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Thèse ALIOUA Nawal

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Université de Constantine 3

Faculté d’Architecture et d’Urbanisme


Département d’Urbanisme

POUR DES FORMES DE REQUALIFICATION URBAINE POUR JIJEL

THESE

Présentée pour l’Obtention du


Diplôme de Doctorat LMD
En Urbanisme

Par
Nawal ALIOUA

Année Universitaire
2020-2021
Université de Constantine 3
Faculté d’Architecture et d’Urbanisme
Département d’Urbanisme

N° de Série :
N° d’Ordre :

POUR DES FORMES DE REQUALIFICATION URBAINE POUR JIJEL

THESE

Présentée pour l’Obtention du


Diplôme de Doctorat LMD
En Urbanisme

Par
Nawal ALIOUA

Devant le Jury Composé de :

PR SAHNOUNE TAYEB PRESIDENT Université de Constantine 3


DR ZEHIOUA HECHAM BERNIA RAPPORTEUR Université de Constantine 3
DR DJEGHAR AICHA EXAMINATRICE interne Université de Constantine 3
DR BELMESSOUS FATIHA EXAMINATRICE externe Université de Lyon / ENTPE
DR MEZRAG HADDA EXAMINATRICE externe Université de Msila
PR BEN GHODBANE FOUAD EXAMINATEUR externe Université d'Oum el Bouaghi

Année Universitaire
2020-2021
REMERCIEMENTS

Arrivé au terme de la rédaction de cette thèse, il m’est particulièrement agréable


d’implorer Dieu le Miséricordieux, qui m’a donné la force et la volonté d’achever ce
travail.

La réalisation de cette thèse a été possible grâce au concours de plusieurs personnes, à


qui je voudrais témoigner toute ma reconnaissance.

Je voudrais dans un premier temps remercier, ma directrice de thèse, madame


BERNIA ZEHIOUA HECHAM. Je la remercie vivement de m’avoir encadrée,
orientée, aidée et conseillée. Son écoute attentive et ininterrompue et ses judicieux
conseils, ont contribué à alimenter ma réflexion, et m’ont été d’une aide précieuse.

J’adresse également ma gratitude à madame le professeur « BENABBAS


KAGHOUCHE Samia », mon ancienne directrice de thèse, qui m'a guidée tout au long
de mon travail de recherche dans un esprit scientifique rigoureux. Je lui adresse mes
plus sincères remerciements.

Nos vifs remerciements vont également aux membres du jury pour l’intérêt qu’ils ont
porté à notre recherche en acceptant d’examiner notre travail et de l’enrichir par leurs
propositions.
Un grand merci également à tout le personnel de l’école nationale des travaux publics
de l’Etat, à Lyon, où j’ai passé mes stages, et plus particulièrement au maître de mon
stage madame « BELMESSOUS Fatiha », qui par ses remarques et ses conseils, a
guidé mes réflexions, et a accepté de m’accueillir et de répondre à toutes mes questions
durant mes séjours. Je la remercie vivement de m’avoir accordé sa confiance et de
m’avoir suivie et aidée tout au long de mes stages, pour que ceux-ci se passent dans les
meilleures conditions.

Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour leur aide
dans la réalisation de cette thèse :

Monsieur le professeur BOUCHAREB Abdelouahab pour son aide si précieux dans la


correction de mon premier article.

Madame NACEUR Farida pour son écoute et ses conseils.

Madame MAKHLOUF Wissem, de la direction d’urbanisme et de construction de Jijel,


Monsieur FENINECHE Hamza, de la direction de l’environnement de Jijel et
monsieur BEHEIEHE Salim, de la direction de programmation et de suivi de budget
de Jijel qui avec leurs accueils et leurs aides, j’ai pu accomplir mon travail du terrain.

Madame DRAA Hayat, son mari et leurs filles.

Mes amies…

Sans oublier d’exprimer finalement ma gratitude et mes remerciements à tous ceux qui,
par leur enseignement, leur soutien et leurs conseils, m'ont aidée à la réalisation de ce
modeste travail.
DEDICACES

Avec un énorme plaisir, un cœur ouvert et une immense joie, que je dédie mon travail à
mes très chers, respectueux et magnifiques parents, qui m’ont donné de leur temps, de
leur patience, de leur amour et leurs sacrifices et soutien incommensurables tout au
long de ma vie et surtout mes études.

A mon mari qui m’a apporté un grand support moral et intellectuel tout au long de ma
démarche.

A mes fils « Djawad » et « Louai ».

A mes frères et ma sœur.

A ma belle-famille.

A tous mes enseignants, qui m’ont éclairée sur ce chemin du savoir.

A toutes personnes qui m’ont encouragée ou aidée tout au long de mes études.
TABLE DES MATIERES

Page

LISTE DES FIGURES ......................................................................................................... xi


LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................. xvi
LISTE DES ABREVIATIONS ....................................................................................... xviii
RESUME ............................................................................................................................ xxi

CHAPITRE I
INTRODUCTION ................................................................................................................. 1
1.1 Problématique générale ........................................................................................... 3
1.2 Problématique de la recherche spécifique............................................................... 4
1.3 Les connaissances acquises et le positionnement épistémologique ........................ 6
1.4 Hypothèse ............................................................................................................... 9
1.5 Méthodologie et outils de la recherche ................................................................. 10
1.6 Cadrage spatial et temporel de la recherche ......................................................... 16
1.7 Structure de la recherche ....................................................................................... 18

CHAPITRE II
LA POSITION EPISTEMOLOGIQUE : LA QUESTION DE LA REQUALIFICATION
DE LA VILLE ET L’IDENTITE DES TERRITOIRES… ENTRE THEORIES ET
DOCTRINES ....................................................................................................................... 20
2.1 La requalification urbaine des tissus existants : une prise de conscience ............. 20
2.1.1 De « la table rase » à la requalification urbaine ............................................ 21
2.1.2 La requalification urbaine, entre concept et enjeux....................................... 22
2.1.3 La requalification urbaine, acte des politiques publiques.............................. 28
2.2 L’identité, un concept « flou » de nature paradoxale............................................ 31
2.2.1 Le rapport identité/ territoire -espace- ........................................................... 31
2.2.2 Identité des territoires et/ ou l’identité territoriale ......................................... 36
2.2.3 Le génie du lieu, combinaison de « l’esprit » et du « lieu » .......................... 36
2.3 La requalification de la ville et l’identité des territoires … Quelles relations ? ... 37
2.3.1 La nécessité de prise en charge de l’identité dans les opérations de
requalification............................................................................................................... 37
2.3.2 Les impacts des opérations de requalification d’un espace sur son identité . 38
2.3.3 Le rapport requalification et identité des villes portuaires, quelle spécificité ?
………………………………………………………………………………40
2.4 Entre requalification d’une ville et son identité, la participation citoyenne un pilier
indispensable … ............................................................................................................... 41
2.5 L’outil d’aide à la décision au service de l’urbanisme, pourquoi ? ...................... 47
2.5.1 L’outil d’aide à la décision que signifie-t-il ?................................................ 48

v
2.6 Rapport identité des territoires / requalification urbaine et approches
méthodologiques … ......................................................................................................... 51
2.6.1 L’analyse de la réalité du terrain d’étude … Base de stratégies appropriées 51
2.6.2 Prise en compte et intégration des différents acteurs, une nécessité absolue 53
2.7 Brève présentation de quelques concepts usités dans cette recherche .................. 58
2.7.1 Images de la ville… ....................................................................................... 58
2.7.2 L’attractivité d’un territoire …un champ multidimensionnel ....................... 59
2.7.3 Approche prospective, une démarche évolutive… ........................................ 60

CHAPITRE III
LE TERRITOIRE JIJELIEN ENTRE DYSFONCTIONNEMENTS ET ATOUTS :
OBSERVATION, LECTURE ET CONSTAT .................................................................... 62
3.1 Présentation du territoire de la wilaya de Jijel : .................................................... 63
3.1.1 La situation géographique et l’organisation administrative de la wilaya de
Jijel : 1/10ème de la longueur du littoral et 28 communes ............................................ 63
3.1.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques du territoire jijelien :
élément déterminant de son armature et de sa dynamique ........................................... 64
3.1.3 Les infrastructures d’accès et de déplacements dans la wilaya de Jijel … un
levier de développement............................................................................................... 66
3.1.4 La place de Jijel dans l’histoire : D’un comptoir d’intérêt national à un
territoire enclavé … ...................................................................................................... 68
3.1.5 L’évolution historique de l’armature urbaine de la wilaya de Jijel, de
l’indépendance à nos jours : forte explosion ................................................................ 69
3.2 La ville de Jijel, l’objet d’étude… lecture, constat et diagnostic .......................... 75
3.2.1 Présentation de la ville de Jijel ...................................................................... 75
3.2.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques de la ville de Jijel,
effets sur sa genèse et sa structure ................................................................................ 76
3.2.3 Genèse et processus d’urbanisation : d’une petite ville à un territoire éclaté et
désordonné … .............................................................................................................. 79
3.2.4 L’accessibilité et les déplacements dans la ville de Jijel, entre potentialités et
défis…… ...................................................................................................................... 84
3.2.5 Fonctionnement et dynamique de la ville de Jijel : Habitats, équipements et
services offerts …......................................................................................................... 89
3.2.6 Le paysage de la ville entre spécificité et anarchie … .................................. 98
3.2.7 Les potentialités de la ville de Jijel, comme marque d’identité et atouts de
développement et de requalification .......................................................................... 101

CHAPITRE IV
JIJEL, UN ESPACE EN MUTATION … NOUVELLE IMAGE ? POUR QUELLES
FORMES D’INTERVENTION URBAINE ? ................................................................... 106
4.1 La ville algérienne entre dysfonctionnements et stratégies de développement...106

vi
4.1.1 L’ère de « stabilité spatiale » de 1962 à 1973 ............................................. 107
4.1.2 L’ère du « monopole » de 1974 au 1985 ..................................................... 107
4.1.3 L’ère « début de crise » de 1985 – 1990...................................................... 107
4.1.4 L’ère de « la législation effective » 1990 à nos jours .................................. 108
4.2 Lecture critique des chercheurs de la situation actuelle des villes algériennes .. 108
4.3 La problématique de l’urbain en Algérie, causes et conséquences… ................. 110
4.4 Le retour à la ville pour la requalifier, constitue-t-il une prise de conscience d’un
nouveau phénomène en Algérie ? .................................................................................. 112
4.4.1 Le cadre législatif d’intervention sur les tissus existants ............................ 112
4.4.2 L’apport des différents acteurs dans les opérations de requalification urbaine
en Algérie ................................................................................................................... 115
4.4.3 La requalification par les grands projets urbains … une nouvelle forme
d’intervention ............................................................................................................. 117
4.5 Le devenir de la ville de Jijel tel qu’il est dessiné par ses acteurs décideurs ...... 118
4.5.1 Les actions prévues par les acteurs publics : requalification de la ville de
Jijel, outils d’aménagement et d’urbanisme ............................................................... 119
4.5.2 La requalification de la ville de Jijel par les grands projets…vision
prospective et impacts attendus .................................................................................. 137
4.6 Synthèse de lectures des différents outils d’aménagement … La crostabulation145

CHAPITRE V
UNE DEMARCHE EMPIRIQUE : PLACER L’HABITANT AU CŒUR DES
MUTATIONS QUI CONCERNENT SON CADRE DE VIE … L’ECOUTER,
L’OBSERVER................................................................................................................... 150
5.1 L’identité de la ville de Jijel et son développement entre perceptions et attentes de
ses habitants ................................................................................................................... 151
5.1.1 Ecouter les habitants : du choix de la technique de l’enquête au
dépouillement de résultats. ......................................................................................... 151
5.1.2 La ville de Jijel en tant qu’espace perçu par ses habitants .......................... 159
5.1.3 La perception des changements parcourus de la ville de Jijel par ses
habitants… ................................................................................................................. 162
5.1.4 Les éléments constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon la vision de ses
habitants ……………………………………………………………………………..166
5.1.5 L’identité de la ville de Jijel face aux mutations urbaines .......................... 171
5.1.6 Les attentes des habitants de la ville de Jijel ............................................... 177
5.2 La ville de Jijel en tant qu’espace pratiqué par ses habitants ............................. 178
5.2.1 Actions qui touchent l’aspect esthétique des espaces publics ..................... 182
5.2.2 Actions touchant les aspects liés à la propreté de la ville ............................ 183
5.2.3 Actions touchant les aspects liés à l’accessibilité et l’état de la voirie........ 186
5.2.4 Actions touchant les aspects liés à la verdure dans la ville ......................... 186

vii
5.2.5 Actions touchant des aspects invisibles (pour but la solidarité, la convivialité)
dans la ville................................................................................................................. 186

CHAPITRE VI
MARSEILLE, CASABLANCA ET TOULON… TROIS VILLES REQUALIFIEES …
TROIS STRATEGIES ....................................................................................................... 195
6.1 Construction de la comparabilité, les critères du choix de nos exemples, leur passé
est notre présent … ........................................................................................................ 196
6.1.1 Le choix de la ville de Marseille, Ville portuaire méditerranéenne européenne
………...……………………………………………………………………………..196
6.1.2 Le choix de la ville de Casablanca (Maroc) : Ville portuaire maghrébine...197
6.1.3 Le choix de la ville de Toulon (France) : Ville portuaire, européenne,
méditerranéenne … … aux richesses naturelles diversifiées ..................................... 198
6.2 Marseille : EUROMED, une affaire d’Etat… un tournant dans l’histoire de la
ville ………………………………………………………………………………….199
6.2.1 Présentation de la ville de Marseille ............................................................ 200
6.2.2 Évènements marquants de l’histoire Marseillaise, effet sur sa morphologie
urbaine et sa dynamique ............................................................................................. 200
6.2.3 Les stratégies de requalification de Marseille : EUROMED, une affaire
d’Etat… un tournant dans l’histoire de la ville .......................................................... 204
6.3 Casablanca, d’un petit port de pêche au principal pôle de drainage et de diffusion
des flux, des répercussions sur la ville et son identité … .............................................. 212
6.3.1 Présentation de la ville de Casablanca ......................................................... 212
6.3.2 Les évènements marquants de l’histoire de Casablanca .............................. 213
6.3.3 Les stratégies de requalification : Casa à la recherche d’une nouvelle image,
1984, la reprise de l’action sur la ville … .................................................................. 218
6.4 Toulon (France), une ville portuaire aux richesses naturelles indéniables… ..... 225
6.4.1 Présentation de la ville de Toulon ............................................................... 225
6.4.2 Les évènements marquants de l’histoire de Toulon .................................... 226
6.4.3 Les stratégies de requalification : Toulon à la recherche d’une nouvelle
image ……………………………………………………………………………..229
6.5 Synthèse des trois exemples : croisement de regard entre les trois villes ........... 235

CHAPITRE VII
DISCUSSION : REGARDS CROISES ENTRE PREOCCUPATIONS HABITANTES ET
LOGIQUES INSTITUTIONNELLES DE LA VILLE DE JIJEL … VERS LA
CONCEPTION D’UN OUTIL D’AIDE A LA DECISION ............................................. 238
7.1 Croisement de regards et la vision future de Jijel, stratégies et implications … 238
7.1.1 Jijel entre visons des décideurs et aspirations des citoyens …regards croisés
……………………………………………………………………………………….239
7.1.2 L’avenir de la ville de Jijel en vision prospective, enjeux et scénarii futurs249

viii
7.2 Les éléments constitutifs de l’identité d’un territoire … des leviers pour révéler sa
spécificité … .................................................................................................................. 254
7.2.1 Les LIEUX SYMBOLES DE LA VILLE, entre préservation de l’ancien et
création de nouveau.................................................................................................... 255
7.2.2 LA QUALITE DES PAYSAGES… un vecteur d’identité indispensable .. 257
7.2.3 L’IMAGE DE LA VILLE, miroir de sa spécificité …une nécessité de
valorisation ................................................................................................................. 258
7.2.4 LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE… une opportunité à
exploiter …………………………………………………………………………….259
7.2.5 PATRIMOINE, CULTURE ET HISTOIRE : mémoire du passé et
opportunités d’avenir.................................................................................................. 260
7.2.6 Faire de L’ACTIVITE ECONOMIQUE, un vecteur d’identité .................. 262
7.2.7 LE SAVOIR ET LE SAVOIR-FAIRE, au profil de l’urbanisme ............... 263
7.2.8 LES PRATIQUES ET LES COMPORTEMENTS SOCIAUX, une
opportunité à exploiter ............................................................................................... 264
7.2.9 LES ESPACES PUBLICS, support d’identité, vers une meilleure
appropriation .............................................................................................................. 264
7.3 Vers la conception d’un outil d’aide à la décision en matière requalification
urbaine : le business model Canvas au service de l’urbanisme ..................................... 265
7.3.1 L’adaptation de l’outil au contexte d’étude : Le business model Canvas au
service des opérations de requalification urbaine : pourquoi et comment ? .............. 267
7.3.2 Cet outil est-il généralisable ? ..................................................................... 270

CHAPITRE VIII
CONCLUSION ET PERSPECTIVES .............................................................................. 274

CHAPITRE IX
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................. 281

LISTE DES ANNEXES .................................................................................................... 295

Annexe A : Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras .............................. 296


Annexe B : Découpage administratif de la wilaya de Jijel en communes ........................ 297
Annexe C : Les infrastructures portuaire existantes dans la wilaya de Jijel ..................... 298
Annexe D : Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1977 et 2008 ............... 299
Annexe E : Evolution de la population jijelienne entre 1977 et 2008 par commune ....... 300
Annexe F : Evolution de la population Jijelienne entre 2008 et 2015 par commune ....... 301
Annexe G : Les grandes infrastructures de la wilaya de Jijel ........................................... 302
Annexe H : Difficultés d’accessibilité de certaines communes de Jijel ........................... 303
Annexe I : Potentialités de la wilaya de Jijel .................................................................... 305
Annexe J : Les quartiers de la ville de Jijel ...................................................................... 307
Annexe K : Le réseau hydrographique de la commune de Jijel. ...................................... 308
Annexe L : Risques naturels et technologiques auxquels la ville de Jijel est exposée ..... 309
Annexe M :Le centre colonial : résidence, services et places publiques… ...................... 310

ix
Annexe N. Le réseau viaire de Jijel en vue satellite ......................................................... 311
Annexe O : La situation actuelle des différents équipements de la ville de Jijel ............. 312
Annexe P : La répartition des terrains de la commune de Jijel ........................................ 315
Annexe Q : Destinations touristiques privilégiés des vacanciers en Algérie ................... 316
Annexe R : Les infrastructures hôtelières existantes dans la commune de Jijel .............. 317
Annexe S : Carte des POS de l’ACL de Jijel ................................................................... 318
Annexe T : Stratégies du PDAU pou requalifier la ville de Jijel ..................................... 319
Annexe U : Les équipements projetés dans la ville de Jijel selon son PDAU ................. 321
Annexe V : Articles publiés.............................................................................................. 323

x
LISTE DES FIGURES

Figure Page

1.1 Découpage administratif de la commune de Jijel. .................................................... 16


1.2 Démarches et méthodologies suivies dans notre recherche...................................... 17
2.1 « La ville sur la ville », d’un phénomène spontané à un processus règlementé. ...... 22
2.2 Les principales causes et conséquences du processus de dysfonctionnent urbain. .. 24
2.3 Schéma de synthèse des différentes formes de requalification urbaine. .................. 26
2.4 La requalification urbaine entre concept, dimensions et enjeux. ............................. 28
2.5 Les 4 grands vecteurs de constitution de l’identité territoriale. ................................ 34
2.6 La notion d’identité du territoire entre concept et dimensions. ................................ 35
2.7 Le rapport requalification/identité d’une ville et ses répercussions. ........................ 39
2.8 Les cinq actions majeures de la société sur l’espace. ............................................... 42
2.9 Acteurs et territoires, une construction réciproque et permanente. .......................... 43
2.10 Les 4 degrés de participation dans les sciences sociales françaises ......................... 44
2.11 Degré de participation des citoyens selon le modèle de planification des projets
américains. ........................................................................................................................... 44
2.12 Le rapport entre le degré d’implication du citoyen et l’échelle spatiale du projet. .. 46
3.1 Wilayas environnantes de Jijel. ................................................................................ 63
3.2 Situation de Jijel par rapport au pays. ....................................................................... 63
3.3 Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras. ......................................... 63
3.4 La carte topographique de la wilaya de Jijel. ........................................................... 65
3.5 Les infrastructures d’accès et de déplacements existantes dans la wilaya de Jijel. .. 67
3.6 Evolution de la population urbaine de Jijel entre 1977et 2008. ............................... 69
3.7 Taux d’urbanisation de la wilaya de Jijel en 1998. .................................................. 71
3.8 L’armature urbaine de la wilaya de Jijel. ................................................................. 72
3.9 Répartition des potentialités naturelles et patrimoniales de la wilaya de Jijel. ........ 74
3.10 Situation de la commune de Jijel par rapport à son environnement immédiat ......... 75
3.11 Découpage administratif de la commune de Jijel. .................................................... 76
3.12 La carte topographique de la commune de Jijel. ...................................................... 76
3.13 Vue de la commune de Jijel ...................................................................................... 77
3.14 La carte d’occupation du sol de la commune de Jijel. .............................................. 77
3.15 Profil et coupes topographiques de la ville de Jijel. ................................................. 78
3.16 Jijel avant et après le séisme de 1856. ...................................................................... 80
3.17 Le premier plan d’urbanisme de la ville de Jijel -1858- ........................................... 80
3.18 Jijel pendant la civilisation romaine. ........................................................................ 80
3.19 Processus d’urbanisation de la ville de Jijel avant 1962. ......................................... 80
3.20 Processus d’urbanisation de la ville de Jijel après 1962 ........................................... 81
3.21 Evolution de la population de la commune de Jijel entre 1966 -2018. .................... 82
3.22 Evolution du parc de logement de la commune de Jijel entre 1998 et 2018 ............ 82
3.23 Les directions de l’étalement urbain de la commune de Jijel ces dernières années . 83
3.24 Répartition spatiale de la population de la commune de Jijel (2018) ....................... 83
3.25 L’évolution historique de la ville de Jijel. ................................................................ 83
3.26 Le phénomène de conurbation de Jijel. .................................................................... 83
3.27 Les principaux axes routiers d’accessibilité vers la ville de Jijel. ............................ 84
3.28 Mutations spatiales de l’activité portuaire à Jijel. .................................................... 85
3.29 La ville de Jijel tourne le dos à son port. .................................................................. 85
3.30 Une forte pluie rend le mouvement presque impossible à Jijel (Hiver 2019). ......... 86

xi
3.31 Une forte pluie rend le mouvement presque impossible à Jijel (Hiver 2019). 86
3.32 Distribution des lignes de transport urbain dans la ville de Jijel .............................. 87
3.33 Moyens de déplacements dans la ville. .................................................................... 87
3.34 Fluidité du Trafic habituel dans la ville de Jijel à 7h50............................................ 88
3.35 Embouteillage au camp chevalier (plateau Ayouf) pendant les heures de pointe .... 88
3.36 Fluidité du Trafic habituel dans la ville de Jijel à 11h50.......................................... 88
3.37 Typologie de l’habitat colonial existant dans la ville de Jijel................................... 90
3.38 L’état de bâti au centre-ville de Jijel. ....................................................................... 91
3.39 Rénovation et reconstruction de nouvelles habitations au centre-ville de Jijel. ....... 91
3.40 L’habitat traditionnel existant dans le centre-ville de Jijel. ...................................... 91
3.41 Typologie de l’habitat récent existant dans la ville de Jijel ...................................... 92
3.42 Les principaux axes routiers de la ville de Jijel. ....................................................... 93
3.43 Trames bâties des différents tissus composant la ville. ............................................ 93
3.44 Voies en état dégradé. Photos prises par l’auteur des quartiers : Belhain, Camp
Chevalier et la crête. ............................................................................................................ 94
3.45 La structure des emplois dans la commune de Jijel (Fin 2018)................................ 95
3.46 Le cadre bâti de la ville de Jijel (habitat individuel, habitat collectif et équipements).
............................................................................................................................................. 96
3.47 Répartition spatiale des principales entités attractives de la ville. ........................... 97
3.48 Paysage naturel de la ville de Jijel. ........................................................................... 98
3.49 Paysage naturel de la ville de Jijel. ........................................................................... 98
3.50 Vue panoramique de toute la ville de Jijel à partir de l’évitement Sud .................... 99
3.51 Vue panoramique de la ville de Jijel et son entrée Est à partir de Harratène ......... 100
3.52 Vue panoramique de la ville de Jijel à partir de la plage Echelawla (située à l’entrée
Est de la ville) .................................................................................................................... 100
3.53 Evolution de la structure de la population par âge. ................................................ 101
3.54 Répartition générale des terres de la commune de Jijel (année 2015).................... 101
3.55 Production halieutique -mesure : Tonne- (Fin 2018). ............................................ 104
4.1 Découpage du territoire de la wilaya de Jijel en 3 zones d’aménagement ............. 124
4.2 Les principaux enjeux du PDAU de la commune de Jijel. ..................................... 132
4.3 Les actions préconisées par le DPAU au centre colonial de Jijel ........................... 135
4.4 Les actions préconisées par le DPAU à long terme ................................................ 135
4.5 Les grands projets prévus/ en cours de réalisation pour développer Jijel. ............. 137
4.6 Maillage projeté du réseau routier de la wilaya de Jijel avec le grand axe autoroutier
EST-OUEST. ..................................................................................................................... 138
4.7 Vue 3D du terminal à conteneurs. .......................................................................... 139
4.8 Le complexe sidérurgique de Bellara ..................................................................... 141
4.9 Vue 3D du Pôle universitaire d’El Aouana ............................................................ 142
4.10 Vue 3D du nouveau centre commercial. ................................................................ 144
5.1 Pourcentage de besoins identifiés. .......................................................................... 153
5.2 Nombre des besoins révélés par nouvel entretien. ................................................. 153
5.3 Sexe de l’échantillon. ............................................................................................. 154
5.4 Catégorie d’âge de l’échantillon par sexe............................................................... 154
5.5 Durée de résidence de l’échantillon selon ses origines. ......................................... 154
5.6 Lieux de résidence de l’échantillon. ....................................................................... 155
5.7 Catégorie socioprofessionnelle de l’échantillon selon le sexe. .............................. 155
5.8 Les étapes de réalisation de notre enquête.............................................................. 159
5.9 La perception de la ville par l’échantillon. ............................................................. 160
5.10 Jijel quelques années après l’indépendance............................................................ 160
5.11 La perception de la ville selon la durée de résidence du répondant ....................... 161

xii
5.12 La perception de la ville selon l’âge du répondant ................................................. 161
5.13 La perception de la ville par l’échantillon selon les indicateurs ; âge et sexe ........ 161
5.14 La perception des changements parcourus de la ville par l’échantillon. ................ 162
5.15 Les changements positifs parcourus de la ville selon l’échantillon. ....................... 163
5.16 Les secteurs et les valeurs ayant des problèmes et des régressions selon l’échantillon
........................................................................................................................................... 163
5.17 Ville de Jijel. ........................................................................................................... 165
5.18 Vue aérienne du centre-ville de Jijel en 2009......................................................... 165
5.19 Vue du quartier périphérique Rabta à Jijel en 2017. .............................................. 165
5.20 Paysage urbain des quartiers périphériques du centre-ville de Jijel. ...................... 165
5.21 Les éléments constituant l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon. ............ 167
5.22 Les éléments matériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon. ...................................................................................................................... 168
5.23 Paysage naturel identitaire de Jijel. ........................................................................ 168
5.24 L’église des Saints Simon & Jude à Jijel. ............................................................... 169
5.25 Le bateau de Baba Aroudj. ..................................................................................... 169
5.26 La foire El Fourssene à Jijel. .................................................................................. 169
5.27 Les éléments immatériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon. ...................................................................................................................... 170
5.28 Les éléments identitaires de la ville de Jijel ayant eu des changements négatifs selon
l’échantillon. ...................................................................................................................... 171
5.29 Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville ............................................... 172
5.30 Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par âge ................................... 172
5.31 Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par sexe ................................. 173
5.32 Activités et pratiques de notre échantillon. ............................................................ 174
5.33 Activités et pratiques de l’échantillon selon les origines des personnes ................ 175
5.34 Les lieux de promenade préférés par l’échantillon ................................................. 176
5.35 Beaumarchais, la façade maritime Ouest de Jijel. .................................................. 176
5.36 Personnes qui voient que l’absence de la volonté des habitants est un problème à
Jijel selon l’indicateur âge. ................................................................................................ 179
5.37 Personnes qui voient que l’absence de la volonté des habitants est un problème à
Jijel..................................................................................................................................... 179
5.38 Un jeune artiste jijélien célèbre Aïd al-Adha à sa manière. ................................... 180
5.39 Une compagne de nettoyage des plages de Jijel par des jeunes jijéliens en été 2018.
........................................................................................................................................... 181
5.40 Concours de meilleur balcon fleuri à Jijel. ............................................................. 181
5.41 Les escaliers de la Crète à Jijel après repeint par le jeune homme. ........................ 182
5.42 Dessin du jeune artiste sur un ancien mur au marché de fruit et légumes à Jijel. .. 182
5.43 Jijel reprend des couleurs, promouvoir l’écocitoyenneté. ...................................... 182
5.44 Un chantier de volontariat ouvert à la cité « cirque » à Bab Sour. ......................... 183
5.45 Compagne de nettoyage au quartier El-Akabi à l’occasion du mois sacré de
Ramadan. ........................................................................................................................... 183
5.46 Compagne de nettoyage du quartier de Bourmel à Jijel. ........................................ 183
5.47 L’APC entame une compagne de nettoyage de tous les quartiers de la ville (juste
après l’initiative de la cité Cirque). ................................................................................... 183
5.48 Le système territorial. ............................................................................................. 184
5.49 Des jeunes Jijéliens enlèvent les affiches du vote dans les rues de la ville. ........... 184
5.50 Large compagne de nettoyage au cimetière de Jijel. .............................................. 185
5.51 Opération « mosquée propre » avant le début du Ramadan. .................................. 185
5.52 Compagnes de nettoyage des plages chaque matinée par des jeunesjijeliens. ....... 185

xiii
5.53 Une femme jijelienne nettoie une plage à Jijel. ...................................................... 185
5.54 Des habitants de « Jolie vue » nettoient leur quartier de la boue. ......................... 186
5.55 Les habitants du quartier de village Moussa réparent une route « trouée ». .......... 186
5.56 Jijel : Des arbres plantés par des jeunes de la cité 40 hectares. .............................. 186
5.57 Jijel, Ramadan 2018 : la solidarité au rendez-vous. ............................................... 186
5.58 Jijel : Iftar en bord de la mer organisé par le Club Kotama.................................... 186
5.59 Carte de synthèse des différents quartiers et lieux des différentes actions menées par
les habitants de la ville de Jijel. ......................................................................................... 187
5.60 Une affiche pour sensibiliser les citoyens à la propreté du quartier de Belhaine. .. 189
5.61 Nettoyage des escaliers par des citoyens. ............................................................... 189
5.62 Quartier Belhaine toujours en bon état, dont la première initiative était en 2016. . 190
5.63 Nettoyage de la plage Kotama par des étudiants et jeunes habitants (Mars 2019). 190
5.64 Peinture d’un mur au centre-ville de Jijel par des jeunes habitants (2019). ........... 190
5.65 Peinture et dessin des murs par le Bataillon d'art de la rue de Jijel. ....................... 191
6.1 Marseille dans son département. ............................................................................ 200
6.2 La cité Phocéenne. .................................................................................................. 201
6.3 Marseille, les docks, les Docks Village, Centre d'Affaires et Commercial ............ 201
6.4 Marseille, le quai du port, et rue de la république .................................................. 201
6.5 Marseille, le vieux port-débarquement d’oranges .................................................. 201
6.6 Le quai des Belges, vieux port de Marseille ........................................................... 201
6.7 Le GPM de Marseille-Fos : un port en mutation ? ................................................. 203
6.8 Système de barrières séparant l’emprise portuaire de la ville. ............................... 203
6.9 Le périmètre du projet Euro-méditerranée. ............................................................ 205
6.10 Les grandes phases de mutations de Marseille. ...................................................... 206
6.11 La reconversion des silos en salle de spectacle : le marketing urbain de la
réhabilitation du front de mer. ........................................................................................... 210
6.12 Le Mucem, la villa méditerranée et la tour CMA-CGM en arrière-plan................ 210
6.13 Répercussions des opérations conduites dans le cadre de l’OIN Euromed. .......... 210
6.14 Situation géographique de Casablanca. ................................................................. 212
6.15 La ville d’Anfa après son bombardement par la flotte portugaise en 1468. .......... 213
6.16 Plan Prost 1917. ..................................................................................................... 213
6.17 Le plan d’Ecochard 1952....................................................................................... 214
6.18 Les voies d’échanges commerciaux au Maroc, avant et après 1912 (le rapport avec
la côte). .............................................................................................................................. 216
6.19 Les politiques publiques d’intervention urbaine à Casa : du modèle classique à la
logique des grands projets urbains..................................................................................... 221
6.20 La réhabilitation de l’ancienne Médina ................................................................. 221
6.21 La mosquée Hassan II............................................................................................ 221
6.22 Le Grand Théâtre de Casablanca. .......................................................................... 223
6.23 La marina. .............................................................................................................. 223
6.24 Situation de Toulon dans son département (Var). ................................................. 226
6.25 Situation de Toulon par rapport à son pays. .......................................................... 226
6.26 Vue de la ville de Toulon, sa rade et son port depuis le Mont Faron. ................... 226
6.27 La rade de Toulon. ................................................................................................. 227
6.28 Châteauvallon - Scène Nationale........................................................................... 232
6.29 L’évènement TallShips Regatta............................................................................. 232
6.30 La place de la liberté à Toulon, où se situe le théâtre Liberté. .............................. 232
6.31 Les principaux enjeux/stratégies adoptés dans les processus de métropolisation des
trois villes .......................................................................................................................... 236
7.1 Le centre commercial du plateau Ayouf (emplacement et état d’avancement). ... 241

xiv
7.2 Aménagement de la façade maritime Beaumarchais (travaux en cours et vue 3D du
projet final). ....................................................................................................................... 245
7.3 Jijel célèbre la Fête de la Fraise dans sa 17ème édition. ........................................ 263
7.4 Le projet récréatif à Kissir, entrée en service de sa première tranche le 12 Mars
2021. .................................................................................................................................. 265
7.5 Le business Model Canevas - le modèle basique. .................................................. 268
7.6 Adaptation de business model canevas au service des opérations de requalification
urbaine. .............................................................................................................................. 268
7.7 Le business Model Canvas : un outil d’aide à la décision pour requalifier la ville de
Jijel..................................................................................................................................... 272
A.1 Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras. ....................................... 296
A.2 Découpage administratif de la wilaya de Jijel en communes. ................................ 297
A.3 Les ports existants dans la wilaya de Jijel .............................................................. 298
A.4 Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1977 et 2008. ........................ 299
A.5 Evolution de la population jijelienne entre 1977 et 2008 par commune. ............... 300
A.6 Evolution de la population jijelienne entre 2008 et 2015 par commune. ............... 301
A.7 Répartition des grandes infrastructures de la wilaya de Jijel. ................................. 302
A.8 Transport intercommunal de Jijel : les flux des voyageurs. ................................... 303
A.9 Couvert végétal forestier de la wilaya de Jijel. ....................................................... 305
A.10 Occupation du sol de la wilaya de Jijel. ................................................................. 306
A.11 Les quartiers de la ville de Jijel. ............................................................................. 307
A.12 Carte du réseau hydrographique de la commune de Jijel. ..................................... 308
A.13 Les activités existantes dans le centre colonial de Jijel. ........................................ 310
A.14 Carte d’état de fait du centre colonial de Jijel. ...................................................... 310
A.15 Vue satellite de la ville de Jijel. ............................................................................. 311
A.16 Répartition des terrains de la commune de Jijel entre 2006 et 2015 (en ha). ........ 315
A.17 Répartition de la surface agricole totale (SAT)entre 2006 et 2015 (en ha). .......... 315
A.18 Destinations touristiques privilégiés des vacanciers selon les résultats de
l’évaluation de la saison estivale 2018. ............................................................................. 316
A.19 Carte des POS de l’ACL de la commune de Jijel .................................................. 318
A.20 Les actions préconisées par le DPAU dans le POS 26 ......................................... 319
A.21 Les actions préconisées par le DPAU à moyen terme .......................................... 320

xv
LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

2.1 Le contenu du projet d’aménagement de la ZAC PAJOL avant et après concertation


............................................................................................................................................. 46
2.2 Le busness model Canevas. ........................................................................................ 50
2.3 Quatre dimensions des politiques d’attractivité.......................................................... 59
3.1 Taux d’accroissement annuel des communes en 1987. .............................................. 70
3.2 L’évaluation de la situation actuelle, par secteur, des différents équipements de la
ville de Jijel.......................................................................................................................... 95
4.1 Le cadre législatif d’intervention sur les tissus existants en Algérie ........................ 112
4.2 La démocratie locale selon la loi 11-10. ................................................................... 116
4.3 Les principales orientations du SEPT Nord Est qui touchent la wilaya de Jijel ...... 120
4.4 Synthèse des orientations du PAW de Jijel et concrétisation du principe de « faire la
ville sur la ville ». .............................................................................................................. 125
4.5 Les orientations du PDAU de Jijel à court, moyen et long terme. ........................... 132
4.6 Synthèse de lecture critique du PAW de Jijel et du PDAU de la commune de Jijel 145
5.1 Tableau récapitulatif de la démarche de préparation des questions de notre enquête.
........................................................................................................................................... 156
5.2 Les attentes des personnes interrogées. .................................................................... 177
6.1 Les critères de choix de Marseille (les points communs entre les deux villes). ....... 197
6.2 Les indicateurs du choix de la ville de Marseille. .................................................... 197
6.3 Les critères de choix de Casablanca (les points communs entre les deux villes). .... 198
6.4 Les indicateurs du choix de la ville de Casablanca. ................................................. 198
6.5 Les indicateurs du choix de la ville de Toulon ......................................................... 199
6.6 Les stratégies de requalification de la ville de Marseille. ......................................... 208
6.7 Les stratégies de requalification de la ville de Casablanca. ..................................... 222
6.8 Les stratégies de requalification de la ville de Toulon. ............................................ 230
7.1 Accessibilité et déplacement entre besoins des habitants et stratégies de
requalification. ................................................................................................................... 240
7.2 Activités et services entre besoins des habitants et stratégies de requalification. .... 242
7.3 Aires de repos, entre besoins des habitants et stratégies de requalification. ............ 243
7.4 Le paysage urbain, entre préoccupations des habitants et stratégies de requalification.
........................................................................................................................................... 243
7.5 Les spécificités de la ville, entre préoccupations des habitants et stratégies de
requalification. ................................................................................................................... 244
7.6 Cadre bâti et cadre de vie des habitants, entre préoccupations des habitants et
stratégies de requalification. .............................................................................................. 246
7.7 Evaluation des atouts pour la compétitivité du port d’Alger et le port de Djen-Djen.
........................................................................................................................................... 252
7.8 Élimination des deux dernières cases liées à l'aspect financier de l’outil. ............... 269
7.9 Requalifier la ville de Jijel à l’aide du Business model canvas. ............................... 271
A.1 Les caractéristiques des ports existants dans la wilaya de Jijel ................................ 298
A.2 Taux de raccordement aux différents réseaux (AEP, assainissement, électricité et gaz
naturel) par commune. ....................................................................................................... 304
A.3 Tableau récapitulatif des risques naturels et technologiques. .................................. 309
A.4 Les grands équipements existants/ et en cours de réalisation dans la ville de Jijel. 314
A.5 Infrastructures hôtelières existantes dans la commune de Jijel. .............................. 317
xvi
A.6 Les équipements projetés......................................................................................... 321
A.7 Unités industrielles projetées dans la ZAC de Beni Ahmed.................................... 322

xvii
LISTE DES ABREVIATIONS

3D : Trois Dimensions
AADL : Agence nationale d'amélioration et du développement du logement
ACL : Agglomération Chef-Lieu
ADA : Algérienne Des Autoroutes
ADE : Algérienne Des Eaux
AEP : Alimentation en Eau Potable
ANA : Agence Nationale des Autoroutes
ANESRIF : Agence Nationale d’Etudes et de Suivi de la Réalisation des Investissements
Ferroviaires
APC : Assemblée Populaire Communale
APS : Algérie Presse Service
APW : Assemblée Populaire de Wilaya
AQS : Algerian Qatari Steel
AS : Agglomération Secondaire
BET : Bureau d'Etudes Techniques
BNEDER : Bureau National d’Études pour le Développement Rural.
CC : Chemin Communal
CDG : Caisse de Dépôt et de Gestion
CDT : Confédération Démocratique du Travail
CEEMP : Centre d’Essais et d’Expertises en Mer Profonde
CEM : Collège d'Enseignement Moyen
CENEAP : Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement
CFPA : Centres de Formation Professionnelle
CGM : Compagnie Générale Maritime
CMA : Compagnie Maritime d'Affrètement
CNRR : Conservatoire National à Rayonnement Régional
CRAAG : Centre de Recherche en Astronomie Astrophysique et Géophysique
CW : Chemin de Wilaya
DA : Dinar Algérien
DE : Décret Exécutif
DPAT : Direction de la planification et de l’aménagement du territoire
DPSB : Direction de la Programmation et de Suivi de Budget
DUC : Direction et d’urbanisme et de construction

xviii
EBAHIE : Ecoute des Besoins et Attentes et leur HIErarchisation
EMD : Ecole de Management
EPAEM : l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée
EPJ : Entreprise portuaire de Jijel
ESA : École Supérieure d’Art
ETRHB : Entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiments
EVP : Equivalent vingt pieds
FNI : Fonds National d’Investissement
FRAC : Fonds régional d’art contemporain
GPM : Grand Port maritime
H : Heure
Ha : Hectare
Hab : Habitant
HLM : Habitation à loyer modéré
INSFP : Institut National de Formation Professionnelle
INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques
Km : kilomètre
LGV : Ligne à grande vitesse
Log : Logement
LSP : Logement Social Participatif
MuCEM : Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
OIN : Opération d’Intérêt National
ONS : Office National des Statistiques
OPAH : Opération programmée d’amélioration de l’habitat
OPGI : Office de Promotion et de Gestion Immobilière
PAT : Programme d'Action Territoriale
PAW : Plan d’Aménagement de la Wilaya
PDAR : Plan de développement des agglomérations rurales
PDAU : Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme
PDU : Programme de Déplacement Urbain
POS : Plan d’occupation du sol
PSD : Plan spécial de développement
PUD : Plan d’Urbanisme Directeur
PUP : Plans d’Urbanisme Provisoires
QSI : Qatar Steel International

xix
RDC : Rez-de-chaussée
Réf : Référence
RGPH : Recensement général de la population et de l’habitat
RN : Route nationale
SAPTA : Société algérienne des ponts et travaux d'arts
SARL : Société à responsabilité limitée
SAT : Surface Agricole Totale
SAU : Surface Agricole Utile
SDAT : Schéma Directeur d’Aménagement Touristique
SDAU : Schéma directeur d'urbanisme et d’urbanisme
SEPT : Schéma des espaces de planification territoriale
SIG : Système d'information géographique
SNAT : Schéma National d’Aménagement de Territoire
SPSS : Statistical Package for the Social Sciences
SRAT : Schéma Régional d’Aménagement du Territoire
T : Tonne
TAJ : Tannerie Jijel
T.C.J : Tennis Club de Jijel
TGV : Train à grande vitesse
TOC : Taux d’occupation par classe
TOL : Taux d’occupation par logement
TPM : Toulon Provence Méditerranée
VAD : Var Aménagement Développement
VRD : Voiries et réseaux divers
ZAC : Zone d’Aménagement Concerté
ZE : Zone Eparse
ZET : Zones d’expansion touristique
ZHUN : Zone d’Habitat Urbain Nouvelle
ZIP : Zone industrialo-portuaire

xx
RESUME

Le phénomène de l’exode rural et de la croissance de villes ont pris un essor, entraînant


souvent l’abandon des vieux centres avec leur attractivité et leur spécificité, et,
l’émergence des espaces périphériques plus attrayants mais sans âme ni références
identitaires. Face à cette situation troublante, la ville peine à se démarquer et à trouver sa
singularité dans un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre villes est
intense. Alors, comment peut-on offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au
sein de leur ville grâce au processus de requalification urbaine ? Et par quels moyens ? Tel
est le questionnement qui alimente notre réflexion.
La pertinence et la nouveauté recherchées dans notre étude s’incarnent dans la proposition
d’une démarche qui permet de mieux appréhender la question de l’identité d’un territoire et
de la voix de ses habitants dans les opérations de requalification urbaine, c’est-à-dire, de
montrer comment révéler l'identité d'une ville lors des opérations de sa requalification.
Pour traiter cette préoccupation majeure, le choix est porté sur la ville de Jijel (en Algérie)
qui est en pleine mutation et dont elle est appelée à passer d’une ville enclavée à un pôle de
développement régional (2030) à travers de grands projets structurants prévus par l’Etat
qui sont en cours de réalisation. Or, le système urbain de cette ville souffre de plusieurs
lacunes.
Cette recherche propose de mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie
global et actuel de la ville de Jijel à travers une approche du terrain, d’abord en tant
qu’espace aménagé et à aménager et puis en tant qu’espace perçu et pratiqué par ses
habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification et la révélation de son
identité.
En questionnant en premier lieu la situation actuelle de cette ville à travers un diagnostic
détaillé puis en analysant le contenu des stratégies de requalification telles qu’elles sont
dessinées par ces décideurs, nous visons à comprendre les mutations que subissent cette
ville et leurs répercussions sur son identité.
L’habitant étant le nœud focal sur lequel se base toute décision car il est à la fois usager et
acteur, pratiquant et décideur. Nous questionnons les deux concepts auprès des habitants de
cette ville. En effet, entendre la voix de ces derniers à travers des entretiens semi directifs
ainsi que les observer, nous permet de définir leurs besoins et leurs aspirations en termes
des opérations de requalification urbaine d'une part et de poser les bases et les assises
subjectives nécessaires à l'appréciation objective de la question de l'identité territoriale
d’autre part.
L’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base à partir d’une
réinterprétation des informations recueillies et des représentations des habitants. Le
croisement des résultats de notre enquête avec les logiques institutionnelles qui dessinent
l’avenir de cette ville, permet de mener une lecture critique des politiques de
requalification urbaine proposées par les décideurs de la ville de Jijel. Consolider les
résultats de ce croisement par les résultats de l’approche comparative, en étudiant trois
expériences étrangères menées dans le domaine de l’urbain, qui ont des similitudes avec
notre cas d’étude, contribue à la fois à prendre un recul par rapport à notre contexte
national et à construire un outil d’aide à la décision efficace et efficient qui servira de
référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice de son identité).

Mots clés : Requalification urbaine, identité du territoire, habitant, ville de Jijel.


ABSTRACT

The phenomenon of rural exodus and the growth of cities have taken off, often leading to
the abandonment of old centers with their attractiveness and specificity, and the emergence
of more attractive peripheral spaces but without soul or identity references. Faced with this
troubling situation, the city struggles to stand out and find its uniqueness in a world of
perpetual change where competition between cities is intense. So, how can we offer the
inhabitants a pleasant and unique living environment within their city thanks to the urban
requalification process? And by what means? This is the question that fuels our reflection.
The relevance and novelty sought in our study are embodied in the proposal of an approach
that allows us to better understand the question of the identity of a territory and the voice
of its inhabitants in urban requalification operations, that is to say, to show how to reveal
the identity of a city during its requalification operations. To address this major concern,
the choice is made on the city of Jijel (in Algeria) which is undergoing a major
transformation and which is called to move from a landlocked city to a regional
development pole (2030) through major structuring projects planned by the State which are
underway. However, the urban system of this city suffers from several shortcomings.
This research proposes to better interpret the ins and outs of the global and current living
environment of the city of Jijel through an approach of the land, first as a space developed
and to be developed and then as a space perceived and practiced by its inhabitants to
identify the factors promoting its requalification and the revelation of its identity.
By first questioning the current situation of this city through a detailed diagnosis and then
by analyzing the content of the requalification strategies such as they are designed by these
decision-makers, we aim to understand the changes that this city is undergoing and their
repercussions on its identity.
The inhabitant is the focal point on which all decisions are based, as he is both user and
actor, practitioner and decision-maker. We question the two concepts with the inhabitants
of this city. Indeed, hearing the voice of the latter through semi-directive interviews as well
as observing them, allows us to define their needs and aspirations in terms of urban
requalification operations on the one hand and to lay the foundations and subjective bases
necessary for the objective appreciation of the question of territorial identity on the other
hand.
The originality of this work lies in wanting to define the basic arguments from a
reinterpretation of the information collected and the representations of the inhabitants. The
cross-referencing of the results of our survey with the institutional logics that shape the
future of this city allows us to critically read the urban requalification policies proposed by
the decision-makers of the city of Jijel. To consolidate the results of this crossing by the
results of the comparative approach, by studying three foreign experiences carried out in
the field of the urban, which have similarities with our case of study, contributes at the
same time to take a step back with regard to our national context and to build a tool of
effective and efficient decision support which will be used as reference for any territorial
intervention (valorizing and revealing of its identity).

Key words: Urban requalification, identity of the territory, inhabitant, city of Jijel.
‫ملخص‬

‫أدى االنتشار الرهيب لكل من ظاهرتي النزوح الريفي ونمو المدن في كثير من األحيان إلى هجر المراكز القديمة للمدن‬
‫وتالشي جاذبيتها وخصوصياتها من جهة‪ ،‬وظهور مساحات محيطية أكثر جاذبية ولكن بدون روح أو هوية من جهة‬
‫اخرى‪ .‬في خضم هدا الوضع المقلق‪ ،‬تكافح المدينة من أجل إيجاد وإبراز هويتها في عالم متغير باستمرار حيث‬
‫المنافسة بين المدن في اوجها‪ ،‬ليبقى السؤال المطروح‪ :‬كيف يمكننا أن نوفر للسكان بيئة معيشية ممتعة وفريدة من‬
‫نوعها داخل مدينتهم من خالل عمليات إعادة التأهيل الحضري؟ وبأي وسيلة؟ هذا هو السؤال الذي يغذي تفكيرنا‪.‬‬
‫تتجسد أهمية وجدوى دراستنا في اقتراح نهج يسمح باألخذ بعين االعتبار‪ ،‬وبشكل أفضل‪ ،‬كل من مسألة هوية اإلقليم‬
‫وصوت سكانه في عمليات إعادة التأهيل الحضري‪ ،‬أي إظهار كيفية الكشف عن هوية المدينة وتعزيزها عن طريق‬
‫عمليات إعادة تأهيلها‪ .‬لمعالجة هذه المسالة‪ ،‬وقع اختيارنا على مدينة جيجل (في الجزائر) والتي تشهد تحوالً كبيرا‪،‬‬
‫حيث ينتظر منها االنتقال من مدينة معزولة إلى قطب تنمية إقليمي (‪ )2030‬من خالل عدة مشاريع كبرى قيد التنفيذ‪ ،‬في‬
‫حين‪ ،‬يبقى النظام الحضري لهذه المدينة يعاني من عدة مشاكل‪.‬‬
‫يقترح هذا البحث تفسير وإرساء خصوصيات وعموميات البيئة المعيشية االجمالية والحالية لمدينة جيجل بشكل أفضل‪،‬‬
‫من خالل نهج ميداني‪ ،‬أوالً كبيئة مبنية وقيد التطوير‪ ،‬ثم كبيئة كما ينظر إليها ويعيشها سكانها من أجل تحديد العوامل‬
‫التي تمكننا من إعادة تأهيلها وتعزيز هويتها‪.‬‬
‫من خالل التساؤل أوالً ومحاولة فهم الوضع الراهن لهذه المدينة بإجراء تشخيص مفصل ثم تحليل محتوى استراتيجيات‬
‫إعادة التأهيل كما رسمها صناع القرار‪ ،‬نهدف إلى فهم التغييرات التي تشهدها هذه المدينة ومدى انعكاسها على هويتها‪.‬‬
‫يعتبر المواطن النقطة المحورية التي يستند إليها أي قرار‪ ،‬بصفته مستخدم‪ ،‬ممثل‪ ،‬ممارس وصانع قرار‪ ،‬لهدا نناقش‬
‫كال المفهومين مع سكان هذه المدينة‪ .‬في الواقع‪ ،‬إن سماع صوت هؤالء من خالل مقابالت شبه توجيهية باإلضافة إلى‬
‫مالحظة ممارساتهم‪ ،‬يسمح لنا بتحديد احتياجاتهم وتطلعاتهم من حيث عمليات إعادة التأهيل الحضري من جهة ووضع‬
‫األسس الضرورية والذاتية الالزمة من أجل تقييم موضوعي لمسألة الهوية اإلقليمية من جهة أخرى‪.‬‬
‫تكمن أصالة هذا العمل في محاولة تحديد الحجج األساسية بناء على إعادة تفسير المعلومات التي تم اإلفصاح عنها‬
‫وتمثيلها من طرف السكان‪ .‬إن تقاطع نتائج تحقيقنا مع المنطق المؤسسي الذي يرسم مستقبل هذه المدينة‪ ،‬يتيح لنا إمكانية‬
‫إجراء قراءة نقدية لسياسات إعادة التأهيل الحضري المقترحة من طرف صناع القرار في مدينة جيجل‪ .‬تعزيز نتائج هذا‬
‫التقاطع بنتائج النهج المقارن‪ ،‬عن طريق دراسة ثالث تجارب أجنبية أجريت في المجال الحضري‪ ،‬والتي لها أوجه‬
‫تشابه مع دراسة الحالة الخاصة بنا‪ ،‬تسمح لنا باتخاذ مسافة عن سياقنا الوطني ومبادئه المعتادة وبناء أداة فعالة لدعم‬
‫القرار‪ ،‬من شأنها أن تكون بمثابة مرجع ألي تدخل إقليمي (من أجل تعزيز وكشف هويته)‪.‬‬

‫الكلمات المفتاحية‪ :‬إعادة التأهيل الحضري‪ ،‬هوية اإلقليم‪ ،‬ساكن‪ ،‬مدينة جيجل‪.‬‬
1 CHAPITRE I
INTRODUCTION

Intérêt du sujet traité… Délimitation et cadrage du champ de la recherche

« La requalification de la ville et l’identité des territoires : pour une lecture critique à


travers le cas de Jijel » est l’intitulé de la présente recherche, pourquoi un tel intérêt ?

« Les villes ne font plus sens» (Lussault, 1997, p. 522).

L’espace urbain est en rapport constant entre évolution et changement, affectant à la fois
ses composantes physiques, sociales, économiques, son image et ses spécificités. À la
lumière de ces changements, le phénomène de l’exode rural et de la croissance de villes ont
pris un essor, entraînant souvent l’abandon des vieux centres avec leur attractivité et leur
spécificité, et, l’émergence des espaces périphériques plus attrayants mais sans âme ni
références identitaires. Face à cette situation troublante, la ville peine à se démarquer et à
trouver sa singularité dans un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre
villes est intense. La crise identitaire dans la ville est aujourd'hui aggravée par l'émergence
du phénomène de la mondialisation et de la métropolisation, tendant mondialement à
réunir les villes par le biais de grands projets structurants.

À cet égard, il serait intéressant de s’interroger : comment peut-on offrir aux habitants un
cadre de vie agréable et unique au sein de leur ville grâce au processus de requalification
urbaine ? Comment révéler l'identité d'une ville lors des opérations de sa
requalification ? Par quels moyens ? Tel est le questionnement qui alimente notre
réflexion.

En observant le processus d'émergence et d’évolution des villes du monde entier, qu'il


s'agisse de villes occidentales ou de villes du tiers monde, nous notons que le phénomène
de « reconstruire la ville sur elle-même » n’est pas une nouvelle tendance, mais existe
depuis les temps les plus reculés, c’est « une vieille question, aussi vieille que
l'architecture et la ville » (Pinson, 2001, p. 51). En effet, la reconstruction de la ville sur
elle-même était un phénomène spontané dû aux conquêtes successives, et à la
reconstruction des espaces après les guerres et les catastrophes naturelles. Elle est passée à
un phénomène réglementé, organisé, se présentant comme une solution recommandée
selon un grand nombre d'urbanistes, pour faire face à la situation urbaine critique des villes
et le phénomène d’étalement urbain (Boudjabi, 2005).

1
La requalification urbaine en tant qu’opération pouvant faire partie du phénomène de
« Reconstruire la ville sur la ville » peut prendre plusieurs formes selon la typologie du
tissu concerné et des situations rencontrées. De processus urbain classique aux projets
urbains, les formes d'intervention sur les tissus existants varient selon le contexte concerné
et poursuivent des objectifs entre autres : améliorer les conditions de vie de la population.
Donner du sens à ces opérations nécessite une prise de conscience claire de ces éléments
identitaires par les décideurs « faiseurs d’identité » (Galland, 1993, p. 4).

Le concept d’identité urbaine présuppose que « la ville soit signifiante » (Morisset, 2001,
p. 5). En effet, la prise en charge de cette question dans les opérations de requalification
d’une ville demeure une nécessité absolue qui pourrait apparaître comme une « solution
alternative » pour faire face au phénomène de mondialisation conduisant à l’uniformisation
et donc « à un choc des civilisations » (Huntington, 2004 cité par Guérin-Pace and
Guermond, 2006, p. 289). Elle est également considérée comme « une ressource dans le
cadre d’une politique de développement » (Bautès and Guiu, 2010, p. 124), qui peut
fortement influencer le développement des territoires (Thouément and Charles, 2011, p.
03). Selon ces derniers, la négligence de ce facteur marquant de la ville, rend toute
intervention sur cette dernière obsolète et sans âme.

La question de l’identité a suscité un nouvel intérêt scientifique chez les chercheurs au


cours des deux ou trois dernières décennies (Di Meo, 2008). Elle permet de « faire du
collectif », construire de la cohésion interne tout en recherchant l’attractivité et
l’affirmation d’une image caractérisée, au sein d’un système de villes concurrentiel »
(Bautès and Guiu, 2010, p. 124). En fait, étudier la question de l’identité d’un espace
nécessite de l’appréhender dans une perspective dynamique, c’est-à-dire de l’analyser
comme un phénomène ou processus actif, en perpétuelle évolution, qui s’alimente de
discours et de pratiques politiques, urbanistiques ou habitantes, affirme Benssenouci el
Ghaouti1.

La ville de Jijel, pourquoi un tel intérêt ?

Considérée comme une ouverture portuaire privilégiée pour l’arrière-pays ainsi que pour
toute l’Afrique, Jijel est une ville côtière et portuaire du Nord-est algérien en relation
directe avec la mer méditerranéenne par une façade maritime de plus de 120 Km. Elle est
l’agglomération chef-lieu de la wilaya de Jijel. De part cette situation géographique

1
Dans un article de presse de Nawel. D (2010) -voir le lien dans la bibliographie-.

2
stratégique disposant d’un grand port commercial (classé parmi les premiers en
méditerranée), elle est appelée à passer d’une ville enclavée à un pôle de développement
régional (2030) (selon le SEPT Nord Est et le PAW de Jijel) ; un important pôle
d’industrie, de tourisme et d’affaires, à travers de grands projets structurants prévus par
l’Etat (en cours de réalisation). Or, le système urbain de cette ville, à l’instar des autres
villes algériennes, qui est en pleine mutation, souffre de plusieurs lacunes à savoir, la
dégradation de son centre ancien, la prolifération de l’habitat non planifié en périphérie,
des problèmes d’accessibilité, de pollutions... nuisant l’image et les référents identitaires de
cette ville. Parmi ces raisons et l’intérêt des autorités à travers la planification de projets
d’envergure, elle fait l’objet d’une demande accrue de la part de ses habitants en termes de
qualité du cadre de vie, justifiant des opérations de requalification afin de pouvoir assurer
son rôle dans le futur.

1.1 Problématique générale

« Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise » (Galland,
1993, p. 04).

L’identité d’une ville se révèle sous deux angles :

a) Une représentation sociale construite et admise par ses habitants ou ses visiteurs
déclinée en un modèle imagé qui agrège différentes particularités (sociales,
culturelles et symboliques) (Quertier, 2008).
b) Une construction associant le passé (mémoire), le présent (l’état actuel) et le futur
comme devenir (Galland, 1993; Guérin-Pace, 2006).

Outre l’ambiguïté du concept d'identité lui-même et devant la multiplicité des éléments


constitutifs de l’identité, qui constituent la « mémoire des lieux » et « la mémoire des
gens », animant et donnant un sens à leur vie sociale et quotidienne, Foret (2007) stipule
qu’il est important de prêter attention à tous ces éléments, petits ou grands, dans toute
opération de requalification. Cependant, les politiques publiques ne prennent souvent pas
en compte toutes les dimensions de l’identité. Seulement, celles visant la valorisation, la
protection et la préservation du patrimoine urbain, en particulier des immeubles et
constructions d'intérêt historique et culturel partagé, permettant de préserver l’identité
culturelle de la ville. Sont considérés comme des référents. «…ce qui disparaît n’est pas
toujours d’ordre matériel : l’habitude prise de certains cheminements, des détails du

3
paysage urbain auxquels on a accroché des souvenirs d’enfance, la possibilité de trouver
chez les autres habitants du quartier quelque chose de soi qui fait qu’on se sent “d’ici”
même lorsque l’on vient d’ailleurs » (Foret, 2007, p. 7). Belhedi (2006, p. 316) affirme de
sa part que « la mise en exergue d’une seule dimension de l’identité ne fait que cristalliser
les autres dimensions cachées, voilées, réprimées ». Reste ensuite la question de savoir
comment trouver un équilibre acceptable et accepté entre les différentes composantes
de l’identité.

Quant à la requalification de la ville, c’est une opération d’intervention sur des tissus
existants2 visant principalement une réactualisation d’un cadre urbain donné, de façon à
insérer les nouveaux besoins et attentes de la population concernée. En effet, répondre aux
besoins et aspirations des habitants est un enjeu primordial dans toute intervention, Louvet
(2005, p. 43) affirme: « …le meilleur projet n’est pas le meilleur techniquement mais, tout
en apportant une solution technique satisfaisante, le mieux accepté ».

Entre les deux concepts, le premier « réflexif » et le second « pratique et opérationnel »,


se dresse l’habitant ou l’usager comme pilier fondamental dans la programmation, la
prise de décision et la mise en œuvre de toute opération urbaine à caractère social.
Cependant les habitants en tant qu’acteurs indispensables restent « (…) le plus souvent «
cloisonnés » dans leur milieu. Les pratiques sociales et usages de l'espace qu'ils
développent ne sont pas décryptés pour comprendre les facettes inexprimées de la ville »
(Ardourel et al.)3.

1.2 Problématique de la recherche spécifique

Historiquement, nous pouvons distinguer plusieurs périodes d’urbanisation4de la ville de


Jijel. La période phénicienne (IVe av. J.-C.) est caractérisée par le choix de l’emplacement
de la ville elle-même. La ville a été témoin de la succession de nombreuses civilisations, à
savoir : romaine, byzantine, musulmane, génoise, turque et finalement la période de la
colonisation française (1839 à 1962). En 1856, un tremblement de terre a provoqué un raz-

2
Qui ont connu souvent un processus de disqualification. En effet, elle s’intéresse aux territoires disqualifiés,
défavorisés, marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne répondent ni
aux besoins ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère.
3
La date et le numéro de page non indiquées, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-.
4
Commençant par la période phénicienne (IVe Av. JC), en passant à la période romaine (75 Av. J.C),
passant par la période Byzantine (en 533), la période Musulmane (en 720), la période Normande (en 1143),
la période Génoise (en 1283), la période Turque (16e siècle), la période Expédition Du Duc De Beaufort (en
1664), la période Française de 1839 à 1962.

4
de-marée qui a submergé toute la citadelle, détruisant toute la ville et effaçant toutes
traces des civilisations précédentes.

L’urbanisation actuelle de Jijel n’est autre que « le prolongement dans la discontinuité par
rapport à l’héritage urbain français qui a reconstruit la ville après le séisme de 1856 »
(Grimes, 2003, p. 120). En effet, le système urbain hérité depuis l’indépendance est
constitué d’un centre urbain colonial (en damier) et des extensions périphériques
résultantes de la forte pression démographique et de l’exode rural qu’a connus la ville
depuis l’indépendance.

Ce système souffre de multiples problèmes et se trouve dans un état critique, entre un


centre urbain délaissé, en état de dégradation, de détérioration avancée…et une
périphérie désordonnée, dysfonctionnée, composée de deux tissus. Le premier est un tissu
planifié produit dans le cadre de développement local amorcé après 1974, date de sa
promotion en chef-lieu de wilaya, sous forme de ZHUN (zone d’habitat urbain nouveau),
et le deuxième est un tissu urbain non planifié, avec l’absence d’une logique de
développement (mélange de formes et de styles, de production architecturale sans
références, ni homogénéité…). Les caractéristiques qui priment sur ces deux tissus, mettant
en péril le paysage urbain (Bougassa, 2009, p. 259), ses référents identitaires et la qualité
du cadre de vie de ses habitants. En effet, ce processus de dysfonctionnent est visible aussi
bien sur le plan spatial que sur le plan social et visuel.

Cette ville a toutes les ressources stratégiques pour être une ville de qualité à savoir : sa
vocation touristique, ses potentialités naturelles, patrimoniales, économiques sous
exploitées et son ouverture sur l’international à travers son port et son aéroport.
Malheureusement, elle est un territoire dysfonctionné, souffrant de problèmes multiples
que nous développerons au cours du déroulement de la recherche, d’où le recours à des
opérations de requalification urbaine devenant une nécessité absolue.

Actuellement, Jijel est devenue le théâtre de grandes mutations, transformant son image et
sa dynamique urbaine de par les projets implantés en voie de réalisation. Avec de telles
transformations, Jijel passera d’une petite ville enclavée à un important pôle d’industrie, de
tourisme et d’affaires, à travers de grands projets prévus, à savoir : la modernisation du
port de Djen-Djen, la réalisation d’une pénétrante autoroutière la reliant à l’autoroute Est-
Ouest, la construction d’une voie ferrée entre ledit port et l’axe El Eulma-Sétif, la
réalisation d’un 3ème pôle universitaire à El Ouana, le grand projet du complexe

5
sidérurgique Algéro-Qatari à Bellara (50 km de Jijel), ainsi que d’autres projets hôteliers.
Ce boom économique aura certainement des effets induits sur les formes de son
urbanisation par l’attractivité du territoire avec la création d’un bassin d’emplois.

A la lumière de ce constat, il s’avère évident que ces grands projets structurants vont
donner une nouvelle dynamique et une nouvelle image à la ville de Jijel. La question qui se
pose, son contexte urbain et spatial serait-il à la hauteur du rôle que Jijel est appelée à
jouer dans l’avenir ? Où sont les habitants (leurs besoins et leurs aspirations) et
l’identité de cette ville dans ces discours ? De ce fait, cette ville réclame une intervention
de requalification urbaine de façon globale, cohérente et non ponctuelle, tout en
améliorant son cadre urbain d’une part et en assurant la satisfaction des besoins et attentes
de sa population d’autre part.

Pour traiter cette préoccupation majeure, nous sommes parties d’une série de
questionnement :

▪ Quelles sont les raisons qui ont conduit à la disqualification et au


dysfonctionnement de cette ville ? Et quels sont leurs effets sur la ville et son
identité ?
▪ La question d’identité de la ville de Jijel est-elle prise en charge par les politiques
du développement ?
▪ Quels impacts auront ces grands projets structurants, en cours de réalisation, sur la
ville et son identité ?
▪ Quels éléments composent l'identité de cette ville qui intéressent davantage
l’habitant jijélien et qui sont susceptibles d'être pris en charge dans toute
intervention urbaine ?

Toutes ces interrogations nous incitent à poser la question principale comprenant deux
volets : Entre Jijel héritée et Jijel en projet, la requalification urbaine tenant compte
des aspirations des citoyens, pourrait-elle revaloriser le territoire en révélant son
identité intrinsèque ?

1.3 Les connaissances acquises et le positionnement épistémologique

Dans le monde et à partir des années 90, les villes en quête d’attractivité se sont tournées
vers l’injection des grands projets ou projets de ville scénarisés et rivalisant d’esthétisme et
de communication via la scénarisation des projets avec impacts futurs sur le devenir des
villes, les mettant dans une situation de rivalité pour attirer les capitaux humains et

6
économiques (Arnould, 2017). Cette action spécifique aux entreprises est appliquée aux
villes considérées désormais comme un produit à vendre, évoluant dans un système
concurrentiel.

Cet état de fait met les acteurs dans une position de gérant d’une entreprise où le profit, les
stratégies d’attractivité et la visibilité font légion. L’intégration d’un acteur important dans le
processus de production de l’urbain, à travers la concertation en l’occurrence la population
est effective dans les pays européens et outre atlantique (Cobo, 2016).

Cette prise de position consistant à intégrer la société civile dans les décisions est considérée
selon les chercheurs comme une contrainte ou une opportunité. La théorie hyper-pluraliste,
suppose que cette stratégie entraine un chaos urbain car le pouvoir décisionnel est partagé
pouvant entrainer des blocages dans les décisions synonymes d’ingouvernabilité (Pinson,
2009). D’autres voient le côté positif où l’action est considérée comme une perspective
d’ouverture vers une coopération, à l’invention de nouveaux mécanismes et une articulation
intelligente des ressources communes (Crampe, 2019).

En Algérie, la participation citoyenne, dont l’usager peut remédier à la situation difficile


dans laquelle se trouve sa ville, et malgré son institutionnalisation dans la loi d’urbanisme
n° 90-29, la loi n°06 – 06 et la loi n° 11-10, reste en réalité toujours en marge des décisions
qui concernent sa ville (Bachar, 2015, p. 46), en raison de « la remontée à la surface de
l’idée factice de l’Etat responsable de tout » d’une part, et du manque de communication
entre décideurs et habitants (mouvement associatif) d’autre part (Bendjelid, 2010).

Le processus de fabrication des villes a longtemps été central dans les études urbaines liées
à la ville algérienne (Belguidoum, Cattedra and Iraki, 2015). Ces dernières traitent souvent
le phénomène urbain comme effet inévitable du boom démographique et du
développement économique (Belguidoum, 2008, p. 2) ou souvent comme une constatation
des déséquilibres qui existent « entre les règles et les pratiques et entre les programmes et
leur réalité » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 102). Par sa part, Chouadra (2008) note
que « la recomposition de la ville fragmentée reste un défi pour les décennies à venir »
(ibid., p. 13). Cette recomposition doit, selon lui, s’imposer comme priorité dans la
politique de la ville en se basant sur les spécificités identitaires géographiques et
historiques de cette dernière.

Dans cette perspective et afin d’étudier le rapport intervention- identité du territoire dans le
cas de la ville algérienne « de Jijel », la question du rôle de l’habitant dans ce processus de

7
requalification guide la présente recherche. En effet, partant du constat que la
requalification urbaine est une intervention urbaine des acteurs décideurs sur un territoire
bien défini, s'inscrit dans des politiques publiques, encadrée par un cadre juridique bien
défini, nous allons essayer d’évaluer les politiques publiques de la ville de Jijel en matière
de requalification urbaine. Cette évaluation revient à tester leur niveau d’efficience et
d’efficacité, mais aussi leur capacité à répondre aux besoins des habitants.

D’une manière générale, notre travail de thèse vise à cerner et à comprendre la relation
entre l’identité d’une ville et son développement, de montrer comment les opérations de
requalification urbaine peuvent être des révélateurs de l’identité d’un territoire, un moteur
et un levier de développement d’une ville toute en lui offrant sa singularité et ses
spécificités dans un monde concurrentiel ; d’où la nécessité de se démarquer.

Notre interrogation sur l'identité de la ville et sa prise en charge dans les opérations de
requalification, c'est-à-dire comment tenter de moderniser/réactualiser le cadre de vie de la
population, en mettant en évidence les spécificités du lieu, ses valeurs et en assurant la
satisfaction de ses habitants, nous a amenées à questionner ces concepts auprès des
habitants c’est-à-dire, aller vers la composante humaine elle-même et placer l’habitant au
cœur du système d’évaluation de la question traitée, car la « connaissance du site, n’est
pas l’apanage du technicien » (Louvet, 2005, p. 54), mais de l’habitant, également appelé
« l’usager-expert des lieux » et / ou « partenaire du renouveau local » (Noyer and Raoul,
2008).

Entendre la voix des habitants à travers des entretiens dont la représentativité de


l’échantillon n’est pas conditionnée par sa taille mais par la qualité de ce que disent les
personnes interrogées, ainsi qu’observer ces habitants qui vivent dans leur espace y
pensent et modifient, dans une tentative de connaitre et de comprendre leurs
représentations sociales et leurs pratiques de l’espace, nous permettra de définir leurs
besoins et aspirations en termes des opérations de requalification urbaine d'une part et de
poser les bases et les assises subjectives nécessaires à l'appréciation objective de la
question de l'identité territoriale d’autre part.

Par conséquent, l’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base
à partir d’une réinterprétation des informations recueillies et des représentations des
habitants, en les procédant d’une manière analogique, en se basant sur l’étude des
exemples étrangers. L’habitant étant le nœud focal sur lequel se base toute décision

8
car il est à la fois usager et acteur, pratiquant et décideur. Une telle approche nous
permet à la fois de croiser local et global, pratique et théorie ainsi que discours
(politique) et réalité (vécu des habitants).

1.4 Hypothèse

Pour mener à bien cette présente recherche, nous sommes parties de l’hypothèse suivante :

Pour qu’une opération de requalification urbaine soit réellement efficace, valorisante


et révélatrice de l’identité du territoire jijélien, la participation citoyenne croisée avec
la politique publique, contribue à la construction d’un outil d’aide à la décision valide
et efficient qui servira de référence pour toute intervention territoriale.

Avant d’aller à ce point vital et crucial de notre recherche, il faudra d’abord comprendre le
contexte de l’étude (la ville de Jijel), ses mutations, ses stratégies de développement et ses
répercussions sur son identité, tout en combinant des approches locale (cas d’étude) et
globale (universelle) par le biais d’une approche comparative (villes présentant un cas
similaire) afin de pouvoir prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses
logiques habituelles.

Au fait, notre recherche dotera les villes (les collectivités locales) de démarches et des
moyens (un outil d’aide à la décision) pour assurer la prise en charge de la question
d’identité, des besoins et des attentes des habitants algériens dans les opérations de
requalification de leurs villes, en assurant un équilibre acceptable entre ses différentes
composantes identitaires.

D’une manière plus spécifique, notre recherche vise à travers l’étude du cas de la ville de
Jijel.

▪ Mettre en évidence les réalités du terrain d’étude, en s’interrogeant sur les éléments
qui ont conduit au dysfonctionnement de cette ville, c’est-à-dire de savoir comment
les mutations urbaines qu’a connues Jijel influent sur la ville et son identité.
▪ Étudier le rapport identité/ville / intervention (requalification urbaine), comment il
se présente dans le cas d’une ville algérienne : celle de Jijel.
▪ Étudier l’impact des politiques publiques spécifiques à la ville de Jijel, en
l’occurrence les nouveaux projets que connaitra Jijel sur son développement et son
identité.

9
▪ Essayer de comprendre si les stratégies des acteurs décideurs de cette ville
répondent-elles réellement aux besoins et aux aspirations des habitants du territoire
concerné. En effet, vouloir aboutir à une lecture critique de la politique publique en
matière de requalification de la ville de Jijel, basée sur une connaissance des
réalités du terrain d’étude, ses référents identitaires et les aspirations de ses
habitants.
▪ Recommander et ouvrir des pistes de réflexion pour des recherches futures.
La présente recherche vise à mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de
vie global et actuel de la ville de Jijel. C’est à travers une approche du terrain que se
distingue cette aire d’étude, d’abord en tant qu’espace aménagé et à aménager et puis en
tant qu’espace perçu et pratiqué par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant
sa requalification et la révélation de son identité.

1.5 Méthodologie et outils de la recherche

Saisir la complexité du sujet traité, nécessite d’allier et de combiner plusieurs approches et


méthodes (Thouément and Charles, 2011, p. 4). En effet la pratique et la théorie doivent
être combinées. Afin de garantir l’aboutissement aux objectifs fixés et de répondre aux
questions déjà posées, et mis à part le chapitre introductif et celui de la conclusion nous
avons divisé notre recherche en 6 chapitres distinctes mais complémentaires, chacun
faisant partie de la réponse à la question posée, et reposant sur une ou plusieurs méthodes
et approches combinées.
Quelles sont les méthodes et les démarches suivies pour la réalisation de ce projet de
recherche ? Comment et pourquoi ? La réponse peut être résumée comme suit :

A. La requalification de la ville et l’identité des territoires : entre théories et


doctrines

Premièrement, dans l’objectif de savoir comment d’autres chercheurs ont abordé cette
question de « requalification de la ville et d’identité des territoires », quels sont leurs
résultats et leurs méthodes de recherche, nous avons commencé d’abord par une collecte
des données afin d’éclaircir notre thème d’étude et de comprendre ce sujet dans sa
globalité et comment il se présente dans le cas livresque. L’interprétation et la lecture des

10
documents collectés s’est faite selon deux techniques : la technique de « skimming »5 et la
technique de « lire pour comprendre »6.

Les outils utilisés pour effectuer cette étape :


Des ouvrages, des dictionnaires, des thèses de doctorat, des mémoires de magistère, des
articles scientifiques, des articles de presses, des sites Web.

B. Un travail du terrain : Jijel entre espace hérité et espace en projet

Pour mieux comprendre la situation actuelle de la ville de Jijel et cerner les causes et
conséquences du processus de disqualification qu’elle a connu et les changements
constatés, un travail de terrain a été effectué selon les étapes suivantes :
➢ Collecte des données et documents officiels auprès des différentes directions de
Jijel.
➢ Consultation des travaux de recherche déjà effectués sur le terrain d’étude et ayant
une relation avec le thème de notre recherche.
➢ Actualisation de quelques données du terrain à travers cartes, archives et sorties sur
site.
➢ L’observation7 in situ et la prise de photos.
Après avoir rassemblé les différentes données et les observations (écrites et enregistrées)
concernant le cas d’étude, nous les avons traitées par le recours à une combinaison de deux
méthodes ou approches :
▪ L’approche analytique : d’une manière quantitative, qualitative et la
combinaison des deux.
▪ La méthode historique : avec interrogation des archives (analyse de
contenu avec critique interne et externe) dans le but d’établir des faits et des
conclusions des événements passés et de faire ressortir tout élément ou
événement marquant dans l’histoire de cette ville, et qui a contribué de façon
directe ou indirecte à l’établissement de son état actuel avec tous ses points
positifs et négatifs.

Après avoir étudié et compris la réalité du terrain, son fonctionnement et sa dynamique (du
passé au présent), nous nous tournons vers l’avenir de cette ville. En fait, nous complétons

5
La technique de la lecture : skimming (lecture rapide) : il s’agit de lire le document (chapitre, passage,
article, etc.) une seule fois de façon rapide, dont elle permet de trouver rapidement l’information recherchée.
6
La technique de « lire pour comprendre » : Elle permet de saisir l’information recherchée à partir de la
lecture d’un document plusieurs fois.
7
Appelée aussi l’approche Descriptive, elle est considérée comme un moyen de rassemblement de données.

11
cette première étape par une seconde étape qui est l’étude de la question de la
requalification et de l’identité de la ville telle qu'elle est envisagée dans les outils de
planification urbaine et les stratégies d’intervention spécifiques à cette ville. En
d’autres termes, nous tenterons d’examiner, où va la ville de Jijel et son identité
conformément à la vision de ses décideurs, en analysant leurs stratégies (en cours et
projetées) par le biais de la prospective.

Le fonds documentaire est constitué de :


- Des thèses de doctorat, des mémoires de Magistère, des articles scientifiques, des
articles de presses, des sites Web.
- Des documents officiels comme le Plan d’Aménagement de la Wilaya de Jijel, le
Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la commune de Jijel.
- Des lois, ainsi que des cartes et des photos.
Cette richesse documentaire constitue les outils de base permettant d’aborder le cas de la
ville de Jijel entre espace aménagé et espace à aménager/ Espace réel existant et espace
dessiné et imagé par ses logiques institutionnelles.

C. Enquête auprès d’un échantillon : L’habitant jijélien comme acteur


indispensable

Les deux concepts requalification de la ville et identité des territoires constituent l’épine
dorsale de notre recherche. La requalification est une intervention urbaine qui vise
principalement à répondre aux besoins et attentes des habitants, et l’identité qui est (plus
que le coté physique et visible) un sentiment d’appartenance des habitants à un lieu. De ce
fait, la population, constitue l’axe majeur de lecture commune entre ces deux notions, et
la première concernée par les différentes opérations entreprises sur son cadre de vie, pour
cela, quel est son rôle dans la participation aux différentes interventions urbaines qui
concernent son cadre de vie ?
Préalablement, il nous semble indispensable de donner la parole aux habitants, et leur
permettre de s’exprimer librement, pour mieux comprendre leurs besoins et leurs attentes,
pour trouver un meilleur rapport entre l’espace perçu et l’espace vécu. Pour cela, nous
avons eu recours à la méthode d’enquête avec la technique de l’entrevue8sur un
échantillon de 46 personnes (techniquement appelée population). Notre enquête a été

8
L’enquête a été effectuée à l’aide d’un guide d’entretien comportant des questions formulées sur la base des
indicateurs dégagés lors de la lecture des données bibliographiques recueillies.

12
inspiré de la méthode EBAHIE que nous présentons dans le chapitre suivant, dont nous
n'avons pris que son coté qualitatif.

La représentativité de l’échantillon en cette étude qualitative n’est pas conditionnée par


sa taille mais par la qualité de ce que disent les habitants. Pour cela, elle ne nécessite pas
un grand nombre de personnes interrogées, comme le montre les résultats des travaux de
Griffin & Hauser (1991) qui ont prouvé expérimentalement qu’une trentaine de
personnes interrogées dans le cadre d’une écoute qualitative fournit plus de 90% de
la richesse de l’information à recueillir. Angers (1997) pour sa part, confirme dans son
ouvrage « initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines » que dans une
recherche qualitative, la taille de l’échantillon s’établit sur la base du principe de la
saturation des sources.

Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, et les données statistiques du
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2008 de la ville de Jijel, notre
échantillon a été identifié avec soin d’une manière qu’il soit représentatif de l’ensemble de
la population de la ville de Jijel en se basant sur plusieurs indicateurs à savoir ; sexe,
tranches d’âge, durée de résidence, lieu de résidence et catégorie socioprofessionnelle
(profession).

Le dépouillement des résultats de cette enquête s’est fait selon une analyse qualitative de
type sémantique basée principalement sur la « méthode de sélection positive », c'est-à-
dire, tout en restant fidèle aux expressions et aux mots prononcés par les habitants, nous
avons essayé de réduire la quantité étonnante de données qualitatives résultantes des
différents entretiens aux expressions les plus significatives. À l’aide du logiciel SPSS et à
la « cross-tabulation » un croisement des variables et données a été fait.
N.B : étant donné que notre visée de cette enquête est purement qualitative, le recours au
logiciel SPSS a eu lieu pour faciliter le croisement des variables et des données. En
revanche, la dimension quantitative des résultats présente des limites en raison du nombre
réduit de notre échantillon.

▪ L’observation en situation (in-situ)

Après avoir donné la possibilité de s’exprimer aux habitants, connaitre leurs perceptions de
l’espace, l’image qu’ils en forgent, nous avons complété cette première étape, par
l’observation in situ. Cette dernière consiste à observer l’habitant dans son environnement
naturel et réel dans un contexte d’usage de l’espace. Cela dépasse le simple regard mais

13
s’inscrit dans une perspective de décrypter les facettes non verbales (non exprimées) par
les habitants et de vérifier la réalité de la situation urbaine du point de vue « participation
citoyenne » (croiser perception et pratique). En effet, comment réagissent les habitants de
Jijel face à la situation difficile dans laquelle se trouve leur ville ?

D. Une recherche de stratégie d’ici et d’ailleurs … prendre une distance par rapport
au contexte national

Le grand journaliste Bechir Ben Ahmed in revue « révolution africaine » s’adressant au


monde arabe et particulièrement les maghrébins (Algérie, Tunisie, Maroc) en pointant du
doigt les pays européens a dit : « leur passé c’est votre présent, leur présent c’est votre
futur…Vous avez devant vous les résultats, prenez ce qui vous soit utile et vital et
négligez les accessoires ». En effet, dans le but de comprendre comment des villes
présentant des caractéristiques similaires à notre cas d’étude, ont pu requalifier leur ville
tout en révélant leurs identités, nous procédons à une approche comparative, nous
cherchons à travers des exemples similaires dans notre environnement maghrébin et
ailleurs des stratégies utilisées et qui ont donné des résultats et où les impacts ont été
mesurés ou bien facilement identifiables, pour pouvoir anticiper sur le devenir de
l’évolution urbaine de la ville de Jijel sous l’angle de la révélation de l’identité urbaine par
le biais de la requalification urbaine.
Cela nous permettrait de prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses
logiques habituelles, et par conséquent, d’obtenir plus d’attention et de clarté sur ce qui
semble plus logique et plus évident sur la question à l'étude.

Le choix est effectué sur trois villes portuaires ; Marseille, Casablanca et Toulon. Le choix
de ces villes se base sur les critères suivants : ville portuaire en mutation, les stratégies
suivies et les résultats.

▪ Le choix de la ville de Marseille, Ville portuaire méditerranéenne européenne

En termes de ressemblance, Marseille a connu un déclin économique, suivi d’un exode


rural massif, ce qui a conduit à la déqualification de la ville sur tous les plans ;
économique, social et urbain, donnant lieu à la perte de la relation ville-port d’une part, et à
un centre-ville répulsif d’une dégradation assez avancée et à une périphérie plus attractive
et plus dynamique d’autre part. En effet, la délocalisation spatiale de l’activité portuaire en
dehors du périmètre communal a aggravé la situation. C’était le point déclencheur d’une
série de projets successifs d’aménagement et de modernisation, dont le plus pertinent est

14
celui d’EUROMED qui a changé l’échelle et l’image de la ville. Au fait, elle a pu non
seulement se repositionner à l’échelle de son pays mais à l’échelle de toute la
méditerranée. La situation de Marseille avant l’arrivée d’EUROMED, ressemble en grande
partie à la situation actuelle de notre objet d’étude Jijel, qui vit maintenant entre une
périphérie plus dynamique et attractive, et un centre en déclin et en dégradation assez
avancée, mais qui dispose en contrepartie d’une infrastructure très importante tel est le cas
du port de Djen-Djen (Essor économique dû au port et la zone de Bellara). Malgré sa taille
et sa place dans le classement des villes françaises qui dépassent celle de notre aire
d’étude, elle a été choisie pour les stratégies adoptées et les impacts ressortis.

▪ Le choix de la ville de Casablanca : Ville portuaire maghrébine …

Dans un second temps, le choix est porté sur une ville qui a connu une sorte de «
refondation » d’origine coloniale (Cattedra, 2003) celle de Casablanca – comme c’est le
cas de Jijel –. Sur le plan architectural et urbanistique, Casablanca est une ville
millénaire qui n’a pas conservé les traces des différentes civilisations qu’elle a connues.
Bien qu’elle ait été décrite comme « ville sans âme » (Cattedra, 2003), elle a pu acquérir
un statut d’une ville patrimoniale, comment ? En outre, l’identité matérielle de la ville de
Jijel est presque inexistante en raison de son effacement par le séisme de 1856, et depuis
lors, la ville n’a qu’un centre urbain d’une architecture coloniale et d’une périphérie sans
âme ni homogénéité (esthétique) alors comment essayer de redonner une identité à cette
entité urbaine où ses fondements historiques et identitaires sont altérés ? Tirer des idées à
partir de Casablanca ; Quelles stratégies ?

▪ Le choix de la ville de Toulon : Ville portuaire, européenne, méditerranéenne


… … aux richesses naturelles diversifiées

Toulon possède de multiples caractéristiques qui ressemblent en grande partie à notre objet
d’étude (Jijel). En effet, c'est une ville côtière portuaire avec une base navale militaire et
l’autre civile. Longeant le bassin méditerranéen, les caractéristiques physiques de cette
ville sont constituées de deux entités naturelles : la plaine et la montagne qui forment
l’identité naturelle de cette ville aux paysages naturels indéniables, renforçant sa
vocation touristique.

E. Croisement de lectures : entre théorie et pratique, local et universel,


besoins/aspirations des habitants et politiques publiques …

15
Après avoir interprété et évalué les résultats de l’enquête, et les avoir croisés avec les
résultats de l’étude prospective et les résultats de l’étude des trois exemples, nous
précéderons à construire une grille de lecture et d’intervention sur la ville de Jijel, qui
servira de référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice
de son identité).

1.6 Cadrage spatial et temporel de la recherche

❖ Le cadrage spatial

Spatialement, notre étude porte sur deux niveaux différents mais qui se complètent :
▪ L’échelle macro : à ce niveau d’approche, nous sommes à l’échelle de toute la wilaya
de Jijel, afin de mieux cerner et comprendre la réalité et les problèmes du micro (local).
▪ L’échelle micro : à ce niveau, l’étude se fait à l’échelle de la ville de Jijel, depuis son
centre ancien, à sa périphérie (les quartiers périphériques de la ville), c’est à dire l’ACL
de la commune (Voir la carte ci-dessous-).

Notre aire
d’étude

Figure 1.1. Découpage administratif de la commune de Jijel.


Source. PDAU de Jijel (2009) + Traitement de l’auteur.

❖ Le cadrage temporel

Tant que la requalification de la ville est une action qui s’inscrit dans la durée, c'est-à-dire
qui vise à répondre aux besoins des habitants à moyen et à long terme, notre recherche met
l’accent sur les dix à vingt ans à venir, tout en mettant aussi l’accent sur les éléments
marquants dans le passé de cette ville et qui ont façonné son identité et sa genèse actuelle.

