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THEME 4 : LE DEVELOPPEMENT

- DOSSIER DOCUMENTAIRE –

Document 1 : Le développement économique


Le développement économique, peut être considéré comme une norme (vecteurs d’objectifs
sociaux désirables), comme un projet porté par les acteurs et les institutions de développement ou
comme un processus objectif et mesurable pour éclairer les trajectoires des sociétés. Au-delà des
débats doctrinaux, il peut être défini comme un processus endogène et cumulatif de long terme de
progrès de la productivité et de réduction des inégalités, en intégrant des couts humains et
environnementaux acceptables, permettant à un nombre croissant de passer d’une situation de
précarité, de vulnérabilité et d’insécurité à une situation de plus grande maitrise de l’incertitude, des
instabilités et de satisfaction des besoins fondamentaux grâce à l’acquisition de droits, à la mise en
œuvre d’organisations et d’institutions et de modes de régulations permettant de piloter des
systèmes complexes. Il ne peut être réduit à des indicateurs de PIB ou de bien-être.

Source : P. Hugon, « Peut-on parler d’une crise ou d’un renouveau de l’analyse économique du
développement ? », Revue Tiers-Monde n°187, 2006

Document 2 : PNB dans le tiers-monde et les pays développés 1750-1990


(Prix et dollars américains de 1960)

Source : P. Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, La découverte, 1994

1
Document 3 : Taux de pauvreté base sur le seuil de 1,25 dollars par jour
dans une sélection de pays d’Asie

Source : Indicateurs du développement dans le monde, 2010

Document 4 : Taux de pauvreté basé sur le seuil de 2 dollars par jour (en %) dans une
sélection de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

Source : Indicateurs du développement dans le monde, 2010

2
Document 5 : Secteur agricole dans les PMA
Part de l’agriculture en pourcentage
De la main-d’œuvre Du PIB
totale
1990 2009 1990 2009
PMA 75,4 65,7 34,8 26,3
Autres PED 58,8 46,6 13,3 9,2
Ensemble des PED 60,8 49,3 14,2 9,7
Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced

Document 6 : PIB réel par habitant dans les PMA


par rapport aux autres groupes de pays (1970-2009)

Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced

Document 7 : Quelques caractéristiques des P.M.A.

Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced

3
Document 8 : Calcul de l’IDH

Source : Rapport sur le développement humain 2011, PNUD

Document 9 : Méthode de calcul de l’IDH


L’indice de développement humain (IDH) est une mesure synthétique du développement humain.
Il mesure le niveau moyen de développement humain atteint dans un pays donne, sous trois
aspects essentiels : sante et longévité, accès a l’instruction et niveau de vie décent. L’IDH
représente la moyenne géométrique des indices normalises utilises pour mesurer les niveaux atteints
dans chaque dimension. […]
Le calcul de l’IDH se décompose en deux étapes.
1ère étape : création des indices dimensionnels
Des valeurs minimales et maximales sont définies pour permettre de convertir les indicateurs en
indices compris entre 0 et 1. Les valeurs maximales sont les valeurs les plus élevées observées au
cours de la période considérée (1980-2011). Les valeurs minimales sont celles que l’on est en droit
de considérer comme des valeurs de subsistance. Nous avons défini les valeurs minimales suivantes
: 20 ans pour l’espérance de vie, zéro pour les deux variables relatives à l’éducation, et 100 $ pour le
revenu national brut (RNB) par habitant. La faible valeur du revenu peut s’expliquer par le volume
considérable de subsistance non mesurée et de production hors marché dans les économies
avoisinant les valeurs minimales, volume qui n’apparait pas dans les données officielles.
Une fois définies les valeurs minimales et maximales, nous calculons les sous-indices de la manière
suivante :

Pour l’éducation, nous utilisons l’équation pour chacune des deux composantes, puis nous
calculons la moyenne géométrique des indices résultants, et finalement nous appliquons de
nouveau l’équation à la moyenne géométrique des indices, en utilisant 0 comme valeur minimale et,
comme valeur maximale, la valeur la plus élevée des moyennes géométriques des indices obtenus
pour la période considérée. Cette méthode revient à appliquer directement l’équation à la moyenne
géométrique des deux composantes.
Chaque indice dimensionnel servant d’indicateur des capacités dans la dimension correspondante,
la fonction permettant de convertir le revenu en capacités est susceptible d’avoir une forme
concave (Anand et Sen 2000). Dans le cas du revenu, nous utilisons donc le logarithme népérien
des valeurs minimales et maximales utilisées.
2ème étape : cumul des sous-indices pour obtenir l’indice de développement humain
L’IDH représente la moyenne géométrique des trois indices […].

4
Source : Rapport sur le développement humain 2011, PNUD

Document 10 : Niveau de développement humain en 2011

RNB par
Espérance Durée Durée habitant
de vie à la moyenne de attendue de (dollar
IDH
naissance scolarisation scolarisation PPA
(années) (années) (années) constant
2005)
1 Norvège 0,943 81,1 12,6 17,3 47 557
2 Australie 0,929 81,9 12,0 18,0 34 431
3 Pays-Bas 0,910 78,5 12,4 16,8 36 402
4 Etats-Unis 0,910 78,5 12,5 16,0 43 017
20 France 0,884 81,5 10,6 16,1 30 462
130 Maroc 0,582 72,2 4,4 10,3 4 196
187 Congo 0,286 48,4 3,5 8,2 280

Source : Rapport sur le développement humain 2011, PNUD

5
Document 11 : Répartition de la population vivant dans l’extrême pauvreté dans les pays en
développement, 1990, 2000 et 2007 (Seuil de 1,25 dollar par jour)

Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced

Document 12 : Secteur agricole dans les PMA

Part de l’agriculture en pourcentage


De la main-d’œuvre
Du PIB
totale
1990 2009 1990 2009
PMA 75,4 65,7 34,8 26,3
Autres PED 58,8 46,6 13,3 9,2
Ensemble des PED 60,8 49,3 14,2 9,7

Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced

Document 13 : Indicateurs démographiques des PMA


Taux de
mortalité Taux de Taux Taux
Espérance de vie
des enfants Mortalité brut de brut de
moyenne à la naissance
de moins infantile natalité mortalité
de 5 ans
Pour 1000
Hommes Femmes Total Pour 1000
naissances vivantes
1990 2009 1990 2009 1990 2009 1990 2009 1990 2009 1990 2009 1990 2009
PMA 179 121 112 78 49.9 54.7 52.4 57.5 51.1 56.1 42.2 34.2 15.6 10.7
Autres PED 85 51 61 38 61,7 62,2 66,4 66,6 64,0 64,2 27,2 19,4 8,1 7,3
Ensemble des PED 103 67 71 48 55,8 58,5 59,4 62,1 57,5 60,1 29,2 21,7 9,1 7,8

Source : Rapport 2011 sur les pays les moins avancé, Cnuced

6
Document 14 : Le dualisme dans le modèle de Lewis

Source : A. Merad-Boudia, Economie du développement. Une perspective historique,


L’Harmattan, 2012

Document 15 : Evolution des termes de l’échange des pays du tiers-monde à économie de


marché entre 1876 et 1990 (1963=100)

Source : P. Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, La découverte, 1994

Document 16 : La stratégie de développement du Brésil :


plus de trente années d’industrialisation par substitution d’importations (ISI)
Colonie portugaise depuis le début du XVIème siècle, le Brésil a connu, pendant plus de quatre
siècles, une dynamique économique rythmée par une succession de cycles de spéculation
commerciale tels que celui du « bois brésil » […], du sucre, de l'or, du café, du cacao, du
caoutchouc, du coton, du tabac. Avec l'indépendance politique (acquise en 1822), la spécialisation
primaire n'est pas remise en cause, avec une affirmation de l'économie caféière qui, dans les années

7
1830-1840, acquiert la première place du commerce extérieur avec plus de 40% de la valeur des
exportations, dépassant celles du sucre et du coton notamment. C'est la grande crise des années
1930 qui va précipiter l'effondrement de ce modèle d'économie primaire exportatrice. La crise de
1929 se manifeste en effet par une chute générale des cours des matières premières. Le cours de la
livre de café chute de 22,5 cents en septembre 1929 à 8 cents en 1931 soit une diminution du prix
de 64%. Cette chute des cours durable n'est pas compensée par une augmentation des volumes
exportés, l'économie caféière connaissant depuis plusieurs années déjà une surcapacité productive.
Il s'en suit une dégradation générale des recettes d'exportation en devises (accentuée par la fuite des
capitaux étrangers) et donc une baisse considérable des capacités d'importation. Entre 1929 et
1932, la capacité d'importation se contracte de plus de 60% au Brésil. Une part importante de la
demande d'importation peut de la sorte se déplacer sur le marché intérieur. La réaction va être
précisément de produire à l'intérieur du pays ce qui ne peut plus être acheté à l'extérieur
déclenchant ainsi un processus d'industrialisation par substitution d'importation (ISI). […]
L'industrialisation par voie substitutive d'importation qui marque pendant plus d’une trentaine
d’années l'économie du Brésil, peut être appréhendée selon deux phases.
- La première phase concerne la substitution d’importations légères. Cette étape qui nécessite
peu de capital et de main-d’œuvre qualifiée est d'autant plus aisée à franchir qu’elle s’appuie
sur des capacités industrielles et des infrastructures préexistantes, générées par l’économie
exportatrice. […] Les difficultés d'approvisionnement dues à la première Guerre mondiale
vont permettre d’augmenter la substitution de la production nationale aux importations.
Dans certains secteurs comme le textile par exemple la satisfaction de la demande est
réalisée grâce à la pleine utilisation des capacités de production existantes. Pour d'autres
segments de la demande (alimentation, cuirs et peaux, ameublement, biens intermédiaires
comme le ciment, biens d’équipement techniquement simples) l'augmentation de la
production locale est obtenue par des investissements neufs assurés de perspectives de profit
supérieures à celles du secteur exportateur en crise. Au cours des années 1940, la
substitution aux importations est très avancée dans le secteur des biens de consommation
non durables avec un coefficient d'importation pour ce secteur inférieur à 10%. La part de
ces industries traditionnelles (textile, produits alimentaires, boisson, tabac, imprimerie,
mobilier, bois, cuir...) domine avec 69,7% de la valeur ajoutée industrielle tout en relevant
une tendance déclinante puisqu'elle dépassait les 80% au début des années 1930. Plus
globalement, entre 1939 et 1937 le taux d’importation (soit le rapport IMP/PIB) baisse de
11,3% à 6,9% parallèlement à un accroissement de la production industrielle de plus de 42%.
Sur la décennie 1930-1939, la production industrielle enregistre une croissance annuelle de
8,7% (contre 4,5% pour le PIB). Et contre 5,4% lors des deux décennies précédentes. […]
Au total, en recentrant la croissance économique sur le marché intérieur par la voie de la
substitution aux importations, le Brésil accède au cours de cette étape à une quasi
autosuffisance pour l'industrie légère de transformation avec une forte prééminence des
industries traditionnelles de biens de consommation simples. Il s'agit néanmoins d'une
industrialisation encore fortement « restreinte ».
- La deuxième phase de la substitution aux importations concerne des secteurs plus lourds
(cimenterie, acier commun, chimie, biens d'équipement pour les industries textiles,
métallurgie.. ) pour toucher plus tardivement d'autres secteurs plus complexes (équipement
industriel, construction navale, matériel électrique, aciers spéciaux, pétrochimie...) et des
biens de consommation durables (appareils ménagers, automobiles, radio, télévision…) ce
qui nécessite plus de capital et une main d’œuvre mieux formée, plus différenciée. […]
L'Etat définit le cadre juridique de l'industrialisation (institution du Code minier en 1934 du
Conseil national du pétrole en 1938"..); il crée un Institut national de statistique, un Conseil

