Thèse ALIOUA Nawal
Thèse ALIOUA Nawal
THESE
Par
Nawal ALIOUA
Année Universitaire
2020-2021
Université de Constantine 3
Faculté d’Architecture et d’Urbanisme
Département d’Urbanisme
N° de Série :
N° d’Ordre :
THESE
Par
Nawal ALIOUA
Année Universitaire
2020-2021
REMERCIEMENTS
Nos vifs remerciements vont également aux membres du jury pour l’intérêt qu’ils ont
porté à notre recherche en acceptant d’examiner notre travail et de l’enrichir par leurs
propositions.
Un grand merci également à tout le personnel de l’école nationale des travaux publics
de l’Etat, à Lyon, où j’ai passé mes stages, et plus particulièrement au maître de mon
stage madame « BELMESSOUS Fatiha », qui par ses remarques et ses conseils, a
guidé mes réflexions, et a accepté de m’accueillir et de répondre à toutes mes questions
durant mes séjours. Je la remercie vivement de m’avoir accordé sa confiance et de
m’avoir suivie et aidée tout au long de mes stages, pour que ceux-ci se passent dans les
meilleures conditions.
Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour leur aide
dans la réalisation de cette thèse :
Mes amies…
Sans oublier d’exprimer finalement ma gratitude et mes remerciements à tous ceux qui,
par leur enseignement, leur soutien et leurs conseils, m'ont aidée à la réalisation de ce
modeste travail.
DEDICACES
Avec un énorme plaisir, un cœur ouvert et une immense joie, que je dédie mon travail à
mes très chers, respectueux et magnifiques parents, qui m’ont donné de leur temps, de
leur patience, de leur amour et leurs sacrifices et soutien incommensurables tout au
long de ma vie et surtout mes études.
A mon mari qui m’a apporté un grand support moral et intellectuel tout au long de ma
démarche.
A ma belle-famille.
A toutes personnes qui m’ont encouragée ou aidée tout au long de mes études.
TABLE DES MATIERES
Page
CHAPITRE I
INTRODUCTION ................................................................................................................. 1
1.1 Problématique générale ........................................................................................... 3
1.2 Problématique de la recherche spécifique............................................................... 4
1.3 Les connaissances acquises et le positionnement épistémologique ........................ 6
1.4 Hypothèse ............................................................................................................... 9
1.5 Méthodologie et outils de la recherche ................................................................. 10
1.6 Cadrage spatial et temporel de la recherche ......................................................... 16
1.7 Structure de la recherche ....................................................................................... 18
CHAPITRE II
LA POSITION EPISTEMOLOGIQUE : LA QUESTION DE LA REQUALIFICATION
DE LA VILLE ET L’IDENTITE DES TERRITOIRES… ENTRE THEORIES ET
DOCTRINES ....................................................................................................................... 20
2.1 La requalification urbaine des tissus existants : une prise de conscience ............. 20
2.1.1 De « la table rase » à la requalification urbaine ............................................ 21
2.1.2 La requalification urbaine, entre concept et enjeux....................................... 22
2.1.3 La requalification urbaine, acte des politiques publiques.............................. 28
2.2 L’identité, un concept « flou » de nature paradoxale............................................ 31
2.2.1 Le rapport identité/ territoire -espace- ........................................................... 31
2.2.2 Identité des territoires et/ ou l’identité territoriale ......................................... 36
2.2.3 Le génie du lieu, combinaison de « l’esprit » et du « lieu » .......................... 36
2.3 La requalification de la ville et l’identité des territoires … Quelles relations ? ... 37
2.3.1 La nécessité de prise en charge de l’identité dans les opérations de
requalification............................................................................................................... 37
2.3.2 Les impacts des opérations de requalification d’un espace sur son identité . 38
2.3.3 Le rapport requalification et identité des villes portuaires, quelle spécificité ?
………………………………………………………………………………40
2.4 Entre requalification d’une ville et son identité, la participation citoyenne un pilier
indispensable … ............................................................................................................... 41
2.5 L’outil d’aide à la décision au service de l’urbanisme, pourquoi ? ...................... 47
2.5.1 L’outil d’aide à la décision que signifie-t-il ?................................................ 48
v
2.6 Rapport identité des territoires / requalification urbaine et approches
méthodologiques … ......................................................................................................... 51
2.6.1 L’analyse de la réalité du terrain d’étude … Base de stratégies appropriées 51
2.6.2 Prise en compte et intégration des différents acteurs, une nécessité absolue 53
2.7 Brève présentation de quelques concepts usités dans cette recherche .................. 58
2.7.1 Images de la ville… ....................................................................................... 58
2.7.2 L’attractivité d’un territoire …un champ multidimensionnel ....................... 59
2.7.3 Approche prospective, une démarche évolutive… ........................................ 60
CHAPITRE III
LE TERRITOIRE JIJELIEN ENTRE DYSFONCTIONNEMENTS ET ATOUTS :
OBSERVATION, LECTURE ET CONSTAT .................................................................... 62
3.1 Présentation du territoire de la wilaya de Jijel : .................................................... 63
3.1.1 La situation géographique et l’organisation administrative de la wilaya de
Jijel : 1/10ème de la longueur du littoral et 28 communes ............................................ 63
3.1.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques du territoire jijelien :
élément déterminant de son armature et de sa dynamique ........................................... 64
3.1.3 Les infrastructures d’accès et de déplacements dans la wilaya de Jijel … un
levier de développement............................................................................................... 66
3.1.4 La place de Jijel dans l’histoire : D’un comptoir d’intérêt national à un
territoire enclavé … ...................................................................................................... 68
3.1.5 L’évolution historique de l’armature urbaine de la wilaya de Jijel, de
l’indépendance à nos jours : forte explosion ................................................................ 69
3.2 La ville de Jijel, l’objet d’étude… lecture, constat et diagnostic .......................... 75
3.2.1 Présentation de la ville de Jijel ...................................................................... 75
3.2.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques de la ville de Jijel,
effets sur sa genèse et sa structure ................................................................................ 76
3.2.3 Genèse et processus d’urbanisation : d’une petite ville à un territoire éclaté et
désordonné … .............................................................................................................. 79
3.2.4 L’accessibilité et les déplacements dans la ville de Jijel, entre potentialités et
défis…… ...................................................................................................................... 84
3.2.5 Fonctionnement et dynamique de la ville de Jijel : Habitats, équipements et
services offerts …......................................................................................................... 89
3.2.6 Le paysage de la ville entre spécificité et anarchie … .................................. 98
3.2.7 Les potentialités de la ville de Jijel, comme marque d’identité et atouts de
développement et de requalification .......................................................................... 101
CHAPITRE IV
JIJEL, UN ESPACE EN MUTATION … NOUVELLE IMAGE ? POUR QUELLES
FORMES D’INTERVENTION URBAINE ? ................................................................... 106
4.1 La ville algérienne entre dysfonctionnements et stratégies de développement...106
vi
4.1.1 L’ère de « stabilité spatiale » de 1962 à 1973 ............................................. 107
4.1.2 L’ère du « monopole » de 1974 au 1985 ..................................................... 107
4.1.3 L’ère « début de crise » de 1985 – 1990...................................................... 107
4.1.4 L’ère de « la législation effective » 1990 à nos jours .................................. 108
4.2 Lecture critique des chercheurs de la situation actuelle des villes algériennes .. 108
4.3 La problématique de l’urbain en Algérie, causes et conséquences… ................. 110
4.4 Le retour à la ville pour la requalifier, constitue-t-il une prise de conscience d’un
nouveau phénomène en Algérie ? .................................................................................. 112
4.4.1 Le cadre législatif d’intervention sur les tissus existants ............................ 112
4.4.2 L’apport des différents acteurs dans les opérations de requalification urbaine
en Algérie ................................................................................................................... 115
4.4.3 La requalification par les grands projets urbains … une nouvelle forme
d’intervention ............................................................................................................. 117
4.5 Le devenir de la ville de Jijel tel qu’il est dessiné par ses acteurs décideurs ...... 118
4.5.1 Les actions prévues par les acteurs publics : requalification de la ville de
Jijel, outils d’aménagement et d’urbanisme ............................................................... 119
4.5.2 La requalification de la ville de Jijel par les grands projets…vision
prospective et impacts attendus .................................................................................. 137
4.6 Synthèse de lectures des différents outils d’aménagement … La crostabulation145
CHAPITRE V
UNE DEMARCHE EMPIRIQUE : PLACER L’HABITANT AU CŒUR DES
MUTATIONS QUI CONCERNENT SON CADRE DE VIE … L’ECOUTER,
L’OBSERVER................................................................................................................... 150
5.1 L’identité de la ville de Jijel et son développement entre perceptions et attentes de
ses habitants ................................................................................................................... 151
5.1.1 Ecouter les habitants : du choix de la technique de l’enquête au
dépouillement de résultats. ......................................................................................... 151
5.1.2 La ville de Jijel en tant qu’espace perçu par ses habitants .......................... 159
5.1.3 La perception des changements parcourus de la ville de Jijel par ses
habitants… ................................................................................................................. 162
5.1.4 Les éléments constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon la vision de ses
habitants ……………………………………………………………………………..166
5.1.5 L’identité de la ville de Jijel face aux mutations urbaines .......................... 171
5.1.6 Les attentes des habitants de la ville de Jijel ............................................... 177
5.2 La ville de Jijel en tant qu’espace pratiqué par ses habitants ............................. 178
5.2.1 Actions qui touchent l’aspect esthétique des espaces publics ..................... 182
5.2.2 Actions touchant les aspects liés à la propreté de la ville ............................ 183
5.2.3 Actions touchant les aspects liés à l’accessibilité et l’état de la voirie........ 186
5.2.4 Actions touchant les aspects liés à la verdure dans la ville ......................... 186
vii
5.2.5 Actions touchant des aspects invisibles (pour but la solidarité, la convivialité)
dans la ville................................................................................................................. 186
CHAPITRE VI
MARSEILLE, CASABLANCA ET TOULON… TROIS VILLES REQUALIFIEES …
TROIS STRATEGIES ....................................................................................................... 195
6.1 Construction de la comparabilité, les critères du choix de nos exemples, leur passé
est notre présent … ........................................................................................................ 196
6.1.1 Le choix de la ville de Marseille, Ville portuaire méditerranéenne européenne
………...……………………………………………………………………………..196
6.1.2 Le choix de la ville de Casablanca (Maroc) : Ville portuaire maghrébine...197
6.1.3 Le choix de la ville de Toulon (France) : Ville portuaire, européenne,
méditerranéenne … … aux richesses naturelles diversifiées ..................................... 198
6.2 Marseille : EUROMED, une affaire d’Etat… un tournant dans l’histoire de la
ville ………………………………………………………………………………….199
6.2.1 Présentation de la ville de Marseille ............................................................ 200
6.2.2 Évènements marquants de l’histoire Marseillaise, effet sur sa morphologie
urbaine et sa dynamique ............................................................................................. 200
6.2.3 Les stratégies de requalification de Marseille : EUROMED, une affaire
d’Etat… un tournant dans l’histoire de la ville .......................................................... 204
6.3 Casablanca, d’un petit port de pêche au principal pôle de drainage et de diffusion
des flux, des répercussions sur la ville et son identité … .............................................. 212
6.3.1 Présentation de la ville de Casablanca ......................................................... 212
6.3.2 Les évènements marquants de l’histoire de Casablanca .............................. 213
6.3.3 Les stratégies de requalification : Casa à la recherche d’une nouvelle image,
1984, la reprise de l’action sur la ville … .................................................................. 218
6.4 Toulon (France), une ville portuaire aux richesses naturelles indéniables… ..... 225
6.4.1 Présentation de la ville de Toulon ............................................................... 225
6.4.2 Les évènements marquants de l’histoire de Toulon .................................... 226
6.4.3 Les stratégies de requalification : Toulon à la recherche d’une nouvelle
image ……………………………………………………………………………..229
6.5 Synthèse des trois exemples : croisement de regard entre les trois villes ........... 235
CHAPITRE VII
DISCUSSION : REGARDS CROISES ENTRE PREOCCUPATIONS HABITANTES ET
LOGIQUES INSTITUTIONNELLES DE LA VILLE DE JIJEL … VERS LA
CONCEPTION D’UN OUTIL D’AIDE A LA DECISION ............................................. 238
7.1 Croisement de regards et la vision future de Jijel, stratégies et implications … 238
7.1.1 Jijel entre visons des décideurs et aspirations des citoyens …regards croisés
……………………………………………………………………………………….239
7.1.2 L’avenir de la ville de Jijel en vision prospective, enjeux et scénarii futurs249
viii
7.2 Les éléments constitutifs de l’identité d’un territoire … des leviers pour révéler sa
spécificité … .................................................................................................................. 254
7.2.1 Les LIEUX SYMBOLES DE LA VILLE, entre préservation de l’ancien et
création de nouveau.................................................................................................... 255
7.2.2 LA QUALITE DES PAYSAGES… un vecteur d’identité indispensable .. 257
7.2.3 L’IMAGE DE LA VILLE, miroir de sa spécificité …une nécessité de
valorisation ................................................................................................................. 258
7.2.4 LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE… une opportunité à
exploiter …………………………………………………………………………….259
7.2.5 PATRIMOINE, CULTURE ET HISTOIRE : mémoire du passé et
opportunités d’avenir.................................................................................................. 260
7.2.6 Faire de L’ACTIVITE ECONOMIQUE, un vecteur d’identité .................. 262
7.2.7 LE SAVOIR ET LE SAVOIR-FAIRE, au profil de l’urbanisme ............... 263
7.2.8 LES PRATIQUES ET LES COMPORTEMENTS SOCIAUX, une
opportunité à exploiter ............................................................................................... 264
7.2.9 LES ESPACES PUBLICS, support d’identité, vers une meilleure
appropriation .............................................................................................................. 264
7.3 Vers la conception d’un outil d’aide à la décision en matière requalification
urbaine : le business model Canvas au service de l’urbanisme ..................................... 265
7.3.1 L’adaptation de l’outil au contexte d’étude : Le business model Canvas au
service des opérations de requalification urbaine : pourquoi et comment ? .............. 267
7.3.2 Cet outil est-il généralisable ? ..................................................................... 270
CHAPITRE VIII
CONCLUSION ET PERSPECTIVES .............................................................................. 274
CHAPITRE IX
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................. 281
ix
Annexe N. Le réseau viaire de Jijel en vue satellite ......................................................... 311
Annexe O : La situation actuelle des différents équipements de la ville de Jijel ............. 312
Annexe P : La répartition des terrains de la commune de Jijel ........................................ 315
Annexe Q : Destinations touristiques privilégiés des vacanciers en Algérie ................... 316
Annexe R : Les infrastructures hôtelières existantes dans la commune de Jijel .............. 317
Annexe S : Carte des POS de l’ACL de Jijel ................................................................... 318
Annexe T : Stratégies du PDAU pou requalifier la ville de Jijel ..................................... 319
Annexe U : Les équipements projetés dans la ville de Jijel selon son PDAU ................. 321
Annexe V : Articles publiés.............................................................................................. 323
x
LISTE DES FIGURES
Figure Page
xi
3.31 Une forte pluie rend le mouvement presque impossible à Jijel (Hiver 2019). 86
3.32 Distribution des lignes de transport urbain dans la ville de Jijel .............................. 87
3.33 Moyens de déplacements dans la ville. .................................................................... 87
3.34 Fluidité du Trafic habituel dans la ville de Jijel à 7h50............................................ 88
3.35 Embouteillage au camp chevalier (plateau Ayouf) pendant les heures de pointe .... 88
3.36 Fluidité du Trafic habituel dans la ville de Jijel à 11h50.......................................... 88
3.37 Typologie de l’habitat colonial existant dans la ville de Jijel................................... 90
3.38 L’état de bâti au centre-ville de Jijel. ....................................................................... 91
3.39 Rénovation et reconstruction de nouvelles habitations au centre-ville de Jijel. ....... 91
3.40 L’habitat traditionnel existant dans le centre-ville de Jijel. ...................................... 91
3.41 Typologie de l’habitat récent existant dans la ville de Jijel ...................................... 92
3.42 Les principaux axes routiers de la ville de Jijel. ....................................................... 93
3.43 Trames bâties des différents tissus composant la ville. ............................................ 93
3.44 Voies en état dégradé. Photos prises par l’auteur des quartiers : Belhain, Camp
Chevalier et la crête. ............................................................................................................ 94
3.45 La structure des emplois dans la commune de Jijel (Fin 2018)................................ 95
3.46 Le cadre bâti de la ville de Jijel (habitat individuel, habitat collectif et équipements).
............................................................................................................................................. 96
3.47 Répartition spatiale des principales entités attractives de la ville. ........................... 97
3.48 Paysage naturel de la ville de Jijel. ........................................................................... 98
3.49 Paysage naturel de la ville de Jijel. ........................................................................... 98
3.50 Vue panoramique de toute la ville de Jijel à partir de l’évitement Sud .................... 99
3.51 Vue panoramique de la ville de Jijel et son entrée Est à partir de Harratène ......... 100
3.52 Vue panoramique de la ville de Jijel à partir de la plage Echelawla (située à l’entrée
Est de la ville) .................................................................................................................... 100
3.53 Evolution de la structure de la population par âge. ................................................ 101
3.54 Répartition générale des terres de la commune de Jijel (année 2015).................... 101
3.55 Production halieutique -mesure : Tonne- (Fin 2018). ............................................ 104
4.1 Découpage du territoire de la wilaya de Jijel en 3 zones d’aménagement ............. 124
4.2 Les principaux enjeux du PDAU de la commune de Jijel. ..................................... 132
4.3 Les actions préconisées par le DPAU au centre colonial de Jijel ........................... 135
4.4 Les actions préconisées par le DPAU à long terme ................................................ 135
4.5 Les grands projets prévus/ en cours de réalisation pour développer Jijel. ............. 137
4.6 Maillage projeté du réseau routier de la wilaya de Jijel avec le grand axe autoroutier
EST-OUEST. ..................................................................................................................... 138
4.7 Vue 3D du terminal à conteneurs. .......................................................................... 139
4.8 Le complexe sidérurgique de Bellara ..................................................................... 141
4.9 Vue 3D du Pôle universitaire d’El Aouana ............................................................ 142
4.10 Vue 3D du nouveau centre commercial. ................................................................ 144
5.1 Pourcentage de besoins identifiés. .......................................................................... 153
5.2 Nombre des besoins révélés par nouvel entretien. ................................................. 153
5.3 Sexe de l’échantillon. ............................................................................................. 154
5.4 Catégorie d’âge de l’échantillon par sexe............................................................... 154
5.5 Durée de résidence de l’échantillon selon ses origines. ......................................... 154
5.6 Lieux de résidence de l’échantillon. ....................................................................... 155
5.7 Catégorie socioprofessionnelle de l’échantillon selon le sexe. .............................. 155
5.8 Les étapes de réalisation de notre enquête.............................................................. 159
5.9 La perception de la ville par l’échantillon. ............................................................. 160
5.10 Jijel quelques années après l’indépendance............................................................ 160
5.11 La perception de la ville selon la durée de résidence du répondant ....................... 161
xii
5.12 La perception de la ville selon l’âge du répondant ................................................. 161
5.13 La perception de la ville par l’échantillon selon les indicateurs ; âge et sexe ........ 161
5.14 La perception des changements parcourus de la ville par l’échantillon. ................ 162
5.15 Les changements positifs parcourus de la ville selon l’échantillon. ....................... 163
5.16 Les secteurs et les valeurs ayant des problèmes et des régressions selon l’échantillon
........................................................................................................................................... 163
5.17 Ville de Jijel. ........................................................................................................... 165
5.18 Vue aérienne du centre-ville de Jijel en 2009......................................................... 165
5.19 Vue du quartier périphérique Rabta à Jijel en 2017. .............................................. 165
5.20 Paysage urbain des quartiers périphériques du centre-ville de Jijel. ...................... 165
5.21 Les éléments constituant l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon. ............ 167
5.22 Les éléments matériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon. ...................................................................................................................... 168
5.23 Paysage naturel identitaire de Jijel. ........................................................................ 168
5.24 L’église des Saints Simon & Jude à Jijel. ............................................................... 169
5.25 Le bateau de Baba Aroudj. ..................................................................................... 169
5.26 La foire El Fourssene à Jijel. .................................................................................. 169
5.27 Les éléments immatériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon. ...................................................................................................................... 170
5.28 Les éléments identitaires de la ville de Jijel ayant eu des changements négatifs selon
l’échantillon. ...................................................................................................................... 171
5.29 Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville ............................................... 172
5.30 Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par âge ................................... 172
5.31 Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par sexe ................................. 173
5.32 Activités et pratiques de notre échantillon. ............................................................ 174
5.33 Activités et pratiques de l’échantillon selon les origines des personnes ................ 175
5.34 Les lieux de promenade préférés par l’échantillon ................................................. 176
5.35 Beaumarchais, la façade maritime Ouest de Jijel. .................................................. 176
5.36 Personnes qui voient que l’absence de la volonté des habitants est un problème à
Jijel selon l’indicateur âge. ................................................................................................ 179
5.37 Personnes qui voient que l’absence de la volonté des habitants est un problème à
Jijel..................................................................................................................................... 179
5.38 Un jeune artiste jijélien célèbre Aïd al-Adha à sa manière. ................................... 180
5.39 Une compagne de nettoyage des plages de Jijel par des jeunes jijéliens en été 2018.
........................................................................................................................................... 181
5.40 Concours de meilleur balcon fleuri à Jijel. ............................................................. 181
5.41 Les escaliers de la Crète à Jijel après repeint par le jeune homme. ........................ 182
5.42 Dessin du jeune artiste sur un ancien mur au marché de fruit et légumes à Jijel. .. 182
5.43 Jijel reprend des couleurs, promouvoir l’écocitoyenneté. ...................................... 182
5.44 Un chantier de volontariat ouvert à la cité « cirque » à Bab Sour. ......................... 183
5.45 Compagne de nettoyage au quartier El-Akabi à l’occasion du mois sacré de
Ramadan. ........................................................................................................................... 183
5.46 Compagne de nettoyage du quartier de Bourmel à Jijel. ........................................ 183
5.47 L’APC entame une compagne de nettoyage de tous les quartiers de la ville (juste
après l’initiative de la cité Cirque). ................................................................................... 183
5.48 Le système territorial. ............................................................................................. 184
5.49 Des jeunes Jijéliens enlèvent les affiches du vote dans les rues de la ville. ........... 184
5.50 Large compagne de nettoyage au cimetière de Jijel. .............................................. 185
5.51 Opération « mosquée propre » avant le début du Ramadan. .................................. 185
5.52 Compagnes de nettoyage des plages chaque matinée par des jeunesjijeliens. ....... 185
xiii
5.53 Une femme jijelienne nettoie une plage à Jijel. ...................................................... 185
5.54 Des habitants de « Jolie vue » nettoient leur quartier de la boue. ......................... 186
5.55 Les habitants du quartier de village Moussa réparent une route « trouée ». .......... 186
5.56 Jijel : Des arbres plantés par des jeunes de la cité 40 hectares. .............................. 186
5.57 Jijel, Ramadan 2018 : la solidarité au rendez-vous. ............................................... 186
5.58 Jijel : Iftar en bord de la mer organisé par le Club Kotama.................................... 186
5.59 Carte de synthèse des différents quartiers et lieux des différentes actions menées par
les habitants de la ville de Jijel. ......................................................................................... 187
5.60 Une affiche pour sensibiliser les citoyens à la propreté du quartier de Belhaine. .. 189
5.61 Nettoyage des escaliers par des citoyens. ............................................................... 189
5.62 Quartier Belhaine toujours en bon état, dont la première initiative était en 2016. . 190
5.63 Nettoyage de la plage Kotama par des étudiants et jeunes habitants (Mars 2019). 190
5.64 Peinture d’un mur au centre-ville de Jijel par des jeunes habitants (2019). ........... 190
5.65 Peinture et dessin des murs par le Bataillon d'art de la rue de Jijel. ....................... 191
6.1 Marseille dans son département. ............................................................................ 200
6.2 La cité Phocéenne. .................................................................................................. 201
6.3 Marseille, les docks, les Docks Village, Centre d'Affaires et Commercial ............ 201
6.4 Marseille, le quai du port, et rue de la république .................................................. 201
6.5 Marseille, le vieux port-débarquement d’oranges .................................................. 201
6.6 Le quai des Belges, vieux port de Marseille ........................................................... 201
6.7 Le GPM de Marseille-Fos : un port en mutation ? ................................................. 203
6.8 Système de barrières séparant l’emprise portuaire de la ville. ............................... 203
6.9 Le périmètre du projet Euro-méditerranée. ............................................................ 205
6.10 Les grandes phases de mutations de Marseille. ...................................................... 206
6.11 La reconversion des silos en salle de spectacle : le marketing urbain de la
réhabilitation du front de mer. ........................................................................................... 210
6.12 Le Mucem, la villa méditerranée et la tour CMA-CGM en arrière-plan................ 210
6.13 Répercussions des opérations conduites dans le cadre de l’OIN Euromed. .......... 210
6.14 Situation géographique de Casablanca. ................................................................. 212
6.15 La ville d’Anfa après son bombardement par la flotte portugaise en 1468. .......... 213
6.16 Plan Prost 1917. ..................................................................................................... 213
6.17 Le plan d’Ecochard 1952....................................................................................... 214
6.18 Les voies d’échanges commerciaux au Maroc, avant et après 1912 (le rapport avec
la côte). .............................................................................................................................. 216
6.19 Les politiques publiques d’intervention urbaine à Casa : du modèle classique à la
logique des grands projets urbains..................................................................................... 221
6.20 La réhabilitation de l’ancienne Médina ................................................................. 221
6.21 La mosquée Hassan II............................................................................................ 221
6.22 Le Grand Théâtre de Casablanca. .......................................................................... 223
6.23 La marina. .............................................................................................................. 223
6.24 Situation de Toulon dans son département (Var). ................................................. 226
6.25 Situation de Toulon par rapport à son pays. .......................................................... 226
6.26 Vue de la ville de Toulon, sa rade et son port depuis le Mont Faron. ................... 226
6.27 La rade de Toulon. ................................................................................................. 227
6.28 Châteauvallon - Scène Nationale........................................................................... 232
6.29 L’évènement TallShips Regatta............................................................................. 232
6.30 La place de la liberté à Toulon, où se situe le théâtre Liberté. .............................. 232
6.31 Les principaux enjeux/stratégies adoptés dans les processus de métropolisation des
trois villes .......................................................................................................................... 236
7.1 Le centre commercial du plateau Ayouf (emplacement et état d’avancement). ... 241
xiv
7.2 Aménagement de la façade maritime Beaumarchais (travaux en cours et vue 3D du
projet final). ....................................................................................................................... 245
7.3 Jijel célèbre la Fête de la Fraise dans sa 17ème édition. ........................................ 263
7.4 Le projet récréatif à Kissir, entrée en service de sa première tranche le 12 Mars
2021. .................................................................................................................................. 265
7.5 Le business Model Canevas - le modèle basique. .................................................. 268
7.6 Adaptation de business model canevas au service des opérations de requalification
urbaine. .............................................................................................................................. 268
7.7 Le business Model Canvas : un outil d’aide à la décision pour requalifier la ville de
Jijel..................................................................................................................................... 272
A.1 Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras. ....................................... 296
A.2 Découpage administratif de la wilaya de Jijel en communes. ................................ 297
A.3 Les ports existants dans la wilaya de Jijel .............................................................. 298
A.4 Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1977 et 2008. ........................ 299
A.5 Evolution de la population jijelienne entre 1977 et 2008 par commune. ............... 300
A.6 Evolution de la population jijelienne entre 2008 et 2015 par commune. ............... 301
A.7 Répartition des grandes infrastructures de la wilaya de Jijel. ................................. 302
A.8 Transport intercommunal de Jijel : les flux des voyageurs. ................................... 303
A.9 Couvert végétal forestier de la wilaya de Jijel. ....................................................... 305
A.10 Occupation du sol de la wilaya de Jijel. ................................................................. 306
A.11 Les quartiers de la ville de Jijel. ............................................................................. 307
A.12 Carte du réseau hydrographique de la commune de Jijel. ..................................... 308
A.13 Les activités existantes dans le centre colonial de Jijel. ........................................ 310
A.14 Carte d’état de fait du centre colonial de Jijel. ...................................................... 310
A.15 Vue satellite de la ville de Jijel. ............................................................................. 311
A.16 Répartition des terrains de la commune de Jijel entre 2006 et 2015 (en ha). ........ 315
A.17 Répartition de la surface agricole totale (SAT)entre 2006 et 2015 (en ha). .......... 315
A.18 Destinations touristiques privilégiés des vacanciers selon les résultats de
l’évaluation de la saison estivale 2018. ............................................................................. 316
A.19 Carte des POS de l’ACL de la commune de Jijel .................................................. 318
A.20 Les actions préconisées par le DPAU dans le POS 26 ......................................... 319
A.21 Les actions préconisées par le DPAU à moyen terme .......................................... 320
xv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau Page
xvii
LISTE DES ABREVIATIONS
3D : Trois Dimensions
AADL : Agence nationale d'amélioration et du développement du logement
ACL : Agglomération Chef-Lieu
ADA : Algérienne Des Autoroutes
ADE : Algérienne Des Eaux
AEP : Alimentation en Eau Potable
ANA : Agence Nationale des Autoroutes
ANESRIF : Agence Nationale d’Etudes et de Suivi de la Réalisation des Investissements
Ferroviaires
APC : Assemblée Populaire Communale
APS : Algérie Presse Service
APW : Assemblée Populaire de Wilaya
AQS : Algerian Qatari Steel
AS : Agglomération Secondaire
BET : Bureau d'Etudes Techniques
BNEDER : Bureau National d’Études pour le Développement Rural.
CC : Chemin Communal
CDG : Caisse de Dépôt et de Gestion
CDT : Confédération Démocratique du Travail
CEEMP : Centre d’Essais et d’Expertises en Mer Profonde
CEM : Collège d'Enseignement Moyen
CENEAP : Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement
CFPA : Centres de Formation Professionnelle
CGM : Compagnie Générale Maritime
CMA : Compagnie Maritime d'Affrètement
CNRR : Conservatoire National à Rayonnement Régional
CRAAG : Centre de Recherche en Astronomie Astrophysique et Géophysique
CW : Chemin de Wilaya
DA : Dinar Algérien
DE : Décret Exécutif
DPAT : Direction de la planification et de l’aménagement du territoire
DPSB : Direction de la Programmation et de Suivi de Budget
DUC : Direction et d’urbanisme et de construction
xviii
EBAHIE : Ecoute des Besoins et Attentes et leur HIErarchisation
EMD : Ecole de Management
EPAEM : l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée
EPJ : Entreprise portuaire de Jijel
ESA : École Supérieure d’Art
ETRHB : Entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiments
EVP : Equivalent vingt pieds
FNI : Fonds National d’Investissement
FRAC : Fonds régional d’art contemporain
GPM : Grand Port maritime
H : Heure
Ha : Hectare
Hab : Habitant
HLM : Habitation à loyer modéré
INSFP : Institut National de Formation Professionnelle
INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques
Km : kilomètre
LGV : Ligne à grande vitesse
Log : Logement
LSP : Logement Social Participatif
MuCEM : Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
OIN : Opération d’Intérêt National
ONS : Office National des Statistiques
OPAH : Opération programmée d’amélioration de l’habitat
OPGI : Office de Promotion et de Gestion Immobilière
PAT : Programme d'Action Territoriale
PAW : Plan d’Aménagement de la Wilaya
PDAR : Plan de développement des agglomérations rurales
PDAU : Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme
PDU : Programme de Déplacement Urbain
POS : Plan d’occupation du sol
PSD : Plan spécial de développement
PUD : Plan d’Urbanisme Directeur
PUP : Plans d’Urbanisme Provisoires
QSI : Qatar Steel International
xix
RDC : Rez-de-chaussée
Réf : Référence
RGPH : Recensement général de la population et de l’habitat
RN : Route nationale
SAPTA : Société algérienne des ponts et travaux d'arts
SARL : Société à responsabilité limitée
SAT : Surface Agricole Totale
SAU : Surface Agricole Utile
SDAT : Schéma Directeur d’Aménagement Touristique
SDAU : Schéma directeur d'urbanisme et d’urbanisme
SEPT : Schéma des espaces de planification territoriale
SIG : Système d'information géographique
SNAT : Schéma National d’Aménagement de Territoire
SPSS : Statistical Package for the Social Sciences
SRAT : Schéma Régional d’Aménagement du Territoire
T : Tonne
TAJ : Tannerie Jijel
T.C.J : Tennis Club de Jijel
TGV : Train à grande vitesse
TOC : Taux d’occupation par classe
TOL : Taux d’occupation par logement
TPM : Toulon Provence Méditerranée
VAD : Var Aménagement Développement
VRD : Voiries et réseaux divers
ZAC : Zone d’Aménagement Concerté
ZE : Zone Eparse
ZET : Zones d’expansion touristique
ZHUN : Zone d’Habitat Urbain Nouvelle
ZIP : Zone industrialo-portuaire
xx
RESUME
The phenomenon of rural exodus and the growth of cities have taken off, often leading to
the abandonment of old centers with their attractiveness and specificity, and the emergence
of more attractive peripheral spaces but without soul or identity references. Faced with this
troubling situation, the city struggles to stand out and find its uniqueness in a world of
perpetual change where competition between cities is intense. So, how can we offer the
inhabitants a pleasant and unique living environment within their city thanks to the urban
requalification process? And by what means? This is the question that fuels our reflection.
The relevance and novelty sought in our study are embodied in the proposal of an approach
that allows us to better understand the question of the identity of a territory and the voice
of its inhabitants in urban requalification operations, that is to say, to show how to reveal
the identity of a city during its requalification operations. To address this major concern,
the choice is made on the city of Jijel (in Algeria) which is undergoing a major
transformation and which is called to move from a landlocked city to a regional
development pole (2030) through major structuring projects planned by the State which are
underway. However, the urban system of this city suffers from several shortcomings.
This research proposes to better interpret the ins and outs of the global and current living
environment of the city of Jijel through an approach of the land, first as a space developed
and to be developed and then as a space perceived and practiced by its inhabitants to
identify the factors promoting its requalification and the revelation of its identity.
By first questioning the current situation of this city through a detailed diagnosis and then
by analyzing the content of the requalification strategies such as they are designed by these
decision-makers, we aim to understand the changes that this city is undergoing and their
repercussions on its identity.
The inhabitant is the focal point on which all decisions are based, as he is both user and
actor, practitioner and decision-maker. We question the two concepts with the inhabitants
of this city. Indeed, hearing the voice of the latter through semi-directive interviews as well
as observing them, allows us to define their needs and aspirations in terms of urban
requalification operations on the one hand and to lay the foundations and subjective bases
necessary for the objective appreciation of the question of territorial identity on the other
hand.
The originality of this work lies in wanting to define the basic arguments from a
reinterpretation of the information collected and the representations of the inhabitants. The
cross-referencing of the results of our survey with the institutional logics that shape the
future of this city allows us to critically read the urban requalification policies proposed by
the decision-makers of the city of Jijel. To consolidate the results of this crossing by the
results of the comparative approach, by studying three foreign experiences carried out in
the field of the urban, which have similarities with our case of study, contributes at the
same time to take a step back with regard to our national context and to build a tool of
effective and efficient decision support which will be used as reference for any territorial
intervention (valorizing and revealing of its identity).
Key words: Urban requalification, identity of the territory, inhabitant, city of Jijel.
ملخص
أدى االنتشار الرهيب لكل من ظاهرتي النزوح الريفي ونمو المدن في كثير من األحيان إلى هجر المراكز القديمة للمدن
وتالشي جاذبيتها وخصوصياتها من جهة ،وظهور مساحات محيطية أكثر جاذبية ولكن بدون روح أو هوية من جهة
اخرى .في خضم هدا الوضع المقلق ،تكافح المدينة من أجل إيجاد وإبراز هويتها في عالم متغير باستمرار حيث
المنافسة بين المدن في اوجها ،ليبقى السؤال المطروح :كيف يمكننا أن نوفر للسكان بيئة معيشية ممتعة وفريدة من
نوعها داخل مدينتهم من خالل عمليات إعادة التأهيل الحضري؟ وبأي وسيلة؟ هذا هو السؤال الذي يغذي تفكيرنا.
تتجسد أهمية وجدوى دراستنا في اقتراح نهج يسمح باألخذ بعين االعتبار ،وبشكل أفضل ،كل من مسألة هوية اإلقليم
وصوت سكانه في عمليات إعادة التأهيل الحضري ،أي إظهار كيفية الكشف عن هوية المدينة وتعزيزها عن طريق
عمليات إعادة تأهيلها .لمعالجة هذه المسالة ،وقع اختيارنا على مدينة جيجل (في الجزائر) والتي تشهد تحوالً كبيرا،
حيث ينتظر منها االنتقال من مدينة معزولة إلى قطب تنمية إقليمي ( )2030من خالل عدة مشاريع كبرى قيد التنفيذ ،في
حين ،يبقى النظام الحضري لهذه المدينة يعاني من عدة مشاكل.
يقترح هذا البحث تفسير وإرساء خصوصيات وعموميات البيئة المعيشية االجمالية والحالية لمدينة جيجل بشكل أفضل،
من خالل نهج ميداني ،أوالً كبيئة مبنية وقيد التطوير ،ثم كبيئة كما ينظر إليها ويعيشها سكانها من أجل تحديد العوامل
التي تمكننا من إعادة تأهيلها وتعزيز هويتها.
من خالل التساؤل أوالً ومحاولة فهم الوضع الراهن لهذه المدينة بإجراء تشخيص مفصل ثم تحليل محتوى استراتيجيات
إعادة التأهيل كما رسمها صناع القرار ،نهدف إلى فهم التغييرات التي تشهدها هذه المدينة ومدى انعكاسها على هويتها.
يعتبر المواطن النقطة المحورية التي يستند إليها أي قرار ،بصفته مستخدم ،ممثل ،ممارس وصانع قرار ،لهدا نناقش
كال المفهومين مع سكان هذه المدينة .في الواقع ،إن سماع صوت هؤالء من خالل مقابالت شبه توجيهية باإلضافة إلى
مالحظة ممارساتهم ،يسمح لنا بتحديد احتياجاتهم وتطلعاتهم من حيث عمليات إعادة التأهيل الحضري من جهة ووضع
األسس الضرورية والذاتية الالزمة من أجل تقييم موضوعي لمسألة الهوية اإلقليمية من جهة أخرى.
تكمن أصالة هذا العمل في محاولة تحديد الحجج األساسية بناء على إعادة تفسير المعلومات التي تم اإلفصاح عنها
وتمثيلها من طرف السكان .إن تقاطع نتائج تحقيقنا مع المنطق المؤسسي الذي يرسم مستقبل هذه المدينة ،يتيح لنا إمكانية
إجراء قراءة نقدية لسياسات إعادة التأهيل الحضري المقترحة من طرف صناع القرار في مدينة جيجل .تعزيز نتائج هذا
التقاطع بنتائج النهج المقارن ،عن طريق دراسة ثالث تجارب أجنبية أجريت في المجال الحضري ،والتي لها أوجه
تشابه مع دراسة الحالة الخاصة بنا ،تسمح لنا باتخاذ مسافة عن سياقنا الوطني ومبادئه المعتادة وبناء أداة فعالة لدعم
القرار ،من شأنها أن تكون بمثابة مرجع ألي تدخل إقليمي (من أجل تعزيز وكشف هويته).
الكلمات المفتاحية :إعادة التأهيل الحضري ،هوية اإلقليم ،ساكن ،مدينة جيجل.
1 CHAPITRE I
INTRODUCTION
L’espace urbain est en rapport constant entre évolution et changement, affectant à la fois
ses composantes physiques, sociales, économiques, son image et ses spécificités. À la
lumière de ces changements, le phénomène de l’exode rural et de la croissance de villes ont
pris un essor, entraînant souvent l’abandon des vieux centres avec leur attractivité et leur
spécificité, et, l’émergence des espaces périphériques plus attrayants mais sans âme ni
références identitaires. Face à cette situation troublante, la ville peine à se démarquer et à
trouver sa singularité dans un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre
villes est intense. La crise identitaire dans la ville est aujourd'hui aggravée par l'émergence
du phénomène de la mondialisation et de la métropolisation, tendant mondialement à
réunir les villes par le biais de grands projets structurants.
À cet égard, il serait intéressant de s’interroger : comment peut-on offrir aux habitants un
cadre de vie agréable et unique au sein de leur ville grâce au processus de requalification
urbaine ? Comment révéler l'identité d'une ville lors des opérations de sa
requalification ? Par quels moyens ? Tel est le questionnement qui alimente notre
réflexion.
1
La requalification urbaine en tant qu’opération pouvant faire partie du phénomène de
« Reconstruire la ville sur la ville » peut prendre plusieurs formes selon la typologie du
tissu concerné et des situations rencontrées. De processus urbain classique aux projets
urbains, les formes d'intervention sur les tissus existants varient selon le contexte concerné
et poursuivent des objectifs entre autres : améliorer les conditions de vie de la population.
Donner du sens à ces opérations nécessite une prise de conscience claire de ces éléments
identitaires par les décideurs « faiseurs d’identité » (Galland, 1993, p. 4).
Le concept d’identité urbaine présuppose que « la ville soit signifiante » (Morisset, 2001,
p. 5). En effet, la prise en charge de cette question dans les opérations de requalification
d’une ville demeure une nécessité absolue qui pourrait apparaître comme une « solution
alternative » pour faire face au phénomène de mondialisation conduisant à l’uniformisation
et donc « à un choc des civilisations » (Huntington, 2004 cité par Guérin-Pace and
Guermond, 2006, p. 289). Elle est également considérée comme « une ressource dans le
cadre d’une politique de développement » (Bautès and Guiu, 2010, p. 124), qui peut
fortement influencer le développement des territoires (Thouément and Charles, 2011, p.
03). Selon ces derniers, la négligence de ce facteur marquant de la ville, rend toute
intervention sur cette dernière obsolète et sans âme.
Considérée comme une ouverture portuaire privilégiée pour l’arrière-pays ainsi que pour
toute l’Afrique, Jijel est une ville côtière et portuaire du Nord-est algérien en relation
directe avec la mer méditerranéenne par une façade maritime de plus de 120 Km. Elle est
l’agglomération chef-lieu de la wilaya de Jijel. De part cette situation géographique
1
Dans un article de presse de Nawel. D (2010) -voir le lien dans la bibliographie-.
2
stratégique disposant d’un grand port commercial (classé parmi les premiers en
méditerranée), elle est appelée à passer d’une ville enclavée à un pôle de développement
régional (2030) (selon le SEPT Nord Est et le PAW de Jijel) ; un important pôle
d’industrie, de tourisme et d’affaires, à travers de grands projets structurants prévus par
l’Etat (en cours de réalisation). Or, le système urbain de cette ville, à l’instar des autres
villes algériennes, qui est en pleine mutation, souffre de plusieurs lacunes à savoir, la
dégradation de son centre ancien, la prolifération de l’habitat non planifié en périphérie,
des problèmes d’accessibilité, de pollutions... nuisant l’image et les référents identitaires de
cette ville. Parmi ces raisons et l’intérêt des autorités à travers la planification de projets
d’envergure, elle fait l’objet d’une demande accrue de la part de ses habitants en termes de
qualité du cadre de vie, justifiant des opérations de requalification afin de pouvoir assurer
son rôle dans le futur.
« Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise » (Galland,
1993, p. 04).
a) Une représentation sociale construite et admise par ses habitants ou ses visiteurs
déclinée en un modèle imagé qui agrège différentes particularités (sociales,
culturelles et symboliques) (Quertier, 2008).
b) Une construction associant le passé (mémoire), le présent (l’état actuel) et le futur
comme devenir (Galland, 1993; Guérin-Pace, 2006).
3
paysage urbain auxquels on a accroché des souvenirs d’enfance, la possibilité de trouver
chez les autres habitants du quartier quelque chose de soi qui fait qu’on se sent “d’ici”
même lorsque l’on vient d’ailleurs » (Foret, 2007, p. 7). Belhedi (2006, p. 316) affirme de
sa part que « la mise en exergue d’une seule dimension de l’identité ne fait que cristalliser
les autres dimensions cachées, voilées, réprimées ». Reste ensuite la question de savoir
comment trouver un équilibre acceptable et accepté entre les différentes composantes
de l’identité.
Quant à la requalification de la ville, c’est une opération d’intervention sur des tissus
existants2 visant principalement une réactualisation d’un cadre urbain donné, de façon à
insérer les nouveaux besoins et attentes de la population concernée. En effet, répondre aux
besoins et aspirations des habitants est un enjeu primordial dans toute intervention, Louvet
(2005, p. 43) affirme: « …le meilleur projet n’est pas le meilleur techniquement mais, tout
en apportant une solution technique satisfaisante, le mieux accepté ».
2
Qui ont connu souvent un processus de disqualification. En effet, elle s’intéresse aux territoires disqualifiés,
défavorisés, marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne répondent ni
aux besoins ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère.
3
La date et le numéro de page non indiquées, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-.
4
Commençant par la période phénicienne (IVe Av. JC), en passant à la période romaine (75 Av. J.C),
passant par la période Byzantine (en 533), la période Musulmane (en 720), la période Normande (en 1143),
la période Génoise (en 1283), la période Turque (16e siècle), la période Expédition Du Duc De Beaufort (en
1664), la période Française de 1839 à 1962.
4
de-marée qui a submergé toute la citadelle, détruisant toute la ville et effaçant toutes
traces des civilisations précédentes.
L’urbanisation actuelle de Jijel n’est autre que « le prolongement dans la discontinuité par
rapport à l’héritage urbain français qui a reconstruit la ville après le séisme de 1856 »
(Grimes, 2003, p. 120). En effet, le système urbain hérité depuis l’indépendance est
constitué d’un centre urbain colonial (en damier) et des extensions périphériques
résultantes de la forte pression démographique et de l’exode rural qu’a connus la ville
depuis l’indépendance.
Cette ville a toutes les ressources stratégiques pour être une ville de qualité à savoir : sa
vocation touristique, ses potentialités naturelles, patrimoniales, économiques sous
exploitées et son ouverture sur l’international à travers son port et son aéroport.
Malheureusement, elle est un territoire dysfonctionné, souffrant de problèmes multiples
que nous développerons au cours du déroulement de la recherche, d’où le recours à des
opérations de requalification urbaine devenant une nécessité absolue.
Actuellement, Jijel est devenue le théâtre de grandes mutations, transformant son image et
sa dynamique urbaine de par les projets implantés en voie de réalisation. Avec de telles
transformations, Jijel passera d’une petite ville enclavée à un important pôle d’industrie, de
tourisme et d’affaires, à travers de grands projets prévus, à savoir : la modernisation du
port de Djen-Djen, la réalisation d’une pénétrante autoroutière la reliant à l’autoroute Est-
Ouest, la construction d’une voie ferrée entre ledit port et l’axe El Eulma-Sétif, la
réalisation d’un 3ème pôle universitaire à El Ouana, le grand projet du complexe
5
sidérurgique Algéro-Qatari à Bellara (50 km de Jijel), ainsi que d’autres projets hôteliers.
Ce boom économique aura certainement des effets induits sur les formes de son
urbanisation par l’attractivité du territoire avec la création d’un bassin d’emplois.
A la lumière de ce constat, il s’avère évident que ces grands projets structurants vont
donner une nouvelle dynamique et une nouvelle image à la ville de Jijel. La question qui se
pose, son contexte urbain et spatial serait-il à la hauteur du rôle que Jijel est appelée à
jouer dans l’avenir ? Où sont les habitants (leurs besoins et leurs aspirations) et
l’identité de cette ville dans ces discours ? De ce fait, cette ville réclame une intervention
de requalification urbaine de façon globale, cohérente et non ponctuelle, tout en
améliorant son cadre urbain d’une part et en assurant la satisfaction des besoins et attentes
de sa population d’autre part.
Pour traiter cette préoccupation majeure, nous sommes parties d’une série de
questionnement :
Toutes ces interrogations nous incitent à poser la question principale comprenant deux
volets : Entre Jijel héritée et Jijel en projet, la requalification urbaine tenant compte
des aspirations des citoyens, pourrait-elle revaloriser le territoire en révélant son
identité intrinsèque ?
Dans le monde et à partir des années 90, les villes en quête d’attractivité se sont tournées
vers l’injection des grands projets ou projets de ville scénarisés et rivalisant d’esthétisme et
de communication via la scénarisation des projets avec impacts futurs sur le devenir des
villes, les mettant dans une situation de rivalité pour attirer les capitaux humains et
6
économiques (Arnould, 2017). Cette action spécifique aux entreprises est appliquée aux
villes considérées désormais comme un produit à vendre, évoluant dans un système
concurrentiel.
Cet état de fait met les acteurs dans une position de gérant d’une entreprise où le profit, les
stratégies d’attractivité et la visibilité font légion. L’intégration d’un acteur important dans le
processus de production de l’urbain, à travers la concertation en l’occurrence la population
est effective dans les pays européens et outre atlantique (Cobo, 2016).
Cette prise de position consistant à intégrer la société civile dans les décisions est considérée
selon les chercheurs comme une contrainte ou une opportunité. La théorie hyper-pluraliste,
suppose que cette stratégie entraine un chaos urbain car le pouvoir décisionnel est partagé
pouvant entrainer des blocages dans les décisions synonymes d’ingouvernabilité (Pinson,
2009). D’autres voient le côté positif où l’action est considérée comme une perspective
d’ouverture vers une coopération, à l’invention de nouveaux mécanismes et une articulation
intelligente des ressources communes (Crampe, 2019).
Le processus de fabrication des villes a longtemps été central dans les études urbaines liées
à la ville algérienne (Belguidoum, Cattedra and Iraki, 2015). Ces dernières traitent souvent
le phénomène urbain comme effet inévitable du boom démographique et du
développement économique (Belguidoum, 2008, p. 2) ou souvent comme une constatation
des déséquilibres qui existent « entre les règles et les pratiques et entre les programmes et
leur réalité » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 102). Par sa part, Chouadra (2008) note
que « la recomposition de la ville fragmentée reste un défi pour les décennies à venir »
(ibid., p. 13). Cette recomposition doit, selon lui, s’imposer comme priorité dans la
politique de la ville en se basant sur les spécificités identitaires géographiques et
historiques de cette dernière.
Dans cette perspective et afin d’étudier le rapport intervention- identité du territoire dans le
cas de la ville algérienne « de Jijel », la question du rôle de l’habitant dans ce processus de
7
requalification guide la présente recherche. En effet, partant du constat que la
requalification urbaine est une intervention urbaine des acteurs décideurs sur un territoire
bien défini, s'inscrit dans des politiques publiques, encadrée par un cadre juridique bien
défini, nous allons essayer d’évaluer les politiques publiques de la ville de Jijel en matière
de requalification urbaine. Cette évaluation revient à tester leur niveau d’efficience et
d’efficacité, mais aussi leur capacité à répondre aux besoins des habitants.
D’une manière générale, notre travail de thèse vise à cerner et à comprendre la relation
entre l’identité d’une ville et son développement, de montrer comment les opérations de
requalification urbaine peuvent être des révélateurs de l’identité d’un territoire, un moteur
et un levier de développement d’une ville toute en lui offrant sa singularité et ses
spécificités dans un monde concurrentiel ; d’où la nécessité de se démarquer.
Notre interrogation sur l'identité de la ville et sa prise en charge dans les opérations de
requalification, c'est-à-dire comment tenter de moderniser/réactualiser le cadre de vie de la
population, en mettant en évidence les spécificités du lieu, ses valeurs et en assurant la
satisfaction de ses habitants, nous a amenées à questionner ces concepts auprès des
habitants c’est-à-dire, aller vers la composante humaine elle-même et placer l’habitant au
cœur du système d’évaluation de la question traitée, car la « connaissance du site, n’est
pas l’apanage du technicien » (Louvet, 2005, p. 54), mais de l’habitant, également appelé
« l’usager-expert des lieux » et / ou « partenaire du renouveau local » (Noyer and Raoul,
2008).
Par conséquent, l’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base
à partir d’une réinterprétation des informations recueillies et des représentations des
habitants, en les procédant d’une manière analogique, en se basant sur l’étude des
exemples étrangers. L’habitant étant le nœud focal sur lequel se base toute décision
8
car il est à la fois usager et acteur, pratiquant et décideur. Une telle approche nous
permet à la fois de croiser local et global, pratique et théorie ainsi que discours
(politique) et réalité (vécu des habitants).
1.4 Hypothèse
Pour mener à bien cette présente recherche, nous sommes parties de l’hypothèse suivante :
Avant d’aller à ce point vital et crucial de notre recherche, il faudra d’abord comprendre le
contexte de l’étude (la ville de Jijel), ses mutations, ses stratégies de développement et ses
répercussions sur son identité, tout en combinant des approches locale (cas d’étude) et
globale (universelle) par le biais d’une approche comparative (villes présentant un cas
similaire) afin de pouvoir prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses
logiques habituelles.
Au fait, notre recherche dotera les villes (les collectivités locales) de démarches et des
moyens (un outil d’aide à la décision) pour assurer la prise en charge de la question
d’identité, des besoins et des attentes des habitants algériens dans les opérations de
requalification de leurs villes, en assurant un équilibre acceptable entre ses différentes
composantes identitaires.
D’une manière plus spécifique, notre recherche vise à travers l’étude du cas de la ville de
Jijel.
▪ Mettre en évidence les réalités du terrain d’étude, en s’interrogeant sur les éléments
qui ont conduit au dysfonctionnement de cette ville, c’est-à-dire de savoir comment
les mutations urbaines qu’a connues Jijel influent sur la ville et son identité.
▪ Étudier le rapport identité/ville / intervention (requalification urbaine), comment il
se présente dans le cas d’une ville algérienne : celle de Jijel.
▪ Étudier l’impact des politiques publiques spécifiques à la ville de Jijel, en
l’occurrence les nouveaux projets que connaitra Jijel sur son développement et son
identité.
9
▪ Essayer de comprendre si les stratégies des acteurs décideurs de cette ville
répondent-elles réellement aux besoins et aux aspirations des habitants du territoire
concerné. En effet, vouloir aboutir à une lecture critique de la politique publique en
matière de requalification de la ville de Jijel, basée sur une connaissance des
réalités du terrain d’étude, ses référents identitaires et les aspirations de ses
habitants.
▪ Recommander et ouvrir des pistes de réflexion pour des recherches futures.
La présente recherche vise à mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de
vie global et actuel de la ville de Jijel. C’est à travers une approche du terrain que se
distingue cette aire d’étude, d’abord en tant qu’espace aménagé et à aménager et puis en
tant qu’espace perçu et pratiqué par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant
sa requalification et la révélation de son identité.
Premièrement, dans l’objectif de savoir comment d’autres chercheurs ont abordé cette
question de « requalification de la ville et d’identité des territoires », quels sont leurs
résultats et leurs méthodes de recherche, nous avons commencé d’abord par une collecte
des données afin d’éclaircir notre thème d’étude et de comprendre ce sujet dans sa
globalité et comment il se présente dans le cas livresque. L’interprétation et la lecture des
10
documents collectés s’est faite selon deux techniques : la technique de « skimming »5 et la
technique de « lire pour comprendre »6.
Pour mieux comprendre la situation actuelle de la ville de Jijel et cerner les causes et
conséquences du processus de disqualification qu’elle a connu et les changements
constatés, un travail de terrain a été effectué selon les étapes suivantes :
➢ Collecte des données et documents officiels auprès des différentes directions de
Jijel.
➢ Consultation des travaux de recherche déjà effectués sur le terrain d’étude et ayant
une relation avec le thème de notre recherche.
➢ Actualisation de quelques données du terrain à travers cartes, archives et sorties sur
site.
➢ L’observation7 in situ et la prise de photos.
Après avoir rassemblé les différentes données et les observations (écrites et enregistrées)
concernant le cas d’étude, nous les avons traitées par le recours à une combinaison de deux
méthodes ou approches :
▪ L’approche analytique : d’une manière quantitative, qualitative et la
combinaison des deux.
▪ La méthode historique : avec interrogation des archives (analyse de
contenu avec critique interne et externe) dans le but d’établir des faits et des
conclusions des événements passés et de faire ressortir tout élément ou
événement marquant dans l’histoire de cette ville, et qui a contribué de façon
directe ou indirecte à l’établissement de son état actuel avec tous ses points
positifs et négatifs.
Après avoir étudié et compris la réalité du terrain, son fonctionnement et sa dynamique (du
passé au présent), nous nous tournons vers l’avenir de cette ville. En fait, nous complétons
5
La technique de la lecture : skimming (lecture rapide) : il s’agit de lire le document (chapitre, passage,
article, etc.) une seule fois de façon rapide, dont elle permet de trouver rapidement l’information recherchée.
6
La technique de « lire pour comprendre » : Elle permet de saisir l’information recherchée à partir de la
lecture d’un document plusieurs fois.
7
Appelée aussi l’approche Descriptive, elle est considérée comme un moyen de rassemblement de données.
11
cette première étape par une seconde étape qui est l’étude de la question de la
requalification et de l’identité de la ville telle qu'elle est envisagée dans les outils de
planification urbaine et les stratégies d’intervention spécifiques à cette ville. En
d’autres termes, nous tenterons d’examiner, où va la ville de Jijel et son identité
conformément à la vision de ses décideurs, en analysant leurs stratégies (en cours et
projetées) par le biais de la prospective.
Les deux concepts requalification de la ville et identité des territoires constituent l’épine
dorsale de notre recherche. La requalification est une intervention urbaine qui vise
principalement à répondre aux besoins et attentes des habitants, et l’identité qui est (plus
que le coté physique et visible) un sentiment d’appartenance des habitants à un lieu. De ce
fait, la population, constitue l’axe majeur de lecture commune entre ces deux notions, et
la première concernée par les différentes opérations entreprises sur son cadre de vie, pour
cela, quel est son rôle dans la participation aux différentes interventions urbaines qui
concernent son cadre de vie ?
Préalablement, il nous semble indispensable de donner la parole aux habitants, et leur
permettre de s’exprimer librement, pour mieux comprendre leurs besoins et leurs attentes,
pour trouver un meilleur rapport entre l’espace perçu et l’espace vécu. Pour cela, nous
avons eu recours à la méthode d’enquête avec la technique de l’entrevue8sur un
échantillon de 46 personnes (techniquement appelée population). Notre enquête a été
8
L’enquête a été effectuée à l’aide d’un guide d’entretien comportant des questions formulées sur la base des
indicateurs dégagés lors de la lecture des données bibliographiques recueillies.
12
inspiré de la méthode EBAHIE que nous présentons dans le chapitre suivant, dont nous
n'avons pris que son coté qualitatif.
Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, et les données statistiques du
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2008 de la ville de Jijel, notre
échantillon a été identifié avec soin d’une manière qu’il soit représentatif de l’ensemble de
la population de la ville de Jijel en se basant sur plusieurs indicateurs à savoir ; sexe,
tranches d’âge, durée de résidence, lieu de résidence et catégorie socioprofessionnelle
(profession).
Le dépouillement des résultats de cette enquête s’est fait selon une analyse qualitative de
type sémantique basée principalement sur la « méthode de sélection positive », c'est-à-
dire, tout en restant fidèle aux expressions et aux mots prononcés par les habitants, nous
avons essayé de réduire la quantité étonnante de données qualitatives résultantes des
différents entretiens aux expressions les plus significatives. À l’aide du logiciel SPSS et à
la « cross-tabulation » un croisement des variables et données a été fait.
N.B : étant donné que notre visée de cette enquête est purement qualitative, le recours au
logiciel SPSS a eu lieu pour faciliter le croisement des variables et des données. En
revanche, la dimension quantitative des résultats présente des limites en raison du nombre
réduit de notre échantillon.
Après avoir donné la possibilité de s’exprimer aux habitants, connaitre leurs perceptions de
l’espace, l’image qu’ils en forgent, nous avons complété cette première étape, par
l’observation in situ. Cette dernière consiste à observer l’habitant dans son environnement
naturel et réel dans un contexte d’usage de l’espace. Cela dépasse le simple regard mais
13
s’inscrit dans une perspective de décrypter les facettes non verbales (non exprimées) par
les habitants et de vérifier la réalité de la situation urbaine du point de vue « participation
citoyenne » (croiser perception et pratique). En effet, comment réagissent les habitants de
Jijel face à la situation difficile dans laquelle se trouve leur ville ?
D. Une recherche de stratégie d’ici et d’ailleurs … prendre une distance par rapport
au contexte national
Le choix est effectué sur trois villes portuaires ; Marseille, Casablanca et Toulon. Le choix
de ces villes se base sur les critères suivants : ville portuaire en mutation, les stratégies
suivies et les résultats.
14
celui d’EUROMED qui a changé l’échelle et l’image de la ville. Au fait, elle a pu non
seulement se repositionner à l’échelle de son pays mais à l’échelle de toute la
méditerranée. La situation de Marseille avant l’arrivée d’EUROMED, ressemble en grande
partie à la situation actuelle de notre objet d’étude Jijel, qui vit maintenant entre une
périphérie plus dynamique et attractive, et un centre en déclin et en dégradation assez
avancée, mais qui dispose en contrepartie d’une infrastructure très importante tel est le cas
du port de Djen-Djen (Essor économique dû au port et la zone de Bellara). Malgré sa taille
et sa place dans le classement des villes françaises qui dépassent celle de notre aire
d’étude, elle a été choisie pour les stratégies adoptées et les impacts ressortis.
Dans un second temps, le choix est porté sur une ville qui a connu une sorte de «
refondation » d’origine coloniale (Cattedra, 2003) celle de Casablanca – comme c’est le
cas de Jijel –. Sur le plan architectural et urbanistique, Casablanca est une ville
millénaire qui n’a pas conservé les traces des différentes civilisations qu’elle a connues.
Bien qu’elle ait été décrite comme « ville sans âme » (Cattedra, 2003), elle a pu acquérir
un statut d’une ville patrimoniale, comment ? En outre, l’identité matérielle de la ville de
Jijel est presque inexistante en raison de son effacement par le séisme de 1856, et depuis
lors, la ville n’a qu’un centre urbain d’une architecture coloniale et d’une périphérie sans
âme ni homogénéité (esthétique) alors comment essayer de redonner une identité à cette
entité urbaine où ses fondements historiques et identitaires sont altérés ? Tirer des idées à
partir de Casablanca ; Quelles stratégies ?
Toulon possède de multiples caractéristiques qui ressemblent en grande partie à notre objet
d’étude (Jijel). En effet, c'est une ville côtière portuaire avec une base navale militaire et
l’autre civile. Longeant le bassin méditerranéen, les caractéristiques physiques de cette
ville sont constituées de deux entités naturelles : la plaine et la montagne qui forment
l’identité naturelle de cette ville aux paysages naturels indéniables, renforçant sa
vocation touristique.
