Développement MJ
Développement MJ
- DOSSIER DOCUMENTAIRE –
Source : P. Hugon, « Peut-on parler d’une crise ou d’un renouveau de l’analyse économique du
développement ? », Revue Tiers-Monde n°187, 2006
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Document 3 : Taux de pauvreté base sur le seuil de 1,25 dollars par jour
dans une sélection de pays d’Asie
Document 4 : Taux de pauvreté basé sur le seuil de 2 dollars par jour (en %) dans une
sélection de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
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Document 5 : Secteur agricole dans les PMA
Part de l’agriculture en pourcentage
De la main-d’œuvre Du PIB
totale
1990 2009 1990 2009
PMA 75,4 65,7 34,8 26,3
Autres PED 58,8 46,6 13,3 9,2
Ensemble des PED 60,8 49,3 14,2 9,7
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced
3
Document 8 : Calcul de l’IDH
Pour l’éducation, nous utilisons l’équation pour chacune des deux composantes, puis nous
calculons la moyenne géométrique des indices résultants, et finalement nous appliquons de
nouveau l’équation à la moyenne géométrique des indices, en utilisant 0 comme valeur minimale et,
comme valeur maximale, la valeur la plus élevée des moyennes géométriques des indices obtenus
pour la période considérée. Cette méthode revient à appliquer directement l’équation à la moyenne
géométrique des deux composantes.
Chaque indice dimensionnel servant d’indicateur des capacités dans la dimension correspondante,
la fonction permettant de convertir le revenu en capacités est susceptible d’avoir une forme
concave (Anand et Sen 2000). Dans le cas du revenu, nous utilisons donc le logarithme népérien
des valeurs minimales et maximales utilisées.
2ème étape : cumul des sous-indices pour obtenir l’indice de développement humain
L’IDH représente la moyenne géométrique des trois indices […].
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Source : Rapport sur le développement humain 2011, PNUD
RNB par
Espérance Durée Durée habitant
de vie à la moyenne de attendue de (dollar
IDH
naissance scolarisation scolarisation PPA
(années) (années) (années) constant
2005)
1 Norvège 0,943 81,1 12,6 17,3 47 557
2 Australie 0,929 81,9 12,0 18,0 34 431
3 Pays-Bas 0,910 78,5 12,4 16,8 36 402
4 Etats-Unis 0,910 78,5 12,5 16,0 43 017
20 France 0,884 81,5 10,6 16,1 30 462
130 Maroc 0,582 72,2 4,4 10,3 4 196
187 Congo 0,286 48,4 3,5 8,2 280
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Document 11 : Répartition de la population vivant dans l’extrême pauvreté dans les pays en
développement, 1990, 2000 et 2007 (Seuil de 1,25 dollar par jour)
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced
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Document 14 : Le dualisme dans le modèle de Lewis
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1830-1840, acquiert la première place du commerce extérieur avec plus de 40% de la valeur des
exportations, dépassant celles du sucre et du coton notamment. C'est la grande crise des années
1930 qui va précipiter l'effondrement de ce modèle d'économie primaire exportatrice. La crise de
1929 se manifeste en effet par une chute générale des cours des matières premières. Le cours de la
livre de café chute de 22,5 cents en septembre 1929 à 8 cents en 1931 soit une diminution du prix
de 64%. Cette chute des cours durable n'est pas compensée par une augmentation des volumes
exportés, l'économie caféière connaissant depuis plusieurs années déjà une surcapacité productive.
Il s'en suit une dégradation générale des recettes d'exportation en devises (accentuée par la fuite des
capitaux étrangers) et donc une baisse considérable des capacités d'importation. Entre 1929 et
1932, la capacité d'importation se contracte de plus de 60% au Brésil. Une part importante de la
demande d'importation peut de la sorte se déplacer sur le marché intérieur. La réaction va être
précisément de produire à l'intérieur du pays ce qui ne peut plus être acheté à l'extérieur
déclenchant ainsi un processus d'industrialisation par substitution d'importation (ISI). […]
L'industrialisation par voie substitutive d'importation qui marque pendant plus d’une trentaine
d’années l'économie du Brésil, peut être appréhendée selon deux phases.
