Isis dévoilée : clef des
mystères de la science et de
la théologie anciennes et
modernes. T. 4 / H.-P.
Blavatsky,... ; [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Blavatsky, Helena Petrovna (1831-1891). Auteur du texte. Isis
dévoilée : clef des mystères de la science et de la théologie
anciennes et modernes. T. 4 / H.-P. Blavatsky,... ; trad. de l'anglais
par R. Jacquemot,... ; publ. sous la dir. de Gaston Revel,.... 1913-
1921.
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H.-P BLAVATSKY
m'SUATfttCt~E'.AS~))tTXTHhOSOPM)Qt.f
tS!S DÉVO!LÉE
Clef des Mystères
de !a Science et de la Théologie
rtndennes et modernes
~.a· ~'I :r~l'r' ·jr G')Itllr f~W
\)~t~C
'P~!0~. !PA~.<=K ACT'~tf-EF.
Traduit de Fanais par R. JAQUEMOT
~~L'MF <~UA.TR!r.\)! i
REHQ~O~
PUBLICATIONS THÉOSOPHJQUES
ÉD!T!ONS RHEA
4. Square R'pp. Paris (VH')
'9~'
ISIS DÉVOILÉE
C!ef des Mystères
de la Science et de la Théologie ·
anciennes et modernes
H.-P. BLAVA TSKY
SOCIÉTÉ
rO!fDATMCB
DE
LA TtCtOSOPmQPX
ISIS DÉVOILÉE
Clef des Mystères
de la Science et de la Théologie
anciennes et modernes
< Ceci est un /tere de bonne Foy.
MOXTAIGXS
VERSION FRANÇAISE AUTORISÉE
Traduit de l'anglais par R. JAQUEMOT
VOLUME QUATRIÈME
REUŒON
PUBLÏCATtONS THBOSOPHiQUES
ÉDITIONS < RHEA J
Square Rapp, Paris (VJÏ')
!t)2!
IL A ETE TIRÉ DE CET OUVRAGE
T7~C!<y exemplaires
sur /).)/<?r de la manufacture t~/)er~/c Ju Japon,
/t!7mcro~ de u~t t'~<y/-Ct~y
<<
ISIS DÉVOILÉE
DEUXIÈME PARTIE
RELIGION
CHAPITRE VIII
Losenfants chrétiens et, cathoHqucs peuvent accuser leurs
'<
parents (!')):i'csi< hicuqu'Hs sachent <}u'en )e faisant leurs pa-
rents seront h;-u!cs sur te huchcr et mis a m..rt. Ht non seute-
mcnt. peuvent t!- !<'ur t'eros~t- );) n«ur:turc, s't~ r/tcrc/M~/ ;<
Je~fzr~er < F.); C.tu/~c,
~tAIS H.S PHUVE\'i' LËCA-
t.HMK~T LHS TL KK. Précepte des Jos-utes. (!
5TEPHEN
I-'ACU~DHX. in Pr.t'ce;i /~cc~/o~t. LugJum, 1640.)
Très Sa~c. Qm'Ho itcurc ost-H
t"' G. (t;)r(t. C'csU.'tpt'cmx''rc hcttrcdujour, où le voiJc
du tcmp!c se dcciur.i c:) deux "n k's tcn&t)rcs et la constcrnat-tun
se ropaudirent. sur la to'rc i'hcurc f'ù te soieU s'obscurcit ou
l'L'toiic flarnboy-uttc ayant disparu, tes «utits <!e la Maçonnerie
furent disperses 'iu la l'.ir'ttc fut pt'rduc J/~y/ta cs< t'pr~as
p< ~rcer-Y/eD~.
ULFtADV En~HVLinV HLFUA
1JQV L~Lai P'LVp'DAAL
JAH-BUH-LUX
SOMMAIRE
Le ?rand Sohardu Habhin Simc~n. –Job-ct les a!)cgnrics apocalyptiques
de l'initiation. H.tpp'~rt d'i P.irh'm~nt franç.us sur )cs J6suit.es.
KfTroynbies principes (te t'0r<.))-c. Le Meurtre. l'Adutt~re et le Par-
jure cxcu"< Lc'< J-suit'?~ "auvent, adoror tes idoles du JcsuiLisme~
Accomptis-'ement. de h pr"t''[[C d H~rmt''s. Un prct.rc aduHere est
cndr"it. de t.)~ le mat't. t-\L~sc!tr<L'cnnes ind6cent,cs. RiLuel do
!'ct.t.~rrcm~nt c~ypL't.'n. )!f)n)ntes et femmes vivent sans âmes.
Jésuites déduises en Ta!op 'ms. Le Pcre Jésuite Mariana approuve
t'empdisonncment. La i'ra'ic-Maçounerie cst.-e!!c t'heritière de. la
Sagesse secrct.e? La Maçonncri.' cst-cileJchovistiquc ou P<uenae?-–
Impertinence du jcsuiic \<-ni:~0! LaMaç'mnericdes Templier', éctert
dans un coHe~c Jésuite.– Le fan\ Ot-(tt'<'(f<' ~d~<Empoisonnement
du dernier Prince des Tcmphers. La !))'«)<' <tes adepte'- n'est
pas en !n posscssifn des M.tçcos. Ohscrv~ti"ns d'un MH<on de ));)t)t
~radeau sujet de la !t'anf:-M.n,'nnncric.–L<' t'cn)p)t' ()c S.domcn n'<'st
qn'uoc .i!)c~r)t')e. Lf~ C.'b)e de 'i't'ur'' (h's t.m):~ rt des Sa))n\)si
l!rahm.uu()ucs. Ut))T)'t's soct\-t.-<h'n<s. –(j-yptf.~r.t~hic jt-snih'
J.c t'rctt't* dct')'i('rc )e \'<'i).
rafi- et dan'- d'autres tien'
'e
).r d'~u)')'' de Jc))'nh. Adeptes
Le plus important ouvrage cab.disLifjuc des IIchrcux
le .So/«/ a été écrit par le l~a)d)in Sinu'-on Hen-
loeitaï, au dire de certains critiques. Cette compilation eut
lieu bien des années avant l'ère cttrct.icunc; suivant, d'au-
tres, ce no fut qu'après la destruction du temple. De toutes
façons il ne fut termine que par le )!l~ de Simeon, le Ha!
bin Uleaxar et son secrétaire, I'' n;')'))i)i A!)ba c.'r l'ou-
vrage est si ImporL.tnt. et les sujc~ (pu sont traits sont
si abstraits, ftuc la vie cnticrc de c~' Hah))in, nu on a sur-
nomme le rrincc d~'s Cabalist.os, n'aurait pas sufH a la
tache. Comme on savait ({u'it était, en possession de c'~s f'on-
naissances~ et de la .U<r~
qui assurait. la réception d~'
ta « Parole sa vie se trouvait en danger, et il dut s'en-
fuir au désert, où il vécut dans une caverne pendant douxe
ans, entoure de ses fidèles disciples, et mourut ïinalement
au milieu de signes et de merveilles (t).
Mais si volumineux que soit I'ou~f.<~e. qui renferme
beaucoup d'articles de sa tradition secrète et orale, néan-
moins il n'embrasse pas tout. Nul n'ignore que ce vénérable
cab.dis~e ne donna jamais a connaître les parties les plus
Importantes de sa do~'h'inc,autrement qu oralement,<'t cela
à un nombre très limite d'amis et de disciples, parmi les-
quels se trouvait son propre fils. Par conséquent, sans
t. X~mhï'en<ps snnt !~s m~rvciifcs qu'on <fit.i\'oir <u Heu sa m~rt. eu .'<
A3atran~ta~t:c.n'i[ncm~(:rt)(.pasc~m'nct.tt.tcm'):)!ic.'i:ais.ayn:tt.
nc tut
ne Ilit vu<.h'
"'II,¡" :tj':vca;<'Ill'
di'!p':ru.t.i;idt~<j'i'ftN<n:i.<'(';t)r~t~)!:tc.'C!T:p;:t,J~c.T<t-rnc.sot)c<)f';)''
;¡'J:3:1 qn';)).)' "1 (tisp:)t-i[.t~:t.I.or'<)ncccHcIutUtCt'~divi:
st di"p:I1'ilÍnll.Lor"'lI1l' cl'lle lumi.:l'c di.Üh'
iUomina la (~'mi-oLscu:')~ !jsue)iCt)c la s~mtji'ecavc. )C.)ors scuicmc!)!
dt). le, di,c;pk,; ù'l":r<1ël s'ap.rç'l!nt
Gtnsbur~.«!c-)ist.-p)csd'!sract
dit Ginsbur¡:.1( s'apcrçit\-n!. <;Lic
quc Jec :lam:)l~a,1 tt'Jst'at!
nan~x~a.) (l'1"I';(i:1
s'était Licint · cs l~i~r~rc1)!ms nnu· iu!'mruCnt ~ln'ua un!c:mlit tl~'s voiv
cétcstcs pendant les pt'cp')".ttifs de ~n:! c:i~-rrcmcntc' a ~a mise au tom-
beau. Lorsque la bicrc i\.t descendue d:us )c pt'~r'~ndcavt.] qu'n!iv.tit
préparé pour la recevoir, une flamme '-en éleva et une pui-.santc vuix
prononça les paroles suivantes C'est ce!ui qui Ct. tremb)cr la terre et
!esroyaumcs~"
l'imitation finale a la 3/f/'r~ l'étude de la C~<' est
nécessairement incomplète, et la .Vf/'r~ ne peut s\'nsei-
~nerquc dans « I'obsju!ite,c'est-a-duc dans un lieu déserta
e). ap)-es d.' nombreuse~ e~ tcrritiant~s ep:'euves Depuis
!.t tco.'t (!e Sinte-'n Hen-Ioehat, c~'tLe doeh'in.' secrète est
restée un secret in\'io!;)b!e pour le monde exterteur. l)on-
nL'~ a ct.nn.'tLrc ~~a~rnf tiL <c /t
y/?(/<\ on m'
c.'nimu'n<j[n;n! ;m c.)(!K~L ~u'or:cnt<-nt, /<'c /'</rc c~
~/<' /</ //<~< /'<(.'<
Ce cc)nni;tn' i~ nt..<o!ini~u<<x (!c !a bouclic a I'(~roi!!e,
t-t.<;'( voix !):~ <sL u:i L~s (les T.maïn! et. des ancien.
mysLrcs p.tYcns. 1/us. modcrn'' qui en e(.c f:uL, est.
cc!'t:un.'m''nt du I'i'idis<n''(.i 'n d- qu'.d'pn' ca!):dis~ rcnc-
~a'. ))n.n f.'ic « nioL ?, !ui-:n'nr-, ne soit, qu'un « subs-
titut. pour !a p;t)-o!c p~rdu.; )>, <t qu'i! est., ;)insi que
tx'us !<' d( 'nonh'tronsplus L)Iu,un.' invcnHou comparativc-
nu'nt. n'.odct'in. 1. p)n'nsc \rit.:dd~ est. r~sLco, pour tou-
jout's, ctt possession <!cs :)dt.-pt.<\s de divo'.scs c.'nt.rcc's des
!h'"nisphct\s OricnLd et. Occidental. Seul un nombre IInut.c
parmi les chefs T(.)p!rs et quelques Hoseeroix du xvn' sic
t !(', qui ~'t.n~nL restas en relation ct.roit~ :tvcc h's nichi-
mi~k's rL !cs inUis :tra!)~s, auraienL pu se va~cr de la
posséder. Du vu"
J
;j
\v" sicc!~ nul ne puuvai~ prctendre de
conna!t.t\' en Hurop.' et. bi~'n qu'il y eût. des alchimistes
:nit ParaLcIse, celui-ci fut le premier qui passa la veri-
t;)hh' initiation, c~-tte dernière cérémonie qui eonrcrait
I:td<pte !a i'acuItL- de march.'r vers le « buisson ardent
par dessus le terrain brûlant, et de « brûler le veau d'or
(' )ns 1~ fou, le réduire en poudre et de le répandre sur les
eaux ». Certes, ce~te c'< magique, et la <( parole perdue
ont fait ressusciter plus d'un AdoDiram, Gedalia'ict Iliram-
Abi pre-mosaÏques. Le véritable mot, aujourd'hui substi-
tue par Mac-L~nac, et Mah, était utilise des siècles avant
que son cuet pscudo-ma~'iquc eût été essaye sur les « uls
de la veuve pendant les deux derniers siècles. Qui fut.
de f;dt. le premier Maeon actif de quelque importance ?
Elie As'imole, le <fr/ï/(' <t' /~o.'?<?rro/ el des o/c~7!<
Admis a la franchise de la Compagnie des Maçons Actifs
de Londres, en 164C, il mourut en 1692. A ce moment-là
la Maçonnerie n'était pas ce qu'elle devint par la suite ce
n'était ni une institution politique ni une institution chré-
tienne, mais une véritable organisation secrète, qui admet-
tait dans les liens de la fraternité fous ceux qui désiraient
ardemment obtenir le bienfait inappréciable de la liberté
de conscience, et se soustraire a la persécution cléricale (t).
Ce ne fut que cinquante ans après sa mort que ce que l'on
nomme aujourd'hui la Franc-Maçonnerie prit naissance.
Cette naissance eut lieu le 24 juin i7i7, a la Taverne du
Pommier (/l/)p/e-/r<'e T~'cm) dans Charles Street, Covent
Garden, à Londres. Ce lut alors, ainsi que nous le disent
les Co/o/ïs de Anderson, que les quatre seutcs loges
du Sud de l'Angleterre, nommèrent AnthonySa~er, le pre-
mier Grand Ma!tre des Maçons. Malgré sa jeunesse, cette
grand loge a toujours exigé que tout le corps de la frater-
nité dans le monde entier reconnût sa suprématie~ ainsi
qu'en informe l'inscription latine gravée sur la plaque au-
dessous de la pierre d'angle du Temple des Franc-Maçons
de Londres en i775. Nous y reviendrons plus tard.
Franck, l'auteur de /~c A~M~a, poursuivant ses « diva-
gations ésotériques ainsi qu'il les appelle, cn/)/< de sa
traduction, nous donne ses commentaires. Parlant de ses
prédécesseurs, il dit que Siméoa Ben-Iocbaï mentionne a
plusieurs reprises ce que les « compagnons ont enseigné
dans les ouvrages plus anciens. Et l'auteur cite un nommé
« Ieba, l'ancien,et Hamnuna, l'anrien ~(~). Mais il ne nous
donne pas la signification de ces deux « anciens ni qui
ils sont, car il ne le sait pas lui-même.
Dans la vénérable secte des Tanaïm, ou plutôt des Tana-
nim, les sages, étaient ceux qui enseignaient, les secrets pra-
tiquement, et initiaient quelques disciples au grand Mystère
final. Mais la 3/~A/ïa 77~ la section, dit que la table
des matières de la .Vcr~/6~« ne doit être divulguée qu'aux
sages âgés (3) La ~c/ra est encore plus dogmatique.
< Les secrets les plus importants des Mystères, n'étaient
même pas révélés aux prêtres. On ne les divulguait qu'aux
initiés. C'est ainsi que nous voyons que ces mêmes grands
secrets prévalent dans toutes les religions anciennes.
t. Plot A'a<nr~ History o/'S<a~ords/t<re. Publié en 1C66.
2. Die 7fa6&.ï!a. 75. $od,ot. it.
3. Die Kabbala, 47.
Mais nous constatons également qui ni le Sohar ni aucun
autre ouvrage cabalistique ne contient pas seulement la sa-
gesse juive. La doctrine étant, par elle-même, le résultat de
milliers d'années de pensées, elle est, par conséquent, la
propriété collective des adeptes de toutes les nations sous le
soleil. Néanmoins, le <$o/w enseigne l'occultisme pratique
plus que ne le fait n'importe quel autre ouvrage traitant de
ce sujet non pas, cependant, te! qu'il a été traduit et com-
menlé par divers critiques, mais d'après les signes secrets
inscrits en marge. Ces signes contiennent les instructions
secrètes, en dehors des interprétations métaphysiques et
des absurdités apparentes, acceptées par Joséphe dans leur
ensemble, car lui n'avait jamais été initié, et il interpréta la
/f//r6 y~o/c, telle qu'il l'avait reçue (1).
La véritable magie pratique contenue dans le Sohar et
dans d'autres ouvrages cabalistiques, n'a de valeur que pour
ceux qui le lisent, en dedans. Les apôtres chrétiens du
moins ceux qu'on dit avoir fait des « miracles » </ ~o/o~/e (2)
devaient être au courant de cette science. II sied mal à un
Chrétien de condamner ou de se moquer des joyaux < magi-
ques des amulettes et autres talismans contre le « mau-
vais œil qu'on utilise comme des charmes pour exercer
une influence mystérieuse, aussi bien sur le propriétaire que
sur les personnes que le magicien voudrait contrôler. Beau-
coup de ce~ amulettes enchantées existent encore dans les
collections d'antiquités particulières ou publiques. Les col-
lectionneurs ont publié les dessins de joyaux convexes, ornés
de légendes mystérieuses, dont la signification a déjoué
toutes les recherches scientifiques. King nous en montre
plusieurs dans ses C~o~c~, et il donne la description d~une
1. !i raconte comment le Rabbin EIcazar, en présence de Vespasicn et
de ses officiers, chassa les démons de quelques hommes simplement en
mettant sous le ncx du démoniquc une des nombreuses racines recom-
mandées par te Roi Satom~n I.e cétèbrc historien nous afûrme que le
H.'bbin faisait sortir tes démons par les narines des patients, au nom de
Saumon et par le pouvoir des incantations composées par le Roi-Caba-
iiste. Jjscphe: .tn~u~es. VIII.H.5.
2. Il y <i des miracles ~coftsc/en~. lesquels, comme les phénomènes
nommés aujourd'hui phénomènes spirites sont produits par les pouvoirs
cosmiques. le mesmérisme. l'éfectrtCtté. et les êtres invisibles qui sont
continuellement à l'œuvre autour de nous, que ce soient des esprits
humains ou élémentaires;
cornaline (Chaleédcinc) blanc), .recouverte des deux cotés
de légendes interminables, dont I'interp)'étati"n a été impos-
sible c'est le cas pour les savants,-ans <~e.ute,maisn"n
pour l'étudiant en i~crmétisme "i les adeptes. Mais nous
renvoyons le lecteur a cet. ifi'eressant ouvrage, et. aux
talismans qui y 'ont représentes, aHn de démontrer que
même le « Voyant de JPatm"s e:i personne, était !):en
verse dans la science cabalistique desta!I~'n:tnsetdes
joyaux. Saint Jean fait clairement allusion a la puissante
< cornaline blanche »,
adeptes sous le nom de ~<< un j"yau bien connu parmi )es
ou pierre df l'initiation,
sur lequel on voit généralement ~ravc le mot (le p.'rce
qu'elle était donnée au candidat qui ava~t passe avec suc-
cès par toutes les épreuves prelimin.ures des néophytes. Le
fait est que, non moins que !e livre de Job, livre de 1 Apo-
calypse t~ut entier n'est que le !eit :d!)!'iquc des Mys-
teresetdel'init'ationdun candidat a ceux-ci,ean(hd.)tqui
haut ~rade, i~ien versu les
n'est autre f}ue Saint Jean lui-même. Aucun Mae'-n de
diirerents de~'[\'s n en dis-
conviendra. Les nondj'res.~c'c'<et autres s"nt autant
de traits de lumière jetés dans 1 oLscu)'ik'- du texte. Para-
celse affirmait la m'~n~c chose il v a )du-'ieurs siècles. Ht
lorsque nous lisons « qu'un etrj semblable a un fils
d'homme lui dit (ehap. Il, t7) .t rc/<
lui donnerai de la /n~/?~f r<c'
!Y/,
je lui d~not: n encore un
je
CAILLOU BLA~C et sur ce caillou est ecr't un nom
nouveau, le mot que ~c ru/p~V que <'< /c
rcrc' », quel est le Maître Maçon qui doutera qu'il s'agit
de la dernière li~nc du titre du présent chapitre ?
Dans les Mystères Mythraïques pré-chreticns, le candi-
dat qui avait traversé courageusement les « f~~rc tortures
qui précédaient l'initiation finale, recevait un petit gâteau
rond, ou pain sans levain, symbolisant, <? une de ses
~y/?/<'<?~on~, le disque solaire, et connu sous le nom de
cées. Un </<7<w~ ou un /<
pain céleste ou « manne sur lequel des figures étaient tra-
était tue, le candidat devant
être asperge (le son san~, comme dans le cas de l'initiation
de l'Empereur Julien. Les .<-c/~ rc~'Ies ou mystères étaient
alors données a connaître au « nouveau-né », représentés
dans l'Apocalypse par les sept sceaux qui sont brisés « dans
l'ordre » (voir ch:<p. V et VI). Nul doute que le Voyant de
Patmos no se référât a cette cérémonie.
1/orlginc des amulettes catholiques romaines et des
« reliques humes par le Pape est la même que celle des
« charmes d'Ephcsc ou caractères graves sur une pierre
<'u traces sur une feuille de parchemin les amulettes juives
avec des versets de la Loi, appelés/)/c~C/c'jAxxT'm,
et les charmas musulmans avec des versets du AoraA!.
T"us ceux-ci ont été utilises comme des charmes magiques
prctectcurs.et portes sur leur personne par ceux qui avaient
toi en eux. Fpiphane, le digne ex-Marcusicn, qui parle de
ces charmes dont. font usage les Manichéens comme d'amu-
lettes, c'est-à-dire d'objets qu'on porte autour du cou
(Periapta) «des incantations et des /?/)c/<~ ~f/c~~
ne peut discréditer en aucune façon les « tromperies
des païens et des Gnostiques sans discréditer en même
temps les amulettes catholiques romaines et papistes.
Toutefois, la stabilité est une vertu que nous craignons
voir perdre, sous l'influence des Jésuites. le peu de prise
qu'elle a jamais eu sur l'Eglise. Cet esprit rusé, savant,
dénué de scrupules et terrible du Jésuitisme, au sein du
Catln'Mcismc Romain, a pris possession lentement mais
sûrement de tout le prestige et de tout le pouvoir spirituel
qui s'v attaclie encore. Pour mieux exposer notre thème, il
sera nécessaire d'établir le contraste entre les principes
moraux des anciens Tanaïm et des Théurgistcs, et ceux
professes par les Jésuites modernes qui ont pratiquement
aujourd'hui le contrôle du Catholicisme Romain, et qui s'éri-
gent en ennemis de toute réforme. Où trouverions-nous dans
toute l'antiquité, et dans quel pays, quoi que ce soit d'égal
a cet Ordre, où même y approchant? Nous devons une place
aux Jésuites dans ce chapitre sur les sociétés secrètes~ caa
car plus que toute autre, ils constituent une société secrète,
et ils ont un lien bien plus étroit avec la Franc-Maçonnerie
actuelle du moins en France et en Allemagne qu'on
ne le suppose généralement. Le cri de la morale publique
outragée s'éleva contre cet Ordre dès son début (1). Quinze
ans a peine s'étaient écoules après la promulgation de la
Cecri date de !5K) et en 1~55 une clameur gcncra!c s'cteva contre
eux dao~ ccrLaioes parties du Portugal, en Esppgne et dans d'autres pays.
bulle qui approuvait leur constitution, que ses membres
commençaient à être chassés d'un endroit a l'autre. Le Por-
tugal et les Pays-Bas s'en débarrassèrent en 1578; la France
en i594 Venise en IG06 Napics en 10~2. Ils furent expul-
sés de Saint-Pétersbourg en 181u, et de la Russie tout
entière en 1820.
Dès son bas âge ce fut un enfant plein de promesses. Ce
qu'il devint, par la suite, chacun ne le sait que trop bien.
Les Jésuites ont fait plus de mal moral dans ce bas monde
que les armées réunies du mythique Satan. L/énormité
apparente de cette accusation, disparaîtra lorsque nos lec-
teurs d'Amérique, qui jusqu'à maintenant ne les connais-
sent que fort peu auront été mis au courant de leurs prin-
cipes (principio) et de leurs relies, tels qu'ils apparaissent
dans les ouvrages écrits par les Jésuites eux-mêmes. Nous
rappelons aux lecteurs, que tout ce que nous avançons dans
les citations en italiques est tiré de manuscrits authentiques,
ou d'ouvrages publiés par cette célèbre société. Beaucoup
d'entre eux ont été copiés dans le grand In-Quarto publié
avec l'autorisation, et sous la vérification et la collation des
Commissionnaires du Parlement français (1). Ces rapports
furent réunis et présentés au Roi aiin que, comme le dit
« l'Arrest au Parlement du 5 mars 1762, le fils aîné de
l'Eglise soit mis au courant de la perversité de cette doc-
trine. qui autorise le vol, le mensongère parjure, l'impureté,
toutes les passions et tous les crimes, qui enseigne l'homicide,
le parricide et le régicide, renversant la religion pour subs-
tituer a sa place la superstition, en favorisant la Sorcelle-
rie, le blasphème, l'irréligion et l'idolâtrie. etc. Exami-
nons donc les idées des Jésuites au sujet de la /7:<~y~?.Antonio
Escobar (~) dit à ce sujet, dans ses instructions secrètes
Des extraits de cet Arrêt f.ircn.t réunis dans un ouvrage en
4 \-ot.[12 ms. qui parut à Pari- en 1762, connu sons !e titre d'j/ra~s des
~Mer<<ons, etc. Dans un ouvrage intitu!6 7f<)0f!xe .H.r .t~er~ons les
par les Commissionnaires du Parlement, français en en
Jésuites firent un effort pour jeter Iadcc"nsidcratnm su" les faits réunis
les faisant.
passer pour des racontars ma))nt.ent.:onnes. <' Pour se faire une idée de
la validité de l'accusation ".dit t'auteur des /tftc<ne$ des Jésuites "on a
cherché daas !esbib)iothcques des deux universités, du British Muséum,
et du Collège Sionnistc.Ics auteurs cites: et dans chaque cas où le volume
fut découvert.o'n a reconnu l'exactitude de la citation. »
2. 'Z'Aeo~oyt&Jfcrà~K. Tomus IV. Lupduni. 1663.
« II est légal. de se servir de la
science acquise <t l'aide
< Diable, pourvu que la conservation et l'usage de cette
connaissance ne dépendent pas du Diable car celle connais-
sance c5/ bonne en c//e-/nc/?ïd, el le joec~e par lequel elle
a élé acquise e5//)<ï5~e(i).~ Pourquoi un Jésuite ne trom-
perait-il pas le Diable, de même qu'il trompe les laïques ?
« Les Astrologues e/ les 6fc~5 $0~ ~/ÏM5, ou /!f 50/ï~
pas tenus, de rendre la r~u/~ra~o~ de leur divinalion
/'t~J/ïe/7!e/ <y~ ont prédit ne se réalise pas. Je con-
viens remarque le bon Père Escobar, « que cette opi-
nion ne me satisfait point du tout, parce que, lorsque l'as-
trologue ou le devin a exercé toute diligence dans /'<?r~
f/&o/e,qui est nécessaire pour son but, il a rempli son
devoir, que! que soit le résultat. De même que le médecin.
n'est pas tenu de rendre ses honoraires. si le patient
meurt de même l'astrologue n'est pas oblige de rendre le
prix de sa divination. sauf dans le cas où il n'aurait pas
pas fait d'effort, ou aurait été ignorant de son art diabo-
lique parce que, lorsqu'il a fait tous ses eiforts, il n'a pas
usé de tromperie (~).
Nous lisons encore ce qui suit au sujet de l'astrologie
« Si quelqu'un affirme, sur une supposition basée sur l'in-
fluence des astres, le caractère et la disposition d'un homme,
qu'il serait soldat, prêtre ou cvêque, celle ~/f~a//o~ e~
<'jcc/M/)/e de ~o~/ péché parce que les astres et la dispo-
sition de l'homme peuvent avoir le pouvoir de diriger la
volonté humaine vers un certain but ou objet, mais non pas
de l'y contraindre (3).
Buscmbaum et Lacroix nous disent dans la Theologia
J/ora/~ (4), que « la chiromancie peut être considérée
comme légale, si dans les lignes et les signes de la main
on peut s'assurer des dispositions du corps, et conjecturer
en toute probabilité les penchants et les affections de
l'âme (5)
1. Tom IV, lih. XXVIII, secH de Prœcept. I,c. 20 n. 184.
2. Ihidem. sccL 2 de Prœccpt.. t. Probl. H3, n. 5S6.
3. Itichard Arsdckin, 7'/teo~o~/t'a rrt~ar~a, Colonise, 1744. Tom. II.
Pars II. Tr. 5. c. 1,
g 2. n. 4.
4. Theologia .Vof-a~s nunc p~Hr</)HX pirlibus a~c<a, a R. P. Claudio
Lacroix Socitatis Jesu Coloniae 1757 (Ed. Mus. Brit.).
5. Tom. M, lib. III, Pars I. Fr. I, c. dub. 2, resol VIII. Quel dom-
Malgré que plusieurs prédicateurs aient dernièrement
formellement nie que cette noble confrérie ait jamais été
une société scr/'c/f, les preuves existent qu'elle l'a certai-
nementété. Leurs statuts ont été traduits en latin par le
Jésuite Polancus, et imprimes au Collège de la Société a Home
Ils /!f /c' /7ï~.s /?!~ M
/C/t/ /)M~C~ /)< 0/V/f du /f/7!C/ï/
<
en to58. < On les tenait jalousement secrets, la plupart des
Jésuites, eux-mêmes, n'en connaissant que des fragments (t).
~7~ ~~n<7 ils
~76/ ~76' au cours du célèbre procès du Père Lava-
/<<S
</C
lettc. Les degrés de l'ordre sont 1° Novices 1° Frères
laïques ou Coadjuteurs temporels 3" Scholastiqucs; Coad-
jutcurs spirituels o" Profes des Trois Vœux C' Profes
des Cinq Vœux.« II existe aussi une classe secrète, connue
seulement du Général et de quelques fidèles Jésuites, qui,
peut-être plus que toute autre, a contribue au pouvoir re-
doute et mystérieux (le l'Ordre », dit Xicolini. Les Jésuites
considèrent comme un des plus brillants exploits de leur
Qrdre que Loyola ait appuyé~ au moyen d'un memcire spé-
cial au Pape, une pétition pour la réorganisation de cet
instrument abominable et déteste de boucherie en gros,
l'infâme tribunal de la Sainte Inquisition.
L'ordre des Jésuites est, aujourd'hui, tout puissant a
Rome. Ils se sont installés a la Congrégation des Affaires
Ecclésiastiques Extraordinaires, au Département du Secré-
tariat de l'Etat, et au Ministère des Affaires Etrangères.
Des années avant l'occupation de Rome pas Victor Emma-
nuel, le Gouvernement Pontifical était complètement entre
leurs mains. La Société compte aujourd'hui 8.384 membres.
Mais voyons quelles sont leurs règles principales. Par ce
qui précède, et en se rendant compte de leurs façons d'agir,
on peut se faire une idée de ce que tout le Corps catho-
lique doit être. Mackcnzie nous dit que « L'ordre a ses
signes secrets, ses mots de passe, suivant les degrés aux-
quels les membres appartiennent, et comme ils ne portent
pas d'uniforme spécial, il est difficile de les reconnaître, a
ma~c que l'avocat. pour ia défense, n'ait, pas pensé a citer cette légalisa-
tion orth'jd~xc pour « filouter au moyen de la chiromancie ou autre-
ment au cours du récent pruccs du médium ~tadc à Londres,
-1. ~icotini /s(o<)'c des ./esa:7cs.
moins qu'ils ne revoient eux-mêmes qu'ils font partie de
l'Ordre car ils apparaissent comme des Protestants ou
des CaUloliques, des démocrates ou des aristocrates, des
infidèles ou des bigots, suivant la mission spéciale qui leur
a été conuec. Leurs espions sont partout, ils appartiennent
a tous les rangs de la société et ils se donnent pour des
e:'udits et des savants, des simples et des benêts, suivant
h" instruct.Ions qu'Us ont rccu''s. Il y a des Jésuites des
d'ux sexes et de t"u) âge. cL c'est un fait notoire que des
membres de l'0rd:'o, de [.muHes nobles et d~cducation raf-
nnce. j'-uent 1~ r'M.' de domestiques dans des familles pro-
tcs!):;t< ou remphssenL tl'autrcs emplois analogues afin
d~' servir les fms de i.t Soen !.e. On ne peu~ être trop sur
s~s ~ar~es, c:(r !;t S'K''te (.oui entière étant ba~ec sur la loi
d" l'ci~ssancc p::?sivc~ peut, porter ses forées sur un point
d~nn'avec une '.x:(}~u<!e im'ai!Hb!c ef f;~ale(!). »
Le-e-u!t;'s s"u!nnenL que « la S'iete de Jésus n'est
pas d'iuvenUon hunni)ie, /7~? ~f//f /('t''<7c f~ cc/M~
f/ t\t.
'.)e Vie qui
/f' /?~/y!. Car Jésus, lui-même, établit. !a règle
la S(".[eL'\ /)/'<('C/t'r~O/!C.X<7T~)/C,
cL ensuiLe p~r la parnic (~)
Que tous les pieu~ et fervents Chrétiens prcnnent par
conséquent connaissance de ceLtc prétendue « règle de
vie » e). des pr'ecpLes de leur Dieu, ainsi qu'ils sont pré-
s.-n~ par !csJ~'s~iLcs. Péter Ala~-ona (.S/. 7"o/7!~ ~1<
/< .S~?. 77/L.o' ~'o/~c/!<?!) dit comme suit
« Par !e commandement de Dieu il est légal de tuer une
f/ /~< /C/ OfT/~C/'e /<X'e/7!, /<
pers<m:'c Innocente, de voler ou de commettre. (Z~j~ /?!a/
/br/CÛ/) i
car il est !c Seigneur de la vie, de la mort, et de toutes
choccs, r~ 0/! /M/ ~0/7 ~'<J'~C~ ~C.~ 00~e~ïC/ (Ex
prima secundo, Quœst., U~.)
Un homme appartenant a un ordre religieux, qui pen-
dant un court laps de temps retire son habit,dans le but de
commettre un pèche, est libère du pèche mortel, et n'en-
court pas la peine d'excommunication. (Lib. III, sec. 2,
Probl. 44, n. ~12) (~).
/?0!< .Va~ontc C//c~')p'?~a, p. 36'.).
2. Im;)~), Pr/Mu 6(~cu~' 5')c<t:<~ Jesu, lib. 1 c. 3, p. 61.
3. Antoine Escobar C/m'crs~c 7'/<c(~oy<x .Vor.s rece/)<torc, .:Jbs<yce
Jean-Baptiste Taberna (Synopsis ~eo/o~~Ccp ~roc/~ca?)
pose la question suivante « Un juge vénal est-il tenu de
restituer l'argent qu'il a reçu pour rendre un jugement?
/?~oo/Me. « S'il a reçu /'cr/yc/ pour rendre un jugement
injuste, il est probable qu'il est en droit de le garder.
Cc//e opinion esl soutenue et cFe/cn~MC par cinquante-huit
~oc/<r$ (I). Jésuites, cela va sans dire.
Nous renonçons à en dire plus long. La majeure partie
de ces préceptes est si écœurante en raison de son carac-
tère licencieux~ hypocrite et démoralisant,qu'il a été impos-
sible de les présenter au public, autrement qu'en latin (2).
Nous en présenterons quelques-uns des plus décents, au
cours de notre étude, afin d'établir les comparaisons. Mais
que devons-nous penser de l'avenir qui attend le monde
catholique~ s'il doit être contrôlé par cette Société néfaste?
Nous ne doutons pas qu'il en sera ainsi, lorsque nous voyons
le cardinal archevêque de Cambrai le proclamer à grands
cris à tous ses ndèles ? Sa pastorale fit certain bruit en
France et cependant, puisque voici que deux siècles se
sont écoulés depuis l'exposé de ces infâmes principes, ~es
Jésuites ont eu tout le temps de mentir pour nier les justes
accusations~ que la plupart des Catholiques n'y ajouteront
aucune foi. Le Pape in faillible, Clément XIV (Ganganelli)
les supprima le 23 juillet 1773, et néanmoins ils revinrent
à la vie un autre Pape, également infaillible, Pie VII, les
réinstitua le 7 août i8i4.
Mais écoutons ce que Monseigneur de Cambrai procla-
mait avec tant d'ardeur en 1876. Nous citons d'une feuille
séculière
« Entre autres choses, il soutient que le Cléricalisme,
/'67/ro/7!0/~<7/7ÏC el le Jésuitisme ne sont </H~ seule
chose -c'est-à-dire, le C<2/~o//c/~e–et que les distinc-
tions qu'on va apportées ont été créées par les ennemis de
lite suslentix, etc., tomus I. Lugduni, 1652 ~Ed. Bib!.
Acad. Cant..).7'Je~
sen~tp, c Arere illad tempas ad n/uns /tora' spatium <ïAo. 7!e~r<osu~
t<a<yce /taJbt<a~defHt~efts assignato hoc temporis interstitio., non t~corr~
e.rcomfnnrttca<to~cnt.etiamsi dt~n«a< non so~nm ex cansa. turpi, $et~ce~
/'or~tca~dt. set étiam ut meo~n~as tnea< lupanar. Probl. 44, n. 213.
1. Pars II, Tra. 2, c. 31.
2. Voyez The Principles o/' the Jesuits, Developed in a Collection o~
E.r<rac<s/'ront</te<r ou'H~ors. Londres, 1839.
la religion. Il fut un temps, dit-il, où certaine opinion théo-
logique était couramment enseignée en France, au sujet de
l'autorité papale. Elle était limitée à notre pays, et d'origine
récente. Le pouvoir civil pendant un siècle et demi imposa
l'instruction officielle. Ceux qui professaient ces opinions
étaient appelés des Gaulois et ceux qui protestaient, des
Ultramontains, parce que leur centre doctrinal se trouvait
au delà des Alpes, à Rome. Aujourd'hui la distinction en-
tre les deux écoles n'est plus admissible. Le Gallicisme théo-
logien n'existe plus, depuis que cette opinion a cessé d'être
tolérée par l'Eglise. Le Concile Œ"CM~ïe/ï~ue du Vatican
l'a solennellement condamné au c~e/d de tout retour. Nul
ne peM~, aujourd'hui, être un Catholique, s'il n'est un C/
tramontain cf un Jésuite (1). »
Voilà qui résout la question. Laissons, pour le moment,
les conclusions de côté, afin de comparer les pratiques et
les préceptes des Jésuites avec ceux des mystiques indivi-
duels, des castes organisées et des sociétés de l'antiquité.
Le lecteur sincère pourra, de cette manière~ se faire une
idée de la tendance qu'ont leurs doctrines pour faire du bien
à l'humanité ou la corrompre.
Le Rabbin Jehoshua Ben Chananea, qui mourut vers
l'an 72 de notre ère, déclarait ouvertement qu'il avait ac-
compli des « miracles » au moyen du Livre de Sepher
.7er~eA,et il lançait un défi à tous les sceptiques (2). Frank
en citant le Talmud babylonien, donne les noms de deux
autres thaumaturges, les Rabbins Chanina et Osboi (3).
Simon le Magicien, fut sans aucun doute un élève du
Tanaïm de la Samarie la réputation qu'il laissa derrière
lui, ainsi que le titre qu'on lui octroya de « Grand Pouvoir
de Dieu », témoignent hautement en faveur du savoir de
ses instructeurs. Les calomnies si libéralement répandues
contre lui par les auteurs inconnus et les compilateurs des
~4r/6S des j4/)o/e~ et autres ouvrages, n'ont pas réussi à
dénaturer la vérité au point de cacher le fait qu'aucun chré-
tien ne pouvait rivaliser avec lui dans l'accomplissement
d'actes de thaumaturgie. Le récit de la chute qu'il fit pen-
1. Tiré de la Pastorale de l'Archevêque de Cambrai.
2. Voyez Jern.M/e~ Talmud ~n~edrt~, c. 7, etc.
3. France pp. 55-56.
dnnt. un vol ner!en, se cassant. les deux jambes f-t. se suici-
dant ensuite, pur enfanti)!an'e. Pourquoi les apôtres
est. du
:)u!icu de prier mentak'ment pour sa défaite, n'ont-ils pas
prie pour pouvoir surpasse:'Simon d.tns ses merveines et
ses miracles, car (te ce'teman:<rei!saura!e!tL servi !eur
caus~-bien plus uti!ment qu'ils ne !e firent,et Us auraier.!
en outre converti des miniers de personnes au c)i) i-'ti.misnu'.
La p()s!ri~n~ possède qu'une -e..[ev'-rsi.)n det'r(''ciL
Si nous oUcndi.'ns la version (L-.<<~t~Sitro:),n"u-;
trouverions peuL-trc que ce iut. sain!. Pierre qui ~e cassa
tes jam!)fs,si nous tu'.savions pa~q'c~a~o).rcrt'!lt!'ien
trop prudent pour jamais s';t\enture:' I~o:).e. De !a con-
fession de plusieurs .)ut.eU!'s(.'ec!e-!ast;que~u<u:t ap~tte
n'accomplit ):)!n;usd(-t.~[!fs«rnervctS!es~u!'n:'t''irc!!es.?sa-
<urcI!cn)C!~ les fidèles diront que c'c-t un.-preuv. -!ep!us
que le « Diable ~a~'is-.aItp)rSi!nir~)n-i(.-ie:
On accusa Simonne ~I:)_i'en <!e]''aspttt'n!t)'('~n'ej~
Saint-Esprit, parce qu'il p:'ct.end:<it q-i'i! était. « le Saint-
I~sprit,!e .V.L'(i int.e!enc.-)ou !a M. t'e de toutes ehos..s
~lais nous retrouvons la m~ine exprès-ion dans le
<JT/<<-ù par opposition.u«F~-<!e!IIon;:ne»,ii<!it.
