons célebres
Chapitre 6 : De nouvelles especes de dragons .
Chapitre 7: La magie..
56 Invitation au cambriolage (C.K.)
63 Les serviteurs du Nuage Verdoyant (.1)
73 Une guerre sainte draconiques (WT. .
120
Crédits
Conception du matériel de référence Nige! Findley
Conception des aventures : Christopher Kubasik, Carl Sargent, John Terra, Willima Tracy
Réviston : Mike Breault
Coordination du projet : Anne Brown, Bruce Heard
Correction : Anne Brown, bill Connors
Ilustrations en couleurs : Brom, David Dorman, Kelth Parkinson
lustrations en Nolr et Blanc : Terry Dykstra, Fred Fields, Robin Raab, Valerie Valusek, Karl Waller
‘Conception graphique : Roy Parker, Stephanie Tabat
‘Typographle : Angelika Lokotz, Gaye O'Keefe
Salste : Paul Hanchette
Cartographle : Steve Beck
Traduction : Antoine Langer
Correction/Révision : Luc Masset, Hexagonal
Maquette : Lynda Spalding, TSR Lid
‘E19 OIIENS A BNCENS, KD FORCE UACEN FUR LSA ONSTLX eoge T s peseannt K
ra feea moyen Un Doe pr des toc enn san ee oe
emt tpt yi an fr Tae pin tat on aoe te
TSR, Inc. TSR Ltd.
POB 756 120 Church End, Cherry Hinton
Lake Geneva Cambridge CBI 3LB
WI53147 US.A. United Kingdom
9297FXXX1501
ISBN 1 873799 58.6Terminologie
Avantdepouvoir
parler de dra-
gons, il est né-
cessalre de pré-
iser_un. certain
nombre de ter-
mes. Dans ce li-
vre,lemotdraco-
morphe sert &
désigner les dragons et les espéces
qui leur sont apparentées (donc une
wiverne est un dracomorphe, tout
comme un dragon d'or). Le terme
draconique est l'adjectif utilisé pour
tout ce qui se rapporte aux dragons
("des choses draconiques”).
Les orlgines draconiques
“Le Monde était encore plat, a cette
époque oj le Temps n‘existait pas
encore, avant qu’Asgorath ne donna
une forme définitive au tissu de l'exis-
tence. Le Monde était plat, et au-
dessus était suspend le Soleil ce Cris-
tal, forgé par Zatha avant qu‘Asgorath
ne I'alt renversé. Asgorath survola le
‘Monde et le contempla, etelle vit que
cela était bien,
“Etalors Asgorath enroula sa forme
autour du Solel de Cristal, et le toucha
de son souffle. Et le Soleil de Cristal
vola en mille éclats, qui meurtrirent la
chair d’Asgorath, et son sang se ré-
pandit surle Monde. La oa les gouttes
tomberent, les Pouvoirs du Monde et
Jes Pouvoirs du Soleil de Cristal furent
réunis, et c'est ainsi que les Rejetons
d'Asgorath vinrent sur la face du
Monde.
“lls étalent rouges, d'un rouge qui
allait ensuite perdre sa pureté en se
dégradant. Mais alors, avant le com-
‘mencement du Temps, leurrouge étalt
le rouge pur des éclats du Soleil de
Gistal. ls déployerent leurs ailes et
prirent leur envol, pour tourner autour
de la forme immobile et froide
e’Asgorath. L'unapres| autre, dizaine
apres dizaine, ils dirigerent leur souffie
Ceca
vers le corps d’Asgorath, et le ciel fut
‘empll de leurs lamentations, Un seul
des Rejetons d’Asgorath retint son
souffle. Il préféra dter I'un des éclats
du Soleil de Cristal de la chair
d'Asgorath, et s’en servit pour faire
couler un peu de son propre sang, et
cesang tombasurlasurface du Monde.
"Comme précédemment, les cho-
ses bougerent aux endroits of tomba
Je sang, mais les créatures qui furent
engendrées par ce sang n’étaient pas
d'un rouge pur. Elles avaient les cou-
Jeurs des engeances du Monde, elles
ressemblaient au meétal inerte. Et le
Renégat parla haut et fort, et sa voix
était une trompette : “Mol aussi, J'ai
cree.”
“La forme d‘Asgorath se mit 4 bou-
‘get, comme le Renégat I'avait prévu.
Le Renégat déploya ses ailes et
s'envola, etles Rejetons du Renégatle
suivirent Jusqu'aux extrémités du
monde.”
—d'apres le “Livre du Monde”
Suit un extralt du Traité sures mythes
des origines, pat Dunkelzahn de
Chateausuif, CV 1354,
Test plutot étonnantdeconstaterqu'il
existe fort peu de mythes sur les origi-
nes se rapportant directement auxdra-
.gons. Le livre connu sous le nom de
Livre du Mond’ en est I'un des seuls.
(On n‘a jamais découvert qu'un seul
‘exemplaire de ce live — au pays
¢Asram, ily a une centaine d’années
de cela. Le livre est écrit en thorass —
‘ou plus précisé ment, dans une forme.
encore plus archaique de thorass que
laplupartdes textes connus dans cette
langue — mais l'aiphabet utilisé est
tune forme simplifiée de runes (jl est
vaisemblable que le choix de caracté-
res runiques alt été dicté par la forme
du manuscrit : celui-ci est en effet
constitué de 300 feuilles métalliques
fines et souples, surlesquelleslesrunes
ont été gravées avec une grande pre-
dision). Cette combinalson du langage
et de 'écriture expliquent la difficult
et les delais de la traduction de ce
texte.
D’aprés son contenu et les formes
mythologiques employées. il est évi
dent aux yeux des érudits que le Livre
du Monde est un exemple de littéra-
ture sacrée — c'est-a-dire quill était
jadisaucoeurd’un systemedecroyan-
ces religieuses. A partir des mythes
décritsdans|e Livre, on peutextrapoler
la nature de certaines de ces croyan-
ces, mals on ne dispose pas de don-
nées culturelles suffisantes pour pou-
Voir véritablement analyser la struc-
ture de cette foi (par exemple, on
ignore si les mythes relatifs a la créa-
tion du monde sont symboliques, ou
sills sont censés étre pris pour une
vérité absolue).
La quantité de considérations my-
thologiques du Livre, ainsi quela struc-
ture chronologique et contextuellere-
lativement organisée qu'on y trouve,
tendent aindiquerqu'll provientd’une
culture plutot évoluée. C’est un para-
dloxe, cara notre connaissance aucune
culture suffisammentélaboréenes'est
jamais développée a Asram, On ne
peut donc pas écarter la possibilité
que le Livre ait été amené d’un autre
endroit et abancionné a Asram, mais
cette théorie souléve elle aussi des
problémes. Iin’existe en effet aucune
culture moclerne qui contienne ne fat-
ce qu'une infime trace des mythes ou
des symboles contenus dans le Livre.
Aen juger par l'oxydation des pages
métalliques du Livre, le spécimen que
nous connaissons n'a vraisemblable-
ment pas plus de cing siecles. En si
peude temps, il est peu probable que
toute une tradition religieuse et my-
thique aitentiérementdisparu de Tori.
‘Mais il semblerait que ce soit le cas ici
(les interprétations oiseuses préten-
dant que le Livre du Monde ne viene
absolument pas de Toril sont écartées
par la plupart des spécialistes).
Le Livre nous offre le récitfascinant
d'une origine du monde liée aux dra-
-gons, Enlisant le texte avec attention,Chapitre 1 : Généralités
il apparait clairement qu’Asgorath la
Créatrice du Monde est un dragon.
Les implications qui en découlent —
qu'un dragon ait cré¢ I'univers, et que
les dragons aient été les. premieres
créatures vivantes —sont absolument
passionnantes. On trouve de plus un
autre détail intéressant dans la phrase
qui dit: “Et alors Asgorath enroula sa
forme autour du Soleil de Cristal, et le
toucha de son souffle.” En thorass
originel, le mot “souffle” — qu’on
utilise normalement au singulier ou
comme indénombrable dans ce con-
texte — est accompagné d'un suffixe
‘marquant un pluriel (“soulfies”). Cela
impliquerait-ilqu’Asgorathest un dra-
gon a plusieurs tétes 2
Le texte est plus clair lorsqu'il parle
des “Rejetons d’Asgorath”. II ne peut
y avoir aucun doute la-dessus : ces
créatures sont des dragons rouges. Et
les phrases suivantes laissent deviner
que cette religion tenait les dragons
rouges pour laplusimportante race de
dragons. Tous les autres “allaient en-
suite perdre leur pureté...”,
Lorsque le Renégat ("bahmat” en
thorass originel) reprodult les actions
d’Asgorath, les dragons qui sont en-
.gendrésne sont “pas d'un rouge pur”,
mals ont “les couleurs... du. métal
inerte.” L'implication est ici manifeste
: les Rejetons du Renégat sont des
dragons métalliques — et
essentiellementd’unalignement bon.
Ce que déctit le Livre du Monde n'est
pas seulement un mythe sur la créa-
tion des dragons — ce qui suffirait
pourtant a lui donner son importance
— mais également I'un des rares my-
thes orientés vers le Mal & avoir sut-
vécu.
A partir de ce mythe, il est facile de
spéculer. Le pluriel du mot “souffle”
peut signifier une multiplicité des té-
tes ; et le terme thorass pour renégat
est “bahmat”, Lacorrélation paraitalors
presque trop évicente : se pourrait-il
qu’Asgorath solt Tiamat, et le René-
gat, Bahamut 2
Une interprétatio
téressante est
récemment apparue. On a longtemps
pensé que le Livre du Monde repré-
sentait un recuell de mythes humains,
demi-humains ouhumanoides.S‘agit-
id’une supposition peu perspicace et
par trop anthropocenttrique ? Tous les
éléments principaux du mythe de la
création — le sacrifice, la trahison etla
résurrection — sont les mémes que
presque toutes les créations
humanoides, mals dans la totalité de
ces demieres, les personages princi-
aux sont anthropomorphiques. En
autres termes, les créateurs de my-
thes humancides ontinventédesdicux
A leur image. Dans le mythe que pré-
sente le Livre du Monde, il n'y a pase
moindire personage humanoide.
és lors, ne pourrait-on pas penser
que le Livre du Monde contient un
mythe qui fut a I'origine imaginé par
les dragons eux-memes — et proba-
ble ment par cles dragons rouges ? Les
humanoids auraient adopté ce my-
the a une date ultérieure, et lauraient
Incorporé au Livre — car le Livre du
‘Monde est manifestement un artefact
humanoid.
‘On n’a jamais cru que les dragons
étaient de grandsmythographes. Cette
Preuve du contraire nous en apprend-
elle plus sur les dragons, ou seule-
ment sur les préjuges des chercheurs?
