Voundi Tsobeng Tchindjang
Voundi Tsobeng Tchindjang
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Mesmin Tchindjang
University of Yaounde I
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Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/vertigo/23083
DOI : 10.4000/vertigo.23083
ISSN : 1492-8442
Éditeur
Les Éditions en environnement VertigO
Référence électronique
Eric Voundi, Carole Tsopbeng et Mesmin Tchindjang, « Restructuration urbaine et recomposition
paysagère dans la ville de Yaoundé », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En
ligne], Volume 18 Numéro 3 | décembre 2018, mis en ligne le 05 décembre 2018, consulté le 29 août
2019. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/23083 ; DOI : 10.4000/vertigo.23083
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Restructuration urbaine et recomposition paysagère dans la ville de Yaoundé 1
Restructuration urbaine et
recomposition paysagère dans la
ville de Yaoundé
Urban restructuring and landscape recomposition in the city of Yaoundé
Introduction
1 La dynamique urbaine à Yaoundé est très complexe. Elle est étroitement liée aux
contingences historiques qui ont présidé à la création de la ville, mais aussi aux données
socioculturelles, politiques et économiques ayant rythmé l’évolution du Cameroun ces
cinq dernières décennies (ONU-Habitat, 2007 ; Temgoua et al., 2000 ; Youana, 1980 ;
Franqueville, 1984 ; Bopda, 1984 ; Kengne et Youana, 1996). Le développement de Yaoundé
s’est réalisé en plusieurs phases1 marquées par des périodes de ruptures. Cette évolution a
donné lieu à la structuration d’un paysage urbain caractérisé par des aménagements
hétéroclites. La crise économique des années quatre-vingt constitue l’étape cardinale
pour analyser et comprendre la configuration actuelle du paysage urbain yaoundéen. Elle a
marqué, le début du désengagement de l’État dans la conduite des politiques d’urbanisme.
En effet, les Programmes d’ajustement structurel imposés par le Fonds monétaire
international et la Banque mondiale, suite à la faillite de l’État et la dévaluation du Franc
CFA, ont limité les interventions étatiques dans divers secteurs. Il s’est ensuivi dans le
domaine de l’urbanisme, une urbanisation incontrôlée dictée par les choix et options de
particuliers, souvent en marge des normes en vigueur.
2 Mais bien avant la crise, la maitrise de l’urbanisation de Yaoundé échappait déjà aux
autorités. Au-delà des discriminations socio-spatiales2 qui existaient à l’époque coloniale
et qui ont été perpétuées par l’élite locale ayant remplacé l’administration coloniale ; les
extensions récentes de la ville redessinent la dichotomie de l’habitat et du paysage urbain
(Ngambi, 2015 ; Mougoué et Togue Djuidje, 2010 ; Nguendo-Yongsi, 2009 ; Assongmo,
2002). Les premières vagues de migrations urbaines post-indépendance à Yaoundé ont
pris des colorations ethno-tribales (Bopda, 1997 ; Youana, 1980 ; Mougoué, 1982) ;) suivant
des logiques identitaires. Des quartiers ont été créés et se sont développés par
installations successives des ressortissants des différentes régions du pays. Les modes
d’occupation de l’espace et de construction ont vite reflété la reproduction, en ville, des
pratiques socioculturelles des différentes communautés. Aujourd’hui, plus qu’hier,
l’urbanisation à Yaoundé pose la question du contrôle et de la maitrise par l’État du
marché foncier. Les transactions foncières gré à gré sont à l’origine de l’extension
spatiale rapide de la ville.
3 Un relatif embelli économique est observé au Cameroun depuis 2006. L’atteinte de
l’initiative Pays pauvre très endettée (PPTE) a donné, avec l’allègement de la dette
extérieure, un léger répit aux caisses de l’État. Elle a permis le retour de l’État dans le
développement du logement social et la reprise en main des politiques d’urbanisme. Le
gouvernement a initié des plans de restructuration de certains secteurs de Yaoundé afin
de donner à la ville, le visage d’une capitale moderne. Il importe de savoir comment ces
initiatives redessinent le paysage urbain. Qui sont les acteurs en scène ? Quelles sont
actions posées et les traits caractéristiques du paysage urbain qui en résulte ? Comment
les yaoundéens perçoivent-ils ces bouleversements ? Cette étude se propose d’analyser les
dimensions sensorielles du paysage résultant du processus de restructuration urbaine en
cours à Yaoundé. Elle s’élabore autour du postulat que la dynamique de rénovation
urbaine à Yaoundé recompose le paysage urbain. Ce dernier s’apprécie différemment
selon les acteurs, leur position ou statut social, leur expérience empirique, leur milieu de
vie, etc.
Méthodes et outils
Clarification conceptuelle
Le paysage
Restructuration urbaine
Site d’étude
7 Dans le contexte camerounais, Yaoundé (figure 1) est singulière tant par les
caractéristiques physiques du site qui accueille la ville que par les contingences
historiques ayant présidé à sa création. Son statut de ville multifonctionnelle dans la
mosaïque socio-politico-économique actuelle du Cameroun le place au centre de plusieurs
dynamiques.
distinctes, séparées par un escarpement plus ou moins rectiligne qui traverse la ville dans
la direction sud-ouest – Nord-Est (figure 2). La partie nord de la ville est un haut plateau
d’une altitude moyenne d’environ 950 m. Elle met en exergue des sommets dont certains
dépassent 1000 m (Mont Messa 1200 m, Mont Mbamkolo 1171 m, Mont Fébé 1060 m). Le
caractère très accidenté du Nord a limité l’étalement de la ville dans cette partie.