A/
« Le Fils d~' !a Fe:n!ne )). Dans L-s ~'o /('.r de-. Na/ar~ens,
et d.)ns le .So/de inefne que dans ]es /t-s <<r.
cette expression est. courante; et n~tne dan~7/(/
apocrvpnc des IIe!'reux nous lisi<~n-. que.sus.Iui-nu':ne.
admettait !e sexe du Saint.-Ksprit, lorsquil dit: J/~ J/r,
/</ .S<C't.
Mais qu'est-ce que l Iieresie de Shno.) le ~la~'Ici' n,ct I.-s
Liasphemes d.' tous Icx berniques comp:(!'es a ceux <tes Jé-
suites qui ont réussi a dominer le l'ape,!a Home cee!e.~ias-
).iqueet.!emond~catho!i(~ue tout enti.-r? Ecoutez en'.o.'e
leur profess'on de fui.
« Faites ce qu~- votre conscience vous (.-ommaude de faire
et vous dit être bien; si, a i;. suit'' d'une erreur insurmon-
pheme, et bien /<r
table, vous ju~'ex que Dieu ordonne le mensun~r et le LIas-
(I)
« Omettoz ce que votre conscience vous dit être défendu
I. Gh.))-!cs-ntnine Casncdi :Cri9t'.<! 7'~c~tc.t. L'llyssipnnc. )*n.t.. I.
di-~p.6.scct.).n.59.
abandonnez le culte de Dieu si vous croyez invinciblement
(}ue Dieu l'ait détendu (I).»
« Il existe une loi inférée.obë'sscx a un ordre de con-
;-( !ence in~ iticiblement erroné..Vc/cr aussi souvent que vous
ct'"ve/. qu un men-~ot~e est imp(''ricusemcnt ordonne (2). »
« Suppos"ns qu'un Catl)oliqu<- croie absolument, fpte le
.h sus-Chris), se vcrru o!jh~ de lui ~<<r.
e't'fe de~ images <'st dépendu da)is ce cas Xotre-Sci~m'ur
< di'
7/!<< (" /?!C/Ï~C f/
t'/f/ ~c/r.
< r< < </< /c //?'t'. Il n'est, pas plus absurde de
supposer que le Christ lui dirait.:«
« /)<< ~"f
« r~ <s-/ //yr)/
<'(' < /?!C/<c(~).
<~V~)/r /c
C'ci ne. nuis n"n! les mots sont. incapables de rendre
justice aux e!n"tions <pjc ces (.'tonnantsprincipes doivent.
e\'ei!)<'r dans le sein de tou). itomme h"norab)e. Que no:e
silence, ne d'un ecteurement //?r/<
soit notre scuie
n'pon~c a un pare:l écart de !a morale.
I.c sentiment populaire a Venise (1<)0~), lorsque les Je-
suit''s en furent chasses, s'exprima d'une façon fort efficace.
Une foule immense accompagna les exiles jusqu'au bord de
!a mer, et le eri d'adieu qui les poursuivit fut celui de .1/f
/~< (Allez-vous en et malheur a vous). « Ce cri
se répercuta a travers les deux siècles qui suivirent dit
~lich' let, qui ajoute ee renseignement
!<HS. aux Indes en
tière en 177~ n.
i< « en Dohemc en
et dans la chrétienté tout en-
Er: quoi Simon le ~a~icien était-il coupable de blasphème,
s'il ne <!t que ce que sa conscience lui dictait impérieuse-
ment de faire comme la vérité ? Et en quoi les <x Héréti-
ques~ voire même les pires //?/<t's étaient-ils plusrcpre-
hcnsibles que les Jesu'tes~ ceux de Caen (4). par exemple,
qui proclament ce qui suit
~I.a leh~'ionclirefiennc est. r/7c'/y!c/ di?.'ne de
Cfvance. mais non pas <</c//?/~c/~ vraie. Elle est evidem-
:e!it di~ne de erovanee e.n il e-~L évident qu'* celui <pn
1. /Jcyt).
/<c~).
/n).pru~x/'t~
T'/tcx/s
2.
sccL 5.
n. '7~
n. tC5.
tt rc~/o. S"c. Je?. CiH~io ccieh~t'nmrc Acade-
mi. C;td<~mcnsi~. dtc \'t':n.r)-. :.m. i693. Cadomi. ~93.
l'embrasse est prudent. Elle n'est pas ~(~f/c~6/
car elle enseigne obscurément et les points de son enseigne-
ment sont obscurs. Et ceux qui affirment que la religion
chrétienne est évidemmentvraie, sont obligés de reconnaître
qu'elle est évidemment fausse.
« II faut en conclure
« 1° Qu'il n'est /)o~ï/ prouvé qu'il y ait aujourd'hui une
religion vraie, dans le monde.
« 2° Qu'il n'est point prouvé que de toutes les religions
existant en ce monde,Ta religion chrétienne est la plus véri-
diquc car avez-vous voyagé dans tous les pays du monde,
ou savex-vous que d'autres l'aient fait ?. `
« 4° Qu'il n'est point prouvé que les prédictions des pro-
phètes aient été inspirées par Dieu car comment réfute-
riez-vous, si je nie que ce soient de véritables prophètes,
ou si j'affirme que ce ne sont que des suppositions ?
« 5° Qu'il n'est/)o/ prouvé que les miracles attribués au
'Christ aient été véritables; de même que nul ne peut pru-
demment nier qu'ils le soient (Position C).
« II n'est pas non plus nécessaire pour les chrétiens de
professer une croyance absolue en Jésus-Christ, dans la
Trinité, dans tous les articles de foi et dam le Décalogue.
La seule croyance qui était nécessaire pour ceux-là (les
Juifs) et qui est nécessaire pour ceux-ci (les chrétiens) est
i~ de croire en Dieu 2" de croire en un Dieu rémunéra-
teur » (Position 8).
Par conséquent il est aussi plus que « prouvé» qu'il y
a des moments dans la vie où le plus grand menteur est
capable de formuler quelques vérités. « Les < bons Pcrcs )>
l'ont si bien prouvé qu'on voit clairement maintenant d'où
venaient les solennelles condamnations de certaines « héré-
sies au Concile Œcuménique de 1870, et la sanction
d'autres articles de foi auxquels nul ne croyait moins,
que ceux qui inspirèrent au Pape leur protnni~'a~on.L'his-
toire a peut-être encore a apprendre que le Pape octogé-
naire, grisé par l'encens de l'infa:HibiIit.é qu'on venait, tout
récemment de lui imposer, n'avait été qu'un Mdcle écho des
Jésuites. « Un vieillard est élevé, tremblant, sur le pavois
du Vatican », dit Michelet, « tout est absorbé et contenu
en lui. Pondant quinze siècles la chrétienté a été soumise
au joug spirituel de l'Eglise. Mais ce joug ne leur suffi-
sait point ils voulaient que le monde entier se pliât sous la
main d'un seul maître. Ici, mes propres paroles sont trop
faibles; j'emprunterai celles des autres. Ils (les Jésuites)
voici l'accusation que leur jeta a la figure l'Evêque de Paris
en plein Concile de Trente voulaient faire de l'épouse de
Jésus-Christ une prostituée aux volontés d'un homme (i).
Ils v ont réussi. L'Eglise est dorénavant un outil inerte,
et le Pape n'est qu'un pauvre et faible instrument entre
les mains de l'Ordre. Mais jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que
survienne la fin, et les Chrétiens sincères se souviendront
des lamentations prophétiques du Trismégiste trois fois
grand, sur son propre pays <( Hélas, hélas, mon fils, un
jour viendra où les hiéroglyphes sacrés se transformeront
on idoles, ~c monde ~o/on</ra /C5 c/7!6/<~M f/e science
</rfc les dieux CM.r-<C' et accusera la superbe Egypte
d'avoir adoré des monstres infernaux. Mais ceux qui nous
calomnient ai nsi, adoreront eux-mêmes la Mort au lieu de
la Vie, la folie au lieu de la sagesse ils dénonceront l'amour
et la fécondité, ils rempliront leurs temples d'ossements
des morts, en guise de reliques, et ils dépenseront leur jeu-
nesse dans la solitude et les larmes. Z.c~r~ u/cr~/cs seront
~'s r<rcs (des nonnes) <ï{,'M/ï/ <o/r o/J </<~ ~/)0~c~ et
elles se consumeront en détresse et cela parce que les
hommes auront méprise et profané les mystères sacrés
d'Isis(~).~
Nous reconnaissons la correction de cette prophétie dans
le précepte jésuite suivant, que nous tirons encore du Rap-
port des Commissaires du Parlement de Paris
« La véritable opinion est ~H' c~ légilime d'adorer
~o~/e rA<~e ~a/7ïe<' e~ ~'ra~on/!e//c dit le Père Gabriel
Vazqucz. en parlant d'Idolâtrie. Si la doctrine que nous
avons mise en avant est bien comprise, non seulement toute
image peinte, et tout objet de sainteté acceptés par l'auto-
rité publique pour le culte de Dieu, doit être adoré comme
l'image de Dieu Lui-même, mais encore toute autre chose,
1. MtchcicL et Qmnct. du GuHc~c de France Les Jésuites.
ChamprtHion //crn)p.! 7'rtsw~ts~. XX~Tr.
dans ce bas monde, qu'elle soit inanimée e!. irrationneUe,
ou bien encore fie nature rationnelle. (I)
« Pourquoi n'adorrrtot~s-nou~pa. m.n.(-mpsq:
Dieu,et ne lui vouerions-n'us pas un culte,danger a part,
n'importe quelle chose dan>. ce ))as monde; car DI''u est
en elle, selon Son essence. (C'e~t précisément ce <p~e sou-
tiennent. les l'anthetstes et les ptu!osophes hindous), et I! la
préserve continuellement par Sa puissance: <t lorsque nous
nous prosternons devant elle et eue nos lèvres !a ))ais<nt,
nous nous présentons avec touL' notre âme devant Dieu.
(pli en est l'auteur, comme devant le protot\pt-de l'image
(viennent ensuite des exemples d'- n-Hques, etc.). Xous
pourrionsajouter.quc puisque toute chose ici!)asestr<ruvre
deDieu.<tqueI'))LuyestL;ujun!sp!'cs(.-nte).Ssant~'n
eHe~nous nous Le Yeprescn!eronst)i~ plus aisément connue
étant en eUc~p~e le s;;int dan'ev("t.etn'nt.~ui lui appar-
tenait. Par Conse'pient, san~ '~a:d aucun pour la dignité
de la chose créée, on dn'i~ea.it nos penses vers Dieu. tout
en accordant a la créature les s:~nc-. d<' sounus-~i')]) en nous
prosternant devant eUe ou en !a hai~.tnt, nous n'.tecomphs-
sons pas un vain acte ou une superstition, m~is bien un acte
de pure rcHgion (~).
S'il n'honore pas l'E-~ise Chrct.icnnc, e~ piect pt~ pour-
rait être revendique avec pro!:t. par tout hindou, japonais
ou païen <pje!conque lorsqu'on hu :eprochc d'adorer des
idoles. Nous le citons tout .-xpr's pour le bene<ice de nos
honorables amis « païens » qui liraient ce~ lignes.
La prophétie d'Hermès est moins équivoque (rue n'im-
porte laquelle des prophéties d Isaie, qui ont fourni le pré-
texte pour déclarer que les dieux des autres nations étaientl
des démons. Seulement, !es faits sont souvent plus puissants
que la foi la plus enracinée. Tout ~e que les Juifs savaient,
ils l'avaient appris de nations plus anciennes qu'eux. Les
Masses Chaldeens furent leurs m.ntns dans la doctrine
secrète, et ce fut pendant la captivité de Babylone qu'ils
apprirent ses enseignements mctaphvsiqucs et pratiques.
Pline mentionne trois collèges de Mages un de ceux-ci,
~e C;~<M .orahc' jLt~r! 7'rc: Lib. 111. Di~;) t. c..
2.fbtdem.
selon lui, était d'une antiquité incalculableun autre fut
établi par Osthancs et Zoroastrc; et le troisième par Moïse
etJambrcs. Kt toute la connaissance de ces différentes écoles,
Ma~e, Egyptienne ou Juive, était venue des Indes, ou plu-
tôt des deux côtés de l'Himalaya. « Plus d'un secret perdu
est enfoui sous les sables du Désert de Gobi dans le Tur-
kestan Oriental, elles sages de Khotan ont gardé d'étranges
traditions et la connaissance de l'alchimie.
Le baron Bunsen nous montre que l'origine des anciens
hymnes et prières du Z/f/'f r~ ~fu/? égyptien, est anté-
rieure a Ménes~ et qu'elle date probablement de la Dynas-
tie d'Abydos, pré-Ménite, entre 3i00 et 4~00 ans avant
J.-C. Le savant éi~yptologue calcule que l'ère de Menés,
ou l'Empire Nation~ n'est pas postérieure a l'an 305U avant
J. C. il prouve, en outre, que « le système du culte et la
mythologie d'Osiris était dej;' établi (1) avant l'ère de
Menés.
Nous voyons (!;)ns tes hymnes (le cette époque pré-Edé-
ni<pn' (cpoquc scicntinqucmcnt ctablic, car Hunsen nous
transporte en arrière, plusieurs siècles c~ delà de la date
de t.) création du monde, soit 4004 ans avant J.-C. fixée
par la chronologie bibMquc) des leçons précises de morale,
identiques en subst:tncc< sinon dans la forme des expres-
sions, avec celles prechees par Jésus dans son Sermon sur
I.) Montagne. Xotre assertion est corroborée par les plus
énuncnts hiero~typhistcs et éi~yptolo~ucs. « Les inscrip-
tions de la deuxième Dynastie sont remplies de formules
rituelles dit Bunsen. On trouve sur les monuments des
premières Dynasties des extraits des Livres d'Hermès, et
« des parties d'un rituel ~n~r~r ne sont pas rares sur
ceux de la douzième (Dynastie).OMr/ les aiTamés,don-
ner a boire a ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus,
enterrer les ~ïoy' co~.s~~Ha~cn~ le premier cfe~Ofr de
~ou~ /zo/f/)~M.r. La doctrine de l'immortalité de l'âme
est aussi ancienne que cette époque, elle-même (Tablette,
7M..U~ o~) (~).
Qui sait, bien plus ancienne encore. Elle date de l'épo-
1. E~t/pts Place in 6'fm'ersa~ //n(or;<vo!. V,p. 9<.
i:. fjbtdem, vol. p. 129.
que où l'âme était un être C//CC/ et où par conséquent
on ne pouvait la nier en e//e-~ï(~nc où l'humanité était
une race spirituelle et où la mort n'existait pas. Vers le
déclin du cycle de vie, l'esprit-homme éthéré tombe tem-
porairement dans une douce somnolence inconsciente, dans
une sphère, pour se réveiller dans la lumière plus éclatante
d'une sphère supérieure. Mais tandis que l'homme spirituel
tend à s'élever toujours plus haut vers la source de son
être, en traversant les cycles et les sphères de la vie indi-
viduelle, l'homme physique descend avec le grand cycle de
la création universelle, jusqu'à endosser le vêtement des
enveloppes terrestres. Dès lors, Famé est trop profondément
enfouie sous son fardeau physique, pour pouvoir réaffirmer
son existence, sauf dans le cas de ces natures plus spiri-
tuelles qui, a chaque cycle, deviennent de plus en plus
rares. Et cependant aucune des notions préhistoriques n'a
jamais songé à nier soit l'existence, soit l'immortalité de
l'homme intérieur, le « Soi » véritable. Mais nous devons
alors, avoir présent a la mémoire l'enseignement des an-
ciennes philosophies l'esprit, seul, est immortel l'âme,
en c//6-/7:c/7!e, n'est ni éternelle, ni divine. Lorsqu'elle s'allie
de trop près au cerveau physique de son enveloppe ter-
restre, elle devient graduellement une âme finie, un simple
animal, un principe vital scnsitif, le /ïc/?Ac~A de la Bible
hébraïque (1).
1. Et Dieu créa. tous les nephesh (an.imqux vivants) qui se meuvent
(Genèse 1.2l): et (Genèse 11.7) il c&.t d:t :« Et t'hcmmc devint un ~cp~cx/t
(un être vivant); ce qui prouve que le mot. nephcsh était employé indiffé-
remment pour l'homme immortel et t'anima! mortel. « Sachez-le aussi je
redemanderai le sang de vos nepheshim (âmes, vies), je le redemanderai
à tout animal et je redemanderai t'âme de l'homme à t'homme (Genèse
IX.5). Sauve-toi pour ncp/tes/t (la traduction dit pour ta vie) (Genèse
XtX.17). Ke lui ôtons pas la vie tisous-nous dans la traduction fran-
çaise. ~se tuons pas son nephesh dit le texte hébreu. .YppAe~/t pour
ncp/MM/t dit le Lcvitique. « Celui qui frappera un homme mortellement
sera poni de mort. < Celui qui frappera le nephesh d'un homme (Levi-
tique XXIV.17) et les versets suivants disent: «Celui qui frappera un ani-
mal (nephesh) mortellement le remplacera. vie pour vie (animal pour
animal) tandis que le texte original dit <' nephesh pour nephesh Au
t Rois 1-12 H-23 HI-tl XIX.2.3 partout nous voyons nephesh pour
la vie et l'urne. « Ta vie répondra de sa vie (Ton nephesh répondra de
son nephesh) s'écrie le prophète aux 1 Rois XX.39. En vérité si on ne lit
cabalistiquement l'Ancien Testament, et qu'on ne comprenne sa sipnii!-
cation cachée, nous n'y apprendrons pas grand'chose au sujet de l'im-
La doctrine de la triple nature de l'homme est clairement
définie dans les livres hermétiques, ainsi que dans les
ouvrages de Platon, ou encore dans les philosophies Boud-
dhiste et Brahmanique. Et cette doctrine est une des plus
importantes et des moins bien comprises de la science her-
métique. Les mystères égyptiens, si imparfaitement connus
dans le monde, et cela seulement par quelques brèves allu-
sions qui y sont faites dans les ~fe/a/norp/!0~~ d'Apulée,
enseignaient les vertus les plus sublimes. Ils dévoilaient a
l'aspirant aux mystères « plus élevés de l'initiation, ce
que beaucoup de nos étudiants hermétiques modernes, cher-
chent en vain dans les livres cabalistiques, et ce qu'aucun
enseignement obscur de l'Eglise, sous la conduite de l'Or-
dro des Jésuites, ne sera jamais capable de dévoiler. De
comparer, par conséquent, les anciennes sociétés secrètes
des hiérophantes, avec les hallucinations artificielles de
quelques fidèles de Loyola, qui étaient, peut-être, sincères
au début de leur carrière, est de faire une insulte à celle-là.
Et cependant, si nous voulons leur rendre justice, nous
sommes obligés de le faire.
Un des obstacles insurmontables à l'initiation chez les
Egyptiens aussi bien que chez les Grecs était le meurtre
sous quelle forme que ce soit. Un des plus grands titres à
l'admission dans l'ordre des Jésuites, est un meurtre com-
mis en défendant le Jésuitisme. Les en/an/s sonl autorisés
iller leurs /)are/ï/~ s'ils les obligent à renoncer à la foi
c~/Ao/~ue
« Lesenfants chrétiens et catholiques dit Etienne
Fagundcz~ « sont en droit d'accuser leurs parents du <;rime
d'hérésie, s'ils cherchent à les détourner de la foi, bien qu'ils
sachent qu'en ce faisant leurs parents périront sur le bûcher
et seront mis à mort pour ce crime, ainsi que l'enseigne
Tolet. Non seulement peuvent-ils leur refuser la nourri-
ture. mais ils sont légalement autorisés à les tuer (i).
morLatHé de l'âme. Le peuple hébreu en général n'avait pas la moindre
notion de l'âme et de l'esprit, et ne faisait aucune différence entre la vie,
le et ~<me, nommant celle-ci et le souffle de vie Les traducteurs
x;tft(jr
de la Bible en ont fait un tel galimatias que personne, excepté un ca~a-
~e ne saurail rendre Bible sa y'or/ne originelle.
I. Prxccpta Décala (Edit. de la Bibliothèque de Sion), tom. I, lib. IV,
c.2, n. S.
11 est bien connu que l'Empereur Néron /<)M
solliciter son initiation aux mystères, a cause du meurtre
/<s
d'Agrippine!
Dans la Section XIV des /)~ des
trouvons les principes suivants sous la rubrique //o/7!/y~-
.<'5,
nous
cide, inculqués par le Père Henri Henriquez, dans la
5'o/Tï/ncp TT~o~~e ~/orû//s. Tomus I. Venctiis 1600 (Ed.
Coll. Sion) « Si un adultère, même s'il est ecclésiastique.
attaqué par le mari, venait à tuer son agresseur. c~
pas considéré comme /<~M//c/ non ridetur irregularis
(Lib. XIV, de /r~</M/C7- c. 10, § 3).
« Si un père était odieux a l'Etat (étant exilé) et a la
société en général, et qu'il n'y eût pas d'autre moyen d'em-
pêcher une pareille injustice, j'approuverai alors cette action
(celle d'un fils qui tue son père) dit la Section XV, sous la
rubrique de P<<v~e //o/?!<
(1).
« II est légal pour un ecclésiastique ou un membre d'un
ordre religieux de ~e/* un ca/o/nn/a/eu/' qui menace de
répandre d atroces accusations contre lui ou sa religion (2)»,
est la règle exposée par le Jésuite François Amicus.
En voila assez. Les plus hautes autorités nous informent
ce qu'un homme peut faire dans la communion catholique
mais que la morale publique réprouve comme un acte cri-
minel, sans cependant cesser a être en odeur de sainteté
auprès des Jésuites. Voyons par contre le revers de la
médaille et étudions les principes inculqués par les mora-
listes païens de l'Egypte, avant que le monde eût bénéncié
des progrès de l'éthique moderne.
En Egypte, toute cité importante était séparée de sa
nécropole par un lac sacré. La même cérémonie du juge-
ment décrite dans le Z/fre des ~/or~s comme ayant lieu
dans le monde des Esprits, avait lieu sur terre pendant l'en-
terrement de la momie. Quarante-deux juges ou assesseurs
se rassemblaient sur le bord du lac pour juger « l'âme
envolée, suivant ses actes pendant qu'elle occupait son corps,
et ce n'était qu'après approbation unanime de ce jury/)o.<
murlem, que le~ batelier, qui représentait l'Esprit de la Mort,
1. Opinioa de Jean de Décastille, sect. XV. De Justitia et Jure, etc.cens
pp. 319. 320.
2. Cornus T'Aeo~o~ct. tomus V, Duaci, i6<2, Disp. 36. Sect. 5, n. lis.
était autorise a transporter le défunt justifie jusqua sa
dernière demeure. Après cela les prêtres rentraient dans
l\-nccinte sacrée et instruisaient les néophytes au sujet du
drame solennel qui probablement se déroulait dans le
rovaume invisible où Famé s'était enfuie. L'Al-om-jah (i)
discourait alors avec force sur l'immortalité de l'esprit. On
lit dans la C/a A'c/X)~ (~), la description suivante des
~c/~ degrés de l'initiation.
Après une épreuve préliminaire a Thèbcs, où le néophyte
avait a en traverser plusieurs, nommées les « Douze Tor-
tures », on lui ordonnait de gouverner ses passions et de
ne jamais perdre de vue un seul instant la notion de son
Dieu. Puis, comme symbole des pérégrinations de l'âme
non purifiée, il devait escalader plusieurs échelles, et errer
dans une caverne obscure où toutes les nombreuses portes
étalent fermées a clé. Après avoir traversé les terribles
épreuves, on lui conférait le degré de /<?/op~orc les
deuxième et troisième degrés étant appelés le .Ydo~o/'c et
le 3/f/6Y)~o/'< Amené dans une vaste chambre souter-
raine, remplie de momies couchées sur des lits de parade,
on le mettait en présence de la bière qui contenait les restes
ensanglantés et mutilés d'Osiris. Cette salle se nommait la
« Porte de la Mort~ et c'est sans doute a ce mystère que
les passages du Z.<? de Job (XXXVIII, i7) et d'autres
endroits de la Bible font allusion en parlant de ces portes (3).
Nous donnerons au chapitre X l'interprétation ésotérique
du Livre de ./o~ qui est le poème de l'initiation par excel-
lence.
« Les portes de la mort t'ont-elles été ouvertes ?
« As-tu vu les portes de l'ombre de la mort ?
demande à Job le « Seigneur c'est-à-dire de l'Al-om-
jah, l'initiateur en faisant allusion a ce troisième degré
de l'initiation.
Après avoir vaincu les terreurs de cette épreuve, on le
conduisait à la « Salle des Esprits » pour être jugé par eux.
Entre autres règles auxquelles il devait obéir, « il ne
1. Nom du plus 6!cv(!: des hiérophantes égyptiens.
2. Cra<a .Vcpoa,ou .~t/~ére.~ des anciens Prétres e<jrvp<<en~
3. Voyez Saint Mathieu X VI, 18, où le passage est mal traduit par "les
purtes de l'enfer ».
devait ni f/cr ni rechercher la ~e~<?~cc
/erc danger, /cc
~c /OM-
jours prêt à aider un en au péril de
sa propre vie c/ï~rrey tout corps mort, Ao/?orc/' ses p~
rents par-dessus tout respecter la vieillesse et protéger
les plus faibles que /M~e f/ c/ï/?/! avoir ~ou/o~rs
présent à l'esprit l'heure de la mort et celle de la résur-
rection dans un corps nouveau et indestructible (1) La
Pureté et la Chasteté étaient hautement recommandées et
l'adultère puni de /7ïorf.
Le néophyte égyptien devenait alors un .AT/~o~o/'c.
Dans ce degré on lui communiquait le nom mystérieux de
IAO. Le cinquième degré était celui de Z?a~~o/û, et il était
instruit, par Horus en achimie, le « mot » étant clzemia.
Dans le sixième il apprenait la danse dans le cercle, où on
lui enseignait l'astronomie, car elle représentait le oours
des planètes. Dans le septième degré il était initié aux der-
niers Mystères. Après une probation finale dans un édifice
mis à part à cet effet, r~s~o/M/nH.'?, comme on le nom-
mait alors, sortait de ces appartements sacrés nommés Afa~-
neras, et recevait une croix, le Ta~, qu'on plaçait, à sa
mort, sur sa poitrine. Il était devenu un Hiérophante.
Nous avons vu ci-dessus les règles des saints initiés dans
la C~re/ï~e Société de Jésus. Comparez-les avec celles
que devaient observer le néophyte païen comparez la mo-
rale chrétienne (1) avec celle qui était enseignée dans les
mystères des Païens, sur lesquels l'Eglise déchaîne toutes
les foudres d'un Dieu vengeur. Celle-ci n'avait-elle donc
pas de mystères à elle ? Ou étaient-ils alors plus purs, plus
nobles, ou aidaient-ils mieux à mener une vie sainte et
vertueuse ? Ecoutons ce que Xicolini a à nous dire, dans
son célèbre ouvrage Histoire des Jésuites, au sujet des
mystères des couvents chrétiens (2)
« Dans la plupart des monastères, et surtout dans ceux
des Capucins et des réformés (reformati) commençait à
Noël, une série de festins, qui continuait jusqu'au carême.
On y jouait toutes sortes de jeux, on y donnait les banquets
les plus magnifiques, et surtout dans les petites villes, le
1. Humberto Mathandrini ~<<~a< <t/'7't(ttj<t0~s, p. 105. Venise, J657.
2. Pages 42, 44, note f. ~icotini de Rome, auteur de I.7(S<otre du Po~-
<t/!ca< de Pie /.Y, La rie du Père Garant, etc.
réfectoire des couvents est le lieu d'amusement le plus gai
pour la majeure partie de ses habitants. Pendant le carnar-
val, deux ou trois grands banquets avait lieu la table
était si somptueusement garnie qu'on pourrait croire que
Copia y versait tout le contenu de sa corne. N'oublions pas
que ces deux ordres vivent d'aumônes. (1) Le morne silence
du cloître est remplacé par un bruit confus de ripailles, et
ses sombres voûtes répercutent l'écho d'autres chants que
ceux du psalmiste. Un bal vient égayer et terminer la fête
et pour le rendre encore plus animé, et peut-être aussi pour
démontrer ~H5<yu'</ quel point leur ucrM de c~as~e~ avait
délruit leurs op/ charnels, quelques-uns des plus jeu-
nes moines revêtaient coquettement le costume du beau
sexe et dansaient avec d'autres qui leur servaient lieu de
cavaliers. Ce serait o~ro~/6/' mes lecteurs que de /<z/re
</cs<T~)~o~ des scènes scandaleuses qui suivirent. Je
puis seulement affirmer que j~ai été souvent, moi-même,
témoin et spectateur de ces saturnales. »
Le cycle descend, et en descendant la nature physique
et bestiale de l'homme se développe de plus en plus au
dépens de son Soi Spirituel C'est
avec dégoût que nous
1. En demandant la charité au nom de Celui qui n'avait, pas où reposer
sa tête
2. Hunscn. dans~/t/p<'sP/ace ô~tt'crxa~ //t~<or~/donne un cycle de
2t.000 ans qu'il adopte pour faci)it.cr les calculs chrono!ogiqucs pour la
reconstitution de l'histoire universelle de l'humanité. H démontre que
ce cycle pour la nutation de l'écliptique arrive A son point culmi-
nant dans l'année mo de notre ère. I! dit
« Le cycle se divise en deux moitiés de 10500 (ou deux fois 5250 ans),
chacun.
Le plus bas
sera.
< Le commencement de la première moitié
Le point culminant 19760 avant J. C.
9260.
Par conséquent le milieu de la ligne descendante (le commencement du
second~uart) sera 14510.
Le milieu de la ligne ascendante (le commencement du quatrième
quart) 40t0.
« Le nouveau cycle, qui a commencé en l'an 1240 de notre ère, termi-
nera son premier quart en l'an 4010 de notre ère.
Bunsen explique qu'en nombres ronds, les époques les plus favorables
pour notre hémisphère depuis la grande catastrophe de l'Asie Centrale
(le Déluge 10000 ans avant J.-C) sont
« les 400 ans avant, et les 400 ans
après Jésus-Crist et le commencement de la première époque, dont nous
.so/Tt~M les sea/x juges, puisqu'elle est la seule complète devant nous,
coïncide exactement avec les commencemeuts de l'histoire naturelle, ou,
VOL. IV g
nous détournons de cette force religieuse qu'on nomme le
Christianisme moderne, pour envisager les nobles croyan-
ces de l'antiquité 1
Dans le Rituel T~nJra~'e trouvé parmi les hymnes du
Livre des Afo/ nommé par Bunsen « le livre précieux et
mystérieux nous lisons une allocution du mort, dans le
rôle de Horus, détaillant tout ce qu~il a fait pour son pcre
Osiris. Entre autres choses le dieu dit
« 30 Je t'ai donné ton Esprit.
3i Je t'ai donné ton A rne.
32 Je t'ai donné ta force (corps) », etc.
Autre part on fait voir, que l'entité appelée le « Père
par l'âme désincarnée, doit signifier « l'esprit.» de l'homme;
son /e
car le verset dit < J'ai fait venir mon âme pour parler avec
c'cst-a-dire son Esprit (!).
Les Egyptiens considéraient leur /~7~c/ comme une ins-
piration essentiellement divine, en somme, comme les hin-
dous pour les Vcc/ et les Juifs modernes, les livres de
Moïse. Bunsen et Lepsius démontrent que le terme 77e/
/ne~~HC, veut dire inspiré car c est Thoth, le Dieu lui-
même, qui parle et qui révèle a ses élus parmi les hommes,
la volonté de Dieu et les arcanes des choses divines. Il est
expressément affirmé que certaines parties < furent écrites
par le doigt de Thoth en personne qu'elles ont été l'ou-
ce qui est. la même chose. avec ]c commencement de notre conscience de
l'existence '< (jp<$ Place in ~ttccrM/ 7~<or< Kcy p. JO~).
« r~otre conscience signifie, croyons-nous, la conscience des s~Mn/s
qui n'acceptent rien sur ~/ot, mais beaucoup surdos hypothéses non véri-
Hécs. I~ous ne le disons pas pour rauteur ci-dessus nommé, tout noble
champion et sérieux-investigateur qu'il est de la liberté dans l'Eglise
Chrétienne, mais en général. Le baron Bunsen a parfaitement reconnu
qu'un homme ne peut être en même temps un homme de science intègre
etdonner aussi satisfaction au parti clérical. Même les menues concessions
qu'il fit en faveur de l'antiquité de l'humanité, lui valurent cnJ859 un
torrent de dénonciation'} insolentes, telles que: ~ous perdons toute con-
fiance dans le jugement de l'auteur. il a encore à apprendre les premiers
principes de la critique historique. exagérations extravagantes et anli-
scte~nM, et ansi de suite le pieux censeur terminant ses savantes
dénonciations en assurant le public que le baron Buusen ne savait même
pas construire une phrase grecque (Quarterly .Rene!c.t859 voyez encore
~t/pf~P~sce in t/~nrer~~t~or! chapitre sur Egyptological Works and
English Reviews). Mais nous regrettons sincèrement que Bunsen n'ait
pas eu l'occasion d'étudier la « Cabale
diaques.
et livres brahmaniques des Zo-
1..Rt<ne~urter;nredesJ?.rp~Ot<< de 77orn$.
vrage et la composition du grand Dieu (1). A une date
ultérieure, leur caractère hermétique est reconnu encore plus
clairement, car sur un sarcophage de la vingt-sixième dy-
nastie, Horus annonce au mort que Thoth en personne lui
a apporté les livres de sa parole divine, ou les « écritures her-
métiques ('2) ».
Du moment que nous reconnaissons que Moïse était un
prêtre égyptien~ ou du moins, qu'il était versé dans toutes
leurs connaissances, nous ne devons pas nous étonner qu'il
ait écrit Deuléronome (IX. 10) et l'Eternel me donna les
Jeux tables de pierre, écrites du doigt de Dieu » ou de lire
dans l'co~e XXXI, 98 « II (le Seigneur) donna à Moïse
les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du
doigt de Dieu. »
Suivant les conceptions égyptiennes, ainsi que dans celles
de toutes les autres croyances basées sur la philosophie,
l'homme n'était pas seulement, ainsi que c'est le cas chez les
Chrétiens~ l'union d'une âme et d'un corps; il était une tri-
nité lorsque l'Ame venait s'y ajouter. De plus, cette doctrine
le faisait se composer de A~a le corps de A'Aa&a
la forme astrale ou ombre de Ra l'âme animale ou prin-
cipe de vie de ba l'âme supérieure et de akh l'intel-
ligence terrestre. Ils avaient encore un sixième principe
nommé -S<?/! ou la momie mais les fonctions de celle-
ci ne commençaient qu'après la mort du corps. Après s'être
dûment purifiée* l'àme, séparée de son corps, continuait à
visiter celui-ci dans sa condition de momie, cette âme astrale
« devenait un Dieu », car elle était
finalement absorbée dans
« l'Ame du monde Elle se transformait en une des divi-
nités créatrices, < le dieu de Phtah (3) le Démiurge,
nom générique donné à tous les créateurs du monde et que
la Bible a traduit par ~E7o/7z. Dans le Rituel, l'âme bonne
ou purifiée, « unie à son esprit supérieur ou incréé, devient
plus ou moins la victime de la sombre influence du dragon
Apophis. Si elle atteint la connaissance finale des mystères
1. Bunsen .Ejt/p~ Place in Universal History. Vol. V, p. 133.
2. Lepsius .4J~/t, 111; BI.2~6: Bunsen, 134.
Dans le quatre-vingt-unièmechapitre du Rt<ne~ l'âme est appelée le
'?crme des lumières et dans le soixante-dix-neuvième le Démiurge, ou un
des,créateurs.
célestes et infernaux la ~(~c. en d'autres termes la réu-
nion complète avec l'esprit, elle triomphera de ses enne-
mis dans le cas contraire, l'âme n'échappait pas a la .s'f-
co~/<' w~ C est « l'étang (le feu on le soufre brûle » (les
éléments) dans lequel ceux qui y sont jetés endurent la
seconde mort (1)! (~r<7/v/~<) Cette mort est la dissolu
tion graduelle de la forme astrale dans ses éléments primi-
tifs, a laquelle nous avons plusieurs fois fait allusion au
cours de cet ouvrage. Mais on évite cet affreux sort par la
connaissance du « Nom Mystérieux » le « Mot »
comme disent les cabalistes.
Et quelle pénalité encourt-on alors, en n'en tenant pas
compte? Aucune, si l'homme vit naturellement une vie pure
et vertueuse sauf en ce qui concerne un temps d'arrêt
dans le monde des esprits, jusqu'à s'j purifier sut'Hsamment
pour la recevoir de son « Seigneur Spirituel, qui fait par-
tie de la grande multitude. Mais, si d'autre part, < l'âme
en tant que principe semi-animal, devient paraivséc et in-
consciente (le sa moitié subjective, le Sei~n. jr elle
perdra tut ou tard finalement la notion de sa mission divine
sur cette terre, en proportion du développement sensitif
du cerveau et des nerfs.
De même que le t'cw~A', ou Vampire, du récit serbe,
1. /~ue~. \'t.<i. Champ~Uicn /) .tf~r)'c.<on .ï /'t /t)<erc f.ep-
sius Le Att'rc les .t/or~s Hnnscn /tc<' ~t ~tt:'crM/ //<.</or/
2. Xous lie pouvons nf'us empêcher ~c ettc;' nne rcmjn~uc do h.tf'o:!
Bunsen au sujet du M~)! qui c~t i<icntiq~:c
et. des Cabatist.es. T~ut
.)
X~'m !nc:Tat)Ie <)cs
Maçons en d"nn;):)t 'le'' cxphc:tt.[~s du /~<(;c/ d"t.
quelques detaits rc.!se~L/cn< ptf~ .'i des enc/t~rt/e~c' de nt.T~tru'ft
</n'tt des rt<e~ xo~c~~p~ h.eii qu'tt a dû s'y rattacher une st~nitication
cachée et mystique t!a Joynic acceptation de ce!n même vaut déjà que
que chose) l'autcu:- fait oDsct-ver < Le My-terc des noms.d~ut i.) conn.us-
sancc Constituait u:)c vertu >ouvcramc. <t qui. plus tard, de~cnerc c~
/)H/'e /t'?/'px;'c (/*) chc?' les Gu~stiques et la ma~ic des cnchantc'n's. /)~r.T<
Aro~r existe non ':eM/er~t< c't A'y/c f7t~fs ~<x/ d.t~$ d're.<
en trouve des (.races dd~ la (~aba)e. elle prévalait dd:)~ la myth~tn~n.'
/ï.
grecque et asiatique (A'p<sP~cf. etc., p. H).
~'<jus voyons donc les repr.sentants de la Science se mettre d'acc'rd
au moins sur ce point. Les nntics de tous pays avaient le m~-me n"m
mystérieux ".C'est au-: savants a prouver m.tiu~en.m! (]uc chaque adepte.
chaque htér'tphanLte.chaque magicien, ctiaque enchanteur (y compris Mutse
et Aaron) de mcmc que chaque ca))a[ts[c. <tepu:s t'ori~tne des Mystères
jusqu'à nos jours, a du être un fich)) coquin un un imheci!c. pour croire
à cnicacitc (te ce a" m.
!e cerveau se nourrit et vit, il croît en force et en puissance
:tux dépens de son parent spirituel. C'est alors que l'âme
déjà a demi inconsciente, prisée par les émanations de la
vie terrestre, devient insensible au delà de tout espoir de
rédemption. Elle est impuissante a découvrir la splendeur
(h' son esprit suprême, entendre l'avertissement de son
« Ange Gardien » et de son « Dieu ». Elle n'aspire qu'au dé-
veloppement de sa vie terrestre, et a sa compréhension plus
complète elle ne découvre, par conséquent, que les mys-
tères de la nature physique. Ses douleurs et ses craintes,
son espoir et sa joie, sont intimement liés a son existence
terrestre. Elle ignore tout ce qui ne peut être démontré soit
par ses organes d action, soit par ceux de la sensation. Elle
commence a être virtuellement morte elle meurt enfin
complètement. El!e est ~?//< Une pareille catastrophe
peut ~voir lieu longtemps avant la séparation iinale du prin-
:pe r~a/ d avec le corps. Lorsque vient la mort,son étreinte
visqueuse et puissante s'attaque, comme de juste a la l'/f;
mais il n'a plus d'Ame a mettre en liberté. Toute l'essence
oe celle-ci a déjà été absorbée par le système vital de
homme phvsique. La mort hideuse ne libère qu'un cada-
vre spirituel tout au plus un idiot. Incapable de s'élever
plus haut ou de se réveiller de sa léthargie, elle se dissout
bientôt dans les éléments de l'atmosphère terrestre.
Les voyais, les hommes justes, qui ont acquis la science su-
prême de 1 homme intime, et !a connaissance de la vérité, ont,
comme ~larc Antoine, reçu leurs instructions « des dieux »,
pendant leur sommeil ou autrement. Aidés par les esprits
purs. qui séjournent dans les « régions de la félicité éternelle
i!s ont observé le processus et averti l'humanité a diverses
('s.c
reprises. Laissons railler les sceptiques la foi, basée sur la
et sur la science spirituelle, croit et affirme.
Le présent cycle est. par excellence, un cycle de pareilles
morts spirituelles. Xous coudoyons des hommes et des
femmes dépourvus d'âmes a chaque pas dans la vie. Ne
nous étonnons donc pas de voir, dans le présent état des
choses, la colossale faillite des derniers efforts de Schelling
et (le Hegel, pour échafaudcr un système métaphysique.
Lorsque les faits, palpables et tangibles des phénomènes
spirites se présentent journellement et à toute heure, et
qu'ils sont cependant niés par la plupart des nations < civi-
lisées », il y a peu de chance pour que la métaphysique
abstraite soit acceptée par la multitude toujours croissante
des matérialistes.
Dans le livre de Champollion, intitule La ~o/!