(Ce qui suit est extrait d'une commu-
nication faite au Conseil des Sages par
Kelmara d'Arabel, 1346 CV)
Les dragons forment l'une des espé-
ces les plus jeunes sur la surface de
Toril. Mes collegues comme moi-
méme en sommes certains : les dra-
gons, sous la forme que nous leur
Connaissons maintenant, sont appa-
tus lly a moins de 10,000 ans (en
‘compataison, nos recherches indi
quent que I’humanité —la plus jeune
des races humanoides — descendit
définitivement des arbres ily a un peu
plus de 17.000 ans). Il est clonc évi-
dent que les races humanoides ont un
Jourvécudans un
monde of les
dragons, tels que
nousles connais-
sonsaujourd’hui,
‘existaient pas.
Comment
alors interpréter
le fait que plu-
sleurs anciens
mythes elfes — notamment le Cycle
Parwiccéen—parient de “dragons” et
de “grands vers” ? La clé est dans
expression “les dragons, tels que
nous les connaissons aujourd’hul”.
Llobjet de notre discours est en effet
de demontrer que les créatures décri-
tes dans le Cycle Parwiecéen ne sont
pas de veritables dragons, mals leurs
ancétres, Notre recherche tend amon-
trer que ces “pré-dragons” étaient
beaucoup plus petits que les spécl-
mens modemes, et possédaient peu
ou aucun des redoutables pouvoirs
des véritables dragons. De plus, il
semblerait que ces créatures n’étaient
pas doues de ralson : en fait, leur
intelligence ne dépassait sans doute
pascelled’un animal, etellesn’avaient
‘done pas la moindre parcelle de cons-
lence de sol. Ainsi, les “dragons” qui
sont des figures si importantes du
Cycle Parwiceéenn’étaienten fait guére
plus que de grands lézards ailés.
Bien queces pré-cragonsalent sans
doute eu une espérance de vie assez
longue comparée acelle des humains,
nous pensons qu'elle ne représentalt
qu'une fraction de celle des dragons
modemes. Mais méme si leur durée
de vie moyenne était aussi courte —
relativement parlant — que 200 ans,
une question se pose. L’évolution se
fait a une vitesse proportionnelle a
Irespérance de vie des creatures —
Cesten toutcasce quenos recherches
nous laissent a penser. Comment les
pré-dragons ont-ils alors pu évoluer
pour devenir de vrais dragons en si
peu de temps ?1lauraitfallu un boule
versement climatique ou autre d'une
violence considérable pour cela.fe eMac
Cest le Cycle
Parwiccéen qui,
une fois encore,
nous vient en
aide, avecsesdi-
verses évoca-
tions du “mois
des brumes”, de
“Vhiver de sept
tours”, et de
“VAutomne des Lares”. II nous pa-
rait manifeste que Toril a été touchée
par 'un des gigantesque rochers qui
forment les Larmes de Seluné, ce qui
atotalement bouleversé I'équilibre cli-
matique du monde. Une catastrophe
d'une telle ampleur peut trés bien
avoir entrainé |'extinction complete
decertaines espéces, et une évolution
accélérée de certaines autres.
En réponse a ces bouleversements
naturels, les pré-dragons ont évolué
rapidement et ont engendré les nom-
breuses espéces de dragons que nous
connaissons aujourd'hui.
(Ce qui suit est extrait de la réfutation,
par Verilux, de la communication de
Kelmara d‘Arabel, datée de 1346 CV)
Kelmara parle avec beaucoup d’assu-
rance du lien qui existe entre lespé-
rance de vie et la vitesse d'évolution
desespéces. Mémelorsqu'onaccepte
totalement la théorle de!'évolution —
ce que je ne fais pas — il devrait etre
évident méme aux yeux du plus écer-
vele des étudiants que la durée de vie
na que tres peu de rapport avec la
vitesse d’€volution. Ce qui importe
beaucoup plus est la durée d'une gé-
nération, que je définirais comme I'in-
tervalle de temps séparant la maturité
sexuelle d'une creature de la maturite
sexuelle du premier rejeton de cette
creature. Selon I'espece considérée,
les dragons n’attelgnent pas leur ma-
turité sexuelle vraiment plus tard que
les humains. Ainsi, une generation de
dragons esta peine plusionguequ'une
_génération humaine.
Quant aux spéculations de mon
éminente collégue concemant une
grande catastrophe, nous connalssons
tous ses penchants pour les philoso-
phies apocalyptiques. Et prendre ap-
ui sur le Cycle Pawiccéen comme
preuve est comme marcher sur une
fine couche de glace : ce qui vous
Supporte peut a tout moment s'effon-
drer sous vos pieds.
Prenez, par exemple, les phrases
citées parmon éminente collegue. Un
“hiver de sept tours” parait certaine-
‘mentétrelamentiond’un bouleverse-
ment climatique : nul ne peut nier que
sept années d’hiver seraient une ca-
tastrophe. Mais en poussant un peu
les recherches, on aboutit a des con-
clusions légérement différentes. A
Trepoque et dans la langue dans la-
quelle le Cycle Pawiccéen fut écrit, le
mot “tour” était utilisé de diverses
manieres par divers groupes. Dans
certains écrits, un “tour” signifie une
révolution complete de Toril sur son
orbite—c’est-a-dire un an. Mais dans
dVautres, le “tour” veut dire la révolu-
tion de Séluné autour de Torll — done
lun mois. D'autres encore utilisent le
terme “tour” pour désigner une sim-
ple rotation de Toril autour de son
propre axe —soit un jour. Méme siun
hiver de sept mois peut étre un désa-
_grément, on peut tout de méme diff-
cilement appeler cela une catastro-
phe.
“L’Automne des Larmes” est une
image forte, trés émouvante, et je
voudrais éliciter ma colléguedelavoir
retenue, En observant vos visages
pendant son discours, chers membres
‘du Conseil, j'ai pu voir les profonds
effets qu’elle a eu sur vous. Je me
demande dans quelle mesure ils
auralent été moindres si je vous avais
précisé queleterme original—ileleste
— pouvait aussi etre traduit par
*Vautomne des plules” 2
Non, je crains décidément que ma
colleguen'ait pas réussi a me convain-
cre de sa these. Il me semble évident
que les dragons n'ont pas évolué sur
Toril comme Kelmara essaie de nous
le faire croire. lest possible, éventuel-
lement, quills descendent de créatu-
resinférieures, mais cette évolution ne
s'est pas faite parle hasard aveugle de
la sélection naturelle. Leur dévelop-
pement a été guidé par des pouvoirs
qui dépassent notre compréhension.
‘Comme preuve de ce que j'avance,
considérez simplement ceci : dans
tous les mondes et dans toutes les
spheres, etsur tous es plans différents
‘que nous avons exploré, il existe des
dragons, Etces dragonsne présentent
pas la moindre différence d’avec ceux
‘qui sont natifs de Toril. Les dragons
sont au-dela du champ de notre biolo-
gie, j'en ai peur — meme au-dela de
théories tirées par les cheveux et sans
veritable fondement comme celle de
mon estimée collegue.
(Voici l'intégralité de la réponse de
Kelmara a la réfutation de Verilux,
1346 CV)
Foutalses !
(Le texte qui sult est tiré de ouvrage
De I'écologie des Plans, de Garth de
Suzail, CV 1354 )
Les philosophes évoquent souvent la
“théorle de la diffusion” pour expli-
quer pourquol les créatures de Plans
totalement isolés les uns des autres
présentent exactement les memes
caractéristiques biologiques. La ver-
sion la plus répandue de cette théorie
affirme que chaque espéce est riée —
que ce soit ou non a la suite d'une
evolution — sur un seul monde. Cer-
taines creatures auraient ensuite été
d'une maniere ou d'une autre dépla-
cées de leur plan natal et transférées
surunautre, oitelles se seraient repro-
duites. Le déplacement nécessaire est
censé s’étre produit de diverses fa-
ons : par des portes qui se seraient
ouvertes spontanément (ou des
“fistules”, pour employer le terme‘communément en vogue), par des
cexpériences de “pollinisation croisée”
menées par des étres voyageant &
travers les plans, par des transferts
accidentels (comme lorsqu’un animal
de bat ou domestique s'échappe sur
un plan étranger), ou méme par une
intervention divine.
(ll existe une version plus extré-
miste de la théorie de la diffusion, qui
sera abordée plus en détail un peu
plus loin dans ce texte. Elle prétend
qu'un unique plan est a l'origine de
toutes les formes de vie, et que les
créatures se sont ensuite dispersées
dans le multivers a partir de cette
source.)
A premigre vue, on peut penser
qu'll est possible de prouver ou au
contraire d'infirmer cette théorie de la
diffusion en examinant attentivement
les fossiles de différents plans, en se
penchant sur une espéce en particu-
lier. Sion trouve des preuves de|'évo-
lution de cette créature sur un plan
mais pas sur les autres, on peut croire
que C'est une preuve suffisante de la
theorie de la diffusion. Mais malheu-
reusement, il nexiste aucun plan o0
l'étude des fossiles permette de re-
constituer une chaine complete de
revolution. Aucontraire, ilyad’étran-
ges trous, des anomalies, et meme
desrenversements apparents descau-
ses, qui soulévent bien des interroga-
tions quant a savoir si nous pourrons
jamais tirer un jour des conclusions
certaines a partir de I'étucle des fos-
siles.
Etacestade, ledébatdoits’orienter
surles dragons, car pour ces especes,
lathéorie dela diffusion semble étre la
seule a fournir une explication accep-
table de leur existence sur tant de
plans. Les dragons constituent aseule
espece pour laquelle il existe des for-
mes diarchétypes. Pour les dragons
proprement dits, ce sont Bahamut, le
Dragon de Platine, et Tiamat, le Dra-
gon Chromatique. Touteslessortes de
dragons “purs’ —c'est-a-dire les dra-
gons métalliques d’alignement bon,
cet les dragons chromatiques tournés
vers le Mal (nous lalsserons de coté
pour linstant les esp&ces marginales
‘commele dragon decristal), semblent
etre des pales refiets de leur forme
archétypale, possédant certaines de
leurs caractéristiques, mais pas tou-
tes. Par exemple, un dragon rouge
posséde certains des traits attribués &
Tiamat, mals pas tous, tandis qu'un
dragon d'or a certains des traits de
Bahamut, mais pas les autres. Pour
employer un instant un vocabulaire
mathématique, chaque espéce de dra-
gon semble étre un sous-ensemble de
Propriétés appartenantalun ouautre
des archetypes. Ou, inversement, cha-
que archétype est un sur-ensemble
qui inclut toutes les propriétés que
posséde sa classe de variétés de dra-
gons.
Certains sages sont convaincus que
cette représentation est la bonne sur
ce sujet. Selon cette théorie, l'exis-
tence méme des deux formes
archétypales — Bahamut et Tiamat —
estresponsablede'existencedes dra-
gons dans tout le multivers.
