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CM1 Thème 2 Le Temps Des Rois Moyen Age Et Renaissance

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

CM1
Thème 2
Le temps des rois

Louis IX, le « roi chrétien » au XIIIe siècle.

François Ier, un protecteur des Arts et des Lettres à la Renaissance.

Henri IV et l'édit de Nantes.

Louis XIV, le roi Soleil à Versailles.

Comme l'objectif du cycle 3 est de construire quelques premiers grands repères de l'histoire de France,
l'étude de la monarchie capétienne se centre sur le pouvoir royal, ses permanences et sur la
construction territoriale du royaume de France, y compris via des jeux d'alliance, dont la mention
permet de présenter aux élèves quelques figures féminines importantes : Aliénor d'Aquitaine, Anne de
Bretagne, Catherine de Médicis. Les élèves découvrent ainsi des éléments essentiels de la société
féodale et du patrimoine français et sont amenés à s'interroger sur les liens du Royaume de France
avec d'autres acteurs et d'autres espaces. On inscrit dans le déroulé de ce thème une présentation de la
formation du premier empire colonial français, porté par le pouvoir royal, et dont le peuplement repose
notamment sur le déplacement d'Africains réduits en esclavage. Les figures royales étudiées
permettent de présenter aux élèves quelques traits majeurs de l'histoire politique, mais aussi des
questions économiques et sociales et celles liées aux violences telles que les croisades, les guerres de
religion et le régicide.

Quelques commentaires sur ce programme

Cette partie du programme a beaucoup déstabilisé les enseignants : on leur demande de survoler en
une douzaine de séances (les périodes 3 et 4 du calendrier) une période de 900 ans à laquelle ils
consacraient auparavant l’ensemble de l’année de CM1. Le Moyen Age, très prisé des élèves et des
professeurs est réduit à l’étude de Louis IX.
Conscient de ce problème le CSP a donné un fil directeur pour guider cette construction des 1ers
grands repères : le pouvoir monarchique, la construction de l’état royal, d’abord au niveau territorial.
Cependant la tâche reste ardue, car comme le souligne le programme, on ne peut se passer d’évoquer
le contexte social et économique, en particulier dans le cas des Capétiens, les problèmes religieux
(croisades de Louis IX, protestantisme et guerre de religion pour Henri IV, voir pour Louis XIV),
l’histoire des Arts constamment sollicitée.
A cela s’ajoute la volonté d’évoquer quelques figures féminines marquantes, Aliénor d’Aquitaine,
Anne de Bretagne ou Catherine de Médicis. Le choix de Blanche de Castille eut été judicieux puisqu’il
pouvait s’insérer dans l’évocation de Louis IX.
Enfin, à la suite d’une polémique apparue lors de la publication du premier projet de programme,
l’étude du premier empire colonial français et du commerce triangulaire a été rattachée in extremis à la
question sur le règne de Louis XIV. Ce respect tardif de la loi Taubira alourdit encore la charge des
enseignants.
Absolue nécessité d’une frise murale de référence pour pouvoir replacer les différents moments
historiques étudiés.
A noter les points abordés au cycle 4 qui complètent ce survol de l’histoire :

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

En 5em le thème 2 aborde « l’affirmation de l’Etat monarchique dans le Royaume des Capétiens et des
Valois », revenant à cette occasion sur la Guerre de Cent Ans, et « Société, Eglise et pouvoir politique
dans l'occident féodal » (XI°-XV° siècles).
Le thème « du Prince de la Renaissance au roi absolu » revient sur François 1er, Henri IV et Louis XIV.
En 4em la traite négrière et l’esclavage.
Replacer Saint Louis dans le contexte historique :

- Le temps de la féodalité : une économie rurale organisée autour de la seigneurie. Une atomisation du
pouvoir politique, avec de grands féodaux et une multitude de petits seigneurs.
- Une société dominée par l’Eglise, préoccupée de son salut. Le temps des croisades et des
cathédrales.
- Une expansion économique avec un premier développement urbain, une Europe en pleine expansion
démographique, c’est le « beau Moyen Age ».
- Un pouvoir royal en expansion. Les Capétiens construisent un état territorial, affirment la sacralité
du roi, en font la garant de la justice contre les puissants.
- Le rôle des reines particulièrement fort sous son règne : la place politique de Blanche de Castille,
deux fois régente, lors de sa minorité et lors de la 7em croisade. Son rôle de mère dans sa formation,
chrétienne intransigeante : « Je vous préfèrerait mort plutôt qu’en état de péché mortel ». La place de
Marguerite de Provence, couple fusionnel, révélateur de la démographie médiéval (11 enfants, 5
meurent avant l’âge de 20 ans). Fille du comte de Provence, une de ses sœurs est reine d’Angleterre,
une autre épouse Charles d’Anjou, frère de Saint-Louis, roi de Naples et de Sicile : alliance
matrimoniale et diplomatie.

A) La mise en place de la féodalité :

Les rois carolingiens sont confrontés à une nouvelle vague d’invasions qui culmine vers 900 : Les
Hongrois à l’est, les Maures ou Sarrasins en Provence et surtout les Normands. La défense du pays
passe par des châteaux fortifiés. Les comtes qui les possèdent, d’abord nommés par les rois,
deviennent héréditaires. Le pouvoir seigneurial dépossède peu à peu les rois.
La féodalité se met en place vers 900. L’Eglise tente d’organiser cette nouvelle société en la fondant
sur trois ordres : ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent. Le pouvoir politique est
organisé sur le système de la vassalité. A chaque échelon le vassal prête hommage à un suzerain qui
s’engage à le protéger et lui concède une terre, le fief. Au sommet le roi rend des comptes à Dieu.
Cette organisation théorique de la société survivra jusqu’en 1789.

Cérémonie d’hommage, enluminure du XIII° siècle.

L’église tente aussi de canaliser la violence des guerriers en instituant la trêve de dieu, et les règles de
chevalerie, qui font du guerrier un combattant chrétien, défenseur de la veuve et de l’orphelin, et tout
entier tourné vers la lutte contre les infidèles.

B) Une économie rurale organisée autour de la seigneurie :

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L’essentiel des terres dépend d’un seigneur, qui peut être laïc ou religieux. La seigneurie Foncière
règlemente la propriété des terres. Elle divise les terres en deux parties : la réserve est exploitée
directement par le seigneur, avec sa familia, l’ensemble de ses domestiques, ou des tenanciers. Le
reste de la seigneurie, est divisé en parcelles ou tenures, laissées en jouissance à des tenanciers. En
échange les tenanciers versent au seigneur une sorte de loyer, le cens, d’où le nom de censive souvent
donné aux tenures. Lorsqu’il est prélevé en nature on a tendance à appeler ce cens, le champart. Ils
doivent aussi des services en travail, les corvées. le seigneur bénéficie des banalités : le banvin lui
permet de fixer la date des vendanges et de vendre son vin le premier. Les paysans doivent passer par
l’utilisation du moulin, four et pressoir banal, contre redevance.

Cartulaire de la seigneurie de Wismes en Artois datant du XIV° siècle.


La seigneurie banale, second type de seigneurie, provient du passage du roi au seigneur du pouvoir
de ban, c’est à dire du pouvoir de commander et punir, justice et maintien de l’ordre. Les seigneurs
ont le droit de Haute justice (peines de sang) et de basse justice (affaires courantes : amendes,
emprisonnements courts ). Les revenus issus de la justice sont souvent les plus importants. Les
Capétiens vont progressivement récupérer pour la seule justice royale, le pouvoir de haute justice.

