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L'Art de Greffer

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L’Art de greffer (1869) arbres et arbustes

fruitiers — arbres forestiers ou


d’ornements — reconstitution de vignoble

Charles Baltet

G. Masson Éditeur, Paris, 1892

Exporté de Wikisource le 26 août 2024

1
C H A R L E S B A LT E T
HORTICULTEUR À TROYES

L’ART
De Greffer
ARBRES ET ARBUSTES FRUITIERS
ARBRES FORESTIERS OU D’ORNEMENT
RECONSTITUTION DU VIGNOBLE

CINQUIÈME ÉDITION
ENTIÈREMENT REVUE
« La Greffe est le triomphe de
l’Art sur la Nature. »

2
PA R I S
G. MASSON, ÉDITEUR
120, boulevard saint-germain

Sommaire
(ne fait pas partie de l'ouvrage original qui lui contient une table détaillée)

Page
Préface

I. Définition et but du greffage


II. Conditions de succès du greffage
III. Matériel du greffage
IV. Choix des sujets et des greffons
V. Greffage sous verre
VI. Procédés de greffage
VII. Travaux complémentaires du greffage
VIII. Végétaux à multiplier par la greffe : arbres,
arbrisseaux, arbustes

3
IX. Mise à fruit des végétaux par la greffe
X. Restauration des arbres par la greffe
XI. Rétablissement du vignoble par la greffe
XII. Greffage des végétaux herbacés ou sous-
ligneux

XIII. Greffage des végétaux charnus

Table détaillée
Table des illustrations

4
PRÉFACE

Le succès de l’Art de greffer s’accentue, c’est une dette


de reconnaissance qui s’impose à l’auteur.
Le texte de la 5e édition a été revu minutieusement ; de
nouvelles gravures aussi correctes que les précédentes sont
venues le compléter.
Un honorable rapporteur de la Société nationale
d’horticulture de France a déclaré que cet ouvrage était en
quelque sorte le « Code du greffeur ». Nous voulons qu’il
reste digne d’une aussi bienveillante appréciation.
La pratique du greffage, loin de rester le secret de la
pépinière ou de la serre marchande, a pénétré dans le jardin
de l’amateur qui veut écussonner ses rosiers ou hâter la
fructification de ses poiriers ; elle a franchi l’enclos de la
ferme et remplacé les broussailles stériles ou les
sauvageons encombrants par des plantations de rapport et
de commerce pour la consommation, pour le pressoir ou
pour le marché.
Avec la greffe, le botaniste rapproche sur le même sujet
les sexes des plantes dioïques, et le sylviculteur étudie
5
l’avenir forestier des résineux ou des feuillus étrangers,
comme nos pères ont apprécié, il y a cinquante ans, le rôle
du Pin noir et du Pin Laricio, devenus si populaires
aujourd’hui sur nos friches de Sologne ou de Champagne.
Le semeur d’arbres et d’arbustes, à la recherche de
l’inconnu, désire-t-il hâter l’expansion de ses joies — ou de
ses déceptions — paternelles, il a recoure à la greffe ;
l’arboriculteur veut-il rectifier l’ossature défectueuse de ses
espaliers, un peu de chirurgie végétale lui donnera
satisfaction ; et n’est-ce pas à la greffe que le fleuriste devra
la majeure partie des charmants arbrisseaux floribonds ou
dressés sur tige, qui décorent nos appartements et nos
parterres ?
Les générations qui nous ont précédés auraient-elles
jamais supposé que le greffage viendrait offrir une planche
de salut à la viticulture défaillante ?
Cependant l’Europe tient tête à l’invasion phylloxérique
avec cette arme victorieuse : la greffe sur plant résistant.
Le premier peut-être, nous l’avons proclamé : les faits
nous ont donné raison. En présence des résultats qui
permettent d’espérer la reconstitution du vignoble à bref
délai, les hésitants se sont ralliés sans arrière-pensée,
devenant eux-mêmes les champions de la greffe en fente ou
de la greffe anglaise, si habilement mises en œuvre dès à
présent par le vigneron et sa famille.
Mais le progrès marche, la greffe ligneuse ne suffit plus ;
le cultivateur demande au jardinier d’autres systèmes

6
encore, évitant surtout le buttage obligatoire de la greffe
d’hiver.
Voici venir l’écussonnage et la greffe herbacée ; ils
quittent la coupole vitrée des vineries destinées aux raisins
de table et s’installent au vignoble de grande culture.
Notre cinquième édition leur en facilitera l’entrée par un
supplément de paragraphes et de dessins inédits.
Désormais, la Greffe a ses institutions : écoles, cours
publics, moniteurs, champs d’expériences et de
démonstrations… Aucune force humaine ne saurait en
arrêter l’essor.
Et le surgreffage si important dans son rôle effacé,
équilibrant ou fusionnant les adaptations et les affinités
indécises ou inégales, rapprochant jusqu’aux antipathies,
viendra-t-il, à son tour, avec son précieux intermédiaire
assurer le succès final ? Nous l’espérons !
Depuis notre dernière édition, vigoureusement
encouragée par la Direction des colonies, nos investigations
se sont portées une seconde fois au cœur même de nos
possessions lointaines, actionnées par la nature
exceptionnelle du climat, du sol et par les conditions de
travail. Combien de richesses latentes chez les végétaux
économiques d’outre-mer le greffage peut aider à faire
surgir au profit de la métropole et des exploitants, nos
rivaux en politique coloniale l’ont déjà compris !…
Merci aux administrations et aux amis qui ont pris l’Art
de greffer sous leur patronage. L’État le répand dans ses

7
Écoles et dans ses Bibliothèques ; des Sociétés, des
Comices l’honorent de hautes récompenses et le décernent
en prix ; des Établissements d’horticulture ou de viticulture
le distribuent à leur personnel. N’oublions pas, enfin, que la
traduction dans les Deux-Mondes en a consacré les débuts.
N’est-ce pas le plus beau succès qu’un auteur puisse
espérer ?

Charles Baltet.

8
I. — DÉFINITION ET BUT DU GREFFAGE

[1.1]

définition du greffage

Le greffage est une opération qui consiste à souder un


végétal ou une portion de végétal à un autre qui deviendra
son support, et lui fournira une partie de l’aliment
nécessaire à sa croissance.
L’opérateur se nomme greffeur ; l’opération, dans son
ensemble, greffage, et le travail terminé constitue la greffe.
Le végétal qui reçoit la greffe est généralement complet et
doit puiser la nourriture dans le sol pour la transmettre à la
partie greffée ; on l’appelle sujet. Quelquefois cependant, le
sujet est un simple fragment de branche, de rameau ou de
racine, en un mot une bouture ; mais il est de nature à
développer lui-même des racines aussitôt le greffage
accompli, aussitôt sa plantation en pépinière ou en place.
L’autre végétal ou le fragment de l’autre végétal, que
l’on greffe sur le sujet, devra posséder au moins un
bourgeon ou un œil, et se trouver en bon état, c’est-à-dire ni
desséché, ni moisi, ni pourri, ni pénétré d’humidité
étrangère. On lui a donné le nom de greffon ; on l’appelle
vulgairement greffe.

9
Tout en unifiant leur existence, le sujet et le greffon
conservent chacun une constitution propre, leurs couches
ligneuses et corticales continuent à se développer sans que
les fibres et les vaisseaux de l’un viennent s’entremêler
avec les fibres et les vaisseaux de l’autre. C’est en quelque
sorte l’unité fédérative laissant aux intéressés leur
autonomie. Il y a contact intime, soudure, vie commune ; il
n’y a ni fusion ni alliage. Aussi n’est-il pas rare — mais
exceptionnellement — que la juxtaposition des deux parties
greffées entraîne une rupture nette au point de contact, par
suite du volume des branches, de la violence des vents ou
de tout autre accident.
Pour compléter cette définition, ajoutons que le végétal,
ou plutôt le fragment du végétal soudé à un autre, conserve
ses qualités originaires, ses propriétés caractéristiques. Il
produira soit un branchage pyramidal, buissonneux ou
retombant, soit un feuillage vert, pourpre, argenté ou
panaché ; la fleur viendra blanche, rose, lilas ou pourpre,
simple ou double, rare ou abondante ; le fruit, gros ou petit,
vert, jaune ou rouge, bon ou médiocre en qualité, mûrira
promptement ou se gardera jusqu’à l’année suivante,
exactement comme son type, et sans être influencé par le
voisinage ni par le contact de plusieurs sortes dissemblables
groupées sur le même sujet.
On pourrait dire : le greffon commande, le sujet obéit ;
celui-ci plonge ses racines dans le sol et apporte à celui-là
plus ou moins de vigueur en respectant, chez lui, ses
principes essentiels. Il est donc permis d’affirmer ici qu’un

10
simple bourgeon rudimentaire, un œil, porte en lui les
qualités typiques de son espèce et ne les modifie pas même
dans les milieux que lui procure le greffage.
Presque tous les végétaux dicotylédonés peuvent être
soumis au greffage. Jusqu’ici les plantes monocotylédones
ont été essayées sans succès. Serait-ce parce que leur
structure, où manquent la couche cambiale et le
parenchyme cellulaire, n’offre pas la moindre prise à
l’agglutination de fragments ainsi rapprochés ? Or, sans
cette liaison intime, le greffage est impossible.

[1.2]

but du greffage

Le greffage a pour but :


1o De changer la nature d’un végétal en modifiant le
bois, le feuillage, la floraison ou la fructification qu’il était
appelé à donner ;
2o De provoquer l’évolution de branches, de fleurs ou de
fruits sur les parties de l’arbuste qui en étaient privées ;
3o De restaurer un arbre défectueux ou épuisé, par la
transfusion de la sève nouvelle d’un arbre sain et
vigoureux :
4o De rapprocher sur la même souche les deux sexes des
végétaux dioïques, afin de faciliter la fécondité de l’espèce,

11
ou de transformer complètement le sexe de la plante ;
5o De conserver, de propager un grand nombre de
variétés d’arbres d’utilité ou d’agrément qui ne peuvent être
reproduites par aucun autre procédé de multiplication.
Sans le greffage, nos vergers ne posséderaient pas
d’aussi riches collections de fruits pour chaque saison, nos
forêts seraient privées de certaines essences importantes, le
vignoble périrait miné par un ennemi souterrain, et nous
n’éprouverions pas le plaisir de rencontrer dans nos parcs
une aussi brillante série d’arbrisseaux indigènes ou
exotiques, et leurs variétés si nombreuses.
Nous pourrions même citer l’exemple de végétaux qui,
étant greffés, sont plus vigoureux qu’à l’état franc de pied,
c’est-à-dire non greffés : le Pavier, le Ragouminier, le
Sorbier, le Libocedrus, quelques Sapins, Pins et Thuias, des
Dacrydiums, Podocarpus, Dammaras, etc. ; la majorité de
nos arbres fruitiers sont dans ce cas. D’autres y acquièrent
plus de rusticité, tels sont le Bibacier, l’Osmanthe, le
Photinia ; d’autres encore y modifient leurs formes
naturelles ou primitives.
Une plus grande floribondité devient, avec le Camellia
ou l’Azalée, une conséquence de la greffe. À son tour,
l’acclimatement profite de ses bienfaits. Combien de
cépages jusqu’alors réfractaires ont pu, grâce au greffage,
fournir leur jus et apporter un bouquet inconnu à la cuvée ?
N’avons-nous pas enfin des végétaux comme le Mélèze
de Kæmpfer, l’Exochorda, rebelles au bouturage, qui se

12
reproduisent par la greffe sur leurs propres racines ?
Si maintenant on considère que le greffage est facile à
pratiquer, qu’il n’implique qu’une légère fatigue corporelle
et développe la passion du jardinage, on conviendra que
c’est là une opération utile et agréable.

13
II. — CONDITIONS DE SUCCÈS DU GREFFAGE

L’habileté de l’opérateur compte pour beaucoup dans le


succès de la greffe. Mais il est d’autres conditions
essentielles à la réussite, et qui sont en quelque sorte les
règles du greffage. Telles sont l’affinité entre espèces, la
vigueur des deux parties mises en contact, leur état de sève,
leur rapprochement intime, la saison, la température. Si la
science ne peut formuler ces conditions d’une manière
précise, le tact du greffeur doit savoir y suppléer.

[2.1]Affinité entre espèces. — Les lois d’affinité


spécifique sont presque inconnues. Les faits acquis ne
peuvent être que l’objet d’une constatation ; aucune théorie
ne saurait encore en être déduite. Il est cependant admis que
ces lois d’affinité ont une corrélation avec les familles
naturelles ; les genres qui peuvent être rapprochés par la
greffe doivent appartenir à la même famille botanique. Il ne
s’ensuit pas cependant que tous les genres, toutes les
espèces d’une même famille, puissent être greffés l’un sur
l’autre ; mais, répétons-le, les espèces à rapprocher par la
greffe doivent être de la même famille.
L’explication des sympathies et des antipathies dans le
greffage d’espèces différentes manque encore ; on

14
n’explique pas davantage pourquoi certains genres peuvent
être greffés, celui-ci sur celui-là, sans que la réciproque soit
possible. Exemples : le Poirier réussit sur Cognassier ;
l’Alisier, le Néflier, le Cognassier sur Aubépine ; le Cerisier
sur Mahaleb ; le Lilas sur le Troène, etc. Transposons les
rôles, le succès est incertain.
Et combien de personnes qui ne jugent de la parenté que
par les apparences, hésitent à croire que le Châtaignier est
greffable sur le Chêne et non sur le Marronnier d’Inde, et
ne se doutent guère que la Bignone est sympathique au
Catalpa, le Clianthus au Baguenaudier, la Pervenche au
Nerium dit Laurier-Rose… ?
La greffe des arbres à feuillage persistant sur les espèces
à feuilles caduques présente plus d’une bizarrerie. Le
Photinia, voisin de l’Alisier, le Bibacier, voisin du Néflier,
se greffent sur le Cognassier, mieux que sur l’Aubépine,
contrairement à l’Alisier et au Néflier qui prennent mieux
sur Aubépine que sur Cognassier. Avec ce dernier sujet
réussissent le Cotonéaster le Raphiolépis, le Buisson ardent.
Le Mahonia vit sur l’Épine-vinette ; le Laurier-amande sur
le Merisier à grappes et même sur le Cerisier-merisier, dont
l’aspect est si différent. L’Osmanthe greffé sur le Troène
commun est plus vigoureux que s’il est élevé de bouture.
Le Fusain toujours vert forme une boule de verdure
perpétuelle sur la tige nue du Fusain des bois.
Le greffage des arbres à feuilles caduques sur ceux à
feuillage persistant a presque toujours résisté aux
expériences qui en ont été faites.
15
[2.2]Vigueur réciproque des parties. — En principe, il
est préférable de rapprocher par le greffage des sujets ayant
entre eux quelque analogie de vigueur, d’entrée en
végétation, de robusticité.
S’il y avait discordance, il vaudrait mieux que le greffon
eût une végétation moins précoce que le sujet ; dans le cas
contraire, privé de la nourriture du sol, il s’affamerait vite.
D’autre part, quand on vise à la floraison ou à la
fructification, il serait à désirer que le greffon fût d’une
espèce plus vigoureuse que celle du sujet ; celui-là se
tempérerait forcément devant l’action modérée de son
support et se mettrait plus vite à fruit, comme le Poirier
greffé sur Cognassier. Moins d’eau dans les vaisseaux
nourriciers, plus de carbone dans le liber.
Les espèces ou variétés qui sont habituellement d’une
végétation modérée s’accommodent volontiers d’un sujet
de vigueur moyenne.
Avec un sujet faible, le greffage d’une espèce délicate
produirait un arbre chétif. Si, au contraire, le sujet était
fougueux en sève, le résultat pourrait être le même, la
greffe étant dans l’impossibilité d’absorber toute la
nourriture fournie par les racines ; l’équilibre de végétation,
si nécessaire à l’existence normale de la plante, serait
rompu.
Lorsqu’il s’agit de vigueur, les inégalités trop saillantes
peuvent être amorties au moyen d’un double greffage ou

16
surgreffage. On greffe d’abord sur le sujet une variété de
vigueur intermédiaire ; plus tard, c’est elle qui supportera le
greffage de la variété que l’on désire propager.
Toutefois, le sujet doit être assez fort pour recevoir la
greffe. S’il est chétif, le greffon se soudera, mais l’arbre
futur restera délicat. À son tour, le greffon doit sortir de
race pure. Sain, le végétal qui le fournit lui transmettra la
santé, la rusticité. Dans l’éducation des végétaux, il est
toujours plus facile de prévenir que de guérir le mal. La
dégénérescence, plus apparente que celle des espèces et des
variétés, a surtout pour cause le mauvais choix des
éléments de multiplication. Il est donc préférable que le
végétal, dit étalon, qui fournit les greffons, soit d’une nature
robuste. Ici, le mot étalon est pris dans le sens de type ou
point de repère.
Pour toute sorte de greffage, il est indispensable que les
deux parties greffées aient en communication intime, non
pas leur épiderme ni la moelle, mais leur zone génératrice,
c’est-à-dire les couches nouvelles et vives du liber ou de
l’aubier, dans le tissu desquelles circule la sève. La liaison
ne s’accomplit bien qu’à cette condition.
La multiplicité des points de contact favorise une
soudure plus complète, qui gagnera encore par la similitude
de contexture entre le greffon et le sujet, principalement en
ce qui regarde la nature herbacée ou ligneuse de leurs
tissus.
Une précaution à prendre, et qui a sa raison d’être,
consiste à ménager un œil au sujet et un œil au greffon à
17
leur point de jonction. Il en résultera des bourgeons d’appel
qui hâteront la soudure des cellules et des fibres
juxtaposées.
Enfin la prompte agglutination des parties est une
conséquence de l’habileté de l’opérateur, qui saura éviter
les plaies ou les aviver et les soustraire à l’action des agents
atmosphériques.

[2.3]Saison du greffage. — En principe, le greffage doit


être pratiqué pendant que la sève est en mouvement.
Lorsqu’on opère au printemps, on a soin de choisir le
moment où la sève se réveille ; à l’automne, c’est avant
qu’elle entre en léthargie. Pendant l’été, on évitera la phase
où le liquide séveux est trop actif. Pour toute sorte de
greffage, avons-nous dit, il est bon que le sujet et le greffon
soient dans un état de sève à peu près analogue, la
formation du tissu cicatriciel ou de soudure en sera mieux
assurée.
La saison du greffage en plein air est depuis le mois de
mars jusqu’en septembre. Nous parlons en général ; dans
les pays chauds, la végétation commence un mois plus tôt.
Ailleurs, certains végétaux conservent leur sève jusqu’en
octobre et en novembre, ce qui permet de retarder quelque
peu le greffage d’automne.
Une atmosphère calme, sans hâles desséchants, plutôt
chaude que pluvieuse ou froide, est avantageuse au succès

18
de l’opération. La chaleur, dans certaines limites, excite le
fluide nourricier ; le froid l’engourdit.
Pendant les gelées d’hiver, la greffe — nous entendons la
greffe avec soudure immédiate — n’est possible qu’à l’abri
d’un verre protecteur. La chaleur factice et les
combinaisons de l’horticulteur y excitent et entretiennent la
végétation au degré voulu. Le greffage sous verre, pratiqué
dans la serre à multiplication, ou sous cloche, ou dans une
bâche, se fait habituellement de janvier en mars et de juillet
en septembre.
Sous les tropiques, où la végétation est pour ainsi dire
permanente, le greffeur devra éviter la période des grandes
pluies et, si possible, la pleine saison des chaleurs
excessives.

19
III. — MATÉRIEL DU GREFFAGE

[3.1]

outils

Des outils simples, commodes, tenus en bon état de


propreté, pourvus de lames bien acérées, seront préférés aux
instruments compliqués, à plusieurs lames, ou hérissés de
parties saillantes qui peuvent blesser l’arbuste et l’opérateur.
L’outil à lame fixe présente plus de fermeté dans le
manche ; mais un instrument à lame fermante est plus facile
à transporter.
[fig1] [3.1.1]Sécateur (fig. 1). — Le
sécateur est un instrument à deux
branches de fer ou d’acier, l’une terminée
par une lame tranchante, l’autre par un
croissant émoussé en biseau, formant
point d’appui contre la branche que l’on
coupe.
Les manches élargis et évidés en
coquille (fig. 1) sont moins lourds, plus
faciles à tenir et fatiguent moins la main.
On emploie le sécateur lorsqu’il s’agit
de pratiquer les opérations suivantes :
Fig. 1. — Sécateur.

20
1o Étêter les sujets pour le greffage en tête ;
2o Couper les rameaux-greffons ;
3o Tronquer les sujets au-dessus de la greffe ;
4o Désongletter les greffes de côté ;
5o Sevrer les greffes en approche ;
6o Tailler les végétaux épineux.
En général, la coupe du sécateur a besoin d’être avivée
immédiatement avec la serpette.
[fig2] [3.1.2]Scie (fig. 2). — Les
scies à main, dites scies
égohines, anglaises, à lame fixe,
à lame fermante, sont employées
pour tronquer les fortes branches
et les gros sujets destinés au
greffage en tête, à haute tige ou
à basse tige, et pour désongletter
les greffes pratiquées sur le côté
du sujet, quand le chicot est sec
ou trop gros pour la serpette ou
le sécateur.
Lorsqu’il s’agit de scier une
Fig. 2. — Scie à main.
forte branche, on commence par
en abattre la ramure ; alors le trait de scie se donnera plus
aisément, et l’écorce du tronc subira moins le risque de se
déchirer. D’ailleurs, l’opérateur modère le mouvement du
bras, au moment d’achever le sciage de la branche ; souvent
même, il est prudent d’arrêter le coup de scie aux neuf
21
dixièmes de l’amputation et de l’achever avec la serpette. On
maintient avec l’autre main le tronçon qui va se trouver
abattu par l’opération, sans forcer le mouvement, pour éviter
l’éclatement de la partie sciée.
Les couteliers construisent la scie avec une denture simple
ou une denture double, le dos de la lame étant plus aminci
que le côté de la denture. Les greffeurs emploient
d’excellentes scies fabriquées avec des lames de faux ; les
dents sont placées sur un seul rang, et la pointe dirigée
obliquement en bas par rapport au manche. On ne doit jamais
employer la scie sur un arbre vivant, sans aviver le trait de
scie et parer ou polir la plaie avec la serpette. Les mâchures
du sciage retiennent l’humidité sur la plaie et font obstacle à
sa cicatrisation.
[fig3] [3.1.3]Serpette (fig. 3). — La serpette est composée
d’un manche en bois ou en corne, droit ou légèrement
courbé, et d’une lame crochue au sommet. Le bec de la lame
est plus ou moins ouvert ou saillant ; le travailleur se
familiarise avec sa forme, à ce point qu’il préfère souvent ses
vieux outils tout usés aux instruments plus neufs ou de
tournure plus régulière.
La serpette est nécessaire pour rafraîchir la plaie
occasionnée par la scie ou le sécateur, pour aviver les tissus
mâchés ou déchirés, et aplanir la coupe de façon que l’aire en
soit unie, sans inégalités, meurtrissures ni esquilles. Pour
bien aplanir, la main qui tient le manche de l’outil aura le
pouce arc-bouté contre le tronc, tandis que l’autre main
dirigera la lame.

22
[fig4] Sur un sujet de
moyenne grosseur, on
pratique l’ablation du tronc
avec la serpette, sans avoir
besoin de la scie.
La serpette est également
employée pour fractionner les
rameaux-greffons. Si l’on
préfère se servir de la serpette
pour les tailler, les préparer
définitivement, il sera prudent
alors d’avoir une seconde
serpette, plus fine, tenue en
réserve, la première étant
destinée aux élagages,
recepages et autres gros
travaux. Fig. 3. — Serpette.

Les greffeurs qui emploient la serpette pour


Fig. 4. — tout le travail du greffage choisiront une lame
Serpette à peu crochue, bien commode lorsqu’il s’agit de
désongletter. fendre le sujet.

On se sert encore de la serpette pour étêter, après le


greffage, les sujets qui n’ont pas subi un tronçonnement
préalable, et pour enlever le chicot de la greffe après une
année de végétation.
[3.1.4]Pour cette dernière opération, et lorsqu’il s’agit de
sujets greffés à basse tige, nous recommandons la serpette à
désongletter (fig. 4). On tient le manche avec les deux mains,

23
et l’on coupe l’onglet plus facilement. Cet outil a encore son
utilité dans les élagages d’arbres épineux.
[fig5][fig6]

Fig. 5. — Fig. 6. —
Greffoir. Greffoir anglais.

[3.1.5]Greffoir(fig. 5). — Le greffoir est un outil à lame


étroite, ventrue vers le sommet et à pointe recourbée en
arrière. Le manche est terminé par une spatule dont l’emploi

24
consiste à soulever les écorces ; la spatule soudée ou faisant
corps avec le manche est en ivoire, le métal ayant
l’inconvénient de rouiller le liber en sève.
Le greffoir est indispensable pour les greffages par
bourgeon, en écusson, pour tailler le greffon des greffes par
rameau, pour le soulèvement des écorces, pour les greffages
sous verre, la section des ligatures qui étranglent la greffe,
etc.
[3.1.6]Le greffoir anglais (fig. 6) a la spatule et le manche
du même morceau, os ou ivoire ; la lame en acier fin peu
crochue. Il a son usage dans les opérations délicates, greffes
sous verre, etc. Nous verrons, au Rétablissement de la Vigne
par la greffe, une variante dans la lame du greffoir.
[fig7] [3.1.7]Couteauà greffer (fig. 7). — Le manche de cet
instrument est légèrement arqué pour faciliter le greffage rez-
terre ; la lame, en forme de virgule, de larme, sert à fendre les
sujets destinés au greffage en fente. Avec un couteau à
greffer, on peut fendre le sujet partiellement.
Une fente de part en part s’obtient avec un couteau à lame
droite, en forme de couteau de table. L’emmanchure et le dos
de la lame seront assez solides pour résister aux efforts de
l’opérateur contraint parfois de frapper à coups de maillet
pour fendre les sujets trop gros.
[fig8] [3.1.8]Ciseau à greffer (fig. 8). — La lame et le
manche sont d’une seule pièce, fer et acier. Le ciseau offre
toute garantie de solidité et de résistance lorsqu’il s’agit de
fendre les fortes tiges, avec ou sans le concours du maillet.

25
La fente étant ouverte, on
peut, en retirant le ciseau à
demi, s’en servir comme d’un
levier ou d’un coin, afin de
maintenir la fente entr’ouverte
et de faciliter l’introduction du
greffon.
Le manche du maillet
terminé en bec de cane pourrait
avoir ce même emploi.
Fig. 8. Ciseau à
greffer. Le ciseau (fig. 8) employé
par les vignerons du Midi
mesure 0m,35 d’une extrémité à l’autre. Le
Fig. 7. — tranchant a 0m,07 de long sur 0m,025 de large,
Couteau à
avec un dos épais de 0m,012.
greffer.
[fig9] [3.1.9]Gouge à greffer (fig. 9). — La
gouge à greffer, représentée ci-contre, comprend un manche
long de 0m,11 et une tige en fer de 0m,15 ; la partie
supérieure, longue de 0m,04 à 0m05, est courbée en dedans et
se termine par une gouge curviligne avec laquelle on ouvre
sur le sujet la rainure destinée à recevoir le greffon.
Cet instrument est utile dans les greffages en approche,
particulièrement appliqués à la Vigne.
En rendant la gouge angulaire, on en faciliterait l’emploi
dans les greffages de précision, par incrustation ; mais on en
compliquerait inutilement les soins d’entretien.

26
[3.1.10]Métrogreffe (fig. 10). — Cet outil se
compose d’une double spatule adaptée au
manche du greffoir ordinaire. Son but est de
rendre exacte la coïncidence du rameau-
greffon avec le sujet, dans les modes de
greffage où les deux parties seront
juxtaposées par un simple placage.
[fig10] Le manche (D)
porte deux pièces ; d’abord
la lame du greffoir (fig. 5 et
6) qui taille le greffon, puis
la double spatule dont les
deux parties (A et B, fig. 10)
sont réunies par une vis (C).
Le métrogreffe joue le rôle
de compas d’épaisseur pour
mesurer le dos du biseau de
la greffe, et tracer sur le sujet
les limites de son logement.
Tous ces outils ne sont pas
Fig. 10. — indispensables dans la
Métrogreffe. pratique du greffage, mais ils
ont chacun un but spécial.
Fig. 9. — Gouge à
Depuis que le greffage a pénétré dans le greffer.
vignoble phylloxéré, on a inventé des
machines à greffer, assez ingénieuses, mais d’un emploi
déterminé et d’un entretien difficile. L’usage des outils
ordinaires est désormais préféré.

27
[3.1.11]Entretien des outils. — Les outils doivent être
entretenus avec soin, en bon état de service et de propreté.
Dans les opérations réitérées, ou faites pendant la sève, la
crasse s’accumule sur la lame ; on l’enlève au fur et à mesure
avec de l’eau ou de la terre humide. La saleté nuit au
maniement de l’outil et gâte les couches intérieures de
l’arbre. Il est des végétaux dont la sève, chargée d’acides, de
tannin ou d’autres substances corrosives, noircit la lame, de
manière à en nécessiter l’essuyage après chaque opération.
Il ne faut pas négliger d’affiler souvent les lames
tranchantes ; les coupes vives et saines favorisent la
cicatrisation des plaies. Quand le taillant est émoussé, on
repasse la lame sur la meule de grès, puis on l’adoucit sur
une pierre plus tendre pour lui enlever le fil. Le simple
repassage à la pierre se répète plusieurs fois pendant la
journée, lorsqu’il s’agit de travaux continus.
La pierre dite de Lorraine, et mieux encore la pierre du
Levant, dont le grain est plus fin, sont excellentes pour le
repassage des serpettes.
La pierre d’ardoise convient pour le greffoir et pour le
sécateur.
Il y a encore la pierre douce à rasoir et à canif ; avec une
goutte d’huile, on repasse les lames fines destinées aux
opérations délicates.
Fort souvent, dans les pépinières, après avoir donné un
coup de pierre au greffoir, on l’adoucit sur le cuir des
chaussures, ou « à la main ».

28
La manière de donner le coup de pierre tient à l’habileté et
à l’habitude. Le but est d’affiler les parties tranchantes sans
les affaiblir ; sinon, dans les gros travaux, le tranchant
s’émousserait vite et s’ébrécherait facilement.
La scie simple, à un rang de dents, est entretenue en bon
état avec la lime dite tiers-point.
Pour la scie anglaise ou à double denture, on emploie la
lime à pignon ; la côte centrale a 0m,004 d’épaisseur, tandis
que les deux bords extérieurs, destinés à limer les dents de la
scie, n’ont qu’un demi-millimètre d’épaisseur.
Les outils de précision, et même le sécateur, seront confiés
au coutelier.

[3.2]

ligatures

Presque tous les systèmes de greffage exigent une ligature


qui rapproche les tissus écartés et les écorces soulevées, qui
resserre les parties fendues et fixe le greffon sur le sujet.
Si on laissait un intervalle prolongé entre le moment du
greffage et l’application de la ligature, l’action des agents
atmosphériques ne manquerait pas de se faire sentir
défavorablement sur la greffe.
Les meilleures ligatures sont celles qui ne peuvent
s’allonger ni se retirer sous les influences hygrométriques, et

29
qui sont douées d’une certaine élasticité leur permettant de se
prêter à l’accroissement en diamètre du sujet.
Plus le sujet sera gros, plus solide devra être le lien ; la
cicatrisation y est naturellement plus lente, et l’on doit tout
faire pour l’accélérer.
Dans les greffages où l’écorce seule a été soulevée, il suffit
de rapprocher les couches corticales et de brider le greffon
sans le comprimer.
L’application du lien se fait avec les deux mains. On le
roule en spirale autour de la partie greffée, en serrant le lien à
chaque tour, surtout au premier et au dernier, plus disposés à
se relâcher. Les spires sont plus ou moins rapprochées ;
l’essentiel est qu’elles maintiennent ferme la greffe. La force
de tension s’accroît avec des spires rapprochées et diminue si
l’on superpose plusieurs tours de ligature.
Le lien qui vacille quand on passe le doigt dessus n’est pas
suffisamment tendu ; alors on le serre à nouveau.
[3.2.1]Lalaine filée réunit les qualités voulues pour former
une bonne ligature ; elle se prête au grossissement de l’arbre,
et elle échappe à l’action de l’humidité parce qu’elle a été
passée à l’huile lors de sa fabrication. La laine est très
employée pour l’écussonnage des branches petites ou
moyennes d’arbres fruitiers et d’arbustes, pour les Conifères
et les Rosiers, pour les petits sujets greffés dehors, ou en
serre ou sous verre.
On réunit deux ou trois brins de laine, sans les cordeler, et
d’une longueur calculée sur la grosseur du sujet et l’étendue

30
de la fente ou de la plaie à couvrir. Pour de gros sujets, la
laine ne serait pas assez forte.
Le coton filé est insensible aux variations hygrométriques,
mais il n’a pas l’élasticité de la laine ; nous le recommandons
pour l’écussonnage des tiges fortes ou lentes à grossir et pour
les greffages sous verre. Il convient de l’appliquer sur le sujet
et de le nouer par une boucle de façon qu’on puisse le délier
facilement, quand la strangulation commence, le coton étant
difficile à couper en travers. Le même lien peut alors servir à
une autre opération.
[3.2.2]La dépense occasionnée par l’achat de la laine et du
coton, dans les pépinières importantes, a fait rechercher des
ligatures plus économiques. On s’est arrêté à deux plantes
aquatiques qui croissent abondamment sur le bord des
rivières et des fossés, dans les étangs et les marécages : 1o la
Spargaine rameuse, Rubanier d’eau (Sparganium ramosum,
fig. 11), plus commune que la Spargaine simple (S. simplex) ;
2o la Massette à large feuille (Typha latifolia, fig. 12), plus
répandue et plus ferme que la Massette à feuille étroite
(T. angustifolia). Ces deux espèces sont monoïques, de la
famille botanique des Typhacées.
Notre dessin en reproduit les organes de floraison et de
fructification.
Spargaine (fig. 11). — D, fleur mâle ; E, fleur femelle ; F,
fruit.
Massette (fig. 12). — A, fleur mâle ; B, fleur femelle ; C,
fruit.

31
On récolte la plante à son entier développement, dans le
cours de l’été, pour l’utiliser aux greffages de l’année
suivante. Étant coupée le plus près possible de la souche, on
en sépare les feuilles qui se trouvent agglomérées à leur base,
et on les met sécher à l’ombre ou au grenier, en les
accrochant par paquets liés au sommet du feuillage.
Lorsqu’arrive le moment de s’en servir, on coupe les feuilles
de la longueur voulue, en moyenne de 0m,30 à 0m,50.
[fig11][fig12]

32
Fig. 11. — Spargaine rameuse Fig. 12. — Massette des marais
(Sarganium ramosum). (Typha latifolia).

Un peu avant le greffage, on plonge dans l’eau la ligature


réunie en paquet ; puis on la fait égoutter en pressant avec la
main, par une légère torsion, comme s’il s’agissait de tordre
du linge. Assez souvent, on se contente de descendre la
ligature à la cave pour l’entretenir fraîche, ou de l’exposer à

33
la rosée toute une nuit, et dans les champs où l’on manque
d’eau, on la met en terre.
Il faut, à cette ligature végétale, un juste milieu de
sécheresse et d’humidité. Trop sèche, la feuille des
Typhacées manque de résistance et casse ; trop humide, elle
se brise également et pourrait nuire à la soudure de la greffe.
La feuille est généralement assez large pour être fendue
dans le sens de sa longueur. Elle serre mieux lorsqu’elle est
placée sur son épaisseur — non sur sa largeur — et quand on
la tord modérément en l’appliquant sur la greffe.
À l’exception des greffes qui nécessitent la fente des tissus
ligneux du sujet, et pour lesquelles la feuille de Spargaine ou
de Massette n’aurait pas une ténacité suffisante, nous
recommandons cette ligature pour la majorité des procédés
de greffage. Elle présente une solidité convenable, et cède au
grossissement de la greffe.
De ces deux plantes à utiliser également, la préférence
pourrait être accordée à la Spargaine. Cet avantage résulte de
la structure anatomique des feuilles, et particulièrement des
lacunes et des intersections du tissu cellulaire étoilé qui
existe dans leur intérieur.
[3.2.3]Le Raphia s’emploie en longues lanières, tirées
probablement des pennules des Palmiers Raphia (Sagus
vinifera et tædigera). C’est une bonne ligature pour les
greffages par rameau de printemps ou d’été en plein air ou
sous verre ; ses inconvénients sont de se desserrer assez
facilement par suite de sa surface lisse et de ne pas se prêter
au grossissement du sujet, comme la Spargaine. Sur une

34
écorce tendre, le raphia pourrait produire un étranglement ; il
est alors prudent de le mouiller avant de l’employer et de
terminer la ligature par une boucle, de façon que le lien ne
glisse pas et qu’on puisse le desserrer et le retirer, une fois
son action terminée.
[3.2.4]La feuille du Tritoma, jolie plante d’ornement,
cueillie verte, séchée à l’ombre et mouillée au moment de
son emploi, est une bonne ligature.
L’écorce ou plutôt le liber de tilleul, vulgairement tille,
préparée pour la fabrication des cordes à puits, fournit un bon
lien pour les greffages par rameau, et toutes les fois qu’il faut
opposer une certaine force de résistance aux gros sujets ou
aux tissus éclatés. Trempée, puis séchée et fendue en long, la
tille offre une élasticité convenable et n’étrangle pas le sujet.
La natte d’emballage des denrées coloniales, utilisée dans
les pépinières, est le produit des végétaux sus-indiqués ou
analogues ; le liber de Tilleul étant la base des nattes de
Russie, et les lanières de Raphia entrant dans les emballages
et sparteries du Brésil et de Madagascar.
[3.2.5]Les petites bandelettes de caoutchouc conviennent
aux greffages de parties herbacées.
La ficelle simple ou dédoublée, la ficelle de marine, la
filasse de vieille corde effilochée sont assez souvent
employées, parce qu’on se les procure facilement. On les
choisit non cordelées, et on les surveille lors du
grossissement du sujet.
La ficelle et la natte, rendues imputrescibles par un
sulfatage, par un goudronnage ou un enduit spécial, sans
35
perdre toutefois leur souplesse, conviennent aux greffes sous
terre.
En général, les textiles, Chanvre, Lin, Aloès, Abutilon,
Asclépiade, Mélilot, Houblon, Phormium, etc., manquent
d’élasticité.
L’osier fendu n’est guère utilisé qu’à la campagne, dans le
greffage des vieux arbres et des souches souterraines de
Vigne.
Les écorces d’Orme et de Saule, séchées puis trempées,
ont, comme l’osier fendu, le défaut de se rétrécir trop vite,
sauf quand elles ont été préparées une année à l’avance ;
alors on peut les utiliser. L’écorce de Mûrier, qui sert aux
greffeurs d’Oliviers, présente les mêmes caractères.
À Toulouse, on emploie la balle (glume) de maïs ; si la
feuille est trop large, on la divise dans le sens de sa
longueur ; si elle est trop courte, on la « répond ».
Au Japon, la paille de riz battue est une bonne ligature de
greffes.
Dans le greffage, le rôle de la ligature est provisoire ; il
cesse quand la soudure est suffisante pour le développement
du greffon.

[3.3]

engluements.

[fig13]

36
Pour compléter le greffage, il est
nécessaire de recouvrir les plaies et
les coupes avec un mastic
onctueux, qui n’ait pas le défaut de
dessécher la plaie, ni de la brûler,
ni de couler ou de se fendre par
l’action de l’air ou par une
mauvaise composition.
Il faut engluer copieusement,
sans économie, les plaies, les
fentes du sujet et du greffon, quand
la greffe est posée. La figure 13
représente une greffe en tête, par
rameau, ligaturée et engluée. Le
mastic est étendu sur l’amputation
(A) du sujet, sur les plaies (E), aux
jointures de la greffe (I) et au
sommet du greffon (O). Il n’y a
aucun inconvénient à mastiquer ou
à respecter l’œil terminal (U), et
l’œil enchâssé (Y) du greffon. Fig. 13. — Greffe en tête
Une greffe bien faite peut terminée par la ligature et
manquer par suite d’un mauvais l’engluement.
liniment.
Les greffes qui n’offrent aucune partie tranchée exposée à
l’air, l’écussonnage, par exemple, ne réclament aucun
onguent.

37
Malgré les nombreuses inventions, les bons engluements
sont encore peu nombreux ; mais ceux que l’on a suffisent.
[3.3.1]Onguent de Saint-Fiacre. — Cet engluement primitif
se compose de deux tiers de terre glaise et d’un tiers de bouse
de vache. On le maintient sur le moignon greffé au moyen
d’une ficelle et d’un linge formant poupée ; il sera facile d’y
mélanger de l’herbe hachée menu, pour en augmenter la
consistance.
L’onguent de Saint-Fiacre est adopté dans nos campagnes ;
il est assez économique pour le greffage des vieux arbres. À
son défaut, on emploie l’argile pulvérisée et pétrie pour le
greffage sous terre de la Vigne.
[3.3.2]Mastic chaud. — Depuis longtemps, les pépiniéristes
fabriquent eux-mêmes leur mastic. La composition en est
variée : elle a généralement pour base une combinaison de
poix blanche, de poix noire, de cire jaune, de suif et de
résine. On y ajoute parfois de l’ocre, du saindoux, des
cendres fines. On fond le tout sur le feu, dans un vase de fer,
et l’on attend que la composition soit attiédie pour
l’employer.
L’habitude fait juger de la proportion des substances à
introduire dans le mélange. La poix rend la composition plus
épaisse ; le suif, plus légère ; la résine lui donne de la
sécheresse ; la cire, de l’onctuosité.
La climature a probablement dicté quelques modes de
fabrication. Ainsi, dans les Pays-Bas, MM. Looymans font
bouillir 1 kilogramme de résine d’Amérique avec un verre
d’huile ou de graisse, jettent le mélange bouillant dans l’eau

38
froide, le reprennent et l’étirent tant qu’il est malléable, puis
l’emploient à chaud.
Voici une composition employée dans les pépinières
d’Angers, d’Orléans, de Troyes :
1o D’abord faire fondre ensemble :

Résine
Poix blanche

2o En même temps faire fondre à part :

Suif

3o Verser le suif fondu bien liquide sur le premier mélange,


en ayant soin d’agiter fortement ;
4o Ajouter ensuite 500 grammes d’ocre rouge, en le
laissant tomber par petites portions, et en remuant longtemps
le mélange.
Quelle que soit la composition, il faut toujours que le
mastic soit onctueux, malléable, exempt de mordant ; il sera
employé tiède, plutôt froid que chaud, plutôt liquide encore
que déjà solide. On l’entretient à ce degré sur un fourneau
portatif chauffé au bain-marie, ou avec la lampe à esprit-de-
vin, ou par les procédés vulgaires.
Pour l’appliquer, on se sert d’un pinceau-brosse ou d’un
bâton tamponné par un chiffon ; le plus souvent, on prend
une spatule de bois.

39
Le mastic chaud est économique dans une grande
exploitation. Il est préférable au mastic froid pour les
greffages d’automne, parce que la gelée a moins d’action sur
lui.
[3.3.3]Mastic froid. — Le désagrément de fabriquer ou
d’employer des engluements chauds a donné la vogue aux
mastics froids, qui se ramollissent à la chaleur de la main ou
restent onctueux par la nature de leur composition. Le mastic
Lhomme réunit ces conditions, et certaines préparations
fabriquées à Lyon, à Caen, à Montreuil, etc.
Le mastic froid est livré dans des boîtes en fer-blanc, en
pot ou en flacon à pommade, où il se conserve malléable,
même étant entamé.
Pour s’en servir, on l’étend avec une spatule ; et s’il faut
mettre le doigt, on mouille celui-ci avant de toucher le
mastic.
Une fois exposé à l’air, cet onguent durcit un peu ; il ne
gerce pas au froid et ne coule pas au soleil ; c’est, jusqu’à ce
jour, le meilleur engluement à employer.
M. Lucas, pomologue du Wurtemberg, emploie un
liniment froid, assez simple de composition. On fait fondre
de la résine blanche sur un feu modéré, on y verse
graduellement le tiers de son poids en alcool à 90°, en
remuant sans relâche le mélange avec un bâton.
La composition chimique des mastics froids repose
évidemment sur le résultat obtenu par le mélange intime de
l’alcool avec la résine, provoquant la liquéfaction
permanente de cette dernière après le refroidissement ; mais
40
on a eu soin de rechercher les moyens de parer aux
inconvénients que présentait le simple mélange de ces deux
substances, entre autres celui de couler sous l’ardeur du soleil
et de laisser ainsi les plaies à nu. En Hongrie, on a ajouté du
suif, de la colophane et de la térébenthine ; en Belgique, on
se contente de colophane (300 gr.) et d’axonge (60 gr.)
fondues ensemble, et l’on verse dans la bouillie, par parties,
80 grammes d’alcool à 40°.
Un mastic manqué sera remis sur le feu ; on y ajoutera suif
ou axonge s’il est cassant, résine s’il coule trop, alcool si la
consistance nuit à la malléabilité. Remuer constamment le
mélange et éviter d’y introduire l’essence de térébenthine,
qui brûle les tissus ligneux.
Il est important que le mastic ne reste pas onctueux sur
l’arbre et qu’il s’affermisse à l’air ou sèche assez vite, car la
gelée, ayant de la prise sur une substance molle, pourrait
fatiguer les tissus du sujet couverts d’onguent
insuffisamment durci.

[3.4]

accessoires

Les outils, les ligatures, sont transportés dans un panier


plat, élevé sur pieds. Le panier ou la boîte pourrait être
mobile, de manière à être enlevé et accroché sur l’échelle
simple ou l’échelle double, employée dans les opérations
pratiquées à une certaine hauteur.

41
L’étiquetage par nom ou par numéro des variétés que l’on
greffe nécessite un jeu de numéros, du plomb laminé, des
étiquettes, des registres de culture et de multiplication qui
seront placés dans le panier au greffage.
Le greffage sous verre conduit à l’emploi de divers
accessoires : poteries, composts, paillassons, claies, toiles,
abris, bien que les sujets greffés puissent être destinés à la
culture en plein air.
Au début de la végétation des jeunes greffes, les premiers
auxiliaires du dressage consistent en tuteurs, en osier, en jonc
ou similaires.
Les tuteurs sont des brins d’arbres résineux, ou de Saule,
de Peuplier, de Châtaignier, etc., de plusieurs dimensions. Le
bois de brin est plus maniable que le bois fendu. On prolonge
la durée des tuteurs en les immergeant, frais coupés et tout
confectionnés, pendant huit ou quinze jours, dans un bain de
sulfate de cuivre préparé à raison de 2 kilos de sulfate par
100 litres d’eau.
Les baguettes plus ou moins ramifiées servent au palissage
des jeunes greffes faites sur les arbres déjà forts ; on les
sulfate comme les tuteurs, et les perches, comme les
paillassons, les toiles, le coffre des bâches, etc. Les objets
sulfatés ne sont pas attaqués par les insectes, les colimaçons
et les animaux rongeurs.
L’Osier rouge ou jaune (Salix purpurea ; S. vitellina) se
récolte en hiver sur des têtards. On l’emploie à l’état frais ou
après séchage, pour attacher les sujets et les branches contre
les tuteurs. Les paquets d’osier triés par séries sont rentrés à

42
l’ombre et au sec. On les trempe dans l’eau quelques jours
avant de s’en servir.
Le Jonc à palisser (Juncus glaucus) sert à l’accolage des
jeunes scions herbacés des greffes. Le jonc se récolte en été ;
on le fait sécher modérément et on le rentre au grenier. Il
suffira de le plonger dans l’eau au moins 24 heures avant de
l’employer.

43
IV. — CHOIX DES SUJETS ET DES GREFFONS

[4.1]

choix des sujets

Le sujet destiné au greffage est généralement un végétal complet


portant tige, branches et racines ; mais le sujet pourrait être une
simple bouture, un fragment de rameau ou de racine.
Le sujet complet, plus difficile et plus lent à obtenir, est préférable
à tout autre dans la majorité des circonstances. Nous donnerons donc
plus de développement à son éducation.

[4.2]

éducation du sujet complet

[4.2.1]Premier âge. — Le sujet destiné au greffage est obtenu par


semis, par marcottage ou par bouturage. Le plant issu du drageonnage
ne convient pas autant, parce que l’opération de la greffe et ses suites
l’exciteraient encore à drageonner, ce qui est ici un défaut.
[4.2.1.1]Semis.Semer les graines aussitôt leur maturité : 1o d’avril en
o
juin ; 2 d’août en octobre.
Faire stratifier les graines qui ne peuvent être semées tout de suite ;
elles seront mises dans une caisse ou dans un vase peu profond, par
lits alternés avec des couches de terre sableuse, et le récipient placé à
la cave. Dès que la graine commencera à germer, on la sèmera en
pleine terre.
Ameublir et nettoyer minutieusement le terrain destiné au semis.

44
Semer à la volée, en lignes ou par trous.
Une semence sera d’autant moins enterrée qu’elle sera plus petite,
que le climat et le terrain seront plus froids, et que l’époque de sa
mise en terre se rapprochera davantage du temps de sa germination.
Un semis compact étiole le plant ; trop écarté, le plant reste court et
peut se ramifier. On calculera donc la vigueur du plant et sa
destination. Si le plant est dru, on peut le desserrer, dans l’été, par une
éclaircie, un dépiquage raisonné.
Tasser le sol, arroser, désherber, détruire les insectes, chasser les
oiseaux.
Le semis sous verre hâte et favorise la germination des graines.
Dans ces conditions, les semences pourront être enterrées moins
profondément, et l’on repiquera le jeune plant sous châssis ou en
pleine terre, dès qu’il aura développé une ou deux feuilles.
[4.2.1.2]Marcottage.
— Le marcottage se pratique au printemps, en
été ou à l’automne, avec des rameaux ligneux ou herbacés tenant à la
mère.
[fig14]

Fig. 14. — Marcottage simple.

45
Les arbustes-mères (A, fig. 14) étant disposés en touffes, on ouvre
une tranchée autour, et l’on y amène les rameaux vigoureux et sains
(B). On les couche assez près de la souche et, les faisant couder
brusquement, on en redresse la sommité que l’on taillera à deux yeux
(D) au-dessus du sol. On pourrait faciliter l’émission des racines en
retenant le brin couché avec un crochet (C), ou par une incision en
long (F), à la courbure ; alors le tuteur (E) est nécessaire. On remplira
le trou avec de la bonne terre, et plus tard, le sevrage ou séparation de
l’élève d’avec la mère se fera en g, g. C’est le marcottage simple.
Marcotter en vase les espèces délicates ou à feuilles persistantes.
[fig15]

Fig. 15. — Marcottage en vase.

Ainsi le rameau (X, fig. 15) sera couché et introduit dans le vase à
fleur (V) mis en terre et, par une ouverture (Z) préparée, le coude (Y)
simple ou incisé favorisera la sortie du chevelu. La sommité, assez
courte et à feuille persistante, ne sera pas taillée. Une fois le jeune
plant complet, on le sèvrera (S) de la mère.
Pour tout marcottage, le sevrage doit être pratiqué dès que le plant
aura suffisamment de racines. Une fois qu’il est détaché de la souche,
on l’extrait du sol et on le plante à demeure ou en pépinière.
Par le marcottage multiple, on couche horizontalement, dans une
rigole, une branche (B, fig. 16) en végétation, adhérente à la souche-
46
mère (A), les jeunes rameaux (de a à g) étant au début de leur
évolution. La rigole sera successivement comblée de bonne terre,
après suppression des feuilles de base. Les jets trop vigoureux (f, g,
fig. 16) réclament un écimage en vert pour qu’ils ne puissent nuire au
développement des autres rameaux qui sont placés moins
favorablement. À l’automne, chacun de ces rameaux, étant enraciné,
sera sevré et constituera un plant.
[fig16]

Fig. 16. — Marcottage à long bois.

47
On marcotte par cépée ou en butte (fig. 17) : le Cognassier, les
Pommiers paradis et doucin, le Prunier, le Figuier, le Noisetier,
l’Olivier, etc.
[fig17]

Fig. 17. — Multiplication par buttage ou cépée.

Le sujet est recepé à fleur du sol ; dans l’été, on le butte de terre


meuble, et on pince l’extrémité des scions encore herbacés, de
manière qu’ils puissent former du chevelu. À l’automne, on
déchaussera le tronc et on extraira les jeunes tiges enracinées. Si le
plant était faible ou peu chevelu, on le taillerait assez long, on le
butterait de nouveau jusqu’à l’année suivante ; mais s’il est détaché de
la mère, on le repiquera en nourrice, c’est-à-dire en pépinière. Les
souches peuvent être buttées tous les ans ou tous les deux ans.
Ce mode de reproduction est le séparage ou l’éclatage, procédé par
division.

48
[4.2.1.3]Bouturage.— Des fragments de rameau ou de racine, placés
dans le sol, végètent et constituent un sujet : tel est le bouturage.
Le fragment appelé bouture est une portion de rameau comprenant
un œil (fig. 18) ou plusieurs yeux (fig. 19) et, dans ce cas, longue de
0m,25 à 0,40 environ, ou une portion de racine (fig. 20) d’une
longueur de 0m,05 à 0m,15.
[fig18][fig19][fig20]

Fig. 18. — Bouture Fig. 19. — Bouture Fig. 20. — Bouture


par œil. simple. de racine.

Le rameau sera coupé sous un œil comme la figure 19 l’indique. Le


talon ou empâtement du rameau-bouture favorise l’émission des
chevelus ; il est indispensable chez certaines espèces, comme le
Cognassier (fig. 21) ; c’est la bouture crossette.
La figure 21 représente la crossette, et la figure 22 le résultat de ce
mode de bouturer.

49
Le bouturage par rameau se fait au printemps ou à l’automne. À
cette dernière époque, qui convient aux espèces à bois dur, on plante
la bouture au moment même de sa préparation.
[fig21][fig22]

Fig. 21. — Rameau bouture Fig. 22. — Plant raciné de la


avec talon, ou crossette. bouture-crosette.

Pour le bouturage de printemps, on prépare les boutures en hiver.


On coupe les boutures et on les enterre debout, la tête en bas, de toute
leur longueur (voir A, fig. 32), dans une tranchée en plein air ou à la
cave. Au printemps suivant, on les plantera dans leur position
normale, en laissant sortir de terre un ou deux yeux.
On éborgnera les yeux mis en terre des espèces sujettes à produire
des jets souterrains ; tels sont le Dierville, le Groseillier, le Jasmin, le
Rosier, le Saule, le Sureau, la Viorne.
Une bouture portant deux yeux sera enfoncée complètement en
terre, dans une position verticale ; c’est un bon moyen pour les

50
végétaux à bois tendre ou gélif, comme la Vigne, le Figuier, le Mûrier,
le Jasmin, le Platane.
La figure 23 représente une pépinière de boutures plantées en
tranchées. La tranchée (A) est comblée (B), puis les boutures buttées
de terre (C).
[fig23]

Fig. 23. — Plantation de rameaux-boutures en pépinière.

Au lieu d’un rameau, une branche ou une tige pourrait être plantée
et prendre racine ; ce serait alors une bouture-plançon. Ce mode
réussit avec le Saule et le Peuplier.
Les boutures de racines (fig. 20) se composent de morceaux de
racine longs de 0m,05 à 0m,15 ; on plantera ces fragments en rigole, à
l’ombre, couverts de terre légèrement ; un bon compost, un paillis et
de fréquents arrosages en activent la réussite. — Une racine plus
longue, couchée dans la rigole, pourra émettre plusieurs bourgeons
qui formeront autant de plants après un sectionnement, à l’automne.
Le bouturage de rameaux courts, munis d’un seul œil (fig. 18), se
fait sous verre, à froid.

51
Le bouturage d’arbustes à feuillage persistant réussit mieux sous un
abri vitré.
[4.2.1.4]Repiquage. — Le repiquage consiste à replanter
provisoirement en nourrice les jeunes plants venus par semis ou par
bouture ; il leur procurera un collet trapu et des racines chevelues.
Un procédé, trop peu employé, consiste à repiquer le jeune semis
quelque temps après sa germination, alors qu’il a deux ou trois
feuilles au-dessus des cotylédons. Ce travail produit, à la première
saison, un sujet vigoureux dont le collet bien pris et l’appareil
radicellaire bien développé sont favorables au greffage futur. En le
plantant, on lui coupe la radicule avec les ongles. Bassiner souvent,
pailler, ombrager.
Les plants d’arbres résineux et d’arbustes toujours verts seront
replantés de la mi-août à la fin de septembre, de leur première année ;
sinon, de mars en mai, l’année suivante.
Les plants à feuilles caduques seront repiqués pendant le repos de
la sève. À ces derniers seulement, on pourra tailler les tiges et les
racines trop allongées (voir fig. 24 et 25, p. 44).
Le repiquage se fait au plantoir, sur des lignes écartées de 0m,25,
avec 0m,10 d’intervalle, au minimum, entre les sujets. Après deux
années, le plant est suffisamment constitué pour être replanté en
pépinière ou en place définitive.
[4.2.2]Pépinière. — La pépinière est obligatoire pour élever les
sujets très jeunes, nécessitant des soins continuels de culture et de
taille.
La pépinière doit être établie sur un emplacement aéré, sain et
composé d’une bonne terre, facile à cultiver. On évitera, s’il est
possible, les sols poreux exposés à une sécheresse persistante, aussi
bien que les terrains trop compacts ou susceptibles d’être inondés.
En ce qui concerne l’amendement des terrains à pépinière, le
mélange de terres végétales est préférable aux fumiers. Un arbre élevé

52
dans un sol richement fumé vaut mieux qu’un arbre venu en mauvaise
terre ; mais il est inférieur à celui qui a crû dans une bonne terre
ordinaire, composée d’éléments divers.
On défonce le terrain avant l’hiver, en mélangeant les terres dans la
tranchée au lieu d’en superposer les couches ; on extrait les pierres,
les racines, les mauvaises herbes. Une fois le moment de la plantation
arrivé, il n’y a plus qu’à niveler le sol en lui donnant un dernier
labour.
[4.2.3]Plantationdu plant. — On choisit du plant jeune, trapu, bien
enraciné. S’il est âgé de plus d’une année, il a dû subir préalablement
le repiquage dont il vient d’être parlé, à moins qu’il ne réunisse les
conditions requises.
On l’habille avant de le planter. Habiller un plant, c’est tailler,
nettoyer les racines et les branches (fig. 24). Les racines seront
raccourcies modérément (a) ; quand elles sont fatiguées, on les tient
plus courtes. La tige sera rabattue (b) à 0m,25 du collet si le plant doit
être greffé en pied, à 0m,10 s’il est destiné au greffage en tête. Les
ramifications latérales pourront être enlevées, ou plutôt écourtées.
[fig24][fig25]

53
Fig. 24. — Habillage Fig. 25. — Plant court,
du jeune plant. non écimé.

Les arbres verts et certaines espèces à bois creux, les plants courts
ou gras (fig. 25), le Châtaignier, le Marronnier, le Noyer, le Tulipier,
ne seront pas écimés. Le pivot sera réduit (A).
On plante en quinconce, à des intervalles calculés sur l’avenir des
élèves. Une distance de 0m,50 sur des lignes espacées de 0m,75 est la
mesure moyenne dans les pépinières bien tenues. On l’augmente ou
bien on la diminue, suivant que le sujet doit venir branchu ou non, et
selon le nombre d’années qu’il doit rester en pépinière.

54
La plantation se fait au plantoir ou à la bêche. Si l’on plante
tardivement ou par un temps de hâle, on praline à l’avance la racine
du plant dans une boue ordinaire. Une bouillie de terre grasse, de
bouse de vache et de purin, autour des racines, est utile aux plants
fatigués.
On tasse la terre en plantant. On arrosera, s’il le faut, seulement la
première année et surtout au début de la végétation.
[4.2.4]Recepage du plant. — La première année, on s’est borné à
cultiver, à soigner le plant. Nous supposons d’abord qu’il est destiné à
s’élever à tige pour le greffage en tête ; nous parlerons ensuite du
plant qui doit être greffé en pied.
[fig26]

Fig. 26. — Recepage de jeunes plants.

Après la première année de végétation, et avant que la seconde


recommence, on recèpe le plant que l’on destine à monter à haute
tige. Receper [fig27] un plant, c’est le couper net de 0m,05 à 0m,10
environ du sol (fig. 26). On attend les mois de février ou de mars pour
pratiquer cette ablation, la sève étant au repos et les gelées d’hiver
n’étant plus à craindre.
Pendant l’été, on accole contre le moignon conservé le plus beau
rameau du tronc (fig. 27), et graduellement on enlève les autres scions
développés sur l’onglet. À l’automne, on supprime le chicot en A (fig.
27), avec la serpette ordinaire (fig. 3), ou à désongletter (fig. 4).
Quand le jet principal ne prend pas une direction régulière, on a
recours au palissage contre un tuteur, ou au greffage d’une espèce
vigoureuse qui s’élève naturellement à tige.

55
Le recepage serait inutile sur de beaux sujets
trapus, vigoureux et droits ; mais s’il y avait
incertitude, il vaudrait mieux receper.
[4.2.5]Élagage du jeune sujet. — L’élagage
consiste à couper les branches inutiles qui garnissent
la tige. En général, les branches fortes sont enlevées
totalement, jusque sur leur talon ; les moyennes sont
coursonnées, et les faibles conservées. (Voir fig. 30,
p. 49.)
Coursonner une branche, c’est la tailler à quelques
yeux, soit les branches A (fig. 30) rapprochées ou
coursonnées en B. On ne doit pas oublier que le
retranchement des branches fatigue un arbre et que
leur conservation le fortifie. La taille aura donc pour
but de former le sujet et d’équilibrer sa végétation.

Fig. 27. — Jeune


sujet après une
année de recepage.
[fig28]

56
Fig. 28. — Modes d’élagage.

Lorsque la tige est forte, il n’y a aucun inconvénient à supprimer


les branches latérales, depuis le collet jusqu’à l’endroit destiné à la
greffe.
En résumé, élaguer sévèrement les tiges plus fortes, élaguer
partiellement les tiges faibles, éviter les mutilations sur les sujets
chétifs.
En élaguant une branche (A, B, fig. 28), il convient de ménager un
peu de son empâtement ou talon, à la base plutôt qu’au sommet ou
gorge du point d’attachement sur la tige. On y parvient en donnant le
coup de serpette de bas en haut. Pour le donner en sens inverse, il faut
une certaine habileté de main, sans quoi l’on s’exposerait à déchirer le
coussinet ou l’empâtement de la branche respecté suivant la figure 29.
[fig29]

Pour éviter le développement de grosses branches inutiles auprès


du bourgeon terminal, on coupera au printemps l’œil qui devrait leur
donner naissance ; c’est un éborgnage.
L’élagage sur la jeune flèche sera modéré ; on se bornera à
coursonner les ramifications trop longues qui s’y seraient
développées, et à laisser les autres.

57
L’écimage de la flèche aura lieu dès que la hauteur fixée
pour la greffe aura été dépassée de 0m,30 au moins. La
végétation de la tête du sujet contribuera à le fortifier
encore.
Arrivé à cet état (fig. 31), l’arbre peut supporter
l’opération du greffage en tête.

[4.2.6]Préparation du sujet pour le greffage. — Pour


recevoir la greffe, un sujet doit être ou étêté, ou non étêté,
cela dépend du mode de greffage employé. Il en sera
question au chapitre VI, consacré aux Procédés de
Fig. 29.
greffage. D’abord, le greffage se pratique de deux
Coupe de
manières, en général : sur place, c’est-à-dire l’arbre en
l’élagage.
terre, ou à l’abri, le sujet hors terre.
Nous verrons plus loin que les greffes sont en tête ou de côté : en
tête, le sujet étant tronçonné, la greffe vient le couronner ; de côté, le
sujet conserve — provisoirement — une partie de sa tige au-dessus de
la greffe.
[fig30][fig31]

58
Fig. 30. — Coursonnement des Fig. 31. — Jeune sujet
branches vigoureuses. à haute tige.

[4.2.7]Greffage sur place. — Les greffes en tête nécessitent l’étêtage


du sujet ; l’opération se fait au moment du greffage ; de cette façon la
plaie ne s’envenime pas, puisqu’elle sera engluée aussitôt la greffe
posée. Cependant lorsqu’on opère sur de gros arbres ou à la montée
de la sève, il est bon de tronçonner le sujet quelques semaines à
l’avance et au-dessus du point destiné à la greffe.
L’étêtage préalable offre, pour les grandes exploitations, l’avantage
de retarder la végétation et de permettre de prolonger plus longtemps

59
la possibilité du greffage avec chances de succès.
Si l’on peut opérer le tronçonnement définitif du sujet au-dessus
d’un bourgeon immédiat, le rôle provisoire de ce dernier sera d’attirer
ou d’entretenir la sève vers la greffe, — surtout vers la greffe non
soudée, — on le supprimera quand le greffon aura son développement
assuré.
Les greffages de côté ne nécessitent point l’ablation capitale et
immédiate du sujet. Il suffit que la place en soit nette, et qu’on élague
les ramifications qui se développent à l’endroit de la greffe, sur une
longueur moyenne de 0m,10 ; les branches du dessus continueront à
attirer la sève, et celles du dessous à faire grossir le sujet.
Pour les greffages d’été, l’élagage définitif, aussi modéré que
possible, doit être pratiqué un mois avant le moment de greffer ; le
fluide séveux, ralenti par cette opération, reprendra son activité et
facilitera le succès du greffage. Avec un délai moindre, le
retranchement des rameaux superflus provoquerait un arrêt de sève
contraire à la reprise de la greffe. Il vaudrait mieux, dans ce cas,
n’élaguer qu’au moment de greffer ; la soudure serait terminée lors du
ralentissement de la végétation.
Ces travaux doivent être exécutés avec des instruments bien acérés,
et par un ouvrier habile qui saura éviter de meurtrir le sujet ou de
laisser des chicots chargés de sous-yeux.
Les arbres résineux ne sont point assujettis à ce travail préparatoire.
[4.2.8]Greffage à l’abri. — Il est une manière de greffer sur laquelle
nous reviendrons quelquefois, surtout à l’occasion de la Vigne, le
greffage à l’atelier, à l’abri, à la cave, dit au coin du feu ou sur les
genoux, pratiqué pendant le repos de la sève. Les sujets sont déplantés
et placés sous un hangar ; on les greffe à l’abri des intempéries ; ils
sont plantés ensuite en jauge ou en place.
La greffe sous verre est un greffage à l’abri.

60
Dans les pays froids, tels que l’Allemagne du Nord, la Suède, la
Russie, où l’hiver dure longtemps, où la période courte et active du
printemps laisse peu de latitude aux travaux du jardinage, on rentre, à
l’automne, les plants dans une cave à + 10°. Là, on les greffe, on
emboue la racine et on les enjauge dans le sable, tout étiquetés ou
numérotés. Aussitôt la gelée et les neiges disparues, on sort de la cave
les sujets greffés pour les planter en pépinière.
Les horticulteurs de l’Amérique du Nord ont recours à ce système ;
ils recueillent les plants et les racines de sauvageons, ils les greffent et
les conservent dans un caveau, en attendant les beaux jours pour le
transport à la pépinière.
Il paraît que, pour doubler ou tripler l’élément sujet, on butte dans
la pépinière les jeunes plants de certaines espèces, de telle sorte que la
tige souterraine se trouve augmentée d’autant. Lors de l’arrachage, on
la fractionnera par morceaux de 0m,10, garnis de chevelus ou de
mamelons radicellaires ; ces tronçons seront mis en jauge à la cave de
multiplication, et constitueront des sujets au moment du greffage à
l’abri.
[4.3]

sujet de bouture par rameau ou par racine

En dehors des sujets racinés, on peut employer, chez quelques


espèces, de simples rameaux ou racines à l’état de bouture
rudimentaire, c’est-à-dire que le rameau-bouture est nu, privé de
chevelu, et que la racine-bouture n’a émis aucun bourgeon, au
moment de la greffe.
Le rameau-bouture doit être coupé sur la mère, au jour du greffage,
s’il s’agit de végétaux à feuillage persistant ; pour toute autre espèce,
il est préférable de préparer la bouture à la chute des feuilles et de la
mettre en jauge, au nord (fig. 32, p. 58). Son état de sève ainsi retardé
permettra de prolonger la saison du greffage ; la formation des

61
premiers bourrelets radicellaires à la base hâtera son enracinement, et
le greffon se soudera mieux.
Choisir un rameau bien constitué, de grosseur moyenne ; les trop
gros sont creux, les trop petits sont chétifs. Conserver le talon si
possible et 3 ou 4 yeux sur la longueur (fig. 21).
Nous ferons les mêmes observations pour les racines-boutures (fig.
20). En les extirpant de la souche-mère, à la chute des feuilles et en
les mettant en jauge toutes préparées de longueur (de 0m,05 à 0m,15),
complètement recouvertes de terre, à l’ombre, il s’opérera chez elles
un travail de mise en sève préparant leur bourgeonnement pour
l’époque du greffage.
Avec les Aralias, les Bignones, les Clématites, les Pivoines, on peut
greffer au moment de la division des racines-sujets.
Au moment de greffer, on assortira les racines aux greffons, en
mettant en contact sujet et greffon de diamètre analogue, le greffon
étant plutôt moins gros que le sujet.
[4.4]

choix des greffons

[4.4.1]Onnomme greffon l’arbre, le rameau ou le bourgeon que l’on


greffe sur le sujet et que l’on désire propager. Quand le greffon n’est
pas un végétal complet, le végétal qui fournit le rameau ou le
bourgeon-greffe est appelé mère ou étalon.
Habituellement, on appelle mère la plante qui fournit les sujets, et
étalon celle qui fournit les greffons. Dans le langage pratique, on
confond quelquefois ces deux expressions, surtout à l’occasion du
greffage par approche.
Le greffon doit être de bonne qualité, sain, rustique ; en un mot,
parfaitement constitué.

62
Un greffon vicié propage le mal qu’il possède ; le mauvais choix
répété sur plusieurs générations amène une détérioration de la variété.
On dit alors qu’elle a dégénéré ; mais la dégénérescence n’est que
locale et non générale. La preuve en est fournie par les branches
d’arbres à feuilles panachées. On propage la panachure par le
greffage, et la variété type n’en reste pas moins exempte de la
chlorose ; cependant, si le mal n’est pas visible comme l’est une
panachure, on se rendra complice de la dégénérescence en multipliant
des greffons défectueux.
Il convient encore de prendre des greffons ayant les caractères
spécifiques, suffisamment accentués. Ainsi les Poiriers et les
Pommiers, semés en vue de produire des variétés inédites, sont
épineux au début et finissent par perdre tout le caractère sauvage, à
l’âge adulte, lorsqu’ils préparent leurs éléments fructifères. Si l’on
veut doubler les chances de production par un report de greffons sur
d’autres arbres, il faudra choisir, en tête de l’étalon-semis, ces
greffons dépouillés de l’aspect primitif. L’enfance de l’égrin ne se
reproduira pas ; on profitera au contraire de son adolescence qui
amènera la fructification.
Un fait analogue se présente chez les résineux. Après leur premier
âge, les Callitris, Cyprès, Chamæcyparis, Frenela, Genévrier,
Retinospora, subissent une transformation dans leurs formes
extérieures ; cette phase nouvelle est indispensable à la bonne
confection des greffons.
Il faut, en outre, que le greffon possède les qualités que l’on désire
reproduire. Par exemple, l’étalon fruitier vigoureux aura donné de
beaux et bons fruits, suivant sa nature ; l’arbre d’ornement possédera
nettement le port, l’écorce, le feuillage, la fleur, le fruit, ou tout autre
caractère qui constitue la variété même ; mais il sera toujours d’une
nature saine et robuste.
En général, la partie centrale et moyenne des rameaux fournit de
bons greffons.

63
Certains arbres, cependant, exigent des bourgeons du sommet ;
d’autres, des yeux éperonnés. Chez les Conifères, Araucarias, Cèdres,
etc., les greffons de tête obtenus par l’écimage de la flèche sont à
préférer.
Nous indiquerons ces exceptions ou mieux ces conditions au
chapitre viii, à chaque espèce.
On ne saurait d’ailleurs puiser avec indifférence des greffons à une
source inconnue. Dans une exploitation de pépinière, on donne, avec
raison, une certaine importance aux arbres-étalons, à leur état robuste,
à l’identité de leur variété, car ils deviennent arbres d’étude en même
temps que porte-greffons. On les soumet à la taille pour en obtenir un
plus grand nombre de rameaux ; mais on aura soin de conserver
alternativement, d’une année à l’autre, quelques branches non taillées,
si l’on veut avoir en été des greffons d’une maturation plus précoce.
Les rameaux qui se développent au sommet d’une branche non taillée
aoûteront promptement.
[4.4.2]Le greffon-arbre est un végétal complet ; cet arbre greffon,
planté depuis une année au moins, doit naturellement se trouver à
proximité de son sujet. Nous verrons qu’il pourrait en être rapproché
artificiellement le jour même du greffage et que, d’un autre côté, cet
élément de la greffe en approche est parfois un rameau resté adhérent
à l’arbre.
[4.4.3]Le
greffon-œil sera isolé du rameau qui le porte au moment
même où l’on se dispose à l’appliquer sur le sujet.
[4.4.4]Le greffon-rameau pourrait comprendre deux sections :
1o Le rameau qui est détaché de son arbre-étalon pendant la sève
pour les greffages d’été et d’automne ;
2o Le rameau qui est détaché de l’arbre au repos de la sève, pour les
greffages d’hiver et de printemps.
Les rameaux-greffons de la première section seront coupés sur
l’arbre-étalon au moment du greffage, et aussitôt effeuillés, la feuille

64
étant coupée sur son pétiole (voir fig. 88). On les placera aussitôt à
l’ombre, la base entourée de mousse fraîche ou baignant dans une eau
dormante, en attendant leur emploi qui ne saurait tarder sans danger
pour la qualité du greffon. Ces rameaux sont utilisés pour les
greffages par rameau, fin de l’été et commencement de l’automne ; en
outre, ils approvisionnent l’écussonnage pratiqué pendant la
végétation.
[4.4.5]Les rameaux-greffons destinés aux greffages d’hiver et de
printemps seront détachés de l’étalon dans le courant de l’hiver, avant
que la sève se soit mise en mouvement. On choisit une température
sèche et pas trop froide ; lorsqu’il gèle fort, une partie du cambium se
retire des jeunes rameaux et ils ne se remettent pas facilement. Pour
les conserver en bon état jusqu’à l’époque du greffage, on les enterre
aux deux tiers de leur longueur, à l’ombre d’un arbre vert, ou au nord
d’un bâtiment (A', fig. 32), dans un sol sec et sain. Il suffira d’ouvrir
un trou ou une rigole ; on y placera les greffons un peu inclinés et l’on
recouvrira la base avec de la terre ameublie ; on pressera légèrement.
Le sommet, hors jauge, bourgeonnera peut-être, mais les yeux
inférieurs, à utiliser, resteront endormis.
Dans les grands établissements de greffage où la conservation
prolongée des greffons est indispensable, et lorsque l’action des
gelées d’hiver est à craindre sur ces rameaux de réserve, on les
assemble en petits ballots coniques, bien étiquetés ; le pied est formé
par les extrémités de coupe laissées à nu, tandis que l’on entoure de
paille la partie supérieure. Ces bottillons sont ensuite placés par leur
base sur une couche de sable sec et fin comme le sable à pavage, dans
une cave modérément humide, hermétiquement fermée et non
éclairée. Ici une glacière serait d’une grande ressource. En
aménageant une chambrette contiguë, au niveau du sol, on y
conservera intacts les greffons, assez tard dans la saison, sans que le
mouvement de la sève se fasse sentir dans leurs tissus.
[fig32]

65
Fig. 32. — Conservation souterraine de rameaux-boutures
et de greffons (Coupe du sol).

Les espèces à bois délicat pourrissant facilement en terre, leurs


rameaux mal aoûtés ou trop fins se comporteront mieux dans cette
galerie.
À défaut de glacière, nous avons pratiqué sous terre, à 20
centimètres, une retraite entourée de planches épaisses (B, fig. 32) ;
c’est en quelque sorte une caisse sans fond couvrant les greffons
déposés à même sur une terre meuble ou un lit de sable. Le couvercle
est une planche simplement posée sur le cadre ; on le lève pour
prendre des greffons, il faut le replacer aussitôt si l’on veut éviter le
dessèchement des rameaux.
Les greffons privés d’air et de lumière, placés là pendant le repos
de la sève, se conserveront sains pendant toute l’année. Cette

66
privation de l’air extérieur est rigoureusement nécessaire. Une trop
forte épaisseur de greffons aurait l’inconvénient de provoquer la
fermentation au cas où la fraîcheur du sol se ferait sentir sur eux.
L’état léthargique des greffons, si l’on peut s’exprimer ainsi, en
permet l’utilisation de mai en août pour les greffages par rameau ou
par œil ; ils se prêtent ainsi aux voyages, le pied dans la glaise, le
corps dans la mousse un peu fraîche. À leur arrivée, ils seront plongés
pendant quelques heures dans l’eau ou tenus quelques jours en terre,
et même ils seront couchés tout en long dans le sol ou à la cave,
pendant deux, trois ou quatre semaines, s’ils ont l’écorce ridée ;
aussitôt revenus à l’état normal, ils pourront être utilisés au greffage.
Les rameaux greffons cueillis en sève et destinés aux voyages
seront effeuillés sur le champ et transportés par voie rapide. Le
rameau aura la base piquée dans un tubercule ou un tampon de
mousse fraîche, tandis que le surplus sera entouré de sciure bien sèche
ou d’un papier parcheminé ou d’une toile gommée, substances qui ont
la propriété de conserver intacts les rameaux-greffons lorsqu’ils sont
exposés à rester assez longtemps en route.