9 La partie sud de la ville repose sur un plateau relativement bas, d’altitude moyenne ne
dépassant pas 750 m, entrecoupé par des vallées moins encaissées (40 à 50 m en moyenne
et des pentes dépassant difficilement 15 %) (Kengne et Youana, 1996). Ces vallées séparent
des collines qui dessinent dans le paysage des sommets subarrondis étirés en interfluves.
Le relatif aplanissement de cette unité morphologique entraine une plus forte
concentration de l’habitat et de l’extension de la ville. Elle abrite environ 3/4 de la
population de Yaoundé (Mougoué, 1982).
10 Sur le plan historique, Yaoundé est créée en 1884 par les Allemands pour servir de poste
militaire. En 1936, l’administration coloniale française en fait la capitale du Cameroun
orientale. Le caractère multifonctionnel3 de la ville a présidé à son essor démographique.
Évalué à 55 000 habitants au 1er janvier 1960, l’effectif de la population de Yaoundé a
quasiment doublé tous les huit ans (Kengne et Yaouna, 1996 cités par Atangana, 2018).
Cette population est passée de 313 706 habitants en 1976, à 649 252 en 1987, puis 1 817 524
habitants en 2005 (BUCREP, 2010 ; Kengne et Bopda, 2000 ; Kengne et Youana, 1996) à
2 765 568 habitants en 2012 (BUCREP, 2012). L’absence de statistiques officielles ne permet
pas de donner indication fiable de la population de Yaoundé en 2018. La croissance
démographique, depuis l’indépendance, s’est accompagnée de profondes mutations du
paysage urbain. Ceci se manifeste par une densification des quartiers centraux et péri-
centraux et une extension de la ville vers les secteurs périphériques (Mougoué, 2006).
Yaoundé s’étire aujourd’hui sur environ 35 km suivant l’axe nord-sud ; et 21 km d’est en
ouest (évaluation par système d’information géographique -SIG- de l’auteur en 2017).
15 Les données collectées ont été codifiées et saisies. Elles ont subi deux traitements : (i) un
traitement statistique sous Excel 2013 avec la production des tableaux et graphiques ; et
(ii) des traitements cartographiques sous Adobe Illustrator CS6, arcgis 10.2.2, Global mapper et
Erdas Imagine 2014. Ces derniers ont permis de procéder à l’analyse spatiale de la ville de
Yaoundé et des opérations de restructuration urbaine en cours.
Résultats
Les grands traits du paysage urbain de Yaoundé
16 Le paysage urbain de Yaoundé est divers. Il alterne divers traits de visage résultat des
contrastes et logiques disparates qui ont présidé et président encore à sa construction
(Figure 3). Le désordre qui a pris corps dans le développement de Yaoundé, comme du
reste d’autres villes du Cameroun, pendant les années de crise économique a laissé libre
cours à des aménagements spontanés et dans des zones non aedificandi 4. Certains de ces
aménagements ont été réalisés avec l’aval des agents de l’État dans le domaine foncier. Ils
avaient ainsi un caractère plus ou moins légal puisque justifiant de l’obtention d’un titre
foncier dans des zones interdites d’habitation. Il se dégage, deux grands traits
caractéristiques du paysage urbain yaoundéen.
Illustration des différentes facettes du paysage urbain de Yaoundé / Illustration of the various facets
of the urban landscape of Yaoundé.
17 D’un côté, des secteurs bien aménagés, notamment le centre-ville (quartier administratif,
figure 3a) et des quartiers résidentiels où habitent la plupart des élites politiques et
économiques, appartenant le plus souvent à la haute administration ou le monde des
affaires. Le quartier Bastos (Figure 3b), aménagé à l’époque coloniale, est l’un des
quartiers huppés de Yaoundé. En dehors de l’élite urbaine qui y réside, il abrite l’essentiel
des institutions diplomatiques (ambassades et consulats, organismes internationaux)
présentes au Cameroun. De l’autre côté, s’étalent des quartiers populeux (Figure 3c),
insalubres, domaine de l’habitat spontané peu ou mal viabilisé, siège de pollutions
diverses, des odeurs et des sonorités multiples liées au foisonnement des activités
informelles.
18 Le paysage urbain de Yaoundé a presque toujours été marqué par le contraste entre
quartiers/secteurs bien aménagés et secteurs de bidonvilles à habitats spontanés.
L’évolution spatiale de la ville reproduit perpétuellement cette dichotomie (Figure 4) qui
déteint sur la structure du paysage urbain.
Une vue synoptique des fronts d’expansion urbaine qui s’articulent autour des principales routes
donnant vers les périphéries / A synoptic view of the urban expansion fronts that revolve around the
main roads leading to the peripheries
Source : Communauté urbaine de Yaoundé, 2008.