</ la Zu/n~ il y a un chapitre qui traite du 7?~~e/ et
qui est plein de dialogues mystérieux, avec des adresses de
l'âme aux différentes « Puissances II v en a un, entre
autres, qui exprime mieux que tous les autres le pouvoir
du« Mot La scène se passe dans la « Salle des deux Vé-
rités ». La « Porte » de la < Salle de la Vérité et même
les différentes parties de cette porte, s'adressant l'âme
qui se présente pour être admise. Toutes lui refusent l'en-
trée à moins qu'elle ne leur révèle leur mystère ou leurs
noms mystiques. Quel est l'étudiant, de la Doctrine secrète,
qui ne reconnaîtra en ces noms une identité de signification
et de but, avec ceux qu'on rencontre dans les t'cr/o.~ les
derniers ouvrages des Brahmanes et la C<f ?
Les Magiciens, les Cabalistes, les Mystiques, les Néo-
Platonicéens, les Théurgistes d'Alexandrie, qui surpassè-
rent tellement les exploits des Chrétiens dans la science
secrète les Brahmanes et les Samanécns (Shamans) de
l'antiquité; les Brahmanes modernes, les Bouddhistes et les
Lamaistes, tous ont affirmé qu'un certain pouvoir s'attache
à ces divers noms, appartenant, tous. ;t un Mot ineffable.
Nous avons démontré, par expérience personnelle, combien
profonde est la croyance aujourd'hui dans l'esprit de tout
le peuple russe (1) que le Mot opère des « miracles » et
qu'il est la base de tous les exploits magiques. Les caba-
listes la rattachent mystérieusement a la Les apôtres
firent de même, basant leurs affirmations sur la parole de
Jésus, auquel on fait dire « si vous avez autant de foi comme
un grain de moutarde. rien ne vous sera impossible », et
saint Paul, répétant les paroles de Mo'se, dit que « ce
qu'elle dit est près de toi dans ta bouche et dans ton cœur,
c'esl /<z/)~ro/f de la foi » (Romains X.8). Mais, en dehors
des initiés, qui est-ce qui peut prétendre à comprendre sa
haute signification? -?
1. Voy. T. HI. chap. J, p. 5~.
Aujourd'hui, comme dans les anciens temps, il faut de la
/bt pour croire aux « miracles » bibliques mais pour les
produire soi-même, il est nécessaire de connaître la signifi-
cation ésotérique du « mot « Si le Christ disent le
D Farrar et le chanoine Westcott, « n'opéra point de mi-
r{'t'.<
racles, les ne sont alors pas dignes de foi. Mais
même en supposant qu'il en eût opéré, cela prouverait-il
que les évangiles, écrits par d'autres que par lui, méritent
une plus grande confiance ? Et si non, à quoi bon le saison-
nement '?
En outre, un pareil raisonnement laisserait croire que les
miracles produits par d'autres que des Chrétiens rendraient
leurs écritures dignes de foi. Cela n'impliquc-t-il pas, pour
lu moins, un pied d'égalité entre les Ecritures Chrétiennes
et les livres sacn'-s des Bouddhistes ? Car ceux-ci, aussi,
~<
a!'ondent en p!u-ncmenes les plus extraordinaires. De plus,
!<s prêtres chn'-tiL'ns ne produisent plus de phénomènes
parce qu ils ont ~c~v/~ le « J/c~ ». Mais nom-
hn; de Lamas Bouddhistes et de Talapoins siamois, à moins
que tous les voyageurs ne se soient concertés pour fausser
!a vérité sont capables de reproduire encore aujourd'hui
t"u. les phénomènes ênumércs dans le .VoM{'<w/ y~/<~c/
et. de faire encore mieux, sans pour cela prétendre sus-
pendre le cours (les lois naturelles ou invocluer l'interven-
tion divine. De fait, le Christianisme prouve qu'il est aussi
mort que le sont ses (ouvres, tandis que le Bouddhisme est
plein de vie et étayé par des preuves pratiques.
Le meilleur argument en faveur de l'authenticité des
« miracles x bouddhistes, réside dans le fait que les mis-
sionnaires catholiques, au lieu de les nier ou de les traiter
du simples tours de passe-passe, comme l'ont fait quel-
ques missionnaires protestants, se sont vus obligés d'adop-
ter la malencontreuse alternative de tout mettre sur le dos
du Diable. Et les Jésuites se sont vus si humiliés en pré-
sence de ces véritables serviteurs de Dieu, qu'avec leur
astuce accoutumée, ils conclurent d'agir envers les Tala-
poins et les Bouddhistes ainsi que Mahomet est réputé
l'avoir fait avec la montagne. « Et voyant qu'elle ne vou-
lait pas venir a lui, le prophète lui-même se mit en route
pour aller vers la montagne. » Considérant qu'ils ne pou-
vaient prendre les Siamois avec la glu de leurs doctrines
pernicieuses, sous le couvert du Christianisme, ils se dégui-
sèrent et, pendant des siècles ils apparurent au milieu du
pauvre peuple ignorant comme des Talapoins, jusqu'à ce
qu'ils eussent été éventés. Ils allèrent jusqu'à voter et à
adopter une résolution qui a aujourd'hui tout la force d'un
ancien article de foi. « Naaman, le Syrien », disent les Jé-
3uites de Caen, « ne cacha pas sa foi lorsqu'il fléchit le
genou devant le roi dans la maison de Rimmon, et les Pères
de la Société de Jésus ne dissimulent pas non plus le leur
lorsqu'ils adoptent la doctrine et l'habit des Talapoins Sia-
mois ~(nec dissimulant Patres S. J. Talapoinorum Siamen-
sium vestemque affectantes. /~o.s/o~ 9. ~0 janv. 16t)3).
Le pouvoir contenu dans les .V~n/ro.'< et le </c/! des
Brahmms est encore aujourd'hui l'objet de la même croyance
que dans la période Védique primitive. Le « Nom Ineffable »
de chaque contrée et de chaque religion se rapporte à celui
que les Maçons affirment être formé des neuf caractères
mystérieux, emblèmes des neuf noms ou attributs sous les-
quels la Divinité était connue des initiés. Le Mot Omni-
nque tracé par Enoch sur les deux deltas d'or fin, sur les-
quels il grava deux des mystérieux caractères, est peut-être
mieux connu du pauvre < païen ignorant, que des doctes
Grands Prêtres et Grands Z, des suprêmes chapitres d'Eu-
rope et d'Amérique. Seulement nous n'arrivons pas a com-
prendre pourquoi les compagnons de l'Arche Royale se
lamentent toujours si amèrement de sa perte. Cette parole
des M. M. est, ainsi qu'ils l'avouent eux-mêmes, entiè-
rement composée de consonnes. Par conséquent, nous dou-
tons fort qu'aucun d'eux ait réussi à la prononcer, même
si elle avait été placée à la lumière de la voûte sacrée au
lieu de ses multiples corruptions. Néanmoins, c'est au pays
de Mizraïm qu'on suppose que le petit-fils de Ham porta
le delta sacré du Patriarche Enoch. Par conséquent, c'est
en Egypte, seulement, et en Orient, qu'il faut rechercher la
« Parole » mvstérieuse.
Mais aujourd'hui que tant d'importants secrets de la Ma-
çonnerie ont été divulgués par les uns et les autres, nous
pourrions dire, sans qu'on nous accuse de malveillance ou
de mauvaise intention, que depuis la lamentable catastrophe
des Templiers, aucune Loge d'Europe et encore moins
d'Amérique, n'a jamais su quelque chose qui valut la
peine d'être cache. Désireux de ne pas voir notre assertion
mal interprétée, nous disons bien qu'aucune Loge, laissant
quelques rares frèrez choisis, hors de la question. Les fu-
rieuses dénonciations contre la Franc-Maçonnerie lancées
par les écrivains catholiques et protestants sont tout sim-
plement ridicules; il en est de même de l'affirmation de
l'abbé Barruel que tout « laisse supposer que nos Franc-
Maçons ne sont que les descendants des chevaliers Tem-
pliers proscrits de 1314 Lcs3/ïo/rc.~ ~M./ac~MC de
cet abbé, qui fut un témoin oculaire des horreurs de la pre-
mière Révolution, traite en grande partie des Rosicruciens
et d'autres fraternités maçonniques. Le seul fait qu'il fait
nescendre les Maçons modernes des Templiers, et nous les
montre sous le jour d'assassins secrets, entraînes au meur-
tre politique, démontre combien peu il les connaît, mais
aussi, combien ardemment il désire trouver dans ces sociétés
les boucs émissaires appropriés pour les crimes et les pé-
chés d'une autre société secrète, laquelle, depuis sa nais-
sance a donné asile à plus d'un dangereux assassin poli-
tique, la Société de Jésus.
Les accusations contre les Franc-Maçons sont presque tou-
jours moitié de simples suppositions, et moitié de la pure
méchanceté et de la calomnie préméditée. On n'a jamais
eu la preuve concluante et certaine qu'ils aient commis quoi
que ce soit ayant un caractère criminel. Et même leur en-
lèvement de Morgan est toujours resté dans le domaine de
la supposition. On s'en servit, à ce moment, comme d'une
arme politique au service de politiciens louches. Lorsqu'on
découvrit dans la rivière du Niagara un corps méconnais-
sable, un des chefs de ce groupe peu scrupuleux, en appre-
nant que l'identité du cadavre était fort douteuse, dévoila
tout le complot en s écriant « Qu'est-ce que cela fait, c'est
assez bon J~/or~~yïyM.?~u'o/)re5 les élections! » D'autre
part on constate que l'Ordre des Jésuites, non seulement
permet dans certains cas la 77au/e Tra/~o/ï le Régi-
rf~c, mais encore qu'il les enseigne les y)rcco/ï~6 (1).
1. Voyez The /'rtfK'tp~c$ o/' the Jesuits. Det'e~opeJ in a collection o/'
A~ra<'<s/'ro)7t ~etrotcft Authors, London. J. G. H. F. Rivington, Saint-
Nous avons sous les veux une série de conférences sur la
Franc-Maçonnerie et ses dangers, faites en i8C2 par James
Burton Robertson, professeur d'Histoire Moderne a l'Uni-
versité de Dublin. Le conférencier y fait mention à maintes
reprises et cite comme autorité ledit abbé (Rarruel, l'ennemi
naturel des Franc-Maçons, <y~'on ne /)e/~ /)r~r~'c <ïM con-
/</o/ïn<ï/) ainsi que Robison un apostat maçon bien connu
de i798. Ainsi qu'il est d usa~e dans chaque parti, qu'il
Paul. Charchyard and Waterloo Place. !~at! Malt Il. Wix. 41, Ne\v
Bridge Street, Btackpiars J. Lcstie. Queen Street. etc.. 1S39, Sec-
tion XV!I.<~ Treason a~d /!e'/tctdc contenant trente-quatre extraits du
même nombre d'autorites (de la Société de Jésus) sur la question, entre
autres l'opinion du cétéhre Robert /~<rnt<np. So Emmanuel Sa dit
« La réhettion d'un cceiésiastique contre un roi, ~'es< pas un crime de
Aaa<e trahison, parce <yu n'est pas un ~u~c< du roi (Co~c.ssartuw
~p/tor.!<~tt ~cr/'o C~crtcus. Ed. Co)unin. 16Ï5, E<t. GoH. Sion). Le peHp~c,
dit-tohn nrid~cv~ate)-. a no~t xcn<c~)cn~ la ;'<'rnu$x(on nta<~ il est <~)/t~e
et son derotr lui ord')?, qu'A l'appel du Vic.nre du Christ. qui esl le
soHrerSt'rtpas~c~r de toutes <r'x na<s du ~f'~dc, il ne d~<it. garder la fui
qui a ~t6 jurée A de têts princes (Conccr~to ~rc~<<e Ca~/m~tcœ in .4ft-
<ta adt'crsux Ca~'tt~ ~ap<s<a.<. Resp. fol. 34S).
Dans le De ~f</<; et liegis /<<u/f()t);t'. Lthrt Trc>. <640 (Hdit. Mus.
Brit.). Jean Mariana va même encore plus !oin. car il dit ~i les cir-
constances le permettent, il serait légal <ic détruire par le glaive te prince
qui a été déclare un ennemi public. Je ne considérerai jant.tt. </u';t/t tel
homme ait r7Lal agi, qui, /'a:-ort$a~< dfstr du public. essaierait de le tuer
et il n'est pa.< seulement ~p<~&~ de /e ynp~rc ntorf, ~t;<M ce~a co~sh~~c
'<
une action ~<ma/)~g c<<ortpuse". Est <a~)e~ sa~u<.irt$co~t<a<ts,uf sit prin-
cipibus pers<ca~u~ si rfpM&~cam oppre~xertu~« t'tt<ts el /u'd<<a<;e t~t~-
leranti erunt, e.'< conditione rtrerc, ut non y~re tantum, xedcu~tHdee~
(~ortapcrffmp~.stn~Lib. I, c. 6. p. 61).
Mais le morceau le ptu<-savoureux df l'enseignement chrétien setr'.uvc
dans les préceptes de ce Jésuite, torsqu'tl ar~ue au sujet de la manière la
plus sùre et la p!u5 prompte de tuer les ruis et, les hommes d'Etat. « A
mon avis dit-il, il ne f.tudrait pas administrer des drogues délétères un
ennemi, et on ne doit pas non ptus mélanger du poison dans sa nourriture
ou sa boisson. Toutefois il est certainement légal de /'a:re n.M<yc de cc«c
méthode. dans le cas en question (que celui qui <Hera le tyran jouira de
~'cs<t~ne 'yenera~c. aussi hien dan.< la /at'eur f/u'e~ /ouanyex car
une œnrrp méritoire de supprimer cette race méchante et pestilentielle
« c'ex<
de la communauté des hommes) non pas d'obliger la personne qui doit
être tuée de prendre ette-meme le poison, qui pris intérieurement le pri-
verait de la vie, mais de le faire appliquer extérieurement par quelqu'un
d'autre sous son intervention car, lorsque le poison est très puissant, en
le répandant sur le sie~e ou les habillements, il serait assez fort pour
causer la mort n (/7)<dc~t. Ht). I, c. f. p. 67). « C'est ainsi que Squire at-
tenta à la vie de la reine Etixabeth. ;t t'insti~ation du Jésuite Watpole.
Pasquier. Catéchisme dcs./ë~u</e~ (!')77. p. 350, ctc.),et/?apt'a(fo!. Lond..
1733, vol. II. livre XV! p. Us.
appartienne au clan maçonnique ou anti-maçonnique~ le
traître du camp opposé est accueilli avec louanges et en-
couragement, et l'on prend bien soin de le laver blanc
comme neige. Quelque commode qu'ait pu paraître à la
Convention anti-maçonnique de 1830 (Etats-Unis d'Amé-
rique) la formule jésuitique de Puffendort « que les ser-
ments ne lient pas lorsqu'ils sont absurdes ou hors de
propos », et cette autre qui enseigne que < un serment
ne lie pas s'il n'est accepté par Dieu (ï) », aucun hon-
nête homme ne se rendrait complice de pareils sophismes.
Nous croyons en toute sincérité que la meilleure moitié de
l'humanité aura toujours présent à l'esprit qu'il existe un
code moral de l'honneur qui engage un homme bien plus
qu'un serment, que celui-ci soit prêté sur la Bible, sur le
Ao/'a/! ou sur les t't~/a~. Les Esséniens ne prêtaient ser-
ment sur rien du tout, mais leurs « oui » et leurs « non
valaient bien plus qu'un serment. En outre, il semble
extrêmement étrange, que des nations qui se prétendent
chrétiennes, aient institué des coutumes dans leurs tribu-
naux ecclésiastiques et civils, diamétralement opposées a
celles que leur ordonne leur Dieu (2), qui défend formelle-
ment de prêter serment, « ni par le ciel. ni par la terre.
ni par la tête A notre avis, de soutenir qu'un « serment
n'engage pas s'il n'est accepté par Dieu outre une absur-
dité car nul être vivant, qu'il soit faillible ou infaillible,
n'est capable de connaître la pensée intime de Dieu est
une chose ~r/J/z~n/!e dans le sens le plus large du
mot (3). L'argument est mis en avant simplement parce qu'il
vient à point pour répondre à la question. Les serments
n'engageront personne jusqu'à ce qu'on comprenne que
1 humanité est la plus haute manifestation ici-bas de la
Divinité Suprême Invisible, et que chaque homme est une
1. Putïendorf Droit de la .a< hvrc tV. ch. r.
Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens Tu ne te par-
jureras point.Mais moi, je vous dis de nejurer aucunement",etc. "Que
votre parole soit oui, oui. non, non: ce qu'on y ajoute vient du malin. <t
(Matthieu V. 33.34.37.)
3. Barbeyrac, dans ses notes sur PufTendorf, démontre que les Péru-
viens ne prêtaient jamais serment, mais faisaient une simple déclaration
devant l'tnca, et on n'a pas d'exemple qu'ils aient jamais failli à leur
parole.
incarnation de son Dieu; lorsque le sentiment de la res-
p onsabilité personnelle sera tellement développé en lui qu'il
considérera le parjure comme la plus grande insulte qu'il
soit possible de lui faire à lui et a l'humanité. Aucun ser-
ment ne lie aujourd'hui, s'il n'est pris par celui qui, sans la
nécessité de prêter serment, tiendrait fidèlement une simple
promesse sur l'honneur. Par conséquent mettre en avant
des autorités comme Barruel et Robison n'est que capter
la confiance publique par de faux prétextes. Ce n'est pas
« l'esprit de /'a.s/uce /7ïaco/ï/ï/~M6 dont le cœur répand la
calomnie à profusion mais suriout celui du clergé catho-
lique et de ses défenseurs et celui qui essaierait d'une ma-
nière ou d'une autre de concilier les deux notions d'honneur
et de parjure, ne mériterait pas qu'on se fiât à lui.
Le xix° siècle proclame à grands cris la prééminence de
sa civilisation sur celle des anciens, et les élises et leurs
sycophantes crient encore plus haut que c'est le christia-
nisme qui a sauvé le monde de la barbarie et de l'idolâtrie.
Nous avons essayé de prouver dans cet ouvrage combien
peu leurs affirmations sont justifiées. Le flambeau du chris-
tianisme n'a servi qu'à faire voir combien d'hypocrisie et
de vice son enseignement a engendré dans le monde depuis
sa venue et de combien les anciens nous étaient supérieurs
au point de vue de l'honneur (1). En enseignant l'impuissance
de l'homme, sa dépendance absolue de la Providence et la
doctrine de l'expiation, le clergé a détruit chez ses fidèles
tout germe de confiance en soi et du respect de soi-même.
Et cela est si vrai, qu'il est devenu un axiome que c'est
chez les athées et les soi-disant « infidèles qu'on ren-
contre les hommes les plus honorables. Nous lisons dans
Hipparque, qu'à l'époque du /)~a/?~?e « la honte et
l'opprobre qui s'attachaient avec raison à la violation de
son serment, mettait le pauvre diable dans un accès de
folie et de désespoir, au point de lui faire attenter à ses
jours en se coupant la gorge, et sa mémoire causait une
telle horreur que son cadavre restait sans sépulture sur
1. Que lelecteur veuille bien se rappeler que par le cArts~a~nxme nous
n'entendons pas dire les enseignements du Christ, mais ceux de ses pré-
tendus serviteurs le clergé.
sur le sable au bord de la mer dans l'île de Samos (i). Mais
dans notre xtx* siècle, nous voyons que quatre-vingt-seize
délégués à la Convention anti-maçonnique des Etats-Unis,
tous sans aucun doute membres d'une Eglise prostestante
quelconque, et forts du respect dû à des hommes d'honneur,
mettre en avant les arguments les plus jésuitiques au sujet
de la validité d'un serment maçonnique. Le Comité, ayant
la prétention de citer l'autorité « des guides les plus dis-
tingués dans la philosopbie de la morale, et se réclamant
de l'aidera plus ample des /S/~r<~ (2).quiécrivirent avant
que la Franc-Maçonnerie eût existé », décidèrent que,
comme un serment est < une transaction entre l'homme,
d'une part, et le Juge Suprême de l'autre; » et que comme
les Maçons sont tous des infidèles et « impropres à rem-
plir un emploi civil », leurs serments, par conséquent,
sont considérés comme illégaux et ne les engageant pas
Mais, revenons aux conférences de Robertion et à ses
accusations contre la Franc-Maçonnerie. Son plus grand
grief contre celle-ci est que les Maçons rejettent la notion
d'un Dieu /)(~e/ (toujours sur l'autorité de Barruel et
de Robison), et qu'ils prétendent posséder « un secret pour
rendre les hommes meilleurs et plus heureux que ne l'ont
fait le Christ, ses apôtres et son Eglise ». Si cette accusa-
tion n'était vraie qu'en partie, elle laisserait encore l'espoir
consolant d'avoir vraiment découvert ce secret en brisant
toute relation avec le Christ mythique de l'Eglise et du
Jéhovah officiel. Mais les deux accusations sont aussi ma-
lignes qu'elles sont absurdes'et dépourvues de vérité, ainsi
que nous le verrons par la suite.
Qu'on ne s'imagine pas que nous sommes influencés par
un sentiment personnel dans nos réflextions sur la Franc-
Maçonnerie. Loin d'être le cas nous n'hésitons pas à pro-
clamer que nous avons un sincère respect pour le but ori-
ginel de l'Ordre, et quelques-uns de nos meilleurs amis
1. « Défense du Dr Anderson, citée par John Yarker dans ses ~Vbfes
on the Sc<e~<t/!c and Religious .tf/y~er/cs of An<<~a<<t/.
2. Y compris Epiphane, après qu'il envoya en exil, en violation de son
serment, plus de soixante-dix personnes appartenant à la société secrète
qu'il avait trahie.
3. Unitcd Stades Anti-Masonic Couvcntion « Obligation of Masonic
Oaths » discours de M. Hopkins de ~ew-Vurk.
comptent parmi ses membres. Nous n'avons rien a dire
contre la Franc-Maçonnerie telle qu'elle devrait être, mais
nous la dénonçons comme elle est, en train de devenir grâce
aux intrigues du clergé, autant catholique que protestante.
Etant, soi-disant la plus absolue des démocraties, elle est
pratiquement l'apanage de l'aristocratie, de la fortune et de
l'ambition personnelle. Se targuant d'enseigner l'éthique
pure, elle se rabaisse à faire de la propagande pour la théo-
logie anthropomorphe. On apprend à l'apprenti moitié nu,
amené devant le maître pendant l'initiation au premier
degré, que toute distinction sociale est mise de côté à la
porte de la loge, et que le frère le plus pauvre est Régal de
tous les autres, fussent-ils tête couronnée ou prince impé-
rial. Dans la pratique, l'ordre se transforme, dans tout pays
monarchique, en adulateur de tout rejeton de famille royale
qui daigne revêtir la symbolique peau d'agneau, afin de s'en
servir comme d'un marchepied politique.
Nous pouvons nous rendre compte jusqu'à quel point la
Franc-Maçonnerie a dévié dans cette direction, par les
paroles d'une de ses plus célèbres autorités. John Yarker
junior d'Angleterre, passé Grand Surveillant de la Grande
Loge de la Grèce Grand Maître du Rite Swedenborgien
Grand Maître, aussi, du Rite Ancien et Primitif de la Maçon-
nerie et Dieu sait de combien d'autres(1),dit que la Franc-
Maçonnerie ne perdrait rien en « adoptant un étalon plus
élevé (non pas pccu.nièrcment) pour ses membres et sa
les /r<7Mf/fS, les faux û~
moralité, à l'exclusion de la « pourpre » de tous ceux qui
/CH/ë~f /or/<yM<?.? el
d'aulres abus //7ï/~o/'<7M.y (p. 158). Et encore à la page 157
« De la façon dont la Fraternité Maçonnique est gouvernée
aujourd'hui, l'Ordre se transforme rapidement en paradis
du bon vivant du charitable hypocrite qui oublie la ver-
sion de saint Paul et décore sa poitrine du « bijou de la
charité » (ayant par cette dépense judicieuse obtenu « la
pourpres, il mesure la justice à d'autres frères plus habiles
que lui mais moins riches) le fabricant de clinquant Ma-
1. John Yarker, Junior :.Yo<es on the Scte.t~/tC and Religions .tft/xfertes
o/~ft<tqu(<t/ the Gnosis aftd Secret Schools of the Jftdc~e Ages .!foJ<
.Hos«:ruc<a~usm and the rarious T~ttes and Degrees o/ Free and .tccep-
~c<~ .Va~onr~ Londres. 1~*2.
çonnique l'indigne négociant qui filoute des mille et des
cents, en faisant appel aux sensibles consciences de ceux
qui respectent encore leurs 0. B. et les « Empereurs
Maçonniques et autres charlatans qui font de l'argent ou
acquièrent de la puissance avec les prétentions aristocra-
tiques qu'ils attachent à notre institution ad ccjDi'0/ï-
f/M vulgus. »
Nous ne prétendons nullement exposer ici des secrets qui
ont déjà été depuis longtemps dévoilés par des Maçons par-
jures. Tout ce qui est vital, que ce soit en représentations
symboliques, en rites ou en mots de passe, en usage dans
la Franc-Maçonnerie moderne, est bien connu dans les fra-
ternités orientales, quoiqu'il ne semble pas y avoir de rap-
ports ou de connexions entre eux. Si Ovide décrit Médée
comme ayant « le bras, la poitrine et le genou découverts,
et le pied gauche déchaussé et Virgile, en parlant de
Didon dit que cette « Reine elle-même. résolue à mourir
avait un pied déchaussé, etc. (I) pourquoi douterait-on
qu'il existe de ~J/<c~ « Patriarches des Védas sacrés
en Orient, qui expliquent l'ésotérisme de la pure théologie
indoue et brahmanique, aussi parfaitement que les « Pa-
triarches européens ?
Mais, si un nombre restreint de Maçons à la suite de
l'étude des livres rares ou cabalistiques, et au contact per-
sonnel des « Frères du lointain Orient, ont appris quel-
que chose de la Maçonnerie J~o~z~e, ce n'est certes pas
le cas pour les centaines de Loges Américaines. Pendant
que nous écrivions ce chapitre, nous avons reçu d'une ma-
nière tout à fait inattendue, par l'entremise d'un ami un
exemplaire de l'ouvrage de M. Yarker, duquel nous avons
emprunté les passages ci-dessus. II fourmille à notre avis
de savoir et ce qui plus est de connaissances. Il vient à
point à ce moment pour corroborer, sur beaucoup de choses,
ce que nous avons dit dans cet ouvrage. Nous y lisons
entre autres
« Nous croyons avoir suffisamment démontré le fait du
rapport de la Franc-Maçonnerie avec les autres rites spé-
culatifs de l'antiquité, de même que l'ancienneté et la pureté
t. Ibibem, p. 251.
de l'ancien rite anglais des Templiers, de sept degrés et la
~fausse dérivation de beaucoup d'autres rites de celui-là (i).
Il est inutile de dire à ces Maçons de haut grade bien
que généralement les Artisans le fussent eux-mêmes, que
l'heure est venue de remodeler la Maçonnerie et de rétablir
les anciennes bornes, empruntées aux sodalités primitives,
que les fondateurs de la Franc-Maçonnerie spéculative du
xvtii~ siècle, voulaient incorporer dans la fraternité. Il n'y
a plus aujourd'hui de secrets à divulguer l'Ordre dégé-
nère en commodités à l'usage des égoïstes et les méchants
le déprécient.
Ce n'est que tout récemment qu'une majorité des Su-
prêmes Conseils du Rite Ancien et Accepté se réunit à
Lausanne, justement outrés d'une croyance aussi blasphé-
matoire que celle d'un Dieu personnel, investi de tous les
attributs humains ils firent entendre les paroles suivantes
« La Franc-Maçonnerie proclame, ainsi qu'elle l'a fait
depuis son origine, l'existence d'un principe créateur, sous
le nom du Grand Architecte de l'Univers. Une faible
minorité proteste là contre, allégant que « la croyance en
un principe créateur n'est pas la croyance en un Dieu,
que la Franc-Maçonnerie exige de chaque-candidat,avant
de pouvoir franchir ses portes
Cette confession ne ressemble pas au rejet d'un Dieu
personnel. Si nous avions le moindre doute à ce sujet, il
s'évanouirait à la suite des paroles du Général Albert
Pike (2), qui est peut-être la plus haute autorité du jour,
parmi les Maçons américains,et qui s'élève avec force contre
une pareille innovation. Nous ne pouvons mieux faire que
de reproduire ce qu'il dit
« Ce Principe Créateur n'est pas un terme nouveau, ce
n'est qu'un vieux terme qu'on a fait revivre. A'os nom-
breux et formidables adversaires, nous diront, et ils sont
en droit de nous le dire, que notre ~rj/zc~e Créateur
est identique au Principe Généraleur des hindous et des
égyptiens, et qu'on peut, fort à propos, le symboliser, ainsi
1. John Yarker ~Vo(e<, etc.,
p. 150.
2. T'r.tfM.YC~ofM Jo Suprême Conseil des Souverains Grands Inspec-
fenr~-Géfteraax du Trente- Troisième et Dernier Deyre, etc.. etc. Tenu
daas la Ctt.é de New-York, le 15 août 1876, p. 54-55.
que les anciens le faisaient, par le Lingae. En acceptant
cela à la place d'un Dieu personnel, c'est ABANDONNER
LE CHRISTIANISME et le cu//e de Jéhovah pour retour-
ner se vautrer dans la fange du Paganisme.
Et ceux du Jésuitisme valent-ils mieux ? « Nos nom-
breux et formidables adversaires. Cette phrase résume
tout. Inutile de demander quels sont ces ennemis si formi-
dables. Ce sont les Catholiques Romains et quelques Pres-
bytériens Réformés. En lisant la prose des deux factions
on est en droit de se demander lequel des deux adversaires
a le plus peur de l'autre. Mais quel intérêt aurait-on à
s'organiser contre une fraternité qui n'ose même pas avoir
une croyance propre de peur de donner offense ? Comment
se fait-il alors, si les serments maçonniques comptent pour
quelque chose, et si les pénalités maçonniques sont quel-
que chose de plus qu'une farce, que des adversaires, nom-
breux ou non, faibles ou forts, puissent être renseignés sur
ce qui se passe au sein des loges, ou qu'ils puissent y pé-
nétrer, en passant devant ce « frère terrible ou tuileur,
qui garde la porte du temple, une épée nue à la main ?
Ce « frère terrible n'est-il pas plus formidable que le
Général Boum de l'opérette d'Offenbach, avec ses pistolets
fumants, ses éperons et son mirifique panache ? A quoi
servent les millions d'hommes qui constituent cette grande
fraternité dans le monde entier, s'ils ne peuvent se coaliser
pour faire face à tous leurs adversaires ? Le « lien mys-
tique n'est-il qu'une corde de fumée, et la Franc-Maçon-
nerie n'est-elle qu'un jouet pour satisfaire la vanité de
quelques chefs qui se plaisent à arborer des rubans et des
insignes ? Son autorité est-elle aussi fausse que son anti-
quité ? On pourrait vraiment le croire et cependant « de
même que les puces ont des parasites plus petits qui les
mangent il y a, même ici, des alarmistes catholiques qui
prétendent avoir peur de la Franc-Maçonnerie
Malgré cela, ces mêmes catholiques, dans toute la séré-
nité de leur traditionnelle imprudence, menacent ouverte-
ment l'Amérique, avec ses oOO.OOO Maçons et ses 34.000.000
de Protestants d'une Union de l'Eglise et de i'Etat, sous le
contrôle de l'Eglise romaine 1 Le danger qui menace les ins-
titutions libres de cette république, nous viendra, dit-on,
VOL.IV 2*
des « principes du Protestantisme logiquement développés
L/actuel secrétaire de la Marine, l'Hon. R. W. Thompson,
d'Indiana, ayant eu l'audace de publier, tout récemment dans
ce pays protestant de la liberté, un livre sur le Papisme
et le Pouvoir civil, dans lequel le langage est aussi modéré
qu'il est bienséant et juste, un prêtre catholique de Washing-
ton, D. C. le siège même du Gouvernemenf se permet de
le dénoncer avec violence. Et ce qui est plus fort. un membre
représentant de la Société de Jésus, le Père F. H. Weninger
D. D. déverse sur lui toute sa bile qu'on dirait importée
directement du Vatican. « Les affirmations de M. Thomp-
son dit-il, au sujet de. l'antagonisme nécessaire entre
l'Eglise catholique et les institutions libres, sont caractéri-
sées par une ignorance pitoyable et une aveugle audace. Il
ignore la logique, l'histoire, le sens commun et la charité
il se présente devant le loyal peuple américain co nme un
bigot à l'esprit étroit. Aucun savant ne se permettrait de
ressasser les calomnies surannées, si souvent déjà réfutées.
Répondant à ses accusations contre l'Eglise d'être l'enne-
mie de la liberté, je lui dis que si jamais ce pays devait être
un jour un pays catholique, c'est-à-dire un pays où la majo-
rité serait catholique, et ~ura~ le co/~ro/g <Hr les /)oH~o/r.~
j!)0/~<yu~, il verrait alors les principes de notre constitu-
tion exécutés au sens le plus large du mot il verrait que
ces Etats mériteraient vraiment le nom d'6'~<. Il verrait un
peuple vivant en paix et en harmonie réunis par les liens
d'une seule foi, les cœurs battant a l'unisson pour l'amour de
la patrie, charitables et patients envers tous, et respectant
jusqu'aux droits et aux consciences de leurs calomniateurs.
En défense de cette « Société de Jésus il conseille à
M. Thompson d envoyer son livre au Tsar Alexandre II et
à l'Empereur d'Allemagne Frédéric-Guillaume il recevra
probablement en échange, comme gage de leur sympathie,
les ordres de Saint-André et de l'Aigle Xoir. « Des Amé-
ricains patriotes, perspicaces et réuéchis, il ne peut s'at-
tendre qu'à la décoration de leur mépris. Tant que des cœurs
américains ~o~ro/ïf dans des poitrines américaines, tant que
le sang de leurs ancêtres coulera dans leurs veines, les efforts
comme ceux de Thompson n'auront aucun succès. Les vrais
Américains protégeront, dans ce pays, la religion catholique,
et /~t/ /'cw6ra~e/ Après cela, ayant, comme il
l'imagine, laissé le cadavre de antagoniste le
se son sur car-
reau, il se retire en versant sur lui le reste de son venin de
h manière suivante « Nous abandonnons ce volume, dont
nous avons tué le raisonnement, comme un cadavre pour
être dévoré par ces busards du Texas ces oiseaux puants
-par cela nous voulons dire ces hommes qui se complaisent
dans la corruption, les calomnies et les mensonges, et qui
sont attirés par les mauvaises odeurs qui s'en dégagent.
Cette dernière phrase mérite d'être classée comme un
appendice aux /~scor~ del 5o/n~o T~on~cc /o AY, de
Don Pasquale di Fransciscis, immortalisé par le mépris de
M. Gladstone. Tel maître, tel vsdet
Morale Ceci servira de leçon aux écrivains bien pensants,
modérés et honorables, que des antagonistes aussi courtois
que M. Thompson s'est montré dans son livre, n'échappe-
font pas a la seule arme disponible de l'arsenal catholique
l'Insulte. L'argument tout entier de l'auteur prouve que
tout en agissant avec force, il entend être juste mais il
aurait aussi bien fait d'attaquer avec la violence d'un Tertul-
lien, car on ne l'aurait pas traité plus mal pour cela. Ce sera,
sans doute, une consolation pour lui de savoir qu il a été
mis sur le même pied que les rois et les empereurs inndèlcs
et schismatiques.
Tandis que les Américains, y compris les Maçons, sont
dores et déjà avertis d'avoir a se préparer a être incorporés
dans la Sainte Eglise Catholique et Apostolique et Romaine,
nous sommes heureux de constater que parmi les Maçons
il y en a quelques loyaux et respectés, qui adoptent notre
manière de voir. Un des plus notables parmi ceux-ci est
notre vénérable ami M. Léon Hy neman P. M. et membre
de la Grande Loge de la Pennsylvanie. Il fut, pendant huit
ou neuf ans l'éditeur du A/a~o~c 3~ror and Keystone, et
il est en même temps un auteur de marque. Il dous a afnrmé
que, personnellement, pendant plus de trente ans, il a com-
battu le projet d'ériger en un dogme Maçonnique, la croyance
en un Dieu personnel. Dans son ouvrage, ~4yïc~n~ Vor~
and London Grand Lodges, il dit (p. 169) « Au lieu de
se développer professionnellement avec le progrès intellec-
tuel des connaissances scientifiques, et l'intelligence géné-
rale, la Maçonnerie s'est départie du but originel de la
fraternité, et se rapproche, en apparence, des sociétés
sectaires. Cela se voit clairement. dans la volonté persis-
sistante de ne pas écarter les innovations sectaires, interpo-
lées dans le Rituel. Il semblerait que la fraternité Maçonni-
que de ce pays est aussi indifférente aux anciennes coutumes
de la Maçonnerie, que l'étaient les Maçons du siècle dernier,
sous la direction de la Grande Loge de Londres Ce fut
cette conviction, qui lui fit refuser la Grande Maîtrise du
Rite des Etats-Unis, et le 33' degré honoraire du Rite
ancien et accepté lorsqu'en 1850, Jacqucs-Etienne Marconis
de Nègre, Grand Hiérophante du Rite de Mcmphis vint en
Amérique pour les lui offrir. Le Temple fut la dernière orga-
nisation secrète européenne, qui, en tant que corporation,
possédait un reste des mystères de l'Orient. A vrai dire. il
y avait au siècle dernier (et il y en a peut-être encore aujour-
d'hui) quelques « Frères ~isolés, qui travaillaient fidèlement
et secrètement sous la direction des confréries de l'Orient.
Mais, lorsque ceux-ci faisaient partie des sociétés euro-
péennes, ils y entraient invariablement dans un but ignore
de la fraternité, tout en étant a son profit. C'est par leur
entremise que les Maçons modernes ont appris tout ce qu'ils
savent d'important et la ressemblance qu'on constate
aujourd'hui entre les Rites spéculatifs de l'antiquité, les
mystères des Esséniens, des Gnostiques, des hindous ~t
des degrés maçonniques les plus élevés et les plus anciens,
en sont la preuve certaine. Si ces frères mystérieux devin-
rent possesseurs des secrets des sociétés, ils n'ont jamais
pu rendre la pareille, bien que dans leurs mains, ces secrets
auraient peut-être été mieux gardés que s'ils avaient été
confiés aux Maçons européens. Lorsque, parmi ceux-ci,
quelques-uns étaient reconnus dignes d'être afnliés aux
sociétés orientales, on les instruisait et on les affiliait en
secret, sans que les autres en aient jamais eu connaissance.
Nul n'a jamais pu mettre la main sur un Rosecroix, et
malgré les prétendues découvertes de « chambres secrètes
de vell ums appelés « T et de chevaliers fossiles munis de
lampes inextinguibles, cette ancienne institution, de même
que son objet, demeurent encore a ce jour un mystère impé-
nétrable. On a parfois brûlé de prétendus Templiers et de
faux Rosecroix, de même que quelques véritables cabalistes
on a déniché et mis a la torture quelques malheureux théo-
sophcs et achimistcs on leur a même arraché de fausses
confessions par les moyens les plus féroces, mais malgré
cela, la véritable société demeure encore aujourd'hui, comme
elle l'était par le passé, inconnue a tous, et surtout pour son
ennemie acharnée, ~Eglise.
Pour ce qui a rapport aux Chevaliers du Temple moderne
et les Loges Maçonniques qui, aujourd'hui, prétendent des-
cendre en ligne directe des anciens Templiers, leur persé-
ruLion par l'Eglise a été une comédie dès le commencement.
Us n'ont et n'ont jamais eu de secrets dangereux pour
!'Hg!ise bien au contraire, car nous voyons que J.-G. Fin-
dei dit que les degrés écossais, ou le système des Templiers
ne date que de 173~-1740, et que « poursuivant sa ~en-
~<T~o/~yM6 il élablil sa résidence principale dans le
~'(J/c ~cs .<7<?.'? C/er/7ïo/ï/, Paris, et prit, de là,
le nom de Système de Clermont Le système suédois
.'ctuel, a aussi queJque chose de l'élément des Templiers,
m:ns aUranchi du Jésuitisme et de l'intervention de la poli-
Liquc: néanmoins il affirme qu'il possède l'original du tcs-
~.tment~ de Molay. parce qu'un comte Beaujeu, neveu de
~lolav inconnu ailleurs, dit Findel transplanta l'ordre
des Templiers dans la Franc-Maçonnerie, et donna, de cette
manièrt.' un sépulcre mystérieux aux cendres de son oncle.
M ~un!t pour prouver que tout ceci n'est qu'une fable
in.tçonnique de lire sur le monument la date du décès de
Mol:<y comme ayant eu lieu le ~1 mars 1313, tandis que la
d:de de sa mort était le 19 mars 1313. Cette production
illégitime, qui n'est ni du véritable ordre du Temple, ni de
la Franc-Maçonnerie authentique, n'a jamais pris racine
ferme en Allemagne. Mais il en fut autrement en France.
Traitant de ce sujet, écoutons ce que Wilcke a a dire de
ces prétentions
« Les Templiers de Paris actuels, prétendent être les
descendants directs des anciens Chevaliers ils cherchent à
!e prouver au moyen de documents, de règlements intérieurs
et de doctrines secrètes. Foraissc dit que la Fraternité des
Franc-Maçons fut fondée en Egypte, Moïse ayant transmis
l'enseignement secret aux Israélites, Jésus à ses apôtres, et
que ce fut ainsi qu'il parvint aux Chevaliers du Temple.
Ces inventions sont nécessaires. pour étaycr l'assertion
que les Templiers parisiens sont la progéniture de l'ancien
ordre. Toutes ces affirmations, non confirmées par l'his-
toire, ont été fabriquées de toutes pièces OM Grand Cha-
pitre de Clermont (des Jésuites) et conservées par les Tem-
pliers parisiens comme un héritage de ces révolutionnaires
politiques, les Stuarts et les Jésuites. C'est la raison pour-
quoi ils sont soutenus par les évêques Grégoire (1) et
Mùnter (2).
