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UNHCR ILO Analyse Des Systemes de Marches NIGER VF

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ANALYSE DES

SYSTÈMES
DE MARCHES
NIGER

Analyse des systèmes de marchés dans le cadre de l'appui


aux moyens de subsistance des réfugiés Maliens au Niger
Fayçal Siddikou Boureima,
Consultant Indépendant

Avec le soutien de:


Alhassane Moussa, HCR, Niger
Nadja Nutz, BIT, Genève

ANALYSE DES
SYSTÈMES
DE MARCHES
NIGER

Analyse des systèmes de marchés dans le cadre de l’appui


aux moyens de subsistance des réfugiés Maliens au Niger
Copyright © Organisation internationale du Travail 2019

Première édition 2019

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ISBN : 978-92-2-133117-9 (web pdf)

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Imprimé en Suisse
TABLE DES MATIÈRES
GLOSSAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vi
SECTION 1:
INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1
1.1 OBJECTIFS DE LA MISSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
SECTION 2:
CONTEXTE NATIONAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.1 CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 SERVICES DE SOUTIENS EXISTANTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
SECTION 3:
LES RÉGIONS CIBLÉES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.1 RÉGION DE TILLABÉRY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 RÉGION DE TAHOUA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
ANALYSE PAR DÉPARTEMENT D’ACCUEIL DES REFUGIÉS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
SECTION 4:
DÉPARTEMENT D’AYOROU.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.1 ANALYSE DU GROUPE CIBLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4.2 ANALYSE DES PRINCIPALES FILIÈRES DU DÉPARTEMENT (CONTRAINTES
ET OPPORTUNITÉS) ET IDENTIFICATION DES FILIÈRES PORTEUSES. . . 18
4.3 ANALYSE DU MARCHÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.4 OPPORTUNITÉS D’INTERVENTIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
SECTION 5:
DÉPARTEMENT DE OUALLAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.1 ANALYSE DU GROUPE CIBLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.2 ANALYSE DES PRINCIPALES FILIÈRES DU DÉPARTEMENT
(CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
5.3 ANALYSE DU MARCHÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
5.4 OPPORTUNITÉS D’INTERVENTIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
SECTION 6:
DÉPARTEMENT DE ABALA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
6.1 ANALYSE DU GROUPE CIBLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
6.2 ANALYSE DES PRINCIPALES FILIÈRES DU DÉPARTEMENT
(CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
6.3 ANALYSE DU MARCHÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
6.4 OPPORTUNITÉS D’INTERVENTIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
SECTION 7:
DÉPARTEMENT DE TILLIA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
7.1 ANALYSE DU GROUPE CIBLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
7.2 ANALYSE DES PRINCIPALES FILIÈRES DU DÉPARTEMENT
(CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
7.3 ANALYSE DU MARCHÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
7.4 OPPORTUNITÉS D’INTERVENTIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
SECTION 8:
SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
8.1 CRÉATION D’UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE
AUX INTERVENTIONS POUR L’AUTONOMISATION DES REFUGIÉS. . . . . 58
8.2 SYNTHÈSES DES PROPOSITIONS D’INTERVENTIONS
POUR L’AUTONOMISATION DES REFUGIÉS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

v
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

GLOSSAIRE
AGRs Activités Génératrices de Revenus
AREN Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger
BIT Bureau International du Travail
BOA Bank Of Africa
CMANI Chambre des Métiers de l’Artisanat du Niger
COFEDEP Commission Foncière Départementale
CRA Chambre Régionale de l’Agriculture
DRA Direction Régionale de l’Agriculture
DDA Direction départementale de l’Agriculture
DDE Direction Départementale de l’Environnement
DDEL Direction Départementale de l’Elevage
DREP/T Direction Régionale de l’Enseignement Professionnel et Technique
FAFPA Fond d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage0
HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés
ONG Organisation Non Gouvernementale
PAM Programme Alimentaire Mondial
PANA Programme d’Action National d’Adaptation
PASEC Projet d’Appui à l’Agriculture Sensible aux Risques Climatiques
PIV Points d’Information Villageois
PPAAO Projet de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest
Promap Programme Nigéro-Allemand de Promotion de l’agriculture Productive
RECA Réseau des Chambres d’Agriculture
ZAR Zone d’Accueil des Refugiés

vi
SECTION 1
INTRODUCTION

Les déplacements des populations, des zones en situations de crise vers des
zones potentiellement plus sécurisées, aboutissent souvent à des situations
d’urgence nécessitant une assistance humanitaire. L’appui aux moyens de
subsistance est une composante essentielle de l’assistance humanitaire
d’urgence. Bien qu’indispensable dans les périodes de crise, l’assistanat
à lui seul n’est ni tenable encore moins durable. Les appuis des donateurs
sont souvent limités et diminuent progressivement dans le temps. Aussi,
les bénéficiaires aspireront avec le temps à une vie plus autonome qui leur
permettra de produire eux-mêmes leurs moyens de subsistance.
Cependant, la transition de l’assistanat vers l’autonomisation nécessite un
certain nombre de préalables. Les réfugiés sont des acteurs économiques
(réels ou potentiels) d’un système de marché complexe avec plusieurs ac-
teurs et fonctions. Un accompagnement durable de ces réfugiés vers l’au-
tonomie ne peut se passer d’une analyse de ces systèmes de marché dans
une perspective « chaîne de valeur ».
Pour être durable, les interventions doivent être basées sur une connais-
sance des contraintes mais aussi des opportunités que présentent les prin-
cipales filières de l’économie locale (voire même régionale) afin d’identifier
les meilleures opportunités de créations d’emploi et/ou de business du-
rables aussi bien pour les réfugiés que pour les populations hôtes.
C’est dans cette optique, que le HCR (l’Agence des Nations Unies pour les
Réfugiés) en partenariat avec le BIT, a commandité une analyse des sys-
tèmes de marchés dans le cadre de l’appui aux moyens de subsistance des
réfugiés Maliens dans les régions de Tillabéry et de Tahoua au Niger.
Les résultats de cette analyse et les recommandations qui en seront issues
serviront à améliorer l’impact et la durabilité des interventions du HCR en
faveur des réfugiés.

1.1 Objectifs de la mission

L’objectif global de cette mission est de mener une analyse des systèmes
de marché qui est composée de deux analyses distinctes mais interconnec-
tées: une évaluation socio-économique et une analyse du contexte d’une
part, ainsi qu’une étude de marché et de chaîne de valeur d’autre part.
Le but de l’évaluation socio-économique et de l’analyse du contexte est
de récolter des informations relatives aux caractéristiques et au parcours
du groupe cible, au milieu socio-économique dans lequel ses membres

1
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

parviennent à gagner leur vie ainsi qu’au cadre juridique et aux fonctions de
soutien disponibles pour les réfugiés.
Des études récentes (HCR et BIT, 2017; CNES-Bozari, 2018; Mbom et al,
2015) ont permis de faire un profilage socio-économique des refugiés ma-
liens au Niger qui a servi de base à cette analyse. Ces études ont aussi
permis de pré-identifier un certain nombre de filières; à savoir l’élevage,
l’agriculture, l’artisanat et le commerce; qui ont fait l’objet d’une attention
particulière dans l’analyse des systèmes de marché.
Ainsi, cette analyse s’est focalisée sur:
nnUne analyse du contexte national et des services de soutiens au dévelop-
pement des filières agricoles et d’élevage surtout
nnUne analyse contextuelle de chaque département d’accueil des réfugiés
en termes de contraintes et d’opportunités pour le développement de fi-
lières porteuses
nnUne analyse du groupe cible, les réfugiés, par site d’accueil en termes
de savoir-faire, d’aspirations, et d’accès aux services de soutien et aux
réseaux sociaux
nnUne analyse des principales filières par département enfin d’identifier
celles qui offrent le plus d’opportunités pour une insertion socio-écono-
mique des réfugiés et une amélioration de la situation des populations
hôtes
nnUne analyse des principaux flux entrant et sortant des marchés locaux
auxquels sont connectées les filières identifiées ainsi que la dynamique
de ces marchés
nnEt enfin, des propositions d’interventions en faveur des réfugiés et des
populations hôtes basées sur les analyses sus-citées.

1.2 Approche méthodologique

Le Guide des Interventions d’Appui aux Moyens de Subsistance Axées sur


le Marché en Faveur des Réfugiés (HCR, BIT, 2017) a été le principal outil
méthodologique utilisé pour faire cette étude. Il permet de faire une analyse
de système de marché qui va au-delà d’une analyse classique de l’offre
et de la demande et s’inscrit dans une approche plus globale d’analyse
de l’ensemble de l’écosystème (fonctions des soutiens, règles et règlemen-
tations) qui entoure le marché afin d’identifier les meilleures opportunités
d’intervention en faveur des réfugiés (Figure 1).
Les questions de ce guide ont été adaptées au contexte des refugiés Ma-
liens vivant dans les trois camps de la région de Tillabéry et dans la Zone
d’Accueil des Réfugiés (ZAR) de Intikane dans la région de Tahoua.

2
Figure 1: Cadre des systèmes de marché adapté aux moyens de subsistance des
réfugiés (BIT, 2016)

IONS DE SOUTIEN
FONCT
Soutien,
mentorat
et coaching
Formation Coordination

Informations Financement

Demande Offre

Législation Règles
du travail informelles

Normes liées Normes


au sexe Normes de sociales
reconnaissance
des compétences
RÈG S
LES ET ON
RÉG LEMENTATI

Cette approche méthodologique a été déclinée suivant les étapes suivantes:


nnUne analyse bibliographique qui a permis d’identifier les principales sources
d’information sur le profilage socio-économique des refugiés Maliens au Niger
ainsi que les filières porteuses des opportunités d’insertion de ces derniers
nnDeux briefings avec le BIT à Genève et le HCR à Niamey qui ont permis de
mieux préciser les attentes de ces deux institutions et d’affiner la stratégie
de mise en œuvre de la démarche méthodologique sur le terrain
nnRencontres avec les principales parties prenantes (Le Réseau des
Chambres d’Agriculture (RECA), le Programme Alimentaire Mondial
(PAM), Le Ministère de l’Elevage et l’Agriculture, L’Association pour la Re-
dynamisation de l’Elevage au Niger (AREN), etc.) à Niamey
nnRencontres avec les autorités administratives (Gouvernorats, Préfectures,
Mairies), les services techniques déconcentrées (Directions Régionales
de l’Agriculture et élevage, Directions Départementales de l’Agriculture,
de l’Élevage, et de l’Environnement, etc) et les institutions (ONG, Associa-
tions, Institutions Internationales, Institutions de microfinance, etc.) qui
interviennent sur le terrain en faveur des réfugiés et/ou des populations
hôtes à Ayorou, Mangaïzé, Abala et Intikane
nnFocus-groups avec les réfugiés au niveau des trois camps de la région de
Tillabéry et la ZAR d’Intikane (Tahoua)
nnRencontres et discussions avec les groupements, les associations de pro-
ducteurs, les coopératives et les autres acteurs économiques des dépar-
tements d’Ayorou, Mangaïzé, Abala et Intikane
nnVisite des marchés hebdomadaires d’Ayorou, Mangaïzé, Abala et Intikane
et discussions avec les acteurs des marchés (commerçants, intermé-
diaires, transporteurs, gestionnaires de marché, etc.).

3
SECTION 2
CONTEXTE
NATIONAL

2.1 Contexte réglementaire

Les réfugiés Maliens au Niger sont des ressortissants d’un pays membre de
la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Ils bénéficient à ce titre des mêmes droits que tous les ressortissants de la
CEDEAO à savoir le droit de travailler, d’exercer une activité lucrative et de
bénéficier des services de soutien étatiques et non-étatiques.
Dans la réalité, il existe peu d’opportunités d’emploi pour les réfugiés. Les
employeurs potentiels ignorent souvent la règlementation communautaire
et pensent qu’il leur faudrait faire des démarches supplémentaires pour
embaucher un réfugié. Les réfugiés, eux-mêmes, ignorent souvent qu’ils
ont les mêmes droits que les locaux. Pour preuve, aucun des refugiés ren-
contrés n’a essayé de trouver un crédit auprès d’une Institution de Microfi-
nance (IMF) pour financer ses activités.

2.2 Services de soutiens existants


L’agriculture et l’élevage au Niger bénéficient de plus en plus de systèmes
d’information et de service de vulgarisation utilisant les nouvelles techno-
logies d’information et de la communication. Ces services peuvent faciliter
l’accès à des informations techniques et de marché permettant aux pro-
ducteurs de non seulement améliorer leur rendement mais aussi et surtout
d’adopter la meilleure stratégie d’écoulement de leur production. A titre il-
lustratif, trois services de soutiens seront décrits dans ce paragraphe, à
savoir:
nnLe système d’information sur les marchés et prix des produits maraîchers
nnLe Système d’Information sur le Marché du bétail (SIM Bétail)
nnLe programme e-extension Niger.

2.2.1 Système d’information sur les marchés des produits


maraichers
Le système d’information sur les marchés et prix des produits maraîchers
est une initiative du RECA et du Programme Nigéro-Allemand de Promotion
de l’agriculture Productive (Promap). C’est un système d’information sur les
prix des produits maraichers au profit des producteurs de la région de Til-
labéry (Figure 2). Ce système d’information a fonctionné de 2007 à 2013 et
a couvert 18 Marchés. Les informations sur les prix des produits maraîchers

5
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

sont collectées par des animateurs des Points d’Information Villageois (PIV)
formés et rémunérés à cet effet. Les informations collectées par les PIV sont
transmises au RECA qui organise leur diffusion sur les ondes nationales en
trois langues (Haoussa, Zarma et Français) tous les jeudis. Ces diffusions,
qui coutent 200 000 FCFA/mois (Note d’information du RECA du 14 Janvier
2015) ont été arrêtées en 2010 par manque de moyens. A partir de 2010,
ce service est devenu payant à travers un sms fourni par l’opérateur Orange
et qui coûtait 100 FCFA. Le SMS donnait les prix de l’oignon, du niébé, du
sésame et des engrais sur demande. Le RECA était en charge de l’actuali-
sation hebdomadaire des données contre une rémunération à hauteur de
30% des sommes collectées par l’opérateur téléphonique. Cette deuxième
forme de diffusion de l’information s’est aussi arrêtée en 2013.
Selon les experts du RECA, cette initiative s’est arrêtée pour trois raisons
qui sont:
nnLes informations collectées et diffusées sont identiques à celles d’un sys-
tème existant qui s’appelle le SIMA (Système d’Information sur les Mar-
chés Agricoles)
nnLes informations ne concernaient que les prix sans analyses complémen-
taires sur l’offre et la demande
nnLe RECA manque de moyens pour développer un système d’information plus
adaptés à la demande des producteurs et des organisations paysannes.

Figure 2: Suivi hebdomadaire de l’évolution des prix des produits maraîchers sur les
marchés (RECA, 2015)

Evolution du prix du kilo de Pomme de terre pendant 2 ans sur le marché de gros de
Niamey (DjémadJé)
1000

800

600
F.CFA

400

200

-
S20
S23
S26
S29
S32
S35
S38
S41
S44
S47
S50
S53
S3
S6
S9
S15
S18
S21
S24
S27
S30
S33
S36
S39
S42
S45
S48
S51
S2
S5
S8
S11

Numéro des semaines

2.2.2 Système d’information sur les marchés à bétail (SIM Bétail)


La mise en place du SIM Bétail au Niger remonte au lendemain de la grande
sécheresse 1983-1984. Il a été mis en place à titre pilote dans les régions
de Tahoua et Agadez pour un meilleur suivi des indicateurs de l’économie
pastorale (Atté Issa, 2017). Il a été élargi au marché national entre 1988 et
1991 avec une cinquantaine de marchés couverts. Le nombre de marché
couverts a été réduit en 1999 suite à des problèmes de financement.
Le SIM Bétail est constitué d’un réseau de 85 enquêteurs, 9 contrôleurs
régionaux et une équipe centrale de 10 membres qui collectent, traitent et
diffusent les informations sur les prix du bétail sur pied et des sous-produits
de l’élevage (Figure 3). Le SIM Bétail fournit aussi des analyses de l’offre et
de la demande permettant d’anticiper des situations de crise alimentaire
par une observation soutenue des marchés et de faire de l’aide à la décision
aux responsables du secteur de l’élevage.

6
Les produits du SIM Bétail sont diffusés par l’intermédiaire de supports
écrits (flash info, bulletin mensuel, bulletin de campagne, annuaire (rapport
annuel), bulletins de campagne) et oraux (communiqués radios en langue
nationale; Voie orale au niveau des marchés, des zones de concentrations,
à l’occasion des foires, fêtes d’éleveurs, etc ).
Les informations collectées et diffusées par le SIM Bétail sont destinées aux
décideurs, aux partenaires au développement, les acteurs directs du mar-
ché du bétail, l’institut national de la statistique, les systèmes d’information
sur le marché nationaux et régionaux, les assurances, la recherche, les
consultants, les institutions bancaires, etc.
Un projet-pilote en collaboration avec l’opérateur téléphonique ORANGE-NI-
GER a aussi permis d’essayer la diffusion par SMS et par serveur vocal. Cepen-
dant, le projet pilote n’a pas eu de suite pour des problèmes de financement.
Malgré les atouts du SIM Bétail en termes de maitrise de la collecte, du
traitement et de la diffusion de l’information; il reste confronté à des grosses
contraintes comme le faible taux de couverture des marchés, un finance-
ment qui dépend essentiellement de l’aide extérieure, et des problèmes de
capacités techniques de traitement et de diffusion de l’information.