- La première phase concerne la substitution d’importations légères. Cette étape qui nécessite
peu de capital et de main-d’œuvre qualifiée est d'autant plus aisée à franchir qu’elle s’appuie
sur des capacités industrielles et des infrastructures préexistantes, générées par l’économie
exportatrice. […] Les difficultés d'approvisionnement dues à la première Guerre mondiale
vont permettre d’augmenter la substitution de la production nationale aux importations.
Dans certains secteurs comme le textile par exemple la satisfaction de la demande est
réalisée grâce à la pleine utilisation des capacités de production existantes. Pour d'autres
segments de la demande (alimentation, cuirs et peaux, ameublement, biens intermédiaires
comme le ciment, biens d’équipement techniquement simples) l'augmentation de la
production locale est obtenue par des investissements neufs assurés de perspectives de profit
supérieures à celles du secteur exportateur en crise. Au cours des années 1940, la
substitution aux importations est très avancée dans le secteur des biens de consommation
non durables avec un coefficient d'importation pour ce secteur inférieur à 10%. La part de
ces industries traditionnelles (textile, produits alimentaires, boisson, tabac, imprimerie,
mobilier, bois, cuir...) domine avec 69,7% de la valeur ajoutée industrielle tout en relevant
une tendance déclinante puisqu'elle dépassait les 80% au début des années 1930. Plus
globalement, entre 1939 et 1937 le taux d’importation (soit le rapport IMP/PIB) baisse de
11,3% à 6,9% parallèlement à un accroissement de la production industrielle de plus de 42%.
Sur la décennie 1930-1939, la production industrielle enregistre une croissance annuelle de
8,7% (contre 4,5% pour le PIB). Et contre 5,4% lors des deux décennies précédentes. […]
Au total, en recentrant la croissance économique sur le marché intérieur par la voie de la
substitution aux importations, le Brésil accède au cours de cette étape à une quasi
autosuffisance pour l'industrie légère de transformation avec une forte prééminence des
industries traditionnelles de biens de consommation simples. Il s'agit néanmoins d'une
industrialisation encore fortement « restreinte ».
- La deuxième phase de la substitution aux importations concerne des secteurs plus lourds
(cimenterie, acier commun, chimie, biens d'équipement pour les industries textiles,
métallurgie.. ) pour toucher plus tardivement d'autres secteurs plus complexes (équipement
industriel, construction navale, matériel électrique, aciers spéciaux, pétrochimie...) et des
biens de consommation durables (appareils ménagers, automobiles, radio, télévision…) ce
qui nécessite plus de capital et une main d’œuvre mieux formée, plus différenciée. […]
L'Etat définit le cadre juridique de l'industrialisation (institution du Code minier en 1934 du
Conseil national du pétrole en 1938"..); il crée un Institut national de statistique, un Conseil
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fédéral du commerce extérieur ouvrant la voie à une ébauche de planification ; il poursuit
également l'effort pour les infrastructures et met en place une législation sociale relativement
avancée. Il intervient aussi directement dans la production quand il crée (en 1941) l'usine de
Volta Redonda (Compagnie sidérurgique nationale) après que des grandes sociétés
sidérurgiques étrangères eurent refusé de construire une aciérie. D'autres mesures […]
comme la création de la Banque Nationale de Développement économique (1952), de
Pétrobas (1954) augmentent les instruments de l'Etat qui élargit par ailleurs ses interventions
en faveur d'une diversification industrielle. C'est cependant le Plan Metas du gouvernement
Kubitschek (1955-1961) qui donne l'impulsion décisive à la substitution d'importations
lourdes dans le cadre d'une stratégie délibérée d'industrialisation intense symbolisée par le
mot d'ordre : « 50 ans d'industrialisation en 5 ans ». Les investissements sont concentrés
surtout dans les secteurs de l'énergie (43,2%, des transports (29,6%) et des industries de base
(20,4%). Parmi ces dernières, relevons l'augmentation des capacités de production d'acier,
d’'aluminium, de ciment, de caoutchouc..., biens intermédiaires qui servent à l'implantation
d'industries de l'automobile, de la construction navale et de l'armement. Entre 1955 et 1962,
les industries de biens de capital, de biens de consommation durable et de biens
intermédiaires ont des taux de croissance annuels moyens très élevés, […] En conséquence,
la prépondérance des industries traditionnelles est sensiblement atténuée […]. Sur la période
1955-1961, l'économie croît de 8,1% par an tandis que la part de l'industrie dans le PIB passe
de 21,9% en 1949 à 30,5% en 1960. […]
Ces « 50 ans d'industrialisation en 5 ans » sont autant de transformations accélérées qui ont
exacerbé les contradictions au sein de la société brésilienne. […]