En considérant les Templiers modernes par rapport aux
anciens, on peut, tout au plus concéder qu'ils ont adopté
certains rites et cérémonies d'un caractère ec<o~</Uf,
après que ceux-ci eussent été adroitement introduits par le
clergé dans ce grand et ancien Ordre. Mais à la suite de
cette profanation, il perdit, peu a peu, son caractère simple
et primitif et s'achemina à grands pas vers la ruine. Fondé
en 1118 par les Chevaliers Hugues de Payens et Geonroi
de Saint-Omer, nominalement pour protéger les pèlerins,
son véritable but était de restaurer le culte secret primitif.
La véritable version de l'histoire de Jésus et du Christia-
nisme primitif, fut communiquée à Hugues de Payens par
le Grand Pontife de l'Ordre du Temple (de la secte des
Nazaréens ou Johannitc) un certain Théoclète, après quoi
cette version fut connue de quelques Chevaliers en Pales-
tine, appartenant aux membres influents et plus intellec-
tuels de la secte de saint Jean, initiés a ses mystères (3).
Leur but secret était la liberté de pensée intellectuelle et
la restauration d'une seule religion universelle. Ayant fait
vœu d'obéissance, de pauvreté et de chasteté, ils furent
dès l'abord les véritables Chevaliers de Saint-Jcan-Baptiste,
1. Histoire des sectes re<tytcuse< vol. II, p. 392-428.
2. ~Vo<ttt~ codicis grceci erangeliam Yo~a~rtts rarta~ufn continenlis,
Hav~niae, 1828.
3. Voilà la raison pour laquelle, jusqu'à ce jour, !c~ membres fanatiques
et cabalistiques des Nazaréens de Basra, en Perse, conservent une tradition
de la gloire, du pouvoir et de la richesse de leurs Frères agents ou
messagers comme ils les appellent, à Malte et en Europe. Il en reste quel-
ques-uns, disent-ils, qui tôt ou tard, restaureront la doctrine de leur pro-
phète Johanan (saint Jean), le fils du Seigneur Jourdain, et élimineront des
cœurs de l'humanité tout autre faux enseignement.
prêchant dans le désert ej~ se nourrissant de miel sauvage
et de sauterelles. Telle est la tradition et la véritable ver-
sion cabalistique.
C'est une erreur de prétendre que ce ne fut que plus tard
que l'Ordre devint anti-catholique. Il le fut dès le début, et
];) croix rouge sur le manteau blanc, l'uniforme de l'Ordre,
avait la mrmc signification pour les initiés de tous pays.
Cette croix pointait vers les quatre points cardinaux et était
1 emblème de l'univers ( 1 ). Lorsque, par la suite, la Fraternité
fut transformée en Loge, les Templiers se virent contraints,
a<m d'éviter les persécutions, de pratiquer leurs cérémonies
dans le secret le plus absolu, généralement dans la salle
<!u chapitre, et plus souvent dans des souterrains ou dans
des maisons isolées au milieu des bois, tandis que la forme
ecclésiastique de leur culte se célébrait publiquement dans
les chapelles de l'Ordre.
Bien que la plupart des accusations portées contre eux
par Philippe IV étaient absolument fausses, les principales,
;tu point de vue de ce que l'Eglise considérait comme des
A<?/<?.'<, étaient certainement bien fondées. Les Templiers
d aujourd'hui, s'en tenant strictement à la lettre de la Bible,
ne peuvent pas revendiquer leur origine chez ceux qui ne
croyaient pas au Christ, en tant qu'homme-Dieu, ou que
Sauveur du monde qui niaient aussi bien le miracle de
s:t naissance, que ceux qu'il accomplit lui-même qui ne
croyaient ni à la transsubstantiation, ni aux saints, ni aux
saintes reliques, ni au purgatoire, etc. Le Christ Jésus était,
à leurs yeux, un faux prophète, mais l'homme Jésus était
pour eux un Frère. Ils considéraient saint Jean-Baptiste
comme leur patron, mais ils ne le reconnurent jamais sous
le jour où il est présenté dans la Bible. Ils vénéraient les
doctrines de l'alchimie, de l'astrologie, de la magie, des
talismans cabalistiques et adhéraient aux enseignements
secrets de leurs chefs en Orient. < Dans le siècle dernier
dit Findel, « lorsque la Franc-Nfaçonnerie s'imagina faus-
sement descendre des Templiers, on s efforça d'innocenter
l'Ordre des Chevaliers Templiers. Dans ce but on inventa
Les deux grandes pagode? de Madura et de Bénares sont construiteli
en forme de croix, chaque branche étant de longueur égale. (Voyez Mauri:
/~cfta~ Antiquities, Vol. 111. pp. 360-376.
non seulement des légendes et des histoires, mais on prit
grand soin de cacher la vérité. Les admirateurs maçonni-
ques des Chevaliers Templiers achetèrent tous les docu-
ments du procès publiés par Moldenwaher, parce qu'ils
étabtiissaient la preuve de la culpabilité de l'Ordre (1)
Cette culpabilité était leur « hérésie contre l'Eglise
Catholique Romaine. Tandis que les véritables « Frères
subirent une mort ignominieuse, le faux Ordre, qui cher-
chait à marcher sur leurs pas, devint exclusivement une
branche des Jésuites sous la tutelle de ceux-ci. Les véritables
Maçons loin de vovioir descendre de ceux-ci devraient reje-
ter avec horreur toute connexion avec eux.
« Les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem », écrit le
commandeur Gourdin (2) appelés quelquefois Chevaliers
Hospitaliers, et Chevaliers de Malte, n'étaient pas des Franc-
Maçons. Bien au contraire, ils prraissent avoir été antago-
nistes de la Franc-Maçonnerie, car, en 1740 le Grand Mai-
tre de l'Ordre de Malte fit publier, dans cette île, la Bulle du
Pape Clément XII. et interdit les réunions maçonniques. A
cette occasion, plusieurs Chevaliers et nombre de citoyens
quittèrent l'île; et en 174i, l'inquisition persécuta les Franc-
Maçons de Malte. Le Grand Maître interdit leurs réunions
sous peine sévère, et six Chevaliers furent exilés a perpé-
tuité de l'île pour avoir assisté a une de leurs réunions. De
fait, a l'encontre des Templiers, ils ne pratiquaient même
pas une forme secrète de réception. Reghellini dit qu'il ne
put se procurer une copie du Rituel secret des Chevaliers
de Malte. La raison est excellente il n'y en avait pas »
Malgré cela l'Ordre des Templiers Américains comprend
trois degrés 1 Chevaliers de la Croix-Rouge 2" Cheva-
liers Templiers et 3° Chevaliers de Malte. Il fut introduit
de France aux Etats-Unis en 1808 et le premier ~y/r/ï~
Co/!fe/~ Gc~ro/ fut organisé le 20 juin J8i(! avec le Gou-
verneur De Witt Clinton, de New-York, comme Grand
Maître.
II n'y a pas lieu de se glorifier de cet héritage des Jé-
1. Finde! /or~ o/'frpc~tasoHrt/, appendice.
~t -SAc/c/t
.Ierusalern,
Kyt<t< 7'ewp~rs
<Ae
JcruM~em. pnr Itichard \oof, F.
Richard Woof,
<e A'nt<<~ r< S~Yo/tn o/'
A. commandeur
F. S. :1.
</tc
l'Ordre de~
commandeur de I'Urdre
de des Cac-
Che-
par
vatiers Templiers Maçonnique!
suites. Si les Chevaliers Templiers veulentjustifierleurs pré-
tentions ils auront à choisir entre la descendance des Tem-
pliers primitifs, « hérétiques », anti-chrétiens et cabalistiques,
ou se rattacher aux Jésuites et tendre leurs dais directe-
ment sur l'autel de l'Ultra-Catholicisme Autrement leurs
prétentions deviennent de simples suppositions.
Bien qu'il soit impossible pour les fondateurs du pseudo-
ordre ecc/a~y~e des Templiers, introduit en France,
selon Dupuy, par les partisans des Stuarts., d'éviter qu'on
ne les prenne pour une branche de l'Ordre des Jésuites, nous
ne sommes nullement étonnés de constater qu'un auteur
anonyme, justement soupçonné d'appartenir au Chapitre
Jésuite de Clermont, publie en i7ol à Bruxelles, un ou-
vrage sur le procès des chevaliers Templiers. Dans ce volume,
par diverses notes tronquées, des ajoutures et des commen-
taires, il fait ressortir l'innocence des Templiers de l'ac-
cusation « d'hérésie », leur enlevant ainsi le meilleur titre
au respect et a l'admiration, auquel ces martyrs et primi-
tifs libres penseurs avaient droit
Ce dernier pseudo-ordre fut institué à Paris, le 4 no-
vembre 1804, en vertu d'une Constitution o~e/ïHc par
/raM<~ et depuis lors, il a « contaminé la Franc-Maçonnerie
authentique », ainsi que nous le disent les Maçons des plus
hauts grades. La C/c de Transmission (tabula aurea
Larmenii) présente tous les signes extérieurs d'une si haute
antiquité, « que Grégoire confesse que si toutes les autres
reliques de la trésorerie parisienne de l'Ordre n'avaient pas
calmé ses doutes par rapport à leur descendance, la vue de
la charte ella-mêms l'aurait persuadé au premier coup
d'œll (i).Le premier Grand Maître de cet ordre apochryphe,
fut un médecin parisien le D'' Fahre-Palaprat, ~ui prit le
nom de Bernard Raymond.
Le comte Ramsay, un Jésuite, fut le premier à lancer l'idée
de réunir les Templiers aux Chevaliers de Malte. C'est pour
cette raison que nous lisons ce qui suit, sortant de sa
plume
« Nos ancêtres (!") les Croisés rassemblés en Terre Sainte,
venant de toute la Chrétienté, désiraient former une frater-
Findel History o/'Free~asour~ Appendice.
nité embrassant toutes les nations, de sorte, qu'une foi~
unis, cœur et âme, pour le perfectionnement mutuel, ils
puissent, avec le temps, représenter un seul peuple intel-
lectuel. »
C'est pourquoi on fait se joindre les Templiers aux Che-
valiers de Saint-Jean, et ceux-ci s'incorporèrent dans la
Franc-Maçonnerie sous le nom de Maçons de Saint-Jean.
Nous trouvons, par conséquent, dans le -SrMH /?o~?/)~,
en 1745, l'effronté mensonge suivant, digne des Fils de
Loyola « Les Loges furent dédiées a saint Jean, parce que
les C'euo/5-M~çons, pendant les guerres dans la Terre
Sainte, s'étaient réunis aux Chevaliers de Saint-Jean. »
Le degré des Kadosh fut inventé à Lyon en 174~ (du
moins c'est ce que dit Thory) et « il doit représenter la
u<?/ï~6~ce des T~/TT/~e/'s Et nous constatons, qu a ce
sujet, Findel dit que « l'Ordre des Chevaliers Templiers
fut aboli en i3ii, et c'est à cette époque qu'ils durent se
reporter, lorsque, après l'exil de quelques Chevaliers, de
Malte, inculpés d'être Franc-Maçons, en 1740, il ne fut plus
possible de maintenir les relations avec l'Ordre de Saint-
Jean, ou Chevaliers de Malte, alors a l'apogée de leur puis-
sance sous la souverainelé du /~<7/)e
Si nous écoutons maintenant Clavel, un des meilleurs au-
teurs sur la Maçonnerie, nous voyons « qu'il est clair que
l'institution de l'Ordre français des Chevaliers Templiers.
ne date pas d'avant 804,et qu'il ne peut légitimement pré-
tendre à être la continuation de la soi-disant société de la
« petite Résurrection des Templiers », et que celle-ci non
plus, ne descend pas de l'ancien Ordre des Chevaliers Tem-
pliers Par conséquent nous voyons ces pseudo-Templiers,
sous la direction des dignes Pères Jésuites, inventer à Paris
en 1806, la célèbre charte de Larmenius. Vingt ans après,
ce corps néfaste et ténébreux, guidant le bras des assassins,
le dirigea contre un des meilleurs et un des plus grands
princes de l'Europe, dont la mort mystérieuse, malheureu-
sement pour l'intérêt de la vérité et de la justice, n'a jamais
été recherchée ou proclamée a la face du monde comme elle
aurait dû l'être, et cela pour des raisons politiques. C'est
ce prince, lui-même un Franc-Maçon, qui fut le dernier dépo-
sitaire des secrets des véritables Chevaliers Templiers. Pen-
dant de longs siècles, ils étaient restés inconnus et même
insoupçonnés. Se réunissant tous les treize ans, à Malte,
leur Grand Maître ne prévenant les frères européens que
quelques heures en avance, du lieu du rendez-vous, ces re-
présentants du corps jadis le plus puissant et le plus glo-
rieux des Templiers, se rassemblaient à jour fixe, depuis les
divers points de la terre. Au nombre de /r~e, en souvenir
de l'année de la mort de Jacques Molay (1313) les Frères
Orientaux, parmi lesquels il y avait des têtes couronnées,
concertaient ensemble le sort religieux et politique des na-
tions tandis que les Chevaliers papistes, leurs bâtards et
sanguinaires successeurs dormaientt tranquillement dans
leurs lits, sans qu'un rêve ne vînt troubler leurs coupables
consciences.
« Et cependant », dit Rebold, « malgré la confusion qu'ils
avaient créée (173C-U~), les Jésuites ne purent accomplir
qu'un seul de leurs buts, c'est-à-dire dénaturer et jeter le
discrédit sur l'institution maçonnique. Après avoir réussi,
comme ils le croyaient, à le détruire sous une forme, ils
étaient résolus à s'en servir sous une autre. Dans ce but,
ils instituèrent le système dénommé « Secrétariat des Tem-
pliers un amalgame des diMérentes histoires, incidents et
caractéristiques des croisades mélangés aux rêveries des
alchimistes. Dans celle combinaison, le C<7/0//?~/?~ diri-
yc< ~o~, e~ ~ou/ /'J<z'/?ce se /7ïouuû~ sur des roues, re/)/
.!e/<ï/!f le grand 6~OHr /e<yMe/ 'Soc~J de Jésus avait
e~/b/ï~ee (1). »
Par conséquent, les rites et les symboles de la Maçon-
nerie, bien qu'ayant une origine païenne, ont tous une sa-
veur de Christianisme et servent pour son culte. 11 faut
qu'un Maçon déclare croire en un Dieu personnel, Jéhovah,
et dans les degrés de campement, également au Christ,
avant d'être reçu dans la Loge, tandis que les Templiers
de Saint-Jean croyaient au Principe inconnu et invisible,
duquel procèdent les Pouvoirs Créateurs, nommés à tort
des dieux, et se tenaient à la version nazaréenne que Ben-
Panther était le père pécheur de Jésus, qui se proclamait
ainsi < le fils de Dieu et de l'humanité (2) ». Cela explique
1. General Ilistory o/Treemasonry.p. 21S.
2. Voyez la version de Gaffarel, de La ~Ct'ence des Esprits d'EHphas
encore pourquoi les Maçons prêtent un si terrible serment
sur la Bible, et pourquoi aussi leurs écritures concordent
d'une manière si servile avec la chronologie Patriarco-
Biblique. Dans l'Ordre Américain des Rose-Croix, par
exemple, lorsque le néophyte s'approche de l'autel, les
« Chevaliers sont debout et à l'ordre et le T.
Sage fait
la proclamation « A la gloire du Gr. Ar. de FU.
(Jehovah-Binah ?), et sous les auspices des Illustres et
Puissants souverains Grands Inspecteurs généraux du
trente-troisième et dernier degré du Rite Ancien Ac-
cepté », etc., etc. Le Chevalier d'Eloquence frappe alors un
coup et informe le néophyte que les antiques légendes de
la Maçonnerie datent de QUARANTE siècles il ne revendique
pas une antiquité plus grande pour aucune d'elles que celle
de 622 A.M. à laquelle époque, dit-il, Noé est né. En pa-
reille circonstance, il faut reconnaître que c'est faire une
concession fort libérale aux préférences de la chronologie.
Après elle (1) on apprend aux Maçons que ce fut à peu
près vers l'an 2188 avant J.-C. que Mizraïm emmena les
colonies en Egypte, où il fonda l'Empire égyptien, lequel
empire subsista pendant 1663 ans (!) Bien étrange cette
chronologie, qui, si elle se conforme pieusement à celle de
Lévy le Royal Afaso~uc C!/cfopœd<a de Mackenzie; le Sepher Toldos
Jes/tu et autres ouvrages cabalistiques et rabbiniques. Le récit qui y est
donné est le suivant Une vierge nommée Mariant, fiancée à un jeune
homme du nom de Johanan, fut outragée par un autre homme nommé
Ben-Panther, ou Joseph Panther, dit le Sepher Toldos Je~/tn.a Son fiancé
ayant appris son infortune, l'abandonna tout en lui pardonnant.L'enfant
qui naquit était Jésus, nommé Joshua. Adopté par son oncle le Rabbin
Jehosuah, il fut initié dans la doctrine secrète par le Rabbin Elhanan, un
cabaliste, puis par des prêtres égyptiens, qui le consacrèrent Suprême
Pontife de la Doctrine Secrète Universelle, à cause de ses grandes quali-
tés mystiques. A son retour en Judée, ses connaissances et ses pouvoirs
excitèrent la jalousie des Rabbins, qui lui reprochèrent publiquement son
origine et insultèrent sa mère. De là les paroles qui lui ont été attribuées
à la noce de Cana: «Femme,qu'y a-t-il entre toi et moi?" (St-JeanIl,4).
Ses disciples lui ayant reproché sa dureté envers sa mère, Jésus se re-
pentit, et ayant appris d'eux les détails de la triste histoire, il déclara
que Ma mère n'a point péché, elle n'a point perdu son innocence elle
est immaculée, et cependant elle est ma mère. Quant à moi je n'ai pas
de père, dans ce monde, je suis le Fils de Dieu et de l'humanité Pa-
roles sublimes de c~nGance dans le Pouvoir invisible, mais fatales, aujou-
d'hui, pour les millions de millions d'hommes qui ont été immoles parce
que ces paroles ont été si mal comprises
1. Nous voulons parler du Chapitre Américain des Rosé-Croix.
la Bible, est en parfait désaccord avec celle de l'histoire.
Les neuf noms mythiques de la Divinité, importés en
Egypte, suivant les Maçons, seulement au cours du xxn* siè-
cle avant J.-C. se trouvent inscrits sur des monuments
deux fois plus anciens, si nous devons en croire les plus
célèbres égyptologues. Toutefois il faut aussi prendre en
considération que les Maçons, eux-mêmes, ignorent com-
plètement ces noms.
La vérité est que la Maçonnerie moderne est bien diffé-
rente de ce qu'était, jadis, la fraternité secrète universelle,
à l'époque où les adorateurs brahmaniques du AUM échan-
geaient les attouchements et les mots de passe avec les
fervents du TUM, et que les adeptes de tous les pays sous
le soleil étaient des « Frères ».
Quel était alors ce nom mystérieux, cette < parole » puis-
sante au moyen de laquelle les Initiés hindous, chaldéens
et égyptiens exécutaient tous leurs miracles ? Au chapitre
CXV du Rituel e~)//<?~ des jFM~er<e5, intitulé « Le
Chapitre de la sortie du ciel. et de la connaissance des
Esprits de An » (Héliopolis), Horus dit « J'ai connu les
Esprits de An. Les très glorieux ne passent pas au-dessus.
a moins que les dieux ne me donnent la PAROLE. » Dans
un autre hymne, l'àme transformée s'écrie « Ouvrez-moi
la route pour Rusta. Je suis le Sublime, vêtu comme le
Sublime. Me voici Me voici Doux sont pour moi les rois
d'Osiris. Je crée l'eau (par le pouvoir de la Parole). Je
n'ai point vu les secrets cachés. J'ai donné au Soleil la
Vérité. Je suis clair. On m'adore pour ma pureté » (CXVII-
CXIX, chapitres de l'entrée et de la sortie de Rusta). Autre
part, le rouleau de la momie s'exprime comme suit « Je
suis le Grand Dieu (l'esprit) existant par moi-même, le
créateur de Son ~Vo/7ï. Je connais le nom de ce Grand
Dieu qui est là. »
Ses ennemis accusaient Jésus d'avoir fait des miracles, et
suivant ce que disaient ses disciples, d'avoir chassé les dé-
mons par le pouvoir du NOM INEFFABLE. Ceux-là étaient
persuadés qu'il l'avait volé dans le Sanctuaire. « Et il chas-
sait les esprits avec sa parole. et guérissait tous ceux qui
étaient malades. » Lorsque les magistrats des Juifs deman-
dèrent à saint Pierre (Actes des Apôtres IV. 7) « Par
quelle puissance ou au nom de qui avez-vous fait ce!a ?
saint Pierre répond « C'est par le NOM de Jésus-Christ
de Nazareth. Mais cela veut-il dire le nom du Christ,
ainsi que les traducteurs voudraient nous le faire croire ou
alors cela signifierait-il « par le NOM qui était en la pos-
session de Jésus de Nazareth l'initié que les Juifs accu-
saient de l'avoir appris, mais qu'il reçut vraiment par ini-
tiation ? En outre, il affirme à maintes reprises que tout ce
qu'il faisait, il le faisait au ~Vo/~ de son Père, et non au
sien.
Mais quel est le Maçon moderne qui l'a entendu pronon-
cer ? Dans leur propre rituel, ils confessent qu'ils ne l'ont
jamais entendu. Le « Chevalier d'Eloquence dit au < Che-
valier T. Sage que les mots de passe qu'il a reçus dans
les degrés précédents « sont autant de corruptions du
véritable nom de Dieu, gravé sur le triangle et que, par
conséquent, on a adopté un « substitut C'est le cas, éga-
lement, pour la Loge Bleue, où le Maître, représentant le
Roi Salomon, est d'accord avec le Roi Hiram que le Mot*
« doit servir de substitut pour la parole de Maître jusqu'à
ce que des siècles plus sages fassent découvrir la vraie
parole. Quel est le Premier Surveillant parmi tous les mil-
liers de ceux qui ont aidé à amener les candidats des ténè-
bres à la lumière ou quel est le Maître qui a murmuré à
l'oreille du supposé Hiram Abi, la < parole mystique, en
le tenant par les cinq points de compagnon, ont soupçonné
la véritable signification de ce substitut qu'ils transmettent
à « voix basse »? Peu nombreux sont les nouveaux Maîtres
Maçons qui s'imaginent qu'il a un rapport -occulte quel-
conque avec la « moelle dans l'os Que savent-ils de ce
personnage mystique connu seulement de quelques adeptes
sous le nom du « vénérable MAH ou de ces mystérieux
Frères Orientaux qui lui obéissent, et dont le nom est
abrégé dans la première syllabe des trois qui composent le
substitut Maçonnique–Le MAH, qui vit encore aujourd'hui
en un lieu ignoré de tous, sauf des initiés, et auquel on ne
peut accéder qu'en traversant des déserts impraticables, où
n'ont passé ni I~s Jésuites ni les missionnaires, car la route
est semée de dangers capables d'épouvanter les explora-
teurs les plus courageux ? Et néanmoins, pendant des géné-
rations entières ce jeu incompréhensible de voyelles et de
consonnes a été murmuré à 1'oreille des novices, comme
s'il eût possédé assez de pouvoir pour faire dévier de sa
course un duvet de chardon flottant dans l'air De même
que le Christianisme, la Franc-Maçonnerie est un cadavre
duquel l'esprit s'est, depuis longtemps, envolé.
En relation avec ce qui précède, nous reproduisons une
lettre de M. Charles Sbtheran, Secrétaire Correspondant du
Club Libéral de New-York, et que nous avons reçue le jour
postérieur à la date qui y est indiquée. M. Sotheranest connu
comme écrivain et conférencier sur des sujets d'antiquités,
de mysticisme et autres. Il a pris un grand nombre de de-
grés dans la Maçonnerie, de sorte qu'il peut être considéré
comme une autorité dans tout ce qui a trait à l'Ordre. Il
est 32. A. et P. R 94. Memphis, K. R +, Ch. Kadosh,
M. M. i04. Aug. etc. Il est également un initié de la Fra-
ternité anglaise moderne des Rose-Croix et d'autres socié-
tés, et éditeur Maçonnique du A~M~-yorA- .4c~cc<~e. Voici
la lettre en question, que nous plaçons devant les Maçons,
afin qu'ils voient ce qu'un de leurs membres a à en dire
Club de la Presse de New-York,
le 11 janvier 1877.
En réponse à votre lettre, je vous donne avec plaisir les
renseignements que vous me demandez au sujet de l'antiquité
et de la condition actuelle de la Franc-Maçonnerie. Je le fais
avec doutant plus de plaisir que nous appartenons tous deux
aux mêmes sociétés secrètes, et que vous pourrez, par consé-
quent, mieux apprécier la nécessité où je me verrai de temps
à autre de garder le secret. Vous avez raison de dire que
la Franc-Maçonnerie, de même que les stériles théologies mo-
dernes, a une histoire fabuleuse à raconter. Embarrassé comme
l'Ordre l'a été par le rebut et la tendance des légendes bibli-
ques, il ne faut pas s'étonner que son utilité ait été amoindrie,
et que son action civilisatrice ait été entravée. Il est fort heu-
reux que le mouvement anti-maçonnique, qui s'est déchaîné
aux Etats-Unis pendant une partie du siècle actuel, ait obligé
un nombre considérable de travailleurs, à rechercher la véri-
table origine de la société, amenant aussi un état de choses
p'us salutaire. De l'Amérique l'agitation se répandit en Europe
et les efforts littéraires des auteurs maçonniques, des deux
'côtés de l'Atlantique, tels que Rebold, Findel, Hyneman, Mit-
chell, Mackenzie, Hughan, Yarker et autres bien connus de
la Fraternité fait partie aujourd'hui de l'histoire. Le résultat de
leurs travaux a été, en grande partie, de placer l'histoire de la
Maçonnerie en pleine lumière, où ses enseignements, sa juris-
prudence et son rituel ne sont plus des secrets pour les « pro-
fanes qui savent lire entre les lignes.
« Vous avez raison de
dire que la Bible est la « grande lumière »
de la Maçonnerie européenne et américaine. La conséquence en
est que cette conception théistique de Dieu, et de la cosmogo-
nie biblique ont toujours été considérées comme deux de ses
pierres d'angle. Sa chronologie paraît être fondée sur la mcme
pseudo-révélation. C'est ainsi que le Dr Dalcho, dans un de
ses traités, affirme que les principes de l'Ordre maçonnique
furent présentés à la création et lui sont contemporains. II n'y
a donc rien d'étonnant à ce qu'un homme de son érudition dise
que Dieu fut le premier Grand Maître, Adam le second, et que
celui-ci initia Eve au Grand Mystère, comme je le suppose que
le furent par la suite plus d'une Prêtresse de Cybèle et plus
d'une chevalière Kadosh. Le révérend D'' Oliver, une autre
autorité maçonnique, donne fort sérieusement ce qu'on pour-
rait nommer le procès-verbal d'une Loge où Moïse présidait
comme Grand Maître, Josué comme Député Grand Maître et
Aholiab et Bezaléel comme Grands Surveillants Le Temple de
Jérusalem, que les archéologues modernes ont démontré être un
édifice qui était loin d'avoir l'antiquité qu'on lui attribuait, et
qui porte par erreur le nom d'un monarque où l'on reconnaît
son caractère mythique. Sol-Om-On (le nom du soleil en trois
langues), joue, comme vous le dites fort correctement, un rôle
considérable dans le mystère maçonnique. Les fables de cette
nature, et la traditionnelle colonisation maçonnique de l'an-
cienne Egypte, ont fait bénéficier l'Ordre d'une origine illustre
à laquelle elle n'a aucun droit et devant laquelle ses quarante
siècles d'histoire légendaire, le- mythologles de Grèce et de
Rome sont insignifiantes. Les théories égyptiennes,chaldéennes
et autres, indispensables pour tous ceux qui ont été promoteurs
des « hauts degrés M, ont eu, chacune, leur courte période de
proéminence. Par conséquent la dernière venue a été la source
de sa stérilité.
« ?sous sommes d'accord tous les deux, que les prêtres de
l'antiquité avaient leurs doctrines ésotériques et leurs cérémo-
nies secrètes. De la fraternité des E-séniens, elle-même une
évolution des Gymnosophes hindous. procédèrent les solidari-
tés de la Grèce et de Rome, telles que les ont décrites les i-oi-
disant écrivains païens. Basées sur celles-ci, et copiant sur elles
le rituel, les signes, les attouchements et les mots de passe, les
corporations du moyen âge se sont développées. De même que
]c- corporations à livrée de la ville de Londres, reliques des
corps de métiers anglais, les maçons artisans n'étaient qu'une
corporation d'ouvriers, avec de plus hautes prétentions. Notre
terme anglais .V~o/ï, constructeur de maison, vient du mot
français « Maçon ,), dérive de ( Mas », ancien mot normand
qui veut dire maison. De même que les corporations de Lon-
dres donnent, de temps a autre, à des étrangers, la franchise
des Z~'rrcM, nous voyons les corporations de maçons faire de
mc'nc. C'est ainsi que le fondateur du Musée d'Ashmole reçut
la franchise des Maçons à Warrington dans le Lancashire, en
Angleterre, le 16 octobre 1646. L'entrée dans la Fraternité
d'hommes comme Elie Ashmole, aplanit le chemin pour la
grande « Révolution Maçonnique en 1717 lors de la naissance
de la Maçonnerie srECL'i.A.TiVE. Les Constitutions de 1723 et de
!73S, par l'imposteur maçonnique Anderson, furent élaborées
p~ur la première Grande Loge des Maçons libres et acceptés
d'Angleterre, de laquelle société dérivent toutes les autres dans
le monde d'aujourd'hui.
Ces constitutions factices, furent élaborées à cette époque
par .\nderson. et pour faire accepter par la société son abject
rébus, baptisé histoire, il eut l'audace de dire que presque tous
les documents ayant rapport a la Maçonnerie en Angleterre
avaient éte détruits par les réformateurs de 1717. Fort heureu-
sement. Rebold, Hughan et d'autres ont découvert au British
Muséum, à la Boclleian Library et dans d'autres institutions
publiques, des preuves suffisantes, sous forme d'anciennes
charges d'artisans Maçons pour réfuter ces allégations.
Il me semble que les mêmes écrivains ont victorieusement
renversé les arguments des deux autres documents qu'on a attri-
bues à la Maçonnerie, c'cst-à-d're la fausse charte de Cologne
de !)35,ci le questionnaire falsiné. attribué à Lcylande, l'anti-
q'-jnirc, d'après un M S du roi Henri VI d'Angleterre. Dans
celui-ci on parle de Pythagorc comme ayant formé une Loge à
Crotona, « où il initia beaucoup de Maçons, dont quelques-uns
se transportèrent en France où ils en initièrent d'autres, et de
là. à la suite des temps, l'art passa en Angleterre ». Sir Chris-
topler Wren, l'architecte de la cathédrale de Saint-Paul, à
Londres, souvent appelé le Grand Maître des Franc-Maçons,
était tout simplement le Maître ou le Président de la Compa-
gnie des Artisans Maçons de Londres. Si un pareil tissu de
fables a pu se mélanger à l'histoire des Grandes Loges qui pré-
sident aujourd'hui aux trois premiers degrés symboliques, il ne
faut pas s'étonner de ce que presque tous les Haut degrés Ma-
çonniqucs aient eu le même sort, car on les a appelés avec rai-
son « un mélange incohérent de principes contradictoires ».
II est curieux de noter que la plupart des corps qui les tra-
vaillent~ tels que le Rite Ecossais, ancien et accepté, le Rite
d'Avignon, l'Ordre du Temple, le Rite de Fessier~ le Grand
Concile des Empereurs de l'Orient et de l'Occident, les Sou-
verains Princes Maçons,etc., etc., sont presque tous des progé-
nitures du fils d'Ignace Loyola. Le baron Ilundt, le chevalier
Ramsay, Tschoucly, Zinnendorf, et beaucoup d'autres qui fon-
dèrent les grades le ces rites, travaillaient d'après les instruc-
tions de Général des Jésuites. Le nid où ces hauts degrés sont
éclos, (et aucun :'ite Maçonnique n'est plus ou moins à l'abri de
leur influence néfaste), était le Collège des Jésuites de Clermont,
à Paris.
« Ce
bàtard enfant-trouvé de la Franc-Maçonnerie, le Rite
Ecossais Ancien et Accepté, qui n'a pas été reconnu par les
Loges Bleues, fut, à l'origine, l'œuvre du Jésuite le Chevalier
Ramsay. Il fut introduit par lui en Angleterre en 1736-1738,
pour venir en aide à la cause des Stuarts catholiques. Dans sa
forme actuelle de trente-trois degrés, le rite fut organisé vers
la fin du xvm'" siècle par une demi douzaine d'aventuriers
Maçons, à Charleston, dans la Caroline du Sud. Deux d'entre
eux, Pirlet un tailleur et un maître de danse nommé Lacorne,
furent les prédécesseurs appropriés pour préparer la résurrec-
tion ultérieure que fit un nommé Gourgas, qui remplissait le
rôle aristocratique de commis à bord d'un navire faisant le
commerce entre ~Sew-York et Liverpool. Le Dr Crucifix, autre-
ment dit Goss, r~m'en~eur de quelques médecines brevetées
d'une efncacité douteuse, était à la tête de l'affaire en Angle-
terre. Les pouvoirs suivant lesquels ces dignes personnages
agissaient étaient un document, soi-disant, signé à Berlin par
Frédéric le Grand, le 1~ mai 1785. revisant la Constitution et
les Statuts des grades élevés, du Rite Ecossais Ancien et Ac-
cepté. Ce document était une impudente falsification et il fal-
lut un protocole des Grandes Loges et des Trois Globes de Ber-
lin, pour prouver surabondamment que tout le système était
faux d'un bout à l'autre. En vertu des prétentions de ce docu-
ment fictif, le Rite Ancien et Accepté a escroqué aux frères con-
fiants de l'Amérique et de l'Europe, des milliers de dollars,
pour la plus grande honte et le discrédit de l'humanité.
« Les Templiers modernes, auxquels vous vous référez dans
votre lettre, ne sont que des geais parés de plumes de paon.
Le but. que se proposent les Templiers Maçons est d'inspirer
une idée de secte dans la Maçonnerie ou plutôt de la christiani-
ser et d'en faire une fraternité qui admettrait les Juifs, les
Parsis, les Mahométans, les Bouddhistes, en somme toutes les
religions, qui professent la doctrine d'un dieu personnel et l'im-
mortalité de l'esprit. Suivant la croyance d'une section, sinon
de tous les Israélites faisant partie de l'Ordre en Amérique, les
Tempficrs sont des Jésuites.
11 semble étrange, aujourd'hui que la croyance en un Dieu
personnel est en train de s'éteindre, et que même les théolo-
giens ont transformé leur divinité en une chose indénnissable
iinpo~ible à décrire, qu'il y en ait encore qui s'opposent à
1'acccpi.ation générale du sublime panthéisme oriental primitif,
de Jacob Hoehmc et de Spinoza. On chante encore souvent dans
la Grande Loge et ses dépendances de cette juridiction et
d'autres. l'antique doxologie avec son Gloire au Père, au Fils,
et au Saint-Esprit., pour le plus grand déplaisir des Israélites
et des frères libres penseurs, qu'on insulte de cette manière,
-ans aucune nécessité. Ceci n'aurait jamais lieu aux Indes où la
grande lumière de la Loge serait le A'ora~, le Zc/t~lt'e~, ou
un des ~'c~/a.s. L'esprit, de secte chrétien dans la Maçonnerie
doit être aboli. Il y a aujourd'hui des Grandes Loges en Alle-
magne qui n'admettent pas qu'on initie des Juifs, ou qu'on
accepte dans leur juridiction des Israélites de pays étrangers
comme i'rères. Les Maçons français, toutefois, se sont insurgés
contre cette tyrannie et le Grand Orient de France permet
maintenant qu'on reçoive dans l'Ordre des athées et des maté-
rialistes. C'est un opprobre à la réputation d'universalité de la
Maçonnerie que les frères français soient aujourd'hui mis à
l'index. »
Maigre ses nombreux défauts car la Maçonnerie spécula-
Live, après tout, est humaine, et par conséquent faillible
aucune autre institution n'a autant fait qu'elle, et n'est capable
de si grandes choses dans l'avenir pour le progrès humain,
politique et religieux. Au siècle dernier les Illuminés ensei-
gnaient d'un bout à l'autre de l'Europe la paix à la chaumière
et la guerre aux palais. Pendant le siècle dernier les Etats-Unis
furent délivres de la tyrannie de la mère patrie plus qu'on ne
pourrait le croire par l'action des Sociétés Secrètes. Washing-
ton. Lafayette, Franklin, Jefferson, Hamilton étaient, tous,
Maçons. Et au xix~ siècle ce fut le Grand Maître Garibaldi,
qui til l'unité de l'Italie, agissant d'accord avec l'esprit
des frères fidèles, suivant les principes des Maçons, ou plutôt
des carbonari, liberté, égalité, humanité, indépendance, unité,
enseignés déjà depuis des années par le frère Joseph Mazzini.
La Maçonnerie spéculative a encore beaucoup à faire. Il faut
accepter la femme comme le coadjudteur de l'homme dans la
lutte pour la vie, ainsi que les maçons hongrois l'ont fait der-
nièrement, en initiant la comtesse llaideck. Un autre point
important serait de reconnaître pratiquement la fraternité de
l'humanité en ne refusant personne a cause de sa couleur, sa
race, sa position et ses croyances. Les hommes à peau noire ne
devraient pas être seulement, en théorie~ les frères des blancs.
Les Maçons de couleur qui ont été dûment et régulièrement
initiés, demandent à être admis dans toutes les Loges améri-
caines, et ils s'en voient refuser l'entrée. Puis il faut conqué-
rir l'Amérique du Sud à participer aux devoirs de l'humanité.
Si la Maçonnerie doit être, ainsi qu'elle le prétend, une science
progressive, et une école de la religion pure, elle doit toujours
être à l'avant-gardc de la civilisation et non pas à l'arrière-
garde. Si elle ne constitue qu'un effort empirique, un projet
informe d'humanité pour résoudre les plus profonds problèmes
de la race, sans faire plus, qu'elle abandonne la place à de
plus aptes successeurs, un de ceux, peut-être, que vous et moi
connaissons, un conseiller qui a travaillé avec les chefs de
l'Ordre, au moment de ses plus grands triomphes, en leur souf-
flant à l'oreille comme faisait le démon de Socrate.
Bien à vous
CHARLES SOT!!ERA\.
C'est ainsi que s'effondre le grand poème épique de la
Maçonnerie, chanté par tant de mystérieux chevaliers,
comme s'il s'agissait de la révélation d'un nouvel évangile.
Nous constatons que le Temple de Salomon a été miné et
renversé par ses propres « Maîtres Maçons pendant le
siècle actuel. Mais si, suivant l'ingénieuse description exo-
térique de la Bible, il y a encore des Maçons pour persister
à croire qu'il y a eu une fois un édifice véritable de cette
nature, quel est l'étudiant de la doctrine ésotérique qui
envisagera ce temple mythique autrement que comme l'al-
légorie de la science occulte ? Nous laissons aux archéo
logues le soin de décider si oui ou non il a jamais existé
mais aucun lettré sérieux versé dans le jargon des caba-
listes et des alchimistes de l'antiquité et du moyen âge ne
doutera un seul instant que la description qui en est donnée
au I Livre des Rois, n'est autre chose qu'une pure allégo-0
rie. La construction du Temple de Salomon est la repré-
sentation symbolique de l'acquisition graduelle de la sagesse
secrète, autrement dit, la magie la croissance et le déve-
loppement de la spiritualité du terrestre la manifestation
de la puissance et de la beauté de l'esprit dans le monde
physique, au moyen de la sagesse et du génie du construc-
teur. Lorsque celui-ci devient un adepte, il est un roi plus
puissant que Salomon, qui était, lui-même l'emblème du
soleil ou de la /<u/mërc la lumière du mode subjectif
réel, éclairant les ténèbres de ~univers objectif. Voilà ce
(lu'est le Temple qui peut être édifié sans qu'on entende
« pendant sa
co~s/rHc~o~ le bruit des y~ûfu.c, ou
celui des OM/ de
Dans l'Orient, cette science est appelée, dans certains
endroits, le « Temple aux sept étages dans d'autres le
« Temple aux neuf étages chaque étage correspond, allé-
goriquement, à l'acquisition d'un degré de la connaissance.
Dans tous les pays orientax, les pratiquants et les élèves,
soit de la magie, soit de la religion sagesse, sont connus
dans leur école comme des constructeurs car ils édifient
le Temple de la connaissance, ou de la science occulte. On
appelleles adeptes actifs, les constructeurs pratiques ou arti-
5an.<, tandis que les étudiants ou néophytes sont spécu-
/a~ ou théoriques. Les premiers prouvent leurs œuvres
par le contrôle des forces sur la nature inaminée et animée
les derniers ne font que se perfectionner dans les rudiments
de la science sacrée. Il est évident que tous ces termes ont
été empruntés dès le début, par des fondateurs inconnus des
premières corporations maçonniques.
Dans le jargon populaire d'aujourdui, on comprend par
« Maçons artisans les ouvriers qui composaient la société
jusqu'à l'époque de Sir Christopher Wren ;~et par « Maçons
spéculatifs tous les membres de l'ordre tels qu'ils appa-
raissent aujourd'hui. Les paroles attribuées à Jésus « Tu es
Petra. et sur ce roc je bâtirait mon église et les portes
de l'enfer ne prévaudront point contre elle », déSgurées
comme elles l'ont été par la fausse traduction et la mésin-
terprétation, fournit clairement la véritable signification.