Figure 3: Système d’information sur le marché du bétail (MAE Niger, 2018)

Organigramme du SIM bétail

Niveau tutelle HCBN

Niveau supervision Ministère de l’Elevage

Mise en oevre Direction des statistiques


Secrétariat
SIM bétail

Division
Division Division
Diffusion/ Unité Unité
Coordination Enquête et
Communication/ analyse comptable
des activités cartographie
Formation
Niveau opérationel

C/Ahadez C/Diffe C/Desse C/Maradi C/Tahoue C/Tilabéry C/Zinder C/Niamey

6 8 14 11 19 12 19 19
enquêteurs enquêteurs enquêteurs enquêteurs enquêteurs enquêteurs enquêteurs enquêteurs

2.2.3 Programme e-extension Niger


Le centre d’appel pour un conseil agricole à distance est le premier outil
de vulgarisation agricole à distance (e-extension) mis en place au Niger.
Il a été développé dans le cadre du Projet d’Appui à l’Agriculture Sensible
aux Risques Climatiques (PASEC) et du Projet de Productivité Agricole

7
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

en Afrique de l’Ouest (PPAAO). Il est animé par le RECA, les Chambres


Régionales d’Agriculture (CRA) et leurs partenaires. Ce système d’assistan-
ce à distance des agriculteurs (Figure 4) permet de surmonter deux difficul-
tés majeures qui sont:
nnLa vaste étendue du territoire nationale et les grandes distances entre les
villages agricoles qui constituent un vrai challenge pour les conseillers
agricoles. En effet, le nombre de conseillers agricoles, environ 2000, est
d’ailleurs très en deçà des au besoin du pays
nnLa demande croissante de conseil agricole alors que le financement de ce
service a tendance à baisser.
Ce service a aussi l’avantage de fonctionner avec tous les opérateurs de
téléphonie du pays et avec whatsapp qui est la solution la moins chère
du marché. En effet, WhatsApp est utilisé aussi bien en milieu urbain que
rural et à l’avantage de fonctionner en échange vocal avec la possibilité
d’utiliser des photos pour mieux expliquer les besoins des producteurs ou
les conseils des techniciens. Selon la complexité du problème, le conseiller
agricole peut soit répondre directement à la question du producteur ou la
transmettre vers un réseau d’experts qui traitera la question. Dans le second
cas, le réseau d’experts ferra un retour au conseiller qui rappellera le pro-
ducteur pour lui donner la réponse à sa question.

Figure 4: Programme e-extension Niger (RECA, 2018)

Centre d’appels
Réponse
Orange: 92 24 24 24 - 92 24 77 77
immédiate Airtel: 89 97 97 74
Moov: 84 74 74 74
NigerTelecom: 93 32 38 92

4 numéros Réseau d’experts


Centre d’appels
Conseillers et R.E.
Appel Appel
conseillères
Whatsapp spécialisés

Une question, Rappel producteur/ Le conseiller Retour


un problème… productrice répond tout de au conseiller Traitement de
besoin d’un suite ou transmet la question
conseil la question au R.E

Le centre d’appel fonctionne de 8h 30 mn à 17h30 mn et du Lundi au


Vendredi en Français, en Haoussa et en Zarma. De septembre 2017 à Sep-
tembre 2018, le programme e-extension a reçu 8355 appels dont 2411
appels téléphoniques et 5944 appels WhatsApp (RECA, 2018). Les infor-
mations fournies vont de la protection des cultures irriguées au choix des
variétés et semences en passant par la situation des prix et les tendances
sur les marchés.
Le programme e-extension diffuse aussi les informations à travers des émis-
sions radio. Au total, 6482 diffusions ont été réalisées dans des radios com-
munautaires de 5 régions du pays (RECA, 2018).

8
SECTION 3
LES RÉGIONS
CIBLÉES

3.1 Région de Tillabéry

La région de Tillabéry est une région agro-sylvo-pastorale par Excellence.


L’agriculture, l’élevage, le maraîchage et la pisciculture sont les principales
filières de la région. Ces filières, elles-mêmes, se déclinent en sous-filière
dans les différents départements de la région et cela, selon les pratiques lo-
cales et l’organisation des marchés locaux qui sont souvent hebdomadaires.
La riziculture est l’une des principales cultures de la région du fleuve. Elle
se pratique sur plus de 500 km le long du fleuve, sur 32 périmètres rizi-
coles avec une superficie totale de 9544, 56 ha et occupent plus de 27 000
exploitants. Les rendements sont en moyenne assez faibles (1,5 tonne/ha)
mais restent comparables aux moyennes de la région Ouest-Africaine en
riziculture fluvial sans maîtrise de l’eau (CRA Tillabéry, 2018). La culture du
riz dans la région est essentiellement vivrière et constitue la culture pivot.
Les autres cultures commerciales deviennent possibles grâce au tapis de
sécurité que constitue le riz pour la famille.

Ainsi, toute politique de développement de culture commerciale dans cette région


doit prendre en compte le riz. En effet, sans développement de la filière riz destinée
essentiellement à l’autoconsommation, les cultures commerciales à elles seules ne
suffiront pas pour nourrir les populations du bord du fleuve.

A cette culture vivrière de base, s’ajoutent plusieurs cultures commerciales


qui se font essentiellement en maraîchage. Parmi ces cultures de maraî-
chage, l’oignon (dans le département de Ayorou surtout) présente des po-
tentialités très intéressantes que les producteurs ont du mal à exploiter à
cause de certains problèmes structurels.
Une filière qui promet des lendemains meilleurs, si la dynamique actuelle
est soutenue, est la pisciculture. Grâce à la mise en place de la plateforme
innovation pisciculture dans la région de Tillabéry en 2017 avec le soutien
financier du PPAAO, cette chaîne de valeur bénéficie d’un début de struc-
turation et d’un encadrement technique de la CRA en concertation avec les
autorités administratives et les services techniques de la région. La plate-
forme appuie et accompagne près de 600 acteurs à travers 5 organisations
de pisciculture et des mareyeuses dans la région qui sont:1

1. http://ppaao-niger.org/index.php?option=com_content&view=article&id=212:journee-portes-ouvertes-
sur-les-etangs-piscicoles-de-galla-kaina&catid=91&Itemid=483, visité le 06/12/2018

9
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

nnLa Fédération Nationale des Groupements des Pécheurs du Niger (FNGN)


de Kollo
nnL’Union Dabari de Kokomani
nnL’Union Faranmaka de Tillabéri
nnL’Union Margou de Boubon
nnL’Union Gagassiney
nnl’ONG ADA (Association Des Aquaculteurs)
nnLa ferme « ma terre ma richesse » de Niamey.
La partie Nord de la région de Tillabéry allant de Inatès jusqu’à Abala est
une zone d’élevage par excellence. L’élevage peut être extensif (transhu-
mance) ou semi-extensif (pâturage le jour et retour à l’enclos le soir avec
complémentation) et constitue l’un des principaux poumons de l’écono-
mie de la région. Cependant la filière élevage est celle qui souffre le plus
du contexte sécuritaire actuel qui rend la transhumance pratiquement
impossible. Si la filière Elevage souffre de l’insécurité et d’autres pro-
blèmes plus structurels (pénurie aliment bétail, conflits avec les agricul-
teurs, respect des dates d’ouverture et de fermeture de la transhumance,
balisage des couloirs de passage, etc), elle est aussi l’une des filières les
plus organisées avec des associations comme l’AREN (Association pour
la Redynamisation de l’Elevage au Niger) qui compte plus de 3000 grou-
pement d’éleveurs au Niger. Cette association arrive à faire un travail de
plaidoyer (droit à la mobilité, concertation pour la promotion de l’élevage
transfrontalier), d’organisation (système d’information sur les points d’eau
et le fourrage, scolarisation en milieu nomade, prévention des conflits…)
et de développement de la filière (banque aliment bétail, couverture vété-
rinaire, gestion des marchés…).
Trois départements de la région de Tillabéry sont inclus dans le périmètre
de l’étude: Il s’agit de Ayorou abritant le camp de réfugiés de Tabarey-barey,
le département de Ouallam abritant le camp de réfugiés de Mangaïzé, et le
département d’Abala abritant le camp de réfugiés d’Abala.

3.2 Région de Tahoua


Tahoua est une grande zone pastorale qui approvisionne en bétail des
grands marchés comme le Nigéria et la ville de Niamey surtout en périodes
des fêtes. Les projections 2018 de la Direction Régionale de l’Agriculture
font état de presque une dizaine de million de gros et petits ruminants dans
la région.
Les sous-produits de l’élevage, le lait de chamelle et le fromage sec, jouent
aussi un grand rôle dans l’économie de la région. La création des mini-laite-
ries fait partie actuellement des activités porteuses de la région.
L’aliment bétail, le transport et la chaîne du froid sont les principales
contraintes auxquelles font face la filière élevage et la valorisation de ses
sous-produits.
L’agriculture pluviale et le maraîchage sont bien développés dans la région
aussi. Les principales spéculations sont l’oignon, la tomate et la pomme de
terre. Mais la loi N°61-05 du 26 mai 1961 limite la zone agricole dans la
région de Tahoua à Tabalak. Toutes les zones situées au Nord de Tabalak
sont considérées par cette loi comme des zones pastorales par excellence.
Le département de Tilia dont fait partie la ZAR d’Intikane est donc légale-
ment une zone pastorale. Cette contrainte légale limite le développement de
l’agriculture à Intikane.

10
L’artisanat (maroquinerie, vannerie, bijouterie, habillement) est aussi un de
secteurs porteurs de la région. Il représente 21% du PIB de la région selon
la Direction Régionale de l’artisanat.
La loi N°2012-33 du 05 juin 2012 portant création de l’institution attribue
à la CMANI la mission suivante: « contribuer à une meilleure organisation,
à la modernisation, à la compétitivité du secteur de l’artisanat en jouant
le rôle d’Interface entre les pouvoirs publics, les partenaires techniques et
financiers et les organisations professionnelles d’artisans ».
Cette filière bénéficie d’une bonne structuration grâce au travail de la
chambre régionale de l’artisanat et de la fédération régionale de l’artisanat
avec l’appui de la Chambre Nationale des Métiers de l’Artisanat du Niger
(CMANI). Les réfugiés artisans desrégions (Tillabéry et Tahoua) arrivent
à participer à des foires régionales, nationales et internationales avec un
grand réseau Ouest-africain au même titre que les artisans Nigériens. Cela
leur permet aussi de créer un grand réseau de distribution de leurs pro-
duits. A titre illustratif, un client Allemand avait commandé auprès des arti-
sans de Tahoua un lot de 6000 pièces de porte-clés et porte-tabac pendant
la réalisation de cette étude. À cela s’ajoute la coopération décentralisée
entre Tahoua et certaines villes maghrébines. L’un des défis de cette filière
est l’accès à des financements conséquents permettant d’acheter des équi-
pements et de la matière première. La CMANI travaille actuellement avec la
BOA (Bank Of Africa) pour faciliter l’accès des artisans à des financements
plus conséquents.

11
ANALYSE
PAR DÉPARTEMENT
D’ACCUEIL
DES REFUGIÉS

13
SECTION 4
DÉPARTEMENT
D’AYOROU

Le processus d’autonomisation des refugiés maliens est actuellement en-


clenché dans le département d’Ayorou à travers l’ancien projet d’autonomi-
sation et la coexistence pacifique des refugies maliens du camp de Tabarey-
barey Ayorou. Le HCR et la Mairie de Ayorou travaillent actuellement sur un
projet de lotissement en faveur des réfugiés et des populations locales. Un
lotissement de terrain (habitat/Equipements/voirie et espace vert), avec une
superficie de 82ha10a74ca a permis d’attribuer 450 parcelles de 200 m2 à
450 familles (400 ménages Refugiés et 50 ménages vulnérables de la com-
munauté d’accueil y compris la construction de 450 habitations (Figure 5)
avec des actes de cession), a été mis à la disposition de la Mairie Ayorou sur
initiative de l’UN HCR et son partenaire Plan International.

Figure 5: Site urbanisé pour refugiés maliens et autochtones e de Ayorou

Le site urbanisé bénéfice aussi d’un bloc administratif constitué d’une mai-
son d’arrêt et un tribunal (déjà construits) qui serviront aussi pour le dépar-
tement d Ayorou.

15
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Figure 6: Bloc administratif du site urbanisé pour les refugiées maliens et les
autochtones de Ayorou

Des infrastructures de développement comme un château d’eau (Figure 7,


déjà construit) connecté à la station de pompage d’Ayorou, un centre de
santé intégré et une école ont aussi été prévues pour le site.

Figure 7: Château d’eau en INOX de 50m3 sur le site urbanisé pour les bénéficiaires
(refugiés maliens /autochtones) du site urbanisé d’Ayorou afin de faciliter l’occupation
des abris construits sur les parcelles sociales.

Pour être effectif, ce projet d’autonomisation doit aller au-delà de la dimen-


sion urbanistique (qui est nécessaire mais pas suffisante) pour s’inscrire
dans une logique de promotion de moyens de subsistances durables en
intégrant les réfugiés et les autochtones dans les chaînes de valeur les plus
porteuses et les mieux connectées au Marché.

4.1 Analyse du groupe cible

Les réfugiés maliens de camp deTabarey-barey se disent en majorité éle-


veur. Mais en réalité, la plupart d’entre eux ont été à la fois éleveurs, culti-
vateurs et commerçants selon les saisons de l’année et selon la stratégie de
subsistance de l’intéressé quand ils étaient au Mali. Ils étaient en général
agriculteurs de Juin à Octobre, éleveur et commerçants (de bétail surtout)
le reste de l’année. Certains d’entre eux arrivaient à combiner agriculture
pluviale et maraîchage. Et certains de ceux qui vivaient dans la région du
fleuve pratiquaient aussi la pêche en parallèle.

16
Beaucoup d’entre eux ont du se reconvertir dans leur vie actuelle en ven-
deur de bois et/ou de pailles, en travailleurs journaliers ou en vendeurs
détaillants.
Certains ont pu conserver une partie de leurs animaux qu’ils élèvent sur le
site urbanisé ou dans le camp et les villages environnants auprès de per-
sonnes avec qui ils ont des liens d’amitié ou de mariage.
Dans des rares cas, certains arrivent à pratiquer l’agriculture sur des terres
prêtées par les populations hôtes.
La grande majorité des refugiés Maliens à Ayorou parlent la langue locale ou
appartiennent à un groupe/réseau avec les compétences linguistiques qui
leur permettent d’exercer une activité dans la langue locale.
Les principales barrières à l’entrepreneuriat qu’ils ont évoquées lors des
entretiens sont:
nnLe manque d’information sur les services d’accompagnement à l’entre-
prenariat et l’éloignement de ses services qui sont souvent concentrés à
Niamey
nnL’idée (fausse) selon laquelle ils n’auront pas accès aux services de sou-
tien et d’accompagnement à cause de leur statut de réfugiés et d’étranger
nnLe manque de relation avec les institutions de microfinance par manque
d’information et par manque de contrepartie à offrir en guise de garantie
nnLe non-intérêt des refugiés pour les crédits par groupe (groupement)
qu’ils trouvent comme source de conflits potentiels entre les membres
du groupe
nnLes difficultés pour les artisans à se procurer la matière première (chère et
souvent pas disponible dans la région) qu’il faut pour leur activité
nnLa difficulté à trouver une place de vente sur le marché
nnLa très faible demande de produits artisanaux à Ayorou à cause de l’effon-
drement du marché du tourisme comme une conséquence de l’insécurité
nnL’isolement du camp des réfugiés qui est situé à 6-7 km de la ville et
coût/disponibilité du transport (300 FCFA la course vers la ville les jours
de Marché, 500 à 100 FCFA les autres jours) qui constitue une vraie
contrainte
nnLe problème d’âge (50 à 60 ans voire plus) accompagné de certaines
maladies (hypertension artérielle, surdité, diabète, handicap mental) dans
quelques rares familles.
Ces réfugiés ont bénéficié de plusieurs formations de courte durée sur les
AGRs et les techniques d’embouche. Cependant, ces formations n’ont
pas fait l’objet d’une évaluation des besoins en compétence pour mieux
répondre aux attentes du marché et de suivi/accompagnement post-for-
mation. En plus, les intervenants ont tendance à répéter des formations
déjà faites par d’autres institutions et qui n’ont pas forcement produit les
résultats escomptés. Certaines formations ont été accompagnées de dis-
tribution de kits (souvent 1 à 3 petits ruminants, selon les intervenants,
pour l’embouche bovine..) ou de fond qui n’ont pas forcement produit l’effet
escompté.
Les intervenants ont aussi parfois tendance à se substituer aux acteurs di-
rects de la filière en distribuant par exemple des intrants agricoles aux béné-
ficiaires sans leur apprendre à intégrer la valeur de ces dons dans la tenue
d’un compte d’exploitation de manière à pratiquer des vrais prix de vente ré-
munérateurs. La vente au rabais de la production subventionnée peut tirer le
marché vers le bas et rendre non-viable les activités de ceux qui produisent
à prix réel et peut même provoquer l’effondrement de tout un marché.

17
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Les réfugiés évoquent souvent l’insuffisance des montants donnés, la dis-


tribution d’animaux provenant d’autres régions et pas forcément adaptés
au contexte d’Ayorou, leur non-association dans l’identification et le choix
de la nature des interventions, la non prise en compte de leurs expériences
passées et de ce qu’ils ont réellement envie de faire.
Au niveau des populations hôtes, on évoque surtout la question des se-
mences fournies par les institutions de l’Etat qui permettent souvent d’avoir
des hauts rendements lorsqu’elles sont combinées avec des intrants
chimiques. Cependant les produits issus de l’utilisation de ces semences
sont difficiles à stocker (pourrissement rapide). Un autre défi lié à la ques-
tion de ces semences, est leur mise à disposition tardive. Il n’est pas rare
que des semences qui doivent être utilisées en Septembre soient distri-
buées en Janvier de l’année suivante.
Il est important de noter que certains réfugiés continuent à bénéficier des
distributions de vivre et de cash dans une certaine mesure et selon des
critères définis sur la base d’une opération de ciblage.
La majorité des refugiés maliens d’Ayorou sont connectés à des réseaux
sociaux et de solidarité, aussi bien dans la région qu’au Mali, qui leurs per-
mettront de se projeter dans une activité économique durable s’ils arrivent
à bénéficier de type de soutien adapté à leurs situations.
Parmi les besoins de soutien exprimé par les réfugiés du camp de Taba-
rey-barey, on peut citer:
nnDes formations en gestion d’AGR (tenue de compte d’exploitation, accès
aux services de microfinances, ouverture et gestion compte, etc) et un
coaching par des personnes expérimentés qui les accompagneront au
jour le jour dans leurs activités
nnUn financement conséquent (y compris prêt remboursable) pour le com-
merce de bétail (qui est la préférence de la grande majorité d’entre eux)
et l’embouche bovine qui permet de démarrer avec un seuil minimum de
rentabilité
nnLe grand intérêt de certaines dames (surtout) pour la transformation et la
vente du poisson.