19 Dans les années 1990, la trame urbaine de Yaoundé se structure essentiellement autour
des quartiers à habitat de haut standing, de moyen standing et la première couronne de
quartiers à habitat spontané. Les quartiers précaires se sont développés à la faveur des
contingences politico-économiques et socioculturelles sus-évoquées et aujourd’hui, du
fait de l’absence de contrôle des institutions compétentes dans le domaine de
l’urbanisme, de la corruption des agents de l’État et des réseaux informels. La ville de
Yaoundé présente donc toujours une sorte de ségrégation résidentielle qu’illustre la
figure 5.
Une catégorisation des quartiers de Yaoundé et leur distribution dans le paysage urbain / A
categorization of the districts of Yaoundé and their distribution in the urban landscape.
20 Les quartiers de haut standing comme Bastos, quartier du Lac sont des anciennes zones
de résidence de l’administration coloniale et où réside actuellement une bonne partie des
dirigeants politiques. Ceux comme Odza, Mfandena, Biyem-Assi sont nés de la
périurbanisation à la fin des années 1990 début 2000 où se sont réfugiées les élites n’ayant
pas trouvé d’espace à Bastos ou au Lac. Les quartiers de bas standing sont pour l’essentiel
constitués de quartiers peri-centraux où résident depuis l’époque coloniale la classe
moyenne et les masses populaires. Ces espaces n’ont pas connu de profonds changements
en termes de modernisation. Ils ont été déclassés par les nouvelles extensions
périurbaines (Koweit city, Santa Barbara, quartier Golf) mieux aménagées avec des
constructions ultra-modernes. À l’extrême sud de la ville et dans ses marges nord-ouest
et ouest, les quartiers comme Afanoyoa, Mekoumbou, Mbalig, Nkonbiyam et Olembe,
Okolo, Nkolondom, Fébé-village, Nkolafeme, Minkoameyos, sont les récentes extensions
de la ville. Ce sont des quartiers-villages où coexistent encore des aménagements à
caractère rural et urbain.
Présentation du paysage verdoyant du bois Saint Anastasie, aménagé dans un ancien site
marécageux / Presentation of the green landscape of Saint Anastasie wood, set in a former marshy
site.
L’un des nombreux ouvrages d’art construits à Yaoundé et qui embellissent le paysage urbain / One of
the many works of art built in Yaoundé that embellish the urban landscape.
32 Le projet lancé en 2009 vise à terme la canalisation sur environ 6 km du lit principal du
Mfoundi et sur 3,5 km de ses trois principaux affluents afin d’atténuer les inondations
dans la ville, principalement à la poste centrale (Figure 8). Le projet est réalisé à 90 %. Les
deux rives de la rivière font simultanément l’objet d’aménagement des routes qui
facilitent la circulation au sud de la ville.
arbres exotiques. Longue de 20 km, cette infrastructure routière permettra à terme une
meilleure desserte de l’aéroport vers Yaoundé et inversement.
La restructuration urbaine prend en compte la problématique des inondations et le péril des routes
dans la ville de Yaoundé / Urban restructuring takes into account the problem of floods and the
danger of roads in the city of Yaoundé.
41 La société Immobilière du Cameroun est l’une des plus anciennes sociétés de l’État au
Cameroun. Elle a été créée en 1952 avec pour objectif, la mise en œuvre de la politique
gouvernementale de logement et prioritairement du logement social. La SIC a construit
une dizaine de Camps8 de logements sociaux dans la ville de Yaoundé. La majorité a été
construite dans les années 1980. Certains de ces logements se sont dégradés, d’autres
abandonnés durant les années de crise. Depuis 2010, la SIC a entrepris la rénovation des
logements des camps-SIC des quartiers : Cité verte, Messa, Mendong, Biyem-Assi. Une
extension de l’un des deux camps de la Cité verte est en cours avec la construction d’un
nouvel immeuble. En dehors des bâtiments, les infrastructures sportives et les espaces
verts de ces espaces sont également réhabilités.
42 Dans le cadre du programme gouvernemental de 10 000 logements sociaux, la SIC a
construit de nouveaux logements au quartier Ahala et à Olembé. Un nouveau camp-SIC
est en cours de construction au quartier Ntougou au lieudit de Warda face palais des
sports de Yaoundé.
43 Les communes d’arrondissement de Yaoundé sont quelque peu supplantées par les
actions de la Communauté urbaine dans la dynamique de restructuration de la ville de
Yaoundé. Néanmoins, la commune de Yaoundé 6e s’illustre par un ambitieux projet de
bitumage de l’ensemble des rues des quartiers qui la constituent. Ce chantier a débuté il y
a environ trois ans dans le quartier Biyem-Assi. Ce dernier est l’un des quartiers de
moyen standing de Yaoundé. Son aménagement avait été amorcé dans les années 1980,
mais n’avait pas été achevé à cause de la crise économique et des plans d’ajustements
structurels qui ont suivi. Les autorités municipales de Yaoundé 6e indiquent vouloir
parachever cet aménagement (enquête de terrain).
44 Ces aménagements sont réalisés par de nombreux autres acteurs institutionnels (Figure
9). Citons parmi, la rénovation de l’immeuble ministériel N° 1 grâce au financement la
Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). La construction de cet immeuble de vingt
étages avait débuté en 1982. Le bâtiment est resté inachevé jusqu’en 2014 et a longtemps
Embellissement du paysage urbain à travers la construction des édifices publics dans différents
secteurs de la ville de Yaoundé / Embellishment of the urban landscape through the construction of
public buildings in different sectors of the city of Yaoundé.