67
V. — GREFFAGE SOUS VERRE

[5.1]

préceptes généraux

Un certain nombre de végétaux doivent être multipliés à


l’abri des intempéries, sous cloche, en bâche ou dans la serre.
Tels sont les arbres et arbustes verts, les végétaux délicats ou
rares, les nouveautés.
L’égalité dans l’état de végétation et dans le degré de
température, la privation d’air au sujet greffé, — situation que
l’on nomme étouffée — et l’absence des influences contraires
facilitent singulièrement la soudure de la greffe.
Le sujet est un jeune plant que l’on met en pot à l’air libre,
où il végète pendant une saison environ. On le rentre à l’abri
lorsqu’il s’agit de le greffer. On rencontre cependant un certain
nombre d’arbrisseaux qui peuvent être greffés lors de la mise en
pot du sujet : les Houx, les Rhododendrons, les Biotas et la
majorité des arbustes verts dont les racines se groupent
volontiers pour former une motte.
Nous aurons également à signaler les circonstances où le
plant servant de sujet reste à racines nues. Parfois aussi, il est
greffé, dans cet état et rempoté après reprise de la greffe.
En outre du plant enraciné, le sujet pourrait être une racine
munie de son collet ou un simple fragment radiculaire et

68
souvent un rameau-bouture non raciné. Comme le plant
complet, la racine-sujet pourrait être nue, ou mise en pot, et
légèrement chauffée pour exciter son fluide séveux au moment
du greffage.
Quant au mode de greffage, l’opérateur décide s’il appliquera
la greffe en fente, dans l’aubier, en placage, à l’anglaise ou en
incrustation. On opère sur une partie semi-ligneuse, au-dessous
ou en face d’un œil. Si le sujet est à racine nue, la greffe en
placage conviendra parce que le plant conserve des bourgeons
appelle-sève. Avec un sujet élevé en pot, ou greffé sur tige,
l’absence du bourgeon d’appel a moins d’inconvénients. Un
sujet trop allongé ou effilé serait écimé de suite, à 0m,15 au-
dessus de la greffe de côté.
Le greffon est généralement un petit rameau muni de deux ou
trois yeux, déjà visibles, ses tissus étant demi-ligneux, demi-
herbacés. S’il était d’espèce à feuillage persistant, on couperait
les grandes feuilles à moitié, et on ne toucherait pas aux autres.
Avec les Conifères, la réussite est plus certaine lorsque le
greffon a une longueur de 0m,10 à 0m,15, son œil terminal étant
conservé.
Deux saisons conviennent au greffage sous verre : de janvier
en mars, de juillet en septembre. Les espèces à feuilles
caduques seront greffées assez tôt en juillet pour qu’elles
puissent se souder avant l’automne, la feuille ayant été
conservée au greffon, ou faiblement tronquée.
Les espèces à feuillage persistant seront greffées en août-
septembre, ou de janvier en mars. La ligature de la greffe est
laine ou raphia ; l’engluement n’a pas sa raison d’être.

69
La multiplication se fait à froid, sans le concours d’aucune
chaleur forcée ; il suffira de l’abri concentré du verre. Quelques
espèces, comme le Camellia et l’Azalée, peuvent être greffées
plus tard et réclament un peu de chaleur à ce moment.
Pendant les grandes chaleurs, on badigeonne le vitrage
(serres, châssis, cloches), extérieurement, avec de la couleur
verte dite vert anglais, à la colle, additionnée de blanc
d’Espagne, ou avec du blanc d’Espagne délayé dans de l’eau et
du lait ou un peu d’huile. On pourrait l’ombrager encore avec
des paillassons, des nattes, des toiles ou des claies en ramilles
légères ou de bruyère. Ces accessoires, imprégnés de sulfate de
cuivre, se détériorent moins vite et ne sont pas attaqués par les
insectes et les rongeurs.
[5.1.1]Greffage sous cloche. — Ce procédé est le plus simple
des greffages sous verre. Il n’exige aucune construction, des
cloches en verre suffisent. Nous l’avons particulièrement
remarqué à Orléans. Nos confrères en attribuent le succès à la
nature du sable de la Loire.
Une bande de terrain sous forme de parallélogramme,
vulgairement une planche, est composée de sable-gravier de
rivière et supporte deux ou trois rangs de cloches ordinaires.
[fig33]

70
Fig. 33. — Plants greffés sous cloche.

En février-mars, ou en juillet-août, on greffe les sujets en pot


et on les enterre par groupes, dans le sable, sous cloche (fig.
33). On enfonce le bord de la cloche dans le sable, de manière à
étouffer littéralement les plantes qu’elle abrite. On la laisse
ainsi pendant six semaines. À partir de ce moment, la reprise
des greffes est assurée ; on commence à soulever les cloches
insensiblement pendant huit jours, puis on les enlève tout à
fait ; mais on ombragera encore les jeunes plantes avec des
toiles ou des claies. Enfin on les aère totalement, avant de les
livrer à la pleine terre, sauf les plantes des derniers greffages

71
qui pourront hiverner sous verre. Il est bien entendu que les
greffes livrées à la pleine terre seront étêtées à ce moment, si
elles sont de côté.
Le greffage d’automne, sous cloche, réussit moins bien ou
réclame plus de surveillance.
Pendant l’hiver, on garnit les rangs de cloches avec des
feuilles sèches, et on les couvre de paillassons ; mais il est bien
rare que les hivers rigoureux n’y laissent pas de traces
fâcheuses.
La greffe en placage est moins employée sous la cloche en
plein air parce que l’humidité, plus fréquente que dans la serre,
nuirait à la soudure du placage.
[5.1.2]Greffage en bâche. — La bâche se compose d’un
coffre tout bois, ciment, pierre ou maçonnerie, haut de 0m,60,
dont moitié sous terre et l’autre moitié hors de terre. Si, par
suite de la hauteur des sujets, on construit le coffre plus
profond, on creusera davantage le sol ; la partie hors de terre
restera la même.
La bâche supporte un châssis vitré ; par conséquent, on lui
donnera une largeur égale à la largeur du châssis, soit environ
1m,33.
Les jointures des châssis entre eux ou avec la bâche seront
capitonnées de mousse, afin d’empêcher la pénétration de l’air
extérieur.
Au fond de la bâche, on étend un lit de sable, de tannée, de
cendre de houille, épais de 0m,15 à 0m,20, pour y recevoir les
sujets en pot dès qu’ils ont été greffés. Au-dessous, un peu de
fumier frais et de terreau produira une légère chaleur de fond.

72
Sous bâche, le greffage est préférable en août pour les plants
en godet ; le multiplicateur greffe les sujets dans son
laboratoire, vers le mois d’août (de juillet en septembre), et les
place aussitôt sous la bâche. Le greffage en février-mars est
également convenable pour les sujets à racine nue ; on arrache
des plants à la pépinière, on les greffe et on les repique aussitôt
sous châssis, en pleine terre, sans les mettre en pot. Les plants
greffés ont le pied recouvert de terreau et la tête près du vitrage.
La soudure de la greffe n’arrivant guère qu’après cinq ou six
semaines de greffage, il faudra bien se garder d’aérer la bâche
avant cette époque. Après, on soulèvera modérément le châssis
avec une crémaillère, pendant quelques heures de la journée,
lorsque la température sera chaude.
Si le soleil est ardent, il convient d’en amortir les effets sur
les végétaux délicats en ombrageant par des claies, des nattes
ou des toiles étendues sur le vitrage, ou par le badigeonnage des
châssis. Mais pendant les premières semaines, on couvrira les
châssis avec des paillassons ; c’est un moyen de produire
l’étouffée sous la bâche, condition essentielle de succès.
Souvent, on provoque l’étouffée par l’introduction sous la
bâche et sur les greffes d’un second vitrage ou d’une cloche.
[fig34]

73
Fig. 34. — Emploi des paillassons sur les greffages sous verre.

La figure 34 représente des lignes de bâches, de châssis, de


cloches avec l’abri du paillasson. Au premier plan est installé le
métier à fabriquer les paillassons.
[5.1.3]Greffage dans la serre. — La serre à multiplication
dont nous figurons ici le modèle (fig. 35) est d’une construction
assez simple.

74
Elle est enfoncée de 0m,50 à 1 mètre dans le sol ; un lit de
0m,10 de sable et de débris de charbon de terre en assainit le
fond. Le mur d’enceinte a 0m,40 d’épaisseur ; la hauteur
intérieure de la serre est de 2 mètres, et la longueur des châssis
vitrés formant le double toit est de 1m,33.
[fig35]

Fig. 35. — Serre à multiplication.

Deux bâches intérieures de 0m,90 de large, séparées par le


chemin de service de 0m,70, sont destinées à recevoir les sujets,
aussitôt greffés.
Ces bâches sont remplies de tannée, de sable, de cendre de
houille ou de terre. Ayant ainsi la place pour deux bâches, on
pourrait remplacer l’une d’elles par une tablette ; on utiliserait
le dessous de cette tablette en y logeant les sujets en pot déjà
prêts à recevoir la greffe.
75
La bâche, pouvant aider à l’éducation de jeunes sujets ou à
faire réussir des plants soumis à la greffe-bouture et à quelques
opérations d’hiver, aurait alors le fond garni par une couche de
fumier frais mélangé de feuilles d’arbres et de terreau.
Les sujets étant greffés dehors ou dans la serre, on les
groupe, aussitôt greffés, sur la bâche ou sur la tablette, autant
que possible par espèces semblables ou analogues. On les
recouvre d’une cloche (fig. 33) qui les tiendra à l’étouffée tant
que l’agglutination ne sera pas définitive.
Tous les cinq à six jours, on essuie la buée condensée sur la
paroi intérieure de la cloche de verre, et on a soin de replacer
cette cloche de façon que les groupes de sujets soient enfermés
hermétiquement. La conservation de la buée serait moins
pernicieuse que l’oubli de recouvrir et d’étouffer les greffes.
Pendant les grandes chaleurs, on peut ombrager les cloches
avec une feuille de papier gris ou badigeonner extérieurement le
vitrage de la serre. Les Conifères, plus robustes que les arbustes
à feuillage persistant, réclament les mêmes précautions quand la
chaleur extérieure est forte et la greffe non encore soudée.
Dès que la soudure de la greffe est complète, ce qui arrive
après six à huit semaines d’étouffée, on enlève la cloche et on
laisse pendant trois ou quatre semaines le sujet greffé, dégagé
de cet abri, et restant encore sous le vitrage de la serre. Si l’on a
besoin de l’emplacement, on peut transporter immédiatement
les plantes dans une bâche, sous châssis ; plus tard, elles seront
livrées à l’air libre.
Dans la multiplication faite en serre, à défaut d’une cloche-
abri de la première période, on peut placer les plants greffés,
enterrés dans la bâche de la serre, côte à côte, inclinés

76
obliquement et recouverts d’une feuille de verre dont les
jointures seront couvertes de sable pour produire l’étouffée.
Quand la greffe sera soudée, on portera les plantes sous verre,
dans une bâche, en attendant leur mise en pleine terre.
[5.1.4]Soins après le greffage sous verre. — Après le
greffage, les sujets sont restés environ six semaines à
l’étouffée ; dès que l’agglutination en a été constatée, on les a
maintenus sous verre en aérant modérément sous la bâche, ou
en les dégageant graduellement de la cloche.
Si le greffage a été pratiqué à l’automne, on laissera sous
bâche les plants qui s’y trouvent greffés, et l’on mettra
également sous bâche vitrée ceux qui ont été opérés dans la
serre. Ils y passeront l’hiver. Une fois le printemps venu, on
soulèvera le châssis dans la journée ; de mars en mai, on
transportera les plantes en plein air, mais au nord d’une
construction ou d’un rideau d’arbres verts. Si, au contraire, le
greffage a été fait au printemps, on sortira, vers le mois de mai,
les plants greffés sous cloche ou sous bâche vitrée, et déjà
habitués à l’air, pour les porter à l’ombre des abris.
Quant aux sujets greffés en serre, ils viendront séjourner
pendant un mois sous châssis ; au moment des fortes chaleurs,
on ombragera dans la journée et on découvrira la nuit, puis on
transportera les plantes à l’ombre avant de les soumettre à l’air
libre. Les espèces délicates hiverneront sous châssis froid ou en
bâche recouverte, pendant les grandes gelées, de volets pleins
en bois sulfaté auxquels on adjoindra, si besoin est, une épaisse
couche de feuilles.
[5.1.5]Dans les pépinières, l’abri se compose d’une ligne
d’arbres verts à feuillage compact soumis à la tonte (fig. 36),

77
généralement en Thuia de Chine (Biota orientalis), souvent en
Thuia du Canada (Thuia occidentalis), et dirigée de l’est à
l’ouest ; sa façade plein nord sera le plus utile. Les arbres verts
sont plantés à 0m,60. On peut établir plusieurs abris par des
rangs parallèles espacés de 2 mètres au moins, en supposant
que les sujets soient étêtés à 2 mètres de hauteur. Des rideaux
plus élevés devraient être distancés en conséquence, évitant
ainsi d’occasionner une trop grande privation d’air. Avant de
planter les arbustes auprès des abris, on les change de pot en les
plaçant dans un vase plus grand.
On les enterre au pied des abris, par lignes groupées formant
plate-bande adossée à l’abri (fig. 36) ou encadrée d’un sentier.
Les plantes y resteront pendant une année ou deux, dans les
mêmes pots ; elles seront remportées lors du remaniement de la
planche ou plate-bande. Suivant leur nature, on pourrait
continuer à les placer auprès des abris, ou à les livrer à la pleine
terre, ou bien à les soumettre à l’intermédiaire de l’ombrelle ou
écran.
[fig36]

78
Fig. 36. — Abris pour l’éducation à l’air libre des plants greffés sous verre.

L’ombrelle est une ligne d’arbres à feuilles caduques plantés


dans les conditions indiquées aux arbres verts des abris. Le
Charme, le Hêtre, le Cornouiller, le Tamarix, le Tilleul et même
le Peuplier d’Italie, le Poirier avec branches taillées en rideau,
conviennent à cette destination. Les arbustes greffés sont
plantés en pot, en motte ou à racine nue, par planche adossée à
l’ombrelle ou dressée entre deux ombrelles.
Chaque fois que l’on change les arbustes de place, en pleine
terre ou en vase, on entoure la racine d’un compost plus
substantiel, se rapprochant davantage de la terre qui leur sera
79
donnée en dernier lieu ou qui convient à leur nature. Les terres
de bruyère mélangées de sable d’alluvion sont réservées au
premier âge. Les végétaux ligneux préfèrent une nourriture
substantielle aux engrais fermentescibles ou de courte durée.
Les poteries ouvertes sur le côté par quelques rainures
longitudinales sont propres à l’élevage des arbres et des
arbustes en pot.
Les arbustes greffés sous verre ont ainsi accompli les phases
d’acclimatement qui les ont amenés à la culture à l’air libre, en
pleine terre. Désormais, ils rentrent dans la loi commune.

80
VI. — PROCÉDÉS DE GREFFAGE

Les procédés de greffage sont très nombreux. Ils varient à


l’infini suivant les conditions où l’on se trouve ; le plus
souvent, le hasard ou la fantaisie leur ont donné naissance.
Prenant pour base notre expérience et nos observations, nous
décrirons les modes de greffage qui présentent un avantage
appréciable. En les modifiant, on en augmentera le nombre,
mais les uns et les autres se rapporteront aux types que nous
présentons ou seront appelés à rendre les mêmes services.
[0.1]Le classement méthodique des systèmes de greffage
devient difficile en présence de leur multiplicité. Les lignes
insaisissables de démarcation, les noms consacrés par l’usage
s’opposent à l’agencement d’une classification irréprochable.
Toutefois, on s’accorde à grouper les procédés de greffage en
trois grandes divisions :
I. — Les greffages en approche ;
II. — Les greffages par rameau détaché ;
III. — Les greffages par œil ou bourgeon détaché.
Nous donnerons dans la partie descriptive, à chaque
subdivision de greffage, un titre qui rappellera le genre
d’opération à pratiquer.
Voici, d’ailleurs, l’ordre dans lequel nous inscrivons les
divers procédés connus :

81
I. — GREFFAGE PAR APPROCHE.

Groupe 1. — Greffage par approche de côté.


Greffe par approche en placage.
Greffe par approche en incrustation.
Greffe par approche à l’anglaise.

Groupe 2. — Greffage par approche en tête.


Greffe en tête à l’anglaise.
Groupe 3. — Greffage par approche en arc-boutant.
Greffe en arc-boutant avec œil.
Greffe en arc-boutant avec rameau.

II. — GREFFAGE PAR RAMEAU DÉTACHÉ.

Groupe 1. — Greffage de côté sous écorce.


Greffe sous écorce par rameau simple.
Greffe sous écorce avec embase.
Greffe sous écorce à l’anglaise.
Groupe 2. — Greffage en couronne.
Greffe en couronne ordinaire.
Greffe en couronne perfectionnée.
Groupe 3. — Greffage en placage.
Greffe en placage ordinaire.
Greffe en placage à l’anglaise.
Greffe en placage en couronne.
Greffe en placage avec lanière.
Groupe 4. — Greffage en incrustation.
Greffe en incrustation en tête.
Greffe en incrustation de côté.

82
Groupe 5. — Greffage dans l’aubier.
Greffe dans l’aubier, en tête.
Greffe avec biseau plat.
Greffe avec biseau de biais.
Greffe dans l’aubier, de côté.
Greffe avec entaille droite.
Greffe avec entaille oblique.
Groupe 6. — Greffage en fente.
Greffe en fente ordinaire.
Greffe en fente, simple.
Greffe en fente, double.
Greffe en fente terminale.
Greffe terminale, ligneuse.
Greffe terminale, herbacée.
Greffe en fente sur bifurcation.
Groupe 7. — Greffage à l’anglaise.
Greffe anglaise simple.
Greffe anglaise compliquée.
Greffe anglaise au galop.
Greffe au galop, simple.
Greffe au galop, double.
Greffe anglaise à cheval.

III. — GREFFAGE PAR ŒIL OU BOURGEON.

Groupe 1. — Greffage par écusson.


Écussonnage sous écorce ou par inoculation.
Écussonnage ordinaire.
Écussonnage par incision cruciale.
Écussonnage par incision renversée.

83
Écussonnage en placage.
Écussonnage combiné.
Groupe 2. — Greffage en flûte.
Greffe en flûte ordinaire.
Greffe en flûte avec lanières.

Tous les procédés de greffage sont pratiqués en tête du sujet,


ou de côté.

[1]

I. — GREFFAGE PAR APPROCHE


[1.1]

préceptes généraux

Le greffage par approche est le plus ancien de tous ; les


auteurs de l’antiquité en ont parlé. La nature en fournit des
exemples dans les forêts et les bois, dans les haies et les
charmilles, où l’on rencontre des arbres unis entre eux par leurs
couches ligneuses, conséquence de leur frottement prolongé, de
leur contact intime.
Le greffage par approche consiste donc à souder deux arbres
par leur tige ou leurs branches. Dans certains cas, c’est une
branche du sujet qui sera greffée sur lui-même.
L’époque de greffer en approche commence avec la sève et
finit avec elle, de mars en septembre. Le sujet et le greffon sont
à l’état ligneux ou herbacé, l’opération reste la même.

84
Avec le greffage par approche, on n’effeuille pas le greffon,
comme avec d’autres systèmes, parce que le greffon reste
adhérent à l’arbre-mère ou garde ses racines en terre au moment
de son application sur le sujet.
On entame le sujet et le greffon au moyen d’une ablation de
bois et d’écorce identique sur les deux parties, de manière à les
faire joindre intimement, en les réunissant. Pour faciliter la
soudure, on applique une ligature et un engluement ; on
ajoutera un support, un tuteur ou un lien, s’il s’agit de deux
arbres distincts.
Après une saison au moins de végétation, quand
l’agglutination est certaine, on procède au sevrage ; l’élève est
isolé de la mère et vivra de ses propres éléments.
Nous établissons trois catégories de greffes en approche : 1o
les greffes de côté, pour lesquelles on conserve la sommité du
greffon lors de son insertion sur le sujet ; 2o les greffes en tête,
le greffon venant s’incruster sur le sujet préalablement écimé ;
3o les procédés dits en arc-boutant, où le greffon, écimé, sera
inoculé par son sommet sous l’écorce du sujet.
[1.2]

Groupe 1.
greffage par approche de côté

Le greffon est un arbre ou une branche appartenant à un arbre


distinct du sujet ou un rameau appartenant au sujet lui-même.

85
Le sommet du greffon est gardé tout entier, au-dessus de son
point de contact avec le sujet ; cependant s’il est trop long, on le
taille au-dessus de la greffe, soit à deux ou trois yeux s’il s’agit
d’un rameau, soit à 0m,10, 0m,20 ou 0m,30 si le greffon est une
branche ramifiée.
Le mode d’assemblage du sujet avec le greffon constitue
divers procédés qui empruntent leur nom à d’autres méthodes
de greffage : en placage, en incrustation, à l’anglaise.
[1.2.1]Nous signalerons pour mémoire le greffage par
approche en travers ou en biais ; le greffon s’incruste dans
l’écorce du sujet, obliquement de droite à gauche ou de gauche
à droite. Forsyth, arboriculteur anglais, a été un des premiers à
l’indiquer dans la réfection des arbres mal formés. Les Japonais
greffent ainsi les variétés de l’Érable polymorphe et, par ce
système, nous avons garni de branches des Pêchers dénudés, —
ne pouvant faire mieux.
[1.2.2]Greffe par approche en placage (fig. 37). — Le
greffon (A) subit une entaille (a) qui enlève les couches
d’écorce et d’aubier.
[fig37]

86
Fig. 37. — Greffe par approche en placage (Bouleau).

Le sujet B est entamé en b jusqu’à l’aubier, par une rainure à


fond plat, d’une dimension combinée avec la plaie (a) du
greffon. Les deux parties sont réunies en C. On ligature aux
points de contact ; l’engluement est rarement nécessaire, sauf
quand la sève est au repos.

87
[1.2.3]Greffepar approche en incrustation. (fig. 38). — Le
greffon (D) est légèrement avivé (d) sur deux faces. Le sujet (E)
est préparé (e) par
[fig38]

Fig. 38. — Greffe par approche en incrustation (Aune).

88
une ouverture angulaire dans laquelle le biseau (d) du greffon
devra s’incruster parfaitement, comme on le voit en F. Ce
greffage est applicable aux espèces à bois dur, ou lorsque la
périphérie du greffon est dite méplate, ou elliptique.
Un greffeur habile se sert du greffoir ou de la serpette pour
pratiquer l’entaille ; l’amateur préférera probablement la gouge
angulaire.
[1.2.4]Greffe par approche à l’anglaise, de côté (fig. 39). —
Il est un moyen de consolider naturellement la greffe par
approche : c’est en ouvrant sur les deux parties, où l’écorce est
avivée, une série de languettes et d’encoches réciproques (A et
B, fig. 39) qui viennent s’assembler en C.
[fig39]

89
Fig. 39. — Greffe par approche à l’anglaise, de côté (Hêtre).

Au lieu d’être sur parties ligneuses, la greffe peut mettre en


contact des parties vertes. Voici un exemple de la greffe en
approche herbacée (fig. 40) qui a été tentée dans le vignoble
phylloxéré. Les plants (A et B) rapprochés l’un de l’autre sont
greffés à l’anglaise (C) en mai-juin.
[fig40]

90
Fig. 40. — Greffe par approche herbacée, et buttage de plants de Vigne.

En même temps, les sommités des rameaux sont écimées en


a et b et liées ensemble pour se [fig41] soutenir mutuellement.
Un tuteur est indispensable et, pour assurer le succès de la

91
greffe de Vigne, un apport de terre
immédiat tel que notre dessin
l’indique doit séjourner toute l’année.
Le sevrage aura lieu au printemps
suivant.
La même opération peut être faite
avec deux sarments-boutures (A et B,
fig. 41). Ils sont greffés à l’anglaise
(en C), opération faite à l’abri. On les
plante en pépinière en les buttant de
terre jusqu’au sommet. L’évolution
des yeux (a et b) de tête excitera le
développement des racines et la
soudure de la greffe.
Cette greffe en approche par
double bouture réussit mieux quand
les deux rameaux-boutures, ayant
passé l’hiver en jauge, ont les
mamelons radicellaires apparents à
leur base, au moment du greffage ; la
sève est déjà en mouvement.

92
Fig. 41. — Greffe par approche à
l’anglaise, de sarments-boutures.
[1.3]

Groupe 2.

greffage par approche de tête

La greffe par approche, en tête, a sa raison d’être lorsque le


greffage de côté est difficile à pratiquer ou lorsque l’on craint
une agglutination lente.
[fig42]

93
Fig. 42. — Greffe par approche à l’anglaise, en tête (Noisetier).

Le sujet sera étêté au moment du greffage, et le greffon


inséré à son sommet. En dehors de la tige, les branches latérales
peuvent recevoir cette greffe. L’essentiel est que l’arbre étalon
ait assez de rameaux-greffons faciles à rapprocher du sujet.
Les modes de greffage déjà décrits sont applicables ici ; mais
la greffe anglaise offrira plus de chances de succès dans
l’assemblage.

94
Si la tige du sujet était ramifiée, on coursonnerait les
ramifications inutiles pour les retrancher plus tard ou même les
greffer.
[1.3.1]Greffe par approche à l’anglaise, en tête (fig. 42). —
Au moment du greffage, on étête le sujet (B, fig. 42)
immédiatement au-dessus d’un bourgeon, qui fera fonction
d’appelle-sève. On y amène le greffon (A) pour bien s’assurer
des points de contact, alors on taille le sommet du sujet en
biseau ; au tiers supérieur du biseau, on pratique un simple cran
(B) de haut en bas. Le greffon sera légèrement écorcé sur une
étendue analogue ; on ouvrira aux deux tiers, vers la base de la
plaie, un petit cran (A) de bas en haut. Assembler languette et
encoche ; ligaturer (C), enfin mastiquer les parties mises à nu.
[1.4]

Groupe 3.
greffage par approche en arc-boutant

Plus spécialement employée pour la restauration des


végétaux, cette variété de la greffe en approche est en même
temps utile à leur multiplication. On l’emploie d’avril en juillet.
La principale différence entre ce groupe et ceux qui
précèdent, consiste dans l’étêtage du greffon et dans son
inoculation sous l’écorce du sujet. La coupe supérieure du
greffon est pratiquée sous un œil ou sous une ramification, de
manière que l’un ou l’autre se trouve enchâssé dans le sujet
après l’inoculation. Le greffon sera écimé et taillé en biseau plat

95
dit pied-de-biche, aminci au sommet jusqu’à extinction du liber,
sur la face opposée à la naissance du bourgeon qui constituera
le développement de la greffe ; on inoculera ce sommet
T
biseauté sur le sujet au moyen d’une incision en T renversé ( ).
La place de celle-ci est calculée d’après la longueur du greffon,
mais on l’ouvre à 0m,02 plus bas, de telle sorte que, pour
introduire le greffon, on l’arque légèrement en lui imprimant un
mouvement de retraite de haut en bas, puis on le glisse sous les
lèvres de l’incision comme s’il s’agissait d’un arc-boutant.
Les deux modes principaux de greffage en arc-boutant ne
sont applicables que pendant l’état de sève du sujet, soit à la
montée de la sève, avec greffon ligneux, soit au commencement
de l’été, avec greffon herbacé, arbre ou rameau.
[1.4.1]Greffeen arc-boutant avec œil (fig. 43). — L’œil étant
choisi comme bourgeon terminal, nous taillons le greffon en
biseau plat (S) aminci jusqu’au liber vers le sommet ; nous
l’inoculons sous l’écorce du sujet (T) soulevée (en V). Nous
ligaturons (X) en ménageant l’œil du greffon placé sur le dos du
biseau. L’œil du sujet, au-dessus de la greffe, eu hâtera
l’agglutination.
Le chapitre de la restauration des arbres défectueux donnera
l’emploi de ce système avec greffon herbacé, appliqué en été.
[fig43]

96
Fig. 43. — Greffe par approche en arc-boutant, d’un œil.

Lorsqu’on ne peut soulever l’écorce du sujet, on fait pénétrer


l’outil dans l’aubier et l’on y introduit le greffon taillé en
double biseau.
[1.4.2]Greffage en arc-boutant avec rameau (fig. 44). — Le
greffon (L) portant un rameau anticipé (M) sera écimé à 0m,02
au-dessus, et taillé en biseau plat (N) à l’opposé du rameau ; on
prendra garde d’affaiblir l’épaisseur du biseau, sauf à la pointe
qui sera amincie en lame de couteau jusqu’à l’écorce. On ne
retranchera pas les feuilles de la branche ni celles du greffon.

97
Le sujet est un arbre distinct ou une branche (O) portant le
rameau-greffon. L’incision (P) y est pratiquée de manière que
l’introduction du greffon s’obtienne comme on le voit (en R).
On ligature et, si la partie greffée est frappée par le soleil, on la
couvre de boue ou d’onguent.
[fig44]

Fig. 44. — Greffe par approche en arc-boutant, d’un rameau.

[1.5]

98
soins après le greffage par approche

L’emploi de deux sujets distincts, conservant leurs rapports


de végétation, nécessite l’application de liens, de supports, de
tuteurs ou de crochets (fig. 46) pour fixer les tiges et les
branches greffées dans une position aussi invariable que
possible.
Si la ligature a pénétré dans l’écorce du sujet, on l’enlève, et
si l’on craint que l’agglutination soit inachevée, on place un
nouveau lien.
Le soin ultérieur le plus important consiste dans le sevrage
de la greffe.
[1.5.1]Sevrage de la greffe par approche (fig. 45). — En
horticulture, on entend par sevrage l’action d’isoler le sujet de
la plante-mère en coupant la branche ou la tige qui les relie,
l’un à l’autre. Cette opération complémentaire s’impose dès que
l’élève peut se passer, pour vivre, du concours de la mère
nourricière.
Le sevrage de la greffe comprend une double opération :
1o Retrancher la tête du sujet, au delà de la greffe ;
2o Couper le rameau-greffon, en deçà de la greffe.
Il est prudent de procéder graduellement dans l’ensemble et
dans les détails de l’opération.
On commencera par couper la tête du sujet ; ensuite on
détachera le greffon de la mère ; on procédera dans les deux cas
par une série de retranchements successifs, afin d’éviter les
réactions produites par des mutilations radicales. Plus les

99
parties rapprochées par la greffe sont jeunes et vigoureuses,
plus promptement s’opérera leur agglutination.
[1.5.2]Écimage du sujet. — Étant donnée une greffe par
approche de côté (fig. 45), les mutilations opérées sur la tête du
sujet (B) peuvent commencer quinze jours après le greffage, s’il
a été pratiqué au début de la sève et si les apparences de la
réussite sont bonnes.
[fig45]

100
Fig. 45. — Sevrage de la greffe en approche.

101
On retranche déjà les extrémités des branches principales
(b) ; huit jours après, on les rapproche à 0m,10 ou 0m,20 Quand
la soudure est certaine, on raccourcit la tige en deux ou trois
fois, de manière à laisser un moignon de 0m,10 (b') au-dessus de
la greffe et garni de petits rameaux d’appel s’il est possible.
Avec une greffe de printemps, on arrive à ce demi-sevrage
vers la fin de l’été ; l’agglutination s’achèvera avant l’hiver.
Mais si le greffage a été pratiqué plus tard, on se bornerait,
avant l’hiver, à diminuer les branches de la tête, dès que la
cicatrisation serait en bonne voie. L’étêtage définitif à 0m,10
(b') au-dessus de la greffe (c) serait réservé pour le printemps
suivant, à la montée de la sève.
L’onglet est conservé pendant une saison pour servir à
l’accolement de la greffe ; il y attire la sève au moyen de ses
bourgeons. On le supprimera (en b'') lorsque l’on jugera la
soudure complète et la force de résistance du greffon suffisante.
Il n’y aurait aucun inconvénient à couvrir la plaie d’un
engluement et à maintenir le tuteur encore quelque temps.
[1.5.3]Séparation de la mère. — La séparation de la mère (A,
fig. 45) est un acte important, en ce sens qu’il abandonne
l’élève à ses propres ressources, l’arbre-mère n’étant plus
appelé à le nourrir.
En principe, la séparation totale ne doit pas être accomplie
avant qu’une saison complète de végétation ait passé sur la
greffe (c). En fait, on devance quelquefois ; nous ne pouvons
recommander ce procédé. Le greffeur appréciera.
Toutefois, le greffon doit rester adhérent à la mère (A) tant
que la liaison n’est pas un fait accompli. On en juge par le

102
bourrelet qui se forme aux points de soudure du greffon sur le
sujet (B) et à la végétation relative des deux parties.
En cas de doute, il convient d’agir prudemment, de préparer
le jeune arbre à se nourrir sans le secours de l’arbre-mère. On
l’y habitue en pratiquant des entailles ou des incisions sur le
bras qui relie la mère au sujet. Une seule entaille (a) peut
suffire ; mais on l’avive au bout de huit ou quinze jours, en la
rendant plus profonde. Au lieu d’une incision unique, on peut
encore amener la séparation graduellement par une succession
d’encoches pénétrant l’écorce et le bois, ou de crans circulaires
(a’), de bagues pratiquées sur le bras de la greffe ; on les
commencerait à une certaine distance de la greffe en les
accentuant ensuite et en les rapprochant. Enfin on arrive à
couper net (a") contre le sujet, et l’on englue l’amputation s’il y
a lieu.
On voit en (C), l’arbre greffé en (c’) vivant de ses propres
forces et tenu pendant quelque temps avec un tuteur attaché au-
dessous et au-dessus de la greffe ; ce protecteur lui donnera une
direction rectiligne.
Rappelons au greffeur que, plus le climat est chaud ou plus la
greffe est herbacée, plus promptement se formera le tissu
cicatriciel, et plus tôt on pourra pratiquer le sevrage.
[1.6]

103
application du greffage par approche à la
multiplication des végétaux

Sous tous les rapports, il est préférable que le greffon soit à


proximité du sujet. Le travail de la greffe en est simplifié.
Dans les pépinières bien ordonnées, on plante les arbres-
étalons dans les emplacements destinés au greffage par
approche, soit avant la plantation des sujets, soit en même
temps.
Si l’on plante des mères et des sujets assez forts pour être
greffés de suite, il faut attendre une année au moins de
végétation. Les racines se lient au sol et la soudure de la greffe
est plus certaine.
On choisit des arbres-étalons et des sujets qui puissent être
greffés avec succès ; on leur donne une forme élevée ou
branchue de manière à faciliter leur rapprochement au moment
du greffage. Le même étalon peut servir au greffage de
plusieurs sujets.
La figure 46 expose plusieurs moyens de rapprocher, par la
greffe, des sujets de dimensions inégales, auprès d’un étalon
commun.
Ici le sujet, assez élevé, est greffé à haute tige par un greffon
placé à la même hauteur, tandis que son voisin, trop grand, doit
être penché vers le sol pour se prêter au contact du greffon ;
celui-ci est opéré à haute tige, celui-là à demi-tige, l’autre à
fleur de terre. Parmi les sujets plantés en pot, les uns seront
placés sur un support qui les élèvera à la hauteur de l’étalon, les
autres recevront le greffon, le vase restant enterré dans le sol.

104
Les sujets étant jeunes et les greffons assez flexibles, on arrive
ainsi à les réunir aux endroits qui offrent le plus de chances
pour le greffage.
[fig46]

Fig. 46. — Greffage en approche de jeunes sujets auprès d’un arbre étalon.

Dans les établissements commerciaux, on possède


quelquefois des arbres nouveaux en petits exemplaires cultivés
en pot. Si l’on tient à les propager sur des arbres à haute tige, on
plante des sujets assez grands et l’on amène l’étalon à leur
hauteur avec l’aide d’un support. La figure 47 fournit un
échantillon de ce genre de travail. Afin de soustraire l’étalon à
l’influence de la sécheresse, il conviendra de placer le vase dans

105
un autre plus grand, et de garnir l’intervalle avec de la mousse
que l’on tiendra humide.
[fig47]

106
Fig. 47. — Groupe de sujets greffés par approche avec un étalon
élevé à leur hauteur.

Un exemple diamétralement opposé au précédent se


rencontre assez souvent dans les pépinières. L’arbre type est
très fort et branchu ; l’étendue de ses racines et l’ombre de son
107
feuillage ne permettent guère la plantation de jeunes élèves
autour de lui. Pour le multiplier, il suffira de cultiver les plants
sujets en pot ; à partir de leur seconde année de végétation, on
les transportera dans le branchage du porte-greffes. À cet effet,
on dressera un échafaudage à gradins qui mettra les sujets à la
portée des rameaux greffons. Les pots étant logés, perchés sur
une tablette, on les entoure d’un lit de mousse, de tannée, de
sable ou autre matière peu lourde qui conserve la fraîcheur, les
arrosages y étant difficiles à pratiquer et les pluies de l’été se
trouvant interceptées par le feuillage de l’arbre.

[2]

II. — GREFFAGE PAR RAMEAU DÉTACHÉ


[2.1]

préceptes généraux

Le sujet est un végétal complet ou à peu près, car nous


emploierons quelquefois une branche-bouture ou un fragment
de racine. Il est élevé sur place ou en pépinière, ou bien il a été
cultivé en pot pour être greffé sous verre, à l’étouffée. Les
sujets complets sont généralement greffés en place ;
quelquefois, pour les greffages pratiqués pendant le repos de la
sève, on déplante les sujets pour les greffer en jauge ou à l’abri.
Les sujets-boutures seront greffés à l’abri.
Le greffon est un rameau ou une fraction de rameau portant
au moins un œil ; sa longueur est de 0m,04 à 0m,15. On emploie
des greffons courts pour les espèces à bourgeons rapprochés, ou

108
d’une multiplication précieuse, et des greffons longs lorsque le
greffage s’accomplit dans un pays froid.
Ainsi que nous le disions, page 56, le greffon peut être
détaché à l’avance de l’arbre étalon, quand la sève est au repos,
pour les greffages de printemps ; on le conserve alors à l’ombre
d’un arbre ou d’un bâtiment (fig. 32), la base enfoncée dans du
sable fin, le sommet abrité avec de la paille. S’il ne doit être
employé qu’après la montée de la sève, on le garde dans une
cave, couché complètement dans le sable ou placé dans une
caisse plate enfoncée dans le sol (B, fig. 32).
Il est toujours préférable de préparer ses provisions de
greffons avant l’arrivée des grands froids qui pourraient, sans
cette précaution, les fatiguer ou les détruire sur l’arbre.
Avec certaines espèces à épiderme délicat, susceptibles de
pourrir en terre : Althéa, Cytise, Robinier, Févier, il est
préférable de couper le greffon peu de temps avant le greffage,
alors que la sève monte et gonfle les bourgeons.
Les greffons d’espèces toujours vertes ne seront détachés
qu’au moment d’être greffés, et on leur laissera les feuilles, sauf
les plus grandes qui peuvent être coupées à moitié. Les espèces
à feuille caduque, greffées en été, auront leurs greffons séparés
de l’étalon, moins de vingt-quatre heures avant le greffage ; on
les effeuillera dès qu’ils se trouveront isolés. — Effeuiller un
greffon, c’est couper la feuille sur son pétiole (Voir fig. 88.).
En général, il importe peu au succès de l’opération que le
bourgeon supérieur de la greffe soit l’œil terminal ou un œil
latéral. — Un rameau trop long sera raccourci et pourra, au
besoin, fournir plusieurs greffons. Avec des végétaux à bois
creux, on choisit la base du greffon sur bois de deux ans.

109
Pour faciliter l’assemblage et l’agglutination des deux
parties, le greffon sera plus ou moins entaillé à la base dans la
moitié de sa longueur ; cette partie avivée se nomme biseau.
On fait en sorte d’appliquer le greffon sur le jeune arbre, en
face ou à peu près d’un bourgeon du sujet à la hauteur de la
greffe ; son rôle sera d’y appeler la sève et de fortifier les
soudures.
La ligature et le mastic sont utiles dans le greffage par
rameau.
Avant leur végétation ou s’ils ont été greffés pendant la sève,
les greffons insuffisamment ligneux ou exposés au hâle seront
préservés avec un cornet de papier formant écran.
Lorsqu’il s’agit de greffages rez-terre ou au-dessous du
niveau du sol, il convient de préserver les greffons des coups de
soleil et du hâle, et d’éviter le retrait produit par les dégels et les
crues d’eau, en les abritant avec de la paille.
Dans les pays froids, et non loin de la mer, la température
basse et les vents secs qui persistent jusqu’en été nuisent à la
reprise de la greffe.
Voici comment obvient à cet inconvénient MM. Looymans à
Oudenbosch, en Hollande. D’abord le greffage est pratiqué
aussi tard que possible, tant que les greffons ne pressent pas,
ceux-ci ayant été coupés en janvier et mis tout entiers en terre et
à l’abri, à 0m,30 de profondeur. Au moment du greffage, le
greffon étant coupé de longueur, on trempe sa partie supérieure
dans un bain chaud de mastic à greffer, pour la plonger aussitôt
après dans l’eau froide. La partie inférieure, tenue à la main,
reste exempte de mastic. On taille ensuite le biseau, et le
greffage se termine dans les conditions ordinaires. Les

110
bourgeons perceront eux-mêmes cette cuirasse préservatrice
assez mince dans son épaisseur.
Les pépiniéristes de Vitry (Seine) visent au même but
lorsqu’ils badigeonnent les greffes dès que l’engluement est
séché. Ce pralinage de terre argileuse est aujourd’hui préféré au
cornet de papier d’autrefois.
Les groupes du greffage par rameau sont les greffes sous
écorce, en couronne, en placage, en incrustation, dans l’aubier,
en fente et à l’anglaise.
[2.2]

Groupe 1.
greffage de côté sous écorce

[2.2.1]Préceptesgénéraux. — Nous voulons inoculer un


rameau sur le côté d’une tige et sous son écorce ; le sujet doit
être en végétation. L’opération se fait : 1o en avril-mai, à la
montée de la sève, elle est dite à œil poussant ; 2o de juillet en
septembre, c’est une greffe à œil dormant.
Dans le premier cas (à œil poussant), on emploie des
rameaux-greffons de l’année précédente, conservés en terre ou
à la cave ; la sève étant en mouvement dans les plantes lors de
leur emploi, la greffe se développera dans le cours de la même
année.
Dans le deuxième cas (à œil dormant), où la greffe ne se
développera que l’année suivante, on choisit des scions de

111
l’année, détachés de l’arbre étalon le jour du greffage ; on les
effeuille, s’il s’agit d’espèces à feuilles caduques. Nous avons
dit que les greffons de végétaux à feuillage persistant ne
seraient détachés de l’étalon qu’au dernier moment et ne
seraient pas effeuillés.
Pour ces deux systèmes, les sommités de rameau avec
bourgeon terminal constituent d’excellents greffons.
[2.2.1.1]Greffe sous écorce par rameau simple (fig. 48). —
Ce procédé est important pour restaurer des arbres défectueux,
pour obtenir des branches où il en manque et changer la variété
de sujets âgés. Le greffon ligneux se prêtera mieux à
l’inoculation sous de vieilles écorces que le bourgeon de
l’écussonnage. Le greffage sous écorce, recommandé en 1739,
par « de La Rivière et Du Moulin, » décrit par La Bretonnerie
en 1780, par Calvel en 1800, dédié par Thouin, en 1820 à
Richard, de Trianon, est fort utile à la multiplication des
végétaux ; dans ce but, il n’est pas assez employé.
Le greffon (B, fig. 48) est un petit rameau ou un fragment de
rameau, long de 0m,10 à 0m,20 ; on taille la moitié inférieure en
biseau plat, allongé et aminci jusqu’au liber, vers la pointe (B).
Le sommet du biseau partant d’un œil (a), il en résultera que le
coussinet sera le point d’appui qui écartera légèrement du sujet
la tête du greffon.
Le greffon étant taillé, on pratique sur le sujet (A), en deux
coups de greffoir, une double incision (C) en T qui traverse
l’épaisseur des couches corticales, et s’arrête à l’aubier. Avec la
spatule de l’outil, on soulève les lèvres de l’incision et l’on y
glisse le greffon, de manière que le sommet de son biseau
aboutisse au cran transversal du T sur le sujet.

112
On ligature (D), et s’il reste un vide à la jonction des deux
parties, on préserve de l’action de l’air les tissus entamés, avec
une feuille d’arbre, de l’onguent ou de la boue.
Quand il s’agit d’introduire une branche sur un arbre qui en
manque, au lieu d’une incision en T, on pourrait se contenter
d’une simple ouverture en œil-de-bœuf par laquelle on
glisserait le greffon, mais il conviendrait alors de faciliter ce
glissement par l’introduction préalable d’une petite tige
biseautée en buis ou en os ; c’est la vraie greffe en coulée.
Si l’on veut obtenir une branche formant un angle ouvert
avec la tige du sujet, on choisit un greffon coudé ou courbé ; le
biseau, sur la partie convexe, s’appliquera contre le sujet, tandis
que le sommet rejeté en dehors donnera la direction inclinée au
membre projeté. L’œil (c) au dos du greffon pourrait fournir la
branche désirée.
[fig48]

113
Fig. 48. — Greffe sous écorce par rameau simple.

Un point sur lequel nous appelons l’attention, c’est la taille


du greffon. Le biseau part de l’œil (a) qu’il détruit pour finir en
(b) dans l’écorce même. Le coussinet de l’œil (a) formant
épaulette, le greffon s’appliquera mieux sur le sujet (A) sans
nécessiter une entaille d’écorce en tête du T.
Il est bon de ménager l’œil (c) au dos du biseau ; il se
développera moins si l’on accorde toute liberté d’expansion aux
yeux de tête (a’, a"), mais ce sera un bourgeon de réserve.
Dans la multiplication de certains arbres, comme le Hêtre et
le Bouleau, on emploie des greffons ramifiés, âgés de deux ou
trois ans, et on taille le biseau assez mince vers la pointe. Pour

114
d’autres sortes, Cornouiller, Fusain, Lilas, Marronnier, Olivier,
Oranger, Tilleul, on prend les greffons sur des rameaux d’un an.
[2.2.1.2]Greffe sous écorce à l’anglaise (fig. 49). — La crainte
de voir se disjoindre deux parties simplement appliquées l’une
contre l’autre nous a fait imaginer un moyen de les agrafer.
Au lieu d’un T tranchant seulement l’écorce du sujet (B), le
trait supérieur (C’), grâce à un coup de greffoir plus prononcé,
pénétrera l’aubier en biais, de haut en bas, tandis que le trait
longitudinal (C) ne tranchera que l’écorce.
De son côté, le greffon (A) est d’abord préparé comme celui
du greffage précédent ; puis, en tête du biseau un coup de
greffoir de bas en haut, parallèle à l’axe, ou à peu près, fend
l’aubier en long (A’) sur une faible étendue.
À l’assemblage (c), le greffon glissant sous l’écorce du sujet,
s’y accrochera en tête dans l’incision (C’) au moyen de la
languette (A’) résultant l’une et l’autre d’une entaille
préméditée.
On comprend qu’une greffe semblable résiste mieux aux
bourrasques, au poids du feuillage des bourgeons de certaines
espèces, comme le Marronnier, et susceptibles de les ébranler.
[fig49]

115
Fig. 49. — Greffe sous écorce, à l’anglaise.

Ce procédé nouveau appelé par quelques-uns « greffe


Baltet » relie le greffage sous écorce au greffage dans l’aubier.
[2.2.1.3]Greffepar rameau avec embase (fig. 50). — On a
recours à ce procédé pour multiplier quelques végétaux,
particulièrement l’Érable, le Cornouiller. La bonne saison pour
opérer est en août-septembre, le greffage se pratiquant plutôt à
œil dormant ; c’est en quelque sorte le greffage d’un rameau par
écusson.

116
On choisira pour greffon un rameau court (X, fig. 50). Avec
le greffoir, on le détache de la branche qui le porte, mais en
conservant un plastron d’écorce (V) de cette branche au delà et
en deçà de la naissance du rameau greffon. La manière de lever
cette embase est à peu près celle que nous décrirons plus loin à
l’écussonnage (Voir fig. 90).
[fig50]

Fig. 50. — Greffe de côté par rameau avec embase


(Érable jaspé, de Pensylvanie).

117
Il n’y a pas à redouter la présence de fibres ligneuses sous
l’embase (V) ; il y aurait, au contraire, du danger à les enlever.
On se bornera à en aplanir la surface avec la lame de l’outil.
Sur le sujet (Y), on ouvre une incision (Z) en T qui pénètre
seulement la couche d’écorce ; avec la spatule, on soulève les
lèvres de l’incision et l’on y glisse le greffon par son plastron
(V).
On ligature (A). L’engluement est inutile.
Dans la restauration des arbres fruitiers, nous avons
quelquefois employé, à titre de greffons, des rameaux longs de
0m,50 et munis d’une embase de 0m,10. On les effeuille huit
jours à l’avance sur l’arbre-mère, pour les disposer à la
séparation ; en les couvrant avec des feuilles d’arbre ou de la
boue aussitôt le greffage terminé, on évitera leur dessèchement.
La greffe avec branche complète, recommandée dans le même
but par Roger-Schabol, en 1782, a échoué par suite de l’absence
de ces précautions.
[2.2.2]Soins après le greffage de côté sous écorce. — Pour le
greffage à œil dormant, les soins particuliers consisteront à
étêter le sujet après l’hiver, à 0m,10 au-dessus de la greffe, et à
palisser immédiatement la sommité du greffon ligneux afin
d’éviter une tige coudée au point de la greffe.
Le premier procédé, par rameau simple, lorsqu’il est employé
à la restauration des arbres, n’oblige pas à l’amputation du
sujet ; mais, pour hâter le développement de la greffe, on
ouvrira, au printemps, un cran sur le sujet à 0m,01 au-dessus
d’elle (Z, fig. 58). En même temps, on taille les branches
placées au-dessus de la greffe.

118
Une baguette formant tuteur est indispensable au palissage de
la jeune greffe.
Quand le greffage est fait à la montée de la sève, il convient
d’embouer le greffon pour le préserver de l’action du soleil et
du hâle.
[2.3]

Groupe 2.
greffage en couronne

Logiquement, le greffage en couronne pourrait être confondu


avec le groupe précédent, greffage sous écorce, celui-ci en
tête, celui-là de côté. Nous avons préféré conserver le nom
consacré par l’usage. André Thouin avait dédié la greffe en
couronne à Pline et à Théophraste, qui l’ont décrite et
recommandée.
[2.3.1]Préceptes généraux. — Le greffage en couronne est
d’un bon emploi pour un grand nombre d’arbres et d’arbustes
de divers genres. On le pratique au printemps aussitôt que
l’écorce se détache de l’aubier, mais on aura la précaution de
préparer, d’étêter les sujets trois ou quatre semaines avant de les
greffer et même à l’automne précédent. Cet étêtage préalable,
dit ébottage du sujet, permettra de greffer plus tard encore avec
succès. Au moment de poser les greffes, on rafraîchit avec la
serpette les plaies plus ou moins vivaces ou séchées.

119
Les rameaux à greffer sont coupés en hiver et conservés (Voir
page 56) jusqu’à l’ascension de la sève ; l’essentiel est qu’ils ne
bourgeonnent pas encore, et que l’écorce reste vive. Au moment
du greffage, le sujet peut bourgeonner, mais le greffon, non.
Le greffon est un fragment de rameau long de 0m,05 à 0m,12
environ. La moitié supérieure aura deux ou trois yeux ; la partie
inférieure sera taillée en biseau plat dit pied-de-biche ou bec-
de-flûte ; le biseau doit commencer en face d’un œil, traverser
l’étui médullaire et se terminer en s’amincissant ; ainsi purgé de
moelle, il se soudera mieux au sujet ; il ne faut donc pas lui
laisser trop d’épaisseur. Un petit cran ménagé à la partie
supérieure du biseau est utile, en ce sens qu’il permet d’asseoir
le greffon à plat ou à cheval sur le sujet, suivant sa coupe plane
ou oblique.
L’insertion de cette greffe se fait en tête du sujet, sur la
coupe, entre l’écorce et le bois ; on amincit les deux faces de la
pointe du biseau pour en faciliter le glissement : souvent le
greffeur se contente d’humecter cette pointe entre ses lèvres.
Les greffeurs ont habituellement à leur disposition un petit
instrument en bois ou en ivoire, aminci vers la pointe, qui leur
sert à préparer, à essayer le logement du greffon. Ils
introduisent cet instrument à l’endroit désigné, le retirent et
placent aussitôt le greffon dans l’ouverture. Avec cette
précaution, on n’a pas à craindre de briser les rameaux délicats
ni d’en déchirer l’écorce.
On saisit le greffon par la tête et on le fait glisser entre le
liber et l’aubier. On n’ouvre pas l’écorce ; c’est le greffon qui la
détache de l’aubier sous la pression de la main.

120
L’introduction de la greffe est facilitée dans la plupart des cas
par la circulation de la sève qui isole le liber de l’aubier.
Cependant il peut arriver que des greffons d’un gros volume
menacent de déchirer les tissus ; alors, pour éviter cette
déchirure, le mieux est de fendre l’écorce du sujet (D, fig. 51)
par un coup de greffoir en long, au moment d’y placer le
greffon.
Plus un tronçon à greffer est gros, plus nombreux devront
être les greffons qu’on y placera ; toutefois, pour rendre la
soudure plus complète, ils conserveront entre eux un intervalle
dont le minimum serait de 0m,05.
Une ligature demi-serrée, ne comprimant pas trop l’écorce,
est nécessaire après l’insertion des greffes. On applique
l’onguent sur les plaies et sur l’écorce du sujet qui recouvre le
greffon, afin de prévenir les déchirures. On facilitera
l’adhérence ; du mastic en épongeant le liquide séveux qui
suinte des parties tranchées au vif.
En greffant en couronne un sujet rez terre, il n’y a pas
d’inconvénient à butter le tronc jusqu’aux yeux supérieurs de la
greffe ; on évitera un dessèchement toujours nuisible et, avec
certaines espèces, il se formera, sur les incisions, des racines
qui aideront à la rapidité de la végétation.
Le greffage en couronne est pour ainsi dire indispensable
quand on agit sur de gros arbres ; on peut y insérer un assez
grand nombre de branches qui répondent, par réciprocité, à la
nourriture fournie par les racines.
[fig51]

En dehors de l’époque indiquée pour le greffage en


couronne, on pourrait le pratiquer, dans un pays froid, en juillet-

121
août ; on prendrait alors pour greffon
la base déjà lignifiée de jeunes
rameaux munis d’yeux bien formés,
ou même les rameaux conservés dans
la caissette souterraine (fig. 32, p.
58).
[2.3.1.1]Greffe en couronne
ordinaire (fig. 51). — Étant donné le
sujet B amputé au vif, nous y
insérons trois greffons (c, c’, c"), en
proportion de son diamètre. Il serait
assez difficile de placer plusieurs
greffons sans fendre l’écorce au Fig. 51. — Greffe en couronne
moins dans un seul endroit ; la ordinaire.
tension produite par l’inoculation de plusieurs rameaux finirait
par faire craquer les couches corticales. On prévient cet
accident par une incision longitudinale (D) qui, non seulement
facilite le glissement du greffon c’, mais permet aux autres (c et
c") d’être à l’aise et de ne pas menacer de fendre l’écorce du
sujet. On ligature, puis on englue sur l’amputation de la tige, au
sommet des greffons étêtés, et en face de leur dos, sur l’écorce
du sujet.
[fig52]

122
Fig. 52. — Greffe en couronne avec greffon âgé de deux ans
(Février).

Le choix des greffons produits par la dernière sève n’est pas


absolument nécessaire. Du bois de deux ans, mais vivace, a
également chance de réussite, à la condition, bien entendu, qu’il
soit pourvu d’yeux capables de pousser. Ainsi le greffon (A, fig.
52) est un rameau âgé de deux ans, portant deux scions de
l’année, rabattus à 0m,02 de leur naissance. On taille le biseau
(a) sur le vieux bois et suivant le plan représenté en a’ ; puis on
l’introduit sur le sujet (B), où une incision simple vient d’être

123
pratiquée. On est même forcé d’écarter un peu l’écorce (b) avec
la spatule du greffoir.
[2.3.1.2]Greffe
en couronne perfectionnée (fig. 53). — Cette
greffe diffère de la précédente par deux particularités
essentielles :
[fig53]1o Le sujet A
(fig. 53) étant taillé sur
un plan oblique (B), le
greffon (F) est inséré à
son sommet, avec une
languette (H) à angle
aigu, qui l’accroche
parfaitement sur le biais
de la coupe.
2o L’incision du sujet
est obligatoire : le coup
de greffoir étant donné,
on soulève avec la
spatule un côté
seulement (C) de la Fig. 53. — Greffe en couronne
partie incisée ; on y perfectionnée.
glisse le greffon de telle sorte que l’intérieur avivé du biseau
soit appliqué contre l’aubier (E), et le dos (G) recouvert par la
lèvre (C).
On augmente encore les chances de réussite en enlevant une
faible bande d’écorce sur le côté (I) du biseau du greffon,
correspondant avec la lèvre (D) du sujet, non détachée de
l’aubier, et contre laquelle il viendra se juxtaposer. La greffe
terminée en J, sera ligaturée et engluée.

124
À son tour, l’horticulteur Lagrange, d’Oullins, pratique un
système mixte consistant à fendre de biais l’écorce du sujet,
entamant légèrement l’aubier pour y caser solidement le
greffon.
[fig54] En présence des points
de contact assez nombreux de
la greffe en couronne, on
renonce à ces complications de
détail, et l’on préfère
l’insertion d’un œil sur le dos
du biseau du greffon (A, fig.
54). Ainsi le sujet (B) a reçu le
greffon (X) portant cet œil
complémentaire (Y). En C, la
ligature le respecte, lui et l’œil
d’appel (Z) ; il en sera de
même à l’engluement qui saura
les ménager (voir, fig. 13).
Fig. 54. — Greffe en couronne
La pousse de l’œil enchâssé
avec œil enchâssé.
(Y), palissée d’abord sur le
greffon (X), sera forte et résistante à l’action du vent. Le
bourgeon d’appel (Z), quoique pincé, entretiendra la vie en tête
du sujet (B).
[2.3.2]Soinsaprès le greffage en couronne. — Les soins se
o
bornent : 1 à surveiller la ligature, à la délier si elle étrangle, à
la renouveler si la soudure n’est pas suffisante ; 2o à palisser les
nouveaux scions sur des baguettes ou contre un tuteur qui
domine la greffe ; 3o à ébourgeonner progressivement les
productions foliacées du sujet.

125
[2.4]

Groupe 3.
greffage en place

[2.4.1]Préceptesgénéraux. — La greffe en placage est le mode


principal du greffage des arbres et arbustes verts, et le mode
préféré pour les opérations faites à l’étouffée.
Les pépiniéristes et les fleuristes pratiquent cette greffe en
plein air ou dans la serre, à la montée de la sève, plutôt qu’à son
déclin, surtout lorsqu’il s’agit de plantes toujours vertes.
Un sujet à sève modérée, un greffon aoûté, sont les deux
premières conditions. Le greffon sera de l’année courante ou de
l’année précédente, suivant que le greffage se fait à l’automne
ou au printemps ; sa longueur varie de 0m,05 à 0m,15, il sera
taillé en biseau plat sans la moindre inégalité, pour être adapté
exactement au sujet. S’il est d’espèce à feuillage persistant, on
lui gardera ses feuilles, et on ne le détachera de l’arbre-mère
qu’au moment de l’employer.
Le rapprochement des deux parties se fait par une application
pure et simple au sommet ou sur le côté du sujet, assez souvent
avec cran et languette, et quelquefois sous lanière d’écorce.
Nous ajouterons que la greffe en placage convient moins
lorsque le terrage de la greffe est nécessaire pour favoriser la
reprise ; l’humidité de la terre pourrait nuire à la soudure.

126
La greffe en placage a son emploi dans la serre et sur des
plants en arrachis, les bourgeons de la tête du sujet contribuant
à attirer la sève vers la greffe.
[2.4.1.1]Greffe en placage ordinaire (fig. 55). — Par le
placage ordinaire, on ajuste un rameau-greffon jusque sur les
premières couches d’aubier du sujet, aussi exactement que
possible.
Le sujet ne sera pas étêté à l’avance. S’il est d’espèce à
feuillage persistant, on coupe, sur le pétiole ou à demi-limbe,
les feuilles situées à l’endroit destiné à la greffe. Dans ce cas, le
greffon ne doit pas être effeuillé.
Le greffon étant taillé en biseau à section droite commençant
en face d’un œil, on en prend le diamètre avec le métrogreffe
(fig. 10). On porte la double spatule sur le sujet (B, fig. 55) et
l’on trace les limites du biseau. Il n’y a plus qu’à évider la
partie comprise entre les deux traits pour y placer le greffon
(D’) suivant l’épaisseur de sa base. Il faut d’abord enlever
l’écorce du sujet ; puis — ou en même temps — entamer les
premières couches d’aubier (C) jusqu’à ce que le dos du greffon
paraisse autant que possible se confondre avec la périphérie du
sujet. À défaut du métrogreffe, on emploie un greffoir ou une
serpette fine.
[fig55]

127
Fig. 55. — Greffe en placage ordinaire (Rhododendron).

On peut s’abstenir de tailler carrément la base de l’entaille


(C). Des tissus semi-herbacés ne l’exigent pas. Si le sujet est
trop ligneux, on donnera un coup de greffoir à la base de la
plaie (C’) pour y insérer la pointe du greffon avivée à ses deux
faces ; c’est alors un commencement de greffage dans l’aubier.
Une ligature, laine ou coton, à spires rapprochées (D), est
indispensable. L’engluement n’est pas toujours nécessaire.
[2.4.1.2]Greffe
en placage à l’anglaise (fig. 56). — Le greffon
(B, fig. 56) est taillé d’abord en biseau à surface plane (b),

128
avivé au revers, à la pointe (y) ; d’un coup de greffoir, de bas en
haut, on y pratique le cran (u).
[fig56]

Fig. 56. — Greffe en placage à l’anglaise (Tilleul).

Immédiatement on fait au sujet (A) une plaie analogue (e) ;


un nouveau coup de greffoir ménage un cran à la base (o) et un

129
autre au milieu (i), de manière que leur assemblage (C) agrafe
languettes et encoches, sans laisser de parties vives exposées à
l’air.
Pratiqué au début de la sève, le greffage est à œil poussant ;
en août, il est à œil dormant. Dans le premier cas, l’écimage de
la tête du sujet se pratique huit jours après le greffage, à 0m,20
au-dessus de la greffe, si le plant est suffisamment long, par
exemple en f (fig. 56) ; en même temps on écime le rameau (e).
Dès que le greffon se développe, on étête le sujet une seconde
fois, au moins 8 ou 15 jours après la première opération, à
0m,10 (g). Cet onglet sert de tuteur, on le retranchera (en j) à la
chute des feuilles.
Dans le second cas, la greffe étant pratiquée fin été, à œil
dormant, le sujet sera tronqué (en g) à 0m,10, après l’hiver, et
l’onglet coupé (en j) en août-septembre de cette même seconde
année.
En 1820, André Thouin signale un procédé à peu près
semblable pour les Houx, les Lauriers, les Myrtes, et le dédie à
Collignon, jardinier du Muséum, chargé de répandre dans les
îles de la mer du Sud des graines de végétaux utiles à leurs
habitants, pendant le voyage de La Peyrouse, dont il partagea le
malheureux sort.
[2.4.1.3]Greffe en placage en tête (fig. 57). — Le greffon (A)
ne sera pas taillé en biseau pied-de-biche. Une encoche sera
utile au sommet du biseau (B), comme pour la greffe en
couronne, afin de l’asseoir carrément sur le sujet (C).
Avec le métrogreffe (fig. 10), on mesure le diamètre du
biseau (B), en l’appliquant sur le sujet, successivement en d, d,
d, d, on marque la place de chaque greffon ; la double spatule

130
étant tranchante, l’écorce se trouvera coupée ; on l’enlève pour
plaquer à sa place chaque greffon, ainsi qu’on le voit en E.
[fig57]

Fig. 57. — Greffe en placage en tête.

La ligature et le liniment sont de rigueur.


Deux époques sont convenables pour ce mode de greffer : au
réveil de la sève, en mars-avril, et à son déclin, en septembre-
octobre. Les soins après le greffage sont ceux que nous avons
indiqués au greffage en couronne.

131
[2.4.1.4]Greffe
en placage avec lanière (fig. 58). — Ce
procédé a quelque rapport avec la greffe sous écorce par
rameau (fig. 48) sauf que le greffon est ici plaqué sur le sujet et
non glissé en coulée.
[fig58]

Fig. 58. — Greffe en placage avec lanière.

132
L’époque du greffage est en avril, à œil poussant, et en août,
à œil dormant.
Nous taillons le greffon (V, fig. 58) sur sa base un peu
coudée, en biseau bec-de-cane. Avec le métrogreffe, nous en
mesurons le diamètre et, portant l’outil sur le sujet (X), nous
tranchons l’écorce au moyen de la double spatule ; puis,
donnant un trait de greffoir qui rejoigne le sommet des deux
lignes, nous abaissons la lanière (x) ; nous y plaquons le greffon
(V), et nous redressons la lanière. Il reste à ligaturer (Y) et à
garnir d’onguent les endroits mal joints.
En opérant sur des arbres déjà forts ou branchus, il est
prudent d’ouvrir des crans (Z, Z) à 0m,01 au-dessus de la greffe.
Le fluide séveux, arrêté dans son cours, refluera vers les
nouveaux bourgeons. Si le sujet est faible en sève, la greffe de
printemps aura plus de succès.
[2.4.2]Soins après le greffage en placage. — La ligature étant
obligatoire, le premier soin doit être d’empêcher la
strangulation de la greffe ; une surveillance active sera
nécessaire.
Peu de temps après les greffages de printemps, on étête
progressivement les sujets greffés de côté, de façon qu’il leur
soit conservé un onglet de 0m,10. L’onglet sera retranché en
août, au ras de la greffe. La figure 56 en donne le détail.
Avec les greffages de fin d’été, l’étêtage définitif du sujet se
fait après l’hiver. L’onglet réservé sert à l’accolage de la greffe ;
on l’enlève après une année de végétation.
L’emploi d’un tuteur est utile pour palisser la jeune greffe de
placage.

133
[2.5]

Groupe 4.
greffage en incrustation

[2.5.1]Préceptes
généraux. — Jadis connu sous le nom de
greffe à la Pontoise, du pays de son propagateur, le jardinier
Huard (1775), ce procédé était spécial à la multiplication de
l’Oranger et de quelques arbrisseaux ; aujourd’hui, on en
généralise l’application sur presque tous les arbres et les
arbustes ligneux.
Le principe de l’opération est bien simple ; le greffon, taillé
en coin plus ou moins triangulaire, doit être incrusté sur le sujet
dans une ouverture qui l’enchâsse hermétiquement.
L’époque du greffage est au printemps, à la phase initiale de
la sève ; on pourrait encore greffer en été avec des rameaux
semi-ligneux, et en août-septembre avec des greffons aoûtés.
L’époque préférable est fin mars et avril.
On prépare le sujet à l’avance et on l’avive au moment du
greffage.
Pour la greffe de printemps, les rameaux-greffons seront
coupés en hiver et conservés dans la terre ; quelques jours avant
de greffer, il serait encore temps de les détacher de l’arbre-
étalon. Pour le greffage d’été, cette préparation n’aura lieu que
le jour même de leur emploi.

134
Le greffon, portant deux ou trois yeux, sera taillé à la base en
coin assez court, et viendra s’incruster sur le sujet dans une
rainure angulaire, d’une ouverture coïncidant avec le biseau
cunéiforme du greffon.
On maintient l’assemblage par un lien, et on couvre de
mastic les amputations.
[fig59]

Fig. 59. — Greffe en incrustation, en tête.

135
Dans les pépinières où ce greffage s’étend sur plusieurs
hectares, les greffeurs sont groupés par escouades de quatre ou
cinq hommes. Le premier étête le sujet ; le second prépare le
greffon ; un troisième raine le sujet et y loge le greffon ; un
autre place la ligature et le dernier termine par l’engluement.
L’étiquetage ou le numérotage des greffes, le tuteurage et le
relevé du travail se font en même temps, par le chef, avant de
quitter le chantier.
Le greffage en incrustation se pratique en tête du sujet
tronqué et quelquefois sur le côté d’un sujet non écimé.
[fig60]

136
Fig. 60. — Greffe en incrustation avec un seul bourgeon.

[2.5.1.1]Greffe en incrustation, en tête (fig. 59 et 60). — Le


greffon (L, fig. 59) sera taillé en biseau triangulaire (n) dont la
coupe est détaillée en n’. Le cran (p) fera reposer le greffon sur
la tranche du sujet. On applique contre le sujet (M), à l’endroit
destiné au greffage, le dos du biseau ; avec la lame de l’outil, on
en trace la silhouette, puis on attaque l’écorce et le bois de
manière à obtenir une ouverture cunéiforme (r).

137
Dans l’ouverture béante (r) du sujet (M), on enchâsse le
greffon (L), comme on le voit en O. Ligaturer ensuite et couvrir
de mastic.
Si le greffon est réduit à un fragment de rameau portant un
seul œil, l’opération se simplifie suivant les indications de la
figure 60.
On voit en A le greffon portant son unique bourgeon (a)
respecté par le biseau (b) ; le sujet (B) étant ouvert comme nous
l’avons dit, le greffon y est incrusté (C) de manière que l’œil
affleure son tronçonnement. La ligature et l’engluement
complètent l’opération.
[2.5.1.2]Greffe en incrustation latérale (fig. 61). — Un
rameau-greffon coudé pourrait être incrusté le long d’une tige
droite ; au contraire le greffon droit se placera bien sur une tige
coudée. Ainsi enchâssé, le greffon présentera plus de solidité
qu’avec la greffe en placage, surtout si la tige du sujet est
rugueuse.
Sur le sujet (A, fig. 61), nous voulons introduire une branche
où besoin est. Le greffon (B) sera taillé sur son embase ou point
d’attache, une rainure analogue étant pratiquée sur le sujet ;
l’assemblage se fera en (C).
Ligaturer et mastiquer la greffe ; appliquer ensuite une taille
courte aux branches du sujet pour favoriser le développement
de la greffe.
[2.5.2]Soins après le greffage en incrustation. — Le greffon
n’étant pas suffisamment bridé sur le sujet, il faut le ligaturer
solidement, avec un lien plutôt large qu’étroit, moins
susceptible d’étrangler la greffe. L’accolage immédiat et suivi
du greffon contre un tuteur sera encore d’un bon effet.

138
[fig61]

Fig. 61. — Greffe en incrustation latérale.

Les arbres greffés en incrustation latérale seront soumis aux


soins que nous avons indiqués au placage. Visite aux ligatures,
étêtage du sujet, accolage de la greffe, etc. La suppression de
l’onglet est un cas assez rare.
[2.6]

139
Groupe 5.
greffage dans l’aubier

Dans ce groupe, pourraient être rangées les greffes dites à la


vrille : 1o en tête, sur tronc, le vilebrequin ou la tarière
pénétrant verticalement entre le liber et l’aubier et préparant le
logement du greffon, ainsi que les paysans de Crimée le font ;
2o de côté, l’outil creusant la tige de biais, sans atteindre le
cœur, pour faciliter l’introduction d’un greffon taillé, suivant la
tradition des routiniers. Mais ces procédés primitifs sont à peu
près abandonnés.
Nous signalerons ceux qui sont réellement recommandables
et pratiques.
[2.6.1]Préceptes généraux. — Un greffon biseauté inséré dans
l’aubier du sujet, en tête ou de côté, tel est le principe de
l’opération.
Le greffage en tête nécessite l’amputation préalable du sujet ;
le greffon y est introduit dans une fente ouverte entre l’écorce et
l’étui médullaire, parallèlement à l’axe central.
Le greffage de côté, généralement pratiqué sous verre, peut
provoquer un écimage du sujet, mais n’entraîne à son étêtage
qu’après la soudure complète du greffon. Pour l’inoculation de
ce dernier, on tranche l’écorce et les premières couches d’aubier
du sujet, en dirigeant la lame de l’outil de haut en bas,
obliquement sans aller jusqu’à la moelle, et on y introduit le
greffon préparé à cet effet.

140
[2.6.1.1]Greffe
en tête dans l’aubier. — Ici, nous avons deux
procédés qui diffèrent par le biseau du greffon, taillé de biais ou
taillé à plat.
[fig62]

Fig. 62. — Greffe en tête dans l’aubier, avec biseau plat.

[2.6.1.2]Greffe avec biseau plat. — Le sujet (A, fig. 62) est


préparé comme le précédent, mais le biseau (D) du greffon, au
lieu d’être taillé en coin triangulaire, est plane, sans cran, le dos

141
étant avivé à sa base (C), en besaiguë. Le greffon sera introduit
dans la fente du sujet ; s’il est trop fort, une entaille remplacera
la fente pour le recevoir.
Avec un petit sujet, on pratique une fente partielle et l’on y
introduit un greffon ; un gros sujet exige plusieurs greffons.
La ligature (B) et le mastic sont nécessaires.
Ce procédé est la Kiri-tsugi des Japonais.
Sur un sujet jeune et d’un faible diamètre, on pourrait fendre
l’étui médullaire et y insérer le greffon ; le bois dur n’est pas
formé. C’est encore une greffe dans l’aubier ; elle porte le nom
de greffe Hervy, ou génoise ou en fente pleine. On l’emploie au
vignoble en fendant le sujet jusqu’à la cloison de l’œil
immédiatement inférieur à la tranche ; mais il ne faut pas
oublier la ligature.
[fig63]

142
Fig. 63. — Plan du tronc pour Fig. 64. — Taille du biseau
la greffe en tête, de biais. pour le greffage de biais.

[2.6.1.3]Greffe
avec biseau de biais (fig. 63 et 64). — Nous
avons appliqué ce procédé à la restauration de gros troncs qui
ne pouvaient être soumis au greffage en couronne.
Le sujet (fig. 63) étant scié, puis avivé à la serpette, nous
pratiquons plusieurs fentes de côté (a, a, a) qui,
géométriquement, sont des cordes tendues dans le cercle, et non
des rayons ni des lignes diamétrales.