Métaphoriquement pariant, les dra-
gons sont les ombres que ces
archétypes projettentsurles différents
plans. De meme que les ombres sont,
en un sens, des sous-ensembles des
créatures qui les projettent — elles le
sont forcément, puisque les ombres
nfont que deux dimensions —, de
meme les “ombres” des archétypes
des dragons sont des sous-ensembles
des pouvoirs et des caractéristiques
de ces archetypes.
(Cette analogie avec des ombres
est en réalité assez exacte. A vos
moments perdus, observez l'ombre
projetée par un objet simple comme
Un cube. Selon la position de l'obser-
vateur par rapport au cube et a la
surface sur laquelle se profile 'ombre,
cette demiere peut prendre la forme
d'un carré, d'un rectangle, d'un
paraliélogramme, ou d'un polygone
pluscomplexe. Cetteexpérience toute
simple montre combien deux ombres
fete ek Me Sec SeeLceed
peuvent étre
aussi différentes
Tune de l'autre
qu'un dragon
vert 'est d'un
dragon rouge.)
Fautil des ors
s’étonner que
biendesdragons
vénérent leur
forme archétypale ? Si cette théorie
des ombres est vraie, alors les
archétypes sont vérltablementles créa-
teurs de la race des dragons, meme si
dans ce cas le terme de création n'est
pas totalement approprié, carily man-
que la notion d’acte délibéré.
Quelles sont les conséquences in-
duites par cette théorie si jamais elle
slavére correcte ? Une possibilité nait
des développement précédents. Sion
¢élimine une ombre—en braquant par
‘exemple une lumiére dessus — cela
a aucune conséquence sur la créa-
turequienestal'origine. Enrevanche,
que se passe-t-il pourles ombres lors-
que la créature qui les projette vient a
disparaitre ?
(Ce qui suit est un extrait de Evolution
et création, par Terrance Justemain de
Scomubel, 1356 CV)
Le cas des dragons est utilisé comme
‘exemple majeur par les deux camps
delacontroverse encore actuelle "créa-
tton contre évolution”.
Liargument des créationnistes est
dese demander comment I'évolution
peut expliquerla présence de dragons
sur virtuellement tous les plans con-
nus, et toutes les sphéres de cristal de
univers. Le fait qu'on rencontre des
dragons — pratiquement tous
biologiquement identiques — aussi
bien dans I'Espace des Royaumes que
dans l'Espace de Greyhawk ou encore
dans d’-autres spheres a 'infinl, ne
peut étre expliqué que si 'on accepte
qu'unPrincipe d’Unite quelconque (un
dieu, ou un groupe de dieu), les acréés, simuitané-
ment, dans tout
univers. Le pro-
blemeaveccette
position est qu’ll
existe dans plu-
sleurs sphéres
des fossiles qui
tendraient 3
prouver qu'il y
bien eu évolu-
tion, et qui permettent de reconstituer
sans le moindre doute un arbre de
Vévolution expliquant comment les
différents dracomorphes se sont éloi-
gnés les uns des autres.
Lepointde vue évolutionnistes'ap-
ule principalement sur les preuves
blologiques de parenté entre la race
des dragons et celle des autres
racomorphes, comme les wivemes
ou les drakes, et les tenants de cette
théorie exhibent réguligrement les
fossiles des “précurseursdes dragons”
dans différents endroits. Pourquoi un
Principe d’U jerait-ilaussiacti-
vement de tromper ses “enfants” en
implantant de telles preuves ? Le pro-
bleme avec cette position vient du fait
que les évolutionnistes sont bien en
mald’expliquer commentles dragons
habitant dans I'Espace des Royaumes
et dans I'Espace de Greyhawk — qui
ont deux écosystémes trés différents
— ont pu évoluer de maniére si con-
vergente qu'il estimpossible parquel-
que moyen que ce soit (@ moins de
poser la question aux dragons eux-
mémes) de déterminer leur sphere
d'origine.
Et C'est en raison de ces positions
contradictoires que j'ai choisi 'espece
draconique comme principal élément
corroborant de ma thése.
Les théories de I'évolution et de la
création ne s'excluent pas
mutuellement, contrairementaceque
beaucoup de sages veulent vous faire
croire. Toutes deux sont intimement
et finement liées, un peu comme les
deux faces d'une méme pitce de
monnale. Je crois qu'on ne peut pas
nier que les dragons ont atteint leur
état actuel dans les Royaumes Oubli¢s
a T'issue d'un processus d’évolution.
‘Mais il est tout aussi difficile de nier
que le méme phénomene s'est pro-
‘duit dans le monde de Greyhawk, et
dans les nombreuses autres spheres
qui ont été visitées par des vaisseaux
magiques. Comment peut-on dés lors
résoudre ce dilemme ?
Le probleme vient en fait de I'habi-
tude de considérer a création comme
tun acte unique, of le Créateur dit
“Que les dragons solent”, et les dra-
_gons furent. Cette sorte de création a
quelque chose d'arbitraire, et n'est
-guere subtile (et'avoue quejettiens la
subtilité pour 'un des plus grands
attributs des dieux dans ce monde
comme dans les autres). N'est-il pas
bien plus élégant pour le ou les
créateur(s) d'instaurer des conditions
Initiales & partir desquelles |'évolution
de ces memes dragons est inevitable,
selon les lois de la nature, de la magie
et de la science ? Certains lecteurs
connaissent peut-étre le jeu de billard
a" poches”, qui était parait
dans fancienne contrée de
Mulhorande. Le but du jeu est de
frapper une certaine boule — la “blan-
che” —a l'aide dune queue, d'une
fagon bien précise, de maniére A ce
qu'elle entre en contact avec d'autres
boules situées sur la meme table, et
quelle fasse tomber ces boules dans
des trous, oupoches, placés tout autour
de cette table, Si un spectateur ob-
serve le résultat final de la partie —
‘toutes les boules saufla blanche repo-
sent dans les poches — la conclusion
laplussimplequ'ilentirera urlafagon
dont ces boules sont arrivées la sera
de se dire que quelqu’un les a ramas-
s€es et les adéposées dans es poches
(ceci équivaut, a mon avis, ala théorie
de la “création extraordinaire”). Cest
certainement!'un des moyens les plus
simples dl'obtenir ce résultat, Mais ne
serait-ce pas bien plus élégant si, au
lieu ce deposerces boules une parune
et d'une maniére arbitraire dans leur
poche, le méme résultat était obtenu
2 partir d'un seul coup donné a la
bouleblanche ?Théoriquement, grace
& un coup donné a la blanche avec
suffisamment de force et de précision,
on peut faire tomber toutes les autres
boules dans es poches, en leur faisant
esqulsser, au passage, un mouvement
complexe et artistiquement plaisant.
Une fois qu'on a frappé la blanche,
tous les autres mouvements des bou-
les suivent les lois de la mécanique
bien connues des sages et des mathé-
maticiens. Un observateur qui n’aurait
pas assist au premier coup donné ala
blanche pourrait trés bien penser que
lemouvement résulte uniquementde
ces lols, et qu'il n'a impliqué aucun
acte de volonté.
Cestainsiquejevoislacontroverse
“evolution contre création”. Les mon-
des dans lesquels nous vivons sont
és d’unacte de volonté d'un Principe
Unité, Mais apres cet acte initial de
volonté, tous les changements ulté-
rieurs ont obéis aux seules lois du
monde. Les dragons — tout comme
les elfes, les humains, les orques et
tous les autres — ont bien évolué,
mais uniquement parce que le Prin-
cipe d’Unité a créé les conditions ini-
tales rendant inévitable leur évolu-
tion.
Cela explique comment les dra-
gons — et les autres especes égale-
ment, bien sar — ont pu apparaitre
danstantd'endroits différents del'uni-
vers. Le Principe d'Unite — par son
acte originel et unique de création —
a créé dans chacune de ces diverses
régions des conditions initiales telles
que les dragons ne pouvaient pas ne
pas évoluer.
apparait donc clairement que les
théses de I’évolution et de la création
ne sont pas contradiictoires ; ce ne sont
quedeuxétapes distinctesd’'unméme
processus, qul est le développement
de univers.Ce qui suit est tiré d'une tirade de
Corkitron Allinamuck, membre lége-
rement éméché de Petites-Gens inc.,
sans domicile fixe, 1357 CV).
Y 2 toujours eu des dragons. Et y en
aura toujours, pour sor! Alors, si vous
voulez en savoir plus, pourquol vous
n'allez pas poser la question & ces
foutus dragons ?
L’évolution
Les théorles exposées ci-dessous sur
F'évolution des dracomorphes et leurs
relations les uns avec les autres sont
tirées des écrits d’un groupe de sages
connu sous le nom de “Club de
Chateausulf". Ces sages, bien que
membres de 'Ordre de Chateausuif,
s'intéressent plus a reconstituer le
passé gu’a déchiffrer les brumes de
Pavenir a travers les prédictions
d’Alaundo le Devin.
Nul ne connait 'identité des mem-
bres de ce Club. Aucun de leurs écrits
— qui se sont répandus assez large-
ment dans tous les Royaumes — ne
comporte de signature individuelle ;
on ne peut les identifier que comme
etant des écrits du Club.
Les écrits du Club de Chateausuif—
ten particullerceux qui serapportent
aux dragons — sont extrémement
controversés. Pour un sage qui ac-
cepte leurs dires, len existe au moins
un autre qui prétend que ce sont de
fleffés menteurs, ou qu'lls se trompent
lamentablement de bout en bout. On
ne peut toutefois pas nier que les
écrits du Club atteignent un niveau de
cohérence inteme jamais vu parailleurs
dans le débat sur l'origine des
dracomorphes.
Lanalyse des fossiles
Lorsqu’onles étuciie minutieusement,
eten gardant certaines questions pré-
cises a l'esprit, on s'apercolt que les
archives des fossiles de Torilabondent
en chalnons manquants et en contra-
dictions. Mais il suffit de prendre un
eu de recul pour se rendre compte
que l'histoire qu’elles retracent est
claire et incontestable. Limage glo-
bale qu’elles permettent de reconsti-
tuer est absolument inréfutable.
Selon ces fossiles, les dragons tels
que nous les connaissons sont appa-
rus il y a quelques dix millions d’an-
nées. Avantcette époque, iln’existalt
aucune forme de vie intelligente sur
Toril — du moins, aucune qui ait
survécu. Les créatures les plus repan-
dues étalentces énormes reptiles que
nous appelons cinosaures. Ces der-
niers étaient, d’aprés les fossiles re-
trouvés, plus grands que toutes les
créatures qui vivent aujourd'hui —et
de toute facon, bien plus grands que
toutes les espéces de dragons vivant
sur cette terre.