15
Après avoir interprété et évalué les résultats de l’enquête, et les avoir croisés avec les
résultats de l’étude prospective et les résultats de l’étude des trois exemples, nous
précéderons à construire une grille de lecture et d’intervention sur la ville de Jijel, qui
servira de référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice
de son identité).
❖ Le cadrage spatial
Spatialement, notre étude porte sur deux niveaux différents mais qui se complètent :
▪ L’échelle macro : à ce niveau d’approche, nous sommes à l’échelle de toute la wilaya
de Jijel, afin de mieux cerner et comprendre la réalité et les problèmes du micro (local).
▪ L’échelle micro : à ce niveau, l’étude se fait à l’échelle de la ville de Jijel, depuis son
centre ancien, à sa périphérie (les quartiers périphériques de la ville), c’est à dire l’ACL
de la commune (Voir la carte ci-dessous-).
Notre aire
d’étude
❖ Le cadrage temporel
Tant que la requalification de la ville est une action qui s’inscrit dans la durée, c'est-à-dire
qui vise à répondre aux besoins des habitants à moyen et à long terme, notre recherche met
l’accent sur les dix à vingt ans à venir, tout en mettant aussi l’accent sur les éléments
marquants dans le passé de cette ville et qui ont façonné son identité et sa genèse actuelle.
Le schéma ci-dessous résume les démarches et les méthodes utilisées pour accomplir notre
recherche :
16
Recherche Projection de son devenir
bibliographique et
Vision des décideurs
identification de
l’objet de recherche
+ Méthode comparative
Vision des décideurs
Croisement de lectures
Diagnostic et analyse approfondie du terrain d’étude +Approche prospective
Méthode comparative et construction d’un
outil d’aide à la
Passé Présent Futur décision, valide et
Diagnostic et analyse approfondie du terrain d’étude Approche prospective efficient qui servira de
référence pour toute
❖ Approche analytique :
Présent Méthode d’enquête par la intervention
Passé
Méthode historique Futur
D’une manière ; quantitative, technique d’entretien territoriale
Ouvrages,
❖ Méthode thèses de: doctorat,
analytique D’une mémoires de magistère, articles scientifiques, articles de
Les outils de travail
presses,; sites Web, cartes, documents officiels
Visions comme
des citoyens
des
dulois, décrets exécutifs, PAW de
❖ manière quantitative,
L’observation in situ + Méthode d’analyse contenu
Jijel, photos,
qualitative et lalogiciel Google Earth, logiciel SPSS, Excel, etc.
combinaison
Les outils de travail
des deux
Figure 1.2. Démarches et méthodologies suivies dans notre recherche.
Source. Établi par l’auteur (2020).
17
• Chapitre I : Introduction
• Chapitre II : La position épistémologique : La question de la requalification de
la ville et l’identité des territoires… Sur le plan conceptuel et universel
18
• Chapitre V : Une démarche empirique : placer l’habitant au cœur des
mutations qui concernent son cadre de vie … l’écouter, l’observer
Ce chapitre est consacré à une enquête sur terrain d’abord, auprès d’un échantillon de
personnes habitants de la ville de Jijel dans le but et comprendre leur perception de leur
ville, leurs visions, leur degré de satisfaction, ainsi que l’image qu’ils en forgent avec les
éléments constitutifs de son identité. Nous complétons cette enquête par une observation
en situation (intra-muros) relatant les différentes pratiques habitantes présentes sur l’espace
urbain de la ville de Jijel, dans l’objectif de questionner le rôle du citoyen dans toute
action touchant la requalification et l’amélioration de son cadre de vie.
Ce chapitre consiste en une étude du cas de trois expériences étrangères menées dans le
domaine de l’urbain, qui ont des similitudes avec notre cas d’étude.
Consolider les résultats de ce croisement parles résultats de l’étude des trois exemples
contribue à la construction d’un bisness model type, valide et efficient qui servira de
référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice de son
identité)
Nous concluons notre recherche par une conclusion générale, et suggestion d’une série de
nouvelles pistes de recherche sur la thématique abordée par cette thèse.
19
2 CHAPITRE II
LA POSITION EPISTEMOLOGIQUE : LA QUESTION DE LA
REQUALIFICATION DE LA VILLE ET L’IDENTITE DES TERRITOIRES…
ENTRE THEORIES ET DOCTRINES
INTRODUCTION
Pour mener à bien cette présente recherche, nous sommes parties de l’hypothèse suivante :
Analyser les concepts-clés de cet énoncé, revient à les transférer de l’abstrait vers le
versant concret à travers l’analyse conceptuelle. Cette approche permet de décomposer le
concept en dimensions puis en indicateurs mesurables capables de générer une
opérationnalisation empirique. Ainsi, les concepts de « requalification urbaine, identité
du territoire, de politique publique, de participation citoyenne, d’outil d’aide à la
décision et le site de Jijel » constituent le soubassement de notre recherche. Dans ce
chapitre, nous disséquons quelques-uns et nous complétons par l’analyse du site et les lois
étatiques dans les autres chapitres.
Afin de détailler cette analyse, nous avons structuré notre chapitre selon six points, et pour
chacun d’entre eux, nous avons fait une présentation synthétique de la documentation
exploitée.
9
Le processus d’évolution est détaillé dans la partie 01 : chapitre 01 du mémoire de magister de (Boudjabi,
2005).
20
reconstruction des espaces après les guerres et les catastrophes naturelles, avant de passer à
un phénomène réglementé organisé (Réf : schéma de synthèse en Figure 2.1, p. 22), qui se
présente comme une solution recommandée, pour faire face à la situation urbaine critique
des villes et le phénomène d’étalement urbain (Boudjabi, 2005). Les travaux
haussmanniens sont l'un des pionniers dans le domaine10.
L'amélioration des conditions de vie de la population est apparue pour la première fois
dans un cadre pensé, opérationnel, selon des ordonnancements urbains devant la situation
critique de l’ensemble des villes des pays industrialisés du 19ème siècle, qui nécessitaient
des réformes et de les repenser dans leur globalité (ibid.).
Le concept de « reconstruire la ville sur la ville »11a brillé dans les années 90, devenant une
nécessité absolue et une base de toute opération d’intervention sur les espaces urbains
éclatés et hétérogènes en combinant « la mutation » et « la substitution » (Grumbach,
1998). Ce concept a vu le jour dans les pays anglo-saxons, en Italie et en France,
s’incarnant dans des politiques publiques, et à travers le concept de «ville sédimentaire »
(Masbongi, 1998, p. 03 ; Eleb-harlé and Berthier, 2007, p. 01), en faveur d’une ville plus
compacte par une meilleure maitrise et gestion du foncier.
Au début, les interventions sur les tissus existants se sont limitées aux opérations de
« rénovation urbaine », chose qui n’a pas tardé d’être reniée par plusieurs chercheurs du
domaine de l’urbain, comme Bernard Huet, suivi par de nouveaux urbanistes. Ce dernier a
considéré les interventions en centre ancien comme préjudiciables aux spécifictés et aux
caractéristqiues du lieu et se font au mépris du contexte.En revanche, il a défendu et
encouragé « l’ordinaire de la ville » en valorisant les tissus urbains existants « le déjà
là».En fait,bien que la prise de conscinces de la question du patrimoine, des spécificités et
des valeurs des lieux ait commencé en 1933, elle ne s’est élargie que depuis 1964 12, y
compris tout groupement de construction pouvant fournir des renseigenements sur le passé
(Boudjabi, 2005). La prise de conscience de l'importance des tissus existants s'est
10
A travers son programme de « reconstruction du Paris moderne », le préfet Haussmann a été l'un des
pionniers dans le domaine de l’urbanisme, son programme qui avait un caractère global et complet, est
devenu « une référence mondiale » pour de nombreuse opérations de reconstructions urbaines (Boudjabi,
2005).
11
Appelé aussi le retour à la ville compacte, le renouvellement urbain, la récupération de la ville et le
recyclage urbain.
12
Date de la charte de Venise (Mai 1964).
21
renfroncé avec l’uniformisation des modèles urbains et architecturaux et l'échec des villes
modernes. Cette prise de consience a contribué à minimiser les opérations de démolition et
de reconstruction sans pouvoir mettre fin à ce phénomène.
Selon Perrocheau (2012), les opérations de requalification urbaine ont pour origine « une
alternative aux opérations de démolition reconstruction » comportant des gisements
d’économie, notamment en ce qui concerne l’environnement.
13
Selon « Larousse » et « le Robert », la requalification signifie l’action de donner une nouvelle
qualification/qualité/titre à quelque chose. Une autre définition est donnée par Basille (2004) « ‘Qualifier’ du
latin ‘qualificare’ est composé de ‘qualis’ : « quel » au sens de « apte », « fait pour » et de ‘facere’ : « faire
», « rendre tel », Les objectifs affichés de la politique de la ville vise le maintien des populations actuelles et
l’accueil de nouveaux ménages en rendant le quartier attractif… » (ibid., p. 11).
22
disqualifiés14 ou dysfonctionnés. Le phénomène de disqualification ou dysfonctionnement
qu’a connu les villes à travers le monde, est dû essentiellement à une tendance d’étalement
urbain15qui s’est faite de façon néfaste et démesurée, donnant lieu à des problèmes
multiples et visibles aussi bien sur le plan spatial, que sur le plan social et
environnemental. Au fait, Berry-Chikhaoui (2009) qualifie de « dysfonctionnements »
urbains , l’urbanisation anarchique, sous-intégrée, spontanée, la gourbification, la
ruralisation de la ville, l’économie informelle. Boudjabi (2005) appelle
dysfonctionnements urbains « une situation carrément chaotique » de l’espace urbain
concrétisé par des bouleversements des entités urbaines et de leurs environnements,
incarnés par la détérioration du cadre bati en particulier dans le centre-ville, la
multiplication des friches en milieux urbains, la propagation d’habitat illicite, la
propagation de la pollution sous toutes ses formes, visuelles, sonores.... Dans les zones
périphériques, la menace des énergies non renouvelables et du foncier, conduisent à la
paupérisation des conditions et de la qualité de vie des citoyens ainsi qu’à la diffusion de
pulsieurs maux sociaux comme: taux de chômage élevé, pauvreté, exlusionet ségrégation.
La disqualification urbaine renvoie au processus de perte de la qualité d’un espace urbain
matérialisé par de nombreux problèmes. Les principales causes et conséquences du
dysfonctionnement d'une zone urbaine, quelle que soit son échelle peuvent être résumées
comme suit :
14
Selon le dictionnaire ‘Larousse’, le mot disqualifier signifie « Rendre quelqu'un indigne de ses fonctions,
discréditer ».
15
Qui dit étalement urbain, dit croissance démographique, exode rural et par conséquent crise de logement.
23
- Sur le plan spatial :
Urbanisation anarchique, habitat illicite,
détérioration du cadre bâti,
multiplication des friches,
- Etalement urbain consommation irrationnelle du foncier.
démesuré - Sur le plan social et économique :
- Exode rural Ruralisation de la ville, ségrégation,
- Pratiques des perte des notions de citadinité et
habitants Ses causes d’urbanité, paupérisation des conditions
- Effet du temps Ses formes
et de la qualité de vie, taux de chômage
- Marginalisation de élevé, exclusion sociale, violence
la problématique par urbaine, détérioration des fonds culturels
les acteurs décideurs, et patrimoniaux, économie informelle.
et dominance de
l’aspect quantitatif - Sur le plan environnemental :
dans leur discours. Propagation de la pollution sous toutes
ses formes ; visuelles, sonores, etc.
menace des richesses et des énergies non
renouvelables.
La disqualification et les mauvaises conditions de vie dans un espace ne sont pas les seules
raisons qui peuvent conduire à sa requalification, mais aussi les évènements d’importance
mondiale dits : « urbanisme événementiel » comme les expositions universelles, les Jeux
olympiques… Ces derniers peuvent être un élément déclencheur (catalyseur) des
opérations de requalification urbaine (Wachter and Emelianoff, 2009, p. 116).
Plusieurs indicateurs relatifs à ce concept ont été relevés lors de notre lecture, parmi
lesquels, nous citons entre autres les références suivantes :
24
• D’après Gasnier (2004, p. 35), l’opération de requalification urbaine est considérée
comme « acte d’appropriation - réappropriation politique et économique », elle
présente cependant des limites sur le plan social, car elle a des implications directes
sur l’urbanité et les formes de réappropriation d’espace requalifié par ses habitants
(individuels ou groupes sociaux). Ces derniers peuvent les modifier ou même les
transformer radicalement, entraînant de multiples dysfonctionnements16. Pour cela,
il insiste sur la nécessité absolue d'impliquer les « parties prenantes »et la mise en
évidence des convergences des conflits entre acteurs.
• La nécessité de s’inscrire dans une vision globale : en effet, la réussite de toute
opération de requalification urbaine est conditionnée par sa vision d’ensemble,
c'est-à-dire par la prise en charge de toutes les composantes du territoire concerné
dans une stratégie qui vise une cohérence globale, car en l'absence de cette dernière
l'ensemble de ces mutations urbaines reste hétérogène (Boudjabi, 2005).
16
Ces dysfonctionnements sont les résultats de « la non prise en compte par les acteurs décideurs et
concepteurs d’espace de formes d’appropriation générées dans l’opération de requalification pensée alors
seulement en terme d’usage fonctionnel et non (ou pas assez) en terme d’usage plus global », affirme Gasnier
(2004, p. 38).
25
Classification des Les interventions
opérations par objets sur les tissus
existants
Typologie des a
à usage
constructions d'habitation Pour activité/ VRD
(habitat) Equipement
Autres
Présentant une valeur Quartiers d'habitat Equipements Voirie
historique et patrimoniale ancien mixte
Tissus
Friches Espaces
historiques Quartiers type grands
ensembles industrielles publics : Places,
Centres anciens placettes,
Quartiers informels, Zones
Vieilles villes habitat précaire, d’activités jardins.
bidonvilles.
Equipements
Tissus
❖ Restauration
historiques ❖ Reconversion
Friches Voirie
industrielles ❖ Aménagement
Espaces -
❖ Revitalisation/
Centres anciens ❖ Remise à niveau publiques :
Zones Réaménagement
Vieilles villes
Réanimation d’activités Places,
❖ Reconquête
placettes, et
❖ Réhabilitation jardins, etc. des
revalorisation
❖ Reconversion
❖ Renovation espaces publics
❖ Restauration ❖ Remise à niveau
❖ Restructuration ❖ Restructuration
❖ Revitalisation/
Réanimation
❖ Requalification
Réhabilitation urbaine
❖ Renovation
Restructuration ❖ Aménagement -
Figure 2.3. Schéma de synthèse des différentes formes de requalification urbaine.
Réaménagement
Source : Conception de l’auteur (2018).
❖ Reconquête des
espaces publics
Les enjeux et les objectifs de la requalification urbaine
Ses enjeux et ses objectifs sont multiples, parmi lesquels nous citons :
26
• Améliorer les conditions de vie des habitants (les plus défavorisées, moins
intégrés et marginalisés), en essayant de faire revivre et cohabiter des personnes
différentes au sein d'un même espace, en assurant leur intégration sociale.
• Valoriser l’image et le paysage du territoire concerné et sa perception
(transformer le regard porté sur cet espace) à l'intérieur comme à l'extérieur, en
renforçant son attractivité.
• Redonner et redynamiser la valeur économique de l’espace concerné,
détourner ses fonctions premières, mais également lui donner une nouvelle
identité et un nouvel usage.
• Essayer de maîtriser la consommation du foncier, faisant partie de la démarche
de développement durable.
• Remédier à l’obsolescence de certaines fractions du patrimoine immobilier de la
ville (Wachter and Emelianoff, 2009, p. 118).
• Selon Eleb-harlé & Berthier (2007, p. 04), la requalification doit être amenée à
relier les discontinuités, de relier ancien et nouveaux, passé et présent, et ne
pas se limiter au remmaillage viaire pour relier les différentes parties de la ville,
mais dépasser cela pour créer un espace convivial, où tous ses résidents peuvent
s’identifier (Di Meo, 2008).
• Promouvoir le développement du tourisme dans le territoire concerné et lui
assurer sa pérennité et son identité culturelle, tout en suscitant un sentiment
d’appartenance à la ville parmi ses habitants17.
17
L’Association Internationale des Maires et Responsables des Capitales et Métropoles partiellement ou
entièrement Francophones : « Le patrimoine culturel des villes : Enjeu de développement économique,
promoteur de lien social ». Paris.
27
Facteur
Facteur temps échelle
Travail sur
(Définie dans
l'image
le temps)
Nécessité Dimension
d'implication physique
des parties (intervention
prennantes sur l'espace)
Un enjeu
d'avenir Requalification Des objectifs
(vision urbaine prédéfinis
prospective)
Valoriser l’image et
Dysfonctionnement Améliorer les le paysage du
des espaces Pourquoi ? conditions de vie territoire
des habitants
Grands évènements
Valoriser sa
Susciter dans la perception
population un sentiment
d’appartenance à la ville
Renforcer son
S’inscrire dans une attractivité et son
esprit
vision globale Créer un espace
convivial
Maîtriser la
consommation du
foncier
Figure 2.4. La requalification urbaine entre concept, dimensions et enjeux.
Source : établi par l’auteur (2020).
Par politique publique, nous entendons « les interventions d’une autorité investie de
puissance publique et de légitimité gouvernementale sur un domaine spécifique de la
société ou du territoire » (Grawitz, Leca and Thoenig, 1985 cité par Thoenig, 2010, p.
420). Au fil du temps, plusieurs définitions ont été attribuées à cette notion (Nyeck, 2014),
dont elle peut être un document18 ou un processus19 comme le confirment Turgeon &
Il est « élaboré par les acteurs gouvernementaux pour présenter leur vision d’un enjeu susceptible d’une
18
28
Savard (2012). Elle peut également apparaitre comme « des actions spécifiques inter
reliées et officielles, annoncées ou entreprises » (Nyeck, 2014, p. 384) par une autorité
étatique dans le but de résoudre un problème public à un moment précis. Ces actions
peuvent être de différentes échelles, à savoir : internationale, nationale, régionale et locale.
L'évaluation des politiques publiques revient à tester son niveau d’efficience, d’efficacité,
de pertinence et de cohérence, mais aussi sa capacité à répondre aux besoins des
bénéficiaires (Fouquet, 2009).
« Un grand projet n’est pas nécessairement un gros projet » (Raynaud, Hubert and Lewis,
2014)20. La grandeur d’un projet n’est pas forcément liée à sa taille, mais à ses ambitions et
ses impacts, à travers sa capacité à aller au-delà de « la simple production d’un objet ou
d’un espace » (ibid.). Le concept de projet urbain est né en Italie dans les années 60, avec
l’opération « récuppéro » visait à restructurer la ville de Boulogne (Ingallina, 2001 cité par
Hecham- Zehioua, 2010, p. 134). Ensuite, en France, la politique des grands projets de
ville a été annoncée en Décembre 1999 (Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 3),
puis dans les pays du Maghreb depuis le début des années 2000 (Cattedra, 2010).
19
« au cours duquel les élus politiques décident d’une action publique sur un enjeu pour lequel certains
décideurs publics (gouvernementaux ou non) exigent une action » (Nyeck, 2014, p. 384).
20
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
29
Dans un futur proche (Bédard and Breux, 2011)21, la notion de G.P.U s’inscrit dans une
vision globale en vue de promouvoir un développement urbain, social et économique d’une
façon générale. Il s’agit d’opérations lourdes de requalification (Sénécal, Malézieux and
Manzagol, 2002, p. 3), de planification urbaine (Pinson, 2005, p. 2) ou comme une
alternative à la planification traditionnelle (Hecham- Zehioua, 2010, p. 22), qui touchent
les différents aspects et composantes de la ville :bâti, environnement, économie, société…
en impulsant des transformations dans tout ou partie de la ville (Pinson, 2005, p. 2) .
A l’ère des mutations urbaines et de la mondialisation, la concurrence entre les villes est
devenue intense, et, pour transcender la simple vision d'apporter des solutions aux
problèmes locaux, les grands projet sont considérés comme « une pierre importante dans
la construction de la compétitivité » et « un outil essentiel de marketing territorial »22
(Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 3). Renforcer l'attractivité des grandes villes,
en valorisant leur image23, est en effet donner au territoire concerné une spécificité et de
lui conférer de qualités spécifiques « personnification de la ville » (ibid.).
Visant à requalifier les espaces dégradés et à corriger les erreurs urbanistiques des années
1960-1970 (ibid., p. 2)24, le grand projet urbain, se caractérise par un processus souple,
flexible qui peut être adapté à toutes les échelles et à toutes les temporalités de la ville
(Hecham- Zehioua, 2010, p. 22). En effet, force est de constater que l’implication de tous
les acteurs concernés25, et plus particulièrement de la société civile (Vermeulen and Hardy,
2016, p. 124), est une condition primordiale/cruciale à la réussite de ces projets. En effet,
« il est tenu de répondre aux besoins et aux rêves de ceux et celles qui traversent et
habitent la ville » (Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 5).
La notion de grand projet structurant ou à effet structurant est définie par Hecham-
Zehioua (2010) comme ; tout projet qui peut entrainer, à long terme, des effets sur le
changement structurel de son environnement (ibid., p. 22). Ces effets, qu’ils soient cachés,
21
« Cette dimension temporelle est particulièrement importante car le projet joue dès lors avec la notion
d’idéal, c’est-à-dire de la perfection qu’on peut non seulement souhaiter, mais qu’on peut effectivement
atteindre et réaliser de son vivant » (Bédard and Breux, 2011, p. 139).
22
Dont la construction des symboles est un ingrédient du façonnement de l’espace.
23
Elle « revêt une importance primordiale pour le positionnement des villes » (Sénécal, Malézieux and
Manzagol, 2002, p. 3).
24
Dues aux approches fonctionnalistes en aménagement.
25
A travers une communication ouverte, l’instauration d’un véritable dialogue avec ces acteurs et
l’organisation d’une participation citoyenne. Cependant, la communication entre les acteurs publics et privé
même si elle est jugée imparfaite, elle parait toujours évidente, alors que la société civile semble négligée par
les acteurs publics (Vermeulen and Hardy, 2016, p. 124).
30
latents, directs, indirects, peuvent être spatiaux, économiques, symboliques ou les trois à la
fois (op.cit., p. 147).
La notion d’identité est très complexe 26, elle a suscité plusieurs recherches conduites
par : Galland (1993); Galland et al. (1993); Lussault (1997); Morisset (2001); Di Méo
(2002, 2008); Mata Barreiro (2004); Guérin-Pace & Guermond (2006); Fourny (2008);
Thouément & Charles (2011); Ben Jemia (2014) dans plusieurs domaines ; en sociologie,
science de la communication, en urbanisme, en géographie, etc. Elle est issue du champ de
la psychologie selon Galland (1993, p. 3).
L’identité quant à elle, n’est pas un simple concept qui peut être défini clairement et
facilement, mais plutôt très complexe et ambigüe, car elle est le processus de création de
sens à partir d’une seule particularité, ou d’un ensemble cohérent de particularité
culturelles, qui prévalent toute autre source comme l’a confirmé Pflieger & Castells (2006,
p. 325). Cette notion multi-facettes a été abordée aussi par Galland (1993) à travers son
article « Les identités urbaines », où il nous a donné une définition assez globale :
« l’identité est invisible, et pourtant c'est elle qui guide le tracé des routes, inspire en
partie la main de l'architecte et suggère les décisions politiques touchant à l'aménagement
du territoire et à l'urbanisme. Ces actions, à leur tour, vont transformer les éléments
spatiaux qui servent de support à la cristallisation des identités. Elle est le parpaing qui
soude les briques de l'édifice social, elle est le lien qui relie l'individu tant à sa
collectivité, à son territoire qu'à ses groupes d'appartenance... En ce sens elle est bien
plus que "l'âme" d'une collectivité, puisque c'est elle qui anime le plus profond de la vie
d'un groupe en lui donnant son sens » (ibid., p. 02).
Selon Riou (2011, p. 36) les deux concepts « territoire » et « espace » souvent utilisés l’un
pour l’autre, dans certaines disciplines et notamment en sociologie, sont souvent
considérés «comme étant plus ou moins synonymes».
26
Parce qu’elle signifie le fait d’être unique et différent des autres, mais en même temps, identique et
semblable tout en restant distinct (Laudati, 2009).
31
Le territoire est considéré par les chercheurs comme un support permettant de fixer, de
repérer et de renforcer son identité, via sa matérialité spatiale, à travers un processus
apppelé « spatialités de l’identité » (Di Meo, 2008) ou « territorialisation »27 de l’identité
(Belhedi, 2006). Ce qui pemret de la protéger de toute sorte de perte grâce à l’architecture,
l’aménagement des constructions, le design urbain 28 et la qualité des paysages. De ce fait,
il permet aussi de cristalliser les représentations individuelles et collectives de ses
habitants, et renforcer le processus identitaire lié à leur sentiment d’appartenance. En effet,
« L’identité résulte parfois d’une construction à plusieurs niveaux : par exemple une ville
peut avoir une identité « globale » … existent parfois certains quartiers possédant leur
propre identité» (Thouément and Charles, 2011, p. 19) permettant de mettre en évidence
la dimension spatiale du mot « territoire » lorsque celui-ci est lié au concept d'identité de
toute une région ou d’un pays.
27
« Cadre d’expression identitaire et politique des différentes communautés » (Belhedi, 2006, p. 313).
28
Il renvoie à un processus d’arrangement spatial des bâtiments, des infrastructures, des espaces publics, etc.
tout en combinant urbanisme, architecture et architecture du paysage (Blais, Boucher and Caron, 2012, p.
68).
29
De par leurs composantes humaines, naturelles, culturelles et paysagères, ils présentant un intérêt pour une
société en faisant appel à sa subjectivité, sa sensibilité et ses perceptions. Ces paysages sont enracinés dans la
mémoire collective régionale et locale (ibid., p. 69).
30
« Ces images ne sont pas nécessairement homogènes » (Galland, 1993, p. 14).
31
Notes de lecture de l’ouvrage de Filippova & Guérin-Pace (2008).
32
souvent un mécanisme compensatoire. L’appartenance à un territoire passe par le
processus de socialisation et l’acquisition de connaissances historiques et géographiques.
On peut s’approprier un territoire tout en se sentant appartenir à un autre »32.
32
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
33
« On trouve là des références à d’anciennes régions naturelles… crêtes, vallées…» a dit Fourny (2008, p.
111).
34
Par le biais d’une vraie connaissance du territoire en question, ainsi que de préjugés et d’appréhensions à
distance de celui-ci.
33
Figure 2.5. Les 4 grands vecteurs de constitution de l’identité territoriale selon
Thouément & Charles (2011, p. 4).
Le concept d’identité urbaine présuppose que « la ville soit signifiante »35 (Morisset, 2001,
p.5) suivant un processus d'agencement et de structuration de l'ensemble des
représentations faites par les différents groupes sociaux internes ou externes d’une
ville à partir de son passé, de son présent et de son futur à un moment donné (Galland,
1993, p. 3 ; Quertier, 2008). Elle est aussi le résultat de sa dynamique interne et ses
relations avec l’extérieur. Pour l’étude d’un phénomène urbain, le chercheur a placé
l’identité au même stade que la morphologie et les différentes pratiques des citoyens.
Cette notion (identité urbaine) multidimensionnelle est très difficile à étudier du fait de sa
nature polysémique et ambigüe, elle réunit à la fois trois dimensions complémentaires
l’unification36, la différenciation37 et la permanence38 (Fourny, 2008) face aux
changements et mutations dans le temps. En effet, elle peut apparaître comme une
« solution alternative » pour faire face au phénomène de mondialisation qui pourrait
conduire à l’uniformisation et par conséquent « à un choc des civilisations » (Huntington,
2004 cité par Guérin-Pace and Guermond, 2006, p. 289).
Etudier l’identité d’un espace, lui donner une identité spécifique et reconnaissante et une
image cohérente, ne peut être effectuée que par l’étude et la prise en compte de tous ses
35
Cela signifie qu'il s'agit d’un objet de représentation dans sa genèse, son mécanisme et sa forme objective.
36
L’unicité des caractéristiques d’un territoire que ça soit naturelles, bâties, sociales, culturelles et/ou
patrimoniales.
37
Des caractères propres rendant un territoire différent par rapport aux autres.
38
Sa temporalité langue, dont il s’agit d’associer l’identité à la stabilité, et par conséquent à la résistance au
changement et à la non-modernité (Fourny, 2008).
34
composants matériels et immatériels dans une perspective dynamique39, car « …La mise
en exergue d’une seule dimension de l’identité ne fait que cristalliser les autres dimensions
cachées, voilées, réprimées. La question reste ainsi de trouver un équilibre acceptable et
accepté entre les différentes sphères de l’identité, à l’instar de la personnalité qui ne
s’épanouit qu’à travers un équilibre» (Belhedi, 2006, p. 316). À l’issue de tout cela, nous
pouvons résumer les principales dimensions relatives à ce concept « identité des
territoires » comme suit :
39
Incluant la notion de symbole, il s’agit de l’analyser comme un phénomène/processus actif, en
perpétuelle évolution, qui s’aliment de discours et de pratiques politiques, urbanistiques ou habitantes,
affirme Benssenouci El Ghaouti dans un article de presse de Nawel. D (2010).
35
2.2.2 Identité des territoires et/ ou l’identité territoriale
Le génie du lieu ou « GENIUS LOCI » a été développé par Christian Norberg-Schulz dans
son ouvrage « GENIUS LOCI », en interrogant la question de l’architecture et de son
impact sur l’homme et ses pratiques : « Depuis l’Antiquité, le geniusloci, l’esprit du lieu
est considéré comme cette réalité concrète que l’homme affronte dans la vie quotidienne.
Faire de l’architecture signifie visualiser le geniusloci : le travail de l’architecte réside
dans la création de lieux signifiants qui aide l’homme à habiter» (Norberg-Schulz, 1997,
extrait de la préface).
Dubos (1970), pour sa part, affirme que les forces physiques, biologiques, sociales et
historiques sont également des éléments essentiels constitutifs du génie du lieu et,
ensemble, elles forment sa singularité. Il précise que les actions que les hommes
entreprennent sur un lieu, ne prouvent leur succès que dans la mesure où elles respectent le
génie de ce lieu.
La notion du génie du lieu, également appelée « esprit du lieu », combine deux concepts
complémentaires ; « l’esprit » qui renvoie aux éléments intangibles et à la pensée des gens,
leur pratiques et leur mode de vie, et « le lieu », incarné par sa dimension spatiale,
physique et matérielle. En fait, elle vise à étudier la relation entre les individus et leur
environnement.
40
Par exemple au quartier de son enfance, ou encore au lieu des vacances.
36
2.3 La requalification de la ville et l’identité des territoires … Quelles relations ?
Considérée comme « une réalité singulière propre à chaque territoire »41, l’identité d’un
territoire peut fortement influer sur le développent des territoires (Thouément and
Charles, 2011, p. 3). Cependant, elle « demeure à ce jour… peu ou mal connue, voire
ignorée par nombre de chercheurs ou professionnels, acteurs du développement
territorial », en raison de sa complexité en tant que concept, ce qui le rend difficile à
appréhender. Cela necessite des approches singulières basées sur un ensemble de plusieurs
méthodes et techniques d’analyse et d’investigation (ibid., p. 4). En revanche, Di Meo
(2008) estime que la question d’identité a suscité un nouvel intérêt scientifique chez les
chercheurs, faisant de cette dernière « l’œuvre contemporaine et changeante d’acteurs
sociaux compétents, dotés de réflexivité et de la capacité de produire du sens dans un
environnement aux références mobiles» (ibid., p. 1).
Tant que c’est un concept qui a suscité plusieurs travaux de recherche, la question qui se
pose concernant l’identité est à double volet : est –t-elle un frein ou un moteur de
développement d’un territoire ? Selon Galland (1993), elle peut avoir les deux facettes à la
fois « un frein », et « un accélérateur », en fonction de sa perception et sa possibilité de
renouer avec la modernité, « selon qu'elle est perçue comme un stigmate empêchant l'accès
à la modernité ou brandie comme l'emblème d'un avenir plus harmonieux » (ibid., p. 2).
De leur côté, Thouément & Charles (2011), qui partagent cette même vision, estiment
qu'étudier et analyser l'identité territoriale peut être l'occasion de pouvoir maximiser « les
effets de leviers potentiels » et réduire « les effets de frein ».
« …Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise » (Galland,
1993, p. 4).
41
« Elle sera parfois forte, d’autres fois, quasi inexistante » (Thouément and Charles, 2011, p. 4) donnant
lieu à des répercussions très diversifiées sur les territoires.
37
d’identité » (Galland, 1993, p. 4). En revanche, l’ambiguïté ou le manque de clarté de ces
éléments rendent leur prise en charge une question très difficile à résoudre. Thouément &
Charles (2011), considèrent l'identité comme une clé de réussite de tout projet de
développement urbain, car la négligence de ce facteur marquant de la ville, rend toute
intervention sur cette dernière obsolète et sans âme.
2.3.2 Les impacts des opérations de requalification d’un espace sur son identité
Les opérations de requalification urbaine ou de recomposition urbaine sont des leviers qui
peuvent modifier et transformer partiellement ou radicalement l’identité du territoire
concerné. Selon Gasnier (2004, p. 38), les opérations de requalification urbaine « comme
acte d’appropriation - réappropriation politique et économique » doivent être conçues en
termes d’usage plus global, et pas seulement en termes d’usage fonctionnel, dont elles
influent directement sur l’urbanité, et les pratiques de ses les habitants. Ceci en adéquation
ou pas avec le projet d’aménagement initial, sur leurs formes de réappropriation des
espaces requalifiés, sur leurs perceptions de ces derniers, et par conséquent sur le niveau de
leur satisfaction. En effet, tout changement ou transformation qui touche l’identité de
l’espace, suscite de multiples réactions chez ses habitants, qui peuvent être de satisfaction
et « d’adaptation », provoquant chez eux un sentiment d’appropriation/bienêtre, ou
d’insatisfaction et de « variation », leur causant un sentiment de refus/malaise. Ces
réactions s'incarnent dans l'espace, par des attitudes et des comportements de respect ou de
non-respect (Laudati, 2009).
38
Afin d’éviter de tomber dans toute contradiction, et afin de requalifier un espace tout en
permettant à ses habitants de s’identifier à nouveau, de s’y sentir en sécurité tout en les
partageant avec autrui, Laudati (2009, pp. 5-7) proposait de construire les perspectives et
les stratégies d’interventions urbaines publiques, sur les perceptions que forgent ses
habitants (dégager les éléments d’intervention en fonction de la connaissance des images
mentales et des attentes des individus).
ETRE
Requalification RECONNUE ET Identité
de la ville DIFFERENTE urbaine
DES AUTRES
Claude Chaline écrivait « les villes portuaires, peut-être plus que les autres villes, sont les
lieux où toute société peut, contradictoirement, chercher sa mémoire et la projection de
son devenir »cité par (Prelorenzo, 2010, p. 161).
Ce problème, qui a été observé aux Etats-Unis depuis 1950-1960, puis en Europe à la fin
des années 1970, a pris un essor dans d’autres villes. En fait, le noyau portuaire originel de
la ville est devenu incompatible avec les nouvelles exigences économiques, et n'est pas en
mesure de répondre à la forte croissance du trafic maritime,« il devient alors synonyme
d'immobilisation, de congestion, de hausse des délais et des coûts » (ibid., p. 10). La très
grande capacité d’accueil et la nouvelle infrastructure dont ils ont besoin ont conduit à une
délocalisation spatiale de l’activité portuaire, également appelée « éclatement spatio-
fonctionnel entre ville et port ». En fait, suite à ces transformations, nous parlons beaucoup
plus d’« infrastructures portuaires » et de « méga-port » plutôt que de parler du port
42
La complémentarité de leurs fonctions pour former des lieux de production, de promotion et d'échange
orientés vers le commerce maritime.
43
Augmentation de la taille et de la capacité de charge des navires grâce au développement des techniques
de construction navale. Une tendance qui s'est fortement accélérée depuis les années 50 (Boubacha, Davoult
and Gueguen, 1997, p. 10).
40
(Aouissi, 2016, p. 24). «… la "reconquête" de ce territoire devient progressivement une
nécessité » (Boubacha, Davoult and Gueguen, 1997, p. 16).
Le phénomène de l’abandon des espaces à l’interface ville port n’a pas tardé à être l’une
des préoccupations des chercheurs et par conséquent des politiques publiques. En fait,
l’espace qui était souvent considéré comme un point négatif et un obstacle au
développement de la ville est devenu une opportunité et un levier/ potentiel de son
développement ayant un rayon d’influence sur toute la ville et son identité. Nous parlons
d’un mouvement de reconquête ou de « waterfront revitalisation » qui vise à repenser
cette relation ville - port en l’adaptant aux nouvelles exigences de la mondialisation de la
technologie. En effet, ce mouvement, qui s’inscrit dans une stratégie de modernisation de
la ville portuaire, vise non seulement à récupérer le foncier délaissé, mais à en faire un
moyen de « recentrage », de « remodelage » (Aouissi, 2016, p. 24). Les exemples sont
édifiants. En fait, au chapitre VI de cette recherche, nous discutons de trois exemples de
villes portuaires requalifiées.
Rappelons-nous que l’identité d’une ville, ou d’un territoire d’une façon générale se
révèle sous deux angles :
a) Une représentation sociale construite et admise par ses habitants ou ses visiteurs
déclinée en un modèle imagé qui agrège différentes particularités (sociales,
culturelles et symboliques) (Quertier, 2008).
b) Une construction associant le passé (mémoire), le présent (l’état actuel) et le futur
comme devenir (Galland, 1993 ; Guérin-Pace, 2006).
Quant à la requalification de la ville, c’est une opération d’intervention sur des tissus
existants44 visant principalement une réactualisation d’un cadre urbain donné, de façon à
insérer les nouveaux besoins et attentes de la population concernée.
Entre les deux concepts, le premier étant « réflexif » le second pratique, se dresse
l’habitant45ou l’usager comme pilier fondamental dans la programmation, la prise de
44
Qui ont connu souvent un processus de disqualification. En effet, elle s’intéresse aux territoires
disqualifiés, défavorisés, marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne
répondent ni aux besoins ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère.
41
décision et la mise en œuvre de toute opération urbaine à caractère social.
Evidemment, la place de l’habitant dans toute intervention urbaine liée à son cadre de vie
est d’emblée centrale. En fait, il a dépassé le statut d’« un simple destinataire » (Louvet,
2005, p. 55), d’occupant de logement ou du bénéficiaire de l’action publique urbaine
menée dans son espace (Noyer and Raoul, 2008, p.3) mais devenu acteur qui a le droit de
faire part aux décisions qui concernent son cadre de vie. La question qui se pose : comment
pouvons-nous assurer qu'il est impliqué de manière plus efficace et plus avantageuse ?
Vivre dans un espace signifie non seulement habiter mais aussi approprier, exploiter et
gérer comme le résume Riou (2011) dans le schéma suivant :
Selon Riou, un espace acquiert le statut du Territoire lorsqu’il est approprié par ses
habitants/acteurs. En réalité, ces deux éléments (Territoire et acteurs) sont dans une
interaction permanente et continue (voir le schéma en Figure 2.9, p. 43). De ce fait, étudier
un territoire à travers ses acteurs nécessite d’adopter une approche sociologique (ibid., p. 7)
en prenant en compte non seulement leurs pratiques « spatialisées dues à l’appropriation »
par ce dernier mais aussi leur représentations. Ces deux notions de « représentations et
pratiques sociales » sont étroitement liées et constituent des éléments fondamentaux dans
« l’analyse des mécanismes d’appropriation spatiale » (ibid., p. 38) et la compréhension
45
« Appelée aussi les « silencieux de la ville » ; Par « silencieux de la ville », nous entendons tous les
acteurs, individuels, ou groupes d'acteurs qui :
• N’ont pas une identité juridique
• Par leur agir quotidien ou occasionnel dans et /ou sur la ville, exercent un certain pouvoir
contribuant à façonner et remodeler les usages et connotations des espaces de la ville et
participent à la construction du sens urbain » d’après Ardourel et al. (La date et le numéro de
page non indiquées, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-).
42
des modes de vie des individus sur un territoire (op.cit., p. 42) et les « facettes
inexprimées » de ce dernier (Ardourel et al.)46.
La « connaissance du site, n’est pas l’apanage du technicien » (Louvet, 2005, p. 54), mais
de l’habitant, également appelé « l’usager-expert des lieux » et « partenaire du renouveau
local » (Noyer and Raoul, 2008). De ce fait, la compréhension de ses pratiques et
représentations ainsi que l’interprétation de ses opinions (besoins et aspirations) pourraient
conduire à la construction d’une « grille de lecture et d'interprétation de la réalité
complexe de la vie urbain » (Ardourel et al.) et donc à fournir aux acteurs décideurs des
outils d’aide à la décision en matière de requalification urbaine (Leleu-Merviel and
Courbet, 2008, p. 173). La façon dont l'espace est pensé par ses habitants est un facteur de
construction de ce dernier (Rosemberg, 2000 cité par Chelzen and Pech, 2012).
« Ne jamais donner la parole à quelqu’un, c’est le pire des désaveux » (Phélizon, 1998,
cité par Louvet, 2005, p. 43).
46
La date et le numéro de page non indiquées, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-.
47
Notion intégrée, pour la première fois en France, dans la loi d’orientation foncière (LOF) en 1967 (Louvet,
2005, p. 38).
43
Cette participation/implication du citoyen ou
comme la qualifie Riou (2011, p. 153) un
« partage de pouvoir entre décisionnaires et
citoyens »,peut prendre plusieurs formes (niveau et
degré), comme le résume la pyramide ci-après
proposée par les sciences sociales françaises : Nombre de citoyens concerné
Aussi pour sa part, Hecham- Zehioua (2010) a résumé les degrés de la participation
citoyenne à travers le schéma suivant :
Figure 2.11. Degré de participation des citoyens selon le modèle de planification des projets américains.
Source. Hecham- Zehioua (2010, p. 133).
Lorsqu’il s’agit de concertation, Gaullier & Gardesse (2016, p. 4) affirme que le citoyen
peut influencer les caractéristiques du projet, car cette notion de « concertation » vient de
l’idée de « faire du concert » en organisant des discussions, des échanges et des
44
négociations entre plusieurs acteurs. En fait, cette notion, selon cet auteur, se limitait
initialement à des concertations « politico-administrative et technique »48 avant de faire
associer des habitants organisés en associations, à la différence de la participation qui est
plus vaste, où tous les habitants peuvent s’impliquer et exprimer leurs avis tout au long du
processus d'élaboration d'un projet. Quant à la codécision, les habitants prennent une part
de la décision avec les acteurs décideurs (autorité).
La participation citoyenne peut détourner tout le contenu d’un projet, comme ce fut le cas
du projet d’aménagement de la ZAC50 PAJOL au nord-est parisien, pris comme exemple
par Gaullier & Gardesse (2016) comme le montre le tableau ci-après :
48
Élus, décideurs économiques, techniciens et experts.
49
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
50
Zone d’Aménagement Concerté.
45
Tableau 2.1. Le contenu du projet d’aménagement de la ZAC PAJOL avant et après concertation51
Répondre aux besoins et aspirations des habitants est un enjeu primordial dans toute
intervention, affirme Louvet (2005, p. 43): « …le meilleur projet n’est pas le meilleur
techniquement mais, tout en apportant une solution technique satisfaisante, le mieux
accepté ».
Figure 2.12. Le rapport entre le degré d’implication du citoyen et l’échelle spatiale du projet.
Source : Zeggar (2012, p. 34).
51
En opposition au contenu du projet initial présenté en 1994 par la Mairie de Paris, la mobilisation des
habitants sous forme d’associations, pour exprimer leur regret envers ce dernier, ont imposé le maitre
d’ouvrage à mettre en place une démarche participative, au début des années 2000, pour prendre en charge
leurs revendications et leurs besoins locaux.
46
❖ L’engagement territorial, une autre forme de la participation citoyenne
Riou (2011) appelle toutes les activités pratiquées par un individu sur un territoire donné
« participation territoriale ». Cette dernière peut prendre trois formes : « consommation »,
« connaissance » et « engagement ». En fait, ce dernier qui est « l’engagement
territorial »52 « correspond à une participation territoriale moins individuelle, plus
collective, qui consiste à croire aux potentialités du territoire et à s’impliquer pour
contribuer à son développement » (ibid., p. 170). Les habitants peuvent participer à
développer leur territoire de manière spontanée et volontaire sous forme
d’un « engagement territorial ».
Gaullier & Gardesse (2016) ont qualifié ce processus comme une « autogestion et/ou auto-
construction » où les habitants « décident eux-mêmes des projets et les réalisent ». En fait,
Ils s’auto-administrent directement (ibid., p.5).
A l’issu de nos lectures, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il n'y a pas de recettes
ou de règles bien définies pour requalifier un espace urbain dysfonctionné, ainsi que des
démarches nécessaires pour assurer une meilleure prise en charge de son identité, des
besoins et les aspirations de ses habitants, même s'il y a parfois une prise de conscience de
la nécessité de cela. Mais en l’absence d’une stratégie et d’une réflexion globale sur la
ville (Cattedra, 2010), conduisant souvent à l'échec, nous a poussé à approfondir nos
lectures et nous tenterons de proposer un modèle de requalification urbaine, qui peut se
résumer dans une approche appropriée, d’évaluation et de requalification du territoire
concerné qui intègre le critère identitaire et les spécificités locales, tout en permettant une
meilleure implication des acteurs concernés.
52
D’après l’auteur, cet engagement territorial quant à lui peut prendre plusieurs formes tels que le bénévolat
associatif, le militantisme politique etc. (Riou, 2011, p. 170).
47
Outre l’ambiguïté du concept d'identité lui-même et devant la multiplicité des éléments
constitutifs de l’identité, Reste la question de savoir comment trouver un équilibre
acceptable et accepté entre les différentes composantes de l’identité.
Le « business model canvas »54 est un outil utilisé pour créer un modèle économique pour
une entreprise, mais aussi pour lancer une nouvelle offre ou service. Il permet de transcrire
et par conséquent de donner une forme concrète d'ambitions et des éléments clés dans le
cadre d’un projet organisé « en un tout, d'abord cohérent, ensuite pertinent, voire
innovant » (ibid.). En effet, il permet de donner une visibilité des éléments clés du projet
en un coup d'œil. Un business model ne soit réalisable qu’après avoir effectué deux étapes
indispensables et complémentaires.
Le business modèle, ou modèle économique, est « le point de départ, l'idée originale qui
permet à une entreprise de se démarquer de la concurrence et d'espérer pouvoir gagner de
l'argent » (D’Entreprise, 2016)55. À travers une présentation synthétique, constituant
l’originalité de cet outil, il permet de donner une vision globale de la situation d’une
société/entreprise sur un marché spécifique, de ses principes de fonctionnement et
d’organisation, de ses activités et de sa stratégie de développement. En effet, il permet de
donner une idée claire, rapide et complète des objectifs du projet, et la manière de procéder
pour les atteindre, en mettant en évidence les ressources et les activités clés de la
stratégie du projet.
53
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
54
Appelé aussi “canevas de modèle d’affaire”, ou encore “matrice d’affaires” (Carre, 2018).
55
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
48
l’exploitation de toutes les ressources du territoire : « L’innovation de modèles
économiques nous pousse à concevoir le système dans son entier et nous invite à une
réflexion potentiellement plus stratégique sur les mécanismes de mise en œuvre d’une
politique de développement des villes …, toutes les villes ne sont pas égales. Elles partent
avec un capital différent selon leurs ressources, leur géographie, leur démographie, leur
culture… ce qui rend l’élaboration d’un modèle économique local nécessaire » (Op, cit.)56.
Le modèle le plus utilisé est celui d’Alexander Osterwalder57, en raison de « sa clarté et sa
simplicité d’utilisation » (Carre, 2018). Il est composé de neuf cases comme suit :
56
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
57
Cet outil est issu du livre Business model generation d'Alexander OSTERWALDER et Yves PIGNEUR
(Carre, 2018).
49
Tableau 2.2. Le busness model Canevas.
La proposition de valeurs
Partenaires clés Activités clés Relation client Segments client
(La valeur ajoutée/ offre)
Avec qui ? Quoi ? Quoi et pourquoi ? Comment ? Pour qui ?
50
L’adaptation de cet outil au domaine de l’urbain et plus spécifiquement au contexte des
opérations de requalification urbaine fait l’objet du chapitre VII.
Toute démarche visant à assurer une image cohérente et fournissant une identité urbaine
spécifique et reconnaissable tout en améliorant les conditions de vie des habitants commence
par la lecture et la compréhension de la ville à travers toutes ses composantes apparentes et
sous-jacentes. C'est pourquoi plusieurs méthodes et techniques ont été utilisées dans
différentes recherches, dont nous citons ci-dessous quelques-unes d’entre elles :
Guérin-Pace & Guermond (2006) ont souligné dans leur article : « Identité et rapport au
territoire » la nécessité de revenir à l'histoire de l'espace pour pouvoir reconstruire son
identité perdue en disant : « Lorsque l’identité territoriale est mise à l’épreuve des évolutions
géopolitiques et s’accompagne d’un éclatement territorial ou de la perte d’un territoire
d’origine …nous prenons conscience de l’actualité du débat. La reconstruction identitaire
passe alors par la mise en place sur le territoire d’accueil de marqueurs symboles d’une
histoire collective passée commune... » (pp. 289-290). De son côté également, Foret (2007) a
soulevé la question du « retour au passé » pour construire notre présent, qui s’est basé à son
tour, sur le travail de NORA Pierre « Les lieux de mémoire »58, selon lui, le rapport au passé
est mise à l’épreuve de fragilisation « sous les effets conjugués de l’urbanisation, de la
mondialisation et de la médiatisation » (ibid., p. 9). En effet, l’approche historiue permet de
comprendre les origines de l’état atuel de l’espaceen question et de comprendre les
transformations et les muatationsqui ont façonné sa composition et sa génèse actuelle.
58
Dont il a analysé en 1997 les causes de la “ruée vers le passé”, un sujet qui a suscité de nombreux chercheurs
en France, affirmant que « le besoin de mémoire était en fait un besoin d’histoire ».
59
(Nawel. D, 2010).
51
l’élaboration de « l’esprit des lieux » nécessite qu'elle soit inscrite dans une vision de
sociabilisation du citadin (en tenant compte de la spécificité urbaine des faits sociaux) 60 et
non en considérant l’espace comme « simple cadre, ou dans le pire des cas comme un simple
décor ». En effet, il estime nécessaire de faire apparaitre et de comprendre la singularité et les
particularités des lieux concernés, en faisant une synthèse des divers repères (d’ordre
géographique et historique) qui les décrivent, puis une autre synthèse des différents projets
successifs de rénovation de l’urbain, tels qu’ils ont été pensés par les urbanistes ou par les
pouvoirs publics qui les ont suscités. Selon le docteur, c’est la comparaison entre ces deux
synthèses qui permet d’appréhender à un degré local le processus par lequel s’est constituée
l’identité territoriale.
Les questions relatives à« la reconstruire la ville sur la ville » et « l’identité des territoires »
ont été abordées dans une compétition internationale d’architecture « Europan » à travers des
sites variés (Eleb-harlé and Berthier, 2007), dont il a été demandé aux candidats de prendre
en compte les spécificités61de chaque ville, pour proposer des scénarios de requalification,
tout en considérant la mémoire de la ville comme un facteur de marquage de sa spécificité.
En termes de méthode, ils ont fait des stratifications historiques et morphologiques des sites
concernés avant de passer à mettre en relation par la géographie et l’histoire sociale du site,
les paysages urbains et les édifices de toute période, cela met en évidence les principales
lignes d’une « architecture du territoire » à la fois complexe et unique, où « les chemins
anciens comptent autant que les infrastructures et réseaux modernes » (ibid., pp. 3–4).
En critiquant le cadre légal et institutionnel des villes, qui donne lieu à des opérations
ponctuelles d’intervention sur les tissus existants, que ce soit de sauvegarde du patrimoine, ou
des aménagements de l’espace public, traduites spatialement par de multiples fragmentations
visibles aussi bien sur le plan morphologique (déconnexion entre segments), qu’en termes
d'acteurs (services responsables éparpillés) ou temporellement (processus dispersés dans le
temps). Stein (2003) à travers sa thèse « La reconquête du centre-ville : du patrimoine à
l’espace public » a évoqué cette question, en concluant sa recherche par la proposition de
60
La perception d’une ville est en perpétuelle mutation en fonction des événements qui s’y déroulent et des
relations sociales qui s’y nouent.
61
L’identité et la singularité des formes urbaines.
52
quelques dimensions considérées comme une esquisse de recommandations en matière de
politiques urbaines. Premièrement, la nécessité d’inscrire les opérations d’intervention sur le
centre-ville dans une vision globale de l’aménagement, sans être ponctuelle, en second
temps, elle incite à une prise en compte des systèmes de valeurs propres aux acteurs, et
enfin mettre en exergue le lien entre modèle de la ville ancienne et interventions
contemporaines en soulignant les leurres possibles.
Evaluer l’état existant d’un territoire n’est pas suffisant pour le requalifier, il faut penser aussi
à son avenir comme le confirme Perrocheau (2012, p. 4) en soulignant :« Transformation,
mutation, restructuration, régénération, renaissance. Autant de termes pouvant illustrer ce
que recouvre la requalification, … Mais, au-delà des définitions, la requalification se profile
d’abord comme un enjeu d’avenir pour une partie du patrimoine de logements, trop souvent
voué à la destruction dans les projets urbains…Il faut souligner la dimension prospective de
cette action ». Galland (1993) partage également cette même vision, qui lui a attribué le
concept qualificatif de « l'identité projective » par opposition au concept de « l'identité
historique », pour montrer que la définition d’une ville peut se faire non seulement à travers
son histoire et son présent mais aussi par ses « projets qu’elle développe quant à son avenir ».
2.6.2 Prise en compte et intégration des différents acteurs, une nécessité absolue
En répondant à cette question, la participation des différents acteurs que ce soient décideurs,
professionnels et/ou habitants dans tout projet ou intervention qui visent à améliorer leur
cadre de vie, constitue une clé de leur réussite. De ce fait, nous citons ci-dessous quelques
méthodes utilisées pour la prise en compte de la question de l’identité, de la dimension
sociale et des différents acteurs (dans une perspective de requalification) :
53
2.6.2.1 Diagnostic intuitif, diagnostic « ex-situ » et diagnostic participatif « in-situ »
Dans l’objectif d’étudier en quoi l’identité peut être un levier ou un frein du développement
territorial, Thouément & Charles (2011) ont adopté une méthodologie originale en prenant
comme cas d’étude la région capitale de Bruxelles et la ville de Québec (où l’identité est
considérée comme un frein pour le premier et comme un levier pour le seconde).
« Avant d’envisager où l'on veut aller, il importe de comprendre où l'on est, mais aussi d'où
l'on vient » (Ibid., p. 2). Cette citation peut brièvement résumer la démarche poursuivie par
les auteurs en trois grandes phases complémentaires :
Ces deux types de diagnostics, effectués ex situ, mettant en lumière « la trajectoire factuelle
du territoire »63, et, sont prolongés par des scénarios exploratoires64et normatifs65(exercices
de prospective), dans le but d’avoir une première appréhension de l’identité territoriale et une
vision du territoire en dynamique, afin d’appréhender les évolutions et les devenirs possibles
du territoire tout en cherchant à animer ses variables majeures, et faire interagir ses enjeux.
62
Ces données englobent toutes les dimensions du territoire (économique, sociale, environnementale, urbaine,
etc.).
63
Avoir les éléments essentiels pour comprendre ses évolutions passées et présentes ainsi que les enjeux
majeurs.
64
Ils « s’écoulent de la période origine vers le futur » (Thouément and Charles, 2011, p. 11).
65
Ils « s’écoulent du futur vers le présent » et reposent davantage sur l’imaginaire (ibid.).
54
C. Un diagnostic participatif in situ, considéré comme une phase primordiale par les
auteurs, il s’agit de modifier et d’enrichir les résultats obtenus lors du diagnostic du
territoire effectué par l’approche ex-situ, à travers des enquêtes-trottoir (des
questionnaires principalement qualitatifs auprès des habitants66)et des entretiens avec
les principaux acteurs67 du territoire. Il permet à la fois de dégager les non-dits et les
facettes cachées du territoire68, qui demeurent moins importants mais affectent son
évolution et son développement, ainsi que de comprendre le jeu des acteurs, et leurs
modes d’appropriation de l’espace.
Selon les auteurs, il est important d’appréhender d’abord l’identité territoriale, avant de
mettre en place un projet de développement. Au-delà, de cette démarche suivie, les auteurs
ont mis aussi l’accent sur l’avantage et l’importance des informations fournies par internet
(leurs analyses et leur exploitation)69pour la compréhension du regard extérieur. Les auteurs
cherchent à travers leurs méthodologies d’approche, non seulement de répondre à la demande
de collectivités, mais aussi de développer « un outil d’analyse et d’aide à la construction de
futuribles » et sert comme « cadre de référentiels territoriaux essentiel » pour guider tout
projet de développement.
66
Il s’agit d’interroger les habitants sur leurs appréhensions du territoire (territoire perçu), leurs référentiels
(symboles, lieux, monuments, dates, évènements, etc.), et leurs habitudes (territoire vécu) (Thouément and
Charles, 2011, p. 8).
67
Les acteurs clés ; politiques, économiques, administratifs, associatifs, artistes, médias, etc.
68
Tels que : les habitudes et comportements singuliers, les spécificités « culturelles », etc.
69
L'utilisation d'un outil informatique fournit une mine d’informations « subjectives » et de sentiments des
personnes, aidant à clarifier leur appréhension du territoire (en question).
70
Le quartier Faubourg de Cambrai et le quartier Faubourg de Paris.
55
1. Après une consolidation théorique, l’auteure a analysé ces espaces urbains en vue de
« dégager des critères intrinsèques au lieu et à l’espace urbain d’une façon
générale ».
2. L’auteur a mené des enquêtes (des questionnaires) auprès des usagers de l’espace
urbain afin d'évaluer leur sentiment (de sécurité) dans l’espace vécu, ainsi que les
points forts et les points faibles de ces espaces. Cette démarche avait pour but de
« permettre à l’usager de se réapproprier son quartier et son espace de vie ».
Galland (1993) a, quant à lui, abordé la question de l’identité urbaine, dans le but de
découvrir les traits identitaires d’une ville. Des entretiens administrés étaient l’outil de
recherche que cet auteur a mené, en faisant une comparaison entre deux villes ; Lausanne et
Genève. L’auteur a préféré destiner ses 45 entretiens à une catégorie de population bien
précise celle des « faiseurs et traducteur d’identité » au niveau des deux villes et occupant
des positions clés dans les secteurs, ayant une place importante dans la formation, le maintien
et la traduction des identités urbaines, qui sont : l’aménagement du territoire – l'urbanisme-
l’architecture, la culture et les médias, la politique et finalement l’économie et le tourisme.
56
Dans un autre cas d’étude, la volonté d’« affirmer l’identité du territoire » est devenue l’axe
stratégique des principaux schémas de développement du pays Marennes Oléron 71depuis les
années 2003 et 2004 (Bonnin, Bruxelle and Pelaprat, 2012). Face à la forte pression
démographique et risque de banalisation et de fragilité du cadre de vie de ce pays, ses
habitants et ses élus conscients de sa spécificité insulaire se sont mobilisés autour d’un projet
de développement durable de leur pays dans une stratégie d’affirmation de son identité.
Après avoir questionné la notion même d’identité auprès des chercheurs, et détaillé le
contexte spécifique oléronais, des associations72 ont mené une enquête sur terrain, qui a
porté sur la notion d’identité auprès d’un échantillon d’une cinquantaine de personnes de
différentes catégories (les habitants permanents, les résidents secondaires, les touristes, les
professionnels et les acteurs publics), afin d’avoir une définition précise sur l’identité de ce
pays, mais également, de dégager les éléments de valorisation de cette dernière, sur la base
des entretiens individuels d’une durée d’une heure à quatre heures, pour chacun. Ces
entretiens ont été renforcés par des supports photographiques73. Selon l’auteur, ce
renforcement « l’approche du paysage par la photo » présente des avantages et des limites
également, car elle oriente inévitablement les réponses des personnes interrogées. Les aspects
disparus peuvent être oubliés même s'ils sont caractéristiques et identitaires.
La question de l’identité a été évoquée indirectement à travers des questions sur la manière de
perception et de vivre ce territoire par ses habitants et ses visiteurs (démarche proposée pour
identifier l’approche culturelle du territoire).
71
Il regroupe deux communautés de communes : celle du Bassin de Marennes (sept communes) et celle de l’île
d’Oléron (huit communes).
72
« Elles travaillent volontiers sur un mode participatif et en coopération avec les institutionnels » (Bonnin,
Bruxelle and Pelaprat, 2012, p. 3).
73
Démontrant un éventail de paysages de Marennes-Oléron, et permettant d’alimenter la discussion sans la
brider en associant les paroles aux images.
74
La méthode EBAHIE signifiant Ecoute des Besoins et Attentes et leur HIErarchisation.
75
Située au Nord de la France.
76
C'était la première fois à appliquer cette méthode dans le domaine de l’urbain.
57
Elle s’articule autour de deux phases : une première dite qualitative, dédiée à l’écoute
qualitative des besoins et des attentes des habitants à partir d’entretiens personnels non
directifs, suivie d’une deuxième phase quantitative, qui permet d’hiérarchiser77 et classer ces
attentes, à partir de questionnaires sur la base de résultats du traitement de la voix de chaque
interviewé (la pertinence de cette méthode réside dans le croisement des deux techniques).
Considérée comme support d’objectifs variés en aménagement urbain (Chelzen and Pech,
2012), l’image de la ville, se révèle au niveau des représentations fournies par tout un chacun
à travers une perception pluri-sensorielle et une expérience sensible78dans les espaces urbains
(Laudati, 2015, p. 1).En fait, cet auteur affirme qu'il existe une « pluralité d'images », pas une
seule image, qui dépendent des récepteurs, du contexte et de leur expérience de l'espace
(ibid., p. 12).
77
Cette hiérarchisation permet d’identifier les éléments saillants ou les attentes dominantes (Brangier, Dinet and
Bastien, 2009).
78
Que ce soit individuelle et/ou partagée.
58
2.7.2 L’attractivité d’un territoire …un champ multidimensionnel
À l'ère des mutations urbaines et de la mondialisation, les villes sont devenues de plus en
plus en « compétition », terme évoqué par François & Julien (2010) pour décrire le
phénomène de coopération et de compétitions entre les villes aux niveaux national et
international. Quant à l’attractivité, elle est la résultante de l’attraction 79 et de l’attrait80(Cusin
and Damon, 2010). Parfois, elle est présentée comme synonyme de compétitivité81.
