Chapitre 1

Les suites

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Cours complet
L�� ������
1
1 Les suites
1 Les suites
1.1 Commençons
1.1 Commençons
On dispose des pions jaunes sur un damier puis on les entoure de pions bleus comme
sur les schémas ci-dessous.

n =3 n=4

On voit que pour entourer une rangée de 3 pions jaunes il faut 12 pions bleus, pour
une rangée de 4 pions jaunes il faut 14 pions bleus. Posons-nous maintenant quelques
questions :

1. Combien faut-il de pions bleus pour entourer 6 pions jaunes ?

2. Soit n un entier naturel non nul. Combien faut-il de pions bleus pour entourer n
pions jaunes ?

3. Avec 27 pions bleus combien peut-on entourer de pions jaunes ?

Les réponses sont :

1. On voit rapidement que 18 pions bleus sont nécessaires et suffisants pour entou-
rer 6 pions jaunes.

n =6

2. Pour répondre « en général », c’est-à-dire pour une rangée de n pions jaunes, on

doit faire un calcul : il faut n + 2 pions bleus au-dessus, n + 2 pions bleus en-
dessous, un pion bleu à gauche de la rangée de pions jaunes et un à droite. Cela
fait donc (n + 2) + (n + 2) + 1 + 1 = 2n + 6 pions bleus.

3. 27 n’est pas de la forme 2n + 6. En fait 27 se trouve entre deux nombres de cette

forme : 2 · 10 + 6 = 26 et 2 · 11 + 6 = 28, qui permettent d’entourer respectivement
exactement 10 et exactement 11 pions jaunes. Avec 27 pions bleus on pourra
donc entourer une rangée de 10 pions jaunes et il restera 1 pion bleu inutilisé.

2
2 Les suites

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n = 10
Examinons une deuxième situation :

n=3 n=4

Posons-nous les questions :

1. Combien aurons-nous de pions bleus avec 5 ou 6 pions jaunes ?

2. Soit n un entier naturel non nul. Combien aurons-nous de pions bleus avec n
pions jaunes ?

3. Peut-on obtenir 101 pions bleus ? 100 pions bleus ?

Les réponses s’apparentent à celles de la situation précédente :

1. Avec 5 pions jaunes on a 11 pions bleus, et avec 6 pions jaunes 13 pions bleus.

n =5 n =6

2. On a 1 pion bleu à l’origine puis n pions verticalement et autant horizontale-

ment. Ainsi à n pions jaunes on associe 1 + n + n = 1 + 2n pions bleus.

3. D’après la question précédente, avec 50 pions jaunes on trouvera 2 · 50 + 1 = 101

pions bleus. Par contre, il n’existe par d’entier n tel que 2n + 1 = 100, on ne peut
pas obtenir 100 pions bleus.

Examinons une troisième situation :

n=3 n=4

Les suites 3

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Reprenons les questions précédentes :

1. Combien aurons-nous de pions bleus avec 5 jaunes ?

2. Soit n un entier naturel non nul. Combien aurons-nous de pions bleus avec n
pions jaunes ?

3. Peut-on obtenir 101 pions bleus ? 100 pions bleus ?

Cette fois-ci les réponses diffèrent notablement :

1. Avec 5 pions jaunes on a 31 pions bleus

n =5

Si tous les pions étaient bleus il y en aurait 6 · 6 = 36, on doit ôter ce qui corres-
pond aux pions jaunes, ce qui donne 36 − 5 = 31.

2. En raisonnant comme précédemment : s’il n’y avait que des pions bleus, il y en
aurait (n +1)·(n +1) = (n +1)2 . En en retirant autant qu’il y a de pions jaunes, cela
donne (n + 1)2 − n pions bleus.

3. Peut-on trouver un entier n tel que (n +1)2 −n = 101 ? Remarquons que (n +1)2 −
n = 101 équivaut à n 2 + n + 1 = 101 donc encore à n 2 + n = 100. Essayons les
entiers, l’un après l’autre, en partant de 1.

n 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
n2 + n 2 6 12 20 30 42 56 72 90 110 132

Ce tableau montre clairement que l’on n’obtiendra jamais ni 101, ni 100 pions
bleus.