4.2 Analyse des principales filières du département


(contraintes et opportunités) et identification des
filières porteuses
Des discussions avec les autorités techniques et administratives (Préfec-
ture, Direction Technique de l’Elevage, Direction Technique de l’Agriculture,
Direction Technique de l’Environnement, Chambre d’Agriculture, Mairie,
Garde forestière), les associations de producteurs (Groupement « Hon-Gom-
no », Groupement « Anniya »), les commerçants, les associations et ONGs
intervenant sur le camp des réfugiés, une structure de microfinance (Gomni
Ka) et les réfugiés eux même ont permis d’identifier les principales filières
et sous-filières du département d’une part, et les contraintes et opportunités
que présentent ces filières d’autre part (Table 1).
Le département fait face à trois grandes contraintes structurelles qui sont:
nnLa surpopulation d’hippopotames qui détruisent les rizières et les sites
maraîchers sur les rives et les iles du fleuve. Ils s’en prennent aussi aux
bovins qui viennent paitre au bord du fleuve à cause de leur concurrence
sur la bourgoutière. Il y’a aussi la concurrence entre l’homme et les hip-
popotames en termes de prélèvement sur la bourgoutière car certaines

18
personnes sont spécialisées dans l’exploitation et le commerce de ce
fourrage. On assiste d’ailleurs à une mutation du régime alimentaire des
hippopotames qui ont tendance à préférer les produits du maraîchage et
le riz au fourrage
nnLe manque de terre qui est un problème majeur car la ville d’Ayorou et ses
environs doivent accueillir tous les déguerpis du barrage de Kandadji. Ces
populations auront besoin non seulement de terre habitable mais aussi de
terres cultivables et même de pâturage. A cela, s’ajoute les populations
d’Ayorou du bord fleuve qui sont situés dans la zone inondable après la
construction du barrage et qui doivent être recasés dans la partie Nord
de la ville
nnEt enfin l’insécurité qui limite le mouvement des personnes et des ani-
maux au Nord de la ville et rend tout déplacement au-delà de quelques
kilomètres au Nord de la ville dangereux. Cette situation devient une
contrainte majeure pour l’élevage des bovins qui coutent excessivement
chers à entretenir en stabulation.
Ces trois principales contraintes rendent difficiles toute intervention qui
nécessitent des grandes étendues de terre, des activités dans la zone de
concurrence avec les hippopotames et l’élevage par divagation au-delà d’un
certain périmètre sécurisé.
A ces principales contraintes, s’ajoutent dans une certaine mesure le
manque de moyens techniques et logistiques des services techniques dé-
concentrés de l’Etat ainsi que la faible interaction entre ces services et les
intervenants sur les camps des refugiés.

4.2.1 La filière riz


En termes de volume de production et taux d’occupation des populations,
le riz est la principale culture sur les abords et les iles du fleuve Niger dans
le département d’Ayorou. Elle est destinée essentiellement à l’autoconsom-
mation. Le rendement y sont faibles mais peuvent être facilement multi-
pliées par plus de 2 avec des variétés améliorées et une maitrise totale
de l’eau. Cette filière souffre des deux principales contraintes qui sont la
surpopulation d’hippopotames et le manque de terre qui rendent difficile
toute initiative d’extension des périmètres agricoles. Cependant, le riz est
le principal tapis de sécurité de la zone du fleuve et le développement des
filières commerciales doivent prendre en compte en cela. Les interventions
doivent être formulées de manière à impacter indirectement et positivement
la productivité et la résilience de cette filière.

4.2.2 L’élevage semi-intensif/embouche bovine et le commerce


de bétail
L’élevage semi-intensif/embouche et les commerce des bétails sont deux
filières extrêmement intéressantes dans le contexte de ce département. Les
marges y sont élevées (plus de 100% en embouche en moins d’un an) et
le calendrier de la demande est maitrisée (octobre à Mars avec des pics à
l’approche de la fête de Tabaski et de Noel). Ces deux sous-filières ne sont
pas directement impactées par les trois principales contraintes du départe-
ment. En plus, les deux se complètent car toute amélioration de la sous-fi-
lière embouche améliorera la satisfaction de la demande sur le marché du
bétail. Mieux, la sous-filière embouche profite de la disponibilité des soins
vétérinaires à des prix accessibles et des aliments bétail subventionnés
(pour au moins 6 mois sur 12 des besoins). Un autre avantage comparatif
de ces deux sous-filières résident dans la parfaite maîtrise et l’implication
des refugiés maliens dans ces dernières.

19
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Pour avoir été éleveurs et commerçants de bétail, les réfugiés savent identi-
fier les animaux non malades et les variétés les plus fertiles. La disponibilité
de la chèvre du sahel qui peut mettre bas jusqu’à deux fois par an quand
elle est bien nourrie est d’ailleurs un atout à ne pas négliger.
Aussi, les réfugiés maliens disposent d’un réseau d’information qui leur per-
met de connaître les prix à temps réel ainsi que leur évolution sur différents
marchés aussi bien au Mali que dans différentes localités du Niger. Cela leur
permet de ne pas dépendre que du marché d’Ayorou qui est déjà florissant
mais de se connecter à d’autres marchés de la région (et même au-delà)
de manière à diversifier les sources d’approvisionnement et les débouchés.
Cependant le développement de ces deux sous-filières nécessite un certain
nombre de mesures sur la base de leçons apprises. En effet, la plupart des
programmes d’embouche en faveur des réfugiés qui n’ont pas été faits en
collaboration avec les services techniques de l’élevage et qui se limitent à
un seul petit ruminant n’ont pas été couronnés de succès.
Aussi des pertes, tout à fait évitables, ont été parfois enregistrés en phase
d’acclimatation (mise quarantaine des animaux) des animaux d’embouche
qui sont souvent achetés par les intervenants en dehors de la région. La
justification de choix d’approvisionnement est, selon les intervenants, le
manque de capacité administrative et financière des commerçants locaux
pour répondre aux appels d’offre d’où le nécessité d’organiser les acteurs
en coopérative capable de mobiliser les nombres d’animaux qu’il faut au-
près des adhérents, et aussi et surtout disposant de la capacité administra-
tive et commerciale permettant de répondre aux appels.
Enfin, un des facteurs qui faciliterait une meilleure intégration des réfugiés
et des locaux dans ces deux sous-filières est l’accès à des mécanismes de
trésorerie qui leur permettront d’atteindre un seuil minimum de rentabilité:
le chiffre d’un minimum de 10 petits ruminants revient souvent dans les
échanges.

4.2.3 La pisciculture
La pisciculture est actuellement l’une des filières les plus porteuses non pas
à cause du volume de production (qui reste très bas) ou des valeurs moné-
taires générées mais à cause de son très grand potentiel, d’une demande
régionale et nationale croissante mais insatisfaite, de l’existence des ser-
vices de soutien et des infrastructures et de son potentiel élevé d’intégration
des refugiés.
Le Niger en général et la région de Niamey en particulier font face à des
grosses pénuries de poisson (Table 1) liées à l’ensablement et à l’eutrophi-
sation (prolifération de jacinthes d’eau) du fleuve Niger.
Avec La création de la plateforme innovation poisson dans la région de Til-
labéry avec le soutien financier de la PPAAO et l’encadrement technique de
la CRA Tillabéry, une intervention dans cette filière devient aisée. L’existence
d’une unité d’alevinage à Sona (pas loin de Tillabéry) et d’étangs non utilisés
à Firgoun (8 km d’Ayorou) peuvent aussi aider pour le volet infrastructures.
Aussi, l’expérience dans la pêche de certains réfugiés depuis le Mali peut fa-
ciliter leur reconversion en pisciculture. Certaines dames refugiées maliennes
sont déjà actives dans la filière poisson à Ayorou. Elles prennent du poisson
à crédit, auprès des pécheurs maliens installés dans les campements de
pêche des alentours, pour les frire et les vendre avant de rembourser leur
prêt. Elles trouvent cette activité très rentable mais font face à des grosses
contraintes de trésorerie qui limitent le développement de leur activité.

20
Un autre atout de la pisciculture est qu’elle permet de satisfaire une partie
de la demande pendant les périodes de très faible prise de la pêche (chute
des prises de Mai jusqu’à février) qui n’est très productive que dans les
mois de Mars et Avril.
Un autre avantage, et pas des moindres, est la possibilité de développer
dans le cadre d’une même intervention la pisciculture et la pisciriziculture
(en faveur des populations hôtes disposant déjà de rizière). La piscirizicul-
ture peut être d’ailleurs une manière de réduire la vulnérabilité des rizicul-
teurs vis-à-vis des hippopotames et de leur offrir une source alternative de
revenus en cas de destruction des récoltes.
Les rares difficultés évoquées par les techniciens de la CRA pour le dévelop-
pement de la pisciculture est le manque d’unité d’aliment-poisson flottant
au Niger (préféré par certains poissons) et la difficulté à accéder à certaines
substance (comme les phéromones) pour la promotion d’un élevage plus
intensif. Cependant la pisciculture semi-intensive reste très intéressante car
elle est respectueuse de l’environnement (valorisation de fientes de volaille
ou de fumier de vache pour fertiliser les étangs) et permet de diminuer de
manière significative les coûts liés à l’alimentation.

4.2.4 La filière Oignon


Bien que Ayorou soit un département de maraîchage avec différentes spé-
culations (oignons, courges, patates douces…), la filière oignon est celle qui
rapporte le plus au département d’un point de vue monétaire. Contrairement
aux courges et aux patates douces qui ne peuvent pas être conservées pen-
dant longtemps, l’oignon peut se conserver pendant 6 à 7 mois dans des
greniers traditionnels selon des techniques basées sur un savoir-faire endo-
gène et qui donnent des résultats meilleurs que ceux du stockage moderne
en magasin. La conservation est encore meilleure lorsque c’est la variété lo-
cale (Blanc de Gotheye) qui est utilisée avec moins d’intrants chimiques. En
plus, les producteurs ont une maitrise complète du cycle de production de
l’oignon, de la production des semences jusqu’à la phase de conservation.
Une conservation sur 6 mois permet de multiplier le prix du sac d’oignon
par 10 (Table 1) mais les producteurs sont souvent obligés de brader leur
production en période de récolte pour satisfaire les besoins incompressibles
de leur famille.
Avec la forte demande de l’oignon aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de
la région et même du pays, le blanc de Gotheye peut permettre l’augmenta-
tion des revenus des populations hôtes et sa commercialisation (et surtout
son export vers le Mali) peut être une bonne porte d’entrée pour les réfugiés
maliens qui sont d’ailleurs reconnus dans le département de Ayorou pour
leur sens du business.
Tout comme les autres filières de maraîchage, la filière souffre de la surpo-
pulation des hippopotames. Si l’extension de la filière à d’autres périmètres
est pratiquement impossible, sa performance peut s’améliorer avec une
amélioration de la productivité et une meilleure structuration de la filière
(accès au cash pour ne pas brader les récoltes, gestion des flux et profes-
sionnalisation des ventes).

21
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Table 1: Principales filières et sous-filières du département d’Ayorou

Poids de la filière dans Évolution de la de- Performance de la


Opportunités Contraintes
l’économie locale mande et tendances filière
Riziculture • Première filière agricole • Destinée à • 1,5 tonne/hectare, • Potentiel de croissance • Destruction des
du département en l’autoconsommation faible rendement élevée avec si bonnes cultures par les
termes de volume variétés et maitrise hippopotames
de production et totale de l’eau • Manque de terre
d’occupation des • Pisciriziculture
populations
Elevage • 32160 petits ruminants • Demande croissante • Achat de petit • Vente à prix modéré • Manque de
semi-intensif/embouche dans la commune et forte entre ruminant à 20000 FCFA d’intrants (Sac de son structuration, pas de
de petits ruminants d’Ayorou Octobre et Mars et et revente à plus de 4 de 25 kg à 2000FCFA, coopérative, faiblesse
décroissante d’Avril à 0000F CFA (voir 60 000 Sac de tourteau à 5500 des groupements
Juillet (sauf période FCFA) en moins d’un an FCFA • Intervenants en
de fête de Tabaski) • Taux de réussite de • Soins vétérinaires embouche n’achètent
• Marché florissant 70% des opérations à 250 FCFA/petit pas auprès des
• Forte demande du d’embouche faites en ruminants, dose fournisseurs locaux
Nigéria collaboration avec la d’injection à 100 FCF • Insécurité limite les
direction de l’élevage • Début de collaboration parcours de pâturage
entre intervenants et et conflits avec les
service technique agriculteurs
• Chèvre de sahel très
fertile avec 2 mises en
bas/an
Pisciculture • 40000 à 50 000 • Production dans le • Alevin de 3g entre 75 et • Etangs disponibles à • Besoin en nourriture
tonnes de production reste du pays (dont 100 FCFA à Sona Firgoun pour poisson flottante
essentiellement dans Tillabéry) de moins de • Alevin de 1g à 25FCFA • Encadrement technique • Besoins de
le bassin du lac 9000 tonnes pour une à Sona par la CRA et soutien substances comme
Tchad exporté vers demande interne de financier du PPAA0 les phéromones pour
• Croissance des
principalement vers le 23000 tonnes la reproduction
poissons de 25 à 400- • Existence d’unité
Nigeria • Production d’à peine 450g en 6 mois d’alevinage et • Besoin d’espèces
1 à 2 tonnes dans les de production de géniteurs de poissons
• Kilo de poisson à 2000
étangs d’Ayorou nourriture de poisson mâles
FCFA
• 1200 poissons par • Très forte demande
étant de 400 m2 soit insatisfaite
1 million de chiffre • Pisciriziculture
d’affaire sur 6 mois
Commerce de bétail • 1000 à 1500 petits • 5 à 7 camions en • 500 FCFA de taxe par • Forte implication des • Insécurité
ruminants et environ moyenne vers le Niger petit ruminant vendus refugiés • Intervenants en
600 gros ruminants en par jour de marché et 5000 FCFA par gros • Forte expérience des embouche n’achètent
moyenne par jour de avec des pics en ruminant à la mairie réfugiés dans la vente pas sur le marché de
Marché Décembre • Patente annuelle de bétail Ayorou
• Deuxième filière de 30 000FCFA par • Grand réseau • Manque de capacité
importante après intermédiaire d’information sur les des fournisseurs
l’agriculture • 500 F par camion prix sur différents locaux pour répondre
• Recettes de la national et 2000 F par marchés à des appels d’offre
préfecture et de la camions étrangers pour • Forte connexion des • Manque de capital
commune le certificat sanitaire refugiés maliens au
réseau malien
Oignon • Première culture • Calendrier de la • Sac d’oignon à 3500- • Augmentation des • Filière non structurée
commerciale du demande maîtrisée. 4000 FCFA après les revenus agricoles des et faible capacité en
département en termes Surabondance en récoltes, 35000 à populations en gestion des flux et
monétaire période des récoltes et 40000 FCFA 6 mois • Développement et des ventes
pénurie 6 mois après après structuration de la • Problème de cash et
• Forte demande aussi • Technique de stockage filière « blanc de d’échelonnement des
bien à l’intérieur qu’à traditionnelle très Gotheye » qui se volumes de ventes
l’extérieur de la région performante conserve mieux que • Manque de terre
et même du pays d • Maîtrise de la les autres oignons du
• Destruction des
production semencière Niger
cultures par les
hippopotames

22
De l’analyse des principales filières du département d’Ayorou, sortent trois
filières porteuses:
nnLa pisciculture
nnL’embouche et le commerce des petits ruminants
nnLa commercialisation de l’oignon.

4.3 Analyse du Marché

Le marché hebdomadaire d’Ayorou est constitué de deux composantes


principales:
nnUn marché de vivre (Figure 8) sur lequel se vendent essentiellement des
produits agricoles (Oignon, manioc, patate, douce, courge…) produits à
Ayorou (ville et îles) et dans ses environs. Ces produits partent essen-
tiellement vers Niamey et Tillabéry ainsi que le Mali voisin. L’export de
l’oignon vers le marché malien peut être une bonne opportunité pour les
réfugiés maliens d’Ayorou qui sont connectés à un réseau social malien
constitué de commerçants qui fréquentent le marché d’Ayorou et ceux
qui sont actifs au pays. Le deuxième produit principal de ce marché est
le poisson sous toutes ses formes (frais, fumé, séché, frit) qui vient du
Mali voisin et des campements autour d’Ayorou (Garidjo, Fouroundoum,
Baramé…). Une partie de ce poisson est achetée par des commerçants
venus de Niamey essentiellement et l’autre partie est exportée en gros
vers le Nigéria.