Mesurer l’attractivité d’une ville, c’est évaluer sa sphère d’influence, sa capacité à générer du
mouvement, à attirer à soi durablement, mais aussi à faire parler d’elle (Cusin and Damon,
2010). Aussi elle ne se limite guère à la quantification des flux générés maintenant ou à
79
Capacité à drainer des flux et à fixer durablement des ressources dans un lieu.
80
Capacité à se rendre désirable, quelle qu’en soit la raison.
81
Qui n’est pourtant qu’une de ses dimensions.
82
Ainsi que les avantages comparatifs sur les marchés (Cusin and Damon, 2010).
83
Appelée l’« attractivité résidentielle » par Cusin & Damon (2010).
84
L’attraction d’un territoires sur les personnes se traduit spatialement par une localisation résidentielle ou
temporaire (Poirot and Gérardin, 2010).
85
Que ce soit des responsables ou équipes dirigeantes des organisations (entreprises, administrations, institutions
du type association, etc.).
59
l’avenir, mais aussi une évaluation de la qualité des lieux et du cadre de vie offert aux
personnes. En effet, une ville attractive est une ville où l’on souhaiterait vivre dans l’idéal, où
l’on projette d’emménager un jour (op.cit.).
Le concept de prospective a été utilisé pour la première fois en 1957, par Gaston Berge dans
un article de la revue des deux mondes (Bailly, 2004, p. 4) pour désigner une démarche visant
à étudier les conséquences des actions passées et futures sur l’avenir de l’espace en question.
Il s’agit d’une démarche d'anticipation de l’action (Godet, 1989, p. 5) à l’avenir, en tenant
compte des différents enjeux et réalités du lieu (Hecham- Zehioua, 2010, p. 23), tout en
répondant à deux questions principales : « Que peut-il advenir ? Que pouvons-nous faire ? »
(Loinger, Spohr and Godet, 2004, p. 25).
Considérée comme « une démarche évolutive » (Bailly, 2004, p. 4), cette notion lorsqu’elle
se rapporte au territoire, appelée « la prospective territoriale ». Son objectif est «
l’élaboration de visions, de perspectives et d’orientations concernant le devenir d’un
territoire et de ses habitants pour éclairer et pour permettre des prises de position et des
options stratégiques, dans les cas les plus complexes, un projet de territoire » (Loinger,
Spohr and Godet, 2004, p. 26).
D’après nos lectures, nous avons constaté que, la perception et l’appréhension des deux
concepts « requalification urbaine » et « identité des territoires » n’a pas été perçue de façon
uniforme chez les différents chercheurs. À travers ce chapitre, nous avons essayé de :
60
Nous pouvons dire que la requalification urbaine est une intervention qui a pour objet
le retour à la ville. Elle s’intéresse souvent aux territoires disqualifiés, défavorisés,
marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne répondent
ni aux besoins, ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère, donnant une image
négative, et générant un imaginaire de pauvreté, de disparités, et de ségrégations sociales.
Cette opération concerne des territoires à différentes densités ; faible, moyenne et forte
densité et de différentes échelles, à savoir : l’échelle d’une route, espaces publics,
équipements, ensemble d’habitat, quartiers, centre historique…. De ce fait, elle peut prendre
plusieurs formes selon le contexte ; revalorisation, reconversion, régénération urbaine,
revitalisation, restructuration, création de nouveaux logements ou services, etc. Elle vise à
améliorer les conditions de vie, et à redéfinir, affecter et donner une identité à un site précis
dans un cadre institutionnel bien précis.
Etant donné que l’identité d’un territoire est une question complexe, son appréhension et son
étude nécessitent sa décomposition en éléments de base, en l’étudiant individuellement,
puis en ensemble, pour pouvoir enfin identifier les éléments sur lesquels il faut intervenir
pour lutter contre la négation identitaire de certains territoires.
Requalifier un territoire tout en prenant en considération son identité spécifique ne peut être
fait que par l’étude et l’approche de ce territoire dans toutes ses dimensions ; urbaine,
sociale, économique, fonctionnelle, culturelle, patrimoniale, politique… (tous ses composants
matériels et immatériels) dans une perspective dynamique qui vise une cohérence globale
(d’ensemble) à travers d’une part, un diagnostic approfondi tout en alliant passé (approche
historique), présent (évaluation de sa situation actuelle et mise en évidence de ses points
forts et ses points faibles) et futur(imagination de son avenir possible par la prospective), et
d’autre part, par la participation de tous les acteurs concernés de façon directe ou indirecte.
Le croisement de ces différentes méthodes ainsi que leurs techniques nous aident à élaborer
une approche multiple tenant compte des spécificités de notre cas d’étude. De la théorie à la
pratique, nous consacrons le chapitre suivant à l’étude et à l’analyse de notre cas d’étude, la
ville de Jijel.
61
3 CHAPITRE III
LE TERRITOIRE JIJELIEN ENTRE DYSFONCTIONNEMENTS ET ATOUTS :
OBSERVATION, LECTURE ET CONSTAT
INTRODUCTION
La ville, le quartier ou tout autre territoire, quel que soit son échelle, est avant tout, une entité
physique en pleines mutations. Appréhender ce territoire dans sa globalité pour pouvoir
comprendre le contexte de ses mutations, ainsi que les effets induits sur son identité, doit
s’inscrire dans une logique qui allie son passé, son présent et son devenir.
A traves ce chapitre, nous essayons, de comprendre le contexte des mutations urbaines qu’a
connues la ville de Jijel, d’examiner les causes et les conséquences qui ont conduit à sa
situation actuelle, d’évaluer leurs répercussions sur son identité et de mettre en évidence les
caractéristiques de cette ville (ses atouts, ses faiblesses, ses opportunités et ses menaces).
Afin d’atteindre ces objectifs, nous avons basé notre étude, dans un premier temps, sur un état
de fait du territoire jijélien dans sa globalité, dans le but de comprendre les caractéristiques du
processus d’urbanisation, d’expliquer les causes et les conséquences afin de mieux
positionner la ville dans cette dynamique territoriale. Dans un second temps, allant à l’échelle
de la ville de Jijel, nous procédons à une analyse plus détaillée à travers un diagnostic basé
sur la collecte et le traitement de différentes données concernant notre aire d’étude (l’ACL de
la commune de Jijel). En effet, le « diagnostic territorial » est différent d’un « état des lieux »
comme le montrent Thouément & Charles (2011, p. 05).Tandis que le second ne va pas au-
delà d’une simple description des faits, le premier se réfère à un recoupement et une analyse
des informations pertinentes recueillies, permettant de présenter une évaluation de la situation
actuelle d’un territoire, et d’envisager des futurs possibles.
62
3.1 Présentation du territoire de la wilaya de Jijel :
Jijel, une wilaya côtière qui fait partie du Nord Est Algérien, s’étend sur une superficie de 86
2.398 Km², elle est en relation directe avec la mer méditerranée via une façade maritime de
plus de 120 Kms de longueur soit 1/10 du littoral algérien. Elle est structurée en 11 Daïras et
28 communes (réf : Figure 3.3ci-dessous et Annexe A, Annexe B pp. 296,297).
86
Source : Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 10).
63
3.1.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques du territoire jijélien :
élément déterminant de son armature et de sa dynamique
Allant du Nord vers le Sud, les altitudes (plus de 1000 m) s’élèvent brusquement (Réf :
Figure 3.4, p. 65). La classe dominante est celle dont l’altitude est inférieure à 400m, avec
48,99% de la superficie totale de la wilaya de Jijel, donnant lieu à des zones favorables à la
pratique de toutes les cultures, suivie par la deuxième classe celle des moyennes altitudes
(entre 400 et 800m avec 32,40% de la superficie totale), qui est favorable à la pratique de
l’agriculture intensive ou semi-intensive. Quant à l’aspect topographique de la wilaya,
67% du territoire présente une pente supérieure à 25%soit 160 729 ha, l’exposant aux
risques d’érosion et des surcoûts induits au niveau de la réalisation des infrastructures et
des équipements dans ces parties du territoire. La classe des pentes de 12.5 à 25% (pente
relativement marquée) représente 20,53% de la superficie totale soit 49 184 ha, tandis que,
la classe des pentes de 0 à 3% (relativement plane) ne représente que 5,47% de la
superficie totale soit 13 118 ha.
64
Limites de territoires : Classes d’altitude dominante : Classes de pente dominante :
Limite commune Classe dominante < 400 m
Classe dominante > 25%
Limite zone des plaines côtières Classe dominante < 600 m
Classe dominante 12.5 – 25 %
Classe dominante < 800 m
Limite zone de montagnes
Classe dominante >800 m Classe dominante > 3%
65
3.1.3 Les infrastructures d’accès et de déplacements dans la wilaya de Jijel … un
levier de développement
La wilaya de Jijel est dotée d’un réseau d’infrastructures de transport diversifié à savoir :
un réseau routier s’étale sur une longueur totale de 1756,600 Kms 87(dont 204,300 km
routes nationales -RN-, 534,200km chemins de wilaya -CW- et 1018,100km de chemins
communaux -CC-), constituant le principal réseau de circulation et de déplacements aussi
bien à l'intérieur de la wilaya qu'avec les wilayas limitrophes (RN 43 et RN77) 88. Le
principal axe assurant l’accessibilité vers Jijel est la RN n°43 (vers Mila et Constantine),
avec le prolongement de l’axe de la RN 27. Cette ligne traverse la Wilaya d’Est en Ouest,
et relie Jijel à l’Est algérien (voir Figure 3.5, p. 67).
Quant au réseau ferroviaire, il est constitué d’une seule ligne ferroviaire à double voie 89.
Pendant des années, elle a été utilisée uniquement pour le transport des marchandises, alors
qu’elle était avant un moyen de transport des voyageurs également. Seulement depuis sa
dégradation, le recours à ce type de transport s’est limité 90 et s’est arrêté depuis le mois de
Juillet 2013. Cette ligne a fait l’objet d’une opération de doublement et d’électrification sur
un tronçon de 49 km reliant le port de Djen-Djen à la zone industrielle de Bellara (travaux
en cours). En revanche, le transport des voyageurs suspendu depuis 2013 a également
connu une relance, avec la mise en service de sa ligne en Novembre 2019 pour assurer au
quotidien la liaison Jijel-Constantine.
Le transport via les infrastructures portuaires est assuré par quatre (04) ports : un grand
port commercial celui de Djen-Djen91, 2 ports de pêche (Bouddis à Jijel et celui de Ziama
Mansourriah), et un port mixte de pêche et de plaisance à El Aouana (Voir Annexe C, p.
298).En ce qui concerne le transport des voyageurs par réseau maritime, une ligne entre
Jijel et Alger via Bejaia est mise en service au début de la saison estivale de l’année 2016
87
Le rapport du PAW de Jijel (2012, phase 01, p. 99).
88
Le trafic d’échanges représente 16,4% des déplacements. Les échanges s’effectuent majoritairement et à
part presque égales vers Alger et Constantine, soit 25,6% et 20,9% respectivement. Sétif, Mila et Bejaia
représentent quant à elles respectivement 16,1%, 14,8% et 11,8%, (source : le PDAU de la commune de Jijel,
révisé en 2018, approuvé en 2019, p. 51).
89
Cette ligne est d’une capacité de 400 places, elle s’étend sur une longueur de 137 km et permet de relier
cette wilaya au réseau national à l’Est, au niveau de la commune de Ramdan Djamel et Constantine, passant
par 7 gares ; Jijel, Bazoul, El-Ancer, El-Milia, Sidi Abdelaziz et finalement la Gare de Settara.
90
Selon la direction du transport de Jijel, le nombre de voyageur en 2013 était 81 voyageurs, tandis qu’en
2014 aucun voyageur n’a été enregistré.
91
Selon le SDAT de Jijel : il est considéré comme un axe privilégié du transport Euro-Africain, il est
directement accessible par la route express Jijel – Constantine, et par la voie ferroviaire Jijel- Ramdane
Djamel. Ce port possède des infrastructures importantes pouvant répondre aux exigences modernes de
transport maritime, dont il est en concurrence directe avec le port de Bejaia.
66
dans le but de désenclaver la région et de désengorger les routes reliant les wilayas de Jijel
et Bejaia vers Alger. Cette liaison est assurée à raison de deux rotations par jour au moyen
d’un navire monocoque d’une capacité d’accueil de 340 places (Souilah, 2016a). « Lors de
la visite de travail, le ministre des Transports, avait insisté sur la nécessité d’activer les
études pour la réalisation d’une gare maritime au port de Djen-Djen afin de relancer le
transport de voyageurs par voie maritime » (APS, 2016)92.
92
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
93
Il se situe dans la commune de Taher, à 15 Km du chef-lieu de la wilaya et moins de 30 Km de la zone
industrielle de Bellara, il s’étend sur une superficie de 132 ha et dispose d’une piste principale de 2.400 m. Il
peut recevoir jusqu’à 400 000 passagers/an, avec une aire de stationnement de 200 places, selon le SDAT de
Jijel (2013).
67
3.1.4 La place de Jijel dans l’histoire : D’un comptoir d’intérêt national à un
territoire enclavé …
Le territoire jijélien dont sa fondation est attribué selon les chercheurs en histoire aux
phéniciens94, venant s’installer à son port, tirerait son nom du mot berbère «Ighil-Ighil» qui
signifie « de colline en colline » ou « cercle de pierres » sur lequel, la cité s'est construite
pour échapper aux invasions venant du nord. Grace à son port, « Igilgili » a joué un rôle
rayonnant dans le bassin méditerranéen et à l’échelle nationale. D’un comptoir phénicien
témoignant de l’intérêt commerçant et stratégique (port protégé naturellement des vents
dominants), il devient un centre urbain. En effet, à l'époque romaine, et grâce à la situation
stratégique importante de son port, Igilgili était, avec d’autres cités95, le premier point de
débarquement et le premier jalon de romanisation du pays, dont elle faisait partie du réseau
routier et portuaire visant à revitaliser la vie administrative, militaire et économique du
pays (Salama, 1995), ensuite « Aroudj et son frère Kheireddine établirent leur résidence à
Djidjelli et en firent le centre de leurs opérations» (Kihal, 2005, p. 15).
Force est de constater que, à l’instar des autres villes portuaires, le port a joué un rôle
fondamental dans le développement économique de cette ville. Depuis l’antiquité, l’ancien
port de la ville de Jijel a joué un rôle de transit rayonnant entre les pays riverains de la
Méditerranée et l’intérieur de l’Algérie (Abdelaziz, 2015), pour l’acheminement de
produits divers (bois d’œuvre et de construction, liège, cuirs, etc.). Durant la période
coloniale et jusqu’aux années 70, il a été aménagé en un port de commerce et de pêche.
Les colons ont noué des liens fort et solides entre le port et la ville, en choisissant
l’implantation d’importants équipements sur le fond portuaire, à savoir, l’hôtel de ville, la
sous-préfecture et le palais de justice96, pour renforcer l’identité de cette ville en tant que
ville portuaire méditerranéenne, où la relation ville-port s’impose en toute évidence.
94
Elle remonte à quelques 2000 ans (Kihal, 2005).
95
Saldae (Bedjaia), Rusazus (Azef-foun), Rusguniae (Cap Matifou), Gunugu (Gouraya) et Cartennas (Ténès)
selon (Salama, 1995).
96
Aussi bien que des activités éducatives et de loisir longeant ce même front (Kihal, 2005, p. 44).
97
Il est apte à recevoir de grands navires de 150000 t.
68
Sur le plan régional et national, la wilaya se présente actuellement comme un territoire
enclavé, et une zone marginale au sein d’un littoral algérien plus attractif, en particulier
dans sa région Nord-est, où de nombreuses wilayas relativement dynamiques, figurent
parmi les pôles de développement régionaux voire même nationaux (Abdelaziz, 2015).
98
En raison de sa proximité de l’embouchure de l’oued du même nom. Il se situe dans la commune de Taher
à 10 Km de l’Est de l’agglomération chef-lieu de la commune de Jijel.
99
Les critères de classifications d’une agglomération urbaine établis par l’Office national des statistiques
(ONS) sont :
• La taille de l’agglomération > 5000 habitants
• Le rythme de croissance démographique
• L’activité économique : prédominance des secteurs non agricoles dans la structure d’emploi
• Le niveau des équipements : Existence des équipements sociaux de proximité
• Les infrastructures de base : Alimentation en eau potable –AEP-, assainissement, gaz et réseaux de
communication.
69
de distinguer deux périodes ayant fortement marqué le processus d’évolution de l’armature
urbaine de cette wilaya.
3.1.5.1 De 1977 au 2008, un exode rural massif à la recherche d’un cadre de vie
adéquat
Cette période caractérisée par un exode rural massif de la population des zones
montagneuses vers la partie littorale (voir Annexe E, p. 300), est divisée elle-même en
deux sous-périodes bien distinctes.
En 1977 et selon l’ONS, le taux d’urbanisation de la wilaya était 18%. Les communes
classées comme agglomérations urbaines étaient au nombre de 5 (Jijel, Taher et Emir
Abdelkader, communes côtières abritant 75% de la population urbaine, et les deux autres
communes El Milia et El Ancer). En effet, les agglomérations les plus prisées par la
population étaient Jijel (chef-lieu de wilaya), Taher et El Milia. L’attractivité de ces
communes est due à l’implantation d’unités industrielles (offre d’emploi) suivant le
programme du plan de Constantine de 1958100. Au fait, leur urbanisation était possible
grâce à la nature topographique de leurs terrains, relativement plane.
En 10 ans, le nombre de population urbaine s’est multiplié par deux sans changement du
nombre d’agglomérations urbaines (le taux d’urbanisation est passé à 26%). En effet, le
taux d’accroissement des centres urbains existants, était très fort, exprimé par des
moyennes annuelles très élevées :
Source. Etabli par l’auteur sur la base du RGPH de 1987 (ONS, 1987).
L’explosion démographique marquant cette période, est due en premier lieu à un exode
rural massif de la population des zones montagneuses défavorisées vers les centres urbains
existants ainsi qu’à une croissance naturelle élevée. Ceci se traduit spatialement par une
très forte demande en logement et en équipements dans les agglomérations urbaines,
100
Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 222).
70
conduisant à un développement démesuré et incontrôlé concrétisé par la prolifération de
l’habitat sous intégré et dégradation du cadre de vie.
A la fin de cette période, le nombre des agglomérations urbaines est passé de cinq à neuf.
En effet, aux agglomérations déjà classées comme urbaines s’ajoutaient les communes
côtières de Chekfa, Kaous, Sidi Abdelaziz et la commune d’intérieur de Texenna.
71
indicatif ; Jijel 2,15%, Taher 1,45% et El Milia 1,6%101. Cet accroissement s’est traduit
spatialement par des extensions périphériques (étalement urbain) donnant naissance à de
nouvelles agglomérations autour de ces grands centres déjà saturés.
101
Selon le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 224).
72
Depuis l’indépendance, la wilaya de Jijel a connu un phénomène d’exode rural massif –de
la population habitante des communes intérieures vers les communes majoritairement
côtières, sous forme de migrations définitives, de déplacements saisonniers, voire de
mouvements quotidiens (Abdelaziz, 2015), donnant lieu à de fortes pressions
démographiques sur les agglomérations urbaines déjà existantes et l’apparition de
nouvelles agglomérations. Cependant, malgré l’importance du processus de son
urbanisation, la wilaya a gardé son caractère rural. En 2008, elle est devenue
majoritairement urbaine à hauteur de 53% de sa population.
73
Figure 3.9. Répartition des potentialités naturelles et patrimoniales de la wilaya de Jijel.
Source. Le schéma directeur d’aménagement touristique de la wilaya de Jijel (2013, phase 01, p.54).
74
Pour plus d’informations, nous passons de l’échelle territoriale à l’échelle urbaine en
choisissant la ville de Jijel (ACL), d’autant plus qu’elle joue un rôle de commandement
dans la wilaya par son statut d’agglomération chef-lieu de wilaya et de pôle urbain
structurant principal. De ce fait, Jijel devrait avoir une attention particulière et une stratégie
de développement par les pratiques urbaines nationales et locales faisant l’objet d’étude.
Il est à noter que nous cherchons à comprendre les faits urbains, les dynamiques, le
fonctionnement et les spécificités de cette ville, à travers son cadre de vie et l’analyse des
causes et des conséquences de sa situation actuelle en se basant sur l’aspect qualitatif plus
que l’aspect quantitatif.
102
Selon l’annuaire statique de la wilaya de Jijel, fait par la direction de programmation et de suivi de budget
(DPSB Jijel, 2019).
103
Elle est 8 fois supérieure à la moyenne de la wilaya ; 319 habitants/km².
75
3.2.1.2 Son organisation
administrative
Administrativement, la commune
de Jijel104 se compose d’une
agglomération chef-lieu (ACL), de
trois agglomérations secondaires
(AS) « Ouled Bounar, 3ème km et
Harratène » et des zones éparses
(ZE) (Hameaux : Toualbia,
Boughdir, Laghrifat).
Morphologiquement,
selon le contenu du
plan directeur
d’aménagement et
d’urbanisme de la
commune de Jijel, cette
ville se compose de
trois grandes zones,
illustrées par le contenu
de la Figure3.12 et
l’image de Google
Earth ci-après
(Figure3.13) :
Figure3.12. La carte topographique de la commune de Jijel.
Source :SIG de Jijel dédié à la gestion urbaine (2012).
104
Elle est considérée comme la première commune urbaine de la Wilaya.
76
Versants et collines hétérogènes (peu accidentés,
constituant la zone la plus répandue dans la commune)
Limite commune
Zone montagneuse (zone très accidentée, dont
Plaines côtières (zone
l'altitude dépasse 150m, atteignant jusqu'à 384m)
urbanisée)
77
A
C
D
La nature du relief de cette ville a façonné sa structure. Deux villes se voient juxtaposées,
l’une basse d’un centre colonial et d’une périphérie compacte et serrée, et l’autre baptisée
« en terme courant la haute ville » qui va jusqu’au piémont de Mezghitane (Kihal, 2005, p.
34).
Faisant partie de l’une des régions les plus arrosées d’Algérie 105, un climat méditerranéen
de type humide, conjugué par la nature du relief de cette commune, Jijel se caractérise par
105
Appartenant à l’étage bioclimatique humide, Jijel se caractérise par un climat maritime méditerranéen
avec des hivers froids et pluvieux et des étés chauds et humides. La saison de pluie peut durer jusqu'à 6 mois,
dont les moyennes de précipitations varient entre 800 et 1000mm/an. Les moyennes de température en cette
78
un réseau hydrographique dense, dominé par une direction principale Sud-Nord et des
affluents de directions différentes favorisant l’écoulement vers la mer (Voir Annexe K,
p. 308) dont les plus importants oueds sont : oued Kissir, oued El Kantara et oued Mencha.
Le débit de ces oueds augmente de l’amont vers l’aval grâce à l’apport des affluents
dépendant des périodes de crues. Ces facteurs exposent Jijel au risque d’inondations. Outre
ce dernier, la région est exposée aussi au risque sismique, rentrant dans la zone d’aléa
sismique le plus élevé « Niveau 3 » dont l’intensité maximale attendue IX-X106. À ces
risques naturels, s’ajoutent d’autres technologiques, comme les risques industriels (Voir
Annexe L, p. 309).
A cet égard, par l’approche historique, nous nous basons sur les événements, les dates et
les faits, qui ont marqué le processus d’urbanisation de la ville de Jijel, et qui ont façonné
son identité actuelle. Deux grandes phases se distinguent :
A. Avant 1962 : (schématisation synthèse Figure 3.19, p. 80)
B. De 1962 à nos jours (schématisation synthèse Figure 3.20, p. 81).
région se varient entre 8°C et 12,3°C en hivers, et entre 23,8°C et 30°C en été, D’après le PDAU de la
commune de Jijel (révisé en 2018, approuvé en 2019 p. 15).
106
Selon le zonage sismique du territoire algérien élaboré par le CRAAG (Le Centre de Recherche en
Astronomie Astrophysique et Géophysique).
107
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
79
Avant 1962
Dans la nuit de 21 Ce qui lui a permis de bénéficier d’un
au 22 Août, un programme d’habitat (économiques et
Succession de plusieurs
tremblement de collectifs) dans le cadre du plan de
civilisations
terre suivi d'un raz- Constantine lancé par le Général De Gaulle.
Romaine, byzantine, ottomane, etc. de-marée a
submergé toute la La ville de Jijel accède au statut
citadelle de sous-préfecture
Figure 3.16 . Jijel avant et après le séisme de 1856.
Source. (Benifoughal.com, 2009) -voir le lien dans la bibliographie-. 1962
La fondation 1839
1856 Période de la colonisation française 1958
de la ville
1962 Ce jour
Période de déclin 1974 1976 1981 1984 1990 2000 2007 (2021)
Figure 3.20. Processus d’urbanisation de la ville de Jijel après 1962, établie par l’auteur (2017).
81
Depuis son indépendance, la ville de Jijel, à l’instar des autres villes algériennes, subissait
une situation urbaine difficile, du fait de l’intensité du phénomène d’exode rural et ses effets
induits (Bouraoui, 2007).
Cette explosion démographique qu’a connu Jijel108 où le nombre d’habitants a triplé entre
1977 et 1998(Réf : Figure3.21),
s’explique surtout par le solde 180000 161989
migratoire, et l’excèdent naturel élevé. 160000
134839
140000
Après 1998, un ralentissement dans le 115678
120000
rythme de la croissance démographique
100000
est observé, (taux de croissance passe de 80000 69765
108
L'analyse démographique de la commune de Jijel s’est basée principalement sur les statistiques des RGPH de
1966, 1977, 1987, 1998 et de 2008 fournies par l'ONS (Office National des Statistiques) et pour l’année 2018
sur les données statistiques fournies par la DPSB (ex DPAT) de Jijel.
82
1% 2%
97%
ACL AS ZE
L’étalement urbain rapide qu’a connu Jijel, depuis son indépendance, a entraîné une rareté des réserves foncières au niveau de l’ACL de la commune
–la saturation de son tissu urbain-, et du coup, des extensions ont été orientées (par son PDAU de 2009) vers les agglomérations secondaires d’Ouled
Bounnar et Harratène, passant par le plateau de Mezghitane et l’entrée Est de la commune. L’entrée Est Plateau de
ème
3 KM Mezghitane
Selon le PDAU de la commune de Jijel (2009), ces orientations dépassent la simple vision de
maitriser le phénomène d’urbanisation et d’extension de cette ville, mais également d’assurer
une meilleure maîtrise de l’effet potentiel de conurbation entre la ville de Jijel et ses Ouled
Harratène
agglomérations périurbaines. En revanche, Doter les hameaux existants : Leghrifat, Boughdir ACL de Bounnar
Jijel
et Toualbia en véritables centres de vie assurant aux populations les services courants de
Figure 3.26.Le phénomène de conurbation de Jijel.
proximité pour structurer et desservir les zones rurales. Source : établie par l’auteur (2019). 83
3.2.4 L’accessibilité et les déplacements dans la ville de Jijel, entre potentialités et
défis…
Le développement de tout territoire quel que soit son échelle est étroitement lié à son
niveau d’accessibilité, lui permettant d’être ouvert sur son environnement. Ville maritime
au premier degré, la ville de Jijel se situe à 13 Km de l’aéroport international (Ferhat
Abbas) et à 7 km du grand port économique de Djen-Djen109. Elle génère des flux routiers
très importants au niveau de ses entrées Est et Ouest du fait de sa « forte polarisation »à
l’échelle de toute la wilaya110(Boukerzaza and Acherard, 2011). La liaison avec les autres
communes/wilayas est
assurée principalement
par la RN 43111 et la RN
77, caractérisées par
l’intensification des
flux notamment durant
la saison estivale.
L’évitement sud est une voie qui permet d’éviter la ville de Jijel tout en assurant, par le
biais de pénétrantes, l’accès à tous les quartiers de cette dernière.
B. Réseau ferroviaire
C. Réseau maritime
109
En raison de sa capacité en termes d’espaces et eau profonde, il est considéré comme le plus important
ouvrage portuaire en Méditerranée.
110
Sur la base de l’analyse des lignes de transport collectif fonctionnant entre les communes (Réf : Annexe
H, p. 303).
111
Considérée comme la voie principale structurante de la ville.
84
Depuis le renforcement de l’activité portuaire par le grand port commercial « Djen-Djen »
(Réf :Figure3.28 ci-dessous), l’ancien port a perdu sa valeur et ses activités sont affaiblies. Il
est devenu en rupture avec la ville depuis son intégration dans le domaine militaire. Un
nouveau port de pêche a été créé (Kihal, 2005, p. 31) (Réf : Figure3.29 ci-dessous).
3
2
Le port commercial
Le port de pêche de « Djen-Djen »,
« Bouddis »
112
Construit entre 1984 (début de chantier) et 1992 (fin de chantier), bien que la décision ait été prise dans
les années 1970, dans le but d'augmenter les capacités portuaires de la région Centre/Est (EPJ Djen Djen,
2014).
113
D’une capacité totale prévue de 4 millions de tonnes/an, force est de constater que la plus grande partie
(2,5 millions de tonnes) consistait à importer le minerai de fer nécessaire au fonctionnement de l'unité
sidérurgique (Abdelaziz, 2015).
114
Située dans le périmètre de la commune d’El Milia.
85
Le transport des voyageurs par voie maritime entre Jijel et Alger via Bejaia, qui a été mis en
service au début de la saison estivale de l’année 2016, s’est arrêté selon la direction du port
de Djen Djen. Les raisons n’ont été données lors de notre enquête malgré notre souci de
démêler l’écheveau.
Figure 3.30 et Figure 3.31 : Une forte pluie rend le mouvement presque impossible à Jijel (Hiver 2019).
Source : (Souilah, 2019)116.
115
Selon la DPSB de Jijel (31.12.2018).
116
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
117
La première est destinée à la réception des flux en provenance ou à destination des zones et régions à l’Est
de la commune de Jijel tandis que la seconde est destinée aux flux en provenance de l'ouest de cette
commune. Elles reçoivent respectivement, environ 322 moyens de transport confondus (cars et taxis) et 236
moyens chaque jour (En plus des moyens du transport urbain), selon le PDAU de Jijel (révisé en 2018,
approuvé en 2019, p. 52).
86
L’explosion démographique Gare routière
Lignes de Ouest
qu’a connue Jijel depuis son transport
urbain
indépendance a eu un effet
Gare
négatif sur les modes de intermodale
déplacements et d’accessibilité
dans cette ville. En effet, Bien
que le taux de déplacement de
la population de la ville de Jijel
soit estimé à 1,52 de
déplacement/habitant/jour, il est Oued Zone de service de ligne de transport urbain
considéré comme modeste par Figure3.32.Distribution des lignes de transport urbain dans la ville de
Jijel. Source : plan de transport de la wilaya de Jijel, 2011.
rapport aux autres grandes
villes algériennes (1,69 et 2,32 déplacement/habitant/jour) (Bouchefra, 2018, p. 100). La
ville souffre de problèmes de déplacements et d’encombrement dû principalement à
l’incompatibilité des structures routières avec le volume de la circulation et l’absence des
aires de stationnement.
0.06%
0% 0%
0.01%
La grande part des déplacements revient au
trajet maison-étude (56%) et maison travail à pied
19%
(23%) (ibid., p. 106)118. La dominance des Bus
En seconde position les déplacements par bus, dont82% des habitants n’utilisent qu’un seul
bus, pour arriver à leur destination dont la durée du trajet ne dépasse pas souvent 30mn
dans la majorité des déplacements (56%). Cette longue durée revient aux problèmes de
congestion dont souffert la ville et pas à la longueur du trajet (ibid.).
118
8% pour le trajet maison - achat, 4% pour les visites familiales et 9% pour autres.
87
Parmi les problèmes du réseau viaire de cette ville nous citons : l’incompatibilité entre
l’offre et la demande en termes de dimensions des voies, leur qualité et le trafic intense.
La surface des chaussées ne correspond pas à la taille du mouvement des piétons surtout en
été et aux heures de pointe du fait de non-
respect des règles de construction et
l'activité violant des trottoirs dans la
fourniture de biens, non aménagement
des carrefours, absence des aires de
stationnement… Les problèmes
d’embouteillage sont atteints aux heures
de pointe (midi et soir) et pendant la
saison estivale119comme le montre les
figures suivantes :
Figure 3.34.Fluidité du Trafic habituel dans la ville de
Jijel à 7h50. Source : Google Map, Décembre 2020.
Carrefour
important Figure 3.35. Embouteillage au camp chevalier
(plateau Ayouf) pendant les heures de pointe
Figure 3.36. Fluidité du Trafic habituel dans la ville de Jijel à Source : Publié sur page Facebook Jijel News en
11h50. Source : Google Map, Décembre 2020 + traitement Octobre 2013.
d’auteur.
119
Tant qu’elle est une ville touristique, les problèmes d’embouteillage dure toute la journée parfois et pas
seulement durant les heures de pointe (Bouchefra, 2018, p. 104).
88
3.2.5 Fonctionnement et dynamique de la ville de Jijel : Habitats, équipements et
services offerts …
A. Le tissu colonial
D’une superficie de 38,96 ha121 soit 3% de la surface totale urbanisée122, il se distingue par
sa morphologie, son organisation en damier, sa structure spatiale en cohérence et ses
modes d’occupation rationnels (Réf :Figure 3.42, p. 93). C’est une zone à fonction mixte,
alliant résidence, services, commerce et places publiques (voir Annexe M, p. 310). Selon
le POS 1 de l’ACL de Jijel, l'activité commerciale123 et les services sont les plus répandus
dans cette zone, l'activité culturelle vient en deuxième position, suivie par l'activité
administrative et sportive.
Malgré son rôle et son statut de noyau central autour duquel s’articule l’ensemble de la
ville, il se caractérise par une faible densité 98 habitants/ha. Il connaît un déclin de sa
population124dont 89,9% des ménages d’origine locale (nées dans le périmètre)125 et 45%
sont en chômage. Conçu initialement par et pour les colons, la typologie d’habitation
dominante dans ce tissu est l’habitat colonial, qui se distingue par son aspect
architecturel comme le montre le schéma suivant :
120
Ces dernières années, avec la réalisation du programme national de logements, le taux d’occupation par
logement (TOL) s’est nettement amélioré, dont il est passé de 6,87hab/log en 2008 à 5,32 hab/log en fin
2014 et au 31/12/2018.
121
Selon le POS 01 de l’ACL de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 15).
122
Elle est de 1359,58 hectares, soit la somme des surfaces urbanisées des POS qui composent l’ACL de Jijel
(calculée par l’auteur).
123
Dont il dispose d'un certain nombre d'artères commerçantes.
124
Où le nombre de population habitante du centre-ville est passé de 7331 hab en 1998 à 4481 hab en 2008,
3988 hab en 2011 et finalement à 3820 hab en 2015, selon le POS 01 de l’ACL de Jijel (Ibid, p. 21).
125
A cela s’ajoutent 7,2% proviennent des autres communes de la wilaya, alors que seulement 2,9% des
ménages ont pour origine d'autres régions du pays ou de l'étranger (2 ménages palestiniens et 1 ménage
tunisien), selon le POS 1 de l’ACL de Jijel (Ibid).
89
L’Habitat colonial
Figure3.37. Typologie de l’habitat colonial existant dans la ville de Jijel, Conception de l’auteur. Photos prises par l’auteur en 2021.
90
Ce tissu (colonial) se caractérise par la vétusté et la dégradation de ses constructions 126
dont 38% sont en mauvais état127 (Réf :Figure 3.38ci-
dessous), ayant donné lieu à de multiples opérations de
rénovation ponctuelles (par leurs propriétaires), et donc à
l'émergence d’un nouveau style complètement différent de
l’existant, en termes de hauteur, d’architecture, et même de
couleur (Réf : Figure 3.39 ci-dessous). Ce centre est en train
de perdre son charme et sa spécificité.
Figure 3.38.L’état de bâti au centre-ville de Jijel.
Source : Etabli par l’auteur sur la base des données fournies
par le POS 01 de l’ACL de Jijel (approuvé en 2019, p. 47).
126
En raison du manque d'entretien et de l'absence d’une réelle volonté politique pour améliorer la situation.
127
Soit un total de 236 constructions proposées à la démolition dont 178 sont des constructions à usage
d'habitat, selon le POS 1 de l’ACL de Jijel (approuvé en 2019, p. 47).
91
B. Les tissus dits nouveaux
L’habitat récent
Individuel Collectif
L’habitat récent, que ça soit formel, informel ou ZHUN, se caractérise par une diversité de
formes, majoritairement non achevé, et non homogène, d’une architecture monotone,
souvent standard, mettant en péril le paysage urbain et l’image de cette ville. Au fait, le tissu
planifié présente les mêmes aspects et lacunes d’un tissu non planifié sauf que le premier
dispose d’un permis de construire (Kihal, 2005).
Figure 3.41. Typologie de l’habitat récent existant dans la ville de Jijel, Conception de l’auteur. Photos prises
par l’auteur (2021).
Pour mieux comprendre et mettre en évidence l’organisation spatiale des deux tissus, nous
présentons dans la figure suivante le réseau viaire de l’ensemble de cette ville (Voir aussi
Annexe N, p. 311) :
92
3
1
Centre-
ville
colonial
Route nationale 43
Chemin wilayal 150
Voie principale
1 2 3
D’après les figures ci-dessus il ressort que, mise à part le centre colonial qui se distingue
par sa forme triangulaire et son plan en damier, c’est la forme irrégulière qui prédomine
dans le reste de la ville. En effet, les tissus dits nouveaux sont en rupture totale avec
l’ancien tissu colonial, en termes de qualité, normes, organisation, aspects esthétiques, etc.
93
La forte explosion démographique qu’a connue cette ville s’est traduite spatialement par
deux formes, logiquement différentes, mais semblables sur le plan spatial et visuel, à
savoir ; tissu planifié (ZHUN, lotissements) et tissu non planifié (constructions illicites
et/ou bidonvilles) d’une typologie très hétérogène suivant un parcellaire souvent irrégulier,
mettant en évidence la spontanéité de leur apparition et de leur évolution échappant à
toutes les règles d’urbanisme128.
Non seulement la forme irrégulière qui caractérise le réseau viaire de cette ville, mais aussi
son état de détérioration. En fait, une grande partie du réseau viaire de cette ville est en
mauvais état (Réf : Figure 3.44).
Figure 3.44.Voies en état dégradé. Photos prises par l’auteur des quartiers : Belhain, Camp Chevalier et Ben
Achour (2021).
Le nombre de logements Brut est de 30299 logements129 (au 31.12.2018 selon les
recensements de la DPSB de Jijel), soit un TOL de 5.35 hab/log130.
Entre ces deux entités, Jijel a perdu son cachet de petite ville portuaire belle, propre, d’une
architecture assez homogène, même s’il ne s’agit pas d’une architecture locale, enracinée,
mais l’aspect esthétique et homogène de ses constructions est évident.
128
Appelé également « l’habitat non réglementaire construit en dur », il s’agit d’occupations illégales (auto-
construction) et /ou des lotissements résultant d’un morcellement en petits lots à bâtir vendus par des
propriétaires privés. Des lotissements qui ne respectent pas les règlements d’urbanisme.
129
Au moment où le nombre de logements Net (habités) est de 24844 log, soit un TOL de 6.52 hab/log (selon
la DPSB de Jijel).
130
En 1998 le TOL était de 6,59 hab/log, alors qu’en 2008 il était de 6,87, selon le PDAU de Jijel (révisé en
2018, approuvé en 2019, p. 37).
131
Selon la direction de programmation et de suivi de budget de Jijel, dans son rapport de fin 2018.
94
etc.), avec un total de 59666 employés en 2018, soit 66% de l’ensemble des emplois.
2%
En revanche, les secteurs d’agriculture et
d’industrie représentent les taux les plus 35% 28%
En matière d’équipements, Jijel, en tant que chef-lieu de wilaya, présente un territoire riche
en équipements (Réf : Figure 3.46 p. 96, et Annexe O, p. 312), bien que certains secteurs
soient jugés insuffisants en termes de normes selon les informations fournies par la
direction de programmation et de suivi de budget de Jijel, dans son rapport de Décembre
2018. Nous les résumons comme suit :
Tableau 3.2.L’évaluation de la situation actuelle, par secteur, des différents équipements de la ville de Jijel.
Situation/é
Secteur Observations
valuation
La commune de Jijel dispose d’une situation satisfaisante en matière
d’équipements éducatifs, mais la formation professionnelle reste à
Education renforcer vue qu’elle dispose d’un seul INSFP d’une capacité
Assez
(année théorique de 300 places, ce dernier reçoit 1537 stagiaires, soit une
satisfaisant
scolaire utilisation 5 fois supérieure à sa capacité d’accueil. L’enseignement
e
2018/2019) supérieur est assuré par le pôle universitaire, renforçant l’attractivité
de cette ville et constituant un moteur pour son développement
économique.
Jijel dispose d’un secteur sanitaire dont son aire d’influence s’étend
sur neuf (09) communes : Jijel, Ziama Mansouriah, Erraguène, El
Aouana, Selma Benziada, Texenna, Kaous, Djimla et Beni Yadjis.
Relativeme
Santé Les indices de couverture sanitaire enregistrés en 2018, reflètent la
nt faible
situation satisfaisante du secteur sanitaire dans la ville, seul le ratio
de l’hôpital 1,62 lit pour 1000hab reste faible en comparaison avec
la norme nationale qui est de 2 lits pour 1000 hab.
Ces infrastructures sont localisées essentiellement au niveau du
Jeunesse et
Insuffisante chef-lieu de la commune, insuffisantes et ne répondent pas aux
sport
besoins des habitants.
Ces infrastructures culturelles existantes au niveau de la ville de
Culture Insuffisante Jijel sont insuffisantes devant une population jeune relativement
nombreuse aspirant à exercer des activités culturelles.
Source : établi par l’auteur sur la base des données fournies par la DPSB de Jijel (31.12.2018).
95
LEGENDE
Habitat individuel
Habitat collectif
Equipements publics
Administration et services
publics
Équipements éducatifs et
de formation
Équipements socio-
culturels
Équipements sanitaires
Équipements sportifs
Équipements touristiques
(hôtels)
Équipements commerciaux
Autres équipements
Rues commerçantes
Figure 3.46. Le cadre bâti de la ville de Jijel (habitat individuel, habitat collectif et équipements). Etabli par l’auteur sur fond de carte du PDAU de la commune de Jijel
(approuvé en 2019).
96
3.2.5.3 Les équipements et les services : Spatialité, dynamique et centralité.
Les flux des déplacements et le volume des trafics sont étroitement liés à la répartition
spatiale des grandes infrastructures ainsi que les principaux équipements ayant un effet
local, voir même wilayal. En effet, les principales entités générant des flux très importants
et centralisés sont réparties spatialement comme le montre la figure suivante :
Légende
Hôpital
A Mutation
de la
B centralité
1
Déplacement
2 spatial de
l’activité
tertiaire
3
97
centralité de Jijel, importante chez la population locale, considérée comme la
première destination privilégiée des habitants en raison de la propagation de tous les
types de commerce d’habillement (Bouchefra, 2018, p. 110). Aussi dans son
voisinage, l’hôpital et l’université de Jijel au Sud de la ville.
Les deux zones environnantes de Mezghitane et Harratène, destinées aux programmes de
logements collectifs et aux équipements d’accompagnement, sont clairement dépendantes
du centre-ville (en termes de services et de commerces). Cela justifie en partie les
problèmes de congestion, en particulier aux entrées de la ville et aux heures de pointe.
Ville côtière et portuaire, Jijel est une ville aux richesses naturelles diversifiées. Son
paysage est un mélange de deux facettes contradictoires. Étant donné que notre étude porte
sur l'ensemble de la ville, nous avons pris plusieurs photos des endroits différents, afin de
mettre en valeur au maximum ses caractéristiques à travers ses paysages.
▪ D’une part : des paysages naturels surprenants, uniques et agréables, résultant d'une
combinaison du bleu de la mer, de la couleur du sable et de la verdure de la forêt sur
une grande pente, formant ensemble la spécificité naturelle de cette ville touristique.
Figure 3.48 : Paysage naturel de la ville de Jijel. Photo prise par l’auteur (2021).
Figure 3.49 . Paysage naturel de la ville de Jijel. Photo prise par l’auteur (2021).
98
▪ D’autre part, un paysage urbain hétérogène, issu d’une production urbaine ratée, sans identité ni références, où le non achèvement des
constructions est la principale caractéristique, mettant en péril l’image de la ville.
Figure 3.50. Vue panoramique de toute la ville de Jijel à partir de l’évitement Sud. Photo prise par l’auteur (2021).
99
Nouveau pôle RN 43 (entrée Est de la ville)
Centre-ville
Quartier El-Akabi administratif au
colonial Port militaire Zone militaire
3ème km
Figure 3.51. Vue panoramique de la ville de Jijel et son entrée Est à partir de Harratène. Photo prise par l’auteur (2021).
Coupe topographique
Figure 3.52. Vue panoramique de la ville de Jijel à partir de la plage Echelawla (située à l’entrée Est de la ville). Photo prise par l’auteur (2021).
D’une manière générale, le paysage urbain de cette ville est un mélange de formes et de styles différents, entre des bâtiments à usage d’habitation et des équipements, nous
constatons le manque d’un point de repère clair. En revanche, il est évident que la nature topographique du terrain a largement façonné le paysage de cette ville.
100
3.2.7 Les potentialités de la ville de Jijel, comme marque d’identité et atouts de
développement et de requalification
132
L’espace agricole de la commune de Jijel est dominé par les parcours et pacages avec 61% de la la surface
agricole totale (SAT). Quant à la surface agricole utile (SAU) avec 1026 ha, elle représentait 35% de la SAT
en 2006. Cependant, en 2015, elle ne représentait que 28% de la SAT du fait de l’urbanisation (voir Annexe
P, p. 315).
101
Ces caractéristiques reflètent le rôle marginal de l’agriculture dans l’économie de la
commune de Jijel.
A. Patrimoine matériel
Outre son identité naturelle, la ville de Jijel comprend aussi des sites archéologiques et des
monuments historiques formant son identité patrimoniale et culturelle à savoir :
❖ Le site archéologique de Rabta, anciennement appelé « Pointe noire », il renferme 42
tombes puniques à ciel ouvert.
❖ Les belles mosaïques de Toualbia datant de la période romaine.
❖ Les restes d’outils de pierres à Mezghitane datant de la préhistoire.
❖ Une partie du mur de Bordj Echetti qui remonte à la période ottomane.
❖ Le fort Duquesne et une partie de l’entrée maritime de Jijel, situés dans la zone
militaire.
❖ Une muraille composait les anciens remparts de la cité, située sur le front de mer
‘Est’(Beaumarchais).
Malheureusement, ces potentialités sont très peu connues, totalement délaissées et dans un état
de dégradation avancé. A ces richesses s’ajoute le musée de Kotama au centre-ville134qui
offre la possibilité de découvrir la richesse patrimoniale matérielle et immatérielle de cette
ville.
133
Selon le PDAU de Jijel (approuvé en 2019, p. 30).
134
Ex ancienne Medersa -1940-de l’association des anciens oulémas algériens.
102
B. Patrimoine immatériel (culture)
Le patrimoine culturel de Jijel est riche et varié, alliant les arts traditionnels et les arts
modernes.
La commune de Jijel compte cinq des dix-neuf zones d’expansion touristique identifiées au
niveau de la wilaya135 ; Adouane, kotama, Béni Caid, Ouled Bounar et celle de Ras El Afia
classée comme ZET prioritaire136.Selon les résultats du sondage effectué par le Ministère
de l’Intérieur et des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire 137,Jijel détient
la première place comme destination touristique privilégiée des vacanciers durant la saison
estivale 2018 à l’échelle nationale avec 21,34% suivi par Alger avec 9,63% (voir Annexe
Q, p. 316). En effet, cette ville riche par sa situation stratégique, l’unicité de ses
caractéristiques naturelles, physiques et paysagères, souffre de l’absence des
infrastructures touristiques conséquentes.
135
Selon le PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p.34).
136
Quatre zones d’expansion touristique (ZET) balnéaires (Adouane Ali, Casino, Béni Caïd, Ouled Bounar
dans la commune de Jijel sont en voie de déclassement pour cause de l’urbanisation anarchique et ses effets
induits (Safri and Labii, 2017, p. 143).
137
Ce dernier a lancé un questionnaire « de satisfaction » électronique pour but d’associer le citoyen à travers
tout le territoire national à l’évaluation de la saison estivale 2018.
103
L’offre touristique à Jijel est très limitée, ce déficit est aussi bien d’ordre quantitatif que
qualitatif. En effet, la ville de Jijel ne dispose actuellement que d’un seul hôtel classé (4
étoiles) celui de Dar Eliz et de 15 hôtels non classés (voir Annexe R, p. 317). En effet, le
manque des équipements touristiques, et plus particulièrement hôtelières, oblige les
touristes de se diriger vers la location chez les habitants.
B. Industrie
L’activité industrielle est très limitée au niveau de la commune de Jijel. Elle se résume à
quelques établissements implantés dans son tissu urbain, donnant lieu à des unités
polluantes et non polluantes, à savoir : Tannerie (T.A.J) (cuir), Jijel liège étanchéité, Jijel
liège et Chemiserie Djen-Djen.
Poisson
C. Pêche Poisson bleu Requin
blanc 1970 et autres
Crustacé Mollusques
La pêche constitue une activité
très importante dans la ville de
239 52 27 2
Jijel et une source de revenus non
négligeable.
Figure 3.55. Production halieutique -mesure : Tonne- (Fin 2018).
Source. Traitement de ’auteur sur la base des données fournies
par la DPSB de Jijel.
Elle est pratiquée par la population locale depuis très longtemps. A travers son port de
Bouddis, sa production halieutique est très variée (Réf : Figure 3.55 ci-dessus). La ville
recèle aussi 04 sites de gisements de corail rouge, qui sont menacés par les rejets des eaux
usées de la ville vers la mer.
138
Numéro de page non défini car l’article est publié sur le site Web de la revue (voir le lien dans la
bibliographie).
139
Qui était relativement dynamique.
104
Avant la période Durant la période coloniale : Après l’indépendance :
coloniale :
La notion de ville s’est limitée au La ville se présente comme
La notion de ville s’est triangle et à quelques extensions un grand territoire éclaté,
limitée à la citadelle : en dehors avec un style désordonné, formé de
européen. plusieurs tissus hétérogènes.
Un petit espace fortifié
contenant tous les Dominance du tissu planifié par Dominance du tissu non
équipements nécessaires. rapport au tissu non planifié planifié par rapport au tissu
occupé par les arabes planifié
105
4 CHAPITRE IV
JIJEL, UN ESPACE EN MUTATION … NOUVELLE IMAGE ? POUR
QUELLES FORMES D’INTERVENTION URBAINE ?
INTRODUCTION
À l’instar des autres villes du tiers monde, les villes algériennes ne sont pas en marge du
processus de dysfonctionnent urbain attirant l’attention des chercheurs entre autres
(Saidouni, 1999 ; Bendjelid, 2010 ; Belguidoum, 2008 ; Belguidoum and Mouaziz, 2010 ;
Belguidoum, Cattedra and Iraki, 2015 ; Bachar, 2015). L’objectif est de comprendre les
causes et les conséquences des évolutions et des transformations et décrypter les facettes
cachées de cet urbanisme. L’État a déployé des efforts pour remédier à cette situation
évolutive via de nombreuses stratégies.
Dans ce chapitre, nous passons en revue les stratégies adoptées pour développer la ville de
Jijel apportant des éléments de réponses aux questions suivantes :
• Quelles sont les stratégies adoptées par l’Etat et ses collectivités locales pour
faire face au dysfonctionnent qu’a connu la ville du Jijel ? Quels sont les
impacts attendus ?
Répondre à ces questions revient à passer par une lecture approfondie de la problématique
urbaine de la ville algérienne et les processus/formes de sa requalification urbaine dans le
contexte national, puis décortiquer à une échelle plus réduite la ville de Jijel. L’approche
historique avec sa technique analyse de contenu (Angers, 1997) s’avère être une clé de
lecture du cadre juridique, des différents outils, instruments d’urbanisme et des différentes
stratégies adoptées.
Partant du constat d’un espace déjà affecté par un phénomène de déracinement suite à la
conquête coloniale (Côte, 1988), et, chronologiquement depuis son indépendance, la ville
algérienne est passée par 4 grandes phases ayant marqué son processus d’urbanisation :
106
4.1.1 L’ère de « stabilité spatiale » de 1962 à 1973
Marquée par une croissance spatiale faible et ce, malgré la forte croissance démographique
due en particulier à un exode rural massif. En effet, la population a occupé le parc
immobilier laissé vacant par le départ précipité des colons. L’Etat s’est tourné vers le
secteur industriel et la recherche d’un maillage urbain régional et national (disparité
régionale et équilibre). La fin de cette période a vu le déclenchement de la crise de
logement, traduit par des taux d’occupation par logement (TOL) élevé ainsi que la
propagation de l’habitat illicite comme le confirment (Bendjelid et J.C. Brulé, 2004 cité par
Bachar, 2015, p. 26).
Caractérisée par des extensions urbaines périphériques très importantes, suivies par
plusieurs évènements à savoir :
Suite à la chute du prix du baril de pétrole (6 dollars le baril), conjuguée par l’incapacité
des autorités à répondre aux besoins en logements d’une population en nette augmentation,
la prolifération de constructions illicites et des bidonvilles a conduit à la propagation de la
pollution visuelle et spatiale des espaces urbains algériens (conception architecturale
hétérogène, déficit en équipements d’accompagnement et en VRD140, etc.), et à la
dégradation du cadre de vie.
140
Voiries et réseaux divers
107
4.1.4 L’ère de « la législation effective » 1990 à nos jours
marquée par une prise de conscience dans le domaine de la planification, dénonçant les
limites du « tout planifié » (Hecham- Zehioua, 2010, p. 84) et « l’adoption de nouveaux
instruments d’urbanisme sur fond de crise multidimensionnelle » .
➢ L’apparition de plusieurs lois telles que : la loi n°90-25 (du 18/11/1990, portant
orientation foncière).
➢ La loi n°90-29 (du 01/12/1990, relative à l’aménagement et à l’urbanisme, modifiée
et complétée par la loi du 14/08/2004 et les décrets exécutifs du 11/09/2005 et
7/01/2006).
➢ La loi n°90-30 (du 01/12/1990 portant loi domaniale).
➢ L’apparition de nouveaux instruments (les PDAU –Plan directeur d’aménagement
et d’urbanisme et les POS –Plan d’occupation du sol-).
➢ Les différents permis de lotir, de construire et de démolir.
Grâce à l’embellie financière (augmentation des prix des hydrocarbures, amélioration de la
situation sécuritaire), l’action publique sur la ville a été reprise à travers
l’institutionnalisation de loi 06-06 (du 20 février 2006, portant loi d’orientation de la ville)
qui a été abandonnée par la suite.
➢ La création du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, par
décret n°2000/257 du 26 août 2000, dans le but de « mener une nouvelle politique
de préservation de l'environnement dans toutes ses composantes » (Bachar, 2015,
p. 32).
➢ Le lancement d’une série de projets de logements (1 million disait la publicité),
d’équipements et de grandes infrastructures141ainsi que des opérations
d’amélioration urbaine des conditions de vie des habitants (Hafiane, 2007, p. 6).
4.2 Lecture critique des chercheurs de la situation actuelle des villes algériennes
Avant d’entamer la situation actuelle dans laquelle se trouve la ville algérienne et connaître
ses causes et ses conséquences, la lecture de la perception de la ville elle-même par les
chercheurs est intéressante à présenter. En effet, deux visions se croisent :
• Kheira Bachar (2015, p. 25) stipule que tous les travaux ayant étudié la ville
algérienne se sent entendus pour affirmer « une concentration humaine » due aux
extensions spatiales qui se font essentiellement par le logement et les activités,
141
Tels que l’autoroute Est-Ouest, le métro d’Alger, les tramways (à Alger, Constantine et Oran), etc.
108
plutôt qu’un système urbain organisé, créé selon une stratégie de développement
cohérente. Baptisée « la ville éclatée » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 105),
« la ville en fragments » (Safar-Zitoun, 2001, p. 34) et « une mosaïque de morceaux
urbains hétéroclites » (Chouadra, 2008, p. 2).
• Benssenouci142 dans un article de presse « La gouvernance urbaine, le défi des
villes algériennes » affirme que « la ville algérienne est un assortiment de lieux
dotés de sens, d’objets architecturaux inscrits dans leur environnement,
d’aménagements, de sites…, bref de « paysages » faits de mains d’hommes,
auxquels une collectivité peut attribuer une « valeur mémorielle ». Ces paysages
construits sont patrimoines en ce qu’ils fédèrent probablement les ingrédients
d’une identité ».
Ces deux visions se croisent en affirmant que la ville algérienne se bat entre deux facettes,
l’une identitaire dotée de sens, de sentiments de vitalité… et l’autre morte sans âme ni
identité.
D’un « Pays essentiellement rural jusqu’à la fin des années 1960 » (Belguidoum and
Mouaziz, 2010, p. 101) , le territoire national passe à une urbanisation excessive, où la
majorité de la population à hauteur de plus de 60% vit dans les villes, alors que le nombre
d’agglomérations urbaines dépassant 100 000 habitants n’était que de 3 en 1962 (ibid.).
D’ici 2033 et selon les prévisions, cette population urbaine augmentera de 10 millions
d’habitants, soit 80% de la population.
Cet espace urbain met en péril les conditions de vie des habitants. En effet, les problèmes
de la ville algérienne sont devenus lisibles aussi bien par les chercheurs avertis que par ses
habitants, ses visiteurs et mêmes ses journalistes ; Meziane (2009) en écrivant « Cinquante
ans après l'indépendance, la ville algérienne continue toujours à régresser ». Plutôt qu’un
milieu urbain moderne, elle est devenue une simple agglomération urbaine affectant la vie
quotidienne de ses habitants. Appelée également « des lieux de paradoxe » (Bendjelid,
2010), elle se caractérise par une urbanisation non réfléchie, traduite souvent sur le plan
spatial par de grandes lacunes.
- D’une part, des centres villes anciens en état dégradés à caractère répulsif et des
périphéries plus dynamiques et plus attractives, le plus souvent en termes de
commerces, de circulation et accessibilité.
142
Archéologie et chercheur, article de presse publié par Nawel. D dans le site Web « Algérie 360° », le 20
novembre 2010.
109
- Des ruptures et des fragmentations typo morphologiques sont constatées entre les
centres villes et leurs périphéries, entre tissus précoloniaux, coloniaux, post
indépendance143, habitat illicite et bidonvilles, donnant lieu à des paysages urbains
et architecturaux anarchiques nuisant à l’image des villes. Ailleurs et au moment où
la diversité architecturale constitue un enjeu et une richesse paysagère d’un espace,
en Algérie, le constat est amer : une tare urbaine.
143
Souvent inachevés, d’une architecture monotone.
144
Voir le chapitre n°8 de l’ouvrage « Eléments d’introduction à l’urbanisme » de (Saidouni, 1999) qui traite
l’évolution des politiques urbaines et des instruments d’urbanisme en Algérie.
145
Faites par l’urgence, elles sont représentatives d’un urbanisme fonctionnaliste de masse, où la production
massive de logements prime sur les équipements d’accompagnement.
110
l’urbanisme adapté à chaque territoire selon son microclimat et sa culture locale
affectant la mémoire collective des citoyens. Cependant, l’absence de politique
urbaine conséquente, n’est pas toujours la cause des dégâts mais plutôt le non-
respect voire l’inapplication des plans d’urbanisme, des lois et des instruments
d’urbanisme existants, conjugué par la procédure lente de leur approbation
ainsi que le déphasage entre les études et leur mise en œuvre (Lakhdar Hamina
and Abbas, 2015, p. 128). C’est la raison principale du décalage entre la réalité et
ce qui est programmé (Bachar, 2015, p. 29).
➢ La primauté de la dimension matérielle dans la production de l’espace urbain
algérien depuis plus de trente ans, mettent à l’écart toute autre dimension, et
donnant lieu à « des espaces anonymes, détachés de leur contexte identitaire
(social, géographique, etc.) » (Chouadra, 2008, p. 2) .
➢ L’absence du contrôle et de suivi de la part des techniciens de la maîtrise
d'ouvrage, lors de la réalisation des projets, n’intervenant que lors des catastrophes,
conjugué par l’incompétence des responsables à gérer la question urbaine et la
non intégration des spécialistes du domaine de l’urbain ; tels que les architectes
paysagistes et les urbanistes, ainsi que le recours à des instruments dépassés tels
que les grilles d’équipements, sans assouvir ni les besoins d’intégration et de
modernité, ni les aspirations de la population à un cadre de vie de qualité (Hecham-
Zehioua, 2010, p. 84), aggravant la situation.
Les éléments précités ne sont pas toutes les causes de disqualification des espaces urbains
algériens, mais les plus importants. Au fait, c’est le résultat « des pratiques volontaristes
comme des pratiques habitantes » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 105). Ces éléments
ont conduit à la dégradation générale du cadre de vie, la destruction des paysages de nos
villes, mettant en péril leurs identités. À tous ces problèmes s’ajoutent d’autres d’ordre
social, tels que la ségrégation sociale, la violence urbaine, difficultés du quotidien liées aux
problèmes de mobilité et les effets de stress qu’il génère, le manque d’hygiène, la
propagation des problèmes de pollution et de gestion des déchets (décharges sauvages,
etc.), le manque flagrant des espaces publics et des espaces de loisirs donnant lieu à un
aspect plus minéral à nos villes dominé par le béton et le goudron.
Bien que le rythme d’évolution de la population des villes algériennes soit devenu
faible par rapport aux années 1970 -1990, la ville ne cesse de se détériorer, de se
disqualifier et de régresser, avec ses gestionnaires locaux qui n’arrivent plus à
111
maitriser la question urbaine. Alors, les politiques urbaines suivies depuis
l’indépendance demeurent-elles réellement dépassées et non efficaces ?
4.4 Le retour à la ville pour la requalifier, constitue-t-il une prise de conscience d’un
nouveau phénomène en Algérie ?
Face à la situation critique dans laquelle se trouve la ville algérienne, et « sortir d’une
décennie de convulsions politiques et d’insécurité » (Bendjelid, 2010),au début de ce
centenaire, l’Algérie a été témoin de la tenue de nombreuses conférences et de séminaires
internationaux qui traitent la question urbaine, tels que : « Alger, Lumières sur la ville »
(Alger, 2001), « Réhabilitation et requalification du patrimoine bâti » (Constantine, 2008),
« Réhabilitation et revitalisation urbaine » (Oran,2008), « Réhabilitation et valorisation du
patrimoine bâti » (Skikda, 2011), « les dynamiques des recompositions des espaces et de la
vie quotidienne dans le processus des urbanisations récentes » (Oum El Bouaghi, 2019),
etc.».
Toue intervention sur un tissu urbain existant est soumise à un cadre juridique bien précis.