C) Une identité chrétienne :

Au Moyen Age l’Europe se nomme et se définit comme la Chrétienté, c’est dire le poids
identitaire de la religion chrétienne sur continent.
Cette identité se définit d’abord par l’exclusion de deux mondes radicalement différents : les
musulmans (les sarrasins, les mahométans) au sud, les chrétiens grecs orthodoxes à l’est. Autre
exclus, les juifs. Ils sont tolérés dans la chrétienté jusque vers l’époque des croisades. Vers 1090 les
premiers pogroms apparaissent en Allemagne, le concile de Latran (1215) leur impose un insigne
distinctif : une rouelle de couleur jaune. Enfin la Chrétienté se définit aussi par l’exclusion des
hérétiques, tenants d’une pensée contraire au dogme catholique. Les plus nombreux seront les
Cathares, très présents dans le midi toulousain au XII°s. Le pape lance contre eux une croisade en
1208, et créé un tribunal particulier, l’inquisition, confié aux Dominicains pour traquer les hérétiques.

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

C’est sous Saint-Louis qu’a lieu le siège de Montségur dernier bastions cathare. Au début du XIV°s,
les cathares disparaissent. L »inquisition va lors s’orienter vers la chasse aux sorcières.

L’organisation de l’Eglise :

Clergé séculier : au contact des laïcs Clergé régulier : en communauté régie par une
règle
Hiérarchie : Les communautés sont régies collectivement par
Archevêque à la tête d’une province un conseil appelé chapitre. Il élit l’abbé qui
Evêque : à la tête d’un diocèse dirige le monastère. Les apprentis moines, les
Prêtres ou curés : à la tête d’une paroisse novices n’ont pas « voix au chapitre ».
Diacre : adjoint des curés Les communautés sont régies par des règles qui
les rattachent à un ordre. La plus ancienne est
Le pape est uniquement l’évêque de Rome mais celle de St Benoît qui a fondé au VI° s les
son rôle devient primordial dès le IV° s. Il est élu Bénédictins. Elle préconise une vie partagée
par les cardinaux, lors d’un conclave. entre le travail et la prière. Cinq prières par
Les évêques siègent dans une église dite jour, travail agricole et intellectuel. Les moines
cathédrale car abritant la cathèdre, siège de recopient des manuscrits dans le scriptorium :
l’évêque. Au début élus par les fidèles, ils sont rôle considérable dans la transmission du savoir
désignés par le pape. antique. Rôle économique : défrichement des
La messe est dite en latin, le dos tourné aux forêts, sidérurgie (forge).
fidèles. Au XII° s, St Bernard créé les Cisterciens, au
mode de vie plus austère.
Tous les clercs sont soumis à la règle du célibat. Au XIII° s apparaissent les ordres mendiants :
Franciscains (François d’Assise), Dominicains
Le clergé séculier s’occupe également des taches qui veulent s’installer dans les villes et vivre
d’assistance aux pauvres, de l’enseignement des uniquement des aumônes. Ils prêchent la bonne
écoles à l’université, des hôpitaux. Ces missions parole : les frères prêcheurs.
sont donc très diverses. .Avec les croisades apparaissent des ordres de
moines soldats : Templiers, Hospitaliers,
Chevaliers Teutoniques.

Saint-Louis est proche des franciscains, on lui reprochera d’être « le roi des frères », il aurait
songé à abdiquer pour entrer dans les ordres. Il sera aussi le dernier roi à partir en croisade, ces
guerres saintes, considérées comme des pèlerinages armés pour délivrer Jérusalem et combattre
l’Islam.

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D) les premiers capétiens atouts et faiblesse.

1) L’élection d’Hugues Capet

Le 21 mai 987, le roi carolingien Louis V se tue accidentellement. Les grands féodaux se
réunissent à Senlis pour élire son successeur. Le 3 juillet 987, ils désignent l’un des leurs :
Hugues Capet, duc de France,( d’Ile de France). Le dernier carolingien, Charles de Lorraine est
écarté. Hugues tire son surnom de sa cape d’abbé laïc de Saint Martin de Tours, fonction
prestigieuse. D’où le nom de Capétiens donné à la dynastie qui règnera jusqu’en 1792.

L’élection d’Hugues Capet


« Au temps fixé, les grands de la Gaule qui s’étaient liés par serment se réunirent à Senlis
[…]. L’archevêque de Reims leur parla ainsi : « Donnez-vous donc pour chef le duc Hugues,
recommandable par ses actions, sa noblesse et par ses troupes, le duc en qui vous trouverez
un défenseur non seulement de la chose publique mais de vos intérêts privés. » Cette opinion
proclamée et accueillie, le duc fut, d’un consentement unanime, porté au trône et couronné à
Noyon le 1er juin par l’archevêque et les autres évêques. »

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D’après le récit du moine Richer, écrit vers 995.

Le choix des féodaux va dans le sens d’un affaiblissement accru du pouvoir royal. La famille
des Carolingiens jouissait d’un prestige fort, celle d’Hugues Capet, les Robertiens, est moins
ancienne. Les féodaux espèrent instaurer une monarchie élective, ce qui sera le cas en Pologne ou
dans le Saint Empire. De plus, Hugues Capet apparaît comme un roi de transition, âgé pour
l’époque (il a 47 ans). C’est en jouant sur son âge (il règnera cependant 10 ans), que le nouveau roi
va contrecarrer leur projet : il propose d’associer au trône son fils Robert, qui est couronné dès
987. Les rois capétiens continuent cette pratique pendant près de deux siècles, faisant couronner
leur fils aîné dès l’âge de la majorité (15 ans) et l’associant au trône. Ils imposent ainsi le
principe dynastique à l’encontre de la monarchie élective espérée par les féodaux.

Cependant, les chances d’affirmation du pouvoir royal semblent minces. Hugues Capet ne
contrôle directement que son domaine, de Senlis à Orléans en passant par Paris. Les
principautés des grands féodaux sont plus étendues. L’émergence de l’état anglo-normand qui
en 1154 grace au mariage d’Henri II d’Angleterre, duc de Normandie et d’Aliénor d’Aquitaine,
contrôle outre le royaume d’Angleterre, les duchés de Normandie, d’Aquitaine, le Maine et
l’Anjou semble les condamner à un rôle secondaire. C’est sans compter sur les atouts qui vont
permettre le « miracle capétien » et le sens politique des « Grands Capétiens ».

2) Causes du « miracle capétien » :

- une chance biologique inespérée : un fils vivant en âge de régner à chaque génération.
Une succession en ligne directe de 987 à 1316 ! Saint- Louis qui arrive sur le trône à 12 ans en
1226 est le 9em capétien en ligne direct.

- un prestige fort lié au sacre. Les rois sont sacrés à Reims. Ils reçoivent l’onction : ils sont
consacrés avec l’huile de la Sainte ampoule qui aurait été apportée du ciel pour baptiser
Clovis. Ils deviennent thaumaturges, capables de faire des miracles. Leur personne est
désormais sacrée : aucun roi ne mourra assassiné avant le XVIe siècle et les guerres de

religion,
Le couronnement du roi à la fin de la cérémonie du sacre, enluminure de 1248.

- A leur mort, tous les rois sont enterrés à Saint-Denis, qui devient le mausolée sacré de la
monarchie. Saint-Louis prendra soin de réorganiser la présentation des tombeaux pour
renforcer l’impression de continuité dynastique des Mérovingiens aux Capétiens. C’est là que
sont conservés les objets du sacre, et l’étendard royal, l’oriflamme de Saint-Denis qui mène
les armées à la bataille. La mort d’un roi n’interrompt pas la continuité dynastique, son
successeur est aussitôt roi de pleins pouvoirs : « Le roi est mort, vive le roi ».

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

- L’autorité du roi est reconnue par l’Eglise et par les féodaux. Au sommet de la pyramide
féodale, il œuvre au bon fonctionnement du droit féodal. Mêmes les premiers capétiens
exercent une fonction d’arbitre respecté. Les Capétiens vont très tôt s’entourer de juristes dont
la tache est de codifier ce droit féodal. Ils apparaissent aux yeux de leurs sujets comme les
garants de la justice.
- Les Capétiens sont riches. Leur domaine est assis sur les terres céréalières du Bassin
Parisien. Ils contrôlent Paris et Orléans et donc les voies fluviales de la Seine et de la Loire.
Ils bénéficient de la proximité des foires de Champagne, centre de l’économie européenne au
XII° et XIII° s. Les Capétiens profitent du renouveau urbain et de la reprise du commerce
qui se manifestent en occident à partir de 1100. Ils appuient les bourgeois des villes qui
proclament des « Communes », les prenant sous leur protection.
- L’Ile de France est aussi un foyer intellectuel et culturel de première importance, avec les
écoles de Paris. La Sorbonne est fondée sous le règne de Louis IX. Les grands chantiers des
cathédrales sont initiés sur les terres royales: à St Denis, Laon, ou Paris. L’art gothique est
appelé au XII° siècle : « l’art royal français ».
On est donc loin de l’image de roitelets impuissants donnée durant longtemps à ces
premiers Capétiens.

