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AUX ORIGINES DU SACRÉ
Edgar Morin dit : « Rien n'est tout à fait ouvert,
rien n'est tout à fait bouché, une nouvelle aventure
est possible. » L'espèce humaine, face à son évo-
lution, doit à présent répondre à des problèmes de
vie essentiels. Un nombre croissant d'êtres se
posent le problème de leur existence. Déçus par
les Eglises, ils cherchent des voies nouvelles
d'ouverture à soi-même. Or, dans tous les cou-
rants spirituels de l'humanité, ces voies oubliées
existent, sous la forme de techniques précises de
concentration et d'éveil, sous la forme d'une médi-
tation qui dépasse l'étroitesse des dogmes et mo-
rales érigés au fil de l'histoire. Cette collection
veut donc mettre au jour ce qui, dans le legs de
toute tradition mystique, peut encore servir à
l'homme d'aujourd'hui, de façon pratique. Inutile'
de créer un temple, car celui-ci est en soi,
répètent les sages. Personne n'est libéré, chacun
peut se libérer. Pourtant la vie se passe à déplacer
l'illusion, à la cristalliser sur de toujours nouveaux
objets. Et l'homme, face à la mort, comprend trop
tard que personne ne l'a libéré. Chaque volume
sera donc un retour à l'origine, un retour aux
enseignements simples et concrets de ceux qui
ont eu le courage de voir l'homme cosmique dans
son unité. La libération n'est pas pour le futur,
elle est réalisable tout de suite, par chacun, dans
n'importe quelle société. Il faut commencer par
changer l'esprit, la matière suivra.
Déjà parus :
Etre Jésus, Bible, Parole et Zen
Terre Wakan, l'Univers sacré des Indiens d'Amérique
du Nord.
Aparaître :
L'Hindouisme vivant, par Jean Herbert. Islam, de
l'exotérisme à l'ésotérisme par Jean During (premier
semestre 75). Puis les ouvrages sur : Les pratiques
chamaniques, par Francis Huxley; Les Croyances
d'Amérique du Sud, par Sabine Hargous...
Chaque livre est une expérience
vécue, qui appelle une réponse.
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AUX ORIGINES
DU SACRÉ
Collection dirigée par
Marc de Smedt et Daniel Odier
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c 1974,by-ÉditionsRobertLaffontS.A.
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DANIEL ODIER
NIRlftNA
IAO
Techniques de méditation
ÉDITIONSROBERTLAFFONT.6. PLACESAINT-SULPICE,PARIS
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Khempo Kalo Rinpoche de l'ordre Kagyüpa,
l'un des grands sages qui perpétuent les enseignements
et la tradition orale de Milarepa
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à KhempoKalo Rinpoche
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Sommaire
Première partie
le Bouddhisme
Les vies du Bouddha.
Les bases du Bouddhisme.
La préparation à la méditation.
Les techniques contemplatives du Hinayâna.
Les techniques contemplatives du Mahayâna.
Les techniques contemplatives du Vajrayâna.
Les techniques contemplatives du Ch'an (Zen).
Deuxième partie
le Taoïsme
Les bases duTaoïsme.
Les techniques contemplatives taoïstes.
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INTRODUCTION
En limitant aux techniques contemplatives cette approche
du Bouddhisme et du Taoïsme, j'ai voulu aller directement
à l'essentiel et laisser tout ce qui n'avait pas un rapport direct
avec la voie qui mène au Nirvâna et au Tao.
La plupart des livres consacrés au Bouddhisme traitent
d'une école qu'ils privilégient. Ils exposent les doctrines en
détail pour s'arrêter souvent avant de traiter l'essentiel : les
différentes techniques de méditation.
Au cours de mes différents séjours en Orient, dans des
monastères de chaque école, je me suis efforcé de comprendre
et de vivre ce que les livres ne disent guère dans le détail pour
la bonne raison que les orientalistes préfèrent souvent les étu-
des philosophiques à l'expérience directe.
C'est pour restituer l'essentiel de cette expérience que j'ai
choisi de traiter ce sujet dans le plus grand dépouillement, et
avec la plus grande clarté possible, en ne gardant que la fina-
lité de ma recherche.
Tout l'intérêt de l'expérience physique directe est qu'elle
permet d'oublier les livres et les enseignements afin de
rencontrer des hommes, des Sages, qui sont la réalisation de
toute une doctrine et dont la présence est irremplaçable. Elle
seule peut ouvrir un esprit encombré de connaissances à la
réalisation de la vacuité.
