L'Art de Greffer
L'Art de Greffer
Charles Baltet
1
C H A R L E S B A LT E T
HORTICULTEUR À TROYES
L’ART
De Greffer
ARBRES ET ARBUSTES FRUITIERS
ARBRES FORESTIERS OU D’ORNEMENT
RECONSTITUTION DU VIGNOBLE
CINQUIÈME ÉDITION
ENTIÈREMENT REVUE
« La Greffe est le triomphe de
l’Art sur la Nature. »
2
PA R I S
G. MASSON, ÉDITEUR
120, boulevard saint-germain
Sommaire
(ne fait pas partie de l'ouvrage original qui lui contient une table détaillée)
Page
Préface
3
IX. Mise à fruit des végétaux par la greffe
X. Restauration des arbres par la greffe
XI. Rétablissement du vignoble par la greffe
XII. Greffage des végétaux herbacés ou sous-
ligneux
Table détaillée
Table des illustrations
4
PRÉFACE
6
encore, évitant surtout le buttage obligatoire de la greffe
d’hiver.
Voici venir l’écussonnage et la greffe herbacée ; ils
quittent la coupole vitrée des vineries destinées aux raisins
de table et s’installent au vignoble de grande culture.
Notre cinquième édition leur en facilitera l’entrée par un
supplément de paragraphes et de dessins inédits.
Désormais, la Greffe a ses institutions : écoles, cours
publics, moniteurs, champs d’expériences et de
démonstrations… Aucune force humaine ne saurait en
arrêter l’essor.
Et le surgreffage si important dans son rôle effacé,
équilibrant ou fusionnant les adaptations et les affinités
indécises ou inégales, rapprochant jusqu’aux antipathies,
viendra-t-il, à son tour, avec son précieux intermédiaire
assurer le succès final ? Nous l’espérons !
Depuis notre dernière édition, vigoureusement
encouragée par la Direction des colonies, nos investigations
se sont portées une seconde fois au cœur même de nos
possessions lointaines, actionnées par la nature
exceptionnelle du climat, du sol et par les conditions de
travail. Combien de richesses latentes chez les végétaux
économiques d’outre-mer le greffage peut aider à faire
surgir au profit de la métropole et des exploitants, nos
rivaux en politique coloniale l’ont déjà compris !…
Merci aux administrations et aux amis qui ont pris l’Art
de greffer sous leur patronage. L’État le répand dans ses
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Écoles et dans ses Bibliothèques ; des Sociétés, des
Comices l’honorent de hautes récompenses et le décernent
en prix ; des Établissements d’horticulture ou de viticulture
le distribuent à leur personnel. N’oublions pas, enfin, que la
traduction dans les Deux-Mondes en a consacré les débuts.
N’est-ce pas le plus beau succès qu’un auteur puisse
espérer ?
Charles Baltet.
8
I. — DÉFINITION ET BUT DU GREFFAGE
[1.1]
définition du greffage
9
Tout en unifiant leur existence, le sujet et le greffon
conservent chacun une constitution propre, leurs couches
ligneuses et corticales continuent à se développer sans que
les fibres et les vaisseaux de l’un viennent s’entremêler
avec les fibres et les vaisseaux de l’autre. C’est en quelque
sorte l’unité fédérative laissant aux intéressés leur
autonomie. Il y a contact intime, soudure, vie commune ; il
n’y a ni fusion ni alliage. Aussi n’est-il pas rare — mais
exceptionnellement — que la juxtaposition des deux parties
greffées entraîne une rupture nette au point de contact, par
suite du volume des branches, de la violence des vents ou
de tout autre accident.
Pour compléter cette définition, ajoutons que le végétal,
ou plutôt le fragment du végétal soudé à un autre, conserve
ses qualités originaires, ses propriétés caractéristiques. Il
produira soit un branchage pyramidal, buissonneux ou
retombant, soit un feuillage vert, pourpre, argenté ou
panaché ; la fleur viendra blanche, rose, lilas ou pourpre,
simple ou double, rare ou abondante ; le fruit, gros ou petit,
vert, jaune ou rouge, bon ou médiocre en qualité, mûrira
promptement ou se gardera jusqu’à l’année suivante,
exactement comme son type, et sans être influencé par le
voisinage ni par le contact de plusieurs sortes dissemblables
groupées sur le même sujet.
On pourrait dire : le greffon commande, le sujet obéit ;
celui-ci plonge ses racines dans le sol et apporte à celui-là
plus ou moins de vigueur en respectant, chez lui, ses
principes essentiels. Il est donc permis d’affirmer ici qu’un
10
simple bourgeon rudimentaire, un œil, porte en lui les
qualités typiques de son espèce et ne les modifie pas même
dans les milieux que lui procure le greffage.
Presque tous les végétaux dicotylédonés peuvent être
soumis au greffage. Jusqu’ici les plantes monocotylédones
ont été essayées sans succès. Serait-ce parce que leur
structure, où manquent la couche cambiale et le
parenchyme cellulaire, n’offre pas la moindre prise à
l’agglutination de fragments ainsi rapprochés ? Or, sans
cette liaison intime, le greffage est impossible.
[1.2]
but du greffage
11
ou de transformer complètement le sexe de la plante ;
5o De conserver, de propager un grand nombre de
variétés d’arbres d’utilité ou d’agrément qui ne peuvent être
reproduites par aucun autre procédé de multiplication.
Sans le greffage, nos vergers ne posséderaient pas
d’aussi riches collections de fruits pour chaque saison, nos
forêts seraient privées de certaines essences importantes, le
vignoble périrait miné par un ennemi souterrain, et nous
n’éprouverions pas le plaisir de rencontrer dans nos parcs
une aussi brillante série d’arbrisseaux indigènes ou
exotiques, et leurs variétés si nombreuses.
Nous pourrions même citer l’exemple de végétaux qui,
étant greffés, sont plus vigoureux qu’à l’état franc de pied,
c’est-à-dire non greffés : le Pavier, le Ragouminier, le
Sorbier, le Libocedrus, quelques Sapins, Pins et Thuias, des
Dacrydiums, Podocarpus, Dammaras, etc. ; la majorité de
nos arbres fruitiers sont dans ce cas. D’autres y acquièrent
plus de rusticité, tels sont le Bibacier, l’Osmanthe, le
Photinia ; d’autres encore y modifient leurs formes
naturelles ou primitives.
Une plus grande floribondité devient, avec le Camellia
ou l’Azalée, une conséquence de la greffe. À son tour,
l’acclimatement profite de ses bienfaits. Combien de
cépages jusqu’alors réfractaires ont pu, grâce au greffage,
fournir leur jus et apporter un bouquet inconnu à la cuvée ?
N’avons-nous pas enfin des végétaux comme le Mélèze
de Kæmpfer, l’Exochorda, rebelles au bouturage, qui se
12
reproduisent par la greffe sur leurs propres racines ?
Si maintenant on considère que le greffage est facile à
pratiquer, qu’il n’implique qu’une légère fatigue corporelle
et développe la passion du jardinage, on conviendra que
c’est là une opération utile et agréable.
13
II. — CONDITIONS DE SUCCÈS DU GREFFAGE
14
n’explique pas davantage pourquoi certains genres peuvent
être greffés, celui-ci sur celui-là, sans que la réciproque soit
possible. Exemples : le Poirier réussit sur Cognassier ;
l’Alisier, le Néflier, le Cognassier sur Aubépine ; le Cerisier
sur Mahaleb ; le Lilas sur le Troène, etc. Transposons les
rôles, le succès est incertain.
Et combien de personnes qui ne jugent de la parenté que
par les apparences, hésitent à croire que le Châtaignier est
greffable sur le Chêne et non sur le Marronnier d’Inde, et
ne se doutent guère que la Bignone est sympathique au
Catalpa, le Clianthus au Baguenaudier, la Pervenche au
Nerium dit Laurier-Rose… ?
La greffe des arbres à feuillage persistant sur les espèces
à feuilles caduques présente plus d’une bizarrerie. Le
Photinia, voisin de l’Alisier, le Bibacier, voisin du Néflier,
se greffent sur le Cognassier, mieux que sur l’Aubépine,
contrairement à l’Alisier et au Néflier qui prennent mieux
sur Aubépine que sur Cognassier. Avec ce dernier sujet
réussissent le Cotonéaster le Raphiolépis, le Buisson ardent.
Le Mahonia vit sur l’Épine-vinette ; le Laurier-amande sur
le Merisier à grappes et même sur le Cerisier-merisier, dont
l’aspect est si différent. L’Osmanthe greffé sur le Troène
commun est plus vigoureux que s’il est élevé de bouture.
Le Fusain toujours vert forme une boule de verdure
perpétuelle sur la tige nue du Fusain des bois.
Le greffage des arbres à feuilles caduques sur ceux à
feuillage persistant a presque toujours résisté aux
expériences qui en ont été faites.
15
[2.2]Vigueur réciproque des parties. — En principe, il
est préférable de rapprocher par le greffage des sujets ayant
entre eux quelque analogie de vigueur, d’entrée en
végétation, de robusticité.
S’il y avait discordance, il vaudrait mieux que le greffon
eût une végétation moins précoce que le sujet ; dans le cas
contraire, privé de la nourriture du sol, il s’affamerait vite.
D’autre part, quand on vise à la floraison ou à la
fructification, il serait à désirer que le greffon fût d’une
espèce plus vigoureuse que celle du sujet ; celui-là se
tempérerait forcément devant l’action modérée de son
support et se mettrait plus vite à fruit, comme le Poirier
greffé sur Cognassier. Moins d’eau dans les vaisseaux
nourriciers, plus de carbone dans le liber.
Les espèces ou variétés qui sont habituellement d’une
végétation modérée s’accommodent volontiers d’un sujet
de vigueur moyenne.
Avec un sujet faible, le greffage d’une espèce délicate
produirait un arbre chétif. Si, au contraire, le sujet était
fougueux en sève, le résultat pourrait être le même, la
greffe étant dans l’impossibilité d’absorber toute la
nourriture fournie par les racines ; l’équilibre de végétation,
si nécessaire à l’existence normale de la plante, serait
rompu.
Lorsqu’il s’agit de vigueur, les inégalités trop saillantes
peuvent être amorties au moyen d’un double greffage ou
16
surgreffage. On greffe d’abord sur le sujet une variété de
vigueur intermédiaire ; plus tard, c’est elle qui supportera le
greffage de la variété que l’on désire propager.
Toutefois, le sujet doit être assez fort pour recevoir la
greffe. S’il est chétif, le greffon se soudera, mais l’arbre
futur restera délicat. À son tour, le greffon doit sortir de
race pure. Sain, le végétal qui le fournit lui transmettra la
santé, la rusticité. Dans l’éducation des végétaux, il est
toujours plus facile de prévenir que de guérir le mal. La
dégénérescence, plus apparente que celle des espèces et des
variétés, a surtout pour cause le mauvais choix des
éléments de multiplication. Il est donc préférable que le
végétal, dit étalon, qui fournit les greffons, soit d’une nature
robuste. Ici, le mot étalon est pris dans le sens de type ou
point de repère.
Pour toute sorte de greffage, il est indispensable que les
deux parties greffées aient en communication intime, non
pas leur épiderme ni la moelle, mais leur zone génératrice,
c’est-à-dire les couches nouvelles et vives du liber ou de
l’aubier, dans le tissu desquelles circule la sève. La liaison
ne s’accomplit bien qu’à cette condition.
La multiplicité des points de contact favorise une
soudure plus complète, qui gagnera encore par la similitude
de contexture entre le greffon et le sujet, principalement en
ce qui regarde la nature herbacée ou ligneuse de leurs
tissus.
Une précaution à prendre, et qui a sa raison d’être,
consiste à ménager un œil au sujet et un œil au greffon à
17
leur point de jonction. Il en résultera des bourgeons d’appel
qui hâteront la soudure des cellules et des fibres
juxtaposées.
Enfin la prompte agglutination des parties est une
conséquence de l’habileté de l’opérateur, qui saura éviter
les plaies ou les aviver et les soustraire à l’action des agents
atmosphériques.
18
de l’opération. La chaleur, dans certaines limites, excite le
fluide nourricier ; le froid l’engourdit.
Pendant les gelées d’hiver, la greffe — nous entendons la
greffe avec soudure immédiate — n’est possible qu’à l’abri
d’un verre protecteur. La chaleur factice et les
combinaisons de l’horticulteur y excitent et entretiennent la
végétation au degré voulu. Le greffage sous verre, pratiqué
dans la serre à multiplication, ou sous cloche, ou dans une
bâche, se fait habituellement de janvier en mars et de juillet
en septembre.
Sous les tropiques, où la végétation est pour ainsi dire
permanente, le greffeur devra éviter la période des grandes
pluies et, si possible, la pleine saison des chaleurs
excessives.
19
III. — MATÉRIEL DU GREFFAGE
[3.1]
outils
20
1o Étêter les sujets pour le greffage en tête ;
2o Couper les rameaux-greffons ;
3o Tronquer les sujets au-dessus de la greffe ;
4o Désongletter les greffes de côté ;
5o Sevrer les greffes en approche ;
6o Tailler les végétaux épineux.
En général, la coupe du sécateur a besoin d’être avivée
immédiatement avec la serpette.
[fig2] [3.1.2]Scie (fig. 2). — Les
scies à main, dites scies
égohines, anglaises, à lame fixe,
à lame fermante, sont employées
pour tronquer les fortes branches
et les gros sujets destinés au
greffage en tête, à haute tige ou
à basse tige, et pour désongletter
les greffes pratiquées sur le côté
du sujet, quand le chicot est sec
ou trop gros pour la serpette ou
le sécateur.
Lorsqu’il s’agit de scier une
Fig. 2. — Scie à main.
forte branche, on commence par
en abattre la ramure ; alors le trait de scie se donnera plus
aisément, et l’écorce du tronc subira moins le risque de se
déchirer. D’ailleurs, l’opérateur modère le mouvement du
bras, au moment d’achever le sciage de la branche ; souvent
même, il est prudent d’arrêter le coup de scie aux neuf
21
dixièmes de l’amputation et de l’achever avec la serpette. On
maintient avec l’autre main le tronçon qui va se trouver
abattu par l’opération, sans forcer le mouvement, pour éviter
l’éclatement de la partie sciée.
Les couteliers construisent la scie avec une denture simple
ou une denture double, le dos de la lame étant plus aminci
que le côté de la denture. Les greffeurs emploient
d’excellentes scies fabriquées avec des lames de faux ; les
dents sont placées sur un seul rang, et la pointe dirigée
obliquement en bas par rapport au manche. On ne doit jamais
employer la scie sur un arbre vivant, sans aviver le trait de
scie et parer ou polir la plaie avec la serpette. Les mâchures
du sciage retiennent l’humidité sur la plaie et font obstacle à
sa cicatrisation.
[fig3] [3.1.3]Serpette (fig. 3). — La serpette est composée
d’un manche en bois ou en corne, droit ou légèrement
courbé, et d’une lame crochue au sommet. Le bec de la lame
est plus ou moins ouvert ou saillant ; le travailleur se
familiarise avec sa forme, à ce point qu’il préfère souvent ses
vieux outils tout usés aux instruments plus neufs ou de
tournure plus régulière.
La serpette est nécessaire pour rafraîchir la plaie
occasionnée par la scie ou le sécateur, pour aviver les tissus
mâchés ou déchirés, et aplanir la coupe de façon que l’aire en
soit unie, sans inégalités, meurtrissures ni esquilles. Pour
bien aplanir, la main qui tient le manche de l’outil aura le
pouce arc-bouté contre le tronc, tandis que l’autre main
dirigera la lame.
22
[fig4] Sur un sujet de
moyenne grosseur, on
pratique l’ablation du tronc
avec la serpette, sans avoir
besoin de la scie.
La serpette est également
employée pour fractionner les
rameaux-greffons. Si l’on
préfère se servir de la serpette
pour les tailler, les préparer
définitivement, il sera prudent
alors d’avoir une seconde
serpette, plus fine, tenue en
réserve, la première étant
destinée aux élagages,
recepages et autres gros
travaux. Fig. 3. — Serpette.
23
et l’on coupe l’onglet plus facilement. Cet outil a encore son
utilité dans les élagages d’arbres épineux.
[fig5][fig6]
Fig. 5. — Fig. 6. —
Greffoir. Greffoir anglais.
24
consiste à soulever les écorces ; la spatule soudée ou faisant
corps avec le manche est en ivoire, le métal ayant
l’inconvénient de rouiller le liber en sève.
Le greffoir est indispensable pour les greffages par
bourgeon, en écusson, pour tailler le greffon des greffes par
rameau, pour le soulèvement des écorces, pour les greffages
sous verre, la section des ligatures qui étranglent la greffe,
etc.
[3.1.6]Le greffoir anglais (fig. 6) a la spatule et le manche
du même morceau, os ou ivoire ; la lame en acier fin peu
crochue. Il a son usage dans les opérations délicates, greffes
sous verre, etc. Nous verrons, au Rétablissement de la Vigne
par la greffe, une variante dans la lame du greffoir.
[fig7] [3.1.7]Couteauà greffer (fig. 7). — Le manche de cet
instrument est légèrement arqué pour faciliter le greffage rez-
terre ; la lame, en forme de virgule, de larme, sert à fendre les
sujets destinés au greffage en fente. Avec un couteau à
greffer, on peut fendre le sujet partiellement.
Une fente de part en part s’obtient avec un couteau à lame
droite, en forme de couteau de table. L’emmanchure et le dos
de la lame seront assez solides pour résister aux efforts de
l’opérateur contraint parfois de frapper à coups de maillet
pour fendre les sujets trop gros.
[fig8] [3.1.8]Ciseau à greffer (fig. 8). — La lame et le
manche sont d’une seule pièce, fer et acier. Le ciseau offre
toute garantie de solidité et de résistance lorsqu’il s’agit de
fendre les fortes tiges, avec ou sans le concours du maillet.
25
La fente étant ouverte, on
peut, en retirant le ciseau à
demi, s’en servir comme d’un
levier ou d’un coin, afin de
maintenir la fente entr’ouverte
et de faciliter l’introduction du
greffon.
Le manche du maillet
terminé en bec de cane pourrait
avoir ce même emploi.
Fig. 8. Ciseau à
greffer. Le ciseau (fig. 8) employé
par les vignerons du Midi
mesure 0m,35 d’une extrémité à l’autre. Le
Fig. 7. — tranchant a 0m,07 de long sur 0m,025 de large,
Couteau à
avec un dos épais de 0m,012.
greffer.
[fig9] [3.1.9]Gouge à greffer (fig. 9). — La
gouge à greffer, représentée ci-contre, comprend un manche
long de 0m,11 et une tige en fer de 0m,15 ; la partie
supérieure, longue de 0m,04 à 0m05, est courbée en dedans et
se termine par une gouge curviligne avec laquelle on ouvre
sur le sujet la rainure destinée à recevoir le greffon.
Cet instrument est utile dans les greffages en approche,
particulièrement appliqués à la Vigne.
En rendant la gouge angulaire, on en faciliterait l’emploi
dans les greffages de précision, par incrustation ; mais on en
compliquerait inutilement les soins d’entretien.
26
[3.1.10]Métrogreffe (fig. 10). — Cet outil se
compose d’une double spatule adaptée au
manche du greffoir ordinaire. Son but est de
rendre exacte la coïncidence du rameau-
greffon avec le sujet, dans les modes de
greffage où les deux parties seront
juxtaposées par un simple placage.
[fig10] Le manche (D)
porte deux pièces ; d’abord
la lame du greffoir (fig. 5 et
6) qui taille le greffon, puis
la double spatule dont les
deux parties (A et B, fig. 10)
sont réunies par une vis (C).
Le métrogreffe joue le rôle
de compas d’épaisseur pour
mesurer le dos du biseau de
la greffe, et tracer sur le sujet
les limites de son logement.
Tous ces outils ne sont pas
Fig. 10. — indispensables dans la
Métrogreffe. pratique du greffage, mais ils
ont chacun un but spécial.
Fig. 9. — Gouge à
Depuis que le greffage a pénétré dans le greffer.
vignoble phylloxéré, on a inventé des
machines à greffer, assez ingénieuses, mais d’un emploi
déterminé et d’un entretien difficile. L’usage des outils
ordinaires est désormais préféré.
27
[3.1.11]Entretien des outils. — Les outils doivent être
entretenus avec soin, en bon état de service et de propreté.
Dans les opérations réitérées, ou faites pendant la sève, la
crasse s’accumule sur la lame ; on l’enlève au fur et à mesure
avec de l’eau ou de la terre humide. La saleté nuit au
maniement de l’outil et gâte les couches intérieures de
l’arbre. Il est des végétaux dont la sève, chargée d’acides, de
tannin ou d’autres substances corrosives, noircit la lame, de
manière à en nécessiter l’essuyage après chaque opération.
Il ne faut pas négliger d’affiler souvent les lames
tranchantes ; les coupes vives et saines favorisent la
cicatrisation des plaies. Quand le taillant est émoussé, on
repasse la lame sur la meule de grès, puis on l’adoucit sur
une pierre plus tendre pour lui enlever le fil. Le simple
repassage à la pierre se répète plusieurs fois pendant la
journée, lorsqu’il s’agit de travaux continus.
La pierre dite de Lorraine, et mieux encore la pierre du
Levant, dont le grain est plus fin, sont excellentes pour le
repassage des serpettes.
La pierre d’ardoise convient pour le greffoir et pour le
sécateur.
Il y a encore la pierre douce à rasoir et à canif ; avec une
goutte d’huile, on repasse les lames fines destinées aux
opérations délicates.
Fort souvent, dans les pépinières, après avoir donné un
coup de pierre au greffoir, on l’adoucit sur le cuir des
chaussures, ou « à la main ».
28
La manière de donner le coup de pierre tient à l’habileté et
à l’habitude. Le but est d’affiler les parties tranchantes sans
les affaiblir ; sinon, dans les gros travaux, le tranchant
s’émousserait vite et s’ébrécherait facilement.
La scie simple, à un rang de dents, est entretenue en bon
état avec la lime dite tiers-point.
Pour la scie anglaise ou à double denture, on emploie la
lime à pignon ; la côte centrale a 0m,004 d’épaisseur, tandis
que les deux bords extérieurs, destinés à limer les dents de la
scie, n’ont qu’un demi-millimètre d’épaisseur.
Les outils de précision, et même le sécateur, seront confiés
au coutelier.
[3.2]
ligatures
29
qui sont douées d’une certaine élasticité leur permettant de se
prêter à l’accroissement en diamètre du sujet.
Plus le sujet sera gros, plus solide devra être le lien ; la
cicatrisation y est naturellement plus lente, et l’on doit tout
faire pour l’accélérer.
Dans les greffages où l’écorce seule a été soulevée, il suffit
de rapprocher les couches corticales et de brider le greffon
sans le comprimer.
L’application du lien se fait avec les deux mains. On le
roule en spirale autour de la partie greffée, en serrant le lien à
chaque tour, surtout au premier et au dernier, plus disposés à
se relâcher. Les spires sont plus ou moins rapprochées ;
l’essentiel est qu’elles maintiennent ferme la greffe. La force
de tension s’accroît avec des spires rapprochées et diminue si
l’on superpose plusieurs tours de ligature.
Le lien qui vacille quand on passe le doigt dessus n’est pas
suffisamment tendu ; alors on le serre à nouveau.
[3.2.1]Lalaine filée réunit les qualités voulues pour former
une bonne ligature ; elle se prête au grossissement de l’arbre,
et elle échappe à l’action de l’humidité parce qu’elle a été
passée à l’huile lors de sa fabrication. La laine est très
employée pour l’écussonnage des branches petites ou
moyennes d’arbres fruitiers et d’arbustes, pour les Conifères
et les Rosiers, pour les petits sujets greffés dehors, ou en
serre ou sous verre.
On réunit deux ou trois brins de laine, sans les cordeler, et
d’une longueur calculée sur la grosseur du sujet et l’étendue
30
de la fente ou de la plaie à couvrir. Pour de gros sujets, la
laine ne serait pas assez forte.
Le coton filé est insensible aux variations hygrométriques,
mais il n’a pas l’élasticité de la laine ; nous le recommandons
pour l’écussonnage des tiges fortes ou lentes à grossir et pour
les greffages sous verre. Il convient de l’appliquer sur le sujet
et de le nouer par une boucle de façon qu’on puisse le délier
facilement, quand la strangulation commence, le coton étant
difficile à couper en travers. Le même lien peut alors servir à
une autre opération.
[3.2.2]La dépense occasionnée par l’achat de la laine et du
coton, dans les pépinières importantes, a fait rechercher des
ligatures plus économiques. On s’est arrêté à deux plantes
aquatiques qui croissent abondamment sur le bord des
rivières et des fossés, dans les étangs et les marécages : 1o la
Spargaine rameuse, Rubanier d’eau (Sparganium ramosum,
fig. 11), plus commune que la Spargaine simple (S. simplex) ;
2o la Massette à large feuille (Typha latifolia, fig. 12), plus
répandue et plus ferme que la Massette à feuille étroite
(T. angustifolia). Ces deux espèces sont monoïques, de la
famille botanique des Typhacées.
Notre dessin en reproduit les organes de floraison et de
fructification.
Spargaine (fig. 11). — D, fleur mâle ; E, fleur femelle ; F,
fruit.
Massette (fig. 12). — A, fleur mâle ; B, fleur femelle ; C,
fruit.
31
On récolte la plante à son entier développement, dans le
cours de l’été, pour l’utiliser aux greffages de l’année
suivante. Étant coupée le plus près possible de la souche, on
en sépare les feuilles qui se trouvent agglomérées à leur base,
et on les met sécher à l’ombre ou au grenier, en les
accrochant par paquets liés au sommet du feuillage.
Lorsqu’arrive le moment de s’en servir, on coupe les feuilles
de la longueur voulue, en moyenne de 0m,30 à 0m,50.
[fig11][fig12]
32
Fig. 11. — Spargaine rameuse Fig. 12. — Massette des marais
(Sarganium ramosum). (Typha latifolia).
33
la rosée toute une nuit, et dans les champs où l’on manque
d’eau, on la met en terre.
Il faut, à cette ligature végétale, un juste milieu de
sécheresse et d’humidité. Trop sèche, la feuille des
Typhacées manque de résistance et casse ; trop humide, elle
se brise également et pourrait nuire à la soudure de la greffe.
La feuille est généralement assez large pour être fendue
dans le sens de sa longueur. Elle serre mieux lorsqu’elle est
placée sur son épaisseur — non sur sa largeur — et quand on
la tord modérément en l’appliquant sur la greffe.
À l’exception des greffes qui nécessitent la fente des tissus
ligneux du sujet, et pour lesquelles la feuille de Spargaine ou
de Massette n’aurait pas une ténacité suffisante, nous
recommandons cette ligature pour la majorité des procédés
de greffage. Elle présente une solidité convenable, et cède au
grossissement de la greffe.
De ces deux plantes à utiliser également, la préférence
pourrait être accordée à la Spargaine. Cet avantage résulte de
la structure anatomique des feuilles, et particulièrement des
lacunes et des intersections du tissu cellulaire étoilé qui
existe dans leur intérieur.
[3.2.3]Le Raphia s’emploie en longues lanières, tirées
probablement des pennules des Palmiers Raphia (Sagus
vinifera et tædigera). C’est une bonne ligature pour les
greffages par rameau de printemps ou d’été en plein air ou
sous verre ; ses inconvénients sont de se desserrer assez
facilement par suite de sa surface lisse et de ne pas se prêter
au grossissement du sujet, comme la Spargaine. Sur une
34
écorce tendre, le raphia pourrait produire un étranglement ; il
est alors prudent de le mouiller avant de l’employer et de
terminer la ligature par une boucle, de façon que le lien ne
glisse pas et qu’on puisse le desserrer et le retirer, une fois
son action terminée.
[3.2.4]La feuille du Tritoma, jolie plante d’ornement,
cueillie verte, séchée à l’ombre et mouillée au moment de
son emploi, est une bonne ligature.
L’écorce ou plutôt le liber de tilleul, vulgairement tille,
préparée pour la fabrication des cordes à puits, fournit un bon
lien pour les greffages par rameau, et toutes les fois qu’il faut
opposer une certaine force de résistance aux gros sujets ou
aux tissus éclatés. Trempée, puis séchée et fendue en long, la
tille offre une élasticité convenable et n’étrangle pas le sujet.
La natte d’emballage des denrées coloniales, utilisée dans
les pépinières, est le produit des végétaux sus-indiqués ou
analogues ; le liber de Tilleul étant la base des nattes de
Russie, et les lanières de Raphia entrant dans les emballages
et sparteries du Brésil et de Madagascar.
[3.2.5]Les petites bandelettes de caoutchouc conviennent
aux greffages de parties herbacées.
La ficelle simple ou dédoublée, la ficelle de marine, la
filasse de vieille corde effilochée sont assez souvent
employées, parce qu’on se les procure facilement. On les
choisit non cordelées, et on les surveille lors du
grossissement du sujet.
La ficelle et la natte, rendues imputrescibles par un
sulfatage, par un goudronnage ou un enduit spécial, sans
35
perdre toutefois leur souplesse, conviennent aux greffes sous
terre.
En général, les textiles, Chanvre, Lin, Aloès, Abutilon,
Asclépiade, Mélilot, Houblon, Phormium, etc., manquent
d’élasticité.
L’osier fendu n’est guère utilisé qu’à la campagne, dans le
greffage des vieux arbres et des souches souterraines de
Vigne.
Les écorces d’Orme et de Saule, séchées puis trempées,
ont, comme l’osier fendu, le défaut de se rétrécir trop vite,
sauf quand elles ont été préparées une année à l’avance ;
alors on peut les utiliser. L’écorce de Mûrier, qui sert aux
greffeurs d’Oliviers, présente les mêmes caractères.
À Toulouse, on emploie la balle (glume) de maïs ; si la
feuille est trop large, on la divise dans le sens de sa
longueur ; si elle est trop courte, on la « répond ».
Au Japon, la paille de riz battue est une bonne ligature de
greffes.
Dans le greffage, le rôle de la ligature est provisoire ; il
cesse quand la soudure est suffisante pour le développement
du greffon.
[3.3]
engluements.
[fig13]
36
Pour compléter le greffage, il est
nécessaire de recouvrir les plaies et
les coupes avec un mastic
onctueux, qui n’ait pas le défaut de
dessécher la plaie, ni de la brûler,
ni de couler ou de se fendre par
l’action de l’air ou par une
mauvaise composition.
Il faut engluer copieusement,
sans économie, les plaies, les
fentes du sujet et du greffon, quand
la greffe est posée. La figure 13
représente une greffe en tête, par
rameau, ligaturée et engluée. Le
mastic est étendu sur l’amputation
(A) du sujet, sur les plaies (E), aux
jointures de la greffe (I) et au
sommet du greffon (O). Il n’y a
aucun inconvénient à mastiquer ou
à respecter l’œil terminal (U), et
l’œil enchâssé (Y) du greffon. Fig. 13. — Greffe en tête
Une greffe bien faite peut terminée par la ligature et
manquer par suite d’un mauvais l’engluement.
liniment.
Les greffes qui n’offrent aucune partie tranchée exposée à
l’air, l’écussonnage, par exemple, ne réclament aucun
onguent.
37
Malgré les nombreuses inventions, les bons engluements
sont encore peu nombreux ; mais ceux que l’on a suffisent.
[3.3.1]Onguent de Saint-Fiacre. — Cet engluement primitif
se compose de deux tiers de terre glaise et d’un tiers de bouse
de vache. On le maintient sur le moignon greffé au moyen
d’une ficelle et d’un linge formant poupée ; il sera facile d’y
mélanger de l’herbe hachée menu, pour en augmenter la
consistance.
L’onguent de Saint-Fiacre est adopté dans nos campagnes ;
il est assez économique pour le greffage des vieux arbres. À
son défaut, on emploie l’argile pulvérisée et pétrie pour le
greffage sous terre de la Vigne.
[3.3.2]Mastic chaud. — Depuis longtemps, les pépiniéristes
fabriquent eux-mêmes leur mastic. La composition en est
variée : elle a généralement pour base une combinaison de
poix blanche, de poix noire, de cire jaune, de suif et de
résine. On y ajoute parfois de l’ocre, du saindoux, des
cendres fines. On fond le tout sur le feu, dans un vase de fer,
et l’on attend que la composition soit attiédie pour
l’employer.
L’habitude fait juger de la proportion des substances à
introduire dans le mélange. La poix rend la composition plus
épaisse ; le suif, plus légère ; la résine lui donne de la
sécheresse ; la cire, de l’onctuosité.
La climature a probablement dicté quelques modes de
fabrication. Ainsi, dans les Pays-Bas, MM. Looymans font
bouillir 1 kilogramme de résine d’Amérique avec un verre
d’huile ou de graisse, jettent le mélange bouillant dans l’eau
38
froide, le reprennent et l’étirent tant qu’il est malléable, puis
l’emploient à chaud.
Voici une composition employée dans les pépinières
d’Angers, d’Orléans, de Troyes :
1o D’abord faire fondre ensemble :
Résine
Poix blanche
Suif
39
Le mastic chaud est économique dans une grande
exploitation. Il est préférable au mastic froid pour les
greffages d’automne, parce que la gelée a moins d’action sur
lui.
[3.3.3]Mastic froid. — Le désagrément de fabriquer ou
d’employer des engluements chauds a donné la vogue aux
mastics froids, qui se ramollissent à la chaleur de la main ou
restent onctueux par la nature de leur composition. Le mastic
Lhomme réunit ces conditions, et certaines préparations
fabriquées à Lyon, à Caen, à Montreuil, etc.
Le mastic froid est livré dans des boîtes en fer-blanc, en
pot ou en flacon à pommade, où il se conserve malléable,
même étant entamé.
Pour s’en servir, on l’étend avec une spatule ; et s’il faut
mettre le doigt, on mouille celui-ci avant de toucher le
mastic.
Une fois exposé à l’air, cet onguent durcit un peu ; il ne
gerce pas au froid et ne coule pas au soleil ; c’est, jusqu’à ce
jour, le meilleur engluement à employer.
M. Lucas, pomologue du Wurtemberg, emploie un
liniment froid, assez simple de composition. On fait fondre
de la résine blanche sur un feu modéré, on y verse
graduellement le tiers de son poids en alcool à 90°, en
remuant sans relâche le mélange avec un bâton.
La composition chimique des mastics froids repose
évidemment sur le résultat obtenu par le mélange intime de
l’alcool avec la résine, provoquant la liquéfaction
permanente de cette dernière après le refroidissement ; mais
40
on a eu soin de rechercher les moyens de parer aux
inconvénients que présentait le simple mélange de ces deux
substances, entre autres celui de couler sous l’ardeur du soleil
et de laisser ainsi les plaies à nu. En Hongrie, on a ajouté du
suif, de la colophane et de la térébenthine ; en Belgique, on
se contente de colophane (300 gr.) et d’axonge (60 gr.)
fondues ensemble, et l’on verse dans la bouillie, par parties,
80 grammes d’alcool à 40°.
Un mastic manqué sera remis sur le feu ; on y ajoutera suif
ou axonge s’il est cassant, résine s’il coule trop, alcool si la
consistance nuit à la malléabilité. Remuer constamment le
mélange et éviter d’y introduire l’essence de térébenthine,
qui brûle les tissus ligneux.
Il est important que le mastic ne reste pas onctueux sur
l’arbre et qu’il s’affermisse à l’air ou sèche assez vite, car la
gelée, ayant de la prise sur une substance molle, pourrait
fatiguer les tissus du sujet couverts d’onguent
insuffisamment durci.
[3.4]
accessoires
41
L’étiquetage par nom ou par numéro des variétés que l’on
greffe nécessite un jeu de numéros, du plomb laminé, des
étiquettes, des registres de culture et de multiplication qui
seront placés dans le panier au greffage.
Le greffage sous verre conduit à l’emploi de divers
accessoires : poteries, composts, paillassons, claies, toiles,
abris, bien que les sujets greffés puissent être destinés à la
culture en plein air.
Au début de la végétation des jeunes greffes, les premiers
auxiliaires du dressage consistent en tuteurs, en osier, en jonc
ou similaires.
Les tuteurs sont des brins d’arbres résineux, ou de Saule,
de Peuplier, de Châtaignier, etc., de plusieurs dimensions. Le
bois de brin est plus maniable que le bois fendu. On prolonge
la durée des tuteurs en les immergeant, frais coupés et tout
confectionnés, pendant huit ou quinze jours, dans un bain de
sulfate de cuivre préparé à raison de 2 kilos de sulfate par
100 litres d’eau.
Les baguettes plus ou moins ramifiées servent au palissage
des jeunes greffes faites sur les arbres déjà forts ; on les
sulfate comme les tuteurs, et les perches, comme les
paillassons, les toiles, le coffre des bâches, etc. Les objets
sulfatés ne sont pas attaqués par les insectes, les colimaçons
et les animaux rongeurs.
L’Osier rouge ou jaune (Salix purpurea ; S. vitellina) se
récolte en hiver sur des têtards. On l’emploie à l’état frais ou
après séchage, pour attacher les sujets et les branches contre
les tuteurs. Les paquets d’osier triés par séries sont rentrés à
42
l’ombre et au sec. On les trempe dans l’eau quelques jours
avant de s’en servir.
Le Jonc à palisser (Juncus glaucus) sert à l’accolage des
jeunes scions herbacés des greffes. Le jonc se récolte en été ;
on le fait sécher modérément et on le rentre au grenier. Il
suffira de le plonger dans l’eau au moins 24 heures avant de
l’employer.
43
IV. — CHOIX DES SUJETS ET DES GREFFONS
[4.1]
[4.2]
44
Semer à la volée, en lignes ou par trous.
Une semence sera d’autant moins enterrée qu’elle sera plus petite,
que le climat et le terrain seront plus froids, et que l’époque de sa
mise en terre se rapprochera davantage du temps de sa germination.
Un semis compact étiole le plant ; trop écarté, le plant reste court et
peut se ramifier. On calculera donc la vigueur du plant et sa
destination. Si le plant est dru, on peut le desserrer, dans l’été, par une
éclaircie, un dépiquage raisonné.
Tasser le sol, arroser, désherber, détruire les insectes, chasser les
oiseaux.
Le semis sous verre hâte et favorise la germination des graines.
Dans ces conditions, les semences pourront être enterrées moins
profondément, et l’on repiquera le jeune plant sous châssis ou en
pleine terre, dès qu’il aura développé une ou deux feuilles.
[4.2.1.2]Marcottage.
— Le marcottage se pratique au printemps, en
été ou à l’automne, avec des rameaux ligneux ou herbacés tenant à la
mère.
[fig14]
45
Les arbustes-mères (A, fig. 14) étant disposés en touffes, on ouvre
une tranchée autour, et l’on y amène les rameaux vigoureux et sains
(B). On les couche assez près de la souche et, les faisant couder
brusquement, on en redresse la sommité que l’on taillera à deux yeux
(D) au-dessus du sol. On pourrait faciliter l’émission des racines en
retenant le brin couché avec un crochet (C), ou par une incision en
long (F), à la courbure ; alors le tuteur (E) est nécessaire. On remplira
le trou avec de la bonne terre, et plus tard, le sevrage ou séparation de
l’élève d’avec la mère se fera en g, g. C’est le marcottage simple.
Marcotter en vase les espèces délicates ou à feuilles persistantes.
[fig15]
Ainsi le rameau (X, fig. 15) sera couché et introduit dans le vase à
fleur (V) mis en terre et, par une ouverture (Z) préparée, le coude (Y)
simple ou incisé favorisera la sortie du chevelu. La sommité, assez
courte et à feuille persistante, ne sera pas taillée. Une fois le jeune
plant complet, on le sèvrera (S) de la mère.
Pour tout marcottage, le sevrage doit être pratiqué dès que le plant
aura suffisamment de racines. Une fois qu’il est détaché de la souche,
on l’extrait du sol et on le plante à demeure ou en pépinière.
Par le marcottage multiple, on couche horizontalement, dans une
rigole, une branche (B, fig. 16) en végétation, adhérente à la souche-
46
mère (A), les jeunes rameaux (de a à g) étant au début de leur
évolution. La rigole sera successivement comblée de bonne terre,
après suppression des feuilles de base. Les jets trop vigoureux (f, g,
fig. 16) réclament un écimage en vert pour qu’ils ne puissent nuire au
développement des autres rameaux qui sont placés moins
favorablement. À l’automne, chacun de ces rameaux, étant enraciné,
sera sevré et constituera un plant.
[fig16]
47
On marcotte par cépée ou en butte (fig. 17) : le Cognassier, les
Pommiers paradis et doucin, le Prunier, le Figuier, le Noisetier,
l’Olivier, etc.
[fig17]
48
[4.2.1.3]Bouturage.— Des fragments de rameau ou de racine, placés
dans le sol, végètent et constituent un sujet : tel est le bouturage.
Le fragment appelé bouture est une portion de rameau comprenant
un œil (fig. 18) ou plusieurs yeux (fig. 19) et, dans ce cas, longue de
0m,25 à 0,40 environ, ou une portion de racine (fig. 20) d’une
longueur de 0m,05 à 0m,15.
[fig18][fig19][fig20]
49
Le bouturage par rameau se fait au printemps ou à l’automne. À
cette dernière époque, qui convient aux espèces à bois dur, on plante
la bouture au moment même de sa préparation.
[fig21][fig22]
50
végétaux à bois tendre ou gélif, comme la Vigne, le Figuier, le Mûrier,
le Jasmin, le Platane.
La figure 23 représente une pépinière de boutures plantées en
tranchées. La tranchée (A) est comblée (B), puis les boutures buttées
de terre (C).
[fig23]
Au lieu d’un rameau, une branche ou une tige pourrait être plantée
et prendre racine ; ce serait alors une bouture-plançon. Ce mode
réussit avec le Saule et le Peuplier.
Les boutures de racines (fig. 20) se composent de morceaux de
racine longs de 0m,05 à 0m,15 ; on plantera ces fragments en rigole, à
l’ombre, couverts de terre légèrement ; un bon compost, un paillis et
de fréquents arrosages en activent la réussite. — Une racine plus
longue, couchée dans la rigole, pourra émettre plusieurs bourgeons
qui formeront autant de plants après un sectionnement, à l’automne.
Le bouturage de rameaux courts, munis d’un seul œil (fig. 18), se
fait sous verre, à froid.
51
Le bouturage d’arbustes à feuillage persistant réussit mieux sous un
abri vitré.
[4.2.1.4]Repiquage. — Le repiquage consiste à replanter
provisoirement en nourrice les jeunes plants venus par semis ou par
bouture ; il leur procurera un collet trapu et des racines chevelues.
Un procédé, trop peu employé, consiste à repiquer le jeune semis
quelque temps après sa germination, alors qu’il a deux ou trois
feuilles au-dessus des cotylédons. Ce travail produit, à la première
saison, un sujet vigoureux dont le collet bien pris et l’appareil
radicellaire bien développé sont favorables au greffage futur. En le
plantant, on lui coupe la radicule avec les ongles. Bassiner souvent,
pailler, ombrager.
Les plants d’arbres résineux et d’arbustes toujours verts seront
replantés de la mi-août à la fin de septembre, de leur première année ;
sinon, de mars en mai, l’année suivante.
Les plants à feuilles caduques seront repiqués pendant le repos de
la sève. À ces derniers seulement, on pourra tailler les tiges et les
racines trop allongées (voir fig. 24 et 25, p. 44).
Le repiquage se fait au plantoir, sur des lignes écartées de 0m,25,
avec 0m,10 d’intervalle, au minimum, entre les sujets. Après deux
années, le plant est suffisamment constitué pour être replanté en
pépinière ou en place définitive.
[4.2.2]Pépinière. — La pépinière est obligatoire pour élever les
sujets très jeunes, nécessitant des soins continuels de culture et de
taille.
La pépinière doit être établie sur un emplacement aéré, sain et
composé d’une bonne terre, facile à cultiver. On évitera, s’il est
possible, les sols poreux exposés à une sécheresse persistante, aussi
bien que les terrains trop compacts ou susceptibles d’être inondés.
En ce qui concerne l’amendement des terrains à pépinière, le
mélange de terres végétales est préférable aux fumiers. Un arbre élevé
52
dans un sol richement fumé vaut mieux qu’un arbre venu en mauvaise
terre ; mais il est inférieur à celui qui a crû dans une bonne terre
ordinaire, composée d’éléments divers.
On défonce le terrain avant l’hiver, en mélangeant les terres dans la
tranchée au lieu d’en superposer les couches ; on extrait les pierres,
les racines, les mauvaises herbes. Une fois le moment de la plantation
arrivé, il n’y a plus qu’à niveler le sol en lui donnant un dernier
labour.
[4.2.3]Plantationdu plant. — On choisit du plant jeune, trapu, bien
enraciné. S’il est âgé de plus d’une année, il a dû subir préalablement
le repiquage dont il vient d’être parlé, à moins qu’il ne réunisse les
conditions requises.
On l’habille avant de le planter. Habiller un plant, c’est tailler,
nettoyer les racines et les branches (fig. 24). Les racines seront
raccourcies modérément (a) ; quand elles sont fatiguées, on les tient
plus courtes. La tige sera rabattue (b) à 0m,25 du collet si le plant doit
être greffé en pied, à 0m,10 s’il est destiné au greffage en tête. Les
ramifications latérales pourront être enlevées, ou plutôt écourtées.
[fig24][fig25]
53
Fig. 24. — Habillage Fig. 25. — Plant court,
du jeune plant. non écimé.
Les arbres verts et certaines espèces à bois creux, les plants courts
ou gras (fig. 25), le Châtaignier, le Marronnier, le Noyer, le Tulipier,
ne seront pas écimés. Le pivot sera réduit (A).
On plante en quinconce, à des intervalles calculés sur l’avenir des
élèves. Une distance de 0m,50 sur des lignes espacées de 0m,75 est la
mesure moyenne dans les pépinières bien tenues. On l’augmente ou
bien on la diminue, suivant que le sujet doit venir branchu ou non, et
selon le nombre d’années qu’il doit rester en pépinière.
54
La plantation se fait au plantoir ou à la bêche. Si l’on plante
tardivement ou par un temps de hâle, on praline à l’avance la racine
du plant dans une boue ordinaire. Une bouillie de terre grasse, de
bouse de vache et de purin, autour des racines, est utile aux plants
fatigués.
On tasse la terre en plantant. On arrosera, s’il le faut, seulement la
première année et surtout au début de la végétation.
[4.2.4]Recepage du plant. — La première année, on s’est borné à
cultiver, à soigner le plant. Nous supposons d’abord qu’il est destiné à
s’élever à tige pour le greffage en tête ; nous parlerons ensuite du
plant qui doit être greffé en pied.
[fig26]
55
Le recepage serait inutile sur de beaux sujets
trapus, vigoureux et droits ; mais s’il y avait
incertitude, il vaudrait mieux receper.
[4.2.5]Élagage du jeune sujet. — L’élagage
consiste à couper les branches inutiles qui garnissent
la tige. En général, les branches fortes sont enlevées
totalement, jusque sur leur talon ; les moyennes sont
coursonnées, et les faibles conservées. (Voir fig. 30,
p. 49.)
Coursonner une branche, c’est la tailler à quelques
yeux, soit les branches A (fig. 30) rapprochées ou
coursonnées en B. On ne doit pas oublier que le
retranchement des branches fatigue un arbre et que
leur conservation le fortifie. La taille aura donc pour
but de former le sujet et d’équilibrer sa végétation.
56
Fig. 28. — Modes d’élagage.
57
L’écimage de la flèche aura lieu dès que la hauteur fixée
pour la greffe aura été dépassée de 0m,30 au moins. La
végétation de la tête du sujet contribuera à le fortifier
encore.
Arrivé à cet état (fig. 31), l’arbre peut supporter
l’opération du greffage en tête.
58
Fig. 30. — Coursonnement des Fig. 31. — Jeune sujet
branches vigoureuses. à haute tige.
59
la possibilité du greffage avec chances de succès.
Si l’on peut opérer le tronçonnement définitif du sujet au-dessus
d’un bourgeon immédiat, le rôle provisoire de ce dernier sera d’attirer
ou d’entretenir la sève vers la greffe, — surtout vers la greffe non
soudée, — on le supprimera quand le greffon aura son développement
assuré.