46 Ces acteurs sont de plus en plus nombreux et divers à Yaoundé. Ils sont au cœur d’un
véritable remodelage des secteurs de quartiers et redonnent, par leurs investissements,
un visage nouveau à ces quartiers. Les opérateurs économiques sont au premier plan de
cette dynamique de rénovation urbaine et exacerbent les tensions foncières. Il s’agit en
priorité des promoteurs de supermarchés. Cette catégorie d’investissement connait un
essor sans précédent ces dernières années à Yaoundé (Figure 10). Des marques naissent et
les promoteurs se livrent une concurrence aiguë par l’entremise d’une multiplication des
implantations dans plusieurs quartiers de la ville. Ces supermarchés sont, pour la plupart,
construits au niveau des carrefours, les quartiers populaires (Ngousso, Melen, Mendong)
ou au sein des marchés de la ville. Dans certains cas, comme à Bastos, les implantations
présentent de belles architectures. Elles ciblent la clientèle aisée qui y vit. Les promoteurs
rivalisent d’esthétique architecturale et de gigantisme des bâtiments pour captiver et
canaliser le maximum de clients. Les carrefours de Yaoundé (Mvan, Messamedongo,
Terminus Mimboman, Mobil Essos, Mobil Kodengui, Nkoabang) prennent des colorations
paysagères plus belles qui font rapidement oublier les contraintes d’insalubrité d’antan.
Figure 10. Vues des supermarchés DOVV au quartier Bastos et Santa Lucia au carrefour Mvan à
Yaoundé.
Les aménagements des supermarchés dans les secteurs et quartiers de Yaoundé induisent une
rénovation du paysage urbain / The development of supermarkets in Yaounde's sectors and
neighborhoods induce a renovation of the urban landscape.
47 Une seconde catégorie d’acteurs privés concerne les promoteurs immobiliers. Deux sous-
catégories se distinguent. D’un côté, les promoteurs des établissements hôteliers et ; de
l’autre, les promoteurs des appartements meublés. Cette dernière catégorie est également
en plein essor à Yaoundé. Les investissements ciblent une clientèle de luxe le plus souvent
constituée des touristes européens, américains asiatiques, ou encore des expatriés.
Comme dans le cas des supermarchés, la concurrence est forte. Les promoteurs
redoublent d’astuces pour se distinguer. Les constructions sont de plus en plus
imposantes, esthétiques et sécurisées. Elles se multiplient dans de nombreux quartiers de
Yaoundé : Odza, Koweit City, Bastos, Biyem-Assi, Golf, etc.
48 Il faut aussi évoquer la multiplication des parcs privés qui viennent quelque peu résorber
la carence d’espaces de divertissements à Yaoundé. Ces aménagements offrent divers
services : restauration, boissons alcoolisées, cinéma, jeux, etc. Des secteurs de quartiers
autrefois domaine de marécages inoccupés ou espaces de déversements des déchets
ménagers retrouvent un attrait. Les parcs privés les plus réputés de Yaoundé sont ceux
d’Etoakos au quartier Simbock et de Nkolondom.
50 L’appréciation des opérations de restructuration urbaine suscite des débats dans les deux
quartiers. Trois camps se dégagent. Le premier fait observer deux tendances : ceux qui
pensent que les opérations de restructuration sont satisfaisantes relèvent le côté
fonctionnel de la ville qui en résulte. Une seconde tendance réunit, dans les deux
quartiers, les tenants d’une restructuration plus globale qui donnerait à Yaoundé les
contours d’une ville moderne. Un deuxième groupe concerne les citadins opposés au
processus de restructuration. Ces derniers mobilisent les arguments de justice sociale
pour remettre en question, la démarche de la communauté urbaine qui consiste à des
déguerpissements sans compensations. Un dernier groupe est celui de personnes qui
s’abstiennent de donner leurs avis. Ces yaoundéens expliquent ne pas maitriser les
contours de la question. Toutefois, la restructuration urbaine est bien perçue au quartier
Bastos qu’à la Briqueterie. À la Briqueterie, l’appréciation oppose jeunes et personnes
âgées. Les jeunes sont, à quelques exceptions, favorables à la restructuration urbaine. Les
personnes âgées rejettent systématiquement ces opérations.
51 Les raisons qui sous-tendent ces perceptions diverses sont généralement subjectives
allant pour certains de la nécessité d’embellissement de la ville. Pour d’autres, la
fonctionnalité de la ville passe par ce processus de restructuration. Dans les quartiers
populaires notamment, une part importante de la population assimile ces
réaménagements à des opérations qui rendent principalement service aux classes aisées.
Ils participent de la marginalisation des populations des bidonvilles qui subissent les
opérations de déguerpissement.
52 La perception varie également en fonction du niveau scolaire (Figure 12) des enquêtés.
Les résultats montrent un rejet systématique des opérations de restructurations et des
transformations paysagères qui l’accompagnent, par les populations faiblement
scolarisées surtout lorsque ces opérations impliquent, des déguerpissements et/ou la
destruction des infrastructures dans les quartiers précaires.