La diversité des dinosaures était
Proprement stupéfiante, Chaque
écosystéme étalt peuplé dune ou de
plusieurs espéces reptiliennes. ily
avait des dinosaures qui volaient,
d'autres qui marchalent, d'autres en-
‘core qui nageaient ; certains étaient
herbivores, d'autres se nourrissaient
des autres dinosaures. Pendant des
millers d'années, lévolution et la
sélection naturelle ont pu faire leurs
expériences surpplusteursmilliersd’es-
ces différentes : des petits camivo-
res rapides; de grosetlents herbivores
qui n’avaient que leur grande taille
Pour se défendre contre les pré-
dateurs; d'autres herbivores totale-
ment recouverts d'une armure ; des
prédateurs aussi gigantesques que
{feroces... Dans bien des cas, ces mo-
deles expérimentaux étaient poussés
Jjusqu'a donnerdes extrémités totale-
ment absurces — comme par exem-
ple ces monstruosités si lourcement
protégées par leur carapace qu'elles
ne pouvaient méme plus se dégager
du plus petit torrent de boue. II sem-
ble tres improbable qu’ aucune de ces
creatures primitives aient eu la moin-
dreétincelled intelligence oudecons-
cience de soi.
Meee MER eco
Entre 12 et 10
millions d’an-
nées avant notre
@re, tout chan-
gea. Une race
reptilienne uni-
que apparut,
montrant des si-
gnes d'une intel-
ligencerudimen-
talre. Grace a ses
capacités d’anticipation et de prévi-
sion, elle échappa aux catastrophes
naturelles qui emportérent ses prédé-
‘cesseurs. Grace a leur sens de la coo-
Pération, ces créatures formérent de
Petits groupes pourmleux résister aux
prédateurs qui, autrement, pouvaient
facllement triompher d'un seul indi-
vidu. Le Club de Chateausuif appelle
ces créatures eodraco (ce quiveut dire
“dragons de l'aube” dans une langue
dont les origines sont oubliées depuls
longtemps).
A partir de fragments de fossiles
laborieusement reconstitués, certains
sages ont déterminé que l'eodraco
avait & peu prés la meme taille et la
mame apparence que la wiverne mo-
deme, soltenviron 10 metres de long,
avec une envergure des alles de 15
metres. On n’a pas trouvé d'indice
permettant de penser quela queue de
leodraco était munie de ce dard si
caractéristique de la wiverne (mais ce
genre de détall ne se fossilise genéra-
lement pas bien). La taille du crane
Indique que cette créature avait un
cerveau légérement plus petit que la
wiverne (qui n'est elle-méme pas une
lumiere, meme de nos jours). C’était
néanmoins un cran au-dessus de la
taille des cerveaux de ses contempo-
rains, ce qui lul a conféré un énorme
avantage compétitifdans I’évictionde
la sélection naturelle.
Parallélemental'essorde!'eodraco,
les creatures reptiliennes a l'autre ex-
trémite de I'échelle de tallle dévelop-
perentdes caractéristiques quiallaient
plustard engendrerlaclassedesmam-
miiferes. C'est de ces petites créaturesfilantes que des-
cendent toutes
les espéces ma-
mmiféres qui
peuplent au-
jourd’hui notre
monde,
Ly a environ
dix millions d’an-
nées, une catas-
‘trophe se produisitdans!écosys-téme
‘ob vivait I'eodraco, les pré-mammife-
res etles dinosaures (méme le Club de
‘Chateausuif semble divisé quant a la
nature de cette catastrophe). Selon
certaines theories, le climat se modifia,
en raison cl'un affaiblissement du so-
leil de Toril; selon d'autres — comme
celle que soutient Kelmara d’Arabel
—T'une des Larmes de Seluné serait
entrée en collision avec Toril. D'autres
encore imputent la catastrophe a une
intervention d'une divinité qui aurait
voulu donner un coup de pouce a
Tintelligence. Enfin, quelques fous
marginaux prétendent que Toril aurait
connu un bouleversement climatique
apres avoir servi de champ de bataille
4 des créatures semi-divines.
Dans tous les cas, en un espace de
temps incroyablement réduit — pour
une évolution, s‘entend —, les
dinosaures s'éteignirent. Seulsles plus
petits reptiles, les pré-mammiferes et
Feodraco, survécurent (nous n’écar-
tons néanmoins pas les rumeurs
récurrentes, quoique sans fondement
jusqu’a ce jour, qui prétencent que
des dinosaures vivent encore dans
certaines parties reculées etisolées de
Torii).
L’eodraco ne fut jamais tres abon-
dant, Et avec la disparition des créatu-
tes dontil se nourrissait, sa population
diminua encore davantage. II y avait
tout simplement une pénurie alimen-
taire pournourrirune vaste population
de carnivores de dix metres de long.
La lignée des dracomorphes
Meme avec une population fortement
dliminuée, eodracoen tant que genre
Reece ect)
biologique (car Il comprenait sans
doute plusieurs espéces) n’en avait
pas encore finiavecl’évolution. Ilsem-
ble certain que le bouleversement cli-
Matique qui a éliminé les grands
dinosaures ait continué pendant plu-
sleurs millénaires, exercant une sélec-
tion rigoureuse chez_I'eodraco. C'est
cette €poque — selon le Club de
Chateausuif — que certains
dracomorphes divergerent du tronc
Principal de la race des dragons :
comme la wiveme, favorisée par sa
grande agressivité dans un monde 0
la compétition faisait rage, et les i-
verses especes de drakes ainsi que le
pseudodragon, dont la taille réduite
(et par conséquent l'appetit aussi)
s’avera un bon atout pour survivre.
Les fossiles qui remontent a cette
période montrent un nombre stupé-
fiant d'autres variations qui, pour une
raison ou une autre, s'avérérent non
viables. Toute une branche dedragons
allés polycéphales se développa pen-
dant peut-étre un million d’années,
puis disparut (certains indices lalssent
a penser — mais rien n'est certain —
que les hydres et les pyrohycires sont
delointains descendants de cette bran-
che morte de I'évolution)
Les eodraco se diviserent en deux
branches & cette époque. La premiere
— qui disparut assez rapidement —
garda le méme métabolisme que ses
ancetres dinosaures. La seconde dé-
veloppa la capacité de recracher son
‘gaz intestinal, et de l'enflammer par
une réaction enzymatique et
hypergolique se produisant au fond
de la gorge. Cette faculté donna &
cette branche de l'eodraco — que le
Club de Chateausuif appelle ignidtraco
— le don de cracher des nuages de
feu.
‘Mais comme pour la plupart des
pré-mammiferes, ils'avéra que |'intel-
ligence était le trait le plus important
pour survivre. Certains derives de
Vignidraco se mirent & développer
quelques lueurs d’intelligence vérita-
ble — bien plus que le rudimentaire
Processus de pensée, @ peine plus
8
élevé que celui des animaux, dont
Etait doté leodraco. Il s'agissait
véritablementde conscience de sol. et
peut-étre méme de la faculté d’élabo-
rer des pensées abstraites (nous igno-
rons — et cela est probablement im-
possible a déterminer — si les
dracomorphes ont commencé & dé-
velopper un langage a cette époque).
Comme le trait principal qui avait faci-
lite la survie de I'ignicraco était 'inte!-
ligence, et non d’autres attributs fruits
du hasard, la sélection naturelle com-
menca a favoriser une durée de vie
plus longue. Cela semble raisonnable,
carle don de savoir utiliser son inteli-
gence est acquis, et se transmet aux
rejetons. Un dracomorphe qui vitiong-
temps peut apprendre comment utli-
ser au mieux son intelligence nais-
sante, et peut ensuite transmettre cet
enseignement a plusieurs portées de
rejetons. Ainsl, un dracomorphesemi-
intelligentquivitasseziongtempspour
apprendre a penser, et ensuite encore
suffisamment longtemps pour ensei-
‘gner cet art & ses nombreux rejetons,
sera plus avorisé parl’évolutionquiune
créatute & faible durée de vie qui n’a
qu'une seule portée de rejetons dans
son existence. Le résultat de tout cela
est que I'ignidraco devint de plus en
plus Intelligent.
Le Club de Chateausuif n'est pas
tres sOrde la date, mais a une certaine
époque de ce processus, I'ignidraco
se scinda en deux sous-espéces prin-
cipales. L’un des genres — appelé
inficedraco— développa une person-
nalité (si l'on peut employer un tel
mot) tres féroce, et devint un prédateur
solitaire. A cette époque, les popula-
tions d’animaux pouvant servir de
proies avaient atteint un stade of la
‘sélection par 'intelligence avait quel-
que peu diminué. C'est pourquoi les
“prédateurs purement rapaces”
(comme les appelle un membre ano-
nyme du Club) pouvaient & nouveau
survivre.
Liautre sous-genre de |"ignidraco
—que le Club désigne parle termede
ferrodraco — vivait davantage engroupe. Dé
pourvu de la
Ferocité de son
cousin, le ferro-
draco continua
de développer
son intelligence
sous I'effet de la
sélection natu-
relle.
(Memes'ilestimpossiblea partirde
examen des fossiles de connaitre la
couleur de la peau d'une créature, il
‘est manifeste que le Club pense que
lesdragons chromatiques descendent
de l'inficedraco, tandis que les dra-
_gonsmeétalliques sontles descendants
du ferrodraco)..
Les deux genres continuérent de
connaitre toute une passionnante sé-
rie de transformations dues ’évolu-
tion. Certains conserverent leur capa-
cité gastro-intestinale leur permettant
de cracher du feu. D’autres modiifie-
rent encore plus leur apparell digestif,
cequileurpermitdecracherde|'acide
ou d’exhaler des produits chimiques
corrosifs (qui sont, en théorie, des
enzymes gastriques), Une espéce, qui
engendra par la suite le dragon blanc,
développamemeiafaculté de déclen-
cher une réaction chimique qui ab-
sorbe toutela chaleur environnante, et
quialeffet d'un souffied'air glace (cest
en tout cas ce que prétend le Club).
Quelques problémes
Inutile de le preciser, les écrits du Club
de Chateausuif ne tepondent pas a
toutes les questions que soulévent
Vorigine des dragons. Le Club passe
temarquablement sous silence la clas-
sification de certains dracomorphes
dans l'arbre de 'évolution. Comme
bons exemples — qul ont été mis en
avant par les détracteurs du Club —
citons : les dragons-fées, les dragons
des nuées, et ces maitres des voies
spatiales, les dragons célestes (ou
rayonnants). L’arbre généalogique du
Clube porte égalementaucunemen-
tion des dragons orientaux.
Certains defenseurs des idées du
(Club ont essayé d’ajouter ces especes
manquantes a la structure d'ensem-
ble. Selon ces braves gens, les dra-
gons-fées seraient des descendants
tres €volués des pseudodragons (la
raison principale de cette assertion
plus que douteuse étant a petite taille
dudragon-fée). Les dragons des nuées
et les dragons célestes sont censés
descendre d'une troisiéme branche
de dragons qui serait issue de
Vignidraco en meme temps que
Vinficedraco et que le ferrodraco. En-
fin, les dragons orlentaux descen-
draient d'une espece totalement dif-
ferente — appelée eodraco orientalis
— qui aurait divergé de la souche
principale de I'eodraco,
‘Meme avec ces corrections, il reste
certains mysteres a résoudre. Si le
souffie des dragons provient unique-
ment de modifications de l'appareil
digestif, comment peut-on alors ex-
pliquer la capacité du dragon bleu de
‘cracher des éclairs ? (De meme, |'ex-
plication d'une “réaction chimique
absorbant la chaleur” pour le souffle
du dragon blanc parait extremement
tirée par les cheveux.)