143
Le greffon (L, fig. 64) aura son biseau taillé de biais ; un de
ses côtés (M) tranche obliquement le canal médullaire, tandis
que l’autre (N) ne fait pour ainsi dire qu’enlever l’écorce
jusqu’à l’aubier ; la coupe en est démontrée (en l, m, n). Le
greffon est inséré à chaque extrémité des fentes (a, a, a), les
écorces devront coïncider.
Ce procédé est applicable aux végétaux chargés de moelle :
Vigne, Catalpa, Noyer, Marronnier.
[2.6.1.4]Greffe de côté dans l’aubier. — Ce procédé a deux
manières distinctes par la direction de l’incision pratiquée sur le
sujet et par la taille du biseau qui en est la conséquence. Les
fleuristes belges la nomme greffe à la pose.
[2.6.1.5]Greffe avec entaille droite. — Le greffon (A, fig. 65)
de Camellia est taillé sur la moitié de sa longueur, en biseau à
deux faces régulières ou double biseau (a), laissant de chaque
côté une largeur égale d’écorce, finissant en pointe.
Le sujet (B) sera entaillé (en b) d’un seul coup de greffoir, la
lame pénétrant jusque dans l’aubier. Le greffon (A) y sera
introduit par sa base (a), puis ligaturé comme on le voit en C.
Les espèces à bois tendre n’exigent pas, autant que celles à
bois dur, un greffage sur sujet non écimé. Voici même un
exemple où le sujet est un rameau-bouture. Le sujet d’Aucuba.
(fig. 66) tronqué à la base (L) et au sommet (K) a reçu le
greffon (I) taillé à double face, dans les premières couches sous
écorce ; une feuille a été ménagée en tête du sujet, et le pied du
greffon affleurant
[fig65]

144
Fig. 65. — Greffe dans l’aubier, avec entaille droite (Camellia).

le sol, s’y est enraciné (en M). C’est donc une greffe en double
bouture. [fig66]

145
Fig. 66. — Greffe de côté dans l’aubier, par double
bouture (Aucuba).

[2.6.1.6]Greffeavec entaille oblique (fig. 67). — Le greffon (E)


est une sommité de rameau de Houx ; il est reproduit
partiellement en B avec le biseau (C), aminci sur les deux faces,
et le dos du biseau plus allongé extérieurement. Nous
pratiquons sur le sujet (A) l’entaille (D) en biais par rapport à
l’axe du sujet, avec le sommet arrondi en faucille. Les couches
génératrices du liber et de l’aubier seront ainsi tranchées

146
obliquement. [fig67] Le greffon
se trouvera donc penché, et ses
feuilles ne seront point gênées
par le sujet. Mais on pourrait le
placer de manière que son
sommet soit droit, en taillant le
biseau obliquement.
On ligature avec un lien
doué d’élasticité, laine ou
spargaine.
M. Carrière recommande
cette greffe pour les Conifères,
et M. Ed. André pour les
Fig. 67. — Greffe dans l’aubier avec arbrisseaux de terre de bruyère.
entaille oblique (Houx). Nous l’avons réussie sur ces
divers genres.
[2.6.2]Soins après le greffage dans l’aubier. — Le greffage en
tête exige une surveillance à la ligature de la greffe et au
palissage des jeunes pousses ; l’ébourgeonnage rentre dans les
soins généraux qui seront expliqués au chapitre vii.
En ce qui concerne les greffes de côté, si le greffage est fait
en avril-mai, on écime progressivement à partir du moment où
l’agglutination semble assurée, et on continue à mesure que la
greffe se développe.
Si le greffage a été fait à l’automne, on tronçonnera le sujet
après l’hiver, à 0m,10 ou 0m,15 de la greffe, en conservant sur
l’onglet quelques feuilles ou de petites ramifications que l’on
écourtera à la saison des ébourgeonnements.

147
Cet onglet, premier tuteur du jeune sujet, sera enlevé au ras
de la greffe, dès que la nouvelle pousse aura assez de force pour
se défendre.
[2.7]

Groupe 6.
greffage en fente

[2.7.1]Préceptes généraux. — Le greffage en fente est


employé à la propagation de la majeure partie des végétaux
ligneux à feuilles caduques.
Le sujet, étêté ou non, sera tronçonné définitivement au
moment de l’opération, au point destiné à recevoir la greffe ;
une coupe fraîche se prête mieux à la juxtaposition.
Si la tige est de moyenne grosseur, on ne lui applique qu’une
greffe, alors on établit l’aire de l’amputation dans un sens
légèrement oblique ; mais si la force du sujet exige plusieurs
greffons, on fait la coupe sur un plan horizontal.
Le greffon est un fragment de rameau muni d’un œil ou de
plusieurs yeux. Plus le sujet est jeune, plus court sera le greffon.
Prenons pour terme moyen deux ou trois yeux ; le greffon a de
0m,08 à 0m,10 de longueur. Pour le préparer, nous taillons la
partie inférieure de la greffe sur deux faces, en biseau presque
triangulaire. Nous disons presque, attendu que les deux côtés
taillés en s’amincissant, ne se rencontrent à vive arête que vers
la pointe. À l’opposé de cette arête est le dos du biseau laissé

148
intact par l’outil ; il commence immédiatement sous un œil et
se termine en pointe à l’extrémité inférieure du greffon. Dans
quelques circonstances, nous verrons qu’il est possible de
ménager un bourgeon sur le dos du biseau ; et dans certains
procédés de greffage en fente terminale, le greffon est taillé sur
les deux faces, en bec-de-cane au lieu d’être en coin
triangulaire.
[fig68]

Fig. 68. — Préparation du greffon de la greffe en fente.

Quand on veut faire asseoir parfaitement le rameau-greffon


sur le sujet, on ménage au sommet du biseau, en tête de chaque
paroi amincie, une légère entaille horizontale ou oblique, dans
le sens de la coupe de la tige.
[2.7.1.1]Lapréparation du greffon (fig. 68) s’obtient plus
aisément en tenant le rameau couché sur la main gauche,
allongé sur l’index. La main droite, armée d’un greffoir, taille le
biseau en lissant chacun de ses côtés, la moindre inégalité
s’opposant à sa coïncidence avec le sujet ; la pointe, légèrement
émoussée, en facilitera le glissement.

149
Un conseil aux débutants : le greffeur a plus de force et
dirige mieux le mouvement de l’outil, s’il opère les coudes au
corps.
La greffe en fente se fait avec un ou plusieurs greffons ; les
divers procédés consistent à employer le greffon à l’état ligneux
ou herbacé, au printemps, en été ou à l’automne, au sommet de
l’arbre, ou à l’angle des bifurcations.
Examinons-les successivement.

[2.7.1.2]

greffe en fente ordinaire

[fig69]

[2.7.1.3]Greffeen fente simple ou


en demi-fente (fig. 69). — Le sujet
(A) est de moyenne grosseur nous le
tronçonnons obliquement en B, le
sommet (C) de la coupe restant
horizontal ; puis en y plaçant le bec
de la serpette (fig. 3), ou la lame du
couteau à greffer (fig. 7), tout en
appuyant sur l’outil, nous le
balançons par secousses légères et
Fig. 69. — Greffe en fente,
brusques ; il en résultera une fente
simple.
verticale (D) ayant la longueur
approximative du biseau (F) du greffon (E). Le talent du
greffeur consiste à ne pas fendre diamétralement le sujet. Ce
mouvement saccadé de la main qui tient l’outil a d’ailleurs pour

150
but de trancher l’écorce et les premières couches d’aubier, pour
que le greffon ait son chemin tracé ; si les parois du sillon
étaient irrégulièrement séparées, il faudrait s’abstenir de les
lisser avec un couteau.
[fig70]

Avant que cette fente


partielle soit finie, de
l’autre main nous
prenons le greffon (E) et
nous l’y insérons par
l’orifice supérieur, en le
faisant descendre à
mesure que l’incision
s’agrandit (fig. 70). Nous
retirons même l’outil
assez tôt pour que le
greffon, se trouvant
poussé par la main,
achève de préparer son
logement. Nous faisons
Fig. 70. — Insertion du greffon de la greffe en glisser le biseau (F, fig.
fente. 69) dans sa position
définitive (G), de façon
que son écorce coïncide avec celle du sujet, sans saillie et sans
cavités accentuées. Si la tige avait une écorce épaisse, nous
inclinerions faiblement le greffon dans la fente, rentrant au
sommet, sortant à la base, le croisement des couches de liber et
d’aubier des deux parties amènerait inévitablement quelque
point de contact ; l’agglutination s’accomplit par les zones
génératrices, et non par les couches extérieures de l’écorce.

151
L’engluement est nécessaire. La ligature, même au cas de
fente partielle, retient les tissus.
[2.7.1.4]Greffe en fente double ou en fente complète (fig.
71). — Le sujet (A), étant plus gros, recevra deux greffons.
[fig71] La coupe (B) est horizontale,
et nous fendons diagonalement le
sujet en C. Dans ce but, nous plaçons,
sur la tranche du sujet, la serpette
(fig. 3) ou le ciseau à greffer (fig. 8),
la lame parallèlement à l’étui
médullaire. Nous appuyons des deux
mains ; si le bois est résistant, le
maillet sera utilisé ; les greffes sont
placées entre les lèvres de l’opérateur
ou dans un vase contenant de la
mousse fraîche. Quand la fente est
aux deux tiers finie, nous retirons
l’outil sur un bord, tout en
maintenant l’incision entrebâillée ; Fig. 71. — Greffe en fente,
nous plaçons un greffon (D) à l’autre double.

bord et, en employant l’outil ou le manche du maillet comme


un levier, nous faisons pénétrer le greffon complètement.
L’insertion de l’autre greffon n’est pas plus difficile ; peut-être
faudra-t-il encore placer la lame de l’outil ou un coin de buis
dans la fente (C), et forcer un peu l’ouverture, pour faciliter le
glissement de la deuxième greffe.
Ligaturer (E) ; engluer copieusement.
[2.7.1.5]Greffe
en fente avec œil enchâssé (fig.72). — Ce
mode de greffage est basé sur la préparation du greffon. En

152
taillant le greffon (A, fig. 72)
[fig72]

Fig. 72. — Greffe en fente, avec œil enchâssé.

d’après la coupe (a’), on ménage, sur le dos du


biseau (a), un œil (b) qui se trouvera enchâssé dans la fente
(c) du sujet (B), tel qu’on le voit en C ; cet œil doit produire un

153
scion vigoureux qui craindra moins l’action des vents. On
pourra le palisser, d’abord, contre le sommet du greffon et, plus
tard, sur un tuteur.
Ligaturer et engluer (voir fig. 13, p. 27).

[2.7.2]

époque du greffage en fente

Les principales époques du greffage en fente sont le


printemps et la fin de l’été. Dans le midi de la France, où
l’action des hivers rudes est à peu près nulle, on réussit dès le
mois de décembre le greffage de printemps. Vers le nord, on ne
peut guère commencer avant le mois d’avril.
[2.7.2.1]Greffage en fente au printemps. — Les mois de mars
et d’avril sont les époques habituelles pour le greffage en fente.
Dans les pays chauds, on peut commencer plus tôt.
Les rameaux-greffons, coupés à l’avance, seront conservés
comme nous l’avons dit, page 56. Avec les espèces à tissus
délicats, il est préférable de couper les rameaux à la dernière
heure.
Le sujet sera étêté le jour du greffage. Lorsqu’on l’étête plus
tôt, on a soin de rafraîchir la coupe avant d’y loger le greffon.
Après le greffage, si les hâles deviennent persistants, on
couvre la greffe de mousse ou d’un cornet de papier gris attaché
sur le sujet ; le plus simple serait d’embouer les greffons. On
agirait de même pour les opérations d’été, comme il est dit à la
Greffe en couronne, page 109.

154
[2.7.2.2]Greffageen fente à l’automne. — La greffe en fente
d’automne ou de fin d’été se pratique comme celle de
printemps, il n’y a que l’époque de changée. Cette période
comprend les mois d’août, de septembre, d’octobre ; il faut
saisir le moment où la sève est à son déclin ; les rameaux du
sujet sont aoûtés, les yeux sont formés et les feuilles, quoique
encore adhérentes, sont prêtes à se détacher. Posée trop tôt, la
greffe pourrait bourgeonner, et cette fougue d’arrière-saison lui
serait funeste en hiver ; elle offrirait au froid plus de prise que si
elle était restée dormante. Si la greffe était faite trop tard, elle
ne pourrait plus s’unir au sujet, par suite de la disparition du
cambium, et se trouverait desséchée quand arriverait la
végétation du printemps, au réveil de la sève.
Les greffons seront coupés au moment de leur emploi,
effeuillés aussitôt, et la base sera placée dans un vase rempli
d’eau ou de sable frais.
Pour les greffes d’automne, les mastics froids présentent cet
inconvénient que leur onctuosité subit l’action de la gelée ; par
suite, les tissus englués pourraient en supporter les effets. On
emploiera donc un liniment chaud qui durcisse immédiatement
(voir p. 28).

[2.7.2.3]

greffe en fente terminale

Les greffes en fente précédemment décrites ne sont que


facticement terminales, ce sont des greffes en tête, tandis que

155
celles-ci sont plus spécialement appliquées au sommet d’un
sujet non étêté, le greffon muni de son œil terminal.
[2.7.2.4]Greffe terminale ligneuse (fig. 73 et 74). — L’époque
du greffage est au printemps, avant la montée de la sève.
Nous citerons quelques exemples avec des arbres résineux et
avec des arbres non résineux. Commençons par ces derniers.
[fig73]

156
Fig. 73. — Greffe en fente terminale
(Noyer).

[2.7.2.5]Greffe
terminale sur arbres non résineux. — Le
greffon de Noyer (A, fig. 73) muni de son œil de tête étant taillé
en double biseau régulier (a), le sujet (B) sera fendu au milieu
de son bourgeon terminal (b), modérément, de telle sorte que le

157
greffon achève son gîte lors de son introduction (C) sur le sujet
(B). Avec une ligature, on bridera sujet et greffon.
Le lien est conservé jusqu’au début de la végétation de la
greffe.
À cette époque, on pince les jets du sauvageon, sans les
retrancher totalement ; ils continueront à attirer la sève vers la
greffe.
[fig74]

158
Fig. 74. — Greffe en fente sur bourgeon terminal (Sapin).

[2.7.2.6]Greffe
en fente terminale sur le Sapin (fig. 74). — Les
Sapins des tribus Abies et Picea, dont la tige s’augmente chaque

159
année d’un verticille de branches et d’une flèche non ramifiée
peuvent être propagés à l’aide de ce système. On le pratique à
l’air libre, en avril-mai, quand les bourgeons du Sapin
commencent à gonfler.
Le greffon (A, fig. 74), choisi au sommet d’une branche, est
un rameau de l’année précédente, couronné de ses yeux
terminaux. Son biseau (a), légèrement aminci en dedans, est
taillé uniformément et sans languette ; on l’inoculera au
sommet de la flèche (C) du sujet (B), dans une fente pratiquée
entre deux yeux de la couronne, à leur jonction vers l’œil
central ; cette incision sera partielle ou totale (b).
L’insertion étant faite (en d), on ligature avec de la laine ou
du coton, et on couvre d’onguent ; on entoure ensuite la greffe
avec une feuille de papier gris, afin de la préserver, à son début,
de l’action du hâle et du soleil.
En même temps, on taille à moitié de leur longueur ou on
arque en dessous les rameaux de la dernière couronne du sujet.
Cette précaution a pour but de ne pas laisser absorber trop de
sève par le sujet aux dépens de la greffe. On n’élague pas, on
taille ou on arque ; cette opération est seulement appliquée à la
couronne supérieure.
Le sujet reçoit la greffe à tout âge, en plein air ou à
l’étouffée. Les arbres qui en résultent conserveront l’apparence
des arbres de semis.
[2.7.2.7]Greffe terminale herbacée (fig. 75 et 76). — Nous
avons plus particulièrement appliqué cette greffe au Pin ; mais
il est probable que d’autres Conifères s’y prêteraient également.
Lors des premières évolutions de la sève, en mai-juin, — les
jeunes pousses de Pin ayant déjà 0m,03 à 0m,05, avant que les

160
nouvelles feuilles soient développées, — c’est l’instant propice
au greffage.
[fig75] Le greffon (C, fig. 75) est un de
ces jeunes rameaux, à l’état presque
rudimentaire, muni de son œil terminal ;
on le prend sur une branche de l’arbre-
étalon, choisi au sommet ou de côté. On
le taille en double biseau, régulièrement
aminci aux deux faces, avec un greffoir
bien affilé. Les précautions sont
nécessaires à cause de la contexture
délicate du greffon.
Le sujet est tronqué au sommet de la
flèche, immédiatement au-dessous du
groupe d’yeux terminaux. On enlève les
feuilles autour du sommet (B), sauf
quelques-unes conservées à la tête qui
devront y attirer la sève. L’incision sera
Fig. 75. — Greffe en fente diamétrale ou partielle suivant la
en tête, avec rameau herbacé différence de calibre entre le sujet et le
(Pin). greffon, mais il est préférable que leur
diamètre soit identique. Le greffon est engagé assez
profondément dans cette fente, jusqu’à ce que le sommet du
biseau pénètre à 0m,01 au-dessous de la tranche. Le dos du
biseau doit coïncider avec l’écorce du sujet. Un tuteur serait
indispensable pendant une année ou deux, au moins.
[fig76]

161
Fig. 76. — Greffe en fente sur bourgeon terminal
(Pin).

162
On ligature avec de la laine, et on englue les coupes vives
exposées à l’air ; puis on entoure la greffe avec un cornet de
papier que l’on maintiendra jusqu’à ce que les bourgeons
greffés soient entrés en végétation.
S’il s’agissait de greffer une variété plus précoce en
végétation que le sujet, un greffeur habile pourrait, au lieu
d’écimer le sujet (B, fig. 76), fendre à moitié le bourgeon
terminal (a) en pénétrant la flèche (A) ; il introduirait le greffon
(C) dont le biseau triangulaire (c) s’emboîtera dans la fente
partielle (a). On voit (b) la greffe ligaturée. Tandis que le
greffon se développera, on modérera par un pincement la
végétation des bourgeons du verticille terminal.
D’après l’ouvrage Sciences et Lettres au moyen âge, la greffe
herbacée aurait été découverte par un prêtre messin, maître
François, contemporain de Christophe Colomb. Son application
aux végétaux ligneux ou herbacés a été popularisée vers 1811
par le travail et les communications du baron Tschudy,
« bourgeois de Glaris », qui l’appliquait dans son parc de
Colombé, près Metz, et la recommandait aux Sociétés savantes.
Les pépinières Simon, qui existaient déjà à Plantières-lez-
Metz, l’ont pratiquée et modifiée suivant les milieux.
La greffe terminale avec greffon herbacé fut adoptée : 1o
dans les cultures de Louis Noisette, à Paris, horticulteur érudit ;
2o dans le parc de Fromont par Soulange-Bodin, alors qu’il
fondait l’Institut horticole ; 3o en pleine forêt de Fontainebleau
par Boisdhyver, d’André et de Larminat, où l’on pouvait voir,
avant le grand hiver de 1879-1880, des sujets de 40 ans du Pin
Laricio greffés de tête en fente herbacée sur Pin sylvestre, et
aussi beaux que des arbres de semis.

163
Pendant trente années, Jules Barotte, dans la Haute-Marne, a
transformé par ce procédé, des milliers de Pin sylvestre en Pin
d’Autriche ou en Pin Laricio. Il opérait dans la forêt, greffait les
sujets sur leur jeune flèche, à 0m,50 ou 1 mètre du sol, et ne
couvrait jamais ses greffes avec un écran comme on le fait en
pépinière à l’air libre.

[2.7.2.8]

greffe en fente sur bifurcation

L’insertion du greffon sur le sujet se fera à la bifurcation


d’une branche sur la tige ou au point de rencontre de deux
branches. Il est facile de provoquer la naissance de cette
enfourchure par la taille de la tige ou de la branche, ou encore
par l’ouverture d’un cran en forme de fer à cheval au-dessus
d’un bourgeon qui devra se développer et constituer la
ramification.
Le greffon taillé en coin triangulaire, assez aminci, sera
introduit sur le sujet à la jonction des deux branches ; ces deux
branches seront raccourcies graduellement dès que l’on voudra
faire développer la greffe.
Nous signalerons quelques espèces parmi les Conifères, le
Hêtre, la Vigne, le Chêne, qui réussissent par ce procédé.
[2.7.2.9]Greffe en bifurcation des Conifères. — Dans les arbres
résineux, les espèces qui se ramifient sur la jeune flèche, les
variétés de Biota, de Chamæcyparis, de Cyprès, de Genévrier,
de Retinospora, de Thuia, pourront être propagées par cette
méthode ; elle est suivie à Metz.

164
Le greffon (A, fig. 77), est inséré sur le sujet (B), au point de
jonction (E) du rameau (D) sur la flèche (C), avec le greffoir
anglais (fig. 5).
[fig77] La base (a) du
greffon, amincie
légèrement, aura la face
interne plus étroite ; donc,
le biseau est double, uni,
sans encoche. On pratique
une fente partielle sur la
cime du sujet au point (b)
de bifurcation ; le greffon y
est introduit, ligaturé,
englué, et entouré d’un
cornet de papier gris, la
couleur grise concentrant
moins la chaleur.
Le printemps et la fin de
l’été sont deux bonnes
saisons pour opérer. Il est
nécessaire d’attirer la sève
vers la greffe par un
pincement des branches du
sujet.
[2.7.2.10]Greffe en
bifurcation des bois durs.
Fig. 77. — Greffe en fente sur
bifurcation (Thuia).
— Voici d’abord un
exemple relatif au Hêtre. Le
greffon, âgé de deux ans (A, fig. 78), est enclavé sur le sujet (B)
à la rencontre des deux branches (C et D). Le biseau (a) du
165
greffon est taillé en coin aminci (a’) sur vieux bois. La fente (b)
du sujet ne dépasse guère les deux tiers du diamètre de l’arbre,
de telle sorte que le greffon s’y trouve bridé. Ligaturer et
engluer le greffon complètement.
[fig79]

Fig. 78. — Greffe en fente sur bifurcation (Hêtre).

On taillera assez long les branches (C et D) ; plus tard on


réduira leur" longueur, à mesure que le greffon se développera,

166
de façon que les deux moignons puissent être enlevés à
l’automne.
Le Chêne se greffe de même sur enfourchure. Paul de
Mortillet à Meylan, en Dauphiné, multiplie par ce procédé les
Chênes d’Amérique sur les Chênes d’Europe. Nous avons
réussi le Noyer à fruit comestible sur le Noyer d’Amérique.
Peut-être le Châtaignier et d’autres arbres à bois dur se
grefferaient-ils par le même mode.
[2.7.2.11]Greffe en bifurcation de la Vigne. — Ce greffage
recommandé par M. Boisselot, de Nantes, se pratique au point
de bifurcation de deux branches. Le sujet (A, fig. 79), est
branchu (en a, a). Le greffon (B), aminci en double biseau
irrégulier (C, D), est introduit sur le sujet (A) par le moyen
d’une fente partielle ouverte à la jonction des deux branches (a,
a) du sujet. Ligaturer fortement et couvrir de terre. Ces deux
branches seront étêtées à 0m,30 environ de leur naissance ; dans
l’été, les bourgeons qui s’y développeront seront pincés dans le
but d’attirer la sève vers le point greffé. Après une année de
végétation, les deux branches seront supprimées à la jonction de
la greffe (e, e).
[fig79]

167
Fig. 79. — Greffe en fente sur bifurcation (Vigne).

À défaut de deux branches, on peut choisir un coude ou le


point de naissance d’un sarment.
Le moment de greffer est l’automne, à la phase terminale de
la sève, ou le printemps, à son début.

[2.7.3]

soins après le greffage en fente

168
Nous avons indiqué, aux divers systèmes de la greffe en
fente, les soins particuliers qu’ils nécessitent. Il ne nous reste
plus qu’à généraliser nos principales recommandations.
On surveillera fréquemment les ligatures.
On procédera au palissage contre un tuteur fixé solidement,
échalas, perche ou baguette, de manière que les scions de la
greffe y soient palissés au fur et à mesure de leur
développement. Avec une jeune tige, il suffirait d’attacher par
ses deux extrémités un brin de saule flexible sur le sujet, en le
disposant en arc pour opérer l’accolage des jeunes rameaux (fig.
105, p. 196).
On ébourgeonnera les jeunes pousses étrangères au greffon
en agissant avec d’autant plus de sévérité que le sujet sera plus
fort, et que les scions à supprimer seront plus éloignés de la
greffe. Les appelle-sève seront pincés. Enfin on détruira les
insectes, sans oublier ceux qui se cachent dans les fentes de la
greffe où sous les ligatures.
Une greffe en fente manquée au printemps pourrait être
remplacée dans la même année par le greffage en couronne, en
écusson, par rameau sous écorce, ou en fente d’été, mais le plus
souvent par une greffe en fente d’automne.
[2.8]

169
Groupe 7.
greffage à l’anglaise

[2.8.1]Préceptes généraux. — La greffe anglaise comprend un


sujet et un greffon qui sont généralement du même calibre. On
les taille en biais, l’un dans un sens, l’autre dans un sens
opposé, mais sous le même angle pour qu’ils coïncident par
leur rapprochement. On augmente leurs points de contact par
des languettes et des crans qui s’encochent réciproquement.
Le sujet est étêté pour recevoir la greffe. Un sujet plus gros
pourrait porter deux greffons. Le greffon est un rameau bien
constitué, d’une longueur de deux à quatre yeux.
Le moment de greffer arrive avec mars et avril ; l’opération
réussirait encore en août-septembre quand la sève se ralentit.
Le greffage à l’anglaise est le véritable greffage par
copulation ; il est applicable à la majorité des végétaux. Les
Anglais le préfèrent à tout autre, de là son nom.
[2.8.1.1]Greffe anglaise simple (fig. 80). — Le sujet et le
greffon, de semblable diamètre, sont tranchés de biais sur
biseau assez long, sans encoche, les parties avivées étant plutôt
jeunes.
On fait en sorte de conserver un œil au sommet du sujet et un
autre à la base du greffon.
Les deux parties sont assemblées aussi parfaitement que
possible ; c’est donc une greffe par application pure et simple.
Ligature souple, laine, spargaine ou caoutchouc, tuteurage et
surveillance aux ligatures.
170
[fig80] Nous avons
réussi l’Abricotier par ce
procédé. Le Groseillier
s’y prête également (fig.
114).
En Angleterre, on
greffe ainsi le Rosier sur
collet, en serre.
Une école de
viticulture d’Autriche a
réussi le greffage
herbacé de la Vigne, les
deux biseaux mis en
contact sectionnant en
travers la cloison interne
de l’œil. Nous y
reviendrons avec texte et
dessin.
Fig. 80. — Greffe anglaise, simple.
Dans les pays du
Nord, où l’on pratique le greffage en cave pendant l’hiver, le
jeune plant, de la grosseur d’un crayon est taillé et greffé à
l’anglaise simple. On le met en jauge dans le cellier, pour le
planter une fois les gelées disparues. Si le sujet est trop gros, on
a recours à la greffe anglaise compliquée.
[2.8.1.2]Greffe anglaise compliquée. (fig. 81, 82, 83). —
Celle-ci est la plus employée des greffes anglaises ; elle peut
être modifiée dans ses détails.
[fig81]Le greffon (B, fig. 81) est taillé en bec de flûte très
allongé ; on pratique vers le tiers du biseau, entre la moelle et la

171
pointe, une fente longitudinale (D), en
ménageant un œil (E) à la base. Cette
fente s’obtient par un simple coup
d’outil ; on n’enlève aucune esquille de
bois.
Le sujet (A) est soumis à une
opération analogue : tronçonnement en
biais et fente au tiers supérieur avec
bourgeon d’appel ; cette fente sera
ouverte, comme celle du greffon, entre
le centre et la pointe de la tranche.
Une fois les deux biseaux préparés,
on les applique l’un sur l’autre à se
toucher en tous points ; puis, faisant
pénétrer la dent (D) dans le cran (C),
on les agrafe intimement, comme on le
voit en F.
Fig. 81. — Greffe anglaise
Quand le greffon est moins large que
compliquée.
le sujet, on le ramène au bord de la
tranche, pour que les épidermes ou le
liber se confondent au moins sur un côté dans la même
périphérie.
Ligaturer et engluer copieusement.
[2.8.1.3]Nous donnons (fig. 82) une forme de la greffe anglaise
pour diamètres égaux, c’est le trait de Jupiter du charpentier.
[fig82] D’une exécution solide, elle offre une double sécurité
par les deux encoches obliques du greffon (A) et du sujet (B),
réunis définitivement en C.

172
Le bourgeon d’appel (d)
attire le courant séveux qui
doit souder la greffe.
Une autre modification
(fig. 83) a été recommandée
par M. Aimé Champin, de la
Drôme.
Le biseau du sujet (a) et
celui du greffon (b) ne sont
qu’en affleurement de
l’aubier ; alors la fente
longitudinale n’est pas
pratiquée sur le biseau ;
mais à son opposé, la pointe
de chaque biseau est obtuse.
On opère au-dessus et au-
dessous d’un œil. Il n’y a
plus qu’à enclaver les deux
Fig. 82. — Greffe anglaise dite Trait de
parties et à ligaturer (C).
Jupiter.
Les points de retraite (c, d)
à la jonction du sujet (A) et du greffon (B) se cicatriseront
rapidement.
[2.8.1.4]Greffeanglaise au galop (fig. 84 et 85). — Traduction
de « whip graft » des Anglais.
[fig83] Des auteurs anglais, Miller en 1731, Bradley en 1756,
Forsyth en 1802, l’ont décrite sous le nom de « whipe and
tongue grafting », greffe à languette au galop. Vers 1803,
Calvel la nomme « greffe de rapport oblique » ; il en fait
remonter l’origine à Kuffner, auteur allemand du

173
commencement du dix-huitième siècle,
et estime qu’elle aurait été importée
d’Allemagne en France, vers 1740, par
un soldat interné à Toulouse.
[2.8.1.5]Greffe au galop, simple. — Le
sujet (B, fig. 84) est étêté ; avec la
serpette ou le greffoir, on obtient la
plaie (d, e) longue de 0m,05 à 0m,06,
commençant à l’écorce (d), finissant
dans l’aubier (e). Au tiers environ, d’un
coup d’outil de haut en bas, on a la
fente (f). Le greffon (A), long de 0m,10
à 0m,12, aura sa moitié inférieure taillée
en biseau plat (a, b) ; aux deux tiers du
biseau, de bas en haut, l’outil produira
la coche (c). Il reste pour finir à
enchevêtrer les deux parties en C, à
ligaturer et à engluer les points de
contact ou mis à nu.
Fig. 83. — Greffe anglaise de
Il faut avoir le soin de tailler le
Champin.
greffon en pointe finissant à l’écorce,
puis de l’ajuster sur le bord de la plaie
du sujet ; on ménagera, en tête de ce dernier, un bourgeon
d’appel.
[fig84]

174
Fig. 84. — Greffe anglaise au galop, simple.

En rendant compte au gouvernement belge de leurs


excursions en Angleterre (1867, 1868), nos amis Mertens et
Forckel, diplômés des Écoles d’horticulture, constatent que,
dans les grandes pépinières d’outre-Manche, un bon greffeur

175
accompagné de deux aides qui ligaturent et engluent, peut dans
une journée de douze heures, faire mille whip graft.
Cette greffe est applicable à la majeure partie des végétaux
ligneux, mais surtout au Pommier, au Poirier, au Prunier, à la
Vigne, etc.
[fig85]

Fig. 85. — Greffe anglaise, au galop, double.

176
[2.8.1.6]Greffe
au galop, double. — Le sujet (B, fig. 85) étant
d’un assez fort diamètre, pourra recevoir deux greffons ; il
subira la plaie (d, e) et sera fendu (f) au sommet (e) ; le greffon
(A) aura son biseau (a, b) avec la languette (c) produite par une
simple fente. En C, les deux greffons sont agrafés, chacun
d’eux étant en contact intime avec la zone génératrice du sujet.
— Ligaturer ; engluer.
[fig86]

177
Fig. 86. — Greffe anglaise, à cheval (Rhododendron).

[2.8.1.7]Greffe anglaise à cheval (fig. 86 et 87). — Le sujet


(B, fig. 86) est taillé au sommet en double biseau régulier (b).
Le greffon (A) est ouvert ou fendu à sa base en et placé à

178
cheval sur le sujet (B) qui s’y enclave en C. Enfin ligaturer et
couvrir la greffe de mastic froid.
[fig87] Le choix d’un greffon
trapu, terminé par un bouton
floral, produit avec le
Rhododendron un sujet
immédiatement en fleurs.
[2.8.1.8]Le Camellia se prête à ce
procédé de greffage. Voici un
autre exemple appliqué à la Vigne.
Le sujet (A, fig. 87) est écimé à
0 ,03 ou 0m,04 au-dessus d’un œil
m

(c) et taillé en double biseau (a)


formant un angle aigu, le sommet
en pointe, les deux côtés
commençant au coussinet d’un œil
(c) ; le greffon (B) est taillé en
sens contraire ; coupé à 0m,04 au-
dessous d’un œil (b), puis fendu à
Fig. 87. — Greffe anglaise à cheval sa base jusqu’à cet œil inférieur, il
(Vigne). aura les bords intérieurs
légèrement retaillés au greffoir à
leur pointe ; on le placera à cheval sur le sujet, l’œil (b) étant du
côté opposé à l’œil (c). Ligaturer et mastiquer la greffe.
[2.8.2]Soins après le greffage à l’anglaise. — Plus les deux
parties greffées sont agrafées mutuellement, moins le tuteur est
nécessaire ; cependant il vaut mieux accompagner le sujet d’un
échalas pour le palissage de la greffe.

179
La strangulation par le lien est supposable, car les deux
parties, étant de la même grosseur, annoncent un sujet jeune,
par conséquent un sujet vigoureux. On détachera la ligature au
lieu de la couper, dans la crainte de faire pénétrer le couteau
dans une des jointures de la greffe.

[3]

III. — GREFFAGE PAR ŒIL OU BOURGEON


[3.1]

préceptes généraux

Nous considérons comme parfaitement synonymes les mots


œil et bourgeon appliqués à la désignation du bouton ou gemme
chez les végétaux ligneux.
L’œil ou bourgeon accompagné d’une certaine portion
d’écorce, détaché d’un rameau, est le greffon de cette troisième
division du greffage.
Le lambeau d’écorce qui supporte l’œil doit comprendre
toute l’épaisseur de la couche corticale jusqu’à l’aubier
exclusivement. Si le greffeur ne peut y arriver d’une façon
rigoureuse, il vaudrait mieux entamer un peu de bois que
d’oublier le moindre feuillet du liber. Le fragment cortical
représente un écusson d’armoirie ou prend une forme tubulaire.
De là, deux groupes : le greffage par écusson d’abord, puis le
greffage en flûte.
Le sujet est un arbre en végétation, alors son écorce doit
s’isoler facilement de l’aubier pour y permettre l’introduction

180
du greffon. Les rameaux qui auraient pu gêner le travail de
l’application du greffon ont été retranchés assez de temps à
l’avance. Le fluide séveux doit être en pleine activité plutôt
qu’en décroissance.
[3.2]

Groupe 1.

greffage en écusson

Le mot écusson provient, disons-nous, de la forme du


lambeau d’écorce qui accompagne l’œil, cependant le dessin en
est variable : elliptique, carré, triangulaire, obtus. La
désignation héraldique, écusson, n’en persiste pas moins.
En général, les greffons sont pris sur des rameaux de l’année
courante si le greffage est fait en été, de l’année précédente s’il
est fait au printemps. Un rameau-greffon de grosseur moyenne
est préférable aux rameaux trop forts ou trop faibles ; les yeux
doivent être bien formés.
Nous admettons deux subdivisions de la greffe en écusson,
établies d’après le mode d’insertion du greffon sur le sujet : 1o
par inoculation ou sous l’écorce du sujet ; 2o en placage ou à la
place d’un fragment d’écorce du sujet.

[3.2.1]

écussonnage sous l’écorce ou par inoculation

181
[3.2.2]Préceptes généraux. — Le sujet doit se trouver en sève
pour recevoir le greffon. On s’en assure en soulevant l’écorce
avec le greffoir ; l’écorce s’isolera de l’aubier, sans déchirure,
et laissera voir une légère humidité qui facilitera la soudure de
l’écusson.
Il est assez important que les deux parties soient à un degré
analogue de végétation ; s’il y avait inégalité, il vaudrait mieux
que le sujet fût plus avancé en sève que le greffon.
Les rameaux à greffer, qui ne sont ici que des porte-greffons,
ont quitté leur phase herbacée et sont déjà ligneux. Leur état de
sève est à point, si, avec l’outil ou l’ongle, on isole facilement
l’écorce de l’aubier ; on en reconnaît encore l’aoûtement à la
nuance bien accusée de l’épiderme, à la formation de l’œil
terminal, à la fermeté des tissus sous la pression des doigts.
Un rameau-greffon avancé en maturité vaut mieux que s’il
était en tendreté ; mais il est préférable de l’avoir tel que nous
l’indiquons.
Nous avons cependant réussi l’écussonnage d’yeux de
Pommier levés sur un rameau encore herbacé, mais effeuillé sur
pétiole, et laissé sur la terre, au soleil, pendant quelques heures.
Dans les pays froids, brumeux — les Pays-Bas, l’Angleterre,
la Norvège, le Danemark, la Russie — où l’état séveux se
prolonge au détriment de l’aoûtement des tissus, il convient de
préparer cette phase de lignification par le pincement préalable
du rameau-greffon et l’aération donnée au sujet, à l’endroit
projeté de la greffe.
Dans les pays chauds et secs, Nice, l’Algérie, l’Italie,
l’Espagne, le Portugal, où l’on peut écussonner l’Oranger en
pleine terre, la période de l’écussonnage est relativement plus

182
courte, le cambium se lignifie promptement. Si la localité est
fréquentée par les bourrasques, on placera l’écusson du côté du
vent ; le scion qui en résultera sera moins exposé aux ruptures
violentes.
[3.2.2.1]Écussonnage ordinaire. — De tous les systèmes de
greffage, celui-ci est le plus répandu dans les pépinières et dans
les jardins.
[3.2.2.2]Préparation des greffons. — Les rameaux-greffons
étant choisis d’après les recommandations précédentes, on les
prépare en rejetant ce qui est inutile à l’écussonnage. Disons
d’abord que les yeux situés au milieu du rameau sont
généralement convenables au greffage en écusson ; ceux de la
base et du sommet ont souvent le défaut d’être incomplets,
mous, herbacés, éteints ou trop disposés « à fleur ». Ici, un
greffon de choix serait un œil bien constitué, ni latent, ni
fructifère, ni avarié en aucune façon ; les rameaux anticipés, les
rameaux trop florifères seraient au contraire de mauvais porte-
greffons.
Toutefois, quand on n’est pas suffisamment approvisionné de
bons greffons, on peut employer les yeux douteux en les
doublant sur le sujet. Il y a des bourgeons qui paraissent
incertains, mais qui fournissent une bonne végétation, les soins
de l’ébourgeonnage aidant. Les bourgeons saillants, éperonnés,
ne sont pas à dédaigner, ni ceux qui se trouvent accompagnés
de plusieurs feuilles, l’œil bruni par l’insolation est mieux aoûté
que l’œil verdâtre privé de soleil.
[fig88] Le rameau (A, fig. 88) de Poirier étant choisi, on en
retranche les extrémités B et C, impropres au greffage, et l’on
coupe les feuilles sur leur pétiole, à 0m,01 de l’œil ou gemme

183
de la partie conservée
(D), de façon qu’il en
résulte le greffon
multiple (D’). Les
stipules qui bordent le
pétiole seront enlevées à
la main.
Les scions ainsi
préparés devront être
immédiatement placés à
l’ombre et au frais, leur
extrémité inférieure
plongée dans un vase
d’eau ou plutôt dans la
mousse humide. Dans
l’eau, le rameau ne doit
pas rester au delà de cinq
ou six heures, à moins
qu’il ne soit ridé ou
desséché ; alors on
pourrait le laisser
pendant une journée le
pied dans l’eau, à
l’ombre, et une nuit dans
la mousse pour lui rendre Fig. 88. — Préparation du rameau-greffon pour
l’écussonnage.
l’humidité naturelle qu’il
aurait perdue.
[fig89] Le pépiniériste qui prépare, dès la veille, les greffons
pour le lendemain, leur fait passer la nuit dans de l’herbe
fraîche ou dans un linge mouillé. Si l’on manquait d’eau dans la

184
pépinière, on enterrerait les rameaux de
toute leur longueur, en attendant qu’ils
soient employés. Cet état transitoire ne
saurait durer plus de vingt-quatre heures.
Les greffons d’arbres à feuillage
persistant ne seront pas effeuillés ;
généralement on coupe les feuilles à la
moitié du limbe. Nous verrons, au chapitre
viii, quelques variétés toujours vertes,
comme le Photinia, dont l’écusson pourrait
être effeuillé.
Chez certains arbres, tels que le Bouleau,
l’Érable, le Hêtre, le Marronnier, le Févier,
l’Oranger, on peut utiliser pour
l’écussonnage d’été des yeux saillants,
assez courts, que l’on rencontre sur des
rameaux de l’année précédente (fig. 89).
La partie (B) où se sont développées les
ramilles (b) est à rejeter, tandis que les
bourgeons (a) de la base (A) seront utilisés
à l’écussonnage.
[3.2.2.3]Levée de l’écusson (fig. 90). —
Fig. 89. — Rameau- Nous prenons le rameau d’une main et le
greffon de deux ans greffoir de l’autre ; nous marquons les
(Bouleau). bords supérieur et inférieur de l’écusson par
un coup de greffoir, à 0m,010 ou 0m,015 au-
dessus de l’œil, qui tranche les couches de l’écorce, et par un
trait semblable à 0m,015 à 0m,020 au-dessous de l’œil, comme
on le voit en f, f, sur le fragment du rameau E.

185
[fig90]

Fig. 90. — Manière de lever le bourgeon-écusson.

Maintenant, en suivant les indications de la figure 90 pour la


position des mains, nous plaçons la lame de l’outil au-dessus du
trait supérieur et, l’inclinant, nous la faisons pénétrer jusqu’à
l’aubier ; puis, en la faisant glisser sous l’écorce, nous arrivons
au trait inférieur, après avoir suivi la ligne ponctuée (gg) et
observé l’inflexion coudée du rameau sous l’œil (en g’).

186
Par le fait des deux incisions primitives (f’, f’), l’écusson se
trouve obtenu comme il est figuré en H, tranché net à ses deux
extrémités.
Au revers, il reste un peu de bois sous le bourgeon ; ce
fragment ligneux est son germe, pour ainsi dire ; sans lui, pas
de végétation possible. S’il était accompagné d’une esquille
d’aubier, en haut et en bas, nous pourrions l’enlever en la
détachant vivement par la sommité ; car, en la soulevant par la
base, il y aurait à craindre d’arracher ce germe, et l’œil ainsi
vidé serait impropre à la végétation. Toutefois, quand le sujet
est en grande sève, il n’y aurait aucun inconvénient à laisser
une mince parcelle de bois sous l’écorce de l’écusson ; elle
rendrait la jonction tout aussi intime. Dans la plupart des cas,
un greffeur retranche rarement ce morceau d’aubier ; il a su
l’éviter et il craindrait, par cette extraction, de fatiguer l’œil ou
de l’exposer trop longtemps à l’air. Quand il est suffisamment
pourvu de greffons, il n’hésite point à rejeter un écusson levé
d’une manière douteuse pour en détacher un autre et l’inoculer
sur-le-champ. À peine prend-il le temps de recouper carrément
les bords supérieur et inférieur tranchés irrégulièrement.
[fig91]

[3.2.2.4]Inoculation de l’écusson. — L’écusson étant détaché


du rameau, nous ouvrons l’écorce du sujet avec le greffoir, en
pratiquant sur toute son épaisseur deux incisions représentant T
(O, fig. 91) ; avec la spatule en ivoire de l’outil, nous soulevons
les bords du trait longitudinal (K), à son point de jonction sur le
trait (j). En même temps, la main qui tient l’écusson par le
pétiole (fig. 92) le glisse dans l’incision, assez vivement pour
que les parties internes ne souffrent point de l’action de l’air.

187
On aura donc soin de ne
lever l’écusson qu’au
moment où il doit être
inoculé. Il faut éviter
qu’aucun corps étranger
ne vienne s’introduire en
même temps dans
l’incision. Le greffon (a,
fig. 92) est inoculé (en
b), comme on le voit ici
(L, fig. 91).
[3.2.2.5]Ligature de
l’écusson. — Les
meilleures ligatures pour
l’écussonnage sont la Fig. 91. — O, sujet incisé. — L, sujet écussonné.
laine, le raphia, la feuille — M, sujet écussonné, ligaturé.
de massette ou de spargaine. Nous avons dit, au chapitre des
Ligatures (p. 20), comment on les prépare pour qu’elles soient
souples au moment de leur emploi. Avec la ligature, on fait
plusieurs tours successifs en spirale autour du sujet (M, fig. 91).
En commençant par le haut, il n’y a pas à craindre de faire
remonter l’écusson et de le faire sortir de l’incision, ce qui
pourrait arriver avec des greffons gros et larges.
[fig92]

188
Fig. 92. — Inoculation du bourgeon-écusson.

On placera un bout de la ligature sur le trait transversal du T, et


on le croisera avec deux ou trois tours du lien, en continuant à
le rouler autour de la partie greffée par des spires rapprochées,
jusqu’à la pointe du trait longitudinal. Le second bout de la
ligature sera passé sous l’avant-dernière spire, et serré
convenablement.

189
Les points à brider plus ferme sont le sommet et la base de
l’incision, la gorge de l’œil et son coussinet. Cette tension du
lien a des limites ; elle ne doit pas aller jusqu’à érailler la
greffe. Une ligature bien faite ne bouge pas quand on passe le
doigt dessus.
[3.2.2.6]Préservatifs contre la sécheresse. — Outre la ligature,
on attache une feuille d’arbre sur la partie écussonnée lorsque le
sujet est en espalier en plein soleil.
L’engluement est rarement employé pour l’écussonnage. Il
n’y aurait que dans le cas où la ligature menacerait de se
détendre ; alors l’application d’un onguent froid la
maintiendrait et préserverait en même temps la greffe de
l’action funeste de la température.
L’écussonnage de la Vigne nécessite souvent un apport de
terre autour du sarment écussonné. Le greffage a eu lieu de mai
en juillet, et l’on conserve la terre autour de la greffe pendant
quinze jours. Il sera décrit et figuré plus loin.
[3.2.2.7]Écussonnage en pépinière. — Dans les pépinières
d’une certaine importance, le travail de l’écussonnage est
l’objet d’une attention soutenue. Il faut savoir choisir l’instant
propice au greffage de chaque espèce, de chaque carré, et
surveiller les greffons des variétés rares pour les utiliser à
temps. Les grandes chaleurs activent ou arrêtent la sève, les
pluies gênent les travailleurs ; on doit profiter des beaux jours
et opérer rapidement.
Habituellement, l’écussonnage se fait par deux hommes, un
greffeur et un lieur. En outre, un ouvrier marche en avant pour
essuyer, s’il le faut, le sujet rez terre ; le chef prépare les

190
greffons, en opère le classement, le numérotage, la distribution,
et inscrit le travail sur un registre de pépinière.
Un greffeur habile peut occuper deux lieurs : mais il vaudrait
mieux qu’il appliquât lui-même les ligatures, car deux lieurs
sont plutôt exposés à oublier de lier quelques écussons, qui
alors se trouveraient perdus. Aussi est-il toujours de bonne
précaution de ne pas quitter un rang d’arbres, nouvellement
écussonnés, sans jeter un coup d’œil pour s’assurer que tous les
sujets sont greffés et bien liés.
Les sujets à haute tige sont greffés avec moins de rapidité
que ceux à basse tige, bien que pour ces derniers le greffeur et
le lieur fonctionnent les reins en l’air et la tête en bas.
Avec les premiers greffeurs de notre établissement — à vingt
ans ! — nous avons atteint le chiffre de 250 écussons dans une
heure (et même 300 avec le plant de Pommier doucin planté à
0m,30 de distance) ; mais c’est une lutte dangereuse pour le
succès du greffage.
Cent écussons à l’heure, greffes en main, avec un bon lieur,
c’est un minimum réalisable.
[3.2.2.8]Écussonnage avec incision cruciale. — Si l’on
rencontrait sur le greffon de trop gros yeux pour le diamètre du
sujet, par exemple ceux du Sorbier, du Marronnier d’Inde (A,
fig. 93), on ne saurait les faire tenir dans l’incision qu’en
donnant à celle-ci une forme cruciale. Les deux coups de
greffoir trancheront alors l’écorce en croix (+ au lieu de T), et
le sommet de l’écusson (A) sera glissé sous la tête de l’incision
(B) du sujet ; il s’y trouvera suffisamment bridé pour ne pas
être rejeté en dehors.
[fig93]

191
Fig. 93. — Écussonnage avec incision cruciale (Marronnier).

On applique la ligature, soit en commençant par le milieu de


l’incision (C) pour finir aux deux extrémités, soit d’après la
méthode ordinaire (M, fig. 91) ; on a le soin de bien fermer les
écorces.
[3.2.2.9]Écussonnage avec incision renversée. — Quand la
sève du sujet est trop abondante, comme chez les Érables dans
les pays froids, et chez les Orangers dans les pays chauds, il y
aurait à craindre que l’exubérance de liquide séveux ne vînt

192
noyer l’écusson. On y met alors obstacle en ouvrant en sens
T
renversé l’incision sur le sujet ( au lieu de T).
[fig94]

Fig. 94. — Écussonnage avec incision renversée.

Dans l’incision (A, fig. 94), l’inoculation du bourgeon-


écusson (B) se fera donc de bas en haut (C). Le greffon (B),
taillé en pointe au sommet (a), pénétrera mieux dans l’incision
et s’y maintiendra par sa base (b) coupée carrément et
T
s’adaptant au trait transversal (A) du .
Il est bien entendu que l’incision du sujet est seule en sens
inverse, l’œil-greffon aura toujours sa position habituelle.

193
On ligature en commençant au bas de la plaie pour finir à la
tête. En agissant autrement, on pourrait faire sortir l’écusson de
sa loge.

[3.2.2.10]

écussonnage en placage

Ce procédé est moins employé qu’au temps de son apôtre


Sintard, jardinier en chef au Jardin des Plantes.
[fig95]Un sujet d’un calibre relativement
petit, ou d’une écorce épaisse et difficile à
soulever, un greffon bossu, à bourgeons
rapprochés, suffisent pour motiver le
placage de l’œil. On l’applique au Figuier,
au Mûrier, etc.
L’écusson (A, fig. 95) a été levé par le
procédé ordinaire ou par un moyen plus
primitif. Les quatre côtés du lambeau
d’écorce attenant au bourgeon sont
d’abord cernés avec une lame de greffoir ;
on saisit ensuite le bourgeon à la base du
pétiole et, par un mouvement de la main
imprimé habilement, on le détache de son
rameau. Si l’on craignait de vider l’œil, on
s’aiderait de la spatule simple que l’on
ferait glisser entre l’écorce et l’aubier. Fig. 95. — Écussonnage
en placage.
Nous plaçons le greffon (A) sur le sujet
(B), à l’endroit qui doit le recevoir. Avec l’outil, greffoir ou

194
métro-greffe, nous y traçons la silhouette de la plaque
d’écorce ; il reste à enlever les couches corticales en C, et à y
plaquer le greffon. On ligature (D) avec précaution.
Laissant un peu d’aubier sous l’écorce du greffon, on obtient
l’écusson boisé qui sert à la multiplication sous verre de divers
végétaux : Azalée, Camellia, Rhododendron, Aucuba, etc.

[3.2.2.11]

écussonnage combiné

En toute circonstance, il convient de doubler les chances de


succès. Avec l’écussonnage, quand cela est possible, nous
plaçons deux bourgeons (a’ a’, fig. 96) en face l’un de l’autre.
Les écussons placés ainsi à la même hauteur facilitent
l’application d’une seule ligature.
[3.2.2.12]L’écussonnage double est employé quelquefois
lorsqu’il s’agit de former un arbre en éventail, en palmette
double. On utilise les deux scions opposés (fig. 97), résultant du
greffage double (fig. 96). Avec un troisième écusson placé de
face et au-dessus des précédents, on établira les premières
assises d’une palmette simple.
[3.2.2.13]L’écussonnage multiple est applicable aux divers
systèmes de greffage en écusson, par inoculation ou en placage.
[fig96][fig97]

195
Fig. 96. — Fig. 97. — Résultat de l’écussonnage
Écussonnage double. double.

L’écussonnage simple ou multiple pourrait être appliqué à


des végétaux que l’on tient à propager par bouture, lorsque le
sujet réussit mieux au bouturage que le greffon ; ou encore
lorsqu’il s’agira de greffer par rameau une variété rebelle à
toute greffe, mais docile à l’écussonnage. Ce serait alors un
bouturage ou greffage de rameaux écussonnés déjà
recommandé en 1858 par le jardinier Constant Nivelet.
Par exemple, les variétés d’Abricotier, de Pêcher qui
réussissent difficilement au greffage par rameau pourront être
écussonnées en été sur des scions de Prunier (C, C, C, fig. 98).

196
[fig98] Au printemps suivant, nous
partageons (en BB) ce rameau étalon par
fractions portant chacune des yeux de
Pêcher ou d’Abricotier, et nous greffons par
rameau, ces fragments ligneux sur le sujet,
également de Prunier. Le biseau taillé sur
Prunier-greffon se soude au sujet identique ;
mais, par suite de l’écussonnage préalable
et de l’ébourgeonnage, ce sont des yeux de
Pêcher ou d’Abricotier qui se
développeront.
Par ce système combiné, on peut
bouturer des rameaux d’arbustes
écussonnés à l’avance en variété rare ou
rebelle au bouturage. Nous en parlerons au
Rosier et à la Vigne.

[3.2.2.14]

Fig. 98. — Préparation


de la greffe par rameau
écussonné.
époque de l’écussonnage

Toutes les fois qu’un sujet est en sève, son écussonnage est
possible ; mais deux époques distinctes caractérisent le greffage
en écusson : 1o le printemps, à la montée de la sève, et lorsque

197
l’on désire que la greffe entre immédiatement en végétation,
c’est l’écussonnage à œil poussant ; 2o dans le cours de l’été, et
lorsque la greffe ne doit végéter qu’au printemps suivant, c’est
l’écussonnage à œil dormant.
Incontestablement, le second système est préférable ; il est
d’ailleurs le plus employé.
[3.2.2.15]Écussonnage à œil poussant. — L’écussonnage à œil
poussant doit être pratiqué au commencement de la végétation,
pour que la greffe puisse se développer suffisamment et devenir
ligneuse avant l’hiver.
On ne saurait abuser de l’écussonnage à œil poussant,
attendu que la végétation forcée qui en résultera pourrait être en
désaccord avec l’action vitale des racines.
Assez de temps avant l’évolution de la sève, on a coupé des
rameaux sur l’étalon ; on les a conservés suivant nos
indications, page 56.
Quand le sujet est assez en sève pour que l’écorce puisse se
détacher facilement de l’aubier, on prend les rameaux-greffons
et on en écussonne les bourgeons par les procédés ordinaires.
Le Rosier se prête à ce greffage : 1o en avril avec des
bourgeons de l’année précédente ; 2o en juin avec des
bourgeons de l’année courante, le rameau étant préparé le jour
de l’opération. On ne doit pas greffer tard à œil poussant.
Dans les pays froids, aux hivers longs et rudes, on greffe
l’Abricotier, le Pêcher, le Cerisier, à œil poussant, en juin, avec
des rameaux conservés dans la glacière (fig. 32) ; un œil
dormant pourrait être fatigué par la gelée d’hiver.

198
Aux environs de Dammartin (Seine-et-Marne), les
cultivateurs écussonnent le Cerisier à œil poussant, en avril-
mai ; ils opèrent sur la tige ou sur de grosses branches avec des
yeux provenant de rameaux conservés. Pour faciliter
l’inoculation de l’œil, ils suppriment les couches extérieures de
l’écorce jusqu’au liber avant de pratiquer l’incision en T, ou
l’incision longitudinale, dans laquelle ils introduiront l’œil ;
l’écusson s’y trouvera bridé. La ligature fera le reste.
[3.2.2.16]Écussonnage à œil dormant. — L’écusson à œil
dormant reste au repos et ne doit pas végéter avant le printemps
qui succède à son inoculation. Les mois de juin, de juillet,
d’août, de septembre constituent la période de l’écussonnage à
œil dormant.
Le moment exact d’écussonner dépend de l’état de sève des
sujets. Les plus âgés et ceux dont la végétation s’arrête de
bonne heure, seront opérés les premiers ; ensuite viendront les
jeunes et les vigoureux. À conditions égales, on écussonnera les
arbres à haute tige avant ceux à basse tige ; le plant de l’année
après le plant des années précédentes ; le Prunier et le Merisier
plus tôt que le Mahaleb et l’Amandier ; le Poirier franc et
l’Aubépine avant le Cognassier et le Pommier ; les Érables, les
Frênes, viendront après les Marronniers, les Cornouillers, les
Lilas. Chez les arbres fruitiers à noyau, le moment propice est
moins facile à saisir que chez les arbres à pépins. En général, il
vaudrait mieux s’y prendre plus tôt et fagoter le branchage du
sujet en le greffant (fig. 99).
[fig99]

Si l’on craint que la sève du sujet ne s’arrête avant


l’aoûtement des greffons, on pincera quinze jours à l’avance le

199
sommet de ces derniers pour en
faire devancer la maturation ;
on pratiquera cet écimage
d’autant plus court que l’on
sera plus rapproché du jour du
greffage. Pincés trop court et
trop tôt, alors que les yeux ne
sont pas apparents, les greffons
se ramifient avant leur
aoûtement et ne peuvent être
utilisés. D’un autre côté, on
pourrait prolonger la
végétation active du sujet par
des arrosements et des labours.
Devancée ici, retardée là-bas,
la sève se trouvera à peu près
en harmonie dans les deux
parties qui vont être
rapprochées.
Un binage donné quelques
jours avant le greffage active la
sève ; donné aussitôt après, il
entretient la végétation et
favorise l’agglutination de la
Fig. 99. — Sujet écussonné, ses rameaux
greffe.
liés et rognés.
Il serait imprudent
d’écussonner quand le fluide séveux est trop abondant ; l’œil
serait noyé, ou « perdu de gaillardise », disait l’auteur Cabanis.
L’insuccès est encore à redouter si l’on attend que la sève soit

200
moins active, alors que l’écorce des rameaux ne s’isole plus de
l’aubier et que les matinées deviennent fraîches.
En écussonnant de la mi-août à la mi-septembre les espèces à
végétation prolongée, on prendra ses précautions pour favoriser
la soudure de la greffe. Au moment d’écussonner, on réunira les
branches du sauvageon en les liant. Aussitôt le greffage
terminé, on coupera l’extrémité de ces branches aux trois quarts
de leur longueur ; le mouvement de la sève éprouvera un temps
d’arrêt et l’agglutination de la greffe en sera la conséquence.
Les espèces à végétation luxuriante seront soumises à ce
régime. Ici, le sujet de Prunier (A, fig. 99) est écussonné en B ;
les rameaux sont écimés (E) et liés avec l’un d’eux (F). Nous
verrons, au printemps suivant, à élaguer le rameau C et à étêter
le sujet en D.
Deux ou trois semaines après le greffage, on passe en revue
les écussons, et l’on recommence à greffer les sujets quand
l’écusson a manqué ou s’il est resté avec une écorce noire ou
ridée. Mais la circulation de la sève est déjà ralentie ; il faut,
pour ainsi dire, en chercher les derniers courants à la gorge
d’une branche latérale ou sous l’empâtement d’une branche
vigoureuse.
L’état dormant d’un écusson peut durer plusieurs années.
Dans les pépinières, on trouve des yeux boudeurs chez
l’Abricotier, le Rosier, le Néflier, le Hêtre. En 1873, on vit au
parc Monceau à Paris, sur le Frêne à fleurs, se développer, après
tronçonnement du sujet, des écussons de Chionanthe inoculés
en 1860.
[3.2.3]

201
soins après l’écussonnage

Aussitôt l’écussonnage terminé, il convient de biner le sol


piétiné par le travail.
Quelques semaines après l’écussonnage, on soulage les
greffes étranglées, en coupant ou en retirant la ligature ; on
renouvelle le lien si la soudure n’est pas achevée, ou l’on
conserve l’ancien en le desserrant. Le coton et le raphia, même
la laine, pourraient être utilisés à nouveau. Il vaudrait mieux
attendre que l’hiver fût passé pour délier ou délainer les greffes
sensibles au froid ; mais avec les espèces fruitières à noyau et
dans les localités exposées au verglas, la présence de la ligature
en hiver pourrait avoir l’inconvénient d’accumuler le givre
autour de l’œil ; il faudrait alors détacher le lien d’assez bonne
heure ; l’écusson aurait le temps d’aoûter.
On taillera quelques branches volumineuses à la tête des
sujets au-dessus de la greffe.
Avec l’aide du sécateur ou de la serpette, on commencera
l’étêtage des sujets écussonnés à œil poussant huit jours après le
greffage ; on continuera à leur retrancher successivement
branches et tige, jusqu’à 0m,10 au-dessus de la greffe, tandis
qu’elle prend son évolution foliacée (voir fig. 102, p. 190).
Sur les arbres greffés à œil dormant, on coupera le sujet après
l’hiver et avant la végétation, à 0m10 au-dessus de la greffe (D,
fig. 99).
L’onglet conservé sert au palissage de la jeune greffe ; on le
retranchera à la fin de l’été suivant (d’après la ligne B, fig. 103,
p. 195). Un scion chétif peut conserver encore son onglet.
[3.3]

202
Groupe 2.

greffage en flûte

[3.3.1]Préceptes généraux. — Le nom de greffage en flûte ou


en sifflet a été donné à ce système en raison de la ressemblance
que l’on trouve, quant au mode de détacher le greffon, avec la
manière d’obtenir des flûtes rustiques, des chalumeaux, au
moyen de tubes ou de tuyaux d’écorce enlevés sur une branche
en sève.
Quoiqu’on ait remplacé cette greffe dans les pépinières par
des systèmes plus expéditifs, il est cependant des personnes qui
l’emploient encore pour multiplier le Châtaignier, le Noyer, le
Mûrier, le Figuier, le Cerisier, l’Amandier, le Saule.
Dans certaines régions, les cultivateurs ont une telle habitude
de réussir la greffe en sifflet qu’ils n’en veulent pas d’autres.
L’époque de greffer en flûte est au printemps, dès la première
évolution de la sève. On pourrait encore opérer vers la fin de
l’été, avant que les nouvelles zones génératrices fussent séchées
par le ralentissement de la végétation.
Il y a deux modes principaux de greffer en flûte ; ils se
ressemblent quant à la préparation du greffon.
Le greffon (A, fig. 100) est une portion d’écorce de forme
tubulaire, portant au moins un œil. On l’isole du rameau-
greffon en pratiquant d’abord avec le greffoir une incision
circulaire à 0m,03 au-dessus de l’œil, et une autre au-dessous.
Ces deux traits limitent la hauteur du greffon, on les relie par
une incision longitudinale ; alors on prend le greffon par le

203
coussinet, et, avec dextérité, on détache la partie d’écorce
comprise entre les incisions. Si l’on craignait d’arracher les
fibres (vulgairement le germe, la racine) des bourgeons, on
s’aiderait de la spatule du greffoir (fig. 5 et 6).
Le greffon sera rapporté sur le sujet, à la place d’un cylindre
d’écorce semblable en hauteur, que l’on a détaché au même
instant.
Il convient de fonctionner avec habileté, par un temps calme,
pour éviter de fatiguer les couches internes mises à nu.
L’étêtage préalable du sujet pour faciliter l’emmanchure du
greffon donne souvent de bons résultats, mais il est plus
rationnel de greffer sur le corps de la tige et de l’étêter plus tard
quand la soudure sera un fait accompli.
Un sujet jeune et vivace se prêtera mieux au greffage en flûte
que s’il était vieux ou endurci. Un sujet trop gros sera greffé sur
ses branches plutôt que sur le corps de la tige.
[fig100]

En ménageant des lanières d’écorce sur les parties non


recouvertes par le greffon, il est rare que l’on ait besoin
d’employer la cire à greffer.
[3.3.1.2]Greffe en flûte ordinaire (fig. 100). — Le greffon (A)
détaché comme nous venons de l’expliquer est rapporté sur un
sujet non étêté (A), au lieu et place (C) d’un tuyau d’écorce
enlevé par le même procédé. Nous le plaçons de façon que l’œil
se trouve au-dessous d’un bourgeon du sujet ; ce bourgeon
attirera la sève vers la greffe et en activera la reprise. On
ligature, et s’il reste quelques jointures à découvert, on
appliquera un liniment froid.

204
Si le greffon avait un diamètre supérieur à
celui du sujet, il serait facile de remédier à cet
état en retranchant au greffon une bande
d’écorce d’une largeur égale à la différence.
[fig101]

[3.3.1.3]Greffe en
flûte avec lanières
(fig. 101). — Le
greffon étant préparé
de la même façon
que le précédent, on
coupe l’écorce du
sujet par bandes
Fig. 100. — Greffe longitudinales (F),
en flûte ordinaire adhérentes encore à
(Noyer). leur base. On les
abaisse dès que le greffon se trouve
préparé. Aussitôt, on place le greffon
en E ; on relève sur lui les lanières
corticales (F) et on les maintient dans
cette position avec une ligature (G). Fig. 101. — Greffe en flûte avec
Avec les lanières, on couvre les lanières.
places nues laissées par un greffon trop étroit.
[3.3.2]Soins après le greffage en flûte. — Comme dans tous les
greffages, il faut surveiller la ligature et placer un tuteur qui
domine la greffe. Si la tête du sujet est trop chargée de
branches, on en taillera quelques-unes.
L’étêtage du sujet est basé sur la nature de la greffe ; si elle
est à œil poussant, on étêtera graduellement jusqu’à 0m,10 du

205
bourgeon supérieur, en commençant dès que la soudure est
assurée. L’étêtage serait définitif et remis au printemps, si
l’opération avait eu lieu dans le cours de l’été, à œil dormant.
Toutefois, au moment du greffage en flûte, il ne faut pas
hésiter à écimer au-dessus de la greffe la tige ou la branche
opérée.

206
VII. — TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES DU
GREFFAGE

En décrivant les procédés de greffage, nous avons indiqué les


principaux soins réclamés par chacun d’eux, une fois le travail
terminé. Nous les résumerons en les généralisant.
[1]Surveillance des ligatures. — Au moins huit jours après
le greffage, on veille à ce que la ligature n’étrangle pas la
plante. Si elle pénètre dans l’écorce par l’effet de la croissance
du sujet, on se hâtera de donner un coup de greffoir en travers
de la ligature, à l’opposé du bourgeon inoculé ou des jointures
d’écorce ; le lien, ainsi coupé, tombe sans qu’on y prête la
main.
Un commencement de strangulation n’est pas toujours un
motif suffisant pour détacher le lien. S’il y a trop peu de temps
que le greffage est terminé, on retarde la suppression de la
ligature ; il suffirait de la trancher partiellement ou de la
remplacer par une autre. Une greffe ainsi serrée ou comprimée
pourrait devenir à œil poussant.
Lorsque la ligature étrangle le sujet, on la coupe en haut et en
bas, puis on la déroule en l’extrayant minutieusement des
boursouflures d’écorce qu’elle a suscitées. La moindre esquille
oubliée peut occasionner des désordres chez l’individu greffé.
Il vaut mieux enlever le lien à l’automne, avant l’hiver, les
épidermes et les points de jonction s’acclimateront
graduellement. On laissera jusqu’au printemps la ligature des

207
greffes sensibles au froid, sauf dans les situations exposées au
verglas. La tille, la laine, le raphia enlevés assez tôt permettront
à l’écorce de supporter la température et aux replis de
disparaître.
La ligature des greffes de boutons à fruit (voir chap. ix) est
conservée plus longtemps ; on la retire après la nouaison du
fruit.
Dans les premiers jours qui suivent le greffage, on pourra
rencontrer plus fréquemment des ligatures qui se relâchent ; il
faudra les renouveler. En même temps, on rafraîchira le mastic
des engluements gercés ou tombés.
On profitera de cette première surveillance pour
recommencer les greffes non réussies et pour enlever les
cornets de papier, feuilles et autres écrans, placés sur le greffon
pour le préserver de l’action du hâle et de la sécheresse.
[2]Étêtage du sujet. — Il s’agit ici des greffages en approche
et de côté.
Les arbres greffés par approche seront soumis au sevrage.
Cette opération comprend l’étêtage du sujet et la séparation de
la mère ; son but est de localiser la sève dans le sujet et dans le
greffon réunis et soudés. (Voir page 88).
Les sujets greffés latéralement, soit par écusson, soit par
rameau — en placage, sous écorce, dans l’aubier, en flûte, —
seront écimés de suite ou après l’hiver, suivant le mode de
greffage, à œil poussant ou à œil dormant.
[fig102]

208
Fig. 102. — Étêtage successif de la greffe à œil poussant (Lilas).

1o Si le greffage est à œil poussant, c’est-à-dire pratiqué


assez tôt en saison pour permettre au greffon de végéter avant
l’hiver, l’écimage du sujet (A, fig. 102) sera commencé
quelques jours après le greffage ; on coupera les sommités (b)
des branches et de la flèche ; huit jours après, on les taillera
encore plus court (B), et ainsi de suite à mesure que le greffon
se développera jusqu’à 0m,10 au-dessus de la greffe (C). On
ménagera des rameaux sur l’onglet pour aider le greffon à
attirer la sève ; enfin l’onglet sera enlevé au ras de la greffe (d)
vers la fin de la végétation. Désormais, l’arbre (D) est complet.

209
2o Si le greffage, au contraire, est à œil dormant, c’est-à-dire
si le greffon ne doit pas pousser avant le printemps suivant, on
attendra que l’hiver soit passé, et l’on étêtera le sujet à 0m, 10
au-dessus de la greffe (C, D, fig. 99, p. 181).
Lorsqu’il y aura des greffes sur plusieurs branches, chaque
branche sera tronçonnée comme les tiges greffées.
Le moignon conservé au-dessus de la greffe prend le nom
d’onglet, de chicot. On le tiendra plus court si le greffon est
douteux ou muni d’yeux peu saillants ; si, au contraire, l’onglet
est ramifié, on l’élague ; il suffira de deux ou trois bourgeons
pour attirer la sève. Quand les yeux du greffon sont incertains
ou éteints, l’application d’une nouvelle greffe par rameau,
auprès de l’ancienne, serait une bonne précaution, sans que
l’arbre en soit « déshonoré », suivant une expression de l’École
du Jardin fruitier.
L’opération de l’étêtage d’un sujet porte différents noms
locaux et usuels ; le plus répandu est sevrage, comme s’il
s’agissait d’isoler de la mère une greffe en approche ou une
marcotte.
[3]Ébourgeonnement du sujet. — Quand la végétation
commence, il faut ébourgeonner sévèrement. Plus tard, on agit
avec plus de précautions. Nous abattons avec la serpette ou
avec la main les bourgeons du sujet situés entre le sol et la
greffe. On pourrait en conserver sur les tiges chétives et en
pincer les jeunes pousses, elles y attireraient le fluide nourricier.
Les bourgeons qui se développent sur l’onglet, autour de la
greffe, seront littéralement supprimés ; toutefois, au-dessus de
ce point, et afin de ne pas diminuer l’aspiration de la sève
indispensable à la soudure, on conserve un ou deux bourgeons à

210
titre d’appelle-sève, et on les pince. On les conservera plus
longtemps sur les espèces dont l’onglet se dessèche vite,
comme l’Érable, le Cytise, le Févier, le Hêtre, le Sophora. On
les élaguera lorsque le jeune scion pourra se passer d’auxiliaire.
L’ébourgeonnage est renouvelé dès que l’on remarque une
végétation de jets étrangers à la greffe. On modère à chaque
fois l’opération sur les arbustes fluets, souffrants, et l’on cesse
quand le greffon-écusson persiste à rester engourdi. Avec
certaines espèces, l’Abricotier, le Rosier, si l’on taille l’onglet à
ras d’une greffe dormante à l’excès, on a la chance d’en exciter
la végétation immédiate ou de faire développer de nouveaux
rameaux du sauvageon ; ceux-ci, à leur tour, seraient
écussonnés ultérieurement. Cette taille de l’onglet est une
solution radicale et décisive.
Des sujets greffés en tête sur tige ou sur branches
préalablement tronquées seront ébourgeonnés jusqu’au sol, sur
la tige et sur les branches greffées. Çà et là, on ménagera
provisoirement quelques petites ramifications ou des
bourgeons, dans le but d’appeler le fluide séveux vers la greffe
ou vers les parties faibles.
En tout temps, on extirpera soigneusement, jusqu’à leur
naissance, les drageons et les rejets souterrains qui affameraient
la greffe.
[4]Destruction des insectes. — En même temps que
l’ébourgeonnement, aura lieu la surveillance à l’égard des
insectes et leur destruction. Ce sera d’ailleurs un soin continuel,
attendu que le mal est permanent.
On trouve les insectes au centre des feuilles roulées, dans les
plaies, sous la ligature, contre les tuteurs. Leurs attaques sont

211
généralement plus vives à l’égard des bourgeons de la greffe. Si
l’on négligeait de les détruire, la jeune plante serait gravement
compromise.
Nous insistons pour une surveillance de tout instant, quelle
que soit la température. Les animaux nuisibles — comme tous
autres — sont plus actifs au printemps ; les uns agissent
pendant la pluie, les autres sous l’action de la chaleur ; ceux-ci
le matin ou le soir, ceux-là en plein midi.
Chenilles, larves, papillons, lisettes, charançons, hannetons,
coupe-bourgeons, pique-bourgeons, mouches, allantes, fourmis,
etc., seront impitoyablement écrasés avec la main ou sous le
pied, aux différentes phases de leur existence.
On détruira le tigre, le kermès, les pucerons par des lavages à
l’eau de savon noir, avec des infusions de tabac ou de plantes
aromatiques, ou par des projections de poudre insecticide, et le
puceron lanigère au moyen de frictions à l’huile ou du pralinage
à la chaux. Les corps gras sont appliqués sur le greffon, avant
qu’il bourgeonne, ou lorsqu’il est bien développé, et non aux
premières évolutions de la sève.
Les limaces et les escargots seront attirés sous des tas
d’herbages, des feuilles de choux, des planches pourries, etc., et
écrasés aussitôt. Un cordon de cristaux ou de poussières de
sulfate de cuivre n’est jamais franchi par les mollusques.
Nous avons dit que l’emploi d’accessoires : tuteurs, coffres,
paillassons, toiles, etc., imprégnés de compositions cupriques,
n’était pas favorable à l’existence des insectes et des
colimaçons.
[5]Palissage de la greffe. — Sur les arbres écimés avec
onglet, dès que les rameaux de la greffe atteignent 0m,10, nous

212
commençons à les palisser en les accolant contre l’onglet.
La figure 103 montre le palissage du jet de l’écusson contre
l’onglet (D) du sujet. Pour les espèces d’arbres où l’onglet ne
suffirait pas, on ajouterait un tuteur qui serait d’abord lié au
collet du sujet, puis à la greffe (A, fig. 104). Les arbres
susceptibles de se décoller à la greffe, ceux qui donnent des
tiges fortes ou tourmentées, ont besoin d’un tuteur dès leur
début.
Pour un jeune arbre greffé en tête (fig. 105), sans onglet, une
baguette flexible (A) réunie par les deux bouts sur la tige
servira au palissage des rameaux (B, B) de la greffe.
[fig103]

213
Fig. 103. — Dressage du Fig. 104. — Palissage
rameau de l’écusson contre d’une greffe latérale
l’onglet, et section de l’onglet. contre le tuteur.

Si la tige porte plusieurs greffons (fig. 106), il faudra un


support à chacun d’eux, soit une latte ou un petit bâton plus ou
moins ramifié, attaché au tronc par deux liens.
Les sujets greffés en basse tige seront accompagnés d’un
tuteur ayant une dimension calculée sur la végétation de la
greffe en première année. Dans les pépinières, on conserve sur
les arbres greffés les lattes et les baguettes pendant au moins

214
une année. Si l’arbre est destiné à voyager, on renouvelle le
palissage au moment de sa déplantation, ce qui garantira
suffisamment la greffe dans l’emballage.
[fig105][fig106]

Fig. 105. — Palissage Fig. 106. — Palissage


de la greffe sur une de plusieurs greffons sur
jeune tige. une même tige.