Le schéma ci-dessous résume les démarches et les méthodes utilisées pour accomplir notre
recherche :

16
Recherche Projection de son devenir
bibliographique et
Vision des décideurs
identification de
l’objet de recherche
+ Méthode comparative
Vision des décideurs

Croisement de lectures
Diagnostic et analyse approfondie du terrain d’étude +Approche prospective
Méthode comparative et construction d’un
outil d’aide à la
Passé Présent Futur décision, valide et
Diagnostic et analyse approfondie du terrain d’étude Approche prospective efficient qui servira de
référence pour toute
❖ Approche analytique :
Présent Méthode d’enquête par la intervention
Passé
Méthode historique Futur
D’une manière ; quantitative, technique d’entretien territoriale

qualitative et la combinaison + Technique d’analyse du contenu+


L’approche historique
des deux Observation in situ
Méthode d’enquête par la
❖ L’observation in situ Visions des citoyens
technique d’entretien

Ouvrages,
❖ Méthode thèses de: doctorat,
analytique D’une mémoires de magistère, articles scientifiques, articles de
Les outils de travail
presses,; sites Web, cartes, documents officiels
Visions comme
des citoyens
des
dulois, décrets exécutifs, PAW de
❖ manière quantitative,
L’observation in situ + Méthode d’analyse contenu
Jijel, photos,
qualitative et lalogiciel Google Earth, logiciel SPSS, Excel, etc.
combinaison
Les outils de travail
des deux
Figure 1.2. Démarches et méthodologies suivies dans notre recherche.
Source. Établi par l’auteur (2020).
17

Ouvrages, thèses de doctorat, mémoires de magistère, article scientifiques, articles de


1.7 Structure de la recherche

Nous avons structuré notre recherche en 8 chapitres principaux :

• Chapitre I : Introduction
• Chapitre II : La position épistémologique : La question de la requalification de
la ville et l’identité des territoires… Sur le plan conceptuel et universel

Ce chapitre est consacré à une lecture et une étude du phénomène de requalification


urbaine et d’identité des territoires dans le cas livresque, c’est à dire à une lecture
synthétique des travaux de recherches scientifiques, ayant traité ce sujet, afin de clarifier
notre champ d’étude et préciser les critères d’études.

• Chapitre III : Le territoire jijélien entre dysfonctionnements et atouts :


observation, lecture et constat

Ce troisième chapitre consiste en une analyse du phénomène urbain à Jijel dans sa


globalité, en appréhendant le territoire avec son évolution et sa transformation au fil du
temps (lecture historique), tout en étudiant tous ses composants : géographiques,
socioéconomiques, urbains, etc. dans le but de comprendre les causes et les conséquences
du phénomènes de disqualification qu’a connu Jijel, pour pouvoir déterminer ses atouts
(ses points positifs) et ses faiblesses (ses points négatifs) et les éléments constituant son
identité, selon deux niveaux de lecture :
▪ Une étude globale de tout le territoire de la wilaya de Jijel.
▪ Une analyse plus détaillée de la ville de Jijel.

• Chapitre IV : Jijel, un espace en mutation … nouvelle image ? pour quelles


formes d’intervention urbaine ?

Ce chapitre consiste principalement à une étude des stratégies de développement de la ville


de Jijel. En effet, Du niveau national à celui du local, de la ville de Jijel, ce 4ème chapitre
s’articule autour deux niveaux de lecture :

▪ Une première lecture synthétique du phénomène de requalification urbaine


et d’identité des territoires en Algérie d’une façon générale.
▪ Une deuxième étude de la question de requalification urbaine (de
l’intervention sur les tissus existants) au niveau de la ville de Jijel selon la
vision de ses acteurs décideurs, en analysant leurs outils et stratégies
d’aménagement pour les 10 ans à venir.

18
• Chapitre V : Une démarche empirique : placer l’habitant au cœur des
mutations qui concernent son cadre de vie … l’écouter, l’observer

Ce chapitre est consacré à une enquête sur terrain d’abord, auprès d’un échantillon de
personnes habitants de la ville de Jijel dans le but et comprendre leur perception de leur
ville, leurs visions, leur degré de satisfaction, ainsi que l’image qu’ils en forgent avec les
éléments constitutifs de son identité. Nous complétons cette enquête par une observation
en situation (intra-muros) relatant les différentes pratiques habitantes présentes sur l’espace
urbain de la ville de Jijel, dans l’objectif de questionner le rôle du citoyen dans toute
action touchant la requalification et l’amélioration de son cadre de vie.

• Chapitre VI : Marseille, Casablanca et Toulon… trois villes


requalifiées …trois stratégies

Ce chapitre consiste en une étude du cas de trois expériences étrangères menées dans le
domaine de l’urbain, qui ont des similitudes avec notre cas d’étude.

• Chapitre VII : Discussion : Regard croisé entre préoccupations habitantes et


logiques institutionnelles de la ville de Jijel … vers la conception d’un outil
d’aide à la décision

Ce chapitre consiste en une évaluation des résultats et la vérification de l’hypothèse à partir


du croisement des résultats de notre enquête avec les logiques institutionnelles qui
dessinent l’avenir de cette ville. Il s’agit de mener une lecture critique des politiques (des
stratégies) de requalification urbaine proposées par les décideurs dans le cas de Jijel (en
termes de satisfaction des besoins la population et de prise en charge de la question
d’identité).

Consolider les résultats de ce croisement parles résultats de l’étude des trois exemples
contribue à la construction d’un bisness model type, valide et efficient qui servira de
référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice de son
identité)

• Chapitre VIII : Conclusion et perspectives

Nous concluons notre recherche par une conclusion générale, et suggestion d’une série de
nouvelles pistes de recherche sur la thématique abordée par cette thèse.

19
2 CHAPITRE II
LA POSITION EPISTEMOLOGIQUE : LA QUESTION DE LA
REQUALIFICATION DE LA VILLE ET L’IDENTITE DES TERRITOIRES…
ENTRE THEORIES ET DOCTRINES

INTRODUCTION

Pour mener à bien cette présente recherche, nous sommes parties de l’hypothèse suivante :

Pour qu’une opération de requalification urbaine soit réellement efficace, valorisante


et révélatrice de l’identité du territoire jijélien, la participation citoyenne croisée avec
la politique publique, contribue à la construction d’un outil d’aide à la décision,
valide et efficient qui servira de référence pour toute intervention territoriale.

Analyser les concepts-clés de cet énoncé, revient à les transférer de l’abstrait vers le
versant concret à travers l’analyse conceptuelle. Cette approche permet de décomposer le
concept en dimensions puis en indicateurs mesurables capables de générer une
opérationnalisation empirique. Ainsi, les concepts de « requalification urbaine, identité
du territoire, de politique publique, de participation citoyenne, d’outil d’aide à la
décision et le site de Jijel » constituent le soubassement de notre recherche. Dans ce
chapitre, nous disséquons quelques-uns et nous complétons par l’analyse du site et les lois
étatiques dans les autres chapitres.

Afin de détailler cette analyse, nous avons structuré notre chapitre selon six points, et pour
chacun d’entre eux, nous avons fait une présentation synthétique de la documentation
exploitée.

2.1 La requalification urbaine des tissus existants : une prise de conscience

En observant le processus d'émergence et d’évolution des villes du monde entier 9, qu'il


s'agisse de villes occidentales ou de villes du tiers monde, nous notons que le phénomène
de « reconstruire la ville sur elle-même » n’est pas une nouvelle tendance, mais il existe
depuis les temps les plus reculés, c’est « une vieille question, aussi vieille que
l'architecture et la ville » (Pinson, 2001, p. 51). En effet, la reconstruction de la ville sur
elle-même était un phénomène spontané dû aux conquêtes successives, et à la

9
Le processus d’évolution est détaillé dans la partie 01 : chapitre 01 du mémoire de magister de (Boudjabi,
2005).

20
reconstruction des espaces après les guerres et les catastrophes naturelles, avant de passer à
un phénomène réglementé organisé (Réf : schéma de synthèse en Figure 2.1, p. 22), qui se
présente comme une solution recommandée, pour faire face à la situation urbaine critique
des villes et le phénomène d’étalement urbain (Boudjabi, 2005). Les travaux
haussmanniens sont l'un des pionniers dans le domaine10.

L'amélioration des conditions de vie de la population est apparue pour la première fois
dans un cadre pensé, opérationnel, selon des ordonnancements urbains devant la situation
critique de l’ensemble des villes des pays industrialisés du 19ème siècle, qui nécessitaient
des réformes et de les repenser dans leur globalité (ibid.).

2.1.1 De « la table rase » à la requalification urbaine

Le concept de « reconstruire la ville sur la ville »11a brillé dans les années 90, devenant une
nécessité absolue et une base de toute opération d’intervention sur les espaces urbains
éclatés et hétérogènes en combinant « la mutation » et « la substitution » (Grumbach,
1998). Ce concept a vu le jour dans les pays anglo-saxons, en Italie et en France,
s’incarnant dans des politiques publiques, et à travers le concept de «ville sédimentaire »
(Masbongi, 1998, p. 03 ; Eleb-harlé and Berthier, 2007, p. 01), en faveur d’une ville plus
compacte par une meilleure maitrise et gestion du foncier.

Au début, les interventions sur les tissus existants se sont limitées aux opérations de
« rénovation urbaine », chose qui n’a pas tardé d’être reniée par plusieurs chercheurs du
domaine de l’urbain, comme Bernard Huet, suivi par de nouveaux urbanistes. Ce dernier a
considéré les interventions en centre ancien comme préjudiciables aux spécifictés et aux
caractéristqiues du lieu et se font au mépris du contexte.En revanche, il a défendu et
encouragé « l’ordinaire de la ville » en valorisant les tissus urbains existants « le déjà
là».En fait,bien que la prise de conscinces de la question du patrimoine, des spécificités et
des valeurs des lieux ait commencé en 1933, elle ne s’est élargie que depuis 1964 12, y
compris tout groupement de construction pouvant fournir des renseigenements sur le passé
(Boudjabi, 2005). La prise de conscience de l'importance des tissus existants s'est

10
A travers son programme de « reconstruction du Paris moderne », le préfet Haussmann a été l'un des
pionniers dans le domaine de l’urbanisme, son programme qui avait un caractère global et complet, est
devenu « une référence mondiale » pour de nombreuse opérations de reconstructions urbaines (Boudjabi,
2005).
11
Appelé aussi le retour à la ville compacte, le renouvellement urbain, la récupération de la ville et le
recyclage urbain.
12
Date de la charte de Venise (Mai 1964).

21
renfroncé avec l’uniformisation des modèles urbains et architecturaux et l'échec des villes
modernes. Cette prise de consience a contribué à minimiser les opérations de démolition et
de reconstruction sans pouvoir mettre fin à ce phénomène.

Selon Perrocheau (2012), les opérations de requalification urbaine ont pour origine « une
alternative aux opérations de démolition reconstruction » comportant des gisements
d’économie, notamment en ce qui concerne l’environnement.

Un phénomène Un processus Prise en compte


spontané règlementé de la question
du patrimoine et
Conquêtes Solution des spécificités
successives, et recommandée face à des lieux :
reconstruction des la situation urbaine apparition
espaces après les critique des villes et d’autres formes
guerres et les le phénomène de
catastrophes d’étalement urbain, requalification
naturelles limitée souvent aux
opérations de
rénovation urbaine
Figure 2.1. « La ville sur la ville », d’un phénomène spontané à un processus règlementé.
Source : Etabli pat l’auteur (2020).

2.1.2 La requalification urbaine, entre concept et enjeux

La requalification13urbaine selon le dictionnaire de l'aménagement du territoire


«comprend deux domaines complémentaires : la requalification du physique par des
méthodes relevant des politiques publiques d’urbanisme et de logement, et le travail sur
l’image de la ville appuyée par l’édification de bâtiments de prestige et par des compagnes
de communication » (Wachter and Emelianoff, 2009, p. 116). Cette opération urbaine est
un champ très vaste. Elle concerne des territoires différents souvent en mauvais état :
quartier résidentiels, zones d’activités, friches (industrielles, tertiaires, etc.), espaces
publics... dont la typologie de l’intervention varie en fonction de la différence de la
typologie et des fonctions du territoire cible. Ces territoires sont considérés souvent comme

13
Selon « Larousse » et « le Robert », la requalification signifie l’action de donner une nouvelle
qualification/qualité/titre à quelque chose. Une autre définition est donnée par Basille (2004) « ‘Qualifier’ du
latin ‘qualificare’ est composé de ‘qualis’ : « quel » au sens de « apte », « fait pour » et de ‘facere’ : « faire
», « rendre tel », Les objectifs affichés de la politique de la ville vise le maintien des populations actuelles et
l’accueil de nouveaux ménages en rendant le quartier attractif… » (ibid., p. 11).

22
disqualifiés14 ou dysfonctionnés. Le phénomène de disqualification ou dysfonctionnement
qu’a connu les villes à travers le monde, est dû essentiellement à une tendance d’étalement
urbain15qui s’est faite de façon néfaste et démesurée, donnant lieu à des problèmes
multiples et visibles aussi bien sur le plan spatial, que sur le plan social et
environnemental. Au fait, Berry-Chikhaoui (2009) qualifie de « dysfonctionnements »
urbains , l’urbanisation anarchique, sous-intégrée, spontanée, la gourbification, la
ruralisation de la ville, l’économie informelle. Boudjabi (2005) appelle
dysfonctionnements urbains « une situation carrément chaotique » de l’espace urbain
concrétisé par des bouleversements des entités urbaines et de leurs environnements,
incarnés par la détérioration du cadre bati en particulier dans le centre-ville, la
multiplication des friches en milieux urbains, la propagation d’habitat illicite, la
propagation de la pollution sous toutes ses formes, visuelles, sonores.... Dans les zones
périphériques, la menace des énergies non renouvelables et du foncier, conduisent à la
paupérisation des conditions et de la qualité de vie des citoyens ainsi qu’à la diffusion de
pulsieurs maux sociaux comme: taux de chômage élevé, pauvreté, exlusionet ségrégation.
La disqualification urbaine renvoie au processus de perte de la qualité d’un espace urbain
matérialisé par de nombreux problèmes. Les principales causes et conséquences du
dysfonctionnement d'une zone urbaine, quelle que soit son échelle peuvent être résumées
comme suit :

14
Selon le dictionnaire ‘Larousse’, le mot disqualifier signifie « Rendre quelqu'un indigne de ses fonctions,
discréditer ».
15
Qui dit étalement urbain, dit croissance démographique, exode rural et par conséquent crise de logement.

23
- Sur le plan spatial :
Urbanisation anarchique, habitat illicite,
détérioration du cadre bâti,
multiplication des friches,
- Etalement urbain consommation irrationnelle du foncier.
démesuré - Sur le plan social et économique :
- Exode rural Ruralisation de la ville, ségrégation,
- Pratiques des perte des notions de citadinité et
habitants Ses causes d’urbanité, paupérisation des conditions
- Effet du temps Ses formes
et de la qualité de vie, taux de chômage
- Marginalisation de élevé, exclusion sociale, violence
la problématique par urbaine, détérioration des fonds culturels
les acteurs décideurs, et patrimoniaux, économie informelle.
et dominance de
l’aspect quantitatif - Sur le plan environnemental :
dans leur discours. Propagation de la pollution sous toutes
ses formes ; visuelles, sonores, etc.
menace des richesses et des énergies non
renouvelables.

Figure 2.2. Les principales causes et conséquences du processus de dysfonctionnent urbain.


Source : établi par l’auteur (2020).

La disqualification et les mauvaises conditions de vie dans un espace ne sont pas les seules
raisons qui peuvent conduire à sa requalification, mais aussi les évènements d’importance
mondiale dits : « urbanisme événementiel » comme les expositions universelles, les Jeux
olympiques… Ces derniers peuvent être un élément déclencheur (catalyseur) des
opérations de requalification urbaine (Wachter and Emelianoff, 2009, p. 116).

Plusieurs indicateurs relatifs à ce concept ont été relevés lors de notre lecture, parmi
lesquels, nous citons entre autres les références suivantes :

• Perrocheau (2012) le considère comme un processus d’intervention sur l’espace


qui s’inscrit aussi bien dans la durée, que dans l’action de gestes ponctuels et
éphémères. De ce fait, le facteur temps et le facteur échelle de l’action sont très
importants.
• Considéré comme un enjeu d’avenir, en essayant de « faire du neuf avec du vieux
». En effet, les stratégies de requalification doivent être définies dans le temps
(Boucherit, 2017), en prenant en charge sa dimension prospective (Perrocheau,
2012) en fonction d'objectifs et de défis prédéterminés, et doit recouvrir à la fois les
notions des phénomènes suivants : transformation, mutation, restructuration,
régénération, renaissance, etc.

24
• D’après Gasnier (2004, p. 35), l’opération de requalification urbaine est considérée
comme « acte d’appropriation - réappropriation politique et économique », elle
présente cependant des limites sur le plan social, car elle a des implications directes
sur l’urbanité et les formes de réappropriation d’espace requalifié par ses habitants
(individuels ou groupes sociaux). Ces derniers peuvent les modifier ou même les
transformer radicalement, entraînant de multiples dysfonctionnements16. Pour cela,
il insiste sur la nécessité absolue d'impliquer les « parties prenantes »et la mise en
évidence des convergences des conflits entre acteurs.
• La nécessité de s’inscrire dans une vision globale : en effet, la réussite de toute
opération de requalification urbaine est conditionnée par sa vision d’ensemble,
c'est-à-dire par la prise en charge de toutes les composantes du territoire concerné
dans une stratégie qui vise une cohérence globale, car en l'absence de cette dernière
l'ensemble de ces mutations urbaines reste hétérogène (Boudjabi, 2005).

La requalification urbaine en tant qu’opération faisant partie du phénomène de


« Reconstruire la ville sur la ville » peut prendre plusieurs formes selon la typologie des
territoires concernés et des situations rencontrées comme le montre d’une façon globale le
schéma de synthèse (Réf : figure 2.3 ci-après).

16
Ces dysfonctionnements sont les résultats de « la non prise en compte par les acteurs décideurs et
concepteurs d’espace de formes d’appropriation générées dans l’opération de requalification pensée alors
seulement en terme d’usage fonctionnel et non (ou pas assez) en terme d’usage plus global », affirme Gasnier
(2004, p. 38).

25
Classification des Les interventions
opérations par objets sur les tissus
existants

Typologie des objets


concernés Celles qui Celles qui
concernent concernent
le bâti le non bâti

Typologie des a
à usage
constructions d'habitation Pour activité/ VRD
(habitat) Equipement

Présentant une valeur


Autres
historique et patrimoniale

Autres
Présentant une valeur Quartiers d'habitat Equipements Voirie
historique et patrimoniale ancien mixte
Tissus
Friches Espaces
historiques Quartiers type grands
ensembles industrielles publics : Places,
Centres anciens placettes,
Quartiers informels, Zones
Vieilles villes habitat précaire, d’activités jardins.
bidonvilles.

Equipements
Tissus
❖ Restauration
historiques ❖ Reconversion
Friches Voirie
industrielles ❖ Aménagement
Espaces -
❖ Revitalisation/
Centres anciens ❖ Remise à niveau publiques :
Zones Réaménagement
Vieilles villes
Réanimation d’activités Places,
❖ Reconquête
placettes, et
❖ Réhabilitation jardins, etc. des
revalorisation
❖ Reconversion
❖ Renovation espaces publics
❖ Restauration ❖ Remise à niveau
❖ Restructuration ❖ Restructuration
❖ Revitalisation/
Réanimation
❖ Requalification
Réhabilitation urbaine
❖ Renovation
Restructuration ❖ Aménagement -
Figure 2.3. Schéma de synthèse des différentes formes de requalification urbaine.
Réaménagement
Source : Conception de l’auteur (2018).
❖ Reconquête des
espaces publics
Les enjeux et les objectifs de la requalification urbaine

Ses enjeux et ses objectifs sont multiples, parmi lesquels nous citons :

26
• Améliorer les conditions de vie des habitants (les plus défavorisées, moins
intégrés et marginalisés), en essayant de faire revivre et cohabiter des personnes
différentes au sein d'un même espace, en assurant leur intégration sociale.
• Valoriser l’image et le paysage du territoire concerné et sa perception
(transformer le regard porté sur cet espace) à l'intérieur comme à l'extérieur, en
renforçant son attractivité.
• Redonner et redynamiser la valeur économique de l’espace concerné,
détourner ses fonctions premières, mais également lui donner une nouvelle
identité et un nouvel usage.
• Essayer de maîtriser la consommation du foncier, faisant partie de la démarche
de développement durable.
• Remédier à l’obsolescence de certaines fractions du patrimoine immobilier de la
ville (Wachter and Emelianoff, 2009, p. 118).
• Selon Eleb-harlé & Berthier (2007, p. 04), la requalification doit être amenée à
relier les discontinuités, de relier ancien et nouveaux, passé et présent, et ne
pas se limiter au remmaillage viaire pour relier les différentes parties de la ville,
mais dépasser cela pour créer un espace convivial, où tous ses résidents peuvent
s’identifier (Di Meo, 2008).
• Promouvoir le développement du tourisme dans le territoire concerné et lui
assurer sa pérennité et son identité culturelle, tout en suscitant un sentiment
d’appartenance à la ville parmi ses habitants17.

Nous pouvons résumer les principales dimensions relatives à ce concept « requalification


urbaine », ainsi que ses enjeux comme suit (Réf : Figure 2.4 ci-après) :

17
L’Association Internationale des Maires et Responsables des Capitales et Métropoles partiellement ou
entièrement Francophones : « Le patrimoine culturel des villes : Enjeu de développement économique,
promoteur de lien social ». Paris.

27
Facteur
Facteur temps échelle
Travail sur
(Définie dans
l'image
le temps)

Nécessité Dimension
d'implication physique
des parties (intervention
prennantes sur l'espace)

Un enjeu
d'avenir Requalification Des objectifs
(vision urbaine prédéfinis
prospective)

Valoriser l’image et
Dysfonctionnement Améliorer les le paysage du
des espaces Pourquoi ? conditions de vie territoire
des habitants
Grands évènements
Valoriser sa
Susciter dans la perception
population un sentiment
d’appartenance à la ville
Renforcer son
S’inscrire dans une attractivité et son
esprit
vision globale Créer un espace
convivial
Maîtriser la
consommation du
foncier
Figure 2.4. La requalification urbaine entre concept, dimensions et enjeux.
Source : établi par l’auteur (2020).

2.1.3 La requalification urbaine, acte des politiques publiques

Par politique publique, nous entendons « les interventions d’une autorité investie de
puissance publique et de légitimité gouvernementale sur un domaine spécifique de la
société ou du territoire » (Grawitz, Leca and Thoenig, 1985 cité par Thoenig, 2010, p.
420). Au fil du temps, plusieurs définitions ont été attribuées à cette notion (Nyeck, 2014),
dont elle peut être un document18 ou un processus19 comme le confirment Turgeon &

Il est « élaboré par les acteurs gouvernementaux pour présenter leur vision d’un enjeu susceptible d’une
18

action publique » (Nyeck, 2014, p. 384).

28
Savard (2012). Elle peut également apparaitre comme « des actions spécifiques inter
reliées et officielles, annoncées ou entreprises » (Nyeck, 2014, p. 384) par une autorité
étatique dans le but de résoudre un problème public à un moment précis. Ces actions
peuvent être de différentes échelles, à savoir : internationale, nationale, régionale et locale.

L'évaluation des politiques publiques revient à tester son niveau d’efficience, d’efficacité,
de pertinence et de cohérence, mais aussi sa capacité à répondre aux besoins des
bénéficiaires (Fouquet, 2009).

La requalification urbaine en tant qu’intervention urbaine des acteurs décideurs sur un


territoire bien défini, s'inscrit dans des politiques publiques, encadrée par un cadre
juridique bien défini (lois, décrets exécutifs, etc.), où le périmètre de son intervention
territoriale est déterminé par des outils et des instruments souvent appelés outils
d’aménagement et d’urbanisme. La requalification peut prendre deux formes principales :

• Des interventions classiques dans le cadre des instruments d’urbanisme, ces


derniers diffèrent d’un contexte à l’autre et d’un pays à l’autre. Nous consacrons le
quatrième chapitre de la présente thèse à l'étude de la question de la requalification
urbaine en tant que politique publique telle qu’elle se présente en Algérie et plus
spécifiquement dans notre cas d’étude « Jijel ».
• La requalification par les grands projets urbains.

2.1.3.1 La requalification par les grands projets urbains structurants

« Un grand projet n’est pas nécessairement un gros projet » (Raynaud, Hubert and Lewis,
2014)20. La grandeur d’un projet n’est pas forcément liée à sa taille, mais à ses ambitions et
ses impacts, à travers sa capacité à aller au-delà de « la simple production d’un objet ou
d’un espace » (ibid.). Le concept de projet urbain est né en Italie dans les années 60, avec
l’opération « récuppéro » visait à restructurer la ville de Boulogne (Ingallina, 2001 cité par
Hecham- Zehioua, 2010, p. 134). Ensuite, en France, la politique des grands projets de
ville a été annoncée en Décembre 1999 (Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 3),
puis dans les pays du Maghreb depuis le début des années 2000 (Cattedra, 2010).

19
« au cours duquel les élus politiques décident d’une action publique sur un enjeu pour lequel certains
décideurs publics (gouvernementaux ou non) exigent une action » (Nyeck, 2014, p. 384).
20
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

29
Dans un futur proche (Bédard and Breux, 2011)21, la notion de G.P.U s’inscrit dans une
vision globale en vue de promouvoir un développement urbain, social et économique d’une
façon générale. Il s’agit d’opérations lourdes de requalification (Sénécal, Malézieux and
Manzagol, 2002, p. 3), de planification urbaine (Pinson, 2005, p. 2) ou comme une
alternative à la planification traditionnelle (Hecham- Zehioua, 2010, p. 22), qui touchent
les différents aspects et composantes de la ville :bâti, environnement, économie, société…
en impulsant des transformations dans tout ou partie de la ville (Pinson, 2005, p. 2) .

A l’ère des mutations urbaines et de la mondialisation, la concurrence entre les villes est
devenue intense, et, pour transcender la simple vision d'apporter des solutions aux
problèmes locaux, les grands projet sont considérés comme « une pierre importante dans
la construction de la compétitivité » et « un outil essentiel de marketing territorial »22
(Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 3). Renforcer l'attractivité des grandes villes,
en valorisant leur image23, est en effet donner au territoire concerné une spécificité et de
lui conférer de qualités spécifiques « personnification de la ville » (ibid.).

Visant à requalifier les espaces dégradés et à corriger les erreurs urbanistiques des années
1960-1970 (ibid., p. 2)24, le grand projet urbain, se caractérise par un processus souple,
flexible qui peut être adapté à toutes les échelles et à toutes les temporalités de la ville
(Hecham- Zehioua, 2010, p. 22). En effet, force est de constater que l’implication de tous
les acteurs concernés25, et plus particulièrement de la société civile (Vermeulen and Hardy,
2016, p. 124), est une condition primordiale/cruciale à la réussite de ces projets. En effet,
« il est tenu de répondre aux besoins et aux rêves de ceux et celles qui traversent et
habitent la ville » (Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 5).

La notion de grand projet structurant ou à effet structurant est définie par Hecham-
Zehioua (2010) comme ; tout projet qui peut entrainer, à long terme, des effets sur le
changement structurel de son environnement (ibid., p. 22). Ces effets, qu’ils soient cachés,

21
« Cette dimension temporelle est particulièrement importante car le projet joue dès lors avec la notion
d’idéal, c’est-à-dire de la perfection qu’on peut non seulement souhaiter, mais qu’on peut effectivement
atteindre et réaliser de son vivant » (Bédard and Breux, 2011, p. 139).
22
Dont la construction des symboles est un ingrédient du façonnement de l’espace.
23
Elle « revêt une importance primordiale pour le positionnement des villes » (Sénécal, Malézieux and
Manzagol, 2002, p. 3).
24
Dues aux approches fonctionnalistes en aménagement.
25
A travers une communication ouverte, l’instauration d’un véritable dialogue avec ces acteurs et
l’organisation d’une participation citoyenne. Cependant, la communication entre les acteurs publics et privé
même si elle est jugée imparfaite, elle parait toujours évidente, alors que la société civile semble négligée par
les acteurs publics (Vermeulen and Hardy, 2016, p. 124).

30
latents, directs, indirects, peuvent être spatiaux, économiques, symboliques ou les trois à la
fois (op.cit., p. 147).

2.2 L’identité, un concept « flou » de nature paradoxale

La notion d’identité est très complexe 26, elle a suscité plusieurs recherches conduites
par : Galland (1993); Galland et al. (1993); Lussault (1997); Morisset (2001); Di Méo
(2002, 2008); Mata Barreiro (2004); Guérin-Pace & Guermond (2006); Fourny (2008);
Thouément & Charles (2011); Ben Jemia (2014) dans plusieurs domaines ; en sociologie,
science de la communication, en urbanisme, en géographie, etc. Elle est issue du champ de
la psychologie selon Galland (1993, p. 3).

L’identité quant à elle, n’est pas un simple concept qui peut être défini clairement et
facilement, mais plutôt très complexe et ambigüe, car elle est le processus de création de
sens à partir d’une seule particularité, ou d’un ensemble cohérent de particularité
culturelles, qui prévalent toute autre source comme l’a confirmé Pflieger & Castells (2006,
p. 325). Cette notion multi-facettes a été abordée aussi par Galland (1993) à travers son
article « Les identités urbaines », où il nous a donné une définition assez globale :
« l’identité est invisible, et pourtant c'est elle qui guide le tracé des routes, inspire en
partie la main de l'architecte et suggère les décisions politiques touchant à l'aménagement
du territoire et à l'urbanisme. Ces actions, à leur tour, vont transformer les éléments
spatiaux qui servent de support à la cristallisation des identités. Elle est le parpaing qui
soude les briques de l'édifice social, elle est le lien qui relie l'individu tant à sa
collectivité, à son territoire qu'à ses groupes d'appartenance... En ce sens elle est bien
plus que "l'âme" d'une collectivité, puisque c'est elle qui anime le plus profond de la vie
d'un groupe en lui donnant son sens » (ibid., p. 02).

2.2.1 Le rapport identité/ territoire -espace-

« Le territoire est un support d’unité et d’identité, par l’exercice de la fonction politique »


(Retaillé, 1998 cité par Fourny, 2008, p. 104).

Selon Riou (2011, p. 36) les deux concepts « territoire » et « espace » souvent utilisés l’un
pour l’autre, dans certaines disciplines et notamment en sociologie, sont souvent
considérés «comme étant plus ou moins synonymes».

26
Parce qu’elle signifie le fait d’être unique et différent des autres, mais en même temps, identique et
semblable tout en restant distinct (Laudati, 2009).

31
Le territoire est considéré par les chercheurs comme un support permettant de fixer, de
repérer et de renforcer son identité, via sa matérialité spatiale, à travers un processus
apppelé « spatialités de l’identité » (Di Meo, 2008) ou « territorialisation »27 de l’identité
(Belhedi, 2006). Ce qui pemret de la protéger de toute sorte de perte grâce à l’architecture,
l’aménagement des constructions, le design urbain 28 et la qualité des paysages. De ce fait,
il permet aussi de cristalliser les représentations individuelles et collectives de ses
habitants, et renforcer le processus identitaire lié à leur sentiment d’appartenance. En effet,
« L’identité résulte parfois d’une construction à plusieurs niveaux : par exemple une ville
peut avoir une identité « globale » … existent parfois certains quartiers possédant leur
propre identité» (Thouément and Charles, 2011, p. 19) permettant de mettre en évidence
la dimension spatiale du mot « territoire » lorsque celui-ci est lié au concept d'identité de
toute une région ou d’un pays.

En résumé, l’identité d’un territoire, considéré comme « cadre d’expression de la


différence composantes sociopolitiques de la société » (Belhedi, 2006, p. 313) quel que soit
son échelle (d’un quartier, d’une ville appelée identité urbaine, ou d’une région,) peut être
lue à travers deux grandes catégories d’éléments :

1. des éléments matériels (objets visibles) :qui se matérialisent à travers


l’environnement construit, et les lieux symboles, et par conséquent « des paysages
identitaires »29dépositaires d’expériences vécues et de souvenirs des gens (Di Meo, 2008) ;
2. des éléments immatériels (objets invisibles) :qui sont à la fois des images30, ou un jeu
d’images interdépendantes, révélées à travers le vécu et les souvenirs gardés en mémoire
des gens (individuellement et collectivement) (Galland, 1993) et un sentiment
d’appropriation et d’appartenance des résidents à un territoire bien précis.

Entre ces deux modes de relations au territoire « appropriation et appartenance », la


différence est clarifiée par Didier Févre (2013)31 en soulignant : « L’appropriation
demande de se sentir bien dans son territoire. La projection vers un Ailleurs est le plus

27
« Cadre d’expression identitaire et politique des différentes communautés » (Belhedi, 2006, p. 313).
28
Il renvoie à un processus d’arrangement spatial des bâtiments, des infrastructures, des espaces publics, etc.
tout en combinant urbanisme, architecture et architecture du paysage (Blais, Boucher and Caron, 2012, p.
68).
29
De par leurs composantes humaines, naturelles, culturelles et paysagères, ils présentant un intérêt pour une
société en faisant appel à sa subjectivité, sa sensibilité et ses perceptions. Ces paysages sont enracinés dans la
mémoire collective régionale et locale (ibid., p. 69).
30
« Ces images ne sont pas nécessairement homogènes » (Galland, 1993, p. 14).
31
Notes de lecture de l’ouvrage de Filippova & Guérin-Pace (2008).

32
souvent un mécanisme compensatoire. L’appartenance à un territoire passe par le
processus de socialisation et l’acquisition de connaissances historiques et géographiques.
On peut s’approprier un territoire tout en se sentant appartenir à un autre »32.

Aux principaux éléments mentionnés ci-dessus, s’ajoutent d’autres indicateurs nécessaires


et indispensables pour la lecture et l’analyse de toute identité d’un territoire à savoir :
▪ La dimension de continuité de la notion, au fait, l’identité est considérée comme
« un processus inachevé » (Laudati, 2009, p. 07), qui vise la construction d’une
« continuité, surtout temporelle, du sujet » (Di Meo, 2008). De ce fait, la prise en
charge du facteur temps et du cadrage temporel dans l’étude de l’identité d’un
territoire est indispensable.
▪ Le territoire envisagé comme support identitaire peut être aussi comme producteur
d’identité par ses caractéristiques physiques en l’occurrence sa topographie et
cristallisé parfois par sa dénomination (Fourny, 2008, p. 111)33.Cette dernière peut
être aussi un mode de présentation de son identité.
▪ La culture (au sens de Malinowski, géographie, histoire, coutumes, savoirs, savoir-
faire, patrimoine, etc. ) (Thouément and Charles, 2011, p. 4) et « l’ethnie ou la
religion » (Belhedi, 2006, p 310) sont aussi considérés comme des supports de
l’identité. Au fait, la prise en charge de la dimension sociale et culturelle de
l’espace (sa mémoire urbaine) est indispensable dans toute intervention sur ce
dernier pour pouvoir confirmer sa singularité.
▪ La prise en charge des acteurs sociaux est indispensable dans la composition de
l’identité urbaine comme le montre Galland (1993, p. 3) « … L'idée de "l'identité
urbaine" devient opérationnelle à partir du moment où l'on considère une
collectivité urbaine comme un acteur social ».
▪ La perceptin exogène de l’espace ou bien le regard porté depuis l’extérieur34 est
aussi considérée comme un vecteur constitutif de l’dentité (Thouément and
Charles, 2011, p. 4) (Réf Figure 2.5 ci-dessousaprès).

32
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
33
« On trouve là des références à d’anciennes régions naturelles… crêtes, vallées…» a dit Fourny (2008, p.
111).
34
Par le biais d’une vraie connaissance du territoire en question, ainsi que de préjugés et d’appréhensions à
distance de celui-ci.

33
Figure 2.5. Les 4 grands vecteurs de constitution de l’identité territoriale selon
Thouément & Charles (2011, p. 4).

Le concept d’identité urbaine présuppose que « la ville soit signifiante »35 (Morisset, 2001,
p.5) suivant un processus d'agencement et de structuration de l'ensemble des
représentations faites par les différents groupes sociaux internes ou externes d’une
ville à partir de son passé, de son présent et de son futur à un moment donné (Galland,
1993, p. 3 ; Quertier, 2008). Elle est aussi le résultat de sa dynamique interne et ses
relations avec l’extérieur. Pour l’étude d’un phénomène urbain, le chercheur a placé
l’identité au même stade que la morphologie et les différentes pratiques des citoyens.

Cette notion (identité urbaine) multidimensionnelle est très difficile à étudier du fait de sa
nature polysémique et ambigüe, elle réunit à la fois trois dimensions complémentaires
l’unification36, la différenciation37 et la permanence38 (Fourny, 2008) face aux
changements et mutations dans le temps. En effet, elle peut apparaître comme une
« solution alternative » pour faire face au phénomène de mondialisation qui pourrait
conduire à l’uniformisation et par conséquent « à un choc des civilisations » (Huntington,
2004 cité par Guérin-Pace and Guermond, 2006, p. 289).

Etudier l’identité d’un espace, lui donner une identité spécifique et reconnaissante et une
image cohérente, ne peut être effectuée que par l’étude et la prise en compte de tous ses

35
Cela signifie qu'il s'agit d’un objet de représentation dans sa genèse, son mécanisme et sa forme objective.
36
L’unicité des caractéristiques d’un territoire que ça soit naturelles, bâties, sociales, culturelles et/ou
patrimoniales.
37
Des caractères propres rendant un territoire différent par rapport aux autres.
38
Sa temporalité langue, dont il s’agit d’associer l’identité à la stabilité, et par conséquent à la résistance au
changement et à la non-modernité (Fourny, 2008).

34
composants matériels et immatériels dans une perspective dynamique39, car « …La mise
en exergue d’une seule dimension de l’identité ne fait que cristalliser les autres dimensions
cachées, voilées, réprimées. La question reste ainsi de trouver un équilibre acceptable et
accepté entre les différentes sphères de l’identité, à l’instar de la personnalité qui ne
s’épanouit qu’à travers un équilibre» (Belhedi, 2006, p. 316). À l’issue de tout cela, nous
pouvons résumer les principales dimensions relatives à ce concept « identité des
territoires » comme suit :

Représentations Regard porté


des résidents depuis l’extérieur

Un jeu d’images Processus


inachevé : passé,
présent et futur
IDENTITE D’UN TERRITOIRE

Dimension objective Dimension subjective

➢ Environnement construit : éléments ➢ Sentiment d’appropriation


architecturaux, lieux symboles, etc. et d’appartenance des
➢ Qualité des paysages résidents à leur territoire
➢ Caractéristiques physiques de ➢ Pratiques des habitants
l’espace : topographie, ressources, etc.
➢ Patrimoine, culture et histoire :
traditions, coutumes et religion
➢ Savoir et savoir faire
➢ Dynamique intérieur et relation avec
l’extérieur

Figure 2.6. La notion d’identité du territoire entre concept et dimensions.


Source : établi par l’auteur (2020).

39
Incluant la notion de symbole, il s’agit de l’analyser comme un phénomène/processus actif, en
perpétuelle évolution, qui s’aliment de discours et de pratiques politiques, urbanistiques ou habitantes,
affirme Benssenouci El Ghaouti dans un article de presse de Nawel. D (2010).

35
2.2.2 Identité des territoires et/ ou l’identité territoriale

D’après Guermond (2006), l’origine de la notion d’identité territoriale est « un sentiment


individuel, très souvent limité au coin de terre » mythifié dans un souvenir permanent
(ibid., p. 292)40. Ce concept lié au côté social, aux individus et aux groupes sociaux,
s’intéresse à la manière de construction de leur propre identité sociale ou personnelle à
partir du territoire (Fourny, 2008). Quant ‘à l’identité de territoire, ce concept est lié au
discours aménagiste, elle « constitue une forme d’objectivation. Elle rend compte d’une
caractérisation par laquelle le territoire est défini dans une singularité qui lui confère un
statut d’objet propre et d’objet spatial» (ibid., p. 108).

2.2.3 Le génie du lieu, combinaison de « l’esprit » et du « lieu »

Le génie du lieu ou « GENIUS LOCI » a été développé par Christian Norberg-Schulz dans
son ouvrage « GENIUS LOCI », en interrogant la question de l’architecture et de son
impact sur l’homme et ses pratiques : « Depuis l’Antiquité, le geniusloci, l’esprit du lieu
est considéré comme cette réalité concrète que l’homme affronte dans la vie quotidienne.
Faire de l’architecture signifie visualiser le geniusloci : le travail de l’architecte réside
dans la création de lieux signifiants qui aide l’homme à habiter» (Norberg-Schulz, 1997,
extrait de la préface).

Dubos (1970), pour sa part, affirme que les forces physiques, biologiques, sociales et
historiques sont également des éléments essentiels constitutifs du génie du lieu et,
ensemble, elles forment sa singularité. Il précise que les actions que les hommes
entreprennent sur un lieu, ne prouvent leur succès que dans la mesure où elles respectent le
génie de ce lieu.

La notion du génie du lieu, également appelée « esprit du lieu », combine deux concepts
complémentaires ; « l’esprit » qui renvoie aux éléments intangibles et à la pensée des gens,
leur pratiques et leur mode de vie, et « le lieu », incarné par sa dimension spatiale,
physique et matérielle. En fait, elle vise à étudier la relation entre les individus et leur
environnement.

40
Par exemple au quartier de son enfance, ou encore au lieu des vacances.

36
2.3 La requalification de la ville et l’identité des territoires … Quelles relations ?

Considérée comme « une réalité singulière propre à chaque territoire »41, l’identité d’un
territoire peut fortement influer sur le développent des territoires (Thouément and
Charles, 2011, p. 3). Cependant, elle « demeure à ce jour… peu ou mal connue, voire
ignorée par nombre de chercheurs ou professionnels, acteurs du développement
territorial », en raison de sa complexité en tant que concept, ce qui le rend difficile à
appréhender. Cela necessite des approches singulières basées sur un ensemble de plusieurs
méthodes et techniques d’analyse et d’investigation (ibid., p. 4). En revanche, Di Meo
(2008) estime que la question d’identité a suscité un nouvel intérêt scientifique chez les
chercheurs, faisant de cette dernière « l’œuvre contemporaine et changeante d’acteurs
sociaux compétents, dotés de réflexivité et de la capacité de produire du sens dans un
environnement aux références mobiles» (ibid., p. 1).

Tant que c’est un concept qui a suscité plusieurs travaux de recherche, la question qui se
pose concernant l’identité est à double volet : est –t-elle un frein ou un moteur de
développement d’un territoire ? Selon Galland (1993), elle peut avoir les deux facettes à la
fois « un frein », et « un accélérateur », en fonction de sa perception et sa possibilité de
renouer avec la modernité, « selon qu'elle est perçue comme un stigmate empêchant l'accès
à la modernité ou brandie comme l'emblème d'un avenir plus harmonieux » (ibid., p. 2).
De leur côté, Thouément & Charles (2011), qui partagent cette même vision, estiment
qu'étudier et analyser l'identité territoriale peut être l'occasion de pouvoir maximiser « les
effets de leviers potentiels » et réduire « les effets de frein ».

2.3.1 La nécessité de prise en charge de l’identité dans les opérations de


requalification

« …Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise » (Galland,
1993, p. 4).

La prise en charge de la question d’identité dans les opérations de requalification d’une


ville demeure une nécessité absolue. En effet, donner du sens à ces opérations nécessite
une prise de conscience claire de ces éléments identitaires par les décideurs « faiseurs

41
« Elle sera parfois forte, d’autres fois, quasi inexistante » (Thouément and Charles, 2011, p. 4) donnant
lieu à des répercussions très diversifiées sur les territoires.

37
d’identité » (Galland, 1993, p. 4). En revanche, l’ambiguïté ou le manque de clarté de ces
éléments rendent leur prise en charge une question très difficile à résoudre. Thouément &
Charles (2011), considèrent l'identité comme une clé de réussite de tout projet de
développement urbain, car la négligence de ce facteur marquant de la ville, rend toute
intervention sur cette dernière obsolète et sans âme.

Devant la multiplicité de ces éléments de l’identité, qui constituent la « mémoire des


lieux » et la « la mémoire des gens », animant et donnant un sens à leur vie sociale et
quotidienne, Foret (2007) stipule qu’il est important de prêter attention à tous ces éléments,
petits ou grands, dans toute opération de requalification. Cependant, les politiques
publiques ne prennent souvent pas en compte toutes les dimensions de l’identité, mais
seulement celles qui visent la valorisation, la protection et la préservation du patrimoine
urbain, en particulier des immeubles et des constructions d'intérêt historique et culturel
partagé, permettant de préserver l’identité culturelle de la ville. «… Ce qui disparaît n’est
pas toujours d’ordre matériel : ce peut être l’habitude prise de certains cheminements, des
détails du paysage urbain auxquels on a accroché des souvenirs d’enfance, la possibilité
de trouver chez les autres habitants du quartier quelque chose de soi qui fait qu’on se sent
“d’ici” même lorsque l’on vient d’ailleurs » (ibid., p. 7).

2.3.2 Les impacts des opérations de requalification d’un espace sur son identité

Les opérations de requalification urbaine ou de recomposition urbaine sont des leviers qui
peuvent modifier et transformer partiellement ou radicalement l’identité du territoire
concerné. Selon Gasnier (2004, p. 38), les opérations de requalification urbaine « comme
acte d’appropriation - réappropriation politique et économique » doivent être conçues en
termes d’usage plus global, et pas seulement en termes d’usage fonctionnel, dont elles
influent directement sur l’urbanité, et les pratiques de ses les habitants. Ceci en adéquation
ou pas avec le projet d’aménagement initial, sur leurs formes de réappropriation des
espaces requalifiés, sur leurs perceptions de ces derniers, et par conséquent sur le niveau de
leur satisfaction. En effet, tout changement ou transformation qui touche l’identité de
l’espace, suscite de multiples réactions chez ses habitants, qui peuvent être de satisfaction
et « d’adaptation », provoquant chez eux un sentiment d’appropriation/bienêtre, ou
d’insatisfaction et de « variation », leur causant un sentiment de refus/malaise. Ces
réactions s'incarnent dans l'espace, par des attitudes et des comportements de respect ou de
non-respect (Laudati, 2009).

38
Afin d’éviter de tomber dans toute contradiction, et afin de requalifier un espace tout en
permettant à ses habitants de s’identifier à nouveau, de s’y sentir en sécurité tout en les
partageant avec autrui, Laudati (2009, pp. 5-7) proposait de construire les perspectives et
les stratégies d’interventions urbaines publiques, sur les perceptions que forgent ses
habitants (dégager les éléments d’intervention en fonction de la connaissance des images
mentales et des attentes des individus).

En abordant la même question « le rapport identité/action/territoire » Fourny (2008) a


montré les contradictions existantes entre les opérations de recomposition urbaine en tant
qu’intervention publique volontariste, et l’identité territoriale en soulignant:« L’analyse
empirique comme les analyses critiques de l’évolution des territorialités montrent une
contradiction entre discours et politiques d’aménagement d’une part, territorialités et
identités d’autre part …les opérations de recomposition institutionnelle des territoires
procèdent pour certaines par un changement d’échelle, sans remettre en cause les
principes d’homogénéité et de continuité d’une organisation de type territorial » (ibid., p.
103).

Donner du sens Un levier, un moteur


à ces opérations ou un frein (nécessité
de sa prise en charge)

ETRE
Requalification RECONNUE ET Identité
de la ville DIFFERENTE urbaine
DES AUTRES

Renforcer la Modifier et transformer Provoquer chez


spécificité et partiellement ou l’habitant un sentiment
l’unicité du lieu radicalement l’identité d’appropriation/bienêtre

Figure 2.7. Le rapport requalification/identité d’une ville et ses répercussions.


Source : établi par l’auteur (2020).

Ce rapport « requalification et identité des territoires » varie d’un contexte à l’autre


et d’une ville à l’autre, alors la question qui se pose ; comment se présente-t-il dans le
cas de villes portuaires ? A-t-il une spécificité ? L'étude de ce rapport nous a paru
39
nécessaire, tant que la ville de Jijel, qui fait l'objet de notre étude, se présente comme
une ville portuaire méditerranéenne.

2.3.3 Le rapport requalification et identité des villes portuaires, quelle spécificité ?

Claude Chaline écrivait « les villes portuaires, peut-être plus que les autres villes, sont les
lieux où toute société peut, contradictoirement, chercher sa mémoire et la projection de
son devenir »cité par (Prelorenzo, 2010, p. 161).

Depuis longtemps, la vocation portuaire a été la "raison d'être" de nombreuses villes. Le


port et la ville entretenaient des relations, parfois d’interdépendance et de
complémentarité42(Boubacha, Davoult and Gueguen, 1997, p. 10) et parfois de
contradiction et de rupture, où l’activité portuaire était souvent une installation au cœur des
villes. Cependant, depuis 1950-196043, avec l’avènement du « gigantisme naval » et la
révolution vécue par l’activité maritime, s'est traduite par de profondes transformations de
l’économie maritime du 19ème siècle. Cette relation ville/port a été sévèrement affectée,
entraînant souvent une délocalisation spatiale de l’activité portuaire en dehors du périmètre
urbain, laissant derrière lui un espace dysfonctionné, dévalorisé, une image négative, des
pollutions multiples et des friches portuaires méritant d’être prise en charge. Ceci a
conduit à une désorganisation spatiale de l'interface ville/port (ibid., p. 8 ; Ducruet, 2018,
p. 2). « … le port et la ville deviennent des entités de plus en plus distinctes voire
distantes » (Boubacha, Davoult and Gueguen, 1997, p. 12).

Ce problème, qui a été observé aux Etats-Unis depuis 1950-1960, puis en Europe à la fin
des années 1970, a pris un essor dans d’autres villes. En fait, le noyau portuaire originel de
la ville est devenu incompatible avec les nouvelles exigences économiques, et n'est pas en
mesure de répondre à la forte croissance du trafic maritime,« il devient alors synonyme
d'immobilisation, de congestion, de hausse des délais et des coûts » (ibid., p. 10). La très
grande capacité d’accueil et la nouvelle infrastructure dont ils ont besoin ont conduit à une
délocalisation spatiale de l’activité portuaire, également appelée « éclatement spatio-
fonctionnel entre ville et port ». En fait, suite à ces transformations, nous parlons beaucoup
plus d’« infrastructures portuaires » et de « méga-port » plutôt que de parler du port

42
La complémentarité de leurs fonctions pour former des lieux de production, de promotion et d'échange
orientés vers le commerce maritime.
43
Augmentation de la taille et de la capacité de charge des navires grâce au développement des techniques
de construction navale. Une tendance qui s'est fortement accélérée depuis les années 50 (Boubacha, Davoult
and Gueguen, 1997, p. 10).

40
(Aouissi, 2016, p. 24). «… la "reconquête" de ce territoire devient progressivement une
nécessité » (Boubacha, Davoult and Gueguen, 1997, p. 16).

Le phénomène de l’abandon des espaces à l’interface ville port n’a pas tardé à être l’une
des préoccupations des chercheurs et par conséquent des politiques publiques. En fait,
l’espace qui était souvent considéré comme un point négatif et un obstacle au
développement de la ville est devenu une opportunité et un levier/ potentiel de son
développement ayant un rayon d’influence sur toute la ville et son identité. Nous parlons
d’un mouvement de reconquête ou de « waterfront revitalisation » qui vise à repenser
cette relation ville - port en l’adaptant aux nouvelles exigences de la mondialisation de la
technologie. En effet, ce mouvement, qui s’inscrit dans une stratégie de modernisation de
la ville portuaire, vise non seulement à récupérer le foncier délaissé, mais à en faire un
moyen de « recentrage », de « remodelage » (Aouissi, 2016, p. 24). Les exemples sont
édifiants. En fait, au chapitre VI de cette recherche, nous discutons de trois exemples de
villes portuaires requalifiées.

2.4 Entre requalification d’une ville et son identité, la participation citoyenne un


pilier indispensable …

Rappelons-nous que l’identité d’une ville, ou d’un territoire d’une façon générale se
révèle sous deux angles :

a) Une représentation sociale construite et admise par ses habitants ou ses visiteurs
déclinée en un modèle imagé qui agrège différentes particularités (sociales,
culturelles et symboliques) (Quertier, 2008).
b) Une construction associant le passé (mémoire), le présent (l’état actuel) et le futur
comme devenir (Galland, 1993 ; Guérin-Pace, 2006).

Quant à la requalification de la ville, c’est une opération d’intervention sur des tissus
existants44 visant principalement une réactualisation d’un cadre urbain donné, de façon à
insérer les nouveaux besoins et attentes de la population concernée.

Entre les deux concepts, le premier étant « réflexif » le second pratique, se dresse
l’habitant45ou l’usager comme pilier fondamental dans la programmation, la prise de

44
Qui ont connu souvent un processus de disqualification. En effet, elle s’intéresse aux territoires
disqualifiés, défavorisés, marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne
répondent ni aux besoins ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère.

41
décision et la mise en œuvre de toute opération urbaine à caractère social.
Evidemment, la place de l’habitant dans toute intervention urbaine liée à son cadre de vie
est d’emblée centrale. En fait, il a dépassé le statut d’« un simple destinataire » (Louvet,
2005, p. 55), d’occupant de logement ou du bénéficiaire de l’action publique urbaine
menée dans son espace (Noyer and Raoul, 2008, p.3) mais devenu acteur qui a le droit de
faire part aux décisions qui concernent son cadre de vie. La question qui se pose : comment
pouvons-nous assurer qu'il est impliqué de manière plus efficace et plus avantageuse ?

2.4.1.1 L’habitant/Usager : Comprendre ses représentations, sentiments, et


pratiques de l’espace …Pourquoi ?

Vivre dans un espace signifie non seulement habiter mais aussi approprier, exploiter et
gérer comme le résume Riou (2011) dans le schéma suivant :

Figure 2.8. Les cinq actions majeures de la société sur l’espace.


Source : Riou (2011, p. 37).

Selon Riou, un espace acquiert le statut du Territoire lorsqu’il est approprié par ses
habitants/acteurs. En réalité, ces deux éléments (Territoire et acteurs) sont dans une
interaction permanente et continue (voir le schéma en Figure 2.9, p. 43). De ce fait, étudier
un territoire à travers ses acteurs nécessite d’adopter une approche sociologique (ibid., p. 7)
en prenant en compte non seulement leurs pratiques « spatialisées dues à l’appropriation »
par ce dernier mais aussi leur représentations. Ces deux notions de « représentations et
pratiques sociales » sont étroitement liées et constituent des éléments fondamentaux dans
« l’analyse des mécanismes d’appropriation spatiale » (ibid., p. 38) et la compréhension

45
« Appelée aussi les « silencieux de la ville » ; Par « silencieux de la ville », nous entendons tous les
acteurs, individuels, ou groupes d'acteurs qui :
• N’ont pas une identité juridique
• Par leur agir quotidien ou occasionnel dans et /ou sur la ville, exercent un certain pouvoir
contribuant à façonner et remodeler les usages et connotations des espaces de la ville et
participent à la construction du sens urbain » d’après Ardourel et al. (La date et le numéro de
page non indiquées, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-).

42
des modes de vie des individus sur un territoire (op.cit., p. 42) et les « facettes
inexprimées » de ce dernier (Ardourel et al.)46.

Figure 2.9. Acteurs et territoires, une construction réciproque et permanente.


Source : Riou (2011, p. 7).

La « connaissance du site, n’est pas l’apanage du technicien » (Louvet, 2005, p. 54), mais
de l’habitant, également appelé « l’usager-expert des lieux » et « partenaire du renouveau
local » (Noyer and Raoul, 2008). De ce fait, la compréhension de ses pratiques et
représentations ainsi que l’interprétation de ses opinions (besoins et aspirations) pourraient
conduire à la construction d’une « grille de lecture et d'interprétation de la réalité
complexe de la vie urbain » (Ardourel et al.) et donc à fournir aux acteurs décideurs des
outils d’aide à la décision en matière de requalification urbaine (Leleu-Merviel and
Courbet, 2008, p. 173). La façon dont l'espace est pensé par ses habitants est un facteur de
construction de ce dernier (Rosemberg, 2000 cité par Chelzen and Pech, 2012).

2.4.1.2 L’habitant/acteur : lui faire part de la décision …. Comment et pourquoi ?

« Ne jamais donner la parole à quelqu’un, c’est le pire des désaveux » (Phélizon, 1998,
cité par Louvet, 2005, p. 43).

La vision de certains chercheurs concernant la participation citoyenne, était négative, alors


qu’aujourd’hui, elle est devenue une « évidence » (Le Floch, 2011, p. 346), « une exigence
démocratique » (Louvet, 2005, p. 56) et une clé de réussite de tout projet à caractère urbain.
En effet, la nécessité d'une participation citoyenne à la prise de décision, ou autrement dit
la concertation47, découle d' « une offre » de la part des acteurs décideurs plutôt que d'une
demande de la population (ibid., p. 43).

46
La date et le numéro de page non indiquées, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-.
47
Notion intégrée, pour la première fois en France, dans la loi d’orientation foncière (LOF) en 1967 (Louvet,
2005, p. 38).

43
Cette participation/implication du citoyen ou
comme la qualifie Riou (2011, p. 153) un
« partage de pouvoir entre décisionnaires et
citoyens »,peut prendre plusieurs formes (niveau et
degré), comme le résume la pyramide ci-après
proposée par les sciences sociales françaises : Nombre de citoyens concerné

Figure 2.10. Les 4 degrés de participation


dans les sciences sociales françaises
Source. Riou (2011, p. 153).

Aussi pour sa part, Hecham- Zehioua (2010) a résumé les degrés de la participation
citoyenne à travers le schéma suivant :

Figure 2.11. Degré de participation des citoyens selon le modèle de planification des projets américains.
Source. Hecham- Zehioua (2010, p. 133).

Information, consultation, concertation, participation et codécision, autant de termes qui


tendent vers un seul sens, qui est la participation citoyenne. De l’information aux
consultations, le citoyen reste un simple spectateur qui reçoit l’information et l’accepte ou
la refuse, sans pour autant joue un rôle décisif dans l’orientation du projet, tandis que le
dernier mot reste aux décideurs. Or, dans tout projet , l’information constitue le premier pas
indispensable avant de passer aux autres degrés de participation citoyenne (Gaullier and
Gardesse, 2016, p. 3 ; Halleux et al., 2003, p. 59).

Lorsqu’il s’agit de concertation, Gaullier & Gardesse (2016, p. 4) affirme que le citoyen
peut influencer les caractéristiques du projet, car cette notion de « concertation » vient de
l’idée de « faire du concert » en organisant des discussions, des échanges et des

44
négociations entre plusieurs acteurs. En fait, cette notion, selon cet auteur, se limitait
initialement à des concertations « politico-administrative et technique »48 avant de faire
associer des habitants organisés en associations, à la différence de la participation qui est
plus vaste, où tous les habitants peuvent s’impliquer et exprimer leurs avis tout au long du
processus d'élaboration d'un projet. Quant à la codécision, les habitants prennent une part
de la décision avec les acteurs décideurs (autorité).

La mise en œuvre de différentes formes de participation nécessite la mobilisation de


nombreux outils, supports et dispositifs qui diffèrent d’un degré à l’autre, tels que : la
diffusion de l’information via la presse locale et les sites Internet, l’organisation des ateliers,
des réunions, des forums d’échange et des enquête publiques.

L’ambigüité ou le « flou définitoire » (Magali, 2005) de la notion de concertation rend son


utilisation par les acteurs décideurs limitée et inadéquate (Beuret, 2012, p. 81). En fait,
bien que les deux notions de « participation et de concertation » soient les plus utilisées et
adoptées par les décideurs ces dernières années, en réalité elles ne vont souvent pas au-delà
des étapes d'information et de consultation (Gaullier and Gardesse, 2016, p. 6) ou comme
« une procédure de mise en acceptation d’un projet longuement élaboré en amont» (Noyer
and Raoul, 2008)49. En revanche, pour qu’une concertation soit réussite, la consultation de
la population doit être en amont de la conception du projet, afin d’éviter tout conflit et
mieux l’intégrer à son environnement en permettant à ses habitants une meilleure
appropriation (Halleux et al., 2003, p. 59).

La participation citoyenne peut détourner tout le contenu d’un projet, comme ce fut le cas
du projet d’aménagement de la ZAC50 PAJOL au nord-est parisien, pris comme exemple
par Gaullier & Gardesse (2016) comme le montre le tableau ci-après :

48
Élus, décideurs économiques, techniciens et experts.
49
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
50
Zone d’Aménagement Concerté.

45
Tableau 2.1. Le contenu du projet d’aménagement de la ZAC PAJOL avant et après concertation51

Source: Gaullier & Gardesse (2016, p. 9).

Répondre aux besoins et aspirations des habitants est un enjeu primordial dans toute
intervention, affirme Louvet (2005, p. 43): « …le meilleur projet n’est pas le meilleur
techniquement mais, tout en apportant une solution technique satisfaisante, le mieux
accepté ».

La question de l'échelle spatiale est également importante dans l’application de la


concertation. En effet, l’implication des habitants devient plus facile et plus efficace dans le
cas de projets ponctuels que dans les projets régionaux et nationaux (Zeggar, 2012) comme
le montre le schéma ci-dessous, inspiré du document préparatoire à la table ronde
« démocratie participative et aménagement régional » :

Figure 2.12. Le rapport entre le degré d’implication du citoyen et l’échelle spatiale du projet.
Source : Zeggar (2012, p. 34).

51
En opposition au contenu du projet initial présenté en 1994 par la Mairie de Paris, la mobilisation des
habitants sous forme d’associations, pour exprimer leur regret envers ce dernier, ont imposé le maitre
d’ouvrage à mettre en place une démarche participative, au début des années 2000, pour prendre en charge
leurs revendications et leurs besoins locaux.

46
❖ L’engagement territorial, une autre forme de la participation citoyenne

Riou (2011) appelle toutes les activités pratiquées par un individu sur un territoire donné
« participation territoriale ». Cette dernière peut prendre trois formes : « consommation »,
« connaissance » et « engagement ». En fait, ce dernier qui est « l’engagement
territorial »52 « correspond à une participation territoriale moins individuelle, plus
collective, qui consiste à croire aux potentialités du territoire et à s’impliquer pour
contribuer à son développement » (ibid., p. 170). Les habitants peuvent participer à
développer leur territoire de manière spontanée et volontaire sous forme
d’un « engagement territorial ».

Gaullier & Gardesse (2016) ont qualifié ce processus comme une « autogestion et/ou auto-
construction » où les habitants « décident eux-mêmes des projets et les réalisent ». En fait,
Ils s’auto-administrent directement (ibid., p.5).

2.5 L’outil d’aide à la décision au service de l’urbanisme, pourquoi ?

A l’issu de nos lectures, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il n'y a pas de recettes
ou de règles bien définies pour requalifier un espace urbain dysfonctionné, ainsi que des
démarches nécessaires pour assurer une meilleure prise en charge de son identité, des
besoins et les aspirations de ses habitants, même s'il y a parfois une prise de conscience de
la nécessité de cela. Mais en l’absence d’une stratégie et d’une réflexion globale sur la
ville (Cattedra, 2010), conduisant souvent à l'échec, nous a poussé à approfondir nos
lectures et nous tenterons de proposer un modèle de requalification urbaine, qui peut se
résumer dans une approche appropriée, d’évaluation et de requalification du territoire
concerné qui intègre le critère identitaire et les spécificités locales, tout en permettant une
meilleure implication des acteurs concernés.

Rappelons-nous que la prise en charge de la question d’identité dans les opérations de


requalification d’une ville demeure une nécessité absolue qui pourrait apparaître comme
une « solution alternative » pour faire face au phénomène de mondialisation. Elle peut
fortement influencer le développement des territoires (Thouément and Charles, 2011, p.
03). Selon ces derniers, la négligence de ce facteur marquant de la ville (son identité), rend
toute intervention sur cette dernière obsolète et sans âme.

52
D’après l’auteur, cet engagement territorial quant à lui peut prendre plusieurs formes tels que le bénévolat
associatif, le militantisme politique etc. (Riou, 2011, p. 170).

47
Outre l’ambiguïté du concept d'identité lui-même et devant la multiplicité des éléments
constitutifs de l’identité, Reste la question de savoir comment trouver un équilibre
acceptable et accepté entre les différentes composantes de l’identité.

2.5.1 L’outil d’aide à la décision que signifie-t-il ?

« C'est un moyen facile de trouver une innovation permettant de vous démarquer


radicalement de vos différents concurrents » (Carre, 2018)53. Cet outil d’aide est inspiré du
« business model canvas ».

Le « business model canvas »54 est un outil utilisé pour créer un modèle économique pour
une entreprise, mais aussi pour lancer une nouvelle offre ou service. Il permet de transcrire
et par conséquent de donner une forme concrète d'ambitions et des éléments clés dans le
cadre d’un projet organisé « en un tout, d'abord cohérent, ensuite pertinent, voire
innovant » (ibid.). En effet, il permet de donner une visibilité des éléments clés du projet
en un coup d'œil. Un business model ne soit réalisable qu’après avoir effectué deux étapes
indispensables et complémentaires.

➢ Etude et analyse de l’environnement économique.


➢ Définition de la vision de l’entreprise et de sa stratégie.

Le business modèle, ou modèle économique, est « le point de départ, l'idée originale qui
permet à une entreprise de se démarquer de la concurrence et d'espérer pouvoir gagner de
l'argent » (D’Entreprise, 2016)55. À travers une présentation synthétique, constituant
l’originalité de cet outil, il permet de donner une vision globale de la situation d’une
société/entreprise sur un marché spécifique, de ses principes de fonctionnement et
d’organisation, de ses activités et de sa stratégie de développement. En effet, il permet de
donner une idée claire, rapide et complète des objectifs du projet, et la manière de procéder
pour les atteindre, en mettant en évidence les ressources et les activités clés de la
stratégie du projet.

Cet outil, qui est destiné essentiellement au domaine de l’économie, de business et du


marketing, a été adopté aussi dans le domaine d’urbanisme dans le but d’étudier
un « business model des smart cities françaises » comme le confirme Mériguet (2014) dont
l’objectif, selon cet auteur, est d’assurer un développement plus stratégique basé sur

53
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
54
Appelé aussi “canevas de modèle d’affaire”, ou encore “matrice d’affaires” (Carre, 2018).
55
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

48
l’exploitation de toutes les ressources du territoire : « L’innovation de modèles
économiques nous pousse à concevoir le système dans son entier et nous invite à une
réflexion potentiellement plus stratégique sur les mécanismes de mise en œuvre d’une
politique de développement des villes …, toutes les villes ne sont pas égales. Elles partent
avec un capital différent selon leurs ressources, leur géographie, leur démographie, leur
culture… ce qui rend l’élaboration d’un modèle économique local nécessaire » (Op, cit.)56.
Le modèle le plus utilisé est celui d’Alexander Osterwalder57, en raison de « sa clarté et sa
simplicité d’utilisation » (Carre, 2018). Il est composé de neuf cases comme suit :

56
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
57
Cet outil est issu du livre Business model generation d'Alexander OSTERWALDER et Yves PIGNEUR
(Carre, 2018).

49
Tableau 2.2. Le busness model Canevas.

La proposition de valeurs
Partenaires clés Activités clés Relation client Segments client
(La valeur ajoutée/ offre)
Avec qui ? Quoi ? Quoi et pourquoi ? Comment ? Pour qui ?

Des offres pour satisfaire les Typologie de relations établies


Ce sont Les activités avec les clients
les intervenants clients. Il s’agit de la combinaison
indispensables au
stratégiques du de produits et/ou de services qui
fonctionnement de Identifier clairement les
répond aux besoins, exigences de
projet : fournisseurs l’entreprise différents types de clients : une
clés, partenaires votre cible / de vos segments de
cible ou des segments de cibles
clés…Parfois, des Ressources clés client (nouveauté, performance, Canaux de distribution s’il y’a plusieurs, c’est-à-dire un
partenaires sont prix, personnalisation, réduction de
Avec quoi ? Comment ? groupe homogène de personnes
aussi des clients. coûts, réduction de risque,
/ d’entreprises qui ont les
Les ressources accessibilité, prix, marque, design, Les moyens et les points de mêmes besoins
indispensables au utilité …), mais aussi la valeur contacts adoptés pour faire
fonctionnement de ajoutée proposée par-rapport aux connaître la proposition de
l’activité/projet autres concurrents valeur auprès des clients
Structure de coûts
Flux de revenus
Combien ?
Combien ?
Quels sont les coûts les plus importants ? Quelles
sont les activités les plus coûteuses ? Quelles sont Comment chacun de segments paiera-t-il ?
les ressources les plus coûteuses ?

Source : auteur sur la base de données fournies par (Carre, 2018).

50
L’adaptation de cet outil au domaine de l’urbain et plus spécifiquement au contexte des
opérations de requalification urbaine fait l’objet du chapitre VII.

2.6 Rapport identité des territoires / requalification urbaine et approches


méthodologiques …

Toute démarche visant à assurer une image cohérente et fournissant une identité urbaine
spécifique et reconnaissable tout en améliorant les conditions de vie des habitants commence
par la lecture et la compréhension de la ville à travers toutes ses composantes apparentes et
sous-jacentes. C'est pourquoi plusieurs méthodes et techniques ont été utilisées dans
différentes recherches, dont nous citons ci-dessous quelques-unes d’entre elles :

2.6.1 L’analyse de la réalité du terrain d’étude … Base de stratégies appropriées

2.6.1.1 L’approche historique pour reconstruire l’identité perdue

Guérin-Pace & Guermond (2006) ont souligné dans leur article : « Identité et rapport au
territoire » la nécessité de revenir à l'histoire de l'espace pour pouvoir reconstruire son
identité perdue en disant : « Lorsque l’identité territoriale est mise à l’épreuve des évolutions
géopolitiques et s’accompagne d’un éclatement territorial ou de la perte d’un territoire
d’origine …nous prenons conscience de l’actualité du débat. La reconstruction identitaire
passe alors par la mise en place sur le territoire d’accueil de marqueurs symboles d’une
histoire collective passée commune... » (pp. 289-290). De son côté également, Foret (2007) a
soulevé la question du « retour au passé » pour construire notre présent, qui s’est basé à son
tour, sur le travail de NORA Pierre « Les lieux de mémoire »58, selon lui, le rapport au passé
est mise à l’épreuve de fragilisation « sous les effets conjugués de l’urbanisation, de la
mondialisation et de la médiatisation » (ibid., p. 9). En effet, l’approche historiue permet de
comprendre les origines de l’état atuel de l’espaceen question et de comprendre les
transformations et les muatationsqui ont façonné sa composition et sa génèse actuelle.

2.6.1.2 Une lecture critique des éléments d’identité et l’approche comparative

A son tour le docteur en archéologie Benssenouci El Ghaouti, dans un article de presse « La


gouvernance urbaine, le défi des villes algériennes »59, jugeait que « l’analyse de

58
Dont il a analysé en 1997 les causes de la “ruée vers le passé”, un sujet qui a suscité de nombreux chercheurs
en France, affirmant que « le besoin de mémoire était en fait un besoin d’histoire ».
59
(Nawel. D, 2010).

51
l’élaboration de « l’esprit des lieux » nécessite qu'elle soit inscrite dans une vision de
sociabilisation du citadin (en tenant compte de la spécificité urbaine des faits sociaux) 60 et
non en considérant l’espace comme « simple cadre, ou dans le pire des cas comme un simple
décor ». En effet, il estime nécessaire de faire apparaitre et de comprendre la singularité et les
particularités des lieux concernés, en faisant une synthèse des divers repères (d’ordre
géographique et historique) qui les décrivent, puis une autre synthèse des différents projets
successifs de rénovation de l’urbain, tels qu’ils ont été pensés par les urbanistes ou par les
pouvoirs publics qui les ont suscités. Selon le docteur, c’est la comparaison entre ces deux
synthèses qui permet d’appréhender à un degré local le processus par lequel s’est constituée
l’identité territoriale.

2.6.1.3 La stratification historique et morphologique, et la nécessité de relier ancien et


moderne

Les questions relatives à« la reconstruire la ville sur la ville » et « l’identité des territoires »
ont été abordées dans une compétition internationale d’architecture « Europan » à travers des
sites variés (Eleb-harlé and Berthier, 2007), dont il a été demandé aux candidats de prendre
en compte les spécificités61de chaque ville, pour proposer des scénarios de requalification,
tout en considérant la mémoire de la ville comme un facteur de marquage de sa spécificité.
En termes de méthode, ils ont fait des stratifications historiques et morphologiques des sites
concernés avant de passer à mettre en relation par la géographie et l’histoire sociale du site,
les paysages urbains et les édifices de toute période, cela met en évidence les principales
lignes d’une « architecture du territoire » à la fois complexe et unique, où « les chemins
anciens comptent autant que les infrastructures et réseaux modernes » (ibid., pp. 3–4).

En critiquant le cadre légal et institutionnel des villes, qui donne lieu à des opérations
ponctuelles d’intervention sur les tissus existants, que ce soit de sauvegarde du patrimoine, ou
des aménagements de l’espace public, traduites spatialement par de multiples fragmentations
visibles aussi bien sur le plan morphologique (déconnexion entre segments), qu’en termes
d'acteurs (services responsables éparpillés) ou temporellement (processus dispersés dans le
temps). Stein (2003) à travers sa thèse « La reconquête du centre-ville : du patrimoine à
l’espace public » a évoqué cette question, en concluant sa recherche par la proposition de

60
La perception d’une ville est en perpétuelle mutation en fonction des événements qui s’y déroulent et des
relations sociales qui s’y nouent.
61
L’identité et la singularité des formes urbaines.

52
quelques dimensions considérées comme une esquisse de recommandations en matière de
politiques urbaines. Premièrement, la nécessité d’inscrire les opérations d’intervention sur le
centre-ville dans une vision globale de l’aménagement, sans être ponctuelle, en second
temps, elle incite à une prise en compte des systèmes de valeurs propres aux acteurs, et
enfin mettre en exergue le lien entre modèle de la ville ancienne et interventions
contemporaines en soulignant les leurres possibles.

2.6.1.4 L’étude prospective, vers une identité projective

Evaluer l’état existant d’un territoire n’est pas suffisant pour le requalifier, il faut penser aussi
à son avenir comme le confirme Perrocheau (2012, p. 4) en soulignant :« Transformation,
mutation, restructuration, régénération, renaissance. Autant de termes pouvant illustrer ce
que recouvre la requalification, … Mais, au-delà des définitions, la requalification se profile
d’abord comme un enjeu d’avenir pour une partie du patrimoine de logements, trop souvent
voué à la destruction dans les projets urbains…Il faut souligner la dimension prospective de
cette action ». Galland (1993) partage également cette même vision, qui lui a attribué le
concept qualificatif de « l'identité projective » par opposition au concept de « l'identité
historique », pour montrer que la définition d’une ville peut se faire non seulement à travers
son histoire et son présent mais aussi par ses « projets qu’elle développe quant à son avenir ».

2.6.2 Prise en compte et intégration des différents acteurs, une nécessité absolue

Comme nous avons vu précédemment, un diagnostic de la situation actuelle d’un espace


permet de l’appréhender dans sa dimension spatiale et territoriale, de savoir ses référents
identitaires et ses caractéristiques physiques et spécifiques, mais la question qui se pose :
comment l’appréhender dans sa dimension sociale et identifier ses facettes cachées ?

En répondant à cette question, la participation des différents acteurs que ce soient décideurs,
professionnels et/ou habitants dans tout projet ou intervention qui visent à améliorer leur
cadre de vie, constitue une clé de leur réussite. De ce fait, nous citons ci-dessous quelques
méthodes utilisées pour la prise en compte de la question de l’identité, de la dimension
sociale et des différents acteurs (dans une perspective de requalification) :

53
2.6.2.1 Diagnostic intuitif, diagnostic « ex-situ » et diagnostic participatif « in-situ »

Dans l’objectif d’étudier en quoi l’identité peut être un levier ou un frein du développement
territorial, Thouément & Charles (2011) ont adopté une méthodologie originale en prenant
comme cas d’étude la région capitale de Bruxelles et la ville de Québec (où l’identité est
considérée comme un frein pour le premier et comme un levier pour le seconde).

« Avant d’envisager où l'on veut aller, il importe de comprendre où l'on est, mais aussi d'où
l'on vient » (Ibid., p. 2). Cette citation peut brièvement résumer la démarche poursuivie par
les auteurs en trois grandes phases complémentaires :

A. L’élaboration d’un diagnostic intuitif : Il s’agit de mettre en cohérence des regards


sur le territoire de personnes qui lui sont extérieures ; à travers des enquêtes
qualitatives (des questionnaires) menées auprès des personnes qui ont été en contact
avec le territoire étudié (attache familiale, tourisme, relations d’affaires,
administratives, déplacement commercial.). Cela permettraitd'obtenir un point de vue
neutre, souvent « dépassionné », qui ne reflète pas pleinement la réalité, mais peut
fournir une image du territoire et un éclairage d’une facettede de son identité.
B. Un diagnostic de territoire plus classique :(Le diagnostic exploratoire d’identité -
Le diagnostic de territoire ex-situ-), qui consiste à récolter, puis à analyser un maximum
d’informations objectives62 sur le territoire en question selon la méthode AFOM, dans
une vision qui va au-delà de la simple lecture de ces données actuelles mais dans une
tentative de fouiller dans son passé les évènements et les éléments qui ont marqué son
évolution.

Ces deux types de diagnostics, effectués ex situ, mettant en lumière « la trajectoire factuelle
du territoire »63, et, sont prolongés par des scénarios exploratoires64et normatifs65(exercices
de prospective), dans le but d’avoir une première appréhension de l’identité territoriale et une
vision du territoire en dynamique, afin d’appréhender les évolutions et les devenirs possibles
du territoire tout en cherchant à animer ses variables majeures, et faire interagir ses enjeux.

62
Ces données englobent toutes les dimensions du territoire (économique, sociale, environnementale, urbaine,
etc.).
63
Avoir les éléments essentiels pour comprendre ses évolutions passées et présentes ainsi que les enjeux
majeurs.
64
Ils « s’écoulent de la période origine vers le futur » (Thouément and Charles, 2011, p. 11).
65
Ils « s’écoulent du futur vers le présent » et reposent davantage sur l’imaginaire (ibid.).

54
C. Un diagnostic participatif in situ, considéré comme une phase primordiale par les
auteurs, il s’agit de modifier et d’enrichir les résultats obtenus lors du diagnostic du
territoire effectué par l’approche ex-situ, à travers des enquêtes-trottoir (des
questionnaires principalement qualitatifs auprès des habitants66)et des entretiens avec
les principaux acteurs67 du territoire. Il permet à la fois de dégager les non-dits et les
facettes cachées du territoire68, qui demeurent moins importants mais affectent son
évolution et son développement, ainsi que de comprendre le jeu des acteurs, et leurs
modes d’appropriation de l’espace.

Selon les auteurs, il est important d’appréhender d’abord l’identité territoriale, avant de
mettre en place un projet de développement. Au-delà, de cette démarche suivie, les auteurs
ont mis aussi l’accent sur l’avantage et l’importance des informations fournies par internet
(leurs analyses et leur exploitation)69pour la compréhension du regard extérieur. Les auteurs
cherchent à travers leurs méthodologies d’approche, non seulement de répondre à la demande
de collectivités, mais aussi de développer « un outil d’analyse et d’aide à la construction de
futuribles » et sert comme « cadre de référentiels territoriaux essentiel » pour guider tout
projet de développement.

2.6.2.2 Croiser analyse du terrain et enquête auprès des usagers de l’espace

La ville au-delà de sa dimension physique, matérielle, a également une dimension


immatérielle « imaginaire » ou « symbolique » liée à l’image mentale qu’en forgent les gens
(Laudati, 2009). Alors, dans le but de décortiquer cette relation « individu /espace vécu » et
de dégager les critères nécessaires pour l’élaboration d’un outil d’aide à la décision, à
destination des décideurs, et, afin d’améliorer l’image des quartiers dit « sensibles »70 d’une
part, tant dans l’esprit des résidents, que des non-résidents, et d’autre part, pour renforcer leur
sentiment de sûreté dans ces mêmes lieux, elle a adopté une méthodologie organisée en deux
temps :

66
Il s’agit d’interroger les habitants sur leurs appréhensions du territoire (territoire perçu), leurs référentiels
(symboles, lieux, monuments, dates, évènements, etc.), et leurs habitudes (territoire vécu) (Thouément and
Charles, 2011, p. 8).
67
Les acteurs clés ; politiques, économiques, administratifs, associatifs, artistes, médias, etc.
68
Tels que : les habitudes et comportements singuliers, les spécificités « culturelles », etc.
69
L'utilisation d'un outil informatique fournit une mine d’informations « subjectives » et de sentiments des
personnes, aidant à clarifier leur appréhension du territoire (en question).
70
Le quartier Faubourg de Cambrai et le quartier Faubourg de Paris.

55
1. Après une consolidation théorique, l’auteure a analysé ces espaces urbains en vue de
« dégager des critères intrinsèques au lieu et à l’espace urbain d’une façon
générale ».
2. L’auteur a mené des enquêtes (des questionnaires) auprès des usagers de l’espace
urbain afin d'évaluer leur sentiment (de sécurité) dans l’espace vécu, ainsi que les
points forts et les points faibles de ces espaces. Cette démarche avait pour but de
« permettre à l’usager de se réapproprier son quartier et son espace de vie ».

Le croisement des résultats obtenus à travers ces différentes méthodes d’analyses,


(morphologique, fonctionnelle et sémantique) a permis, dans un premier temps, d’élaborer
une grille de lecture et d’analyse qui, une fois renseignée, devient un outil opérationnel
d’évaluation de la sûreté des espaces urbains.

2.6.2.3 La méthode d’enquête par la technique des entretiens …

En abordant la question de l’identité à travers son article « Sentiment d'appartenance et


territoires identitaires », Guérin-Pace (2006) a interrogé le processus de formation d’un
sentiment d’appartenance à un territoire pour des populations de plus en plus mobiles à
l’échelle internationale à travers des entretiens et des données recueillies dans une enquête
quantitative de grande envergure. Elle a été réalisée en 2003 (enquête Histoire de Vie,
INSEE) qui portait sur sur la construction des identité, en confirmant que ce n’est pas une
question d’échelle du territoire mais « c’est l’ensemble du parcours géographique et le sens
donné aux lieux, passés ou présents, vécus, pratiqués ou même imaginaires, qui constituent
un élément essentiel de la compréhension des appartenances, de l’échelle géographique à
laquelle elles s’inscrivent sur le territoire, et contribuent ainsi à la formation d’un patrimoine
identitaire géographique susceptible d’être mobilisé par les individus » (ibid., p. 300).

Galland (1993) a, quant à lui, abordé la question de l’identité urbaine, dans le but de
découvrir les traits identitaires d’une ville. Des entretiens administrés étaient l’outil de
recherche que cet auteur a mené, en faisant une comparaison entre deux villes ; Lausanne et
Genève. L’auteur a préféré destiner ses 45 entretiens à une catégorie de population bien
précise celle des « faiseurs et traducteur d’identité » au niveau des deux villes et occupant
des positions clés dans les secteurs, ayant une place importante dans la formation, le maintien
et la traduction des identités urbaines, qui sont : l’aménagement du territoire – l'urbanisme-
l’architecture, la culture et les médias, la politique et finalement l’économie et le tourisme.

56
Dans un autre cas d’étude, la volonté d’« affirmer l’identité du territoire » est devenue l’axe
stratégique des principaux schémas de développement du pays Marennes Oléron 71depuis les
années 2003 et 2004 (Bonnin, Bruxelle and Pelaprat, 2012). Face à la forte pression
démographique et risque de banalisation et de fragilité du cadre de vie de ce pays, ses
habitants et ses élus conscients de sa spécificité insulaire se sont mobilisés autour d’un projet
de développement durable de leur pays dans une stratégie d’affirmation de son identité.

Après avoir questionné la notion même d’identité auprès des chercheurs, et détaillé le
contexte spécifique oléronais, des associations72 ont mené une enquête sur terrain, qui a
porté sur la notion d’identité auprès d’un échantillon d’une cinquantaine de personnes de
différentes catégories (les habitants permanents, les résidents secondaires, les touristes, les
professionnels et les acteurs publics), afin d’avoir une définition précise sur l’identité de ce
pays, mais également, de dégager les éléments de valorisation de cette dernière, sur la base
des entretiens individuels d’une durée d’une heure à quatre heures, pour chacun. Ces
entretiens ont été renforcés par des supports photographiques73. Selon l’auteur, ce
renforcement « l’approche du paysage par la photo » présente des avantages et des limites
également, car elle oriente inévitablement les réponses des personnes interrogées. Les aspects
disparus peuvent être oubliés même s'ils sont caractéristiques et identitaires.

La question de l’identité a été évoquée indirectement à travers des questions sur la manière de
perception et de vivre ce territoire par ses habitants et ses visiteurs (démarche proposée pour
identifier l’approche culturelle du territoire).

2.6.2.4 EBAHIE74….Démarche participative et croisement des techniques

Dans l’objectif de dégager les éléments de requalification de la ville de valenciennes75 et de


son image, à partir des attentes de ses usagers, cette méthode a été appliquée lors d’un
travail de thèse (Laudati, 2000) mené sur cette ville76. Elle vise principalement la
formalisation d’un outil d’aide à la décision.

71
Il regroupe deux communautés de communes : celle du Bassin de Marennes (sept communes) et celle de l’île
d’Oléron (huit communes).
72
« Elles travaillent volontiers sur un mode participatif et en coopération avec les institutionnels » (Bonnin,
Bruxelle and Pelaprat, 2012, p. 3).
73
Démontrant un éventail de paysages de Marennes-Oléron, et permettant d’alimenter la discussion sans la
brider en associant les paroles aux images.
74
La méthode EBAHIE signifiant Ecoute des Besoins et Attentes et leur HIErarchisation.
75
Située au Nord de la France.
76
C'était la première fois à appliquer cette méthode dans le domaine de l’urbain.

57
Elle s’articule autour de deux phases : une première dite qualitative, dédiée à l’écoute
qualitative des besoins et des attentes des habitants à partir d’entretiens personnels non
directifs, suivie d’une deuxième phase quantitative, qui permet d’hiérarchiser77 et classer ces
attentes, à partir de questionnaires sur la base de résultats du traitement de la voix de chaque
interviewé (la pertinence de cette méthode réside dans le croisement des deux techniques).

2.7 Brève présentation de quelques concepts usités dans cette recherche

La requalification urbaine en tant qu’une opération ou processus visant à valoriser l’image de


la ville et à renforcer son attractivité, tant par sa population endogène (résidents) que sa
population exogène, tout en se projettent d’une une vision prospective. Il nous a semblé utile
d’apporter un éclairage sur ces concepts :

2.7.1 Images de la ville…

Il s’agit d’une « … (re)construction conceptuelle (continuellement renouvelée) des éléments


composant l’espace urbain, à partir de la perception de la réalité matérielle de ces mêmes
espaces, chargés de sens par l’expérience (cognitive, affective, fonctionnelle, ...) » (Laudati,
2015, p. 3).

Considérée comme support d’objectifs variés en aménagement urbain (Chelzen and Pech,
2012), l’image de la ville, se révèle au niveau des représentations fournies par tout un chacun
à travers une perception pluri-sensorielle et une expérience sensible78dans les espaces urbains
(Laudati, 2015, p. 1).En fait, cet auteur affirme qu'il existe une « pluralité d'images », pas une
seule image, qui dépendent des récepteurs, du contexte et de leur expérience de l'espace
(ibid., p. 12).

Elle est également considérée comme un critère déterminant de choix, à l’ère de la


concurrence entre les ville, appelée « bataille économique » (André, 1987, p. 52),
l’amélioration de l’image de la ville est devenue « une arme déterminante », dont cette
amélioration ne doit pas se limiter à attirer des entreprises, des gens et des capitaux extérieur
mais doit également redynamiser l’existant (ibid.,p. 51).

77
Cette hiérarchisation permet d’identifier les éléments saillants ou les attentes dominantes (Brangier, Dinet and
Bastien, 2009).
78
Que ce soit individuelle et/ou partagée.

58
2.7.2 L’attractivité d’un territoire …un champ multidimensionnel

À l'ère des mutations urbaines et de la mondialisation, les villes sont devenues de plus en
plus en « compétition », terme évoqué par François & Julien (2010) pour décrire le
phénomène de coopération et de compétitions entre les villes aux niveaux national et
international. Quant à l’attractivité, elle est la résultante de l’attraction 79 et de l’attrait80(Cusin
and Damon, 2010). Parfois, elle est présentée comme synonyme de compétitivité81.

Outre sa dimension économique82, dont l’attractivité était auparavant associée à l’idée de la


finance et aux professions des habitants. Elle est devenue un champ multidimensionnel large
depuis les années 1990 (François and Julien, 2010). Ce concept est devenu l’une des
préoccupations majeures du discours scientifique, études stratégies/politiques d’aménagement
du territoire. Ces champs cherchent à transcender la satisfaction interne de la population
(offrant bien-être et qualité de vie à ses habitants) 83mais à se positionner à l’extérieur (voir
Tableau 2.3 ci-dessous), en faisant appel à une nouvelle discipline, le marketing urbain. La
promotion de l’image de marque du territoire concerné est devenue une priorité (Cusin and
Damon, 2010). En effet, deux types d’acteurs peuvent être attirés par un territoire donné; des
personnes physiques résidentes84 et des investisseurs85 (Poirot and Gérardin, 2010).

Tableau 2.3. Quatre dimensions des politiques d’attractivité.

Source : Cusin & Damon (2010, p. 42).

Mesurer l’attractivité d’une ville, c’est évaluer sa sphère d’influence, sa capacité à générer du
mouvement, à attirer à soi durablement, mais aussi à faire parler d’elle (Cusin and Damon,
2010). Aussi elle ne se limite guère à la quantification des flux générés maintenant ou à

79
Capacité à drainer des flux et à fixer durablement des ressources dans un lieu.
80
Capacité à se rendre désirable, quelle qu’en soit la raison.
81
Qui n’est pourtant qu’une de ses dimensions.
82
Ainsi que les avantages comparatifs sur les marchés (Cusin and Damon, 2010).
83
Appelée l’« attractivité résidentielle » par Cusin & Damon (2010).
84
L’attraction d’un territoires sur les personnes se traduit spatialement par une localisation résidentielle ou
temporaire (Poirot and Gérardin, 2010).
85
Que ce soit des responsables ou équipes dirigeantes des organisations (entreprises, administrations, institutions
du type association, etc.).

