Fichiers - Theatre Jouet Variations Boucle D or
Fichiers - Theatre Jouet Variations Boucle D or
Théatre
Jacques Jouet
Variations Boucled’Or
Prologue.
La maman de Boucle d’Or, penchée sur un lit. — Tu dors, Boucle d’Or ? (Boucle d’Or ne
dit rien.) Tu dors, Boucle d’Or ? (Boucle d’Or ne dit rien.) Tu dors, Boucle d’Or ? (Boucle
d’Or ne dit rien.) Boucle, tu dors ? Ma bouboucle, tu dodors ? Boubouboucle dodordor ?
Donc, elle dort, Boucle d’Or. Laissons-la dormir. On ne réveille pas une Boucle d’Or qui dort.
(Elle s’étire.) Haaa, ça veut dire que la maman de Boucle d’Or peut enfin dormir d’un
sommeil sans Boucle. (Elle s’endort.) Hon, hhrron… oucle d’Or dort… hon, … cle d’Or
dort… dordor… rhrhrhrhrhrhrhr.
Boucle d’Or. — Or, Boucle d’Or se redresse. Boucle d’Or a assez dormi. Boucle d’Or n’est
pas là pour dormir. Boucle d’Or couvre du drap le corps de celle qui croyait qu’elle dormait,
Boucle d’Or. Boucle d’Or borde sa mère, puis s’éloigne sur la pointe des pieds. Boucle d’Or
sort. Boucle d’Or sort par la fenêtre. Boucle d’Or mord, mord dans les pommes et dans les
poires… Boucle d’Or mord, dans les fraises, dans les framboises, dans les gratte-cul, dans les
pleurotes, dans les châtaignes. Cueille les fleurs. Boit à la source. S’égare. Et la nuit qui se
met à tomber… Boucle d’Or dormirait dehors ? Boucle d’Or dort dehors ? Oh ! une maison !
Au moins, je serai à l’abri. Boucle d’Or entre.
1
1. Récit
Boucle d’Or. — Des chaises, des bols, des lits. Une chaise, deux chaises, trois chaises. Un
bol, deux bols, trois bols. Un lit, deux lits, trois lits. Je suis venue. (Elle vide un bol.) J’ai bu.
Et j’ai dormu.
Grozours. — Haaa… c’est bon de rentrer chez soi dans sa maison d’ours.
Titours. — Quoi ?
Grandourse. — Qu’est-ce ?
Grozours. — Kekchose.
Titours. — Hum.
Grozours. — Ma vodka !
2
2. Le cambrioleur
Boucle d’Or revient sur la pointe des pieds dans la maison vide.
Boucle d’Or. — Je n’aime pas dormir. J’aime me promener. J’ai marché dans la forêt sur la
piste d’un lapin, et le lapin m’a égarée. Il fait nuit, maintenant. Cette maison a belle allure.
Les chaises sont confortables. Les bols vont bien au chocolat. Le lit est doux très doux.
Elle s’y endort. Entre un cambrioleur déguisé en Boucle d’Or. Il est muni d’une lanterne
sourde et d’un grand sac.
Le cambrioleur déguisé en Boucle d’Or. — Hé hé, je cherche de l’or. Hi hi, de l’or. Et pour
ce faire, je me suis déguisé en Boucle d’Or. Si quelqu’un me reconnaît, ha ha ha, je veux bien
être changé en petite fille. Voyons. Ho ho, les bols ne sont pas en or… Les chaises ne sont pas
en or… Les lits ne sont pas en or… Hu hu, y aurait pas quelque part un pot de chambre qui
serait en or ? Ha ! (Il aperçoit les boucles d’or de Boucle d’Or qui dépassent du drap.) De
l’or ! (Il avance la main. Boucle d’Or le mord.) Aïe ! L’or m’a mordu ! L’or mord. Pitié,
pitié, ! L’or mord ? Alors, pour cette nuit, je renonce à l’or.
Il s’est enfui.
Elle se rendort.
3. L’ourse d’or
Boucle d’Or dort dans le lit de Titours. Rentrent les trois ours.
Grozours. — Alors, qui qui c’est qui, qui rentre dans sa maisonson ?
Grozours. — C’est-y Titours qui qui va retrouver son bobol et son lilit ?
Grandourse. — Mais comment qui caucause, Grozours à son -tit Titours à sa maman, hein ?
On peut lui parler normalement !…
Titours. — Père, mère, il y a quelque chose de pas naturel dans l’atmosphère de notre chère
demeure, aujourd’hui. Il y a un je ne sais quoi dans l’air ambiant qui laisse à penser qu’un
intrus s’est glissé là où il n’a rien à faire. (Titours aperçoit les boucles de Boucle d’Or.) Là !
Grozours. — Mademoiselle Boucle d’Or, c’est la huitième fois en deux semaines que vous
vous permettez de pénétrer chez nous par effraction.