3) l’œuvre des Grands Capétiens.

On désigne sous l’appellation Grands Capétiens les trois règnes marquants de Philippe II Auguste
(1180-1223), Louis IX ou Saint-Louis (1226-1270) et Philippe IV Le Bel (1285-1314). Ces trois rois
vont faire de la monarchie française l’état européen le plus puissant, abattant l’adversaire anglo-
normand de la dynastie des Plantagenêt, soumettant les grands féodaux et imposant même leur
volonté au pape, ce que les empereurs germaniques n’avaient pas réussi.

a) Bref rappel de règnes

Philippe Auguste, fils de Louis VII, profite des divisions familiales des Plantagenêt pour se
débarrasser dans un premier temps de Richard Cœur de Lion. Jean Sans Terre qui succède à son frère
sur le trône d’Angleterre ayant commis un crime odieux, Philippe Auguste se pose en justicier et au
nom du droit féodal confisque la Normandie, le Maine et l’Anjou, triplant d’un coup le domaine
royal. Il remporte la grande victoire de Bouvines en 1214 contre une coalition du comte de Flandres et
de l’empereur germanique. Lors de ce cette bataille pour la première fois, des milices communales de
bourgeois se battent aux côtes des guerriers. Philippe Auguste fixe sa capitale à Paris et y fait
construire le Louvre. Saint-Louis agrandira le palais de la Cité et y adjoint la Sainte-Chapelle.

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Louis IX, petit fils de Philippe Auguste et fils de Louis VIII. Il profite des conséquences de
l’intervention de son père dans la croisade contre les Cathares, pour réaliser l’annexion du
Languedoc. Il conquiert aussi le Poitou et la Saintonge. Louis IX se veut un modèle de roi chrétien :
il s’identifie à une justice impartiale pour chacun. Il veut une moralisation de l’état. Il prône la paix
entre royaumes chrétiens et la guerre contre les hérétiques. Par deux fois, il part en croisade et meurt
finalement devant Tunis en 1270. Déjà de son vivant en odeur de sainteté, il est canonisé dès 1296
devenant une source de prestige extraordinaire pour la dynastie. Désormais chaque roi se référera à
son image. Son prénom est le plus donné aux rois de France.

Philippe IV le Bel, petit fils de Louis IX et fils de Philippe III. Il achève la construction de l’état
capétien, imposant sa volonté à tous les grands féodaux. A sa mort le domaine royal s’étend sur les
2/3 du royaume. Il soumet le pape et l’oblige à s’installer à Avignon et à quitter Rome. Pour
s’emparer de leurs biens, il fait arrêter les Templiers (1307) à la suite de la première rafle policière
de l’histoire menée à l’échelle de tout un pays. Obtient la condamnation et la dissolution de l’ordre,
mais ne peut mettre la main sur ses biens, données aux Hospitaliers. A la recherche de finances
nouvelles, il convoque pour la première fois les Etats Généraux, où les roturiers des villes participent
au même titre que la noblesse et le clergé. C’est en 1314 le roi le plus puissant de toute l’Europe,
craint et redouté.

b) L’œuvre accomplie :
c)
L’extension territoriale : un état avec une assise territoriale qui va des Flandres à la Méditerranée et
qui se confond avec le domaine royal.
Un maillage administratif : partout des baillis (dans le nord) ou des sénéchaux (dans le midi)
représentent le roi et exécutent ses ordres. Des prévôts font régner l’ordre.

Ordonnance de Philippe Auguste sur les baillis prise en juin 1190


Nous décidons que nos baillis fixeront dans leurs baillages chaque mois un jour qui sera appelé jour
des assises. Là tous ceux qui auront une plainte à formuler recevront du bailli droit de justice sans
délai…Si l’un de nos baillis a commis une faute, nous punirons la faute d’un tel châtiment que les
autres n’en pourront pas être épouvantés sans raison.

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La justice du roi devient la justice d’appel et supplante les justices seigneuriales.


La loi du roi s’étend à tout le royaume..
La monnaie devient une prérogative royale. Louis IX peut même frapper une monnaie d’or. Seules
quelques principautés (Bretagne, Bourgogne) conservent leur propre monnaie.

La monnaie royale aura désormais cours dans tout le royaume. Il est ordonné qu nul ne puisse faire
de monnaies semblables à la monnaie du Roi… Et qu’on ne se serve d’aucune monnaie dans le
royaume à partir de la Saint-Jean prochaine, là où il n’y a pas de monnaie particulière, si ce n’est de
la monnaie du Roi.
Ordonnance de 1262.

L’état se dote d’institutions centrales : Cour du roi, Cour des Comptes, Parlement pour la justice. Le
premier budget est établi sous Philippe Auguste.

Les Capétiens ont ainsi créé un état moderne et centralisé, détaché de la féodalité. Un problème
demeure : le coût de financement de cet état, car le roi ne peut recourir à l’impôt qu’en temps de
guerre. Seul, l’établissement d’impôts permanents à l’occasion de la guerre de cent ans
permettra aux rois d’ajuster leurs ressources à leur ambition. Quoiqu’il en soit le chemin vers
une monarchie absolue centralisée était déjà tout tracé.

9
Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

Dossier sur Louis IX

Le personnage de Saint Louis a connu une postérité mémorielle exceptionnelle. Après sa


canonisation en 1297, tous les rois se réclament de son modèle. Le 21 janvier 1793, quand Louis XVI
monte à l’échafaud, le prêtre qui l’accompagne lui aurait dit, selon la légende, « Fils de Saint-Louis,
montez au ciel ! ». La légende du roi saint est évidemment reprise par le courant monarchique et
catholique tout au long du XIX° et du XX° siècle. Mais, plus curieusement elle est aussi véhiculée par
les philosophes des Lumières, et l’école républicaine. Il y a peu de différence sur ce point entre un
manuel de l’école catholique et un manuel de l’école laïque, comme on le voit dans le doc. 7.

Louis IX est le modèle du bon roi, juste et pacifique. Le Goff a mis en exergue de sa biographie une
citation de Voltaire surprenante.
« Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte et peut-être est-il le seul souverain qui
mérite cette louange : prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté,
compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux. Il n’est pas donné à l’homme de porter
plus loin la vertu ». Voltaire, Essai sur les mœurs, chapitre LVIII.

Les seules approches critiques, apparues après 1970, sont circonscrites à deux aspects : la politique
de Saint Louis envers le Languedoc et les Cathares, et ses mesures contre les juifs. Dans le
premier cas s’il est vrai qu’il a préparé l’annexion du Languedoc et soutenu l’écrasement des derniers
foyers cathares, le roi prend ici le train en marche : la croisade contre les Cathares a été décidée en
1209, et c’est son père, Louis VIII qui fait directement intervenir l’état royal en Occitanie. Dans le cas
des Juifs, sa politique se durcit incontestablement au fil du règne, mas il n’est que le reflet du temps :
le concile de Latran a initié les mesures anti-juives et d’autres pays connaissent une évolution
semblable, le royaume d’Angleterre, par exemple, expulse les Juifs en 1290.