8
fédéral du commerce extérieur ouvrant la voie à une ébauche de planification ; il poursuit
également l'effort pour les infrastructures et met en place une législation sociale relativement
avancée. Il intervient aussi directement dans la production quand il crée (en 1941) l'usine de
Volta Redonda (Compagnie sidérurgique nationale) après que des grandes sociétés
sidérurgiques étrangères eurent refusé de construire une aciérie. D'autres mesures […]
comme la création de la Banque Nationale de Développement économique (1952), de
Pétrobas (1954) augmentent les instruments de l'Etat qui élargit par ailleurs ses interventions
en faveur d'une diversification industrielle. C'est cependant le Plan Metas du gouvernement
Kubitschek (1955-1961) qui donne l'impulsion décisive à la substitution d'importations
lourdes dans le cadre d'une stratégie délibérée d'industrialisation intense symbolisée par le
mot d'ordre : « 50 ans d'industrialisation en 5 ans ». Les investissements sont concentrés
surtout dans les secteurs de l'énergie (43,2%, des transports (29,6%) et des industries de base
(20,4%). Parmi ces dernières, relevons l'augmentation des capacités de production d'acier,
d’'aluminium, de ciment, de caoutchouc..., biens intermédiaires qui servent à l'implantation
d'industries de l'automobile, de la construction navale et de l'armement. Entre 1955 et 1962,
les industries de biens de capital, de biens de consommation durable et de biens
intermédiaires ont des taux de croissance annuels moyens très élevés, […] En conséquence,
la prépondérance des industries traditionnelles est sensiblement atténuée […]. Sur la période
1955-1961, l'économie croît de 8,1% par an tandis que la part de l'industrie dans le PIB passe
de 21,9% en 1949 à 30,5% en 1960. […]
Ces « 50 ans d'industrialisation en 5 ans » sont autant de transformations accélérées qui ont
exacerbé les contradictions au sein de la société brésilienne. […]
Finalement, si la politique d'ISI a impulsé une forte croissance au Brésil -avec de 1950 à 1980 une
progression annuelle du PIB qui atteint 7% en moyenne et une augmentation du produit par tête
de 4% en dépit d'une pression démographique - elle n'en est pas moins aussi à l'origine de graves
déséquilibres. En particulier, l'approfondissement de l'ISI par le passage de la substitution des biens
de consommation courante à celle des biens d'investissement et celle des biens de consommation
durables réclame des importations d’inputs et de technologies relativement sophistiquées, non
disponibles localement, difficiles à produire, nécessaires à la production de ces biens. Face à cette
pression sur les importations, les exportations brésiliennes ont plutôt tendance à stagner, leur
croissance annuelle ne dépassant pas 1,3% de 1947 à 1963 et une structure dominée encore en
1964 à 95% par les produits primaires. Il en résulte une tendance au déficit de la balance
commerciale qui se résout par un recours à l'endettement extérieur. […] À cette contrainte externe
s'ajoute un autre déséquilibre, interne celui-là, lié à la distribution inégalitaire des revenus, généré
par la politique d'industrialisation. La caractéristique principale d'ISI tient en effet à cette tendance
à produire des biens selon un modèle de consommation adressé aux groupes sociaux relativement
restreints et privilégiés et la croissance en vient ainsi à dépendre de plus en plus de l’inégalité des
revenus qui ne cesse de s’accentuer au fur et à mesure que s’approfondit ce type d'industrialisation
plus lourd et de plus en plus sophistiqué. L’ISI aboutit à l'exclusion des bénéfices de la croissance
de la grande majorité de la population ce qui se traduit par une dégradation des conditions
d'existence dans les grandes villes, l'extension des favellas, un fort taux de mortalité infantile (110
pour mille en 1970) et d'analphabétisme (un tiers de la population) et un niveau de vie très bas des
populations rurales (petits propriétaires, ouvriers saisonniers ou journaliers) qui cumulent tous les
handicaps en l'absence d'une réforme agraire sans cesse ajournée. Ces déséquilibres tant externe
qu'interne constituent finalement autant de limites à cette voie de développement réalisée avec un
degré d'inégalité parmi les plus élevés du monde.
Source : A. Merad-Boudia, Economie du développement. Une perspective historique,
L’Harmattan, 2012

9
Document 17 : Stratégie de développement en Algérie :
« Etat démiurge » et « Industries industrialisantes »
Au lendemain d'une conquête longue et douloureuse de l'indépendance, les aspirations à une
amélioration des conditions d'existence par la modernisation de la société sont très fortes en
Algérie. Les premières mesures adoptées donnent à l'État les moyens de cette ambition nationale
de développement. Les principales étapes en sont : la récupération de la souveraineté monétaire par
la création […] de la Banque Centrale d'Algérie, l'émission d'une unité monétaire nationale, le «
dinar algérien »[…], l'édification d'un système bancaire, avec la mise en place de nouveaux
instruments - comme la Caisse algérienne de développement […] et la Caisse nationale d'épargne et
de prévoyance[…], complétée par la création et 1966-67 de trois grandes banques nationales […]
issues de la nationalisation des banques privées étrangères ; la création fin 1963, de la Société
nationale de transport et de commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach) […] suivie de la
création de la Société nationale de sidérurgie (SNS) ; le contrôle des ressources naturelles avec la
nationalisation des richesses minières en 1966, le transfert des compétences, de 1967 à 1970, des
sociétés anglo-américaines essentiellement (BP, Esso, Mobil, Shell...) au profit de la Sonatrach, et
surtout la nationalisation, le 24 févier 1971, des participations françaises dans la production
d'hydrocarbures qui passent sous le contrôle de l'Etat algérien à concurrence de 51% pour le
pétrole et 100% pour le gaz ; l'État impose aussi un contrôle des changes, du commerce intérieur
de gros et du commerce extérieur. Au total, avec cet ensemble de mesures, l'Etat a désormais les
moyens pour mener une politique de développement d'envergure. […]
C'est en 1966 qu'est définie « une Stratégie de développement global à long terme (1966-1980 » -
avec comme objectif la création de 100 000 nouveaux emplois par an hors agriculture, à l'horizon
de l'année 1980 - d'où dérivent les « Perspectives septennales » qui précisent les premières étapes de
moyen terme pour 1967-1973 avec la première élaboration de la planification, appuyée par des
experts polonais et du Gosplan soviétique. […] Le taux d'investissement programmé est
particulièrement élevé : il est de 23,3% en 1967, de 39% au cours du premier quadriennal , de
48,3% au cours du second et il atteint plus de 55% en 1978, le taux au cours de la période 1967-78
dépassant en moyenne 35%.
Cet effort d'investissement est orienté surtout vers l'industrie (hydrocarbures compris) dont le
pourcentage augmente d'un plan à l'autre et qui s'accapare la plus grande part de l'investissement
total réalisé […], le reste étant la part allouée aux infrastructures sociales (éducation et formation,
habitat, transport, infrastructures, tourisme, équipements sociaux...). À l'intérieur du secteur
industriel, la concentration de l'investissement sur les hydrocarbures ainsi que dans les industries
sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques et dans les matériaux de
construction, révèle un « pari sur structures nouvelles ».
La démarche procède ainsi par déséquilibres censés engendrer une puissante dynamique visant à
construire, par étapes, un appareil productif diversifié, par anticipation de la demande effective
future d'investissement et de consommation finale et en mobilisant à cette fin les ressources en
devises procurées par la valorisation internationale du pétrole et du gaz (le slogan courant à
l'époque était : « semer le pétrole pour récolter le développement »). […] La stratégie algérienne de
développement est en correspondance avec le modèle des « industries industrialisantes » élaboré
par G. Destanne de Bernis (qui a été, avec son équipe de l'Institut de Recherche Economique et de
Planification de Grenoble, un conseiller privilégié des responsables économiques algériens) et
utilisé pour déterminer les conditions de l'amorce et de l'entretien du processus de développement.
Pour de Bernis, l'économie de l'Algérie héritée de la colonisation se caractérise, à l'instar de tous les
pays ayant subi la domination coloniale, par son « extraversion » et par sa « désarticulation interne »
avec des régions mal reliées entre elles et des secteurs dépendants de l'extérieur pour leurs inputs
importés ou leur output exporté d'où une matrice des échanges interindustriels blanche ou

