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FEMMES ET ENTREPRENEURS : TRENTE ANS DE RECHERCHES

EN MOTIVATION ENTREPRENEURIALE FÉMININE


Aude d’Andria, Inès Gabarret

De Boeck Supérieur | « Revue de l’Entrepreneuriat »

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2016/3 Vol. 15 | pages 87 à 107
ISSN 1766-2524
ISBN 9782807390539
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-de-l-entrepreneuriat-2016-3-page-87.htm
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Pour citer cet article :


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Aude d’Andria, Inès Gabarret« Femmes et entrepreneurs : trente ans de recherches
en motivation entrepreneuriale féminine », Revue de l’Entrepreneuriat 2016/3 (Vol.
15), p. 87-107.
DOI 10.3917/entre.153.0087
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Revue de
l’Entrepreneuriat Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET

N° 3-4, vol. 15, 2016

Femmes et entrepreneurs :
trente ans de recherches en motivation
entrepreneuriale féminine

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Aude D’ANDRIA
Maître de Conférences HDR en sciences de gestion à l’Université d’Evry Val d’Essonne
[email protected]

Inès GABARRET
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Docteur en sciences de gestion, HDR, professeur de management


et d’entrepreneuriat à l’EDC Paris Business School
[email protected]

L
L’entrepreneuriat féminin a été largement étudié par rapport à celui des hommes.
Pouvons-nous, néanmoins, encore parler d’un entrepreneuriat féminin unique ? Le
panorama de l’entrepreneuriat féminin s’étant complexifié, différents profils moti-
vationnels peuvent coexister. Dans cet article, à partir d’une revue approfondie
de la littérature, nous parcourons trente ans de recherches en motivation entre-
preneuriale féminine. Notre étude fait ressortir trois idéaux-types qui apparaissent de
manière régulière dans la littérature : les femmes qui entreprennent par nécessité, les
entrepreneures (en transition) de carrière et les femmes qui entreprennent au moment de
la maternité (mampreneurs). Nous concluons que la recherche en entrepreneuriat féminin
doit tenir compte de l’hétérogénéité des femmes, et que leurs motivations ne peuvent être
étudiées en dehors de la relation au cycle de vie de la femme et de la famille.

—— Mots clés : entrepreneuriat féminin, entrepreneure, mampreneur, motivation entrepreneuriale,


nécessité/opportunité, push/pull

W
omen’s entrepreneurship has been extensively studied in relation to men.
Can we, however, still speak of a single female entrepreneurship? The pan-
orama of female entrepreneurship is complex, and different motivational pro-
files can coexist. In this article, we look at thirty years of research into wom-
en’s entrepreneurial motivation. Our study identified three ideal types that
appear regularly in the literature: the women entrepreneurs by necessity, the career women
entrepreneurs (or in transition to entrepreneurship), and women who are creating companies
at the time of maternity (mompreneurs). We conclude that female entrepreneurship research
should take into account the heterogeneity of women. Their motives to start a business can-
not be studied apart from the relationship to the life-cycle of the women and the family.

—— Keywords: female entrepreneurship, entrepreneur, mompreneur, entrepreneurial motivation,


necessity/opportunity, push/pull
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Revue de
Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
N° 3-4, vol. 15, 2016

Introduction
Caractérisée comme adolescente par Hughes et al. (2012), la recherche en entrepre-
neuriat féminin a vu ses premiers articles il y a une trentaine d’années (Jennings et Brush, 2013).
En dépit de leur développement et de leur contribution économique significative partout dans le
monde (OCDE, 2012 ; GEM, 2015), la thématique des femmes qui entreprennent reste encore
sous-étudiée (Brush et Cooper, 2012). Elle a cependant atteint « une maturité théorique incon-

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testable et fait partie, à part entière, de la recherche académique sur l’entrepreneuriat » (Léger-
Jarniou, Nelson et Chasserio, 2015, p. 19). Comme le rappellent ces auteures, des préjugés
conscients ou inconscients, mais bien enracinés, demeurent chez l’ensemble des acteurs, y
compris chez les chercheurs et les entrepreneur(e)s 1.
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Comme l’avait déjà exprimé Neider (1987) il y a presque trente ans, à partir des résultats
de sa recherche menée sur un groupe d’entrepreneures, nous faisons nôtre l’idée d’une hétéro-
généité en entrepreneuriat féminin. En effet, Neider montrait que les femmes âgées de plus de
50 ans correspondaient à une première génération de femmes qui avaient créé suite à des crises
personnelles (divorce, mort de l’époux, etc.) et celles âgées de moins de 50 ans l’avaient fait afin
de poursuivre un désir de satisfaction personnelle. Elle expliquait ces résultats comme l’avène-
ment d’une seconde génération d’entrepreneures.
Presque vingt années plus tard, Ahl (2006) proposait de donner une plus grande attention
à l’étude de l’hétérogénéité des femmes et aux différents contextes dans lesquels ces femmes sont
intégrées. La même année, au regard de l’accroissement de la création d’entreprises par les femmes
au Canada, Hughes (2006) montrait la diversité de profils d’entrepreneures canadiennes, en ce qui
concerne tant leurs motivations que leur performance et la réussite de leurs entreprises. Elle identi-
fiait trois types de motivations entrepreneuriales des femmes, à savoir : classique, forcée, et travail-
famille. Depuis, le champ d’étude de l’entrepreneuriat féminin s’est considérablement étendu, avec
le développement de conférences, de revues spécialisées, de rapports en entrepreneuriat féminin 2
et de livres qui traitent spécifiquement de l’entrepreneuriat des femmes (Hughes et al., 2012). Ces
travaux apportent des contributions significatives dans la recherche en entrepreneuriat, principale-
ment sur quatre aspects : (1) l’entrepreneuriat comme un phénomène genré, (2) encastré dans une
réalité de famille, (3) résultant aussi bien d’une nécessité que d’une opportunité, et (4) poursuivant
des objectifs qui ne sont pas seulement économiques (Jennings et Brush, 2013).
Dans cet article, nous nous intéressons à l’évolution de la recherche en motivation entre-
preneuriale féminine. La motivation entrepreneuriale, qui est aussi à la base des typologies d’en-
trepreneur, reste un sujet d’actualité (Carsrud et Brannback, 2011). Que pouvons-nous retenir de
ces trente années de recherche sur la motivation entrepreneuriale des femmes ? Le panorama
de l’entrepreneuriat féminin s’étant complexifié, nous nous demanderons quels sont les princi-
paux profils d’entrepreneures étudiés dans la littérature ?
Notre article commence par une présentation du contexte des études en entrepreneu-
riat féminin et de la méthode de sélection de notre revue de littérature. Les principales recherches
en motivation entrepreneuriale féminine et les typologies basées sur des facteurs de motivation
sont ensuite discutées. Trois idéaux-types 3 sont identifiés. Nous concluons que la recherche en

1. Voir le numéro spécial de la Revue de l’entrepreneuriat, vol. 14, n° 2-3 consacré aux femmes entrepreneurs.
2. Par exemple le rapport 2015 sur l’entrepreneuriat féminin du Global Entrepreneurship Monitor.
3. Un idéal-type au sens de Weber (1904-1917) est une catégorie « abstraite » de l’existant, qui permet de proposer une
synthèse, en accentuant certaines caractéristiques jugées représentatives d’un fait ou d’un ensemble de faits ayant cours
dans l’histoire. Elle aide à comprendre ou à théoriser certains phénomènes, sans prétendre que les caractéristiques de
l’idéal-type se retrouvent toujours dans les phénomènes observés.