D'une maniare générale, les rolistes
— ces sages qui ont redige les roles,
les catalogues, principaux des créatu-
res de Toril—ontjoyeusementignoré
la classification complexe proposée
par le Club de Chateausuif, et ont
Tegroupé tous les dragons sous un
méme genre, draco. Voici les noms
des espéces les plus communes de
dragons (selon ces rolistes) :
Alrain : D. impudentus gallus
Argent : D. nobilis argentum
Blanc : D. rigidus figidus
Bleu : D. electricus
Bronze : D. gerus bronzo
Cuivre : D. comes stabul
Noir: D. causticus sputem
Or: D. orientalus sino dux
Rouge : D. conflagratio horribilis
Vert : D. chiorinous nauseous
respiratorus
10
Deleurcété, les sages qui adherent
aux crits du Club de Chateausuifrefu-
sent d’employer ces noms, et, en réa-
lité, les considérent comme un peu
maladroits et ampoulés.
Larbre généalogique des
dracomorphes
A partir des théories avancées par le
Club cle Chateausuif, et completées
par leurs apologues, le tableau de la
page 9llustre les liens qui unissentles
différents dracomorphes.
La magie
L'un des points que le Club de
Chateausuif a soigneusement évité
dl'aborcer est le développement de la
magie chez les dracomorphes. Toutes
les grandes espéces de dragons font
usage de la magle, que ce soit en
Jetant des sorts, ou grace a des cions
innés. D’oa proviennent ces facultés ?
Mis a part les gens de Chateausuif,
certains chercheurs ont émis plusieurs
hypotheses. Certains sages prétencient
qu'il existe sur Toril des endroits of le
pays lui-méme semble avoir un haut
niveaud’activité magique. Les créatu-
res qui évolueraient dans de telles
régions si fortement imprégnées de
‘magie pourraient alors développerdes
dons magiques. D'autres érudits sug-
gétent que les talents magiques innés
sont accordés par les dieux, pour des
raisons qui nous restent impénétra-
bles.
Diautres encore crolent que ces ta-
lents magiques innés peuvent évoluer
et étre transmis comme toutes les
autres caractéristiques. Les facultés
magiques, prétendent cessages, vien-
nent d’un lien avecd autres plans (g6-
néralement le plan Négatif ou Positif).
Une créature qui posséde de tels liens
peut tirer de l'energie de ces plans et
utiliser pour produire un certain effet.
Chez les nombreuses créatures non
intelligentes qui ont des talents magi-
ques innés, cette connexion inter-planaire et l'utilisation du flux d’éner-
gie qui en découle se font de maniére
totalementinconsciente (cette théorie
explique ainsi les effets magiques con-
tinus, comme une aura de terreur).
Certaines créatures ont toutefois da-
vantage conscience de ce flux magi-
que, qu'elles peuvent donc mieux
contrdler. Elles peuvent ainsi modifier
les effets du flux, soit en utilisant leurs
facultés magiques uniquement lors-
qu’elles le désirent, soit en altérant la
facon dont il se manifeste dans le
monde physique. Cette conscience et
ce controle devraient théoriquement
se développer avec I'age, la créature
ayant de plus en plus 'habitude de ce
flux de pouvoir. Dans le cas des dra-
gons, cette théorle explique leur aura
de terreur, leur résistance (générale-
mentélevée)alamagie,etleurs autres
dons innés.
Mais qu’en est-il des lanceurs de
sorts proprement dits ? Ici, la réponse
semble venir delalongue durée de vie
des creatures — qui depasse large-
mente millier d'années pour denom-
breuses especes, et peut-etre meme
encore plus pour les dragons célestes.
Au fur et & mesure que intelligence
de ces créatures s'est développée,
elles ont certainement pu observer
d'autres étres intelligents — que ce
solent des humains et des demi-hu-
mains, ou bien des visiteurs
extraplanaires — manipuler I'énergie
magique sous la forme de sorts.
Comme ces premiers jeteurs de sorts
draconiques disposaient de plusieurs
siécles pours'y essayer, isont alors pu
apprendre a lancer des sorts, simple-
ment par des essals et des erreurs
répétés (on ne peut pas non plus écar-
ter la forte possibilité que ces créatu-
res, qui aprés tout étaient énormes,
dangereuses et assez redoutables,
aient pu extorquer de force cet art
d'utiliser la magie a des jeteurs de
sorts d'autres races). Sur plusieurs
.générations de dragons de plusieurs
siécies chacune, il est bien possible
qu'une espeéce ait réussi a atteindre un
niveau de sophistication élevé en
magie (apres tout, combien de temps
faut-il pour rechercher un nouveau
sort ? pas tres longtemps, comparé a
une durée de vie qui recouvre plu-
sieurs siécles)
Une théorie va meme encore plus
loin : elle prétend que les dragons de
Toril ont appris l'art de la magie de
dragons venus d'ailleurs, il y a des
millénaires de cela (différentes varian-
tes de cette théorie font venir ces
dragons du futur, du passé, d'autres
plans, ou d'autres spheres de cristal)
Inutile de préciser que cette théorie
rest pas tenue en trés haute estime
par les penseurs réputés.
Lalongue durée de viedes dragons
souléve une question interessante : si
ces animaux vivent aussi longtemps,
pourquoi ne sont-ils pas de meilleurs
magiciens ? Aprés tout, s'il disposait
de quatre siécles devant soi, un mage
humain consciencieux pourralt se fa-
briquer toute une réserve de redouta-
bles sorts, ordinaires ou uniques. Pour-
quoi cela n’est-il pas le cas chez les
dragons?
‘On trouve des réponses différentes
selon les sources consultées. Une des
réponses — peut-étre la plus
dérangeante —est qu’en réalité, c'est
bien le cas. Les dragons les plus an-
clens, c'est ce que croient les défen-
seurs de cette théorie, ont atteint un
niveau de connaissance de la magie
absolument incomparable. Ces créa-
tures auraient développé leur prati-
que de la magie jusqu’a un niveau
presque divin. Un exemple de créa-
ture aussi démesurément puissante
nous est donné par le legendaire dra-
gon d'or Nexus, qui vit, dit-on, dans
un luxe obtenu parmagie au milieu de
l'Anauroch, le Grand Désert (le fait
que I'existence d'un tel “supermage”
draconique n'ait jamais été prouvée
avec certitude signiferait simplement
que nul n’a survécu pour pouvoir ra-
conter sa rencontre avec lu, ou que le
dragon en a juste effacé le souvenir
chez tous ceux qui ont vu).
I existe bien
entendudenom-
breusesréponses
beaucoup moins
terrifiantes. Cer-
tains sages sont
persuadés quele
cerveau drac-
onique nest tout
simplement pas
assez complexe pour pouvoir déve-
lopper des talents magiques dépas-
sant le niveau de ceux des humains et
des demi-humains. D’autres écartent
cette question, qu’lls jugent sans inté-
ret: les dragons, selon eux, n’ont tout
betement pas|apatience oulavolonté
nécessaires pour consacrer leur vie &
rechercher des sorts.
Et demain ?
Uhistoire de 'évolution peut trés bien
ne pas s‘arréter avec les dragons tels
que nous les connaissons aujourd'hui.
Plusieurs sages pensent que certaines
forces d’évolution sont encore a
oeuvre sur les dragons actuellement,
particulirement sur ceux d’aligne-
‘mentmauvais (les chromatiques). Tou-
tefols, au lleu de prendre la forme de
pénuries de nourriture ou de boule-
versements climatiques, ces forces
évolution sont de nos jours les grou-
pes d'aventuriers et les chasseurs de
dragons. Les dragons capables de se
débarrasser de ces forces ou de les
éviter réussissent & survivre et & se
multiplier ; les autres sont voues a
extinction. Ne s‘agit-il pas la aussi
dune forme d’évolution ?
Neéanmoins, la direction dans la-
quelle ces forces conduisent les dra-
gons n’est pas immédiatement évi
dente. Il est clair qu'une intelligence
supérieure et des pouvoirs magiques
accrus sont des conditions qui favorl-
sent la survie. Des lors, les chasseurs
de dragons ne seraient-ils pas en train
de créer une race de dragons maléfi-
ques toujours plus intelligents et en-
core plus adeptes de la magie ?Certains spé-
cialistesn’ensont
paspersuadés. Ils,
Pensent que
méme si une in-
telligence et des
pouvoirs magi-
ques supérieurs
sont bien utiles,
un jour viendra
néanmoins oi des groupes d’aventu-
riers suffisamment subtils et forts réus-
siront & exterminer les dragons les
plus recloutables qui soient. Ces sages
roient que le meilleur moyen d’assu-
rer lasurvie along terme est de modi-
fier son alignement et son apparence
—a des kilometres d'un alignement
mauvaisquiestune veritable incitation
la chasse pour plus d’un héroique
aventurier. Selon ces experts, au furet
A mesure que les dragons les plus
agressifs seront exterminés, 'aligne-
ment dominant des survivants tendra
de plus en plus vers le neutre strict.
(Ce point de vue est tres contro-
vversé. La plupart des penseurs es plus
cyniques rejettent cette these pour le
moment. Si un groupe d’aventuriers
tombe sure cousin d'un dragon mau-
vais et qu'll le tue, ce dragon aura-t-il
Jogiquement tendance a devenir neu-
tre, ou plutota essayer de se venger?)
Les prédictions d’Alaundo le De-
vin, rassemblées et étudiées a
Chateausuif, contiennent quelques in-
dications concemant le développe-
‘ment futur des dragons. Malheureu-
sement, ces prédictions sont encore
plus opaques et indéchiffrables que la
plupart des visions d’Alaundo. Ses
écrits semblent évoquer une sorte de
“transcendance” — un vaste boule-
versementdela place que tlennentles
dragons dans le Grand Dessein —
mais seul le temps permettra d‘éclair-
Cirle sens de ces propheéties obscures.
De nouvel
de dragon
jes especes
Certaines rumeurs récentes dans tous
les Royaumes mentionnent l'appari-
Ce eC uiccty
tion de sortes de dragon apparem-
ment nouvelles et inconnues jus-
quialors. Meme si la plupart de ces
nouvelles espéces ne sont en fait vral-
semblablement issues que de I'imagi-
nation ou d'erreurs d'interprét
de la part des témoins, a partir de
dragons trés ordinaires — comme par
exemple, un “dragon de plomb” aux
écailles grises, qui n’était en fait qu'un
bronze immature affligé d'une mala-
die de peau —, il n’en demeure pas
moins que certaines observations res-
tent difficiles & expliquer.