Finalement, si la politique d'ISI a impulsé une forte croissance au Brésil -avec de 1950 à 1980 une
progression annuelle du PIB qui atteint 7% en moyenne et une augmentation du produit par tête
de 4% en dépit d'une pression démographique - elle n'en est pas moins aussi à l'origine de graves
déséquilibres. En particulier, l'approfondissement de l'ISI par le passage de la substitution des biens
de consommation courante à celle des biens d'investissement et celle des biens de consommation
durables réclame des importations d’inputs et de technologies relativement sophistiquées, non
disponibles localement, difficiles à produire, nécessaires à la production de ces biens. Face à cette
pression sur les importations, les exportations brésiliennes ont plutôt tendance à stagner, leur
croissance annuelle ne dépassant pas 1,3% de 1947 à 1963 et une structure dominée encore en
1964 à 95% par les produits primaires. Il en résulte une tendance au déficit de la balance
commerciale qui se résout par un recours à l'endettement extérieur. […] À cette contrainte externe
s'ajoute un autre déséquilibre, interne celui-là, lié à la distribution inégalitaire des revenus, généré
par la politique d'industrialisation. La caractéristique principale d'ISI tient en effet à cette tendance
à produire des biens selon un modèle de consommation adressé aux groupes sociaux relativement
restreints et privilégiés et la croissance en vient ainsi à dépendre de plus en plus de l’inégalité des
revenus qui ne cesse de s’accentuer au fur et à mesure que s’approfondit ce type d'industrialisation
plus lourd et de plus en plus sophistiqué. L’ISI aboutit à l'exclusion des bénéfices de la croissance
de la grande majorité de la population ce qui se traduit par une dégradation des conditions
d'existence dans les grandes villes, l'extension des favellas, un fort taux de mortalité infantile (110
pour mille en 1970) et d'analphabétisme (un tiers de la population) et un niveau de vie très bas des
populations rurales (petits propriétaires, ouvriers saisonniers ou journaliers) qui cumulent tous les
handicaps en l'absence d'une réforme agraire sans cesse ajournée. Ces déséquilibres tant externe
qu'interne constituent finalement autant de limites à cette voie de développement réalisée avec un
degré d'inégalité parmi les plus élevés du monde.
Source : A. Merad-Boudia, Economie du développement. Une perspective historique,
L’Harmattan, 2012
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Document 17 : Stratégie de développement en Algérie :
« Etat démiurge » et « Industries industrialisantes »
Au lendemain d'une conquête longue et douloureuse de l'indépendance, les aspirations à une
amélioration des conditions d'existence par la modernisation de la société sont très fortes en
Algérie. Les premières mesures adoptées donnent à l'État les moyens de cette ambition nationale
de développement. Les principales étapes en sont : la récupération de la souveraineté monétaire par
la création […] de la Banque Centrale d'Algérie, l'émission d'une unité monétaire nationale, le «
dinar algérien »[…], l'édification d'un système bancaire, avec la mise en place de nouveaux
instruments - comme la Caisse algérienne de développement […] et la Caisse nationale d'épargne et
de prévoyance[…], complétée par la création et 1966-67 de trois grandes banques nationales […]
issues de la nationalisation des banques privées étrangères ; la création fin 1963, de la Société
nationale de transport et de commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach) […] suivie de la
création de la Société nationale de sidérurgie (SNS) ; le contrôle des ressources naturelles avec la
nationalisation des richesses minières en 1966, le transfert des compétences, de 1967 à 1970, des
sociétés anglo-américaines essentiellement (BP, Esso, Mobil, Shell...) au profit de la Sonatrach, et
surtout la nationalisation, le 24 févier 1971, des participations françaises dans la production
d'hydrocarbures qui passent sous le contrôle de l'Etat algérien à concurrence de 51% pour le
pétrole et 100% pour le gaz ; l'État impose aussi un contrôle des changes, du commerce intérieur
de gros et du commerce extérieur. Au total, avec cet ensemble de mesures, l'Etat a désormais les
moyens pour mener une politique de développement d'envergure. […]
C'est en 1966 qu'est définie « une Stratégie de développement global à long terme (1966-1980 » -
avec comme objectif la création de 100 000 nouveaux emplois par an hors agriculture, à l'horizon
de l'année 1980 - d'où dérivent les « Perspectives septennales » qui précisent les premières étapes de
moyen terme pour 1967-1973 avec la première élaboration de la planification, appuyée par des
experts polonais et du Gosplan soviétique. […] Le taux d'investissement programmé est
particulièrement élevé : il est de 23,3% en 1967, de 39% au cours du premier quadriennal , de
48,3% au cours du second et il atteint plus de 55% en 1978, le taux au cours de la période 1967-78
dépassant en moyenne 35%.