Boucle d’Or. — Mais pas du tout. Voulez-vous savoir pourquoi je suis revenue, non point
pour la huitième fois, mais pour la douzième ?
Grozours, Grandourse et Titours, en chœur. — Parce que tu es une fille, une humaine
fille ! Parce que tu n’as pas de gros poils bruns, mais des boucles d’or ! C’est même la raison
pour laquelle tu t’appelles Boucle d’Or…
Boucle d’Or, butée. — Je ne bougerai pas d’ici que je ne sois devenue une ourse !
Grandourse. — Il est vrai que, moi, j’aimerais bien, de temps en temps, être une femme
humaine… Tu m’apprendras ?
Grozours. — Alors, première leçon ! Pour être ourse, voilà. Il faut d’abord se lever de son lit.
(Elle se lève.) Il faut passer du chocolat sur ses boucles d’or. (Elle trempe sa tête dans un bol
et se relève brune.) Et il faut aller chercher du miel dans la forêt. (Grozours la met à la porte
sans ménagement.) Ouf, affaire réglée.
4. Interrogatoire
Ours. — Tu jures de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité ? La vérité pas qu’à
moitié ? La vérité compacte ?
4
Boucle d’Or. — Je le jure.
Ours. — Entrouverte ?
Ours. — Ouverte ?
Boucle d’Or. — Le ciel au petit soir, quand il ne fait plus tout à fait jour et pas encore
complètement nuit.
Boucle d’Or. — Non. Je me suis glissée entre deux planches puisque votre maison est une
maison de planches, entre les rondins puisque votre maison est une maison de rondins.
5
Ours. — Admettons. Et tu t’es assise sur ma chaise ?
Ours. — Quoi ?
Ours. — Tu as bu dans ma chaise ? (Boucle d’Or hausse les épaules.) T’es couchée dans
mon bol ? (Boucle d’Or lève les yeux au ciel.) Assise sur mon lit !
Boucle d’Or. — Sur le lit de Titours, oui, je me suis assise sur le lit de Titours. Le lit de
Titours est assez grand pour deux, c’est pourquoi je m’y suis assise.
Boucle d’Or. — Si !
Ours. — Tu me copieras cette maison 100 fois. 100 fois : « Cette maison est celle des ours. »
Ours. — Par conséquent, Titours, ce lit, est-ce que ce n’est pas le sien ?
Boucle d’Or. — Qu’il soit le sien n’empêche pas qu’il soit le mien aussi !
Ours. — Eh bien ?
Ours. — Si tous ceux qui ont sommeil venaient l’accomplir dans le lit d’un autre !…
Boucle d’Or. — J’étais fatiguée, j’étais exténuée. Je serais tombée sur le plancher. En quoi ça
vous dérange ?
5. Les écrans
Il y a trois écrans de télé allumés chez les ours, un grand écran plat (qui donne un match de
foot), un moyen écran (qui donne un feuilleton avec baisers sur la bouche), un petit écran (qui
donne Boucle d’Or en dessin animé).
Boucle d’Or, qui entre dans la maison sur la pointe des pieds. — Quel fouillis d’images et
cafouillis de son !
Elle éteint la grande et la moyenne télé avec la télécommande. Elle s’assied sur une chaise
devant le petit écran, un bol à la main. Sur l’écran, on voit les ours affolés :
Titours. — On a regardé ma télé !
Grandourse. — On a regardé sa télé, ça va l’abîmer !
Grozours. — Nous allons être obligés d’interrompre nos émissions !
L’image se brouille, comme de l’intérieur. Silence.
Grozours, qui s’approche de Boucle d’Or, les mains en avant. — Je cherche un cou pour le
serrer dans mes grosses mains.
6. Le cheveu
7
Boucle d’Or est entrée, a fait ce qu’elle a à faire, elle s’est couchée dans le lit de Titours. Elle
s’endort. Rentrent les ours qui la réveillent, elle s’enfuit.
Grozours, qui trouve un cheveu dans le lit de Titours. — J’espère que ses parents ont une
bonne situation.
Grozours, qui brandit le cheveu entre ses doigts. — Il le faut, notre honneur est en jeu. Avec
ceci, ça devrait être possible…
Noir.
Grozours. — Alors, Mademoiselle Boucle d’Or… Comme ça, on a bu dans nos bols, on s’est
assise sur nos chaises, on a dormi dans nos lits…
Boucle d’Or. — Ah non, je proteste ! Un bol, une chaise, un lit ! Pas davantage. Qu’on ne me
fasse pas faire ce que je n’ai pas fait !
Grozours. — Soit. En tout état de cause, j’ai trouvé une boucle d’or, une boucle de cheveu
d’or dans les draps. Muni de cet or en boucle, je suis allé chez le coiffeur. Je me suis posté
dans le grand fauteuil fait pour ceux qui patientent, là où il y a des magazines, et j’ai attendu
que vinssent les clientes. Toutes les filles ont en moyenne combien de cheveux sur la tête ?