Figure 8: flux entrants et sortants du marché de vivre d’Ayorou

Poisson frais
fumé, séché Poisson frais, fumé, séché
(Mali, campemen (en gros vers le Nigéria)
pêcheurs Ayorou

Marché
Produits maraichers
hebdomadaire de
vers Le Mali
vivre de Ayorou

Produits Maraîchag
et agriculture Ayoro Produits maraichers
et poisson vers
(Oignon, manioc, patate,
Niamey et Tillabéry
douce, courge, ...)

nnLe marché de bétail (Figure 9) ravitaillé essentiellement avec des petits


et gros (surtout) ruminants provenant du Mali et dans une certaine me-
sure d’Inatès. La ville d’Ayorou et ses environs fournissent surtout des
petits ruminants. L’essentiel du bétail vendu va vers le Nigeria et dans
une moindre mesure vers Niamey et d’autres marchés de la région de
Tillabéry. Beaucoup de réfugiés maliens sont actifs sur le marché de bétail
et sont fortement connectés aux commerçants de bétail qui viennent du
Mali et d’Inatès.

23
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Figure 9: Flux entrants et sortants du marché de bétail d’Ayorou

Petits et gros ruminants Camions de gros et petits


du Mali ruminants vers le Nigéria

Marché Petits et gros ruminants


hebdomadaire vers Niamey et les autres
de bétail de Ayorou marchés de la région

Petits et gros ruminants


de la région D’Inatès

4.4 Opportunités d’interventions

L’analyse croisée du groupe cible, des principales filières du département


ainsi que des flux entrants et sortants du marché d’Ayorou permet d’iden-
tifier trois principales filières (ou sous-filières) dans lesquelles une inter-
vention en faveur des réfugiés et des populations hôtes permettraient de
créer de l’emploi et/ou du business dans la perspective d’une transition de
l’assistanat vers l’autonomie.
Il s’agit:

4.4.1 La pisciculture (y compris la pisciriziculture en faveur des


populations hôtes)
Une opportunité d’intervention dans la pisciculture serait un montage qui
mettrait en relation le HCR ou une institution mandatée par le HCR, une
institution de microfinance, des fournisseurs d’intrants et de services de pis-
cicultures, les services techniques, les candidats pisciculteurs et les trans-
formatrices-vendeuses de poisson (Figure 10).
Le financement de l’intervention et le recouvrement se feront par l’entre-
mise d’une institution de microfinance à travers un contrat de service entre
l’institution de microfinance et l’intervenant en faveur des réfugiés.
Le pisciculteur ne recevra pas du cash, mais l’étang de pisciculture, les in-
trants et l’accompagnement des services techniques via différents contrats
de service entre le gestionnaire de fond et les fournisseurs de services
concernés. Une deuxième condition pour le pisciculteur pour bénéficier de
cette intervention est la vente prioritaire et à prix négocié de sa production
à des femmes refugiées et autochtones déjà actives dans la filière et le rem-
boursement des frais intrants/services reçus au gestionnaire de fond (IMF).
Les services techniques assureront la formation et le suivi post-formation
des pisciculteurs ainsi que leur connexion à la plateforme innovation pisci-
culture.
Des riziculteurs autochtones seront intégrés au programme et bénéficieront
des mêmes services que les pisciculteurs ordinaires. Cependant ils utilise-
ront leurs rizières comme étang de production en utilisant les techniques
de pisciriziculture.

24
Figure 10: Opportunité d’intervention en pisciculture

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Vente prioritaire et à
prix négocié

Réfugié transformatrice
Reporting Contrat Réfugié
et vendeuse de
de service Pisciculteur/autochtone
poisson/autochtone

Remboursement Financement
conditionnel

Fornisseurs
HCR
IMF d’intrants et de
ou autres institutions
services

Contrat Contrat de fournitures


de service aux pisciculteurs

4.4.2 L’élevage semi-intensif/ embouche des petits ruminants


et le commerce de bétail
L’opportunité d’intervention en embouche et le commerce des petits rumi-
nants obéit à la même logique d’intervention que celle de la pisciculture.
Elle met en relation les instituts de microfinance, les fournisseurs d’intrants
et de services, les services techniques de l’Etat et les bénéficiaires.
La double flèche entre les éleveurs/vendeurs et le marché montrent qu’au-
tant les éleveurs vendent au marché, autant ils achètent au marché (surtout
les jours d’absence des acheteurs du Nigéria où les prix sont particulière-
ment bas) pour les revendre quand les prix seront plus intéressants.
Cependant, la plupart des acteurs interviewés pensent qu’une pareille in-
tervention ne sera durable sans un minimum de 10 petits ruminants par
personne bénéficiaire.
Cette intervention a plusieurs atouts à exploiter à savoir:
nnLa grande contribution du commerce de bétail à l’économie locale
nnL’expertise des refugiés maliens en élevage et commerce de bétail ainsi
que leur connexion à un vaste de réseau de fournisseurs de bétail, de
commerçants de bétail et d’information
nnLes très grandes marges de la sous-filière
nnEt l’expérience de la direction départementale de l’élevage qui, malgré le
manque de moyens, a pu conduire différentes opérations d’embouche
bovine en collaboration avec des intervenants et avec un taux moyen de
succès de 70%.

25
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Figure 11: Opportunité d’intervention en embouche et commercialisation des petits


ruminants

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Reporting Contrat Réfugié(e)s


Marché
de service Eleveurs/vendeurs

Remboursement Financement
conditionnel

HCR Fournisseurs
IMF
ou autres institutions d’intrant

Contrat de service Contrat de fournitures

4.4.3 La commercialisation de l’oignon


L’opportunité d’intervention dans la commercialisation de l’oignon permet
d’apporter une solution définitive à l’une des filières les plus prometteuses du
département. En effet, les acteurs de cette filière ont une maitrise parfaite du
cycle de production de l’oignon (de la production des semences à la commer-
cialisation) mais font face à deux défis majeurs qui sont le manque de tréso-
rerie et la gestion des flux de manière à échelonner la vente sur toute l’année.
L’intervention proposée permet de mettre en place une coopérative de
stockage et de vente de l’oignon grâce au soutien financier du HCR et de
l’encadrement des services techniques qui bénéficieront eux-mêmes d’un
renforcement de capacité.
La mise en place d’un fond oignon au niveau de la coopérative et ainsi que
la construction à grande échelle de système de stockage traditionnel en
grenier permettront de réduire voire de stopper le bradage post-récolte de
l’oignon selon le modèle suivant (Figure 12):

NB: Les chiffres proposés sont à titre indicatif. Il revient aux adhérents à la coopéra-
tive et la structure de gestion de la coopérative de négocier les différents montants
évoqués dans ce paragraphe.

nnDépôt et stockage de chaque sac d’oignon auprès de la coopérative par


le producteur qui bénéficie d’une avance sur paiement de 5 000 F CFA.
Cette somme qui est supérieure au prix du sac en période des récoltes
met le producteur à l’abri du bradage
nnLa coopérative encadrée par les services techniques et avec le soutien
financier du HCR, va stocker les oignons et réguler les flux sur le marché
après l’abondance post-récolte de manière à assurer un prix moyen de 35
000F CFA sur le marché sur une bonne période de l’année

26
nnDes refugiés maliens connectés au Marché malien seront accompagnés
pour se spécialiser en export de l’oignon vers le Mali et bénéficieront d’un
prix préférentiel de 30 000F CFA le sac. la coopérative vendra aussi en
parallèle et de manière échelonnée une partie de son stock à 35 000FCFA
le sac sue le marché local et national
nnLa coopérative reversera une deuxième tranche de 20 000 FCFA par
sac vendu au producteur et utilisera la différence de 5000 FCFA à 10
000FCFA pour son fonctionnement.
Ce modèle aura le multiple avantage de:
nnLutter contre le bradage post-récolte et de donner la plus grande partie de
la valeur ajoutée au producteur
nnDe développer et maintenir un marché de l’oignon sur toute l’année
nnDe développer une sous-filière export de l’oignon en faveur des réfugiés
maliens qui sont déjà bien connectés au Marché Malien.

Figure 12: Opportunité d’intervention dans la commercialisation de l’oignon

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation
3. 35 000
FCFA/sac
Réfugié(e)s
Services techniques Mali
exportateur

2. 30 000
FCFA/sac
2. 35 000
FCFA/sac
Contrat
de service et Coopérative Marché local
Reporting
renforcement (Stockage et vente) et national
de capacité

1. 5 000
FCFA/sac

HCR Producteurs
ou autres institutions autochtones
Financement
conditionnel 4. 20 0000
FCFA/sac

27
SECTION 5
DÉPARTEMENT
DE OUALLAM

Même si le processus d’autonomisation des refugiés maliens à Ouallam


n’est pas aussi avancé que celui de Ayorou, l’idée d’une transition de l’as-
sistanat vers l’autonomie suit son cours avec l’identification d’un site de 80
ha à urbaniser en faveur des réfugiés. Le chef coutumier de la commune de
Tondikiwindi, dont Mangaïze fait partie, a manifesté toute sa disponibilité à
accompagner une pareille initiative.
Aussi, il y’a une coexistence pacifique entre refugiés maliens et populations
hôtes de Mangaïze avec même l’existence d’un comité mixte de concerta-
tion et de gestion des possibles incompréhensions qui pourraient advenir.
Le département de Ouallam a été marqué ces 10 dernières années par
un déficit céréalier presque chronique. En effet, le département souffre de
déficit pluviométrique et des saisons de pluie de plus en plus courtes. Par
exemple 50% des villages de la commune de Tondikiwindi ont des déficits
céréaliers de 60%. Ce déficit est de 2179 tonnes de céréales au niveau de
la commune de Ouallam qui avait produit en 2017, 91351 tonnes de cé-
réales pour un besoin de 94070 tonnes (Mairie Ouallam, 2018).
Enfin, il est important aussi de notifier l’apparition d’une déforestation pro-
gressive que les services de l’environnement mettent en lien avec l’activité
de certains réfugiés (Figure 13) qui sont actifs dans la fabrication et la vente
d’équipements en bois (pilon, mortier, piliers de lit, …) et cela, malgré l’ins-
tauration d’une taxe sur le commerce du bois. Cette taxe est 975 FCFA sur
la charrette de bois à traction asine et le double sur la charrette à traction
bovine.

29
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Figure 13: Déforestation autour du camps des réfugiés de Mangaïze

5.1 Analyse du groupe cible

Tout comme les réfugiés d’Ayorou, les réfugiés de Mangaïze se disent en


majorité éleveurs. Cependant, la plupart d’entre eux combinent plusieurs
activités dans le cadre de leur stratégie de subsistance surtout que l’éle-
vage extensif est devenu extrêmement dangereux à cause du contexte sé-
curitaire. La plupart des refugiés interviewés combinent travail journaliers
(bâtiment et agriculture surtout), petites activités artisanales (réparation
de chaussures, fabrication de corde…) et parfois de l’intermédiation sur le
marché de bétail. Les activités de « cash for work », lorsqu’elles sont prati-
quées par certains intervenants, permettaient aussi d’occuper jusqu’à 10%
des refugiés. Cependant, toutes ces activités ne suffisent pas à satisfaire
les besoins des familles. L’assistance alimentaire est, selon eux, le principal
tapis de sécurité qui leur permet de couvrir leurs besoins et de pérenniser
leurs activités accessoires. Il est ressorti des discussions en focus groups,
que seulement 30% des refugiés bénéficieraient de l’assistance alimentaire.
D’autres réfugiés (une infime partie) arrivent à travailler auprès des interve-
nants sur le site comme relais communautaires ou distributeurs de vivre.
Il n’existe pas de barrière linguistique pour les réfugiés qui parlent la langue
locale à plus de de 90%. Aussi, la plupart des autochtones parlent aussi le
tamasheq. Ils ont bénéficié de diverses formations (restauration, embouche
et élevage, transformation de produits laitiers, fabrication d’aliment bétail…)
mais souvent non accompagnées de suivi post-formation. Ils estiment que
des formations en gestion commerciale et un renforcement de capacité en
artisanat leurs seront plus utiles. Ils disent aussi avoir besoin de mentorat
et de coaching pour une reprise de certaines AGR qu’ils ont dû arrêter par
manque d’expérience pratique.
Ils ont une appréciation plutôt nuancée de l’accès au transport et de la
mobilité en général sur leurs stratégies de subsistance. En effet, ils n’ont

30
aucune difficulté logistique pour aller dans la ville de Mangaïze qui n’est pas
éloignée du camp. Cependant, l’obtention des autorisations administratives
de sortie leur semble assez-bureaucratique et décourageraient certains à
sortir. Un autre défi lié à la question des transports est les déplacements sur
Ouallam (qui est le chef-lieu de département). En effet, Ouallam est situé
à 45 km et le transport couterait la somme de 2000 FCFA qu’ils trouvent
extrêmement élevée.
S’ils disent ne pas avoir de réseaux sociaux solides qui les aideraient à avoir
accès à un financement ou à démarrer une activité, ils reconnaissent l’exis-
tence d’une grande solidarité entres refugiés d’une part, et entre les réfugiés
et leurs familles restées au pays d’autre part.
Certains réfugiés (estimés à 30% par les enquêteurs) disent avoir certaines
contraintes physiques et/ou mentales (vieillesse, surdité, cécité, handicap
au niveau des membres, problème mental…) mais s’accommoderaient
d’une activité qu’ils pourront faire à la maison.
Enfin, la majorité des refugiés interviewées semblent préférer un appui
en embouche et le commerce des bétails mais avec une taille d’activité
leur permettant d’atteindre un seuil de rentabilité. Certaines AGRs comme
la restauration (chez les femmes) sont aussi évoquées par les refugiées
comme activité porteuse.

5.2 Analyse des principales filières du département


(contraintes et opportunités)
La même démarche utilisée à Ayorou a été utilisée pour l’identification des prin-
cipales filières du département avec une attention particulière aux contraintes
auxquelles elles font face mais aussi aux opportunités d’intervention dans la
perspective de création d’emplois ou de business durable en faveur de réfu-
giés et des populations hôtes. Tous les chiffres et estimations avancés dans
cette section proviennent des échanges avec les services techniques (Direc-
tion de l’Agriculture, Direction de l’élevage, Direction de l’environnement...),
les mairies, les groupements de producteurs (Infani, Sayé, Douré, etc), les
intervenants sur le camp de réfugiés, les commerçants conventionnés avec le
Programme Alimentaire Mondial (PAM) et les réfugiés eux-mêmes.
Le département de Ouallam fait face à un certain nombre de contraintes qui
rendent difficiles les interventions dans les deux principales filières qui sont
l’agriculture pluviale et l’élevage.
L’insécurité est une des contraintes majeures. Elle limite non seulement
l’élevage extensif qui devient pratiquement impossible, mais aussi impacte
négativement le commerce local et avec le Mali voisin car la frontière est
souvent fermée. A cela s’ajoute la fermeture de certains marchés à cause
de l’insécurité. Ainsi 3 (Tingara, Zaroum daré et bondoro) des 7 marchés
du département ont été fermés, conduisant ainsi à une baisse générale des
prix de produits de la région (bétail, production du maraichage…) et une
hausse des prix des produits importés.
Une autre conséquence de l’insécurité, est la réduction de la mobilité des
services techniques qui ont du mal à faire leur travail d’encadrement des
producteurs. Avant la crise sécuritaire que vit le département, la Direction
Départementale de l’Agriculture (DDA) arrivaient à encadrer 50% des ma-
raichers grâce à des déplacements à moto. Ce mode de déplacement est
actuellement interdit dans certaines localités du département et rend diffi-
cile le travail de la DDA qui ne dispose pas de voiture.

31
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

A cela s’ajoute le déficit pluviométrique, presque chronique, auquel le


département fait face. Les saisons sont des plus en plus courtes. Les se-
mences, qui ont été développées à la base pour des cycles de production
plus longues, ne sont plus adaptées à la réalité pluviométrique du départe-
ment. Et même lorsqu’elles existent, elles sont souvent fournies en dehors
de la période d’installation de la saison des cultures. Un projet du Pro-
gramme d’Action National d’Adaptation (PANA) a permis de faire des avan-
cées significatives sur la question des semences à travers la formation des
semenciers, la fourniture des intrants pour la multiplication des semences
et même l’achat de la production des semenciers pour les mettre à la dispo-
sition des populations. Mais comme la plupart des projets des intervenants,
la filière semencière s’est presque effondrée dans le département après
l’arrêt du projet du PANA, rappelant ainsi la non durabilité des interventions
de beaucoup de projets de développement car non basées sur une logique
de rentabilité commerciale.
Enfin, un autre défi majeur est le difficile accès à la terre aussi bien pour
les réfugiés que pour les locaux non-propriétaires. La rareté de terre fertile
dans le département rend les prêts de terre de plus en plus difficile. Il n’est
d’ailleurs pas rare de voir un donateur réclamer sa terre en pleine saison de
production et avant même la récolte.

5.2.1 La filière lait


Avec un cheptel bovin constitué de plus 51% de femelles et de 15% de
vache laitière, la filière lait offre des belles perspectives dans le département
avec une production journalière moyenne de plus de 97 000 litres (Table 2).
Même si les races locales restent en générale peu productives (4l/vache/
jour en moyenne avec des pics de 12l/vache/jour pour les meilleures races),
il existe une vraie opportunité d’amélioration des performances de la filière
en croisant les races locales les plus productrices (Goudalie et Azawak)
avec des races exotiques qui peuvent donner jusqu’à 50 l/jour. La demande
de lait est très forte aussi bien dans le département que dans les grands
centres urbains et même dans les pays voisin. Aussi, la filière bénéficie aus-
si du soutien de beaucoup d’intervenants sur le camp et d’autres institutions
de développement actives dans la région. La vente à prix modéré des ali-
ments bétail et la couverture du département en soins vétérinaires sont une
réalité. Cependant, la filière souffre d’un manque crucial d’équipements et
d’infrastructures de collecte et de transformation du lait. La chaîne du froid
est quasi inexistante dans le département. Ces contraintes structurelles de
taille (infrastructure et équipement) rendent les interventions dans cette fi-
lière difficiles. Le lait étant un aliment sensible et facilement périssable, une
intervention dans cette filière nécessiterait d’abord la résolution préalable
d’un certain nombre de problèmes majeurs dont les routes, le transport
frigorifique, l’énergie. Cependant la transformation en produit conservable
comme le fromage sec doit être encouragée.