Cet effort d'investissement est orienté surtout vers l'industrie (hydrocarbures compris) dont le
pourcentage augmente d'un plan à l'autre et qui s'accapare la plus grande part de l'investissement
total réalisé […], le reste étant la part allouée aux infrastructures sociales (éducation et formation,
habitat, transport, infrastructures, tourisme, équipements sociaux...). À l'intérieur du secteur
industriel, la concentration de l'investissement sur les hydrocarbures ainsi que dans les industries
sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques et dans les matériaux de
construction, révèle un « pari sur structures nouvelles ».
La démarche procède ainsi par déséquilibres censés engendrer une puissante dynamique visant à
construire, par étapes, un appareil productif diversifié, par anticipation de la demande effective
future d'investissement et de consommation finale et en mobilisant à cette fin les ressources en
devises procurées par la valorisation internationale du pétrole et du gaz (le slogan courant à
l'époque était : « semer le pétrole pour récolter le développement »). […] La stratégie algérienne de
développement est en correspondance avec le modèle des « industries industrialisantes » élaboré
par G. Destanne de Bernis (qui a été, avec son équipe de l'Institut de Recherche Economique et de
Planification de Grenoble, un conseiller privilégié des responsables économiques algériens) et
utilisé pour déterminer les conditions de l'amorce et de l'entretien du processus de développement.
Pour de Bernis, l'économie de l'Algérie héritée de la colonisation se caractérise, à l'instar de tous les
pays ayant subi la domination coloniale, par son « extraversion » et par sa « désarticulation interne »
avec des régions mal reliées entre elles et des secteurs dépendants de l'extérieur pour leurs inputs
importés ou leur output exporté d'où une matrice des échanges interindustriels blanche ou
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quasiment vide. Une stratégie d'intraversion est dès lors indispensable et la démarche de
développement à mettre en œuvre après l'indépendance doit ainsi viser à construire des
articulations internes en mettant en place une « structure industrielle cohérente » […]. Cela
implique la présence de branches produisant des biens d'équipement et des biens intermédiaires
destinés à une consommation productive interne. La mise en place d'une telle structure industrielle
ne peut donc se faire qu'à partir d'un certain type d'industries susceptibles d'impulser un processus
général d'industrialisation […]. Ces industries qui contribuent plus que d'autres à l'industrialisation,
peuvent être qualifiées « d'industrialisantes » […] Outre qu'elles soient de « grande dimension » et «
hautement capitalistiques », ces industries -qui par leurs effets d'entraînement renforcent le degré
d'intégration de l'ensemble de l'économie, élèvent la productivité du travail et permettent
l'apprentissage de l'environnement industriel- sont les industries productrices de biens
d'équipement (pour l'agriculture ou pour l'ensemble de l'industrie), mais aussi, au stade d'amorce du
processus de développement, les industries de biens intermédiaires (sidérurgie, métallurgie,
cimenterie, matériaux de construction, chimie et pétrochimie...) ainsi que les industries productrices
d'énergie (pétrole, gaz, électricité...). […]
Au terme de cette première étape de développement […], l'appareil productif qui est mis en place
diffère de la structure d'investissement initialement programmée. Le secteur industriel (y compris
hydrocarbures) bénéficie en effet d'une proportion d'investissements effectivement réalisés plus
importante que celle prévue par le planificateur […] ceci au détriment de l'agriculture […] et des
infrastructures sociales (habitat, santé, transports...). Au sein du secteur industriel, ce détournement
de la FBCF joue principalement au profit de la branche des hydrocarbures (46,80% du total des
investissements publics industriels réalisés au lieu de 40,6% prévus pour le second quadriennal) et
des industries de biens intermédiaires dans une moindre mesure (sidérurgie, matériaux de
construction […], au détriment des biens d'équipement industriel … et des moyens de
consommation […]. Ces déformations imprimées à la formation de capital fixe font que le système
productif algérien peut être caractérisé comme une juxtaposition d'un secteur de valorisation des
hydrocarbures comprenant plusieurs filières (raffinage, traitement du GPL, liquéfaction du gaz
naturel, pétrochimie, transformation des matières plastiques…) et d'un secteur de biens
intermédiaires (sidérurgie, cimenteries et matériaux de construction, énergie), ce qui pose la
cohérence de ces deux sous-ensembles pour impulser une section des moyens de production et une
section des moyens de consommation » […].