Lune des origines possibles de ces
types non traditionnels de dragons
peut étre que, dans certaines circons-
tances, deux especes différentes de
dragons peuvent engendrer ensem-
ble un type intermédiaire. ll semble-
rait que le cas soit assez fréquent chez
les chromatiques, et le résultat de ces
croisements est relativement facile a
prévoir. Chez les dragons éialliques,
cependant, les rejetons nés de ces
‘cfoisementssontimprévisibles etsou-
vent bizarres. Les croisements entre
tun chromatique et un métallique sont
encore plus exceptionnels, et lors-
quills se produisent, le résultat en est
encore plusincroyable. Heureusement
sans doute, la grande majorité de ces
amours interdraconiques sont stérlles
(voir Chapitre 6 pour plus de details
sur ces croisements).
Uhistoire des dragons
Les parties précédentes sur les origi-
nes des dragons et leur évolution,
dont on admet le caractere spéculatif,
‘ont certainement amené certains lec-
teurs 4 se dire, en écho a la phrase
précédemment citée de Corkitron
Allinamuck, de Petites-Gens Inc.
“Allez donc poser la question a ces
foutus dragons !”
Le probleme est que la plupart des
dragons ne sont pasde grands histo-
riens. A l'exception des dragons
airain, les informations queces créa-
tures se transmettent de génération
‘engénérationn‘ontgénéralementd'in-
2
téret que pour des dragons (les dra-
gons d'airain ont eux aussi une vision
‘tes dracocentrique du monde, mais
ilsaiment également recueillir, propa-
ger et échanger quelques bonnes
rumeurs). Méme les rates dragons
qui gardent des traces de ce qu'on
pourrait appeler une histoire globale
sont habituellement réticents & trans-
metite ces informations & des non-
dragons.
Ilya plusieurs raisons ace manque
de savoirhistorique, mais|a principale
est que les espéces de dragons, &
exception des dorés, ne possédent
pas de langage écrit (lorsquiils pren-
nent forme humaine, ils peuvent écrire,
mais alors cela ne les intéresse pas).
Cela signifie que les histoires
draconiques sontessentiellementora-
les — sous forme de récits falts par un
dragon a un autre, et qui se transmet-
tent de generation en génération. Pour
des créatures comme les dragons, qui
sont plus Intéressés par I'accumula-
tion de richesses que par I'acquisition
de connaissances, il n'est guere at-
trayantdeconsacrer une grande partie
de son existence a apprendre et &
réciterdelongueshistoires oralement.
Leshistoires draconiques rales sont
‘généralement courtes — en particu-
lier sion les compare a la longue
tradition de poésie épique qui existe
chez les humains —, et elles portent
surtout sur des themes chers & une
espéce donnée de dragon. Ce sontles
chromatiques mauvais qui ont en
moyenne les traditions orales les plus
bréves. Il existe quelques mythes rell-
gleux (qui seront abordés ultérieure-
ment), mais la plupart des histoires
traitent des facons amusantes — et
d'habitude désagréables — de s'oc-
cuper d'intrus qui pourralent vouloir
dérober le trésor d'un dragon.
Lesmetalliquess'intéressentun peu
plus & la conservation de données
abstraites, mals cela varie énormé-
ment selon les espéces. Les dragons
‘meétalliques loyaux (les dragons dor,
d'argent, de bronze) ont maintenudes
traditions orales qui se rapportent aumoins en partie & la justice et a la
préservation de la société draconique
ce qui ne veut pas dire quills ne
s‘intéressent pas aussi aux meilleures
manieres de décourager les voleuts,
bien entendu). Les traditions orales
des dragons d’airain contiennent bien
des points qui peuvent sembler tota-
lementtriviauxades humains, comme
des ragots, des anecdotes insignifian-
tes, et de longues séances de souve-
nits décousues ; tandis que celle des
dragons de cuivre est riche en remar-
ques spirituelles et en jeux de mots
sophistiqués (relevés parun brind’hu-
mour paillard, de calembours de mau-
vais godt, et d’histolres sans queue ni
téte qui paralssent interminables).
Les vastes clans de dragons d'or
consignent bien quelquefois certaines
histoires par écrit, mais celles-ci con-
cement le plus souvent les déplace-
ments, les activités et les acquisitions
d'individus. Bien que certaines légen-
des parlent d'individus draconiques
érudits qui consacreralent leur longue
existence a rassembler et a mettre au
clair des données historiques, de tels
étres aussi précieux sont rates et invi-
sibles... si jamais ils existent vraiment.
Coutumes et mceurs
sociales
Les conventions sociales et la notion
d’étiquettevarienténormémentd’une
espéce de dragon a l'autre. Les déve-
loppements qui sulvent se concen-
trent uniquement sur les types de
dragons les plus courants, laissant de
été les dracomorphes non intelligents
et les croisements entre les especes
qui sont stériles.
Les dragons d’airain
Les dragons d'airain sont des créatu-
tes trés sociales, qui recherchent le
contact et la conversation tout autant
avec leurs pairs qu'avec des teprésen-
tants d'autres espéces. Comme les
autres dragons, toutefols, ils préferent
vivre seuls, au milieu d'un territoire
défini par leur ambition personnelie,
Cependant, le territoire d’un dragon
d'alrain jouxte souventcelui d’unautre,
etces voisins sont presque toujours en
bons termes. En fait; les limites qui
départagent leurs deux territoires sont
Jeplussouventle fruitdeladiscussion,
plus que de la rivalité active qui est le
lot d’autres espaces de dragons. Ces
voisins se rendent fréquemment visite
entre eux, pour prendre le soleil en-
semble et se lancer dans intermina-
bles conversations (ces visites ne sont
toutefols fréquentes que sur une
échelle de temps craconique. Il arrive
souvent que plusieurs années s'écou-
lent entre deux visites)
Les dragons d'airain sont d'un ali-
_gnement chaotique, en ce que leurs
objectifs et leurs ambitions leur sont
propres, et ne sont pas Influences par
lune quelconque source d’autorité. Cela
ne veut pas pour autant dire qu’ils ne
savent pas coopérer. Au contraire, les
-voisins d'un dragon sont souvent pres.
lui apporter leur aide, ce qui est une
bonne chose, vu que les dragons
dairain ont tendance a habiter dans
Jes memes régions que les dragons
bleus qui sont plus puissants qu’eux.
arrive parfois qu’une rivalite sins-
taure entre deux dragons d’airain, en
_général parce qu'llsn‘arrivent pasa se
mettre d’accord sur la délimitation de
leurs territoires respectifs. Mais de tel-
les rivalitésnesombrent pratiquement
Jamais dans la violence, car d'autres
dragons d'airain de lameme région se
proposent habituellement pour servir
atbitre, etaident les rivaux a éclaircir
leurs griefs mutuels.
Laccouplement est bien plus liberé
de toute contrainte sociale chez les
‘dragons dairain que chez la plupart
des autres dragons. lls s'accouplent
souvent juste pour le plaisir de la
chose, sans se préoccuper de relations
‘oud'engagementa long terme—saut
lorsque ces amoursdonnentnaissance
Ades petits. Dans ce cas, les parents
restent ensemble jusqu’a ce que leur
progéniture soit assez agée pour pou-
voir affronter la vie toute seule.
1B
Ce Maur Ly
Les dragons
diairain sont des
parents dévoues.
Les couples res-
tent en général
ensemble jus-
qu’ace que leurs
enfants entrent
dans|'ageadulte.
Parfois, certains
parents s'arrangent pour que d'autres
airains adoptent leurs enfants. Ces
parents adoptifs sont alors responsa-
bles du rejeton pendant une période
qui peut aller jusqu’a une cécennie.
Les parents véritables considerent que
est un bon moyen de s'assurer que
leurs rejetons auront la plus grande
expérience possible du monde dans
lequel ils vivent, et le meilleur entrai-
nement pour survivre dans un univers
parfois hostile. Les dragons qui accep-
tent adoption le font car cet acte leur
donne un statut supérieur parmi leurs
pairs (cela signifie aussi qu’ils ont tou-
jours quelqu’un a qui parler). Les vrais
parents et les parents adoptifs veillent
A transmettre aux jeunes leur tradition
historique orale.
I n’est pas rare que les dragons
dairain développent tout un réseau
informateurs et de confidents — en
général avec des sphinx et d'autres
réatures semblables, et parfoisméme
avec des demi-humains ou des hu-
mains —, suffisamment évolués pour
faire passer pour des amateurs les
colporteurs de ragots humains cont
les affaires fleurissent dans les grandes
villes ces Royaumes. Les dragons qui
disposent de telles sources d’informa-
tion bénéficient d'un haut statut parmi
leurs fréres, et il leurarrive souvent de
recevoir des visiteurs venus de loin
pour entendre les rumeurs et les lé-
-gendes ainsi recueilies. L'un des plus
beaux compliments qu'on puisse faire
un dragon dlairain est de dire que
“son oreille est celle du vent”
La protection mutuelle se fait d’or-
dinaire de facon informelle, le plus
souvent, lorsqu’un alrain a appris o&
se trouve un dragon bleu et a besoineMC Sure
daide pour sen
débarrasser. Les
dragons d’airain
se rassemblent
quelquefois dans
Vintention de
coopérer pour
accomplirune ta-
che plus noble et
plus complexe.
‘Mais en général, Il ne ressort rien de
ces réunions, car celles-ci dégénérent
habituellementenjacasseriesdans tous
lessens (comme Aurus, le dragon d'or
renégat, le soulignait, “Avec lesairains,
une fois que tout est dit et fait, on se
rend compte que tout a été dit, mais,
rien de falt.”).
Les dragons d'argent
Les dragons d'argent sont des créatu-
res extremement sociables, peut-¢tre
meme plus encore que les airains. Il
néanmoins un détail d'importance
ils semblent préférer la compagnie
des humains et des demi-humains a
celle de leurs propres freres.
Beaucoup de dragons d'argent pen-
‘sent que les dragons ont énormément
apprendre des humains, et un peu
aussi des demi-humains. Une durée
devie de plusieursmillénaires est bien
utile, crofent les argents, parce qu'elle
permet d’avoir du recul. Mais elle
présente un inconvénient :ilest facile
de manquer des opportunité de faire
denouvellesexpériences, en sedisant
quelaméme occasion se représentera
de toute facon d'ici une centaine d’an-
nées. Les races a courte vie, comme
es humains, ont si peu de temps en
comparaison quills sont obligés de
salsit toutes les opportunités quills
encontrent, ce qui remplit leur exis-
tence d’une vitalité et d'une intensite
inconnue chez la plupart des dragons.
La plupart des dragons d'argent pen-
sent que leur espéce ne pourrait que
profiter de I'apprentissage de quel-
ques-unes des pulsions qui animent
Thumanité. En combinantla vision des
choses cles dragons avect"espritd'ini-
tlative des humains, combien de gran-
des choses pourraient étre entrepri-
ses?