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Revue de
l’Entrepreneuriat Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET

N° 3-4, vol. 15, 2016

entrepreneuriat féminin doit tenir compte de l’hétérogénéité des femmes et que leurs motivations
ne peuvent être étudiées en dehors de la relation au cycle de vie de la femme et de la famille
(Aldrich et Cliff, 2003 ; Brush et Cooper, 2012).

1. Le contexte de la recherche

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Si la plupart des recherches ont entretenu, malgré elles, des mythes et des stéréo-
types, c’est parce qu’elles ont longtemps eu tendance à considérer l’entrepreneuriat en géné-
ral, et l’entrepreneuriat féminin en particulier, comme une réalité homogène. Ainsi, au-delà des
huit mythes repérés par Brush et al. (2001) 4 sur les femmes qui entreprennent, l’un des tout
premiers a été d’associer implicitement l’entrepreneuriat au genre masculin (Hisrich et Brush,
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1984 ; Stevenson, 1990 ; de Bruin et al., 2006, 2007 ; Hill et al., 2006 ; Gawel, 2013 ; Lewis,
2013 ; Verduijn et Essers, 2013). Dès lors, l’entrepreneuriat étant perçu originellement comme
une question d’hommes, la discussion s’est développée en rendant compte de la similitude ou
de la différence entre les hommes et les femmes (Ferraz Gomes et al., 2014). Les premières
recherches des années 1970 ont plutôt été marquées par l’étude de la différence entre les sexes
(biologiques), puis celles menées dans les années 1990 ont plutôt considéré l’entrepreneuriat
comme une activité ne variant pas d’après le genre (Birley, 1989 ; Buttner et Moore, 1997 ;
Holmquist, 1997). Les années 2000 ont ensuite vu le retour de l’étude de la différence entre les
hommes et les femmes (Kirkwood, 2009 ; Gupta et al., 2009 ; Brush et Cooper, 2012 ; Gawel,
2013 ; Jennings et Brush, 2013). Les femmes chefs d’entreprise sont alors désignées par le
mot « femme » placé à côté de celui d’entrepreneur. Cela signale leur différence par rapport à la
norme « masculine », en mesurant leur performance et leur comportement en tant qu’entrepre-
neurs (Lewis, 2006).
Les recherches tendent aujourd’hui à montrer qu’il y a plus de similitudes que de dif-
férences entre hommes et femmes entrepreneurs (Brush, 1992 ; Neergaard et al., 2005 ; Ahl,
2006 ; Pines et al., 2010). Par conséquent, le questionnement n’est plus de savoir si le genre est
source de différence, mais de comprendre comment (et en quoi) il fait la différence (Pines, Lerner
et Schwartz, 2010).
Dans ce contexte, il importe de reconnaître que ni les entrepreneures ni leurs entreprises
ne sont homogènes parce que leurs vécus, leurs aspirations, leurs expériences, les contextes
dans lesquelles elles entreprennent… sont différents (Carter, 2000 ; Gundry et al., 2002 ; Marlow
et Carter, 2004 ; Hill et al., 2006). En outre, leurs motivations et les types d’entreprise qu’elles
vont créer ne sont pas indépendants de leur situation de famille. Les choix des femmes sont liés
au cycle de vie de la famille, et les opportunités perçues ou découvertes, les financements dis-
ponibles et les processus développés seront différents selon les moments de la vie et face à
divers contextes. Cela renvoie au concept d’encastrement ou d’enchâssement (« embedded-
ness » en anglais) qui est présent entre l’entrepreneuriat et la famille. Par conséquent, non seu-
lement le système familial va affecter la création d’entreprise mais la réciproque est également
vraie (Aldrich et Cliff, 2003).

4. Les huit mythes repérés par Brush et al. (2001) sont que les femmes : (1) ne veulent pas posséder des entreprises à
forte croissance ; (2) n’ont pas les bons référents éducatifs antérieurs ni (3) les bons types d’expériences nécessaires pour
construire de grandes entreprises ; (4) n’ont pas les bons réseaux et liens sociaux pour construire des entreprises cré-
dibles ; (5) ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour lancer des entreprises à forte croissance ; (6) ne pré-
sentent pas de business plan, (7) se concentrent dans les secteurs non attractifs et (8) ne représentent pas une force pour
les capital-risqueurs.

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Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
N° 3-4, vol. 15, 2016

2. La méthode de recherche
Notre revue de littérature s’est construite en deux temps. Tout d’abord, nous nous
sommes appuyés sur la base des articles analysés par Jennings et Brush (2013) issus de leur
étude sur la thématique de l’entrepreneuriat féminin et publiée dans Academy of Management
Annals. Au total, les auteurs retiennent 630 articles parus entre 1975 et 2012 dans la littérature
anglo-saxonne.

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La recherche a été effectuée dans EbscoHost (Business Source Premier) en fonction des
possibilités matérielles d’accès aux articles. Les auteurs ont sélectionné les articles à partir des
résumés et n’ont retenu que ceux qui se focalisaient sur la thématique de la motivation entre-
preneuriale des femmes. Des mots clés ont été utilisés, par exemple : « entrepreneurial motiva-
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tions », « push and pull factors », « necessity and opportunity », « feminin or women entrepre-
neurship » ainsi que ceux qui s’occupaient des différences entre les femmes qui entreprennent.
Plus précisément, les publications sélectionnées répondaient à deux critères :
—— l’explicitation des facteurs de motivations entrepreneuriales des femmes ;
—— les typologies d’entrepreneurs au féminin.
Pour les années ultérieures à 2013 (allant de 2013 à 2015), nous avons ensuite suivi la
liste des revues proposée par Fayolle (2012) qui retient 7 revues dédiées à l’entrepreneuriat et
4 revues généralistes 5. Nous avons ajouté à cette liste la revue International Journal of Gender
and Entrepreneurship (IJGE), première revue académique de recherches sur cette thématique
apparue en 2009, et Gender, Work and Organization (GWO).
Cette liste ne prenant pas en compte la recherche francophone, nous avons également
intégré dans notre sélection les articles issus de deux revues francophones en entrepreneuriat :
la Revue de l’entrepreneuriat et la Revue internationale PME, ainsi que deux revues qualifiées
de généralistes : La Revue française de gestion (RFG) et La Revue des sciences de gestion 6.
La recherche a été effectuée cette fois dans Cairn.
Nos recherches couvrent une période de trente ans. Elles commencent par des articles,
tel celui de Scott (1986), dans lequel l’auteure cherche à identifier les raisons de l’augmenta-
tion du nombre d’entrepreneures aux États-Unis, ainsi que celui de Bowen et Hisrich (1986), sur
le modèle et les déterminants de la carrière entrepreneuriale des femmes. Notre recueil de litté-
rature tient également compte des articles parus dans le récent numéro spécial consacré aux
femmes qui entreprennent publié dans cette même revue sous la direction de Léger-Jarniou,
Nelson et Chasserio (2015).
Au total, 82 articles et rapports ont été retenus pour nourrir notre revue de littérature sur
les motivations des entrepreneures et sur leurs caractéristiques (voir annexe 1).