Rencontrer un Maître, un homme qui dit tout par sa simple
présence, c'est s'ouvrir à un bouleversement intense et pro-
fond qui passe comme un raz de marée sur toutes les idées
que l'on se faisait d'une doctrine.
Bouddha gardien de la porte
de Swayambunath,
l'un des grands lieux depèlerinage du Népal
11
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PREMIÈRE PARTIE
LE BOUDDHISME
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<rSon crâneprésentera une excroissance. Ses cheveux nattés
sur la droite seront azurés. Sur sonfront large et uni, entre
ses sourcils se dressera unpetit cercle depoils argentés. Ses
yeux, abrités de cils longs comme ceux d'une génisse, seront
grands, blancs et noirs. Le lobe de ses oreilles sera troisfois
plus long que la norme. Il aura quarante dents solides et bien
égales abritant une langue longue et effilée lui donnant un
excellent sens du goût. Sa mâchoire aura laforce de celle du
lion. Depeaufine et couleur d'or, il aura un corps souple et
ferme comme la tige de l'arum, un torse large comme un
poitrail de taureau, des épaules rondes, des cuissespleines,
desjambes degazelle et septprotubérances bien réparties. Sa
main sera large. Son bras, pendant, touchera legenou. Quant
à ses très longs doigts, de mains et depieds, il seront réunis
par unefine membrane. Sespoils naîtront un à un et ceux
de ses bras se tourneront vers le haut. Ce qu'ilfaut cacher
sera rentré. Ses talons seront gras, sespaumes seront unies.
Sous laplante de chaquepied sera tracée une roue aux mille
rais et il se tiendraparfaitement droit sur despieds
symétriquement égaux. Quant à saparole, elle aura le son de
celle de Brahma :. »
* Maurice Percheron, LeBouddha, Seuil, Paris, 1956.
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LES VIES
DU BOUDDHA
L'examen attentif, l'étude approfondie et la comparaison
des textes originaux ainsi que les différentes recherches
archéologiques permettent de donner quelques faits certains
à propos de la vie du Bouddha :
Le Bouddha naît en 556 avant J.-C. dans une petite bour-
gade népalaise située dans la région du TéraÏ, Kapilavatsu.
Il appartient à une tribu nommée Çâkya dont le souverain
est son père. Aucune précision ne permet de déterminer si le
Bouddha était de race aryenne oujaune. Aux environs de sa
vingt-septième année, il quitte Kapilavatsu et mène la vie
d'ascète errant. Près du hameaud'Uravila, en Inde, à unecen-
taine de kilomètres de Patna, il s'installe dans une grotte et
pratique une ascèse méditative extrêmement rigoureuse. Vers
l'âge de trente-sept ans, il atteint l'illumination et part pour
Bénarès où il retrouve cinq ascètes qui deviennent ses pre-
miers disciples. Il prononce son premier sermon dans lequel
il expose les quatre Vérités et la voie dela délivrance, le noble
chemin aux huit embranchements*. Le Bouddha continue à
diffuser son enseignement à des disciples deplus enplus nom-
breux et fonde la Sangha, la congrégation des moines. Dans
la région de Patna, de riches laïcs permettent par leurs dona-
r: Voir chapitre 2.
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tions l'organisation de plusieurs centres où le Bouddha et ses
disciples s'installent pendant la période de la mousson,
laquelle rend les chemins impraticables. Après une vie de pré-
dication, le Bouddha meurt à l'âge de quatre-vingt-un ans, à
la suite d'une maladie ou d'un empoisonnement. Les ensei-
gnements du Bouddha se transmettent oralement pendant une
durée incertaine estimée à 400 ans avant d'être rédigés et
commentés au cours des siècles qui suivent.
LA VIE LÉGENDAIRE
La vie des grands initiateurs de l'humanité étant plus inté-
rieure qu'extérieure, les disciples qui rédigent les enseigne-
ments des Maîtres en donnent en général une traduction assez
proche de la vérité. Leur imagination se rattrape cependant
lorsqu'ils exposent les détails de leur vie.
Le Bouddha n'y échappe pas plus que Jésus. Tout
commence par la conception virginale et s'achève par le
mythe du retour futur.