Nous avons donné la signification que les hiérophantes attri-
buaient aux mots de Pater et de Petra cette interprétation
était tracée sur les tables de pierre de l'initiation finale, et
était remise par l'initiateur et l'interprète futur élu. Après
avoir pris connaissance de son mystérieux contenu, qui lui
révélait les mystères de la création, l'initié devenait, lui-
même, un co/ï~Mc~Mr, car on lui avait donné à connaître
le dodécahédre, ou figure géométrique sur laquelle l'univers
est édifié. A ce qu'il avait appris dans les initiations précé-
dentes au sujet des règles et des principes de l'architecture,
venait s'ajouter une croix, dont les branches horizontales
et perpendiculaires, supposées former la base du temple
spirituel en les plaçant en travers de la jonction, ou point
central primordial,l'élément de toutes les existences repré-
sentaient la première idée concrète de la divinité. II pou-
vait, dorénavant comme un sage architecte (Voyez 1 corin-
thiens III. 10) élever pour lui-même un temple de sagesse
sur ce roc, Pelra et lui ayant constitué une base solide
« un autre pouvait bâtir dessus ».
L'hiérophante égyptien avait une coiffure carrée qu'il
devait porter continuellement, et une équerre (Voyez les
signes maçonniques) sans laquelle il ne pouvait sortir. Le
Tau parfait, formé par la ligne perpendiculaire (le rayon
descendant mâle, ou esprit) la ligne horizontale (le rayon
femelle, ou matière) et le cercle mondial était un attribut
d'Isis, et ce n'était qu'à la mort du hiérophante que la
croix égyptienne était placée sur la poitrine de sa momie.
Ces coiffures carrées sont portées, encore de nos jours, par
les prêtres arméniens. La prétention que la croix soit un
symbole purement chrétien, introduit après notre ère, est
en vérité fort étrange, car nous constatons qu'Ezéchiel
mettait au front des hommes de Judah qui craignaient le
Seigneur (Ezéchiel IX. 4) /<x yna/~Me c?M Tau, ainsi qu'il
est traduit dans la Vulgate. Chez les anciens hébreux ce
signe avait la forme de mais dans les hiéroglyphes
égyptiens originaux il prenait celle de la parfaite croix chré-
tienne T De même, dans l'Apocalypse, l'Alpha et
I. Pythagore.
F Oméga (l'esprit et la matière), le premier et le dernier,
met le nom de son Père sur le front des
Et si nos affirmations sont erronées, si Jésus n'était pas
un initié, un sage constructeur, ou Maître Maçon, ainsi
qu'on les nomme aujourd'hui, comment se fait-il que sur les
plus anciennes cathédrales nous le voyons représenté avec
tous les signes d'un Franc-Maçon ? Dans la cathédrale de la
Santa-Croce, à Florence, on peut voir au-dessus du grand
portail, la figure du Christ une équerre parfaite à la maiu.
Les « Maîtres Maçons survivants des corporations d'ar-
lisans du véritable Temple peuvent maintenant circuler à
jamais, littéralement demi-nus et le pied ~~au~e, non
pas comme une simple cérémonie, mais parce que, de même
que le « Fils de l'Homme » ils n'ont pas où reposer la tête
tout en étants les seuls survivants qui possèdent encore
]a « Parole ». Leur « câble » est la triple corde de certains
Sannyâsi Brahmanes, ou le cordon auquel certains lamcas
suspendent leur pierre ~H malgré cela aucun de ceux
ci ne voudrait se séparer de son talisman en apparence
sans valeur aucune, pour tous les trésors de Salomon et de
la reine de Saba. Le bambou à sept nœuds du fakir peut
devenir aussi puissant que la verge de Moïse « laquelle fut
créée au déclin du jour et sur laquelle était gravé le NOM
sublime et glorieux, par le pouvoir duquel il devait faire
tant de miracles à Mizraïm
Mais ces « artisans n'ont aucune crainte de voir leurs
secrets dévoiles par les traîtres ex-grands prêtres des cha-
piires, quoiqu'ils aient été transmis à leur génération par
d'autres que Moïse, Salomon et Zerubabel. Si Moses Michel
Hâves, le Frère israélite qui introduit la Maçonnerie de
l'Arche Royale dans ce pays (en décembre i778)(!) avait eu
un pressentiment prophétique de la trahison future, il aurait
sans doute, institué des obligations plus efficaces qu'il ne
le fit.
En vérité la Parole omniSque de'l'Arche Royale, depuis
longtemps perdue,mais maintenant retrouvée a tenu sa pro-
messe prophétique. Le mot de passe de ce degré n'est plus
« JE SUIS QUI JE SUIS », il est simplement aujourd'hui
« J'étais, mais je ne suis plus »
J. Le premier Grand Chapitre fut fondé à PhiladsJphie en 1797.
"uumv ULCjru~L rn<~G:L umiu
AnAv jAL< iJE r!FLVLr-L /\nv i<v~
VLFLV rAL ULV G:QJ~LV C JVVLWL~
Afin qu'on ne puisse pas nous accuser de forfanterie,
nous donnerons les clés de quelques chiffres secrets, des
soi-disant Hauts-Grades Maçonniques les plus exclusifs et
les plus importants. Si nous ne faisons erreur, ils n'ont pas
encore été révélés au monde profane (sauf celui des Maçons
Royale Arche en 1830), ils ont été, au contraire, jalousement
gardés par les différents Ordres. Nous n'avons fait aucune
promesse, nous n'avons pris aucune obligation et fait aucun
serment, et nous ne violons, par conséquence aucune con-
fidence. Notre objet n'est point de satisfaire une vaine curio-
sité nous voulons seulement démontrer aux Maçons et
aux affiliés de toutes les autres sociétés occidentales, y
compris la Société de Jésus qu'il est impossible pour
eux de garder le secret que les Fraternités orientales ont
un intérêt à connaître. Cela leur prouvera, par conséquent,
que si celles-ci sont capables de soulever le masque qui
cache les sociétés européennes, elles réussissent néanmoins
à se mettre elles-mêmes à l'abri car, s'il est une chose uni-
versellement reconnue, c'est que pas un seul secret véri-
table, des anciennes fraternités survivantes, n'est devenu la
possession des profanes.
Quelques-uns de ces chiffres furent en usage chez les
Jésuites dans leur correspondance secrète lors de la cons-
piration des Jacobins, et lorsque la Franc-Maçonnerie (les
prétendus successeurs des Templiers) fut employée par
l'Eglise dans un but politique.
Findel dit (dans son History o f Freemasoury, p. 2o3)
qu'au xvm* siècle, « outre les Chevaliers Templiers modernes,
nous voyons les Jésuites. déSgurer la bonne renommée de
la Franc-Maçonnerie. Plusieurs auteurs maçonniques, bien
au courant de l'époque, et en parfaite connaissance des
événements, affirment positivement, qu'à ce moment, et
plus tard encore, les Jésuites exercèrent une influence per-
nicieuse sur la fraternité, ou tout au moins essayèrent de
1. Maçons de t'Archs Royale, cornms vous avez mal préservé vos mys-
tères que ces lignes l'attestent.
le faire ». Il remarque, au sujet de l'Ordre d~s Rose-Croix,
sur l'autorité du Professeur Woog, que « dès l'abord, son
but n'était. que de faire avancer et développer le Chris-
tianisme. Lorsque celle re/~o~ la délermina- /~a~a
/ton d'abolir co/njo/e/6/nen~ /a liberté de pensée. les Rose-
Croix de leur coté, se mirent en œuvre pour arrêter, s*il
était possible, les progrès de cette instruction largement
répandue
On reconnaît, dans le .S~c<?/~ 7?e/?oh/~ (le véritable con-
vert) de S. Richter, Berlin (i714) que des lois furent pro-
mulguées pour le gouvernement des Rose Croix, qui por-
tent la preuve évidente de 1 intervention des Jésuites ».
Commençons par la cryptographie des « Souverains
Princes Rose-Croix », aussi nommés Chevaliers de Saint-
A ndré, Chevaliers de ~M Pélican, ~r~M,
~?o~a? Crucis, Rose-Croix, Triple Croix, Frères Par-
faits, Princes ~/a~<3~.?, et ainsi de suite.
Les « Rose-Croix Heredom prétendent aussi descendre
des Templiers de 131~ (i).
CHIFFRE DES S. P. R. C.
n
~~c~e~gh.
%s&BBB~
%azE2
~j
5~' M taJ 's-L &ËM s~~t -1-
fK jL&- 'OB~~ ~t~ g~
~v~c.-a~~ip~~u~ ï
o <; r s b ~nv x y z <t
CHIFFRE DES CHEVALIERS ROSE-CROIX DE HEREDOM
(de A'y/H~n~y).
0 1 2 3 4 5 6 7 S 9 10 10 11 12 13 14 13 16 17
a b cd c f g h i j baouK KbKcKdKe KfKgKh
1S 19 M 30 40 50 60 70 M 90 100 200 300 400 500
ki kj ck dk ek fk gk hk ik jk 1 cl dl el fl
MO 700 800 MO 1000
gl M il jl
1 m
1. Voyez les A'o~es on the J~/s~ertes 0/* AM~~nt' p. 153, de Yarker.
VOL. IV 3*
CHIFFRE DES CnEVAMEBS KADOSH
(aussicelui de l'Aigle Blanc et Noir el des Chevaliers Templiers)
abcdefghikim
70 2 3 Î2 15 20 30 33 3S 9 10 40
60
n 0 p q
SO 81 82
r
83 84
s tuvxy
85 S6 90 91
Les Chevaliers Kadosh possèdent encore un autre chiffre
94 95
z
ou plutôt hiéroglyphe lequel, dans ce cas est copié de
l'hébreu, probablement afin d'être mieux en rapport avec les
Kadeshim du Temple, de la Bible (1).
1. Voyez x Rois XXIIL 7, texte hébreu, et anglais, maM tout spéciale-
Quant au chiffre de la Royale Arche, il a été déjà divul-
gué, mais nous ferons bien de le transcrire, quelque peu
amplifié.
Ce chiffre consiste en des combinaisons d~angles droits
avec ou sans points. Voici la base sur laquelle il a été cons-
truit
dâ~~L
GH_
OP OR ST
j~t ~A
Y~X
y
Or, l'alphabet comprend vingt-six lettres, et en dissé-
quant ces deux signes, on forme treize caractères distincts,
comme suit
JUL~DE1nrVA~ <
7 3 S < 7 S
Un point placé au centre de chaque signe en donne treize
autres
JLtL USE "!F)FVA~<:
Ji
J 9 ïo 7~ /3
Ce qui fait un total de vingt-six lettres, équivalent au
nombre des lettres de l'alphabet.
Il y a, pour le moins, deux manières de combiner et de
se servir de ces caractères pour la correspondance secrète.
ment. le preraier. On donne dans le degré Kadosh une conférence sur
l'origine de la Maçonnerie depuis Moïse, Salomon, les Esséniens et les
Templiers. Les Chevaliers K. chrétiens peuvent se faire une idée du
Temple '< auquel leurs ancêtres auraient été liés, par descendance
généalogique, en consultant le verset 13 du chapitre d.'jà mentionné.
Dans une de ces méthodes on donne au premier signe
_j le nom de A le même avec un point au milieu _J
est le B, etc. L'autre méthode consiste à les appliquer à la
suite les uns des autres à la première moitié de l'alphabet
-J a FI b, et ainsi de suite jusqu'à m après quoi
on les répète avec un point en commençant par °
n,
S o, etc., jusqu'à z.
Suivant la première méthode l'alphabet se présente ainsi
JJULJLLJUDEEEl
~~c<Le.~g~JJ<~
innrr'vvAA»
no par u. s v w
«
jULDQcinrvAX
et d'après la seconde méthode
~~t~e.f~'hijKJ
JULBBE~nrVAX
n o p q r s5 t IL 'w x y z
Outre ces signes, les Maçons français, sans doute à la
suite de l'enseignement de leurs distingués maîtres, les
Jésuites, ont perfectionné ce chiffre dans tous ses détails.
Ils ont donc imaginé des signes pour les virgules, les diph-
tongues, les accents, la ponctuation, etc., et ces signes sont
les suivants
AJL"!L~> ~'XAno~B~ë~
M ce W Ç < ) .?
Mais en voilà assez. Nous pourrions, si nous le voulions,
donner les alphabets chiffrés avec leurs clés d'une autre
méthode des Maçons de l'Arche Royale, avec une forte res-
semblance à certains caractères hindous du G.
El. de
la Cité Mystique d'une forme bien connue du manuscrit
Devanagri (français) des Sages des Pyramides et du Su-
blime Maître du Grand OEuvre, et de bien d'autres. Nous
v renonçons, mais seulement, qu'on le sache bien, afin que
seules quelques-unes de ces branches latérales des Loges
Bleues Maçonniques originelles maintiennent la promesse
d un avenir utile. Quant aux autres, abandonnerons-les à
l'oubli du temps. Les Maçons de haut grade comprendront
ce que nous voulons dire par là.
Il faut maintenant que nous fassions la preuve de ce que
nous avançons, que le nom de Jehovah, si les Maçons le
maintiennent, demeurera toujours un substitut, mais ne
sera jamais identique à la morale miriuque qui a été per-
due. Cela est si bien connu des cabalistes, que dans leur
soigneuse étymologie du mn' ils prouvent d'une manière
incontestable qu'il est un des nombreux substituas pour le
véritable nom et qu'il est composé du double nom du pre-
mier androgyne Adam et Eve, Jod (ou Yodh), Vau et
Ile-Va le serpent féminin comme le symbole de l'Intelli-
gence Divine,qui procède de L'UNIQUE GÉNÉRATEUR ou Esprit
Créateur (1). Par conséquent Jéhovah n'est pas du tout le
nom sacré. Si Moïse avait communiqué à Pharaon le véri-
table « nom celui-ci n'aurait pas répondu comme il le fit,
car les Rois-Initiés égyptiens le connaissaient aussi bien
que Moïse, qui l'avait appris d'eux. <: nom » était, à cette
époque, la propriété commune des adeptes de toutes les
nations de la terre, et Pharaon connaissait sans aucun
doute, le « nom » du plus Grand Dieu mentionné dans le
Livre des Aforfs. Mais au lieu de cela, Moïse (si nous nous
en tenons littéralement à l'allégorie du livre de l'Exode)
communique à Pharaon le nom de Yeva, l'expression ou
1. Eliphas Lévi. Dogme et Rituel, vol.
la forme du nom Divin employée par tous les yar~~s
prononcés par Moïse. De là la réponse du Pharaon <: Et
qui est ce Yeva (1) pour que j'obéisse à sa voix ?
« Le Jéhovah ne date que de l'innovation Masoré-
tique. Quand les Rabbins, craignant de perdre la clé de
leur propre doctrine, écrite à ce moment-là, exclusivement
au moyen de consonnes, commencèrent à insérer leurs points
de vovelles dans leurs manuscrits, ils étaient absolument
ignorants de la véritable prononciation du NOM. Ils lui don-
nèrent, par conséquent, le son de ~l~on~, en le faisaut lire
Ja-hovah. Celui-ci est donc une pure fantaisie.une perversion
du Nom Sacré. Et comment aurait-ils pu le savoir ? Seuls,
dans toute leur nation, les Grands Prêtres en avaient la
possession, qu'ils repassaient successivement à leurs suc-
cesseurs, de même que le Brahmatma le fait avant sa mort.
Une fois par année seulement, le jour de l'expiation, le
Grand Prêtre pouvait le prononcer en murmurant. Passant
derrière le voile dans la chambre intérieure du sanctuaire,
le Saint des Saints, il invoquait, la lèvre tremblante, et en
baissant les yeux le NOM redouté. La persécution achar-
née contre les cabalistes, qui reçurent les précieuses syl-
labes après avoir mérité cette faveur par une vie entière
de sainteté, venait de ce qu'on soupçonnait qu'ils en fai-
saient un mauvais usage. Au début de ce chapitre nous
avons raconté l'histoire de Siméon Ben-Jochaï, une des vic-
times de cette connaissance inestimable, et nous consta-
tons le peu qu'il avait mérité ce cruel traitement.
D'après ce que nous dit un prêtre hébreu, fort savant, de
New-York, le Z~re de Jasher est un ouvrage écrit en
Espagne au xn~ siècle, dans le style des « récits populaires o,
mais qui n'avait pas la sanction du collège des Rabbins de
Venise il fourmille d'allégories cabalistiques, alchimiques
et magiques. Si nous faisons cette concession, il faut avouer
qu'il n'y a que peu de récits populaires qui ne soient pas
fondés sur des vérités historiqqes. Le .Yor~z Ice-
land (2) par le D' G.-W. Dasent, est aussi une collection
de récits populaires mais ils contiennent la clé du culte
1. est le Heva. la contre-partie féminine du Jéhovah-Binah.
Yeva
2. Les Scandinaves en Islande.
religieux primitif de ce peuple. Il en est de même du Livre
de Jasher. Il contient sous une forme condensée, tout
l'Ancien Testament, et ainsi que le prétendent les Samari-
tains, les Cinq Livres de J~oi~ à l'exception des Pro-
phètes. Bien qu'il ait été rejeté par les Rabbins orthodoxes,
nous ne pouvons nous empêcher de penser que, de même
que pour les Evangiles apochryphes, qui ont été écrits
avant les livres canoniques, le Livre de Jasher est l'origi-
nal véritable qui a servi plus tard de modèle pour écrire la
Bible. Tant les Evangiles apochryphes, que le Livre de Jas-
/~r sont une suite de récits religieux, dans lesquels un
miracle vient s'ajouter à l'autre, en donnant la narration
des légendes populaires telles qu'elles apparurent à l'ori-
gine, sans toutefois tenir compte de la chronologie ou du
dogme. Il n'y a pas de doute qu'il a dû y avoir un Livre
<(/ ./<?.~r avant le Pentateuque de Moïse, car on en parle
dans les livres de Josué, d'Esaïe et de II Samuel.
La différence entre les Elohisles et les JeAou~e~ n'est
nulle part aussi apparente que dans la Livre de Jasher.
On y parle de Jéhovah comme le comprenaient les Ophites,
c est-a-dire le fils de Ilda-Baoth, ou de Saturne. Dans ce
livre, lorsque le Pharaon demande « Qui est-il, celui dont
parle Moïse comme du ./e ~u~ le Mage égyptien répond
que le Dieu de Moïse « ainsi, ainsi que nous l'avons appris,
le Fils des Sages, le Fils d'anciens rois » (ch. LXXIX.4~(1).
Or, ceux qui affirment que le Livre de Jasher est un faux
du x!r siècle et nous le croyons aisément devraient
fournir l'explication du fait curieux que, tandis que le
tex~j ci-dessus ne se frouve point dans la Bible, la réponse,
elle, trouve bien, et dans des termes qui ne prêtent pas
n l'équivoque. Dans Esaïe XIX. II, « l'Eternel » s'en plaint
amèrement au prophète en disant « Les princes de Tosan
ne sont que des insensés, les sages conseillers de Pharaon
forment un conseil stupide. Comment osez-vous dire à Pha-
raon Je suis fils des Sages, fils des anciens Rois? ce
J. Voici ua rapprochement fort suggestif, par rapport à ce nom de
Jchovah, « le Fils d'anciens Rois o, avec la secte des Jams de l'Hindous-
t-!n, connue sous le nom des Sauryas. lis admettent que Brahma est un
Dcvd'.j, mais ils contestent son pouvoir créateur, et lui donnent le nom
de c Fils de Roi ». Voyez les .4~~c Researches, vol. IX, p. 279.
qui constitue, sans contredit, la réponse à la question ci-
dessus. Dans Josué X. 13, on voit que le Livre de Jasher
est mentionné pour corroborer l'outrageante affirmation que
le soleil s'arrêta et que la lune suspendit sa course, jusqu'à
ce que la nation eût tiré vengeance de ses ennemis. < Cela
n'est-il pas écrit dans le livre du Juste? (le Livre de .7o.<r)
dit le texte. Dans le 2 Samuel i.l9 le même livre est encore
cité; on y lit « II est écrit dans le Livre du Y~s~e ». II
est clair que le Livre de Jasher (le livre du Juste) doit avoir
existé; il doit avoir été considéré comme une autorité il
doit avoir été antérieur à Josué et, puisque le verset d'Esaïe
se réfère, sans contredit, au passage ci-dessus mentionné,
nous avons autant de raisons pour accepter l'édition cou-
rante du Livre de Jaslzer comme une transcription, ou
compilation tirée du livre originel, que de croire au Pen-
~e~Me de la version des Septante en tant qu'annales
sacrées primitives des Hébreux.
De toutes manières, Jéhovah n'est pas l'ancien des anciens
du .SoAa~; car nous le retrouvons, dans ce livre, discou-
rant avec Dieu le Père au sujet de la création du monde.
« Le maître des travaux dit au Seigneur Faisons l'homme
à notre image » (Sohar I., fol. 25). Jéhovah n'est que le
Métatron, et peut-être même pas le plus élevé, mais seule-
ment un des ~ons car celui qu'Onkelos nomme 37e/7!ro,
la « Parole », n'est pas le Jéhovah e.ro~r/</M<? de la Bible,
et il n'est pas non plus le Jahve r! Celui qui Est.
L'inextricable confusion des noms divins est due, au
secret qu'ont gardé les cabalistes primitifs, anxieux de
mettre le véritable nom mystérieux de « l'Eternel » à l'abri
de la profanation, et non moins à la prudence que les alchi-
mistes et occultistes du moyen âge étaient obligés d'adopter
pour ne pas mettre leur vie en danger. C'est cette raison
qui fit accepter le nom biblique de Jéhovah comme celui du
« Dieu unique Vivant ». Tout juif, ancien, prophète, ou
homme d'une importance quelconque en connaissait la diffé-
rence mais comme cette différence consistait dans la ma-
nière de prononcer le « nom et que sa prononciation
exacte était punie de mort, la masse du peuple en était
ignorante, car aucun initié n'aurait risqué sa vie pour la leur
apprendre. C'est ainsi que la divinité du Sinaï en vint gra-
duellement être confondue avec « Celui dont le nom n'est
connu que des Sages Lorsque Capellus écrit « Quiconque
prononcera le nom de Jéhovah sera puni de mort », il com-
met une double erreur. La première c'est de mettre un h à
ce nom, s'il veut que cette divinité soit considérée comme
mâle ou androgyne, car cette lettre rend le nom féminin,
comme il doit être~ puisqu'il est un des noms de Binah, la
troisième émanation sa seconde erreur est d'affirmer que le
mot /!0~& signifie seulement prononcer distinctement. Il
signifie prononcer correc~/ne~. Par conséquent il faut
envisager le nom biblique de Jéhovah seulement comme un
~M~s~u~, lequel, appartenant à une des « puissances », a
été employé pour celui de « l'Eternel II y a, sans doute,
une erreur (parmi beaucoup d'autres) dans un texte du
Lévilique, qui a été corrigé par Cahen, et qui prouve que
l'Interdiction ne touchait pas le nom exotérique~ de Jéhovah
dont les nombreux autres noms pouvaient être prononcés
sans encourir une pénalité quelconque (i). Dans la traduc-
tion erronée anglaise on lit « Celui qui blasphèmera le
nom du Seigneur sera puni de mort » (Lévit. XXIV. 16).
Cahen le rend beaucoup plus correctement par < Celui qui
blasphémera le nom de r/~er/ï~ sera puni de mort etc.
« L'Eternel » étant quelque chose de plus élevé que le
« Seigneur » exotérique et personnel (2).
De même que chez les nations des Gentils, les symboles
des Israélites portaient toujours, directement ou indirecte-
ment sur le culte du soleil, le Jéhovah exotérique de la
Bible est un dieu double, comme tous les autres dieux et
le fait que David qui est absolument ignorant de Moïse
loue son « Seigneur », et l'assure que « le Seigneur est
an grand Dieu, et un grand Roi au-dessus de tous les
dieux », est d'une importance capitale pour les descendants
de Jacob et de David, mais leur Dieu national n'a absolu-
ment rien à faire avec nous. Nous sommes tout prêts à mon-
trer au « Seigneur Dieu » d'Israël le même respect que
nous professons pour Brahma, Zeus ou n~importe quelle
autre Divinité secondaire. Mais nous refusons catégorique-
Comme par exemple, Shaddaï, Elohim, Sabaoth, etc.
2. Bible /!ejbrs<(/ae de Caben~ 1H, p. 117.
ment de reconnaître en lui, soit la divinité qu'adorait Moïse,
ou le-« Père de Jésus, ou même le « Nom Ineffable » des
cabalistes. Jéhovah est, peut-être, un des Elohim, employés
dans la /br/7ïo~o/z (nous ne disons pas la création) de l'uni-
vers, un des architectes qui édifia avec des matériaux pré-
existants, mais il n'a jamais été la cause « Inconnaissable »
qui créa le « bara » dans la nuit de l'Eternité. Ces Elohim
commencent par former et bénir; puis ils maudissent et
détruisent; en tant qu'une de ces puissances, Jéhovah est
tour à tour bienfaisant et malfaisant il punit à un moment
donné pour se repentir ensuite. Il est l'antitype de plusieurs
patriarches, d'Esaü et de Jacob, les jumeaux allégori-
ques, symboles du double principe qui se manifeste tou-
jours dans la nature.. De même Jacob, qui est Israël, est le
pilier de gauche le principe féminin d'Esaü, qui est le
pilier de droite et le principe mâle. Lorsqu'il lutte avec Ma-
lach-Iho, le Seigneur, c'est celui-ci qui devient le pilier de
droite, et Jacob-Israël appelle Dieu bien que les traduc-
teurs de la Bible aient cherché à le transformer en un sim-
ple < ange du Seigneur » (Genèse XXXII) Jacob le terrassa
de même que la matière est souvent victorieuse de l'es-
prit mais il eut la hanche démise dans la lutte.
Le nom d'Israël est dérivé d'Isaral ou d'Asar, le Dieu
Solaire, connu sous les noms de Surval, Surva~ et Sur.
Israël signifie « luttant avec Dieu ». Le « soleil se levant
sur Jacob-Israël est le Dieu-.So/a~ Isaral, qui féconde
la matière ou la terre, représentée par le Jacob féminin.
Comme d'habitude, cette allégorie a plusieurs significations
cachées dans la Cabale. Esaû, ~Esaou et Asu, sont aussi
le Soleil. De même que le « Seigneur », Esaü lutte avec
Jacob, mais ne sort pas vainqueur du combat. Le Dieu-
Solaire lutte premièrement contre lui, et forme ensuite un
pacte avec lui.
« Le soleil se /eu<2/ lorsqu'il passa Péniel et Jacob boi-
/a~ de ~ancA~ (Genèse XXXII. 31) Israël Jacob com-
battu par son frère Esaü, c'est Samael, et « les noms de
Samael sont Azazel et Satan » (le combattant).
Si l'on prétend que Moïse n'était pas au courant de la
philosophie hindoue, et que, par conséquent, il n'a pas pu
prendre Siva, le régénérateur et le destructeur, comme
modèle pour son Jéhovah, nous devons admettre qu'une
intuition miraculeuse, internationale pousse chaque nation
a choisir pour sa divinité nationale exotérique, le double
type que nous retrouvons dans le « Seigneur Dieu d~Is-
raël. Toutes ces fables parlent par elles-mêmes. Siva, Jého-
vah, Osiris, sont, tous, le symbole du principe actif, par
excellence, de la nature. Ce sont les forces qui président à
la formation ou à la re~/ï~cscence de la matière et à sa
destruction. Ce sont les types de la Vie et de la Mort, se
fccondant et se décomposant sous le flux incessant de
<a mundi, l'Ame Universelle et intellectuelle, l'es-
prit invisible, mais toujours présent, qui est derrière la
corrélation des forces aveugles. Cet esprit, seul, est immua-
ble; et par conséquent, les forces de l'univers, la cause et
l'eiYet, sont toujours en parfaite harmonie avec la Grande
Loi Unique et Immuable. La Vie Spirituelle est l'unique
principe primordial, ~-A~H~ la Vie Physique est le prin-
cipe primordial, ici-bas, mais ils sont Un sous leur double
aspect. Lorsque l'Esprit est complètement libéré des entra-
ves de la corrélation et que son essence s'est purifiée au
point d'être réunie à sa CAUSE, il peut mais qui dira
s'il le veut en réalité avoir une lueur de la Vérité Eter-
nelle. Jusqu'à ce moment, ne nous élevons pas d'idoles à
notre propre image, et n'acceptons pas les ténèbres à la
place de la Lumière Eternelle.
Le plus grand tort de notre siècle a été de vouloir com-
parer les mérites relatifs de toutes les anciennes religions,
< de tourner en ridicule les doctrines de la Cabale et
autres superstitions.
Mais la vérité est plus étrange encore que la fiction et
cet adage, ancien comme le monde, s'applique parfaitement
au cas en question. La < sagesse » des âges archaïques ou
la « doctrine secrètes incorporée dans la Cabale Orientale,
dont, nous l'avons déjà dit, celle des Rabbins n'est qu'un
abrégé, n'est pas morte avec les Philalethéens de la der-
nière Ecole Eclectique. La Gnose plane encore sur la terre
et ses fidèles, bien qu'inconnus, sont. nombreux. Les fra-
ternités secrètes de cette catégorie ont été mentionnées
avant l'époque de Mackenzie, par plus d'un auteur. Si on
les a tenues pour des fictions de romanciers, ceci n'a fait
qu'aider les « frères adeptes » à garder plus aisément, leur
incognito. Nous en avons personnellement connu quelques-
uns, qui avaient vu l'histoire de leurs loges, les commu-
nautés dans lesquelles ils vivaient et les merveilleux pou-
voirs qu'ils exerçaient depuis de longues années niés et
tournés en ridicule par des sceptiques qui ne soupçonnaient
pas à qui ils avaient affaire. Quelques-uns de ces frères
appartiennent au groupe peu nombreux des « voyageurs
Jusqu'à la fin de l'heureux règne de Louis-Philippe, les
garçons d'hôtel parisiens et les fournisseurs leur donnaient
pompeusement le titre de < nobles étrangers et on les
prenait innocemment pour des « Bovards », des « Hospo-
dars » valacques, des « Nababs » hindous et des < Mar-
graves » hongrois, qui affluaient a la capitale du monde
civilisé pour admirer ses monuments et jouir de ses plai-
sirs. Il y en eut, toutefois, d'assez fous pour croire que la
présence de certains mystérieux hôtes à Paris, avait une
relation quelconque avec les événements politiques qui
eurent lieu par la suite. Ceux-ci rappellent, du moins comme
de curieuses coïncidences la Révolution de 1793, le scandale
des Mers du Sud, immédiatement: après l'arrivée des « nobles
étrangers » qui avaient révolutionné Paris plus ou moins
longtemps soit par leurs doctrines mystiques, soit par leurs
« dons surnaturels ». Les Saint-Germain et les Cagliostro
de notre siècle ayant appris d'amères leçons à la suite des
diffamations et des persécutions du passé, adoptent aujour-
d'hui une tactique différente.
Mais nombre de ces fraternités mystiques n'ont rien du
tout a faire avec les pays « civilisés », et c'est au sein de
leurs communautés Ignorées, que se cachent les ombres du
passé. Ces adeples, s'ils le voulaient, pourraient revendi-
quer d'étranges ancêtres, et exhiber des documents authen-
tiques qui fourniraient l'explication de plus d'une page
mystérieuse de l'histoire profane et sacrée. Si la clé des
écritures hiératiques, et le secret des symbolismes égyptien
et hindou avaient été connus des Pères chrétiens, ils n'au-
raient pas laissé debout un seul monument antique. Et
cependant, si nous sommes bien informés et nous avons
la prétention de l'être il n'en existe pas un seul dans
~oute l'Egypte, dont les annales secrètes et les hiéroglyphes
n'aient pas été soigneusement enregistrées par la caste sa-
cerdotale. Ces annales existent encore aujourd'hui, bien
« qu'inexistantes pour le public en général, et bien que
les monuments eux-mêmes aient à jamais disparu.
Sur quarante-sept tombeaux de rois, près de Gornore,
mentionnés par les prêtres égyptiens sur leurs registres
sacrés, dix-sept seulement sont connus du public, suivant
Diodore Siculus, qui visita l'emplacement, environ soixante
ans avant J.-C. Malgré cette preuve /ï~or~yu<?, nous affir-
mons que le nombre entier existe encore à ce jour, et le
tombeau royal découvert par Belzoni, dans les montagnes
de grès de Biban-el-Melook (Melech ?) n'en est qu'un faible
spécimen. Nous ajouterons, en outre, que les Chrétiens-
arabes, les moines, disséminés dans leurs pauvres couvents
désolés, sur les confins du désert de Lybie, connaissent
l'existence de ces reliques ignorées. Mais ce sont des Coptes,
les seuls survivants de la véritable race égyptienne, et les
Coptes, d'une nature plus prédominante que celle des moi-
nes chrétiens, gardent le silence pour quelle raison ? ce
n'est pas à nous à le dire. Il y en a qui croient que leur
vêtement monacal n'est qu'un masque, et qu'ils ont choisi
leur demeure dans ces déserts arides et désolés, entourés
de tribus musulmanes, dans un but tout spécial à eux seul
connu. Quoi qu'il en soit, les moines grecs de la Palestine
les tiennent en haute estime il court même une rumeur
parmi les pèlerins chrétiens de Jérusalem, qui accourent en
grand nombre à Pâques au Saint-Sépulcre, que le feu sacré
du ciel ne descend jamais aussi /7ï/r<7CM/eM5e/7!e/~ que lors-
que ces moines du désert sont là pour le faire descendre
par leurs prières (i).
« Le royaume des Cieux est violenté, et les impétueux
le prennent de force. » Les candidats sont nombreux qui
assiègent la porte de ceux ayant la réputation de connaître
le chemin qui conduit aux confréries secrètes. La grande
ï. Les moines grecs font exécuter ce nttr,:c~c pour les /?o<~M tous les
ans. dans la nuit avant Pâques. Des milliers de pèlerins attendent pour
allum0r leurs cierges à ce feu sacré, qui descend de la voûte de la cha-
pelle et flotte au-dessus du sépulcre en langues de feu, à l'heure précise
et au moment donné, jusqu'à ce que chacun des milliers de pèlerins y
ait allumé son cierge.
majorité s'en voit refuser l'entrée, et ils s'en vont en inter-
prétant le refus comme une preuve de la non-existence de
ces sociétés secrètes. Sur la minorité qui est acceptée, plus
des deux tiers échouent aux épreuves. La septième règle
des anciennes confréries de Rose-Croix, qui est universelle
pour toutes les véritables sociétés secrètes « On devient
un Rose-Croix, on ne le /a~ pas est plus que la géné-
ralité des hommes est capable d'endurer. Mais n'allez pas
supposer qu'aucun candidat ayant échoué, osera divulguer
au monde même le peu qu'il a appris, ainsi que c'est le cas
pour beaucoup de Francs-Maçons. Nul ne sait mieux qu'eux
combien il est improbable qu'un néophyte révèle ce qui lui
a été communiqué. Ces sociétés continueront à laisser nier
leur existence sans dire un mot, jusqu'au jour où elles jet-
teront le masque en faisant voir jusqu'à quel point elles
sont maîtresses de la situation.
CHAPITRE IX
« Toutes choses sont régies du sein de cette triade.~»
LYDCS De Jfë~~tAu~ 20.
« Que le ciel tourne trois /*o!s sur son axe perpé-
pe~ue~. u
Fait.
ovir)E. F~t<.
OVIDE. IV.
« Balaam dit à Balak Bàtis-moi ici sept autels et
prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers, »
A'om&re XXIII, 1-2.
Toutes les créatures qui m'ont offensé seront
détruites dans sept jours, mais toitu seras sauvé dans
un vaisseau miraculeusement construit prends par
conséquent. avec sept saints hommes, vos femmes
respectives, et des couples de toutes espèces d'ani-
maux, et entrez sans crainte dans l'arche tu connaî-
tras alors Dieu face à face, et toutes tes questions se-
ront répondues."»
Bhagarata Parafa.
.BAa~wa<a Purana.
Et l'Eternel dit J'exterminerai de la face de la
terre l'homme que j'ai créé. Mais j'établis encore
mon alliance avec toi. tu entreras dans l'arche toi
et tes fils. car encore sept jours et je ferai pleuvoir
sur la terre. »
Genèse VI-V1I.
« Le Tetrakiys n'était pas honoré surtout parce
qu'on y trouve toutes les symphonies, mais aussi
parce qu'il contient la nature de toutes choses. »
ÏHÉOS DE SMYHXE..M~/tCnt, p. 147.
SOMMAIRE
Le mystère du nombre sept.- Les Brahmans interprètent le Rig-Véda.-
Antiquité relative des Yédas et de la Bible. –Masques sans acteurs, et
ètres sans noms. Haute valeur de « l'Atharva Véda "Dédain des
Européens pour les savants hindous. Origine moderne du sabbat
chrétien. Les « Jours de la Genèse; « Jours de Brahma. Cu-
rieuse interprétation de Noé. Récits hindous du Déluge. Le silence
des Védas est hautement significatif. Antiquité de la Mahabarata.
Les lois Mosaïques sont copiées du Manou. Réflexions sur les
Aryens. Ethiopiens Ramiques et Orientaux. Légendes des deux dy-
nasties hindoues. David le Roi Arthur israélite. Ezéchie! le Mes-
sie attendu.- Opinion de George Smith au sujet de Sargon. Eve-Lé-
lith et Eve. L'Orante égyptien. Adam le protolype de Noé.
L'Adonai juif et l'Adanari hindou.– Enoch le type de l'homme double.
Discussion sur le Zodiaque. Le signe Libra aurait été inventé par
les Grecs.-Les Patriaches bibliques ne seraient que des signes du Zo-
diaque.–Explication complète de la Roue d'Ezéchiet.–Libra identique
à Enoch et à Hermès. Ariès est i'Adam de poussière. Dynasties
des Radjâpatis. L'homme archétype était sphéroïdaL–La véritable
Bible hébraïque est un livre secret.
Nous aurions accompli notre tâche bien imparfaitement,
si nous n'avions pas démontré dans les chapitres précédents
que le Judaïsme, le Gnosticisme primitif et postérieur, le
Christianisme et même la Maçonnerie chrétienne, ont tous
été édifiés sur les mêmes mvthes, symboles et allégories
cosmiques dont la compréhension n'est parfaite que pour
ceux qui en ont hérité la clé de leurs inventeurs.
Dans les pages qui suivront, nous essaierons de faire
voir combien ils ont été faussement interprétés par les sys-
tèmes ci-dessus énumérés, si diiïérents et cependant si inti-
mement liés, afin de les faire cadrer avec leurs besoins in-
dividuels. De cett:' manière, non seulement les étudiants en
tireront utilité, mais nous rendrons un acte de justice néces-
saire quoique longtemps différé, aux génératious primi-
tives, au génie desquelles l'humanité entière est redevable.
Commençons par comparer les mythes bibliques avec ceux
des livres sacrés d'autres nations, afin d'établir quels sont
les originaux et quels sont les copies.
Deux méthodes seulement, correctement interprétées,
nous permettront d'arriver a ce résultat. Ce sont les t
das, la littérature brahmanique et la Cabale juive.
Les premiers ont conçu ces mystères grandioses dans un
esprit hautement philosophique la Cabale juive, en les
empruntant aux Chaldéens et aux Persans, les a façonnés
en une histoire du peuple juif, dans laquelle l'esprit philo-
sophique a été enfoui, sous des formes bien plus absurdes
que celles que leur donnèrent les Aryens, jusqu'à être abso-
lument méconnaissables pour tous autres que les élus. La
Bible des Chrétiens est le dernier échafaudage de cette
nature, d'allégories défigurées, dont on a construit un édi-
fice de superstition tel qu'il n'avait jamais germé dans le
cerveau de ceux qui transmirent leur enseignement à
l'Eglise. Les fables abstraites de l'antiquité, qui depuis de&
siècles ont fait miroiter à l'imagination populaire leurs
ombres fugitives et leurs images incertaines, ont pris dans
le Christianisme des formes concrètes et se sont transfor-
mées en faits accomplis. Les allégories s'y métamorphosent
en histoire sacrée, et les mythes païens sont enseignés au
peuple comme le récit révélé des rapports de Dieu, avec Son
peuple élu.
« Les mythes », dit Horace dans son ~4 r.9 Poelica, « ont
été inventés par les sages pour fortifier les lois et enseigner
les vérités morales. » Tandis qu'Horace s'efforce d'éclaircir
l'esprit même et l'essence des anciens mythes, Euhemérus
prétend, au contraire, que les « mythes étaient l'histoire lé-
gendaire des rois et des héros, transformés en dieux par
l'admiration populaire ». C'est cette méthode qu'ont adop-
tée les Chrétiens par voie de déduction lorsqu'ils convinrent
d'accepter les patriarches euphémiques en les prenant pour
des hommes qui auraient réellement vécu.
Mais contre cette théorie néfaste, qui a porté de si mau-
vais fruits, nous avons toute la série des plus grands phi-
losophes que le monde a produits Platon, Epicharmus,
Socrate, Empédocle, Plotin et Porphyre, Proclus, Damas-
cène, Origène et même Aristote. Ce dernier donne claire-
ment à entendre cette vérité, en disant qu'une tradition de
la plus haute antiquité, transmise à la postérité sous forme
de mythes divers, nous enseigne que les premiers principes
de la nature doivent être considérés comme des « dieux »,
car le divin interpénètre la nature tout entière. Tout le
reste, les détails et les personnages sont des ajoutures pos-
térieures pour la plus parfaite compréhension des masses, et
souvent aussi dans le but de soutenir les lois inventées dans
un intérêt commun.
Les contes de fées ne sont pas seulement du domaine des
honnes d'enfant l'humanité tout entière, sauf les rares
individus qui de tous temps ont compris leur signification
secrète, et ont essayé de désiller les yeux de la superstition,
a prêté Forcille à ces histoires sous une forme ou sous
une autre et après les avoir transformées en symboles sa-
crés, a baptisé leur résultat du nom de RELIGION
Nous chercherons à systématiser notre sujet autant que le
pf"mettra la nécessité de tirer les parallèles entre les opi-
nions contradictoires, basées sur ces mythes eux-mêmes.
Commençons donc par le livre de la Genèse, et cherchons
sa signification secrète dans les traditions brahmaniques et
la Cabale chaldéo-judaïque.