5. Il s’agit respectivement de Journal of Business Venturing (JBV), Entrepreneurship Theory and Practice (ETP), Small
Business Economics (SBE), Journal of Small Business Management (JSBM), International Small Business Journal (ISBJ),
Entrepreneurship and Regional Development (ERD), Strategic Entrepreneurship Journal (SEJ) pour les revues qualifiées
« entrepreneuriat » et de Academy of Management Journal (AMJ), Academy of Management Review (AMR), Administrative
Science Quaterly (ASQ), Strategic Management Journal (SMJ) pour les revues qualifiées « généralistes ».
6. La Revue des sciences de gestion est indexée également sur Ebsco, mais ce n’est pas le cas pour les autres revues
francophones.

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l’Entrepreneuriat Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET

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3. La motivation entrepreneuriale des femmes


Privilégiant à l’origine une vision de nature économique, la littérature en entrepreneuriat
a longtemps développé l’idée que la décision de démarrer une entreprise était le résultat d’un
processus de maximisation dans lequel l’individu compare les revenus potentiels issus des dif-
férentes activités et choisit la solution la plus rentable (Arenius et Minniti, 2005). Cette concep-
tion a permis la diffusion de nombreux travaux et notamment ceux que l’on qualifie d’approche

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« push/pull » (Shapero, 1975 ; Shapero et Sokol, 1982 ; Vesper, 1980). En effet, suivant cette
approche, un individu va se tourner vers l’entrepreneuriat si cette option lui permet un meilleur
rendement économique, soit dans le cas d’un manque d’emploi (push), soit parce qu’il espère
gagner davantage (pull). L’intérêt de cette approche, bien connue maintenant, est qu’elle per-
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met de faire une distinction entre des entrepreneurs « par nécessité » et des entrepreneurs « par
opportunité ». Ainsi, suivant Shapero (1975), Shapero et Sokol (1982) et Vesper (1980), un indi-
vidu peut être attiré par la création d’entreprise par une opportunité de marché ou à cause d’une
nécessité, comme un changement (négatif) dans sa vie, tel que le chômage ou l’immigration.
Pour autant, la recherche montre également que d’autres raisons, telles que le besoin
de réalisation, la possibilité de créer son propre emploi, ou le désir d’autonomie, sont souvent
au premier rang des facteurs de motivation (Verstraete et Saporta, 2006), reléguant alors l’idée
de maximisation des bénéfices en arrière-plan (Carsrud et Brannback, 2011). Malgré tout, l’ap-
proche push/pull reste encore la plus utilisée dans les études de motivation entrepreneuriale
(Williams et Williams, 2012 ; Eijdenberg et Masurel, 2013), et sert notamment de base aux
enquêtes du Global Entrepreneurship Monitor (GEM).
Dans le cas des femmes qui entreprennent, l’approche push/pull a été également utili-
sée (Orhan et Scott, 2001 ; McGowan et al., 2012). Les recherches, qui s’étalent entre 1997 et
2011, montrent une certaine stabilité des facteurs motivationnels au travers du temps. En effet,
sont retenus comme facteurs motivationnels push : le manque de travail et la nécessité écono-
mique, la frustration au travail, le plafond de verre ainsi que le manque de structures de garde
d’enfants. Pour Ducheneaut (1997), les facteurs push qui motivent les femmes sont l’insatisfac-
tion au travail (plafond de verre inclus), la nécessité économique et le besoin de flexibilité. De leur
côté, Moult et Anderson (2005) mettent en avant l’insuffisance des revenus, l’insatisfaction dans
le travail, le chômage et la nécessité d’équilibrer les responsabilités professionnelles et familiales.
Concernant les facteurs motivationnels pull, les auteurs s’accordent principalement sur
leur caractère intrinsèque comme : le désir d’indépendance, le besoin de réalisation, l’attrait de la
richesse ou du statut. Ainsi, Holmen et al. (2011) mettent en avant la découverte d’une opportu-
nité d’affaires, le désir d’indépendance, le désir d’épanouissement personnel, la réalisation de soi
et une plus grande satisfaction dans le travail. Il en est de même pour Jennings et Brush (2013)
pour qui les facteurs pull se manifestent par le désir d’indépendance, d’épanouissement person-
nel et la recherche de revenus.
Les principales motivations repérées par les auteurs en entrepreneuriat féminin ont été
récapitulées dans le tableau 1.
Comme nous pouvons le constater, les différents facteurs se maintiennent de façon
stable au cours du temps. Pour autant, des divergences apparaissent chez les auteurs dans
l’ordonnancement et/ou le classement parmi les facteurs de motivation cités comme princi-
paux par les femmes. Davis et Abdiyeva (2012), dans leur revue de littérature sur la motivation
entrepreneuriale des femmes, montrent que, même si les facteurs sont stables, certains articles
considèrent que les femmes sont motivées plutôt par des facteurs push, alors que d’autres

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Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
N° 3-4, vol. 15, 2016

considèrent plutôt des facteurs pull ou aussi des facteurs mélangés push/pull (Holmen et al.,
2011 ; Brush, 1990 ; Moult et Anderson, 2005 ; McGowan et al., 2012 ; Coughlin et Thomas,
2002). Par exemple, la conciliation travail-famille, considérée traditionnellement comme un fac-
teur de motivation entrepreneuriale féminin, s’avère un facteur important de motivation pour cer-
tains groupes de femmes, alors qu’elle n’est pas le moteur principal pour d’autres groupes de
femmes (Buttner et Moore, 1997 ; Morris et Coxeter, 1995 ; Konrad et Langton, 1991). De cette
manière, et comme le montre Shelton (2006), les femmes créatrices vont établir différentes stra-

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tégies pour contrôler l’équilibre travail-famille ; certaines femmes sont plus intéressées par le tra-
vail et d’autres davantage par la famille.
Des recherches supplémentaires présentent l’idée que les femmes entreprennent
plus par volonté que par nécessité, en fonction du style de vie qu’elles désirent et par rap-
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port aux arrangements familiaux (Hakim, 2000). Mais, selon Cornet et Constantinidis (2004) et
Kirkwood (2009), le plafond de verre est un important facteur push de motivation. Finalement,
pour Jennings et Brush (2013), il y aurait suffisamment de preuves pour dire que les femmes sont
principalement motivées par la nécessité. Néanmoins, au-delà de la stabilité de facteurs moti-
vationnels chez les femmes, la variabilité dans l’ordonnancement de ces facteurs nous amène à
penser à une diversité de profils d’entrepreneures, au croisement des caractéristiques internes
(niveau d’éducation, désirs…) et externes (possibilités d’emploi, cycle de vie de la famille…).

Tableau 1. Principaux facteurs de motivation entrepreneuriale féminine

Auteurs Principaux facteurs motivationnels des femmes


Hisrich (1986) Désir d’indépendance, de réalisation, de satisfaction au travail, d’accomplissement
de soi, d’indépendance financière, de combler l’ennui d’être une femme au foyer,
réponse à une nécessité économique
Buttner et Moore Désir de relever un défi, d’autodétermination, de conciliation travail-famille, réponse
(1997) à une frustration face aux possibilités d’avancement de carrière, à la discrimination
Tzemah (2000) Développement personnel, nécessité économique, désir de réalisation, sur les
conseils d’amis ou de la famille, haut degré d’estime, besoin de créativité
Hughes (2006) Désir d’indépendance, de liberté, d’être son propre patron, de relever un défi,
d’opportunité financière, d’équilibre travail-famille, d’horaires flexibles, réponse au
chômage, possibilité de travailler à domicile, possibilité de gagner plus d’argent,
reconnaissance d’un travail rémunéré
Simonin (2006) Désir d’indépendance, d’accomplissement de soi, passion pour l’initiative, envie
de générer des revenus, d’un statut social, d’exercer un pouvoir, pour pallier un
faible revenu familial, en réponse à une insatisfaction de salaire, à des difficultés à
trouver un emploi, meilleure conciliation travail-famille
Humbert et Drew Désir d’indépendance, recherche de satisfaction, désir de relever un défi,
(2010) opportunité de marché, envie de gagner plus d’argent, conciliation travail-famille,
rêve d’être entrepreneur
Davis et Abdiyeva (En contexte d’économie en développement)
(2012) Se créer son propre emploi, besoin de trouver des revenus pour échapper à la
pauvreté, besoin de subsistance
McGowan et al. Désir de relever un défi, de s’accomplir, d’être son propre patron, d’avoir une
(2012) meilleure conciliation entre vies professionnelle et personnelle, insatisfaction au
travail