10
quasiment vide. Une stratégie d'intraversion est dès lors indispensable et la démarche de
développement à mettre en œuvre après l'indépendance doit ainsi viser à construire des
articulations internes en mettant en place une « structure industrielle cohérente » […]. Cela
implique la présence de branches produisant des biens d'équipement et des biens intermédiaires
destinés à une consommation productive interne. La mise en place d'une telle structure industrielle
ne peut donc se faire qu'à partir d'un certain type d'industries susceptibles d'impulser un processus
général d'industrialisation […]. Ces industries qui contribuent plus que d'autres à l'industrialisation,
peuvent être qualifiées « d'industrialisantes » […] Outre qu'elles soient de « grande dimension » et «
hautement capitalistiques », ces industries -qui par leurs effets d'entraînement renforcent le degré
d'intégration de l'ensemble de l'économie, élèvent la productivité du travail et permettent
l'apprentissage de l'environnement industriel- sont les industries productrices de biens
d'équipement (pour l'agriculture ou pour l'ensemble de l'industrie), mais aussi, au stade d'amorce du
processus de développement, les industries de biens intermédiaires (sidérurgie, métallurgie,
cimenterie, matériaux de construction, chimie et pétrochimie...) ainsi que les industries productrices
d'énergie (pétrole, gaz, électricité...). […]
Au terme de cette première étape de développement […], l'appareil productif qui est mis en place
diffère de la structure d'investissement initialement programmée. Le secteur industriel (y compris
hydrocarbures) bénéficie en effet d'une proportion d'investissements effectivement réalisés plus
importante que celle prévue par le planificateur […] ceci au détriment de l'agriculture […] et des
infrastructures sociales (habitat, santé, transports...). Au sein du secteur industriel, ce détournement
de la FBCF joue principalement au profit de la branche des hydrocarbures (46,80% du total des
investissements publics industriels réalisés au lieu de 40,6% prévus pour le second quadriennal) et
des industries de biens intermédiaires dans une moindre mesure (sidérurgie, matériaux de
construction […], au détriment des biens d'équipement industriel … et des moyens de
consommation […]. Ces déformations imprimées à la formation de capital fixe font que le système
productif algérien peut être caractérisé comme une juxtaposition d'un secteur de valorisation des
hydrocarbures comprenant plusieurs filières (raffinage, traitement du GPL, liquéfaction du gaz
naturel, pétrochimie, transformation des matières plastiques…) et d'un secteur de biens
intermédiaires (sidérurgie, cimenteries et matériaux de construction, énergie), ce qui pose la
cohérence de ces deux sous-ensembles pour impulser une section des moyens de production et une
section des moyens de consommation » […].
L'intensité du processus d'accumulation engendre cependant de fortes contradictions qui affectent
l'efficacité globale de l'appareil de production mis en place. Ainsi, bien que la valeur ajoutée
industrielle (hors hydrocarbures et BTP ait été multipliée par 2,8 entre 1967 et 1978, cette
performance semble insuffisante eu égard à l'ampleur de la formation de capital fixe engagé dans le
secteur industriel. […] L'efficacité du capital a tendu à régresser, le produit industriel représentant
41% du stock de capital fixe en 1966 et 21% seulement en 1977. La productivité du travail se situe
aussi à un niveau relativement faible comme l'indique l'évolution défavorable du produit industriel
par travailleur, tendance qui est encore plus marquée dans les activités du bâtiment et des travaux
publics. Un autre indicateur significatif est le taux d'utilisation des capacités de production. […] En
1978, le taux d'utilisation des capacités est seulement de 10% pour le complexe de machinisme
agricole, de 25% pour celui des machines-outils, 31%a pour l'éthylène, de 36% en ce qui concerne
les cimenteries et les engrais azotés, 45 à 50% pour les plastiques et les engrais phosphatés. […]
D'une manière assez paradoxale, cette sous-production coexiste avec un volume important de
stocks invendus que les entreprises n'arrivent pas à écouler ce qui manifeste la mauvaise
coordination des relations interentreprises. Du fait que chaque entreprise ou société nationale est
placée sous la tutelle d'un ministère, ce sont plutôt des liens verticaux, marqués par une
subordination hiérarchique des gestionnaires d'entreprises vis-à-vis de leur administration de

11
tutelle, qui vont prévaloir tandis que les liens interentreprises, intrasectoriels et intersectoriels ne
peuvent s'établir sans l'intermédiaire obligé des organes centraux des administrations impliquées.
[…].
Au cours des trois plans, la propension à importer de l'économie algérienne ne cesse d'augmenter.
Elle s'élève à 25% à l'époque du plan triennal, 33% pendant le premier quadriennal et 40% durant
le second. L'explosion de la demande provoquée par l'ampleur de l'investissement mais aussi les
médiocres performances de l'appareil industriel installé et les insuffisances de la politique
d'intensification de la production agricole sont à l'origine de cet accroissement de la part relative
des importations par rapport à la production intérieure brute.