5.2.2 L’embouche et le commerce des petits ruminants


L’élevage est la deuxième filière du département après l’agriculture.
L’embouche des petits ruminants est pratiquée aussi bien par les popu-
lations hôtes que par les réfugiés. Cette sous-filière bénéficie de l’appui
de la plupart des intervenants sur le camp des refugiés, des institutions
de développements actives dans le département et de l’Etat. Les ap-
puis, aussi bien de l’Etat que des institutions non gouvernementales,
sont orientés vers la vente à prix modéré des aliments bétail (Table 2),
les soins vétérinaires et les campagnes de vaccination. Certains réfugiés

32
ont bénéficié de kits de 1 à 3 petits ruminants après des formations en
embouche/élevage. Cependant, la réussite de ces opérations reste miti-
gée à cause du nombre relativement bas d’animaux distribués par béné-
ficiaire (souvent inférieur au seuil de rentabilité) et du manque de suivi/
accompagnement post-formation. D’ailleurs la dimension « marché » et
la maitrise des calendriers de la demande sont souvent les points faibles
des opérations d’embouche dans le département. En effet, il est préfé-
rable d’acheter les animaux dans la période de soudure où les prix sont
bas pour bénéficier de l’abondance en herbe et des produits agro-fores-
tiers (ex: gousse d’acacia albida), et de les revendre après les récoltes
quand les animaux seront suffisamment engraissés. Un autre challenge,
non moins important, auquel l’embouche et surtout le commerce des
bétails font face est la baisse des prix consécutive à la fermeture de 3
des 7 marchés départementaux. Malgré ces contraintes, l’embouche et
le commerce de bétail restent les sous-filières qui intéressent le plus
les réfugiés. Cela est lié surtout à leur maitrise de la filière élevage en
général et de l’importance du marché de bétail de Mangaïze qui est l’un
des plus importants de la sous-région. Une amélioration du contexte sé-
curitaire permettra sans doute une reprise du Marché, l’ouverture de la
frontière malienne et des marchés hebdomadaires fermés, et l’augmen-
tation de l’export vers certains pays de la sous-région.

5.2.3 Le maraîchage
Il existe un grand potentiel en maraîchage dans le département de Ouallam.
Avec plus de 45 sites de cultures irriguées autour de différentes mares du
département, la production maraîchère (salade, tomate, pomme de terre,
piment, moringa…) est aujourd’hui une réalité dans le département. Il y’a
aujourd’hui plus de 300 organisation formelles, composées essentiellement
de jeunes et de femmes, actives dans la filière. Les principaux bassins de
production sont les communes de:
nnOuallam avec 195,5 ha de surface cultivée et une production annuelle de
2679 tonnes
nnSimiri avec 79 ha de surface cultivée et une production annuelle de 1123
tonnes
nnTondikiwindi: avec 49 ha de surface cultivée et une production moyenne
annuelle de 466 tonnes.
La tendance vers des pratiques moins coûteuse et respectueuses de l’en-
vironnement comme l’utilisation du fumier/compost au lieu de l’engrais mi-
néral, et l’utilisation de pesticides bio (jus de tabac, jus de piment, huile de
neem…) est aussi à encourager et même à promouvoir.
Pratiquement toutes les institutions de développement actives dans le dé-
partement et les intervenants sur le camp des refugiés appuient la filière
maraîchage. Il s’agit essentiellement d’appui en intrants, en formation et
petits équipements agricoles. Ces interventions n’ont d’ailleurs pas toujours
été couronnées de succès. On peut évoquer le cas du site maraicher des
femmes refugiées de Mangaïze qui est actuellement à l’abandon à cause
des problèmes d’eau et de sécurité (Figure 14). En effet, les puits tarissent
facilement dans cette zone et il faudrait peut-être des forages profonds pour
assurer un approvisionnement régulier en eau.
La formation de semenciers dans le cadre du PANA est aussi un vrai atout
pour la filière même si le modèle économique de l’activité semencière dans
le département a montré ses limites. En effet, l’activité était essentiellement
subventionnée par le PANA et s’est arrêtée à fin du projet.

33
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Si ces différents appuis ont permis de maîtriser la phase de la production


dans une certaine mesure, la phase de commercialisation, quant à elle, fait
face à plusieurs difficultés. En effet, la plupart des produits du maraîchage
(salade, tomate, poivron…) sont difficilement conservables. Les différents
appuis à la filière ont été axés sur la production et non sur la conserva-
tion et la commercialisation. La filière n’est pas suffisamment structurée
pour convoyer la production vers des grands centres urbains et vers les
pays voisins. La demande locale est très limitée car les populations locales
consomment plus de céréales que des fruits et légumes. Aussi, le départe-
ment souffre de la concurrence de certains départements voisins comme
Balleyara qui sont plus productifs et mieux connectés à des grands centres
urbains comme Niamey. Ces différentes contraintes ont pour conséquence
le bradage de la production et rendent le modèle économique actuel non
viable. Une opportunité d’intervention serait peut-être l’orientation de la fi-
lière maraîchage vers des produits qui peuvent être séchés, stockés et ven-
dus sur toute l’année. Le poivron rouge séché, le piment séché et la tomate
séchée sont par exemple des produits très consommés un peu partout au
Niger et dans la sous-région, et qui peuvent servir d’alternative à la filière
dans le département de Ouallam.

Figure 14: Site maraîcher des femmes refugiées de Mangaïze à l’abandon

34
Table 2: Principales filières et sous-filière du département de Ouallam

Poids de la filière Évolution de


dans l’économie la demande et Performance de la filière Opportunités Contraintes
locale tendances
Lait • 318860 bovins dont • Demande • 4l de lait par vache • Très forte production • Aliment bétail
24392 vaches forte dans le laitière/jour soit 97471L/ à Tondikiwindi (dont • Maladies animales
laitières département, à jour en saison des avec Mangaïze fait partie)
• Faible production de
Niamey et même des pics en saison de • Vente à prix modéré du lait des races locales
dans les pays pluie sac de 50 kg de son
voisins • Faible production de
• 500 FCFA/ litre de lait de blé à 4000 FCFA,
lait en saison sèche
• Autoconsommation frais et 250 FCFA/litre de 5000 FCFA le sac de
lait caillé tourteau, 5000 FCFA le • Manque de point
sac de farine de farine d’eau moderne et
de luzerne permanente (forage)
• Possibilité de croiser • Chaîne du froid et
les races locales avec logistique
des races exotiques
plus productives
• Races locales
productives comme
Goudalie et Azawak
• Formation des refugiés
en transformation du lait

Embouche • Elevage est • Export mois de • Achat mouton: 20 000 à • Forte implication des • Non maîtrise du
et commerce la deuxième septembre 2018: 25000F et vente entre 35 refugiés calendrier des ventes
de petits filière dans le 9 bovins, 000 (moins d’un an) à 60 • Cycle court de 6 à 9 • Baisse des prix
ruminants département après 1018caprins, 000 FCFA (plus d’un 1 an) mois suite à des marchés
l’agriculture en 1134 ovins, 273 • Fluctuation du prix de environnants
• Existences de relais
termes de volume et 16 équins vers vente vétérinaires pour les • Fermeture de
et d’occupation des les pays voisins
• Patente de 50 000 maladies courantes 3 marchés
populations (Nigéria, Mali,
FCFA/an pour les • Vétérinaire privé à hebdomadaires sur 7
Benin)
intermédiaires Ouallam
• Taxe sur la vente de 500 • Campagne de
FCFA par gros ruminant vaccination de l’Etat
vendu et 200 FCFA par
• Valorisation de
petit ruminant
sous-produits de
• Taxe d’entrée sur le l’agriculture
marché de 200 et 100
FCFA respectivement
pour les gros et petits
ruminants
• Son de blé de 2000 à
3000 FCFA les 50 kg, sac
de 50 kg tourteau à 4000
à 6000 FCFA

Maraîchage • plus de 45 sites • Demande locale et • Ouallam: 195 ha avec • Beaucoup • Marché
irrigués faible une production 2679 t d’intervenants actifs • Irrigation
• Existence de • Pas de connexion • Simiri: 79 ha avec une • 300 organisations • Manque de formation
plusieurs points avec des grands production de 1123 t formelles (jeunes,
• Manque de semences
d’eau centres urbains • Tondikiwindi: 49 ha avec femmes
adaptées et de qualité
une production de 466 t • Usage du fumier
• Arrivée tardive des
• Fluctuation des prix: kilo • Formation des semences
de pomme de terre de semenciers
• Manque de
150 à 500 FCFA selon les
structuration et
périodes
faible de capacité en
gestion des ventes
• Difficile accès à la
terre pour les réfugiés

35
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Une autre filière qui aurait pu être intéressante pour le département mais
qui n’apparait pas dans la Table 2 est la pisciculture. En effet, l’empoisson-
nement de la mare de Tinga a donné des résultats très intéressants. Cepen-
dant les populations locales et les réfugiés n’ont manifesté aucun intérêt
pour la filière malgré l’appui dont a bénéficié cette initiative. Finalement,
c’est des pêcheurs qui viennent du Nigéria pour exploiter cette mare contre
des permis de 20 000 FCFA/an et par personne. Bien que le coût du permis
soit réduit de moitié pour les nationaux, cela n’a pas permis de susciter
l’intérêt des populations locales.

5.3 Analyse du marché

Le Marché de bétail hebdomadaire de Mangaïzé est ravitaillé essentielle-


ment par le Mali en gros ruminants. Les petits ruminants et une partie des
gros ruminants (dans une moindre mesure) viennent des villages environ-
nants d’autres localités de la région de Tillabéry.
Les acheteurs du Nigéria sont les principaux clients. Une bonne partie des
petits et des gros ruminants sont convoyés vers ce pays par camion.
Des acheteurs du Bernin, du Burkina Faso et du Mali sont aussi actifs sur
le marché.
Les taxes d’entrée sur le marché et les taxes sur les ventes constituent une
part importante des recettes de la commune de Tondikiwindi dont Mangaïze
fait partie.
La fermeture de 3 marchés dans le département a augmenté l’offre sur le
marché et a tendance à tirer les prix vers le bas.

Figure 15: Principaux flux entrants et sortants du marché de bétail de Mangaïzé

Essentiel des gros Camions de gros et petits


ruminants du Mali ruminants vers le Nigéria

Marché Petits et gros ruminants


hebdomadaire de vers Niamey, Tillabéry,
Bétail de Mangaïzé Burkina Faso, Benin, Mali

Petits et gros ruminants


des villages environnants,
Région de Tillabéry

36
5.4 Opportunités d’interventions

Comme dans le cas du département d’Ayorou, L’analyse croisée du groupe


cible, des principales filières du département et du marché a permis d’iden-
tifier deux principales filières dans lesquelles une intervention en faveur des
réfugiés et des populations hôtes seraient réalistes. Il s’agit de:
nnL’embouche des petits ruminants et le commerce de bétail
nnLe séchage, le stockage et la commercialisation de produits maraîchers.
Bien que la filière lait présente des atouts importants, elle fait face à des
contraintes structurelles (route, transport frigorifique, chaîne du froid, unité
de transformation…) qui rendent difficile une intervention. Cependant, il se-
rait intéressant de mener des réflexions sur des possibles partenariats entre
l’Etat et le secteur privé pour développer et structurer cette filière.

5.4.1 L’embouche des petits ruminants et le commerce de bétail


L’opportunité d’intervention proposée en embouche des petits ruminants
et le commerce de bétail pour le département d’Ayorou (Figure 11) est
aussi pertinente pour le département de Ouallam. Les contextes sont
assez comparables et les réfugiés ont des profils qui se ressemblent.
Cependant le marché de Mangaïze semble plus souffrir du contexte
sécuritaire et de la fermeture de certains marchés du département de
Ouallam. Cette fermeture des marchés peut d’ailleurs être une oppor-
tunité pour certains réfugiés pour se spécialiser dans le commerce en
détail de produits de première nécessité dans les zones concernées. Ils
peuvent se ravitailler en demi-gros à Mangaïzé en marchandises qu’ils
revendront dans les zones sans marché.

5.4.2 Le séchage, le stockage et la commercialisation de


produits maraîchers
Le séchage-le stockage-la vente de certains produits maraichers peut être
une bonne opportunité pour la filière maraîchage qui connait des problèmes
de mévente de la production.
La première étape de cette démarche consistera à diminuer le nombre de
spéculations pour se concentrer sur celles qui sont demandées sous forme
séchée. Il est possible de commencer avec le poivron rouge (tatassé), le
piment et la tomate qui sont très demandés sur le marché national.
Un montage qui mettra en relation une structure de microfinance, les pro-
ducteurs autochtones, les services techniques et les réfugiés pourra se dé-
cliner comme suit (Figure 16):
nnLa formation des refugiés en technique de séchage, de stockage et
commercialisation du piment, du poivron rouge et de la tomate par les
services techniques qui seront sous contrat de service avec le gestion-
naire de fond
nnLa production sous-contrat de piment, tomate et poivron rouge par les
producteurs locaux (les groupements et les associations surtout) qui vont
ravitailler les réfugiés transformateurs. Le paiement des producteurs se
fera à travers le gestionnaire des fonds qui ne sera remboursé par les
réfugiés qu’après la vente de leur marchandise
nnLes réfugiés vont sécher, conditionner et stocker le piment, la tomate et
le poivron rouge. Les services techniques les accompagneront dans la
gestion du stock et la vente. Les services techniques les aideront à avoir à
terme leur propre coopérative qui va gérer le stockage et la vente.

37
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Cette approche permettra de régler plusieurs problèmes à la fois:


nnLa diminution du nombre de spéculation et le séchage permettront de
diminuer les pertes post-récolte et le bradage des récoltes
nnLe système de production sous-contrat garantit un marché aux produc-
teurs et un prix négocié à l’avance entre les parties concernées
nnLa création de la sous-filière « séchage-stockage-vente » permettra de
créer du business durable pour les réfugiés qui ont du mal à s’insérer
dans la phase de production.

Figure 16: Opportunité d’intervention en séchage, stockage et commercialisation de


produits maraîchers

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Reporting Contrat Réfugié(e)s Marché régional,


de service (séchage et vente) national et export

Remboursement Financement
conditionnel

Producteurs autochtones
HCR
IMF de tomate, piment,
ou autres institutions
poivron

Contrat Contrat de fournitures aux réfugiés


de service transformateurs/vendeuses

38
SECTION 6
DÉPARTEMENT
DE ABALA

Comme dans les départements d’Ayorou et de Mangaïze, la réflexion sur


l’accompagnement des réfugiés vers l’autonomisation est en cours. Un site
de 80 ha (sur 113 ha voulus) a déjà été identifié pour la construction de 300
habitations en faveur des réfugiés et des populations hôtes. Le lotissement
du site n’est pas encore acquis, mais la viabilisation a déjà démarré avec la
construction d’un Centre de Santé Intégré (CSI) qui est en cours.
Selon la Direction Départementale de l’Environnement (DDE), les potentiels
impacts négatifs de ce projet d’urbanisation sur l’environnement doivent
être anticipés sur la base des leçons apprises de l’installation de l’actuel
camp des réfugiés d’Abala. En effet, l’arrivée des refugiés Maliens à Abala a
presque doublé la population de la commune. Ce phénomène a eu comme
conséquence, l’augmentation de pression sur le bois vert (bois d’œuvre et
bois de chauffe), l’augmentation du volume des déchets solides dont le
plastique et la surexploitation des produits forestiers non ligneux (ramas-
sage et vente de la paille).
Ces pressions sur l’environnement ont d’ailleurs emmené certain interve-
nants sur les sites des refugiés à développer des activités axées essentielle-
ment sur la protection de la nature. On peut citer par exemple des activités
de récupération de terre à travers la réalisation des demi-lunes (Figure 17);
et l’ensemencement en herbacées, et la mise en défens des terres récupé-
rées. Un cas de réussite dans le département est le site de Ngoubaran où
220 ha de pâturage dégradé ont pu être restaurés. C’est aussi le cas du site
de Tabo Také où on a fait pousser des espèces herbacées appétées par les
animaux et arracher les espèces nuisibles.

39
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Figure 17: Activités de recupération de terres dans le département d’Abala

A ces défis d’origine anthropique, s’ajoutent des défis d’ordre naturel


comme les déficits pluviométriques qui sont fréquents dans le départe-
ment. Le volume des précipitations a été diminué de moitié (de 400 mmm
à 274 mm) entre 2017 et 2018. Même si le département est officiellement
considéré comme une zone agro-pastorale, il est dans la pratique plutôt
une zone pastorale car l’agriculture couvre à peine 2 à 3 mois sur 12 des
besoins des populations. L’agriculture, qui est assez rudimentaire, se pra-
tique surtout dans la commune de Sanam alors que la commune d’Abala
est plutôt pastorale. Le département souffre aussi d’érosion éolienne et de
non-perméabilité des sols.
Avec une seule mare permanente, la mare d’Aboyok à 45 km de la com-
mune d’Abala, l’insuffisance d’eau de surface constitue une des contraintes
majeures auxquelles fait face le maraichage dans le département. Les rares
cas de cultures irriguées sont consacrés à l’autoconsommation.