59
l’avenir, mais aussi une évaluation de la qualité des lieux et du cadre de vie offert aux
personnes. En effet, une ville attractive est une ville où l’on souhaiterait vivre dans l’idéal, où
l’on projette d’emménager un jour (op.cit.).

2.7.3 Approche prospective, une démarche évolutive…

Le concept de prospective a été utilisé pour la première fois en 1957, par Gaston Berge dans
un article de la revue des deux mondes (Bailly, 2004, p. 4) pour désigner une démarche visant
à étudier les conséquences des actions passées et futures sur l’avenir de l’espace en question.
Il s’agit d’une démarche d'anticipation de l’action (Godet, 1989, p. 5) à l’avenir, en tenant
compte des différents enjeux et réalités du lieu (Hecham- Zehioua, 2010, p. 23), tout en
répondant à deux questions principales : « Que peut-il advenir ? Que pouvons-nous faire ? »
(Loinger, Spohr and Godet, 2004, p. 25).

La prospective relie simultanément trois concepts : la prévision « une vision prédictive de


l’avenir », la programmation et la planification (Bailly, 2004, p. 3). Elle est utilisée dans de
nombreux domaines et disciplines / économie, gestion, aménagement du territoire... dont les
scénarios les plus convaincants sont présentés, en tenant compte des paramètres de départ et
d’arrivée (Hecham- Zehioua, 2010, p. 23).

Considérée comme « une démarche évolutive » (Bailly, 2004, p. 4), cette notion lorsqu’elle
se rapporte au territoire, appelée « la prospective territoriale ». Son objectif est «
l’élaboration de visions, de perspectives et d’orientations concernant le devenir d’un
territoire et de ses habitants pour éclairer et pour permettre des prises de position et des
options stratégiques, dans les cas les plus complexes, un projet de territoire » (Loinger,
Spohr and Godet, 2004, p. 26).

CONCLUSION DU 2ème CHAPITRE

D’après nos lectures, nous avons constaté que, la perception et l’appréhension des deux
concepts « requalification urbaine » et « identité des territoires » n’a pas été perçue de façon
uniforme chez les différents chercheurs. À travers ce chapitre, nous avons essayé de :

• Donner des définitions générales des deux concepts.


• Définir les critères et les variables à en tenir compte pour chaque concept.
• Montrer quelques travaux méthodologiques pertinents utilisés par des chercheurs dans
l’étude du rapport entre la requalification de la ville, et l’identité des territoires.

60
Nous pouvons dire que la requalification urbaine est une intervention qui a pour objet
le retour à la ville. Elle s’intéresse souvent aux territoires disqualifiés, défavorisés,
marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne répondent
ni aux besoins, ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère, donnant une image
négative, et générant un imaginaire de pauvreté, de disparités, et de ségrégations sociales.

Cette opération concerne des territoires à différentes densités ; faible, moyenne et forte
densité et de différentes échelles, à savoir : l’échelle d’une route, espaces publics,
équipements, ensemble d’habitat, quartiers, centre historique…. De ce fait, elle peut prendre
plusieurs formes selon le contexte ; revalorisation, reconversion, régénération urbaine,
revitalisation, restructuration, création de nouveaux logements ou services, etc. Elle vise à
améliorer les conditions de vie, et à redéfinir, affecter et donner une identité à un site précis
dans un cadre institutionnel bien précis.

Etant donné que l’identité d’un territoire est une question complexe, son appréhension et son
étude nécessitent sa décomposition en éléments de base, en l’étudiant individuellement,
puis en ensemble, pour pouvoir enfin identifier les éléments sur lesquels il faut intervenir
pour lutter contre la négation identitaire de certains territoires.

Requalifier un territoire tout en prenant en considération son identité spécifique ne peut être
fait que par l’étude et l’approche de ce territoire dans toutes ses dimensions ; urbaine,
sociale, économique, fonctionnelle, culturelle, patrimoniale, politique… (tous ses composants
matériels et immatériels) dans une perspective dynamique qui vise une cohérence globale
(d’ensemble) à travers d’une part, un diagnostic approfondi tout en alliant passé (approche
historique), présent (évaluation de sa situation actuelle et mise en évidence de ses points
forts et ses points faibles) et futur(imagination de son avenir possible par la prospective), et
d’autre part, par la participation de tous les acteurs concernés de façon directe ou indirecte.
Le croisement de ces différentes méthodes ainsi que leurs techniques nous aident à élaborer
une approche multiple tenant compte des spécificités de notre cas d’étude. De la théorie à la
pratique, nous consacrons le chapitre suivant à l’étude et à l’analyse de notre cas d’étude, la
ville de Jijel.

61
3 CHAPITRE III
LE TERRITOIRE JIJELIEN ENTRE DYSFONCTIONNEMENTS ET ATOUTS :
OBSERVATION, LECTURE ET CONSTAT

INTRODUCTION

La ville, le quartier ou tout autre territoire, quel que soit son échelle, est avant tout, une entité
physique en pleines mutations. Appréhender ce territoire dans sa globalité pour pouvoir
comprendre le contexte de ses mutations, ainsi que les effets induits sur son identité, doit
s’inscrire dans une logique qui allie son passé, son présent et son devenir.

A traves ce chapitre, nous essayons, de comprendre le contexte des mutations urbaines qu’a
connues la ville de Jijel, d’examiner les causes et les conséquences qui ont conduit à sa
situation actuelle, d’évaluer leurs répercussions sur son identité et de mettre en évidence les
caractéristiques de cette ville (ses atouts, ses faiblesses, ses opportunités et ses menaces).

Afin d’atteindre ces objectifs, nous avons basé notre étude, dans un premier temps, sur un état
de fait du territoire jijélien dans sa globalité, dans le but de comprendre les caractéristiques du
processus d’urbanisation, d’expliquer les causes et les conséquences afin de mieux
positionner la ville dans cette dynamique territoriale. Dans un second temps, allant à l’échelle
de la ville de Jijel, nous procédons à une analyse plus détaillée à travers un diagnostic basé
sur la collecte et le traitement de différentes données concernant notre aire d’étude (l’ACL de
la commune de Jijel). En effet, le « diagnostic territorial » est différent d’un « état des lieux »
comme le montrent Thouément & Charles (2011, p. 05).Tandis que le second ne va pas au-
delà d’une simple description des faits, le premier se réfère à un recoupement et une analyse
des informations pertinentes recueillies, permettant de présenter une évaluation de la situation
actuelle d’un territoire, et d’envisager des futurs possibles.

En conclusion de ce chapitre, nous démontrons que Jijel est un territoire dysfonctionné,


souffrant de problèmes multiples et nécessite une prise en charge multiple et
multidirectionnelle incluant l’élément focal qui est l’habitant.

62
3.1 Présentation du territoire de la wilaya de Jijel :

3.1.1 La situation géographique et l’organisation administrative de la wilaya de Jijel :


1/10ème de la longueur du littoral et 28 communes

Jijel, une wilaya côtière qui fait partie du Nord Est Algérien, s’étend sur une superficie de 86
2.398 Km², elle est en relation directe avec la mer méditerranée via une façade maritime de
plus de 120 Kms de longueur soit 1/10 du littoral algérien. Elle est structurée en 11 Daïras et
28 communes (réf : Figure 3.3ci-dessous et Annexe A, Annexe B pp. 296,297).

Figure 3.1. Wilayas environnantes de Jijel.


Figure 3.2.Situation de Jijel par rapport au pays. Source : Etablie par l’auteur (2016).
Source : Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel,
2012, phase 01, p.11) + Traitement de l’auteur.

Hiérarchie urbaine : grande


ville.
Nombre de population au
31.12.2018 :765197 habitants
selon la direction de
Programmation et de suivi de
budget (DPSB)de Jijel.
Densité (31.12/2018) :319
hab/km².
Elle fait partie du SEPT
(Schéma des espaces de
planification territoriale) Nord
Figure 3.3. Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras.
Est. Elle est couverte par un Source : établie par l’auteur sur fond de carte du Schéma directeur
PAWEt 28 PDAU d’aménagement touristique de la wilaya de Jijel, 2013, phase 01, p.7).
Communaux.

86
Source : Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 10).

63
3.1.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques du territoire jijélien :
élément déterminant de son armature et de sa dynamique

Géographiquement rattachée à l’ensemble des montagnes telliennes, l’élément


remarquable différenciant la wilaya de Jijel des autres wilayas algériennes, est la variété de
son relief essentiellement montagneux. Elle est divisée en deux grandes entités bien
distinctes ; les plaines côtières, au Nord, représentant 18% de la superficie totale de la
wilaya et la zone de montagnes dominante, au Sud (Réf : Figure 3.4, p.65). Le contact
entre ces deux entités est « plutôt brutal, compte tenu des contrastes topographiques »
(Boukerzaza and Acherard, 2011, p. 43).

Allant du Nord vers le Sud, les altitudes (plus de 1000 m) s’élèvent brusquement (Réf :
Figure 3.4, p. 65). La classe dominante est celle dont l’altitude est inférieure à 400m, avec
48,99% de la superficie totale de la wilaya de Jijel, donnant lieu à des zones favorables à la
pratique de toutes les cultures, suivie par la deuxième classe celle des moyennes altitudes
(entre 400 et 800m avec 32,40% de la superficie totale), qui est favorable à la pratique de
l’agriculture intensive ou semi-intensive. Quant à l’aspect topographique de la wilaya,
67% du territoire présente une pente supérieure à 25%soit 160 729 ha, l’exposant aux
risques d’érosion et des surcoûts induits au niveau de la réalisation des infrastructures et
des équipements dans ces parties du territoire. La classe des pentes de 12.5 à 25% (pente
relativement marquée) représente 20,53% de la superficie totale soit 49 184 ha, tandis que,
la classe des pentes de 0 à 3% (relativement plane) ne représente que 5,47% de la
superficie totale soit 13 118 ha.

Cette réalité topographique, l’altitude élevée et les pentes raides, caractérisant


essentiellement les communes du Sud, mettent en évidence les contraintes
d’utilisation du sol dans la wilaya et les difficultés de son accessibilité. Elles sont
considérées comme les premiers obstacles d’une part, face à la pratique de
l’agriculture et des cultures à grande échelle et d’autre part, à l’urbanisation et à
l’accessibilité à ces communes, donnant lieu à un déséquilibre entre la partie Nord et
la partie Sud.

64
Limites de territoires : Classes d’altitude dominante : Classes de pente dominante :
Limite commune Classe dominante < 400 m
Classe dominante > 25%
Limite zone des plaines côtières Classe dominante < 600 m
Classe dominante 12.5 – 25 %
Classe dominante < 800 m
Limite zone de montagnes
Classe dominante >800 m Classe dominante > 3%

Figure 3.4.La carte topographique de la wilaya de Jijel.


Source : Traitement d’auteur à partir de fonds de cartes extraits du plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, pp.19, 24 et 60).

65
3.1.3 Les infrastructures d’accès et de déplacements dans la wilaya de Jijel … un
levier de développement

La wilaya de Jijel est dotée d’un réseau d’infrastructures de transport diversifié à savoir :
un réseau routier s’étale sur une longueur totale de 1756,600 Kms 87(dont 204,300 km
routes nationales -RN-, 534,200km chemins de wilaya -CW- et 1018,100km de chemins
communaux -CC-), constituant le principal réseau de circulation et de déplacements aussi
bien à l'intérieur de la wilaya qu'avec les wilayas limitrophes (RN 43 et RN77) 88. Le
principal axe assurant l’accessibilité vers Jijel est la RN n°43 (vers Mila et Constantine),
avec le prolongement de l’axe de la RN 27. Cette ligne traverse la Wilaya d’Est en Ouest,
et relie Jijel à l’Est algérien (voir Figure 3.5, p. 67).

Quant au réseau ferroviaire, il est constitué d’une seule ligne ferroviaire à double voie 89.
Pendant des années, elle a été utilisée uniquement pour le transport des marchandises, alors
qu’elle était avant un moyen de transport des voyageurs également. Seulement depuis sa
dégradation, le recours à ce type de transport s’est limité 90 et s’est arrêté depuis le mois de
Juillet 2013. Cette ligne a fait l’objet d’une opération de doublement et d’électrification sur
un tronçon de 49 km reliant le port de Djen-Djen à la zone industrielle de Bellara (travaux
en cours). En revanche, le transport des voyageurs suspendu depuis 2013 a également
connu une relance, avec la mise en service de sa ligne en Novembre 2019 pour assurer au
quotidien la liaison Jijel-Constantine.

Le transport via les infrastructures portuaires est assuré par quatre (04) ports : un grand
port commercial celui de Djen-Djen91, 2 ports de pêche (Bouddis à Jijel et celui de Ziama
Mansourriah), et un port mixte de pêche et de plaisance à El Aouana (Voir Annexe C, p.
298).En ce qui concerne le transport des voyageurs par réseau maritime, une ligne entre
Jijel et Alger via Bejaia est mise en service au début de la saison estivale de l’année 2016

87
Le rapport du PAW de Jijel (2012, phase 01, p. 99).
88
Le trafic d’échanges représente 16,4% des déplacements. Les échanges s’effectuent majoritairement et à
part presque égales vers Alger et Constantine, soit 25,6% et 20,9% respectivement. Sétif, Mila et Bejaia
représentent quant à elles respectivement 16,1%, 14,8% et 11,8%, (source : le PDAU de la commune de Jijel,
révisé en 2018, approuvé en 2019, p. 51).
89
Cette ligne est d’une capacité de 400 places, elle s’étend sur une longueur de 137 km et permet de relier
cette wilaya au réseau national à l’Est, au niveau de la commune de Ramdan Djamel et Constantine, passant
par 7 gares ; Jijel, Bazoul, El-Ancer, El-Milia, Sidi Abdelaziz et finalement la Gare de Settara.
90
Selon la direction du transport de Jijel, le nombre de voyageur en 2013 était 81 voyageurs, tandis qu’en
2014 aucun voyageur n’a été enregistré.
91
Selon le SDAT de Jijel : il est considéré comme un axe privilégié du transport Euro-Africain, il est
directement accessible par la route express Jijel – Constantine, et par la voie ferroviaire Jijel- Ramdane
Djamel. Ce port possède des infrastructures importantes pouvant répondre aux exigences modernes de
transport maritime, dont il est en concurrence directe avec le port de Bejaia.

66
dans le but de désenclaver la région et de désengorger les routes reliant les wilayas de Jijel
et Bejaia vers Alger. Cette liaison est assurée à raison de deux rotations par jour au moyen
d’un navire monocoque d’une capacité d’accueil de 340 places (Souilah, 2016a). « Lors de
la visite de travail, le ministre des Transports, avait insisté sur la nécessité d’activer les
études pour la réalisation d’une gare maritime au port de Djen-Djen afin de relancer le
transport de voyageurs par voie maritime » (APS, 2016)92.

A toutes ces infrastructures s’ajoute un aéroport international93« Ferhat ABBAS »


assurant les liaisons de : Jijel-Alger, Jijel-Tamanrasset et Jijel-Marseille. En effet, ce
dernier avec le port de Djen Djen constituent des opportunités et des atouts majeurs pour le
développement économique et l’attractivité de cette wilaya. Ils offrent un avantage
important par rapport aux régions de l’intérieur, en termes de tourisme et d’investissement.

Figure 3.5.Les infrastructures d’accès et de déplacements existantes dans la wilaya de Jijel.


Source : Ministère des Travaux Publics et des Transports: ATLAS Routier
(http://ae.mtp.gov.dz/atlas/algerie.html).

92
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
93
Il se situe dans la commune de Taher, à 15 Km du chef-lieu de la wilaya et moins de 30 Km de la zone
industrielle de Bellara, il s’étend sur une superficie de 132 ha et dispose d’une piste principale de 2.400 m. Il
peut recevoir jusqu’à 400 000 passagers/an, avec une aire de stationnement de 200 places, selon le SDAT de
Jijel (2013).

67
3.1.4 La place de Jijel dans l’histoire : D’un comptoir d’intérêt national à un
territoire enclavé …

Le territoire jijélien dont sa fondation est attribué selon les chercheurs en histoire aux
phéniciens94, venant s’installer à son port, tirerait son nom du mot berbère «Ighil-Ighil» qui
signifie « de colline en colline » ou « cercle de pierres » sur lequel, la cité s'est construite
pour échapper aux invasions venant du nord. Grace à son port, « Igilgili » a joué un rôle
rayonnant dans le bassin méditerranéen et à l’échelle nationale. D’un comptoir phénicien
témoignant de l’intérêt commerçant et stratégique (port protégé naturellement des vents
dominants), il devient un centre urbain. En effet, à l'époque romaine, et grâce à la situation
stratégique importante de son port, Igilgili était, avec d’autres cités95, le premier point de
débarquement et le premier jalon de romanisation du pays, dont elle faisait partie du réseau
routier et portuaire visant à revitaliser la vie administrative, militaire et économique du
pays (Salama, 1995), ensuite « Aroudj et son frère Kheireddine établirent leur résidence à
Djidjelli et en firent le centre de leurs opérations» (Kihal, 2005, p. 15).

Force est de constater que, à l’instar des autres villes portuaires, le port a joué un rôle
fondamental dans le développement économique de cette ville. Depuis l’antiquité, l’ancien
port de la ville de Jijel a joué un rôle de transit rayonnant entre les pays riverains de la
Méditerranée et l’intérieur de l’Algérie (Abdelaziz, 2015), pour l’acheminement de
produits divers (bois d’œuvre et de construction, liège, cuirs, etc.). Durant la période
coloniale et jusqu’aux années 70, il a été aménagé en un port de commerce et de pêche.

Les colons ont noué des liens fort et solides entre le port et la ville, en choisissant
l’implantation d’importants équipements sur le fond portuaire, à savoir, l’hôtel de ville, la
sous-préfecture et le palais de justice96, pour renforcer l’identité de cette ville en tant que
ville portuaire méditerranéenne, où la relation ville-port s’impose en toute évidence.

Dans les années 80 et dans le cadre du « programme de développement intégré » / plan


spécial de développement (P.S.D), l’activité portuaire s’est renforcée par un grand port
commercial moderne97, baptisé Djen-Djen98assurant le transfert des activités commerciales.
L’ancien port a perdu sa valeur et ses activités sont affaiblies.

94
Elle remonte à quelques 2000 ans (Kihal, 2005).
95
Saldae (Bedjaia), Rusazus (Azef-foun), Rusguniae (Cap Matifou), Gunugu (Gouraya) et Cartennas (Ténès)
selon (Salama, 1995).
96
Aussi bien que des activités éducatives et de loisir longeant ce même front (Kihal, 2005, p. 44).
97
Il est apte à recevoir de grands navires de 150000 t.

68
Sur le plan régional et national, la wilaya se présente actuellement comme un territoire
enclavé, et une zone marginale au sein d’un littoral algérien plus attractif, en particulier
dans sa région Nord-est, où de nombreuses wilayas relativement dynamiques, figurent
parmi les pôles de développement régionaux voire même nationaux (Abdelaziz, 2015).

3.1.5 L’évolution historique de l’armature urbaine de la wilaya de Jijel, de


l’indépendance à nos jours : forte explosion

Le territoire de Jijel avant son accession à une wilaya (préfecture) dépendait de


Constantine. La genèse de sa naissance et son évolution est revue quand nous abordons la
ville de Jijel où nous parlons de Jijel en tant que wilaya d’une manière globale passant de la
vision macro à la vision micro.

Le substrat jijélien était rattaché à la préfecture de Constantine avant de devenir une


wilaya suivant le découpage
administratif de 1974. Selon 400000 351451 336288
314192
l’Office national des statistiques 281861 300663
300000 259014
(ONS), seulement 5 communes
200000
de l’ensemble de ses 28 120852
100000 60639
communes ont été considérées
comme des agglomérations 0
1977 1987 1998 2008
urbaines99. L’évolution de son
population urbaine population rurale
processus d’urbanisation est
Figure 3.6. Evolution de la population urbaine de Jijel entre
résumée en Figure 3.6ci-après et 1977et 2008.
Source : Exploitation de l’auteur à partir des données des RGPH
en Annexe D, p. 299).
(ONS, 1977 ; 1987 ; 1998 et 2008).

Chronologiquement, la lecture des données fournies par le plan d’aménagement de la


wilaya de Jijel, et celles actualisées auprès de la direction de programmation et de suivi de
budget (DPSB)de Jijel, en termes d’évolution de la population de la wilaya, nous a permis

98
En raison de sa proximité de l’embouchure de l’oued du même nom. Il se situe dans la commune de Taher
à 10 Km de l’Est de l’agglomération chef-lieu de la commune de Jijel.
99
Les critères de classifications d’une agglomération urbaine établis par l’Office national des statistiques
(ONS) sont :
• La taille de l’agglomération > 5000 habitants
• Le rythme de croissance démographique
• L’activité économique : prédominance des secteurs non agricoles dans la structure d’emploi
• Le niveau des équipements : Existence des équipements sociaux de proximité
• Les infrastructures de base : Alimentation en eau potable –AEP-, assainissement, gaz et réseaux de
communication.

69
de distinguer deux périodes ayant fortement marqué le processus d’évolution de l’armature
urbaine de cette wilaya.

3.1.5.1 De 1977 au 2008, un exode rural massif à la recherche d’un cadre de vie
adéquat

Cette période caractérisée par un exode rural massif de la population des zones
montagneuses vers la partie littorale (voir Annexe E, p. 300), est divisée elle-même en
deux sous-périodes bien distinctes.

A. De 1977 jusqu’à 1987 … un cachet rural fortement marqué

En 1977 et selon l’ONS, le taux d’urbanisation de la wilaya était 18%. Les communes
classées comme agglomérations urbaines étaient au nombre de 5 (Jijel, Taher et Emir
Abdelkader, communes côtières abritant 75% de la population urbaine, et les deux autres
communes El Milia et El Ancer). En effet, les agglomérations les plus prisées par la
population étaient Jijel (chef-lieu de wilaya), Taher et El Milia. L’attractivité de ces
communes est due à l’implantation d’unités industrielles (offre d’emploi) suivant le
programme du plan de Constantine de 1958100. Au fait, leur urbanisation était possible
grâce à la nature topographique de leurs terrains, relativement plane.

En 10 ans, le nombre de population urbaine s’est multiplié par deux sans changement du
nombre d’agglomérations urbaines (le taux d’urbanisation est passé à 26%). En effet, le
taux d’accroissement des centres urbains existants, était très fort, exprimé par des
moyennes annuelles très élevées :

Tableau 3.1.Taux d’accroissement annuel des communes en 1987.


Emir
Jijel El Milia Taher
Abdelkader
Taux d’accroissement annuel 6% 6% 10.71% 15.74%

Source. Etabli par l’auteur sur la base du RGPH de 1987 (ONS, 1987).

L’explosion démographique marquant cette période, est due en premier lieu à un exode
rural massif de la population des zones montagneuses défavorisées vers les centres urbains
existants ainsi qu’à une croissance naturelle élevée. Ceci se traduit spatialement par une
très forte demande en logement et en équipements dans les agglomérations urbaines,

100
Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 222).

70
conduisant à un développement démesuré et incontrôlé concrétisé par la prolifération de
l’habitat sous intégré et dégradation du cadre de vie.

B. De 1988 à 1998… un cachet rural malgré les fortes pressions


démographiques

A la fin de cette période, le nombre des agglomérations urbaines est passé de cinq à neuf.
En effet, aux agglomérations déjà classées comme urbaines s’ajoutaient les communes
côtières de Chekfa, Kaous, Sidi Abdelaziz et la commune d’intérieur de Texenna.

Le nombre d’agglomérations urbaines reste faible par


rapport à l’ensemble des 28 communes. 45% de la
population était dans les agglomérations urbaines, 45%
55%
expliqué par la poursuite de l’exode rural massif de la
population des zones montagneuses pauvres, aux
conditions de vie très difficiles et accentués par les population urbaine
problèmes de sécurité qu’a connus la région durant les Population rurale
années 90 (la décennie noire). Cette explosion Figure 3.7. Taux d’urbanisation de
démographique encore forte a conduit à une saturation et la wilaya de Jijel en 1998.
Source. Traitement de l’auteur à
dysfonctionnement des agglomérations urbaines notamment partir du RGPH 1998 (ONS, 1998).
celles du littorales (côtières) et détérioration de leur cadre de
vie.

3.1.5.2 Depuis 2008…. Le territoire jijélien quantitativement urbain, stabilisation de


la population rurale au niveau de ses communes

En 2008, le taux d’urbanisation de la wilaya est passé à 53%, et le nombre


d’agglomérations urbaines et semi urbaines est passé à quinze. Aux neuf communes
existantes s’ajoutaient les communes côtières de Ziama Mansourhia et d’El Aouana, ainsi
que les agglomérations intérieures de Djimla, El Kennar, Bazoul (A.S de la commune de
Taher) et Tassoust (A.S de la commune d’Emir Abd Elkader). Pour cette période, ce sont
les nouvelles agglomérations urbaines qui ont connu les taux d’accroissement les plus
élevés (Djimla 15,33%, Tassoust 9,88%). Cependant, les taux d’accroissement des grands
centres urbains déjà existants, étaient inférieurs au taux de la wilaya (3,53%). A titre

71
indicatif ; Jijel 2,15%, Taher 1,45% et El Milia 1,6%101. Cet accroissement s’est traduit
spatialement par des extensions périphériques (étalement urbain) donnant naissance à de
nouvelles agglomérations autour de ces grands centres déjà saturés.

L’observation des statistiques à partir de l’annuaire de la wilaya de Jijel de l’année 2015,


faites par la direction de programmation et de suivi de budget de la wilaya de Jijel, se
caractérise par une stabilisation relative des habitants au niveau de leurs communes, due à
l’amélioration de leurs conditions de vie, à la sécurité, et aux programmes importants du
logement rural, etc. (voir Annexe F, p. 3011).

Figure 3.8.L’armature urbaine de la wilaya de Jijel.


Source. Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, page 227) + traitement de l’auteur.

101
Selon le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 224).

72
Depuis l’indépendance, la wilaya de Jijel a connu un phénomène d’exode rural massif –de
la population habitante des communes intérieures vers les communes majoritairement
côtières, sous forme de migrations définitives, de déplacements saisonniers, voire de
mouvements quotidiens (Abdelaziz, 2015), donnant lieu à de fortes pressions
démographiques sur les agglomérations urbaines déjà existantes et l’apparition de
nouvelles agglomérations. Cependant, malgré l’importance du processus de son
urbanisation, la wilaya a gardé son caractère rural. En 2008, elle est devenue
majoritairement urbaine à hauteur de 53% de sa population.

En analysant le processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel, et en observant la figure


de son armature urbaine (Réf : Figure 3.8, p. 72), nous constatons que les agglomérations
urbaines se concentrent majoritairement dans la partie littorale et le long des grands axes de
circulation, donnant lieu à un phénomène de littoralisation fortement marqué de par les
conditions et contraintes topographiques ainsi que l’installation des industries dans les trois
grandes agglomérations urbaines, à savoir ; Jijel, Taher et El Milia (voir Annexe G, p.
302). En comparant la partie montagnarde avec la partie littorale, nous constatons qu’elle
souffre de plusieurs lacunes, donnant lieu à des zones rurales marginalisées. Ces territoires
se caractérisent par de grands problèmes d’accessibilité, notamment pour les communes
dominées par la quatrième classe de pente, exprimés par de faibles taux de raccordement
aux réseaux divers (AEP, assainissement, électricité, et gaz naturel), dont les communes de
l’intérieur enregistrent les taux les plus faibles (Voir Annexe H, p. 303).

Le nord de la wilaya, favorable à l’exode rural de par sa composante naturelle et spatiale,


se caractérise par la saturation de tissus urbains, donnant lieu à des dysfonctionnements
urbains multiples, un développement urbain incontrôlable, une détérioration des conditions
de vie des habitants et des espaces naturels et agricoles et une prolifération de l’habitat
précaire avec un dysfonctionnent de la ville mère.

Outre ces problèmes, la wilaya recèle d’immenses potentialités très diversifiées ;


naturelles, patrimoniales, touristiques et économiques (voir Annexe I, p, 305), constituant
des atouts majeurs pour son développement économique et son attractivité (Réf : figure 3.9 ci-
après).

73
Figure 3.9. Répartition des potentialités naturelles et patrimoniales de la wilaya de Jijel.
Source. Le schéma directeur d’aménagement touristique de la wilaya de Jijel (2013, phase 01, p.54).

74
Pour plus d’informations, nous passons de l’échelle territoriale à l’échelle urbaine en
choisissant la ville de Jijel (ACL), d’autant plus qu’elle joue un rôle de commandement
dans la wilaya par son statut d’agglomération chef-lieu de wilaya et de pôle urbain
structurant principal. De ce fait, Jijel devrait avoir une attention particulière et une stratégie
de développement par les pratiques urbaines nationales et locales faisant l’objet d’étude.

Il est à noter que nous cherchons à comprendre les faits urbains, les dynamiques, le
fonctionnement et les spécificités de cette ville, à travers son cadre de vie et l’analyse des
causes et des conséquences de sa situation actuelle en se basant sur l’aspect qualitatif plus
que l’aspect quantitatif.

3.2 La ville de Jijel, l’objet d’étude… lecture, constat et diagnostic

3.2.1 Présentation de la ville de Jijel

3.2.1.1 La situation géographique


La commune de Jijel, agglomération
chef-lieu, faisant partie de la zone
littorale de sa wilaya, est limitée par 3
communes : Emir Abdelkader,
Kaoues et El Aouana (Réf : Figure
3.10). Elle s’étale sur une superficie de
62,38 km² soit 2.6% de la superficie
totale de la wilaya.

Figure 3.10.Situation de la commune de Jijel par rapport à son


environnement immédiat
Source. Etabli par l’auteur (2016).

Au 31.12.2018 le nombre de sa population a atteint 161 989habitants102 soit une densité


moyenne103 de2597hab/km² répartie en 16quartiers (Voir Annexe J, p. 307). Abritant 21%
de la population totale de la wilaya, elle représente la commune la plus peuplée de la
wilaya.

102
Selon l’annuaire statique de la wilaya de Jijel, fait par la direction de programmation et de suivi de budget
(DPSB Jijel, 2019).
103
Elle est 8 fois supérieure à la moyenne de la wilaya ; 319 habitants/km².

75
3.2.1.2 Son organisation
administrative
Administrativement, la commune
de Jijel104 se compose d’une
agglomération chef-lieu (ACL), de
trois agglomérations secondaires
(AS) « Ouled Bounar, 3ème km et
Harratène » et des zones éparses
(ZE) (Hameaux : Toualbia,
Boughdir, Laghrifat).

Figure3.11.Découpage administratif de la commune de Jijel.


Source. PDAU de la commune de Jijel (2009) + Traitement
de l’auteur.

3.2.2 Les caractéristiques physiques et géomorphologiques de la ville de Jijel, effets


sur sa genèse et sa structure

Morphologiquement,
selon le contenu du
plan directeur
d’aménagement et
d’urbanisme de la
commune de Jijel, cette
ville se compose de
trois grandes zones,
illustrées par le contenu
de la Figure3.12 et
l’image de Google
Earth ci-après
(Figure3.13) :
Figure3.12. La carte topographique de la commune de Jijel.
Source :SIG de Jijel dédié à la gestion urbaine (2012).

104
Elle est considérée comme la première commune urbaine de la Wilaya.

76
Versants et collines hétérogènes (peu accidentés,
constituant la zone la plus répandue dans la commune)
Limite commune
Zone montagneuse (zone très accidentée, dont
Plaines côtières (zone
l'altitude dépasse 150m, atteignant jusqu'à 384m)
urbanisée)

Figure3.13 .Vue de la commune de Jijel. Source : Google Earth (image 2019).

Le mode d’occupation du sol de la ville de Jijel est étroitement lié à la nature


topographique de ses terrains. L’espace urbanisé se limite dans les plaines côtières et les
terrains de faibles pentes (Réf : Figure3.14ci-dessus) :

Figure3.14.La carte d’occupation du sol de la commune de Jijel.


Source. SIG de Jijel dédié à la gestion urbaine (2012).

77
A

C
D

Figure3.15 . Profil et coupes topographiques de la ville de Jijel.


Source : Etabli par l’auteur à l’aide du logiciel Civil 3D 2020.

La nature du relief de cette ville a façonné sa structure. Deux villes se voient juxtaposées,
l’une basse d’un centre colonial et d’une périphérie compacte et serrée, et l’autre baptisée
« en terme courant la haute ville » qui va jusqu’au piémont de Mezghitane (Kihal, 2005, p.
34).

Faisant partie de l’une des régions les plus arrosées d’Algérie 105, un climat méditerranéen
de type humide, conjugué par la nature du relief de cette commune, Jijel se caractérise par

105
Appartenant à l’étage bioclimatique humide, Jijel se caractérise par un climat maritime méditerranéen
avec des hivers froids et pluvieux et des étés chauds et humides. La saison de pluie peut durer jusqu'à 6 mois,
dont les moyennes de précipitations varient entre 800 et 1000mm/an. Les moyennes de température en cette

78
un réseau hydrographique dense, dominé par une direction principale Sud-Nord et des
affluents de directions différentes favorisant l’écoulement vers la mer (Voir Annexe K,
p. 308) dont les plus importants oueds sont : oued Kissir, oued El Kantara et oued Mencha.
Le débit de ces oueds augmente de l’amont vers l’aval grâce à l’apport des affluents
dépendant des périodes de crues. Ces facteurs exposent Jijel au risque d’inondations. Outre
ce dernier, la région est exposée aussi au risque sismique, rentrant dans la zone d’aléa
sismique le plus élevé « Niveau 3 » dont l’intensité maximale attendue IX-X106. À ces
risques naturels, s’ajoutent d’autres technologiques, comme les risques industriels (Voir
Annexe L, p. 309).

3.2.3 Genèse et processus d’urbanisation : d’une petite ville à un territoire éclaté et


désordonné …

Berry-Chikhaoui (2009) estime que la compréhension des phénomènes de


dysfonctionnement qu’ont connu les villes, en prenant comme exemple les villes arabes,
nécessite un retour à leurs processus d’urbanisation. En effet, ces derniers ont subi des
changements et des transformations multiples, radicaux causés par les fortes pressions
démographiques, dû à l’arrivée des ruraux dans ces villes. Ce phénomène perçu comme
« chaos, crise, voire la fin de la ville » (Ibid.)107, conjugué par l’incapacité des autorités à
répondre aux besoins de logement croissants, ont entraîné la propagation des bidonvilles, la
paupérisation des médinas, mettant en péril le fonds culturel et patrimonial de ces cités
urbaines pétries d’urbanité, de citadinité conduisant à une perte de leur identités (Troin,
1990, p. 53). Force est de constater que ces problèmes ont été exacerbés par la primauté
des études ayant traité l’évolution quantitative des villes et ses effets induits au cours des
années soixante-dix, au lieu d'étudier les transformations qualitatives et les modalités de
recompositions urbaines (Berry-Chikhaoui, 2009).

A cet égard, par l’approche historique, nous nous basons sur les événements, les dates et
les faits, qui ont marqué le processus d’urbanisation de la ville de Jijel, et qui ont façonné
son identité actuelle. Deux grandes phases se distinguent :
A. Avant 1962 : (schématisation synthèse Figure 3.19, p. 80)
B. De 1962 à nos jours (schématisation synthèse Figure 3.20, p. 81).

région se varient entre 8°C et 12,3°C en hivers, et entre 23,8°C et 30°C en été, D’après le PDAU de la
commune de Jijel (révisé en 2018, approuvé en 2019 p. 15).
106
Selon le zonage sismique du territoire algérien élaboré par le CRAAG (Le Centre de Recherche en
Astronomie Astrophysique et Géophysique).
107
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

79
Avant 1962
Dans la nuit de 21 Ce qui lui a permis de bénéficier d’un
au 22 Août, un programme d’habitat (économiques et
Succession de plusieurs
tremblement de collectifs) dans le cadre du plan de
civilisations
terre suivi d'un raz- Constantine lancé par le Général De Gaulle.
Romaine, byzantine, ottomane, etc. de-marée a
submergé toute la La ville de Jijel accède au statut
citadelle de sous-préfecture
Figure 3.16 . Jijel avant et après le séisme de 1856.
Source. (Benifoughal.com, 2009) -voir le lien dans la bibliographie-. 1962
La fondation 1839
1856 Période de la colonisation française 1958
de la ville

Par les Phase de reconstruction Phase d’extension - d’étalement -


Le début de 1857 1885
phéniciens
l'occupation
Reconstruction du port Observations : Pendant la colonisation
française 1. Transformation de la
détruit et implantation de française, la ville fut occupée par les
citadelle en caserne
L’occupation du sol s’est limitée souvent à la quelques établissements et français et les autochtones. En effet, les
militaire.
citadelle, sous formes d’opérations de équipements dans la zone colons ont occupé les parties Nord plus
2. Apparition du premier
reconstruction de la ville sur la ville, en littorale. près de la citadelle (le triangle), au
plan d’urbanisme de la
l’adaptant aux besoins et caractéristiques de moment où, la population autochtone
ville, établi par le
chaque civilisation. s’est regroupée dans la partie Sud-ouest.
géomètre Scheslat (une
Des extensions se sont poursuivies en
nouvelle cité commença
parallèle et en dehors du triangle
à s'édifier selon le style
donnant naissance à des tissus non
européen).
planifiés (habitat contigu-auto construit-
Une forme triangulaire ) dépourvu de tout équipement. L’exode
conditionnée par le site de la population vers la ville qui s’est
intensifié après le déclenchement de la
guerre de libération nationale.
Figure 3.18 . Jijel pendant la civilisation romaine. Source. Archive de la Figure 3.17. Le premier plan
Source. https://jijel-archeo.123.fr. commune de Jijel d’urbanisme de la ville de Jijel -1858-
Figure 3.19. Processus d’urbanisation de la ville de Jijel avant 1962, établie par l’auteur (2017).
80
Après 1962 Constitution des réserves foncières
communales afin de lutter contre la Le découpage
spéculation foncière et maîtriser le administratif Grace à l’embellie financière qu’a
développement urbain : donner aux de la wilaya connu le pays, des programmes
communes les moyens juridiques de ambitieux de logements ont été
planification. lancés, avec diverses formules
Promulgation de
nouveaux textes d’acquisition, à savoir ; LSP,
Dotation de la ville par Création de AADL, promotionnel etc.
législatifs de
L’indépendance un plan d’urbanisme la 2ème
planification urbaine
de l’Algérie directeur (P.U.D) ZHUN

1962 Ce jour
Période de déclin 1974 1976 1981 1984 1990 2000 2007 (2021)

La ville était en marge du


développement urbain et Lancement Attribution du Création de Observations : Depuis les
économique de la 1ère plan spécial de la 3ème années 70, la ville a connu
ZHUN développement ZHUN Dans cette période, un exode rural massif à
d’Ayouf (P.S.D) l’Etat s’est dirigé vers prédominance locale (intra
En l’absence d’une la libéralisation du wilaya) en raison des
planification urbaine effective, marché foncier et la problèmes d’insécurité qu’a
elle a continué à se développer relance de la connus la région, traduit
spontanément, selon des De nombreux évènements ont marqué la ville en promotion immobilière spatialement par une
extensions anarchiques par un cette période : afin de minimiser la urbanisation informelle, qui
habitat auto-construit (illicite) *Le statut de chef-lieu de Wilaya de Jijel-1974- production du s’est amplifiée parallèlement
donnant lieu à des quartiers *L’apparition de nouveaux instruments d’urbanisme : logement social : à l’urbanisation planifiée et
périphériques dépourvus de tout le PUD, le PUP et les ZHUN l’apparition de a finalement acquis son droit
équipement d’accompagnement *Des expropriations étatiques massives conduisant à plusieurs lotissements, à l’urbanité (dotation en
et d’infrastructures de base. la vente illégale des terrains privés et à l’accélération et de grands VRD) (Bouraoui, 2007).
du développement des constructions illicites. ensembles.

Figure 3.20. Processus d’urbanisation de la ville de Jijel après 1962, établie par l’auteur (2017).
81
Depuis son indépendance, la ville de Jijel, à l’instar des autres villes algériennes, subissait
une situation urbaine difficile, du fait de l’intensité du phénomène d’exode rural et ses effets
induits (Bouraoui, 2007).
Cette explosion démographique qu’a connu Jijel108 où le nombre d’habitants a triplé entre
1977 et 1998(Réf : Figure3.21),
s’explique surtout par le solde 180000 161989
migratoire, et l’excèdent naturel élevé. 160000
134839
140000
Après 1998, un ralentissement dans le 115678
120000
rythme de la croissance démographique
100000
est observé, (taux de croissance passe de 80000 69765

4,62% entre 1987 et 1998 à 1,51% entre 60000 45900


29273
1998 et 2008), grâce à l’amélioration des 40000
20000
conditions de vie dans les autres
0
communes, permettant une stabilisation 1966 1977 1987 1998 2008 2018
relative de leurs habitants.
Figure3.21. Evolution de la population de la commune de Jijel
entre 1966 -2018.Source. Exploitation de l’auteur à partir des
RGPH et l’annuaire statistique de la wilaya de Jijel (fin 2018).

30299 Répondant au besoin en logement qui


25000
19411 s’accumule depuis l’indépendance,
20000 17509
l’évolution du logement de la commune de
15000 Jijel a suivi le même rythme que celui de
10000 l’évolution de la population. Ce parc
concentré majoritairement au niveau de son
5000
agglomération chef-lieu (ACL) détient plus
0
1966 1977 1987 1998 2008 2018 de 90% du parc total.

Figure3.22. Evolution du parc de logement de la commune de Jijel


entre 1998 et 2018.Source. Exploitation de l’auteur à partir des
RGPH et l’annuaire statistique de la wilaya de Jijel (fin 2018).

Une forte pression Une forte production Un étalement urbain


démographique de logement rapide

108
L'analyse démographique de la commune de Jijel s’est basée principalement sur les statistiques des RGPH de
1966, 1977, 1987, 1998 et de 2008 fournies par l'ONS (Office National des Statistiques) et pour l’année 2018
sur les données statistiques fournies par la DPSB (ex DPAT) de Jijel.

82
1% 2%

97%

ACL AS ZE

Figure 3.24. Répartition spatiale de la


population de la commune de Jijel (2018).
Figure 3.23. Les directions de l’étalement urbain de la commune de Jijel ces Source. Établie par l’auteur sur la base des
dernières années. Source : traitement de l’auteur sur fond de carte du PDAU de données fournies par la DPSB de Jijel.
la commune de Jijel (2009).

La quasi-totalité de la population de la commune de Jijel se concentre au niveau de son


Figure 3.25. L’évolution historique de la ville de Jijel.
agglomération chef-lieu avec un taux d’urbanisation de97%.
Source. POS 1 de l’ACL de la commune de Jijel (2019, p. 39).

L’étalement urbain rapide qu’a connu Jijel, depuis son indépendance, a entraîné une rareté des réserves foncières au niveau de l’ACL de la commune
–la saturation de son tissu urbain-, et du coup, des extensions ont été orientées (par son PDAU de 2009) vers les agglomérations secondaires d’Ouled
Bounnar et Harratène, passant par le plateau de Mezghitane et l’entrée Est de la commune. L’entrée Est Plateau de
ème
3 KM Mezghitane
Selon le PDAU de la commune de Jijel (2009), ces orientations dépassent la simple vision de
maitriser le phénomène d’urbanisation et d’extension de cette ville, mais également d’assurer
une meilleure maîtrise de l’effet potentiel de conurbation entre la ville de Jijel et ses Ouled
Harratène
agglomérations périurbaines. En revanche, Doter les hameaux existants : Leghrifat, Boughdir ACL de Bounnar
Jijel
et Toualbia en véritables centres de vie assurant aux populations les services courants de
Figure 3.26.Le phénomène de conurbation de Jijel.
proximité pour structurer et desservir les zones rurales. Source : établie par l’auteur (2019). 83
3.2.4 L’accessibilité et les déplacements dans la ville de Jijel, entre potentialités et
défis…

3.2.4.1 L’accessibilité vers la ville


A. Le réseau viaire

Le développement de tout territoire quel que soit son échelle est étroitement lié à son
niveau d’accessibilité, lui permettant d’être ouvert sur son environnement. Ville maritime
au premier degré, la ville de Jijel se situe à 13 Km de l’aéroport international (Ferhat
Abbas) et à 7 km du grand port économique de Djen-Djen109. Elle génère des flux routiers
très importants au niveau de ses entrées Est et Ouest du fait de sa « forte polarisation »à
l’échelle de toute la wilaya110(Boukerzaza and Acherard, 2011). La liaison avec les autres
communes/wilayas est
assurée principalement
par la RN 43111 et la RN
77, caractérisées par
l’intensification des
flux notamment durant
la saison estivale.

Figure3.27. Les principaux axes routiers d’accessibilité vers la ville de Jijel.


Source. Établie par l’auteur sur fond d’image Google Earth (2020).

L’évitement sud est une voie qui permet d’éviter la ville de Jijel tout en assurant, par le
biais de pénétrantes, l’accès à tous les quartiers de cette dernière.

B. Réseau ferroviaire

Comme nous l'avons vu précédemment (accès à la wilaya), le réseau ferroviaire assure le


transport des voyageurs entre Jijel et Constantine passant par Skikda, d'où le point de
départ est la gare de Jijel.

C. Réseau maritime

109
En raison de sa capacité en termes d’espaces et eau profonde, il est considéré comme le plus important
ouvrage portuaire en Méditerranée.
110
Sur la base de l’analyse des lignes de transport collectif fonctionnant entre les communes (Réf : Annexe
H, p. 303).
111
Considérée comme la voie principale structurante de la ville.

84
Depuis le renforcement de l’activité portuaire par le grand port commercial « Djen-Djen »
(Réf :Figure3.28 ci-dessous), l’ancien port a perdu sa valeur et ses activités sont affaiblies. Il
est devenu en rupture avec la ville depuis son intégration dans le domaine militaire. Un
nouveau port de pêche a été créé (Kihal, 2005, p. 31) (Réf : Figure3.29 ci-dessous).

L’ancien port de Jijel


devenu propriété
militaire 10 KM

3
2
Le port commercial
Le port de pêche de « Djen-Djen »,
« Bouddis »

Figure3.28. Mutations spatiales de l’activité portuaire à Jijel.


Source. Etablie par l’auteur à l’aide du logiciel Google Earth (image 2019).

Figure3.29. La ville de Jijel tourne le dos à son port.


Source. Kihal (2005) et POS 1 de l’ACL de la commune de Jijel (approuvé en 2019).

Initialement, le nouveau port commercial de Djen-Djen112a été conçu comme « une


infrastructure d’accompagnement »113 d’une usine sidérurgique prévue dans la zone franche
de Bellara114. Seulement, suite aux événements qui ont secoué l’Algérie, le projet du
complexe sidérurgique s’est arrêté, aboutissant à une « sous-utilisation du port »(Abdelaziz,
2015). Aujourd’hui il fait l’objet d’une modernisation.

112
Construit entre 1984 (début de chantier) et 1992 (fin de chantier), bien que la décision ait été prise dans
les années 1970, dans le but d'augmenter les capacités portuaires de la région Centre/Est (EPJ Djen Djen,
2014).
113
D’une capacité totale prévue de 4 millions de tonnes/an, force est de constater que la plus grande partie
(2,5 millions de tonnes) consistait à importer le minerai de fer nécessaire au fonctionnement de l'unité
sidérurgique (Abdelaziz, 2015).
114
Située dans le périmètre de la commune d’El Milia.

85
Le transport des voyageurs par voie maritime entre Jijel et Alger via Bejaia, qui a été mis en
service au début de la saison estivale de l’année 2016, s’est arrêté selon la direction du port
de Djen Djen. Les raisons n’ont été données lors de notre enquête malgré notre souci de
démêler l’écheveau.

3.2.4.2 Réseaux divers


Malgré le taux élevé de raccordement aux différents réseaux (AEP 100%, assainissement
98%, électricité 90.50% et gaz naturel 90.24%)115, le réseau d'assainissement présente des
problèmes techniques qui entraînent des inondations en saison hivernale :

Figure 3.30 et Figure 3.31 : Une forte pluie rend le mouvement presque impossible à Jijel (Hiver 2019).
Source : (Souilah, 2019)116.

3.2.4.3 L’accessibilité et les déplacements à l’intérieur de la ville


Le transport urbain est assuré par un parc de 185 véhicules de transport en commun d’une
capacité totale de 5 689 places desservant les différents quartiers de la ville à travers 10
lignes, avec un taux de couverture moyen de l’ordre de 44 places pour 1000 habitants
(PDAU de Jijel, révisé en 2018, approuvé en 2019, p. 52). En fait, la ville de Jijel dispose de
deux gares, l’une bimodale (ferroviaire et routière) à l’Est et l’autre routière à l’Ouest 117
(Réf : Figure3.32 ci-après).

115
Selon la DPSB de Jijel (31.12.2018).
116
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
117
La première est destinée à la réception des flux en provenance ou à destination des zones et régions à l’Est
de la commune de Jijel tandis que la seconde est destinée aux flux en provenance de l'ouest de cette
commune. Elles reçoivent respectivement, environ 322 moyens de transport confondus (cars et taxis) et 236
moyens chaque jour (En plus des moyens du transport urbain), selon le PDAU de Jijel (révisé en 2018,
approuvé en 2019, p. 52).

86
L’explosion démographique Gare routière
Lignes de Ouest
qu’a connue Jijel depuis son transport
urbain
indépendance a eu un effet
Gare
négatif sur les modes de intermodale
déplacements et d’accessibilité
dans cette ville. En effet, Bien
que le taux de déplacement de
la population de la ville de Jijel
soit estimé à 1,52 de
déplacement/habitant/jour, il est Oued Zone de service de ligne de transport urbain
considéré comme modeste par Figure3.32.Distribution des lignes de transport urbain dans la ville de
Jijel. Source : plan de transport de la wilaya de Jijel, 2011.
rapport aux autres grandes
villes algériennes (1,69 et 2,32 déplacement/habitant/jour) (Bouchefra, 2018, p. 100). La
ville souffre de problèmes de déplacements et d’encombrement dû principalement à
l’incompatibilité des structures routières avec le volume de la circulation et l’absence des
aires de stationnement.
0.06%
0% 0%
0.01%
La grande part des déplacements revient au
trajet maison-étude (56%) et maison travail à pied
19%
(23%) (ibid., p. 106)118. La dominance des Bus

déplacements à pied dans la ville (Réf :Figure 56% voitre

3.33) du fait de la courte distance entre le lieu 25%


taxi
d’origine et les différentes destinations. Un transport
non autorisé
indicateur qui prouve la répartition équitable des
différents équipements notamment ceux Figure 3.33. Moyens de déplacements dans la
ville.
éducatifs. Source : Etablie par l’auteur selon les données
fournies par Bouchefra (2018, p. 106).

En seconde position les déplacements par bus, dont82% des habitants n’utilisent qu’un seul
bus, pour arriver à leur destination dont la durée du trajet ne dépasse pas souvent 30mn
dans la majorité des déplacements (56%). Cette longue durée revient aux problèmes de
congestion dont souffert la ville et pas à la longueur du trajet (ibid.).

118
8% pour le trajet maison - achat, 4% pour les visites familiales et 9% pour autres.

87
Parmi les problèmes du réseau viaire de cette ville nous citons : l’incompatibilité entre
l’offre et la demande en termes de dimensions des voies, leur qualité et le trafic intense.
La surface des chaussées ne correspond pas à la taille du mouvement des piétons surtout en
été et aux heures de pointe du fait de non-
respect des règles de construction et
l'activité violant des trottoirs dans la
fourniture de biens, non aménagement
des carrefours, absence des aires de
stationnement… Les problèmes
d’embouteillage sont atteints aux heures
de pointe (midi et soir) et pendant la
saison estivale119comme le montre les
figures suivantes :
Figure 3.34.Fluidité du Trafic habituel dans la ville de
Jijel à 7h50. Source : Google Map, Décembre 2020.

Carrefour
important Figure 3.35. Embouteillage au camp chevalier
(plateau Ayouf) pendant les heures de pointe
Figure 3.36. Fluidité du Trafic habituel dans la ville de Jijel à Source : Publié sur page Facebook Jijel News en
11h50. Source : Google Map, Décembre 2020 + traitement Octobre 2013.
d’auteur.

Le problème de la congestion du trafic, en particulier sur les routes principales de cette


ville, n’est pas une question nouvelle, il l’était et l’est toujours présent (en 2013 comme le
monte la photo ci-dessus et bien avant).

119
Tant qu’elle est une ville touristique, les problèmes d’embouteillage dure toute la journée parfois et pas
seulement durant les heures de pointe (Bouchefra, 2018, p. 104).

88
3.2.5 Fonctionnement et dynamique de la ville de Jijel : Habitats, équipements et
services offerts …

3.2.5.1 L’habitat, une multiplication de formes et de styles…


La croissance urbaine incontrôlée de Jijel a conduit à l'émergence de groupes spatiaux
hétérogènes faciles à lire sur le terrain. Morphologiquement, allant du centre vers sa
périphérie, nous pouvons distinguer deux entités différentes, à savoir : le tissu colonial et
les tissus dits nouveaux. En effet, l’habitat de la ville de Jijel peut être divisé en 2 grandes
catégories bien distinctes120 : l’habitat colonial et l’habitat autochtone et récent, comme les
montrent respectivement la figure 3.37 (p. 90) et la figure 3.41 (p. 92).

A. Le tissu colonial

D’une superficie de 38,96 ha121 soit 3% de la surface totale urbanisée122, il se distingue par
sa morphologie, son organisation en damier, sa structure spatiale en cohérence et ses
modes d’occupation rationnels (Réf :Figure 3.42, p. 93). C’est une zone à fonction mixte,
alliant résidence, services, commerce et places publiques (voir Annexe M, p. 310). Selon
le POS 1 de l’ACL de Jijel, l'activité commerciale123 et les services sont les plus répandus
dans cette zone, l'activité culturelle vient en deuxième position, suivie par l'activité
administrative et sportive.

Malgré son rôle et son statut de noyau central autour duquel s’articule l’ensemble de la
ville, il se caractérise par une faible densité 98 habitants/ha. Il connaît un déclin de sa
population124dont 89,9% des ménages d’origine locale (nées dans le périmètre)125 et 45%
sont en chômage. Conçu initialement par et pour les colons, la typologie d’habitation
dominante dans ce tissu est l’habitat colonial, qui se distingue par son aspect
architecturel comme le montre le schéma suivant :

120
Ces dernières années, avec la réalisation du programme national de logements, le taux d’occupation par
logement (TOL) s’est nettement amélioré, dont il est passé de 6,87hab/log en 2008 à 5,32 hab/log en fin
2014 et au 31/12/2018.
121
Selon le POS 01 de l’ACL de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 15).
122
Elle est de 1359,58 hectares, soit la somme des surfaces urbanisées des POS qui composent l’ACL de Jijel
(calculée par l’auteur).
123
Dont il dispose d'un certain nombre d'artères commerçantes.
124
Où le nombre de population habitante du centre-ville est passé de 7331 hab en 1998 à 4481 hab en 2008,
3988 hab en 2011 et finalement à 3820 hab en 2015, selon le POS 01 de l’ACL de Jijel (Ibid, p. 21).
125
A cela s’ajoutent 7,2% proviennent des autres communes de la wilaya, alors que seulement 2,9% des
ménages ont pour origine d'autres régions du pays ou de l'étranger (2 ménages palestiniens et 1 ménage
tunisien), selon le POS 1 de l’ACL de Jijel (Ibid).

89
L’Habitat colonial

Individuel Semi-collectif Collectif

Immeuble Haras HLM


de rapport

L’habitat colonial occupe généralement de grandes


parcelles juxtaposées le long des voies, rendant son
accessibilité facile et directe par la rue.

Les hauteurs de l’habitat colonial varient entre RDC et


R+1 pour l’habitat individuel et dépasse le R+1 pour le Malgré la diversité de l’habitat colonial, il représente un aspect
collectif, généralement R+2 sauf les HLM R+4. En architectural ordonné et homogène, avec une identité claire,
habitat collectif (Immeuble de rapport et Haras), le RDC matérialisée par l’ornementation de leurs façades (des façades
est affecté pour le commerce et les services, sur les richement composées), par des toitures inclinées et parfois par la
grands axes de communication. présence d'une cour à l'arrière façade, des jardins latéraux ou bien
patio.

Figure3.37. Typologie de l’habitat colonial existant dans la ville de Jijel, Conception de l’auteur. Photos prises par l’auteur en 2021.

90
Ce tissu (colonial) se caractérise par la vétusté et la dégradation de ses constructions 126
dont 38% sont en mauvais état127 (Réf :Figure 3.38ci-
dessous), ayant donné lieu à de multiples opérations de
rénovation ponctuelles (par leurs propriétaires), et donc à
l'émergence d’un nouveau style complètement différent de
l’existant, en termes de hauteur, d’architecture, et même de
couleur (Réf : Figure 3.39 ci-dessous). Ce centre est en train
de perdre son charme et sa spécificité.
Figure 3.38.L’état de bâti au centre-ville de Jijel.
Source : Etabli par l’auteur sur la base des données fournies
par le POS 01 de l’ACL de Jijel (approuvé en 2019, p. 47).

Figure 3.39. Rénovation et reconstruction de nouvelles habitations au centre-ville de Jijel.


Source : Photo prise par l’auteur (2021).

À l’habitat colonial dominant s’ajoute l’habitat


traditionnel (Individuel). Durant la période
coloniale, l’habitat autochtone (traditionnel local)
occupait de petites parcelles avec un seul niveau
(RDC), caractérisé par une organisation intravertie
des espaces autour d'une cour centrale, sous forme
de (U) ou de (L) et des façades extérieures aveugles
avec un aspect architectural rural.
Figure 3.40. L’habitat traditionnel existant
dans le centre-ville de Jijel.
Source : Photo prise par l’auteur (2021).

126
En raison du manque d'entretien et de l'absence d’une réelle volonté politique pour améliorer la situation.
127
Soit un total de 236 constructions proposées à la démolition dont 178 sont des constructions à usage
d'habitat, selon le POS 1 de l’ACL de Jijel (approuvé en 2019, p. 47).

91
B. Les tissus dits nouveaux

Contrairement au centre-ville qui se caractérise par une faible densité et la présence de


plusieurs friches urbaines, la périphérie ou autrement dit les tissus dit nouveaux résultants
de l’extension au Sud, à l’Est et l’Ouest du centre colonial, se caractérise par un cadre bâti
compact et serré, et une diversité de formes, de styles et des hauteurs comme le montrent le
schéma suivant :

L’habitat récent

Individuel Collectif

Lotissement (villa) Auto-construit Précaire (bidonville)

L’habitat récent, que ça soit formel, informel ou ZHUN, se caractérise par une diversité de
formes, majoritairement non achevé, et non homogène, d’une architecture monotone,
souvent standard, mettant en péril le paysage urbain et l’image de cette ville. Au fait, le tissu
planifié présente les mêmes aspects et lacunes d’un tissu non planifié sauf que le premier
dispose d’un permis de construire (Kihal, 2005).

Figure 3.41. Typologie de l’habitat récent existant dans la ville de Jijel, Conception de l’auteur. Photos prises
par l’auteur (2021).

Pour mieux comprendre et mettre en évidence l’organisation spatiale des deux tissus, nous
présentons dans la figure suivante le réseau viaire de l’ensemble de cette ville (Voir aussi
Annexe N, p. 311) :

92
3
1

Centre-
ville
colonial

Route nationale 43
Chemin wilayal 150
Voie principale

Figure 3.42. Les principaux axes routiers de la ville de Jijel.


Source : établi par l’auteur sur fond de carte du SIG de Jijel (2012).

1 2 3

Typologie du tissu : centre Typologie : ZHUN (Planifié) Typologie du tissu : informel

colonial (Planifié) Réseau routier : plus ou moins (non planifié)

Réseau routier : en damier orthogonal Réseau routier : organique

Parcellaire : régulier Parcellaire : légèrement déformé Parcellaire : irrégulier

Figure 3.43. Trames bâties des différents tissus composant la ville.


Source : établi par l’auteur sur fond de carte du SIG de Jijel (2012).

D’après les figures ci-dessus il ressort que, mise à part le centre colonial qui se distingue
par sa forme triangulaire et son plan en damier, c’est la forme irrégulière qui prédomine
dans le reste de la ville. En effet, les tissus dits nouveaux sont en rupture totale avec
l’ancien tissu colonial, en termes de qualité, normes, organisation, aspects esthétiques, etc.

93
La forte explosion démographique qu’a connue cette ville s’est traduite spatialement par
deux formes, logiquement différentes, mais semblables sur le plan spatial et visuel, à
savoir ; tissu planifié (ZHUN, lotissements) et tissu non planifié (constructions illicites
et/ou bidonvilles) d’une typologie très hétérogène suivant un parcellaire souvent irrégulier,
mettant en évidence la spontanéité de leur apparition et de leur évolution échappant à
toutes les règles d’urbanisme128.

Non seulement la forme irrégulière qui caractérise le réseau viaire de cette ville, mais aussi
son état de détérioration. En fait, une grande partie du réseau viaire de cette ville est en
mauvais état (Réf : Figure 3.44).

Belhain Camp Chevalier Ben Achour

Figure 3.44.Voies en état dégradé. Photos prises par l’auteur des quartiers : Belhain, Camp Chevalier et Ben
Achour (2021).

Le nombre de logements Brut est de 30299 logements129 (au 31.12.2018 selon les
recensements de la DPSB de Jijel), soit un TOL de 5.35 hab/log130.

Entre ces deux entités, Jijel a perdu son cachet de petite ville portuaire belle, propre, d’une
architecture assez homogène, même s’il ne s’agit pas d’une architecture locale, enracinée,
mais l’aspect esthétique et homogène de ses constructions est évident.

3.2.5.2 Les équipements publics : Jijel, un pôle administratif en premier degré


Dans cette ville, la population active est estimée à 96429 personnes 131 dont 90022
occupées et 6407 en chômage, soit un taux de chômage de 6,64%. En fait, C’est le secteur
tertiaire qui prédomine (matérialisé dans la

Figure3.45ci-après par l’administration, les services et « autres » comprenant : les transports,

128
Appelé également « l’habitat non réglementaire construit en dur », il s’agit d’occupations illégales (auto-
construction) et /ou des lotissements résultant d’un morcellement en petits lots à bâtir vendus par des
propriétaires privés. Des lotissements qui ne respectent pas les règlements d’urbanisme.
129
Au moment où le nombre de logements Net (habités) est de 24844 log, soit un TOL de 6.52 hab/log (selon
la DPSB de Jijel).
130
En 1998 le TOL était de 6,59 hab/log, alors qu’en 2008 il était de 6,87, selon le PDAU de Jijel (révisé en
2018, approuvé en 2019, p. 37).
131
Selon la direction de programmation et de suivi de budget de Jijel, dans son rapport de fin 2018.

94
etc.), avec un total de 59666 employés en 2018, soit 66% de l’ensemble des emplois.
2%
En revanche, les secteurs d’agriculture et
d’industrie représentent les taux les plus 35% 28%

faibles avec 2% et 4% conférant à la 4%


16% 16%
commune de Jijel le tertiaire en premier
degré.
Agriculture BTP
Industrie Services
Administration Autres
Figure3.45. La structure des emplois dans la commune de Jijel (Fin 2018).
Source. Exploitation de l’auteur sur la base des données
fournies par la DPSB de Jijel.

En matière d’équipements, Jijel, en tant que chef-lieu de wilaya, présente un territoire riche
en équipements (Réf : Figure 3.46 p. 96, et Annexe O, p. 312), bien que certains secteurs
soient jugés insuffisants en termes de normes selon les informations fournies par la
direction de programmation et de suivi de budget de Jijel, dans son rapport de Décembre
2018. Nous les résumons comme suit :

Tableau 3.2.L’évaluation de la situation actuelle, par secteur, des différents équipements de la ville de Jijel.

Situation/é
Secteur Observations
valuation
La commune de Jijel dispose d’une situation satisfaisante en matière
d’équipements éducatifs, mais la formation professionnelle reste à
Education renforcer vue qu’elle dispose d’un seul INSFP d’une capacité
Assez
(année théorique de 300 places, ce dernier reçoit 1537 stagiaires, soit une
satisfaisant
scolaire utilisation 5 fois supérieure à sa capacité d’accueil. L’enseignement
e
2018/2019) supérieur est assuré par le pôle universitaire, renforçant l’attractivité
de cette ville et constituant un moteur pour son développement
économique.
Jijel dispose d’un secteur sanitaire dont son aire d’influence s’étend
sur neuf (09) communes : Jijel, Ziama Mansouriah, Erraguène, El
Aouana, Selma Benziada, Texenna, Kaous, Djimla et Beni Yadjis.
Relativeme
Santé Les indices de couverture sanitaire enregistrés en 2018, reflètent la
nt faible
situation satisfaisante du secteur sanitaire dans la ville, seul le ratio
de l’hôpital 1,62 lit pour 1000hab reste faible en comparaison avec
la norme nationale qui est de 2 lits pour 1000 hab.
Ces infrastructures sont localisées essentiellement au niveau du
Jeunesse et
Insuffisante chef-lieu de la commune, insuffisantes et ne répondent pas aux
sport
besoins des habitants.
Ces infrastructures culturelles existantes au niveau de la ville de
Culture Insuffisante Jijel sont insuffisantes devant une population jeune relativement
nombreuse aspirant à exercer des activités culturelles.
Source : établi par l’auteur sur la base des données fournies par la DPSB de Jijel (31.12.2018).

95
LEGENDE
Habitat individuel

Habitat collectif

Equipements publics

Administration et services
publics

Équipements éducatifs et
de formation

Équipements socio-
culturels

Équipements sanitaires

Équipements sportifs

Équipements touristiques
(hôtels)

Équipements commerciaux

Autres équipements

Jardins et parcs d’attraction

Rues commerçantes

Figure 3.46. Le cadre bâti de la ville de Jijel (habitat individuel, habitat collectif et équipements). Etabli par l’auteur sur fond de carte du PDAU de la commune de Jijel
(approuvé en 2019).

96
3.2.5.3 Les équipements et les services : Spatialité, dynamique et centralité.

Du fait de l’explosion démographique qu’a connu la ville de Jijel, et afin de valoriser


l’image de son entrée Est et de décongestionner son centre-ville colonial et puis le plateau
Ayouf, la ville a connu un transfert des lieux de décision et de pouvoir (délocalisation de la
majorité des sièges de directions) de l’ancien centre colonial à la haute ville (plateau
Ayouf) puis au 3ème Km (vers le nouveau pôle administratif), donnant lieu à de nouvelles
centralités et un nouveau dynamisme (Réf : Figure 3.47ci-dessous).

Les flux des déplacements et le volume des trafics sont étroitement liés à la répartition
spatiale des grandes infrastructures ainsi que les principaux équipements ayant un effet
local, voir même wilayal. En effet, les principales entités générant des flux très importants
et centralisés sont réparties spatialement comme le montre la figure suivante :

Légende
Hôpital
A Mutation
de la
B centralité

1
Déplacement
2 spatial de
l’activité
tertiaire
3

Figure 3.47.Répartition spatiale des principales entités attractives de la ville.


Source. Établie par l’auteur sur fond d’image Google Earth (2019).

Ces principales entités sont :

▪ L’ancien centre-ville colonial : de par sa vocation commerciale et la concentration


de plusieurs équipements d’une échelle qui dépassent le niveau local, dont la
mairie, la poste centrale, des banques, des hôtels, cinéma (en cours de
réhabilitation), la bibliothèque communale, le musée Kotama…
▪ Le plateau Ayouf : dans ce tissu, se trouve la cité administrative (DPSB, DUC).
Cette entité constituée initialement d’un tissu planifié, est devenue la nouvelle

97
centralité de Jijel, importante chez la population locale, considérée comme la
première destination privilégiée des habitants en raison de la propagation de tous les
types de commerce d’habillement (Bouchefra, 2018, p. 110). Aussi dans son
voisinage, l’hôpital et l’université de Jijel au Sud de la ville.
Les deux zones environnantes de Mezghitane et Harratène, destinées aux programmes de
logements collectifs et aux équipements d’accompagnement, sont clairement dépendantes
du centre-ville (en termes de services et de commerces). Cela justifie en partie les
problèmes de congestion, en particulier aux entrées de la ville et aux heures de pointe.

3.2.6 Le paysage de la ville entre spécificité et anarchie …

Ville côtière et portuaire, Jijel est une ville aux richesses naturelles diversifiées. Son
paysage est un mélange de deux facettes contradictoires. Étant donné que notre étude porte
sur l'ensemble de la ville, nous avons pris plusieurs photos des endroits différents, afin de
mettre en valeur au maximum ses caractéristiques à travers ses paysages.

▪ D’une part : des paysages naturels surprenants, uniques et agréables, résultant d'une
combinaison du bleu de la mer, de la couleur du sable et de la verdure de la forêt sur
une grande pente, formant ensemble la spécificité naturelle de cette ville touristique.

Figure 3.48 : Paysage naturel de la ville de Jijel. Photo prise par l’auteur (2021).

Figure 3.49 . Paysage naturel de la ville de Jijel. Photo prise par l’auteur (2021).

98
▪ D’autre part, un paysage urbain hétérogène, issu d’une production urbaine ratée, sans identité ni références, où le non achèvement des
constructions est la principale caractéristique, mettant en péril l’image de la ville.

Façade maritime Ecole de marine Mosquée Omar Université de


Mont de Mezghitane Beaumarchais militaire Iben Elkhettab Port Djen-Djen Tassoust

Figure 3.50. Vue panoramique de toute la ville de Jijel à partir de l’évitement Sud. Photo prise par l’auteur (2021).

99
Nouveau pôle RN 43 (entrée Est de la ville)
Centre-ville
Quartier El-Akabi administratif au
colonial Port militaire Zone militaire
3ème km

Figure 3.51. Vue panoramique de la ville de Jijel et son entrée Est à partir de Harratène. Photo prise par l’auteur (2021).

Mont de Caserne Centre-ville


Mezghitane Plateau Ayouf militaire colonial Port militaire

Coupe topographique

Figure 3.52. Vue panoramique de la ville de Jijel à partir de la plage Echelawla (située à l’entrée Est de la ville). Photo prise par l’auteur (2021).

D’une manière générale, le paysage urbain de cette ville est un mélange de formes et de styles différents, entre des bâtiments à usage d’habitation et des équipements, nous
constatons le manque d’un point de repère clair. En revanche, il est évident que la nature topographique du terrain a largement façonné le paysage de cette ville.

100
3.2.7 Les potentialités de la ville de Jijel, comme marque d’identité et atouts de
développement et de requalification

La ville de Jijel se présente comme un territoire dysfonctionné, souffrant de problèmes


multiples, bien qu’elle possède toutes les potentialités de développement et d’attractivité.
Elle constitue un territoire disposant d’une diversité de richesses.

3.2.7.1 Un potentiel humain important… une population jeune


La classe des habitants âgés de 0 à 19 ans devient en 2016 (Réf : Figure 3.53), la classe la
plus importante avec un pourcentage de 66%, suivie par la classe de 20 à 59 ans (54%) du
fait de l’attractivité de la commune en matière d’emploi.
Quant au nombre des personnes âgées
(plus de 60 ans), il est en augmentation. 66%
52,90%54,37%
En effet, cette population nécessite une 47,90%
45,40%
39,40% 1998
prise en charge par l’Etat en
2008
réfléchissant sur leurs besoins. Elles 7,70%
6,70% 7,97% 2016
représentent7, 97% de la population.

0-19 ans 20-59 ans 60 ans et +

Figure 3.53. Evolution de la structure de la population par âge.


Source : l’auteur sur la base des données fournies par le
PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 27).

3.2.7.2 Des richesses naturelles diversifiées et indéniables…


La répartition des terrains de la commune de Jijel
nous montre l’importance relative de l’espace
agricole qui représente 43% de la surface totale132. Surface
Urbanisatio
agricole
Malheureusement selon le PDAU, l’agriculture n et divers
totale
42%
43%
n’utilise que 35% de cet espace, dont la production
Forêt et
agricole est dominée par l’olivier (51,35% de la maquis
superficie arboricole). 15%

Figure 3.54. Répartition générale des terres de la


commune de Jijel (année 2015).
Source : Traitement de l’auteur sur la base des données
fournies par la DPSB de Jijel.

132
L’espace agricole de la commune de Jijel est dominé par les parcours et pacages avec 61% de la la surface
agricole totale (SAT). Quant à la surface agricole utile (SAU) avec 1026 ha, elle représentait 35% de la SAT
en 2006. Cependant, en 2015, elle ne représentait que 28% de la SAT du fait de l’urbanisation (voir Annexe
P, p. 315).

101
Ces caractéristiques reflètent le rôle marginal de l’agriculture dans l’économie de la
commune de Jijel.

• Les forêts représentent une superficie de 956hectares133, soit 15% de la superficie


totale de la commune et 1% de la superficie forestière totale de la wilaya. Les
essences dominantes sont le pin d’Alep et le chêne vert qui forment ensemble 90%
du couvert végétal.
• Le littoral : (Corniche Jijélienne), de l’Est en Ouest, la ville contient 7 plages
d’une largeur moyenne de 700 à 800 m donnant lieux à des espaces de détente et à
des paysages exceptionnels formant avec la montagne une identité naturelle forte
de la ville, ainsi qu’à une faune et une flore aussi riches que variées. Parmi les sites
touristiques les plus célèbres celui du grand phare.

3.2.7.3 Le patrimoine culturel legs du passé, richesse pour l’avenir…

A. Patrimoine matériel

Outre son identité naturelle, la ville de Jijel comprend aussi des sites archéologiques et des
monuments historiques formant son identité patrimoniale et culturelle à savoir :
❖ Le site archéologique de Rabta, anciennement appelé « Pointe noire », il renferme 42
tombes puniques à ciel ouvert.
❖ Les belles mosaïques de Toualbia datant de la période romaine.
❖ Les restes d’outils de pierres à Mezghitane datant de la préhistoire.
❖ Une partie du mur de Bordj Echetti qui remonte à la période ottomane.
❖ Le fort Duquesne et une partie de l’entrée maritime de Jijel, situés dans la zone
militaire.
❖ Une muraille composait les anciens remparts de la cité, située sur le front de mer
‘Est’(Beaumarchais).

Malheureusement, ces potentialités sont très peu connues, totalement délaissées et dans un état
de dégradation avancé. A ces richesses s’ajoute le musée de Kotama au centre-ville134qui
offre la possibilité de découvrir la richesse patrimoniale matérielle et immatérielle de cette
ville.

133
Selon le PDAU de Jijel (approuvé en 2019, p. 30).
134
Ex ancienne Medersa -1940-de l’association des anciens oulémas algériens.

102
B. Patrimoine immatériel (culture)

Le patrimoine culturel de Jijel est riche et varié, alliant les arts traditionnels et les arts
modernes.

• Manifestations culturelles et artistiques : chaque année, la ville organise plusieurs


manifestations culturelles, notamment durant la saison estivale, parmi lesquelles
nous citons : les journées de monologue et de rire, le salon national des arts
plastiques, la fête de la fraise… etc.
• L’artisanat : constitue une richesse variée tels que : le bois, la souche de bruyère,
l’osier, la poterie, le liège, la maroquinerie, la broderie traditionnelle et la
confection vestimentaire.
• L’art culinaire :il est très riche dont les plus célèbres spécialités traditionnelles
sont : le couscous noir au poisson, Douida Bedjej et Kadid, Tadjine El Hout,
Bouicha, Harbit …
• Tenues traditionnelles : comme El Hayek, El Djalaba et El Kachabia.

3.2.7.4 Les ressources économiques plurielles, moteur de développement


économique

A. Jijel, une ville touristique sans infrastructures conséquentes …

La commune de Jijel compte cinq des dix-neuf zones d’expansion touristique identifiées au
niveau de la wilaya135 ; Adouane, kotama, Béni Caid, Ouled Bounar et celle de Ras El Afia
classée comme ZET prioritaire136.Selon les résultats du sondage effectué par le Ministère
de l’Intérieur et des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire 137,Jijel détient
la première place comme destination touristique privilégiée des vacanciers durant la saison
estivale 2018 à l’échelle nationale avec 21,34% suivi par Alger avec 9,63% (voir Annexe
Q, p. 316). En effet, cette ville riche par sa situation stratégique, l’unicité de ses
caractéristiques naturelles, physiques et paysagères, souffre de l’absence des
infrastructures touristiques conséquentes.

135
Selon le PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p.34).
136
Quatre zones d’expansion touristique (ZET) balnéaires (Adouane Ali, Casino, Béni Caïd, Ouled Bounar
dans la commune de Jijel sont en voie de déclassement pour cause de l’urbanisation anarchique et ses effets
induits (Safri and Labii, 2017, p. 143).
137
Ce dernier a lancé un questionnaire « de satisfaction » électronique pour but d’associer le citoyen à travers
tout le territoire national à l’évaluation de la saison estivale 2018.

103
L’offre touristique à Jijel est très limitée, ce déficit est aussi bien d’ordre quantitatif que
qualitatif. En effet, la ville de Jijel ne dispose actuellement que d’un seul hôtel classé (4
étoiles) celui de Dar Eliz et de 15 hôtels non classés (voir Annexe R, p. 317). En effet, le
manque des équipements touristiques, et plus particulièrement hôtelières, oblige les
touristes de se diriger vers la location chez les habitants.

B. Industrie

L’activité industrielle est très limitée au niveau de la commune de Jijel. Elle se résume à
quelques établissements implantés dans son tissu urbain, donnant lieu à des unités
polluantes et non polluantes, à savoir : Tannerie (T.A.J) (cuir), Jijel liège étanchéité, Jijel
liège et Chemiserie Djen-Djen.

Poisson
C. Pêche Poisson bleu Requin
blanc 1970 et autres
Crustacé Mollusques
La pêche constitue une activité
très importante dans la ville de
239 52 27 2
Jijel et une source de revenus non
négligeable.
Figure 3.55. Production halieutique -mesure : Tonne- (Fin 2018).
Source. Traitement de ’auteur sur la base des données fournies
par la DPSB de Jijel.

Elle est pratiquée par la population locale depuis très longtemps. A travers son port de
Bouddis, sa production halieutique est très variée (Réf : Figure 3.55 ci-dessus). La ville
recèle aussi 04 sites de gisements de corail rouge, qui sont menacés par les rejets des eaux
usées de la ville vers la mer.

CONCLUSION DU 3ème CHAPITRE

Du « rôle de premier plan dans l’Algérie du Nord » (Abdelaziz, 2015)138, suite à la


conquête française, Jijel se retrouvait comme une zone marginale, isolée et en déclin par
rapport à son environnement139. Depuis son indépendance, la wilaya de Jijel a connu un
phénomène d’exode rural massif donnant lieu à une forte pression démographique sur les
agglomérations urbaines déjà existantes et l’apparition de nouvelles agglomérations
renforçant son cachet rural jusqu’à l’année 2008.Trois étapes structurent la ville de Jijel :

138
Numéro de page non défini car l’article est publié sur le site Web de la revue (voir le lien dans la
bibliographie).
139
Qui était relativement dynamique.

104
Avant la période Durant la période coloniale : Après l’indépendance :
coloniale :
La notion de ville s’est limitée au La ville se présente comme
La notion de ville s’est triangle et à quelques extensions un grand territoire éclaté,
limitée à la citadelle : en dehors avec un style désordonné, formé de
européen. plusieurs tissus hétérogènes.
Un petit espace fortifié
contenant tous les Dominance du tissu planifié par Dominance du tissu non
équipements nécessaires. rapport au tissu non planifié planifié par rapport au tissu
occupé par les arabes planifié

Jijel est devenu un territoire dysfonctionné, pourquoi ?

La ville de Jijel a connu de multiples formes d’extension, de la croissance continue autour


du centre colonial, à la périurbanisation au niveau de ses franges urbaines, jusqu’à la
conurbation et la formation du groupement urbain Jijel, entrainant des effets multiples sur
la ville et ses spécificités. Plusieurs éléments et évènements ont conduit à la
disqualification de cette ville. En effet, la marginalisation de la ville par l’Etat pendant
12 ans (1962 -1974), conjuguée parle mouvement d’exode rural massif et les problèmes
de mauvaise gouvernance de la part des élus locaux, ont favorisé la prolifération de
l’habitat spontané donnant lieu à un territoire désordonné, hétérogène où les constructions
souvent non achevées nuisent à la beauté naturelle des paysages de cette ville.
En revanche, ce processus d’urbanisation qu’a connu Jijel a également conduit à :

• La perte de la relation ville-port et la dégradation du centre ancien.


• Des problèmes d’accessibilité et de congestion, en particulier aux heures de pointe
et pendant la saison estivale.
• La rareté des réserves foncières.
• Le manque de plusieurs équipements notamment hôteliers, culturels, touristiques,
de jeunesses et de sport.
• Un taux de chômage élevé.
L’attractivité de cette ville, en particulier ses centres (ancien -colonial- et nouveau -plateau
Ayouf-), de par leur dotation en équipements multiples et en commerce diversifié, est un
facteur supplémentaire pour justifier l’engorgement dans ces espaces, et par conséquent la
détérioration du cadre de vie des habitants.
Les causes sont multiples et les conséquences sont visibles sur le terrain. Comment
pourrait-on y remédier ? Les chapitres suivants vont proposer des explications et des
stratégies prospectives.

105
4 CHAPITRE IV
JIJEL, UN ESPACE EN MUTATION … NOUVELLE IMAGE ? POUR
QUELLES FORMES D’INTERVENTION URBAINE ?

INTRODUCTION

À l’instar des autres villes du tiers monde, les villes algériennes ne sont pas en marge du
processus de dysfonctionnent urbain attirant l’attention des chercheurs entre autres
(Saidouni, 1999 ; Bendjelid, 2010 ; Belguidoum, 2008 ; Belguidoum and Mouaziz, 2010 ;
Belguidoum, Cattedra and Iraki, 2015 ; Bachar, 2015). L’objectif est de comprendre les
causes et les conséquences des évolutions et des transformations et décrypter les facettes
cachées de cet urbanisme. L’État a déployé des efforts pour remédier à cette situation
évolutive via de nombreuses stratégies.

Dans ce chapitre, nous passons en revue les stratégies adoptées pour développer la ville de
Jijel apportant des éléments de réponses aux questions suivantes :

• Quelles sont les stratégies adoptées par l’Etat et ses collectivités locales pour
faire face au dysfonctionnent qu’a connu la ville du Jijel ? Quels sont les
impacts attendus ?

Répondre à ces questions revient à passer par une lecture approfondie de la problématique
urbaine de la ville algérienne et les processus/formes de sa requalification urbaine dans le
contexte national, puis décortiquer à une échelle plus réduite la ville de Jijel. L’approche
historique avec sa technique analyse de contenu (Angers, 1997) s’avère être une clé de
lecture du cadre juridique, des différents outils, instruments d’urbanisme et des différentes
stratégies adoptées.

4.1 La ville algérienne entre dysfonctionnements et stratégies de développement…

Partant du constat d’un espace déjà affecté par un phénomène de déracinement suite à la
conquête coloniale (Côte, 1988), et, chronologiquement depuis son indépendance, la ville
algérienne est passée par 4 grandes phases ayant marqué son processus d’urbanisation :

106
4.1.1 L’ère de « stabilité spatiale » de 1962 à 1973

Marquée par une croissance spatiale faible et ce, malgré la forte croissance démographique
due en particulier à un exode rural massif. En effet, la population a occupé le parc
immobilier laissé vacant par le départ précipité des colons. L’Etat s’est tourné vers le
secteur industriel et la recherche d’un maillage urbain régional et national (disparité
régionale et équilibre). La fin de cette période a vu le déclenchement de la crise de
logement, traduit par des taux d’occupation par logement (TOL) élevé ainsi que la
propagation de l’habitat illicite comme le confirment (Bendjelid et J.C. Brulé, 2004 cité par
Bachar, 2015, p. 26).

4.1.2 L’ère du « monopole » de 1974 au 1985

Caractérisée par des extensions urbaines périphériques très importantes, suivies par
plusieurs évènements à savoir :

➢ La réalisation de nombreux programmes publics industriels et résidentiels avec les


différents plans triennaux, quadriennaux et quinquennaux.
➢ L’apparition des instruments d’urbanisme (PUD -Plans d’Urbanisme Directeurs- et
PUP -Plans d’Urbanisme Provisoires- hérités de la législation française).
➢ La constitution des réserves foncières communales et l’apparition des ZHUN-
Zones d’Habitat Urbaine Nouvelles-.
La crise économique naissante en cette période a empêché la viabilisation et l’équipement
de plusieurs zones d’habitat donnant lieu à plusieurs problèmes sociaux (ibid., p. 27).

4.1.3 L’ère « début de crise » de 1985 – 1990

Suite à la chute du prix du baril de pétrole (6 dollars le baril), conjuguée par l’incapacité
des autorités à répondre aux besoins en logements d’une population en nette augmentation,
la prolifération de constructions illicites et des bidonvilles a conduit à la propagation de la
pollution visuelle et spatiale des espaces urbains algériens (conception architecturale
hétérogène, déficit en équipements d’accompagnement et en VRD140, etc.), et à la
dégradation du cadre de vie.

➢ Aussi l’introduction des paraboles via les satellites de transmission a complètement


défiguré les toitures et balcons des grands ensembles.

140
Voiries et réseaux divers

107
4.1.4 L’ère de « la législation effective » 1990 à nos jours
marquée par une prise de conscience dans le domaine de la planification, dénonçant les
limites du « tout planifié » (Hecham- Zehioua, 2010, p. 84) et « l’adoption de nouveaux
instruments d’urbanisme sur fond de crise multidimensionnelle » .

➢ L’apparition de plusieurs lois telles que : la loi n°90-25 (du 18/11/1990, portant
orientation foncière).
➢ La loi n°90-29 (du 01/12/1990, relative à l’aménagement et à l’urbanisme, modifiée
et complétée par la loi du 14/08/2004 et les décrets exécutifs du 11/09/2005 et
7/01/2006).
➢ La loi n°90-30 (du 01/12/1990 portant loi domaniale).
➢ L’apparition de nouveaux instruments (les PDAU –Plan directeur d’aménagement
et d’urbanisme et les POS –Plan d’occupation du sol-).
➢ Les différents permis de lotir, de construire et de démolir.
Grâce à l’embellie financière (augmentation des prix des hydrocarbures, amélioration de la
situation sécuritaire), l’action publique sur la ville a été reprise à travers
l’institutionnalisation de loi 06-06 (du 20 février 2006, portant loi d’orientation de la ville)
qui a été abandonnée par la suite.
➢ La création du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, par
décret n°2000/257 du 26 août 2000, dans le but de « mener une nouvelle politique
de préservation de l'environnement dans toutes ses composantes » (Bachar, 2015,
p. 32).
➢ Le lancement d’une série de projets de logements (1 million disait la publicité),
d’équipements et de grandes infrastructures141ainsi que des opérations
d’amélioration urbaine des conditions de vie des habitants (Hafiane, 2007, p. 6).

4.2 Lecture critique des chercheurs de la situation actuelle des villes algériennes

Avant d’entamer la situation actuelle dans laquelle se trouve la ville algérienne et connaître
ses causes et ses conséquences, la lecture de la perception de la ville elle-même par les
chercheurs est intéressante à présenter. En effet, deux visions se croisent :

• Kheira Bachar (2015, p. 25) stipule que tous les travaux ayant étudié la ville
algérienne se sent entendus pour affirmer « une concentration humaine » due aux
extensions spatiales qui se font essentiellement par le logement et les activités,

141
Tels que l’autoroute Est-Ouest, le métro d’Alger, les tramways (à Alger, Constantine et Oran), etc.

108
plutôt qu’un système urbain organisé, créé selon une stratégie de développement
cohérente. Baptisée « la ville éclatée » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 105),
« la ville en fragments » (Safar-Zitoun, 2001, p. 34) et « une mosaïque de morceaux
urbains hétéroclites » (Chouadra, 2008, p. 2).
• Benssenouci142 dans un article de presse « La gouvernance urbaine, le défi des
villes algériennes » affirme que « la ville algérienne est un assortiment de lieux
dotés de sens, d’objets architecturaux inscrits dans leur environnement,
d’aménagements, de sites…, bref de « paysages » faits de mains d’hommes,
auxquels une collectivité peut attribuer une « valeur mémorielle ». Ces paysages
construits sont patrimoines en ce qu’ils fédèrent probablement les ingrédients
d’une identité ».

Ces deux visions se croisent en affirmant que la ville algérienne se bat entre deux facettes,
l’une identitaire dotée de sens, de sentiments de vitalité… et l’autre morte sans âme ni
identité.

D’un « Pays essentiellement rural jusqu’à la fin des années 1960 » (Belguidoum and
Mouaziz, 2010, p. 101) , le territoire national passe à une urbanisation excessive, où la
majorité de la population à hauteur de plus de 60% vit dans les villes, alors que le nombre
d’agglomérations urbaines dépassant 100 000 habitants n’était que de 3 en 1962 (ibid.).
D’ici 2033 et selon les prévisions, cette population urbaine augmentera de 10 millions
d’habitants, soit 80% de la population.

Cet espace urbain met en péril les conditions de vie des habitants. En effet, les problèmes
de la ville algérienne sont devenus lisibles aussi bien par les chercheurs avertis que par ses
habitants, ses visiteurs et mêmes ses journalistes ; Meziane (2009) en écrivant « Cinquante
ans après l'indépendance, la ville algérienne continue toujours à régresser ». Plutôt qu’un
milieu urbain moderne, elle est devenue une simple agglomération urbaine affectant la vie
quotidienne de ses habitants. Appelée également « des lieux de paradoxe » (Bendjelid,
2010), elle se caractérise par une urbanisation non réfléchie, traduite souvent sur le plan
spatial par de grandes lacunes.