Mis a part cet aspect philosophi-
que, de nombreux argents nouent de
vraies et longues amitiés avec des
humains. Meme si de telles amitiés
naissent le plus souvent pendant que
le dragon est métamorphosé et a pris
tune forme moins redoutable, une telle
tromperie pése lourdement sur les
épauiles des argents, qui finissent tou-
jours par révéler la verité (comme les
argents sont de bons juges des carac-
teres, et n'entretiennent que les ami-
tlés qui sont vraies et profondes, cette
révélation ultérieure n'a que rarement
un effet négatif sur la relation).
Mais quel que soit le degré d’inti-
mité atteint par une telle amitié, un
dragon d'argent finit toujours par re-
tourer quelques temps auprés des
siens. Bien souvent, dans le cas d'un
ami vraiment bon, le dragon d'argent
reste en compagnie des humains pen-
dant l'existence entiére de son com-
Pagnon humain (ce qui, apres tout,
Teprésente rarement plus de 70 ans,
soit moins d'un dixiéme de 'espé-
rance de vie d'un dragon).
Les argents forment des commu-
nautés relativement souples, a partir
de noyaux familiaux étendus. Ce qui
ne veut pas dire que le groupe ou le
clan habite ensemble, mais tout au
plus que les membres d’un groupe
éprouvent plus de loyauté et de res-
pectenverslesautresmembresqu'en-
vers les autres. Le membre le plus agé
d'une famille, qu'on appelle“I’Aieul”,
est le patrlarche ou la matriarche du
clan, Les membres du groupe croient
‘énormément en la sagesse et dans les
opinions de I’Aieul, et n’agissent ja-
mais a l'encontre de ses recomman-
dations sans avoir beaucoup réféchi
au préalable.
L’Afeul est aussi le dispensateur de
lajustice au sein de la cellule familiale.
Les dragons d'argent ont une appro-
che dela loi bien moins formalisée que
14
les ors. Comme les airains, ils ont un
principe fondamental unique (méme
si, dans certains groupes, celui-ci peut
étre précisée par le biais de régies et
d'adaptations familiales). La lol princl-
paledesargents est: “Touteaction qui
crée des dommages est un crime.”
(avec le corollaire sous-entendu sul-
vant: “les actionsne provoquantaucun
dommage sont des affaires person-
nelles”), Les argents sont tres attentifs
&.ce que cette lol soit bien appliquée.
Les dragons sont libres de faire ce
quills veulent, & condition que leurs
actes solent totalement inoffensifs
(comme le dit un jour un juriste hu-
main “Ton droit de donner un coup de
poing s'arréte la o& mon nez com-
mence.”)
Les groupes familiaux peuvent de-
venir trés grands, comptant quelque-
fois plusieurs douzaines de dragons
dans le monde entler. Ces groupes ne
coopérent avec d'autres groupes fa-
miliaux que dans des circonstances
suffisamment graves pour que le be-
soin ne s'en fasse sentir. Mais cette
coopération estextrémementrare, car
unseul clan de 40 dragonsd'argentou
plussuffit en général aréglerla plupart
des problemes.
Les argents détestent I'injustice et
lactuauté, etils aidentde bon cceurles
créatures d'alignement bon quand
celles-ci en ont vraiment besoin. La
différence entre les argents et les ors
est que les premiers attendent d'ordi-
naire qu'on leur demande de l'aide —
demaniére directe ou indirecte. Ilsont
moins tendance a se lancer d’eux-
mémes dans une quéte que les dra-
gons d'or.
Les dragons d'argent ont un pro-
fond taboucontre!'accouplementavec
unmembre du méme groupe familial.
Ainsi, lorsque leur vient le désir de
former un couple, les argents doivent
quelquefois partir trés loin pour trou-
ver un ou une partenaire qul leur con-
vienne. Chaque sexe peut indifférem-
ment faire la cour l'autre. Les argents
sont civilisés en tout, et leurs rites decour sont empreints d'une grande di-
_gnit, Lorsque deux dragons sontd'ac-
cord pour former un couple, lls doi-
ventrecevoirlabénédiction des Aieux
de chacun de leur clan familial (qui est
presque toujours accordée, sauf s'il y
‘a une bonne raison de s'y opposer).
Les dragons d'argent ont en com-
mun avec les dragons d’or le concept
de Serment de Concorde, a une petite
difference pres. Le Serment d'un ar-
gent ne le lie que jusqu’a ce que tous
les rejetons d'une union aient atteint
ageadulte (101 ans).Certaines unions
de dragons durent plusieurs siécles,
voire toute la vie, ces couples conti-
nuant a élever des portées de rejetons.
Les dragons blancs
Les blancs sont!’espéce lamoins intel-
ligente des dragons occidentaux, et
leur comportement en témoigne. lls
ne sont pas trés doués pour prévoirles
choses ou les planifier a ravance, et
leur mémoire rudimentaire ne peut
‘garder le souvenir que d’evenements
concrets, pas les concepts abstralts. 1
n'yaacelaqu'uneseule exception : ils
se souviennent parfaltement des of-
fenses qu‘on leur fait, etils ont un sens
tres algu de la vengeance.
Les vendettas des dragons blancs
sont brutales et violentes, et mettent
assez souvent ces créatures dans de
beaux draps. Les blancs ne sont pas
tts forts pour prévoir les conséquen-
ces de leurs actes. lls se contentent
généralement de lancer une attaque
directe. Si cette attaque vise des ad-
versaires capables de réflechir — et
qui connaissent obsession des dra-
-gons blancs a se venger —, alors les
blancs sont fortement clésavantagés.
Lesblancsnesont pasdes créatures
sociables. Le seul contact qu'ils re-
cherchent avec leurs fréres de race est
sexvel. Il arrive quelquefols que plu-
sieurs blancs s'associent, mais c'est
uniquement lorsque leurs objectifs &
court terme coincident. Ce genre de
coopération n’est jamais planifiee ou
prévue d’avance
comme elles
exemple le cas de deux blancs qui
s'apprétent a se venger sur un méme
village de baleiniers le méme jour —
ils raseront le village ensemble, mais
ilss’entredéchireront ensuite si jamais
ily a du butin a partager).
En général, les blancs ont un sens
tr@s développé de leur territoire par
rapport aux autres de la meme espece
(etdumemesexe). Les escarmouches
de frontiere entre deux blancs sont
rarement mortelles (mais les insultes
verbales qui accompagnent ce genre
de confrontation sont dune cruauté a
couper le soufite)
Contrairement & d'autres espéces
de dragon, les blancs s‘accouplent
uniquement pour le plaisir. Si des pe-
tits viennent a naitre de cette activité,
alors tant mieux, mais ce n'est pas
T'intéret principal de la chose. Si la
femelle est fécondée, le male reste
Instinctivement dans le coin pour la
protéger. Mais des que les ceufs sont
éclos, les deux créatures reprennent
chacun leur vie en solitaire. Les dra-
gons nouveaux-nés suivent l'un ou
autre de leurs parents, et les adultes
ne sont pas trop génés par ces petits
qu'lls trainent partout. Cependant, les
parents ne se sentent aucune obliga-
tion de protéger leurs rejetons, aussi
les petits doivent-ils rapidement ap-
prendre a se défendre (le taux de
mortalité infantile est assez élevé chez
les dragons blancs).
Le moment oi les enfants quittent
Jeurs parents pour aller mener leur vie
est trés aléatoire. Certains les quittent
presque immédiatement, tandis que
d'autres peuvent rester pendant une
centaine d’années, Dans ce demier
cas, c'est le parent qui init par chasser
son fejeton, de peur qu'il ne devienne
blentot son rival (non sans raison,
d’ailleurs — on rapporte certains cas
oii Ie jeune dragon a tué son geniteur
pour s’approprier son trésor)..
Les dragons blancs sont considérés
— par les autres dragons — comme
“la lie des dra-
gons” et comme
étant “a peu pres
aussi subtils
qu'un volcan”.
Meme les rares
blancs qui ont la
chance de pou-
voir communi-
quer avec une
creature intelligente n’ont générale-
ment rien de bien intéressant a racon-
ter.
Les dragons bleus
Comme les dragons noirs, les bleus
sont par nature des créatures solitai-
res. Mais contraitement leurs cou-
sins noir, les bleus forment une orga-
nisation sociale regullére. Le plus age
et le plus pulssant dragon bleu d’une
région est appelé le suzerain, et tous
les bleus de cette région lul rendent
officiellement hommage. La taille de
la region sous la coupe d’un suzerain
varie, en fonction de la population
draconique de la région et de la puis-
sance du suzerain (manifestement, un
suzerain millénaire, un Ver, peutmain-
tenir son autorité sur une zone plus
vaste et un plus grand nombre de
dragons qu'un individu plus jeune).
Tout en restant extremement mau-
vals et rapaces, les dragons bleus font
preuve d'une étonnante loyaute, par-
ticuligrement envers leursuzerain. Tous
Jes dragons bleus qui vivent a I'inté-
fleur d'un territoire revendiqué par un
suzerain ont le choix entre trois possi-
bilites. lls peuvent se soumettre a la
volonté etd 'autorité du suzerain, ce
qui est le cas le plus frequent. Ils
Peuvent aussi quitter son territoire,
soit en gagnant la sphere d'influence
d'un autre suzerain, qui, il faut l'espé-
rer, leurconviendra davantage, soit en
trouvant une contrée qui n'a encore
été revendiquée par personne.
Latroisieme possibilite est dedefier
le suzerain dans un duel a mort, pour
‘essayer de devenir soi-méme le nou-Cel
veau maitre des
lieux. Les duels a
mort sont des
événements tres
codifiés. Il faut
qu'un défiofficiel
soitlancé,etqu'll
soit accepté
(mais cette ac-
ceptation est
obligatoire —siun suzerainrefusaitde
relever un défi, l'ensemble des autres
dragons bleus considérerait qu'il a
perdu son autorité). Puls on établit la
date et le lieu du duel, qui sont com-
muniqués a tous les autres bleus du
territoire — et parfois méme au-dela.
Lorsque le suzerain a une personnalité
remarquable, le site du duel est sou-
vent choisi de maniére a étre un em-
placement central, qui peut méme
tre situé en-dehors du territolre offi-
lel du suzerain (on choisit souvent la
région des Hautes Landes). Les dra-
.gonss viennent de toutes les contrées
des Royaumes pour assister & un duel
aussi prometteur.