L'intensité du processus d'accumulation engendre cependant de fortes contradictions qui affectent
l'efficacité globale de l'appareil de production mis en place. Ainsi, bien que la valeur ajoutée
industrielle (hors hydrocarbures et BTP ait été multipliée par 2,8 entre 1967 et 1978, cette
performance semble insuffisante eu égard à l'ampleur de la formation de capital fixe engagé dans le
secteur industriel. […] L'efficacité du capital a tendu à régresser, le produit industriel représentant
41% du stock de capital fixe en 1966 et 21% seulement en 1977. La productivité du travail se situe
aussi à un niveau relativement faible comme l'indique l'évolution défavorable du produit industriel
par travailleur, tendance qui est encore plus marquée dans les activités du bâtiment et des travaux
publics. Un autre indicateur significatif est le taux d'utilisation des capacités de production. […] En
1978, le taux d'utilisation des capacités est seulement de 10% pour le complexe de machinisme
agricole, de 25% pour celui des machines-outils, 31%a pour l'éthylène, de 36% en ce qui concerne
les cimenteries et les engrais azotés, 45 à 50% pour les plastiques et les engrais phosphatés. […]
D'une manière assez paradoxale, cette sous-production coexiste avec un volume important de
stocks invendus que les entreprises n'arrivent pas à écouler ce qui manifeste la mauvaise
coordination des relations interentreprises. Du fait que chaque entreprise ou société nationale est
placée sous la tutelle d'un ministère, ce sont plutôt des liens verticaux, marqués par une
subordination hiérarchique des gestionnaires d'entreprises vis-à-vis de leur administration de
11
tutelle, qui vont prévaloir tandis que les liens interentreprises, intrasectoriels et intersectoriels ne
peuvent s'établir sans l'intermédiaire obligé des organes centraux des administrations impliquées.
[…].
Au cours des trois plans, la propension à importer de l'économie algérienne ne cesse d'augmenter.
Elle s'élève à 25% à l'époque du plan triennal, 33% pendant le premier quadriennal et 40% durant
le second. L'explosion de la demande provoquée par l'ampleur de l'investissement mais aussi les
médiocres performances de l'appareil industriel installé et les insuffisances de la politique
d'intensification de la production agricole sont à l'origine de cet accroissement de la part relative
des importations par rapport à la production intérieure brute.
12
Document 19 : La Malaisie : une croissance fondée sur l’exportation
de produits de base
Lors de son accession à l'indépendance, en 1957, la Malaisie représentait presque le modèle achevé
de l'économie de monoculture : le caoutchouc assurait nettement plus de la moitié des recettes
d'exportation du pays et près du quart de son produit intérieur brut. Le deuxième poste des ventes
à l'étranger, l'étain, rapportait entre l0 et 20 % des recettes totales d'exportation. Les perspectives
d'avenir pour l'un et l'autre produit n'étaient pas brillantes: la demande de caoutchouc pâtissait de
l'existence de produits synthétiques de substitution peu coûteux et le marché de l'étain subissait un
excédent de production par rapport à la demande prévisible. Les planificateurs du nouveau pays
auraient très bien pu se laisser piéger par le pessimisme ambiant de l'époque en matière
d'exportation et bâtir une stratégie de développement fondée sur la substitution aux importations.