Les greffages de côté ne nécessitent point l’ablation capitale et
immédiate du sujet. Il suffit que la place en soit nette, et qu’on élague
les ramifications qui se développent à l’endroit de la greffe, sur une
longueur moyenne de 0m,10 ; les branches du dessus continueront à
attirer la sève, et celles du dessous à faire grossir le sujet.
Pour les greffages d’été, l’élagage définitif, aussi modéré que
possible, doit être pratiqué un mois avant le moment de greffer ; le
fluide séveux, ralenti par cette opération, reprendra son activité et
facilitera le succès du greffage. Avec un délai moindre, le
retranchement des rameaux superflus provoquerait un arrêt de sève
contraire à la reprise de la greffe. Il vaudrait mieux, dans ce cas,
n’élaguer qu’au moment de greffer ; la soudure serait terminée lors du
ralentissement de la végétation.
Ces travaux doivent être exécutés avec des instruments bien acérés,
et par un ouvrier habile qui saura éviter de meurtrir le sujet ou de
laisser des chicots chargés de sous-yeux.
Les arbres résineux ne sont point assujettis à ce travail préparatoire.
[4.2.8]Greffage à l’abri. — Il est une manière de greffer sur laquelle
nous reviendrons quelquefois, surtout à l’occasion de la Vigne, le
greffage à l’atelier, à l’abri, à la cave, dit au coin du feu ou sur les
genoux, pratiqué pendant le repos de la sève. Les sujets sont déplantés
et placés sous un hangar ; on les greffe à l’abri des intempéries ; ils
sont plantés ensuite en jauge ou en place.
La greffe sous verre est un greffage à l’abri.
60
Dans les pays froids, tels que l’Allemagne du Nord, la Suède, la
Russie, où l’hiver dure longtemps, où la période courte et active du
printemps laisse peu de latitude aux travaux du jardinage, on rentre, à
l’automne, les plants dans une cave à + 10°. Là, on les greffe, on
emboue la racine et on les enjauge dans le sable, tout étiquetés ou
numérotés. Aussitôt la gelée et les neiges disparues, on sort de la cave
les sujets greffés pour les planter en pépinière.
Les horticulteurs de l’Amérique du Nord ont recours à ce système ;
ils recueillent les plants et les racines de sauvageons, ils les greffent et
les conservent dans un caveau, en attendant les beaux jours pour le
transport à la pépinière.
Il paraît que, pour doubler ou tripler l’élément sujet, on butte dans
la pépinière les jeunes plants de certaines espèces, de telle sorte que la
tige souterraine se trouve augmentée d’autant. Lors de l’arrachage, on
la fractionnera par morceaux de 0m,10, garnis de chevelus ou de
mamelons radicellaires ; ces tronçons seront mis en jauge à la cave de
multiplication, et constitueront des sujets au moment du greffage à
l’abri.
[4.3]
61
premiers bourrelets radicellaires à la base hâtera son enracinement, et
le greffon se soudera mieux.
Choisir un rameau bien constitué, de grosseur moyenne ; les trop
gros sont creux, les trop petits sont chétifs. Conserver le talon si
possible et 3 ou 4 yeux sur la longueur (fig. 21).
Nous ferons les mêmes observations pour les racines-boutures (fig.
20). En les extirpant de la souche-mère, à la chute des feuilles et en
les mettant en jauge toutes préparées de longueur (de 0m,05 à 0m,15),
complètement recouvertes de terre, à l’ombre, il s’opérera chez elles
un travail de mise en sève préparant leur bourgeonnement pour
l’époque du greffage.
Avec les Aralias, les Bignones, les Clématites, les Pivoines, on peut
greffer au moment de la division des racines-sujets.
Au moment de greffer, on assortira les racines aux greffons, en
mettant en contact sujet et greffon de diamètre analogue, le greffon
étant plutôt moins gros que le sujet.
[4.4]
62
Un greffon vicié propage le mal qu’il possède ; le mauvais choix
répété sur plusieurs générations amène une détérioration de la variété.
On dit alors qu’elle a dégénéré ; mais la dégénérescence n’est que
locale et non générale. La preuve en est fournie par les branches
d’arbres à feuilles panachées. On propage la panachure par le
greffage, et la variété type n’en reste pas moins exempte de la
chlorose ; cependant, si le mal n’est pas visible comme l’est une
panachure, on se rendra complice de la dégénérescence en multipliant
des greffons défectueux.
Il convient encore de prendre des greffons ayant les caractères
spécifiques, suffisamment accentués. Ainsi les Poiriers et les
Pommiers, semés en vue de produire des variétés inédites, sont
épineux au début et finissent par perdre tout le caractère sauvage, à
l’âge adulte, lorsqu’ils préparent leurs éléments fructifères. Si l’on
veut doubler les chances de production par un report de greffons sur
d’autres arbres, il faudra choisir, en tête de l’étalon-semis, ces
greffons dépouillés de l’aspect primitif. L’enfance de l’égrin ne se
reproduira pas ; on profitera au contraire de son adolescence qui
amènera la fructification.
Un fait analogue se présente chez les résineux. Après leur premier
âge, les Callitris, Cyprès, Chamæcyparis, Frenela, Genévrier,
Retinospora, subissent une transformation dans leurs formes
extérieures ; cette phase nouvelle est indispensable à la bonne
confection des greffons.
Il faut, en outre, que le greffon possède les qualités que l’on désire
reproduire. Par exemple, l’étalon fruitier vigoureux aura donné de
beaux et bons fruits, suivant sa nature ; l’arbre d’ornement possédera
nettement le port, l’écorce, le feuillage, la fleur, le fruit, ou tout autre
caractère qui constitue la variété même ; mais il sera toujours d’une
nature saine et robuste.
En général, la partie centrale et moyenne des rameaux fournit de
bons greffons.
63
Certains arbres, cependant, exigent des bourgeons du sommet ;
d’autres, des yeux éperonnés. Chez les Conifères, Araucarias, Cèdres,
etc., les greffons de tête obtenus par l’écimage de la flèche sont à
préférer.
Nous indiquerons ces exceptions ou mieux ces conditions au
chapitre viii, à chaque espèce.
On ne saurait d’ailleurs puiser avec indifférence des greffons à une
source inconnue. Dans une exploitation de pépinière, on donne, avec
raison, une certaine importance aux arbres-étalons, à leur état robuste,
à l’identité de leur variété, car ils deviennent arbres d’étude en même
temps que porte-greffons. On les soumet à la taille pour en obtenir un
plus grand nombre de rameaux ; mais on aura soin de conserver
alternativement, d’une année à l’autre, quelques branches non taillées,
si l’on veut avoir en été des greffons d’une maturation plus précoce.
Les rameaux qui se développent au sommet d’une branche non taillée
aoûteront promptement.
[4.4.2]Le greffon-arbre est un végétal complet ; cet arbre greffon,
planté depuis une année au moins, doit naturellement se trouver à
proximité de son sujet. Nous verrons qu’il pourrait en être rapproché
artificiellement le jour même du greffage et que, d’un autre côté, cet
élément de la greffe en approche est parfois un rameau resté adhérent
à l’arbre.
[4.4.3]Le
greffon-œil sera isolé du rameau qui le porte au moment
même où l’on se dispose à l’appliquer sur le sujet.
[4.4.4]Le greffon-rameau pourrait comprendre deux sections :
1o Le rameau qui est détaché de son arbre-étalon pendant la sève
pour les greffages d’été et d’automne ;
2o Le rameau qui est détaché de l’arbre au repos de la sève, pour les
greffages d’hiver et de printemps.
Les rameaux-greffons de la première section seront coupés sur
l’arbre-étalon au moment du greffage, et aussitôt effeuillés, la feuille
64
étant coupée sur son pétiole (voir fig. 88). On les placera aussitôt à
l’ombre, la base entourée de mousse fraîche ou baignant dans une eau
dormante, en attendant leur emploi qui ne saurait tarder sans danger
pour la qualité du greffon. Ces rameaux sont utilisés pour les
greffages par rameau, fin de l’été et commencement de l’automne ; en
outre, ils approvisionnent l’écussonnage pratiqué pendant la
végétation.
[4.4.5]Les rameaux-greffons destinés aux greffages d’hiver et de
printemps seront détachés de l’étalon dans le courant de l’hiver, avant
que la sève se soit mise en mouvement. On choisit une température
sèche et pas trop froide ; lorsqu’il gèle fort, une partie du cambium se
retire des jeunes rameaux et ils ne se remettent pas facilement. Pour
les conserver en bon état jusqu’à l’époque du greffage, on les enterre
aux deux tiers de leur longueur, à l’ombre d’un arbre vert, ou au nord
d’un bâtiment (A', fig. 32), dans un sol sec et sain. Il suffira d’ouvrir
un trou ou une rigole ; on y placera les greffons un peu inclinés et l’on
recouvrira la base avec de la terre ameublie ; on pressera légèrement.
Le sommet, hors jauge, bourgeonnera peut-être, mais les yeux
inférieurs, à utiliser, resteront endormis.
Dans les grands établissements de greffage où la conservation
prolongée des greffons est indispensable, et lorsque l’action des
gelées d’hiver est à craindre sur ces rameaux de réserve, on les
assemble en petits ballots coniques, bien étiquetés ; le pied est formé
par les extrémités de coupe laissées à nu, tandis que l’on entoure de
paille la partie supérieure. Ces bottillons sont ensuite placés par leur
base sur une couche de sable sec et fin comme le sable à pavage, dans
une cave modérément humide, hermétiquement fermée et non
éclairée. Ici une glacière serait d’une grande ressource. En
aménageant une chambrette contiguë, au niveau du sol, on y
conservera intacts les greffons, assez tard dans la saison, sans que le
mouvement de la sève se fasse sentir dans leurs tissus.
[fig32]
65
Fig. 32. — Conservation souterraine de rameaux-boutures
et de greffons (Coupe du sol).
66
privation de l’air extérieur est rigoureusement nécessaire. Une trop
forte épaisseur de greffons aurait l’inconvénient de provoquer la
fermentation au cas où la fraîcheur du sol se ferait sentir sur eux.
L’état léthargique des greffons, si l’on peut s’exprimer ainsi, en
permet l’utilisation de mai en août pour les greffages par rameau ou
par œil ; ils se prêtent ainsi aux voyages, le pied dans la glaise, le
corps dans la mousse un peu fraîche. À leur arrivée, ils seront plongés
pendant quelques heures dans l’eau ou tenus quelques jours en terre,
et même ils seront couchés tout en long dans le sol ou à la cave,
pendant deux, trois ou quatre semaines, s’ils ont l’écorce ridée ;
aussitôt revenus à l’état normal, ils pourront être utilisés au greffage.
Les rameaux greffons cueillis en sève et destinés aux voyages
seront effeuillés sur le champ et transportés par voie rapide. Le
rameau aura la base piquée dans un tubercule ou un tampon de
mousse fraîche, tandis que le surplus sera entouré de sciure bien sèche
ou d’un papier parcheminé ou d’une toile gommée, substances qui ont
la propriété de conserver intacts les rameaux-greffons lorsqu’ils sont
exposés à rester assez longtemps en route.
67
V. — GREFFAGE SOUS VERRE
[5.1]
préceptes généraux
68
souvent un rameau-bouture non raciné. Comme le plant
complet, la racine-sujet pourrait être nue, ou mise en pot, et
légèrement chauffée pour exciter son fluide séveux au moment
du greffage.
Quant au mode de greffage, l’opérateur décide s’il appliquera
la greffe en fente, dans l’aubier, en placage, à l’anglaise ou en
incrustation. On opère sur une partie semi-ligneuse, au-dessous
ou en face d’un œil. Si le sujet est à racine nue, la greffe en
placage conviendra parce que le plant conserve des bourgeons
appelle-sève. Avec un sujet élevé en pot, ou greffé sur tige,
l’absence du bourgeon d’appel a moins d’inconvénients. Un
sujet trop allongé ou effilé serait écimé de suite, à 0m,15 au-
dessus de la greffe de côté.
Le greffon est généralement un petit rameau muni de deux ou
trois yeux, déjà visibles, ses tissus étant demi-ligneux, demi-
herbacés. S’il était d’espèce à feuillage persistant, on couperait
les grandes feuilles à moitié, et on ne toucherait pas aux autres.
Avec les Conifères, la réussite est plus certaine lorsque le
greffon a une longueur de 0m,10 à 0m,15, son œil terminal étant
conservé.
Deux saisons conviennent au greffage sous verre : de janvier
en mars, de juillet en septembre. Les espèces à feuilles
caduques seront greffées assez tôt en juillet pour qu’elles
puissent se souder avant l’automne, la feuille ayant été
conservée au greffon, ou faiblement tronquée.
Les espèces à feuillage persistant seront greffées en août-
septembre, ou de janvier en mars. La ligature de la greffe est
laine ou raphia ; l’engluement n’a pas sa raison d’être.
69
La multiplication se fait à froid, sans le concours d’aucune
chaleur forcée ; il suffira de l’abri concentré du verre. Quelques
espèces, comme le Camellia et l’Azalée, peuvent être greffées
plus tard et réclament un peu de chaleur à ce moment.
Pendant les grandes chaleurs, on badigeonne le vitrage
(serres, châssis, cloches), extérieurement, avec de la couleur
verte dite vert anglais, à la colle, additionnée de blanc
d’Espagne, ou avec du blanc d’Espagne délayé dans de l’eau et
du lait ou un peu d’huile. On pourrait l’ombrager encore avec
des paillassons, des nattes, des toiles ou des claies en ramilles
légères ou de bruyère. Ces accessoires, imprégnés de sulfate de
cuivre, se détériorent moins vite et ne sont pas attaqués par les
insectes et les rongeurs.
[5.1.1]Greffage sous cloche. — Ce procédé est le plus simple
des greffages sous verre. Il n’exige aucune construction, des
cloches en verre suffisent. Nous l’avons particulièrement
remarqué à Orléans. Nos confrères en attribuent le succès à la
nature du sable de la Loire.
Une bande de terrain sous forme de parallélogramme,
vulgairement une planche, est composée de sable-gravier de
rivière et supporte deux ou trois rangs de cloches ordinaires.
[fig33]
70
Fig. 33. — Plants greffés sous cloche.
71
qui pourront hiverner sous verre. Il est bien entendu que les
greffes livrées à la pleine terre seront étêtées à ce moment, si
elles sont de côté.
Le greffage d’automne, sous cloche, réussit moins bien ou
réclame plus de surveillance.
Pendant l’hiver, on garnit les rangs de cloches avec des
feuilles sèches, et on les couvre de paillassons ; mais il est bien
rare que les hivers rigoureux n’y laissent pas de traces
fâcheuses.
La greffe en placage est moins employée sous la cloche en
plein air parce que l’humidité, plus fréquente que dans la serre,
nuirait à la soudure du placage.
[5.1.2]Greffage en bâche. — La bâche se compose d’un
coffre tout bois, ciment, pierre ou maçonnerie, haut de 0m,60,
dont moitié sous terre et l’autre moitié hors de terre. Si, par
suite de la hauteur des sujets, on construit le coffre plus
profond, on creusera davantage le sol ; la partie hors de terre
restera la même.
La bâche supporte un châssis vitré ; par conséquent, on lui
donnera une largeur égale à la largeur du châssis, soit environ
1m,33.
Les jointures des châssis entre eux ou avec la bâche seront
capitonnées de mousse, afin d’empêcher la pénétration de l’air
extérieur.
Au fond de la bâche, on étend un lit de sable, de tannée, de
cendre de houille, épais de 0m,15 à 0m,20, pour y recevoir les
sujets en pot dès qu’ils ont été greffés. Au-dessous, un peu de
fumier frais et de terreau produira une légère chaleur de fond.
72
Sous bâche, le greffage est préférable en août pour les plants
en godet ; le multiplicateur greffe les sujets dans son
laboratoire, vers le mois d’août (de juillet en septembre), et les
place aussitôt sous la bâche. Le greffage en février-mars est
également convenable pour les sujets à racine nue ; on arrache
des plants à la pépinière, on les greffe et on les repique aussitôt
sous châssis, en pleine terre, sans les mettre en pot. Les plants
greffés ont le pied recouvert de terreau et la tête près du vitrage.
La soudure de la greffe n’arrivant guère qu’après cinq ou six
semaines de greffage, il faudra bien se garder d’aérer la bâche
avant cette époque. Après, on soulèvera modérément le châssis
avec une crémaillère, pendant quelques heures de la journée,
lorsque la température sera chaude.
Si le soleil est ardent, il convient d’en amortir les effets sur
les végétaux délicats en ombrageant par des claies, des nattes
ou des toiles étendues sur le vitrage, ou par le badigeonnage des
châssis. Mais pendant les premières semaines, on couvrira les
châssis avec des paillassons ; c’est un moyen de produire
l’étouffée sous la bâche, condition essentielle de succès.
Souvent, on provoque l’étouffée par l’introduction sous la
bâche et sur les greffes d’un second vitrage ou d’une cloche.
[fig34]
73
Fig. 34. — Emploi des paillassons sur les greffages sous verre.
74
Elle est enfoncée de 0m,50 à 1 mètre dans le sol ; un lit de
0m,10 de sable et de débris de charbon de terre en assainit le
fond. Le mur d’enceinte a 0m,40 d’épaisseur ; la hauteur
intérieure de la serre est de 2 mètres, et la longueur des châssis
vitrés formant le double toit est de 1m,33.
[fig35]
76
obliquement et recouverts d’une feuille de verre dont les
jointures seront couvertes de sable pour produire l’étouffée.
Quand la greffe sera soudée, on portera les plantes sous verre,
dans une bâche, en attendant leur mise en pleine terre.
[5.1.4]Soins après le greffage sous verre. — Après le
greffage, les sujets sont restés environ six semaines à
l’étouffée ; dès que l’agglutination en a été constatée, on les a
maintenus sous verre en aérant modérément sous la bâche, ou
en les dégageant graduellement de la cloche.
Si le greffage a été pratiqué à l’automne, on laissera sous
bâche les plants qui s’y trouvent greffés, et l’on mettra
également sous bâche vitrée ceux qui ont été opérés dans la
serre. Ils y passeront l’hiver. Une fois le printemps venu, on
soulèvera le châssis dans la journée ; de mars en mai, on
transportera les plantes en plein air, mais au nord d’une
construction ou d’un rideau d’arbres verts. Si, au contraire, le
greffage a été fait au printemps, on sortira, vers le mois de mai,
les plants greffés sous cloche ou sous bâche vitrée, et déjà
habitués à l’air, pour les porter à l’ombre des abris.
Quant aux sujets greffés en serre, ils viendront séjourner
pendant un mois sous châssis ; au moment des fortes chaleurs,
on ombragera dans la journée et on découvrira la nuit, puis on
transportera les plantes à l’ombre avant de les soumettre à l’air
libre. Les espèces délicates hiverneront sous châssis froid ou en
bâche recouverte, pendant les grandes gelées, de volets pleins
en bois sulfaté auxquels on adjoindra, si besoin est, une épaisse
couche de feuilles.
[5.1.5]Dans les pépinières, l’abri se compose d’une ligne
d’arbres verts à feuillage compact soumis à la tonte (fig. 36),
77
généralement en Thuia de Chine (Biota orientalis), souvent en
Thuia du Canada (Thuia occidentalis), et dirigée de l’est à
l’ouest ; sa façade plein nord sera le plus utile. Les arbres verts
sont plantés à 0m,60. On peut établir plusieurs abris par des
rangs parallèles espacés de 2 mètres au moins, en supposant
que les sujets soient étêtés à 2 mètres de hauteur. Des rideaux
plus élevés devraient être distancés en conséquence, évitant
ainsi d’occasionner une trop grande privation d’air. Avant de
planter les arbustes auprès des abris, on les change de pot en les
plaçant dans un vase plus grand.
On les enterre au pied des abris, par lignes groupées formant
plate-bande adossée à l’abri (fig. 36) ou encadrée d’un sentier.
Les plantes y resteront pendant une année ou deux, dans les
mêmes pots ; elles seront remportées lors du remaniement de la
planche ou plate-bande. Suivant leur nature, on pourrait
continuer à les placer auprès des abris, ou à les livrer à la pleine
terre, ou bien à les soumettre à l’intermédiaire de l’ombrelle ou
écran.
[fig36]
78
Fig. 36. — Abris pour l’éducation à l’air libre des plants greffés sous verre.
80
VI. — PROCÉDÉS DE GREFFAGE
81
I. — GREFFAGE PAR APPROCHE.
82
Groupe 5. — Greffage dans l’aubier.
Greffe dans l’aubier, en tête.
Greffe avec biseau plat.
Greffe avec biseau de biais.
Greffe dans l’aubier, de côté.
Greffe avec entaille droite.
Greffe avec entaille oblique.
Groupe 6. — Greffage en fente.
Greffe en fente ordinaire.
Greffe en fente, simple.
Greffe en fente, double.
Greffe en fente terminale.
Greffe terminale, ligneuse.
Greffe terminale, herbacée.
Greffe en fente sur bifurcation.
Groupe 7. — Greffage à l’anglaise.
Greffe anglaise simple.
Greffe anglaise compliquée.
Greffe anglaise au galop.
Greffe au galop, simple.
Greffe au galop, double.
Greffe anglaise à cheval.
83
Écussonnage en placage.
Écussonnage combiné.
Groupe 2. — Greffage en flûte.
Greffe en flûte ordinaire.
Greffe en flûte avec lanières.
[1]
préceptes généraux
84
Avec le greffage par approche, on n’effeuille pas le greffon,
comme avec d’autres systèmes, parce que le greffon reste
adhérent à l’arbre-mère ou garde ses racines en terre au moment
de son application sur le sujet.
On entame le sujet et le greffon au moyen d’une ablation de
bois et d’écorce identique sur les deux parties, de manière à les
faire joindre intimement, en les réunissant. Pour faciliter la
soudure, on applique une ligature et un engluement ; on
ajoutera un support, un tuteur ou un lien, s’il s’agit de deux
arbres distincts.
Après une saison au moins de végétation, quand
l’agglutination est certaine, on procède au sevrage ; l’élève est
isolé de la mère et vivra de ses propres éléments.
Nous établissons trois catégories de greffes en approche : 1o
les greffes de côté, pour lesquelles on conserve la sommité du
greffon lors de son insertion sur le sujet ; 2o les greffes en tête,
le greffon venant s’incruster sur le sujet préalablement écimé ;
3o les procédés dits en arc-boutant, où le greffon, écimé, sera
inoculé par son sommet sous l’écorce du sujet.
[1.2]
Groupe 1.
greffage par approche de côté
85
Le sommet du greffon est gardé tout entier, au-dessus de son
point de contact avec le sujet ; cependant s’il est trop long, on le
taille au-dessus de la greffe, soit à deux ou trois yeux s’il s’agit
d’un rameau, soit à 0m,10, 0m,20 ou 0m,30 si le greffon est une
branche ramifiée.
Le mode d’assemblage du sujet avec le greffon constitue
divers procédés qui empruntent leur nom à d’autres méthodes
de greffage : en placage, en incrustation, à l’anglaise.
[1.2.1]Nous signalerons pour mémoire le greffage par
approche en travers ou en biais ; le greffon s’incruste dans
l’écorce du sujet, obliquement de droite à gauche ou de gauche
à droite. Forsyth, arboriculteur anglais, a été un des premiers à
l’indiquer dans la réfection des arbres mal formés. Les Japonais
greffent ainsi les variétés de l’Érable polymorphe et, par ce
système, nous avons garni de branches des Pêchers dénudés, —
ne pouvant faire mieux.
[1.2.2]Greffe par approche en placage (fig. 37). — Le
greffon (A) subit une entaille (a) qui enlève les couches
d’écorce et d’aubier.
[fig37]
86
Fig. 37. — Greffe par approche en placage (Bouleau).
87
[1.2.3]Greffepar approche en incrustation. (fig. 38). — Le
greffon (D) est légèrement avivé (d) sur deux faces. Le sujet (E)
est préparé (e) par
[fig38]
88
une ouverture angulaire dans laquelle le biseau (d) du greffon
devra s’incruster parfaitement, comme on le voit en F. Ce
greffage est applicable aux espèces à bois dur, ou lorsque la
périphérie du greffon est dite méplate, ou elliptique.
Un greffeur habile se sert du greffoir ou de la serpette pour
pratiquer l’entaille ; l’amateur préférera probablement la gouge
angulaire.
[1.2.4]Greffe par approche à l’anglaise, de côté (fig. 39). —
Il est un moyen de consolider naturellement la greffe par
approche : c’est en ouvrant sur les deux parties, où l’écorce est
avivée, une série de languettes et d’encoches réciproques (A et
B, fig. 39) qui viennent s’assembler en C.
[fig39]
89
Fig. 39. — Greffe par approche à l’anglaise, de côté (Hêtre).
90
Fig. 40. — Greffe par approche herbacée, et buttage de plants de Vigne.
91
greffe de Vigne, un apport de terre
immédiat tel que notre dessin
l’indique doit séjourner toute l’année.
Le sevrage aura lieu au printemps
suivant.
La même opération peut être faite
avec deux sarments-boutures (A et B,
fig. 41). Ils sont greffés à l’anglaise
(en C), opération faite à l’abri. On les
plante en pépinière en les buttant de
terre jusqu’au sommet. L’évolution
des yeux (a et b) de tête excitera le
développement des racines et la
soudure de la greffe.
Cette greffe en approche par
double bouture réussit mieux quand
les deux rameaux-boutures, ayant
passé l’hiver en jauge, ont les
mamelons radicellaires apparents à
leur base, au moment du greffage ; la
sève est déjà en mouvement.
92
Fig. 41. — Greffe par approche à
l’anglaise, de sarments-boutures.
[1.3]
Groupe 2.
93
Fig. 42. — Greffe par approche à l’anglaise, en tête (Noisetier).
94
Si la tige du sujet était ramifiée, on coursonnerait les
ramifications inutiles pour les retrancher plus tard ou même les
greffer.
[1.3.1]Greffe par approche à l’anglaise, en tête (fig. 42). —
Au moment du greffage, on étête le sujet (B, fig. 42)
immédiatement au-dessus d’un bourgeon, qui fera fonction
d’appelle-sève. On y amène le greffon (A) pour bien s’assurer
des points de contact, alors on taille le sommet du sujet en
biseau ; au tiers supérieur du biseau, on pratique un simple cran
(B) de haut en bas. Le greffon sera légèrement écorcé sur une
étendue analogue ; on ouvrira aux deux tiers, vers la base de la
plaie, un petit cran (A) de bas en haut. Assembler languette et
encoche ; ligaturer (C), enfin mastiquer les parties mises à nu.
[1.4]
Groupe 3.
greffage par approche en arc-boutant
95
dit pied-de-biche, aminci au sommet jusqu’à extinction du liber,
sur la face opposée à la naissance du bourgeon qui constituera
le développement de la greffe ; on inoculera ce sommet
T
biseauté sur le sujet au moyen d’une incision en T renversé ( ).
La place de celle-ci est calculée d’après la longueur du greffon,
mais on l’ouvre à 0m,02 plus bas, de telle sorte que, pour
introduire le greffon, on l’arque légèrement en lui imprimant un
mouvement de retraite de haut en bas, puis on le glisse sous les
lèvres de l’incision comme s’il s’agissait d’un arc-boutant.
Les deux modes principaux de greffage en arc-boutant ne
sont applicables que pendant l’état de sève du sujet, soit à la
montée de la sève, avec greffon ligneux, soit au commencement
de l’été, avec greffon herbacé, arbre ou rameau.
[1.4.1]Greffeen arc-boutant avec œil (fig. 43). — L’œil étant
choisi comme bourgeon terminal, nous taillons le greffon en
biseau plat (S) aminci jusqu’au liber vers le sommet ; nous
l’inoculons sous l’écorce du sujet (T) soulevée (en V). Nous
ligaturons (X) en ménageant l’œil du greffon placé sur le dos du
biseau. L’œil du sujet, au-dessus de la greffe, eu hâtera
l’agglutination.
Le chapitre de la restauration des arbres défectueux donnera
l’emploi de ce système avec greffon herbacé, appliqué en été.
[fig43]
96
Fig. 43. — Greffe par approche en arc-boutant, d’un œil.
97
Le sujet est un arbre distinct ou une branche (O) portant le
rameau-greffon. L’incision (P) y est pratiquée de manière que
l’introduction du greffon s’obtienne comme on le voit (en R).
On ligature et, si la partie greffée est frappée par le soleil, on la
couvre de boue ou d’onguent.
[fig44]
[1.5]
98
soins après le greffage par approche
99
parties rapprochées par la greffe sont jeunes et vigoureuses,
plus promptement s’opérera leur agglutination.
[1.5.2]Écimage du sujet. — Étant donnée une greffe par
approche de côté (fig. 45), les mutilations opérées sur la tête du
sujet (B) peuvent commencer quinze jours après le greffage, s’il
a été pratiqué au début de la sève et si les apparences de la
réussite sont bonnes.
[fig45]
100
Fig. 45. — Sevrage de la greffe en approche.
101
On retranche déjà les extrémités des branches principales
(b) ; huit jours après, on les rapproche à 0m,10 ou 0m,20 Quand
la soudure est certaine, on raccourcit la tige en deux ou trois
fois, de manière à laisser un moignon de 0m,10 (b') au-dessus de
la greffe et garni de petits rameaux d’appel s’il est possible.
Avec une greffe de printemps, on arrive à ce demi-sevrage
vers la fin de l’été ; l’agglutination s’achèvera avant l’hiver.
Mais si le greffage a été pratiqué plus tard, on se bornerait,
avant l’hiver, à diminuer les branches de la tête, dès que la
cicatrisation serait en bonne voie. L’étêtage définitif à 0m,10
(b') au-dessus de la greffe (c) serait réservé pour le printemps
suivant, à la montée de la sève.
L’onglet est conservé pendant une saison pour servir à
l’accolement de la greffe ; il y attire la sève au moyen de ses
bourgeons. On le supprimera (en b'') lorsque l’on jugera la
soudure complète et la force de résistance du greffon suffisante.
Il n’y aurait aucun inconvénient à couvrir la plaie d’un
engluement et à maintenir le tuteur encore quelque temps.
[1.5.3]Séparation de la mère. — La séparation de la mère (A,
fig. 45) est un acte important, en ce sens qu’il abandonne
l’élève à ses propres ressources, l’arbre-mère n’étant plus
appelé à le nourrir.
En principe, la séparation totale ne doit pas être accomplie
avant qu’une saison complète de végétation ait passé sur la
greffe (c). En fait, on devance quelquefois ; nous ne pouvons
recommander ce procédé. Le greffeur appréciera.
Toutefois, le greffon doit rester adhérent à la mère (A) tant
que la liaison n’est pas un fait accompli. On en juge par le
102
bourrelet qui se forme aux points de soudure du greffon sur le
sujet (B) et à la végétation relative des deux parties.
En cas de doute, il convient d’agir prudemment, de préparer
le jeune arbre à se nourrir sans le secours de l’arbre-mère. On
l’y habitue en pratiquant des entailles ou des incisions sur le
bras qui relie la mère au sujet. Une seule entaille (a) peut
suffire ; mais on l’avive au bout de huit ou quinze jours, en la
rendant plus profonde. Au lieu d’une incision unique, on peut
encore amener la séparation graduellement par une succession
d’encoches pénétrant l’écorce et le bois, ou de crans circulaires
(a’), de bagues pratiquées sur le bras de la greffe ; on les
commencerait à une certaine distance de la greffe en les
accentuant ensuite et en les rapprochant. Enfin on arrive à
couper net (a") contre le sujet, et l’on englue l’amputation s’il y
a lieu.
On voit en (C), l’arbre greffé en (c’) vivant de ses propres
forces et tenu pendant quelque temps avec un tuteur attaché au-
dessous et au-dessus de la greffe ; ce protecteur lui donnera une
direction rectiligne.
Rappelons au greffeur que, plus le climat est chaud ou plus la
greffe est herbacée, plus promptement se formera le tissu
cicatriciel, et plus tôt on pourra pratiquer le sevrage.
[1.6]
103
application du greffage par approche à la
multiplication des végétaux
104
Les sujets étant jeunes et les greffons assez flexibles, on arrive
ainsi à les réunir aux endroits qui offrent le plus de chances
pour le greffage.
[fig46]
Fig. 46. — Greffage en approche de jeunes sujets auprès d’un arbre étalon.
105
un autre plus grand, et de garnir l’intervalle avec de la mousse
que l’on tiendra humide.
[fig47]
106
Fig. 47. — Groupe de sujets greffés par approche avec un étalon
élevé à leur hauteur.
[2]
préceptes généraux
108
d’une multiplication précieuse, et des greffons longs lorsque le
greffage s’accomplit dans un pays froid.
Ainsi que nous le disions, page 56, le greffon peut être
détaché à l’avance de l’arbre étalon, quand la sève est au repos,
pour les greffages de printemps ; on le conserve alors à l’ombre
d’un arbre ou d’un bâtiment (fig. 32), la base enfoncée dans du
sable fin, le sommet abrité avec de la paille. S’il ne doit être
employé qu’après la montée de la sève, on le garde dans une
cave, couché complètement dans le sable ou placé dans une
caisse plate enfoncée dans le sol (B, fig. 32).
Il est toujours préférable de préparer ses provisions de
greffons avant l’arrivée des grands froids qui pourraient, sans
cette précaution, les fatiguer ou les détruire sur l’arbre.
Avec certaines espèces à épiderme délicat, susceptibles de
pourrir en terre : Althéa, Cytise, Robinier, Févier, il est
préférable de couper le greffon peu de temps avant le greffage,
alors que la sève monte et gonfle les bourgeons.
Les greffons d’espèces toujours vertes ne seront détachés
qu’au moment d’être greffés, et on leur laissera les feuilles, sauf
les plus grandes qui peuvent être coupées à moitié. Les espèces
à feuille caduque, greffées en été, auront leurs greffons séparés
de l’étalon, moins de vingt-quatre heures avant le greffage ; on
les effeuillera dès qu’ils se trouveront isolés. — Effeuiller un
greffon, c’est couper la feuille sur son pétiole (Voir fig. 88.).
En général, il importe peu au succès de l’opération que le
bourgeon supérieur de la greffe soit l’œil terminal ou un œil
latéral. — Un rameau trop long sera raccourci et pourra, au
besoin, fournir plusieurs greffons. Avec des végétaux à bois
creux, on choisit la base du greffon sur bois de deux ans.
109
Pour faciliter l’assemblage et l’agglutination des deux
parties, le greffon sera plus ou moins entaillé à la base dans la
moitié de sa longueur ; cette partie avivée se nomme biseau.
On fait en sorte d’appliquer le greffon sur le jeune arbre, en
face ou à peu près d’un bourgeon du sujet à la hauteur de la
greffe ; son rôle sera d’y appeler la sève et de fortifier les
soudures.
La ligature et le mastic sont utiles dans le greffage par
rameau.
Avant leur végétation ou s’ils ont été greffés pendant la sève,
les greffons insuffisamment ligneux ou exposés au hâle seront
préservés avec un cornet de papier formant écran.
Lorsqu’il s’agit de greffages rez-terre ou au-dessous du
niveau du sol, il convient de préserver les greffons des coups de
soleil et du hâle, et d’éviter le retrait produit par les dégels et les
crues d’eau, en les abritant avec de la paille.
Dans les pays froids, et non loin de la mer, la température
basse et les vents secs qui persistent jusqu’en été nuisent à la
reprise de la greffe.
Voici comment obvient à cet inconvénient MM. Looymans à
Oudenbosch, en Hollande. D’abord le greffage est pratiqué
aussi tard que possible, tant que les greffons ne pressent pas,
ceux-ci ayant été coupés en janvier et mis tout entiers en terre et
à l’abri, à 0m,30 de profondeur. Au moment du greffage, le
greffon étant coupé de longueur, on trempe sa partie supérieure
dans un bain chaud de mastic à greffer, pour la plonger aussitôt
après dans l’eau froide. La partie inférieure, tenue à la main,
reste exempte de mastic. On taille ensuite le biseau, et le
greffage se termine dans les conditions ordinaires. Les
110
bourgeons perceront eux-mêmes cette cuirasse préservatrice
assez mince dans son épaisseur.
Les pépiniéristes de Vitry (Seine) visent au même but
lorsqu’ils badigeonnent les greffes dès que l’engluement est
séché. Ce pralinage de terre argileuse est aujourd’hui préféré au
cornet de papier d’autrefois.
Les groupes du greffage par rameau sont les greffes sous
écorce, en couronne, en placage, en incrustation, dans l’aubier,
en fente et à l’anglaise.
[2.2]
Groupe 1.
greffage de côté sous écorce
111
l’année, détachés de l’arbre étalon le jour du greffage ; on les
effeuille, s’il s’agit d’espèces à feuilles caduques. Nous avons
dit que les greffons de végétaux à feuillage persistant ne
seraient détachés de l’étalon qu’au dernier moment et ne
seraient pas effeuillés.
Pour ces deux systèmes, les sommités de rameau avec
bourgeon terminal constituent d’excellents greffons.
[2.2.1.1]Greffe sous écorce par rameau simple (fig. 48). —
Ce procédé est important pour restaurer des arbres défectueux,
pour obtenir des branches où il en manque et changer la variété
de sujets âgés. Le greffon ligneux se prêtera mieux à
l’inoculation sous de vieilles écorces que le bourgeon de
l’écussonnage. Le greffage sous écorce, recommandé en 1739,
par « de La Rivière et Du Moulin, » décrit par La Bretonnerie
en 1780, par Calvel en 1800, dédié par Thouin, en 1820 à
Richard, de Trianon, est fort utile à la multiplication des
végétaux ; dans ce but, il n’est pas assez employé.
Le greffon (B, fig. 48) est un petit rameau ou un fragment de
rameau, long de 0m,10 à 0m,20 ; on taille la moitié inférieure en
biseau plat, allongé et aminci jusqu’au liber, vers la pointe (B).
Le sommet du biseau partant d’un œil (a), il en résultera que le
coussinet sera le point d’appui qui écartera légèrement du sujet
la tête du greffon.
Le greffon étant taillé, on pratique sur le sujet (A), en deux
coups de greffoir, une double incision (C) en T qui traverse
l’épaisseur des couches corticales, et s’arrête à l’aubier. Avec la
spatule de l’outil, on soulève les lèvres de l’incision et l’on y
glisse le greffon, de manière que le sommet de son biseau
aboutisse au cran transversal du T sur le sujet.
112
On ligature (D), et s’il reste un vide à la jonction des deux
parties, on préserve de l’action de l’air les tissus entamés, avec
une feuille d’arbre, de l’onguent ou de la boue.
Quand il s’agit d’introduire une branche sur un arbre qui en
manque, au lieu d’une incision en T, on pourrait se contenter
d’une simple ouverture en œil-de-bœuf par laquelle on
glisserait le greffon, mais il conviendrait alors de faciliter ce
glissement par l’introduction préalable d’une petite tige
biseautée en buis ou en os ; c’est la vraie greffe en coulée.
Si l’on veut obtenir une branche formant un angle ouvert
avec la tige du sujet, on choisit un greffon coudé ou courbé ; le
biseau, sur la partie convexe, s’appliquera contre le sujet, tandis
que le sommet rejeté en dehors donnera la direction inclinée au
membre projeté. L’œil (c) au dos du greffon pourrait fournir la
branche désirée.
[fig48]
113
Fig. 48. — Greffe sous écorce par rameau simple.
114
d’autres sortes, Cornouiller, Fusain, Lilas, Marronnier, Olivier,
Oranger, Tilleul, on prend les greffons sur des rameaux d’un an.
[2.2.1.2]Greffe sous écorce à l’anglaise (fig. 49). — La crainte
de voir se disjoindre deux parties simplement appliquées l’une
contre l’autre nous a fait imaginer un moyen de les agrafer.
Au lieu d’un T tranchant seulement l’écorce du sujet (B), le
trait supérieur (C’), grâce à un coup de greffoir plus prononcé,
pénétrera l’aubier en biais, de haut en bas, tandis que le trait
longitudinal (C) ne tranchera que l’écorce.
De son côté, le greffon (A) est d’abord préparé comme celui
du greffage précédent ; puis, en tête du biseau un coup de
greffoir de bas en haut, parallèle à l’axe, ou à peu près, fend
l’aubier en long (A’) sur une faible étendue.
À l’assemblage (c), le greffon glissant sous l’écorce du sujet,
s’y accrochera en tête dans l’incision (C’) au moyen de la
languette (A’) résultant l’une et l’autre d’une entaille
préméditée.
On comprend qu’une greffe semblable résiste mieux aux
bourrasques, au poids du feuillage des bourgeons de certaines
espèces, comme le Marronnier, et susceptibles de les ébranler.
[fig49]
115
Fig. 49. — Greffe sous écorce, à l’anglaise.
116
On choisira pour greffon un rameau court (X, fig. 50). Avec
le greffoir, on le détache de la branche qui le porte, mais en
conservant un plastron d’écorce (V) de cette branche au delà et
en deçà de la naissance du rameau greffon. La manière de lever
cette embase est à peu près celle que nous décrirons plus loin à
l’écussonnage (Voir fig. 90).
[fig50]
117
Il n’y a pas à redouter la présence de fibres ligneuses sous
l’embase (V) ; il y aurait, au contraire, du danger à les enlever.
On se bornera à en aplanir la surface avec la lame de l’outil.
Sur le sujet (Y), on ouvre une incision (Z) en T qui pénètre
seulement la couche d’écorce ; avec la spatule, on soulève les
lèvres de l’incision et l’on y glisse le greffon par son plastron
(V).
On ligature (A). L’engluement est inutile.
Dans la restauration des arbres fruitiers, nous avons
quelquefois employé, à titre de greffons, des rameaux longs de
0m,50 et munis d’une embase de 0m,10. On les effeuille huit
jours à l’avance sur l’arbre-mère, pour les disposer à la
séparation ; en les couvrant avec des feuilles d’arbre ou de la
boue aussitôt le greffage terminé, on évitera leur dessèchement.
La greffe avec branche complète, recommandée dans le même
but par Roger-Schabol, en 1782, a échoué par suite de l’absence
de ces précautions.
[2.2.2]Soins après le greffage de côté sous écorce. — Pour le
greffage à œil dormant, les soins particuliers consisteront à
étêter le sujet après l’hiver, à 0m,10 au-dessus de la greffe, et à
palisser immédiatement la sommité du greffon ligneux afin
d’éviter une tige coudée au point de la greffe.
Le premier procédé, par rameau simple, lorsqu’il est employé
à la restauration des arbres, n’oblige pas à l’amputation du
sujet ; mais, pour hâter le développement de la greffe, on
ouvrira, au printemps, un cran sur le sujet à 0m,01 au-dessus
d’elle (Z, fig. 58). En même temps, on taille les branches
placées au-dessus de la greffe.
118
Une baguette formant tuteur est indispensable au palissage de
la jeune greffe.
Quand le greffage est fait à la montée de la sève, il convient
d’embouer le greffon pour le préserver de l’action du soleil et
du hâle.
[2.3]
Groupe 2.
greffage en couronne
119
Les rameaux à greffer sont coupés en hiver et conservés (Voir
page 56) jusqu’à l’ascension de la sève ; l’essentiel est qu’ils ne
bourgeonnent pas encore, et que l’écorce reste vive. Au moment
du greffage, le sujet peut bourgeonner, mais le greffon, non.
Le greffon est un fragment de rameau long de 0m,05 à 0m,12
environ. La moitié supérieure aura deux ou trois yeux ; la partie
inférieure sera taillée en biseau plat dit pied-de-biche ou bec-
de-flûte ; le biseau doit commencer en face d’un œil, traverser
l’étui médullaire et se terminer en s’amincissant ; ainsi purgé de
moelle, il se soudera mieux au sujet ; il ne faut donc pas lui
laisser trop d’épaisseur. Un petit cran ménagé à la partie
supérieure du biseau est utile, en ce sens qu’il permet d’asseoir
le greffon à plat ou à cheval sur le sujet, suivant sa coupe plane
ou oblique.
L’insertion de cette greffe se fait en tête du sujet, sur la
coupe, entre l’écorce et le bois ; on amincit les deux faces de la
pointe du biseau pour en faciliter le glissement : souvent le
greffeur se contente d’humecter cette pointe entre ses lèvres.
Les greffeurs ont habituellement à leur disposition un petit
instrument en bois ou en ivoire, aminci vers la pointe, qui leur
sert à préparer, à essayer le logement du greffon. Ils
introduisent cet instrument à l’endroit désigné, le retirent et
placent aussitôt le greffon dans l’ouverture. Avec cette
précaution, on n’a pas à craindre de briser les rameaux délicats
ni d’en déchirer l’écorce.
On saisit le greffon par la tête et on le fait glisser entre le
liber et l’aubier. On n’ouvre pas l’écorce ; c’est le greffon qui la
détache de l’aubier sous la pression de la main.
120
L’introduction de la greffe est facilitée dans la plupart des cas
par la circulation de la sève qui isole le liber de l’aubier.
Cependant il peut arriver que des greffons d’un gros volume
menacent de déchirer les tissus ; alors, pour éviter cette
déchirure, le mieux est de fendre l’écorce du sujet (D, fig. 51)
par un coup de greffoir en long, au moment d’y placer le
greffon.
Plus un tronçon à greffer est gros, plus nombreux devront
être les greffons qu’on y placera ; toutefois, pour rendre la
soudure plus complète, ils conserveront entre eux un intervalle
dont le minimum serait de 0m,05.
Une ligature demi-serrée, ne comprimant pas trop l’écorce,
est nécessaire après l’insertion des greffes. On applique
l’onguent sur les plaies et sur l’écorce du sujet qui recouvre le
greffon, afin de prévenir les déchirures. On facilitera
l’adhérence ; du mastic en épongeant le liquide séveux qui
suinte des parties tranchées au vif.
En greffant en couronne un sujet rez terre, il n’y a pas
d’inconvénient à butter le tronc jusqu’aux yeux supérieurs de la
greffe ; on évitera un dessèchement toujours nuisible et, avec
certaines espèces, il se formera, sur les incisions, des racines
qui aideront à la rapidité de la végétation.
Le greffage en couronne est pour ainsi dire indispensable
quand on agit sur de gros arbres ; on peut y insérer un assez
grand nombre de branches qui répondent, par réciprocité, à la
nourriture fournie par les racines.
[fig51]
121
août ; on prendrait alors pour greffon
la base déjà lignifiée de jeunes
rameaux munis d’yeux bien formés,
ou même les rameaux conservés dans
la caissette souterraine (fig. 32, p.
58).
[2.3.1.1]Greffe en couronne
ordinaire (fig. 51). — Étant donné le
sujet B amputé au vif, nous y
insérons trois greffons (c, c’, c"), en
proportion de son diamètre. Il serait
assez difficile de placer plusieurs
greffons sans fendre l’écorce au Fig. 51. — Greffe en couronne
moins dans un seul endroit ; la ordinaire.
tension produite par l’inoculation de plusieurs rameaux finirait
par faire craquer les couches corticales. On prévient cet
accident par une incision longitudinale (D) qui, non seulement
facilite le glissement du greffon c’, mais permet aux autres (c et
c") d’être à l’aise et de ne pas menacer de fendre l’écorce du
sujet. On ligature, puis on englue sur l’amputation de la tige, au
sommet des greffons étêtés, et en face de leur dos, sur l’écorce
du sujet.
[fig52]
122
Fig. 52. — Greffe en couronne avec greffon âgé de deux ans
(Février).
123
pratiquée. On est même forcé d’écarter un peu l’écorce (b) avec
la spatule du greffoir.
[2.3.1.2]Greffe
en couronne perfectionnée (fig. 53). — Cette
greffe diffère de la précédente par deux particularités
essentielles :
[fig53]1o Le sujet A
(fig. 53) étant taillé sur
un plan oblique (B), le
greffon (F) est inséré à
son sommet, avec une
languette (H) à angle
aigu, qui l’accroche
parfaitement sur le biais
de la coupe.
2o L’incision du sujet
est obligatoire : le coup
de greffoir étant donné,
on soulève avec la
spatule un côté
seulement (C) de la Fig. 53. — Greffe en couronne
partie incisée ; on y perfectionnée.
glisse le greffon de telle sorte que l’intérieur avivé du biseau
soit appliqué contre l’aubier (E), et le dos (G) recouvert par la
lèvre (C).
