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SÉSAME BAC

ÉTAT ET LIBERTÉ
➢ L’Etat favorise la liberté de l’homme
• Le but de l’Etat est de garantir la paix sociale. L’État est nécessaire parce que
l’homme est guidé par le désir de pouvoir : sous l’état de nature, chacun désire
dominer l’autre. C’est « la guerre de tous contre tous » qui menace la survie
même de l’espèce. Il faut donc instaurer un pacte par lequel chacun s’engage
à se démettre du droit d’utiliser sa force au profit d’un tiers terme qui ne
contracte pas et qui devient seul à pouvoir légitimement exercer la violence :
l’État. L’État serait donc nécessaire pour assurer la sécurité sociale : chaque
sujet accepte d’aliéner sa liberté au profit de l’État, si ce dernier peut lui
assurer la sécurité.

Cf : Thomas Hobbes : « C’est l’art qui crée ce grand Léviathan qu’on appelle
République où Etat, lequel n’est qu’un homme artificiel (…) d’une stature et
d’une force plus grandes que celles des hommes naturels pour la défense et la
protection desquels il a été conçu » Le Léviathan

• L’Etat a été institué pour protéger l’individu et garantir ses droits. Un État est
légitime quand le peuple y est souverain, c’est-à-dire quand les lois sont
l’expression de la « volonté générale » (Rousseau). Celle-ci n’est pas la
volonté de la majorité, mais ce que tout homme doit vouloir en tant que citoyen
ayant en vue le bien de tous, et non en tant qu’individu n’ayant en vue que son
intérêt propre. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils peuvent être libres tout en
obéissant aux lois.

Cf : Jean-Jacques Rousseau : L’Etat lui seul constitue cette « association qui


défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque
associé » Du contrat social.

• L’Etat élabore des lois pour régir la vie sociale

Cf : Montesquieu : « la liberté, c’est le droit de faire tout ce que les lois


permettent » De l’esprit des lois

Baruch Spinoza : « la fin (l’objectif, le but, le rôle) de l’Etat est donc en réalité
la liberté » Traité théologico-politique
1
M. Touré : Doctorant en philosophie
Karl Popper : « il n’y a de liberté qu’assurée par l’Etat »

Cf : Nietzsche « Un État se juge à ce qu’il fait pour le bien de ses infirmes, de ses
vieillards, de ses malades mentaux » Aurore

➢ L’Etat peut être un obstacle (frein) à la liberté.


• L’Etat totalitaire abuse des lois et des appareils répressifs pour aliéner le
peuple.

Cf : Hannah Arendt : « L’autorité sous quelque forme que ce soit, implique une
limitation de liberté, mais jamais l’abolition de celle-ci. C’est cependant à cette
abolition et même élimination » de cette liberté que tend la domination totalitaire.
Le système totalitaire

• L’Etat est un instrument d’exploitation, c’est pourquoi, il ne saurait être


populaire, ni avoir une légitimité véritable pour Marx.

Cf : Karl Marx et Friedrich Engels : « le pouvoir politique est le pouvoir d’une


classe pour l’oppression d’une autre. » Manifeste du parti communiste.

• Tout Etat sacrifie à ses intérêts la liberté individuelle.

Cf : Mikhaïl Alexandrovitch Bakounine : « l’Etat est un vaste cimetière où


viennent s’enterrer toutes les manifestations de la vie individuelle » Catéchisme
révolutionnaire

• L’Etat trompe le peuple et l’utilise sans vergogne comme de la chair à canon.

Cf : Friedrich Nietzsche : « L’Etat, c’est le plus froid de tous les monstres froids,
il ment froidement, et voici le mensonge qui rampe à sa bouche :’’moi l’Etat, je
suis le peuple’’ » Ainsi parlait Zarathoustra.

• L’État est une institution contre l’homme dans la mesure où il est agent de la
violence, d’oppression et d’injustice.

Cf : Lénine « L’État est l’organisation spéciale d’un pouvoir, c’est l’organisation


de la violence destinée à mater une certaine classe » L’État et la révolution

« Tant que l’État existe, pas de liberté ; quand règnera la liberté, il n’y aura plus
d’État » L’État et la révolution

« Le peuple n’a pas besoin de liberté, car la liberté est une des formes de la
dictature bourgeoise » L’État et la révolution
2
M. Touré : Doctorant en philosophie
➢ L’État est une ruse des plus forts
• L’État est un pouvoir social de domination d’une minorité dirigeante sur une
majorité dirigée. L’État disposerait du monopole de la violence légitime et de
la possibilité d’adopter, de modifier, d’appliquer (comme il l’entend) des lois
qui vont toucher la totalité du peuple. L’État est donc considéré comme étant
une institution au service d’une minorité sociale dirigeante. Les instruments
de l’État sont mis au service de cette classe pour protéger leurs intérêts contre
les pauvres.
CF : Karl Marx : « le pouvoir politique est le pouvoir organisé d’une classe pour
l’oppression d’une autre »
• L’État a un rôle de médiateur entre les classes sociales. Cette médiation que
jouerait l’État permettrait d’assurer la domination politique de la bourgeoisie
et de garantir les conditions propices à la reproduction du mode de production
capitaliste. Ce pouvoir qui gère et produit la société veille aussi au maintien
de la cohésion sociale. En tant qu’instigateur d’ordre, il doit viser à limiter et
à atténuer les luttes inévitables en raison des antagonismes de classes.
CF : Friedrich Engels : « L’État n’est donc pas un pouvoir imposé du dehors de
la société, il n’est pas davantage “la réalité de l’idée morale”, “l’image de la
réalité de la raison”, comme le prétend Hegel. Il est plutôt un produit de la société
à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société
s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en
opposition inconciliable qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les
antagonistes, les classes aux intérêts opposés, ne se consument pas, elles et la
société, en lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence
au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de
“l’ordre” ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui
devient de plus en plus étranger, c’est l’État. » L’origine de la famille, de la
propriété privée et de l’État.

3
M. Touré : Doctorant en philosophie
• L’État aime mentir. Il aime prétendre qu’il représente le peuple tout entier,
alors qu’il poursuit l’intérêt d’une simple minorité de personnes riches et
puissantes.
CF : Friedrich Nietzsche : « L’État est le plus froid de tous les monstres froids ».
Il ajoute à son sujet que l’État ment froidement, et voici le mensonge qui
s’échappe de sa bouche : Moi, l’État, je suis le peuple. » Ainsi parlait
Zarathoustra

• L’État naît d’un besoin de l’homme de fuir les violences et l’insécurité de


l’état de nature. Ainsi les faibles se placent sous la protection des forts en se
dessaisissant de leur liberté afin d’obtenir la protection de ces maitres. L’État
profite donc aux forts qui assujettissent légalement la liberté des faibles.
CF : Thomas Hobbes : « C’est l’art qui crée ce grand Léviathan qu’on appelle
République où Etat, lequel n’est qu’un homme artificiel (…) d’une stature et
d’une force plus grandes que celles des hommes naturels pour la défense et la
protection desquels il a été conçu » Le Léviathan

➢ L’État garantit le droit des faibles


• L’État est une ruse des faibles pour protéger leurs biens et leur vie contre les
plus forts. Les lois sont des astuces pour amener les plus forts à reconnaître
des droits aux faibles.
CF : Nietzsche : Cf : Nietzsche « Un État se juge à ce qu’il fait pour le
bien de ses infirmes, de ses vieillards, de ses malades mentaux » Aurore

• L’État est issu d’un contrat social par lequel chacun s’associant à tous par un
accord mutuel trouve le cadre d’une liberté raisonnable en obéissant aux lois.
L’État vient du fait que nul n’est assez fort pour conserver injustement sa
domination sur les autres.
CF : Jean-Jacques Rousseau : Cf : Jean-Jacques Rousseau : L’Etat lui seul
constitue cette « association qui défende et protège de toute la force commune
la personne et les biens de chaque associé » Du contrat social.

4
M. Touré : Doctorant en philosophie
• La loi, en tant que l’émanation de la conscience et l’intelligence d’une société,
favorise l’harmonie dans la vie sociale en établissant un accord minimal sur
les règles de vie commune afin d’arbitrer pacifiquement les différends
éventuels.
CF : Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789, article
4 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

5
M. Touré : Doctorant en philosophie
DROIT ET JUSTICE
➢ Le respect de la loi est la condition de la justice sociale
• L’essence de la loi est d’établir la justice sociale

Cf : Déclaration universelle des droits de l’homme « Tous les êtres humains


naissent libres et égaux en dignité et en droit »

• Le respect de la justice vise à instaurer l’ordre social. En effet, la justice se


charge d’appliquer et de sanctionner les infractions aux lois. Cette institution
régulatrice des rapports entre individus est nécessaire pour ordonner un
monde où les rapports humains sont nécessairement conflictuels. Cela est dû
à « l’insociable sociabilité » (Kant) des hommes qui montre que l’histoire
n’est pas celle de la raison, mais de la violence, l’insociable sociabilité étant
la ruse de la nature pour parvenir à ses fins, à savoir le développement de
toutes les potentialités humaines.