Source : A. Merad-Boudia, Economie du développement. Une perspective historique,


L’Harmattan, 2012
Document 18 : Caractéristiques des exportations pour une sélection de pays en
développement (1996) [Données de la banque mondiale]

Source : D. Perkins, S. Radelet et D. Lindauer, Economie du développement, De Boeck, 2008

12
Document 19 : La Malaisie : une croissance fondée sur l’exportation
de produits de base
Lors de son accession à l'indépendance, en 1957, la Malaisie représentait presque le modèle achevé
de l'économie de monoculture : le caoutchouc assurait nettement plus de la moitié des recettes
d'exportation du pays et près du quart de son produit intérieur brut. Le deuxième poste des ventes
à l'étranger, l'étain, rapportait entre l0 et 20 % des recettes totales d'exportation. Les perspectives
d'avenir pour l'un et l'autre produit n'étaient pas brillantes: la demande de caoutchouc pâtissait de
l'existence de produits synthétiques de substitution peu coûteux et le marché de l'étain subissait un
excédent de production par rapport à la demande prévisible. Les planificateurs du nouveau pays
auraient très bien pu se laisser piéger par le pessimisme ambiant de l'époque en matière
d'exportation et bâtir une stratégie de développement fondée sur la substitution aux importations.
Mais, dotée d'un riche potentiel de ressources naturelles et d'une population relativement modeste,
la Malaisie a fondé sa stratégie de développement sur son avantage comparatif. Pour réduire les
coûts de la culture de l'hévéa, le pays a investi dans des recherches qui lui ont permis de conserver
sa compétitivité par rapport au caoutchouc synthétique. Calculées par rapport aux prix
d'importation, les recettes tirées de l'exportation du caoutchouc n'ont baissé que de 4 % de 1960 à
1987. Parallèlement, la Malaisie a investi dans des plantations de palmiers à huile et cette nouvelle
exportation a augmenté en volume de 15% par an de 1960 à 1987. Les exportations pétrolières ont
régulièrement progressé de 8 % par an, et les ventes de grumes et de bois d'œuvre à l'étranger se
sont accrues au total de 82% de 1960 à 1987.
Pendant cette période, la Malaisie a également investi dans l'industrie manufacturière exportatrice.
Alors qu'en 1965, les produits de base rapportaient plus de 90 % des recettes d'exportation, en
1998, l’industrie manufacturière aura connu un essor suffisant pour en représenter 79%. Grâce aux
investissements effectués dans les exportations de produits de base et d'articles manufacturés, les
recettes totales du pays à l'exportation, diminuées des prix à l'importation (autrement dit, ses
termes de l'échange […]), ont augmenté de 7% par an pendant trois décennies.
Grâce à ses investissements dans les exportations de produits de base et d'articles manufacturés, la
Malaisie a enregistré une croissance économique rapide, supérieure à 6 % par an de 1965 aux
premières années du XXIème siècle, en dépit du coup que lui a porté la crise financière de 1997-
1998. Dotée d'un revenu individuel de 9 000 dollars EU (en 2004), en parité des pouvoirs d'achat,
elle se trouve à égalité avec la Grèce et le Mexique, même si, au milieu des années 1960, son revenu
moyen était voisin de celui de la Zambie et du Salvador. Grâce à la diversification de son potentiel
exportateur, de sa productivité et du niveau élevé de ses revenus, la Malaisie dispose des moyens
requis pour poursuivre un développement rapide.

Source : D. Perkins, S. Radelet et D. Lindauer, Economie du développement, De Boeck, 2008

Document 20 : Le Ghana ou l'exemple d'un développement bloqué


En l957, lors de son indépendance, le Ghana, doté d'un revenu individuel proche de 500 dollars
EU (aux prix de 1983), était probablement le pays le plus riche d'Afrique subsaharienne. En 1983,
le revenu par habitant du pays était tombé à 340 dollars EU, montant inférieur à celui du Kenya, du
Pakistan et du Soudan. Les choses ont mal tourné pour le Ghana, dans de nombreux domaines,
pendant les 25 ans en question, mais l'échec de sa politique exportatrice a joué un rôle crucial.
Comme la Malaisie, le Ghana était un pays de monoexportation à la fin des années 1950 : le cacao
assurait près de 60 % des recettes d'exportation et représentait près du cinquième du PIB. À
l’inverse de la Malaisie, le Ghana, sous la direction charismatique de Kwame Nkrumah, renonça
brutalement à sa stratégie exportatrice pour investir dans des industries de substitution aux
importations. Le choix fut erroné. Le maintien d'une politique agricole, forestière et minière

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exportatrice aurait pu rapporter au pays suffisamment de recettes pour lui permettre d’effectuer
une transition progressive vers le remplacement des importations. Mais le désinvestissement dans
les exportations de produits de base a été si abrupt que les exportations de cacao ont diminué de
moitié en volume entre le début des années 1960 et le milieu des années 1980, les autres
exportations ne compensant pas ce déficit.
L’inaptitude du Ghana à tirer parti de sa riche base exportatrice est rendue plus manifeste par le
succès de son voisin immédiat, la Côte-d'Ivoire. Dotée pratiquement du même potentiel de
ressources, celle-ci a procédé à des investissements qui lui ont permis de maintenir ses exportations
de café, avant de se diversifier dans le cacao (au moment même où le Ghana désinvestissait), le bois
et d'autres produits primaires. Pendant deux décennies, le volume des exportations y a plus que
doublé, le PIB par habitant dépassant de près de deux fois celui du Ghana, en dépit d'une
immigration substantielle en provenance de pays voisins moins prospères.