On augmente encore les chances de réussite en enlevant une
faible bande d’écorce sur le côté (I) du biseau du greffon,
correspondant avec la lèvre (D) du sujet, non détachée de
l’aubier, et contre laquelle il viendra se juxtaposer. La greffe
terminée en J, sera ligaturée et engluée.
124
À son tour, l’horticulteur Lagrange, d’Oullins, pratique un
système mixte consistant à fendre de biais l’écorce du sujet,
entamant légèrement l’aubier pour y caser solidement le
greffon.
[fig54] En présence des points
de contact assez nombreux de
la greffe en couronne, on
renonce à ces complications de
détail, et l’on préfère
l’insertion d’un œil sur le dos
du biseau du greffon (A, fig.
54). Ainsi le sujet (B) a reçu le
greffon (X) portant cet œil
complémentaire (Y). En C, la
ligature le respecte, lui et l’œil
d’appel (Z) ; il en sera de
même à l’engluement qui saura
les ménager (voir, fig. 13).
Fig. 54. — Greffe en couronne
La pousse de l’œil enchâssé
avec œil enchâssé.
(Y), palissée d’abord sur le
greffon (X), sera forte et résistante à l’action du vent. Le
bourgeon d’appel (Z), quoique pincé, entretiendra la vie en tête
du sujet (B).
[2.3.2]Soinsaprès le greffage en couronne. — Les soins se
o
bornent : 1 à surveiller la ligature, à la délier si elle étrangle, à
la renouveler si la soudure n’est pas suffisante ; 2o à palisser les
nouveaux scions sur des baguettes ou contre un tuteur qui
domine la greffe ; 3o à ébourgeonner progressivement les
productions foliacées du sujet.
125
[2.4]
Groupe 3.
greffage en place
126
La greffe en placage a son emploi dans la serre et sur des
plants en arrachis, les bourgeons de la tête du sujet contribuant
à attirer la sève vers la greffe.
[2.4.1.1]Greffe en placage ordinaire (fig. 55). — Par le
placage ordinaire, on ajuste un rameau-greffon jusque sur les
premières couches d’aubier du sujet, aussi exactement que
possible.
Le sujet ne sera pas étêté à l’avance. S’il est d’espèce à
feuillage persistant, on coupe, sur le pétiole ou à demi-limbe,
les feuilles situées à l’endroit destiné à la greffe. Dans ce cas, le
greffon ne doit pas être effeuillé.
Le greffon étant taillé en biseau à section droite commençant
en face d’un œil, on en prend le diamètre avec le métrogreffe
(fig. 10). On porte la double spatule sur le sujet (B, fig. 55) et
l’on trace les limites du biseau. Il n’y a plus qu’à évider la
partie comprise entre les deux traits pour y placer le greffon
(D’) suivant l’épaisseur de sa base. Il faut d’abord enlever
l’écorce du sujet ; puis — ou en même temps — entamer les
premières couches d’aubier (C) jusqu’à ce que le dos du greffon
paraisse autant que possible se confondre avec la périphérie du
sujet. À défaut du métrogreffe, on emploie un greffoir ou une
serpette fine.
[fig55]
127
Fig. 55. — Greffe en placage ordinaire (Rhododendron).
128
avivé au revers, à la pointe (y) ; d’un coup de greffoir, de bas en
haut, on y pratique le cran (u).
[fig56]
129
autre au milieu (i), de manière que leur assemblage (C) agrafe
languettes et encoches, sans laisser de parties vives exposées à
l’air.
Pratiqué au début de la sève, le greffage est à œil poussant ;
en août, il est à œil dormant. Dans le premier cas, l’écimage de
la tête du sujet se pratique huit jours après le greffage, à 0m,20
au-dessus de la greffe, si le plant est suffisamment long, par
exemple en f (fig. 56) ; en même temps on écime le rameau (e).
Dès que le greffon se développe, on étête le sujet une seconde
fois, au moins 8 ou 15 jours après la première opération, à
0m,10 (g). Cet onglet sert de tuteur, on le retranchera (en j) à la
chute des feuilles.
Dans le second cas, la greffe étant pratiquée fin été, à œil
dormant, le sujet sera tronqué (en g) à 0m,10, après l’hiver, et
l’onglet coupé (en j) en août-septembre de cette même seconde
année.
En 1820, André Thouin signale un procédé à peu près
semblable pour les Houx, les Lauriers, les Myrtes, et le dédie à
Collignon, jardinier du Muséum, chargé de répandre dans les
îles de la mer du Sud des graines de végétaux utiles à leurs
habitants, pendant le voyage de La Peyrouse, dont il partagea le
malheureux sort.
[2.4.1.3]Greffe en placage en tête (fig. 57). — Le greffon (A)
ne sera pas taillé en biseau pied-de-biche. Une encoche sera
utile au sommet du biseau (B), comme pour la greffe en
couronne, afin de l’asseoir carrément sur le sujet (C).
Avec le métrogreffe (fig. 10), on mesure le diamètre du
biseau (B), en l’appliquant sur le sujet, successivement en d, d,
d, d, on marque la place de chaque greffon ; la double spatule
130
étant tranchante, l’écorce se trouvera coupée ; on l’enlève pour
plaquer à sa place chaque greffon, ainsi qu’on le voit en E.
[fig57]
131
[2.4.1.4]Greffe
en placage avec lanière (fig. 58). — Ce
procédé a quelque rapport avec la greffe sous écorce par
rameau (fig. 48) sauf que le greffon est ici plaqué sur le sujet et
non glissé en coulée.
[fig58]
132
L’époque du greffage est en avril, à œil poussant, et en août,
à œil dormant.
Nous taillons le greffon (V, fig. 58) sur sa base un peu
coudée, en biseau bec-de-cane. Avec le métrogreffe, nous en
mesurons le diamètre et, portant l’outil sur le sujet (X), nous
tranchons l’écorce au moyen de la double spatule ; puis,
donnant un trait de greffoir qui rejoigne le sommet des deux
lignes, nous abaissons la lanière (x) ; nous y plaquons le greffon
(V), et nous redressons la lanière. Il reste à ligaturer (Y) et à
garnir d’onguent les endroits mal joints.
En opérant sur des arbres déjà forts ou branchus, il est
prudent d’ouvrir des crans (Z, Z) à 0m,01 au-dessus de la greffe.
Le fluide séveux, arrêté dans son cours, refluera vers les
nouveaux bourgeons. Si le sujet est faible en sève, la greffe de
printemps aura plus de succès.
[2.4.2]Soins après le greffage en placage. — La ligature étant
obligatoire, le premier soin doit être d’empêcher la
strangulation de la greffe ; une surveillance active sera
nécessaire.
Peu de temps après les greffages de printemps, on étête
progressivement les sujets greffés de côté, de façon qu’il leur
soit conservé un onglet de 0m,10. L’onglet sera retranché en
août, au ras de la greffe. La figure 56 en donne le détail.
Avec les greffages de fin d’été, l’étêtage définitif du sujet se
fait après l’hiver. L’onglet réservé sert à l’accolage de la greffe ;
on l’enlève après une année de végétation.
L’emploi d’un tuteur est utile pour palisser la jeune greffe de
placage.
133
[2.5]
Groupe 4.
greffage en incrustation
[2.5.1]Préceptes
généraux. — Jadis connu sous le nom de
greffe à la Pontoise, du pays de son propagateur, le jardinier
Huard (1775), ce procédé était spécial à la multiplication de
l’Oranger et de quelques arbrisseaux ; aujourd’hui, on en
généralise l’application sur presque tous les arbres et les
arbustes ligneux.
Le principe de l’opération est bien simple ; le greffon, taillé
en coin plus ou moins triangulaire, doit être incrusté sur le sujet
dans une ouverture qui l’enchâsse hermétiquement.
L’époque du greffage est au printemps, à la phase initiale de
la sève ; on pourrait encore greffer en été avec des rameaux
semi-ligneux, et en août-septembre avec des greffons aoûtés.
L’époque préférable est fin mars et avril.
On prépare le sujet à l’avance et on l’avive au moment du
greffage.
Pour la greffe de printemps, les rameaux-greffons seront
coupés en hiver et conservés dans la terre ; quelques jours avant
de greffer, il serait encore temps de les détacher de l’arbre-
étalon. Pour le greffage d’été, cette préparation n’aura lieu que
le jour même de leur emploi.
134
Le greffon, portant deux ou trois yeux, sera taillé à la base en
coin assez court, et viendra s’incruster sur le sujet dans une
rainure angulaire, d’une ouverture coïncidant avec le biseau
cunéiforme du greffon.
On maintient l’assemblage par un lien, et on couvre de
mastic les amputations.
[fig59]
135
Dans les pépinières où ce greffage s’étend sur plusieurs
hectares, les greffeurs sont groupés par escouades de quatre ou
cinq hommes. Le premier étête le sujet ; le second prépare le
greffon ; un troisième raine le sujet et y loge le greffon ; un
autre place la ligature et le dernier termine par l’engluement.
L’étiquetage ou le numérotage des greffes, le tuteurage et le
relevé du travail se font en même temps, par le chef, avant de
quitter le chantier.
Le greffage en incrustation se pratique en tête du sujet
tronqué et quelquefois sur le côté d’un sujet non écimé.
[fig60]
136
Fig. 60. — Greffe en incrustation avec un seul bourgeon.
137
Dans l’ouverture béante (r) du sujet (M), on enchâsse le
greffon (L), comme on le voit en O. Ligaturer ensuite et couvrir
de mastic.
Si le greffon est réduit à un fragment de rameau portant un
seul œil, l’opération se simplifie suivant les indications de la
figure 60.
On voit en A le greffon portant son unique bourgeon (a)
respecté par le biseau (b) ; le sujet (B) étant ouvert comme nous
l’avons dit, le greffon y est incrusté (C) de manière que l’œil
affleure son tronçonnement. La ligature et l’engluement
complètent l’opération.
[2.5.1.2]Greffe en incrustation latérale (fig. 61). — Un
rameau-greffon coudé pourrait être incrusté le long d’une tige
droite ; au contraire le greffon droit se placera bien sur une tige
coudée. Ainsi enchâssé, le greffon présentera plus de solidité
qu’avec la greffe en placage, surtout si la tige du sujet est
rugueuse.
Sur le sujet (A, fig. 61), nous voulons introduire une branche
où besoin est. Le greffon (B) sera taillé sur son embase ou point
d’attache, une rainure analogue étant pratiquée sur le sujet ;
l’assemblage se fera en (C).
Ligaturer et mastiquer la greffe ; appliquer ensuite une taille
courte aux branches du sujet pour favoriser le développement
de la greffe.
[2.5.2]Soins après le greffage en incrustation. — Le greffon
n’étant pas suffisamment bridé sur le sujet, il faut le ligaturer
solidement, avec un lien plutôt large qu’étroit, moins
susceptible d’étrangler la greffe. L’accolage immédiat et suivi
du greffon contre un tuteur sera encore d’un bon effet.
138
[fig61]
139
Groupe 5.
greffage dans l’aubier
140
[2.6.1.1]Greffe
en tête dans l’aubier. — Ici, nous avons deux
procédés qui diffèrent par le biseau du greffon, taillé de biais ou
taillé à plat.
[fig62]
141
étant avivé à sa base (C), en besaiguë. Le greffon sera introduit
dans la fente du sujet ; s’il est trop fort, une entaille remplacera
la fente pour le recevoir.
Avec un petit sujet, on pratique une fente partielle et l’on y
introduit un greffon ; un gros sujet exige plusieurs greffons.
La ligature (B) et le mastic sont nécessaires.
Ce procédé est la Kiri-tsugi des Japonais.
Sur un sujet jeune et d’un faible diamètre, on pourrait fendre
l’étui médullaire et y insérer le greffon ; le bois dur n’est pas
formé. C’est encore une greffe dans l’aubier ; elle porte le nom
de greffe Hervy, ou génoise ou en fente pleine. On l’emploie au
vignoble en fendant le sujet jusqu’à la cloison de l’œil
immédiatement inférieur à la tranche ; mais il ne faut pas
oublier la ligature.
[fig63]
142
Fig. 63. — Plan du tronc pour Fig. 64. — Taille du biseau
la greffe en tête, de biais. pour le greffage de biais.
[2.6.1.3]Greffe
avec biseau de biais (fig. 63 et 64). — Nous
avons appliqué ce procédé à la restauration de gros troncs qui
ne pouvaient être soumis au greffage en couronne.
Le sujet (fig. 63) étant scié, puis avivé à la serpette, nous
pratiquons plusieurs fentes de côté (a, a, a) qui,
géométriquement, sont des cordes tendues dans le cercle, et non
des rayons ni des lignes diamétrales.
143
Le greffon (L, fig. 64) aura son biseau taillé de biais ; un de
ses côtés (M) tranche obliquement le canal médullaire, tandis
que l’autre (N) ne fait pour ainsi dire qu’enlever l’écorce
jusqu’à l’aubier ; la coupe en est démontrée (en l, m, n). Le
greffon est inséré à chaque extrémité des fentes (a, a, a), les
écorces devront coïncider.
Ce procédé est applicable aux végétaux chargés de moelle :
Vigne, Catalpa, Noyer, Marronnier.
[2.6.1.4]Greffe de côté dans l’aubier. — Ce procédé a deux
manières distinctes par la direction de l’incision pratiquée sur le
sujet et par la taille du biseau qui en est la conséquence. Les
fleuristes belges la nomme greffe à la pose.
[2.6.1.5]Greffe avec entaille droite. — Le greffon (A, fig. 65)
de Camellia est taillé sur la moitié de sa longueur, en biseau à
deux faces régulières ou double biseau (a), laissant de chaque
côté une largeur égale d’écorce, finissant en pointe.
Le sujet (B) sera entaillé (en b) d’un seul coup de greffoir, la
lame pénétrant jusque dans l’aubier. Le greffon (A) y sera
introduit par sa base (a), puis ligaturé comme on le voit en C.
Les espèces à bois tendre n’exigent pas, autant que celles à
bois dur, un greffage sur sujet non écimé. Voici même un
exemple où le sujet est un rameau-bouture. Le sujet d’Aucuba.
(fig. 66) tronqué à la base (L) et au sommet (K) a reçu le
greffon (I) taillé à double face, dans les premières couches sous
écorce ; une feuille a été ménagée en tête du sujet, et le pied du
greffon affleurant
[fig65]
144
Fig. 65. — Greffe dans l’aubier, avec entaille droite (Camellia).
le sol, s’y est enraciné (en M). C’est donc une greffe en double
bouture. [fig66]
145
Fig. 66. — Greffe de côté dans l’aubier, par double
bouture (Aucuba).
146
obliquement. [fig67] Le greffon
se trouvera donc penché, et ses
feuilles ne seront point gênées
par le sujet. Mais on pourrait le
placer de manière que son
sommet soit droit, en taillant le
biseau obliquement.
On ligature avec un lien
doué d’élasticité, laine ou
spargaine.
M. Carrière recommande
cette greffe pour les Conifères,
et M. Ed. André pour les
Fig. 67. — Greffe dans l’aubier avec arbrisseaux de terre de bruyère.
entaille oblique (Houx). Nous l’avons réussie sur ces
divers genres.
[2.6.2]Soins après le greffage dans l’aubier. — Le greffage en
tête exige une surveillance à la ligature de la greffe et au
palissage des jeunes pousses ; l’ébourgeonnage rentre dans les
soins généraux qui seront expliqués au chapitre vii.
En ce qui concerne les greffes de côté, si le greffage est fait
en avril-mai, on écime progressivement à partir du moment où
l’agglutination semble assurée, et on continue à mesure que la
greffe se développe.
Si le greffage a été fait à l’automne, on tronçonnera le sujet
après l’hiver, à 0m,10 ou 0m,15 de la greffe, en conservant sur
l’onglet quelques feuilles ou de petites ramifications que l’on
écourtera à la saison des ébourgeonnements.
147
Cet onglet, premier tuteur du jeune sujet, sera enlevé au ras
de la greffe, dès que la nouvelle pousse aura assez de force pour
se défendre.
[2.7]
Groupe 6.
greffage en fente
148
intact par l’outil ; il commence immédiatement sous un œil et
se termine en pointe à l’extrémité inférieure du greffon. Dans
quelques circonstances, nous verrons qu’il est possible de
ménager un bourgeon sur le dos du biseau ; et dans certains
procédés de greffage en fente terminale, le greffon est taillé sur
les deux faces, en bec-de-cane au lieu d’être en coin
triangulaire.
[fig68]
149
Un conseil aux débutants : le greffeur a plus de force et
dirige mieux le mouvement de l’outil, s’il opère les coudes au
corps.
La greffe en fente se fait avec un ou plusieurs greffons ; les
divers procédés consistent à employer le greffon à l’état ligneux
ou herbacé, au printemps, en été ou à l’automne, au sommet de
l’arbre, ou à l’angle des bifurcations.
Examinons-les successivement.
[2.7.1.2]
[fig69]
150
but de trancher l’écorce et les premières couches d’aubier, pour
que le greffon ait son chemin tracé ; si les parois du sillon
étaient irrégulièrement séparées, il faudrait s’abstenir de les
lisser avec un couteau.
[fig70]
151
L’engluement est nécessaire. La ligature, même au cas de
fente partielle, retient les tissus.
[2.7.1.4]Greffe en fente double ou en fente complète (fig.
71). — Le sujet (A), étant plus gros, recevra deux greffons.
[fig71] La coupe (B) est horizontale,
et nous fendons diagonalement le
sujet en C. Dans ce but, nous plaçons,
sur la tranche du sujet, la serpette
(fig. 3) ou le ciseau à greffer (fig. 8),
la lame parallèlement à l’étui
médullaire. Nous appuyons des deux
mains ; si le bois est résistant, le
maillet sera utilisé ; les greffes sont
placées entre les lèvres de l’opérateur
ou dans un vase contenant de la
mousse fraîche. Quand la fente est
aux deux tiers finie, nous retirons
l’outil sur un bord, tout en
maintenant l’incision entrebâillée ; Fig. 71. — Greffe en fente,
nous plaçons un greffon (D) à l’autre double.
152
taillant le greffon (A, fig. 72)
[fig72]
153
scion vigoureux qui craindra moins l’action des vents. On
pourra le palisser, d’abord, contre le sommet du greffon et, plus
tard, sur un tuteur.
Ligaturer et engluer (voir fig. 13, p. 27).
[2.7.2]
154
[2.7.2.2]Greffageen fente à l’automne. — La greffe en fente
d’automne ou de fin d’été se pratique comme celle de
printemps, il n’y a que l’époque de changée. Cette période
comprend les mois d’août, de septembre, d’octobre ; il faut
saisir le moment où la sève est à son déclin ; les rameaux du
sujet sont aoûtés, les yeux sont formés et les feuilles, quoique
encore adhérentes, sont prêtes à se détacher. Posée trop tôt, la
greffe pourrait bourgeonner, et cette fougue d’arrière-saison lui
serait funeste en hiver ; elle offrirait au froid plus de prise que si
elle était restée dormante. Si la greffe était faite trop tard, elle
ne pourrait plus s’unir au sujet, par suite de la disparition du
cambium, et se trouverait desséchée quand arriverait la
végétation du printemps, au réveil de la sève.
Les greffons seront coupés au moment de leur emploi,
effeuillés aussitôt, et la base sera placée dans un vase rempli
d’eau ou de sable frais.
Pour les greffes d’automne, les mastics froids présentent cet
inconvénient que leur onctuosité subit l’action de la gelée ; par
suite, les tissus englués pourraient en supporter les effets. On
emploiera donc un liniment chaud qui durcisse immédiatement
(voir p. 28).
[2.7.2.3]
155
celles-ci sont plus spécialement appliquées au sommet d’un
sujet non étêté, le greffon muni de son œil terminal.
[2.7.2.4]Greffe terminale ligneuse (fig. 73 et 74). — L’époque
du greffage est au printemps, avant la montée de la sève.
Nous citerons quelques exemples avec des arbres résineux et
avec des arbres non résineux. Commençons par ces derniers.
[fig73]
156
Fig. 73. — Greffe en fente terminale
(Noyer).
[2.7.2.5]Greffe
terminale sur arbres non résineux. — Le
greffon de Noyer (A, fig. 73) muni de son œil de tête étant taillé
en double biseau régulier (a), le sujet (B) sera fendu au milieu
de son bourgeon terminal (b), modérément, de telle sorte que le
157
greffon achève son gîte lors de son introduction (C) sur le sujet
(B). Avec une ligature, on bridera sujet et greffon.
Le lien est conservé jusqu’au début de la végétation de la
greffe.
À cette époque, on pince les jets du sauvageon, sans les
retrancher totalement ; ils continueront à attirer la sève vers la
greffe.
[fig74]
158
Fig. 74. — Greffe en fente sur bourgeon terminal (Sapin).
[2.7.2.6]Greffe
en fente terminale sur le Sapin (fig. 74). — Les
Sapins des tribus Abies et Picea, dont la tige s’augmente chaque
159
année d’un verticille de branches et d’une flèche non ramifiée
peuvent être propagés à l’aide de ce système. On le pratique à
l’air libre, en avril-mai, quand les bourgeons du Sapin
commencent à gonfler.
Le greffon (A, fig. 74), choisi au sommet d’une branche, est
un rameau de l’année précédente, couronné de ses yeux
terminaux. Son biseau (a), légèrement aminci en dedans, est
taillé uniformément et sans languette ; on l’inoculera au
sommet de la flèche (C) du sujet (B), dans une fente pratiquée
entre deux yeux de la couronne, à leur jonction vers l’œil
central ; cette incision sera partielle ou totale (b).
L’insertion étant faite (en d), on ligature avec de la laine ou
du coton, et on couvre d’onguent ; on entoure ensuite la greffe
avec une feuille de papier gris, afin de la préserver, à son début,
de l’action du hâle et du soleil.
En même temps, on taille à moitié de leur longueur ou on
arque en dessous les rameaux de la dernière couronne du sujet.
Cette précaution a pour but de ne pas laisser absorber trop de
sève par le sujet aux dépens de la greffe. On n’élague pas, on
taille ou on arque ; cette opération est seulement appliquée à la
couronne supérieure.
Le sujet reçoit la greffe à tout âge, en plein air ou à
l’étouffée. Les arbres qui en résultent conserveront l’apparence
des arbres de semis.
[2.7.2.7]Greffe terminale herbacée (fig. 75 et 76). — Nous
avons plus particulièrement appliqué cette greffe au Pin ; mais
il est probable que d’autres Conifères s’y prêteraient également.
Lors des premières évolutions de la sève, en mai-juin, — les
jeunes pousses de Pin ayant déjà 0m,03 à 0m,05, avant que les
160
nouvelles feuilles soient développées, — c’est l’instant propice
au greffage.
[fig75] Le greffon (C, fig. 75) est un de
ces jeunes rameaux, à l’état presque
rudimentaire, muni de son œil terminal ;
on le prend sur une branche de l’arbre-
étalon, choisi au sommet ou de côté. On
le taille en double biseau, régulièrement
aminci aux deux faces, avec un greffoir
bien affilé. Les précautions sont
nécessaires à cause de la contexture
délicate du greffon.
Le sujet est tronqué au sommet de la
flèche, immédiatement au-dessous du
groupe d’yeux terminaux. On enlève les
feuilles autour du sommet (B), sauf
quelques-unes conservées à la tête qui
devront y attirer la sève. L’incision sera
Fig. 75. — Greffe en fente diamétrale ou partielle suivant la
en tête, avec rameau herbacé différence de calibre entre le sujet et le
(Pin). greffon, mais il est préférable que leur
diamètre soit identique. Le greffon est engagé assez
profondément dans cette fente, jusqu’à ce que le sommet du
biseau pénètre à 0m,01 au-dessous de la tranche. Le dos du
biseau doit coïncider avec l’écorce du sujet. Un tuteur serait
indispensable pendant une année ou deux, au moins.
[fig76]
161
Fig. 76. — Greffe en fente sur bourgeon terminal
(Pin).
162
On ligature avec de la laine, et on englue les coupes vives
exposées à l’air ; puis on entoure la greffe avec un cornet de
papier que l’on maintiendra jusqu’à ce que les bourgeons
greffés soient entrés en végétation.
S’il s’agissait de greffer une variété plus précoce en
végétation que le sujet, un greffeur habile pourrait, au lieu
d’écimer le sujet (B, fig. 76), fendre à moitié le bourgeon
terminal (a) en pénétrant la flèche (A) ; il introduirait le greffon
(C) dont le biseau triangulaire (c) s’emboîtera dans la fente
partielle (a). On voit (b) la greffe ligaturée. Tandis que le
greffon se développera, on modérera par un pincement la
végétation des bourgeons du verticille terminal.
D’après l’ouvrage Sciences et Lettres au moyen âge, la greffe
herbacée aurait été découverte par un prêtre messin, maître
François, contemporain de Christophe Colomb. Son application
aux végétaux ligneux ou herbacés a été popularisée vers 1811
par le travail et les communications du baron Tschudy,
« bourgeois de Glaris », qui l’appliquait dans son parc de
Colombé, près Metz, et la recommandait aux Sociétés savantes.
Les pépinières Simon, qui existaient déjà à Plantières-lez-
Metz, l’ont pratiquée et modifiée suivant les milieux.
La greffe terminale avec greffon herbacé fut adoptée : 1o
dans les cultures de Louis Noisette, à Paris, horticulteur érudit ;
2o dans le parc de Fromont par Soulange-Bodin, alors qu’il
fondait l’Institut horticole ; 3o en pleine forêt de Fontainebleau
par Boisdhyver, d’André et de Larminat, où l’on pouvait voir,
avant le grand hiver de 1879-1880, des sujets de 40 ans du Pin
Laricio greffés de tête en fente herbacée sur Pin sylvestre, et
aussi beaux que des arbres de semis.
163
Pendant trente années, Jules Barotte, dans la Haute-Marne, a
transformé par ce procédé, des milliers de Pin sylvestre en Pin
d’Autriche ou en Pin Laricio. Il opérait dans la forêt, greffait les
sujets sur leur jeune flèche, à 0m,50 ou 1 mètre du sol, et ne
couvrait jamais ses greffes avec un écran comme on le fait en
pépinière à l’air libre.
[2.7.2.8]
164
Le greffon (A, fig. 77), est inséré sur le sujet (B), au point de
jonction (E) du rameau (D) sur la flèche (C), avec le greffoir
anglais (fig. 5).
[fig77] La base (a) du
greffon, amincie
légèrement, aura la face
interne plus étroite ; donc,
le biseau est double, uni,
sans encoche. On pratique
une fente partielle sur la
cime du sujet au point (b)
de bifurcation ; le greffon y
est introduit, ligaturé,
englué, et entouré d’un
cornet de papier gris, la
couleur grise concentrant
moins la chaleur.
Le printemps et la fin de
l’été sont deux bonnes
saisons pour opérer. Il est
nécessaire d’attirer la sève
vers la greffe par un
pincement des branches du
sujet.
[2.7.2.10]Greffe en
bifurcation des bois durs.
Fig. 77. — Greffe en fente sur
bifurcation (Thuia).
— Voici d’abord un
exemple relatif au Hêtre. Le
greffon, âgé de deux ans (A, fig. 78), est enclavé sur le sujet (B)
à la rencontre des deux branches (C et D). Le biseau (a) du
165
greffon est taillé en coin aminci (a’) sur vieux bois. La fente (b)
du sujet ne dépasse guère les deux tiers du diamètre de l’arbre,
de telle sorte que le greffon s’y trouve bridé. Ligaturer et
engluer le greffon complètement.
[fig79]
166
de façon que les deux moignons puissent être enlevés à
l’automne.
Le Chêne se greffe de même sur enfourchure. Paul de
Mortillet à Meylan, en Dauphiné, multiplie par ce procédé les
Chênes d’Amérique sur les Chênes d’Europe. Nous avons
réussi le Noyer à fruit comestible sur le Noyer d’Amérique.
Peut-être le Châtaignier et d’autres arbres à bois dur se
grefferaient-ils par le même mode.
[2.7.2.11]Greffe en bifurcation de la Vigne. — Ce greffage
recommandé par M. Boisselot, de Nantes, se pratique au point
de bifurcation de deux branches. Le sujet (A, fig. 79), est
branchu (en a, a). Le greffon (B), aminci en double biseau
irrégulier (C, D), est introduit sur le sujet (A) par le moyen
d’une fente partielle ouverte à la jonction des deux branches (a,
a) du sujet. Ligaturer fortement et couvrir de terre. Ces deux
branches seront étêtées à 0m,30 environ de leur naissance ; dans
l’été, les bourgeons qui s’y développeront seront pincés dans le
but d’attirer la sève vers le point greffé. Après une année de
végétation, les deux branches seront supprimées à la jonction de
la greffe (e, e).
[fig79]
167
Fig. 79. — Greffe en fente sur bifurcation (Vigne).
[2.7.3]
168
Nous avons indiqué, aux divers systèmes de la greffe en
fente, les soins particuliers qu’ils nécessitent. Il ne nous reste
plus qu’à généraliser nos principales recommandations.
On surveillera fréquemment les ligatures.
On procédera au palissage contre un tuteur fixé solidement,
échalas, perche ou baguette, de manière que les scions de la
greffe y soient palissés au fur et à mesure de leur
développement. Avec une jeune tige, il suffirait d’attacher par
ses deux extrémités un brin de saule flexible sur le sujet, en le
disposant en arc pour opérer l’accolage des jeunes rameaux (fig.
105, p. 196).
On ébourgeonnera les jeunes pousses étrangères au greffon
en agissant avec d’autant plus de sévérité que le sujet sera plus
fort, et que les scions à supprimer seront plus éloignés de la
greffe. Les appelle-sève seront pincés. Enfin on détruira les
insectes, sans oublier ceux qui se cachent dans les fentes de la
greffe où sous les ligatures.
Une greffe en fente manquée au printemps pourrait être
remplacée dans la même année par le greffage en couronne, en
écusson, par rameau sous écorce, ou en fente d’été, mais le plus
souvent par une greffe en fente d’automne.
[2.8]
169
Groupe 7.
greffage à l’anglaise
171
pointe, une fente longitudinale (D), en
ménageant un œil (E) à la base. Cette
fente s’obtient par un simple coup
d’outil ; on n’enlève aucune esquille de
bois.
Le sujet (A) est soumis à une
opération analogue : tronçonnement en
biais et fente au tiers supérieur avec
bourgeon d’appel ; cette fente sera
ouverte, comme celle du greffon, entre
le centre et la pointe de la tranche.
Une fois les deux biseaux préparés,
on les applique l’un sur l’autre à se
toucher en tous points ; puis, faisant
pénétrer la dent (D) dans le cran (C),
on les agrafe intimement, comme on le
voit en F.
Fig. 81. — Greffe anglaise
Quand le greffon est moins large que
compliquée.
le sujet, on le ramène au bord de la
tranche, pour que les épidermes ou le
liber se confondent au moins sur un côté dans la même
périphérie.
Ligaturer et engluer copieusement.
[2.8.1.3]Nous donnons (fig. 82) une forme de la greffe anglaise
pour diamètres égaux, c’est le trait de Jupiter du charpentier.
[fig82] D’une exécution solide, elle offre une double sécurité
par les deux encoches obliques du greffon (A) et du sujet (B),
réunis définitivement en C.
172
Le bourgeon d’appel (d)
attire le courant séveux qui
doit souder la greffe.
Une autre modification
(fig. 83) a été recommandée
par M. Aimé Champin, de la
Drôme.
Le biseau du sujet (a) et
celui du greffon (b) ne sont
qu’en affleurement de
l’aubier ; alors la fente
longitudinale n’est pas
pratiquée sur le biseau ;
mais à son opposé, la pointe
de chaque biseau est obtuse.
On opère au-dessus et au-
dessous d’un œil. Il n’y a
plus qu’à enclaver les deux
Fig. 82. — Greffe anglaise dite Trait de
parties et à ligaturer (C).
Jupiter.
Les points de retraite (c, d)
à la jonction du sujet (A) et du greffon (B) se cicatriseront
rapidement.
[2.8.1.4]Greffeanglaise au galop (fig. 84 et 85). — Traduction
de « whip graft » des Anglais.
[fig83] Des auteurs anglais, Miller en 1731, Bradley en 1756,
Forsyth en 1802, l’ont décrite sous le nom de « whipe and
tongue grafting », greffe à languette au galop. Vers 1803,
Calvel la nomme « greffe de rapport oblique » ; il en fait
remonter l’origine à Kuffner, auteur allemand du
173
commencement du dix-huitième siècle,
et estime qu’elle aurait été importée
d’Allemagne en France, vers 1740, par
un soldat interné à Toulouse.
[2.8.1.5]Greffe au galop, simple. — Le
sujet (B, fig. 84) est étêté ; avec la
serpette ou le greffoir, on obtient la
plaie (d, e) longue de 0m,05 à 0m,06,
commençant à l’écorce (d), finissant
dans l’aubier (e). Au tiers environ, d’un
coup d’outil de haut en bas, on a la
fente (f). Le greffon (A), long de 0m,10
à 0m,12, aura sa moitié inférieure taillée
en biseau plat (a, b) ; aux deux tiers du
biseau, de bas en haut, l’outil produira
la coche (c). Il reste pour finir à
enchevêtrer les deux parties en C, à
ligaturer et à engluer les points de
contact ou mis à nu.
Fig. 83. — Greffe anglaise de
Il faut avoir le soin de tailler le
Champin.
greffon en pointe finissant à l’écorce,
puis de l’ajuster sur le bord de la plaie
du sujet ; on ménagera, en tête de ce dernier, un bourgeon
d’appel.
[fig84]
174
Fig. 84. — Greffe anglaise au galop, simple.
175
accompagné de deux aides qui ligaturent et engluent, peut dans
une journée de douze heures, faire mille whip graft.
Cette greffe est applicable à la majeure partie des végétaux
ligneux, mais surtout au Pommier, au Poirier, au Prunier, à la
Vigne, etc.
[fig85]
176
[2.8.1.6]Greffe
au galop, double. — Le sujet (B, fig. 85) étant
d’un assez fort diamètre, pourra recevoir deux greffons ; il
subira la plaie (d, e) et sera fendu (f) au sommet (e) ; le greffon
(A) aura son biseau (a, b) avec la languette (c) produite par une
simple fente. En C, les deux greffons sont agrafés, chacun
d’eux étant en contact intime avec la zone génératrice du sujet.
— Ligaturer ; engluer.
[fig86]
177
Fig. 86. — Greffe anglaise, à cheval (Rhododendron).
178
cheval sur le sujet (B) qui s’y enclave en C. Enfin ligaturer et
couvrir la greffe de mastic froid.
[fig87] Le choix d’un greffon
trapu, terminé par un bouton
floral, produit avec le
Rhododendron un sujet
immédiatement en fleurs.
[2.8.1.8]Le Camellia se prête à ce
procédé de greffage. Voici un
autre exemple appliqué à la Vigne.
Le sujet (A, fig. 87) est écimé à
0 ,03 ou 0m,04 au-dessus d’un œil
m
179
La strangulation par le lien est supposable, car les deux
parties, étant de la même grosseur, annoncent un sujet jeune,
par conséquent un sujet vigoureux. On détachera la ligature au
lieu de la couper, dans la crainte de faire pénétrer le couteau
dans une des jointures de la greffe.
[3]
préceptes généraux
180
du greffon. Les rameaux qui auraient pu gêner le travail de
l’application du greffon ont été retranchés assez de temps à
l’avance. Le fluide séveux doit être en pleine activité plutôt
qu’en décroissance.
[3.2]
Groupe 1.
greffage en écusson
[3.2.1]
181
[3.2.2]Préceptes généraux. — Le sujet doit se trouver en sève
pour recevoir le greffon. On s’en assure en soulevant l’écorce
avec le greffoir ; l’écorce s’isolera de l’aubier, sans déchirure,
et laissera voir une légère humidité qui facilitera la soudure de
l’écusson.
Il est assez important que les deux parties soient à un degré
analogue de végétation ; s’il y avait inégalité, il vaudrait mieux
que le sujet fût plus avancé en sève que le greffon.
Les rameaux à greffer, qui ne sont ici que des porte-greffons,
ont quitté leur phase herbacée et sont déjà ligneux. Leur état de
sève est à point, si, avec l’outil ou l’ongle, on isole facilement
l’écorce de l’aubier ; on en reconnaît encore l’aoûtement à la
nuance bien accusée de l’épiderme, à la formation de l’œil
terminal, à la fermeté des tissus sous la pression des doigts.
Un rameau-greffon avancé en maturité vaut mieux que s’il
était en tendreté ; mais il est préférable de l’avoir tel que nous
l’indiquons.
Nous avons cependant réussi l’écussonnage d’yeux de
Pommier levés sur un rameau encore herbacé, mais effeuillé sur
pétiole, et laissé sur la terre, au soleil, pendant quelques heures.
Dans les pays froids, brumeux — les Pays-Bas, l’Angleterre,
la Norvège, le Danemark, la Russie — où l’état séveux se
prolonge au détriment de l’aoûtement des tissus, il convient de
préparer cette phase de lignification par le pincement préalable
du rameau-greffon et l’aération donnée au sujet, à l’endroit
projeté de la greffe.
Dans les pays chauds et secs, Nice, l’Algérie, l’Italie,
l’Espagne, le Portugal, où l’on peut écussonner l’Oranger en
pleine terre, la période de l’écussonnage est relativement plus
182
courte, le cambium se lignifie promptement. Si la localité est
fréquentée par les bourrasques, on placera l’écusson du côté du
vent ; le scion qui en résultera sera moins exposé aux ruptures
violentes.
[3.2.2.1]Écussonnage ordinaire. — De tous les systèmes de
greffage, celui-ci est le plus répandu dans les pépinières et dans
les jardins.
[3.2.2.2]Préparation des greffons. — Les rameaux-greffons
étant choisis d’après les recommandations précédentes, on les
prépare en rejetant ce qui est inutile à l’écussonnage. Disons
d’abord que les yeux situés au milieu du rameau sont
généralement convenables au greffage en écusson ; ceux de la
base et du sommet ont souvent le défaut d’être incomplets,
mous, herbacés, éteints ou trop disposés « à fleur ». Ici, un
greffon de choix serait un œil bien constitué, ni latent, ni
fructifère, ni avarié en aucune façon ; les rameaux anticipés, les
rameaux trop florifères seraient au contraire de mauvais porte-
greffons.
Toutefois, quand on n’est pas suffisamment approvisionné de
bons greffons, on peut employer les yeux douteux en les
doublant sur le sujet. Il y a des bourgeons qui paraissent
incertains, mais qui fournissent une bonne végétation, les soins
de l’ébourgeonnage aidant. Les bourgeons saillants, éperonnés,
ne sont pas à dédaigner, ni ceux qui se trouvent accompagnés
de plusieurs feuilles, l’œil bruni par l’insolation est mieux aoûté
que l’œil verdâtre privé de soleil.
[fig88] Le rameau (A, fig. 88) de Poirier étant choisi, on en
retranche les extrémités B et C, impropres au greffage, et l’on
coupe les feuilles sur leur pétiole, à 0m,01 de l’œil ou gemme
183
de la partie conservée
(D), de façon qu’il en
résulte le greffon
multiple (D’). Les
stipules qui bordent le
pétiole seront enlevées à
la main.
Les scions ainsi
préparés devront être
immédiatement placés à
l’ombre et au frais, leur
extrémité inférieure
plongée dans un vase
d’eau ou plutôt dans la
mousse humide. Dans
l’eau, le rameau ne doit
pas rester au delà de cinq
ou six heures, à moins
qu’il ne soit ridé ou
desséché ; alors on
pourrait le laisser
pendant une journée le
pied dans l’eau, à
l’ombre, et une nuit dans
la mousse pour lui rendre Fig. 88. — Préparation du rameau-greffon pour
l’écussonnage.
l’humidité naturelle qu’il
aurait perdue.
[fig89] Le pépiniériste qui prépare, dès la veille, les greffons
pour le lendemain, leur fait passer la nuit dans de l’herbe
fraîche ou dans un linge mouillé. Si l’on manquait d’eau dans la
184
pépinière, on enterrerait les rameaux de
toute leur longueur, en attendant qu’ils
soient employés. Cet état transitoire ne
saurait durer plus de vingt-quatre heures.
Les greffons d’arbres à feuillage
persistant ne seront pas effeuillés ;
généralement on coupe les feuilles à la
moitié du limbe. Nous verrons, au chapitre
viii, quelques variétés toujours vertes,
comme le Photinia, dont l’écusson pourrait
être effeuillé.
Chez certains arbres, tels que le Bouleau,
l’Érable, le Hêtre, le Marronnier, le Févier,
l’Oranger, on peut utiliser pour
l’écussonnage d’été des yeux saillants,
assez courts, que l’on rencontre sur des
rameaux de l’année précédente (fig. 89).
La partie (B) où se sont développées les
ramilles (b) est à rejeter, tandis que les
bourgeons (a) de la base (A) seront utilisés
à l’écussonnage.
[3.2.2.3]Levée de l’écusson (fig. 90). —
Fig. 89. — Rameau- Nous prenons le rameau d’une main et le
greffon de deux ans greffoir de l’autre ; nous marquons les
(Bouleau). bords supérieur et inférieur de l’écusson par
un coup de greffoir, à 0m,010 ou 0m,015 au-
dessus de l’œil, qui tranche les couches de l’écorce, et par un
trait semblable à 0m,015 à 0m,020 au-dessous de l’œil, comme
on le voit en f, f, sur le fragment du rameau E.
185
[fig90]
186
Par le fait des deux incisions primitives (f’, f’), l’écusson se
trouve obtenu comme il est figuré en H, tranché net à ses deux
extrémités.
Au revers, il reste un peu de bois sous le bourgeon ; ce
fragment ligneux est son germe, pour ainsi dire ; sans lui, pas
de végétation possible. S’il était accompagné d’une esquille
d’aubier, en haut et en bas, nous pourrions l’enlever en la
détachant vivement par la sommité ; car, en la soulevant par la
base, il y aurait à craindre d’arracher ce germe, et l’œil ainsi
vidé serait impropre à la végétation. Toutefois, quand le sujet
est en grande sève, il n’y aurait aucun inconvénient à laisser
une mince parcelle de bois sous l’écorce de l’écusson ; elle
rendrait la jonction tout aussi intime. Dans la plupart des cas,
un greffeur retranche rarement ce morceau d’aubier ; il a su
l’éviter et il craindrait, par cette extraction, de fatiguer l’œil ou
de l’exposer trop longtemps à l’air. Quand il est suffisamment
pourvu de greffons, il n’hésite point à rejeter un écusson levé
d’une manière douteuse pour en détacher un autre et l’inoculer
sur-le-champ. À peine prend-il le temps de recouper carrément
les bords supérieur et inférieur tranchés irrégulièrement.
[fig91]
187
On aura donc soin de ne
lever l’écusson qu’au
moment où il doit être
inoculé. Il faut éviter
qu’aucun corps étranger
ne vienne s’introduire en
même temps dans
l’incision. Le greffon (a,
fig. 92) est inoculé (en
b), comme on le voit ici
(L, fig. 91).
[3.2.2.5]Ligature de
l’écusson. — Les
meilleures ligatures pour
l’écussonnage sont la Fig. 91. — O, sujet incisé. — L, sujet écussonné.
laine, le raphia, la feuille — M, sujet écussonné, ligaturé.
de massette ou de spargaine. Nous avons dit, au chapitre des
Ligatures (p. 20), comment on les prépare pour qu’elles soient
souples au moment de leur emploi. Avec la ligature, on fait
plusieurs tours successifs en spirale autour du sujet (M, fig. 91).
En commençant par le haut, il n’y a pas à craindre de faire
remonter l’écusson et de le faire sortir de l’incision, ce qui
pourrait arriver avec des greffons gros et larges.
[fig92]
188
Fig. 92. — Inoculation du bourgeon-écusson.
189
Les points à brider plus ferme sont le sommet et la base de
l’incision, la gorge de l’œil et son coussinet. Cette tension du
lien a des limites ; elle ne doit pas aller jusqu’à érailler la
greffe. Une ligature bien faite ne bouge pas quand on passe le
doigt dessus.
[3.2.2.6]Préservatifs contre la sécheresse. — Outre la ligature,
on attache une feuille d’arbre sur la partie écussonnée lorsque le
sujet est en espalier en plein soleil.
L’engluement est rarement employé pour l’écussonnage. Il
n’y aurait que dans le cas où la ligature menacerait de se
détendre ; alors l’application d’un onguent froid la
maintiendrait et préserverait en même temps la greffe de
l’action funeste de la température.
L’écussonnage de la Vigne nécessite souvent un apport de
terre autour du sarment écussonné. Le greffage a eu lieu de mai
en juillet, et l’on conserve la terre autour de la greffe pendant
quinze jours. Il sera décrit et figuré plus loin.
[3.2.2.7]Écussonnage en pépinière. — Dans les pépinières
d’une certaine importance, le travail de l’écussonnage est
l’objet d’une attention soutenue. Il faut savoir choisir l’instant
propice au greffage de chaque espèce, de chaque carré, et
surveiller les greffons des variétés rares pour les utiliser à
temps. Les grandes chaleurs activent ou arrêtent la sève, les
pluies gênent les travailleurs ; on doit profiter des beaux jours
et opérer rapidement.
Habituellement, l’écussonnage se fait par deux hommes, un
greffeur et un lieur. En outre, un ouvrier marche en avant pour
essuyer, s’il le faut, le sujet rez terre ; le chef prépare les
190
greffons, en opère le classement, le numérotage, la distribution,
et inscrit le travail sur un registre de pépinière.
Un greffeur habile peut occuper deux lieurs : mais il vaudrait
mieux qu’il appliquât lui-même les ligatures, car deux lieurs
sont plutôt exposés à oublier de lier quelques écussons, qui
alors se trouveraient perdus. Aussi est-il toujours de bonne
précaution de ne pas quitter un rang d’arbres, nouvellement
écussonnés, sans jeter un coup d’œil pour s’assurer que tous les
sujets sont greffés et bien liés.
Les sujets à haute tige sont greffés avec moins de rapidité
que ceux à basse tige, bien que pour ces derniers le greffeur et
le lieur fonctionnent les reins en l’air et la tête en bas.
Avec les premiers greffeurs de notre établissement — à vingt
ans ! — nous avons atteint le chiffre de 250 écussons dans une
heure (et même 300 avec le plant de Pommier doucin planté à
0m,30 de distance) ; mais c’est une lutte dangereuse pour le
succès du greffage.
Cent écussons à l’heure, greffes en main, avec un bon lieur,
c’est un minimum réalisable.
[3.2.2.8]Écussonnage avec incision cruciale. — Si l’on
rencontrait sur le greffon de trop gros yeux pour le diamètre du
sujet, par exemple ceux du Sorbier, du Marronnier d’Inde (A,
fig. 93), on ne saurait les faire tenir dans l’incision qu’en
donnant à celle-ci une forme cruciale. Les deux coups de
greffoir trancheront alors l’écorce en croix (+ au lieu de T), et
le sommet de l’écusson (A) sera glissé sous la tête de l’incision
(B) du sujet ; il s’y trouvera suffisamment bridé pour ne pas
être rejeté en dehors.
[fig93]
191
Fig. 93. — Écussonnage avec incision cruciale (Marronnier).
192
noyer l’écusson. On y met alors obstacle en ouvrant en sens
T
renversé l’incision sur le sujet ( au lieu de T).
[fig94]
193
On ligature en commençant au bas de la plaie pour finir à la
tête. En agissant autrement, on pourrait faire sortir l’écusson de
sa loge.
[3.2.2.10]
écussonnage en placage
194
métro-greffe, nous y traçons la silhouette de la plaque
d’écorce ; il reste à enlever les couches corticales en C, et à y
plaquer le greffon. On ligature (D) avec précaution.
Laissant un peu d’aubier sous l’écorce du greffon, on obtient
l’écusson boisé qui sert à la multiplication sous verre de divers
végétaux : Azalée, Camellia, Rhododendron, Aucuba, etc.
[3.2.2.11]
écussonnage combiné
195
Fig. 96. — Fig. 97. — Résultat de l’écussonnage
Écussonnage double. double.