La popularité de Saint-Louis tient aussi à un fait précis : c’est le premier roi pour lequel nous ayons
autant de témoignages et de documents. La multiplication des témoignages est liée à la célébrité du
roi, mais aussi au procès de canonisation. Les sources sont diversifiées, pas seulement françaises.
C’est surtout le livre de Joinville qui nous donne un aperçu original, les souvenirs d’un ami du roi. Il
rapporte ses propos directement, sans le crible de la version officielle, et en français.
L’iconographie est aussi abondante, elle s’est multipliée après sa canonisation. On repère sur les
images la référence à la canonisation, lorsque la figure du roi s’inscrit dans une auréole.. Le XIX°
siècle, dans la peinture d’histoire ou dans les illustrations de manuels scolaires revient par contre à
une représentation laïcisée.
A noter par contre qu’au contraire de Jeanne d’Arc, la vie du saint roi a peu inspiré les cinéastes.
Aucun film sur sa vie : la sainteté n’est pas photogénique.

Le règne est donc révélateur de toute une époque. Mais en même temps il porte aussi la marque
personnelle du roi, et cette marque c’est son engagement chrétien. On peut donc aussi aborder par ce
biais le rôle de l’Eglise au Moyen Age, les croisades, la conception médiévale du modèle de roi
chrétien.
Sur ce point les historiens notent que Saint-Louis est à la fois le témoin de son temps, il est très
marqué par les thèmes développés depuis le début du XIII° siècle par les moines mendiants)
notamment les Franciscains, fondés par Saint François d’Assise. Il aurait même envisagé un
moment de se faire moine. Mais en même temps son attachement à la croisade en fait un homme du
passé. Vers 1250 beaucoup de clercs prennent leur distance avec la croisade (Cf. livre d’Aurell Martin,
Des Chrétiens contre les croisades, Fayard, 2013). Le coût exorbitant de ces expéditions est souligné.
Son second départ en 1270 est critiqué par beaucoup de ses proches. Joinville décline l’invitation et
reste tranquillement chez lui, il rapporte les propos d’un chevalier de l’entourage du roi, en 1270,

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

« Nous ne nous croisons pas pour Dieu mais par peur du Roi ! ». Les Franciscains insistent sur la
nécessité d’une action missionnaire plutôt que guerrière. Saint-Louis lui-même est ambigu sur ce point
comme le montre le doc.
Rapide chronologie du règne :

Un règne assez long, 44 ans, Louis IX étant devenu roi à l’âge de 12 ans.
La première partie du règne va de 1223 à 1234. Le gouvernement est assuré par Blanche de Castille,
la reine mère. Fille du roi de Castille Alphonse VIII, petite fille d’Aliénor d’Aquitaine, c’est une
catholique intransigeante et très autoritaire qui marquera son fils. Elle ancre l’expansion capétienne
vers le midi : le comte de Toulouse doit marier sa fille unique au jeune frère de Louis, le roi épouse
Marguerite, une fille du comte de Provence.(D2) Blanche de Castille veille à l’éducation du roi ( D1)
et lui inculque une religiosité sévère : « Je préfèrerai vous voir mort qu’en état de péché mortel ! »
Lorsque le roi prend le pouvoir en 1234, à 20 ans, il laisse encore un grand rôle politique à sa mère
et lui confie la régence lors de sa croisade. Elle gouverne de 1248 à 1252, date de sa mort.
De 1234 à 1248 l’action de Louis IX est dans la continuité de la politique capétienne. (D 4) Il bat le
roi d’Angleterre. Tente de mieux administrer le royaume, en faisant mener de grandes enquêtes.
1248-1254 : la rupture de la 7em croisade. C’est un échec dès 1250, mais Louis IX reste en Terre
sainte quatre longues années. Il en revient profondément transformé.
1254- 1270 : L’idéal du royaume chrétien. Le roi tend à construire un état modèle de
justice,(réforme de 1258 et création d’une cour d’appel en 1260) de bonne gestion (ordonnances sur
les baillis, réforme de la monnaie), de paix (paix avec l’Angleterre en 1259, interdiction des guerres
privées), lutte contre les Juifs ( doc 14).
1270- 1297 : de la mort en croisade à la canonisation.

Le dossier peut être lu en fonction de deux grands axes : le roi continuateur de l’œuvre
capétienne d’une part, le roi chrétien d’autre part.

Louis IX est avant tout un Capétien.

Comme ses prédécesseurs il a été sacré à Reims ( D 3) devenant ainsi un roi sacré et thaumaturge
(pouvant guérir des maladies par l’imposition des mains).
Comme son grand père Philippe Auguste il veille à agrandir le domaine royal (D4). S’il rétrocède des
fiefs au roi d’Angleterre c’est en échange de son hommage féodal et de sa reconnaissance de la perte
des territoires conquis par Philippe Auguste.
Son action renforce aussi l’état royal. L’ordonnance de 1254 (D 9) sur les baillis fixe un idéal de
gestion et de transparence des officiers royaux. La monnaie royale (D10) établit le monopole d’état sur
la monnaie, et montre la force du royaume capable d’émettre une monnaie d’or.
Louis IX est très conscient de cette continuité dynastique. Elle transparait dans sa réorganisation des
emplacements des tombeaux de la basilique Saint-Denis (D 12), classés par dynastie. C’est sous son
impulsion qu’elle devient ce mausolée des rois de France. Le dossier n’en fait pas mention, mais dans
un même souci de continuité dynastique, le roi fait entreprendre à partir de 1250 la rédaction des
Grandes Chroniques de France qui vont devenir le recueil de l’histoire officielle de la monarchie.

Le roi chrétien :

Un christianisme traditionnel marqué par le culte des reliques et l’édification d’églises. Le document
D13 permet d’évoquer la Sainte-Chapelle du palais de la Cité. Un écrin de pierre et de vitraux
construit pour abriter la couronne d’épines achetée à grands frais par Louis IX. Elle est édifiée en 7 ans
et constitue un modèle de l’église gothique, cité de Dieu baignée de la lumière des vitraux. Peu de
temps auparavant, Louis avait aussi fait construire la Sainte Chapelle du château de St Germain en

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l’Haye, toujours visible. Dans les deux cas ce sont des lieux de culte privés, liés à la cour et au roi.
Louis fonde aussi l’abbaye de Royaumont, et sous son règne les chantiers des grandes cathédrales
gothiques commencés la plupart au XII° siècle sont en voie d’achèvement.

La charité. Saint Louis fait de cette obligation une règle de vie. On le voit partout où il passe nourrir
les pauvres, soigner les lépreux. (D5 et D6 D). Il pousse même le zèle à demander de soigner en
priorité les mendiants aveugles pour qu’ils ne voient pas que c’est le roi qui les lave et les nourrit.
Cette règle de vie poussée à un tel point a frappé tous les contemporains. Des malades venaient le voir
de toute l’Europe. Cet aspect a joué beaucoup dans sa canonisation.

Une justice chrétienne et royale. Si l’image du roi rendant la justice sous un chêne à Vincennes
relève de l’imaginaire scolaire, le roi attache une grande importance à la valorisation de son rôle de
justicier au-dessus des hiérarchies sociales. L’anecdote du sire de Coucy (D 8) a beaucoup marqué les
contemporains, même si les trois victimes ne soient pas des paysans comme l’affirmaient un peu vite
des manuels d’histoire, mais des nobles, le fait de condamner un haut seigneur pour un acte commis
sur ses terres, était une révolution l’affirmation de la primauté de la justice du roi sur tous ses sujets.
C’est donc autant un acte politique que religieux.

Le croisé. Peu de document dans le dossier sur ce point. Le document D6 B est cependant révélateur.
Pour Saint-Louis la croisade est un « dangereux fardeau », il ne vient pas conquérir des terres, mais
« sauver des âmes ». On est donc ici dans une version nouvelle de la notion de croisade, aux frontières
de l’action missionnaire. Saint-Louis s’inspire ici des thèses de Saint-François d’Assise qui lui-même
fit le voyage en Egypte, en 1219, tenter de convertir le sultan.