Source : D. Perkins, S. Radelet et D. Lindauer, Economie du développement, De Boeck, 2008

Document 21 : Le Nigéria : un cas grave de la « maladie hollandaise »


En 1913-1974, les pays arabes ont imposé un embargo pétrolier qui, suivi de la mise en place
efficace du cartel de l'OPEP, a quadruplé les prix de l'or noir sur les marchés mondiaux. Les années
1979-1980 ont été marquées par un nouveau doublement des prix, si bien qu'à la fin de l'année
1980, les exportations pétrolières bénéficiaient, par rapport au prix des importations de termes de
l'échange supérieurs de près de sept fois à leur niveau de 1912. Au Nigeria, la hausse des prix à
l'exportation a généré une « manne pétrolière » qui a ajouté 23 % au produit intérieur brut - secteur
minier non compris - au milieu des années 1970, puis à nouveau au début des années 1980.
L'histoire politique du Nigeria s'est caractérisée par une vive concurrence entre groupes ethniques
qui a atteint son apogée à la fin des années 1960 avec la guerre du Biafra, et dont la fiscalité et les
dépenses publiques ont constitué, du fait de leur impact, l'un des principaux champs de bataille.
Soumis à ce type de pression, le gouvernement nigérian a dépensé l'intégralité de la manne
pétrolière reçue. La part des investissements publics clans le PIB -secteur minier non compris- est
passée de 4% à 30% et les fonctionnaires ont vu leur salaire moyen doubler en 1975. Les recettes
nouvelles ont été, pour une large part, gaspillées dans des opérations ruineuses. La seconde manne
pétrolière a eu pour seul effet d'aiguiser davantage encore les appétits du trésor public : de 1981 à
1984, le déficit budgétaire représentera en moyenne 12% du PIB, secteur minier non compris.
Par leurs abus, les autorités fiscales ont exacerbé les pressions à la hausse des prix que génèrent de
fortes recettes d'exportation. Les prix ont augmenté, cependant que la banque centrale ne modifiait
pas le taux de change officiel, si bien qu'en 1984, le taux de change réel avait presque triplé par
rapport au niveau qu'il avait atteint sur la période 1970-1972. Au cours de la décennie 1974-1981,
les exportations non pétrolières du Nigéria ont chuté en termes nominaux de près de 90%, victimes
d'un symptôme, certes extrême, mais classique de la maladie hollandaise.
L'agriculture est le secteur qui a le plus souffert. Les circonscriptions rurales ayant un faible poids
politique, la part du pactole pétrolier investie dans l'agriculture a été minime, cependant que des
montants énormes étaient dilapidés dans des infrastructures et l'industrie.
De 1973 à 1984, le volume des ventes agricoles à l'étranger a chuté de plus des deux tiers, la
production agricole par habitant et la consommation individuelle totale de calories diminuant.
De 1972 à l981, le PlB -secteur minier non compris- a connu une progression respectable de 5,3%
mais qui n'a représenté que 60 % du taux de croissance atteint pendant les cinq années qui ont
précédé la forte hausse des cours du pétrole. On peut donc soutenir que le Nigeria s'en serait peut-
être mieux sorti sans son boom pétrolier.

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Source : D. Perkins, S. Radelet et D. Lindauer, Economie du développement, De Boeck, 2008

Document 22 : Les phases d'industrialisation et les secteurs porteurs des « Quatre


dragons » : Corée du Sud (CS), Hong-Kong (HK), Singapour (SG), Taïwan (TW)

Source : Julien Vercueil, Les pays émergents. Brésil - Russie - Inde - Chine... Mutations
économiques et nouveaux défis, Bréal, 2011

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Document 23 : La transformation anthropogénique de la planète

Source : E. Laurent et J. Le Cacheux, Economie de l’environnement et économie écologique,


Armand Colin, 2012
Document 24 : Présentation traditionnelle de la classification des biens

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Document 25 : La tragédie des biens communs
Cette expression veut symboliser la dégradation de l’environnement qui provient de l’utilisation par
de nombreux individus d’une ressource commune en accès libre. Hardin l’illustre par le
comportement rationnel d’un éleveur qui tire bénéfice direct de l’élevage de ses propres animaux,
paissant dans un champ commun, mais subit un coût dû à la raréfaction de l’herbe, coût qui croît
avec le nombre de bêtes. Toutefois, comme il partage ces coûts avec tous les autres éleveurs alors
que son bénéfice ne provient que de son bétail, il est dans son propre intérêt d’augmenter son
troupeau et de faire paître de plus en plus d’animaux. Chaque éleveur ayant le même intérêt, ce
comportement conduit à une raréfaction croissante de l’herbe, c’est-à-dire à la disparition de la
ressource commune.
Cette métaphore ne doit pas dissumuler l’importance du phénomène. Le problème général de la
surpopulation, […] la surexploitation des pêcheries dans les eaux internationales, les feux de forêt
dans les PED, […] sont autant d’exemples, parmi bien d’autres, de la tragédie des biens communs.
Une telle évolution se produit quand chaque individu ne considère que ses coûts et bénéfices
privés, faisant ainsi l’hypothèse que ses propres actions n’ont pas d’influence significative sur la
ressource globale.

Source : P. Bontems et G. Rotillon, L’économie de l’environnement, La découverte, 2007