Maya-Dêvi, radieuse et vierge épouse du roi Çouddho-
dano, après un songe prémonitoire et une suite de présages
miraculeux, se trouve transportée par les dieux au sommet de
l'Himalaya, où pousse un arbre. Conduite dans un palais d'or
par de célestes suivantes, Maya-Dêvi voit un jeune éléphant
muni de six défenses d'ivoire et à la tête incarnat. Après avoir
offert à la souveraine un lotus qu'il tient dans sa trompe,
l'animal miraculeux fait pénétrer l'une de ses défenses dans
le flanc droit de la reine, sans que celle-ci en ressente la moin-
dre douleur.
Dix mois plus tard, la reine dissimulée par un bosquet de
feuilles qui se referme sur elle, se couche au pied d'un figuier.
Le sol se couvre instantanément d'un épais gazon duquel jail-
lissent dix mille lotus et là, sans qu'elle éprouve la moindre
douleur, le Bouddha sort de son flanc droit. Un lotus géant
lui sert de couche. Le Bouddha se lève, fait sept pas vers le
nord, le sud, l'est et l'ouest et prend possession du monde.
Il annonce sa dernière incarnation et dit qu'il affranchira
l'homme de la souffrance amenée par la naissance, la vieil-
lesse et la mort. Dès qu'il a fini de parler, l'enfant devient
semblable aux autres.
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Très tôt, le jeune prince Siddharta confond professeurs et
sages par l'étendue de ses connaissances. Nul ne l'égale dans
les exercices physiques, la course à cheval et le tir à l'arc.
Lejeune prince,cependant,passe de longues heures dans les
merveilleuxjardins du palais où, près des étangs couverts de
lotus, il se laisse aller à de délicieuses contemplations. Un
jour, Siddharta part dans les champs avec son père qui lui
fait admirer les grasses torsades de terre soulevées par la
charrue. Lejeune prince voit la beauté du spectacle, il voit
aussi la souffrance du buffle, la peine du laboureur et la mort
des vers tranchés par le soc. Il voit dans la nature, la lutte
pour la vie qui se traduit par la loi du plus fort, la mort des
faibles. Son amour pour chaque frémissement de la vie est
si fort qu'il demande à son père de rester en ce lieu afin de
méditer. Malgré le mouvement du soleil, l'ombre de l'arbre
qui le protège ne se déplace pas et Siddharta connaît sa pre-
mière extase.
Le roi, impressionné par l'attitude de son fils, se remémore
les prédictions d'un brahmane : «Choisissant la vie d'ascète
errant, il atteindra l'illumination après ma mort et sauvera le
monde! » Avait-il vu les premiers signes de cette force qui
éloignerait son fils du royaume?
Dès son retour, il donne des ordres pour qu'autour dujeune
prince, aucun spectacle nepuisse provoquer à nouveau detel-
les contemplations. Il fait construire trois palais dans lesquels
Siddharta jouit des plaisirs les plus raffinés. Parfois cepen-
dant, fuyant la richesse des décors, il se retire au fond des
jardins et dans une hutte de branchages, entre en extase.
Un jour, il s'avance jusqu'aux limites des parcs et voit,
au-delà des parterres ordonnés, la profusion sauvage de la
jungle. Là, pour la première fois, il rencontre des ascètes.
Quelle force habite donc ces êtres au regard plus lumineux
que les pierres précieuses de ses bijoux?
Le roi, devant l'attitude mélancolique de son fils, pense
qu'il est temps de lui trouver une femme. Il fait chercher les
plus belles jeunes filles de sa caste qui sont présentées au
prince au cours d'une fête. Parmi les cent huit prétendantes,
toutes plus belles les unes que les autres, seule la dernière,
Gopa Yasodhara, attire l'attention de Siddharta.
«Comme la semence cachéejaillit du sol après une longue
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sécheresse, leur ancien amour ressuscita en un instant. Ils
avaient été déjà tant de fois unis, homme et femme, tigre et
tigresse, liane et orchidée, vent et duvet, mont et rivière...
Point de paroles entre eux : aucun besoin pour lui de rappeler
le faon qu'à son intention il avait attrapé dans la forêt, aucun
besoin pour elle d'évoquer l'orage qui durant trente-trois
jours les avait bloqués, ivres d'amour, en une grotte surplom-
bant la rivière en crue. Tant que tournerait la roue des renais-
sances, ce qui avait été subsisterait en eux-:. » Après avoir
vaincu ses rivaux aux différentes épreuves de la course, du
tir à l'arc, du sabre et aux concours d'érudition, Siddharta
épouse la belle Gopa. En trois lunes, le roi fait construire un
palais plus somptueux encore que les précédents afin que
Gopa et le prince goûtent lesjoies sensuelles les plus intenses.