Qui peut me répondre ?
Grozours. — Ha ha ha…
8
Titours. — 10 010 !
Grozours. — Ha ha ha…
Grozours. — Ha ha ha…
Grozours. — Entre 100 000 et 150 000 ! Disons 125 000. Alors, j’ai vérifié, j’ai compté, un à
un, tous les cheveux des blondes qui venaient se faire couper les cheveux. Une seule avait
124 999 cheveux, c’était vous Boucle d’Or !
Boucle d’Or. — C’était moi, et je vous suis très reconnaissante d’avoir accepté de me rendre
la boucle manquante, et je suis très reconnaissante au coiffeur d’avoir accepté de me la
replanter, de sorte que j’aie à nouveau le compte exact.
Boucle d’Or. — Je t’aime bien, mais pas au point d’aller jusque là.
Boucle d’Or. — Non, je n’ai rien contre les ours. Il y a des ours très doux.
Grandourse. — Tu seras notre servante ! Tu laverais nos bols ; tu enlèverais les miettes de
dessus nos chaises avec l’aspirateur ; tu retaperais nos lits.
Boucle d’Or. — Non, je n’ai rien contre le travail, mais j’ai l’école, et l’école, c’est déjà
assez fatigant.
Boucle d’Or. — Je propose de m’en aller comme j’étais venue, sur la pointe des pieds.
Titours. — Tu reviendras ?
9
7. La forêt
Boucle d’Or. — La forêt, il faut savoir ce que c’est que la forêt. Moi, je m’y suis promenée
toute seule. J’ai commencé, il faisait jour. J’ai continué, il faisait presque nuit. Il faisait entre
chien et loup. Il faisait encore bleu tout en haut, au-dessus des arbres, et noir tout en bas au
milieu des troncs. J’avais peur et je continuais d’avancer. Je ne voulais pas m’asseoir au pied
d’un arbre et pleurer. Je savais que c’était une expérience : quelque chose que j’aurais envie
de raconter. Une feuille qui tombe sur le sol, la nuit, ça fait deux fois plus de bruit que le jour.
Ne parlons pas d’une brindille, d’une branchouille, d’une grainelette ou d’un gland ! La forêt,
c’est grand, haut, sombre… Je marche en disant à voix haute : « Je n’ai pas peur, je n’ai pas
peur, je n’ai pas peur. » Ce que je dis trois fois n’est pas tout à fait vrai, mais tout de même un
tout petit peu plus vrai à chaque fois. Et puis, j’aperçois une maison. J’entre sans frapper,
puisque la porte n’est pas fermée. « Bonjour, je voudrais vous parler de la forêt. » Mais il n’y
a personne pour m’écouter. Alors, je bois du chocolat dans le plus petit bol et je m’endors
dans le plus petit lit.
Titours. — Je le vois.
Grozours. — Il ne faut pas avoir peur. Mais il n’est pas question de la réveiller.
Titours. —Je vais dormir avec elle, avec la fille qui est dans mon lit… Mon lit sera bien assez
grand. On se serrera.
Grandourse. — C’est totalement exclu, vous n’avez pas l’âge. Même nous, nous dormons
dans des lits séparés. Il paraît que je bouge, la nuit.
Titours. — Ça ne fait rien. Ne la réveillons pas, je vais dormir sur le tapis, au pied de mon lit.
Grozours. — Alors, c’est ton jour. Puisqu’il y a quelqu’un dans ton lit, tu vas partir dans la
forêt, à la recherche du lit de celle qui t’a volé le tien. Quand tu l’auras trouvé, tu t’y
coucheras dedans.
10
Grandourse. — C’est comme ça. Je vais être inquiète, mais c’est comme ça.
Boucle d’Or est entrée, a fait ce qu’elle a à faire, elle s’est couchée dans le lit de Titours. Elle
s’endort. Rentrent les ours. Grozours a un fusil de chasse à l’épaule.
Grozours, qui parle avec une patate chaude dans la bouche. — Voilà, ha ha ha, je rentre de
la chasse, je suis bredouille, j’ai raté tous les sangliers, j’ai tiré à côté d’une vache dans un
couloir, j’ai manqué deux écureuils…
Boucle d’Or, qui se réveille. — Heu, je m’en vais, je m’en vais… Je m’enfuis, je m’enfuis.
Ours s’approche du lit dans lequel est Boucle d’Or. S’assied en face d’elle.
Ours. — Nous ?
Ours. — Oui.
Ours. — Connais pas cette bête-là. Vous êtes dans notre lit !
Boucle d’Or. — Oui, bah, on va pas en faire une maladie. Je suis entrée. Y avait de la
lumière. Le lit était inoccupé. Je vais vous le rendre, votre lit…
Ours. — Vous venez chez nous, d’accord, mais au moins respectez nos coutumes à nous. Par
exemple, on n’entre pas dans un lit avec ses chaussures !