Cf : Pierre-Joseph Proudhon : « la justice (…) est le respect, spontanément


éprouvé et réciproquement garanti, de la liberté humaine, en quelque personne et
dans quelque circonstance qu’elle se trouve, et à quelque risque que nous expose
sa défense » De la justice dans la révolution et dans l’Eglise

• L’obéissance à la loi garantit l’équité sociale. Outre l’insociable sociabilité,


les conflits ont aussi pour cause fondamentale la rareté (terme sartrien), à
savoir le fait que tous les hommes ne peuvent jamais de manière absolue et
sans limite jouir de tout. Le droit est donc un art du partage et de la paix civile
puisqu’en attribuant à chacun son dû, il va permettre une cohésion sociale.

Cf : Spinoza : « la justice est une disposition constante de l’âme à attribuer à


chacun ce qui d’après le droit civil lui revient » Traité théologico-politique

Explication : L’exercice du droit n’a pas d’autre but que de garantir l’harmonie
sociale, c’est pourquoi la justice peut se définir comme la possession par chacun
de ce qui lui revient.

Blaise Pascal : « La justice sans force est impuissante, la force sans justice est
tyrannie » Pensées

Alain : « la justice, c’est l’égalité (…) ce sentiment est l’âme des marchés (…) le
gain égal dans les échanges est ici la règle suprême » Eléments de philosophie

6
M. Touré : Doctorant en philosophie
➢ La recherche de la justice ou de l’équité peut justifier le refus de la loi
• Il est légitime de s’opposer à toute forme d’oppression.

Cf : Jean-Jacques Rousseau : « Tant qu’un peuple est contraint d’obéir et qu’il


obéit, il fait bien ; sitôt qu’il secoue le joug et qu’il le secoue, il fait mieux » Du
contrat social

« Force ne fait pas droit (…) on n’est obligé que d’obéir qu’aux puissances
légitimes » Du contrat social

Cf : Alain « L’acte juridique essentiel consiste en ceci que l’on renonce


solennellement à soutenir son droit par la force. » Propos

• Il est normal de combattre les lois injustes : le droit et la justice sont des
instruments de la domination.

Cf : Karl Marx : Puisque « le pouvoir politique est le pouvoir d’une classe pour
l’oppression d’une autre. » Manifeste du parti communiste ; l’Etat contient en
lui-même les germes de son dépérissement inévitable, il doit donc disparaître
pour laisser place à une société sans classe et sans Etat appelée communisme.

Exemple : Cas de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, loi qui marquait
une différence extrême entre le Blanc et le Noir.

• Pour les moralistes, ce n’est pas parce qu’une règle fait loi qu’elle est bonne,
c’est parce qu’elle est bonne qu’elle fait loi

Cf : Jean Poirier : « la morale dicte à l’individu des modèles idéaux issus du


groupe, colorant ainsi diversement les notions du bien et du mal, de juste et
d’injuste » Introduction à l’ethnologie de l’appareil juridique

• La justice n’est jamais totalement juste

Cf : Thomas Hobbes : « la justice ou l’injustice viennent du droit de celui qui


gouverne » Du citoyen.

Cf : La Fontaine « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de


Cour vous feront blanc ou noir. » Les animaux malades de la peste, 1678

➢ On peut se passer des lois

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M. Touré : Doctorant en philosophie
• Les hommes étant naturellement bons, il leur est possible de vivre en bonne
intelligence et dans la paix sans qu’on les y contraigne. (Cette idée est le
principe fondateur de l’anarchisme.)

Cf : Jean Jacques ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de


l'inégalité parmi les hommes : « L'homme est naturellement bon ».

• La loi en tant qu’expression de la domination, de la contrainte extérieure est


vécue comme une obstruction à la volonté individuelle. L’Etat, la religion, etc,
qui prennent appui sur la loi introduisent l’aliénation et le malaise dans la vie
sociale.

Cf : Mikhaïl Aleksandrovitch BAKOUNINE, Aux compagnons de


l’Association internationale des Travailleurs au Locle et à la Chaux-de Fonds,
Quatrième lettre (28 avril 1869) : « L’État, (…) par son principe même, est un
immense cimetière où viennent se sacrifier, mourir, s’enterrer toutes les
manifestations de la vie individuelle et locale ».

• Contrairement aux discours démagogiques qui la présentent comme


l’expression de l’intérêt général, la loi ne représente en réalité que les intérêts
de la classe dominante, du pouvoir,

Cf : Thomas Hobbes, Du citoyen : « la justice ou l’injustice viennent du droit de


celui qui gouverne ».

➢ La loi est indispensable à la vie sociale.


• En l’absence de lois, c’est l’état de nature, un état sujet au désordre, l’anarchie
car l’égoïsme naturel des hommes les pousserait à n’admettre que le droit du
plus fort, la loi de la jungle, synonyme d’Etat de non-droit.

Cf : John LOCKE, Traité du gouvernement civil : L’insécurité de l’état de


nature « quelque libre qu’elle soit, est pleine de crainte, et exposée à de continuels
dangers ».

• La loi, en tant que l’émanation de la conscience et l’intelligence d’une société,


favorise l’harmonie dans la vie sociale en établissant un accord minimal sur
les règles de vie commune afin d’arbitrer pacifiquement les différends
éventuels.

Cf : KANT, Métaphysique des mœurs « Le droit est l'ensemble des conditions


qui permettent à la liberté de chacun de s'accorder avec la liberté de tous ».
8
M. Touré : Doctorant en philosophie
Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789, article 4 :
« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

• En tant que son application, la justice n’est pas possible sans la loi qui lui
donne sens et existence. En fondant la société sur l’équité et le respect de la
dignité de chacun, la loi est facteur de liberté.

Cf : ROUSSEAU, Lettres écrites de la montagne : « Il n’y a point de liberté sans


lois ».

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M. Touré : Doctorant en philosophie
LIBERTÉ, RESPONSABILITÉ, HISTOIRE
➢ La liberté absolue est une illusion, une imagination, un leurre
• La liberté entendue comme absence de toutes contraintes est une utopie

Cf : Ebénézer N’Joh Mouellé : « il n’y a de liberté que l’on puisse gagner


définitivement »

« La liberté comme absence d’entraves est ce que nous appellerions une liberté-
chose par opposition à la liberté-production » De la médiocrité à l’excellence

Spinoza : « les hommes se trompent en ce qu’ils pensent être libre (…) parce
qu’ils (…) ignorent les causes pour lesquelles ils sont déterminés à agir » Ethique

• Le déterminisme psychologique contraste avec l’idée de liberté.

Cf : Sigmund Freud : la liberté humaine est une illusion puisque l’inconscient


nous détermine à notre insu.

Par conséquent, il n’y a pas d’« actes gratuits ». Les mobiles ou les motifs des
actes humains sont souvent inconnus, mais ils existent.

Cf : André Gide : l’homme, par essence libre peut commettre des actes sans
motifs, des actes gratuits ». Illustration : le crime « immotivé Lafcadio. Les caves
du Vatican

• L’homme est soumis à un déterminisme dans l’histoire, ce qui rend la liberté


illusoire. Il y a un principe métaphysique qui guide le monde à travers
l’histoire et qui détermine l’histoire des peuples et des hommes.

Cf : Hegel : « l’histoire universelle est la représentation de l’Esprit dans son effort


pour acquérir le savoir de ce qu’il est » La raison dans l’histoire.

➢ La liberté est réalisable


• L’obéissance à la loi est liberté.

Cf : Jean-Jacques Rousseau : « l’impulsion du seul appétit est esclavage, et


l’obéissance à la loi que l’on s’est prescrite est liberté » Du contrat social

« Il n’y a que la force de l’Etat qui fasse la liberté de ses membres »

Cicéron : « nous sommes esclaves des lois pour être libre »

10
M. Touré : Doctorant en philosophie
• L’homme est totalement libre dans le domaine moral où il détermine lui-même
ses actes.

Cf : Emmanuel Kant : la liberté morale est autonomie, c’et la liberté de la


volonté raisonnable qui n’obéit qu’à sa propre loi, qui est d’accomplir le devoir
par devoir. Fondements de la métaphysique des mœurs.

• L’homme est capable d’assumer toute liberté par sa conscience.