196
[fig98] Au printemps suivant, nous
partageons (en BB) ce rameau étalon par
fractions portant chacune des yeux de
Pêcher ou d’Abricotier, et nous greffons par
rameau, ces fragments ligneux sur le sujet,
également de Prunier. Le biseau taillé sur
Prunier-greffon se soude au sujet identique ;
mais, par suite de l’écussonnage préalable
et de l’ébourgeonnage, ce sont des yeux de
Pêcher ou d’Abricotier qui se
développeront.
Par ce système combiné, on peut
bouturer des rameaux d’arbustes
écussonnés à l’avance en variété rare ou
rebelle au bouturage. Nous en parlerons au
Rosier et à la Vigne.
[3.2.2.14]
Toutes les fois qu’un sujet est en sève, son écussonnage est
possible ; mais deux époques distinctes caractérisent le greffage
en écusson : 1o le printemps, à la montée de la sève, et lorsque
197
l’on désire que la greffe entre immédiatement en végétation,
c’est l’écussonnage à œil poussant ; 2o dans le cours de l’été, et
lorsque la greffe ne doit végéter qu’au printemps suivant, c’est
l’écussonnage à œil dormant.
Incontestablement, le second système est préférable ; il est
d’ailleurs le plus employé.
[3.2.2.15]Écussonnage à œil poussant. — L’écussonnage à œil
poussant doit être pratiqué au commencement de la végétation,
pour que la greffe puisse se développer suffisamment et devenir
ligneuse avant l’hiver.
On ne saurait abuser de l’écussonnage à œil poussant,
attendu que la végétation forcée qui en résultera pourrait être en
désaccord avec l’action vitale des racines.
Assez de temps avant l’évolution de la sève, on a coupé des
rameaux sur l’étalon ; on les a conservés suivant nos
indications, page 56.
Quand le sujet est assez en sève pour que l’écorce puisse se
détacher facilement de l’aubier, on prend les rameaux-greffons
et on en écussonne les bourgeons par les procédés ordinaires.
Le Rosier se prête à ce greffage : 1o en avril avec des
bourgeons de l’année précédente ; 2o en juin avec des
bourgeons de l’année courante, le rameau étant préparé le jour
de l’opération. On ne doit pas greffer tard à œil poussant.
Dans les pays froids, aux hivers longs et rudes, on greffe
l’Abricotier, le Pêcher, le Cerisier, à œil poussant, en juin, avec
des rameaux conservés dans la glacière (fig. 32) ; un œil
dormant pourrait être fatigué par la gelée d’hiver.
198
Aux environs de Dammartin (Seine-et-Marne), les
cultivateurs écussonnent le Cerisier à œil poussant, en avril-
mai ; ils opèrent sur la tige ou sur de grosses branches avec des
yeux provenant de rameaux conservés. Pour faciliter
l’inoculation de l’œil, ils suppriment les couches extérieures de
l’écorce jusqu’au liber avant de pratiquer l’incision en T, ou
l’incision longitudinale, dans laquelle ils introduiront l’œil ;
l’écusson s’y trouvera bridé. La ligature fera le reste.
[3.2.2.16]Écussonnage à œil dormant. — L’écusson à œil
dormant reste au repos et ne doit pas végéter avant le printemps
qui succède à son inoculation. Les mois de juin, de juillet,
d’août, de septembre constituent la période de l’écussonnage à
œil dormant.
Le moment exact d’écussonner dépend de l’état de sève des
sujets. Les plus âgés et ceux dont la végétation s’arrête de
bonne heure, seront opérés les premiers ; ensuite viendront les
jeunes et les vigoureux. À conditions égales, on écussonnera les
arbres à haute tige avant ceux à basse tige ; le plant de l’année
après le plant des années précédentes ; le Prunier et le Merisier
plus tôt que le Mahaleb et l’Amandier ; le Poirier franc et
l’Aubépine avant le Cognassier et le Pommier ; les Érables, les
Frênes, viendront après les Marronniers, les Cornouillers, les
Lilas. Chez les arbres fruitiers à noyau, le moment propice est
moins facile à saisir que chez les arbres à pépins. En général, il
vaudrait mieux s’y prendre plus tôt et fagoter le branchage du
sujet en le greffant (fig. 99).
[fig99]
199
sommet de ces derniers pour en
faire devancer la maturation ;
on pratiquera cet écimage
d’autant plus court que l’on
sera plus rapproché du jour du
greffage. Pincés trop court et
trop tôt, alors que les yeux ne
sont pas apparents, les greffons
se ramifient avant leur
aoûtement et ne peuvent être
utilisés. D’un autre côté, on
pourrait prolonger la
végétation active du sujet par
des arrosements et des labours.
Devancée ici, retardée là-bas,
la sève se trouvera à peu près
en harmonie dans les deux
parties qui vont être
rapprochées.
Un binage donné quelques
jours avant le greffage active la
sève ; donné aussitôt après, il
entretient la végétation et
favorise l’agglutination de la
Fig. 99. — Sujet écussonné, ses rameaux
greffe.
liés et rognés.
Il serait imprudent
d’écussonner quand le fluide séveux est trop abondant ; l’œil
serait noyé, ou « perdu de gaillardise », disait l’auteur Cabanis.
L’insuccès est encore à redouter si l’on attend que la sève soit
200
moins active, alors que l’écorce des rameaux ne s’isole plus de
l’aubier et que les matinées deviennent fraîches.
En écussonnant de la mi-août à la mi-septembre les espèces à
végétation prolongée, on prendra ses précautions pour favoriser
la soudure de la greffe. Au moment d’écussonner, on réunira les
branches du sauvageon en les liant. Aussitôt le greffage
terminé, on coupera l’extrémité de ces branches aux trois quarts
de leur longueur ; le mouvement de la sève éprouvera un temps
d’arrêt et l’agglutination de la greffe en sera la conséquence.
Les espèces à végétation luxuriante seront soumises à ce
régime. Ici, le sujet de Prunier (A, fig. 99) est écussonné en B ;
les rameaux sont écimés (E) et liés avec l’un d’eux (F). Nous
verrons, au printemps suivant, à élaguer le rameau C et à étêter
le sujet en D.
Deux ou trois semaines après le greffage, on passe en revue
les écussons, et l’on recommence à greffer les sujets quand
l’écusson a manqué ou s’il est resté avec une écorce noire ou
ridée. Mais la circulation de la sève est déjà ralentie ; il faut,
pour ainsi dire, en chercher les derniers courants à la gorge
d’une branche latérale ou sous l’empâtement d’une branche
vigoureuse.
L’état dormant d’un écusson peut durer plusieurs années.
Dans les pépinières, on trouve des yeux boudeurs chez
l’Abricotier, le Rosier, le Néflier, le Hêtre. En 1873, on vit au
parc Monceau à Paris, sur le Frêne à fleurs, se développer, après
tronçonnement du sujet, des écussons de Chionanthe inoculés
en 1860.
[3.2.3]
201
soins après l’écussonnage
202
Groupe 2.
greffage en flûte
203
coussinet, et, avec dextérité, on détache la partie d’écorce
comprise entre les incisions. Si l’on craignait d’arracher les
fibres (vulgairement le germe, la racine) des bourgeons, on
s’aiderait de la spatule du greffoir (fig. 5 et 6).
Le greffon sera rapporté sur le sujet, à la place d’un cylindre
d’écorce semblable en hauteur, que l’on a détaché au même
instant.
Il convient de fonctionner avec habileté, par un temps calme,
pour éviter de fatiguer les couches internes mises à nu.
L’étêtage préalable du sujet pour faciliter l’emmanchure du
greffon donne souvent de bons résultats, mais il est plus
rationnel de greffer sur le corps de la tige et de l’étêter plus tard
quand la soudure sera un fait accompli.
Un sujet jeune et vivace se prêtera mieux au greffage en flûte
que s’il était vieux ou endurci. Un sujet trop gros sera greffé sur
ses branches plutôt que sur le corps de la tige.
[fig100]
204
Si le greffon avait un diamètre supérieur à
celui du sujet, il serait facile de remédier à cet
état en retranchant au greffon une bande
d’écorce d’une largeur égale à la différence.
[fig101]
[3.3.1.3]Greffe en
flûte avec lanières
(fig. 101). — Le
greffon étant préparé
de la même façon
que le précédent, on
coupe l’écorce du
sujet par bandes
Fig. 100. — Greffe longitudinales (F),
en flûte ordinaire adhérentes encore à
(Noyer). leur base. On les
abaisse dès que le greffon se trouve
préparé. Aussitôt, on place le greffon
en E ; on relève sur lui les lanières
corticales (F) et on les maintient dans
cette position avec une ligature (G). Fig. 101. — Greffe en flûte avec
Avec les lanières, on couvre les lanières.
places nues laissées par un greffon trop étroit.
[3.3.2]Soins après le greffage en flûte. — Comme dans tous les
greffages, il faut surveiller la ligature et placer un tuteur qui
domine la greffe. Si la tête du sujet est trop chargée de
branches, on en taillera quelques-unes.
L’étêtage du sujet est basé sur la nature de la greffe ; si elle
est à œil poussant, on étêtera graduellement jusqu’à 0m,10 du
205
bourgeon supérieur, en commençant dès que la soudure est
assurée. L’étêtage serait définitif et remis au printemps, si
l’opération avait eu lieu dans le cours de l’été, à œil dormant.
Toutefois, au moment du greffage en flûte, il ne faut pas
hésiter à écimer au-dessus de la greffe la tige ou la branche
opérée.
206
VII. — TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES DU
GREFFAGE
207
greffes sensibles au froid, sauf dans les situations exposées au
verglas. La tille, la laine, le raphia enlevés assez tôt permettront
à l’écorce de supporter la température et aux replis de
disparaître.
La ligature des greffes de boutons à fruit (voir chap. ix) est
conservée plus longtemps ; on la retire après la nouaison du
fruit.
Dans les premiers jours qui suivent le greffage, on pourra
rencontrer plus fréquemment des ligatures qui se relâchent ; il
faudra les renouveler. En même temps, on rafraîchira le mastic
des engluements gercés ou tombés.
On profitera de cette première surveillance pour
recommencer les greffes non réussies et pour enlever les
cornets de papier, feuilles et autres écrans, placés sur le greffon
pour le préserver de l’action du hâle et de la sécheresse.
[2]Étêtage du sujet. — Il s’agit ici des greffages en approche
et de côté.
Les arbres greffés par approche seront soumis au sevrage.
Cette opération comprend l’étêtage du sujet et la séparation de
la mère ; son but est de localiser la sève dans le sujet et dans le
greffon réunis et soudés. (Voir page 88).
Les sujets greffés latéralement, soit par écusson, soit par
rameau — en placage, sous écorce, dans l’aubier, en flûte, —
seront écimés de suite ou après l’hiver, suivant le mode de
greffage, à œil poussant ou à œil dormant.
[fig102]
208
Fig. 102. — Étêtage successif de la greffe à œil poussant (Lilas).
209
2o Si le greffage, au contraire, est à œil dormant, c’est-à-dire
si le greffon ne doit pas pousser avant le printemps suivant, on
attendra que l’hiver soit passé, et l’on étêtera le sujet à 0m, 10
au-dessus de la greffe (C, D, fig. 99, p. 181).
Lorsqu’il y aura des greffes sur plusieurs branches, chaque
branche sera tronçonnée comme les tiges greffées.
Le moignon conservé au-dessus de la greffe prend le nom
d’onglet, de chicot. On le tiendra plus court si le greffon est
douteux ou muni d’yeux peu saillants ; si, au contraire, l’onglet
est ramifié, on l’élague ; il suffira de deux ou trois bourgeons
pour attirer la sève. Quand les yeux du greffon sont incertains
ou éteints, l’application d’une nouvelle greffe par rameau,
auprès de l’ancienne, serait une bonne précaution, sans que
l’arbre en soit « déshonoré », suivant une expression de l’École
du Jardin fruitier.
L’opération de l’étêtage d’un sujet porte différents noms
locaux et usuels ; le plus répandu est sevrage, comme s’il
s’agissait d’isoler de la mère une greffe en approche ou une
marcotte.
[3]Ébourgeonnement du sujet. — Quand la végétation
commence, il faut ébourgeonner sévèrement. Plus tard, on agit
avec plus de précautions. Nous abattons avec la serpette ou
avec la main les bourgeons du sujet situés entre le sol et la
greffe. On pourrait en conserver sur les tiges chétives et en
pincer les jeunes pousses, elles y attireraient le fluide nourricier.
Les bourgeons qui se développent sur l’onglet, autour de la
greffe, seront littéralement supprimés ; toutefois, au-dessus de
ce point, et afin de ne pas diminuer l’aspiration de la sève
indispensable à la soudure, on conserve un ou deux bourgeons à
210
titre d’appelle-sève, et on les pince. On les conservera plus
longtemps sur les espèces dont l’onglet se dessèche vite,
comme l’Érable, le Cytise, le Févier, le Hêtre, le Sophora. On
les élaguera lorsque le jeune scion pourra se passer d’auxiliaire.
L’ébourgeonnage est renouvelé dès que l’on remarque une
végétation de jets étrangers à la greffe. On modère à chaque
fois l’opération sur les arbustes fluets, souffrants, et l’on cesse
quand le greffon-écusson persiste à rester engourdi. Avec
certaines espèces, l’Abricotier, le Rosier, si l’on taille l’onglet à
ras d’une greffe dormante à l’excès, on a la chance d’en exciter
la végétation immédiate ou de faire développer de nouveaux
rameaux du sauvageon ; ceux-ci, à leur tour, seraient
écussonnés ultérieurement. Cette taille de l’onglet est une
solution radicale et décisive.
Des sujets greffés en tête sur tige ou sur branches
préalablement tronquées seront ébourgeonnés jusqu’au sol, sur
la tige et sur les branches greffées. Çà et là, on ménagera
provisoirement quelques petites ramifications ou des
bourgeons, dans le but d’appeler le fluide séveux vers la greffe
ou vers les parties faibles.
En tout temps, on extirpera soigneusement, jusqu’à leur
naissance, les drageons et les rejets souterrains qui affameraient
la greffe.
[4]Destruction des insectes. — En même temps que
l’ébourgeonnement, aura lieu la surveillance à l’égard des
insectes et leur destruction. Ce sera d’ailleurs un soin continuel,
attendu que le mal est permanent.
On trouve les insectes au centre des feuilles roulées, dans les
plaies, sous la ligature, contre les tuteurs. Leurs attaques sont
211
généralement plus vives à l’égard des bourgeons de la greffe. Si
l’on négligeait de les détruire, la jeune plante serait gravement
compromise.
Nous insistons pour une surveillance de tout instant, quelle
que soit la température. Les animaux nuisibles — comme tous
autres — sont plus actifs au printemps ; les uns agissent
pendant la pluie, les autres sous l’action de la chaleur ; ceux-ci
le matin ou le soir, ceux-là en plein midi.
Chenilles, larves, papillons, lisettes, charançons, hannetons,
coupe-bourgeons, pique-bourgeons, mouches, allantes, fourmis,
etc., seront impitoyablement écrasés avec la main ou sous le
pied, aux différentes phases de leur existence.
On détruira le tigre, le kermès, les pucerons par des lavages à
l’eau de savon noir, avec des infusions de tabac ou de plantes
aromatiques, ou par des projections de poudre insecticide, et le
puceron lanigère au moyen de frictions à l’huile ou du pralinage
à la chaux. Les corps gras sont appliqués sur le greffon, avant
qu’il bourgeonne, ou lorsqu’il est bien développé, et non aux
premières évolutions de la sève.
Les limaces et les escargots seront attirés sous des tas
d’herbages, des feuilles de choux, des planches pourries, etc., et
écrasés aussitôt. Un cordon de cristaux ou de poussières de
sulfate de cuivre n’est jamais franchi par les mollusques.
Nous avons dit que l’emploi d’accessoires : tuteurs, coffres,
paillassons, toiles, etc., imprégnés de compositions cupriques,
n’était pas favorable à l’existence des insectes et des
colimaçons.
[5]Palissage de la greffe. — Sur les arbres écimés avec
onglet, dès que les rameaux de la greffe atteignent 0m,10, nous
212
commençons à les palisser en les accolant contre l’onglet.
La figure 103 montre le palissage du jet de l’écusson contre
l’onglet (D) du sujet. Pour les espèces d’arbres où l’onglet ne
suffirait pas, on ajouterait un tuteur qui serait d’abord lié au
collet du sujet, puis à la greffe (A, fig. 104). Les arbres
susceptibles de se décoller à la greffe, ceux qui donnent des
tiges fortes ou tourmentées, ont besoin d’un tuteur dès leur
début.
Pour un jeune arbre greffé en tête (fig. 105), sans onglet, une
baguette flexible (A) réunie par les deux bouts sur la tige
servira au palissage des rameaux (B, B) de la greffe.
[fig103]
213
Fig. 103. — Dressage du Fig. 104. — Palissage
rameau de l’écusson contre d’une greffe latérale
l’onglet, et section de l’onglet. contre le tuteur.
214
une année. Si l’arbre est destiné à voyager, on renouvelle le
palissage au moment de sa déplantation, ce qui garantira
suffisamment la greffe dans l’emballage.
[fig105][fig106]
215
au moins ; un seul osier ou plusieurs liens en jonc ou en paille
ne seraient pas assez solides. Quand le rameau de la greffe
devient ligneux, on peut l’accoler avec du gros jonc, de l’osier,
avec de la tille, du raphia, de la spargaine, de la paille mouillée,
avec des lanières d’écorce ou de jeunes tiges de lin ou de
chanvre résultant d’un semis dru.
On palisse avec soin en évitant de trop comprimer le rameau,
d’en froisser l’épiderme ou d’en tourmenter les feuilles.
Les tuteurs sont en bois arrondi plutôt qu’en brin fendu, le
sulfatage en augmente la durée. On place l’échalas de
préférence à la face nord du sujet ; de cette façon, il ne gênera
point l’action des rayons solaires sur les tissus de l’arbre.
Un tuteur placé contre un arbre à haute tige doit toujours être
assez élevé pour dépasser le point greffé. Trop court et attaché à
la tige sans soutenir la greffe, il exposerait davantage cette
dernière à être brisée par le vent ; il serait préférable alors de ne
pas mettre de tuteur, mais disons encore que le sujet et la greffe
résisteront mieux aux bourrasques avec l’appui d’un support
commun (C, fig. 45, p. 89).
Des tampons de mousse, de cuir ou de liège entre le tuteur et
l’arbre seront nécessaires pour éviter toute meurtrissure.
Au moment des orages, on redoublera de vigilance et, si des
greffes étaient trop agitées par le vent, on chercherait à y
remédier par de nouveaux supports et même par l’écimage ou
l’effeuillage des rameaux les plus allongés.
[6]Suppression de l’onglet. — Après une année de
végétation, on retranche l’onglet de la greffe ; en le laissant plus
longtemps, il meurt et la carie attaque le sujet. Si on le coupe à
l’époque du déclin de la sève, la plaie se cicatrise, et le coude
216
formé au point de jonction ne tarde pas à disparaître.
Cependant, il n’y aurait aucun danger à conserver pendant deux
ans l’onglet d’une greffe faible en végétation.
Dans les pépinières, l’ablation de l’onglet se fait en août et en
septembre, quand le travail de l’écussonnage se termine. On
commence par les greffes dont la liaison pourrait être moins
intime ; par exemple, lorsque deux genres différents sont
greffés l’un sur l’autre : le Poirier sur le Cognassier, le Cerisier
sur le Mahaleb, l’Abricotier ou le Pêcher sur le Prunier ou sur
l’Amandier, le Néflier sur l’Aubépine ou sur le Cognassier, le
Lilas sur le Troène.
On coupera l’onglet en biais, suivant la ligne B de la figure
103, et celle (i) de la figure 109, la section étant dirigée sur un
plan oblique dont la base commence en face du talon de la
greffe pour finir à la gorge même de cette greffe. Si l’onglet
était gros et sec, ou placé entre deux scions (fig. 97, p. 177), on
emploierait la scie et l’on parerait ensuite avec une lame fine.
Dans les cas ordinaires, la serpette à désongletter (fig. 4) est la
plus convenable pour les arbres à basse tige. — L’opérateur arc-
boute son pied au collet de l’arbre ; mais le coup de serpette
doit être donné avec une certaine habileté, respectant la jeune
pousse et ne fatiguant pas le sujet.
Un petit chicot pourrait être enlevé au sécateur ; on planerait
ensuite la coupe à l’aide de la serpette, en retenant la lame avec
la main pour ne point attaquer la greffe.
L’application de boue, d’onguent sur la plaie est favorable à
la cicatrisation.
En même temps qu’on supprime l’onglet, on retranche les
scions complémentaires résultant d’un greffage multiple. La
217
solidité de la greffe y gagnera.
[fig107]
218
[fig108]
219
VIII. — VÉGÉTAUX À MULTIPLIER
PAR LA GREFFE ;
ARBRES, ARBRISSEAUX, ARBUSTES.
[1]
Abricotier (Armeniaca).
Famille des Amygdalées.
221
espèces indiquées, Abricotier, Amandier, Pêcher,
comme sur le Prunier.
Nous quittons la Bourgogne qui semblerait être
la limite nord du succès de l’Abricotier greffé sur
Pêcher ou sur Amandier.
Le greffage de l’Abricotier sur Pêcher franc, à
demi-tige, se pratique dans une partie du
Lyonnais, cantons de l’Arbresle et de Tarare,
notamment à Besenay où un abricot blanc, à
confiture, est cultivé dans les vignes.
Dans le département de l’Ain, sur les bords de
la Saône, l’Abricotier vit avec le Pêcher ; vers la
région froide des étangs, il préfère le Prunier.
Dans le Dauphiné, surtout aux environs de
Valence, l’Amandier est employé comme sujet
pour les cultures en plein vent. On greffe
également sur Abricotier franc les variétés
robustes, connues sous les noms d’Abricotier Fig. 109. — Surgreffage
d’Ampuis et d’Abricotier Luizet. de l’Abricotier.
222
robuste que s’il était greffé en tête.
En suivant le cours de la Garonne, nous rencontrerons çà et là des
Abricotiers greffés sur Amandier, d’autres sur Abricotier franc, et la
majeure partie sur Prunier, comme ils le sont dans l’est, l’ouest et le
nord de la France.
Observations. — Les rameaux-greffons de l’Abricotier, bien
aoûtés, de grosseur moyenne et récoltés en plein vent sont préférables.
Il convient de rejeter les yeux de la base qui se développeraient mal ;
ceux du sommet sont difficiles à employer pour le greffage par
bourgeon.
Vérifier l’écussonnage quinze jours ou trois semaines après la
première opération. Doubler l’écusson pour augmenter les chances de
succès ; mais pendant la sève, il conviendra de tenir court, par le
pincement, le scion qui se trouve moins bien placé et de le retrancher
lors du désonglettage ou suppression de l’onglet.
Dans les pépinières, si l’on craint la non-réussite de l’Abricotier, on
pose sur le sujet un second écusson de Prunier ou d’une espèce
similaire, Amandier, Pêcher.
Détacher la ligature à l’automne.
Détruire au printemps les lisettes et les colimaçons, friands des
bourgeons d’Abricotier.
Palisser rigoureusement, à plusieurs reprises.
Désongletter quelques mois avant l’hiver.
[2]
Abutilon (Abutilon).
Famille des Malvacées.
223
Greffage. — En demi-fente sur collet (fig. 110). En placage (fig.
118) ; mars-avril, sous verre.
Observations. — Il convient de choisir un sujet d’une nature
vigoureuse, à feuille verte quand le greffon est à feuille verte, et à
feuille panachée ou maculée quand le greffon est d’une espèce à
feuillage bigarré, — si l’on veut éviter une perturbation dans les
résultats du greffage.
Victor Lemoine, l’habile multiplicateur de Nancy, ayant greffé
l’Ab. Thompsoni fol. variegatis sur l’Ab. vexillarium, celui-ci émit,
au-dessous de la greffe, des pousses à feuilles panachées. Une autre
fois, la première de ces variétés devint le porte-greffe de nouveautés à
feuillage vert, mais elles produisirent une bigarrure telle, qu’elles
furent mises au commerce sous les noms de Caprice et de Caméléon.
Greffées à leur tour, sur des Abutilons verts, ces dernières
provoquèrent la panachure de leur sujet.
Ailleurs, chez Van Houtte à Gand, la panachure blanche d’un sujet
devint jaune au contact d’un greffon de cette nuance : la couleur
primitive revint au sujet après suppression du greffon.
Ces faits appellent l’attention du physiologiste.
[5]
224
âgé, sa tige, trop grosse, sympathiserait moins bien avec les rameaux
fluets du greffon.
La soudure étant assez lente, on maintient la greffe à l’étouffée
pendant deux mois environ.
Les Alaternes se propagent facilement par le marcottage ; mais,
dans les sols légers comme ceux de la Champagne, l’Alaterne à
feuille panachée de blanc, Rh. alaternus albo-variegatus, végète mal ;
de là, sa multiplication par la greffe. Dans nos pépinières, cette variété
est plus vigoureuse, greffée, que multipliée par le couchage.
[6]
Alisier (Aria).
Famille des Pomacées.
[7]
Althéa (Hibiscus).
Famille des Malvacées.
225
Sujet. — Ketmie des jardins, Hibiscus syriacus ou Althæa frutex à
fleur simple (semis ; bouture ; fragment de racine).
Greffage. — En fente (fig. 110). — À l’anglaise (fig. 81). — En
incrustation (fig. 60). Sur collet de racine (fig. 115) ; avril. — En pied.
Observations. — Les rameaux, préparés à l’avance, seront enterrés
peu profondément avec du sable sec, parce qu’ils craignent la
pourriture ; il sera prudent de les abriter de la gelée. Quand l’hiver
n’est pas à redouter, on peut couper, au moment du greffage, les
rameaux sur le sujet étalon. Dans un climat froid, il est indispensable
d’empailler les porte-greffons.
Greffer le plant (A, fig. 110) rez terre, plutôt au-dessous, ou choisir
comme sujet un fragment de racine. Veiller à l’ébourgeonnage.
On peut greffer en hiver, à l’abri (page 51), puis enjauger à la cave
l’arbuste greffé (B), pour le transplanter au premier printemps.
[fig110]
226
Fig. 110. — Greffe en demi-fente au collet (Althéa).
[8]
Amandier (Amygdalus).
Famille des Amygdalées.
227
ensuite (fig. 99).
En Provence, on greffe en flûte, à œil poussant, l’Amandier à coque
tendre ou à coque demi-dure sur l’Amandier commun.
Dans les terrains secs ou arides de la région méditerranéenne, on
écussonne l’Amandier princesse, avec étêtage immédiat du sujet, pour
forcer le bourgeon de la greffe à se développer, avant les grandes
chaleurs ; sans cette précaution, l’œil écussonné resterait dormant et
se dessécherait au lieu de végéter.
Ce procédé est pratiqué en juin, alors que les bourgeons sont
formés. La section du sujet, huit jours après, excite la végétation
d’une greffe réussie ; s’il y avait doute, il vaudrait mieux ne pas étêter.
En tout cas, la ligature n’est enlevée que lorsque la jeune greffe peut
se défendre contre les vents ; dans ces conditions, son accolage est
une précaution nécessaire.
Si la contrée est gélive, le sujet Prunier est préféré au sujet
Amandier pour la propagation des Amandiers à coque tendre. L’arbre
n’y aura pas une longue durée ; mais l’Amandier franc de pied se
plairait moins sous un climat froid.
Dans les pépinières, on greffe souvent à titre supplémentaire
l’Amandier en plein carré de Pruniers, de Pêchers ou d’Abricotiers.
Les variétés d’ornement seront greffées en pied, par écusson, sur
Amandier ou sur Prunier, en pépinière ou dans la serre, avec des
sujets vigoureux et de moyenne grosseur.
[11]
Andromède (Andromeda).
Famille des Éricacées.
228
Greffage. — En placage (fig. 118) au collet ; février, sous verre.
Observations. — L’Andromède du Japon à feuille panachée se
multiplie de cette façon sur son type robuste et toujours vert,
l’Andromède du Japon ou Pieris japonica.
Surveiller le drageonnage.
[12]
Aralia (Aralia).
Famille des Araliacées.
229
[13]
Araucaria (Araucaria).
Famille des Conifères, § Araucariées.
[14]
230
Arbousier (Arbutus).
Famille des Éricacées.
[15]
Arthrotaxis (Arthrotaxis).
Famille des Conifères, § Séquoiées.
[16]
231
Aubépine (Cratægus oxyacantha).
Famille des Pomacées.
[17]
Aucuba (Aucuba).
Famille des Cornées.
232
Sujet. — Aucuba du Japon (bouture).
Greffage. — En placage (fig. 118). De côté dans l’aubier (fig. 66).
En demi-fente (fig. 111) ; d’octobre à février. — En pied ; sous verre.
Observations. — Lorsqu’on manque de sujets racinés, on
confectionne des boutures d’Aucuba ; en même temps on les greffe
avec la variété à propager. On les place sous cloche ; la soudure
s’accomplira tandis que la bouture prendra racine.
Le sujet (T, fig. 111) est un fragment d’Aucuba préparé pour le
bouturage ; la base (U) mise en pot (Y) est coupée sous un œil et le
sommet porte un bourgeon d’appel et une feuille (V). Le greffon (X) a
ses grandes feuilles coupées, les petites sont laissées entières ; il est
inséré en demi-fente ou par incrustation. On a ligaturé avec un lien
souple, sans engluement.
[fig111]
233
Fig. 111. — Greffe par rameau-bouture (Aucuba).
234
châssis où elle hivernera ; enfin, au printemps, la plantation à l’air
libre se fera par l’intermédiaire de l’abri-ombrelle (fig. 36).
La greffe en placage (fig. 55), la greffe de côté dans l’aubier (fig.
66) sont généralement employées. Veiller aux ligatures. Au cas
d’insuccès, la greffe latérale laisse le sujet plus facilement utilisable
que si elle était pratiquée en tête.
La figure 133 indique le moyen de rapprocher les deux sexes de
l’Aucuba sur la même plante.
[18]
Aulne (Alnus).
Famille des Bétulacées.
[19]
Avocatier (Persea).
Famille des Laurinées.
235
Sujet. — Laurier Avocat. P. gratissima (semis).
Greffage. — En placage (fig. 55 et 125). En demi-fente (fig. 114) ;
automne, sous verre. — En approche (fig. 42), à l’air libre, après la
période des pluies et des vents du nord.
Observations. — Ce bel arbre toujours vert de l’Amérique
intertropicale, déjà acclimaté en Algérie sera ainsi propagé dans ses
dispositions vigoureuses et fructifiantes.
Aux Antilles, des planteurs ont réussi le greffage par rameau de
l’Avocatier, sur franc, en opérant au retour de la sève, les pluies étant
passées et la greffe recouverte d’une sorte de cloche en treillis de
fibres de Palmier.
[20]
Azalée (Azalea).
Famille des Éricassées.
236
greffer la variété à propager sur l’Azalée pontique, moins intéressant
en fleurs.
L’Azalée de Chine (A. mollis) s’obtient à tige, soit naturellement,
soit par son greffage sur une variété vigoureuse d’Azalée pontique, ou
même de Rhododendron pontique. L’Az. pontica invectissima fournit
par le semis des plants vigoureux pour la culture directe ou pour
l’élevage des sujets à tige.
On greffe au mois d’août, en placage (fig. 55). ou en demi-fente
(fig. 110), au collet du sujet ; le greffon est semi-ligneux, ses feuilles
lui seront conservées ; opérer rapidement pour qu’il ne puisse faner.
La greffe au printemps réussit mal.
Ces deux espèces, Azalée pontique et Azalée de Chine, sont
préférables de pied franc, par couchage ; robustes en pleine terre, elles
ont résisté aux 25° de froid de l’hiver 1879-1880.
Azalée de l’Inde. — L’Azalée de l’Inde, à feuille persistante, riche
en variétés florales dites de serre ou de jardin d’hiver, se multiplie par
quantités considérables en France, en Belgique, en Angleterre. Nous
indiquerons les méthodes que nous avons suivies à Angers, à
Versailles, à Gand et à Cherbourg. La culture anglaise se rattache à
ces divers procédés.
Méthode angevine. — Nous devons les renseignements suivants à
M. Émile Boyau, à Angers, cultivateur de l’Azalée de l’Inde.
Les sujets sont de l’Az. phœnicea, le meilleur type, ou de l’A. rosea
elegans, à tige vigoureuse.
On choisit les sujets âgés d’un an ; la greffe en demi-fente (fig. 114)
sera pratiquée sur le bois déjà lignifié, quoique étant encore en
végétation.
L’opération peut se faire au printemps, mais on préfère la deuxième
quinzaine de septembre, en serre tempérée et sous cloche, ou sous
châssis de un mètre carré, placé dans une serre fermée ; toutefois,
l’étouffée sous cloche est le procédé le plus usité.
237
Voici quelques précautions nécessaires après le greffage : 1o Sous
châssis. Le plant greffé est placé assez près du verre, même « à
toucher le verre ». Chaque matin, le châssis sera levé légèrement ; on
donnera « un doigt d’air » pendant une demi-heure, pour permettre
l’évaporation de l’humidité, puis la plante sera recouverte. 2o Sous
cloche. Ici encore, tous les matins, on lève la cloche, la buée est
essuyée et la plante reste à découvert pendant une demi-heure.
Lorsqu’il y a disette de sujets de bouture, on couche en avril ou en
mai de grosses touffes d’Azalea phœnicea ; les bourgeons produisent
alors, en septembre, des plants de 0m,20 à 0m,30 de haut, forts, que
l’on peut greffer à mesure qu’on les lève de la pleine terre. Une fois
les greffes soudées, après les soins indiqués précédemment, les
plantes restent en pleine terre dans le châssis froid, jusqu’au mois de
mai, et elles pourront y rester pendant dix-huit mois.
D’autres horticulteurs non moins habiles dans la multiplication de
l’Azalée, à Angers, greffent en mai-juin et au mois de septembre,
jamais plus tard ; l’opération est en demi-fente avec œil d’appel en
tête du sujet. Le greffage est appliqué aux bonnes variétés peu
vigoureuses ou lentes à pousser, tandis que le bouturage à chaud au
printemps, à froid en été, est préféré pour Alba perfecta striata,
Antoine Chantin, Auguste Delfosse, Belle Gantoise, Comtesse de
Flandre, Charles Enke, Clémentine Vervaene, Duc de Nassau,
Dieudonné Spae, Étendard de Flandres, Jean Verschaffelt, Louise-
Marie, La Victoire, Liliiflora, Louise Margottin, La Paix, Madame
Van der Cruyssen, Rosea punctata, etc.
Ces deux dernières variétés sont, au contraire, soumises au greffage
à Versailles. Dans cette ville, on obtient facilement sur tige de bonnes
plantes marchandes en trois ans ; la première année est consacrée au
bouturage du sujet, la seconde année au greffage, la troisième au
développement de la greffe. Nos amis Truffaut, Duval, Moser,
emploient encore à titre de sujet les Az. phœnicea et concinna. M.
Veitch, à Chelsea (Angleterre), les y utilise également.
238
Méthode gantoise. — L’horticulture gantoise produit et vend
annuellement 300 000 Azalées. Voici comment la multiplication
s’opère, d’après Édouard Pynaert, savant horticulteur de Gand, qui
nous a guidé dans nos explorations :
En hiver, on bouture les sauvageons en serre chaude ou tempérée,
sous cloche ou en bacs carbonisés recouverts d’une vitre, et dans du
sable pur. On emploie, comme bouture, les bourgeons qu’on enlève
du sujet ayant un an de greffe, vers février ou mars, alors qu’ils ont de
0m,04 à 0m,06 de longueur et l’on en met 15 par potée. — En mai, du
10 au 20, suivant la température, on plante les boutures racinées en
pleine terre de bruyère ou dans un terreau de feuilles.
Au mois d’août ou en septembre, on relève les plants les plus forts
et on leur donne des pots de 0m,06 ; les gros greffons leur sont
réservés. Quinze jours après, du 15 août au 30 septembre, on peut les
greffer.
Le plant à 0m,15 est convenable ; trop faible, il sera opéré au collet
ou ajourné au printemps.
Le greffage d’automne ou d’hiver se fait à froid, avec + 6° ou 8° au
plus.
Le mode plutôt employé est la demi-fente, herbacée. On coupe la
tête du sujet dans la partie encore tendre en face d’une feuille ; le
greffon est choisi dans les mêmes conditions, semi-herbacé,
suffisamment aoûté, sans être ligneux. On ligature avec un fil de
coton, en quatre ou cinq tours, sans engluement.
Les plants greffés sont placés droits sous cloche ou inclinés sous
châssis, tenus hermétiquement fermés, avec une humidité suffisante
sous le verre et une température de + 15°.
Au bout de quatre semaines, en août, et de cinq à six semaines, en
septembre, les greffes sont soudées ; alors on peut commencer
l’aération.
239
En hiver, les Azalées veulent une serre bien éclairée, des
arrosements réguliers, une température s’élevant de zéro à 3° ou 4°
pendant qu’il gèle, et avant le chauffage de la plante.
Les jeunes greffes sont mises en pleine terre le plus tôt possible, en
mai, et préservées des gelées tardives au moyen de nattes placées le
soir des journées claires.
Il ne faut pas ménager le soleil et l’eau, même l’engrais liquide
(bouse de vache délayée). On pince les jeunes plantes, trois ou quatre
fois, et l’on obtient une tête branchue, ramifiée.
En octobre, premier rempotage pour passer l’hiver en serre. Un pot
de 0m,11 à 0m, 12 convient à une Azalée d’un an de greffe.
Les sujets porte-greffes sont l’Az. phœnicea pour produire des
plantes fortes et l’Az. concinna pour des végétations plus modérées ;
quelques maisons de Belgique sont satisfaites des sujets Az.
macrantha et Verschaffeltii.
Azalée de l’Inde en pleine terre. — Sous le climat privilégié de
Cherbourg, où l’on propage par marcotte l’Azalée de l’Inde, on greffe
seulement les variétés nouvelles et les variétés à fleurs panachées. Le
mode de greffage est le placage (fig. 55) sur plant levé en motte. On
opère en juillet, sous châssis froid, chez notre collègue Cavron, et l’on
tient les greffes à l’ombre.
Azalées de l’Inde, robustes au froid. — Pendant la guerre de 1870-
71, MM. Thibaut et Keteleer ayant dû abandonner leurs
établissements de Sceaux et du Plessis-Piquet, furent surpris de
trouver en rentrant après l’hiver, des Azalées de l’Inde qui avaient
bravement supporté les − 25°, en conservant indemnes leurs rameaux
et boutons à fleur. Telles étaient les Azalées Amæna rosea et
pulchella, Aphrodite, Beali rosea, Fortunei, Madame Wagner,
Melusine, Mozart, Narcissiflora, Obtusa, Prolifera, Souvenir de
l’Exposition, Thaclea, les Vittata alba, rosea et punctata ;
aujourd’hui, on les multiplie par le bouturage au mois d’août, en
opérant en pleine terrine mise en terre et sous cloche. Pendant l’hiver,
240
la terrine est rentrée dans la serre froide et les jeunes sujets sont mis
en pot, au printemps.
Après une saison dans les abris-ombrelles, on a de bonnes plantes
pour la culture en pleine terre ; mais on peut continuer à les greffer
sur tige pour la culture en pot.
[22]
Baguenaudier (Colutea).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.
[23]
Bibacier (Eriobotrya).
Famille des Pomacées.
241
Observations. — Le greffon du Bibacier pris sur un rameau de
deux ans est plus convenable que s’il était choisi sur un rameau de
l’année.
Si l’on opère à l’air libre, on coupe les feuilles du greffon sur leur
pétiole ; embouer la greffe ou l’envelopper avec un écran jusqu’à ce
qu’elle commence à bourgeonner.
En greffant à l’abri, sous verre, on conserve, les feuilles, mais
légèrement tronquées.
Greffer à fleur de terre.
Les Japonais multiplient le Bibacier type, par semis, et greffent sur
ce sujet, par approche, les sous-variétés qu’ils en ont obtenues.
En Provence et en Algérie, on greffe le Bibacier sur franc, sur
Aubépine ou sur Cognassier.
Greffé sur Cognassier, le Bibacier, sous le climat de Paris, vit plus
longtemps que greffé sur Aubépine et devient plus robuste au froid
que s’il était franc de pied.
[24]
Bignone (Tecoma).
Famille des Bignoniacées.
242
[fig112]
[25]
Biota (Biota).
Famille des Conifères, § Cupressinées.
243
Choisir un sujet trapu, sain de racines.
Au moyen de la greffe en bifurcation (fig. 77), certaines variétés
pourront être transportées sur tige de Biota de Chine ou de Thuia du
Canada.
[26]
Bouleau (Betula).
Famille des Bétulacées.
244
1o En fente, sur une jeune flèche obtenue par la taille au printemps
précédent ;
2o En placage, avec des greffons déjà lignifiés et munis de leurs
feuilles coupées à moitié.
L’établissement Simon Louis, à Metz, réussit le Bouleau en plein
air, à l’anglaise, avec greffon ramifié de deux ans, ramilles tenues
court.
Desfossé-Thuillier d’Orléans, a travaillé le Bouleau pourpre de la
manière suivante. Le sujet, mis en pot un an à l’avance, a été recepé
au printemps ; vers juin, le greffeur introduisit en fente herbacée et sur
la jeune flèche miligneuse, un greffon au même, degré de tendreté.
[27]
Bourgène (Rhamnus).
Famille des Rhamnées.
245
[28]
Buisson-Ardent (Pyracantha).
Famille des Pomacées.
[29]
Broussonnetier (Broussonnetia).
Famille des Morées.
[31]
Caféier (Coffea).
Famille des Rubiacées.
247
néerlandaises, le Caféier à feuille de myrte, rebelle au bouturage. Les
deux opérations ont été pratiquées sous verre, dans la serre, à froid.
Le greffage dans la grande culture du Caféier d’Arabie a sa raison
d’être, pour faciliter la reproduction de variétés perfectionnées qui,
jusqu’alors, n’ont pu être fixées par le semis.
Le greffage rez terre donne de bons résultats. On le pratique au
moment où la sève quitte la période de repos et s’apprête à fournir un
nouveau bourgeonnement.
Les sujets obtenus par le semis des graines auront une année de
pépinière. — Les greffons, jeunes rameaux ; cueillis au moment de
leur emploi seront greffés, au collet du plant, en plein air ou à l’abri.
Couper les feuilles à demi limbe ; ligaturer, engluer, butter et
ombrager la greffe.
À Ceylan, un caféiculteur japonais sème en mai les graines de la
première récolte et en élève le plant de pied franc. Le semis des autres
récoltes est greffé de côté (fig. 65 et 67) au réveil de la sève, par un
temps calme.
En Haïti, un de nos amis a tenté avec succès l’écussonnage à œil
poussant, après la saison des vents du nord.
Le greffage en approche est pour les élèves semés autour de la
plante à reproduire.
On étudie au rôle de sujet, le Caféier de Libéria, plus rustique.
Attendons les suites.
[32]
Callistémon. — Métrosidéros.
Famille des Myrtacées.
248
Greffage. — En demi-fente (fig. 114). En placage (fig. 118) ;
février-mars, juillet-août ; sous verre.
Observations. — Toutes les variétés de Callistémon se greffent sur
le C. lanceolatum.
[118]Un genre voisin, le Métrosidéros, qui a beaucoup d’analogie
avec le Callistémon, se multiplie par le greffage sur ce dernier et, plus
souvent encore, par le semis de ses graines.
[33]
Callitris. — Frenela.
Famille des Conifères, § Cupressinées.
[35]
Camellia (Camellia).
Famille des Ternstrœmiacées.
249
Greffage. — En placage (fig. 55). En fente dans l’aubier (fig. 65) ;
juillet à septembre. — Anglaise à cheval (fig. 86) ; septembre, avril.
— En pied.
Observations. — Le Camellia se forme bien et boutonne mieux
lorsqu’il est greffé. À part quelques variétés qui réussissent de pied
franc — Contessa Lavinia Maggi, Donkelaari, Halleyi, Nobilissima,
Noisetti, Tricolor, — il est préférable d’appliquer le greffage à la
première éducation de toutes les variétés de Camellia.
Deux procédés de multiplication donnent de bons résultats ; la
différence est dans la nature du sujet, rameau-bouture ou plant raciné.
Greffe sur rameau-bouture. — MM. Marie et Treyve, horticulteurs
à Moulins, multiplient le Camellia avec un succès remarquable par la
greffe de rameau-bouture, de la manière suivante. Au commencement
de septembre, ils enlèvent sur des variétés vigoureuses de Camellia,
des rameaux-boutures âgés d’un an ou quelquefois de deux ans,
munis de feuilles, et les fractionnent en tronçons de 0m,10 ; le bout
inférieur est taillé carrément, le supérieur reçoit sur-le-champ la greffe
de la variété à propager.
Il est à remarquer que, sur le bois d’un an, on placera un greffon
d’un an ; sur celui de deux ans, un greffon ayant deux années de
pousse, portant quelques brindilles. Quand le sujet-bouture et le
greffon sont de même grosseur, on emploie la greffe anglaise à cheval
(fig. 86). Quand la bouture est plus grosse, on a recours à la greffe en
demi-fente (fig. 114), ou en placage (fig. 55).
Il suffira de ligaturer par quelques tours de fil et de traiter les plants
greffés comme de simples boutures, sous châssis, placés sur couche
tiède et en terre de bruyère sableuse. Tenir à l’étouffée, ombrer pour
atténuer l’effet des rayons de soleil sans priver de lumière, maintenir
le sol légèrement humide. Environ six semaines après, les sujets sont
racinés et les greffes soudées ; on les conserve sous châssis jusqu’en
juillet-août, alors on lève les sujets en motte pour les mettre en pot.
250
Pendant dix mois, on les traitera comme des plantes adultes et les
châssis seront remplacés par des claies.
Greffe sur plant raciné. — Le plant raciné provient de bouture ou
de semis. Examinons successivement les deux procédés, en
commençant par le plus expéditif.
1o Sujet par bouture racinée. — Le plant de bouture est fourni par
des pieds vigoureux du Camellia type à fleur rouge, ou de ses variétés
Mathotiana alba, Targioni, Althæiflora. Les rameaux courts à feuille
bien verte, munis de leur talon, sont les meilleurs ; on opère à
l’étouffée dans la serre, sous abri vitré à + 15°, en janvier-février ou
en juillet-août. Les boutures faites ainsi en godet, ou repiquées en pot
après six semaines d’étouffée, seront propres au greffage à 2 ou 3
ans ; un diamètre de 0m,005 suffit. Un plus fort sujet produit une
plante plus forte, dite « plante d’exposition » dans le langage des
praticiens.
La greffe en placage est généralement adoptée ; soit avec greffon
taillé à plat (fig. 55, 118), soit taillé à l’anglaise (fig. 56), le biseau
ayant 0m,02, la tête portant 2 ou 3 feuilles. La greffe dans l’aubier
(fig. 65) donne à son tour de bons résultats. Dans les deux cas, on
opère en juillet-août. La ligature est du coton filé.
Les plantes greffées sont placées dans des coffres sous verre,
enterrées dans de la cendre fine ou de la tannée bien consommée, à
une température de + 15° au plus. Tenir les greffes bien étouffées ;
éviter les arrosages fréquents ; essuyer les verres chaque jour. Au cas
de soleil, il faut ombrager les plantes et le vitrage.
La reprise des greffes s’accomplit en trente ou quarante jours ; on
coupe alors le sujet à 0,m,05 au-dessus, et à ras, un mois après, la
végétation étant suffisante. — La plante hivernera dans la serre et sera
mise sous bâche, au printemps. Son rempotage se fera en juin-juillet.
Ce procédé adopté en France, en Angleterre, en Belgique, en
Hollande, en Allemagne, a été décrit par un spécialiste, Adolphe Van
251
Den Heede, horticulteur à Saint-Maurice-Lille.