L’antijudaïsme : comme le précise Le Goff cet aspect du personnage est à replacer dans le contexte
du XIII° siècle. Le concile de Latran qui réorganise l’Eglise en 1215 ouvre la voie à l’exclusion des
Juifs et des musulmans du monde chrétien, qui jusque là avait toléré les juifs, peuple de la Bible. Louis
IX semble cependant frapper ses contemporains par son antijudaïsme, comme le montre le texte de
Guillaume de Chartres (D14, B). Ses propos rapportés par Joinville (D14 A) sont très violents. Enfin
durant tout son règne les mesures antijuives vont crescendo : d’abord les restrictions apportées à
l’usure, puis l’ordre de bruler les talmuds (D14 C) puis l’imposition d’un signe marqueur à tous les
juifs (D14 D). L’étape suivante était l’expulsion du royaume, elle aura lieu au XIV° siècle.

L’ordre moral : Louis IX est passionné de sermons et n’hésite pas à en imposer à tous ses sujets ,
comme les marins de son bateau de retour des croisades ( D6 E). Il intervient pour donner des leçons
de bonne conduite chrétienne à son entourage. On appréciera sa délicatesse envers la dame de la cour
d’un certain âge qu’il reprend, la trouvant trop coquète pour son âge, et l’appelant à cultiver la beauté
de l’âme (D6 C) ! Il déteste le blasphème et les blasphémateurs, c’est le sens de sa volonté d’extirper
tous les « vilains serments » de son royaume (D6 A). En 1268 cela sera puni par une ordonnance
royale.
La moralisation de la société est aussi au cœur des ordonnances réformatrices de 1254 (D 9) Si
l’ordonnance commence à traiter des officiers royaux elle débouche à la fin sur l’interdiction des jeux,
en particulier les jeux de dés, et sur la réglementation de la prostitution. C’est bien un projet de
royaume chrétien idéal qui motive le saint roi.

Saint-Louis est donc bien un modèle de roi chrétien de l’époque médiévale. Déjà à l’époque son projet
de monarchie chrétienne idéale paraissait excessif pour certains de ses contemporains, avec le recul du
temps nous avons d’autant plus de mal à l’accepter. Cependant il faut se garder de tout jugement
anachronique, Saint-Louis est le produit d’un monde chrétien, modelé par l’Eglise où le doute n’a pas

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de place, et où l’altérité des croyances n’est pas acceptée. Il reste peut-être le modèle le plus achevé du
roi capétien.

D1 Saint Louis apprenant à lire, enluminure de la vie de Saint Louis de Guillaume de Saint-Pathus vers
1320

D2 Le mariage de Louis et Marguerite (gauche). Le roi et la reine pratiquant l'abstinence (droite).Guillaume de


Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, 1330-1340.

D3 Le sacre du roi, enluminure de 1250

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D4 La continuation de l’agrandissement du domaine royal.

1154 1226

Angleterre et fiefs possédés en France

Domaine royal de France


Domaines indirects du Roi de France
Annexions de Louis VIII (1223-1226)
1270 Fiefs mouvants
de la couronne de France

Royaume et domaines d'Aragon

Seigneureries ecclésiastiques

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Le roi chrétien

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Doc 5 : Saint Louis lavant les pieds des pauvres et distribuant des aumônes, enluminure du
XV° siècle

D6 Propos et actes de Saint Louis :

A) « Je voudrais être brûlé d’un fer chaud si, en le faisant, je pouvais être assuré que tous les vilains
serments seraient extirpés de mon royaume ! » (Joinville)

B) A des musulmans en 1250 :


Le Tout-Puissant sait que je suis venu de France jusqu’ici non afin d’obtenir pour moi des terres ou
de l’argent, mais seulement pour gagner à Dieu vos âmes qui sont en péril. I, accomplissant mon
vœu, j’ai pris sir mes épaules ce dangereux fardeau, ce n’était par pour mon avantage, mais pour le
vôtre : car tout pécheur et indigne que je suis, je possède des terres fertiles dans un climat tempéré,
sous un ciel salubre. Mais j’avais pitié de vos âmes qui doivent périr. (Mathieu Paris, Grande
Chronique, une source anglaise)

C) A une dame de la cour trop soucieuse de sa toilette :


Madame, je voudrais vous rappeler une chose utile pour votre salut. On dit que vous étiez, autrefois,
une belle dame, mais ce temps-là est révolu, comme vous le savez. Vous pouvez donc comprendre que
cette beauté-là est vaine et inutile, qui passe vite, comme une fleur, se fane immédiatement et ne dure
pas. Et vous ne pourrez jamais restaurer cette beauté, quels que soient les traitements et les soins que
vous employiez. Il convient donc d’acquérir cette autre beauté, celle de l’âme et celle du corps par
laquelle vous pourrez plaire à votre créateur et compenser pour votre négligence à cet égard dans le
passé. (Guillaume de Chartes, Vie du roi Louis)

D) Et lorsqu’il allait à l’abbaye de Chaalis, il baisait la pierre où se lavaient les lépreux de l’endroit
en disant : Ah ! Dieu, beaucoup d’hommes saints se sont lavés ici.(Saint-Pathus, Miracles de Saint-
Louis)

E) Il voulait écouter très fréquemment des sermons et, quand ils lui plaisaient, il les retenait très bien
et savait les répéter aux autres avec beaucoup de succès. Pendant son voyage de retour de la
croisade, qui dura dix semaines, il ordonna que l’on fit sur son navire trois sermons par semaine.
Quand la mer était tranquille et que le navire n’avait pas besoin de travail des marins, le pieux roi
voulait que ces marins entendissent un sermon spécial sur un thème les concernant, par exemple les
articles de la foi, les mœurs et les péchés, considérant que ce genre d’hommes entendait très
rarement la parole de Dieu. (Geoffroy de Beaulieu, confesseur du roi, Vie de Saint-Louis)

D7 Le chêne de Vincennes

Le roi rendant la justice à Vincennes, deux images de manuels scolaires, à gauche un manuel
de l’enseignement catholique, vers 1900, à droite de l’enseignement public vers 1950.

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Le roi rendant la justice à Vincennes, deux images de manuels scolaires, à gauche un manuel
de l’enseignement catholique, vers 1900, à droite de l’enseignement public vers 1950.

D8 le jugement du sire de Coucy :

« Il advint en ce temps qu’en l’abbaye de Saint-Nicolas au bois qui est près de la cité de Laon,
demeuraient trois nobles jeunes gens [enfants] natifs de Flandre, venus pour apprendre le langage de
France2. Ces jeunes gens allèrent jouer un jour dans le bois de l’abbaye avec des arcs et des flèches
ferrées pour tirer et tuer les lapins. En suivant leur proie qu’ils avaient levée dans le bois de l’abbaye,
ils entrèrent dans un bois appartenant a Enguerrand le seigneur de Coucy. Ils furent pris et retenus par
les sergents qui gardaient le bois. Quand Enguerrand apprit ce qu’avaient fait ces jeunes gens par ses
forestiers, cet homme cruel et sans pitié fit aussitôt pendre les jeunes gens. Mais quand l’abbé de
Saint-Nicolas qui les avait en garde l’apprit, ainsi que messire Gilles le Brun, connétable de France au
lignage de qui appartenaient les jeunes gens, ils vinrent trouver le roi Louis et lui demandèrent qu’il
leur fît droit du sire de Coucy. Le bon roi droiturier, dès qu’il apprit la cruauté du sire de Coucy, le fit
appeler et convoquer à sa cour pour répondre de ce vilain cas. Quand le sire de Coucy entendit le
commandement du roi, il vint à la cour et dit qu’il ne devait pas être contraint à répondre sans conseil ;
mais il voulait être jugé par les pairs de France selon la coutume de baronnie.
Ces faits ayant été établis devant le roi Louis, il fit prendre et saisir le sire de Coucy, non pas par ses
barons ni par ses chevaliers, mais par ses sergents d’armes et le fit mettre en prison dans la tour du
Louvre et fixa le jour où il devait répondre en présence des barons. Au jour dit les barons de France
vinrent au palais du roi et quand ils furent assemblés le roi fit venir le sire de Coucy et le contraignit à
répondre sur le cas susdit. Le sire de Coucy, par la volonté du roi, appela alors tous les barons qui
étaient de son lignage à son conseil, et ils vinrent presque tous et ils se retirèrent à part, si bien que le
roi demeura presque tout seul, sauf quelques prud’hommes de son conseil. Mais l’intention du roi était

