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L'Île Des Esclaves (Marivaux)

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L'Île des esclaves (Marivaux)

Autour de l’oeuvre :
- Comédie en un acte de 11 scènes et en prose marquée par un thème socio-politique
: la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse. Elle s'inscrit à la fois dans
le théâtre de Marivaux - avec le jeu du travestissement et le thème de l'amour - et
dans la pensée du 18ème siècle.
- Publiée en 1725.
- Écrite par Marivaux, un écrivain, journaliste, romancier mais surtout un dramaturge
français du mouvement des Lumières, né le 4 février 1688 et mort le 12 février 1763.
- Marivaux est un témoin majeur de la vie de la société au XVIIIe siècle. Il décrit toutes
les nuances et les troubles de l'amour.
- Son nom a donné naissance au terme de marivaudage pour décrire des échanges
de propos galants d'une grande finesse dans un but de séduction amoureuse.

L’oeuvre :
- Structure : 1 acte de 11 scènes.
- Les cinq premières scènes montrent l'avènement des esclaves.
La sixième scène fonctionne comme une scène pivot : en jouant aux maîtres,
Cléanthis et Arlequin se rendent compte qu'ils ne peuvent pas assumer ce rôle.
Les cinq dernières scènes sont consacrés à la perte de pouvoir des esclaves,
jusqu'à la reprise en main de la domination par Iphicrate et Euphrosine.

Scène 1
Le rideau se lève sur deux naufragés athéniens, Iphicrate, le maître et son esclave,
Arlequin. Suite à un naufrage, ils ont échoué sur l'île des esclaves, une île où vivent
d'anciens esclaves grecs qui se sont révoltés contre leur maîtres puis s'en sont libérés.
Iphicrate, qui s'inquiète pour sa vie et son pouvoir, tente de ramener Arlequin à de meilleurs
sentiments pour qu'il l'aide à trouver une solution afin de s'échapper. Mais l'esclave, qui a
compris que l'ordre social qui règne dans ce refuge est avantageux pour lui, refuse sa
demande. Furieux, Iphicrate dégaine son épée et Arlequin prend la fuite.

Scène 2
Choqué par la désobéissance et le peu de considération dont fait preuve son esclave envers
lui, Iphicrate décide de lui administrer une correction quand entre en scène Trivelin, un
habitant de l'île aux esclaves dont la mission est de faire respecter la loi. Il est accompagné
d'Euphrosine, une athénienne elle aussi rescapée du naufrage et son esclave Cléanthis.
Trivelin désarme Iphicrate et ordonne aux naufragés présents d'échanger leurs noms, leurs
vêtements et leurs fonctions. Les anciens serviteurs deviennent ainsi les nouveaux maîtres.
La loi de l'île stipule que les maîtres devenus valets peuvent recouvrer leur liberté après trois
ans s'ils réussissent à tirer des leçons de leur comportement.

Scène 3
Trivelin demande à Cléanthis de décrire l'attitude d'Euphrosine pour que celle-ci ait un réel
portrait d'elle-même dans le but de se corriger. L'ancienne esclave singe le comportement
odieux de son ancienne maîtresse qui la traitait de sotte, d'imbécile, de ridicule... Devant
l'intéressée, Cléanthis révèle à Trivelin qu'Euphrosine est égoïste, vaniteuse, futile et ne
s'intéresse qu'à l'apparence des gens qu'elle rencontre. La jeune femme ne cache pas sa
douleur et avoue être incapable de pardonner à celle qui lui a infligé un traitement inhumain.

Scène 4
Trivelin demande à Euphrosine d'admettre les faits qui lui sont reprochés par Cléanthis. Elle
reconnaît sans conviction que ce portrait reflète la réalité et que les propos exprimés par son
ancien esclave sont véridiques.

Scène 5
Trivelin invite Arlequin à dépeindre son ancien maître Iphicrate. Heureux d'avoir recouvré sa
liberté, il ne ressent pas le besoin de se venger de son maître. Néanmoins, légèrement ivre
et l'esprit à la fête, il accepte de se plier au jeu de Trivelin et dresse un portrait peu flatteur
d'Iphicrate. Trivelin se tourne alors vers Iphicrate et lui demande de reconnaître la parodie
de son ancien esclave. Iphicrate ne peut faire autrement que d'admettre la véracité des
propos d'Arlequin.