6.1 Analyse du groupe cible

Tout comme les réfugiés d’Ayorou et de Mangaïze, les réfugiés d’Abala se


disent en majorité éleveurs même si la plupart d’entre eux combinaient éle-
vage, commerce de bétail et agriculture quand ils étaient au Mali. Certains

40
pratiquaient même la pêche à Aderamboukane (Mali voisin) qui abrite l’une
des plus grandes mares de la zone. Ils vendaient souvent une partie de leur
récolte qui leur servait de capital pour leur commerce.
La pratique des métiers et de l’artisanat semble être surtout développée
dans le milieu féminin. Un nombre non négligeable de femmes sont actives
dans la cordonnerie et la couture/tricotage (confection habits pour dames et
bébé, confection de drap et coussins avec différents niveaux de qualité…).
Les hommes sont plutôt actifs dans la bijouterie. Il n’existe pratiquement
pas de marché à Abala pour la maroquinerie. Par contre, les couturières
arrivent plutôt à vendre leurs produits dans le marché et la ville d’Abala et à
travers leurs réseaux sociaux.
Contrairement aux autres départements, le travail journalier dans le bâti-
ment ou dans l’agriculture n’est pas très développé à Abala. La stratégie
de subsistance semble plus complexe dans ce département surtout qu’une
opération de ciblage a exclu depuis Janvier 2018 une majeure partie des
refugiés (certains parleraient de 90%) de l’assistance alimentaire. Certains
disent vivre, depuis leur exclusion de l’assistance alimentaire, de l’entraide
sur le camp et de l’assistance des membres de leur famille restés au Mali.
Une dame disait, par exemple, recevoir 25000 FCFA chaque 3 mois de la
part de son enfant resté au Mali. Certaines personnes âgées ou en situation
d’handicap disent particulièrement souffrir de cet arrêt de l’aide alimentaire.
Certains s’adonneraient actuellement à la mendicité ou feraient mendier
leurs enfants qui seraient exposés à certaines formes de délinquance juvé-
nile. De manière générale, les réfugiés du camp d’Abala estiment que leur
situation s’est progressivement dégradée depuis 2014.
Un nombre limité des réfugiés (de quelques dizaines à une centaine de
personnes par opération) ont bénéficié de formations en embouche, en éle-
vages, cordonnerie, bijouteries… suivies de distribution de kits (de 1 à 3 pe-
tits ruminants, une machine à coudre, etc.). Les opérations d’au moins trois
petits ruminants avaient donné des résultats encourageants dans le pas-
sé. Avec l’arrêt de l’assistance alimentaire, les bénéficiaires ont tendance à
acheter des vivres avec l’argent de la vente des animaux engraissés au lieu
de le réinvestir dans l’achat d’autres animaux.
Certains intervenants en faveur des réfugiés ont mis en place des pro-
grammes de financement d’AGR allant de 35000 FCFA à 106000FCFA par
bénéficiaire. Même si le nombre de bénéficiaires est extrêmement limité
(moins de 600 personnes en tout), ces financements ont permis aux bé-
néficiaires de se lancer dans la couture, l’embouche et/ou le commerce de
petits ruminants avec des résultats tout à fait encourageants.
Près de la moitié des refugiés interviewés ont affirmé avoir un membre de
leur famille souffrant de maladies (hypertension, cécité, dame fistuleuse,
hypersensibilité à l’ensoleillement…) nécessitant la présence permanente
d’un membre de la famille à la maison pour l’assister.
Le transport n’est pas une contrainte majeure pour les réfugiés car le camp
n’est pas très éloigné de la ville. La course en taxi du camp vers la ville est
de 200 FCFA. Il existe aussi des taxi-motos qui travaillent les jours de dis-
tribution de vivres.
Une des contraintes majeures de la vie sur le camp est le manque de centre
de santé. Selon la gravité des cas, le patient est évacué à Abala, filingué
ou même Niamey. A Abala, seule une partie des médicaments est offerte.
L’autre partie doit être achetée par le patient lui-même. La prise en charge
est totale en cas d’évacuation à Filingué ou à Niamey.

41
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

La majorité des réfugiés ont accès à des réseaux sociaux aussi bien au
niveau du département d’Abala qu’au Mali. Grâce à ces réseaux, certains
réfugiés arrivent à bénéficier de prêt de jusqu’à 10 petits ruminants par jour
de marché. Ils revendent ces animaux le même jour pour rembourser leur
prêt et même avoir une marge qui leur permet de s’approvisionner en vivre
pour la semaine.
La langue n’est pas une barrière à l’intégration socio-économique des re-
fugiés à Abala. La plupart d’entre eux parlent le haoussa, le zarma et le
tamachek ou se font aider au besoin par les autres.
La grande majorité des refugiés (tous métiers confondus) interviewés esti-
ment que l’embouche et le commerce de petits ruminants sont les activités
qui les aideront à faire le transit de l’assistanat vers l’autonomisation.

6.2 Analyse des principales filières du département


(contraintes et opportunités)
Les services techniques du département d’Abala font face à un problème cru-
cial de manque de moyens techniques et logistiques. Il n’est pas rare de se
retrouver dans une direction départementale avec un seul agent, c’est-à-dire le
directeur lui-même. Ces services manquent souvent de moyens de suivi de la
performance des filières et ont peu de possibilité de se déplacer sur le terrain.
Ce département fait aussi face à un défi important, qui n’est pas forcé-
ment le sujet principal de cette analyse, mais qui mérite aussi d’être pris
en compte. Il s’agit de la question des « retournés Nigériens ». En effet,
beaucoup de nigériens immigrés au Mali et en Libye ont dû rentrer suite
aux crises que ces deux pays ont connues. Beaucoup de jeunes d’Abala
sont dans cette situation et se plaignent du manque d’opportunités dans le
département. Certains finissent par repartir vers d’autres destinations.
De manière générale, les filières agricoles sont très peu structurées dans le
département. Les associations, groupements et coopérative manquent de
capacité technique et logistique, et ont des grands besoins en développe-
ment de capacité.
Dans cette section, trois filières (ou sous-filières) ont été analysées. Il s’agit:
nnMaraîchage
nnEmbouche et du commerce des petits ruminants
nnArtisanat.

6.2.1 Le maraîchage
Avec une seule mare permanente et quelques mares semi-permanentes,
la filière maraîchère est assez peu développée dans le département. La
question de l’eau constitue la contrainte majeure pour les autochtones. Les
réfugiés, quant à eux, font face à la double contrainte de l’eau et du foncier.
En effet, les propriétaires terriens sont réticents à signer des contrats de prêt
ou de bail dont ils ne maitrisent pas les enjeux.
La production de la filière maraichère est assez limitée et n’arrive pas à
satisfaire la demande locale qui est très forte (Table 3). La plus grande
coopérative agricole du département, Tartit/handikaye, exploite à peine une
dizaine d’hectare (5 ha à Abalé, 3 ha à Guirnazam, et 3 ha à Moullela).
Le village de « Dan Matoyka » est, selon la direction de l’Agriculture, l’un
des sites du département le plus favorable au maraîchage avec une nappe
phréatique qui est à 5m. Cependant, ce site est situé à 20 km d’Abala et

42
abrite des poches d’insécurité qui rendraient compliquée une intervention
dans la filière. Ce problème d’insécurité a d’ailleurs conduit la fermeture du
marché (Tamatchi) de cette localité.
La demande de fruits et légumes est forte et croissante à Abala. Avec la
fermeture de certains marchés du département, Abala est devenu le hub
où se ravitaillent les autres localités de la zone et même du Mali voisin.
Malheureusement, les contraintes auxquelles fait face le département, ne
permettent de satisfaire tout de suite la demande. La maîtrise de l’eau avec
des forages profonds doit être étudiée pour évaluer son apport au dévelop-
pement de la filière.

6.2.2 L’embouche et le commerce des petits ruminants


Le marché de bétail d’Abala est l’un des plus grands marchés de la région
de Tillabéry qui attirent des commerçants qui viennent du Nigéria, du Mali,
du Benin…etc.. Le département d’Abala est plus un département pastoral
qu’Agricole. Le commerce du bétail est l’une des principales sources de
revenu du département, et cela est vrai aussi bien pour les particuliers que
pour l’administration territoriale (Table 3).
En plus, les réfugiés maliens d’Abala sont très actifs sur le marché de bétail
en tant que commerçants, intermédiaires et même agent de perception de
taxes pour la structure qui gère le marché. Le calendrier des ventes est très
bien maitrisé. Les ventes sont très faibles de Janvier à Août et élevées sur
le reste de l’année avec des pics à l’approche des fête religieuses au Niger
(Fête de Tabaski) et au Nigéria (Noel).
Les marges sont intéressantes aussi bien en embouche que dans l’achat-
vente des petits ruminants. Il n’est pas rare de croiser sur le marché de
bétail, des réfugiés qui ont pour principale activité l’intermédiation entre
acheteurs et vendeurs de bétail. Ils mettent à profit leurs réseaux maliens
de vendeurs et leurs réseaux locaux d’acheteurs.
Les principaux défis auxquels fait face cette sous-filière sont surtout le
manque de moyens des services techniques, et la faible collaboration ces
derniers et les intervenants en faveur des réfugiés. A cela s’ajoutent des
défis comme le déficit en aliment de bétail pendant la période soudure et les
poches résiduelles d’insécurité/de banditisme qui limitent les transactions
avec les autres marchés du département (Table 3) dont certains sont à l’ar-
rêt (Exemple: Marché de Ikrafane).

6.2.3 L’artisanat
L’artisanat ne fait pas partie des secteurs économiques les plus importants du
département. Il n’existe pratiquement pas de marché local pour l’artisanat.
Cette filière a été cependant intégrée dans l’analyse à cause de la forte
implication de certains réfugiés dans ce domaine depuis le Mali et de son
potentiel en termes d’export vers des marchés des grands centres urbains
ou même les pays de la sous-région.
Grâce au soutien financier et à l’encadrement de l’HCR, les artisans arrivent
à envoyer leurs marchandises dans des foires nationales (à Niamey) ou
internationales (Burkina Faso) par l’intermédiaire d’un ou deux de leurs
collègues qui y participent.
La plus grande opportunité pour ce marché réside surtout dans la confection
collective de tentes pour le marché Malien qui est très demandeur de ce
produit à l’approche de la saison de pluie (Table 3). Cependant, la fabrication

43
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

d’une seule tente par personne peut durer 1 à 2 ans et nécessite souvent
un investissement (une centaine de peaux de chèvre/mouton) qui dépasse
la capacité des artisans. Une alternative à cette barrière serait la fabrication
collective à travers les groupements de tentes pendant toute la saison sèche
pour les vendre au Mali à l’approche de la saison des pluies. Cela nécessite
une meilleure organisation des groupements d’artisans pour un meilleur ap-
provisionnement en matières premières (peaux, teintures…) et une bonne
gestion de la vente sur le marché malien. Les réseaux sociaux des réfugiés
dans leur pays d’origine seront d’une importance capitale pour cela.

Table 3: Principales filières et sous-filières du département d’Abala

Évolution de
Poids de la filière dans Performance de la
la demande et Opportunités Contraintes
l’économie locale filière
tendances
Maraîchage • Faible production • Forte demande de • Filière peu performante • Forte demande de • Insuffisance d’eau de
destinée à fruits et légumes • Fruits et légumes tomate surface
l’autoconsommation (tomate, chou, essentiellement • Village de Dan • Pas de sécurisation
salade, canne importés Matoyka avec la foncière
à sucre, patate nappe à 5 m
douce, orange, • Manque de Semences
mangue…) • Pratiquer la contre- et d’intrants
saison phytosanitaires à
• Importation de temps
fruits et légumes • Abala est devenu
de la région, hub départemental • Manque de moyen des
de Niamey, du de fruits et services techniques
Nigéria, du légumes pour les • Manque de clôture
Benin… autres localités du
département et du • Insécurité
Mali voisin • Pas de collaboration
avec les services
techniques
Embouche et • L’élevage et le • 7000 à 8000 • 100 FCFA par dose de • Forte implication des • Appui faible des
commerce de commerce de bétail petits ruminants, vaccin refugiés partenaires
petits ruminants sont les poumons 300 bovins et • 4500 FCFA le sac de • Nécessité de • Déficit en aliment
de l’économie du 150 à 200 asins 100 kg de son de blé connecter les autres bétail de Mars à Juin
département par jour de marchés au marché
marché • 5000 FCFA, le sac de • Faible collaboration
• Très grand marché 100 kg de tourteau d’Abala avec les services
de bétail à vocation techniques
régionale et • 5000 FCFA le sac de
internationale 100 kg de grain de • Un seul vaccin sur 6
coton offert par l’Etat
• Taxe d’accès au • Soins vétérinaires
marché de 100FCFA/ payés par l’éleveur
petit ruminant et 200 • Marché très périodique
FCFA/gros ruminants
• Insécurité
• Taxe d’identification de
200F/petit ruminant
et 500FCFA/gros
ruminant
Artisanat • Filière pas • Très forte • Habit bébé: 7000 FCFA • Marché malien • Matières premières pas
importante dans demande de • Drap: 7000 à 15000 à l’approche des toujours accessibles
l’économie locale tentes au Mali à FCFA saisons des pluies • Pas de marché local
mais grand potentiel l’approche de la • Participation aux d’artisanat
pour l’export vers saison de pluie • Petits articles de
maroquineries (porte- foires nationales et
les grands centres internationales avec
urbains et l’étranger clés, porte-monnaie..):
500 à 2000 FCFA l’appui du HCR
• Bague, bracelet, • Formation en
couteau: 2000 à 2500 cordonnerie
FCFA • Réseaux sociaux au
• Tente: 100 à 200 000 Mali
FCFA à Abala, jusqu’à
500 000 FCFA au Mali
voisin

44
6.3 Analyse du Marché

Le marché d’Abala a deux composantes principales:


nnLe marché hebdomadaire de vivres (Figure 18)
nnLe marché hebdomadaire de bétail (Figure 19).
Le marché de vivres d’Abala est un hub régional qui reçoit des produits
agro-alimentaire de l’Algérie (via le Mali) et du Nigéria, du poisson (en très
faible quantité) de Bagaroua (région de Tahoua) et d’Anderamboukane
(Mali) et des céréales du Nigéria.
Les commerçants des autres localités du département et du Mali voisin
(Ichinana, Anderamboukane, Azraga…) viennent s’y approvisionner.
La sous-filière fruits et légumes de ce marché est assez complexe à cause
de la forte demande que l’offre n’arrive pas à satisfaire. Trois grands gros-
sistes sont en situation de monopole sur ce créneau. Ils font venir de l’étran-
ger en moyenne une dizaine de camion de 10 tonnes les jours de marché
qui ne satisfont pas d’ailleurs la demande. Les principaux fruits et légumes
importés et leurs provenances sont:
nnCanne à sucre, patate douce, orange et oignon du Nigéria
nnIgname du Benin
nnMangue du Burkina-Faso.
A cela, il faudrait ajouter deux à 3 autres camions qui s’approvisionnent
dans la région notamment à Bonkoukou et Filingué.

Figure 18: Principaux flux entrants et sortants du marché de vivres d’Abala

Nigéria Algérie

Céréales, produits Huile, pâtes alimentaires,


agro-alimentaires sucre, lait semoule…

Céréales, fruits et légumes


Marché
hebdomadaire de Mali
vivre de Abala
Poisson (Anderamboukane)

Fruits et légumes Poisson (Bagaroua)

Bonkoukou, Filingué, Tahoua


Burkina, Nigéria, Bénin

Le marché de bétail est ravitaillé essentiellement en gros et petits ruminants


par la région de Ménaka au Mali voisin et, dans une moindre mesure, par
les villages environnants. La majorité des acheteurs viennent du Nigéria
avec des pics à l’approche de Noel. En moyenne, 6 à 7 gros camions (40
pieds) de bétail sont convoyés vers le Nigéria le jour du marché. Ainsi, les
prix sur le marché sont fortement influencés par la demande au Nigéria
ainsi que la fluctuation du taux de change naira/CFA.

45
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Le reste des animaux vont vers Niamey avec un pic de la demande à l’ap-
proche de la fête de Tabaski.
Même si ce marché a été négativement impacté par la crise sécuritaire, on
assiste à une reprise du marché suite à l’accalmie sécuritaire que connait le
département ces derniers mois.

Figure 19: Principaux flux entrants et sortants du marché de bétail de Abala

Gros et petits ruminants Camions de gros et petits


de De Ménaka au Mali ruminants vers le Nigéria

Marché
Petits et gros ruminants
hebdomadaire de
vers Niamey
bétail de Abala

Petits et gros ruminants


des villages Environnants

6.4 Opportunités d’interventions

L’analyse croisée du groupe cible, des principales filières du département et


du marché a permis d’identifier deux filières porteuses qui sont:
nnL’embouche et le commerce des petits ruminants comme la principale
filière porteuse
nnLa confection collective et l’export de tentes en cuir par les femmes réfu-
giés cordonniers.

6.4.1 L’embouche des petits ruminants et le commerce de bétail


L’intervention proposée en embouche et le commerce des petits ruminants
pour les départements d’Ayorou et de Mangaïze (Figure 11) est aussi perti-
nente pour le département d’Abala et pour les mêmes raisons à savoir:
nne dynamisme du commerce de bétail dans toutes ces zones
nnLa forte implication des refugiés maliens dans le secteur
nnLeur expérience, depuis le Mali, de l’élevage et du commerce de bétail
nnLeur connexion à des réseaux sociaux qui facilitent leur intégration dans
cette sous-filière.
Aussi, la grande majorité des refugiés interviewés disent préférer l’em-
bouche et le commerce des petits ruminants à condition de démarrer avec
un minimum de 10 chèvres et 1 bouc ou 10 brebis et un bélier pour l’em-
bouche; ou un minimum de 200 000 FCFA pour le commerce de bétail.
Ils sont aussi disposés à intégrer une intervention basée sur une logique
commerciale avec un système de prêt et de remboursement tel que propo-
sé dans la Figure 11.