Les jeunes scions de la greffe sont palissés avec du jonc. Les


baguettes et les tuteurs sont attachés au sujet avec deux osiers,

215
au moins ; un seul osier ou plusieurs liens en jonc ou en paille
ne seraient pas assez solides. Quand le rameau de la greffe
devient ligneux, on peut l’accoler avec du gros jonc, de l’osier,
avec de la tille, du raphia, de la spargaine, de la paille mouillée,
avec des lanières d’écorce ou de jeunes tiges de lin ou de
chanvre résultant d’un semis dru.
On palisse avec soin en évitant de trop comprimer le rameau,
d’en froisser l’épiderme ou d’en tourmenter les feuilles.
Les tuteurs sont en bois arrondi plutôt qu’en brin fendu, le
sulfatage en augmente la durée. On place l’échalas de
préférence à la face nord du sujet ; de cette façon, il ne gênera
point l’action des rayons solaires sur les tissus de l’arbre.
Un tuteur placé contre un arbre à haute tige doit toujours être
assez élevé pour dépasser le point greffé. Trop court et attaché à
la tige sans soutenir la greffe, il exposerait davantage cette
dernière à être brisée par le vent ; il serait préférable alors de ne
pas mettre de tuteur, mais disons encore que le sujet et la greffe
résisteront mieux aux bourrasques avec l’appui d’un support
commun (C, fig. 45, p. 89).
Des tampons de mousse, de cuir ou de liège entre le tuteur et
l’arbre seront nécessaires pour éviter toute meurtrissure.
Au moment des orages, on redoublera de vigilance et, si des
greffes étaient trop agitées par le vent, on chercherait à y
remédier par de nouveaux supports et même par l’écimage ou
l’effeuillage des rameaux les plus allongés.
[6]Suppression de l’onglet. — Après une année de
végétation, on retranche l’onglet de la greffe ; en le laissant plus
longtemps, il meurt et la carie attaque le sujet. Si on le coupe à
l’époque du déclin de la sève, la plaie se cicatrise, et le coude

216
formé au point de jonction ne tarde pas à disparaître.
Cependant, il n’y aurait aucun danger à conserver pendant deux
ans l’onglet d’une greffe faible en végétation.
Dans les pépinières, l’ablation de l’onglet se fait en août et en
septembre, quand le travail de l’écussonnage se termine. On
commence par les greffes dont la liaison pourrait être moins
intime ; par exemple, lorsque deux genres différents sont
greffés l’un sur l’autre : le Poirier sur le Cognassier, le Cerisier
sur le Mahaleb, l’Abricotier ou le Pêcher sur le Prunier ou sur
l’Amandier, le Néflier sur l’Aubépine ou sur le Cognassier, le
Lilas sur le Troène.
On coupera l’onglet en biais, suivant la ligne B de la figure
103, et celle (i) de la figure 109, la section étant dirigée sur un
plan oblique dont la base commence en face du talon de la
greffe pour finir à la gorge même de cette greffe. Si l’onglet
était gros et sec, ou placé entre deux scions (fig. 97, p. 177), on
emploierait la scie et l’on parerait ensuite avec une lame fine.
Dans les cas ordinaires, la serpette à désongletter (fig. 4) est la
plus convenable pour les arbres à basse tige. — L’opérateur arc-
boute son pied au collet de l’arbre ; mais le coup de serpette
doit être donné avec une certaine habileté, respectant la jeune
pousse et ne fatiguant pas le sujet.
Un petit chicot pourrait être enlevé au sécateur ; on planerait
ensuite la coupe à l’aide de la serpette, en retenant la lame avec
la main pour ne point attaquer la greffe.
L’application de boue, d’onguent sur la plaie est favorable à
la cicatrisation.
En même temps qu’on supprime l’onglet, on retranche les
scions complémentaires résultant d’un greffage multiple. La

217
solidité de la greffe y gagnera.
[fig107]

[7]Réduction du bourrelet de la greffe. —


Lorsqu’il se manifeste, à la naissance de la
greffe, un bourrelet proéminent (A, fig. 107) au
détriment de la libre circulation de la sève,
nous cherchons à l’atténuer par quelques
incisions longitudinales données au printemps,
partant du bourrelet de la greffe (C) pour se
continuer sur le sujet chétif (B). Le cambium
dégorge par ces issues, dilate les couches
génératrices et vient aider à leur
accroissement.
Les incisions sont produites par un simple
Fig. 107. —
coup de greffoir ; elles seront prolongées çà et
Réduction du
là sur la tige, dans les endroits faibles, et
bourrelet de la
renouvelées modérément dans le cours de la
greffe.
végétation, s’il y a lieu.
Par un procédé analogue, nous utilisons le bourrelet du
Poirier sur Cognassier au profit de la vigueur de l’arbre. Le
poirier (D, fig. 108), trop gros relativement au sujet (E) sur
lequel il est greffé, ralentit sa vigueur et sa production. Nous y
remédions en pratiquant dans le bourrelet (F), au printemps, de
petites incisions longitudinales ; nous buttons en H avec du
sable ou de la terre amendée, entretenue humide par l’arrosage,
un paillis ou une couverture de tannée usée. Des radicelles (g)
ne tarderont pas à sortir des fissures du bourrelet (F’) sur la
greffe ; elles deviendront racines et alimenteront l’arbre
directement.

218
[fig108]

Fig. 108. — Affranchissement du Poirier sur cognassier.

Le Poirier (D’) ainsi affranchi reprendra une vigueur


nouvelle, tandis que le tronc (E) appartenant au sujet de
Cognassier périclitera et finira par disparaître avec ses racines.
Le bourrelet de la greffe, riche en tissu cellulaire, peut être alors
assimilé au talon de la bouture crossette (fig. 21, p. 40).

219
VIII. — VÉGÉTAUX À MULTIPLIER
PAR LA GREFFE ;
ARBRES, ARBRISSEAUX, ARBUSTES.

Il ne suffit pas de savoir greffer, il faut encore connaître les


végétaux qui se soumettent au greffage, la nature du sujet qui leur
convient et les procédés à employer.
Ce chapitre, consacré aux principales essences ligneuses du climat
de la France ou des régions tropicales, en donnera l’indication.
Les procédés de greffage sont inscrits dans l’ordre de leur
importance relative. Nous y ajoutons le mode de reproduction du sujet
et quelques observations dictées par l’expérience.

[1]

Abricotier (Armeniaca).
Famille des Amygdalées.

Sujet. — Prunier, Prunus domestica, var. Saint-Julien et Damas


noir (semis). — Prunier cerise ou mirobolan, P. cerasifera ou
mirobolana (semis, bouture). — Dans la zone du vignoble, on le
greffe encore sur Abricotier franc, A. vulgaris, sur Amandier,
Amygdalus communis, même sur Pêcher, Persica vulgaris (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet-août. — Anglaise simple
(fig. 80). — En incrustation (fig. 59) ; mars-avril. — En pied ou sur
tige.
Suivant les milieux, l’Abricotier se greffe sur divers genres voisins
énumérés plus haut. Commençons par le plus répandu, le Prunier.
220
Greffage sur Prunier. — Les espèces sympathiques à l’Abricotier
sont les Pruniers de Saint-Julien, Damas et Mirobolan ; celui-ci se
multiplie par semis et par bouture, les autres par semis, souvent par
cépée. Le greffage en pied se pratique à 0m,15 du sol sur de jeunes
plants trapus ; on a d’abord attaché entre elles les branches du sujet et,
la greffe terminée, on les écimera et fagotera (fig. 99, p. 181).
Biner le sol, par un beau temps, aussitôt le greffage achevé et
surveiller les ligatures.
Les mêmes plants soumis au recepage donneront des sujets propres
à être greffés sur tige, deux ou trois ans après cette opération. S’ils
étaient d’une nature rabougrie, on aurait recours au greffage
intermédiaire d’une espèce vigoureuse et sympathique à l’Abricotier,
par exemple les Pruniers Reine-Claude de Bavay, Sainte-Catherine,
Quetsche, ou une forme du Prunier de Saint-Julien, celui de
Montlignon ou tout autre adopté dans les pépinières.
La figure 109 représente un sujet de Prunier (e) sur lequel est greffé
l’intermédiaire (f) ; le surgreffage de l’Abricotier est appliqué en tête.
À 0m,20, la jeune greffe a été pincée (g), elle s’est ramifiée (o) ; avant
la chute des feuilles, l’onglet sera coupé (i).
C’est ici le cas d’employer le greffage mixte des rameaux du
Prunier préalablement écussonnés (fig. 98). M. Bruant, à Poitiers,
applique ce système aux rameaux de Prunier Mirobolan qu’il
écussonne sur pied, en Abricotier, pour les fractionner à l’automne,
les enjauger et les multiplier ensuite par la voie du bouturage.
[fig109] On rencontre encore d’autres espèces de Prunier
sympathisant avec l’Abricotier. Les Anglais emploient le Prunier
Brussel, sauf pour l’Abricotier pêche et ses sous-variétés. Les
Hollandais ont adopté le Prunier Grosspflaum. À Metz, on emploie le
Prunier Quetsche, élevé par cépée.
Greffage sur Abricotier, Amandier et Pêcher. — Parcourons notre
région centrale et la région méridionale où l’Abricotier réussit sur les

221
espèces indiquées, Abricotier, Amandier, Pêcher,
comme sur le Prunier.
Nous quittons la Bourgogne qui semblerait être
la limite nord du succès de l’Abricotier greffé sur
Pêcher ou sur Amandier.
Le greffage de l’Abricotier sur Pêcher franc, à
demi-tige, se pratique dans une partie du
Lyonnais, cantons de l’Arbresle et de Tarare,
notamment à Besenay où un abricot blanc, à
confiture, est cultivé dans les vignes.
Dans le département de l’Ain, sur les bords de
la Saône, l’Abricotier vit avec le Pêcher ; vers la
région froide des étangs, il préfère le Prunier.
Dans le Dauphiné, surtout aux environs de
Valence, l’Amandier est employé comme sujet
pour les cultures en plein vent. On greffe
également sur Abricotier franc les variétés
robustes, connues sous les noms d’Abricotier Fig. 109. — Surgreffage
d’Ampuis et d’Abricotier Luizet. de l’Abricotier.

En Provence, on adopte le sujet Prunier mirobolan (semis), dans les


terrains profonds ou arrosés, et le sujet Abricotier franc lorsque le sol,
humide, s’égoutte difficilement.
Sur les bords de la Méditerranée, dans les terrains secs et arides,
non abrités du vent violent qui casse les jeunes greffes, on soustrait
l’Abricotier à son action par un greffage intermédiaire. L’Amandier
est d’abord écussonné en pied avec une variété vigoureuse de Pêcher ;
celle-ci s’élèvera à tige et recevra le bourgeon d’Abricotier. Sur
Pêcher, la greffe d’Abricotier se décolle moins facilement que sur
Amandier, et ce dernier sujet convient aux terrains secs de la région
méridionale.
Dans l’Aude, il paraît que l’Abricotier greffé sur l’Abricotier franc,
en pied, élevé à tige par l’évolution même de la greffe, est plus

222
robuste que s’il était greffé en tête.
En suivant le cours de la Garonne, nous rencontrerons çà et là des
Abricotiers greffés sur Amandier, d’autres sur Abricotier franc, et la
majeure partie sur Prunier, comme ils le sont dans l’est, l’ouest et le
nord de la France.
Observations. — Les rameaux-greffons de l’Abricotier, bien
aoûtés, de grosseur moyenne et récoltés en plein vent sont préférables.
Il convient de rejeter les yeux de la base qui se développeraient mal ;
ceux du sommet sont difficiles à employer pour le greffage par
bourgeon.
Vérifier l’écussonnage quinze jours ou trois semaines après la
première opération. Doubler l’écusson pour augmenter les chances de
succès ; mais pendant la sève, il conviendra de tenir court, par le
pincement, le scion qui se trouve moins bien placé et de le retrancher
lors du désonglettage ou suppression de l’onglet.
Dans les pépinières, si l’on craint la non-réussite de l’Abricotier, on
pose sur le sujet un second écusson de Prunier ou d’une espèce
similaire, Amandier, Pêcher.
Détacher la ligature à l’automne.
Détruire au printemps les lisettes et les colimaçons, friands des
bourgeons d’Abricotier.
Palisser rigoureusement, à plusieurs reprises.
Désongletter quelques mois avant l’hiver.

[2]

Abutilon (Abutilon).
Famille des Malvacées.

Sujet. — Abutilon à fleurs striées, Abutilon striatum (semis,


bouture).

223
Greffage. — En demi-fente sur collet (fig. 110). En placage (fig.
118) ; mars-avril, sous verre.
Observations. — Il convient de choisir un sujet d’une nature
vigoureuse, à feuille verte quand le greffon est à feuille verte, et à
feuille panachée ou maculée quand le greffon est d’une espèce à
feuillage bigarré, — si l’on veut éviter une perturbation dans les
résultats du greffage.
Victor Lemoine, l’habile multiplicateur de Nancy, ayant greffé
l’Ab. Thompsoni fol. variegatis sur l’Ab. vexillarium, celui-ci émit,
au-dessous de la greffe, des pousses à feuilles panachées. Une autre
fois, la première de ces variétés devint le porte-greffe de nouveautés à
feuillage vert, mais elles produisirent une bigarrure telle, qu’elles
furent mises au commerce sous les noms de Caprice et de Caméléon.
Greffées à leur tour, sur des Abutilons verts, ces dernières
provoquèrent la panachure de leur sujet.
Ailleurs, chez Van Houtte à Gand, la panachure blanche d’un sujet
devint jaune au contact d’un greffon de cette nuance : la couleur
primitive revint au sujet après suppression du greffon.
Ces faits appellent l’attention du physiologiste.

[5]

Alaterne (Rhamnus Alaternus).


Famille des Rhamnées.

Sujet. — Alaterne à large feuille, Rhamnus Alaternus latifolius


(semis).
Greffage. — En placage (fig. 55, 56) ; octobre. — En pied ; sous
verre.
Observations. — Choisir des plants de deux ans, ayant la grosseur
d’une plume d’oie, — le plant d’un an serait trop fin ; s’il était plus

224
âgé, sa tige, trop grosse, sympathiserait moins bien avec les rameaux
fluets du greffon.
La soudure étant assez lente, on maintient la greffe à l’étouffée
pendant deux mois environ.
Les Alaternes se propagent facilement par le marcottage ; mais,
dans les sols légers comme ceux de la Champagne, l’Alaterne à
feuille panachée de blanc, Rh. alaternus albo-variegatus, végète mal ;
de là, sa multiplication par la greffe. Dans nos pépinières, cette variété
est plus vigoureuse, greffée, que multipliée par le couchage.

[6]

Alisier (Aria).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Aubépine blanche, Cratægus oxyacantha (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet. — En fente (fig. 69). —
En incrustation (fig. 59) ; mars-avril. — En pied.
Observations. — Greffer rez terre, pour éviter la difformité d’un
sujet plus étroit que la greffe et la végétation de pousses affamantes
sur la tige du sauvageon.
Rejeter du rameau-greffon les yeux de la base, d’un développement
incertain, et ceux du sommet, trop disposés à fleurir.
Nous avons vu, au Jardin des Plantes de Paris, de beaux Alisiers
greffés sur Cognassier.

[7]

Althéa (Hibiscus).
Famille des Malvacées.

225
Sujet. — Ketmie des jardins, Hibiscus syriacus ou Althæa frutex à
fleur simple (semis ; bouture ; fragment de racine).
Greffage. — En fente (fig. 110). — À l’anglaise (fig. 81). — En
incrustation (fig. 60). Sur collet de racine (fig. 115) ; avril. — En pied.
Observations. — Les rameaux, préparés à l’avance, seront enterrés
peu profondément avec du sable sec, parce qu’ils craignent la
pourriture ; il sera prudent de les abriter de la gelée. Quand l’hiver
n’est pas à redouter, on peut couper, au moment du greffage, les
rameaux sur le sujet étalon. Dans un climat froid, il est indispensable
d’empailler les porte-greffons.
Greffer le plant (A, fig. 110) rez terre, plutôt au-dessous, ou choisir
comme sujet un fragment de racine. Veiller à l’ébourgeonnage.
On peut greffer en hiver, à l’abri (page 51), puis enjauger à la cave
l’arbuste greffé (B), pour le transplanter au premier printemps.
[fig110]

226
Fig. 110. — Greffe en demi-fente au collet (Althéa).

[8]

Amandier (Amygdalus).
Famille des Amygdalées.

Sujet. — Amandier à coque dure, Amygdalus communis (semis). —


Prunier, Prunus domestica (semis ; marcottage par cépée).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; août. — En fente (fig. 69) ;
mars. — En pied ou sur tige.
Observations. — L’écussonnage en pied, à œil dormant, est
préférable sur un jeune sujet ; le plant greffé sera fagoté, écimé

227
ensuite (fig. 99).
En Provence, on greffe en flûte, à œil poussant, l’Amandier à coque
tendre ou à coque demi-dure sur l’Amandier commun.
Dans les terrains secs ou arides de la région méditerranéenne, on
écussonne l’Amandier princesse, avec étêtage immédiat du sujet, pour
forcer le bourgeon de la greffe à se développer, avant les grandes
chaleurs ; sans cette précaution, l’œil écussonné resterait dormant et
se dessécherait au lieu de végéter.
Ce procédé est pratiqué en juin, alors que les bourgeons sont
formés. La section du sujet, huit jours après, excite la végétation
d’une greffe réussie ; s’il y avait doute, il vaudrait mieux ne pas étêter.
En tout cas, la ligature n’est enlevée que lorsque la jeune greffe peut
se défendre contre les vents ; dans ces conditions, son accolage est
une précaution nécessaire.
Si la contrée est gélive, le sujet Prunier est préféré au sujet
Amandier pour la propagation des Amandiers à coque tendre. L’arbre
n’y aura pas une longue durée ; mais l’Amandier franc de pied se
plairait moins sous un climat froid.
Dans les pépinières, on greffe souvent à titre supplémentaire
l’Amandier en plein carré de Pruniers, de Pêchers ou d’Abricotiers.
Les variétés d’ornement seront greffées en pied, par écusson, sur
Amandier ou sur Prunier, en pépinière ou dans la serre, avec des
sujets vigoureux et de moyenne grosseur.

[11]

Andromède (Andromeda).
Famille des Éricacées.

Sujet. — Andromède (semis), type de l’espèce ou variété à


reproduire.

228
Greffage. — En placage (fig. 118) au collet ; février, sous verre.
Observations. — L’Andromède du Japon à feuille panachée se
multiplie de cette façon sur son type robuste et toujours vert,
l’Andromède du Japon ou Pieris japonica.
Surveiller le drageonnage.

[12]

Aralia (Aralia).
Famille des Araliacées.

Sujet. — Aralia épineux, A. spinosa (racine). — Aralia réticulé, A.


reticulata (bouture).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110). En incrustation (fig. 115) ;
sur racine ou au collet, sous verre. Février ; août.
Observations. — Les Aralias se multiplient par le bouturage de
racines ou de rameaux ; le greffage est appliqué aux types
récalcitrants. Le sujet est une racine de l’Aralia épineux ou un plant
racine des A. reticulata, Guilfoylei, filicifolia, élevé par bouture ;
ceux-ci conviennent aux espèces de serre, les A. elegantissima,
leptophylla, Veitchi et var. gracillima.
Le greffon est introduit au collet du plant ou en tête de la racine-
sujet et ligaturé solidement.
Empoter les plantes greffées à fleur de terre avec un compost de
bonne terre franche, sable et terre de bruyère, puis les placer sous
cloche dans la serre à multiplication. Une fois soudées, elles seront
portées sur couche tiède, sous verre ou en serre tempérée.
Quelques variétés d’Aralias et de genres similaires se propagent par
la greffe sur leurs propres racines. — L’Aralia de Chabrier s’élève
mieux, enté sur lui-même, le sujet étant un rameau-bouture et le
greffon pris sur tête.

229
[13]

Araucaria (Araucaria).
Famille des Conifères, § Araucariées.

Sujet. — Araucaria (semis, bouture).


Greffage. — De côté avec incision oblique (fig. 67). — En placage
(fig. 113) ; février, août. — En pied ; sous verre.
Observations. — Le groupe des Araucarias se subdivise en
Colymbea, Eutacta, Dammara. Les Colymbea imbriqué et du Brésil,
les Eutacta élevé et de Cunningham en sont les porte-greffes. Au
Brésil, on greffe parfois l’Araucaria du Brésil sur l’Araucaria
imbriqué (Colymbea).
Lorsqu’on manque de sujets, on pourrait en créer, par un bouturage
de têtes ; mais le nombre de rameaux nés par suite du tronçonnement
de la flèche étant restreint, et le bouturage n’étant pas d’une réussite
aussi certaine que le greffage, on commencera par bouturer des
rameaux de côté ; plus tard, on greffera ces sujets de bouture avec des
greffons de tête.
Les greffons de tête sont des jets qui naissent à l’aisselle du
verticille supérieur de branches, la flèche ayant été écimée à cet effet.
Le Dammara ovata réussit sur son type, de semis, et sur
l’Araucaria imbriqué.
L’Ar. Rulei prend sur Ar. excelsa (Eutacta).
L’Araucaria excelsa, de semis, lorsqu’il est fluet, sera rendu trapu
par le greffage de la tête du jeune arbuste sur son propre collet.

[14]

230
Arbousier (Arbutus).
Famille des Éricacées.

Sujet. — Arbousier des Pyrénées, Arbutus unedo (semis, cépée).


Greffage. — En placage (fig. 55, 56) ; février, septembre. — En
pied ; sous verre.
Observations. — Choisir de jeunes plants âgés de deux ans, il vaut
mieux opérer sur des tissus jeunes. Greffer sous cloche ou sous
châssis ; tenir le sujet greffé à l’étouffée pendant deux mois et
l’amener ensuite graduellement à l’air libre en le faisant passer par les
abris (fig. 36, p. 71).
Dans le Midi où l’Arbousier croît spontanément, on préfère le plant
de cépée pour le greffer par approche, en plein été et à l’air libre.

[15]

Arthrotaxis (Arthrotaxis).
Famille des Conifères, § Séquoiées.

Sujet. — Cryptomeria du Japon (semis).


Greffage. — De côté dans l’aubier (fig. 67). En placage (fig. 113) ;
août-septembre, sous verre.
Observations. — Le greffage se fait à l’étouffée, sous cloche et à
froid.
L’Arthrotaxis imbriqué réussit à la greffe d’août sur le Cryptomeria
élégant.
D’après Keteleer, on évitera d’entailler trop les greffons
d’Arthrotaxis.

[16]

231
Aubépine (Cratægus oxyacantha).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Aubépine blanche (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet. — En fente (fig. 69, 71).
Anglaise (fig. 81) ; mars. — En couronne (fig. 51, 54) ; avril. — En
pied.
Observations. — Écussonner sur des plants de grosseur moyenne.
Les greffages se font à basse tige, assez près de terre, à cause des
nombreux rameaux qui se développent sur le sauvageon.
On greffe à haute tige sur des sujets jeunes, bien constitués et droits
les variétés à bois fin, à rameaux étalés ou retombants. Cependant, à
cause de la tige noueuse de l’Aubépine commune, il conviendrait de
pratiquer une double opération : 1o on grefferait en pied, sur le
sauvageon, une sorte vigoureuse, soit l’Épine à fleur rose double, le
Néflier de Smith, le Sorbier des oiseaux ; 2o une fois celle-ci élevée à
tige, on la surgrefferait avec la variété délicate d’Aubépine.
Surveiller l’ébourgeonnement du sauvageon.
Sur l’Aubépine dite de race américaine, Ergot-de-coq, Cr. crus
galli, plant de semis, nous obtenons une belle végétation de sa
congénère plus modérée, Épine Petit-Corail, Cr. corallina.
L’Azerolier, Cr. Azarolus, se greffe sur Épine indigène ou
américaine, rez terre, et les variétés délicates, par surgreffage sur leur
type.

[17]

Aucuba (Aucuba).
Famille des Cornées.

232
Sujet. — Aucuba du Japon (bouture).
Greffage. — En placage (fig. 118). De côté dans l’aubier (fig. 66).
En demi-fente (fig. 111) ; d’octobre à février. — En pied ; sous verre.
Observations. — Lorsqu’on manque de sujets racinés, on
confectionne des boutures d’Aucuba ; en même temps on les greffe
avec la variété à propager. On les place sous cloche ; la soudure
s’accomplira tandis que la bouture prendra racine.
Le sujet (T, fig. 111) est un fragment d’Aucuba préparé pour le
bouturage ; la base (U) mise en pot (Y) est coupée sous un œil et le
sommet porte un bourgeon d’appel et une feuille (V). Le greffon (X) a
ses grandes feuilles coupées, les petites sont laissées entières ; il est
inséré en demi-fente ou par incrustation. On a ligaturé avec un lien
souple, sans engluement.
[fig111]

233
Fig. 111. — Greffe par rameau-bouture (Aucuba).

La plante est placée sous cloche, à chaud, jusqu’à la sortie des


racines ; alors on aère en soulevant la cloche, ensuite la plante est
placée sur la tablette de la serre, à froid. Plus tard, on la portera sous

234
châssis où elle hivernera ; enfin, au printemps, la plantation à l’air
libre se fera par l’intermédiaire de l’abri-ombrelle (fig. 36).
La greffe en placage (fig. 55), la greffe de côté dans l’aubier (fig.
66) sont généralement employées. Veiller aux ligatures. Au cas
d’insuccès, la greffe latérale laisse le sujet plus facilement utilisable
que si elle était pratiquée en tête.
La figure 133 indique le moyen de rapprocher les deux sexes de
l’Aucuba sur la même plante.

[18]

Aulne (Alnus).
Famille des Bétulacées.

Sujet. — Aulne glutineux, Alnus glutinosa. — Aulne blanchâtre,


Alnus incana (semis).
Greffage. — En approche (fig. 38, 42). En couronne (fig. 52) ; mai-
juin. — En fente (fig. 72, 78) ; mars-avril. — En pied ou en tête.
Observations. — Les greffages par rameau réussissent avec des
greffons dont le bois est âgé de un an ou de deux ans ; mais il est
préférable que le bois du sujet étêté soit âgé de deux ans au moins, à
l’endroit du tronçonnement.
Les variétés se greffent sur leur type.
Les opérations sous verre seront pratiquées de juillet en septembre.

[19]

Avocatier (Persea).
Famille des Laurinées.

235
Sujet. — Laurier Avocat. P. gratissima (semis).
Greffage. — En placage (fig. 55 et 125). En demi-fente (fig. 114) ;
automne, sous verre. — En approche (fig. 42), à l’air libre, après la
période des pluies et des vents du nord.
Observations. — Ce bel arbre toujours vert de l’Amérique
intertropicale, déjà acclimaté en Algérie sera ainsi propagé dans ses
dispositions vigoureuses et fructifiantes.
Aux Antilles, des planteurs ont réussi le greffage par rameau de
l’Avocatier, sur franc, en opérant au retour de la sève, les pluies étant
passées et la greffe recouverte d’une sorte de cloche en treillis de
fibres de Palmier.

[20]

Azalée (Azalea).
Famille des Éricassées.

Sujet. — Azalée du Pont, ou pontique, A. pontica (semis), pour les


variétés dites d’Amérique, à feuillage caduc. — Azalée de Chine, A.
sinensis ou mollis (semis), pour les variétés de Chine et du Japon, à
feuille caduque, de pleine terre. — Azalée de l’Inde, A. indica, (semis,
bouture) pour les variétés dites de l’Inde, à feuillage persistant, de
serre ou d’orangerie.
Greffage. — En placage (fig. 55 et 118). En demi-fente (fig. 110 et
114) ; mai-juin ; septembre. — En pied ou sur tige ; sous verre.
Observations. — Les Azalées de pleine terre se propagent
généralement par le marcottage ; cependant, on greffe les variétés
rares ou peu fournies de bois pour le couchage.
L’Azalée pontique recevra la greffe des espèces américaines et
asiatiques ; celles-ci (A. sinensis) donneraient de bons plants, par le
semis, mais on préfère les garder pour la culture de pied franc et

236
greffer la variété à propager sur l’Azalée pontique, moins intéressant
en fleurs.
L’Azalée de Chine (A. mollis) s’obtient à tige, soit naturellement,
soit par son greffage sur une variété vigoureuse d’Azalée pontique, ou
même de Rhododendron pontique. L’Az. pontica invectissima fournit
par le semis des plants vigoureux pour la culture directe ou pour
l’élevage des sujets à tige.
On greffe au mois d’août, en placage (fig. 55). ou en demi-fente
(fig. 110), au collet du sujet ; le greffon est semi-ligneux, ses feuilles
lui seront conservées ; opérer rapidement pour qu’il ne puisse faner.
La greffe au printemps réussit mal.
Ces deux espèces, Azalée pontique et Azalée de Chine, sont
préférables de pied franc, par couchage ; robustes en pleine terre, elles
ont résisté aux 25° de froid de l’hiver 1879-1880.
Azalée de l’Inde. — L’Azalée de l’Inde, à feuille persistante, riche
en variétés florales dites de serre ou de jardin d’hiver, se multiplie par
quantités considérables en France, en Belgique, en Angleterre. Nous
indiquerons les méthodes que nous avons suivies à Angers, à
Versailles, à Gand et à Cherbourg. La culture anglaise se rattache à
ces divers procédés.
Méthode angevine. — Nous devons les renseignements suivants à
M. Émile Boyau, à Angers, cultivateur de l’Azalée de l’Inde.
Les sujets sont de l’Az. phœnicea, le meilleur type, ou de l’A. rosea
elegans, à tige vigoureuse.
On choisit les sujets âgés d’un an ; la greffe en demi-fente (fig. 114)
sera pratiquée sur le bois déjà lignifié, quoique étant encore en
végétation.
L’opération peut se faire au printemps, mais on préfère la deuxième
quinzaine de septembre, en serre tempérée et sous cloche, ou sous
châssis de un mètre carré, placé dans une serre fermée ; toutefois,
l’étouffée sous cloche est le procédé le plus usité.

237
Voici quelques précautions nécessaires après le greffage : 1o Sous
châssis. Le plant greffé est placé assez près du verre, même « à
toucher le verre ». Chaque matin, le châssis sera levé légèrement ; on
donnera « un doigt d’air » pendant une demi-heure, pour permettre
l’évaporation de l’humidité, puis la plante sera recouverte. 2o Sous
cloche. Ici encore, tous les matins, on lève la cloche, la buée est
essuyée et la plante reste à découvert pendant une demi-heure.
Lorsqu’il y a disette de sujets de bouture, on couche en avril ou en
mai de grosses touffes d’Azalea phœnicea ; les bourgeons produisent
alors, en septembre, des plants de 0m,20 à 0m,30 de haut, forts, que
l’on peut greffer à mesure qu’on les lève de la pleine terre. Une fois
les greffes soudées, après les soins indiqués précédemment, les
plantes restent en pleine terre dans le châssis froid, jusqu’au mois de
mai, et elles pourront y rester pendant dix-huit mois.
D’autres horticulteurs non moins habiles dans la multiplication de
l’Azalée, à Angers, greffent en mai-juin et au mois de septembre,
jamais plus tard ; l’opération est en demi-fente avec œil d’appel en
tête du sujet. Le greffage est appliqué aux bonnes variétés peu
vigoureuses ou lentes à pousser, tandis que le bouturage à chaud au
printemps, à froid en été, est préféré pour Alba perfecta striata,
Antoine Chantin, Auguste Delfosse, Belle Gantoise, Comtesse de
Flandre, Charles Enke, Clémentine Vervaene, Duc de Nassau,
Dieudonné Spae, Étendard de Flandres, Jean Verschaffelt, Louise-
Marie, La Victoire, Liliiflora, Louise Margottin, La Paix, Madame
Van der Cruyssen, Rosea punctata, etc.
Ces deux dernières variétés sont, au contraire, soumises au greffage
à Versailles. Dans cette ville, on obtient facilement sur tige de bonnes
plantes marchandes en trois ans ; la première année est consacrée au
bouturage du sujet, la seconde année au greffage, la troisième au
développement de la greffe. Nos amis Truffaut, Duval, Moser,
emploient encore à titre de sujet les Az. phœnicea et concinna. M.
Veitch, à Chelsea (Angleterre), les y utilise également.

238
Méthode gantoise. — L’horticulture gantoise produit et vend
annuellement 300 000 Azalées. Voici comment la multiplication
s’opère, d’après Édouard Pynaert, savant horticulteur de Gand, qui
nous a guidé dans nos explorations :
En hiver, on bouture les sauvageons en serre chaude ou tempérée,
sous cloche ou en bacs carbonisés recouverts d’une vitre, et dans du
sable pur. On emploie, comme bouture, les bourgeons qu’on enlève
du sujet ayant un an de greffe, vers février ou mars, alors qu’ils ont de
0m,04 à 0m,06 de longueur et l’on en met 15 par potée. — En mai, du
10 au 20, suivant la température, on plante les boutures racinées en
pleine terre de bruyère ou dans un terreau de feuilles.
Au mois d’août ou en septembre, on relève les plants les plus forts
et on leur donne des pots de 0m,06 ; les gros greffons leur sont
réservés. Quinze jours après, du 15 août au 30 septembre, on peut les
greffer.
Le plant à 0m,15 est convenable ; trop faible, il sera opéré au collet
ou ajourné au printemps.
Le greffage d’automne ou d’hiver se fait à froid, avec + 6° ou 8° au
plus.
Le mode plutôt employé est la demi-fente, herbacée. On coupe la
tête du sujet dans la partie encore tendre en face d’une feuille ; le
greffon est choisi dans les mêmes conditions, semi-herbacé,
suffisamment aoûté, sans être ligneux. On ligature avec un fil de
coton, en quatre ou cinq tours, sans engluement.
Les plants greffés sont placés droits sous cloche ou inclinés sous
châssis, tenus hermétiquement fermés, avec une humidité suffisante
sous le verre et une température de + 15°.
Au bout de quatre semaines, en août, et de cinq à six semaines, en
septembre, les greffes sont soudées ; alors on peut commencer
l’aération.

239
En hiver, les Azalées veulent une serre bien éclairée, des
arrosements réguliers, une température s’élevant de zéro à 3° ou 4°
pendant qu’il gèle, et avant le chauffage de la plante.
Les jeunes greffes sont mises en pleine terre le plus tôt possible, en
mai, et préservées des gelées tardives au moyen de nattes placées le
soir des journées claires.
Il ne faut pas ménager le soleil et l’eau, même l’engrais liquide
(bouse de vache délayée). On pince les jeunes plantes, trois ou quatre
fois, et l’on obtient une tête branchue, ramifiée.
En octobre, premier rempotage pour passer l’hiver en serre. Un pot
de 0m,11 à 0m, 12 convient à une Azalée d’un an de greffe.
Les sujets porte-greffes sont l’Az. phœnicea pour produire des
plantes fortes et l’Az. concinna pour des végétations plus modérées ;
quelques maisons de Belgique sont satisfaites des sujets Az.
macrantha et Verschaffeltii.
Azalée de l’Inde en pleine terre. — Sous le climat privilégié de
Cherbourg, où l’on propage par marcotte l’Azalée de l’Inde, on greffe
seulement les variétés nouvelles et les variétés à fleurs panachées. Le
mode de greffage est le placage (fig. 55) sur plant levé en motte. On
opère en juillet, sous châssis froid, chez notre collègue Cavron, et l’on
tient les greffes à l’ombre.
Azalées de l’Inde, robustes au froid. — Pendant la guerre de 1870-
71, MM. Thibaut et Keteleer ayant dû abandonner leurs
établissements de Sceaux et du Plessis-Piquet, furent surpris de
trouver en rentrant après l’hiver, des Azalées de l’Inde qui avaient
bravement supporté les − 25°, en conservant indemnes leurs rameaux
et boutons à fleur. Telles étaient les Azalées Amæna rosea et
pulchella, Aphrodite, Beali rosea, Fortunei, Madame Wagner,
Melusine, Mozart, Narcissiflora, Obtusa, Prolifera, Souvenir de
l’Exposition, Thaclea, les Vittata alba, rosea et punctata ;
aujourd’hui, on les multiplie par le bouturage au mois d’août, en
opérant en pleine terrine mise en terre et sous cloche. Pendant l’hiver,

240
la terrine est rentrée dans la serre froide et les jeunes sujets sont mis
en pot, au printemps.
Après une saison dans les abris-ombrelles, on a de bonnes plantes
pour la culture en pleine terre ; mais on peut continuer à les greffer
sur tige pour la culture en pot.

[22]

Baguenaudier (Colutea).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

Sujet. — Baguenaudier ordinaire, Colutea arborescens (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 94) ; août. — Anglaise (fig. 84) ;
mars. — En pied.
Observations. — Choisir en hiver des plants plutôt faibles et les
planter dans une terre très ordinaire, comme qualité ; une végétation
modérée se prête mieux à la soudure.
Faire la chasse aux colimaçons.

[23]

Bibacier (Eriobotrya).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Cognassier commun, Cydonia vulgaris (bouture avec


talon ; marcottage par cépée). — Aubépine blanche, Cratægus
oxyacantha (semis). — Bibacier ou Bibassier du Japon (semis).
Greffage. — En demi-fente (fig. 114) ; avril. — Par approche, en
tête (fig. 42) ; mai. — En pied ; à l’air libre ou sous verre.

241
Observations. — Le greffon du Bibacier pris sur un rameau de
deux ans est plus convenable que s’il était choisi sur un rameau de
l’année.
Si l’on opère à l’air libre, on coupe les feuilles du greffon sur leur
pétiole ; embouer la greffe ou l’envelopper avec un écran jusqu’à ce
qu’elle commence à bourgeonner.
En greffant à l’abri, sous verre, on conserve, les feuilles, mais
légèrement tronquées.
Greffer à fleur de terre.
Les Japonais multiplient le Bibacier type, par semis, et greffent sur
ce sujet, par approche, les sous-variétés qu’ils en ont obtenues.
En Provence et en Algérie, on greffe le Bibacier sur franc, sur
Aubépine ou sur Cognassier.
Greffé sur Cognassier, le Bibacier, sous le climat de Paris, vit plus
longtemps que greffé sur Aubépine et devient plus robuste au froid
que s’il était franc de pied.

[24]

Bignone (Tecoma).
Famille des Bignoniacées.

Sujet. — Bignone de Virginie, Tecoma radicans (fragment de


racine).
Greffage. — En fente ou en incrustation sur racine (fig. 112) ; avril-
mai.
Observations. — Les fragments de racine sont longs de 0m,10 (A,
fig. 112) ; une fois greffés, on les met en terre, de manière que les
tronçons soient couverts totalement jusqu’à l’œil supérieur de la
greffe.

242
[fig112]

Le greffon (B) porte un œil ou deux yeux.


La première végétation pourrait être excitée
avec l’aide d’une cloche, sur couche tiède.
Avec un greffon, rameau à fleur, on obtient
un arbuste moins disposé à grimper. Ces
rameaux se rencontrent au sommet des
Bignones déjà âgées, leur port est plutôt droit
et non tourmenté ; ils seront insérés en fente
ou par incrustation.
Fig. 112. — Greffe sur
fragment de racine (Bignone)

[25]

Biota (Biota).
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Biota d’Orient, vulg. Thuia de Chine, Biota orientalis


(semis).
Greffage. — En placage (fig. 113). De côté dans l’aubier (fig. 67) ;
février, septembre ; sous verre. — En bifurcation (fig. 77) ; avril-mai.
Observations. — Le greffage sous verre se fait sous cloche à froid,
avec les soins indiqués au chapitre v. (Voir pages 60 et suivantes.)
Les sujets greffés en variétés d’une végétation modérée, Biota
aurea, minima, semper aurea, falcata nana, filiformis erecta, etc.,
pourraient être greffés et replantés sans être mis en pot, les racines ne
se développant guère. Une variété vigoureuse réussit mieux en pot ; si
cependant elle est greffée à racine nue, il convient de l’empoter dès
qu’on la relève de l’étouffée.

243
Choisir un sujet trapu, sain de racines.
Au moyen de la greffe en bifurcation (fig. 77), certaines variétés
pourront être transportées sur tige de Biota de Chine ou de Thuia du
Canada.

[26]

Bouleau (Betula).
Famille des Bétulacées.

Sujet. — Bouleau blanc, B. alba (semis).


Greffage. — De côté par rameau (fig. 48, 50) ; août. — En
approche (fig. 37, 42) ; de mai en août. — En écusson (fig. 89, 91) ;
août. — En demi-fente herbacée (fig. 114) ; juillet-août, sous verre. —
En pied ou sur tige.
Observations. — Chez les Bouleaux à forts rameaux, comme le
Bouleau à canot, B. papyracea, on choisit l’œil-écusson saillant,
aoûté, à la base d’un scion de l’année. Avec les variétés à rameaux
effilés du Bouleau blanc, comme les Bouleaux lacinié, pyramidal,
pleureur, l’œil greffon sera pris sur un rameau de l’année précédente ;
l’œil est renflé et non développé (fig. 89). Avec d’autres variétés, par
exemple les Bouleaux pourpre, nain, de Young, on utilise les yeux
âgés d’un an ou de deux ans suivant le diamètre d’un rameau-greffon.
On peut même greffer à œil poussant.
L’écussonnage offre cet avantage aux pépiniéristes que, au cas
d’insuccès, le sujet reste vendable comme Bouleau ordinaire.
Cependant, on greffe sur flèche de l’année, par approche en tête ou à
l’anglaise, en mars-avril, des greffons dont le diamètre s’adapte à
celui du sujet. Ce procédé est suivi en Belgique et en Hollande.
En plein air, le Bouleau est également greffé au mois de juillet :

244
1o En fente, sur une jeune flèche obtenue par la taille au printemps
précédent ;
2o En placage, avec des greffons déjà lignifiés et munis de leurs
feuilles coupées à moitié.
L’établissement Simon Louis, à Metz, réussit le Bouleau en plein
air, à l’anglaise, avec greffon ramifié de deux ans, ramilles tenues
court.
Desfossé-Thuillier d’Orléans, a travaillé le Bouleau pourpre de la
manière suivante. Le sujet, mis en pot un an à l’avance, a été recepé
au printemps ; vers juin, le greffeur introduisit en fente herbacée et sur
la jeune flèche miligneuse, un greffon au même, degré de tendreté.

[27]

Bourgène (Rhamnus).
Famille des Rhamnées.

Sujet. — Bourgène ou Nerprun bourdaine, Rhamnus frangula, à


feuille caduque (semis). — Bourgène à feuille d’olivier, Rh. oleifolius,
à feuille persistante (semis).
Greffage. — En fente (fig. 72, 114) ; février, août-septembre. — En
pied ; sous verre.
Observations. — Ici, le greffage est plutôt employé à l’égard du
Rhamnus oleifolius et du Rh. incana, Bourgène blanchâtre, qui ne
reproduisent point exactement leurs caractères par le semis ; alors on
emploie, comme sujet, le plant de Rh. oleifolius. Le greffage se fait en
fente, à l’étouffée, sous châssis.
Les autres variétés se greffent sur leur type, par le même système,
si la reproduction en est impossible par la semence ou par la marcotte.
Les variétés à feuille caduque seront greffées sur Bourgène
bourdaine, Rhamnnus frangula.

245
[28]

Buisson-Ardent (Pyracantha).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Cognassier commun, Cydonia vulgaris (bouture avec


talon ; cépée).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114) ; mars-avril. — En pied.
Observations. — Habituellement, on multiplie le Buisson-Ardent,
Pyracantha coccinea, par semis ou par bouture ; mais on obtient des
arbustes vigoureux en pépinière, par le greffage rez terre sur
Cognassier.
Les horticulteurs de Dijon élèvent des carrés spéciaux de
Cognassier ; ceux de Metz se contentent des souches devenues trop
grosses pour le greffage du Poirier, ils y greffent le Buisson-Ardent
directement.
Un rameau-greffon de deux ans est convenable. Quelquefois,
l’Aubépine employée comme sujet a donné toute satisfaction.
Le Buisson-Ardent de Lalande, recherché par les amateurs, réussit
mieux au greffage sous verre, en août, comme au bouturage de fin été.

[29]

Broussonnetier (Broussonnetia).
Famille des Morées.

Sujet — Broussonnetier, dit Mûrier à papier, Broussonnetia


papyrifera (semis).
Greffage. — En incrustation (fig. 59, 60). En fente (fig. 72), à l’air
libre ; en avril. Greffage semblable au collet (fig. 110) ou sur fragment
246
de racine (fig. 115), sous verre ; de février en avril. — En pied ou sur
tige.
Observations. — Le Broussonnetier à feuille laciniée réussit sur
racine avec ou sans collet, sous cloche, à chaleur modérée. Si l’on
opère en plein air, on choisira de petits sujets et de gros greffons, pour
équilibrer les deux parties à rapprocher.
Le Broussonnetier à feuille cucullée réussit avec les greffes en
fente et en incrustation.
Le Broussonnetier de Kæmpfer, d’une espèce différente, B.
Kæmpferi, a l’inconvénient de donner des scions trop florifères ou
sensibles à la gelée. Dans ce cas, pour l’opération à l’air libre, on a
recours aux rameaux formés de bois de deux ans, moins disposés à la
floraison et à l’annulation des yeux. Avec le greffage sous verre, il n’y
a pas les mêmes inconvénients ; on prendra du plant à racine nue et,
aussitôt greffé, on le repiquera sous châssis, à l’étouffée.

[31]

Caféier (Coffea).
Famille des Rubiacées.

Sujet. — Caféier d’Arabie, C. arabica), et Caféier de Libéria, C.


Liberica) (semis).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110. 114). — En placage (fig. 55) ;
au printemps, sous cloche et dans la serre, sans chaleur de fond.
Observations. — En Europe, on a réussi le greffage du Caféier.
Nous citerons deux exemples : Aux environs de Paris, M. Keteleer,
horticulteur, a greffé le Caféier d’Arabie à feuille panachée sur son
type, par le mode en placage (fig. 55). Dans les Pays-Bas, M. Witte,
du Jardin botanique de Leyde, a greffé en fente, au collet, (fig. 110),
sur cette même espèce si populaire dans les colonies françaises et

247
néerlandaises, le Caféier à feuille de myrte, rebelle au bouturage. Les
deux opérations ont été pratiquées sous verre, dans la serre, à froid.
Le greffage dans la grande culture du Caféier d’Arabie a sa raison
d’être, pour faciliter la reproduction de variétés perfectionnées qui,
jusqu’alors, n’ont pu être fixées par le semis.
Le greffage rez terre donne de bons résultats. On le pratique au
moment où la sève quitte la période de repos et s’apprête à fournir un
nouveau bourgeonnement.
Les sujets obtenus par le semis des graines auront une année de
pépinière. — Les greffons, jeunes rameaux ; cueillis au moment de
leur emploi seront greffés, au collet du plant, en plein air ou à l’abri.
Couper les feuilles à demi limbe ; ligaturer, engluer, butter et
ombrager la greffe.
À Ceylan, un caféiculteur japonais sème en mai les graines de la
première récolte et en élève le plant de pied franc. Le semis des autres
récoltes est greffé de côté (fig. 65 et 67) au réveil de la sève, par un
temps calme.
En Haïti, un de nos amis a tenté avec succès l’écussonnage à œil
poussant, après la saison des vents du nord.
Le greffage en approche est pour les élèves semés autour de la
plante à reproduire.
On étudie au rôle de sujet, le Caféier de Libéria, plus rustique.
Attendons les suites.

[32]

Callistémon. — Métrosidéros.
Famille des Myrtacées.

Sujet. — Callistémon lancéolé, Callistemon lanceolatum (semis).

248
Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En placage (fig. 118) ;
février-mars, juillet-août ; sous verre.
Observations. — Toutes les variétés de Callistémon se greffent sur
le C. lanceolatum.
[118]Un genre voisin, le Métrosidéros, qui a beaucoup d’analogie
avec le Callistémon, se multiplie par le greffage sur ce dernier et, plus
souvent encore, par le semis de ses graines.

[33]

Callitris. — Frenela.
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet — Biota de Chine, B. orientalis (semis).


Greffage. — En placage (fig. 113). Dans l’aubier (fig. 65, 67) ;
septembre, sous verre.
Observations. — À défaut du Biota, le Thuia d’Occident et le
Cyprès fastigié peuvent être employés aux fonctions de sujet.
Choisir des greffons bien caractérisés.
[3]L’Actinostzobus, de la même tribu, se soumet à ce mode de
multiplication.

[35]

Camellia (Camellia).
Famille des Ternstrœmiacées.

Sujet — Camellia à fleur simple, Camellia japonica (semis ;


bouture).

249
Greffage. — En placage (fig. 55). En fente dans l’aubier (fig. 65) ;
juillet à septembre. — Anglaise à cheval (fig. 86) ; septembre, avril.
— En pied.
Observations. — Le Camellia se forme bien et boutonne mieux
lorsqu’il est greffé. À part quelques variétés qui réussissent de pied
franc — Contessa Lavinia Maggi, Donkelaari, Halleyi, Nobilissima,
Noisetti, Tricolor, — il est préférable d’appliquer le greffage à la
première éducation de toutes les variétés de Camellia.
Deux procédés de multiplication donnent de bons résultats ; la
différence est dans la nature du sujet, rameau-bouture ou plant raciné.
Greffe sur rameau-bouture. — MM. Marie et Treyve, horticulteurs
à Moulins, multiplient le Camellia avec un succès remarquable par la
greffe de rameau-bouture, de la manière suivante. Au commencement
de septembre, ils enlèvent sur des variétés vigoureuses de Camellia,
des rameaux-boutures âgés d’un an ou quelquefois de deux ans,
munis de feuilles, et les fractionnent en tronçons de 0m,10 ; le bout
inférieur est taillé carrément, le supérieur reçoit sur-le-champ la greffe
de la variété à propager.
Il est à remarquer que, sur le bois d’un an, on placera un greffon
d’un an ; sur celui de deux ans, un greffon ayant deux années de
pousse, portant quelques brindilles. Quand le sujet-bouture et le
greffon sont de même grosseur, on emploie la greffe anglaise à cheval
(fig. 86). Quand la bouture est plus grosse, on a recours à la greffe en
demi-fente (fig. 114), ou en placage (fig. 55).
Il suffira de ligaturer par quelques tours de fil et de traiter les plants
greffés comme de simples boutures, sous châssis, placés sur couche
tiède et en terre de bruyère sableuse. Tenir à l’étouffée, ombrer pour
atténuer l’effet des rayons de soleil sans priver de lumière, maintenir
le sol légèrement humide. Environ six semaines après, les sujets sont
racinés et les greffes soudées ; on les conserve sous châssis jusqu’en
juillet-août, alors on lève les sujets en motte pour les mettre en pot.

250
Pendant dix mois, on les traitera comme des plantes adultes et les
châssis seront remplacés par des claies.
Greffe sur plant raciné. — Le plant raciné provient de bouture ou
de semis. Examinons successivement les deux procédés, en
commençant par le plus expéditif.
1o Sujet par bouture racinée. — Le plant de bouture est fourni par
des pieds vigoureux du Camellia type à fleur rouge, ou de ses variétés
Mathotiana alba, Targioni, Althæiflora. Les rameaux courts à feuille
bien verte, munis de leur talon, sont les meilleurs ; on opère à
l’étouffée dans la serre, sous abri vitré à + 15°, en janvier-février ou
en juillet-août. Les boutures faites ainsi en godet, ou repiquées en pot
après six semaines d’étouffée, seront propres au greffage à 2 ou 3
ans ; un diamètre de 0m,005 suffit. Un plus fort sujet produit une
plante plus forte, dite « plante d’exposition » dans le langage des
praticiens.
La greffe en placage est généralement adoptée ; soit avec greffon
taillé à plat (fig. 55, 118), soit taillé à l’anglaise (fig. 56), le biseau
ayant 0m,02, la tête portant 2 ou 3 feuilles. La greffe dans l’aubier
(fig. 65) donne à son tour de bons résultats. Dans les deux cas, on
opère en juillet-août. La ligature est du coton filé.
Les plantes greffées sont placées dans des coffres sous verre,
enterrées dans de la cendre fine ou de la tannée bien consommée, à
une température de + 15° au plus. Tenir les greffes bien étouffées ;
éviter les arrosages fréquents ; essuyer les verres chaque jour. Au cas
de soleil, il faut ombrager les plantes et le vitrage.
La reprise des greffes s’accomplit en trente ou quarante jours ; on
coupe alors le sujet à 0,m,05 au-dessus, et à ras, un mois après, la
végétation étant suffisante. — La plante hivernera dans la serre et sera
mise sous bâche, au printemps. Son rempotage se fera en juin-juillet.
Ce procédé adopté en France, en Angleterre, en Belgique, en
Hollande, en Allemagne, a été décrit par un spécialiste, Adolphe Van

251
Den Heede, horticulteur à Saint-Maurice-Lille.
2o Sujet par semis. — Les sujets sont de jeunes plants de semis
mesurant de 0m,020 à 0m,030 de tour au collet ; la graine provient du
type à fleur simple, le plant est élevé en pot de 0m,12. Au moment du
greffage, fin juillet et août, le sujet est coupé à 0m,10 du sol et opéré
par incrustation avec une rainure longue de 0m,04 et peu profonde. Le
greffon est une sommité de rameau de l’année, taillé ad hoc ; il vient
s’enchâsser dans cette rainure (fig. 119). Ligaturer avec le raphia et
engluer au mastic froid.
Les plants greffés sont aussitôt placés dans une bâche de la serre ;
un second châssis fermant hermétiquement produira l’étouffée ;
l’ombrage est nécessaire. Deux mois après, la reprise est complète ;
l’aérage continue et, au printemps suivant, la plante sera livrée à la
pleine terre.
Greffage à l’air libre. — Dans les environs de Nice, on greffe
encore le Camellia en plein air, par rameau inoculé (fig. 48), avec œil
terminal.
Sur le littoral et vers l’Ouest, le Camellia vit en terre de bruyère, à
mi-ombre, ou au soleil, à l’air libre ; on le livre en pleine terre, au
printemps qui suit sa reprise à la greffe. Dans ces conditions de jardin
libre ou vitré, on a quelquefois recours à la greffe en approche ou à la
greffe en fente avec rameau d’appel — et feuilles au greffon — pour
garnir les tiges dénudées ou changer la variété du Camellia.
Ce serait l’occasion de grouper sur la même plante des variétés
similaires en végétation, mais distinctes quant au coloris de la fleur :
Alba plena et Imbricata rubra ; Donkelaari et Tricolor, etc. et à la
fois Miniata de Low, Mistress Cope, Reine des Belges ; etc.

[37]

252
Cannellier (Cinnamomum).
Famille des Laurinées.

Sujet — Cannellier ou Cinnamome de Ceylan, C. Zeylanicum


(semis, bouture).
Greffage. — En placage (fig. 55) ; automne, sous verre. — En
approche (fig. 42) ; à l’air libre, après la saison des pluies.
Les Japonais greffent par approche, sur franc, la variété à feuille
panachée.
Observations. — La greffe permet de modifier le sexe de l’arbre, et
mieux encore de propager les types plus profitables par la qualité de
leur écorce industrielle.

[38]

Caragana (Caragana).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

Sujet — Caragana en arbre, C. arborescens. — C. altagan, C.


altagana (semis).
Greffage. — En fente (fig. 72). En incrustation (fig. 59) ; mars-
avril. — En écusson (fig. 91) ; juillet-août. — En pied ou en tête.
Observations. — Le sujet pourrait être déplanté dans l’hiver qui
précède le greffage.
Les jeunes plants à racines nues seront opérés par incrustation et
placés dans la bâche vitrée. Le bourgeon d’appel en tête du sujet
empêche le dessèchement de la greffe
Les variétés à rameaux délicats seront greffées à la hauteur fixée
pour le branchage. Elles semblent préférer le sujet Caragana en arbre.

253
Dans les pépinières Looymans, en Hollande, le Caragana est
soumis à l’écussonnage.
[92]Le Halimodendron et le Calophaca, genres voisins, seront
greffés sur le Caragana.

[39]

Caroubier (Ceratonia).
Famille des Légumineuses, § Césalpiniées.

Sujet. — Caroubier à silique, C. siliqua (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 94). En placage à l’anglaise (fig. 56),
à œil poussant ; avril.
Observations. — Le Caroubier étant dioïque, le but du greffage est
de rassembler les deux sexes sur un même arbre ou de donner aux
jeunes semis le caractère mâle ou femelle, à volonté.

[40]

Catalpa (Catalpa).
Famille des Bignoniacées.

Sujet. — Catalpa commun, C. bignonioïdes (semis).


Greffage. — En fente (fig. 72) ; avril. — En tête dans l’aubier (fig.
62) ; avril. — En couronne (fig. 53) ; mai. — En écusson (fig. 91) à
œil poussant ; avril-mai. — En pied ou en tête.
Observations. — Pour le greffage par rameau, on choisit des
greffons munis de bois de deux ans, en totalité ou à leur base. On les
coupe peu de temps avant de les employer, et on les place dans du
sable sec (fig. 32).

254
Le sujet étant chargé de moelle, l’insertion du greffon pourrait se
faire de biais, la tente côtoyant l’étui médullaire, suivant les préceptes
de Calvel, tel que nous l’indiquons à la greffe en tête dans l’aubier,
avec biseau plat (fig. 62), ou avec biseau de biais (fig. 63, 64).
M. Henri Desfossé, à Orléans, nous a montré un carré de Catalpas
écussonnés à œil poussant, ayant produit des jets de 1 mètre. — L’œil
greffon, bien formé, est choisi sur un rameau plutôt mince,
parfaitement aoûté et coupé sur l’arbre étalon, le jour même de
l’écussonnage.
Le Catalpa de Kœmpfer et le Catalpa doré greffés en pied, pourront
s’élever à tige ; mais le Catalpa boule doit être greffé à la hauteur
fixée pour la tête de l’arbre.

[41]

Céanothe (Ceanothus).
Famille des Rhamnées.

Sujet. — Céanothe d’Amérique, Ceanothus americanus (semis ;


fragment de racine).
Greffage. — En fente, sur tronçon de racine (fig. 112, 115). En
placage (fig. 124, 125) ; août-septembre. — En pied ; sous verre.
Observations. — Choisir pour sujet de jeunes plants ou des
tronçons de racine, et conserver le chevelu qui en garnit l’extrémité.
Couper les feuilles du greffon par la moitié.
Placer les sujets greffés sous cloche ou sous châssis ; leur
agglutination s’opère au bout de cinq ou six semaines.
En 1879 Léopold Vauvel, étant alors chef des pépinières au
Muséum de Paris, greffait le joli Céanothe azuré, Gloire de Versailles,
de la façon suivante.

255
Cette variété ne se reproduisant point par semis et des éléments de
bouturage faisant défaut, il en sema clair les graines au printemps, en
pleine terre. Au mois d’août, les jeunes plants ont été arrachés, étêtés
et greffés au collet, dans la serre à multiplication.
Le greffon, mi-herbacé, est cueilli sur l’arbuste-étalon que l’on a
préalablement taillé pour en obtenir de nouvelles pousses ; l’insertion
se fait par demi-fente, placage ou incrustation.
Le sujet greffé est aussitôt mis en pot et étouffé sous châssis. Une
fois repris, on le place sous cloche, en attendant la pleine terre.
À défaut de plants de semis, on emploie des plants de bouture,
enracinés, de la grosseur d’une plume d’oie, et on les greffe au collet.
Le Céanothe, ainsi fabriqué par la greffe, constituera, après
hivernage, une bonne plante de massif ou de marché.
[42]

Cèdre (Cedrus).
Famille des Conifères, § Abiétinées.

Sujet. — Cèdre du Liban, Cedrus Libani (semis).


Greffage. — En placage (fig. 113). En fente oblique, de côté dans
l’aubier (fig. 67) ; septembre. — En pied, sous verre.
Observations. — Choisir, pour greffon, des sommités de branches
latérales. On les greffe sans étêter le sujet ; deux mois après, on peut
découvrir le plant et l’amener progressivement à l’air libre.
Le Cèdre du Liban est un sujet robuste pour le greffage des formes
ou sous-variétés des cedrus atlantica, Deodara et Libani. À son
défaut, on prendra le Cèdre de l’Atlas, C. atlantica ; mais le C.
deodara pourrait être le porte-greffe de ses propres variations.

[44]

256
Cerisier (Cerasus).
Famille des Amygdalées.

Sujet. — Cerisier Merisier, Cerasus avium. — Cerisier odorant ou


de Sainte-Lucie, Cerasus Mahaleb. — Cerisier franc. C. communis
(semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; été. — En flûte (fig. 100) ; juin.
— En couronne (fig. 54). — Sous écorce à l’anglaise (fig. 49) ; mai.
— Anglaise (fig. 84) ; printemps. — En fente (fig. 72). En incrustation
(fig. 59) ; automne. — En tête pour le C. Merisier ; en pied pour le C.
Mahaleb.
Il importe, pour les greffages du printemps, de couper sur l’étalon,
avant le mois de janvier, les rameaux greffons de Cerisier et de les
conserver sous terre. (Voir fig. 32, p. 58).
Greffage sur Merisier. — Le C. Merisier à fruit rouge est plus
docile à l’écussonnage que le Merisier à fruit noir. On le greffe en tête
et non en pied : 1o en écusson, lorsque l’activité de la sève commence
à se ralentir ; 2o en fente, vers la fin de l’été, avant que la sève ne soit
arrêtée.
Si la priorité du greffage d’automne revient, d’après Thouin, à un
amateur lyonnais, Rast-Maupas, son application au Cerisier aurait été
pratiquée vers 1833 par Pierre Bertin, de Versailles ; puis Audusson-
Hiron, à Angers, Jamin (Jean-Laurent), à Bourg-la-Reine, Baltet (Lyé-
Savinien), — notre père vénéré — à Troyes, ont propagé dans leurs
régions ce procédé de multiplication du Cerisier.
La greffe réussit mieux sur le Merisier lorsqu’il est dans une
situation aérée ; c’est pourquoi, dans les pépinières, on le plante
souvent en bordure.
La greffe anglaise pratiquée sur la jeune flèche laisse rarement de
traces du bourrelet au point de jonction.

257
Comme cela se pratique en Belgique, on peut greffer le Merisier au
mois de juin, sous écorce, à œil poussant. On choisit des greffons
semi-ligneux à la base des pousses nouvelles, et on les couvre de
boue. Dans ces conditions, on peut accepter encore l’écusson boisé.
Sous le climat de Paris, l’écussonnage à œil dormant du Merisier
est le plus employé.
Greffage sur Mahaleb. — Le Cerisier odorant, Mahaleb ou Sainte-
Lucie, vient en terrain sec ; il sera greffé en pied et non à haute tige,
plutôt par écusson. Si la variété à propager ne pouvait s’élever d’elle-
même à tige, on aurait recours à un procédé combiné. Greffer d’abord
en pied une variété vigoureuse, par exemple de Bigarreautier, de
Guignier ; quand celle-ci sera à tige, au moins deux ans après, on y
greffera en tête la variété de Cerisier.
Le système de surgreffage des arbres fruitiers destinés à la haute
tige a été pratiqué en grand, dès 1840, par notre grand-oncle, Lyé
Baltet-Petit, dans ses pépinières troyennes.
Le plant de Mahaleb, de grosseur moyenne, est à préférer : on
l’écussonne à 0m,10 du sol, dès la première année, par un temps
chaud, vers la fin de la période consacrée à l’écussonnage. La sève se
maintiendra assez longtemps pour nécessiter l’assemblage des
rameaux en tête du sujet au moment où il se trouvera greffé (fig. 99).
Quinze jours après, on vérifie les ligatures et la réussite des greffes.
Étêter le sujet après les froids.
Désongletter ayant la chute des feuilles.
Aux Riceys (Aube), les vignerons greffent avec les Cerisiers
Anglaise et Montmorency, les C. Mahaleb de leurs friches, par la
greffe en flûte, avec étêtage immédiat du sujet (fig. 100). Ils opèrent
vers la Saint-Jean, par un temps couvert ; la greffe ne tarde pas à se
développer.
Le Bigarreautier réussit en fente sur le Mahaleb ou Sainte-Lucie,
plutôt rez terre.

258
Greffage sur Cerisier franc. — Le Cerisier franc, résistant à la
rigueur des grands hivers (de 25° à 30°), est un sujet à utiliser dans les
pays froids ; on l’emploie également dans les vallées arrosées du midi
de la France où le Mahaleb ne réussit pas. Commun dans notre région,
il se couronne en demi-tige et se reproduit par semis ou par drageon
dans les vignes et les jardins. Ajoutons que ce type vivra mieux de
pied franc, alimenté par ses racines traçantes. On peut donc l’utiliser
comme sujet et non comme greffon.
Cerisiers d’ornement. — Les Cerisiers d’ornement, C. serrulata,
pseudo-Cerasus, C. Chamæcerasus, semperflorens, à rameaux effilés,
étalés ou retombants, réussissent sur Merisier : 1o au printemps, par
l’écussonnage à œil poussant ; 2o en août, par le greffage à œil
dormant de bourgeons écussons, ou de sommités de rameaux glissés
sous l’écorce du sujet (fig. 48), même avec insertion à l’anglaise (fig.
49).
Ils réussissent encore en pied, sur Mahaleb.
Les Mahaleb d’ornement seront greffés sur le type, C. Mahaleb
odorant ou de Sainte-Lucie, à la hauteur fixée pour le branchage.

[45]

Chalef (Elæagnus).
Famille des Éléagnées.

Sujet. — Chalef à rameaux réfléchis, Elæagnus reflexa (bouture ;


semis).
Greffage. — En placage (fig. 55, 118). En fente oblique dans
l’aubier (fig. 65, 67) ; août. — En pied ; sous verre.
Observations. — On opère sous cloche, dans la serre à
multiplication ou sous châssis, à l’étouffée ; six semaines après, on

259
découvrira le plant greffé comme il est dit au greffage sous verre
(page 69).
[167]Le
Shepherdia se greffe ainsi sur l’Argousier Griset,
Hippophae rhamnoides.

[46]

Chamécerisier (Chamæcerasus).
Famille des Caprifoliacées, § Lonicérées.

Sujet. — Chamécerisier de Tartarie, Chamæcerasus tatarica (semis


ou bouture).
Greffage. — En placage (fig. 56). — Anglaise simple (fig. 80) ;
mars-avril.
Observations. — Les Chamécerisiers se multiplient de bouture,
mais quelques espèces, — le Ch. des Alpes notamment, joli arbrisseau
touffu, aux gros fruits rouges, — sont parfois greffées à demi-tige et
produisent un bel effet.

[47]

Chamæcyparis. — [157]Retinospora.
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Chamæcyparis de Boursier, Ch. Boursieri. — Biota de


Chine, Biota orientalis. — Thuia du Canada, Thuia occidentalis
semis).
[fig113]

Greffage. — En placage (fig. 113). Dans l’aubier avec fente droite


(fig. 65) ou oblique (fig. 67) ; septembre, sous verre. — Sur

260
bifurcation (fig. 77) ; mai et août. —
En pied ou en tête.
Observations. — Les greffes en
placage et de côté se pratiquent en
serre ; la soudure a lieu au bout de six
semaines.
Les Chamæcyparis Boursieri (ou
Cupressus Lawsoniana) et Ch.
Nutkaensis (ou Thuiopsis borealis)
sont employés comme sujets,
concurremment avec le Biota
orientalis, pour le greffage de leurs
sous-variétés.
Le Ch. de Boursier est généralement
recherché. — Le Ch. obtusa pygmæa,
greffé sur ce sujet, prendra une forme
Fig. 113. — Greffe en placage du élancée, tandis que ses branches
Retinospora sur le Biota. resteront traînantes, s’il est greffé sur
Biota ou sur Thuia.
Les Retinospora seront greffés sous verre, en placage (fig. 113),
sur le Biota.
Les Retinospora squarrosa et juniperoides sont, de préférence,
multipliés par le bouturage.
On peut pratiquer le greffage sur Thuia d’Occident, en tête, par la
fente sur bifurcation (fig. 77), en plein air.
Choisir, pour ces deux genres, des rameaux-greffons dont les
caractères soient bien accusés.

[48]

261
Charme (Carpinus). — [134]Ostrya
Famille des Cupulifères.

Sujet. — Charme commun, Carpinus Betulus (semis).


Greffage. — En fente (fig. 69) ; mars-avril. — En approche (fig. 38
et 42) ; mai à juillet. — En pied ou sur tige.
Observations. — Le greffage sur tige est plutôt employé à l’égard
du Charme pleureur ; le greffage en pied convient aux variétés
cultivées pour leur port érigé ou pour leur feuillage particulier.
La greffe par approche à l’anglaise faite en tête (fig. 42) est
applicable au Charme.
On peut avoir recours au greffage sous verre, en mars, sur plants en
arrachis.
L’Ostrya, genre voisin, et ses variétés seront greffés de même sur
le Charme commun.

[49]

Châtaignier (Castanea).
Famille des Cupulifères.

Sujet. — Châtaignier commun, Castanea vulgaris (semis).


Greffage. — En fente (fig. 72). Sur bifurcation (fig. 78). Anglaise
(fig. 81). Placage à l’anglaise (fig. 56) — En écusson (fig. 91) ; août-
septembre. En pied ou sur tige.
Observations. — Les variétés du Châtaignier se reproduisent par la
greffe.
Le mode de greffage le plus ancien et le plus populaire des régions
montagneuses, où le Châtaignier joue un rôle si important dans
l’économie rurale, est la greffe en flûte au printemps. Certains

262
sauvageons à petite feuille, lente à tomber, sont plus rebelles à la
greffe.
Dans les pépinières, on réussit la greffe en placage à l’anglaise (fig.
56), au départ de la sève, et même l’écussonnage en août-septembre,
si le sol conserve la sève assez longtemps.
La greffe terminale sur l’œil de flèche (fig. 73) pourrait être
appliquée sous verre.
Le Châtaignier accepte parfois le greffage sur Chêne, au moyen de
jeunes plants semés en place ou nouvellement repiqués. On les
greffera rez terre, en fente ordinaire ou sur bifurcation ; il est alors
préférable de greffer à fleur du sol. Il existe un assez bel exemplaire
de ce genre, greffé sur Chêne, au Jardin botanique de Dijon. En 1838,
Jaumard greffait ainsi à la pépinière départementale de la Gironde.
Les exemples cités n’ont pas été avantageux à la fructification.

[50]

Chêne (Quercus).
Famille des Cupulifères.

Sujet. — Chêne blanc ou pédonculé, Q. pedunculata, pour les


variétés indigènes. — Chêne chevelu ou de Bourgogne, Q. Cerris,
pour les variétés d’Amérique. — Chêne vert, Quercus Ilex, pour les
variétés à feuillage persistant (semis).
Greffage. — En fente sur bifurcation (fig. 78). Anglaise (fig. 81) ;
mars-avril. — En approche (fig. 39 et 42) ; mai-juin. — En pied ou en
tête.
Observations. — Les Chênes à feuille caduque seront greffés sur le
Chêne commun, pédonculé, Q. pedunculata, ou sur le Chêne sessile,
rouvre, Q. sessiliffora ou Robur, greffe en fente (fig. 69), ou sur
bifurcation, au printemps et à l’air libre.

263
Engluer le greffon. — La greffe en placage, fin été, est pour les
opérations sous verre.
Le Chêne pédonculé résiste aux grands hivers mieux que les autres
espèces ; le Chêne sessile y est plus sensible ; cependant les sous-
variétés préfèrent leur espèce comme sujet.
Les variétés du Chêne chevelu, Q. Cerris, seront greffées sur leur
type, en placage simple ou à l’anglaise, vers juillet-août, et à
l’étouffée.
Les Chênes verts seront greffés en demi-fente (fig. 114) ou dans
l’aubier (fig. 67) sur Q. Ilex, et même sur Q. Cerris, aux mois de mars
ou de juillet-août, sous cloche, ou encore en avril à l’air libre. On
coupera les feuilles au greffon, sur leur pétiole.
Dans la zone nord de l’aire géographique du Chêne, son greffage se
pratique sous verre ; quelquefois, le greffage au galop (fig. 84) avec
greffon de deux ans, a donné toute satisfaction.
M. Arbeaumont, à Vitry-le-François, greffe ses plants de Chêne
dans la serre à multiplication, fin de l’été ; au printemps suivant,
lorsque le greffon se développe, il lui emprunte quelques jeunes
pousses semi-ligneuses pour les greffer en plein air, en fente ou en
couronne.
À Majorque, les habitants propagent les types de bon rapport du
Chêne à gland doux, Q. Ballota, par la greffe en couronne, à la
montée de la sève, sur les jeunes sauvageons en pleine forêt. Le
greffon est effeuillé un mois à l’avance et couché en terre. On lui
taille un biseau de 0m,10 portant deux yeux qui pénétreront sous
l’écorce du sujet, incisée ou fendue dans ce but.
[7.52]

Chionanthe (Chionanthus).
Famille des Oléacées.

264
Sujet. — Frêne à fleur, Fraxinus Ornus. — Frêne commun,
Fraxinus excelsior (semis).
Greffage. — En incrustation (fig. 60). En fente (fig. 72) ; mars-
avril. — En écusson (fig. 91) ; juillet-août. — En pied ou en tête, à
l’air libre ; greffage sous verre, dans les pays froids.
Observations. — Le Chionanthe, Ch. virginica, greffé au collet, est
plus fleurissant.
Le Frêne à fleurs, Fraxinus Ornus, comparé au Frêne commun,
Fraxinus excelsior, est plus sympathique au greffage du Chionanthe.

[7.53]

Clématite (Clematis).
Famille des Renonculacées.

Sujet. — Clématite d’Italie à fleur bleue, Clematis viticella cærulea


(racine).
Greffage. — En fente sur fragment de racine, sous verre (fig. 115 et
120), avril, mai, août.
Observations. — Le meilleur greffage se fait en mai, le greffon
étant demi-herbacé, choisi plus tendre que dur. Le sujet est une
fraction radiculaire assez grosse, sur laquelle on conserve le chevelu
qui se trouve aux extrémités.
Les greffons sont des pousses de l’année, aussi courtes que
possible, les feuilles étant coupées à moitié du limbe.
Ligature au coton ; pas d’engluement.
On préfère la terre de bruyère un peu fraîche autour de la racine
greffée, parce qu’elle nécessite moins d’arrosage.
Lorsqu’on peut rentrer en serre la plante-étalon, sa végétation
d’hiver fournira des greffons semi-herbacés qui pourront être utilisés

265
de février en avril. Le sujet-racine, une fois greffé, est mis en godet de
0m,025 à 0m,04, sous cloche et sur la bâche légèrement chauffée de la
serre à multiplication. Quinze jours après, la soudure est complète et
le chevelu se développe. On rempote alors en godet plus grand que
l’on place sous verre, dans une bâche non chauffée.
En mai-juin, la plante sera sortie à l’air libre et livrée au commerce
dès le mois de septembre.
Sur jeune plant de la Clématite des haies, Cl. vitalba, plant de
semis, la greffe en placage, un peu au-dessus du collet, produit une
plante vigoureuse ; mais la Clématite d’Italie précitée a l’avantage de
ne pas drageonner, de bien entretenir la plante en sève et de fournir un
plus grand nombre de sujets ; les plus petites racines pourraient
attendre une année en terre leur grossissement et le développement du
chevelu.
Au mois d’août, on greffe encore la Clématite ; la soudure en étant
plus lente, la plante sera placée sous châssis à froid, en terre de
bruyère. Au printemps suivant, aura lieu la mise en pot et la
continuation de l’abri vitré.
Les Anglais greffent même en décembre et janvier ; le greffon court
« à bois sec » porte un seul œil. Les plants greffés sont aussitôt mis en
pot avec terre de bruyère, et enterrés dans le sable d’une couche
chauffée de 20 à 25°, chaleur de fond ; quinze jours après, ils sont
entrés en sève, alors on les retire de la couche chaude pour les placer
dans un lit de sable préparé sur une tablette de la serre, et plus tard,
sous un abri vitré plus froid. Au printemps, nouveau rempotage en
godets de 0m,08 et mise en planches, dehors.

[55]

Cognassier (Cydonia). — [51]Chænomeles.


Famille des Pomacées.

266
Sujet. — Cognassier ordinaire, Cydonia vulgaris (bouturage à
talon, fig. 21 ; marcottage ou éclatage par cépée, fig. 17). — Aubépine
blanche, Cratægus oxyacantha (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet-août. — En fente (fig.
69). Anglaise (fig. 82, 84) ; avril. — Au collet.
Observations. — L’écussonnage se fait avec des sujets jeunes ; on
attend, pour cette opération, que la force de la sève soit calmée. Une
fois greffé, on lie les branches du sujet (fig. 99).
Éviter d’employer les yeux à peine visibles placés à la base des
rameaux-greffons.
Lors de la végétation de la jeune greffe, on l’accole contre l’onglet
ou sur un tuteur.
Désongletter avant la chute des feuilles.
Nous avons vu, dans quelques pépinières de Hollande, et en France
dans le Lyonnais et le Mâconnais, greffer le Cognassier de Portugal,
Cydonia lusitanica, sur Aubépine blanche, en pied. L’arbre y vit
longtemps et prospère dans un terrain sec.
Le Cognassier de Chine, C. sinensis, plutôt d’ornement, sera greffé
en pied sur le Cognassier ordinaire.
Le Cognassier du Japon, Chænomeles, arbuste drageonnant, se
propage par le bouturage de racines au printemps, ou de rameaux en
août ; on peut greffer ses variétés sur un type vigoureux, C. ombiliqué,
à fleur rose. — Greffer en demi-fente, en placage ou en écusson
plaqué sur collet ou sur racine, sous verre, en juillet-août. Surveiller le
drageonnage.

[57]

Cornouiller (Cornus).
Famille des Cornées.

267
Sujet. — Cornouiller à fruits, Cornus mas (semis). — Cornouiller à
fruit blanc, Cornus alba. — Cornouiller sanguin, Cornus sanguinea
(semis ; marcotte), suivant la variété à propager.
Greffage. — Par rameau de côté sous écorce (fig. 48 et 50) ; juillet.
— En écusson (fig. 94) ; juillet-août. — En pied ou sur tige.
Observations. — Le greffage de côté sous écorce (fig. 48), convient
au Cornouiller à fruits, C. mas ; on choisira s’il est possible, pour
greffons, des rameaux longs de 0m,08 à 0m,10, munis de bois de deux
ans à leur base.
Le greffage de côté par rameau avec embase (fig. 50) est applicable
à cette espèce.
Éviter de greffer trop tard : le cambium durcit assez vite chez le
Cornouiller.
Les autres espèces de Cornouiller réussissent par la greffe sous
écorce et par écusson en plein air, sur leur type, le C. sanguinea,
indigène, le C. alba, fruit blanc, le C. sibirica, de Sibérie.