Cf : Jean-Paul Sartre « L’homme est libre, l’homme est liberté »


L’existentialisme est un humanisme.

« Tout à coup, la liberté a fondu sur moi et m’a transi (…) et il n’y a plus rien au
ciel, ni bien, ni mal, ni personne pour me donner des ordres » Les mouches.

« L’homme est libre même dans les fers » Les mouches.

« On est responsable de ce qu’on est », L’existentialisme est un humanisme

« Je suis responsable pour moi-même et pour tous, et je crée une certaine image
de l’homme que je choisis ; en me choisissant, je choisis l’homme » idem.

➢ Dieu est responsable du devenir de l’homme.


• L’homme est le produit ou la créature de Dieu.

Cf : Holbach : « il semblerait que ce Dieu n’a créé les nations que pour être le
jouet des passions et des folies de ses représentants sur terre » Le bon sens du
curé Meslier.

• Le devenir humain obéit à une volonté suprême.

Cf : Spinoza : « Parce que nous sommes au pouvoir de Dieu comme l’argile dans
la main du potier, (…) personne ne peut adresser de reproche à Dieu parce que
Dieu lui a donné la nature faible ou une âme sans vigueur » Lettre à Oldenburg.

Epictète « souviens-toi que tu es un acteur dans la pièce que celui qui l’a faite a
bien voulu te faire entrer » Manuel

• La raison se sert de l’homme comme un instrument de sa volonté, qui poursuit


ses fins.

Cf : Hegel : « l’histoire universelle est la représentation de l’Esprit dans son


effort pour acquérir le savoir de ce qu’il est » La raison dans l’histoire.

11
M. Touré : Doctorant en philosophie
➢ L’homme est responsable des actes qu’il pose.
• L’homme est liberté et toute prétention de déterminisme est l’expression de la
mauvaise foi.

Cf : Jean-Paul Sartre : « l’homme est condamné à être libre (…) parce qu’une
fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait » L’existentialisme
est un humanisme.

• Pour le matérialisme historique, il n’y a ni Dieu, ni destin. L’homme est donc


abandonné à lui-même et condamné à se prendre en charge.

Cf : Karl Marx : « L’histoire de toutes les sociétés jusqu’à nos jours est celle de
la lutte des classes » Manifeste du parti communiste, 1848

Explication : La lutte des classes est le moteur de l’histoire. L’histoire est le fruit
de la lutte des classes en relation de production et les consciences des classes sont
forgées par leur situation sociale, c’est-à-dire leurs conditions matérielles.
L’homme transforme son histoire selon ses intérêts.

• Pour les religions révélées, Dieu crée certes l’homme, mais il l’a doté d’un
libre arbitre

Deutéronome 30, 19 : « j’ai placé devant toi le chemin de la vie et de la mort,


choisis »

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M. Touré : Doctorant en philosophie
MORALE ET LIBERTÉ
➢ Agir moralement, c’est agir conformément aux règles sociales et
morales établies.
• L’homme est le produit de la société. Elle lui inculque par l’éducation des
valeurs et conduite à tenir.

Cf : Emile Durkheim : « extériorité et contrainte caractérisent le fait social et la


morale » Les règles de la méthode sociologique.

• Notre conscience est déterminée par la société. Nos consciences apparaissent


construites et déterminées par nos rapports familiaux, mes valeurs propres à
notre société.

Cf : Sigmund Freud : notre intériorité est loin d’être étanche au monde en ce


sens qu’elle est modelée par elle, ne serait-ce que par les interdits sociaux
progressivement intériorisés dans le surmoi. Si mon psychisme intériorise les
interdits sociaux pour les reprendre à son compte, et si cette vie psychique
inconsciente pèse sur mes représentations conscientes. On peut dire que nous
agissons conformément aux règles sociales établies. Malaise dans la civilisation

• Agir moralement, c’est agir conformément à la classe sociale à laquelle nous


appartenons.

Cf : Karl Marx et Engels : « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais
la vie qui détermine la conscience (…) dans la seconde qui correspond à la vie
réelle, on part des individus réels et vivants eux-mêmes et l’on considère la
conscience uniquement comme leur conscience » L’idéologie allemande

« Est-il besoin d’une, d’une grande perspicacité pour comprendre que les idées,
les conceptions et les notions des hommes, en un mot leur conscience change
avec tout changement survenu dans leur condition de vie, leurs relations sociales,
leur existence ? (…) les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les
idées de la classe dominante » L’idéologie allemande.

➢ L’acte moral relève de l’autonomie du sujet.


• Il y a en tout homme une voix intérieure indépendante de toutes considérations
extérieures qui lui permet de distinguer le bien du mal.

13
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Jean-Jacques Rousseau « je n’ai qu’à consulter sur ce que je veux faire :
tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je ses être mal est mal : le meilleur
de tous les casuistes est la conscience. » Emile ou l’éducation

• Agir moralement, c’est agir selon sa volonté

Cf : Emmanuel Kant : « agis comme si la maxime de ton action devait servir de


loi universelle de tous les êtres raisonnables » Fondement de la métaphysique
de mœurs

• L’homme est le seul responsable de ses actions

Cf : Jean-Paul Sartre « Tout à coup, la liberté a fondu sur moi et m’a transi (…)
et il n’y a plus rien au ciel, ni bien, ni mal, ni personne pour me donner des
ordres » Les mouches.

14
M. Touré : Doctorant en philosophie
ÉTAT, SOCIÉTÉ ET VIOLENCE
➢ Il est impossible de penser une société sans violence
• L’homme est naturellement violent

Cf : Freud : « l’homme n’est point cet être débonnaire assoiffé d’amour et dont
on dit qu’il se défend quand on l’attaque. Mais, un être qui porte dans ses données
instinctive une bonne somme d’agressivité » Malaise dans la civilisation

• La rareté et la pénurie sont causes de violence

Cf : Jean-Paul Sartre : « dans la pure réciprocité, l’autre que moi, c’est aussi le
même. Dans la réciprocité modifiée par la rareté, le même nous apparaît comme
le contre-homme en tant que ce même homme apparaît comme radicalement autre
(c’est-à-dire porteur pour nous d’une menace de mort) » Critique de la raison
dialectique.

Cf : Thomas Hobbes : l’état de nature est celui de la guerre de tous contre tous

« L’homme est un loup pour l’homme » Le Léviathan

Friedrich Nietzsche : « vivre c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter


le faible, l’étranger, l’opprimer ou tout au moins l’exploiter » La volonté de
puissance.

➢ On peut imaginer une société sans violence.


• Le devoir est un impératif catégorique parce qu’il formule un commandement
auquel la volonté se soumet pour être moralement bonne.

Cf : Emmanuel Kant : « De tout ce qu’il est possible de concevoir moralement


en ce monde, ou même hors de ce monde, il n’y a rien qui puisse sans restriction
être regardé comme bon absolument, excepté une bonne volonté » Fondements
de la métaphysique des mœurs

• L’homme, être de raison peut se passer de la violence.

Cf : Hans Jonas : « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas
destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie » Le principe
responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique

• L’homme est capable de non-violence par obligation morale et parce que cela
est une nécessité dans la société.
15
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : John Stuart Mill « celui qui sauve un de ses semblables en danger de se
noyer accomplit une action moralement bonne, que son motif d’action soit le
devoir ou l’espoir d’être payé de sa peine » L’utilitarisme.

➢ Le pouvoir d’Etat est nécessairement violent.


• Pour établir la sécurité et la paix, l’Etat use de force. Par son pouvoir de
légiférer, il trace les limites de l’obligatoires, du permis et du défendu.

Cf : Thomas Hobbes : pour lui, l’Etat a recours à la force dans la mesure où les
hommes sont en perpétuelle guerre à l’état de nature. L’Etat doit pour ce faire
user de la force pour maintenir et veiller sur la paix, et ainsi, éviter la mort violente
des individus. Le Léviathan

• Par essence le pouvoir d’Etat est violent.

Cf : Louis Althusser : tout Etat dispose de la manifestation de la violence à


travers les « appareils idéologiques d’Etat, et des appareils répressifs d’Etat »

• L’Etat est un instrument qui porte en lui les germes de la violence.

Cf : Karl Marx et Friedrich Engels : « le pouvoir politique est le pouvoir d’une


classe pour l’oppression d’une autre. » Manifeste du parti communiste.

• L’Etat est le moyen de domination de l’homme par l’homme au moyen de la


violence dite légitime. La violence est l’expression d’un malaise social. Il est
idéal de prévenir les délits et les crimes au sein de la société pour éviter le
recours à la violence punitive ; les prévenir c’est établir la justice et l’équité
dans la vie communautaire. En effet, ce sont les injustices et les frustrations
qui engendrent la violence et le désordre.