46
6.4.2 La confection collective et l’export de tentes en cuir au Mali
Le modèle d’intervention proposé sur la Figure 20 permet de produire col-
lectivement dans le cadre d’une coopérative des tentes en cuir qui ont une
forte demande au Mali voisin à l’approche de la saison des pluies. Cette
intervention fonctionnerait selon le modèle suivant:
nnLes services techniques vont encadrer et accompagner la création d’une
coopérative de femmes refugiées cordonnier qui produiront collective-
ment des tentes en cuir. Individuellement, il faudrait plus d’une année de
travail pour produire une tente en cuir alors qu’un groupe de 20 cordon-
niers pourra fabriquer une tente en moins d’une semaine. La Direction
Régionale de l’Artisanat et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du
Niger (CMANI) doit être associée à la démarche
nnLa matière première, qui est l’un des défis majeurs en maroquinerie dans
le département, sera fournie à la coopérative à travers un contrat de four-
niture entre des commerçants spécialisés et l’entité de gestion du fond de
l’intervention (une structure de microfinance)
nnLa coopérative produira collectivement et cela pendant toute la saison
sèche des tentes qu’elle stockera et vendra seulement à l’approche de la
saison des pluies au Mali où la demande est très forte pendant cette pé-
riode. A titre comparatif, la tente peut se vendre à 500 000FCFA au Mali
contre 100 000 à 200 000FCFA au Niger.
Ce modèle permettra d’adapter la stratégie de production à un seul produit
qui a un marché sûr auquel la coopérative sera connectée durablement. La
coopérative pourra par la suite diversifier sa production et se connecter à
d’autres marchés.

Figure 20: Opportunité d’intervention en artisanat dans le département d’Abala

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Export

Coopérative
Reporting Contrat
cordonniers- Mali
de service
confection de tentes

Remboursement Financement
conditionnel

HCR Fournisseurs
IMF
ou autres institutions (peaux, teintures…)

Contrat de service Contrat de fournitures

47
SECTION 7
DÉPARTEMENT
DE TILLIA

Contrairement aux camps d’accueil des réfugiés dans la région de Tillabery,


le site d’accueil des réfugiés d’Intikane (département de Tilia) est une Zone
d’Accueil des Réfugiés (ZAR) qui s’étend officiellement sur un rayon de 15
km même s’il n’est pas rare de trouver des refugiés à 60 km de Intikane.
Ce mode d’accueil, qui se fait sur des étendues beaucoup plus grandes et
sans les limites physiques des camps, semble être particulièrement adapté
au mode de vie des refugiés dont la majorité sont des nomades. Beaucoup
d’entre eux nomadisent d’ailleurs dans les localités environnantes et uti-
lisent Intikane seulement comme terre d’attache.
Le département de Tilia est légalement une zone pastorale par excellence.
Ce département offre des grandes opportunités économiques dans l’em-
bouche et le commerce du bétail, et la transformation et la commercialisa-
tion des sous-produits de l’élevage. L’élevage y est essentiellement extensif.
Les principales limites à l’extension de cette activité sont le manque d’eau et
la pression sur le fourrage qui est devenu un objet de spéculation commer-
ciale. La réhabilitation du forage profond d’Ekanawene (7 km d’Intikane)
et son équipement en système de pompage solaire a permis de diminuer
significativement le déficit d’eau dans le département. Avec une profondeur
de 105 mètres et un débit de 250 m3/jour, ce forage profond est utilisé par
plus de 25 000 personnes. Les panneaux solaires permettent de faire, selon
les experts interviewés, une économie d’environ 1500 litres de carburant
par mois et de plus de 6 500 000 FCFA/an sur la maintenance en compa-
raison à un système avec groupe électrogène.
Bien que la zone soit légalement une zone pastorale, 9 villages bénéficient
du statut de village agricole. Le maraichage est donc possible dans ces
villages à condition de prendre un certain nombre de précautions dont la
clôture obligatoire des sites d’exploitation. Il existe des vallées et des mares
(dont trois permanentes) qui offrent des grades potentialités en maraichage
et en pisciculture.
Cependant, les associations d’éleveurs n’hésiteraient pas à attaquer en jus-
tice toute initiative agricole d’envergure. Aussi, tous les bas-fonds propices
au maraîchage sont détenus coutumièrement par les populations autoch-
tones. Cette contrainte foncière n’est pas à négliger même si la Commis-
sion Foncière Départementale (COFEDEP) règlemente et enregistre tous les
actes de prêt, de don ou de vente de terrain.

49
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

L’un des défis majeurs auquel fait face le département de Tilia est l’insécu-
rité résiduelle qui persiste dans le département malgré la relative accalmie
sécuritaire observée. Cette insécurité se manifeste par du banditisme (sou-
vent armé) ainsi que des règlements de compte intercommunautaires.
Cette situation a d’ailleurs abouti à la fermeture du marché d’Intikane. Les
réfugiés sont donc obligés d’aller au marché Tlemcès (28 km d’Intikane)
pour leur approvisionnement en vivres et leurs transactions commerciales.
Une autre contrainte majeure du département de Tilia est sa difficile ac-
cessibilité. En effet, certaines routes deviennent impraticables en période
hivernale. Cela limite les échanges commerciaux entre Tilia et les grands
centres urbains pendant la saison des pluies. Dans cette période, le trans-
port de marchandises peut coûter jusqu’à 40 000 FCFA la tonne contre 25
000 FCFA en saison sèche.

7.1 Analyse du groupe cible

Les réfugiés de la ZAR étaient essentiellement des éleveurs dans leur pays
d’origine. Certaines d’entre eux faisaient en parallèle le commerce et le ma-
raîchage.
Leur stratégie de subsistance actuelle se compose de la vente de bois et
de la paille, le petit commerce de produits de première nécessité, l’élevage,
l’embouche et le travail journalier à travers des opérations de cash for work
ou de food for work. A titre illustratif, un consortium d’ONGs a réalisé une
opération de cash for work dans le domaine de la récupération des terres
dégradées qui a permis de faire les réalisations suivantes:
nn2000 personnes (refugiés et hôtes) ont perçu 166 668 869 FCFA avec
une moyenne de 83 335 FCFA/ménage (ASB, 2018)
nn207 075 demi-lunes et 1155 banquettes creusées dans 10 villages des
départements de Tilia et Tassara
nn871 hectares de terres récupérées
nn65 000 arbres plantés
nn2430 kg d’herbacées ensemencées
nn1454 tonnes de matières sèches produites.
Certains réfugiés se sont spécialisés dans le petit commerce entre le Mar-
ché de Tlemcès et la ZAR d’Intikane. Ils s’approvisionnent en produits de
premières nécessités à Tlemcès pour les revendre à Intikane et parfois en
animant de manière informelle le marché d’Intikane qui est officiellement
fermé.
Il existe aussi un grand engouement pour le maraichage mais cette activité
est limitée par le manque d’eau.
Un des défis quotidiens de la vie dans la ZAR est le manque de bois de
chauffe. Il faudrait parfois passer une nuit entière en brousse pour avoir du
bois pour quelques jours.
Il arrive aussi que certains réfugiés fassent le choix de retour volontaire à
cause de la faiblesse de l’assistance alimentaire et cela malgré le risque que
cela puisse présenter pour certains d’entre eux.
Une infime partie d’entre eux ont bénéficié de formation en technique
d’élevage, en production d’aliment bétail, et en production de fromage. Les
réfugiés se plaignent du nombre extrêmement bas de places offertes (de
quelques dizaines à moins de 200 pour plus de 18 000 réfugiés) et sou-
haiteraient bénéficier de plus de formations qui couvrent un nombre plus

50
important. Des kits de 1 à 3 petits ruminants ont été distribués à certains
après les formations en technique d’élevage.
Les formations souhaitées par les jeunes sont la conduite auto (permis de
conduire), la couture, la mécanique, le petit commerce et l’embouche. Les
femmes préfèrent surtout l’embouche et le maraîchage. Ils sont tous aussi
intéressés par du coaching par des personnes plus expérimentées qui les
aideront à lancer une activité.
Les artisans aussi ont exprimé des besoins de perfectionnement dans leur
domaine.
Un modèle de formation qui a fait ses preuves dans le département est celui
de l’ONG allemande ASB. (Table 4). Ce type de formation se décline sur le
terrain comme suit:
nnL’identification et le choix des formations se fait sur la base d’une analyse
d’expert en collaboration avec les bénéficiaires et en tenant compte des
besoins en formation dans les filières porteuses de la localité
nnLe ciblage des apprenants en collaboration avec la Direction Régionale
de l’Enseignement Professionnel et Technique (DREP/T) et les autorités
départementales
nnLa formation est mise en œuvre par des formateurs proposés par la
DREP/T
nnLa formation est suivie d’une distribution de kits qu’une convention
tripartie entre ASB, la Mairie et l’apprenant interdit formellement à la
vente
nnEt enfin l’accompagnement et le suivi post-formation avec l’aide du Fond
d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage.
Ce modèle qui met en relation services techniques, bénéficiaires et interve-
nants s’est avéré particulièrement intéressant et a permis de changer la vie
de toutes les personnes qui en ont bénéficié dans le département.
Il n’existe pas de barrière linguistique pour l’intégration socio-économique
et l’autonomisation des refugiés car ils parlent tous le tamashek.
Certains groupements de femmes (6 au total) ont bénéficié de financement
à hauteur de 250 000 FCFA pour leurs activités. Les réfugiés peuvent aussi
compter sur la solidarité communautaire. A tire d’exemple, un groupement
de 20 femmes organise une tontine avec une cotisation hebdomadaire de
100 FCFA/semaine. L’argent de la caisse est donné à une adhérente comme
fonds de commerce tous les 3 mois.
L’accès à l’eau à Intikane est acceptable avec deux châteaux d’eau, 16
bornes fontaines et 4 abreuvoirs. Cependant un maillage plus dense en
points d’eau peut aider ceux qui sont éloignés de ces infrastructures car la
ZAR qui s’étend sur 15 km.
Enfin, le transport est l’une des contraintes majeures de la vie dans la Zar.
Le marché le plus proche (Tlemcès) est situé à 28 km d’Intikane. La course
en aller et retour couterait 2000 FCFA.

51
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Table 4: Modèle de formation offerte par ASB dans le département de Tilia

Activités Commentaires

• Etude d’identification filières porteuses en


1 • Etude de base
concertation avec les bénéficiaires

• Ciblage de 50 jeunes dont 25 réfugiés et 25


2 • Ciblage des apprenants de la population hôte avec la DREP/T et les
Autorités de Tillia

• Réhabilitation du CFM (centre de formation


3 • Toit, tyrolienne, douches etc.
aux métiers) de Tillia

• Cours au CFM de Tillia et à Intikane par


4 • Mise en œuvre de la formation des formateurs proposés par la DREP/T de
Tahoua

• Convention tripartite (d’utilisation de ces


• Distribution des kits de démarrage aux
5 kits) est signée entre ASB, la Mairie et
apprenants en fin de formation
l’apprenant

6 • L’appui post formation • Avec le FAFPA

7.2 Analyse des principales filières du département


(contraintes et opportunités)
Le département de Tilia est une zone pastorale par excellence. L’élevage
représente 50% de l’économie du département même si cette filière souffre
d’un certain nombre de contrainte dont la question de l’eau et l’insécurité.
La demande est tirée par le Nigéria qui absorbe 90% des de l’offre sur le
marché de bétail. Les filières les plus évoquées par toutes les personnes
interviewées (Services techniques, intervenants en faveurs des refugiés, les
groupements et association de producteurs, les réfugiés…) sont:
nnL’embouche et le commerce des petits ruminants
nnLe maraîchage
nnL’artisanat.
Le petit commerce aussi a été souvent évoqué comme filière porteuse mais
la diversité des cas et la complexité de cette filière rend son analyse irréaliste
dans le contexte de cette étude. Cependant l’analyse des principaux flux
entrants et sortants du marché de Tlemcès traitera de cette question de
manière non-exhaustive.

7.2.1 L’embouche et le commerce des petits ruminants


L’embouche des petits ruminants est l’une des activités les plus porteuses
d’Intikane. La demande est très forte de la fin de la saison des pluies à
Décembre avec des pics au moment des fêtes au Niger (fête de Tabaski)
et au Nigéria (Noel). Avec des moyennes de vente de 2000 à 3000 petits
ruminants par jour de marché, le marché reste très dynamique.
Les marges sont très intéressantes. Un petit ruminant acheté entre 13
000 et 15000 FCFA en début de saison de pluie peut être revendu à 30

52
000 voire 35 000 FCFA 6 mois après (Table 5). Les marges sont aussi
intéressantes pour les revendeurs qui peuvent se faire un bénéfice d’au
moins 2000 FCFA/petit ruminant entre deux animations du marché heb-
domadaire.
La gratuité de 2 vaccinations par an ainsi que la vente à prix modéré des
aliments-bétail sont des atouts à exploiter pour le développement de la fi-
lière. Il faudrait aussi ajouter des cas de réussites en récupération de terre
et ensemencement en herbacées qui ont permis de produire des quantités
non-négligeable de fourrage.
Les principales limites de cette sous-filière sont la question de l’eau, l’insé-
curité et les pénuries en aliment bétail observées souvent après Décembre.
La spéculation commerciale sur la paille et son convoyage vers l’Algérie
dans les camions de marchandise, chaque 15 jours, peuvent aussi négati-
vement impacter l’embouche dans le département.
Pour être viable, un minimum d’au moins 10 petits ruminants est souvent
évoqué par les personnes interviewées. Certains penseraient même qu’il
faudrait au moins une trentaine de petits ruminants pour reconstituer un
troupeau dans le cadre d’un élevage extensif.

7.2.2 Maraîchage
Il existe un fort engouement pour le maraichage dans le département et
cela malgré la contrainte légale qui fait du département une zone exclusi-
vement pastorale à part les 9 villages qui ont le statut de village agricole.
Cet engouement est encore plus fort à Tlemcès où la nappe est à peine à
7-8m. En plus, il y’a une très forte demande en fruits et légume, aussi bien
dans le département qu’au Mali voisin, qui n’est pas satisfaite. Cependant
la question de l’eau et la contrainte légale rendent le développement de
cette filière extrêmement compliqué. Les associations d’éleveurs n’hésite-
ront d’ailleurs pas à attaquer en justice toute initiative agricole d’envergure
dans le département.

7.2.3 L’artisanat
Il n’existe pratiquement pas de marché local pour l’artisanat dans le dépar-
tement. Cependant cette filière représente 21% du PIB de la région grâce
au travail de structuration de la filière et la connexion des artisans à des
marchés régionaux, nationaux voire internationaux.
La maroquinerie et la bijouterie connaissent actuellement des difficultés
dans le département à cause du manque d’équipement et du difficile accès
aux matières premières. Les artisans dans ces deux domaines évoquent
souvent le manque de formation et d’assistance pour l’accès aux foires ré-
gionales, nationales et internationales. Un début de solution a été trouvé
avec la formation de quelques jeunes artisans à Niamey pendant 6 mois
avec une prise en charge du HCR. La Direction Régionale de l’Artisanat a
aussi exprimé sa disposition à accompagner les réfugiés artisans dans le
domaine de la formation et l’accès aux foires.
Une filière artisanale qui marcherait localement est l’habillement. 25 tail-
leurs ont été formés et équipés de machine à coudre. La demande en ha-
billement peut être particulièrement forte en saison des pluies. En effet, des
éleveurs des autres régions et même des pays voisins viennent faire paître
leurs animaux dans la zone pendant la saison des pluies. Cette venue mas-
sive des éleveurs fait croitre la demande en habillement et cela, peut être
une bonne opportunité pour cette sous-filière.

53
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Table 5: Principales filières et sous-filières du partement de Tilia

Poids de la filière Évolution de


dans l’économie la demande et Performance de la filière Opportunités Contraintes
locale tendances
Maraîchage • Zone non agricole. • Très forte de- • Recette de de 7800 000 • Jardins dans les écoles • Manque d’eau
• Faible contribution mande FCFA par un enseignant et dans les centres de • Problème foncier
du maraîchage • Manque d’offre en avec son potager santé
• Difficulté à encadrer
dans l’économie fruits et légumes • Fort engouement des des refugiés éparpil-
locale sur le marché réfugiés et des popula- lés sur des dizaines
• Fort potentiel tions hôtes de kilomètre
• Nappe à 7 à 8m à
Tlemcès

Embouche • L’élevage • 2000 à 3000 pe- • 50 kg de son de blé à • Deux vaccinations • Transport
et commerce représente 50% tits ruminants par 4000 FCFA à la mairie gratuites • L’eau
de petits de l’économie du jour de marché contre 11 000 FCFA sur • Calendrier des ventes • Aliment bétail: pénu-
ruminants département dans les périodes le marché maitrisées rie après décembre
de forte demande • Marge d’au moins 2000F
• Insécurité
• 90% vont au CFA/ petit ruminant d’un
Nigéria avec pic jour marché hebdoma-
en Décembre daire à un autre (une se-
maine) pour revendeurs
• Taxe d’entrée sur le
marché de 200 FCFA/
petit ruminant et 500
FCFA/gros ruminant
• Achat à 12 000 à 15000
FCFA/petit ruminant et
revente à 30 000 à 35
000 FCFA 6 mois après

Artisanat • Potentiel existe • Pas de marché • Formation pour quelques • Filière bien structurée • Manque de finance-
• Opportunité offerte local d’artisanat à Niamey pendant 6 au niveau de la région ment
par la région en mois. Prise en charge et • Foires régionales, • Manque de matières
artisanat allocation offertes par nationales et interna- premières et équipe-
le HCR tionales ments
• Offre de formation et • Pas de connexion
d’accompagnement par aux grands centres
la Direction Régionale urbains
de l’Agriculture et la • Pas de connexion
CMANI entre les artisans et
• Opportunité dans la Direction Régionale
l’habillement en saison de l’Agriculture
des pluies

54
7.3 Analyse du Marché

Le marché d’Intikane était le plus grand marché de la zone avant d’être


fermé pour des raisons de sécurité. Ce marché joue le rôle de hub régional
en produit de premières nécessités et interagit avec le Nigéria, l’Algérie, le
Mali et la région de Tahoua.
Le produits agro-alimentaires de premières nécessités (pâtes, huiles, sucre,
lait, semoule…) viennent essentiellement de l’Algérie et de Tahoua (elle-
même ravitaillée par le Nigéria voisin). Les camions algériens retournent
surtout avec du bétail et du mil. Cependant, on assiste de plus en plus à un
retour des camions algériens avec de la paille.
La région de Tahoua, quant à elle, reçoit essentiellement du bétail de Tilia et
dans une moindre mesure de lait de chamelle et du formage sec.
L’aliment bétail ou plus précisément le son de blé vient directement du
Nigéria sans transiter par Tahoua. Les commerçants du Nigéria sont aussi
les principaux acheteurs du bétail et repartent avec 90% du bétail vendu
sur le marché. Il est important de noter que le bétail vient essentiellement
de la région contrairement aux marchés de la région de Tillabéry qui sont
alimentés essentiellement par du bétail malien.
Les villes maliennes frontalières du département s’approvisionnent en cé-
réales, pâtes, huile et habillement sur ce marché.