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l’Entrepreneuriat Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET

N° 3-4, vol. 15, 2016

4. La diversité d’entrepreneures au travers des principales


typologies fondées sur les motivations
Tant que les recherches se focalisaient sur la question de savoir si l’entrepreneuriat fémi-
nin était un entrepreneuriat différent ou similaire à l’entrepreneuriat masculin, les entrepreneures
étaient plutôt considérées comme un groupe homogène.

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Il faut attendre les années 2000 pour constater que certains auteurs commencent à
investiguer la diversité des femmes qui entreprennent en s’appuyant principalement sur l’étude
des facteurs motivationnels. À l’issue de cette analyse, les premières typologies d’entrepreneu-
riat féminin sont proposées. Par exemple, Bruni, Gherardi et Poggio (2004) présentent sept
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groupes de femmes : celles cherchant un emploi suite au chômage, celles considérant l’entre-
preneuriat comme une stratégie principale de long terme, celles qui cherchent à contourner le
problème de plafond de verre, celles qui cherchent la conciliation travail-famille ainsi que celles
qui réintègrent la vie active après avoir quitté leur emploi pour s’occuper de leur famille, celles qui
suivent une tradition familiale entrepreneuriale et finalement, la femme féministe.
Morris et al. (2006), pour leur part, classent les entrepreneures en deux groupes au
regard de leurs motivations à la croissance de leur entreprise : celles qui sont motivées par
une croissance forte (ou « high growth entrepreneurs ») et celles qui visent plutôt une crois-
sance modeste (ou « modest growth entrepreneurs »). Les premières sont motivées par des fac-
teurs pull, comme le désir d’être riche ou de relever un défi. Les deuxièmes se définissent plutôt
par des facteurs push, comme la possibilité d’avoir un revenu suffisant pour assurer la sécu-
rité financière de leur famille, préférant contrôler la croissance de leur entreprise à des niveaux
compatibles avec leur style de vie et les besoins de la famille. Bien que les deux groupes de
femmes s’accordent sur le fait que les exigences familiales agissent comme un facteur de crois-
sance, chaque groupe les hiérarchise différemment. Pour le premier groupe, l’entreprise « passe
devant » et c’est le prix à payer pour assurer la croissance de l’entreprise, alors que pour le
second groupe, c’est « la famille d’abord », expliquant un développement plus modeste de l’en-
treprise. Par la suite, Lewis (2013) reprend cette distinction et ajoute une troisième catégorie
en reconnaissant trois profils d’entrepreneures : celles orientées famille, celles orientées crois-
sance et celles qui ne cherchent pas la croissance. La littérature signale cependant que des
fenêtres d’opportunité de croissance s’ouvrent à nouveau pour les femmes matures au fur et
à mesure que les enfants grandissent et que les exigences d’éducation se réduisent (Moult et
Anderson, 2005).
Constantinidis et al. (2006) considèrent les femmes qui entreprennent comme un groupe
hétérogène, avec des réalités multiples. Les femmes sont ainsi différentes de par leurs caracté-
ristiques personnelles, le type d’entreprise qu’elles vont créer et le type de financement qu’elles
vont chercher. S’appuyant sur les théories du capital humain et du capital social, les auteurs
identifient trois types d’entrepreneures : celles avec un haut niveau de capital humain, social
et financier ; celles avec un bas niveau de capital humain, social et financier ; et celles qui vont
reprendre une affaire familiale.
De son côté, Hughes propose, dans son article paru en 2006, de classer les femmes
suivant leurs motivations également en trois groupes : l’entrepreneure classique (c’est-à-dire
sans que la distinction sexuée ou genrée n’interfère dans la nature de la démarche entrepreneu-
riale), la femme qui arbitre entre son travail et sa famille et l’entrepreneure forcée, c’est-à-dire qui
n’a d’autre choix que la création d’entreprise pour s’assurer un emploi. Dans la même lignée,
Acs et al. (2005) voient l’entrepreneuriat féminin comme une possibilité d’insertion dans l’emploi
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Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
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(face à la discrimination) et aussi comme une manière de combiner les rôles productifs et repro-
ductifs des femmes. Cette classification se retrouve d’ailleurs du côté francophone avec la clas-
sification développée par Le Loarne-Lemaire et al. (2012). Les auteures distinguent six profils de
femmes : la femme qui entreprend après avoir eu des enfants, celle qui entreprend après avoir
été au chômage, l’étudiante entrepreneur, la femme cadre à la recherche de plus de temps pour
soi, la femme aventurière à la recherche d’un nouveau défi et la « business women » qui entre-
prend après la cinquantaine.

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Comme le montre l’analyse des différents articles, il y a lieu de s’interroger sur la multipli-
cité des profils d’entrepreneur féminin en lien avec leurs facteurs de motivation et le cycle de vie
(productif ou reproductif) des femmes. En effet, pour Moult et Anderson (2005), certains facteurs
motivationnels vont être plus en rapport avec les périodes de la vie de la femme. Par exemple,
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lorsque les responsabilités familiales sont à leur apogée, la recherche d’une certaine flexibi-
lité entre vie professionnelle et vie familiale a un rôle important pour les femmes. Cependant, il
semble raisonnable de penser que lorsque les enfants grandissent, d’autres facteurs seront plus
importants pour les entrepreneures.

Tableau 2. Principales typologies d’entrepreneuriat féminin

Auteurs Typologie
Bruni, Gherardi et Aimless (pour sortir du chômage)
Poggio (2004) Success oriented (comme une stratégie de long terme)
Strongly success oriented (pour l’épanouissement et contre le plafond de verre)
Dualists (équilibre travail-famille)
Return workers (après la maternité)
Traditionalists (tradition familiale entrepreneuriale)
Radicals (féministes)
Morris et al. (2006) High growth entrepreneurs
Modest growth entrepreneurs
Hughes (2006) Classic entrepreneurs
Forced entrepreneurs
Work-family entrepreneurs
Constantinidis et al. Entrepreneures avec un haut niveau de capital social, humain et financier
(2006) Entrepreneures avec un bas niveau de capital social, humain et financier
Femmes qui reprennent une affaire familiale
Le Loarne-Lemaire Entrepreneure après maternité
et al. (2012) Entrepreneure après chômage
Étudiante entrepreneur
Femme en recherche de temps pour soi
Femme aventurière
Business women
Lewis (2013) Family-oriented entrepreneurs
Growth-oriented entrepreneurs
Non-growth-oriented entrepreneurs

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l’Entrepreneuriat Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET

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5. Identification de trois idéaux-types dans la recherche


en entrepreneuriat féminin
À partir d’un recueil d’articles en motivation entrepreneuriale féminine, et en analysant
les principales typologies d’entrepreneuriat féminin, nous avons repéré une certaine récurrence
de profils qui a abouti à l’identification de trois figures ou idéaux-types (au sens de Weber) qui

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apparaissent majoritairement dans les recherches et au cours du temps : un entrepreneuriat par
nécessité, un entrepreneuriat par opportunité ou (transition) de carrière, et un entrepreneuriat par
conciliation travail-famille qui intègre la maternité des femmes.