[58]

Corossolier (Anona).
Famille des Anonacées.

Sujet. — Corossolier, Anona americana (semis).


Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114). — En placage (fig. 55,
56). — En approche (fig. 46). — En couronne (fig. 53). — De côté
dans l’aubier (fig. 65). — À l’air libre, au réveil de la sève ; sous
verre, en toute saison.
Observations. — Le genre Anona comprend une série d’espèces et
de variétés dont le fruit, pomme de corossol, de cannelle, cherimolia,
etc., est recherché sur les marchés aux Antilles, au Mexique, au

268
Brésil, au Pérou, à la Guyane, à Java, aux Canaries, en Égypte, en
Algérie.
Les greffeurs javanais, nous écrit Ottolander, réunissent par la
greffe, sur le même plant, les Anona muricata et squamosa.
Au Jardin d’essai d’Alger, Charles Rivière a obtenu l’Anona
cherimolia par les greffes en couronne (fig. 53) et de côté dans
l’aubier (fig. 65), à l’air libre, sur des plants peu fertiles. Mêmes
résultats avantageux obtenus aux îles Canaries, où les indigènes
emploient la greffe en approche.
D’après l’avis de botanistes voyageurs et de D. Bois, du Muséum
d’histoire naturelle, les Anona squamosa (pomme de cannelle) et
cherimolia (corossol, des Malais) seraient plus particulièrement
recherchés par nos Jardins d’études et par les planteurs.

[59]

Correa. — [61]Crowea. — [71]Eriostemon. — [183]Zieria.


Famille des Cupulifères.

Sujet. — Correa alba et ruffa (bouture).


Greffage. — En placage (fig. 118), sous verre ; février-mars. — Au
collet du sujet.
[61]Observations. — Les variétés d’Eriostemon, de Boronia, de
Crowea, de Zieria et de Correa se greffent sur les Correa alba et ruffa
dans la serre, sous cloche et à froid, en février-mars. Deux mois après,
les jeunes plantes seront placées dans une bâche, puis au nord d’un
abri (fig. 36).
Le Correa alba est le sujet le plus employé ; cependant les Correa
bicolor, cardinalis, picta superba, rosea, speciosa, semblent avoir des
préférences pour le porte-greffe Correa ruffa.

269
[60]

Cotonéaster. — Amélanchier.
Famille des Pomacées.

Sujet. — Aubépine, Cratægus oxyacantha. — Cotonéaster


commun, C. vulgaris (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91, 95). Sous écorce avec rameau
simple (fig. 48, 49) ; été. — En demi-fente (fig. 110, 114). En
incrustation (fig. 119) ; mars-avril. — En pied.
Observations. — Greffer très près du sol, plutôt au-dessous qu’au-
dessus. Choisir des greffons bien aoûtés. Ébourgeonner sévèrement.
[9]Greffer l’Amélanchier sur tronc radicellaire.
Les Cotonéasters toujours verts greffés sur une tige d’Aubépine ou
de Sorbier sont jolis, mais ne vivent pas longtemps.
Le Cotonéaster de Simons s’y plaît mieux ; on choisit un sujet
d’Aubépine qui n’ait pas la tige noueuse.
Les autres variétés seront greffées au collet, sous cloche à froid, en
août-septembre.
Le Cotonéaster réussit encore sur Cognassier.

[62]

Cryptoméria (Cryptomeria).
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Cryptoméria du Japon, Cryptomeria japonica (semis).


Greffage. — Placage (fig. 113). Dans l’aubier (fig. 67) ; février,
août. — En pied ; sous verre.

270
Observations. — Employer comme sujet des plants assez jeunes,
élevés en pot.
Greffage de côté, sans étêlage immédiat. Deux mois après, on
commencera l’aération.

[63]

Cyprès (Cupressus).
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Cyprès pyramidal, C. fastigiata. — Biota ou Thuia de


Chine, Biota orientalis (semis).
Greffage. — En placage (fig. 113). Dans l’aubier, de côté (fig. 67) ;
février-septembre. — En fente sur bifurcation (fig. 77) ; avril.
Observations. — Greffer en placage à l’étouffée ; la reprise est
complète à deux mois. Pour le greffage de côté, on peut inciser le
sujet obliquement (fig. 67). — Choisir des greffons qui aient perdu
leur caractère « juvénile ».
Sous notre latitude, le sujet Cyprès gèle et grossit lentement ; le
Genévrier de Virginie réussit, mais forme bourrelet.
Le Biota est plus avantageux comme sujet.

[64]

Cytise (Cytisus).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

Sujet. — Cytise des Alpes, C. Laburnum (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91, 94, 95) ; juillet-août. — En fente
(fig. 69, 110, 114). Anglaise (fig. 80, 84). En incrustation (fig. 119) ;

271
avril. — En couronne (fig. 51, 54) ; mai. — En pied ou sur tige.
Observations. — Les Cytises (Cytisus) à bois fin, C. pourpre, rose,
blanc, carné, noir, élégant, à trois feuilles, versicolore, etc., ne
réussissent guère qu’au greffage en fente, à cause de la ténuité des
rameaux. On insérera le greffon sur le sujet, en face d’un œil d’appel,
à la hauteur fixée pour le branchage, la tête de ces espèces se ramifie
sans pouvoir monter davantage.
Les Cytises (Laburnum) à gros bois, C. Adam, bifère, odorant, à
grande fleur, à feuille sessile, à feuille bullée, à feuille de chêne, etc.,
se multiplient par l’écussonnage, ou par les greffes à l’anglaise, en
fente, en incrustation. Les rameaux sont assez vigoureux pour que, se
trouvant insérés à fleur de terre, ils s’élèvent à tige.
Lorsqu’on étête le Cytise pour le greffer, il faut absolument
conserver un bourgeon au sommet du sujet, à l’opposé ou sur le côté
de l’insertion du greffon. La fonction de ce bourgeon est d’appeler la
sève et d’entretenir la vie sur l’arbuste pendant la première année.
Il vaut mieux détacher les rameaux-greffons de l’arbre-étalon peu
de temps avant le greffage ; dans les localités exposées aux gelées
d’hiver, on peut couper à l’avance les rameaux des Cytises à bois fin
et les conserver en terre (fig. 32).
Les petits Cytisus Attleyanus et Everestianus, plantes « de quai »,
qui prennent mal de bouture, se greffent sous verre, sur le C.
racemosus.
[4][30]Lesvariétés de l’Ajonc, Ulex, et de Bugrane, Ononis,
peuvent être greffées sur le Cytise à gros bois, Laburnum.

[65]

Dacrydium (Dacrydium).
Famille des Conifères, § Podocarpées.

272
Sujet. — Dacrydium faux-cyprès, Dacrydium cupressinum
(bouture).
Greffage. — En placage (fig. 113). Dans l’aubier (fig. 67) ;
septembre, sous verre.
Observations. — Ce genre de Conifères est de serre froide, sous le
climat de Paris. Greffé, le Dacrydium élevé, D. elatum, entre autres,
est plus élancé que franc de pied.
Soins habituels prodigués aux greffes sous verre. (Voir page 69.)

[66]

Daphné (Daphne).
Famille des Thymélées.

Sujet. — Daphné Lauréole, Daphne Laureola. — Daphné


Mézéréon, D. Mezereum (semis).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114) ; février-mars ; août. —
Sous verre.
Observations. — Les variétés à feuilles caduques, lentes à monter,
seront greffées sur petite tige de Daphné Mézéréon, ainsi que les
variétés rebelles ou difficiles au bouturage, comme le Daphné à
feuille pourpre (greffage en août).
[fig114]Les variétés à feuilles persistantes sont greffées sur le
Daphné Lauréole ; cependant elles réussissent aussi bien que les
autres, lorsqu’elles sont greffées sur le Daphné Mézéréon, espèce plus
commune et moins sujette à pourrir.
Le sujet (A, fig. 114) fendu à moitié, en tête, reçoit le greffon (B) et
on ligature (C). Le bourgeon (a) servira d’appelle-sève.
Les Daphnés Dauphin, des collines, odorant, de serre, se propagent
de cette façon, greffés sur petite tige de leur congénère, Daphné
Lauréole et quelquefois sur le Daphné Mézéréon.
273
Fig. 114. — Greffe du
Daphné en demi-fente.

[67]

Dierville (Diervilla).
Famille des Caprifoliacées, § Lonicérées.

Sujet. — Dierville rose, Diervilla ou Weigela rosea (semis ; bouture


racinée).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114). Dans l’aubier (fig. 66) ;
avril et août, sous verre. — En pied, rez terre.

274
Observations. — Le Dierville rose ou Weigela se propage par
bouture ; mais pour augmenter la multiplication d’une variété rare, on
a recours à la greffe. On se sert de boutures racinées faites au
printemps ; le greffage est pratiqué sous verre, en août, avec des
greffons semi-ligneux. Les plants sont opérés au collet, en demi-fente
et placés sous cloche à froid, sur le sable.
En chauffant des touffes de l’espèce sujet et de la variété qui doit
être multipliée, on obtient de part et d’autre des rameaux forcés que
l’on unira, sous verre, en mars-avril ; ce sera alors une greffe-bouture
de rameaux semi-herbacés.

[68]

Diosma (Diosma).
Famille des Diosmées.

Sujet. — Diosma à ombelle, D. umbellata (bouture).


Greffage. — En demi-fente (fig. 114), en serre ; février-mars. — Au
collet.
Observations. — La greffe du Diosma est spéciale au D. fragrans,
qui prend mal de bouture.

[69]

Épine-Vinette (Berberis). — [110]Mahonia (Mahonia).


Famille des Berbéridées.

Sujet. — Épine-vinette ordinaire, Berberis vulgaris (semis).


Greffage. — En fente (fig. 110, 114). En placage (fig. 118) ; août-
septembre, sous verre. — En pied.

275
Observations. — Choisir des plants qui paraissent moins disposés
au drageonnage.
Greffer au collet du sujet. Quand la soudure sera complète, on
plante le jeune arbuste, greffe en terre, pour l’exciter à prendre
racine ; sans cette précaution, le tronc pourrait affamer la plante par
son émission de rejets.
Édrageonner rigoureusement.

[70]

Érable (Acer).
Famille des Acérinées.

Sujet. — Le type des variétés et des sous-variétés que l’on désire


propager (semis).
Greffage. — Écusson ordinaire (fig. 89, 91). Écussonnage avec
incision renversée (fig. 94). Par rameau avec embase (fig. 50) ; août.
— En pied ou sur tige.
Observations. — L’Érable champêtre, Acer campestre, reçoit par
greffage ses sous-variétés.
En général, l’Érable sycomore, A. pseudoplatanus, est le sujet qui
sympathise avec les divers groupes ; ainsi l’Acer Ginnala, sous-
variété de l’Acer tataricum, se greffe mieux sur l’Érable sycomore
que sur son type.
L’Érable rouge, A. rubrum, et ses variétés, ont plus d’affinité avec
l’Érable sycomore et semblent gagner en robusticité à son contact.
L’Érable jaspé, A. pensylvanicum, vit sur le Sycomore par
l’écussonnage de bourgeons anticipés, ou de petits rameaux munis de
leur embase (fig. 50). Ici, le greffage en pied met en évidence la tige
ornementale de l’arbre par son épiderme veiné et coloré.

276
L’écussonnage des variétés de l’Érable plane, Acer platanoides,
réussit à œil poussant avec des rameaux détachés en hiver et
conservés (fig. 32). Les variétés à feuille pourpre, de Schwedler et de
Reitenbach, forment avec le Sycomore un bourrelet plus prononcé
qu’avec l’Érable plane. Il en est de même des autres variétés : en
colonne, en boule, à feuille laciniée ou digitée, ou panachée.
L’Érable lisse, A. lævigatum, greffé sur l’Érable plane, est plus
vigoureux que franc de pied.
L’Érable de Wagner, A. Wagneri, « prend » sur l’Érable à fruit
cotonneux, A. eriocarpum.
L’Érable de Colchide tricolore se reproduit par l’écussonnage sur
son type et non sur d’autres.
Les variétés très vigoureuses d’Érable seront greffées, en plein air,
par écusson avec incision renversée (fig. 94) ; l’œil greffon sera
simple ou choisi sur des rameaux de l’année précédente (a, fig. 89).
Réunir et écimer alors les rameaux du sujet dès qu’il sera écussonné
(fig. 99).
L’onglet de l’Érable ayant le défaut de se dessécher promptement,
il faudra réserver, au début de la végétation, quelques rameaux
herbacés sur cet onglet pour y appeler la sève ; on les pincera à trois
yeux et on les supprimera quand la greffe sera suffisamment
développée.
Pour le greffage sous verre, on prend du jeune plant de Sycomore ;
on l’empote pour le greffer en fente, vers février-mars.
Les variétés d’Érables polymorphe et palmé sont greffées dans
l’aubier, de biais (fig. 67), à l’étouffée, sur le type Acer polymorphum,
que l’on multiplie par couchage et par bouture. Les Japonais les
traitent par approche en travers (p. 77) et par écusson boisé. — On
greffe surtout les plants de semis, peu intéressants, et qui s’écartent
trop de leur « mère ».

277
Au Japon, la greffe réunit sur le même sujet des variétés différant
par le coloris, par la forme ou par la disposition du feuillage.

[72]

Eucalyptus (Eucalyptus).
Famille des Myrtacées.

Sujet — Eucalyptus amygdalina, robusta, resinifera (semis).


Greffage. — En approche (fig. 39, 42), mai-juin et août, à l’air
libre. — En placage (fig. 118) ; février, septembre — En pied ; sous
verre.
Observations. — La greffe en approche se pratique à la montée de
la sève, ou un mois avant son déclin, le greffon étant encore dans son
état « juvénile ». Nous en avons vu quelques beaux exemples dans la
Provence maritime.

[73]

Eugenia. — Goyavier. — Jambosa.


Famille des Myrtacées.

Sujet. — Eugenia. — Psidium. — Jambosa.


Greffage. — En demi-fente, (fig. 114). En placage (fig. 118).
Anglaise (fig. 80, 81) ; février-mars et août-septembre, sous verre.
Observations. — Les sujets sont de jeunes semis, vigoureux ; les
greffons ont été cueillis, au moment du greffage, sur des étalons de
choix.
Les deux parties à rapprocher doivent être, autant que possible, à
l’état semi-herbacé.

278
La soudure de ces divers genres exotiques sur le Myrte a été
obtenue dans les serres françaises.
Dans quelques colonies, l’Eugenia a réussi à la greffe. Cette
opération a été favorable au [87]Goyavier, Psidium, en Algérie, sous
une bâche vitrée, ou dehors, avec la claie-abri de roseaux.
[98]En Cochinchine, on a transformé, par la greffe en fente
herbacée, le Jambosier à feuille de myrte en arbrisseaux de plus
grand rapport.
Les Jambosa vulgaris et australis sont de bons sujets porte-greffe.
Il serait intéressant d’essayer le greffage du Giroflier,
Caryophyllus, arbre de cette Famille, lent à se multiplier ; on
propagerait ainsi les plants productifs que les exploitants de « clou de
girofle » remarquent aux Moluques, à la Réunion, à Sumatra, aux
Antilles, à la Guyane, etc.

[74]

Eurya (Eurya).
Famille des Ternstrœmiacées.

Sujet. — Eurya de Siebold, E. Sieboldi.


Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En placage (fig. 118) ;
février-mars, août ; sous verre.
Observations. — Les Euryas se multiplient de bouture à l’étouffée,
ou peuvent être greffés sur les Eurya Sieboldi et angustifolia.

[76]

Févier (Gleditschia).
Famille des Légumineuses, § Césalpiniées.

279
Sujet. — Févier d’Amérique, Gleditschia triacanthos (semis).
Greffage. — En couronne (fig. 52) ; mai, — En fente (fig. 72) ;
avril. — En pied, mieux en tête.
Observations. — Choisir, pour greffon, une partie mixte, bois de
deux ans à la base, bois de l’année au sommet (fig. 52) ; lors du
greffage, on badigeonnera de mastic le rameau-greffon contre l’action
de l’air.
Il est indispensable de conserver en face de la greffe un bourgeon
ou petit rameau appelle-sève, soumis au pincement, — la tige de
Févier étant disposée à se dessécher rapidement.
En opérant fin d’avril ou courant de mai, on peut encore greffer le
Févier en fente, avec des rameaux fraîchement coupés et employés
aussitôt. Le Févier pleureur de Bujot, Gleditschia Bujoti, est plus
robuste, greffé en tête.
L’écussonnage à œil poussant du Févier est praticable. La tête du
sujet écimée au printemps produira deux ou trois rameaux destinés à
l’écussonnage. Le bourgeon-écusson est un œil renflé, pris sur rameau
de l’année précédente (a, fig. 89) ; on greffe en juillet et, trois
semaines après, la soudure étant certaine, les rameaux écussonnés
seront étêtés successivement pour forcer le développement du greffon.
L’ébourgeonnage en sera fait avec mesure.

[77]

Figuier (Ficus).
Famille des Artocarpées.

Sujet. — Figuier, F. carica (bouture ; cépée).


Greffage. — En flûte (fig. 100, 101). En couronne (fig. 54) ; avril-
mai. — Au collet et sur racine.

280
Observations. — Il est rare que l’on ait recours au greffage du
Figuier, étant donnée sa propagation facile par bouture et par
marcotte.
Le greffage se fait « entre deux terres » ; on tronçonne le sujet et
l’on attend, pour greffer, que le suintement du suc laiteux soit arrêté.
Le greffage sur racine détachée se fait à froid, sous cloche ou sous
châssis.
Pour utiliser tous les yeux et petits rameaux des nouveautés, nous
avons vu appliquer le greffage forcé, sous verre, au printemps.
L’écusson avec incision renversée (fig. 94) est parfois employé
dans le Midi.
En Provence, on greffe en flûte sur plant étêté, mais on place un
second anneau greffon au-dessus du premier pour préserver celui-ci
du dessèchement, et l’on couvre la plaie de mastic.
On greffe parfois le Ficus elastica, de serre froide, sur racine de
notre Figuier, F. carica. Au Tonkin, on a tenté l’opération inverse.
Louis Noisette déclare avoir obtenu des effets « très pittoresques »
par le greffage des Ficus bengalensis et nervosa sur le Ficus elastica.

[78]

Frêne (Fraxinus).
Famille des Oléacées.

Sujet. — Frêne commun, F. excelsior (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet. — En fente (fig. 71).
Anglaise au galop (fig. 84, 85) ; mars-avril. — En pied ou sur tige.
Observations. — Rejeter les yeux de la base des rameaux, ils se
développeraient difficilement. Lors de l’écussonnage, on utilisera les

281
sommités des rameaux moyens en les inoculant sous l’écorce par la
greffe de côté simple (fig. 48) ou à l’anglaise (fig. 49).
Les variétés au branchage rabougri, à rameaux fins et courts, Frêne
crépu, Fr. atrovirens, Frêne nain, Fr. nana, seront greffées à la hauteur
projetée du branchage. Les Frênes dimorphe, globe, etc., sont dans ces
conditions.
Les Frênes à rameaux retombants, dits pleureurs, variétés du Frêne
commun, Fr. excelsior, du Frêne à feuille de lentisque, Fr. parvifolia,
seront greffés en tête, pour former un parasol de branches. En les
greffant au pied du sujet, et en dressant la flèche du greffon, les
branches latérales retombantes donneront à l’arbuste un aspect
original.
Il convient de greffer en pied les variétés cultivées : 1o pour la
nuance de leur épiderme, Fr. doré, Fr. aurea, Frêne jaspé, Fr.
jaspidea ; 2o pour leur feuillage, Fr. à feuille d’Aucuba, Fr. hispida,
Frêne à feuille cucullée, Fr. cucullata ; 3o les jolies espèces de Frêne
d’Amérique, Frêne de la Nouvelle-Angleterre, Fr. novæangliæ, Frêne
à feuille de noyer, Fr. juglandifolia, Frêne de Californie, Fr.
californica ; 4o les types vigoureux, les Frênes à une feuille, Fr.
heterophylla, Fr. imbricaria, Fr. simplicifolia.
Au début de la végétation de la greffe, on ébourgeonnera
sévèrement le sujet tout en conservant, çà et là, des bourgeons foliacés
pour attirer et entretenir la sève.
Les variétés du Frêne à fleur, Fraxinus Ornus, seront greffées sur le
type, assez tôt en saison, par les procédés ci-dessus indiqués.
M. Le Vardois, amateur à Caen, a constaté que le Fr. Ornus
longiscupis est beau et vigoureux, s’il est greffé sur le Fr. excelsior,
mais étiolé et gélif lorsqu’il est franc de pied.

[79]

282
Fusain (Evonymus).
Famille des Célastrinées.

Sujet. — Fusain d’Europe, Evonymus europæus (semis), pour les


variétés à feuilles caduques. — Fusain du Japon, Evonymus japonicus
(bouture), pour les variétés à feuilles persistantes.
Greffage. — En écusson (fig. 91). Par rameau sous écorce (fig. 48,
49) ; juillet. — En placage (fig. 56, 118). En demi-fente (fig. 110, 114)
ou par incrustation (fig. 119) : février-avril, sous verre. — En pied ou
sur tige.
Observations. — Nous avons deux sections de Fusains : les
variétés à feuilles persistantes, les variétés à feuilles caduques.
Fusains à feuilles persistantes. — Bien que ce groupe soit de
multiplication facile par le bouturage, on a recours quelquefois à la
greffe, pour les plants à basse tige.
En hiver, on greffe en demi-fente, en placage et par incrustation,
dans la serre, les variétés du Fusain du Japon. À défaut de plants
racinés, on emploie, comme sujets, des rameaux-boutures. On peut
encore opérer sur des plants à racines nues, en les soumettant au
greffage à l’étouffée.
Pour maintenir la panachure des Fusains à feuille persistante, on
greffe les variétés à feuille panachée sur plant enraciné, ou sur
rameau-bouture, de l’ancien Fusain du Japon argenté.
Les Fusains toujours verts greffés sur tige et formant une boule de
verdure sont obtenus par le greffage d’un type japonais sur l’espèce
originaire, à feuillage persistant, ou sur Fusain d’Europe à feuille
caduque ; l’opération reste la même. Commençons par le sujet
indigène.
Pendant l’hiver, on met en pot des Fusains d’Europe à tige, et on
les enterre en plein air. Au mois d’août suivant, on les greffe en fente
ou en incrustation, à la hauteur fixée pour le branchage et on les

283
transporte sous verre, dans une serre ou une bâche, ou dans un coffre
sous châssis. Suivant leur taille, ils sont placés droits, inclinés ou
couchés ; ils restent ainsi à l’étouffée jusqu’à ce que la reprise de la
greffe soit complète ; alors on les aère graduellement, pour les livrer à
l’air libre avant les gelées. — En plein air, cette éducation aurait
moins d’efficacité.
Le greffage du Fusain toujours vert, sur tige à feuille persistante,
offre cet avantage que le branchage de la tête greffée conservera plus
longtemps et plus régulièrement sa verdure perpétuelle. On choisit un
type vigoureux pour sujet et l’opération se fait comme nous l’avons
dit.
Fusains à feuilles caduques. — On peut greffer le sujet avant sa
mise en pot, et employer des greffons déjà ramifiés.
Le Fusain d’Europe reçoit, en plein air, rez terre ou sur tige, le
greffage des variétés à feuille caduque, pourpre ou panachée, à feuille
étroite, à large feuille. L’écusson boisé ou plaqué, la greffe par
rameaux sous écorce (fig. 48) ou avec embase (fig. 50) nous donnent
de bons résultats.

[80]

Gainier (Cercis).
Famille des Légumineuses, § Césalpiniées.

Sujet. — Gainier ordinaire, Cercis siliquastrum (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91 et 93) ; août. — En pied ou sur
tige.
Observations. — Aussitôt l’écussonnage fait on réunira les
rameaux du sujet par un lien, et on coupera les extrémités (fig. 99) ; il
n’y aurait pas d’inconvénient à éclairer le branchage par un
effeuillement assez modéré.

284
Le Gainier du Canada, Cercis canadensis, utilisé comme sujet,
résistera au froid (− 30°).

[81]

Gattilier (Vitex).
Famille des Verbénacées.

Sujet. — Gattilier commun, Vitex agnus-castus (plant de semis ;


fragment de racine).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110). Sur racine (fig. 115), en
septembre ; sous verre.
Observations. — On greffe indistinctement sur racine, sur plant de
semis et au collet. En déplantant une touffe du type, on divisera les
racines qui constitueront autant de sujets.
Les jeunes plants de semis sont en arrachis ; on les met en pot
aussitôt le greffage, puis à l’étouffée sous verre. Au printemps
suivant, ils pourront être livrés à la pleine terre.
[54]Louis Neumann, du Muséum, a greffé le Clerodendron
splendens, plante de cette Famille, sur les Clerodendron squamatum
et fallax.

[82]

Genêt (Genisia, Spartium, Sarothamnus).


Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

Sujet. — Genêt d’Espagne, Spartium junceum. — Cytise ébénier,


Cytisus Laburnum (semis).

285
Greffage. — En fente ou demi-fente (fig. 69 et 114) ; mars-avril. —
En pied ou sur tige.
Observations. — Prendre pour greffons des rameaux de l’année
avec un talon de deux ans.
On greffe sur le Cytise ébénier, Labumum, le Genêt multiflore
blanc, Spartocytisus albus, les Spartium, les Genista, par exemple les
G. americana, præcox, sibirica et le Genêt André, une jolie variété de
l’espèce Sarothamnus.
La réussite est plus certaine en mars, sous châssis, avec des plants à
racine nue. Les sujets seront de grosseur moyenne ; on leur
conservera un œil au sommet du tronçonnement. Au cas de hâle, on
entoure la greffe d’un écran.
Tuteurer et pincer tes jeunes pousses.
Détruire les colimaçons, ils recherchent volontiers les arbustes de
cette Famille.

[83]

Genévrier (Juniperus).
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Genévrier de Virginie, Juniperus Virginiana (semis).


Greffage. — En placage (fig. 113) ; février et septembre. — En
bifurcation (fig. 77) ; avril.
Observations. — Greffer en placage (fig. 113), ou de côté en fente
oblique (fig. 67), sous cloche et sous châssis, avec de jeunes plants
bien racines ; deux mois après, la soudure est assurée. Voir les soins
ultérieurs, page 69.
La greffe sur bifurcation se fait en plein air, sur la flèche ramifiée
du sujet (fig. 77, p. 147).

286
Plusieurs variétés de Genévrier, greffées, sont plus vigoureuses que
de pied franc.

[84]

Ginkgo (Ginkgo).
Famille des Conifères, § Taxinées.

Sujet. — Ginkgo bilobé, Ginkgo biloba ou Salisburia adianthifolia


(semis ; bouture).
Greffage. — En fente (fig. 72) ; mars-avril, en plein air. — En
placage (fig. 56) ; au collet et sur tronçon de racine (fig. 115, 120) ;
septembre, sous verre. — En pied ou en tête.
Observations. — Le greffage permet de réunir sur le même
individu les [fig115] deux sexes du Ginkgo, arbre dioïque, et d’en
obtenir une fructification. C’est ainsi que Delile, professeur de
botanique à Montpellier, aurait obtenu le premier en France, vers
1835, la fructification du Ginkgo. Il fut imité à Trianon, puis à
Strasbourg, ensuite à Tours, etc.
Le semis du Ginkgo produit une forte proportion de plants mâles ;
plus tard, on pourra enter sur leurs tiges ou sur leurs branches des
greffons du type femelle.
On propage les variétés de cet arbre par la greffe, sur racine, de
sommités de rameaux.

[85]

Glycine (Wistaria).
Sujet. — Glycine de Chine, Wistaria sinensis (fragment de racine).

287
Famille des Légumineuses,
§ Papilionacées
.
Greffage. — En fente ou en incrustation, sur
racine (fig. 115) ; avril-mai.
Observations. — Choisir pour sujet des
morceaux de racines longs de 0m,10, et les greffer
en fente ou en incrustation. On plante les sujets
greffés sous châssis, de manière que le tronc
radiculaire soit complètement enterré ; plus tard, ils
seront livrés à l’air libre.
Le greffage au collet du plant offre les mêmes
chances avec des sujets complets.

[88]

Grenadier (Punica).

Fig. 115. — Greffe sur


fragment de racine
(Glycine).
Famille des Granatées.

Sujet. — Grenadier ordinaire, Punica granatum (semis ; bouture).


Greffage. — En fente (fig. 110, 114) ; avril. — En incrustation (fig.
119) ; août, sous verre.
Observations. — Dans les climats chauds, le Grenadier supporte
les procédés du greffage en plein air, particulièrement la greffe en
fente, sur le collet. En Provence, on greffe sous verre, à tige, les
variétés naines ou à fleur double.

288
Sous le climat de Paris, on le greffe dans la serre, à froid, de juillet
à septembre, au moyen du placage si le sujet est en arrachis, ou de
l’incrustation s’il est élevé en pot.
On emploie le plant de semis, âgé de deux ans, du Grenadier acide,
et on a le soin de ménager un bourgeon d’appel à l’opposé de la
greffe.

[89]

Grévillea (Grevillea).
Famille des Protéacées.

Sujet. — Grévillea robuste, G. robusta (semis). — Grévillea de


Mangles, Gr. Manglesi (semis ; bouture).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114). En incrustation (fig.
119) ; février-mars, sous verre.
Observations. — Sous un climat chaud, le Grévillea se propage par
semis. Dans le rayon de Paris, on greffe sur le Grévillea robuste les
variétés à grand développement : Gr. Banksi, Gr. Hillii, etc. ; les
variétés moins vigoureuses, Gr. flexuosa, Gr. pteridifolia, sont
greffées sur le Grévillea de Mangles, élevé par bouture.
Quelques autres genres de cette Famille, tels que le [91]Hakea et le
[101]Lambertia peuvent se greffer sur le Grévillea, avec des chances
variables.

[90]

Groseillier (Ribes).
Famille des Grossulariées.

289
Sujet. — Variété de l’espèce à propager. — Groseillier doré, R.
aureum (bouture ; semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet. — De côté (fig. 48, 49) ;
août. — En fente (fig. 72, 110) ; septembre, en plein air. — Anglaise
simple (fig. 80, 117), janvier ; sous verre.
Observations. — Le Groseillier se multiplie si facilement par
bouture que l’on a rarement recours au greffage. Toutefois on peut,
par la greffe, utiliser un œil isolé, un rameau délicat, et même changer
la physionomie de la plante.
Greffer aussi près que possible des racines. Tel était, en 1829, l’avis
de Thory, auteur de la Monographie du Groseillier.
[fig116]

290
Fig. 116. — Groseiller à grappes, greffé sur une tige de Groseiller
palmé.

Un rameau-bouture de Groseillier à grappes peut recevoir la greffe


du Groseillier à maquereau, en demi-fente (fig. 110) ou par rameaux
291
préalablement écussonnés (fig. 98) ; cette tribu serait un bon entre-
greffe sur le Gr. doré.
L’intérêt du greffage réside surtout dans l’éducation de l’arbuste
élevé sur tige. Le Gr. doré, R. aureum, sujet, est préféré aux R.
revolutum et R. tenuifolium, qui drageonnent davantage ; il se soumet,
en plein air, aux greffages en écusson, de côté sous écorce et en fente
d’automne ; mais le greffage sous verre est plus certain.
[fig117]

Fig. 117. — Greffe du Groseillier épineux sur Groseillier palmé.

292
Dès l’année 1862, Franz Slaby recommandait le greffage des
Groseilliers à fruit comestible sur l’espèce ornementale, à fleur jaune.
Depuis, cette culture a pris une certaine extension en deçà et au delà
du Rhin. Les Groseilliers à grappes, R. rubrum (fig. 116), et à
maquereau, R. uva crispa (fig. 117), se cultivent greffés sur tige,
comme le Rosier sur tige d’Églantier.
Le sujet est fabriqué par bouture simple, par bouture herbacée, par
semis et surtout au moyen de la cépée. Le plant, en pépinière, pousse
en toute liberté ; on se borne à l’édrageonner. En février-mars, on le
recèpe et, par l’ébourgeonnement, un seul brin est conservé.
Au mois d’octobre, on l’arrache pour l’empoter, après lui avoir
retranché tous les bourgeons souterrains. Les pots sont mis en pleine
terre dehors, et bien paillés, contre l’action des gelées. En même
temps, on prépare les rameaux-greffons que l’on place à la cave ou en
terre, pour les retarder (fig. 32, p. 58).
Le mois de janvier arrivé, on rentre les Groseilliers en pot dans une
serre chauffée à + 8° ou + 12°. Le greffage, sera pratiqué en février, à
l’anglaise simple (C, fig. 117), à cheval (fig. 87) ou en incrustation
(fig. 60). Ligaturer et engluer à froid.
L’étouffée s’obtient par une cloche ou par un châssis fermé sur la
bâche de la serre.
Les sujets plus gros pourraient être greffés sur branches latérales ;
on conserverait des yeux au sommet pour tirer la sève de l’arbuste.
Ainsi la tige (A, fig. 117), bifurquée, recevra les greffons (E, E) à
l’opposé d’un œil sur chaque branche.
Le sujet (B) est une tige ou une branche du Groseillier doré
supportant le greffon (R) du Groseillier à grappes, avec œil d’appel.
Quand les bourgeons de la greffe se développent, on transporte les
plantes sous châssis ou en serre froide ; elles y séjourneront jusqu’en
mai, époque de leur mise en pleine terre.

[93]

293
Hêtre (Fagus).
Famille des Cupulifères.

Sujet. — Hêtre commun, F. sylvatica (semis).


Greffage. — En fente sur bifurcation (fig. 78) ; mars-avril. — Par
rameau sous écorce (fig. 48) ; juin-juillet. — En écusson à œil
poussant. En approche (fig. 39) ; juin. — En pied ou sur tige.
Observations. — Les greffons du Hêtre sont des rameaux simples
ou ramifiés, de deux ans ; le biseau en sera fortement aminci vers la
pointe, et la tête enduite de boue ou de mastic.
Le jeune bois du sujet supporte mieux le greffage que le vieux bois.
D’ailleurs, il faut opérer assez tôt pour avoir une bonne sève.
On réussit l’écussonnage à œil poussant du Hêtre, au mois de juin,
en employant des yeux choisis sur des rameaux de l’année précédente
(a, fig. 89). Si l’on coupe l’œil principal, les sous-yeux se
développent. On étête le sujet huit ou quinze jours après
l’écussonnage ; le greffon ne tarde pas à entrer en végétation.
La greffe par approche de côté ou en tête (fig. 42), au printemps, a
toutes chances de succès.
Pour la greffe en fente, on emploiera des rameaux âgés de deux ou
trois ans, les brindilles du greffon seront taillées à l’empâtement.
Les Hêtres à feuilles pourpres et les variétés du Hêtre d’Amérique
se reproduisent par la greffe sur notre espèce indigène.

[94]

Houx (Ilex).
Famille des Ilicinées.

Sujet. — Houx commun, I. aquifolium (semis).

294
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; mai, août. — Dans l’aubier, en
fente oblique (fig. 67) ; juillet. — En placage (fig. 55), et à l’anglaise
(fig. 56). Anglaise simple (fig. 80) ; sous verre ; août-septembre et
mars-avril. — En pied ou sur tige.
Observations. — L’écussonnage se fait en plein air : à œil poussant,
en mai ; à œil dormant, en août. On retranche sur son pétiole la feuille
qui accompagne l’œil-greffon.
Dans les pépinières de Boskoop, en Hollande, l’écusson de cet
arbre étant posé en août reste dormant pendant vingt mois. On étête le
sujet au mois d’avril de la seconde année qui suit le greffage, et sans
laisser d’onglet ; mais on tuteure de suite, et le bourgeon écussonné se
développe plus vigoureusement que s’il eût été « forcé à la pousse »
l’année précédente.
Les greffes d’automne se font sous cloche, dans la serre, ou sous
châssis froid ; on laisse les feuilles au greffon (fig. 67). Le sujet ainsi
travaillé en août-septembre reste environ trois mois à l’étouffée pour
la reprise de la greffe.
L’opération réussit parfaitement lorsque le sujet est mis en pot au
moment du greffage.
Pour la greffe en fente, on choisit un rameau âgé de deux ou trois
ans. Les yeux se développent tard, parfois en juillet, mais avec
vigueur.

[95]

Idésia (Idesia).
Famille des Bixacées.

Sujet. — Idésie polycarpe, I. polycarpa (semis).


Greffage. — En fente (fig. 110 et 114) ; avril, en plein air ; août-
septembre, sous verre.

295
Observations. — Sur l’Idésia, arbre dioïque, la greffe facilite la
production du fruit. En transportant une branche de l’espèce mâle sur
l’arbre femelle, la fructification des grappes florales s’imposera, après
fécondation, bien entendu.

[96]

If (Taxus). — [43]Cephalotaxus. — [176]Torreya.


Famille des Conifères, § Taxinées.

Sujet. — If. — Cephalotaxus. — Torreya ; suivant l’espèce à


propager (semis ; bouture).
Greffage. — En placage (fig. 113) ; février, septembre. — En pied ;
sous verre.
Observations. — On peut fabriquer des sujets au moyen de
boutures de branches ; plus tard, on les greffera avec de jeunes
rameaux qui naissent sur la tête écimée de l’étalon, au verticille
supérieur du branchage. On a recours à ce procédé pour propager
certaines variétés, lorsqu’on ne possède pas de sujets de semis.
La même plante fournira donc les sujets par le bouturage de ses
branches latérales, et les greffons par ses bourgeons du sommet étêté.
L’If commun, Taxus baccata, élevé par semis, est un bon type pour
recevoir le greffage de ces trois genres résineux.

[97]

Indigotier (Indigofera).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

Sujet. — Indigotier Dosua (semis).

296
Greffage. — En fente (fig. 110). En incrustation (fig. 115) ; mars,
sous verre.
Observations. — On applique le greffage à l’Indigotier blanc
élégant, Indigofera decora alba ; l’opération se fait à l’étouffée.
On pratique la greffe sur le collet du plant, en arrachis ou en pot, et
sur racine.

[99]

Jasmin (Jasminum).
Famille des Jasminées.

Sujet. — Jasmin blanc, Jasminum officinale (bouture).


Greffage. — En demi-fente (fig. 114) ; janvier-avril. — Anglaise
simple (fig. 80, 117) ; août, sous verre. — En pied ou sur petite tige.
Observations. — Choisir un plant en arrachis et supprimer les
rudiments d’yeux de la partie souterraine, on évite ainsi le
drageonnage futur ; greffer en fente, puis étouffer sous verre.
On greffe particulièrement sur jeune tige les Jasmins à fleur double,
d’Arabie, d’Espagne, Poiteau, à feuille glauque, à feuille panachée,
arbustes d’orangerie, pour les convertir en sujets plus ramifiés, moins
volubiles et susceptibles d’être dressés en boule sur petite tige.
À Ollioules (Var), le Jasmin d’Arabie dit « Sambac », cultivé pour
le commerce des fleurs, est greffé en mai sur le Jasmin blanc.
Dans la région méditerranéenne, on plante le Jasmin officinal, en
bouture, par carrés de la surface d’un châssis, ce qui permet de le
couvrir l’hiver. Au mois d’avril, on le greffe en fente ; pas de ligature,
mais un engluement d’argile pétrie à la main. Étouffer le plant
aussitôt, au moyen d’un châssis incliné ; plus tard, aérer.
En août, les plants réussis sont levés en motte, mis en pot et
étouffés à nouveau dans une serre tenue ombragée. Vingt jours après,

297
les sujets ont repris leur végétation et peuvent être livrés au commerce
ou à la pleine terre.
Sous ce climat, favorable au Jasmin, on pratique encore
l’écussonnage, soit à œil poussant, en mai-juin, soit à œil dormant, en
août, à 0m,05 de terre.

[102]

Laurier (Laurus). — [36]Camphrier (L. Camphora).


Famille des Laurinées.

Sujet. — L’espèce type des variétés ou sous-variétés à propager


(semis ; bouture).
Greffage. — En placage (fig. 55, 118) ; février ou fin juillet, sous
verre.
Observations. — Le Laurier noble, L. sauce, L. d’Apollon, Laurus
nobilis, et ses variétés se propagent par semis, par marcotte, par
bouture ; quelquefois, on greffe les variétés nouvelles sur leur type.
Le procédé adopté est le placage au collet, sous cloche.
Le Camphrier, Laurus Camphora, bel arbre acclimaté dans notre
région du sud et en Algérie, aura ses « formes » intéressantes greffées
ainsi sur ses propres semis.

[103]

Libocèdre (Libocedrus).
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Biota de Chine, B. orientalis. — Genévrier de Virginie,


Juniperus Virginiana (semis).

298
Greffage. — En placage (fig. 113). En fente oblique dans l’aubier
(fig. 67) ; août et février, sous verre.
Observations. — Le greffage sous verre a lieu avec les soins
indiqués pour les Conifères, pages 60 et suivantes.
Il arrive fréquemment en France que le Libocèdre greffé est plus
vigoureux qu’à l’état de semis ; le L. chilensis et le L. decurrens
(vulg. Thuia gigantesque, Carr.), greffés sur Biota, en fournissent la
preuve.

[104]

Lierre (Hedera).
Famille des Araliacées.

Sujet. — Lierre commun, Hedera hélix. — Lierre d’Irlande, H.


helix hibernica (bouture).
Greffage. — En placage (fig. 118) ; septembre-octobre. — En pied.
Observations. — En choisissant, pour greffon, de jeunes extrémités
de rameaux ayant fleuri ou de nature à fleurir bientôt, on produira des
Lierres non grimpants, dits Lierres en arbre, particulièrement avec les
variétés des Lierres d’Irlande, de Rægner, de Cavendish.
L’opération étant faite à l’étouffée, l’agglutination en sera achevée
au bout de deux mois.
Le rameau (A, fig. 118) est un greffon de cette nature, son œil
terminal (a) est disposé à fleurir ; on lui taille la base en biseau (b) et
on le plaque sur le sujet (C) préparé (en d), avec la retraite (e) pour
que le greffon s’y place comme on le voit en F.
Le rameau trapu, florifère, du Lierre réussit difficilement par
bouture ; il se greffe bien et forme alors des arbustes buissonnants,
tandis que les rameaux sarmenteux de la même espèce deviennent, par

299
le bouturage, des arbrisseaux grimpants ; greffés, ils restent chétifs
avec des rameaux traînants.
[fig118]

Fig. 118. — Greffe du Lierre, en placage.


Choix du greffon pour rendre la plante buissonnante.

Le greffage du Lierre, précité, commencé en 1841 par Pierre


Bertin, à Versailles mériterait d’être plus souvent employé.

[105]

300
Lilas (Syringa).
Famille des Oléacées.

Sujet. — Lilas de Marly, Syringa vulgaris (semis) ; préférable au


Frêne ou au Troène.
Greffage. — En écusson (fig. 91) à œil dormant, juillet ; à œil
poussant (fig. 102), avril. — En incrustation (fig. 60). En fente (fig.
69, 110) ; mars. — En pied ou sur tige.
Observations. — Choisir, pour sujet, de jeunes plants élevés par
semis, moins susceptibles de drageonner ; on les greffe au collet, ou
sur tige quand le plant est vigoureux.
Surveiller le drageonnement ; d’abord nettoyer les yeux ou
bourgeons qui naissent des racines, avant la plantation ; puis dégager
la terre et raser net ou arracher sur leur empâtement les rejets
souterrains.
Préparer les rameaux-greffons en leur retranchant, et la base, qui se
développe mal, et le sommet, généralement disposé à fleurir.
Les Lilas à bois fin tels que : Lilas de Perse (S. persica), Lilas
Varin, Saugé, carné de Chine (S. dubia), seront greffés en pied ou en
tête sur Lilas de Marly. Ces espèces à bois fin réussissent en outre au
marcottage.
Les Lilas à gros bois (S. vulgaris) : Lilas de Trianon, Charles X,
Gloire de Moulins, Aline Mocgueris, Ville de Troyes, Philémon,
Virginal, Lucie Baltet, Bleuâtre, de Croncels, à grande fleur, Madame
Moser. Princesse Marie, etc., à fleur blanche, rose, lilas, carmin,
pourpre, puis la série des variétés à fleuron double et le Lilas de Chine
(S. oblata), doivent être greffés en pied sur le Lilas de Marly ; ils
s’élèveront à tige.
Les types L. Josikæa, Emodi, de Bretschneider, du Japon, sont
susceptibles de s’unir au Frêne à fleurs, Fraxinus Ornus. Sur le Lilas
de Marly, ils prennent mieux par la greffe en fente ou en demi-fente,

301
au collet, en plein air ou sous verre. Ils se soudent encore avec le
Troène.
On peut les élever, ainsi que les Lilas à bois fin, sur tige de Troène
de Californie, Ligustrum ovalifolium, ou de Troène de Chine, L. Ibota,
par la demi-fente ou le placage, — dans les localités où ces espèces de
Troène ne gèlent pas.

[107]

Litchi (Nephelium ou Euphoria).


Famille des Sapindacées.

Sujet. — Li-tschi Euphoria Litchi ; (semis).


Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114). En placage (fig. 118) ;
février et fin août, sous verre. — En approche herbacée (fig. 42) ;
octobre.
Observations. — En Chine et au Japon, à la Réunion, etc. des
essais sur la greffe par approche à l’air libre, au début de la sève, ont
réussi.
L’arbre greffé devient moins élevé, plus productif, et son fruit plus
gros et meilleur ; c’est surtout le type japonais qui fournit des espèces
recherchées dans la consommation.
D’après le docteur Bretschneider, de la légation russe à Pékin, les
Nephelium longana et lappaceum ont de nombreuses variétés dans
l’archipel Malais et dans l’Asie tropicale. Les unes sont reproduites
par le marcottage, d’autres par le greffage en approche, au réveil de la
sève.
À la mission de Késô, au Tonkin, le R. P. Bareille a propagé la
greffe, par rameau détaché, du Litchi royal, à fruit comestible, sur le
L. commun et sur le L. « Œil de Dragon », Nephelium longana,
« plutôt médicinal » nous écrit M. Voinier, vétérinaire en chef de notre

302
armée d’occupation, créateur de pépinières d’études et de
propagandes, à Hanoï.

[108]

Maclure (Maclura).
Famille des Morées.

Sujet. — Maclure orange, Maclura aurantiaca (semis ; bouture de


racine).
Greffage. — En fente (fig. 72) ou demi-fente (fig. 110) ; avril, en
plein air ou sous verre.
Observations. — Le Maclure est un végétal dioïque ; il convient
alors de propager, par la greffe, les types staminés ou les types
pistillés avec des greffons d’origine certaine.
Les variétés du Maclure se greffent encore sur de jeunes plants,
sous bâche vitrée, en mars.

[109]

Magnolier (Magnolia).
Famille des Manoliacées.

Sujet. — Magnolier pourpre, Magnolia discolor. — M. de


Soulange, M. Yulan, variété Soulangeana (semis, marcotte), pour les
espèces à feuilles caduques. — Magnolier à grande fleur, Magnolia
grandiflora (semis, marcotte), pour les espèces à feuilles persistantes.
Greffage. — En placage (fig. 55, 56). En fente dans l’aubier (fig.
65). En incrustation (fig. 119) ; de février en avril, sous verre. — En
approche (fig. 39) ; avril, juillet. — En pied ou en tête.

303
Observations. — Le greffage de côté avec rameau pénétrant
l’aubier (fig. 65), au collet du sujet non étêté, se pratique en juillet et
en août. Le plant greffé étant placé sous double châssis, la soudure
sera complète un mois après. Le placage se fait dans les mêmes
conditions.
La greffe par approche, plus lente à la reprise, est appliquée sur de
forts sujets. Le sevrage ne sera commencé qu’au printemps suivant,
pour être achevé graduellement avant l’hiver.
Les Magnolia grandiflora et variétés à feuille persistante
réussissent également sur le Magnolier pourpre, M. discolor, à feuille
caduque.
Aux États-Unis, on écussonne les variétés du Magnolier sur le M.
acuminé, de Pensylvanie
Sur les bords de la Loire, on greffe ce bel arbre en fente herbacée,
au mois de juin, sous cloche en serre, à froid, avec quinze jours
d’étouffée.
Dans le Midi, on écussonne les Magnoliers toujours verts sur le M.
grandiflora. — À Nantes, l’écusson est pris sur rameau de deux ans.

[111]

Mangoustan (Garcinia).
Famille des Clusiacées.

Sujet. — Garcinia mangostana (semis).


Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114) ; février et août, sous
verre.
Observations. — Le greffage reproduit les types les plus
avantageux à la production fruitière, on utilise les sujets robustes qui
croissent çà et là et d’un avenir incertain.

304
En Cochinchine, nos compatriotes Godefroy et Daveau ont essayé
avec succès la greffe en approche. De jeunes plants du Mangoustan de
Roxburg, mis en pot ou en panier, ont été accrochés dans un arbre
d’un produit avantageux et, après la saison des pluies, on pratiqua le
greffage en approche. Deux mois après, sevrage de la greffe, puis
tuteurage, ébourgeonnement et mise en place.
[113]Le Mammea, dit « Abricotier des Antilles ou de Saint-
Domingue », que l’on cultive par semis, pourrait être reproduit dans
ses variétés les plus fécondes par le greffage sous verre, sur jeunes
semis du type ou infertiles, ou par la greffe en approche à l’air libre de
jeunes plants élevés en bourriche ou en noix de Cocotier.

[112]

Manguier (Mangifera).
Famille des Térébinthacées.

Sujet. — Manguier de l’Inde, Mangifera indica (semis).


Greffage. — En fente, au collet (fig. 110, 114) ; dès que la sève
monte, en évitant la période des grandes pluies ou des chaleurs
excessives. — En approche herbacée (fig. 39, 42) ; octobre.
Observations. — Le semis du Manguier (la graine semée fraîche)
produit du plant que l’on met en pot, et on le greffe en demi-fente. La
réussite est plus certaine par le rapprochement de parties herbacées ou
à peu près ; l’opération se fait au printemps, sous cloche, dans la
serre.
Dans les Indes orientales et dans les pays chauds où croît le
Manguier, on le greffe à l’air libre, en fente ou en couronne, en tête ou
en pied ; le sujet et le greffon sont en sève, leur état semi-herbacé
active la soudure ; c’est le moyen de propager les variétés à chair
tendre, peu fibreuse et à petit « noyau », recherchées par le commerce
et par la consommation.
305
Le greffage en approche est pratiqué par les indigènes intelligents.
Au mois de mai, ils sèment des graines de mangues autour d’un
Manguier d’espèce avantageuse à reproduire ; l’étalon est garni de
ramifications assez près du sol. La germination se fait vite et, en
octobre, on greffe le plant par approche, de côté ou mieux en tête, les
deux parties étant semi-herbacées. Quelques mois de sève suffiront et
la greffe sera sevrée ; après une végétation nouvelle, on pourra mettre
le jeune arbre en place.
Tel est le procédé suivi dans la Cochinchine française et aux Indes
anglaises.
À Bombay, nous disait Ermens, quand l’étalon est haut de
branches, on y accroche les sujets élevés dans des pots à fleur ou des
noix de coco et, le moment venu, on les greffe par approche.
À la Guyane où les pluies sont pour ainsi dire permanentes, le
colon sème et cultive le plant en panier et profite d’une éclaircie pour
l’approcher de l’étalon et lui inoculer ses rameaux.
À la Réunion, les planteurs propagent, par la greffe, la mangue
Auguste et autres variétés pour l’industrie des conserves.
Les Japonais pratiquent en outre la greffe en tête dans l’aubier (fig.
62) ; l’engluement est de l’argile délayée dans l’eau de mer ou l’eau
salée, pétrie avec des déchets de coton. Une feuille de Palmier,
attachée à la greffe, forme écran et complète le travail.
Partout, le Manguier greffé produit vite, régulièrement, et son fruit
est un objet d’exportation.
[10]L’Anacardier, Anacardium, de la même famille, produit la
« pomme d’acajou » et se propage par le semis immédiat de ses
graines ; certaines formes ou variétés seront fixées par le greffage :
incrustation en tête (fig. 119) ou de côté dans l’aubier (fig. 65), en
pied.

[114]

306
Marronnier (Æsculus). — Pavia.
Famille des Hippocastanées.

Sujet. — Marronnier d’Inde, Æsculus hippocastanum (semis).


Greffage. — Écusson avec incision cruciale (fig. 93) ; juillet. — Par
rameau sous écorce (fig. 48) et à l’anglaise (fig. 49) ; avril ou juillet.
— En fente (fig. 72) ; mars. — En flûte (fig. 100). En couronne (fig.
52 et 54) ; avril. — En pied ou sur tige.
Observations. — Chaque mode de greffage doit être pratiqué de
bonne heure.
Refuser pour l’écussonnage, les yeux de la base des rameaux-
greffons ; les yeux bien formés sont indispensables, fussent-ils choisis
sur des branches de l’année précédente. Les sommités de rameau avec
bourgeon terminal, bien lignifiées, conviennent aux opérations faites
en tête.
Pour la greffe en fente, on prend des greffons âgés de deux ans sur
toute leur étendue, sinon à la base, pour la taille du biseau.
On greffe encore le Marronnier rubicond ou autre, par rameau sous
écorce, simple ou à l’anglaise (fig. 48 ou 49), à œil poussant ou à œil
dormant ; on a le soin de lier aussitôt par un jonc, la tête du greffon
avec le corps du sujet.
Palisser sévèrement les jeunes greffes sur leur onglet, outre l’appui
d’un tuteur spécial ; le poids et le balancement des feuilles pourraient
briser les pousses nouvelles.
En pépinière, on peut écussonner les jeunes sauvageons de
Marronnier dans les carrés de semis ou de repiquage ; l’année
suivante, on replantera à distance les sujets tout écussonnés.
[136]Le Pavia se greffe dans les mêmes conditions sur le
Marronnier d’Inde. Comme il a une tendance à rester plus faible que
son sujet, on choisira des greffons vigoureux d’un an, ou ayant deux
ans au biseau, lorsqu’il s’agit du greffage par rameau.

307
Les Pavias à épi et de Californie sont cultivés de pied franc.

[115]

Mélaleuque (Melaleuca).
Famille des Myrtacées.

Sujet. — Mélaleuque armillaire, Melaleuca armillaris (semis).


Greffage. — En demi-fente (fig. 114). — En placage (fig. 118) ;
février-mars, juillet-août.
Observations. — Les Mélaleuques se multiplient par le semis. Si
on veut les reproduire par le greffage, on emploiera comme sujet le
Mélaleuque armillaire qui, par sa robustesse relative, convient à cette
destination.

[116]

Mélèze (Larix).
Famille des Conifères, § Abiélinées.

Sujet. — Mélèze d’Europe, Larix europæa. — Mélèze d’Amérique,


Larix microcarpa (semis).
Greffage. — En placage (fig. 113) ; août. — De côté dans l’aubier
(fig. 65, 67). En approche (fig. 37, 12) ; avril-juin. — En pied ou sur
tige.
Observations. — La greffe d’automne, en placage, se fait à
l’étouffée.
Les greffes en fente et de côté sont pratiquées à l’air libre, sur la
flèche, quand le gonflement des bourgeons annonce le réveil de la
sève ; on coiffera la greffe, provisoirement, avec un cornet de papier.

308
Le Mélèze pleureur se greffe facilement en approche à haute tige
(fig. 37, 42, 47).
Le Mélèze de Griffith peut être greffé, par approche en tête (fig.
42), sur le Mélèze d’Europe.
Un horticulteur belge, Van Herzeele, propage le Mélèze de
Kæmpfer, Pseudo-Larix Kæmpferi, en le greffant sur ses propres
racines. Au commencement de mars, il choisit des bouts de racine
ayant la grosseur d’un crayon sur une longueur de 0m,10 ; il greffe en
fente et place les plants greffés sous cloche ou sous châssis, à une
température de + 15 à 18°.

[117]

Merisier à grappes (Cerasus, § Padus).


Famille des Amygdalées.

Sujet. — Merisier à grappes, C. Padus (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91 et 94). Par rameau sous écorce
(fig. 48, 49) ; avril, juillet. — En fente (fig. 72) ; mars. — En pied ou
sur tige.
Observations. — La sommité des rameaux-greffons, ayant les yeux
rapprochés, est utilisée en été au moyen du greffage sous écorce par
rameau (fig. 48 ou 49), et au printemps ou à l’automne par le greffage
en fente.
Le Padus Capuli réussit sur le Mahaleb.

[119]

Micocoulier (Celtis).
Famille des Celtidées.

309
Sujet. — Micocoulier de Virginie, Celtis occidentalis (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 94) ; août. — En incrustation (fig.
60). En fente (fig. 69,72) ; avril. — En pied, et quelquefois sur tige.
Observations. — Choisir du jeune plant pour l’écussonnage.
Si l’on greffe en fente, en incrustation ou à l’anglaise, il convient
de couper le rameau sur l’étalon au moment du greffage, en évitant
d’employer les fragments fatigués par l’hiver. Il serait alors prudent
de couper les greffons avant les froids et de les conserver à l’abri,
enterrés dans le sable sec (fig. 32, p. 58).
Sous une latitude tempérée, le Micocoulier de Provence, C.
australis, est employé comme sujet.

[120]

Millepertuis (Hypericum).
Famille des Hypéricinées.

Sujet. — Millepertuis fétide, Hypericum hirsinum (semis ou éclat


raciné).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 115). En placage (fig. 118) ;
février, août. Au collet, sous verre.
Observations — Le floribond Millepertuis de Moser a été greffé
ainsi, sur tronçon de racine, en attendant que l’on possède des touffes
qui puissent approvisionner la multiplication par bouture ou par
division.
Enterrer la greffe lors de la plantation.

[121]

310
Morelle (Solanum).
Famille des Solanées.

Sujet. — Morelle douce-amère, Solanum dulcamara (bouture


débranché ou de racine).
Greffage. — En demi-fente (fig. 115). En placage (fig. 118) ;
février et août, sous verre.
Observations. — La Douce-amère indigène sert de sujet aux
variétés panachées. Le sujet s’obtient très facilement de semis et
mieux encore de bouture de rameaux ou de racines.
À la plantation des greffes reprises, on éborgne les yeux sur le
tronc, au-dessous du collet.
En France, on a lignifié la Tomate par son greffage sur la Douce-
amère, et en Haïti, l’Aubergine sur une autre Solanée, dite
« Amourette ».

[122]

Mûrier (Morus).
Famille des Morées.

Sujet. — Mûrier blanc, Morus alba (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 94) ; septembre. — En demi-fente
(fig. 72, 110) ; mars-avril. — En flûte (fig. 101) ; avril. — En pied ou
sur tige.
Observations. — Le greffage par bourgeon réussit sur le Mûrier,
dans les contrées favorisées par la chaleur. Là, on l’écussonne vers la
fin de juin, à œil poussant, avec des rameaux conservés dans du sable
(fig. 32). L’opération à œil dormant est souvent retardée jusqu’en
septembre ou en octobre ; l’écussonnage se fait en pied, au niveau du

311
sol. Pour le greffage en tête, on a encore la greffe en flûte (fig. 100 et
101).
Les pépiniéristes méridionaux, qui redoutent l’insuccès de la greffe
du Mûrier, opèrent de telle sorte qu’ils obtiennent des carrés complets
de cette essence. Ils repiquent le jeune semis qu’ils soumettent
ensuite, en septembre, au greffage à œil dormant. Au commencement
de l’année suivante, en mars, avril ou mai, les greffes qui n’ont pas
réussi sont recommencées, en flûte (fig. 100 et 101) ; enfin, les sujets
qui pourraient encore manquer seront recourus en mai-juin, par
l’écussonnage à œil poussant, avec des rameaux conservés et retardés.
L’étêtage graduel du sujet est appliqué de suite (fig. 102, p. 190).
À l’automne, les plants repris à la greffe sont arrachés et replantés
en pépinière pour constituer des carrés homogènes.
Le greffage par rameau est pratiqué dans le Nord sur de jeunes
plants en arrachis ; aussitôt greffés, on les porte dans une bâche à
l’étouffée.

[123]

Myrte (Myrtus).
Famille des Myrtacées.

Sujet. — Myrte commun, Myrtus communis (semis ; marcotte).


Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En incrustation (fig. 119) ;
février-mars et août-septembre, sous verre.
Observations. — La majeure partie des Myrtes se reproduisent par
marcotte ; cependant les variétés moins vigoureuses, ou à feuille
panachée ou à fleur double, peuvent être greffées sur petite tige, dans
la serre à multiplication, même sous le climat du Midi.
Le placage à l’anglaise (fig. 56), en tête, « greffe Collignon »
d’après André Thouin, convient encore au greffage du Myrte.

312
[126]

Nandina (Nandina)
Famille des Berbéridées.

Sujet. — Nandina domestique (semis).


Greffage. — Au collet, par demi-fente (fig. 110, 114), ou en placage
(fig. 118) ; août-septembre, sous verre.
Observations. — La multiplication habituelle se fait par rejets, par
cépée ou bouture ; cependant on greffe, au collet des racines, les
variétés délicates et les nouveautés.
C’est ainsi que les Japonais en exhibaient au Trocadéro, lors de
l’Exposition de 1889.

[125]

Néflier (Mespilus).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Aubépine blanche et Ergot-de-Coq, Cratægus oxyacantha


et Cr. crus galli (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet. — En fente (fig. 72) ;
mars-avril. — En couronne (fig. 54) ; avril. — En pied.
Observations. — Greffer aussi près de terre que possible, afin
d’éviter la végétation de rameaux d’Aubépine qui pullulent sur le
tronc.
Choisir des greffons dont les yeux soient saillants ou bien formés,
les yeux de la base s’éteignent facilement.

313
Éviter un onglet trop long lors de l’étêtage des sujets écussonnés.
Forcer le développement des yeux greffés par un ébourgeonnement
sévère, au début de la végétation.
Tuteurer constamment le jeune arbre.
On peut greffer le Néflier commun, M. germanica, et ses variétés,
sur des tiges hautes et droites du Sorbier des oiseleurs, Sorbus
aucuparia, ou du Néflier de Smith, Mespilus Smithii.
Le greffage sur Néflier franc des bois, sur Azerolier, sur
Cognassier, a moins d’avenir qu’avec l’Aubépine.
En Lorraine, on rencontre de beaux arbres de Néflier greffés sur
Poirier franc.
À Cherchell (Algérie), on n’hésite pas à greffer le Néflier sur le
Cognassier.
Depuis 1890, nous obtenons de beaux résultats, bien réguliers, avec
le greffage en pied du Néflier à fruit comestible sur l’Épine Ergot-de-
Coq, jeune plant de semis.

[126]

Négondo (Negundo).
Famille des Acérinées.

Sujet. — Négondo à feuille de frêne, Negundo fraxinifolium


(semis).
Greffage. — Écusson ordinaire (fig. 91), ou avec incision renversée
(fig. 94) ; fin août. — En placage à l’anglaise (fig. 56) ; avril. — En
pied ou sur tige.
Observations. — Les greffons du Négondo à feuille panachée
seront choisis sur des rameaux vigoureux, suffisamment chlorotiques,
mais conservant assez de couleur verte sur l’épiderme et sur les

314
feuilles. Les rameaux à feuillage périssent, une fois greffés, et
entraînent la perte de l’arbre complètement décoloré.
De jeunes sujets sont préférables pour le greffage. Quand il s’agit
d’obtenir des buissons de Négondo panaché, on plante en pépinière
des plants plutôt faibles, assez rapprochés, et on les écussonne dès la
première année.
À Orléans, à Angers, on écussonne de bonne heure le Négondo,
tandis qu’à Vitry et à Metz, on attend que la sève soit calmée. À
Troyes, nous avons réussi aux deux époques, mais mieux en première
saison.
Des rameaux portant des yeux de l’année précédente (fig. 89), sont
utilisables.
Le bourgeon d’appel est nécessaire pour entretenir la vie dans
l’onglet de la greffe.

[127]

Nerium (Nerium).
Famille des Apocynées.

Sujet. — Nerium ordinaire, Nerium oleander, vulg. Laurier-rose


(bouture).
Greffage. — En demi-fente (fig. 110, 114). En incrustation (fig.
119) ; octobre ou février, sous verre ; sur sujet-bouture ou racine. —
Anglaise simple (fig. 80) ; mai, en plein air.
Observations. — La greffe avec sujet-bouture se fait en février ou
en octobre.
Le rameau greffé est placé, soit dans un vase d’eau, en serre
chauffée, soit immédiatement dans le sable d’une bâche à
multiplication, sur fond chauffé à + 20 ou 30°, et sous cloche.

315
Le sujet raciné s’obtient par le bouturage de rameaux aoûtés, en
avril ou mai, à l’étouffée sous cloche, et en pleine terre au midi. Au
mois de juillet, on empote le plant et on le laisse sous châssis froid,
pour le greffer en février-mars ou en septembre-octobre, sous double
verre.
Dans la région méridionale, le greffage se fait en plein air, mais la
multiplication par bouture y est encore plus fréquente.
La greffe anglaise, en mai, rapproche des parties herbacées.
Ligature de laine, mastic froid et cornet écran. La plante est portée à
l’ombre ; environ douze jours après, elle est ramenée au soleil, la
soudure étant complète.

[128]

Noisetier (Corylus).
Famille des Cupulifères.

Sujet. — Noisetier ordinaire, Corylus aveliana. — Noisetier de


Byzance, C. Colurna (semis ; marcotte).
Greffage. — Par approche (fig. 39 et 42) ; de mai à juillet. À l’air
libre. — En fente herbacée (fig. 114) ; été, sous verre.
Observations. — Le Noisetier se propage facilement par le
marcottage en cépée. On fait appel au greffage pour multiplier, sur
tige, certaines variétés ornementales : les Noisetiers pleureur, N.
pourpre, N. doré, N. à feuille laciniée.
On plantera des sujets à tige, couchés près du sol, pour faciliter leur
greffage en approche, si l’arbrisseau étalon est en buisson rez de terre.
Si, au contraire, l’étalon est nain et en pot, il sera facile de l’élever à
la hauteur des sujets à tige (fig. 47).
Les frères Transon d’Orléans pratiquent le greffage à l’étouffée, du
Noisetier. Le sujet, élevé en pot, est recepé ; sur cette jeune tige, on

316
greffe en fente, au mois de juillet, un rameau d’une contexture
également semi-herbacée.
Le Noisetier de Byzance, C. Colurna, vigoureux et robuste au
froid, convient au rôle de porte-greffe, pour les grands arbres à tige.

[129]

Noyer (Juglans).
Famille des Juglandées.

Sujet. — Noyer commun. Juglans regia. — Noyer d’Amérique, J.


nigra (semis).
Greffage. — En couronne (fig. 52, 54). En flûte (fig. 100) ; avril-
mai. — En fente au collet (fig. 110). Sur bifurcation (fig. 78). De biais
(fig. 64) ; mars-avril. — En approche (fig. 38) ; d’avril à juillet. — En
pied ou sur tige.
Observations. — Éviter de greffer des Noyers à végétation précoce
sur ceux à végétation tardive.
Le greffon du Noyer sera de moyenne grosseur et tranché de biais
sur la moelle, de manière qu’un seul côté du biseau la mette à nu (fig.
64).
Un rameau ayant du bois de deux ans à sa base (fig. 52) est
acceptable, ainsi qu’un greffon portant son œil terminal (fig. 73).
Un sujet enté près du sol sera butté de terre jusqu’à l’œil supérieur
du greffon.
La greffe en approche convient aux parties jeunes ; on l’entoure
avec de la mousse.
Dans le Berry et le Dauphiné, nous avons vu greffer le Noyer en
flûte (fig. 101) et en couronne (fig. 53). À Beaune, Joseph Gagnerot se
contente de l’écussonnage en placage (fig. 95).

317
Notre collègue Treyve, de Trévoux, propage le Noyer de la manière
suivante :
Dans la seconde quinzaine de janvier, il arrache des plants de
Noyer âgés d’un an et les met en jauge, peu serrés, dans du sable.
Les greffons sont coupés en mars et placés à l’ombre, dans le sable,
pour être retardés. Du 15 au 30 mars, il retire les plants de la jauge,
les coupe un peu au-dessous du collet des racines et greffe sur ce
tronçon, soit en demi-fente (fig. 110) si le sujet est gros, soit en
incrustation (fig. 59) ou à l’anglaise à cheval (fig. 87), s’il est petit.
Ligaturé et mastiqué, le plant greffé est mis en godet rempli d’un
compost, terreau et sable ; on le place aussitôt sous cloche ou sous
châssis, à l’étouffée. Essuyer souvent la buée et chauffer à + 10 ou
15° si la température extérieure est plus basse. L’âge du sujet et le
repos préalable du greffon sont des conditions de succès.
Noyers d’ornement. — Le Noyer à feuille laciniée se greffe en
fente, au mois d’août, sous cloche, sur des sujets mis en pot, et avec
de jeunes rameaux munis de l’œil terminal.
Les variétés de Noyers d’Amérique seront greffées en bifurcation
sur leur type, J. nigra.
Les Noyers de Mandchourie vivent sur le Noyer noir (en
bifurcation, fig. 78).
Nous avons réussi le greffage en bifurcation du Noyer à fruit
comestible, J. regia, sur tige de Noyer noir, J. nigra, espérant
bénéficier de la valeur industrielle de la tige et de la production
alimentaire de la tête. D’ailleurs, le Noyer américain résiste aux
hivers rigoureux.

[130]

Olivier (Olea).
Famille des Oléacées.

318
Sujet. — Olivier commun, Olea europæa (cépée ; semis).
Greffage. — En fente (fig. 72) ; mars. — En couronne (fig. 52) ;
avril. — En écusson (fig. 91) ; de mai à septembre. — Par rameau
sous-écorce (fig. 48, 49) ; mai. — En pied ou sur tige.
Observations. — Dans le midi de la France, on reproduit
généralement le plant d’Olivier par cépée (fig. 17) en plein champ, ou
sur couche en pépinière ; le sujet est plutôt greffable que le plant de
semis. Les jeunes Oliviers sauvages sont écussonnés à œil poussant,
en avril-mai, sur leurs branches latérales. Quand l’arbre est vieux, on
emploie la greffe en couronne, rez terre et buttée ; le greffon ramifié
est admis. Duclaux, à Draguignan, ligature avec des bandes d’écorce
de Mûrier, passées à l’eau bouillante.
Jacques Audibert, à la Crau d’Hyères, multiplie les variétés
d’Olivier : 1o par la greffe en fente, au mois d’avril, en plein air ou
sous verre ; 2o par l’inoculation de rameaux-greffons sous écorce (fig.
48), à œil poussant, au mois de mai. Nous en avons constaté les bons
résultats dans ses cultures.
Félix Sahut, à Montpellier, pratique l’écusson en placage avec
lanière, en mai, pour restaurer les gros Oliviers ; on facilite la soudure
par une incision au-dessus de l’écusson.
De jeunes drageons issus d’une vieille souche recepée, greffés sur
place, en mai, entrent en végétation à la fin de l’été ; étêtés au
printemps suivant, ils sont plantables à l’automne.
L’Olivier se perpétue sur le même tronc par le greffage de ses
propres rejets.
Les espèces à feuilles persistantes, Olea fragans ilicifolia, etc.,
appartiennent désormais au genre Osmanthe (Voir p. 317).

[131]

319
Oranger (Citrus).
Famille des Aurantiacées.

Sujet. — Bigaradier, Citrus bigaradia. — Citronnier, C. limonium.


— Oranger, C. aurantium (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 89, 91, 94). Par rameau sous écorce
(fig. 48,49) ; à œil dormant, de juillet à septembre ; à œil poussant,
d’avril à juin ; à l’air libre. — En incrustation (fig. 59, 119). En
placage (fig. 55, 56, 118). En fente (fig. 114) ; août-septembre, sous
verre. — En pied ou sur tige.
Observations. — Le greffage de l’Oranger est une opération de
plein air ou de serre.
Greffage en plein air. — On a reconnu que, pour sujet, le
Bigaradier, C. bigaradia, est plus rustique que le Cédratier, C.
medica, et plus vigoureux que le Citronnier, C. limonium ; il prend
moins le blanc des racines. Avec lui, l’Oranger, C. aurantium, gagne
de la longévité et le Mandarinier, C. nobilis, de la vigueur ; on a
cependant cru reconnaître un goût plus fin dans le fruit du
Mandarinier greffé sur Oranger franc.
Nous avons vu, dans les établissements Nardy à Hyères, Besson à
Nice, pratiquer l’écussonnage de l’Oranger à l’air libre, soit à œil
poussant en avril, soit à œil dormant en septembre-octobre. On y
greffe également les Aurantiacées sur sujet bouture de Citronnier, de
Poncire ou Cédratier de Corse ; cette dernière espèce est vigoureuse
et prend de bouture ; elle s’élève promptement à tige et facilite la
fructification de la greffe.
Si le rameau greffon est délicat ou anguleux, on choisit l’œil à
écussonner sur rameau de deux ans (a, fig. 89). Il serait plus facile de
pratiquer, comme le fait Robillard à Valence, le greffage par rameau
sous écorce (fig. 48). Les Bigaradiers sont ainsi greffés, à œil
poussant, en pleine pépinière, vers la mi-mars, époque du réveil de la

320
sève dans cette contrée de l’Espagne justement renommée pour ses
belles orangeraies. [fig119] En Italie, on
applique parfois l’écussonnage avec
incision renversée (fig. 94).
À Nice, on greffe en couronne les gros
Orangers, avec insertion de plusieurs
greffons.
Les jardiniers japonais et chinois utilisent
comme sujet les Kara-tatsi ou Kum-Quat,
nos rustiques Citrus japonica ou trifoliata.
Greffage sous verre. — Les
« orangistes » parisiens ramassent les
pépins de citron aux halles et les sèment par
potées. À deux ans, les plus beaux plants,
de la grosseur d’un crayon, seront greffés ;
les autres seront coupés en pied et détruits ;
au lieu de les repiquer, on préfère semer à Fig. 119. — Greffe en
nouveau et greffer sur plant vif. incrustation de l’Oranger.
On laisse dix à douze sujets par potée de
m
0 ,16 et on les greffe en septembre, par demi-fente (fig. 114) ou
incrustation (fig. 119). On conserve un œil sur le dos du greffon ; les
feuilles sont laissées entières ou à peu près.
Ainsi le sujet (A, fig. 119) tronçonné avec œil d’appel (a), reçoit en
C le greffon (B) taillé en biseau triangulaire (c) ; les feuilles sont
écimées, sauf les petites (b), conservées intactes.
Les potées ainsi greffées passent l’hiver sous châssis, sur couche
chaude. Après l’hiver, on isolera les sujets greffés, un par pot, et
l’année suivante, on aura déjà des plantes de commerce.

[132]

321
Orme (Ulmus).
Famille des Ulmacées.

Sujet. — Orme commun, Ulmus campestris (semis). — Orme gras ;


Orme Dumont (cépée).
Greffage. — En écusson (fig. 91, 94) ; juillet-août. — En fente (fig.
69) ; mars-avril. — En couronne (fig. 52) ; mai. — En pied ou sur
tige.
Observations. — Les tiges à écorce rugueuse se prêtent mieux aux
greffages par rameau.
Les variétés rares peuvent être greffées sur jeune plant, en demi-
fente et sous verre.
Les Ormes à rameaux tourmentés ou retombants, à feuilles
panachées ou poudrées, destinés à la haute futaie, seront greffés sur
tige.
En levant l’écusson, on évitera de pénétrer l’aubier avec l’outil, le
tissu filandreux de l’Orme se coupe mal ; l’inoculation aura lieu sur
une partie vive du sujet.
L’Orme gras est préféré, comme sujet, aux Ormes noir et Klimmer,
plus secs.

[133]

Osmanthe (Osmanthus).
Famille des Oléacées.

Sujet. — Troène commun, Ligustrum vulgare (semis).


Greffage. — En placage (fig. 118) ; octobre, sous verre. — En pied,
au collet ; mars-avril.

322
Observations. — L’Osmanthe se prête difficilement au bouturage et
prend bien à la greffe.
Le sujet est un plant de Troène en arrachis ; son greffage rez terre
est indispensable. Aussitôt opéré, le plant est mis en pot et sous verre,
à l’étouffée, jusqu’à parfaite soudure.
La greffe en placage conserve, au sujet, un bourgeon d’appel
précieux pour l’avenir d’un plant mis en pot à la dernière heure.
À Ussy, M. Levavasseur emploie comme sujet le Troène à feuille
ovale, L. ovalifolium. Le plant, en godet, est greffé en placage au
printemps — ou encore à l’automne — et aussitôt déposé sous cloche,
en serre froide ou sous châssis.