- D’une part, des centres villes anciens en état dégradés à caractère répulsif et des
périphéries plus dynamiques et plus attractives, le plus souvent en termes de
commerces, de circulation et accessibilité.

142
Archéologie et chercheur, article de presse publié par Nawel. D dans le site Web « Algérie 360° », le 20
novembre 2010.

109
- Des ruptures et des fragmentations typo morphologiques sont constatées entre les
centres villes et leurs périphéries, entre tissus précoloniaux, coloniaux, post
indépendance143, habitat illicite et bidonvilles, donnant lieu à des paysages urbains
et architecturaux anarchiques nuisant à l’image des villes. Ailleurs et au moment où
la diversité architecturale constitue un enjeu et une richesse paysagère d’un espace,
en Algérie, le constat est amer : une tare urbaine.

4.3 La problématique de l’urbain en Algérie, causes et conséquences…

La disqualification de la ville algérienne est le fait conjugué de plusieurs facteurs et


évènements : L’exode rural, révélé par de fortes pressions démographiques, constitue un
de ces éléments. Il a donné lieu à la construction à la hâte de millions de logements, sans
soucier à leur aspect architectural ni esthétique tout en favorisant l’aspect quantitatif au
détriment du qualitatif afin de répondre à la forte demande en logement en l’absence d’une
stratégie et d’une réflexion globale sur la ville (Cattedra, 2010), conduisant à l’anarchie
urbaine .
➢ Les « réponses rapides, partielles et ponctuelles » des acteurs décideurs à la
« forte demande sociale » (Belguidoum, 2008, p. 1) n’apportent pas de solutions
réelles aux problèmes posés mais donnent lieu à d’autres conflits et contradictions.
En effet, la qualité urbaine de ville algérienne ne cesse de se dégrader (Sidi
Boumedienne and Guerroudj, 2013).
➢ La politique urbaine 144s’impose, qui n’a pas été changée depuis
l’indépendance, se basant sur le principe d’ « homogénéité factice » de l’espace et
de la culture algériens (Bendjelid, 2010), a conduit à une « morphologie
standardisée », une « image monotone » de nos villes, et par conséquent à
« dématérialiser les lieux, les rendant insignifiants et non attractifs » (Chouadra,
2008, p. 2), en mettant à la marge toute culture et toute architecture patrimoniale et
spécifique de chaque région (ville). Les espaces nouveaux caractérisés souvent par
une architecture pauvre, se retrouvent mal équipés et mal intégrés aux tissus
existants qui se ressemblent à l’échelle nationale (à l’image des Z.H.U.N145). En
d’autres termes, il s’agit de la disparition persistante de l’identité architecturale et

143
Souvent inachevés, d’une architecture monotone.
144
Voir le chapitre n°8 de l’ouvrage « Eléments d’introduction à l’urbanisme » de (Saidouni, 1999) qui traite
l’évolution des politiques urbaines et des instruments d’urbanisme en Algérie.
145
Faites par l’urgence, elles sont représentatives d’un urbanisme fonctionnaliste de masse, où la production
massive de logements prime sur les équipements d’accompagnement.

110
l’urbanisme adapté à chaque territoire selon son microclimat et sa culture locale
affectant la mémoire collective des citoyens. Cependant, l’absence de politique
urbaine conséquente, n’est pas toujours la cause des dégâts mais plutôt le non-
respect voire l’inapplication des plans d’urbanisme, des lois et des instruments
d’urbanisme existants, conjugué par la procédure lente de leur approbation
ainsi que le déphasage entre les études et leur mise en œuvre (Lakhdar Hamina
and Abbas, 2015, p. 128). C’est la raison principale du décalage entre la réalité et
ce qui est programmé (Bachar, 2015, p. 29).
➢ La primauté de la dimension matérielle dans la production de l’espace urbain
algérien depuis plus de trente ans, mettent à l’écart toute autre dimension, et
donnant lieu à « des espaces anonymes, détachés de leur contexte identitaire
(social, géographique, etc.) » (Chouadra, 2008, p. 2) .
➢ L’absence du contrôle et de suivi de la part des techniciens de la maîtrise
d'ouvrage, lors de la réalisation des projets, n’intervenant que lors des catastrophes,
conjugué par l’incompétence des responsables à gérer la question urbaine et la
non intégration des spécialistes du domaine de l’urbain ; tels que les architectes
paysagistes et les urbanistes, ainsi que le recours à des instruments dépassés tels
que les grilles d’équipements, sans assouvir ni les besoins d’intégration et de
modernité, ni les aspirations de la population à un cadre de vie de qualité (Hecham-
Zehioua, 2010, p. 84), aggravant la situation.

Les éléments précités ne sont pas toutes les causes de disqualification des espaces urbains
algériens, mais les plus importants. Au fait, c’est le résultat « des pratiques volontaristes
comme des pratiques habitantes » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 105). Ces éléments
ont conduit à la dégradation générale du cadre de vie, la destruction des paysages de nos
villes, mettant en péril leurs identités. À tous ces problèmes s’ajoutent d’autres d’ordre
social, tels que la ségrégation sociale, la violence urbaine, difficultés du quotidien liées aux
problèmes de mobilité et les effets de stress qu’il génère, le manque d’hygiène, la
propagation des problèmes de pollution et de gestion des déchets (décharges sauvages,
etc.), le manque flagrant des espaces publics et des espaces de loisirs donnant lieu à un
aspect plus minéral à nos villes dominé par le béton et le goudron.

Bien que le rythme d’évolution de la population des villes algériennes soit devenu
faible par rapport aux années 1970 -1990, la ville ne cesse de se détériorer, de se
disqualifier et de régresser, avec ses gestionnaires locaux qui n’arrivent plus à

111
maitriser la question urbaine. Alors, les politiques urbaines suivies depuis
l’indépendance demeurent-elles réellement dépassées et non efficaces ?

4.4 Le retour à la ville pour la requalifier, constitue-t-il une prise de conscience d’un
nouveau phénomène en Algérie ?

Face à la situation critique dans laquelle se trouve la ville algérienne, et « sortir d’une
décennie de convulsions politiques et d’insécurité » (Bendjelid, 2010),au début de ce
centenaire, l’Algérie a été témoin de la tenue de nombreuses conférences et de séminaires
internationaux qui traitent la question urbaine, tels que : « Alger, Lumières sur la ville »
(Alger, 2001), « Réhabilitation et requalification du patrimoine bâti » (Constantine, 2008),
« Réhabilitation et revitalisation urbaine » (Oran,2008), « Réhabilitation et valorisation du
patrimoine bâti » (Skikda, 2011), « les dynamiques des recompositions des espaces et de la
vie quotidienne dans le processus des urbanisations récentes » (Oum El Bouaghi, 2019),
etc.».

L’évolution des politiques d’aménagement et de gestion urbaine en Algérie sont abordées


par plusieurs chercheurs, dont (Saidouni, 1999 ; Belguidoum and Mouaziz, 2010 ;
Hecham- Zehioua, 2010 ; Safar Zitoun, 2011 ; Sidi Boumedienne and Guerroudj, 2013),
etc.

4.4.1 Le cadre législatif d’intervention sur les tissus existants

Toue intervention sur un tissu urbain existant est soumise à un cadre juridique bien précis.
Dans le but de savoir comment la question de la requalification urbaine est définie et
abordée selon la législation algérienne, nous procédons à une lecture synthétique des textes
législatifs tout en focalisant sur les aspects en rapport avec notre objet de recherche, tels
que présentés dans le tableau ci-après :

Tableau 4.1. Le cadre législatif d’intervention sur les tissus existants en Algérie

Nature du texte Article Objet


Décret exécutif Citation des 4 opérations d'intervention sur un tissu urbain existant :
n° 83-684 : du 1
rénovation, réhabilitation, restructuration et restauration
26 novembre
1983 fixant les 2 Définition des 4 opérations d'intervention
conditions Caractéristiques des espaces concernés par les quatre opérations :
d’intervention 5 Non adaptation aux fonctions urbaines, problèmes d'hygiène, de
sur le tissu salubrité et de la vétusté des constructions.
urbain existant

112
Obligation du respect de la hauteur moyenne des constructions
6
avoisinantes dans les tissus existants
Obligation de la consultation des acteurs concernés lors de
15 l'élaboration du PDAU et du POS : tels que les associations locales
d'usager
Loi 90-29 du Les opérations d'intervention sur les tissus existants sont : rénovation,
1er Décembre 20
restauration et protection
1990 relative à Soumission des projets de PDAU/POS adoptés à une enquête
l'aménagement 26/36 publique de 45/60 jours, afin de recueillir les observations des
et l'urbanisme citoyens (sur ces projets)
Dispositions particulières applicables à certaines parties du territoire ;
43 - 49
littoral, terres agricoles à potentialités élevées ou bonnes, etc.
Encouragement du type architectural qui prend en compte les
55
spécificités locales et civilisationnelles de la société concernée
Conception et élaboration de la politique de la ville selon un
1
processus de concertation et de coordination
Définition des principaux généraux de cette politique à savoir : la
concertation, la gestion de proximité, le développement humain, la
bonne gouvernance et l'information, etc.
2 Considérer la ville comme un espace de création et d'expression
culturelle
Obligation de sauvegarde, de préservation, de protection et de
valorisation du patrimoine matériel et immatériel de la ville
Clarification des différents volets de cette politique et leurs objectifs,
touchant de nombreux aspects de l’urbain à savoir : ressources
Loi 06-06 du 20 7 - 12 naturelles, économie urbaine, mobilité et moyen de transport, espaces
février 2006 publics et espaces verts, patrimoine, équipements urbains, foncier,
portant loi maux sociaux, hygiène, etc.
d'orientation de Réaffirmer la participation du mouvement associatif et du
la ville 11 citoyen dans la gestion de la ville afin d’assurer une bonne
gouvernance
Conception et mise en œuvre des politiques de sensibilisation et
d'information des citoyens
14
Trouver des solutions pour réhabiliter la ville, requalifier ses
ensembles immobiliers et restructurer ses zones urbaines sensibles
Association effective des citoyens aux programmes relatifs à la
17
gestion de leur cadre de vie.
Obligation d'identification et de mise en œuvre des instruments
23
d'évaluation et d'information socio-économique et géographique

26 Promouvoir la participation et la consultation des citoyens par un


observatoire national de la ville
D.E n° 16-55 du Caractéristiques d'un tissu urbain ancien et typologie des
1er février 2016 2 interventions urbaines qui le concernent : réhabilitation, rénovation
fixant les et/ou restructuration urbaine et rurale.
conditions et
modalités 3 Objectifs d’intervention sur ce type de tissu
d'intervention Cadre et périmètre d'application des opérations d’intervention sur ces
4
sur les tissus

113
tissus urbains Echéancier des interventions : court, moyen et long terme avec des
anciens. 5
évaluations continues.
Conditions d'intervention (réhabilitation) sur des immeubles ou
constructions non classés et non protégés en vertu de la loi n° 98-04
6
qui présentent un intérêt historique, culturel ou architectural
particulier.
Mesures et des actions complémentaires de ces opérations, tels que :
améliorer la qualité environnementale et le cadre de vie de la
8 population, promouvoir la culture d’entretien et de gestion de la
copropriété tout en sensibilisant les habitants à préserver le
patrimoine et la qualité de leur cadre de vie.
Recensement et classification des tissus urbains anciens selon leur
degré de dégradation et d’insalubrité, et la typologie d’'opérations
10 nécessaires à entreprendre ; De la réhabilitation lourde, la rénovation
et/ou la restructuration urbaine, la réhabilitation moyenne jusqu'à la
réhabilitation légère
La nécessité de prise en charge des spécificités locales du tissu urbain
19
ancien dans les études d'intervention
Soumission du projet de plan d’intervention à une enquête publique
25
(de 45 jours) après validation de l’étude exécutoire
26 L'information du public à propos du plan d'intervention
Démolition de tout aménagement illicite des parties communes des
37
immeubles situées à l'intérieur du périmètre d'intervention

Source : Etabli par l’auteur sur la base du fond de textes juridiques146 (2020).

A partir de cette lecture synthèse selon le tableau ci-joint, il ressort que notre sujet est bien
encadré par les lois et la participation citoyenne le fer de lance est au cœur du processus
des stratégies adoptées. Une première prise en charge de la question d’intervention sur les
tissus existants dans son cadre juridique a été consentie par le décret exécutif n°83-684
fixant les conditions d’intervention sur le tissu urbain existant.

La recherche de nouveaux procédés permet de penser la ville de manière globale, et de


moderniser ses tissus urbains pour les rendre plus fonctionnels. Ces dernières années,
certaines notions tels que la participation citoyenne, la gestion de proximité147, le
développement humain148, l’information149 et la bonne gouvernance150, sont devenues des

146
La loi 90-29 et les deux instruments PDAU et POS sont abordés en détails par Saidouni (1999) dans son
ouvrage « Eléments d’introduction à l’urbanisme » dans le chapitre n°6 « Les internements d’urbanisme en
Algérie ».
147
Mettre en place des procédures et moyens permettant au citoyen de participer directement ou par le biais
d’associations à la gestion des programme/actions liés à son cadre de vie, et d’évaluer les effets induits (selon
la loi 06-06).
148
Considérer l'homme « comme la principale richesse et la finalité de tout développement » (selon la loi 06-
06).
149
Information permanente du citoyen sur la situation, l’évolution et les perspectives de sa ville (selon la loi
06-06).
150
Ecouter le citoyen et agir dans l'intérêt général (selon la loi 06-06).

114
questions et enjeux, pivots de la pratique publique urbaine et de son cadre institutionnel,
contrairement à l’ancienne politique des décideurs où « les logiques de constructions » ont
primé sur les enjeux liés à la gestion de la vie quotidienne (Belguidoum, 2008).

Selon l’article 03 du Décret exécutif n° 16-55, les objectifs d’intervention sur les tissus
urbains existants sont d’une part, l’amélioration de« leur résistance, leur pérennité, leur
esthétique et leurs conditions d’habitabilité » par des opérations de réhabilitation et d’autre
part, l’amélioration de « l’état des réseaux, des immeubles et constructions, des
infrastructures, des équipements et des espaces publics » par des opérations de rénovation,
de restructuration, de réhabilitation ou de renouvellement.

Ces objectifs mettent en évidence les limites des politiques publics d’intervention aux
objectifs et ambitions purement techniques, mettant de côté toute condition de création
convivialité, de satisfaction des aspirations des habitants.

4.4.2 L’apport des différents acteurs dans les opérations de requalification


urbaine en Algérie

Après une longue période de « tout planifié » de l’Etat, contrôleur, programmeur, financier
et réalisateur qui a montré ses limites, une nouvelle tendance a eu lieu celle de « la
décentralisation et l’approche démocratique de l’aménagement », impliquant la
participation des habitants dans le processus de décision. En effet, les principaux acteurs de
l’urbain sont de trois sortes :

▪ Les acteurs décideurs : l’Etat et ses services déconcentrés ; wilaya et commune,


chargés de la mise en place et la veille sur le respect des instruments et outils
d’urbanisme ainsi que toute politique de la ville.
▪ Les bureaux d'études : font la conception du projet, en suivant les orientations et
les exigences des acteurs décideurs.
▪ Le citoyen : à qui s’adresse ce projet.

La politique de la ville conformément à la loi (06-06) repose sur deux principes


complémentaires et fondamentaux, d’une part, la concertation et le débat entre les
différents intervenants, et d’autre part, la participation citoyenne (association à la gestion
des programmes, consultation et information).

Considérée comme « l’assise territoriale de la décentralisation » (article 02 de la loi 11-


10), la commune est le lieu d’exercice de la démocratie locale et de gestion de proximité.

115
En revanche, elle fournit des services publics communaux visant à répondre aux besoins de
ses citoyens (article 149 de la loi 11-10). Elle joue un rôle majeur en matière
d’aménagement et de développement.

Afin d’atteindre les objectifs de la « démocratie locale », l’assemblée populaire


communale prend toutes les mesures nécessaires afin d’accomplir les tâches suivantes :

Tableau 4.2. La démocratie locale selon la loi 11-10.

Nature
Article Objet
du textée
Information des citoyens des affaires les concernant
Consultation des citoyens sur les choix des priorités d'aménagement et
développement de leur commune
Loi 11- 11
Mobilisation des supports et les médias disponibles pour l'information et la
10 du 22 consultation des citoyens
juin 2011
Présentation d'un exposé sur les activités annuelles devant les citoyens
relative à
la Encadrement adéquat des initiatives locales, visant à intéresser et à inciter
commune 12 les citoyens à participer au règlement de leurs problèmes et à l’amélioration
de leurs conditions de vie.
Possibilité de consultation de certaines personnalités locales pourront
13 contribuer de façon utile aux travaux de l’assemblée ou de ses commissions

Source : Etabli par l’auteur à partir de la lecture de la loi 11-10 (2020).

Les différentes formes de la participation citoyenne selon la législation algérienne, comme


nous l’avons vu ci-dessus, se limite souvent à des processus de consultation, d’information
et d’implication dans la gestion.

Cependant, à l’exception du seul projet de requalification urbaine participative de «la cité


Soummam » à Alger qui n’a pas dépassé sa phase d’expérimentation pour des causes
financières, le manque de collaboration ainsi que le vide juridique concernant la gestion et
l’occupation des espaces (Abbadie, 2001, p. 142), la participation citoyenne, dont l’usager
peut remédier à la situation difficile dans laquelle se trouve la ville algérienne, et malgré
son institutionnalisation dans la loi d’urbanisme 90-29, la loi 06-06 et la loi 11-10, il reste
en réalité toujours en marge des décisions qui concernent sa ville (son espace) (Bachar,
2015, p. 46), en raison de « la remontée à la surface de l’idée factice de l’Etat responsable
de tout » d’une part, et du manque de communication entre décideurs et habitants
(mouvement associatif) d’autre part (Bendjelid, 2010).

116
4.4.3 La requalification par les grands projets urbains … une nouvelle forme
d’intervention

Considérée comme une nouvelle approche d’intervention urbaine, la requalification par


les grands projets urbains est une « une nouveauté dans les métropoles du Maghreb »
(Cattedra, 2010)151. Selon cet auteur, ce nouveau phénomène d’urbanisme dit « de projet »
ou « les grands projets urbains » qui est apparu ces dernières années, est devenu par la suite
une question principale dans les villes maghrébines. Malheureusement, il est confronté à de
multiples problèmes à savoir : la marginalisation de la population (absence de sa
consultation), des collectivités locales et des professionnels locaux.

En Algérie, ce phénomène a eu lieu pour la première fois dans la capitale dans les années
1980 sous forme de deux projets considérés comme les plus emblématiques (Zitoun, 2011,
p. 111), à savoir le grand complexe culturel de Raidh El Feth et celui de la rénovation du
quartier d’El Hamma Annasser. Suite à l’embellie financière dans les années 2000, en
particulier depuis 2005, plusieurs projets structurants d’envergure ont été lancés, touchant
initialement les grandes villes, tels que : le métro d’Alger, des tramways à Alger, à
Constantine, à Annaba ainsi que 18 autres villes, l’aménagement de la baie d’Alger, la
grande mosquée, etc. L’objectif est d’insérer la ville algérienne dans une nouvelle
perspective de modernisation et d’éliminer les déséquilibres spatiaux (Hafiane, 2007, p. 6).

Cette nouvelle démarche de l’urbanisme où le projet urbain est considérée comme


« élément de recomposition du paysage urbain » (ibid., p. 1), est jugée comme une
question en phase d’expérimentation « les planificateurs sont actuellement en stade
d’expérimentation. Les exemples d’Alger et de Constantine le prouvent » (Hecham-
Zehioua, 2010, p. 89).

➢ Synthèse de lecture

D’après notre lecture de la situation de l’urbain et des modes d’intervention sur la ville
algérienne, nous concluons par les éléments suivants :

• la ville algérienne se présente comme un territoire désordonné, dysfonctionné et


non adapté aux besoins et aspirations de sa population mettant en péril son identité,
dont les nouveaux tissus urbains sont « en quête d’une identité à construire »
(Chouadra, 2008, p. 6).

151
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

117
• Elle est devenue la scène de multiples expérimentations urbaines, politiques et
pratiques qui ont souvent échouées.
• Une opération globale d’intervention sur les tissus existants visant réellement à
valoriser l’image du territoire concerné, améliorant les conditions de vie de ses
habitants et répondant à leurs besoins est inexistante.
• Les opérations de requalification urbaine menées jusqu’à aujourd’hui n’ont pas pu
atteindre leurs objectifs prédéfinis, du fait de l’absence de volonté de la part de
l’Etat et de l’absence de participation des acteurs citoyens.
• Le rôle de l’habitant, malgré la prise de conscience de son rôle indispensable, n’est
pas intégré dans la pratique urbaine.

Chouadra (2008) note que « la recomposition de la ville fragmentée reste un défi pour les
décennies à venir » (p. 13). Cette recomposition doit, selon lui, s’imposer comme priorité
dans la politique de la ville, se basant sur les spécificités identitaires géographiques et
historiques de cette dernière, nécessite des lectures multiples et transversales. En revanche,
Belguidoum (2008) met l'accent sur le manque de production de connaissances et d'études
urbaines liées à la ville algérienne, qui traitent le phénomène urbain comme « un véritable
objet d’étude transversal » et non comme effet inévitable du boom démographique et du
développement économique (ibid., p. 2) ou souvent comme une constatation des
déséquilibres qui existent « entre les règles et les pratiques et entre les programmes et leur
réalité » (Belguidoum and Mouaziz, 2010, p. 102). En effet, le processus de fabrication des
villes a longtemps été central (Belguidoum, Cattedra and Iraki, 2015, p. 12).

Dans cette perspective et afin d’étudier le rapport intervention- identité du territoire dans le
cas de la ville algérienne en essayant d’apporter de nouvelles lectures et des avancées dans
l’appréhension du phénomène urbain- s’inscrit la présente recherche.

4.5 Le devenir de la ville de Jijel tel qu’il est dessiné par ses acteurs décideurs

La requalification de la ville s’inscrit dans un cadre législatif bien défini qui se diffère d’un
pays à l’autre. De ce fait, étudier la question de la requalification de la ville de Jijel dans le
moyen et le long terme, telle qu’elle est présentée dans les instruments d’aménagement et
d’urbanisme et les stratégies et les propositions de ses acteurs décideurs, nous a semblé
nécessaire, dans le but de comprendre leurs visions et comment est-ce que le futur de cette
ville est conçu et dessiné par ses acteurs.

A travers cette étude, nous allons essayer de :

118
• Savoir quelles sont les formes de requalification urbaine existantes à Jijel.
• Faire une lecture critique des opérations/stratégies de requalification de la ville de
Jijel proposées dans le cadre de son plan d’aménagement de la wilaya (PAW) et de
son plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU).
• Faire une présentation prospective des grands projets que connaitra Jijel à moyen et
à long terme.

Nous questionnons les outils, les moyens et la démarche adoptée pour la requalification de
cette ville. Pour atteindre ces objectifs, nous avons eu recours à la méthode historique et sa
technique l’analyse du contenu. La critique externe et interne nous permet de mettre en
exergue ces opérations sous la casquette législative.

4.5.1 Les actions prévues par les acteurs publics : requalification de la ville de Jijel,
outils d’aménagement et d’urbanisme

4.5.1.1 Orientations du schéma national d’aménagement de territoire (SNAT)


En Algérie, toute politique d’aménagement du territoire ou orientation d’aménagement
s’inscrivant dans le cadre d’un plan d’aménagement de la wilaya ou d’un plan directeur
d’aménagement et d’urbanisme, se base essentiellement sur les orientations du schéma
national d’aménagement de territoire (SNAT), qui fixe les orientations stratégiques de
développement, à l’horizon 2030, pour l’ensemble du territoire national. De ce fait, il reste
le cadre de référence sur lequel toute politique d’intervention urbaine et d’aménagement du
territoire devra construire ses orientations et enjeux, tout en respectant les 4 lignes
directrices suivantes :

▪ Vers un territoire durable


▪ Créer les dynamiques du rééquilibrage territorial
▪ Assurer l’attractivité et la compétitivité des territoires
▪ Mettre en œuvre l’équité territoriale

Avec ces 4 lignes proclamées par le schéma national d’aménagement de territoire, comme
principes de base dans les grands choix d’aménagement, il est nécessaire de leur ajouter
une ligne de conduite à savoir « la bonne gouvernance ».

4.5.1.2 Les orientations du schéma des espaces de planification territoriale (SEPT)


Nord - Est pour la wilaya de Jijel

119
Conformément à la même vision et stratégie du Schéma National d'Aménagement du
Territoire (SNAT), les directives du SEPT152 pour la Région Nord-Est, dont Jijel fait partie,
se déclinent en 20 Programmes d'Action Territoriales (PAT). En général, le schéma fournit
des directives générales qui ne touchent pas directement la ville de Jijel (notre objet
d’étude) mais plutôt toute la wilaya que nous pouvons résumer dans le Tableau 4.3ci-
dessous :
Tableau 4.3. Les principales orientations du SEPT Nord Est qui touchent la wilaya de Jijel

Programme
d'actions Enjeux/objectifs Observations Source
territoriales
Le lac des Béni Belaid, Ghedir el Meridj,
PAT n°3 : les Protection et développement
le Marais d’el Kennar, la Corniche P. 14
écosystèmes des aires protégées
Jijélienne
Identification, évaluation et
PAT n°4 : les
mise en place d’une En raison de l’intensité maximale sur l'axe
risques P. 17
stratégie préventive de la Jijel-Skikda
majeurs
gestion des risques
PAT n°5 : Parc naturel de Taza, Bois des oasis, Forêt
patrimoine Préservation des sites de Beni Said, Djebel Mezghitane, forêt
P. 20
culturel et paysagers et de la nature d’El Guerroudj, grottes merveilles, gouffre
tourisme de Ghar El Baz, plages …
Geler la mise en application
PAT n°6 : de tous les instruments
A court terme, orienter l’urbanisation à
freinage de la d’urbanisme (PDAU et
l’ouest de la ville sur le site de Mezghitane P. 24
littoralisation POS) déjà réalisés (non
dans l’agglomération de Ouled Bounar ; A
et l’équilibre conformes à la loi relative
long terme, orienter l’urbanisation sur le
du littoral de la au littoral)
site de Sidi Mansour dans la commune de
région Nord Freinage et contrôle de la
Kaouas ; Résorption de l’habitat précaire
Est conurbation de la zone P. 25
côtière
PAT n°11 : le
maillage Désenclavement des zones
infrastructurel de montagne et amélioration
Réalisation de la pénétrante Port de Djen-
de transport de de l’accès au port de Djen- P. 38
Djen –Autoroute Est –Ouest
logistique et de Djen, des échanges Nord Est
communicatio avec les Hauts Plateaux
n
Le développement de
Promouvoir les agglomérations de : Jijel,
l’espace homogène Jijel -
PAT n°12 : la El Milia, Tahir, El Ancer, El Aouana,
Collo par : la valorisation P. 41,
métropolisatio Texenna, Sidi Abdelaziz, Oued Adjoul, Le
des potentialités naturelles, 45
n renforcement de la piste de l’aéroport de
le développement des
Jijel et la modernisation et la mise à
activités diverses le long de

152
Ex Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT)

120
la corniche Jijélienne aux niveau du port Djen -Djen,
ressources halieutiques ; les
possibilités récréatives et
productives dans les forêts ;
PAT n°13 : La localisation d’un pôle cuir tanneries
pôles de serait opportune à Jijel et le joindre aux
Apparition de Jijel comme
compétitivité entreprises de tannerie des autres wilayas P. 61
Pôle "Cuir-Tanneries"
et d’excellence pour constituer le réseau d’innovation.
(POC) Jijel serait ainsi le point focal du réseau.
Le renforcement des mégas complexes
sidérurgiques au niveau du « système
Jijel continuera à être le
PAT n° 14 : infrastructurel El Mila, Bellara – Djen
débouché naturel de
les nouveaux Djen » par la modernisation des
l'intérieur de la région et un P. 71
espaces de principaux axes routiers de la région et
de ses pôles d'entraînement
croissance leur connexion avec l’autoroute Est-Ouest
majeur.
d’une part et la rocade des Hauts Plateaux
d’autre part.
L’agro-tourisme (Skikda, Jijel, El Tarf),
PAT n° 15 : le La valorisation d’activités l’artisanat rural (Jijel, Skikda, Mila, El
développement productives créatrices Tarf). L’agriculture de montagne avec P. 79
local d’emplois durables l'arboriculture fruitière et l’élevage de
bovin à viande (dans les vallées de Jijel)
Source : réalisé par l’auteur à partir de la lecture du SEPT Nord - Est (2009, Tome 2).

Outre les orientations qui s’accumulent vers une vision cherchant à mieux exploiter,
préserver et mettre en valeur des ressources naturelles et touristiques, des productions
agricoles et halieutiques de la wilaya, à savoir ; la corniche, la montagne, les paysages
naturels, etc. ce sont les deux secteurs de l’économie et du tourisme qui ont occupé le
devant de la scène :le port commercial de Djen Djen153 et la zone industrielle de
Bellara comme « un espoir pour le développement économique et social de Jijel et son
arrière-pays (El Milia et Mila) » ( (SEPT) Nord – Est,2009, Tome 2, p. 39). Pour atteindre
ces objectifs, cet outil recommande la modernisation des infrastructures d’accès et de
déplacement existantes à Jijel, ainsi que la mise en place de grands projets tels que : la
pénétrante autoroutière, le pôle cuir tanneries154, la modernisation du port de Djen Djen.

Le SEPT Nord Est a mis aussi en lumière des problèmes empêchant le développement de
Jijel, à savoir :

153
C’est le port qui est appelé à subir le développement le plus consistant, au vu de l’intérêt dont il jouit. Il
est prévu la réception d’un terminal céréalier ce qui offrirait une capacité de réception de 3 millions de
tonnes/an avec des capacités de stockage de 280 000 tonnes ((SEPT) Nord – Est,2009, Tome 2, p. 40).
154
Car c’est la wilaya de Jijel qui est spécialisée dans l’industrie du cuir grâce aux complexes industriels
publics implantés dans les années 1970 mais aussi grâce au potentiel privé de la région qui s’est spécialisé
dans les unités de mégisseries. Plus de 59% des salariés de la sous filière tannage du cuir, au niveau national,
se trouve au niveau de la wilaya de Jijel (ibid., p. 61).

121
➢ « Une dynamique urbaine accélérée et anarchique marquée par la prolifération de
l’habitat précaire
➢ Un fort taux de chômage
➢ Une absence d’investissements productifs
➢ Une sous-utilisation des capacités infrastructurelles existantes à savoir port-
aéroport-voie ferrée-gare de tri » ((SEPT) Nord – Est, 2009, Tome2, p.71).

À tout cela, s'ajoute la problématique de la gestion urbaine qu'il jugeait difficile et


complexe.

Dans son PAT n°18 intitulé « le renouvellement urbain et la politique de la ville dans la
région nord est », le SEPT Nord -Est préconise « la mise en place d’une ville productive,
qualitative, compétitive, attractive et durable capable de répondre aux besoins de ses
habitants et aux mutations productives et de contribuer à une véritable culture et identité
urbaine » (ibid., p. 95). Ce petit paragraphe nous donne les éléments phares qui dessinent
la ville de demain selon la vision du SEPT Nord Est d’où la durabilité, la compétitivité,
l’attractivité, la satisfaction des besoins des habitants et l’identité urbaine, semblent être à
la base de toute politique d’intervention sur les espaces urbains algériens, concrétisés à
travers des actions et des enjeux à savoir ; (la régénération urbaine, la qualité de
l’urbanisme, de l’architecture, des espaces verts et du patrimoine culturel, la sécurité, la
qualité des services publics : eau, déchets, éducation, santé, le développement par la
promotion des systèmes productifs, des activités et des emplois, le rattrapage et
l'intégration des zones urbaines à handicaps) (ibid., p. 96). Alors, comment le PAW et le
PDAU ont pris en charge ces orientations ?

4.5.1.3 Les orientations du Plan d’Aménagement de la Wilaya –PAW- de Jijel155

En tant qu’outil d’aménagement du territoire à l’échelle de la wilaya, nous suggérons sa


lecture synthétique, avec ses orientations pour mieux percevoir les aménagements proposés
à une échelle plus réduite celle de la ville de Jijel. En effet, selon ce PAW (2012, phase 03,
p. 23), ses scénarios et ses orientations s’appuient essentiellement sur le respect des
orientations et des enjeux des textes réglementaires portant sur l’aménagement du territoire
et le développement durable et des outils d’aménagement, à savoir ; le SNAT, le SEPT
Nord-est (et leur déclinaison à la wilaya de JIJEL), les schémas directeurs sectoriels, d’une

155
Source : Étude du plan d'aménagement du territoire de la wilaya de Jijel (2012), rapport 3 : « projet de
plan d’aménagement du territoire de la wilaya de Jijel ».

122
part, et d’autre part sur les résultats et les conclusions de sa première phase dédiée au
diagnostic territorial de la wilaya.

A. Les orientations du PAW de Jijel à l’échelle de la wilaya

Selon les orientations du plan d’aménagement de la wilaya de Jijel en sa phase 3 (2012, p.


30), il annonce que pour développer cette wilaya de façon durable, il est nécessaire de
respecter un certain nombre d’orientations, à savoir : la préservation, l’exploitation
rationnelle et durable ainsi que la valorisation des potentialités de la wilaya (ses ressources
naturelles, sa façade maritime, ses équipements structurants, etc.), l’amélioration du cadre
de vie des habitants, tout en renforçant l’attractivité de la wilaya par sa dotation en
équipements et services du tertiaire supérieur et par le développement des zones de
l’arrières pays pour stabiliser leur population. Afin d’aboutir aux objectifs prédéfinis par le
PAW (et Suivant la même logique et vision du SEPT Nord-est), il a proposé (en sa phase
03, pp. 20, 36) :

➢ « Une reconfiguration –un rééquilibrage- de l’armature urbaine de la wilaya »,


selon un zoning d’aménagement.
➢ La nécessité de « l’émergence de la ville de Jijel en tant que pôle de
développement régional ».
➢ Le rééquilibrage de l’axe d’urbanisation de la wilaya de Jijel (actuellement orienté
d’Est en ouest), par la promotion de nouveaux axes de direction Nord-sud dans une
vision d’intégration et de complémentarité entre les territoires littoraux
généralement développés et les territoires montagneux en péril.
➢ La promotion de certains centres ruraux au rang d’agglomérations capables
d’encadrer les territoires sur lesquels ils rayonnent, tout en orientant le
développement de chaque zone en fonction de ses spécificités et ses potentialités.

D’après le PAW, sans cette reconfiguration, la prise en considération des enjeux et défis
prédéfinies aura des impacts limités.

Ce zoning d’aménagement consiste à découper le territoire de la wilaya en 3 unités


d’aménagement (suivant les potentialités et les caractéristiques des territoires
communaux), tout en préconisant le respect des outils d’urbanisme et la consolidation du
principe de l’intercommunalité, à savoir (Réf : Figure 4.1, p. 124) :

• La zone Ouest : De par ses spécificités naturelles et environnementales, elle est


dédiée à la préservation de la nature et de la biodiversité, au développement de
123
l’écotourisme et au développement des activités en rapport avec les ressources
naturelles locales. Par ailleurs, c’est une zone qui constitue le château d’eau de la
wilaya, voire même de la région, grâce à ses ouvrages hydrauliques.
• La zone centrale : Encadrée par le bi-pôle Jijel-Taher, est dédiée au
développement des équipements et des activités du tertiaire supérieur, au
développement des activités en rapport avec le port de Djen-Djen et à
l’intensification des activités agricoles au niveau de la plaine Jijel-Taher.
• La zone Est : Encadrée par le pôle urbain d’El Milia, cette zone est dédiée au
développement industriel tout en préservant sa spécificité agricole.

Les unités d’aménagement Limites des sous-unités


Zone 1 : Espace naturel et touristique Agglomération urbaine
Zone 2 : Espace Agricole et activités tertiaires Agglomération rurale/semi rurale
Zone 3 : Espace industriel et agricole Limite wilaya
Route nationale Limite commune

Figure 4.1. Découpage du territoire de la wilaya de Jijel en 3 zones d’aménagement


Source : PAW de Jijel, 2012, phase 3, p. 22, CENEAP156

Nous constatons que la stratégie du PAW 157 repose essentiellement sur le


développement du rapport urbain/ rural et la valorisation des potentialités
spécifiques à la wilaya, à savoir : son cadre géographique, ses ressources naturelles,
son patrimoine matériel et immatériel, ses traditions et sa culture, qui ensemble

156
Centre National d’Etudes et d’Analyses pour la Population et le Développement.
157
Selon le PAW de Jijel (2012, phase 03, p. 79), et dans le but d’assurer la cohérence territoriale, il a
proposé des périmètres d’études pour les Schémas de Cohérence Urbaine sur la base des Unités
d’aménagement retenues et en s’appuyant sur les pôles à promouvoir dont, Jijel fait partie de l’unité « Jijel-
Kaous-Emir Abdelkader ».

124
constituent la mémoire et l’identité de cette wilaya, un gisement touristique et une
source prometteuse pour son développement économique et social. En revanche, la
ville de Jijel est appelée de passer à « un pôle de développement régional », Par quels
projets ? Et selon quelles démarches le PAW a envisagé ce passage de la ville ?

B. Les orientations du PAW à l’échelle de la ville de Jijel

L’enjeu principal du PAW concernant la ville de Jijel, est de passer à un pôle de


développement régional à l’horizon 2030, préconisant de nombreuses directives parmi
lesquelles : « Le renforcement de la fonction de rayonnement « régional » à travers le
développement de la fonction de haut niveau pour l’affermissement de son rôle :
équipements d'excellence, activités du tertiaire supérieur liées au rôle d'encadrement et de
soutien aux activités productives, Enseignement supérieur et recherche… en
complémentarité avec la ville de Taher » (2012, phase 03, p. 67).

De ce fait, elle va être promue au rang d’une grande ville (Strate supérieure) avec une
population estimée à 180 000 habitants. Pour cela, et pour mieux maitriser la croissance
urbaine de la ville, il préconise l’orientation de la population vers les communes
limitrophes ; Kaous « Beni Ahmed » et Emir Abdelkader « Tassoust », plus que les
agglomérations secondaires d’Ouled Bounar et Mezghitane qui sont déjà en cours
d’urbanisation (ibid., p. 73).

A partir de la lecture du PAW (sa phase 3), nous pouvons extraire les différentes
orientations qui touchent directement la ville de Jijel en termes de « requalification de la
ville et identité des territoires », que nous synthétisons dans le tableau ci-après :

Tableau 4.4.Synthèse des orientations du PAW de Jijel et concrétisation du principe de « faire la ville sur la
ville ».

Orientations du PAW
Domaine Pag
Enjeux Orientions/ actions
e
Aménagement de la ville pour qu'elle garantisse un
cadre de vie agréable et durable tout en améliorant le
fonctionnement des quartiers, leur cadre et leur
Passer à un pôle qualité urbaine
D'une de La mise à niveau, la modernisation de la ville et la 73,
façon développement lutte contre les inégalités spatiales et sociales 82,
générale régional à 118
l’horizon 2030 Création d'un « Cœur de ville »
Le freinage du phénomène de littoralisation en
essayant de maîtriser la croissance de la ville de
Jijel.

125
L’achèvement des travaux de dédoublement et
La modernisation
renforcement de la voie routière Jijel-El Milia-
et le maillage des
Constantine et celle de la voie Jijel-Béjaia;
infrastructures
La réalisation d’une bretelle vers l’autoroute Est-
d’accès et de
ouest : Jijel-Djimla-Sétif afin d'améliorer l’accès au
transport tout en
port de Djen Djen et autre pénétrante « Jijel vers
assurant 80,
Sétif, via Texanna –Djimla
Accessibil l'attractivité des 83,
La modernisation du réseau ferroviaire existant par
ité territoires et 84,
son électrification et la modernisation de ses
l'amélioration 85
gares ainsi que la réalisation d’une nouvelle voie
d’accès au
ferroviaire électrifiée entre Sétif et Jijel.
territoire en
Amélioration de l’état des réseaux routiers dégradés
renforçant ses
ainsi que l'adaptation et le réajustement des services
liaisons avec
de transport collectif existant (Fréquence, horaire,
l’extérieur
régularité).
L’utilisation en priorité des surfaces restées en friche
La préservation à l'intérieur de la structure urbaine existante
des terres notamment celles situées en centre-ville
agricoles et la La promotion des formes de construction moins
maitrise du consommatrice de terrain par le développement
77,
développement d'une structure urbaine durable, et des formes
80,
urbain par la urbaines denses et compactes.
Foncier 115,
valorisation du Des interventions sur les tissus existants (Préserver
116,
foncier urbain en le cadre bâti existant) en favorisant la réhabilitation
118
favorisant le qualitative, la rénovation et/ou requalification
renouvellement urbaine, la densification et la modernisation des
urbain "faire la constructions existantes (notamment au centre-ville)
ville sur la ville » par rapport à la réalisation de nouvelles
constructions.
Revitaliser les tissus urbains anciens pour la
Développer une sauvegarde du patrimoine urbain.
politique Valoriser le cadre bâti existant
d'urbanisme, une Résorber progressive l’habitat précaire notamment
politique de dans la périphérie 73,
logement adaptée Harmoniser le tissu urbain afin de soigner l'aspect 77,
à la population et esthétique du cadre bâti et d’affermir la vocation
Habitat 78,
aux nouvelles touristique de Jijel 80,
exigences Améliorer l’offre et la qualité de l’habitat et non 115
environnemental seulement du logement, tout en diversifiant l’offre
es et redonner de en logement et en intégrant la qualité de l’urbanisme
l’attractivité aux et la qualité architecturale dans les nouvelles
logements constructions (Restructuration et réhabilitation des
ZHUN de Jijel)
Le renforcement Renforcement de la couverture en infrastructures 81,
des fonctions et déficitaires, la mise à niveau et la modernisation des 87,
Équipeme
des équipements équipements et services de base/publics existants, à 103,
nts et
du tertiaire savoir : éducation, formation professionnelle, santé, 105,
services
supérieur et la jeunesses et sports, culture, raccordement aux 106,
revalorisation réseaux d’AEP et d’assainissement, etc., tout en 118

126
des centres et de conservant une accessibilité pour tous.
la centralité par
des équipements
structurants.
Favoriser l’accès aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication (dans les
différents secteurs et services)
Articuler les projets urbains avec les différents pôles
d’échange de transports collectifs
Réaménager les espaces publics existants et rendre
les espaces extérieurs des immeubles plus
conviviaux en améliorant leur entretien.
Remédier à la 78,
Espaces Multiplier les espaces publics structurants et
pauvreté des 80,1
publics attractifs ; comme les parcs urbains, les parcs
espaces publics 17
publics, les espaces verts et les aires de jeux aussi
bien au niveau du centre colonial qu’au niveau des
différents quartiers.
Valorisation et exploitation des substances utiles, du
potentiel agricole et forestier, etc.
Promouvoir les activités culturelles et développer
Potentiali Le renforcement des métiers en rapport avec la préservation de
73,
tés des capacités l’environnement et du patrimoine, la motivation des
90,
naturelles productives par jeunes à l’action culturelle sous toutes ses formes ;
96,9
et la valorisation La sauvegarde du patrimoine urbain et architectural,
8,
patrimoni des ressources la valorisation du patrimoine culturel du point de
112
ales locales vue purement marchand (multiplier les festivals à
caractère culturel) ainsi que l’étude de classement et
de restauration des sites archéologiques et des
monuments historiques.
Création d’un centre d’affaires à Jijel dans le but
d’élever le niveau de l’activité économique.
Le développement et le soutien des activités de la
pêche afin d’affirmer la vocation de pêche de la
Le renforcement
wilaya de Jijel et d’assurer la compétitivité du
de la base
secteur. 73,8
Economie économique et la
Valorisation du potentiel touristique de la wilaya par 1,
valorisation des
l’amélioration et la diversification des infrastructures 92,
investissements
et des activités touristiques (structures hôtelières de 95
haut de gamme) ainsi que l’identification spatiale de
toutes les potentialités et la définition des priorités
en matière d’aménagement.
L’élimination des foyers et des quartiers en crise ou
Assurer l’équité sous intégrés à la ville : l’établissement de la Carte
sociale et lutter Sociale est fortement indiqué pour les centres 79
contre les urbains importants afin de déterminer les urgences et
Société inégalités les actions prioritaires à mener.
spatiales et Satisfaction des besoins basiques des populations.
sociales La participation des habitants à l'élaboration des 80,
projets et leur sensibilisation aux préoccupations 89
environnementales.

127
Améliorat Gestion des Délocalisation de la tannerie de Jijel
55,
ion du déchets et Révision des plans communaux de gestion des 58,
cadre amélioration du déchets ménagers et renforcement des communes en 59,
environne cadre équipements de gestion et de collecte des déchets 80
mental environnemental (toutes les communes)
Source : réalisé par l’auteur à partir de la lecture du PAW de Jijel (2012, phase 03).

À partir de ces citations extraites du plan d’aménagement de la wilaya de Jijel, nous


constatons qu’il a abordé la question d’intervention sur les tissus existants en donnant des
orientations générales et en préconisant ses principes tout en introduisant le rôle d’acteurs
et de la gouvernance. Nous constatons également que la question de la requalification de la
ville de Jijel a pris deux formes :
▪ La première consiste en l’intervention sur les tissus déjà existants, dont il a donné
une grande importance aux tissus anciens, qui sont porteurs d’identité, et
nécessitent des études spécifiques, tout en impliquant les différents acteurs.
▪ La seconde consiste en la requalification par les grands projets de tertiaire
supérieur, vu le rôle que la ville est appelée à jouer à long terme.

Quant à l’intervention sur les tissus existants, le PAW stipule que « … il est indispensable
d’agir sur les anciens tissus urbains en vue de leur réhabilitation, de la sauvegarde du
patrimoine urbain et historique, gages d’une identité et d’un urbanisme de qualité. Ainsi
des études spécifiques d’intervention sur ces tissus doivent être initiées, en impliquant
l’ensemble des acteurs (Elus, services techniques, organismes gestionnaires,
propriétaires...) » (2012, phase 03, p.79).

En effet, le PAW tout conscient de la situation critique dans laquelle se trouve la ville de
Jijel, a privilégié le retour à la ville « faire la ville sur la ville », pour lutter contre
l’urbanisation anarchique, tout en mettant en place une politique d’intervention urbaine
prioritairement orientée vers le renouvellement urbain et la densification des tissus urbains
existants et non sur l’étalement urbain et la consommation d’espaces en périphérie, en
préconisant certains principes à savoir :

➢ La prise en compte des aspects environnementaux et des risques naturels et


technologiques dans les études urbaines.
➢ Renforcer l’attractivité de la ville et son cachet touristique par la qualité de
l’urbanisme, la qualité des services offerts, la modernisation et le maillage des
infrastructures d’accès et de transport.

128
➢ Le renforcement des fonctions et des équipements du tertiaire supérieur, etc.

De grands efforts sont attendus en matière de requalification, de régénération


urbaine, car d’après le même plan, la ville de Jijel n’a enregistré aucune opération urbaine
de grande envergure sur ses tissus existants, au moment où, ces derniers souffrent de
problèmes multiples, chose que nous avons confirmée lors de notre troisième chapitre de
cette thèse.

Parmi les grands projets structurants prévus dans le cadre du PAW nous citons :

▪ La valorisation du port de Djen-Djen (extension et diversification de ses activités) et


de la Zone industrielle de Bellara (des atouts considérables pour le développement
économique et social de la wilaya).
▪ Création d’un musée marin.
▪ Etude, réalisation et équipement d'un centre hospitalo-universitaire (2020-2025).
▪ Etude, réalisation et équipement d’un parc urbain.
▪ Etude, réalisation et équipement d’un parc d’attraction.

Au fait les secteurs promoteurs de développement de la ville de Jijel voire même de la


wilaya sont : le tourisme, l’industrie, le tertiaire supérieur, et la collaboration entre les
différents secteurs. A titre d’exemple il préconise « d’assurer la formation d’une main
d’œuvre spécialisée dans les différents métiers susceptibles de contribuer à l’attraction des
touristes et du développement durable du tourisme : Hôtellerie et restauration,
restauration des monuments, protection et réhabilitation » (op.cit., p. 57). En revanche, le
PAW préconise de soutenir et de développer le secteur du commerce, dont il le considère
comme un levier pour assurer l’équilibre du territoire et pour renforcer l’attractivité de la
wilaya représentant un poids économique important (ibid., p. 99).

Cet outil donne des orientations mais aussi des moyens et des démarches de réalisation et
d’aboutissement aux enjeux prédéfinis. En effet, afin d’assurer la valorisation du cadre bâti
existant, il recommande de constituer une banque de données du cadre bâti en mettant en
place un carnet de santé des bâtisses au sein de la wilaya, de le maintenir à jour pour
pouvoir identifier toute dégradation éventuelle, et de coupler dans un futur proche cette
base de données avec les données des autres secteurs (foncier, industrie, etc.). Il
recommande également l’étude et la réalisation d’un centre de formation spécialisé dans la
restauration des sites et des monuments historiques afin d’assurer leur classement et leur
sauvegarde.
129
La critique externe de ces orientations relate que, pour atteindre ces objectifs
d’aménagement, un certain nombre de mesures a été proclamé par l’outil, à savoir ;

➢ La révision des instruments d’urbanisme en les adaptant au contexte du


développement durable, en favorisant la solidarité intercommunale et en veillant au
respect de leur application en instaurant la police d’urbanisme.
➢ Le lancement des actions touchant à l’aspect qualitatif dans tous les secteurs et
concernant l’ensemble des composantes de la ville dont l’attractivité doit être au
cœur de leur développement.
➢ Constituer une banque de données du cadre bâti à moyen terme (2015-2020) et
préserver le cadre bâti existant en mettant en place « un carnet de santé des
bâtisses ».
➢ Le renforcement de la base économique des grands centres urbains par la prise en
compte de l’urbanisme commercial, afin d’éviter une anarchie dans le
développement de ces activités et d’assurer la conformité avec la fonction et le rôle
de la ville dans l’organisation et la structuration de l’espace de la wilaya (PAW de
Jijel, 2012, phase 03, p. 78).

Si nous descendons, à une échelle urbanistique, après avoir passé en revue l’échelle de
l’aménagement du territoire, nous avons jugé utile de consulter le plan directeur
d’aménageant et d’urbanisme (PDAU) en vue de comprendre que préconise cet outil pour
la ville de Jijel. Avant d’entamer le contenu du PDAU de cette commune, il est nécessaire
de noter que le PAW a jugé les PDAU des communes de la wilaya de Jijel comme
dépassés et inaboutis, car ils se caractérisent par une monotonie de leurs méthodes et leurs
démarches qui ne s’adaptent pas au contexte local de chaque commune, sa problématique
et ses spécificités. C’est la vision simpliste de l’urbanisme158 qui se fait en l’absence d’une
approche de projet urbain et d’une vision globale intégrant une gestion stratégique de
l’espace dans un contexte de raréfaction des ressources foncières et dans une perspective
de développement durable (ibid., p. 77).

4.5.1.4 Les orientations du PDAU de la commune de Jijel

Lancé en 1990, le PDAU de la commune de Jijel a été approuvé par arrêté du wali en date

158
Elle est abordée essentiellement en termes de besoins à satisfaire pour de nouvelles populations
(logements, équipements, infrastructures de base, etc.) et en dégageant des assiettes foncières pour
l’implantation des différents programmes (PAW de Jijel, 2012, phase 3, p. 77).

130
du 07 août 1995. Ses orientations se sont trouvées très vite dépassées, car il était fondé sur
des faibles perspectives de croissance de la population159 et par conséquent de faibles
perspectives de logements, d’équipements et de surfaces urbanisables, donnant lieu à un
développement anarchique difficile, voire impossible à gérer par les responsables locaux. Il
a fait l’objet de deux révisions (en 2009, puis en 2018 -approuvé en décembre 2019-), dont
l’objectif (de la révision de ce dernier 2018) est de :

➢ Actualiser et adapter le PDAU existant à la réalité du terrain et aux besoins issus


des nouvelles dynamiques urbaines et rurales liées aux changements intervenus ces
dernières années aux plans ; économique, social et politique. Au fait, les secteurs
d’urbanisation définis par le PDAU de 2009 sont jugés dépassés et ne répondent
plus à l’évolution de la situation actuelle de la commune.
➢ Mettre en compatibilité le PDAU avec le Plan d’Aménagement de la wilaya de Jijel
et avec l’ensemble des dispositions et des prescriptions relevant des différentes lois
liées à l’aménagement et à l’urbanisme (PDAU de la commune de Jijel, approuvé
en 2019, p. 6).

D’après ce dernier, l’ancien PDAU (de 2009) est jugé dépassé pour plusieurs raisons,
d’une part, car il reposait sur « des modèles d’organisation du territoire traditionnels »,
traduits spatialement par des extensions anarchiques160en tache d’huile en l’absence de
toute procédure de suivi et de contrôle. D’autre part, la financiarisation par le secteur privé
du foncier urbanisable a aggravé la situation, elle s’est traduite par une transgression des
lois qui donne un résultat différent de celui escompté et réglementé (des aménagements
préconisés). Au fait, « Si les deux premiers termes d’urbanisation (court et moyen) ont
connu le développement souhaité et ce dans les domaines démographiques, d’habitat et
d’équipement par contre le troisième terme se voit bloqué en raison principalement du
nature privé des terrains » (ibid., p. 70).

La finalité de la révision du PDAU, faire de la ville de Jijel un pôle de développement


touristique et environnemental, s’inscrit dans une vision qui allie trois principes
fondamentaux de la stratégie nationale d’aménagement du territoire « durabilité », « équité
159
En comparant les nombres de populations projetées dans le cadre du PDAU avec ceux recensés en 1998,
on constate que les prévisions du PDAU étaient fondées sur une faible perspective de croissance. En effet, les
prévisions démographiques du PDAU étaient déjà en 2000, nettement inférieures à l'évolution réelle
enregistrée lors du recensement de 1998.
160
Comme l’occupation de zones classées défavorables à la construction (zone basse d’Er Rabta) et le
développement anarchique de constructions illicites dans des zones comme Harratène, Haddada, Zbiria et
autres.

131
territoriale » et « compétitivité/attractivité territoriale ». En effet, son principe fondamental
est de définir un projet pour la ville qui peut assurer un développement équilibré et durable
à long terme. Atteindre ses objectifs (assurer un développement urbain cohérent) selon le
PDAU, nécessite d’allier trois échelles :

Renforcer Confirmer le rôle de Renforcer la


l’ouverture de Jijel Jijel en tant que chef- situation de Jijel à
sur l’extérieur lieu de wilaya l’intérieur

Jijel pôle d’équilibre Jijel pôle Jijel ville Enjeux


régional et pôle structurant et polycentrique
touristique incontournable d’équilibre

Sa dotation en équipements Sa dotation en fonctions Hiérarchisation des


supérieurs (diversification supérieures afin de
différents centres
des infrastructures et des renforcer son rôle de centre Moyens
composant le tissu urbain en
activités touristiques, représentatif des
institutions de l’état et des assurent leur articulation par
éducatives, de recherche
et/ou du tourisme d’affaire) entreprises des fonctions intermédiaires

Figure 4.2. Les principaux enjeux du PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019).
Source : Etabli par l’auteur sur la base des données du PDAU (2020).

Chronologiquement, le PDAU a jugé utile de découper ses stratégies en 3 phases ayant


pour but de définir « Jijel 2038 » grâce à la réalisation de grands projets structurants 161
ainsi que d’autres actions que nous résumons dans le tableau suivant :

Tableau 4.5. Les orientations du PDAU de Jijel à court, moyen et long terme.

Phases Objectifs Directives/ orientations Projets et actions


Court Affirmer Réaménagement des espaces publics centraux
terme la (jardins publics du glacier et l’ex église qui devront
(2018- centralité faire jonction et se projeter en contrebas du *Le stade omnisport
boulevard Rouibah) *Le nouveau siège de la
2023) : de la ville
Wilaya
Étape en lui Création d'un grand parking à étages pour
*L’université de Jijel
d’aména conférant décongestionner le centre-ville surtout en période
*La nouvelle gare de
gement, un cachet estivale
Jijel (échanges)
d’affirma particulier Projection d’équipements attractifs liés à la mer : * commerce et de
tion de la grâce au Un musée de la Mer avec un grand aquarium et des services de proximité.
centralité réaménage espaces d’expositions
et ment des Rénovation et restauration du vieux bâti

161
D’après le PDAU de Jijel (approuvé en 2019, p. 86), c’est grâce à la concrétisation de projets structurants
durant ces trois étapes que la mise en marche d’un développement urbain durable, cohérent et harmonieux
verra le jour et que seront matérialisées les ambitions du futur de Jijel.

132
d’achève espaces Dédoublement du boulevard Rouibah Hocine (en
ment des publics et empruntant à partir de l’hôtel kotama une
grands des deuxième voie (en contrebas du boulevard
projets interventio existant) celle-ci devant se terminer au niveau de
ns sur le l’entrée de la base navale.
centre Des travaux seront également menés au niveau du
historique pos 26 (voir carte des POS en Annexe S, p. 318)
avec l’achèvement des travaux entamés et qui
verra son axe central se prolonger au-delà de la
RN43 pour se projeter sur la plage du 3ème km
pour enclencher ainsi un développement dédié au
tourisme, à la détente et aux loisirs avec un
aménagement approprié pour toute la façade
maritime Est et ce jusqu'à l’hôtel Kotama
Création d’un nouveau pôle touristique dans le
prolongement du POS 26 ce qui donnera un cachet
particulier à la ville grâce à cette jonction affaires-
tourisme avec affirmation de l’hyper centre qui
sera ainsi crée.
La réalisation de la route bleue qui devra relier le *Les zones touristiques
3ème km via le pos26 jusqu’à Laarayeche en * Théâtre en plein-air
Moyen empruntant le boulevard Rouïbah Hocine * Salle omnisports
terme (dédoublé) * Musée régional (POS
(2023- Finalisation des aménagements au niveau du 3ème 26)
2028) : km et réalisation d’un port de plaisance et * Théâtre régional
Étape Affirmer d’attractions qui accompagneront des équipements (POS 26)
des le cachet commerciaux, de détente et d’hôtellerie prévus au * Parc d’attraction
aménage touristique courant de la 1ère étape * Les équipements
ments de la ville publics (POS 26)
attractifs L’aménagement de la bande centrale devra se * La promenade
et poursuivre durant cette étape littorale (axe APC –
touristiqu hôtel convivial)
es La restructuration des zones périphériques * Un musée dédié à la
d’habitat (pôles d’habitat de Mezghitane et mer et un aquarium
Harratene) géant
Long * La zone d’activité de
Poursuite Lancement du déplacement de toutes les activités
terme présentant des degrés de nuisance vers la zone de Beni Ahmed et ses
des
(2028- extensions
aménagem développement économique (couloir logistique
2038) : d’industrie et de services) * Le contrôle du trafic
ents des
Étape de routier
zones
requalific Lancement d’une requalification totale de la * La création de
périphériq
ation du périphérie avec principalement la création parking et des espaces
ues d’habit
centre et d’avenues urbaines (commerçantes et de services) publics
at
des transversales à partir de l’évitement sud * Encadrement de

133
zones l’autopromotion de
périphéri Lancement du couloir logistique d’activités l’habitat individuel et
ques et économiques et de services qui prendra naissance à collectif
les partir de l’évitement Sud en passant par la ZAC de *Délocalisation des
futures béni Ahmed pour se projeter sur la limite Est de industries polluantes
extension Harratene (RN77) tout en faisant un crochet par le situées à l’intérieur des
s port de pêche et la gare intermodale ainsi que les tissus urbains
urbaines nouvelles voies à créer (jonction entre les CW et la * Les bandes littorales
RN77. ‘est’ et ‘ouest’
* Aménagement du
Ce couloir empruntera l’actuel chemin de Wilaya foret du versant ouest
N 150 qui se verra transformer en voie ‘express’ de Mezghitane
dédoublée. Cette nouvelle voie ‘express’ se * La réserve agricole (à
projettera à travers la commune de Kaous pour préserver)
ainsi atteindre la pénétrante autoroutière à * Création d’agri-parcs
l’échangeur de Cheddia. (pour les zones restées
agricoles et se trouvant
Les travaux d’aménagement touristique seront entre des poches
conclus durant cette étape, la route ‘bleue’ urbaines)
touristique s’étalera sur toute la partie Nord de la * Dédoublement de
commune et devra affirmer une fois pour tout le l’évitement SUD et
cachet touristique de la ville (d’oued kissir création d’espaces de
jusqu’au 3ème km) détente
Source : Etabli par l’auteur sur la base des données du PDAU (approuvé en 2019, pp. 83, 84, 85, 86 et 87).

Selon les orientations du PDAU, outre la maitrise et l’organisation de la croissance


urbaine de la ville de Jijel à court, moyen et à long terme162, Jijel doit renforcer ses
capacités et ses fonctions de centralité en tant que ville motrice dans la wilaya voire même
dans la région Nord Est, c’est pour cette raison qu’il préconise plus que l’élévation de son
niveau d’équipement163, des directives ayant pour but la valorisation des tissus
existants, tout en favorisant l’épanouissement des citoyens dans un cadre de vie agréable
et en optimisant la qualité du paysage urbain et de l’image de la ville, dans une
cohérence d’ensemble sur l’ensemble du groupement d’agglomérations (ibid., p. 63)
contrairement à ce qui est déjà existant comme le montrent les figures suivantes et (Annexe
T, p. 319) :

162
Dont il préconise (dans sa page 87), l’orientation des surplus démographiques des vingt prochaines années
(futures extensions) vers les deux cotés Est et Sud-Est, qui doivent être de qualité et dans le sens Nord-Sud
tel qu’il est préconisé par le PAW de Jijel.
163
Tout en assurant une localisation judicieuse des grands équipements afin qu’ils puissent jouer le rôle
d’éléments d’appel et contribuer à l’amélioration de l’image de la ville.

134
Figure 4.3. Les actions préconisées par le DPAU au centre colonial de Jijel (approuvé en 2019, p. 83)

Développement de la bande Développement de la bande


côtière (touristique) Front Ouest côtière (touristique) Front Est

Avenues Couloir logistique


urbaines d’industrie et de services

Barrage
Kissir

Evitement
Sud Dédoublement
du CW 150

Forêt
récréative
Vers pénétrante
Echangeur
autoroute Est-Ouest
de Cheddia

Pénétrante autoroute
Est-Ouest

Figure 4.4. Les actions préconisées par le DPAU à long terme (approuvé en 2019, p. 87).

Les directives du PDAU (approuvé en 2019, pp. 71, 83, 89, 90, 91) s’articulent
principalement autour de plusieurs stratégies que nous résumons comme suit :

135
▪ Dans une perspective de « faire la ville sur la ville », il préconise d’aller vers un
« urbanisme inclusif », dont il insiste sur la nécessité de mettre en évidence la
structure spatiale qui fixe le cadre dans lequel seront définies les zones de
protection, d’extension, de restructuration, afin d’assurer une cohérence des choix
d’aménagement. Les interventions sur les tissus existants peuvent prendre
plusieurs formes à savoir ; renouvellement urbain, réhabilitation, modernisation et
densification adaptée à la structure urbaine existante, structuration des zones
résidentielles dominées par l’habitat spontané, revalorisation du patrimoine urbain
en favorisant la mixité de la fonction résidentielle avec les autres fonctions
urbaines (économique, commerciale, de services…), etc.
▪ Protection et valorisation des principales richesses et ressources naturelles et
protection des sols fertiles, à savoir : le littoral de la commune et ses paysages
naturels pertinents (mobilisation prioritaire de ressources de natures diverses.
▪ Traitement des entrées de la ville et des espaces publics par des aménagements
adéquats pouvant assurer une intégration harmonieuse du bâti en privilégiant la
mise en valeur des paysages.
▪ Création d’un nouveau système de mobilité efficace à travers l’aménagement, le
dédoublement, l’élargissement et d’autres d’actions qualitatives des voies
structurantes existantes, ainsi que la valorisation économique des axes d’animation
et l’aménagement des nœuds/carrefours164d’articulation des différents quartiers
(aux intersections des voies primaires), afin d’améliorer leur fonctionnement en
termes de fluidité et de sécurité ainsi que d’assurer une meilleure intégration des
quartiers périphériques et un meilleur accès aux biens et aux services publics.
▪ L’atténuation des problèmes de gestion urbaine découlant de l’hypertrophie de la
ville et de l’éclatement de son tissu urbain.
Tout cela permettra selon le PDAU de créer « un cœur de ville » ; « Jijel ville de
proximité », de répondre à la volonté d’harmoniser les grandes fonctions que doit assurer
le chef-lieu de wilaya, et de créer un modèle urbain polycentrique, compétitif et attractif.

164
Notamment l’accès à la zone d’habitat de Mezghitane, vu son importance, il y a lieu de prévoir un
échangeur. La réalisation des trémies projetées à BAB ESSOUR et au niveau du carrefour de BABA
ARROUJ (situés au centre-ville colonial).

136
4.5.2 La requalification de la ville de Jijel par les grands projets…vision prospective
et impacts attendus

L’ambition du PAW de Jijel est de dépasser les anciennes pratiques de gestion, et d’aller
vers de lourds investissements, à travers la mise en œuvre volontariste des grands projets
structurants à l’aide d’une forte centralisation des initiatives et des décisions, et un
renforcement des ressources humaines locales pour assurer le suivi et la gestion de ces
projets (2012, phase 03, p 69). Dans la même optique, le PDAU (approuvé en 2019) a fait
recours à de nombreux projets structurants dans le but de stimuler un processus effectif de
requalification des centres urbains existants, dans le cadre d’un développement
harmonieux et durable.

Le projet urbain quel que soit son emplacement, son influence peut toucher non seulement
son environnement immédiat, mais aussi influencer toute la commune, la ville voire même
la région ou le pays dont il fait partie. La wilaya de Jijel est devenue le théâtre de multiples
mutations qui vont davantage bouleverser sa situation actuelle et son image, dont de
nouveaux projets d’envergure ont été lancés ces dernières années dans les différents
secteurs. Etant donné, notre étude s’est limitée à la ville de Jijel, et afin de pencher sur son
étude prospective, nous avons jugé utile, d’étudier les grands projets qui se situent à
l’intérieur de la ville mais qui sont à l’extérieur de son périmètre urbain, mais ayant un
effet direct ou indirect sur la ville et ses spécificités :

Figure 4.5. Les grands projets prévus/ en cours de réalisation pour développer Jijel.
Source : Établi par l’auteur sur fond d’image Google Earth (2019).

137
4.5.2.1 Les projets situés hors périmètre de la ville de Jijel

A. Les projets en cours de réalisation

A.1. La pénétrante Jijel –Autoroute Est-Ouest, une opportunité


d’ouverture sur l’extérieur …
Dans le but d’améliorer l’accessibilité au grand port commercial de Djen Djen, le schéma
national des infrastructures routières, et par conséquent le PAW de Jijel, ont préconisé la
liaison de ce dernier à l’autoroute Est-Ouest à partir de Sétif via une pénétrante
autoroutière Djen Djen -El-Eulma (à trois voies dans chaque direction), sur une distance de
110 km165 (Réf :Figure 4.6 ci-dessous). Du fait de la nature topographique de cette wilaya, le
tronçon situé l’intérieur de son périmètre est marqué par de nombreux ouvrages d’art
(viaducs, ponts, dalots, tunnel, etc.).
• Le17 juillet 2013, ce projet fut attribué par l’Algérienne Des Autoroutes (ADA) 166à
un groupement italo-algérien167, pour un montant de 1,65 milliard d'euros.
• Le 15 août 2013, date de la pose de la première pierre de ce projet par le premier
ministre, alors que les délais de livraison sont largement dépassés (prévu en 2020).

Figure 4.6. Maillage projeté du réseau routier de la wilaya de Jijel avec le grand axe autoroutier EST-
OUEST.
Source. Aidat & Messaci (2017, p. 49).

165
Elle comprend 45 km dans le territoire de Jijel, 15 km à Mila et 50 km pour Sétif.
166
Ex l'Agence Nationale des Autoroutes (ANA).
167
Ce groupement est mené par les entreprises Rizzani de Eccher, ETRHB Haddad et SAPTA (Rizzani de
Eccher, 2013).

138
Les impacts attendus de la réalisation de cette pénétrante, selon le site officiel de cette
wilaya et (Saou, 2015) sont :

➢ Désenclaver la wilaya (notamment sa partie montagneuse) et renforcer son


ouverture sur l’extérieur et plus particulièrement sur le corridor Est-ouest algérien
et les wilayas de hauts plateaux.
➢ Consolider l’hinterland du port de Djen Djen vers les wilayas des Hauts Plateaux,
en assurant une meilleure exploitation de cette infrastructure notamment après la
mise en service du terminal à conteneurs qui est en cours de réalisation
(redynamiser l’activité économique).
➢ Contribuer au développement socio-économique et touristique de la wilaya.

A.2. Le terminal à conteneurs, renforcer les capacités du port de Djen


Djen …
« la principale future plate-forme portuaire d’Algérie », le dernier port commercial
construit en Algérie après son indépendance, le deuxième d’envergure à l’échelle nationale
et le plus important ouvrage portuaire en Méditerranée en termes d’espaces et eau profonde
(Aouissi, 2016, p. 173)168. Le port commercial de Djen Djen est en pleine expansion.
Actuellement, son accessibilité est assurée par voie routière (voie express Jijel-
Constantine) et par voie ferroviaire (ligne Jijel- Ramdane Djamel). Théoriquement, Son
hinterland couvre le territoire
des 4 wilayas : Jijel, Mila,
Bordj Bou Arréridj et Sétif,
bien qu’en réalité il pourrait
être étendu à d’autres wilayas,
notamment celles de M’sila et
des Hauts Plateaux Est (SEPT
Nord –Est, 2009, tome 01, p.
88).

Figure 4.7. Vue 3D du terminal à conteneurs.


Source : (APS, 2015)169.

168
La place du port commercial d’Alger étant donné le premier à l’échelle nationale « est menacée et risque
de ne pas être préservée face à la présence du port de Djen-Djen qui dispose de profondeurs de plus de 18
mètres, pouvant ainsi accueillir des navires gros porteurs » (Aouissi, 2016, p. 173). Le port de Djen-Djen
offre le plus important tirant d’eau du bassin méditerranéen.
169
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.

139
De par ses infrastructures importantes170 qui peuvent répondre aux exigences modernes de
transport maritime et sa situation stratégique 171,il a pu acquérir de l’importance chez les
pouvoirs publics en matière du trafic portuaire et de commerce extérieur, dont il fut l’objet
de modernisation via la réalisation de futur terminal de transbordement de conteneurs qui
est en cours de réalisation, d’un terminal de bois, un terminal sidérurgique et un terminal
céréalier172. En effet, le trafic du port de Djen Djen passera à 30 millions de tonnes/an d’ici
2030 contre environ 5 millions de tonnes en 2015 (DK News, 2015), avec des capacités de
stockage de 280 000 tonnes.

La réalisation de ce projet a été confiée à l’entreprise sud-coréenne Daewoo pour un délai


de 30 mois, d’un montant de 19 milliards de dinars soit 190 millions euros.

Les impacts attendus de la réalisation de ce projet sont :

➢ Jouer pleinement son rôle comme hub pour les trafics transcontinentaux.
➢ Renforcer la zone d’influence de ce port (élargir son l’hinterland), et se
repositionner dans le bassin méditerranéen en termes de commerce extérieur en
développant ses activités.
➢ Redynamiser l’économie locale de la wilaya de Jijel.
➢ Développer l’économie urbaine de la ville de Jijel, en faisant du port un élément de
la composante du tissu urbain de la ville.
➢ Gagner du temps sur les délais de traitement des navires et sur les coûts du
transport.

A.3. Le complexe sidérurgique de Bellara, un pas vers l’exportation


d’acier…
La Méga-zone industrielle ou le complexe sidérurgique de Bellara à El Milia, est un projet
qui remonte au début des années 1980, avant d’être mis en veilleuse à la fin de la même
décade suite à la crise financière qui a secoué le pays. Ce mégaprojet à caractère industriel
s’étend sur une superficie de 216 hectares, et comprenant plusieurs unités de production,

170
Dont il dispose d’aires de stockage très importantes : 12 500 m² pour les marchandises générales et 9 000
m² pour le ro/ro, ainsi que de ciment (SEPT Nord –Est, 2009, tome 01, p. 88).
171
Situé à moins de 50 miles de la route maritime reliant le canal de Suez au détroit de Gibraltar (EPJ Djen
Djen, 2014).
172
Ce méga projet consiste en la réalisation d’une grande mole de central avec un nouveau quai parallèle au
quai ouest et une extension du quai mixte.

140
est qualifié de « très moderne », dont il est construit en partenariat d’investissement entre la
République Algérienne et l’État du Qatar173, pour un montant de 2,1 milliards de dollars.

Figure 4.8. Le complexe sidérurgique de Bellara


Source : https://aqs.dz/

Le premier laminoir est entré en production enSeptembre2017, tandis que le troisième


laminoir d’une capacité de production de 500 000 tonnes/an de fil machine de différents
diamètres a été mis en service en Juillet 2019 (Fodil, 2019).

Il fabrique depuis 2017 de l’acier plat et des aciers spéciaux destinés entre autres à
développer essentiellement l’industrie du rail en Algérie174. Après l’entrée en phase
d’exploitation de l’unité de réduction directe en Février 2021, avec une capacité annuelle
de 2,5 millions de tonnes de fer réduit chaud et froid de haute qualité. La société de
sidérurgie de Bellara va procéder, à partir du début du mois de Mai 2021, à l’exportation
de plus de 17 000 tonnes de paillettes (colonnes métalliques) vers des pays européens et
arabes175 (APS, 2021).

Ce projet a été consolidé par la réalisation d’une méga centrale électrique de 1398,29
mégawatts, sur le même site de Bellara, afin d’assurer l’alimentation de ce complexe en
électricité et en gaz naturel.

Les impacts attendus de la réalisation de ces projets sont :

➢ Booster le développement socio-économique local et national. En effet, la wilaya


de Jijel sera un futur pôle de développement régional (Bouhali, 2016).

173
Donnant naissance à une Société appelée « Algerian Qatari Steel » (AQS), qui a été créée en décembre
2013. Elle est détenue à 49% par Qatar Steel International (QSI), à 46% par le Groupe Industriel SIDER et à
05% par le Fonds National d’Investissement (FNI) (Algerian Qatari Steel, 2019).
174
Il emploie environ 750 personnes, et devrait atteindre 1800 emplois directs et plus de 5000 emplois
indirects à la fin du projet (Ouramdane, 2019).
175
Ce qui représente la première tranche d’un programme d’exportation d’environ 300 000 tonnes de
produits ferreux vers les marchés internationaux.

141
➢ Contribuer à la création de richesse et à la satisfaction des besoins nationaux en
différents produits sidérurgiques, et plus particulièrement en rond à béton et en fil
machine et, par conséquent, une réduction des importations d’acier . Ce
qui permettra avec le temps de passer de l’importation à la satisfaction des besoins
en la matière puis à l’exportation (Amor, 2017).

A.4. Pôle universitaire d’El Aouana, un levier pour renforcer l’attractivité


de la wilaya…

Ce troisième pôle universitaire est implanté


sur le site Timizert dans la commune d’El-
Aouana (ex-Cavalo), sur une superficie
importante évaluée à 32,5 hectares donnant
directement sur la mer d’un côté et les
montages d’El Aouana de l’autre côté.

Ce projet de grande envergure (de Figure 4.9. Vue 3D du Pôle universitaire d’El
Aouana
l’enseignement supérieur) de 3000 places Source : http://www.jijel.info
pédagogiques sur un ensemble de 6000 places en phase d’achèvement est inscrit dans le
cadre du programme quinquennal 2010-2014, il abritera plusieurs facultés176, un centre
international de recherche en physique théorique, une bibliothèque centrale de 1000 places,
une résidence universitaire, un centre d’enseignement intensifs des langues étrangères et un
auditorium (Rédaction Nationale, 2014). Bien que les travaux soient lancés en 2014, ce
projet comme tous autres projets en Algérie traîne sans être achevé dans les délais impartis
(année pédagogique 2019-2020). En raison de la lenteur des travaux, son contrat de
réalisation risque d’être résilié, par conséquent, le projet risque d’être gelé (Amor, 2021).

En plus de deux autres pôles universitaires déjà existants, à Tassoust, à quelques kilomètres
à l’est du chef-lieu de la wilaya et ceux du campus central de la ville, ce troisième pôle a
été réalisé pour doter le secteur de l’enseignement supérieur dans cette wilaya d’une
structure universitaire destinée aux filières techniques (Amor, 2018).

176
En l’occurrence, celle des sciences de la nature et de la vie avec 3000 places pédagogiques, la faculté des
sciences agronomiques avec 1000 places pédagogiques, la faculté des sciences exactes et informatique avec
2000 places pédagogiques, et la faculté de médecine avec une capacité de 1000 places pédagogiques.

142
B. Les projets non lancés

B.1. L’autorail et la ligne ferroviaire Sétif-Jijel, plus d’ouverture sur


l’extérieur…

Dans le but de renforcer le transport ferroviaire dans la wilaya, le tracé d’une


variante177d’un projet de voie ferrée qui va relier Jijel à Sétif sur une longueur de 101
km178, parallèlement à la pénétrante autoroutière, a été examiné et adopté lors d’une
réunion du conseil de wilaya, dont l’étude a été approuvée en 2016 (Fodil, 2016).Cette
future liaison ferroviaire à voie unique électrifiée servira au transport des voyageurs et des
marchandises entre les deux villes (Jijel- Sétif), avec des vitesses de 160 km/heure pour les
marchandises et 80 km/h pour les voyageurs, en essayant de conférer un haut degré de
performances du chemin de fer.

Les impacts attendus de la réalisation de cette ligne ferroviaire qui s’inscrit dans le
schéma national d’aménagement du territoire (SNAT 2030) se résument comme
suit (Souilah, 2016b) :179

➢ Plus qu’avoir un débouché direct sur le port commercial de Djen Djen, ce projet
permettra de favoriser les échanges (commerciaux) inter-wilayas en augmentant
la vitesse et en réduisant des temps de parcours des trains. Par conséquent, il
permet d’ouvrir la ville de Jijel sur l’extérieur.
➢ Redynamiser le développement économique via la liaison de la ville de Sétif, le
port de Jijel (Djen-Djen) et la zone industrielle de Bellara.
➢ Relever le niveau de compétitivité du transport ferroviaire, via l’augmentation
de la capacité de cette ligne et l’amélioration de son niveau de sécurité.
➢ Désenclaver les localités urbaines qui se trouvent près du tracé et promouvoir
les réserves foncières à même d’accueillir des espaces d’échanges commerciaux
(port sec, parc logistique…).

4.5.2.2 Les projets situés à l’intérieur du périmètre de la ville de Jijel

177
Parmi 3 variantes présentées par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des
investissements ferroviaires (ANESRIF).
178
Selon la direction des transports de la wilaya de Jijel « Etude de la nouvelle ligne ferroviaire Sétif/ Jijel » :
Fiche technique, Juillet 2013.
179
Ainsi que les données fournies par la direction des transports de la wilaya de Jijel.

143
A. Les projets en cours de réalisation

Outre les grands projets préconisés dans le cadre du PDAU, que nous avons explicités
leurs objectifs et leurs enjeux dans l’étude critique du PDAU au présent chapitre à savoir :
le théâtre régional, le musée régional, le nouveau siège de la wilaya, la nouvelle gare, etc.
D’autre grands projets sont en cours de réalisation, d’autres vont voir le jour, ayant pour
une seule ambition développer Jijel et valoriser son image, dont nous citons les suivants :

A.1.Le centre commercial, le premier par son genre dans la ville…

En vue d’une reconversion d’une


grande friche située au centre-ville
de Jijel, dans le quartier Ayouf qui se
présente comme une rue
commerçante, suivant un incendie
qu’a subie l’ancien "Super marché"
en 2011. Le projet d’un centre
commercial a vu le jour.
Figure 4.10.Vue 3D du nouveau centre commercial.
Source : photo prise par l’auteur à partir du panneau
d’information du projet (2020).

La réalisation de ce projet a été confiée à un bureau d’étude de Sétif pour un délai de 24


mois, dont les travaux sont lancés en 2018. Ce centre multifonctionnel abrite plus d’une
grand surface supérette, des zones de consommation et de détente, espace de jeux, Parking
sous-sol, Apart-hôtel. Il représente une opportunité pour la ville et son dynamisme.

A.2. Une forêt récréative à Kissir, vers l'engouement des espaces forestiers…

A l’Ouest de la ville de Jijel, un projet d’aménagement d’une forêt récréative sur une aire
de 40 hectares, donnant directement sur la mer, est en cours de réalisation. D’un montant
de 2,67 milliards D.A, la réalisation de ce projet a été confiée à un investisseur privé, dont
les travaux d'aménagement ont débuté en juin 2018, pour une durée de 24 mois. Il porte sur
la création d'un parc pour 500 voitures, des pistes cyclables, des circuits de course, un
complexe sportif en plein air, des locaux de vente d'articles et des plats traditionnels, ainsi
que d’autres structures récréatives, de détente et de loisirs (APS, 2019). La concrétisation
de ce projet permettra de renforcer les capacités touristiques de la wilaya et d’offrir aux
visiteurs, mais aussi aux autochtones, plus d’opportunités et d’espaces pour se distraire.

144
B. Les projets non lancés :

B.1. Le tramway et le téléphérique, vers une modernisation des moyens du


transport…

D’après le PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 52), les projets d’un
tramway pour desservir les différents quartiers de la ville ainsi que 02 ou 03
téléphériques, sont programmés par la direction des transports de la Wilaya. Ces projets,
qui sont encore au stade de l’étude, font partie du programme complémentaire annoncé lors
de la visite du Premier ministre, en août 2013.

4.6 Synthèse de lectures des différents outils d’aménagement … La crostabulation

Pour que la lecture critique des différentes stratégies de développement et /ou de


requalification de la ville de Jijel soit réellement complète et efficace, nous sommes jugées
utile de les regrouper/ croiser dans le tableau suivant :

Tableau 4.6. Synthèse de lecture critique du PAW de Jijel et du PDAU de la commune de Jijel

Stratégies de développement/requalification de Jijel selon


PAW PDAU
Hiérarchisation des différents centres
Améliorer le fonctionnement des quartiers, composant le tissu urbain en assurent
Maitriser la leur cadre et leur qualité urbaine leur articulation par des fonctions
croissance intermédiaires
urbaine Restructuration des zones
Lutter contre les inégalités spatiales et
(urbanisation) périphériques d’habitat (à moyen
sociales
terme)
Création d'un « Cœur de ville »
Réhabilitation/revitalisation des anciens Rénovation et de restauration du vieux
tissus urbains bâti
Sauvegarde du patrimoine urbain et
Préserver et architectural
valoriser le Améliorer l’offre et la qualité de l’habitat
cadre bâti tout en rependant aux besoins des habitants
existant Requalification totale de la périphérie
Harmoniser le tissu urbain afin de soigner
l'aspect esthétique du cadre bâti
Résorption progressive de l’habitat précaire
notamment dans la périphérie
Sa dotation en équipements supérieurs (notamment en tourisme, éducation, recherche
Développer la et/ou tourisme d’affaire)
qualité et Favoriser l’accès aux nouvelles
Déplacement de toutes les activités
l’offre des technologies de l’information et de la
présentant des degrés de nuisance vers
équipements communication (dans les différents
le couloir logistique d’industries
et services secteurs et services)
publics Renforcement de la couverture en infrastructures déficitaires et mise à niveau et
modernisation des équipements et services de base/publics existants

145
Réaménager les espaces publics existants Réaménagement des espaces publics
(et les espaces extérieurs des immeubles) et centraux (centre colonial) et protection
rendre plus conviviaux de la ville contre les inondations par la
Multiplier les espaces publics structurants réalisation des collecteurs de drainage
et attractifs (du centre colonial ainsi qu’au des eaux pluviales
niveau des différents quartiers.)
Dédoublement et renforcement du réseau
viaire (RN des deux entrées)
Amélioration de l’état des réseaux routiers Dédoublement du boulevard Rouibah
dégradés ainsi que l'adaptation et le Houcine, création d'un grand parking à
Améliorer
étages pour décongestionner le centre-
l’accessibilité réajustement des services de transport
collectif existant (Fréquence, horaire, ville, création de la nouvelle gare de
et les
régularité). Jijel, création d’avenues urbaines
déplacements
transversales à partir de l’évitement
Modernisation du réseau ferroviaire sud (à long terme)
existant et réalisation d’une nouvelle voie
ferroviaire électrifiée entre Sétif et Jijel
Valoriser les
Valorisation (protection, exploitation et développement) des potentialités naturelles :
spécificités
corniche, substances utiles, potentiel agricole et forestier
naturelles
Aménagement de la bande côtière
(façade maritime) Est en espace
Valorisation du potentiel touristique de la
touristique en alliant affaires-tourisme,
wilaya par l’amélioration et la
création de la route Bleu (d’oued kissir
diversification des infrastructures et des
Valoriser le jusqu’au 3ème km), port de plaisance
activités touristiques (structures hôtelières
cachet et d’attractions dans le 3eme KM qui
de haut de gamme) ainsi que
touristique accompagneront des équipements
l’identification spatiale de toutes les
commerciaux, de détente et
potentialités et la définition des priorités en
d’hôtellerie. Projection d'un musée de
matière d’aménagement.
la Mer avec un grand aquarium et des
espaces d’expositions
Promouvoir les activités culturelles et
développer des métiers en rapport avec la
préservation de l’environnement et du
Valoriser les patrimoine, la motivation des jeunes à
spécificités l’action culturelle sous toutes ses formes
culturelles et Valorisation du patrimoine culturel du
patrimoniales point de vue purement marchand
(multiplier les festivals à caractère culturel)
Classement et restauration des sites
archéologiques et monuments historiques.
Le développement et le soutien des
activités de la pêche afin d’affirmer la Lancement du couloir logistique
vocation de pêche de la wilaya de Jijel et d’activités économiques et de services
Valoriser les assurer la compétitivité du secteur. tout en faisant un crochet par le port de
spécificités Le renforcement des capacités productives pêche et la gare intermodale ainsi que
économiques par la valorisation des ressources locales les nouvelles voies à créer (jonction
entre les CW et la RN77 (à long
Soutenir et développer le secteur du terme))
commerce
Source : Etabli par l’auteur (2020).

Une lecture interne et externe de ce tableau révèle les constats suivants :

146
Congruences et complémentarités :

▪ Préservation des terres agricoles et maitrise du développement urbain par la


valorisation du foncier urbain en favorisant le renouvellement urbain "faire la ville
sur la ville » et en assurant une bonne articulation entre les différents quartiers.
▪ Des interventions touchant le cadre bâti, en particulier l’ancien tissu (rénovation,
Réhabilitation, sauvegarde….).
▪ Renforcer l’attractivité et la compétitivité de la ville par sa dotation en équipements
de tertiaire supérieur.
▪ Faciliter l'accès et les déplacements ; par l’amélioration de l’état et de la qualité du
réseau routier existant, dédoublement de voies principales, création de nouvelles
voies et aménagent des carrefours.
▪ Renforcer l’ouverture de Jijel sur l’extérieur.
▪ Gestion des déchets et amélioration du cadre environnemental.
▪ Valorisation (protection, exploitation et développement) des potentialités et des
ressources du territoire jijélien, en particulier ses ressources naturelles.

Contradictions et critiques :

▪ La lutte contre les inégalités spatiales et sociales entre les différentes entités
urbaines qui composent cette ville n'a pas été prise en compte par le PDAU.
▪ Le PDAU n'attache pas beaucoup d'importance à la qualité et à l'esthétique
(architectural) de l'environnement bâti (contrairement au PAW).
▪ Les actions touchant les espaces publics (aménagement, réaménagement, etc.)
même si l’enjeu principal du PAW concerne toute la ville, le programme réel du
PDAU ne concerne que le centre-ville (colonial).
▪ Le réajustement des services de transport collectif existant (Fréquence, horaire,
régularité) comme une directive du PAW n'existe pas dans le PDAU.
▪ Hormis la mise en place d'équipements culturels, un réel soutien pour d'autres
aspects liés à la culture de cette ville, tel qu'abordé par le PAW, ne se trouve pas
dans le PDAU.
▪ Absence d’une réelle prise en charge ou d’une réflexion profonde sur l’activité
commerciale par le PDAU (pour la soutenir, l’organiser et la développer tels qu’il
est préconisé par le PAW).

147
▪ Malgré le problème de congestion affectant pratiquement toute la ville et l'absence
des aires de stationnement (comme nous l'avons expliqué dans le chapitre
précédent), le PDAU a suggéré de décongestionner seulement le centre-ville en
créant un grand parking à étages.

CONCLUSION DU 4ème CHAPITRE

Jijel est devenue le théâtre de grandes mutations, transformant son image et sa dynamique
urbaine de par les projets implantés en voie de réalisation. Avec de telles transformations,
Jijel passera d’une ville enclavée à un important pôle d’industrie, de tourisme et d’affaires,
à travers de grands projets prévus, à savoir : la modernisation du port de Djen Djen, la
réalisation d’une pénétrante autoroutière la reliant à l’autoroute Est-Ouest, la construction
d’une voie ferrée entre ledit port et El Eulma à Sétif, la réalisation d’un 3ème pôle
universitaire à El Ouanna, le grand projet du complexe sidérurgique Algéro-Qatari à
Bellara (50 km de Jijel).

Force est de constater que Jijel est appelée à devenir :

➢ pôle de développement régional (2030) (selon le SEPT Nord Est et le PAW) ;


➢ pôle d’équilibre régional, pôle touristique et environnemental (2038) selon le
PDAU.

Il ressort qu’outre la maitrise du processus d’urbanisation de Jijel et la satisfaction des


besoins (quantitatifs) de ses habitants180 en termes de logement, d’équipements, de surfaces
urbanisables, d’infrastructures et des réseaux divers, les stratégies de requalification de
cette ville se concentrent majoritairement au centre-ville colonial (pour conforter son
caractère de centralité et d’attractivité) et à l’entrée Est de cette ville (POS 26) 181, d’où de
nombreux projets d’intérêt régional sont prévus, dont : une grande mosquée pôle, un musée
régional, un théâtre régional, une salle omnisports, etc. (voir Annexe U, p. 321).