Figure 21: Principaux flux entrants et sortants du marché de Tlemcès

Algérie

Mil Huile, pâtes alimentaires,


Bétail sucre, lait semoule

Nigéria
Mali
Son de blé
Marché
hebdomadaire Céréales, pâtes, huile
de Tlemcès
Bétail

Céréales, Huile,
pâtes alimentaires, Bétail
sucre, lait

Tahoua

55
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

7.4 Opportunités d’interventions

L’analyse croisée du groupe cible, des principales filières et du marché a per-


mis d’identifier une filière porteuse et une filière à haut potentiel. Il s’agit de:
nnL’embouche et le commerce des petits ruminants comme filière porteuse
nnL’artisanat comme filière potentiellement porteuse.

7.4.1 L’embouche des petits ruminants et le commerce de bétail


L’opportunité d’intervention proposée à la Figure 11 est pertinente pour le
département de Tilia. Cependant ce modèle ne peut s’appliquer qu’aux po-
pulations hôtes sédentaires et les réfugiés de la ZAR qui ont opté pour une
vie sédentaire. Le modèle n’est pas applicable au mode de vie nomade car
les services techniques et les fournisseurs d’aliment bétail et soins vétéri-
naires ne pourront pas interagir avec les réfugiés qui nomadisent dans un
grand rayon. D’ailleurs le cotexte sécuritaire rend peu réaliste une pareille
intervention dans un grand rayon.
Il serait peut-être opportun de réfléchir sur un programme de reconstitution
de troupeaux avec un minimum de 30 petits ruminants pour ceux qui opte-
raient pour la vie nomade.
De manière générale, des investissements plus structurels, comme des fo-
rages profonds supplémentaires et un meilleur maillage des bornes fon-
taines sur toute la ZAR ferraient plus sens.

7.4.2 L’artisanat
Même si la filière artisanale ne peut pas être considérée comme porteuse
dans son état actuel, il serait intéressant de réfléchir sur la meilleure
formule pour connecter les réfugiés artisans aux différentes structures
(Direction Régionale de l’Agriculture, CMANI, Chambre Régionale de
l’Artisanat, Fédération Régionale de l’Artisanat…) afin qu’ils bénéficient
de leur encadrement et de leur assistance. Les artisans doivent profiter
du dynamisme de l’artisanat dans la région pour perfectionner leur acti-
vité et pouvoir en vivre.

56
SECTION 8
SYNTHÈSE ET
RECOMMANDATIONS

Malgré les spécificités des différents sites d’accueil des réfugiés maliens au
Niger, un certain nombre de défis semblent être communs aux trois camps
de réfugiés et la ZAR d’IntiKane. Il s’agit de:
nnLa faible collaboration entre intervenants sur les sites d’accueil des réfu-
giés et les services techniques déconcentrés de l’Etat
nnLe manque de moyens et souvent la faible capacité opérationnelle de ces
mêmes services techniques
nnLa tendance à reproduire systématiquement les mêmes types d’inter-
vention (embouche, AGRs, formation de courte durée non-basé sur un
diagnostic participatif…) sans analyse préalable des contraintes et oppor-
tunités des secteurs économiques concernés
nnDes interventions d’urgence (ce qui est normal en phase d’extrême ur-
gence) non basée sur une logique de marché et ne permettant pas d’avoir
des prix rémunérateurs
nnLa tendance à favoriser une seule étape des chaînes de valeur, la pro-
duction, au lieu d’une approche plus holistique permettant d’améliorer la
performance globale des filières avec une attention particulière à l’accès
aux services de soutiens.
Cependant, certaines « success stories » comme des formations adaptées
avec un suivi post-formation en collaboration avec les services techniques
de l’Etat, des appuis en cash conséquent (plus de 100 000 FCFA par bé-
néficiaire), la réalisation d’infrastructures structurantes (forage profond, sta-
tion de pompage…) viennent rappeler qu’il est bien possible de concilier
intervention en faveur des réfugiés et logique de développement.
Toutes les interventions visant une autonomisation des refugiés doivent
donner la priorité à des montages qui mettraient en relation les services
techniques de l’Etat, le secteur privé, les bénéficiaires et le marché.
Les intervenants en faveur des réfugiés ne doivent pas se substituer aux ac-
teurs directs des filières dans lesquelles ils interviennent. Ils doivent plutôt
jouer un rôle de catalyseur qui permettrait de mieux structurer les filières
et d’améliorer l’action des services de soutien. Ils doivent surtout œuvrer à
développer les capacités des services techniques et du secteur privé au lieu
de les remplacer.
Les interventions doivent tenir compte de l’expertise des bénéficiaires,
de leurs aspirations actuelles et surtout de la dynamique de l’économie
locale.

57
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

L’information et la formation commerciale des bénéficiaires ainsi que leur


organisation en coopérative/association performante doit être au cœur des
interventions. En effet, une meilleure transition de l’assistanat à l’autonomie
passera forcement par le développement de l’esprit d’entreprenariat des
refugiés ainsi que leur accès à l’information.
Action urgente et prioritaire en mettre en place: Création de « Point Info ser-
vices étatiques et non étatiques de soutien à l’entrepreneuriat et à l’emploi ».
La création de points info « business » sur chaque site d’accueil des réfu-
giés permettra de réduire l’asymétrie d’information entre les réfugiés et les
services d’accompagnement et de soutien aussi bien étatiques que non
étatiques. A l’image des centres de santé, chaque site doit disposer d’un
point info « business » qui accueille, oriente, informe, forme et accompagne
chaque refugié porteur de projet et à la recherche d’un emploi durable.
Ce point info sera aussi l’interface entre les réfugiés et les différentes insti-
tutions étatiques et non étatiques de manière à mieux adapter les interven-
tions aux besoins des bénéficiaires et aux exigences du marché.

8.1 Création d’un environnement favorable aux


interventions pour l’autonomisation des refugiés
Pour rendre effectives les interventions en faveur des réfugiés et des popu-
lations hôtes, il est important de créer d’abord les conditions favorables à
leur pérennisation. Les actions prioritaires à entreprendre seraient:
nnL’identification des besoins en formation et la formulation de leur contenu
ainsi que des formateurs en collaboration avec les Directions Régionales
de l’Enseignement Professionnel et technique
nnLe suivi post-formation des bénéficiaires en collaboration avec le Fond
d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage
nnLe renforcement des capacités techniques et opérationnelles des Direc-
tions Départementales De l’Agriculture, Directions Départementales de
l’Elevage, Directions Départementales De l’Environnement, Directions Dé-
partementales de l’Artisanat, etc.
nnLa création et/ou le renforcement des capacités des « services d’appui
à l’entrepreneuriat » (Business Développent Services) afin de créer un
écosystème favorable au développement des affaires
nnLa structuration horizontale (e.g coopérative, association de producteurs)
et verticale (e.g. interprofession) des chaines de valeur en collaboration
avec les CRA pour faciliter la création et l’animation d’un cadre de dia-
logue
nnL’initiation, l’accompagnement et implication des Institutions de Micro
Crédit dans les activités d’intermédiation financière (gestion de fonds d’in-
tervention, gestion de financements conditionnels, recouvrement, gestion
de contrats avec les fournisseurs des candidats entrepreneurs, etc.) en
faveur des réfugiés et des populations hôtes.

58
8.2 Synthèses des propositions d’interventions pour
l’autonomisation des refugiés
L’analyse croisée des groupes cibles, des principales filières et des marchés
des différents départements a permis d’identifier des opportunités d’inter-
vention. Certaines opportunités d’intervention sont spécifiques à chaque dé-
partement alors que d’autres sont pertinentes pour tous les départements.

8.2.1 Intervention pertinente pour tous les départements


La pratique quasi généralisée de l’élevage et du commerce du bétail par
presque tous les réfugiés depuis le Mali et l’existence de marchés hebdo-
madaires de bétail dans tous les départements couverts par cette analyse
rendent pertinente l’intervention proposée sur la Figure 22 pour Ayorou,
Mangaïzé, Abala et Intikane. Elle consiste à mettre à la disposition des ré-
fugiés; les intrants, le fonds de roulement et l’encadrement technique qu’il
faut pour l’achat, l’élevage et/ou la vente des petits ruminants. La gestion
des fonds, des contrats de prestations de services et de fourniture d’in-
trants, et les recouvrements se feront par une structure de microfinance
formée à cet effet.

Figure 22: Rappel-Opportunité d’intervention en embouche et commerce des petits


ruminants

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Reporting Contrat Réfugié(e)s


Marché
de service Eleveurs/vendeurs

Remboursement Financement
conditionnel

HCR Fournisseurs
IMF
ou autres institutions d’intrant

Contrat de service Contrat de fournitures

8.2.2 Interventions spécifiques aux départements

• Département d’Ayorou:
L’analyse croisée du groupe cible d’Ayorou, des principales filières, des
contraintes et des opportunités a permis d’identifier deux opportunités d’in-
tervention qui sont la pisciculture (Figure 23) et la commercialisation de
l’oignon (Figure 24):

59
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

L’intervention en pisciculture à l’avantage d’intégrer réfugiés (hommes et


femmes) et populations hôtes dans un montage qui bénéficie de l’accompagne-
ment des services techniques, des institutions de microfinance et fournisseurs
d’intrants et services dans un contexte favorable marqué par une très forte
demande de poisson et l’existence de la plateforme « innovation pisciculture »
à Tillabery. Cette intervention aura aussi l’avantage d’utiliser des infrastructures
déjà existantes (étangs disponibles à Firgoun, rizière pour la pisciriziculture,
unité d’alevinage dans la région, usine d’aliment poisson à Niamey, etc.). Elle
aura le triple avantage de:
nnformaliser l’activité de transformation et vente de poissons dans laquelle
certaines femmes refugiées d’Ayorou sont déjà actifs
nnreconvertir des réfugiés, avec un passé de pêcheur, dans une activité
proche de la pêche
nnaméliorer la résilience des riziculteurs et leur assurer une source ce de
revenu alternatif à travers la pisiciriziculture.
L’intervention dans la commercialisation de l’oignon (Figure 24) est aussi
conçue sur le même modèle de mise en relation des différents acteurs de
la filière (producteurs, coopérative, services techniques, refugiés, institution
de microfinance, etc.). Elle permet aussi d’insérer les réfugiés dans cette
filière par la porte de la commercialisation, étape qui ne souffre pas des
contraintes structurelles du département à savoir le problème foncier et la
surpopulation d’hippopotames.
Cette intervention a comme avantage:
nnLa lutte contre le bradage post-récolte
nnL’utilisation des réseaux sociaux des maliens pour les connecter au mar-
ché de l’export vers le Mali
nnLa réduction des pertes post-récolte
nnL’obtention de prix rémunérateurs pour les producteurs qui capteront une
partie substantielle de la valeur générée.

Figure 23: Rappel-Opportunité d’intervention en pisciculture

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Vente prioritaire et à
prix négocié

Réfugié transformatrice
Reporting Contrat Réfugié
et vendeuse de
de service Pisciculteur/autochtone
poisson/autochtone

Remboursement Financement
conditionnel

Fornisseurs
HCR
IMF d’intrants et de
ou autres institutions
services

Contrat Contrat de fournitures


de service aux pisciculteurs
60
Figure 24: Rappel-Opportunité d’intervention dans la commercialisation d’oignon

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation
3. 35 000
FCFA/sac
Réfugié(e)s
Services techniques Mali
exportateur

2. 30 000
FCFA/sac
2. 35 000
FCFA/sac
Contrat
de service et Coopérative Marché local
Reporting
renforcement (Stockage et vente) et national
de capacité

1. 5 000
FCFA/sac

HCR Producteurs
ou autres institutions autochtones
Financement
conditionnel 4. 20 0000
FCFA/sac

Il est cependant important de garder en tête que toute politique de déve-


loppement de culture commerciale dans le département d’Ayorou doit tenir
compte du rôle de culture pivot que joue la riziculture.

• Mangaïzé:
L’analyse croisée du groupe cible de Mangaïzé, des principales filières, des
contraintes et des opportunités a permis d’identifier une opportunité d’in-
tervention en séchage, stockage et commercialisation de produits maraî-
chers. Toujours conçue selon le modèle de mise en relation des principaux
acteurs et parties prenantes de la filière, cette intervention permet d’insérer
les réfugiés dans la filière maraîchère par la porte de la transformation et
de la commercialisation de produits ayant une forte demande au niveau
partout au Niger et dans les pays voisins. Cette proposition d’intervention
aura comme avantage:
nnLa lutte contre le bradage post-récolte
nnLa diminution conséquente des pertes post-récolte
nnLe stockage aisé et économique des produits séchés sans devoir construire
des infrastructures onéreuses
nnLa création de valeur ajoutée pour les produits maraîchers qui manquent
de débouché
nnLa garantie de vente pour les groupements de producteurs qui feront de
la « production sous contrat » pour l’unité de séchage, de stockage et de
commercialisation

61
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Figure 25: Rappel-Opportunité Intervention en séchage, stockage et commercialisa-


tion des produits maraîchers

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Reporting Contrat Réfugié(e)s Marché régional,


de service (séchage et vente) national et export

Remboursement Financement
conditionnel

Producteurs autochtones
HCR
IMF de tomate, piment,
ou autres institutions
poivron

Contrat Contrat de fournitures aux réfugiés


de service transformateurs/vendeuses

• Abala:
L’analyse croisée du groupe cible d’Abala, des principales filières, des
contraintes et des opportunités a permis d’identifier une opportunité d’in-
tervention en confection collective de tentes en cuir (Figure 26) et leur com-
mercialisation au Mali voisin ou la demande de ce produit est très forte en
période hivernale. Cette intervention est aussi conçue sur le modèle de mise
en relation des acteurs de la filière avec une attention particulière à l’organi-
sation des artisans en coopérative capable de gérer le sourcing et la gestion
des matières premières et l’export-vente des tentes vers le Mali voisin. Ce
montage aura pour avantages:
nnLa réduction de temps de confection extrêmement long en production
individuelle
nnLa fourniture régulière et sécurisée de la matière première
nnL’utilisation des réseaux sociaux des refugiés et la connexion au marché
malien où la demande est plus forte avec selon un calendrier maitrisé
nnL’obtention de prix plus intéressant sur le marché malien où la tente
peut se vendre jusqu’à 500 000 FCFA contre 100 000 à 200 000 FCFA
au Niger.

62
Figure 26: Rappel-Opportunité d’intervention en artisanat dans le département d’Abala

Formation,
accompagnement
et suivi-post formation

Services techniques

Export

Coopérative
Reporting Contrat
cordonniers- Mali
de service
confection de tentes

Remboursement Financement
conditionnel

HCR Fournisseurs
IMF
ou autres institutions (peaux, teintures…)

Contrat de service Contrat de fournitures

• Intikane:
L’analyse croisée du groupe cible d’Intikane, des principales filières, des
contraintes et des opportunités a démontré que l’intervention en embouche
et le commerce du bétail (Figure 22) est la principale opportunité d’interven-
tion dans le département en faveur des réfugiés et des populations hôtes.
Il serait peut-être aussi opportun de réfléchir sur un programme de recons-
titution de troupeaux avec un minimum de 30 petits ruminants pour les
réfugiés qui opteraient pour la vie nomade.
Des investissements structurels, comme des forages profonds supplémen-
taires, la récupération et l’ensemencement en herbacée des terres, et un
meilleur maillage des bornes fontaines sur toute la ZAR ferraient permet-
traient de mieux réussir des interventions en élevage et commerce de bétail.

63
ANALYSE DES SYSTÈMES DE MARCHÉS DANS LE CADRE DE L’APPUI AUX MOYENS DE SUBSISTANCE DES RÉFUGIÉS MALIENS AU NIGER

Bibliographie

HCR, BIT; Etude Système de Marché Niger- Rapport sur la promotion des
moyens de subsistance des réfugiés urbains à Niamey, 2017
Cabinet National d’Expertise en Sciences Sociales-Bozari, Etudes Socio-An-
thropologique portant sur la Nutrition, Santé, l’Hygiène et l’Assainissement
dans les camps des réfugiés maliens au Niger, Février 2018
Institut de Formation et de Recherche Démographique (IFORD), Profilage
socio-économique des refugiés maliens au Niger, Septembre 2015.
Bureau international du travail (2018), Guide des interventions d’appui aux
moyens de subsistance axées sur le marché en faveur des réfugiés, ISBN:
978-92-2-231013-5, Organisation internationale du travail 2017
Bureau international du travail (2016b). Value Chain Development For De-
cent Work: How To Create Employment And Improve Working Conditions In
Targeted Sectors, 2nd edn. Genève.
Réseau National des Chambres d’Agriculture du Niger, Note d’information
/ Produits du maraîchage sur les marchés de Niamey / n°1, du 14 Janvier
2015
République du Niger, Ministère de l’Agriculture et l’Elevage, Direction des
statistiques, SIM Bétail-Présentation du Système d’Information sur les Mar-
chés à bétail du Niger, Août 2017.
RECA, Programme e-extension, Anniversaire du Centre d’Appels pour un
conseil agricole à distance, Septembre 2018

64
ISBN 9789221331179

9 789221 331179

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