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de rester inflexible et de prononcer un juste jugement, c’est-à-dire de punir ledit sire selon la loi du
talion et de le condamner à une mort semblable [à celle des jeunes gens]. Quand les barons
s’aperçurent de la volonté du roi, ils le prièrent et requirent très doucement d’avoir pitié du sire de
Coucy et de lui infliger une amende à sa décision. Le roi, qui brûlait de faire justice, répondit devant
tous les barons que s’il croyait que Notre Seigneur lui sût aussi bon gré de le pendre que de le relâcher,
il le pendrait, sans se soucier des barons de son lignage. Finalement, le roi se laissa fléchir par les
humbles prières des barons et décida que le sire de Coucy rachèterait sa vie avec une amende de dix
mille livres et ferait bâtir deux chapelles où l’on ferait tous les jours des prières chantées pour l’âme
des trois jeunes gens. Il donnerait à l’abbaye le bois où les jeunes gens avaient été pendus et
promettrait de passer trois ans en Terre sainte. Le bon roi droiturier prit l’argent de l’amende, mais ne
le mit pas dans son trésor, il le convertit en bonnes œuvres […]
Guillaume de Nangis, Gesta Ludovici IX, éd. Cl. Fr. Daunon, Recueil des historiens de la France, XX,
Paris, 1840, p. 399-401 ; trad. J. Le Goff, Saint Louis, Paris, 1975, p. 240-142.

Le roi réformateur

D 9 Ordonnance de 1254 sur les baillis


« Nous Louis, par la grâce de Dieu roi de France, établissons que tous nos baillis, vicomtes, prévôts,
maires et tous autres, en quelque affaire que ce soit, ou en quelqu’office qu’ils soient, fassent serment
que tant qu’ils seront en office ou en fonction de baillis, ils feront droit à chacun, sans exception de
personne, aussi bien aux pauvres qu’aux riches et à l’étranger qu’à l’homme du pays ; et ils garderont
les us et coutumes qui sont bons et éprouvés. Et s’il advint que les baillis, ou les vicomtes ou autres,
comme sergents ou forestiers, fassent rien contre leurs serments, et qu’ils en soient convaincus, nous
voulons qu’ils en soient punis en leurs biens et en leurs personnes si le méfait le requiert, et les baillis
seront punis par nous, et les autres par les baillis
Avec cela ils jureront qu’ils ne prendront ni ne feront prendre nul don, quel qu’il soit, à leurs femmes,
ni à leurs enfants, ni à leurs frères, ni à leurs sœurs, ni à autre personne, pour peu qu’elles soient de
leurs familiers ; et sitôt qu’ils sauront que de tels dons seront reçus, ils les feront rendre au plus tôt
qu’ils pourront. Et avec cela ils jureront qu’ils ne recevront nul don, quel qu’il soit, d’homme qui soit
de leur bailliage, ni d’autres qui aient affaire ou qui plaident par-devant eux.
Derechef, ils jureront qu’ils ne donneront ni n’enverront nul don à homme qui soit de notre conseil, ni
aux hommes, ni aux femmes, ni aux enfants, ni à personne qui leur appartienne, ni à ceux qui
recevront leurs comptes de par nous, ni à nuls enquêteurs que nous envoyons dans leurs bailliages ou
dans leurs prévôtés, pour enquerre de leurs faits. Et avec cela ils jureront qu’ils ne prendront part à
nulle vente que l’on fasse de nos rentes, de nos bailliages ou de notre monnaie, ni à autres choses qui
nous appartiennent.
Et ils jureront et promettront que s’ils savent sous eux nul officier, sergent ou prévôt qui soient
déloyaux, faiseurs de rapines, usuriers, ou pleins d’autres vices pour lesquels ils doivent sortir de notre
service, ils ne les soutiendront ni pour don, ni pour promesse, ni pour affection, ni pour les autres
choses, mais ils les puniront et jugeront de bonne foi.
Derechef, nos prévôts, nos vicomtes, nos maires, nos forestiers et nos autres sergents à pied ou à
cheval, jureront qu’ils ne donneront nul don à leurs supérieurs, ni à femmes, ni à enfants qui leur
appartiennent.
Et parce que nous voulons que ces serments soient fermement établis, nous voulons qu’ils soient
prêtés en pleine assise, devant tous, par clercs et laïcs, chevaliers et sergents, quoiqu’ils aient déjà juré
devant nous ; afin qu’ils craignaient d’encourir le vice de parjure, non pas seulement par peur de Dieu
et de nous, mais par honte du monde.
Nous voulons et établissons que tous nos prévôts et nos baillis s’abstiennent de prononcer nulle parole
qui tourne au mépris de Dieu, de Notre Dame et tous les saints, et qu’ils se gardent du jeu des dés et

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des tavernes. Nous voulons que la fabrication des dés soit défendue par tout notre royaume, et que les
femmes perdues soient mises hors des maisons et quiconque louera maison à femme perdue, il rendra
au prévôt ou au bailli le loyer de la maison pendant un an.

D 10
Louis 9 (Saint Louis) 1226 - 1270 Instaure le monopole royal sur la monnaie.
l'Ecu d'or à raison de 58 au marc (donc
4,22g) d'une valeur de 3 livres tournois et qui
devient la référence. Son nom vient de l'écu
royal figurant sur une des faces de la pièce

D11 Sceau de Saint Louis en majesté

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D 12 En 1267 Saint-Louis fait réorganiser l’agencement des tombeaux de la basilique Saint


Denis en les classant par dynasties : les Carolingiens d’un côté, les Capétiens de l’autre, pour
ancrer sa famille dans l’histoire :

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D 13 Sainte Chapelle de Paris

D 14 Saint- Louis et les juifs

A) A propos des controverses organisées entre juifs et chrétiens :


Je vous dis que personne à moins d’être un bon clerc, ne doit disputer avec eux (les Juifs). Quant aux
laïcs, quand ils entendent médire de la loi chrétienne, ils ne doivent la défendre autrement que par l’épée,
qu’ils doivent enfoncer dans le ventre de leur adversaire autant qu’elle peut entrer.
Joinville.

B) Saint-louis et les juifs selon Guillaume de Chartes

Il avait en abomination les juifs, odieux aux hommes comme à Dieu, à tel point qu’il ne pouvait les voir et
refusait de faire servir à son usage quoi que ce soit de leurs biens. Il ne voulait, disait-il, rien garder de
leur venin, ni les laisser exercer l’usure, mais seulement leur permettre de gagner leur vie par tous
métiers et commerces licites, ainsi qu’il est coutume en d’autres régions.

C) Ordonnance de 1254 :
Que les juifs renoncent à l’usure, aux blasphèmes, aux sortilèges et que leurs Talmuds et autres livres ès
quels sont trouvés blasphèmes soient brûlés, et que les juifs qui ne voudront pas se conformer à ces
ordonnances soient boutés hors du royaume, et les contrevenants légalement punis. Ainsi tous les juifs
vivront du labeur de leurs mains ou des autres besognes qui ne comportent pas d’usure.

D) Ordonnance royale de Saint Louis, 1269.


« Parce que nous voulons que les juifs puissent être reconnus et distingués des chrétiens, nous vous
ordonnons, (…) d'imposer des insignes à chaque juif des deux sexes : à savoir une roue de feutre ou
de drap écarlate, cousue sur le haut du vêtement, au niveau de la poitrine et dans le dos, afin de

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constituer un signe de reconnaissance. »

NB : nuances apportées sur ce point par Jacques Le Goff.