Contrairement aux PDAU de la commune de Jijel qui ont précédé ce dernier, ce PDAU
(révisé en 2018, approuvé en 2019) a pris en compte sa façade maritime, et donc un
important programme touristique a été planifié (comme la création de la route bleu). Le
tourisme se présente comme un secteur clé pour la requalification de cette ville.

180
La quantification des besoins socio-économiques de la population.
181
Appelé à devenir un nouveau pôle urbain à dominante d’équipements structurants et qualifiant pour
l’attractivité de la ville.

148
Les actions prioritaires du PDAU (à court et moyen terme) sont les aménagements
attractifs et touristiques et l’achèvement des grands projets, tandis que la requalification
des zones périphériques est prévue sur le long terme.

A la lumière de ce constat, il s’avère évident que ces grands projets et les différentes
actions, prévus et en cours, vont donner une nouvelle dynamique et une nouvelle image à
la ville de Jijel, mais la question qui se pose : Où sont les habitants et leurs besoins dans
ces discours ? De ce fait, nous allons essayer de comprendre quels sont les besoins de ces
habitants et de les exploiter dans le cadre de la requalification urbaine. C’est l’objet du
chapitre suivant.

149
5 CHAPITRE V
UNE DEMARCHE EMPIRIQUE : PLACER L’HABITANT AU CŒUR DES
MUTATIONS QUI CONCERNENT SON CADRE DE VIE … L’ECOUTER,
L’OBSERVER

INTRODUCTION

« La connaissance du site, n’est pas l’apanage du technicien » (Louvet, 2005, p. 43).


Partant du principe que la participation citoyenne est devenue « une exigence
démocratique » et une clé de réussite de tout projet à caractère urbain, les deux concepts
« requalification de la ville » et « identité des territoires » constituent l’épine dorsale de
notre présente recherche de thèse. Le premier, une intervention urbaine vise principalement
à répondre aux besoins et attentes de la population, quant au second, il traite davantage
de l’aspect physique et visible, mettant en exergue le sentiment d’appartenance des
habitants à un lieu. Par conséquent, la population est l’axe majeur entre ces deux
notions, et la première concernée par toute opération entreprise dans son cadre de vie,
participant d’une manière efficace et continue aux différentes interventions urbaines, mais
comment ?

Avant de passer à cette question, nous devons répondre préalablement au questionnement


suivant :

➢ Comment les citoyens jijéliens perçoivent-ils leur espace urbain (ville) ? et qu’est
ce qui a changé par rapport à autrefois (selon eux) ?
➢ Quels sont les éléments constitutifs de l’identité qui intéressent davantage la
population ? Et quel sont leurs besoins et leurs attentes réels ?
➢ Quels sont les effets du processus de dysfonctionnement urbain qu’a connu Jijel sur
la ville, sur son identité et sur ses habitants ?
➢ Comment réagissent les habitants de Jijel face à la situation difficile dans laquelle
se trouve leur ville ?

Le présent chapitre vise à interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie global et
actuel de la ville de Jijel, par une approche du terrain, en tant qu’espace perçu, vécu et
pratiqué par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification. Il faut
préciser que l’approche initiée à partir du terrain (du vécu et du perçu) se réfère à
l’accompagnement (écoute, observation in-situ, rapprochement, débats, motivations) des
usagers (une enquête « dite qualitative »).

150
Afin d’atteindre ces objectifs, nous faisons recours à une enquête sur terrain d’abord,
auprès d’un échantillon de 46 personnes habitants de la ville de Jijel (nous expliquons le
pourquoi de ce nombre) dans le but et comprendre leur perception de leur ville, leurs
visions, leur degré de satisfaction, ainsi que l’image qu’ils en forgent avec les éléments
constitutifs de son identité. Nous complétons cette enquête par une observation en situation
(intra-muros) relatant les différentes pratiques habitantes présentes sur l’espace urbain de
la ville de Jijel, dans l’objectif de questionner le rôle du citoyen dans toute action touchant
la requalification et l’amélioration de son cadre de vie.

5.1 L’identité de la ville de Jijel et son développement entre perceptions et attentes


de ses habitants

Pour une meilleure prise en charge de la question d’identité de la ville et éventuellement


l’habitant dans les opérations de requalification de la ville de Jijel, notre enquête a porté
sur les points résumés suivants :

➢ Etudier de manière approfondie la perception de la ville par ses habitants.


➢ Examiner les changements qu’elle a connus et leurs effets sur les habitants, leurs
pratiques, leurs usages, etc.
➢ Questionner la notion d’identité et ses référents auprès des habitants.
➢ Dégager quelques éléments de requalification de cette ville – à partir des
besoins et attentes réels des habitants-.

Nous avons préféré donner les résultats et joindre tout de suite notre interprétation afin que
le lecteur puisse se faire une idée à chaud en examinant le résultat. C’est une manière pour
faciliter la compréhension des faits surtout que notre visée est explicative et
compréhensive. Mais avant de passer aux résultats, il faut d'abord introduire la démarche
de préparation de l'enquête.

5.1.1 Ecouter les habitants : du choix de la technique de l’enquête au dépouillement


de résultats.

Cette enquête dite qualitative est consacrée à une écoute attentive aux voix des habitants de
la ville de Jijel. En effet, notre étude s’est basée sur la méthode d’enquête par la technique
d’entretien, mais de quel type ?

151
5.1.1.1 L’entretien choisi, le « semi-directif » individuel … pour quelles raisons ?
Les techniques du questionnaire ou de l’entretien sont parmi les principaux outils de
recueil des données et des voix des usagers. Pour cela, notre étude s’est basée sur la
méthode d’enquête par la technique d’entretien « semi-directif »182. Ce dernier avec ses
questions ouvertes183nous donne la possibilité d’être plus proche de la réalité du terrain et
d’avoir une idée, par l’intermédiaire de ses habitants, sur les faces cachées de la ville.

Il s’agit d’un entretien de type individuel, car la productivité d’idées est supérieure à celle
de l’entretien du groupe, comme le montre les résultats des travaux de Griffin (1991) lors
de la comparaison expérimentale effectuée entre les deux modes : « …2 personnes
interrogées individuellement donnent 51% des items possibles contre 50% en groupe
pendant la même durée. Pour le même temps passé, 4 personnes fournissent
individuellement 72% des réponses possibles contre seulement 67% avec 2 groupes »
(Leleu-Merviel and Courbet, 2008, p. 74).

Notre enquête est passée par trois (3) étapes fondamentales :

➢ Phase d’échantillonnage et de préparation des questions.


➢ Phase de collecte de réponses (enquête auprès des habitants).
➢ Et enfin la phase de dépouillement des résultats obtenus.

5.1.1.2 La phase d’échantillonnage et de préparation des questions


La typologie de la population ciblée est également un critère de choix indispensable. La
population ciblée dans notre cas d’étude est celle des habitants de la ville de Jijel,
constituant un seul type d’usagers de l’espace, car ce sont eux les plus concernés par toute
intervention sur leur espace, et le sentiment d’appropriation et d’appartenance au lieu ne
peut être exprimé réellement que par les habitants eux-mêmes.

A. Taille de l’échantillon

182
C’est un outil de recueil d’informations sous forme d’une discussion portée sur un thème spécifique et
orientée par l’enquêteur à l’aide d’un guide préparé à l’avance, en autorisant une grande liberté de paroles à
l’enquêté. Il est fortement recommandé pour la reconstitution des histoires de pratiquants, l’analyse des
parcours des individus et les raisons qui guident ces derniers (parcours) (Decroly, no date) ; La date et le
numéro de page non indiquées, car il s'agit d'un document publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie.
183
Donnant aux habitants la liberté de s’exprimer sans être influencés par des pré-réponses, contrairement
aux questions fermées, qui sont trop limitatives (des réponses possibles sont fixées à l’avance), ce qui ne
permet pas de traduire les nuances et les différents aspects d’une opinion (Temporal and Larmarange, 2006).

152
La représentativité de l’échantillon en cette étude qualitative n’est pas conditionnée par sa
taille mais par la qualité de ce que disent les habitants. Pour cela, elle ne nécessite pas un
grand nombre de personnes interrogées,
comme le montre les résultats des travaux
de Griffin & Hauser (1991)184 qui ont
prouvé expérimentalement qu’une
trentaine de personnes interrogées dans le
cadre d’une écoute qualitative fournit plus
de 90% de la richesse de l’information à
recueillir (Réf : Figure 5.1 ci-après).
Figure 5.1 Pourcentage de besoins identifiés.
Source. Leleu-Merviel & Courbet (2008, p.72).

« Compte-tenu des surcouts


importants engendrés par la
multiplication des entretiens, la
fourchette convenable se situe entre
12 et 15, avec un minimum de 7 et un
maximum de 20 cas » (Leleu-Merviel
and Courbet, 2008, p. 73) (Réf : Figure
5.2).
Figure 5.2. Nombre des besoins révélés par nouvel entretien.
Source. (Ibid., p. 73).

Angers (1997), pour sa part, confirme dans son ouvrage « initiation pratique à la
méthodologie des sciences humaines » que dans une recherche qualitative, la taille de
l’échantillon s’établit sur la base du principe de la saturation des sources. « Cela signifie
qu’on arrête la collecte auprès des éléments de la population quand on s’aperçoit qu’il
commence à y avoir répétition et qu’il serait donc inutile d’en ajouter davantage pour la
compréhension du problème à l’étude » (Ibid., p. 243). De ce fait, et pour plus de
précision, notre étude a porté sur un échantillon de 46 personnes habitant la ville de
Jijel, choisies selon les indicateurs.
184
« Les travaux de Griffin et Hauser (Griffin, 1991) ont montré qu’une douzaine d’entretiens fournit environ
70% de la richesse d’informations à recueillir. 30 personnes expriment 89,8% des réponses théoriquement
exprimables (au lieu de 100% car certains items ont une probabilité faible de sortir). Au-delà de 20
personnes, l’apport d’informations nouvelles devient très marginal et, du fait du caractère asymptotique de
la courbe, la probabilité d’apparition d’une idée neuve est extrêmement faible. » (Leleu-Merviel and
Courbet, 2008, p. 72).

153
B. Critère du choix de l’échantillon

Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, et les données statistiques du
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2008 de la ville de Jijel, le
choix de la cible à interviewer s’est basé sur les critères mentionnés ci-dessous afin
d’assurer une certaine représentativité et variété de la cible :

➢ Sexe et tranches d’âge ; 23 hommes et 23


49,59% 50,41%
femmes habitants de cette ville, dont leurs
âges oscillent entre 18 ans et plus de 60
ans comme le montre les deux graphes ci-
Masculin Féminin
dessous :
Figure 5.3. Sexe de l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2018).

Figure 5.4. Catégorie d’âge de l’échantillon par sexe.


Source. Etabli par l’auteur (2018).
➢ Durée de
résidence ; qui
varie entre 2 ans
jusqu’à plus de 25
ans selon l’âge et
l’origine de la
personne
interviewée,
comme le montre
le graphe suivant :

Figure 5.5. Durée de résidence de l’échantillon selon ses origines.


Source. Etabli par l’auteur (2018).

154
➢ Lieu de résidence ; les différents quartiers de la ville que ça soit le centre de la ville
ancienne et/ou ses quartiers périphériques.

Figure 5.6. Lieux de résidence de l’échantillon.


Source. Établie par l’auteur sur fond d’image de Google Earth (2018).

➢ Catégorie socioprofessionnelle (profession) ; notre enquête a touché presque toutes


les catégories comme le montre le graphe ci-après :

Figure 5.7. Catégorie socioprofessionnelle de l’échantillon selon le sexe.


Source. Etabli par l’auteur (2018).

155
C. Préparation des questions

Partant du principe que les questions doivent être ouvertes, posées d’une manière à ce
qu’elles permettent d’obtenir des réponses sur les pratiques, les besoins et les attentes des
interviewés, en évitant toute forme d’opinion, selon un ordre chronologique 185,et en se
basant sur les indicateurs dégagés lors de nos lectures, notre guide d’entretien peut être
résumé comme suit :

Tableau 5.1. Tableau récapitulatif de la démarche de préparation des questions de notre enquête.

Dimens
Mots clés Composantes Objectifs Questions
ions
Physiqu Cette question est destinée à
e dégager le niveau de
D’une manière générale,
perception de la ville par ses
comment trouvez-vous la
habitants c'est-à-dire le
ville de Jijel aujourd'hui ?
regard qu'ils portent sur elle
Disqualifi Sensibl Que pensez-vous de la
d’une manière générale, que
cation et e situation actuelle de votre
ça soit positif ou négatif, ce
dysfonctio ville ?
qui reflète le degré de leur
nnement
satisfaction.
de la ville
Savoir ce que Jijel a perdu
de Jijel
en termes de qualité,
Visible valeurs, pratiques ou tout Qu'est-ce qui a changé par
(image) autre élément significatif rapport à autrefois ?
pour les jijéliens ; dégager
l'identité de Jijel d’antan.
C'est quoi Jijel pour vous ?
Savoir quels sont les
* Bâti ; Ou Qu’est-ce qui
éléments qui font sens pour
environnement caractérise le mieux Jijel
les jijéliens.
construit, selon vous aujourd’hui ?
Élémen
*composants Cette question a été
ts
naturels et introduite pour permettre
L’identité visibles
physiques ; aux habitants de pouvoir
du (ressour
* Paysages détailler leur perception et
territoire ces Selon vous, quels sont les
identitaires ; leur appréciation de la ville,
d'ordre points forts et les points
* Monuments de dégager leurs attentes
spatial) faibles de la ville de Jijel ?
historiques ; ainsi que les éléments
* Lieux-symboles. constituants de l’identité de
cette ville (les référents) qui
font sens pour eux ;

185
Dans leur ouvrage « Objectiver l'humain ? Volume 1 » , Leleu-Merviel & Courbet (2008) ont donné une
grande importance au facteur temps. En effet, les questions posées s’organisent essentiellement autour du
passé, du présent, du futur mais aussi de l’imaginaire associé à la question traitée.

156
Tant que l'identité se révèle Décrivez-nous votre
essentiellement au niveau installation dans cette ville
des représentations que les - depuis combien de temps ?
habitants de Jijel se font - raisons ? Comment vous
d’elle, ces questions vous identifiez dans cette
concernent le mode de vie ville ? et comment vous
quotidien des habitants, au vous êtes adaptés à la ville ?
travers leurs manières de -Quelles sont les activités
* Histoire ; vivre et approprier ce que vous menez
* Sentiment territoire (les pratiques régulièrement sur votre
d'appropriation de quotidiennes). espace ?
l’espace : pratiques Comment jugez-vous le fait
Ces questions sont destinées
et usages ; de changer votre lieu de
à cerner la nature du
* Sentiment résidence (votre quartier,
sentiment d’appartenance de
d’appartenance à votre ville) ? c’est à dire
ces habitants envers leur
Élémen la ville voulez-vous changer votre
ville (leur niveau
ts (attachement) ; lieu de résidence ? Et
d’attachement).
invisibl * Culture et pourquoi ?
es traditions ; Cette question est liée à
* Symboles, l’image de la ville Quand on parle de Jijel,
évènements, etc. ; mémorisée par ses habitants, quelles sont les images qui
* La mémoire elle permet d'identifier les vous viennent à l’esprit ?
collective (l'image éléments qui font sens pour Quels sont les référents que
véhiculée dans la les jijéliens, c'est-à-dire la vous utilisez lorsque vous
mémoire mémoire collective des voulez présenter Jijel aux
collective). habitants (visible et autres ?
invisible).
La
* Le patrimoine Après avoir évalué le degré
requalif
urbain(immobilier) d’appréciation de la ville (et
ication
* Les friches son état existant) par ses
du
* Espaces publics habitants, cette question est Pour améliorer et
La physiqu
* Paysage destinée à dégager les développer votre ville,
requalific e
* Regard porté sur besoins et les attentes quelles sont vos suggestions
ation de la
le lieu (aspirations) de la ? (Dans l’immédiat et à
ville Le
* Valeur population questionnée à plus long terme)
travail
économique, travers leurs propositions
sur
fonctions, (imagination de son avenir
l’image
déplacements, etc. possible).

Source. Etabli par l’auteur (2018).

5.1.1.3 La phase de collecte de réponses


Partant du principe qu’« il faut adopter une attitude générale d’écoute attentive et
d’acceptation inconditionnelle de ce qui est dit » (Leleu-Merviel and Courbet, 2008, p.
76), et, afin d’aboutir aux objectifs préétablis, et guider notre enquête , nous nous sommes

157
basées sur les 5 (cinq) principes de « Kawakita»186 (op.cit., pp. 75-76). Les conditions du
déroulement des entretiens auprès de notre échantillon se résument aux 3 (trois) points
essentiels :

A. Le rajout de quelques expressions pour guider au mieux l’interviewé

Les entretiens avec les habitants ne sont pas limités aux 8 questions préétablies, de temps
en temps, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de :

• Rajouter quelques expressions pour expliquer l’objectif de la question selon la


demande de l’interviewé (sans sortir du contexte de l’enquête).
• Demander à la personne interrogée de citer des exemples ou plus de précisions,
lorsqu’elle donne une réponse trop vague et générale (afin d’avoir le maximum de
données recherchées).

B. L’enregistrement des réponses et la prise de notes

L’enregistrement des réponses des habitants enquêtés a été effectué sous deux formes :

• Sur des bandes audios avec prise de notes des éléments essentiels, ce qui nous a
permis de gagner du temps, de ne pas interrompre le répondant et ne pas perdre le
fil des questions.
• Pour ceux, qui n’aimaient pas être enregistrés sur une bande audio, l’enregistrement
s’est fait sur place, par l’écriture (transcription écrite) mot à mot de ce qu’ils
disent, sans aucune sorte de synthèse ou de modification.

Il est à noter que les réponses n’étaient pas toutes en langue française, car quelques
répondants trouvaient que l’expression en langue arabe (et plus particulièrement avec le
dialecte jijélien) leur donnait plus de liberté d’expression pour mieux partager leurs vécus
et leurs pratiques. De ce fait, nous avons essayé le plus fidèlement possible de traduire
toutes les expressions en langue française sans modifier ou changer leurs propres idées.

C. La durée des entretiens

La durée des entretiens n’a pas été constante pour tous les interviewers. Elle oscille entre
15 minutes environ jusqu’à une heure et demie d’une personne à l’autre, selon les points
suivants :

186
Qui sont : adopter une vision à 360°, progresser en pratiquant le « pas japonais », profiter du hasard et de
la chance, se fier à son intuition et recueillir des données qualitatives.

158
➢ Selon le degré de perception et de connaissance de la ville de Jijel et de son passé
par les personnes interviewées. Donc les cas qui connaissent le mieux Jijel,
notamment ses anciens habitants, ils ont pris plus de temps pour s’exprimer et
partager leurs vécus que les « nouveaux habitants ».
➢ La disponibilité du répondant (son temps libre).
➢ L’utilisation d’enregistrement audio qui nous a permis de gagner du temps.

5.1.1.4 La phase de dépouillement des résultats obtenus

Le dépouillement des résultats s’est fait selon une analyse qualitative de type sémantique
basée principalement sur la « méthode de sélection positive »187, c'est-à-dire, tout en
restant fidèle aux expressions et mots prononcés par les habitants, nous avons réduit la
quantité étonnante de données qualitatives résultantes des différents entretiens aux
expressions les plus significatives à l’aide du logiciel SPSS et à la « cross-tabulation » un
croisement des variables et données.

Cette enquête peut être résumée aux étapes suivantes :

Transformation
des « voix des
usagers » en
Entretiens Transcription des Classement sémantique Dégagement des « attentes
auprès de 46 entretiens et des besoins : « indicateurs qualité » usagers »
personnes analyse de la regroupement des suite au croisement
voix de chaque différentes citations par des classes d’attentes
interviewé typologie + identification résultantes avec les
du point clé de chaque résultats du diagnostic
sous-groupe

Figure 5.8. Les étapes de réalisation de notre enquête.


Source. Etabli par l’auteur (2018).

5.1.2 La ville de Jijel en tant qu’espace perçu par ses habitants

D’une manière générale, comment trouvez-vous la ville de Jijel aujourd'hui ? Que pensez-
vous de la situation actuelle de votre ville ?

187
Qui se résume d’après Leleu-Merviel & Courbet (2008) en les étapes suivantes :Regrouper les idées
similaires ou avoisinantes sous forme de paquets cohérents et relativement différents entre eux (portant le
même ordre d’idée à un niveau plus global), puis associer et réduire ces paquets à un même sous-ensemble en
mettant l’accent sur le point fort commun.

159
Dans le but de dégager le regard que portent les habitants de Jijel sur leur ville d’une
manière générale - ce qui reflète le degré de leur satisfaction-, les réponses ont été très
variées, et pour les rendre lisibles, nous avons jugé utile de les regrouper par homogénéité
comme suit :

Figure 5.9. La perception de la ville par l’échantillon.


Source. Etabli par l’auteur (2018).

Le regard porté par les habitants est à la fois positif, négatif et neutre. 32,61% de nos
répondants voient que leur ville « est une ville en voie de développement ou un peu
développée »188, elle a une identité et c’est un endroit magnifique pour vivre. D’autres
(54,35%de nos répondants) portent sur elle un jugement totalement contraire ; « elle s’est
dégradée dans tous les domaines et elle a perdu son identité ». Ces derniers ne cessent
d’exprimer leur regret envers la situation actuelle de leur ville, à travers les réseaux
sociaux comme le montre la photo ci-dessous. Il y’a cependant une minorité qui est neutre.

« Belle…propre…et calme…La situation


actuelle de notre ville nous fait très mal au
cœur, car le passé était meilleur …Jijel est
une rose qu’on a perdue, car on ne l’a pas
protégée …moi, toi et eux… ». Publié par
un jeune homme jijélien dans un groupe
Facebook « Forum Jijel ».
(Https://www.facebook.com/groups/forumjijelnews/
?ref=br_rs).Site consulté en 2016.

Figure 5.10. Jijel quelques années après l’indépendance.


Source : http://www.jijel-annonces.com/blog/images/jijel-
ex-djidjelli-photos-anciennes.html.

188
Pour cette première catégorie, les personnes interrogées ont lié le développement de la ville au
développement du commerce, et la création de voies nouvelles (amélioration de l’accessibilité).

160
Afin d’expliquer cette contradiction entre les réponses, un croisement entre ces derniers et
les 3 variables du choix de l’échantillon ; âge, sexe et durée de résidence nous a semblé
nécessaire, dont nous avons pu tirer les lectures suivantes :

Figure 5.12. La perception de la ville selon l’âge Figure 5.11. La perception de la ville selon la durée de
du répondant. Etabli par l’auteur (2018). résidence du répondant. Etabli par l’auteur (2018).

Figure 5.13. La perception de la ville par l’échantillon selon les indicateurs ; âge et sexe. Etabli par l’auteur (2018).

161
La perception de la ville (et plus particulièrement son processus de développement)
par ses anciens habitants, et ceux qui connaissent son histoire n’est pas la même que
celle des nouveaux habitants, en effet, la ville de Jijel ne signifie pas l’espace disqualifié
pour tous ses habitants, mais seulement pour ses anciens habitants qui connaissent son
histoire et son image telle qu’elle était avant. Certes, la perception diffère, entre homme et
femme, jeune, adulte et personnes âgées. Les plus insatisfaits et plus particulièrement les
hommes (100% un regard négatif) et les femmes (66,67% portent un regard négatif).
D’après eux, le passé était meilleur.

Après un processus de disqualification, la ville a renoué partiellement avec le


développement au début des années deux milles dans quelques domaines. La cause est
l’euphorie financière qu’a connue le pays, et qui a permis le lancement d’un grand nombre
de projets ; mais elle n’a pas pu récupérer et son image et son identité d’antan, selon l’avis
de la population enquêtée.

Nos résultats montrent que la perception d’une ville est fortement liée à la durée de
résidence de ses habitants, leurs connaissances, ainsi que leurs âges. Ces résultats sont
soutenus par ceux de Bailly (1977)189 et Laudati & Boulekbache Mazouz (2008)190.

5.1.3 La perception des changements parcourus de la ville de Jijel par ses


habitants…

Figure 5.14. La perception des changements parcourus de la ville par l’échantillon.


Etabli par l’auteur (2018).

189
Qui confirme que l’identité de l’individu (ses expériences, ses compétences, sa mémoire, etc.) contribue
directement à la construction de sa perception urbaine.
190
Pour leur part, Elles stipulent que la perception d’une ville diffère entre un résident de longue date et un
habitant récent ou un visiteur occasionnel.

162
Une catégorie intermédiaire, qui représente 19,6% des personnes questionnées, voit que
Jijel n’a pas changé, du fait de la non connaissance de son passé (la vision de quelques
nouveaux habitants). Cependant,26,09% des personnes interrogées confirment que la ville
de Jijel a connu un processus de disqualification dans la majorité des domaines, elle avait
« un charme » qu’elle a perdu (selon les dires de la population enquêtée) :

"Jijel était mille fois mieux ; elle était


très bien aménagée, ses voies étaient
mieux organisées et vastes, elle était
trop propre, construite selon des
normes, elle était petite au point où
tous les gens se reconnaissaient"191.

Figure 5.15. Les changements positifs parcourus de la ville


selon l’échantillon. Etabli par l’auteur (2018).

1er degré 2èmedegré 3èmedegré 4èmedegré

Figure 5.16. Les secteurs et les valeurs ayant des problèmes et des régressions selon l’échantillon. Etabli par
l’auteur (2019).

191
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.

163
Nous constatons que les habitants ne sont pas satisfaits, mais qu’est ce qui fait le plus
défaut à Jijel d’après eux ?

D’après notre échantillon, les problèmes à Jijel sont multiples. Nous les avons classés en 4
catégories selon le degré d’importance accordé par les répondants (Réf : Figure 5.16, p. 163).
Les plus grands problèmes sont ceux du surpeuplement de la ville, l’état critique des
espaces publics et des espaces verts ainsi que l’état dégradé de la voirie. En deuxième
degré, nous trouvons les problèmes liés au services offerts, à savoir ;le manque des
infrastructures touristiques, l’insuffisance des équipements sportifs, la difficulté
d’accessibilité vers et à l’intérieur de la ville, des problèmes liés au confort visuels,
pollution, absence de l’aspect esthétique des constructions, l’altération des valeurs liées
aux comportements des gens, la perte des notions de citadinité et de civisme, l’altération
des relations de voisinages due à l’exode rural (selon la population enquêtée).En effet, une
catégorie de la population enquêtée (17.39% de nos répondants) juge que les problèmes
sont accentués car il n’y a pas une volonté de la part des habitants pour développer leur
ville (Réf : Figure 5.37, p. 179).

Ces résultats confirment l’idée de Forêt (2007) que ce qui disparaît n’est pas toujours
d’ordre matériel. Ce processus de disqualification causé d’une part, par l’urbanisation de la
ville et son surpeuplement anarchique dû à l’exode rural, comme conséquence de la
décennie noire qu’a connue le pays et la région en particulier, et d’autre part, par les
mauvaises pratiques des faiseurs de la ville, qui s'occupent seulement des logements et des
aspects quantitatifs au détriment de la qualité des espaces produits, de l’identité de la ville,
et, en l’absence de volonté de ses habitants pour accompagner son développement. A ces
contraintes s’ajoute la non maturation des politiques urbaines peu performantes, sans
accompagnement de la population, la situation critique dans laquelle se retrouve Jijel, ne
peut qu’être disqualifiée sur tout plan (Réf : Figure 5.19, Figure 5.20, p. 165).

D’autres habitants questionnés voient que la dominance des zones militaires, qui occupent
les sites stratégiques de la ville, a contribué également à sa décadence et à l’accélération de
son processus de disqualification (Réf : Figure 5.17, p. 165). Néanmoins, son centre-ville a
gardé relativement son cachet identitaire, selon les informations recueillies (Réf : Figure
5.18Figure 5.17, p. 165) : "Le centre-ville a gardé un peu ses traditions, ses habitudes,

164
l'identité de ses constructions, mais dans les nouveaux tissus, on trouveque chacun a ses
propres traditions et ses habitudes qu'il a ramenées avec lui"192.

Centre-ville
Zone militaire

Figure 5.17. Ville de Jijel, établie par l’auteur


Figure 5.18. Vue aérienne du centre-ville de Jijel en 2009.
sur fond d’image de Google Earth (2017).
Source : http://suzanne.granger.free.fr/jijelavion.html.

(Google Earth, 2018)

Figure 5.19. Vue du quartier périphérique Rabta à Jijel en 2017.


Source : http://www.jijel.info/fr/culture/812-architecture-a-jijel-le-non-respect-des-cultures.

Figure 5.20. Paysage urbain des quartiers périphériques du centre-ville de Jijel.


Source : Photos prises par l’auteur en Juillet 2019 à partir du quartier périphérique Echemayem à El-Akabi.

192
Propos recueillis par un homme, 54 ans, il réside depuis 15 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.

165
Selon la population enquêtée, le commerce et l’accessibilité sont deux éléments positifs qui
peuvent transformer le regard porté sur un lieu. Ce qui explique la perception positive de la
ville de Jijel par une catégorie d’habitants, liant son développement à la présence de ces
deux éléments. D’après eux, le développement du commerce est dû à l’arrivée des ruraux
et des étrangers à la ville, qui ont développé cette pratique. Notre enquête a montré
cependant que, l’arrivée des ruraux en ville n’est pas toujours la signification de crise et de
chaos comme la confirme Berry-Chikhaoui (2009), mais peut constituer un vecteur de
développement économique de l’espace. Certes, elle a des effets négatifs mais, également
positifs à la fois.

5.1.4 Les éléments constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon la vision de ses
habitants

Étudier l’identité d’un espace et/ou lui donner une identité spécifique et reconnaissante et
une image cohérente, ne peut être effectuée qu’en étudiant et en observant tous ses
composants matériels et immatériels dans une perspective dynamique, car la prise en
compte d’une seule dimension ne fait que cristalliser les autres composants cachées,
voilées, réprimées (Belhedi, 2006). Au fait, la prise en charge de la dimension sociale et
culturelle de l’espace (sa mémoire urbaine) est indispensable dans toute intervention sur ce
dernier pour pouvoir confirmer sa singularité (Voisin, 2003).

• Jijel …une ville conservatrice aux richesses naturelles multiples et


exceptionnelles

Du fait de la complexité de ce concept (identité), la question de l’identité n’a pas été posée
(aux interviewés) d’une manière directe mais implicite sous formes de plusieurs questions
telles que : Quand on parle de Jijel, quelles sont les images qui vous viennent à l’esprit ?
Quels sont les référents que vous utilisez lorsque vous voulez présenter Jijel aux autres ?
Qu’est-ce qui caractérise le mieux Jijel selon vous ?

Les réponses à ces questions étant très riches et variées, pour les rendre lisibles, nous avons
trouvé utile de les regrouper comme suit :

166
Figure 5.21. Les éléments constituant l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).

Les éléments constitutifs de l’identité de cette ville, dégagés suite aux réponses des
habitants - leur mémoire collective -, nous montrent que les éléments qui caractérisent le
mieux Jijel, outre que son cachet conservateur (9,24%), sont d’abord d’ordre naturels
(ses potentialités naturelles) à savoir, la mer (15,26%), la corniche (8,03%) la montagne
(7,63%), formant ensemble des paysages identitaires uniques à l’échelle nationale
(8,03%) et renforçant le cachet touristique de la ville (8,84%).

En deuxième position se trouvent les lieux ayant une valeur historique (6,02%), le
caractère sécuritaire de la ville (6,02%), le calme (5,22%) et les valeurs liées à sa
culture (4,42%).

5.1.4.1 Les éléments matériels


« … les lieux ne revêtent pas de sens en eux-mêmes, ils sont avant tout dépositaires de
vécus et de souvenirs personnels» (Di Meo, 2008, p. 8).

167
Figure 5.22.Les éléments matériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).

Entre la mer et la montagne


s’inscrivent des paysages
exceptionnels formant l’identité
naturelle de cette ville. Au fait, de
l’Est en Ouest, la ville contient 7
plages d’une largeur moyenne de 700
à 800 m donnants lieux à des espaces
de détente et à des paysages
surprenants.

Figure 5.23. Paysage naturel identitaire de Jijel.


Source : ttps://www.pinterest.com/pin/544794886177578324/

Aux éléments précités s’ajoutent les espaces et les lieux présentant une valeur historique, à
savoir : l’ancien port, le bateau de Baba Aroudj 193 (Réf : Figure 5.25, p. 169), la citadelle, la

193
Il se situe au carrefour de l’entrée Nord Est du centre-ville colonial (Voir carte en Annexe M, p. 310). Il
constitue un symbole de la ville qui fait référence aux deux corsaires Baba Aroujoudj et son frère Kheir
Eddine.

168
mairie (la plus ancienne), le centre-ville avec son architecture, lycée el Kendi (le premier et
le plus grand établissement scolaire). Au fait, les éléments cités ne se limitaient pas aux
objets déjà existants, mais aussi ceux disparus, telle est le cas de l'église qui a été démolie
en 1990194(Réf : Figure 5.24 ci-dessous) :

Figure 5.25. Le bateau de Baba Aroudj. Figure 5.24. L’église des Saints Simon & Jude à Jijel.
Source :https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Le Source : ttps://www.pinterest.com/pin/106186503692910041/
_bateau_de_baba_Aroudj,_Jijel_(Alg%C3%A9
rie).JPG

Les espaces et les lieux présentant une valeur commerciale, ont aussi acquis de
l’importance chez la population féminine Jijélienne, dont elles ont cité le camp chevalier195
et la foire el Fourssene196 (Réf : Figure 5.26 ci-dessous). Ces résultats d’enquête nous
ramènent vers une autre question, celle de la pratique de l’espace public. La question du
genre est : les espaces à vocation commerciale dans la ville algérienne sont-ils des lieux
attractifs des femmes en premier degré ?

Foire El Fourssene 3 Foire El Fourssene 2

Figure 5.26. La foire El Fourssene à Jijel.


Source : Photos prises par l’auteur (2021).

194
Construite en 1873 et détruite par les barbares de Jijel en 1990.
195
Le camp chevalier ou le plateau Ayouf comme nous l’avons vu dans le troisième chapitre de la présente
thèse, est le lieu où le commerce d'habillement s'est fortement répandu.
196
Ce sont trois grands bâtiments commerciaux dédiés à la vente d’articles ménagers, le premier du genre
dans la ville.

169
A tous ces éléments s’ajoutent d’autres liés à l’emplacement géographique de la ville et les
caractéristiques qui en découlent à savoir : le relief et le réseau hydrographique, d’autres
liées à la culture locale tels que les plats traditionnels, ainsi que sa structure claire. En fait,
selon la population enquêtée, la ville se caractérise par sa continuité et sa clarté donnant la
possibilité à se déplacer facilement sans se perdre.

Ses productions agricoles locales particulières : les légumes et les fruits notamment ses
fraises connues à l’échelle nationale, ainsi que la qualité de ses poissons.

5.1.4.2 Les éléments immatériels


En plus des éléments matériels visibles, Jijel a des valeurs liées à un certain nombre
d’éléments immatériels (Réf : Figure 5.27 ci-dessous) :

Figure 5.27. Les éléments immatériels constitutifs de l’identité de la ville de Jijel selon l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).

Selon les informations recueillies, cette ville riche par sa situation stratégique, l’unicité de
ses caractéristiques naturelles, physiques, paysagères et ses potentialités multiples, est une
destination touristique privilégiée d’un certain nombre d’algériens (notamment les
familles), malgré l’absence des infrastructures touristiques conséquentes, car cette dernière
est une ville conservatrice, belle, calme et sécurisée qui a gardé ses traditions. Chose
confirmée par les résultats du sondage effectué par le Ministère de l’Intérieur et des
Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire, où Jijel s'est classée première
destination touristique privilégiée pour les vacances en 2018 avec 21,34%.

170
5.1.5 L’identité de la ville de Jijel face aux mutations urbaines

Compte tenu des changements que Jijel a subis depuis l’indépendance, suivi de son
processus de dysfonctionnement, quelles sont les implications sur son identité ? Evaluer
ces effets en fonction de la vision de ses habitants, nous a amenées à poser la question
suivante aux personnes interrogées : Selon vous, Qu’est-ce qui a changé par rapport à
autrefois ?
Le regroupement des réponses des habitants, nous a permis de savoir ce que Jijel a perdu
en termes de qualité, valeurs, pratiques et/ou tout autre élément significatif pour eux, et
donc de dégager l'identité de Jijel d’antan et ses valeurs référentielles, comme le résume
les graphes ci-après. Selon la population enquêtée, ces effets peuvent être classés en trois
types :
• Les effets sur les éléments identitaires perçus par les habitants.
• Les effets sur le sentiment d’appartenance des habitants à leur ville.
• Les effets sur les pratiques des habitants.

5.1.5.1 Les effets sur les éléments identitaires perçus par les habitants

Figure 5.28. Les éléments identitaires de la ville de Jijel ayant eu des changements négatifs selon
l’échantillon.
Source. Etabli par l’auteur (2019).

Selon les entretiens, tous les éléments d'identité de cette ville ou presque, n'ont eu que des
changements négatifs. En fait, outre la détérioration des routes, des moyens du transport,
des espaces publics et de la qualité des services et des équipements, les éléments
identitaires mis à l’épreuve du processus de dysfonctionnent qu’a connu Jijel, sont en
premier lieu, les valeurs liées au comportement des gens (18,28%), suivies par la

171
dégradation des aspects esthétiques des constructions (18,28%) majoritairement inachevées
(13,98%), caractérisées par une architecture monotone, sans références ni âme,
endommageant le paysage et l’image de la ville. Les valeurs liées au civisme et citadinité
(11,83%) et les relations de voisinage (12,90%) sont aussi altérées.

5.1.5.2 Les effets sur le sentiment d’appartenance des habitants à leur ville
« Le rapport aux lieux est vécu comme réciproque : un lieu est à nous parce qu’on est à
lui, il fait partie de nous parce que nous faisons partie de lui » (Cavaillé,1999 cité par
Ripoll and Veschambre, 2005)197. Les liens entre les habitants et leur ville sont aussi
influencés par la situation critique de cette ville, dont nous avons essayé d’examiner le
niveau d’attachement des habitants à leur ville d’une manière générale puis à leurs
quartiers d’une manière plus particulière.
« Comment jugez-vous le fait de changer votre lieu de résidence ? Voulez-vous changer
votre lieu de résidence ? Et pourquoi ? » Telles sont les questions que nous avons posées
aux interviewés pour pouvoir examiner le niveau d’attachement à leur ville de façon
générale.
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre certains habitants et
leur ville (17,39% peu attachés, alors que 28,26%
non attachés). En effet, tous nos répondants qui ont
une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie
que leur offre cette ville, parmi lesquelles nous
citons l’absence d’espaces de repos et de loisir,
l’absence des équipements culturels et sportifs,
l’absence d’infrastructures touristiques, etc.
Figure 5.29. Le niveau d’attachement de
l’échantillon à sa ville. Etabli par l’auteur (2018).

Figure 5.30. Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par âge. Etabli par l’auteur (2019).

197
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

172
Selon les résultats, le sentiment
d’appartenance est fortement
influencé par l’âge du répondant.
Ce sont les jeunes qui représentent
les taux les plus élevés (de non
attachement à leur ville), dont
42,86% sont entre 15 et 24 ans et
31,25% entre 25 et 39 ans. Les
femmes sont plus attachées à leur
ville que les hommes.
Figure 5.31. Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par
sexe. Etabli par l’auteur (2019).

Sentiment d’attachement des habitants Jijéliens à leur ville :

• Très attaché : L’habitant ne veut pas changer de résidence, pour 4 raisons principales :
➢ Les spécificités de la ville (calme, sécurisée, nature, etc.)
➢ Il se sent bien installé, stable et à l’aise
➢ Ses souvenirs, ses relations familiales, amis, voisins et ses biens
➢ Avoir peur des mentalités des habitants des autres villes.
• Peu attaché : Si l’habitant avait une occasion, et des meilleures conditions, il
changerait sa résidence à cause des mauvaises conditions dans la ville, dont nous
citons : l’absence d’espaces de repos et de loisir, absence des équipements culturels,
etc.
• Non attaché : D’autres ne se sentent pas attachés à la ville, ils peuvent changer de
résidence facilement, pour eux, Jijel est tout simplement un espace dans lequel ils ont
grandi, un espace qui souffre de beaucoup de carences infrastructurelles comme :
l’absence des équipements de sports, la dégradation de l’état de la voirie et de cade
bâti, etc.

Il est à noter que l’identité de la ville (ses spécificités) a été plus forte que sa situation
critique pour la majorité, 54,35% des personnes interrogées qui sont contre le départ.

« Jijel pour moi, c'est toute une histoire, c'est moi, il y a quelque chose qu'on ne peut pas
trouver ailleurs. C’est aussi la famille, les amis et le respect des traditions locales »198.

198
Propos recueillis par un homme, 26 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.

173
➢ Attachement au quartier :

Quant au quartier, nous constatons que parmi toutes les personnes interrogées, une seule
personne ne veut pas changer sa résidence et son quartier car «il a une situation
stratégique, calme, au centre de la ville, et proche de tous »
Mais, généralement la majorité des habitants ne trouvent aucun inconvénient à changer
leur résidence, car d’après eux, il n’y a pas une grande différence entre les quartiers.

« Quand on change de quartier, on ne sent pas le changement réellement du fait de


l’envergure moyenne de la ville »199.

5.1.5.3 Les effets sur les pratiques des habitants


Quelles sont les activités que vous menez régulièrement sur votre espace ? Est la
question que nous avons posée aux personnes interviewées. La restitution des résultats
nous renseigne sur les pratiques quotidiennes ou temporaires des habitants de la ville de
Jijel, c’est à dire leurs façons de s’approprier les différents espaces composants la ville (ses
espaces publics, ses différents équipements, ses plages, etc.). Ces pratiques peuvent être
résumées dans le diagramme suivant :

Maison - étude
20
Promennade Maison - lieu de travail
15

10
visite famille, voisin Maison - achat
5

Activités liées à a culture Maison - cafétéria

Activités spotives; Marche,


peche
foot, etc

Musique
Figure 5.32. Activités et pratiques de notre échantillon.
Source : Etabli par l’auteur (2019).

199
Propos recueillis par une femme, 50 ans, native de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.

174
Il est évident que les pratiques des hommes et des femmes dans l’espace urbain soient
différents, mais comment la qualité de l’espace influe-t-elle sur ces pratiques ?

Notre enquête nous a montré que la situation critique de la ville a un impact direct sur les
pratiques et les usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewés) rendent les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.

« Je passe ma journée entre le travail et la maison, et parfois je passe à la cafétéria, je ne


fais rien d’autre, car il n’y a rien à Jijel »200.

Les facteurs -âge et sexe- sont déterminants pour l’étude des pratiques. Nous avons
constaté que les jeunes ont plus d’opportunités et d’espaces pour se reposer, contrairement
aux femmes et aux enfants qui n’ont pas d’espaces publics qui leurs sont directement
dédiés (Réf : Figure 5.32, p. 174). Les espaces et les lieux présentant une valeur
commerciale constituent la destination privilégiée de la population féminine. En fait, les
espaces publics dédiés directement et clairement aux femmes, deviennent-t-ils une
nécessité absolue dans la ville algérienne d’aujourd’hui ?

Le facteur « temps » est aussi indispensable, la saison estivale est la plus dynamique où
tous les habitants se dirigent vers les plages, et c’est là où la caractéristique de Jijel en tant
que ville côtière, remonte considérablement en surface.

16
14
12
10
8
6
4
2
0

Natif de Jijel
Nouvel habitant

Figure 5.33. Activités et pratiques de l’échantillon selon les origines des personnes. Etabli par l’auteur (2019).

200
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.

175
Les anciens et les nouveaux habitants n’ont pas les mêmes pratiques et activités. Les
anciens habitants de Jijel ont quelques pratiques et activités particulières qui agrémentent
leurs modes de vie, comme la pêche, la musique, la culture botanique et les déplacements
par vélo, contrairement aux nouvelles populations qui ne sont pas attirées par l’ensemble
de ces pratiques.

Pour se reposer, la majorité des habitants (plus de 60%) se retrouvent dans l’obligation de
se rendre vers les autres communes (53%) et
parfois vers les autres wilayas (8%) ; vers le parc
8% Dans la ville
de Taza201, les grottes merveilleuses202, le barrage
39%
de Kissir, la campagne, hors wilaya (hammam) à en dehors de la
ville
70 km de la ville. Par contre, une minorité (moins
53% en dehors de la
de 40 %) préfère rester à l’intérieur de la ville et wilaya

choisit les bords de mer et Beaumarchais203.

Figure 5.34. Les lieux de promenade préférés par


l’échantillon. Etabli par l’auteur (2019).

Figure 5.35. Beaumarchais, la façade maritime Ouest de Jijel.


Source : https://lamiss6713.skyrock.com/231028799-JIJEL-beaumarche.html.

201
Situé dans la commune d’El Aouana.
202
Situées dans la commune de Ziama Mansourhia.
203
C’est une façade maritime de la ville de Jijel, elle contient une muraille composait les anciens remparts de
la cité.

176
5.1.6 Les attentes des habitants de la ville de Jijel

À travers les propositions, les besoins et les attentes (aspirations)des personnes interrogées,
nous avons dégagé les éléments sur lesquels il faut intervenir pour requalifier cette ville,
que nous avons synthétisés dans le tableau ci-joint :

Tableau 5.2. Les attentes des personnes interrogées.


Besoins et attentes
des habitants Axe d'intervention

Entretien du réseau viaire existant ; création des parkings, régler le


Accessibilité et problème d'encombrement notamment aux entrées de la ville
déplacement faciles
Moderniser les moyens de transport : tramway, téléphérique
(mobilité)
Renforcer le réseau de transport maritime existant (des voyageurs)
Doter la ville des infrastructures touristiques nécessaires
Faire revivre les activités sportives et culturelles (par les équipements
nécessaires) (jeunes et sport)
Activités et services de
Développer l'agriculture et l'industrie notamment celle du liège
qualité
Enrichir le commerce par de grands centres commerciaux
Améliorer la qualité des équipements existants notamment sanitaires et
introduire la technologie dans tous les domaines
Repos, loisirs et Amélioration des espaces publics existants, et création de nouveaux
communication (pour les femmes et les enfants)
Achèvement des constructions et entretiens des constructions existantes
notamment leurs façades
Plaisir esthétique et
Propreté, mobilier urbain.
confort visuel
Donner une importance à l'architecture des constructions (constructions
de prestige, grattes ciel, etc.)
Identité Mise en valeur des constructions et lieux symboles de la ville
Encourager l'investissement
Ouverture de la ville Désenclaver la ville
(attractivité)
Créer de grandes universités pour rendre la ville plus attractive

Source : Enquête sociologique menée par l’auteur en Avril 2017.

Pour une partie de la population Jijélienne, le développement de la ville est conditionné


par :
➢ L’état de perception de ses habitants et leurs réactions aux changements pour qu’ils
soient à la hauteur et faire des efforts, car la ville possède toutes les potentialités
pour se développer.

177
➢ Il faut que les pouvoirs publics s'impliquent dans cette dynamique en faisant
recours à des professionnels dans le domaine du tourisme, du marketing urbain, de
la sociologie de l’espace.
➢ Les habitants s’impliquent davantage dans toute opération de requalification de
leur ville en tant qu’acteur associé à la décision et qu’usagers de l’espace.

« Si ses habitants n'interviennent pas, elle ne s'améliorera jamais…les Jijéliens sont des
fainéants, bien qu’ils aient de l'argent mais ils n'investissent pas pour développer leur
ville »204.

➢ Un suivi strict et rigoureux de la part des pouvoirs publics en appliquant la


réglementation selon les réponses recueillies.

« Si on applique la loi, nous pouvons dans 2 ou 3 ans être au niveau de développement de


l'Europe »205.

➢ Et la nécessité de développer les autres communes pour minimiser l'exode rural.

D'autres répondants étaient pessimistes, et pensaient que Jijel telle qu'elle est, ne peut plus
se développer, dont, on ne pourra jamais faire revivre l'ancienne ville ou lui rendre son
identité d'antan, du moment où, la population ne veut pas de changements :
« On ne veut pas de changements, elle est bonne telle qu’elle est, si elle grandissait elle
perdrait tous »206.

5.2 La ville de Jijel en tant qu’espace pratiqué par ses habitants

Le degré de satisfaction de l’habitant vis-à-vis de sa ville, sa perception et ses pratiques


sont dans une interaction permanente, donnant lieu à « une logique circulaire (en feed-
back) plutôt que dans une logique linéaire » (Laudati, 2009). En fait, certaines pratiques
sont choisies et adoptées en fonction du territoire et de la perception que les gens en ont
(Riou, 2011, p. 148).

Comment réagissent les habitants de Jijel face à la situation difficile dans laquelle se trouve
leur ville ? Cette situation provoque-t-elle un sentiment d’indifférence chez l’habitant ? Ou
un sentiment de responsabilité qui va l’inciter à participer à améliorer son cadre de vie ?

204
Propos recueillis par une femme, 27 ans, native de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
205
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
206
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.

178
Répondre à ces questions, nécessite de faire appel à la méthode de l’enquête par la
technique d’observation en situation (intra-muros) relatant les différentes pratiques
présentes sur l’espace urbain de la ville de Jijel. Il s’agit d’observer l’habitant dans son
environnement naturel et réel dans un contexte d’usage de l’espace. Cela dépasse la simple
lecture et le listing des différentes pratiques que font les habitants mais aussi l’observation
de quelques actions207 pour pouvoir décrypter les facettes non verbales par les habitants et
de vérifier la réalité de la situation urbaine du point de vue « participation citoyenne ». En
effet, après avoir donné la possibilité de s’exprimer aux habitants, savoir leurs perceptions
de l’espace, l’image qu’ils en forgent, nous complétons cette première étape, par
l’observation in situ (croiser perception des habitants et leurs pratiques réelles de l’espace).

Rappelons-nous les résultats de notre enquête, une catégorie de la population enquêtée


(17.39% de nos répondants) juge que les problèmes, dans la ville de Jijel, sont accentués
car il n’y a pas une volonté de la part des habitants pour développer leur ville (Réf : Figure
5.37 ci-dessous), dont la majorité est représentée par des personnes de plus de 40 ans.

Personnes ayant cité l’absence de


la volonté

Personnes n’ont pas cité l’absence de


la volonté

Figure 5.37. Personnes qui voient que Figure 5.36. Personnes qui voient que l’absence de la volonté
l’absence de la volonté des habitants est un des habitants est un problème à Jijel selon l’indicateur âge.
problème à Jijel.
Source. Etabli par l’auteur (2018).

Les citoyens Jijéliens participent-ils à améliorer cette situation critique ? En d’autres


termes, peut-on dire réellement que tous les citoyens n’ont pas la volonté pour
développer leur ville ?

207
L’observation et l’analyse de toutes les pratiques des habitants peuvent faire l’objet d’une thèse à part
entière, pour cela nous nous sommes basées seulement sur les pratiques ayant une relation directe avec la
requalification de la ville.

179
Ces derniers temps, depuis l’an 2014, la ville de Jijel connait un phénomène intense de
participation citoyenne à l’amélioration du cadre de vie sous forme d’une série
d’interventions ponctuelles et volontaires de la part de ses habitants. Ces actions des
habitants contribuent à la fabrique d’un cadre de vie agréable ressenti par tout visiteur et
rapportés par les réseaux sociaux spécifiques à la ville. En tentant de comprendre la
nature de ces actions et leurs répercussions sur la ville et son identité, nous évaluons
ensuite la durabilité de ces actions en répondant à la question suivante :

Les actions volontaires et bénévoles entreprises pour l’amélioration du cadre de vie jijélien
sont-elles durables dans le temps ou plutôt effet de mode qui disparaitra d’ici quelques
temps ?

Il est à noter que notre observation des pratiques des habitants s'est basée principalement
sur l’exploitation des posts de la page de Facebook « JijelNews » spécifique à la ville de
Jijel. Le choix de cette page revient en premier lieu au nombre de ses abonnés, qui
dépassait un million (1 037 555 au 08.05.2021), ce qui en faisait la première page de la
ville, ainsi que c’était la seule page qui a suivi de bout en bout toutes les pratiques des
habitants des différents quartiers de la ville.

Les actions volontaires peuvent être classées, selon leur typologie, comme suit.

A. Actions effectuées par des personnes d’une façon individuelle

Ce jeune homme qui a fait la peinture de


ce mur volontairement avec ses propres
moyens, a contribué d’une façon directe à
améliorer l’esthétique d’un bout de la
ville.

Figure 5.38. Un jeune artiste jijélien célèbre Aïd al-Adha208 à sa


manière.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »
le 01/09/2017.

208
Appelé aussi Aïdel-kebir, qui signifie la grande fête, est une fête religieuse des musulmans qui a lieu le 10
du mois de dhou al-hijja (dernier mois du calendrier hégirien).

180
B. Actions effectuées par des groupes
d’habitants
Ces jeunes ont essayé de participer à
l’amélioration du cadre de vie de leur ville en
nettoyant ses plages pour la préparer à
recevoir les visiteurs pendant la saison
estivale.

Figure 5.39.Une compagne de nettoyage des plages


de Jijel par des jeunes jijéliens en été 2018.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews » le
23/09/2018.
C. Actions proposées et soutenues par des associations/Clubs

Pour sa septième édition, le concours de « meilleurs balcons fleuris » a été reconduit par
le Tennis Club de Jijel (T.C.J). Ce concours est ouvert à l’ensemble des quartiers de la
ville, dans le but de développer cette culture à l’ensemble des habitants.

Selon son président « L’objectif de notre projet est de motiver les habitants de chaque
quartier, de construire un lien social
par le biais de la communication, de
mettre des passerelles avec d’autres
quartiers issus des communes
limitrophes de notre ville et de créer un
esprit d’émulation entre voisins »
(Hocine, 2015)209.

Figure 5.40.Concours de meilleur balcon fleuri à Jijel.


Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
08/06/2017.

En effet, cette initiative reconduite par le club a pour objectif non seulement d’améliorer
l’aspect esthétique des habitations, d’encourager la culture d’implantation des plantes
mais aussi de faire revivre les relations de voisinage qui se sont altérées comme le
confirme les résultats de notre enquête. En effet, ils considèrent cette initiative comme une
solution pour faire face à l’usage abusif des balcons –la dominance des paraboles, le linge
qui sèche.-. Ils souhaitent qu’elle soit généralisée non seulement dans l’ensemble de la
ville mais dans toutes les communes.

209
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

181
Les différentes actions pratiquées par les habitants peuvent être classées d’une autre
manière, selon la typologie de l’espace et l’aspect concerné par ces dernières :(tout en
entamant au fur et à mesure leurs effets sur la ville, son image et son développement) :

5.2.1 Actions qui touchent l’aspect esthétique des espaces publics

En premier lieu, il était suffisant qu’une initiative


ait été prise volontairement par un jeune homme
jijélien en 2014 consistant au nettoyage et à la
peinture des escaliers de la Crête210 à Jijel par ses
propres moyens, pour montrer l’exemple aux
autres quartiers de la ville.

Figure 5.41. Les escaliers de la Crète à Jijel après


repeint par le jeune homme.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
2014.

En effet, cette initiative du jeune citoyen n’a pas seulement amélioré l’image du quartier,
elle l’a rendu agréable et dynamique, montrant aux habitants qu’ils peuvent se
réapproprier leur espace.
Il faut noter le rôle des réseaux sociaux, car cette initiative ne peut être connue et célébrée
si elle n’a pas été publiée par ce groupe de Facebook « JijelNews », montrant que les
médias jouent un rôle prépondérant dans la propagation des actions.

Figure 5.43.Jijel reprend des couleurs, promouvoir Figure 5.42. Dessin du jeune artiste sur un ancien
l’écocitoyenneté. mur au marché de fruit et légumes à Jijel.
Publiée par « Jijel Info », le 23/11//2014. Publiée par « JijelNews », le 14/06//2017.

210
Ancien quartier populaire situé au centre-ville de Jijel.

182
5.2.2 Actions touchant les aspects liés à la propreté de la ville

Ces actions ont concerné plusieurs espaces, à savoir :


• Des quartiers entiers

Figure 5.45.Compagne de nettoyage au quartier Figure 5.44. Un chantier de volontariat ouvert à


El-Akabi à l’occasion du mois sacré de Ramadan. la cité « cirque » à Bab Sour.

Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
27/05//2017. le 17/01/2018.

Figure 5.47.L’APC entame une compagne de Figure 5.46. Compagne de nettoyage du quartier
nettoyage de tous les quartiers de la ville (juste de Bourmel à Jijel.
après l’initiative de la cité Cirque). Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
le 7/04/2018.
28/01/2018.

Le nettoyage du quartier El-Akabi avec peinture de ses rues et ses trottoirs par les jeunes
habitants du quartier a donné l’idée aux autres des jeunes du quartier « Bourmel ».
L’opération du chantier de volontariat ouvert à la cité « cirque » à Bab Sour a eu lieu après
une réunion de ses jeunes habitants qui s’est terminée par le tracé d’un programme
d’actions : nettoyage permanent, concertation auprès des autorités afin d’améliorer leur
cadre de vie ;« Il y a cette plate-forme qui nécessite des aménagements, des lampadaires

183
défectueux à replacer, la peinture extérieure qui n’a pas été refaite depuis longtemps et
beaucoup de choses encore à faire», affirment les jeunes du quartier211.

En effet, les habitants des différents quartiers ont pris le défi devant ce grand problème de
pollution contribuant de façon
directe à améliorer les
conditions de vie de leur ville,
son image, mais aussi de
provoquer les décideurs à
améliorer la situation. Cette
dernière s’inscrit dans une
logique de participation
« bottom-up » ou «
ascendante »212 comme le
résume (S. Genevois, 2011) dans Figure 5.48. Le système territorial.
Source. (Genevois et Carlot, 2011).
le schéma ci-après :

• Des espaces publics

Afin d’améliorer l’image des rues de


leur ville, des jeunes Jijéliens ont pris
l’initiative d’enlever les affiches des
élections précédentes qui se sont faites
d’une manière exhaustive un peu
partout nuisant l’image de toute la
ville.

Figure 5.49.Des jeunes Jijéliens enlèvent les affiches du vote


dans les rues de la ville.
Publiée par le groupe de Facebook « Jijel News », le
09/05/2017.

211
Selon la page de Facebook « JijelNews » : « Jijel : Un chantier de volontariat ouvert à la cité ''Cirque'' »
posté le 17 Janvier 2018.
212
« Il existe deux dynamiques principales qui caractérisent la participation selon son origine : soit celle-ci
a pour origine une initiative citoyenne, on parle alors de forme « ascendante » ou de « bottom up », soit la
participation a pour origine une initiative des autorités publiques, on parle alors de forme « descendante »
ou de « top down ». » (Hurard, 2011, p. 4).

184
• Des équipements publics

Figure 5.51.Opération « mosquée propre » avant le Figure 5.50. Large compagne de nettoyage au
début du Ramadan213. cimetière de Jijel.
Publiée par le groupe de Facebook Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews »,
« JijelNews », le 26/04/2017. le 26/05/2018.

Les équipements publics ont aussi eu leur part de ces initiatives de nettoyage, ces derniers
ont touché des mosquées et des cimetières avec l’arrivée du mois sacré de ramadan qui était
un des éléments déclencheur de ces opérations.

• Des plages pendant la saison estivale

Figure 5.53.Une femme jijélienne nettoie une plage Figure 5.52. Compagnes de nettoyage des plages
à Jijel. chaque matinée par des jeunes jijéliens.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
17/05/2018. 15/08/2018.

Les actions de nettoyage des plages ont été multiples et diversifiées faites par les toutes
catégories de la population (femmes, hommes, jeunes, vieux).

213
Constituant le neuvième mois du calendrier hégirien (calendrier musulman), Ramadan, est le mois sacré de
jeune pour les musulmans.

185
5.2.3 Actions touchant les aspects liés à l’accessibilité et l’état de la voirie

Figure 5.55. Les habitants du quartier de village Figure 5.54. Des habitants de « Jolie vue » nettoient
Moussa réparent une route « trouée ». leur quartier de la boue.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
le 30/05/2018. 10/11/2017.

La non-mobilisation des acteurs décideurs pour améliorer la situation, suivie par la


difficulté d’accès, a incité les habitants à trouver des solutions et à régler les problèmes
avec leurs propres moyens.

5.2.4 Actions touchant les aspects liés à la verdure dans la ville

Dans la cadre de la célébration de la journée


nationale de l’arbre, des jeunes hommes de la
cité 40 hectares ont pris l’initiative de planter
des arbres afin d’améliorer l’aspect esthétique
de leur cité en créant de la verdure.
Figure 5.56.Jijel : Des arbres plantés par des jeunes de la cité 40
hectares.
Publiée par le groupe de Facebook « JijelNews », le
02/11/2017.

5.2.5 Actions touchant des aspects invisibles (pour but la solidarité, la convivialité)
dans la ville

Figure 5.58.Jijel : Iftar214 en bord de la mer Figure 5.57. Jijel, Ramadan 2018 : la solidarité au
organisé par le Club Kotama. rendez-vous.

Publiée par « JijelNews », le 25/05/2018. Publiée par « JijelNews », le 21/05/2018.

C’est le repas pris chaque soir par les musulmans au coucher de soleil après toute une journée de jeune
214

pendant tout le mois de Ramadan.

186
Chaque année, au mois sacré du Ramadan, ce sont les valeurs liées au voisinage et à la
solidarité qui sont au rendez-vous. A cet effet, des restaurants de la « Rahma »215-
supervisés par les services publics de la wilaya ou bien ouverts à l’initiative de
bienfaiteurs-ouvrirent leurs portes pour nourrir des jeûneurs sur la route ou dans des
quartiers.

Figure 5.59.Carte de synthèse des différents quartiers et lieux des différentes actions menées par les habitants
de la ville de Jijel.
Source. Google Earth + traitement de l’auteur (2018).

D’après la carte de synthèse, nous constatons que les actions menées par les habitants de la
ville de Jijel, ne sont pas limitées à un quartier, ou une partie de la ville, mais plutôt, elles
ont touché la moitié des quartiers et même des plages de cette ville touristique. De ce fait,
« la requalification de la ville par ses habitants eux-mêmes » a touché le centre-ville
ancien mais aussi sa périphérie. Force est de constater que la marginalisation du citoyens
jijélien par les décideurs dans tout processus de requalification a provoqué un double
sentiment –contradictoire : en premier d’indifférence laissant l’espace livré à lui-même
puis de responsabilité où le citoyen-usager s’empare de son espace et commence à
l’aménager à sa manière.

Nous pouvons dire que l’insatisfaction de l’habitant envers la situation et l’état de son
espace, l’encourage et lui donne la volonté pour essayer de le changer vers le meilleur, ce

215
Ce mot qui est d’origine arabe, signifie « la clémence ».

187
qui confirme l’idée de Riou (2011) à propos de la relation d’interdépendance entre les deux
notions de « pratiques » et de « représentations ».

La majorité des personnes ayant pris ces initiatives est formée de jeunes hommes de moins
de 40 ans expliquant en partie qu’une minorité seulement de cette catégorie de personne
ont cité l’absence de la volonté des habitants jijéliens pour développer leur ville et
améliorer ses espaces.

En effet, l’engagement territorial des jijéliens a touché la majorité des grands problèmes
qu’a connu la ville –les problèmes cités par les habitants eux même ayant répondu à notre
enquête- à savoir : la qualité des espaces publics, l’accessibilité, l’état de la voirie,
l’hygiène et la propreté, l’aspect esthétique des constructions et de la ville d’une façon
générale, les relations de voisinage, le comportement des gens. Ce qui confirme que le
citoyen n’est pas toujours la cause des dégâts qui menacent sans cesse son héritage.

Les différentes initiatives ou les différentes formes d’engagement territorial existantes


dans notre cas d’étude, ayant touché différents aspects et espaces de la ville de Jijel, ont
conduit à améliorer en partie l’état de certaines fractions (quartiers) de la ville, valoriser
leurs images et les conditions de vie ; et ont également mobilisé de nombreux habitants en
suivant les étapes de leurs précédents, tout en faisant revivre les concepts de solidarité et
de voisinage qui se sont altérés.

Nous pouvons dire que nous sommes en face d’une génération plus consciente,
responsable et dynamique. Cependant, ces initiatives ne peuvent pas être généralisées et
célébrées sans l’aide des réseaux sociaux216, à savoir ; la page de Facebook « JijelNews »
confirmant le rôle et l’importance des réseaux sociaux et leur contribution à la
requalification des villes, l’amélioration du cadre de vie de ses habitants et leur
encouragement.
Nos résultats rejoignent avec ceux de Riou (2011, p. 174), qui stipule que ce phénomène
peut être assimilé à « un effet boule de neige ». En effet, Dans des réseaux sociaux
publiques, un individu qui s’engage pour une première fois, dit « personne moteur, active
et dynamique », peut entrainer l’engament des autres et même de donner plus. En
revanche, dans le dictionnaire de l'aménagement du territoire (2009, p.119), l’auteur attire

216
Grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), dont Internet, ils
permettent aux individus d’échanger des messages, des photos, des vidéos, etc. (Riou, 2011, p. 173).

188
l’attention sur la nécessité d’adapter la gestion urbaine aux nouvelles données de la
mondialisation, des médias et de l’innovation.
D’après notre enquête, nous nous sommes rendu compte du rôle important de
l’habitant non seulement comme acteur qui fait partie de la décision dans les
opérations de requalification qui touchent son cadre de vie, comme usager de l’espace
mais comme acteur qui peut seul développer son cadre de vie.
A l’issue de cette observation, les habitants jijéliens ayant pris le défi devant les
problèmes multiples de leur ville, ont participé directement au développent de leur ville,
mais de façon volontaire. Ce principe « d’engagement territorial » prend deux formes :
- Individuelle : qui se fait par une seule personne par ses propres moyens.
- Collective : qui se fait par des groupes de personnes.

Cet engagement territorial et selon les résultats de notre étude peut être actionné par
l’arrivée des fêtes religieuses (en particulier le mois sacré de Ramadan qui a été l’un des
éléments déclencheur de ces opérations), ou suggéré et soutenu par des associations ou des
clubs afin de mobiliser les citoyens. Ces actions peuvent être réalisées d’une manière
individuelle spontanée ou par le biais d'opérations qui ont lieu après une réunion d’un
groupe d’habitants qui se termine souvent par le tracé d’un programme d’actions (comme
le cas de l’opération de nettoyage du quartier « Cirque »).

Au terme de tout cela, une question se pose : cette nouvelle forme de participation
citoyenne Jijélienne va-t-elle durer dans le temps et prendre un effet permanent ? Va-t-elle
cesser et reprendre selon les occasions ?

Dans le but de répondre à cette question, nous avons poursuivi notre observation et mesuré
l’impact de ce phénomène, en prenant des photos des anciens espaces requalifiés et
d’autres nouveaux.

Figure 5.61. Nettoyage des escaliers par des citoyens. Figure 5.60. Une affiche pour sensibiliser les
Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020 citoyens à la propreté du quartier de Belhaine.
Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020.

189
Figure 5.63. Nettoyage de la plage Kotama par des Figure 5.62. Quartier Belhaine toujours en bon
étudiants et jeunes habitants (Mars 2019). état, dont la première initiative était en 2016.
Source : article de presse El Watan (25.03.2019). Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020.

Figure 5.64. Peinture d’un mur au centre-ville de Jijel par des jeunes habitants (2019).
Source : Photo prise par l’auteur le 28.02.2020.

Ces photos nous montrent que les actions de peinture des murs et de nettoyage des
quartiers et des plages se poursuivent, dont ces dernières sont soutenues par les
collectivités locales. En revanche, il convient de noter que l’action de Nettoyage de la
plage Kotama a été initiée par des étudiants de l’université de Jijel sur les réseaux sociaux,
à savoir Facebook et Instagram.

Ces derniers mois, des initiatives de graffiti ont pris une grande ampleur par rapport aux
autres actions, et pour comprendre les causes de ce phénomène, nous avons soutenu nos
images en interviewant une personne qui a directement participé à ce phénomène.

190
Figure 5.65: Peinture et dessin des murs par le Bataillon d'art de la rue de Jijel.
Source : photos prises par le bataillon d'art de la rue (2020).

L’entretien avec le jeune homme « Zitouni, A » nous a permis de se rendre compte, qu’il
faisait partie d’un bataillon de quatre jeunes hommes Jijéliens, appelé « le bataillon d'art de
la rue ». Ce dernier est né avec le mouvement du Hirak qu’a vécu l’Algérie depuis février
2019. Selon lui, ce type de dessin appelé « graffiti » était interdit avant cette date car il
cache sous ses beaux dessins des messages politiques.

191
Selon lui, le but de ces initiatives est « de valoriser l’image de la ville en premier lieu, de
développer et de diffuser leurs talents, ainsi que de créer des espaces culturels conviviaux
et partagés ». En fait, ces initiatives ne se limitent pas à la peinture murale, mais ils font
appel à des jeunes musiciens, magiciens, etc. lors de la peinture, pour faire du spectacle, de
l’ambiance et de permettre aux habitants et aux enfants de participer à ces actions. « Nous
organisons même de petits ateliers, pour les enfants, pour les encourager à dessiner » dit
Amine.

Le choix des murs ou des endroits pour réaliser ce graffiti dépend de trois éléments
principaux :
➢ La superficie de l’espace, dont ils préfèrent des endroits vastes et publics pour
donner aux habitants la possibilité d’en profiter et de prendre des photos.
➢ Avoir une autorisation pour dessiner (selon la nature juridique du bien).
➢ La taille du mur et son adaptabilité avec le dessin souhaité.

Il est à noter que ces actions sont effectuées, en grande partie, par les propres moyens de
ces jeunes hommes, ainsi que grâce au soutien de certains résidents qui participent
directement à l’achat de matériel du dessin. Selon lui, ces initiatives se poursuivaient à
l'avenir dans cette ville.

Le but de cette observation est d’apporter un éclairage et de mettre en lumière ces actions,
leur nature, leurs formes, et leurs répercussions, pour une meilleure prise en charge de cette
question qui pourrait apporter une plus-value en matière de requalification de nos villes
algériennes. Soutenir ces actions, comme le cas du concours de meilleur balcon fleuri
encourage les habitants à donner un nouveau visage à nos bâtiments en intégrant de la
verdure (plantes) dans leurs façades, pour cela nous recommandons :
• Promouvoir les actions qui concernent les quartiers en organisant des concours de
« meilleur quartier », « le plus beau quartier », cela encourage les habitants, par le
sens de la compétition.
• Soutenir ces actions par des associations et les acteurs publiques est essentiel pour
assurer leur pérennité.

CONCLUSION DU 5ème CHAPITRE

« Construire la ville comme objet d’étude signifie la nécessité de rompre avec la vision de
la ville réduite à un cadre spatial, pour la penser comme société » (Belguidoum, 2008, p.

192
3). En fait, placer les habitants au cœur du système d’évaluation de la question traitée, nous
a permis de révéler les constatations suivantes :

La perception de la situation actuelle de ville par ses anciens habitants, et ceux qui
connaissent son histoire n’est pas la même que celle des nouveaux habitants, en effet, la
ville de Jijel ne signifie pas l’espace disqualifié pour tous ses habitants, mais seulement
pour ses anciens habitants qui connaissent son histoire et son image telle qu’elle était
avant. D’après notre échantillon, les problèmes à Jijel sont multiples. Nous les avons
classés en 4 catégories selon le degré d’importance accordé par les répondants. Les plus
grands problèmes sont ceux du surpeuplement de la ville, l’état critique des espaces publics
et des espaces verts ainsi que l’état dégradé de la voirie. En deuxième degré, nous trouvons
les problèmes liés au services offerts, à savoir ; le manque des infrastructures touristiques,
l’insuffisance des équipements sportifs, la difficulté d’accessibilité vers et à l’intérieur de
la ville, des problèmes liés au confort visuels, pollution, absence de l’aspect esthétique des
constructions, l’altération des valeurs liées aux comportements des gens, la perte des
notions de citadinité et de civisme, l’altération des relations de voisinages due à l’exode
rural (selon la population enquêtée).

Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre certains habitants et leur
ville. En effet, tous nos répondants qui ont une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie que leur offre cette ville. Notre enquête
nous a montré également que la situation critique de la ville a eu un impact direct sur les
pratiques et les usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewés) rendent les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.

Les éléments constitutifs de l’identité de cette ville, dégagés suite aux réponses des
habitants, outre que son cachet conservateur, sont d’abord d’ordre naturels (ses
potentialités naturelles) à savoir : sa corniche et ses montagnes, formant ensemble des
paysages identitaires uniques à l’échelle nationale et renforçant le cachet touristique de la
ville. A ces éléments s’ajoutent les lieux ayant une valeur historique, le caractère
sécuritaire de la ville, le calme et les valeurs liées à sa culture.

Parmi les besoins et les attentes des personnes interrogées, nous citons :

• Entretien du réseau viaire existant, création des parkings.

193
• Régler le problème d’encombrement notamment aux entrées de la ville et
moderniser les moyens de transport.
• Renforcer le réseau de transport maritime existant (des voyageurs).
• Mise en valeur des constructions et lieux symboles de la ville.
• Doter la ville des infrastructures touristiques nécessaires.
• Faire revivre les activités sportives et culturelles.
• Donner une importance à l'architecture des constructions (constructions de prestige,
grattes ciel, etc.).

Force est de constater que la marginalisation du citoyens jijélien par les décideurs dans tout
processus de requalification conjugué par la situation critique de la ville, ont provoqué un
double sentiment –contradictoire : en premier d’indifférence laissant l’espace livré à lui-
même puis de responsabilité où le citoyen-usager s’empare de son espace et commence à
l’aménager à sa manière. D’après notre enquête, nous nous sommes rendu compte du rôle
important de l’habitant non seulement comme acteur qui fait partie de la décision dans les
opérations de requalification qui touchent son cadre de vie, comme usager de l’espace mais
comme acteur qui peut seul développer son cadre de vie. Les actions menées par les
habitants de la ville de Jijel, ne sont pas limitées à un quartier, ou une partie de la ville,
mais plutôt, elles ont touché la moitié des quartiers et même des plages de cette ville
touristique. Le but de cette observation est d’apporter un éclairage et de mettre en lumière
ces actions, leur nature, leurs formes, et leurs répercussions, pour une meilleure prise en
charge de cette question qui pourrait apporter une plus-value en matière de requalification
de nos villes algériennes. Soutenir ces actions par des associations et les acteurs publiques
est essentiel pour assurer leur pérennité.

Afin de prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses logiques
habituelles, et par conséquent, d’obtenir plus d’attention et de clarté sur ce qui semble plus
logique et plus évident sur la question à l’étude, nous complétons notre analyse par une
étude des exemples similaires dans notre environnement maghrébin et ailleurs, des
stratégies utilisées et qui ont donné des résultats et où les impacts ont été mesurés ou bien
facilement identifiables. Le choix des villes qui ont été requalifiées obéissent à des critères
que nous définissons dans le chapitre VI.

194
6 CHAPITRE VI
MARSEILLE, CASABLANCA ET TOULON… TROIS VILLES
REQUALIFIEES …TROIS STRATEGIES

INTRODUCTION

Comme nous l’avons vu au deuxième chapitre, la requalification de la ville et l’identité des


territoires, ainsi que l’interaction entre elles, varie d’un contexte à l’autre et d’une ville à
l’autre. Nous tenterons de décortiquer ces deux concepts en étudiant trois exemples
concrets de requalification de villes portuaires, aux caractéristiques assez similaires à notre
cas d’étude (ville de Jijel en tant que ville portuaire). L’intérêt d’une telle comparaison a
pour but de fournir des stratégies de requalification que nous pourrons utiliser par la suite
dans notre cas d’étude, à condition bien sûr que les critères de comparabilité existent bel et
bien et que ces stratégies sont sous protection juridique de la réglementation algérienne.

L’ approche comparative constitue une méthode d’investigation, en étudiant l’exemple


de la ville de Marseille en France (ville européenne ; portuaire, proche de notre cas
d’étude), l’exemple de la ville de Casablanca au Maroc (ville portuaire, africaine,
maghrébine), et la ville de Toulon en France (ville portuaire, de taille moyenne, aux
caractéristiques naturelles diversifiées), qui avaient des contextes urbains similaires à la
situation actuelle à Jijel, en examinant leur discours et leurs stratégies de requalification.
Mais avant cela, nous tenterons de comprendre leurs contextes urbains et les éléments qui
ont déclenchés les stratégies de requalification. Le passé de ces trois villes avant le
processus de métropolisation, représente le présent (situation actuelle) de la ville de Jijel.
Cela nous permettrait de soutenir notre approche théorique basée sur le contexte urbain
d’une façon générale, et non sur les villes portuaires en tant que cas particulier, car ces
dernières ont leurs particularités. Finalement, en croisant en premier lieu les stratégies de
requalification des trois villes, nous tenterons de déterminer les points communs entre eux ;
ceux issus d’un contexte européen et les autres issus d’un contexte maghrébin. En second
temps, nous croisons les résultats de l’approches théorique avec les résultats de l’approche
comparative, le but est de consolider les critères et les dimensions théorique par des
moyens concrets.

195
6.1 Construction de la comparabilité, les critères du choix de nos exemples, leur
passé est notre présent …

L’approche comparative consiste à comparer des faits, des phénomènes, des situations…
Elle est considérée en sciences sociales, comme une méthode fondamentale par certains
sociologues comme Auguste Comte, Durkheim et M. Grawitz. Le choix est porté sur les
trois villes de Marseille, Casablanca et Toulon.

« Aucun système n’est identique à un autre » (Barrué-Belou, 2011, p. 1). Pour cet auteur, la
comparabilité se construit à travers un choix effectué, par le comparatiste, des objets à
comparer. En effet, cette méthode ne soit valable que lorsque les situations choisies pour la
comparaison présentent un certain degré d’analogie (Loubet del Bayle, 2000, p. 207).

6.1.1 Le choix de la ville de Marseille, Ville portuaire méditerranéenne européenne


En termes de ressemblance, Marseille (ville française méditerranéenne) a connu un déclin


économique, suivi d’un exode rural massif, conduisant à la déqualification de la ville sur
tous les plans : économique, social et urbain, donnant lieu à la perte de la relation ville-port
d’une part, et à un centre-ville répulsif d’une dégradation avancée et à une périphérie plus
attractive et plus dynamique d’autre part. En effet, la délocalisation spatiale de l’activité
portuaire en dehors du périmètre communal a aggravé la situation. C’était le point
déclencheur d’une série de projets successifs d’aménagement et de modernisation, dont le
plus pertinent est celui d’EUROMED qui a changé l’échelle et l’image de la ville. Au fait,
elle a pu non seulement se repositionner à l’échelle de son pays mais à l’échelle de toute la
méditerranée. La situation de Marseille avant l’arrivée d’EUROMED, ressemble en grande
partie à la situation actuelle de notre objet d’étude Jijel, qui vit maintenant entre une
périphérie plus dynamique et attractive, et un centre en déclin et en dégradation assez
avancée, mais qui dispose en contrepartie d’une infrastructure très importante tel le cas du
port de Djen Djen (Essor économique dû au port et la zone de Bellara). En plus de cela,
d'autres critères et indicateurs peuvent être résumés dans le tableau ci-après :

196
Tableau 6.1. Les critères de choix de Marseille (les points communs entre les deux villes).

Ville Statut Situation Activité portuaire Contexte urbain


Centre
Marseille Ville Mutation spatiale de Explosion Une périphérie
urbain
Chef- portuaire l'activité portuaire en démographi plus attractive
dégradé
lieu méditerran dehors du périmètre que et et plus
Jijel et
éenne urbain exode rural dynamique
répulsif

Tableau 6.2. Les indicateurs du choix de la ville de Marseille.

Superficie Caractéristique du port

Marseille Jijel Marseille Jijel


Agglomération Longueur linéaire totale 2 080 m
Superficie
Près de 10 000 ha Surface des terre-pleins 150 ha,
Surface du bassin de 180 ha
604,75 2 398
km2, Km² Capacité théorique de 30 millions
78,52 millions de tonnes
de tonnes/an (5 millions de tonnes
(en 2014)
en 2016)
Capacité
Capacité théorique Capacité estimée à 2 millions
ACL estimée à 1,55 millions conteneurs EVP dont 49% en
EVP par an transbordement.
240,62 62,38 Tirant De 10 m à 12 m de
19 m de profondeur
km² km² d’eau profondeur

Source. Etablis par l’auteur (2020).

6.1.2 Le choix de la ville de Casablanca (Maroc) : Ville portuaire maghrébine …

Dans un second temps, le choix est porté sur une ville qui a connu une sorte de «
refondation » d’origine coloniale (Cattedra, 2003) celle de Casablanca – comme c’est le
cas de Jijel –. Sur le plan architectural et urbanistique, Casablanca est une ville
millénaire qui n’a pas conservé les traces des différentes civilisations qu’elle a connues.
Bien qu’elle ait été décrite comme « ville sans âme » (Cattedra, 2003), elle a pu acquérir
un statut d’une ville patrimoniale. En outre, l’identité matérielle (sur le plan urbanistique)
de la ville de Jijel est presque inexistante en raison de son effacement par le séisme de
1856, et depuis lors, la ville n’a qu’un centre urbain d’une architecture coloniale et d’une
périphérie sans âme ni homogénéité (esthétique)–chose confirmée par les résultats de notre
diagnostic. Alors comment redonner une identité à cette entité urbaine où ses fondements
historiques et identitaires sont altérés ? Tirer des idées à partir de Casablanca ; Quelles
stratégies ?

197
Sur le plan économique, grâce à son grand port, Casablanca et devenue le principal pôle
de drainage et de diffusion des flux au Maroc, donnant lieu à de multiples mutations
spatiales, sociales et économiques. Ce qui est en train d’avoir lieu à Jijel (en pleine
mutations).

Tableau 6.3. Les critères de choix de Casablanca (les points communs entre les deux villes).

Ville Statut Situation Facteurs urbains et architecturaux


Ville Centre Une périphérie Sur le plan
Casablanca Explosion
Chef- portuaire urbain souffre de architectural,
démographique
lieu maghrébine Colonial problèmes elle demeure
et exode rural
Jijel (colonisée) dégradé multiples sans identité

Tableau 6.4. Les indicateurs du choix de la ville de Casablanca.


Superficie de
Caractéristique du port
l'agglomération
Casablanca Jijel Casablanca Jijel
450 ha Longueur linéaire totale 2 080 m
Superficie 256 ha de terre-pleins et
Surface des terre-pleins 150 ha,
plus de 8 km de linéaire de
Surface du bassin de 180 ha
quai
Capacité théorique 30 millions de
2 398 Capacité théorique 38,1
1 615 km2 tonnes/an (5 millions de tonnes
Km² millions de tonnes/an
en 2016)
Capacité
Capacité estimée à de 2 millions
Capacité globale de 1,6
conteneurs EVP dont 49% en
million conteneurs EVP
transbordement.
Tirant De 7 m à 14 m de
19 m de profondeur
d’eau profondeur

Source. Etablis par l’auteur (2020).

6.1.3 Le choix de la ville de Toulon (France) : Ville portuaire, européenne,


méditerranéenne … … aux richesses naturelles diversifiées

Toulon possède de multiples caractéristiques qui se ressemblent en grande partie à notre


objet d’étude (Jijel). En effet, c'est une ville côtière portuaire avec une base navale
militaire et l’autre civile. Longeant le bassin méditerranéen, les caractéristiques
physiques de cette ville sont constituées de deux entités naturelles : la plaine et la
montagne qui forment l’identité naturelle de cette ville aux paysages naturels
indéniables, renforçant sa vocation touristique. A ces critères s’ajoutent d’autres
indicateurs, nous les résumons comme suit :

198
Tableau 6.5. Les indicateurs du choix de la ville de Toulon

Ville Agglomération
Ville Statut Taille de pop
Superficie Superficie Taille de pop
(1.1.2019)
Toulon Chef-lieu 42.84 km² 171 643 366,41 km2 611 237
Jijel Chef-lieu 62,38 km² 161 989 2 398 Km² 765 197

Source. Etabli par l’auteur (2020).

Selon Figeac et al dans leur article « villes portuaires », bien que les processus et les
expériences historiques soient bel et bien diversifiés, « des problématiques communes
propres à une période ou à un espace considérés »217 peuvent être constatées.

A travers ces trois exemples, nous visons l’étude des stratégies suivies faces à des
situations passées, comparables à celle de la ville de Jijel aujourd’hui. Le choix des
deux villes, « Marseille et Casablanca », se base sur les plusieurs critères, à savoir ; villes
portuaires en mutation, le port essentiel dans la transformation urbaine et les stratégies
suivies et les résultats. Pour ce qui est du cas de Toulon, l’objectif est d’étudier le
processus de requalification d’une ville portuaire, où les caractéristiques de son port sont
assez comparables à celui de Jijel ville, et non les caractéristiques du port de Djen Djen.

En termes de taille et de densité de population, les deux premières villes ne peuvent pas
être comparées dans leur état actuel à Jijel, car les deux premières sont aujourd'hui des
métropoles alors que la ville de Jijel est encore une grande ville. Grâce aux potentialités
dont elle dispose ; son port qui va devenir le premier au niveau de l’Afrique, son aéroport
international, les projets économiques d’envergure qui sont en cours de réalisation et ses
potentialités naturelles et touristiques, Jijel est dans une démarche prospective pouvant
suivre le même profil. Alors la question posée est ; quelles stratégies et quels résultats
sont susceptibles d’être valables dans le développement de Jijel ?

6.2 Marseille : EUROMED, une affaire d’Etat… un tournant dans l’histoire de la


ville

217
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

199
6.2.1 Présentation de la ville de Marseille

Métropole du Sud-Est de la France, Marseille


est le chef-lieu du département des Bouches-du-
Rhône et de la région Sud. Elle s'étend sur une
superficie de 240,62 km² soit une densité de
3 555 habitants/km², dont la superficie
constructible ne représente que 150 km²218. Par
voies express, elle est à 775 km de Paris et
316 km de Lyon.

Figure 6.1. Marseille dans son département.


Source : https://www.rtl.fr.

Depuis le 1erjanvier 2016, Marseille est le siège de la métropole d'Aix-Marseille-Provence


avec 1 859 922 habitants.

Plus que son ouverture sur la Méditerranéenne à l'ouest, et son grand port qui est le
premier port français et le deuxième port méditerranéen pour le secteur de la croisière. La
ville possède de nombreux autres atouts tels que la mer, la nature, les espaces verts et
naturels qui s’étendent tout autour de la ville, ainsi que sa culture, son architecture et son
potentiel d’enseignement supérieur et de recherche scientifique faisant d’elle une ville
touristique avec une histoire très riche, aux paysages variés et surprenants. Labélisée
« ville d’art et d’histoire »219, le commerce et le tourisme constituent des piliers
fondamentaux de son économie.

6.2.2 Évènements marquants de l’histoire Marseillaise, effet sur sa morphologie


urbaine et sa dynamique

6.2.2.1 Le port de Marseille, élément clé de l'émergence et de développement de la


ville

Une des plus anciennes villes françaises, la fondation de Marseille remonte à environ
600 av. J.-C. par des marins grecs, originaires de Phocée en Asie mineure, venus s’installer
à son port, ce qui lui vaut aujourd’hui encore l’appellation de “Cité phocéenne”. Le port
était considéré comme élément structurant de l’armature urbaine de la ville, dont

218
Parce qu'elle est entourée de massifs montagneux du nord, de l'est, du sud et du sud-est.
219
https://forestfire.irstea.fr/fr/about-marseille/ (Présentation de Marseille)

200
l’urbanisation s’est développée initialement sur la rive nord de l'actuel Vieux-Port, puis
s’étalait auteur de lui (Réf : Figure 6.2 ci-après).

De plus, des docks ont été construits dans les années


1860, des digues au 19ème, aussi que la rue de la
République, boulevard haussmannien, qui relie le
Vieux Port aux nouveaux bassins afin de renforcer
cette relation entre la ville et le port (Brehier et al,
2011) (Réf : les 4 figures ci-dessous). Une vie
animait le port, son hinterland et ses habitants.

Figure 6.2. La cité Phocéenne.


Source : http://www.expression-francaise.fr/la-
cite-phoceenne/

Figure 6.4. Marseille, le quai du port, et rue de la Figure 6.3.Marseille, les docks, les Docks Village,
république Centre d'Affaires et Commercial

Figure 6.6. Le quai des Belges, vieux port de Marseille Figure 6.5.Marseille, le vieux port-débarquement
d’oranges

Source des photos. http://www.geneprovence.com/10-images-anciennes-du-vieux-port-marseille/

Sur le plan urbanistique, du fait de ses caractéristiques physiques et topographiques


(desserrement de la ville-centre)220, qui ont largement façonné sa morphologie urbaine
(Douay, 2008, p. 102), son d’urbanisation s’est développée initialement autour des centres

220
Dont la moitié de la superficie représente un territoire naturel non constructibles.

201
urbains existants, le long des couloirs topographiques et des grandes voies routières et
autoroutières, donnant lieu à un phénomène de périurbanisation, un espace urbain éclaté et
des inégalités spatiales et sociales entre le Nord et le Sud 221. Au fait, l’étalement de la ville
est accentué dans la période 1950-1970, s’est caractérisé par un essor démographique sans
précédent, ayant un solde positif de 250 000 habitants 222 (Douay, 2008) dû principalement
à l’arrivée en masse des« pieds noirs » (Prelorenzo, 2010). Cependant, depuis 1975 jusqu’à
1990, la ville a connu une période de déclin et de régression démographique223. Le
développement économique de la ville de Marseille a toujours été associé à son port. Grace
à ce dernier, et plus particulièrement au 19ème siècle, où l’infrastructure portuaire était
soutenue par un nouveau port à la joliette, le développement portuaire a connu un nouvel
essor (Brehier et al, 2011). La ville a joué un rôle rayonnant dans le bassin méditerranéen
en termes de commerce, d’échanges culturels et économiques. Alors, quels
rebondissements sur les plans urbain et social ?