Scène 6
Les deux anciens esclaves, Cléanthis et Arlequin, décident de jouer la comédie en se livrant
à une imitation d'une scène de séduction entre Euphrosine et Iphicrate, selon les codes
galants qui prévalait à l'époque. La scène prend rapidement l'allure d'une bouffonnerie.
Arlequin, finit par avouer son attirance pour Euphrosine et Cléanthis pour Iphicrate. Les deux
nouveaux complices élaborent alors un second scénario, celui de faire la cour à l'ancien
maître de l'autre.

Scène 7
Cléanthis, qui joue maintenant le rôle de la maîtresse, révèle à Euphrosine sa décision de la
destiner à Arlequin, un homme simple, au cœur sincère, à l'opposé des séducteurs égoïstes
sur lesquels elle a l'habitude de jeter son dévolu. Offusquée, Euphrosine se rebelle contre
cette décision, en vain.

Scène 8
Arlequin amorce ses tentatives de séduction auprès d'Euphrosine avec des déclarations
empreintes de simplicité et de sincérité. Celle-ci, désespérée et démunie face à son statut
d'esclave, lui demande d'y mettre un terme. Touché, Arlequin accède à sa demande.

Scène 9
Comme convenu, c'est au tour d'Arlequin de demander à Iphicrate de tenter de séduire
Cléanthis. Outré par cette requête, ce dernier proteste et invoque le lien d'amitié qui unissait
le maître et l'esclave. Arlequin est sidéré, il rappelle la souffrance infligée par l'ancien maître.
Ému et conscient de son comportement destructeur, Iphicrate reconnaît ses torts et promet
d'acquérir une attitude plus humaine et généreuse envers ses semblables. Arlequin lui
pardonne et décide de reprendre son rôle d'esclave et de redonner à Iphicrate sa fonction
de maître.

Scène 10
Cléanthis est au fait de la décision d'Arlequin et s'étonne de ce revirement soudain de
situation. Pour sa part, elle n'est pas prête à pardonner à son ancienne maîtresse sa
cruauté, pas plus qu'à reprendre son rôle d'esclave. Mais Arlequin encourage Cléanthis à
accorder son pardon à Euphrosine et son bon cœur l'incite à accepter. Elle ne souhaite pas
imposer à d'autres la même souffrance que celle dont elle a été victime.

Scène 11
Trivelin réapparaît sur scène. Il juge que l'expérience est concluante, les esclaves ayant
pardonné aux maîtres et ceux-ci étant devenus plus humains. Réconciliés et devenus amis,
ils reprennent tous les quatre le chemin d'Athènes.
L'île des Esclaves laisse présager l'ambiguïté du lien qui existe entre le maître et son
serviteur. Si ce dernier est jugé entièrement dépendant de celui qu'il sert, Marivaux, avec
une rare finesse, montre que le pouvoir des maîtres, et leur existence même, ne dépend que
de leurs subordonnés.
Le sujet central de la pièce L'île des esclaves pourrait sembler être une contestation sociale
par l'abolition des hiérarchies. Mais l'œuvre de Marivaux met plutôt l'accent sur la nécessité
des êtres humains de procéder à des ajustements intérieurs afin de les inciter à se
comporter avec bienveillance les uns envers les autres.

- Présentation des personnages :


Iphicrate, général athénien, c’est le premier personnage à prendre la parole dans le texte.
Maître d'Arlequin, il est très nerveux à l'idée d'échanger son rôle avec Arlequin.

Arlequin est un personnage traditionnel de la Comédie italienne (commedia dell'arte),


connu pour ses bouffonneries. Il est l'esclave d'Iphicrate Il se montre très heureux d'être
arrivé sur l'île des esclaves. Dans la pièce, il change momentanément de statut pour devenir
le maître d'Iphicrate. Peu rancunier, il pardonne ses excès à son maître. Pour lui, rien ne
porte à conséquences.

Trivelin est le maître de l'île des esclaves. Bien qu'ancien esclave libéré, comme tous les
habitants de l'île, il ne porte aucune rancœur aux maîtres (Iphicrate et Euphrosine) qui
s'échouent sur son rivage ; et s'il leur fait échanger de rôle social avec leur serviteur, c'est
en réalité pour leur rendre service, pour leur donner l'opportunité de s'améliorer. Comme il le
proclame, scène 4 : « Nous sommes d'honnêtes gens qui vous instruisons ; voilà tout. »

Euphrosine, dame athénienne, est la maîtresse de Cléanthis, avec qui elle va échanger les
rôles. Elle est le pendant féminin d'Iphicrate. Comme Arlequin, elle est issue de la commedia
dell'arte. Coquette et de mauvaise foi, elle refuse de reconnaître ses défauts à Trivelin.