Ours. — On met un vêtement pour la nuit quand il fait nuit et qu’on entre dans un lit, la nuit.
Ours. — On se parfume, parce que vous, les Boucle d’Or, vous avez une odeur !
Ours. — Et les crottes de nez, ça s’enlève pas avec les doigts ! C’est exactement comme les
autres crottes. Tu mets pas les doigts dans ton derrière pour en tirer les crottes, eh bien le nez,
c’est pareil !
12
Boucle d’Or entre chez les ours. Elle enlève ses chaussures. Marche comme une geisha.
S’approche d’un gros coussin, s’assied sur ses genoux, d’un moyen coussin, s’assied sur ses
genoux, d’un petit coussin, s’assied sur ses genoux. Elle se verse du thé dans un petit bol. Elle
sirote.
Boucle d’Or. — Hum, excellent ce thé. (Elle saisit des baguettes et, avec les baguettes, un
haricot rouge.) Hum, délicieux, ce haricot rouge. (Elle se ressert de thé.) Hum. (Elle bâille et
se dirige vers le petit tatami. Pose sa tête sur le petit repose-tête.)
Entrent les ours. Grozours aperçoit Boucle d’Or. Il s’approche d’elle et s’incline bien
poliment.
Ours. — Honorable Boucle d’Or est revenue encore une fois dans notre humble demeure.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Ours. — Quoi ?
Ours. — Où sont-ils ?
Ours. — Honorable Boucle d’Or a-t-elle l’intention de nous rouler dans la farine comme un
vulgaire petit poisson de la mer de Chine ?
Boucle d’Or. — Eh bien, disons que Honorable Boucle d’Or s’éloigne sur la pointe des
pieds.
Titours. — Ma chaise, mon bol, mon lit ! Regarde, Grozours ! Regarde Grandourse ! Il y a
une fille dans mon lit !
Grandourse. — Tu ferais mieux de sévir, Grozours, plutôt que de dire des bêtises !
Grandourse, qui s’approche de Boucle d’Or. — C’est vrai qu’elle est bien jolie. Coucou,
mademoiselle Coucou.
Grandourse. — Parce que le coucou est un oiseau qui, non content de chanter en faisant
« coucou, coucou », fais son nid dans le nid des autres. Exactement comme vous,
Mademoiselle Coucou.
Boucle d’Or. — En fait, je ne suis pas Boucle d’Or, je suis la petite Poucette. Je vous
présente Le petit Poucet, le moyen Poucet, la moyenne Poucette, le Poucet monté en graine, la
Poucette à roulettes, et moi, la petite Poucette.
Grandourse. — Poucette ?
Titours. — Cette ?
12. Adoption
14
Grandourse parle.
Grandourse. — J’aurais tant voulu avoir une fille. Je l’aurais appelée Tite-ourse (ourse).
Hélas, Grozours ne veut plus d’enfants. C’est comme ça. Rentrons à la maison, toute seule,
tandis que Titours et Grozours sont allés chasser le miel. (Grandourse découvre Boucle d’Or
dans le lit de Titours.) Ha !
Boucle d’Or, qui ouvre les yeux. — Haaa ! Mais qui êtes-vous ?
Grandourse. — Comment ça, qui je suis ? Je suis Grandourse. Je suis chez moi.
Grandourse, posant sa grosse patte sur Boucle d’Or. — Oh que non. On donne des ours en
peluche à tes bébés pareils. J’ai bien le droit de donner une fille en cheveux à mon Titours.
Grandourse. — Oui
Grandourse. — Tu entres chez moi. Tu vois un bol qui sent bon. Qu’est-ce que tu fais ?
Grandourse. — Tu vois, chez moi, une chaise qui est stable. Qu’est-ce que tu fais ?
Boucle d’Or. — Mon père viendra me chercher. Mon père est un chasseur. Mon père n’aura
pas de pitié.
Grandourse. — Tu seras bien nourrie. Titours te caressera. Il dormira avec toi. Vous serez
comme deux doigts contigus dans une main comme la tienne. Cela dit, tu es libre.
13. Lectures
Boucle d’Or et Titours lisent un livre : Boucle d’Or. Ils se lisent mutuellement des variations
Boucle d’Or.
Récit
16
Il était une fois et une seule, Boucle d’Or qui se perdit dans la forêt. Apercevant une maison, elle frappe à
la porte. Personne ne répond. Elle entre.
Sur la table elle voit trois bols. Un gros bol, un moyen bol et un petit bol. Elle boit dans le petit bol.
Dans la pièce elle voit trois chaises. Une grande chaise, une moyenne chaise, une petite chaise. Elle
s’assied sur la petite.
Dans la pièce elle voit trois lits. Un grand lit, un moyen lit, un petit lit. Elle se couche dans le petit lit et
s’endort.
Rentrent les propriétaires. Grozours, Grandourse et Titours.
– On a bu dans mon bol ! dit Titours. On a bougé ma chaise ! Il y a quelqu’un dans mon lit !