Dans le but de savoir comment la question de la requalification urbaine est définie et
abordée selon la législation algérienne, nous procédons à une lecture synthétique des textes
législatifs tout en focalisant sur les aspects en rapport avec notre objet de recherche, tels
que présentés dans le tableau ci-après :
Tableau 4.1. Le cadre législatif d’intervention sur les tissus existants en Algérie
112
Obligation du respect de la hauteur moyenne des constructions
6
avoisinantes dans les tissus existants
Obligation de la consultation des acteurs concernés lors de
15 l'élaboration du PDAU et du POS : tels que les associations locales
d'usager
Loi 90-29 du Les opérations d'intervention sur les tissus existants sont : rénovation,
1er Décembre 20
restauration et protection
1990 relative à Soumission des projets de PDAU/POS adoptés à une enquête
l'aménagement 26/36 publique de 45/60 jours, afin de recueillir les observations des
et l'urbanisme citoyens (sur ces projets)
Dispositions particulières applicables à certaines parties du territoire ;
43 - 49
littoral, terres agricoles à potentialités élevées ou bonnes, etc.
Encouragement du type architectural qui prend en compte les
55
spécificités locales et civilisationnelles de la société concernée
Conception et élaboration de la politique de la ville selon un
1
processus de concertation et de coordination
Définition des principaux généraux de cette politique à savoir : la
concertation, la gestion de proximité, le développement humain, la
bonne gouvernance et l'information, etc.
2 Considérer la ville comme un espace de création et d'expression
culturelle
Obligation de sauvegarde, de préservation, de protection et de
valorisation du patrimoine matériel et immatériel de la ville
Clarification des différents volets de cette politique et leurs objectifs,
touchant de nombreux aspects de l’urbain à savoir : ressources
Loi 06-06 du 20 7 - 12 naturelles, économie urbaine, mobilité et moyen de transport, espaces
février 2006 publics et espaces verts, patrimoine, équipements urbains, foncier,
portant loi maux sociaux, hygiène, etc.
d'orientation de Réaffirmer la participation du mouvement associatif et du
la ville 11 citoyen dans la gestion de la ville afin d’assurer une bonne
gouvernance
Conception et mise en œuvre des politiques de sensibilisation et
d'information des citoyens
14
Trouver des solutions pour réhabiliter la ville, requalifier ses
ensembles immobiliers et restructurer ses zones urbaines sensibles
Association effective des citoyens aux programmes relatifs à la
17
gestion de leur cadre de vie.
Obligation d'identification et de mise en œuvre des instruments
23
d'évaluation et d'information socio-économique et géographique
113
tissus urbains Echéancier des interventions : court, moyen et long terme avec des
anciens. 5
évaluations continues.
Conditions d'intervention (réhabilitation) sur des immeubles ou
constructions non classés et non protégés en vertu de la loi n° 98-04
6
qui présentent un intérêt historique, culturel ou architectural
particulier.
Mesures et des actions complémentaires de ces opérations, tels que :
améliorer la qualité environnementale et le cadre de vie de la
8 population, promouvoir la culture d’entretien et de gestion de la
copropriété tout en sensibilisant les habitants à préserver le
patrimoine et la qualité de leur cadre de vie.
Recensement et classification des tissus urbains anciens selon leur
degré de dégradation et d’insalubrité, et la typologie d’'opérations
10 nécessaires à entreprendre ; De la réhabilitation lourde, la rénovation
et/ou la restructuration urbaine, la réhabilitation moyenne jusqu'à la
réhabilitation légère
La nécessité de prise en charge des spécificités locales du tissu urbain
19
ancien dans les études d'intervention
Soumission du projet de plan d’intervention à une enquête publique
25
(de 45 jours) après validation de l’étude exécutoire
26 L'information du public à propos du plan d'intervention
Démolition de tout aménagement illicite des parties communes des
37
immeubles situées à l'intérieur du périmètre d'intervention
Source : Etabli par l’auteur sur la base du fond de textes juridiques146 (2020).
A partir de cette lecture synthèse selon le tableau ci-joint, il ressort que notre sujet est bien
encadré par les lois et la participation citoyenne le fer de lance est au cœur du processus
des stratégies adoptées. Une première prise en charge de la question d’intervention sur les
tissus existants dans son cadre juridique a été consentie par le décret exécutif n°83-684
fixant les conditions d’intervention sur le tissu urbain existant.
146
La loi 90-29 et les deux instruments PDAU et POS sont abordés en détails par Saidouni (1999) dans son
ouvrage « Eléments d’introduction à l’urbanisme » dans le chapitre n°6 « Les internements d’urbanisme en
Algérie ».
147
Mettre en place des procédures et moyens permettant au citoyen de participer directement ou par le biais
d’associations à la gestion des programme/actions liés à son cadre de vie, et d’évaluer les effets induits (selon
la loi 06-06).
148
Considérer l'homme « comme la principale richesse et la finalité de tout développement » (selon la loi 06-
06).
149
Information permanente du citoyen sur la situation, l’évolution et les perspectives de sa ville (selon la loi
06-06).
150
Ecouter le citoyen et agir dans l'intérêt général (selon la loi 06-06).
114
questions et enjeux, pivots de la pratique publique urbaine et de son cadre institutionnel,
contrairement à l’ancienne politique des décideurs où « les logiques de constructions » ont
primé sur les enjeux liés à la gestion de la vie quotidienne (Belguidoum, 2008).
Selon l’article 03 du Décret exécutif n° 16-55, les objectifs d’intervention sur les tissus
urbains existants sont d’une part, l’amélioration de« leur résistance, leur pérennité, leur
esthétique et leurs conditions d’habitabilité » par des opérations de réhabilitation et d’autre
part, l’amélioration de « l’état des réseaux, des immeubles et constructions, des
infrastructures, des équipements et des espaces publics » par des opérations de rénovation,
de restructuration, de réhabilitation ou de renouvellement.
Ces objectifs mettent en évidence les limites des politiques publics d’intervention aux
objectifs et ambitions purement techniques, mettant de côté toute condition de création
convivialité, de satisfaction des aspirations des habitants.
Après une longue période de « tout planifié » de l’Etat, contrôleur, programmeur, financier
et réalisateur qui a montré ses limites, une nouvelle tendance a eu lieu celle de « la
décentralisation et l’approche démocratique de l’aménagement », impliquant la
participation des habitants dans le processus de décision. En effet, les principaux acteurs de
l’urbain sont de trois sortes :
115
En revanche, elle fournit des services publics communaux visant à répondre aux besoins de
ses citoyens (article 149 de la loi 11-10). Elle joue un rôle majeur en matière
d’aménagement et de développement.
Nature
Article Objet
du textée
Information des citoyens des affaires les concernant
Consultation des citoyens sur les choix des priorités d'aménagement et
développement de leur commune
Loi 11- 11
Mobilisation des supports et les médias disponibles pour l'information et la
10 du 22 consultation des citoyens
juin 2011
Présentation d'un exposé sur les activités annuelles devant les citoyens
relative à
la Encadrement adéquat des initiatives locales, visant à intéresser et à inciter
commune 12 les citoyens à participer au règlement de leurs problèmes et à l’amélioration
de leurs conditions de vie.
Possibilité de consultation de certaines personnalités locales pourront
13 contribuer de façon utile aux travaux de l’assemblée ou de ses commissions
116
4.4.3 La requalification par les grands projets urbains … une nouvelle forme
d’intervention
En Algérie, ce phénomène a eu lieu pour la première fois dans la capitale dans les années
1980 sous forme de deux projets considérés comme les plus emblématiques (Zitoun, 2011,
p. 111), à savoir le grand complexe culturel de Raidh El Feth et celui de la rénovation du
quartier d’El Hamma Annasser. Suite à l’embellie financière dans les années 2000, en
particulier depuis 2005, plusieurs projets structurants d’envergure ont été lancés, touchant
initialement les grandes villes, tels que : le métro d’Alger, des tramways à Alger, à
Constantine, à Annaba ainsi que 18 autres villes, l’aménagement de la baie d’Alger, la
grande mosquée, etc. L’objectif est d’insérer la ville algérienne dans une nouvelle
perspective de modernisation et d’éliminer les déséquilibres spatiaux (Hafiane, 2007, p. 6).
➢ Synthèse de lecture
D’après notre lecture de la situation de l’urbain et des modes d’intervention sur la ville
algérienne, nous concluons par les éléments suivants :
151
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
117
• Elle est devenue la scène de multiples expérimentations urbaines, politiques et
pratiques qui ont souvent échouées.
• Une opération globale d’intervention sur les tissus existants visant réellement à
valoriser l’image du territoire concerné, améliorant les conditions de vie de ses
habitants et répondant à leurs besoins est inexistante.
• Les opérations de requalification urbaine menées jusqu’à aujourd’hui n’ont pas pu
atteindre leurs objectifs prédéfinis, du fait de l’absence de volonté de la part de
l’Etat et de l’absence de participation des acteurs citoyens.
• Le rôle de l’habitant, malgré la prise de conscience de son rôle indispensable, n’est
pas intégré dans la pratique urbaine.
Chouadra (2008) note que « la recomposition de la ville fragmentée reste un défi pour les
décennies à venir » (p. 13). Cette recomposition doit, selon lui, s’imposer comme priorité
dans la politique de la ville, se basant sur les spécificités identitaires géographiques et
historiques de cette dernière, nécessite des lectures multiples et transversales. En revanche,
Belguidoum (2008) met l'accent sur le manque de production de connaissances et d'études
urbaines liées à la ville algérienne, qui traitent le phénomène urbain comme « un véritable
objet d’étude transversal » et non comme effet inévitable du boom démographique et du
développement économique (ibid., p. 2) ou souvent comme une constatation des
déséquilibres qui existent « entre les règles et les pratiques et entre les programmes et leur
réalité » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 102). En effet, le processus de fabrication des
villes a longtemps été central (Belguidoum, Cattedra and Iraki, 2015, p. 12).
Dans cette perspective et afin d’étudier le rapport intervention- identité du territoire dans le
cas de la ville algérienne en essayant d’apporter de nouvelles lectures et des avancées dans
l’appréhension du phénomène urbain- s’inscrit la présente recherche.
4.5 Le devenir de la ville de Jijel tel qu’il est dessiné par ses acteurs décideurs
La requalification de la ville s’inscrit dans un cadre législatif bien défini qui se diffère d’un
pays à l’autre. De ce fait, étudier la question de la requalification de la ville de Jijel dans le
moyen et le long terme, telle qu’elle est présentée dans les instruments d’aménagement et
d’urbanisme et les stratégies et les propositions de ses acteurs décideurs, nous a semblé
nécessaire, dans le but de comprendre leurs visions et comment est-ce que le futur de cette
ville est conçu et dessiné par ses acteurs.
118
• Savoir quelles sont les formes de requalification urbaine existantes à Jijel.
• Faire une lecture critique des opérations/stratégies de requalification de la ville de
Jijel proposées dans le cadre de son plan d’aménagement de la wilaya (PAW) et de
son plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU).
• Faire une présentation prospective des grands projets que connaitra Jijel à moyen et
à long terme.
Nous questionnons les outils, les moyens et la démarche adoptée pour la requalification de
cette ville. Pour atteindre ces objectifs, nous avons eu recours à la méthode historique et sa
technique l’analyse du contenu. La critique externe et interne nous permet de mettre en
exergue ces opérations sous la casquette législative.
4.5.1 Les actions prévues par les acteurs publics : requalification de la ville de Jijel,
outils d’aménagement et d’urbanisme
Avec ces 4 lignes proclamées par le schéma national d’aménagement de territoire, comme
principes de base dans les grands choix d’aménagement, il est nécessaire de leur ajouter
une ligne de conduite à savoir « la bonne gouvernance ».
119
Conformément à la même vision et stratégie du Schéma National d'Aménagement du
Territoire (SNAT), les directives du SEPT152 pour la Région Nord-Est, dont Jijel fait partie,
se déclinent en 20 Programmes d'Action Territoriales (PAT). En général, le schéma fournit
des directives générales qui ne touchent pas directement la ville de Jijel (notre objet
d’étude) mais plutôt toute la wilaya que nous pouvons résumer dans le Tableau 4.3ci-
dessous :
Tableau 4.3. Les principales orientations du SEPT Nord Est qui touchent la wilaya de Jijel
Programme
d'actions Enjeux/objectifs Observations Source
territoriales
Le lac des Béni Belaid, Ghedir el Meridj,
PAT n°3 : les Protection et développement
le Marais d’el Kennar, la Corniche P. 14
écosystèmes des aires protégées
Jijélienne
Identification, évaluation et
PAT n°4 : les
mise en place d’une En raison de l’intensité maximale sur l'axe
risques P. 17
stratégie préventive de la Jijel-Skikda
majeurs
gestion des risques
PAT n°5 : Parc naturel de Taza, Bois des oasis, Forêt
patrimoine Préservation des sites de Beni Said, Djebel Mezghitane, forêt
P. 20
culturel et paysagers et de la nature d’El Guerroudj, grottes merveilles, gouffre
tourisme de Ghar El Baz, plages …
Geler la mise en application
PAT n°6 : de tous les instruments
A court terme, orienter l’urbanisation à
freinage de la d’urbanisme (PDAU et
l’ouest de la ville sur le site de Mezghitane P. 24
littoralisation POS) déjà réalisés (non
dans l’agglomération de Ouled Bounar ; A
et l’équilibre conformes à la loi relative
long terme, orienter l’urbanisation sur le
du littoral de la au littoral)
site de Sidi Mansour dans la commune de
région Nord Freinage et contrôle de la
Kaouas ; Résorption de l’habitat précaire
Est conurbation de la zone P. 25
côtière
PAT n°11 : le
maillage Désenclavement des zones
infrastructurel de montagne et amélioration
Réalisation de la pénétrante Port de Djen-
de transport de de l’accès au port de Djen- P. 38
Djen –Autoroute Est –Ouest
logistique et de Djen, des échanges Nord Est
communicatio avec les Hauts Plateaux
n
Le développement de
Promouvoir les agglomérations de : Jijel,
l’espace homogène Jijel -
PAT n°12 : la El Milia, Tahir, El Ancer, El Aouana,
Collo par : la valorisation P. 41,
métropolisatio Texenna, Sidi Abdelaziz, Oued Adjoul, Le
des potentialités naturelles, 45
n renforcement de la piste de l’aéroport de
le développement des
Jijel et la modernisation et la mise à
activités diverses le long de
152
Ex Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT)
120
la corniche Jijélienne aux niveau du port Djen -Djen,
ressources halieutiques ; les
possibilités récréatives et
productives dans les forêts ;
PAT n°13 : La localisation d’un pôle cuir tanneries
pôles de serait opportune à Jijel et le joindre aux
Apparition de Jijel comme
compétitivité entreprises de tannerie des autres wilayas P. 61
Pôle "Cuir-Tanneries"
et d’excellence pour constituer le réseau d’innovation.
(POC) Jijel serait ainsi le point focal du réseau.
Le renforcement des mégas complexes
sidérurgiques au niveau du « système
Jijel continuera à être le
PAT n° 14 : infrastructurel El Mila, Bellara – Djen
débouché naturel de
les nouveaux Djen » par la modernisation des
l'intérieur de la région et un P. 71
espaces de principaux axes routiers de la région et
de ses pôles d'entraînement
croissance leur connexion avec l’autoroute Est-Ouest
majeur.
d’une part et la rocade des Hauts Plateaux
d’autre part.
L’agro-tourisme (Skikda, Jijel, El Tarf),
PAT n° 15 : le La valorisation d’activités l’artisanat rural (Jijel, Skikda, Mila, El
développement productives créatrices Tarf). L’agriculture de montagne avec P. 79
local d’emplois durables l'arboriculture fruitière et l’élevage de
bovin à viande (dans les vallées de Jijel)
Source : réalisé par l’auteur à partir de la lecture du SEPT Nord - Est (2009, Tome 2).
Outre les orientations qui s’accumulent vers une vision cherchant à mieux exploiter,
préserver et mettre en valeur des ressources naturelles et touristiques, des productions
agricoles et halieutiques de la wilaya, à savoir ; la corniche, la montagne, les paysages
naturels, etc. ce sont les deux secteurs de l’économie et du tourisme qui ont occupé le
devant de la scène :le port commercial de Djen Djen153 et la zone industrielle de
Bellara comme « un espoir pour le développement économique et social de Jijel et son
arrière-pays (El Milia et Mila) » ( (SEPT) Nord – Est,2009, Tome 2, p. 39). Pour atteindre
ces objectifs, cet outil recommande la modernisation des infrastructures d’accès et de
déplacement existantes à Jijel, ainsi que la mise en place de grands projets tels que : la
pénétrante autoroutière, le pôle cuir tanneries154, la modernisation du port de Djen Djen.
Le SEPT Nord Est a mis aussi en lumière des problèmes empêchant le développement de
Jijel, à savoir :
153
C’est le port qui est appelé à subir le développement le plus consistant, au vu de l’intérêt dont il jouit. Il
est prévu la réception d’un terminal céréalier ce qui offrirait une capacité de réception de 3 millions de
tonnes/an avec des capacités de stockage de 280 000 tonnes ((SEPT) Nord – Est,2009, Tome 2, p. 40).
154
Car c’est la wilaya de Jijel qui est spécialisée dans l’industrie du cuir grâce aux complexes industriels
publics implantés dans les années 1970 mais aussi grâce au potentiel privé de la région qui s’est spécialisé
dans les unités de mégisseries. Plus de 59% des salariés de la sous filière tannage du cuir, au niveau national,
se trouve au niveau de la wilaya de Jijel (ibid., p. 61).
121
➢ « Une dynamique urbaine accélérée et anarchique marquée par la prolifération de
l’habitat précaire
➢ Un fort taux de chômage
➢ Une absence d’investissements productifs
➢ Une sous-utilisation des capacités infrastructurelles existantes à savoir port-
aéroport-voie ferrée-gare de tri » ((SEPT) Nord – Est, 2009, Tome2, p.71).
Dans son PAT n°18 intitulé « le renouvellement urbain et la politique de la ville dans la
région nord est », le SEPT Nord -Est préconise « la mise en place d’une ville productive,
qualitative, compétitive, attractive et durable capable de répondre aux besoins de ses
habitants et aux mutations productives et de contribuer à une véritable culture et identité
urbaine » (ibid., p. 95). Ce petit paragraphe nous donne les éléments phares qui dessinent
la ville de demain selon la vision du SEPT Nord Est d’où la durabilité, la compétitivité,
l’attractivité, la satisfaction des besoins des habitants et l’identité urbaine, semblent être à
la base de toute politique d’intervention sur les espaces urbains algériens, concrétisés à
travers des actions et des enjeux à savoir ; (la régénération urbaine, la qualité de
l’urbanisme, de l’architecture, des espaces verts et du patrimoine culturel, la sécurité, la
qualité des services publics : eau, déchets, éducation, santé, le développement par la
promotion des systèmes productifs, des activités et des emplois, le rattrapage et
l'intégration des zones urbaines à handicaps) (ibid., p. 96). Alors, comment le PAW et le
PDAU ont pris en charge ces orientations ?
155
Source : Étude du plan d'aménagement du territoire de la wilaya de Jijel (2012), rapport 3 : « projet de
plan d’aménagement du territoire de la wilaya de Jijel ».
122
part, et d’autre part sur les résultats et les conclusions de sa première phase dédiée au
diagnostic territorial de la wilaya.
D’après le PAW, sans cette reconfiguration, la prise en considération des enjeux et défis
prédéfinies aura des impacts limités.
156
Centre National d’Etudes et d’Analyses pour la Population et le Développement.
157
Selon le PAW de Jijel (2012, phase 03, p. 79), et dans le but d’assurer la cohérence territoriale, il a
proposé des périmètres d’études pour les Schémas de Cohérence Urbaine sur la base des Unités
d’aménagement retenues et en s’appuyant sur les pôles à promouvoir dont, Jijel fait partie de l’unité « Jijel-
Kaous-Emir Abdelkader ».
124
constituent la mémoire et l’identité de cette wilaya, un gisement touristique et une
source prometteuse pour son développement économique et social. En revanche, la
ville de Jijel est appelée de passer à « un pôle de développement régional », Par quels
projets ? Et selon quelles démarches le PAW a envisagé ce passage de la ville ?
De ce fait, elle va être promue au rang d’une grande ville (Strate supérieure) avec une
population estimée à 180 000 habitants. Pour cela, et pour mieux maitriser la croissance
urbaine de la ville, il préconise l’orientation de la population vers les communes
limitrophes ; Kaous « Beni Ahmed » et Emir Abdelkader « Tassoust », plus que les
agglomérations secondaires d’Ouled Bounar et Mezghitane qui sont déjà en cours
d’urbanisation (ibid., p. 73).
A partir de la lecture du PAW (sa phase 3), nous pouvons extraire les différentes
orientations qui touchent directement la ville de Jijel en termes de « requalification de la
ville et identité des territoires », que nous synthétisons dans le tableau ci-après :
Tableau 4.4.Synthèse des orientations du PAW de Jijel et concrétisation du principe de « faire la ville sur la
ville ».
Orientations du PAW
Domaine Pag
Enjeux Orientions/ actions
e
Aménagement de la ville pour qu'elle garantisse un
cadre de vie agréable et durable tout en améliorant le
fonctionnement des quartiers, leur cadre et leur
Passer à un pôle qualité urbaine
D'une de La mise à niveau, la modernisation de la ville et la 73,
façon développement lutte contre les inégalités spatiales et sociales 82,
générale régional à 118
l’horizon 2030 Création d'un « Cœur de ville »
Le freinage du phénomène de littoralisation en
essayant de maîtriser la croissance de la ville de
Jijel.
125
L’achèvement des travaux de dédoublement et
La modernisation
renforcement de la voie routière Jijel-El Milia-
et le maillage des
Constantine et celle de la voie Jijel-Béjaia;
infrastructures
La réalisation d’une bretelle vers l’autoroute Est-
d’accès et de
ouest : Jijel-Djimla-Sétif afin d'améliorer l’accès au
transport tout en
port de Djen Djen et autre pénétrante « Jijel vers
assurant 80,
Sétif, via Texanna –Djimla
Accessibil l'attractivité des 83,
La modernisation du réseau ferroviaire existant par
ité territoires et 84,
son électrification et la modernisation de ses
l'amélioration 85
gares ainsi que la réalisation d’une nouvelle voie
d’accès au
ferroviaire électrifiée entre Sétif et Jijel.
territoire en
Amélioration de l’état des réseaux routiers dégradés
renforçant ses
ainsi que l'adaptation et le réajustement des services
liaisons avec
de transport collectif existant (Fréquence, horaire,
l’extérieur
régularité).
L’utilisation en priorité des surfaces restées en friche
La préservation à l'intérieur de la structure urbaine existante
des terres notamment celles situées en centre-ville
agricoles et la La promotion des formes de construction moins
maitrise du consommatrice de terrain par le développement
77,
développement d'une structure urbaine durable, et des formes
80,
urbain par la urbaines denses et compactes.
Foncier 115,
valorisation du Des interventions sur les tissus existants (Préserver
116,
foncier urbain en le cadre bâti existant) en favorisant la réhabilitation
118
favorisant le qualitative, la rénovation et/ou requalification
renouvellement urbaine, la densification et la modernisation des
urbain "faire la constructions existantes (notamment au centre-ville)
ville sur la ville » par rapport à la réalisation de nouvelles
constructions.
Revitaliser les tissus urbains anciens pour la
Développer une sauvegarde du patrimoine urbain.
politique Valoriser le cadre bâti existant
d'urbanisme, une Résorber progressive l’habitat précaire notamment
politique de dans la périphérie 73,
logement adaptée Harmoniser le tissu urbain afin de soigner l'aspect 77,
à la population et esthétique du cadre bâti et d’affermir la vocation
Habitat 78,
aux nouvelles touristique de Jijel 80,
exigences Améliorer l’offre et la qualité de l’habitat et non 115
environnemental seulement du logement, tout en diversifiant l’offre
es et redonner de en logement et en intégrant la qualité de l’urbanisme
l’attractivité aux et la qualité architecturale dans les nouvelles
logements constructions (Restructuration et réhabilitation des
ZHUN de Jijel)
Le renforcement Renforcement de la couverture en infrastructures 81,
des fonctions et déficitaires, la mise à niveau et la modernisation des 87,
Équipeme
des équipements équipements et services de base/publics existants, à 103,
nts et
du tertiaire savoir : éducation, formation professionnelle, santé, 105,
services
supérieur et la jeunesses et sports, culture, raccordement aux 106,
revalorisation réseaux d’AEP et d’assainissement, etc., tout en 118
126
des centres et de conservant une accessibilité pour tous.
la centralité par
des équipements
structurants.
Favoriser l’accès aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication (dans les
différents secteurs et services)
Articuler les projets urbains avec les différents pôles
d’échange de transports collectifs
Réaménager les espaces publics existants et rendre
les espaces extérieurs des immeubles plus
conviviaux en améliorant leur entretien.
Remédier à la 78,
Espaces Multiplier les espaces publics structurants et
pauvreté des 80,1
publics attractifs ; comme les parcs urbains, les parcs
espaces publics 17
publics, les espaces verts et les aires de jeux aussi
bien au niveau du centre colonial qu’au niveau des
différents quartiers.
Valorisation et exploitation des substances utiles, du
potentiel agricole et forestier, etc.
Promouvoir les activités culturelles et développer
Potentiali Le renforcement des métiers en rapport avec la préservation de
73,
tés des capacités l’environnement et du patrimoine, la motivation des
90,
naturelles productives par jeunes à l’action culturelle sous toutes ses formes ;
96,9
et la valorisation La sauvegarde du patrimoine urbain et architectural,
8,
patrimoni des ressources la valorisation du patrimoine culturel du point de
112
ales locales vue purement marchand (multiplier les festivals à
caractère culturel) ainsi que l’étude de classement et
de restauration des sites archéologiques et des
monuments historiques.
Création d’un centre d’affaires à Jijel dans le but
d’élever le niveau de l’activité économique.
Le développement et le soutien des activités de la
pêche afin d’affirmer la vocation de pêche de la
Le renforcement
wilaya de Jijel et d’assurer la compétitivité du
de la base
secteur. 73,8
Economie économique et la
Valorisation du potentiel touristique de la wilaya par 1,
valorisation des
l’amélioration et la diversification des infrastructures 92,
investissements
et des activités touristiques (structures hôtelières de 95
haut de gamme) ainsi que l’identification spatiale de
toutes les potentialités et la définition des priorités
en matière d’aménagement.
L’élimination des foyers et des quartiers en crise ou
Assurer l’équité sous intégrés à la ville : l’établissement de la Carte
sociale et lutter Sociale est fortement indiqué pour les centres 79
contre les urbains importants afin de déterminer les urgences et
Société inégalités les actions prioritaires à mener.
spatiales et Satisfaction des besoins basiques des populations.
sociales La participation des habitants à l'élaboration des 80,
projets et leur sensibilisation aux préoccupations 89
environnementales.
127
Améliorat Gestion des Délocalisation de la tannerie de Jijel
55,
ion du déchets et Révision des plans communaux de gestion des 58,
cadre amélioration du déchets ménagers et renforcement des communes en 59,
environne cadre équipements de gestion et de collecte des déchets 80
mental environnemental (toutes les communes)
Source : réalisé par l’auteur à partir de la lecture du PAW de Jijel (2012, phase 03).
Quant à l’intervention sur les tissus existants, le PAW stipule que « … il est indispensable
d’agir sur les anciens tissus urbains en vue de leur réhabilitation, de la sauvegarde du
patrimoine urbain et historique, gages d’une identité et d’un urbanisme de qualité. Ainsi
des études spécifiques d’intervention sur ces tissus doivent être initiées, en impliquant
l’ensemble des acteurs (Elus, services techniques, organismes gestionnaires,
propriétaires...) » (2012, phase 03, p.79).
En effet, le PAW tout conscient de la situation critique dans laquelle se trouve la ville de
Jijel, a privilégié le retour à la ville « faire la ville sur la ville », pour lutter contre
l’urbanisation anarchique, tout en mettant en place une politique d’intervention urbaine
prioritairement orientée vers le renouvellement urbain et la densification des tissus urbains
existants et non sur l’étalement urbain et la consommation d’espaces en périphérie, en
préconisant certains principes à savoir :
128
➢ Le renforcement des fonctions et des équipements du tertiaire supérieur, etc.
Parmi les grands projets structurants prévus dans le cadre du PAW nous citons :
Cet outil donne des orientations mais aussi des moyens et des démarches de réalisation et
d’aboutissement aux enjeux prédéfinis. En effet, afin d’assurer la valorisation du cadre bâti
existant, il recommande de constituer une banque de données du cadre bâti en mettant en
place un carnet de santé des bâtisses au sein de la wilaya, de le maintenir à jour pour
pouvoir identifier toute dégradation éventuelle, et de coupler dans un futur proche cette
base de données avec les données des autres secteurs (foncier, industrie, etc.). Il
recommande également l’étude et la réalisation d’un centre de formation spécialisé dans la
restauration des sites et des monuments historiques afin d’assurer leur classement et leur
sauvegarde.
129
La critique externe de ces orientations relate que, pour atteindre ces objectifs
d’aménagement, un certain nombre de mesures a été proclamé par l’outil, à savoir ;
Si nous descendons, à une échelle urbanistique, après avoir passé en revue l’échelle de
l’aménagement du territoire, nous avons jugé utile de consulter le plan directeur
d’aménageant et d’urbanisme (PDAU) en vue de comprendre que préconise cet outil pour
la ville de Jijel. Avant d’entamer le contenu du PDAU de cette commune, il est nécessaire
de noter que le PAW a jugé les PDAU des communes de la wilaya de Jijel comme
dépassés et inaboutis, car ils se caractérisent par une monotonie de leurs méthodes et leurs
démarches qui ne s’adaptent pas au contexte local de chaque commune, sa problématique
et ses spécificités. C’est la vision simpliste de l’urbanisme158 qui se fait en l’absence d’une
approche de projet urbain et d’une vision globale intégrant une gestion stratégique de
l’espace dans un contexte de raréfaction des ressources foncières et dans une perspective
de développement durable (ibid., p. 77).
Lancé en 1990, le PDAU de la commune de Jijel a été approuvé par arrêté du wali en date
158
Elle est abordée essentiellement en termes de besoins à satisfaire pour de nouvelles populations
(logements, équipements, infrastructures de base, etc.) et en dégageant des assiettes foncières pour
l’implantation des différents programmes (PAW de Jijel, 2012, phase 3, p. 77).
130
du 07 août 1995. Ses orientations se sont trouvées très vite dépassées, car il était fondé sur
des faibles perspectives de croissance de la population159 et par conséquent de faibles
perspectives de logements, d’équipements et de surfaces urbanisables, donnant lieu à un
développement anarchique difficile, voire impossible à gérer par les responsables locaux. Il
a fait l’objet de deux révisions (en 2009, puis en 2018 -approuvé en décembre 2019-), dont
l’objectif (de la révision de ce dernier 2018) est de :
D’après ce dernier, l’ancien PDAU (de 2009) est jugé dépassé pour plusieurs raisons,
d’une part, car il reposait sur « des modèles d’organisation du territoire traditionnels »,
traduits spatialement par des extensions anarchiques160en tache d’huile en l’absence de
toute procédure de suivi et de contrôle. D’autre part, la financiarisation par le secteur privé
du foncier urbanisable a aggravé la situation, elle s’est traduite par une transgression des
lois qui donne un résultat différent de celui escompté et réglementé (des aménagements
préconisés). Au fait, « Si les deux premiers termes d’urbanisation (court et moyen) ont
connu le développement souhaité et ce dans les domaines démographiques, d’habitat et
d’équipement par contre le troisième terme se voit bloqué en raison principalement du
nature privé des terrains » (ibid., p. 70).
131
territoriale » et « compétitivité/attractivité territoriale ». En effet, son principe fondamental
est de définir un projet pour la ville qui peut assurer un développement équilibré et durable
à long terme. Atteindre ses objectifs (assurer un développement urbain cohérent) selon le
PDAU, nécessite d’allier trois échelles :
Figure 4.2. Les principaux enjeux du PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019).
Source : Etabli par l’auteur sur la base des données du PDAU (2020).
Tableau 4.5. Les orientations du PDAU de Jijel à court, moyen et long terme.
161
D’après le PDAU de Jijel (approuvé en 2019, p. 86), c’est grâce à la concrétisation de projets structurants
durant ces trois étapes que la mise en marche d’un développement urbain durable, cohérent et harmonieux
verra le jour et que seront matérialisées les ambitions du futur de Jijel.
132
d’achève espaces Dédoublement du boulevard Rouibah Hocine (en
ment des publics et empruntant à partir de l’hôtel kotama une
grands des deuxième voie (en contrebas du boulevard
projets interventio existant) celle-ci devant se terminer au niveau de
ns sur le l’entrée de la base navale.
centre Des travaux seront également menés au niveau du
historique pos 26 (voir carte des POS en Annexe S, p. 318)
avec l’achèvement des travaux entamés et qui
verra son axe central se prolonger au-delà de la
RN43 pour se projeter sur la plage du 3ème km
pour enclencher ainsi un développement dédié au
tourisme, à la détente et aux loisirs avec un
aménagement approprié pour toute la façade
maritime Est et ce jusqu'à l’hôtel Kotama
Création d’un nouveau pôle touristique dans le
prolongement du POS 26 ce qui donnera un cachet
particulier à la ville grâce à cette jonction affaires-
tourisme avec affirmation de l’hyper centre qui
sera ainsi crée.
La réalisation de la route bleue qui devra relier le *Les zones touristiques
3ème km via le pos26 jusqu’à Laarayeche en * Théâtre en plein-air
Moyen empruntant le boulevard Rouïbah Hocine * Salle omnisports
terme (dédoublé) * Musée régional (POS
(2023- Finalisation des aménagements au niveau du 3ème 26)
2028) : km et réalisation d’un port de plaisance et * Théâtre régional
Étape Affirmer d’attractions qui accompagneront des équipements (POS 26)
des le cachet commerciaux, de détente et d’hôtellerie prévus au * Parc d’attraction
aménage touristique courant de la 1ère étape * Les équipements
ments de la ville publics (POS 26)
attractifs L’aménagement de la bande centrale devra se * La promenade
et poursuivre durant cette étape littorale (axe APC –
touristiqu hôtel convivial)
es La restructuration des zones périphériques * Un musée dédié à la
d’habitat (pôles d’habitat de Mezghitane et mer et un aquarium
Harratene) géant
Long * La zone d’activité de
Poursuite Lancement du déplacement de toutes les activités
terme présentant des degrés de nuisance vers la zone de Beni Ahmed et ses
des
(2028- extensions
aménagem développement économique (couloir logistique
2038) : d’industrie et de services) * Le contrôle du trafic
ents des
Étape de routier
zones
requalific Lancement d’une requalification totale de la * La création de
périphériq
ation du périphérie avec principalement la création parking et des espaces
ues d’habit
centre et d’avenues urbaines (commerçantes et de services) publics
at
des transversales à partir de l’évitement sud * Encadrement de
133
zones l’autopromotion de
périphéri Lancement du couloir logistique d’activités l’habitat individuel et
ques et économiques et de services qui prendra naissance à collectif
les partir de l’évitement Sud en passant par la ZAC de *Délocalisation des
futures béni Ahmed pour se projeter sur la limite Est de industries polluantes
extension Harratene (RN77) tout en faisant un crochet par le situées à l’intérieur des
s port de pêche et la gare intermodale ainsi que les tissus urbains
urbaines nouvelles voies à créer (jonction entre les CW et la * Les bandes littorales
RN77. ‘est’ et ‘ouest’
* Aménagement du
Ce couloir empruntera l’actuel chemin de Wilaya foret du versant ouest
N 150 qui se verra transformer en voie ‘express’ de Mezghitane
dédoublée. Cette nouvelle voie ‘express’ se * La réserve agricole (à
projettera à travers la commune de Kaous pour préserver)
ainsi atteindre la pénétrante autoroutière à * Création d’agri-parcs
l’échangeur de Cheddia. (pour les zones restées
agricoles et se trouvant
Les travaux d’aménagement touristique seront entre des poches
conclus durant cette étape, la route ‘bleue’ urbaines)
touristique s’étalera sur toute la partie Nord de la * Dédoublement de
commune et devra affirmer une fois pour tout le l’évitement SUD et
cachet touristique de la ville (d’oued kissir création d’espaces de
jusqu’au 3ème km) détente
Source : Etabli par l’auteur sur la base des données du PDAU (approuvé en 2019, pp. 83, 84, 85, 86 et 87).
162
Dont il préconise (dans sa page 87), l’orientation des surplus démographiques des vingt prochaines années
(futures extensions) vers les deux cotés Est et Sud-Est, qui doivent être de qualité et dans le sens Nord-Sud
tel qu’il est préconisé par le PAW de Jijel.
163
Tout en assurant une localisation judicieuse des grands équipements afin qu’ils puissent jouer le rôle
d’éléments d’appel et contribuer à l’amélioration de l’image de la ville.
134
Figure 4.3. Les actions préconisées par le DPAU au centre colonial de Jijel (approuvé en 2019, p. 83)
Barrage
Kissir
Evitement
Sud Dédoublement
du CW 150
Forêt
récréative
Vers pénétrante
Echangeur
autoroute Est-Ouest
de Cheddia
Pénétrante autoroute
Est-Ouest
Figure 4.4. Les actions préconisées par le DPAU à long terme (approuvé en 2019, p. 87).
Les directives du PDAU (approuvé en 2019, pp. 71, 83, 89, 90, 91) s’articulent
principalement autour de plusieurs stratégies que nous résumons comme suit :
135
▪ Dans une perspective de « faire la ville sur la ville », il préconise d’aller vers un
« urbanisme inclusif », dont il insiste sur la nécessité de mettre en évidence la
structure spatiale qui fixe le cadre dans lequel seront définies les zones de
protection, d’extension, de restructuration, afin d’assurer une cohérence des choix
d’aménagement. Les interventions sur les tissus existants peuvent prendre
plusieurs formes à savoir ; renouvellement urbain, réhabilitation, modernisation et
densification adaptée à la structure urbaine existante, structuration des zones
résidentielles dominées par l’habitat spontané, revalorisation du patrimoine urbain
en favorisant la mixité de la fonction résidentielle avec les autres fonctions
urbaines (économique, commerciale, de services…), etc.
▪ Protection et valorisation des principales richesses et ressources naturelles et
protection des sols fertiles, à savoir : le littoral de la commune et ses paysages
naturels pertinents (mobilisation prioritaire de ressources de natures diverses.
▪ Traitement des entrées de la ville et des espaces publics par des aménagements
adéquats pouvant assurer une intégration harmonieuse du bâti en privilégiant la
mise en valeur des paysages.
▪ Création d’un nouveau système de mobilité efficace à travers l’aménagement, le
dédoublement, l’élargissement et d’autres d’actions qualitatives des voies
structurantes existantes, ainsi que la valorisation économique des axes d’animation
et l’aménagement des nœuds/carrefours164d’articulation des différents quartiers
(aux intersections des voies primaires), afin d’améliorer leur fonctionnement en
termes de fluidité et de sécurité ainsi que d’assurer une meilleure intégration des
quartiers périphériques et un meilleur accès aux biens et aux services publics.
▪ L’atténuation des problèmes de gestion urbaine découlant de l’hypertrophie de la
ville et de l’éclatement de son tissu urbain.
Tout cela permettra selon le PDAU de créer « un cœur de ville » ; « Jijel ville de
proximité », de répondre à la volonté d’harmoniser les grandes fonctions que doit assurer
le chef-lieu de wilaya, et de créer un modèle urbain polycentrique, compétitif et attractif.
164
Notamment l’accès à la zone d’habitat de Mezghitane, vu son importance, il y a lieu de prévoir un
échangeur. La réalisation des trémies projetées à BAB ESSOUR et au niveau du carrefour de BABA
ARROUJ (situés au centre-ville colonial).
136
4.5.2 La requalification de la ville de Jijel par les grands projets…vision prospective
et impacts attendus
L’ambition du PAW de Jijel est de dépasser les anciennes pratiques de gestion, et d’aller
vers de lourds investissements, à travers la mise en œuvre volontariste des grands projets
structurants à l’aide d’une forte centralisation des initiatives et des décisions, et un
renforcement des ressources humaines locales pour assurer le suivi et la gestion de ces
projets (2012, phase 03, p 69). Dans la même optique, le PDAU (approuvé en 2019) a fait
recours à de nombreux projets structurants dans le but de stimuler un processus effectif de
requalification des centres urbains existants, dans le cadre d’un développement
harmonieux et durable.
Le projet urbain quel que soit son emplacement, son influence peut toucher non seulement
son environnement immédiat, mais aussi influencer toute la commune, la ville voire même
la région ou le pays dont il fait partie. La wilaya de Jijel est devenue le théâtre de multiples
mutations qui vont davantage bouleverser sa situation actuelle et son image, dont de
nouveaux projets d’envergure ont été lancés ces dernières années dans les différents
secteurs. Etant donné, notre étude s’est limitée à la ville de Jijel, et afin de pencher sur son
étude prospective, nous avons jugé utile, d’étudier les grands projets qui se situent à
l’intérieur de la ville mais qui sont à l’extérieur de son périmètre urbain, mais ayant un
effet direct ou indirect sur la ville et ses spécificités :
Figure 4.5. Les grands projets prévus/ en cours de réalisation pour développer Jijel.
Source : Établi par l’auteur sur fond d’image Google Earth (2019).
137
4.5.2.1 Les projets situés hors périmètre de la ville de Jijel
Figure 4.6. Maillage projeté du réseau routier de la wilaya de Jijel avec le grand axe autoroutier EST-
OUEST.
Source. Aidat & Messaci (2017, p. 49).
165
Elle comprend 45 km dans le territoire de Jijel, 15 km à Mila et 50 km pour Sétif.
166
Ex l'Agence Nationale des Autoroutes (ANA).
167
Ce groupement est mené par les entreprises Rizzani de Eccher, ETRHB Haddad et SAPTA (Rizzani de
Eccher, 2013).
138
Les impacts attendus de la réalisation de cette pénétrante, selon le site officiel de cette
wilaya et (Saou, 2015) sont :
168
La place du port commercial d’Alger étant donné le premier à l’échelle nationale « est menacée et risque
de ne pas être préservée face à la présence du port de Djen-Djen qui dispose de profondeurs de plus de 18
mètres, pouvant ainsi accueillir des navires gros porteurs » (Aouissi, 2016, p. 173). Le port de Djen-Djen
offre le plus important tirant d’eau du bassin méditerranéen.
169
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
139
De par ses infrastructures importantes170 qui peuvent répondre aux exigences modernes de
transport maritime et sa situation stratégique 171,il a pu acquérir de l’importance chez les
pouvoirs publics en matière du trafic portuaire et de commerce extérieur, dont il fut l’objet
de modernisation via la réalisation de futur terminal de transbordement de conteneurs qui
est en cours de réalisation, d’un terminal de bois, un terminal sidérurgique et un terminal
céréalier172. En effet, le trafic du port de Djen Djen passera à 30 millions de tonnes/an d’ici
2030 contre environ 5 millions de tonnes en 2015 (DK News, 2015), avec des capacités de
stockage de 280 000 tonnes.
➢ Jouer pleinement son rôle comme hub pour les trafics transcontinentaux.
➢ Renforcer la zone d’influence de ce port (élargir son l’hinterland), et se
repositionner dans le bassin méditerranéen en termes de commerce extérieur en
développant ses activités.
➢ Redynamiser l’économie locale de la wilaya de Jijel.
➢ Développer l’économie urbaine de la ville de Jijel, en faisant du port un élément de
la composante du tissu urbain de la ville.
➢ Gagner du temps sur les délais de traitement des navires et sur les coûts du
transport.
170
Dont il dispose d’aires de stockage très importantes : 12 500 m² pour les marchandises générales et 9 000
m² pour le ro/ro, ainsi que de ciment (SEPT Nord –Est, 2009, tome 01, p. 88).
171
Situé à moins de 50 miles de la route maritime reliant le canal de Suez au détroit de Gibraltar (EPJ Djen
Djen, 2014).
172
Ce méga projet consiste en la réalisation d’une grande mole de central avec un nouveau quai parallèle au
quai ouest et une extension du quai mixte.
140
est qualifié de « très moderne », dont il est construit en partenariat d’investissement entre la
République Algérienne et l’État du Qatar173, pour un montant de 2,1 milliards de dollars.
Il fabrique depuis 2017 de l’acier plat et des aciers spéciaux destinés entre autres à
développer essentiellement l’industrie du rail en Algérie174. Après l’entrée en phase
d’exploitation de l’unité de réduction directe en Février 2021, avec une capacité annuelle
de 2,5 millions de tonnes de fer réduit chaud et froid de haute qualité. La société de
sidérurgie de Bellara va procéder, à partir du début du mois de Mai 2021, à l’exportation
de plus de 17 000 tonnes de paillettes (colonnes métalliques) vers des pays européens et
arabes175 (APS, 2021).
Ce projet a été consolidé par la réalisation d’une méga centrale électrique de 1398,29
mégawatts, sur le même site de Bellara, afin d’assurer l’alimentation de ce complexe en
électricité et en gaz naturel.
173
Donnant naissance à une Société appelée « Algerian Qatari Steel » (AQS), qui a été créée en décembre
2013. Elle est détenue à 49% par Qatar Steel International (QSI), à 46% par le Groupe Industriel SIDER et à
05% par le Fonds National d’Investissement (FNI) (Algerian Qatari Steel, 2019).
174
Il emploie environ 750 personnes, et devrait atteindre 1800 emplois directs et plus de 5000 emplois
indirects à la fin du projet (Ouramdane, 2019).
175
Ce qui représente la première tranche d’un programme d’exportation d’environ 300 000 tonnes de
produits ferreux vers les marchés internationaux.
141
➢ Contribuer à la création de richesse et à la satisfaction des besoins nationaux en
différents produits sidérurgiques, et plus particulièrement en rond à béton et en fil
machine et, par conséquent, une réduction des importations d’acier . Ce
qui permettra avec le temps de passer de l’importation à la satisfaction des besoins
en la matière puis à l’exportation (Amor, 2017).
Ce projet de grande envergure (de Figure 4.9. Vue 3D du Pôle universitaire d’El
Aouana
l’enseignement supérieur) de 3000 places Source : http://www.jijel.info
pédagogiques sur un ensemble de 6000 places en phase d’achèvement est inscrit dans le
cadre du programme quinquennal 2010-2014, il abritera plusieurs facultés176, un centre
international de recherche en physique théorique, une bibliothèque centrale de 1000 places,
une résidence universitaire, un centre d’enseignement intensifs des langues étrangères et un
auditorium (Rédaction Nationale, 2014). Bien que les travaux soient lancés en 2014, ce
projet comme tous autres projets en Algérie traîne sans être achevé dans les délais impartis
(année pédagogique 2019-2020). En raison de la lenteur des travaux, son contrat de
réalisation risque d’être résilié, par conséquent, le projet risque d’être gelé (Amor, 2021).
En plus de deux autres pôles universitaires déjà existants, à Tassoust, à quelques kilomètres
à l’est du chef-lieu de la wilaya et ceux du campus central de la ville, ce troisième pôle a
été réalisé pour doter le secteur de l’enseignement supérieur dans cette wilaya d’une
structure universitaire destinée aux filières techniques (Amor, 2018).
176
En l’occurrence, celle des sciences de la nature et de la vie avec 3000 places pédagogiques, la faculté des
sciences agronomiques avec 1000 places pédagogiques, la faculté des sciences exactes et informatique avec
2000 places pédagogiques, et la faculté de médecine avec une capacité de 1000 places pédagogiques.
142
B. Les projets non lancés
Les impacts attendus de la réalisation de cette ligne ferroviaire qui s’inscrit dans le
schéma national d’aménagement du territoire (SNAT 2030) se résument comme
suit (Souilah, 2016b) :179
➢ Plus qu’avoir un débouché direct sur le port commercial de Djen Djen, ce projet
permettra de favoriser les échanges (commerciaux) inter-wilayas en augmentant
la vitesse et en réduisant des temps de parcours des trains. Par conséquent, il
permet d’ouvrir la ville de Jijel sur l’extérieur.
➢ Redynamiser le développement économique via la liaison de la ville de Sétif, le
port de Jijel (Djen-Djen) et la zone industrielle de Bellara.
➢ Relever le niveau de compétitivité du transport ferroviaire, via l’augmentation
de la capacité de cette ligne et l’amélioration de son niveau de sécurité.
➢ Désenclaver les localités urbaines qui se trouvent près du tracé et promouvoir
les réserves foncières à même d’accueillir des espaces d’échanges commerciaux
(port sec, parc logistique…).
177
Parmi 3 variantes présentées par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des
investissements ferroviaires (ANESRIF).
178
Selon la direction des transports de la wilaya de Jijel « Etude de la nouvelle ligne ferroviaire Sétif/ Jijel » :
Fiche technique, Juillet 2013.
179
Ainsi que les données fournies par la direction des transports de la wilaya de Jijel.
143
A. Les projets en cours de réalisation
Outre les grands projets préconisés dans le cadre du PDAU, que nous avons explicités
leurs objectifs et leurs enjeux dans l’étude critique du PDAU au présent chapitre à savoir :
le théâtre régional, le musée régional, le nouveau siège de la wilaya, la nouvelle gare, etc.
D’autre grands projets sont en cours de réalisation, d’autres vont voir le jour, ayant pour
une seule ambition développer Jijel et valoriser son image, dont nous citons les suivants :
A.2. Une forêt récréative à Kissir, vers l'engouement des espaces forestiers…
A l’Ouest de la ville de Jijel, un projet d’aménagement d’une forêt récréative sur une aire
de 40 hectares, donnant directement sur la mer, est en cours de réalisation. D’un montant
de 2,67 milliards D.A, la réalisation de ce projet a été confiée à un investisseur privé, dont
les travaux d'aménagement ont débuté en juin 2018, pour une durée de 24 mois. Il porte sur
la création d'un parc pour 500 voitures, des pistes cyclables, des circuits de course, un
complexe sportif en plein air, des locaux de vente d'articles et des plats traditionnels, ainsi
que d’autres structures récréatives, de détente et de loisirs (APS, 2019). La concrétisation
de ce projet permettra de renforcer les capacités touristiques de la wilaya et d’offrir aux
visiteurs, mais aussi aux autochtones, plus d’opportunités et d’espaces pour se distraire.
144
B. Les projets non lancés :
D’après le PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 52), les projets d’un
tramway pour desservir les différents quartiers de la ville ainsi que 02 ou 03
téléphériques, sont programmés par la direction des transports de la Wilaya. Ces projets,
qui sont encore au stade de l’étude, font partie du programme complémentaire annoncé lors
de la visite du Premier ministre, en août 2013.
Tableau 4.6. Synthèse de lecture critique du PAW de Jijel et du PDAU de la commune de Jijel
145
Réaménager les espaces publics existants Réaménagement des espaces publics
(et les espaces extérieurs des immeubles) et centraux (centre colonial) et protection
rendre plus conviviaux de la ville contre les inondations par la
Multiplier les espaces publics structurants réalisation des collecteurs de drainage
et attractifs (du centre colonial ainsi qu’au des eaux pluviales
niveau des différents quartiers.)
Dédoublement et renforcement du réseau
viaire (RN des deux entrées)
Amélioration de l’état des réseaux routiers Dédoublement du boulevard Rouibah
dégradés ainsi que l'adaptation et le Houcine, création d'un grand parking à
Améliorer
étages pour décongestionner le centre-
l’accessibilité réajustement des services de transport
collectif existant (Fréquence, horaire, ville, création de la nouvelle gare de
et les
régularité). Jijel, création d’avenues urbaines
déplacements
transversales à partir de l’évitement
Modernisation du réseau ferroviaire sud (à long terme)
existant et réalisation d’une nouvelle voie
ferroviaire électrifiée entre Sétif et Jijel
Valoriser les
Valorisation (protection, exploitation et développement) des potentialités naturelles :
spécificités
corniche, substances utiles, potentiel agricole et forestier
naturelles
Aménagement de la bande côtière
(façade maritime) Est en espace
Valorisation du potentiel touristique de la
touristique en alliant affaires-tourisme,
wilaya par l’amélioration et la
création de la route Bleu (d’oued kissir
diversification des infrastructures et des
Valoriser le jusqu’au 3ème km), port de plaisance
activités touristiques (structures hôtelières
cachet et d’attractions dans le 3eme KM qui
de haut de gamme) ainsi que
touristique accompagneront des équipements
l’identification spatiale de toutes les
commerciaux, de détente et
potentialités et la définition des priorités en
d’hôtellerie. Projection d'un musée de
matière d’aménagement.
la Mer avec un grand aquarium et des
espaces d’expositions
Promouvoir les activités culturelles et
développer des métiers en rapport avec la
préservation de l’environnement et du
Valoriser les patrimoine, la motivation des jeunes à
spécificités l’action culturelle sous toutes ses formes
culturelles et Valorisation du patrimoine culturel du
patrimoniales point de vue purement marchand
(multiplier les festivals à caractère culturel)
Classement et restauration des sites
archéologiques et monuments historiques.
Le développement et le soutien des
activités de la pêche afin d’affirmer la Lancement du couloir logistique
vocation de pêche de la wilaya de Jijel et d’activités économiques et de services
Valoriser les assurer la compétitivité du secteur. tout en faisant un crochet par le port de
spécificités Le renforcement des capacités productives pêche et la gare intermodale ainsi que
économiques par la valorisation des ressources locales les nouvelles voies à créer (jonction
entre les CW et la RN77 (à long
Soutenir et développer le secteur du terme))
commerce
Source : Etabli par l’auteur (2020).
146
Congruences et complémentarités :
Contradictions et critiques :
▪ La lutte contre les inégalités spatiales et sociales entre les différentes entités
urbaines qui composent cette ville n'a pas été prise en compte par le PDAU.
▪ Le PDAU n'attache pas beaucoup d'importance à la qualité et à l'esthétique
(architectural) de l'environnement bâti (contrairement au PAW).
▪ Les actions touchant les espaces publics (aménagement, réaménagement, etc.)
même si l’enjeu principal du PAW concerne toute la ville, le programme réel du
PDAU ne concerne que le centre-ville (colonial).
▪ Le réajustement des services de transport collectif existant (Fréquence, horaire,
régularité) comme une directive du PAW n'existe pas dans le PDAU.
▪ Hormis la mise en place d'équipements culturels, un réel soutien pour d'autres
aspects liés à la culture de cette ville, tel qu'abordé par le PAW, ne se trouve pas
dans le PDAU.
▪ Absence d’une réelle prise en charge ou d’une réflexion profonde sur l’activité
commerciale par le PDAU (pour la soutenir, l’organiser et la développer tels qu’il
est préconisé par le PAW).
147
▪ Malgré le problème de congestion affectant pratiquement toute la ville et l'absence
des aires de stationnement (comme nous l'avons expliqué dans le chapitre
précédent), le PDAU a suggéré de décongestionner seulement le centre-ville en
créant un grand parking à étages.
Jijel est devenue le théâtre de grandes mutations, transformant son image et sa dynamique
urbaine de par les projets implantés en voie de réalisation. Avec de telles transformations,
Jijel passera d’une ville enclavée à un important pôle d’industrie, de tourisme et d’affaires,
à travers de grands projets prévus, à savoir : la modernisation du port de Djen Djen, la
réalisation d’une pénétrante autoroutière la reliant à l’autoroute Est-Ouest, la construction
d’une voie ferrée entre ledit port et El Eulma à Sétif, la réalisation d’un 3ème pôle
universitaire à El Ouanna, le grand projet du complexe sidérurgique Algéro-Qatari à
Bellara (50 km de Jijel).
Contrairement aux PDAU de la commune de Jijel qui ont précédé ce dernier, ce PDAU
(révisé en 2018, approuvé en 2019) a pris en compte sa façade maritime, et donc un
important programme touristique a été planifié (comme la création de la route bleu). Le
tourisme se présente comme un secteur clé pour la requalification de cette ville.
180
La quantification des besoins socio-économiques de la population.
181
Appelé à devenir un nouveau pôle urbain à dominante d’équipements structurants et qualifiant pour
l’attractivité de la ville.
148
Les actions prioritaires du PDAU (à court et moyen terme) sont les aménagements
attractifs et touristiques et l’achèvement des grands projets, tandis que la requalification
des zones périphériques est prévue sur le long terme.
A la lumière de ce constat, il s’avère évident que ces grands projets et les différentes
actions, prévus et en cours, vont donner une nouvelle dynamique et une nouvelle image à
la ville de Jijel, mais la question qui se pose : Où sont les habitants et leurs besoins dans
ces discours ? De ce fait, nous allons essayer de comprendre quels sont les besoins de ces
habitants et de les exploiter dans le cadre de la requalification urbaine. C’est l’objet du
chapitre suivant.
149
5 CHAPITRE V
UNE DEMARCHE EMPIRIQUE : PLACER L’HABITANT AU CŒUR DES
MUTATIONS QUI CONCERNENT SON CADRE DE VIE … L’ECOUTER,
L’OBSERVER
INTRODUCTION
➢ Comment les citoyens jijéliens perçoivent-ils leur espace urbain (ville) ? et qu’est
ce qui a changé par rapport à autrefois (selon eux) ?
➢ Quels sont les éléments constitutifs de l’identité qui intéressent davantage la
population ? Et quel sont leurs besoins et leurs attentes réels ?
➢ Quels sont les effets du processus de dysfonctionnement urbain qu’a connu Jijel sur
la ville, sur son identité et sur ses habitants ?
➢ Comment réagissent les habitants de Jijel face à la situation difficile dans laquelle
se trouve leur ville ?
Le présent chapitre vise à interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie global et
actuel de la ville de Jijel, par une approche du terrain, en tant qu’espace perçu, vécu et
pratiqué par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification. Il faut
préciser que l’approche initiée à partir du terrain (du vécu et du perçu) se réfère à
l’accompagnement (écoute, observation in-situ, rapprochement, débats, motivations) des
usagers (une enquête « dite qualitative »).
150
Afin d’atteindre ces objectifs, nous faisons recours à une enquête sur terrain d’abord,
auprès d’un échantillon de 46 personnes habitants de la ville de Jijel (nous expliquons le
pourquoi de ce nombre) dans le but et comprendre leur perception de leur ville, leurs
visions, leur degré de satisfaction, ainsi que l’image qu’ils en forgent avec les éléments
constitutifs de son identité. Nous complétons cette enquête par une observation en situation
(intra-muros) relatant les différentes pratiques habitantes présentes sur l’espace urbain de
la ville de Jijel, dans l’objectif de questionner le rôle du citoyen dans toute action touchant
la requalification et l’amélioration de son cadre de vie.
Nous avons préféré donner les résultats et joindre tout de suite notre interprétation afin que
le lecteur puisse se faire une idée à chaud en examinant le résultat. C’est une manière pour
faciliter la compréhension des faits surtout que notre visée est explicative et
compréhensive. Mais avant de passer aux résultats, il faut d'abord introduire la démarche
de préparation de l'enquête.
Cette enquête dite qualitative est consacrée à une écoute attentive aux voix des habitants de
la ville de Jijel. En effet, notre étude s’est basée sur la méthode d’enquête par la technique
d’entretien, mais de quel type ?
151
5.1.1.1 L’entretien choisi, le « semi-directif » individuel … pour quelles raisons ?
Les techniques du questionnaire ou de l’entretien sont parmi les principaux outils de
recueil des données et des voix des usagers. Pour cela, notre étude s’est basée sur la
méthode d’enquête par la technique d’entretien « semi-directif »182. Ce dernier avec ses
questions ouvertes183nous donne la possibilité d’être plus proche de la réalité du terrain et
d’avoir une idée, par l’intermédiaire de ses habitants, sur les faces cachées de la ville.
Il s’agit d’un entretien de type individuel, car la productivité d’idées est supérieure à celle
de l’entretien du groupe, comme le montre les résultats des travaux de Griffin (1991) lors
de la comparaison expérimentale effectuée entre les deux modes : « …2 personnes
interrogées individuellement donnent 51% des items possibles contre 50% en groupe
pendant la même durée. Pour le même temps passé, 4 personnes fournissent
individuellement 72% des réponses possibles contre seulement 67% avec 2 groupes »
(Leleu-Merviel and Courbet, 2008, p. 74).
A. Taille de l’échantillon
182
C’est un outil de recueil d’informations sous forme d’une discussion portée sur un thème spécifique et
orientée par l’enquêteur à l’aide d’un guide préparé à l’avance, en autorisant une grande liberté de paroles à
l’enquêté. Il est fortement recommandé pour la reconstitution des histoires de pratiquants, l’analyse des
parcours des individus et les raisons qui guident ces derniers (parcours) (Decroly, no date) ; La date et le
numéro de page non indiquées, car il s'agit d'un document publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie.
183
Donnant aux habitants la liberté de s’exprimer sans être influencés par des pré-réponses, contrairement
aux questions fermées, qui sont trop limitatives (des réponses possibles sont fixées à l’avance), ce qui ne
permet pas de traduire les nuances et les différents aspects d’une opinion (Temporal and Larmarange, 2006).
152
La représentativité de l’échantillon en cette étude qualitative n’est pas conditionnée par sa
taille mais par la qualité de ce que disent les habitants. Pour cela, elle ne nécessite pas un
grand nombre de personnes interrogées,
comme le montre les résultats des travaux
de Griffin & Hauser (1991)184 qui ont
prouvé expérimentalement qu’une
trentaine de personnes interrogées dans le
cadre d’une écoute qualitative fournit plus
de 90% de la richesse de l’information à
recueillir (Réf : Figure 5.1 ci-après).
Figure 5.1 Pourcentage de besoins identifiés.
Source. Leleu-Merviel & Courbet (2008, p.72).
Angers (1997), pour sa part, confirme dans son ouvrage « initiation pratique à la
méthodologie des sciences humaines » que dans une recherche qualitative, la taille de
l’échantillon s’établit sur la base du principe de la saturation des sources. « Cela signifie
qu’on arrête la collecte auprès des éléments de la population quand on s’aperçoit qu’il
commence à y avoir répétition et qu’il serait donc inutile d’en ajouter davantage pour la
compréhension du problème à l’étude » (Ibid., p. 243). De ce fait, et pour plus de
précision, notre étude a porté sur un échantillon de 46 personnes habitant la ville de
Jijel, choisies selon les indicateurs.
184
« Les travaux de Griffin et Hauser (Griffin, 1991) ont montré qu’une douzaine d’entretiens fournit environ
70% de la richesse d’informations à recueillir. 30 personnes expriment 89,8% des réponses théoriquement
exprimables (au lieu de 100% car certains items ont une probabilité faible de sortir). Au-delà de 20
personnes, l’apport d’informations nouvelles devient très marginal et, du fait du caractère asymptotique de
la courbe, la probabilité d’apparition d’une idée neuve est extrêmement faible. » (Leleu-Merviel and
Courbet, 2008, p. 72).