Document 26 : La taxe carbone de la Colombie britannique


En 2009, à la suite du u Grenelle de l'environnement », un débat a eu lieu en France sur l'institution
d'une taxe carbone. Il s'agissait de dissuader les émissions de dioxyde de carbone (CO2), principales
responsables de « l'effet de serre » à l'origine du changement climatique, en taxant les usages
d'énergies fossiles des particuliers et de certaines entreprises, les plus émettrices étaient déjà
couvertes par le dispositif des quotas européens d'émission de carbone.
Adopté par le Parlement à l'automne 2009, la taxe carbone française n'a jamais été mise en œuvre :
censurée par le Conseil constitutionnel au motif qu'elle dérogeait au principe d'égalité des
contribuables devant l'impôt, elle a finalement été abandonnée par le gouvernement au printemps
2010 au motif qu'elle risquait de faire perdre aux entreprises françaises de la compétitivité, dans la
mesure où les autres pays membres de l'Union européenne n'avaient pas adopté de dispositifs
similaires.
La province canadienne de Colombie britannique, bien que membre d'une fédération et de ce fait
immergée dans un marché unique avec les provinces voisines, n'a pas été arrêtée par de telles
considérations, au demeurant discutables. Elle a mis en place, depuis 2008, une taxe carbone, dont
le montant est croissant - 25 dollars canadiens la tonne de C02 en 2011 , 30 en 2012 - et dont la
portée symbolique est forte, dans une Amérique massivement hostile à l'idée même de toute
intervention publique pour lutter contre un changement climatique que beaucoup - les climato-
sceptiques - considèrent soit inexistant, soit sans lien avec les activités humaines, et dans une
fédération dont plusieurs provinces sont lancées dans la production à grande échelle de carburants
fossiles, souvent non conventionnels - schistes bitumineux de l'Alberta, gaz de schistes, etc.
La liste des pays ou états fédérés qui ont introduit une taxe carbone s'allonge peu à peu. Les
pionniers ont été les pays scandinaves - la Suède, dès 1991 , puis le Danemark en 1993 - ; ils ont
aujourd'hui des niveaux de taxe relativement élevés (plus de 110 euros la tonne de carbone en
Suède en 2011), bien que le champ couvert par la taxe exclue souvent les principaux émetteurs,
notamment industriels. Plus récemment, l'Australie, pourtant très gros producteur de charbon et
gros consommateur d'énergies fossiles, et de ce fait longtemps hostile à toute forme de contrainte,
réglementaire ou de prix, sur les émissions de GES, s'est dotée d'une taxe carbone : votée en
novembre 2011, elle entre en application le 1er juillet 2012. Toutefois, le gouvernement australien a

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prévu de remplacer, à terme, la taxe par un marché du carbone inspiré de celui de l'Union
européenne, La Californie, quant à elle, envisage d'instaurer un système de quotas d'émission de
GES sur le modèle européen.
Source : E. Laurent et J. Le Cacheux, Economie de l’environnement et économie écologique,
Armand Colin, 2012

Document 27 : Les permis négociables de rejets


Les exemples d'applications sont encore peu nombreux, le plus important étant le marché
européen mis en place en 2005 à la suite du protocole de Kyoto sur le changement climatique […].
Les modalités de mise en place de ces marchés de droits à polluer apparaissent complexes. Elles
tiennent en premier lieu à l’identité des agents titulaires des droits (industriels concernés,
éventuellement les particuliers ou les associations d’écologistes) et à la durée des droits. En second
lieu, intervient l’allocation initiale des droits qui peut se faire par distribution gratuite, mise aux
enchères ou mise en vente à un prix fixé, ce qui induit des conséquences redistributives très
différentes. Puis il faut spécifier la délimitation des échanges réalisables : par exemple, des
limitations géographiques pour des pollutions locales (bulles). Et enfin, le traitement des entrants
sur le marché doit être examiné, soit pour ne pas empêcher l'entrée, soit, au contraire, pour exiger
des efforts plus importants en requérant l'achat de plus de permis que nécessaire.
Dans certaines expériences, on a parfois observé un manque de liquidité du marché pouvant tenir à
plusieurs causes : trop peu d'acteurs, position dominante de certains, manque d'habitude de
négociation entre les participants. Par ailleurs, les coûts de transaction, qui peuvent être élevés,
justifient le recours à des courtiers pour les diminuer.
Dans le cadre du protocole de Kyoto, qui a fixé un objectif de réduction des émissions mondiales
de 5 % par rapport au niveau de 1990, l'Union européenne (UE) s'est engagée à réduire de 8%
entre 2008 et 20l2 ses propres émissions de gaz à effet de serre (GES), toujours par rapport à 1990.
Pour ce faire, l'UE a lancé en janvier 2005 un marché d'échange de quotas d'émissions de carbone.
Chaque année, les pays élaborent un plan national d'allocation des quotas (PNAQ) qui doit être
ratifié par la Commission européenne et qui indique le nombre de quotas accordés à leurs
entreprises et la façon dont ils sont répartis. Les quotas sont alors distribués gratuitement aux
installations industrielles concernées. Celles-ci sont au nombre de 11 400, dans les secteurs de
l'énergie, de la production et de la transformation des métaux ferreux, de l’industrie minérale et de
la fabrication de papier et de carton.
Les émissions et les transferts de quotas sont inscrits dans des registres nationaux accessibles aux
citoyens et les échanges se font par l’intermédiaire de courtiers intervenant sur des plateformes de
marché qui sont des bourses électroniques centralisées. En janvier 2006, ces plateformes étaient au
nombre de six, ce qui est sans doute trop important compte tenu de la taille encore réduite du
marché.
En 2005, les pays de l'UE ont émis 2,2 milliards de tonnes de CO2, (1 tonne = 1 quota) et le
montant des transactions a été estimé à plus de 260 millions de tonnes, soit 12 % des allocations
initiales. Toutefois, les émissions ont été inférieures de 44 millions de tonnes par rapport aux
quotas fixés, peu de pays ayant dépassé leurs dotations, l'Allemagne et la France étant les deux pays
ayant au contraire été les plus « généreux » avec leurs entreprises.
Conséquence de cette surabondance, le prix du quota qui était de 8,50 euros le 3 janvier 2005 et qui
avait atteint 31 euros à la mi-avril 2006 s'est effondré pour revenir à 8,60 euros en mai 2006. De
plus, il faut noter que le marché européen actuel des transports (responsable de 25% des émissions
de GES) ni celle du bâtiment […].
Source : P. Bontems et G. Rotillon, L’économie de l’environnement, La découverte, 2007

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Document 28 : Autres marchés de droits à polluer
Des systèmes d'échange se sont mis en place dans plusieurs pays, en Europe et en Amérique du
Nord. Aux États-Unis, la réforme de la loi sur l’air (Clean Air Act) en 1990 a entraîné la
constitution d'un marché national des permis à émettre du dioxyde de soufre (SO2), sur la base
d'un plafond national d’émissions réparti entre les centrales thermiques. Ce marché a démarré en
1995. Plus récemment, le 30 septembre 2003, le Chicago Climate Exchange (CCX) a lancé un
marché qui permet à ses membres volontaires d'acheter et de vendre des crédits d’émission calculés
par rapport à un niveau de référence moyen. En Europe, le Danemark est le premier pays à avoir
mis en place un programme obligatoire de permis d'émission négociables pour le CO2. Lancé en
2001, ce programme porte sur la période 2001-2003 et ne concerne que les plus gros producteurs
d’électricité. Au Royaume-Uni, il existe un programme volontaire de quotas d'émission négociables
pour les gaz à effet de serre. Le marché britannique des droits d’émission de CES, ambitieux et
complexe, a officiellement commencé le 2 avril 2002.