Boucle d’Or s’enfuit.
F
Il était une fois une fillette filiforme et frisée pas farouche qui fit une fugue.
Elle fonça dans la forêt et se faufila dans un foyer où fonctionnaient trois fours, un four petit, un four à feu
moyen et un four d’un fort format. La fillette était fofolle, elle força les fours et vit quoi ? des frites, des
fricandeaux, des falafels ? fariboles ! elle vit des petits fours. Elle bâfra les petits fours et s’empiffra. La fête !
Or, au foyer, il y avait trois fauteuils, un fameux fauteuil (un peu fatigué), un fauteuil pas folichon et un
fauteuil de fiston tout neuf. La fille fit la fière dans le fauteuil de fiston tout neuf.
Or, au foyer, il y avait trois bottes de foin, du fané, du figé et du frais. Elle farfouilla, défit la ficelle du foin
le plus fin, s’affala et ferma les yeux.
Or, le foyer était le foyer d’une famille franco-française pas facile avec les différences.
– Mon foin, mon fauteuil, mes petits fours ! dit le p’tit ours.
Catastrophe ! La fillette s’enfuit. Fin.
17
Je vis le lit de loin, et que dépassaient des cheveux blonds bouclés. Je réveillai Boucle d’Or (c’est moi qui
décidai de l’appeler Boucle d’Or) et la pris par la main pour la faire sortir par la porte de derrière. En posant mon
index sur ma bouche, je lui indiquai de ne pas faire de bruit. Elle vit la piqûre d’abeille et posa dessus ses lèvres
en guise de pharmacie.
Je la priai de revenir quand elle le voudrait. Elle disparut dans la forêt.
Reconduite
Il était une fois — mais alors une seule, hein, y a pas intérêt à y revenir, faut pas que ça devienne une
habitude — il était une fois une gosse qu’est venue manger le miel de nos ours et boire le chocolat de leurs
petits. C’était une blonde, en plus, c’est pas de chez nous cette couleur-là. Le jaune, ça porte malheur. La v’la qui
entre sans frapper, sans se frapper et sans s’essuyer les pieds sales. Elle a marché dans la boue (et je suis poli),
elle en fout partout. Elle mange le miel à pleines mains et s’essuie sur la nappe. Beuark. E lle grimpe sur la
chaise, le dossier est tout collant, maintenant… Et elle se met au lit avec ses godasses, c’est vraiment n’importe
quoi !
Alors, comment qu’à leur retour, les ours, ils lui ont fait un petit bout de reconduite, à Boucle d’Or, avec
des cartouches de gros sel !… j’vous dis pas (mais ça va mieux en le disant).
Un rêve
Je marche dans la forêt, les arbres sont bleus. Ce ne sont pas des sapins bleus, mais des feuillus bleus. Je
prononce distinctement l’énoncé : « chênes bleus ». J’avance dans le bleu des feuilles et pénètre dans une maison
bleue. Dans la maison, une pancarte : « on est prié de faire comme chez soi ». J’ai peur de ne pas avoir assez
peur. Je fais des choses interdites : boire dans un bol qui n’est pas le mien, m’asseoir sur une chaise qui n’est pas
à moi. J’ai envie de faire pipi et m’accroupis pour ça. Il y a trois ours autour de moi qui n’ont pas l’air de me
voir. Pour me cacher, je vais me coucher dans un lit très très doux. J’ai du mal à avancer. J’y parviens tout de
même. Dans le lit, il y a un serpent avec une longue queue poilue. Je me réveille.
Conte médiéval
En la forêt se perdit damoiselle Boucle d’Or qui avait laissé tomber une pelote de la laine qu’elle était
occupée à tricoter et qui avait roulé jusqu’au grand hêtre en se dévidant. Quand Boucle d’Or fut au pied de
l’arbre, elle se crut perdue. Puis pensa, car elle avait lu beaucoup de livres, que non, elle n’était nullement perdue
puisqu’il lui suffisait, comme l’avait fait sa tante Ariane, de remonter le fil de laine en le repelotant pour
retrouver sa maison. Malheureusement, une fée mauvaise avait brouillé la piste en soulevant le fil, le tordant, le
nouant, le désorientant, le divisant, si bien que Boucle d’Or se retrouva devant la maison des ours lépreux. Or,
elle ne savait pas que cette maison était celles des ours et elle ne savait pas non plus que ces ours étaient lépreux.
De leur côté les ours, on va le voir, ignoraient que Boucle d’Or ne savait pas tout ce qui vient d’être dit.
Alors, entra damoiselle Boucle d’Or en la maison des ours qui étaient lépreux, et but Boucle d’or dans le
bol qui contenait la pâtée de gruau, et c’était le petit bol empli de la petite pâtée de petit gruau, tandis qu’à côté
du petit bol, il y en avait un de taille moyenne et puis aussi un gros plein de grosse pâtée de gros gruau.