153
B. Critère du choix de l’échantillon
Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, et les données statistiques du
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2008 de la ville de Jijel, le
choix de la cible à interviewer s’est basé sur les critères mentionnés ci-dessous afin
d’assurer une certaine représentativité et variété de la cible :
154
➢ Lieu de résidence ; les différents quartiers de la ville que ça soit le centre de la ville
ancienne et/ou ses quartiers périphériques.
155
C. Préparation des questions
Partant du principe que les questions doivent être ouvertes, posées d’une manière à ce
qu’elles permettent d’obtenir des réponses sur les pratiques, les besoins et les attentes des
interviewés, en évitant toute forme d’opinion, selon un ordre chronologique 185,et en se
basant sur les indicateurs dégagés lors de nos lectures, notre guide d’entretien peut être
résumé comme suit :
Tableau 5.1. Tableau récapitulatif de la démarche de préparation des questions de notre enquête.
Dimens
Mots clés Composantes Objectifs Questions
ions
Physiqu Cette question est destinée à
e dégager le niveau de
D’une manière générale,
perception de la ville par ses
comment trouvez-vous la
habitants c'est-à-dire le
ville de Jijel aujourd'hui ?
regard qu'ils portent sur elle
Disqualifi Sensibl Que pensez-vous de la
d’une manière générale, que
cation et e situation actuelle de votre
ça soit positif ou négatif, ce
dysfonctio ville ?
qui reflète le degré de leur
nnement
satisfaction.
de la ville
Savoir ce que Jijel a perdu
de Jijel
en termes de qualité,
Visible valeurs, pratiques ou tout Qu'est-ce qui a changé par
(image) autre élément significatif rapport à autrefois ?
pour les jijéliens ; dégager
l'identité de Jijel d’antan.
C'est quoi Jijel pour vous ?
Savoir quels sont les
* Bâti ; Ou Qu’est-ce qui
éléments qui font sens pour
environnement caractérise le mieux Jijel
les jijéliens.
construit, selon vous aujourd’hui ?
Élémen
*composants Cette question a été
ts
naturels et introduite pour permettre
L’identité visibles
physiques ; aux habitants de pouvoir
du (ressour
* Paysages détailler leur perception et
territoire ces Selon vous, quels sont les
identitaires ; leur appréciation de la ville,
d'ordre points forts et les points
* Monuments de dégager leurs attentes
spatial) faibles de la ville de Jijel ?
historiques ; ainsi que les éléments
* Lieux-symboles. constituants de l’identité de
cette ville (les référents) qui
font sens pour eux ;
185
Dans leur ouvrage « Objectiver l'humain ? Volume 1 » , Leleu-Merviel & Courbet (2008) ont donné une
grande importance au facteur temps. En effet, les questions posées s’organisent essentiellement autour du
passé, du présent, du futur mais aussi de l’imaginaire associé à la question traitée.
156
Tant que l'identité se révèle Décrivez-nous votre
essentiellement au niveau installation dans cette ville
des représentations que les - depuis combien de temps ?
habitants de Jijel se font - raisons ? Comment vous
d’elle, ces questions vous identifiez dans cette
concernent le mode de vie ville ? et comment vous
quotidien des habitants, au vous êtes adaptés à la ville ?
travers leurs manières de -Quelles sont les activités
* Histoire ; vivre et approprier ce que vous menez
* Sentiment territoire (les pratiques régulièrement sur votre
d'appropriation de quotidiennes). espace ?
l’espace : pratiques Comment jugez-vous le fait
Ces questions sont destinées
et usages ; de changer votre lieu de
à cerner la nature du
* Sentiment résidence (votre quartier,
sentiment d’appartenance de
d’appartenance à votre ville) ? c’est à dire
ces habitants envers leur
Élémen la ville voulez-vous changer votre
ville (leur niveau
ts (attachement) ; lieu de résidence ? Et
d’attachement).
invisibl * Culture et pourquoi ?
es traditions ; Cette question est liée à
* Symboles, l’image de la ville Quand on parle de Jijel,
évènements, etc. ; mémorisée par ses habitants, quelles sont les images qui
* La mémoire elle permet d'identifier les vous viennent à l’esprit ?
collective (l'image éléments qui font sens pour Quels sont les référents que
véhiculée dans la les jijéliens, c'est-à-dire la vous utilisez lorsque vous
mémoire mémoire collective des voulez présenter Jijel aux
collective). habitants (visible et autres ?
invisible).
La
* Le patrimoine Après avoir évalué le degré
requalif
urbain(immobilier) d’appréciation de la ville (et
ication
* Les friches son état existant) par ses
du
* Espaces publics habitants, cette question est Pour améliorer et
La physiqu
* Paysage destinée à dégager les développer votre ville,
requalific e
* Regard porté sur besoins et les attentes quelles sont vos suggestions
ation de la
le lieu (aspirations) de la ? (Dans l’immédiat et à
ville Le
* Valeur population questionnée à plus long terme)
travail
économique, travers leurs propositions
sur
fonctions, (imagination de son avenir
l’image
déplacements, etc. possible).
157
basées sur les 5 (cinq) principes de « Kawakita»186 (op.cit., pp. 75-76). Les conditions du
déroulement des entretiens auprès de notre échantillon se résument aux 3 (trois) points
essentiels :
Les entretiens avec les habitants ne sont pas limités aux 8 questions préétablies, de temps
en temps, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de :
L’enregistrement des réponses des habitants enquêtés a été effectué sous deux formes :
• Sur des bandes audios avec prise de notes des éléments essentiels, ce qui nous a
permis de gagner du temps, de ne pas interrompre le répondant et ne pas perdre le
fil des questions.
• Pour ceux, qui n’aimaient pas être enregistrés sur une bande audio, l’enregistrement
s’est fait sur place, par l’écriture (transcription écrite) mot à mot de ce qu’ils
disent, sans aucune sorte de synthèse ou de modification.
Il est à noter que les réponses n’étaient pas toutes en langue française, car quelques
répondants trouvaient que l’expression en langue arabe (et plus particulièrement avec le
dialecte jijélien) leur donnait plus de liberté d’expression pour mieux partager leurs vécus
et leurs pratiques. De ce fait, nous avons essayé le plus fidèlement possible de traduire
toutes les expressions en langue française sans modifier ou changer leurs propres idées.
La durée des entretiens n’a pas été constante pour tous les interviewers. Elle oscille entre
15 minutes environ jusqu’à une heure et demie d’une personne à l’autre, selon les points
suivants :
186
Qui sont : adopter une vision à 360°, progresser en pratiquant le « pas japonais », profiter du hasard et de
la chance, se fier à son intuition et recueillir des données qualitatives.
158
➢ Selon le degré de perception et de connaissance de la ville de Jijel et de son passé
par les personnes interviewées. Donc les cas qui connaissent le mieux Jijel,
notamment ses anciens habitants, ils ont pris plus de temps pour s’exprimer et
partager leurs vécus que les « nouveaux habitants ».
➢ La disponibilité du répondant (son temps libre).
➢ L’utilisation d’enregistrement audio qui nous a permis de gagner du temps.
Le dépouillement des résultats s’est fait selon une analyse qualitative de type sémantique
basée principalement sur la « méthode de sélection positive »187, c'est-à-dire, tout en
restant fidèle aux expressions et mots prononcés par les habitants, nous avons réduit la
quantité étonnante de données qualitatives résultantes des différents entretiens aux
expressions les plus significatives à l’aide du logiciel SPSS et à la « cross-tabulation » un
croisement des variables et données.
Transformation
des « voix des
usagers » en
Entretiens Transcription des Classement sémantique Dégagement des « attentes
auprès de 46 entretiens et des besoins : « indicateurs qualité » usagers »
personnes analyse de la regroupement des suite au croisement
voix de chaque différentes citations par des classes d’attentes
interviewé typologie + identification résultantes avec les
du point clé de chaque résultats du diagnostic
sous-groupe
D’une manière générale, comment trouvez-vous la ville de Jijel aujourd'hui ? Que pensez-
vous de la situation actuelle de votre ville ?
187
Qui se résume d’après Leleu-Merviel & Courbet (2008) en les étapes suivantes :Regrouper les idées
similaires ou avoisinantes sous forme de paquets cohérents et relativement différents entre eux (portant le
même ordre d’idée à un niveau plus global), puis associer et réduire ces paquets à un même sous-ensemble en
mettant l’accent sur le point fort commun.
159
Dans le but de dégager le regard que portent les habitants de Jijel sur leur ville d’une
manière générale - ce qui reflète le degré de leur satisfaction-, les réponses ont été très
variées, et pour les rendre lisibles, nous avons jugé utile de les regrouper par homogénéité
comme suit :
Le regard porté par les habitants est à la fois positif, négatif et neutre. 32,61% de nos
répondants voient que leur ville « est une ville en voie de développement ou un peu
développée »188, elle a une identité et c’est un endroit magnifique pour vivre. D’autres
(54,35%de nos répondants) portent sur elle un jugement totalement contraire ; « elle s’est
dégradée dans tous les domaines et elle a perdu son identité ». Ces derniers ne cessent
d’exprimer leur regret envers la situation actuelle de leur ville, à travers les réseaux
sociaux comme le montre la photo ci-dessous. Il y’a cependant une minorité qui est neutre.
188
Pour cette première catégorie, les personnes interrogées ont lié le développement de la ville au
développement du commerce, et la création de voies nouvelles (amélioration de l’accessibilité).
160
Afin d’expliquer cette contradiction entre les réponses, un croisement entre ces derniers et
les 3 variables du choix de l’échantillon ; âge, sexe et durée de résidence nous a semblé
nécessaire, dont nous avons pu tirer les lectures suivantes :
Figure 5.12. La perception de la ville selon l’âge Figure 5.11. La perception de la ville selon la durée de
du répondant. Etabli par l’auteur (2018). résidence du répondant. Etabli par l’auteur (2018).
Figure 5.13. La perception de la ville par l’échantillon selon les indicateurs ; âge et sexe. Etabli par l’auteur (2018).
161
La perception de la ville (et plus particulièrement son processus de développement)
par ses anciens habitants, et ceux qui connaissent son histoire n’est pas la même que
celle des nouveaux habitants, en effet, la ville de Jijel ne signifie pas l’espace disqualifié
pour tous ses habitants, mais seulement pour ses anciens habitants qui connaissent son
histoire et son image telle qu’elle était avant. Certes, la perception diffère, entre homme et
femme, jeune, adulte et personnes âgées. Les plus insatisfaits et plus particulièrement les
hommes (100% un regard négatif) et les femmes (66,67% portent un regard négatif).
D’après eux, le passé était meilleur.
Nos résultats montrent que la perception d’une ville est fortement liée à la durée de
résidence de ses habitants, leurs connaissances, ainsi que leurs âges. Ces résultats sont
soutenus par ceux de Bailly (1977)189 et Laudati & Boulekbache Mazouz (2008)190.
189
Qui confirme que l’identité de l’individu (ses expériences, ses compétences, sa mémoire, etc.) contribue
directement à la construction de sa perception urbaine.
190
Pour leur part, Elles stipulent que la perception d’une ville diffère entre un résident de longue date et un
habitant récent ou un visiteur occasionnel.
162
Une catégorie intermédiaire, qui représente 19,6% des personnes questionnées, voit que
Jijel n’a pas changé, du fait de la non connaissance de son passé (la vision de quelques
nouveaux habitants). Cependant,26,09% des personnes interrogées confirment que la ville
de Jijel a connu un processus de disqualification dans la majorité des domaines, elle avait
« un charme » qu’elle a perdu (selon les dires de la population enquêtée) :
Figure 5.16. Les secteurs et les valeurs ayant des problèmes et des régressions selon l’échantillon. Etabli par
l’auteur (2019).
191
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
163
Nous constatons que les habitants ne sont pas satisfaits, mais qu’est ce qui fait le plus
défaut à Jijel d’après eux ?
D’après notre échantillon, les problèmes à Jijel sont multiples. Nous les avons classés en 4
catégories selon le degré d’importance accordé par les répondants (Réf : Figure 5.16, p. 163).
Les plus grands problèmes sont ceux du surpeuplement de la ville, l’état critique des
espaces publics et des espaces verts ainsi que l’état dégradé de la voirie. En deuxième
degré, nous trouvons les problèmes liés au services offerts, à savoir ;le manque des
infrastructures touristiques, l’insuffisance des équipements sportifs, la difficulté
d’accessibilité vers et à l’intérieur de la ville, des problèmes liés au confort visuels,
pollution, absence de l’aspect esthétique des constructions, l’altération des valeurs liées
aux comportements des gens, la perte des notions de citadinité et de civisme, l’altération
des relations de voisinages due à l’exode rural (selon la population enquêtée).En effet, une
catégorie de la population enquêtée (17.39% de nos répondants) juge que les problèmes
sont accentués car il n’y a pas une volonté de la part des habitants pour développer leur
ville (Réf : Figure 5.37, p. 179).
Ces résultats confirment l’idée de Forêt (2007) que ce qui disparaît n’est pas toujours
d’ordre matériel. Ce processus de disqualification causé d’une part, par l’urbanisation de la
ville et son surpeuplement anarchique dû à l’exode rural, comme conséquence de la
décennie noire qu’a connue le pays et la région en particulier, et d’autre part, par les
mauvaises pratiques des faiseurs de la ville, qui s'occupent seulement des logements et des
aspects quantitatifs au détriment de la qualité des espaces produits, de l’identité de la ville,
et, en l’absence de volonté de ses habitants pour accompagner son développement. A ces
contraintes s’ajoute la non maturation des politiques urbaines peu performantes, sans
accompagnement de la population, la situation critique dans laquelle se retrouve Jijel, ne
peut qu’être disqualifiée sur tout plan (Réf : Figure 5.19, Figure 5.20, p. 165).
D’autres habitants questionnés voient que la dominance des zones militaires, qui occupent
les sites stratégiques de la ville, a contribué également à sa décadence et à l’accélération de
son processus de disqualification (Réf : Figure 5.17, p. 165). Néanmoins, son centre-ville a
gardé relativement son cachet identitaire, selon les informations recueillies (Réf : Figure
5.18Figure 5.17, p. 165) : "Le centre-ville a gardé un peu ses traditions, ses habitudes,
164
l'identité de ses constructions, mais dans les nouveaux tissus, on trouveque chacun a ses
propres traditions et ses habitudes qu'il a ramenées avec lui"192.
Centre-ville
Zone militaire
192
Propos recueillis par un homme, 54 ans, il réside depuis 15 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.
165
Selon la population enquêtée, le commerce et l’accessibilité sont deux éléments positifs qui
peuvent transformer le regard porté sur un lieu. Ce qui explique la perception positive de la
ville de Jijel par une catégorie d’habitants, liant son développement à la présence de ces
deux éléments. D’après eux, le développement du commerce est dû à l’arrivée des ruraux
et des étrangers à la ville, qui ont développé cette pratique. Notre enquête a montré
cependant que, l’arrivée des ruraux en ville n’est pas toujours la signification de crise et de
chaos comme la confirme Berry-Chikhaoui (2009), mais peut constituer un vecteur de
développement économique de l’espace. Certes, elle a des effets négatifs mais, également
positifs à la fois.
5.1.4 Les éléments constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon la vision de ses
habitants
Étudier l’identité d’un espace et/ou lui donner une identité spécifique et reconnaissante et
une image cohérente, ne peut être effectuée qu’en étudiant et en observant tous ses
composants matériels et immatériels dans une perspective dynamique, car la prise en
compte d’une seule dimension ne fait que cristalliser les autres composants cachées,
voilées, réprimées (Belhedi, 2006). Au fait, la prise en charge de la dimension sociale et
culturelle de l’espace (sa mémoire urbaine) est indispensable dans toute intervention sur ce
dernier pour pouvoir confirmer sa singularité (Voisin, 2003).
Du fait de la complexité de ce concept (identité), la question de l’identité n’a pas été posée
(aux interviewés) d’une manière directe mais implicite sous formes de plusieurs questions
telles que : Quand on parle de Jijel, quelles sont les images qui vous viennent à l’esprit ?
Quels sont les référents que vous utilisez lorsque vous voulez présenter Jijel aux autres ?
Qu’est-ce qui caractérise le mieux Jijel selon vous ?
Les réponses à ces questions étant très riches et variées, pour les rendre lisibles, nous avons
trouvé utile de les regrouper comme suit :
166
Figure 5.21. Les éléments constituant l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).
Les éléments constitutifs de l’identité de cette ville, dégagés suite aux réponses des
habitants - leur mémoire collective -, nous montrent que les éléments qui caractérisent le
mieux Jijel, outre que son cachet conservateur (9,24%), sont d’abord d’ordre naturels
(ses potentialités naturelles) à savoir, la mer (15,26%), la corniche (8,03%) la montagne
(7,63%), formant ensemble des paysages identitaires uniques à l’échelle nationale
(8,03%) et renforçant le cachet touristique de la ville (8,84%).
En deuxième position se trouvent les lieux ayant une valeur historique (6,02%), le
caractère sécuritaire de la ville (6,02%), le calme (5,22%) et les valeurs liées à sa
culture (4,42%).
167
Figure 5.22.Les éléments matériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).
Aux éléments précités s’ajoutent les espaces et les lieux présentant une valeur historique, à
savoir : l’ancien port, le bateau de Baba Aroudj 193 (Réf : Figure 5.25, p. 169), la citadelle, la
193
Il se situe au carrefour de l’entrée Nord Est du centre-ville colonial (Voir carte en Annexe M, p. 310). Il
constitue un symbole de la ville qui fait référence aux deux corsaires Baba Aroujoudj et son frère Kheir
Eddine.
168
mairie (la plus ancienne), le centre-ville avec son architecture, lycée el Kendi (le premier et
le plus grand établissement scolaire). Au fait, les éléments cités ne se limitaient pas aux
objets déjà existants, mais aussi ceux disparus, telle est le cas de l'église qui a été démolie
en 1990194(Réf : Figure 5.24 ci-dessous) :
Figure 5.25. Le bateau de Baba Aroudj. Figure 5.24. L’église des Saints Simon & Jude à Jijel.
Source :https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Le Source : ttps://www.pinterest.com/pin/106186503692910041/
_bateau_de_baba_Aroudj,_Jijel_(Alg%C3%A9
rie).JPG
Les espaces et les lieux présentant une valeur commerciale, ont aussi acquis de
l’importance chez la population féminine Jijélienne, dont elles ont cité le camp chevalier195
et la foire el Fourssene196 (Réf : Figure 5.26 ci-dessous). Ces résultats d’enquête nous
ramènent vers une autre question, celle de la pratique de l’espace public. La question du
genre est : les espaces à vocation commerciale dans la ville algérienne sont-ils des lieux
attractifs des femmes en premier degré ?
194
Construite en 1873 et détruite par les barbares de Jijel en 1990.
195
Le camp chevalier ou le plateau Ayouf comme nous l’avons vu dans le troisième chapitre de la présente
thèse, est le lieu où le commerce d'habillement s'est fortement répandu.
196
Ce sont trois grands bâtiments commerciaux dédiés à la vente d’articles ménagers, le premier du genre
dans la ville.
169
A tous ces éléments s’ajoutent d’autres liés à l’emplacement géographique de la ville et les
caractéristiques qui en découlent à savoir : le relief et le réseau hydrographique, d’autres
liées à la culture locale tels que les plats traditionnels, ainsi que sa structure claire. En fait,
selon la population enquêtée, la ville se caractérise par sa continuité et sa clarté donnant la
possibilité à se déplacer facilement sans se perdre.
Ses productions agricoles locales particulières : les légumes et les fruits notamment ses
fraises connues à l’échelle nationale, ainsi que la qualité de ses poissons.
Figure 5.27. Les éléments immatériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).
Selon les informations recueillies, cette ville riche par sa situation stratégique, l’unicité de
ses caractéristiques naturelles, physiques, paysagères et ses potentialités multiples, est une
destination touristique privilégiée d’un certain nombre d’algériens (notamment les
familles), malgré l’absence des infrastructures touristiques conséquentes, car cette dernière
est une ville conservatrice, belle, calme et sécurisée qui a gardé ses traditions. Chose
confirmée par les résultats du sondage effectué par le Ministère de l’Intérieur et des
Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire, où Jijel s'est classée première
destination touristique privilégiée pour les vacances en 2018 avec 21,34%.
170
5.1.5 L’identité de la ville de Jijel face aux mutations urbaines
Compte tenu des changements que Jijel a subis depuis l’indépendance, suivi de son
processus de dysfonctionnement, quelles sont les implications sur son identité ? Evaluer
ces effets en fonction de la vision de ses habitants, nous a amenées à poser la question
suivante aux personnes interrogées : Selon vous, Qu’est-ce qui a changé par rapport à
autrefois ?
Le regroupement des réponses des habitants, nous a permis de savoir ce que Jijel a perdu
en termes de qualité, valeurs, pratiques et/ou tout autre élément significatif pour eux, et
donc de dégager l'identité de Jijel d’antan et ses valeurs référentielles, comme le résume
les graphes ci-après. Selon la population enquêtée, ces effets peuvent être classés en trois
types :
• Les effets sur les éléments identitaires perçus par les habitants.
• Les effets sur le sentiment d’appartenance des habitants à leur ville.
• Les effets sur les pratiques des habitants.
5.1.5.1 Les effets sur les éléments identitaires perçus par les habitants
Figure 5.28. Les éléments identitaires de la ville de Jijel ayant eu des changements négatifs selon
l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).
Selon les entretiens, tous les éléments d'identité de cette ville ou presque, n'ont eu que des
changements négatifs. En fait, outre la détérioration des routes, des moyens du transport,
des espaces publics et de la qualité des services et des équipements, les éléments
identitaires mis à l’épreuve du processus de dysfonctionnent qu’a connu Jijel, sont en
premier lieu, les valeurs liées au comportement des gens (18,28%), suivies par la
171
dégradation des aspects esthétiques des constructions (18,28%) majoritairement inachevées
(13,98%), caractérisées par une architecture monotone, sans références ni âme,
endommageant le paysage et l’image de la ville. Les valeurs liées au civisme et citadinité
(11,83%) et les relations de voisinage (12,90%) sont aussi altérées.
5.1.5.2 Les effets sur le sentiment d’appartenance des habitants à leur ville
« Le rapport aux lieux est vécu comme réciproque : un lieu est à nous parce qu’on est à
lui, il fait partie de nous parce que nous faisons partie de lui » (Cavaillé,1999 cité par
Ripoll and Veschambre, 2005)197. Les liens entre les habitants et leur ville sont aussi
influencés par la situation critique de cette ville, dont nous avons essayé d’examiner le
niveau d’attachement des habitants à leur ville d’une manière générale puis à leurs
quartiers d’une manière plus particulière.
« Comment jugez-vous le fait de changer votre lieu de résidence ? Voulez-vous changer
votre lieu de résidence ? Et pourquoi ? » Telles sont les questions que nous avons posées
aux interviewés pour pouvoir examiner le niveau d’attachement à leur ville de façon
générale.
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre certains habitants et
leur ville (17,39% peu attachés, alors que 28,26%
non attachés). En effet, tous nos répondants qui ont
une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie
que leur offre cette ville, parmi lesquelles nous
citons l’absence d’espaces de repos et de loisir,
l’absence des équipements culturels et sportifs,
l’absence d’infrastructures touristiques, etc.
Figure 5.29. Le niveau d’attachement de
l’échantillon à sa ville. Etabli par l’auteur (2018).
Figure 5.30. Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par âge. Etabli par l’auteur (2019).
197
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
172
Selon les résultats, le sentiment
d’appartenance est fortement
influencé par l’âge du répondant.
Ce sont les jeunes qui représentent
les taux les plus élevés (de non
attachement à leur ville), dont
42,86% sont entre 15 et 24 ans et
31,25% entre 25 et 39 ans. Les
femmes sont plus attachées à leur
ville que les hommes.
Figure 5.31. Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par
sexe. Etabli par l’auteur (2019).
• Très attaché : L’habitant ne veut pas changer de résidence, pour 4 raisons principales :
➢ Les spécificités de la ville (calme, sécurisée, nature, etc.)
➢ Il se sent bien installé, stable et à l’aise
➢ Ses souvenirs, ses relations familiales, amis, voisins et ses biens
➢ Avoir peur des mentalités des habitants des autres villes.
• Peu attaché : Si l’habitant avait une occasion, et des meilleures conditions, il
changerait sa résidence à cause des mauvaises conditions dans la ville, dont nous
citons : l’absence d’espaces de repos et de loisir, absence des équipements culturels,
etc.
• Non attaché : D’autres ne se sentent pas attachés à la ville, ils peuvent changer de
résidence facilement, pour eux, Jijel est tout simplement un espace dans lequel ils ont
grandi, un espace qui souffre de beaucoup de carences infrastructurelles comme :
l’absence des équipements de sports, la dégradation de l’état de la voirie et de cade
bâti, etc.
Il est à noter que l’identité de la ville (ses spécificités) a été plus forte que sa situation
critique pour la majorité, 54,35% des personnes interrogées qui sont contre le départ.
« Jijel pour moi, c'est toute une histoire, c'est moi, il y a quelque chose qu'on ne peut pas
trouver ailleurs. C’est aussi la famille, les amis et le respect des traditions locales »198.
198
Propos recueillis par un homme, 26 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
173
➢ Attachement au quartier :
Quant au quartier, nous constatons que parmi toutes les personnes interrogées, une seule
personne ne veut pas changer sa résidence et son quartier car «il a une situation
stratégique, calme, au centre de la ville, et proche de tous »
Mais, généralement la majorité des habitants ne trouvent aucun inconvénient à changer
leur résidence, car d’après eux, il n’y a pas une grande différence entre les quartiers.
Maison - étude
20
Promennade Maison - lieu de travail
15
10
visite famille, voisin Maison - achat
5
Musique
Figure 5.32. Activités et pratiques de notre échantillon.
Source : Etabli par l’auteur (2019).
199
Propos recueillis par une femme, 50 ans, native de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
174
Il est évident que les pratiques des hommes et des femmes dans l’espace urbain soient
différents, mais comment la qualité de l’espace influe-t-elle sur ces pratiques ?
Notre enquête nous a montré que la situation critique de la ville a un impact direct sur les
pratiques et les usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewés) rendent les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.
Les facteurs -âge et sexe- sont déterminants pour l’étude des pratiques. Nous avons
constaté que les jeunes ont plus d’opportunités et d’espaces pour se reposer, contrairement
aux femmes et aux enfants qui n’ont pas d’espaces publics qui leurs sont directement
dédiés (Réf : Figure 5.32, p. 174). Les espaces et les lieux présentant une valeur
commerciale constituent la destination privilégiée de la population féminine. En fait, les
espaces publics dédiés directement et clairement aux femmes, deviennent-t-ils une
nécessité absolue dans la ville algérienne d’aujourd’hui ?
Le facteur « temps » est aussi indispensable, la saison estivale est la plus dynamique où
tous les habitants se dirigent vers les plages, et c’est là où la caractéristique de Jijel en tant
que ville côtière, remonte considérablement en surface.
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Natif de Jijel
Nouvel habitant
Figure 5.33. Activités et pratiques de l’échantillon selon les origines des personnes. Etabli par l’auteur (2019).
200
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.
175
Les anciens et les nouveaux habitants n’ont pas les mêmes pratiques et activités. Les
anciens habitants de Jijel ont quelques pratiques et activités particulières qui agrémentent
leurs modes de vie, comme la pêche, la musique, la culture botanique et les déplacements
par vélo, contrairement aux nouvelles populations qui ne sont pas attirées par l’ensemble
de ces pratiques.
Pour se reposer, la majorité des habitants (plus de 60%) se retrouvent dans l’obligation de
se rendre vers les autres communes (53%) et
parfois vers les autres wilayas (8%) ; vers le parc
8% Dans la ville
de Taza201, les grottes merveilleuses202, le barrage
39%
de Kissir, la campagne, hors wilaya (hammam) à en dehors de la
ville
70 km de la ville. Par contre, une minorité (moins
53% en dehors de la
de 40 %) préfère rester à l’intérieur de la ville et wilaya
201
Situé dans la commune d’El Aouana.
202
Situées dans la commune de Ziama Mansourhia.
203
C’est une façade maritime de la ville de Jijel, elle contient une muraille composait les anciens remparts de
la cité.
176
5.1.6 Les attentes des habitants de la ville de Jijel
À travers les propositions, les besoins et les attentes (aspirations)des personnes interrogées,
nous avons dégagé les éléments sur lesquels il faut intervenir pour requalifier cette ville,
que nous avons synthétisés dans le tableau ci-joint :
177
➢ Il faut que les pouvoirs publics s'impliquent dans cette dynamique en faisant
recours à des professionnels dans le domaine du tourisme, du marketing urbain, de
la sociologie de l’espace.
➢ Les habitants s’impliquent davantage dans toute opération de requalification de
leur ville en tant qu’acteur associé à la décision et qu’usagers de l’espace.
« Si ses habitants n'interviennent pas, elle ne s'améliorera jamais…les Jijéliens sont des
fainéants, bien qu’ils aient de l'argent mais ils n'investissent pas pour développer leur
ville »204.
D'autres répondants étaient pessimistes, et pensaient que Jijel telle qu'elle est, ne peut plus
se développer, dont, on ne pourra jamais faire revivre l'ancienne ville ou lui rendre son
identité d'antan, du moment où, la population ne veut pas de changements :
« On ne veut pas de changements, elle est bonne telle qu’elle est, si elle grandissait elle
perdrait tous »206.
Comment réagissent les habitants de Jijel face à la situation difficile dans laquelle se trouve
leur ville ? Cette situation provoque-t-elle un sentiment d’indifférence chez l’habitant ? Ou
un sentiment de responsabilité qui va l’inciter à participer à améliorer son cadre de vie ?
204
Propos recueillis par une femme, 27 ans, native de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
205
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
206
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.
178
Répondre à ces questions, nécessite de faire appel à la méthode de l’enquête par la
technique d’observation en situation (intra-muros) relatant les différentes pratiques
présentes sur l’espace urbain de la ville de Jijel. Il s’agit d’observer l’habitant dans son
environnement naturel et réel dans un contexte d’usage de l’espace. Cela dépasse la simple
lecture et le listing des différentes pratiques que font les habitants mais aussi l’observation
de quelques actions207 pour pouvoir décrypter les facettes non verbales par les habitants et
de vérifier la réalité de la situation urbaine du point de vue « participation citoyenne ». En
effet, après avoir donné la possibilité de s’exprimer aux habitants, savoir leurs perceptions
de l’espace, l’image qu’ils en forgent, nous complétons cette première étape, par
l’observation in situ (croiser perception des habitants et leurs pratiques réelles de l’espace).
Figure 5.37. Personnes qui voient que Figure 5.36. Personnes qui voient que l’absence de la volonté
l’absence de la volonté des habitants est un des habitants est un problème à Jijel selon l’indicateur âge.
problème à Jijel.
Source. Etabli par l’auteur (2018).
207
L’observation et l’analyse de toutes les pratiques des habitants peuvent faire l’objet d’une thèse à part
entière, pour cela nous nous sommes basées seulement sur les pratiques ayant une relation directe avec la
requalification de la ville.
179
Ces derniers temps, depuis l’an 2014, la ville de Jijel connait un phénomène intense de
participation citoyenne à l’amélioration du cadre de vie sous forme d’une série
d’interventions ponctuelles et volontaires de la part de ses habitants. Ces actions des
habitants contribuent à la fabrique d’un cadre de vie agréable ressenti par tout visiteur et
rapportés par les réseaux sociaux spécifiques à la ville. En tentant de comprendre la
nature de ces actions et leurs répercussions sur la ville et son identité, nous évaluons
ensuite la durabilité de ces actions en répondant à la question suivante :
Les actions volontaires et bénévoles entreprises pour l’amélioration du cadre de vie jijélien
sont-elles durables dans le temps ou plutôt effet de mode qui disparaitra d’ici quelques
temps ?
Il est à noter que notre observation des pratiques des habitants s'est basée principalement
sur l’exploitation des posts de la page de Facebook « JijelNews » spécifique à la ville de
Jijel. Le choix de cette page revient en premier lieu au nombre de ses abonnés, qui
dépassait un million (1 037 555 au 08.05.2021), ce qui en faisait la première page de la
ville, ainsi que c’était la seule page qui a suivi de bout en bout toutes les pratiques des
habitants des différents quartiers de la ville.
Les actions volontaires peuvent être classées, selon leur typologie, comme suit.
208
Appelé aussi Aïdel-kebir, qui signifie la grande fête, est une fête religieuse des musulmans qui a lieu le 10
du mois de dhou al-hijja (dernier mois du calendrier hégirien).
180
B. Actions effectuées par des groupes
d’habitants
Ces jeunes ont essayé de participer à
l’amélioration du cadre de vie de leur ville en
nettoyant ses plages pour la préparer à
recevoir les visiteurs pendant la saison
estivale.
Pour sa septième édition, le concours de « meilleurs balcons fleuris » a été reconduit par
le Tennis Club de Jijel (T.C.J). Ce concours est ouvert à l’ensemble des quartiers de la
ville, dans le but de développer cette culture à l’ensemble des habitants.
Selon son président « L’objectif de notre projet est de motiver les habitants de chaque
quartier, de construire un lien social
par le biais de la communication, de
mettre des passerelles avec d’autres
quartiers issus des communes
limitrophes de notre ville et de créer un
esprit d’émulation entre voisins »
(Hocine, 2015)209.
En effet, cette initiative reconduite par le club a pour objectif non seulement d’améliorer
l’aspect esthétique des habitations, d’encourager la culture d’implantation des plantes
mais aussi de faire revivre les relations de voisinage qui se sont altérées comme le
confirme les résultats de notre enquête. En effet, ils considèrent cette initiative comme une
solution pour faire face à l’usage abusif des balcons –la dominance des paraboles, le linge
qui sèche.-. Ils souhaitent qu’elle soit généralisée non seulement dans l’ensemble de la
ville mais dans toutes les communes.
209
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
181
Les différentes actions pratiquées par les habitants peuvent être classées d’une autre
manière, selon la typologie de l’espace et l’aspect concerné par ces dernières :(tout en
entamant au fur et à mesure leurs effets sur la ville, son image et son développement) :
En effet, cette initiative du jeune citoyen n’a pas seulement amélioré l’image du quartier,
elle l’a rendu agréable et dynamique, montrant aux habitants qu’ils peuvent se
réapproprier leur espace.
Il faut noter le rôle des réseaux sociaux, car cette initiative ne peut être connue et célébrée
si elle n’a pas été publiée par ce groupe de Facebook « JijelNews », montrant que les
médias jouent un rôle prépondérant dans la propagation des actions.
Figure 5.43.Jijel reprend des couleurs, promouvoir Figure 5.42. Dessin du jeune artiste sur un ancien
l’écocitoyenneté. mur au marché de fruit et légumes à Jijel.
Publiée par « Jijel Info », le 23/11//2014. Publiée par « JijelNews », le 14/06//2017.
210
Ancien quartier populaire situé au centre-ville de Jijel.
182
5.2.2 Actions touchant les aspects liés à la propreté de la ville
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
27/05//2017. le 17/01/2018.
Figure 5.47.L’APC entame une compagne de Figure 5.46. Compagne de nettoyage du quartier
nettoyage de tous les quartiers de la ville (juste de Bourmel à Jijel.
après l’initiative de la cité Cirque). Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
le 7/04/2018.
28/01/2018.
Le nettoyage du quartier El-Akabi avec peinture de ses rues et ses trottoirs par les jeunes
habitants du quartier a donné l’idée aux autres des jeunes du quartier « Bourmel ».
L’opération du chantier de volontariat ouvert à la cité « cirque » à Bab Sour a eu lieu après
une réunion de ses jeunes habitants qui s’est terminée par le tracé d’un programme
d’actions : nettoyage permanent, concertation auprès des autorités afin d’améliorer leur
cadre de vie ;« Il y a cette plate-forme qui nécessite des aménagements, des lampadaires
183
défectueux à replacer, la peinture extérieure qui n’a pas été refaite depuis longtemps et
beaucoup de choses encore à faire», affirment les jeunes du quartier211.
En effet, les habitants des différents quartiers ont pris le défi devant ce grand problème de
pollution contribuant de façon
directe à améliorer les
conditions de vie de leur ville,
son image, mais aussi de
provoquer les décideurs à
améliorer la situation. Cette
dernière s’inscrit dans une
logique de participation
« bottom-up » ou «
ascendante »212 comme le
résume (S. Genevois, 2011) dans Figure 5.48. Le système territorial.
Source. (Genevois et Carlot, 2011).
le schéma ci-après :
211
Selon la page de Facebook « JijelNews » : « Jijel : Un chantier de volontariat ouvert à la cité ''Cirque'' »
posté le 17 Janvier 2018.
212
« Il existe deux dynamiques principales qui caractérisent la participation selon son origine : soit celle-ci
a pour origine une initiative citoyenne, on parle alors de forme « ascendante » ou de « bottom up », soit la
participation a pour origine une initiative des autorités publiques, on parle alors de forme « descendante »
ou de « top down ». » (Hurard, 2011, p. 4).
184
• Des équipements publics
Figure 5.51.Opération « mosquée propre » avant le Figure 5.50. Large compagne de nettoyage au
début du Ramadan213. cimetière de Jijel.
Publiée par le groupe de Facebook Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
« JijelNews », le 26/04/2017. le 26/05/2018.
Les équipements publics ont aussi eu leur part de ces initiatives de nettoyage, ces derniers
ont touché des mosquées et des cimetières avec l’arrivée du mois sacré de ramadan qui était
un des éléments déclencheur de ces opérations.
Figure 5.53.Une femme jijélienne nettoie une plage Figure 5.52. Compagnes de nettoyage des plages
à Jijel. chaque matinée par des jeunes jijéliens.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
17/05/2018. 15/08/2018.
Les actions de nettoyage des plages ont été multiples et diversifiées faites par les toutes
catégories de la population (femmes, hommes, jeunes, vieux).
213
Constituant le neuvième mois du calendrier hégirien (calendrier musulman), Ramadan, est le mois sacré de
jeune pour les musulmans.
185
5.2.3 Actions touchant les aspects liés à l’accessibilité et l’état de la voirie
Figure 5.55. Les habitants du quartier de village Figure 5.54. Des habitants de « Jolie vue » nettoient
Moussa réparent une route « trouée ». leur quartier de la boue.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
le 30/05/2018. 10/11/2017.
5.2.5 Actions touchant des aspects invisibles (pour but la solidarité, la convivialité)
dans la ville
Figure 5.58.Jijel : Iftar214 en bord de la mer Figure 5.57. Jijel, Ramadan 2018 : la solidarité au
organisé par le Club Kotama. rendez-vous.
C’est le repas pris chaque soir par les musulmans au coucher de soleil après toute une journée de jeune
214
186
Chaque année, au mois sacré du Ramadan, ce sont les valeurs liées au voisinage et à la
solidarité qui sont au rendez-vous. A cet effet, des restaurants de la « Rahma »215-
supervisés par les services publics de la wilaya ou bien ouverts à l’initiative de
bienfaiteurs-ouvrirent leurs portes pour nourrir des jeûneurs sur la route ou dans des
quartiers.
Figure 5.59.Carte de synthèse des différents quartiers et lieux des différentes actions menées par les habitants
de la ville de Jijel.
Source. Google Earth + traitement de l’auteur (2018).
D’après la carte de synthèse, nous constatons que les actions menées par les habitants de la
ville de Jijel, ne sont pas limitées à un quartier, ou une partie de la ville, mais plutôt, elles
ont touché la moitié des quartiers et même des plages de cette ville touristique. De ce fait,
« la requalification de la ville par ses habitants eux-mêmes » a touché le centre-ville
ancien mais aussi sa périphérie. Force est de constater que la marginalisation du citoyens
jijélien par les décideurs dans tout processus de requalification a provoqué un double
sentiment –contradictoire : en premier d’indifférence laissant l’espace livré à lui-même
puis de responsabilité où le citoyen-usager s’empare de son espace et commence à
l’aménager à sa manière.
Nous pouvons dire que l’insatisfaction de l’habitant envers la situation et l’état de son
espace, l’encourage et lui donne la volonté pour essayer de le changer vers le meilleur, ce
215
Ce mot qui est d’origine arabe, signifie « la clémence ».
187
qui confirme l’idée de Riou (2011) à propos de la relation d’interdépendance entre les deux
notions de « pratiques » et de « représentations ».
La majorité des personnes ayant pris ces initiatives est formée de jeunes hommes de moins
de 40 ans expliquant en partie qu’une minorité seulement de cette catégorie de personne
ont cité l’absence de la volonté des habitants jijéliens pour développer leur ville et
améliorer ses espaces.
En effet, l’engagement territorial des jijéliens a touché la majorité des grands problèmes
qu’a connu la ville –les problèmes cités par les habitants eux même ayant répondu à notre
enquête- à savoir : la qualité des espaces publics, l’accessibilité, l’état de la voirie,
l’hygiène et la propreté, l’aspect esthétique des constructions et de la ville d’une façon
générale, les relations de voisinage, le comportement des gens. Ce qui confirme que le
citoyen n’est pas toujours la cause des dégâts qui menacent sans cesse son héritage.
Nous pouvons dire que nous sommes en face d’une génération plus consciente,
responsable et dynamique. Cependant, ces initiatives ne peuvent pas être généralisées et
célébrées sans l’aide des réseaux sociaux216, à savoir ; la page de Facebook « JijelNews »
confirmant le rôle et l’importance des réseaux sociaux et leur contribution à la
requalification des villes, l’amélioration du cadre de vie de ses habitants et leur
encouragement.
Nos résultats rejoignent avec ceux de Riou (2011, p. 174), qui stipule que ce phénomène
peut être assimilé à « un effet boule de neige ». En effet, Dans des réseaux sociaux
publiques, un individu qui s’engage pour une première fois, dit « personne moteur, active
et dynamique », peut entrainer l’engament des autres et même de donner plus. En
revanche, dans le dictionnaire de l'aménagement du territoire (2009, p.119), l’auteur attire
216
Grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), dont Internet, ils
permettent aux individus d’échanger des messages, des photos, des vidéos, etc. (Riou, 2011, p. 173).
188
l’attention sur la nécessité d’adapter la gestion urbaine aux nouvelles données de la
mondialisation, des médias et de l’innovation.
D’après notre enquête, nous nous sommes rendu compte du rôle important de
l’habitant non seulement comme acteur qui fait partie de la décision dans les
opérations de requalification qui touchent son cadre de vie, comme usager de l’espace
mais comme acteur qui peut seul développer son cadre de vie.
A l’issue de cette observation, les habitants jijéliens ayant pris le défi devant les
problèmes multiples de leur ville, ont participé directement au développent de leur ville,
mais de façon volontaire. Ce principe « d’engagement territorial » prend deux formes :
- Individuelle : qui se fait par une seule personne par ses propres moyens.
- Collective : qui se fait par des groupes de personnes.
Cet engagement territorial et selon les résultats de notre étude peut être actionné par
l’arrivée des fêtes religieuses (en particulier le mois sacré de Ramadan qui a été l’un des
éléments déclencheur de ces opérations), ou suggéré et soutenu par des associations ou des
clubs afin de mobiliser les citoyens. Ces actions peuvent être réalisées d’une manière
individuelle spontanée ou par le biais d'opérations qui ont lieu après une réunion d’un
groupe d’habitants qui se termine souvent par le tracé d’un programme d’actions (comme
le cas de l’opération de nettoyage du quartier « Cirque »).
Au terme de tout cela, une question se pose : cette nouvelle forme de participation
citoyenne Jijélienne va-t-elle durer dans le temps et prendre un effet permanent ? Va-t-elle
cesser et reprendre selon les occasions ?
Dans le but de répondre à cette question, nous avons poursuivi notre observation et mesuré
l’impact de ce phénomène, en prenant des photos des anciens espaces requalifiés et
d’autres nouveaux.
Figure 5.61. Nettoyage des escaliers par des citoyens. Figure 5.60. Une affiche pour sensibiliser les
Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020 citoyens à la propreté du quartier de Belhaine.
Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020.
189
Figure 5.63. Nettoyage de la plage Kotama par des Figure 5.62. Quartier Belhaine toujours en bon
étudiants et jeunes habitants (Mars 2019). état, dont la première initiative était en 2016.
Source : article de presse El Watan (25.03.2019). Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020.
Figure 5.64. Peinture d’un mur au centre-ville de Jijel par des jeunes habitants (2019).
Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020.
Ces photos nous montrent que les actions de peinture des murs et de nettoyage des
quartiers et des plages se poursuivent, dont ces dernières sont soutenues par les
collectivités locales. En revanche, il convient de noter que l’action de Nettoyage de la
plage Kotama a été initiée par des étudiants de l’université de Jijel sur les réseaux sociaux,
à savoir Facebook et Instagram.
Ces derniers mois, des initiatives de graffiti ont pris une grande ampleur par rapport aux
autres actions, et pour comprendre les causes de ce phénomène, nous avons soutenu nos
images en interviewant une personne qui a directement participé à ce phénomène.
190
Figure 5.65: Peinture et dessin des murs par le Bataillon d'art de la rue de Jijel.
Source : photos prises par le bataillon d'art de la rue (2020).
L’entretien avec le jeune homme « Zitouni, A » nous a permis de se rendre compte, qu’il
faisait partie d’un bataillon de quatre jeunes hommes Jijéliens, appelé « le bataillon d'art de
la rue ». Ce dernier est né avec le mouvement du Hirak qu’a vécu l’Algérie depuis février
2019. Selon lui, ce type de dessin appelé « graffiti » était interdit avant cette date car il
cache sous ses beaux dessins des messages politiques.
191
Selon lui, le but de ces initiatives est « de valoriser l’image de la ville en premier lieu, de
développer et de diffuser leurs talents, ainsi que de créer des espaces culturels conviviaux
et partagés ». En fait, ces initiatives ne se limitent pas à la peinture murale, mais ils font
appel à des jeunes musiciens, magiciens, etc. lors de la peinture, pour faire du spectacle, de
l’ambiance et de permettre aux habitants et aux enfants de participer à ces actions. « Nous
organisons même de petits ateliers, pour les enfants, pour les encourager à dessiner » dit
Amine.
Le choix des murs ou des endroits pour réaliser ce graffiti dépend de trois éléments
principaux :
➢ La superficie de l’espace, dont ils préfèrent des endroits vastes et publics pour
donner aux habitants la possibilité d’en profiter et de prendre des photos.
➢ Avoir une autorisation pour dessiner (selon la nature juridique du bien).
➢ La taille du mur et son adaptabilité avec le dessin souhaité.
Il est à noter que ces actions sont effectuées, en grande partie, par les propres moyens de
ces jeunes hommes, ainsi que grâce au soutien de certains résidents qui participent
directement à l’achat de matériel du dessin. Selon lui, ces initiatives se poursuivaient à
l'avenir dans cette ville.
Le but de cette observation est d’apporter un éclairage et de mettre en lumière ces actions,
leur nature, leurs formes, et leurs répercussions, pour une meilleure prise en charge de cette
question qui pourrait apporter une plus-value en matière de requalification de nos villes
algériennes. Soutenir ces actions, comme le cas du concours de meilleur balcon fleuri
encourage les habitants à donner un nouveau visage à nos bâtiments en intégrant de la
verdure (plantes) dans leurs façades, pour cela nous recommandons :
• Promouvoir les actions qui concernent les quartiers en organisant des concours de
« meilleur quartier », « le plus beau quartier », cela encourage les habitants, par le
sens de la compétition.
• Soutenir ces actions par des associations et les acteurs publiques est essentiel pour
assurer leur pérennité.
« Construire la ville comme objet d’étude signifie la nécessité de rompre avec la vision de
la ville réduite à un cadre spatial, pour la penser comme société » (Belguidoum, 2008, p.
192
3). En fait, placer les habitants au cœur du système d’évaluation de la question traitée, nous
a permis de révéler les constatations suivantes :
La perception de la situation actuelle de ville par ses anciens habitants, et ceux qui
connaissent son histoire n’est pas la même que celle des nouveaux habitants, en effet, la
ville de Jijel ne signifie pas l’espace disqualifié pour tous ses habitants, mais seulement
pour ses anciens habitants qui connaissent son histoire et son image telle qu’elle était
avant. D’après notre échantillon, les problèmes à Jijel sont multiples. Nous les avons
classés en 4 catégories selon le degré d’importance accordé par les répondants. Les plus
grands problèmes sont ceux du surpeuplement de la ville, l’état critique des espaces publics
et des espaces verts ainsi que l’état dégradé de la voirie. En deuxième degré, nous trouvons
les problèmes liés au services offerts, à savoir ; le manque des infrastructures touristiques,
l’insuffisance des équipements sportifs, la difficulté d’accessibilité vers et à l’intérieur de
la ville, des problèmes liés au confort visuels, pollution, absence de l’aspect esthétique des
constructions, l’altération des valeurs liées aux comportements des gens, la perte des
notions de citadinité et de civisme, l’altération des relations de voisinages due à l’exode
rural (selon la population enquêtée).
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre certains habitants et leur
ville. En effet, tous nos répondants qui ont une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie que leur offre cette ville. Notre enquête
nous a montré également que la situation critique de la ville a eu un impact direct sur les
pratiques et les usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewés) rendent les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.
Les éléments constitutifs de l’identité de cette ville, dégagés suite aux réponses des
habitants, outre que son cachet conservateur, sont d’abord d’ordre naturels (ses
potentialités naturelles) à savoir : sa corniche et ses montagnes, formant ensemble des
paysages identitaires uniques à l’échelle nationale et renforçant le cachet touristique de la
ville. A ces éléments s’ajoutent les lieux ayant une valeur historique, le caractère
sécuritaire de la ville, le calme et les valeurs liées à sa culture.
Parmi les besoins et les attentes des personnes interrogées, nous citons :
193
• Régler le problème d’encombrement notamment aux entrées de la ville et
moderniser les moyens de transport.
• Renforcer le réseau de transport maritime existant (des voyageurs).
• Mise en valeur des constructions et lieux symboles de la ville.
• Doter la ville des infrastructures touristiques nécessaires.
• Faire revivre les activités sportives et culturelles.
• Donner une importance à l'architecture des constructions (constructions de prestige,
grattes ciel, etc.).
Force est de constater que la marginalisation du citoyens jijélien par les décideurs dans tout
processus de requalification conjugué par la situation critique de la ville, ont provoqué un
double sentiment –contradictoire : en premier d’indifférence laissant l’espace livré à lui-
même puis de responsabilité où le citoyen-usager s’empare de son espace et commence à
l’aménager à sa manière. D’après notre enquête, nous nous sommes rendu compte du rôle
important de l’habitant non seulement comme acteur qui fait partie de la décision dans les
opérations de requalification qui touchent son cadre de vie, comme usager de l’espace mais
comme acteur qui peut seul développer son cadre de vie. Les actions menées par les
habitants de la ville de Jijel, ne sont pas limitées à un quartier, ou une partie de la ville,
mais plutôt, elles ont touché la moitié des quartiers et même des plages de cette ville
touristique. Le but de cette observation est d’apporter un éclairage et de mettre en lumière
ces actions, leur nature, leurs formes, et leurs répercussions, pour une meilleure prise en
charge de cette question qui pourrait apporter une plus-value en matière de requalification
de nos villes algériennes. Soutenir ces actions par des associations et les acteurs publiques
est essentiel pour assurer leur pérennité.
Afin de prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses logiques
habituelles, et par conséquent, d’obtenir plus d’attention et de clarté sur ce qui semble plus
logique et plus évident sur la question à l’étude, nous complétons notre analyse par une
étude des exemples similaires dans notre environnement maghrébin et ailleurs, des
stratégies utilisées et qui ont donné des résultats et où les impacts ont été mesurés ou bien
facilement identifiables. Le choix des villes qui ont été requalifiées obéissent à des critères
que nous définissons dans le chapitre VI.
194
6 CHAPITRE VI
MARSEILLE, CASABLANCA ET TOULON… TROIS VILLES
REQUALIFIEES …TROIS STRATEGIES
INTRODUCTION
195
6.1 Construction de la comparabilité, les critères du choix de nos exemples, leur
passé est notre présent …
L’approche comparative consiste à comparer des faits, des phénomènes, des situations…
Elle est considérée en sciences sociales, comme une méthode fondamentale par certains
sociologues comme Auguste Comte, Durkheim et M. Grawitz. Le choix est porté sur les
trois villes de Marseille, Casablanca et Toulon.
« Aucun système n’est identique à un autre » (Barrué-Belou, 2011, p. 1). Pour cet auteur, la
comparabilité se construit à travers un choix effectué, par le comparatiste, des objets à
comparer. En effet, cette méthode ne soit valable que lorsque les situations choisies pour la
comparaison présentent un certain degré d’analogie (Loubet del Bayle, 2000, p. 207).
196
Tableau 6.1. Les critères de choix de Marseille (les points communs entre les deux villes).
Dans un second temps, le choix est porté sur une ville qui a connu une sorte de «
refondation » d’origine coloniale (Cattedra, 2003) celle de Casablanca – comme c’est le
cas de Jijel –. Sur le plan architectural et urbanistique, Casablanca est une ville
millénaire qui n’a pas conservé les traces des différentes civilisations qu’elle a connues.
Bien qu’elle ait été décrite comme « ville sans âme » (Cattedra, 2003), elle a pu acquérir
un statut d’une ville patrimoniale. En outre, l’identité matérielle (sur le plan urbanistique)
de la ville de Jijel est presque inexistante en raison de son effacement par le séisme de
1856, et depuis lors, la ville n’a qu’un centre urbain d’une architecture coloniale et d’une
périphérie sans âme ni homogénéité (esthétique)–chose confirmée par les résultats de notre
diagnostic. Alors comment redonner une identité à cette entité urbaine où ses fondements
historiques et identitaires sont altérés ? Tirer des idées à partir de Casablanca ; Quelles
stratégies ?
197
Sur le plan économique, grâce à son grand port, Casablanca et devenue le principal pôle
de drainage et de diffusion des flux au Maroc, donnant lieu à de multiples mutations
spatiales, sociales et économiques. Ce qui est en train d’avoir lieu à Jijel (en pleine
mutations).
Tableau 6.3. Les critères de choix de Casablanca (les points communs entre les deux villes).
198
Tableau 6.5. Les indicateurs du choix de la ville de Toulon
Ville Agglomération
Ville Statut Taille de pop
Superficie Superficie Taille de pop
(1.1.2019)
Toulon Chef-lieu 42.84 km² 171 643 366,41 km2 611 237
Jijel Chef-lieu 62,38 km² 161 989 2 398 Km² 765 197
Selon Figeac et al dans leur article « villes portuaires », bien que les processus et les
expériences historiques soient bel et bien diversifiés, « des problématiques communes
propres à une période ou à un espace considérés »217 peuvent être constatées.
A travers ces trois exemples, nous visons l’étude des stratégies suivies faces à des
situations passées, comparables à celle de la ville de Jijel aujourd’hui. Le choix des
deux villes, « Marseille et Casablanca », se base sur les plusieurs critères, à savoir ; villes
portuaires en mutation, le port essentiel dans la transformation urbaine et les stratégies
suivies et les résultats. Pour ce qui est du cas de Toulon, l’objectif est d’étudier le
processus de requalification d’une ville portuaire, où les caractéristiques de son port sont
assez comparables à celui de Jijel ville, et non les caractéristiques du port de Djen Djen.
En termes de taille et de densité de population, les deux premières villes ne peuvent pas
être comparées dans leur état actuel à Jijel, car les deux premières sont aujourd'hui des
métropoles alors que la ville de Jijel est encore une grande ville. Grâce aux potentialités
dont elle dispose ; son port qui va devenir le premier au niveau de l’Afrique, son aéroport
international, les projets économiques d’envergure qui sont en cours de réalisation et ses
potentialités naturelles et touristiques, Jijel est dans une démarche prospective pouvant
suivre le même profil. Alors la question posée est ; quelles stratégies et quels résultats
sont susceptibles d’être valables dans le développement de Jijel ?
217
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
199
6.2.1 Présentation de la ville de Marseille
Plus que son ouverture sur la Méditerranéenne à l'ouest, et son grand port qui est le
premier port français et le deuxième port méditerranéen pour le secteur de la croisière. La
ville possède de nombreux autres atouts tels que la mer, la nature, les espaces verts et
naturels qui s’étendent tout autour de la ville, ainsi que sa culture, son architecture et son
potentiel d’enseignement supérieur et de recherche scientifique faisant d’elle une ville
touristique avec une histoire très riche, aux paysages variés et surprenants. Labélisée
« ville d’art et d’histoire »219, le commerce et le tourisme constituent des piliers
fondamentaux de son économie.
Une des plus anciennes villes françaises, la fondation de Marseille remonte à environ
600 av. J.-C. par des marins grecs, originaires de Phocée en Asie mineure, venus s’installer
à son port, ce qui lui vaut aujourd’hui encore l’appellation de “Cité phocéenne”. Le port
était considéré comme élément structurant de l’armature urbaine de la ville, dont
218
Parce qu'elle est entourée de massifs montagneux du nord, de l'est, du sud et du sud-est.
219
https://forestfire.irstea.fr/fr/about-marseille/ (Présentation de Marseille)
200
l’urbanisation s’est développée initialement sur la rive nord de l'actuel Vieux-Port, puis
s’étalait auteur de lui (Réf : Figure 6.2 ci-après).
Figure 6.4. Marseille, le quai du port, et rue de la Figure 6.3.Marseille, les docks, les Docks Village,
république Centre d'Affaires et Commercial
Figure 6.6. Le quai des Belges, vieux port de Marseille Figure 6.5.Marseille, le vieux port-débarquement
d’oranges
220
Dont la moitié de la superficie représente un territoire naturel non constructibles.
201
urbains existants, le long des couloirs topographiques et des grandes voies routières et
autoroutières, donnant lieu à un phénomène de périurbanisation, un espace urbain éclaté et
des inégalités spatiales et sociales entre le Nord et le Sud 221. Au fait, l’étalement de la ville
est accentué dans la période 1950-1970, s’est caractérisé par un essor démographique sans
précédent, ayant un solde positif de 250 000 habitants 222 (Douay, 2008) dû principalement
à l’arrivée en masse des« pieds noirs » (Prelorenzo, 2010). Cependant, depuis 1975 jusqu’à
1990, la ville a connu une période de déclin et de régression démographique223. Le
développement économique de la ville de Marseille a toujours été associé à son port. Grace
à ce dernier, et plus particulièrement au 19ème siècle, où l’infrastructure portuaire était
soutenue par un nouveau port à la joliette, le développement portuaire a connu un nouvel
essor (Brehier et al, 2011). La ville a joué un rôle rayonnant dans le bassin méditerranéen
en termes de commerce, d’échanges culturels et économiques. Alors, quels
rebondissements sur les plans urbain et social ?
221
Les quartiers privilégiés sont concentrés au sud, tandis que les quartiers les plus populaires et des primo-
arrivants sont concentrées au Nord (Brehier et al, 2011).
222
Sa population passant de 660 000 habitants à 905 000 habitants.
223
Entre 1975 et 1999, elle a perdu plus de 15% de sa population et de ses emplois, entraînant l'émergence de
35 000 logements vacants vétustes, situés principalement en centre-ville (Douay, 2008).
224
Situé à environ 50 kilomètres du Vieux-Port par la route et au moins quarante minutes de voiture (Brehier
et al, 2011).
202
Figure 6.7. Le GPM225 de Marseille-Fos : un port en mutation ?
Source. (C.E. Libouret, 2011 cités par Brehier et al, 2011)226.
A partir des années 1970, l’activité portuaire est désormais en crise, chose qui s’est peu à
peu étendue à la ville227. Au fait, le glissement
ou la délocalisation spatiale de l’activité
portuaire du Sud de la ville aux nouveaux
terminaux à conteneurs situés à Fos-sur-Mer,
avait des rebondissements négatifs sur la ville et
son dynamisme comme le confirme (Ronai,
2009 cité par Brehier et al, 2011).
Figure 6.8. Système de barrières séparant l’emprise
portuaire de la ville.
Source :http://www.geographie.ens.fr/Deplacement-
des-activites.html
Cette opération de grande ampleur a abouti à l’apparition des friches portuaires dont les
plus emblématiques sont le silo et les docks, la perte de la relation ville-port (Capellari
and Libourel, 2011) (Réf : Figure 6.8) conduisant à « une déqualification tant symbolique
225
Le Grand Port maritime de Marseille (GPM).
226
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
227
« En vingt ans, le port recule de la 24e à la 84e place mondiale pour le trafic de conteneurs, et du 1er au
11e rang en Méditerranée » (Brehier et al, 2011).
203
que foncière » de l’emprise portuaire (Jourdan, 2008)228, la « paupérisation
croissante »du centre-ville marseillais (Berry-Chikhaoui and Deboulet, 2007), et la
montée en puissance d’une périphérie plus attractive. En effet, ce phénomène est
aggravé par le départ des couches moyennes et aisées (salariés) vers la périphérie (à
proximité des nouveaux bassins d’emplois), laissant derrière eux des espaces, qui ont été
progressivement remplacés par des migrants venus de tout le bassin méditerranéen.
Le vieux port qui était depuis longtemps un moteur économique de la ville de Marseille est
désormais occupé par des navires de plaisance229, et les docks historiques près de la Place
de la Joliette sont désormais réservés à l’activité de transport de passagers.
Dans ces circonstances, Marseille a perdu « le rôle correspondant à son histoire, à son
poids démographique, et à sa vraie place dans la région urbaine Marseille/Aix-en-
Provence» (Ibid,, p. 128). Elle s’est retrouvée à l’écart du processus de métropolisation
jusqu’aux années 1990.
228
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
229
L’activité principale est désormais la croisière.
230
Le taux de chômage était supérieur de 5 à 6 points par rapport à la moyenne française.
231
Dont la principale zone commerciale de l’agglomération située en dehors de la communauté (Ronai, 2009,
p. 139).
204
Considéré comme une solution
pour rattraper le retard qu’a vécu
Marseille par rapport aux autres
grandes villes en termes de
métropolisation, le projet
Euroméditerrannée232 s’étalait sur
une superficie initiale de 310 ha
avant d’être étendue à 480 ha en
2007. Le périmètre initial de ce
projet a été délimité en 1995,
comprenant les cinq zones –
quartiers- (8 arrondissements)
situées directement en arrière du
port ; Arenc, Belle de Mai, rue de
la République, Saint-Charles et
Joliette.
Figure 6.9. Le périmètre du projet Euro-méditerranée.
Source. (Brehier et al, 2011)233.
Ronai (2009) affirme que depuis plus de vingt ans et avant l’arrivée d’Euromed, cette ville
avait vu de nombreux « plans centre-ville » voués à l’échec. En effet, l’action urbaine
existe depuis toujours dans la ville de Marseille dans le but de remédier aux problèmes
existants, mais jamais aboutie234, car la situation qu’a vécue Marseille notamment sur le
plan social n’a pas favorisé un développement et une réussite des projets à petite échelle,
en fait, la situation réclame un projet de grande envergure, d’une réelle volonté et un
sérieux.