Alors que la nuit, les artisans construisent une muraille
autour de ce paradis, le prince est entouré d'un tourbillon où
tout n'est que jeunesse et beauté. Le roi donne des ordres.
Tout ce qui peut évoquer la maladie, la vieillesse et la mort
doit être éloigné de son fils. Dès qu'une danseuse montre le
moindre signe de fatigue, elle est immédiatement remplacée.
Il n'y a ni fleur flétrie, ni feuille morte, ni lampe vacillante
dans l'enceinte du palais.
Bientôt, Gopa apprend qu'un fils va naître d'elle. Sid-
dharta, lui, au cours d'une vision, comprend le sens de sa mis-
sion sur la terre. Le prince fait atteler son équipage et
demande à sortir dans la ville que l'on pare de fleurs. On
cache vieillards et esclaves, on transforme la cité tout entière
en un lieu de bonheur et de beauté. Soudain, devant le cheval
du prince, surgit un être humain repoussant de laideur, au
seuil de la mort.
Siddharta profite de la nuit pour s'échapper sous un dégui-
sement et la ville s'offre à lui dans son état naturel. Il voit
un convoi funèbre qu'il suit jusqu'au lieu de la crémation. Le
corps se dresse au milieu des flammes du bûcher et la boîte
crânienne éclate dans la puanteur de la chair brûlée. Dès le
retour du prince, le palais tout entier se sent pris de lassitude :
les fleurs ne s'ouvrent pas, la musique meurt dans les instru-
ments et les femmes semblent épuisées.
La Vie merveilleuse du Bouddha, Del Duca, Paris, 1956.
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Siddharta médite sur ce qu'il a vu. Il tient Gopa éloignée
de sa couche et les femmes malgré toutes les séductions
qu'elles développent pour garder le prince qui les fait soupirer
d'amour, ne parviennent pas à détourner sa contemplation.
Un soir, après avoir été diverti par les musiciennes et les
danseuses, Siddharta s'endort. Vers le milieu de la nuit, il se
réveille soudain et un spectacle affreux s'offre à ses yeux.
Assoupies, les femmes sont comme des cadavres, les soieries
précieuses qui recouvrent leurs corps décrépits ne sont plus
que des lambeaux de tissus incolores. Les bouches s'ouvrent
sur des dents pourries, les crânes sont chauves, une odeur
pestilentielle se dégage des corps. Siddharta se précipite vers
la chambre de Gopa. Elle n'a pas changé. Son corps et son
visage sont toujours aussi resplendissants. Dans la nuit, sous
la voûte étoilée, Siddharta quitte le palais sur son cheval
blanc. Il traverse la ville endormie et s'éloigne rapidement.
A l'aube, près de la rivière Anoma, à la frontière du royaume,
il quitte son cheval, échange ses vêtements princiers contre
ceux d'un chasseur vêtu de haillons, puis tranche la natte de
ses cheveux d'un coup d'épée. La natte, lancée en l'air, est
aspirée dans le ciel et disparaît.
Libéré du poids des plaisirs sensuels et de la richesse, Sid-
dharta descend en direction des plaines du Gange. Il traverse
les jungles, les étendues désertiques, les champs cultivés, et
son esprit, libre de tout souvenir, s'ouvre à un ravissement
nouveau.
Après plusieurs journées de marche, le Bouddha arrive à
la ville de Vaiçali où il vient suivre l'enseignement d'un célè-
bre Brahmane, Arâda Kayala. Après avoir écouté le philoso-
phe énoncer sa subtile doctrine dans laquelle tout trouve une
place définie, Gautama récuse ces enseignements :
« - Vos paroles n'ont hélas! point pénétré mon cœur, car
je n'y ai pas trouvé de pitié pour la souffrance ni de remède
pour la guérir. C'est la libération de l'homme que je cherche
et vous, vous ne vous souciez même pas que cet homme
devienne meilleur... Vous ne cherchez, vous, qu'à être puis-
sant, et seul l'asservissement des dieux compte pour vous -:. »
Plus tard, il rencontre un sage que les fidèles viennent
:,. Ibidem.