Dans chacune des situations précédentes, le nombre de pions bleus est une fonction
du nombre n de pions jaunes. On pourrait ainsi noter u(n), d(n) et t (n) le nombre de
pions bleus pour n pions jaunes, respectivement dans la première, la deuxième et la
troisième situation. Cependant, l’usage en mathématique, lorsque la variable est un
nombre entier, est plutôt d’écrire un , dn et tn . C’est-à-dire en utilisant une notation
avec indice.
Examinons de plus près un de ces exemples. La variable n peut prendre toute valeur
entière strictement positive. On exclut 0, car ce que devrait être le résultat dans ce cas
n’est pas bien clair.
Dans la première situation u1 = 6, u2 = 10, u3 = 12, u4 = 14, ... Les nombres un forment
une liste infinie.
Il en est de même dans les autres situations. C’est ce que l’on appelle des suites numé-
riques, que l’on abrège, très souvent, en suites.

4 Les suites

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Définition 1.1 – Suite numérique

Une suite numérique u est une fonction de N, ou une partie infinie de N dans R :

N → R,
u:
n �→ un

Elle associe à chaque entier naturel un résultat qui, lui, n’est pas forcément entier.

Un rappel sur les ensembles de nombres, dont N et R, se trouve dans ce chapitre, à la

section 1.5.
Une suite peut commencer avec l’indice 0, dans ce cas ce sera bien une fonction de N
dans R. Cependant elle peut aussi commencer avec un un entier plus grand que 0. On
pourra, par exemple, avoir une suite débutant à n = 4 : w 4 , w 5 , w 6 , ..., ou à n = 2 : a2 ,
a3 , a4 , ... C’est pour cela que l’on dit qu’une suite est une fonction de N ou une partie
de N sur R.
Précisons un peu les choses, en particulier les notations :

• Une suite n’est donc rien d’autre qu’une liste de termes : u0 , u1 , u2 , etc.

• Si l’ensemble des indices est N alors u0 désigne le premier terme, u2 le troisième

terme, un un terme quelconque. Les termes sont juste des nombres réels.

• On dit que 0 est l’indice de u0 , 1 est l’indice de u1 et n est l’indice de un .

• Il est courant qu’une suite ne commence pas à l’indice 0. Elle peut par exemple
n’être définie que à partir de l’indice 3. Dans ce cas le premier terme sera u3 , le
deuxième u4 , etc.

• Quant à la suite elle-même, on peut la noter de diverses manières : par une

simple lettre comme u, en utilisant des parenthèses comme (un ), ou encore, par
exemple, par (un )n∈N lorsque l’on veut préciser l’ensemble des indices. Dans ce
dernier cas, il faut comprendre « l’ensemble des un pour toutes les valeurs pos-
sibles de n dans N ».

• Il ne faut pas confondre un qui est un terme de la suite, c’est-à-dire un nombre

réel, avec (un ) qui est une suite, c’est-à-dire une liste de nombres réels.

un indice un terme un indice

(u0 , u1 , u2 , . . . , u24 , u25 , . . . , un , un+1 , . . .)
la suite

1.2 Les
1.2 Lessuites
suitesarithmétiques
arithmétiques
Reprenons les trois situations précédentes.
Dans la première, on voit que si l’on connaît le nombre un de pions bleus pour un
nombre n de pions jaunes, alors il est assez simple de trouver le nombre un+1 de pions
bleus lorsqu’on ajoute un pion jaune supplémentaire.

Les suites 5

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n +1
Pour chaque pion jaune de plus on doit ajouter deux pions bleus, autrement dit

un+1 = un + 2.

Dans la deuxième situation, on a la même relation : pour chaque pion jaune supplé-
mentaire on doit ajouter deux pions bleus, autrement dit

dn+1 = dn + 2.

n=3 n=4

Ceci est différent avec la troisième situation. On a vu que pour n pions jaunes, le nombre
de pions bleus nécessaires est tn = n 2 + n + 1.

n tn tn+1 tn+1 − tn
1 3 7 4
2 7 13 6
3 13 21 8
4 21 31 10
5 31 43 12
10 111 133 22
20 421 463 42
100 10101 10303 202

On voit que l’écart entre tn et tn+1 n’est jamais constant.