2o Sujet par semis. — Les sujets sont de jeunes plants de semis
mesurant de 0m,020 à 0m,030 de tour au collet ; la graine provient du
type à fleur simple, le plant est élevé en pot de 0m,12. Au moment du
greffage, fin juillet et août, le sujet est coupé à 0m,10 du sol et opéré
par incrustation avec une rainure longue de 0m,04 et peu profonde. Le
greffon est une sommité de rameau de l’année, taillé ad hoc ; il vient
s’enchâsser dans cette rainure (fig. 119). Ligaturer avec le raphia et
engluer au mastic froid.
Les plants greffés sont aussitôt placés dans une bâche de la serre ;
un second châssis fermant hermétiquement produira l’étouffée ;
l’ombrage est nécessaire. Deux mois après, la reprise est complète ;
l’aérage continue et, au printemps suivant, la plante sera livrée à la
pleine terre.
Greffage à l’air libre. — Dans les environs de Nice, on greffe
encore le Camellia en plein air, par rameau inoculé (fig. 48), avec œil
terminal.
Sur le littoral et vers l’Ouest, le Camellia vit en terre de bruyère, à
mi-ombre, ou au soleil, à l’air libre ; on le livre en pleine terre, au
printemps qui suit sa reprise à la greffe. Dans ces conditions de jardin
libre ou vitré, on a quelquefois recours à la greffe en approche ou à la
greffe en fente avec rameau d’appel — et feuilles au greffon — pour
garnir les tiges dénudées ou changer la variété du Camellia.
Ce serait l’occasion de grouper sur la même plante des variétés
similaires en végétation, mais distinctes quant au coloris de la fleur :
Alba plena et Imbricata rubra ; Donkelaari et Tricolor, etc. et à la
fois Miniata de Low, Mistress Cope, Reine des Belges ; etc.
[37]
252
Cannellier (Cinnamomum).
Famille des Laurinées.
[38]
Caragana (Caragana).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.
253
Dans les pépinières Looymans, en Hollande, le Caragana est
soumis à l’écussonnage.
[92]Le Halimodendron et le Calophaca, genres voisins, seront
greffés sur le Caragana.
[39]
Caroubier (Ceratonia).
Famille des Légumineuses, § Césalpiniées.
[40]
Catalpa (Catalpa).
Famille des Bignoniacées.
254
Le sujet étant chargé de moelle, l’insertion du greffon pourrait se
faire de biais, la tente côtoyant l’étui médullaire, suivant les préceptes
de Calvel, tel que nous l’indiquons à la greffe en tête dans l’aubier,
avec biseau plat (fig. 62), ou avec biseau de biais (fig. 63, 64).
M. Henri Desfossé, à Orléans, nous a montré un carré de Catalpas
écussonnés à œil poussant, ayant produit des jets de 1 mètre. — L’œil
greffon, bien formé, est choisi sur un rameau plutôt mince,
parfaitement aoûté et coupé sur l’arbre étalon, le jour même de
l’écussonnage.
Le Catalpa de Kœmpfer et le Catalpa doré greffés en pied, pourront
s’élever à tige ; mais le Catalpa boule doit être greffé à la hauteur
fixée pour la tête de l’arbre.
[41]
Céanothe (Ceanothus).
Famille des Rhamnées.
255
Cette variété ne se reproduisant point par semis et des éléments de
bouturage faisant défaut, il en sema clair les graines au printemps, en
pleine terre. Au mois d’août, les jeunes plants ont été arrachés, étêtés
et greffés au collet, dans la serre à multiplication.
Le greffon, mi-herbacé, est cueilli sur l’arbuste-étalon que l’on a
préalablement taillé pour en obtenir de nouvelles pousses ; l’insertion
se fait par demi-fente, placage ou incrustation.
Le sujet greffé est aussitôt mis en pot et étouffé sous châssis. Une
fois repris, on le place sous cloche, en attendant la pleine terre.
À défaut de plants de semis, on emploie des plants de bouture,
enracinés, de la grosseur d’une plume d’oie, et on les greffe au collet.
Le Céanothe, ainsi fabriqué par la greffe, constituera, après
hivernage, une bonne plante de massif ou de marché.
[42]
Cèdre (Cedrus).
Famille des Conifères, § Abiétinées.
[44]
256
Cerisier (Cerasus).
Famille des Amygdalées.
257
Comme cela se pratique en Belgique, on peut greffer le Merisier au
mois de juin, sous écorce, à œil poussant. On choisit des greffons
semi-ligneux à la base des pousses nouvelles, et on les couvre de
boue. Dans ces conditions, on peut accepter encore l’écusson boisé.
Sous le climat de Paris, l’écussonnage à œil dormant du Merisier
est le plus employé.
Greffage sur Mahaleb. — Le Cerisier odorant, Mahaleb ou Sainte-
Lucie, vient en terrain sec ; il sera greffé en pied et non à haute tige,
plutôt par écusson. Si la variété à propager ne pouvait s’élever d’elle-
même à tige, on aurait recours à un procédé combiné. Greffer d’abord
en pied une variété vigoureuse, par exemple de Bigarreautier, de
Guignier ; quand celle-ci sera à tige, au moins deux ans après, on y
greffera en tête la variété de Cerisier.
Le système de surgreffage des arbres fruitiers destinés à la haute
tige a été pratiqué en grand, dès 1840, par notre grand-oncle, Lyé
Baltet-Petit, dans ses pépinières troyennes.
Le plant de Mahaleb, de grosseur moyenne, est à préférer : on
l’écussonne à 0m,10 du sol, dès la première année, par un temps
chaud, vers la fin de la période consacrée à l’écussonnage. La sève se
maintiendra assez longtemps pour nécessiter l’assemblage des
rameaux en tête du sujet au moment où il se trouvera greffé (fig. 99).
Quinze jours après, on vérifie les ligatures et la réussite des greffes.
Étêter le sujet après les froids.
Désongletter ayant la chute des feuilles.
Aux Riceys (Aube), les vignerons greffent avec les Cerisiers
Anglaise et Montmorency, les C. Mahaleb de leurs friches, par la
greffe en flûte, avec étêtage immédiat du sujet (fig. 100). Ils opèrent
vers la Saint-Jean, par un temps couvert ; la greffe ne tarde pas à se
développer.
Le Bigarreautier réussit en fente sur le Mahaleb ou Sainte-Lucie,
plutôt rez terre.
258
Greffage sur Cerisier franc. — Le Cerisier franc, résistant à la
rigueur des grands hivers (de 25° à 30°), est un sujet à utiliser dans les
pays froids ; on l’emploie également dans les vallées arrosées du midi
de la France où le Mahaleb ne réussit pas. Commun dans notre région,
il se couronne en demi-tige et se reproduit par semis ou par drageon
dans les vignes et les jardins. Ajoutons que ce type vivra mieux de
pied franc, alimenté par ses racines traçantes. On peut donc l’utiliser
comme sujet et non comme greffon.
Cerisiers d’ornement. — Les Cerisiers d’ornement, C. serrulata,
pseudo-Cerasus, C. Chamæcerasus, semperflorens, à rameaux effilés,
étalés ou retombants, réussissent sur Merisier : 1o au printemps, par
l’écussonnage à œil poussant ; 2o en août, par le greffage à œil
dormant de bourgeons écussons, ou de sommités de rameaux glissés
sous l’écorce du sujet (fig. 48), même avec insertion à l’anglaise (fig.
49).
Ils réussissent encore en pied, sur Mahaleb.
Les Mahaleb d’ornement seront greffés sur le type, C. Mahaleb
odorant ou de Sainte-Lucie, à la hauteur fixée pour le branchage.
[45]
Chalef (Elæagnus).
Famille des Éléagnées.
259
découvrira le plant greffé comme il est dit au greffage sous verre
(page 69).
[167]Le
Shepherdia se greffe ainsi sur l’Argousier Griset,
Hippophae rhamnoides.
[46]
Chamécerisier (Chamæcerasus).
Famille des Caprifoliacées, § Lonicérées.
[47]
Chamæcyparis. — [157]Retinospora.
Famille des Conifères, § Cupressinées.
260
bifurcation (fig. 77) ; mai et août. —
En pied ou en tête.
Observations. — Les greffes en
placage et de côté se pratiquent en
serre ; la soudure a lieu au bout de six
semaines.
Les Chamæcyparis Boursieri (ou
Cupressus Lawsoniana) et Ch.
Nutkaensis (ou Thuiopsis borealis)
sont employés comme sujets,
concurremment avec le Biota
orientalis, pour le greffage de leurs
sous-variétés.
Le Ch. de Boursier est généralement
recherché. — Le Ch. obtusa pygmæa,
greffé sur ce sujet, prendra une forme
Fig. 113. — Greffe en placage du élancée, tandis que ses branches
Retinospora sur le Biota. resteront traînantes, s’il est greffé sur
Biota ou sur Thuia.
Les Retinospora seront greffés sous verre, en placage (fig. 113),
sur le Biota.
Les Retinospora squarrosa et juniperoides sont, de préférence,
multipliés par le bouturage.
On peut pratiquer le greffage sur Thuia d’Occident, en tête, par la
fente sur bifurcation (fig. 77), en plein air.
Choisir, pour ces deux genres, des rameaux-greffons dont les
caractères soient bien accusés.
[48]
261
Charme (Carpinus). — [134]Ostrya
Famille des Cupulifères.
[49]
Châtaignier (Castanea).
Famille des Cupulifères.
262
sauvageons à petite feuille, lente à tomber, sont plus rebelles à la
greffe.
Dans les pépinières, on réussit la greffe en placage à l’anglaise (fig.
56), au départ de la sève, et même l’écussonnage en août-septembre,
si le sol conserve la sève assez longtemps.
La greffe terminale sur l’œil de flèche (fig. 73) pourrait être
appliquée sous verre.
Le Châtaignier accepte parfois le greffage sur Chêne, au moyen de
jeunes plants semés en place ou nouvellement repiqués. On les
greffera rez terre, en fente ordinaire ou sur bifurcation ; il est alors
préférable de greffer à fleur du sol. Il existe un assez bel exemplaire
de ce genre, greffé sur Chêne, au Jardin botanique de Dijon. En 1838,
Jaumard greffait ainsi à la pépinière départementale de la Gironde.
Les exemples cités n’ont pas été avantageux à la fructification.
[50]
Chêne (Quercus).
Famille des Cupulifères.
263
Engluer le greffon. — La greffe en placage, fin été, est pour les
opérations sous verre.
Le Chêne pédonculé résiste aux grands hivers mieux que les autres
espèces ; le Chêne sessile y est plus sensible ; cependant les sous-
variétés préfèrent leur espèce comme sujet.
Les variétés du Chêne chevelu, Q. Cerris, seront greffées sur leur
type, en placage simple ou à l’anglaise, vers juillet-août, et à
l’étouffée.
Les Chênes verts seront greffés en demi-fente (fig. 114) ou dans
l’aubier (fig. 67) sur Q. Ilex, et même sur Q. Cerris, aux mois de mars
ou de juillet-août, sous cloche, ou encore en avril à l’air libre. On
coupera les feuilles au greffon, sur leur pétiole.
Dans la zone nord de l’aire géographique du Chêne, son greffage se
pratique sous verre ; quelquefois, le greffage au galop (fig. 84) avec
greffon de deux ans, a donné toute satisfaction.
M. Arbeaumont, à Vitry-le-François, greffe ses plants de Chêne
dans la serre à multiplication, fin de l’été ; au printemps suivant,
lorsque le greffon se développe, il lui emprunte quelques jeunes
pousses semi-ligneuses pour les greffer en plein air, en fente ou en
couronne.
À Majorque, les habitants propagent les types de bon rapport du
Chêne à gland doux, Q. Ballota, par la greffe en couronne, à la
montée de la sève, sur les jeunes sauvageons en pleine forêt. Le
greffon est effeuillé un mois à l’avance et couché en terre. On lui
taille un biseau de 0m,10 portant deux yeux qui pénétreront sous
l’écorce du sujet, incisée ou fendue dans ce but.
[7.52]
Chionanthe (Chionanthus).
Famille des Oléacées.
264
Sujet. — Frêne à fleur, Fraxinus Ornus. — Frêne commun,
Fraxinus excelsior (semis).
Greffage. — En incrustation (fig. 60). En fente (fig. 72) ; mars-
avril. — En écusson (fig. 91) ; juillet-août. — En pied ou en tête, à
l’air libre ; greffage sous verre, dans les pays froids.
Observations. — Le Chionanthe, Ch. virginica, greffé au collet, est
plus fleurissant.
Le Frêne à fleurs, Fraxinus Ornus, comparé au Frêne commun,
Fraxinus excelsior, est plus sympathique au greffage du Chionanthe.
[7.53]
Clématite (Clematis).
Famille des Renonculacées.
265
de février en avril. Le sujet-racine, une fois greffé, est mis en godet de
0m,025 à 0m,04, sous cloche et sur la bâche légèrement chauffée de la
serre à multiplication. Quinze jours après, la soudure est complète et
le chevelu se développe. On rempote alors en godet plus grand que
l’on place sous verre, dans une bâche non chauffée.
En mai-juin, la plante sera sortie à l’air libre et livrée au commerce
dès le mois de septembre.
Sur jeune plant de la Clématite des haies, Cl. vitalba, plant de
semis, la greffe en placage, un peu au-dessus du collet, produit une
plante vigoureuse ; mais la Clématite d’Italie précitée a l’avantage de
ne pas drageonner, de bien entretenir la plante en sève et de fournir un
plus grand nombre de sujets ; les plus petites racines pourraient
attendre une année en terre leur grossissement et le développement du
chevelu.
Au mois d’août, on greffe encore la Clématite ; la soudure en étant
plus lente, la plante sera placée sous châssis à froid, en terre de
bruyère. Au printemps suivant, aura lieu la mise en pot et la
continuation de l’abri vitré.
Les Anglais greffent même en décembre et janvier ; le greffon court
« à bois sec » porte un seul œil. Les plants greffés sont aussitôt mis en
pot avec terre de bruyère, et enterrés dans le sable d’une couche
chauffée de 20 à 25°, chaleur de fond ; quinze jours après, ils sont
entrés en sève, alors on les retire de la couche chaude pour les placer
dans un lit de sable préparé sur une tablette de la serre, et plus tard,
sous un abri vitré plus froid. Au printemps, nouveau rempotage en
godets de 0m,08 et mise en planches, dehors.
[55]
266
Sujet. — Cognassier ordinaire, Cydonia vulgaris (bouturage à
talon, fig. 21 ; marcottage ou éclatage par cépée, fig. 17). — Aubépine
blanche, Cratægus oxyacantha (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet-août. — En fente (fig.
69). Anglaise (fig. 82, 84) ; avril. — Au collet.
Observations. — L’écussonnage se fait avec des sujets jeunes ; on
attend, pour cette opération, que la force de la sève soit calmée. Une
fois greffé, on lie les branches du sujet (fig. 99).
Éviter d’employer les yeux à peine visibles placés à la base des
rameaux-greffons.
Lors de la végétation de la jeune greffe, on l’accole contre l’onglet
ou sur un tuteur.
Désongletter avant la chute des feuilles.
Nous avons vu, dans quelques pépinières de Hollande, et en France
dans le Lyonnais et le Mâconnais, greffer le Cognassier de Portugal,
Cydonia lusitanica, sur Aubépine blanche, en pied. L’arbre y vit
longtemps et prospère dans un terrain sec.
Le Cognassier de Chine, C. sinensis, plutôt d’ornement, sera greffé
en pied sur le Cognassier ordinaire.
Le Cognassier du Japon, Chænomeles, arbuste drageonnant, se
propage par le bouturage de racines au printemps, ou de rameaux en
août ; on peut greffer ses variétés sur un type vigoureux, C. ombiliqué,
à fleur rose. — Greffer en demi-fente, en placage ou en écusson
plaqué sur collet ou sur racine, sous verre, en juillet-août. Surveiller le
drageonnage.
[57]
Cornouiller (Cornus).
Famille des Cornées.
267
Sujet. — Cornouiller à fruits, Cornus mas (semis). — Cornouiller à
fruit blanc, Cornus alba. — Cornouiller sanguin, Cornus sanguinea
(semis ; marcotte), suivant la variété à propager.
Greffage. — Par rameau de côté sous écorce (fig. 48 et 50) ; juillet.
— En écusson (fig. 94) ; juillet-août. — En pied ou sur tige.
Observations. — Le greffage de côté sous écorce (fig. 48), convient
au Cornouiller à fruits, C. mas ; on choisira s’il est possible, pour
greffons, des rameaux longs de 0m,08 à 0m,10, munis de bois de deux
ans à leur base.
Le greffage de côté par rameau avec embase (fig. 50) est applicable
à cette espèce.
Éviter de greffer trop tard : le cambium durcit assez vite chez le
Cornouiller.
Les autres espèces de Cornouiller réussissent par la greffe sous
écorce et par écusson en plein air, sur leur type, le C. sanguinea,
indigène, le C. alba, fruit blanc, le C. sibirica, de Sibérie.
[58]
Corossolier (Anona).
Famille des Anonacées.
268
Brésil, au Pérou, à la Guyane, à Java, aux Canaries, en Égypte, en
Algérie.
Les greffeurs javanais, nous écrit Ottolander, réunissent par la
greffe, sur le même plant, les Anona muricata et squamosa.
Au Jardin d’essai d’Alger, Charles Rivière a obtenu l’Anona
cherimolia par les greffes en couronne (fig. 53) et de côté dans
l’aubier (fig. 65), à l’air libre, sur des plants peu fertiles. Mêmes
résultats avantageux obtenus aux îles Canaries, où les indigènes
emploient la greffe en approche.
D’après l’avis de botanistes voyageurs et de D. Bois, du Muséum
d’histoire naturelle, les Anona squamosa (pomme de cannelle) et
cherimolia (corossol, des Malais) seraient plus particulièrement
recherchés par nos Jardins d’études et par les planteurs.
[59]
269
[60]
Cotonéaster. — Amélanchier.
Famille des Pomacées.
[62]
Cryptoméria (Cryptomeria).
Famille des Conifères, § Cupressinées.
270
Observations. — Employer comme sujet des plants assez jeunes,
élevés en pot.
Greffage de côté, sans étêlage immédiat. Deux mois après, on
commencera l’aération.
[63]
Cyprès (Cupressus).
Famille des Conifères, § Cupressinées.
[64]
Cytise (Cytisus).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.
271
avril. — En couronne (fig. 51, 54) ; mai. — En pied ou sur tige.
Observations. — Les Cytises (Cytisus) à bois fin, C. pourpre, rose,
blanc, carné, noir, élégant, à trois feuilles, versicolore, etc., ne
réussissent guère qu’au greffage en fente, à cause de la ténuité des
rameaux. On insérera le greffon sur le sujet, en face d’un œil d’appel,
à la hauteur fixée pour le branchage, la tête de ces espèces se ramifie
sans pouvoir monter davantage.
Les Cytises (Laburnum) à gros bois, C. Adam, bifère, odorant, à
grande fleur, à feuille sessile, à feuille bullée, à feuille de chêne, etc.,
se multiplient par l’écussonnage, ou par les greffes à l’anglaise, en
fente, en incrustation. Les rameaux sont assez vigoureux pour que, se
trouvant insérés à fleur de terre, ils s’élèvent à tige.
Lorsqu’on étête le Cytise pour le greffer, il faut absolument
conserver un bourgeon au sommet du sujet, à l’opposé ou sur le côté
de l’insertion du greffon. La fonction de ce bourgeon est d’appeler la
sève et d’entretenir la vie sur l’arbuste pendant la première année.
Il vaut mieux détacher les rameaux-greffons de l’arbre-étalon peu
de temps avant le greffage ; dans les localités exposées aux gelées
d’hiver, on peut couper à l’avance les rameaux des Cytises à bois fin
et les conserver en terre (fig. 32).
Les petits Cytisus Attleyanus et Everestianus, plantes « de quai »,
qui prennent mal de bouture, se greffent sous verre, sur le C.
racemosus.
[4][30]Lesvariétés de l’Ajonc, Ulex, et de Bugrane, Ononis,
peuvent être greffées sur le Cytise à gros bois, Laburnum.
[65]
Dacrydium (Dacrydium).
Famille des Conifères, § Podocarpées.
272
Sujet. — Dacrydium faux-cyprès, Dacrydium cupressinum
(bouture).
Greffage. — En placage (fig. 113). Dans l’aubier (fig. 67) ;
septembre, sous verre.
Observations. — Ce genre de Conifères est de serre froide, sous le
climat de Paris. Greffé, le Dacrydium élevé, D. elatum, entre autres,
est plus élancé que franc de pied.
Soins habituels prodigués aux greffes sous verre. (Voir page 69.)
[66]
Daphné (Daphne).
Famille des Thymélées.
[67]
Dierville (Diervilla).
Famille des Caprifoliacées, § Lonicérées.
274
Observations. — Le Dierville rose ou Weigela se propage par
bouture ; mais pour augmenter la multiplication d’une variété rare, on
a recours à la greffe. On se sert de boutures racinées faites au
printemps ; le greffage est pratiqué sous verre, en août, avec des
greffons semi-ligneux. Les plants sont opérés au collet, en demi-fente
et placés sous cloche à froid, sur le sable.
En chauffant des touffes de l’espèce sujet et de la variété qui doit
être multipliée, on obtient de part et d’autre des rameaux forcés que
l’on unira, sous verre, en mars-avril ; ce sera alors une greffe-bouture
de rameaux semi-herbacés.
[68]
Diosma (Diosma).
Famille des Diosmées.
[69]
275
Observations. — Choisir des plants qui paraissent moins disposés
au drageonnage.
Greffer au collet du sujet. Quand la soudure sera complète, on
plante le jeune arbuste, greffe en terre, pour l’exciter à prendre
racine ; sans cette précaution, le tronc pourrait affamer la plante par
son émission de rejets.
Édrageonner rigoureusement.
[70]
Érable (Acer).
Famille des Acérinées.
276
L’écussonnage des variétés de l’Érable plane, Acer platanoides,
réussit à œil poussant avec des rameaux détachés en hiver et
conservés (fig. 32). Les variétés à feuille pourpre, de Schwedler et de
Reitenbach, forment avec le Sycomore un bourrelet plus prononcé
qu’avec l’Érable plane. Il en est de même des autres variétés : en
colonne, en boule, à feuille laciniée ou digitée, ou panachée.
L’Érable lisse, A. lævigatum, greffé sur l’Érable plane, est plus
vigoureux que franc de pied.
L’Érable de Wagner, A. Wagneri, « prend » sur l’Érable à fruit
cotonneux, A. eriocarpum.
L’Érable de Colchide tricolore se reproduit par l’écussonnage sur
son type et non sur d’autres.
Les variétés très vigoureuses d’Érable seront greffées, en plein air,
par écusson avec incision renversée (fig. 94) ; l’œil greffon sera
simple ou choisi sur des rameaux de l’année précédente (a, fig. 89).
Réunir et écimer alors les rameaux du sujet dès qu’il sera écussonné
(fig. 99).
L’onglet de l’Érable ayant le défaut de se dessécher promptement,
il faudra réserver, au début de la végétation, quelques rameaux
herbacés sur cet onglet pour y appeler la sève ; on les pincera à trois
yeux et on les supprimera quand la greffe sera suffisamment
développée.
Pour le greffage sous verre, on prend du jeune plant de Sycomore ;
on l’empote pour le greffer en fente, vers février-mars.
Les variétés d’Érables polymorphe et palmé sont greffées dans
l’aubier, de biais (fig. 67), à l’étouffée, sur le type Acer polymorphum,
que l’on multiplie par couchage et par bouture. Les Japonais les
traitent par approche en travers (p. 77) et par écusson boisé. — On
greffe surtout les plants de semis, peu intéressants, et qui s’écartent
trop de leur « mère ».
277
Au Japon, la greffe réunit sur le même sujet des variétés différant
par le coloris, par la forme ou par la disposition du feuillage.
[72]
Eucalyptus (Eucalyptus).
Famille des Myrtacées.
[73]
278
La soudure de ces divers genres exotiques sur le Myrte a été
obtenue dans les serres françaises.
Dans quelques colonies, l’Eugenia a réussi à la greffe. Cette
opération a été favorable au [87]Goyavier, Psidium, en Algérie, sous
une bâche vitrée, ou dehors, avec la claie-abri de roseaux.
[98]En Cochinchine, on a transformé, par la greffe en fente
herbacée, le Jambosier à feuille de myrte en arbrisseaux de plus
grand rapport.
Les Jambosa vulgaris et australis sont de bons sujets porte-greffe.
Il serait intéressant d’essayer le greffage du Giroflier,
Caryophyllus, arbre de cette Famille, lent à se multiplier ; on
propagerait ainsi les plants productifs que les exploitants de « clou de
girofle » remarquent aux Moluques, à la Réunion, à Sumatra, aux
Antilles, à la Guyane, etc.
[74]
Eurya (Eurya).
Famille des Ternstrœmiacées.
[76]
Févier (Gleditschia).
Famille des Légumineuses, § Césalpiniées.
279
Sujet. — Févier d’Amérique, Gleditschia triacanthos (semis).
Greffage. — En couronne (fig. 52) ; mai, — En fente (fig. 72) ;
avril. — En pied, mieux en tête.
Observations. — Choisir, pour greffon, une partie mixte, bois de
deux ans à la base, bois de l’année au sommet (fig. 52) ; lors du
greffage, on badigeonnera de mastic le rameau-greffon contre l’action
de l’air.
Il est indispensable de conserver en face de la greffe un bourgeon
ou petit rameau appelle-sève, soumis au pincement, — la tige de
Févier étant disposée à se dessécher rapidement.
En opérant fin d’avril ou courant de mai, on peut encore greffer le
Févier en fente, avec des rameaux fraîchement coupés et employés
aussitôt. Le Févier pleureur de Bujot, Gleditschia Bujoti, est plus
robuste, greffé en tête.
L’écussonnage à œil poussant du Févier est praticable. La tête du
sujet écimée au printemps produira deux ou trois rameaux destinés à
l’écussonnage. Le bourgeon-écusson est un œil renflé, pris sur rameau
de l’année précédente (a, fig. 89) ; on greffe en juillet et, trois
semaines après, la soudure étant certaine, les rameaux écussonnés
seront étêtés successivement pour forcer le développement du greffon.
L’ébourgeonnage en sera fait avec mesure.
[77]
Figuier (Ficus).
Famille des Artocarpées.
280
Observations. — Il est rare que l’on ait recours au greffage du
Figuier, étant donnée sa propagation facile par bouture et par
marcotte.
Le greffage se fait « entre deux terres » ; on tronçonne le sujet et
l’on attend, pour greffer, que le suintement du suc laiteux soit arrêté.
Le greffage sur racine détachée se fait à froid, sous cloche ou sous
châssis.
Pour utiliser tous les yeux et petits rameaux des nouveautés, nous
avons vu appliquer le greffage forcé, sous verre, au printemps.
L’écusson avec incision renversée (fig. 94) est parfois employé
dans le Midi.
En Provence, on greffe en flûte sur plant étêté, mais on place un
second anneau greffon au-dessus du premier pour préserver celui-ci
du dessèchement, et l’on couvre la plaie de mastic.
On greffe parfois le Ficus elastica, de serre froide, sur racine de
notre Figuier, F. carica. Au Tonkin, on a tenté l’opération inverse.
Louis Noisette déclare avoir obtenu des effets « très pittoresques »
par le greffage des Ficus bengalensis et nervosa sur le Ficus elastica.
[78]
Frêne (Fraxinus).
Famille des Oléacées.
281
sommités des rameaux moyens en les inoculant sous l’écorce par la
greffe de côté simple (fig. 48) ou à l’anglaise (fig. 49).
Les variétés au branchage rabougri, à rameaux fins et courts, Frêne
crépu, Fr. atrovirens, Frêne nain, Fr. nana, seront greffées à la hauteur
projetée du branchage. Les Frênes dimorphe, globe, etc., sont dans ces
conditions.
Les Frênes à rameaux retombants, dits pleureurs, variétés du Frêne
commun, Fr. excelsior, du Frêne à feuille de lentisque, Fr. parvifolia,
seront greffés en tête, pour former un parasol de branches. En les
greffant au pied du sujet, et en dressant la flèche du greffon, les
branches latérales retombantes donneront à l’arbuste un aspect
original.
Il convient de greffer en pied les variétés cultivées : 1o pour la
nuance de leur épiderme, Fr. doré, Fr. aurea, Frêne jaspé, Fr.
jaspidea ; 2o pour leur feuillage, Fr. à feuille d’Aucuba, Fr. hispida,
Frêne à feuille cucullée, Fr. cucullata ; 3o les jolies espèces de Frêne
d’Amérique, Frêne de la Nouvelle-Angleterre, Fr. novæangliæ, Frêne
à feuille de noyer, Fr. juglandifolia, Frêne de Californie, Fr.
californica ; 4o les types vigoureux, les Frênes à une feuille, Fr.
heterophylla, Fr. imbricaria, Fr. simplicifolia.
Au début de la végétation de la greffe, on ébourgeonnera
sévèrement le sujet tout en conservant, çà et là, des bourgeons foliacés
pour attirer et entretenir la sève.
Les variétés du Frêne à fleur, Fraxinus Ornus, seront greffées sur le
type, assez tôt en saison, par les procédés ci-dessus indiqués.
M. Le Vardois, amateur à Caen, a constaté que le Fr. Ornus
longiscupis est beau et vigoureux, s’il est greffé sur le Fr. excelsior,
mais étiolé et gélif lorsqu’il est franc de pied.
[79]
282
Fusain (Evonymus).
Famille des Célastrinées.
283
transporte sous verre, dans une serre ou une bâche, ou dans un coffre
sous châssis. Suivant leur taille, ils sont placés droits, inclinés ou
couchés ; ils restent ainsi à l’étouffée jusqu’à ce que la reprise de la
greffe soit complète ; alors on les aère graduellement, pour les livrer à
l’air libre avant les gelées. — En plein air, cette éducation aurait
moins d’efficacité.
Le greffage du Fusain toujours vert, sur tige à feuille persistante,
offre cet avantage que le branchage de la tête greffée conservera plus
longtemps et plus régulièrement sa verdure perpétuelle. On choisit un
type vigoureux pour sujet et l’opération se fait comme nous l’avons
dit.
Fusains à feuilles caduques. — On peut greffer le sujet avant sa
mise en pot, et employer des greffons déjà ramifiés.
Le Fusain d’Europe reçoit, en plein air, rez terre ou sur tige, le
greffage des variétés à feuille caduque, pourpre ou panachée, à feuille
étroite, à large feuille. L’écusson boisé ou plaqué, la greffe par
rameaux sous écorce (fig. 48) ou avec embase (fig. 50) nous donnent
de bons résultats.
[80]
Gainier (Cercis).
Famille des Légumineuses, § Césalpiniées.
284
Le Gainier du Canada, Cercis canadensis, utilisé comme sujet,
résistera au froid (− 30°).
[81]
Gattilier (Vitex).
Famille des Verbénacées.
[82]
285
Greffage. — En fente ou demi-fente (fig. 69 et 114) ; mars-avril. —
En pied ou sur tige.
Observations. — Prendre pour greffons des rameaux de l’année
avec un talon de deux ans.
On greffe sur le Cytise ébénier, Labumum, le Genêt multiflore
blanc, Spartocytisus albus, les Spartium, les Genista, par exemple les
G. americana, præcox, sibirica et le Genêt André, une jolie variété de
l’espèce Sarothamnus.
La réussite est plus certaine en mars, sous châssis, avec des plants à
racine nue. Les sujets seront de grosseur moyenne ; on leur
conservera un œil au sommet du tronçonnement. Au cas de hâle, on
entoure la greffe d’un écran.
Tuteurer et pincer tes jeunes pousses.
Détruire les colimaçons, ils recherchent volontiers les arbustes de
cette Famille.
[83]
Genévrier (Juniperus).
Famille des Conifères, § Cupressinées.
286
Plusieurs variétés de Genévrier, greffées, sont plus vigoureuses que
de pied franc.
[84]
Ginkgo (Ginkgo).
Famille des Conifères, § Taxinées.
[85]
Glycine (Wistaria).
Sujet. — Glycine de Chine, Wistaria sinensis (fragment de racine).
287
Famille des Légumineuses,
§ Papilionacées
.
Greffage. — En fente ou en incrustation, sur
racine (fig. 115) ; avril-mai.
Observations. — Choisir pour sujet des
morceaux de racines longs de 0m,10, et les greffer
en fente ou en incrustation. On plante les sujets
greffés sous châssis, de manière que le tronc
radiculaire soit complètement enterré ; plus tard, ils
seront livrés à l’air libre.
Le greffage au collet du plant offre les mêmes
chances avec des sujets complets.
[88]
Grenadier (Punica).
288
Sous le climat de Paris, on le greffe dans la serre, à froid, de juillet
à septembre, au moyen du placage si le sujet est en arrachis, ou de
l’incrustation s’il est élevé en pot.
On emploie le plant de semis, âgé de deux ans, du Grenadier acide,
et on a le soin de ménager un bourgeon d’appel à l’opposé de la
greffe.
[89]
Grévillea (Grevillea).
Famille des Protéacées.
[90]
Groseillier (Ribes).
Famille des Grossulariées.
289
Sujet. — Variété de l’espèce à propager. — Groseillier doré, R.
aureum (bouture ; semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; juillet. — De côté (fig. 48, 49) ;
août. — En fente (fig. 72, 110) ; septembre, en plein air. — Anglaise
simple (fig. 80, 117), janvier ; sous verre.
Observations. — Le Groseillier se multiplie si facilement par
bouture que l’on a rarement recours au greffage. Toutefois on peut,
par la greffe, utiliser un œil isolé, un rameau délicat, et même changer
la physionomie de la plante.
Greffer aussi près que possible des racines. Tel était, en 1829, l’avis
de Thory, auteur de la Monographie du Groseillier.
[fig116]
290
Fig. 116. — Groseiller à grappes, greffé sur une tige de Groseiller
palmé.
292
Dès l’année 1862, Franz Slaby recommandait le greffage des
Groseilliers à fruit comestible sur l’espèce ornementale, à fleur jaune.
Depuis, cette culture a pris une certaine extension en deçà et au delà
du Rhin. Les Groseilliers à grappes, R. rubrum (fig. 116), et à
maquereau, R. uva crispa (fig. 117), se cultivent greffés sur tige,
comme le Rosier sur tige d’Églantier.
Le sujet est fabriqué par bouture simple, par bouture herbacée, par
semis et surtout au moyen de la cépée. Le plant, en pépinière, pousse
en toute liberté ; on se borne à l’édrageonner. En février-mars, on le
recèpe et, par l’ébourgeonnement, un seul brin est conservé.
Au mois d’octobre, on l’arrache pour l’empoter, après lui avoir
retranché tous les bourgeons souterrains. Les pots sont mis en pleine
terre dehors, et bien paillés, contre l’action des gelées. En même
temps, on prépare les rameaux-greffons que l’on place à la cave ou en
terre, pour les retarder (fig. 32, p. 58).
Le mois de janvier arrivé, on rentre les Groseilliers en pot dans une
serre chauffée à + 8° ou + 12°. Le greffage, sera pratiqué en février, à
l’anglaise simple (C, fig. 117), à cheval (fig. 87) ou en incrustation
(fig. 60). Ligaturer et engluer à froid.
L’étouffée s’obtient par une cloche ou par un châssis fermé sur la
bâche de la serre.
Les sujets plus gros pourraient être greffés sur branches latérales ;
on conserverait des yeux au sommet pour tirer la sève de l’arbuste.
Ainsi la tige (A, fig. 117), bifurquée, recevra les greffons (E, E) à
l’opposé d’un œil sur chaque branche.
Le sujet (B) est une tige ou une branche du Groseillier doré
supportant le greffon (R) du Groseillier à grappes, avec œil d’appel.
Quand les bourgeons de la greffe se développent, on transporte les
plantes sous châssis ou en serre froide ; elles y séjourneront jusqu’en
mai, époque de leur mise en pleine terre.
[93]
293
Hêtre (Fagus).
Famille des Cupulifères.
[94]
Houx (Ilex).
Famille des Ilicinées.
294
Greffage. — En écusson (fig. 91) ; mai, août. — Dans l’aubier, en
fente oblique (fig. 67) ; juillet. — En placage (fig. 55), et à l’anglaise
(fig. 56). Anglaise simple (fig. 80) ; sous verre ; août-septembre et
mars-avril. — En pied ou sur tige.
Observations. — L’écussonnage se fait en plein air : à œil poussant,
en mai ; à œil dormant, en août. On retranche sur son pétiole la feuille
qui accompagne l’œil-greffon.
Dans les pépinières de Boskoop, en Hollande, l’écusson de cet
arbre étant posé en août reste dormant pendant vingt mois. On étête le
sujet au mois d’avril de la seconde année qui suit le greffage, et sans
laisser d’onglet ; mais on tuteure de suite, et le bourgeon écussonné se
développe plus vigoureusement que s’il eût été « forcé à la pousse »
l’année précédente.
Les greffes d’automne se font sous cloche, dans la serre, ou sous
châssis froid ; on laisse les feuilles au greffon (fig. 67). Le sujet ainsi
travaillé en août-septembre reste environ trois mois à l’étouffée pour
la reprise de la greffe.
L’opération réussit parfaitement lorsque le sujet est mis en pot au
moment du greffage.
Pour la greffe en fente, on choisit un rameau âgé de deux ou trois
ans. Les yeux se développent tard, parfois en juillet, mais avec
vigueur.
[95]
Idésia (Idesia).
Famille des Bixacées.
295
Observations. — Sur l’Idésia, arbre dioïque, la greffe facilite la
production du fruit. En transportant une branche de l’espèce mâle sur
l’arbre femelle, la fructification des grappes florales s’imposera, après
fécondation, bien entendu.
[96]
[97]
Indigotier (Indigofera).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.
296
Greffage. — En fente (fig. 110). En incrustation (fig. 115) ; mars,
sous verre.
Observations. — On applique le greffage à l’Indigotier blanc
élégant, Indigofera decora alba ; l’opération se fait à l’étouffée.
On pratique la greffe sur le collet du plant, en arrachis ou en pot, et
sur racine.
[99]
Jasmin (Jasminum).
Famille des Jasminées.
297
les sujets ont repris leur végétation et peuvent être livrés au commerce
ou à la pleine terre.
Sous ce climat, favorable au Jasmin, on pratique encore
l’écussonnage, soit à œil poussant, en mai-juin, soit à œil dormant, en
août, à 0m,05 de terre.
[102]
[103]
Libocèdre (Libocedrus).
Famille des Conifères, § Cupressinées.
298
Greffage. — En placage (fig. 113). En fente oblique dans l’aubier
(fig. 67) ; août et février, sous verre.
Observations. — Le greffage sous verre a lieu avec les soins
indiqués pour les Conifères, pages 60 et suivantes.
Il arrive fréquemment en France que le Libocèdre greffé est plus
vigoureux qu’à l’état de semis ; le L. chilensis et le L. decurrens
(vulg. Thuia gigantesque, Carr.), greffés sur Biota, en fournissent la
preuve.
[104]
Lierre (Hedera).
Famille des Araliacées.
299
le bouturage, des arbrisseaux grimpants ; greffés, ils restent chétifs
avec des rameaux traînants.
[fig118]
[105]
300
Lilas (Syringa).
Famille des Oléacées.
301
au collet, en plein air ou sous verre. Ils se soudent encore avec le
Troène.
On peut les élever, ainsi que les Lilas à bois fin, sur tige de Troène
de Californie, Ligustrum ovalifolium, ou de Troène de Chine, L. Ibota,
par la demi-fente ou le placage, — dans les localités où ces espèces de
Troène ne gèlent pas.
[107]
302
armée d’occupation, créateur de pépinières d’études et de
propagandes, à Hanoï.
[108]
Maclure (Maclura).
Famille des Morées.
[109]
Magnolier (Magnolia).
Famille des Manoliacées.
303
Observations. — Le greffage de côté avec rameau pénétrant
l’aubier (fig. 65), au collet du sujet non étêté, se pratique en juillet et
en août. Le plant greffé étant placé sous double châssis, la soudure
sera complète un mois après. Le placage se fait dans les mêmes
conditions.
La greffe par approche, plus lente à la reprise, est appliquée sur de
forts sujets. Le sevrage ne sera commencé qu’au printemps suivant,
pour être achevé graduellement avant l’hiver.
Les Magnolia grandiflora et variétés à feuille persistante
réussissent également sur le Magnolier pourpre, M. discolor, à feuille
caduque.
Aux États-Unis, on écussonne les variétés du Magnolier sur le M.
acuminé, de Pensylvanie
Sur les bords de la Loire, on greffe ce bel arbre en fente herbacée,
au mois de juin, sous cloche en serre, à froid, avec quinze jours
d’étouffée.
Dans le Midi, on écussonne les Magnoliers toujours verts sur le M.
grandiflora. — À Nantes, l’écusson est pris sur rameau de deux ans.
[111]
Mangoustan (Garcinia).
Famille des Clusiacées.
304
En Cochinchine, nos compatriotes Godefroy et Daveau ont essayé
avec succès la greffe en approche. De jeunes plants du Mangoustan de
Roxburg, mis en pot ou en panier, ont été accrochés dans un arbre
d’un produit avantageux et, après la saison des pluies, on pratiqua le
greffage en approche. Deux mois après, sevrage de la greffe, puis
tuteurage, ébourgeonnement et mise en place.
[113]Le Mammea, dit « Abricotier des Antilles ou de Saint-
Domingue », que l’on cultive par semis, pourrait être reproduit dans
ses variétés les plus fécondes par le greffage sous verre, sur jeunes
semis du type ou infertiles, ou par la greffe en approche à l’air libre de
jeunes plants élevés en bourriche ou en noix de Cocotier.
[112]
Manguier (Mangifera).
Famille des Térébinthacées.
[114]
306
Marronnier (Æsculus). — Pavia.
Famille des Hippocastanées.
307
Les Pavias à épi et de Californie sont cultivés de pied franc.
[115]
Mélaleuque (Melaleuca).
Famille des Myrtacées.
[116]
Mélèze (Larix).
Famille des Conifères, § Abiélinées.
308
Le Mélèze pleureur se greffe facilement en approche à haute tige
(fig. 37, 42, 47).
Le Mélèze de Griffith peut être greffé, par approche en tête (fig.
42), sur le Mélèze d’Europe.
Un horticulteur belge, Van Herzeele, propage le Mélèze de
Kæmpfer, Pseudo-Larix Kæmpferi, en le greffant sur ses propres
racines. Au commencement de mars, il choisit des bouts de racine
ayant la grosseur d’un crayon sur une longueur de 0m,10 ; il greffe en
fente et place les plants greffés sous cloche ou sous châssis, à une
température de + 15 à 18°.
[117]
[119]
Micocoulier (Celtis).
Famille des Celtidées.
309
Sujet. — Micocoulier de Virginie, Celtis occidentalis (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 94) ; août. — En incrustation (fig.
60). En fente (fig. 69,72) ; avril. — En pied, et quelquefois sur tige.
Observations. — Choisir du jeune plant pour l’écussonnage.
Si l’on greffe en fente, en incrustation ou à l’anglaise, il convient
de couper le rameau sur l’étalon au moment du greffage, en évitant
d’employer les fragments fatigués par l’hiver. Il serait alors prudent
de couper les greffons avant les froids et de les conserver à l’abri,
enterrés dans le sable sec (fig. 32, p. 58).
Sous une latitude tempérée, le Micocoulier de Provence, C.
australis, est employé comme sujet.
[120]
Millepertuis (Hypericum).
Famille des Hypéricinées.
[121]
310
Morelle (Solanum).
Famille des Solanées.
[122]
Mûrier (Morus).
Famille des Morées.
311
sol. Pour le greffage en tête, on a encore la greffe en flûte (fig. 100 et
101).
Les pépiniéristes méridionaux, qui redoutent l’insuccès de la greffe
du Mûrier, opèrent de telle sorte qu’ils obtiennent des carrés complets
de cette essence. Ils repiquent le jeune semis qu’ils soumettent
ensuite, en septembre, au greffage à œil dormant. Au commencement
de l’année suivante, en mars, avril ou mai, les greffes qui n’ont pas
réussi sont recommencées, en flûte (fig. 100 et 101) ; enfin, les sujets
qui pourraient encore manquer seront recourus en mai-juin, par
l’écussonnage à œil poussant, avec des rameaux conservés et retardés.
L’étêtage graduel du sujet est appliqué de suite (fig. 102, p. 190).
À l’automne, les plants repris à la greffe sont arrachés et replantés
en pépinière pour constituer des carrés homogènes.
Le greffage par rameau est pratiqué dans le Nord sur de jeunes
plants en arrachis ; aussitôt greffés, on les porte dans une bâche à
l’étouffée.
[123]
Myrte (Myrtus).
Famille des Myrtacées.
312
[126]
Nandina (Nandina)
Famille des Berbéridées.
[125]
Néflier (Mespilus).
Famille des Pomacées.
313
Éviter un onglet trop long lors de l’étêtage des sujets écussonnés.
Forcer le développement des yeux greffés par un ébourgeonnement
sévère, au début de la végétation.
Tuteurer constamment le jeune arbre.
On peut greffer le Néflier commun, M. germanica, et ses variétés,
sur des tiges hautes et droites du Sorbier des oiseleurs, Sorbus
aucuparia, ou du Néflier de Smith, Mespilus Smithii.
Le greffage sur Néflier franc des bois, sur Azerolier, sur
Cognassier, a moins d’avenir qu’avec l’Aubépine.
En Lorraine, on rencontre de beaux arbres de Néflier greffés sur
Poirier franc.
À Cherchell (Algérie), on n’hésite pas à greffer le Néflier sur le
Cognassier.
Depuis 1890, nous obtenons de beaux résultats, bien réguliers, avec
le greffage en pied du Néflier à fruit comestible sur l’Épine Ergot-de-
Coq, jeune plant de semis.
[126]
Négondo (Negundo).
Famille des Acérinées.
314
feuilles. Les rameaux à feuillage périssent, une fois greffés, et
entraînent la perte de l’arbre complètement décoloré.
De jeunes sujets sont préférables pour le greffage. Quand il s’agit
d’obtenir des buissons de Négondo panaché, on plante en pépinière
des plants plutôt faibles, assez rapprochés, et on les écussonne dès la
première année.
À Orléans, à Angers, on écussonne de bonne heure le Négondo,
tandis qu’à Vitry et à Metz, on attend que la sève soit calmée. À
Troyes, nous avons réussi aux deux époques, mais mieux en première
saison.
Des rameaux portant des yeux de l’année précédente (fig. 89), sont
utilisables.
Le bourgeon d’appel est nécessaire pour entretenir la vie dans
l’onglet de la greffe.
[127]
Nerium (Nerium).
Famille des Apocynées.
315
Le sujet raciné s’obtient par le bouturage de rameaux aoûtés, en
avril ou mai, à l’étouffée sous cloche, et en pleine terre au midi. Au
mois de juillet, on empote le plant et on le laisse sous châssis froid,
pour le greffer en février-mars ou en septembre-octobre, sous double
verre.
Dans la région méridionale, le greffage se fait en plein air, mais la
multiplication par bouture y est encore plus fréquente.
La greffe anglaise, en mai, rapproche des parties herbacées.
Ligature de laine, mastic froid et cornet écran. La plante est portée à
l’ombre ; environ douze jours après, elle est ramenée au soleil, la
soudure étant complète.
[128]
Noisetier (Corylus).
Famille des Cupulifères.
316
greffe en fente, au mois de juillet, un rameau d’une contexture
également semi-herbacée.
Le Noisetier de Byzance, C. Colurna, vigoureux et robuste au
froid, convient au rôle de porte-greffe, pour les grands arbres à tige.
[129]
Noyer (Juglans).
Famille des Juglandées.
317
Notre collègue Treyve, de Trévoux, propage le Noyer de la manière
suivante :
Dans la seconde quinzaine de janvier, il arrache des plants de
Noyer âgés d’un an et les met en jauge, peu serrés, dans du sable.
Les greffons sont coupés en mars et placés à l’ombre, dans le sable,
pour être retardés. Du 15 au 30 mars, il retire les plants de la jauge,
les coupe un peu au-dessous du collet des racines et greffe sur ce
tronçon, soit en demi-fente (fig. 110) si le sujet est gros, soit en
incrustation (fig. 59) ou à l’anglaise à cheval (fig. 87), s’il est petit.