Source : P. Bontems et G. Rotillon, L’économie de l’environnement, La découverte, 2007

Document 29 : L’augmentation des gaz à effet de serre

Source : GIEC, 2007

Document 30 : Le protocole de Montréal sur les substances


détruisant la couche d'ozone
Cet accord a été signé en 1987 et appliqué à partir de 1989. Il a pour but de réduire la production et
la consommation de certains chlorofluorocarbones (CFC), susceptibles de détruire la couche
d'ozone, de moitié pour l'an 2000. La renégociation de l'accord à Londres en 1990 puis à
Copenhague en 1992 a renforcé cet objectif en proposant l'interdiction totale de production et de
consommation d'abord à partir de l'an 2000, puis à partir de 1996. Les restrictions commerciales
entre les pays signataires et non signataires de l'accord sont substantielles: non seulement le

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commerce des substances elles-mêmes est interdit entre les signataires et les non-signataires, mais
encore cette limitation des échanges touche aussi les produits contenant ces substances (aérosols,
réfrigérateurs, voitures avec air conditionné...). Par ailleurs, l'importation de produits dont la
fabrication utilise les substances prohibées (composants électroniques où les CFC constituent des
solvants de nettoyage) est interdite dans les pays signataires à partir de 1994. De plus, ces derniers
sont incités à ne pas exporter de technologies de production ou utilisant les CFC. Le protocole a
été amendé en 1999 en introduisant trois nouvelles substances, les hydrochlorofluoro-carbones
(HCFC), le bromochlorométhane et le bromure de méthyle.

Source : P. Bontems et G. Rotillon, L’économie de l’environnement, La découverte, 2007

Document 31 : Le « double dividende »


La fiscalité écologique - et notamment la fiscalité carbone, qui frappe les énergies fossiles,
omniprésentes dans nos modes de vie et de consommation - est souvent présentée comme
coûteuse pour l'économie : en premier lieu, bien sûr, elle réduit le volume des activités frappées par
la taxe, et c'est là son principal objectif et cette réduction est socialement efficace - et même
optimale, si la taxe est parfaitement calibrée -, mais aussi l'emploi dans ces activités, ce qui, en
période de chômage élevé, est difficilement supportable ; en second lieu, elle risque d'engendrer
une perte de compétitivité des entreprises installées sur le territoire national, si les pays concurrents
n'adoptent pas de mesures similaires ; enfin, elle ampute le pouvoir d'achat des ménages,
notamment les plus modestes, dont la part du budget de consommation consacrée à l'acquisition
de sources d'énergie est élevée.
Mais parce qu'elle incite à réduire les émissions polluantes et engendre un surcroît de recettes
publiques, la fiscalité écologique est source d'un double dividende : moins de pollution et la
possibilité d'alléger d'autres prélèvements obligatoires, ayant des caractéristiques moins souhaitables
et engendrant une « perte sèche » pour la société.
Le « double dividende » le plus bénéfique est obtenu lorsque les recettes publiques additionnelles
procurées par la fiscalité écologique sont affectées à l'allègement de la fiscalité pesant sur le travail.
Dans ce cas, en effet, la diminution du coût de la main-d’œuvre pour les employeurs engendre une
hausse de la demande de travail, qui permet à la fois une augmentation de l'emploi et une hausse
des rémunérations ; en économie ouverte, cet effet favorable est renforcé par le gain de
compétitivité que procure la baisse du coût salarial et, dans le cas où la fiscalité écologique frappe
aussi les importations -ce qui est souhaitable-, par une hausse des prix relatifs des produits
importés.

Source : E. Laurent et J. Le Cacheux, Economie de l’environnement et économie écologique,


Armand Colin, 2012

Document 32 : L’effet rebond


Jevons formule, au chapitre VII de son ouvrage The coal Question (1865), le paradoxe qui a gardé
son nom et qui conserve toute sa pertinence pour comprendre nombre d’enjeux écologiques
aujourd’hui : l’accroissement de l’efficacité technologique dans l’utilisation d’une ressource naturelle
comme la charbon ne réduit pas la demande pour cette ressource mais l’accroît au contraire. La
consommation est en un sens déchaînée par l'accélération technologique du fait de la baisse des
coûts que celle-ci entraîne.
La demande est alors emportée dans une course qui démultiplie l’impact de la consommation sur
les ressources naturelles et abrège en réalité le temps qui sépare le système économique du déclin : «
le système économique multiplie la valeur et l'efficacité de notre matériau principal ; elle accroît indéfiniment notre

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richesse et nos moyens de subsistance et conduit à une extension de notre population, de nos productions, de nos
échanges, qui est appréciable dans le présent, mais nous conduit nécessairement vers une fin prématurée ». Jevons
conclut : « Il est illusoire de penser qu'un usage plus économique d'un carburant conduit à une consommation
moindre. C'est l'exact opposé qui est vrai » (Jevons, 1865).
Le paradoxe de Jevons (également appelé de manière imagée l'« effet-rebond »), généralisé à la
question des conséquences écologiques de l'efficacité énergétique engendré par le système
économique, se formule donc simplement : l'accroissement de l'efficacité énergétique (la baisse de
la quantité d'énergie utilisée pour produire un bien du fait de l'amélioration des technologies),
engendre simultanément des économies d'énergie à court terme et une hausse de la consommation
du bien à moyen terme qui peu annuler ces économies et finalement engendrer une plus grande
consommation d'énergie.
Une illustration sectorielle simple du « paradoxe de Jevons » est offerte par la dynamique des gaz à
effet (GES) de serre issus du transport routier dans l'Union européenne […].

Source : E. Laurent et J. Le Cacheux, Economie de l’environnement et économie écologique,


Armand Colin, 2012

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