Le processus de métropolisation de Marseille est passé par de grandes phases nous les
résumons comme suit :
232
Nommé aussi Opération d’Intérêt National (OIN).
233
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
234
En 1969, un schéma d’aménagement de la Métropole marseillaise a été élaboré, et resté sans suite durant plus de
cinquante ans. Cependant, il fut l’acte fondateur du concept d’« aire métropolitaine » (Ronai, 2009, p. 142).
205
1995 1998 2005 2007 2013
Situé en plein centre-ville, (sur une longue façade maritime) à la lisière d’une installation
portuaire en déclin, le large front de mer de Marseille, a bénéficié, en 1995, de la première
opération d’intérêt national « Euroméditerranée », pilotée par l’Établissement Public
d’Aménagement Euroméditerranée (EPAEM), dans l’objectif de créer « une nouvelle
vitrine pour la ville » (Brehier et al, 2011). Étendue en profondeur jusqu’à la gare Saint-
Charles, le périmètre du projet Euromed constitue un territoire riche, regroupant à la fois,
de grandes infrastructures tels que : le port de commerce, l’actuelle gare de TGV , ainsi
qu’une diversification de types de bâti qui émaillent la zone, entre des quartiers
d’habitation d’un potentiel architectural intéressant, notamment « le plus bel ensemble
haussmannien de Marseille » du XIXe siècle, et d’anciennes zones industrielles héritées de
l’apogée économique et culturels marseillais (devenues des friches industrielles et
portuaires après le retrait de l’activité portuaire en la zone, entrepôts, etc.). Cet espace
hétérogène dans son ensemble235, devient une opportunité et un catalyseur pour
promouvoir le développement de la ville. En effet, le port, symbole des difficultés de la
ville, devient l’espace du renouveau métropolitain (ibid.).
235
Qui regroupait à la fois des populations aux revenus modestes issues principalement de l’immigration, des
services et des activités commerciales (de proximité, de gros et de détail).
206
périmètre initial, deux piliers de la métropolisation (du XXIème siècle) ont été adoptés, à
savoir : développement durable et ville technologique. L’ambition était de faire du
Marseille, une ville méditerranéenne du 21e siècle, en lui offrant une dimension durable et
innovante, suite à la création de 20 000 nouveaux emplois, l’implantation de 15 000
nouveaux logements soit près de 30 000 habitants supplémentaires (Brehier et al, 2011),
tout en créant de nouveaux pôles d'attractivité économique, touristique et technologique,
basés sur la transformation « des territoires délaissés en de nouveaux morceaux de ville
inclusifs et durables »236. En effet, en novembre 2009, Euroméditerranée est labélisée
Ecocité. À cet égard, une charte de l’aménagement et du développement durable
d’Euroméditerranée a été rédigée dans l’objectif d’encadrer les transformations et les
développements futurs (ibid.) et plusieurs éco quartiers ont vu le jour.
236
(Les Fabriques : un nouvel écoquartier pour Marseille , 2018) - Numéro de page non indiqué, car il s'agit
d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
207
Tableau 6.6. Les stratégies de requalification de la ville de Marseille.
208
et améliorer la qualité de vie Attribuer à une portion de la ville (friche de Belle de Mai) un rôle de « pôle
de développement et d’innovation » à l’échelle de toute la ville
Redynamisation du commerce (création de centres commerciaux haut de
gamme), construction de nombreux équipements culturels et ludiques et
Redynamiser la zone et la rendre plus attractive en créant une multiplication des manifestations culturelles de grande envergure. Mise en
attractivité économique, touristique et culturelle. Satisfaire la place de plusieurs équipements scolaires et culturels de haut niveau, tels que
demande touristique et répondre aux aspirations culturelles et : la bibliothèque inter universitaire, l’agrandissement de l’école EMD,
artistiques de la population marseillaise création des espaces d’exposition, d’une résidence d’artistes et une
pépinière d’entreprises de l’audiovisuel et des nouvelles technologies.
Reconversion de plusieurs espaces en de vastes lieux d’exposition
Une cité de tertiaire supérieur (un quartier d’affaire) a été implantée le long des
Inscrire emprises portuaires, nommée « la Cité de la Méditerranée », le programme de
Marseille dans la bureaux Euromed Center (les immeubles de bureaux).
compétition
la construction, le développement et la rénovation de grands équipements culturels
métropolitaine, Combler le retard en termes du processus de métropolisation
tels que: le MUCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée),
et la et construire une nouvelle identité (vitrine) économique et
la salle de spectacle du Silo ainsi que celle du centre commercial et de services des
repositionner au culturelle de la ville de Marseille par l'encouragement de
Terrasses du Port, et la tour CMA-CGM dessinée par Zara Hadid, création de
niveau l'installation des fonctions métropolitaines supérieures.
Villas Méditerranées, Le bâtiment du Fonds régional d’art contemporain (FRAC),
international,
création de plusieurs musées comme : le Musée des Civilisations de l’Europe et de
tout au moins
la Méditerranée, le musée d’histoire de Marseille, le Centre régional de la
européen
Méditerranée dédié aux échanges culturels entre les deux rives de la Méditerranée,
le nouveau conservatoire de musique, etc.
Aménagement des Quais d’Arenc et création du parc de Bougainville au
Créer un lien physique entre Euromed 1 et Euromed 2 pied de la cité Felix Piat (avec des pistes cyclables, des zones de pique-
nique, des équipements sportifs et des jeux d’enfants).
Source. Etabli par l’auteur sur la base des données de (Bertoncello and Girard, 2001;Jourdan, 2008; Ronai, 2009 ; Capellari and Libourel, 2011)237.
237
Ainsi que le site web : http://www.popsu.archi.fr/
209
Figure 6.12. Le Mucem, la villa méditerranée et la tour Figure 6.11. La reconversion des silos en salle de
CMA-CGM en arrière-plan. spectacle : le marketing urbain de la réhabilitation
Source : (Grésillon, 2013)238. du front de mer.
Source : (Brehier et al, 2011)
Allant vers une perspective de combinaison entre trois piliers de métropolisation d’une
ville portuaire « des thèmes classiques du renouvellement urbain » (Brehier et al, 2011), à
savoir ; la reconquête du front de mer (waterfront), le développement durable (éco-
cité), ville technologique, les opérations conduites dans le cadre de l’OIN Euromed,
révèlent une stratégie basée principalement sur des actions qui ont à la fois un effet local et
d’autre international. Ses répercussions sur la ville et son identité sont à la fois positives et
négatives (autrement dit ; inabouties ou bien les limites de l’OIN), nous les résumons
comme suit :
Figure 6.13. Répercussions des opérations conduites dans le cadre de l’OIN Euromed.
Source. Etabli par l’auteur sur la base des données fournies par (Prelorenzo, 2010 ; Ronai, 2009 ; Douay,
2008).
238
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
210
L’événement « Marseille, capitale européenne de la culture » a été considérée comme un
levier pour accélérer les opérations d’aménagement et une vaste opération culturelle en
premier lieu mais aussi économique et urbaine. En fait, un nouveau « waterfront culturel »
est apparu dans cette ville. Cet impact positif sur la ville et son développement comme le
juge Grésillon (2013), a contribué au développement de la vie nocturne, notamment à
l’occasion de grandes manifestations d’art de rue dans l’espace public et dans la soirée qui
s’arrêtait à 22h 30. Ce qui a changé même les modes d’appropriation des espaces publics
par les habitants jusque tard dans la soirée.
La forte attention accordée par les acteurs décideurs au front de mer et au centre-ville
(Bertoncello and Girard, 2001), par le renforcement de la relation ville/port à travers divers
projets, la valorisation de l’image de la ville, et l’offre d’emploi 239 au détriment d'autres
aspects et d’autres problèmes de la ville, n’a fait que créer d’autres problèmes tels que : la
gentrification, jugée comme un mode de revitalisation (Jourdan, 2008), semble inaboutie à
l’exception de quelques petites portions du territoire Marseillais, dont l’effet ne dépasse
pas l’échelle de l’espace public voir de l’ilot, la marginalisation du citoyen-habitant
mettant à l’écart ses besoins et ses aspirations dans la recherche de construire une ville
internationale attrayante pour les étrangers (en particulier des investisseurs et des touristes)
plus que pour ses habitants. Au fait, l’augmentation du prix du mètre carré a entraîné à la
fois l’immigration de la population pauvre vers d’autres quartiers, voire vers d’autres
villes, donnant lieu au phénomène de vacation de logements et de gentrification au centre-
ville, et des mouvements de résistance (depuis le début des années 2000) (Brehier et al,
2011) suite à l’insatisfaction des anciens habitants qui se voient marginalisés. En fait, il n'a
finalement abouti qu’à renforcer l’attractivité surtout économique de la ville et plus
particulièrement du water front au détriment des autres aspects et besoins des habitants qui
réclament des espaces verts et de loisirs de proximité avec de grands parcs aux alentours
(Prelorenzo, 2010, p. 161).
« Euromed » est encore vécue comme une guerre de position entre la ville et le port, entre
les pauvres et les riches, entre la modernité, la tradition et la dénaturation de l’identité
marseillaise, plus que comme un levier du renouveau indispensable » (Ronai, 2009, p.
133). Au fait, plusieurs obstacles ont empêché la réussite de ce projet, comme la réalité
sociale marseillaise qui pose un énorme problème, entre un centre-ville paupérisé et une
239
Dont le quartier d’affaire, quant à lui seulement, offre plus de 37 000 emplois privés, et 6 500 emplois
publics.
211
périphérie plus au moins riche, une contradiction qui ne favorise pas la concrétisation de
l’objectif de la mixité sociale au sein du centre-ville. Aussi, la question de l’identité
urbaine marseillaise s’impose comme un grand défi, entre la préservation de« l’identité
populaire, laborieuse, rebelle et portuaire traditionnelle » de Marseille ou d’aller vers un
urbanisme d’affaires, vers le tourisme, les loisirs, où le centre-ville a été reconquis par les
plus riches (op.cit., p. 134). Force est de constater que ce processus de métropolisation a
été accompagné, dès l’automne 2009, par l’implantation d’un centre dédié à la
modernisation des politiques publiques marseillaises240 (ibid., p. 136).
D’une petite casbah de 25 000 habitants au début du 19 ème siècle (Rochd, 1990, p. 113),
elle est devenue la plus grande ville marocaine avec une population estimée à 3
359 818d’habitants (Monographie de la Région, 2015). Aujourd’hui, Casablanca se
présente comme une métropole contemporaine, disposant d’une richesse colossale en
matière d’infrastructures aéroportuaire, portuaire, du tertiaire, d’industrie, etc. faisant d’elle
le premier pôle industriel du Maroc, dont elle emploie 46% de la population active du
Maroc travaillant dans différents secteurs. Première zone portuaire du Maroc, elle possède
60% des échanges commerciaux du pays, 39% de ses unités productives, 30% de son
réseau bancaire (première place financière au pays) et 60% de la main d’œuvre industrielle.
240
Avec le concours de la Banque mondiale et de la Banque européenne d’investissement.
241
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
212
6.3.2 Les évènements marquants de l’histoire de Casablanca
Casablanca, cette ville antique nommée « Anfa »242, a été témoin de plusieurs opérations
de destruction et de reconstruction, dont la plus importante a été menée par le sultan
Mohammed Ben Abdelllah vers 1780, suivie de la période sous le régime de protectorat
français et enfin de l'indépendance à nos jours. Tous ces événements importants ont eu un
impact significatif sur le développement de la ville et son identité (Belkadi, 2015).
242
La capitale du royaume hérétique des berbères Berghwata au Moyen-Age.
243
Dotée d’un héritage architectural sans équivalent sur le continent.
213
La séparation quasi totale entre la population européenne et la population marocaine était
un fondement de ce régime, considérée comme « démarche de la planification urbaine »
(op.cit., p. 38), donnant lieu à une ségrégation spatiale et sociale.
D’une forme linéaire qui concrétise la cité linéaire industrielle, et d’un programme aussi
riche et diversifié (logements, extensions du port et des zones industrielles, réseau auto¬
routier, espaces verts, etc.) (Rochd, 1990), le plan d'Ecochard, est venu pour résoudre les
problèmes que la ville rencontrait à l'époque. En fait, afin d'éliminer ou de réduire le
phénomène de discrimination hérité du précédent plan, Michel Ecochard suggéra de créer
des logements pour les européens, sous forme de vastes programmes d’habitation à bon
marché, et pour les marocains, sous forme de cités satellites dans la périphérie 244.
L’objectif est de créer une certaine « cohésion sociale » et « déségrégation sociale » en
diversifiant les types d’habitats de chaque programme (Nejmi, 2018, p. 40), même s'il
présente des limites selon cet auteur ; « on voit bien que ce type de programme, sous forme
de cités satellites d’habitat adapté, a abouti à un aménagement qui se traduit par une
segmentation de l’espace urbain ce qui a accentué la “fragmentation de la ville » (ibid., p.
41).
244
Une volonté de loger les “masses laborieuse” vivant dans les bidonvilles à la périphérie de la ville et de
lutter contre la spéculation foncière.
214
Ala fin de cette période coloniale, Casablanca se retrouvait comme « une marque
profonde de l’Europe sur le sol marocain » (Joly, 1948)245, de par sa structure urbaine, et
son architecture ; structurée autour d’un centre d’affaires, commercial, financier et
industriel, des zones résidentielles réservées à une population très aisée et une masse de
logements populaires (Rochd, 1990).
Depuis 1984, la politique urbaine de la ville marocaine a pris un nouvel essor, avec d’une
part, l’apparition des instruments de planification urbaine (schéma directeur en 1984 et
les plans d'aménagement en 1989), suite aux émettes de 1981247, et d’autre part, la division
de la métropole casablancaise en4préfectures en 1981, en 5 préfectures en 1985, et
finalement en 6 en 1990, dans le but d’assurer « une visibilité spatiale et par conséquent la
paix sociale» (Rachik, 1994, p. 225), et de garantir une meilleure maitrise et un meilleur
contrôle du champ socio-spatial. En parallèle, le nombre de population reste en
augmentation progressive, il a passé de 1 500 000 (en 1971) à 2 950 000 habitants et
représentant 20.5% de la population urbaine marocaine en 2004 (Nejmi, 2018). De ce fait,
Casablanca est devenue la première ville marocaine en termes de taille de population.
245
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
246
Passant de 4500 hectares en 1960 à plus de 9260 hectares en 1982.
247
Ces émeutes ont été provoquées lors d'un appel à la grève générale lancé par la CDT (Confédération
Démocratique du Travail) après l'augmentation des prix des denrées alimentaires de première nécessité.
215
Depuis le Traité de 1912, de par son grand port, Casablanca est devenue le principal centre
du négoce maritime et des industries de transformation248, faisant d’elle la « base de la
pénétration coloniale depuis 1912 » et le premier lieu privilégié d’immigration249 (Rochd,
1990). De ce fait, la ville est entrée dans une période de prospérité dans la mise en œuvre
de grands projets, notamment la planification de grands axes routiers, la construction de
grands bâtiments, la mise en place de lignes de transport maritime régulières, etc.
Le premier grand port moderne du royaume, le deuxième port d'Afrique, Casablanca, est
devenue par la suite le « principal pôle de drainage et de diffusion des flux » (ibid., p.
113), dont son chiffre d'affaires a atteint 82% de l'ensemble national, en 1976, ce qui
confirme sa primauté dans l'espace marocain (Réf : Figure 6.18 ci-dessous). Cependant, ses
industries sont principalement concentrées à l’Est de la ville, engendrant de multiples
problèmes de circulation et de déplacements pendulaires domicile/ travail (ibid.).
Figure 6.18. Les voies d’échanges commerciaux au Maroc, avant et après 1912 (le rapport avec la côte).
Source. Rochd (1990, p. 114).
248
Entre 1918 et 1932, le nombre d'établissements industriels est passé de 157 à 1 932 unités (Rochd, 1990).
249
Les flux migratoires se composent de notables marocains, d’hommes d’affaires et de colons européens.
250
Qui sont : des banques, compagnies d'assurance, sociétés d'import-export, directions des entreprises
industrielles, bureaux d'études.
216
Durant le 19ème siècle, la ville a connu un développement classé « des plus spectaculaires»
(Aljem, 2018). Elle est passée d’une petite ville de 20000 habitants en 1900, à une ville
d’un million d’habitants au recensement général de logement et d’habitat en 1960, etune
ville à 2 millions 500000 habitants en 1987 (seule au Maroc) (Joumady, 1988). Cette
explosion démographique exceptionnelle (exode rural, et attractivité économique) a
conduit à l’apparition de nombreux problèmes d’ordre spatial, social et économique,
rendant la maitrise du phénomène urbain en cette ville très compliquée, notamment dans
ses zones périphériques (Nejmi, 2018). Sur le plan spatial, avec une grave crise du
logement, la ville a connu une dégradation de sa médina, une dégradation du bâti de
l’ensemble du centre-ville (Cattedra, 2003), et une prolifération de l’habitat informel,
dans la périphérie, sous deux formes (les plus répandues), à savoir : les bidonvilles qui sont
devenus une marque de l’espace urbain casablancais et « l’habitat non réglementaire
construit en dur »251. Le renforcement du phénomène d’exclusion sociale s’est accentué
surtout pour les habitants de revenus modestes, qui habitent dans la périphérie et se sentent
marginalisées, exclus, bien que les tentatives de l’Etat pour résoudre cette situation critique
ont échoué, « On est donc devant une gestion chaotique de la ville; et celle-ci s’est
trouvée à l’aube du 21eme siècle confrontée à la nécessité d’une mise à niveau sévère pour
faire face à la mise en place urgente de bonnes infrastructures de circulation; de
transport, d’équipement et d’espace de production, de récréation et de loisir et d’une
politique de logement social pour une ville trois fois millionnaire. …..On peut ajouter aux
causes de ses disfonctionnements une autre raison, qui est celle de la gestion foncière,
avec l’existence d’une forte spéculation foncière sur les terrains » (Nejmi, 2018, p. 47). À
tous ces problèmes, s’ajoutent ceux des réseaux divers252, d’accessibilité et de l'incapacité
des moyens de transport à s'adapter aux besoins des habitants, compte tenu de la
concentration de l’offre de service dans le centre-ville et de son insuffisance en périphérie.
En effet, sa première place en matière d’attrait des investissements dans le pays et son rôle
de locomotive économique du Maroc cachent « plusieurs disparités sur le plan humain et
social » (Belkadi, 2015)253.
251
« Cette nouvelle forme d’urbanisation s’est faite soit sous forme d’occupation illégale de terrains, avec
auto-construction de logements, soit sous forme de lotissements ne respectant pas les règlements
d’urbanisme » (Nejmi, 2018, p. 46).
252
Le taux d’épuration des eaux usés atteint à peine 45% , tandis que le taux d’alimentation en eau potable ne
dépasse pas 77% (Belkadi, 2015).
253
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
217
6.3.3 Les stratégies de requalification : Casa à la recherche d’une nouvelle image,
1984, la reprise de l’action sur la ville …
Selon Cattedra (2003), l’intérêt pour la question urbaine casablancaise est apparu à la fin
des années 1970, sans vraiment porter ses fruits jusqu'aux années 1980, suite aux émettes
de 1981, alors qu'il y a eu une réelle reprise en main de la ville en 1984254. Dans un
premier temps, les politiques d’aménagement de la ville ont basé sur la stabilisation
(fixation) des populations rurales dans leur communes255 (Gadal, 2005) afin de réduire la
croissance urbaine de la ville.
Outre les projets de logements sociaux destinés principalement aux couches les plus
défavorisées (Rochd, 1990), et dans un espace déjà caractérisé par la ségrégation sociale,
depuis la période coloniale, le SDAU de Casablanca 1984, et dix ans après sa mise en
œuvre, n’a pas apporté de solutions à ce problème (de ségrégation), au contraire, il l’a
accentué en raison du traitement inégal des besoins (tant quantitatifs que qualitatifs) en
termes d’équipements entre le centre et la périphérie (Chouiki, 1997, p. 97). En revanche,
ce SDAU, venu apaiser les problèmes existants, a apporté une nouvelle ambition, celle de
métropolisation256et d’internationalisation de la ville.
En ce qui concerne la question de l’identité de la ville, le rôle du roi Hassan II a été décisif,
dont ses discours, notamment sur le thème de la ville et de l'architecture, ont pris de
l'ampleur. Il a insisté sur la nécessité absolue de créer une identité spécifique de la ville de
Casa, en disant : « la fierté que nous tirons de notre marocanité, la sauvegarde de notre
authenticité et de notre civilisation pour permettre à nos enfants d'être fiers de ce que nous
leur aurons légué" et par "notre profonde conviction que l'environnement matériel -
abstraction faite des considérations familiales - marque d'un cachet indélébile tout
individu » (Extrait du discours du Roi Hassan II - 1979) cité par (Garret, 2003)257.
254
Sur les plans sécuritaire, urbanistique et gestionnaire (Cattedra, 2003).
255
Grâce à une stratégie qui vise à transformer une agriculture de survie en une agriculture fruitière et
maraîchère d’exportation. Chose qui a conduit à stabiliser les habitants pendant un certain moment.
256
« Dans le plan de 1984, l'accent porte également sur les modalités pratiques de réalisation des objectifs
d'aménagement de la métropole : mise en place d'une agence urbaine, définition de la demande solvable,
résorption de l'habitat insalubre avec l'aide de la Banque Mondiale (100 000 habitants à Ben M'sick) »
(Nejmi, 2018).
257
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
En revanche, il a critiqué l’absence de caractère spécifique de la ville marocaine lorsqu’il a dit : "si nous
parachutions un citoyen marocain dans certains de nos villages, il se croirait dans un pays étranger".
218
priorités des pouvoirs publiques, dont ils ont commencé par dénombrer les bâtiments "à
protéger"258 dans le cadre du SDAU259. Cependant, cette liste ne figurait pas dans le SDAU
tel qu'il est approuvé en 1985, et des années plus tard, aucun bâtiment ne bénéficiait du
classement comme monument historique (op.cit.). Force est de constater que l’ouvrage de
l’architecte Jean-Michel Zurfluh sur la ville de Casa, qui a été publié en 1985, a permis
« la formulation de la première reconnaissance explicite d'un héritage architectural issu
du colonialisme » pour lequel une grande partie (de l’ouvrage) a été consacré aux
bâtiments construits pendant cette période (Garret, 2003). En 1995, une association
dénommée « CasaMémoire » engagée à la sauvegarde du patrimoine architectural de
Casablanca a vu le jour, dont ses membres ne sont intéressés que par la sauvegarde des
bâtiments issus du colonialisme. D’autre part, certaines actions urbaines touchant des
édifices d'une valeur esthétique affirmée, dans l’annecien médina, ont été mise en place,
telles que : la restauration des remparts (les limites de la ville ancienne), et la refabrication
ex-nihilo de la Tour de l’Horloge, étant donnée un élément symbolique qui a disparu
(Cattedra, 2003). En effet, selon ce dernier, au cours des années 1990, la ville est devenue
remarquable pour son architecture coloniale.
Suite à la réalisation de ce grand projet, quatre espaces ont façonnée finalement l’évidence
patrimoniale de Casa « hiérarchisés de la manière suivante par les critères d’intérêt de
ses fameuses étoiles : Mosquée Hassan II***, Centre-ville**, « Casablanca Art déco »**,
quartier des Habous* et Ancienne Médina (sans étoile) » (Cattedra, 2003)261.
258
Tels que : des bâtiments construits durant la période du Protectorat, des mosquées de l'ancienne médina,
etc. (Garret, 2003).
259
Le Schéma directeur d'urbanisme réalisé entre 1981 et 1985 par le cabinet Pinseau.
260
Des milliers d’artisans ont travaillé à son décor.
261
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
219
Entre 1994 et 2002, afin de maîtriser le processus de métropolisation et de croissance
urbaine, dans le cadre d’une politique de contrôle du territoire, ont été développé des pôles
urbains secondaires dotés d’infrastructures et de services nécessaires, à savoir : services
administratifs, bancaires, hospitaliers, scolaires, infrastructure de télécommunications, etc.
Ces pôles destinés à accueillir les migrants issus de l’exode rural262, sont devenus « des
lieux symboles de la politique de décentralisation instituée par l’Etat marocain » (Gadal,
2005)263, dont l’appartenance physique de ces pôles à la Métropole casablancaise a été
renforcée par la mise en place d’une seconde « ceinture autoroutière ». En améliorant la
mobilité et l’accessibilité, les autorités ont tenté de renforcer le sentiment d’appartenance
des populations locales à un même territoire métropolisé (Ibid.).
L’émergence des premiers grands projets à Casablanca remonte à la fin des années 1980264,
et cette logique a connu un grand élan depuis l’année 2005 « du fait de l'arrivée de
capitaux financiers provenant principalement des pays du golf » (Aljem, 2018)265. En fait,
elle a été jugée comme une sorte de solution efficace à l’échec des actions antérieures, et
pour surmonter « les blocages dus à la rigidité des outils de l’urbanisme classique », la
généralisation des grands projets à Casablanca a été interprétée avec une réelle volonté
d’ouverture sur l’international, de promotion de son attractivité, notamment en termes
d’investissements, et de donner une nouvelle image d’un Maroc moderne en mouvement
tout en donnant une marque symbolique à cette métropole économique (ibid.). Ils sont
devenus les principaux outils des politiques sectorielles élaborées en marge des documents
d’urbanisme. Les stratégies des politiques publiques en matière de développement et de
planification de la ville de Casa peuvent être résumées comme suit :
262
En effet, l’exode rural ne représentant plus que 2 à 3 % du total du solde de croissance annuelle de la
population (Gadal, 2005).
263
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
264
Dont ils n’ont jamais atteint le stade de la réalisation, en raison de nombreux problèmes, tels que :
l’incapacité du système de gouvernement classique de la ville à gérer et à mettre en œuvre de grands projets,
l’absence d’ingénierie sociale, etc. (Aljem, 2018).
265
Agissant en partenariat avec les holdings locales notamment la CDG développement. Numéro de page non
indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
220
Volonté de Hassan II
Figure 6.19. Les politiques publiques d’intervention urbaine à Casa : du modèle classique à la logique des
grands projets urbains267.
Source : établie par l’auteur (2020).
Figure 6.21. La mosquée Hassan II. Figure 6.20. La réhabilitation de l’ancienne Médina
266
Selon un urbanisme prévisionnel sur la base des outils d’urbanisme réglementaire (SDAU, PA, PZ,
PDAR), où le principal acteur est l’Etat et ses différents démembrements.
267
qui relèvent des instruments de l’urbanisme opérationnel, gérés par des institutions ad-hoc dédiées à
assurer le portage et la conduite des projets (Aljem, 2018).
268
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221
Tableau 6.7. Les stratégies de requalification de la ville de Casablanca.
Enjeux Stratégies Grands projets/actions
Edification sur le littoral casablancais de la mosquée Hassan II (première
référence à l’international) et sa mise en valeur comme élément structurant
d’une centralité renouvelée à travers ; la rénovation des quartiers dégradés
Internationalisation Revalorisation stratégique de la façade maritime
environnants et la requalification de son environnement immédiat ;
de Casa en réaménagement des boulevards, aménagement d’espaces verts entre le bassin de
renforçant son plaisance et la muraille de la médina, renforcement des réseaux.
attractivité et sa Renforcer la dynamique de développement de Se tourner vers un tourisme d’affaire par la création des hôtels modernes, des
compétitivité et en Casablanca en attirant les investisseurs étrangers tours sièges à louer en espaces bureaux d’une architecture moderne.
essayant de donner
Asseoir un rôle économique durable dans
à la ville une
l’économie mondiale, et attirer des activités à « Recyclage » de certains espaces comme la zone Est et le port
dimension durable
forte valeur ajoutée et des personnes compétentes
et innovante
Métropolisation de Casablanca à travers des
Mise à niveau permanente des structures urbaines d’accueil et d’attraction des
programmes immobiliers ambitieux et le
investissements nationaux et étrangers
développement durable
Projet de la Marina : développé autour du port de plaisance, décomposé en 4
secteurs ; Marina, Remblas, portes Océanes et jardins de la mosquée. Il est
Valoriser le front d’eau (la façade maritime) : constitué notamment d'espace sans voitures, principalement dédié aux activités
rénover sa corniche faisant du front de mer un d'affaires, de tourisme, de commerce, d’animation et de loisirs, dont il abrite
Réhabiliter la généralement des équipements de haut standing, tels que : des hôtels 5 étoiles,
espace convivial à travers les aménagements de
vocation océane de un palais des congrès, un yacht club, des restaurants, des centres commerciaux,
haut niveau tout en assurant le plus de
Casablanca des espaces verts aménagés en promenades piétonnes, des activités nautiques
dégagement visuel possible sur le port de
(assurer liées au port de plaisance, etc. Le sous-sol est réservé pour le stationnement.
plaisance
l’ouverture de la
ville sur l’océan) Construction d’une des plus longues avenues du monde (de la mosquée jusqu’en
direction de l’aéroport Mohamed V)
Création d'un port de plaisance, en offrant à ses habitants et aux touristes une
Protéger les espaces non construits et garantir une
promenade piétonne exceptionnelle tout le long de son front de mer entre le port
accessibilité de l’océan pour tous d’Est en Ouest
et la grande Mosquée.
Rattraper les Réorganiser en profondeur le réseau de transport
Renforcer les infrastructures de déplacement : Le Programme de Déplacement
retards accumulés et moderniser ses moyens afin de répondre aux
Urbain (PDU) mis en place en 2004, création de tramway, des gares
dans tous les besoins croissants de mobilité engendrés par le
multimodales, autoroute, deux gares ferroviaires multimodales, etc.
domaines développement de la ville
222
Mise à niveau généralisée des infrastructures et
des services urbains fondée sur les grands projets La réalisation de nouvelles centralités urbaines.
structurants à fort impact économique et social
Reconversion de friches et revitalisation des La réhabilitation de l’ancienne Médina (en se basant sur trois volets : bâti,
zones dégradées jardins et espaces publics)
La démolition de constructions voire même d’îlots entiers d’immeubles de
Des actions publiques sous forme de
rapport ou de villas d’époque coloniale tels que : le théâtre Mohammed V,
réaménagement urbanistique, de requalification
l’Hôtel d’Anfa, des cinémas, des cafés, etc. qui sont remplacés par des
architecturale, ou de véritable rénovation urbaine
résidences haut standing.
L’implantation des centres commerciaux comme MORROCO MALL,
Renforcer le potentiel commercial et touristique ANFAPLACE, TECHFINECENTER, MARINAMALL, TWINCENTER, etc.
de Casablanca
Créer un projet d’espace récréatif : le projet Sindibad, créer une nouvelle
centralité : le Projet Anfa.
Assurer une connexion entre les quartiers Création d’une relation « Marina – Médina » par la mise en place d’un réseau de
périphériques et le centre-ville transport en commun au niveau du boulevard urbain existant entre eux.
Source. Etabli par l’auteur sur la base des données de (Cattedra, 2003 ; Berry-Chikhaoui, 2007 ;Barthel, 2010 ; Aljem, 2018 ; Nejmi, 2018).
269
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223
• Impacts des politique publiques sur l’identité de la ville de casa
Contrairement à son père, Hassan II271, l’implication de Mohamed VI dans les questions
urbaines a contribué à accélérer le développement de grands projets d’aménagement par le
biais des investissements étrangers (Barthel, 2010). En fait, à l’exception du projet de la
mosquée Hassan II, qui représente une expression des traditions artistiques et
architecturales du Maroc ainsi que l’ancienne médina (le noyau historique), le quartier «
traditionnel » néo-colonial des Habous ou Nouvelle médina272, le centre-ville d’origine
coloniale d’architecture art déco moderne qui représentent et renforcent « une identité
culturelle marocaine », le recours à cette logique d’urbanisme par les grands projets a eu de
multiples impacts sur la ville et son identité. Certes, il a réussi à renforcer la spécificité de
la ville en tant que ville portuaire et océanique par la valorisation de sa façade maritime,
mais il a également créé de nombreux problèmes. Organisation incohérente de la ville.
En ce qui concerne les éléments matériels qui composent l’identité de cette ville, ces
politiques ont conduit à la création de nouveaux projets qui rompent complètement avec
les anciens tissus (le modèle idéal de la ville arabo-musulmane). Le manque de cohérence
et d’homogénéité entre eux et leur environnement immédiat, est l'une des principales
caractéristiques de ces projets. En effet, ces nouveaux grands projets, majoritairement de
haut standing, posent des problèmes d’intégration dans leur environnement, conduisant à
des ruptures autant spatiales que fonctionnelles (Aljem, 2018), comme le souligne
également Cattedra (2003) : « les objets que l’on retrouve aujourd’hui étalés sur la vitrine
patrimoniale de la ville n’attestent ni de la même origine ni de la même logique ».
270
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
271
Peu impliqué à la fin de son règne dans les affaires urbaines du royaume.
272
Construite entre les années 1920-1940, exemple présupposé d’urbanité musulmane.
224
Pour ce qui est d’éléments immatériels constitutifs de l’identité de cette ville, ces politiques
ont changé l'image de la ville, longtemps véhiculée dans la mémoire de ses habitants, et
affaibli le sentiment d'appartenance et d’appropriation des habitants casablancais de leur
ville. En effet, de multiples mouvements de repli de population (de revenus faibles et
moyens) vers la périphérie de la ville, en raison de la hausse des prix accompagnant ces
grands projets (comme le projet de réhabilitation de l’ancienne Médina). Le
réaménagement du quartier de la Grande Mosquée a entraîné à lui seul la démolition d’un
secteur de 50 hectares (plus de la moitié de la médina, considéré comme insalubre et sur-
densifié) et la délocalisation de 100 000 habitants (Cattedra, 2003). En centre-ville
également, il y’a eu la destruction de vieilles bâtisses coloniales et récupération des
parcelles pour en faire des hôtels modernes, des tours sièges à louer en espaces bureaux,
d’une architecture moderne. Le centre-ville se vide de l’habitat et renforce l’adjectif de
quartier d’affaires autour du port et des gares ferroviaires comme Casa port. On assiste au
phénomène de gentrification. Le citoyen se retrouve marginalisé et à l’écart de tout
processus de concertation dans les phases amont de définition des projets (Aljem, 2018).
Selon cet auteur, les espaces publics proposés sont réduits en termes de la densité de leurs
programmes, offrant peu d’espace d’urbanité et d’échanges. La mauvaise gestion de la
ville, incarnée par des retards dans la mise en œuvre des programmes socio-économiques,
ainsi que les difficultés sociales sont des raisons qui ont provoqué les problèmes
mentionnés ci-dessus.
6.4 Toulon (France), une ville portuaire aux richesses naturelles indéniables…
225
Figure 6.25. Situation de Toulon par rapport à son Figure 6.24. Situation de Toulon dans son
pays. département (Var).
Source : Wikipédia. Source : Wikipédia.
Au bord de la Méditerranée, Toulon s'est créée le long de la plus grande rade d’Europe. En
effet, la structure exceptionnelle du site a fortement marqué l'histoire et la composition
spatiale de cette ville. Entourée
de hautes collines de calcaire273
et nichée entre la longueur de la
mer et la montagne, Toulon
bénéficie de nombreux atouts
naturels donnant lieu à des
paysages naturels exceptionnels.
Figure 6.26. Vue de la ville de Toulon, sa rade et son port depuis le Mont Faron.
Source : https://www.lesbateliersdelarade.com/histoire-rade.html
À travers sa base navale (le plus grand port militaire français), Toulon est considérée
comme la capitale économique du Var, dont les secteurs de l’administration (publique ou
privées), de services, de commerce, de tourisme et de la recherche constituent l’essence de
l’économie de cette ville. Elle partage avec Hyères-les-Palmiers un aéroport par lequel
transitent environ 500000 passagers par an.
273
(Les bateliers de la Rade, 2019).
226
modeste, considéré comme un débouché important pour son arrière-pays riche par son
agriculture. L’histoire ce cette rade a vraiment commencé avec les rois de France après le
rattachement du royaume de Provence à celui de France en 1481 (Debrie and Lavaud-
Letilleul, 2009).
Le port militaire a joué un rôle rayonnant dans le bassin méditerranéen dans l’histoire de la
marine française depuis 1789. Ce n'est qu'en 1962, avec la fin de la période de la
colonisation française en Algérie, que l'activité militaire intensive de Toulon a pris fin. La
grande complexité de cette rade réside dans le lien étroit entre activités portuaires civiles
« classiques » (fret, ferry, plaisance...) d’une part, et activités militaires de premier rang au
niveau national, d'autre part.
274
Un abri remarquable de grandes profondeurs d’eau pour l’accueil des navires.
275
Le premier établissement militaire en Méditerranée devant Marseille.
276
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
227
Située au fond de la rade277, la ville s’est développée le long de la mer au pied des collines
(Girault, 1986, p. 215) et du mont Faron (PaSquaLini, 2000, p. 34), cloisonné par un relief
marqué. Le transport par voie maritime a été largement préféré car moins onéreux, au
transport terrestre (ibid., p. 35). Grâce à l’ampleur du port, la construction et les activités
ont été étendues (ibid., p. 38).
277
L’Arsenal militaire se situe en plein cœur du centre-ville.
278
« Petit Chicago » ou simplement « Chicago », surnom fut donné par les pêcheurs.
279
La construction à la hâte de nouveaux logements (collectifs).
280
Le taux de chômage à Toulon dépassait les 20 % de la population active en 1999 (Debrie and Lavaud-
Letilleul, 2009).
281
Lié à la mauvaise politique des transports de l'agglomération.
282
Qui ont contribué à la victoire du Front national aux élections municipales de 1995, ce dernier a gouverné
la ville jusqu'en 2001.
228
« Façon odyssée de l'échec pourtant, le Front national accusait en 2001 un lourd bilan »,
dont il a cité de nombreux problèmes tels que ; taux de chômage élevé, absence
d'investissement, endettement de la ville, dépérissement du centre-ville par le vide, etc. Ce
n’est qu’après les élections de 2001 et l’arrivée du maire « Hubert Falco » que la ville a
connu un nouveau souffle, une nouvelle démarche et de nouvelles ambitions.
Au début du XXIe siècle et depuis son premier mandat, Hubert Falco s'est engagé à
adopter une démarche visant à améliorer l’image de Toulon, et à l'affirmer comme une
véritable métropole régionale à travers de grands projets. Le processus de métropolisation
de Toulon est assuré par la conjugaison et mobilisation de divers outils tels que le PDU et
le projet Rade. Force est de constater que le port a été au centre de multiples projets, a subi
une phase de changement profond283, en passant de l'économie productive à l'économie
résidentielle (Debrie and Lavaud-Letilleul, 2009). Le processus de métropolisation de
Toulon ne s'est pas seulement limité au centre-ville, mais il a touché la rade et ses
communes environnantes, ce qui lui a valu l’appellation « Grand Projet Rade ».
Compte tenu des spécificités de cette ville, et afin de miser davantage sur la valeur ajoutée
de chaque opération engagée, des notions clés et des approches particulières ont été
adoptées fixant les priorités des acteurs décideurs et qui sont : développement durable284,
développement des entreprises de haute technologie au bord de la Méditerranée,
développement d’un enseignement supérieur de qualité285, soutien à la création et à
l’installation des entreprises286.
« Ouvrir la ville sur le port en rendant ce dernier aux habitants », sur la base de ce principe,
le port était au cœur du renouveau urbain de la ville de Toulon. Les stratégies suivies pour
la requalification de cette ville étant diversifiées et nombreuses. Nous résumons les plus
emblématiques dans le tableau suivant :
283
Ce qui coïncide avec la remise à plat du schéma de gouvernance local (Debrie and Lavaud-Letilleul,
2009).
284
Adopter une démarche durable, à l’aide d’un référentiel « développement durable » qui guide chaque
porteur dans sa démarche, dont il est exigé de faire une étude d’opportunité sur la mise en œuvre d’une
démarche de type Approche Environnementale de l’Urbanisme pour chaque opération, afin d’assurer une
meilleure maîtrise des conséquences environnementales des opérations engagées.
285
Dont plusieurs laboratoires sont associés à de nombreux projets, des pôles de compétitivité, avec la
Fondation Méditerranéenne des Études Stratégiques, des pépinières et hôtels d’entreprises en cours
d’installation.
286
Notamment celles créatrices des espaces urbains sensibles, permettant de maximiser les chances de
développer et de pérenniser les projets.
229
Tableau 6.8. Les stratégies de requalification de la ville de Toulon.
Enjeux Stratégies Grands projets/actions
Création des pôles de compétitivité : Pôle Mer, pôle technologique de plaisance, Pôle des
énergies non génératrices de gaz à effet de serre CapÉnergies, Pôle Santé Eurobiomed, etc.
Renforcer la Développer les activités maritimes allant de
la grande plaisance à l’implantation Création du Centre d’Essais et d’Expertises en Mer Profonde (CEEMP), développement
vocation d’observatoires scientifiques sous-marins et des champs en Offshore profond et ultra profond
maritime de la d’entreprises spécialisées afin de
promouvoir : les technologies marine et sous- ainsi que le développement des énergies marines renouvelables
ville, ses
fonctions marines et le secteur de la santé Contrat de baie de la rade de Toulon (signé en 2002): Outil essentiel pour une politique de haute
métropolitaines qualité environnementale (il a permis de rassembler tous les acteurs de la vie de la rade autour
supérieures, sa d’objectifs communs).
compétitivité Dynamiser le port et assurer une nouvelle « Protection de la rade par l’aménagement de la grande jetée de Toulon, amélioration de la qualité
et son ouverture maritime" par la réalisation des des eaux de la rade et des milieux aquatiques, développement d’un parc d’activités consacré aux
attractivité, en équipements portuaires favorisant hautes technologies marines et sous-marines et au secteur du yachting professionnel.
se basant sur l'intégration ville/port et la réappropriation du Modernisation de la gare maritime Toulon, réaménagement du Quai du port de commerce (y
les axes du port par la population compris aménagement des espaces de promenades, parking, etc).
développement
durable, de Déployer un système d’enseignement Création d'un Quartier labilisé "de la créativité et de la connaissance" en plein centre-ville de
la haute supérieur et de recherche de haut niveau en Toulon, contenant : une école supérieure d’art et de design, un business school, des bureaux du
technologie, de favorisant la croissance de l’offre de Conseil départemental, une nouvelle médiathèque, etc.
l’innovation, formation en quantité et en qualité, en Nouveau Schéma Universitaire qui comprend des opérations de construction de bâtiments
de la grande renforçant les connexions avec les filières universitaires et de résidences pour étudiants ainsi que des acquisitions d’équipements
plaisance et la économiques d’excellence du territoire tout scientifiques : Institut des Sciences de l’Ingénieur de Toulon, La Maison de la Recherche Euro-
recherche en plaçant l’innovation au cœur du méditerranéenne, l’Institut Ingémédia, Un site scientifique à visibilité internationale pour les
scientifique développement économique et scientifique équipements sous-marins.
Création d'un centre d'activités et d'affaires à vocation métropolitaine : destiné à l’accueil de
Promouvoir le secteur du tertiaire supérieur
fonctions tertiaires supérieures, de sièges d’entreprises, etc.
Assurer une Assurer un système de transports performant
Création d'un tramway et d'une ligne LGV, réaménagement et création de voiries d'entrée ouest
meilleure à l’échelle métropolitaine et une meilleure
de l'agglomération, réalisation d’un équipement de transport collectif en site propre
mobilité dans accessibilité vers et dans la ville
une logique Développer le transport maritime urbain (bateau bus) ou navettes maritimes, par une desserte
durable de Développer des liaisons maritimes : afin plus étendue et des fréquences plus élevées notamment par une évolution du parc de bateaux
renouvellement d’adapter l'offre à la demande croissante (navettes propres et hybrides), une modernisation des points d’accostage actuels et la réalisation
urbain d’une nouvelle gare maritime.
230
Développer un transport de marchandises Transférer sur navire, des camions ou leurs remorques qui empruntent traditionnellement la
durable route
La promotion Promouvoir les secteurs de la croisière et de
Création d’un nouveau port de plaisance et reconversion des friches en espaces dédiés au
touristique du la plaisance plus intégrées à proximité du
tourisme balnéaire.
territoire centre-ville
Inauguration du théâtre Liberté en 2011–labellisé scène nationale : Qui plus que la richesse de
Revaloriser la culture et animer la vie ses programmes culturels, il est devenu un lieu de débats entre citoyens, dont il organise
culturelle de la ville par la création de grands différentes discussions au sujet de tendances émergentes.
équipements culturels en renforçant les Organisation d'une expo Picasso, rénovation du musée d'art de Toulon, création d'un
institutions existantes Conservatoire national à Rayonnement Régional (CNRR), création de plusieurs musées et Halles
Devenir un site
de concert, L’École Supérieure d’Art (ESA), La villa Tamaris Centre d’art, etc.
culturel de «
renommée Fêter le cinéma à tarif réduit.
nationale et Rénovation d'une rue située en centre-ville en une rue des Arts (Inaugurée en mai 2017), où
internationale Organiser des évènements et des festives s’installent des ateliers d'artistes, de stylistes, de musiciennes, de galeries, de créateurs, etc.
» diversifiés et encourager les activités liées à
la culture toulonnaise (tout en revalorisant le Organisation des soirées festives comme le festival Design Parade, une expo Depardon dans le
front de mer) Musée de la Marine, le Festival International de Mode et de Photographie, etc.
Aménagement d’un espace boisé ‹ Châteauvallon ›, qui est devenu une référence tant au niveau
national qu’international, et une scène de nombreux spectacles de cirque, de danse
contemporaine, des projections cinématographiques etc.
Redonner envie aux Toulonnais de venir
L’opération commerciale de la rue Pierre-Semard dédiée à la culture et aux arts de la décoration
consommer dans le centre-ville
Redynamiser Prise en compte des questions du logement, Rénovation du centre-ville, ses façades (opération lancée depuis 2002) et de l'ancien quartier
le centre-ville et dans une moindre mesure celle des crèches surnommé « Chicago »
et lui conférer et d’autres services sociaux. Développer d’une politique de logement permettant d’accueillir les salariés
à nouveau
vitalité et Établissement d'une réglementation : Privilégier les restitutions à l’identique pour éviter les
attractivité Préserver son patrimoine et mettre en valeur anachronismes. Les ornements, les enduits, les teintes et les menuiseries des façades doivent être
l'architecture de sa vieille ville en particulier. conformes à l’état d’origine. Il est toujours indispensable de faire valider un choix de couleur
avant d’entreprendre des travaux ou une rénovation.
231
Laisser une place importante aux espaces
verts, avec plus de cinq cents hectares au Préserver les espaces naturels, aménager les Monts et les massifs de la ville et assurer leur
Préserver la
grand air et la mise en place d’une véritable accessibilité en leurs dotant d'activités pour le public : zoo, mémorial du débarquement, aires de
nature
stratégie de préservation et de mise en valeur pique-nique, sentier de randonnées, etc.
des terres agricoles sur son territoire
Source : (Provence Méditerranée, 2015 ; Actualité Maritime, 2016 ; Guillaume de Saint Vulfran, 2016 ; Guide, 2018 ; Chaffin, 2018 ; Var-Matin, 2019).
Figure 6.30. La place de la liberté à Toulon, où se Figure 6.28. L’évènement TallShips Regatta. Figure 6.29. Châteauvallon - Scène Nationale.
situe le théâtre Liberté.
Source :https://metropoletpm.fr/culture/article/chatea
Source : (Benoît Helme, 2019)287. Source :(Nice-matin, 2013)288. uvallon-scene-nationale
287
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
288
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
232
Dans une stratégie basée sur la revalorisation et l’exploitation des spécificités de la ville,
en tant que ville portuaire, disposant du plus grand port militaire de la Méditerranée, la
politique de développement urbain de cette ville, s'appuyait sur plusieurs sources dont les
plus importants sont celles de la Marine Nationale qui sont à la fois : les espaces réservés
aux activités militaires289, le foncier et ses ressources de savoir et de technologie (marine et
sous-marines290 (Artioli, 2014). Ces ressources sont considérées comme créatrices de
valeur ajoutée dans le développement de la ville. En effet, selon cet auteur, dans le but
d'intégrer la Marine Nationale dans un projet métropolitain, elle était considérée comme
« le berceau de l’expertise et des technologies utiles au développement local ». La base
navale de cette ville est devenue plus tard une référence en matière d’industrie et de la
recherche scientifique de très haute technologie à l'échelle mondiale.
Concernant le port (civil), ses activités, et après son intégration dans le processus de
développement de la ville, parallèlement au port militaire, la fonction portuaire
commerciale, longtemps négligée, entravée par sa mauvaise accessibilité terrestre et
quasiment déconnectée avec l’activité industrielle locale (Debrie and Lavaud-Letilleul,
2009), a finalement été intensifiée, connaissant une des plus fortes progressions en termes
d’accueil de croisières. En effet, le port de commerce est devenu le premier port français
pour la desserte de la Corse avec plus de 65 % du trafic. Non seulement le commerce, mais
aussi, la plaisance291 et les loisirs sont présents dans la rade de Toulon (qui s’étale sur
45.3km de linéaire côtier)292. Contrairement à la pêche, qui est restée une activité
patrimoniale à l’état résiduel, le domaine du passager s'est développé et est devenu une
force dans cette ville. La rade est devenue un lieu touristique privilégié, abritant de
nombreux navettes et bateaux touristiques permettant la possibilité de visiter toute la
région.
289
En particulier ceux situés en front de mer.
290
Conjuguées avec celles de l’entreprise de construction navale DCNS.
291
« Les divers ports de la rade abritent de petites flottes de navire de pêche de faible tonnage, laissant peu
à peu la place aux navires de plaisance, voiliers et yachts de luxe en escale » (Debrie and Lavaud-Letilleul,
2009).
292
cela a donné lieu à « des activités d’échelle très variée : nationale (Marine), macro-régionale (trafics
passager et fret vers la Corse, et dans une moindre mesure vers l’Afrique du Nord ; projets portant sur la
croisière et la grande plaisance) et locale (petite plaisance) » (ibid.).
293
Voir la référence (Provence Méditerranée, 2015) dans la bibliographie.
233
connaissance jouent un rôle crucial, Toulon Provence Méditerranée souhaite favoriser le
développement d’un enseignement supérieur de qualité, axé sur des domaines de
compétences reconnus et en adéquation avec les besoins recensés des entreprises » (p. 17).
En effet, afin de promouvoir la recherche scientifique, plusieurs écoles supérieures, pôles
compétitifs, et laboratoires de recherche ont été créés, devenant des leviers pour
développer des activités technopolitaines (pépinières, hôtels d’entreprises, plate-forme
d’accès mer, etc. Le développement durable et la haute technologie (marines, sous-
marines) sont leurs priorités ainsi que le développement du secteur du tourisme et de la
santé.
Unique par sa richesse naturelle (mer, montagnes) et la beauté de ses paysages, la politique
de la ville s’est engagée à la préservation de cette richesse. Toutes les actions économiques
menées sur ce territoire sont inscrites dans la recherche d’un équilibre entre « assurer un
développement économique et urbain et protéger l’environnement de la ville ». Au fait « ce
territoire a su garder son éclat naturel » affirme Hubert Falco296. En revanche, la ville est
devenue le théâtre de grands événements, à titre d’exemple, depuis l’escale des TallShips’
Races, l’agglomération toulonnaise est devenue une référence en matière d’accueil de
grands et prestigieux voiliers en Méditerranée française ; elle accueille aussi de nombreux
294
Dont « il a fallu préempter, négocier avec les propriétaires, exproprier et reloger la population
concernée »(Artioli, 2014).
295
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
296
Dans le document « Un territoire d'avenir - Une métropole de compétitivité ».
234
évènements nautiques toute l’année comme le Tour de France à la voile ou la semaine
olympique française de voile qui réunit près de 1000 compétiteurs et 400 embarcations.
6.5 Synthèse des trois exemples : croisement de regard entre les trois villes
Le passé des trois villes étudiées, avant leur requalification, se ressemble en grandes partie
au présent (situation actuelle) de la ville de Jijel. En termes de comparaison, les trois villes
(Marseille, Casablanca et Toulon) ont suivi des stratégies basées sur une logique des
grands projets urbains visant à transformer et revaloriser l’image de leur ville, leurs
fonctionnements et leurs identités « la symbolique de la ville » (Berry-Chikhaoui, 2007).
Ces trois villes ont suivi des stratégies différentes mais bénéfiques pour l’espace urbain ;
en transport, en fluidité, en modernité …. Le port étant le lieu noyau qui joue le rôle de
pivot attirant et distribuant les flux autour de lui.
Les stratégies adoptées dans les 3 exemples sont résumées dans le schéma ci-après :
235
La mosquée Hassan II : CASABLANCA MARSEILLE La tour CMA-CGM :
se présente comme un Renforcer le potentiel Promouvoir le Reconversion des se présente comme une
moyen d’expression de commercial tourisme d’affaire friches portuaires représentation
l’art et de la tradition Réhabiliter la vocation monumentale de
Internationalisation
architecturale du Maroc océane de Casablanca Transformation des anciens l’attachement de
de la ville
Sauvegarde du patrimoine Changement du paysage et de silos en salles de spectacles Marseille à son port et
architectural colonial Créer un symbole de la silhouette de la ville à la mer.
la ville Redynamisation du commerce
Réhabilitation de la médina
Asseoir un rôle économique Revalorisation stratégique de Revalorisation de la richesse
la façade maritime Rattraper les retards
durable dans l’économie architecturale
Assurer une connexion entre accumulés dans tous les
mondiale Valoriser haussmannienne
domaines
Création de pôles urbains l’image de la les quartiers périphériques et
le centre-ville Restaurer le contact
secondaires dotés ville Reconvertir les friches et
Création des parcs et entre la ville et son
d’infrastructures et de Renforcer l'attractivité des espaces publics en
revitaliser les zones
port
services nécessaires dégradées
et la compétitivité lien avec la mer tout en
valorisant l’existant
Donner à la ville une Redynamiser et requalifier Construction de
Promouvoir le centre-ville nombreux équipements
dimension durable et
innovante le tourisme culturels et ludiques
Mise à niveau généralisée des
Assurer le plus de Promouvoir le
infrastructures et des services
dégagement visuel tertiaire supérieur
urbains Multiplication des
possible sur le Restructuration et manifestations culturelles
port/la mer modernisation des de grande envergure
infrastructures et des moyens
de transport Préserver les espaces
naturels
Le processus de
métropolisation de Toulon Renforcer la vocation
Développer le Promouvoir le secteur
ne se soit pas limité au maritime
transport maritime de la croisière
Encourager les activités
centre-ville mais il a touché urbain (bateau bus) ou Organiser des festives diversifiés liées à la culture
la rade et ses communes navettes maritimes et évènements nautiques toulonnaise
environnantes. Promouvoir les
Promotion de la technologies marine et
recherche scientifique sous-marines
TOULON
236
Figure 6.31. Les principaux enjeux/stratégies adoptés dans les processus de métropolisation des trois villes. Etabli par l’auteur (2020).
CONCLUSION DU 6ème CHAPITRE
« le port apporte à une ville, un département, une région, un espace national en fonction
de l’usage que l’on en fait » (Debrie and Lavaud-Letilleul, 2009)297.
Le port dans la dynamique urbaine de ces trois villes, représente le cœur de l’organisation
et la structuration de leur armature urbaine. En effet, les trois ports sont passés par des
moments de succès et de régression, ayant affecté le processus du développement urbain,
conjugué par l’exode rural massif, qu’ont connu plus particulièrement les deux villes de
Marseille et de Casablanca, a conduit à la dégradation et la déqualification des villes sur
tous les plans. Cependant, grâce à l’essor économique de leurs ports, conjugué par la
volonté politique, elles ont pu non seulement remédier aux problèmes locaux, mais sont
arrivées à se repositionner à l’échelle nationale, régionale voire même internationale
entrainant une mobilité de biens, de personnes et de services.
Par rapport à notre cas d’étude : Jijel est en train de survivre un essor économique et les
infrastructures qui en découlent - Quelles stratégies adoptées ailleurs peuvent-elles servir
notre aire d’étude ? Comment pouvons-nous tirer profit pour Jijel ? Dans une approche
prospective, basée sur les enseignements tirés de cette approche comparative, nous
jetterons un regard croisé entre les stratégies de requalification de ces trois villes avec
celles de Jijel au chapitre VII de la présente thèse, afin de mieux anticiper son avenir et en
tirer profit.
297
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
237
7 CHAPITRE VII
DISCUSSION : REGARDS CROISES ENTRE PREOCCUPATIONS
HABITANTES ET LOGIQUES INSTITUTIONNELLES DE LA VILLE DE
JIJEL … VERS LA CONCEPTION D’UN OUTIL D’AIDE A LA DECISION
INTRODUCTION
Dans ce chapitre, nous procédons à la discussion en croisant les résultats de notre enquête
auprès des habitants de la ville de Jijel avec les conclusions tirées de l’analyse du terrain
d’étude et des logiques institutionnelles qui dessinent l’avenir de cette ville, ainsi que
celles tirées de l’approche théorique et des expériences des trois exemples étudiés.
L’objectif se décompose en deux éléments.
➢ Identifier les critères (informations utiles pour les décideurs) qui favorisent une
meilleure approche dans la prise de décision dans l’intervention sur cette ville, en
se référant aux demandes des habitants.
➢ Définir une démarche participative, permettant l’intégration de la question de
l’identité et l’implication des habitants dans tout le processus des opérations
urbaines, allant de la définition des objectifs, à l’élaboration du programme jusqu’à
l’approche d’aménagement et les choix « stratégiques ».
La ville de Jijel, objet de notre étude, est en pleine mutation, nous interrogeons ses
stratégies de requalification et de développement à deux niveaux.
➢ Dans un premier temps, nous croisons ces stratégies avec les résultats de notre
enquête, afin de savoir à quel niveau répondent-elles réellement aux préoccupations
de la population.
➢ Une deuxième lecture s’appuie sur une comparaison entre les stratégies suivies par
les acteurs décideurs de la ville de Jijel et celles adoptées dans les trois exemples
(Marseille, Casablanca et Toulon). Le but est de tirer profit pour consolider nos
stratégies.
238
7.1.1 Jijel entre visons des décideurs et aspirations des citoyens …regards croisés
Dans une vision de lecture critique des stratégies de requalification de la ville de Jijel, et
compte tenu de la question de l'identité des territoires, nous procédons à une lecture
croisées tridimensionnelles entre les problèmes et dysfonctionnements urbains que
connait la ville de Jijel, les principaux programmes et projets des politiques publiques
qui dessinent l’avenir de cette ville et enfin les besoins et aspirations des habitants tout
en répondant aux questions suivantes.
• Les politiques publiques appliquées sur la ville de Jijel, à travers leur stratégie de
requalification urbaine, répondent-elles réellement aux besoins et aux aspirations de
la population ?
• Ces stratégies vont-elles vraiment requalifier Jijel et résoudre ses problèmes ?
• L'identité de cette ville a-t-elle été prise en compte dans ces stratégies ?
Au fait, outre le caractère souvent très vague et général des orientions et le décalage
existant entre les stratégies et visions des deux outils PAW et PDAU (chose que nous
avons signalé dans le 4ème chapitre de cette thèse), dont de nombreuses orientations du
PAW n’ont pas été prises en compte par le PDAU de la commune de Jijel, les enjeux ne
font pas toujours l’objet de programmes réels et opérationnels, à titre d’exemple :
• Lutter contre les inégalités spatiales et sociales, et assurer une hiérarchie des
différents centres composant le tissu urbain en assurent leur articulation par des
fonctions intermédiaires : ces orientations issues du PAW de Jijel et du PDAU de la
commune de Jijel sont intéressantes certes, mais trop généralisées et ne font pas
l’objet d’une lecture approfondie et d’une réelle prise en charge. Le PDAU en tant
qu’outil d’aménagement de la commune, n’aborde pas une lecture approfondie
pour montrer un classement ou un zoning des différentes entités en fonction de
caractéristiques qualitatives, par exemple : préciser le niveau et la qualité des
équipements par zone, déterminer les zones déficitaires en termes de transport,
qualité de services... cette lecture globale pourrait être un levier pour atteindre les
objectifs précités. Par ailleurs, Le PDAU n’a fait qu’une quantification et une
présentation de logements, des équipements existants sans prendre en considération
les effets induits. Bref, les enjeux et objectifs susmentionnés restent lettre morte,
sans véritable programme pour les atteindre.
239
Pour que la lecture croisée soit précise et efficace, nous avons jugé utile de la résumer
dans les tableaux suivants :
240
• Le PDAU n’apporte pas de solutions à tous les problèmes dont souffre la ville
comme le problème de congestion, l’absence des aires de stationnement (un seul
parking à étage proposé au centre-ville), alors que le problème touche toute la
ville. Nous constatons également des zones difficiles d'accès en raison de la
présence d’équipements et de services du niveau communal et wilayal, et de la non
compatibilité de la chaussée avec le volume du trafic, alors que les stratégies des
acteurs institutionnels visent à renforcer l’attractivité de ces dernières en installant
de nouveaux équipements dans ces zones, tel est le cas du grand centre commercial,
implanté à la cité Ayouf qui connait déjà une saturation du trafic routier pendant les
heures de pointe(Réf Figure 7.1 ci-dessous). A cela s’ajoutent la mise en place de
grands équipements de niveau régional à l’entrée Est de la ville, ainsi que
d’importants équipements dans le centre-ville colonial. En revanche, une réelle
étude et réorganisation du réseau routier existant n’existe pas, à l’exception de
quelques opérations ponctuelles d’aménagement de carrefours, d’amélioration de la
qualité de la voirie et de création de nouvelles voies souvent à la périphérie de la
ville.
• Aucune mesure n’a été entreprise concernant la qualité des moyens de transport en
commun (problème cité par les habitants interrogés).
• La modernisation des moyens de transport (tramway, téléphérique) en tant que
demande des habitants, n’est pas considérée comme une priorité chez les acteurs
institutionnels.
241
• Adaptation des services du transport collectif existant (horaires, notamment le soir
et la nuit) comme demande des habitants et bien qu’elle constitue une des directives
du PAW de Jijel, le PDAU ne l’a pas pris en compte.
Tableau 7.2. Activités et services entre besoins des habitants et stratégies de requalification.
D’une manière générale, nous pouvons dire que le PDAU de la commune de Jijel répond
relativement aux besoins et aux aspirations d’habitants en matière d’équipements et de
services. Mais dans un avenir proche, les besoins des générations futures seront d’un autre
ordre en corrélation avec la mondialisation et leur arrivée à travers les médias et l’internet.
242
C. Espaces et lieux de repos et de loisirs : Manque flagrant et réponse limitée …
Tableau 7.3. Aires de repos, entre besoins des habitants et stratégies de requalification.