6.2.2.2 La délocalisation spatiale de l’activité portuaire, vers une régression


économique… effets sur la dynamique urbaine de la ville

En vue d’augmenter les capacités d’accueil du port de Marseille, du fait de l’accroissement


des marchandises et la nécessité absolue d’accueillir les hydrocarbures, l’extension de la
zone portuaire (débute dans l’entre-deux-guerres) a été dirigée vers l’ouest jusqu’à Fos-
sur-Mer, en dehors du périmètre communal en créant une Zone industrialo-portuaire ZIP224
en 1968 (le golfe de Fos et les nouveaux bassins dits « Ouest ». Ce qui a abouti à un
glissement du territoire portuaire de Marseille vers Fos-sur-Mer (ibid.).

221
Les quartiers privilégiés sont concentrés au sud, tandis que les quartiers les plus populaires et des primo-
arrivants sont concentrées au Nord (Brehier et al, 2011).
222
Sa population passant de 660 000 habitants à 905 000 habitants.
223
Entre 1975 et 1999, elle a perdu plus de 15% de sa population et de ses emplois, entraînant l'émergence de
35 000 logements vacants vétustes, situés principalement en centre-ville (Douay, 2008).
224
Situé à environ 50 kilomètres du Vieux-Port par la route et au moins quarante minutes de voiture (Brehier
et al, 2011).

202
Figure 6.7. Le GPM225 de Marseille-Fos : un port en mutation ?
Source. (C.E. Libouret, 2011 cités par Brehier et al, 2011)226.

A partir des années 1970, l’activité portuaire est désormais en crise, chose qui s’est peu à
peu étendue à la ville227. Au fait, le glissement
ou la délocalisation spatiale de l’activité
portuaire du Sud de la ville aux nouveaux
terminaux à conteneurs situés à Fos-sur-Mer,
avait des rebondissements négatifs sur la ville et
son dynamisme comme le confirme (Ronai,
2009 cité par Brehier et al, 2011).
Figure 6.8. Système de barrières séparant l’emprise
portuaire de la ville.
Source :http://www.geographie.ens.fr/Deplacement-
des-activites.html

Cette opération de grande ampleur a abouti à l’apparition des friches portuaires dont les
plus emblématiques sont le silo et les docks, la perte de la relation ville-port (Capellari
and Libourel, 2011) (Réf : Figure 6.8) conduisant à « une déqualification tant symbolique

225
Le Grand Port maritime de Marseille (GPM).
226
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
227
« En vingt ans, le port recule de la 24e à la 84e place mondiale pour le trafic de conteneurs, et du 1er au
11e rang en Méditerranée » (Brehier et al, 2011).

203
que foncière » de l’emprise portuaire (Jourdan, 2008)228, la « paupérisation
croissante »du centre-ville marseillais (Berry-Chikhaoui and Deboulet, 2007), et la
montée en puissance d’une périphérie plus attractive. En effet, ce phénomène est
aggravé par le départ des couches moyennes et aisées (salariés) vers la périphérie (à
proximité des nouveaux bassins d’emplois), laissant derrière eux des espaces, qui ont été
progressivement remplacés par des migrants venus de tout le bassin méditerranéen.

Le vieux port qui était depuis longtemps un moteur économique de la ville de Marseille est
désormais occupé par des navires de plaisance229, et les docks historiques près de la Place
de la Joliette sont désormais réservés à l’activité de transport de passagers.

Face à cette situation économique et urbaine extrêmement difficile, Marseille « ne parvient


qu’à se spécialiser dans des activités tertiaires » n’apportant pas de réelles valeurs
ajoutées à son économie (Morel, 1999 cité par Jourdan, 2008), et, ne parvenant pas à
pallier aux besoins de la ville, conduisant à une baisse significative de l’emploi, la
propagation du chômage230et l’accentuation des phénomènes d’exclusion sociale. Cette
ville a été décrite « une ville à faible ressources structurellement déséquilibrées» (Ronai,
2009, p. 138) en raison de son appui sur les principales zones d’activités qui l’entourent231.
D’après le même auteur, cette situation critique s’est aggravée, dans les années 1980-1990,
par le phénomène d’exode des résidents aisés et l’hésitation des investisseurs porteurs de
nouvelles activités jusqu’à l’arrivée d’Euromed .

Dans ces circonstances, Marseille a perdu « le rôle correspondant à son histoire, à son
poids démographique, et à sa vraie place dans la région urbaine Marseille/Aix-en-
Provence» (Ibid,, p. 128). Elle s’est retrouvée à l’écart du processus de métropolisation
jusqu’aux années 1990.

6.2.3 Les stratégies de requalification de Marseille : EUROMED, une affaire


d’Etat… un tournant dans l’histoire de la ville

228
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
229
L’activité principale est désormais la croisière.
230
Le taux de chômage était supérieur de 5 à 6 points par rapport à la moyenne française.
231
Dont la principale zone commerciale de l’agglomération située en dehors de la communauté (Ronai, 2009,
p. 139).

204
Considéré comme une solution
pour rattraper le retard qu’a vécu
Marseille par rapport aux autres
grandes villes en termes de
métropolisation, le projet
Euroméditerrannée232 s’étalait sur
une superficie initiale de 310 ha
avant d’être étendue à 480 ha en
2007. Le périmètre initial de ce
projet a été délimité en 1995,
comprenant les cinq zones –
quartiers- (8 arrondissements)
situées directement en arrière du
port ; Arenc, Belle de Mai, rue de
la République, Saint-Charles et
Joliette.
Figure 6.9. Le périmètre du projet Euro-méditerranée.
Source. (Brehier et al, 2011)233.

Ronai (2009) affirme que depuis plus de vingt ans et avant l’arrivée d’Euromed, cette ville
avait vu de nombreux « plans centre-ville » voués à l’échec. En effet, l’action urbaine
existe depuis toujours dans la ville de Marseille dans le but de remédier aux problèmes
existants, mais jamais aboutie234, car la situation qu’a vécue Marseille notamment sur le
plan social n’a pas favorisé un développement et une réussite des projets à petite échelle,
en fait, la situation réclame un projet de grande envergure, d’une réelle volonté et un
sérieux.

Le processus de métropolisation de Marseille est passé par de grandes phases nous les
résumons comme suit :

232
Nommé aussi Opération d’Intérêt National (OIN).
233
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.
234
En 1969, un schéma d’aménagement de la Métropole marseillaise a été élaboré, et resté sans suite durant plus de
cinquante ans. Cependant, il fut l’acte fondateur du concept d’« aire métropolitaine » (Ronai, 2009, p. 142).

205
1995 1998 2005 2007 2013

Lancement Premier Prolongation Décision Marseille


du projet chantier, la d’Euro d’étendre le capitale
Euro réhabilitation méditerranée périmètre sur européenne de
méditerran de la place de jusqu’en 170 ha, prolongé la culture
ée la Joliette 2012 jusqu’en 2020

Figure 6.10. Les grandes phases de mutations de Marseille.


Source. Etabli par l’auteur (2019).

➢ Euromed 01 : une ambition de provoquer une révolution structurelle


à Marseille au-delà du local…métropolisation et développement durable

Situé en plein centre-ville, (sur une longue façade maritime) à la lisière d’une installation
portuaire en déclin, le large front de mer de Marseille, a bénéficié, en 1995, de la première
opération d’intérêt national « Euroméditerranée », pilotée par l’Établissement Public
d’Aménagement Euroméditerranée (EPAEM), dans l’objectif de créer « une nouvelle
vitrine pour la ville » (Brehier et al, 2011). Étendue en profondeur jusqu’à la gare Saint-
Charles, le périmètre du projet Euromed constitue un territoire riche, regroupant à la fois,
de grandes infrastructures tels que : le port de commerce, l’actuelle gare de TGV , ainsi
qu’une diversification de types de bâti qui émaillent la zone, entre des quartiers
d’habitation d’un potentiel architectural intéressant, notamment « le plus bel ensemble
haussmannien de Marseille » du XIXe siècle, et d’anciennes zones industrielles héritées de
l’apogée économique et culturels marseillais (devenues des friches industrielles et
portuaires après le retrait de l’activité portuaire en la zone, entrepôts, etc.). Cet espace
hétérogène dans son ensemble235, devient une opportunité et un catalyseur pour
promouvoir le développement de la ville. En effet, le port, symbole des difficultés de la
ville, devient l’espace du renouveau métropolitain (ibid.).

➢ Euromed 02, une ambition de s’affirmer et de rehausser la qualité …


développement durable et technologie

En 2007, Avec l’avènement du projet Euroméditerranée 2, qui vient compléter le


programme ambitieux d’Euromed 01, s’étalant sur une superficie de 170 ha, au Nord du

235
Qui regroupait à la fois des populations aux revenus modestes issues principalement de l’immigration, des
services et des activités commerciales (de proximité, de gros et de détail).

206
périmètre initial, deux piliers de la métropolisation (du XXIème siècle) ont été adoptés, à
savoir : développement durable et ville technologique. L’ambition était de faire du
Marseille, une ville méditerranéenne du 21e siècle, en lui offrant une dimension durable et
innovante, suite à la création de 20 000 nouveaux emplois, l’implantation de 15 000
nouveaux logements soit près de 30 000 habitants supplémentaires (Brehier et al, 2011),
tout en créant de nouveaux pôles d'attractivité économique, touristique et technologique,
basés sur la transformation « des territoires délaissés en de nouveaux morceaux de ville
inclusifs et durables »236. En effet, en novembre 2009, Euroméditerranée est labélisée
Ecocité. À cet égard, une charte de l’aménagement et du développement durable
d’Euroméditerranée a été rédigée dans l’objectif d’encadrer les transformations et les
développements futurs (ibid.) et plusieurs éco quartiers ont vu le jour.

➢ Marseille, capitale européenne de la culture … des répercussions sur le


développement urbain de la ville

Le 12 janvier 2013, le label de « Capitale européenne de la culture », attribué à Marseille-


Provence par l’Union européenne en septembre 2008/Mai 2009, est enfin lancé. Plusieurs
questions ont été abordées, dont la plus importante est celle de l’accès à l’activité
culturelle pour tous et sa pérennisation après la fin de cet évènement, l’amélioration des
transports publics, jugé très insuffisants en la période, tout en donnant une attention
particulière à la question de Participation Citoyenne (APC). À cet égard, un programme a
été entrepris dont l’accent a été mis sur la construction, le développement et la rénovation
de grands équipements culturels.

En synthèse, les principaux enjeux et stratégies adoptées pour développer/métropoliser


Marseille peuvent être résumés comme suit :

236
(Les Fabriques : un nouvel écoquartier pour Marseille , 2018) - Numéro de page non indiqué, car il s'agit
d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

207
Tableau 6.6. Les stratégies de requalification de la ville de Marseille.

Enjeux Stratégies Grands projets/actions


Développer une offre résidentielle diversifiée, requalifier et Création de nouvelle habitation et intervention sur l’existant par : une Opération
redynamiser le centre-ville tout en respectant l’équilibre des programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH) qui a permis la restauration de
trois fonctions de la ville : logement, travail, et loisirs ainsi 5200 logements et le renouvèlement de son animation commerciale, des opérations
que la revalorisation de la richesse architecturale de rénovation urbaine, de restauration et de réhabilitation au niveau de la rue de la
haussmannienne. république.
Tisser des liens entre les 5 quartiers constitutifs du périmètre
Redessiner les espaces publics autour du Vieux-Port et de la mairie.
d’Euromed 1
Remédier aux Restaurer le contact entre la ville (et son centre-ville) et son
Reconversion des anciens sites industriels et des doks en réhabilitant leur image ;
difficultés socio- port par une nouvelle « corniche » qui surplomberait le port
(les doks sont désormais réservés à l’activité de transport de passagers et
économiques et (logique de water front) basée sur la recherche d’une mixité
libéralisation des terrains situés au bord de la mer et leur réintégration au centre
accélérer le de formes et de fonctions ; la réhabilitation du front de mer
ancien par des opérations adéquates conformes aux modes de vie contemporains
développement marseillais
et l’attractivité Changement du paysage et de la silhouette marseillaise ; Mise en place de rois grandes tours à grande hauteur, à savoir ; la Tour
de la ville sur « renouveau de la skyline marseillaise » CMA CGM de Zaha Hadid, MuCEM et la tour de logements H99
tous plans tout Création de grands parcs longeant le ruisseau des Aygalade, et le long d’une
en valorisant (et Offrir un point de vue vers la Méditerranée terrasse surplombant l’autoroute A55, Aménagement du parc d’un hectare
transformant)
au cœur du quartier de la gare TGV.
l'image de la
Installation d’une immense gare multimodale, qui est « devenue la porte d’entrée
ville et de ses
Restructuration et de modernisation des infrastructures de majeure dans la ville depuis l’arrivée du TGV en 2006, Implantation du tramway
quartiers
transport tout en donnant plus d'importance aux transports au cœur de la cité à la fin 2007 ainsi que l’enfouissement de la voie littorale, et
collectifs afin de faciliter la mobilité et le déplacement à la quelques pénétrantes autoroutières, faisaient figure de barrière physique entre le
fois des voyageurs et des marchandises port et le centre-ville et la création des parkings. Encourager les voitures
électriques
Offrir une véritable bouffée d’air frais aux habitants, et Semi-piétonisation du Vieux-Port, création des parcs et des espaces publics en lien
donner plus de place aux piétons, aux vélos et aux espaces avec la mer tout en valorisant l’existant, requalification des grandes artères
publics urbaines.
Promouvoir le développement durable et la technologie Création d’éco quartiers écologiques tels que « les Fabriques »

208
et améliorer la qualité de vie Attribuer à une portion de la ville (friche de Belle de Mai) un rôle de « pôle
de développement et d’innovation » à l’échelle de toute la ville
Redynamisation du commerce (création de centres commerciaux haut de
gamme), construction de nombreux équipements culturels et ludiques et
Redynamiser la zone et la rendre plus attractive en créant une multiplication des manifestations culturelles de grande envergure. Mise en
attractivité économique, touristique et culturelle. Satisfaire la place de plusieurs équipements scolaires et culturels de haut niveau, tels que
demande touristique et répondre aux aspirations culturelles et : la bibliothèque inter universitaire, l’agrandissement de l’école EMD,
artistiques de la population marseillaise création des espaces d’exposition, d’une résidence d’artistes et une
pépinière d’entreprises de l’audiovisuel et des nouvelles technologies.
Reconversion de plusieurs espaces en de vastes lieux d’exposition

Une cité de tertiaire supérieur (un quartier d’affaire) a été implantée le long des
Inscrire emprises portuaires, nommée « la Cité de la Méditerranée », le programme de
Marseille dans la bureaux Euromed Center (les immeubles de bureaux).
compétition
la construction, le développement et la rénovation de grands équipements culturels
métropolitaine, Combler le retard en termes du processus de métropolisation
tels que: le MUCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée),
et la et construire une nouvelle identité (vitrine) économique et
la salle de spectacle du Silo ainsi que celle du centre commercial et de services des
repositionner au culturelle de la ville de Marseille par l'encouragement de
Terrasses du Port, et la tour CMA-CGM dessinée par Zara Hadid, création de
niveau l'installation des fonctions métropolitaines supérieures.
Villas Méditerranées, Le bâtiment du Fonds régional d’art contemporain (FRAC),
international,
création de plusieurs musées comme : le Musée des Civilisations de l’Europe et de
tout au moins
la Méditerranée, le musée d’histoire de Marseille, le Centre régional de la
européen
Méditerranée dédié aux échanges culturels entre les deux rives de la Méditerranée,
le nouveau conservatoire de musique, etc.
Aménagement des Quais d’Arenc et création du parc de Bougainville au
Créer un lien physique entre Euromed 1 et Euromed 2 pied de la cité Felix Piat (avec des pistes cyclables, des zones de pique-
nique, des équipements sportifs et des jeux d’enfants).
Source. Etabli par l’auteur sur la base des données de (Bertoncello and Girard, 2001;Jourdan, 2008; Ronai, 2009 ; Capellari and Libourel, 2011)237.

237
Ainsi que le site web : http://www.popsu.archi.fr/

209
Figure 6.12. Le Mucem, la villa méditerranée et la tour Figure 6.11. La reconversion des silos en salle de
CMA-CGM en arrière-plan. spectacle : le marketing urbain de la réhabilitation
Source : (Grésillon, 2013)238. du front de mer.
Source : (Brehier et al, 2011)

Allant vers une perspective de combinaison entre trois piliers de métropolisation d’une
ville portuaire « des thèmes classiques du renouvellement urbain » (Brehier et al, 2011), à
savoir ; la reconquête du front de mer (waterfront), le développement durable (éco-
cité), ville technologique, les opérations conduites dans le cadre de l’OIN Euromed,
révèlent une stratégie basée principalement sur des actions qui ont à la fois un effet local et
d’autre international. Ses répercussions sur la ville et son identité sont à la fois positives et
négatives (autrement dit ; inabouties ou bien les limites de l’OIN), nous les résumons
comme suit :

Répercussions positives Répercussions négatives


E
Renforcer l’attachement de la ville à Absence de réflexions en termes d’identité
son port par des aménagements et R de la ville
des monuments représentatifs O
Marginalisation des habitants et de leurs
Valoriser l'image de la ville et de M besoins
certains quartiers E
Minimiser le taux de chômage par D Gentrification, jugée comme un mode de
l’offre en emplois revitalisation, semble inaboutie.
01
Renforcer l'attractivité de
Attirer des investisseurs et la ville surtout économique Renforcer les déséquilibres
des sociétés profonds entre centre et périphérie

Figure 6.13. Répercussions des opérations conduites dans le cadre de l’OIN Euromed.
Source. Etabli par l’auteur sur la base des données fournies par (Prelorenzo, 2010 ; Ronai, 2009 ; Douay,
2008).

238
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.

210
L’événement « Marseille, capitale européenne de la culture » a été considérée comme un
levier pour accélérer les opérations d’aménagement et une vaste opération culturelle en
premier lieu mais aussi économique et urbaine. En fait, un nouveau « waterfront culturel »
est apparu dans cette ville. Cet impact positif sur la ville et son développement comme le
juge Grésillon (2013), a contribué au développement de la vie nocturne, notamment à
l’occasion de grandes manifestations d’art de rue dans l’espace public et dans la soirée qui
s’arrêtait à 22h 30. Ce qui a changé même les modes d’appropriation des espaces publics
par les habitants jusque tard dans la soirée.

La forte attention accordée par les acteurs décideurs au front de mer et au centre-ville
(Bertoncello and Girard, 2001), par le renforcement de la relation ville/port à travers divers
projets, la valorisation de l’image de la ville, et l’offre d’emploi 239 au détriment d'autres
aspects et d’autres problèmes de la ville, n’a fait que créer d’autres problèmes tels que : la
gentrification, jugée comme un mode de revitalisation (Jourdan, 2008), semble inaboutie à
l’exception de quelques petites portions du territoire Marseillais, dont l’effet ne dépasse
pas l’échelle de l’espace public voir de l’ilot, la marginalisation du citoyen-habitant
mettant à l’écart ses besoins et ses aspirations dans la recherche de construire une ville
internationale attrayante pour les étrangers (en particulier des investisseurs et des touristes)
plus que pour ses habitants. Au fait, l’augmentation du prix du mètre carré a entraîné à la
fois l’immigration de la population pauvre vers d’autres quartiers, voire vers d’autres
villes, donnant lieu au phénomène de vacation de logements et de gentrification au centre-
ville, et des mouvements de résistance (depuis le début des années 2000) (Brehier et al,
2011) suite à l’insatisfaction des anciens habitants qui se voient marginalisés. En fait, il n'a
finalement abouti qu’à renforcer l’attractivité surtout économique de la ville et plus
particulièrement du water front au détriment des autres aspects et besoins des habitants qui
réclament des espaces verts et de loisirs de proximité avec de grands parcs aux alentours
(Prelorenzo, 2010, p. 161).

« Euromed » est encore vécue comme une guerre de position entre la ville et le port, entre
les pauvres et les riches, entre la modernité, la tradition et la dénaturation de l’identité
marseillaise, plus que comme un levier du renouveau indispensable » (Ronai, 2009, p.
133). Au fait, plusieurs obstacles ont empêché la réussite de ce projet, comme la réalité
sociale marseillaise qui pose un énorme problème, entre un centre-ville paupérisé et une

239
Dont le quartier d’affaire, quant à lui seulement, offre plus de 37 000 emplois privés, et 6 500 emplois
publics.

211
périphérie plus au moins riche, une contradiction qui ne favorise pas la concrétisation de
l’objectif de la mixité sociale au sein du centre-ville. Aussi, la question de l’identité
urbaine marseillaise s’impose comme un grand défi, entre la préservation de« l’identité
populaire, laborieuse, rebelle et portuaire traditionnelle » de Marseille ou d’aller vers un
urbanisme d’affaires, vers le tourisme, les loisirs, où le centre-ville a été reconquis par les
plus riches (op.cit., p. 134). Force est de constater que ce processus de métropolisation a
été accompagné, dès l’automne 2009, par l’implantation d’un centre dédié à la
modernisation des politiques publiques marseillaises240 (ibid., p. 136).

6.3 Casablanca, d’un petit port de pêche au principal pôle de drainage et de


diffusion des flux, des répercussions sur la ville et son identité …

6.3.1 Présentation de la ville de Casablanca

Surplombant l'océan Atlantique, la


capitale économique du Maroc,
Casablanca, se situe au centre ouest
du pays, à environ 80 km au sud
de la capitale du pays, Rabat. Elle
s’étend sur une superficie de 384
km² (Centre Régional
D’Investissement, 2017).
Figure 6.14. Situation géographique de Casablanca.
Source. (Courrier International, 2010)241.

D’une petite casbah de 25 000 habitants au début du 19 ème siècle (Rochd, 1990, p. 113),
elle est devenue la plus grande ville marocaine avec une population estimée à 3
359 818d’habitants (Monographie de la Région, 2015). Aujourd’hui, Casablanca se
présente comme une métropole contemporaine, disposant d’une richesse colossale en
matière d’infrastructures aéroportuaire, portuaire, du tertiaire, d’industrie, etc. faisant d’elle
le premier pôle industriel du Maroc, dont elle emploie 46% de la population active du
Maroc travaillant dans différents secteurs. Première zone portuaire du Maroc, elle possède
60% des échanges commerciaux du pays, 39% de ses unités productives, 30% de son
réseau bancaire (première place financière au pays) et 60% de la main d’œuvre industrielle.

240
Avec le concours de la Banque mondiale et de la Banque européenne d’investissement.
241
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.

212
6.3.2 Les évènements marquants de l’histoire de Casablanca

Contrairement au premier exemple (celui de


Marseille), le port n’était pas la raison principale
de l’émergence de cette ville. En fait, Anfa était
un ancien port de pêche, mais très riche grâce à
son arrière-pays agricole, petit à petit, la ville s'est
ouverte au monde grâce à son port.
Figure 6.15. La ville d’Anfa après son bombardement
par la flotte portugaise en 1468.
Source. http://histoiredecasablanca.ma/?p=3465.

Casablanca, cette ville antique nommée « Anfa »242, a été témoin de plusieurs opérations
de destruction et de reconstruction, dont la plus importante a été menée par le sultan
Mohammed Ben Abdelllah vers 1780, suivie de la période sous le régime de protectorat
français et enfin de l'indépendance à nos jours. Tous ces événements importants ont eu un
impact significatif sur le développement de la ville et son identité (Belkadi, 2015).

6.3.2.1 Période de protectorat français


Cette période représente un tournant majeur dans l’histoire de la ville de Casablanca. En
fait, elle a vu l’émergence de deux grands plans, à savoir :

A. Le plan de l’architecte Henri Prost 1918 … une ville nouvelle à Casablanca

Fondée sur le principe de la division fonctionnelle de l'espace et de la hiérarchie de


l'habitat, une ville nouvelle nommée « ville
européenne » a été construite243 autour du port et
de la médina (Daoud and Guennoun, 2005),
selon le modèle radioconcentrique, suivant les
directions du premier plan d'urbanisme moderne
« plan Prost » (Rochd, 1990). Cette ville « qui
par la suite occupera une position très
importante dans l’organisation générale de
l’espace casablancais » (Nejmi, 2018, p. 37).

Figure 6.16. Plan Prost 1917.


Source : (Nejmi, 2018, p. 38).

242
La capitale du royaume hérétique des berbères Berghwata au Moyen-Age.
243
Dotée d’un héritage architectural sans équivalent sur le continent.

213
La séparation quasi totale entre la population européenne et la population marocaine était
un fondement de ce régime, considérée comme « démarche de la planification urbaine »
(op.cit., p. 38), donnant lieu à une ségrégation spatiale et sociale.

B. Le plan de Michel Ecochard 1952 …

Figure 6.17. Le plan d’Ecochard 1952.


Source : Nejmi (2018, p. 38).

D’une forme linéaire qui concrétise la cité linéaire industrielle, et d’un programme aussi
riche et diversifié (logements, extensions du port et des zones industrielles, réseau auto¬
routier, espaces verts, etc.) (Rochd, 1990), le plan d'Ecochard, est venu pour résoudre les
problèmes que la ville rencontrait à l'époque. En fait, afin d'éliminer ou de réduire le
phénomène de discrimination hérité du précédent plan, Michel Ecochard suggéra de créer
des logements pour les européens, sous forme de vastes programmes d’habitation à bon
marché, et pour les marocains, sous forme de cités satellites dans la périphérie 244.
L’objectif est de créer une certaine « cohésion sociale » et « déségrégation sociale » en
diversifiant les types d’habitats de chaque programme (Nejmi, 2018, p. 40), même s'il
présente des limites selon cet auteur ; « on voit bien que ce type de programme, sous forme
de cités satellites d’habitat adapté, a abouti à un aménagement qui se traduit par une
segmentation de l’espace urbain ce qui a accentué la “fragmentation de la ville » (ibid., p.
41).

244
Une volonté de loger les “masses laborieuse” vivant dans les bidonvilles à la périphérie de la ville et de
lutter contre la spéculation foncière.

214
Ala fin de cette période coloniale, Casablanca se retrouvait comme « une marque
profonde de l’Europe sur le sol marocain » (Joly, 1948)245, de par sa structure urbaine, et
son architecture ; structurée autour d’un centre d’affaires, commercial, financier et
industriel, des zones résidentielles réservées à une population très aisée et une masse de
logements populaires (Rochd, 1990).

6.3.2.2 Période post indépendance


Cette période peut être elle-même divisée en trois grandes phases ayant marqué le
processus d’urbanisation de cette ville. De 1960 à 1974, elle a connu un phénomène de
« redéploiement de la ville sur elle-même englobant ainsi les zones interstitielles et
intégrant les « cités satellites autonomes » construites dans les marges périphériques de la
ville » (Nejmi, 2018, p. 42). Entre 1975 et 1983,la phase d’extension spatiale démesurée,
qui se faisait d’une manière spontanée sans aucun respect des orientations du plan
Ecochard, conduisant à la multiplication par deux de la superficie urbaine 246 (Rochd,
1990). Sur le plan économique, en 1980, d’après le même auteur, elle draine 75 % du trafic
national. A ce titre, Casablanca est le deuxième grand port du continent africain après celui
de Johannesburg.

Depuis 1984, la politique urbaine de la ville marocaine a pris un nouvel essor, avec d’une
part, l’apparition des instruments de planification urbaine (schéma directeur en 1984 et
les plans d'aménagement en 1989), suite aux émettes de 1981247, et d’autre part, la division
de la métropole casablancaise en4préfectures en 1981, en 5 préfectures en 1985, et
finalement en 6 en 1990, dans le but d’assurer « une visibilité spatiale et par conséquent la
paix sociale» (Rachik, 1994, p. 225), et de garantir une meilleure maitrise et un meilleur
contrôle du champ socio-spatial. En parallèle, le nombre de population reste en
augmentation progressive, il a passé de 1 500 000 (en 1971) à 2 950 000 habitants et
représentant 20.5% de la population urbaine marocaine en 2004 (Nejmi, 2018). De ce fait,
Casablanca est devenue la première ville marocaine en termes de taille de population.

6.3.2.3 La relation éternelle ville-port et ses répercussions sur la ville : Casablanca,


l’essor économique du port au détriment de la vie urbaine

245
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
246
Passant de 4500 hectares en 1960 à plus de 9260 hectares en 1982.
247
Ces émeutes ont été provoquées lors d'un appel à la grève générale lancé par la CDT (Confédération
Démocratique du Travail) après l'augmentation des prix des denrées alimentaires de première nécessité.

215
Depuis le Traité de 1912, de par son grand port, Casablanca est devenue le principal centre
du négoce maritime et des industries de transformation248, faisant d’elle la « base de la
pénétration coloniale depuis 1912 » et le premier lieu privilégié d’immigration249 (Rochd,
1990). De ce fait, la ville est entrée dans une période de prospérité dans la mise en œuvre
de grands projets, notamment la planification de grands axes routiers, la construction de
grands bâtiments, la mise en place de lignes de transport maritime régulières, etc.

Le premier grand port moderne du royaume, le deuxième port d'Afrique, Casablanca, est
devenue par la suite le « principal pôle de drainage et de diffusion des flux » (ibid., p.
113), dont son chiffre d'affaires a atteint 82% de l'ensemble national, en 1976, ce qui
confirme sa primauté dans l'espace marocain (Réf : Figure 6.18 ci-dessous). Cependant, ses
industries sont principalement concentrées à l’Est de la ville, engendrant de multiples
problèmes de circulation et de déplacements pendulaires domicile/ travail (ibid.).

Avant le protectorat En 1950

Figure 6.18. Les voies d’échanges commerciaux au Maroc, avant et après 1912 (le rapport avec la côte).
Source. Rochd (1990, p. 114).

Riche en infrastructures et en activités diverses (comme le Central Business District qui


regroupe les activités du secteur tertiaire)250, Casablanca, est devenue une zone
économiquement attractive. En effet, le processus d’urbanisation de cette ville est
étroitement lié aux mutations économiques qu’a connues son port, entrainant de grands
bouleversements dans la structure démographique et le fonctionnement de la ville.

248
Entre 1918 et 1932, le nombre d'établissements industriels est passé de 157 à 1 932 unités (Rochd, 1990).
249
Les flux migratoires se composent de notables marocains, d’hommes d’affaires et de colons européens.
250
Qui sont : des banques, compagnies d'assurance, sociétés d'import-export, directions des entreprises
industrielles, bureaux d'études.

216
Durant le 19ème siècle, la ville a connu un développement classé « des plus spectaculaires»
(Aljem, 2018). Elle est passée d’une petite ville de 20000 habitants en 1900, à une ville
d’un million d’habitants au recensement général de logement et d’habitat en 1960, etune
ville à 2 millions 500000 habitants en 1987 (seule au Maroc) (Joumady, 1988). Cette
explosion démographique exceptionnelle (exode rural, et attractivité économique) a
conduit à l’apparition de nombreux problèmes d’ordre spatial, social et économique,
rendant la maitrise du phénomène urbain en cette ville très compliquée, notamment dans
ses zones périphériques (Nejmi, 2018). Sur le plan spatial, avec une grave crise du
logement, la ville a connu une dégradation de sa médina, une dégradation du bâti de
l’ensemble du centre-ville (Cattedra, 2003), et une prolifération de l’habitat informel,
dans la périphérie, sous deux formes (les plus répandues), à savoir : les bidonvilles qui sont
devenus une marque de l’espace urbain casablancais et « l’habitat non réglementaire
construit en dur »251. Le renforcement du phénomène d’exclusion sociale s’est accentué
surtout pour les habitants de revenus modestes, qui habitent dans la périphérie et se sentent
marginalisées, exclus, bien que les tentatives de l’Etat pour résoudre cette situation critique
ont échoué, « On est donc devant une gestion chaotique de la ville; et celle-ci s’est
trouvée à l’aube du 21eme siècle confrontée à la nécessité d’une mise à niveau sévère pour
faire face à la mise en place urgente de bonnes infrastructures de circulation; de
transport, d’équipement et d’espace de production, de récréation et de loisir et d’une
politique de logement social pour une ville trois fois millionnaire. …..On peut ajouter aux
causes de ses disfonctionnements une autre raison, qui est celle de la gestion foncière,
avec l’existence d’une forte spéculation foncière sur les terrains » (Nejmi, 2018, p. 47). À
tous ces problèmes, s’ajoutent ceux des réseaux divers252, d’accessibilité et de l'incapacité
des moyens de transport à s'adapter aux besoins des habitants, compte tenu de la
concentration de l’offre de service dans le centre-ville et de son insuffisance en périphérie.
En effet, sa première place en matière d’attrait des investissements dans le pays et son rôle
de locomotive économique du Maroc cachent « plusieurs disparités sur le plan humain et
social » (Belkadi, 2015)253.

251
« Cette nouvelle forme d’urbanisation s’est faite soit sous forme d’occupation illégale de terrains, avec
auto-construction de logements, soit sous forme de lotissements ne respectant pas les règlements
d’urbanisme » (Nejmi, 2018, p. 46).
252
Le taux d’épuration des eaux usés atteint à peine 45% , tandis que le taux d’alimentation en eau potable ne
dépasse pas 77% (Belkadi, 2015).
253
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

217
6.3.3 Les stratégies de requalification : Casa à la recherche d’une nouvelle image,
1984, la reprise de l’action sur la ville …

Selon Cattedra (2003), l’intérêt pour la question urbaine casablancaise est apparu à la fin
des années 1970, sans vraiment porter ses fruits jusqu'aux années 1980, suite aux émettes
de 1981, alors qu'il y a eu une réelle reprise en main de la ville en 1984254. Dans un
premier temps, les politiques d’aménagement de la ville ont basé sur la stabilisation
(fixation) des populations rurales dans leur communes255 (Gadal, 2005) afin de réduire la
croissance urbaine de la ville.

Outre les projets de logements sociaux destinés principalement aux couches les plus
défavorisées (Rochd, 1990), et dans un espace déjà caractérisé par la ségrégation sociale,
depuis la période coloniale, le SDAU de Casablanca 1984, et dix ans après sa mise en
œuvre, n’a pas apporté de solutions à ce problème (de ségrégation), au contraire, il l’a
accentué en raison du traitement inégal des besoins (tant quantitatifs que qualitatifs) en
termes d’équipements entre le centre et la périphérie (Chouiki, 1997, p. 97). En revanche,
ce SDAU, venu apaiser les problèmes existants, a apporté une nouvelle ambition, celle de
métropolisation256et d’internationalisation de la ville.

En ce qui concerne la question de l’identité de la ville, le rôle du roi Hassan II a été décisif,
dont ses discours, notamment sur le thème de la ville et de l'architecture, ont pris de
l'ampleur. Il a insisté sur la nécessité absolue de créer une identité spécifique de la ville de
Casa, en disant : « la fierté que nous tirons de notre marocanité, la sauvegarde de notre
authenticité et de notre civilisation pour permettre à nos enfants d'être fiers de ce que nous
leur aurons légué" et par "notre profonde conviction que l'environnement matériel -
abstraction faite des considérations familiales - marque d'un cachet indélébile tout
individu » (Extrait du discours du Roi Hassan II - 1979) cité par (Garret, 2003)257.

À Casablanca, la question de la valorisation patrimoniale liées aux valeurs affectives et


historiques émanant des « lieux de mémoire » (Cattedra, 2003) était également l’une des

254
Sur les plans sécuritaire, urbanistique et gestionnaire (Cattedra, 2003).
255
Grâce à une stratégie qui vise à transformer une agriculture de survie en une agriculture fruitière et
maraîchère d’exportation. Chose qui a conduit à stabiliser les habitants pendant un certain moment.
256
« Dans le plan de 1984, l'accent porte également sur les modalités pratiques de réalisation des objectifs
d'aménagement de la métropole : mise en place d'une agence urbaine, définition de la demande solvable,
résorption de l'habitat insalubre avec l'aide de la Banque Mondiale (100 000 habitants à Ben M'sick) »
(Nejmi, 2018).
257
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
En revanche, il a critiqué l’absence de caractère spécifique de la ville marocaine lorsqu’il a dit : "si nous
parachutions un citoyen marocain dans certains de nos villages, il se croirait dans un pays étranger".

218
priorités des pouvoirs publiques, dont ils ont commencé par dénombrer les bâtiments "à
protéger"258 dans le cadre du SDAU259. Cependant, cette liste ne figurait pas dans le SDAU
tel qu'il est approuvé en 1985, et des années plus tard, aucun bâtiment ne bénéficiait du
classement comme monument historique (op.cit.). Force est de constater que l’ouvrage de
l’architecte Jean-Michel Zurfluh sur la ville de Casa, qui a été publié en 1985, a permis
« la formulation de la première reconnaissance explicite d'un héritage architectural issu
du colonialisme » pour lequel une grande partie (de l’ouvrage) a été consacré aux
bâtiments construits pendant cette période (Garret, 2003). En 1995, une association
dénommée « CasaMémoire » engagée à la sauvegarde du patrimoine architectural de
Casablanca a vu le jour, dont ses membres ne sont intéressés que par la sauvegarde des
bâtiments issus du colonialisme. D’autre part, certaines actions urbaines touchant des
édifices d'une valeur esthétique affirmée, dans l’annecien médina, ont été mise en place,
telles que : la restauration des remparts (les limites de la ville ancienne), et la refabrication
ex-nihilo de la Tour de l’Horloge, étant donnée un élément symbolique qui a disparu
(Cattedra, 2003). En effet, selon ce dernier, au cours des années 1990, la ville est devenue
remarquable pour son architecture coloniale.

Emanant de la volonté du roi Hassan II et de la logique d’internationalisation de la ville


(Berry-Chikhaoui, 2007), une grande mosquée nommée Hassan II est née. Par sa
conception, son emplacement et son style, ce monument est devenu l’élément structurant
d’une centralité renouvelée et un moyen d’expression de l’art et des traditions
architecturales du Maroc260 (Cattedra, 2003), combinant les valeurs du patrimoine
marocain (culturel, religieux, artistique et historique), et les outils fonctionnels et
technologiques de la modernité (ibid.). En fait, il est devenu l’élément fondateur d’une «
reconfessionalisation » de la ville (Berry-Chikhaoui, 2007, p. 150).

Suite à la réalisation de ce grand projet, quatre espaces ont façonnée finalement l’évidence
patrimoniale de Casa « hiérarchisés de la manière suivante par les critères d’intérêt de
ses fameuses étoiles : Mosquée Hassan II***, Centre-ville**, « Casablanca Art déco »**,
quartier des Habous* et Ancienne Médina (sans étoile) » (Cattedra, 2003)261.

258
Tels que : des bâtiments construits durant la période du Protectorat, des mosquées de l'ancienne médina,
etc. (Garret, 2003).
259
Le Schéma directeur d'urbanisme réalisé entre 1981 et 1985 par le cabinet Pinseau.
260
Des milliers d’artisans ont travaillé à son décor.
261
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

219
Entre 1994 et 2002, afin de maîtriser le processus de métropolisation et de croissance
urbaine, dans le cadre d’une politique de contrôle du territoire, ont été développé des pôles
urbains secondaires dotés d’infrastructures et de services nécessaires, à savoir : services
administratifs, bancaires, hospitaliers, scolaires, infrastructure de télécommunications, etc.
Ces pôles destinés à accueillir les migrants issus de l’exode rural262, sont devenus « des
lieux symboles de la politique de décentralisation instituée par l’Etat marocain » (Gadal,
2005)263, dont l’appartenance physique de ces pôles à la Métropole casablancaise a été
renforcée par la mise en place d’une seconde « ceinture autoroutière ». En améliorant la
mobilité et l’accessibilité, les autorités ont tenté de renforcer le sentiment d’appartenance
des populations locales à un même territoire métropolisé (Ibid.).

L’émergence des premiers grands projets à Casablanca remonte à la fin des années 1980264,
et cette logique a connu un grand élan depuis l’année 2005 « du fait de l'arrivée de
capitaux financiers provenant principalement des pays du golf » (Aljem, 2018)265. En fait,
elle a été jugée comme une sorte de solution efficace à l’échec des actions antérieures, et
pour surmonter « les blocages dus à la rigidité des outils de l’urbanisme classique », la
généralisation des grands projets à Casablanca a été interprétée avec une réelle volonté
d’ouverture sur l’international, de promotion de son attractivité, notamment en termes
d’investissements, et de donner une nouvelle image d’un Maroc moderne en mouvement
tout en donnant une marque symbolique à cette métropole économique (ibid.). Ils sont
devenus les principaux outils des politiques sectorielles élaborées en marge des documents
d’urbanisme. Les stratégies des politiques publiques en matière de développement et de
planification de la ville de Casa peuvent être résumées comme suit :

262
En effet, l’exode rural ne représentant plus que 2 à 3 % du total du solde de croissance annuelle de la
population (Gadal, 2005).
263
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
264
Dont ils n’ont jamais atteint le stade de la réalisation, en raison de nombreux problèmes, tels que :
l’incapacité du système de gouvernement classique de la ville à gérer et à mettre en œuvre de grands projets,
l’absence d’ingénierie sociale, etc. (Aljem, 2018).
265
Agissant en partenariat avec les holdings locales notamment la CDG développement. Numéro de page non
indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

220
Volonté de Hassan II

Conjugué par une ambition de Internationalisation


Un processus de de Casablanca
patrimonialisation

Édification de la Grande Mosquée


Qui s’est limité au début
Hassan II sur le littoral (monument
aux actions suivantes :
Dans le but de unique dans son genre)
1. Conservation, revaloriser les entités
réhabilitation et présentant une valeur
restauration des historique et
Donnant lieu à des bouleversements
éléments symboliques patrimoniale qui étaient :
l’ancienne médina (le dans l’environnement immédiat
existants noyau historique), le (rénovation des quartiers dégradés) et
2. Restauration et quartier « traditionnel » impactant le lancement de grands
restitution des néocolonial des Habous,
etle centre-ville projets structurants (réaménagement du
éléments symboliques quartier de la Grande Mosquée, etc.).
d’origine coloniale.
disparus

Modèle classique266 Grands projets urbains

Figure 6.19. Les politiques publiques d’intervention urbaine à Casa : du modèle classique à la logique des
grands projets urbains267.
Source : établie par l’auteur (2020).

Figure 6.21. La mosquée Hassan II. Figure 6.20. La réhabilitation de l’ancienne Médina

Source : (e-Madina, 2015)268.

266
Selon un urbanisme prévisionnel sur la base des outils d’urbanisme réglementaire (SDAU, PA, PZ,
PDAR), où le principal acteur est l’Etat et ses différents démembrements.
267
qui relèvent des instruments de l’urbanisme opérationnel, gérés par des institutions ad-hoc dédiées à
assurer le portage et la conduite des projets (Aljem, 2018).
268
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.

221
Tableau 6.7. Les stratégies de requalification de la ville de Casablanca.
Enjeux Stratégies Grands projets/actions
Edification sur le littoral casablancais de la mosquée Hassan II (première
référence à l’international) et sa mise en valeur comme élément structurant
d’une centralité renouvelée à travers ; la rénovation des quartiers dégradés
Internationalisation Revalorisation stratégique de la façade maritime
environnants et la requalification de son environnement immédiat ;
de Casa en réaménagement des boulevards, aménagement d’espaces verts entre le bassin de
renforçant son plaisance et la muraille de la médina, renforcement des réseaux.
attractivité et sa Renforcer la dynamique de développement de Se tourner vers un tourisme d’affaire par la création des hôtels modernes, des
compétitivité et en Casablanca en attirant les investisseurs étrangers tours sièges à louer en espaces bureaux d’une architecture moderne.
essayant de donner
Asseoir un rôle économique durable dans
à la ville une
l’économie mondiale, et attirer des activités à « Recyclage » de certains espaces comme la zone Est et le port
dimension durable
forte valeur ajoutée et des personnes compétentes
et innovante
Métropolisation de Casablanca à travers des
Mise à niveau permanente des structures urbaines d’accueil et d’attraction des
programmes immobiliers ambitieux et le
investissements nationaux et étrangers
développement durable
Projet de la Marina : développé autour du port de plaisance, décomposé en 4
secteurs ; Marina, Remblas, portes Océanes et jardins de la mosquée. Il est
Valoriser le front d’eau (la façade maritime) : constitué notamment d'espace sans voitures, principalement dédié aux activités
rénover sa corniche faisant du front de mer un d'affaires, de tourisme, de commerce, d’animation et de loisirs, dont il abrite
Réhabiliter la généralement des équipements de haut standing, tels que : des hôtels 5 étoiles,
espace convivial à travers les aménagements de
vocation océane de un palais des congrès, un yacht club, des restaurants, des centres commerciaux,
haut niveau tout en assurant le plus de
Casablanca des espaces verts aménagés en promenades piétonnes, des activités nautiques
dégagement visuel possible sur le port de
(assurer liées au port de plaisance, etc. Le sous-sol est réservé pour le stationnement.
plaisance
l’ouverture de la
ville sur l’océan) Construction d’une des plus longues avenues du monde (de la mosquée jusqu’en
direction de l’aéroport Mohamed V)
Création d'un port de plaisance, en offrant à ses habitants et aux touristes une
Protéger les espaces non construits et garantir une
promenade piétonne exceptionnelle tout le long de son front de mer entre le port
accessibilité de l’océan pour tous d’Est en Ouest
et la grande Mosquée.
Rattraper les Réorganiser en profondeur le réseau de transport
Renforcer les infrastructures de déplacement : Le Programme de Déplacement
retards accumulés et moderniser ses moyens afin de répondre aux
Urbain (PDU) mis en place en 2004, création de tramway, des gares
dans tous les besoins croissants de mobilité engendrés par le
multimodales, autoroute, deux gares ferroviaires multimodales, etc.
domaines développement de la ville

222
Mise à niveau généralisée des infrastructures et
des services urbains fondée sur les grands projets La réalisation de nouvelles centralités urbaines.
structurants à fort impact économique et social
Reconversion de friches et revitalisation des La réhabilitation de l’ancienne Médina (en se basant sur trois volets : bâti,
zones dégradées jardins et espaces publics)
La démolition de constructions voire même d’îlots entiers d’immeubles de
Des actions publiques sous forme de
rapport ou de villas d’époque coloniale tels que : le théâtre Mohammed V,
réaménagement urbanistique, de requalification
l’Hôtel d’Anfa, des cinémas, des cafés, etc. qui sont remplacés par des
architecturale, ou de véritable rénovation urbaine
résidences haut standing.
L’implantation des centres commerciaux comme MORROCO MALL,
Renforcer le potentiel commercial et touristique ANFAPLACE, TECHFINECENTER, MARINAMALL, TWINCENTER, etc.
de Casablanca
Créer un projet d’espace récréatif : le projet Sindibad, créer une nouvelle
centralité : le Projet Anfa.
Assurer une connexion entre les quartiers Création d’une relation « Marina – Médina » par la mise en place d’un réseau de
périphériques et le centre-ville transport en commun au niveau du boulevard urbain existant entre eux.
Source. Etabli par l’auteur sur la base des données de (Cattedra, 2003 ; Berry-Chikhaoui, 2007 ;Barthel, 2010 ; Aljem, 2018 ; Nejmi, 2018).

Figure 6.22. Le Grand Théâtre de Casablanca. Figure 6.23. La marina.

Source : (e-Madina, 2015)269.

269
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.

223
• Impacts des politique publiques sur l’identité de la ville de casa

La création de la mosquée Hassan II a permis à la ville d’acquérir une dimension


patrimoniale, au moment où elle « a été décrite comme une ville sans culture et « sans
citadins », ville sans âme, ville d’émeutes à l’occasion, qui s’est faite par l’argent et les
métiers de l’industrie » (Cattedra, 2003)270. Bien que d’autres chercheurs comme Daoud &
Guennoun (2005) aient un regard complètement différent quand ils disent : « On dit
Casablanca sans histoire. C’est faux : Casablanca a une longue histoire.… La ville, fondée
par les Phéniciens, et anciennement dénommée Anfa, est successivement occupée par les
Almoravides, les Almohades, les Génois, les Portugais » (ibid., p. 203).

Contrairement à son père, Hassan II271, l’implication de Mohamed VI dans les questions
urbaines a contribué à accélérer le développement de grands projets d’aménagement par le
biais des investissements étrangers (Barthel, 2010). En fait, à l’exception du projet de la
mosquée Hassan II, qui représente une expression des traditions artistiques et
architecturales du Maroc ainsi que l’ancienne médina (le noyau historique), le quartier «
traditionnel » néo-colonial des Habous ou Nouvelle médina272, le centre-ville d’origine
coloniale d’architecture art déco moderne qui représentent et renforcent « une identité
culturelle marocaine », le recours à cette logique d’urbanisme par les grands projets a eu de
multiples impacts sur la ville et son identité. Certes, il a réussi à renforcer la spécificité de
la ville en tant que ville portuaire et océanique par la valorisation de sa façade maritime,
mais il a également créé de nombreux problèmes. Organisation incohérente de la ville.

En ce qui concerne les éléments matériels qui composent l’identité de cette ville, ces
politiques ont conduit à la création de nouveaux projets qui rompent complètement avec
les anciens tissus (le modèle idéal de la ville arabo-musulmane). Le manque de cohérence
et d’homogénéité entre eux et leur environnement immédiat, est l'une des principales
caractéristiques de ces projets. En effet, ces nouveaux grands projets, majoritairement de
haut standing, posent des problèmes d’intégration dans leur environnement, conduisant à
des ruptures autant spatiales que fonctionnelles (Aljem, 2018), comme le souligne
également Cattedra (2003) : « les objets que l’on retrouve aujourd’hui étalés sur la vitrine
patrimoniale de la ville n’attestent ni de la même origine ni de la même logique ».

270
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
271
Peu impliqué à la fin de son règne dans les affaires urbaines du royaume.
272
Construite entre les années 1920-1940, exemple présupposé d’urbanité musulmane.

224
Pour ce qui est d’éléments immatériels constitutifs de l’identité de cette ville, ces politiques
ont changé l'image de la ville, longtemps véhiculée dans la mémoire de ses habitants, et
affaibli le sentiment d'appartenance et d’appropriation des habitants casablancais de leur
ville. En effet, de multiples mouvements de repli de population (de revenus faibles et
moyens) vers la périphérie de la ville, en raison de la hausse des prix accompagnant ces
grands projets (comme le projet de réhabilitation de l’ancienne Médina). Le
réaménagement du quartier de la Grande Mosquée a entraîné à lui seul la démolition d’un
secteur de 50 hectares (plus de la moitié de la médina, considéré comme insalubre et sur-
densifié) et la délocalisation de 100 000 habitants (Cattedra, 2003). En centre-ville
également, il y’a eu la destruction de vieilles bâtisses coloniales et récupération des
parcelles pour en faire des hôtels modernes, des tours sièges à louer en espaces bureaux,
d’une architecture moderne. Le centre-ville se vide de l’habitat et renforce l’adjectif de
quartier d’affaires autour du port et des gares ferroviaires comme Casa port. On assiste au
phénomène de gentrification. Le citoyen se retrouve marginalisé et à l’écart de tout
processus de concertation dans les phases amont de définition des projets (Aljem, 2018).
Selon cet auteur, les espaces publics proposés sont réduits en termes de la densité de leurs
programmes, offrant peu d’espace d’urbanité et d’échanges. La mauvaise gestion de la
ville, incarnée par des retards dans la mise en œuvre des programmes socio-économiques,
ainsi que les difficultés sociales sont des raisons qui ont provoqué les problèmes
mentionnés ci-dessus.

6.4 Toulon (France), une ville portuaire aux richesses naturelles indéniables…

6.4.1 Présentation de la ville de Toulon

Ville méditerranéenne située au Sud-est de la France, Toulon, est la commune chef-lieu


du département du Var et le siège de sa préfecture. Elle s’étend sur une superficie de
42,84 km² et abrite une population estimée à 176 198habitants selon le recensement de
2018 (INSEE, 2018) soit une densité de 4 113hab/km². Toulon est également le siège de la
communauté d’agglomération « Toulon Provence Méditerranée » (TPM) et le moteur
économique du VAR.

225
Figure 6.25. Situation de Toulon par rapport à son Figure 6.24. Situation de Toulon dans son
pays. département (Var).
Source : Wikipédia. Source : Wikipédia.

Au bord de la Méditerranée, Toulon s'est créée le long de la plus grande rade d’Europe. En
effet, la structure exceptionnelle du site a fortement marqué l'histoire et la composition
spatiale de cette ville. Entourée
de hautes collines de calcaire273
et nichée entre la longueur de la
mer et la montagne, Toulon
bénéficie de nombreux atouts
naturels donnant lieu à des
paysages naturels exceptionnels.

Figure 6.26. Vue de la ville de Toulon, sa rade et son port depuis le Mont Faron.
Source : https://www.lesbateliersdelarade.com/histoire-rade.html

À travers sa base navale (le plus grand port militaire français), Toulon est considérée
comme la capitale économique du Var, dont les secteurs de l’administration (publique ou
privées), de services, de commerce, de tourisme et de la recherche constituent l’essence de
l’économie de cette ville. Elle partage avec Hyères-les-Palmiers un aéroport par lequel
transitent environ 500000 passagers par an.

6.4.2 Les évènements marquants de l’histoire de Toulon

Anciennement connue sous le nom de « Telo Martius », sa fondation remonte au premier


siècle avant JC (PaSquaLini, 2000, p. 35), dont le rôle et l'histoire de la ville étaient
étroitement liés à sa rade. Pendant longtemps, c'était un port de pêche de taille très

273
(Les bateliers de la Rade, 2019).

226
modeste, considéré comme un débouché important pour son arrière-pays riche par son
agriculture. L’histoire ce cette rade a vraiment commencé avec les rois de France après le
rattachement du royaume de Provence à celui de France en 1481 (Debrie and Lavaud-
Letilleul, 2009).

6.4.2.1 Spécificité du port de Toulon, caractéristiques physiques et fonctions


diversifiés …

Considérée comme la plus belle rade de la Méditerranée, la particularité de cette rade


réside dans sa situation géographique et dans la spécificité de ses caractéristiques
physiques (un site exceptionnel)274, qui permettent une défense militaire efficace sur 360
degrés.

En plus de sa vocation commerciale, cette


rade est devenue plus tard un grand port
militaire275 après la mise en place d’un
arsenal Maritime au XVIème siècle
(PaSquaLini, 2000, p. 35). Cela a permis à
la vocation militaire de la ville de remonter
à la surface. Il a été désigné en 1666 comme
le premier port de guerre du Levant (Debrie
and Lavaud-Letilleul, 2009).
Figure 6.27. La rade de Toulon.
Source : (Les bateliers de la Rade, 2019)276.

Le port militaire a joué un rôle rayonnant dans le bassin méditerranéen dans l’histoire de la
marine française depuis 1789. Ce n'est qu'en 1962, avec la fin de la période de la
colonisation française en Algérie, que l'activité militaire intensive de Toulon a pris fin. La
grande complexité de cette rade réside dans le lien étroit entre activités portuaires civiles
« classiques » (fret, ferry, plaisance...) d’une part, et activités militaires de premier rang au
niveau national, d'autre part.

6.4.2.2 L’après-guerre et l’apparition de problèmes multiples…

274
Un abri remarquable de grandes profondeurs d’eau pour l’accueil des navires.
275
Le premier établissement militaire en Méditerranée devant Marseille.
276
Page non indiquée, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la bibliographie-.

227
Située au fond de la rade277, la ville s’est développée le long de la mer au pied des collines
(Girault, 1986, p. 215) et du mont Faron (PaSquaLini, 2000, p. 34), cloisonné par un relief
marqué. Le transport par voie maritime a été largement préféré car moins onéreux, au
transport terrestre (ibid., p. 35). Grâce à l’ampleur du port, la construction et les activités
ont été étendues (ibid., p. 38).

Sur le plan spatial et urbanistique, la problématique de l’urbain a pris naissance après la


seconde guerre mondiale, où la ville a été reconstruite après la destruction de parties
entières de celle-ci, conduisant à l'émergence de nombreux problèmes : urbanisme
anarchique, absence de mise en valeur des vieux quartiers du port, le front de mer cache la
rade, ainsi que l’apparition d’un quartier situé au bas de la vieille ville appelé le « Petit
Chicago »278 donnant une mauvaise image et une mauvaise réputation à la ville dans les
années 1950, qui a duré longtemps.

Cette problématique est aggravée par la fin de la période de colonisation française en


Algérie, qui a donné lieu à des afflux intenses des pieds-noirs, et par conséquent une forte
demande en logement279, auteur d’une veille ville qui ne cesse de se dégrader. Ces
problèmes sont traduits par de nombreux maux urbains et socio-économiques. En effet, la
forte déprise économique et sociale, qui a commencé dans les années 1970, a conduit à
l’élévation du taux de chômage280, le développement de la délinquance, en particulier dans
le centre-ville qui était en plein délabrement, la paupérisation du cœur de la ville et la
fermeture successive de ses commerces, des problèmes d’accessibilité et de déplacement
dues à la saturation du trafic routier281 et l’apparition des friches urbaines. À tout cela,
s’ajoutent des problèmes de la mauvaise gestion de la ville, notamment sous le mandat du
maire Maurice Arreckx282.

Pendant cette période de domination du front national, la situation critique de la ville ne


s'est pas améliorée, au contraire, elle a été marquée par l’isolement institutionnel de la
commune et la faible activité de l’équipe municipale (Samson, 1997cité par Artioli, 2014).
Critiquant la mauvaise situation de cette ville, le journaliste Benoît Helme (2019) a dit :

277
L’Arsenal militaire se situe en plein cœur du centre-ville.
278
« Petit Chicago » ou simplement « Chicago », surnom fut donné par les pêcheurs.
279
La construction à la hâte de nouveaux logements (collectifs).
280
Le taux de chômage à Toulon dépassait les 20 % de la population active en 1999 (Debrie and Lavaud-
Letilleul, 2009).
281
Lié à la mauvaise politique des transports de l'agglomération.
282
Qui ont contribué à la victoire du Front national aux élections municipales de 1995, ce dernier a gouverné
la ville jusqu'en 2001.

228
« Façon odyssée de l'échec pourtant, le Front national accusait en 2001 un lourd bilan »,
dont il a cité de nombreux problèmes tels que ; taux de chômage élevé, absence
d'investissement, endettement de la ville, dépérissement du centre-ville par le vide, etc. Ce
n’est qu’après les élections de 2001 et l’arrivée du maire « Hubert Falco » que la ville a
connu un nouveau souffle, une nouvelle démarche et de nouvelles ambitions.

6.4.3 Les stratégies de requalification : Toulon à la recherche d’une nouvelle image

Au début du XXIe siècle et depuis son premier mandat, Hubert Falco s'est engagé à
adopter une démarche visant à améliorer l’image de Toulon, et à l'affirmer comme une
véritable métropole régionale à travers de grands projets. Le processus de métropolisation
de Toulon est assuré par la conjugaison et mobilisation de divers outils tels que le PDU et
le projet Rade. Force est de constater que le port a été au centre de multiples projets, a subi
une phase de changement profond283, en passant de l'économie productive à l'économie
résidentielle (Debrie and Lavaud-Letilleul, 2009). Le processus de métropolisation de
Toulon ne s'est pas seulement limité au centre-ville, mais il a touché la rade et ses
communes environnantes, ce qui lui a valu l’appellation « Grand Projet Rade ».

Compte tenu des spécificités de cette ville, et afin de miser davantage sur la valeur ajoutée
de chaque opération engagée, des notions clés et des approches particulières ont été
adoptées fixant les priorités des acteurs décideurs et qui sont : développement durable284,
développement des entreprises de haute technologie au bord de la Méditerranée,
développement d’un enseignement supérieur de qualité285, soutien à la création et à
l’installation des entreprises286.

« Ouvrir la ville sur le port en rendant ce dernier aux habitants », sur la base de ce principe,
le port était au cœur du renouveau urbain de la ville de Toulon. Les stratégies suivies pour
la requalification de cette ville étant diversifiées et nombreuses. Nous résumons les plus
emblématiques dans le tableau suivant :

283
Ce qui coïncide avec la remise à plat du schéma de gouvernance local (Debrie and Lavaud-Letilleul,
2009).
284
Adopter une démarche durable, à l’aide d’un référentiel « développement durable » qui guide chaque
porteur dans sa démarche, dont il est exigé de faire une étude d’opportunité sur la mise en œuvre d’une
démarche de type Approche Environnementale de l’Urbanisme pour chaque opération, afin d’assurer une
meilleure maîtrise des conséquences environnementales des opérations engagées.
285
Dont plusieurs laboratoires sont associés à de nombreux projets, des pôles de compétitivité, avec la
Fondation Méditerranéenne des Études Stratégiques, des pépinières et hôtels d’entreprises en cours
d’installation.
286
Notamment celles créatrices des espaces urbains sensibles, permettant de maximiser les chances de
développer et de pérenniser les projets.

229
Tableau 6.8. Les stratégies de requalification de la ville de Toulon.
Enjeux Stratégies Grands projets/actions
Création des pôles de compétitivité : Pôle Mer, pôle technologique de plaisance, Pôle des
énergies non génératrices de gaz à effet de serre CapÉnergies, Pôle Santé Eurobiomed, etc.
Renforcer la Développer les activités maritimes allant de
la grande plaisance à l’implantation Création du Centre d’Essais et d’Expertises en Mer Profonde (CEEMP), développement
vocation d’observatoires scientifiques sous-marins et des champs en Offshore profond et ultra profond
maritime de la d’entreprises spécialisées afin de
promouvoir : les technologies marine et sous- ainsi que le développement des énergies marines renouvelables
ville, ses
fonctions marines et le secteur de la santé Contrat de baie de la rade de Toulon (signé en 2002): Outil essentiel pour une politique de haute
métropolitaines qualité environnementale (il a permis de rassembler tous les acteurs de la vie de la rade autour
supérieures, sa d’objectifs communs).
compétitivité Dynamiser le port et assurer une nouvelle « Protection de la rade par l’aménagement de la grande jetée de Toulon, amélioration de la qualité
et son ouverture maritime" par la réalisation des des eaux de la rade et des milieux aquatiques, développement d’un parc d’activités consacré aux
attractivité, en équipements portuaires favorisant hautes technologies marines et sous-marines et au secteur du yachting professionnel.
se basant sur l'intégration ville/port et la réappropriation du Modernisation de la gare maritime Toulon, réaménagement du Quai du port de commerce (y
les axes du port par la population compris aménagement des espaces de promenades, parking, etc).
développement
durable, de Déployer un système d’enseignement Création d'un Quartier labilisé "de la créativité et de la connaissance" en plein centre-ville de
la haute supérieur et de recherche de haut niveau en Toulon, contenant : une école supérieure d’art et de design, un business school, des bureaux du
technologie, de favorisant la croissance de l’offre de Conseil départemental, une nouvelle médiathèque, etc.
l’innovation, formation en quantité et en qualité, en Nouveau Schéma Universitaire qui comprend des opérations de construction de bâtiments
de la grande renforçant les connexions avec les filières universitaires et de résidences pour étudiants ainsi que des acquisitions d’équipements
plaisance et la économiques d’excellence du territoire tout scientifiques : Institut des Sciences de l’Ingénieur de Toulon, La Maison de la Recherche Euro-
recherche en plaçant l’innovation au cœur du méditerranéenne, l’Institut Ingémédia, Un site scientifique à visibilité internationale pour les
scientifique développement économique et scientifique équipements sous-marins.
Création d'un centre d'activités et d'affaires à vocation métropolitaine : destiné à l’accueil de
Promouvoir le secteur du tertiaire supérieur
fonctions tertiaires supérieures, de sièges d’entreprises, etc.
Assurer une Assurer un système de transports performant
Création d'un tramway et d'une ligne LGV, réaménagement et création de voiries d'entrée ouest
meilleure à l’échelle métropolitaine et une meilleure
de l'agglomération, réalisation d’un équipement de transport collectif en site propre
mobilité dans accessibilité vers et dans la ville
une logique Développer le transport maritime urbain (bateau bus) ou navettes maritimes, par une desserte
durable de Développer des liaisons maritimes : afin plus étendue et des fréquences plus élevées notamment par une évolution du parc de bateaux
renouvellement d’adapter l'offre à la demande croissante (navettes propres et hybrides), une modernisation des points d’accostage actuels et la réalisation
urbain d’une nouvelle gare maritime.

230
Développer un transport de marchandises Transférer sur navire, des camions ou leurs remorques qui empruntent traditionnellement la
durable route
La promotion Promouvoir les secteurs de la croisière et de
Création d’un nouveau port de plaisance et reconversion des friches en espaces dédiés au
touristique du la plaisance plus intégrées à proximité du
tourisme balnéaire.
territoire centre-ville
Inauguration du théâtre Liberté en 2011–labellisé scène nationale : Qui plus que la richesse de
Revaloriser la culture et animer la vie ses programmes culturels, il est devenu un lieu de débats entre citoyens, dont il organise
culturelle de la ville par la création de grands différentes discussions au sujet de tendances émergentes.
équipements culturels en renforçant les Organisation d'une expo Picasso, rénovation du musée d'art de Toulon, création d'un
institutions existantes Conservatoire national à Rayonnement Régional (CNRR), création de plusieurs musées et Halles
Devenir un site
de concert, L’École Supérieure d’Art (ESA), La villa Tamaris Centre d’art, etc.
culturel de «
renommée Fêter le cinéma à tarif réduit.
nationale et Rénovation d'une rue située en centre-ville en une rue des Arts (Inaugurée en mai 2017), où
internationale Organiser des évènements et des festives s’installent des ateliers d'artistes, de stylistes, de musiciennes, de galeries, de créateurs, etc.
» diversifiés et encourager les activités liées à
la culture toulonnaise (tout en revalorisant le Organisation des soirées festives comme le festival Design Parade, une expo Depardon dans le
front de mer) Musée de la Marine, le Festival International de Mode et de Photographie, etc.
Aménagement d’un espace boisé ‹ Châteauvallon ›, qui est devenu une référence tant au niveau
national qu’international, et une scène de nombreux spectacles de cirque, de danse
contemporaine, des projections cinématographiques etc.
Redonner envie aux Toulonnais de venir
L’opération commerciale de la rue Pierre-Semard dédiée à la culture et aux arts de la décoration
consommer dans le centre-ville
Redynamiser Prise en compte des questions du logement, Rénovation du centre-ville, ses façades (opération lancée depuis 2002) et de l'ancien quartier
le centre-ville et dans une moindre mesure celle des crèches surnommé « Chicago »
et lui conférer et d’autres services sociaux. Développer d’une politique de logement permettant d’accueillir les salariés
à nouveau
vitalité et Établissement d'une réglementation : Privilégier les restitutions à l’identique pour éviter les
attractivité Préserver son patrimoine et mettre en valeur anachronismes. Les ornements, les enduits, les teintes et les menuiseries des façades doivent être
l'architecture de sa vieille ville en particulier. conformes à l’état d’origine. Il est toujours indispensable de faire valider un choix de couleur
avant d’entreprendre des travaux ou une rénovation.

231
Laisser une place importante aux espaces
verts, avec plus de cinq cents hectares au Préserver les espaces naturels, aménager les Monts et les massifs de la ville et assurer leur
Préserver la
grand air et la mise en place d’une véritable accessibilité en leurs dotant d'activités pour le public : zoo, mémorial du débarquement, aires de
nature
stratégie de préservation et de mise en valeur pique-nique, sentier de randonnées, etc.
des terres agricoles sur son territoire
Source : (Provence Méditerranée, 2015 ; Actualité Maritime, 2016 ; Guillaume de Saint Vulfran, 2016 ; Guide, 2018 ; Chaffin, 2018 ; Var-Matin, 2019).

Figure 6.30. La place de la liberté à Toulon, où se Figure 6.28. L’évènement TallShips Regatta. Figure 6.29. Châteauvallon - Scène Nationale.
situe le théâtre Liberté.
Source :https://metropoletpm.fr/culture/article/chatea
Source : (Benoît Helme, 2019)287. Source :(Nice-matin, 2013)288. uvallon-scene-nationale

287
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288
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232
Dans une stratégie basée sur la revalorisation et l’exploitation des spécificités de la ville,
en tant que ville portuaire, disposant du plus grand port militaire de la Méditerranée, la
politique de développement urbain de cette ville, s'appuyait sur plusieurs sources dont les
plus importants sont celles de la Marine Nationale qui sont à la fois : les espaces réservés
aux activités militaires289, le foncier et ses ressources de savoir et de technologie (marine et
sous-marines290 (Artioli, 2014). Ces ressources sont considérées comme créatrices de
valeur ajoutée dans le développement de la ville. En effet, selon cet auteur, dans le but
d'intégrer la Marine Nationale dans un projet métropolitain, elle était considérée comme
« le berceau de l’expertise et des technologies utiles au développement local ». La base
navale de cette ville est devenue plus tard une référence en matière d’industrie et de la
recherche scientifique de très haute technologie à l'échelle mondiale.

Concernant le port (civil), ses activités, et après son intégration dans le processus de
développement de la ville, parallèlement au port militaire, la fonction portuaire
commerciale, longtemps négligée, entravée par sa mauvaise accessibilité terrestre et
quasiment déconnectée avec l’activité industrielle locale (Debrie and Lavaud-Letilleul,
2009), a finalement été intensifiée, connaissant une des plus fortes progressions en termes
d’accueil de croisières. En effet, le port de commerce est devenu le premier port français
pour la desserte de la Corse avec plus de 65 % du trafic. Non seulement le commerce, mais
aussi, la plaisance291 et les loisirs sont présents dans la rade de Toulon (qui s’étale sur
45.3km de linéaire côtier)292. Contrairement à la pêche, qui est restée une activité
patrimoniale à l’état résiduel, le domaine du passager s'est développé et est devenu une
force dans cette ville. La rade est devenue un lieu touristique privilégié, abritant de
nombreux navettes et bateaux touristiques permettant la possibilité de visiter toute la
région.

En revanche, comme le déclarait Hubert Falco, Président de Toulon Provence


Méditerranée dans le document « Un territoire d'avenir - Une métropole de
compétitivité »293 en disant : « Dans une économie mondialisée où la technologie et la

289
En particulier ceux situés en front de mer.
290
Conjuguées avec celles de l’entreprise de construction navale DCNS.
291
« Les divers ports de la rade abritent de petites flottes de navire de pêche de faible tonnage, laissant peu
à peu la place aux navires de plaisance, voiliers et yachts de luxe en escale » (Debrie and Lavaud-Letilleul,
2009).
292
cela a donné lieu à « des activités d’échelle très variée : nationale (Marine), macro-régionale (trafics
passager et fret vers la Corse, et dans une moindre mesure vers l’Afrique du Nord ; projets portant sur la
croisière et la grande plaisance) et locale (petite plaisance) » (ibid.).
293
Voir la référence (Provence Méditerranée, 2015) dans la bibliographie.

233
connaissance jouent un rôle crucial, Toulon Provence Méditerranée souhaite favoriser le
développement d’un enseignement supérieur de qualité, axé sur des domaines de
compétences reconnus et en adéquation avec les besoins recensés des entreprises » (p. 17).
En effet, afin de promouvoir la recherche scientifique, plusieurs écoles supérieures, pôles
compétitifs, et laboratoires de recherche ont été créés, devenant des leviers pour
développer des activités technopolitaines (pépinières, hôtels d’entreprises, plate-forme
d’accès mer, etc. Le développement durable et la haute technologie (marines, sous-
marines) sont leurs priorités ainsi que le développement du secteur du tourisme et de la
santé.

Dotée de plusieurs équipements culturels de dimension régionale (opéra, conservatoire


national de région, théâtre Liberté, etc), « la ville est devenue agréable à vivre et ouverte à
une culture métissée…elle devient une référence culturelle et festive sur le long chemin
escarpé de la Côte d’Azur » disait le journaliste Benoît Helme (2019).

En termes de valorisation du centre-ville, et afin d'assurer la réussite des opérations de


rénovation urbaine, des immeubles ont été largement rachetés294 en vue d’assurer la
maitrise du foncier, à l’aide d’un contrat signé avec la société d’économie mixte Var
Aménagement Développement (VAD), dont la mission est d’aménager 23 ha de la veille
ville. Répondre aux besoins et aux aspirations des Toulonnais, ne concerne pas seulement
sa population civile, mais aussi les militaires qui y résident. En effet, « À Toulon, donner
aux militaires qui viennent ici un endroit décent pour vivre est une priorité pour la
Préfecture Maritime dans le cadre d’une pression sur le marché du logement toulonnais
qui a augmenté au cours des dernières années » (Artioli, 2014)295.

Unique par sa richesse naturelle (mer, montagnes) et la beauté de ses paysages, la politique
de la ville s’est engagée à la préservation de cette richesse. Toutes les actions économiques
menées sur ce territoire sont inscrites dans la recherche d’un équilibre entre « assurer un
développement économique et urbain et protéger l’environnement de la ville ». Au fait « ce
territoire a su garder son éclat naturel » affirme Hubert Falco296. En revanche, la ville est
devenue le théâtre de grands événements, à titre d’exemple, depuis l’escale des TallShips’
Races, l’agglomération toulonnaise est devenue une référence en matière d’accueil de
grands et prestigieux voiliers en Méditerranée française ; elle accueille aussi de nombreux

294
Dont « il a fallu préempter, négocier avec les propriétaires, exproprier et reloger la population
concernée »(Artioli, 2014).
295
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.
296
Dans le document « Un territoire d'avenir - Une métropole de compétitivité ».

234
évènements nautiques toute l’année comme le Tour de France à la voile ou la semaine
olympique française de voile qui réunit près de 1000 compétiteurs et 400 embarcations.

6.5 Synthèse des trois exemples : croisement de regard entre les trois villes

Le passé des trois villes étudiées, avant leur requalification, se ressemble en grandes partie
au présent (situation actuelle) de la ville de Jijel. En termes de comparaison, les trois villes
(Marseille, Casablanca et Toulon) ont suivi des stratégies basées sur une logique des
grands projets urbains visant à transformer et revaloriser l’image de leur ville, leurs
fonctionnements et leurs identités « la symbolique de la ville » (Berry-Chikhaoui, 2007).
Ces trois villes ont suivi des stratégies différentes mais bénéfiques pour l’espace urbain ;
en transport, en fluidité, en modernité …. Le port étant le lieu noyau qui joue le rôle de
pivot attirant et distribuant les flux autour de lui.

Partant de la perspective de combinaison entre des piliers de métropolisation d’une ville


portuaire « des thèmes classiques du renouvellement urbain », à savoir : la reconquête du
front de mer (water front) et le développement durable, chaque ville a conçu sa stratégie et
son avenir tout en renforçant sa spécificité de ville portuaire en alliant son passé, son
histoire et ses traditions avec les nouvelles exigences de modernité. L’aboutissement aux
objectifs prédéfinis, dans chaque exemple, s'est fait grâce à la conjugaison de plusieurs
facteurs notamment :
• L’essor économique du port (son rôle important).
• La volonté politique de chaque ville de se repositionner au niveau régional et à
l'international.
• Penser à la ville globalement et ne pas se concentrer sur un seul aspect/secteur. Au
fait, la prise en charge de tous les composants de la ville, depuis son front de mer,
son centre-ville jusqu’à sa périphérie, est indispensable.
• Valoriser l’image de la ville comme objectif principal.
En revanche, la valorisation de la spécificité de chaque ville elle-même était un enjeu
crucial pour chacune d’elles, et, il semble inabouti en particulier dans le cas de Casablanca,
qui tend à moderniser la ville par le biais de grands projets structurants d’une architecture
moderne. Force et de constater également que dans les deux premiers exemples, la
population se retrouve marginalisée, alors que dans le dernier exemple, elle a été plus au
moins intégrée dans sa stratégie de développement.

Les stratégies adoptées dans les 3 exemples sont résumées dans le schéma ci-après :

235
La mosquée Hassan II : CASABLANCA MARSEILLE La tour CMA-CGM :
se présente comme un Renforcer le potentiel Promouvoir le Reconversion des se présente comme une
moyen d’expression de commercial tourisme d’affaire friches portuaires représentation
l’art et de la tradition Réhabiliter la vocation monumentale de
Internationalisation
architecturale du Maroc océane de Casablanca Transformation des anciens l’attachement de
de la ville
Sauvegarde du patrimoine Changement du paysage et de silos en salles de spectacles Marseille à son port et
architectural colonial Créer un symbole de la silhouette de la ville à la mer.
la ville Redynamisation du commerce
Réhabilitation de la médina
Asseoir un rôle économique Revalorisation stratégique de Revalorisation de la richesse
la façade maritime Rattraper les retards
durable dans l’économie architecturale
Assurer une connexion entre accumulés dans tous les
mondiale Valoriser haussmannienne
domaines
Création de pôles urbains l’image de la les quartiers périphériques et
le centre-ville Restaurer le contact
secondaires dotés ville Reconvertir les friches et
Création des parcs et entre la ville et son
d’infrastructures et de Renforcer l'attractivité des espaces publics en
revitaliser les zones
port
services nécessaires dégradées
et la compétitivité lien avec la mer tout en
valorisant l’existant
Donner à la ville une Redynamiser et requalifier Construction de
Promouvoir le centre-ville nombreux équipements
dimension durable et
innovante le tourisme culturels et ludiques
Mise à niveau généralisée des
Assurer le plus de Promouvoir le
infrastructures et des services
dégagement visuel tertiaire supérieur
urbains Multiplication des
possible sur le Restructuration et manifestations culturelles
port/la mer modernisation des de grande envergure
infrastructures et des moyens
de transport Préserver les espaces
naturels
Le processus de
métropolisation de Toulon Renforcer la vocation
Développer le Promouvoir le secteur
ne se soit pas limité au maritime
transport maritime de la croisière
Encourager les activités
centre-ville mais il a touché urbain (bateau bus) ou Organiser des festives diversifiés liées à la culture
la rade et ses communes navettes maritimes et évènements nautiques toulonnaise
environnantes. Promouvoir les
Promotion de la technologies marine et
recherche scientifique sous-marines
TOULON
236
Figure 6.31. Les principaux enjeux/stratégies adoptés dans les processus de métropolisation des trois villes. Etabli par l’auteur (2020).
CONCLUSION DU 6ème CHAPITRE

« le port apporte à une ville, un département, une région, un espace national en fonction
de l’usage que l’on en fait » (Debrie and Lavaud-Letilleul, 2009)297.

Le port dans la dynamique urbaine de ces trois villes, représente le cœur de l’organisation
et la structuration de leur armature urbaine. En effet, les trois ports sont passés par des
moments de succès et de régression, ayant affecté le processus du développement urbain,
conjugué par l’exode rural massif, qu’ont connu plus particulièrement les deux villes de
Marseille et de Casablanca, a conduit à la dégradation et la déqualification des villes sur
tous les plans. Cependant, grâce à l’essor économique de leurs ports, conjugué par la
volonté politique, elles ont pu non seulement remédier aux problèmes locaux, mais sont
arrivées à se repositionner à l’échelle nationale, régionale voire même internationale
entrainant une mobilité de biens, de personnes et de services.

Le port, cette infrastructure maritime, en tant qu’opportunité d’ouverture sur l’extérieur


voire même d’internationalisation et de métropolisation, peut changer l’image et le destin
de toute une ville. Certes, cette infrastructure maritime peut hisser l’attractivité et la
compétitivité de la ville au rang de grandes villes, cependant, elle reste une attraction
économique si elle ne soit pas accompagnée d’un projet global qui place les défis et enjeux
urbains au premier plan.

Le grand journaliste BECHIR BENAHMED in revue REVOLUTION AFRICAINE


s’adressant au monde arabe et particulièrement les maghrébins (Algérie, Tunisie, Maroc)
en pointant du doigt les pays européens a dit : « leur passé c’est votre présent, leur présent
c’est votre futur…Vous avez devant vous les résultats, prenez ce qui vous soit utile et
vital et négligez les accessoires ». Ceci s’applique-t-il à JIJEL ???

Par rapport à notre cas d’étude : Jijel est en train de survivre un essor économique et les
infrastructures qui en découlent - Quelles stratégies adoptées ailleurs peuvent-elles servir
notre aire d’étude ? Comment pouvons-nous tirer profit pour Jijel ? Dans une approche
prospective, basée sur les enseignements tirés de cette approche comparative, nous
jetterons un regard croisé entre les stratégies de requalification de ces trois villes avec
celles de Jijel au chapitre VII de la présente thèse, afin de mieux anticiper son avenir et en
tirer profit.

297
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

237
7 CHAPITRE VII
DISCUSSION : REGARDS CROISES ENTRE PREOCCUPATIONS
HABITANTES ET LOGIQUES INSTITUTIONNELLES DE LA VILLE DE
JIJEL … VERS LA CONCEPTION D’UN OUTIL D’AIDE A LA DECISION

INTRODUCTION

Dans ce chapitre, nous procédons à la discussion en croisant les résultats de notre enquête
auprès des habitants de la ville de Jijel avec les conclusions tirées de l’analyse du terrain
d’étude et des logiques institutionnelles qui dessinent l’avenir de cette ville, ainsi que
celles tirées de l’approche théorique et des expériences des trois exemples étudiés.
L’objectif se décompose en deux éléments.

➢ Identifier les critères (informations utiles pour les décideurs) qui favorisent une
meilleure approche dans la prise de décision dans l’intervention sur cette ville, en
se référant aux demandes des habitants.
➢ Définir une démarche participative, permettant l’intégration de la question de
l’identité et l’implication des habitants dans tout le processus des opérations
urbaines, allant de la définition des objectifs, à l’élaboration du programme jusqu’à
l’approche d’aménagement et les choix « stratégiques ».

7.1 Croisement de regards et la vision future de Jijel, stratégies et implications …

La ville de Jijel, objet de notre étude, est en pleine mutation, nous interrogeons ses
stratégies de requalification et de développement à deux niveaux.

➢ Dans un premier temps, nous croisons ces stratégies avec les résultats de notre
enquête, afin de savoir à quel niveau répondent-elles réellement aux préoccupations
de la population.
➢ Une deuxième lecture s’appuie sur une comparaison entre les stratégies suivies par
les acteurs décideurs de la ville de Jijel et celles adoptées dans les trois exemples
(Marseille, Casablanca et Toulon). Le but est de tirer profit pour consolider nos
stratégies.

238
7.1.1 Jijel entre visons des décideurs et aspirations des citoyens …regards croisés

Dans une vision de lecture critique des stratégies de requalification de la ville de Jijel, et
compte tenu de la question de l'identité des territoires, nous procédons à une lecture
croisées tridimensionnelles entre les problèmes et dysfonctionnements urbains que
connait la ville de Jijel, les principaux programmes et projets des politiques publiques
qui dessinent l’avenir de cette ville et enfin les besoins et aspirations des habitants tout
en répondant aux questions suivantes.

• Les politiques publiques appliquées sur la ville de Jijel, à travers leur stratégie de
requalification urbaine, répondent-elles réellement aux besoins et aux aspirations de
la population ?
• Ces stratégies vont-elles vraiment requalifier Jijel et résoudre ses problèmes ?
• L'identité de cette ville a-t-elle été prise en compte dans ces stratégies ?

Au fait, outre le caractère souvent très vague et général des orientions et le décalage
existant entre les stratégies et visions des deux outils PAW et PDAU (chose que nous
avons signalé dans le 4ème chapitre de cette thèse), dont de nombreuses orientations du
PAW n’ont pas été prises en compte par le PDAU de la commune de Jijel, les enjeux ne
font pas toujours l’objet de programmes réels et opérationnels, à titre d’exemple :

• Lutter contre les inégalités spatiales et sociales, et assurer une hiérarchie des
différents centres composant le tissu urbain en assurent leur articulation par des
fonctions intermédiaires : ces orientations issues du PAW de Jijel et du PDAU de la
commune de Jijel sont intéressantes certes, mais trop généralisées et ne font pas
l’objet d’une lecture approfondie et d’une réelle prise en charge. Le PDAU en tant
qu’outil d’aménagement de la commune, n’aborde pas une lecture approfondie
pour montrer un classement ou un zoning des différentes entités en fonction de
caractéristiques qualitatives, par exemple : préciser le niveau et la qualité des
équipements par zone, déterminer les zones déficitaires en termes de transport,
qualité de services... cette lecture globale pourrait être un levier pour atteindre les
objectifs précités. Par ailleurs, Le PDAU n’a fait qu’une quantification et une
présentation de logements, des équipements existants sans prendre en considération
les effets induits. Bref, les enjeux et objectifs susmentionnés restent lettre morte,
sans véritable programme pour les atteindre.

239
Pour que la lecture croisée soit précise et efficace, nous avons jugé utile de la résumer
dans les tableaux suivants :

A. Accessibilité et déplacement, une sous-utilisation des capacités


infrastructurelles ?

Tableau 7.1.Accessibilité et déplacement entre besoins des habitants et stratégies de requalification.

Stratégies d'acteurs Besoins et aspirations des


Problèmes
institutionnels jijéliens
- Dédoublement du - Entretien du réseau
- Dégradation de l’état de la boulevard Rouibah viaire existant
voirie Houcine - Création des parkings
- Difficulté d’accessibilité et - Création d'un grand - Régler le problème
de déplacement vers et à parking à étages pour d'encombrement
l’intérieur de la ville décongestionner le centre- notamment aux entrées
- Détérioration des moyens ville de la ville
du transport - Création de la nouvelle - Moderniser les moyens
- Absence des aires de gare de Jijel (échanges) de transport : tramway,
stationnement. - Création d’avenues téléphérique
- Incompatibilité des urbaines transversales à - Renforcer le réseau de
structures routières avec le partir de l’évitement sud transport maritime
volume du trafic (à long terme) existant (transport des
- Surface des chaussées ne - Amélioration de l’état et voyageurs)
correspond pas à la taille de la qualité du réseau - Adaptation des services
du mouvement des piétons routier existant et de transport collectif
- Non aménagement des aménagent des carrefours existant (horaires,
carrefours notamment le soir et la
nuit)
Source : établi par l’auteur (2021).

Une lecture critique de ce tableau révèle les résultats suivants :

• Bien que Jijel dispose d’une richesse en matière d’infrastructures d’accueil et de


déplacement, le recours au transport routier reste en augmentation. En effet, le
PDAU ne prend en compte que le réseau routier dans sa stratégie de
développement.

240
• Le PDAU n’apporte pas de solutions à tous les problèmes dont souffre la ville
comme le problème de congestion, l’absence des aires de stationnement (un seul
parking à étage proposé au centre-ville), alors que le problème touche toute la
ville. Nous constatons également des zones difficiles d'accès en raison de la
présence d’équipements et de services du niveau communal et wilayal, et de la non
compatibilité de la chaussée avec le volume du trafic, alors que les stratégies des
acteurs institutionnels visent à renforcer l’attractivité de ces dernières en installant
de nouveaux équipements dans ces zones, tel est le cas du grand centre commercial,
implanté à la cité Ayouf qui connait déjà une saturation du trafic routier pendant les
heures de pointe(Réf Figure 7.1 ci-dessous). A cela s’ajoutent la mise en place de
grands équipements de niveau régional à l’entrée Est de la ville, ainsi que
d’importants équipements dans le centre-ville colonial. En revanche, une réelle
étude et réorganisation du réseau routier existant n’existe pas, à l’exception de
quelques opérations ponctuelles d’aménagement de carrefours, d’amélioration de la
qualité de la voirie et de création de nouvelles voies souvent à la périphérie de la
ville.

Figure 7.1. Le centre commercial du plateau Ayouf (emplacement et état d’avancement).


Source : Google Map- photo prise par l’auteur (2021).

• Aucune mesure n’a été entreprise concernant la qualité des moyens de transport en
commun (problème cité par les habitants interrogés).
• La modernisation des moyens de transport (tramway, téléphérique) en tant que
demande des habitants, n’est pas considérée comme une priorité chez les acteurs
institutionnels.

241
• Adaptation des services du transport collectif existant (horaires, notamment le soir
et la nuit) comme demande des habitants et bien qu’elle constitue une des directives
du PAW de Jijel, le PDAU ne l’a pas pris en compte.

Bref, Le PDAU de la commune de Jijel et ses stratégies ne répondent pas réellement


aux besoins et aux aspirations de la population Jijélienne en matière d’accessibilité et
de déplacement.

B. Activités et services : visions assez proches ….

Tableau 7.2. Activités et services entre besoins des habitants et stratégies de requalification.

Stratégies d'acteurs Besoins et aspirations des


Problèmes
institutionnels Jijéliens
- Manque des - Doter la ville en - Doter la ville des
infrastructures équipements supérieurs infrastructures touristiques
touristiques (notamment en nécessaires
- Manque des tourisme, éducation, - Faire revivre les activités
équipements culturels recherche et/ou tourisme sportives et culturelles (par la
- Manque des d’affaire) création de nouveaux
équipements sportifs - Déplacer toutes les équipements de jeunes et de
- Equipements éducatifs activités présentant des sport)
- Qualité des services degrés de nuisance vers - Développer l'agriculture et
sanitaires le couloir logistique l'industrie notamment celle du
- Réseaux divers d’industries liège
- Un taux de chômage - Renforcement de la - Enrichir le commerce par de
élevé notamment en couverture en grands centres commerciaux
centre-ville infrastructures - Améliorer la qualité des
- Insuffisance des déficitaires et la mise à équipements existants
d’équipements de la niveau et modernisation notamment sanitaires et
formation des équipements et introduire la technologie dans
professionnelle services de base/publics tous les domaines
existants
Source : établi par l’auteur (2021).

D’une manière générale, nous pouvons dire que le PDAU de la commune de Jijel répond
relativement aux besoins et aux aspirations d’habitants en matière d’équipements et de
services. Mais dans un avenir proche, les besoins des générations futures seront d’un autre
ordre en corrélation avec la mondialisation et leur arrivée à travers les médias et l’internet.

242
C. Espaces et lieux de repos et de loisirs : Manque flagrant et réponse limitée …

Tableau 7.3. Aires de repos, entre besoins des habitants et stratégies de requalification.

Stratégies d'acteurs Besoins et aspirations des


Problèmes
institutionnels Jijéliens
- Dégradation de l’état - Réaménagement des - Amélioration des espaces
des espaces publics et espaces publics centraux publics existants
des espaces verts (centre colonial). - Création de nouveaux
- Insuffisance d’espaces (pour les femmes et les
de repos et de loisir enfants).
existants
Source : établi par l’auteur (2021).