Ligaturé et mastiqué, le plant greffé est mis en godet rempli d’un
compost, terreau et sable ; on le place aussitôt sous cloche ou sous
châssis, à l’étouffée. Essuyer souvent la buée et chauffer à + 10 ou
15° si la température extérieure est plus basse. L’âge du sujet et le
repos préalable du greffon sont des conditions de succès.
Noyers d’ornement. — Le Noyer à feuille laciniée se greffe en
fente, au mois d’août, sous cloche, sur des sujets mis en pot, et avec
de jeunes rameaux munis de l’œil terminal.
Les variétés de Noyers d’Amérique seront greffées en bifurcation
sur leur type, J. nigra.
Les Noyers de Mandchourie vivent sur le Noyer noir (en
bifurcation, fig. 78).
Nous avons réussi le greffage en bifurcation du Noyer à fruit
comestible, J. regia, sur tige de Noyer noir, J. nigra, espérant
bénéficier de la valeur industrielle de la tige et de la production
alimentaire de la tête. D’ailleurs, le Noyer américain résiste aux
hivers rigoureux.
[130]
Olivier (Olea).
Famille des Oléacées.
318
Sujet. — Olivier commun, Olea europæa (cépée ; semis).
Greffage. — En fente (fig. 72) ; mars. — En couronne (fig. 52) ;
avril. — En écusson (fig. 91) ; de mai à septembre. — Par rameau
sous-écorce (fig. 48, 49) ; mai. — En pied ou sur tige.
Observations. — Dans le midi de la France, on reproduit
généralement le plant d’Olivier par cépée (fig. 17) en plein champ, ou
sur couche en pépinière ; le sujet est plutôt greffable que le plant de
semis. Les jeunes Oliviers sauvages sont écussonnés à œil poussant,
en avril-mai, sur leurs branches latérales. Quand l’arbre est vieux, on
emploie la greffe en couronne, rez terre et buttée ; le greffon ramifié
est admis. Duclaux, à Draguignan, ligature avec des bandes d’écorce
de Mûrier, passées à l’eau bouillante.
Jacques Audibert, à la Crau d’Hyères, multiplie les variétés
d’Olivier : 1o par la greffe en fente, au mois d’avril, en plein air ou
sous verre ; 2o par l’inoculation de rameaux-greffons sous écorce (fig.
48), à œil poussant, au mois de mai. Nous en avons constaté les bons
résultats dans ses cultures.
Félix Sahut, à Montpellier, pratique l’écusson en placage avec
lanière, en mai, pour restaurer les gros Oliviers ; on facilite la soudure
par une incision au-dessus de l’écusson.
De jeunes drageons issus d’une vieille souche recepée, greffés sur
place, en mai, entrent en végétation à la fin de l’été ; étêtés au
printemps suivant, ils sont plantables à l’automne.
L’Olivier se perpétue sur le même tronc par le greffage de ses
propres rejets.
Les espèces à feuilles persistantes, Olea fragans ilicifolia, etc.,
appartiennent désormais au genre Osmanthe (Voir p. 317).
[131]
319
Oranger (Citrus).
Famille des Aurantiacées.
320
sève dans cette contrée de l’Espagne justement renommée pour ses
belles orangeraies. [fig119] En Italie, on
applique parfois l’écussonnage avec
incision renversée (fig. 94).
À Nice, on greffe en couronne les gros
Orangers, avec insertion de plusieurs
greffons.
Les jardiniers japonais et chinois utilisent
comme sujet les Kara-tatsi ou Kum-Quat,
nos rustiques Citrus japonica ou trifoliata.
Greffage sous verre. — Les
« orangistes » parisiens ramassent les
pépins de citron aux halles et les sèment par
potées. À deux ans, les plus beaux plants,
de la grosseur d’un crayon, seront greffés ;
les autres seront coupés en pied et détruits ;
au lieu de les repiquer, on préfère semer à Fig. 119. — Greffe en
nouveau et greffer sur plant vif. incrustation de l’Oranger.
On laisse dix à douze sujets par potée de
m
0 ,16 et on les greffe en septembre, par demi-fente (fig. 114) ou
incrustation (fig. 119). On conserve un œil sur le dos du greffon ; les
feuilles sont laissées entières ou à peu près.
Ainsi le sujet (A, fig. 119) tronçonné avec œil d’appel (a), reçoit en
C le greffon (B) taillé en biseau triangulaire (c) ; les feuilles sont
écimées, sauf les petites (b), conservées intactes.
Les potées ainsi greffées passent l’hiver sous châssis, sur couche
chaude. Après l’hiver, on isolera les sujets greffés, un par pot, et
l’année suivante, on aura déjà des plantes de commerce.
[132]
321
Orme (Ulmus).
Famille des Ulmacées.
[133]
Osmanthe (Osmanthus).
Famille des Oléacées.
322
Observations. — L’Osmanthe se prête difficilement au bouturage et
prend bien à la greffe.
Le sujet est un plant de Troène en arrachis ; son greffage rez terre
est indispensable. Aussitôt opéré, le plant est mis en pot et sous verre,
à l’étouffée, jusqu’à parfaite soudure.
La greffe en placage conserve, au sujet, un bourgeon d’appel
précieux pour l’avenir d’un plant mis en pot à la dernière heure.
À Ussy, M. Levavasseur emploie comme sujet le Troène à feuille
ovale, L. ovalifolium. Le plant, en godet, est greffé en placage au
printemps — ou encore à l’automne — et aussitôt déposé sous cloche,
en serre froide ou sous châssis.
[135]
Passiflore (Passiflora).
Famille des Passiflorées.
[137]
323
Pêcher (Persica).
Famille des Amygdalées.
324
La ligature est enlevée à l’automne, avant la chute des feuilles ; si
elle a « étranglé » le sujet, on étête cime et branches de celui-ci.
Greffage du Pêcher sur Amandier. — L’Amandier à coque dure
avec amande douce, A. dulcis, est le sujet favori du Pêcher.
En pépinière, le plant d’Amandier est le produit d’amandes semées
à l’automne, ou stratifiées en hiver et semées au printemps. On
écussonne le plant dès la première année de pousse, et on l’écime (fig.
99, p. 181) avant la chute des feuilles.
Le semis de l’amande germée, en rigole à fond plat, forçant la
racine à se couder à sa naissance, on place l’amande dans un sens tel
que le coude rejette les racines vers le nord, et du côté même où
l’écusson sera posé. Cette combinaison donnera des Pêchers disposés
à la plantation contre un mur, les racines en avant, l’onglet au revers.
L’étêtage des sujets écussonnés se fait après l’hiver, en mars. Les
sujets où la greffe a manqué sont recepés pour être écussonnés à
nouveau, au mois d’août suivant. On pourrait même éviter de les
receper, pour les écussonner à œil poussant, en avril-mai, avec des
rameaux conservés et retardés (fig. 32). Quelquefois, on laisse le
sauvageon monter à tige, on le greffera en tête.
Greffage du Pêcher sur Prunier. — Le Prunier qui convient à la
greffe du Pêcher est le Damas noir, P. Damascena (semis), ou tout
autre d’une adaptation reconnue, comme le Damas noir d’Orléans ;
on écussonne en juillet-août.
Dans le Sud-Ouest, on greffe le Pêcher et non le Brugnon sur le
Prunier Damas de Toulouse.
À Metz, on emploie un Damas noir hâtif qui se propage par cépée
et par bouture de racine.
Sur Prunier Myrobolan, P. Myrobolana, le Pêcher n’a pas d’avenir.
Le surgreffage par le Damas noir ou toute autre variété sympathique
au Pêcher devient alors nécessaire.
325
Quand les pépinières possèdent une espèce sauvage ou cultivée de
Prunier sympathique au Pêcher, elle est employée au rôle
d’intermédiaire. On la greffe rez terre sur le plant de Prunier, quelle
qu’en soit la race ; puis, au mois d’août de sa première végétation, si
la tige est assez forte, on y écussonne, à 0m,10 au-dessus de la greffe,
un œil de Pêcher. Au cas d’incertitude, les chances de réussite seraient
doublées par l’inoculation d’un œil d’Abricotier ou de Prunier, au-
dessus ou en face de l’écusson du Pêcher. Lorsque, plus tard, les
nouveaux jets auront atteint 0m,15, la greffe supplémentaire sera
pincée et plus tard supprimée, lors de la coupe de l’onglet ; seul, le
Pêcher restera.
Quelques variétés de Pêchers : Alexander, Alexis Lepère, Reine des
Vergers, Bourdine, ont réussi, par écusson, sur le Prunellier, Pr.
spinosa, jeune plant bien en sève, recepé l’année précédente.
Pêcher greffé sur franc. — Le Pêcher franc est le produit d’un
semis de noyaux de pêches. Le cultivateur a tout avantage à semer des
types robustes qui se reproduisent avec leurs bonnes qualités
fructifères, sinon sympathiques à la greffe qui viendra les transformer
en bonnes espèces de plein vent.
Le semis et le greffage se pratiquent comme nous l’avons dit au
Pêcher sur Amandier.
Cette culture est spéciale à la zone sud du vignoble. L’arbre
acquiert plus de durée par le semis sur place et par l’écussonnage à la
première ou à la seconde année de végétation.
Le Pêcher franc, comme sujet de greffage, ne réussit pas partout, et
encore moins dans les contrées plus septentrionales. Les Pêchers
Alexander, Grosse Mignonne, Reine des Vergers, et quelques autres,
prennent bien sur le Pêcher franc.
Pêcher à tige. — Le Pêcher sur tige est greffé plus généralement à
la hauteur de la couronne, sur Amandier ou sur Prunier.
326
Les Anglais se servent des Pruniers Muscle et Brompton obtenus
par bouture ou par cépée, et les élèvent à tige pour les greffer en
Pêcher.
Le Prunier Pêche se prête au greffage du Pêcher et devient précieux
au rôle d’intermédiaire, dans les cas de surgreffage.
Greffe du Pêcher par rameau. — La greffe par rameau du Pêcher
se fait en serre pour la multiplication de variétés rares, avec des
greffons hivernés. En plein air, on pourrait essayer la greffe de
rameaux de Prunier écussonnés une année à l’avance (fig. 98, p. 178)
avec des yeux de Pêcher.
La greffe en placage à l’anglaise (fig. 56) réussit au Pêcher, au
printemps, à œil poussant.
Le Pêcher Reine des Vergers est un de ceux qui réussissent le mieux
en fente.
Recouvrir la greffe d’un capuchon-écran.
Greffage pour la culture forcée. — Pour la culture forcée d’arbres
en pots, on est satisfait en Belgique, du greffage sur Pêcher franc, le
sujet semé et greffé en pot. En Angleterre, Rivers emploie suivant les
affinités, les Pruniers Pershore et de Saint-Julien, plants de semis.
Greffé sur Prunier Mirabelle, le Pêcher en pot reste nain, mais la
chute précoce des feuilles du sujet empêche la formation de ses yeux
à fleurs.
On préfère le Damas noir, petit sujet en pot de 0m10, greffé en
janvier sous châssis et sur couche, dans la serre.
Pêchers d’ornement. — Les Pêchers d’ornement se propagent de la
même façon que les autres.
[138]
327
Peuplier (Populus).
Famille des Salicinées.
[139]
Photinia (Photinia).
Famille des Pomacées.
328
Sujet. — Cognassier ordinaire, Cydonia vulgaris. — Cognassier
d’Angers, C. macrocarpa (bouture avec talon ; marcotte par cépée).
Greffage. — Écussonnage (fig. 91) ; août. — En fente, à l’air libre
(fig. 114) ; avril. — En placage (fig. 55) ; février ou septembre, sous
verre. — En pied.
Observations. — En opérant à l’air libre, on doit supprimer les
feuilles au greffon, œil ou rameau. On les conserve entières, ou
coupées à moitié, pour le greffage en serre ; ici, la soudure
s’accomplira en cinq ou six semaines.
Forcer l’ébourgeonnage en plein air ; pincer les jeunes greffes à
m
0 ,30 pour les faire ramifier.
Pour le greffage en fente à l’air libre, on emploiera des rameaux de
deux ans.
Avec l’écussonnage, on utilisera même les yeux peu apparents ; ils
se développeront sous l’influence d’un ébourgeonnement sévère.
[140]
329
Le Troène commun convient dans les sols calcaires au rôle de sujet.
[141]
Phylloclade (Phyllocladus).
Famille des Conifères, § Taxinées.
[142]
330
Le Lachnéa, Lachnæa purpurea, réussit au greffage sur le Pimelea
drupacea.
[143]
Pin (Pinus).
Famille des Conifères, § Abiélinées Pinées.
331
Les Pins à trois feuilles, P. Coulteri, insignis, ponderosa, radiata,
Sabiniana, tuberculata, etc., réussissent au greffage sur P. sylvestris et
nigra, à deux feuilles ; les espèces de la tribu Pseudo-Strobus sont
dans les mêmes conditions.
L’exemple d’arbres greffés plus vigoureux que leurs similaires de
pied franc se rencontre avec les Pinus Gerardiana et rigida. Cette
dernière espèce fournit le bois si recherché, dit pitchpin. Par la greffe,
il sera facile de convertir sur place en Pin rigide certaines plantations
forestières de Pin sylvestre ou de Pin noir d’Autriche.
[144]
Pistachier (Pistacia).
Famille des Térébinthacées.
332
abondante, on a recours à l’écusson renversé (fig. 94) ou à la greffe en
flûte, vers la fin de l’été.
La greffe en flûte (fig. 100 et 101) rapprochera les deux parties,
dans un état de sève analogue, au printemps ou en plein été, après les
pluies.
En mars, on greffe en fente les gros sujets. Un mois plus tard, la
greffe en couronne introduira dans les pistacheraies l’élément sexuel
qui s’y trouverait insuffisamment représenté.
Par semis, le Pistachier cultivé « du Levant » donne 10 p. 100 de
plants mâles. Le greffage du type femelle rendra la plantation plus
féconde.
[145]
Pittospore (Pittosporum).
Famille des Pittosporées.
[146]
333
[fig120]
[147]
Planéra (Planera).
Famille des Ulmacées.
[148]
Plaqueminier (Diospyros).
Famille des Ébénacées.
335
Sujet. — Plaqueminier de Virginie, Diospyros virginiana. — Pl.
d’Italie, D. lotus (semis).
Greffage. — En fente (fig. 110). Dans l’aubier (fig. 62) ; avril. —
Par rameau sous écorce (fig. 48). En couronne (fig. 52) ; mai. — En
écusson (fig. 94) ; août. — En pied ou sur tige.
Observations. — Les procédés de greffage indiqués sont pour le
plein air ; mais on peut avoir recours à la multiplication en serre, et
sous bâche, pour les greffes par rameau.
Dans la région sud, le Plaqueminier d’Italie est le meilleur sujet
porte-greffe ; il se prête aux greffages en fente ou dans l’aubier, en
mars, et à l’écussonnage à œil poussant, en mai-juin, ou à œil
dormant, en septembre. Les horticulteurs adoptent la greffe en fente
buttée (fig. 174), qui leur offre plus de sécurité. Le sujet pourrait être
un tronçon de racine centrale.
Dans leurs pépinières du Gard, MM. Fabre ont constaté une
certaine antipathie entre le Plaqueminier d’Italie et les variétés
japonaises D. Toyama et Tsouroumarou ; alors on choisit l’espèce
américaine pour sujet.
Le Plaqueminier de Virginie se greffe moins jeune que le précédent,
et fournit des arbres plus solides ; il accepte le greffage en couronne, à
l’automne et surtout au printemps.
Au Japon et en Amérique, on emploie souvent comme sujet le
semis des variétés cultivées ; ce sont ici des Persimonn indigènes, là
des Kaki sauvages. C’est un greffage sur franc.
Les planteurs cingalais sèment la graine en décembre et
écussonnent le plant en pépinière fin été, ou le greffent sur place, par
incrustation, au printemps de l’année suivante.
[149]
336
Platane (Platanus).
Famille des Térébinthacées.
[150]
Podocarpe (Podocarpus).
Famille des Conifères, § Podocarpées.
337
Nous avons remarqué chez Charles Van Geert à Anvers, le P.
Blumei greffé en placage sur le P. neriifolia, et les horticulteurs de
Tokio nous ont fait voir, au Trocadéro, parmi leurs arbustes nanisés,
de gros Podocarpes greffés par placage en tête (fig. 57), avec plusieurs
greffons de variétés à feuilles lisses ou panachées.
[151]
Poirier (Pirus).
Famille des Pomacées.
338
Lorsqu’il s’agit d’obtenir sur un sujet délicat ou rabougri une tige
de variété lente à monter, par exemple Beurré Gambier, Beurré Henri
de Courcelle, Grand-Soleil, Bonneserre, de Saint-Denis, Madame Lyé
Baltet, Prévost, Seckel, etc., on aura recours à l’intermédiaire d’une
variété rustique et vigoureuse. Greffée au pied du sauvageon, elle
s’élève à tige ; après deux années de végétation, au minimum, on la
greffera en tête avec la variété définitive. La nouvelle tige sujet ne
doit pas être opérée trop jeune ni trop faible, et il convient de la
choisir d’une espèce rustique, élancée, peu branchue.
Les pépiniéristes ont leurs variétés favorites à cet usage ; les uns
adoptent Jaminette, Beurré d’Angleterre ; d’autres, Louise-bonne
d’Avranches, Beurré Hardy ; les belges, Mme Élisa. À Metz, le Poirier
à cidre, Eisgrüber Mostbirne a les préférences ; il s’est montré assez
résistant au froid, comme Urbaniste et Beurré Hardy, à fruit de table.
Le Beurré Baltet père, plus résistant encore, est lent à s’élever. Enfin,
quelques horticulteurs ont l’Égrin Couturier, l’Égrin de Bollwiller,
l’Égrin Leroy, Prolifique de l’Ouest, du Vigan, etc., pour le
surgreffage à haute tige.
Une méthode analogue est indispensable pour amener à haute futaie
les Poiriers dont l’écorce est fendillée à l’état naturel, comme Beurré
de Jonghe, Colmar de Mars, Délices de Charles, Doyenné Bizet,
Tardive d’Anvers, Van Mons, et même Fondante du Panisel et Bonne
d’Ézée.
Greffage sur Cognassier. — Le Cognassier n’ayant pas avec le
Poirier une liaison toujours sans reproches, on aura soin de faciliter
cette union par le choix de plants de bonne race, et par l’inoculation
de bourgeons munis d’une assez longue plaque d’écorce purgée
d’aubier.
Les horticulteurs ont adopté divers types ou formes du Cognassier
qui portent le nom de Cognassier de Vitry, C. d’Angers, C. de Doué,
C. de Fontenay, du pays où ils sont propagés par cépée et vendus sur
le marché.
339
Le Cognassier doit être un jeune plant ; il sera écussonné en pied,
assez près du sol.
Une méthode traditionnelle d’Orléans consiste à receper le
Cognassier en le plantant et, l’année suivante, à greffer le plus beau
scion qui se développe ; les autres pousses sont enlevées après une
année de végétation pour être bouturées, en nourrice, et fournir de
nouveaux sujets.
À Troyes, on étête le plant à 0m,30, lors de la plantation, pour
l’écussonner au mois d’août suivant. En préparant à l’avance, juste la
place pour loger l’écusson, le sujet ne s’affaiblit pas, et l’on réserve
ainsi des rameaux-boutures pour la multiplication prochaine.
Le bourgeon-écusson du Poirier se soude mal au sujet trop gros ou
trop vieux de Cognassier.
Il conviendra de remédier à la non-réussite de la greffe, en vérifiant
quinze jours après la première opération et en écussonnant à nouveau
les sujets manqués, soit sur le tronc, soit au talon d’un rameau de la
base. Dans un champ de Poiriers compliqué de variétés nombreuses,
on peut greffer en second lieu des sortes à bois panaché, des Photinias
ou des Bibaciers toujours verts, dont l’aspect tranche suffisamment.
L’étêtage du sujet se fait après l’hiver. Si la greffe a manqué, on
recèpe le sujet pour recommencer l’année suivante, ou bien on le
dresse pour former un Cognassier ordinaire. Plus d’une fois, nous
avons regreffé, au printemps, les Cognassiers manques à
l’écussonnage, au moyen de la greffe de côté sous écorce (fig. 48), à
œil poussant. Le greffon est un rameau conservé au nord ou dans la
glacière ; nous l’insérons sur le sujet, en avril ou mai, à la montée de
la sève.
Aujourd’hui, la culture à la charrue étant admise à l’exploitation
horticole, on aura la précaution d’écussonner les Cognassiers dans le
sens des rangs afin d’éviter, pour l’année suivante, le choc de
l’instrument de labour sur le dos des jeunes scions, ce qui pourrait les
décoller.
340
Palisser sévèrement la greffe sur Cognassier et désongletter avec
précaution, avant la chute des feuilles, assez tôt en saison.
Certaines variétés de Poiriers vivent mal avec le Cognassier, on les
écussonne alors sur jeune plant ; quand le sujet est plus âgé, on
pratique le greffage par rameau.
Enfin, celles qui semblent plus hostiles au Cognassier, comme
Alexandrine Mas, Beurré d’Apremont, Broompark, Délices de
Lowenjoul, Doyenné de juillet, Doyenné de Montjean, Grand-Soleil,
Madame Chaudy, Marguerite Marillat, seront obtenues par le moyen
d’un auxiliaire rustique, qui s’adapte directement au Cognassier :
Beurré Hardy, Curé, Jaminette, à bourrelet peu saillant. Dès l’année
suivante, on surgreffera l’intermédiaire avec la variété rebelle.
On a souvent recours au surgreffage pour obtenir des Poiriers sur
Cognassier en haute tige. Les variétés vigoureuses, à tige droite et
saine, telles que Beurré Hardy, Jaminette, Bergamote Sageret,
greffées rez terre, s’élèvent naturellement à tige et deviennent
l’intermédiaire ou l’entregreffe, parce qu’elles recevront à la hauteur
voulue pour le branchage, la greffe des variétés délicates.
À l’École nationale d’horticulture de Versailles, le directeur
Auguste Hardy obtint de beaux fruits de Doyenné d’hiver et de
Beurré d’Hardenpont en plantant des Poiriers Curé (b, fig. 121)
greffés sur Cognassier (a), et en leur appliquant, la seconde année,
trois écussons, Doyenné d’hiver ou Beurré d’Hardenpont. Les jeunes
pousses (c) commencent l’ossature de la palmette, et la flèche (d) la
continue.
Dans tous les cas de surgreffage, les greffes ainsi superposées
doivent conserver de l’une à l’autre un certain parcours libre de la
sève, qui ne soit pas obstrué brusquement coup sur coup, par des
bourrelets trop rapprochés.
[fig121]
341
Fig. 121. — Surgreffage du Poirier sur Cognassier.
342
Les Épines Petit-corail, de Carrière, à fruit cocciné, etc., ont donné,
dans nos cultures, de sérieuses espérances. Nous continuons nos
essais.
On peut encore greffer le Poirier sur le Sorbier, sur les Pommiers
franc et doucin ; mais son existence et sa fructification y laissent à
désirer.
Poiriers d’ornement. — Les Poiriers d’ornement se greffent
comme les autres variétés, plutôt sur franc. Quelques espèces
délicates ou à rameaux retombants seront greffées en tête de
sauvageons vigoureux.
Notre région Sud fournit les Poiriers à feuille d’amandier ou de
saule, sur lesquels prennent certaines espèces d’origine africaine ou
asiatique.
Les Poiriers de race japonaise se soudent mal au Cognassier.
[151]
Pommier (Malus).
Famille des Pomacées.
343
Lorsqu’on traite de forts sauvageons en pépinière, dans une
situation fraîche ou ombragée, il est prudent de les déplanter et de les
replanter, une année ou deux avant de les greffer. Sans cette
précaution, il y aurait à craindre que le refoulement de sève ne vînt
occasionner des désordres et provoquer des chancres sur la tige.
Dans les pays à pommes, on greffe l’arbre en tête, sur sauvageon
planté à demeure depuis deux ou trois ans, assez fort et bien repris.
Pour les fruits de table, les horticulteurs possèdent des types
vigoureux sur lesquels ils entent les variétés qui s’élèvent trop
lentement, telles que : Api, Azeroly, Borowitsky, de Jaune, de Lait,
Éternelle d’Allen, Fenouillet, Hawthornden, Jacquin, Reinette
ananas, Reinette brodée, Reinette des Carmes, Reinette musquée,
Reinette plate de Champagne, Transparente de Zurich, Wagener.
Les Rambour d’hiver et Transparente de Croncels conviennent au
rôle d’intermédiaire pour le surgreffage des variétés délicates. On
rencontre des types locaux adoptés à cet usage, comme la Reinette
Abry, à Montlignon.
Le Pommier Transparente de Croncels, vigoureux et rustique, offre
cet avantage que, par sa résistance à − 30°, il sera vivace au
lendemain des hivers rigoureux et pourra se prêter à un nouveau
greffage ou rester seul fructifiant, son fruit étant de premier mérite.
Les Calville rouge d’hiver, Reinette de Caux, Reinette de Cuzy,
Belle de Pontoise, Astrakan, donneront des tiges trapues bravant −
20° et se prêtant au rôle d’entregreffe.
Parmi les variétés du Pommier à cidre, il en est également qui
réclament le greffage en tête d’un sauvageon vigoureux ou le
surgreffage, à haut vent, sur une tige élancée et robuste d’une variété
déjà entée au collet d’un égrin.
Ainsi les végétations modérées ou ramifiées que l’on remarque
chez Belle Cauchoise, Bedan blanc, d’Averolles, de Boutteville,
Hauchecorne, Marabot, Marin-Onfroy, Martin Fessard, Nez plat, Or
Milcent, Peau de Vache, Railé Varin, s’accommoderont d’un
344
entregreffe à végétation rapide : Amer doux, Barbarie, Fréquin de
Chartres, Gros Fréquin, Noir de Vitry, Rouge de Trèves.
Les pépiniéristes se créent des types plus ou moins connus au rôle
d’entregreffe, et certaines contrées ont des variétés localisées, comme
Abondance, Antoinette, Écarlatine, Sonette.
Non seulement l’intermédiaire doit être de sorte vigoureuse et
rustique, mais encore peu sujette au chancre et peu ramifiée ; son
entrée en végétation sera égale ou plus précoce que celle du greffon.
Un état de sève prolongé à l’automne est favorable à la surgreffe.
Les Anglais et les Américains ont le Crab-Apple (semis de
Pommiers égrins) pour le greffage des arbres de verger, et un type
productif (semis de gros fruits hâtifs) pour le greffage de Pommiers à
cultiver en basse tige, dans le jardin fruitier.
En Angleterre, la greffe au galop, Whip graft (fig. 84, 85) est usitée
au printemps, parce que la température brumeuse de l’automne n’est
pas favorable à l’écussonnage du Pommier, les greffons se lignifiant
tard en saison.
Pommier sur doucin et sur paradis. — Les Pommiers doucin et
paradis sont destinés à fournir des arbres en basse tige, greffés rez-
terre. Le jeune plant a plus de chances de succès ; on l’écussonnera
dès sa première année de plantation, si c’est possible.
Un rameau greffon trop tendre peut être préparé, effeuillé, et
exposé au soleil pendant deux heures ; le bourgeon sera greffable.
Dans les terrains secs, où la sève s’arrête promptement, le greffon
pourrait ne pas être aoûté au moment voulu ; alors on conserve des
rameaux de l’année précédente, couchés dans du sable-gravier, et on
en écussonne les yeux non développés, dès le mois de mai ou de juin,
à œil dormant, sur les sujets en sève.
Vérifier, quinze jours après, les écussons non repris, et les
recommencer.
345
Un plant rendurci sera soumis au greffage, à la montée de la sève,
par rameau sous écorce (fig. 48 et 49), à œil poussant.
Des pépiniéristes ont adopté le Paradis jaune de Plantières-lez-
Metz, vigoureux et fertile, et, malgré ses grosses racines, le Doucin
d’Angers, types conservant leur sève assez longtemps.
Nous avons vu, chez Pierre Tourasse à Pau, le Pommier greffé sur
Cognassier. Le même fait nous est signalé en Turquie.
Pommiers d’ornement. — Les Pommiers d’ornement se greffent de
la même façon, sur franc, quelquefois sur doucin. Les espèces
microcarpes, Malus baccata, cerasifera, originaires de Sibérie, et
leurs dérivés, ont résisté au grand hiver.
Les espèces et variétés cultivées pour la beauté de leurs fleurs, M.
spectabilis, de la Chine et du Japon, plus délicates, sont greffées sur
franc.
[153]
Prunier (Prunus).
Famille des Amygdalées.
346
Avec les Pruniers Damas et Saint-Julien, dans une situation aride,
la sève pourrait s’arrêter au milieu de l’été ; il serait alors prudent
d’arroser copieusement le sujet et de pincer le rameau-greffon à
l’avance pour que l’écussonnage ait lieu en conditions normales.
Le P. Myrobolan sera écussonné assez tard en saison ; ses rameaux
seront liés en faisceau lors du greffage et écimés en même temps (fig.
99).
Les jeunes greffes en pied sur P. Myrobolan seront tuteurées dès
qu’elles auront atteint environ 0,50 de haut. — On supprimera
l’onglet de la greffe avant la chute des feuilles.
L’étêtage du sujet écussonné se fait après l’hiver, mais avant la
montée de la sève.
Les Pruniers à greffer par rameau peuvent être transplantés au
moment de l’opération ; ils seront arrachés plusieurs mois à l’avance,
c’est alors un greffage en jauge ou à l’abri. Si le greffage est fait sur
place, on écime les sujets, au moins six à huit semaines plus tôt, en
février. L’opération se fait en fente ou à l’anglaise, dès les premiers
mouvements de la sève, et mieux en couronne, aux mois d’avril et de
mai ; on peut même greffer en fente à l’automne, avant l’arrêt de la
sève, soit en septembre. Un lait de chaux sur le greffon en éloignera
les insectes.
Pour la greffe en couronne, il faut avoir le soin d’amincir
suffisamment la base du greffon, tout en conservant un œil au dos du
biseau.
Les Pruniers de Reine-Claude, de Damas, de Quetsche se
multiplient par la cépée (fig. 17) et se reproduisent à peu près par le
semis. Assez rustiques à la gelée d’hiver, ces types sont parfois
employés comme sujets.
Dans la Meuse, les Mirabelliers de Buxières et de Ronvaux sont
élevés par le bouturage, à l’automne ; cependant, ils peuvent servir de
sujets porte-greffe aux autres formes de la Mirabelle.
347
On obtient des Pruniers haute tige par le greffage en pied ou en
tête. Avec un sujet rachitique, les variétés naines, touffues comme la
Petite Mirabelle, montent difficilement ; alors on emploie
l’intermédiaire, comme entregreffe, d’une sorte vigoureuse :
Quetsche, Reine-Claude de Bavay, Sainte-Catherine. Greffée au pied
du sujet, la nouvelle venue s’élancera et recevra à son tour en haute
tige, la variété délicate, au moins deux ans après. (Voir fig. 109, p.
203).
Aux environs de Paris, on possède sous le nom de Prunier « de
Montlignon » une forme vigoureuse et élancée du P. de Saint-Julien
élevé en cépée ; il est planté en pépinière et recepé l’année suivante.
À deux ans, sa tige peut recevoir la greffe en tête du Prunier ou de
l’Abricotier ; elle est antipathique au Pêcher.
Les sauvageons qui doivent monter à tige et recevoir la greffe en
tête seront soumis au recepage (fig. 26) après une année de plantation.
Pruniers d’ornement. — Les Pruniers de Chine ou du Japon, P.
japonica, le Prunier trilobé, P. triloba ; le Ragouminier, P. pumila ; le
Prunellier, P. spinosa, à fleur double, etc., seront greffés en écusson,
sinon par rameau, sur les Pruniers Myrobolan, Damas et de Saint-
Julien.
Pour l’éducation en basse tige, on choisit des sujets faibles en
diamètre ; l’écussonnage réussit bien sur des plants bouturés au
printemps.
Les sujets de moyenne grosseur sont greffés à tige, sur le corps de
l’arbre. Un gros sauvageon serait écussonné sur ses jeunes branches
latérales.
Le Prunier trilobé se plaît sur le Prunier de Quetsche, par écusson.
Le greffage par rameau nécessite l’abri du verre.
En pépinière, il sera facile de planter des rameaux boutures du
Prunier Myrobolan, préalablement écussonnés en variétés d’utilité ou
d’ornement (Voir fig. 98, le rameau écussonné).
348
[154]
Ptéléa (Ptelea).
Famille des Zanthoxylées.
[155]
Quinquina (Cinchona).
Famille des Rubiacées.
349
Le greffage du Quinquina a pris une extension rapide dans les
possessions néerlandaises de l’archipel Indien, grâce à l’initiative des
frères Ottolander. L’obligeance amicale des professeurs Ed. Pynaert et
Fr. Burvenich, de Gand, nous permet de vulgariser leur système de
greffage.
D’abord, une serre chauffée modérément facilitera mieux la reprise
de la greffe.
Le sujet est jeune, semis ou bouture, et opéré au collet. Le greffon,
rameau court, conservera ses feuilles entières ou coupées à moitié ;
son origine doit être connue, car il est des variétés qui rendent en
argent dix fois plus que d’autres.
L’espèce qui se prête le mieux au greffage, comme sujet, est une
hybride des Cinchona Ledgeriana et succirubra, recherchés eux-
mêmes pour leur valeur industrielle. Le plant est élevé par bouture
courte et greffé jeune.
Le greffage se pratique à fleur du sol, ce qui excitera
l’affranchissement de la plante ; sous l’abri vitré, on opère quand la
sève ralentit son activité, et en plein air, quand elle la reprend.
Le procédé employé tout d’abord à Java par J. W. Ottolander, et qui
s’est vite popularisé, est l’anglaise simple (fig. 80 et 117).
La greffe par approche-bouture (fig. 143) a l’inconvénient d’exiger
un greffon trop long.
Les agents du gouvernement hollandais recommandent, la greffe de
côté dans l’aubier (fig. 65 et 66) sous double vitrage.
Les Indes anglaises ont suivi l’impulsion de Java en propageant le
Quinquina par le bouturage et le greffage.
[156]
Raphiolépis (Raphiolepis).
Famille des Pomacées.
350
Sujet. — Cognassier commun, Cydonia vulgaris (bouture à talon,
cépée). — Aubépine blanche, Cratægus oxyacantha (semis).
Greffage. — Sous écorce, par écusson (fig. 94 et 95) ou avec
rameau (fig. 48) ; été, plein air. — En placage (fig. 118) ; mars et août,
à l’abri.
Observations. — Le Raphiolépis est à feuille persistante et se
greffe en plein air ou sous verre.
Dans la pratique, le greffage sous cloche en serre, avec le
Cognassier, est le plus employé.
[158]
Rhododendron (Rhododendron).
Famille des Éricacées.
351
certaine, la plante sera enterrée dans la bâche d’une serre et y restera
jusqu’à l’époque de la floraison.
La greffe en placage est la plus usitée (fig. 55) ; on opère à froid, en
juillet-août. Le sujet, recepé au printemps, a donné une jeune tige
propre au placage. Après son greffage, on étouffe le plant sous cloche
ou sous la bâche vitrée de la serre, pendant cinq ou six semaines,
jusqu’à complète agglutination ; alors on aère graduellement.
La greffe dans l’aubier (fig. 65) est pratiquée en mars ou en août,
dans ces conditions.
Pour ces divers procédés, on conserve les feuilles au greffon ;
cependant il est facile de réduire d’un tiers le limbe des plus longues.
La disposition radiculaire du Rhododendron permet de greffer le
sujet à racines nues, sous cloche, et de le repiquer en planches sans
être empoté, lorsqu’il est relevé de l’étouffée.
À Angers, on greffe le Rhododendron en placage (fig. 55), soit en
septembre, soit de janvier à mars, sur bâche légèrement chauffée, ou
en avril, non chauffée. La greffe anglaise simple (fig. 80) est pratiquée
sur jeune sujet.
À Gand, les fleuristes empotent les sujets en octobre, pour les
greffer sous verre en décembre-janvier. Le procédé en vogue est le
greffage en demi-fente (fig. 114) au sommet du sujet, sur partie jeune,
demi-ligneuse, avec œil d’appel.
À Versailles et aux environs de Paris, le Rh. Catawbiense, plus
rustique, utilisé au rôle de sujet, produit des plantes assez robustes.
Les Rhododendrons à tige, dans les espèces moins vigoureuses,
s’obtiennent avec le concours de types élancés, robustes, par exemple
les Rh. album elegans, Ingrami, roseum magnum, déjà greffés rez-
terre sur le Rh. pontique. Leur flèche ou leur tête branchue sera
ensuite surgreffée avec la variété définitive, en placage, sous verre.
Rhododendrons himalayens. — Nous avons vu chez M. Cavron,
sous le climat privilégié de Cherbourg, la culture à l’air libre des
352
superbes Rosages du Sikkim, de l’Himalaya, du Boutan.
Le greffage est nécessaire pour hâter le « boutonnage » des plantes
lentes à fleurir : les Rh. Nuttalii, Falconeri, argenteum, longifolium,
lancifolium ; ces variétés, à gros bois, sont greffées à l’anglaise, sur
un plant semis du Rh. lancifolium, tandis que ses congénères Rh.
Gibsoni superba et Kendicki, de semis, également de premier mérite,
seront les sujets pour la greffe en placage des variétés à bois fin.
Le Rh. campanulatum s’épanouit sur le Rh. Catawbiense, alors que
les Rh. Dalhousiæ, Edgeworthii n’y fleurissent point.
Avec ces espèces, le sujet de Rh. ponticum produirait un bourrelet
fâcheux, à l’exception, toutefois, de quelques hybrides de l’Himalaya,
Rh. fragrantissima, sesterianum, etc., qui s’y adaptent mieux.
L’époque du greffage est au mois de juillet, lorsque les pousses sont
demi-ligneuses.
Une feuille, tronquée à moitié, sera conservée à la pointe du greffon
et une feuille entière au sommet du sujet.
Les sujets semés en pleine terre sont levés en motte, greffés
aussitôt, puis placés côte à côte, dans un coffre sous châssis, bien à
l’ombre. Un arrosage raffermit la terre, il sera renouvelé.
Rhododendrons javanais. — Un praticien habile, Georges
Schneider, chef au « Royal exotic nursery » a trouvé le moyen de
propager le groupe du Rosage de la Sonde par le greffage sur jeune
bouture racinée du Rh. Princess Royal, hybride du Rh. javanicum et
du Rh. jasminiflorum. Il en obtient une riche végétation et une
floraison luxuriante, bien accentuée.
Les Rh. Scarlet Crawn. Lord Wolseley, Président, Maiden’s Blush
promettent, aux fonctions de sujet, des résultats analogues.
[159]
353
Rhopala (Rhopala).
Famille des Protéacées.
[160]
Robinier (Robinia).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.
354
Pour éviter la rupture d’une greffe trop chargée, le Robinier à fleur
rose, R. hispida, nécessite le palissage de ses rameaux, assez cassants,
et même la mutilation des feuilles du sommet, au mois d’août de la
première année.
Le Robinier se prête à la déplantation et à la replantation lors du
greffage par rameau.
Les rameaux greffons du Robinier sont coupés sur l’arbre étalon le
jour même de leur emploi ; sinon, ils sont conservés dans du sable
sec, ou dans un silo, sous terre (fig. 32, p. 58).
Le Robinier est moins docile à l’écussonnage. Dans le Midi, en
Italie, en Grèce, ce procédé est employé à œil poussant ; l’étêtage du
sujet commence avec la végétation du greffon. Au centre du pays
vosgien, Vaudrey-Evrard écussonne, en mai-juin, des greffons du
Robinier de Besson retardés à la cave.
Le Robinier Decaisne, que l’on multiplie par bouture de racine,
produira de belles tiges pour le greffage en tête des variétés délicates.
[161]
Rogiera (Rogiera).
Famille des Rubiacées.
[162]
355
Rosier (Rosa).
Famille des Rosacées.
356
Fig. 122. — Écussonnage du Rosier sur rameau d’Églantier. Arcure
des rameaux pour la greffe à œil poussant.
357
Le rameau en fleur, ou ayant fleuri récemment, est arrivé à point,
pour le greffage : plus tôt, il n’est pas suffisamment ligneux ; plus
tard, il est durci ou ses yeux sont développés. Cette observation est
plus spéciale aux Rosiers remontants, les Rosiers non remontants
fournissant de bons greffons aoûtés par le pincement.
La chute des aiguillons au froissement de la main est un signe de la
maturité du greffon.
Sur les variétés à grand bois, ou peu disposées à fleurir, on choisit
les yeux supérieurs des rameaux terminés par une fleur. Il est à
présumer que le Rosier futur héritera des qualités florifères du
greffon.
Sur les variétés à bois court ou floribond, on prendra les yeux de la
base et du centre du rameau ; vers le sommet, l’œil est souvent
remplacé par un renflement sans gemme.
Un rameau fin, ténu, sera inoculé par le procédé sous écorce (fig.
48). L’Anglais Knight le recommandait ; Pierre Cochet, de Suines, le
pratiquait vers 1815 ; un amateur d’Épinal, Lervat, les imite, greffant
avec un seul bourgeon, et ménageant un œil sur le dos du biseau.
Avec le Rosier, on peut greffer les yeux qui commencent à
bourgeonner, mais on aura la précaution de les doubler avec un œil
latent.
En préparant le greffon, on coupe la feuille sur son pétiole et on
enlève les stipules qui l’accompagnent. Les aiguillons sont coupés au
ras de l’écorce ; on conserve ceux qui sont au coussinet de l’œil des
Rosiers Microphylle et à bractées. Les greffons du Rosier Mousseux
n’ont pas besoin d’être complètement nettoyés de leurs aiguillons et
de leurs poils ; on se borne à enlever les principaux dards qui
s’opposeraient au glissement de l’œil sous l’écorce du sujet.
L’écusson se place dans la gorge même du rameau de l’Églantier,
vers son empâtement sur la tige. On ligature avec deux ou trois brins
de laine ; plus tard, on surveillera les strangulations pour délainer s’il
le faut. La spargaine (fig. 11) a l’avantage de se rompre au
358
grossissement de la branche ; la base de la feuille de spargaine,
finement divisée, est une bonne ligature du Rosier.
Nous recommandons le greffage dans la gorge ou aisselle, parce
que le débutant a une tendance à s’en éloigner ; son travail est plus
facile peut-être, mais il en résulterait une évolution de bourgeons
sauvages qui viendraient affamer la greffe. Il faudra donc, tout en
inoculant à la base, éborgner ces yeux de l’empâtement.
On reconnaît l’apprenti greffeur au nombre de rameaux qui cassent
et tombent huit jours après l’opération, par suite de l’incision trop
vive en tête du T. Cette rupture fait végéter la greffe aussitôt, ou bien
la tue. Pour éviter la cassure, certains fleuristes anglais pratiquent
l’écussonnage au moyen de l’incision longitudinale seule, avec
sommet en faucille, appliquée sur le sujet, sans ouverture de cran
transversal ; l’inoculation de l’œil nécessite un petit tour de main que
donnera l’expérience.
[fig123]L’écussonnage du Rosier réussit
encore sur la tige même du sujet (fig. 123),
assez tôt en saison, et sous les rameaux de
la couronne où la sève est plus active. La
tige ne grossissant pas autant qu’un rameau,
il faudra ligaturer fortement, soit avec du
coton filé ou de la grosse laine, soit avec
une bandelette de spargaine ou de raphia.
Le greffage se fait : à œil dormant en juillet
et en août ; à œil poussant, en mai et en
juin. Il n’est cependant pas rare de
rencontrer des écussons faits de bonne
heure qui se développent l’année suivante,
et des écussons tardifs qui végètent
immédiatement.
Si l’on désire que l’écusson reste Fig. 123. — Écussonnage
dormant, on modère la suppression des sur tige d’Églantier.
359
rejets qui poussent sur les racines et sur la tige ; de cette façon la sève
ne concentre pas ses forces au sommet de l’arbuste, et ne fait ni
bourgeonner ni étrangler la greffe. C’est une recommandation absolue
du rosiériste Victor Verdier, scrupuleusement observée par ses fils
Eugène et Charles.
Au cas de végétation anticipée, on ébourgeonne partout et on écime
les branches du sujet comme si on l’eût préparé à œil poussant.
Quand le greffage est à œil poussant, on facilite le développement de
l’écusson en arquant les rameaux et en les attachant sur la tige (fig.
122) ; cette précaution préalable sera prise dans la même journée afin
de conserver la sève au sujet. Dès que le greffon atteint 0m,10 à 0m,15
de pousse (e, fig. 163), on écime le rameau (B) qui le porte à 0m, 40
ou 0m,50 de la greffe. On suivra l’ébourgeonnement de la tige et,
successivement, on réduira la longueur des branches ; par l’effet de
cette opération, les onglets auront, à l’automne, 0m,10 environ, et la
greffe sera développée.
Le greffage à œil poussant doit être pratiqué assez tôt si l’on veut
que les scions de la greffe soient suffisamment aoûtés pour passer
l’hiver. On le pratique également en avril-mai sur des rameaux de
l’année précédente, avec des greffons conservés au nord, dans du
sable (fig. 32), ou avec des rameaux de l’année, pris sur des Rosiers
forcés en serre ou sous châssis.
La ligature est enlevée au mois de septembre, sauf sur les variétés
gélives, pour lesquelles on attendra le printemps ; le lien doit être
coupé en dessous du rameau, à l’opposé de l’écusson.
L’étêtage définitif des branches à 0m,05 ou à deux yeux au-dessus
de la greffe (o, fig. 163) se fait pendant l’hiver et avant la végétation.
On éborgne en même temps les yeux du sauvageon qui entourent l’œil
écussonné ; ceux qui se trouvent placés au-dessus serviront d’appelle-
sève.
Certains groupes : le Rosier Thé, R. indica ; le R. Moussu, R.
muscosa ; le R. du Bengale, R. diversifolia ; et quelques variétés dont
360
les tissus sont plus lents à lignifier, Souvenir de la Malmaison, tribu
borbonica ; Ernestine de Barante, tribu hybrida, reprennent mieux à
l’écussonnage dormant, assez tard en saison.
Le greffage par rameau sur Églantier a des chances de succès au
printemps, sur des sujets à écorce plus grise que verte ; on recouvre
provisoirement la greffe avec une coiffe de papier qui la préservera de
l’action des hâles et des agents atmosphériques.
Les Rosiers de la tribu Portland acceptent le greffage en fente ; on
opère sur la tige du sujet, c’est-à-dire en tête. On peut également les
greffer sur racine, en fente (fig. 115) ou par incrustation (fig. 120),
particulièrement le Rosier du Roi, de cette même tribu. L’opération se
fait pendant l’hiver, en Touraine et en Anjou, mais à l’abri ; le plant
greffé est mis en jauge et ensablé, pour être planté et butté au
printemps.
Rosiers à basse tige. — Les Rosiers à basse tige reçoivent le même
traitement que les précédents, sur tige ou sur branche, à œil dormant
ou à œil poussant. Le travail de l’œil poussant est détaillé aux fig. 102
et 163.
Sur le corps de l’arbre, la sève se garde moins longtemps, ce qui
devient un inconvénient pour les opérations tardives ; cependant, on y
obvie dans une certaine mesure. Ainsi, dans les environs de Brie-
Comte-Robert, où l’on propage le Rosier du Roi par milliers, on
plante assez tard les Églantiers destinés à ce greffage, de sorte que la
sève est encore active lorsque les greffons de Rosier du Roi sont bien
constitués avec des yeux saillants et greffables.
Le meilleur système de greffage du Rosier basse tige en pleine terre
est avec l’Églantier de semis, planté surélevé, c’est-à-dire au-dessus
du niveau du sol et butté. Pour faciliter le greffage, on débute le plant
et l’on y introduit l’écusson au-dessous du collet, sur le corps de la
racine principale ou du pivot. On comprend, en effet, qu’un plant de
semis drageonnera moins que s’il était pris sur souche.
361
M. Guillot fils, de Lyon, a commencé dès l’année 1850 à propager
ce mode de culture.