Discussion
55 Le processus de restructuration urbaine en cours depuis quelques années à Yaoundé peut
être perçu comme une modalité de validation de l’échec des politiques gouvernementales
dans le secteur de l’urbanisme (Yemmafouo, 2014 ; 2013). L’on peut s’accorder que la crise
économique des années 1987-2006 a brutalement stoppé les politiques de planification
urbaines de l’État. Toutefois, cette crise semble être le refuge préférentiel des
gouvernants pour justifier les manquements politiques antérieurs dans différents
secteurs socio-économiques. Dans le domaine de l’urbanisme, on est tenté de se
demander si la crise économique des années quatre-vingt peut, à elle seule, expliquer et
justifier toutes les carences urbanistiques enregistrées à Yaoundé. L’évolution de la ville
ne posait-elle pas déjà l’exigence de restructuration urbaine avant cette crise ? Les
politiques qui étaient conduites avant la crise concouraient-elles à résorber tous les
problèmes, à corriger tous les manquements ? Il serait fort délicat de répondre par
l’affirmative. En fait, l’excuse de la crise ne résiste pas à l’épreuve de l’analyse ; elle
devient même parfois légère. On aurait pu accéder à l’argument de la crise économique si
l’État portait seul la responsabilité des aménagements à Yaoundé ; mais ce n’est pas le cas.
La croissance spatiale de la ville est essentiellement induite par des aménagements de
particuliers. L’État n’a pas pour vocation de construire la ville, mais de la penser et
contrôler sa mise en place suivant des schémas prédéfinis. On ne saurait ainsi justifier
l’expansion spatiale anarchique de Yaoundé par le seul motif de l’effondrement des
moyens financiers de l’État suite à des crises économiques successives. L’État aurait pu
continuer d’assurer, tout au moins, le contrôle des aménagements privés qui avaient
paradoxalement explosé pendant la crise et ont dicté la configuration du paysage urbain
actuel de Yaoundé.
56 Bertrand (1968) dit que « le paysage est une portion de l’espace, le résultat de la
combinaison dynamique, donc instable d’éléments physico-chimiques, biologiques et
anthropiques, qui en réagissant dialectiquement les uns sur les autres, font du paysage un
ensemble unique et indissociable en perpétuelle évolution » (Bertrand, 1968 : 250). Cette
appréhension correspond assez bien aux mutations paysagères induites par la
restructuration urbaine en cours à Yaoundé. L'expression « paysage urbain » est attestée
pour la première fois en 1892, par Georges Rodenbach dans « Avertissement de Bruges-la-
Morte », avec les illustrations. Rodenbach définit bien un genre autonome. Il rappelle que
le « paysage urbain » n'est pas un parangon, résultat de quelques actions indépendantes,
mais bien, l'action elle-même. C'est donc la ville qui définit un cadre, un paysage dont elle
est à la fois l’archè9 (le commencement et le commandement) et le telos10 (la fin ou le but).
La ville, ou plutôt la cité, et le prince qui la gouverne font appel à des artistes issus du
peuple, c'est-à-dire à des bourgeois au sens propre, pour représenter un territoire dont la
définition est fondamentalement politique et économique.
57 La question du paysage urbain (townscape) n'a commencé à être posée comme
préoccupation majeure que dans les années 1970 par la géographe Sylvie Rimbert (1973)
d'abord, puis par d'autres auteurs tels que Nathalie Blanc (2005) ou Xavier Michel (2007).
Le succès de cette démarche a replacé le concept au centre des processus d’aménagement.
Le paysage se trouve désormais intégré dans les approches des urbanistes, architectes et
paysagistes pour désigner toute vue faisant référence, de près ou de loin, à un paysage
situé en milieu urbain.
58 Le paysage urbain yaoundéen est complexe. Il est le résultat d’un processus
d’urbanisation, dans l’ensemble désordonné, marqué par des phases de planification, de
rupture et d’anarchie. C’est un paysage généralement bruyant. Il donne à observer un
foisonnement d’activités, des nuisances sonores, des senteurs, des morphologies et
structures particulières. Le Plan directeur d’Urbanisme 2020 établi par la Communauté
urbaine de Yaoundé en août 2008 n’est pas simplement une présentation synthétique des
défis de l’urbanisation à Yaoundé. Il renseigne que la dynamique de restructuration
urbaine entreprise depuis un certain nombre d’années ne se cantonne pas à l’évaluation
de la situation actuelle comparativement à ce qui avait été projeté en 1982 ; ni dans la
présentation d’un schéma d’aménagement à long terme. Au contraire, il est proposé, dans
le cadre d’une réflexion urbanistique dont l’objectif principal est de concevoir un outil de
renouvellement urbain et socio-économique de la capitale camerounaise, une nouvelle
stratégie d’aménagement dont l’ambition est de rééquilibrer la ville (Communauté
urbaine de Yaoundé, 2008). Reste cependant à définir l’approche devant permettre
d’atteindre cet objectif et les coûts qu’elle implique pour parvenir à un processus qui
laisse s’étaler un paysage urbain harmonisé. Au vu de la taille actuelle de la ville de
Yaoundé et surtout de la dynamique de son expansion spatiale, il semble quelque peu
utopique de parvenir à cette perspective louable. Pour certains auteurs, la politique
foncière du Cameroun, bien qu’ambitieuse, semble n’avoir pas su s’adapter aux évolutions
socioéconomiques qui, par ailleurs, ont été marquées, dans les années 80 et depuis 2010 à
aujourd’hui, par les crises économiques (Mabou, 2013 ; Mougoue et Togue, 2010). Ces
crises déteignent négativement la structuration du paysage urbain de Yaoundé, fruit de
longues années d’anarchie.