Cf : Max Weber « il faut concevoir l’Etat contemporain comme une


communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé (…)
revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence
légitime » Le savant et le politique.

➢ Le pouvoir d’Etat n’est pas nécessairement violent (l’État peut faire


abstraction de la violence)
• L’Etat est l’incarnation de la Raison, c’est la fin de l’histoire universelle.

16
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Hegel « l’Etat est une substance sociale qui est arrivée à la conscience d’elle-
même : il réunit en lui le principe de la famille et le principe de la société civile »
Principe de la philosophie du droit

• C’est pour la liberté du citoyen que l’Etat est institué. C’est l’épanouissement
de l’homme qui constitue l’objectif véritable de l’Etat.

Cf : Spinoza « la fin de l’Etat est en réalité la sécurité et la liberté et non la


domination » Traité théologico-politique

• L’adhésion volontaire au pacte social est un fondement de l’Etat. Ce dernier


est l’institution à travers laquelle l’individu accède à la liberté plus grande et
plus sûre.

Cf : Jean-Jacques Rousseau : L’Etat est cette « association qui défende et


protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé »
Du contrat social.

➢ L’équilibre du pouvoir d’Etat repose sur le droit et la force.


• C’est à la fois par la force et le droit que l’Etat peut avoir une autorité
permanente à l’égard des citoyens.

Cf : Blaise Pascal « il faut mettre ensemble la justice et la force, et pour cela,


faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste », Pensées

• Le pouvoir politique doit s’exercer de façon modérée

Cf : Paul Valéry « si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons »
Regard sur le monde actuel.

➢ Le déséquilibre du pouvoir est préjudiciable à l’harmonie de la


société.
• Le pouvoir dictatorial est une entrave à la liberté humaine.

Cf : Hannah Arendt : « L’autorité sous quelque forme que ce soit, implique une
limitation de liberté, mais jamais l’abolition de celle-ci. C’est cependant à cette
abolition et même élimination de toute spontanéité humaine en général, que tend
la domination totalitaire, et non simplement à une restriction, si tyrannique qu’elle
soit, de la liberté ». Le système totalitaire

• Le manque d’autorité de l’Etat est source de désordre.

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M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Thomas Hobbes : il distingue trois causes qui poussent les hommes à ne pas
s’entendre : la rivalité, la méfiance et la fierté. La première fait que chacun est
violent pour s’emparer de ce que les autres convoitent. La deuxième les rend
agressifs car ils craignent la vengeance de ceux qu’ils ont vaincus et la troisième
engendre d’interminables querelles d’amour-propre. Ainsi, se développe une
« guerre de tous contre tous » qui produit une situation invivable et qu’il faut
abolir pour que la paix succède aux conflits. Pour cela, Hobbes pense qu’il est
indispensable d’établir un pouvoir fort seul capable de créer une situation stable
et pacifiée. Et cela par l’image du Léviathan qui concentre dans sa main la totalité
des moyens de la contrainte. Le Léviathan

Jean-Jacques Rousseau « il n’y a que la force de l’Etat qui fasse la liberté de ses
membres » Du contrat social

• Un pouvoir par excès ou par défaut conduit à un disfonctionnement de la


société.

Cf : Blaise Pascal « la justice sans la force est impuissante, la force sans la justice
est tyrannique » Pensées

➢ Le pouvoir politique doit s’exercer de façon modérée.


• Il est nécessaire de séparer les pouvoirs de l’Etat pour éviter les abus. Afin que
le droit ou l’exercice de la justice ne devienne pas abusif, il est indispensable
d’établir une distinction entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif : le
principe de l’équilibre des pouvoirs est le garant de la pérennité de toute
société démocratique.

Cf : Valéry Giscard d’Estaing : un régime politique est démocratique quand il


admet l’existence d’une opposition effective disposant, elle aussi, de la possibilité
de devenir à son tour la majorité. La démocratie française

• L’élaboration et le respect des lois dans un Etat démocratique sont gages de


sécurité et de liberté pour les citoyens.

Cf : Jean-Jacques Rousseau : « l’impulsion du seul appétit est esclavage, et


l’obéissance à la loi que l’on s’est prescrite est liberté » Du contrat social

• L’équilibre du pouvoir d’Etat repose sur le droit et la force.

C’est à la fois par la force et le droit que l’Etat peut avoir une autorité permanente
à l’égard des citoyens.
18
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Blaise Pascal « il faut mettre ensemble la justice et la force, et pour cela,
faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste », Pensées

• Le pouvoir politique doit s’exercer de façon modérée

Cf : Paul Valéry « si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons »
Regard sur le monde actuel.

➢ Il faut plaindre celui qui vit en société.


• La vie en société est le lieu où la sécurité n’est pas toujours garantie à cause
de l’agressivité injustifiée d’autrui et de son hypocrisie.

Cf. Jean Paul SARTRE : « L’enfer c’est les autres ». Huis clos.

Cf. Thomas HOBBES : « L’homme est un loup pour l’homme ». Léviathan.

• Le Bonheur de l’homme en société est constamment menacé à cause de ce


qu’il doit obéissance stricte aux lois et soumission à l’autorité étatique.

Cf. BAKOUNINE : « L’Etat est un immense cimetière où viennent s’enterrer


toutes les manifestations de la vie individuelle ». Etatisme et anarchisme.

➢ Il faut envier celui qui vit en société.


• Celui qui mène une existence communautaire profite de la société pour
combler ses déficiences naturelles, à travers l’assistance, la coopération, la
collaboration des autres.

Cf. Roger GARAUDY : « L’enfer, c’est l’absence des autres ». Testament


philosophique.

Cf. Lucien MALSON : « Les hommes ne sont pas des hommes hors de
l’ambiance sociale ». Les enfants sauvages.

• La société sous la forme moderne, à travers l’Etat et les lois issues de la


volonté générale, assure la sécurité, l’épanouissement et la liberté de chaque
citoyen.

Cf. Baruch SPINOZA : « La fin de l’Etat est donc en réalité la liberté ».


Traité théologico-politique

➢ L’Etat garantit le bonheur.

19
M. Touré : Doctorant en philosophie
• Les hommes sont si naturellement violents qu’il faut un pouvoir fort pour les
amener à vivre pacifiquement.

Cf. HOBBES, Le Léviathan : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un
pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui
se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun »

Cf. HOBBES, Du citoyen : « Dans une société civile, on voit sous l’empire de la
raison, régner la paix, la sécurité ».

➢ L’Etat est dans certaines situation facteur d’aliénation.

• L’Etat constitue pour les anarchistes un obstacle à la manifestation de la liberté


individuelle et constitue avec la religion, le mal suprême.

Cf. Max STIRNER, L’unique et la propriété : « l’Etat ne poursuit jamais


qu’un but : limiter, enchainer, assujettir l’individu ».

• La société civile et l’Etat corrompent l’homme qui à l’état de nature est bon et
innocent.

Cf. ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi


les hommes : « L'homme est naturellement bon »

20
M. Touré : Doctorant en philosophie
DIEU, LA RELIGION, LA TECHNIQUE ET LA MORALE

➢ La fascination de la technique progresse au détriment de la religion


• La technique permet à l’homme de désacraliser la nature contrairement à la
religion.

Cf : Heidegger « la technique n’adore rien, ne respecte rien » Questions

• L’essor de la technoscience fait de l’homme un substitut de Dieu qui


s’affranchit du Dieu créateur. La connaissance scientifique est un rêve
apollinien, un rêve de puissance, le rêve d’être l’image de Dieu à défaut d’être
Dieu lui-même.

Cf : Jacques Ellul « la science est le nouveau Dieu qui sauve » La technique ou


l’enjeu du siècle

• Les progrès de la science ont pu faire croire que la science gouvernait la


totalité des affaires humaines.

Cf : Auguste comte : il élabore la « loi des trois états » qui définit la période
scientifique comme l’achèvement de deux âges antérieurs et imparfaits. Ainsi,
l’humanité a commencé par la période théologique, dans laquelle l’ignorance des
hommes les conduisit à croire en l’action des causes surnaturelles et cachées. Puis
vint l’époque métaphysique, qui rationalisa ses fictions en parlant des causes
premières et finales mais resta dans des erreurs de l’abstraction. Enfin, l’âge
scientifique ou « positif » se libère de ses illusions pures n’étudier que les lois
gouvernant les phénomènes, avec un esprit animé par le souci de la certitude et
de la précision. Comte parle d’un progrès qui élimine les croyances dans une ou
plusieurs divinités. La science dégage les lois de tous les phénomènes pour être
la pensée universelle. Cours de philosophie positive.