Bien que le PAW de Jijel préconise de réaménager les espaces publics existants (et les
espaces extérieurs des immeubles) en les rendant plus conviviaux, de multiplier les espaces
publics structurants et attractifs (du centre colonial et au niveau des différents quartiers), le
PDAU ne met l’accent que sur les espaces publics situés en plein centre-ville colonial. En
revanche, les femmes interrogées lors de notre enquête, ont demandé des espaces publics
aménagés pour elles-mêmes et leurs enfants.

D. Le paysage urbain : entre un chaos total et une marginalisation institutionnelle

Tableau 7.4. Le paysage urbain, entre préoccupations des habitants et stratégies de requalification.

Stratégies d'acteurs Besoins et aspirations des


Problèmes
institutionnels Jijéliens
- Problème de pollution - Gestion des déchets et - Achèvement des
- Absence de l’aspect amélioration du cadre constructions
esthétique des environnemental - Entretiens des
constructions - Traitement des entrées de constructions existantes
- Non achèvement des la ville et des espaces notamment leurs façades
constructions publics par des - Propreté, mobilier
- Un paysage urbain aménagements adéquats urbain
hétérogène : une pouvant assurer une - Donner une importance
diversité de formes, de intégration harmonieuse à l'architecture des
styles et des hauteurs du bâti en privilégiant la constructions
des constructions mise en valeur des (constructions de
- Absence de points paysages. prestige, grattes ciel,
d’appel clairs dans la etc.)
ville
Source : établi par l’auteur (2021).

243
Face à la multiplication de formes et de styles et par conséquent un paysage urbain
hétérogène, aucune volonté réelle ou mesures bien précises n’ont été prises pour résoudre
ce problème.

E. Les spécificités de la ville : richesses multiples et diversifiées face à la sous-


estimation et à la non exploitation …

Tableau 7.5. Les spécificités de la ville, entre préoccupations des habitants et stratégies de requalification.

Stratégies d'acteurs Besoins et aspirations des


Problèmes
institutionnels Jijéliens
- Protection et valorisation des - Mise en valeur des
-Dégradation de principales richesses et constructions et lieux
l’état des ressources naturelles et symboles de la ville
constructions et protection des sols fertiles - Faire revivre la relation
lieux symboles de - Aménagement de la bande habitant - agriculture
la ville côtière (façade maritime) Est - Faire revivre la relation ville-
- Dégradation de en espace touristiques, alliant port ; interface et front
l’état de la corniche affaires-tourisme, création de maritime
- Perte de la la route Bleue (d’oued kissir - Faire revivre des valeurs liées
relation ville-port jusqu’au 3ème km), port de à la culture locale
- Altération des plaisance et d’attractions - Protections des ressources
valeurs liées à la dans le 3eme KM. Projection naturelles de la ville et d’en
culture locale d'un musée de la Mer avec assurer une meilleure
- Altération de la un grand aquarium et des exploitation par des
relation habitant - espaces d’expositions, etc. aménagements appropriés
agriculture - Mettre en valeur la vocation
touristique de la ville
Source : établi par l’auteur (2021).

Malgré la diversité des ressources naturelles, patrimoniales et culturelles de la ville de Jijel,


le PDAU de cette commune n’a pris en compte, dans ses stratégies de développement, que
ses ressources naturelles, notamment sa corniche (Réf : Figure 7.2ci-après).

244
Vue 3D

Travaux en cours

Figure 7.2. Aménagement de la façade maritime Beaumarchais (travaux en cours et vue 3D du projet final).
Source : Photos prises par l’auteur (2021).

En revanche, selon la loi 06-06 (article 02), la ville est considérée comme « un espace de
création et d'expression culturelle », d’où la sauvegarde, la préservation, la protection et la
valorisation de son patrimoine matériel et immatériel qui devient une nécessité absolue.
Malheureusement, le PDAU n’envisage pas de grandes mesures pour mieux exploiter cette
richesse, à l’exception de la création de nouveaux équipements culturels. Néanmoins, le
PAW de Jijel prend des mesures, à savoir : promouvoir les activités culturelles et
245
développer des métiers en rapport avec la préservation de l’environnement et du
patrimoine, la motivation des jeunes à l’action culturelle sous toutes ses formes.

Développer et soutenir les activités de pêche en tant qu’une des spécificités de cette ville
portuaire, en assurant la compétitivité du secteur, ne fait pas partie de la stratégie du PDAU
de cette commune.

F. Cadre bâti et cadre de vie des habitants …

Tableau 7.6. Cadre bâti et cadre de vie des habitants, entre préoccupations des habitants et stratégies de
requalification.

Stratégies d'acteurs Besoins et aspirations des


Problèmes
institutionnels Jijéliens
- Rénovation et restauration - Encourager
- Sécurité en ville
du vieux bâti l'investissement
- Surpeuplement de la ville
- Requalification totale de la - Désenclaver la ville
- Perte des notions de
périphérie (à long terme) - Créer de grandes
civisme et de citadinité
- Création d'un « Cœur de universités pour rendre
- Absence de volonté de
ville » la ville plus attractive
certains habitants à
- Hiérarchisation des - Faire de Jijel un pôle
développer leur ville
différents centres d’excellence dans les
- Dégradation de l’état du
composant le tissu urbain spécificités maritimes
cadre bâti notamment dans
en assurent leur articulation et agricoles
le centre-ville
par des fonctions (aspirations des jeunes
- Altération des relations de
intermédiaires dans un discours
voisinage et de
- Restructuration des zones informel)
communication
périphériques d’habitat (à
- Altération des valeurs liées
moyen terme)
aux comportements des
- Protection de la ville contre
gens
les inondations par la
- Des inondations en saison
réalisation des collecteurs
hivernale
de drainage des eaux
- Dépeuplement du centre-
pluviales
ville

Source : établi par l’auteur (2021).

A l’issu de ce tableau, nous notons que les stratégies de requalifications sont trop
générales. Au moment où une intervention de requalification urbaine vise principalement à
répondre aux besoins et aux attentes de la population concernée, les stratégies adoptées
par les acteurs décideurs de Jijel ne répondent pas réellement aux besoins et aux aspirations
de la population Jijélienne. Une stratégie globale et équitable qui vise à requalifier la ville

246
de Jijel n’existe pas. Malgré les directives du SNAT et du SEPT Nord Est qui proclament
la nécessité d’assurer une équité territoriale, le PDAU concentre ces propositions au
centre-ville et à l’entrée Est de la ville, alors que sa périphérie présente de nombreuses
lacunes. En revanche, nous notons également la primauté du quantitatif sur la dimension
qualitative dans la vision du PDAU. Au fait, ce dernier vise principalement à satisfaire les
besoins quantitatifs de la population en termes de logement, d’équipement et de surface
urbanisable.

Nous avons commencé par affirmer que la politique urbaine algérienne est l'une des
principales raisons de la problématique de la ville algérienne, pour arriver aux
constatations suivantes infirmant plus ou moins l’idée :

• La politique algérienne, à travers ses lois et décrets, est très riche et donne de
nombreuses directives qui peuvent apporter des solutions concrètes à de nombreux
problèmes dont souffrent Jijel et les autres villes algériennes. Néanmoins, c’est la
prise en compte de ces directives qui diffère d’un outil à l’autre. D’une échelle à
l’autre, du global ou local, certaines directives sont ignorées, d’autres ne sont pas
prises en charge, rendant l’aboutissement des objectifs une affaire très délicate.
D’après les résultats de notre investigation, ce n’est pas la politique algérienne qui
pose problème en soi, mais plutôt la manière de transcrire ces directives en
projets concrets qui pose problème créant un hiatus rupture entre enjeux
(visions) et projets (programme réel).
• La place de l’habitant algérien, en tant que bénéficiaire, est d’emblée centrale dans
toute intervention urbaine touchant son cadre de vie, nous affirmons que la stratégie
de requalification de la ville de Jijel adoptée par ses acteurs décideurs ne répond
pas réellement aux besoins et aux aspirations des Jijéliens. Au fait, deux
constatations se croisent, au niveau du PAW, la stratégie est assez acceptable, dont
il prend en considération presque la moitié des problèmes de la ville de Jijel, alors
que le PDAU ne les prend pas dans son intégralité.
• Le rôle de l’habitant en tant qu’acteur qui a le droit de faire part à la décision, et
malgré l’institutionnalisation de sa participation, reste toujours en marge des
décisions qui concernent son cadre de vie. Après avoir questionné la place de
l’habitant dans la littérature, nous nous sommes rendu compte que c’est la manière
de faire impliquer le citoyen algérien qui pose problème. Ailleurs, au moment
où le degré d’implication atteint la concertation et la codécision, en Algérie et selon
247
sa législation les formes d’implication du citoyen se limitent souvent à des
processus d’information, de consultation et de participation à la gestion, ce qui
laisse l’habitant dans la position d’un simple bénéficiaire qui accepte ou refuse les
propositions et le programme déjà établi par l'État et ses services déconcentrés, sans
pouvoir partager son vécu et exprimer ses besoins et ses aspirations. Bref, la
législation algérienne, bien qu’elle insiste sur la nécessité de faire participer
l’habitant dans toute intervention concernant son cadre de vie, ne lui donne pas les
moyens et les processus pour une réelle concertation et codécision.
• Le SNAT et le SEPT Nord Est adoptent une vision plus au moins globale qui
touche presque toutes les composantes d’un territoire contrairement au PDAU. Au
fait, nous constatons que la primauté de la dimension matérielle n'est pas liée
seulement à la production de l’espace urbain algérien comme le confirme Chouadra
(2008) aussi à l’intervention sur cet espace. Cette constatation met en évidence les
limites des politiques publics d’intervention aux objectifs et ambitions purement
techniques, mettant de côté toute condition de création de convivialité et de
satisfaction des aspirations des habitants. Ces résultats se rejoignent avec ceux de
Belguidoum (2008), qui affirme, pour sa part, que l’approche techniciste et la
primauté du cadre bâti sur les pratiques sociales ont conduit à la mise en question
des politiques publiques des villes algériennes.

SYNTHESE DE LECTURE

La législation algérienne (à travers ces lois et décrets exécutifs - textes réglementaires-)


portant sur l’aménagement du territoire et le SNAT, restent le cadre de référence sur lequel
doit se construire toute intervention urbaine et tout projet d’aménagement du territoire. À
partir des résultats de nos lectures internes et externes au chapitre IV de la présente
recherche, nous avons constaté que ce cadre référentiel est aussi riche que varié, donnant
des lignes directives qui peuvent construire une ville de qualité. Ces directives détaillées
ensuite dans le SEPT Nord Est, donne des orientations bien précises, entre autres « la
satisfaction des besoins des habitants » et « l’identité urbaine » qui, nous le rappelons,
constituent l’un des principaux piliers de la politique de la ville assignée. En revanche, la
réalité sur le terrain et le PDAU s’orientent vers une autre réalité. À une échelle plus
réduite, celle de la commune ou de la ville, les opérations visant à intervenir sur les tissus
existants manquent d’une vision globale de requalification. Elles concernent plutôt des

248
opérations urbaines touchant des parties de la ville de manière isolée, dont le logement et
les équipements prévalent sur les autres aspects.

A l’issue de ce constat, des questions se posent :

➢ Le problème réside-t-il dans le processus de conception de ces projets ? dans les


concepteurs eux-mêmes (leurs capacités ? leurs savoir-faire ?)
➢ Est-ce le problème des BET (bureau d’étude technique) qui ne prennent pas en
considération, dans l'étude et la conception des projets urbains, les ambitions
étatiques en qualité et en diversité ?
➢ Le problème réside-t-il dans le processus de mise en œuvre de ces projets sur le
terrain ?

Dans notre recherche, nous avons focalisé notre investigation sur le contenu de ces
politiques, leur nature, leurs enjeux... Nous suggérons d'étudier le processus de conception
de ces projets : par qui ? Comment ? De telles études peuvent-elles répondre à nos
questions ?

La ville algérienne est à la recherche de nouveaux procédés qui permettent de penser


la ville de manière globale. Elle a besoin d’une boite à outils nouveaux pour gérer
équitablement les politiques urbaines sur papier et les souhaits des usagers.

« La règle du temps long impose toujours de passer par une prospective à 20 ou 30 ans,
pour définir les caps à viser dans les choix de gestion urbaine à court terme. Mais la
rapidité croissante du changement conduit à accorder beaucoup plus d’importance aux
indicateurs avancés, et notamment à ceux qui peuvent annoncer la nécessité de prévoir des
actions de requalification urbaine de toutes natures » (Wachter and Emelianoff, 2009, p.
119).

7.1.2 L’avenir de la ville de Jijel en vision prospective, enjeux et scénarii futurs

« Le recours à des exemples similaires, réalisés dans d’autres villes et dont les effets sont
déjà ressentis pourrait aider à faire ressortir les impacts surtout si le contexte s’y prête »
(Hecham- Zehioua, 2010, p. 256). En s'appuyant sur les résultats du diagnostic effectué au
troisième chapitre et les enseignements tirés de l'approche comparative (chapitre VI de
cette thèse), nous essayons de simuler l'impact des stratégies adoptées par les acteurs
décideurs de Jijel sur la ville, son développement et son identité. Pour sa part, Gaston
Berger a souligné la nécessité de considérer « l’avenir non plus comme une chose déjà

249
décidée et qui, petit à petit, se découvrirait à nous, mais comme une chose à faire », ….
J’observe que l’avenir n’est pas déjà fait, prédéterminé, qu’il est, au contraire, ouvert à
plusieurs futurs possibles : les futuribles » cité par (Jouvenel, 2004, p. 38). En effet, nous
dévons répondre à deux questions principales comme le soulignent Loinger, Spohr &
Godet (2004, p. 25) : « Que peut-il advenir ? Que pouvons-nous faire ? »

Dans une vision prospective, tant que Jijel est un espace urbain en pleine mutation, d’où
différents projets d’envergure sont en cours de réalisation, nous faisons recours à la
technique de l’analyse de contenu qui « permet la possibilité d’études comparatives et
évolutives » (Hecham- Zehioua, 2010, p. 256), afin d’anticiper la vision future de Jijel.
Nous pouvons résumer les effets que pourraient entrainer les grands projets en cours de
réalisation comme suit :

7.1.2.1 Ouverture de Jijel aux niveaux national et international à travers de grands


projets structurants

Avant d’anticiper la vision future de Jijel, il est particulièrement important de discuter son
aire d’influence d’aujourd'hui. En effet, selon le SEPT Nord - Est (Tome 01, p. 75) « La
ville de Jijel exerce une influence sur un territoire excessivement montagneux, pauvre et
sous équipé, qui couvre, outre son arrière-pays, la partie Nord de la wilaya de Mila … Sur
les plans économique et social le sous-système de Jijel fonctionne principalement avec
Constantine, Bejaia et Alger ».

Le choix s’est porté sur 3 grands projets considérés par le SEPT Nord - Est 2009 (Tome 2,
p. 39) comme « un espoir pour le développement économique et social de Jijel et son
arrière-pays » à savoir ; la pénétrante autoroutière Jijel – Sétif, le port de Djen-Djen et le
complexe sidérurgique de Bellara.

A. La pénétrante autoroutière Jijel - Sétif

Considérée comme une solution au problème d’enclavement de la ville Jijel, la réalisation


effective de la pénétrante autoroutière, permettra non seulement de relier le port de Djen
Djen à l’autoroute Est-Ouest (l’objectif principal de ce projet), d’intensifier son activité
économique en favorisant les échanges inter-wilayas, mais sera également une opportunité
qui permettra d’ouvrir la ville sur l’extérieur. En fait, ce projet aura d’autres répercussions
que nous résumons ici.

➢ Ouverture de la ville sur le corridor national Est-ouest, et les hauts plateaux.

250
➢ Renforcement de l’attractivité économique de Jijel.
➢ Création d’une dynamique économique via la liaison de la ville de Sétif, le port de
Jijel (Djen Djen) et la zone industrielle de Bellara.
➢ Amélioration de l’accès et les déplacements en minimisant la durée et le coût du
trajet.
➢ Gestion rationnelle des flux des personnes et des marchandises.
➢ Encouragement des investissements publics et privés.
➢ Promotion de l’activité commerciale à Jijel et plus particulièrement dans son chef-
lieu. Rappelons-nous nos discussions avec les marchands d'El Elma à Sétif, en
2015, lors de nos achats d'appareils électroménagers dans cette ville, où certains
marchands nous ont dit :« Nous attendons la réalisation de la pénétrante
autoroutière Jijel-El Elma pour développer notre activité afin de l'installer dans
votre ville, maintenant, ce sont les problèmes d’accessibilité à la ville et la
longueur du trajet qui nous empêchent ».
➢ Contribution à promouvoir les services, l’agriculture et les activité touristiques
dans la wilaya de Jijel, comme le confirme également Bouhelouf-berretima &
Hadjiedj (2018).

B. Le port de Djen Djen … le plus important ouvrage portuaire en Méditerranée


en termes d’espaces et d’eau profonde

Doté d’une position géographique stratégique298, « de 36° 51’ Nord et 005° 54’ Est, à
moins de 50 miles de la route maritime reliant le canal de Suez au détroit de Gibraltar »
(EPJ Djen Djen, 2014)299, le port de Jijel doit profiter de cette opportunité liée à sa position
maritime stratégique. Elle n’est pas son unique atout mais c’est également la présence
d’une « réserve foncière de plusieurs centaines d’hectares dédiée aux futures zones
logistiques qui vont être érigées comme support de l’activité de transbordement » (Ibid.).

D'ici 2030, la modernisation de cette infrastructure d’envergure intensifiera le trafic à 30


millions de tonnes / an contre environ 5 millions de tonnes en 2015. De par ses
caractéristiques, notamment son tirant d’eau de 19 mètres de profondeur, le plus important
dans le bassin méditerranéen, son terre-plein de 120 ha et sa zone d’extension de plus de

298Le port de Djen-Djen se situe à moins de 250 km à vol d’oiseau du port d’Alger, il se trouve sur la même
voie nautique que ce dernier « la Mare nostrum », une des plus anciennes voies de navigation au monde,
empruntée depuis le temps des romains (Aouissi, 2016, p. 173).
299
Site officiel du port, voir le lien dans la bibliographie.

251
40 ha, il deviendra certainement « la principale future plate-forme portuaire d’Algérie »
(Aouissi, 2016, p. 173). En effet, il est appelé à devenir un hub pour les trafics
transcontinentaux, et un concurrent des ports euro-méditerranéens (Aidat and Messaci,
2017, p. 50), en contournant les capacités du port d'Alger (Réf :Tableau 7.7 ci-dessous) qui
est actuellement le premier port commercial national. Ce dernier, à l’instar des ports
d’Annaba et d’Oran, souffre de problèmes d’accessibilité terrestre du fait de sa situation
dans le périmètre urbain de la ville contrairement à celui de Djen Djen qui se situe dans un
site suburbain. Cette vocation et ce rôle que le port de Djen Djen est appelé à jouer,
permettant de redynamiser l’économie locale de la wilaya, aura certainement des
incidences sur la ville et son développement de façon globale.

Tableau 7.7.Evaluation des atouts pour la compétitivité du port d’Alger et le port de Djen-Djen.

Source : (Aouissi, 2016, p. 173).

C. Le complexe sidérurgique de Bellara et la centrale thermique, vers un nouveau


visage économique de Jijel…

La réalisation effective de tous ces projets fera de Jijel une zone compétitive par rapport
aux grandes villes comme Annaba et Skikda non seulement dans le tourisme mais aussi
dans l'industrie et d'autres domaines. Avec la future zone de BELLARA, avec les futurs
projets structurants en voie de réalisation, avec la programmation de différents hôtels
privés et publics, avec l’agrandissement du port de Djen Djen, la ville réputée être une ville
louée (en haute saison car les habitants louent leurs maisons aux estivants et vont ailleurs)
deviendra un aimant surtout si les infrastructures seront mises aux normes en dédoublant
les routes et les rocades. L’ouverture de Jijel sur le monde extérieur lui permettra, à travers
ces projets, de « retrouver son rôle d’antan, celui d’une « zone de transit » entre le nord et
le sud de la Méditerranée » (Abdelaziz, 2015)300. Cependant, il convient de noter que ces
projets ont également des effets négatifs car ils entraînent des risques pour l'environnement

300
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

252
(pollution, circulation, etc.), d’où la nécessité à des études d’impacts afin de minimiser ces
impacts négatifs.

Outre ces effets, que nous qualifions « d’absolus », d’autres répercussions peuvent se
produire. À ce propos, deux scénarii peuvent être déduits :

7.1.2.2 Jijel, un développement économique au détriment de sa vie urbaine ?


Tel était le cas de Casablanca. En fait, l’essor économique du port et des industries
renforcera l’attractivité de la zone en termes de création d'emplois, générant des flux
supplémentaires, rendant le déplacement dans la ville plus difficile et conduisant à une
augmentation de la prolifération de logements non planifiés, et de personnes s'installant à
proximité des bassins générateurs d'emplois (Intensification du phénomène d’exode rural).
Ce premier scénario se limite à la réalisation de ces projets. La forte attractivité
économique d’un espace n’est pas toujours un vecteur de développement de ce dernier,
mais elle peut aussi être génératrice d’exode rural et par conséquent d’effets durablement
négatifs sur l’espace.

Il importe également de souligner que la politique de requalification et de développement


de la ville de Jijel telle que définie par son PDAU semble conduire aux mêmes problèmes
que nous avons constatés lors de l’étude de l’exemple de Marseille, où la forte attention
accordée par les acteurs décideurs de cette dernière au front de mer marseillais et au
centre-ville a contribué à créer de nombreux problèmes tels que :

• La marginalisation du citoyen-habitant mettant à l’écart ses besoins et ses


aspirations.
• La construction d’une ville attrayante pour les étrangers (en particulier des
investisseurs et des touristes) plus que pour ses habitants.
• Le renforcement de l’attractivité surtout économique et touristique de la ville et
plus particulièrement du waterfront au détriment des autres aspects et besoins des
habitants Jijéliens.
• L’accentuation du problème de circulation en installant de nouveaux grands
équipements dans des zones qui souffrent déjà de ce problème sans les
accompagner par de réelles solutions en matière d’accessibilité.

253
7.1.2.3 Inscription de Jijel au rang des grandes métropoles modernes, compétitives
et attractives ?

Dans ce cas-là, nous pouvons considérer tous ces projets comme un premier pas vers une
réelle métropolisation de Jijel inscrivant son devenir dans une vision globale de
métropolisation, émanant d’une réelle volonté politique pour positionner Jijel à l’échelle
régionale et nationale comme nous avons vu dans les cas de Marseille, Casablanca et
Toulon. En fait, le développement économique et tous les impacts prospectifs que nous
avons conclus ne peuvent pas seuls construire une métropole, mais doivent être soutenus
par d’autres stratégies, à savoir : valoriser l’image de la ville, renforcer son identité de ville
portuaire en revitalisant son front de mer (water front) en offrant des espaces agréables à la
population et en rétablissant le contact entre la ville et son vieux port, en donnant à la ville
une dimension durable et innovante, en développant le tourisme, le tertiaire supérieur, en
dotant la ville des équipements de haut standing … , mais surtout et avant tout en essayant
de répondre aux besoins et aux aspirations de sa population.

7.2 Les éléments constitutifs de l’identité d’un territoire … des leviers pour révéler
sa spécificité …

L’identité des territoires comme levier de requalification, quelle approche pour une
meilleure prise en charge ?

Pour répondre à cette question, nous nous somme référés au travaux de recherche de
Edouard (2019), qui stipule que les villes moyennes et petites sont plus susceptibles de
dépeindre leur processus de requalification, afin de renforcer leur attractivité, d’une
manière originale et identitaire en soulignant : « L’attractivité organisée par les petites
villes s’intègre-t-elle aux champs de la gestion locale (culture, urbanisme, développement
local, image). Elle acquiert donc une plus grande dimension stratégique dans la mesure où
elle autorise un approfondissement des spécificités locales. Elle pourrait permettre un
positionnement plus original basé sur une meilleure différenciation de l’offre par rapport
aux autres échelons territoriaux, voire entre les petites villes »301.

Dans un monde caractérisé par une concurrence intense entre les villes, l’identité des
territoires est devenue « un enjeu politique », « une plus-value économique » et un levier
de différenciation (Ben Jemia, 2014). En effet, l’identité d’un territoire (d’une ville, d’une

301
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web –Voir le lien dans la bibliographie.

254
région ou d’un quartier) peut être révélée à travers des opérations de requalification
urbaine, classiques et selon la logique des grands projets urbains. Force est de constater
qu’il faut inscrire tout processus de requalification dans une logique alliant deux enjeux à
la fois : la nécessité de construire « une cohésion interne » (Bautès and Guiu, 2010) au
même niveau que la recherche d’une attractivité et une lisibilité externe.

La prise en charge de la question d’identité n’est pas une affaire facile, mais elle est très
délicate. Tenir compte des spécificités locales de l’espace en question constitue une clé
pour révéler son identité. A l’issue de nos lectures, nos résultats de l’enquête sur terrain
et les résultats de l’approche comparative, nous pouvons dire que l’identité d’une ville peut
être révélée à travers les points suivants :

7.2.1 Les LIEUX SYMBOLES DE LA VILLE, entre préservation de l’ancien et


création de nouveau

« Le patrimoine urbain » ou la dimension visuelle d’un espace incarnée par des


constructions multiples faites de mains d’architectes est un langage qui parle de son
environnement. D'ailleurs, l’architecture, l’aménagement et le design urbain sont des
moyens pour révéler l’identité matérielle d’un territoire et de la protéger de toute sorte de
perte, cela peut prendre deux formes :

7.2.1.1 Préserver les lieux présentant une valeur historique et un aspect esthétique
affirmés

Il s’agit de préserver et revaloriser une des composantes de l’identité « les lieux


symboles » déjà existants. Aussi, il faut assurer leur utilisation bénéfique et adéquate; des
espaces (lieux) et constructions présentant une valeur historique, tels que les monuments
historiques, les bâtiments ayant une dimension/richesse architecturale et esthétique
affirmée, sous formes de processus de : patrimonialisation, sauvegarde, valorisation,
restauration, réhabilitation ou règlementation de la construction en ces lieux en créant des
guides précisant la hauteur, couleur, voire même la nature des matériaux (tel était le cas de
Toulon. En effet la ville a inventé l’établissement d'une réglementation afin de préserver
son patrimoine et mettre en valeur l'architecture de sa vieille ville en privilégier
les restitutions à l’identique-). Cela concerne, en grande partie, les espaces qui sont souvent
situés dans le centre-ville. Cet espace, gage d’identité, d’histoire et de valeurs
patrimoniales, est consigné dans le cas de l’ancienne médina de Casablanca, le centre-ville

255
de Toulon et celui de Marseille302 bien qu’il soit paupérisé, sans oublier le centre-ville de
Jijel qui a pu acquérir une importance chez la population Jijélienne en raison de son aspect
architectural spécifique.

La valorisation de ces espaces redynamise son environnement et donc sa ville, valorise son
image, préserve également « la ville du passé » (Cattedra, 2003). Force est de constater que
la majorité de ces espaces sont classés comme patrimoine, alors qu’il est nécessaire de bien
comprendre et de saisir avec précision la nature de l’opération à mener. En effet, préserver
les monuments anciens d’une ville qui en font son cachet et son esprit c’est préserver « la
personnalité » de cette dernière comme le confirme l’archéologie Benssenouci El Ghaouti
dans l’article de presse « La gouvernance urbaine, le défi des villes algériennes ».

7.2.1.2 Créer de nouveaux espaces modernes sur la base des valeurs culturelles,
architecturales et historiques

« Dans les recompositions se joue ainsi la production de références identitaires modernes,


ajustées à un contexte global » (Fourny, 2008, p. 110).

L’exemple de la mosquée Hassan II est le meilleur exemple pour montrer que non
seulement les espaces anciens ayant une histoire peuvent former à eux seuls une identité
matérielle d’une ville, mais que de nouveaux endroits le font également. En fait, bien qu'il
ait été construit récemment (dans les années 1990), il a pu acquérir de l’importance en tant
qu’ élément structurant d’une centralité renouvelée et un moyen d’expression de l’art et
des traditions architecturales du Maroc , comme le confirme (Cattedra, 2003). En raison de
sa conception, de son emplacement, et de son style qui allie entre valeurs architecturales
marocaines enracinées et critères de modernité, ils ont pu créer un nouvel espace moderne,
beau à la base de leur histoire, de leur valeur, de leur culture et de leur religion.

Unique par son architecture et sa position qui en fait un point d’appel largement visible
depuis plusieurs endroits, la tour de Zaha Hadid à Marseille, borde la ville et son port, en
fait une marque de l’identité de cette ville en tant que ville portuaire fortement attachée à
son port depuis les temps anciens.

L’architecture et l’aménagement urbain sont des outils et des moyens pour construire et
donner à une ville sa personnalité et sa spécificité. Il est nécessaire de créer de nouveaux
espaces modernes et agréables en se basant sur les valeurs spécifiques de l’espace

302
Notamment le plus bel ensemble haussmannien.

256
concerné, leur donnant une marque et une identité particulière comme le confirment aussi
de leur part Sénécal, Malézieux & Manzagol (2002) en soulignant : « ...la construction des
symboles est un ingrédient du façonnement de l’espace » (p, 3). Le choix d’emplacement
(assurer une meilleure visibilité), de la forme (assurer l’unicité de son aspect architectural)
et du style (assurer une refondation des valeurs culturelles et architecturales) sont des
critères fondamentaux.

7.2.2 LA QUALITE DES PAYSAGES… un vecteur d’identité indispensable

Par paysage nous entendons paysages urbain, paysages naturels… C’est en quelques sorte
le reflet concret de l'histoire, de la culture et des caractéristiques naturelles d’un espace
formé d’entités différentes mais spécifiques. En critiquant les politiques d’intervention
urbaine mises en œuvre jusqu'à présent et leur impacts négatifs sur la qualité des paysages,
Safri & Labii (2017, p. 149) stipulent que « L’urbanisme traitant l’espace urbain au cas
par cas, se limitant au plan de masse comme simple outil d’intervention, est révolu en
faveur de démarches globales et intégrées tels les projets urbains paysagers ».Dans le
cadre des opérations de requalification urbaine, le rôle du paysagiste est devenu
incontournable dans la construction de paysages urbains de qualité. En effet, la mise en
place de trois tours à grande hauteur, à savoir : la Tour CMA CGM de Zaha Hadid, le
MuCEM et La tour de logements H99 à Marseille, ont conduit au changement du paysage
et de la silhouette de cette ville « le renouveau de la skyline marseillaise ».

Penser à la cohérence d’ensemble, assurer l’intégration de nouveaux projets dans leur


environnement immédiat, constitue des principaux enjeux du paysagiste, participant à la
valorisation de l’image de l’espace en question et renforcement du sentiment
d’appropriation et d’appartenance des résidents à leur territoire. En effet, dans le cas de la
ville de Casablanca, l’absence d’intégration des nouveau grands projets dans leur
environnement a conduit à assurer l’aspect fonctionnel du projet au détriment du paysage
urbain, des valeurs d’urbanité et d’identité (Aljem, 2018).

A Jijel, l'une des principales raisons du mécontentement des habitants face à la situation
actuelle de leur ville, est la dégradation de l'état et la mauvaise qualité de l'environnement
bâti (non achèvement des constructions, caractérisées par une architecture monotone) qui
nuisent à l’image et au paysage de leur ville. Il faut noter et rappeler que l’insatisfaction de
certains habitants a affaibli le sentiment d’appartenance à leur ville (selon les résultats de
notre enquête).

257
Encourager toute forme d’architecture patrimoniale propre à chaque région (ville), ainsi
qu’un urbanisme adapté à chaque territoire en fonction de son microclimat et de sa culture
locale et assurer l’insertion de tout nouveau projet dans son environnement immédiat, sont
des recommandations possibles pour faire face au phénomène de « dématérialisation les
lieux » (Chouadra, 2008). L’article 55 de la loi 90.29 y fait référence.

7.2.3 L’IMAGE DE LA VILLE, miroir de sa spécificité …une nécessité de


valorisation

A la différence des paysages d’une ville qui ne s’expriment qu'à travers la dimension
physique matérielle, l’image est beaucoup plus globale. L’image de la ville n'est pas
seulement liée à l'aspect visuel, c’est-à-dire aux paysages perçus, mais aussi à d'autres
caractéristiques de la ville qui peuvent être d’ordre social et qui agrémentent le cadre de
vie de ses habitants. Par exemple, à Jijel, selon les résultats de notre enquête, nous avons
constaté que le sentiment de sécurité dans la ville, en particulier dans son centre-ville, ainsi
que le calme, sont des caractéristiques qui ne sont pas citées uniquement par ses habitants,
faisant également de cette ville une destination privilégiée pour certains touristes.

La perception d’une ville par ses résidents ou par ses visiteurs reflète une partie essentielle
de son identité. En effet, l’agencement de différentes entités, des espaces publics, des
vides et des pleins, constituent ensemble l’image de cette ville. C’est une traduction
visuelle et concrète de la spécificité de chaque espace. Bien que cette perception varie
entre hommes et femmes, adultes et personnes âgées, résidentes et visiteurs, il existe
toujours des points communs entre ces perceptions. En effet, La présence d’éléments
remarquables, uniques, clairs et faciles à identifier et à percevoir, ancrent une image
reconnaissable telle que celle de Marseille, qui a pu donner une image identifiable tandis
que leur absence donne une image négative comme dans notre cas d’étude où les résidents
portent généralement une image négative de leur ville, immergée dans des constructions
inachevées, dans l’anarchie et l’absence de cohérence globale donnant lieu à un désordre
visuel total. Seulement, en dehors du périmètre urbain de la ville de Jijel, sa beauté
naturelle y domine.

Dans un système concurrentiel entre villes, « l’image revêt une importance primordiale
pour le positionnement des villes » (Sénécal, Malézieux and Manzagol, 2002, p. 3). Le
recours à des grands projets urbains constitue un outil pour revaloriser cette image, qui

258
«..doit personnifier la ville, au besoin corriger une image défavorable ou terne, la doter de
qualité spécifiques » (op.cit.) comme nous l’avons vu dans le cas de Marseille en
construisant la tour…, dans le cas de Casablanca en construisant la mosquée Hassan II…

7.2.4 LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE… une opportunité à


exploiter

L’emplacement géographique d’une ville lui confère une spécificité portuaire, physique,
naturelle lui donnant de l'importance et de la particularité tant sur le plan économique, que
dans l’organisation et le fonctionnement de la ville. Les caractéristiques qui en
découlent de cette position géographique à savoir : nature du relief, richesses naturelles :
mer, montagne, corniche…, donnent lieu à des paysages naturels époustouflants. Dans ce
cas-là, nous considérons le territoire (le site) lui-même comme « producteur d’identité »
(Fourny, 2008, p. 111), et par notre action sur ce dernier, cette identité peut être détruite,
renforcée ou transformée comme le confirme (Chouadra, 2008, p. 5) :

7.2.4.1 La position géographique, une spécificité en tant que telle

Faire de l’emplacement géographique une opportunité pour révéler l’identité de la ville


telle était le cas de nos exemples, où la relation « ville-port » a joué un rôle important dans
le changement de l’image et du fonctionnement de toute une ville voire même d’une
région. Ils ont profité de leur emplacement en tant que ville portuaire (d’une vocation
maritime affirmée) en mettant en œuvre de grands projets qui leur ont permis de se
positionner au niveau national voire international. En effet, la création d’une nouvelle
vitrine pour la ville de Marseille à travers le projet d’Euromed, l’édification de la mosquée
Hassan II sur le littoral casablancais, sont des exemples pertinents en matière de
valorisation des façades maritime des villes.

En revanche, à Toulon, la nature du terrain et sa situation géographique ont favorisé le


développement de liaisons maritimes importantes, et donc le développement du transport
maritime urbain, ce qui a permis, en plus de renforcer sa vocation maritime, de
décongestionner les trafics routiers. Le domaine du passager s'est développé et est devenu
une force dans cette ville.

7.2.4.2 Les richesses et les paysages naturels…


Il s’agit de rechercher une meilleure prise en charge des caractéristiques issues de la
situation géographique de la zone concernée, en vue de faire la différence. Comme nous

259
l’avons vu dans le cas de Toulon, ville abritant diverses ressources et richesses naturelles,
elle a essayé d’exploiter cette spécificité en protégeant d'abord cette richesse, en organisant
des festivités au bord de la mer pour renforcer et montrer son attachement à la mer, en
faisant des sentiers et des circuits touristiques, et en aménageant un espace boisé ‹
Châteauvallon ›, qui est devenu une référence tant au niveau national qu’international, et
une scène de nombreux spectacles. Cela contribue à protéger, promouvoir et assurer une
meilleure exploitation. Le projet de la Marina, les activités nautiques liées au port de
plaisance à Casablanca le sont aussi.

Développer des activités associées aux caractéristiques issues de la situation géographique


peut également révéler l’identité, comme le cas des évènements des bateaux à Toulon qui
sont devenus par la suite un évènement mondial, la plongée sous-marine à Jijel qui est
aujourd'hui encore à plus petite échelle.

A Jijel, le mariage entre plages, forêts et montages du fait de la nature topographique du


terrain (accidenté), la présence de ports, sa situation stratégique… sont autant de
caractéristiques qui découlent de son emplacement géographique. Leur prise ne charge et
une meilleure exploitation (à travers le développement du secteur de la croisière par
exemple, des aménagements adéquats avec les spécificités du terrain), pourrait mettre en
valeur et renforcer l’identité de cette ville.

7.2.5 PATRIMOINE, CULTURE ET HISTOIRE : mémoire du passé et


opportunités d’avenir

Selon l’archéologie Benssenouci El Ghaouti303, la mémoire collective permet la


reconstitution du passé in situ. En effet, tout espace, qu'il soit quartier, ville ou région, se
distingue par sa propre culture, son histoire et son patrimoine, une particularité qui fait
appel à la mémoire collective et que nous ne pouvons pas trouver ailleurs. Afin de faire de
l'espace habité un lieu significatif et signifiant pour ses habitants ou ses visiteurs sur la
base de ses propres valeurs culturelles, historiques et patrimoniales, nous pouvons recourir,
selon les résultats de notre recherche, aux procédures suivants :

303
Dans un article de presse de Nawel. D (2010).

260
7.2.5.1 Promouvoir des évènements culturels à l’échelle régionale, nationale et
internationale (faire des événements culturels une marque identitaire)

Les évènements culturels à grande échelle peuvent non seulement réactualiser la vie
culturelle au sein de l’espace concerné, permettre à ses habitants de réapproprier leur
espace, mais également de devenir une marque à l’extérieur, comme le montre les deux
exemples de Toulon et de Marseille, où les événements et les manifestations culturels (de
grande envergure) sont devenus des promoteurs de l’attractivité et de l’identité culturelle
de ces villes. Ceci est consolidé par la création de vastes lieux d’exposition et de grands
équipements culturels d’échelle régionale et nationale.

7.2.5.2 Promouvoir les activités commerciales liées à la culture et aux traditions


spécifiques à la région

Comme nous avons vu dans l’étude de nos exemples ainsi que les résultats de notre
enquête, les valeurs liées aux aspects traditionnels de la ville sont souvent négligées par
toute politique d’aménagement et d’urbanisme, alors qu’elles peuvent constituer de
véritables leviers pour révéler l’identité urbaine et culturelle. En fait, à l’exception de
l’exemple de Toulon, où la rénovation d'une rue située en centre-ville en une rue des Arts
(Inaugurée en mai 2017), où s’installent des ateliers d'artistes, de stylistes, de musiciens, de
galeries, de créateurs, a permis la promotion d'activités liées à la culture de la ville
(L’opération commerciale de la rue Pierre-Semard dédiée à la culture et aux arts de la
décoration).

Ce type d’opération offre une opportunité non seulement d’assurer la pérennité de ses
activités et de les protéger de toute sorte de perte mais aussi de donner aux visiteurs
l’occasion de voir et d'en apprendre davantage sur l'un des éléments indispensables de
l’identité urbaine, celui de la culture et les traditions (découvrir des caractéristiques propres
au territoire). Face au défi de la mondialisation, encourager le commerce associé aux
valeurs culturelles propres à chaque ville comme : promouvoir la gastronomie locale en
créant des restaurants qui servent des plats traditionnels spécifiques à l’espace, encourager
les commerces qui proposent des tenues traditionnelles locales, des arts plastiques... dans
un cadre planifié et réglementé, peut constituer un levier pour révéler l’identité de
chaque territoire.

Les traditions, la gastronomie, l’artisanat, les tenues traditionnelles et toute autre


caractéristique associée à la culture de la ville sont des leviers pour assurer la pérennité de
261
l’identité d’une ville. A Jijel, si la gastronomie Jijélienne et leurs traditions sont très riches
et variées, elles ne sont mentionnées que par ses habitants, alors qu'elles ne présentent
aucun intérêt particulier pour ses visiteurs. La prise en compte de ses spécificités
culturelles dans toute action urbaine visant à requalifier la ville de Jijel pourrait les mettre
en évidence tant pour la population endogène que la population exogène.

7.2.5.3 Les équipements culturels, un espace de culture partagée


Il est évident que les équipements culturels sont des lieux de culture partagée. Faire de ces
équipements un levier pour révéler l’identité culturelle devrait s’inscrire dans une vision
d’assurer la visibilité de ces derniers à une plus grande échelle. En effet, la création de
petits équipements culturels à l’échelle du quartier et de la ville, peut certes revitaliser la
vie culturelle dans cette dernière mais cela reste à une échelle plus réduite, alors que la
nécessité de se différencier des autres et d’être visible est une nécessité absolue à l’ère
actuelle. La création d’équipements culturels d’envergure et de haut niveau en assurant
leur meilleure utilisation peut être également révélateur de l’identité du territoire concerné.
L’échelle d’influence des équipements culturels et leur niveau (qualité) sont des
indicateurs indispensables.

Ces trois procédures pourraient redynamiser la ville concernée, valoriser son identité et la
rendre plus attractive en créant une attractivité à la fois économique, touristique et
culturelle, mais également satisfaire la demande touristique et répondre aux aspirations
culturelles et artistiques de sa population. Relier ces activités culturelles à la vocation
maritime de cette ville, comme ce fut le cas à Marseille, où un « waterfront culturel » a vu
le jour, pourrait renforcer également son identité culturelle et maritime.

7.2.6 Faire de L’ACTIVITE ECONOMIQUE, un vecteur d’identité

La promotion des activités économiques, notamment celles liées à l'exploitation des


produits locaux de la ville (ou de la région) comme sa Richesse poissonnière, peuvent
révéler l’identité urbaine. En effet, dans le cas de la ville de Toulon, avec le développement
de l’activité sous-marine, la promotion du secteur de la croisière, et le développement et la
multiplication des pôles liés à la marine sur la base des potentialités de la région, la ville
est devenue parmi les pionniers dans ces secteurs non seulement au niveau régional mais
dans tout le pays. Dans le cas de notre ville Jijel, la promotion d’un tourisme adéquat avec
les potentialités de la région, le développement de l’activité des tanneries à Jijel, et la

262
culture de fraises, peuvent non seulement développer la région économiquement mais
devenir des marques identitaires de toute la wilaya. En effet, devenue ces dernières années
une des villes leader dans la production de fraises au niveau national304, Jijel célèbre
chaque année la fête de la fraise avec la participation de diverses communes de la wilaya
en organisant un concours pour le meilleur producteur de gâteaux aux fraises et le meilleur
exposant de fraises.

Figure 7.3. Jijel célèbre la Fête de la Fraise dans sa 17ème édition.


Source : Photos publiées par le groupe de Facebook « JijelNews ». Le 08 Avril 2021.

7.2.7 LE SAVOIR ET LE SAVOIR-FAIRE, au profil de l’urbanisme

La valorisation des savoirs et des savoir-faire par la mise en place de grands équipements
comme les universités et les centres de formation, peut certes développer le niveau du
secteur éducatif dans le territoire concerné, renforcer également son attractivité, mais,
associer ce secteur stratégique au développement des particularités de la région peut servir
de support pour renforcer son identité. Telle était le cas de Toulon, où ses politiques
publiques ont adopté des stratégies pour déployer un système d’enseignement supérieur et
de recherche de haut niveau en favorisant la croissance de l’offre de formation en quantité
et en qualité, et en renforçant les connexions avec les filières économiques d’excellence du
territoire. En effet, afin de promouvoir la recherche scientifique, plusieurs écoles
supérieures, pôles compétitifs, et laboratoires de recherche ont été créés, et qui sont
devenus des leviers pour développer « des activités technopolitaines (pépinières, hôtels
d’entreprises, plate-forme d’accès mer…). L'ensemble de ces opérations a conduit au

304
Elle a été classée première en 2017 avec une production de 52 mille quintaux et une superficie totale de
175 hectares. Force est de constater également que les quantités abondantes de production de fraises ont
permis à cette ville de les exporter vers les pays arabes du Golfe et la Russie ces dernières années, selon un
article (publié en arabe) de Bourenen (2017).

263
développement des activités spécifiques à la région comme le secteur de la marine, sous-
marine, etc.

7.2.8 LES PRATIQUES ET LES COMPORTEMENTS SOCIAUX, une


opportunité à exploiter
«…les lieux acquièrent de l'importance à travers ce que les gens en pensent, font, et en
disent» (Stein, 2003, p. 13). Les pratiques des résidents et leurs comportements peuvent
également être des supports pour révéler l’identité d’un territoire, dont ils donnent du
caractère à ce dernier. Comme nous avons constaté que l’une des marques de la ville de
Jijel « une ville conservatrice », selon ses visiteurs, et le comportement de ses gens, faisant
de Jijel leur destination préférée, selon un reportage de la chaine TV algérienne
« Numidia » en Aout 2019.

En revanche, les initiatives prises par les jeunes Jijéliens au cours de la période récente ont
contribué à valoriser l’image de certaines portions de la ville et à leur conférer une marque
et une particularité. La mise en valeur de ces pratiques, qui animent leur vie quotidienne,
peut marquer l’identité et la particularité de la ville, en revalorisant son image comme le
confirme Forêt (2007) en disant :« …. la possibilité de trouver chez les autres habitants du
quartier quelque chose de soi qui fait qu’on se sent “d’ici” même lorsque l’on vient
d’ailleurs » (p. 7). Au fait, l’encadrement adéquat des initiatives locales, visant à intéresser
et à inciter les citoyens à participer au règlement de leurs problèmes et à l’amélioration de
leurs conditions de vie, fait l’objet de l’article 12 de la loi 11-10.

7.2.9 LES ESPACES PUBLICS, support d’identité, vers une meilleure


appropriation

Les espaces publics en tant que lieu d’échange, de rencontre et de communication, peuvent
contribuer à renforcer l’identité du territoire concerné. En effet, la création d’espaces
publics qui répondent aux besoins et aux aspirations de la population permet aux
habitants de réapproprier leurs espaces, et de faire revivre les notions de voisinage, de
bien-être et de convivialité. Des grands parcs périphériques (tel est le cas du projet récréatif
du Ghaba Parc305 à Kissir Réf Figure 7.4ci-après) au petit parc urbain et jardins publics, leur
création est une nécessité absolue tout en offrant une véritable bouffée d’air frais aux habitants,
et en donnant plus de place aux piétons et aux vélos.

305
Qui est en cours de réalisation.

264
Figure 7.4. Le projet récréatif à Kissir, entrée en service de sa première tranche le 12 Mars 2021.
Source : Photos du projet publiées par le groupe de Facebook « JijelNews » en Février 2021 annonçant son
ouverture prochaine.

Synthèse : outre la nécessité de répondre aux besoins logiques de ses habitants, à savoir la
nécessité de disposer de logement de qualité, d’un accès facile par des moyens modernes et
adéquats, ainsi que de bons services et de bonnes infrastructures, la question de l’identité
doit être aussi prise en compte dans toute politique d’aménagement et d’urbanisme. Une
meilleure prise une charge des éléments identitaires précités dans les processus de
requalification urbaine pourrait révéler son identité. Or, souvent, les politiques publiques
ne prennent pas en considération toutes les dimensions de l’identité, comme le confirme
(Forêt, 2007, p. 7),mais seulement celles qui visent la valorisation, la protection et la
préservation du patrimoine urbain (en tant que composant identitaire de toute ville), en
particulier des immeubles et constructions d'intérêt historique et culturel partagé, ce qui
permettra de préserver l’identité culturelle de la ville.

7.3 Vers la conception d’un outil d’aide à la décision en matière requalification


urbaine : le business model Canvas au service de l’urbanisme

Rappelons-nous que la prise en charge de la question d’identité dans les opérations de


requalification d’une ville demeure une nécessité absolue qui pourrait apparaître comme
une « solution alternative » pour affronter le phénomène de mondialisation. Ce concept
complexe (d’identité), qui se caractérise par son ambiguïté, dont il contient de nombreux
éléments constitutifs, à la fois matériels et immatériels, la question reste de savoir
comment trouver un équilibre acceptable et accepté entre ses différentes composantes.

En revanche, pour qu’une opération de requalification urbaine soit réellement réussie et


efficace, elle doit répondre aux besoins et aux aspirations de la population concernée.

265
Pour répondre à une telle préoccupation, et après avoir analysé le territoire de façon
détaillée, accordé une attention particulière à la voix de ses habitants (leurs besoins et leurs
pratiques) en vue d’intégrer leurs avis dans toute opération future qui peut être envisagée
pour requalifier leur ville, et enfin d'identifier les éléments sur lesquels il faut agir pour
lutter contre le processus de perte d’identité (à travers les enseignements tirés de notre
approche comparative), nous concluons notre travail de recherche par une suggestion.

En l’absence d’une stratégie/réflexion globale sur la ville (Cattedra, 2010), et une


démarches appropriées permettant de requalifier un espace urbain dysfonctionné tout en
assurant une meilleure prise en charge de son identité, les besoins et les aspirations de ses
habitants. Notre suggestion vise à identifier les critères (informations utiles pour les
décideurs) qui favorisent une meilleure approche dans la prise de décision dans
l’intervention sur cette ville, en se référant aux demandes des habitants et en assurant une
meilleure prise en charge des spécificités de l’espace concerné. Il s’agit de définir une
démarche participative, permettant l’intégration de la question de l’identité et
l’implication des habitants dans tout le processus des opérations urbaines, allant de la
définition des objectifs, à l’élaboration du programme jusqu’à l’approche d’aménagement
et les choix « pensés ».

Force est de constater qu’une opération de requalification doit répondre à une série de
questions, que nous résumons comme suit :

• Qui ? Toute opération d’intervention sur un espace donné doit répondre aux
besoins et aux attentes des personnes qui y résident de façon permanente ou
temporaire, nous parlons ici de : résidents permanents, touristes, étudiants
universitaires, investisseurs, etc.
• Quoi ? la réponse à cette question résume les enjeux et les objectifs de ces
opérations urbaines, ce qu'ils apporteront au cadre de vie actuel pour satisfaire la
population, solutions aux problèmes, valeur ajoutée, etc.
• Comment ? La réponse à cette question requiert à la fois une complémentarité de :
besoins de la population, les éléments constitutifs de l’identité du territoire
concerné (ses ressources et ses activités clés) sur lesquels il faut baser tout
processus de requalification et finalement les partenaires nécessaires pour assurer
une concertation efficace, en tenant compte de tous les acteurs concernés.
La transition d'un discours scientifique à un instrument opérationnel nécessite l'adoption de
moyens et d'outils appropriés pour incarner nos défis, objectifs et approches. Pour cette

266
raison, nous avons inspiré notre outil d’aide à la décision d’un outil économique labélisé
« business model canvas » qui est facile à utiliser et qui répond parfaitement à nos
objectifs. Nous adaptons cet outil à notre contexte.

7.3.1 L’adaptation de l’outil au contexte d’étude : Le business model Canvas au


service des opérations de requalification urbaine : pourquoi et comment ?

Comme nous avons dans le 2ème chapitre de la présente thèse, les principaux spécificités et
caractéristiques de cet outil « business model canvas », qui est destiné essentiellement au
domaine de l’économie, de business et du marketing, résident en la recherche de se
démarquer par rapports aux différents concurrents (Carre, 2018) et à construire un modèle
économique et lancer une offre ou un service sur la base des activités et de ressources clés
d’une entreprise. Il permet de transcrire et par conséquent de donner une forme concrète
d'ambitions et des éléments clés dans le cadre d’un projet organisé « en un tout, d'abord
cohérent, ensuite pertinent, voire innovant » (ibid.)306.

Rappelons-nous que la question qui a déclenché notre réflexion était : comment peut-on
offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au sein de leur ville grâce au
processus de requalification urbaine ? En d’autres termes, comment révéler l'identité d'une
ville lors des opérations de sa requalification ? Et par quels moyens ?

L’objectif de notre travail de thèse est de montrer comment est-ce que les opérations de
requalification urbaine peuvent révéler l'identité d’une ville, et que cette identité, quant à
elle, est un moteur et un levier de développement de la ville tout en lui offrant son
caractère unique et ses spécificités dans un monde concurrentiel, d’où la nécessité de se
démarquer est indispensable.

En effet, l’adoption de cet outil dans le domaine de l’urbanisme, et plus particulièrement


pour requalifier une ville, permet de donner une vision globale, complète et efficace des
stratégies adoptées en mettant en évidence les ressources et les activités clés du territoire.
En d'autres termes, cet outil nous permettra de mette en évidences les particularités du
territoire concerné et ses ressources qui lui permettront d'évoluer d’une manière originale
et spécifique. Créer un modèle de requalification tout en mettant en évidence les éléments
clés du projet en un coup d'œil.

306
Numéro de page non indiqué, car il s'agit d'un article publié sur le Web – Voir le lien dans la
bibliographie-.

267
En revanche, la participation de tous les acteurs concernés est une nécessité absolue pour
assurer la réussite de toute opération de requalification. L’adoption de cet outil nous
permettra aussi d’identifier tous ces acteurs et de les mettre en relation avec la stratégie de
développement en leur garantissant une meilleure implication.
Activités Relation
clés client
Proposition de
valeur
Client

Partenaires
clés

Coûts Revenus
Ressources
clés Canaux

Figure 7.5. Le business Model Canevas - le modèle basique.


Source : (Hong and Fauvel, 2013, p. 28).

Nous pouvons résumer nos objectifs de l’adoption de cet outil en termes de requalification
urbaine comme suit :
Avec Qui ? Avec Quoi ? Quoi ? Comment ? Pour Qui ?
Identifier tous Identifier les Transcrire la Identifier les Identifier la
les partenaires ressources et stratégie de moyens de population
concernés les activités clés requalification communication concernée
1 4 3
2
Assurer une
Assurer leur Mettre en Développer le meilleure Assurer une
meilleure évidence les territoire et répondre concertation et meilleure prise
implication particularités du aux besoins de la implication de la en charge de
territoire population population leurs besoins

Penser et concevoir le processus/la stratégie de requalification en son entier, en assurant la


prise en charge de son identité et l’implication de tous les acteurs concernés, à travers :

Fonder la stratégie de requalification sur une meilleure exploitation des éléments identitaires du
1
territoire

2 Identifier tous les acteurs concernés en leur permettant une meilleure implication

Assurer une meilleure concertation de la population et par conséquent savoir ses besoins, ses
3
attentes tout en essayant de les satisfaire.
Figure 7.6. Adaptation de business model canevas au service des opérations de requalification urbaine.
Source : établi par l’auteur (2020).

268
Il est à noter que les deux dernières cases liées à l'aspect financier (comme le montre le
tableau 7.8 ci-après), c’est-à-dire la case de structure de coûts et celle des flux de revenus
reste du domaine des spécialistes en économie et qui dépasse nos prérogatives. Notre
recherche en premier lieu est de proposer une démarche/approche assez complète des
opérations de requalification qui permet de révéler son identité. En fait, notre objectif est
de savoir comment procéder à requalifier un territoire quel que soit son échelle : ville,
quartier...

Tableau 7.8. Élimination des deux dernières cases liées à l'aspect financier de l’outil.

Partenaires Activités La proposition de


Relation client Segments client
clés clés valeurs

Avec qui ? Quoi ? Quoi et pourquoi ? Comment ? Pour qui ?

Ressources
Canaux de distribution
clés
Avec quoi
Comment ?
?
Structure de coûts
Domaine des économistes à Flux de revenus
consulter pour une meilleure Combien ?
Combien ?
prise en charge et un
affinement de l’outil.

Source : établi par l’auteur (2020).

Il convient également de noter que les trois cases ; « activités clés », « ressources clés » et
« segments client », sont indissociables de la case « proposition de valeurs ». En fait,
l’absence de l’une des trois premières peut conduire à un échec de la stratégie de
requalification, tandis que l’interaction effective et efficace entre les 4 cases peut donner
une stratégie de requalification urbaine complète, basée sur une réflexion plus stratégique
mettant en interaction tous les ingrédients nécessaires à sa réussite.

La pertinence de cet outil réside dans sa forme et son principe de synthèse et


d’interaction entre les différentes cases. En effet, la présence de tous les éléments
nécessaires pour requalifier un territoire sur une même feuille, permet de donner un
regard complet et global, de prendre en charge tous les éléments sans risque
d'oublier, de négliger et / ou de dominer un élément sur l’autre, en s'appuyant sur le
principe de l'égalité de chance (dans la prise en charge) entre tous les éléments.
Donner une idée claire, rapide et complète des objectifs du projet de requalification
urbaine, et la manière de procéder pour les atteindre, est une chose indispensable à la

269
réussite des opérations de requalification urbaine, qui reste un défi selon les résultats de
notre recherche.

7.3.2 Cet outil est-il généralisable ?

Notre recherche dotera les villes (et les collectivités locales) d’une approche et des
moyens ; un outil d’aide à la décision, pour pouvoir assurer la prise en charge de la
question d’identité, des besoins et des attentes des habitants algériens dans les opérations
de requalification de leurs villes, en assurant un équilibre acceptable entre ses
différentes composantes identitaires. En effet, cet outil peut être utilisé comme modèle
dans les processus de requalification des villes algériennes en l’adaptant au contexte et aux
spécificités de chaque ville, c’est-à-dire à ses ressources et ses activités clés.

Il est particulièrement indispensable de mettre en évidence la dimension spatiale du mot


« territoire » lorsque celui-ci est lié au concept d'identité. A l’issu de nos lectures dans
deuxième chapitre et sachant que l’identité d’un territoire peut être d’une échelle plus
réduite ; celle d’un quartier, ou d’une autre plus globale jusqu’à d’un pays, nous pouvons
également dire que cet outil peut aussi être adapté à des territoires de différentes échelles,
c’est-à-dire à l’échelle d’un quartier, d’une commune et/ou d’une wilaya, en l’adaptant au
contexte de chacun.

À l’issue de nos résultats de diagnostic, les résultats de l’approche comparative,


conjugués par les résultats de notre enquête auprès des habitants Jijéliens et
l’observation en situation de la ville en tant qu’espace vécu et pratiqué par ses
habitants, nous pouvons résumer la stratégie de requalification de cette ville en
faisant recours au business model canvas comme suit :

270
Tableau 7.9. Requalifier la ville de Jijel à l’aide du Business model canvas.
La proposition de valeurs (La valeur
Partenaires clés Activités clés Relation client Segments client
ajoutée/ offre)
Pour une opération de Deux étapes sont à la Identifier à qui
Identification des
requalification urbaine stratégique Les opérations de requalification de la fois complémentaires s’adresse le projet de
acteurs concernés :
et révélatrice des spécificités de la ville de Jijel doivent prendre en et indispensables pour requalification
1. Les acteurs décideurs :
ville de Jijel, les activité clés à considération les points suivants : assurer une urbaine :
l’Etat et ses services
prendre en considérations sont : 1. Fonder une stratégie de requalification communication 1. Les résidents
déconcentrés ; chargés de
* Tourisme * Pèche * Croisière pour et avec les habitants. efficace entre les (Hommes, femmes) :
la mise en place et la
* Administration (tertiaire et tertiaire 2. Répondre aux besoins et aux décideurs et l’habitant- 1.1. Permanents :
veille sur le respect des
supérieur) * Commerce aspirations de sa population, à cet effet, citoyen en tant que * Personnes âgées
orientations.
* Agriculture * Enseignement les décideurs doivent prêter attention non bénéficiaire : *Adules
2. Les bureaux d'études et
supérieur seulement à tous les besoins exprimés 1. Information : à * Enfants
les spécialistes du
par ses résidents permanents (Réf travers : des banderoles, D’une tranche d’âge à
domaine : chargés de la Ressources clés
Tableau 5.2, p.177- attentes des des affiches, des l’autre les besoins se
conception du projet. 1. Infrastructures : Port, Aéroport. personnes interrogés-), mais également à annonces sur web (écrit, diffèrent.
3. Investisseurs 2. Humaines (une population jeune) ceux de ses résidents temporaires. Savoir vidéo, audio), etc. 2.1. Temporaires :
4. Université 3. Potentialités naturelles : les attentes de ces derniers, c’est-à-dire 2. Concertation : faire * Etudiants (hors
5. Habitant (individuel, * Mer ; plages, corniches * Montagnes avoir un regard depuis l’extérieur part des décisions - wilaya, hors
sous forme d’associations et forets * Paysages naturels * Faunes pourrait aider à mieux affiner ce savoir les besoins des communes) : du fait de
et/ou de comités de et flores * Ressources en eau processus. clients et essayer de les la présence
quartiers) : dans ce cas, 4. Economiques : d’université et des
3. Prendre en charge les points satisfaire à travers : des
nous le considérons * richesses halieutiques : poissons, essentiels à la révélation de l’identité que entretiens (enquête), des centres de formation.
comme acteur efficace. crustacés * Produits agricoles : comme nous avons dégagés dans ce chapitre, pp. comités de quartiers, des * Investisseurs
Selon les résultats de notre les fraises * ovins et bovins associations culturelles, * Travailleurs
255-265, parmi lesquels nous citons :
enquête, nous devons aller 5. Culturelles et patrimoniales : etc. * Touristes :
* Création de nouveaux espaces
au-delà de le considérer * Gastronomie Jijélienne * Fêtes modernes sur la base des valeurs Canaux de distribution ▪ Jeunes
comme un simple religieuses et nationales * Artisanat et culturelles, architecturales et historiques ; ▪ Familles
bénéficiaire, mais traditions * Sites archéologiques et * Promouvoir les activités commerciales Workshop, Réseaux Une ville réputée par
l’impliquer davantage historiques liées à la culture et aux traditions sociaux, Page officielle son cachet
dans le processus de 6. Socio-économiques : spécifiques à la région de la ville, Forums de conservateur, qui en a
requalification, par un * Ville calme, conservatrice et * Multiplication des événements discussion, Radio, TV, fait une destination
encadrement adéquat de sécurisée * Population accueillante culturels à grande échelle, etc. etc. touristique prisée des
ses initiatives locales.
Source : établi par l’auteur (2021). familles algériennes.

271
00
Identifier tous les Identifier toutes les Proposition de valeurs (Projet de Identifier la relation Identifier la population
partenaires/acteurs clés activités clés requalification urbaine) population/décideur concernée

* Enseignement supérieur Résultats du diagnostic du terrain


1. Acteurs décideurs
* Pèche et croisière d’étude
* Administration (tertiaire
Transformer les besoins et les Impliquer
et tertiaire supérieur)
attentes de la population en le citoyen
* Commerce
Exploiter et actions/projets
2. Spécialistes du * Agriculture
développer ces Assurer une
domaine * Tourisme Résidents Résidents
activités Une meilleure prise en charge communication efficace
des spécifiés locales de la à travers : permanents temporaires
Identifier toutes les * L’information * Personnes * Etudiants
ville de Jijel par des
ressources clés * La consultation âgées (hors wilaya,
interventions adéquates et
* La concertation *Adules hors
* Infrastructurelles spécifiques = assurer la prise * Enfants communes)
3. Investisseurs * Humaines Exploiter et en charge de son identité Identifier les moyens * Investisseurs
valoriser ces * Travailleurs
* Naturelles de communication
ressources * Touristes
* Economiques Transcrire une stratégie de Banderoles, annonces sur
(agricoles, halieutiques) requalification globale, complète et Ecouter la voix de
web (écrit, vidéo, audio),
* Culturelles et efficace cette population =
entretiens (enquête),
patrimoniales assurer une
workshop, réseaux
4. Université participation
* Socio-économiques sociaux, page officielle de
citoyenne efficace
la ville, forums de
discussion, Radio, TV,
etc.

Revaloriser et révéler Assurer la satisfaction des besoins


5. Habitants /Associations de la population
les spécificités du lieu
Tout ce qui est en Noir : des éléments fixes Tout ce qui est en Mauve : Enjeux et objectifs Tout ce qui est en bleu : à adapter selon le contexte

Figure 7.7. Le business Model Canvas : un outil d’aide à la décision pour requalifier la ville de Jijel. Conçu par l’auteur (2021).

272
CONCLUSION DU 7ème CHAPITRE

Les stratégies adoptées par les pouvoir publics pour requalifier la ville de Jijel, même si
elles répondent partiellement aux besoins de ses habitants, elles ne prennent pas en
considération tous ses éléments identitaires. En comparant ces stratégies avec celles
adoptées dans les trois exemples, nous constatons que cette ville abrite toutes les
potentialités nécessaires pour devenir une métropole. En fait, la réalisation effective des
tous ces projets feront de Jijel une zone compétitive par rapport aux grandes villes comme
Annaba et Skikda non seulement dans le tourisme mais aussi dans l'industrie et d'autres
domaines. Avec la future zone de BELLARA, avec les futurs projets structurants en voie
de réalisation, avec la programmation de différents hôtels privés et publics, avec
l’agrandissement du port de Djen Djen, la ville réputée être une ville louée (en haute saison
car les habitants louent leurs maisons aux estivants et vont ailleurs) deviendra un aimant
surtout si les infrastructures seront mises aux normes en dédoublant les routes et les
rocades. En revanche, nous pouvons considérer tous ces projets comme un premier pas
vers une réelle métropolisation de Jijel inscrivant son devenir dans une vision globale de
métropolisation, émanant d’une réelle volonté politique pour positionner Jijel à l’échelle
régionale et nationale comme nous avons vu dans les cas de Marseille, Casa et Toulon.

La prise en charge de la question d’identité n’est pas une affaire facile, mais elle est très
délicate. Tenir compte des spécificités locales de l’espace en question constitue une clé
pour révéler cette identité. La transition d'un discours scientifique à un instrument
opérationnel nécessite l'adoption de moyens et d'outils appropriés. Pour cela, nous nous
sommes eu recours à un outil économique labélisé « business model canvas » qui est
facile à utiliser et qui répond parfaitement à nos objectifs. La pertinence de cet outil
réside dans sa forme et son principe de synthèse et d’interaction entre les différentes
cases, en effet, la présence de tous les éléments nécessaires pour requalifier un territoire
sur une même feuille, permet de donner un regard complet et global, de prendre en charge
tous les éléments sans risquer d'oublier, de négliger et de dominer un élément sur l’autre.

273
CHAPITRE VIII
CONCLUSION ET PERSPECTIVES

En tant qu’urbaniste de formation, nous sommes parties d’une problématique générale dont
souffre la plupart des villes algériennes, à l'instar des autres villes, celle du
dysfonctionnement urbain suivi par un processus de perte de leur identité. En effet, entre le
problème d’étalement urbain démesuré, laissant derrière lui des vieux centres abandonnés
et des espaces périphériques sans âme ni références identitaires, et avec le phénomène de
mondialisation, la ville peine aujourd’hui à se démarquer et à trouver sa singularisé dans
un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre villes est intense. La question de
départ était : comment peut-on offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au
sein de leur ville grâce au processus de requalification urbaine ? En d’autres termes,
comment révéler l'identité d'une ville lors des opérations de sa requalification ? Et par
quels moyens ?

L’étude de cette question de point de vue théorique nous a permis de déduire ce qui suit :

• La requalification urbaine est une intervention qui a pour objet le retour à la ville.
Elle s’intéresse souvent aux territoires dysfonctionnés, qui ne répondent ni aux
besoins, ni aux aspirations de sa population. Elle concerne des territoires à
différentes densités et de différentes échelles. De ce fait, elle peut prendre deux
principales formes selon le contexte ; des interventions classiques dans le cadre des
instruments d’urbanisme (revalorisation, reconversion, restauration, réhabilitation,
restructuration, etc.) ou la requalification par les grands projets urbains. Elle vise à
améliorer les conditions de vie, et à redéfinir, affecter et donner une identité à un
site précis dans un cadre institutionnel bien précis.
• Etant donné que l’identité d’un territoire est une question complexe, son
appréhension et son étude nécessitent sa décomposition en éléments de base, en
l’étudiant individuellement, puis en ensemble, pour pouvoir enfin identifier les
éléments sur lesquels il faut intervenir pour lutter contre le processus de perte
d’identité. Ce concept traite davantage de l’aspect physique et visible, mettant en
exergue le sentiment d’appartenance des habitants à un lieu.

Requalifier un territoire tout en prenant en considération son identité spécifique ne peut


être fait que par l’étude et l’approche de ce territoire avec tous ses composants matériels et
immatériels dans une perspective dynamique et globale, d’où la participation de tous les

274
acteurs concernés de façon directe ou indirecte et indispensable. La marginalisation de
l’acteur citoyen explique en partie l’échec de la plupart des opérations de requalification
urbaine menées jusque-là dans les différentes villes.

Pour traiter de cette préoccupation majeure, et en tant qu’habitante de la ville de Jijel, le


choix est porté sur cette ville qui est en pleine mutation. Cette dernière, qui possède toutes
les potentialités pour être une ville de qualité, se présente actuellement comme un territoire
dysfonctionné, souffrant de problèmes multiples mettant en péril le paysage de cette ville,
son image et le cadre de vie de ses habitants, à savoir : la prolifération de l’habitat
spontané, la rareté des réserves foncières, la dégradation du centre ancien, la perte de la
relation ville-port, le manques de plusieurs équipements notamment hôteliers, culturels,
touristiques, de jeunesses et de sport, ainsi que des problèmes d’accessibilité et de
congestion, en particulier aux heures de pointes et pendant la saison estivale, etc. Ces
problèmes reviennent en grande partie à la marginalisation de la ville par l’Etat pendant 12
ans (1962 -1974), conjugué par le mouvement d’exode rural massif qu’a connu la ville
depuis son indépendance et les problèmes de mauvaise gouvernance de la part des élus
locaux.

Nous sommes parties de l’objectif de savoir d’abord comment les stratégies de


requalification, adoptées par ses acteurs décideurs, vont influencer sur cette ville, sur son
identité, et sur ses habitants. A travers l’approche historique et sa technique d’analyse de
contenu, la lecture du cadre juridique, des différents outils, instruments d’urbanisme et des
différentes stratégies adoptées pour requalifier cette ville révèle les points suivants :

• Jijel est appelée à devenir un pôle de développement régional (2030) (selon le


SEPT Nord Est et le PAW de Jijel) ; un pôle d’équilibre régional et pôle touristique
et environnemental (2038) selon le PDAU de Jijel (approuvé en 2019).
• Outre la maitrise du processus d’urbanisation de Jijel et la satisfaction des besoins
(quantitatifs) de ses habitants en termes de logement, d’équipements, de surfaces
urbanisables, d’infrastructures et des réseaux divers, les stratégies de requalification
de cette ville se concentrent majoritairement au centre-ville colonial (pour conforter
son caractère de centralité et d’attractivité) et à l’entrée Est de cette ville, d’où de
nombreux projets d’intérêt régional sont prévus, dont : une grande mosquée pôle,
un musée régional, un théâtre régional, une salle omnisports, etc.
• Le tourisme se présente comme un secteur clé pour la requalification de cette ville.
En effet, les actions prioritaires du PDAU (à court et moyen terme) sont les

275
aménagement attractifs et touristiques et l’achèvement des grands projets, tandis
que la requalification des zones périphériques est prévue sur le long terme.

A ces projets situés à l’intérieur du périmètre de notre aire d’étude (l’ACL de la commune
de Jijel), s’ajoutent d’autres grands projets en voie de réalisation situés hors périmètre ;
dans les communes environnantes, mais ayant des impacts directs et/indirects sur la
question traitée, à savoir : la modernisation du port de Djen Djen, la réalisation d’une
pénétrante autoroutière la reliant à l’autoroute Est-Ouest, le grand projet du complexe
sidérurgique Algéro-Qatari à Bellara, etc. A la lumière de ce constat, il s’avère évident que
ces grands projets et les différentes actions, prévus et en cours, vont donner une nouvelle
dynamique et une nouvelle image à la ville de Jijel, mais la question qui se pose : Où sont
les habitants et leurs besoins dans ces discours ?

Requalifier la ville de Jijel pour ses habitants en premier lieu et avec ses habitants, nous a
amené à placer les habitants au cœur du système d’évaluation de la question traitée. Dans
un premier temps, nous avons donné la parole aux habitants, pour mieux comprendre leurs
besoins et leurs attentes et savoir leurs perceptions de l’espace, l’image qu’ils en forgent,
ainsi que les éléments constitutifs de son identité qui leur intéressent. Pour cela, nous avons
eu recours à la méthode d’enquête par la technique d’entretien. En second temps, nous
avons complété cette enquête par une observation en situation (intra-muros) relatant les
différentes pratiques habitantes présentes sur l’espace urbain de la ville de Jijel, dans
l’objectif de questionner le rôle du citoyen dans toute action touchant la requalification et
l’amélioration de son cadre de vie. Les résultats de notre enquête nous a permis de révéler
les constatations suivantes :

La perception de la situation actuelle de ville par ses anciens habitants, et ceux qui
connaissent son histoire n’est pas la même que celle des nouveaux habitants, en effet, la
ville de Jijel ne signifie pas l’espace disqualifié pour tous ses habitants, mais seulement
pour ses anciens habitants qui connaissent son histoire et son image telle qu’elle était
avant. D’après notre échantillon, les problèmes à Jijel sont multiples., nous citons entre
autre ; l’état critique des espaces publics et des espaces verts ainsi que l’état dégradé de la
voirie, le manque des infrastructures touristiques, l’insuffisance des équipements sportifs,
la difficulté d’accessibilité vers et à l’intérieur de la ville, des problèmes liés au confort
visuels, pollution, absence de l’aspect esthétique des constructions, l’altération des valeurs
liées aux comportements des gens, la perte des notions de citadinité et de civisme,
l’altération des relations de voisinages due à l’exode rural.

276
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre certains habitants et leur
ville. En effet, tous nos répondants qui ont une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie que leur offre cette ville. Notre enquête
nous a montré également que la situation critique de la ville a eu un impact direct sur les
pratiques et les usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewés) rendent les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.

Le développement de cette ville qui réclame une action globale de requalification urbaine,
est conditionné selon ses habitants par l’implication des pouvoirs publics et des habitants
dans cette dynamique en faisant recours à des professionnels dans le domaine du tourisme,
du marketing urbain et de la sociologie de l’espace, et par un suivi strict et rigoureux de la
part des pouvoirs publics en appliquant la réglementation.

Les éléments constitutifs de l’identité de cette ville, dégagés suite aux réponses des
habitants, outre que son cachet conservateur, sont d’abord d’ordre naturels (ses
potentialités naturelles) à savoir : sa corniche et ses montagnes, formant ensemble des
paysages identitaires uniques à l’échelle nationale et renforçant le cachet touristique de la
ville. A ces éléments s’ajoutent les lieux ayant une valeur historique, le caractère
sécuritaire de la ville, le calme et les valeurs liées à sa culture.

Force est de constater que la marginalisation du citoyens jijélien par les décideurs dans tout
processus de requalification conjugué par la situation critique de la ville, ont provoqué un
double sentiment –contradictoire : en premier d’indifférence laissant l’espace livré à lui-
même puis de responsabilité où le citoyen-usager s’empare de son espace et commence à
l’aménager à sa manière. D’après notre enquête, nous nous sommes rendu compte du rôle
important de l’habitant non seulement comme acteur qui fait partie de la décision dans les
opérations de requalification qui touchent son cadre de vie, comme usager de l’espace mais
comme acteur qui peut seul développer son cadre de vie. Les actions menées par les
habitants de la ville de Jijel, ne sont pas limitées à un quartier, ou une partie de la ville,
mais plutôt, elles ont touché la moitié des quartiers et même des plages de cette ville
touristique. Le but de cette observation est d’apporter un éclairage et de mettre en lumière
ces actions, leur nature, leurs formes, et leurs répercussions, pour une meilleure prise en
charge de cette question qui pourrait apporter une plus-value en matière de requalification
de nos villes algériennes. Soutenir ces actions par des associations et les acteurs publiques
est essentiel pour assurer leur pérennité.

277
Afin de prendre une distance par rapport à notre contexte national et ses logiques
habituelles, et par conséquent, d’obtenir plus d’attention et de clarté sur ce qui semble plus
logique et plus évident sur la question à l’étude, nous avons complété notre analyse par une
étude des exemples similaires dans notre environnement maghrébin et ailleurs, des
stratégies utilisées et qui ont donné des résultats et où les impacts ont été mesurés ou bien
facilement identifiables. Le choix n’est pas fortuit mais bel et bien justifié et justifiable. La
ville de CASABLANCA (ville côtière, africaine, maghrébine), la ville de MARSEILLE
(ville européenne ; côtière, proche de notre cas d’étude) et la ville de TOULON (ville
côtière, portuaire, aux richesses naturelles diversifiées) ont été sélectionnées.

En dernier temps, nous avons procédé à la discussion en croisant les résultats de notre
enquête auprès des habitants de la ville de Jijel, avec les conclusions tirées de l’analyse du
terrain d’étude, et des logiques institutionnelles qui dessinent l’avenir de cette ville, ainsi
que celles tirées de l’approche théorique et des expériences des trois exemples étudiés. Ce
croisement nous a permis de déduire les constatations suivantes :

Les stratégies adoptées par les acteurs décideurs pour requalifier la ville de Jijel ne
répondent pas réellement aux besoins et aux aspirations de la population Jijélienne, et elles
ne prennent pas en considération tous ses éléments identitaires. En comparant ces
stratégies avec celles adoptées dans les trois exemples, nous constatons que cette ville
abrite toutes les potentialités nécessaires pour devenir une métropole. En fait, la réalisation
effective des tous les projets en cours, feront de Jijel une zone compétitive par rapport aux
grandes villes comme Annaba et Skikda non seulement dans le tourisme mais aussi dans
l'industrie et d'autres domaines. Elle deviendra un aimant surtout si les infrastructures
seront mises aux normes en dédoublant les routes et les rocades. En revanche, nous
pouvons considérer tous ces projets comme un premier pas vers une réelle métropolisation
de Jijel inscrivant son devenir dans une vision globale de métropolisation, émanant d’une
réelle volonté politique pour positionner Jijel à l’échelle régionale et nationale comme nous
avons vu dans les cas de Marseille, Casa et Toulon.

Nous avons commencé par affirmer que la politique urbaine algérienne est l'une des
principales raisons de la problématique de la ville algérienne, pour arriver aux
constatations suivantes infirmant plus ou moins l’idée :

• La politique algérienne, à travers ses lois, décrets et outils portant sur


l’aménagement du territoire, est très riche et donne de nombreuses directives qui

278
peuvent apporter des solutions concrètes à de nombreux problèmes dont souffrent
Jijel et les autres villes algériennes. Néanmoins, c’est la prise en compte de ces
directives qui diffère d’un outil à l’autre. D’une échelle à l’autre, du global ou
local, certaines directives sont ignorées, d’autres ne sont pas prises en charge,
rendant l’aboutissement des objectifs une affaire très délicate. D’après les résultats
de notre investigation, ce n’est pas la politique algérienne qui pose problème en soi,
mais plutôt la manière de transcrire ces directives en projets concrets qui pose
problème créant un hiatus rupture entre enjeux (visions) et projets (programme
réel).
• Après avoir questionné la place de l’habitant dans la littérature, nous nous sommes
rendu compte que c’est la manière de faire impliquer le citoyen algérien qui pose
problème. Ailleurs, au moment où le degré d’implication atteint la concertation et
la codécision, en Algérie et selon sa législation les formes d’implication du citoyen
se limitent souvent à des processus d’information, de consultation et de
participation à la gestion, ce qui laisse l’habitant dans la position d’un simple
bénéficiaire qui accepte ou refuse les propositions et le programme déjà établi par
l'État et ses services déconcentrés, sans pouvoir partager son vécu et exprimer ses
besoins et ses aspirations.

A l’issue de ce constat, des questions se posent :

➢ Le problème réside-t-il dans le processus de conception de ces projets ? dans les


concepteurs eux-mêmes (leurs capacités ? leurs savoir-faire ?) ou dans le processus
de mise en œuvre de ces projets sur le terrain ?

Dans notre recherche, nous avons focalisé notre investigation sur le contenu de ces
politiques, leur nature, leurs enjeux... Nous suggérons d'étudier le processus de conception
de ces projets : par qui ? Comment ? De telles études peuvent-elles répondre à nos
questions ?

La prise en charge de la question d’identité n’est pas une affaire facile, mais elle est très
délicate. Tenir compte des spécificités locales de l’espace en question constitue une clé
pour révéler cette identité. La transition d'un discours scientifique à un instrument
opérationnel nécessite l'adoption de moyens et d'outils appropriés. Pour cela, nous nous
sommes eu recours à un outil économique labélisé « business model canvas » qui est facile
à utiliser et qui répond parfaitement à nos objectifs. La pertinence de cet outil réside dans

279
sa forme et son principe de synthèse et d’interaction entre ses différentes cases, en effet, la
présence de tous les éléments nécessaires pour requalifier un territoire sur une même
feuille, permet de donner un regard complet et global, de prendre en charge tous les
éléments sans risquer d'oublier, de négliger et/ou de dominer un élément sur l’autre. Il
permet de donner une vision globale, complète et efficace des stratégies adoptées en
mettant en évidence les particularités du territoire concerné et ses ressources qui lui
permettront d'évoluer d’une manière originale et spécifique tout en assurant l’implication
des acteurs concernés.

Notre recherche, malgré les approches employées, nous pensons qu’elle présente des
limites, dont nous voulions consolider nos résultats de l’enquête auprès des habitants par
d’autres entretiens auprès des acteurs décideurs pour mieux cerner leur vision. Au fait,
nous avons abordé cette question du point de vue des stratégies adoptées et des besoins de
la population, alors qu’une étude de la même question mais du point de vue des procédures
de mise en œuvre, c’est à dire auprès des acteurs décideurs et des spécialistes de domaine
pourrait affiner nos résultats.

Finalement, notre présent travail de recherche ouvre, devant les chercheurs, les
perspectives suivantes :

• L’urbanisme participatif s’impose comme un impératif absolu pour garantir des


interventions urbaines efficaces, acceptables et acceptées.
• La relation ville-port est l’un des piliers pour révéler l’identité des villes portuaire,
dont le port, ou autrement dit l’infrastructure portuaire, a dépassé son rôle
d’infrastructure dédiée au transport de voyageurs et de marchandises, et comme un
levier d’ouverture sur l’extérieur mais est devenu un élément de recentrage et de
remodelage urbain.
• L’effet des médias, en particulier des réseaux sociaux, sur l’action urbaine est
devenu une question pertinente à prendre en charge.

280
CHAPITRE IX
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%27action+urbaine+au+Maghreb,+enjeux+professionnels+et+politiques&ots=FgwRG5ST
iX&sig=6KumlsVXi1A2Uf6tL-lK7Nqf-Hw#v=onepage&q=L’action urbaine au
Maghreb%2C enjeux professionnels et.

294
ANNEXES

295
Annexe A : Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras

Chef-lieu de Wilaya
La wilaya
de Jijel est
Chef-lieu de Daïra
structurée
Limites Daïra en 11
Daïras,
dont la
plus
grande
surface est
celle de
Taher et la
plus petite
est celle de
Jijel.

Figure 0.1. Découpage administratif de la wilaya de Jijel en Daïras.


Source : établie par l’auteur sur fond de carte du schéma directeur d’aménagement touristique de la wilaya de Jijel (2013, phase 01, p.7).
Superficies des Daïras en Km²
❖ Daira de Jijel : 62,38 ❖ Daira de Texenna : 177,71 ❖ Daira de Chekfa : 227,63 ❖ Daira de Settara : 184 ,33
❖ Daira d’El Aouana : 261,26 ❖ Daira de Djimla : 145,37 ❖ Daira d’El Ancer : 263,94 ❖ Daira d’El Milia : 340,65
❖ Daira de Ziama MAnsouria : 246,01 ❖ Daira de Taher : 350,51 ❖ Daira de Sidi Maarouf : 136,84
296
Annexe B : Découpage administratif de la wilaya de Jijel en communes

1. Jijel : 62,38
2. El Aouna : 127,94
3. Ziama Mansouriah :
Commune 102,31

Limite commune 4. Selma Ben Ziada :


133,32
5. Erraguène : 143,7
6. Kaous : 51,92
7. Texenna : 125,79
8. Boudria Ben Yadjis :
80,09
9. Djimla : 65,28
10. Emir AbdElkader :
50,52
11. Ouadjana : 53,66
12. Chahna : 87,24
Jijel est structurée en 28 communes

Figure 0.2. Découpage administratif de la wilaya de Jijel en communes.


Source : établie par l’auteur sur fond de carte du schéma directeur d’aménagement touristique de la wilaya de Jijel (2013, phase 01, p.7).
Désignation des communes et leurs superficies (en Km²) :
13. Ouled Askeur : 94,21 17. Bordj Thar : 68,17 21. El Ancer : 97,44 25. Ouled Rabah : 74,95
14. Taher : 64,88 18. Sidi AbdElaziz : 50,47 22. Bouraoui Belhadef : 64,38 26. Sidi Maarouf : 61,89
15. Chekfa : 52,46 19. Djemaa Beni Habibi : 48,75 23. Ouled Yahia : 134,37 27. Settara : 57,63
16. El kennar Nouchfi : 65,53 20. Oued Adjoul : 53,37 24. El Milia : 206,28 28. Ghebala : 126,70
297
Annexe C : Les infrastructures portuaire existantes dans la wilaya de Jijel

Figure 0.3.Les ports existants dans la wilaya de Jijel


Source : Logiciel Google Earth (image 2016) +Traitement de l’auteur

Tableau 0.1. Les caractéristiques des ports existants dans la wilaya de Jijel

Nom du
Djen-Djen Bouddis Ziama Mansouriah El- Aouana
port

Etat Existants En voie d'achèvement

Fonction Commerce Pêche Pêche et plaisance


135 unités
Capacité 4,5 Millions 90 unités
12000 210 unités
d’accueil tonnes/an 3000 tonnes/an
tonnes/an
Cases
/ 135 31 /
Pêcheurs

Source : établi par l’auteur à partir du PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019).

298
Annexe D : Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1977 et 2008

Figure 0.4.Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1977 et 2008.


Source : Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, page 229) + traitement de l’auteur.

299
Annexe E : Evolution de la population jijélienne entre 1977 et 2008 par commune

140000

120000

100000
Communes à caractère répulsif jusqu'en 2008
80000

60000

40000

20000

Figure A.5. Evolution de la population jijélienne entre 1977 et 2008 par commune.
Source : Traitement de l’auteur à partir des données des RGPH.

300
Annexe F : Evolution de la population Jijélienne entre 2008 et 2015 par commune

160000

140000

120000

100000 2008

80000 2015

60000

40000

20000

Figure 0.6. Evolution de la population jijélienne entre 2008 et 2015 par commune.
Source : traitement de l’auteur sur la base des données du RGPH 2008 et de l’annuaire statistique de la wilaya de Jijel du 31.12.2014.

301
Annexe G : Les grandes infrastructures de la wilaya de Jijel

Figure A.7.Répartition des grandes infrastructures de la wilaya de Jijel.


Source. Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 63).

302
Annexe H : Difficultés d’accessibilité de certaines communes de Jijel

En termes de transport intercommunal, l’accessibilité de quelques communes est remise en


cause. En effet, bien que la wilaya dispose d’une infrastructure diversifiée très importante,
certains espaces restent mal desservis, voire isolés (communes montagneuses du Sud à l’image
de la commune d’Irraguène).

Figure 0.8. Transport intercommunal de Jijel : les flux des voyageurs.


Source. Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, p. 255).

303
Tableau 0.2. Taux de raccordement aux différents réseaux (AEP, assainissement, électricité et gaz naturel) par
commune.

Taux de raccordement
Commune AEP Réseau d’assainissement
Électricité Gaz naturel
Commune ACL Commune ACL
Jijel 99,5 100 97 98 %99,50 %90,24
Taher 95 100 97 100 %99,90 %93,09
Chahna 83 100 96 90 %98,90 %0,00
Ouled Askeur 92 100 72 99 %97,30 %0,00
Emir Abd Elkader 78 100 95 100 %99,80 %94,94
Ouadjana 85 100 95 100 %98,00 %66,87
Ziama Mansouriah 90 100 90 100 %98,20 %0,00
Erraguène 86 100 30 100 %74,40 %0,00
El Aouna 70 100 88 100 %99,60 %57,46
Selma Ben Ziada 98 100 52 80 %90,60 %0,00
Texenna 98 100 90 100 %96,70 %86,92
Kaous 98 100 90 100 %99,90 %97,49
Djimla 75 100 74 97 %94,90 %0,00
Boudria Ben Yadjis 30 100 17 100 %93,50 %0,00
Chekfa 88 96 55 96 %98,90 %80,09
El kennar Nouchfi 70 90 91 95 %99,80 %88,59
Sidi Abd Elaziz 95 95 60 60 %98,70 %70,03
Bordj Thar 78 92 24 93 %95,80 %0,00
El Ancer 80 100 84 95 %97,70 %49,96
Djemaa Beni Habibi 98 98 60 95 %97,70 %69,15
Bouraoui Belhadef 60 95 42 90 %95,30 %30,95
Oued Adjoul 60 98 90 92 %97,40 %0,00
Ouled Yahia 62 90 19 84 %69,60 %24,10
Ouled Rabah 30 60 95 91 %87,10 %0,00
Sidi Maarouf 91 99 93 99 %99,30 %54,33
Ghebala 90 99 45 95 %90,70 %61,75
El Milia 94 98 70 94 %99,50 %57,72
Settara 93,6 95 81 99 %99,00 %79,31
TOTAL %84,50 96,71% %79,50 %94,36 %98,70 %68,06
Source. DPSB de Jijel (annuaire statistique de la willaya de Jijel du 31.12.2018).