5.1. Les femmes qui entreprennent par nécessité


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De nombreuses études se sont focalisées sur les femmes qui entreprennent par nécessité
par opposition aux femmes qui entreprennent par opportunité ; nous identifions cette première
catégorie d’entrepreneure comme un des trois idéaux-types fondamentaux. L’entrepreneuriat
féminin par nécessité a été considéré dans les typologies de Bruni, Gherardi et Poggio (2004),
Hughes (2006) ou aussi Le Loarne-Lemaire et al. (2012).
Comme pour les hommes, les femmes qui entreprennent par nécessité agissent prin-
cipalement pour des raisons économiques. Leurs motivations reposent essentiellement sur des
facteurs push, à savoir : vouloir assurer leur subsistance, pallier une situation de chômage ou
l’impossibilité de trouver un emploi, ou encore contourner des pratiques de discrimination ou de
marginalisation. Dans ces conditions, l’entrepreneuriat par nécessité (aussi bien des hommes
que des femmes) représente un moyen pour assurer la satisfaction des besoins primaires de l’in-
dividu (au sens de Maslow, 1954). Cependant, comparées aux hommes, les femmes ont plus de
barrières face à l’emploi. Elles sont, comme le montre une étude de l’Organisation Internationale
du Travail (ILO, 2004), les dernières à être embauchées et les premières à être licenciées (Elam
et Terjesen, 2010). Aussi sont-elles contraintes de créer leur entreprise en raison d’un manque
d’emploi ou d’un emploi non satisfaisant et pour lequel la rémunération n’est souvent pas suffi-
sante pour assurer la survie de l’individu ou de son groupe familial primaire.
Certaines recherches montrent qu’il y a plus d’entrepreneures dans les pays en déve-
loppement que dans les pays développés (Minniti et al., 2006). Une part de ce résultat peut sans
doute s’expliquer par la difficulté pour les femmes de trouver un emploi dans des pays où cultu-
rellement et soci(ét)alement elles sont reléguées à des activités domestiques. Souvent moins ins-
truites, elles trouvent le moyen de s’insérer dans l’économie locale au travers de l’entrepreneuriat
(Ascher, 2012 ; Langowitz et Minniti, 2007 ; Torri et Martinez, 2014). Aussi Verheul et al. (2006)
estiment-ils qu’il y a plus de femmes qui entreprennent dans l’économie informelle dans les
pays en voie de développement. Notamment dans les pays pauvres et peu industrialisés, nom-
breuses sont les femmes qui se consacrent à la production alimentaire à petite échelle, comme
une manière de subvenir aux besoins de leurs familles. C’est le cas par exemple de l’Ouganda
(Snyder, 2003), où 80 % de toute la nourriture cultivée est produite par des femmes (Davis et
Abdiyeva, 2012). Le soutien et le développement d’un tel type d’entrepreneuriat féminin est un
objectif nécessaire pour réduire la pauvreté et permettre aux femmes de se développer (Minniti
et Naude, 2010).
Plus généralement, le nombre croissant de femmes participant à des activités entrepre-
neuriales serait un indicateur du niveau de transformation dans les domaines économiques et
soci(ét)aux des pays (Holmen et al., 2011 ; Ascher, 2012). Il indiquerait que les femmes seraient
en train d’acquérir une plus grande autonomie et une confiance dans leurs compétences et

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Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
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leurs capacités à construire des entreprises à égalité de succès, voire plus, que les hommes.
Dans les pays en voie de développement, l’entrepreneuriat féminin pourrait être favorisé par les
possibilités de financement au travers des agences de microcrédit et des dynamiques fami-
liales qui permettent la collaboration des membres de la famille dans le déroulement du projet
entrepreneurial (Welsh et al., 2013). Tout en favorisant l’autonomisation des femmes, l’accès à
la microfinance améliore leur niveau d’aspirations, diminue les risques de la création et réduit
la marginalisation. Cependant, les résultats des études menées en Afrique, montrent que l’ac-

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cès à la microfinance n’a pas permis une amélioration dans la qualité de vie de ces femmes :
elles continuent à vivre dans un niveau de subsistance, sans croissance des entreprises créées
(Welsh et al., 2013).
Certains auteurs partagent l’idée que les femmes des pays en voie de développement
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seraient plus tournées vers la création par nécessité, contrairement aux femmes des pays déve-
loppés plus enclines à créer des entreprises par opportunité (Langowitz et Minniti, 2007 ; Brush
et Cooper, 2012). Néanmoins, ceci doit être reconsidéré en prenant en compte l’évolution des
situations économiques et soci(ét)ales des pays. Par exemple, plusieurs études menées en
Grande-Bretagne montrent l’existence d’un entrepreneuriat féminin par nécessité économique à
partir des années 1990. Coughlin et Thomas (2002) l’expliquent comme étant consécutif, d’une
part, à l’augmentation des divorces et des familles monoparentales, et d’autre part, aux poli-
tiques de restructuration des entreprises et à l’élimination des postes qui étaient destinés aux
femmes. Par conséquent, la responsabilité de devoir assurer la subsistance de son groupe fami-
lial pousse la femme vers l’entrepreneuriat. Ainsi, l’entrepreneuriat par nécessité est directement
lié au cycle de vie de la femme et de sa famille, en plus de sa relation au niveau de développe-
ment du pays.

5.2. Les femmes qui choisissent une (transition de) carrière entrepreneuriale
Un autre groupe de recherches s’est intéressé aux femmes qui, possédant déjà un
emploi, décident de créer une entreprise. Les raisons peuvent être liées à l’insatisfaction au tra-
vail, plafond de verre inclus, ou à la recherche de l’épanouissement au travers d’une carrière
entrepreneuriale. Ces femmes représentent un deuxième idéal-type, celui de la femme choisis-
sant l’entrepreneuriat comme une (transition de) carrière.
Parmi la variété des profils d’entrepreneurs féminins se distingue un important groupe de
femmes qui créent des entreprises en étant motivées par le désir de relever un défi, d’exprimer
leur créativité, de rechercher leur indépendance et l’autonomie, de trouver une opportunité, etc.
Autrement dit, dès lors que sont pris en compte des critères d’appréciation plus subjectifs, les
femmes qui entreprennent sont motivées principalement par des facteurs pull – se plaçant dans
le haut de l’échelle des besoins (au sens de Maslow, 1954).
Dans l’étude menée par Hughes (2006) au Canada, plus de la moitié de femmes inter-
rogées se classent dans cette catégorie, que l’auteur appelle des entrepreneures classiques.
Dans ce type d’entrepreneuriat féminin se reconnaissent des femmes qui, de manière volontaire
et sans être poussées par les circonstances, ont choisi de créer leur entreprise. Certaines vont
considérer l’entrepreneuriat directement comme une carrière, en créant des entreprises dès leur
sortie d’études, d’autres vont penser à l’entrepreneuriat comme une continuation dans leur car-
rière professionnelle. Les recherches qui s’appuient sur les logiques de carrière entrepreneuriale
mettent l’accent sur le rôle central de l’individu dans la construction de son parcours profession-
nel (Bowen et Hirish, 1986). Cherchant à se réaliser sur plusieurs fronts, tant dans la sphère éco-
nomique que dans la sphère familiale ou personnelle (Brush, 1992 ; Le Loarne-Lemaire et al.,