La première leçon biblique qu'on nous a enseignée dans
notre enfance était que Dieu créa le monde en six jours et
se reposa le septième jour; d'où vient qu'une solennité toute
spéciale se rattache à ce septième jour, et les Chrétiens,
ayant adopté l'observation rigide du sabbat juif, nous l'ont
imposé en y substituant le premier jour de la semaine, au
lieu du septième.
Tous les systèmes de mysticisme religieux sont basés sur
les nombres. Chez Pythagore, la monade ou l'unité, éma-
nant la duade, et formant, ainsi, la trinité, et le quaternaire
ou Arba-il (le quafre mystique) concourent à former le
nombre sept. Le caractère sacré des nombres commence avec
le nombre Un,- l'UX, et se termine avec le zéro-symbole
du cercle infini et sans bornes qui représente l'univers.
Tous les nombres intermédiaires, dans quelle combinaison
ou multiplication que ce soit, représentent des notions phi-
losophiques, depuis la vague ébauche jusqu'à l'axiome scien-
tifique déSnitivement établi, se rapportant à un iait moral
ou physique de la nature. Ce sont les clés des anciennes
notions de la cosmogonie, prise dans son ensemble, embras-
sant les hommes, les êtres et l'évolution de la race. humaine,
spirituellement aussi bien que physiquement.
Le nombre sept est le plus sacré de tous, et il est, sans
aucun doute, d'origine hindoue. Les philosophes Aryens,
rapportaient et calculaient au moyen de ce nombre, tout ce
qui avait une importance quelconque, les idées aussi bien
que les localités. C'est ainsi qu'ils avalent les Salla-P, ishi,
ou sept sages, types des sept races primitives dilaviennes,
(ou post-diluviennes selon d'aucuns) les .Sop/c-Zo~a, les
sept mondes inférieurs et sept supérieurs,d'ou tous ces rishis
procédaient et où ils retournaient dans la gloire, avant d'at-
teindre la béatitude parfaite de Moksha (1).
1. Les Rishis sont identiques aux .Va~on~. Les dix PrajâpaLi, fils de
Viradj. nommés Maritchi. Atri, Angira, Pôlastya, Poulaha, Kratu, Pra-
cheta, Vasishta. Brighu et Narada sont des Poa~otr~ enp/K~uqrnM, les Se-
phiroth hindous. Ceux-ci émanent les sept Rishis ou Jfa7toc$ dont le
Les ~ap~-A~M/c, ou les sept castes les Brahmanes
prétendant représenter les descendants de la plus élevée de
celles-ci (1).
Puis il y a encore les Sapta-Pura (les sept villes saintes)
les Sapta-Dvipa (les sept îles saintes) les Sapta-Samudra
(les sept lacs sacrés); les Sapta-Parvata (les sept montagnes
saintes) les Sapta-Arania (les sept désers sacrés) les
Sapta-Vruksha (les sept arbres sacrés), et ainsi de suite.
Dans l'incantation Chaldéo-Babylonienne, ce nombre ap-
paraît d'une manière aussi prononcée que chez les hindous.
Les attributs de ce nombre sont doubles, c'est-à-dire que
s'il est sacré dans un de ses aspects, il devient néfaste dans
d'autres conditions. Nous voyons ainsi l'incantation suivante
tracée sur des tablettes assyriennes,interprétées aujourd'hui
avec tant d'exactitude.
« Le soir du mauvais présage, la région du firmament,
qui produit l'infortune.
« Le Message de la peste.
« Les déprécateurs de Nin-Ki-Gal.
« Les sept dieux du vaste firmament.
« Les sept dieux de la vaste terre.
« Les sept dieux des sphères ardentes.
« Les sept dieux de la légion céleste.
« Les sept dieux malfaisants.
« Les sept mauvais fantômes.
« Les sept fantômes des flammes malfaisantes.
Le mauvais démon, mauvais alal, mauvais ~ï~~
/c/a/
<s:
mauvais le méchant dieu, le méchant maskim.
« Rappelle-toi, esprit des sept cieux. Rappelle-toi esprit
des sept terres. etc.
principal sortit de l'incréé C'est l'Adam de la terre, et il représente
l'homme. Ses « Sis les six Manous suivants, représentent chacun une
race d'hommes, et dans l'ensemble ils constituent l'humanité, passant
yadueUcment à travers les sept stages primitifs de l'évolution.
1. Anciennement lorsque les Brahmanes étudiaient plus qu'ils ne le font
aujourd'hui le sens cache de leur philosophie, ils ezpliquaient que chacune
de ces six races distinctes qui précédèrent la nôtre avaient disparu. Mais,
aujourd'hui, ils prétendent qu'un spécimen fut préservé et ne fut pas
anéanti avec le reste, mais qu'il atteint le septième de~ré actuel. Par con-
séquent, eux, les Brahmanes, sont les spécimens du Manou céleste, et
furent émis de la bouche de Brahma tandis que les Sudras furent créés
de son pied.
Ce nombre apparaît clément, presque à chaque page de
la Gc/!t~, et dans tous les livres mosaïques, et nous le re.
trouvons bien en vue (voyez le chapitre suivant) dans le
Z~'rc de ./o~ et la Ca~/e orientale. Si les sémites hébreux
l'adoptèrent si aisément, ce ne fut certes pas à l'aveuglette,
mais bien en connaissance de cause pour sa signification
cachée ils ont dû, par conséquent, adopter aussi les doc-
trines de leurs voisins « païens ». Quoi de plus naturel,
alors, que nous cherchions dans la philosophie /?<ï/
l'interprétation de ce nombre, qui réapparaît dans le chris-
tianisme dans les sept sacrements, les .)/ églises de l'Asie
Mineure, les sepl péchés capitaux, les ~/?/ vertus (quatre
cardinales et trois théologales), etc.
Les sept couleurs du prisme de l'arc-en-ciel vu par Xoé,
n'ont-elles pas d autre signification que celle d'une aHiance
entre Dieu et l'homme, pour rafraîchir la mémoire de celui-
là ? Du moins, pour le cabaliste, elles ont une signification
inséparable des sept travaux de la magie, des sept sphères
supérieures, des sept notes de la gamme musicale, des sept
nombres de Pythagore, des sept merveilles du monde, des
sept âges, et même des sept pas des Franc-Maçons qui con-
duisent au Saint des Saints après avoir passé par les degrés
de trois et de <?'
Quelle est alors l'identité de ces nombres énigmutiqucs.
qui reviennent constamment et que nous trouvons chaque
page des Ecritures Juives, de même que dans chaque verset
des livres bouddhistes ou brahmaniquce ? D'où viennenf
ces nombres qui sont l'âme de la pensée pythagoricienne et
platonicienne et qu'aucun orientaliste ou étudiant biblique
non-illuminé n'est capable d'approfondir ? Et cependant ils
ont la clé entre les mains, si seulement ils savaient s'en
servir. La valeur mystique du langage humain et ses ciféts
sur l'action humaine ne sont nulle part si parfaitement com-
pris que dans l'indu, ni mieux expliqués que par les auteurs
des plus anciens /~<~7ï~< Si ancienne que paraisse au-
jourd'hui cette époque lointaine, ils ne font qu'essayer d'ex-
primer, d'une manière plus concrète, les spéculations abs-
traites. métaphysiques de leurs propres ancêtres.
Tel est le respect que professent les Brahmanes pour les
mystères du sacrifice, qu'ils soutiennent que la création du
monde lui-même, est une conséquence du < mot sacrifi-
ciel pronsncé par la Cause Première. Ce mot est le « Nom
Inetïable des cabalistes, que nous avons traité au long
dans le chapitre précédent.
Tout en étant la « Connaissance Sacrée », le secret des
!'(~s est impénétrable sans le secours des Z?r~M~<ï.s. A
ai dire, les ~cf/a~ (qui sont écrits en vers et comprennent
quatre livres) constituent la partie nommée les J/an~ro~,
eu prière magique, et les /?/M.s (écrits en prose) en
~ont la clé. Tandis que seule la partie des Mantras est con-
sidérée comme sainte, les Brahmanas contiennent toute
l'exégèse théologique, les spéculations et les explications
sacerdotales. Nos orientalistes, nous le répétons, ne feront
:)ucun progrès important vers la compréhension de la litté-
/A/
rature védique, s'il n'apprennent a apprécier à leur juste
valeur les ouvrages qu'ils méprisent aujourd'hui comme
par exemple, le .i/r~/<ï et les A'<7M.-<~o/~
qui font partie du /P/l'<~ï.
On appelait Zoroastre un.V~n/A/n.ourcciteurdcMan-
tras, et, suivant IIaug. un des premiers noms donnés aux
Ecritures Sacrées des Parsis,était .~<n~5/)en/ Le pou.
voir et la signification du Brahmane qui fait office de prêtre
Hotri, dans le Sacriiice du Soma, réside dans sa possession
et sa connaissance des usages de la parole ou mot sacré
1'<~A. Celui-ci est personnifié dans Sara-isvati, l'épouse de
Brahma, qui est la déesse de la « Connaissance Secrète »
ou sacrée. On la représente généralement montée sur un
paon, faisant la roue. Les yeux sur les plumes de l'oiseau
sont le symbole des yeux toujours ouverts qui voient tout.
Ils rappellent à celui qui ambitionne de devenir un adepte
de la « Doctrine Secrète », qu'il faut qu'il ait les cent yeux
d'Argus pour tout voir et tout comprendre.
Voila pourquoi nous disons qu'il est impossible de résoudre
entièrement les profonds problèmes des livres sacrés brah-
maniques et bouddhistes, sans la parfaite compréhension de
la signification ésotérique des nombres de Pythagore. Le
plus grand pouvoir de ce Vàch, ou Parole Sacrée, se déve-
loppe suivant la forme donnée au Mantra par le Hotri offi-
ciant, et cette forme réside tout entière dans les nombres et
les syllabes de la mesure sacrée. Si on le prononce lente-
ment et suivant un certain rythme, il se produira un cfïet
si on le prononce rapidement et sur un autre rythme le ré-
sultat est diiïercnt. « Chaque mètre » dit IIaug'. « est le
maître invisible de quelque chose visible dans ce monde
il est, pour ainsi dire, son représentant et son idéal. Cette
puissante signification de la parole métrique provient du
nombre des syllabes qui la composent, car chaque chose a,
(comme dans le système pythagoricien) une certaine pro.
portion numérique. Toutes ces choses, les mètres (chandas).
les stomas et les pnshthas. sont censées être aussi éter-
nelles et aussi divines que les mots eux-mêmes qu'ils
renferment. Les prêtres hindous primitifs~ non seulement
croyaient à la révélation des mots constituant les textes
de même que leur contenu, les paroles t'<
sacres, mais même à celle des diverses formes. Ces formes,
éternelles,
sont le symbole des choses du monde invisible, comparables
dans bien des cas, aux idées de Platon.
Celle
~~o/ï/rcr
a/<c~
/~< ~/7!0~ /~<<rcf~ t'/< encore
existe cv~c /f.? <c~<? reli-
<y/o/ quant a leurs f/o~r~c.~ .<c<*r<~< Le mètre (pied)
Gàyatri, par exemple, comprend /o~ /b~ syllabes, et
on le considère comme le plus sacré de tous les mètres.
C'est la mesure d'Agni, le dieu du feu, et il devient a de
certains moments, l'emblème de Brahma lui-même, le prin-
cipal créateur, et « celui qui façonne » l'homme à son
imag-e. Or, Pythagorc dit que « Le nombre huit, ou l'Oc-
tade, est le premier cube, c'est-à-dire, carré dans tous les
sens, comme un dé, procédant de sa racine deux, ou nombre
pair c'est ainsi ~/Mc /o/7?~<? est le carré de <~
/)~r/ Naturellement, a l'exception des Pythagoriciens
et des cabalistes, rares sont ceux qui peuvent complètement
saisir cette idée mais cet exemple suffit pour démontrer
la parenté étroite qui existe entre les nombres et les .Va/z-
fr<35 védiques. Le problème essentiel de chaque théologie
se cache sous cette image du feu et du rythme varié des
flammes. Le Buisson Ardent de la Bible, les feux sacrés des
Zoroastriens et d'autres, l'âme universelle de Platon, et les
doctrines des Rose-croix, tant au sujet de l'âme que du
corps humain évoluant du feu, l'élément raisonnant et im-
mortel qui pénètre toutes choses, et qui est Dieu suivant
Ifcraclite, Hippocrate~ et Parménide, ont tous la même
si~niHcation.
Chaque mesure (pied) des /?r<7/ï~<ï~.<? correspond à un
nombre et, comme le démontre Haug, tel qu'il est dans les
volumes sacres, il est le prototype d'une forme ici-bas,
< ses effets sont bons ou mauvais. La « parole sacrée
peut sauver, mais elle peut aussi tuer ses nombreuses in-
terprétations et ses pouvoirs ne sent connus que des Dik-
~/< (les adaptes), qui ont été initiés a de nombreux
mystères, et dont la « naissance spirituelle est accomplie:
1 Y.'tch du J/<?/?/r<7, est un pouvoir articulé, qui éveille un
pouvoir correspondant et plus occulte: chacun de ces pou-
voirs est personnifié allégoriquement par un dieu dans le
monde des esprits et, suivant la manière dont il est utilisé,
"n obtient une réponse des dieux ou des //</A'~<~as (les
mauvais esprits). Suivant les notions brahmaniques et boud-
'Ihiqucs~ une malédiction, une bénédiction, un voeu, un dé-
~-ir. une pensée fugitive, prennent tous une forme visible et
<c manifestent c'cr/c~c~ a h vue de leurs auteurs, ou
<~c celui qui en est l'objet. Chaque péché s'incarne, pour
:tinsi dire, et comme un démon vendeur poursuit son
'uteur.
Il y a des mots qui ont un pouvoir destructeur dans les
-yUabes mêmes qui le constituent, comme si c'étaient des
choses objectives car, chaque son éveille un son correspon-
dant. dans le monde invisible de l'esprit, et sa répercussion
produit soit un bon, soit un mauvais effet. Un rythme har-
,il .011; eux,une mélodie vibrant doucement dans l'atmosphère,
crée a la ronde une douce et bienfaisante influence, et agit
puissamment sur les natures psychologiques aussi bien que
physiques de tout être vivant sur la terre il réagit même
sur les objets inanimés, car la matière est encore spirituelle
pa~ son essence, tout invisible que ceci puisse paraître à nos
sens plus grossiers.
11 en est de même des nombres. Où que ce soit que nous
nous tournions, des Prophètes à l'Apocalypse, nous voyons
que les auteurs bibliques se servent constamment des nom-
bres, trois, quatre, sept et <~<?MJC.
Néanmoins nous avons connu des partisans de la Bible
qui soutiennent que les f~a$ ont été copiés des livres mo-
saïques(t)! Les Védas, écrits en sanscrit, langage dont les
règles grammaticales et les formes (ainsi que l'avouent Max
MùUer et d'autres savants, étaienl ~~6//fs longtemps avant
que la grande vague d'émigration l'ait porté de l'Asie sur
tout l'Occident), sont là pour proclamer leur parenté avec
chaque philosophie, et chaque institution religieuse qui se
développa dans la suite, parmi les peuples sémites. Et quels
sont les nombres qui reviennent le plus souvent dans les
chants sanscrits, ces hymnes sublimes a la création, à l'unité
de Dieu, et aux innombrables manifestations de Sa puis-
sance ? UN, TROIS et SEPT. Ecoutez l'hymne de Dir-
ghatamas
< A CELUI QUI
REPRÉSENTE TOUS LES DIEUX.
< Le Dieu ici présent, notre bienheureux patron, notre
sacrificateur, a un frère qui s'étend à mi-air. Il existe un
~o/e/~e Frère, que nous aspergeons avec nos libations.
C'est lui que j'ai reconnu comme le maître des hommes,
armé des sept rayons (2). »
Et encore
« Sept reines concourent aconduire un char qui n'a
qu'u~E seule roue, et qui est tiré par un seul cheval qui
luit de sept rayons. La roue a /o/~ membres, roue immor-
telle, inlassable, à laquelle sont suspendus tous les mondes. »
« Parfois sept chevaux entraînent un chariot avec ~/)/
roues, et sept personnages y prennent place, accompagnés
de sept fécondes nymphes des eaux. :>
Et puis encore le suivant à l'honneur du dieu du feu,
~4~/ï/, qu'on reconnaît clairement n'est qu'un esprit subor-
donné au Dieu UX.
« Toujours UX, bien qu'ayant trois formes d'une double
nature (androgyne) il s'élève et les prêtres offrent a
Dieu, dans l'acte du sacrifice, leurs prières qui atteignent
le ciel, emportées là-haut par Agni. »
Sommes-nous ici en présence d'une coïncidence, ou, plu-
tôt, ainsi que la raison nous 1 enseigne, n'est-ce que le ré-
1. Afin d'éviter une discussion, nnus adoptons les conclusions paléo-
graphiques de Martin iiau~ et d'autres savants prudents. PcrsonneDement
nous acceptons les aftirmations brahmaniques et celles de Halhed, le tra-
ducteur des Shastras.
2. Le dieu Heptaktis.
sultat de la dérivation de beaucoup de cultes nationaux
d'un culte primitif, d'une rcligiol. universelle ? Un /7~
pour les non initiés mais pour l'initié c'est la levée du
voile des problèmes psychologiques et physiologiques les
plus sublimes (en raison de leur exactitude et de leur vérité).
C'est la révélation de l'esprit personnel de l'homme, qui
est divin parce que cet esprit est non seulement l'émana-
tion du Dieu UXIQUR suprême, mais c'est le seul Dieu
que l'homme dans sa débilité et son impuissance soit capa-
ble de comprendre de sentir r~ ~f~/n~ de lui. C'est
cette vérité que reconnaît le poète védique lorsqu'il dit
/c,
« Le Seigneur, le Maître de l'univers, plein de sagesse,
est entré chez moi (au dedans de moi)
et il m'a formé de
faible et ignorant
a cet endroit (t), où les
sance du /<
esprits acquièrent, a l'aide de 1.' Science, la paisible jouis-
doux comme l'ambroisie.
Que ce fruit soit « un~ pomme » de l'Arbre de la Con-
naissance ou le pippala du poète hindou, cela n'a pas d'im-
portance. C'est le fruit de la sagesse ésotérique. Notre but
est de montrer l'existence d'un système religieux aux In-
des, des milliers d'années avant que la fable exotérique du
Jardin d'Eden, ou que le Déluge eussent été inventés. De
1~ 1 identité des doctrines. Instruits dans cette doctrine, les
initiés d'autres pays devinrent à leur tour, les fondateurs
de quelque grande école philosophique de l'Occident.
si évidente qu'elle paraisse « /)/
Lequel de nos savants sanscritistes a jamais pris l'intérêt
de découvrir la véritable signification de l'hymne suivant,
le doux fruit de cet
arbre sur lequel viennent les c~)/<qui aiment la science (?)
et où les dieux /)ro~~<?/ï~ /OM~ les merveilles. Ceci est
un mystère pour celui ~u/ ne co/ï/ï~/Y point le Père du
monde. »
Ou cet autre
« Ces stances portent comme entête qu'elles sont con-
sacrées aux Visvadêvas (c'est-à-dire, à tous les dieux).
Celui qui ne connaît pas l'Etre que je chante dans loules
ses ~ïan//es~a~o~, ne comprendra rien à mes vers ceux
qui LE connaissent, ne sont pas étrangers à cette réunion. »
1. Le sanctuaire de l'initiation.
Ceci a trait à la réunion et a la séparation des parties
mortelles et immortelles de l'homme. < L'Être immortel
dit la stance précédente, « est dans le berceau de l'Être
mortel. Les deux esprits éternels vont et viennent partout;
seulement quelques hommes connaissent l'un sans connaî-
tre l'autre » (Z)~Aafama~).
Qui donnera une idée correcte de Celui dont parle le
jR~-P~a « Ce qui est UN, les sages l'appellentde diver-
ses manières. Cet UN est chanté par les poètes védiques
dans toutes ses manifestations de la nature et les livres
qu'on traite « d'enfantins et bêtes enseignent comment
on peut, à volonté, appeler à notre aide, les êtres de sa-
gesse pour nous instruire. Ils enseignent, comme le dit
Porphyre « la libération de tous les intérêts terrestres.
le vol de /'Hm<yMe vers L'UNIQUE
Le Professeur Max MùUer, dont chaque parole est accep-
tée par ses partisans comme un évangile philologique, a
parfaitement raison dans un sens, lorsqu'il détermine la
nature des dieux hindous, en disant que ce sont des « mas-
ques sans acteurs. des noms sans êtres, mais non des êtres
sans noms (1) Il n'établit par cela que le monothéisme
de l'ancienne religion védique. Mais il nous semble plus
que douteux que lui ou n'importe quel autre savant de
son école, puisse entretenir l'espoir d'approfondir la vieille
pensée aryenne (~), sans une étude sérieuse de ces « mas-
ques eux-mêmes. Pour le matérialiste, de même que pour
le savant, qui, pour diverses raisons cherchent à élucider
le difficile problème de faire cadrer les faits avec leurs pro-
pres dadas ou ceux de la Bible, ils ne paraissent être que
les fantômes vides de sens. Cependant les autorités de cette
nature ne seront, comme elles l'ont toujours été, que les
guides les moins autorisés, sauf en ce qui concerne les cho-
ses de la science exacte. Les patriarches de la Bible sont
1. Comparatire ~ft/~Ao~ogry.
2. Bien que nous n'ayons pas l'intention d'entamer ici une discussion à
propos des races nomadiques de la « période rhématique nous nous reser-
vons le droit de douter de la convenance de donner le nom d'Aryens,à cette
partie du peuple primitif, aux traditions duquel nous devons tes Védas.
Quelques savants prétendent que l'existence des Aryens n'est, non seule-
ment, pas prouvée par la science, mais que les traditions de l'Hindoustan
protestent contre une pareille affirmation.
aussi bien des « masques sans acteurs que les praiâpatis~
et cependant, si le personnage bien vivant qu'onaperçoit der-
rière ces masques n'est qu'une ombre abstraite, il s'incorpore
une idée dans chacune d'eux, qui appartient aux théories
philosophiques et scientifiques de la sagesse antique (1). Et
qui rendra de plus grands services à cette occasion, sinon
les Brahmanes indigènes eux mêmes, et les cabalistes ?
Le fait de nier d'emblée qu'il y ait une saine philosophie
dans les doctrines Brahmaniques au sujet du ~c~o, équi-
vaut a refuser de comprendre correctement la religion mère
elle-même, qui leur donna naissance et qui est l'expression
de la pensée in Mme des ancêtres directs des auteurs pos-
térieurs des Brahmanas. Si les savants européens savent
si bien démontrer que tous les dieux védiques ne sont que
des masques vides, il faut aussi qu'ils soient préparés à
démontrer que les auteurs brahmaniques étaient aussi inca-
pables qu'eux-mêmes, pour découvrir ces < acteurs en
d'autres endroits. Dans ce cas, non seulement les trois
autres livres sacrés qui, suivant Max Muller, ne méritent
pas le nom de Védas », mais le Rig-Véda, lui-même, devient
un amas confus de paroles inintelligibles car ce que l'in-
telligence subtile et renommée des anciens sages hindous
a été incapable de comprendre, aucun savant moderne,
toutérudit qu'il soit, ne peut espérer l'approfondir. Le pauvre
Thomas Taylor avait raison de dire que « la philologie
n'est pas de la philosophie
II est, pour le moins, illogique d'admettre qu'il y a une
pensée cachée dans l'œuvre littéraire d'une race, peut-être
ethnologiquement différente de la nôtre puis de nier
qu'elle ait un sens quelconque parce qu'elle est totalement
inintelligible pour nous, dont le développement spirituel
a pris une direction opposée pendant les quelques milliers
1.Sans les explications ésotériques, l'Ancien Testament,est un mélange
confus de récits sans aucune signification,– pire que cela, il doit être classé
parmi les livres tntmor.tHj-. Il est étonnant qu'un érudit si profond dans
la Mythologie Comparée, comme l'est le Professeur Max Mu!!er, dise des
praj&patis et des dieux hindous que ce sont des masques M~ ac~ecr~ et
d'Abraham et d'autres patriarches mythiques, que c'étaient des hommes
bien vivants surtout en parlant d'Abraham, dont il dit (voyez Senn~e
Monotheism) qu'il « se dresse devant nous comme un personnage au se-
cond rang, seulement, dans toute l'histoire du monde ».
d'années intermédiaires. Mais c'est précisément ce que font
du moins à cet égard le Professeur Max Mùller et son école,
soit dit avec tout le respect que nous professons pour son
érudition.
On nous dit, en premier lieu, que nous pouvons encore
marcher sur les traces des auteurs des Védas, mais en
ayant soin de le faire avec etïbrt et prudence. « Nous nous
verrons remis face à face avec des hommes intelligibles
pour nous, après nous c/re /~J/'<~ de nos prétenlions mo-
dernes. Nous n'y réussirons pas toujours des mots, des
versets, que dis-je, des hymnes entiers du 7?~a
demeu-
reront à jamais pour nous lettre morte. Car, à peu d'excep-
tions prcs. le monde entier des notions védiques est telle-
ment au delà de notre horizon intellectuel, qu'au lieu de
traduire, nous ne pouvons guère que deviner et que sup-
poser (1) ».
Et néanmoins, afin de ne pas laisser la possibilité d'un
doute au sujet de la véritable valeur de ses mots, le savant
professeur exprime, dans un autre passage, son opinion au
sujet de ces mêmes Védas (à une exception près) comme
suit « Le seul important, le seul Véda, c'est le Rig-Véda,
les autres soi-disant t'~û.~ ne méritent pas plus le nom
de t'c~a, que le Talmud ne mérite celui de Bible. Le
Professeur MùIIer les rejette comme indignes de l'attention
de qui que ce soit et, si nous comprenons bien sa pensée,
parce qu'ils contiennent tout particulièrement « les for-
mules sacrificielles, les charmes et les incantations (2)
Qu'il nous soit permis maintenant de poser une question
quelqu'un de nos savants est-il préparé à démontrer que;
jusqu'à présent, ils sont intimement au courant du sens
caché de ces absurdités « les formules sacrificielles, les
charmes et les incantations et tous les fatras magique
de r~Aorfa Véda? Il nous est permis d'en douter, et nos
doutes sont fondés sur la confession du Professeur Mûller
lui-même. Si « le monde entier des notions védiques (le Rig-
Véda n'est pas seul mis en cause dans ce monde croyons-
nous), est tellement au delà de notre horizon intellectuel
1. Les italiques sont de nous. « Thc Yédas conférence de Max Mn!-
!er. p. 75.
2. Chips. Vol. I, p. S.
(celui des savants), qu'au lieu de traduire nous ne pouvons
encore que deviner et que supposer et que le Va~Hr-
ï'a, ~6f~a-
le et I\4//M/~a-I'ec~ sont « enfantins
et bêtes (1)~; et que les Z?r<TA~!<Cf~Ies~M/ra~-yasA'aet le
.S<mana, « bien que contemporains des hymnes du /?~y-
~o se complaisent dans les interprétations les plus fri-
voles et les plus déplacées », comment peut-il, lui-même,
ou d'autres savants, se former une opinion adéquate de n'im-
porte laquelle de celles-ci ? Si, de plus, les auteurs des
Brahmanas, contemporains des hymnes védiques étaient
déjà incapables d'offrir autre chose que des « interprétations
déplacées », a quelle période de lhistoire,où et par qui, ces
merveilleux poèmes dont le sens mystique s'est éteint avec
leur génération, ~nt-ils été écrits ? Avons-nous, alors, si
tort d'animer que les textes sacrés trouvés en Egypte
sont devenus même pour les scribes sacerdotaux d'il y
a 4.000 ans parfaitement inintelligibles (5), et que les
Urahmanas ne donnent qu'une interprétation « enfantine et
Le te » du /P~y-t'J< au moins aussi loin en arrière que
c-a, alors i" les philosophies religieuses égyptiennes et
hindoues sont d'une antiquité incalculable, bien antérieurs
uux siècles que leur ont assigné nos étudiants de mytho-
logie comparée et 2" les prétentions des anciens prêtres
de l'Egypte et celles des Brahmanes modernes, au sujet de
leur antiquité, sont, après tout, parfaitement correctes.
Xous n'admettons pas que les trois autres V~cf~ méri-
tent moins leur nom que les RIg-hymnes, ou que le Tal-
/y~~ et la Cabale soient, à ce point, inférieurs a la Bible.
Le seul nom des t'~<~ (dont la signification littérale est
con/ïa/~an~c ou sagesse) prouve qu'ils appartiennent a la
littérature de ces hommes qui, dans chaque pays, dans
chaque langue, et à toute époque, ont eu la réputation de
« ceux qui savaient En sanscrit, la troisième personne
du singulier est t'ec~ (il sait), et le pluriel est ï~<Ya (ils
savent). Ce mot est synonyme du grec 0~?~:x, dont se
l'hébreu IIakanim, E:
sert Platon en parlant des ~<7~<?< les magiciens et de
(hommes sages). Rejetez le 7~
1. Nous croyons avoir émis autre part une opinion contraire au sujet
de FAtharva-Yéda du professeur Whitney, de Yate College.
2. Voyez L'~y~~e du Baron. Bunsen. Vol V.
mud et son antique prédécesseur la Cabale, et il sera impos-
sible de jamais rendre correctement un seul mot de cette
Bible, si vantée à leur détriment. Mais c'est probablement
ce que désirent ses partisans. Ecarter les Brahmanas, c'est
écarter la clé qui ouvre la porte duT~e~a. L'interpré-
tation littérale de la Bible a déjà porté ses fruits; il en
sera de même des Védas et des livres sacrés sanscrits en
général, avec cette seule différence, que l'absurde interpré-
tation de la Bible a obtenu depuis longtemps droit de cité
dans le domaine du ridicule, et trouve ses partisans, mal-
gré la lumière qui a été faite et les preuves du contraire.
Pour ce qui concerne la littérature païenne, après encore
quelques années d'essais infructueux pour l'interpréter, sa
signification religieuse sera reléguée au néant des supersti-
tions condamnées, et on n'en parlera plus.
Nous désirons être clairement compris avant qu'on ne
nous blâme et qu'on ne nous critique au sujet des remar-
ques antérieures. L'énorme somme de connaissances du
célèbre professeur d'Oxford ne peut être mise en doute
même par ses ennemis, et néanmoins nous avons le droit
de regretter sa précipitation pour condamner ce qu'il admet
lui-même, comme étant « tellement au delà de notre horizon
intellectuel ». Car même dans ce qu'il considère comme
une erreur ridicule de la part des auteurs des Brahmanas,
d'autres personnes plus spirituellement disposées, peuvent
y voir tout le contraire. « Lequel est le plus grand des
dieux? Lequel sera le premier à recevoir la louange de nos
chants? » s'écrie un ancien Rishi du /?~-Vec~/ prenant
(ainsi que le suppose le professeur M.) le pronon interroga-
tif « Lequel » pour un nom divin quelconque. Ainsi le pro-
fesseur dit « Une place est allouée dans les invocations
sacrificielles à un dieu « Lequel », et on lui adresse des
hvmnes qu'on nomme <( hymnes M~Ao~A~ (Intraduisible; note
du Trad.) (1). Est-il moins naturel de dire le dieu « Lequel »
que le dieu « Je suis » ? ou les hymnes « -,vhoish » sont-ils
moins révérencieux que les psaumes « Je suis ~? Et qui
est-ce qui prouve qu'il s'agit ici d'une erreur et que ce ne
soit pas au contraire une expression voulue? Es-t-il aussi
1. Approximativement hymnes interrogatifs. (XoTE DB L'EDiTBCR).
impossible de croire que l'étrange expression est le résultat
de la crainte révérencieuse, qui fit hésiter le poète avant
de donner un nom à la forme considérée, avec raison,
comme la plus haute abstraction de l'idéal métaphysique
Dieu ? Ou que le même sentiment obligea le commentateur
qui vint après lui, à s'arrêter et à abandonner Fœuvre d'an-
thropomorphiser « l'Inconnu le « Lequel » aux concep-
tions futures de l'humanité ? « Ces anciens poètes remarque
Max Müller, « pensaient plus pour eux-mêmes, que pour
les autres. » « Ils cherchaient plutôt, par leur langage, à
être conséquents avec leur propre pensée que d'être agréa-
bles à l'imagination de leurs auditeurs (i). Malheureuse-
ment, c'est cette pensée, elle-même, qui n'éveille aucun
écho dans l'esprit de nos philologues.
Nous lisons, plus loin, le judicieux conseil donné aux
étudiants des hymnes du Rig-Véda, de réunir, de colla-
tionner, de passer au crible et de rejeter. « Qu'il étudie les
commentaires, les <S~ro~, les Brahmanas, et de même les
ouvrages modernes, afin d'épuiser toutes les sources d'où il
pourrait tirer ses informations. Il (l'étudiant) ne doit mépri-
ser aucune des ~rac~o~ des Brahmanes, même là où
leurs fausses conceptions. sont palpables. Il ne doit lais-
ser inexploré aucun recoin des Brahmanas, des Soutras,
du Vo~û et du Sayana, avant d'imposer sa propre inter-
prétalion. Après que l'étudiant aura complété son œuvre,
c'est au poète et au philosophe de la reprendre et de la
terminer (i).
Quelle chance aurait un philosophe, s'il voulait empiéter
sur le terrain d'un philologue et se permettre de corriger
ses erreurs? Comment le public lettré d~Europe et d'Amé-
rique accueillerait-il le plus savant des professeurs hindous,
s'il se permettait de relever l'erreur d'un savant qui aurait
passé au crible, accepté, rejeté, expliqué et déclaré ce qu'il
y avait de bon, ou ce qui était « enfantin et bête dans
les écritures sacrées de leurs ancêtres ? Ce qui aurait été
déclaré « une fausse interprétation brahmanique par le
conclave des savants européens et tout particulièrement des
allemands, aurait aussi peu de chances d'être reconsidéré
1. Chips, vol. 1 The Fedas.
2. Max MuUer, conférence sur « Les Védas e.
à la demande des pandits les plus érudits de Bénarès ou de
Cevian, que l'interprétation des Ecritures juives de Maïmo-
nide et de Philon le Juif par les Chrétiens, après que les
Conciles de l'Eglise eurent accepté les fausses traductions
et les explications d'Irénée et d'Eusèbe. Quel est le pandit
hindou, ou le philosophe indigène qui soit aussi bien au
courant du langage, de la religion ou de la philosophie de
ses ancêtres qu'un Anglais ou un Allemand? Ou pourquoi
permettrait-on plutôt à un hindou d'exposer la doctrine des
brahmanes, qu'à un savant rabbin d'interpréter la religion
judaïque ou les prophéties d'Esaïe ? Sans doute avons-nous
chez nous des traducteurs bien plus capables et bien plus
dignes de foi Espérons, néanmoins, qu'on rencontrera
enfin, si même ce ne doit avoir lieu que dans un avenir
très lointain, un philosophe européen, capable de passer au
crible les Ecritures sacrées de la religion-science, sans être
contredit par tous les autres de son école.
Entre temps, essayons nous-mêmes de passer au crible
quelques-uns de ces mythes de l'antiquité sans nous inquié-
ter de l'opinion des prétendues autorités en la matière.
Nous en chercherons l'explication dans l'interprétation po-
pulaire, et nous éclairerons le terrain à l'aide du flambeau
du Trismégiste le mystérieux nombre sept. Il doit y avoir
une raison pour que ce nombre ait été universellement ac-
cepté comme calcul mystique. Chez tous les peuples de
l'antiquité, le Créateur, ou le Démiurge a été placé au-des-
sus du septième ciel. « Et si j'avais à aborder l'initiation à
nos Mystères sacrés dit l'Empereur Julien le Cabaliste,
« que les Chaldéens instituèrent à l'instar de ceux de
Bacchus- par rapport au Dieu des sept rayons, élevant les
âmes par Lui, je dévoilerai des choses ignorées, el incon-
/!He$ de la populace, mais bien connues des bienheureux
7~M/ (1). Dans Lydus il est dit que « les Chaldéens
nomment le Dieu IAO, et il est souvent appelé SABAOTH,
comme Celui qui est au-dessus des sept orbites (cieux ou
sphères) c'est-à-dire le Demiurge (2)
C'est dans les ouvrages des pythagoriciens et des caba-
listes qu'il faut apprendre à connaître la puissance de ce
1. Julien 7yt matrem, p. 1' Julien Orafto, V, 177.
2. Lyd De J!fe~j&a~ IV~S-74; 3fore7-~ p. 550; Dunlap &:& p. 3.
nombre. Exotériquement~ les sept rayons du spectre solaire
sont représentés d'une manière concrète dans le dieu
Heptakis aux sept rayons. Ces sept rayons, résumés en
TROIS rayons primitifs, c'est-à-dire, rouge, bleu et jaune,
composent la trinité solaire, et représentent respectivement
la matière-esprit, et l'essence-esprit. La science aussi a
dernièrement réduit les sept rayons à trois primordiaux,
corroborant ainsi la conception scientifique des anciens, au
moins d'une des manifestations visibles de la divinité invi-
sible, le sept se divisant en quaternaire et-trinité.
Les pythagoriciens nommaient le nombre sept le véhicule
de la vie, parce qu'il contient le corps et l'âme. Ils l'expli-
fluaient en disant que le corps humain est composé de
quatre éléments principaux, et que l'âme est triple, car
elle comprend la raison, la passion et le désir. La PAROLE
ineffable était considérée la Septième, la plus élevée de
toutes, car il y a six substituts mineurs, appartenant, cha-
cun, à un degré de l'initiation. Les Juifs empruntèrent leur
Sabbat aux anciens, qui rappelaient le jour de Salurne
et lui attribuaient une influence fâcheuse et non ceux-là
aux Israélites après leur conversion au christianisme. Les
nations de l'Inde, de l'Arabie, de la Syrie et de l'Egypte
avaient des semaines de sept jours et les Romains ap-
prirent la méthode hebdomadaire de ces pays étrangers
lorsque ceux-ci furent assujettis par l'Empire. Ce ne fut,
néanmoins, qu'au ïv* siècle qu'on abandonna les calendes
romains pour y substituer la computation par semaines
et les noms astronomiques de dies <So/~ (jour du Soleil),
r/~ Z,u/M? (jour de la Lune), dies Afar~s (jour de Mars),
dies .V~c~y~ (jour de Mercure), dies Jovis (jour de Jupi-
ter), dies Veneris (jour de Vénus), et dies .Sc~ur~ (jour
de Saturne) prouvent que ce ne fut pas d'après les Juifs
que l'on adopta la semaine de sept jours. Mais avant d'exa-
miner ce nombre au point de vue de la cabale, analy-
sons-le au point de vue du Sabbat judalco-chrétien.
Lorsque Moïse institua le yom shaba, ou Shebang (le
Shabbath) l'allégorie de l'Eternel se reposant le septième
jour de son œuvre de la crétation, n'était qu'un masque,
ou, ainsi que s'exprime le Sohar, un voile pour cacher son
sens véritable.
Les Juifs calculaient alors, comme ils le font encore
aujourd'hui, leurs jours par des nombres premier jour;
second jour et ainsi de suite jyo~T! ahad yom sheni yom
shelisho; yom rebis; yom $A~yn~/u; yom yoms/A/;
S~~l~l.
« Le dombre sept ?~~ hébraïque, composé des trois
lettres S.B.O. a plus d'une signification. En premier lieu
il signifie l'(~e ou le cycle, Shab-ang le Sabbath r.:c peut
aussi bien se traduire par vieillesse (âge ancien) que par
repos, et dans l'ancien langage des Coptes .Sa~c veut dire
sagesse, connaissance. Les archéologues modernes ont
trouvé que comme en hébreu S~& veut également dire
f<~e j/a~cAc, par conséquent le jour de .Sa&a était le jour
où les < hommes a tête blanche ou les pères âgés d'une
tribu, avaient coutume de se rassembler pour le conseil ou le
sacrifice (t)
« Ainsi la période de la semaine de six jours et le sep-
tième le jour de .S<ï6<z ou ~/)/<z, appartiennent à la plus
haute antiquité. L'observance des fêtes lunaires aux Indes,
montre que cette nation avait également ses réunions heb-
domadaires. A chaque nouveau quartier la lune apporte
des changements dans l'atmosphère, par conséquent cer-
taine changements ont lieu dans tout notre univers, dont
les plus insignifiants sont les changements météorologiques.
C'est en ce septième jour, le plus puissant des jours pris-
matiques que se réunissent les adeptes de la « Science
Secrète ~,ainsiqu'ils le faisaient il y a des milliers d'années,
afin de devenir les agents des pouvoirs occultes de la na-
ture (émanations du Dieu en action), et de correspondre
avec les mondes invisibles. C'est cette observation du sep-
tième jour par les anciens sages non pas comme jour de
repos de la Divinité, mais parce qu'ils avaient pénétré dans
son pouvoir occulte, que réside la vénération profonde
de tous les philosophes païens pour le nombre sept,
qu ils appellent le nombre « vénérable ou sacré. Le Te-
~r<ï~ de Pythagore, vénéré par les Platoniciens, était le
carré placé au-dessous du triangle; celui-ci, ou la Trinité
incorporant la ~o/MC~e invisible l'Unité, était considéré
i. H'e~~uns<er ~cctetc. Institutions septénaires Stone him to Death.
trop sacrée pour être prononcée en dehors des murs du
Sanctuaire.
L'observation ascétique du Sabbat chrétien par les Pro-
testants est une pure tyrannie religieuse, et fait, croyons-
nous, plus de mal que de bien. Elle ne date que de l'ordon-
nance de Charles Il en 1G78, qui interdit à tout commer-
çant, ouvrier, travailleur ou autre personne de « faire ou
d'exécuter un travail mondain quelconque etc. etc. le jour
du Seigneur Les Puritains le portèrent a l'extrême, sans
doute pour prouver leur haine du catholicisme, tant
Romain qu'Episcopal. Il ressort non seulement des paroles,
mais des actes de Jésus, qu'il n'a jamais eu l'intention de
mettre ce jour à part. Les chrétiens primitifs ne l'obser-
vaient pas.