18
Alors, s’assit Boucle d’Or sur une chaise branlante mangée aux termites qui s’écroula sous son poids
pourtant modeste.
Alors, se coucha Boucle d’Or dans le petit lit qui était plein des miasmes de la petite lèpre, mais, le conte le
redit, elle ne savait rien de tout cela, et elle s’endormit.
Quand vinrent les ours dans leur demeure pour rentrer tranquillement dans leur demeure de malheur, trois
ours malades, pelucheux, peladeux, fatigués, rongés de démangeaisons et d’absence de poils par plaques
entières, le plus petit eut le visage qui s’éclaira soudain en remarquant son bol vidé, sa chaise abattue, son lit
occupé. Il approcha son visage de celui de Boucle d’Or qui, en s’éveillant, l’embrassa sur la bouche.
Alors, le petit ours fut transformé sur-le-champ en un bel adolescent plein de santé. Ses parents, dans le
même temps, furent de beaux parents dans la force de l’âge. La maison fut un château de belles briques et de
bonnes ardoises sur le toit.
Il y eut un mariage. Et il y eut tout plein de petits nouveaux pour écouter le conte.
Poe
Pendant une courte journée de fin d’automne, bonne à douter que le soleil se soit même vraiment levé, une
journée qui serait restée en pyjama et en robe de chambre, ni maquillée ni coiffée, une journée en savates et
condamnée à ne pas mettre le nez dehors, j’avais passé un blue jeans pourtant et chaussé des bottes. J’étais sortie
et j’avais traversé, seule, le jardin sinistre où rien ne poussait plus, puis la forêt lugubre avec ses arbres réduits à
l’état de squelettes, et enfin, comme la lune refusait de luire, je me retrouvai en vue de la macabre maison dont je
n’apercevais que les contours.
Ce spectacle était d’une tristesse diabolique, si bien que je ne me sentis capable que de frapper au carreau,
dans l’espoir largement irrationnel que me serait donné ici le cadeau d’une hospitalité sinon inoubliable, du
moins superficiellement consolatrice. J’entrai.
– Quoi ? me dis-je à la vue d’un malheureux bol en bois au fond duquel croupissait un reste de cacao mal
dilué, est-il admissible que les malheureux qui vivent ici ne finissent même pas leur maigre ration ? Il ne sera pas
dit que je laisserai perdre ce pauvre nectar en un temps de disette comme celui que nous connaissons.
Je pris le bol graisseux dans ma main, m’assis sur la plus petite des trois chaises dont la paille s’effilochait
et je bus. Le breuvage était amer, un chocolat de mauvaise qualité, mélangé peut-être de farine de gland. Je fis la
grimace et sentis mes jambes vaciller au point que je n’eus soudain d’autre désir que de m’allonger quelques
minutes avant de reprendre ma route sous le ciel bas et lourd qui pesait son poids de neige à venir comme un
couvercle de fonte sur lequel on aurait déposé une enclume. Un lit m’ouvrit les bras, dont le drap était rêche et
humide. Je me promis de ne pas y rester plus que la minute ou deux nécessaire, mais je m’endormis.
Lorsque je m’éveillai, j’aperçus une frise de trois têtes en peluche usées jusqu’à la corde et crus d’abord
que c’étaient là les compagnons familiers de mon berceau qui trônaient à présent sur une planchette au-dessus du
lit de ma chambre.
Mais j’eus tôt fait de revenir à la réalité et une insupportable terreur pénétra graduellement dans tout mon
être en posant sur mon cœur ses grosses fesses d’ours bien réelles. Un ourson très maigre et très pâle, les yeux
injectés d’un sang probablement maladif se mit à crier « C’est elle ! c’est elle ! c’est ça ! c’est ça qu’a bu mon
bol, c’est ça qu’a bu mon bol ! »
La terreur qui aurait dû me terrasser eut quelque chose de bon qui m’obligea à un sursaut vital,
m’enjoignant de choisir le paysage à la place des murailles, la course au lieu de l’accablement des marais
19
méphitiques. Je donnai de la tête dans la poitrine de l’ours et sautai par la fenêtre entrouverte. Je ne me retournai
pas, mais sentis dans mon dos la façade suintante qui se lézardait, prête à s’envelopper une dernière fois dans son
châle de brume grasse.
Ou
Jour. Route.
Touboudoum, touboudoum. Où court Boucle ?
– Coucou, Boucle, hou hou bout d’chou !
Touboudoum, touboudoum .
– Hou hou…
Jour. Bouge.
Douze ours roux toujours gourds sous boubou doux. Douze chouchous tout mous touillent boue ou soue,
couscous ou boulgour.
Foule. Ours ou loups ? Loups ou loups-gourous ? Ours ou ours-gourous ? Poule ou gnou ?
L’ours glougloute où ? boude où ? couche où ?
– Bou-oucle, hou hou, Bouboucle, trouille ? coup d’mou ? joues rouges ! Touche-touche ? bouche-trou ?