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consulter de toute l'Asie et dont les disciples disent qu'il est
l'incarnation de Rama. Gautama, après avoir écouté le sage
Udaka, lui dit :
« - Je suis convaincu, mon vénérable Maître, que le sen-
tier oùje mesuis engagé avec votre aide ne meconduira pas
à l'indifférence pour les attraits du monde, ni au détachement
des passions, ni à la sérénité de l'âme. Je n'y trouverai non
plus un terme aux vicissitudes de l'être... Il me faut donc
continuer à errer jusqu'à ce queje découvre la vraie voie*. »
Cinq hommes suivent le Bouddha, conscients que cet
ascète les guidera vers un au-delà. LeBouddha,cependant,n'a
pas encore atteint l'illumination et c'est avec une ferme déter-
mination qu'il s'isole dans une grotte, près de Rajagriha. Là,
il oublie les tigres, les vautours et les serpents qui hantent les
lieux et se plonge dans un ascétisme dont la rigueur le
conduira près de la mort. Ses cinq compagnons, las d'atten-
dre un enseignement que le Bouddha ne formule pas, le quit-
tent en se moquant de sa prétention. Le Sage se rend dans
les environs d'Uruvilvâ, où la douceur du paysage, une plaine
verdoyante située entre deux rivières, la Nairanjana et la
Mohâna, contraste avec l'austérité de sa grotte. Unjour, la
rencontre d'un cithariste lui fait réaliser l'un des principes
qu'il énoncera plus tard : une corde trop tendue se brise, une
corde trop lâche ne vibre pas comme il se doit. La voiejuste
est celle du milieu. Il en est de même pour le corps. Untrop
grand ascétisme le brise, les plaisirs l'empêchent de vibrer, la
voie juste est celle du milieu. Le Bouddha, une fois rétabli
des austérités qui avaient failli lui coûter la vie, reprend la
route et traverse plusieurs régions.
Après un signe favorable, le Bouddha choisit un figuier
sous lequel il s'installe à la tombée dujour, décidé à mourir
sur place si sa méditation ne le conduit pas cette fois à la
découverte de l'abolition de la souffrance. Les animaux de la
forêt,dont seuls les yeux sont visibles à la lisière,contemplent
le Sage; le mouvement et les sons se suspendent et l'univers
entier attend la révélation du Bouddha, soulevé par un siège
d'herbe fraîche qui vient de pousser sous lui.
Là, le Sage subit les foudres démoniaques de Mara qui
* Ibidem.
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Le mystère de toute pratique religieuse commence à
l'instant où l'homme se retire du monde pour se livrer
à l'ascèse. Cette quête de la divinité, cette fusion de
l'être humain dans l'univers, reste souvent un secret per-
du pour le monde. Quel est le chemin suivi par le solitaire?
Quelles sont les voies de l'extase?
Les grandes écoles du Bouddhisme : H inayâna, Mahayâna,
Vajrayâna, Ch'an ou Zen, ainsi que le Taoïsme, nous
offrent un éventail unique de techniques de méditation
dont la richesse et le raffinement permettent à chacun
de trouver sa voie.
La plupart des livres consacrés à ces écoles se limitent
à l'exposition d'une philosophie, sans entrer dans le dé-
tail des pratiques extatiques souvent mal connues des
Occidentaux. Ici, le lecteur pénètre d'emblée dans l'uni-
vers des techniques de libération. Tous les stades de la
recherche de l'illumination s'éclairent successivement.
Se livrer à la méditation au sens où l'entendent Boud-
dhistes et Taoïstes, c'est réaliser ce qui lie chaque fibre
de nous-mêmes à l'univers, c'est pénétrer au centre de
la vacuité qui est le centre de toute chose.
«EN VÉRITÉ, TOUT CORPS EST L'UNIVERS»
Nirvâna-Tantra
AUX ORIGINES DU SACRÉ
Collection dirigée par
Marc de Smedt et Daniel Odier
L'actuelle crise de civilisation entraîne en chacun une remise
en question fondamentale. Déçu par les Églises et les
structures sociales, l'être cherche de nouvelles voies d'ouver-
ture à lui-même. Or dans tous les courants spirituels de
l'humanité ces voies oubliées existent sous forme de tech-
niques de méditation et d'éveil. Personne n'est libéré, chacun
peut se libérer. Le but de cette collection est de dire comment.
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