Cléanthis est l’esclave d'Euphrosine et maîtresse d'Arlequin. Rancunière, elle profite de son
renversement de statut pour assouvir sa vengeance et refuse d'abord de rendre son statut
de maître. Elle est le pendant féminin d'Arlequin, puisqu'elle était l'esclave d'Euphrosine et
qu'elle en deviendra la maîtresse. Cependant, Cléanthis se distingue d'Arlequin dans la
mesure où elle montre beaucoup plus de rancœur envers son ancienne maîtresse
qu'Arlequin n'en montre envers Iphicrate : scène 3, elle en fait un portrait très péjoratif, et à
la scène 10, alors qu'Arlequin a renoncé à son pouvoir sur son maître, elle résiste encore.

- L’intrigue :
Deux maîtres, Iphicrate et Euphrosine échouent après un naufrage dans une île gouvernée
par des esclaves fugitifs. Les lois de cette nouvelle république imposent aux esclaves de
devenir maîtres et aux maîtres de devenir esclaves dans un but de rééducation de ces
derniers.
Trivelin, responsable de l’île et garant de ses lois, explique le processus de rééducation des
naufragés. Les maîtres vont perdre leurs noms et leurs habits qu’ils doivent céder à leur
valet et servante, Arlequin et Cléanthis.
Ils devront écouter le portrait cruel que feront d’eux leurs serviteurs et reconnaître sa
véracité. Trivelin se retire.
L’épreuve des maîtres atteindra son paroxysme lorsque Arlequin et Cléanthis, emballés par
leur nouvel état, projetteront un double mariage : le valet avec la maîtresse et la servante
avec le maître.
Euphrosine bouleverse Arlequin par ses pleurs et son discours émouvant.
Les serviteurs pardonnent à leurs maîtres. Les maîtres affranchissent leurs esclaves.
Trivelin réapparaît pour consacrer cette humanité retrouvée de part et d’autre.
Dans un contexte Maître-Valet, Marivaux oscille entre deux pôles différents : l'utopie et la
comédie de mœurs.
Le mélange des genres se trouve sur tous les plans : les personnages grecs, le naufrages,
tendent vers une tragédie, mais l’œuvre est bien une comédie, en effet il met en scène deux
tonalités, l'une comique (Arlequin) et l'autre tragique (Euphrosine) : confusion des
sentiments, échanges des rôles entre maîtres et valets, aspect comique du personnage
d’Arlequin. La fin de la pièce n’est en fait que le retour au début de l’histoire, ce qui est le
propre de la comédie.

Critique et avis : J'ai bien aimé cette comédie de Marivaux car l'intrigue est originale. J’ai
également apprécié les thèmes présents dans l’œuvre : l'échange entre maîtres et
serviteurs.
L’Île des esclaves laisse aussi entrevoir l’ambiguïté du lien maître/serviteur. Ce dernier est
certes totalement dépendant de celui qu’il sert. Mais, avec une acuité remarquable,
Marivaux montre que la force des puissants, et leur existence même, ne dépendent que de
leurs inférieurs. « Doucement, dit Arlequin à Iphicrate, tes forces sont bien diminuées, car je
ne t’obéis plus » (scène 1). Et Cléanthis, un peu plus tard, déclare, à propos de leurs «
domestiques » : « pouvons-nous être sans eux » (scène 6). S’esquisse ici, de manière
discrète mais troublante, cette « dialectique du maître et de l’esclave. » Si le maître possède
l’esclave, l’esclave, pour sa part « fait » le maître, le justifie à l’existence et finit par lui être
indispensable.

Relevez quelques citations :


« Je veux être un homme de bien ; n'est-ce pas là un beau projet ? » (Arlequin)

« Vous avez été leurs maîtres, et vous avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres et ils vous
pardonnent ; faites vos réflexions là-dessus. La différence des conditions n’est qu’une
épreuve que les dieux font sur nous. » (Arlequin)

« La différence des conditions n’est qu’une épreuve que les dieux font sur nous »

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