« Quant aux juifs, ils déconcertaient Saint Louis. Ils n'entraient pas dans son schéma du monde:
l'Eglise distinguait les chrétiens et les païens. Dans le monde chrétien les hérétiques étaient
considérés comme abominables. Mais les juifs étaient à la fois dedans et dehors. Ils sont mêlés aux
chrétiens sur un plan territorial, et également religieux par la référence commune à l'Ancien
Testament. Saint Louis deviendra au fil du temps de plus en plus antijuif. Je n'emploie pas le terme
d'antisémitisme, car il contient une notion de racisme qui n'existait pas alors. Saint Louis voit de plus
en plus les juifs sous des traits d'usuriers.(…) La dernière année de son règne, il obligea les juifs à
porter la rouelle rouge, l'équivalent de la future étoile jaune. Cette mesure avait été décidée par
l'Eglise en 1215* mais la plupart des princes chrétiens s'étaient refusés à l'appliquer. (…) Saint Louis
a été emporté par un courant naissant en Occident qui pouvait aboutir à la «pureté ethnique». Elle
apparaîtra surtout en Espagne à la fin du XVe siècle. Saint Louis rêvait d'un royaume «pur» et
pensaient que les juifs sont un élément d'impureté. Saint Louis, qui n'a pas été antisémite, car le
racisme n'existait pas à l'époque, a contribué à la lointaine naissance de ce qui deviendra
l'antisémitisme. »
Interview de Le Goff à l’Humanité, 2/07/1996.

*Dans certaines provinces, les habits des Juifs et des Sarrasins (musulmans) se distinguent de ceux
des Chrétiens, mais que dans d’autres, un degré de confusion se produit, de sorte qu’ils ne peuvent
être reconnus par aucune marque distinctive. D’où il résulte, qu’ainsi trompés, des chrétiens
s’unissent à des femmes juives ou sarrasines; des sarrasins ou des juifs à des femmes chrétiennes. De
façon que des unions aussi répréhensibles ne puissent plus avoir d’excuse dans le futur, nous
décidons que les Juifs et les Sarrasins des deux sexes, dans toutes les terres chrétiennes, se
distingueront publiquement par leurs habits des autres populations.
Concile de Latran IV (1215)

Anne de Bretagne

Anne de Bretagne née en janvier 1477, épousera Charles VIII en décembre 1491, puis son
successeur Louis XII en 1498. Elle meurt en janvier 1514 à 36 ans. Sa biographie reflète les deux
fonctions principales attribuées aux épouses d’un roi : accroitre le domaine royal en apportant
des terres, lui donner une descendance mâle. Mais elle prouve aussi qu’une reine du Moyen Age
pouvait avoir un pouvoir personnel.

Un enjeu territorial
A la fin du XV° siècle le duché de Bretagne reste la seule principauté indépendante du
royaume de France.

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Les Ducs de Bretagne ont construit un état centralisé, qui mène une politique indépendante

Le duc siégeant en son parlement, gravure de 1514.


Lorsque François II, dernier grand duc indépendant meurt en 1488, sa fille Anne devient duchesse à 12
ans
En 1491, l’armée française envahit le duché, prend Nantes et Rennes et impose par la force le mariage
d’Anne et de Charles VIII. Il est prévu qu’en cas de décès du roi sans héritier mâle Anne épousera son
successeur, ce qui se produira en 1498. La Bretagne ne doit pas échapper à la France

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Charles VIII et Anne de Bretagne.

Louis XII et Anne de Bretagne

La reine procréatrice
Du mariage avec Charles VIII, Anne aura 6 enfants (entre 15 et 21 ans) :
Charles-Orland de France (10 octobre 1492 - 16 décembre 1495, de la rougeole)
Elle perd un enfant mâle à deux mois de son terme en août 1493
Elle accouche, au printemps 1495, d'une fille mort née..
Charles de France (8 septembre 1496 - 2 octobre 1496)
François de France (1497)
Anne (20 mars 1498)
Lorsque le roi décède le 7 avril 1498, tous les enfants qu'Anne de Bretagne (qui a 21 ans) a mis au
monde sont morts.

Des 7 enfants issus de son mariage avec Louis XII, seules survécurent Claude et Renée :
Claude de France (15 octobre 1499)
En 1500, la reine donne naissance à un fils mort-né..
Un garçon, François, naît le 21 janvier 1503 mais meurt aussitôt.
Une fausse-couche en janvier 1508
Une autre mal située entre 1505 et 1509
Renée de France (20 octobre 1510)
Le 21 janvier 1512, elle accouche d'un garçon qui ne vit que quelques jours

Au total, en 21 ans de 15 à 35 ans, Anne de Bretagne a connu 13 grossesses, mais seuls deux
enfants atteignent l’âge adulte.

Le dauphin, Charles Orland, Jean HEY (ou Jean Bourdichon) - 1494 – Louvre

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Une personnalité affirmée :

« La reine a 17 ans, elle est petite de taille, fluette et elle boite visiblement d’une jambe bien qu’elle
porte des chaussures à haut talon pour cacher sa difformité. Elle a le teint foncé et elle est assez
jolie. Sa finesse d’esprit est remarquable pour son âge et une fois qu’elle a décidé de faire quelque
chose, elle s’efforce d’y parvenir à n’importe quel moyen et à n’importe quel prix. »
Ambassadeur Vénitien 1494.

Dès la mort de Charles VIII, Anne retourne en Bretagne et restaure l’état ducal. Elle fait battre une
monnaie d’or, symbole de souveraineté.

On la voit en reine et duchesse, siégeant sur un trône avec à part égale, les fleurs de lys de
France et les hermines de Bretagne.
Lors du mariage avec Louis XII elle renégocie le sort de la Bretagne pour préserver son indépendance.
Le contrat de mariage est signé le 7 janvier 1499. Anne y est reconnue duchesse, la « principauté »
revenant ensuite au cadet à naître de l'union et non au dauphin. Les institutions et les libertés du duché
sont confirmées et l'accord assure à la Bretagne une dynastie distincte de celle de la France. Mais
seules deux filles survivent de cette union. En 1506, Claude est fiancée à François d'Angoulême,
héritier présomptif de la Couronne et futur François Ier. Le contrat assure la Bretagne aux deux époux.

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L’image d’une grande souveraine


Elle protège les artistes.

Jean Marot offrant son livre à Anne de Bretagne, reine de France -1508.
A sa mort elle sera la première reine à bénéficier du protocole funéraire des rois, avec exposition
du corps et cortège funèbre portant son effigie.

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

Son souvenir et son image seront récupérés au XX° siècle par la publicité touristique et par …

les indépendantistes bretons :

François 1er

. Rappel historique : la Renaissance.


La Renaissance apparait dans 3 régions les plus riches de l’Europe occidentale : l’Allemagne
rhénane, foyer de l’imprimerie, la Flandres (Van Eyck), et l’Italie. Florence domine,
concurrencée par la Rome des papes, Milan et Naples, et des foyers secondaires comme
Urbino. Rôle clé des mécènes, qui commandent les œuvres et protègent les artistes : les
Médicis à Florence, les papes à Rome…

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

• La révolution artistique de la Renaissance est marquée par une vision plus réaliste :
grâce à la redécouverte de la perspective

Enluminure médiévale enluminure début du XV°s

La cité idéale du Palais d’Urbino 1475

Aux sujets religieux de l’époque médiévale s’ajoutent des sujets mythologiques inspirés de
l’Antiquité

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La naissance de Vénus, Sandro Botticelli

Architecture et sculpture renouent avec le modèle antique :

Cathédrale de Florence construit par Filippo Brunelleschi


entre 1420 et 1436. Les maquettes du dôme et du lanternon, exécutées par l’architecte.

Le David de Donatello, 1440-1450

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François 1er : un roi par accident


François, fils de Charles de Valois comte d’Angoulême et de Louise de Savoie nait en
1494. Au départ éloigné du trône, les décès de Charles VIII (1498) et Louis XII (1514)
sans enfant mâle, en font le roi de France, le 1er janvier 1515. Il a épousé Claude, fille
d’Anne de Bretagne et de Louis XII. En 10 ans ils ont 7 enfants, 2 lui survivront

Des débuts brillants

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

1515 Le règne commence brillamment. Le roi qui comme ses prédécesseurs se bat en Italie
pour faire valoir ses droits sur Milan et Naples, remporte la victoire de Marignan, qui sera
célébrée tout au long du règne.