Bien que le PAW de Jijel préconise de réaménager les espaces publics existants (et les
espaces extérieurs des immeubles) en les rendant plus conviviaux, de multiplier les espaces
publics structurants et attractifs (du centre colonial et au niveau des différents quartiers), le
PDAU ne met l’accent que sur les espaces publics situés en plein centre-ville colonial. En
revanche, les femmes interrogées lors de notre enquête, ont demandé des espaces publics
aménagés pour elles-mêmes et leurs enfants.
Tableau 7.4. Le paysage urbain, entre préoccupations des habitants et stratégies de requalification.
243
Face à la multiplication de formes et de styles et par conséquent un paysage urbain
hétérogène, aucune volonté réelle ou mesures bien précises n’ont été prises pour résoudre
ce problème.
Tableau 7.5. Les spécificités de la ville, entre préoccupations des habitants et stratégies de requalification.
244
Vue 3D
Travaux en cours
Figure 7.2. Aménagement de la façade maritime Beaumarchais (travaux en cours et vue 3D du projet final).
Source : Photos prises par l’auteur (2021).
En revanche, selon la loi 06-06 (article 02), la ville est considérée comme « un espace de
création et d'expression culturelle », d’où la sauvegarde, la préservation, la protection et la
valorisation de son patrimoine matériel et immatériel qui devient une nécessité absolue.
Malheureusement, le PDAU n’envisage pas de grandes mesures pour mieux exploiter cette
richesse, à l’exception de la création de nouveaux équipements culturels. Néanmoins, le
PAW de Jijel prend des mesures, à savoir : promouvoir les activités culturelles et
245
développer des métiers en rapport avec la préservation de l’environnement et du
patrimoine, la motivation des jeunes à l’action culturelle sous toutes ses formes.
Développer et soutenir les activités de pêche en tant qu’une des spécificités de cette ville
portuaire, en assurant la compétitivité du secteur, ne fait pas partie de la stratégie du PDAU
de cette commune.
Tableau 7.6. Cadre bâti et cadre de vie des habitants, entre préoccupations des habitants et stratégies de
requalification.
A l’issu de ce tableau, nous notons que les stratégies de requalifications sont trop
générales. Au moment où une intervention de requalification urbaine vise principalement à
répondre aux besoins et aux attentes de la population concernée, les stratégies adoptées
par les acteurs décideurs de Jijel ne répondent pas réellement aux besoins et aux aspirations
de la population Jijélienne. Une stratégie globale et équitable qui vise à requalifier la ville
246
de Jijel n’existe pas. Malgré les directives du SNAT et du SEPT Nord Est qui proclament
la nécessité d’assurer une équité territoriale, le PDAU concentre ces propositions au
centre-ville et à l’entrée Est de la ville, alors que sa périphérie présente de nombreuses
lacunes. En revanche, nous notons également la primauté du quantitatif sur la dimension
qualitative dans la vision du PDAU. Au fait, ce dernier vise principalement à satisfaire les
besoins quantitatifs de la population en termes de logement, d’équipement et de surface
urbanisable.
Nous avons commencé par affirmer que la politique urbaine algérienne est l'une des
principales raisons de la problématique de la ville algérienne, pour arriver aux
constatations suivantes infirmant plus ou moins l’idée :
• La politique algérienne, à travers ses lois et décrets, est très riche et donne de
nombreuses directives qui peuvent apporter des solutions concrètes à de nombreux
problèmes dont souffrent Jijel et les autres villes algériennes. Néanmoins, c’est la
prise en compte de ces directives qui diffère d’un outil à l’autre. D’une échelle à
l’autre, du global ou local, certaines directives sont ignorées, d’autres ne sont pas
prises en charge, rendant l’aboutissement des objectifs une affaire très délicate.
D’après les résultats de notre investigation, ce n’est pas la politique algérienne qui
pose problème en soi, mais plutôt la manière de transcrire ces directives en
projets concrets qui pose problème créant un hiatus rupture entre enjeux
(visions) et projets (programme réel).
• La place de l’habitant algérien, en tant que bénéficiaire, est d’emblée centrale dans
toute intervention urbaine touchant son cadre de vie, nous affirmons que la stratégie
de requalification de la ville de Jijel adoptée par ses acteurs décideurs ne répond
pas réellement aux besoins et aux aspirations des Jijéliens. Au fait, deux
constatations se croisent, au niveau du PAW, la stratégie est assez acceptable, dont
il prend en considération presque la moitié des problèmes de la ville de Jijel, alors
que le PDAU ne les prend pas dans son intégralité.
• Le rôle de l’habitant en tant qu’acteur qui a le droit de faire part à la décision, et
malgré l’institutionnalisation de sa participation, reste toujours en marge des
décisions qui concernent son cadre de vie. Après avoir questionné la place de
l’habitant dans la littérature, nous nous sommes rendu compte que c’est la manière
de faire impliquer le citoyen algérien qui pose problème. Ailleurs, au moment
où le degré d’implication atteint la concertation et la codécision, en Algérie et selon
247
sa législation les formes d’implication du citoyen se limitent souvent à des
processus d’information, de consultation et de participation à la gestion, ce qui
laisse l’habitant dans la position d’un simple bénéficiaire qui accepte ou refuse les
propositions et le programme déjà établi par l'État et ses services déconcentrés, sans
pouvoir partager son vécu et exprimer ses besoins et ses aspirations. Bref, la
législation algérienne, bien qu’elle insiste sur la nécessité de faire participer
l’habitant dans toute intervention concernant son cadre de vie, ne lui donne pas les
moyens et les processus pour une réelle concertation et codécision.
• Le SNAT et le SEPT Nord Est adoptent une vision plus au moins globale qui
touche presque toutes les composantes d’un territoire contrairement au PDAU. Au
fait, nous constatons que la primauté de la dimension matérielle n'est pas liée
seulement à la production de l’espace urbain algérien comme le confirme Chouadra
(2008) aussi à l’intervention sur cet espace. Cette constatation met en évidence les
limites des politiques publics d’intervention aux objectifs et ambitions purement
techniques, mettant de côté toute condition de création de convivialité et de
satisfaction des aspirations des habitants. Ces résultats se rejoignent avec ceux de
Belguidoum (2008), qui affirme, pour sa part, que l’approche techniciste et la
primauté du cadre bâti sur les pratiques sociales ont conduit à la mise en question
des politiques publiques des villes algériennes.
SYNTHESE DE LECTURE
248
opérations urbaines touchant des parties de la ville de manière isolée, dont le logement et
les équipements prévalent sur les autres aspects.
Dans notre recherche, nous avons focalisé notre investigation sur le contenu de ces
politiques, leur nature, leurs enjeux... Nous suggérons d'étudier le processus de conception
de ces projets : par qui ? Comment ? De telles études peuvent-elles répondre à nos
questions ?
« La règle du temps long impose toujours de passer par une prospective à 20 ou 30 ans,
pour définir les caps à viser dans les choix de gestion urbaine à court terme. Mais la
rapidité croissante du changement conduit à accorder beaucoup plus d’importance aux
indicateurs avancés, et notamment à ceux qui peuvent annoncer la nécessité de prévoir des
actions de requalification urbaine de toutes natures » (Wachter and Emelianoff, 2009, p.
119).
« Le recours à des exemples similaires, réalisés dans d’autres villes et dont les effets sont
déjà ressentis pourrait aider à faire ressortir les impacts surtout si le contexte s’y prête »
(Hecham- Zehioua, 2010, p. 256). En s'appuyant sur les résultats du diagnostic effectué au
troisième chapitre et les enseignements tirés de l'approche comparative (chapitre VI de
cette thèse), nous essayons de simuler l'impact des stratégies adoptées par les acteurs
décideurs de Jijel sur la ville, son développement et son identité. Pour sa part, Gaston
Berger a souligné la nécessité de considérer « l’avenir non plus comme une chose déjà
249
décidée et qui, petit à petit, se découvrirait à nous, mais comme une chose à faire », ….
J’observe que l’avenir n’est pas déjà fait, prédéterminé, qu’il est, au contraire, ouvert à
plusieurs futurs possibles : les futuribles » cité par (Jouvenel, 2004, p. 38). En effet, nous
dévons répondre à deux questions principales comme le soulignent Loinger, Spohr &
Godet (2004, p. 25) : « Que peut-il advenir ? Que pouvons-nous faire ? »
Dans une vision prospective, tant que Jijel est un espace urbain en pleine mutation, d’où
différents projets d’envergure sont en cours de réalisation, nous faisons recours à la
technique de l’analyse de contenu qui « permet la possibilité d’études comparatives et
évolutives » (Hecham- Zehioua, 2010, p. 256), afin d’anticiper la vision future de Jijel.
Nous pouvons résumer les effets que pourraient entrainer les grands projets en cours de
réalisation comme suit :
Avant d’anticiper la vision future de Jijel, il est particulièrement important de discuter son
aire d’influence d’aujourd'hui. En effet, selon le SEPT Nord - Est (Tome 01, p. 75) « La
ville de Jijel exerce une influence sur un territoire excessivement montagneux, pauvre et
sous équipé, qui couvre, outre son arrière-pays, la partie Nord de la wilaya de Mila … Sur
les plans économique et social le sous-système de Jijel fonctionne principalement avec
Constantine, Bejaia et Alger ».
Le choix s’est porté sur 3 grands projets considérés par le SEPT Nord - Est 2009 (Tome 2,
p. 39) comme « un espoir pour le développement économique et social de Jijel et son
arrière-pays » à savoir ; la pénétrante autoroutière Jijel – Sétif, le port de Djen-Djen et le
complexe sidérurgique de Bellara.
250
➢ Renforcement de l’attractivité économique de Jijel.
➢ Création d’une dynamique économique via la liaison de la ville de Sétif, le port de
Jijel (Djen Djen) et la zone industrielle de Bellara.
➢ Amélioration de l’accès et les déplacements en minimisant la durée et le coût du
trajet.
➢ Gestion rationnelle des flux des personnes et des marchandises.
➢ Encouragement des investissements publics et privés.
➢ Promotion de l’activité commerciale à Jijel et plus particulièrement dans son chef-
lieu. Rappelons-nous nos discussions avec les marchands d'El Elma à Sétif, en
2015, lors de nos achats d'appareils électroménagers dans cette ville, où certains
marchands nous ont dit :« Nous attendons la réalisation de la pénétrante
autoroutière Jijel-El Elma pour développer notre activité afin de l'installer dans
votre ville, maintenant, ce sont les problèmes d’accessibilité à la ville et la
longueur du trajet qui nous empêchent ».
➢ Contribution à promouvoir les services, l’agriculture et les activité touristiques
dans la wilaya de Jijel, comme le confirme également Bouhelouf-berretima &
Hadjiedj (2018).
Doté d’une position géographique stratégique298, « de 36° 51’ Nord et 005° 54’ Est, à
moins de 50 miles de la route maritime reliant le canal de Suez au détroit de Gibraltar »
(EPJ Djen Djen, 2014)299, le port de Jijel doit profiter de cette opportunité liée à sa position
maritime stratégique. Elle n’est pas son unique atout mais c’est également la présence
d’une « réserve foncière de plusieurs centaines d’hectares dédiée aux futures zones
logistiques qui vont être érigées comme support de l’activité de transbordement » (Ibid.).
298Le port de Djen-Djen se situe à moins de 250 km à vol d’oiseau du port d’Alger, il se trouve sur la même
voie nautique que ce dernier « la Mare nostrum », une des plus anciennes voies de navigation au monde,
empruntée depuis le temps des romains (Aouissi, 2016, p. 173).
299
Site officiel du port, voir le lien dans la bibliographie.
251
40 ha, il deviendra certainement « la principale future plate-forme portuaire d’Algérie »
(Aouissi, 2016, p. 173). En effet, il est appelé à devenir un hub pour les trafics
transcontinentaux, et un concurrent des ports euro-méditerranéens (Aidat and Messaci,
2017, p. 50), en contournant les capacités du port d'Alger (Réf :Tableau 7.7 ci-dessous) qui
est actuellement le premier port commercial national. Ce dernier, à l’instar des ports
d’Annaba et d’Oran, souffre de problèmes d’accessibilité terrestre du fait de sa situation
dans le périmètre urbain de la ville contrairement à celui de Djen Djen qui se situe dans un
site suburbain. Cette vocation et ce rôle que le port de Djen Djen est appelé à jouer,
permettant de redynamiser l’économie locale de la wilaya, aura certainement des
incidences sur la ville et son développement de façon globale.
Tableau 7.7.Evaluation des atouts pour la compétitivité du port d’Alger et le port de Djen-Djen.
La réalisation effective de tous ces projets fera de Jijel une zone compétitive par rapport
aux grandes villes comme Annaba et Skikda non seulement dans le tourisme mais aussi
dans l'industrie et d'autres domaines. Avec la future zone de BELLARA, avec les futurs
projets structurants en voie de réalisation, avec la programmation de différents hôtels
privés et publics, avec l’agrandissement du port de Djen Djen, la ville réputée être une ville
louée (en haute saison car les habitants louent leurs maisons aux estivants et vont ailleurs)
deviendra un aimant surtout si les infrastructures seront mises aux normes en dédoublant
les routes et les rocades. L’ouverture de Jijel sur le monde extérieur lui permettra, à travers
ces projets, de « retrouver son rôle d’antan, celui d’une « zone de transit » entre le nord et
le sud de la Méditerranée » (Abdelaziz, 2015)300. Cependant, il convient de noter que ces
projets ont également des effets négatifs car ils entraînent des risques pour l'environnement
300
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
252
(pollution, circulation, etc.), d’où la nécessité à des études d’impacts afin de minimiser ces
impacts négatifs.
Outre ces effets, que nous qualifions « d’absolus », d’autres répercussions peuvent se
produire. À ce propos, deux scénarii peuvent être déduits :
253
7.1.2.3 Inscription de Jijel au rang des grandes métropoles modernes, compétitives
et attractives ?
Dans ce cas-là, nous pouvons considérer tous ces projets comme un premier pas vers une
réelle métropolisation de Jijel inscrivant son devenir dans une vision globale de
métropolisation, émanant d’une réelle volonté politique pour positionner Jijel à l’échelle
régionale et nationale comme nous avons vu dans les cas de Marseille, Casablanca et
Toulon. En fait, le développement économique et tous les impacts prospectifs que nous
avons conclus ne peuvent pas seuls construire une métropole, mais doivent être soutenus
par d’autres stratégies, à savoir : valoriser l’image de la ville, renforcer son identité de ville
portuaire en revitalisant son front de mer (water front) en offrant des espaces agréables à la
population et en rétablissant le contact entre la ville et son vieux port, en donnant à la ville
une dimension durable et innovante, en développant le tourisme, le tertiaire supérieur, en
dotant la ville des équipements de haut standing … , mais surtout et avant tout en essayant
de répondre aux besoins et aux aspirations de sa population.
7.2 Les éléments constitutifs de l’identité d’un territoire … des leviers pour révéler
sa spécificité …
L’identité des territoires comme levier de requalification, quelle approche pour une
meilleure prise en charge ?
Pour répondre à cette question, nous nous somme référés au travaux de recherche de
Edouard (2019), qui stipule que les villes moyennes et petites sont plus susceptibles de
dépeindre leur processus de requalification, afin de renforcer leur attractivité, d’une
manière originale et identitaire en soulignant : « L’attractivité organisée par les petites
villes s’intègre-t-elle aux champs de la gestion locale (culture, urbanisme, développement
local, image). Elle acquiert donc une plus grande dimension stratégique dans la mesure où
elle autorise un approfondissement des spécificités locales. Elle pourrait permettre un
positionnement plus original basé sur une meilleure différenciation de l’offre par rapport
aux autres échelons territoriaux, voire entre les petites villes »301.
Dans un monde caractérisé par une concurrence intense entre les villes, l’identité des
territoires est devenue « un enjeu politique », « une plus-value économique » et un levier
de différenciation (Ben Jemia, 2014). En effet, l’identité d’un territoire (d’une ville, d’une
301
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
254
région ou d’un quartier) peut être révélée à travers des opérations de requalification
urbaine, classiques et selon la logique des grands projets urbains. Force est de constater
qu’il faut inscrire tout processus de requalification dans une logique alliant deux enjeux à
la fois : la nécessité de construire « une cohésion interne » (Bautès and Guiu, 2010) au
même niveau que la recherche d’une attractivité et une lisibilité externe.
La prise en charge de la question d’identité n’est pas une affaire facile, mais elle est très
délicate. Tenir compte des spécificités locales de l’espace en question constitue une clé
pour révéler son identité. A l’issue de nos lectures, nos résultats de l’enquête sur terrain
et les résultats de l’approche comparative, nous pouvons dire que l’identité d’une ville peut
être révélée à travers les points suivants :
7.2.1.1 Préserver les lieux présentant une valeur historique et un aspect esthétique
affirmés
255
de Toulon et celui de Marseille302 bien qu’il soit paupérisé, sans oublier le centre-ville de
Jijel qui a pu acquérir une importance chez la population Jijélienne en raison de son aspect
architectural spécifique.
La valorisation de ces espaces redynamise son environnement et donc sa ville, valorise son
image, préserve également « la ville du passé » (Cattedra, 2003). Force est de constater que
la majorité de ces espaces sont classés comme patrimoine, alors qu’il est nécessaire de bien
comprendre et de saisir avec précision la nature de l’opération à mener. En effet, préserver
les monuments anciens d’une ville qui en font son cachet et son esprit c’est préserver « la
personnalité » de cette dernière comme le confirme l’archéologie Benssenouci El Ghaouti
dans l’article de presse « La gouvernance urbaine, le défi des villes algériennes ».
7.2.1.2 Créer de nouveaux espaces modernes sur la base des valeurs culturelles,
architecturales et historiques
L’exemple de la mosquée Hassan II est le meilleur exemple pour montrer que non
seulement les espaces anciens ayant une histoire peuvent former à eux seuls une identité
matérielle d’une ville, mais que de nouveaux endroits le font également. En fait, bien qu'il
ait été construit récemment (dans les années 1990), il a pu acquérir de l’importance en tant
qu’ élément structurant d’une centralité renouvelée et un moyen d’expression de l’art et
des traditions architecturales du Maroc , comme le confirme (Cattedra, 2003). En raison de
sa conception, de son emplacement, et de son style qui allie entre valeurs architecturales
marocaines enracinées et critères de modernité, ils ont pu créer un nouvel espace moderne,
beau à la base de leur histoire, de leur valeur, de leur culture et de leur religion.
Unique par son architecture et sa position qui en fait un point d’appel largement visible
depuis plusieurs endroits, la tour de Zaha Hadid à Marseille, borde la ville et son port, en
fait une marque de l’identité de cette ville en tant que ville portuaire fortement attachée à
son port depuis les temps anciens.
L’architecture et l’aménagement urbain sont des outils et des moyens pour construire et
donner à une ville sa personnalité et sa spécificité. Il est nécessaire de créer de nouveaux
espaces modernes et agréables en se basant sur les valeurs spécifiques de l’espace
302
Notamment le plus bel ensemble haussmannien.
256
concerné, leur donnant une marque et une identité particulière comme le confirment aussi
de leur part Sénécal, Malézieux & Manzagol (2002) en soulignant : « ...la construction des
symboles est un ingrédient du façonnement de l’espace » (p, 3). Le choix d’emplacement
(assurer une meilleure visibilité), de la forme (assurer l’unicité de son aspect architectural)
et du style (assurer une refondation des valeurs culturelles et architecturales) sont des
critères fondamentaux.
Par paysage nous entendons paysages urbain, paysages naturels… C’est en quelques sorte
le reflet concret de l'histoire, de la culture et des caractéristiques naturelles d’un espace
formé d’entités différentes mais spécifiques. En critiquant les politiques d’intervention
urbaine mises en œuvre jusqu'à présent et leur impacts négatifs sur la qualité des paysages,
Safri & Labii (2017, p. 149) stipulent que « L’urbanisme traitant l’espace urbain au cas
par cas, se limitant au plan de masse comme simple outil d’intervention, est révolu en
faveur de démarches globales et intégrées tels les projets urbains paysagers ».Dans le
cadre des opérations de requalification urbaine, le rôle du paysagiste est devenu
incontournable dans la construction de paysages urbains de qualité. En effet, la mise en
place de trois tours à grande hauteur, à savoir : la Tour CMA CGM de Zaha Hadid, le
MuCEM et La tour de logements H99 à Marseille, ont conduit au changement du paysage
et de la silhouette de cette ville « le renouveau de la skyline marseillaise ».
A Jijel, l'une des principales raisons du mécontentement des habitants face à la situation
actuelle de leur ville, est la dégradation de l'état et la mauvaise qualité de l'environnement
bâti (non achèvement des constructions, caractérisées par une architecture monotone) qui
nuisent à l’image et au paysage de leur ville. Il faut noter et rappeler que l’insatisfaction de
certains habitants a affaibli le sentiment d’appartenance à leur ville (selon les résultats de
notre enquête).
257
Encourager toute forme d’architecture patrimoniale propre à chaque région (ville), ainsi
qu’un urbanisme adapté à chaque territoire en fonction de son microclimat et de sa culture
locale et assurer l’insertion de tout nouveau projet dans son environnement immédiat, sont
des recommandations possibles pour faire face au phénomène de « dématérialisation les
lieux » (Chouadra, 2008). L’article 55 de la loi 90.29 y fait référence.
A la différence des paysages d’une ville qui ne s’expriment qu'à travers la dimension
physique matérielle, l’image est beaucoup plus globale. L’image de la ville n'est pas
seulement liée à l'aspect visuel, c’est-à-dire aux paysages perçus, mais aussi à d'autres
caractéristiques de la ville qui peuvent être d’ordre social et qui agrémentent le cadre de
vie de ses habitants. Par exemple, à Jijel, selon les résultats de notre enquête, nous avons
constaté que le sentiment de sécurité dans la ville, en particulier dans son centre-ville, ainsi
que le calme, sont des caractéristiques qui ne sont pas citées uniquement par ses habitants,
faisant également de cette ville une destination privilégiée pour certains touristes.
La perception d’une ville par ses résidents ou par ses visiteurs reflète une partie essentielle
de son identité. En effet, l’agencement de différentes entités, des espaces publics, des
vides et des pleins, constituent ensemble l’image de cette ville. C’est une traduction
visuelle et concrète de la spécificité de chaque espace. Bien que cette perception varie
entre hommes et femmes, adultes et personnes âgées, résidentes et visiteurs, il existe
toujours des points communs entre ces perceptions. En effet, La présence d’éléments
remarquables, uniques, clairs et faciles à identifier et à percevoir, ancrent une image
reconnaissable telle que celle de Marseille, qui a pu donner une image identifiable tandis
que leur absence donne une image négative comme dans notre cas d’étude où les résidents
portent généralement une image négative de leur ville, immergée dans des constructions
inachevées, dans l’anarchie et l’absence de cohérence globale donnant lieu à un désordre
visuel total. Seulement, en dehors du périmètre urbain de la ville de Jijel, sa beauté
naturelle y domine.
Dans un système concurrentiel entre villes, « l’image revêt une importance primordiale
pour le positionnement des villes » (Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 3). Le
recours à des grands projets urbains constitue un outil pour revaloriser cette image, qui
258
«..doit personnifier la ville, au besoin corriger une image défavorable ou terne, la doter de
qualité spécifiques » (op.cit.) comme nous l’avons vu dans le cas de Marseille en
construisant la tour…, dans le cas de Casablanca en construisant la mosquée Hassan II…
L’emplacement géographique d’une ville lui confère une spécificité portuaire, physique,
naturelle lui donnant de l'importance et de la particularité tant sur le plan économique, que
dans l’organisation et le fonctionnement de la ville. Les caractéristiques qui en
découlent de cette position géographique à savoir : nature du relief, richesses naturelles :
mer, montagne, corniche…, donnent lieu à des paysages naturels époustouflants. Dans ce
cas-là, nous considérons le territoire (le site) lui-même comme « producteur d’identité »
(Fourny, 2008, p. 111), et par notre action sur ce dernier, cette identité peut être détruite,
renforcée ou transformée comme le confirme (Chouadra, 2008, p. 5) :
259
l’avons vu dans le cas de Toulon, ville abritant diverses ressources et richesses naturelles,
elle a essayé d’exploiter cette spécificité en protégeant d'abord cette richesse, en organisant
des festivités au bord de la mer pour renforcer et montrer son attachement à la mer, en
faisant des sentiers et des circuits touristiques, et en aménageant un espace boisé ‹
Châteauvallon ›, qui est devenu une référence tant au niveau national qu’international, et
une scène de nombreux spectacles. Cela contribue à protéger, promouvoir et assurer une
meilleure exploitation. Le projet de la Marina, les activités nautiques liées au port de
plaisance à Casablanca le sont aussi.
303
Dans un article de presse de Nawel. D (2010).
260
7.2.5.1 Promouvoir des évènements culturels à l’échelle régionale, nationale et
internationale (faire des événements culturels une marque identitaire)
Les évènements culturels à grande échelle peuvent non seulement réactualiser la vie
culturelle au sein de l’espace concerné, permettre à ses habitants de réapproprier leur
espace, mais également de devenir une marque à l’extérieur, comme le montre les deux
exemples de Toulon et de Marseille, où les événements et les manifestations culturels (de
grande envergure) sont devenus des promoteurs de l’attractivité et de l’identité culturelle
de ces villes. Ceci est consolidé par la création de vastes lieux d’exposition et de grands
équipements culturels d’échelle régionale et nationale.
Comme nous avons vu dans l’étude de nos exemples ainsi que les résultats de notre
enquête, les valeurs liées aux aspects traditionnels de la ville sont souvent négligées par
toute politique d’aménagement et d’urbanisme, alors qu’elles peuvent constituer de
véritables leviers pour révéler l’identité urbaine et culturelle. En fait, à l’exception de
l’exemple de Toulon, où la rénovation d'une rue située en centre-ville en une rue des Arts
(Inaugurée en mai 2017), où s’installent des ateliers d'artistes, de stylistes, de musiciens, de
galeries, de créateurs, a permis la promotion d'activités liées à la culture de la ville
(L’opération commerciale de la rue Pierre-Semard dédiée à la culture et aux arts de la
décoration).
Ce type d’opération offre une opportunité non seulement d’assurer la pérennité de ses
activités et de les protéger de toute sorte de perte mais aussi de donner aux visiteurs
l’occasion de voir et d'en apprendre davantage sur l'un des éléments indispensables de
l’identité urbaine, celui de la culture et les traditions (découvrir des caractéristiques propres
au territoire). Face au défi de la mondialisation, encourager le commerce associé aux
valeurs culturelles propres à chaque ville comme : promouvoir la gastronomie locale en
créant des restaurants qui servent des plats traditionnels spécifiques à l’espace, encourager
les commerces qui proposent des tenues traditionnelles locales, des arts plastiques... dans
un cadre planifié et réglementé, peut constituer un levier pour révéler l’identité de
chaque territoire.
Ces trois procédures pourraient redynamiser la ville concernée, valoriser son identité et la
rendre plus attractive en créant une attractivité à la fois économique, touristique et
culturelle, mais également satisfaire la demande touristique et répondre aux aspirations
culturelles et artistiques de sa population. Relier ces activités culturelles à la vocation
maritime de cette ville, comme ce fut le cas à Marseille, où un « waterfront culturel » a vu
le jour, pourrait renforcer également son identité culturelle et maritime.
262
culture de fraises, peuvent non seulement développer la région économiquement mais
devenir des marques identitaires de toute la wilaya. En effet, devenue ces dernières années
une des villes leader dans la production de fraises au niveau national304, Jijel célèbre
chaque année la fête de la fraise avec la participation de diverses communes de la wilaya
en organisant un concours pour le meilleur producteur de gâteaux aux fraises et le meilleur
exposant de fraises.
La valorisation des savoirs et des savoir-faire par la mise en place de grands équipements
comme les universités et les centres de formation, peut certes développer le niveau du
secteur éducatif dans le territoire concerné, renforcer également son attractivité, mais,
associer ce secteur stratégique au développement des particularités de la région peut servir
de support pour renforcer son identité. Telle était le cas de Toulon, où ses politiques
publiques ont adopté des stratégies pour déployer un système d’enseignement supérieur et
de recherche de haut niveau en favorisant la croissance de l’offre de formation en quantité
et en qualité, et en renforçant les connexions avec les filières économiques d’excellence du
territoire. En effet, afin de promouvoir la recherche scientifique, plusieurs écoles
supérieures, pôles compétitifs, et laboratoires de recherche ont été créés, et qui sont
devenus des leviers pour développer « des activités technopolitaines (pépinières, hôtels
d’entreprises, plate-forme d’accès mer…). L'ensemble de ces opérations a conduit au
304
Elle a été classée première en 2017 avec une production de 52 mille quintaux et une superficie totale de
175 hectares. Force est de constater également que les quantités abondantes de production de fraises ont
permis à cette ville de les exporter vers les pays arabes du Golfe et la Russie ces dernières années, selon un
article (publié en arabe) de Bourenen (2017).
263
développement des activités spécifiques à la région comme le secteur de la marine, sous-
marine, etc.
En revanche, les initiatives prises par les jeunes Jijéliens au cours de la période récente ont
contribué à valoriser l’image de certaines portions de la ville et à leur conférer une marque
et une particularité. La mise en valeur de ces pratiques, qui animent leur vie quotidienne,
peut marquer l’identité et la particularité de la ville, en revalorisant son image comme le
confirme Forêt (2007) en disant :« …. la possibilité de trouver chez les autres habitants du
quartier quelque chose de soi qui fait qu’on se sent “d’ici” même lorsque l’on vient
d’ailleurs » (p. 7). Au fait, l’encadrement adéquat des initiatives locales, visant à intéresser
et à inciter les citoyens à participer au règlement de leurs problèmes et à l’amélioration de
leurs conditions de vie, fait l’objet de l’article 12 de la loi 11-10.
Les espaces publics en tant que lieu d’échange, de rencontre et de communication, peuvent
contribuer à renforcer l’identité du territoire concerné. En effet, la création d’espaces
publics qui répondent aux besoins et aux aspirations de la population permet aux
habitants de réapproprier leurs espaces, et de faire revivre les notions de voisinage, de
bien-être et de convivialité. Des grands parcs périphériques (tel est le cas du projet récréatif
du Ghaba Parc305 à Kissir Réf Figure 7.4ci-après) au petit parc urbain et jardins publics, leur
création est une nécessité absolue tout en offrant une véritable bouffée d’air frais aux habitants,
et en donnant plus de place aux piétons et aux vélos.
305
Qui est en cours de réalisation.
264
Figure 7.4. Le projet récréatif à Kissir, entrée en service de sa première tranche le 12 Mars 2021.
Source : Photos du projet publiées par le groupe de Facebook « JijelNews » en Février 2021 annonçant son
ouverture prochaine.
Synthèse : outre la nécessité de répondre aux besoins logiques de ses habitants, à savoir la
nécessité de disposer de logement de qualité, d’un accès facile par des moyens modernes et
adéquats, ainsi que de bons services et de bonnes infrastructures, la question de l’identité
doit être aussi prise en compte dans toute politique d’aménagement et d’urbanisme. Une
meilleure prise une charge des éléments identitaires précités dans les processus de
requalification urbaine pourrait révéler son identité. Or, souvent, les politiques publiques
ne prennent pas en considération toutes les dimensions de l’identité, comme le confirme
(Forêt, 2007, p. 7),mais seulement celles qui visent la valorisation, la protection et la
préservation du patrimoine urbain (en tant que composant identitaire de toute ville), en
particulier des immeubles et constructions d'intérêt historique et culturel partagé, ce qui
permettra de préserver l’identité culturelle de la ville.
265
Pour répondre à une telle préoccupation, et après avoir analysé le territoire de façon
détaillée, accordé une attention particulière à la voix de ses habitants (leurs besoins et leurs
pratiques) en vue d’intégrer leurs avis dans toute opération future qui peut être envisagée
pour requalifier leur ville, et enfin d'identifier les éléments sur lesquels il faut agir pour
lutter contre le processus de perte d’identité (à travers les enseignements tirés de notre
approche comparative), nous concluons notre travail de recherche par une suggestion.
Force est de constater qu’une opération de requalification doit répondre à une série de
questions, que nous résumons comme suit :
• Qui ? Toute opération d’intervention sur un espace donné doit répondre aux
besoins et aux attentes des personnes qui y résident de façon permanente ou
temporaire, nous parlons ici de : résidents permanents, touristes, étudiants
universitaires, investisseurs, etc.
• Quoi ? la réponse à cette question résume les enjeux et les objectifs de ces
opérations urbaines, ce qu'ils apporteront au cadre de vie actuel pour satisfaire la
population, solutions aux problèmes, valeur ajoutée, etc.
• Comment ? La réponse à cette question requiert à la fois une complémentarité de :
besoins de la population, les éléments constitutifs de l’identité du territoire
concerné (ses ressources et ses activités clés) sur lesquels il faut baser tout
processus de requalification et finalement les partenaires nécessaires pour assurer
une concertation efficace, en tenant compte de tous les acteurs concernés.
La transition d'un discours scientifique à un instrument opérationnel nécessite l'adoption de
moyens et d'outils appropriés pour incarner nos défis, objectifs et approches. Pour cette
266
raison, nous avons inspiré notre outil d’aide à la décision d’un outil économique labélisé
« business model canvas » qui est facile à utiliser et qui répond parfaitement à nos
objectifs. Nous adaptons cet outil à notre contexte.
Comme nous avons dans le 2ème chapitre de la présente thèse, les principaux spécificités et
caractéristiques de cet outil « business model canvas », qui est destiné essentiellement au
domaine de l’économie, de business et du marketing, résident en la recherche de se
démarquer par rapports aux différents concurrents (Carre, 2018) et à construire un modèle
économique et lancer une offre ou un service sur la base des activités et de ressources clés
d’une entreprise. Il permet de transcrire et par conséquent de donner une forme concrète
d'ambitions et des éléments clés dans le cadre d’un projet organisé « en un tout, d'abord
cohérent, ensuite pertinent, voire innovant » (ibid.)306.
Rappelons-nous que la question qui a déclenché notre réflexion était : comment peut-on
offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au sein de leur ville grâce au
processus de requalification urbaine ? En d’autres termes, comment révéler l'identité d'une
ville lors des opérations de sa requalification ? Et par quels moyens ?
L’objectif de notre travail de thèse est de montrer comment est-ce que les opérations de
requalification urbaine peuvent révéler l'identité d’une ville, et que cette identité, quant à
elle, est un moteur et un levier de développement de la ville tout en lui offrant son
caractère unique et ses spécificités dans un monde concurrentiel, d’où la nécessité de se
démarquer est indispensable.
306
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-.
267
En revanche, la participation de tous les acteurs concernés est une nécessité absolue pour
assurer la réussite de toute opération de requalification. L’adoption de cet outil nous
permettra aussi d’identifier tous ces acteurs et de les mettre en relation avec la stratégie de
développement en leur garantissant une meilleure implication.
Activités Relation
clés client
Proposition de
valeur
Client
Partenaires
clés
Coûts Revenus
Ressources
clés Canaux
Nous pouvons résumer nos objectifs de l’adoption de cet outil en termes de requalification
urbaine comme suit :
Avec Qui ? Avec Quoi ? Quoi ? Comment ? Pour Qui ?
Identifier tous Identifier les Transcrire la Identifier les Identifier la
les partenaires ressources et stratégie de moyens de population
concernés les activités clés requalification communication concernée
1 4 3
2
Assurer une
Assurer leur Mettre en Développer le meilleure Assurer une
meilleure évidence les territoire et répondre concertation et meilleure prise
implication particularités du aux besoins de la implication de la en charge de
territoire population population leurs besoins
Fonder la stratégie de requalification sur une meilleure exploitation des éléments identitaires du
1
territoire
2 Identifier tous les acteurs concernés en leur permettant une meilleure implication
Assurer une meilleure concertation de la population et par conséquent savoir ses besoins, ses
3
attentes tout en essayant de les satisfaire.
Figure 7.6. Adaptation de business model canevas au service des opérations de requalification urbaine.
Source : établi par l’auteur (2020).
268
Il est à noter que les deux dernières cases liées à l'aspect financier (comme le montre le
tableau 7.8 ci-après), c’est-à-dire la case de structure de coûts et celle des flux de revenus
reste du domaine des spécialistes en économie et qui dépasse nos prérogatives. Notre
recherche en premier lieu est de proposer une démarche/approche assez complète des
opérations de requalification qui permet de révéler son identité. En fait, notre objectif est
de savoir comment procéder à requalifier un territoire quel que soit son échelle : ville,
quartier...
Tableau 7.8. Élimination des deux dernières cases liées à l'aspect financier de l’outil.
Ressources
Canaux de distribution
clés
Avec quoi
Comment ?
?
Structure de coûts
Domaine des économistes à Flux de revenus
consulter pour une meilleure Combien ?
Combien ?
prise en charge et un
affinement de l’outil.
Il convient également de noter que les trois cases ; « activités clés », « ressources clés » et
« segments client », sont indissociables de la case « proposition de valeurs ». En fait,
l’absence de l’une des trois premières peut conduire à un échec de la stratégie de
requalification, tandis que l’interaction effective et efficace entre les 4 cases peut donner
une stratégie de requalification urbaine complète, basée sur une réflexion plus stratégique
mettant en interaction tous les ingrédients nécessaires à sa réussite.
269
réussite des opérations de requalification urbaine, qui reste un défi selon les résultats de
notre recherche.
Notre recherche dotera les villes (et les collectivités locales) d’une approche et des
moyens ; un outil d’aide à la décision, pour pouvoir assurer la prise en charge de la
question d’identité, des besoins et des attentes des habitants algériens dans les opérations
de requalification de leurs villes, en assurant un équilibre acceptable entre ses
différentes composantes identitaires. En effet, cet outil peut être utilisé comme modèle
dans les processus de requalification des villes algériennes en l’adaptant au contexte et aux
spécificités de chaque ville, c’est-à-dire à ses ressources et ses activités clés.
270
Tableau 7.9. Requalifier la ville de Jijel à l’aide du Business model canvas.
La proposition de valeurs (La valeur
Partenaires clés Activités clés Relation client Segments client
ajoutée/ offre)
Pour une opération de Deux étapes sont à la Identifier à qui
Identification des
requalification urbaine stratégique Les opérations de requalification de la fois complémentaires s’adresse le projet de
acteurs concernés :
et révélatrice des spécificités de la ville de Jijel doivent prendre en et indispensables pour requalification
1. Les acteurs décideurs :
ville de Jijel, les activité clés à considération les points suivants : assurer une urbaine :
l’Etat et ses services
prendre en considérations sont : 1. Fonder une stratégie de requalification communication 1. Les résidents
déconcentrés ; chargés de
* Tourisme * Pèche * Croisière pour et avec les habitants. efficace entre les (Hommes, femmes) :
la mise en place et la
* Administration (tertiaire et tertiaire 2. Répondre aux besoins et aux décideurs et l’habitant- 1.1. Permanents :
veille sur le respect des
supérieur) * Commerce aspirations de sa population, à cet effet, citoyen en tant que * Personnes âgées
orientations.
* Agriculture * Enseignement les décideurs doivent prêter attention non bénéficiaire : *Adules
2. Les bureaux d'études et
supérieur seulement à tous les besoins exprimés 1. Information : à * Enfants
les spécialistes du
par ses résidents permanents (Réf travers : des banderoles, D’une tranche d’âge à
domaine : chargés de la Ressources clés
Tableau 5.2, p.177- attentes des des affiches, des l’autre les besoins se
conception du projet. 1. Infrastructures : Port, Aéroport. personnes interrogés-), mais également à annonces sur web (écrit, diffèrent.
3. Investisseurs 2. Humaines (une population jeune) ceux de ses résidents temporaires. Savoir vidéo, audio), etc. 2.1. Temporaires :
4. Université 3. Potentialités naturelles : les attentes de ces derniers, c’est-à-dire 2. Concertation : faire * Etudiants (hors
5. Habitant (individuel, * Mer ; plages, corniches * Montagnes avoir un regard depuis l’extérieur part des décisions - wilaya, hors
sous forme d’associations et forets * Paysages naturels * Faunes pourrait aider à mieux affiner ce savoir les besoins des communes) : du fait de
et/ou de comités de et flores * Ressources en eau processus. clients et essayer de les la présence
quartiers) : dans ce cas, 4. Economiques : d’université et des
3. Prendre en charge les points satisfaire à travers : des
nous le considérons * richesses halieutiques : poissons, essentiels à la révélation de l’identité que entretiens (enquête), des centres de formation.
comme acteur efficace. crustacés * Produits agricoles : comme nous avons dégagés dans ce chapitre, pp. comités de quartiers, des * Investisseurs
Selon les résultats de notre les fraises * ovins et bovins associations culturelles, * Travailleurs
255-265, parmi lesquels nous citons :
enquête, nous devons aller 5. Culturelles et patrimoniales : etc. * Touristes :
* Création de nouveaux espaces
au-delà de le considérer * Gastronomie Jijélienne * Fêtes modernes sur la base des valeurs Canaux de distribution ▪ Jeunes
comme un simple religieuses et nationales * Artisanat et culturelles, architecturales et historiques ; ▪ Familles
bénéficiaire, mais traditions * Sites archéologiques et * Promouvoir les activités commerciales Workshop, Réseaux Une ville réputée par
l’impliquer davantage historiques liées à la culture et aux traditions sociaux, Page officielle son cachet
dans le processus de 6. Socio-économiques : spécifiques à la région de la ville, Forums de conservateur, qui en a
requalification, par un * Ville calme, conservatrice et * Multiplication des événements discussion, Radio, TV, fait une destination
encadrement adéquat de sécurisée * Population accueillante culturels à grande échelle, etc. etc. touristique prisée des
ses initiatives locales.
Source : établi par l’auteur (2021). familles algériennes.
271
00
Identifier tous les Identifier toutes les Proposition de valeurs (Projet de Identifier la relation Identifier la population
partenaires/acteurs clés activités clés requalification urbaine) population/décideur concernée
Figure 7.7. Le business Model Canvas : un outil d’aide à la décision pour requalifier la ville de Jijel. Conçu par l’auteur (2021).
272
CONCLUSION DU 7ème CHAPITRE
Les stratégies adoptées par les pouvoir publics pour requalifier la ville de Jijel, même si
elles répondent partiellement aux besoins de ses habitants, elles ne prennent pas en
considération tous ses éléments identitaires. En comparant ces stratégies avec celles
adoptées dans les trois exemples, nous constatons que cette ville abrite toutes les
potentialités nécessaires pour devenir une métropole. En fait, la réalisation effective des
tous ces projets feront de Jijel une zone compétitive par rapport aux grandes villes comme
Annaba et Skikda non seulement dans le tourisme mais aussi dans l'industrie et d'autres
domaines. Avec la future zone de BELLARA, avec les futurs projets structurants en voie
de réalisation, avec la programmation de différents hôtels privés et publics, avec
l’agrandissement du port de Djen Djen, la ville réputée être une ville louée (en haute saison
car les habitants louent leurs maisons aux estivants et vont ailleurs) deviendra un aimant
surtout si les infrastructures seront mises aux normes en dédoublant les routes et les
rocades. En revanche, nous pouvons considérer tous ces projets comme un premier pas
vers une réelle métropolisation de Jijel inscrivant son devenir dans une vision globale de
métropolisation, émanant d’une réelle volonté politique pour positionner Jijel à l’échelle
régionale et nationale comme nous avons vu dans les cas de Marseille, Casa et Toulon.
La prise en charge de la question d’identité n’est pas une affaire facile, mais elle est très
délicate. Tenir compte des spécificités locales de l’espace en question constitue une clé
pour révéler cette identité. La transition d'un discours scientifique à un instrument
opérationnel nécessite l'adoption de moyens et d'outils appropriés. Pour cela, nous nous
sommes eu recours à un outil économique labélisé « business model canvas » qui est
facile à utiliser et qui répond parfaitement à nos objectifs. La pertinence de cet outil
réside dans sa forme et son principe de synthèse et d’interaction entre les différentes
cases, en effet, la présence de tous les éléments nécessaires pour requalifier un territoire
sur une même feuille, permet de donner un regard complet et global, de prendre en charge
tous les éléments sans risquer d'oublier, de négliger et de dominer un élément sur l’autre.
273
CHAPITRE VIII
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
En tant qu’urbaniste de formation, nous sommes parties d’une problématique générale dont
souffre la plupart des villes algériennes, à l'instar des autres villes, celle du
dysfonctionnement urbain suivi par un processus de perte de leur identité. En effet, entre le
problème d’étalement urbain démesuré, laissant derrière lui des vieux centres abandonnés
et des espaces périphériques sans âme ni références identitaires, et avec le phénomène de
mondialisation, la ville peine aujourd’hui à se démarquer et à trouver sa singularisé dans
un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre villes est intense. La question de
départ était : comment peut-on offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au
sein de leur ville grâce au processus de requalification urbaine ? En d’autres termes,
comment révéler l'identité d'une ville lors des opérations de sa requalification ? Et par
quels moyens ?
L’étude de cette question de point de vue théorique nous a permis de déduire ce qui suit :
• La requalification urbaine est une intervention qui a pour objet le retour à la ville.
Elle s’intéresse souvent aux territoires dysfonctionnés, qui ne répondent ni aux
besoins, ni aux aspirations de sa population. Elle concerne des territoires à
différentes densités et de différentes échelles. De ce fait, elle peut prendre deux
principales formes selon le contexte ; des interventions classiques dans le cadre des
instruments d’urbanisme (revalorisation, reconversion, restauration, réhabilitation,
restructuration, etc.) ou la requalification par les grands projets urbains. Elle vise à
améliorer les conditions de vie, et à redéfinir, affecter et donner une identité à un
site précis dans un cadre institutionnel bien précis.
• Etant donné que l’identité d’un territoire est une question complexe, son
appréhension et son étude nécessitent sa décomposition en éléments de base, en
l’étudiant individuellement, puis en ensemble, pour pouvoir enfin identifier les
éléments sur lesquels il faut intervenir pour lutter contre le processus de perte
d’identité. Ce concept traite davantage de l’aspect physique et visible, mettant en
exergue le sentiment d’appartenance des habitants à un lieu.
274
acteurs concernés de façon directe ou indirecte et indispensable. La marginalisation de
l’acteur citoyen explique en partie l’échec de la plupart des opérations de requalification
urbaine menées jusque-là dans les différentes villes.
275
aménagement attractifs et touristiques et l’achèvement des grands projets, tandis
que la requalification des zones périphériques est prévue sur le long terme.
A ces projets situés à l’intérieur du périmètre de notre aire d’étude (l’ACL de la commune
de Jijel), s’ajoutent d’autres grands projets en voie de réalisation situés hors périmètre ;
dans les communes environnantes, mais ayant des impacts directs et/indirects sur la
question traitée, à savoir : la modernisation du port de Djen Djen, la réalisation d’une
pénétrante autoroutière la reliant à l’autoroute Est-Ouest, le grand projet du complexe
sidérurgique Algéro-Qatari à Bellara, etc. A la lumière de ce constat, il s’avère évident que
ces grands projets et les différentes actions, prévus et en cours, vont donner une nouvelle
dynamique et une nouvelle image à la ville de Jijel, mais la question qui se pose : Où sont
les habitants et leurs besoins dans ces discours ?
Requalifier la ville de Jijel pour ses habitants en premier lieu et avec ses habitants, nous a
amené à placer les habitants au cœur du système d’évaluation de la question traitée. Dans
un premier temps, nous avons donné la parole aux habitants, pour mieux comprendre leurs
besoins et leurs attentes et savoir leurs perceptions de l’espace, l’image qu’ils en forgent,
ainsi que les éléments constitutifs de son identité qui leur intéressent. Pour cela, nous avons
eu recours à la méthode d’enquête par la technique d’entretien. En second temps, nous
avons complété cette enquête par une observation en situation (intra-muros) relatant les
différentes pratiques habitantes présentes sur l’espace urbain de la ville de Jijel, dans
l’objectif de questionner le rôle du citoyen dans toute action touchant la requalification et
l’amélioration de son cadre de vie. Les résultats de notre enquête nous a permis de révéler
les constatations suivantes :
La perception de la situation actuelle de ville par ses anciens habitants, et ceux qui
connaissent son histoire n’est pas la même que celle des nouveaux habitants, en effet, la
ville de Jijel ne signifie pas l’espace disqualifié pour tous ses habitants, mais seulement
pour ses anciens habitants qui connaissent son histoire et son image telle qu’elle était
avant. D’après notre échantillon, les problèmes à Jijel sont multiples., nous citons entre
autre ; l’état critique des espaces publics et des espaces verts ainsi que l’état dégradé de la
voirie, le manque des infrastructures touristiques, l’insuffisance des équipements sportifs,
la difficulté d’accessibilité vers et à l’intérieur de la ville, des problèmes liés au confort
visuels, pollution, absence de l’aspect esthétique des constructions, l’altération des valeurs
liées aux comportements des gens, la perte des notions de citadinité et de civisme,
l’altération des relations de voisinages due à l’exode rural.
276
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre certains habitants et leur
ville. En effet, tous nos répondants qui ont une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie que leur offre cette ville. Notre enquête
nous a montré également que la situation critique de la ville a eu un impact direct sur les
pratiques et les usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewés) rendent les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.
Le développement de cette ville qui réclame une action globale de requalification urbaine,
est conditionné selon ses habitants par l’implication des pouvoirs publics et des habitants
dans cette dynamique en faisant recours à des professionnels dans le domaine du tourisme,
du marketing urbain et de la sociologie de l’espace, et par un suivi strict et rigoureux de la
part des pouvoirs publics en appliquant la réglementation.
Les éléments constitutifs de l’identité de cette ville, dégagés suite aux réponses des
habitants, outre que son cachet conservateur, sont d’abord d’ordre naturels (ses
potentialités naturelles) à savoir : sa corniche et ses montagnes, formant ensemble des
paysages identitaires uniques à l’échelle nationale et renforçant le cachet touristique de la
ville. A ces éléments s’ajoutent les lieux ayant une valeur historique, le caractère
sécuritaire de la ville, le calme et les valeurs liées à sa culture.
Force est de constater que la marginalisation du citoyens jijélien par les décideurs dans tout
processus de requalification conjugué par la situation critique de la ville, ont provoqué un
double sentiment –contradictoire : en premier d’indifférence laissant l’espace livré à lui-
même puis de responsabilité où le citoyen-usager s’empare de son espace et commence à
l’aménager à sa manière. D’après notre enquête, nous nous sommes rendu compte du rôle
important de l’habitant non seulement comme acteur qui fait partie de la décision dans les
opérations de requalification qui touchent son cadre de vie, comme usager de l’espace mais
comme acteur qui peut seul développer son cadre de vie. Les actions menées par les
habitants de la ville de Jijel, ne sont pas limitées à un quartier, ou une partie de la ville,
mais plutôt, elles ont touché la moitié des quartiers et même des plages de cette ville
touristique. Le but de cette observation est d’apporter un éclairage et de mettre en lumière
ces actions, leur nature, leurs formes, et leurs répercussions, pour une meilleure prise en
charge de cette question qui pourrait apporter une plus-value en matière de requalification
de nos villes algériennes. Soutenir ces actions par des associations et les acteurs publiques
est essentiel pour assurer leur pérennité.
277
Afin de prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses logiques
habituelles, et par conséquent, d’obtenir plus d’attention et de clarté sur ce qui semble plus
logique et plus évident sur la question à l’étude, nous avons complété notre analyse par une
étude des exemples similaires dans notre environnement maghrébin et ailleurs, des
stratégies utilisées et qui ont donné des résultats et où les impacts ont été mesurés ou bien
facilement identifiables. Le choix n’est pas fortuit mais bel et bien justifié et justifiable. La
ville de CASABLANCA (ville côtière, africaine, maghrébine), la ville de MARSEILLE
(ville européenne ; côtière, proche de notre cas d’étude) et la ville de TOULON (ville
côtière, portuaire, aux richesses naturelles diversifiées) ont été sélectionnées.
En dernier temps, nous avons procédé à la discussion en croisant les résultats de notre
enquête auprès des habitants de la ville de Jijel, avec les conclusions tirées de l’analyse du
terrain d’étude, et des logiques institutionnelles qui dessinent l’avenir de cette ville, ainsi
que celles tirées de l’approche théorique et des expériences des trois exemples étudiés. Ce
croisement nous a permis de déduire les constatations suivantes :
Les stratégies adoptées par les acteurs décideurs pour requalifier la ville de Jijel ne
répondent pas réellement aux besoins et aux aspirations de la population Jijélienne, et elles
ne prennent pas en considération tous ses éléments identitaires. En comparant ces
stratégies avec celles adoptées dans les trois exemples, nous constatons que cette ville
abrite toutes les potentialités nécessaires pour devenir une métropole. En fait, la réalisation
effective des tous les projets en cours, feront de Jijel une zone compétitive par rapport aux
grandes villes comme Annaba et Skikda non seulement dans le tourisme mais aussi dans
l'industrie et d'autres domaines. Elle deviendra un aimant surtout si les infrastructures
seront mises aux normes en dédoublant les routes et les rocades. En revanche, nous
pouvons considérer tous ces projets comme un premier pas vers une réelle métropolisation
de Jijel inscrivant son devenir dans une vision globale de métropolisation, émanant d’une
réelle volonté politique pour positionner Jijel à l’échelle régionale et nationale comme nous
avons vu dans les cas de Marseille, Casa et Toulon.
Nous avons commencé par affirmer que la politique urbaine algérienne est l'une des
principales raisons de la problématique de la ville algérienne, pour arriver aux
constatations suivantes infirmant plus ou moins l’idée :
278
peuvent apporter des solutions concrètes à de nombreux problèmes dont souffrent
Jijel et les autres villes algériennes. Néanmoins, c’est la prise en compte de ces
directives qui diffère d’un outil à l’autre. D’une échelle à l’autre, du global ou
local, certaines directives sont ignorées, d’autres ne sont pas prises en charge,
rendant l’aboutissement des objectifs une affaire très délicate. D’après les résultats
de notre investigation, ce n’est pas la politique algérienne qui pose problème en soi,
mais plutôt la manière de transcrire ces directives en projets concrets qui pose
problème créant un hiatus rupture entre enjeux (visions) et projets (programme
réel).
• Après avoir questionné la place de l’habitant dans la littérature, nous nous sommes
rendu compte que c’est la manière de faire impliquer le citoyen algérien qui pose
problème. Ailleurs, au moment où le degré d’implication atteint la concertation et
la codécision, en Algérie et selon sa législation les formes d’implication du citoyen
se limitent souvent à des processus d’information, de consultation et de
participation à la gestion, ce qui laisse l’habitant dans la position d’un simple
bénéficiaire qui accepte ou refuse les propositions et le programme déjà établi par
l'État et ses services déconcentrés, sans pouvoir partager son vécu et exprimer ses
besoins et ses aspirations.
Dans notre recherche, nous avons focalisé notre investigation sur le contenu de ces
politiques, leur nature, leurs enjeux... Nous suggérons d'étudier le processus de conception
de ces projets : par qui ? Comment ? De telles études peuvent-elles répondre à nos
questions ?
La prise en charge de la question d’identité n’est pas une affaire facile, mais elle est très
délicate. Tenir compte des spécificités locales de l’espace en question constitue une clé
pour révéler cette identité. La transition d'un discours scientifique à un instrument
opérationnel nécessite l'adoption de moyens et d'outils appropriés. Pour cela, nous nous
sommes eu recours à un outil économique labélisé « business model canvas » qui est facile
à utiliser et qui répond parfaitement à nos objectifs. La pertinence de cet outil réside dans
279
sa forme et son principe de synthèse et d’interaction entre ses différentes cases, en effet, la
présence de tous les éléments nécessaires pour requalifier un territoire sur une même
feuille, permet de donner un regard complet et global, de prendre en charge tous les
éléments sans risquer d'oublier, de négliger et/ou de dominer un élément sur l’autre. Il
permet de donner une vision globale, complète et efficace des stratégies adoptées en
mettant en évidence les particularités du territoire concerné et ses ressources qui lui
permettront d'évoluer d’une manière originale et spécifique tout en assurant l’implication
des acteurs concernés.
Notre recherche, malgré les approches employées, nous pensons qu’elle présente des
limites, dont nous voulions consolider nos résultats de l’enquête auprès des habitants par
d’autres entretiens auprès des acteurs décideurs pour mieux cerner leur vision. Au fait,
nous avons abordé cette question du point de vue des stratégies adoptées et des besoins de
la population, alors qu’une étude de la même question mais du point de vue des procédures
de mise en œuvre, c’est à dire auprès des acteurs décideurs et des spécialistes de domaine
pourrait affiner nos résultats.
Finalement, notre présent travail de recherche ouvre, devant les chercheurs, les
perspectives suivantes :
280
CHAPITRE IX
BIBLIOGRAPHIE
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293
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iX&sig=6KumlsVXi1A2Uf6tL-lK7Nqf-Hw#v=onepage&q=L’action urbaine au
Maghreb%2C enjeux professionnels et.
294
ANNEXES
295
Annexe A : Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras
Chef-lieu de Wilaya
La wilaya
de Jijel est
Chef-lieu de Daïra
structurée
Limites Daïra en 11
Daïras,
dont la
plus
grande
surface est
celle de
Taher et la
plus petite
est celle de
Jijel.
1. Jijel : 62,38
2. El Aouna : 127,94
3. Ziama Mansouriah :
Commune 102,31
Tableau 0.1. Les caractéristiques des ports existants dans la wilaya de Jijel
Nom du
Djen-Djen Bouddis Ziama Mansouriah El- Aouana
port
Source : établi par l’auteur à partir du PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019).
298
Annexe D : Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1977 et 2008
299
Annexe E : Evolution de la population jijélienne entre 1977 et 2008 par commune
140000
120000
100000
Communes à caractère répulsif jusqu'en 2008
80000
60000
40000
20000
Figure A.5. Evolution de la population jijélienne entre 1977 et 2008 par commune.
Source : Traitement de l’auteur à partir des données des RGPH.
300
Annexe F : Evolution de la population Jijélienne entre 2008 et 2015 par commune
160000
140000
120000
100000 2008
80000 2015
60000
40000
20000
Figure 0.6. Evolution de la population jijélienne entre 2008 et 2015 par commune.
Source : traitement de l’auteur sur la base des données du RGPH 2008 et de l’annuaire statistique de la wilaya de Jijel du 31.12.2014.
301
Annexe G : Les grandes infrastructures de la wilaya de Jijel
302
Annexe H : Difficultés d’accessibilité de certaines communes de Jijel
303
Tableau 0.2. Taux de raccordement aux différents réseaux (AEP, assainissement, électricité et gaz naturel) par
commune.
Taux de raccordement
Commune AEP Réseau d’assainissement
Électricité Gaz naturel
Commune ACL Commune ACL
Jijel 99,5 100 97 98 %99,50 %90,24
Taher 95 100 97 100 %99,90 %93,09
Chahna 83 100 96 90 %98,90 %0,00
Ouled Askeur 92 100 72 99 %97,30 %0,00
Emir Abd Elkader 78 100 95 100 %99,80 %94,94
Ouadjana 85 100 95 100 %98,00 %66,87
Ziama Mansouriah 90 100 90 100 %98,20 %0,00
Erraguène 86 100 30 100 %74,40 %0,00
El Aouna 70 100 88 100 %99,60 %57,46
Selma Ben Ziada 98 100 52 80 %90,60 %0,00
Texenna 98 100 90 100 %96,70 %86,92
Kaous 98 100 90 100 %99,90 %97,49
Djimla 75 100 74 97 %94,90 %0,00
Boudria Ben Yadjis 30 100 17 100 %93,50 %0,00
Chekfa 88 96 55 96 %98,90 %80,09
El kennar Nouchfi 70 90 91 95 %99,80 %88,59
Sidi Abd Elaziz 95 95 60 60 %98,70 %70,03
Bordj Thar 78 92 24 93 %95,80 %0,00
El Ancer 80 100 84 95 %97,70 %49,96
Djemaa Beni Habibi 98 98 60 95 %97,70 %69,15
Bouraoui Belhadef 60 95 42 90 %95,30 %30,95
Oued Adjoul 60 98 90 92 %97,40 %0,00
Ouled Yahia 62 90 19 84 %69,60 %24,10
Ouled Rabah 30 60 95 91 %87,10 %0,00
Sidi Maarouf 91 99 93 99 %99,30 %54,33
Ghebala 90 99 45 95 %90,70 %61,75
El Milia 94 98 70 94 %99,50 %57,72
Settara 93,6 95 81 99 %99,00 %79,31
TOTAL %84,50 96,71% %79,50 %94,36 %98,70 %68,06
Source. DPSB de Jijel (annuaire statistique de la willaya de Jijel du 31.12.2018).
304
Annexe I : Potentialités de la wilaya de Jijel
305
Figure 0.10. Occupation du sol de la wilaya de Jijel.
Source. Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, page 59).
306
Annexe J : Les quartiers de la ville de Jijel
307
Annexe K : Le réseau hydrographique de la commune de Jijel.
308
Annexe L : Risques naturels et technologiques auxquels la ville de Jijel est exposée
INONDATIONS
RISQUES
KANTARA
- BORDURES DES PLAGES 30,00 ha
- VERSANT AMONT DE L’HOPITAL Med 01,90 ha
GLISSEMENTS SEDDIK BENYAHIA
DE TERRAINS - TERRAIN EN CONTREBAS DE LA MAISON 03,00 ha
DE LA CULTURE
TOTAL SUPERFICIE DES RISQUES NATURELS 141,90 ha
UNITES INDUSTRIELLES :
TECHNOLOGIQUE
- TANNERIE 04,50 ha
- ENL 04,70 ha
RISQUES
LIGNES ELECTRIQUES :
EXPLOSION ET
- LIGNE HAUTE TENSION ET POSTE 60/30 KV 8,56 ha
S
INCENDIE
- LIGNES MOYENNE TENSION 36,52 ha
CONDUITES DE GAZ :
- GAZODUC 8’’ ET POSTE DE DETENTE 12,30 ha
- CONDUITE DE GAZ 4’’ VERS EL AOUANA 4,16 ha
TOTAL SUPERFICIE DES RISQUES TECHNOLOGIQUES 70,74 ha
TOTAL SUPERFICIE DES RISQUES NATURELS ET TECHNOLOGIQUES 212,64 ha
309
Annexe M : Le centre colonial : résidence, services et places publiques…
Placette
Baba
Arroudj
310
Annexe N. Le réseau viaire de Jijel en vue satellite
311
Annexe O : La situation actuelle des différents équipements de la ville de Jijel
Dans notre étude, nous avons privilégié la représentation en fiches synthèses des différents
équipements existants par secteur, en se basant sur les données de l’annuaire statistique de
la wilaya de Jijel du31.12.2018307:
La protection sociale
Observation : D’après ces données,
-32 crèches
- Une école de sourds-muets nous constatons que les enfants et les
-Un centre d’hébergement des handicapés ont aussi leur part dans les
enfants équipements.