304
Annexe I : Potentialités de la wilaya de Jijel

Figure 0.9. Couvert végétal forestier de la wilaya de Jijel.


Source. Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, page 68).

305
Figure 0.10. Occupation du sol de la wilaya de Jijel.
Source. Le plan d’aménagement de la wilaya de Jijel (2012, phase 01, page 59).

306
Annexe J : Les quartiers de la ville de Jijel

Figure 0.11. Les quartiers de la ville de Jijel.


Source. Image prise à partir de Google Maps (2021).

307
Annexe K : Le réseau hydrographique de la commune de Jijel.

Figure 0.12. Carte du réseau hydrographique de la commune de Jijel.


Source. SIG de Jijel dédié à la gestion urbaine, Sarl CARTA, 2012.

308
Annexe L : Risques naturels et technologiques auxquels la ville de Jijel est exposée

Tableau 0.3. Tableau récapitulatif des risques naturels et technologiques.


SUPERFICIE
DE LA ZONE
TYPE DE RISQUE ZONES CONCERNEES
A RISQUE
(ha)
- ZONE BASSE DE RABTA 82,00 ha
- TERRASSES ALLUVIALES DE L’OUED EL 25,00 ha
NATURELS

INONDATIONS
RISQUES

KANTARA
- BORDURES DES PLAGES 30,00 ha
- VERSANT AMONT DE L’HOPITAL Med 01,90 ha
GLISSEMENTS SEDDIK BENYAHIA
DE TERRAINS - TERRAIN EN CONTREBAS DE LA MAISON 03,00 ha
DE LA CULTURE
TOTAL SUPERFICIE DES RISQUES NATURELS 141,90 ha
UNITES INDUSTRIELLES :
TECHNOLOGIQUE

- TANNERIE 04,50 ha
- ENL 04,70 ha
RISQUES

LIGNES ELECTRIQUES :
EXPLOSION ET
- LIGNE HAUTE TENSION ET POSTE 60/30 KV 8,56 ha
S

INCENDIE
- LIGNES MOYENNE TENSION 36,52 ha
CONDUITES DE GAZ :
- GAZODUC 8’’ ET POSTE DE DETENTE 12,30 ha
- CONDUITE DE GAZ 4’’ VERS EL AOUANA 4,16 ha
TOTAL SUPERFICIE DES RISQUES TECHNOLOGIQUES 70,74 ha
TOTAL SUPERFICIE DES RISQUES NATURELS ET TECHNOLOGIQUES 212,64 ha

Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p.23).

309
Annexe M : Le centre colonial : résidence, services et places publiques…

Figure 0.13.Les activités existantes dans le centre colonial de Jijel.


Source : Safri (2008, p.103).
LEGENDE
Limites du centre colonial
Routes existantes
Jardin et placette
Habitat individuel existant
Habitat collectif existant
Equipement existant
Commerce existant

Placette
Baba
Arroudj

Figure 0.14.Carte d’état de fait du centre colonial de Jijel.


Source : établi par l’auteur sue fond de carte du POS 1 de l’ACL de Jijel (révisé en 2017, approuvé en 2019).

310
Annexe N. Le réseau viaire de Jijel en vue satellite

Figure 0.15. Vue satellite de la ville de Jijel. Google Earth (2021).

311
Annexe O : La situation actuelle des différents équipements de la ville de Jijel

Dans notre étude, nous avons privilégié la représentation en fiches synthèses des différents
équipements existants par secteur, en se basant sur les données de l’annuaire statistique de
la wilaya de Jijel du31.12.2018307:

- L’éducation – (année 2018-2019)

Cycle Primaire, Formation professionnelle Enseignement


moyen et secondaire : supérieur
- 01 INSFP ;
-49 écoles primaires, -01 (un) pôle
- 02 CFPA (garçons/filles) ;
soit un TOC de 37 ; universitaire
-07 écoles privées central.
- 22 CEM soit 32
Ces établissements assurent des
élèves par groupe ;
formations dans 14 spécialités et 11
- 10 Lycées. branches professionnelles.

-La protection sociale et le culte -

La protection sociale
Observation : D’après ces données,
-32 crèches
- Une école de sourds-muets nous constatons que les enfants et les
-Un centre d’hébergement des handicapés ont aussi leur part dans les
enfants équipements.

En dehors de la grande mosquée d’El

Le Culte Ansar, les équipements cultuels assurent


33 mosquées (dont 5 en cours de une couverture des besoins satisfaisante.
réalisation) et 37 écoles coraniques.

307
INSFP : Institut National de Formation Professionnelle
CFPA : Centres de Formation Professionnelle

312
- La santé -

Le secteur public
Le secteur privé
-un hôpital de 379 lits, 03 polycliniques, 07
-Deux (02) cliniques d’hémodialyse,
salles de soins, une maternité urbaine
des cabinets médicaux et dentaires et
rattachée à l’hôpital, deux (02) laboratoires
des pharmacies, ainsi que plusieurs
d’analyses médicales, 2 centre médico-
laboratoires d’analyses médicales
pédagogique pour enfants handicapés et une
école de formation paramédicale.

- La culture -
- La jeunesse et le sport -
Une bibliothèque communale

Deux salles de cinéma (non Jeunesse Sport


fonctionnelles)
-Un ODEJ (Office des - Un stade omnisport
Un musée - Un stade de football
établissements de
Une maison de la radio - 2 salles omnisport
jeunes)
Une maison de la culture -Une maison de jeunes - Une piscine

-Un Auberge de -Un complexe de


Un institut de musique
jeunesse proximité,
Un théâtre -14 terrains omnisport
-Trois foyers de jeunes
Un centre culturel islamique

313
Tableau 0.4. Les grands équipements existants/ et en cours de réalisation dans la ville de Jijel.

Secteurs Equipement niveau wilaya Equipement niveau local


Enseign Université Lycée
ement INFSP CFPA
Santé Hôpital Polyclinique
Maternité
Laboratoire d’analyses micro biologiques
Clinique d’hémodialyse
Sports Stade omnisports Stade communal
Salle omnisports
Piscine
Mini complexe sportif
Culture Maison de la radio Maison de jeunes
Musée Bibliothèque communale
Maison de la culture
Institut de musique
Théâtre de plein air
Centre culturel islamique
Mosquée El Ansar
Justice, Cour d’appel Tribunal
police, Centre de rééducation Sûreté urbaine
sécurité
Sûreté de Wilaya
Gendarmerie nationale
Armée, base navale
Douanes
Protection civile
Adminis Wilaya Daira
trations APW A.P.C
publiqu
Directions exécutives de wilaya
es
Chambre de l’agriculture Chambre de la pêche
Chambre de l’industrie
Sonelgaz
A.D.E
OPGI
Services de la sécurité sociale
Banques
Services Ecole des sourds-muets
divers Gare intermodale
Centre commercial
Marché hebdomadaire
Hôtellerie
Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 47).

314
Annexe P : La répartition des terrains de la commune de Jijel

2932
2644 2638
3000 2278
2500
2000
1500 956 956
1000
500
0
Surface agricole Forêt et maquis Urbanisation et
totale divers
Année 2006 Année 2015

Figure 0.16.Répartition des terrains de la commune de Jijel entre 2006 et 2015 (en ha).
Source : Traitement de l’auteur sur la base des données du PDAU de la commune de
Jijel et les statistiques de la DPSB de Jijel.

1606 1607
1800
1600
1400
1200 1026
1000 737
800
600 300 300
400
200
0
SAU Parcours et pacages Terres improductives

Année 2006 Année 2015

Figure 0.17.Répartition de la surface agricole totale (SAT)entre 2006 et 2015 (en ha).
Source : Traitement de l’auteur sur la base des données du PDAU de la commune de
Jijel et les statistiques de la DPSB de Jijel.

315
Annexe Q : Destinations touristiques privilégiés des vacanciers en Algérie

Figure 0.18.Destinations touristiques privilégiés des vacanciers selon les résultats de l’évaluation de la saison estivale 2018.
Source. Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire(https://www.interieur.gov.dz/images/SE.pdf).

316
Annexe R : Les infrastructures hôtelières existantes dans la commune de Jijel

Tableau 0.5. Infrastructures hôtelières existantes dans la commune de Jijel.

Capacité
Hôtels Localisation Type Observations
Chambres Lits
Kotama Jijel 34 90 Littoral Non classé
Ennassim Jijel 40 90 Littoral Non classé
La résidence Jijel 18 35 Littoral Non classé
Bassorah Jijel 40 80 Littoral Non classé
Le convivial Jijel 8 19 Littoral Non classé
Louiza Jijel 72 162 Urbain Non classé
Essalam Jijel 46 145 Urbain Non classé
Taghrasst Jijel 34 62 Urbain Non classé
Orient Jijel 24 43 Urbain Non classé
Glacier Jijel 10 22 Urbain Non classé
Jazira Jijel 36 72 Urbain Non classé
La crique Ouled Bounar 16 32 Littoral Non classé
Le paradis bleu Ouled Bounar 24 56 Littoral Non classé
Barberous royal Jijel 12 27
Jaljil Jijel 15 24
Dar el izz Jijel 47 111
Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 35).

317
Annexe S : Carte des POS de l’ACL de Jijel

Figure 0.19. Carte des POS de l’ACL de la commune de Jijel

Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019).

318
Annexe T : Stratégies du PDAU pou requalifier la ville de Jijel

Port de
pêche

Développement de la bande
côtière (touristique) FrontEst

RN 43

3ème Km

Zone
militaire
Commune Emir
AbdelKader

Evitement
Sud

Figure 0.20. Les actions préconisées par le PDAU dans le POS 26 (approuvé en 2019, p. 84).

Théâtre régional
Musée régional
Salle omnisports
Mosquée pôle

319
Développement de la bande
côtière (touristique) Front Est

RN 43
Port de
pêche

Nouveau siège Développement de la bande


de la wilaya
côtière (touristique) Front Est

RN 43

Figure A.21. Les actions préconisées par le PDAU à moyen terme (approuvé en 2019, p. 85).

320
Annexe U : Les équipements projetés dans la ville de Jijel selon son PDAU

Tableau A.6. Les équipements projetés

• Administration et services publics • Sécurité, Justice

- Siège de wilaya (route de la soumam)


- Cour de justice (Entrée Est)
- Trésor public (Entrée Est)
- Sureté de wilaya (Entrée Est)
- Centre des impôts (Entrée Est)
- Sureté urbaine (Harratène)
- Inspection des douanes (Entrée Est)
- Groupement de Gendarmerie
- Hôtel des postes (Entrée Est)
(Entrée Est)
- Centre de communication (Entrée Est)
- Centre pénitentiaire (Entrée Est)
- Directions de wilaya : (Entrée Est)
- Unité protection civile (Entrée
- Transports (Entrée Est)
Est)
- Environnement (Entrée Est)
- Tourisme (Entrée Est)
- Logement et équipements publics
- Urbanisme et construction (Entrée Est)
- Travaux publics (Entrée Est)
- Services agricoles (Entrée Est)
- Chambre de l’agriculture (Entrée Est)
- Office du périmètre d’irrigation (Entrée Est)
- AADL (Entrée Est)
- ADE (Entrée Est)
- Autres équipements administratifs (Entrée
Est)

• Education
• Santé
- Lycées (Entrée Est, Harratène, Mezghitane)
- CEM (Entrée Est, Harratène, Mezghitane)
- Hôpital (Entrée Est)
- Ecoles primaires (Entrée Est, Harratène,
- Polyclinique (Harratène)
Mezghitane)
- Cliniques spécialisées (Entrée Est)
• Culture • Sport et loisirs
- Musée du Moudjahid (Entrée Est) Cité des sports (Entrée Est,
- Bibliothèque de wilaya (Entrée Est)
Harratène)
- Maison de jeunes (Entrée Est, Harratène)
- Centre culturel (Mezghitane, Harratène) - Salle omnisport (Entrée Est,
- Maison de l’artisanat (Sortie Est) Harratène)
- Centre de thalassothérapie (Entrée
Est, Harratène)
• Culte
- Grande Mosquée (Entrée Est) mosquée pole
- Mosquée (Mezghitane)

Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 77).

321
Les Unités industrielles projetées dans la ZAC de Beni Ahmed

L’entrée en activité de la Z.A.C de Béni Ahmed, située au sud de la commune, verra la


réalisation de plusieurs unités de fabrication et de transformation qui contribueront
favorablement à satisfaire une partie des besoins de la population à court terme.

Tableau A.7. Unités industrielles projetées dans la ZAC de Beni Ahmed.

Nombre
Unités industrielles Effectif
d’unités
Transformation lièges 05 209
Abattoir 02 78
Transformation plastiques 02 75
Torréfaction de café 01 20
Traitement de grignons D’olives 01 13
Menuiserie industrielle 01 30
Fabrication d’outillage industriel 01 15
Confection de sacs en plastique 01 13
Fabrication de panneaux solaires 01 60
Fabrication d’engrais liquide 01 47
Transformation de bois et fabrication et salons 01 25
Fabrication d’articles scolaires et équipement de bureaux 01 23
Fabrication de verre mosaïque 01 87
Fabrication de verre feuilleté 01 36
Confection de vêtements 01 19
Fabrication et montage de charpente métallique 01 12
Fabrication de chambres froides 01 33
Transformation de caroube 01 13
Construction navale 01 22
Centre de conversion de véhicules au GPL/C et au GNC 01 17
Recyclage de plastique et pneus utilisés 01 116
Fabrication de pipes 01 12
Fabrication de pièces de caoutchouc 01 10
Recyclage et fabrication de carton ondulé 01 70

Total 30 1055

Source : PDAU de la commune de Jijel (approuvé en 2019, p. 35).

322
Annexe V : Articles publiés

Article 01 : publié dans la revue « Sciences et Technologie D »

Reçu le 11/07 /2017 – Accepté le 23 /06/2019

L’identité de la ville de Jijel et son développement entre perceptions et attentes de ses


habitants

ALIOUA Nawal¹
Pr BENABBAS KAGHOUCHE Samia3
1
Faculté d’architecture et d’urbanisme, Université Salah Boubnider
3
Faculté des sciences de la terre, de la géographie et de l’aménagement du territoire, Université des frères
Mentouri de Constantine

Résumé :
Les deux concepts « requalification » et « identité » de la ville constituent l’épine dorsale de ce présent
article, qui fait partie d’un travail de doctorat. Il aborde ces deux notions dans un contexte algérien, celui de
la ville de Jijel. Cette dernière à l'instar des autres villes algériennes, souffre actuellement de
dysfonctionnements pluriels qu’elle a connus tout au long de son processus d’urbanisation. De ce fait, est ce
que le recours à des opérations de requalification urbaine peut la redynamiser et répondre aux besoins et
attentes de sa population ?
Partant du principe que l'implication du citoyen constitue un garant de succès de toute opération de
requalification pour une meilleure prise en charge de son identité. Cette recherche consiste à une restitution
des résultats d’une enquête qualitative, basée principalement sur une écoute attentive aux voix des habitants
de la ville de Jijel, sur leurs attentes de toute opération d’intervention sur leur ville.
L'analyse sémantique des résultats nous a permis de dégager le regard que portent les habitants de Jijel sur
leur ville, de savoir les causes et les conséquences du phénomène de disqualification qu’a connu leur ville et
d’examiner les changements qu’elle a parcourus dans le temps ; sont-ils liés essentiellement à leurs
pratiques et leurs usages ? Ou s’expliquent-ils autrement ?
De tels questionnements nous renseignent sur les éléments phares qui devraient être intégrés dans toute
opération de requalification.
Mots clés : Requalification urbaine, identité de la ville, habitant, ville de Jijel.

Abstract:
The two concepts "requalification" and "identity" of the city constitute the backbone of this article, which is a
part of our doctoral work. Those two notions will be discussed in the context of the city of Jijel (Algeria).
This city, like the other Algerian cities, is currently suffering from plural dysfunctions that it has experienced
throughout its urbanization process. In this actual situation, how can the use of urban re-qualification
operations revive this city and respond to the needs and expectations of its population?
We assume that the success of any re-qualification operation is based on the involvement of the citizen. This
research is a qualitative study, based mainly on a careful listening to the citizens of Jijel about their
expectations of any intervention on their city.
The semantic analysis of the results enabled us to identify the Jijel citizen’s views of their city, also it shows
us the causes and consequences of the disqualification phenomenon in their city, and examines the changes
that it has made through time; are they essentially linked to their practices and use? Or do they explain it
otherwise?
Such questioning informs us about the key elements that should be integrated in any requalification
operation.

323
‫‪Keywords: Urban requalification, identity of the city, inhabitant, city of Jijel.‬‬

‫الملخص‪:‬‬
‫يعتبر كل من المفهومين "إعادة التأهيل الحضري" و "هوية المدينة" العمود الفقري لهذا المقال‪ ،‬الذي يمثل جزءا من‬
‫أطروحة الدكتوراه‪ .‬إذ يتناول هدين المفهومين مدينة جزائرية‪ ،‬أال وهي مدينة جيجل‪ ،‬هذه األخيرة على غرار المدن‬
‫الجزائرية األخرى‪ ،‬تعاني حاليا من مشاكل متعددة واجهتها طوال عملية تحضرها‪ .‬ولهدا يبقى السؤال المطروح‪ ،‬هل‬
‫الرجوع (االعتماد) إلى عمليات التجديد الحضري يمكنها إعادة إحياء المدينة (تنشيطها) وتلبية احتياجات وتوقعات‬
‫سكانها؟‬
‫انطالقا من مبدأ أن مشاركة المواطنين يمثل ضمانا وشرطا لنجاح أي عملية إعادة التأهيل وأخذ هويتها بعين االعتبار‪.‬‬
‫يقومهذا البحث على نتائج دراسة نوعية تعتمد أساسا على االستماع بعناية إلى أصوات سكان مدينة جيجل‪ ،‬ومعرفة‬
‫توقعاتهم من أي عملية تأهيل تخص مدينتهم‪.‬‬
‫التحليل الداللي للنتائج سمح لنا بالتعرف على نظرة سكان جيجل لمدينتهم‪ ،‬وأسباب و نتائج حالة التدهور التي تعاني‬
‫منها مدينتهم و النظر في التغييرات التي عرفتها عبر الزمن؛ هل تتعلق أساسا بالممارسات و العادات ؟ أم يرون خالف‬
‫ذلك ؟ مثل هذه األسئلة تخبرنا عن العناصر األساسية التي ينبغي إدراجها في أي عملية إعادة تأهيل هده المدينة‪.‬‬
‫الكلمات المفتاحية‪ :‬إعادة التأهيل احلضري‪ ،‬هوية املدينة‪ ،‬السكان‪ ،‬مدينة جيجل‬

‫‪324‬‬
INTRODUCTION

L’identité d’une ville se révèle sous deux angles :

c) Une représentation sociale construite et admise par ses habitants ou ses visiteurs
déclinée en un modèle imagé qui agrège différentes particularités (sociales,
culturelles et symboliques). QUERTIER.C (2008) [1]
d) Une construction associant le passé (mémoire), le présent (l’état actuel) et le futur
comme devenir. GALLAND Blaise et Guérin-Pace France (2006) [2]

Quant à la requalification de la ville, c’est une opération d’intervention sur des tissus
existants308 visant principalement une réactualisation d’un cadre urbain donné, de façon à
insérer les nouveaux besoins et attentes de la population309 concernée.

Entre les deux concepts, le premier est « réflexif », quant au second il est pratique, se
dresse l’habitant ou l’usager comme pilier fondamental dans la programmation, la prise
de décision et la mise en œuvre de toute opération urbaine à caractère social.

Toute intervention sur un espace donné, quel que soit son échelle, ne peut être complète et
efficace que par la prise en charge de tous ses composants physiques, visibles et sensibles,
ainsi que la participation de tous ses acteurs. Cependant les habitants en tant qu’acteurs
indispensables310restent « (…) le plus souvent « cloisonnés » dans leur milieu. Les pratiques
sociales et usages de l'espace qu'ils développent ne sont pas décryptés pour comprendre les
facettes inexprimées de la ville » [3], au moment où, la transcription de leurs opinions et la
compréhension de leurs pratiques et leurs sentiments permettent de construire « (…) une
grille de lecture et d'interprétation de la réalité complexe de la vie urbaine. Ce qui
permettra par la suite de concevoir des outils adéquats pour intervenir sur cette
complexité » [3].

Le recours à la gouvernance, l’intérêt porté à la démocratie locale et la nécessité


d’impliquer les usagers ont eu des résultats positifs et des impacts environnementaux réels.

308
Qui ont connu souvent un processus de disqualification. En effet, elle s’intéresse aux territoires
disqualifiés, défavorisés, marginalisés, sous équipés, enclavés, aux potentialités souvent négligées, qui ne
répondent ni aux besoins ni aux aspirations de sa population locale ou étrangère.
309
« Appelée aussi les « silencieux de la ville » ; Par « silencieux de la ville », nous entendons tous les
acteurs, individuels, ou groupes d'acteurs qui :
• N’ont pas une identité juridique
• Par leur agir quotidien ou occasionnel dans et /ou sur la ville, exercent un certain pouvoir
contribuant à façonner et remodeler les usages et connotations des espaces de la ville et
participent à la construction du sens urbain » d’après ARDOUREL Yves et all [3].
310
Il est à la fois, usager de l’espace dont sa satisfaction est indispensable, et acteur qui a le droit de faire
part aux décisions qui concernent son cadre de vie.

325
Cependant dans le cas des villes algériennes, et malgré l’institutionnalisation de la
participation dans la loi d’urbanisme 90-29, l’usager reste en marge des décisions qui
concernent sa ville.

Ce présent travail est une contribution qui aborde la ville de Jijel, en tant que ville côtière
du Nord/Est algérien dont la superficie est de «62,38 km²», abrite une population de
149 998 habitants311et d’une densité de l’ordre de 2405 hab. /km² [4], a fait l’objet d’une
demande accrue de la part de ses habitants en termes de qualité du cadre de vie, ce qui
justifie notre intérêt pour les opérations de requalifications urbaines qui deviennent
incontournables.

Pour traiter de cette préoccupation majeure, nous sommes parties d’une série de
questionnement :

➢ Quelles sont les raisons qui ont conduit à la disqualification et au dysfonctionnement


de cette ville ? Et quels sont leurs effets sur la ville et sur ses habitants ?
➢ Comment traduire les revendications et les demandes des habitants de Jijel en
programmes accompagnant les opérations de requalification urbaine ?

Les objectifs de cette recherche :

A partir d’une enquête dite qualitative, consacrée à l’écoute attentive des voix des habitants
de la ville de Jijel, nous visons les objectifs suivants :
➢ Identifier les critères (informations utiles pour les décideurs) qui favorisent une
meilleure approche dans la prise de décision dans l’intervention sur cette ville, en
se référant aux demandes des habitants.
➢ Définir une démarche participative, permettant l’implication des habitants dans tout
le processus des opérations urbaines (allant de la définition des objectifs, à
l’élaboration du programme jusqu’à l’approche d’aménagement et les choix
« stylistiques » (Traduire leurs voix- leurs besoins et leurs attentes réels- en un
langage opérationnel pour les intervenants sur leur ville)

Le présent article vise à mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie
global et actuel de la ville de Jijel, par une approche du terrain, en tant qu’espace perçu et
vécu par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification. Il faut

311
Jusqu’à 31/12/2014.

326
préciser que l’approche initiée à partir du terrain (du vécu et du perçu) se réfère à
l’accompagnement (écoute, rapprochement, débats, motivations) des usagers.

Par conséquent, l’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base à
partir d’une réinterprétation des informations recueillies et des représentations des
habitants.

Hypothèse

L’hypothèse s’annonce dans le choix épistémologique de ce travail ; en réalité, les


interventions en milieu urbain ne peuvent ignorer la composante humaine qui y habite, et
qui le fabrique chaque jour, où l’usager est un expert dans l’usage. Il est un « guide »
précis, efficace et motivé. Il apporte les indications nécessaires à la réussite de tout projet.
Avec ce préalable l’hypothèse s’annonce comme suit :

A Jijel, la marginalisation de l’usager ne favorise pas une mise en projet efficace


quand le programme et les choix d’aménagement sont décontextualisés. En
conséquence, la participation des habitants dans les opérations urbaines garantit
leurs réussites.

MATERIELS ET METHODES DE TRAVAIL

Les techniques du questionnaire et/ou d’entretien ont été et restent les principaux outils de
recueil des données et des voix des usagers. Pour cela, notre étude s’est basée sur la
méthode d’enquête et la technique d’entretien « semi-directif »312. Ce dernier avec ses
questions ouvertes313nous donne la possibilité d’être plus proche de la réalité du terrain et
d’avoir une idée, par l’intermédiaire de ses habitants, sur les faces cachées de la ville.

Il s’agit d’un entretien de type individuel, car la productivité d’idées est supérieure à celle
de l’entretien du groupe, comme le montre les résultats des travaux de Griffin (1991) lors
de la comparaison expérimentale effectuée entre les deux modes : « (…)2 personnes
interrogées individuellement donnent 51% des items possibles contre 50% en groupe
pendant la même durée. Pour le même temps passé, 4 personnes fournissent
individuellement 72% des réponses possibles contre seulement 67% avec 2 groupes » [7].

312
C’est un outil de recueil d’informations sous forme d’une discussion portée sur un thème spécifique et
orientée par l’enquêteur à l’aide d’un guide préparé à l’avance, en autorisant une grande liberté de paroles à
l’enquêté. Cette technique est particulièrement adaptée « quand on souhaite reconstituer des histoires de
pratiquants, analyser les trajectoires des individus, les moments et les raisons qui guident leur parcours ». [5]
313
Donnant aux habitants la liberté de s’exprimer sans être influencés par des pré-réponses, contrairement
aux questions fermées, qui sont trop limitatives (des réponses possibles sont fixées à l’avance), ce qui ne
permet pas de traduire les nuances et les différents aspects d’une opinion [6].

327
Notre enquête est passée par trois (3) étapes fondamentales :
➢ Phase d’échantillonnage et de préparation des questions ;
➢ Phase de collecte de réponses (enquête auprès des habitants) ;
➢ Et enfin la phase de dépouillement des résultats obtenus.

1. 1. La phase d’échantillonnage et de préparation des questions :


La population ciblée dans notre cas d’étude est celle des habitants de la ville de Jijel,
constituant un seul type d’usagers de l’espace314, car ce sont eux les plus concernés par
toute intervention sur leur espace, et le sentiment d’appropriation et d’appartenance au lieu
ne peut être exprimé réellement que par les habitants eux-mêmes.
1.1.1. Taille de l’échantillon :

La représentativité de l’échantillon en cette étude qualitative n’est pas conditionnée par sa


taille mais par la qualité de ce que disent les habitants. Pour cela, elle ne nécessite pas un
grand nombre de personnes interrogées, comme le montre les résultats des travaux de
Griffin et Hausser (1991) 315
qui ont prouvé expérimentalement qu’une trentaine de
personnes interrogées dans le cadre d’une écoute qualitative fournit plus de 90% de la
richesse de l’information à recueillir (voir graphe 01).

314
Selon LAUDATI Patrizia et BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida (2008) [7], les usagers dans un
contexte urbain peuvent se diviser en 4 catégories :
• « Les habitants de la ville : qui la vivent au quotidien et pour lesquels l’appréhension de l’espace
vécu est donc plus facile et spontanée ;
• Les habitants occasionnels : qui doivent séjourner dans une ville qui n’est pas la leur, pour une
période plus ou moins longue et qui n’ont ni le temps ni l’envie d’y retrouver leurs propres racines ;
• Les immigrés récents : qui en général habitent en dehors du centre… ils essayent de reconstituer
l’identité de leur pays d’origine dans leur nouveau quartier de résidence ;
• Les visiteurs occasionnels »
315
« Les travaux de Griffin et Hauser (Griffin, 1991) ont montré qu’une douzaine d’entretiens fournit environ
70% de la richesse d’informations à recueillir. 30 personnes expriment 89,8% des réponses théoriquement
exprimables (au lieu de 100% car certains items ont une probabilité faible de sortir). Au-delà de 20
personnes, l’apport d’informations nouvelles devient très marginal et, du fait du caractère asymptotique de
la courbe, la probabilité d’apparition d’une idée neuve est extrêmement faible… » MERVIELSylvie Leleu
(2008) [8].

328
Graphe 01 : Pourcentage de besoins identifiés
Source : ouvrage « Objectiver l'humain ?
Volume 1, Qualification, quantification »

« Compte-tenu des surcouts


importants engendrés par la
multiplication des entretiens, la
fourchette convenable se situe
entre 12 et 15, avec un minimum
de 7 et un maximum de 20cas »
[8]. (Voir graphe 02).

Source : ouvrage « Objectiver l'humain ?


Volume 1, Qualification, quantification »
Graphe 02 : Nombre des besoins révélés par nouvel entretien

ANGERS Maurice (1997) [9], pour sa part, confirme dans son ouvrage « initiation
pratique à la méthodologie des sciences humaines » que dans une recherche
qualitative « … le deuxième guide pour déterminer la taille de l’échantillon s’établit sur le
principe de la saturation des sources. Cela signifie qu’on arrête la collecte auprès des
éléments de la population quand on s’aperçoit qu’il commence à y avoir répétition et qu’il
serait donc inutile d’en ajouter davantage pour la compréhension du problème à l’étude ».
De ce fait, et pour plus de précision, notre étude a porté sur un échantillon de 46
personnes habitant la ville de Jijel, choisies selon les indicateurs suivants.

1.1.2. Critère du choix de l’échantillon :

Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, et les données statistiques du
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2008 de la ville de Jijel, le

329
choix de la cible à interviewer s’est basé sur les critères mentionnés ci-dessous afin
d’assurer une certaine représentativité et variété de la cible :

➢ Sexe et tranches d’âge ; 23 hommes et 23


49,59% 50,41%
femmes habitants de cette ville, dont leurs
âges oscillent entre 18 ans et plus de 60
ans comme le montre les deux graphes ci-
dessous : Masculin Féminin

Graphe03. Sexe de l’échantillon


(auteurs, 2018)

Graphe 04. Catégorie d’âge de l’échantillon par sexe. (Auteurs, 2018)

➢ Durée de résidence ; qui s’est variée entre 2 ans jusqu’à plus de 25 ans selon l’âge
et l’origine de la personne interviewée, comme le montre le graphe suivant :

330
Graphe 05. Durée de résidence de l’échantillon selon ses origines (auteurs, 2018)

➢ Lieu de résidence ; les différents quartiers de la ville que ça soit le centre de la ville
ancienne et/ou ses quartiers périphériques.

Figure 01 : Lieux de résidence de l’échantillon (Google Earth +


traitement de l’auteur 2018)

331
➢ Catégorie socioprofessionnelle (profession) ; notre enquête a touché presque toutes
les catégories comme le montre le graphe ci-après :

Graphe 06. Catégorie socioprofessionnelle de l’échantillon selon le sexe (Auteurs, 2018)

1.2.La phase de collecte de réponses :

La durée des entretiens n’a pas été constante pour tous les interviewers. Elle oscille entre
15 minutes environ jusqu’à une heure et demie, selon le degré de perception et de
connaissance de la ville de Jijel et de son passé par les personnes interviewées. Donc les
cas qui connaissent le mieux Jijel, notamment ses anciens habitants ont pris plus de temps
pour s’exprimer et partager leurs vécus que les « nouveaux habitants ».

1.3.La phase de dépouillement des résultats obtenus :

Le dépouillement des résultats s’est fait selon une analyse qualitative de type sémantique
basée principalement sur la « méthode de sélection positive »316, c'est-à-dire, tout en
restant fidèle aux expressions et/ou mots prononcés par les habitants, nous avons essayé de
réduire la quantité étonnante de données qualitatives résultantes des différents entretiens

316
qui se résume d’après MERVIEL Sylvie Leleu (2008)[8] comme suit« On commence par rassembler les
vignettes par groupes d’idées similaires ou avoisinantes (…) Lorsque l’on parvient à un stade où des paquets
cohérents sont différents par un (ou des) détail(s), mais du même ordre d’idée à un niveau plus global, on les
associe en les réduisant à un même sous-ensemble qui met l’accent sur le point fort commun (…)»

332
aux expressions les plus significatives à l’aide du logiciel SPSS et à la « cross-tabulation »
un croisement des variables et données.

II. RESULTATS ET DISCUSSIONS :

« Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise »,
GALLAND Blaise (1993) [10].

Pour une meilleure prise en charge de la question d’identité de la ville et éventuellement


l’habitant dans les opérations de requalification de la ville de Jijel, notre enquête a porté
sur les points résumés suivants :

II. A/ Etudier de manière approfondie la perception de la ville par ses habitants.


II.B/ Essayer d’examiner les changements qu’elle a connus et leurs effets sur les
habitants, leurs pratiques, leurs usages, etc.
II.C/ Dégager quelques éléments de requalification de cette ville– à partir des besoins et
attentes réelles des habitants-.
Nous avons préféré donner les résultats et joindre tout de suite notre interprétation afin que
le lecteur puisse se faire une idée à chaud en examinant le résultat. C’est une manière pour
faciliter la compréhension des faits surtout que notre visée est explicative et
compréhensive.

II.A. Comment les Jijéliens perçoivent leur ville ?

Dans le but de dégager le regard que portent les habitants de Jijel sur leur ville d’une
manière générale - ce qui reflète le degré de leur satisfaction-, les réponses ont été très
variées, et pour les rendre lisibles, nous avons jugé utile de les regrouper par homogénéité
comme suit :

333
Graphe 07. La perception de la ville par
l’échantillon (Auteurs, 2018)

Le regard porté par les habitants est à la fois positif, négatif et neutre. 32,61% de nos
répondants voient que leur ville « est une ville en voie de développement ou un peu
développée »317, elle a une identité et c’est un endroit magnifique pour vivre. D’autres
(54,35%de nos répondants) portent sur elle un jugement totalement contraire ; « elle s’est
dégradée dans tous les domaines et elle a perdu son identité », ces derniers ne cessent
d’exprimer leur regret envers la situation actuelle de leur ville, à travers les réseaux
sociaux comme le montre la photo ci-dessous. Il y’a cependant une minorité qui est neutre.

« Belle…propre…et calme…La situation


actuelle de notre ville nous fait très mal au
cœur, car le passé était meilleur …Jijel est
une rose qu’on a perdu, car on ne l’a pas
protégée …moi, toi et eux… ». Publié par
un jeune homme jijelien dans un groupe
facebook « Forum Jijel ».
(https://www.facebook.com/groups/forumjij
elnews/?ref=br_rs). Site consulté en 2016.
Figure 02 : Jijel quelques années après
l’indépendance (source : http://www.jijel-
annonces.com/blog/images/jijel-ex-djidjelli-
photos-anciennes.html)

317
Pour cette première catégorie, les habitants ont lié le développement de la ville au développement du
commerce, et la création de voies nouvelles (amélioration de l’accessibilité)

334
Afin d’expliquer cette contradiction entre les réponses, un croisement entre ces derniers et
les 2 (deux) variables du choix de l’échantillon ; âge, et durée de résidence nous a semblé
nécessaire, dont nous avons pu tirer les lectures suivantes :

Graphe 08. La perception de la ville selon l’âge Graphe 09. La perception de la ville selon la durée
du répondant (Auteurs, 2018) de résidence du répondant (Auteurs, 2018)

➢ La perception de la ville (et plus particulièrement son processus de


développement) par ses anciens habitants, et ceux qui connaissent son histoire
n’est pas la même que celle des nouveaux habitants, en effet, la ville de Jijel ne
signifie pas l’espace disqualifié pour tous ses habitants, mais seulement pour ses
anciens habitants qui connaissent son histoire et son image telle qu’elle était avant.
Après un processus de disqualification, la ville a renoué partiellement avec le
développement au début des années deux milles dans quelques domaines, pour
cause l’euphorie financière qu’a connue le pays, ce qui a permis le lancement d’un
grand nombre de projets, mais elle n’a pas pu récupérer son image et son identité
d’antan, selon l’avis de la population enquêtée.

Nos résultats montrent que la perception d’une ville est fortement liée à la durée de
résidence de ses habitants, leurs connaissances, ainsi que leurs âges. Ces résultats sont

335
soutenus par ceux de BAILLY.A(1977)[11]318 et LAUDATI Patrizia et
BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida (2008)319.

II.B. Les changements survenus à la ville de Jijel et leurs effets sur son identité et ses
habitants :

Le regroupement des réponses des habitants, nous a permis de savoir ce que Jijel a perdu
en termes de qualité, valeurs, pratiques et/ou tout autre élément significatif pour eux, et
donc de dégager l'identité de Jijel d’antan et ses valeurs référentielles, comme le résume
les graphes ci-après :

Graphe 10. La perception des changements qu’a parcourus la


ville par l’échantillon (Auteurs, 2018)

Graphe 11. Les changements positifs qu’a parcourus la ville


selon l’échantillon (Auteurs, 2018)
318
« … la perception urbaine se construit aussi en relation avec l’identité de l’individu : ses expériences, son
histoire, ses compétences, sa mémoire, c’est-à-dire son identité personnelle. »
319
« L’habitant qui réside depuis longtemps dans une ville n’a pas la même perception qu’un habitant récent
ou qu’un visiteur occasionnel »

336
Graphe 12. Les secteurs et les valeurs ayant dans problèmes et des régressions selon l’échantillon
(Auteurs, 2018)

Une catégorie intermédiaire, plus que la minorité, qui représente 19,6% des personnes
questionnées, voit que Jijel n’a pas changé, du fait de la non connaissance de son passé (la
vision de quelques nouveaux habitants). Cependant,26,09% des personnes interrogées
confirment que la ville de Jijel a connu un processus de disqualification dans la majorité
des domaines, elle avait « un charme » qu’elle a perdu (selon les dires de la population
enquêtée) :

"Jijel était mille fois mieux ; elle était très bien aménagée, ses voies étaient mieux
organisées et vastes, elle était trop propre, construite selon des normes, elle était petite au
point où tous les gens se reconnaissaient"320.

En effet, ces résultats confirment l’idée de SAPOVAL Yves-Laurent (2007) [12] que
ce qui disparaît n’est pas toujours d’ordre matériel. Ce processus de disqualification
causé d’une part, par l’urbanisation de la ville et son surpeuplement anarchique par
l’exode rural, comme conséquence de la décennie noire qu’a connue le pays et la région en

320
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.

337
particulier, et d’autre part, par les mauvaises pratiques des faiseurs de la ville, qui
s'occupent seulement des logements et des aspects quantitatifs au détriment de la qualité
des espaces produits, de l’identité de la ville, et, en l’absence de volonté de ses habitants
pour accompagner son développement. A ces contraintes s’ajoute la non maturation des
politiques urbaines peu performantes, sans accompagnement de la population, la situation
critique dans laquelle se retrouve Jijel, ne peut qu’être disqualifiée sur tout plan (Voir
figure 05).

D’autres habitants questionnés voient que la dominance des zones militaires, qui occupent
les sites stratégiques de la ville, a contribué également à sa décadence et à l’accélération de
son processus de disqualification (Voir figure 03)
Néanmoins, son centre-ville a gardé relativement son cachet identitaire, selon les
informations recueillies (Voir figure 04). "Le centre-ville a gardé un peu ses traditions, ses
habitudes, l'identité de ses constructions, mais dans les nouveaux tissus, on trouve que
chacun a ses propres traditions et ses habitudes qu'il a ramenées avec lui"321.

Centre-ville
Zone militaire

Figure 03 : la ville de Jijel (Google Earth, 2018)


Figure 04 : Vue aérienne du centre-ville de Jijel en 2009
(source : http://suzanne.granger.free.fr/jijelavion.html)

Figure 05 : Vue d’un quartier périphérique de Jijel en 2017(source :


http://www.jijel.info/fr/culture/812-architecture-a-jijel-le-non-respect-des-cultures)

321
Propos recueillis par un homme, 54 ans, il réside depuis 15 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.

338
Selon la population enquêtée, le commerce et l’accessibilité sont deux éléments positifs
qui peuvent transformer le regard porté sur un lieu. Ce qui explique la perception
positive de la ville de Jijel par une catégorie d’habitants, liant son développement à la
présence de ces deux éléments. D’après eux, le développement du commerce est dû à
l’arrivée des ruraux et des étrangers à la ville, qui ont développé cette pratique. Notre
enquête a montré cependant que, l’arrivée des ruraux en ville n’est pas toujours la
signification de crise et de chaos comme la confirme Berry-Chikhaoui (2009)322 , mais,
peut constituer un vecteur de développement économique de l’espace. Certes, elle a des
effets négatifs mais, également positifs à la fois.
Notre enquête nous a permis aussi de comprendre comment est-ce que la qualité de
l’espace urbain influe sur son identité et sur ses habitants.

II.B.1. / Les effets de disqualification de Jijel sur les pratiques des habitants :

Les pratiques quotidiennes et/ou temporaires des habitants de la ville de Jijel, c’est à dire
leurs manières de s’approprier les différents espaces composant la ville (ses espaces
publics, ses différents équipements, ses plages, etc.) se résument en les pratiques
suivantes :

Graphe 13. Les activités et les pratiques des femmes (de l’échantillon) (Auteurs, 2018)

322
« (…) l’arrivée de ruraux dans les grandes villes ou les villes plurimillénaires est généralement analysée
en termes de chaos ou de crise, voire de fin de la ville ».

339
Graphe 14. Les activités et les pratiques des hommes (de l’échantillon) (Auteurs, 2018)

Notre enquête nous a montré que la situation critique de la ville influe directement sur les
pratiques et usages de ses habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des
aires de jeux (le premier point le plus cité par les interviewers) rendait les activités
régulières des habitants limitées souvent au trajet Maison – Travail/étude.
« Je passe ma journée entre le travail et la maison, et parfois je passe au cafétéria, je ne
fais rien d’autre, car il n’y a rien à Jijel »323.

Graphe 15. Les lieux de promenade préférés par l’échantillon


(Auteurs, 2018)

323
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.

340
Pour se reposer, la majorité des habitants (plus de 60%) se retrouvent dans l’obligation de
se rendre vers les autres communes et parfois les autres wilayas ; le parc de Taza, les
grottes, le barrage de Kissir, la campagne, hors wilaya (hammam)à 70 km de la ville. Par
contre, une minorité (moins de 40 %) préfère rester à l’intérieur de la ville et choisit les
bords de mer et Beaumarchais.

D’autres lectures peuvent être tirées comme :


• Les facteurs ; âge et sexe, sont déterminants pour l’étude des pratiques, où l’on a
constaté que les jeunes ont plus d’opportunité et d’espaces pour se reposer,
contrairement aux femmes et aux enfants qui n’ont pas d’espaces publics qui leurs
sont directement dédiés.
• Les anciens et les nouveaux habitants n’ont pas les mêmes pratiques et activités. Les
anciens de Jijel ont quelques pratiques et activités particulières qui agrémentent leurs
modes de vie, comme la pêche, la musique, la culture botanique et les déplacements
par vélo, contrairement aux nouvelles populations qui ne sont pas attirées par
l’ensemble de ces pratiques.
• Le facteur « temps » est aussi indispensable, la saison estivale est la plus dynamique
où tous les habitants se dirigent vers les plages, et c’est là où la caractéristique de
Jijel en tant que ville côtière, remonte considérablement en surface.

II.B.2. Les effets relatifs au sentiment d’appartenance des habitants à leur ville :

Les liens entre les habitants et leur ville sont aussi influencés par la situation critique de
cette ville, dont nous avons essayé d’examiner le niveau d’attachement des habitants à leur
ville de façon générale :

Graphe 16. Le niveau d’attachement de l’échantillon à son ville


(Auteurs, 2018) 341
Sentiment d’attachement des habitants à leur ville :

Très attaché Peu attaché Non attaché

L’habitant ne veut pas changer Si l’habitant aura une D’autres ne se sentent pas
de résidence, pour 4 raisons occasion, et des meilleuresattachés à la ville, ils
principales : conditions, il changera sa peuvent changer de
*Les spécificités de la ville résidence à cause des résidence facilement, pour
(calme, sécurisée, nature, etc.) eux, Jijel est tout simplement
mauvaises conditions dans
*il se sent bien installé, un espace dans lequel ils ont
stable et à l’aise la ville, dont nous citons ;
l’absence d’espaces de grandi, un espace qui souffre
*Ses souvenirs, ses relations
familiales, amis, voisins et repos et de loisir, absencede beaucoup de
ses biens des équipements culturels, carencesinfrastructurelles
*Avoir peur des mentalités de sports, etc. comme ; l’absence d’espaces
des habitants des autres de repos, absence des
villes équipements culturels, de
sports, etc.
Le processus de disqualification de Jijel a affaibli les liens entre les habitants et leur ville.
En effet, tous nos répondants qui ont une intention de quitter la ville ou la wilaya
justifiaient cela par les mauvaises conditions de vie que leur offre cette ville, parmi
lesquelles nous citons l’absence d’espaces de repos et de loisir, l’absence des équipements
culturels et sportifs, l’absence d’infrastructures touristiques, etc. De ce fait, nos résultats
confirment ceux de DEBORDEAUX Danièle (1994)324.
Mais il est à noter que l’identité de la ville (ses spécificités) a été plus forte que sa situation
critique pour la majorité (54,35% des personnes interrogées)qui sont contre le départ.

« Jijel pour moi, c'est toute une histoire, c'est moi, il y a quelque chose qu'on ne peut pas
trouver ailleurs. C’est aussi la famille, les amis et le respect des traditions locales »325.

II.C/ Les éléments de requalification de la ville de Jijel :

Selon SAPOVAL Yves-Laurent (2007) [12] qui a insisté sur l’importance de la prise en
charge de l’identité de la ville dans les opérations de requalification urbaine lorsqu’il a dit
« … Mille petites ou grandes choses qui constituent la mémoire d’un quartier ou de ses
habitants et sans lesquelles il ne saurait y avoir de vie sociale. C’est la raison pour
laquelle il est important, notamment lorsqu’un quartier se transforme à l’occasion d’une

324
D’après lui « la désaffiliation caractérise un processus de rupture du lien social que vivent un certain
nombre de personnes particulièrement démunies. Cette notion se différencie donc de la paupérisation car
elle ne se réduit pas à la dimension économique de leur situation mais concerne également le tissu
relationnel dans lequel elles s'insèrent (ou plutôt ne s'insèrent pas) » [14].
325
Propos recueillis par un homme, 26 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.

342
opération de rénovation urbaine, ou au cours de sa requalification progressive, est d’être
attentif à ce que la mémoire se transmette, la “mémoire des lieux” comme “la mémoire
des gens”». Il jugeait que « Les politiques du patrimoine, que les collectivités suivent
aujourd’hui à leur charge, sont là pour permettre de conserver les édifices les plus
emblématiques présentant un intérêt historique et culturel partagé. Cependant, ce qui
disparaît n’est pas toujours d’ordre matériel ».

II.C.1. L’identité de la ville de Jijel…un territoire riche mal exploité :

L’intervention sur cette ville ne peut être efficace sans savoir ses spécificités : les éléments
constituants l’identité de cette ville, qui sont dégagés suite aux réponses des habitants - la
mémoire collective des habitants- :

II.C.1.1.Les éléments matériels :


Ses richesses naturelles (les belles plages, la corniche et la montagne) et ses paysages
identitaires sont les premiers éléments et les plus cités par nos répondants.
• Sa structure claire ; selon la population enquêtée, la ville se caractérise par sa
continuité et sa clarté donnant la possibilité à se déplacer facilement sans se perdre ;

Graphe 17. Les éléments matériels constituant l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon (Auteurs, 2018)

• L’environnement construit : qui est cité par les habitants de deux sortes :

343
➢ Les espaces et les lieux présentant une valeur historique comme : l'église qui a été
démolie, l’ancien port, le bateau de Baba Aroudj, la citadelle, la mairie (la plus
ancienne), la jetée, le centre-ville avec son architecture, lycée el Kendi (le premier
et leplus grand établissement scolaire).
➢ Les espaces et les lieux présentant une valeur commerciale n’ont été cités par la
population féminine enquêtée : camp chevalier et la foire el Fourssen.
A l’issue de ces résultats d’enquête, nous pouvons dire que les femmes et les hommes
n’ont pas une perception unique envers l’espace, ce qui confirme les résultats de
LAUDATI Patrizia et BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida (2008) [7]326.
II.C.1.2. Les éléments immatériels :
En plus des éléments matériels visibles, Jijel a des valeurs liées à un certain nombre
d’éléments immatériels qui sont :

Graphe 18. Les éléments immatériels constituant l’identité de la ville de Jijel selon
l’échantillon (Auteurs, 2018)

Selon les informations recueillies, cette ville riche par sa situation stratégique, l’unicité de
ses caractéristiques naturelles, physiques et paysagères et ses potentialités multiples, est
une destination touristique privilégiée d’un certain nombre d’algériens (notamment les
familles) malgré l’absence des infrastructures touristiques conséquentes, car cette dernière
est une ville conservatrice, calme et sécurisée qui a gardé ses traditions.

326
« Les hommes et les femmes ont des sensibilités différentes qui influencent leur perception des choses »

344
II.C.2. Les attentes des habitants de la ville de Jijel :

À travers les propositions, les besoins et les attentes (aspirations) des personnes
interrogées, nous avons essayé de dégager les éléments sur lesquels il faut intervenir pour
requalifier cette ville, que nous avons synthétisés dans le tableau ci-joint :

Besoins et attentes Axe d'intervention


des habitants
Entretien du réseau viaire existant ; création des parkings, régler
Accessibilité et le problème d'encombrement notamment aux entrées de la ville
déplacement faciles Moderniser les moyens de transport : tramway, téléphérique
(mobilité)
Renforcer le réseau de transport maritime existant
Doter la ville des infrastructures touristiques nécessaires
Faire revivre les activités sportives et culturelles (par les
équipements nécessaires) (jeunes et sport)
Activités et
services de qualité Développer l'agriculture et l'industrie notamment celle du liège
Enrichir le commerce par de grands centres commerciaux
Améliorer la qualité des équipements existants notamment
sanitaires et introduire la technologie dans tous les domaines
Repos, loisirs et Amélioration des espaces publics existants, et création de
communication nouveaux (pour les femmes et les enfants)
Achèvement des constructions et entretiens des constructions
existantes notamment leurs façades
Plaisir esthétique et Propreté, mobilier urbain
confort visuel
Donner une importance à l'architecture des constructions
(constructions de prestige, grattes ciel, etc.)
Identité Mise en valeur des constructions et lieux symboles de la ville
Encourager l'investissement
Ouverture de la ville
(attractivité) Désenclaver la ville
Créer de grandes universités pour rendre la ville plus attractive
Des décideurs
Conscience
Des citoyens
Source : Enquête sociologique menée en Avril 2017 (Auteurs, 2017)

Pour une partie de la population Jijélienne, le développement de la ville est conditionné


par :

➢ L’état de perception de ses habitants et leurs réactions aux changements pour qu’ils
soient à la hauteur et faire des efforts, car la ville possède toutes les potentialités
pour se développer ;

345
➢ Il faut que les pouvoirs publics s'impliquent dans cette dynamique en faisant
recours à des professionnels dans le domaine du tourisme, du marketing urbain, de
la sociologie de l’espace ;
➢ Et que les habitants s’impliquent davantage dans toute opération de requalification
de leur ville en tant (à la fois) qu’acteur associé à la décision, qu’usagers de
l’espace327.

« Si ses habitants n'interviennent pas, elle ne s'améliorera jamais…les Jijéliens sont des
fainéants, bien qu’ils ont de l'argent mais ils n'investissent pas pour développer leur
ville »328.

➢ Un suivi strict et rigoureux de la part des pouvoirs publics en appliquant la


réglementation selon les réponses recueillies.

« Si on applique la loi, nous pouvons dans 2 ou 3 ans être au niveau de développement de


l'Europe »329.

➢ Et la nécessité de développer les autres communes pour minimiser l'exode rural.

D'autres répondants étaient pessimistes, et pensaient que Jijel telle qu'elle est, ne peut plus
se développer, dont, on ne pourra jamais faire revivre l'ancienne ville et /ou lui rendre son
identité d'antan, du moment où, la population ne veut pas de changements, heureusement
qu’il s’agit d’une minorité :

« On ne veut pas de changements, elle est bonne telle qu’elle est, si elle grandissait elle
perdrait tous »330.

CONCLUSION

Toute intervention sur un espace donné, quel que soit son échelle, ne peut être complète et
efficace que par la prise en charge de toutes ses composantes, l'appréhension de son
identité et la participation de tous ses acteurs.

327
Comme le confirme SAID AISSA. K et OTHMANI-CHABOU. M (2010) [15], qui jugent que « l’absence
d’une volonté politique et la centralisation entravent largement l’aboutissement des opérations de
requalification en Algérie. Les rares opérations lancées ont un caractère ponctuel et isolé se limitant à des
interventions superficielles sans intégrer les collectivités locales et les usagers qui sont les plus concernés
par les démarches urbaines sur leur quartier ».
328
Propos recueillis par une femme, 27 ans, native de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
329
Propos recueillis par un homme, 60 ans, natif de Jijel. Enquête sociologique menée en Avril 2017.
330
Propos recueillis par un homme, 44 ans, il réside depuis 10 ans à Jijel. Enquête sociologique menée en
Avril 2017.

346
Notre enquête qui s’est basée sur l’expression directe des besoins, des vécus, des vœux et
des attentes des habitants de la ville de Jijel, nous a permis d’atteindre les objectifs
préétablis et de vérifier l’hypothèse posée préalablement. En effet, l’analyse et le
traitement de la voix de chaque interviewé nous a montré que malgré le long processus de
disqualification qu’a connu la ville de Jijel, suivi par la perte de son identité, elle n’est pas
disqualifiée pour tous ses habitants, mais seulement pour ses vrais et anciens, qui
connaissent son histoire et comment elle était. Cette ville a renoué partiellement avec le
développement au début des années deux milles dans quelques domaines, pour cause
l’éphorie financière qu’a connu le pays, mais elle n’a pas pu récupérer son image et son
identité d’antan.

Autre que les effets négatifs induits du phénomène de l’exode rural, ce processus de
disqualification est la responsabilité à la fois des décideurs et des habitants. Des décideurs
qui s'occupaient seulement des logements et des aspects quantitatifs au détriment de la
qualité des espaces produits et l’identité de la ville, et de ses habitants qui ne contribuent
pas et ne prennent pas d’initiatives pour améliorer leur cadre de vie.

La situation critique de cette ville a influé d’une part, sur les pratiques et usages de ses
habitants, dont le manque d’espaces de repos, de loisir et des aires de jeux (le premier point
le plus cité par les interviewés) rendait les activités régulières des habitants limitées
souvent au trajet Maison – Travail/étude. Et d’autre part, il a affaibli les liens entre les
habitants et leur ville.

Le développement de cette ville qui réclame une action globale de requalification urbaine,
est conditionné selon ses habitants par l’implication des pouvoirs publics et des habitants
dans cette dynamique en faisant recours à des professionnels dans le domaine du tourisme,
du marketing urbain et de la sociologie de l’espace, et par un suivi strict et rigoureux de la
part des pouvoirs publics en appliquant la réglementation.

D’un point de vue théorique et scientifique, nos résultats nous ont montré les points
suivants :

1. La perception d’une ville est fortement liée à la durée de résidence de ses habitants,
leurs connaissances, ainsi que leurs âges, dont, la perception de la ville par ses anciens
habitants, et ceux qui connaissent son histoire n’est pas la même que celle des
nouveaux habitants.

347
2. Le commerce et l’accessibilité sont deux éléments positifs qui peuvent transformer le
regard porté sur un lieu. Ce qui explique la perception positive de la ville de Jijel par
une catégorie d’habitants, qui ont lié son développement à la présence de ces deux
éléments. D’après eux, le développement du commerce est dû à l’arrivée des ruraux et
des étrangers à la ville, qui ont ramené avec eux cette nouvelle pratique. De ce fait,
notre enquête a montré que l’arrivée des ruraux en villes n’est pas toujours la
signification de crise et de chaos comme la confirme BERRY-CHIKHAOUI
Isabelle (2009) [12], mais il peut constituer un vecteur de développement
économique de l’espace. Certes, il a des effets négatifs mais il a aussi des effets
positifs.
3. Un processus de disqualification d’une ville peut conduire à limiter les pratiques et
les usages de ses habitants, et affaiblir les liens entre ces derniers et leur ville.
4. Les facteurs ; âge, sexe et « temps » sont déterminants pour l’étude des pratiques et
usagers des habitants d’une ville.

Finalement, notre enquête nous a permis d’ouvrir quelques pistes de réflexion sur la
pratique de l’espace public et la question du genre :

❖ Les espaces publics dédiés directement et clairement aux femmes deviennent-t-ils


une nécessité absolue dans la ville algérienne d’aujourd’hui ?
❖ Les espaces à vocation commerciale dans la ville algérienne sont-ils des lieux
attractifs des femmes en premier degré ?

Quant aux éléments dégagés pour la requalification de la ville de Jijel, ils n’ont pas le
même ordre d’importance, pour cela, une enquête quantitative serait nécessaire pour les
hiérarchiser par priorité selon le degré d’importance suggéré par les habitants à chaque
élément. Ce qui nécessitera un travail de recherche complémentaire et futur.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES CITEES :

[1] QUERTIER. C, « La construction des identités urbaines dans les villes


méditerranéennes à la fin du Moyen Âge », Octobre 2008.
[2] GUERIN-PACE France, « Sentiment d'appartenance et territoires
identitaires », L’Espace géographique 4/2006 (Tome 35), Pp. 298-308.
[3]http://ecoconstruction.rpn.univ-lorraine.fr/co/Module_UVEDTEST_270.html(« Éco-
construction d'un bâtiment à énergie positive, approche croisée », ARDOUREL Yves et all,
Site consulté le 08.05.2016)

348
[4] La direction de programmation et de suivi du budget de la wilaya de Jijel (DPSB : ex
DPAT) : « Rapport statistique annuel de la wilaya de Jijel » (fin d’année 2014)
[5]http://homepages.ulb.ac.be/~jmdecrol/Upload_enseignement/GeogF419_EntretiensPP.p
df (« Introduction à l’entretien semi-directif », DECROLY Jean-Michel. Consulté le 19
Mai 2016)
[6]http://fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/8/75.pdf (Méthodologie de la recherche : le
questionnaire, par POIRIER-COUTANSAIS Geneviève).
[7] LAUDATI Patrizia, BOULEKBACHE MAZOUZ Hafida, « Identification des attributs
de la qualité sémantique de l’image de la ville par la méthode EBAHIE » - Chapitre 5 in «
Objectiver l’humain ? Qualifier, quantifier » Volume 1 : Méthodes pour l’évaluation en
SIC » sous la direction du Professeur S. LELEU MERVIEL
[8] MERVIEL Sylvie Leleu, « Objectiver l'humain ? Volume 1, Qualification,
quantification ». Edition LA VOISIER, 2008.
[9] ANGERS Maurice, « Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines ».
Casbah université 1997, 381 pages.
[10] GALLAND Blaise, « Identités urbaines : Genève-Lausanne ». Genève, Éditions
Georg, 1993
[11] Bailly, A. « La perception de l’espace urbain : les concepts les méthodes d'étude leur
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IV, Lille, 2 volumes 710 p.1977.
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349
Article 02 : Publié dans la revue « Algerian Journal of Human and Social Sciences »

Reçu le 1/05 /2021 – Accepté le 2/06/2021 – Publié le 10/06/2021

Entre conservation et altération, les répercussions des mutations urbaines sur


l’identité du territoire jijélien

Between conservation and alteration, the repercussions of urban changes on


the identity of the jijelien territory.

Nawal ALIOUA1*, 2 Bernia ZEHIOUA HECHAM


1
Université Salah Boubnider Constantine 3, LAUTES, Algérie.
[email protected]
2
Université Salah Boubnider Constantine 3, LAUTES, Algérie. [email protected]

Résumé : Abstract:
Au cours des trois dernières décennies, la
question de l’identité d’un territoire a During the last three decades, the question
suscité un nouvel intérêt scientifique of the identity of a territory has aroused a
constituant pour les chercheurs une piste à new scientific interest constituting for the
explorer car animant et donnant un sens à researchers a track to be explored because
leur vie sociale et quotidienne. animating and giving a direction to their
En Algérie, le substrat urbain a toujours social and daily life.
obéi au rapport évolution/changement. Cet In Algeria, the urban substratum has
article interroge les répercussions des always obeyed the evolution/change
mutations urbaines sur l’identité de la ville relationship. This article questions the
algérienne, en prenant comme cas d’étude, repercussions of urban mutations on the
le territoire jijélien. Les résultats de notre identity of the Algerian city, taking as a
investigation mettent en évidence les case study the territory of Jijel. The results
changements parcourus par les éléments of our investigation highlight the changes
constitutifs de l’identité d’une ville undergone by the constituent elements of
algérienne. the identity of an Algerian city.

Mots clés : mutations urbaines, identité du


Keywords: urban mutations, identity of the
territoire, Jijel, environnement construit.
territory, Jijel, built environment.

*Auteur correspondant.

350
1. Introduction :

« Les villes ne font plus sens»i.


En Algérie, le substrat urbain a toujours obéi au rapport évolution/changement, affectant à
la fois ses composantes physiques, sociales, économiques, son image et ses spécificités. À
la lumière de ces changements, l’essor pris (dû à l’exode rural et à la croissance naturelle
des villes) a entraîné dans son élan, l’abandon des vieux centres dépourvus d’attractivité et
l’émergence des espaces périphériques plus attrayants en matière de commerces et de
diversité mais sans âme ni références identitaires. La démarcation et la singularisation
deviennent des facteurs de concurrence entre villes. La mondialisation et la métropolisation
à travers de grands projets structurants accentuent l’uniformisation, créant une crise
identitaire dans le territoire. À cet égard, il serait intéressant de s’interroger : quelles sont
les répercussions des mutations urbaines que connait un territoire sur son identité ?
Plusieurs études empiriques ont mis l’accent sur les mutations, dont le processus de leur
fabrications a longtemps été centralii et les résultats aboutissent à constater les
déséquilibres qui existent « entre les règles et les pratiques et entre les programmes et leur
réalité »iii. Ces études n’ont pris en compte la question de l’identité urbaine. Ce constat,
associé à la prise en charge de cette question identitaire souvent en marge, ont suscité notre
intérêt à questionner les répercussions et les impacts des mutations urbaines arrivées à la
ville portuaire de Jijel dont nous sommes natives.
Au cours des trois dernières décennies, la question de l’identité d’un territoire et devant la
multiplicité de ses éléments constitutifs (mémoire des lieux, mémoire des gens, mémoire
collective), a suscité un nouvel intérêt scientifique constituant pour les chercheurs une piste
à exploreriv car animant et donnant un sens à leur vie sociale et quotidienne.
L’identité d’un territoire, considéré comme « cadre d’expression de la différence
composantes sociopolitiques de la société »v quelques soit son échelle (d’un quartier, d’une
ville, d’une région) peut être lue à travers deux grandes catégories d’éléments :
1. Des éléments matériels (objets visibles) : qui se matérialisent à travers
l’environnement construit, et les lieux symboles, et par conséquent « des paysages
identitaires »vi dépositaires d’expériences vécues et de souvenirs des gensvii.
2. Des éléments immatériels (objets invisibles) : qui sont à la fois des images (ne sont
pas nécessairement homogènes)viii, ou un jeu d’images interdépendantes, révélées à
travers le vécu et les souvenirs gardés en mémoire des gens (individuellement et
collectivement) et un sentiment d’appropriation et d’appartenance des résidents à un
territoire bien précis.
Elle est aussi le résultat de sa dynamique interne et ses relations avec l’extérieur. Cette
notion d’identité multidimensionnelle est difficile à cerner du fait de sa nature polysémique
et ambigüe.
« Une ville sans conscience de son identité est comme un voilier sans vent, c'est-à-dire
ingouvernable, et devient le jeu de forces sur lesquelles elle n'a aucune prise »ix. Le
concept d’identité urbaine présuppose que « la ville soit signifiante »x.

351
Le présent article aborde la question de l’identité de la ville dans une perspective
dynamique, abordant l’influence des mutations urbaines. Nous tentons d’allier passé et
présent, espace aménagé et espace perçu/vécu par ses habitants. En prenant comme cas
d’étude, le territoire de Jijel, nous essayons d’apporter des éléments de réponses aux
questions suivantes : Quelle est la nature des mutations urbaines qu’a connues ce
territoire ? Quels sont leurs répercussions sur son identité ?
La réponse à de telles questions nous permettra de mettre en évidence les éléments
identitaires spécifiques et les changements subis, assurant ainsi une meilleure prise en
charge de cette question dans les futurs projets, d'autant plus que ce substrat est dans une
phase charnière de changement. En fait, De par sa situation géographique stratégique
disposant d’un grand port commercial (classé parmi les premiers en méditerranée), elle est
appelée à passer d’une ville enclavée à un important pôle d’industrie, de tourisme et
d’affaires, à travers de grands projets structurants prévus par l’Etat (en cours de réalisation)
tels que : la modernisation du port de Djen Djen, la réalisation d’une pénétrante
autoroutière la reliant à l’autoroute Est-Ouest, le grand projet du complexe sidérurgique
Algéro-Qatari à Bellara (50 km de Jijel).
Notre recherche repose sur l’hypothèse que les mutations du territoire jijélien conduiraient
à la détérioration voire à la perte de ses spécificités tant matérielles qu’immatérielles.
Après avoir donné une présentation synthétique de la question de l’identité d’une façon
générale, nous apportons dans la partie qui suit un éclairage sur les différentes mutations
qu’a connues le territoire Jijélien dans le but de mettre en évidence les causes et les
conséquences qui ont conduit à son état actuel. Dans un second temps, nous abordons le
rapport mutation de l’espace urbain jijélien / son identité.
2. Méthode empirique, approches qualitative et quantitative et crostabulation

Saisir la complexité du sujet traité, nécessite d’allier et de combiner plusieurs approches et


méthodesxi.
2.1. Cerner les mutations urbaines de l’espace urbain jijélien et leurs effets
induits, combinaison d’approches

Pour cerner ces mutations urbaines et leurs effets induits, nous avons fait appel à la
combinaison de quelques approches : La méthode d’enquête (quantitative, qualitative et
la combinaison des deux) et la méthode historique avec son analyse de contenu ainsi
que l’observation en situation. Le but revient à établir les faits et les conclusions des
événements passés, qui ont marqué l’histoire de ce territoire, et ont contribué de façon
directe ou indirecte à façonner sa genèse actuelle.

Les outils de base de cette investigation sont :

- Des documents officiels comme le Plan d’Aménagement de la Wilaya de Jijel, le


Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la commune de Jijel.
- Des cartes et des photos.
-

352
2.2. L’identité de la ville auprès des habitants … une enquête qualitative

Notre interrogation sur l'identité de la ville et les changements qu’elle a parcourue, nous a
amenées à questionner ces concepts auprès des habitants (aller vers la composante humaine
elle-même et placer l’habitant au cœur du système d’évaluation de la question traitée). La
« connaissance du site, n’est pas l’apanage du technicien »xii, mais de l’habitant,
également appelé « l’usager-expert des lieux » ou « partenaire du renouveau local »xiii. En
effet, la prise en charge des acteurs sociaux est indispensable dans la composition de
l’identité urbaine comme la montre Galland Blaisexiv « … L'idée de "l'identité urbaine"
devient opérationnelle à partir du moment où l'on considère une collectivité urbaine
comme un acteur social ».
Dans l’objectif d’aborder la question de l’identité urbaine en privilégiant l’entrée par la
composante humaine, nous avons eu recours à la méthode d’enquête par la technique
d’entretien « semi-directif » de type individuel sur un échantillon de 46 personnes
habitants de la ville de Jijel, dont le nombre des personnes interrogées s’est fait sur le
principe de saturation des sourcesxv. En outre, la représentativité de l’échantillon en cette
étude qualitative n’est pas conditionnée par sa taille mais par la qualité de ce que répondent
les habitants. Pour cela, elle ne nécessite pas un grand nombre de personnes interrogées,
comme le montre les résultats des travaux de Griffin et Hausser (1991) qui ont prouvé
expérimentalement qu’une trentaine de personnes interrogées dans le cadre d’une écoute
qualitative fournit plus de 90% de la richesse de l’information à recueillir.
Sur la base de la méthode des échantillons par quotas, les caractéristiques de la population
ciblée peuvent être résumées comme suit :

Figure 22, Figure 23 : Caractéristiques de notre échantillon (sexe, tranche d’âge)xvi.

353
Figure 24, Figure 25 : Caractéristiques de notre échantillon (durée de résidence et catégorie
socioprofessionnelle) xvii.

Figure 26. Lieux de résidence de l’échantillonxviii.

Nos questions portaient sur les manières d’approprier l’espace urbain jijélien par ses
habitants (les pratiques quotidiennes) et la nature du sentiment d’appartenance envers leur
ville (leur niveau d’attachement). Tant que l'identité se révèle essentiellement au niveau
des représentations mentales de ses usagers, l’objectif est de dégager l’image mémorisée et
perçues par ses habitants.
Le dépouillement des résultats s’est fait selon une analyse qualitative de type sémantique
basée principalement sur la « méthode de sélection positive », c'est-à-dire, tout en restant
fidèle aux expressions et aux mots prononcés par les habitants, nous avons essayé de
réduire la quantité étonnante de données qualitatives résultantes des différents entretiens
aux expressions les plus significatives à l’aide du logiciel SPSS et à la « cross-tabulation »
un croisement des variables et donnéesxix.
3. Regard sur les mutations urbaines à Jijel…

Conformément au phénomène d’urbanisation du territoire national, Jijel qui était rattachée


à la préfecture de Constantine avant de devenir une wilaya (département) suivant le

354
découpage administratif de 1974, était caractérisée par son aspect fortement rural, dont
seulement 5 communes de l’ensemble de ses 28 communes ont été considérées comme des
agglomérations urbain. Depuis son indépendance, la wilaya de Jijel a connu un phénomène
d’exode rural massif –de la population habitante des communes intérieures vers les
communes majoritairement côtières-donnant lieu à de fortes pressions démographiques sur
les agglomérations urbaines déjà existantes et l’apparition de nouvelles agglomérations.
Cependant, malgré l’importance du processus de son urbanisation, la wilaya a gardé son
caractère rural jusqu’à l’année 2008, où elle est devenue majoritairement urbaine à hauteur
de 53% de sa population (voir figure ci-dessous).

JIJEL

(Agglomération
chef-lieu de wilaya)

Figure 27. Processus d’urbanisation de la wilaya de Jijel entre 1987 et 2008


Source : traitement des auteurs sur la base des données fournies par le plan d’aménagement de la wilaya de
Jijelxx.

Les agglomérations urbaines se concentrent majoritairement dans la partie littorale et le


long des grands axes de circulation (les routes nationales), donnant lieu à un phénomène de
littoralisation fortement marqué, et à un déséquilibre territorial entre la partie Nord littorale
et la partie Sud (intérieur), vu les conditions et contraintes topographiques. En fait, le relief
de la wilaya de Jijel se caractérise par sa variété, constitué de deux grandes entités bien
distinctes ; les plaines côtières qui ne représentent que 18% de la superficie totale de la
wilaya et la zone de montagnes dominante (82%).
3.1. Genèse et processus d’urbanisation de la ville de Jijel : d’une petite ville à un
territoire éclaté et désordonné …
La ville de Jijel joue un rôle de commandement de par son statut d’agglomération chef-lieu
de wilaya et de pôle urbain structurant principal. Elle s’étale sur une superficie de 62,38
km² soit 2.6% de la superficie totale de la wilaya. Au 31.12.2018 le nombre de sa
population a atteint 161989 habitantsxxi soit une densité moyenne de 2597 hab/km².
Abritant 21% de la population totale de la wilaya, elle représente la commune la plus
peuplée de la wilaya. Plusieurs périodes d’urbanisation ont marqué la ville de Jijel.

• La période phénicienne (IVe av. J.-C.), caractérisée par le choix de l’emplacement


de la ville elle-même, témoin de la succession de nombreuses civilisations, à
355
savoir ; romaine, byzantine, musulmane, génoise, turque et finalement la période de
la colonisation française (1839 à 1962).
• En 1856, un tremblement de terre a provoqué un raz-de-marée qui a submergé toute
la citadelle, détruit toute la ville et a effacé toutes traces des civilisations
précédentes.

Figure 29. L’évolution historique de la Figure 210. Les directions de l’étalement urbain de la
ville de Jijelxxii. commune de Jijel ces dernières années
Source : traitement des auteurs sur fond de carte du PDAU
de Jijel (2009)

Le système urbain de cette ville hérité est constitué d’un centre urbain colonial (d’une
architecture française), et des extensions périphériques composées de deux tissus, d’une
part, un tissu planifié produit dans le cadre de développement local amorcé après 1974,
date de sa promotion en chef-lieu de wilaya, sous forme de ZHUN (Zone d’Habitat Urbain
Nouvel), et d’autre part, un tissu urbain non planifié.
La ville de Jijel, à l’instar des autres villes algériennes, subissait une situation urbaine
difficile, du fait de l’intensité du phénomène d’exode rural et ses effets induitsxxiii. En effet,
l’explosion démographique qu’a connu Jijel où le nombre d’habitants a triplé entre 1977
(45900hab) et 1998 (115678 hab) – selon les statistiques des RGPH (Recensement Général
de la Population et de l'Habitat)-, s’explique surtout par le solde migratoire et l’excèdent
naturel élevé. Après 1998, un ralentissement dans le rythme de la croissance
démographique est observé, (taux de croissance passe de 4,62% entre 1987 et 1998 à
1,51% entre 1998 et 2008), grâce à l’amélioration des conditions de vie dans les autres
communes, permettant une stabilisation relative de leurs habitants.

L’étalement urbain rapide qu’a connu Jijel, a entraîné une rareté des réserves foncières
au niveau de l’ACL de la commune –la saturation de son tissu urbain-, et du coup, des
extensions ont été orientées (par le PDAU de 2009 (Plan directeur d’aménagement et
d’urbanisme)xxiv vers les agglomérations secondaires d’Ouled Bounnar et Harratène,
passant par le plateau de Mezghitane et l’entrée Est de la commune.

356
4. Répercussions des mutations urbaines sur l’identité du territoire jijélien
4.1. L’environnement construit est-il réellement un support d’identité ? … La
réponse du terrain

A Jijel, la croissance urbaine incontrôlée de la ville a conduit à l'émergence de groupes


spatiaux hétérogènes faciles à lire sur le terrain. Morphologiquement, allant du centre vers
sa périphérie, nous pouvons distinguer deux entités différentes, à savoir : le tissu colonial
et les tissus dits nouveaux. En effet, l’habitat de la ville de Jijel peut être divisé en 2
grandes catégories bien distinctes : l’habitat colonial et l’habitat autochtone et récent - :
A. Le tissu colonial
D’une superficie de 38,96 haxxv soit 3% de la surface totale urbanisée, il se distingue par sa
morphologie, son organisation et sa structure spatiale et par ses modes d’occupation
rationnels. C’est une zone à fonction mixte, alliant résidence, services, commerce et places
publiques. Selon le POS 1 (Plan d’Occupation du Sol ) de l’ACL (Agglomération Chef-
Lieu ) de Jijel, l'activité commerciale et les services sont les plus répandus dans cette zone,
l'activité culturelle vient en deuxième position, suivie par l'activité administrative et
sportive.

Malgré son rôle et son statut de noyau central autour duquel s’articule l’ensemble de la
ville, il se caractérise par une faible densité 98 habitants /ha. Il connaît un déclin de sa
population où le nombre, de cette dernière, est passé de 7331 hab en 1998 à 4481 hab en
2008, 3988 hab en 2011 et finalement à 3820 hab en 2015, dont 45% sont en chômagexxvi.
Force est de constater que 89,9% des ménages sont d’origine locale (nées dans le
périmètre), 7,2% proviennent des autres communes de la wilaya, alors que seulement 2,9%
des ménages ont pour origine d'autres régions du pays ou l'étranger (2 ménages
palestiniens et 1 ménage tunisien)xxvii.
Conçu initialement par et pour les colons, la typologie d’habitation dominantes dans ce
tissu est l’habitat colonial, qui se distingue par son aspect architecturel, occupant de
grandes parcelles juxtaposées le long des voies, rendant son accessibilité facile et directe
par la rue.

Les hauteurs de l’habitat colonial varient entre RDC et R+1 pour l’habitat individuel et
dépasse le R+1 pour le collectif, généralement R+2 sauf les HLM R+4. L’habitat collectif
se caractérise par l’occupation du RDC par le commerce et les services, sur les grands axes
de communication. Malgré la diversité de l’habitat colonial, il représente un aspect
architectural ordonné et homogène, avec une identité claire, matérialisée par
l’ornementation de leurs façades, des toitures inclinées et parfois la présence d'une cour à
l'arrière façade, des jardins latéraux ou bien des patios.

357
Figure 30 et Figure 31. L’habitat colonial existant dans la ville de Jijel
Source : photos prise par les auteurs en 2021.

Ce tissu (colonial) se caractérise par la vétusté et la dégradation de ses constructions, dont


38% sont en mauvais état (voir figure 12ci-dessus), ayant
donné lieu à de multiples opérations de rénovation
ponctuelles par leurs propriétaires, et donc à l'émergence
d’un nouveau style complètement différent de l’existant, en
termes de hauteur, d’architecture, et même de couleur (voir
figure 13 ci-dessous). Ce centre est en train de perdre sa
spécificité.

Figure 32. L’état de bâti au centre-ville de Jijel


Source : Etabli par les auteurs sur la base des
données fournies par le POS 01 de l’ACL de
Jijelxxviii.

Figure 33. Rénovation et reconstruction de nouvelles habitations au centre-ville de Jijel.


Source : Photo prise par Les auteurs (2021).

À l’habitat colonial dominant s’ajoute l’habitat traditionnel (individuel). Durant la période


coloniale, l’habitat autochtone (traditionnel local) occupait de petites parcelles avec un seul
niveau (RDC), caractérisé par une organisation intravertie des espaces autour d'une cour

358
centrale, sous forme de (U) ou de (L) et des façades extérieures aveugles avec un aspect
architectural pauvre (un aspect rural).

Figure 34. L’habitat traditionnel existant dans le centre-ville de Jijel.


Source : Photo prise par l’auteur (2021).

B. Les tissus dits nouveaux


Contrairement au centre-ville qui se caractérise par une faible densité et la présence de
plusieurs friches urbaines, la périphérie ou autrement dit les tissus dit nouveaux résultants
de l’extension au Sud, à l’Est et l’Ouest du centre colonial, se caractérise par un cadre bâti
compact et serré et une diversité de fromes, de styles et des hauteurs.
L’habitat récent, se caractérise par une diversité de formes, des constructions non
achevées et non homogènes, d’une architecture monotone, souvent standard, mettant en
péril le paysage urbain et l’image de cette ville. Au fait le tissu planifié présente les mêmes
aspects et lacunes d’un tissu non planifié sauf que le premier dispose d’un permis de
construirexxix.

Ces tissus dits nouveaux sont en rupture totale avec l’ancien tissu colonial, en termes de
qualité, normes, organisation, aspects esthétiques, etc. En effet, la forte
explosion démographique s’est traduite spatialement par deux formes, logiquement
différentes, mais semblables sur le plan visuel, à savoir ; tissu planifié (ZHUN,
lotissements) et tissu non planifié (constructions illicites et/ou bidonvilles) d’une
typologie très hétérogène suivant un parcellaire irrégulier, mettant en évidence la
spontanéité de leur apparition et de leur évolution échappant à toutes les règles
d’urbanisme (Voir figures ci-après).

359
Figure 35. Les principaux axes routiers de la ville de Jijel.
Source : établi par les auteurs sur fond de carte du SIG de Jijel (2012).

1 2 3

Typologie du tissu : centre Typologie : ZHUN (Planifié)


Typologie du tissu :
colonial (Planifié)
Réseau routier : plus ou moins
informel (non planifié)
Réseau routier : en damier orthogonal

Parcellaire : légèrement déformé Réseau routier : organique


Parcellaire : régulier
Parcellaire : irrégulier

Figure 36. Trames bâties des différents tissus composant la ville.


Source : établi par les auteurs sur fond de carte du SIG de Jijel (2012).

360
Figure 37.Vue panoramique de toute la ville de Jijel, le non achèvement des constructions devient une
marque…
Photo prise par les auteurs à partir de l’évitement Sud (2021).

D’une manière générale, le paysage urbain de cette ville est un mélange de formes et de
styles différents, entre des bâtiments à usage d’habitation et des équipements, nous
constatons le manque d’un point de repère clair. En revanche, il est évident que la nature
topographique du terrain a largement façonné le paysage de cette ville.
Entre les deux entités (centre colonial et sa périphérie), et devant la multiplication des
formes et des styles architecturaux, Jijel a perdu son cachet de petite ville portuaire
belle, propre et s'oriente vers une altération de ses spécificités locales. Ailleurs et au
moment où la diversité architecturale constitue un enjeu et une richesse paysagère
d’un espace, ici en Algérie, en particulier à Jijel, le constat est amer : une tare
urbaine.

Force est de constater que cette périphérie et bien qu’elle présente plusieurs lacunes, a pu
acquérir une importance particulière chez la population locale, à l’image du plateau Ayouf,
qui est devenu la nouvelle centralité de Jijel, considéré comme une destination privilégiée
des habitants (en particulier des femmes) en raison de la propagation de tous les types de
commerce d'habillementxxx.
4.2. Des aspects liés à la culture et aux spécificités locales altérées …

Mesurer les répercussions des mutations de la ville de Jijel sur son identité en fonction de
la vision de ses habitants, nous a amené à poser la question suivante aux personnes
interrogées : Selon vous, Qu’est-ce qui a changé par rapport à autrefois ?

361
Figure 38. Les éléments identitaires de la ville de Jijel ayant eu des changements négatifs selon l’échantillon
Source. Auteurs, 2019

Selon les entretiens, tous les éléments d'identité de cette ville ou presque, n'ont eu que des
changements négatifs (et non positifs). En fait, outre la détérioration des routes, des
moyens du transport, des espaces publics et de la qualité des services et des
équipementsxxxi. Les éléments identitaires mises à l’épreuve du processus de
dysfonctionnent qu’a connu Jijel, sont en premier lieu, les valeurs liées au comportement
des gens (18,28%), suivie de la dégradation des aspects esthétiques des constructions
(18,28%) qui sont majoritairement inachevées (13,98%) caractérisées par une architecture
monotone, sans références ni âme, endommageant le paysage et l’image de la ville. Les
valeurs liées au civisme et citadinité (11,83%) et les relations de voisinage (12,90%) sont
aussi altérées.

« Comment jugez-vous le fait de changer votre lieu de résidence (votre ville) ? Or,
voulez-vous changer votre lieu de résidence ? Et pourquoi ? » Telles sont les questions
que nous avons posées aux interviewés pour pouvoir examiner le niveau d’attachement à
leur ville de façon générale.

Les réponses à ces questions, nous ont montré que la situation critique actuelle de cette
ville a fragilisé les liens entre certains habitants et leur ville, dont tous nos répondants qui
ont une intention de quitter la ville ou la wilaya et justifiaient cela par les mauvaises
conditions de vie que leur offre cette villexxxii. En croisant cette réponse avec la variable
tranche d’âge, nous avons constaté que le sentiment d’appartenance est fortement influencé
par l’âge du répondant. Ce sont les jeunes qui représentent les taux les plus élevés (de non
attachement à leur ville), dont 42,86% sont entre 15 et 24 ans et 31,25% entre 25 et 39 ans.

362
Figure 39. Le niveau d’attachement de l’échantillon à sa ville par âge
Source. Auteurs, 2019.

Ces derniers temps, depuis l’an 2014, la ville de Jijel connait un phénomène intense de
participation citoyenne à l’amélioration du cadre de vie sous forme d’une série
d’interventions ponctuelles et volontaires de la part de ses habitants. Ces actions
volontaires des habitants contribuent à la fabrique d’un cadre de vie agréable ressenti par
tout visiteur et rapportés par les réseaux sociaux spécifiques à la ville (Voir figures ci-
après).

Figure 41.Un chantier de volontariat ouvert à la cité Figure 222. Les escaliers de la Crète à Jijel
« cirque » à Bab Sour. Publiée par le groupe de après repeint par un jeune homme jijélien.
Facebook « JijelNews », le 17/01/2018. Publiée par le groupe de Facebook
« JijelNews », 2014.

En tentant de comprendre la nature de ces actions et leurs répercussions sur la ville et son
identité, nous continuons notre observation et mesurons l’impact de ce phénomène dans
une autre publication.

5. Conclusion

La ville de Jijel a connu de multiples formes d’extension, de la croissance continue autour


du centre colonial, à la périurbanisation au niveau de ses franges urbaines, jusqu’à la
conurbation et la formation du groupement urbain Jijel, entrainant des effets multiples sur
la ville et ses spécificités. Plusieurs éléments et évènements ont conduit à la
disqualification de cette ville.

363
Evoquer le concept d’identité d’un territoire c’est marquer ses spécificités, mettre en
exergue les aspects de ses particularités. Les habitants ou usagers sont les indicateurs des
retours d’expériences.

« Construire la ville comme objet d’étude signifie la nécessité de rompre avec la vision de
la ville réduite à un cadre spatial, pour la penser comme société »xxxiii. En fait, placer les
habitants au cœur du système d’évaluation de la question traitée, nous a permis d’aborder
la question de l’identité dans sa globalité.

Un processus de dysfonctionnement d’une ville peut conduire à affaiblir les liens entre les
habitants et leur ville.

Le territoire jijélien autrefois si calme, propre et homogène d’après ses anciens habitants,
se retrouve en effervescence à cause de plusieurs paramètres qui ont agi négativement sur
l’espace, défigurant son harmonie, consommant ses richesses foncières par l’implantation
d’un genre d’habitat sans aucune harmonie ni esthétique mais attractif de par les
spécificités commerciales installées dans le périurbain.

Ces mutations se soldent par un abandon progressif du centre-ville et une concentration-


dispersion vers la périphérie qui devient à son tour le pouls et le nerf économique le plus
en vue.

L’identité que nous nommerons ancienne est en train de s’effriter laissant place à un
conglomérat sans règles ni lois… Peut-être une étude approfondie de ce péri-urbain saura
mettre en exergue la nouvelle identité des villes algériennes qui se sont mises à un
commerce informel de consommation. C’est une piste à traiter prochainement.

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365
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BELGUIDOUM Saïd (2008), La ville en question-analyse des dynamiques urbaines
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366
Nom et Prénom : Nawal ALIOUA

Titre : pour des formes de requalification urbaine pour Jijel

Thèse en vue de l’Obtention du Diplôme de Doctorat LMD


En Urbanisme

Résumé

Le phénomène de l’exode rural et de la croissance de villes ont pris un essor, entraînant souvent l’abandon
des vieux centres avec leur attractivité et leur spécificité, et, l’émergence des espaces périphériques plus
attrayants mais sans âme ni références identitaires. Face à cette situation troublante, la ville peine à se
démarquer et à trouver sa singularité dans un monde en perpétuelle mutation où la concurrence entre villes
est intense. Alors, comment peut-on offrir aux habitants un cadre de vie agréable et unique au sein de leur
ville grâce au processus de requalification urbaine ? Et par quels moyens ? Tel est le questionnement qui
alimente notre réflexion.
La pertinence et la nouveauté recherchées dans notre étude s’incarnent dans la proposition d’une démarche
qui permet de mieux appréhender la question de l’identité d’un territoire et de la voix de ses habitants dans
les opérations de requalification urbaine, c’est-à-dire, de montrer comment révéler l'identité d'une ville lors
des opérations de sa requalification. Pour traiter cette préoccupation majeure, le choix est porté sur la ville de
Jijel (en Algérie) qui est en pleine mutation et dont elle est appelée à passer d’une ville enclavée à un pôle de
développement régional (2030) à travers de grands projets structurants prévus par l’Etat qui sont en cours de
réalisation. Or, le système urbain de cette ville souffre de plusieurs lacunes.
Cette recherche propose de mieux interpréter les tenants et les aboutissants du cadre de vie global et actuel de
la ville de Jijel à travers une approche du terrain, d’abord en tant qu’espace aménagé et à aménager et puis en
tant qu’espace perçu et pratiqué par ses habitants pour en dégager les facteurs favorisant sa requalification et
la révélation de son identité.
En questionnant en premier lieu la situation actuelle de cette ville à travers un diagnostic détaillé puis en
analysant le contenu des stratégies de requalification telles qu’elles sont dessinées par ces décideurs, nous
visons à comprendre les mutations que subissent cette ville et leurs répercussions sur son identité.
L’habitant étant le nœud focal sur lequel se base toute décision car il est à la fois usager et acteur, pratiquant
et décideur. Nous questionnons les deux concepts auprès des habitants de cette ville. En effet, entendre la
voix de ces derniers à travers des entretiens semi directifs ainsi que les observer, nous permet de définir leurs
besoins et leurs aspirations en termes des opérations de requalification urbaine d'une part et de poser les bases
et les assises subjectives nécessaires à l'appréciation objective de la question de l'identité territoriale d’autre
part.
L’originalité de ce travail tient à vouloir définir les arguments de base à partir d’une réinterprétation des
informations recueillies et des représentations des habitants. Le croisement des résultats de notre enquête
avec les logiques institutionnelles qui dessinent l’avenir de cette ville, permet de mener une lecture critique
des politiques de requalification urbaine proposées par les décideurs de la ville de Jijel. Consolider les
résultats de ce croisement par les résultats de l’approche comparative, en étudiant trois expériences
étrangères menées dans le domaine de l’urbain, qui ont des similitudes avec notre cas d’étude, contribue à la
fois à prendre un recul par rapport à notre contexte national et à construire un outil d’aide à la décision
efficace et efficient qui servira de référence pour toute intervention territoriale (valorisante et révélatrice
de son identité).

Mots clés : Requalification urbaine, identité du territoire, habitant, ville de Jijel.

Directrice de thèse : Bernia ZEHIOUA HECHAM – Université Constantine 3

Année Universitaire : 2020-2021

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