59 L’un des sous-thèmes du premier Forum urbain du Cameroun tenu le 15 octobre 2014 à
Yaoundé portait sur « la politique foncière au Cameroun et son incidence sur le
développement urbain ». Il ressort de ce conclave qu’au Cameroun, comme dans la
plupart des pays du monde, la gestion des terres pose des problèmes multiples voire
multiformes en raison d’une part, des enjeux et défis qui s’y rattachent et ; d’autre part,
des rapports particuliers que les communautés humaines et les individus ont avec la
terre. La terre constitue la matière première pour tout projet de développement,
particulièrement en ville.
60 Yaoundé est une ville multifonctionnelle11. Son statut notamment de capitale politique du
Cameroun, la place comme exutoire de migrations en provenance de toutes les Régions
du pays. L’explosion démographique qui s’en suit a soutenu une dynamique urbaine sans
précédent, après l’indépendance du pays et qui se poursuit jusqu’à nos jours.
61 Bopda (1984), s’intéressant à l’évolution et les transformations de la ville de Yaoundé,
démontre comment des structures coloniales ont continuellement été occupées par l’élite
naissante ayant remplacé le colon et ont été transformées en « quartiers chics »,
repoussant les pauvres vers les espaces périphériques. L’auteur s’est appesanti sur la
périurbanisation spontanée, résultat des conquêtes foncières, et ses effets sur
l’environnement naturel. Les compromissions dans l’occupation des lotissements
communaux qu’il évoque par ailleurs laissent sous-entendre que des responsabilités
individuelles de chaque acteur dans le processus d’occupation de l’espace urbain
influencent l’évolution spatiale de Yaoundé notamment dans ses marges méridionales. En
1997, le même auteur aborde, dans ses travaux doctorat intitulés « Yaoundé dans la
construction nationale au Cameroun : territoire urbain et intégration », la question de la
place et du rôle de la ville de Yaoundé dans la construction de la jeune nation
camerounaise.
62 Cependant, lorsqu’en 1984, Franqueville, à la demande du ministère français de la
Coopération (Service des Études économiques et des Questions internationales), publie
« Yaoundé, construire une capitale », l’auteur mettait déjà le curseur d’analyse, à
l’époque, sur les problèmes posés par la croissance urbaine de Yaoundé. Il indiquait que la
connaissance de ces problèmes « constitue un indispensable préalable au choix des
interventions et détermine en grande partie leur efficacité » (Franqueville, 1984, p. 5).
Dans un long propos introductif et assez détaillé, l’auteur égraine les raisons historiques,
le contexte biophysique et géographique, les facteurs socio-économiques qui ont présidé
à la création et au développement de ce qui deviendra la capitale politique du Cameroun.
En 1987, Franqueville réinvestit l’espace yaoundéen dans l’ouvrage intitulé : « Une
Afrique entre le village et la ville […] » pour étudier les différentes étapes de l’évolution
de la ville. Il prend en compte le rythme de l’accroissement de l’espace urbain, de la
population et des activités urbaines pour démontrer qu’il existe une inadéquation entre
les infrastructures urbaines et les besoins des urbains. Franqueville aborde également la
question de l’occupation anarchique des sols. Il conclut qu’il est nécessaire que les
pouvoirs publics mettent en œuvre des stratégies de réhabilitation et de rénovation de la
ville afin de rétablir l’équilibre. Mais que dire des coûts financier et social, de ces
opérations de restructuration que Franqueville et les autres auteurs évitent subtilement
d’évoquer ?
63 Dans d’autres contextes, l’exigence de restructuration urbaine s’est accompagnée de
décisions politiques parfois radicales ayant redessiné les paysages urbains de certains
pays : Nigéria ; Guinée Équatoriale, Côte d’Ivoire, Brésil, Chine, etc. Dans le cas du Nigéria,
le transfert de la capitale politique de Lagos à Abuja en 1991 découle d’une décision
politique des années 1970. Entre autres raisons ayant dicté ce transfert, Nnamdi (2001)
relève les problèmes, d’enclavement géographique, de pollution, de crise urbaine.
L’auteur insiste sur la promiscuité et le désordre urbain (forte densité de la population) à
Lagos dans les années 1980-1990 qui auraient, selon lui, été les véritables raisons du
transfert de la capitale à Abuja. Toutefois, Nnamdi décrit le profil physique du site de
Lagos qui constitue une contrainte à la croissance spatiale de la ville. La question de la
pollution à Lagos intéresse Ajibola et al. (2012). Les auteurs démontrent que la forte
concentration humaine dans une ville côtière non planifiée comme Lagos conduit à la
pollution des zones humides où vivent les populations précaires (Josse et Salmon, 2016).