➢ Le progrès technique est incapable de supprimer la foi


religieuse, car elle est pérenne.
• L’homme est un être essentiellement religieux.

Cf : Henri Bergson : « il n’y a jamais eu de société sans religion » Les deux


sources de la morale et de la religion

• La technique et la religion ne s’excluent pas. La religion vient compenser les


limites de la science et de la technique.

21
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Henri Bergson : le progrès technique a besoin « d’un supplément d’âme »,
Les deux sources de la morale et de la religion

• La religion prend en charge les angoisses auxquelles les sciences n’ont rien à
dire.

Cf : Freud : il reconnaît que la religion réalise « les désirs les plus anciens, les
plus forts, les plus pressants de l’humanité » l’avenir d’une illusion

« La religion (…) apaise l’angoisse des hommes devant les dangers et les
vicissitudes de la vie » l’avenir d’une illusion

• On ne doit pas surestimer la science car sur le plan pratique, elle est incapable
de prévoir et de maitriser les effets catastrophiques de ses découvertes.

Cf : Hans Jonas « le Prométhée définitivement déchainé, auquel la science


confère des forces jamais encore connues, réclame une éthique. » Le principe de
la responsabilité

Edgar Morin « la connaissance humaine est prisonnière du monde phénoménal »


La méthode.

➢ Le progrès technique contribue au bonheur de l’humanité.


• Le progrès technique a conféré à l’homme un pouvoir sur la nature.

L’univers a toujours semblé manifester une certaine hostilité à l’égard de l’espèce


humaine ; catastrophes, calamités, obstacles naturels, etc. L’homme était
condamné à subir la colère de la nature. Mais avec le progrès des techniques, la
nature est désormais démystifiée. Dès lors le progrès technique se donne pour
dessein, comme l’affirme René Descartes (1596-1650), de ‹‹ nous rendre comme
maitres et possesseurs de la nature. » Discours de la méthode (VIème partie)

• Le progrès technique améliore les conditions de vie de l’homme.

L’introduction de la technique dans le travail donnant lieu à l’industrie, améliore


les conditions de vie et de travail de l’ouvrier et lui ouvre des perspectives
nouvelles d’épanouissement social. On peut noter entre autres ;

-la production géométrique des biens utiles à la consommation

-la croissance économique

-l’augmentation de l’espérance de vie.


22
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Herbert Marcuse (1898-1979), philosophe et sociologue américain
d’origine allemande affirmait ceci : « L’originalité de notre société réside dans
l’utilisation de la technologie, plutôt que la terreur, pour obtenir la cohésion des
forces sociales dans un mouvement double, un fonctionnalisme écrasant et une
amélioration croissante du standard de vie ». L’homme unidimensionnel

➢ Persistance de la misère en dépit du progrès technique


• Le progrès technique porte atteinte à l’intégrité morale et physique de
l’homme.

Le progrès technique s’accompagne d’une régression intellectuelle et d’un


véritable abrutissement collectif. L’utilisation de la puissance extraordinaire de
la machine qui parait soumettre la nature, a plutôt entrainé une défiguration de
l’humanité et une perte des valeurs morales.

Cf : Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) soutient cette idée en ces termes : (…)


La dépravation est réelle et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos
sciences et nos arts se sont avancés à la perfection ». Discours sur les sciences
et les arts.

Albert Einstein (1879-1955), physicien américain d’origine allemande déclarait


ceci : « Toute la technique dont nous chantons les louanges est comme une hache
entre les mains d’un criminel. » Correspondances

CF : Les membres de l’Ecole de Francfort

• Les effets néfastes du progrès technique sur l’écosystème la vie.

L’utilisation abusive des produits de la technique détruit l’écosystème, pollue


l’environnement et engendre des maladies qui réduisent l’espérance de vie de
l’homme.

Cf. Michel Henry (1922-2002), philosophe et romancier français, il écrit à ce


propos : « La technique est l’alchimie ; elle est l’auto accomplissement de la
nature en lieu et place de l’auto accomplissement de la vie que nous sommes. Elle
est la barbarie, la nouvelle barbarie de notre temps, en lieu et place de la culture. »
La barbarie (Grasset 1987)

• Le progrès technique engendre un déséquilibre entre le progrès matériel et le


progrès spirituel.

23
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Henri Bergson (1859-1941), philosophe spiritualiste français, la civilisation
technicienne met, au service du corps physique, un pouvoir immense qui lui
permet de grossir démesurément pendant que l’esprit demeure chétif. L’humanité
devient ainsi puissante mais idiote. Il lui faut alors ‹‹ un supplément d’âme » dans
Les deux sources de la morale et de la religion

➢ La religion concourt à l’épanouissement de l’homme

• La religion a une fonction pédagogique car elle nous renseigne sur certains
phénomènes métaphysiques.

Cf : Sigmund FREUD « Pour bien se représenter le rôle immense de la religion,


il faut envisager tout ce qu’elle entreprend de donner aux hommes : elle les éclaire
sur l’origine et la formation de l’univers… ». L’avenir d’une illusion

• La religion joue un rôle éthique ou moral en réglant les opinions antagonistes


des hommes par ses prescriptions et son autorité.

Cf : R. GIRARD « Une fois qu’il n’y a plus de transcendance, religieuse,


humaniste ou de tout autre sorte, pour définir une violence légitime et garantir sa
spécificité face à toute violence illégitime, le légitime et l’illégitime de la violence
sont définitivement livrés à l’opinion de chacun, ». La violence et le sacré

• La religion a un rôle social car elle sème l’amour entre les hommes.

Cf : St AUGUSTIN « Car, afin que l’homme sût s’aimer lui-même, une fin a été
fixée où il devrait, pour être heureux, référer toutes ses actions – s’aimer, en effet,
n’est pas autre chose que vouloir être heureux – et cette fin c’est de s’attacher à
Dieu. ». La cité de Dieu.

➢ La religion apparait comme un fait illusoire et facteur d’aliénation

• Les faits religieux ne sont rien que de pures illusions, de la pure fiction.

Cf : Sigmund FREUD « Nous le répétons : les doctrines religieuses sont toutes


des illusions, on ne peut les prouver, et personne ne peut être contraint à les tenir
pour vraies, à y croire. », L’avenir d’une illusion

• La religion est une source d’affabulations et d’aberrations

24
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : Henri BERGSON « Le spectacle de ce que furent les religions, et de ce que
certaines sont encore, est bien humiliant pour l’intelligence humaine. Quel tissu
d’aberrations ! ». Les deux sources de la morale et de la religion

• Le dogmatisme et le fanatisme religieux conduisent à l’immoralité et aux


crimes.

Cf : François JACOB « Rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir


raison. Rien ne cause autant de destruction que l’obsession d’une vérité
considérée comme absolue. ». Le jeu des possibles.

➢ Il faut redouter la foi religieuse


• La religion est un obstacle à la liberté et à l’épanouissement de l’homme.

Cf. Feuerbach : « l’aliénation majeure est l’idée de Dieu dont les règles ont privé
l’homme de sa liberté ». L’essence du christianisme

Cf. Karl Marx : « la religion est l’opium du peuple ». Critique de la philosophie


du droit de Hegel

• La religion entretient le fanatisme religieux qui débouche sur la guerre.

Cf. Rouhala Khomeini : « la religion d’où la guerre est absente est une religion
incomplète ». Extrait d’un discours prononcé le 12 Décembre 1984 à l’occasion
de la fête anniversaire de Mahomet. Le nouvel observateur

➢ La religion édifie l’homme.


• La religion est une réponse à l’angoisse existentielle

Cf. Henri Bergson : « A l’idée que la mort est inévitable, la religion oppose
l’image d’une continuation de la vie après la mort ». Les deux sources de la
morale et de la religion

• La religion rend vertueux, elle éduque l’homme, consolide les rapports entre
les hommes...

Cf : Proudhon, C’est la religion « qui cimenta les fondements des sociétés, qui
donna l’unité et la personnalité aux nations. » De la création de l’ordre dans
l’humanité ou principe d’organisation politique

25
M. Touré : Doctorant en philosophie
• La religion est inhérente à la nature de l’homme. L’homme est naturellement
porté vers la religion. Laquelle religion lui confère quiétude, assurance,
accomplissement de soi.

Cf : Hegel : « L’homme, seul être doué de raison est aussi le seul animal
religieux. » Phénoménologie de l’esprit

Cf : Gabriel Marcel : « L’humain n’est authentiquement l’humain que là où il


est soutenu par l’armature incorruptible du sacré. » Homo viator

Cf : Blaise PASCAL : « Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est.
Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous
ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. » Pensées

➢ La pratique religieuse actuelle n’est plus conforme à l’Evangile


• Les hommes font passer leur volonté pour la volonté de Dieu.