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2012), les femmes répondent aux transformations économiques et sociales du marché du tra-
vail en se construisant des carrières moins linéaires et plus discontinues que les hommes, voire
« sinusoïdales » selon l’expression de Lebègue (2015, p. 98).
Cette catégorie d’entrepreneures permet de regrouper les cas des femmes qui ne sont
pas dans une création par nécessité économique ou par conciliation travail-famille comme
principal motif. Ainsi, des profils variés tels que l’étudiante entrepreneur, la femme aventu-

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rière ou la business woman de la typologie de Le Loarne-Lemaire et al. (2012) vont parta-
ger des caractéristiques motivationnelles. De la même manière, l’entrepreneure classique de
Hughes (2006) et plusieurs catégories de Bruni, Gherardi et Poggio (2004), tels que les femmes
« (strongly) success oriented », « traditionalists » ou « radicals », peuvent se regrouper dans
cette classification.
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Pour les femmes qui choisissent l’entrepreneuriat comme premier choix de carrière,
la littérature met en avant leur éducation et leur formation avec des niveaux d’études post-­
secondaires et universitaires (Hughes, 2006 ; Gatewood et al., 2009), et des niveaux d’éducation
supérieurs à celui des hommes entrepreneurs dans les pays développés (Langowitz et Minniti,
2007). Dans l’ensemble, ces entrepreneures d’un type « classique » aspirent à créer des entre-
prises à forte croissance et nécessitant un financement extérieur (Gatewood et al., 2009).
Pour les femmes qui choisissent la carrière entrepreneuriale après avoir eu une expé-
rience préalable de travail salarié, leur choix suit une logique de continuité et non de rupture.
Comme le montrent Buttner et Moore (1997) à partir d’une étude de 129 femmes ayant démis-
sionné de leur poste de direction pour créer leur propre entreprise, deux motivations principales
ont été observées. D’une part un désir de relever un défi et d’être indépendante, et d’autre part
un besoin de trouver un équilibre entre leurs vies professionnelles et familiales. De longues heures
au travail, ainsi qu’un manque de flexibilité peuvent mener les femmes qualifiées à choisir l’auto-
emploi comme le montrent Anderson et al. (2010). Cependant, d’autres études effectuées sur
les femmes cadres montrent que même si l’équilibre travail-famille est important, l’influence que
cela portait dans les choix de carrière des femmes n’était pas différente que dans le cas des
hommes (Konrad et Langton, 1991 ; Morris et Coxeter, 1995).
S’il est vrai que pour chacune de ces femmes le choix est perçu comme volontaire,
certaines d’entre elles abordent l’entrepreneuriat comme une manière de contourner la frus-
tration causée par une certaine discrimination dans le cadre de l’emploi. Cette discrimination
peut prendre une forme évidente (comme la non-progression dans l’échelle hiérarchique et de
responsabilités : cas du plafond de verre) ou plus subtile car moins aisément décelable (cas
des différences de salaire homme/femme à des postes similaires). Dès lors, parmi les diffé-
rentes formes de discrimination, le plafond de verre est, plus spécifiquement pour les femmes
qualifiées, un moteur de l’entrepreneuriat (Hisrich et Brush, 1985 ; Coughlin et Thomas, 2002 ;
Cornet et Constantinidis, 2004 ; Kirkwood, 2009) et ce, indépendamment du niveau de dévelop-
pement des pays (Davis et Abdiyeva, 2012). Ces recherches viennent confirmer l’étude menée
par Cromie (1987) qui montrait déjà que les femmes (et aussi les hommes) étaient motivées prin-
cipalement par un désir d’autonomie, de réalisation de soi et de satisfaction au travail et que
la réalité du plafond de verre était avérée dans le cas des femmes qualifiées puisque la plupart
des hauts postes étaient occupés par des hommes. Par conséquent, l’entrepreneuriat féminin
comme transition de carrière est une solution satisfaisante pour faire face à cette réalité, et ce
d’autant plus pour les femmes qualifiées qui peuvent espérer un meilleur revenu que lorsqu’elles
étaient en situation d’emploi en tant que salariées (Elam et Terjesen, 2010).

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Revue de
Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
N° 3-4, vol. 15, 2016

5.3. Les femmes en recherche d’équilibre travail-famille et la maternité :


les cas des mampreneurs
Même si l’équilibre travail-famille a été largement traité dans le cas du travail des femmes,
une littérature grandissante a vu le jour depuis quelques années, identifiant la figure de mampre-
neur : maman et entrepreneur. Cette profusion d’articles nous permet de considérer un troisième
idéal-type. Celui-ci a été décrit comme « dualist » dans la typologie de Bruni, Gherardi et Poggio

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(2004), ou « travail-famille » pour Hughes (2006) et Lewis (2013).
Bien que non niée par les chercheurs en entrepreneuriat féminin, l’incidence de la mater-
nité dans les motivations entrepreneuriales a pendant longtemps été en quelque sorte occul-
tée par celles légitimes concernant l’arbitrage et la recherche d’un équilibre entre le travail et
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la famille. Comme l’indiquent Le Loarne-Lemaire et al. (2012) dans leur livre au titre évocateur
Femme et entrepreneur, c’est possible, certaines femmes se lancent dans la création de leur
entreprise afin de concilier vie familiale et vie personnelle, alors que d’autres visent la satisfac-
tion et l’accomplissement de soi. Ainsi, les résultats des études sur la motivation entrepreneu-
riale des femmes montrent une diversité de facteurs permettant de classer les femmes dans des
catégories à la croisée de leur cycle de vie de femme et de leur trajectoire ou carrière profession-
nelle en fonction de leurs besoins.
Pour Cromie (1987), l’entrepreneuriat est un moyen pour les femmes de répondre simul-
tanément à leurs propres besoins de carrière et à ceux de leurs enfants. Dans son étude, les
répondantes étaient des jeunes femmes ayant une famille, dont un certain nombre avait renoncé
à un emploi sûr et bien rémunéré pour créer leur entreprise. La création d’entreprise permet
plus de flexibilité en termes d’heures et de lieu de travail en concordance avec les besoins des
enfants. C’est aussi ce que souligne Simonin (2006) qui stipule que les femmes choisissent une
carrière entrepreneuriale en raison de l’autonomie et de la souplesse qu’elles y trouvent. Peu
satisfaites de leur carrière en entreprise, elles perçoivent l’entrepreneuriat comme un outil pour
ajuster leur carrière à leurs « devoirs » familiaux. Selon Hugues (2006), ce groupe d’entrepre-
neures qu’elle désigne comme « entrepreneures travail-famille » comprend les personnes qui
citent : « l’équilibre travail-famille », les « horaires flexibles », « la possibilité de travailler à la mai-
son » comme principaux facteurs de motivation. En terme d’âge, ce groupe de femmes diffère
de celui des entrepreneures « classiques » plus âgées. Il serait concentré à mi-parcours de la vie
(résultat assez prévisible) et composé de femmes mariées ou vivant en union libre.
Par conséquent, l’incidence de la maternité sur les facteurs de motivations entrepreneu-
riales doit être regardée de plus près par les chercheurs. Dans une recherche récente, McGowan
et al. (2012) rappellent que si les grandes entreprises ont mieux pris en compte la probléma-
tique des conflits inhérents aux horaires de travail classiques (9h/17h) en proposant des horaires
plus flexibles ou la possibilité d’effectuer des heures de travail à la maison, il reste que la vie de
famille a un impact négatif sur l’avancement des femmes cadres avec jeunes enfants. Citant
Winn (2004, p. 144) : « Comme la culpabilité et le stress dépassent les avantages de revenus
et de prestige, les femmes avec de jeunes enfants sont de plus en plus à quitter la population
active pour devenir mères à temps plein » et « comme les exigences de la vie des entreprises
empiètent sur la qualité et la quantité de temps passé en famille », certaines femmes choisissent
de ne pas redevenir employées et préfèrent créer leur propre entreprise, afin d’avoir un meilleur
équilibre entre travail et famille.
Brush et al. (2009) proposent une conceptualisation qui intègre les différentes dimen-
sions qui impactent le projet entrepreneurial des femmes. Elles distinguent les contextes qui
influencent leurs actions et elles prennent en compte leur encastrement social (modèle en 5 M).
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Ce modèle s’appuie en premier lieu sur trois dimensions principales considérées comme les
fondements de la création d’entreprise : le marché (Market), l’argent (Money) et la gestion de
l’entreprise (Management). Le marché correspond à l’accès aux affaires et, lors de la création
d’une nouvelle entreprise, à l’accès à des opportunités ; l’argent renvoie à l’accès et à la dis-
ponibilité du capital financier ; et le management se rapporte au capital humain et à l’organisa-
tion (Ettl et Welter, 2010). Elles l’enrichissent en second lieu avec deux dimensions : le méso/
macro-­environnement et la maternité, qui ont un impact majeur sur l’activité entrepreneuriale des