Dans ce contexte de forte concentration humaine (Abiodun, 1974 ; Barnes, 1979), l’on peut
entrevoir que la restructuration de la ville aurait certainement donné lieu à des tensions
politiques (De Montclos, 1999 ; Baker, 1974 ; et sociales (Danmole, 1987 ; Barnes, 1986)
plus importantes que celles observées à Yaoundé.
64 La création et la construction, dans les années 1952-1970, de la ville de Brasilia (capitale
politique du Brésil) portent, au-delà des considérations de centralité politique du pays, la
conséquence des difficultés de restructuration de la métropole de Sao Paulo. L’essor
économique du Brésil dans les 1960 aura favorisé la construction rapide de cette ville
(Andrade Mathieu et al., 2006). Brasilia, par son architecture symbolise la modernité
brésilienne. L’emprise spatiale et la concentration de la population à Sao Paulo ont rendu
peu fonctionnel la ville et sa gestion politique difficile. De plus Sao Paulo avait le double
statut de capitale politique et de capitale économique du Brésil. Son attrait pour de
nombreuses populations a fini par congestionner la ville et construire un paysage urbain
atypique caractérisé par des ségrégations résidentielles et socio-spatiales : les quartiers
huppés face aux favelas. Les actions de restructurations, conduites par les autorités de la
ville, participent du processus d’ajustements urbains (Andrade Mathieu et al., 2015).
65 En Guinée Équatoriale, le boom pétrolier des années 1990-2010 et l’essor économique du
pays ont facilité le déploiement de grands chantiers de restructuration urbaine,
notamment dans la ville de Malabo. Le choix opéré a été différent des cas d’Abuja et
Brasila ou encore de Yaoundé. Il n’a pas été créée une nouvelle ville, ni opérée une
restructuration sélective de l’ancienne ; plutôt le développement de nouvelles extensions
modernes dans les marges Nord et Nord-Est de Malabo. Il existe désormais l’ancienne
Malabo et la nouvelle Malabo dont Sipopo est le symbole d’un développement urbain vert
(FAO-Regional Office for Africa, 2017).
66 Au-delà de cette nécessaire restructuration de Yaoundé, à laquelle appellent depuis
longtemps les auteurs susmentionnés, il importe d’analyser son incidence socio-spatiale
et les questions de justice (Van Parijs, 1991 ; Rawls, 1971) qu’elle pourrait soulever.
Comment ce processus est-il différemment perçu par les citadins ? Quels sont les mobiles
Conclusion
71 L’étude du paysage est en définitive complexe, parce que sa réalité est dynamique dans le
temps et dans l’espace notamment en milieu urbain. Les opérations de restructuration
urbaine en cours à Yaoundé répondent à une volonté des dirigeants politiques postulant
la modernisation de la ville-capitale. Cette restructuration constitue une stratégie de
rattrapage de l’État dans la planification et le contrôle de l’urbanisation de Yaoundé,
comme du reste d’autres grandes villes du Cameroun. L’État a abandonné durant près de
deux décennies, les politiques d’urbanismes à cause de la crise économique qui a frappé le
Cameroun. Il s’est structuré une ville dont les modes et formes d’occupation de l’espace
ne répondaient à aucune norme. Cette urbanisation désordonnée est aussi la conséquence
de la non-maitrise, par l’État, du marché foncier contrôlé par des particuliers.
72 La correction urbaine initiée, depuis les années 2006-2007, grâce à la reprise économique
entraine des transformations profondes du paysage urbain yaoundéen. Les acteurs de
cette dynamique sont nombreux ; à la fois institutionnels et non institutionnels.
Cependant, le choix des espaces qui accueillent ces aménagements et les opérations de
déguerpissement qui les précèdent créent des ségrégations socio-spatiales. Ils renforcent
l’hostilité d’une frange de citadins, résidents des bidonvilles et des quartiers non planifiés
au cœur du processus de restructuration. Le paysage urbain déjà caractérisé par une
ségrégation résidentielle se trouve renforcé dans son aspect hétéroclite. D’un côté des
espaces et quartiers bien aménagés et modernes, de l’autre des bidonvilles insalubres et
bruyants, siège de pollutions diverses. Néanmoins, les multiples aménagements réalisés
embellissent la ville et la rendent plus fonctionnelle. Le paysage qui en résulte est perçu
et s’apprécie différemment par les citadins, en fonction du lieu de résidence, du statut
social, du niveau scolaire, des affects et attachements à un lieu, etc. Ses diverses
représentations mettent en exergue sa multisensorialité. Laid, nauséabond ou encore
bruyant pour certains, il est beau, agréable, voire délicieux, pour d’autres. Il serait peut-
être avisé d’aller vers une opération de restructuration urbaine concertée pour atténuer
les disparités de perceptions et du paysage qui en résultent.
Remerciements
73 Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidées à finaliser cette étude. Il s’agit
particulièrement : du sous-directeur des opérations d’aménagement et d’embellissement
au ministère du Développement urbain et l’Habitat (Mineduh), du Chef cellule Mineduh à
la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), du chef de service parcs et forêts à la CUY, du
superviseur-zone de la CUY et du chef de quartier Briqueterie.