Courroux d’ours ou poutous ? Joujoux ? Goule douce : roudoudous, houmous ? Cool…
Matières
Je vois, je vois des fils d’or, je vois de la paille fine, je vois des cheveux, un champ de blé de cheveux.
Dans le noir, je ne vois que ça, une lumière dans le noir, ça danse sous le vert foncé des feuilles.
Je vois les cheveux légers qui se balancent. Je les vois parce que j’ai le nez dessus. Je les sens et ils sentent
bon.
Ils se frottent contre le bois, l’écorce des arbres debout, le bois raboté qui sent le bois.
Attention, les cheveux, tu les trempes dans le chocolat ! dans le bol de chocolat, qui n’est même pas à toi.
Attention, les cheveux, tu les accroches à la paille de la chaise, la paille de la chaise paillée, tu vas laisser
un cheveu dans la paille ! Le cheveu va te trahir.
Regarde, les cheveux aiment le lin, la fille aux cheveux de lin, la fille aux draps de lit de lin, les cheveux
sur le drap de lin.
Attention, voilà du poil brun !
20
Diagnostic
Je soussigné, Didier Doucement, docteur en médecine, après avoir examiné Boucle d’Or, atteste que la
jeune fille ne manifeste aucun symptôme alarmant de nature à lui interdire la fréquentation de ses camarades de
classe et par conséquent le retour à une vie normale. La petite excursion (suivie d’une incursion dans une maison
qui n’était pas la sienne), dont elle s’est rendue coupable, ne doit pas être assimilée à une fugue véritable. Il n’est
pas invraisemblable de penser qu’une déficience bénigne de l’oreille interne, confirmée par des tests, lui ait fait
perdre son sens de l’orientation. Les vomissements, douleurs à l’épigastre et autres coliques remarquées à son
retour au foyer maternel ne sont imputables qu’à une indigestion de chocolat, de miel et de cerises, suite à une
consommation effrénée. Aucune trace d’un quelconque virus de l’ourson n’a été décelé dans les analyses de
sang, de salive, de selles et d’urine. Elle n’est porteuse d’aucune vermine. Les écorchures aux jambes
proviennent d’épines de ronces des bois parmi les plus communes. Un régime alimentaire des plus stricts avec
réduction sensible du sucre devrait toutefois être observé sous la supervision d’un nutritionniste. Un contrôle
pourra être effectué à quarante jours afin de confirmer ces observations.
Pour valoir ce que de droit, le présent certificat, Dr Doucement, Aigurande-sur-Bouzanne, le 17 juin 2009.
Rythmes
Vite, Boucle d’Or, vite, vite ! Saute par la fenêtre ! Ta mère a le dos tourné. Pfuit. Et cours dans la forêt.
Pas la peine de compter les arbres. Vite ! Les petits cailloux blancs. Oh ! une maison. Vite, entre ! Grand bol,
moyen bol, petit bol, c’est dans le petit qu’est le meilleur chocolat. Vite ! Grande chaise, moyenne chaise, petite
chaise. La plus petite est la plus confortable. Vite ! Grand lit, moyen lit, lit petit. Small is beautiful. Dors.
Tranquille, les ours, tranquille… Y a pas le feu au bol… On dirait bien que… Ouais… c’est bien
possible… Qu’on ait bu dans nos bols, bon, c’est pas la fin du monde, non plus… Cette chaise a été un peu
bougée ?… Peut-être, peut-être… On va pas non plus en faire un fromage… Oh la la… Une petite blonde dans
ton pieu ? Mais non… Qu’est-ce que tu vas encore inventer ?
Rythmes 2
– Cours, monsieur l’ours, cours, tu ne sais pas qui te dépassera ! Cours ! Hi hi hi ! Tu n’y arriveras jamais !
– Mais ça m’est égal, moi, d’être dépassé… Oh la la… C’est agréable, d’être lent… De prendre son temps !
Tout son temps… et même celui des autres. Oh la la…
– Vite ! On n’a pas le temps de prendre son temps ! Pas le temps, pas le temps ! Hi hi hi. Je vais tout
manger, le chocolat, le bois, le lin des draps, le drap du lit et le miel !
– Mais non, le miel est une affaire d’extrême lenteur… Il faut laisser du temps au miel… Il faut laisser du
miel au temps… Le miel quand il coule, c’est long…
– Vite, vite ! moi, je mets carrément le doigt dedans ! Et le doigt dans la bouche, aussi sec ! Et je mange le
pot avec ! Il ne va rien rester pour les ours ! Hi hi hi ! Ha ha ha.
– Malheureuse… tu vas tout bouleverser de la lenteur du monde… Il faut laisser à la goutte de miel le
temps de se gorger de miel…
– Mais quel ennui, non, vite vite ! Moi, j’aime le miel rapide ! J’ai tout mangé, j’ai tout becté, je me suis
couché dans tout !