M. Lévêque, à Ivry-Paris, multiplie des Rosiers Thé et Noisette par
un greffage fait en novembre, sur semis d’Églantier mis en godet,
aussitôt greffés. Le sujet est coupé ras, au collet et le rameau greffon
vient le couronner par le placage en tête. La plante est aussitôt portée
sur la bâche vitrée de la serre ; elle sera rempotée au printemps et
livrable à l’automne suivant.
Rappelons, pour mémoire, l’écussonnage sur bouture de rameaux
ou de rejets du sauvageon.
Greffage sur racine. — Le plant d’Églantier élevé par semis peut
servir, en hiver, au greffage sur racine. Ainsi, le sujet (L, fig. 124)
reçoit sur son tronc radiculaire (en o), au-dessous du collet (n), le
placage du greffon (M), celui-ci étant ou conservé dans le sable ou
cueilli sur l’étalon le jour même. S’il est encore feuillé, on coupe le
pétiole à moitié de l’aile, de manière qu’il reste une ou deux folioles
au greffon. Le greffage se fait du 15 octobre au 15 janvier, sous
cloche, le plant est enterré dans le sable de rivière ou sur la bâche de
la serre chauffée à + 10°. Aussitôt la reprise assurée, le sujet sera
écimé (n) et plus tard étêté (u) ou désongletté.
Un Rosier ainsi obtenu s’affranchit vite et drageonne rarement ; ce
résultat cherché est plus prompt avec la greffe pure et simple sur
racine.
Le greffage sur fragment de racine essayé avant 1830 par Filliette,
à Rueil, et vers 1840 par Utinet, de la Brie, prend une certaine
extension en France et en Angleterre.
À Orléans, il en est fabriqué chaque année des quantités
incroyables, par variétés indociles au bouturage ou autres. On utilise
ainsi les racines coupées sur les jeunes semis d’Églantier, lors de
l’arrachage ou de l’habillage du plant. Les greffons sont des rameaux
de taille ; les uns et les autres sont conservés à froid jusqu’au moment
de greffer.
362
[fig124][fig125]
363
La greffe anglaise, avec ou sans cran en tête du fragment de racine,
est maintenant adoptée par le rosiériste Louis Chenault et par ses
confrères orléanais. Le sujet est un petit morceau de racine, long de
0m,08 à 0m, 10, et le greffon porte 2 ou 3 yeux. Ligature au raphia.
Aussitôt greffé, le plant est repiqué sous cloche, dans une terre
légère ou mélangée avec du sable de la Loire, un œil hors terre.
Fin mars ou commencement d’avril, on donnera de l’air aux
cloches pour les enlever huit ou dix jours après. La mise en place se
fera ensuite fin avril ou commencement de mai.
Les racines peuvent encore servir de sujet à l’écussonnage
poussant. On les met en terre ou en terrine, sous châssis ; vers la fin
de mars ou dans les premiers jours d’avril, on les enlève du sol et on
inocule sous l’écorce radicellaire les yeux pris sur des rameaux
conservés. On les reporte alors sous cloche, l’œil affleurant le sol,
pour en faciliter la végétation.
Greffage sur Rosier Manetti. — Le Rosier Manetti se reproduit
par le bouturage de branches ou de racines. Pour basse tige, on choisit
du plant d’un an et on l’écussonne au mois d’août ou de septembre
qui suit sa plantation.
Le greffage est à peu de chose près celui du Rosier Églantier ; on
tiendra compte de la végétation prolongée du Rosier Manetti, en
écussonnant plus tôt, à œil poussant, ou plus tard, à œil dormant.
Le R. Manetti émet, au-dessous du collet, des jets envahissants. Il
serait facile de les éviter en éborgnant à la base souterraine les yeux
du rameau-bouture, lors de sa confection et en ébourgeonnant, lors de
la plantation, les rejets à l’état rudimentaire sur le tronc des sujets
racinés.
Les Rosiers de la tribu Hybride, très vigoureux ou à gros bois, se
plaisent sur le R. Manetti. Les autres tribus s’y défeuillent trop tôt.
Docile à la chaleur, il convient au rôle de sujet des Rosiers en
culture forcée.
364
Le greffage en fente réussit mal sur ce sujet ; le plant, fendu,
s’ouvre totalement et se dessèche. On a recours alors au placage à
l’anglaise (fig. 124) applicable au sujet-bouture.
À tige, le Rosier Manetti se tient mal ; pour y remédier, Thomas
Rivers, horticulteur anglais, le greffe en pied avec une variété
vigoureuse, Madame Pisarony. Celle-ci fournit une tige qui recevra le
surgreffage de la variété à propager, en tête ou sur le corps de cette
tige.
Greffage sur Rosier Multiflore, var. de la Grifferaie. — Ce sujet
se prête mieux à l’écusson de certains Rosiers Thé, île Bourbon, et
des Hybrides à bois délicat ou ayant l’écorce lisse.
Vigoureux partout, facile à travailler, écussonnable jusque fin
septembre, le R. Multiflore est fort apprécié des rosiéristes Orléanais.
Le drageonnage est prévenu par l’ablation des yeux souterrains, lors
du bouturage.
Dans le duché de Luxembourg, la végétation prolongée du R.
Multiflore le fait difficilement hiverner ; alors les rosiéristes de ce
pays ont conservé le R. Manetti pour le greffage en serre, et
l’Églantier, pour la greffe en pleine terre.
Chez nos voisins d’Angleterre, d’Espagne, de Portugal et dans
notre région lyonnaise, on emploie le Rosier Multiflore japonais,
Polyantha, pour l’écussonnage sur collet des Rosiers, et plus
particulièrement des R. Thé ; ils y deviennent promptement et
abondamment florifères.
Les Anglais préfèrent le sujet bouture, même de 2 ou 3 ans, au
plant de semis.
Le greffage en fente, sous verre, au mois de février, sur racine de R.
polyantha mesurant 0m,06 à 0m,08 de longueur et 0m,005 de diamètre
au moins, est pratiqué par les rosiéristes lyonnais pour la
multiplication des nouveautés.
365
Greffage dans le midi de la France. — De Nice à Hyères, où les
roses s’épanouissent en plein hiver, on écussonne le Rosier sur R.
Indica major, plant raciné de bouture, et il y acquiert une grande
vigueur. Les Rosiers « à odeur de Thé », si lucratifs par la vente de
leurs fleurs, sont naturellement sympathiques au sujet Indica.
Les rosiéristes de cette région élèvent l’Indica à tige et préfèrent
l’Indica major plus vigoureux, implantant ses racines dans les terrains
secs et conservant sa végétation en hiver. L’écussonnage se fait en
mai, à œil poussant.
Disons un mot du rameau-bouture préalablement écussonné. Les
souches recepées qui ont donné des jets vigoureux reçoivent, sur
chacun d’eux, une série d’écussons à œil dormant, en août-septembre
(fig. 98). Au mois de janvier, on fractionne ces rameaux du
sauvageon, de manière que chaque fragment porte au moins un
bourgeon écussonné, et on plante ces fragments en pépinière, par
bouture.
Nous avons remarqué de vigoureux Rosiers Thé Maréchal Niel,
greffés de cette façon sur Indica et même sur Gloire des Rosomanes.
Enfin, on plante des tiges, plant raciné ou plançon-bouture, du R.
indica major, et on les greffe immédiatement en fente, pour former
une tête quelques mois après.
Sous ce climat et aux Antilles, le Rosier du Bengale est un bon
porte-greffe, pour basse tige ; l’écusson s’y développe promptement.
Dans l’Hérault et le Var, on place des écussons de roses
remontantes sur les rameaux des R. de Banks, et Multiflore en
palissage ; on obtient ainsi un tapis florifère de roses thé et d’autres
variétés s’épanouissant encore en dernière saison.
Greffe forcée. — Il s’agit de la multiplication des variétés
nouvelles, par un procédé tel, qu’un Rosier choisi à l’automne puisse,
entre les mains d’un bon multiplicateur, produire un grand nombre de
sujets au printemps suivant.
366
Le Rosier de Quatre-Saisons, employé à cet usage, dès 1820, par
Descemet à Saint-Denis, est remplacé en ce moment par le R.
Manetti, le R. Multiflore, l’Églantier.
Le sujet, mis en pot à l’automne, sera greffé sous verre, par demi-
fente (fig. 114) ou en incrustation (fig. 119), vers les mois de janvier
ou de février suivants. On conservera un bourgeon d’appel en tête du
sujet.
Lorsque la soudure est complète, quand les yeux du greffon se
renflent, on commence l’aérage successif pour arriver à transporter le
Rosier sous châssis froid, c’est-à-dire en bâche froide entourée de
fumier froid ; la gelée ne doit pas y pénétrer ; puis on aère
graduellement jusqu’à ce que les panneaux soient enlevés, ce qui
arrivera fin mars ou commencement d’avril, au plus tôt. Un mois
après, le soleil aidant, les rameaux étant suffisamment durcis, les
jeunes plantes seront livrées à la pleine terre.
En 1885, nous avons constaté, chez Soupert et Notting, à
Luxembourg, le résultat prodigieux d’une multiplication forcée du
Rosier. La graine semée en septembre a germé deux mois après ; le
plant embryonnaire fut, avec une dextérité, extrême, implanté sur un
sujet en godet, par un procédé que l’on pourrait qualifier de greffe en
approche « capillaire ». Au mois de février, la plante fleurit, elle
« promettait » ; aussitôt ses yeux furent inoculés sur autant de sujets
en pots. Deux mois plus tard, chaque arbuste alimentait le greffage de
sujets ayant poussé sous verre. Ces végétations rapides, de première
saison, s’obtiennent plutôt avec le R. Polyantha ; et fin de saison,
avec l’Églantier.
[163]
367
Sujet. — Choisir le type de la variété à multiplier : ou Abies, ou
Picea, ou Tsuga (semis).
Greffage. — En placage, en pied (fig. 113) ; février ou septembre.
Sous verre. — En fente herbacée, en tête (fig. 74) ; avril-mai ou
juillet-août. À l’air libre.
Observations. — La greffe à l’étouffée se fait sous cloche en plein
air, ou en serre sous double vitrage ; le plant, élevé en pot, est tenu
incliné ou oblique dans la bâche vitrée.
Les autres modes de greffage pratiqués à l’air libre n’empêchent
pas le sujet greffé de pousser aussi droit que s’il était venu de graine,
La greffe sur bouton terminal (fig. 74) est faite en avril quand la
sève se met en mouvement, ou en août avant qu’elle ne s’arrête. Le
greffon est déjà ligneux et couronné par l’œil de tête.
Les Anglais emploient volontiers comme sujet le Sapin du Canada,
Tsuga canadensis, élevé par semis ou par bouture.
Il est préférable de fournir un sujet type à chaque groupe des
Sapinées : le Sapin pectiné, Abies pectinata, aux Abies ; l’Épicéa,
Picea excelsa, et la Sapinette Picea alba, aux Picea ; le Sapin du
Canada, Tsuga canadensis, aux Tsuga ; le Sapin de Douglas, Pseudo-
Tsuga Douglasii, aux Pseudo-Tsuga.
Le Sapin noble, Abies nobilis, est généralement plus vigoureux,
greffé sur le Sapin pectiné, Abies pectinata, que s’il était élevé par
semis.
Les sous-variétés seront greffées sur leur espèce originaire.
Le Sapin Pinsapo pyramidal ne réussit que sur son type, Abies
pinsapo, tandis que le Sapin de Nordmann doré adopte le Sapin
pectiné pour sujet de greffage.
[164]
368
Saule (Salix).
Famille des Salicinées.
[165]
Sciadopytis (Sciadopytis).
Famille des Conifères, § Séquoiées.
369
Sujet. — Cunninghamia de Chine (semis).
Greffage. — En placage (fig. 113). De côté avec incision oblique
(fig. 67) ; août-septembre. — En pied ; sous verre.
Observations. — Les sujets de Cunninghamia sont produits par le
bouturage de branches, tandis que les greffons de Sciadopytis sont
obtenus par l’écimage de la flèche de l’étalon.
Le greffage se fait à l’étouffée, à froid.
[166]
Sequoia (Sequoia).
Famille des Conifères, § Séquoiées.
[168]
Sophora (Styphnolobium).
Famille des Légumineuses, § Papilionacées.
370
Sujet. — Sophora du Japon, Styphnolobium japonicum (semis).
Greffage. — En écusson (fig. 91 et 94) ; juillet-août. — En fente
(fig. 72) ; avril. — En couronne (fig. 54). — En pied ou sur tige.
Observations. — Le Sophora végète assez tardivement pour qu’il
ne soit pas nécessaire de couper à l’avance, sur l’étalon, les rameaux-
greffons. Si cependant les effets de l’hiver sont à redouter, on
détachera ces rameaux avant les gelées et on les hivernera dans du
sable sec (fig. 32, p. 58), l’épiderme du Sophora étant assez délicat.
On opère par un beau temps, lorsque les bourgeons commencent à
se gonfler.
En ce qui concerne l’écussonnage, il est à remarquer que le pétiole
coiffe totalement le bourgeon-greffon à inoculer sur le sujet.
Les sujets destinés à l’écussonnage seront à tige jeune. La réussite
en est tellement incertaine que dans certaines pépinières de l’Est, on
écussonne les mêmes sujets à deux ou trois époques différentes, avec
vingt jours d’intervalle, à partir de l’écussonnage à œil poussant.
[169]
371
Le Sorbier pleureur se greffe à haute tige sur son type. Sorbier des
oiseaux, S. aucuparia, en écusson, en fente ou en couronne.
Le Sorbier hybride réussit sur Cognassier, et mieux sur Aubépine,
rez terre.
Éviter les étalons chancrés, surtout pour le Cormier, Cormus,
Sorbier domestique. Cette espèce réussit encore sur Sorbier, franc de
pied.
Ébourgeonner sévèrement l’Aubépine, lorsque la greffe se
développe, et palisser aussitôt.
[170]
372
sépare suffisamment pour laisser glisser le greffon ;
2o Les moyennes racines sont greffées dans l’aubier (fig. 66) ou en
placage anglais (fig. 125) ;
3o Et les petites, à l’anglaise simple (fig. 80).
Les racines ainsi travaillées sont mises en godet de 0m,05 à 0m,06,
avec compost de vieux terreau, terre franche et terre de bruyère, et
placées sur couche jusqu’au sommet de la greffe. Une étouffée de 15
à 25 jours, sous châssis garni de mousse, suffira. À ce moment, les
plantes sont faites, on les aérera graduellement.
[171]
Sureau (Sambucus).
Famille des Caprifoliacées, § Sambucinées.
373
de février, on le greffe en demi-fente, à la hauteur voulue pour le
branchage. Ligaturer, engluer. Il est placé ensuite, droit ou incliné, sur
la bâche de la serre à multiplication chauffée de + 15° à 18°.
Bassiner le corps du sujet deux ou trois fois par jour. Au printemps,
on le met en place, à la pépinière, à mi-ombrage, avec un tuteur qui
dépasse la greffe. Tel est le procédé suivi et réussi par Georges
Boucher, horticulteur à Paris.
[173]
[174]
Thuia — [175]Thuiopsis.
Famille des Conifères, § Cupressinées Thuyopsidées.
374
Sujet. — Thuia du Canada, T. occidentalis. — Thuia de Chine,
Biota orientalis (semis).
Greffage. — En placage (fig. 113). De côté dans l’aubier (fig. 67) ;
février ou septembre. Sous verre. — En fente sur bifurcation (fig.
77) ; avril-mai. — En pied ou sur tige.
Observations. — Choisir pour sujet un plant trapu, dont la racine
ne soit pas fatiguée.
Au greffage des variétés à développement restreint, Th. nana,
globosa, dumosa, pygmea, etc., on peut opérer sur plant à racine nue ;
mais on les empotera au sortir de l’étouffée.
Le Thuia de Lobb, Thuia Lobbii, connu sous les noms de Thuia
Menziesii (Carr.), de Thuia gigantea (Lavall.), réussit mieux sur le
Biota de Chine.
Le Thuiopsis à feuille en doloire, Thuiopsis dolabrata, et var. læte-
virens, nana, variegata, Conifères robustes de troisième grandeur,
seront greffés sous verre, en placage (fig. 113), sur le Thuia du
Canada ou sur le Biota de Chine.
[176]
Tilleul (Tilia).
Famille des Tiliacées.
375
Quand l’écorce du sujet est trop épaisse pour l’écusson, on pratique
la greffe sous écorce (fig. 48 et 49), ou le placage à l’anglaise (fig.
56).
Les variétés de Tilleul argenté et de Tilleul d’Amérique seront
greffées en pied, afin d’éviter un bourrelet proéminent sur la tige.
Les non-réussites de l’écussonnage ont fait étudier des procédés
plus précis de la propagation du Tilleul argenté, qui ne se reproduit
pas identiquement par le semis.
M. Desfossé à Orléans et ses confrères repiquent dans le sable, sous
cloche au printemps, les jeunes plants du Tilleul de Hollande ; en
juillet-août, ils les greffent en demi-fente, en ménageant un œil
d’appel (voir a, fig. 114).
Chez M. Croux, à Sceaux, les plants âgés de deux ans (un an de
semis, un an de repiquage) sont arrachés en août, taillés court et
greffés à l’anglaise ou en placage. Les sujets greffés sont ensuite
enjaugés sous un châssis que l’on tient ombragé avec des paillassons,
pendant une huitaine de jours. En hiver, on évitera l’excès
d’humidité ; au printemps, on dépanneautera la bâche. Dix-huit mois
après le greffage, les sujets repris seront plantés en pépinière.
Au Sud et à l’Ouest de la France, on réussit parfaitement le Tilleul
argenté, en plein air, par l’écussonnage dormant pratiqué fin
septembre, et quelquefois à œil poussant, en avril-mai.
Dans nos cultures, c’est la greffe par rameau sous écorce, simple
(fig. 48) ou à l’anglaise (fig. 49), fin été, qui donne les meilleurs
résultats.
Le Tilia dasistyla ou euchlora est docile à la greffe par rameau sous
écorce, en août.
Pour propager les variétés à rameaux retombants, MM. Grolez, à
Ronchin-Lille, greffent à haute tige, par approche en tête et à
l’incrustation, des sujets du Tilleul de Hollande ; ceux-ci ont été
376
contreplantés depuis un an, près de l’étalon, et sont étêtés au moment
du greffage.
[178]
Troène (Ligustrum).
Famille des Oléacées.
377
La variété Ibota du Troène de Chine, plus robuste, s’élève vite et
remplit le même but.
À Toulouse, on greffe sur le Troène du Japon, L. japonicum, ses
variétés ; greffe en couronne à la pousse, plantation immédiate en
plen air.
[106]Le
Ligustrina de l’Amour, Lig. amurense, qui semble relier les
genres Lilas et Troène, dont il est peut-être un démembrement, peut
également se greffer sur ce dernier sujet.
[179]
Tulipier (Liriodendron).
Famille des Magnoliacées.
378
M. Octave Thomas, de Metz, a vu dans le midi de la France,
écussonner avec succès les quelques variétés du Tulipier ; mais lui-
même a échoué sous le climat messin, plus rigoureux.
[180]
Vigne (Vitis).
Famille des Ampélidées.
379
Fig. 126. — Greffe-provin d’un sarment bouture.
380
Fig. 127. — Greffon sur tronçon Fig. 128. — Greffons
de Vigne. de Vigne.
[181]
Viorne (Viburnum).
Famille des Caprifoliacées, § Sambucinées.
381
Observations. — Choisir de jeunes plants âgés d’un an, mis en pot,
et d’un genre correspondant avec le genre ou l’espèce à greffer.
Greffer à fleur de terre, plutôt au-dessous qu’au-dessus du collet
des racines (fig. 110, 124).
Les Viornes reprennent de bouture, sauf la variété à grosse tête, V.
macrocephalum ; alors on la greffera sur la Mansienne, quelquefois
sur la Viorne obier. La Viorne plissée, V. plicatum, est dans le même
cas. — Détruire les rejets.
Le Laurier-tin, Viburnum tinus, réussit sur tige de Viorne
mansienne, en placage, sous verre. Ses variétés sont greffées ainsi ou
sur tige de Laurier-tin, plant vigoureux, bien choisi.
[182]
Widdringtonia (Widdringtonia).
Famille des Conifères, § Cupressinées.
382
IX. — MISE À FRUIT DES VÉGÉTAUX PAR LA
GREFFE
[fig129][fig130][fig131]
384
Fig. 129. — Pommier Fig. 130. — Poirier Fig. 131. — Cerisier
sur pommier. sur cognassier. sur Mahaleb.
385
Nous donnons ici la coupe de différents bourrelets de greffe
montrant la structure intérieure des deux parties à leur point de
rencontre.
La fig. 129 reproduit la greffe du Pommier (A) sur son
propre sauvageon (B) ; la fig. 130, d’un Poirier (C) sur
Cognassier (D) ; la fig. 131, le rapprochement du Cerisier (E)
avec le Mahaleb (F).
[2]
386
Fig. 132. — Branche d’Abricotier surgreffée en pêcher.
387
Faut-il rappeler encore les beaux espaliers de Doyenné
d’hiver et de Beurré d’Hardenpont au potager de Versailles,
greffés sur Cognassier par l’intermédiaire du Poirier de Curé
(fig. 121) ?
Un amateur distingué de Marseille, M. Paul Giraud, surgreffe
sur eux-mêmes ses arbres fruitiers vigoureux afin d’en hâter la
mise à fruits. Il a obtenu la fertilité du branchage, la grosseur et
la qualité du fruit avec les pêches précoces Amsden, Alexander,
Rouge de mai, et similaires, qu’il avait inoculées sur des
rameaux gourmands d’Abricotier (fig. 132), l’arbre étant déjà
enté sur Prunier. En 1768, l’agronome Duhamel du Monceau
recommandait cette opération.
Et sous le verre, le vigoureux Buckland swetwater ne
devient-il pas fertile, greffé sur le Frankenthal ?
N’avons-nous pas remarqué, dans le Bordelais, des ceps de
Cabernet greffés hors terre, non affranchis, exempts de coulure
au milieu de plants de la même sorte francs de pied, atteints de
cette atrophie du raisin ?
C’est l’occasion de rappeler le mot de Hardy père : « Greffez
le Chasselas Gros-Coulard, serait-ce sur lui-même, et vous
combattrez la coulure ! »
Nous constaterons, au chapitre XI (p. 429) l’amélioration de
la qualité du vin des vignes greffées, même sur cépage au goût
foxé.
[3]
388
fructification, par la greffe, des arbres stériles ou
peu productifs
389
Fig. 133. — Aucuba femelle, fructifiant après la fécondation des rameaux du type
mâle, greffés sur la plante.
390
voisins du même genre. Le greffage contraire, rameaux
apportant l’élément pistillé sur le sujet mâle se pratiquera de
même ; le résultat fructifiant sera semblable si l’on a conservé
suffisamment de la partie staminée.
On peut ainsi transformer le sexe ou le produit d’un
branchage ou d’un arbre dioïque.
Nous représentons ici un Aucuba femelle (F, fig. 133), sur
lequel on a greffé le rameau (M) du type mâle, soit par le
procédé dans l’aubier M’ sur F’, soit par la greffe en tête M" sur
F". Il en est résulté une fécondation naturelle suivie de la
fructification de l’arbuste.
Il est encore une amélioration que le greffage peut amener
sur les arbres qui réunissent étamines et pistils dans la même
fleur, et qui n’en sont pas moins sujets à la coulure, par suite
d’un vice de l’organe mâle ; il suffirait d’y greffer une branche
de variété staminifère et prolifique, mais épanouissant ses fleurs
à la même époque que les premiers.
[4]
391
indépendantes et à rentrer dans la loi commune qui veut que
tout arbre fruitier donne des fruits.
Voici comment on pratique cette greffe qui rentre, dans le
groupe 1er du greffage par rameau : Greffe de côté sous écorce
(page 98).
[4.1] Greffe de boutons à fruits. — La bonne saison de la
« greffe à fruit », ainsi qu’elle est appelée vulgairement, est en
août, quelquefois en juillet, rarement en septembre. Greffé trop
tôt, le bourgeon pousse et s’annule ; trop tard, il ne peut plus se
souder et meurt complètement.
Les greffons sont choisis sur les arbres chargés de dards, de
lambourdes, de boutons fructifères, et qui doivent en être
déchargés par la taille. On les détache de l’étalon au moment de
s’en servir ; on a soin de couper leurs feuilles aussitôt et de
tenir le greffon au frais dans un vase rempli d’eau ou garni de
mousse humide.
Un greffeur habile sait les utiliser par des procédés différents.
La figure 134 montre deux greffons préparés. Les biseaux (E,
G) sont taillés sur le dos et à la base du greffon. Le sujet (F) a
été incisé en T et, sous les écorces soulevées, le greffon (D) a
été inséré. Parfois, on est obligé d’entamer l’écorce à la tête du
T pour faciliter le glissement du greffon.
La solidité du greffon sera mieux assurée avec le greffage
sous écorce à l’anglaise (fig. 49).
Un greffon allongé n’est pas à rejeter ; il suffira que le biseau
occupe une plus grande étendue, soit environ la moitié de la
longueur totale de la greffe ; de cette façon, quelque bouton
392
fruitier placé sur le dos du greffon pourra se trouver enchâssé
dans l’incision du sujet.
[fig134][fig135]
393
le sujet (A), par une incision formant T (fig. 92, p. 170) ou +
(fig. 93).
La ligature doit être strictement serrée partout ; on couvrira
les joints avec de la boue, du mastic ou une feuille d’arbre. La
ligature sera conservée jusqu’au commencement de l’été
suivant, alors que le nouage du fruit est assuré.
[fig136]
394
Colmar d’Arenberg, Duchesse d’Angoulême, Beurré Clairgeau,
Beurré Baltet père, Charles-Ernest, Passe-Crassane, etc.,
donnent ainsi de belles productions. Les poires Doyenné
d’hiver et de Saint-Germain y sont parfois aussi saines qu’en
espalier.
[fig137]
396
X. — RESTAURATION DES ARBRES PAR LA
GREFFE
[1.1]Réparation
de la tige. — Le sujet (X, (fig. 138), dont la
tige est chancreuse et garnie de rameaux à la base, sera réparé
au moyen de ses rameaux (Y) que l’on greffera en arc-boutant
(fig. 43) pendant la végétation, sur la tige même, au-dessus de
la plaie. Le cours de la sève, interrompu par la meurtrissure, se
trouvera rétabli.
À défaut de rameau à prendre sur l’arbre vicié, on plante un
sujet robuste (Z.fig. 138) à proximité du premier. Après une
année ou deux de bonne végétation, on coupera la tête du
greffon-arbre (Z) et on l’introduira. au-dessus du chancre de la
tige, par le greffage en arc-boutant, décrit page 84 et suivantes.
397
Quand un seul arbre ne suffit pas
pour cette régénération, on en plante
plusieurs autour de l’ancien et on les
greffe de la même manière. Par suite
de cette coopération, on pourrait
retrancher la base malade de la
première tige.
Déjà, vers 1754, l’agronome
Duhamel, dans sa propriété du
Monceau, transfusait par ce système
la sève d’une jeune tige dans les
vaisseaux d’arbres caducs, et leur
donnait une vie nouvelle. N’est-ce
pas un procédé analogue qui, en
1824, inspirait à Pirolle cette parole
sentimentale : « Ô mes bons parents !
pourquoi n’ai-je pu trouver aussi le
moyen de prolonger vos jours ? »
De son côté André Michaux,
l’explorateur des forêts du nouveau
monde, étudiait en 1780, dans les
bois de Satory, l’application de la
greffe en approche pour obtenir avec Fig. 138. — Greffe par approche
les arbres quelques dispositions ou pour réparer une tige
tournures utilisées par l’industrie. défectueuse.
Voici un autre exemple de tige à réparer.
Une décortication annulaire (B, fig. 139) sera atténuée dans
son effet par l’introduction, sur son périmètre, de rameaux-
greffons (E) placés de bas en haut, dans l’incision (D), sous
398
écorce et sur aubier (au-dessus et au-dessous des lignes
ponctuées CC) ; chaque extrémité du greffon est taillée en
biseau plat aussi allongé que possible ; l’œil ménagé au revers
bourgeonnera et facilitera la soudure. L’opération sera faite au
début de la sève avec des rameaux de l’année précédente, ou à
la fin de l’été avec des rameaux de l’année courante ; on les
préserve du hâle par un badigeonnage de boue ou d’argile. Les
courants séveux ne tardent pas à être rétablis.
À la suite de l’invasion de 1870, Duval père a réparé de cette
façon, à Versailles, des arbres décortiqués en partie par les
chevaux de l’armée. Le greffage vient aider encore à compléter
l’ossature d’une forme symétrique.
[fig139]
399
Fig. 139. — Réfection d’une tige ulcérée ou décortiquée.
400
de raccord ou en rallonge (fig. 141) signalée en 1860 par Jules
Ricaud, de Beaune, après un essai dû à Gorget, pépiniériste.
[fig140]
401
Fig. 141. — Greffe en rallonge ou de raccord, pour deux arbres qui ne pouvaient se
joindre.
402
Fig. 142. — Sujet greffé par approche, pour suppléer à l’absence d’un membre de
palmette candélabre.
403
plaquer dans l’incision (D) du
sujet. Ligaturer (E), butter de
terre jusqu’à la greffe et
embouer la tête du greffon.
Si l’insuffisance de la
longueur du greffon ne permet
pas à la fois de le bouturer dans
le sol et de le marier au sujet,
nous y suppléerons par
l’introduction de la base du
greffon dans une fiole pleine
d’eau ou dans un vase rempli
de terre.
Le greffage mutuel des
membres de charpente n’a pas
donné les résultats promis au Fig. 143. — Greffe par rameau-bouture.
début ; contrairement aux espérances, le fort anéantit le faible.
Le cas est rare où il y ait utilité à relier, par la greffe, les
branches charpentières d’un arbre. Nous avons vu Alphonse
Mas, à Bourg, chercher ainsi le moyen de ne plus tailler les
membres de ses pyramides ailées, et Louis Verrier unir ses
fuseaux, ses vases, ses palmettes contre l’action du vent, assez
violent sur le plateau de la Saulsaie, dans la Bresse.
Alexis Lepère fils, de Montreuil, soudait de cette façon les
sommités des branches verticales du Pêcher (fig. 144), alors que
son père exécutait des « tours de force » comme celui que nous
figurons ici (fig. 146), d’après photographie.
[fig144][fig145]
404
Fig. 144. — Greffe des membres Fig. 145. — Caractères de
de charpente. l’alphabet formé dans un arbre.
405
Fig. 146. — Disposition obtenue par le greffage et le palissage d’un groupe de
Pêchers.
406
0m,001 ou 2 millim. au-dessus d’eux, ou de petites incisions
longitudinales (i, i, fig. 148) pénétrant l’écorce au-dessus de
l’œil jusque sur le coussinet. Pendant le cours de la sève,
l’incision s’est élargie et cicatrisée (I, I) ; les bourgeons sont
devenus rameaux.
[fig147][fig148]
Fig. 147. — Cran au-dessus d’un œil, Fig. 148. — Incision sous un œil, pour
pour exciter sa végétation. exciter son développement.
407
Si les yeux naturels sont absents, la greffe peut remédier à cet
état de choses. Nous laissons de côté l’écussonnage, qui ne
saurait convenir aux vieilles tiges ; les greffes par rameau sous
écorce (fig. 48, 49, 50), placage à l’anglaise (fig. 56) ou avec
lanière (fig. 58), trouveraient ici leur emploi.
Nous avons remarqué, au jardin de la Société d’horticulture
de Reims, la tige nue de Pommiers garnie au moyen de
rameaux greffons insérés sous écorce, en coulée, la tête en bas.
Le développement de la greffe se redresse après une légère
courbure du bourgeon terminal.
Un procédé assez fréquent est l’emprunt de rameaux aux
branches voisines ; on les dirige suivant leur destination, pour
les greffer en mai-juin, par approche ordinaire ou en arc-
boutant.
[fig149]
408
Fig. 149. — Greffe par approche, pour garnir une branche charpentière de
Pêcher.
409
(C, fig. 150), si l’état de sève le permet, et l’on y appliquerait le
greffon préparé en D, à l’opposé d’un œil.
[fig150]
410
À défaut d’un rameau placé dans le sens de la branche
dénudée, nous avons inséré obliquement celui qui pouvait y être
amené, traversant la couche d’écorce en travers, sans pénétrer
l’aubier, système Forsyth (voir page 77).
Le greffage en arc-boutant, par œil (fig. 151) ou par rameau
(fig. 44), est avantageux à la restauration des branches
dégarnies de brindilles.
[fig151]
Fig. 151. — Rameau greffé par approche en arc-boutant sur une branche de
Pêcher.
411
condition essentielle du traitement rationnel appliqué à la
branche fruitière du Pêcher.
L’arboriculteur Antoine Piedloup a, l’un des premiers,
recommandé cette greffe (fig. 43).
En 1850, Touchard, du Havre, la complique avantageusement
par l’adjonction du rameau anticipé, ainsi qu’on le voit figure
44, page 87.
La Vigne (fig. 152) se prête au greffage en approche de
sarments sur les parties dépourvues de coursons. Nous avons
réussi en juin 1868, par la greffe en approche herbacée (A),
avec légère encoche à l’anglaise (fig. 39 et 40, p. 80 et 81).
[fig152]
Fig. 152. — Greffe par approche, pour garnir une branche de Vigne.
412
[2]
413
Fig. 153. — Greffe par Fig. 154. — Greffe par approche en tête, avec
approche en tête, avec plant raciné.
sarment-bouture.
414
greffons en nombre proportionné à l’ampleur du branchage.
[fig155] Ici, nous adoptons la greffe en
couronne (fig. 51) ; elle n’oblige pas à
fendre le sujet. Si les couches corticales
de l’arbre sont trop rugueuses, nous
employons la greffe en tête, dans
l’aubier (fig. 63, 64. p. 128) ou par
placage (fig. 57).
En même temps que l’on greffe de
gros arbres, on attache des tuteurs sur les
moignons pour y accoler plus tard les
nouveaux rameaux qui pourraient être
brisés par le vent (fig. 106, p. 196).
On nettoie l’écorce du sujet, on y
passe ensuite un lait de chaux et on
renouvelle la terre végétale autour des
Fig. 155. — Gros arbre racines. Ces travaux seront faits pendant
préparé au greffage. l’hiver, en même temps que l’on
pratiquera l’amputation préalable et sommaire des branches à
greffer.
Les arbres en basse tige seront restaurés d’après les mêmes
principes.
Les buissons, évidés par la suppression des branches inutiles
ou trop rapprochées, seront greffés à la naissance des
bifurcations.
Les vases ou gobelets devront être regreffés sur les membres
qui forment la charpente du sujet, à une hauteur semblable.
L’éventail sera greffé sur ses ramifications principales ; le
tronçonnement des branches est calculé de façon que,
415
raccourcies, elles continueront à figurer la ramure de l’éventail.
[fig156]
416
Le cordon vertical ou oblique, pourrait être regreffé aussi bas
que possible. Le cordon horizontal sera renouvelé à la hauteur
du coude formé par la tige simple ou bifurquée.
La palmette à branches horizontales ou obliques sera
restaurée sur chacun de ses membres. Quand la charpente
comporte un certain nombre d’étages de branches, on en
retranche environ le tiers supérieur et on coupe la tige à cette
hauteur. Les branches seront raccourcies graduellement, celles
de la base plus allongées.
Le candélabre (fig. 156) est regreffé sur ses membres
principaux. En A, le greffon couronné par son œil terminal a
fourni un rameau direct de prolongement. En B et en D, il a
produit deux rameaux ; celui de la base constituera la branche
charpentière, l’autre ayant été pincé.
Si une greffe manque (C), on forcera, au printemps, le
dressage d’un rameau (e) et, vers le mois d’août, on lui placera
un ou deux écussons à la hauteur présumée de la taille future ;
enfin, on inoculera quelques bourgeons semblables sur les
brindilles secondaires, taillées dans ce but.
Quand il s’agit de changer la variété d’un arbre soumis à la
forme pyramidale (fig. 157), on commence par abattre
totalement le tiers supérieur de cet arbre, puis on coupe les
branches charpentières, — plus court celles du sommet (de
0m,05 à 0m,10), plus long celles de la base (de 0m,25 à 0m,40),
— les moignons conserveront entre eux une disposition de cône
ou de fuseau. On inoculera alors, sur la tige et sur les branches
tronquées, la variété nouvelle.
Les membres de l’arbre à tige élevée, surmontée d’un
branchage sous forme pyramidale
417
[fig157]
418
419
Fig. 157. — Regreffage d’un arbre soumis à la forme dite pyramide ou cône.
[4]
420
restauration, par la greffe, des arbres gelés
421
l’opération précédente lui soit
appliquée ; alors il fut surgreffé
(en e) avec une variété
vigoureuse, indemne du froid.
Le nouvel arbre (F),
Transparente de Croncels,
rustique, bravant les rudes hivers,
sera tenu à basse-tige, le
rapprochement des bourrelets
étant susceptible de calmer les
végétations luxuriantes et d’en
accroître la fécondité.
[fig160][fig161]
422
Fig. 160. — Restauration par la Fig. 161. — Regreffage d’un pommier
greffe d’un poirier gelé. gelé.
424
[fig163] Fig. 162. — Transformation d’un
Abricotier gelé en Prunier Reine-Claude.
2o Des touffes d’Aucuba et
de Rhododendron ayant subi − 25°, il leur fut coupé,
immédiatement, des rameaux-greffons qui furent aussitôt
utilisés à chaud, sous verre. La greffe réussit, des plantes
vigoureuses se formèrent pendant que les touffes mères ou
étalons périssaient.
Plusieurs circonstances se présentèrent où le tronc développa
quelques rameaux qui furent écussonnés au mois d’août de
l’année 1880 ou de 1881.
Le Rosier tige gelé a été l’objet d’un travail particulier.
Le Rosier (fig. 163) est perdu ; la tête est détruite et la tige
(A) gelée. Au printemps 1880, une série de rejets émergent des
racines et du collet ; l’ébourgeonnement et la suppression des
drageons ont conservé le mieux placé (C) ; le palissage l’a
accolé (l, l) à la tige morte et au mois de septembre, l’écimage a
contribué à la lignification de ses tissus.
En 1881, la nouvelle tige donnait des rameaux latéraux (B,
B) qui furent écussonnés. Les pluies d’août, succédant aux
chaleurs tropicales de juillet (+ 40°), firent sortir les écussons
(e) ; c’est pourquoi les rameaux (B, B) furent écourtés à 0m,25,
puis à 0m,10 de la tige, enfin au printemps 1882 retranchés (en
o). La tige primitive (A), étant ensuite coupée (en a), le Rosier
fut définitivement reconstruit.
425
XI. — RÉTABLISSEMENT DU VIGNOBLE PAR LA
GREFFE.
426
signalait au Congrès viticole de Beaune l’immunité de Vignes
américaines plantées au milieu de cépages de cuve défaillants,
et en recommandait la culture. À partir de ce jour, la lutte contre
le phylloxéra prit un nouveau caractère qui peut s’exprimer
ainsi : vivre avec son ennemi ou malgré lui.
Des millions de plants de Vignes américaines, des groupes
Labrusca, Æstivalis, Cordifolia, ont pénétré dans notre région
viticole, soit au titre de producteur direct, soit, plutôt encore,
pour servir de porte-greffe à nos espèces destinées au pressoir.
Nous avons visité ces vignobles immenses, jadis florissants,
de Dijon à Marseille, de Nice aux Charentes. Partout, les
propriétaires avides de reconstruire leurs vignes pratiquent la
greffe avec le succès de greffeurs de profession. Ils ont reconnu
que la Vigne ainsi traitée produit vigoureusement et
abondamment un vin aussi corsé, aussi généreux que la vigne
de pied franc. Partout, des concours de greffage sont institués ;
des conférences ont lieu à cette occasion par des praticiens
expérimentés et des diplômes de maîtres-greffeurs sont
décernés aux ayants droit.
[1]
427
Nous pourrions citer des faits extraordinaires de production
avec les vignes restaurées de la sorte. Nous avons même
constaté, par exemple à l’École nationale d’agriculture de
Montpellier, que certains cépages de nos régions septentrionales
ou des pays extra-méditerranéens y vivaient et fructifiaient,
greffés, alors qu’ils y dépérissaient autrefois, cultivés franc de
pied.
Qui sait si le greffage, en fixant les plants fins de tous les
pays, n’est pas appelé à améliorer la saveur des vins de grande
culture ?
De pareils résultats ne doivent pas surprendre les personnes
versées dans l’étude du greffage. La juxtaposition des vaisseaux
et des cellules de deux végétaux réunis ainsi, provoque une
sorte de point d’arrêt dans les fonctions du fluide nourricier.
Les éléments puisés dans le sol par les racines arriveront
lentement dans les organes aériens ; ceux-ci, ayant moins de
sève brute à élaborer, fourniront, sous l’action de l’atmosphère,
une plus grande somme de carbone aux tissus ligneux ; ils
solidifieront le cambium et prépareront les bourgeons à la
fructification.
Le même raisonnement nous aiderait à expliquer la
lignification plus prompte des sarments et la disparition ou la
diminution de la coulure du raisin sur les vignes soumises au
greffage.
Il nous suffira, croyons-nous, de reproduire le passage
suivant du résumé de l’Enquête faite par la Société des
agriculteurs de France, en 1890, dans les 36 départements
viticoles les plus importants :
428
« Tous les déposants à l’enquête reconnaissent unanimement
que les variétés françaises greffées sur les porte-greffes ont une
vigueur plus considérable que lorsqu’elles sont franches de
pied.
La production du cépage greffé est également reconnue par
tous comme plus considérable. Les grappes sont plus grosses,
plus nombreuses ; le cépage est moins sujet à la coulure ; les
fruits sont plus gros, plus sucrés ; la maturité est plus précoce
de quelques jours…. »
[2]
429
grappe les gaz atmosphériques absorbés par les feuilles et les
principes de sucre et d’alcool.
M. Jules Delbrück déclarait à la section de viticulture du
Congrès des agriculteurs de France, en 1880 : « Le cépage
Malbeck greffé sur Taylor, produit à Langoiran (Gironde) un
vin supérieur à celui de Malbeck de souche franche. »
« La vigne greffée conserve son immunité, maintient les
qualités du vin de la vigne française en augmentant son
produit », proclame M. Tochon, président de la Société
d’agriculture de la Savoie, à son retour du Congrès de
Bordeaux. De son côté, M. Menudier, s’appuyant sur le
laboratoire du professeur Xambeu, écrivait au Ministre de
l’agriculture que, dans les Charentes, l’Aramon, le Malbeck, le
Quercy, greffés sur américain, fournissent un vin comparable
aux anciens crus de Saintonge, et la Folle-Blanche produit un
vin identique à celui qui, jadis, était la base des meilleures
eaux-de-vie… »
Enfin, les Congrès viticoles de Mâcon (1887), et de Beaune
(1891), ont été la glorification du greffage de la Vigne sur plant
résistant.
De pareilles autorités viticoles nous suffisent. D’ailleurs, le
Ministère de l’agriculture admet au programme des concours
régionaux le vin des vignes greffées, par catégorie distincte,
avec récompenses spéciales.
[3]
430
systèmes généraux du greffage de la vigne
431
[5]Greffage à l’abri. — Le greffage à l’abri, à l’atelier ou
sur table (fig. 164), c’est le greffage hors terre, le sujet étant un
plant complet, et quelquefois un simple rameau-bouture.
Admettons deux sections du greffage à l’abri : l’une sur plant
racine, l’autre sur sarment nu.
[5.1]Greffe sur plant raciné. — Les sujets racinés, arrachés en
janvier, février ou mars, un mois avant le greffage, ont été mis
en jauge, bien couverts de terre, dans un endroit sec, plutôt à
l’ombre et à la portée du local destiné au greffage.
[fig164]
432
Fig. 164. — Atelier de greffage.
433
0m,50. Après une année de végétation, ils pourront être mis en
place.
[5.2]Greffe sur rameau-bouture. — Cette fois, le sujet est un
simple rameau-bouture, coupé sur sarment avant la montée de
la sève et placé en jauge jusqu’au moment du greffage. Il est
indispensable que le greffon soit bien constitué.
La bouture préparée, tenue en jauge complètement la tête en
bas (A, fig. 32, p. 58), est à préférer ; son enracinement sera
plus prompt.
Aussitôt greffée, la bouture est stratifiée ou remise en jauge,
inclinée, dans une terre meuble ou sableuse, jusqu’à l’œil
supérieur du greffon. L’œil de base et l’œil d’appel du sujet sont
conservés ; les autres, éborgnés.
À la montée de la sève, il faudra planter en pépinière les
boutures greffées. Nous recommandons une terre légère, bien
scellée ou pressée au collet du plant, un paillis et des arrosages.
Le pralinage complet du plant greffé — avant sa mise en
jauge, ou en pépinière, ou en place — dans une bouillie épaisse,
et froide, empêche le dessèchement du cep et facilite l’émission
du chevelu.
On pourrait encore pratiquer le greffage sur bouture, en
opérant sous bâche chauffée à + 20°. Le jeune élève suivra la
filière d’acclimatement déjà décrite au chapitre v, p. 69.
[6]Cépages résistants pour sujets de greffage. — Dans les
circonstances actuelles, les premières qualités du sujet sont la
résistance à l’ennemi, l’adaptation au greffage, le bouturage
facile, une robustesse générale. Les espèces suivantes ont fait
leurs preuves :
434
Riparia : le Riparia se plaît dans les terres à vigne et se prête
au greffage sur place ou à l’abri ; il redoute l’excès de silice ou
de craie. Le semis a produit des formes vigoureuses et
résistantes.
York’s Madeira : pour terrain sec de lande, caillouteux,
argilo-calcaire. D’un développement plus lent, élevant assez
bien ses rameaux, le York est propre au greffage-bouture ou sur
place.
Solonis : spécial aux terrains frais, siliceux, salins, marneux,
suffisamment fertiles et compacts ; capricieux dans la craie à
sous-sol glaiseux.
Vialla : propre aux sols ordinaires profonds ; les terres
granitiques chargées de potasse ou de silice et les alluvions lui
conviennent.
Rupestris : espèce permettant la culture de divers cépages
dans les terrains arides, caillouteux, dans les calcaires durs et
les terres de roche.
Plus récemment, et dans certains milieux, on a utilisé
Jacquez, Noah, Berlandieri, Othello, comme autrefois, Clinton
et Taylor.
[7]
435
plant fort et vigoureux. Le greffage en pépinière a les mêmes
exigences.
[fig165]
436
Étant préparé à l’automne, dès la chute des feuilles, mis en
jauge de toute sa longueur la tête en bas, le rameau-bouture ne
tarde pas à se couronner de mamelons radicellaires, ce qui
facilite la soudure de la greffe.
Dans les cas de disette, on peut fabriquer des boutures avec
des simples yeux munis de 0m,02 du sarment qui les supporte
(fig. 18, p. 39) ; placé sous verre, ce rudiment s’enracine et
constitue un plant à l’automne suivant.
[fig166][fig167]
437
Fig. 166. — Plan raciné pour le Fig. 167. — Sujet bouture pour
greffage à l’abri. le greffage à l’abri.
[8]
438
sommités mal aoûtées en sont rejetées.
[9]Époque du greffage. — Dans un pays chaud, où la gelée
d’hiver est excessivement rare, on pourrait greffer à l’automne,
avant la chute des feuilles, et la végétation en serait vigoureuse
au printemps suivant ; mais sous une zone tempérée, le retrait
du sol sous l’influence du gel et du dégel viendrait ébranler le
greffon butté de terre et compromettrait sa soudure.
On opère à la montée de la sève, alors que les bourgeons
gonflent, soit en avril et mai, suivant la saison hâtive ou tardive,
le terrain chaud ou froid, et d’après l’état de végétation du sujet.
En tout état de choses, il vaut mieux éviter le suintement du
liquide séveux ; on y parvient en étêtant provisoirement le cep,
quelques jours avant le greffage, sauf à recouper finalement à la
dernière heure.
On choisira une température calme, plutôt chaude, ce que
l’on appelle un temps à la sève.
Si l’on est pressé, que l’on ait hâte de finir, on augmentera le
personnel au lieu de devancer la période du greffage trop tôt ou
de la prolonger trop tard. Ici, mieux vaut tard que trop tôt.