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femmes. Concernant la dimension méso/macro de l’environnement, les auteures insistent sur
la nécessaire prise en compte des enjeux et des contraintes qui vont au-delà du marché, telles
que les attentes de la société et les normes culturelles (au niveau macro) et celles des institutions
intermédiaires et régionales (au niveau méso). Concernant la dimension de la maternité, définie
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comme une métaphore du contexte ménage/famille, elles conçoivent la place de la femme entre-
preneur en position de « membre du collectif » par rapport à la fonction de maximisation de l’uti-
lité conjointe du ménage 7.
Grâce à la contextualisation (Zahra, 2007 ; Welter, 2011), les auteurs introduisent un réé-
quilibrage entre l’influence de facteurs externes (macro- et méso-environnement) et la perception
de facteurs internes ou personnels (micro-environnement), ce qui est le cas pour les entrepre-
neures et mères de jeunes enfants. Le contexte de la maternité devient alors propice à l’expres-
sion de motivations entrepreneuriales des femmes dans une perspective d’encastrement familial
(Aldrich et Cliff, 2003), dans laquelle l’environnement familial va façonner la création d’entreprise
et vice-versa.
Dans le même temps, une littérature grandissante se développe autour des mampre-
neurs considérées comme de nouvelles figures en entrepreneuriat féminin (d’Andria, 2014).
Derrière ce néologisme, qui signifie maman et entrepreneur (Cobe et Parlapiano, 2002), il s’agit
de prendre en compte une nouvelle réalité d’entrepreneuriat où l’entreprise et l’enfant sont
conçus de manière presque simultanée. S’identifiant à la fois comme mère et femme d’affaires,
la mampreneur décide d’impulser une nouvelle organisation dont elle est propriétaire et gestion-
naire, afin d’atteindre un équilibre professionnel et privé difficile, voire impossible dans le salariat,
et dont l’opportunité d’affaires est généralement en lien avec l’expérience particulière d’avoir des
enfants (Richomme-Huet et al., 2013).
D’après Korsgaard (2007), la principale motivation de la mampreneur est de pouvoir
concilier sa vie professionnelle et familiale afin de trouver un équilibre entre son lieu de travail ou
de carrière et les besoins de sa propre famille, tout en combinant une expérience de travail inté-
ressante. De même, Jean et Forbes (2012) montrent que les motivations entrepreneuriales de
mampreneurs canadiennes de la province de l’Ontario relèveraient exclusivement de facteurs
de nature push. À partir de l’étude de vingt cas, elles constatent que les mampreneurs entre-
prennent afin de pouvoir combiner leur projet personnel avec leur vie de famille. Nel et al. (2010)
indiquent à partir de trois études de cas approfondies de mampreneurs australiennes indique
que les mampreneurs sont motivées aussi bien par des facteurs push que pull, tout en recher-
chant comme premier objectif un meilleur environnement pour leurs familles et l’ensemble de la
communauté. Les auteurs identifient l’équilibre entre vies professionnelle et familiale, l’envie de
se réaliser, la satisfaction personnelle, l’augmentation de revenu, la possibilité de gagner en res-
pect sur la question de l’égalité des sexes et le fait de devenir indépendante comme des facteurs
de motivation entrepreneuriale pour les mampreneurs.

7. « In an attempt to provide an extended household perspective neoclassical economic analysis, for instance, has moved
from the individual to fit in the family by assuming utility maximization of a joint utility function and simple optimality of house-
hold division of labor and distribution of income » (Brush et al., 2009, p. 10).

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Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET l’Entrepreneuriat
N° 3-4, vol. 15, 2016

De son côté, une étude d’Ekinsmyth (2011) souligne l’importance de la prise en compte
de l’incidence des critères géographiques et économiques sur les pratiques entrepreneuriales
des mampreneurs. L’étude se fonde sur une analyse du bassin économique des West Midlands
au sud de l’Angleterre et met en relation le contexte dégradé de l’emploi et la forte augmenta-
tion du taux de chômage à Birmingham depuis les années 1990. L’auteure montre alors que
les mampreneurs sont un sous-groupe de femmes entrepreneures situées à l’interface entre le
monde du travail rémunéré et la maternité. Complétant cet éclairage, Duberley et Carrigan (2012)