[135]

Passiflore (Passiflora).
Famille des Passiflorées.

Sujet. — Passiflore bleue, P. cærulea, et autres variétés vigoureuses


(bouture).
Greffage. — En demi-fente (fig. 114). Dans l’aubier (fig. 65). En
placage (fig. 118), sous verre ; mars-avril ou juillet-août.
Observations. — Les greffes de Passiflore reprennent très bien ; en
général on obtient, par le greffage, des plantes trapues, arbustives
pour ainsi dire, qui gagnent en floribondité.
La Passiflore ou Grenadille bleue reçoit la greffe des Gr. du Brésil,
quadrangulaire, ailée, etc.
On greffe dans le même but les espèces des genres [172]Tacsonia et
[135b]Disemma de cette famille.

[137]

323
Pêcher (Persica).
Famille des Amygdalées.

Sujet. — Amandier, Amygdalus communis, — Pêcher, Persica


vulgaris (semis). — Prunier, Prunus domestica (semis, cépée, bouture
de racine). — Très rarement, le Cerisier Mahaleb.
Greffage. — Écussonnage (fig. 91 et 96) : 1o à œil dormant, en
juillet-août avec le Prunier, en août-septembre avec l’Amandier ; 2o à
œil poussant, en avril. — En pied ou sur tige.
Observations. — Les bons rameaux porte-greffons du Pêcher
proviennent d’arbres en espalier non palissés ou d’arbres en plein
vent. Avec un rameau bien constitué, de moyenne grosseur, les yeux
doubles ou triples sont les meilleurs ; les rameaux gourmands ont trop
d’yeux plats, et les brindilles, trop d’yeux à fleurs.
Dans les pépinières, une certaine quantité d’yeux de la même sorte
sont nécessaires à l’écussonnage, on a conservé dans cette prévision
un sujet, au moins, de chaque variété.
Quelquefois, en nourrice ou en place, le Pêcher est soumis à
l’écussonnage double (fig. 96 et 97, p. 177).
Lorsqu’il s’agit d’écussonner à bonne heure, on pourrait craindre
que la végétation active, prolongée du Pêcher, ne fournisse pas assez
tôt des greffons en maturité ; il suffira de pincer l’extrémité des
rameaux porte-greffes dès que les yeux seront apparents. Avec un
pincement plus tôt, il résulterait trop d’yeux annulés à la base, et ceux
du sommet seraient développés. Dans ce cas, un rameau herbacé,
effeuillé et laissé au soleil pendant une heure, serait préférable. Quand
il y a peu d’intervalle entre l’époque du pincement et celle du
greffage, un écimage suffit.
Dès le mois de juin ou de juillet, on prépare le sujet par l’élagage
des ramifications jusqu’à 0m,15 du sol. Au mois d’août, on
l’écussonne à la face nord du plant.

324
La ligature est enlevée à l’automne, avant la chute des feuilles ; si
elle a « étranglé » le sujet, on étête cime et branches de celui-ci.
Greffage du Pêcher sur Amandier. — L’Amandier à coque dure
avec amande douce, A. dulcis, est le sujet favori du Pêcher.
En pépinière, le plant d’Amandier est le produit d’amandes semées
à l’automne, ou stratifiées en hiver et semées au printemps. On
écussonne le plant dès la première année de pousse, et on l’écime (fig.
99, p. 181) avant la chute des feuilles.
Le semis de l’amande germée, en rigole à fond plat, forçant la
racine à se couder à sa naissance, on place l’amande dans un sens tel
que le coude rejette les racines vers le nord, et du côté même où
l’écusson sera posé. Cette combinaison donnera des Pêchers disposés
à la plantation contre un mur, les racines en avant, l’onglet au revers.
L’étêtage des sujets écussonnés se fait après l’hiver, en mars. Les
sujets où la greffe a manqué sont recepés pour être écussonnés à
nouveau, au mois d’août suivant. On pourrait même éviter de les
receper, pour les écussonner à œil poussant, en avril-mai, avec des
rameaux conservés et retardés (fig. 32). Quelquefois, on laisse le
sauvageon monter à tige, on le greffera en tête.
Greffage du Pêcher sur Prunier. — Le Prunier qui convient à la
greffe du Pêcher est le Damas noir, P. Damascena (semis), ou tout
autre d’une adaptation reconnue, comme le Damas noir d’Orléans ;
on écussonne en juillet-août.
Dans le Sud-Ouest, on greffe le Pêcher et non le Brugnon sur le
Prunier Damas de Toulouse.
À Metz, on emploie un Damas noir hâtif qui se propage par cépée
et par bouture de racine.
Sur Prunier Myrobolan, P. Myrobolana, le Pêcher n’a pas d’avenir.
Le surgreffage par le Damas noir ou toute autre variété sympathique
au Pêcher devient alors nécessaire.

325
Quand les pépinières possèdent une espèce sauvage ou cultivée de
Prunier sympathique au Pêcher, elle est employée au rôle
d’intermédiaire. On la greffe rez terre sur le plant de Prunier, quelle
qu’en soit la race ; puis, au mois d’août de sa première végétation, si
la tige est assez forte, on y écussonne, à 0m,10 au-dessus de la greffe,
un œil de Pêcher. Au cas d’incertitude, les chances de réussite seraient
doublées par l’inoculation d’un œil d’Abricotier ou de Prunier, au-
dessus ou en face de l’écusson du Pêcher. Lorsque, plus tard, les
nouveaux jets auront atteint 0m,15, la greffe supplémentaire sera
pincée et plus tard supprimée, lors de la coupe de l’onglet ; seul, le
Pêcher restera.
Quelques variétés de Pêchers : Alexander, Alexis Lepère, Reine des
Vergers, Bourdine, ont réussi, par écusson, sur le Prunellier, Pr.
spinosa, jeune plant bien en sève, recepé l’année précédente.
Pêcher greffé sur franc. — Le Pêcher franc est le produit d’un
semis de noyaux de pêches. Le cultivateur a tout avantage à semer des
types robustes qui se reproduisent avec leurs bonnes qualités
fructifères, sinon sympathiques à la greffe qui viendra les transformer
en bonnes espèces de plein vent.
Le semis et le greffage se pratiquent comme nous l’avons dit au
Pêcher sur Amandier.
Cette culture est spéciale à la zone sud du vignoble. L’arbre
acquiert plus de durée par le semis sur place et par l’écussonnage à la
première ou à la seconde année de végétation.
Le Pêcher franc, comme sujet de greffage, ne réussit pas partout, et
encore moins dans les contrées plus septentrionales. Les Pêchers
Alexander, Grosse Mignonne, Reine des Vergers, et quelques autres,
prennent bien sur le Pêcher franc.
Pêcher à tige. — Le Pêcher sur tige est greffé plus généralement à
la hauteur de la couronne, sur Amandier ou sur Prunier.

326
Les Anglais se servent des Pruniers Muscle et Brompton obtenus
par bouture ou par cépée, et les élèvent à tige pour les greffer en
Pêcher.
Le Prunier Pêche se prête au greffage du Pêcher et devient précieux
au rôle d’intermédiaire, dans les cas de surgreffage.
Greffe du Pêcher par rameau. — La greffe par rameau du Pêcher
se fait en serre pour la multiplication de variétés rares, avec des
greffons hivernés. En plein air, on pourrait essayer la greffe de
rameaux de Prunier écussonnés une année à l’avance (fig. 98, p. 178)
avec des yeux de Pêcher.
La greffe en placage à l’anglaise (fig. 56) réussit au Pêcher, au
printemps, à œil poussant.
Le Pêcher Reine des Vergers est un de ceux qui réussissent le mieux
en fente.
Recouvrir la greffe d’un capuchon-écran.
Greffage pour la culture forcée. — Pour la culture forcée d’arbres
en pots, on est satisfait en Belgique, du greffage sur Pêcher franc, le
sujet semé et greffé en pot. En Angleterre, Rivers emploie suivant les
affinités, les Pruniers Pershore et de Saint-Julien, plants de semis.
Greffé sur Prunier Mirabelle, le Pêcher en pot reste nain, mais la
chute précoce des feuilles du sujet empêche la formation de ses yeux
à fleurs.
On préfère le Damas noir, petit sujet en pot de 0m10, greffé en
janvier sous châssis et sur couche, dans la serre.
Pêchers d’ornement. — Les Pêchers d’ornement se propagent de la
même façon que les autres.

[138]

327
Peuplier (Populus).
Famille des Salicinées.

Sujet. — Peuplier blanc, P. alba. — Peuplier de Virginie, P.


virginiana. — Peuplier d’Italie, P. pyramidalis. — Peuplier tremble,
P. tremula, selon les variétés à propager (bouture).
Greffage. — En fente (fig. 69) ; mars-avril. — En couronne (fig.
51) ; avril-mai. — En écusson (fig. 91) ; août. — En pied ou sur tige.
Observations. — Avec le greffage par rameau, on peut employer
des sujets nouvellement déplantés. En opérant sur plançon, on réalise
une greffe par sujet-bouture.
On greffe seulement les nouveautés, les variétés à rameaux
retombants, à feuilles panachées, ou celles qui réussissent mal par
bouture.
Le Tremble pleureur, P. tremuta pendula, réussit sur son type, P.
tremula, sur le Peuplier blanc, P. alba, et sur le Peuplier d’Italie, P.
nigra pyramidalis ; celui-ci a de plus belles tiges en pépinière, de
durée plus limitée dans les jardins, une fois greffées. Cette même
variété de Tremble ne prend pas sur le Peuplier de Virginie.
Le Peuplier blanc pyramidal, ou P. Bolleana, du Turkestan, se
greffe par œil ou par rameau sur le Peuplier blanc, P. alba, en pied.
Les P. græca, grandidentata, tremuloides, réussissent sur le P.
Tremble, et le P. heterophylla sur le Peuplier du Canada.
Les variétés à feuilles panachées se prêtent à l’écussonnage en pied,
sur leur type.

[139]

Photinia (Photinia).
Famille des Pomacées.

328
Sujet. — Cognassier ordinaire, Cydonia vulgaris. — Cognassier
d’Angers, C. macrocarpa (bouture avec talon ; marcotte par cépée).
Greffage. — Écussonnage (fig. 91) ; août. — En fente, à l’air libre
(fig. 114) ; avril. — En placage (fig. 55) ; février ou septembre, sous
verre. — En pied.
Observations. — En opérant à l’air libre, on doit supprimer les
feuilles au greffon, œil ou rameau. On les conserve entières, ou
coupées à moitié, pour le greffage en serre ; ici, la soudure
s’accomplira en cinq ou six semaines.
Forcer l’ébourgeonnage en plein air ; pincer les jeunes greffes à
m
0 ,30 pour les faire ramifier.
Pour le greffage en fente à l’air libre, on emploiera des rameaux de
deux ans.
Avec l’écussonnage, on utilisera même les yeux peu apparents ; ils
se développeront sous l’influence d’un ébourgeonnement sévère.

[140]

Phyllirea, vulg. Filaria (Phyllirea).


Famille des Oléacées.

Sujet. — Phyllirea à large feuille, Ph. latifolia (semis). — Troène


commun, Ligustrum vulgare (semis ; cépée).
Greffage. — En placage (fig. 118) ; octobre, sous verre. — En pied,
au collet.
Observations. — Les Phyllireas se propagent par semis ; mais les
raretés, par exemple le robuste Phyllirea de Vilmorin, Ph.
Vilmoriniana « à feuille de laurier », sont trop récentes pour que la
graine en soit abondante. On les greffe sous verre, à l’automne, en
placage (fig. 118) ou en demi-fente (fig. 114), sur plant élevé en pot.

329
Le Troène commun convient dans les sols calcaires au rôle de sujet.

[141]

Phylloclade (Phyllocladus).
Famille des Conifères, § Taxinées.

Sujet. — Phylloclade à feuille de Doradille, Phyllocladus


trichomanoides (bouture).
Greffage. — En placage (fig. 113,118). En fente dans l’aubier (fig.
67) ; septembre, sous verre.
Observations. — Le plant s’obtient par bouture, à chaud, sous
cloche, dans la serre à multiplication. Le rameau avec feuilles
s’enracine plus vite que la branche avec phyllodes.
Le Phyllocladus rhomboidalis est un de ceux qui ne prennent pas
de bouture et qui réussissent au greffage, à l’étouffée.

[142]

Pimélée (Pimelea). — [100]Lachnæa.


Famille des Thymélées.

Sujet. — Pimélée à drupe, P. drupacea (semis).


Greffage. — En demi-fente, au collet (fig. 114) ; février, sous verre.
Observations. — Le Pimélée drupacé est le sujet adopté pour les P.
linifolia, intermedia, macrocephala ; toutefois le Pimélée
remarquable, P. spectabilis, s’accommodera mieux du Pimélée à
feuille en croix, P. decussata.
Les Pimelea axiflora et hypericina, vigoureux, sont encore de bons
sujets porte-greffes, moins employés dans la pratique.

330
Le Lachnéa, Lachnæa purpurea, réussit au greffage sur le Pimelea
drupacea.

[143]

Pin (Pinus).
Famille des Conifères, § Abiélinées Pinées.

Sujet. — Choisir l’espèce type de la variété à propager, ou bien une


espèce congénère de la même section ou tribu.
Greffage. — En placage (fig. 113) ; mars et septembre, sous verre,
au collet. — En fente terminale (fig. 75 et 76), avec rameaux
herbacés ; mai, en plein air et sur flèche.
Observations. — La greffe sous verre se fait à l’étouffée, au
printemps ou à l’automne, à la base du plant, dans les conditions
habituelles.
La greffe terminale herbacée (page 144) sera pratiquée à l’air libre,
en forêt ou en pépinière. Les sujets seront, autant que possible,
analogues aux variétés à multiplier. Ainsi les Pins à cinq feuilles
sympathisent avec les Pins élevé et du lord Weymouth ; les Pins à
deux ou à trois feuilles avec les Pins sylvestre et d’Autriche.
Les Pins de Lambert, monticole, tribu des Strobus, le Pin Cembro,
tribu des Cembra, vivent ici greffés sur les P. strobus et excelsa, tribu
des Strobus, mieux que par semis. Avec un sol crayeux, on a recours
au Pin sylvestre comme sujet des variétés précitées.
Dans le Midi, les Pinus halepensis, pyrenaica, Laricio, tribu des
Pinaster, sont de bons sujets pour la greffe des Pins à deux feuilles.
Plus au nord, on emploie le Pin sylvestre, P. sylvestris, et le Pin noir
d’Autriche, P. austriaca, espèces rustiques de cette tribu, avec
lesquelles on peut propager la majeure partie des Pins.

331
Les Pins à trois feuilles, P. Coulteri, insignis, ponderosa, radiata,
Sabiniana, tuberculata, etc., réussissent au greffage sur P. sylvestris et
nigra, à deux feuilles ; les espèces de la tribu Pseudo-Strobus sont
dans les mêmes conditions.
L’exemple d’arbres greffés plus vigoureux que leurs similaires de
pied franc se rencontre avec les Pinus Gerardiana et rigida. Cette
dernière espèce fournit le bois si recherché, dit pitchpin. Par la greffe,
il sera facile de convertir sur place en Pin rigide certaines plantations
forestières de Pin sylvestre ou de Pin noir d’Autriche.

[144]

Pistachier (Pistacia).
Famille des Térébinthacées.

Sujet. — Pistachier térébinthe, Pistacia terebinthus. — P.


Lentisque, P. lentiscus (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91). En flûte (fig. 100) ; mai et juillet-
août. — En couronne (fig. 51, 54) ; avril. — En pied ou sur tige.
Observations. — Le Pistachier greffé gagne en vigueur, en
rusticité, en fécondité.
L’arbre étant dioïque, le greffage permettra de propager tel sexe à
volonté.
En Provence, où le P. térébinthe est indigène, on le sème en
pépinière et on le convertit en Pistachier du Levant. Déjà, en Algérie,
on essaie de transformer ainsi des friches de Lentisques.
M. Delchevalerie en a fait l’expérience dans les plaines sableuses
de l’Égypte.
Le sujet, étêté en hiver, sera écussonné au mois de juillet suivant,
sur les jeunes rameaux qui résultent de cette taille ; si la sève est

332
abondante, on a recours à l’écusson renversé (fig. 94) ou à la greffe en
flûte, vers la fin de l’été.
La greffe en flûte (fig. 100 et 101) rapprochera les deux parties,
dans un état de sève analogue, au printemps ou en plein été, après les
pluies.
En mars, on greffe en fente les gros sujets. Un mois plus tard, la
greffe en couronne introduira dans les pistacheraies l’élément sexuel
qui s’y trouverait insuffisamment représenté.
Par semis, le Pistachier cultivé « du Levant » donne 10 p. 100 de
plants mâles. Le greffage du type femelle rendra la plantation plus
féconde.

[145]

Pittospore (Pittosporum).
Famille des Pittosporées.

Sujet. — Pittospore ondulé, Pittosporum undulatum (semis ;


bouture).
Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En incrustation (fig. 119) ;
février-mars, sous verre.
Observations. — On greffe sur petite tige, en fente ou par
incrustation, à l’étouffée.
Le placage se pratique plutôt en octobre.

[146]

Pivoine en arbre (Pæonia moutan).


Famille des Renonculacées.

333
[fig120]

Sujet — Pivoine en arbre, P. moutan. —


Pivoine herbacée de Chine, P. sinensis
(racine).
Greffage. — Sur racine, en fente et en
incrustation (fig. 115, 120) ; avril, mieux
juillet-août ; sous verre.
Observations. — La meilleure saison
pour le greffage de la Pivoine est en juillet-
août, lorsque les tissus du greffon sont
lignifiés ; on greffe en fente ou en
incrustation sur des fragments de racine
longs de 0,08 à 0,10 (A, fig. 120).
Quand on n’a pas suffisamment de
racines de Pivoine en arbre, on prend pour
sujet de grosses racines de Pivoine
herbacée. Les tronçons de la Pivoine de
Chine ont l’avantage de produire moins de
Fig. 120. — Greffe de la
bourgeons souterrains ; la Pivoine
Pivoine.
officinale, P. officinalis, en fournit
davantage.
Conserver deux folioles à chaque feuille du greffon (B) ou les
couper sur leur pétiole, et ménager un œil (C) près de l’insertion.
Ligaturer au fil de plomb (D), en tête, avec une longueur de filasse au-
dessous ; mastic d’argile. Opérer sous cloche, dans le sable, avec ou
sans empotage.
Tenir les plants greffés pendant six semaines à l’étouffée. Dès leur
sortie, les placer à l’ombre rigoureusement pendant quinze jours.
Continuer à les maintenir dans un endroit ombragé, jusqu’à ce qu’ils
paraissent bien repris et solides.
Le greffage de la Pivoine réussit en plein air ; opération, fin juillet.
On plante les racines toutes greffées dans une plate-bande au nord, ou
334
à mi-ombre, la terre recouvrira la greffe et non le greffon ; il reste à
pailler le sol, à arroser aussitôt et à entretenir une fraîcheur continue
par des bassinages.
Les horticulteurs d’Orléans greffent en août, piquent les racines
greffées dans le sable en plein air, par clochées ; ils y utilisent leurs
cloches raccommodées, parce qu’il n’y aura pas besoin de les lever en
hiver. Il convient d’ombrager avec des claies de bruyère ou des nattes
d’emballage et d’hiverner avec de la mousse.
En 1878, les Japonais exhibaient un sujet porte-greffe de Pivoine,
inconnu en France.

[147]

Planéra (Planera).
Famille des Ulmacées.

Sujet. — Orme commun, Ulmus campestris (semis ; quelquefois


bouture à talon ou cépée).
Greffage. — En fente (fig. 69) ; mars-avril. — En écusson (fig.
91) ; août. — En pied.
Observations. — Sous notre climat, le Planéra greffé,
particulièrement le Planéra du Japon, est plus vigoureux qu’à l’état
franc de pied.
Le Planéra pleureur est greffé à haute tige, en écusson ou en fente,
sur le Planéra crénelé ou sur l’Orme champêtre.

[148]

Plaqueminier (Diospyros).
Famille des Ébénacées.

335
Sujet. — Plaqueminier de Virginie, Diospyros virginiana. — Pl.
d’Italie, D. lotus (semis).
Greffage. — En fente (fig. 110). Dans l’aubier (fig. 62) ; avril. —
Par rameau sous écorce (fig. 48). En couronne (fig. 52) ; mai. — En
écusson (fig. 94) ; août. — En pied ou sur tige.
Observations. — Les procédés de greffage indiqués sont pour le
plein air ; mais on peut avoir recours à la multiplication en serre, et
sous bâche, pour les greffes par rameau.
Dans la région sud, le Plaqueminier d’Italie est le meilleur sujet
porte-greffe ; il se prête aux greffages en fente ou dans l’aubier, en
mars, et à l’écussonnage à œil poussant, en mai-juin, ou à œil
dormant, en septembre. Les horticulteurs adoptent la greffe en fente
buttée (fig. 174), qui leur offre plus de sécurité. Le sujet pourrait être
un tronçon de racine centrale.
Dans leurs pépinières du Gard, MM. Fabre ont constaté une
certaine antipathie entre le Plaqueminier d’Italie et les variétés
japonaises D. Toyama et Tsouroumarou ; alors on choisit l’espèce
américaine pour sujet.
Le Plaqueminier de Virginie se greffe moins jeune que le précédent,
et fournit des arbres plus solides ; il accepte le greffage en couronne, à
l’automne et surtout au printemps.
Au Japon et en Amérique, on emploie souvent comme sujet le
semis des variétés cultivées ; ce sont ici des Persimonn indigènes, là
des Kaki sauvages. C’est un greffage sur franc.
Les planteurs cingalais sèment la graine en décembre et
écussonnent le plant en pépinière fin été, ou le greffent sur place, par
incrustation, au printemps de l’année suivante.

[149]

336
Platane (Platanus).
Famille des Térébinthacées.

Sujet. — Platane d’Orient ou d’Occident, P. orientalis ou P.


occidentalis (bouture ; semis).
Greffage. — En incrustation (fig. 60) ; mars-avril. — En approche
par incrustation (fig. 38). Par approche, en tête (fig. 42) ; mai-juin. —
En tête ou en pied.
Observations. — Le Platane se multiplie facilement par bouture ;
mais on a recours à la greffe pour propager, sur tige, les espèces et
variétés à feuilles panachées, à rameaux en boule ou retombants. —
Engluer le greffon.
Sous verre, on greffe le Platane par placage, au mois d’août, en
ménageant un bourgeon appelle-sève à la tête du sujet tronqué.

[150]

Podocarpe (Podocarpus).
Famille des Conifères, § Podocarpées.

Sujet. — Podocarpe Totara et autres variétés, Podocarpus Totara,


etc. (bouture).
Greffage. — En placage (fig. 113). En fente dans l’aubier (fig. 67) ;
septembre. — Sous verre.
Observations. — E.-A. Carrière recommande les sujets de P.
Totara, læta, spinulosa, sauf pour les espèces à gros rameaux, plus
sympathiques aux P. neriifolia, japonica, salicifolia. — Le
Podocarpus latifolia vit sur le P. elongata.
Greffé, le P. nubigæna se développe mieux.

337
Nous avons remarqué chez Charles Van Geert à Anvers, le P.
Blumei greffé en placage sur le P. neriifolia, et les horticulteurs de
Tokio nous ont fait voir, au Trocadéro, parmi leurs arbustes nanisés,
de gros Podocarpes greffés par placage en tête (fig. 57), avec plusieurs
greffons de variétés à feuilles lisses ou panachées.

[151]

Poirier (Pirus).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Poirier franc, Pirus communis (semis). — Cognassier,


Cydonia (bouture à talon ; cépée). — Aubépine, Cratægus
oxyacantha (semis) ou Épine d’Amérique, par le surgreffage.
Greffage. — À peu près tous les systèmes. — En pied ou sur tige,
mais en pied pour le sujet Cognassier et pour l’Aubépine indigène.
Observations. — Nous examinerons le greffage, en pépinière, du
Poirier sur divers sujets.
Greffage sur franc. — Le sujet Poirier franc ou sauvageon, planté à
l’âge de un ou deux ans de semis, peut être écussonné dès sa première
année de plantation s’il est assez fort, ou greffé par rameau au moins
une année après qu’il aura été planté. Greffé à deux ans, bien trapu, il
donnera une belle végétation.
Le Poirier franc doit être écussonné de bonne heure, plusieurs
causes étant susceptibles de lui faire perdre vite sa sève, surtout dans
les plantations ayant un certain âge.
Les arbres destinés à former des hautes tiges sont le résultat d’un
greffage en pied ou en tête. On ne peut greffer en tête, à la hauteur du
branchage, que les sauvageons robustes, droits et vigoureux. On
greffe en pied les variétés qui s’élèvent d’elles-mêmes à haute tige.

338
Lorsqu’il s’agit d’obtenir sur un sujet délicat ou rabougri une tige
de variété lente à monter, par exemple Beurré Gambier, Beurré Henri
de Courcelle, Grand-Soleil, Bonneserre, de Saint-Denis, Madame Lyé
Baltet, Prévost, Seckel, etc., on aura recours à l’intermédiaire d’une
variété rustique et vigoureuse. Greffée au pied du sauvageon, elle
s’élève à tige ; après deux années de végétation, au minimum, on la
greffera en tête avec la variété définitive. La nouvelle tige sujet ne
doit pas être opérée trop jeune ni trop faible, et il convient de la
choisir d’une espèce rustique, élancée, peu branchue.
Les pépiniéristes ont leurs variétés favorites à cet usage ; les uns
adoptent Jaminette, Beurré d’Angleterre ; d’autres, Louise-bonne
d’Avranches, Beurré Hardy ; les belges, Mme Élisa. À Metz, le Poirier
à cidre, Eisgrüber Mostbirne a les préférences ; il s’est montré assez
résistant au froid, comme Urbaniste et Beurré Hardy, à fruit de table.
Le Beurré Baltet père, plus résistant encore, est lent à s’élever. Enfin,
quelques horticulteurs ont l’Égrin Couturier, l’Égrin de Bollwiller,
l’Égrin Leroy, Prolifique de l’Ouest, du Vigan, etc., pour le
surgreffage à haute tige.
Une méthode analogue est indispensable pour amener à haute futaie
les Poiriers dont l’écorce est fendillée à l’état naturel, comme Beurré
de Jonghe, Colmar de Mars, Délices de Charles, Doyenné Bizet,
Tardive d’Anvers, Van Mons, et même Fondante du Panisel et Bonne
d’Ézée.
Greffage sur Cognassier. — Le Cognassier n’ayant pas avec le
Poirier une liaison toujours sans reproches, on aura soin de faciliter
cette union par le choix de plants de bonne race, et par l’inoculation
de bourgeons munis d’une assez longue plaque d’écorce purgée
d’aubier.
Les horticulteurs ont adopté divers types ou formes du Cognassier
qui portent le nom de Cognassier de Vitry, C. d’Angers, C. de Doué,
C. de Fontenay, du pays où ils sont propagés par cépée et vendus sur
le marché.

339
Le Cognassier doit être un jeune plant ; il sera écussonné en pied,
assez près du sol.
Une méthode traditionnelle d’Orléans consiste à receper le
Cognassier en le plantant et, l’année suivante, à greffer le plus beau
scion qui se développe ; les autres pousses sont enlevées après une
année de végétation pour être bouturées, en nourrice, et fournir de
nouveaux sujets.
À Troyes, on étête le plant à 0m,30, lors de la plantation, pour
l’écussonner au mois d’août suivant. En préparant à l’avance, juste la
place pour loger l’écusson, le sujet ne s’affaiblit pas, et l’on réserve
ainsi des rameaux-boutures pour la multiplication prochaine.
Le bourgeon-écusson du Poirier se soude mal au sujet trop gros ou
trop vieux de Cognassier.
Il conviendra de remédier à la non-réussite de la greffe, en vérifiant
quinze jours après la première opération et en écussonnant à nouveau
les sujets manqués, soit sur le tronc, soit au talon d’un rameau de la
base. Dans un champ de Poiriers compliqué de variétés nombreuses,
on peut greffer en second lieu des sortes à bois panaché, des Photinias
ou des Bibaciers toujours verts, dont l’aspect tranche suffisamment.
L’étêtage du sujet se fait après l’hiver. Si la greffe a manqué, on
recèpe le sujet pour recommencer l’année suivante, ou bien on le
dresse pour former un Cognassier ordinaire. Plus d’une fois, nous
avons regreffé, au printemps, les Cognassiers manques à
l’écussonnage, au moyen de la greffe de côté sous écorce (fig. 48), à
œil poussant. Le greffon est un rameau conservé au nord ou dans la
glacière ; nous l’insérons sur le sujet, en avril ou mai, à la montée de
la sève.
Aujourd’hui, la culture à la charrue étant admise à l’exploitation
horticole, on aura la précaution d’écussonner les Cognassiers dans le
sens des rangs afin d’éviter, pour l’année suivante, le choc de
l’instrument de labour sur le dos des jeunes scions, ce qui pourrait les
décoller.

340
Palisser sévèrement la greffe sur Cognassier et désongletter avec
précaution, avant la chute des feuilles, assez tôt en saison.
Certaines variétés de Poiriers vivent mal avec le Cognassier, on les
écussonne alors sur jeune plant ; quand le sujet est plus âgé, on
pratique le greffage par rameau.
Enfin, celles qui semblent plus hostiles au Cognassier, comme
Alexandrine Mas, Beurré d’Apremont, Broompark, Délices de
Lowenjoul, Doyenné de juillet, Doyenné de Montjean, Grand-Soleil,
Madame Chaudy, Marguerite Marillat, seront obtenues par le moyen
d’un auxiliaire rustique, qui s’adapte directement au Cognassier :
Beurré Hardy, Curé, Jaminette, à bourrelet peu saillant. Dès l’année
suivante, on surgreffera l’intermédiaire avec la variété rebelle.
On a souvent recours au surgreffage pour obtenir des Poiriers sur
Cognassier en haute tige. Les variétés vigoureuses, à tige droite et
saine, telles que Beurré Hardy, Jaminette, Bergamote Sageret,
greffées rez terre, s’élèvent naturellement à tige et deviennent
l’intermédiaire ou l’entregreffe, parce qu’elles recevront à la hauteur
voulue pour le branchage, la greffe des variétés délicates.
À l’École nationale d’horticulture de Versailles, le directeur
Auguste Hardy obtint de beaux fruits de Doyenné d’hiver et de
Beurré d’Hardenpont en plantant des Poiriers Curé (b, fig. 121)
greffés sur Cognassier (a), et en leur appliquant, la seconde année,
trois écussons, Doyenné d’hiver ou Beurré d’Hardenpont. Les jeunes
pousses (c) commencent l’ossature de la palmette, et la flèche (d) la
continue.
Dans tous les cas de surgreffage, les greffes ainsi superposées
doivent conserver de l’une à l’autre un certain parcours libre de la
sève, qui ne soit pas obstrué brusquement coup sur coup, par des
bourrelets trop rapprochés.
[fig121]

341
Fig. 121. — Surgreffage du Poirier sur Cognassier.

Greffage sur Aubépine. — Nos aïeux, pépiniéristes depuis plusieurs


générations, ont tenté pour le sol champenois le greffage du Poirier
sur Aubépine. Les variétés à fruit ferme, Catillac, de Calouet, Martin
sec, Messire-Jean, Rateau gris, etc., ont assez bien réussi et depuis,
Williams, Louise-bonne d’Avranches, Triomphe de Jodoigne,
Triomphe de Vienne, etc.
Des essais pratiqués, depuis, dans le jardin de la Société
d’horticulture et de viticulture de Reims, ont prouvé que l’Épine
américaine (ou à gros fruit) pouvait être le canal séveux reliant
l’Aubépine au Poirier. La racine est de l’Aubépine blanche ; la tige,
de l’Épine américaine et le branchage, du Poirier.

342
Les Épines Petit-corail, de Carrière, à fruit cocciné, etc., ont donné,
dans nos cultures, de sérieuses espérances. Nous continuons nos
essais.
On peut encore greffer le Poirier sur le Sorbier, sur les Pommiers
franc et doucin ; mais son existence et sa fructification y laissent à
désirer.
Poiriers d’ornement. — Les Poiriers d’ornement se greffent
comme les autres variétés, plutôt sur franc. Quelques espèces
délicates ou à rameaux retombants seront greffées en tête de
sauvageons vigoureux.
Notre région Sud fournit les Poiriers à feuille d’amandier ou de
saule, sur lesquels prennent certaines espèces d’origine africaine ou
asiatique.
Les Poiriers de race japonaise se soudent mal au Cognassier.

[151]

Pommier (Malus).
Famille des Pomacées.

Sujet. — Pommier franc, Malus communis (semis). — P. doucin,


M. mitis. — P. paradis, M. paradisiaca (marcottage en cépée, fig. 17).
Greffage. — À peu près tous les systèmes. — En pied ou sur tige
(Pommier franc). — En pied (Pommier doucin et Pommier paradis).
Observations. — La végétation tardive et prolongée du Pommier
indique que l’époque du greffage doit être rarement précoce.
Pommier greffé sur franc. — Le Pommier destiné aux grandes
formes sera greffé sur Pommier franc, obtenu par semis. Pour le
dresser en haute tige, on le greffe en pied ou en tête. Un sauvageon
rustique, bien élancé, rentre dans ce dernier cas. S’il est chétif, on le
greffe à la base et on fait monter la jeune pousse.

343
Lorsqu’on traite de forts sauvageons en pépinière, dans une
situation fraîche ou ombragée, il est prudent de les déplanter et de les
replanter, une année ou deux avant de les greffer. Sans cette
précaution, il y aurait à craindre que le refoulement de sève ne vînt
occasionner des désordres et provoquer des chancres sur la tige.
Dans les pays à pommes, on greffe l’arbre en tête, sur sauvageon
planté à demeure depuis deux ou trois ans, assez fort et bien repris.
Pour les fruits de table, les horticulteurs possèdent des types
vigoureux sur lesquels ils entent les variétés qui s’élèvent trop
lentement, telles que : Api, Azeroly, Borowitsky, de Jaune, de Lait,
Éternelle d’Allen, Fenouillet, Hawthornden, Jacquin, Reinette
ananas, Reinette brodée, Reinette des Carmes, Reinette musquée,
Reinette plate de Champagne, Transparente de Zurich, Wagener.
Les Rambour d’hiver et Transparente de Croncels conviennent au
rôle d’intermédiaire pour le surgreffage des variétés délicates. On
rencontre des types locaux adoptés à cet usage, comme la Reinette
Abry, à Montlignon.
Le Pommier Transparente de Croncels, vigoureux et rustique, offre
cet avantage que, par sa résistance à − 30°, il sera vivace au
lendemain des hivers rigoureux et pourra se prêter à un nouveau
greffage ou rester seul fructifiant, son fruit étant de premier mérite.
Les Calville rouge d’hiver, Reinette de Caux, Reinette de Cuzy,
Belle de Pontoise, Astrakan, donneront des tiges trapues bravant −
20° et se prêtant au rôle d’entregreffe.
Parmi les variétés du Pommier à cidre, il en est également qui
réclament le greffage en tête d’un sauvageon vigoureux ou le
surgreffage, à haut vent, sur une tige élancée et robuste d’une variété
déjà entée au collet d’un égrin.
Ainsi les végétations modérées ou ramifiées que l’on remarque
chez Belle Cauchoise, Bedan blanc, d’Averolles, de Boutteville,
Hauchecorne, Marabot, Marin-Onfroy, Martin Fessard, Nez plat, Or
Milcent, Peau de Vache, Railé Varin, s’accommoderont d’un

344
entregreffe à végétation rapide : Amer doux, Barbarie, Fréquin de
Chartres, Gros Fréquin, Noir de Vitry, Rouge de Trèves.
Les pépiniéristes se créent des types plus ou moins connus au rôle
d’entregreffe, et certaines contrées ont des variétés localisées, comme
Abondance, Antoinette, Écarlatine, Sonette.
Non seulement l’intermédiaire doit être de sorte vigoureuse et
rustique, mais encore peu sujette au chancre et peu ramifiée ; son
entrée en végétation sera égale ou plus précoce que celle du greffon.
Un état de sève prolongé à l’automne est favorable à la surgreffe.
Les Anglais et les Américains ont le Crab-Apple (semis de
Pommiers égrins) pour le greffage des arbres de verger, et un type
productif (semis de gros fruits hâtifs) pour le greffage de Pommiers à
cultiver en basse tige, dans le jardin fruitier.
En Angleterre, la greffe au galop, Whip graft (fig. 84, 85) est usitée
au printemps, parce que la température brumeuse de l’automne n’est
pas favorable à l’écussonnage du Pommier, les greffons se lignifiant
tard en saison.
Pommier sur doucin et sur paradis. — Les Pommiers doucin et
paradis sont destinés à fournir des arbres en basse tige, greffés rez-
terre. Le jeune plant a plus de chances de succès ; on l’écussonnera
dès sa première année de plantation, si c’est possible.
Un rameau greffon trop tendre peut être préparé, effeuillé, et
exposé au soleil pendant deux heures ; le bourgeon sera greffable.
Dans les terrains secs, où la sève s’arrête promptement, le greffon
pourrait ne pas être aoûté au moment voulu ; alors on conserve des
rameaux de l’année précédente, couchés dans du sable-gravier, et on
en écussonne les yeux non développés, dès le mois de mai ou de juin,
à œil dormant, sur les sujets en sève.
Vérifier, quinze jours après, les écussons non repris, et les
recommencer.

345
Un plant rendurci sera soumis au greffage, à la montée de la sève,
par rameau sous écorce (fig. 48 et 49), à œil poussant.
Des pépiniéristes ont adopté le Paradis jaune de Plantières-lez-
Metz, vigoureux et fertile, et, malgré ses grosses racines, le Doucin
d’Angers, types conservant leur sève assez longtemps.
Nous avons vu, chez Pierre Tourasse à Pau, le Pommier greffé sur
Cognassier. Le même fait nous est signalé en Turquie.
Pommiers d’ornement. — Les Pommiers d’ornement se greffent de
la même façon, sur franc, quelquefois sur doucin. Les espèces
microcarpes, Malus baccata, cerasifera, originaires de Sibérie, et
leurs dérivés, ont résisté au grand hiver.
Les espèces et variétés cultivées pour la beauté de leurs fleurs, M.
spectabilis, de la Chine et du Japon, plus délicates, sont greffées sur
franc.

[153]

Prunier (Prunus).
Famille des Amygdalées.

Sujet. — Prunier, P. domestica, Saint-Julien et Damas (semis,


bouture de racine, cépée). — P. Myrobolan, P. Myrobolana (bouture ;
semis).
Greffage. — Par écusson (fig. 91) ; juillet-août. — En fente (fig.
69, 71, 72). En incrustation (fig. 59). Anglaise (fig. 82, 84, 86) ; mars
et septembre. — En couronne (fig. 54) ; avril-mai. — En pied ou sur
tige.
Observations. — Les plants issus du drageonnage sont impropres à
la bonne multiplication du Prunier. Le semis est à préférer ; vient
ensuite le plant obtenu par cépée (fig 17), qui reproduit
rigoureusement les caractères de la souche.

346
Avec les Pruniers Damas et Saint-Julien, dans une situation aride,
la sève pourrait s’arrêter au milieu de l’été ; il serait alors prudent
d’arroser copieusement le sujet et de pincer le rameau-greffon à
l’avance pour que l’écussonnage ait lieu en conditions normales.
Le P. Myrobolan sera écussonné assez tard en saison ; ses rameaux
seront liés en faisceau lors du greffage et écimés en même temps (fig.
99).
Les jeunes greffes en pied sur P. Myrobolan seront tuteurées dès
qu’elles auront atteint environ 0,50 de haut. — On supprimera
l’onglet de la greffe avant la chute des feuilles.
L’étêtage du sujet écussonné se fait après l’hiver, mais avant la
montée de la sève.
Les Pruniers à greffer par rameau peuvent être transplantés au
moment de l’opération ; ils seront arrachés plusieurs mois à l’avance,
c’est alors un greffage en jauge ou à l’abri. Si le greffage est fait sur
place, on écime les sujets, au moins six à huit semaines plus tôt, en
février. L’opération se fait en fente ou à l’anglaise, dès les premiers
mouvements de la sève, et mieux en couronne, aux mois d’avril et de
mai ; on peut même greffer en fente à l’automne, avant l’arrêt de la
sève, soit en septembre. Un lait de chaux sur le greffon en éloignera
les insectes.
Pour la greffe en couronne, il faut avoir le soin d’amincir
suffisamment la base du greffon, tout en conservant un œil au dos du
biseau.
Les Pruniers de Reine-Claude, de Damas, de Quetsche se
multiplient par la cépée (fig. 17) et se reproduisent à peu près par le
semis. Assez rustiques à la gelée d’hiver, ces types sont parfois
employés comme sujets.
Dans la Meuse, les Mirabelliers de Buxières et de Ronvaux sont
élevés par le bouturage, à l’automne ; cependant, ils peuvent servir de
sujets porte-greffe aux autres formes de la Mirabelle.

347
On obtient des Pruniers haute tige par le greffage en pied ou en
tête. Avec un sujet rachitique, les variétés naines, touffues comme la
Petite Mirabelle, montent difficilement ; alors on emploie
l’intermédiaire, comme entregreffe, d’une sorte vigoureuse :
Quetsche, Reine-Claude de Bavay, Sainte-Catherine. Greffée au pied
du sujet, la nouvelle venue s’élancera et recevra à son tour en haute
tige, la variété délicate, au moins deux ans après. (Voir fig. 109, p.
203).
Aux environs de Paris, on possède sous le nom de Prunier « de
Montlignon » une forme vigoureuse et élancée du P. de Saint-Julien
élevé en cépée ; il est planté en pépinière et recepé l’année suivante.
À deux ans, sa tige peut recevoir la greffe en tête du Prunier ou de
l’Abricotier ; elle est antipathique au Pêcher.
Les sauvageons qui doivent monter à tige et recevoir la greffe en
tête seront soumis au recepage (fig. 26) après une année de plantation.
Pruniers d’ornement. — Les Pruniers de Chine ou du Japon, P.
japonica, le Prunier trilobé, P. triloba ; le Ragouminier, P. pumila ; le
Prunellier, P. spinosa, à fleur double, etc., seront greffés en écusson,
sinon par rameau, sur les Pruniers Myrobolan, Damas et de Saint-
Julien.
Pour l’éducation en basse tige, on choisit des sujets faibles en
diamètre ; l’écussonnage réussit bien sur des plants bouturés au
printemps.
Les sujets de moyenne grosseur sont greffés à tige, sur le corps de
l’arbre. Un gros sauvageon serait écussonné sur ses jeunes branches
latérales.
Le Prunier trilobé se plaît sur le Prunier de Quetsche, par écusson.
Le greffage par rameau nécessite l’abri du verre.
En pépinière, il sera facile de planter des rameaux boutures du
Prunier Myrobolan, préalablement écussonnés en variétés d’utilité ou
d’ornement (Voir fig. 98, le rameau écussonné).

348
[154]

Ptéléa (Ptelea).
Famille des Zanthoxylées.

Sujet. — Ptélée à trois feuilles, Ptelea trifoliata (semis).


Greffage. — En demi-fente ou en incrustation (fig. 110 ou 59) ;
mars-avril. — Sous verre.
Observations. — Le greffage se pratique sur de jeunes plants en
arrachis. Aussitôt greffés, ils seront plantés sous châssis ; l’aération
commencera avec le développement du greffon.

[155]

Quinquina (Cinchona).
Famille des Rubiacées.

Sujet. — Quinquina commun, Cinchona officinalis (semis ;


bouture).
Greffage. — Anglaise simple (fig. 80). De côté dans l’aubier (fig.
65). En placage (fig. 55). Par approche-bouture (fig. 143) ; mai,
septembre.
Observations. — Dans les pays chauds où le Quinquina croît en
plein air, les semis donnent des arbres plus ou moins riches en
alcaloïde. Le greffage permet de propager les espèces recherchées
pour leur rendement en quinine.
À Ceylan, des cultivateurs greffent en plantant le sujet d’un an, par
la greffe anglaise simple, rez-terre ; d’autres repiquent le semis à
l’état herbacé, et l’ombragent pour l’écussonner à œil dormant, au
mois d’octobre.

349
Le greffage du Quinquina a pris une extension rapide dans les
possessions néerlandaises de l’archipel Indien, grâce à l’initiative des
frères Ottolander. L’obligeance amicale des professeurs Ed. Pynaert et
Fr. Burvenich, de Gand, nous permet de vulgariser leur système de
greffage.
D’abord, une serre chauffée modérément facilitera mieux la reprise
de la greffe.
Le sujet est jeune, semis ou bouture, et opéré au collet. Le greffon,
rameau court, conservera ses feuilles entières ou coupées à moitié ;
son origine doit être connue, car il est des variétés qui rendent en
argent dix fois plus que d’autres.
L’espèce qui se prête le mieux au greffage, comme sujet, est une
hybride des Cinchona Ledgeriana et succirubra, recherchés eux-
mêmes pour leur valeur industrielle. Le plant est élevé par bouture
courte et greffé jeune.
Le greffage se pratique à fleur du sol, ce qui excitera
l’affranchissement de la plante ; sous l’abri vitré, on opère quand la
sève ralentit son activité, et en plein air, quand elle la reprend.
Le procédé employé tout d’abord à Java par J. W. Ottolander, et qui
s’est vite popularisé, est l’anglaise simple (fig. 80 et 117).
La greffe par approche-bouture (fig. 143) a l’inconvénient d’exiger
un greffon trop long.
Les agents du gouvernement hollandais recommandent, la greffe de
côté dans l’aubier (fig. 65 et 66) sous double vitrage.
Les Indes anglaises ont suivi l’impulsion de Java en propageant le
Quinquina par le bouturage et le greffage.

[156]

Raphiolépis (Raphiolepis).
Famille des Pomacées.

350
Sujet. — Cognassier commun, Cydonia vulgaris (bouture à talon,
cépée). — Aubépine blanche, Cratægus oxyacantha (semis).
Greffage. — Sous écorce, par écusson (fig. 94 et 95) ou avec
rameau (fig. 48) ; été, plein air. — En placage (fig. 118) ; mars et août,
à l’abri.
Observations. — Le Raphiolépis est à feuille persistante et se
greffe en plein air ou sous verre.
Dans la pratique, le greffage sous cloche en serre, avec le
Cognassier, est le plus employé.

[158]

Rhododendron (Rhododendron).
Famille des Éricacées.

Sujet. — Rosage ou Rhododendron pontique, Rhododendron


ponticum. — Rhodododendron de Catawba, Rh. Catawbiense (semis).
Greffage. — En placage (fig. 55). De côté dans l’aubier (fig. 65).
En fente (fig. 114) ; mars, août. — Anglaise à cheval (fig. 86) ;
février-mars, sous verre. — En approche (fig. 37 et 42) ; en plein air,
avril et août. — En pied.
Observations. — Les greffages en fente et en incrustation
nécessitent l’amputation préalable du sujet ; toutefois, on corrige cet
inconvénient en conservant un bourgeon feuillu au sommet du tronc,
la soudure en sera mieux assurée. Ces procédés conviennent mieux à
l’assemblage de gros sujets et de petits greffons.
La greffe anglaise à cheval (fig. 86) se fait à l’automne. Le bouton à
fleurs étant bien formé, on prend, sur de grosses plantes, des rameaux
couronnés d’un de ces boutons et on les greffe. Dès que la soudure est

351
certaine, la plante sera enterrée dans la bâche d’une serre et y restera
jusqu’à l’époque de la floraison.
La greffe en placage est la plus usitée (fig. 55) ; on opère à froid, en
juillet-août. Le sujet, recepé au printemps, a donné une jeune tige
propre au placage. Après son greffage, on étouffe le plant sous cloche
ou sous la bâche vitrée de la serre, pendant cinq ou six semaines,
jusqu’à complète agglutination ; alors on aère graduellement.
La greffe dans l’aubier (fig. 65) est pratiquée en mars ou en août,
dans ces conditions.
Pour ces divers procédés, on conserve les feuilles au greffon ;
cependant il est facile de réduire d’un tiers le limbe des plus longues.
La disposition radiculaire du Rhododendron permet de greffer le
sujet à racines nues, sous cloche, et de le repiquer en planches sans
être empoté, lorsqu’il est relevé de l’étouffée.
À Angers, on greffe le Rhododendron en placage (fig. 55), soit en
septembre, soit de janvier à mars, sur bâche légèrement chauffée, ou
en avril, non chauffée. La greffe anglaise simple (fig. 80) est pratiquée
sur jeune sujet.
À Gand, les fleuristes empotent les sujets en octobre, pour les
greffer sous verre en décembre-janvier. Le procédé en vogue est le
greffage en demi-fente (fig. 114) au sommet du sujet, sur partie jeune,
demi-ligneuse, avec œil d’appel.
À Versailles et aux environs de Paris, le Rh. Catawbiense, plus
rustique, utilisé au rôle de sujet, produit des plantes assez robustes.
Les Rhododendrons à tige, dans les espèces moins vigoureuses,
s’obtiennent avec le concours de types élancés, robustes, par exemple
les Rh. album elegans, Ingrami, roseum magnum, déjà greffés rez-
terre sur le Rh. pontique. Leur flèche ou leur tête branchue sera
ensuite surgreffée avec la variété définitive, en placage, sous verre.
Rhododendrons himalayens. — Nous avons vu chez M. Cavron,
sous le climat privilégié de Cherbourg, la culture à l’air libre des

352
superbes Rosages du Sikkim, de l’Himalaya, du Boutan.
Le greffage est nécessaire pour hâter le « boutonnage » des plantes
lentes à fleurir : les Rh. Nuttalii, Falconeri, argenteum, longifolium,
lancifolium ; ces variétés, à gros bois, sont greffées à l’anglaise, sur
un plant semis du Rh. lancifolium, tandis que ses congénères Rh.
Gibsoni superba et Kendicki, de semis, également de premier mérite,
seront les sujets pour la greffe en placage des variétés à bois fin.
Le Rh. campanulatum s’épanouit sur le Rh. Catawbiense, alors que
les Rh. Dalhousiæ, Edgeworthii n’y fleurissent point.
Avec ces espèces, le sujet de Rh. ponticum produirait un bourrelet
fâcheux, à l’exception, toutefois, de quelques hybrides de l’Himalaya,
Rh. fragrantissima, sesterianum, etc., qui s’y adaptent mieux.
L’époque du greffage est au mois de juillet, lorsque les pousses sont
demi-ligneuses.
Une feuille, tronquée à moitié, sera conservée à la pointe du greffon
et une feuille entière au sommet du sujet.
Les sujets semés en pleine terre sont levés en motte, greffés
aussitôt, puis placés côte à côte, dans un coffre sous châssis, bien à
l’ombre. Un arrosage raffermit la terre, il sera renouvelé.
Rhododendrons javanais. — Un praticien habile, Georges
Schneider, chef au « Royal exotic nursery » a trouvé le moyen de
propager le groupe du Rosage de la Sonde par le greffage sur jeune
bouture racinée du Rh. Princess Royal, hybride du Rh. javanicum et
du Rh. jasminiflorum. Il en obtient une riche végétation et une
floraison luxuriante, bien accentuée.
Les Rh. Scarlet Crawn. Lord Wolseley, Président, Maiden’s Blush
promettent, aux fonctions de sujet, des résultats analogues.

[159]

353
Rhopala (Rhopala).
Famille des Protéacées.

Sujet. — Rhopala de Jongh, Rhopala Jonghi (bouture).


Greffage. — En placage (fig. 118). En demi-fente (fig. 114) ;
févriers-mars. Sous verre.
Observations. — Le Rhopala de Corcovado, Rh. corcovadensis,
reprend mal de bouture ; greffé sur le Rh. de Jongh, il pousse
vigoureusement.

[160]

Robinier (Robinia).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

Sujet. — Robinier commun, R. pseudo-Acacia, dit Acacia blanc


(semis).
Greffage. — En fente (fig. 69) ; avril. — En couronne (fig. 52, 54).
En écusson (fig. 91), à œil poussant ; mai-juin. — En pied ou sur tige.
Observations. — Greffer à la hauteur projetée du branchage les
variétés à bois fin ou tourmenté, comme les R. boule, tortueux, rose,
etc.
Les variétés vigoureuses, Robinier Decaisne, monophylle,
pyramidal, remarquable, toujours fleuri, pourront être greffées en
pied, même lorsqu’elles seront destinées à s’élever à tige.
Les Robiniers de Besson, tortueux, volubile, se font en tête, à haute
tige ou en demi-tige, et en pied sur un plant déjà fort.
Le Robinier glutineux, R. viscosa, destiné à tige, pourrait être
greffé en pied ou en tête.

354
Pour éviter la rupture d’une greffe trop chargée, le Robinier à fleur
rose, R. hispida, nécessite le palissage de ses rameaux, assez cassants,
et même la mutilation des feuilles du sommet, au mois d’août de la
première année.
Le Robinier se prête à la déplantation et à la replantation lors du
greffage par rameau.
Les rameaux greffons du Robinier sont coupés sur l’arbre étalon le
jour même de leur emploi ; sinon, ils sont conservés dans du sable
sec, ou dans un silo, sous terre (fig. 32, p. 58).
Le Robinier est moins docile à l’écussonnage. Dans le Midi, en
Italie, en Grèce, ce procédé est employé à œil poussant ; l’étêtage du
sujet commence avec la végétation du greffon. Au centre du pays
vosgien, Vaudrey-Evrard écussonne, en mai-juin, des greffons du
Robinier de Besson retardés à la cave.
Le Robinier Decaisne, que l’on multiplie par bouture de racine,
produira de belles tiges pour le greffage en tête des variétés délicates.

[161]

Rogiera (Rogiera).
Famille des Rubiacées.

Sujet. — Rogiera à large feuille, R. latifolia (bouture).


Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En placage (fig. 118) ;
février-mars. Sous verre.
Observations. — Le Rogiera gratissima est plus vigoureux greffé
que franc de pied ; il s’adapte à l’espèce dite à large feuille, R.
latifolia.

[162]

355
Rosier (Rosa).
Famille des Rosacées.

Sujet. — Rosier Églantier, R. canina (semis ; bouture, drageon). —


Rosier Manetti, R. Manetti. — Rosier multiflore, R. multiflora ou
polyantha. — Rosier des Quatre-saisons, R. bifera. — Rosier de
l’Inde, R. indica (bouture).
Greffage. — En écusson (fig. 91, 122, 123) ; à œil dormant, juillet-
août ; à œil poussant, mai-juin. — En fente (fig. 110). En incrustation
(fig. 60) ; avril. — En placage et à l’anglaise sur racine (fig. 124,
125). — En pied ou sur tige.
Greffage sur Églantier. — La principale multiplication du Rosier
se fait sur Églantier. Plusieurs types de cette espèce indigène se
rencontrent dans les haies et dans les bois. Il serait intéressant de
découvrir et de propager une race vigoureuse, robuste au froid, peu
chargée d’aiguillons, drageonnant peu, et docile au greffage du
Rosier.
Le sujet est le résultat d’un semis fait en pépinière ou de
l’édrageonnage des souches d’Églantier. Les semis sont plutôt
employés à la propagation du Rosier en basse tige. Examinons
d’abord ce qui concerne le Rosier greffé à tige.
Rosiers à tige. — Les Rosiers à tige sont greffés sur Églantier de
semis ou de drageon. On plante les sauvageons à demeure, ou
provisoirement en pépinière. Si l’on redoute l’effet du hâle, on
emboue les tiges d’Églantier et l’on englue les plaies et les coupes
lors de la plantation.
[fig122]

356
Fig. 122. — Écussonnage du Rosier sur rameau d’Églantier. Arcure
des rameaux pour la greffe à œil poussant.

Par l’ébourgeonnement on conservera, en tête du sujet, deux ou


trois rameaux vigoureux et bien placés (fig. 122). On les écussonnera
la première année, dès qu’ils seront assez gros et ligneux.
Quand la sève se calme, quand la teinte verte de l’épiderme
blanchit sous l’incision du greffoir, il faut se hâter, la sève passe.
En général, il convient de ne pas écimer les rameaux du sujet avant
de les greffer.

357
Le rameau en fleur, ou ayant fleuri récemment, est arrivé à point,
pour le greffage : plus tôt, il n’est pas suffisamment ligneux ; plus
tard, il est durci ou ses yeux sont développés. Cette observation est
plus spéciale aux Rosiers remontants, les Rosiers non remontants
fournissant de bons greffons aoûtés par le pincement.
La chute des aiguillons au froissement de la main est un signe de la
maturité du greffon.
Sur les variétés à grand bois, ou peu disposées à fleurir, on choisit
les yeux supérieurs des rameaux terminés par une fleur. Il est à
présumer que le Rosier futur héritera des qualités florifères du
greffon.
Sur les variétés à bois court ou floribond, on prendra les yeux de la
base et du centre du rameau ; vers le sommet, l’œil est souvent
remplacé par un renflement sans gemme.
Un rameau fin, ténu, sera inoculé par le procédé sous écorce (fig.
48). L’Anglais Knight le recommandait ; Pierre Cochet, de Suines, le
pratiquait vers 1815 ; un amateur d’Épinal, Lervat, les imite, greffant
avec un seul bourgeon, et ménageant un œil sur le dos du biseau.
Avec le Rosier, on peut greffer les yeux qui commencent à
bourgeonner, mais on aura la précaution de les doubler avec un œil
latent.
En préparant le greffon, on coupe la feuille sur son pétiole et on
enlève les stipules qui l’accompagnent. Les aiguillons sont coupés au
ras de l’écorce ; on conserve ceux qui sont au coussinet de l’œil des
Rosiers Microphylle et à bractées. Les greffons du Rosier Mousseux
n’ont pas besoin d’être complètement nettoyés de leurs aiguillons et
de leurs poils ; on se borne à enlever les principaux dards qui
s’opposeraient au glissement de l’œil sous l’écorce du sujet.
L’écusson se place dans la gorge même du rameau de l’Églantier,
vers son empâtement sur la tige. On ligature avec deux ou trois brins
de laine ; plus tard, on surveillera les strangulations pour délainer s’il
le faut. La spargaine (fig. 11) a l’avantage de se rompre au

358
grossissement de la branche ; la base de la feuille de spargaine,
finement divisée, est une bonne ligature du Rosier.
Nous recommandons le greffage dans la gorge ou aisselle, parce
que le débutant a une tendance à s’en éloigner ; son travail est plus
facile peut-être, mais il en résulterait une évolution de bourgeons
sauvages qui viendraient affamer la greffe. Il faudra donc, tout en
inoculant à la base, éborgner ces yeux de l’empâtement.
On reconnaît l’apprenti greffeur au nombre de rameaux qui cassent
et tombent huit jours après l’opération, par suite de l’incision trop
vive en tête du T. Cette rupture fait végéter la greffe aussitôt, ou bien
la tue. Pour éviter la cassure, certains fleuristes anglais pratiquent
l’écussonnage au moyen de l’incision longitudinale seule, avec
sommet en faucille, appliquée sur le sujet, sans ouverture de cran
transversal ; l’inoculation de l’œil nécessite un petit tour de main que
donnera l’expérience.
[fig123]L’écussonnage du Rosier réussit
encore sur la tige même du sujet (fig. 123),
assez tôt en saison, et sous les rameaux de
la couronne où la sève est plus active. La
tige ne grossissant pas autant qu’un rameau,
il faudra ligaturer fortement, soit avec du
coton filé ou de la grosse laine, soit avec
une bandelette de spargaine ou de raphia.
Le greffage se fait : à œil dormant en juillet
et en août ; à œil poussant, en mai et en
juin. Il n’est cependant pas rare de
rencontrer des écussons faits de bonne
heure qui se développent l’année suivante,
et des écussons tardifs qui végètent
immédiatement.
Si l’on désire que l’écusson reste Fig. 123. — Écussonnage
dormant, on modère la suppression des sur tige d’Églantier.

359
rejets qui poussent sur les racines et sur la tige ; de cette façon la sève
ne concentre pas ses forces au sommet de l’arbuste, et ne fait ni
bourgeonner ni étrangler la greffe. C’est une recommandation absolue
du rosiériste Victor Verdier, scrupuleusement observée par ses fils
Eugène et Charles.
Au cas de végétation anticipée, on ébourgeonne partout et on écime
les branches du sujet comme si on l’eût préparé à œil poussant.
Quand le greffage est à œil poussant, on facilite le développement de
l’écusson en arquant les rameaux et en les attachant sur la tige (fig.
122) ; cette précaution préalable sera prise dans la même journée afin
de conserver la sève au sujet. Dès que le greffon atteint 0m,10 à 0m,15
de pousse (e, fig. 163), on écime le rameau (B) qui le porte à 0m, 40
ou 0m,50 de la greffe. On suivra l’ébourgeonnement de la tige et,
successivement, on réduira la longueur des branches ; par l’effet de
cette opération, les onglets auront, à l’automne, 0m,10 environ, et la
greffe sera développée.
Le greffage à œil poussant doit être pratiqué assez tôt si l’on veut
que les scions de la greffe soient suffisamment aoûtés pour passer
l’hiver. On le pratique également en avril-mai sur des rameaux de
l’année précédente, avec des greffons conservés au nord, dans du
sable (fig. 32), ou avec des rameaux de l’année, pris sur des Rosiers
forcés en serre ou sous châssis.
La ligature est enlevée au mois de septembre, sauf sur les variétés
gélives, pour lesquelles on attendra le printemps ; le lien doit être
coupé en dessous du rameau, à l’opposé de l’écusson.
L’étêtage définitif des branches à 0m,05 ou à deux yeux au-dessus
de la greffe (o, fig. 163) se fait pendant l’hiver et avant la végétation.
On éborgne en même temps les yeux du sauvageon qui entourent l’œil
écussonné ; ceux qui se trouvent placés au-dessus serviront d’appelle-
sève.
Certains groupes : le Rosier Thé, R. indica ; le R. Moussu, R.
muscosa ; le R. du Bengale, R. diversifolia ; et quelques variétés dont

360
les tissus sont plus lents à lignifier, Souvenir de la Malmaison, tribu
borbonica ; Ernestine de Barante, tribu hybrida, reprennent mieux à
l’écussonnage dormant, assez tard en saison.
Le greffage par rameau sur Églantier a des chances de succès au
printemps, sur des sujets à écorce plus grise que verte ; on recouvre
provisoirement la greffe avec une coiffe de papier qui la préservera de
l’action des hâles et des agents atmosphériques.
Les Rosiers de la tribu Portland acceptent le greffage en fente ; on
opère sur la tige du sujet, c’est-à-dire en tête. On peut également les
greffer sur racine, en fente (fig. 115) ou par incrustation (fig. 120),
particulièrement le Rosier du Roi, de cette même tribu. L’opération se
fait pendant l’hiver, en Touraine et en Anjou, mais à l’abri ; le plant
greffé est mis en jauge et ensablé, pour être planté et butté au
printemps.
Rosiers à basse tige. — Les Rosiers à basse tige reçoivent le même
traitement que les précédents, sur tige ou sur branche, à œil dormant
ou à œil poussant. Le travail de l’œil poussant est détaillé aux fig. 102
et 163.
Sur le corps de l’arbre, la sève se garde moins longtemps, ce qui
devient un inconvénient pour les opérations tardives ; cependant, on y
obvie dans une certaine mesure. Ainsi, dans les environs de Brie-
Comte-Robert, où l’on propage le Rosier du Roi par milliers, on
plante assez tard les Églantiers destinés à ce greffage, de sorte que la
sève est encore active lorsque les greffons de Rosier du Roi sont bien
constitués avec des yeux saillants et greffables.
Le meilleur système de greffage du Rosier basse tige en pleine terre
est avec l’Églantier de semis, planté surélevé, c’est-à-dire au-dessus
du niveau du sol et butté. Pour faciliter le greffage, on débute le plant
et l’on y introduit l’écusson au-dessous du collet, sur le corps de la
racine principale ou du pivot. On comprend, en effet, qu’un plant de
semis drageonnera moins que s’il était pris sur souche.

361
M. Guillot fils, de Lyon, a commencé dès l’année 1850 à propager
ce mode de culture.
M. Lévêque, à Ivry-Paris, multiplie des Rosiers Thé et Noisette par
un greffage fait en novembre, sur semis d’Églantier mis en godet,
aussitôt greffés. Le sujet est coupé ras, au collet et le rameau greffon
vient le couronner par le placage en tête. La plante est aussitôt portée
sur la bâche vitrée de la serre ; elle sera rempotée au printemps et
livrable à l’automne suivant.
Rappelons, pour mémoire, l’écussonnage sur bouture de rameaux
ou de rejets du sauvageon.
Greffage sur racine. — Le plant d’Églantier élevé par semis peut
servir, en hiver, au greffage sur racine. Ainsi, le sujet (L, fig. 124)
reçoit sur son tronc radiculaire (en o), au-dessous du collet (n), le
placage du greffon (M), celui-ci étant ou conservé dans le sable ou
cueilli sur l’étalon le jour même. S’il est encore feuillé, on coupe le
pétiole à moitié de l’aile, de manière qu’il reste une ou deux folioles
au greffon. Le greffage se fait du 15 octobre au 15 janvier, sous
cloche, le plant est enterré dans le sable de rivière ou sur la bâche de
la serre chauffée à + 10°. Aussitôt la reprise assurée, le sujet sera
écimé (n) et plus tard étêté (u) ou désongletté.
Un Rosier ainsi obtenu s’affranchit vite et drageonne rarement ; ce
résultat cherché est plus prompt avec la greffe pure et simple sur
racine.
Le greffage sur fragment de racine essayé avant 1830 par Filliette,
à Rueil, et vers 1840 par Utinet, de la Brie, prend une certaine
extension en France et en Angleterre.
À Orléans, il en est fabriqué chaque année des quantités
incroyables, par variétés indociles au bouturage ou autres. On utilise
ainsi les racines coupées sur les jeunes semis d’Églantier, lors de
l’arrachage ou de l’habillage du plant. Les greffons sont des rameaux
de taille ; les uns et les autres sont conservés à froid jusqu’au moment
de greffer.

362
[fig124][fig125]

Fig. 124. — Greffe en placage du Rosier Fig. 125. — Greffe en placage à


sur jeune semis d’Églantier. l’anglaise du Rosier sur racine.

Le greffage se fait en octobre ou novembre pour les variétés à


rameaux délicats, d’un hivernage incertain, et en décembre ou janvier
s’il s’agit de Thé à gros bois et d’autres tribus plus robustes, y
compris les Provins et les Mousseux, rebelles au bouturage.
Le mode de placage à l’anglaise (fig. 56) est avantageux. Le sujet
racine (A, fig. 125) reçoit (en c) le greffon (B). Une condition du
succès est la présence de la tête de la racine, avec le chevelu (e) où
doit apparaître un bourgeon d’appel. Plus tard, ce sommet sera coupé
ras (i).

363
La greffe anglaise, avec ou sans cran en tête du fragment de racine,
est maintenant adoptée par le rosiériste Louis Chenault et par ses
confrères orléanais. Le sujet est un petit morceau de racine, long de
0m,08 à 0m, 10, et le greffon porte 2 ou 3 yeux. Ligature au raphia.
Aussitôt greffé, le plant est repiqué sous cloche, dans une terre
légère ou mélangée avec du sable de la Loire, un œil hors terre.
Fin mars ou commencement d’avril, on donnera de l’air aux
cloches pour les enlever huit ou dix jours après. La mise en place se
fera ensuite fin avril ou commencement de mai.
Les racines peuvent encore servir de sujet à l’écussonnage
poussant. On les met en terre ou en terrine, sous châssis ; vers la fin
de mars ou dans les premiers jours d’avril, on les enlève du sol et on
inocule sous l’écorce radicellaire les yeux pris sur des rameaux
conservés. On les reporte alors sous cloche, l’œil affleurant le sol,
pour en faciliter la végétation.
Greffage sur Rosier Manetti. — Le Rosier Manetti se reproduit
par le bouturage de branches ou de racines. Pour basse tige, on choisit
du plant d’un an et on l’écussonne au mois d’août ou de septembre
qui suit sa plantation.
Le greffage est à peu de chose près celui du Rosier Églantier ; on
tiendra compte de la végétation prolongée du Rosier Manetti, en
écussonnant plus tôt, à œil poussant, ou plus tard, à œil dormant.
Le R. Manetti émet, au-dessous du collet, des jets envahissants. Il
serait facile de les éviter en éborgnant à la base souterraine les yeux
du rameau-bouture, lors de sa confection et en ébourgeonnant, lors de
la plantation, les rejets à l’état rudimentaire sur le tronc des sujets
racinés.
Les Rosiers de la tribu Hybride, très vigoureux ou à gros bois, se
plaisent sur le R. Manetti. Les autres tribus s’y défeuillent trop tôt.
Docile à la chaleur, il convient au rôle de sujet des Rosiers en
culture forcée.

364
Le greffage en fente réussit mal sur ce sujet ; le plant, fendu,
s’ouvre totalement et se dessèche. On a recours alors au placage à
l’anglaise (fig. 124) applicable au sujet-bouture.
À tige, le Rosier Manetti se tient mal ; pour y remédier, Thomas
Rivers, horticulteur anglais, le greffe en pied avec une variété
vigoureuse, Madame Pisarony. Celle-ci fournit une tige qui recevra le
surgreffage de la variété à propager, en tête ou sur le corps de cette
tige.
Greffage sur Rosier Multiflore, var. de la Grifferaie. — Ce sujet
se prête mieux à l’écusson de certains Rosiers Thé, île Bourbon, et
des Hybrides à bois délicat ou ayant l’écorce lisse.
Vigoureux partout, facile à travailler, écussonnable jusque fin
septembre, le R. Multiflore est fort apprécié des rosiéristes Orléanais.
Le drageonnage est prévenu par l’ablation des yeux souterrains, lors
du bouturage.
Dans le duché de Luxembourg, la végétation prolongée du R.
Multiflore le fait difficilement hiverner ; alors les rosiéristes de ce
pays ont conservé le R. Manetti pour le greffage en serre, et
l’Églantier, pour la greffe en pleine terre.
Chez nos voisins d’Angleterre, d’Espagne, de Portugal et dans
notre région lyonnaise, on emploie le Rosier Multiflore japonais,
Polyantha, pour l’écussonnage sur collet des Rosiers, et plus
particulièrement des R. Thé ; ils y deviennent promptement et
abondamment florifères.
Les Anglais préfèrent le sujet bouture, même de 2 ou 3 ans, au
plant de semis.
Le greffage en fente, sous verre, au mois de février, sur racine de R.
polyantha mesurant 0m,06 à 0m,08 de longueur et 0m,005 de diamètre
au moins, est pratiqué par les rosiéristes lyonnais pour la
multiplication des nouveautés.

365
Greffage dans le midi de la France. — De Nice à Hyères, où les
roses s’épanouissent en plein hiver, on écussonne le Rosier sur R.
Indica major, plant raciné de bouture, et il y acquiert une grande
vigueur. Les Rosiers « à odeur de Thé », si lucratifs par la vente de
leurs fleurs, sont naturellement sympathiques au sujet Indica.
Les rosiéristes de cette région élèvent l’Indica à tige et préfèrent
l’Indica major plus vigoureux, implantant ses racines dans les terrains
secs et conservant sa végétation en hiver. L’écussonnage se fait en
mai, à œil poussant.
Disons un mot du rameau-bouture préalablement écussonné. Les
souches recepées qui ont donné des jets vigoureux reçoivent, sur
chacun d’eux, une série d’écussons à œil dormant, en août-septembre
(fig. 98). Au mois de janvier, on fractionne ces rameaux du
sauvageon, de manière que chaque fragment porte au moins un
bourgeon écussonné, et on plante ces fragments en pépinière, par
bouture.
Nous avons remarqué de vigoureux Rosiers Thé Maréchal Niel,
greffés de cette façon sur Indica et même sur Gloire des Rosomanes.
Enfin, on plante des tiges, plant raciné ou plançon-bouture, du R.
indica major, et on les greffe immédiatement en fente, pour former
une tête quelques mois après.
Sous ce climat et aux Antilles, le Rosier du Bengale est un bon
porte-greffe, pour basse tige ; l’écusson s’y développe promptement.
Dans l’Hérault et le Var, on place des écussons de roses
remontantes sur les rameaux des R. de Banks, et Multiflore en
palissage ; on obtient ainsi un tapis florifère de roses thé et d’autres
variétés s’épanouissant encore en dernière saison.
Greffe forcée. — Il s’agit de la multiplication des variétés
nouvelles, par un procédé tel, qu’un Rosier choisi à l’automne puisse,
entre les mains d’un bon multiplicateur, produire un grand nombre de
sujets au printemps suivant.

366
Le Rosier de Quatre-Saisons, employé à cet usage, dès 1820, par
Descemet à Saint-Denis, est remplacé en ce moment par le R.
Manetti, le R. Multiflore, l’Églantier.
Le sujet, mis en pot à l’automne, sera greffé sous verre, par demi-
fente (fig. 114) ou en incrustation (fig. 119), vers les mois de janvier
ou de février suivants. On conservera un bourgeon d’appel en tête du
sujet.
Lorsque la soudure est complète, quand les yeux du greffon se
renflent, on commence l’aérage successif pour arriver à transporter le
Rosier sous châssis froid, c’est-à-dire en bâche froide entourée de
fumier froid ; la gelée ne doit pas y pénétrer ; puis on aère
graduellement jusqu’à ce que les panneaux soient enlevés, ce qui
arrivera fin mars ou commencement d’avril, au plus tôt. Un mois
après, le soleil aidant, les rameaux étant suffisamment durcis, les
jeunes plantes seront livrées à la pleine terre.
En 1885, nous avons constaté, chez Soupert et Notting, à
Luxembourg, le résultat prodigieux d’une multiplication forcée du
Rosier. La graine semée en septembre a germé deux mois après ; le
plant embryonnaire fut, avec une dextérité, extrême, implanté sur un
sujet en godet, par un procédé que l’on pourrait qualifier de greffe en
approche « capillaire ». Au mois de février, la plante fleurit, elle
« promettait » ; aussitôt ses yeux furent inoculés sur autant de sujets
en pots. Deux mois plus tard, chaque arbuste alimentait le greffage de
sujets ayant poussé sous verre. Ces végétations rapides, de première
saison, s’obtiennent plutôt avec le R. Polyantha ; et fin de saison,
avec l’Églantier.

[163]

Sapin (Abies, Picea, Tsuga).


Famille des Conifères, § Abiétinées Sapinées.

367
Sujet. — Choisir le type de la variété à multiplier : ou Abies, ou
Picea, ou Tsuga (semis).
Greffage. — En placage, en pied (fig. 113) ; février ou septembre.
Sous verre. — En fente herbacée, en tête (fig. 74) ; avril-mai ou
juillet-août. À l’air libre.
Observations. — La greffe à l’étouffée se fait sous cloche en plein
air, ou en serre sous double vitrage ; le plant, élevé en pot, est tenu
incliné ou oblique dans la bâche vitrée.
Les autres modes de greffage pratiqués à l’air libre n’empêchent
pas le sujet greffé de pousser aussi droit que s’il était venu de graine,
La greffe sur bouton terminal (fig. 74) est faite en avril quand la
sève se met en mouvement, ou en août avant qu’elle ne s’arrête. Le
greffon est déjà ligneux et couronné par l’œil de tête.
Les Anglais emploient volontiers comme sujet le Sapin du Canada,
Tsuga canadensis, élevé par semis ou par bouture.
Il est préférable de fournir un sujet type à chaque groupe des
Sapinées : le Sapin pectiné, Abies pectinata, aux Abies ; l’Épicéa,
Picea excelsa, et la Sapinette Picea alba, aux Picea ; le Sapin du
Canada, Tsuga canadensis, aux Tsuga ; le Sapin de Douglas, Pseudo-
Tsuga Douglasii, aux Pseudo-Tsuga.
Le Sapin noble, Abies nobilis, est généralement plus vigoureux,
greffé sur le Sapin pectiné, Abies pectinata, que s’il était élevé par
semis.
Les sous-variétés seront greffées sur leur espèce originaire.
Le Sapin Pinsapo pyramidal ne réussit que sur son type, Abies
pinsapo, tandis que le Sapin de Nordmann doré adopte le Sapin
pectiné pour sujet de greffage.