Mais, dotée d'un riche potentiel de ressources naturelles et d'une population relativement modeste,
la Malaisie a fondé sa stratégie de développement sur son avantage comparatif. Pour réduire les
coûts de la culture de l'hévéa, le pays a investi dans des recherches qui lui ont permis de conserver
sa compétitivité par rapport au caoutchouc synthétique. Calculées par rapport aux prix
d'importation, les recettes tirées de l'exportation du caoutchouc n'ont baissé que de 4 % de 1960 à
1987. Parallèlement, la Malaisie a investi dans des plantations de palmiers à huile et cette nouvelle
exportation a augmenté en volume de 15% par an de 1960 à 1987. Les exportations pétrolières ont
régulièrement progressé de 8 % par an, et les ventes de grumes et de bois d'œuvre à l'étranger se
sont accrues au total de 82% de 1960 à 1987.
Pendant cette période, la Malaisie a également investi dans l'industrie manufacturière exportatrice.
Alors qu'en 1965, les produits de base rapportaient plus de 90 % des recettes d'exportation, en
1998, l’industrie manufacturière aura connu un essor suffisant pour en représenter 79%. Grâce aux
investissements effectués dans les exportations de produits de base et d'articles manufacturés, les
recettes totales du pays à l'exportation, diminuées des prix à l'importation (autrement dit, ses
termes de l'échange […]), ont augmenté de 7% par an pendant trois décennies.
Grâce à ses investissements dans les exportations de produits de base et d'articles manufacturés, la
Malaisie a enregistré une croissance économique rapide, supérieure à 6 % par an de 1965 aux
premières années du XXIème siècle, en dépit du coup que lui a porté la crise financière de 1997-
1998. Dotée d'un revenu individuel de 9 000 dollars EU (en 2004), en parité des pouvoirs d'achat,
elle se trouve à égalité avec la Grèce et le Mexique, même si, au milieu des années 1960, son revenu
moyen était voisin de celui de la Zambie et du Salvador. Grâce à la diversification de son potentiel
exportateur, de sa productivité et du niveau élevé de ses revenus, la Malaisie dispose des moyens
requis pour poursuivre un développement rapide.
13
exportatrice aurait pu rapporter au pays suffisamment de recettes pour lui permettre d’effectuer
une transition progressive vers le remplacement des importations. Mais le désinvestissement dans
les exportations de produits de base a été si abrupt que les exportations de cacao ont diminué de
moitié en volume entre le début des années 1960 et le milieu des années 1980, les autres
exportations ne compensant pas ce déficit.
L’inaptitude du Ghana à tirer parti de sa riche base exportatrice est rendue plus manifeste par le
succès de son voisin immédiat, la Côte-d'Ivoire. Dotée pratiquement du même potentiel de
ressources, celle-ci a procédé à des investissements qui lui ont permis de maintenir ses exportations
de café, avant de se diversifier dans le cacao (au moment même où le Ghana désinvestissait), le bois
et d'autres produits primaires. Pendant deux décennies, le volume des exportations y a plus que
doublé, le PIB par habitant dépassant de près de deux fois celui du Ghana, en dépit d'une
immigration substantielle en provenance de pays voisins moins prospères.
14
Source : D. Perkins, S. Radelet et D. Lindauer, Economie du développement, De Boeck, 2008
Source : Julien Vercueil, Les pays émergents. Brésil - Russie - Inde - Chine... Mutations
économiques et nouveaux défis, Bréal, 2011
15
Document 23 : La transformation anthropogénique de la planète
16
Document 25 : La tragédie des biens communs
Cette expression veut symboliser la dégradation de l’environnement qui provient de l’utilisation par
de nombreux individus d’une ressource commune en accès libre. Hardin l’illustre par le
comportement rationnel d’un éleveur qui tire bénéfice direct de l’élevage de ses propres animaux,
paissant dans un champ commun, mais subit un coût dû à la raréfaction de l’herbe, coût qui croît
avec le nombre de bêtes. Toutefois, comme il partage ces coûts avec tous les autres éleveurs alors
que son bénéfice ne provient que de son bétail, il est dans son propre intérêt d’augmenter son
troupeau et de faire paître de plus en plus d’animaux. Chaque éleveur ayant le même intérêt, ce
comportement conduit à une raréfaction croissante de l’herbe, c’est-à-dire à la disparition de la
ressource commune.