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NOTES
1. Une première phase concerne la période coloniale. La ville était alors conçue et aménagée sous
le modèle occidental. La seconde phase part de l’indépendance du pays jusqu’aux années 1980
(1960-1980); elle est marquée par un certain embelli économique dans le pays et la construction
des principaux bâtiments publics, l’établissement du Schéma directeur d’aménagement urbain
(SDAU) en 1982. La troisième phase concerne les années de crise économique jusqu’à l’atteinte
par le Cameroun de l’initiative Pays pauvre très endettés -PPTE- (1985-2006). La dernière phase,
celle en cours, va des années 2007 à aujourd’hui. Elle est marquée par une tentative de reprise en
main, par l’État, de la politique d’urbanisation à Yaoundé (Plan directeur de l’urbanisme de la
ville établi en 2008).
2. Les quartiers résidentiels bien aménagés étaient occupés par les membres de l’administration
coloniale et quelques fonctionnaires locaux et des bidonvilles, généralement pas viabilisés, à
habitat spontané, étaient occupés par la masse de pauvres.
3. Capitale politique du Cameroun et siège des institutions, chef-lieu de la Région administrative
du Centre, mais aussi ville centrale des Régions administratives du Centre, Sud et Est; ville
universitaire/scolaire, deuxième ville camerounaise de par son poids économique et l’effectif de
la population derrière Douala.
4. Zones déclarées inconstructibles au sens de la loi n° 2004/003 du 21 avril 2004, régissant
l’urbanisme au Cameroun
5. Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains et ruraux
6. Société Immobilière du Cameroun
7. Essence d’arbre très hydrophile dont certains écologues critiquent le choix dans
l’aménagement des forêts urbaines à Yaoundé en indiquant que l’eucalyptus impliquera
l’assèchement des nappes phréatiques.
8. Ces camps sont communément dénommés « Camp-SIC » par les yaoundéens.
9. De l’ancien grec « arkhè », l’archè désigne à la fois le commencement (l'originaire) selon la
nature et l’histoire et le commandement (l'autorité), là où la loi commande selon les hommes ou
les dieux.
10. Le terme telos vient du grec ancien "Τέλος”. Il désigne une fin ou un but, dans un sens assez
contraint utilisé par des philosophes tels qu'Aristote. C'est la racine du terme « téléologie », en
gros l'étude de la finalité ou de l'étude des objets en fonction de leurs buts, objectifs ou
intentions.
11. Yaoundé est à la fois une ville scolaire, industrielle, commerciale, touristique, une capitale
politique. C’est aussi une ville culturelle puisque son nom découle d’une déformation phonétique
et orthographique coloniale en référence au peuple Ewondo qui y vit.
RÉSUMÉS
Yaoundé est l’une des principales villes du Cameroun. Dans les années 1990, la crise économique
a frappé le pays et les Programmes d’ajustement structurel ont présidé au désengagement de
l’État dans la planification urbaine. Dès lors, se sont développés, une urbanisation non contrôlée
et un paysage urbain atypique. Depuis les années 2010, l’État à travers le ministère du
Développement urbain et de l’Habitat et la Communauté urbaine de Yaoundé a entrepris un
processus de restructuration urbaine à Yaoundé suivant les Schémas directeurs d’aménagement
urbain de 1982 et le Plan directeur d’urbanisme de 2008. Cette restructuration induit une
recomposition du paysage urbain dont les perceptions, individuelle et collective, trahissent
différentes sensibilités. Cette étude analyse les dimensions sensorielles du paysage résultant de la
restructuration urbaine à Yaoundé. L’approche géographique et sociologique intègre :
l’exploitation documentaire, les enquêtes de terrain, les prises de vue et la cartographie du
paysage urbain. Il se révèle que la restructuration urbaine en cours à Yaoundé modifie
l’environnement urbain. Le paysage qui en résulte s’appréhende à partir des logiques
individuelles, collectives et sociales, selon le sens privilégié par les acteurs.
Yaoundé is one of the main cities of Cameroon. In the 1990s, the economic crisis hit the country
and Structural Adjustment Programs led to the State disengagement from urban planning. Since
then, uncontrolled urbanization and an atypical urban landscape have developed. Since 2010, the
State through the Ministry of Urban Development and Housing and the Urban Community of
Yaoundé, has undertaken a process of urban restructuring in Yaoundé following the Urban
Development Master Plans of 1982 and the Master Plan This restructuring induces a
recomposition of the urban landscape whose perceptions, individual and collective, betray
different sensitivities. This study analyzes the sensory dimensions of the landscape resulting
from urban restructuring in Yaoundé. The geographical and sociological approach integrates :
documentary exploitation, field surveys, shooting and mapping of the urban landscape. It turns
out that the ongoing urban restructuring in Yaoundé is changing the urban environment. The
resulting landscape is apprehended from individual, collective and social logics, according to the
preferred meaning of the actors.
INDEX
Mots-clés : restructuration urbaine, Yaoundé, recomposition, paysage, perception
Keywords : urban restructuring, Yaoundé, recomposition, landscape, perception
AUTEURS
ERIC VOUNDI
Candidat au doctorat, département de géographie, Université de Yaoundé I, Cameroun, courriel :
[email protected]
CAROLE TSOPBENG
Candidat au doctorat, département de sociologie, Université de Yaoundé I, Cameroun, courriel :
[email protected]
MESMIN TCHINDJANG
Maitre de conférences, département de géographie, Université de Yaoundé I, Cameroun,
courriel : [email protected]