[164]

368
Saule (Salix).
Famille des Salicinées.

Sujet. — Les types de la variété à propager, particulièrement le


Saule marsault, S. capræa et var. jaspidea, aglæa ; le Saule cendré, S.
cinerea.
Greffage. — En fente (fig. 69). Anglaise (fig. 84) ; mars. — En
écusson (fig. 94) ; août.
Observations. — La majeure partie des Saules seront greffés en
tête ; mais les variétés à branches effilées pourront être écussonnées
ou greffées de côté (fig. 49), soit à œil poussant, en avril, soit à œil
dormant, au mois d’août.
On pourrait greffer le Saule en flûte, en couronne ou en approche, à
la montée de la sève.
Les sujets vigoureux sont arrachés et greffés à l’abri, en mars, ce
qui évitera le chancre des tiges, principalement avec le Saule
marsault.
Le greffage du Saule, sur tige, est appliqué aux variétés à rameaux
retombants des espèces qui ne pourraient s’élever à tige par bouture,
comme s’élèvent de leur plein gré les Saules pleureurs de Babylone et
de Salomon.
Ainsi les formes « pleureur » des S. capræa, incana, rigida,
sericea, Zabeli, réussissent sur le Saule marsault ordinaire, et celles
qui appartiennent aux S. americana, napoleonensis, nigra, prennent
sur ses variétés Aglæa et jaspidea.

[165]

Sciadopytis (Sciadopytis).
Famille des Conifères, § Séquoiées.

369
Sujet. — Cunninghamia de Chine (semis).
Greffage. — En placage (fig. 113). De côté avec incision oblique
(fig. 67) ; août-septembre. — En pied ; sous verre.
Observations. — Les sujets de Cunninghamia sont produits par le
bouturage de branches, tandis que les greffons de Sciadopytis sont
obtenus par l’écimage de la flèche de l’étalon.
Le greffage se fait à l’étouffée, à froid.

[166]

Sequoia (Sequoia).
Famille des Conifères, § Séquoiées.

Sujet. — Le type de la variété à propager, le Sequoia gigantea ou le


S. sempervirens (semis ; bouture).
Greffage. — En placage (fig. 113). En fente dans l’aubier (fig. 65,
67). ; septembre, sous verre.
Observations. — Pour l’instant, il s’agit seulement des formes du
Sequoia gigantesque, dit « Wellingtonia. »
Le sujet est raciné, semis ou bouture. Le greffon est une sommité
forte et trapue des branches latérales de l’étalon.
Aussitôt greffés, les plants sont disposés sur une tablette froide
dans la serre, sous cloche à froid. Ombrager contre les rayons solaires.
Au cas de végétation, délainer et tuteurer.

[168]

Sophora (Styphnolobium).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.

370
Sujet. — Sophora du Japon, Styphnolobium japonicum (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91 et 94) ; juillet-août. — En fente
(fig. 72) ; avril. — En couronne (fig. 54). — En pied ou sur tige.
Observations. — Le Sophora végète assez tardivement pour qu’il
ne soit pas nécessaire de couper à l’avance, sur l’étalon, les rameaux-
greffons. Si cependant les effets de l’hiver sont à redouter, on
détachera ces rameaux avant les gelées et on les hivernera dans du
sable sec (fig. 32, p. 58), l’épiderme du Sophora étant assez délicat.
On opère par un beau temps, lorsque les bourgeons commencent à
se gonfler.
En ce qui concerne l’écussonnage, il est à remarquer que le pétiole
coiffe totalement le bourgeon-greffon à inoculer sur le sujet.
Les sujets destinés à l’écussonnage seront à tige jeune. La réussite
en est tellement incertaine que dans certaines pépinières de l’Est, on
écussonne les mêmes sujets à deux ou trois époques différentes, avec
vingt jours d’intervalle, à partir de l’écussonnage à œil poussant.

[169]

Sorbier (Sorbus) — [56]Cormier (Cormus).


Famille des Pomacées.

Sujet. — Aubépine blanche, Cratægus oxyacantha et monogyna


(semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91 et 93) ; juillet, — En fente (fig. 69
et 72) ; mars. — En couronne (fig. 51 et 52) ; avril. — En pied.
Observations. — Rejeter du rameau-greffon les yeux de la base, —
ils végètent mal, — et ceux du sommet, généralement moins faciles à
inoculer ou trop disposés à fleurir.
Avec de gros yeux à écussonner, on pratiquera l’incision cruciale
sur le sujet (fig. 93).

371
Le Sorbier pleureur se greffe à haute tige sur son type. Sorbier des
oiseaux, S. aucuparia, en écusson, en fente ou en couronne.
Le Sorbier hybride réussit sur Cognassier, et mieux sur Aubépine,
rez terre.
Éviter les étalons chancrés, surtout pour le Cormier, Cormus,
Sorbier domestique. Cette espèce réussit encore sur Sorbier, franc de
pied.
Ébourgeonner sévèrement l’Aubépine, lorsque la greffe se
développe, et palisser aussitôt.

[170]

Spirée (Spirea) — [75]Exochorda.


Famille des Rosacées, § Spiréacées.

Sujet. — Type de la variété à propager.


Greffage. — Sur racine : en couronne (fig. 115), ou en fente de côté
(fig. 120) ; en placage à l’anglaise (fig. 125), ou anglaise simple (fig.
80) ; août-septembre. — Sous verre.
Observations. — Les Spirées se propagent par semis, bouture,
marcotte, division, sauf l’espèce à grande fleur, Exochorda
grandiflora, qui constitue un genre spécial et se multiplie
difficilement ; on a recours au greffage de ses rameaux sur ses propres
racines.
M. Treyve pratique cette opération du 15 août au 15 septembre, de
la façon suivante :
Après avoir arraché une touffe d’Exochorda, il coupe les racines
saines par tronçons de 0m,05 à 0m,08, et les classe en trois catégories :
1o Les grosses racines sont greffées en couronne, l’écorce non
fendue. En palpant le sujet-racine entre l’index et le pouce, l’écorce se

372
sépare suffisamment pour laisser glisser le greffon ;
2o Les moyennes racines sont greffées dans l’aubier (fig. 66) ou en
placage anglais (fig. 125) ;
3o Et les petites, à l’anglaise simple (fig. 80).
Les racines ainsi travaillées sont mises en godet de 0m,05 à 0m,06,
avec compost de vieux terreau, terre franche et terre de bruyère, et
placées sur couche jusqu’au sommet de la greffe. Une étouffée de 15
à 25 jours, sous châssis garni de mousse, suffira. À ce moment, les
plantes sont faites, on les aérera graduellement.

[171]

Sureau (Sambucus).
Famille des Caprifoliacées, § Sambucinées.

Sujet. — Sureau noir, Sambucus nigra (bouture, fragment


radiculaire et plançon bouture).
Greffage. — En fente sur racine (fig. 120) et sur tige ; février-mars.
Sous verre.
Observations. — Le greffage en basse tige est applicable aux
variétés du Sureau pubescent, S. pubens ou S. spectabilis, et
particulièrement aux S. plumosa et roseiflora qui réussissent
difficilement au bouturage. La greffe sur tige est applicable aux
espèces à rameaux retombants ou portant un feuillage gracieux.
Le sujet du greffage en basse tige est un fragment de racine ou un
plant racine étêté au-dessous du collet. Greffage en demi-fente (fig.
120), en mars, sous verre, avec des greffons conservés.
Le sujet du greffage sur tige est un plançon bouture, de 1m,50 à 2
mètres de longueur, cette simple baguette coupée à l’automne est mise
en pot aussitôt ; celui-ci émoussé et ficelé est rentré à l’abri. Au mois

373
de février, on le greffe en demi-fente, à la hauteur voulue pour le
branchage. Ligaturer, engluer. Il est placé ensuite, droit ou incliné, sur
la bâche de la serre à multiplication chauffée de + 15° à 18°.
Bassiner le corps du sujet deux ou trois fois par jour. Au printemps,
on le met en place, à la pépinière, à mi-ombrage, avec un tuteur qui
dépasse la greffe. Tel est le procédé suivi et réussi par Georges
Boucher, horticulteur à Paris.

[173]

Taxodier (Taxodium) — [86]Glyptostrobus.


Famille des Conifères, § Cupressinées Taxodinées.

Sujet. — Taxodier distique, vulg. Cyprès de la Louisiane, Taxodium


distichum (semis).
Greffage. — En fente (fig. 114) ; avril. — En placage (fig. 113) ;
août. — Sous verre.
Observations. — La greffe en fente ordinaire, avec sujet étêté, sera
mieux assurée si elle est pratiquée sous verre.
La greffe en placage permet d’opérer sur un sujet entier, avec
bourgeon d’appel.
En plein air (avril), il convient d’engluer la greffe et de la préserver
de l’air avec un écran.
Le Glyptostrobus se greffe sur le Taxodier, en demi-fente (fig.
114), sous abri vitré.

[174]

Thuia — [175]Thuiopsis.
Famille des Conifères, § Cupressinées Thuyopsidées.

374
Sujet. — Thuia du Canada, T. occidentalis. — Thuia de Chine,
Biota orientalis (semis).
Greffage. — En placage (fig. 113). De côté dans l’aubier (fig. 67) ;
février ou septembre. Sous verre. — En fente sur bifurcation (fig.
77) ; avril-mai. — En pied ou sur tige.
Observations. — Choisir pour sujet un plant trapu, dont la racine
ne soit pas fatiguée.
Au greffage des variétés à développement restreint, Th. nana,
globosa, dumosa, pygmea, etc., on peut opérer sur plant à racine nue ;
mais on les empotera au sortir de l’étouffée.
Le Thuia de Lobb, Thuia Lobbii, connu sous les noms de Thuia
Menziesii (Carr.), de Thuia gigantea (Lavall.), réussit mieux sur le
Biota de Chine.
Le Thuiopsis à feuille en doloire, Thuiopsis dolabrata, et var. læte-
virens, nana, variegata, Conifères robustes de troisième grandeur,
seront greffés sous verre, en placage (fig. 113), sur le Thuia du
Canada ou sur le Biota de Chine.

[176]

Tilleul (Tilia).
Famille des Tiliacées.

Sujet. — Tilleul de Hollande, Tilia mollis (semis).


Greffage. — En écusson (fig. 91 et 94) ; à œil poussant, avril ; à œil
dormant, août. — Sous écorce par rameau (fig. 48 et 49) ; en juillet-
août. — Par approche, en tête (fig. 42) ; mai. — Placage à l’anglaise
(fig. 56) ; août. — En pied ou sur tige.
Observations. — Le sujet doit être assez gros pour recevoir la
greffe ; mais la reprise du bourgeon-écusson est plus certaine sur un
sujet jeune ou sur une flèche des dernières années.

375
Quand l’écorce du sujet est trop épaisse pour l’écusson, on pratique
la greffe sous écorce (fig. 48 et 49), ou le placage à l’anglaise (fig.
56).
Les variétés de Tilleul argenté et de Tilleul d’Amérique seront
greffées en pied, afin d’éviter un bourrelet proéminent sur la tige.
Les non-réussites de l’écussonnage ont fait étudier des procédés
plus précis de la propagation du Tilleul argenté, qui ne se reproduit
pas identiquement par le semis.
M. Desfossé à Orléans et ses confrères repiquent dans le sable, sous
cloche au printemps, les jeunes plants du Tilleul de Hollande ; en
juillet-août, ils les greffent en demi-fente, en ménageant un œil
d’appel (voir a, fig. 114).
Chez M. Croux, à Sceaux, les plants âgés de deux ans (un an de
semis, un an de repiquage) sont arrachés en août, taillés court et
greffés à l’anglaise ou en placage. Les sujets greffés sont ensuite
enjaugés sous un châssis que l’on tient ombragé avec des paillassons,
pendant une huitaine de jours. En hiver, on évitera l’excès
d’humidité ; au printemps, on dépanneautera la bâche. Dix-huit mois
après le greffage, les sujets repris seront plantés en pépinière.
Au Sud et à l’Ouest de la France, on réussit parfaitement le Tilleul
argenté, en plein air, par l’écussonnage dormant pratiqué fin
septembre, et quelquefois à œil poussant, en avril-mai.
Dans nos cultures, c’est la greffe par rameau sous écorce, simple
(fig. 48) ou à l’anglaise (fig. 49), fin été, qui donne les meilleurs
résultats.
Le Tilia dasistyla ou euchlora est docile à la greffe par rameau sous
écorce, en août.
Pour propager les variétés à rameaux retombants, MM. Grolez, à
Ronchin-Lille, greffent à haute tige, par approche en tête et à
l’incrustation, des sujets du Tilleul de Hollande ; ceux-ci ont été

376
contreplantés depuis un an, près de l’étalon, et sont étêtés au moment
du greffage.

[178]

Troène (Ligustrum).
Famille des Oléacées.

Sujet. — Troène commun, Ligustrum vulgare. — Troène de Chine,


L. Ibota. — Troène à feuille ovale, L. ovalifolium (semis, bouture).
Greffage. — En fente (fig. 110, 114). En placage (fig. 56, 118). En
incrustation fig. 119) ; mars et août. Sous verre. — En écusson (fig.
91, 95). Par rameau sous écorce (fig. 48, 49) ; juillet. À l’air libre. —
En pied ou sur tige.
Observations. — Les variétés de Troènes à feuillage persistant
seront greffées en pied, et à l’étouffée, sur de jeunes plants isolés ou
groupés en pot. Cette opération aura lieu dès juillet-août, quand le
greffon semi-herbacé sera assez lignifié, jusqu’à la fin de l’hiver ; à
cette dernière saison, moins favorable que la première, la greffe se
fera toujours à l’étouffée, mais en serre, avec des greffons ligneux.
On conservera les feuilles au greffon ; le mode de greffage pourrait
être la demi-fente (fig. 114) sur plant raciné, mis en pot à la dernière
heure.
Les variétés à feuilles caduques réussissent sur le Troène commun
par l’écussonnage (fig. 91) ou par la greffe de rameau sous écorce
(fig. 48 et 49). On opère sur des plants de semis.
Où le Troène à feuille ovale ne gèle pas, on l’emploiera au titre de
sujet, car il drageonne moins que le Troène ordinaire. Sur tige, on
greffera en fente les variétés à bois court, le T. à feuille coriace, ou à
bois grêle, le T. de Quihou, en abritant la jeune greffe avec un
capuchon.

377
La variété Ibota du Troène de Chine, plus robuste, s’élève vite et
remplit le même but.
À Toulouse, on greffe sur le Troène du Japon, L. japonicum, ses
variétés ; greffe en couronne à la pousse, plantation immédiate en
plen air.
[106]Le
Ligustrina de l’Amour, Lig. amurense, qui semble relier les
genres Lilas et Troène, dont il est peut-être un démembrement, peut
également se greffer sur ce dernier sujet.

[179]

Tulipier (Liriodendron).
Famille des Magnoliacées.

Sujet. — Tulipier de Virginie, Liriodendron tulipifera (semis).


Greffage. — Par approche (fig. 42) ; mai-juin. — En fente (fig.
114). En placage (fig. 56) ; de mai en juillet. Sous verre. — En pied
ou sur tige.
Observations. — Le Tulipier est un des arbres les plus difficiles à
réussir au greffage.
En toute circonstance, il faut que le greffon soit couronné par l’œil
terminal. Il est prudent d’embouer ou d’emmousser greffe et greffon.
Avec la greffe en placage, sous cloche, l’opération réussit, mais une
partie des plants greffés fondent en hiver, surtout quand le sujet
manque du bourgeon d’appel.
Si pour le greffage en approche, à l’air libre, on ne se sert pas de
sujets en pot, il faut en planter de jeunes, et assez longtemps à
l’avance pour qu’ils soient bien repris et vigoureux. On laissera le
sujet greffé deux ans sur mère, avant sevrage, et on le déplantera au
printemps, après une année de végétation libre.

378
M. Octave Thomas, de Metz, a vu dans le midi de la France,
écussonner avec succès les quelques variétés du Tulipier ; mais lui-
même a échoué sous le climat messin, plus rigoureux.

[180]

Vigne (Vitis).
Famille des Ampélidées.

La multiplication de la Vigne étant facile par le bouturage, même à


un seul œil, il est rare que l’on ait recours au greffage pour propager
une variété de Vigne.
Au début de l’invasion phylloxérique, le viticulteur qui voulait
obtenir beaucoup de sarments des cépages américains, lents à
s’enraciner, en introduisit des rameaux sur des souches françaises
encore vivaces, par la greffe-provin (A, fig. 126) : insertion, à la façon
de la greffe anglaise à cheval, le greffon étant couvert de terre (B)
jusqu’à l’œil supérieur. Ce procédé fut déjà employé, vers 1830, par
Filliette, à Rueil.
[fig126]

379
Fig. 126. — Greffe-provin d’un sarment bouture.

Lorsque le sujet manque du sarment porte-greffe, on greffera sur


souche (fig. 127), en fente ou en incrustation ; le greffon (fig. 128,)
taillé en biseau (a, p), enté et couvert de terre jusqu’à l’œil de tête,
s’enracinera et produira des sarments pour la propagation de l’espèce
nouvelle.
[fig127][fig128]

380
Fig. 127. — Greffon sur tronçon Fig. 128. — Greffons
de Vigne. de Vigne.

Voir plus loin l’application du greffage dans la grande culture et


contre les attaques du phylloxéra (p. 425 et suivantes).

[181]

Viorne (Viburnum).
Famille des Caprifoliacées, § Sambucinées.

Sujet. — Viorne mansienne, V. Lantana (semis). — Viorne obier, V.


opulus (semis ; bouture).
Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En placage (fig. 118) ; août-
septembre. Sous verre.

381
Observations. — Choisir de jeunes plants âgés d’un an, mis en pot,
et d’un genre correspondant avec le genre ou l’espèce à greffer.
Greffer à fleur de terre, plutôt au-dessous qu’au-dessus du collet
des racines (fig. 110, 124).
Les Viornes reprennent de bouture, sauf la variété à grosse tête, V.
macrocephalum ; alors on la greffera sur la Mansienne, quelquefois
sur la Viorne obier. La Viorne plissée, V. plicatum, est dans le même
cas. — Détruire les rejets.
Le Laurier-tin, Viburnum tinus, réussit sur tige de Viorne
mansienne, en placage, sous verre. Ses variétés sont greffées ainsi ou
sur tige de Laurier-tin, plant vigoureux, bien choisi.

[182]

Widdringtonia (Widdringtonia).
Famille des Conifères, § Cupressinées.

Sujet. — Genévrier de Virginie, Juniperus virginiana (semis).


Greffage. — En placage (fig. 113) ; septembre, Sous verre.
Observations. — Ce genre de Conifères, assez sensible au froid,
réussit mal de bouture et vit en serre froide, sous le climat de Paris. Il
sera élevé par semis ou greffé sur le Genévrier de Virginie,
quelquefois sur le Cyprès pyramidal.

382
IX. — MISE À FRUIT DES VÉGÉTAUX PAR LA
GREFFE

Par sa propre influence, le greffage excite la floraison et la


fructification des végétaux.
Nous examinerons les circonstances où la pratique horticole
peut en tirer parti.
[1]

rôle du bourrelet de la greffe dans la floraison


et dans la fructification

Le bourrelet de la greffe, placé à la jonction des deux parties


soudées, forme point d’arrêt et tamise pour ainsi dire le courant
séveux. Il paraît démontré que sa présence ralentit les arrivages,
sur les branches, de la sève brute des racines en y accumulant,
au contraire, la sève élaborée par l’action respiratoire des
organes aériens ; le liber devient plus riche en carbone et les
bourgeons portent dans leurs flancs de sérieux éléments de
fécondité.
Donc, à conditions égales, un arbre greffé sera plus disposé à
fleurir et à fructifier qu’un sujet de la même espèce, franc de
pied.
Il est certain que sans le greffage on ne pourrait réunir, dans
un même sol, toutes les variétés de Poirier, de Pommier, de
Prunier, de Cerisier, de Pêcher, d’Abricotier ou d’Oranger.
383
En supposant que ces mêmes variétés puissent se reproduire
par semis, par bouture, par marcotte ou drageon, ne voyons-
nous pas dans le vignoble, à l’appui de notre thèse, depuis que
l’affranchissement du greffon est évité, ne voyons-nous pas,
grâce au greffage, prospérer et fructifier certains cépages
étrangers qui, jusque-là francs de pied, s’y étaient refusés ?
Si du jardin fruitier nous pénétrons dans le parterre, nous
pouvons rencontrer toutes les variétés de Rosier, de Lilas, de
Clématite, d’Azalée, de Camellia, de Rhododendron, aux
formes multiples, vigoureuses et couvertes de fleurs, ayant le
bourrelet de la greffe au pied, alors que le bouturage et le semis
seraient impuissants à nous procurer ces délices ! Or, la
floraison, n’est-ce pas le prélude de la fructification ?
Ne serait-ce pas l’occasion de signaler ici un fait assez rare
du greffage réitéré ? Il s’agit du Rhododendron javanais.
Ainsi que nous l’avons dit p. 354, le Rh. Princess royal, à
fleur rose, de cette série, issu de la fécondation du Rh.
jasminiflorum blanc, avec le Rh. javanicum jaune, supporte
mieux que tout autre le greffage de ses congénères. En 1884,
chez Veitch à Chelsea, le Rh. javanicum greffé sur Princess
royal se développe avec énergie ; immédiatement le chef de
culture, Georges Schneider, cueille un greffon à ce nouvel
arbuste et le porte sur un autre Princess royal.
spécimens de la coupe du bourrelet de la greffe.

[fig129][fig130][fig131]

384
Fig. 129. — Pommier Fig. 130. — Poirier Fig. 131. — Cerisier
sur pommier. sur cognassier. sur Mahaleb.

Qu’arriva-t-il ? La première plante toujours vigoureuse


devint multiflore, et ses corolles plus larges, mieux étoffées et
d’une nuance plus foncée que sur l’arbuste premier étalon. À
son tour, la seconde plante devint une « merveille » de
végétation et de floribondité. La fleur, plus riche encore dans
son ampleur et dans son coloris, passait du jaune à l’orange
saumoné.
Faut-il rapprocher cet incident de greffage de nos
observations relatives, à l’Abutilon, p. 206, et chercher le rôle
du bourrelet de la greffe ?

385
Nous donnons ici la coupe de différents bourrelets de greffe
montrant la structure intérieure des deux parties à leur point de
rencontre.
La fig. 129 reproduit la greffe du Pommier (A) sur son
propre sauvageon (B) ; la fig. 130, d’un Poirier (C) sur
Cognassier (D) ; la fig. 131, le rapprochement du Cerisier (E)
avec le Mahaleb (F).
[2]

amélioration du fruit d’un arbre greffé sur lui-


même ou par surgreffage.

Le rôle du bourrelet de la greffe que nous venons d’esquisser


est quelquefois insuffisant lorsque, par exemple, l’arbre produit
des fruits tavelés d’une façon anormale.
Il convient alors de regreffer l’arbre sur lui-même, c’est-à-
dire que des greffons de la même sorte, sains d’origine, seront
insérés sur les branches de l’arbre et même sur la tige
principale, à la condition qu’il y ait une distance suffisante avec
le bourrelet primitif.
En 1656, une de nos célébrités, Claude Mollet recommandait
la greffe sur greffe, par exemple le greffage du Poirier Bon-
Chrétien sur Catillac, pour « hâter la fructification, augmenter
le volume des fruits et les rendre plus suaves ». Le raffinement
de la saveur n’était certes pas emprunté à la poire de Catillac,
mais le Théâtre d’Agriculture reconnaissait ainsi l’influence du
bourrelet de la greffe.
[fig132]

386
Fig. 132. — Branche d’Abricotier surgreffée en pêcher.

387
Faut-il rappeler encore les beaux espaliers de Doyenné
d’hiver et de Beurré d’Hardenpont au potager de Versailles,
greffés sur Cognassier par l’intermédiaire du Poirier de Curé
(fig. 121) ?
Un amateur distingué de Marseille, M. Paul Giraud, surgreffe
sur eux-mêmes ses arbres fruitiers vigoureux afin d’en hâter la
mise à fruits. Il a obtenu la fertilité du branchage, la grosseur et
la qualité du fruit avec les pêches précoces Amsden, Alexander,
Rouge de mai, et similaires, qu’il avait inoculées sur des
rameaux gourmands d’Abricotier (fig. 132), l’arbre étant déjà
enté sur Prunier. En 1768, l’agronome Duhamel du Monceau
recommandait cette opération.
Et sous le verre, le vigoureux Buckland swetwater ne
devient-il pas fertile, greffé sur le Frankenthal ?
N’avons-nous pas remarqué, dans le Bordelais, des ceps de
Cabernet greffés hors terre, non affranchis, exempts de coulure
au milieu de plants de la même sorte francs de pied, atteints de
cette atrophie du raisin ?
C’est l’occasion de rappeler le mot de Hardy père : « Greffez
le Chasselas Gros-Coulard, serait-ce sur lui-même, et vous
combattrez la coulure ! »
Nous constaterons, au chapitre XI (p. 429) l’amélioration de
la qualité du vin des vignes greffées, même sur cépage au goût
foxé.
[3]

388
fructification, par la greffe, des arbres stériles ou
peu productifs

D’après la logique stricte du règne végétal, les arbres stériles


sont ceux qui ne peuvent se féconder eux-mêmes, par suite de
la séparation des sexes ; tels sont les végétaux dioïques, comme
l’Aucuba, l’Idésia, le Pistachier, le Maclure, le Caroubier, le
Cannellier, le Gingko et divers Conifères.
[fig133]

389
Fig. 133. — Aucuba femelle, fructifiant après la fécondation des rameaux du type
mâle, greffés sur la plante.

Le greffage permet d’inoculer une branche mâle sur un arbre


femelle ; au moment de la floraison, elle le fécondera, lui et ses

390
voisins du même genre. Le greffage contraire, rameaux
apportant l’élément pistillé sur le sujet mâle se pratiquera de
même ; le résultat fructifiant sera semblable si l’on a conservé
suffisamment de la partie staminée.
On peut ainsi transformer le sexe ou le produit d’un
branchage ou d’un arbre dioïque.
Nous représentons ici un Aucuba femelle (F, fig. 133), sur
lequel on a greffé le rameau (M) du type mâle, soit par le
procédé dans l’aubier M’ sur F’, soit par la greffe en tête M" sur
F". Il en est résulté une fécondation naturelle suivie de la
fructification de l’arbuste.
Il est encore une amélioration que le greffage peut amener
sur les arbres qui réunissent étamines et pistils dans la même
fleur, et qui n’en sont pas moins sujets à la coulure, par suite
d’un vice de l’organe mâle ; il suffirait d’y greffer une branche
de variété staminifère et prolifique, mais épanouissant ses fleurs
à la même époque que les premiers.
[4]

transport, par la greffe, des éléments fructifères


d’un arbre sur un autre

Enfin, il est possible de transporter les éléments fructifères


d’un arbre trop chargé sur un sujet moins favorisé, quand même
celui-ci serait d’une autre variété ; c’est au moyen de la greffe
de boutons à fruits.
Si l’arbre ainsi travaillé commence à produire des fruits qui
ne sont pas les siens, il ne tarde pas à modifier ses allures

391
indépendantes et à rentrer dans la loi commune qui veut que
tout arbre fruitier donne des fruits.
Voici comment on pratique cette greffe qui rentre, dans le
groupe 1er du greffage par rameau : Greffe de côté sous écorce
(page 98).
[4.1] Greffe de boutons à fruits. — La bonne saison de la
« greffe à fruit », ainsi qu’elle est appelée vulgairement, est en
août, quelquefois en juillet, rarement en septembre. Greffé trop
tôt, le bourgeon pousse et s’annule ; trop tard, il ne peut plus se
souder et meurt complètement.
Les greffons sont choisis sur les arbres chargés de dards, de
lambourdes, de boutons fructifères, et qui doivent en être
déchargés par la taille. On les détache de l’étalon au moment de
s’en servir ; on a soin de couper leurs feuilles aussitôt et de
tenir le greffon au frais dans un vase rempli d’eau ou garni de
mousse humide.
Un greffeur habile sait les utiliser par des procédés différents.
La figure 134 montre deux greffons préparés. Les biseaux (E,
G) sont taillés sur le dos et à la base du greffon. Le sujet (F) a
été incisé en T et, sous les écorces soulevées, le greffon (D) a
été inséré. Parfois, on est obligé d’entamer l’écorce à la tête du
T pour faciliter le glissement du greffon.
La solidité du greffon sera mieux assurée avec le greffage
sous écorce à l’anglaise (fig. 49).
Un greffon allongé n’est pas à rejeter ; il suffira que le biseau
occupe une plus grande étendue, soit environ la moitié de la
longueur totale de la greffe ; de cette façon, quelque bouton

392
fruitier placé sur le dos du greffon pourra se trouver enchâssé
dans l’incision du sujet.
[fig134][fig135]

Fig. 134. — Greffe de brindille fruitière Fig. 135. — Greffe de


(Poirier). lambourde.

Souvent le greffon est un rameau excessivement court ou un


simple bouton à fruit (fig. 135) ; il sera utilisé comme écusson
boisé ou petit rameau avec embase (Voir fig. 50, p. 104).
On le lèvera avec une plaque d’écorce et d’aubier (B) longue
de 0m,03 à 0m,06. On se gardera bien de lui retirer la moindre
esquille ligneuse au revers de l’embase ; il suffira d’en polir la
surface pour assurer son adhérence, puis on l’inoculera (C) sur

393
le sujet (A), par une incision formant T (fig. 92, p. 170) ou +
(fig. 93).
La ligature doit être strictement serrée partout ; on couvrira
les joints avec de la boue, du mastic ou une feuille d’arbre. La
ligature sera conservée jusqu’au commencement de l’été
suivant, alors que le nouage du fruit est assuré.
[fig136]

Fig. 136. — Greffe de dard fructifère, en couronne.

Si l’on a quelques lambourdes ou dards fructifères à greffer,


quand la sève n’est plus assez abondante, on emploiera la greffe
en fente d’automne, ou en couronne (fig. 136), au printemps.
Le Poirier est l’arbre qui se prête le mieux à cette opération.
Les variétés très fertiles et à gros fruit, telles que Marguerite
Marillat, Williams, Favorite de Clapp, Docteur Jules Guyot,

394
Colmar d’Arenberg, Duchesse d’Angoulême, Beurré Clairgeau,
Beurré Baltet père, Charles-Ernest, Passe-Crassane, etc.,
donnent ainsi de belles productions. Les poires Doyenné
d’hiver et de Saint-Germain y sont parfois aussi saines qu’en
espalier.
[fig137]

Fig. 137. — Produit de la greffe de boutons à fruits


(Poire Belle Angevine).

Le bouton à fruit conserve pendant quelque temps encore ses


dispositions fructifères. La figure 137 montre le résultat d’une
greffe âgée de dix ans, portant fruit chaque année. Nous avons
reconnu cet avantage depuis 1850, date de la pratique de la
395
greffe à fruits dans nos écoles fruitières. Nous en devons la
connaissance à Gabriel Luizet, horticulteur à Écully ; il en a été
le vulgarisateur, bien qu’elle eût été trouvée antérieurement et
dédiée à la famille Girardin, de Montreuil, aux portes de Paris.
M. Fr. Burvenich, arboriculteur à Gand, a inoculé ainsi le
fruit du Poirier sur l’Aubépine parasol, sur le Poirier à feuille
de saule, et sur une haie de Cognassiers. Nous avons fait
prendre de même le Sorbier et l’Alisier sur le Poirier.
Le Pêcher a des bourgeons renflés, disposés à fleurir et à
fructifier, que l’on peut utiliser par le procédé de l’écussonnage
ordinaire ou boisé appliqué sur des scions vigoureux. Mais
quand ces yeux sont placés au sommet de petites brindilles
trapues, dites bouquets de mai, la levée de l’œil est difficile ;
alors on a recours à la greffe par rameau sous écorce (fig. 48),
en ayant le soin d’allonger le biseau pour qu’il soit terminé par
une lamelle l’écorce. L’œil terminal est rigoureusement
conservé. L’incision en T du sujet est basée sur la longueur du
biseau du greffon à insérer ; le rameau greffé est de l’année
courante.
Ligaturer, garantir du soleil par une feuille d’arbre ; enlever
cette feuille avant l’hiver et retirer la ligature aussitôt les fruits
noués.

396
X. — RESTAURATION DES ARBRES PAR LA
GREFFE

Le greffage permet de rectifier la charpente défectueuse d’un


arbre ou de modifier, par la transformation de l’espèce, la
nature de son bois, de ses fleurs ou de ses fruits. Examinons les
moyens d’y réussir.
[1]

restauration de la charpente de l’arbre

La charpente irrégulière d’un arbre sera rétablie, du moins en


partie, au moyen de certains procédés de greffage décrits
précédemment. Nous les résumons dans le cas actuel.
[fig138]

[1.1]Réparation
de la tige. — Le sujet (X, (fig. 138), dont la
tige est chancreuse et garnie de rameaux à la base, sera réparé
au moyen de ses rameaux (Y) que l’on greffera en arc-boutant
(fig. 43) pendant la végétation, sur la tige même, au-dessus de
la plaie. Le cours de la sève, interrompu par la meurtrissure, se
trouvera rétabli.
À défaut de rameau à prendre sur l’arbre vicié, on plante un
sujet robuste (Z.fig. 138) à proximité du premier. Après une
année ou deux de bonne végétation, on coupera la tête du
greffon-arbre (Z) et on l’introduira. au-dessus du chancre de la
tige, par le greffage en arc-boutant, décrit page 84 et suivantes.

397
Quand un seul arbre ne suffit pas
pour cette régénération, on en plante
plusieurs autour de l’ancien et on les
greffe de la même manière. Par suite
de cette coopération, on pourrait
retrancher la base malade de la
première tige.
Déjà, vers 1754, l’agronome
Duhamel, dans sa propriété du
Monceau, transfusait par ce système
la sève d’une jeune tige dans les
vaisseaux d’arbres caducs, et leur
donnait une vie nouvelle. N’est-ce
pas un procédé analogue qui, en
1824, inspirait à Pirolle cette parole
sentimentale : « Ô mes bons parents !
pourquoi n’ai-je pu trouver aussi le
moyen de prolonger vos jours ? »
De son côté André Michaux,
l’explorateur des forêts du nouveau
monde, étudiait en 1780, dans les
bois de Satory, l’application de la
greffe en approche pour obtenir avec Fig. 138. — Greffe par approche
les arbres quelques dispositions ou pour réparer une tige
tournures utilisées par l’industrie. défectueuse.
Voici un autre exemple de tige à réparer.
Une décortication annulaire (B, fig. 139) sera atténuée dans
son effet par l’introduction, sur son périmètre, de rameaux-
greffons (E) placés de bas en haut, dans l’incision (D), sous

398
écorce et sur aubier (au-dessus et au-dessous des lignes
ponctuées CC) ; chaque extrémité du greffon est taillée en
biseau plat aussi allongé que possible ; l’œil ménagé au revers
bourgeonnera et facilitera la soudure. L’opération sera faite au
début de la sève avec des rameaux de l’année précédente, ou à
la fin de l’été avec des rameaux de l’année courante ; on les
préserve du hâle par un badigeonnage de boue ou d’argile. Les
courants séveux ne tardent pas à être rétablis.
À la suite de l’invasion de 1870, Duval père a réparé de cette
façon, à Versailles, des arbres décortiqués en partie par les
chevaux de l’armée. Le greffage vient aider encore à compléter
l’ossature d’une forme symétrique.
[fig139]

399
Fig. 139. — Réfection d’une tige ulcérée ou décortiquée.

Ainsi des Pommiers (fig. 140) de vigueur analogue peuvent


être soudés par la greffe en approche (sans que cela soit
nécessaire à leur existence). Si la vigueur était inégale, il
vaudrait mieux les attacher l’un à l’autre avec un lien.
Il pourrait se faire que, par suite d’un accident ou d’une
faible végétation, le rapprochement naturel de deux sujets
devînt impossible. On remédie à cet état de choses par la greffe

400
de raccord ou en rallonge (fig. 141) signalée en 1860 par Jules
Ricaud, de Beaune, après un essai dû à Gorget, pépiniériste.
[fig140]

Fig. 140. — Cordon de Pommiers soudés par la greffe en approche.

Le sujet (A) ne pouvant atteindre son voisin (B), nous


prenons un rameau (C) bien constitué de l’année courante si
nous opérons en août, et de l’année précédente si l’on est au
mois d’avril. La base du greffon est taillée en double biseau
(E) ; nous l’introduisons sous l’incision (D), pénétrant l’aubier
du sujet, par le procédé de la greffe de côté dans l’aubier (fig.
65, p. 130).
L’autre extrémité du greffon est entamée en F, à l’endroit qui
doit porter sur le second sujet et s’y agrafera (G) par la greffe
en approche anglaise (fig. 39), ou se glissera sous son écorce
par la greffe en arc-boutant (fig. 43, p. 86).
[1.2]Restauration des membres de charpente. — Chez les
arbres fruitiers, la charpente peut avoir des lacunes qu’il
importe de renouveler ou de réparer.
[fig141]

401
Fig. 141. — Greffe en rallonge ou de raccord, pour deux arbres qui ne pouvaient se
joindre.

Lorsqu’il s’agit d’obtenir un membre entier, sans que l’on


puisse approcher un deuxième arbre, on peut insérer des
greffons sur la tige dénudée. Quand la tige est jeune, l’écusson
suffit ; mais avec des écorces épaisses, il faut un greffage par
rameau : 1o en placage avec lanière (fig. 58) ; 2o par rameau
simple sous écorce (fig. 48 et 49) ; en œil-de-bœuf ou en coulée
(p. 100) ; 3o par rameau avec embase (fig. 50) ; 4o en
incrustation latérale (fig. 61). Si l’écorce ne se prête pas au
greffage de côté, on tranche le membre au vif et on lui applique
la greffe en couronne.
Un moyen assez prompt de réparer la perte partielle d’un
membre sur une palmette candélabre (fig. 142), consiste à
planter à ses côtés un jeune sujet qui simule, par son port et son
allure, la branche charpentière absente.
Quand il y a possibilité de greffer par approche en arc-
boutant (fig. 43) les deux sujets, on pratique ce greffage au
moins une année après la plantation du jeune arbre.
[fig142]

402
Fig. 142. — Sujet greffé par approche, pour suppléer à l’absence d’un membre de
palmette candélabre.

Une branche cassée sera remplacée au moyen des greffages


par rameau pratiqués sur le moignon de la branche meurtrie.
La greffe par approche en tête (fig. 42) vient aider à rétablir
une tige ou une flèche brisée. Si l’on en croit Columelle, il
faudrait faire remonter cette application à Varron, il y a deux
mille ans.
[fig143] Lorsqu’une branche manque sur une tige encore
vivace, la greffe-bouture peut rendre quelques services. Le sujet
(B, fig. 143) a, vers sa base, une lacune ; à la montée de la sève,
on plantera (en F) à proximité du sujet, le rameau (A) retardé à
l’ombre et en jauge. On l’entaillera en face d’un œil (C) pour le

403
plaquer dans l’incision (D) du
sujet. Ligaturer (E), butter de
terre jusqu’à la greffe et
embouer la tête du greffon.
Si l’insuffisance de la
longueur du greffon ne permet
pas à la fois de le bouturer dans
le sol et de le marier au sujet,
nous y suppléerons par
l’introduction de la base du
greffon dans une fiole pleine
d’eau ou dans un vase rempli
de terre.
Le greffage mutuel des
membres de charpente n’a pas
donné les résultats promis au Fig. 143. — Greffe par rameau-bouture.
début ; contrairement aux espérances, le fort anéantit le faible.
Le cas est rare où il y ait utilité à relier, par la greffe, les
branches charpentières d’un arbre. Nous avons vu Alphonse
Mas, à Bourg, chercher ainsi le moyen de ne plus tailler les
membres de ses pyramides ailées, et Louis Verrier unir ses
fuseaux, ses vases, ses palmettes contre l’action du vent, assez
violent sur le plateau de la Saulsaie, dans la Bresse.
Alexis Lepère fils, de Montreuil, soudait de cette façon les
sommités des branches verticales du Pêcher (fig. 144), alors que
son père exécutait des « tours de force » comme celui que nous
figurons ici (fig. 146), d’après photographie.
[fig144][fig145]

404
Fig. 144. — Greffe des membres Fig. 145. — Caractères de
de charpente. l’alphabet formé dans un arbre.

Les dessins et les inscriptions (fig. 145) obtenus avec des


arbres torturés, mis à la mode par F. Simon, amateur à Crécy-
en-Brie, sont du domaine de la fantaisie.
[1.3]Garniture de branches dénudées. — Une série de
procédés permet de garnir de brindilles et de ramifications les
branches dénudées.
[fig146]

405
Fig. 146. — Disposition obtenue par le greffage et le palissage d’un groupe de
Pêchers.

D’abord, s’il y a des rudiments de bourgeon, nous excitons


leur développement au moyen de crans (C, fig. 147) ouverts à

406
0m,001 ou 2 millim. au-dessus d’eux, ou de petites incisions
longitudinales (i, i, fig. 148) pénétrant l’écorce au-dessus de
l’œil jusque sur le coussinet. Pendant le cours de la sève,
l’incision s’est élargie et cicatrisée (I, I) ; les bourgeons sont
devenus rameaux.
[fig147][fig148]

Fig. 147. — Cran au-dessus d’un œil, Fig. 148. — Incision sous un œil, pour
pour exciter sa végétation. exciter son développement.

407
Si les yeux naturels sont absents, la greffe peut remédier à cet
état de choses. Nous laissons de côté l’écussonnage, qui ne
saurait convenir aux vieilles tiges ; les greffes par rameau sous
écorce (fig. 48, 49, 50), placage à l’anglaise (fig. 56) ou avec
lanière (fig. 58), trouveraient ici leur emploi.
Nous avons remarqué, au jardin de la Société d’horticulture
de Reims, la tige nue de Pommiers garnie au moyen de
rameaux greffons insérés sous écorce, en coulée, la tête en bas.
Le développement de la greffe se redresse après une légère
courbure du bourgeon terminal.
Un procédé assez fréquent est l’emprunt de rameaux aux
branches voisines ; on les dirige suivant leur destination, pour
les greffer en mai-juin, par approche ordinaire ou en arc-
boutant.
[fig149]

408
Fig. 149. — Greffe par approche, pour garnir une branche charpentière de
Pêcher.

La figure 149 représente une branche de Pêcher à regarnir.


Au commencement de l’été, nous prenons un rameau herbacé
(D), et l’appliquons sur la branche pour le greffer par approche
en placage (voir fig. 37). Le greffon sera entamé en face d’un
œil (C) et on l’enchâssera dans l’incision du sujet ; l’extrémité
(B) continuera à se développer. Il en résultera une bonne
branche fruitière, après sevrage, l’année suivante.
Au lieu d’entamer la branche charpentière du Pêcher, on
pourrait se contenter de soulever l’écorce par une triple incision

409
(C, fig. 150), si l’état de sève le permet, et l’on y appliquerait le
greffon préparé en D, à l’opposé d’un œil.
[fig150]

Fig. 150. — Greffe par approche du Pêcher sous écorce.

410
À défaut d’un rameau placé dans le sens de la branche
dénudée, nous avons inséré obliquement celui qui pouvait y être
amené, traversant la couche d’écorce en travers, sans pénétrer
l’aubier, système Forsyth (voir page 77).
Le greffage en arc-boutant, par œil (fig. 151) ou par rameau
(fig. 44), est avantageux à la restauration des branches
dégarnies de brindilles.
[fig151]

Fig. 151. — Rameau greffé par approche en arc-boutant sur une branche de
Pêcher.

Avec le Pêcher, si le greffon (H, fig. 151) est terminé par un


œil (I) commençant à bourgeonner, on mutilera la feuille (F)
placée au talon pour maintenir rapprochés ses premiers yeux,

411
condition essentielle du traitement rationnel appliqué à la
branche fruitière du Pêcher.
L’arboriculteur Antoine Piedloup a, l’un des premiers,
recommandé cette greffe (fig. 43).
En 1850, Touchard, du Havre, la complique avantageusement
par l’adjonction du rameau anticipé, ainsi qu’on le voit figure
44, page 87.
La Vigne (fig. 152) se prête au greffage en approche de
sarments sur les parties dépourvues de coursons. Nous avons
réussi en juin 1868, par la greffe en approche herbacée (A),
avec légère encoche à l’anglaise (fig. 39 et 40, p. 80 et 81).
[fig152]

Fig. 152. — Greffe par approche, pour garnir une branche de Vigne.

Le sevrage a lieu, après soudure complète, vers la fin de l’été


ou au printemps suivant.

412
[2]

renouvellement de l’espèce de l’arbre

Quand l’espèce d’un arbre ne convient pas, s’il est


vigoureux, sain et relativement jeune, on le greffera sans
crainte ; la nouvelle variété donnera promptement ses produits,
sans qu’ils aient rien emprunté aux défauts ou aux qualités des
précédents.
L’arbre fruitier étant ici principalement en cause, nous
bornerons nos conseils aux sujets de cette catégorie, bien qu’ils
soient applicables aux essences forestières ou ornementales.
La Vigne peut être modifiée dans la nature de son cépage. On
plante au pied de la souche à modifier, soit un sarment bouture
(fig. 153), soit mieux encore un plant racine (fig. 154) ; au
réveil de la sève, le greffon légèrement écorcé vient se caser
dans une rainure pratiquée en tête du cep. Il serait préférable,
souvent, d’opérer sur un jeune sarment tenant à la souche.
[fig153][fig154]

413
Fig. 153. — Greffe par Fig. 154. — Greffe par approche en tête, avec
approche en tête, avec plant raciné.
sarment-bouture.

[3]Dansle greffage des gros arbres, il faut tenir compte du


développement du sujet.
Plus un arbre est fort, plus nombreux y seront les greffons.
La figure 155 représente un arbre assez fort, prêt à recevoir les

414
greffons en nombre proportionné à l’ampleur du branchage.
[fig155] Ici, nous adoptons la greffe en
couronne (fig. 51) ; elle n’oblige pas à
fendre le sujet. Si les couches corticales
de l’arbre sont trop rugueuses, nous
employons la greffe en tête, dans
l’aubier (fig. 63, 64. p. 128) ou par
placage (fig. 57).
En même temps que l’on greffe de
gros arbres, on attache des tuteurs sur les
moignons pour y accoler plus tard les
nouveaux rameaux qui pourraient être
brisés par le vent (fig. 106, p. 196).
On nettoie l’écorce du sujet, on y
passe ensuite un lait de chaux et on
renouvelle la terre végétale autour des
Fig. 155. — Gros arbre racines. Ces travaux seront faits pendant
préparé au greffage. l’hiver, en même temps que l’on
pratiquera l’amputation préalable et sommaire des branches à
greffer.
Les arbres en basse tige seront restaurés d’après les mêmes
principes.
Les buissons, évidés par la suppression des branches inutiles
ou trop rapprochées, seront greffés à la naissance des
bifurcations.
Les vases ou gobelets devront être regreffés sur les membres
qui forment la charpente du sujet, à une hauteur semblable.
L’éventail sera greffé sur ses ramifications principales ; le
tronçonnement des branches est calculé de façon que,
415
raccourcies, elles continueront à figurer la ramure de l’éventail.
[fig156]

Fig. 156. — Regreffage d’un arbre formé en candélabre.

416
Le cordon vertical ou oblique, pourrait être regreffé aussi bas
que possible. Le cordon horizontal sera renouvelé à la hauteur
du coude formé par la tige simple ou bifurquée.
La palmette à branches horizontales ou obliques sera
restaurée sur chacun de ses membres. Quand la charpente
comporte un certain nombre d’étages de branches, on en
retranche environ le tiers supérieur et on coupe la tige à cette
hauteur. Les branches seront raccourcies graduellement, celles
de la base plus allongées.
Le candélabre (fig. 156) est regreffé sur ses membres
principaux. En A, le greffon couronné par son œil terminal a
fourni un rameau direct de prolongement. En B et en D, il a
produit deux rameaux ; celui de la base constituera la branche
charpentière, l’autre ayant été pincé.
Si une greffe manque (C), on forcera, au printemps, le
dressage d’un rameau (e) et, vers le mois d’août, on lui placera
un ou deux écussons à la hauteur présumée de la taille future ;
enfin, on inoculera quelques bourgeons semblables sur les
brindilles secondaires, taillées dans ce but.
Quand il s’agit de changer la variété d’un arbre soumis à la
forme pyramidale (fig. 157), on commence par abattre
totalement le tiers supérieur de cet arbre, puis on coupe les
branches charpentières, — plus court celles du sommet (de
0m,05 à 0m,10), plus long celles de la base (de 0m,25 à 0m,40),
— les moignons conserveront entre eux une disposition de cône
ou de fuseau. On inoculera alors, sur la tige et sur les branches
tronquées, la variété nouvelle.
Les membres de l’arbre à tige élevée, surmontée d’un
branchage sous forme pyramidale

417
[fig157]

418
419
Fig. 157. — Regreffage d’un arbre soumis à la forme dite pyramide ou cône.

(fig. 158), seront soumis à cette mutilation graduée et greffés en


fente ou en couronne.
[fig158]

Fig. 158. — Regreffage d’un arbre à branchage


pyramidal.

[4]

420
restauration, par la greffe, des arbres gelés

De toutes les expériences tentées après l’hiver de 1879-1880,


pour faire revivre les végétaux atteints par le froid, le recepage
et le greffage ont seuls donné quelques résultats, toutes les fois
que le sujet était encore vivace au collet.
La figure 159 reproduit la coupe d’un arbre gelé à la greffe.
Le greffon (G) Abricotier a gelé, alors que le sujet (V) Prunier
restait vivace, garanti en outre par la couche de neige.
Cette partie vive du sujet a été le point de départ de sa
reconstruction.
Le recepage est le tronçonnement de l’arbre au niveau de
cette partie vive.
Le greffage, est l’insertion de greffons sur le tronc, lorsqu’il
s’agit d’espèces « greffables ».
[fig159]Les systèmes en couronne, par placage en tête, en
fente ou dans l’aubier ont été avantageux.
Voici quelques exemples dessinés d’après nature, sur les
arbres de nos jardins et de nos pépinières.
Le Poirier (fig. 160), gelé au-dessous de la greffe, a été
tronçonné au vif (A) et greffé (en a) avec une variété résistante
au froid, Beurré Baltet père, les greffons étant restés intacts. Le
jeune arbre (b), dressé en palmette, ne tarda pas à couvrir le
treillage occupé jadis par le Poirier Comte Lelieur, victime du
froid.
Le Pommier (fig. 161) Calville blanc, gelé sur sa première
greffe (E), avait le bourrelet (d) trop près du sol pour que

421
l’opération précédente lui soit
appliquée ; alors il fut surgreffé
(en e) avec une variété
vigoureuse, indemne du froid.
Le nouvel arbre (F),
Transparente de Croncels,
rustique, bravant les rudes hivers,
sera tenu à basse-tige, le
rapprochement des bourrelets
étant susceptible de calmer les
végétations luxuriantes et d’en
accroître la fécondité.
[fig160][fig161]

Fig. 159. — Coupe longitudinale de


la greffe d’un arbre gelé sur un sujet
resté vivace.

422
Fig. 160. — Restauration par la Fig. 161. — Regreffage d’un pommier
greffe d’un poirier gelé. gelé.

Si le greffage modifie la variété de l’arbre, il peut changer


aussi son espèce ou son genre.
En pépinière, des carrés d’Abricotiers et de [fig162] Pêchers
ont été détruits au-dessous de la greffe jusqu’à la couche de
neige ; fin avril, le greffage en couronne (c, fig. 162) en fit des
Pruniers de Reine-Claude, espèce robuste ayant conservé sains
ses rameaux-greffons.
423
La flèche (a) se développa
en 1880. L’année suivante, le
branchage (b) vint couronner la
tige (a) parfaitement saine.
Parmi les faits cités dans
notre Mémoire relatif à
l’Action du froid sur les
végétaux pendant l’hiver de
1879-1880, nous en retiendrons
deux qui sont particuliers au
greffage :
1o Un groupe de Pruniers
Damas en pépinière, demi-
gelés, furent greffés en tête et
constituèrent de bons arbres
après une année de sève ; mais
tandis que le greffon
développait des pousses
robustes, la tige n’émettait
aucun bourgeon, et le pied,
précédemment couvert de
neige, lançait de nombreux
gourmands, promptement
réprimés. Le mouvement de
sève, avec ses forces aérienne
et souterraine, suscita la
formation d’une couche
cylindrique de cambium durci,
sous l’écorce de la tige touchée
par le froid.

424
[fig163] Fig. 162. — Transformation d’un
Abricotier gelé en Prunier Reine-Claude.
2o Des touffes d’Aucuba et
de Rhododendron ayant subi − 25°, il leur fut coupé,
immédiatement, des rameaux-greffons qui furent aussitôt
utilisés à chaud, sous verre. La greffe réussit, des plantes
vigoureuses se formèrent pendant que les touffes mères ou
étalons périssaient.
Plusieurs circonstances se présentèrent où le tronc développa
quelques rameaux qui furent écussonnés au mois d’août de
l’année 1880 ou de 1881.
Le Rosier tige gelé a été l’objet d’un travail particulier.
Le Rosier (fig. 163) est perdu ; la tête est détruite et la tige
(A) gelée. Au printemps 1880, une série de rejets émergent des
racines et du collet ; l’ébourgeonnement et la suppression des
drageons ont conservé le mieux placé (C) ; le palissage l’a
accolé (l, l) à la tige morte et au mois de septembre, l’écimage a
contribué à la lignification de ses tissus.
En 1881, la nouvelle tige donnait des rameaux latéraux (B,
B) qui furent écussonnés. Les pluies d’août, succédant aux
chaleurs tropicales de juillet (+ 40°), firent sortir les écussons
(e) ; c’est pourquoi les rameaux (B, B) furent écourtés à 0m,25,
puis à 0m,10 de la tige, enfin au printemps 1882 retranchés (en
o). La tige primitive (A), étant ensuite coupée (en a), le Rosier
fut définitivement reconstruit.

425
XI. — RÉTABLISSEMENT DU VIGNOBLE PAR LA
GREFFE.

Le greffage de la Vigne a pour but de rajeunir un cep épuisé


ou d’en changer la variété.
Rajeunir un cep, au moyen d’un sarment de race vigoureuse
que l’on insère sur l’ancienne souche et qui, s’enracinant, vivra
de ses propres forces après avoir accaparé la sève du sujet.
Changer la variété, en substituant un cépage robuste et
fécond à un plant délicat ou stérile.
Cette rénovation, localisée d’abord dans le jardin de
l’amateur, s’est étendue au vignoble de la grande culture, et a
pris enfin une certaine extension depuis l’invasion
phylloxérique en France qui date de 1866.
En août 1869, à l’apparition de notre première édition, M.
Gaston Bazille, président de la Société d’agriculture de
l’Hérault et lauréat de la Prime d’honneur, voulut bien nous
consulter ; il projetait la greffe des cépages vinifères sur la
Vigne vierge ou Ampélopside à cinq feuilles.
Nous lui recommandâmes alors un plant exotique, robuste et
vigoureux, cultivé pour le décor des berceaux, le Vitis riparia,
résistant aux gelées, importé de la région est et nord des États-
Unis, par le Français André Michaux.
Trois mois après cette correspondance, qui fixe un point de
priorité dans la question actuelle, M. Laliman, du Bordelais,

426
signalait au Congrès viticole de Beaune l’immunité de Vignes
américaines plantées au milieu de cépages de cuve défaillants,
et en recommandait la culture. À partir de ce jour, la lutte contre
le phylloxéra prit un nouveau caractère qui peut s’exprimer
ainsi : vivre avec son ennemi ou malgré lui.
Des millions de plants de Vignes américaines, des groupes
Labrusca, Æstivalis, Cordifolia, ont pénétré dans notre région
viticole, soit au titre de producteur direct, soit, plutôt encore,
pour servir de porte-greffe à nos espèces destinées au pressoir.
Nous avons visité ces vignobles immenses, jadis florissants,
de Dijon à Marseille, de Nice aux Charentes. Partout, les
propriétaires avides de reconstruire leurs vignes pratiquent la
greffe avec le succès de greffeurs de profession. Ils ont reconnu
que la Vigne ainsi traitée produit vigoureusement et
abondamment un vin aussi corsé, aussi généreux que la vigne
de pied franc. Partout, des concours de greffage sont institués ;
des conférences ont lieu à cette occasion par des praticiens
expérimentés et des diplômes de maîtres-greffeurs sont
décernés aux ayants droit.
[1]

vigueur et fertillité des vignes greffées

La Vigne greffée sur une autre vigne ne peut manquer de


vigueur ni de fécondité, non seulement avec l’ancien système,
le greffon prenant racine sous terre, mais encore avec le
nouveau, s’opposant au racinement du greffon, — condition
essentielle dans la reconstitution du vignoble atteint dans ses
organes souterrains.

427
Nous pourrions citer des faits extraordinaires de production
avec les vignes restaurées de la sorte. Nous avons même
constaté, par exemple à l’École nationale d’agriculture de
Montpellier, que certains cépages de nos régions septentrionales
ou des pays extra-méditerranéens y vivaient et fructifiaient,
greffés, alors qu’ils y dépérissaient autrefois, cultivés franc de
pied.
Qui sait si le greffage, en fixant les plants fins de tous les
pays, n’est pas appelé à améliorer la saveur des vins de grande
culture ?
De pareils résultats ne doivent pas surprendre les personnes
versées dans l’étude du greffage. La juxtaposition des vaisseaux
et des cellules de deux végétaux réunis ainsi, provoque une
sorte de point d’arrêt dans les fonctions du fluide nourricier.
Les éléments puisés dans le sol par les racines arriveront
lentement dans les organes aériens ; ceux-ci, ayant moins de
sève brute à élaborer, fourniront, sous l’action de l’atmosphère,
une plus grande somme de carbone aux tissus ligneux ; ils
solidifieront le cambium et prépareront les bourgeons à la
fructification.
Le même raisonnement nous aiderait à expliquer la
lignification plus prompte des sarments et la disparition ou la
diminution de la coulure du raisin sur les vignes soumises au
greffage.
Il nous suffira, croyons-nous, de reproduire le passage
suivant du résumé de l’Enquête faite par la Société des
agriculteurs de France, en 1890, dans les 36 départements
viticoles les plus importants :

428
« Tous les déposants à l’enquête reconnaissent unanimement
que les variétés françaises greffées sur les porte-greffes ont une
vigueur plus considérable que lorsqu’elles sont franches de
pied.
La production du cépage greffé est également reconnue par
tous comme plus considérable. Les grappes sont plus grosses,
plus nombreuses ; le cépage est moins sujet à la coulure ; les
fruits sont plus gros, plus sucrés ; la maturité est plus précoce
de quelques jours…. »
[2]

qualité du vin des vignes greffées

Et le rapport de la commission d’enquête ajoute : « …


Quelques vins sont plus alcooliques. La moitié de nos
déposants environ trouve la qualité supérieure, et l’autre moitié
n’a pas remarqué la différence comme qualité entre le vin
produit par le cépage franc, de pied ou greffé sur américain. »
Avant cette constatation officielle, voici ce que nous disions
dans notre quatrième édition :
« Les craintes de voir le goût foxé du raisin américain
pénétrer ou dénaturer le jus de nos cépages se sont évanouies
devant les faits. La dégustation et l’analyse glucométrique ont
démontré l’absence de toute saveur étrangère ; souvent même le
« vin greffé » a plus de finesse que l’autre. On a voulu
l’expliquer par la présence du bourrelet de la greffe, sorte de
filtre qui tamise le courant séveux, distribuant à petite dose
l’eau du sol et le goût du terroir, tandis qu’il accumule sur la

429
grappe les gaz atmosphériques absorbés par les feuilles et les
principes de sucre et d’alcool.
M. Jules Delbrück déclarait à la section de viticulture du
Congrès des agriculteurs de France, en 1880 : « Le cépage
Malbeck greffé sur Taylor, produit à Langoiran (Gironde) un
vin supérieur à celui de Malbeck de souche franche. »
« La vigne greffée conserve son immunité, maintient les
qualités du vin de la vigne française en augmentant son
produit », proclame M. Tochon, président de la Société
d’agriculture de la Savoie, à son retour du Congrès de
Bordeaux. De son côté, M. Menudier, s’appuyant sur le
laboratoire du professeur Xambeu, écrivait au Ministre de
l’agriculture que, dans les Charentes, l’Aramon, le Malbeck, le
Quercy, greffés sur américain, fournissent un vin comparable
aux anciens crus de Saintonge, et la Folle-Blanche produit un
vin identique à celui qui, jadis, était la base des meilleures
eaux-de-vie… »
Enfin, les Congrès viticoles de Mâcon (1887), et de Beaune
(1891), ont été la glorification du greffage de la Vigne sur plant
résistant.
De pareilles autorités viticoles nous suffisent. D’ailleurs, le
Ministère de l’agriculture admet au programme des concours
régionaux le vin des vignes greffées, par catégorie distincte,
avec récompenses spéciales.
[3]

430
systèmes généraux du greffage de la vigne

Avant d’aborder les procédés de greffage de la Vigne,


examinons les deux systèmes généraux de greffage sur place et
de greffage à l’abri, basés sur la situation en terre ou hors terre
du sujet.
[4]Greffage sur place. — Le greffage sur place, c’est la
greffe à terre ou à demeure du sujet planté en plein champ ou
dans la pépinière.
Le sujet doit être sain et vigoureux ; malgré quelques cas
exceptionnels, il a dû passer au moins, une année de végétation,
sans être déplacé ; alors il se trouvera suffisamment lié au sol et
sa force végétative se consacrera à la soudure de la greffe et à
son développement.
Le greffage sur place est applicable dans les conditions
suivantes :
1o Vigne plantée définitivement, c’est la greffe à demeure ;
2o Vigne en nourrice, c’est la greffe en pépinière.
[4.1]Vigne plantée à demeure. — Dans le premier cas, on
greffe la totalité du champ ou à peu près ; les plants faibles sont
ajournés à l’année suivante avec les manquants. Le greffon, sur
un sujet, fort, peut donner des pousses de 2 à 3 mètres.
[4.2]Vigne plantée en pépinière. — Quant aux sujets élevés en
pépinière, les plants, suffisamment espacés, devront être assez
forts pour recevoir la greffe après une année de nourrice, ou
même après deux ans, si besoin est. La jeune greffe se
développe et pourra être mise en place l’année suivante.

431
[5]Greffage à l’abri. — Le greffage à l’abri, à l’atelier ou
sur table (fig. 164), c’est le greffage hors terre, le sujet étant un
plant complet, et quelquefois un simple rameau-bouture.
Admettons deux sections du greffage à l’abri : l’une sur plant
racine, l’autre sur sarment nu.
[5.1]Greffe sur plant raciné. — Les sujets racinés, arrachés en
janvier, février ou mars, un mois avant le greffage, ont été mis
en jauge, bien couverts de terre, dans un endroit sec, plutôt à
l’ombre et à la portée du local destiné au greffage.
[fig164]

432
Fig. 164. — Atelier de greffage.

Au moment de greffer, on les extrait de la jauge et on les y


remet après l’opération, en les inclinant obliquement pour que
la terre les couvre jusqu’à la moitié du greffon.
Au réveil de la sève, et par un temps doux, ils seront retirés
de la jauge et replantés en pépinière, distancés de 0m,25 à

433
0m,50. Après une année de végétation, ils pourront être mis en
place.
[5.2]Greffe sur rameau-bouture. — Cette fois, le sujet est un
simple rameau-bouture, coupé sur sarment avant la montée de
la sève et placé en jauge jusqu’au moment du greffage. Il est
indispensable que le greffon soit bien constitué.
La bouture préparée, tenue en jauge complètement la tête en
bas (A, fig. 32, p. 58), est à préférer ; son enracinement sera
plus prompt.
Aussitôt greffée, la bouture est stratifiée ou remise en jauge,
inclinée, dans une terre meuble ou sableuse, jusqu’à l’œil
supérieur du greffon. L’œil de base et l’œil d’appel du sujet sont
conservés ; les autres, éborgnés.
À la montée de la sève, il faudra planter en pépinière les
boutures greffées. Nous recommandons une terre légère, bien
scellée ou pressée au collet du plant, un paillis et des arrosages.
Le pralinage complet du plant greffé — avant sa mise en
jauge, ou en pépinière, ou en place — dans une bouillie épaisse,
et froide, empêche le dessèchement du cep et facilite l’émission
du chevelu.
On pourrait encore pratiquer le greffage sur bouture, en
opérant sous bâche chauffée à + 20°. Le jeune élève suivra la
filière d’acclimatement déjà décrite au chapitre v, p. 69.
[6]Cépages résistants pour sujets de greffage. — Dans les
circonstances actuelles, les premières qualités du sujet sont la
résistance à l’ennemi, l’adaptation au greffage, le bouturage
facile, une robustesse générale. Les espèces suivantes ont fait
leurs preuves :

434
Riparia : le Riparia se plaît dans les terres à vigne et se prête
au greffage sur place ou à l’abri ; il redoute l’excès de silice ou
de craie. Le semis a produit des formes vigoureuses et
résistantes.
York’s Madeira : pour terrain sec de lande, caillouteux,
argilo-calcaire. D’un développement plus lent, élevant assez
bien ses rameaux, le York est propre au greffage-bouture ou sur
place.
Solonis : spécial aux terrains frais, siliceux, salins, marneux,
suffisamment fertiles et compacts ; capricieux dans la craie à
sous-sol glaiseux.
Vialla : propre aux sols ordinaires profonds ; les terres
granitiques chargées de potasse ou de silice et les alluvions lui
conviennent.
Rupestris : espèce permettant la culture de divers cépages
dans les terrains arides, caillouteux, dans les calcaires durs et
les terres de roche.
Plus récemment, et dans certains milieux, on a utilisé
Jacquez, Noah, Berlandieri, Othello, comme autrefois, Clinton
et Taylor.
[7]

choix des sujets

Le sujet doit être assez fort pour supporter le greffon et


favoriser son développement.
Pour le greffage en place, nous répéterons qu’il faut au sujet
2 ou 3 ans de plantation (fig. 165) ; une année suffirait à un

435
plant fort et vigoureux. Le greffage en pépinière a les mêmes
exigences.
[fig165]

Fig. 165. — Cep de vigne pour le greffage sur place.

Pour le greffage à l’abri, le sujet racine (fig. 166) doit avoir


une grosseur au moins égale, sinon supérieure à celle du
greffon. Les plants faibles seront laissés en nourrice ou repiqués
en pépinière et ajournés.
Le sujet par rameau-bouture (fig. 167) doit être absolument
robuste et sain, à tissus bien lignifiés et muni, autant que
possible, de son talon coupé dans le vieux bois (fig. 21, p. 40).

436
Étant préparé à l’automne, dès la chute des feuilles, mis en
jauge de toute sa longueur la tête en bas, le rameau-bouture ne
tarde pas à se couronner de mamelons radicellaires, ce qui
facilite la soudure de la greffe.
Dans les cas de disette, on peut fabriquer des boutures avec
des simples yeux munis de 0m,02 du sarment qui les supporte
(fig. 18, p. 39) ; placé sous verre, ce rudiment s’enracine et
constitue un plant à l’automne suivant.
[fig166][fig167]

437
Fig. 166. — Plan raciné pour le Fig. 167. — Sujet bouture pour
greffage à l’abri. le greffage à l’abri.
[8]

choix des greffons

Le choix du cépage à propager n’est pas une petite affaire ; il


faut prendre tous ses renseignements avant de s’y arrêter.
Chaque région a ses plants favoris.
Le rameau-greffon est un sarment robuste, de grosseur
moyenne, à écorce saine, les yeux sont assez rapprochés, ainsi
que les ceps greffés en fournissent ; ces qualités sont
nécessaires, particulièrement au greffage sur bouture.
L’origine du greffon sera certaine, c’est-à-dire que l’on aura
toute garantie de son espèce, de sa nature rustique et féconde,
attendu que la greffe reproduira ses qualités ou ses défauts.
Les étalons ou ceps pourvoyeurs de greffons étant acceptés,
on en détache les rameaux dans le cours de l’hiver, avant que la
sève ait fait mouvement, par un temps sec et sain. On assemble
les sarments par bottillons étiquetés et on les enterre, la base
dans une couche de sable sec, à l’ombre ou au nord d’un
bâtiment, ou dans un silo (voir fig. 32, p. 58). Le sable siliceux
« à pavage » est préférable au sable calcaire et au sable de mer.
Il convient de laisser sortir de jauge l’œil supérieur ; s’il
bourgeonne, il se perd, mais les yeux en terre restent latents et
sont utiles au greffage. Les extrémités hors jauge seront
préservées du hâle par quelques poignées de paille.
Le fractionnement des rameaux en greffons de longueur
définitive (fig. 172) se fait à l’époque même du greffage. Les

438
sommités mal aoûtées en sont rejetées.
[9]Époque du greffage. — Dans un pays chaud, où la gelée
d’hiver est excessivement rare, on pourrait greffer à l’automne,
avant la chute des feuilles, et la végétation en serait vigoureuse
au printemps suivant ; mais sous une zone tempérée, le retrait
du sol sous l’influence du gel et du dégel viendrait ébranler le
greffon butté de terre et compromettrait sa soudure.
On opère à la montée de la sève, alors que les bourgeons
gonflent, soit en avril et mai, suivant la saison hâtive ou tardive,
le terrain chaud ou froid, et d’après l’état de végétation du sujet.
En tout état de choses, il vaut mieux éviter le suintement du
liquide séveux ; on y parvient en étêtant provisoirement le cep,
quelques jours avant le greffage, sauf à recouper finalement à la
dernière heure.
On choisira une température calme, plutôt chaude, ce que
l’on appelle un temps à la sève.
Si l’on est pressé, que l’on ait hâte de finir, on augmentera le
personnel au lieu de devancer la période du greffage trop tôt ou
de la prolonger trop tard. Ici, mieux vaut tard que trop tôt.
Avec le greffage à l’abri — sujets et greffons étant en jauge
— on peut retarder l’opération.
[10]Outillage du greffage. — Parmi les outils décrits et
figurés pages 11 et suivantes, nous emploierons :
Le sécateur (fig. 1) pour la préparation des sarments
greffons :
La scie (fig. 2) pour tronçonner les gros sujets, sinon la
grosse serpette (fig. 4) ;

439
La serpette fine (fig. 3) ou le greffoir à vigne (fig. 168), pour
la taille du greffon ;
[fig168]

Le couteau à greffer (fig. 7) pour la


greffe en fente.
Actuellement, on fabrique des
machines à greffer de divers systèmes.
L’outil se visse généralement sur table
et peut seconder le greffage à l’abri
lorsqu’on opère sur de grandes
quantités. Jusqu’alors, l’outil simple est
préférable.
La ligature adoptée est la ficelle de
marine, la ficelle simple ou défilochée.
Le raphia sec ou faiblement sulfaté
et le fil de plomb sont employés avec la
greffe anglaise.
L’engluement ou enduit qui couvre la
greffe finie, avant son buttage, est un
mastic de terre glaise délayée dans
l’eau ; on le pelote, on le tamponne
autour de la greffe et sur les coupes
laissées à nu. Dans un sol frais,
l’engluement n’est pas obligatoire. Fig. 168. — Greffoirs à Vigne.
[11]

440
procédés de greffage de la vigne

Nous avons indiqué plusieurs modes de greffage de la Vigne,


les uns ont pour but la multiplication du plant, les autres la
transformation du cépage, et d’autres encore la construction du
cep. Qu’il nous suffise de citer les greffes en approche (fig. 40,
41, 153, 154), la greffe en bifurcation (fig. 79), la greffe-provin
(fig. 126), la greffe en incrustation (fig. 127), la greffe anglaise
(fig. 83, 87), et même l’écussonnage (p. 171), sans compter les
procédés plus ou moins fantaisistes ou pratiqués à l’état herbacé
ou sous verre.
En même temps qu’elle adoptait les systèmes en fente et à
l’anglaise, la grande culture étudiait la greffe en coin ou en
fente pleine, qui est en quelque sorte la contre-partie de la
greffe à cheval (fig. 87) ; mais elle a le tort d’obliger à fendre la
moelle du sujet, et nous lui préférons la greffe en tête dans
l’aubier (fig. 62, p. 127).
Le désir d’éviter une blessure à l’étui médullaire a sans doute
excité le Comice de Cadillac (Gironde) à propager une
application de la greffe de côté dans l’aubier. En voici la
démonstration (fig. 169). Le sujet (A) recevra, sur le côté, dans
une incision oblique, le greffon (B) dont une face (e) du biseau
tranche la moelle, tandis que l’autre (d) la ménage ; l’œil (a) est
en tête du biseau. Ligature au fil de plomb ou au raphia.
Butter de terre après avoir entouré la greffe de balles
(glumes) de céréales, si l’on craint les pluies d’hiver et la gelée.
Le sujet, étêté assez long au printemps suivant, sera pincé en
été, puis coupé ras (en c) à la fin de la saison, dès que la
végétation de la nouvelle plante se trouvera assurée.

441
[fig169]

Fig. 169. — Greffe de côté dans l’aubier, pratiquée à Cadillac.

Examinons maintenant l’application des procédés les plus


répandus : la greffe en fente, la greffe anglaise.
[12]A. Greffe en fente. — La greffe en fente est spécialement
applicable au greffage sur place et aux sujets déjà forts.

442
Le travail principal comprend la préparation du sujet, la taille
du greffon, l’assemblage de la greffe, enfin quelques détails
accessoires.
[12.1]Préparation du sujet. — Quoique le sujet soit greffé à
fleur du sol, on n’en dégage pas moins la terre autour du collet
pour faciliter le travail manuel, par exemple en h, h (fig. 170).
[fig170][fig171]

443
Fig. 170. — Greffe en fente sur Fig. 171. — Greffe en fente sur
coupe oblique. coupe plane.

Le sujet (A, fig. 170 ; E, fig. 171) est tronçonné au moment


même du greffage.
La coupe se fait sur une partie saine, assez unie, à 0m,04 à
peu près au-dessus d’un nœud, coude ou renflement quelconque
(a, a) ; cette précaution évite une fente démesurée et consolide
le greffon.
[fig172][fig173]

444
Fig. 173. —
Fig. 172. —
Greffon préparé
Préparation du
pour la greffe en
sarment greffon.
fente.

Avec une scie (fig. 2) ou une serpette (fig. 4), on étêtera le


cep rez terre. La coupe sera à surface plane (L, fig. 171) ou à
surface oblique (U, fig. 170). Celle-ci convient mieux au
greffage simple avec un seul rameau, celle-là au greffage
double avec deux rameaux-greffons.
445
Si la sève suinte, on l’essuie et l’on peut ainsi opérer à sec. Il
faut alors préparer le greffon et assembler les deux parties sans
retard.
[12.2]Tailledu greffon. — Le sarment-greffon est extrait de la
jauge, au fur et à mesure des besoins, et préparé en même temps
que le sujet pour qu’ils soient unis par la greffe sans que les
agents atmosphériques les aient fatigués,
On a le soin, bien entendu, de leur enlever le sable ou la boue
de la mise en jauge.
Le sarment-greffon (O, fig. 172) sera coupé (o’) par
fragments de rameaux (o, o, o,) portant chacun deux yeux ;
c’est une bonne moyenne.
Pour préparer le greffon (B, fig. 173), on taille la moitié
inférieure en coin triangulaire (b) ; les deux faces taillées sont,
comme le tiers-point, amincies en pointe plus ou moins
émoussée ; cette partie nommée biseau commence
immédiatement au coussinet de l’œil (c). Nous donnons (page
133) de plus amples détails sur la préparation du greffon et son
assemblage sur le sujet.
Dans les greffages importants comme nombre, un homme
prépare les greffons tandis qu’un autre dispose les sujets. Si les
greffons ne sont pas employés dans la journée ou si
l’atmosphère est sèche, on les place dans un panier de mousse
fraîche, et on les transporte ainsi, sans qu’ils aient à souffrir.
[12.3]Assemblage de la greffe en fente. — Le sujet étant
tronçonné, il suffira de pratiquer une fente longitudinale pour y
introduire le greffon.
Une fente tranchant de part en part est applicable aux gros
sujets ; mais ici, on opère plutôt sur des sujets de moyenne
446
grosseur, alors la demi-fente est préférable. On peut éviter à
l’outil de forcer la moelle, en s’écartant à droite ou à gauche, de
manière que l’ouverture partage le tronc en deux parties
inégales ; c’est la greffe dans l’aubier (page 127), le greffon
étant alors taillé en biseau plat et régulier comme la figure 62
l’indique.
On fend le sujet avec le couteau (fig. 7) et, ainsi que nous
l’indiquons (page 136, fig. 70), on introduit le greffon (D, fig.
170 ; G, fig. 171) en même temps. Si la surface est oblique (U,
fig. 170), on aplanit le sommet de la coupe dans un sens
horizontal (e) pour permettre au greffon (D) de s’y asseoir.
[fig174]

447
Fig. 174. — Greffe en fente buttée de terre.

Ligaturer (e, fig. 171) ; couvrir d’argile et butter de terre fine,


douce, jusqu’à l’œil supérieur du greffon (fig. 174).
Ce procédé est le plus répandu.
[13]B. Greffe anglaise. — La greffe anglaise est adoptée pour
les greffages à l’abri, quelquefois pour les greffages sur place.
Le sujet et le greffon de la greffe anglaise sont en général
d’un diamètre égal. Au cas de différence, il vaudrait mieux que
le diamètre du greffon fût inférieur. Leur rapprochement

448
s’opère au moyen de biseaux qui s’adaptent, de coches et de
languettes qui s’agrafent réciproquement.
[13.1]Préparation du sujet. — Le sujet (M, fig. 175) greffé sur
place, est, avons-nous dit, d’un calibre moyen ; on l’étêtera de
telle sorte que la greffe terminée soit à fleur de terre, sauf à la
butter une fois l’opération terminée.
Au greffage à l’abri, le sujet pourrait être un plant raciné, âgé
d’un an (fig. 166 ; A, fig. 177), ou un sarment, non raciné (fig.
167 ; A, fig. 176), mais d’une nature disposée à l’émission des
racines. La préparation du sujet reste la même.
D’un coup de serpette donné à fleur de terre, ou plus bas, si
le sujet a été dégagé (z, z, fig. 175), on obtient le biseau allongé
(m) ; un second coup d’outil, couteau ou greffoir, partant de la
pointe du biseau, entre le sommet (m’) et la moelle, produit une
fente (m") longue de 0m,03 à 0m,04, parallèle à l’axe. Une
simple fente suffit.
Il n’y a pas d’inconvénient à combiner cette préparation du
sujet de façon qu’il soit conservé un œil (o) sur le dos du
biseau, soit à la base, au milieu ou à la pointe ; son évolution
attirera la sève sur la greffe, jusqu’à ce que l’ébourgeonnement
en ait fait justice.
[13.2]Taille
du greffon. — Le greffon est une fraction (o, fig.
172) de sarment portant deux yeux ou trois yeux en moyenne.
La base sera taillée de telle sorte que la coupe et les entailles
coïncident avec celles du sujet.
[fig175]

449
Fig. 175. — Détail de la greffe anglaise.

Étant donné le greffon (N, fig. 175), un coup de serpette


produira le biseau (n) allongé également, commençant en face
ou au-dessus de l’œil (u) et se terminant en n’.
L’opérateur tourne le greffon la pointe en l’air et, par un
nouveau coup d’outil, produit la fente (n") parallèle à l’axe
longitudinal, commençant entre la pointe et la moelle, et longue
de 0m,03 à 0m,04 ; on n’enlève aucune esquille.