Cette métaphore ne doit pas dissumuler l’importance du phénomène. Le problème général de la
surpopulation, […] la surexploitation des pêcheries dans les eaux internationales, les feux de forêt
dans les PED, […] sont autant d’exemples, parmi bien d’autres, de la tragédie des biens communs.
Une telle évolution se produit quand chaque individu ne considère que ses coûts et bénéfices
privés, faisant ainsi l’hypothèse que ses propres actions n’ont pas d’influence significative sur la
ressource globale.
17
prévu de remplacer, à terme, la taxe par un marché du carbone inspiré de celui de l'Union
européenne, La Californie, quant à elle, envisage d'instaurer un système de quotas d'émission de
GES sur le modèle européen.
Source : E. Laurent et J. Le Cacheux, Economie de l’environnement et économie écologique,
Armand Colin, 2012
18
Document 28 : Autres marchés de droits à polluer
Des systèmes d'échange se sont mis en place dans plusieurs pays, en Europe et en Amérique du
Nord. Aux États-Unis, la réforme de la loi sur l’air (Clean Air Act) en 1990 a entraîné la
constitution d'un marché national des permis à émettre du dioxyde de soufre (SO2), sur la base
d'un plafond national d’émissions réparti entre les centrales thermiques. Ce marché a démarré en
1995. Plus récemment, le 30 septembre 2003, le Chicago Climate Exchange (CCX) a lancé un
marché qui permet à ses membres volontaires d'acheter et de vendre des crédits d’émission calculés
par rapport à un niveau de référence moyen. En Europe, le Danemark est le premier pays à avoir
mis en place un programme obligatoire de permis d'émission négociables pour le CO2. Lancé en
2001, ce programme porte sur la période 2001-2003 et ne concerne que les plus gros producteurs
d’électricité. Au Royaume-Uni, il existe un programme volontaire de quotas d'émission négociables
pour les gaz à effet de serre. Le marché britannique des droits d’émission de CES, ambitieux et
complexe, a officiellement commencé le 2 avril 2002.
19
commerce des substances elles-mêmes est interdit entre les signataires et les non-signataires, mais
encore cette limitation des échanges touche aussi les produits contenant ces substances (aérosols,
réfrigérateurs, voitures avec air conditionné...). Par ailleurs, l'importation de produits dont la
fabrication utilise les substances prohibées (composants électroniques où les CFC constituent des
solvants de nettoyage) est interdite dans les pays signataires à partir de 1994. De plus, ces derniers
sont incités à ne pas exporter de technologies de production ou utilisant les CFC. Le protocole a
été amendé en 1999 en introduisant trois nouvelles substances, les hydrochlorofluoro-carbones
(HCFC), le bromochlorométhane et le bromure de méthyle.
20
richesse et nos moyens de subsistance et conduit à une extension de notre population, de nos productions, de nos
échanges, qui est appréciable dans le présent, mais nous conduit nécessairement vers une fin prématurée ». Jevons
conclut : « Il est illusoire de penser qu'un usage plus économique d'un carburant conduit à une consommation
moindre. C'est l'exact opposé qui est vrai » (Jevons, 1865).
Le paradoxe de Jevons (également appelé de manière imagée l'« effet-rebond »), généralisé à la
question des conséquences écologiques de l'efficacité énergétique engendré par le système
économique, se formule donc simplement : l'accroissement de l'efficacité énergétique (la baisse de
la quantité d'énergie utilisée pour produire un bien du fait de l'amélioration des technologies),
engendre simultanément des économies d'énergie à court terme et une hausse de la consommation
du bien à moyen terme qui peu annuler ces économies et finalement engendrer une plus grande
consommation d'énergie.
Une illustration sectorielle simple du « paradoxe de Jevons » est offerte par la dynamique des gaz à
effet (GES) de serre issus du transport routier dans l'Union européenne […].
21