Lorsque Trypho, le Juif, reprocha aux chrétiens de ne
pas ~uo/r de .SaMo~ quelle fut la réponse du martyr ?
« La nouvelle loi veut que vous ob~erviex un sabbat per-
pétuel. l'ou-s croyez que vous <?~ rc/d~x après avoir
/)a~J H/ïyour dans /'o/.s/~e~. Le Scign.'ur ne se complaît
point en choses de cette nature. Q-ie celui qui est coupable
de parjure o~ //v~</e se réforme il aura alors ob-
/'c.~Jce~ Sabbat 'y~/ ~7ït?/7/ y/a~/e à Z)/CM.
Les éléments ne sont jamais oisifs et ils n'observent pas de
Sabbat. Il n'y avait pas lieu d'observer le Sabbat avant
Moïse~ et il n'y a pas lieu de le faire après Jésus-Christ. »
Le /aA' n'est pas la Cause .SM/~m<?, mais sim-
plement une émanation de Liti, la première manifestation
visible du Pouvoir Xon Révélé. <Son.S<9M/ Divin, s'échap-
pant avec force, se condensa en brillant avec éclat jusqu'à
se transformer en Lumière, devenant, de cette manière per-
ceptible aux sens extérieurs ~,dit John Reuchlin (i). C'est
à l'émanation du Suprême, du Démiurge, la multiplicité
dans /'u/ï~c, l'Elohim, que nous voyons C7'ca'ï/ notre monde
ou plutôt le façonnant en six jours, et se reposant le sep-
~c/ Et qui sont ces Elohim sinon les pouvoirs euphémi-
ques de la nature les fidèles serviteurs manifestés, les lois
de Celui qui est Lui-même, la loi immuable de l'harmonie.
Ils résident au-dessus du septième ciel (ou monde spiri-
1. Di VerJbo J~rt/teo".
tuel) car ce sont eux qui, suivant les cabalistes, façonnèrent
successivement les six mondes matériels, ou plutôt les
essais des mondes qui précédèrent le nôtre, lequel, disent-
ils, est le seplième. Si, laissant de côté la conception méta-
physico-spirituclle, nous portons notre attention unique-
ment sur le problème religieux scientifique de la création
en six jours, sur laquelle nos meilleurs savants bibliques
ont médité depuis si longtemps en vain, nous serions, peut-
être, sur la voie de la véritable idée sur laquelle l'allégorie
est fondée. Les anciens étaient des philosophes consé-
quents en toutes choses. Ils enseignaient que chacun de
ces mondes disparus ayant achevé son évolution physique,
et atteint–à la suite de la naissance, croissance, maturité,
vieillesse et mort la fin de son cycle, était retourné a
la forme primitive, subjective, d'un monde 5/)/r~Mc/. A la
suite de cela, ce monde servit de demeure, pour toute
l'éternité, à ceux qui y vécurent comme hommes, et même
comme animaux et qui sont à l'heure qu'il est des esprits.
Cette notion, toute incapable qu'elle soit d'être aussi exac-
tement démontrée que celle de nos théologiens par rap-
port au Paradis, est, tout au moins, un tant soit peu plus
philosophique.
De même que l'homme, et tout autre être qui l'habite,
notre planète a son évolution spirituelle et physique. Xc
d'une pensée idéale impalpable, dans la Volonté créatrice
de Celui dont nous ne savons rien, et que nous ne faisons
que faiblement concevoir dans notre imagination, ce globe
devint fluide et semi spirituel, puis, se condensant de plus
en plus jusqu'à ce que son développement physique la
matière, le démon tentateur l'ait obligé à essayer ses
propres facultés créatrices. La J~~re lança un déG à
l'ESPRIT, et la terre eut, aussi, sa <( chute La malédiction
allégorique dont elle souffre n'est due qu'à ce qu'elle pro-
crée au lieu de créer. Xotre planète physique n'est qu'une
servante ou plutôt, une bonne à tout faire, de l'esprit son
maître. < Maudit soit le sol il portera des épines et des
chardons fait-on dire aux Elohim. « Tu enfanteras tes
enfants dans la douleur. Les Elohim le disent aussi bien
au sol qu'à la femme. Et cette malédiction durera jusqu'à
ce que la plus petite particule de terre ait vécu sa vie,
jusque ce que chaque grain de poussière soit devenu, par
transformation graduelle en évoluant, la partie constituante
d'une « âme vivante et jusqu'à ce que celle-ci remonte
le long de l'arc cyclique, pour se dresser finalement son
propre ~<ï/on ou Esprit Rédempteur au pied de
l'échelon supérieur des mondes spirituels, comme il était
Il la
première heure de son émanation. Au delà. c'est le
« Gouffre le MYSTÈRE
Rappelons-nous que toute cosmogonie a une /r//ï/~ d'ar-
tisans qui y travaillent Le Père, l'esprit la Mère, la
nature ou la matière et l'univers manifesté, le Fils, autre-
ment dit le résultat des deux. L'univers, de même que
chaque planète qui le compose, passe par ~M~re âges,
comme l'homme lui-même. Tous ont leur enfance, leur jeu-
nesse, leur maturité et leur vieillesse, et ces quatre, ajoutés
aux trois autres, composent encore une fois le nombre sacré
<!e sept.
Les chapitres de l'introduction de la Genèse n'ont jamais
été censés présenter même une allégorie de la création de
notre terre. Ils embrassent (Chapitre 1'~ l'idée métaphy-
sique d'une période indéfinie de l'éternité, dans laquelle
des efforts successifs furent faits par la loi de l'évolution,
pour former un univers. Cette notion est clairement présen-
tée dans le So/~r < II existait d'anciens monies qui
périrent aussitôt venus a l'existence ils n'avaient pas de
forme et on les appelait des <ncc//ps. De même le forge-
ron, en battant le fer, fait voler les étincelles dans tous les
sen~. Les étincelles sont les mondes primordiaux qui ne
purent continuer leur existence parce que l'.4/ï< vénéra-
6/~ ~Séphira) n'avait pas encore revêtu sa forme (de sexes
opposés ou an-irogyne) du roi et de 1~ reine (Séphira et
K~dmon) et que le Maître ne s'était pas encore mis à son
travail ( 1 ). »
Les six périodes ou < jours de la Genèse ont rapport à
furent faits par l'o~
la même donnée métaphysique. Cinq essais infructueux
mais le résultat du sixième fut
des mondes comme le nôtre, (c'est-à-dire que toutes les
1. Idra Suta Sohar, livre IH,p. 292. b. Le Suprême consultant l'Archi-
tecte du monde son Logos au sujet de la créature.
planètes et la plupart, des étoiles sont des mondes habités,
quoiqu'ils ne le soient pas de la même manière que notre
terre). Ayant façonné endn ce monde dans la sixième pé-
riode, l'Elohim se reposa dans la seplième. C'est ainsi que
le « Très Saint » lorsqu'il créa le monde actuel dit « Celui-
ci me satisfait; les autres antérieurs ne me satisfaisaientt
point (1). » Et l'Elohim < vit tout ce qu'il avait fait; et voici
cela ~/c~/ très bon. Ainsi il y eut un soir, et il y eut un
matin ce fut le sixième jour » (Genèse I. 31).
Le lecteur se souviendra qu'au chapitre IV nous avons
donné une explication des « jours » et des « nuits » de
Brahma. Les premiers représentent une certaine période de
l'activité cosmique, et les seconds une autre période de repos
cosmique. Dans l'un, les mondes sont évolués et passent par
leurs quatre phases d'existence dans le dernier « l'inspir
de Brahma renverse la tendance des forces naturelles toute
chose visible se disperse graduellement; puis survient le
chaos et une longue nuit de repos donne une nouvelle vi-
gueur au comos, pour sa prochaine période d'évolution. Pen-
dant le matin d'un de ces <( jours », les processus en forma-
tion atteignent graduellement le point le plus élevé de leur
activité le soir celle-ci diminue imperceptiblement jusqu'à
ce que vienne le pralaya, et avec lui la < /ïu// ». Un de ces
matins et un de ces soirs constituant, de fait, un jour cos-
mique et c'est un «jour de Brahma » que l'auteur cabalis-
tique de la Genèse a en vue, toutes les fois qu'il dit « Et
il y eut un soir, et il y eut un matin; ce fut le premier (ou
n'importe lequel le cinquième ou le sixième) jour. » Six
jours d'évolut-ion graduelle, un jour de repos, puis le soir! 1
Depuis l'apparition de l'homme sur notre terre, il y a un
sabbat ou un repos éternel pour le Démiurge.
Les théories cosmogoniques des six premiers chapitres
ï. Idra Suta Sohar, IH. Î33 b. Si tes chapitres de la Genèse et les au-
tres livres mosaïques, de même que les sujets qu'ils traitent sont un peu
embrouiller, la faute en est au compilateur et non pas à la tradition orale.
Hilkiah et Josiah furent ohHgés de se concerter avec Hutdah la prophé-
tesse, et par conséquent avoir recours à la magie pour comprendre ia pa-
role du "~et~neur Di~u d'Israël" rétro :vce si à propos par Hilkiah (2 Rois
XXH): et il n'est q'ie tnp bien prouve, par tes fréquentes incongruités,
les répétitions et les ccn'ridic'.ions, qu'ils pastereut plus tard par plus
d'une révision et plis d'un remodelage.
de la Genèse apparaissent dans les races des « Fils de
Dieu~, des <(géants etc, du chapitre VI. A proprement
parler, le récit de la formation de notre terre, ou < créa-
tion comme on l'a appelée bien à tort, commence avec
la délivrance de Noé du déluge. Les tablettes Cbaldéo-baby-
loniennes récemment traduites par George Smith ne laissent
aucun doute à ce sujet dans l'esprit de ceux qui savent lire
ésotériquement les inscriptions. Ishtar, la grande déesse,
parle dans la colonne III de la destruction du sixième
monde et de l'apparition du septième, en ces termes
<~
SIX /OM/'5 et six nuils, le vent, le déluge et la tempête
firent rage.
« Le septième jour se calma le cours de
la tempête et le
déluge,
« qui avait détruit comme un tremblement
de terre t
« se calma. II lit sécher la mer, et le vent et le déluge pri-
rent fm.
«J'aperçus le rivage sur la limite de la mer.
< le navire (l'argha, ou la lune)
alla au pays de Xizir.
« la montagne de Xizir arrêta le navire.
« le /)r~~cr jour, et le second jour, la montagne de
Nizir
fit de même.
< le cinquième et le sixième la montagne
de Nizir fit de
même.
« le septième jour, et pendant sa durée
« J'envoyai une colombe et elle partit. La colombe s'en
alla
et revint et. le corbeau s'envola. mais ne revint
point.
« J'élevai un autel sur le sommet de la montagne.
« par sept herbes que je coupai, et au-dessous d'elles je
plaçai des joncs, des pins et du timgar.
« les dieux se réunirent comme des mouches autour
du sa-
crifice.
« de l'ancien aussi, le ~r/'a~ Dieu dans sa course.
C'tt.e assimilation du déluge à un tremblement de terre, dans les
ta:~cLt~s assyriennes, tendrait à prouver que les nations antédiluviennes
étaient au courant d'autres cataclysmes géologiques antérieurs au déluge
que la Bible présente comme la première catamité qui frap pe l'humanité,
et comme un châtiment.
« la grande splendeur (le soleil) d'Anu avait créé(i).
« Lorsque la gloire de ces dieux ne voulut repousser le
charme autour de mon cou, etc.
Tout ceci a un rapport purement astronomique, magique
et ésotérique. En lisant ces tablettes, on reconnaît le récit
biblique, au premier coup d'œH, et l'on voit. en même
temps, jusqu'à quel point le grand poème babylonien a été
défiguré par des personnages euphémiques tombés de la
position élevée de dieux qu'ils occupaient, .au rang de sim-
ples patriarches. La place nous manque pour étudier tout
au long cette parodie biblique des allégories chaldéennes.
Nous nous bornerons à rappeler au lecteur que d'après
l'aveu des témoignages les plus récalcitrants, comme
celui de Lenormant, le premier inventeur et le champion
des Akkadiens la trinité chaMéo-babylonicnnc placée
au-dessous d'Ilon, la divinité non r~r~e, se compose de
An~, Nuah et Bel. Anu est le chaos primordial, le dieu
aussi bien du temps que du monde, /~=~? et y.n;, la
matière, non-créee issue du seul principe fondamental de
toutes choses. Qnant à ~Y~ il est, suivant le même
orientaliste
«. l'intelligence, nous dirions volontiers le rc/~z/n,
qui anime et féconde la matière, qui pénètre l'univers, qui
le dirige et le fait vivre Nuah est, en même temps, le roi
du principe humide /</?r// <y~/ se /MCM/ </ la ~Mr/a<'<?
des eaux.
Est-ce assez clair ? Xuah c'est ~soé. //<9//6f~/ $u/' les eaux
dans son arche celle-ci étant l'emblème de l'argua, ou de
1. George Smilh fait observer dans les tablettes, en premier lieu la créa-
tion de la lune, puis ensuite celle du i-o!cii Sa beauté et sa perfection
sont vantées ainsi que la régularité de son orbite qui fit qu'on la considéra
comme le type d'un juge et du régulateur du monde. Si ce récit du dé-
luge avait simplement un rapport avec un cataclysme cosmogonique,
mùme s'il avait été universel pourquoi la dresse Ishtar ou Astoreth
(la lune) parlerait-elle de la création du soleil après le déluge? Les eaux
auraient pu atteindre la hauteur de la montagne de A't~tr (version chal-
deeone~. ou de Jebel-Djudi (les montagnes du détuge des légendes arabes)
ou même du mont Ararat (suivant le récit biblique) et m.'me de l'Hima-
laya dans la tradition hindoue, sans cependant atteindre le soleil car
même la Bible a est pas a!!éc jusqu'à un miracle de cette nature. H est évi-
dent que le déluge de la nation, qui la première en garda le souvenir,
avait une autre signification, moins problématique et plus philosophique
que celle d'un déluge universel, dont il ne reste aucune trace géologique.
la lune, le principe féminin; Noé c'est 1'« esprit » descendant
dans la matière. Nous le voyons, à peine débarqué sur la
terre, plantant une vigne, buvant le vm, et s'en enivrant
c'est-à-dire que l'esprit pur s'enivre aussitôt qu'il est empri-
sonné dans la matière. Le septième chapitre de la genèse
n'est qu'une autre version du premier. Ainsi, pendant que
danscelui-ci on lit « il y avait des ténèbres à la surface de
l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux »,
nu chapitre sept, on lit « Les eaux grossirent. et l'arche
flotta (avec Xoé -l'esprit) sur la surface des eaux. De sorte
que Xoë, s'il est le Nuah chaldéen, est l'esprit qui vivifie la
/M~< et le chaos est représenté par l'abîme, ou les eaux
du déluge. Dans la légende babylonienne, c'est Ishtar (Asto-
rctii. la lune) qui est enfermée dans l'arche, et qui envoie
une colombe (emblème de Vénus et de toutes les déesses
lunaires; à la recherche de la terre ferme. Et tandis que
dans les tablettes sémitiques c'est Xisuthros ou Hasisadra
qui est « enlevé en compagnie des dieux, pour sa piété
dans la Bible c'est Enoch qui agit selon Dieu et qui ayant
é).é enlevé auprès de lui, « n'est plus
Tous les anciens peuples croyaient à l'existence succes-
sive d'un nombre incalculable de mondes avant l'évolution
ultérieure du nôtre. Le châtiment des chrétiens pour avoir
ravi aux juifs leur chronologie et refusant la clé véritable
pour la déchiffrer, commença dès les premiers siècles. Voilà
la raison pour laquelle nous voyons les saints Pères de
1 église luttant pour faire concorder une chronologie impos-
sible avec les absurdités de l'interprétation littérale, tandis
que les doctes rabbins étaient parfaitement au courant de la
véritable signification de leurs allégories. De cette manière,
non seulement dans le .So/~r, mais aussi dans d'autres
ouvrages cabalistiques mentionnés par les Talmudistes,
tels que le ~<M/ï Berasheth, ou la Genèse universelle,
laquelle, avec la ~TerA-a&a (le chariot d'Ezéchiel) compose
la Cabale, on reconnaît la doctrine de toute une série de
mondes évoluant du chaos, et qui ont été successivement
détruits.
Les doctrines hindoues reconnaissent deux Pralayas ou
dissolutions un pralaya universel, le Maha-Pralaya, et
l'autre partiel, ou Pralaya mineur. Ceci n'a aucun rapport
avec la dissolution universelle qui a lieu a la fin de chaque
« jour de Brahma mais avec les cataclysmes géologiques
a la fin de chaque cycle mineur de notre globe. Ce déluge
historique et purement local, de l'Asie centrale, dont la tra-
dition se retrouve dans chaque pays, et qui, suivant Bun-
sen, eut lieu environ 10.000 ans avant J.-C, n'avait rien a
faire avec le Noé ou Nuah mythique. Un cataclysme partiel
a lieu dit-on à la fin de chaque « âge du monde, qui ne
détruit pas celui-ci, mais ne fait qu'en changer la disposi-
tion générale. De nouvelles races d'hommes et d'animaux, et
une nouvelle acre évoluent de la dissolution des précédentes.
Les allégories de la « chute de l'homme » et du « déluge
sont les deux traits caractéristiques les plus importants du
Pentateuque. Ce sont, pour ainsi dire, 1 Alpha et l'Ome-a,
les échelons le plus haut et le plus bas de l'échelle d'harmo-
nie qui forme la base des majestueux hymnes de la créa-
tion humaine car ils dévoilent à celui qui interroge le jM/'a
(la Gémantrie figurative) les processus de l'évolution de
l'homme, depuis la plus haute entité spirituelle jusqu'à la
plus inférieure physique l'homme post-diluvien. Comme
c'est le cas pour les hiéroglyphes égyptiens, (où chaque signe
de l'écriture peinte qui ne cadre pas dans une certaine figure
géométrique circonscrite, doit être rejeté comme un masque
voulu par le hiérogrammate sacré :) beaucoup de détails de
la Bible doivent être traités de la même manière, ne rete-
nant que ce qui correspond aux méthodes numériques ensei-
gnées par la Cabale.
Le déluge n'apparaît dans les livres hindous que comme
une tradition. Il n'a aucun caractère sacré, et nous ne ren-
controns que dans le J/o~</M~a/6r, les Puranas, et plus
antérieurement encore dans le Salapalha, un des derniers
Brahmanas. Il est plus que probable que Moïse, ou, du moins
celui qui écrivit pour lui, se soit servi de ces récits comme
base de son allégorie déGgurée, en y ajoutant le récit chal-
déen de Bérose. Dans le 3/aA~/Mrû/a, nous retrouvons
Nemrod, sous le nom du Roi Dat/~a. L'origine de la fable
grecque des titans montant à l'Olympe~ et l'autre de la
construction de la Tour de Babel, afin d'atteindre le ciel,
se reconnaît dans l'impie Daylha, qui lance ses imprécations
contre le tonnerre céleste, et menace de conquérir le ciel
avec ses puissants guerriers, attirant ainsi la colère de
Brahma sur l'humanité. « Le seigneur résolut alors dit
le texte, «de châtier ses créatures par une punition terrible
qui devrait servir d'avertissement à leurs successeurs et x
leurs descendants.»
fa/<y5uo/<7 (qui dans la Bible devient Noé) sauve un
petit poisson, qu'on reconnaît ensuite pour un <?~<7/ de
Vichnou. Le poisson avertit le saint homme que le globe va
<tre submergé, que tous ses habitants vont périr, et lui
ordonne de construire un navire, où lui et sa famille s'em-
barqueront. Lorsque le navire fut prêt, et que t'o~osucr~
eut enfermé sa famille, les racines de foules les /)/o/ï/~
< co~/)/e de c/Me n/?~o/ la pluie commença à tomber
et un poisson gigantesque, armé d'une corne, se plaça à la
proue de l'arche. Le saint homme, suivant ses ordres atta-
cha un câble a cette corne, et le poisson conduisit heureuse-
ment le navire à travers les éléments déchaînés. Dans la tra-
déluge, ro~r/~e c.roc/cyne~/ aver <
dition hindoue, le nombre de jours pendant lequel dura le
du rcc// ~e J/of~e.
Lorsque les éléments furent apaisés, le poisson échoua l'ar-
che sur le sommet des monts Himalayas.
Beaucoup de commentateurs orthodoxes prétendent que
cette fable fut empruntée aux jE\'r//Mr<?.-? Mosaïques(I). Mais
certes, si un pareil cataclysme universel a jamais eu lieu
de mémoire d'homme, quelques monuments égyptiens, dont
beaucoup ont une antiquité fabuleuse, l'auraient mentionné,
d'3 concert avec le récit de la disgrâce de Cham, Chanaan
et deMIzraïm, leurs ancêtres présumés. Mais jusqu'à main-
tenant, on n'a pas retrouvé la moindre allusion à cette cala-
mité, bien que Mizraïm certainement fait partie de la pre-
1. La lettre morte q~i tue est fort bien illustrée dans le cas du Jésuite
Carrière mentionné dans la Bible dans ~Y~f/e. La dissertation suivante
fhjnne une excellente idée de l'esprit du monde catholique tout entier
De manière que la création du monde dit, le Gdele disciple de Loyola,
en expliquant la Chronologie de Moïse, et. tout ce qui est rapporté dans
Genèse a pu être connu de Moïse par les récits personnels que lui
arafen~ /at< se.< parents. Peut-être les souvenirs existaient-ils encore
parmi les Israélites, et que d'après ces souvenirs il a pu noter les dates
de la naissance et de la mort des patriarches, le nombre de leurs enfants
et les noms des différents pays où chacun d'eux s'établit sous !a conduite
du saint esprit que nous devons toujours co~.stcferer comme le principal
auteur de tous les livres sacrer
mière génération après le déluge, s'il n'était pas antédiluvien
lui-même. D'autre part, les Chaldéens conservent la tradi-
tion, nous le tenons de Bérose lui-même, et les anciens
hindous conservent la légende telle que nous la reprodui-
sons ci-dessus. Or, il n'existe qu'une seule explication du
fait extraordinaire, que des deux nations civilisées contem-
poraines comme l'Egypte et la Chaldée, l'une n'en ait gardé
aucune tradition, bien qu'elle était la plus intéressée à le
faire, si nous devons en croire la Bible et que l'autre
l'ait conservée. Le déluge mentionné dans la Bible, dans un
des Brahmanas et dans les .F/'<7~e/ï~de Bérose, se réfère a
l'inondation partielle qui, suivant Bunsen, et les calculs brah-
maniques du Zodiaque changea, environ 10.000 ans avant
J.-C. la face totale de l'Asie Centrale (1). Par conséquent les
Babyloniens et les Chaldéens ont pu l'apprendre de leurs
hôtes mystérieux, baptisés par quelques assyriologues du
nom d'Akkadiens, ou il est encore plus probable qu'ils
aient été eux mêmes, les descendants de ceux qui peuplaient
les cités submergées. Les Juifs recueillirent la légende de
ces derniers comme ils reçurent d'eux tout le reste les
Brahmanes auront probablement gardé la tradition des con-
trées qu'ils envahirent en premier lieu, et qu'ils avaient
peut-être déjà habitées avant leur conquête du Pendjab.
Mais les Egyptiens originaires du sud de l'Inde avaient
moins d'intérêt a se souvenir du cataclysme, puisqu'il ne les
avait affectés qu'indirectement, l'inondation ayant été con-
finée à l'Asie Centrale.
Burnouf, en mentionnant le fait que le récit du déluge
ne se trouve que dans un des Brahmanas modernes, croit
également que les hindous ont pu l'emprunter aux nations
sémitiques. Toutes les traditions et les coutumes des hin-
dous s'opposent à une pareille supposition. Les Aryens, et
surtout les brahmanes n'ont jamais rien emprunté aux sémi-
tes et en ceci nous sommes corroborés par un de ces « té-
moins récalcitrants comme Higgins appelle les partisans de
Jéhovah et de la Bible. « Je n'ai jamais rien vu dans l'his-
toire des Egyptiens et des Juifs écrit l'abbé Dubois, qui
avait résidé pendant quarante~ ans aux Indes, « qui laisse-
1. Voyez chapitre XV et dernière partie du second volume.
rait supposer que n'importe laquelle de ces deux nations,
ou une autre quelconque sur la surface de la terre, aient
été établie antérieurement aux hindous et tout particuliè-
rement aux brahmanes je ne puis, donc, m'imaginer que
ceux-ci aient tiré leurs rites des nations étrangères. Bien
au contraire, j'en déduis qu'ils viennent d'une source ori
ginelle qui leur est propre. Quiconque connaît tant soit peu
la valeur et le caractère des brahmanes, leur dignité~ leur
orgueil et leur extrême vanité, l'éloignement et le souve-
rain mépris qu'ils professent pour tout ce qui est étranger,
et dont ils ne peuvent pas se vanter d'être les inventeurs,
sera d'accord avec moi qu'un pareil peuple ne consentirait
jamais à prendre ses coutumes et ses règles de conduite
dans celles d'un pays étranger (1).
Cette fable, qui donne le récit du plus ancien avatar le
~latsya–se réfère à un autre yuga que le nôtre, celui de la
première apparition de la vie animale qui sait peut être à
la période Dévonienne de nos géologues ? Elle correspond
certainement mieux à celle-ci qu'à l'an 2348 avant J. C.
A part cela l'absence même de toute allusion au déluge
dans les plus anciens livres des hindous, et un argument
des plus puissants, lorsque nous en sommes réduits à des
suppositions comme c'est ici le cas. « Les Védas et le .V<z-
/ïou », dit Jaccolliot, « ces monuments de l'ancienne pen-
sée asiatique, existaient bien avant la période diluvienne
ceci est Kn fait incontestable, <~ a toute la valeur d'une
~'er~e historique, car, outre la tradition qui nous montre
Vichnou, en personne, sauvant les Védas du déluge tra-
dition qui, malgré sa forme légendaire, doit certainement
reposer sur un fait réel on a remarqué qu'aucun de ces
livres sacrés ne fait mention du cataclysme, tandis que les
.P(/Mra~$ et le J/aAa&Adra/a et quantité d'autres ouvrages
plus récents le décrivent dans ses moindres détails, ce qui
est une preuve de la p7'/or//e des premiers. Les Védas
n'auraient certainement pas manqué de dédier quelques
hymnes à la terrible calamité, qui entre toutes les manifes-
tations de la nature, a dû frapper l'imagination de ceux
qui en furent les témoins.
1 Description, etc. despenpfe~de l'Inde, par t'Abbé J.-A Dubois'
missionnaire à Mysore. Vol. I, p. 186.
« De même le Manou, qui nous fait un récit complet de
la création, avec la chronologie depuis l'âge divin et héroïque
jusqu'à l'apparition de l'homme sur la terre, aurait eu garde
de passer sous silence un fait de cette importance Le
Manou (livre 1, sloka 3o) donne les noms de dix saints émi-
nents qu'il nomme de pradjapatis (ou plus correctement des
pragâpalis) dans lesquels les théologiens brahmaniques
voient les prophètes, les ancêtres de la race humaine, et
que les Pandits considèrent comme dix rois puissants qui
vécurent dans le Krita-Yug, ou l'âge du bien (l'âge d'or des
Grecs.)
Le dernier de ces pragâpatis est Brighou.
« En détaillant la succession de ces grands êtres qui,
d'après le Manou, ont gouverné le monde, l'ancien législa-
teur brahmanique donne les noms suivants des descendants
de Brighou Swarotchica, Ottami, Tamasa, Raivata, le glo-
rieux Tchakchoucha et le fils de Vivasvat, chacun des six
s'étant rendu digne de porter le titre de Manou (divin légis-
lateur), titre qui avait également appartenu aux Pradjâpa-
tis, et à tous les grands personnages de l'Inde primitr'c. La
généalogie s'arrête à son nom.
« Or, d'après les .PoHron<M et le j'UaAdM<ïro~ï ce fut
sous un descendant de ce fils de Vivaswata, nommé Vai-
vaswata qu'eut lieu le grand cataclysme, dont le souvenir,
comme nous le verrons, a passé dans la tradition, et fut
colporté par rémigration dans tous les pays de l'est et de
l'ouest colonisés depuis lors par les hindous.
« La généalogie du Manou, s'arrêtant, ainsi que nous ve-
nons de le voir, à Vivas\vata, il s'ensuit que cet ouvrage
(celui du Manou) n'a eu connaissance ni de Vivaswata, ni
du Déluge (I).
L'argument est incontestable et nous le recommandons
aux savants officiels qui, pour plaire au clergé, nient chaque
fait qui vient corroborer Fimmense antiquité des Védas et
du J~z/ïO~. II y a longtemps que le colonel Vans Kennedy a
déclaré que Babylone avait été, dès l'origine, le siège de la
littérature sanscrite et des connaissances des brahmanes.
Alors pourquoi et comment les brahmanes auraient-ils péné-
1. féftcAtsme, Polythéisme, Jfo~o~ë~nte, pp, 170, 171
tré jusque-là, sinon à la suite de guerres intestines et d'émi-
gration des Indes? Le récit le plus complet du déluge se
trouve dans le ~aAdMdra/a de Vedavyasa, poème en hon-
neur des allégories astrologique~ au sujet des guerres entre
les races Solaires et Lunaires. Une. de ces versions prétend
que Vivaswata devint par sa propre progéniture le père de
toutes les nations de la terre, et c'est là la formule adoptée
dans la version de Noé; l'autre veut comme celle de Deu-
kalion et Pyrrha qu'il n'eut qu'à jeter des cailloux dans
la boue déposée par les eaux de l'inondation, pour produire
des hommes à volonté. Ces deux versions, l'une juive et
l'autre grecque ne nous laissent pas de <hoix. II faut, ou
croire que les hindous ont emprunté la légende aux Grecs
païens, ainsi qu'aux juifs monothéistes, ou alors, ce qui
est bien plus probable que les versions de ces deux na-
tions ont été tirées de la littérature védique par les Baby-
loniens.
L'histoire rappelle le flot d'immigration à travers l'Indus,
qui, plus tard, se déversa sur l'occident; elle relate aussi
le passage des populations d'origine hindoue de l'Asie Mi-
neure, pour aller coloniser la Grèce. Mais l'histoire ne dit
rien au sujet du « peuple élu ou des colonies grecques qui
auraient pénétré dans l'Inde antérieurement au v~ et au
iv siècle avant J.-C., époque à laquelle nous trouvons les pre-
mières vagues traditions,d'après lesquelles quelques-unes des
problématiques tribus ~erc~es d'Israël, auraient pris, depuis
Babylone, la route des Indes. Mais même si on devait ajou-
ter foi au récit des dix tribus, et qu'on puisse prouver que
ces tribus, elles-mêmes, aient existé dans l'histoire profane
comme dans l'histoire sacrée, cela ne résoudrait en aucune
façon le problème. Colebrooke, Wilson et d'autres éminents
hindouistes prouvent que le J~a~d6~<3r<?/a, sinon le Sala-
patha-brahmana, qui donne aussi la version du récit, sont
de beaucoup antérieurs à l'époque de Cyrus, et par consé-
quent à l'époque possible de l'apparition aux Indes de l'une
quelconque des tribus d'Israël (1).
I. Contre cette dernière affirmation, dérivée uniquement du récit de
la Bible, nous pouvons opposer tous les faits historiques: 1" il n'existe
aucune preuve que ces douze tribus aient jamais existé; celle de Lévi était
une caste sacerdotale, et toutes les autres sont imaginaires. 2~ Hérodote,
Les orientalistes attribuent au J~Cf/~Mdra~o une antiquité
de douze à quinze cents ans avant J.-C. quant à la version
grecque, la preuve n'en est pas plus certaine que pour l'au-
tre, et les efforts des hellénistes dans ce sens, ont eu aussi
peu de succès. L'histoire des armées conquérantesd'Alexan-
dre pénétrant dans l'Inde septentrionale soulève aujourd'hui
plus d'un doute. Il n'existe pas un seul record national hin-
dou, ni le plus petit souvenir historique, d'un bout du pays
à l'autre, qui ait laissé la moindre trace d'une invasion de
cette nature.
Si nous sommes obligés d'admettre que de pareils faits
~or~ues n'ont été que des fictions, que devons-nous
penser des narrations qui portent en elles-m~mes la marque
d'avoir été inventées de toutes pièces ? Nous sympatisons
de tout cœur avec le professeur Mùller,lorsqu'il dit que « cela
paraît être un blasphème que de considérer ces fables du
monde païen comme des fragments corrompus et faussement
interprétés de la Révélation divine, donnée, autrefois, à l'hu-
manité tout entière. Toutefois, ce savant est-il aussi im-
partial pour les deux partis, s'il ne comprend dans ces
fables, celles de la Bible elle-même? Et le langage de l\4n-
cien 7~/<T/7ïe/ ~st-il plus pur ou plus moral que celui des
livres brahmaniques ? Ou les fables du monde païen sont-
elles plus impies et plus ridicules que celle de la conversa-
tion de Jéhovah avec Moïse (Exode, XXXIII, 23)? Quel est
le dieu païen qui prenne un aspect plus diabolique que ce
même Jéhovah en plus d'une occasion ?Si les sentiments des
pieux chrétiens se révoltent a l'absurbe récit du Père Kro-
nos mangeant ses enfants, et mutilant Uranus; ou à celui
de Jupiter précipitant Vulcain du haut de l'Olympe et lui
cassant la jambe d'autre part il ne peut en vouloir à un
no/ï-chrétien de se faire des gorges chaudes à l'idée de Jacob
engageant une partie de boxe avec le Créateur, lequel
« voyant qu'jl ne pouvait le vaincre » lui démit la hanche;
le patriarche tenant bon contre Dieu et ne le laissant point
aller, malgré sa prière.
Pourquoi l'histoire de Deukalion et de Pyrrha, jetant des
le plus consciencieux de tous les historiens,qui était en Assyrie lorsque
florissait Esra, ne fait aucune mention des Israélites? Hérodote naquit en
Fan 484 avant J.-C.
pierres dans le limon et créant ainsi la race humaine, serait-
elle plus ridicule que celle de la femme de Loth, changée en
un pilier de sel, ou celle de l'Eternel façonnant des hommes
de terre glaise et leur soufHant le souffle de vie dans les
narines ? La différence entre ce mode de création et celui
du dieu égyptien aux cornes de bélier, formant un homme
sur un tour de potier, est a peine perceptible. La légende de
Minerve, déesse de la sagesse, venant a l'existence après
une période de gestation dans le cerveau de son père est,
tout au moins, une allégorie poétique et suggestive. Aucun
ancien grec ne fut jamais brûlé pour ne pasl'avoir acceptée
au pied de la lettre et de toutes minières, les fables
<:
païennes sont, en général, beaucoup moins absurbcs et
1 Église
a acceptéI'.l/
impies que celles qu'on impose aux chrétiens, depuis que
7~/<7/7~ et que FKgIise Ca-
tholique Romaine a ouvert son registre des saints thauma-
turgiclues.
« Beaucoup d'indigènes hindous ». continue le professeur
MûUer,« confessent ctre outrés des impuretés attribuées a
leurs dieux dans ce qu'ils appellent I~urs écritures sacrées
et cependant il ne manque pas d'honnêtes brahmanes qui
sou''ennent que ces /'<?~ o/?/ .?<7//o~ /)/? pro-
fonde; que l'immortalité étant incompatible avec un être
divin, on suppose <y. /n'/s/<r<? se cache dans ces fables
consacrées par le temps, mystère qu'un esprit investigateur
et révérencieux peut espérer approfondir.
Voila précisément ce que prétend le clergé chrétien lorsqu'il
cherche à expliquer les indécences et les incongruités de
l'.4/!<'ren 7~.<Mf~.Mais. au lieu d'en laisser l'interpréta-
tion à ceux qui possèdent la clé de ces prétendues incon-
gruités, ils se sont arrogé la fonction et le droit, par le
pouvoir 6~ de les interpréter à leur guise. Ils ont non
seulement fait cela, mais ils ont, peu à peu, privé le clergé
hébreu des moyens d'interpréter leurs Ecritures, comme
l'avaient fait leurs ancêtres de sorte qu'au siècle actuel,
il est fort rare de rencontrer parmi les Rabbins, un caba-
liste profondément versé dans la science. Les Juifs, eux-
mêmes, en ont perdu la clé Et pourrait-il en être autre-
ment ? Où sont les manuscrits originels ? Le plus ancien
manuscrit hébreu existant est, dit-on, le Z~/J/<7/ï Codex,
qui date. tout au plus, de huit ou neuf cents ans (I). La
lacune entre Ezra et ce Co~ serait donc de quinze siè-
cles.
En 14~0 l'Inquisition lil brtiler /M/< les Bibles hébrai-
<7~~ Torqùemada. a lui seul, détruisit plus de 6<)<K) volu-
du 7"o/ et du ~?,
mes a Salamanque. Exception faite de quelques manuscrits
Af/7ï employés dans les syna-
gogues, nous ne croyons pas qu'il y ait un seul manuscrit
ancien qui n'ait pas cté ponctue et, par conséquent, mal in-
terprété et transformé par les Masorets. S:ms cette inven-
tion venue fort a propos de la .U~o/'aA, il n'aurait pas été
possible de t')lérer au siècle actuel un seul exemplaire de
l'Ancien Testament. Il est bien connu que les Masorets
prirent à tache d'effacer, sauf dan-, quelques passages qui
ont probablement dû leur échapper, toutes les expressions
immodesles en les remplaçant par places avec des phrases
de leur crû, ce qui changeait souvent complètement le sens
du verset. « II est évident », dit Donaldson, < que l'école
masorétique, a Tibérias, s'occupa de faire et de défaire le
texte hébreu, jusqu a la publication finale de la J/crsoraA
elle-même. » Par conséquente si nous avions seulement les
textes originels, si nous nous en rapportons aux exem-
plaires actuels de la Bible en notre possession ce serait
édifiant de comparer l'Ancien 7'<</<7~ avec les I'ëe~
et même avec les livres brahmaniques. ~\ous croyons cer-
tainement qu'aucune foi, pour aveugle qu'elle soit, puisse
tenir debout devant une pareille avalanche de fables et de
crues impudicités. Si celles-ci ne sont pas seulement accep-
tées par des millions de personnes civilisées, qui s'imagi-
nent qu'il est honorable et édifiant d'y croire comme étant
une y<a//o/ï ~ïe, mais aussi qu'elles leur ont été im-
posées, pourquoi nous étonnerions-nous de ce que les Brah-
1. Le D' Kcnnicot, lui-même, et Bruns sous sa direction vers t7h0
collationna 692 manuscrits de la Bible hébraïque. Parmi tous ceux-ci,
deux seulement étaient attribués, au x* siècle, et trois à une époque aussi
lointaine que le xi* et xn* s)èc!e. Les autres allaient du xiii* au xvt*.
Dans son 7~<rodu:'one alla Sacra Scrittura. pp. 34-4~. de Rossi, de
Parme, parle de <4!8 MSS, coHationnés et de 374 éditions. Le plus ancien
manuscrit le Codex, affirme-t-il celui de Vienne date de l'an 1019~
puis vient celui de Reuchlin, de Carlsruhe. 103S. II n'y a ",déclare-t-il~
rien dans les manuscrits de l'Ancien Testament hébreu, qui soit anté-
rieur au xi* siècle après le C hrit..
manes croient également que leurs écritures sont une
.SrM/ c'est-à-dire une révélation?
De toutes façons, rendons grâces aux Masorets, mais
considérons en même temps les deux faces de la médaille.
Les légendes, les mythes, les allégories, les symboles,
s'ils appartiennent à la tradition hindoue, chaldéenne, ou
égyptienne, sont tous classes sous la même rubrique, de
Motion. On ne leur concède même pas une recherche su-
pijrncielle au sujet de leur relation possible avec l'astro-
nomie ou les emblèmes sexuels. Les mythes. lorsqu'ils
sont mutilés, et justement par cette raisoa sont accep-
tes comme Ecriture Sainte, bien plus, comme la Parole de
D.eu Est-ce l.\ de l'histoire impartiale Est-ce là de la
justice pour le passé, le présent ou le futur ? « Vous ne
pouvez servir Dieu et Mammon », disait le Réformateur il
y a dix-neuf siècles. « Vous ne pouvez servir la vérité et
le parti pris public », serait plus applicable en s'adressant
a notre époque actuelle. Et cependant nos autorités pré-
tendent servir Dieu
Il est rare qu'un mythe dans un système religieux quel-
conque, n'ait pas une base historique aussi bien que scien-
titique. Les Mythes, ainsi que le dit fort judicieusement
Pococke, < sont reconnus aujourd'hui comme des fables, en
proportion de ce que nous les interprétons faussement des
vérités en proportion de ce qu'elles furent autrefois com-
prises. C'est notre ignorance qui a fait un mythe de l'his-
toire et notre ignorance est un héritage des Hellènes, et la
plus grande partie de celle-ci est le résultat de la vanité
hellénique (I) ».
Bunsen et Champollion ont déjà démontré que les livres
sacrés des Egyptiens étaient bien plus anciens que les par-
ties les plus anciennes du Livre de la Genèse. Et aujour-
d'hui, de soigneuses recherches paraissent autoriser le
soupçon, qui pour nous est une certitude que les lois de
Moïse sont copiées sur le code du J/a/ïou brahmanique.