La journée du duel est une joumée
mémorable, et peu de dragons des
environs manquent d’y assister (il vaut
mieux éviter les jours de duel pour
pénétrer dans|e territoire des dragons
bleus — une aussi forte promiscuité
avec les autres membres de leur e5-
pace n'est pas chose facile a endurer
pour des dragons habituellement soli-
taires, et leur humeur a tendance a
devenirrapidement instable). Les pou-
voirs du suzerain sont dans une large
mesure cles pouvoirsd apparat. Meme
siofficiellement le suzerain détient un
pouvoir de vie et de mort sur les
dragons de son territoire, ilne lutilise
pratiquement jamais. A peu pres la
seule fonction officielle qu'un suzerain
ait a remplir est d'autoriser ou de
refuser les demandes de dragons qui
voudraient s‘unir (si jamais tout te
territoire était menacé, le suzerain
pourrait alors devenir le commandant
fen chef d'une horde de dragons bleus
qui obéiraient a ses ordres sans discu-
ter —en théorie, du moins).
Généralités
Pour les dragons bleus, 'accouple-
ment est une chose sérieuse, qui est
régie par des contraintes sociales. En
plus de solliciter officiellement la per
mission de leur suzerain, les éventuels
€poux doivent aussi préter le serment
de ne pas se séparer avant que leurs
enfants aient atteint I'age de 26 ans
(uvénile)..
Les dragons de bronze
Toutenn’étantpasaussisociablesque
leurs cousins d’airain, les bronzes ap-
précient la compagnie de leurs freres.
‘On peut quelquefois les apercevoir en
train de nager et de s'amuser dans les
‘océans ou les lacs, et se réunir a l'oc-
casion pour une expédition contre les
pirates ou pour aller se faire un petit
festin de requins. Mais en général, les
bronzes prennent forme humaine ou
demi-humaine lorsqu'lls se rassem-
blent.
Laplupartdes humains etdes demi-
humains ont une legend qui ressem-
ble a celle-ci : un voyageur, naufragé
sur une cote déserte, rencontre un
petit groupe de ramasseurs d’épaves,
‘u peut-étre de pécheurs, qui habi-
tent dans cette région isolée. Ces ra-
masseurs d’épaves viennenten aide a
Tinfortuné naufragé, en le soignant et
le réconfortant, tout en lui posant des
questions perspicaces surson passé et
savision du monde. Enfin, ils tombent
l'accord pour l'aider a regagner son
pays. Dans la plupart des versions de
cette histoire, c'est A peu pres a ce
moment qu'une bande de pirates en-
tre en scéne, dans I'intention d’instal-
ler une base a cet endroit de la cote.
Les ramasseurs d’épaves prétendent
étre totalement désarmés et incapa-
bles de se défendre, et demandent au
marin ce qu'll compte bien faire pour
les protéger du sort peu clement que
les pirates leur préparent. Bien que
largement en position de faiblesse, le
marin, conscient qu’ll dolt faire quel-
que chose pour sauver ses bienfai
teurs pacifiques, congoit un plan hé-
roique dattaque en solitaire contre les
16
pirates, en sachantpertinemmentqu'll
périra dans l'action, Au moment of
se jette dans|a bataille, en recomman-
dant son ame a son dieu, le ciel s'em-
plit soudain de dragons de bronze qui
svabattent sur les pirates et les anéan-
tissent. L'un des dragons — qui,
‘comme le comprend le marin, sonten
fait les véritables formes de ses bien-
faiteurs—ramene ensuite le voyageur
‘chez lui sur son dos ; ce qui est un
signe de grand respect. montré.a celui
quiasufaire passerce qu'il croyait étre
bien avant sa propre survie (aucun
sage ne peut dire avec certitude si
cette légende a ou non un fond de
verité).
Les bronzes aiment la compagnie
des humains et des demi-humains, et,
contrairement a la plupart des dra-
_gons, considérent que les “petites ra-
ces” méritent autant la survie et le
bonheur qu’eux-memes. Ils ceuvrent
souvent dans l’ombre pour promou-
voirla cause des sociétés loyales bon-
nes.
Les dragons de bronze ont entre
eux un sens du territoire beaucoup
moins développé que pratiquement
toutes les autres especes de dragons,
‘Meme sills ne partageront jamals leur
trésor avec un autre — pas plus qu'lls
ne divulgueront jamais l'endroit of i
est caché —, ils vivent souvent assez
proches les uns des autres. Il arrive
parfois que des bronzes s'associent
dans une expédition de chasse au
{résor, formant des groupes qui peu-
vent compter jusqu’a six individus. La
plupart de ces expéditions sont des
raids sous-marins contre des avant-
postes sahuagins. A la fin de l'aven-
ture, les dragons divisent le butin en
fonction de l'age des participants
plus un dragon est vieuwx —et puissant
— plus sa part est importante.
Les bronzes rejoignent aussi que!-
quefois une expédition d’humains ou
ledemi-humains, toujours sous forme
humaine ou demi-humaine. A l'issue
de telles expéditions, ils révélent en
général leur vraie nature, et féclament
la part du lion du butin (vu qu'llsne selancent dans ce genre d'expéditions
u'en compagnie de créatures loyales
bonnes, la division du trésor se fait
presque toujours a l'amiable).
Les dragons de bronze tiennent en
grand respect les pouvoirs et le savoir
dess plus anciens parmi eux. Les dra-
gons plus jeunes effectuent souvent
tn pélerinage vers la demeure des
Vers et des Grands Vers, pour profiter
del'expérience deces venérables créa-
tures. Les bronzes ont envers la con-
duite individuelle une attitude extré-
mement simple, qui refiéte la Regle
d'Or des humains : “Ne fais pas a
autrui ce que tu ne voudrais pas qu'll
te fasse.” Bien que cette régle puisse
paraitresimpliste en comparaisonavec
les volumes de lols que d'autres créa-
tures ont produits, il sembierait que ce
principe serve les bronzes a la perfec-
tion. $i un bronze est pris en train de
transgresser cette régle, ses voisins
apportent la preuve du méfait au Ver
ou au Grand Ver le plus proche, pour
que celui-ci le juge. Apres examen
des preuves, laieul dragon decide
d'une punition, qui prend générale-
ment la forme d'une “proscription” :
aucun autre bronze ne peut parler ou
avoir affaire avec le trangresseur. La
durée de cette proscription peut aller
de quelques mois jusqu’é plusieurs
siecies, et peut méme etre avvie, dans
les cas de grave transgression. Les
bronzes prennent cette proscription
tres au sérieux, de part et d'autre. lls
‘vadressent jamais la parole a un dra
gon proscrit, de sorte qu'il est rare
qu'un individu prenne le risque d'en-
courir un chatiment aussi sévére que
desagréable (il existe quelques bron-
zes renegats de parle monde, mals ce
sont des créatures aussi rares que
malheureuses).
Les bronzes font preuve d'un grand.
respect parental. Ils rendent visite &
leurs parentsassez régulléremient, tous
les 50 ans environ, et tiennent compte
de leurs conseils ou de leur sagesse.
Les bronzes ne forment pas des cou-
ples pour la vie — ce qui serait de la
folie pour des créatures qui vivent
mille ans ou plus — mais les couples
durentfréquemment plusieurssiécles,
‘Aucun bronze ne se met en couple
avant d’avoir consulté ses parents au
préalable et obtenu leur benediction,
Les dragons de culvre
La description la plus courante des
dragons de cuivre est celled incorrigi-
bles farceurs quiadorent!'hurnoursous
toutes ses formes. Ils iment aussi etre
au centre de attention de tous.
‘Comme I'humour exige de la compa-
gnie, ce sont des créatures plutdt so-
Ciales. Malheureusement, ils sontaussi
tres vaniteux, etils détestentétre'ob-
jet de plaisanteries ou de gags. Le
résultat de tout ceci est qu’ils sont
obligés dechercherlaplupartdutemps
leurs compagnons en dehors des
membres de leur espéce.
Il arrive que les cuivres se réuni
sent pour raconter des blagues, mais,
comme ce genre dassembiée se ter-
mine généralement par des plaisante-
ries aux dépens autres individus du
‘groupe, et que ces demiers n’appré-
lent pas du tout, ces reunions s'enve-
nimentsouventassez rapiciement. Cet
‘envenimement reste le plus souvent
verbal, les plaisanteries étant de plus
en plus acerbes et vicieuses pour ven-
ger sa fierté blessée, ce qui conduit
Inévitablement a interruption de la
séance, On raconte qu'll est arrivé que
des dragons se battent, voire
s‘entretuent, lorsde telles assemblées,
aussi les individus les plus sensibles
s'abstiennentils de participer a ce
‘genre de festival d’humour, pour pré-
server leur bonne santé.
Parfois, un dragon de cuivresecho-
sira un groupe damis humains ou
demi-humains, en prenant générale-
ment leur apparence. Mais il est pres-
que toujours fatigant de frequenter
trop longtemps un cuivte, Le groupe
d’humains ou de demi-humains finit
toujours paressayer de se débarrasser
de ce farceur, ce qui oblige ¢’habitude
le dragon a révéler sa vrale nature afin
d'obtenir le respect qu'il pense méri-
7
ter. Ces groupes
ainsi choisis font
parfoisdegrosef-
forts pour garder
Vamitie—etl'ap-
pui—dudragon,
mais dans prati-
quementtousles
cas ces associa-
tions inissent par
se rompre.
Ii n'y a que deux sujets avec les-
quels les cuivres ne plaisantent ja-
mais: l'accouplement et I'éducation
des petits. Les males ont une cour trés
sérieuse aux femelles qu'ils ont choi-
sies—généralement celles qui ont un
haut rang dans la société peu lige des
dragons de cuivre pour avoir amassé
de gros trésors — et si jamais quel
qu'un, quelle que soit son espece, se
moquedeleursefforts, Irisqued'avoir
de petits problémes, Les cuivres sont
des parents dévoués, qui font tout
pour que leurs rejetons ne manquent
de rien et soient bien protégés. Les
parents ont la garde de leurs petits, et
sont responsables de l'intégralité de
eur éducation et de leur passage &
Tage adulte jusqu’a ce quills attei-
gnent l'age légal de majorité, 51 ans
(jeune aduite). A ce moment-la, les
enfants sont encourages a partir vivre
eur vie comme bon leur semble. Pen-
dantleurcroissance, les parents veillent
ace que les traditions orales de I'es-
péce solent bien transmises a leurs
petits.
‘Au 51eme anniversaire d’une cou-
vée de rejetons, les parents organi-
sent une grande féte, & laquelle sont
conviés tous les dragons de culvre de
la région, ainsi que, parfois, des dra-
-gons d'autres espéces, oumémequel-
ques non-dragons. Cette fete se dé-
roule dans un cadre isolé, comme le
sommet d'une mesa haute et ro-
cailleuse, bien al'écartdesintrus, etse
transforme généralement assez ray
dementen orgie. D'habitude, les invi-
tés consommentd’énormes quantités
d'une liqueur & base d'une plante ap-
pelée herbafeu, que les dragons ache-tent a des hu-
mains ou des
demi-humains
pres de leurs de-
meures. Meme
lorsque Iendroit
de cette fete est
connu, il vaut
mieux €viter de
s'y rendre sans
avoir prévenu, Interrompre une bande
de dragons éméchés et farceurs n'est
peut-€tre pas la meilleure fagon de se
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