307
INSFP : Institut National de Formation Professionnelle
CFPA : Centres de Formation Professionnelle
312
- La santé -
Le secteur public
Le secteur privé
-un hôpital de 379 lits, 03 polycliniques, 07
-Deux (02) cliniques d’hémodialyse,
salles de soins, une maternité urbaine
des cabinets médicaux et dentaires et
rattachée à l’hôpital, deux (02) laboratoires
des pharmacies, ainsi que plusieurs
d’analyses médicales, 2 centre médico-
laboratoires d’analyses médicales
pédagogique pour enfants handicapés et une
école de formation paramédicale.
- La culture -
- La jeunesse et le sport -
Une bibliothèque communale
313
Tableau 0.4. Les grands équipements existants/ et en cours de réalisation dans la ville de Jijel.
314
Annexe P : La répartition des terrains de la commune de Jijel
2932
2644 2638
3000 2278
2500
2000
1500 956 956
1000
500
0
Surface agricole Forêt et maquis Urbanisation et
totale divers
Année 2006 Année 2015
Figure 0.16.Répartition des terrains de la commune de Jijel entre 2006 et 2015 (en ha).
Source : Traitement de l’auteur sur la base des données du PDAU de la commune de
Jijel et les statistiques de la DPSB de Jijel.
1606 1607
1800
1600
1400
1200 1026
1000 737
800
600 300 300
400
200
0
SAU Parcours et pacages Terres improductives
Figure 0.17.Répartition de la surface agricole totale (SAT)entre 2006 et 2015 (en ha).
Source : Traitement de l’auteur sur la base des données du PDAU de la commune de
Jijel et les statistiques de la DPSB de Jijel.
315
Annexe Q : Destinations touristiques privilégiés des vacanciers en Algérie
Figure 0.18.Destinations touristiques privilégiés des vacanciers selon les résultats de l’évaluation de la saison estivale 2018.
Source. Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire(https://www.interieur.gov.dz/images/SE.pdf).
316
Annexe R : Les infrastructures hôtelières existantes dans la commune de Jijel
Capacité
Hôtels Localisation Type Observations
Chambres Lits
Kotama Jijel 34 90 Littoral Non classé
Ennassim Jijel 40 90 Littoral Non classé
La résidence Jijel 18 35 Littoral Non classé
Bassorah Jijel 40 80 Littoral Non classé
Le convivial Jijel 8 19 Littoral Non classé
Louiza Jijel 72 162 Urbain Non classé
Essalam Jijel 46 145 Urbain Non classé
Taghrasst Jijel 34 62 Urbain Non classé
Orient Jijel 24 43 Urbain Non classé
Glacier Jijel 10 22 Urbain Non classé
Jazira Jijel 36 72 Urbain Non classé
La crique Ouled Bounar 16 32 Littoral Non classé
Le paradis bleu Ouled Bounar 24 56 Littoral Non classé
Barberous royal Jijel 12 27
Jaljil Jijel 15 24
Dar el izz Jijel 47 111
Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 35).
317
Annexe S : Carte des POS de l’ACL de Jijel
318
Annexe T : Stratégies du PDAU pou requalifier la ville de Jijel
Port de
pêche
Développement de la bande
côtière (touristique) FrontEst
RN 43
3ème Km
Zone
militaire
Commune Emir
AbdelKader
Evitement
Sud
Figure 0.20. Les actions préconisées par le PDAU dans le POS 26 (approuvé en 2019, p. 84).
Théâtre régional
Musée régional
Salle omnisports
Mosquée pôle
319
Développement de la bande
côtière (touristique) Front Est
RN 43
Port de
pêche
RN 43
Figure A.21. Les actions préconisées par le PDAU à moyen terme (approuvé en 2019, p. 85).
320
Annexe U : Les équipements projetés dans la ville de Jijel selon son PDAU
• Education
• Santé
- Lycées (Entrée Est, Harratène, Mezghitane)
- CEM (Entrée Est, Harratène, Mezghitane)
- Hôpital (Entrée Est)
- Ecoles primaires (Entrée Est, Harratène,
- Polyclinique (Harratène)
Mezghitane)
- Cliniques spécialisées (Entrée Est)
• Culture • Sport et loisirs
- Musée du Moudjahid (Entrée Est) Cité des sports (Entrée Est,
- Bibliothèque de wilaya (Entrée Est)
Harratène)
- Maison de jeunes (Entrée Est, Harratène)
- Centre culturel (Mezghitane, Harratène) - Salle omnisport (Entrée Est,
- Maison de l’artisanat (Sortie Est) Harratène)
- Centre de thalassothérapie (Entrée
Est, Harratène)
• Culte
- Grande Mosquée (Entrée Est) mosquée pole
- Mosquée (Mezghitane)
321
Les Unités industrielles projetées dans la ZAC de Beni Ahmed
Nombre
Unités industrielles Effectif
d’unités
Transformation lièges 05 209
Abattoir 02 78
Transformation plastiques 02 75
Torréfaction de café 01 20
Traitement de grignons D’olives 01 13
Menuiserie industrielle 01 30
Fabrication d’outillage industriel 01 15
Confection de sacs en plastique 01 13
Fabrication de panneaux solaires 01 60
Fabrication d’engrais liquide 01 47
Transformation de bois et fabrication et salons 01 25
Fabrication d’articles scolaires et équipement de bureaux 01 23
Fabrication de verre mosaïque 01 87
Fabrication de verre feuilleté 01 36
Confection de vêtements 01 19
Fabrication et montage de charpente métallique 01 12
Fabrication de chambres froides 01 33
Transformation de caroube 01 13
Construction navale 01 22
Centre de conversion de véhicules au GPL/C et au GNC 01 17
Recyclage de plastique et pneus utilisés 01 116
Fabrication de pipes 01 12
Fabrication de pièces de caoutchouc 01 10
Recyclage et fabrication de carton ondulé 01 70
Total 30 1055
322
Annexe V : Articles publiés
ALIOUA Nawal¹
Pr BENABBAS KAGHOUCHE Samia3
1
Faculté d’architecture et d’urbanisme, Université Salah Boubnider
3
Faculté des sciences de la terre, de la géographie et de l’aménagement du territoire, Université des frères
Mentouri de Constantine
Résumé :
Les deux concepts « requalification » et « identité » de la ville constituent l’épine dorsale de ce présent
article, qui fait partie d’un travail de doctorat. Il aborde ces deux notions dans un contexte algérien, celui de
la ville de Jijel. Cette dernière à l'instar des autres villes algériennes, souffre actuellement de
dysfonctionnements pluriels qu’elle a connus tout au long de son processus d’urbanisation. De ce fait, est ce
que le recours à des opérations de requalification urbaine peut la redynamiser et répondre aux besoins et
attentes de sa population ?
Partant du principe que l'implication du citoyen constitue un garant de succès de toute opération de
requalification pour une meilleure prise en charge de son identité. Cette recherche consiste à une restitution
des résultats d’une enquête qualitative, basée principalement sur une écoute attentive aux voix des habitants
de la ville de Jijel, sur leurs attentes de toute opération d’intervention sur leur ville.
L'analyse sémantique des résultats nous a permis de dégager le regard que portent les habitants de Jijel sur
leur ville, de savoir les causes et les conséquences du phénomène de disqualification qu’a connu leur ville et
d’examiner les changements qu’elle a parcourus dans le temps ; sont-ils liés essentiellement à leurs
pratiques et leurs usages ? Ou s’expliquent-ils autrement ?
De tels questionnements nous renseignent sur les éléments phares qui devraient être intégrés dans toute
opération de requalification.
Mots clés : Requalification urbaine, identité de la ville, habitant, ville de Jijel.
Abstract:
The two concepts "requalification" and "identity" of the city constitute the backbone of this article, which is a
part of our doctoral work. Those two notions will be discussed in the context of the city of Jijel (Algeria).
This city, like the other Algerian cities, is currently suffering from plural dysfunctions that it has experienced
throughout its urbanization process. In this actual situation, how can the use of urban re-qualification
operations revive this city and respond to the needs and expectations of its population?
We assume that the success of any re-qualification operation is based on the involvement of the citizen. This
research is a qualitative study, based mainly on a careful listening to the citizens of Jijel about their
expectations of any intervention on their city.
The semantic analysis of the results enabled us to identify the Jijel citizen’s views of their city, also it shows
us the causes and consequences of the disqualification phenomenon in their city, and examines the changes
that it has made through time; are they essentially linked to their practices and use? Or do they explain it
otherwise?
Such questioning informs us about the key elements that should be integrated in any requalification
operation.
323
Keywords: Urban requalification, identity of the city, inhabitant, city of Jijel.
الملخص:
يعتبر كل من المفهومين "إعادة التأهيل الحضري" و "هوية المدينة" العمود الفقري لهذا المقال ،الذي يمثل جزءا من
أطروحة الدكتوراه .إذ يتناول هدين المفهومين مدينة جزائرية ،أال وهي مدينة جيجل ،هذه األخيرة على غرار المدن
الجزائرية األخرى ،تعاني حاليا من مشاكل متعددة واجهتها طوال عملية تحضرها .ولهدا يبقى السؤال المطروح ،هل
الرجوع (االعتماد) إلى عمليات التجديد الحضري يمكنها إعادة إحياء المدينة (تنشيطها) وتلبية احتياجات وتوقعات
سكانها؟
انطالقا من مبدأ أن مشاركة المواطنين يمثل ضمانا وشرطا لنجاح أي عملية إعادة التأهيل وأخذ هويتها بعين االعتبار.
يقومهذا البحث على نتائج دراسة نوعية تعتمد أساسا على االستماع بعناية إلى أصوات سكان مدينة جيجل ،ومعرفة
توقعاتهم من أي عملية تأهيل تخص مدينتهم.
التحليل الداللي للنتائج سمح لنا بالتعرف على نظرة سكان جيجل لمدينتهم ،وأسباب و نتائج حالة التدهور التي تعاني
منها مدينتهم و النظر في التغييرات التي عرفتها عبر الزمن؛ هل تتعلق أساسا بالممارسات و العادات ؟ أم يرون خالف
ذلك ؟ مثل هذه األسئلة تخبرنا عن العناصر األساسية التي ينبغي إدراجها في أي عملية إعادة تأهيل هده المدينة.
الكلمات المفتاحية :إعادة التأهيل احلضري ،هوية املدينة ،السكان ،مدينة جيجل
324
INTRODUCTION
c) Une représentation sociale construite et admise par ses habitants ou ses visiteurs
déclinée en un modèle imagé qui agrège différentes particularités (sociales,
culturelles et symboliques). QUERTIER.C (2008) [1]
d) Une construction associant le passé (mémoire), le présent (l’état actuel) et le futur
comme devenir. GALLAND Blaise et Guérin-Pace France (2006) [2]
Quant à la requalification de la ville, c’est une opération d’intervention sur des tissus
existants308 visant principalement une réactualisation d’un cadre urbain donné, de façon à
insérer les nouveaux besoins et attentes de la population309 concernée.
Entre les deux concepts, le premier est « réflexif », quant au second il est pratique, se
dresse l’habitant ou l’usager comme pilier fondamental dans la programmation, la prise
de décision et la mise en œuvre de toute opération urbaine à caractère social.
Toute intervention sur un espace donné, quel que soit son échelle, ne peut être complète et
efficace que par la prise en charge de tous ses composants physiques, visibles et sensibles,
ainsi que la participation de tous ses acteurs. Cependant les habitants en tant qu’acteurs
indispensables310restent « (…) le plus souvent « cloisonnés » dans leur milieu. Les pratiques
sociales et usages de l'espace qu'ils développent ne sont pas décryptés pour comprendre les
facettes inexprimées de la ville » [3], au moment où, la transcription de leurs opinions et la
compréhension de leurs pratiques et leurs sentiments permettent de construire « (…) une
grille de lecture et d'interprétation de la réalité complexe de la vie urbaine. Ce qui
permettra par la suite de concevoir des outils adéquats pour intervenir sur cette
complexité » [3].
308
Qui ont connu souvent un processus de disqualification. En effet, elle s’intéresse aux territoires
disqualifiés, défavorisés, marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne
répondent ni aux besoins ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère.
309
« Appelée aussi les « silencieux de la ville » ; Par « silencieux de la ville », nous entendons tous les
acteurs, individuels, ou groupes d'acteurs qui :
• N’ont pas une identité juridique
• Par leur agir quotidien ou occasionnel dans et /ou sur la ville, exercent un certain pouvoir
contribuant à façonner et remodeler les usages et connotations des espaces de la ville et
participent à la construction du sens urbain » d’après ARDOUREL Yves et all [3].
310
Il est à la fois, usager de l’espace dont sa satisfaction est indispensable, et acteur qui a le droit de faire
part aux décisions qui concernent son cadre de vie.
325
Cependant dans le cas des villes algériennes, et malgré l’institutionnalisation de la
participation dans la loi d’urbanisme 90-29, l’usager reste en marge des décisions qui
concernent sa ville.
Ce présent travail est une contribution qui aborde la ville de Jijel, en tant que ville côtière
du Nord/Est algérien dont la superficie est de «62,38 km²», abrite une population de
149 998 habitants311et d’une densité de l’ordre de 2405 hab. /km² [4], a fait l’objet d’une
demande accrue de la part de ses habitants en termes de qualité du cadre de vie, ce qui
justifie notre intérêt pour les opérations de requalifications urbaines qui deviennent
incontournables.
Pour traiter de cette préoccupation majeure, nous sommes parties d’une série de
questionnement :
A partir d’une enquête dite qualitative, consacrée à l’écoute attentive des voix des habitants
de la ville de Jijel, nous visons les objectifs suivants :
➢ Identifier les critères (informations utiles pour les décideurs) qui favorisent une
meilleure approche dans la prise de décision dans l’intervention sur cette ville, en
se référant aux demandes des habitants.
➢ Définir une démarche participative, permettant l’implication des habitants dans tout
le processus des opérations urbaines (allant de la définition des objectifs, à
l’élaboration du programme jusqu’à l’approche d’aménagement et les choix
« stylistiques » (Traduire leurs voix- leurs besoins et leurs attentes réels- en un
langage opérationnel pour les intervenants sur leur ville)
Le présent article vise à mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie
global et actuel de la ville de Jijel, par une approche du terrain, en tant qu’espace perçu et
vécu par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification. Il faut
311
Jusqu’à 31/12/2014.
326
préciser que l’approche initiée à partir du terrain (du vécu et du perçu) se réfère à
l’accompagnement (écoute, rapprochement, débats, motivations) des usagers.
Par conséquent, l’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base à
partir d’une réinterprétation des informations recueillies et des représentations des
habitants.
Hypothèse
Les techniques du questionnaire et/ou d’entretien ont été et restent les principaux outils de
recueil des données et des voix des usagers. Pour cela, notre étude s’est basée sur la
méthode d’enquête et la technique d’entretien « semi-directif »312. Ce dernier avec ses
questions ouvertes313nous donne la possibilité d’être plus proche de la réalité du terrain et
d’avoir une idée, par l’intermédiaire de ses habitants, sur les faces cachées de la ville.
Il s’agit d’un entretien de type individuel, car la productivité d’idées est supérieure à celle
de l’entretien du groupe, comme le montre les résultats des travaux de Griffin (1991) lors
de la comparaison expérimentale effectuée entre les deux modes : « (…)2 personnes
interrogées individuellement donnent 51% des items possibles contre 50% en groupe
pendant la même durée. Pour le même temps passé, 4 personnes fournissent
individuellement 72% des réponses possibles contre seulement 67% avec 2 groupes » [7].
312
C’est un outil de recueil d’informations sous forme d’une discussion portée sur un thème spécifique et
orientée par l’enquêteur à l’aide d’un guide préparé à l’avance, en autorisant une grande liberté de paroles à
l’enquêté. Cette technique est particulièrement adaptée « quand on souhaite reconstituer des histoires de
pratiquants, analyser les trajectoires des individus, les moments et les raisons qui guident leur parcours ». [5]
313
Donnant aux habitants la liberté de s’exprimer sans être influencés par des pré-réponses, contrairement
aux questions fermées, qui sont trop limitatives (des réponses possibles sont fixées à l’avance), ce qui ne
permet pas de traduire les nuances et les différents aspects d’une opinion [6].
327
Notre enquête est passée par trois (3) étapes fondamentales :
➢ Phase d’échantillonnage et de préparation des questions ;
➢ Phase de collecte de réponses (enquête auprès des habitants) ;
➢ Et enfin la phase de dépouillement des résultats obtenus.
314
Selon LAUDATI Patrizia et BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida (2008) [7], les usagers dans un
contexte urbain peuvent se diviser en 4 catégories :
• « Les habitants de la ville : qui la vivent au quotidien et pour lesquels l’appréhension de l’espace
vécu est donc plus facile et spontanée ;
• Les habitants occasionnels : qui doivent séjourner dans une ville qui n’est pas la leur, pour une
période plus ou moins longue et qui n’ont ni le temps ni l’envie d’y retrouver leurs propres racines ;
• Les immigrés récents : qui en général habitent en dehors du centre… ils essayent de reconstituer
l’identité de leur pays d’origine dans leur nouveau quartier de résidence ;
• Les visiteurs occasionnels »
315
« Les travaux de Griffin et Hauser (Griffin, 1991) ont montré qu’une douzaine d’entretiens fournit environ
70% de la richesse d’informations à recueillir. 30 personnes expriment 89,8% des réponses théoriquement
exprimables (au lieu de 100% car certains items ont une probabilité faible de sortir). Au-delà de 20
personnes, l’apport d’informations nouvelles devient très marginal et, du fait du caractère asymptotique de
la courbe, la probabilité d’apparition d’une idée neuve est extrêmement faible… » MERVIELSylvie Leleu
(2008) [8].
328
Graphe 01 : Pourcentage de besoins identifiés
Source : ouvrage « Objectiver l'humain ?
Volume 1, Qualification, quantification »
ANGERS Maurice (1997) [9], pour sa part, confirme dans son ouvrage « initiation
pratique à la méthodologie des sciences humaines » que dans une recherche
qualitative « … le deuxième guide pour déterminer la taille de l’échantillon s’établit sur le
principe de la saturation des sources. Cela signifie qu’on arrête la collecte auprès des
éléments de la population quand on s’aperçoit qu’il commence à y avoir répétition et qu’il
serait donc inutile d’en ajouter davantage pour la compréhension du problème à l’étude ».
De ce fait, et pour plus de précision, notre étude a porté sur un échantillon de 46
personnes habitant la ville de Jijel, choisies selon les indicateurs suivants.
Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, et les données statistiques du
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2008 de la ville de Jijel, le
329
choix de la cible à interviewer s’est basé sur les critères mentionnés ci-dessous afin
d’assurer une certaine représentativité et variété de la cible :
➢ Durée de résidence ; qui s’est variée entre 2 ans jusqu’à plus de 25 ans selon l’âge
et l’origine de la personne interviewée, comme le montre le graphe suivant :
330
Graphe 05. Durée de résidence de l’échantillon selon ses origines (auteurs, 2018)
➢ Lieu de résidence ; les différents quartiers de la ville que ça soit le centre de la ville
ancienne et/ou ses quartiers périphériques.
331
➢ Catégorie socioprofessionnelle (profession) ; notre enquête a touché presque toutes
les catégories comme le montre le graphe ci-après :
La durée des entretiens n’a pas été constante pour tous les interviewers. Elle oscille entre
15 minutes environ jusqu’à une heure et demie, selon le degré de perception et de
connaissance de la ville de Jijel et de son passé par les personnes interviewées. Donc les
cas qui connaissent le mieux Jijel, notamment ses anciens habitants ont pris plus de temps
pour s’exprimer et partager leurs vécus que les « nouveaux habitants ».
Le dépouillement des résultats s’est fait selon une analyse qualitative de type sémantique
basée principalement sur la « méthode de sélection positive »316, c'est-à-dire, tout en
restant fidèle aux expressions et/ou mots prononcés par les habitants, nous avons essayé de
réduire la quantité étonnante de données qualitatives résultantes des différents entretiens
316
qui se résume d’après MERVIEL Sylvie Leleu (2008)[8] comme suit« On commence par rassembler les
vignettes par groupes d’idées similaires ou avoisinantes (…) Lorsque l’on parvient à un stade où des paquets
cohérents sont différents par un (ou des) détail(s), mais du même ordre d’idée à un niveau plus global, on les
associe en les réduisant à un même sous-ensemble qui met l’accent sur le point fort commun (…)»
332
aux expressions les plus significatives à l’aide du logiciel SPSS et à la « cross-tabulation »
un croisement des variables et données.
« Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise »,
GALLAND Blaise (1993) [10].
Dans le but de dégager le regard que portent les habitants de Jijel sur leur ville d’une
manière générale - ce qui reflète le degré de leur satisfaction-, les réponses ont été très
variées, et pour les rendre lisibles, nous avons jugé utile de les regrouper par homogénéité
comme suit :
333
Graphe 07. La perception de la ville par
l’échantillon (Auteurs, 2018)
Le regard porté par les habitants est à la fois positif, négatif et neutre. 32,61% de nos
répondants voient que leur ville « est une ville en voie de développement ou un peu
développée »317, elle a une identité et c’est un endroit magnifique pour vivre. D’autres
(54,35%de nos répondants) portent sur elle un jugement totalement contraire ; « elle s’est
dégradée dans tous les domaines et elle a perdu son identité », ces derniers ne cessent
d’exprimer leur regret envers la situation actuelle de leur ville, à travers les réseaux
sociaux comme le montre la photo ci-dessous. Il y’a cependant une minorité qui est neutre.
317
Pour cette première catégorie, les habitants ont lié le développement de la ville au développement du
commerce, et la création de voies nouvelles (amélioration de l’accessibilité)
334
Afin d’expliquer cette contradiction entre les réponses, un croisement entre ces derniers et
les 2 (deux) variables du choix de l’échantillon ; âge, et durée de résidence nous a semblé
nécessaire, dont nous avons pu tirer les lectures suivantes :
Graphe 08. La perception de la ville selon l’âge Graphe 09. La perception de la ville selon la durée
du répondant (Auteurs, 2018) de résidence du répondant (Auteurs, 2018)
Nos résultats montrent que la perception d’une ville est fortement liée à la durée de
résidence de ses habitants, leurs connaissances, ainsi que leurs âges. Ces résultats sont
335
soutenus par ceux de BAILLY.A(1977)[11]318 et LAUDATI Patrizia et
BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida (2008)319.
II.B. Les changements survenus à la ville de Jijel et leurs effets sur son identité et ses
habitants :
Le regroupement des réponses des habitants, nous a permis de savoir ce que Jijel a perdu
en termes de qualité, valeurs, pratiques et/ou tout autre élément significatif pour eux, et
donc de dégager l'identité de Jijel d’antan et ses valeurs référentielles, comme le résume
les graphes ci-après :
336
Graphe 12. Les secteurs et les valeurs ayant dans problèmes et des régressions selon l’échantillon
(Auteurs, 2018)
Une catégorie intermédiaire, plus que la minorité, qui représente 19,6% des personnes
questionnées, voit que Jijel n’a pas changé, du fait de la non connaissance de son passé (la
vision de quelques nouveaux habitants). Cependant,26,09% des personnes interrogées
confirment que la ville de Jijel a connu un processus de disqualification dans la majorité
des domaines, elle avait « un charme » qu’elle a perdu (selon les dires de la population
enquêtée) :
"Jijel était mille fois mieux ; elle était très bien aménagée, ses voies étaient mieux
organisées et vastes, elle était trop propre, construite selon des normes, elle était petite au
point où tous les gens se reconnaissaient"320.
En effet, ces résultats confirment l’idée de SAPOVAL Yves-Laurent (2007) [12] que
ce qui disparaît n’est pas toujours d’ordre matériel. Ce processus de disqualification
causé d’une part, par l’urbanisation de la ville et son surpeuplement anarchique par
l’exode rural, comme conséquence de la décennie noire qu’a connue le pays et la région en
320
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
337
particulier, et d’autre part, par les mauvaises pratiques des faiseurs de la ville, qui
s'occupent seulement des logements et des aspects quantitatifs au détriment de la qualité
des espaces produits, de l’identité de la ville, et, en l’absence de volonté de ses habitants
pour accompagner son développement. A ces contraintes s’ajoute la non maturation des
politiques urbaines peu performantes, sans accompagnement de la population, la situation
critique dans laquelle se retrouve Jijel, ne peut qu’être disqualifiée sur tout plan (Voir
figure 05).
D’autres habitants questionnés voient que la dominance des zones militaires, qui occupent
les sites stratégiques de la ville, a contribué également à sa décadence et à l’accélération de
son processus de disqualification (Voir figure 03)
Néanmoins, son centre-ville a gardé relativement son cachet identitaire, selon les
informations recueillies (Voir figure 04). "Le centre-ville a gardé un peu ses traditions, ses
habitudes, l'identité de ses constructions, mais dans les nouveaux tissus, on trouve que
chacun a ses propres traditions et ses habitudes qu'il a ramenées avec lui"321.
Centre-ville
Zone militaire
321
Propos recueillis par un homme, 54 ans, il réside depuis 15 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.
338
Selon la population enquêtée, le commerce et l’accessibilité sont deux éléments positifs
qui peuvent transformer le regard porté sur un lieu. Ce qui explique la perception
positive de la ville de Jijel par une catégorie d’habitants, liant son développement à la
présence de ces deux éléments. D’après eux, le développement du commerce est dû à
l’arrivée des ruraux et des étrangers à la ville, qui ont développé cette pratique. Notre
enquête a montré cependant que, l’arrivée des ruraux en ville n’est pas toujours la
signification de crise et de chaos comme la confirme Berry-Chikhaoui (2009)322 , mais,
peut constituer un vecteur de développement économique de l’espace. Certes, elle a des
effets négatifs mais, également positifs à la fois.
Notre enquête nous a permis aussi de comprendre comment est-ce que la qualité de
l’espace urbain influe sur son identité et sur ses habitants.
II.B.1. / Les effets de disqualification de Jijel sur les pratiques des habitants :
Les pratiques quotidiennes et/ou temporaires des habitants de la ville de Jijel, c’est à dire
leurs manières de s’approprier les différents espaces composant la ville (ses espaces
publics, ses différents équipements, ses plages, etc.) se résument en les pratiques
suivantes :
Graphe 13. Les activités et les pratiques des femmes (de l’échantillon) (Auteurs, 2018)
322
« (…) l’arrivée de ruraux dans les grandes villes ou les villes plurimillénaires est généralement analysée
en termes de chaos ou de crise, voire de fin de la ville ».
339
Graphe 14. Les activités et les pratiques des hommes (de l’échantillon) (Auteurs, 2018)
Notre enquête nous a montré que la situation critique de la ville influe directement sur les
pratiques et usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewers) rendait les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.
« Je passe ma journée entre le travail et la maison, et parfois je passe au cafétéria, je ne
fais rien d’autre, car il n’y a rien à Jijel »323.
323
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.
340
Pour se reposer, la majorité des habitants (plus de 60%) se retrouvent dans l’obligation de
se rendre vers les autres communes et parfois les autres wilayas ; le parc de Taza, les
grottes, le barrage de Kissir, la campagne, hors wilaya (hammam)à 70 km de la ville. Par
contre, une minorité (moins de 40 %) préfère rester à l’intérieur de la ville et choisit les
bords de mer et Beaumarchais.
II.B.2. Les effets relatifs au sentiment d’appartenance des habitants à leur ville :
Les liens entre les habitants et leur ville sont aussi influencés par la situation critique de
cette ville, dont nous avons essayé d’examiner le niveau d’attachement des habitants à leur
ville de façon générale :
L’habitant ne veut pas changer Si l’habitant aura une D’autres ne se sentent pas
de résidence, pour 4 raisons occasion, et des meilleuresattachés à la ville, ils
principales : conditions, il changera sa peuvent changer de
*Les spécificités de la ville résidence à cause des résidence facilement, pour
(calme, sécurisée, nature, etc.) eux, Jijel est tout simplement
mauvaises conditions dans
*il se sent bien installé, un espace dans lequel ils ont
stable et à l’aise la ville, dont nous citons ;
l’absence d’espaces de grandi, un espace qui souffre
*Ses souvenirs, ses relations
familiales, amis, voisins et repos et de loisir, absencede beaucoup de
ses biens des équipements culturels, carencesinfrastructurelles
*Avoir peur des mentalités de sports, etc. comme ; l’absence d’espaces
des habitants des autres de repos, absence des
villes équipements culturels, de
sports, etc.
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre les habitants et leur ville.
En effet, tous nos répondants qui ont une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie que leur offre cette ville, parmi
lesquelles nous citons l’absence d’espaces de repos et de loisir, l’absence des équipements
culturels et sportifs, l’absence d’infrastructures touristiques, etc. De ce fait, nos résultats
confirment ceux de DEBORDEAUX Danièle (1994)324.
Mais il est à noter que l’identité de la ville (ses spécificités) a été plus forte que sa situation
critique pour la majorité (54,35% des personnes interrogées)qui sont contre le départ.
« Jijel pour moi, c'est toute une histoire, c'est moi, il y a quelque chose qu'on ne peut pas
trouver ailleurs. C’est aussi la famille, les amis et le respect des traditions locales »325.
Selon SAPOVAL Yves-Laurent (2007) [12] qui a insisté sur l’importance de la prise en
charge de l’identité de la ville dans les opérations de requalification urbaine lorsqu’il a dit
« … Mille petites ou grandes choses qui constituent la mémoire d’un quartier ou de ses
habitants et sans lesquelles il ne saurait y avoir de vie sociale. C’est la raison pour
laquelle il est important, notamment lorsqu’un quartier se transforme à l’occasion d’une
324
D’après lui « la désaffiliation caractérise un processus de rupture du lien social que vivent un certain
nombre de personnes particulièrement démunies. Cette notion se différencie donc de la paupérisation car
elle ne se réduit pas à la dimension économique de leur situation mais concerne également le tissu
relationnel dans lequel elles s'insèrent (ou plutôt ne s'insèrent pas) » [14].
325
Propos recueillis par un homme, 26 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
342
opération de rénovation urbaine, ou au cours de sa requalification progressive, est d’être
attentif à ce que la mémoire se transmette, la “mémoire des lieux” comme “la mémoire
des gens”». Il jugeait que « Les politiques du patrimoine, que les collectivités suivent
aujourd’hui à leur charge, sont là pour permettre de conserver les édifices les plus
emblématiques présentant un intérêt historique et culturel partagé. Cependant, ce qui
disparaît n’est pas toujours d’ordre matériel ».
L’intervention sur cette ville ne peut être efficace sans savoir ses spécificités : les éléments
constituants l’identité de cette ville, qui sont dégagés suite aux réponses des habitants - la
mémoire collective des habitants- :
Graphe 17. Les éléments matériels constituant l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon (Auteurs, 2018)
• L’environnement construit : qui est cité par les habitants de deux sortes :
343
➢ Les espaces et les lieux présentant une valeur historique comme : l'église qui a été
démolie, l’ancien port, le bateau de Baba Aroudj, la citadelle, la mairie (la plus
ancienne), la jetée, le centre-ville avec son architecture, lycée el Kendi (le premier
et leplus grand établissement scolaire).
➢ Les espaces et les lieux présentant une valeur commerciale n’ont été cités par la
population féminine enquêtée : camp chevalier et la foire el Fourssen.
A l’issue de ces résultats d’enquête, nous pouvons dire que les femmes et les hommes
n’ont pas une perception unique envers l’espace, ce qui confirme les résultats de
LAUDATI Patrizia et BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida (2008) [7]326.
II.C.1.2. Les éléments immatériels :
En plus des éléments matériels visibles, Jijel a des valeurs liées à un certain nombre
d’éléments immatériels qui sont :
Graphe 18. Les éléments immatériels constituant l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon (Auteurs, 2018)
Selon les informations recueillies, cette ville riche par sa situation stratégique, l’unicité de
ses caractéristiques naturelles, physiques et paysagères et ses potentialités multiples, est
une destination touristique privilégiée d’un certain nombre d’algériens (notamment les
familles) malgré l’absence des infrastructures touristiques conséquentes, car cette dernière
est une ville conservatrice, calme et sécurisée qui a gardé ses traditions.
326
« Les hommes et les femmes ont des sensibilités différentes qui influencent leur perception des choses »
344
II.C.2. Les attentes des habitants de la ville de Jijel :
À travers les propositions, les besoins et les attentes (aspirations) des personnes
interrogées, nous avons essayé de dégager les éléments sur lesquels il faut intervenir pour
requalifier cette ville, que nous avons synthétisés dans le tableau ci-joint :
➢ L’état de perception de ses habitants et leurs réactions aux changements pour qu’ils
soient à la hauteur et faire des efforts, car la ville possède toutes les potentialités
pour se développer ;
345
➢ Il faut que les pouvoirs publics s'impliquent dans cette dynamique en faisant
recours à des professionnels dans le domaine du tourisme, du marketing urbain, de
la sociologie de l’espace ;
➢ Et que les habitants s’impliquent davantage dans toute opération de requalification
de leur ville en tant (à la fois) qu’acteur associé à la décision, qu’usagers de
l’espace327.
« Si ses habitants n'interviennent pas, elle ne s'améliorera jamais…les Jijéliens sont des
fainéants, bien qu’ils ont de l'argent mais ils n'investissent pas pour développer leur
ville »328.
D'autres répondants étaient pessimistes, et pensaient que Jijel telle qu'elle est, ne peut plus
se développer, dont, on ne pourra jamais faire revivre l'ancienne ville et /ou lui rendre son
identité d'antan, du moment où, la population ne veut pas de changements, heureusement
qu’il s’agit d’une minorité :
« On ne veut pas de changements, elle est bonne telle qu’elle est, si elle grandissait elle
perdrait tous »330.
CONCLUSION
Toute intervention sur un espace donné, quel que soit son échelle, ne peut être complète et
efficace que par la prise en charge de toutes ses composantes, l'appréhension de son
identité et la participation de tous ses acteurs.
327
Comme le confirme SAID AISSA. K et OTHMANI-CHABOU. M (2010) [15], qui jugent que « l’absence
d’une volonté politique et la centralisation entravent largement l’aboutissement des opérations de
requalification en Algérie. Les rares opérations lancées ont un caractère ponctuel et isolé se limitant à des
interventions superficielles sans intégrer les collectivités locales et les usagers qui sont les plus concernés
par les démarches urbaines sur leur quartier ».
328
Propos recueillis par une femme, 27 ans, native de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
329
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
330
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.
346
Notre enquête qui s’est basée sur l’expression directe des besoins, des vécus, des vœux et
des attentes des habitants de la ville de Jijel, nous a permis d’atteindre les objectifs
préétablis et de vérifier l’hypothèse posée préalablement. En effet, l’analyse et le
traitement de la voix de chaque interviewé nous a montré que malgré le long processus de
disqualification qu’a connu la ville de Jijel, suivi par la perte de son identité, elle n’est pas
disqualifiée pour tous ses habitants, mais seulement pour ses vrais et anciens, qui
connaissent son histoire et comment elle était. Cette ville a renoué partiellement avec le
développement au début des années deux milles dans quelques domaines, pour cause
l’éphorie financière qu’a connu le pays, mais elle n’a pas pu récupérer son image et son
identité d’antan.
Autre que les effets négatifs induits du phénomène de l’exode rural, ce processus de
disqualification est la responsabilité à la fois des décideurs et des habitants. Des décideurs
qui s'occupaient seulement des logements et des aspects quantitatifs au détriment de la
qualité des espaces produits et l’identité de la ville, et de ses habitants qui ne contribuent
pas et ne prennent pas d’initiatives pour améliorer leur cadre de vie.
La situation critique de cette ville a influé d’une part, sur les pratiques et usages de ses
habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des aires de jeux (le premier point
le plus cité par les interviewés) rendait les activités régulières des habitants limitées
souvent au trajet Maison – Travail/étude. Et d’autre part, il a affaibli les liens entre les
habitants et leur ville.
Le développement de cette ville qui réclame une action globale de requalification urbaine,
est conditionné selon ses habitants par l’implication des pouvoirs publics et des habitants
dans cette dynamique en faisant recours à des professionnels dans le domaine du tourisme,
du marketing urbain et de la sociologie de l’espace, et par un suivi strict et rigoureux de la
part des pouvoirs publics en appliquant la réglementation.
D’un point de vue théorique et scientifique, nos résultats nous ont montré les points
suivants :
1. La perception d’une ville est fortement liée à la durée de résidence de ses habitants,
leurs connaissances, ainsi que leurs âges, dont, la perception de la ville par ses anciens
habitants, et ceux qui connaissent son histoire n’est pas la même que celle des
nouveaux habitants.
347
2. Le commerce et l’accessibilité sont deux éléments positifs qui peuvent transformer le
regard porté sur un lieu. Ce qui explique la perception positive de la ville de Jijel par
une catégorie d’habitants, qui ont lié son développement à la présence de ces deux
éléments. D’après eux, le développement du commerce est dû à l’arrivée des ruraux et
des étrangers à la ville, qui ont ramené avec eux cette nouvelle pratique. De ce fait,
notre enquête a montré que l’arrivée des ruraux en villes n’est pas toujours la
signification de crise et de chaos comme la confirme BERRY-CHIKHAOUI
Isabelle (2009) [12], mais il peut constituer un vecteur de développement
économique de l’espace. Certes, il a des effets négatifs mais il a aussi des effets
positifs.
3. Un processus de disqualification d’une ville peut conduire à limiter les pratiques et
les usages de ses habitants, et affaiblir les liens entre ces derniers et leur ville.
4. Les facteurs ; âge, sexe et « temps » sont déterminants pour l’étude des pratiques et
usagers des habitants d’une ville.
Finalement, notre enquête nous a permis d’ouvrir quelques pistes de réflexion sur la
pratique de l’espace public et la question du genre :
Quant aux éléments dégagés pour la requalification de la ville de Jijel, ils n’ont pas le
même ordre d’importance, pour cela, une enquête quantitative serait nécessaire pour les
hiérarchiser par priorité selon le degré d’importance suggéré par les habitants à chaque
élément. Ce qui nécessitera un travail de recherche complémentaire et futur.
348
[4] La direction de programmation et de suivi du budget de la wilaya de Jijel (DPSB : ex
DPAT) : « Rapport statistique annuel de la wilaya de Jijel » (fin d’année 2014)
[5]http://homepages.ulb.ac.be/~jmdecrol/Upload_enseignement/GeogF419_EntretiensPP.p
df (« Introduction à l’entretien semi-directif », DECROLY Jean-Michel. Consulté le 19
Mai 2016)
[6]http://fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/8/75.pdf (Méthodologie de la recherche : le
questionnaire, par POIRIER-COUTANSAIS Geneviève).
[7] LAUDATI Patrizia, BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida, « Identification des attributs
de la qualité sémantique de l’image de la ville par la méthode EBAHIE » - Chapitre 5 in «
Objectiver l’humain ? Qualifier, quantifier » Volume 1 : Méthodes pour l’évaluation en
SIC » sous la direction du Professeur S. LELEU MERVIEL
[8] MERVIEL Sylvie Leleu, « Objectiver l'humain ? Volume 1, Qualification,
quantification ». Edition LA VOISIER, 2008.
[9] ANGERS Maurice, « Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines ».
Casbah université 1997, 381 pages.
[10] GALLAND Blaise, « Identités urbaines : Genève-Lausanne ». Genève, Éditions
Georg, 1993
[11] Bailly, A. « La perception de l’espace urbain : les concepts les méthodes d'étude leur
utilisation dans la recherche géographique », Thèse de Doctorat d’État, université de Paris
IV, Lille, 2 volumes 710 p.1977.
[12] YVES-LAURENT Sapoval et all, « Travail de mémoire et requalification urbaine ;
Repères pour l’action », les éditions de la DIV, 2007, 180 pages.
[13] BERRY-CHIKHAOUI Isabelle, « Les notions de citadinité et d’urbanité dans
l’analyse des villes du Monde arabe », Les Cahiers d’EMAM, 18 | 2009, 9-20.
[14] DEBORDEAUX Danièle, « Désaffiliation, disqualification, désinsertion » In :
Recherches et Prévisions, n°38, décembre 1994. Pauvreté Insertion RMI. pp. 93-100
[15] SAID AISSA. K et OTHMANI-CHABOU. M, « Où sont les quartiers périphériques
et leurs habitants dans les projets de ville en Algérie ? » 2010.
349
Article 02 : Publié dans la revue « Algerian Journal of Human and Social Sciences »
Résumé : Abstract:
Au cours des trois dernières décennies, la
question de l’identité d’un territoire a During the last three decades, the question
suscité un nouvel intérêt scientifique of the identity of a territory has aroused a
constituant pour les chercheurs une piste à new scientific interest constituting for the
explorer car animant et donnant un sens à researchers a track to be explored because
leur vie sociale et quotidienne. animating and giving a direction to their
En Algérie, le substrat urbain a toujours social and daily life.
obéi au rapport évolution/changement. Cet In Algeria, the urban substratum has
article interroge les répercussions des always obeyed the evolution/change
mutations urbaines sur l’identité de la ville relationship. This article questions the
algérienne, en prenant comme cas d’étude, repercussions of urban mutations on the
le territoire jijélien. Les résultats de notre identity of the Algerian city, taking as a
investigation mettent en évidence les case study the territory of Jijel. The results
changements parcourus par les éléments of our investigation highlight the changes
constitutifs de l’identité d’une ville undergone by the constituent elements of
algérienne. the identity of an Algerian city.
*Auteur correspondant.
350
1. Introduction :
351
Le présent article aborde la question de l’identité de la ville dans une perspective
dynamique, abordant l’influence des mutations urbaines. Nous tentons d’allier passé et
présent, espace aménagé et espace perçu/vécu par ses habitants. En prenant comme cas
d’étude, le territoire de Jijel, nous essayons d’apporter des éléments de réponses aux
questions suivantes : Quelle est la nature des mutations urbaines qu’a connues ce
territoire ? Quels sont leurs répercussions sur son identité ?
La réponse à de telles questions nous permettra de mettre en évidence les éléments
identitaires spécifiques et les changements subis, assurant ainsi une meilleure prise en
charge de cette question dans les futurs projets, d'autant plus que ce substrat est dans une
phase charnière de changement. En fait, De par sa situation géographique stratégique
disposant d’un grand port commercial (classé parmi les premiers en méditerranée), elle est
appelée à passer d’une ville enclavée à un important pôle d’industrie, de tourisme et
d’affaires, à travers de grands projets structurants prévus par l’Etat (en cours de réalisation)
tels que : la modernisation du port de Djen Djen, la réalisation d’une pénétrante
autoroutière la reliant à l’autoroute Est-Ouest, le grand projet du complexe sidérurgique
Algéro-Qatari à Bellara (50 km de Jijel).
Notre recherche repose sur l’hypothèse que les mutations du territoire jijélien conduiraient
à la détérioration voire à la perte de ses spécificités tant matérielles qu’immatérielles.
Après avoir donné une présentation synthétique de la question de l’identité d’une façon
générale, nous apportons dans la partie qui suit un éclairage sur les différentes mutations
qu’a connues le territoire Jijélien dans le but de mettre en évidence les causes et les
conséquences qui ont conduit à son état actuel. Dans un second temps, nous abordons le
rapport mutation de l’espace urbain jijélien / son identité.
2. Méthode empirique, approches qualitative et quantitative et crostabulation
Pour cerner ces mutations urbaines et leurs effets induits, nous avons fait appel à la
combinaison de quelques approches : La méthode d’enquête (quantitative, qualitative et
la combinaison des deux) et la méthode historique avec son analyse de contenu ainsi
que l’observation en situation. Le but revient à établir les faits et les conclusions des
événements passés, qui ont marqué l’histoire de ce territoire, et ont contribué de façon
directe ou indirecte à façonner sa genèse actuelle.
352
2.2. L’identité de la ville auprès des habitants … une enquête qualitative
Notre interrogation sur l'identité de la ville et les changements qu’elle a parcourue, nous a
amenées à questionner ces concepts auprès des habitants (aller vers la composante humaine
elle-même et placer l’habitant au cœur du système d’évaluation de la question traitée). La
« connaissance du site, n’est pas l’apanage du technicien »xii, mais de l’habitant,
également appelé « l’usager-expert des lieux » ou « partenaire du renouveau local »xiii. En
effet, la prise en charge des acteurs sociaux est indispensable dans la composition de
l’identité urbaine comme la montre Galland Blaisexiv « … L'idée de "l'identité urbaine"
devient opérationnelle à partir du moment où l'on considère une collectivité urbaine
comme un acteur social ».
Dans l’objectif d’aborder la question de l’identité urbaine en privilégiant l’entrée par la
composante humaine, nous avons eu recours à la méthode d’enquête par la technique
d’entretien « semi-directif » de type individuel sur un échantillon de 46 personnes
habitants de la ville de Jijel, dont le nombre des personnes interrogées s’est fait sur le
principe de saturation des sourcesxv. En outre, la représentativité de l’échantillon en cette
étude qualitative n’est pas conditionnée par sa taille mais par la qualité de ce que répondent
les habitants. Pour cela, elle ne nécessite pas un grand nombre de personnes interrogées,
comme le montre les résultats des travaux de Griffin et Hausser (1991) qui ont prouvé
expérimentalement qu’une trentaine de personnes interrogées dans le cadre d’une écoute
qualitative fournit plus de 90% de la richesse de l’information à recueillir.
Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, les caractéristiques de la population
ciblée peuvent être résumées comme suit :
353
Figure 24, Figure 25 : Caractéristiques de notre échantillon (durée de résidence et catégorie
socioprofessionnelle) xvii.
Nos questions portaient sur les manières d’approprier l’espace urbain jijélien par ses
habitants (les pratiques quotidiennes) et la nature du sentiment d’appartenance envers leur
ville (leur niveau d’attachement). Tant que l'identité se révèle essentiellement au niveau
des représentations mentales de ses usagers, l’objectif est de dégager l’image mémorisée et
perçues par ses habitants.
Le dépouillement des résultats s’est fait selon une analyse qualitative de type sémantique
basée principalement sur la « méthode de sélection positive », c'est-à-dire, tout en restant
fidèle aux expressions et aux mots prononcés par les habitants, nous avons essayé de
réduire la quantité étonnante de données qualitatives résultantes des différents entretiens
aux expressions les plus significatives à l’aide du logiciel SPSS et à la « cross-tabulation »
un croisement des variables et donnéesxix.
3. Regard sur les mutations urbaines à Jijel…
354
découpage administratif de 1974, était caractérisée par son aspect fortement rural, dont
seulement 5 communes de l’ensemble de ses 28 communes ont été considérées comme des
agglomérations urbain. Depuis son indépendance, la wilaya de Jijel a connu un phénomène
d’exode rural massif –de la population habitante des communes intérieures vers les
communes majoritairement côtières-donnant lieu à de fortes pressions démographiques sur
les agglomérations urbaines déjà existantes et l’apparition de nouvelles agglomérations.
Cependant, malgré l’importance du processus de son urbanisation, la wilaya a gardé son
caractère rural jusqu’à l’année 2008, où elle est devenue majoritairement urbaine à hauteur
de 53% de sa population (voir figure ci-dessous).
JIJEL
(Agglomération
chef-lieu de wilaya)
Figure 29. L’évolution historique de la Figure 210. Les directions de l’étalement urbain de la
ville de Jijelxxii. commune de Jijel ces dernières années
Source : traitement des auteurs sur fond de carte du PDAU
de Jijel (2009)
Le système urbain de cette ville hérité est constitué d’un centre urbain colonial (d’une
architecture française), et des extensions périphériques composées de deux tissus, d’une
part, un tissu planifié produit dans le cadre de développement local amorcé après 1974,
date de sa promotion en chef-lieu de wilaya, sous forme de ZHUN (Zone d’Habitat Urbain
Nouvel), et d’autre part, un tissu urbain non planifié.
La ville de Jijel, à l’instar des autres villes algériennes, subissait une situation urbaine
difficile, du fait de l’intensité du phénomène d’exode rural et ses effets induitsxxiii. En effet,
l’explosion démographique qu’a connu Jijel où le nombre d’habitants a triplé entre 1977
(45900hab) et 1998 (115678 hab) – selon les statistiques des RGPH (Recensement Général
de la Population et de l'Habitat)-, s’explique surtout par le solde migratoire et l’excèdent
naturel élevé. Après 1998, un ralentissement dans le rythme de la croissance
démographique est observé, (taux de croissance passe de 4,62% entre 1987 et 1998 à
1,51% entre 1998 et 2008), grâce à l’amélioration des conditions de vie dans les autres
communes, permettant une stabilisation relative de leurs habitants.
L’étalement urbain rapide qu’a connu Jijel, a entraîné une rareté des réserves foncières
au niveau de l’ACL de la commune –la saturation de son tissu urbain-, et du coup, des
extensions ont été orientées (par le PDAU de 2009 (Plan directeur d’aménagement et
d’urbanisme)xxiv vers les agglomérations secondaires d’Ouled Bounnar et Harratène,
passant par le plateau de Mezghitane et l’entrée Est de la commune.
356
4. Répercussions des mutations urbaines sur l’identité du territoire jijélien
4.1. L’environnement construit est-il réellement un support d’identité ? … La
réponse du terrain
Malgré son rôle et son statut de noyau central autour duquel s’articule l’ensemble de la
ville, il se caractérise par une faible densité 98 habitants /ha. Il connaît un déclin de sa
population où le nombre, de cette dernière, est passé de 7331 hab en 1998 à 4481 hab en
2008, 3988 hab en 2011 et finalement à 3820 hab en 2015, dont 45% sont en chômagexxvi.
Force est de constater que 89,9% des ménages sont d’origine locale (nées dans le
périmètre), 7,2% proviennent des autres communes de la wilaya, alors que seulement 2,9%
des ménages ont pour origine d'autres régions du pays ou l'étranger (2 ménages
palestiniens et 1 ménage tunisien)xxvii.
Conçu initialement par et pour les colons, la typologie d’habitation dominantes dans ce
tissu est l’habitat colonial, qui se distingue par son aspect architecturel, occupant de
grandes parcelles juxtaposées le long des voies, rendant son accessibilité facile et directe
par la rue.
Les hauteurs de l’habitat colonial varient entre RDC et R+1 pour l’habitat individuel et
dépasse le R+1 pour le collectif, généralement R+2 sauf les HLM R+4. L’habitat collectif
se caractérise par l’occupation du RDC par le commerce et les services, sur les grands axes
de communication. Malgré la diversité de l’habitat colonial, il représente un aspect
architectural ordonné et homogène, avec une identité claire, matérialisée par
l’ornementation de leurs façades, des toitures inclinées et parfois la présence d'une cour à
l'arrière façade, des jardins latéraux ou bien des patios.
357
Figure 30 et Figure 31. L’habitat colonial existant dans la ville de Jijel
Source : photos prise par les auteurs en 2021.
358
centrale, sous forme de (U) ou de (L) et des façades extérieures aveugles avec un aspect
architectural pauvre (un aspect rural).
Ces tissus dits nouveaux sont en rupture totale avec l’ancien tissu colonial, en termes de
qualité, normes, organisation, aspects esthétiques, etc. En effet, la forte
explosion démographique s’est traduite spatialement par deux formes, logiquement
différentes, mais semblables sur le plan visuel, à savoir ; tissu planifié (ZHUN,
lotissements) et tissu non planifié (constructions illicites et/ou bidonvilles) d’une
typologie très hétérogène suivant un parcellaire irrégulier, mettant en évidence la
spontanéité de leur apparition et de leur évolution échappant à toutes les règles
d’urbanisme (Voir figures ci-après).
359
Figure 35. Les principaux axes routiers de la ville de Jijel.
Source : établi par les auteurs sur fond de carte du SIG de Jijel (2012).
1 2 3
360
Figure 37.Vue panoramique de toute la ville de Jijel, le non achèvement des constructions devient une
marque…
Photo prise par les auteurs à partir de l’évitement Sud (2021).
D’une manière générale, le paysage urbain de cette ville est un mélange de formes et de
styles différents, entre des bâtiments à usage d’habitation et des équipements, nous
constatons le manque d’un point de repère clair. En revanche, il est évident que la nature
topographique du terrain a largement façonné le paysage de cette ville.
Entre les deux entités (centre colonial et sa périphérie), et devant la multiplication des
formes et des styles architecturaux, Jijel a perdu son cachet de petite ville portuaire
belle, propre et s'oriente vers une altération de ses spécificités locales. Ailleurs et au
moment où la diversité architecturale constitue un enjeu et une richesse paysagère
d’un espace, ici en Algérie, en particulier à Jijel, le constat est amer : une tare
urbaine.
Force est de constater que cette périphérie et bien qu’elle présente plusieurs lacunes, a pu
acquérir une importance particulière chez la population locale, à l’image du plateau Ayouf,
qui est devenu la nouvelle centralité de Jijel, considéré comme une destination privilégiée
des habitants (en particulier des femmes) en raison de la propagation de tous les types de
commerce d'habillementxxx.
4.2. Des aspects liés à la culture et aux spécificités locales altérées …
Mesurer les répercussions des mutations de la ville de Jijel sur son identité en fonction de
la vision de ses habitants, nous a amené à poser la question suivante aux personnes
interrogées : Selon vous, Qu’est-ce qui a changé par rapport à autrefois ?
361
Figure 38. Les éléments identitaires de la ville de Jijel ayant eu des changements négatifs selon l’échantillon
Source. Auteurs, 2019
Selon les entretiens, tous les éléments d'identité de cette ville ou presque, n'ont eu que des
changements négatifs (et non positifs). En fait, outre la détérioration des routes, des
moyens du transport, des espaces publics et de la qualité des services et des
équipementsxxxi. Les éléments identitaires mises à l’épreuve du processus de
dysfonctionnent qu’a connu Jijel, sont en premier lieu, les valeurs liées au comportement
des gens (18,28%), suivie de la dégradation des aspects esthétiques des constructions
(18,28%) qui sont majoritairement inachevées (13,98%) caractérisées par une architecture
monotone, sans références ni âme, endommageant le paysage et l’image de la ville. Les
valeurs liées au civisme et citadinité (11,83%) et les relations de voisinage (12,90%) sont
aussi altérées.
« Comment jugez-vous le fait de changer votre lieu de résidence (votre ville) ? Or,
voulez-vous changer votre lieu de résidence ? Et pourquoi ? » Telles sont les questions
que nous avons posées aux interviewés pour pouvoir examiner le niveau d’attachement à
leur ville de façon générale.
Les réponses à ces questions, nous ont montré que la situation critique actuelle de cette
ville a fragilisé les liens entre certains habitants et leur ville, dont tous nos répondants qui
ont une intention de quitter la ville ou la wilaya et justifiaient cela par les mauvaises
conditions de vie que leur offre cette villexxxii. En croisant cette réponse avec la variable
tranche d’âge, nous avons constaté que le sentiment d’appartenance est fortement influencé
par l’âge du répondant. Ce sont les jeunes qui représentent les taux les plus élevés (de non
attachement à leur ville), dont 42,86% sont entre 15 et 24 ans et 31,25% entre 25 et 39 ans.
362
Figure 39. Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par âge
Source. Auteurs, 2019.
Ces derniers temps, depuis l’an 2014, la ville de Jijel connait un phénomène intense de
participation citoyenne à l’amélioration du cadre de vie sous forme d’une série
d’interventions ponctuelles et volontaires de la part de ses habitants. Ces actions
volontaires des habitants contribuent à la fabrique d’un cadre de vie agréable ressenti par
tout visiteur et rapportés par les réseaux sociaux spécifiques à la ville (Voir figures ci-
après).
Figure 41.Un chantier de volontariat ouvert à la cité Figure 222. Les escaliers de la Crète à Jijel
« cirque » à Bab Sour. Publiée par le groupe de après repeint par un jeune homme jijélien.
Facebook « JijelNews », le 17/01/2018. Publiée par le groupe de Facebook
« JijelNews », 2014.
En tentant de comprendre la nature de ces actions et leurs répercussions sur la ville et son
identité, nous continuons notre observation et mesurons l’impact de ce phénomène dans
une autre publication.
5. Conclusion
363
Evoquer le concept d’identité d’un territoire c’est marquer ses spécificités, mettre en
exergue les aspects de ses particularités. Les habitants ou usagers sont les indicateurs des
retours d’expériences.
« Construire la ville comme objet d’étude signifie la nécessité de rompre avec la vision de
la ville réduite à un cadre spatial, pour la penser comme société »xxxiii. En fait, placer les
habitants au cœur du système d’évaluation de la question traitée, nous a permis d’aborder
la question de l’identité dans sa globalité.
Un processus de dysfonctionnement d’une ville peut conduire à affaiblir les liens entre les
habitants et leur ville.
Le territoire jijélien autrefois si calme, propre et homogène d’après ses anciens habitants,
se retrouve en effervescence à cause de plusieurs paramètres qui ont agi négativement sur
l’espace, défigurant son harmonie, consommant ses richesses foncières par l’implantation
d’un genre d’habitat sans aucune harmonie ni esthétique mais attractif de par les
spécificités commerciales installées dans le périurbain.
L’identité que nous nommerons ancienne est en train de s’effriter laissant place à un
conglomérat sans règles ni lois… Peut-être une étude approfondie de ce péri-urbain saura
mettre en exergue la nouvelle identité des villes algériennes qui se sont mises à un
commerce informel de consommation. C’est une piste à traiter prochainement.
6. Références bibliographiques
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LUSSAULT Michel (1997), Des Récits et Des Lieux : Le registre identitaire dans l’action
urbaine, Annales de géographie (Paris) 106(597), p. 522 ;
ii
BELGUIDOUM Saïd, CATTEDRA Raffaele, IRAKI Aziz (2015), Villes et urbanités au
Maghreb, CNRS Éditions, p. 12 ;
iii
BELGUIDOUM Saïd, MOUAZIZ Najet (2010), L’urbain informel et les paradoxes de la
ville algérienne: politiques urbaines et légitimité sociale, Espaces et sociétés (3), p. 102 ;
iv
DI MEO Guy (2008), Le rapport identité/ espace : Eléments conceptuels et
épistemologiques, Hal: 1–13 ;
v
BELHEDI Amor (2006), Territoires, appartenance et identification : quelques réflexions
à partir du cas Tunisien, L’espace geographique 35(4), p. 313 ;
vi
BLAIS Pierre, BOUCHER Isabelle, CARON Alain (2012), L’urbanisme durable:
enjeux, pratiques et outils d’intervention, Ministère des Affaires municipales, des
Régions et de l’Occupation du territoire, p. 69 ;
364
vii
DI MEO Guy, op.cit ;
viii
GALLAND Blaise (1993), Les identités urbaines, In Cultures, Sous-Cultures et
Déviances, p. 14 ;
ix
Ibid, p. 4 ;
x
MORISSET Lucie K (2001), Des identités urbaines, p. 5 ;
xi
THOUEMENT Hervé, ERWAN Charles (2011), L’identité, frein ou moteur de
développement territorial? une méthodologie d’analyse : exemples de la région
capitale de Bruxelles et de Québec, 1ère Conférence Intercontinentale d’Intelligence
Territoriale ”Interdisciplinarité dans l’aménagement et développement des territoires”,
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xii
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publique locale : le cas des plans de déplacements urbains, thèse de doctorat de
l’école nationale des ponts et chaussées, Ecole des Ponts ParisTech, p. 54 ;
xiii
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xiv
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xv
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xvi
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xvii
Ibid ;
xviii
Ibid ;
xix
Ibid ;
xx
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national d’études et d’analyses pour la population et le développement-, p. 229 ;
xxi
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xxii
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365
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xxv
POS 01 de l’agglomération chef lieu de la commune de Jijel, op ;cit, p. 15 ;
xxvi
Ibid., p. 21;
xxvii
Ibid;
xxviii
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xxix
KIHAL Hanane (2005), Devenir Des villes portuaires moyennes historiques cas de
Jijel, mémoire de magister, université Ferhat Abbas de Sétif U.F.A.S – Algérie ;
xxx
ALIOUA Nawal, KAGHOUCHE BENABBAS Samia, op.cit ;
xxxi
Ibid ;
xxxii
Ibid ;
xxxiii
BELGUIDOUM Saïd (2008), La ville en question-analyse des dynamiques urbaines
en Algérie, In Penser La Ville-Approches Comparatives, p. 3.
366
Nom et Prénom : Nawal ALIOUA
Résumé
Le phénomène de l’exode rural et de la croissance de villes ont pris un essor, entraînant souvent l’abandon
des vieux centres avec leur attractivité et leur spécificité, et, l’émergence des espaces périphériques plus
attrayants mais sans âme ni références identitaires. Face à cette situation troublante, la ville peine à se
démarquer et à trouver sa singularité dans un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre villes
est intense. Alors, comment peut-on offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au sein de leur
ville grâce au processus de requalification urbaine ? Et par quels moyens ? Tel est le questionnement qui
alimente notre réflexion.
La pertinence et la nouveauté recherchées dans notre étude s’incarnent dans la proposition d’une démarche
qui permet de mieux appréhender la question de l’identité d’un territoire et de la voix de ses habitants dans
les opérations de requalification urbaine, c’est-à-dire, de montrer comment révéler l'identité d'une ville lors
des opérations de sa requalification. Pour traiter cette préoccupation majeure, le choix est porté sur la ville de
Jijel (en Algérie) qui est en pleine mutation et dont elle est appelée à passer d’une ville enclavée à un pôle de
développement régional (2030) à travers de grands projets structurants prévus par l’Etat qui sont en cours de
réalisation. Or, le système urbain de cette ville souffre de plusieurs lacunes.
Cette recherche propose de mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie global et actuel de
la ville de Jijel à travers une approche du terrain, d’abord en tant qu’espace aménagé et à aménager et puis en
tant qu’espace perçu et pratiqué par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification et
la révélation de son identité.
En questionnant en premier lieu la situation actuelle de cette ville à travers un diagnostic détaillé puis en
analysant le contenu des stratégies de requalification telles qu’elles sont dessinées par ces décideurs, nous
visons à comprendre les mutations que subissent cette ville et leurs répercussions sur son identité.
L’habitant étant le nœud focal sur lequel se base toute décision car il est à la fois usager et acteur, pratiquant
et décideur. Nous questionnons les deux concepts auprès des habitants de cette ville. En effet, entendre la
voix de ces derniers à travers des entretiens semi directifs ainsi que les observer, nous permet de définir leurs
besoins et leurs aspirations en termes des opérations de requalification urbaine d'une part et de poser les bases
et les assises subjectives nécessaires à l'appréciation objective de la question de l'identité territoriale d’autre
part.
L’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base à partir d’une réinterprétation des
informations recueillies et des représentations des habitants. Le croisement des résultats de notre enquête
avec les logiques institutionnelles qui dessinent l’avenir de cette ville, permet de mener une lecture critique
des politiques de requalification urbaine proposées par les décideurs de la ville de Jijel. Consolider les
résultats de ce croisement par les résultats de l’approche comparative, en étudiant trois expériences
étrangères menées dans le domaine de l’urbain, qui ont des similitudes avec notre cas d’étude, contribue à la
fois à prendre un recul par rapport à notre contexte national et à construire un outil d’aide à la décision
efficace et efficient qui servira de référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice
de son identité).