6 Les suites

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Définition 1.2 – Suite arithmétique

Définition 1.2 – Suite arithmétique
On dit qu’une suite v est arithmétique lorsque l’écart entre deux termes consécu-
tifs
On ditest qu’une
constant. Autrement
suite dit, v est arithmétique
v est arithmétique s’ilentre
lorsque l’écart existe unetermes
deux constante réelle
consécu-
telle
rtifs que v n+1 = v n + r quel que soit l’indice n.
est constant. Autrement dit, v est arithmétique s’il existe une constante réelle
r telle que v n+1 = v n + r quel que soit l’indice n.
Ainsi les deux premières situations correspondent à des suites u et d arithmétiques.
Par contre,
Ainsi dans
les deux la troisième
premières situation,
situations la suite t n’est
correspondent à pas
des arithmétique.
suites u et d arithmétiques.
Par contre, dans
Définition 1.3 –laRaison
troisième situation,
d’une la suite t n’est pas arithmétique.
suite arithmétique
Définition 1.3 – Raison d’une suite arithmétique
Lorsqu’une suite est arithmétique, on appelle raison l’écart constant entre deux
de ses termes
Lorsqu’une consécutifs.
suite est arithmétique, on appelle raison l’écart constant entre deux
de ses termes consécutifs.
Dans la première et la deuxième situation, les suites u et d sont arithmétiques et, toutes
les
Dansdeux, ont 2 pour
la première raison.
et la deuxième situation, les suites u et d sont arithmétiques et, toutes
les deux, ont 2
Exercice 1.1pour raison.
Exercice 1.1
Considérons la situation suivante :
Considérons la situation suivante :

n =1 n =2 n =3
Remarquons qu’il n = 1 trois sortes de pions
existe n = 2jaunes : n =3
Remarquons qu’il existe trois sortes de pions jaunes :
• ceux qui ont trois voisins, c’est-à-dire qui sont adjacents à trois autres pions
jaunes,
• ceux qui ont trois voisins, c’est-à-dire qui sont adjacents à trois autres pions
jaunes,
• ceux qui ont deux voisins,
• ceux qui ont deux voisins,
• ceux qui ont un unique voisin.
• ceux qui ont un unique voisin.
Notons p n le nombre total de pions jaunes. Par exemple, on aura p 1 = 5 et p 2 = 9. No-
tons encore
Notons , dn et utotal
p n letnnombre n le nombre
de pionsde pions Par
jaunes. jaunes ayant respectivement
exemple, on aura p 1 = 5 ettrois
p 2 =voisins,
9. No-
deuxencore
tons voisins,tnun, dvoisin.
n et u n le nombre de pions jaunes ayant respectivement trois voisins,
Par exemple
deux voisins, un = 1, d2 = 5 et u2 = 3.
t2 voisin.
Par exemple t2 = 1, d2 = 5 et u2 = 3.

n=2 n=2 n=2

n=2 n=2 n=2

Les suites 7

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1. Déterminer u4 , d4 , t4 , p 4 , u5 , d5 , t5 et p 5 .

2. Déterminer des formules exprimant tn , dn , un et p n en fonction de n.

 
3. Parmi les quatre suites (tn ), (dn ), (un ) et p n , lesquelles sont arithmétiques ?
(Justifier)

Maintenant basculons sur une autre situation :

n=1

n=2 n =3

Les couleurs et les différences de taille des pions ne servent qu’à indiquer la succes-
sion des constructions. On n’en tient pas compte dans les décomptes. On conserve les
notations précédentes p n , tn , dn et un , avec les mêmes significations.

4. Déterminer les cinq premiers termes de chacune des quatre suites, autrement
dit u1 , d1 , t1 , p 1 , jusqu’à u4 , d4 , t4 , p 4 , u5 , d5 , t5 et p 5 .

5. Déterminer des formules exprimant tn+1 , dn+1 et un+1 en fonction de tn , dn et

un . Exprimer un en fonction de n.

6. À l’aide d’un tableur, calculer les trente premières valeurs de chaque suite. En
déduire qu’aucune des suites n’est arithmétique.
Un rappel sur les tableurs se trouve en 1.4.

Exercice 1.2
Soit la formule :
n(n + 1)
1+2+3+··· +n = . (SE)
2
Celle-ci est vraie pour tout entier n > 0.

1. Qu’est-ce qui est changé si on commence par 0 au lieu de 1 ?

2. Vérifier la formule pour tous les entiers jusqu’à n = 10.

3. Démontrer la formule SE.

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