Miniature de 1526 le représentant chargeant les Suisses à Marignan

Un bilan en demi-teinte :
• François 1er épuise le royaume en guerres successives contre son adversaire
Charles Quint, roi d’Espagne, élu contre lui empereur de l’empire germanique.
• Les défaites seront plus nombreuses que les victoires. La plus grave, à Pavie en
1525 voit le roi fait prisonnier. Il restera en prison à Madrid, et pour être libéré
acceptera de donner deux de ses fils en otage.
• A la fin du règne, François 1er a du abandonner ses prétentions italiennes. Il
reçoit son vieil ennemi en 1540 comme l’évoque cette fresque de la villa Farnese

• Le royaume agrandi par l’union de la Bretagne en 1532 et l’annexion de


l’Auvergne et du Bourbonnais en 1531.

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

UN CONSTRUCTEUR INFATIGABLE

1515 aile François 1er à Blois.

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

1518 : Chambord

Château de
Madrid (Bois de Boulogne)

A la veille de sa mort il décide l’agrandissement du Louvre confié à Pierre Lescot.


DES REFORMES DURABLES

• l'ordonnance de Montpellier le 28 décembre 1537 créé le "dépôt légal", qui


permet le développement de la bibliothèque royale :
"Nous avons délibéré de faire retirer, mettre et assembler en notre librairie tous les
livres dignes d'être vus qui ont été ou qui seront faits, compilés, amplifiés, corrigés et
amendés de notre temps pour avoir recours auxdits livres, si de fortune ils étaient cy
après perdus de la mémoire des hommes. »

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

• En août 1539, l’ordonnance de Villers-Cotterêts établit que tous les actes légaux
et notariés seront désormais rédigés en français. Jusque-là, ils l'étaient en latin.
Son article 111 énonce :
« De prononcer et expedier tous actes en langaige françoys. Et pour ce que telles choses
sont souventes foys advenues sur l'intelligence des motz latins contenuz es dictz arretz.
Nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes aultres procedeures, soient de
nous cours souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes,
contractz, commisions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de
justice ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage
maternel francoys et non aultrement. »

QUELLE IMAGE DU ROI DOIT-ON RETENIR ?


• Le roi chevalier :
armure fabriquée pour François en 1540 (musée de l’Armée). Le roi mesurait au
moins 1,92 m, un colosse pour l’époque.

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Le roi fait chevalier par Bayard, au soir de Marignan, livre pour la jeunesse, 1909
Cette posture a été privilégiée dès le temps du règne. Elle n’est plus retenue aujourd’hui.
Au contraire la guerre pratiquée par François 1er annonce la guerre moderne, artillerie,
soldats professionnels, absence de code chevaleresque.

Le monarque absolu : miniature de 1545

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Ce royaume si grand, si peuplé, si riche, dépend uniquement de la volonté suprême du


roi, qui est aimé et servi par son peuple et qui possède une autorité absolue. Le roi de
France est prince par droit naturel, puisque cette forme de gouvernement dure dans ce
pays depuis mille ans (…)
Habitués depuis si longtemps à être gouvernés par leurs rois, les Français ne désirent
pas d’autre gouvernement. Ils savent que leur condition est d’obéir et de servir leur roi ;
et ils servent volontiers celui qui est né exprès pour commander (…). Le roi est maître
absolu ; nul conseil, nul magistrat ne peut limiter son pouvoir ; nul prince, nul seigneur
n’oserait lui résister, ainsi qu’il arrive en d’autres pays.
Rapport d’un ambassadeur vénitien en 1546

UB ETAT CENTRALISE

• Notaires et secrétaires du Roi, enluminure de 1537. François 1er multiplie les


postes d’officiers, fonctionnaires royaux qui achètent leur charge.

François 1er entouré de son conseillers, ( le roi est arbitre )

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UN ROI CHRETIEN
• Les premières années du règne François protège les intellectuels humanistes.
Après l’affaire des placards il abandonne la tolérance.

• Après 1540, les réformés sont pourchassés. La miniature représente le roi


écrasant l’hérésie entre la foi et la charité.

• Les dernières années du règne sont marquées par la violente répression des
Vaudois du Lubéron, une ancienne hérésie qui avait adhéré à la réforme: 5 000
morts, 22 villages rasés, des centaines de condamnations aux galères.

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UN PRINCE MODERNE :
Une représentation renouvelée

Jean Clouet 1527

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Le Titien 1537

UN MECENE
• François et Léonard: une image trop belle pour être vraie? Vinci mourant dans
les bras de François 1er, Ingres, 1818

• Une réalité concrète: l’exemple de Cellini


« Je travaillais avec ardeur, et mes ouvrages [pour le château de Fontainebleau]
étaient fort avancés. À ce moment, le roi vint à Paris Mes ouvrages lui donnèrent autant

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de satisfaction que je pouvais le désirer (...). Revenu au Louvre, après son dîner, il
enjoignit (...) de me remettre au plus tôt sept mille écus d'or, en trois ou quatre
versements, selon les disponibilités, pourvu qu'il n'y manquât point. »

in Vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même, trad. Maurice de Beaufremont,


Juillard, 1965.

L’EXPERIENCE DE CHAMBORD :

• Commencé en 1519, le chantier dure 30 ans. Le château comprend 440 pièces.


L’escalier à double révolution aurait été conçu selon des plans de Léonard de
Vinci. Le roi n’y séjourne que 79 nuits durant tout son règne.

L’ECOLE DE FONTAINEBLEAU

Sur le chantier de Fontainebleau de nombreux artistes italiens se succèdent. Rosso, le


Primatice, Cellini… Ils forment des artistes français. L’on parle d’une école de
Fontainebleau. De g. à d: l’escalier du roi, François 1er en Alexandre par le
Primatice.

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• la galerie François 1er par le Rosso.

DES DOMAINES ARTISTIQUES MULTIPLES


• La Littérature avec Rabelais, du Bellay… « défendre et illustrer la langue
française ».

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Département d’histoire/géographie (Alain Barbé)

• François 1er lui-même écrit des poèmes :Où êtes-vous mes belles amourettes?/
Changerez-vous de lieu tous les jours? / A qui dirai-je mon tourment, / mon
tourment et ma peine/ Rien ne répond à ma voix/ les arbres sont secrets muets et
sourds…

• La musique avec la première musique de chambre et les bals de la cour.

• Les arts des jardins: le modèle savant des italiens est adapté: labyrinthes
végétaux, taillis géométriques, fontaines cascades, fausses grottes.

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LA RENAISSANCE COMME PRINCIPAL HERITAGE DU REGNE


• Combattant malheureux, humaniste tolérant basculant dans la répression,
colonisateur sans persévérance, il ne reste que les arts pour la gloire du roi.
• François 1er n’est pas seulement « grand », il est aussi le « père des arts » dira de
lui l’italien Vasari.
• Son état centralisé et sa cour brillante vont diffuser le modèle renaissant dans
tout le royaume. A la mort du roi ce sont des artistes français, les sculpteurs
Goujon et Michel Coulomb , les architectes Lescot, Delorme, Androuet du
Cerceau qui s’affirment. Sous Henri IV une « seconde école de Fontainebleau »
purement française se développera.
• Lors de l’entrée à Rouen d’Henri II , en 1550, un spectacle lui est proposé
figurant l’entrée de son père François 1er au paradis pour avoir soutenu les
lettres et les arts.

Pour aller plus loin :

Jean Jacquart, François 1er, Paris Fayard, 1994.


Didier Le Fur, François 1er, Perrin,2015.
Robert Knecht, Un prince de la Renaissance: François 1er et son royaume, Fayard,
1998
Nicolas Le Roux, 1515, L’invention de la Renaissance, A. Colin, 2015
Claude Michon, François 1er, Belin, 2015.
La Renaissance de François 1er, collection de l’Histoire, n° 68, juillet 2015.

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Expo de la BNF François 1er pouvoir et image, 2015, site expositions.bnf.fr et classes
BNF

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