Avec le greffage à l’abri — sujets et greffons étant en jauge
— on peut retarder l’opération.
[10]Outillage du greffage. — Parmi les outils décrits et
figurés pages 11 et suivantes, nous emploierons :
Le sécateur (fig. 1) pour la préparation des sarments
greffons :
La scie (fig. 2) pour tronçonner les gros sujets, sinon la
grosse serpette (fig. 4) ;
439
La serpette fine (fig. 3) ou le greffoir à vigne (fig. 168), pour
la taille du greffon ;
[fig168]
440
procédés de greffage de la vigne
441
[fig169]
442
Le travail principal comprend la préparation du sujet, la taille
du greffon, l’assemblage de la greffe, enfin quelques détails
accessoires.
[12.1]Préparation du sujet. — Quoique le sujet soit greffé à
fleur du sol, on n’en dégage pas moins la terre autour du collet
pour faciliter le travail manuel, par exemple en h, h (fig. 170).
[fig170][fig171]
443
Fig. 170. — Greffe en fente sur Fig. 171. — Greffe en fente sur
coupe oblique. coupe plane.
444
Fig. 173. —
Fig. 172. —
Greffon préparé
Préparation du
pour la greffe en
sarment greffon.
fente.
447
Fig. 174. — Greffe en fente buttée de terre.
448
s’opère au moyen de biseaux qui s’adaptent, de coches et de
languettes qui s’agrafent réciproquement.
[13.1]Préparation du sujet. — Le sujet (M, fig. 175) greffé sur
place, est, avons-nous dit, d’un calibre moyen ; on l’étêtera de
telle sorte que la greffe terminée soit à fleur de terre, sauf à la
butter une fois l’opération terminée.
Au greffage à l’abri, le sujet pourrait être un plant raciné, âgé
d’un an (fig. 166 ; A, fig. 177), ou un sarment, non raciné (fig.
167 ; A, fig. 176), mais d’une nature disposée à l’émission des
racines. La préparation du sujet reste la même.
D’un coup de serpette donné à fleur de terre, ou plus bas, si
le sujet a été dégagé (z, z, fig. 175), on obtient le biseau allongé
(m) ; un second coup d’outil, couteau ou greffoir, partant de la
pointe du biseau, entre le sommet (m’) et la moelle, produit une
fente (m") longue de 0m,03 à 0m,04, parallèle à l’axe. Une
simple fente suffit.
Il n’y a pas d’inconvénient à combiner cette préparation du
sujet de façon qu’il soit conservé un œil (o) sur le dos du
biseau, soit à la base, au milieu ou à la pointe ; son évolution
attirera la sève sur la greffe, jusqu’à ce que l’ébourgeonnement
en ait fait justice.
[13.2]Taille
du greffon. — Le greffon est une fraction (o, fig.
172) de sarment portant deux yeux ou trois yeux en moyenne.
La base sera taillée de telle sorte que la coupe et les entailles
coïncident avec celles du sujet.
[fig175]
449
Fig. 175. — Détail de la greffe anglaise.
450
Ici encore, le bourgeon (u) conservé sur le dos du biseau
excitera les arrivages du fluide séveux favorables à
agglutination de la greffe.
[fig176][fig177]
451
Fig. 177. — Greffe anglaise, sur
Fig. 176. — Greffe anglaise sur
plant raciné, avec bourgeons
rameau-bouture, buttée de terre.
d’appel.
452
En général, les biseaux courts sont à préférer.
[13.3]Assemblage de la greffe anglaise. — L’assemblage est
tout tracé. Le bec de flûte (nn’, fig. 175) du greffon étant amené
sur le bec correspondant (mm’) du sujet, on fait glisser de haut
en bas ; la languette du greffon s’engage dans la fente du sujet
et les deux parties sont agrafées.
Si le greffon est plus étroit, on le ramène en rive de la tranche
du sujet, pour que leurs épidermes puissent se confondre sur un
côté au moins, dans la même périphérie.
Ligaturer avec du raphia ou de la ficelle. Étendre la ligature
autour du greffon, pour contrarier son enracinement. Embouer
la greffe.
Enfin butter de terre (C, fig. 176) jusqu’au sommet du
greffon (B), sous l’œil de tête (d) ; le sujet (A) étant une
bouture simple, le bourgeon (a) s’enracinera tandis que l’œil (c)
appellera la sève.
La figure 177 représente un plant racine (A) greffé à l’abri en
(C) ; un œil (a) lui est ménagé en tête ; le greffon (B) porte un
œil (b) à sa base ; ces deux bourgeons d’appel hâteront la
soudure de la greffe.
La greffe anglaise est d’une application facile lorsque le sujet
est jeune et d’un faible diamètre.
[14]Soins après les greffages en fente et à l’anglaise. —
Nous ne voulons pas entrer dans les détails de culture, que la
méthode en soit traditionnelle ou perfectionnée. Les soins
particuliers sont d’abord le buttage de la greffe, puis le
tuteurage, ensuite l’ébourgeonnement, le palissage, la
suppression des racines nées sur le greffon, enfin le débuttage.
453
[14.1]Buttage de la greffe. — Nous avons indiqué plus haut
l’utilité indispensable du buttage provisoire de la greffe de la
Vigne.
Avec quelques coups de pioche autour du plant, et par un
apport spécial de terre ameublie à la main, au panier, à la
brouette, on butte le cep jusqu’à l’œil supérieur du greffon (fig.
174 et 176), quel que soit le procédé adopté, en place ou en
pépinière. Cette opération est faite avec beaucoup de
précaution.
Dans l’été, ésherber à la main.
[14.2]Tuteurage. — Avant de butter, c’est le moment
d’enfoncer solidement un échalas au pied du cep et d’y attacher
le sujet avec un lien d’osier ; un tuteur court offre plus de
sécurité. Le tuteurage est trop négligé dans la grande culture. Le
Bordelais, qui produit des vins d’un prix plus élevé que le
Languedoc, semblerait s’y intéresser davantage.
[14.3]Ébourgeonnement. — Le tronçonnement du sujet, qui
précède l’opération du greffage, excitera plus tard la sortie de
jets souterrains qu’il convient de supprimer rigoureusement
jusqu’à leur empâtement ; sans cela, ils affameraient la greffe.
Quant aux bourgeons ménagés en tête du sujet pour jouer le
rôle d’appelle-sève (o, fig. 175 ; c, fig. 176 ; a, fig. 177), on ne
leur laissera pas le temps de fatiguer la greffe, il suffira de les
pincer à 0m,10. Lorsque la greffe aura acquis un développement
suffisant, on élaguera ces bourgeons du sujet ; mais si elle était
morte, on laisserait le cep pousser à son aise et on le grefferait à
nouveau au printemps suivant.
454
[14.4]Palissage. — On palisse, contre le tuteur, les bourgeons
à mesure qu’ils se développent. Arrivés au sommet de leur
support, les brins pourront être écimés, car leur poids serait
capable d’entraîner l’échalas et de briser la greffe ; c’est
pourquoi le tuteur doit être enfoncé solidement, sinon, il vaut
mieux s’abstenir du tuteurage.
[14.5]Suppression des racines du greffon. — Le buttage de
terre excite la sortie du chevelu au greffon comme s’il s’agissait
d’une bouture ; mais alors il va prendre, de ce fait, un
accroissement rapide, et quand le phylloxéra attaquera les
racines nouvelles, l’anéantissement du cep n’en sera que plus
prompt.
Il faut donc au moins deux fois l’an, en juin et en août, ou
même trois fois, en mai, en juillet, en septembre, dégager la
terre qui entoure le greffon, couper les chevelus qui y auraient
pris naissance et rétablir aussitôt le petit tertre.
En même temps, on surveille la ligature. Si, à la première
visite, elle pénètre dans l’écorce, on soulage la greffe en
dénouant le lien. À la seconde visite, on l’enlève complètement,
en évitant d’en laisser subsister le moindre fragment dans le pli
des boursouflures. S’il faut employer le couteau, on doit agir
avec précaution, surtout à l’égard de la greffe anglaise.
[14.6]Débuttage de la greffe. — À la dernière visite aux
radicelles qui ont pu sortir du greffon, vers l’époque de la chute
des feuilles, la soudure de la greffe étant assurée, on ne rétablit
plus le petit monticule de terre élevé autour de la plante, sauf
aux greffes faibles ou dans un sol humide ; la partie greffée
s’acclimate et peut alors subir les rigueurs de l’hiver et la
sécheresse de l’été.
455
[fig178]
457
Fig. 179. — Greffage sous verre de la vigne — Placage à l’anglaise du
458
bourgeon-greffon.
459
Jusqu’alors, deux procédés de greffage herbacé peuvent être
recommandés :
1o Greffage par rameau, à l’anglaise simple ;
2o Greffage par œil ou écussonnage en vert.
Avec l’un ou l’autre, il s’agit d’unir de jeunes pousses âgées
de quelques mois, ayant l’aspect de la figure 180 ; on excitera
leur évolution au pied de la souche à greffer par le recepage
préalable du tronc-sujet, et sur l’étalon porte-greffons par la
taille assez courte des branches.
[fig180]
460
Fig. 180. — Sarment herbacé de la Vigne.
462
Fig. 181. — Greffe de rameau herbacé, à l’anglaise simple (Vigne).
463
Embouer préalablement le greffon contre l’action de l’air, du
soleil ou du hâle ; sinon attacher autour de la greffe, à titre
d’écran, une feuille de vigne ou un cornet de papier gris.
Ni engluement, ni buttage de terre.
[18.1]Soins après le greffage par rameau herbacé. —
Enfoncer un tuteur dans le sol et y attacher la branche greffée ;
la tête du tuteur dépasse la greffe d’au moins 0m,50, on y
accolera les jeunes pousses du greffon.
Quinze jours après le greffage, on peut enlever l’écran — par
un temps doux.
La greffe étant à œil poussant ne tarde pas à se développer ;
alors, enlever les bourgeons de souche et pincer les autres.
Recommencer en juillet-août, à œil dormant les greffes
manquantes, avec d’autres yeux ; éviter les ébourgeonnages et
les pincements.
Le greffage d’hiver est encore une ressource pour refaire les
ceps manqués en vert.
[19]Écussonnage herbacé de la vigne (fig. 182, 183). — Nos
éditions précédentes ont parlé de l’écusson à œil dormant
pratiqué à Beaune, chez Joseph Gagnerot. Cet intelligent
viticulteur exposait, en 1867, à Paris, de superbes plants de
vigne écussonnés, à différents âges.
Il opérait au commencement ou au milieu de l’été, à la base
d’un sarment en aoûtement, et couvrait la greffe de terre
pendant quinze jours.
Hortolès, Pulliat, Saurel l’ont imité.
Depuis, en 1887, un artisan du Lot, Salgues aîné, à Bétaille, a
remis l’écusson de la Vigne en vigueur. E. Marre, professeur
464
d’agriculture de l’Aveyron, est allé visiter le vignoble
écussonné et nous écrit : « Tout le succès dépend du choix des
parties à rapprocher par la greffe. Le sarment du sujet quitte
l’état herbacé, et n’est pas encore aoûté ; le point greffable est
généralement en deçà de 0m,40 à 0m,60 de la pointe ; l’écorce
peut encore se soulever. »
Et plus loin : « Le greffon, plus tendre, est levé sur partie
plus jeune d’un rameau principal, ou sur ramille anticipée, dite
faux-bourgeon ; le point essentiel est que le petit renflement du
sarment-étalon, en face de l’œil-greffon, soit déjà visible et pas
trop accentué. Cet œil est à peu près le cinquième en deçà de la
pointe. »
Le diamètre du greffon sera donc inférieur à celui du sujet ;
et l’époque du greffage variera : en mai et juin pour l’écusson à
œil poussant ; en juillet et août pour l’œil dormant.
Le bourgeon écusson, effeuillé sur pétiole, est levé comme
nous l’avons dit, p. 167, fig. 90, avec cette différence qu’il
conserve sous le gemme une lamelle de tissu herbacé (B, fig.
182).
Sans plus tarder, on pratique une incision en long (D) ou en
faucille au sommet (F), sur un côté méplat du sarment, en tête
du mérithale. En repliant légèrement ce sarment en avant, les
lèvres de l’incision s’écartent et l’on y introduit le greffon, aidé
par la spatule d’ivoire (d, f).
[fig182]
465
Fig. 182. — Écussonnage de la Vigne.
466
combinée 工 (voir fig. 150, p. 412). Son confrère Goethe va
jusqu’à enlever un œil au sarment, sujet écimé, et à lui plaquer
un écusson boisé du sarment greffon.
En Provence, Marius Faudrin incise en T, au mois d’août,
sur sarment large de 0m,01.
[19.1]Soins après l’écussonnage en vert. — Notre opération
étant faite à œil dormant, nous laisserons le sujet s’étendre tout
à l’aise, mais en lui extirpant les rejets autour du collet, et en
tuteurant les sarments écussonnés.
Au printemps suivant, on étêtera le sujet (A, fig. 183) à 0m,
10 au-dessus de la greffe, tandis que les rameaux non greffés
seront recepés.
Pendant l’été, ébourgeonner les jets superflus, palisser la
jeune greffe (B, en e) sur l’onglet ; celui-ci sera retranché (en f)
à la chute des feuilles ou au réveil de la sève, après l’hiver.
En ce qui concerne l’œil poussant, ces opérations sont
décrites p. 190, fig. 102.
Tuteurage obligatoire de la jeune greffe.
[19.2]Greffage ou bouturage de rameaux écussonnés. —
L’exemple (fig. 98, p. 178), de rameaux écussonnés trouve ici
son application. Le sarment (A, fig. 182) reçoit en été des
bourgeons-écussons à deux ou trois mérithales d’intervalle. Au
cours de l’hiver suivant, la sève étant au repos, on sectionne (e,
g, h), le sarment ainsi écussonné, de manière que le bourgeon
écusson ait, au-dessous de lui, deux yeux du sujet. Ces
fragments, mis en jauge ou en stratification, deviendront au
printemps suivant de bons rameaux boutures ou greffons. On
comprend que, l’ébourgeonnage aidant, si le porte-greffe
467
s’enracine et l’écusson s’agglutine, c’est le bourgeon inoculé de
la sorte qui fournira le cep futur.
[fig183]
468
XII. — GREFFAGE DE VÉGÉTAUX HERBACÉS
OU SOUS-LIGNEUX.
469
La presse horticole s’est empressée de publier le résultat
de ces expériences faites à différents points de vue, soit au
Muséum, au Luxembourg, à Fromont, à la Muette, à
Versailles et autres établissements d’étude et
d’enseignement, soit dans les maisons de commerce et de
production, en France et hors frontière.
Nous signalerons ce qui est admis dans le domaine de la
pratique. Si le physiologiste n’y trouve pas toujours une
greffe dans toute l’acception du mot, l’amateur de jardins
ne s’intéressera pas moins à cette opération similaire.
[1]
[fig184]
470
est un jeune rameau
herbacé, ses feuilles sont
conservées ou coupées sur
limbe ; ligature au raphia.
Un de nos greffeurs,
Louis Asselin, a réussi ces
deux manières qui,
d’ailleurs, sont pratiquées
au Japon, ainsi que nous
l’a confirmé Hayato
Foukouba, directeur des
jardins du Mikado, lors de
son voyage en France, en
1889 :
1o En touffe ; chaque
rameau est coupé à 0m,10
et greffé en demi-fente (fig.
Fig. 184. — Greffage sous écorce, du
187) ou à l’anglaise (fig.
Chrysantème.
80 et 81) ;
2o En pyramide ; une tige unique (B, fig. 184 provenant
du bouturage d’hiver recevra, sur le corps, plusieurs
greffons (A) préparés et insérés par le procédé sous écorce
(fig. 48). La tige à écorce lisse (Elaine, Hanoi, Eva, Joseph
Rozain, Maiden’s Blush, Madame Féral) a été pincée au
sommet, huit jours avant le greffage.
Imitant les Japonais, les Anglais réunissent sur la même
tige quelques variétés présentant une analogie de port et
471
d’époque de floraison. Ils opèrent dans la serre à vigne et
entourent la greffe de sphagnum pendant l’étouffage.
Les soins généraux sont d’abord l’étouffée sous verre,
l’aération aussitôt la reprise assurée, puis le palissage de
chaque greffe, l’ébourgeonnage du tronc et l’édrageonnage
de la souche.
[1.2]Coleus (Labiées). — Le greffage du Coleus permet
de grouper des feuillages variés sur la même plante ; le
sujet serait une variété à tige forte et vigoureuse, à feuillage
plutôt unicolore.
Greffer en demi-fente (fig. 87) ou de côté (fig. 65), au
printemps ; ligaturer au raphia ; étouffer aussitôt l’opération
finie.
[1.3]Croton,Codiæum (Euphorbiacées). — Ici encore, la
greffe est un moyen de varier les feuillages sur la même
plante.
Opérer en avril-mai, en demi-fente (fig. 187) ou en
placage (fig. 118), et porter la plante sous cloche, dans une
couche de tannée à + 20°.
On a essayé de même la greffe par approche au
printemps.
[1.4]Dahlia (Composées). — Depuis les essais de Thomas
Barkes, en 1821, répétés en France par Lelieur et David, à
Saint-Cloud, le Dahlia se multiplie par le séparage des
touffes (fig. 185) mises en végétation sur couche, par le
bouturage des jeunes pousses, par le greffage. On peut
greffer (fig. 186) sur tubercule (A) un bourgeon (B)
472
provenant de la plante à reproduire, la souche ayant été
forcée dès le mois de février.
Le tubercule choisi est de moyenne grosseur ; la tête
étant coupée, on le fend pour y insérer le greffon, jeune
pousse de 0m,05 à 0m,15 de longueur (B) portant une ou
deux paires de feuilles ; il est avivé de chaque côté à la
base. Un œil (C) ménagé au dos du biseau permettra
d’assurer la propagation de la plante l’année suivante. Sans
cette précaution, le Dahlia greffé ne saurait être conservé au
delà d’une saison.
Une fente de biais au tubercule pour recevoir le greffon a
toute chance de succès.
Aussitôt ligaturée au raphia, la greffe logée dans un pot
sera placée sous cloche à chaud, sur la bâche vitrée de la
serre à multiplication.
[fig185][fig186]
473
Fig. 185. — Souche de Dahlia. Fig. 186. — Greffage du Dahlia.
474
Il paraît que le Dahlia imperialis, greffé, peut fleurir sous
le climat de Paris.
[1.5]Érythrine (Papilionacées). — Sur l’Érythrine crête
de coq, Er. crista galli, les variétés à rameaux étalés et à
belle floraison comme Madame Bellanger, Monsieur
Barillet, deviennent exubérantes en floraison et trapues en
végétation. Greffer en demi-fente (fig. 114), sous verre.
[1.6]Fuchsia (Onagrariées). — Le bouturage facile du
Fuchsia n’ôte rien à l’intérêt qui s’attache à son greffage.
Grâce à cette opération, on obtient des Fuchsias à haute
tige comme des Rosiers ou des Orangers. En 1869, M.
Harms exhibait de ces plantes à Hambourg et nous
expliquait sa méthode. La tige est une variété très
vigoureuse, comme Der Wucherer, qui garde sa sève
longtemps, sans être ni cassante ni fluette, et ses racines
restent bien « mottées ». Bouturé de bonne heure et poussé
à l’engrais liquide, il peut, à l’automne suivant, recevoir sur
tige des greffons de variétés à végétation courte,
buissonnante ou retombante. Ici, les floraisons précoces
sont recherchées par l’amateur, et la série du Fuchsia
fulgens dégage des grappes florales de son épais feuillage.
La variété fulgens Dark fait valoir, au greffage, ses
abondantes corolles longues et tubulées et se présente ainsi
sous un aspect qui lui est plus favorable.
Moins élancées sont les tiges des Fuchsias Général
Lapasset et Marquis of Bristol, également propres au rôle
de sujet.
475
[fig187]À Passy-Paris,
le fleuriste Paintèche
nous a montré des types
porte-greffe qu’il a
trouvés sur le marché et
qu’il utilise ainsi,
comme il utilise
Pauline, Lamennais,
etc. Avec le système en
coulée (fig. 184), à
l’herbacé, il groupe
plusieurs sortes sur la
même plante.
Par le greffage rez-
Fig. 187. — Greffage du Fuchsia.
terre, l’horticulteur
nancéien Victor Lemoine a sauvé des Fuchsias malades ou
brisés ; il a pu également devancer la mise au commerce de
nouveautés inédites et forcer la floraison du Fuchsia
spectabilis, enté sur le F. syringæflora.
Un amateur a réussi le greffage du Fuchsia gracilis et
autres à calice rouge sur la tige du Fuchsia corallina.
La greffe habituelle est la demi-fente sur le sujet (A, fig.
187), entre deux feuilles (i, i), ou à l’aisselle, en fente de
côté, sur un sujet bien racine. Opérer sur parties herbacées,
le greffon (B) ayant les feuilles (e, e) de la base tronquées ;
ligaturer et emmousser. Placer les plantes dans une serre
plutôt humide et bien fermée ; donner des seringages
fréquents et veiller aux ligatures.
476
[1.7]Héliotrope,Heliotropium (Borraginées). — Les tiges
d’Héliotropes se font avec les variétés vigoureuses :
Triomphe de Liège, Ornement des Jardins ; en tête, on leur
insérera d’autres sortes par la greffe en demi-fente. Opérer
dans une serre un peu humide ; aérer quinze jours après.
[fig188]
[1.8]Œillet, Dianthus
(Caryophyllées). — En dehors du
greffage de variétés distinctes sur
une touffe de l’œillet des
fleuristes, on multiplie cette jolie
plante par le marcottage et le
bouturage, quelquefois par le
greffage.
Le sujet est un jeune plant,
bouture ou semis ; le greffon,
jeune pousse coupée au-dessus
d’un nœud, est muni de ses
feuilles, celles de la base étant
tronquées à moitié ; le biseau est
double et laisse le nœud intact.
L’assemblage se fait par la greffe
de côté (fig. 66), en février-mars. Fig. 188. — Greffage de
Le rhizome de Saponaire l’Œillet.
(Saponaria officinalis) constitue un sujet pour les variétés
vigoureuses ; un tronçon (A, fig. 188) âgé de deux ou trois
ans, long de 0m,05, suffit ; les petits chevelus y sont
477
conservés et les yeux détruits. Le greffon plus ferme au
printemps ou à l’automne est à peu près herbacé en été. Si
le biseau peut conserver un œil, son affranchissement en
sera la conséquence. L’insertion se fait en face d’un
bourgeon d’appel (a) par la demi-fente, et l’on y introduit le
greffon (B). Après ligature avec un gros fil, la plante est
placée dans le sable fin, sous cloche, à froid. Éviter trop
d’humidité.
Par cette méthode, préconisée par Lachaume, un
spécialiste, Brot-Delahaye, a rendu l’œillet Souvenir de la
Malmaison trapu et florifère. Le greffage dit d’automne,
soit du 15 août au 15 septembre, est fait sous châssis, avec
des tronçons de racine conservés dans le terreau ou la
tannée, ainsi que procédait Loisel avant 1830.
[1.9]Pelargonium (Géraniacées). — À Cherbourg, à
Lyon, à Nancy, à Hambourg, et dans la banlieue de Paris ou
de Versailles, nous avons vu quelques exemples, seulement,
de greffage du Pélargonium, bien que Louis Thibaut,
Uterhart, Méline l’eussent pratiqué de 1835 à 1840.
Le but est de multiplier certaines variétés délicates, de
rapprocher plusieurs formes ou divers coloris sur la même
plante, et d’y grouper des types différents.
Dès 1849, Victor Lemoine greffait les Pelargonium
Anaïs Chauvière et Queen Victoria de la section dite
« fantaisie » sur l’espèce « à grandes fleurs ». Le bouturage
en était difficile par suite de la végétation « tuée » par la
floribondité ; peu ou point de rameaux.
478
Avec le concours du Pélargonium zonale à fleur double,
Gloire de Nancy, on peut élever sur tige, soit un P. zonale
nain comme le Souvenir de Carpeaux, soit un P. à feuille de
lierre Madame Crousse ou autre variété non moins
élégante, soit un type à feuille panachée, comme Gyselinck
en exhibait à Gand, en 1888.
L’époque du greffage est au printemps.
Les parties à juxtaposer seront à l’état herbacé, et
cependant assez fermes pour faciliter la taille en coin du
greffon et l’incision du sujet ; leur rapprochement est en
placage à l’anglaise (fig. 56) ou en demi-fente (fig. 187).
Une serre demi-fermée vaut mieux qu’une serre humide ;
les arrosages y seront modérés.
[1.10]Pétunia (Solanées). — Le Pétunia réussit sur tige de
Tabac glauque, Nicotiana glauca. Nous en avons vu un
groupe curieux chez Aimé Champin, dans la Drôme.
L’opération, à demi-fente (fig. 187), se pratique sous
verre, en mai. Éviter l’excès d’humidité.
[1.11]Rose trémière, Althæa rosea (Malvacées). — Dans
les pays froids, on greffe la Rose trémière, particulièrement
les variétés à fleur pleine ou qui mûrissent mal leurs
graines. La greffe reproduit les caractères floraux ; la plante
devient plus ramifiée, plus hâtive et plus abondante en
floraison.
L’opération se fait de juillet en septembre, sous cloche,
dans une serre chauffée à + 15°. La jeune plante est d’abord
mise en godet et enterrée à moitié du greffon.
479
Le sujet est un fragment de racine (fig. 20) d’espèce
rustique, long de 0m,05 ; le greffon, un jet de souche portant
quelques feuilles. La taille du biseau et l’assemblage des
deux parties ont quelque analogie avec ce que nous avons
dit au Dahlia (p. 467).
Les Anglais ont adopté la demi-fente (fig. 186) et le
placage ; parfois, on greffe sur semis de la Rose trémière
« noire » ou des teinturiers.
La greffe étant soudée et en végétation, on la place sous
châssis pour l’hivernage ; la plantation au jardin se fait au
printemps suivant.
Vers 1840, Bacot, à la Villette, greffait la Rose trémière
sur racine de Guimauve (Althæa officinalis), à chaud et
sous cloche, à l’étouffée.
[1.12]Tacsonia (Passiflorées). — Nous pourrions citer
encore plusieurs végétaux qui se prêtent au greffage en
serre ; tels sont les Acokanthera (A. spectabilis sur A.
Thunbergii), Allamanda. Bouvardia, Chrysophyllum,
Combretum, Hibiscus, Ipomea, Ixora, Pavetta, Phytolacca,
Strychnos, Verbena (sur Lantana) etc. ; nous dirons
seulement un mot du Tacsonia, à propos d’une expérience
faite, à Nancy, dans les serres de Victor Lemoine et fils.
Un Tacsonia Buchanani greffé en placage sur Passiflore
quadrangulaire à feuille panachée, devint panaché lui-
même ; ses rameaux greffés ensuite sur de nouveaux sujets
de Passiflore accentuèrent encore leur panachure. La même
480
opération fut recommencée à trois reprises, et la sous-
variété panachée fut définitivement fixée.
481
XIII. — GREFFAGE DES VÉGÉTAUX CHARNUS
482
sujets porte-greffes des cactées
483
Les gros sujets dans les espèces à forte tige recevront la
greffe des plantes plus charnues. D’après Éberlé, le Cierge
à grosse côte, C. macrogonus, avec ses tiges allongées, est
tout disposé à cet usage.
Enfin, on choisira des espèces dont la tige offre assez de
consistance, ne serait-ce que dans l’axe, pour supporter le
greffon.
[1.2]Échinopside, Echinopsis. — Sur l’Échinopside
réussissent quelques Échinocactes et des Mamillaires.
Les Echinopsis multiplex, turbinatus, var. Eyriesi, assez
robustes, de multiplication facile, pourront être utilisés au
greffage des Cactées de différents genres.
[fig190] [1.3]Opontiaou Nopal. — Les
espèces qui se prêtent le mieux aux
fonctions de porte-greffe sont les Opuntia
Stapeli, crassa, monacantha, curassavica,
ficus indica et le vulgaire Opontia dit
Raquette.
Le cactophile Palmer a inséré, sur une
touffe de l’Opuntia monacantha, toute une
collection de Cactées, une espèce étant
greffée sur chaque article. Fig. 190. —
L’Opontia à feuille épaisse, Opuntia Greffage sur
crassa (fig. 190) est réservé aux sortes Opontia.
délicates.
[1.4]Péreskia. — Les espèces admises comme porte-
greffe sont :
484
1o Le Péreskia subulé, P. subulata, destiné au greffage
des Opontias chétifs, des Échinopsides, Mamillaires, etc.,
des Épiphylles à large feuille.
2o Le Péreskia calandriniæfolia. — Les fleuristes de
Dusseldorf, entre autres, emploient cette espèce à tige forte
et ligneuse pour la greffe des Épiphylles.
3o Le Péreskia piquant, P. aculeata, (aux Antilles,
Groseillier d’Amérique), le plus rustique du groupe, reçoit
les Épiphylles, surtout les variétés à petite feuille, et
quelques autres Cactées.
Le Péreskia porte-greffe prospère dans les milieux où vit
l’Épiphylle ; il lui faut, en hiver, des arrosages et de la
chaleur.
[1.5]Phyllocacte,Phyllocactus. — Le Phyllocacte
anguleux est parfois employé. Le Ph. à large fronde,
Phyllocactus latifrons, a été le sujet favori de notre confrère
troyen, M. Léger. Après reprise certaine (fig. 191) il
retranchait les ailes du sujet et s’en servait comme éléments
de multiplication, par le bouturage.
[2]
486
magnifique, Cactus speciosissimus.
[2.3]Échinocacte, Echinocactus. — À une exposition
horticole de Lille, nous avons compté, devant le lot de
Cactées soumises au greffage par M. Rogé, douze variétés
d’Échinocactes entées sur le Cierge du Pérou, à tige
colomnaire ; autant sur le Cierge tortueux, plus couché ;
huit sur le Cierge de Bonpland ; six sur le Cierge azuré, aux
tiges glauques, et quelques-unes sur le Cierge à grosse côte,
vigoureux, ou sur le Cactus speciosissimus, de la tribu des
« Hétéromorphes », et même sur le C. lætus, moins
aiguillonné.
D’autres figuraient sur le Péreskia à tige grêle ou sur
l’Echinopside, au port ramassé.
L’amateur Ramus greffe l’Echinocactus Potsiu sur le
Cactus tortuosus.
[2.4]Échinocereus. — Lorsqu’il est greffé sur Péreskia
subulé, l’Échinocereus tubéreux, Ech. tuberosus, gagne en
vigueur et en floribondité.
Les autres espèces s’accommodent plutôt des Cierges du
Pérou, tortueux, de Bonpland.
L’Ech. Ehrenbergi var. cristata s’adapte au Cierge à
grosse côte, tandis que son type épanouit sa corolle rose sur
le Cierge lisse, C. lætus.
[2.5]Échinopside. — La forme sphéroïdale ou ovalaire de
l’Échinopside contrastera avec la tige dressée et rigide des
Cierges, lorsqu’on greffera les variétés principales sur ces
487
derniers sujets, ou avec la tige grêle et tourmentée du
Péreskia.
L’Echinopsis multiplex cristata, aux formes irrégulières,
enté sur la tige d’un Cierge de Baumann ou à grosse côte,
ou sur Opontia épais, Op. crassa, aux articles plats, ou sur
Echinocereus cendré, Ech. cinerescens, rebondi et hérissé,
constituera un assemblage bizarre et curieux.
[2.6]Épiphylle, Epiphyllum. — L’espèce la plus cultivée
est l’Épiphylle tronqué, Ep. truncatum. Greffée sur
Phyllocacte (fig. 191), sur Cierge ou sur Péreskia, la plante
devient florifère et approvisionne les bouquets en hiver.
[fig191]
488
Fig. 191. — Greffage de l’Épiphylle sur Phyllocacte.
489
Par une série de greffes de côté pratiquées çà et là sur la
même tige de Péreskia, on obtiendra des guirlandes
décoratives d’Épiphylles en fleurs dans la serre ou dans la
forcerie.
Conservant sa sève en hiver, le Cierge à éperon est
sympathique à l’Épiphylle.
Avec l’Opuntia, l’Épiphylle conserve un port plus
buissonnant, mais sa longévité y perd.
[2.7]Mamillaire, Mamillaria. — Les Mamillaires, dont le
nom indique suffisamment la forme, seront greffés sur les
Cierges tortueux, du Pérou, de Bonpland. Toutefois le
Mamillaria Schiedeana développe ses petites baies rouge
corail sur le Cereus Lamprochlorus, à tige cylindrique. Le
Mamillaire bicolore se contente du Cierge à éperon, C.
rostratus ; d’autres se soudent au Péreskia ou à
l’Échinopside.
[2.8]Mélocacte, Melocactus. — Le Mélocacte pyramidal
et variétés similaires réussiront sur le classique Cierge du
Pérou, érigé ou cannelé.
[2.9]Opontia. — Les variétés à larges feuilles ou articles,
de ce groupe, s’adaptent aux Opontias de Stapel et Figue
d’Inde, et les variétés d’apparence chétive se développent
avec l’Opontia à feuille épaisse. Sur ce dernier, ou sur le
Péreskia subulé, la variété Op. clavarioides cristata étale
ses formes originales.
Le Cierge tortueux reçoit l’Op. nivea cristata, et le
Cierge triangulaire aux tiges radicantes, fait vivre le Nopal
490
ou Opontia cylindrique et sa variété monstruosus.
[2.10]Péreskia. — Le Péreskia à grande feuille, plante de
serre chaude, peut cependant végéter en hiver dans une
serre tempérée par l’effet de son greffage sur le Péreskia
subulé.
Les autres variétés délicates réussissent sur les Péreskias
épineux et subulé.
[2.11]Rhipsalis. — Les espèces de ce genre polymorphe
vivent pour la plupart en fausses parasites et se greffent sur
Cierge ou sur Péreskia.
[3]
492
Le greffon des Mélocactes, Échinocactes et Mamillaires
est une jeune pousse globuleuse ou ovoïde qui s’est
développée au collet ou sur une côte, ou à la surface de
l’étalon.
Le greffon de l’Épiphylle se compose d’une série de 2, 3
ou 4 segments adhérents les uns aux autres ; celui de la
base doit être suffisamment ligneux pour se souder, et assez
fort pour donner promptement une plante marchande.
Le greffon de l’Opontia est un article court ou allongé,
selon son espèce, poussé nouvellement sur tige ou sur
ancienne articulation.
Il n’y a pas d’inconvénient à détacher le greffon de la
mère quelques jours avant son emploi.
[3.3]Assemblage. — Le rapprochement définitif, ou
assemblage, consiste à mettre en contact les tissus
cellulaires des deux plantes opérées.
Pour le greffage sur tige de Cierge ou de Péreskia, on
étête le sujet de manière que le greffon porte sur une partie
déjà ligneuse. On incise de haut en bas l’axe du sujet et l’on
y insère le greffon, dont on avive l’épiderme à la base, sur
chaque face. La greffe anglaise simple (fig. 80, 117, 181),
réussit également.
La figure 191 représente un Épiphylle, greffe de quatre
ans, introduit de cette façon, sur une tige de Cierge ou
plutôt de Phyllocacte.
La greffe de côté (fig. 65, 66, 67) est applicable au
Péreskia, plante sujet. On pratique une fente oblique, de
493
haut en bas, commençant à l’aisselle d’une feuille terminant
à l’axe central, et l’on y introduit le greffon préparé.
La soudure des plantes grasses exige le contact des deux
parties, facilité par des pointes transversales ou des liens
extérieurs.
On enfonce des épingles galvanisées ou des aiguillons de
Cactée, longs et forts comme ceux du Péreskia, traversant
le sujet et le greffon ; on ajoute s’il le faut, une ou deux
petites pinces en bois (pince à linge) au sommet du sujet
incisé.
Quand une ligature est praticable, on se sert de fil, de
laine, de coton ; les épines conservées en tête du sujet
empêchent le glissement du lien.
[fig192]
494
La couture à l’aiguille avec un fil ordinaire, traversant la
greffe, est encore admissible.
L’Opontia (fig. 190) sera greffé tel que nous venons de
l’expliquer : incision au sommet légèrement tronqué ;
introduction d’un greffon avivé à la base ; épinglage ou
ligature.
Le Cierge sur Cierge (fig. 189) nécessite la perforation de
l’axe de l’une des deux parties. Quant aux greffons
sphériques, ramassés, ou à peu près, il suffirait de les
adapter au sujet par une simple coupe horizontale répétée
sur l’un et sur l’autre ; mais s’ils étaient plus gros que le
sujet, on les creuserait en dessous (B, fig. 192), et on y
introduirait ce dernier (A) avivé en tête comme s’il
s’agissait d’emmancher un maillet. S’ils étaient plus petits
ou de forme ovoïde, on pratiquerait l’opération contraire.
La ligature (C) se fait avec un fil, avec un brin de laine,
de coton ou de raphia reliant les deux parties à la façon du
ficelage du bouchon des bouteilles de liquide mousseux. Un
tour préalable en tête du sujet et deux tours en croix sur le
greffon — ménageant le sommet par un tampon de liège —
suffisent. Si la plante est en pot, le bord couronné du vase à
fleur peut aider à ce petit travail.
[4]Soins après le greffage des Cactées. — Le sujet greffé
sera placé immédiatement à l’ombre, sous châssis ou sous
cloche dans la serre, et y séjournera de huit à quinze jours.
Une fois l’adhérence bien constatée par un
commencement de végétation ou un simulacre de bourrelet,
495
on enlève le double verre et on laisse la plante dans la serre
où elle ne tarde pas à se développer.
Les ligatures seront supprimées assez tard, après la
reprise, avant qu’elles puissent nuire au grossissement du
sujet.
Cependant, les greffes de Cactées pourraient être
groupées sous le simple verre de la serre à multiplication, à
mi-ombre et mi-soleil, en leur évitant surtout les courants
d’air occasionnés par le va-et-vient du personnel.
Le double verre est indispensable aux greffages d’été ; la
greffe est ainsi soustraite aux risques de la pourriture qui
peut être amenée par les arrosages obligatoires de la serre,
en cette saison.
Le maniement d’une greffe de Cactée demande une
certaine attention, tant que le soudage n’en est point
complet.
496
TABLE DES MATIÈRES
Préface
I. Définition et but du greffage
Définition du greffage
But du greffage
497
Couteau à greffer
Ciseau à greffer
Gouge à greffer
Métrogreffe
Entretien des outils
Ligatures
Laine filée ; coton filé
Spargaine ; massette
Raphia
Tritoma ; tille ; natte
Ficelle ; osier ; écorces, etc.
Engluements
Onguent de Saint-Fiacre
Mastic chaud
Mastic froid
Accessoires
498
Plantation du plant
Recepage du plant
Élagage du jeune sujet
Préparation du sujet pour le greffage
Greffage sur place
Greffage à l’abri
Sujets de bouture
Choix des greffons
Arbres étalons
Greffon-arbre
Greffon-œil
Greffon-rameau
Conservation des greffons
499
Préceptes généraux
Groupe I. Greffage par approche de côté
Greffe par approche en travers
Greffe par approche en placage
Greffe par approche en incrustation
Greffe par approche à l’anglaise, de côté
Groupe II. Greffage par approche en tête
Greffe par approche à l’anglaise, en tête
Groupe III. Greffage par approche en arc-boutant
Greffe en arc-boutant avec œil
Greffe en arc-boutant avec rameau
Soins après le greffage par approche
Sevrage de la greffe par approche
Écimage du sujet
Séparation de la mère
Application du greffage par approche à la
multiplication des végétaux
501
Préparation du greffon
Greffe en fente ordinaire
— simple
— double
— avec œil enchâssé
Époque du greffage en fente.
Greffage en fente au printemps
Greffage en fente à l’automne
Greffe en fente terminale
— terminale ligneuse
— terminale sur arbres non résineux
— en fente terminale sur arbres
résineux
Greffe terminale herbacée
Greffage en bifurcation
— en bifurcation des conifères
Greffe en bifurcation des bois durs
Greffe en bifurcation de la vigne
Soins après le greffage en fente
Groupe VII. Greffage à l’anglaise
Préceptes généraux
Greffe anglaise simple
— compliquée
— trait de Jupiter
— au galop
— au galop simple
— — double
502
— anglaise à cheval
— anglaise sur la vigne
Soins après le greffage à l’anglaise
503
Groupe II. Greffage en flûte
Préceptes généraux
Greffe en flûte ordinaire
— avec lanières
Soins après le greffage en flûte
Abricotier, Armeniaca
Abutilon, Abutilon
Actinostrobus
Ajonc, Ulex
Alaterne, Rhamnus Alaternus
Alisier, Aria
Althéa, Hibiscus
Amandier, Amygdalus
Amélanchier, Amelanchier
504
Anacardier, Anacardium
Andromède, Andromeda
Aralia, Aralia
Araucaria, Araucaria
Arbousier, Arbutus
Arthrotaxis, Arthrotaxis
Aubépine, Cratægus oxyacantha
Aucuba, Aucuba
Aulne, Alnus
Avocatier, Persea
Azalée, Azalea
Azerolier, Cratægus Azarolus
Baguenaudier, Colutea
Bibacier, Eriobotrya
Bignone, Tecoma
Biota, Biota
Bouleau, Betula
Bourgène, Rhamnus
Buisson-Ardent, Pyracantha
Broussonnetier, Broussonnetia
Bugrane, Ononis
Caféier, Coffea
Callistémon, Callistemon
Callitris (syn. Frenela)
Calophaca, Calophaca
Camellia, Camellia
Camphrier, Laurus camphora
505
Cannellier, Cinnamomum
Caragana, Caragana
Caroubier, Ceratonia
Catalpa, Catalpa
Céanothe, Ceanothus
Cèdre, Cedrus
Céphalotaxus, Cephalotaxus
Cerisier, Cerasus
Chalef, Elæagnus
Chamécerisier, Chamæcerasus
Chamécyparis, Chamæcyparis
Charme, Carpinus
Châtaignier, Castanea
Chêne, Quercus
Chénomèles, Chænomeles
Chionanthe, Chionanthus
Clématite, Clematis
Clérodendron, Clerodendron
Cognassier, Cydonia
Cormier, Cormus
Cornouiller, Cornus
Corossolier, Anona
Correa, Correa
Cotonéaster, Cotoneaster
Crowea, Crowea
Cryptoméria, Cryptomeria
Cyprès, Cupressus
506
Cytise, Cytisus, Laburnum
Dacrydium, Dacrydium
Daphné, Daphne
Dierville, Diervilla
Diosma, Diosma
Disemma
Épine-Vinette, Berberis
Érable, Acer
Ériostémon, Eriostemon
Eucalyptus, Eucalyptus
Eugenia, Eugenia
Eurya, Eurya
Exochorda, Exochorda
Févier, Gleditschia
Figuier, Ficus
Frêne, Fraxinus
Fusain, Evonymus
Gainier, Cercis
Gattillier, Vitex
Genêt, Genista, Spartium
Genévrier, Juniperus
Ginkgo, Ginkgo
Glycine, Wustaria
Glyptostrobus, Glyptostrobus
Goyavier, Psidium
Grenadier, Punica
Grévillea, Grevillea
507
Groseillier, Ribes
Hakéa, Hakea
Halimodendron, Halimodendron
Hêtre, Fagus
Houx, Ilex
Idésie, Idesia
If, Taxus
Indigotier, Indigofera
Jambosa, Jambosa
Jasmin, Jasminum
Lachnéa, Lachnæa
Lambertia, Lambertia
Laurier, Laurus
Libocèdre, Libocedrus
Lierre, Hedera
Lilas, Syringa
Ligustrina, Ligustrina
Litchi, Nephelium
Maclure, Maclura
Magnolier, Magnolia
Mahonia, Mahonia
Mangoustan, Garcinia
Manguier, Mangifera
Mammea, Mammea
Marronnier, Æsculus
Mélaleuque, Melaleuca
Mélèze, Larix
508
Merisier à grappes, C. Padus
Métrosidéros, Metrosideros
Micocoulier, Celtis
Millepertuis, Hypericum
Morelle, Solanum
Mûrier, Morus
Myrte, Myrtus
Nandina, Nandina
Néflier, Mespilus
Négondo, Negundo
Nérium, Nerium
Noisetier, Corylus
Noyer, Juglans
Olivier, Olea
Oranger, Citrus
Orme, Ulmus
Osmanthe, Osmanthus
Ostrya, Ostrya
Passiflore, Passiflora
Pavia, Pavia
Pêcher, Persica
Peuplier, Populus
Photinia, Photinia
Phyllirea, Phyllirea
Phyllocladus, Phyllocladus
Pimélée, Pimelea
Pin, Pinus
509
Pistachier, Pistacia
Pittospore, Pittosporum
Pivoine en arbre, Pæonia
Planéra, Planera
Plaqueminier, Diospyros
Platane, Platanus
Podocarpe, Podocarpus
Poirier, Pirus
Pommier, Malus
Prunier, Prunus
Ptéléa, Ptelea
Quinquina, Cinchona
Raphiolépis, Raphiolepis
Rétinospore, Retinospora
Rhododendron, Rhododendron
Rhopala, Rhopala
Robinier, Robinia
Rogiera, Rogiera
Rosier, Rosa
Sapin, Abies, Picea, Tsuga
Saule, Salix
Sciadopytis, Sciadopytis
Séquoia, Sequoia
Shepherdia, Shepherdia
Sophora, Styphnolobium
Sorbier, Sorbus
Spirée, Spirea
510
Sureau, Sambucus
Tacsonia
Taxodier, Taxodium
Thuia, Thuia
Thuiopsis, Thuiopsis
Tilleul, Tilia
Torreya, Torreya
Troène, Ligustrum
Tulipier, Liriodendron
Vigne, Vitis
Viorne, Viburnum
Widdringtonia, Widdringtonia
Zieria, Zieria
511
Garniture de branches dénudées
Renouvellement de l’espèce de l’arbre
Regreffage de gros arbres
Restauration par la greffe des arbres gelés
512
Préparation du sujet
Taille du greffon
Assemblage de la greffe
Soins après les greffages en fente et à l’anglaise
Buttage de la greffe
Tuteurage
Ébourgeonnement
Palissage
Suppression des racines du greffon
Débuttage de la greffe
Greffage sous verre et greffage herbacé de la
vigne
Placage à l’anglaise par œil
Greffage herbacé de la vigne
Greffage par rameau herbacé, à l’anglaise simple
Soins après le greffage par rameau herbacé
Écussonnage de la vigne
Soins après l’écussonnage en vert
Greffage ou bouturage de rameaux écussonnés
515
TABLE DES
ILLUSTRATIONS
(ne fait pas partie de l’ouvrage original)
MATÉRIEL DU GREFFAGE
Fig. 1. Sécateur.
Fig. 3. Serpette.
Fig. 5. Greffoir.
516
Fig. 10. Métrogreffe.
517
Fig. 23. Plantation de rameaux-boutures en
pépinière.
518
Fig. 34. Emploi des paillassons sur les greffages
sous verre.
PROCÉDÉS DE GREFFAGE
519
Fig. 43. Greffe par approche en arc-boutant,
d’un œil.
520
Fig. 55. Greffe en placage ordinaire
(Rhododendron).
521
Fig. 67. Greffe dans l’aubier avec entaille
oblique (Houx).
522
Fig. 79. Greffe en fente sur bifurcation (Vigne).
523
Fig. 93. Écussonnage avec incision cruciale
(Marronnier).
524
Fig. 104.Palissage d’une greffe latérale contre
le tuteur.
525
Fig. 114.Greffe du Daphné en demi-fente.
526
Fig. 125.Greffe en placage à l’anglaise du
Rosier sur racine.
527
Fig. 137.Produit de la greffe de boutons à fruits
(Poire Belle Angevine).
528
Fig. 146.Disposition obtenue par le greffage et le
palissage d’un groupe de Pêchers.
529
Fig. 157.Regreffage d’un arbre soumis à la
forme dite pyramide ou cône.
530
Fig. 168.Greffoirs à Vigne.
531
Fig. 180.Sarment herbacé de la Vigne.
532
Fig. 191.Greffage de l’Épiphylle sur
Phyllocacte.
533
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