450
Ici encore, le bourgeon (u) conservé sur le dos du biseau
excitera les arrivages du fluide séveux favorables à
agglutination de la greffe.
[fig176][fig177]

451
Fig. 177. — Greffe anglaise, sur
Fig. 176. — Greffe anglaise sur
plant raciné, avec bourgeons
rameau-bouture, buttée de terre.
d’appel.

452
En général, les biseaux courts sont à préférer.
[13.3]Assemblage de la greffe anglaise. — L’assemblage est
tout tracé. Le bec de flûte (nn’, fig. 175) du greffon étant amené
sur le bec correspondant (mm’) du sujet, on fait glisser de haut
en bas ; la languette du greffon s’engage dans la fente du sujet
et les deux parties sont agrafées.
Si le greffon est plus étroit, on le ramène en rive de la tranche
du sujet, pour que leurs épidermes puissent se confondre sur un
côté au moins, dans la même périphérie.
Ligaturer avec du raphia ou de la ficelle. Étendre la ligature
autour du greffon, pour contrarier son enracinement. Embouer
la greffe.
Enfin butter de terre (C, fig. 176) jusqu’au sommet du
greffon (B), sous l’œil de tête (d) ; le sujet (A) étant une
bouture simple, le bourgeon (a) s’enracinera tandis que l’œil (c)
appellera la sève.
La figure 177 représente un plant racine (A) greffé à l’abri en
(C) ; un œil (a) lui est ménagé en tête ; le greffon (B) porte un
œil (b) à sa base ; ces deux bourgeons d’appel hâteront la
soudure de la greffe.
La greffe anglaise est d’une application facile lorsque le sujet
est jeune et d’un faible diamètre.
[14]Soins après les greffages en fente et à l’anglaise. —
Nous ne voulons pas entrer dans les détails de culture, que la
méthode en soit traditionnelle ou perfectionnée. Les soins
particuliers sont d’abord le buttage de la greffe, puis le
tuteurage, ensuite l’ébourgeonnement, le palissage, la
suppression des racines nées sur le greffon, enfin le débuttage.

453
[14.1]Buttage de la greffe. — Nous avons indiqué plus haut
l’utilité indispensable du buttage provisoire de la greffe de la
Vigne.
Avec quelques coups de pioche autour du plant, et par un
apport spécial de terre ameublie à la main, au panier, à la
brouette, on butte le cep jusqu’à l’œil supérieur du greffon (fig.
174 et 176), quel que soit le procédé adopté, en place ou en
pépinière. Cette opération est faite avec beaucoup de
précaution.
Dans l’été, ésherber à la main.
[14.2]Tuteurage. — Avant de butter, c’est le moment
d’enfoncer solidement un échalas au pied du cep et d’y attacher
le sujet avec un lien d’osier ; un tuteur court offre plus de
sécurité. Le tuteurage est trop négligé dans la grande culture. Le
Bordelais, qui produit des vins d’un prix plus élevé que le
Languedoc, semblerait s’y intéresser davantage.
[14.3]Ébourgeonnement. — Le tronçonnement du sujet, qui
précède l’opération du greffage, excitera plus tard la sortie de
jets souterrains qu’il convient de supprimer rigoureusement
jusqu’à leur empâtement ; sans cela, ils affameraient la greffe.
Quant aux bourgeons ménagés en tête du sujet pour jouer le
rôle d’appelle-sève (o, fig. 175 ; c, fig. 176 ; a, fig. 177), on ne
leur laissera pas le temps de fatiguer la greffe, il suffira de les
pincer à 0m,10. Lorsque la greffe aura acquis un développement
suffisant, on élaguera ces bourgeons du sujet ; mais si elle était
morte, on laisserait le cep pousser à son aise et on le grefferait à
nouveau au printemps suivant.

454
[14.4]Palissage. — On palisse, contre le tuteur, les bourgeons
à mesure qu’ils se développent. Arrivés au sommet de leur
support, les brins pourront être écimés, car leur poids serait
capable d’entraîner l’échalas et de briser la greffe ; c’est
pourquoi le tuteur doit être enfoncé solidement, sinon, il vaut
mieux s’abstenir du tuteurage.
[14.5]Suppression des racines du greffon. — Le buttage de
terre excite la sortie du chevelu au greffon comme s’il s’agissait
d’une bouture ; mais alors il va prendre, de ce fait, un
accroissement rapide, et quand le phylloxéra attaquera les
racines nouvelles, l’anéantissement du cep n’en sera que plus
prompt.
Il faut donc au moins deux fois l’an, en juin et en août, ou
même trois fois, en mai, en juillet, en septembre, dégager la
terre qui entoure le greffon, couper les chevelus qui y auraient
pris naissance et rétablir aussitôt le petit tertre.
En même temps, on surveille la ligature. Si, à la première
visite, elle pénètre dans l’écorce, on soulage la greffe en
dénouant le lien. À la seconde visite, on l’enlève complètement,
en évitant d’en laisser subsister le moindre fragment dans le pli
des boursouflures. S’il faut employer le couteau, on doit agir
avec précaution, surtout à l’égard de la greffe anglaise.
[14.6]Débuttage de la greffe. — À la dernière visite aux
radicelles qui ont pu sortir du greffon, vers l’époque de la chute
des feuilles, la soudure de la greffe étant assurée, on ne rétablit
plus le petit monticule de terre élevé autour de la plante, sauf
aux greffes faibles ou dans un sol humide ; la partie greffée
s’acclimate et peut alors subir les rigueurs de l’hiver et la
sécheresse de l’été.

455
[fig178]

Fig. 178. — Cep de Vigne reconstitué par le greffage.

Les milieux dans lesquels on opère peuvent faire modifier


légèrement le travail. Avec les sables qui excitent le racinement
du greffon, on pratiquera le débuttage en septembre, tandis
456
qu’on l’ajournera après l’hiver dans les situations exposées aux
vents qui brisent une greffe mal assujettie, et dans un sol froid
ou exposé aux crues d’eau, plus sensible à l’action de la gelée.
Désormais la vigne, ainsi rétablie, sera soumise aux
méthodes rationnelles de culture.
Le dernier mot du greffage de la Vigne, direct ou par
intermédiaire, n’est certes, pas dit. Quoi qu’il en soit, nous
reproduisons ici la physionomie d’un cep reconstitué par le
greffage (fig. 178).

greffage sous verre et greffage herbacé de la


vigne

Le greffage sous verre et la greffe des tissus herbacés de la


Vigne ne comportant pas les soins indiqués aux greffages
souterrains, nous les classons à part.
[16]Greffe en placage à l’anglaise (fig. 179). — L’Anglais
Archibald Barron, un maître de la viticulture sous verre,
recommande cette méthode qui permet de transformer
rapidement une vigne fatiguée ou de maigre rapport.
Le sujet (A, fig. 179) planté en pot ou en pleine terre dans la
serre est pris au début de la végétation ; la sève a jeté son
« premier feu » ; un léger suintement se manifeste à la coupe ;
les « pleurs » sont calmés.
[fig179]

457
Fig. 179. — Greffage sous verre de la vigne — Placage à l’anglaise du

458
bourgeon-greffon.

Le greffon (B) est un fragment lignifié portant un œil, cueilli


au moment du greffage sur un sarment de la taille d’hiver,
conservé et retardé (fig. 32, p. 58). L’œil commence à
« gonfler ».
La préparation et l’assemblage des deux parties sont indiqués
fig. 56, p. 116. Ici, les deux coupes à l’anglaise tranchent
obliquement la cloison intercellulaire, et le rapprochement sera
plus prompt en face ou sur le côté d’un bourgeon du sujet. Il
importe de conserver, au-dessus, un jeune scion ; le pincement
le maintiendra assez court, entouré de ses premières feuilles
chargées d’attirer la sève vers la greffe ; il disparaîtra plus tard
avec l’onglet devenu inutile.
L’opération étant à œil poussant, la végétation de première
année a fourni à F.-A. Barron de nouveaux sarments de 7 à 10
mètres.
La ligature est du raphia et l’engluement un mastic froid,
préférable à l’argile ou à la mousse qui excitent la sortie des
racines. La « greffe en bouteille », employée au même but, lors
de la montée de la sève, est indiquée p. 407.
[17]

Greffage herbacé de la vigne.

Les inconvénients du greffage en sec de parties ligneuses et


du buttage de la greffe ont fait rechercher les systèmes de
greffage en vert, agissant directement sur des parties herbacées,
et non soumis au terrage d’hiver.

459
Jusqu’alors, deux procédés de greffage herbacé peuvent être
recommandés :
1o Greffage par rameau, à l’anglaise simple ;
2o Greffage par œil ou écussonnage en vert.
Avec l’un ou l’autre, il s’agit d’unir de jeunes pousses âgées
de quelques mois, ayant l’aspect de la figure 180 ; on excitera
leur évolution au pied de la souche à greffer par le recepage
préalable du tronc-sujet, et sur l’étalon porte-greffons par la
taille assez courte des branches.
[fig180]

460
Fig. 180. — Sarment herbacé de la Vigne.

Dès que la végétation est en mouvement, un ébourgeonnage


au début de la sève dégagera de tout brin inutile les jets
conservés, et le jour même du greffage, ou dans les huit jours
qui précèdent, un pincement long ou écimage de la pointe du
sarment opéré ou à opérer provoquera une réaction favorable à
la soudure de la greffe.
461
L’essentiel est que les tissus soient mi-herbacés, mi-ligneux,
plutôt herbacés. La nuance de l’épiderme est déjà vert sombre,
et l’élasticité du rameau, consultée avec les doigts, est
suffisante pour résister à la main.
Le greffage en vert se fait sur place, à l’air libre, par un
temps chaud (+ 18° au moins), et nécessite l’emploi d’un outil à
lame fine, tenue propre et bien affilée, d’une ligature souple,
qui sera surveillée, et souvent d’un écran.
Les souches plantées et espacées, étant ainsi opérées sur
plusieurs branches, pourront supporter ensuite le provignage de
ces branches ; enterré jusqu’au niveau de la greffe, le sarment
greffé semblera constituer un cep distinct.
Ces procédés, étudiés en Autriche-Hongrie, ont réussi chez
Étienne Salomon, à Thomery.
[18]Greffage par rameau herbacé (fig. 181). — Il s’agit
d’une greffe anglaise simple (voir fig. 80).
L’opération se fait dans le courant de juin, suivant l’état
avancé ou retardé de la végétation.
Le sujet (A, fig. 181) est un rameau semi-herbacé, dans les
conditions sus-indiquées, restant adhérent au cep. On le tranche
en biais dans la cloison d’un œil peu éloigné du sol, et on ne lui
retranche aucune feuille.
Le greffon (B) de même nature, même un peu plus herbacé,
est coupé sur l’étalon, au moment du greffage, effeuillé sur
pétiole et tranché de biais, sur la cloison d’un œil — en sens
inverse du sujet. — On l’étête aussitôt à un œil au-dessus, ce
qui lui donne deux yeux de pousse.
[fig181]

462
Fig. 181. — Greffe de rameau herbacé, à l’anglaise simple (Vigne).

On voit en a et b la coupe longitudinale du sujet et du


greffon, laissant à nu l’étui médullaire et la cloison du gemme,
où la juxtaposition doit s’opérer.
Le rapprochement (c) se fait sans cran ni languette. Une
bandelette de caoutchouc placée avec dextérité forme une
ligature souple, élastique.

463
Embouer préalablement le greffon contre l’action de l’air, du
soleil ou du hâle ; sinon attacher autour de la greffe, à titre
d’écran, une feuille de vigne ou un cornet de papier gris.
Ni engluement, ni buttage de terre.
[18.1]Soins après le greffage par rameau herbacé. —
Enfoncer un tuteur dans le sol et y attacher la branche greffée ;
la tête du tuteur dépasse la greffe d’au moins 0m,50, on y
accolera les jeunes pousses du greffon.
Quinze jours après le greffage, on peut enlever l’écran — par
un temps doux.
La greffe étant à œil poussant ne tarde pas à se développer ;
alors, enlever les bourgeons de souche et pincer les autres.
Recommencer en juillet-août, à œil dormant les greffes
manquantes, avec d’autres yeux ; éviter les ébourgeonnages et
les pincements.
Le greffage d’hiver est encore une ressource pour refaire les
ceps manqués en vert.
[19]Écussonnage herbacé de la vigne (fig. 182, 183). — Nos
éditions précédentes ont parlé de l’écusson à œil dormant
pratiqué à Beaune, chez Joseph Gagnerot. Cet intelligent
viticulteur exposait, en 1867, à Paris, de superbes plants de
vigne écussonnés, à différents âges.
Il opérait au commencement ou au milieu de l’été, à la base
d’un sarment en aoûtement, et couvrait la greffe de terre
pendant quinze jours.
Hortolès, Pulliat, Saurel l’ont imité.
Depuis, en 1887, un artisan du Lot, Salgues aîné, à Bétaille, a
remis l’écusson de la Vigne en vigueur. E. Marre, professeur
464
d’agriculture de l’Aveyron, est allé visiter le vignoble
écussonné et nous écrit : « Tout le succès dépend du choix des
parties à rapprocher par la greffe. Le sarment du sujet quitte
l’état herbacé, et n’est pas encore aoûté ; le point greffable est
généralement en deçà de 0m,40 à 0m,60 de la pointe ; l’écorce
peut encore se soulever. »
Et plus loin : « Le greffon, plus tendre, est levé sur partie
plus jeune d’un rameau principal, ou sur ramille anticipée, dite
faux-bourgeon ; le point essentiel est que le petit renflement du
sarment-étalon, en face de l’œil-greffon, soit déjà visible et pas
trop accentué. Cet œil est à peu près le cinquième en deçà de la
pointe. »
Le diamètre du greffon sera donc inférieur à celui du sujet ;
et l’époque du greffage variera : en mai et juin pour l’écusson à
œil poussant ; en juillet et août pour l’œil dormant.
Le bourgeon écusson, effeuillé sur pétiole, est levé comme
nous l’avons dit, p. 167, fig. 90, avec cette différence qu’il
conserve sous le gemme une lamelle de tissu herbacé (B, fig.
182).
Sans plus tarder, on pratique une incision en long (D) ou en
faucille au sommet (F), sur un côté méplat du sarment, en tête
du mérithale. En repliant légèrement ce sarment en avant, les
lèvres de l’incision s’écartent et l’on y introduit le greffon, aidé
par la spatule d’ivoire (d, f).
[fig182]

465
Fig. 182. — Écussonnage de la Vigne.

Ligature de laine ou de caoutchouc ; on pourra la supprimer


quinze jours après.
Entre des mains exercées, l’incision en T est admise ; le
professeur Horvarth, de Hongrie, réussit avec l’incision

466
combinée 工 (voir fig. 150, p. 412). Son confrère Goethe va
jusqu’à enlever un œil au sarment, sujet écimé, et à lui plaquer
un écusson boisé du sarment greffon.
En Provence, Marius Faudrin incise en T, au mois d’août,
sur sarment large de 0m,01.
[19.1]Soins après l’écussonnage en vert. — Notre opération
étant faite à œil dormant, nous laisserons le sujet s’étendre tout
à l’aise, mais en lui extirpant les rejets autour du collet, et en
tuteurant les sarments écussonnés.
Au printemps suivant, on étêtera le sujet (A, fig. 183) à 0m,
10 au-dessus de la greffe, tandis que les rameaux non greffés
seront recepés.
Pendant l’été, ébourgeonner les jets superflus, palisser la
jeune greffe (B, en e) sur l’onglet ; celui-ci sera retranché (en f)
à la chute des feuilles ou au réveil de la sève, après l’hiver.
En ce qui concerne l’œil poussant, ces opérations sont
décrites p. 190, fig. 102.
Tuteurage obligatoire de la jeune greffe.
[19.2]Greffage ou bouturage de rameaux écussonnés. —
L’exemple (fig. 98, p. 178), de rameaux écussonnés trouve ici
son application. Le sarment (A, fig. 182) reçoit en été des
bourgeons-écussons à deux ou trois mérithales d’intervalle. Au
cours de l’hiver suivant, la sève étant au repos, on sectionne (e,
g, h), le sarment ainsi écussonné, de manière que le bourgeon
écusson ait, au-dessous de lui, deux yeux du sujet. Ces
fragments, mis en jauge ou en stratification, deviendront au
printemps suivant de bons rameaux boutures ou greffons. On
comprend que, l’ébourgeonnage aidant, si le porte-greffe

467
s’enracine et l’écusson s’agglutine, c’est le bourgeon inoculé de
la sorte qui fournira le cep futur.
[fig183]

Fig. 183. — Résultat de l’écussonnage de la Vigne.

468
XII. — GREFFAGE DE VÉGÉTAUX HERBACÉS
OU SOUS-LIGNEUX.

Si la greffe est une opération nécessaire à la


multiplication des arbres et arbustes ligneux, elle n’est plus
qu’un accessoire auprès des végétaux à tissus herbacés,
sous-frutescents ou charnus.
Nos pères ont connu la période enthousiaste qui voulait
transformer les chardons en artichauts, ou monter le brocoli
sur le chou cavalier, ou marier la tomate à la pomme de
terre pour « éviter la famine au peuple… »
N’a-t-on pas voulu rendre le blé vivace en le soudant aux
racines du chiendent ?…
À la note sur la Morelle, p. 304, nous pouvons ajouter
qu’il est resté aux Antilles, le greffage de l’Aubergine et de
la Tomate sur Mélongène « diable », d’après Hahn et notre
correspondant Duchamp, de la Martinique.
Des praticiens émérites de notre siècle, s’appuyant sur
les lois d’affinité et d’adaptation végétales exposées au
début de cet ouvrage, sont cependant parvenus à modifier
l’aspect ou le rendement de plantes plus ou moins
éphémères, ou leur manière de vivre.

469
La presse horticole s’est empressée de publier le résultat
de ces expériences faites à différents points de vue, soit au
Muséum, au Luxembourg, à Fromont, à la Muette, à
Versailles et autres établissements d’étude et
d’enseignement, soit dans les maisons de commerce et de
production, en France et hors frontière.
Nous signalerons ce qui est admis dans le domaine de la
pratique. Si le physiologiste n’y trouve pas toujours une
greffe dans toute l’acception du mot, l’amateur de jardins
ne s’intéressera pas moins à cette opération similaire.
[1]

végétaux herbacés ou sous-ligneux soumis au


greffage

Nous suivrons l’ordre alphabétique.

[fig184]

[1.1]Chrysanthème, Chrysanthemum (Composées). —


Le Chrysanthème frutescent, Comtesse de Chambord,
vigoureux et à fleur blanche, peut recevoir la greffe du
Chrysanthème Étoile d’or, variété plus délicate, à fleur
jaune.
Le Chrysanthème de l’Inde, herbacé et vivace, riche par
ses coloris variés, fournira des plantes multicolores par la
greffe. L’opération se pratique de mars en mai, sous verre
dans la serre, et en mai, sous cloche à l’air libre ; le greffon

470
est un jeune rameau
herbacé, ses feuilles sont
conservées ou coupées sur
limbe ; ligature au raphia.
Un de nos greffeurs,
Louis Asselin, a réussi ces
deux manières qui,
d’ailleurs, sont pratiquées
au Japon, ainsi que nous
l’a confirmé Hayato
Foukouba, directeur des
jardins du Mikado, lors de
son voyage en France, en
1889 :
1o En touffe ; chaque
rameau est coupé à 0m,10
et greffé en demi-fente (fig.
Fig. 184. — Greffage sous écorce, du
187) ou à l’anglaise (fig.
Chrysantème.
80 et 81) ;
2o En pyramide ; une tige unique (B, fig. 184 provenant
du bouturage d’hiver recevra, sur le corps, plusieurs
greffons (A) préparés et insérés par le procédé sous écorce
(fig. 48). La tige à écorce lisse (Elaine, Hanoi, Eva, Joseph
Rozain, Maiden’s Blush, Madame Féral) a été pincée au
sommet, huit jours avant le greffage.
Imitant les Japonais, les Anglais réunissent sur la même
tige quelques variétés présentant une analogie de port et

471
d’époque de floraison. Ils opèrent dans la serre à vigne et
entourent la greffe de sphagnum pendant l’étouffage.
Les soins généraux sont d’abord l’étouffée sous verre,
l’aération aussitôt la reprise assurée, puis le palissage de
chaque greffe, l’ébourgeonnage du tronc et l’édrageonnage
de la souche.
[1.2]Coleus (Labiées). — Le greffage du Coleus permet
de grouper des feuillages variés sur la même plante ; le
sujet serait une variété à tige forte et vigoureuse, à feuillage
plutôt unicolore.
Greffer en demi-fente (fig. 87) ou de côté (fig. 65), au
printemps ; ligaturer au raphia ; étouffer aussitôt l’opération
finie.
[1.3]Croton,Codiæum (Euphorbiacées). — Ici encore, la
greffe est un moyen de varier les feuillages sur la même
plante.
Opérer en avril-mai, en demi-fente (fig. 187) ou en
placage (fig. 118), et porter la plante sous cloche, dans une
couche de tannée à + 20°.
On a essayé de même la greffe par approche au
printemps.
[1.4]Dahlia (Composées). — Depuis les essais de Thomas
Barkes, en 1821, répétés en France par Lelieur et David, à
Saint-Cloud, le Dahlia se multiplie par le séparage des
touffes (fig. 185) mises en végétation sur couche, par le
bouturage des jeunes pousses, par le greffage. On peut
greffer (fig. 186) sur tubercule (A) un bourgeon (B)
472
provenant de la plante à reproduire, la souche ayant été
forcée dès le mois de février.
Le tubercule choisi est de moyenne grosseur ; la tête
étant coupée, on le fend pour y insérer le greffon, jeune
pousse de 0m,05 à 0m,15 de longueur (B) portant une ou
deux paires de feuilles ; il est avivé de chaque côté à la
base. Un œil (C) ménagé au dos du biseau permettra
d’assurer la propagation de la plante l’année suivante. Sans
cette précaution, le Dahlia greffé ne saurait être conservé au
delà d’une saison.
Une fente de biais au tubercule pour recevoir le greffon a
toute chance de succès.
Aussitôt ligaturée au raphia, la greffe logée dans un pot
sera placée sous cloche à chaud, sur la bâche vitrée de la
serre à multiplication.
[fig185][fig186]

473
Fig. 185. — Souche de Dahlia. Fig. 186. — Greffage du Dahlia.

Veiller aux ravages des insectes, des colimaçons ;


bassiner le matin et éviter la pourriture. Trois semaines
après, la reprise est assurée et la végétation commence. On
aère progressivement. La plante est mise en pot de 0m,09 à
0m,12 ; on la place sur couche tiède ; plus tard, on la
rempotera dans des pots de 0m,14.
Chauvière, Dufoy, Lequin, etc., procédaient ainsi pour
envoyer au marché, dès le 15 mai, des Dahlias fleuris.
Toute plante naine et à fleur blanche est, en cette saison,
d’une vente assurée.

474
Il paraît que le Dahlia imperialis, greffé, peut fleurir sous
le climat de Paris.
[1.5]Érythrine (Papilionacées). — Sur l’Érythrine crête
de coq, Er. crista galli, les variétés à rameaux étalés et à
belle floraison comme Madame Bellanger, Monsieur
Barillet, deviennent exubérantes en floraison et trapues en
végétation. Greffer en demi-fente (fig. 114), sous verre.
[1.6]Fuchsia (Onagrariées). — Le bouturage facile du
Fuchsia n’ôte rien à l’intérêt qui s’attache à son greffage.
Grâce à cette opération, on obtient des Fuchsias à haute
tige comme des Rosiers ou des Orangers. En 1869, M.
Harms exhibait de ces plantes à Hambourg et nous
expliquait sa méthode. La tige est une variété très
vigoureuse, comme Der Wucherer, qui garde sa sève
longtemps, sans être ni cassante ni fluette, et ses racines
restent bien « mottées ». Bouturé de bonne heure et poussé
à l’engrais liquide, il peut, à l’automne suivant, recevoir sur
tige des greffons de variétés à végétation courte,
buissonnante ou retombante. Ici, les floraisons précoces
sont recherchées par l’amateur, et la série du Fuchsia
fulgens dégage des grappes florales de son épais feuillage.
La variété fulgens Dark fait valoir, au greffage, ses
abondantes corolles longues et tubulées et se présente ainsi
sous un aspect qui lui est plus favorable.
Moins élancées sont les tiges des Fuchsias Général
Lapasset et Marquis of Bristol, également propres au rôle
de sujet.

475
[fig187]À Passy-Paris,
le fleuriste Paintèche
nous a montré des types
porte-greffe qu’il a
trouvés sur le marché et
qu’il utilise ainsi,
comme il utilise
Pauline, Lamennais,
etc. Avec le système en
coulée (fig. 184), à
l’herbacé, il groupe
plusieurs sortes sur la
même plante.
Par le greffage rez-
Fig. 187. — Greffage du Fuchsia.
terre, l’horticulteur
nancéien Victor Lemoine a sauvé des Fuchsias malades ou
brisés ; il a pu également devancer la mise au commerce de
nouveautés inédites et forcer la floraison du Fuchsia
spectabilis, enté sur le F. syringæflora.
Un amateur a réussi le greffage du Fuchsia gracilis et
autres à calice rouge sur la tige du Fuchsia corallina.
La greffe habituelle est la demi-fente sur le sujet (A, fig.
187), entre deux feuilles (i, i), ou à l’aisselle, en fente de
côté, sur un sujet bien racine. Opérer sur parties herbacées,
le greffon (B) ayant les feuilles (e, e) de la base tronquées ;
ligaturer et emmousser. Placer les plantes dans une serre
plutôt humide et bien fermée ; donner des seringages
fréquents et veiller aux ligatures.
476
[1.7]Héliotrope,Heliotropium (Borraginées). — Les tiges
d’Héliotropes se font avec les variétés vigoureuses :
Triomphe de Liège, Ornement des Jardins ; en tête, on leur
insérera d’autres sortes par la greffe en demi-fente. Opérer
dans une serre un peu humide ; aérer quinze jours après.
[fig188]

[1.8]Œillet, Dianthus
(Caryophyllées). — En dehors du
greffage de variétés distinctes sur
une touffe de l’œillet des
fleuristes, on multiplie cette jolie
plante par le marcottage et le
bouturage, quelquefois par le
greffage.
Le sujet est un jeune plant,
bouture ou semis ; le greffon,
jeune pousse coupée au-dessus
d’un nœud, est muni de ses
feuilles, celles de la base étant
tronquées à moitié ; le biseau est
double et laisse le nœud intact.
L’assemblage se fait par la greffe
de côté (fig. 66), en février-mars. Fig. 188. — Greffage de
Le rhizome de Saponaire l’Œillet.
(Saponaria officinalis) constitue un sujet pour les variétés
vigoureuses ; un tronçon (A, fig. 188) âgé de deux ou trois
ans, long de 0m,05, suffit ; les petits chevelus y sont

477
conservés et les yeux détruits. Le greffon plus ferme au
printemps ou à l’automne est à peu près herbacé en été. Si
le biseau peut conserver un œil, son affranchissement en
sera la conséquence. L’insertion se fait en face d’un
bourgeon d’appel (a) par la demi-fente, et l’on y introduit le
greffon (B). Après ligature avec un gros fil, la plante est
placée dans le sable fin, sous cloche, à froid. Éviter trop
d’humidité.
Par cette méthode, préconisée par Lachaume, un
spécialiste, Brot-Delahaye, a rendu l’œillet Souvenir de la
Malmaison trapu et florifère. Le greffage dit d’automne,
soit du 15 août au 15 septembre, est fait sous châssis, avec
des tronçons de racine conservés dans le terreau ou la
tannée, ainsi que procédait Loisel avant 1830.
[1.9]Pelargonium (Géraniacées). — À Cherbourg, à
Lyon, à Nancy, à Hambourg, et dans la banlieue de Paris ou
de Versailles, nous avons vu quelques exemples, seulement,
de greffage du Pélargonium, bien que Louis Thibaut,
Uterhart, Méline l’eussent pratiqué de 1835 à 1840.
Le but est de multiplier certaines variétés délicates, de
rapprocher plusieurs formes ou divers coloris sur la même
plante, et d’y grouper des types différents.
Dès 1849, Victor Lemoine greffait les Pelargonium
Anaïs Chauvière et Queen Victoria de la section dite
« fantaisie » sur l’espèce « à grandes fleurs ». Le bouturage
en était difficile par suite de la végétation « tuée » par la
floribondité ; peu ou point de rameaux.

478
Avec le concours du Pélargonium zonale à fleur double,
Gloire de Nancy, on peut élever sur tige, soit un P. zonale
nain comme le Souvenir de Carpeaux, soit un P. à feuille de
lierre Madame Crousse ou autre variété non moins
élégante, soit un type à feuille panachée, comme Gyselinck
en exhibait à Gand, en 1888.
L’époque du greffage est au printemps.
Les parties à juxtaposer seront à l’état herbacé, et
cependant assez fermes pour faciliter la taille en coin du
greffon et l’incision du sujet ; leur rapprochement est en
placage à l’anglaise (fig. 56) ou en demi-fente (fig. 187).
Une serre demi-fermée vaut mieux qu’une serre humide ;
les arrosages y seront modérés.
[1.10]Pétunia (Solanées). — Le Pétunia réussit sur tige de
Tabac glauque, Nicotiana glauca. Nous en avons vu un
groupe curieux chez Aimé Champin, dans la Drôme.
L’opération, à demi-fente (fig. 187), se pratique sous
verre, en mai. Éviter l’excès d’humidité.
[1.11]Rose trémière, Althæa rosea (Malvacées). — Dans
les pays froids, on greffe la Rose trémière, particulièrement
les variétés à fleur pleine ou qui mûrissent mal leurs
graines. La greffe reproduit les caractères floraux ; la plante
devient plus ramifiée, plus hâtive et plus abondante en
floraison.
L’opération se fait de juillet en septembre, sous cloche,
dans une serre chauffée à + 15°. La jeune plante est d’abord
mise en godet et enterrée à moitié du greffon.
479
Le sujet est un fragment de racine (fig. 20) d’espèce
rustique, long de 0m,05 ; le greffon, un jet de souche portant
quelques feuilles. La taille du biseau et l’assemblage des
deux parties ont quelque analogie avec ce que nous avons
dit au Dahlia (p. 467).
Les Anglais ont adopté la demi-fente (fig. 186) et le
placage ; parfois, on greffe sur semis de la Rose trémière
« noire » ou des teinturiers.
La greffe étant soudée et en végétation, on la place sous
châssis pour l’hivernage ; la plantation au jardin se fait au
printemps suivant.
Vers 1840, Bacot, à la Villette, greffait la Rose trémière
sur racine de Guimauve (Althæa officinalis), à chaud et
sous cloche, à l’étouffée.
[1.12]Tacsonia (Passiflorées). — Nous pourrions citer
encore plusieurs végétaux qui se prêtent au greffage en
serre ; tels sont les Acokanthera (A. spectabilis sur A.
Thunbergii), Allamanda. Bouvardia, Chrysophyllum,
Combretum, Hibiscus, Ipomea, Ixora, Pavetta, Phytolacca,
Strychnos, Verbena (sur Lantana) etc. ; nous dirons
seulement un mot du Tacsonia, à propos d’une expérience
faite, à Nancy, dans les serres de Victor Lemoine et fils.
Un Tacsonia Buchanani greffé en placage sur Passiflore
quadrangulaire à feuille panachée, devint panaché lui-
même ; ses rameaux greffés ensuite sur de nouveaux sujets
de Passiflore accentuèrent encore leur panachure. La même

480
opération fut recommencée à trois reprises, et la sous-
variété panachée fut définitivement fixée.

481
XIII. — GREFFAGE DES VÉGÉTAUX CHARNUS

Les végétaux à tissus charnus ou succulents dits « plantes


grasses » ne comprendront ici que la Famille des Cactées.
De serre, sous le climat de Paris, ces plantes vivent en
pleine terre et à l’air libre dans la région méridionale de la
France, en Algérie et aux Colonies.
Le greffage des Cactées est en quelque sorte une
juxtaposition cellulaire interne ; et si l’on admet un terme
de comparaison, nous dirons que la greffe des plantes
grasses n’est pas un mariage, mais bien un collage ou un
soudage de parties charnues, plus ou moins succulentes.
Cependant les Cactées greffées vivent assez longtemps,
en modifiant leurs formes naturelles et leurs conditions
d’existence ou de floraison, de quoi les rendre
intéressantes.
Les horticulteurs spécialistes ont adopté le greffage pour
étudier et propager les nouvelles espèces. La greffe est
encore le facteur qui permet à de nombreuses variétés de
paraître au marché ou de décorer les serres et les
appartements, et en même temps d’approvisionner la
bouquetière dans une saison où les fleurs fraîches sont
rares.
[1]

482
sujets porte-greffes des cactées

Les espèces employées comme sujet dans le greffage des


Cactées sont généralement à rameaux ou articles dressés, et
font partie des genres Cereus, Echinopsis, Opuntia,
Pereskia, Phyllocactus.
En voici les formes principales :
[1.1]Cierge, Cereus. — Les variétés qui produisent de
bons sujets porte-greffes sont de différents groupes classés
d’après leur aspect :
[fig189]

1o Cierges à grosse côte, azuré, du


Pérou ;
2o Cierges à grande fleur, de Mac-
Donald, à éperon ;
3o Cierges de Baumann, de Bonpland,
tortueux.
Les uns et les autres reçoivent la greffe
des diverses tribus de Cactées.
Le Cierge à éperon, C. rostratus,
Fig. 189. —
convient au greffage des espèces à
Greffage sur Cierge.
développement restreint : le Cierge
tubéreux, C. tuberosus, par exemple (fig.
189), et quelques autres types bizarres de forme ou
d’aspect.

483
Les gros sujets dans les espèces à forte tige recevront la
greffe des plantes plus charnues. D’après Éberlé, le Cierge
à grosse côte, C. macrogonus, avec ses tiges allongées, est
tout disposé à cet usage.
Enfin, on choisira des espèces dont la tige offre assez de
consistance, ne serait-ce que dans l’axe, pour supporter le
greffon.
[1.2]Échinopside, Echinopsis. — Sur l’Échinopside
réussissent quelques Échinocactes et des Mamillaires.
Les Echinopsis multiplex, turbinatus, var. Eyriesi, assez
robustes, de multiplication facile, pourront être utilisés au
greffage des Cactées de différents genres.
[fig190] [1.3]Opontiaou Nopal. — Les
espèces qui se prêtent le mieux aux
fonctions de porte-greffe sont les Opuntia
Stapeli, crassa, monacantha, curassavica,
ficus indica et le vulgaire Opontia dit
Raquette.
Le cactophile Palmer a inséré, sur une
touffe de l’Opuntia monacantha, toute une
collection de Cactées, une espèce étant
greffée sur chaque article. Fig. 190. —
L’Opontia à feuille épaisse, Opuntia Greffage sur
crassa (fig. 190) est réservé aux sortes Opontia.
délicates.
[1.4]Péreskia. — Les espèces admises comme porte-
greffe sont :
484
1o Le Péreskia subulé, P. subulata, destiné au greffage
des Opontias chétifs, des Échinopsides, Mamillaires, etc.,
des Épiphylles à large feuille.
2o Le Péreskia calandriniæfolia. — Les fleuristes de
Dusseldorf, entre autres, emploient cette espèce à tige forte
et ligneuse pour la greffe des Épiphylles.
3o Le Péreskia piquant, P. aculeata, (aux Antilles,
Groseillier d’Amérique), le plus rustique du groupe, reçoit
les Épiphylles, surtout les variétés à petite feuille, et
quelques autres Cactées.
Le Péreskia porte-greffe prospère dans les milieux où vit
l’Épiphylle ; il lui faut, en hiver, des arrosages et de la
chaleur.
[1.5]Phyllocacte,Phyllocactus. — Le Phyllocacte
anguleux est parfois employé. Le Ph. à large fronde,
Phyllocactus latifrons, a été le sujet favori de notre confrère
troyen, M. Léger. Après reprise certaine (fig. 191) il
retranchait les ailes du sujet et s’en servait comme éléments
de multiplication, par le bouturage.
[2]

cactées à reproduire par le greffage

En général, toutes les Cactées peuvent se souder aux


types ci-dessus.
Nous avons apprécié les aptitudes, au rôle de greffon, des
espèces et des variétés suivantes :
485
[2.1]Cierge. — Les diverses espèces de Cierges se
soumettent au greffage. Celles qui ont un port particulier
seront greffées sur une tige de Cierge dressé, dit colomnaire
(1re section).
Les Cereus tuberosus, Donkelaari, Limensis, spinibarbis,
se greffent sur le C. tortuosus et y fleurissent mieux qu’à
l’état franc de pied.
Le Cierge tubéreux prend encore sur Péreskia.
Le C. multangularis, au tronc radicant, vient sur le
Cierge du Pérou, plus élevé, et sur le Cierge tortueux, aux
dispositions florifères.
Sur le Cierge de Bonpland, à tige carrée, on réussit les
Cereus albispinus, Donkelaari, giganteus, Huotti, et
quelques autres.
En 1830, au Jardin des Plantes, à Angers, on piquait le
Cactus speciosus sur la tige des Cierges du Pérou,
hexagone et cylindrique.
[2.2]Les Pilocereus, Cierges poilus, qui atteignent de
grandes dimensions, trouvent un support, pour leurs formes
trapues, dans les Cierges du Pérou et de Bonpland.
Le P. senilis coiffera de sa chevelure blanche les Cierges
du Pérou, C. peruvianus, et à grosse côte, C. macrogonus,
alors que le P. pilatus ornera de sa crinière, le Cierge lisse,
C. lætus.
À l’Exposition de 1889, le Mexique exhibait un
gigantesque Pilocereus senilis couronnant un Cierge

486
magnifique, Cactus speciosissimus.
[2.3]Échinocacte, Echinocactus. — À une exposition
horticole de Lille, nous avons compté, devant le lot de
Cactées soumises au greffage par M. Rogé, douze variétés
d’Échinocactes entées sur le Cierge du Pérou, à tige
colomnaire ; autant sur le Cierge tortueux, plus couché ;
huit sur le Cierge de Bonpland ; six sur le Cierge azuré, aux
tiges glauques, et quelques-unes sur le Cierge à grosse côte,
vigoureux, ou sur le Cactus speciosissimus, de la tribu des
« Hétéromorphes », et même sur le C. lætus, moins
aiguillonné.
D’autres figuraient sur le Péreskia à tige grêle ou sur
l’Echinopside, au port ramassé.
L’amateur Ramus greffe l’Echinocactus Potsiu sur le
Cactus tortuosus.
[2.4]Échinocereus. — Lorsqu’il est greffé sur Péreskia
subulé, l’Échinocereus tubéreux, Ech. tuberosus, gagne en
vigueur et en floribondité.
Les autres espèces s’accommodent plutôt des Cierges du
Pérou, tortueux, de Bonpland.
L’Ech. Ehrenbergi var. cristata s’adapte au Cierge à
grosse côte, tandis que son type épanouit sa corolle rose sur
le Cierge lisse, C. lætus.
[2.5]Échinopside. — La forme sphéroïdale ou ovalaire de
l’Échinopside contrastera avec la tige dressée et rigide des
Cierges, lorsqu’on greffera les variétés principales sur ces

487
derniers sujets, ou avec la tige grêle et tourmentée du
Péreskia.
L’Echinopsis multiplex cristata, aux formes irrégulières,
enté sur la tige d’un Cierge de Baumann ou à grosse côte,
ou sur Opontia épais, Op. crassa, aux articles plats, ou sur
Echinocereus cendré, Ech. cinerescens, rebondi et hérissé,
constituera un assemblage bizarre et curieux.
[2.6]Épiphylle, Epiphyllum. — L’espèce la plus cultivée
est l’Épiphylle tronqué, Ep. truncatum. Greffée sur
Phyllocacte (fig. 191), sur Cierge ou sur Péreskia, la plante
devient florifère et approvisionne les bouquets en hiver.
[fig191]

488
Fig. 191. — Greffage de l’Épiphylle sur Phyllocacte.

489
Par une série de greffes de côté pratiquées çà et là sur la
même tige de Péreskia, on obtiendra des guirlandes
décoratives d’Épiphylles en fleurs dans la serre ou dans la
forcerie.
Conservant sa sève en hiver, le Cierge à éperon est
sympathique à l’Épiphylle.
Avec l’Opuntia, l’Épiphylle conserve un port plus
buissonnant, mais sa longévité y perd.
[2.7]Mamillaire, Mamillaria. — Les Mamillaires, dont le
nom indique suffisamment la forme, seront greffés sur les
Cierges tortueux, du Pérou, de Bonpland. Toutefois le
Mamillaria Schiedeana développe ses petites baies rouge
corail sur le Cereus Lamprochlorus, à tige cylindrique. Le
Mamillaire bicolore se contente du Cierge à éperon, C.
rostratus ; d’autres se soudent au Péreskia ou à
l’Échinopside.
[2.8]Mélocacte, Melocactus. — Le Mélocacte pyramidal
et variétés similaires réussiront sur le classique Cierge du
Pérou, érigé ou cannelé.
[2.9]Opontia. — Les variétés à larges feuilles ou articles,
de ce groupe, s’adaptent aux Opontias de Stapel et Figue
d’Inde, et les variétés d’apparence chétive se développent
avec l’Opontia à feuille épaisse. Sur ce dernier, ou sur le
Péreskia subulé, la variété Op. clavarioides cristata étale
ses formes originales.
Le Cierge tortueux reçoit l’Op. nivea cristata, et le
Cierge triangulaire aux tiges radicantes, fait vivre le Nopal
490
ou Opontia cylindrique et sa variété monstruosus.
[2.10]Péreskia. — Le Péreskia à grande feuille, plante de
serre chaude, peut cependant végéter en hiver dans une
serre tempérée par l’effet de son greffage sur le Péreskia
subulé.
Les autres variétés délicates réussissent sur les Péreskias
épineux et subulé.
[2.11]Rhipsalis. — Les espèces de ce genre polymorphe
vivent pour la plupart en fausses parasites et se greffent sur
Cierge ou sur Péreskia.
[3]

procédés de greffage des cactées

Les procédés de greffage des Cactées se rapportent plus


ou moins à ceux qui sont décrits dans cet ouvrage. Il suffira
de mettre en contact les tissus cellulaires des deux parties
— plutôt jeunes — au moyen de tailles, d’incisions, et de
l’écorçage ou du grattage de l’épiderme.
[3.1]Époque. — Deux périodes sont adoptées : février-
mars et juillet-août, quand la sève est encore active. Plus
tard, la période de repos arrive et la soudure est moins
certaine.
Sujet. — Le sujet, de bouture récente, sera jeune et
ferme, bien mûri. Déjà ligneux, il se soudera mieux et
conservera sa vitalité plus longtemps que les plantes à
tissus mous et aqueux.
491
Bouturé en février-mars, un rameau sujet sera greffé au
mois de juillet ou d’août ; s’il est trop faible, on l’ajournera.
Une bouture de fin été est quelquefois propre au greffage en
mars.
Les têtes (cephalium) des Cierges et des Péreskias,
coupées pour être greffées, peuvent constituer de nouvelles
boutures qui seront à leur tour propres au greffage au bout
de huit à douze mois. La plante tronquée produira des
pousses qui, bouturées, deviendront par la suite des sujets.
Le bouturage est pratiqué à partir d’avril. Des articles,
des gemmes, des petits mamelons, des fragments de
rameaux sont détachés de la mère, au pied, sur tige ou sur
aréole ; après un séchage de quelques jours, on les enterre
très légèrement dans le sable d’une tablette de la serre, sans
les étouffer ni les ombrer. Les racines se forment en peu de
temps.
Les espèces aux dimensions réduites sont groupées par
cinq ou six boutures dans le même pot ; elles seront isolées
après reprise complète.
On greffera le sujet au moment de l’empoter.
[3.2]Greffon.— La nature du greffon varie suivant
l’espèce à reproduire ; il doit être relativement court, de
moyenne grosseur et bien constitué.
Le greffon des Cierges et des Péreskias est un fragment
de tige ou branche cylindrique, costé ou anguleux, d’une
longueur moyenne de 0m,10.

492
Le greffon des Mélocactes, Échinocactes et Mamillaires
est une jeune pousse globuleuse ou ovoïde qui s’est
développée au collet ou sur une côte, ou à la surface de
l’étalon.
Le greffon de l’Épiphylle se compose d’une série de 2, 3
ou 4 segments adhérents les uns aux autres ; celui de la
base doit être suffisamment ligneux pour se souder, et assez
fort pour donner promptement une plante marchande.
Le greffon de l’Opontia est un article court ou allongé,
selon son espèce, poussé nouvellement sur tige ou sur
ancienne articulation.
Il n’y a pas d’inconvénient à détacher le greffon de la
mère quelques jours avant son emploi.
[3.3]Assemblage. — Le rapprochement définitif, ou
assemblage, consiste à mettre en contact les tissus
cellulaires des deux plantes opérées.
Pour le greffage sur tige de Cierge ou de Péreskia, on
étête le sujet de manière que le greffon porte sur une partie
déjà ligneuse. On incise de haut en bas l’axe du sujet et l’on
y insère le greffon, dont on avive l’épiderme à la base, sur
chaque face. La greffe anglaise simple (fig. 80, 117, 181),
réussit également.
La figure 191 représente un Épiphylle, greffe de quatre
ans, introduit de cette façon, sur une tige de Cierge ou
plutôt de Phyllocacte.
La greffe de côté (fig. 65, 66, 67) est applicable au
Péreskia, plante sujet. On pratique une fente oblique, de
493
haut en bas, commençant à l’aisselle d’une feuille terminant
à l’axe central, et l’on y introduit le greffon préparé.
La soudure des plantes grasses exige le contact des deux
parties, facilité par des pointes transversales ou des liens
extérieurs.
On enfonce des épingles galvanisées ou des aiguillons de
Cactée, longs et forts comme ceux du Péreskia, traversant
le sujet et le greffon ; on ajoute s’il le faut, une ou deux
petites pinces en bois (pince à linge) au sommet du sujet
incisé.
Quand une ligature est praticable, on se sert de fil, de
laine, de coton ; les épines conservées en tête du sujet
empêchent le glissement du lien.
[fig192]

Fig. 192. — Greffage de l’Échinocacte sur Cierge.

494
La couture à l’aiguille avec un fil ordinaire, traversant la
greffe, est encore admissible.
L’Opontia (fig. 190) sera greffé tel que nous venons de
l’expliquer : incision au sommet légèrement tronqué ;
introduction d’un greffon avivé à la base ; épinglage ou
ligature.
Le Cierge sur Cierge (fig. 189) nécessite la perforation de
l’axe de l’une des deux parties. Quant aux greffons
sphériques, ramassés, ou à peu près, il suffirait de les
adapter au sujet par une simple coupe horizontale répétée
sur l’un et sur l’autre ; mais s’ils étaient plus gros que le
sujet, on les creuserait en dessous (B, fig. 192), et on y
introduirait ce dernier (A) avivé en tête comme s’il
s’agissait d’emmancher un maillet. S’ils étaient plus petits
ou de forme ovoïde, on pratiquerait l’opération contraire.
La ligature (C) se fait avec un fil, avec un brin de laine,
de coton ou de raphia reliant les deux parties à la façon du
ficelage du bouchon des bouteilles de liquide mousseux. Un
tour préalable en tête du sujet et deux tours en croix sur le
greffon — ménageant le sommet par un tampon de liège —
suffisent. Si la plante est en pot, le bord couronné du vase à
fleur peut aider à ce petit travail.
[4]Soins après le greffage des Cactées. — Le sujet greffé
sera placé immédiatement à l’ombre, sous châssis ou sous
cloche dans la serre, et y séjournera de huit à quinze jours.
Une fois l’adhérence bien constatée par un
commencement de végétation ou un simulacre de bourrelet,

495
on enlève le double verre et on laisse la plante dans la serre
où elle ne tarde pas à se développer.
Les ligatures seront supprimées assez tard, après la
reprise, avant qu’elles puissent nuire au grossissement du
sujet.
Cependant, les greffes de Cactées pourraient être
groupées sous le simple verre de la serre à multiplication, à
mi-ombre et mi-soleil, en leur évitant surtout les courants
d’air occasionnés par le va-et-vient du personnel.
Le double verre est indispensable aux greffages d’été ; la
greffe est ainsi soustraite aux risques de la pourriture qui
peut être amenée par les arrosages obligatoires de la serre,
en cette saison.
Le maniement d’une greffe de Cactée demande une
certaine attention, tant que le soudage n’en est point
complet.

496
TABLE DES MATIÈRES

Préface
I. Définition et but du greffage
Définition du greffage
But du greffage

II. Conditions de succès du greffage


Affinité entre espèces
Vigueur réciproque des parties
Saison du greffage

III. Matériel du greffage


Outils
Sécateur
Scie
Serpette
— à désongletter
Greffoir
— anglais

497
Couteau à greffer
Ciseau à greffer
Gouge à greffer
Métrogreffe
Entretien des outils
Ligatures
Laine filée ; coton filé
Spargaine ; massette
Raphia
Tritoma ; tille ; natte
Ficelle ; osier ; écorces, etc.
Engluements
Onguent de Saint-Fiacre
Mastic chaud
Mastic froid
Accessoires

IV. Choix des sujets et des greffons


Choix des sujets
Éducation du sujet complet
Premier âge
Semis
Marcottage
Bouturage
Repiquage
Pépinière

498
Plantation du plant
Recepage du plant
Élagage du jeune sujet
Préparation du sujet pour le greffage
Greffage sur place
Greffage à l’abri
Sujets de bouture
Choix des greffons
Arbres étalons
Greffon-arbre
Greffon-œil
Greffon-rameau
Conservation des greffons

V. Greffage sous verre


Préceptes généraux
Greffage sous cloche
Greffage en bâche
— dans la serre
Soins après le greffage sous verre
Abris ; ombrelles

VI. Procédés de greffage


Tableau des procédés de greffage.

— I. — Greffage par approche

499
Préceptes généraux
Groupe I. Greffage par approche de côté
Greffe par approche en travers
Greffe par approche en placage
Greffe par approche en incrustation
Greffe par approche à l’anglaise, de côté
Groupe II. Greffage par approche en tête
Greffe par approche à l’anglaise, en tête
Groupe III. Greffage par approche en arc-boutant
Greffe en arc-boutant avec œil
Greffe en arc-boutant avec rameau
Soins après le greffage par approche
Sevrage de la greffe par approche
Écimage du sujet
Séparation de la mère
Application du greffage par approche à la
multiplication des végétaux

— II. — Greffage par rameau détaché


Préceptes généraux
Groupe I. Greffage de côté sous écorce
Préceptes généraux
Greffe sous écorce par rameau simple
Greffe sous écorce à l’anglaise
Greffe par rameau avec embase
Soins après le greffage de côté sous écorce
Groupe II. Greffage en couronne
500
Préceptes généraux
Greffe en couronne ordinaire
Greffe en couronne perfectionnée
Soins après le greffage en couronne
Groupe III. Greffage en placage
Préceptes généraux
Greffe en placage ordinaire
— à l’anglaise
— en tête
— avec lanière
Soins après le greffage en placage
Groupe IV. Greffage en incrustation
Préceptes généraux
Greffe en incrustation en tête
Greffe en incrustation latérale
Soins après le greffage en incrustation
Groupe V. Greffage dans l’aubier
Préceptes généraux
Greffe en tête dans l’aubier
— avec biseau plat
— avec biseau de biais
Greffe de côté dans l’aubier
— avec entaille droite
— avec entaille oblique
Soins après le greffage dans l’aubier
Groupe VI. Greffe en fente
Préceptes généraux

501
Préparation du greffon
Greffe en fente ordinaire
— simple
— double
— avec œil enchâssé
Époque du greffage en fente.
Greffage en fente au printemps
Greffage en fente à l’automne
Greffe en fente terminale
— terminale ligneuse
— terminale sur arbres non résineux
— en fente terminale sur arbres
résineux
Greffe terminale herbacée
Greffage en bifurcation
— en bifurcation des conifères
Greffe en bifurcation des bois durs
Greffe en bifurcation de la vigne
Soins après le greffage en fente
Groupe VII. Greffage à l’anglaise
Préceptes généraux
Greffe anglaise simple
— compliquée
— trait de Jupiter
— au galop
— au galop simple
— — double

502
— anglaise à cheval
— anglaise sur la vigne
Soins après le greffage à l’anglaise

— III. — Greffage par œil


Préceptes généraux
Groupe I. Greffage en écusson
Écussonnage sous l’écorce
Préceptes généraux
Écussonnage ordinaire
Préparation des greffons
Levée de l’écusson
Inoculation de l’écusson
Ligature de l’écusson
Préservatifs contre la sécheresse
Écussonnage en pépinière.
Écussonnage avec incision cruciale
Écussonnage avec incision renversée
Écussonnage en placage
— combiné
— double
— multiple
Époque de l’écussonnage
Écussonnage à œil poussant
Écussonnage à œil dormant
Soins après l’écussonnage

503
Groupe II. Greffage en flûte
Préceptes généraux
Greffe en flûte ordinaire
— avec lanières
Soins après le greffage en flûte

VII. Travaux complémentaires du greffage


Surveillance des ligatures
Étêtage du sujet
Ébourgeonnement du sujet
Destruction des insectes
Palissage de la greffe
Suppression de l’onglet
Réduction du bourrelet de la greffe

VIII. Végétaux à multiplier par la greffe : arbres,


arbrisseaux, arbustes

Abricotier, Armeniaca
Abutilon, Abutilon
Actinostrobus
Ajonc, Ulex
Alaterne, Rhamnus Alaternus
Alisier, Aria
Althéa, Hibiscus
Amandier, Amygdalus
Amélanchier, Amelanchier

504
Anacardier, Anacardium
Andromède, Andromeda
Aralia, Aralia
Araucaria, Araucaria
Arbousier, Arbutus
Arthrotaxis, Arthrotaxis
Aubépine, Cratægus oxyacantha
Aucuba, Aucuba
Aulne, Alnus
Avocatier, Persea
Azalée, Azalea
Azerolier, Cratægus Azarolus
Baguenaudier, Colutea
Bibacier, Eriobotrya
Bignone, Tecoma
Biota, Biota
Bouleau, Betula
Bourgène, Rhamnus
Buisson-Ardent, Pyracantha
Broussonnetier, Broussonnetia
Bugrane, Ononis
Caféier, Coffea
Callistémon, Callistemon
Callitris (syn. Frenela)
Calophaca, Calophaca
Camellia, Camellia
Camphrier, Laurus camphora

505
Cannellier, Cinnamomum
Caragana, Caragana
Caroubier, Ceratonia
Catalpa, Catalpa
Céanothe, Ceanothus
Cèdre, Cedrus
Céphalotaxus, Cephalotaxus
Cerisier, Cerasus
Chalef, Elæagnus
Chamécerisier, Chamæcerasus
Chamécyparis, Chamæcyparis
Charme, Carpinus
Châtaignier, Castanea
Chêne, Quercus
Chénomèles, Chænomeles
Chionanthe, Chionanthus
Clématite, Clematis
Clérodendron, Clerodendron
Cognassier, Cydonia
Cormier, Cormus
Cornouiller, Cornus
Corossolier, Anona
Correa, Correa
Cotonéaster, Cotoneaster
Crowea, Crowea
Cryptoméria, Cryptomeria
Cyprès, Cupressus

506
Cytise, Cytisus, Laburnum
Dacrydium, Dacrydium
Daphné, Daphne
Dierville, Diervilla
Diosma, Diosma
Disemma
Épine-Vinette, Berberis
Érable, Acer
Ériostémon, Eriostemon
Eucalyptus, Eucalyptus
Eugenia, Eugenia
Eurya, Eurya
Exochorda, Exochorda
Févier, Gleditschia
Figuier, Ficus
Frêne, Fraxinus
Fusain, Evonymus
Gainier, Cercis
Gattillier, Vitex
Genêt, Genista, Spartium
Genévrier, Juniperus
Ginkgo, Ginkgo
Glycine, Wustaria
Glyptostrobus, Glyptostrobus
Goyavier, Psidium
Grenadier, Punica
Grévillea, Grevillea

507
Groseillier, Ribes
Hakéa, Hakea
Halimodendron, Halimodendron
Hêtre, Fagus
Houx, Ilex
Idésie, Idesia
If, Taxus
Indigotier, Indigofera
Jambosa, Jambosa
Jasmin, Jasminum
Lachnéa, Lachnæa
Lambertia, Lambertia
Laurier, Laurus
Libocèdre, Libocedrus
Lierre, Hedera
Lilas, Syringa
Ligustrina, Ligustrina
Litchi, Nephelium
Maclure, Maclura
Magnolier, Magnolia
Mahonia, Mahonia
Mangoustan, Garcinia
Manguier, Mangifera
Mammea, Mammea
Marronnier, Æsculus
Mélaleuque, Melaleuca
Mélèze, Larix

508
Merisier à grappes, C. Padus
Métrosidéros, Metrosideros
Micocoulier, Celtis
Millepertuis, Hypericum
Morelle, Solanum
Mûrier, Morus
Myrte, Myrtus
Nandina, Nandina
Néflier, Mespilus
Négondo, Negundo
Nérium, Nerium
Noisetier, Corylus
Noyer, Juglans
Olivier, Olea
Oranger, Citrus
Orme, Ulmus
Osmanthe, Osmanthus
Ostrya, Ostrya
Passiflore, Passiflora
Pavia, Pavia
Pêcher, Persica
Peuplier, Populus
Photinia, Photinia
Phyllirea, Phyllirea
Phyllocladus, Phyllocladus
Pimélée, Pimelea
Pin, Pinus

509
Pistachier, Pistacia
Pittospore, Pittosporum
Pivoine en arbre, Pæonia
Planéra, Planera
Plaqueminier, Diospyros
Platane, Platanus
Podocarpe, Podocarpus
Poirier, Pirus
Pommier, Malus
Prunier, Prunus
Ptéléa, Ptelea
Quinquina, Cinchona
Raphiolépis, Raphiolepis
Rétinospore, Retinospora
Rhododendron, Rhododendron
Rhopala, Rhopala
Robinier, Robinia
Rogiera, Rogiera
Rosier, Rosa
Sapin, Abies, Picea, Tsuga
Saule, Salix
Sciadopytis, Sciadopytis
Séquoia, Sequoia
Shepherdia, Shepherdia
Sophora, Styphnolobium
Sorbier, Sorbus
Spirée, Spirea

510
Sureau, Sambucus
Tacsonia
Taxodier, Taxodium
Thuia, Thuia
Thuiopsis, Thuiopsis
Tilleul, Tilia
Torreya, Torreya
Troène, Ligustrum
Tulipier, Liriodendron
Vigne, Vitis
Viorne, Viburnum
Widdringtonia, Widdringtonia
Zieria, Zieria

IX. Mise à fruit des végétaux par la greffe


Rôle du bourrelet de la greffe dans la mise à fruit
Amélioration du fruit d’un arbre greffé sur lui-
même ou par surgreffage
Fructification, par la greffe des arbres stériles
Transport, par la greffe, des éléments fructifères
Greffe de boutons à fruit

X. Restauration des arbres par la greffe


Restauration de la charpente de l’arbre
Réparation de la tige
Restauration des membres de charpente

511
Garniture de branches dénudées
Renouvellement de l’espèce de l’arbre
Regreffage de gros arbres
Restauration par la greffe des arbres gelés

XI. Rétablissement du vignoble par la greffe


Vigueur et fertilité des vignes greffées
Qualité du vin des vignes greffées
Systèmes généraux du greffage de la vigne
Greffage sur place
Vigne plantée à demeure
Vigne plantée en pépinière
Greffage à l’abri
Greffe sur plant racine
Greffe sur rameau-bouture
Cépages résistants pour sujets de greffage
Choix des sujets
Choix des greffons
Époque du greffage
Outillage du greffage
Procédés de greffage de la vigne
A. Greffe en fente
Préparation du sujet
Taille du greffon
Assemblage de la greffe
B. Greffe anglaise

512
Préparation du sujet
Taille du greffon
Assemblage de la greffe
Soins après les greffages en fente et à l’anglaise
Buttage de la greffe
Tuteurage
Ébourgeonnement
Palissage
Suppression des racines du greffon
Débuttage de la greffe
Greffage sous verre et greffage herbacé de la
vigne
Placage à l’anglaise par œil
Greffage herbacé de la vigne
Greffage par rameau herbacé, à l’anglaise simple
Soins après le greffage par rameau herbacé
Écussonnage de la vigne
Soins après l’écussonnage en vert
Greffage ou bouturage de rameaux écussonnés

XII. Greffage des végétaux herbacés ou sous-


ligneux

Végétaux herbacés ou sous-ligneux soumis au


greffage
Chrysanthème
Coléus
Croton
513
Dahlia
Érythrine
Fuchsia
Héliotrope
Œillet
Pélargonium
Pétunia
Rose trémière
Tacsonia

XIII. Greffage des végétaux charnus


Sujets portes-greffes des Cactées
Cierge
Échinopside
Opontia
Péreskia
Phyllocacte
Cactées à reproduire par le greffage
Cierge
Pilocereus
Échinocacte
Échinocereus
Échinopside
Épiphylle
Mamillaire
Mélocacte
Opontia
514
Péreskia
Rhipsalis
Procédés de greffage des Cactées
Époque. — Sujet
Greffon
Assemblage
Soins après le greffage des Cactées

515
TABLE DES
ILLUSTRATIONS
(ne fait pas partie de l’ouvrage original)

MATÉRIEL DU GREFFAGE

Fig. 1. Sécateur.

Fig. 2. Scie à main.

Fig. 3. Serpette.

Fig. 4. Serpette à désongletter.

Fig. 5. Greffoir.

Fig. 6. Greffoir anglais.

Fig. 7. Couteau à greffer.

Fig. 8. Ciseau à greffer.

Fig. 9. Gouge à greffer.

516
Fig. 10. Métrogreffe.

Fig. 11. Spargaine rameuse (Sarganium ramosum).

Fig. 12. Massette des marais (Typha latifolia).

Fig. 13. Greffe en tête terminée par la ligature


et l’engluement.

CHOIX DES SUJETS ET DES GREFFONS

Fig. 14. Marcottage simple.

Fig. 15. Marcottage en vase.

Fig. 16. Marcottage à long bois.

Fig. 17. Multiplication par buttage ou cépée.

Fig. 18. Bouture par œil.

Fig. 19. Bouture simple.

Fig. 20. Bouture de racine.

Fig. 21. Rameau bouture avec talon, ou


crossette.

Fig. 22. Plant raciné de la bouture-crosette.

517
Fig. 23. Plantation de rameaux-boutures en
pépinière.

Fig. 24. Habillage du jeune plant.

Fig. 25. Plant court, non écimé.

Fig. 26. Recepage de jeunes plants.

Fig. 27. Jeune sujet après une année de recepage.

Fig. 28. Modes d’élagage.

Fig. 29. Coupe de l’élagage.

Fig. 30. Coursonnement des branches


vigoureuses.

Fig. 31. Jeune sujet à haute tige.

Fig. 32. Conservation souterraine de rameaux-


boutures et de greffons (Coupe du
sol).

GREFFAGE SOUS VERRE

Fig. 33. Plants greffés sous cloche.

518
Fig. 34. Emploi des paillassons sur les greffages
sous verre.

Fig. 35. Serre à multiplication.

Fig. 36. Abris pour l’éducation à l’air libre des


plants greffés sous verre.

PROCÉDÉS DE GREFFAGE

Fig. 37. Greffe par approche en placage


(Bouleau).

Fig. 38. Greffe par approche en incrustation


(Aune).

Fig. 39. Greffe par approche à l’anglaise, de


côté (Hêtre).

Fig. 40. Greffe par approche herbacée, et


buttage de plants de Vigne.

Fig. 41. Greffe par approche à l’anglaise, de


sarments-boutures.

Fig. 42. Greffe par approche à l’anglaise, en


tête (Noisetier).

519
Fig. 43. Greffe par approche en arc-boutant,
d’un œil.

Fig. 44. Greffe par approche en arc-boutant,


d’un rameau.

Fig. 45. Sevrage de la greffe en approche.

Fig. 46. Greffage en approche de jeunes sujets


auprès d’un arbre étalon.

Fig. 47. Groupe de sujets greffés par approche


avec un étalon élevé à leur hauteur.

Fig. 48. Greffe sous écorce par rameau simple.

Fig. 49. Greffe sous écorce, à l’anglaise.

Fig. 50. Greffe de coté par rameau avec embase


(Érable jaspé, de Pensylvanie).

Fig. 51. Greffe en couronne ordinaire.

Fig. 52. Greffe en couronne avec greffon âgé de


deux ans (Février).

Fig. 53. Greffe en couronne perfectionnée.

Fig. 54. Greffe en couronne avec œil enchâssé.

520
Fig. 55. Greffe en placage ordinaire
(Rhododendron).

Fig. 56. Greffe en placage à l’anglaise


(Tilleul).

Fig. 57. Greffe en placage en tête.

Fig. 58. Greffe en placage avec lanière.

Fig. 59. Greffe en incrustation, en tête.

Fig. 60. Greffe en incrustation avec un seul


bourgeon.

Fig. 61. Greffe en incrustation latérale.

Fig. 62. Greffe en tête dans l’aubier, avec


biseau plat.

Fig. 63. Plan du tronc pour la greffe en tête, de


biais.

Fig. 64. Taille du biseau pour le greffage de


biais.

Fig. 65. Greffe dans l’aubier, avec entaille


droite (Camellia).

Fig. 66. Greffe de coté dans l’aubier, par double


bouture (Aucuba).

521
Fig. 67. Greffe dans l’aubier avec entaille
oblique (Houx).

Fig. 68. Préparation du greffon de la greffe en


fente.

Fig. 69. Greffe en fente, simple.

Fig. 70. Insertion du greffon de la greffe en


fente.

Fig. 71. Greffe en fente, double.

Fig. 72. Greffe en fente, avec œil enchâssé.

Fig. 73. Greffe en fente terminale (Noyer).

Fig. 74. Greffe en fente sur bourgeon terminal


(Sapin).

Fig. 75. Greffe en fente en tête, avec rameau


herbacé (Pin).

Fig. 76. Greffe en fente sur bourgeon terminal


(Pin).

Fig. 77. Greffe en fente sur bifurcation (Thuia).

Fig. 78. Greffe en fente sur bifurcation


(Hêtre).

522
Fig. 79. Greffe en fente sur bifurcation (Vigne).

Fig. 80. Greffe anglaise, simple.

Fig. 81. Greffe anglaise compliquée.

Fig. 82. Greffe anglaise dite Trait de Jupiter.

Fig. 83. Greffe anglaise de Champin.

Fig. 84. Greffe anglaise au galop, simple.

Fig. 85. Greffe anglaise, au galop, double.

Fig. 86. Greffe anglaise, à cheval


(Rhododendron)

Fig. 87. Greffe anglaise à cheval (Vigne).

Fig. 88. Préparation du rameau-greffon pour


l’écussonnage.

Fig. 89. Rameau-greffon de deux ans (Bouleau).

Fig. 90. Manière de lever le bourgeon-écusson.

Fig. 91. O, sujet incisé. — L, sujet écussonné. —


M, sujet écussonné, ligaturé.

Fig. 92. Inoculation du bourgeon-écusson.

523
Fig. 93. Écussonnage avec incision cruciale
(Marronnier).

Fig. 94. Écussonnage avec incision renversée.

Fig. 95. Écussonnage en placage.

Fig. 96. Écussonnage double.

Fig. 97. Résultat de l’écussonnage double.

Fig. 98. Préparation de la greffe par rameau


écussonné.

Fig. 99. Sujet écussonné, ses rameaux liés et


rognés.

Fig. 100.Greffe en flûte ordinaire (Noyer).

Fig. 101.Greffe en flûte avec lanières.

TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES DU GREFFAGE

Fig. 102.Étêtage successif de la greffe à œil


poussant (Lilas).

Fig. 103.Dressage du rameau de l’écusson


contre l’onglet, et section de
l’onglet.

524
Fig. 104.Palissage d’une greffe latérale contre
le tuteur.

Fig. 105.Palissage de la greffe sur une jeune


tige.

Fig. 106.Palissage de plusieurs greffons sur une


même tige.

Fig. 107.Réduction du bourrelet de la greffe.

Fig. 108.Affranchissement du Poirier sur


cognassier.

VÉGÉTAUX À MULTIPLIER PAR LA GREFFE :


ARBRES, ARBRISSEAUX, ARBUSTES

Fig. 109.Surgreffage de l’Abricotier.

Fig. 110.Greffe en demi-fente au collet


(Althéa).

Fig. 111.Greffe par rameau-bouture (Aucuba).

Fig. 112.Greffe sur fragment de racine


(Bignone).

Fig. 113.Greffe en placage du Retinospora sur le


Biota.

525
Fig. 114.Greffe du Daphné en demi-fente.

Fig. 115.Greffe sur fragment de racine


(Glycine).

Fig. 116.Groseiller à grappes, greffé sur une


tige de Groseiller palmé.

Fig. 117.Greffe du Groseillier épineux sur


Groseillier palmé.

Fig. 118.Greffe du Lierre, en placage. Choix du


greffon pour rendre la plante
buissonnante.

Fig. 119.Greffe en incrustation de l’Oranger.

Fig. 120.Greffe de la Pivoine.

Fig. 121.Surgreffage du Poirier sur cognassier.

Fig. 122.Écussonnage du Rosier sur rameau


d’Églantier. Arcure des rameaux
pour la greffe à œil poussant.

Fig. 123.Écussonnage sur tige d’Églantier.

Fig. 124.Greffe en placage du Rosier sur jeune


semis d’Églantier.

526
Fig. 125.Greffe en placage à l’anglaise du
Rosier sur racine.

Fig. 126.Greffe-provin d’un sarment bouture.

Fig. 127.Greffon sur tronçon de Vigne.

Fig. 128.Greffon de Vigne.

MISE À FRUIT DES VÉGÉTAUX PAR LA GREFFE

Fig. 129.Pommier sur pommier.

Fig. 130Poirier sur cognassier.

Fig. 131.Cerisier sur Mahaleb.

Fig. 132.Branche d’Abricotier surgreffée en


pêcher..

Fig. 133.Aucuba femelle, fructifiant après la


fécondation des rameaux du type
mâle, greffés sur la plante..

Fig. 134.Greffe de brindille fruitière (Poirier).

Fig. 135.Greffe de lambourde.

Fig. 136.Greffe de dard fructifère, en couronne.

527
Fig. 137.Produit de la greffe de boutons à fruits
(Poire Belle Angevine).

RESTAURATION DES ARBRES PAR LA GREFFE

Fig. 138.Greffe par approche pour réparer une


tige défectueuse.

Fig. 139.Réfection d’une tige ulcérée ou


décortiquée.

Fig. 140.Cordon dePommiers soudés par la


greffe en approche.

Fig. 141.Greffe en rallonge ou de raccord, pour


deux arbres qui ne pouvaient se
joindre.

Fig. 142.Sujet greffé par approche, pour suppléer


à l’absence d’un membre de palmette
candélabre.

Fig. 143.Greffe par rameau-bouture.

Fig. 144.Greffe des membres de charpente.

Fig. 145.Caractères de l’alphabet formé dans un


arbre.

528
Fig. 146.Disposition obtenue par le greffage et le
palissage d’un groupe de Pêchers.

Fig. 147.Cran au-dessus d’un œil, pour exciter sa


végétation.

Fig. 148.Incision sous un œil, pour exciter son


développement.

Fig. 149.Greffe par approche, pour garnir une


branche charpentière de Pêcher.

Fig. 150.Greffe par approche du Pêcher sous


écorce.

Fig. 151.Rameau greffé par approche en arc-


boutant sur une branche de Pêcher.

Fig. 152.Greffe par approche, pour garnir une


branche de Vigne.

Fig. 153.Greffe par approche en tête, avec


sarment-bouture.

Fig. 154.Greffe par approche en tête, avec plant


raciné.

Fig. 155.Gros arbre préparé au greffage.

Fig. 156.Regreffage d’un arbre formé en


candélabre.

529
Fig. 157.Regreffage d’un arbre soumis à la
forme dite pyramide ou cône.

Fig. 158.Regreffage d’un arbre à branchage


pyramidal.

Fig. 159.Coupe longitudinale de la greffe d’un


arbre gelé sur un sujet resté vivace.

Fig. 160.Restauration par la greffe d’un poirier


gel.

Fig. 161.Regreffage d’un pommier gelé.

Fig. 162.Transformation d’un Abricotier gelé en


Prunier Reine-Claude.

Fig. 163.Reconstitution d’un Rosier tige, gelé.

RÉTABLISSEMENT DU VIGNOBLE PAR LA


GREFFE

Fig. 164.Atelier de greffage.

Fig. 165.Cep de vigne pour le greffage sur place.

Fig. 166.Plan raciné pour le greffage à l’abri.

Fig. 167.Sujet bouture pour le greffage à l’abri.

530
Fig. 168.Greffoirs à Vigne.

Fig. 169.Greffe de côté dans l’aubier, pratiquée


à Cadillac.

Fig. 170.Greffe en fente sur coupe oblique.

Fig. 171.Greffe en fente sur coupe plane.

Fig. 172.Préparation du sarment greffon.

Fig. 173.Greffon préparé pour la greffe en


fente.

Fig. 174.Greffe en fente buttée de terre.

Fig. 175.Détail de la greffe anglaise.

Fig. 176.Greffe anglaise sur rameau-bouture,


buttée de terre.

Fig. 177.Greffe anglaise, sur plant raciné, avec


bourgeons d’appel.

Fig. 178.Cep de Vigne reconstitué par le


greffage.

Fig. 179.Greffage sous verre de la vigne. —


Placage à l’anglaise du bourgeon-
greffon.

531
Fig. 180.Sarment herbacé de la Vigne.

Fig. 181.Greffe de rameau herbacé, à l’anglaise


simple (Vigne).

Fig. 182.Écussonnage de la Vigne.

Fig. 183.Résultat de l’écussonnage de la Vigne.

GREFFAGE DES VÉGÉTAUX HERBACÉS OU


SOUS-LIGNEUX

Fig. 184.Greffage sous écorce, du Chrysantème.

Fig. 185.Souche de Dahlia.

Fig. 186.Greffage du Dahlia.

Fig. 187.Greffage du Fuschia.

Fig. 188.Greffage de l’Œillet.

GREFFAGE DES VÉGÉTAUX CHARNUS

Fig. 189.Greffage sur Cierge.

Fig. 190.Greffage sur Opontia.

532
Fig. 191.Greffage de l’Épiphylle sur
Phyllocacte.

Fig. 192.Greffage de l’Échinocacte sur Cierge.

533
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