Cf : Feuerbach : « Ce qui est le propre de l’esprit humain, son âme, son cœur,
c’est cela son Dieu : Dieu est l’intériorité manifeste, le soi exprimé de l’homme. »
L’essence du Christianisme

• Les conflits interreligieux naissent le plus souvent d’une mauvaise


interprétation des textes religieux

Cf : Rouhallah Khomeini : « La guerre est une bénédiction pour le monde et


pour toutes les nations. C’est Dieu qui incite les hommes à se battre et à tuer. »,
Extrait d’un discours prononcé le 12 Décembre 1984 à l’occasion de la fête
anniversaire de Mahomet. Le Nouvel observateur

• L’interférence du politique dans la religion : les hommes de Dieu, de nos jours,


prennent plaisir à mettre la religion au service de la politique politicienne.

➢ La religion provient du désir des hommes de faire la volonté de Dieu


• Les actes humains sont inspirés des textes de la religion, mieux de l’Evangile.

Cf : Kant qui parle de l’impératif catégorique comme un commandement divin

• L’existence de la religion influence positivement la vie sociale.

Cf. Pierre-Joseph Proudhon : « C’est elle qui cimenta les fondements des
sociétés, qui donna l’unité et la personnalité aux nations, »

26
M. Touré : Doctorant en philosophie
Axe1 : La croyance religieuse vise la consolation des faibles.

Argument 1 : Dieu, l’objet de la croyance, est une invention, le fruit de


l’imagination fertile d’hommes n’ayant aucune confiance en eux-mêmes. Elle
leur donne ainsi de l’espoir et constitue un objet auquel ils peuvent s’accrocher.

F. Nietzsche dans Humain, trop humain : « la religion apaise la conscience


individuelle dans les temps de perte, de disette, de terreur ».

Argument 2 : C’est la souffrance et les conditions socio-économiques pénibles


qui poussent les aliénés économiques à la croyance. Elle apaise les souffrances
du quotidien.

Illustration : Karl Marx dans Critique de la philosophie du droit de Hegel « la


religion est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium
du peuple ».

Argument 3 : Ce sont les vaincus de la vie, les faibles qui croient et développent
la religion pour soumettre les forts et étouffer en eux la volonté de puissance.

Illustration : -Friedrich Nietzsche dans L’Antéchrist : croire en Dieu « signifie


être soi-même une réalité manquée ». Dans La généalogie de la morale : « La
révolte des esclaves dans la morale (religieuse) commence lorsque le
ressentiment lui-même devient créateur et enfante des valeurs : le ressentiment
de ces êtres à qui la vraie réaction, celle de l’action, est interdite et qui ne trouve
de compensation que dans une vengeance imaginaire ».

CF : F. Nietzsche dans Généalogie de la morale, « les malades, les difformes


sont aussi les seuls pieux, les bénis de Dieu ; c’est à eux seuls qu’appartiendra
la félicité, par contre, vous autres, vous qui êtes nobles et puissants, vous êtes de
toute éternité les mauvais […] les maudits, les damnés ».

Axe 2 : La religion est d’utilité universelle.

Argument 1 : Dans la quête du sens de l’existence et de la destinée (d’où venons-


nous, où allons-nous après la mort…), seule la religion a le mérite de nous fournir
des réponses et d’apaiser nos angoisses.

Illustration : David Hume dans Traité de la nature humaine : « Tout homme


sent, en quelque façon, la vérité de la religion dans son cœur ».

27
M. Touré : Doctorant en philosophie
Argument 2 : Dans toutes les sociétés l’idée de Dieu est présente aussi bien que
les culte et rites que cela implique. La religion est le fondement de la société ; elle
est la source de rapprochement des peuples en enseignant l’amour du prochain et
en déconseillant le recours à la violence.

Illustration : Henri Bergson dans Les deux sources de la morale et de la


religion : « on trouve des sociétés qui n’ont ni science, ni art, ni philosophie.
Mais il n’y a jamais eu de société sans religion ».

Argument 3 : La religion est au fondement de l’éducation et de la morale.

C’est l’espérance du salut et de la béatitude qui maintient le juste dans sa foi ainsi
que la crainte du châtiment divin amène le méchant à renoncer à ses mauvaises
voies.

Illustration : Emmanuel Kant dans La religion dans les limites de la simple


raison : « La religion, considérée subjectivement, est la connaissance de tous les
devoirs comme commandement divin ».

28
M. Touré : Doctorant en philosophie
HUMANITÉ ET CULTURE

➢ La diversité culturelle ne favorise pas l’unité du genre humain.


• Les différences culturelles sont sources de conflits entre les hommes.

Cf : Claude Lévi-Strauss dans Race et culture : « L’attitude la plus ancienne, et


qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides, consiste à
répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses,
sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous
identifions. »

• La multiplicité des cultures engendre l’ethnocentrisme et le complexe de


supériorité des peuples dits évolués sur les autres.

Cf : HEGEL, La Raison dans l’histoire.

Cf : Jules Ferry dans son discours sur l’expansion coloniale devant la chambre
des députés le 28 juillet 1885 : « il faut dire ouvertement que les races supérieures
ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races
inférieures. »

➢ La pluralité culturelle peut être facteur de rapprochement entre les


peuples.
• L’humanité se définit comme l’ensemble de tous les hommes ou de tous les
peuples malgré leurs différences de races ou de cultures. La multiplicité des
cultures est la richesse du genre humain.

Cf : Auguste COMTE dans Catéchisme positiviste : « Vous devez d’abord


définir l’humanité comme l’ensemble des êtres humains, passés, futures et
présents ».

• Le brassage culturel est source d’enrichissement mutuel et permet à


l’humanité de progresser.

Cf : Aimé CESAIRE dans Discours sur le colonialisme : « j’admets que mettre


les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier
des mondes différents est excellent ».

Cf : Saint Exupéry, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, loin de me léser,


tu m’enrichis ».

• Le respect des autres malgré nos différences est une exigence morale.
29
M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf. Emmanuel KANT : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien
dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps
comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ». Fondements de la
métaphysique des mœurs.

• Les différences culturelles sont sources de conflits entre les hommes.

Cf. Claude Lévi-Strauss, Race et culture : « L’attitude la plus ancienne, et qui


repose sans doute sur des fondements psychologiques solides, consiste à répudier
purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales,
esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous
identifions. »

• La multiplicité des cultures engendre l’ethnocentrisme et le complexe de


supériorité des peuples dits évolués sur les autres.

Cf. HEGEL, La Raison dans l’histoire.

Cf : Jules Ferry dans son discours sur l’expansion coloniale devant la chambre
des députés le 28 juillet 1885 : « il faut dire ouvertement que les races supérieures
ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races
inférieures »

➢ La pluralité culturelle peut être facteur de rapprochement entre les


peuples.
• L’humanité se définit comme l’ensemble de tous les hommes ou de tous les
peuples malgré leurs différences de races ou de cultures. La multiplicité des
cultures est la richesse du genre humain.

Cf : Auguste COMTE, Catéchisme positiviste : « Vous devez d’abord définir


l’humanité comme l’ensemble des êtres humains, passés, futures et présents ».

• Le brassage culturel est source d’enrichissement mutuel et permet à


l’humanité de progresser.

Cf : Aimé CESAIRE, Discours sur le colonialisme : « j’admets que mettre les


civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier
des mondes différents est excellent ».

Cf : Saint Exupéry, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, loin de me léser,


tu m’enrichis ». Terre de hommes

30
M. Touré : Doctorant en philosophie
• Le respect des autres malgré nos différences est une exigence morale.

Cf : Emmanuel KANT : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien
dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps
comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ». Fondements de la
métaphysique des mœurs

➢ La philosophie, une activité superflue


• À l’origine, la philosophie est une quête de savoirs purs, une quête
désintéressée de la vérité. En cela s’adonner à une telle activité parait superflu.

Cf : Aristote : Les premiers philosophes poursuivaient le savoir : « en vue de


connaitre et non pour une fin utilitaire » Métaphysique

• L’activité philosophique est inachevée

Cf : J.J. Rousseau : « Tous les philosophes sont des charlatans » Discours sur
les sciences et les arts

• La philosophie se discrédite par son caractère abstrait à la différence de la


technoscience qui apporte des solutions concrètes, pratiques aux
préoccupations quotidiennes des hommes

Cf : Karl Marx : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses


manières, ce qui importe à présent, c’est de le transformer » Idéologie
Allemande, 11ème Thèse sur Feuerbach.