– Pauvres abeilles, pauvres abeilles et pauvres ours, pauvres ours et pauvres hommes…
21
Listes
Une fille ; deux jambes à son cou ; trois kilomètres ; quatrième vitesse ; cinq heures de l’après-midi ; cent
vingt cinq mille cheveux blonds.
Une maison ; deux fenêtres ; trois bols.
Une maison ; deux pentes du toit ; trois chaises ; douze pieds.
Une chambre ; deux descentes de lit ; trois lits ; trois oreillers ; trois couettes ; une dormeuse.
Une maison ; deux portes ; trois ours ; trois étonnements ; trois plaintes ; trois colères ; trois scandales ; un
réveil ; une fuite.
Saga islandaise
Salut, ô Titörs, fils de Grözörs dit Cervelle d’Örs, fils de Vieux-Örs, laisse-moi raconter à la tribu tes
exploits courageux. Le soleil étant bas, la petite Böcle d’Ör, fille de Grande-Bustière sa mère, lui fait face.
Grande-Bustière prend son élan et Böcle d’Ör se reçoit dans la figure une gifle à décorner les élans.
Böcle d’Ör dit à Böcle d’Ör à voix basse : « Ô Böcle d’Ör, fille d’une mère indigne et malavisée, le temps
est venu de gagner la forêt enneigée, de t’emmitoufler de fourrures et de trouver une maison qui t’accueillera
avec son bol d’huile de baleine 30% chocolat, sa chaise paillée 30% poil de renne, son drap de lit en moustache
de phoque. »
Alors, Titörs fils de Grozörs dit Cervelle d’Örs, fils de Vieux-Örs et d’Örse blanche, Titörs ramasse une
massue que son ami Schnök-le-Violent lui a rapportée de Guantanamo, et ramasse de l’autre main, un couteau
effilé en os de rorqual surgelé, et ramasse de l’autre main un coupe-chou à épines qu’il a confectionné de sa
seule industrie, et ramasse encore de sa dernière main une poutre qui lui servira de bélier. Alors,
courageusement, Titörs, fils de Grozörs dit Cervelle d’Örs, fils de Vieux-Örs, fait face à Böcle d’Ör endormie et
désarmée et en peu d’instants lui détache la tête et la coupe en deux dans la partie basse, lui arrache trois doigts
de la main gauche pour lui en bourrer le pif, et la lance dans les airs à coups de casse-tête et lui explose les yeux
avant de faire des nœuds avec des boucles en en raclant tout l’ör pour le récupérer.
Ainsi fit, vaillamment Titörs fils de Grozörs dit Cervelle d’Örs, fils de Vieux-Örs. Impossible de l’oublier
jamais.
Lettre recommandée
Madame Boucle à Monsieur Grozours et Madame
Madame, Monsieur,
Je viens par la présente vous informer d’un fait qui ne pourra pas vous laisser indifférents, si toutefois la
douleur d’une mère et les douleurs d’une fille sont encore pour vous des phénomènes qu’on a le droit de
considérer dans le but de les alléger.
22
Il y a neuf mois de cela, ma fille Boucle d’Or s’est rendue, à mon insu mais de son plein gré, dans votre
demeure, dont elle est revenue malade. J’avais mis cela sur le compte d’une indigestion de miel et de chocolat,
mais je dois aujourd’hui regarder en face le fait que c’est d’une tout autre paire de manches qu’il s’agit.
Boucle d’Or a donné naissance, hier, à un petit être charmant (de ce côté-là, rien à dire) qui portait à son
poignet un bracelet de naissance portant l’inscription Boucle d’Ours, avec une date, jour, mois, année.
Cette fois, je pense, vous serez bien obligés de reconnaître que votre responsabilité se trouve engagée
puisque la chose a eu lieu sous votre toit, en votre présence. Boucle d’Or est bien jeune. Je pense que Titours ne
l’est guère moins.
Je vous demande instamment de bien vouloir vous mettre en rapport avec moi, afin que nous puissions
régler, au mieux de l’honneur et de l’intérêt de nos enfants, cet événement qu’il n’est peut-être pas trop tard pour
considérer comme heureux.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer Madame, Monsieur, l’expression de mon
respect attentif.
Signé : Madame Boucle.
Vers
– Boucle d’Or Boucle d’Or Boucle d’Or Boucle d’Or
comme une onde qui boucle et harponne l’ourson
Boucle d’Or la curieuse et Boucle d’Or adore
risquer sa liberté dans le bol du garçon.
23
*
Épilogue
Titours, au public. — Mes chers parents m’ont dit de rentrer seul. Ils avaient à faire. Soi-
disant des petits travaux dans les bois. Moi, je sais bien que c’était autre chose. Ils me croient
innocent… Mais, il y a quelque chose d’anormal, ici. Cette chaise n’est pas à sa place. Et puis
mon bol est vide. Mon lit… (Il soulève la couette. Boucle d’Or lui tend la main. Elle l’attire
sous la couette.)
24