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montrent que des mampreneurs de la même région se lancent dans la création d’entreprise au
moment de la venue d’un enfant pour devenir indépendantes et échapper à l’idée d’être perçues
comme des mères au foyer. Ces résultats viennent confirmer l’intérêt du modèle de Brush et al.
(2009) d’intégrer les dimensions du méso/macro-environnement et de la maternité.
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Conclusion et perspectives
Façonné au rythme des mutations du capitalisme, l’entrepreneuriat évolue (Boutillier et
Uzunidis, 1999, 2015 ; Hernandez, 2006) et avec lui la motivation des entrepreneurs (hommes
et femmes). Construit complexe, la motivation peut varier et se modifier avec le temps et les cir-
constances (Williams et Williams, 2012), combinant des aspects internes à la personne (autant
psychologiques que culturels) et externes (environnement économique et institutionnel, mesures
politiques…).
L’objectif de cet article était de revenir sur les trente dernières années de recherches
sur les motivations entrepreneuriales des femmes en mettant en avant les apports successifs.
À partir d’un recueil étendu de la littérature, trois idéaux-types d’entrepreneures peuvent être
aujourd’hui retenus.
Le premier groupe est constitué de femmes qui entreprennent parce qu’elles n’ont pas
d’autres choix. Cet entrepreneuriat féminin par nécessité, majoritaire dans les pays en voie de
développement, s’identifie avec les besoins de survie et de sécurité et s’appuie sur des fac-
teurs push de motivation. Ces femmes sont jeunes, avec ou sans enfants, et ont des difficultés
pour trouver un emploi ou un emploi satisfaisant. Elles doivent assurer leur subsistance et celle
de leur groupe familial. Pour autant, cet entrepreneuriat de nécessité (ou par défaut) n’est pas
l’apanage de pays en développement ou en transition économique. Cette tendance se retrouve
également dans les pays considérés comme économiquement plus avancés. Pour Boutillier et
Uzunidis (2015), le développement de l’entrepreneuriat est devenu depuis une vingtaine d’an-
nées un instrument des pouvoirs publics en direction de l’insertion professionnelle des popula-
tions les plus éloignées du marché du travail comme notamment les femmes. Ils soulignent que
« toutes les catégories sociales dont l’insertion professionnelle peut poser (ou pose) problème
disposent d’une solution : la création d’entreprise, qui tend à devenir, dans l’esprit des politiques,
une planche de salut tout à fait acceptable pour des populations qui non seulement cumulent
les handicaps sociaux (sexe, âge – jeunes ou âgés – absence de diplômes, etc.), mais égale-
ment des individus qui au contraire – en raison de leur haut niveau de qualification – sont deve-
nus trop chers et par conséquent inaptes à l’entreprise ou à la recherche publique » (Boutillier et
Uzunidis, 2015, p. 29).
Parallèlement, d’autres femmes sont dans la recherche d’autoréalisation et de satisfac-
tion au travail. Nous les avons caractérisées comme des femmes entrepreneurs de carrière ou
en transition vers une carrière entrepreneuriale. Loin d’être exclues du marché du travail, elles
trouvent leur réalisation dans l’entrepreneuriat. Elles se placent en haut de la hiérarchie des
besoins (au sens de Maslow, 1954) et correspondent généralement aux femmes qui n’ont pas
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de problème de conciliation entre leur vie au travail et leur vie de famille, ou en tout cas pas plus
que les hommes. Elles sont principalement motivées par des facteurs pull, mais peuvent être
aussi motivées par des combinaisons de facteurs push/pull.
Un troisième groupe correspond aux femmes qui voient dans l’entrepreneuriat un moyen
de s’épanouir aussi bien comme professionnelle que comme mère de famille, et ainsi cherchent
dans l’entrepreneuriat un moyen de réussir l’équilibre travail-famille. Ces femmes, qui se reven-

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diquent conjointement mères avec des enfants en bas âge et entrepreneures, sont identifiées
dans la littérature comme mampreneurs. Leurs motivations entrepreneuriales sont une combinai-
son de facteurs push et pull et la plupart démarrent une transition de carrière vers l’entrepreneuriat
au moment de leur grossesse, inspirées par des opportunités d’affaires en rapport à la maternité.
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Par conséquent, nos lectures en entrepreneuriat féminin et en motivation entrepreneu-


riale des femmes permettent de faire ressortir deux aspects importants, qui ne sont pas suf­
fisamment considérés dans la recherche en entrepreneuriat. Le premier aspect à considérer est
celui de l’hétérogénéité des femmes entrepreneurs. Aujourd’hui, l’état de la recherche ne peut
pas se contenter de considérer l’entrepreneuriat féminin comme une réalité homogène. En effet,
il existe (au moins) trois idéaux-types d’entrepreneures.
Le deuxième aspect à considérer est l’interrelation entre l’entrepreneuriat et la famille.
Comme le soulignent Aldrich et Cliff (2003), les questions familiales et entrepreneuriales ont sou-
vent été séparées alors qu’elles sont la plupart du temps intriquées. En tenant compte des res-
ponsabilités productives et reproductives des femmes, les transformations familiales (relations et
rôles entre les membres…) ont des conséquences sur les décisions et la création d’une entre-
prise. Comme le montre l’article de Ronsen (2014), ce n’est pas seulement la présence d’enfants
dans la famille qu’il faut considérer en étudiant l’entrepreneuriat féminin, mais aussi la situation
de travail et les caractéristiques du partenaire. En effet, c’est tout le cadre familial qui va agir sur
la décision de création de la femme.
Aussi considérons-nous que les prochaines recherches en entrepreneuriat féminin
devront prendre en compte cette diversité. Pour cette raison, la recherche doit faire preuve de
nuances lors de la généralisation des résultats et intégrer plus de critères de contextualisation.

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WINN, J. (2004), « Entrepreneurship: Not an easy path to top management for women », Women in
Management Review, vol. 19, n° 3, pp. 143-153.
ZAHRA, S. A (2007), « Contextualizing theory building in entrepreneurship research », Journal of Business
Venturing, vol. 22, n°3, pp. 443-452.

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Revue de
l’Entrepreneuriat Aude d’ANDRIA & Inès GABARRET

N° 3-4, vol. 15, 2016

Annexe 1. Éléments de la base de la revue de littérature


1. Aldrich, Cliff (2003) 29. Elam, Terjesem (2010) 56. Lebègue (2015)
2. Anderson et al. (2010) 30. Ettl, Welter (2010) 57. Lewis (2006)
3. Ascher (2012) 31. Gatewood et al. (2009) 58. Lewis (2013)
4. Birley (1989) 32. Gawel (2013) 59. Marlow, Carter (2004)
5. Bowen, Hisrich (1986) 33. Gundry et al. (2002) 60. Mc Gowan et al. (2012)

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6. de Bruin et al. (2006) 34. Gupta et al. (2009) 61. Minniti et al. (2006)
7. de Bruin et al. (2007) 35. Hakim (2000) 62. Minniti, Naude (2010)
8. Bruni, Gherardi, Poggio (2004) 36. Hill et al. (2006) 63. Morris et al. (2006)
9. Brush (1990) 37. Hisrich, Brush (1984) 64. Morris, Coxeter (1995)
10. Brush (1992) 38. Hisrich, Brush (1985) 65. Moult, Anderson (2005)
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11. Brush et al. (1999) 39. Hisrich (1986) 66. Neider (1987)
12. Brush et al. (2001) 40. Holmen et al. (2011) 67. Nel et al. (2010)
13. Brush, Cooper (2012) 41. Holmquist (1997) 68. Orhan, Scott (2001)
14. Brush, de Bruin, Welter (2009) 42. Hughes (2003) 69. Richomme-Huet, Vial,
15. Buttner, Moore (1997) 43. Hughes (2006) d’Andria (2013)
16. Carter (2000) 44. Hughes et al. (2012) 70. Ronsen (2014)
17. Cobe, Parlapiano (2002) 45. Hughes, Jennings (2012) 71. Scott (1986)
18. Cornet, Constantinidis (2004) 46. Humbert, Drew (2010) 72. Shelton (2006)
19. Constantinidis et al. (2006) 47. Jean, Forbes (2012) 73. Simonin (2006)
20. Coughlin, Thomas (2002) 48. Jennings, Brush (2013) 74. Snyder (2003)
21. Cromie (1987) 49. Kelley et al. (2015) 75. Stevenson (1990)
22. Cromie, Hayes (1988) 50. Kirkwood (2009) 76. Torri, Martinez (2014)
23. d’Andria (2014) 51. Konrad, Langton (1991) 77. Tzemah (2000)
24. Davis, Abdiyeva (2012) 52. Korsgaard (2007) 78. Verduijn, Essers (2013)
25. Duberley, Carrigan (2012) 53. Langowitz, Minniti (2007) 79. Verheul et al. (2006)
26. Ducheneaut (1997) 54. Léger-Jarniou, Nelson, 80. Welsh et al. (2013)
27. Eijdenberg, Masurel (2013) Chasserio (2015) 81. Williams, Williams (2012)
28. Ekinsmyth (2011) 55. Le Loarne-Lemaire et al. (2012) 82. Winn (2004)

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