31
M. Touré : Doctorant en philosophie
LA VALEUR DE LA PHILOSOPHIE

➢ La philosophie, une activité nécessaire


• La philosophie, en tant qu’amour de la sagesse aide à acquérir la connaissance
au plan individuel et à progresser dans la quête de la vérité sur l’homme

Cf : Descartes : « C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher de ne


jamais les ouvrir que de vivre sans philosopher » Principes de la philosophie

Cf : Jean Piaget : « La philosophie est une prise de position raisonnée par rapport
à la totalité du réel, et cette totalité inclut l’ensemble des activités supérieures de
l’homme et non pas exclusivement la connaissance » Sagesse et illusion de la
philosophie

• Au plan politique, la philosophie contribue à l’installation de l’ordre et de


l’équité

Cf : Platon : « Que les philosophes soient rois ou que les rois deviennent
philosophes pour mettre fin aux maux de la cité » République

Cf : Descartes : « C’est un gain pour chaque peuple que d’avoir de vrais


philosophes » Principes de la philosophie

(La philosophie par ailleurs, ne saurait, ni être réduite à la philosophie


contemplative et à la métaphysique des premiers âges, ni être disqualifiée au
regard des prouesses de la technoscience qui, de plus en plus, dévoile ses limites
quant à libérer et à rendre les hommes heureux. S’inspirant du quotidien et des
préoccupations des hommes, elle apparait comme un phare, une lumière qui
éclaire les réflexions, les méditations, les actions et les pratiques humaines pour
un bien-être véritable ! La technoscience, quel que soit ses exploits, ne peut
absorber la philosophie)

• En tant qu’art de vivre, la sagesse philosophique conduit au bonheur

Cf. : André Comte-Sponville : « Le but de la philosophie est la sagesse en toute


chose, donc le bonheur » Le bonheur, désespérément.

32
M. Touré : Doctorant en philosophie
TRAVAIL, TECHNIQUE, AUTRUI, BONHEUR

➢ Le travail, facteur d’humanisation


• Le travail est une activité consciente ; il est donc une spécificité humaine et
de ce fait, distingue l’homme de l’animal qui, à proprement parler, ne travaille
pas.

Cf : KARL MARX, Le capital « Le travail est de prime abord, un acte qui se


passe entre l’homme et la nature (…) En même temps qu’il agit par ce mouvement
sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature et développe les
facultés qui y sommeillent »

• Le travail comme activité de transformation de la nature et de production de


biens utiles, permet à l’homme de satisfaire ses besoins vitaux et d’être ainsi,
à l’abri des vices, expression des tendances animales.
Cf : VOLTAIRE, « Le travail éloigne de nous, trois grands maux : l’ennui, le
vice et le besoin … » Candide
➢ Dans sa forme moderne le travail aliène et déshumanise.
• Avec l’avènement du machinisme (utilisation de la machine) et de la division
du travail, le travailleur est entièrement sacrifié à la machine, il perd ainsi toute
dignité et toute noblesse. Il est aliéné.
Cf : KARL MARX, Manuscrits de 1844 « Le travail produit l’ouvrier en tant
que marchandise… »
• Le travail est pénible et même dégradant, surtout dans sa forme artisanale. Il
déforme le corps mais aussi l’âme. Le travail est donc non seulement aliénant
mais aussi deshumanisant.
Cf : PLATON, La République « Tout ce qui est artisanal et manœuvrier porte
honte et déforme l’âme en même temps que le corps ».

• On peut voir un troisième axe pour montrer que malgré ses aspects négatifs le
travail reste l’activité principale de l’homme. Il socialise l’individu, le raffine
physiquement, intellectuellement, moralement. C’est pourquoi le refus de
travailler n’a pas de sens, il peut même apparaitre comme un mal, un acte
contre nature

Cf : EMMANUEL MOUNIER, Le Personnalisme « Tout travail travaille à


faire l’homme »

33
M. Touré : Doctorant en philosophie
➢ Autrui se présente comme mon ennemi
• Autrui est source de gêne et d’angoisse car sa présence, son regard, ses actes
etc., m’obligent à renoncer à mes désirs et envies et me dépouillent de mes
capacités.

Cf. SARTRE, L'être et le néant : « Je saisis le regard de l'autre au sein même


de mon acte, comme solidification et aliénation de mes propres possibilités ».

Cf. Jean Paul SARTRE, Huis-clos : « L’enfer, c’est les autres ».

• Autrui est un être égoïste qui vise à m’instrumentaliser, me nuire voire me


détruire au profit de ses intérêts.

Cf : NIETZSCHE, Par-delà le Bien et le Mal « Vivre c’est essentiellement


dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger… »

Cf. Sigmund FREUD, Malaise dans la civilisation : « l'homme n'est point cet
être débonnaire, (…). Il est tenté de satisfaire son besoin d’agression aux
dépens de son prochain. »

➢ Autrui est indispensable à l’épanouissement de l’homme


• L’homme est un être naturellement porté à vivre en société.

Cf : ARISTOTE, Politique : « L’homme est par nature un animal politique.»

• Le prochain est indispensable à mon humanisation et à ma réalisation car,


coupé du milieu social, je reste un simple animal.

Cf : Seydou Badian, Sous l’orage « L’homme n’est rien sans les autres »

• Autrui est une source d’enrichissement.

Cf : SAINT-EXUPERY, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, mon


frère, loin de me léser, tu m'enrichis »

➢ Le bonheur est accessible à l’homme.


• Le bonheur réside dans le contentement. Il s’agit de se satisfaire de ce que l’on
a, mieux de s’en contenter.

Cf : La Rochefoucauld (1613-1680)

• Le bonheur va de pair avec une vie vertueuse

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M. Touré : Doctorant en philosophie
Cf : L’Epicurisme, Épicure (341-270 av JC), ce bonheur consiste en l’équilibre
de l’âme et le calme de l’esprit. Lettre à Ménécée, il écrit ceci :

‹‹ Lors donc que nous disons que le plaisir est la fin, nous ne parlons point des
plaisirs de sensualité (…) mais nous parlons de l’absence de douleur physique et
de l’ataraxie de l’âme. »

• La satisfaction matérielle contribue au bonheur.

Grâce aux progrès des techniques et l’invention des arts, les conditions
matérielles des hommes s’améliorent quantitativement et qualitativement :
pouvoir manger, boire, dormir, se soigner et jouir des plaisirs de la vie ; c’est déjà
être heureux.

Cf : Jacques Ellul (1912-1994), sociologue français affirmait : ‹‹la technique est


le nouveau Dieu qui sauve. » La technique ou l’enjeu du siècle

• L’imagination et l’art procurent à l’homme une satisfaction morale et


spirituelle.

L’art est la production du beau. Ce beau permet de rompre avec la monotonie de


la vie et apporte la gaieté, le plaisir et la joie. La contemplation d’une œuvre d’art
et l’écoute d’une bonne musique libèrent l’homme des contraintes naturelles de
la vie.

➢ Le bonheur demeure un idéal


• Le bonheur est un concept difficile à cerner.

Relatif, subjectif, le bonheur varie en fonction des individus.

Cf : Aristote (384-322 av. J.-C) pour qui plaisir, santé et richesse sont autant
d’approches du bonheur mais qui, à l’évidence, ne peuvent être toutes satisfaites.

CF : Jean-Jacques Rousseau (1712-1718) : ‹‹ Nous ne savons ce que c’est que


le bonheur ou le malheur absolu. Tout est mêlé dans cette vie ; on n’y goûte aucun
sentiment pur, on n’y reste pas deux moments dans le même état. Les affections
de nos âmes, ainsi que les modifications de nos corps, sont dans un flux
continuel. » Emile ou de l’éduction

• Le désir effréné de biens matériels ne garantit pas le bonheur.

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M. Touré : Doctorant en philosophie
L’accumulation de biens matériels engendre un déséquilibre entre le corps et
l’esprit. Les progrès techniques et scientifiques sont à l’origine de la dégradation
de nos valeurs morales. Les hommes sont devenus de plus en plus des monstres.

Cf : Henri BERGSON (1859-1941), Les deux sources de la morale et de la


religion écrit : « À une culture technologique extrêmement poussée, il faut un
supplément d’âme ».

• L’homme est un être de désir.

L’homme est un être de désir. Or le désir est le sentiment d’un manque perpétuel,
d’un vide qui demande d’être comblé suivant ainsi un éternel recommencement.
L’homme est donc un être insatiable.

Cf : PLATON : « Le désir est un vase percé qui se vide à mesure qu’on le


remplit ». Le Banquet

Cf : Arthur Schopenhauer : « Nous voyons bien alors que la satisfaction que le


monde peut donner à nos désirs ressemble à l’aumône donnée aujourd’hui au
mendiant et qui le fait vivre assez pour être affamé demain (...) » Le monde
comme volonté et comme représentation.

• Le bonheur total ne peut être réalisé

CF : Jules RENARD, : « Si l’homme bâtissait la maison du bonheur, la plus


grande pièce serait la salle d’attente ». Journal

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M. Touré : Doctorant en philosophie
LANGAGE ET VÉRITÉ

➢ La vérité s’oppose au doute


• Du point de vue des sentiments, la vérité suscite toujours la tranquillité, la
confiance, en raison de la grande conviction qui nous anime. Face à la vérité
nous sommes sereins et convaincus. Vérité et certitude vont de paires car la
vérité chasse le doute.
CF : Blaise Pascal : « la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses
ennemies ; parce qu’elle est éternelle et puissante comme Dieu même ». Pensées
• Le doute provoque une agitation intérieure, une amertume, une inquiétude.
Quand nous doutons, nous sommes dans l’incertitude et nous ne sommes pas
disposés à accepter la vérité.
CF : Hegel : « si la crainte de tomber dans l’erreur introduit une méfiance dans la
science…on ne voit pas pourquoi inversement, on ne doit pas introduire une
méfiance à l’égard de cette méfiance, et pourquoi on ne doit pas craindre que cette
crainte de se tromper ne soit déjà l’erreur même » Phénoménologie de l’esprit.
• Pour les sceptiques (pyrrhoniens) l’homme ne peut jamais sortir du doute
parce qu’il n’y a aucune vérité certaine. Toute vérité est opposable à d’autres
certitudes d’où la nécessité de douter de tout.
CF : Pour PYRRHON D’ELIS, toutes les preuves qu’on apporte pour soutenir
une vérité donnée, doivent à leur tour être prouvées. Il décide pour sa part de
douter de tout, et être indifférent à tout en pratiquant l’Épochè, ou suspension du
jugement.
• Nous devons admettre l’idée que la vérité est si évidente qu’elle n’admet ni
preuve ni doute à son sujet, et elle est valable pour tout homme conscient, à
cause de sa cohérence.
CF : Baruch SPINOZA, : « Qui a une idée vraie sait en même temps qu’il a une
idée vraie et ne peut douter de la vérité de la chose. » L’Éthique.

➢ Le doute conduit à la vérité


• Les critères qui fondent la vérité varient généralement en fonction du temps et
même du contexte, mais aussi de la conception de chacun. En d’autres termes,
la vérité est circonstancielle et subjective. C’est dire que la vérité est relative
à l’état de la connaissance du moment, de chacun.
CF : Gaston BACHELARD : « Il n'y a pas de vérités premières : il n'y a que
des erreurs premières. » Rationalisme appliqué.

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M. Touré : Doctorant en philosophie
• La vérité n’est pas dépourvue de toute subjectivité car le sujet conscient est
toujours celui qui élabore la connaissance, et opère des choix dans les objets ;
d’où sa subjectivité. Par exemple, l’hypothèse, point de départ de toute vérité
scientifique, est l’idée première du savant. Le savant invente en partant des
éléments de son univers. Il imagine des hypothèses à partir des données de son
univers vécu. La confirmation de cette hypothèse en devenant loi ou théorie
rend compréhensible cet univers. Cela montre donc qu’au fondement de la
démarche scientifique se trouve la croyance car le savant croit en sa méthode
comme une méthode infaillible, comme un modèle et aussi en la possibilité
d’accéder à la vérité contrairement aux sceptiques.
CF : Claude BERNARD « « L’hypothèse expérimentale n’est que l’idée
scientifique, préconçue ou anticipée », Introduction à l’étude de la médecine
expérimentale.
Gaston BACHELARD : « La vérité scientifique est une prédiction, mieux
une prédication. » Le nouvel esprit scientifique.

➢ Le langage exprime le vrai.

• Le langage est l’expression de nos pensées.

CF : Friedrich HEGEL : « C’est dans les mots que nous pensons (…). Ainsi
le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. » La
phénoménologie de l’esprit.
• Les mots donnent sens aux choses.
CF : PLATON : « Qui connaît les mots, connaît les choses. » Le Cratyle.
• Le langage est parfaitement capable de traduire tout ce que nous pensons ou
ressentons si et seulement si cette pensée ou ce sentiment lui-même a été bien
conçu. Ainsi les mots sont les images des êtres et des choses.
CF : Nicolas Boileau : « Tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les
mots pour le dire arrivent aisément. » L’art poétique

➢ La parole est lacunaire dans l’expression de la vérité.

• Le discours ne traduit pas toujours la vérité.

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CF : Henri BERGSON : « Le langage nous trompera parfois sur le caractère
de la sensation éprouvée (…) nous échouons à traduire entièrement ce que
notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage. »
Essai sur les données immédiates de la conscience.
• La parole peut être source d’abus, d’erreurs et même de tromperies.
CF : Cas de la rhétorique chez les Sophistes qu’ils exploitaient pour dire
des contre-vérités.
CF : Le lapsus linguae chez FREUD.
• L’expérience du vouloir-dire nous montre que ce n’est pas tout ce que nous
avons en pensée que nous pouvons dire, car il nous arrive des moments où le
langage est incapable de traduire fidèlement cette pensée, en lui trouvant le
mot qu’il faut, avec exactitude. Il en est de même de nos sentiments.
CF : Dénis DIDEROT : « Je crois que nous avons plus d'idées que de mots ;
combien de choses senties et qui ne sont pas nommées. », In Le rêve de
d’Alembert

VÉRITÉ SCIENTIFIQUE

➢ La mathématique est l’idéal de toute connaissance


• L’esprit géométrique en tant qu’esprit mathématique est un exemple de
rationalité, de rigueur qui conduit à la certitude. A l’œuvre dans la construction
des raisonnements mathématiques, l’esprit géométrique définit des termes et
procède à des raisonnements rigoureux, ce qui aboutit à des conclusions
nécessaires.
Cf. René DESCARTES : « Ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité
ne doivent s'occuper d'aucun objet dont ils ne puissent avoir une certitude
égale aux démonstrations de l'arithmétique et de la géométrie. » Règles pour
la direction de l’esprit.
• L’esprit géométrique consiste à s’abstraire de la réalité et à s’élever au-dessus
de la réalité sensible soumise au changement, pour ne considérer que les

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M. Touré : Doctorant en philosophie
réalités immuables. En cela, la méthode géométrique est plus crédible, car la
connaissance véritable porte sur des choses immuables.
Cf. PLATON : « Nul n’entre ici, s’il n’est géomètre. » La République.
➢ Il est illusoire de parler de vérité en mathématique
• Elle est une science exacte et non absolue, appelée à se rectifier lorsqu’on
change de paradigme. Comme c’est le cas de la géométrie non euclidienne.
Cela dit, elle n’est pas toujours un modèle de méthode.
Cf : Robert BLANCHE : « La géométrie euclidienne était longtemps demeurée
l'exemple le plus accompli. Examinée avec une sévérité nouvelle, la déduction
géométrique classique se révélait fautive sur bien des points. » L’Axiomatique.
• Les objets mathématiques sont purement formels et idéels
Cf. Bertrand RUSSEL : « Les mathématiques peuvent être définies comme le
domaine dans lequel on ne sait jamais de quoi l’on parle, ni si ce que l’on dit est
vrai. » Mysticisme et logique.

➢ Nos connaissances viennent de nos sens


• Selon l’empirisme nos sens sont l’unique source de nos savoirs ; le contact de
nos sens avec les objets, le toucher, le goût suffisent à nous instruire sur les
choses. Cf. David Hume, à la question d’où viennent nos connaissances : « Je
réponds en un mot : de l’expérience ». Le contact de nos sens avec les objets.
• Pour les sens commun nos savoirs viennent du vécu quotidien et de l’habitude.
Exemple : le ciel sombre est le signe annonciateur de la pluie.
➢ Nos connaissances ne viennent pas de nos sens mais de notre raison seule
• Nos organes de sens ne sont pas toujours fiables.
Cf. Descartes : « Nos sens nous trompent quelque fois. » Méditations
métaphysiques
Cf. Hegel : « Tout ce qui est réel est rationnel et tt ce qui est rational est réel. »
Principes de la philosophie du droit.

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M. Touré : Doctorant en philosophie
➢ La connaissance vient de la collaboration de nos sens avec la raison
• Les sens donnent un contenu ou de la matière à la raison et la raison à son
tour guide les sens. »
Cf. Kant : « Sans la sensibilité nul objet ne serait donné et sans entendement
nul objet ne serait pensé. Des pensées sans contenus sont vides, des intuitions
sans concepts sont aveugles ». Critique de la raison pure
Cf. Claude Bernard : « Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la
théorie et la pratique expérimentale ». Introduction à l’étude de la médecine
expérimentale

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