Ainsi, selon toute probabilité, l'Egypte est redevable aux
Indes de sa civilisation, de ses institutions civiles, et de
son art. Toute une armée « d'autorités s'érigent contre
1. ~ftdta in Greece. Préface, EX.
cette dernière assertion mais que nous importe si celles-ci
nient aujourd'hui le fait. Tôt ou tard il faudra qu'elles l'ac-
ceptent, qu'elles appartiennent à l'école allemande ou fran-
çaise. Il existe parmi eux, mais non chez ceux qui transigent E
si aisément entre l'intérêt et la conscience, quelques savants
intrépides, qui jetteront la lumière sur certains faits irrécu-
sables. Il y a quelque vingt ans, Max Mùller, dans une
lettre à l'éditeur du Times de Londres, en avril 18~7, sou-
tenait fermement que le Xirvâna voulait dire annihilation,
au sens le plus large du moi. (Voyez Chips, etc. Vol. I.
p.287, au sujet,de la signification de Nirvana.) Mais en 18<)~,
dans une conférence devant l'assemblée générale de l'Asso-
ciation des Philologues Allemands, à Kiel, il déclara nette-
ment « qu'il croyait que le nihilisme attribué a l'enseigne-
ment du Bouddha, ne fait pas partie de sa doctrine, et qu'il
hilation » (JL~cr/c~ G/ï</ (~
est tout à fait erroné de supposer que le Xirvâna signitie anni-
/~7/<Y/
Trübner, October IC, 18UU voyez aussi .l~c/f~
/~co/
/M/
de
and .Vof~/vï de Inmann, p. US). Et cependant si nous ne
nous trompons fort, le professeur Mullcr passait aussi bien
pour une autorité en i857 qu'en 18<~9.
« II sera difficile d'établir dit maintenant ce célèbre sa-
vant, « si les t'< sont les livres les plus anciens, ou si
quelques parties de l'.inc~ 7'<?!en~ ne peuvent ~tre
attribuées à une daie contemporaine, sinon antérieure aux
plus anciens hymnes des Védas(î). Toutefois sa rétraction
au sujet du Nirvana nous laisse 1 espoir qu'il pourra encore
changer d'opinion quant à la Genèse, de sorte que ?c public
aura le bénétice simultané de la vérité et de la sanction
d'une des plus hautes autorités de l'Europe.
Nul n'ignore que les orientalistes n'ont jamais pu se met-
tre d accord sur l'époque de Zoroastre, et jusqu'à ce que
cette question ait été élucidée on fera bien de s'en tenir im-
plicitement, plutôt aux calculs brahmaniques au moyen du
zodiaque, qu'à l'opinion des savants. Laissant de côté toute
la horde profane des savants méconnus, ceux qui attendent
encore leur tour pour devenir les idoles du public comme
symbolistes de la direction scientifique, où trouverons-nous,
1. Chips, YoLI.
parmi les autorités reconnues aujourd'hui comme telles.
deux hommes qui soient d'accord au sujet de cette époque ?
Voici Bunsen qui place Zoroastre a Baktra, et rémigration
(les Baktriens vers l'Indus en l'an 3784 avant J.-C. (1) et
la naissance de Moïse en 131)~ (~). Or il est plutôt malaisé
de mettre Zoroastre avant les r~</<~ puisque sa doctrine
tnut entière est celle des Védas primitifs. Certes, il séjourna
en Afghanistan pendant une période plus ou moins problé-
matique, avant de traverser le Pendjab mais les ~c~os
furent commencés dans ce dernier pays. Ils signalent le
progrès dcK hindous de même que l\4~e5/a signale celui
des Iraniens. Puis il y Haug qui assigne à r.l~ar~/a Brah-
/y!ï une doctrine brahmanique et un commentaire
du Rig-Véda, d'une date bien plus récente que le Véda
lui-même une date de i.tOOa 1.200 avant J.-C., tandis
qu'il met les t'c<s entre i.OOO et ~.4UOans avant J.-C. Max
MuHer fait prudemment ressortir certaines dii~cultés dans
ce calcul chronologique, mais, tout de même, il ne le nie
même que le
sonne,
/<e
pas entièrement (3). Quoi qu'il en soit, et en supposant
ait été écrit par Moïse en per-
nonobstant qu'en ce faisant, il ait fait deux fois
le récit de sa mort néanmoins, si Moïse est né, ainsi que
le dit Bunsen en 13U:i avant J.-C. il est impossible que le
/~f~/a~cM<yMe ait été écrit <?r~ les l'J~s
et surtout
si Zoroastre est né en 3784 avant J.-C. Si, comme le dit le
D~ IIaug (4), quelques-uns des hymnes du /P/ecf<ï furent
écrits avant le schisme de ZoroasLre, quelque trente-sept
siècles avant J.-C. et Max Muller affirme lui-même que les
<<
Zoroastriens et leurs ancêtres partirent de l'Inde pendant
la période védique comment se fait-il que quelques par-
ties de /4y!<<~ 7~~<T/7ï~ soient attribuées à la même date.
sinon « a une date antérieure aux plus anciens hymnes du
FJ~ ~?
Les orientalistes en général sont d'accord que les Aryens,
3.000 ans avant J.-C., occupaient encore les steppes à l'est
1. ~rt/p~'x
2. /&tJg~t, p. ~s.
p.
place in 6'fKcersa~ 7/<s/or' \'o!. V,
3. C/up$..it/~ere~/a. Brahmanam.
D' M.H~u~, surintendant des études sanscrites au Collège de Poona,
à Bombay.
de la mer Caspienne, et qu'ils étaient encore unis. Raw-
linson suppose qu'ils « vinrent de l'est de l'Arménie,
comme centre commun tandis que deux courants congé-
nères s'acheminèrent l'un vers le nord sur le Caucase et
l'autre à l'ouest sur l'Asie Mineure et l'Europe. Il retrouve
les Aryens, à une période antérieure au xv" siècle avant
notre ère, « établis dans le territoire baigné par l'Indus
supérieur De 1~ les Aryens Védiques se transportèrent au
Pendjab et les Aryens du Zend a l'occident où ils fondè-
rent les nations historiques. Mais ceci, comme tout le reste,
n'est qu'une hypothèse, et nous ne la donnons que comme
telle.
Ra\vlinson encore emboîtant le pas a Max MuIIer dit
que <( l'histoire primitive des Aryens demeure pendant
plusieurs siècles une lacune absolue )). Toutefois beaucoup
de brahmanes instruits nous ont déclaré qu'ils ont trouvé la
trace de l'existence des F~os des l'an ~100 avant J.-C.
et Sir William Joncs, se basant sur les données astronomi-
ques assigne au )*<Mr-~c~ une date de 1.580 avant J.-C.
Ceci serait encore antérieur à Moïse.
C'est sur la supposition que les Aryens ne quittèrent
1 Afghanistan pour le Pendjab avant 1.500 ans avant J.-C.
que Max Muller et les autres savants d'Oxford croient que
certaines parties de l'Ancien 7cs/û/7!<?/~ peuvent être attri.
buées à la même date, sinon à une date antérieure aux plus
anciens hymnes du l'ef/a. Par conséquent, jusqu'à ce que
les orientalistes puissent nous dire la date exacte à laquelle
Zoroastre était florissant, aucune autorité ne doit être con-
sidérée plus compétente pour déterminer l'âge des t'CM
que les Brahmanes eux-mêmes.
Comme c'est un fait notoire que les Juifs empruntèrent
la plupart de leurs lois aux Egyptiens, examinonsqui étaient
les Égyptiens. A notre avis qui n'a, sans doute, pas une
grande valeur ils étaient les anciens habitants de l'Inde,
et dans notre premier volume nous avons cité des passages
de l'historien Collouca-Batta, à l'appui de cette thèse.
Voici ce que nous voulons dire par les anciens habitants de
l'Inde
Aucune contrée sur la carte si ce n'est l'ancienne Scy-
thie n'est moins bien définie que celle qui porta la déno-
mination de l'Inde. L'Ethiopie est peut-être la seule de ce
~enre. C'est le berceau des races Cushites ou Kamitiques,
et 1!. était situé à l'Est de Babylone. Ce fut jadis le nom de
l'Ilindoustan, lorsque les races noires, adorateurs de Bala-
Ma!iadcva et Bhavanl-~lahidévi régnaient suprêmes sur ce
p:(vs. L'Inde des sages primitifs paraît avoir été la région
dès sources de l'Oxus et du Jaxartcs. Apollonius de Tyane
traversa le Caucase ou le Kush hindou, où il rencontra un
nu (lui lui indiqua la demeure des sages –peut-être étaient-
cc !es descendants de ceux qu'Ammianus appelle les < Brah-
matics de l'Inde supérieure et que visita Hystaspes~ le
nere de Darius (ou plus probablement Darius Hystaspes
lui-même) et lequel, ayant été instruit par eux, infusa leurs
riLes et leurs idées dans la doctrine des Mages. Ce récit
d Apollonius paraît laisser supposer que le pays qu'il visita
tut le Cashmire, et que les .V~ après leur conver
-'ion au Bouddhisme furent ses instructeurs. A ce mo-
ment l'Inde Aryenne ne s'étendait pas au delà du Pendjab.
A notre avis, l'obstacle le plus déconcertant pour tout
progrès de l'ethnologie, a toujours été la triple progéniture
de Xoé. En conciliant les races post-diluviennes avec la
descendance généalogique de Sem, KametJaphet,lesorien-
t distes chrétiens ont entrepris une tâche impossible à accom-
plir. L'arche biblique de Noé a été une couche procrus-
tjenne dans laquelle tout devait cadrer. Par conséquent on
attiré l'attention loin des véritables sources d'information
par rapport à l~origine de 1 homme, et on a confondu une
aUégorie purement locale, avec une donnée historique ve-
nant d'une source inspirée. Quelle drôle et malencontreuse
idée. De toutes les écritures sacrées des nations, nées de la
racine primitive de l'humanité, ne faut-il pas que le Chris-
tianisme choisisse comme guide les annales nationales et les
écritures d'un peuple qui est peut-être le moins spirituel
entre tous ceux de la famille humaine, nous voulons
parler des Sémites. Une nation qui n'a jamais été capable
de développer parmi toutes ses langues, un langage qui
permette de résumer les notions d'un monde intellectuel et
moral dont les modes de manifestation et les tendances ne
se sont jamais élevés au-dessus d'expression purement sen-
suelles et terre à terre dont la littérature n'a jamais laissé
quoi que ce soit. d'original, rien qui n'ait été emprunté a
la pensée aryenne et dont la science et la philosophie sont
absolument dénuées des nobles traits qui caractérisent les
doctrines éminemment spirituelles et métaphysiques des
races Indo-européennes (c'est-à-dire Japhétiques~.
Bunsen démontre que le Khamisme 'le langage de
l'Egypte) est un très ancien restede l'Asie occidentale, et con-
tenant le germe du sémite il témoigne, ainsi, « de l'unité
de parenté primitive entre les races Sémite et Aryenne.
Rappelons-nous à ce sujet, que les peuples du Sud-Ouest
et de l'Ouest de l'Asie, y compris les Mcdes, étaient tous
des Aryens. II est encore loin d'être prouvé qui furent les
maîtres originels et primitifs de l'Inde. Que cette période
soit maintenant hors de la portée de l'histoire documentaire,
n'empêche en aucune manière la probabilité de notre théorie
que c'était la puissante race de constructeurs, qu'on les
appelle Ethiopéens orientaux ou Aryens à peau noire (ce
mot signifiant simplement « noble guerrier », un « brave »).
Ils régnèrent, à une époque, en souverains maîtres sur l'an-
cienne Inde tout entière, désignée, plus tard, par le Manou,
comme la possession de ceux que nos savants appe'' nt les
peuples de langue sanscrite.
On suppose que ces hindous pénétrèrent dans le pays
par le Nord-Ouest d'aucuns rro~ qu'ils apportèrent avec
eux la religion brahmanique, et le langage de ces conqué-
rants était probablement le sanscrit. C'est sur ces pauvres
données que nos philologues ont travaillé depuis que sir
William Jones a appelé l'attention sur l'hindoustan et son
immense littérature sanscrite mais traînant toujours après
eux le boulet des trois fils de Noé. Ceci est de la science
exacte. dégagée de tout parti pris religieux Certes, l'ethno-
logie n'y aurait rien perdu, s= ~e trio des trois fils de Noé
était tombé à l'eau et s'était noyé dans les eaux du déluge,
avant que l'arche n'ait touché terre Z:>
On classe, généralement, les Éthiopiens dans le groupe
des Sémites mais nous allons étudier jusqu'à quel point
ils ont droit à cette classification. Nous aurons aussi à con-
sidérer jusqu'à quel point ils ont été mêlés à la civilisation
égyptienne, laquelle, comme le dit certain auteur, paraît
avoir joui de la même perfection dès les âges les plus reculés,
sans avoir passé par une ascension et un progrès, comme
cela a été le cas pour tous les autres peuples. Pour des rai-
sons que nous allons exposer, nous sommes prêts à affirmer
que l'Egypte doit sa civilisation, son gouvernement et ses
arts et surtout celui de la construction à l'Inde pré-védi-
que, et que ce fut une colonie d'Aryens à peau foncée, ou
ceux qu'Homère et Hérodote appellent les Ethiopiens orien-
taux, c'est-à-dire les habitants de l'Inde méridionale, qui y
apportèrent leur civilisation déjà parfaite, dans les temps
anté-chronologiqucs, ce que Bunsen appelle l'histoire pré-
ménite, mais néanmoins, appartenant à une époque déter-
minée.
Dans le India in Greece de Pococke, nous lisons le para-
graphe suggestif suivant < Le récit, sans ornements, des
guerres entre les chefs solaires, Oosras (Osiris) le prince des
Guclas, et Tu-Pnoo, n'est rien de plus que le fait histori-
que des guerres des Apiens, ou tribus solaires d'Oude et
des peuples de Ttj-Pnoo ou Thibet ( 1 ), qui étaient, de fait,
de race lunaire, pour la plupart Bouddhistes, et combattus
par Rama et les AiTHO-PiAs, ou peuple d'Oude, connus
ensuite comme les AiTM-io-PlEXs de l'Afrique (~).
Nous rappellerons au lecteur, à cet égard, que Ravan, le
~éant, qui, dans le Ramayana, combattit Rama Chandra,
y est présenté comme Roi de Lanka, qui était l'ancien nom
de Ceylan et qu'à cette époque, Ceyian faisait probable-
ment partie de la terre ferme de l'Inde méridionale, qui
ctait peuplée par les «Ethiopiens orientaux~. Vaincus par
Rama, le fils de Dasarata, le Roi Solaire de l'ancienne Oude,
une colonie de ceux-ci émigra dans le Nord de l'Afrique.
Si, ainsi que beaucoup le soupçonnent, ~77/a~e d'Homère,
et une grande partie de son récit de la guerre de Troie, est
un plagiat du Ramayana, les traditions qui servirent de
base pour ce dernier, doivent avoir une antiquité fabuleuse.
Il y a donc amplement de la place dans l'histoire pré-chro-
nologique pour y placer une période pendant laquelle les
1. Pococke appartient à la classe d'orientalistes qui croient que le
Bouddhisme précéda le Brahmanisme, et était la religion des premiers
Ycdas, Gautama n'ayant été que le restaurateur de cette religion dans sa
forme la ptus pure, et qui retombe de nouveau après lui dans le dogma-
tisme.
2. f~dta in Greece, p. 200.
« Ethiopiens orientaux auraient pu établir l'hypothétique
colonie Mizraïque, avec son éminente civilisation et ses
arts indiens.
La science est encore dans l'ignorance au sujet des ins-
criptions cunéiformes. Jusqu'à ce qu'elles aient été complé.
tement déchiffrées, et tout spécialement celles gravées dans
les rochers, si abondamment trouvées dans les limites de
l'ancienne Iran, qui sait les secrets qu'elles auront à nous
révéler ? Il n'y a pas d'inscriptions monumentales sans-
crites plus anciennes que Chandragupta (315 avant J.-C.)
et les inscriptions de Persépolis sont de 220 ans plus ancien-
nes. Il existe aujourd'hui même quelques manuscrits en
caractères totalement inconnus des philologues et des paléo-
graphes, et un de ceux-ci est, ou était, il n'y a pas long-
temps, dans la bibliothèque de Cambridge en Angleterre.
Les écrivains linguistiques classent la langue sémite parmi
les langages indo-européens, en y comprenant généralement
Téthiopien et l'ancien égyptien. Mais si quelques dialectes
de l'Afrique du Nord moderne, et même le Gheez moderne
ou éthiopien, sont aujourd'hui si dégénérés et corrompus
au point de permettre de fausses conclusions au sujet de
leur parenté originelle avec les autres langages sémites,
nous ne sommes pas si sûrs que ceux-ci aient droit à une
pareille classification, sauf en ce qui concerne l'ancienne
langue copte et l'ancien Gheez.
11 reste encore à prouver qu'il existe une plus étroite
parenté entre les Éthiopiens et les Aryens à peau foncée, et
entre ceux-ci et les Égyptiens. On a reconnu il n'y a pas
longtemps que les anciens Égyptiens appartenaient au type
caucasien de l'humanité, et que la forme de leur cràne est
purement asiatique (1). Si leur peau était moins cuivrée que
celle des Éthiopiens modernes, les Éthiopiens, eux-mêmes,
ont pu avoir un teint plus clair dans les anciens temps. Le
fait que, chez les rois éthiopiens, l'ordre de succession don-
1. L'origine asiatique des premiers habitants de la vallée du Nil est
clairement prouvée par des témoignages concurrents et indépendants.
Cuvicr et Blumenbach affirment que les crânes des momies qu'ils ont eu
l'occasion d'examiner présentent le type caucasien. Dernièrement, un
physiologiste américain (le D' Morton), a adopté la même conclusion.
(Cranta JEyyp~taca. Philadelphie, 1844.)
nait la couronne au neveu du roi, au fils de sa ~cpur, et
non à son propre fils, est fort suggestif. C'est une ancienne
coutume qui a encore cours dans l'Inde méridionale. Les
successeurs du rajah ne sont pas ses propres fils, mais ceux
de sa sœur (1).
De toutes les langues et les dialectes, soi-disant sémiti-
ques, seul l'éthiopien s'écrit de gauche à droite, comme le
sanscrit et les langages des nations indo-aryennes (2).
Par conséquent, contre l'attribution de l'origine des Égyp-
tiens à une ancienne colonie indienne, il n'existe pas de
plus sérieux obstacle que le fils irrespectueux de Noé
Cham lui-même un mythe. Mais la forme la plus
ancienne du culte et du gouvernement égyptien, théocra-
tique et sacerdotal, ses habitudes et ses coutumes tout
parle en faveur d'une origine indienne.
Les plus anciennes légendes de l'histoire de l'Inde, par-
lent de deux dynasties, aujourd'hui perdues dans la nuit
des temps la première était la dynastie des rois <: de la
race du soleil qui régnait à Ayodhia (aujourd'hui Oude)
la seconde était celle de la <( race de la lune qui régnait
t. Feu le Rajah de Travancorc eut comme successeur le fils ainé de sa
soeur, qui règne aujourd'hui, le Maharajah Ranta ~ur~a/t. Les héri-
tiers en première ligne sont les fils de sa sœur décodée. Dans le cas où la
H.:ae féminine serait interrompue par la n~rt. ta famille royale est obli-
ge d'adopter la fille d'un autre Rajah, et si c~ttc Rani n'a pas de des-
cendance féminine, on adopte une autre fille, et ansi de suite.
Quelques orientalistes sont d'opinion que cette coutume ne fut intro-
duite qu'à la suite des premiers colons chrétiens en Ethiopie mais, comnx
sous les Romains la population de ce pays fut prc'.q~ ''ntiérement shan-
-cc. l'élément devint tout à fait arabe nous pouvons Jonc, sans mettre
l'affirmation en doute, supposer que ce fut l'influence prédominante arabe
qui causa le changement dans le mode pr:mii.tf de l'écriture. Leur
mode actuel estencore plus rapproché du Devanà~ari et des autres anciers
alphabets indiens, qu'on lit de gauche à droite et les lettres ne ressem-
blent nullement aux caractères phéniciens. Déplus, toutes les anciennes
autorités viennent corroborer ce que nous avançons. Philostrat fait dira
au Brahamane Iarchus (V. A., III, 6) que les Ethiopiens étaient originai-
rement une race indienne, qui dut émigrer de sa patrie pour ca~se de sa-
crilège et de régicide (Voyez le India de Pococke, etc. Il, p. 206). On
fait dire à un Égytien qu'il avait entendu dire par son père que les Indiens
étaient les plus sages parmi les hommes, et que les Ethiopiens, une colo-
nie des Indiens, conservaient la sagesse et les coutumes de leurs ancêtres,
et reconnaissaient leur antique origine. Julius Africanus (dans Eusebius
et Sycellus )affirme la même chose. Et Eusebius écrit que « Les Éthiopiens
quiémigrèrent du fleuve Indus, s'établirent dans les environs de l'Egypte".
(Lemp., édition de Barker, « Meroc ".)
à Prnyag (Allahabad). Que celui qui voudrait se documen-
Z,c
ter sur le culte religieux de ces rois primitifs,, lise le
des Afo/~s des Égyptiens, qui traite tout en détail du cuhd
solaire et des dieux solaires. On ne fait jamais mentioi
d'Osiris ou de Horus sans y joindre le nom du soleil. Hs
sont les « Fils du Soleil » ils s'intitulent « le Seigneur et
l'adorateur du Soleil < Le Soleil est le créateur du corps,
le générateur des dieux qui sont les successeurs du Fils. »
Pococke dans son ingénieux ouvrage, parle hautement en
faveur de cette idée, et cherche à établir encore mieux
l'identité des mythologies égyptienne, grecque et indienne.
Il démontre que le chef de la race solaire Rajpout, de fait,
le célèbre Cuclo-pos (Cyclope ou le constructeur) nommé
<( Le Grand Soleil date de la plus ancienne tradition hin-
doue. Ce prince Gok-Ia, le patriarche des immenses hordes
d'Inachienses, dit-il, « ce Grand Soleil fut déifié à sa
mort, et suivant la doctrine indienne de la métempsychosc.
son âme est supposée avoir transmigré dans le taureaj
Apis le Sera-pis grec, et le SooRA-pAS, ou Chef Solaire des
égyptiens. Osiris, proprement dit Oosras, signifie à la fois
un laureau et un rayon de /u/~e/*e..Soo/*<z-/3as (Sérapis)
le Chef solaire, car le Soleil, en sanscrit, est Surya. La J/<
nf/es~a~on de la Lumière de Champollion rappelle, dans
chaque chapitre, les deux Dynasties des Rois du Soleil et
de la Lune. Par la suite, ces rois furent tous déifiés et
transformés, après leur mort, en divinités solaires et lunai-
res. Leur culte fut la plus ancienne corruption de la grande
religion primitive qui, avec raison, considérait le soleil et
ses rayons vivifiants comme le symbole le plus approprié
pour nous rappeler la présence universelle, invisible de
Celui qui est le maître de la Vie et de la Mort. On en suit
la trace maintenant à travers le monde entier. C'était la
religion des premiers Brahmanes védiques, qui appellent,
dans les plus anciens hymnes du Rig Véda, Surya (le soleil)
et Agm (le feu) le maître de l'univers le « Seigneur des
hommes » et ie « roi sage Il constituait le culte des
Mages, des Zoroastriens, des Egyptiens et des Grecs, qu'ils
l'aient appelé Mithra, Ahura-Mazda, Osiris ou Zeus, hono-
rant comme son plus proche parent Vesta, le pur feu céle?~.
Cette religion se trouve dans le culte du soleil du Pérou
dans le Sabianisme et l'héliolatrie des Chaldéens, dans le
<;
buisson ardent » de Moïse, dans l'abaissement de la tête
des chefs du peuple devant le Seigneur, le « Soleil et jus-
que dans la construction par Abraham des autels de feu, et
dans les sacrifices des juifs monothéistes à Astarté, la Reine
du Ciel.
Malgré toutes leurs controverses et leur recherches, l'his-
toire et la science demeurent encore dans l'ignorance au sujet
de l'origine des Juifs. Ils peuvent être aussi bien les Tchan-
dala<; exilés, ou les Parias de l'Inde antique, les « maçons
mentionnés par Vina-Svati, Veda Vyasa et le Manou, que
les Phéniciens d'Hérodote, ou les Hyk-sos de Josèphe, ou
les descendants des bergers pali, ou un mélange de tous
ceux-là. La Bible parle des Ty riens comme d'un peuple
apparenté, et prétend exercer un droit sur eux (1).
H y a plus d'un personnage important dans la Bible,
dont la biographie fournit la preuve qu'il est un héros my-
thique. Samuel est tout indiqué comme le personnage de
la république hébraïque. Il est le double du Samson du
j~re des Juges, ainsi qu'on s'en rend compte étant le
iHs d'Anna et d'ËL-KAï~A, de même que Samson l'était de
Manua ou Manoah. Tous les deux étaient des personnages
fictifs, tels qu'ils sont représentés dans le livre révélé l'un
était l'Hercule hébreu, et l'autre le Ganesa. Samuel est
réputé avoir fondé la république, ainsi que d'avoir renversé
le culte canaanite de Baal et d'Astarté, ou d'Adonis et de
Vénus, et d'avoir institué celui de Jéhovah. Puis le peuple
ayant demandé un roi, il oignit Saül et après lui David de
Bethléem.
1. Ils ont pu être aussi bien, d'après l'avis de Pococke, tout simplement
les tribus de l'Oxus, nom dérivé des Ookshas ce peuple dont la ri-
chesse était située dans <' FOx car il prouve que Ookshan n'est qu'une
forme imparfaite de Ooksha un bœuf (en sanscrit, ou ox en anglais. Il croit
que ce furent eux, « les seigneurs de l'Oxua » qui donnèrent leur nom à la
mer qui entourait le pays qu'ils gouvernaient, l'Euxine ou Ooksh-ine. Pali
veut dire un berger, et s'than un pays. « Les tribus guerrières de l'Oxus
pétiët.rèrent en Egypte puis s'acheminèrent vers la Palestine (PALis-STAx),
le pays des Palis ou des bergers et créèrent là des établissements plus
permanents » (India in Greece.) Cependant, si c'est le cas, cela ne ferait
que confirmer notre opinion que les Juifs sont une race hybride, car la
Bible nous les fait voir à tout instant se mariant, non seulement avec
les Cananéens, mais aussi avec toutes les autres nations et races avec les-
quelles il entraient en contact.
David est le Roi Arthur israélite. Il accomplit de grandes
choses et établit un gouvernement sur toute la Syrie et
l'Idumée. Sa domination s'étendit sur l'Arménie et l'Assy-
rie au nord et au nord-est, le désert Syrien et le Golfe de
Perse à l'est, l'Arabie au sud, et l'Egypte et le Levant à
l'ouest. Seule la Phénicie en fut exclue.
Son amitié avec Hiram laisse croire qu'il fit de ce pays
sa première expédition dans la Judée; et sa longue rési-
dence à Hébron, la cité des Kabéiriens (Arba ou quatre)
donnerait également à supposer qu'il établit une nouvelle
religion dans ce pays.
Après David vint Salomon, puissant et adonné au luxe,
et qui chercha à consolider le royaume conquis par David.
David étant un adorateur de Jéhovah, un temple a Jéhovah
(Tukt Suleima) fut construit à Jérusalem, tandis qu'on
érigeait des autels à Moloch-Hermès, Khemosh et Astarté
sur le mont des Oliviers. Ces autels subsistèrent jusqu'à
l'époque de Josias.
Des conspirations éclatèrent des révoltes eurent lieu en
Idumée et à Damas et Ahijah le prophète se mit à la tête du
mouvement qui eut pour résultat la déposition de la maison
de David et l'élection de Jéroboam comme roi. Depuis lors,
les prophètes dominèrent en Israël, où le culte du veau
prédomina les prêtres gouvernèrent la faible dynastie de
David et le culte lascif local s'étendit sur le pays tout en-
tier. Après la destruction de la maison d'Ahab, et de l'échec
de Jéhu et de ses descendants d'unir le pays sous un seul
chef, l'essai fut tenté en Judée. Esaïe avait terminé la ligne
directe dans la personne d'Achaz (Esaïe VII, 0) et il plaça
sur le trône un prince de Bethléem (Miehée V. 2. o). Ce
fut Ezéchias. En montant sur le trône, il invita les chefs
d'Israël à s'allier à lui contre les Assvriens (2 chroniques
XXX, 1, 21 XXXI, 1, 5 2 Rois XVIII, 7). Il paraît
aussi avoir établi un sacré collège (Proverbes XXV. I) et
avoir complètement transformé le culte. Il alla même jus-
qu'à briser le serpent d'airain que Moïse avait instauré.
Tout ceci transforme en mythe l'histoire de Samuel, de
David et de Salomon. La plupart des prophètes, qui étaient
lettrés, paraissent avoir commencé à écrire à cette époque.
Le pays fut finalement conquis par les Assyriens qui y
trouvèrent le même peuple et les mêmes institutions que
chez les Phéniciens et les autres nations.
Ezéchias ne descendait pas en ligne d'Achaz, mais il était
son fils titulaire. Esaïe, le prophète, appartenait à la famille
rovale, et Ezéchias passait pour son beau-fils. Achaz refuse
de s'allier avec le prophète et son parti en disant « Je
ne ~n/er<ï/ pas (dépendrai pas de) l'Eternel. » (Esaie, VII,
H.) Le prophète avait déjà déclaré <( Si vous ne croyez
pas, vous ne subsisterez pas », prédisant ainsi la déposition
de sa lignée directe. « Vous lassez la patience de mon Dieu s,
répondit le prophète, qui prédit alors la naissance d'un en-
fant d'une alma, ou femme du temple, et qu'avant qu'il
sache rejeter le mal et choisir le bien (Hébreux, V, 14
~<VII, 1C; VIII,4). le roi d'Assyrie renverserait la Syrie
et Israël. C'est cette prophétie qu'Irénée prit tant le soin
de rattacher à Marie et à Jésus, en la donnant comme la
raison pour laquelle la mère du prophète Nazaréen est re-
présentée faisant partie du temple, et consacrée a Dieu dès
son enfance.
sur le trône de David (~
Dans le second chant, Esaïe célèbre le nouveau chef assis
IX, 6, 7 XI, I), qui devait
rendre leurs fovers aux Juifs que la ligue avait emmenés cap-
tifs(F.<~ VIH, 2-i2 Xoë, III,i.7;Abdias, 7, II, i4).MIchée,
son contemporain, prédit également la même chose (IV,
7-13 V. i-7). Le Rédempteur devait venir de Bethléem
en d'autres termes, il devait être de la maison de David
il devait aussi résister aux Assyriens auxquels Achaz avait
juré obéissance, et réformer la religion (2 Rois XVIII, 4, 8).
C'est ce que fit Ezéchias. Il était le petit-fils de Zacharie,
le voyant, (3 chroniques XXIX, 1 XXVI, 5) le conseiller
d'Ozias aussitôt monté sur le trône il restaura la religion
de David et détruisit les derniers vestiges de celle de Moïse,
c~est-à-dire la doctrine ~o~r~M~, en déclarant que « nos
pères ont péché (2 chroniques XXIX 6-9). Puis il cher-
che à renouer les relations avec la monarchie septentrio-
nale, parce qu'à ce moment il v avait un interrègne en
Israël (2 chroniques XXIX, i 2, 6 XXVI, 1, C, 7). Il y
réussit le résultat fut une invasion du roi d'Assyrie. Mais
c'était un nouveau régime et tout ceci nous fournit la
preuve qu'il existait deux courants parallèles dans le culte
religieux des Israélites l'un appartenant à la religion de
l'état eF adopté pour cadrer avec les exigences politiques
l'autre, de l'idolâtrie pure, résultant de l'ignorance de la
véritable doctrine ésotérique prêchée par Moïse. Pour la
première fois depuis Salomon « les hauts lieux furent en-
levés
Ezéchias était le Messie attendu de la religion d'état éso-
térique. Il était le rejeton de la branche de J~sse, qui
devait ramener les juifs de la lamentable captivité, au sujet
de laquelle les historiens sont si muets, évitant avec soin
toute allusion à ce fait particulier, mais que les prophètes
irascibles mettent fort imprudemment en lumière. Si Ezé-
chias écrasa le culte de Baal esotérique, il arracha vio-
lemment aussi le peuple d'Israël à la religion de ses an-
cêtres, et aux rites secrets institués par Moïse.
Darius Hystaspes fut le premier a fonder une colonie per-
sane en Judée, et Zoro-babel en fut probablemcnt le chef.
de même que Zoro-aster ir~
« Le nom de Zoro-babel signifie la semence, ou fils de Baby
lone, est la semence,
le fils, ou prince d'Istar(i). ~Les nouveaux colons étaient,
sans contredit, des VM~<7' ce qui est une désignation orien-
tale. Même Siam est appelée Judia, et il y avait un Ayo-
dia aux Indes. Les temples de Solom ou la Paix étaient
fort nombreux. A travers toute la Perse et l'Afghanistan
les noms de Saül et de David sont très répandus. La « Loi »
est tour à tour attribuée à Ezéchias, à Ezra, à Simon le
Juste, et à la période Asmonéenne. Il n'y a rien de déSni
partout naissent des contradictions. Lorsque débuta la pé-
riode Asmonéenne les principaux soutiens de la Loi étaient
appelés Asédiens ou Kashdim (Chaldéens) et plus tard Pha-
risiens ou Pharsi (Parsis). Ceci indique que les colonies
persanes étaient établies en Judée et qu'elles faisaient la
loi dans le pays tandis que tous les habitants mentionnés
dans le livre de la Genèse et de Josué y formaient la
niasse du peuple (Voyez ~scfras IX, i).
II v a pas de véritable histoire dans l'Ancien Testament,.
et le peu d'informations historiques qu'il contient se trouve
dans les révélations indiscrètes des prophètes. Dans son
1. Professeur S. \Vi!der, « Notes
ensemble, ce liTre a dû être écrit à différentes époques,
ou plutôt inventé pour autoriser par la suite un culte dont
l'origine se retrouve aisément, partie dans les Mystères
Orphiques et partie dans les anciens rites égyptiens, avec
lesquels Moïse était familier dès son enfance.
Depuis le siècle dernier l'Eglise s'est vue obligée de faire
quelques concessions au territoire biblique dérobé à ceux
auxquels il appartenait de droit. Pouce par pouce ce terri-
toire a été reconquis et un personnage après l'autre a été
prouvé n'être qu'un mythe païen. Mais aujourd'hui, après
les découvertes de M. George Smith, le regretté assyriolo-
gue un des plus fermes soutiens de la Bible a été renversé.
Sargon et ses tablettes ont été reconnus plus anciens que
Moïse. De même que le récit de l'Exode, la naissance et
l'histoire du législateur paraissent avoir été « empruntées
aux Assyriens, de même que les < ornements d'or et d'ar-
gent l'avaient été des Egyptiens.
A la page 244 des .4ssj~rM~ Discoveries M. George
Smith écrit « Dans le palais de Sennacherib à Kouyounjik
je trouvai un autre fragment de la curieuse histoire de Sar-
gon, dont je publiai la traduction dans les Transaclions
de la société <far~o/o~c ~/&He, Vol. I, part. I, page 46.
Ce texe raconte que Sargon, un ancien monarque babylo-
nien, naquit de parents royaux, mais qu'il fut caché par sa
mère, qui le posa sur l'Euphrate dans un berceau de joncs
enduits de bitume, comme celui dans lequel la mère de
Moïse cacha son enfant. (Voir Exode, II.) Sargon fut trouvé
par un homme nommé Akki, un porteur d'eau, qui l'adopta
comme son fils; il devint ensuite Roi de Babylone. La capi-
tale de Sargon était ~a grande cité d'Agadi nommé par
les sémites accad mentionné dans la Genèse comme la
capitale de Nemrod (Genèse, X, 10) où il régna pendant
quarante-cinq ans (t).
Accad était située près de la cité de Sippara (2), sur
l'Euphrate au nord de Babylone. « La date à laquelle vécut
Sargon, qu'on pourrait nommer le Moïse babylonien, était
le xvi* siècle et peut-être même une date antérieure.
ï. Moïse régna sur le peuple d'Israël, dans le désert, pendant plus de
quarante ans.
2. Le com de la femme de Moïse était Zipporah (Ezode, II).
George Smith ajoute dans son Chaldean ~4ccoH/ï/, que
Sargon 1 était un monarque babylonien qui règna dans la
cité d'Accad, environ 1.600 ans avant J.-C. La signification
du nom de Sargon est le roi véritable ou légitime. Cette
étrange histoire a été trouvée sur des fragments de tablettes
à Kouyunjik, comme suit
1. Je suis Sargona, le puissant roi d'Accad.
2. Ma mère était une princesse je n'ai pas connu mon
père un frère de mon père gouvernait le pays.
3. Dans la cité d'Azupirana qui est située sur les rives
de l'Eaphrate.
4. Ma mère, la princesse, me conçut elle me donna le
jour avec douleur.
5. Elle me plaça dans une arche faite de joncs, elle scella
ma sortie avec du bitume.
6. Elle me laissa aller à la dérive sur la rivière qui ne
me noya point.
7. La rivière m'amena à Akki, le porteur d'eau.
8. Akki, le porteur d'eau, avec grande tendresse de ses
entrailles, me prit, etc., etc.
Voyons, maintenant, ce que dit l'Exode (II)
« Ne pouvant plus le cacher, elle (la mère de Moïse) prit
une caisse de jonc, qu'elle enduisit de bitume et de
poix elle y mit l'enfant et .le déposa parmi les ro-
seaux, sur le bord du fleuve. »
Cette histoire, dit M. G. Smith, <: est supposée avoir eu
lieu environ 1.600 ans avant J-C. un peu avant l'âge qu'on
donne à Moïse (1), ainsi que nous le savons, lorsque la renom-
mée de Sargon fut connue en Egypte il est donc fort pro-
bable que ce récit a eu un rapport avec le fait relaté dans
r~coc~ II, car toute action une fois exécutée a une ten-
dance à se reproduire
1. Vers 1040, les docteurs juifs transportèrent leurs collèges de Baby-
lone en Espagne, et les ouvrages des grands Rabbins qui florissaient dans
les quatre siècles suivants, ont tous des significations diu'érentes et four-
millent d'erreurs dans les manuscrits. La « Masorah » vint encore augmen-
ter tes difficultés. Beaucoup de choses qui existaient dans les manuscrits
ne s'y retrouvent ptus, et leurs ouvrages sont pleins d'interpellations et
de lacunes. Le plus ancien manuscrit hébreu appartient à cette époque.
Voilà la révélation divine à laquelle nous devons croire.
Les « âges des hindous ne diffèrent pas sensiblement
de ceux des grecs, des romains, et même des juifs. Nous y
comprenons délibérément la compuLation mosaïque dans le
but de faire la preuve de ce que nous avançons. La chro-
nologie qui ne sépare Moïse de la création du monde que
par quatre ye~rc~/on~ simplement parce que le clergé
chrétien a voulu l'imposer littéralement au monde est tout
a fait ridicule (1). Les cabalistes savent parfaitement que ces
générations représentent des nges mondiaux. Les allégories
qui, dans les calculs hindous, embrassent la prodigieuse
étendue des quatre âges, sont habilement entassés, grâce
la 3/a~oro: dans l'infime espace de deux millénaires et
demi (2.5Î3 ans)
On a fait cadrer les quatre âges dans le plan exotérique
de la Bible. C'est ainsi qu'on y calcule luge d'or depuis
Adam à Abraham l'âge d'argent d'Abraham à David
celui du cuivre de David à la captivité ce qui vient après
appartient à celui du fer. Mais la computation secrète est
toute différente et ne varie pas avec les calculs zodiacaux
des Brahmanes. Nous sommes aujourd'hui dans l'âge de
fer, le Kali-Yug, mais celui-ci commença avec Xoé, l'ancê-
tre mythique de notre race.
Noé ou Xuah, comme toutes les manifestations euhéméri-
sées du Xon Révélé–S\vayambhuva(ou S\vayambhu), était
androgyne. C'est ainsi que dans certains cas il fait partie de
la triade purement féminine des Chaldéens, connue sous le
nom de « Nuah, la Mère universelle Nous avons fait voir
dans un autre chapitre, que chaque trinité mâle avait sa con-
trepartie féminine, une en trois, comme celle-là. C'était le
complément passif du principe actif, sa réflexion. Dans
l'Inde, la trimurti mâle se reproduit dans la féminine, la
Sakti-Trimurti; et en Chaldée, Ana~ Belita et Davkina cor-
1.Aucune chronologie n'a été acceptée par les Rabbins, comme faisant
autorité, jusqu'au xi:* siècle. Le 40 et le 1000 ne sont pas des nombres
exacts, mais y ont é~é aj outés pour répondre au monothéisme et aux
exigences dune religion calculée pour paraître din'érente de celle des
païens (Chron. Orth, p. 238). On ne trouve dans le Pen~~n<]rne que
des faits ayant eu lieu environ deux ans avant la fable de l'Exode et
pendant l'année qui le précède. Tout le reste de la chronologie est
non existant et ne peut se suivre que par tes calculs cabalistiques, et
encore lorsqu'on en possède la clé.
respondaient à Anu, Bel, Nuah. Les premières réunies en
une Bélita, étaient appelées < Souveraine déesse, Notre-
Dame de l'abîme inférieur, mère des dieux, reine de la terre,
reine de la fécondité.
Sous la forme de l'humidité primordiale, d'où pro-
cède, Bélita est Tamti, ou la mer, la mère de la <e d'Erech
(la grande nécropole chaldéenne) elle est, par conséquent,
une déesse infernale. Dans le monde des étoiles et des pla-
nètes elle porte le nom d'Istar ou d'Astoreth. Elle est, par
conséquent, identique à Vénus et à toutes les autres reines
du ciel, auxquelles on offrait en sacrifice des gâteaux et des
pains (1), et, comme le savent tous les archéologues, avec
Eve, la mère de tous les vivants, et avec Marie.
L'arche, dans laquelle furent conservés les germes de
toutes choses vivantes nécessaires à la repopulation de la
terre, représente la survivance de la vie et la suprématie de
l'esprit sur la matière, au moyen du conflit des pouvoirs
opposés de la nature. Dans la charte astro-théosophique du
Rite occidental, l'arche correspond au nombril, et est pla-
cée du côté gauche, le côté de la femme (la lune), dont un
des symboles est le pilier de gauche du temple de Salomon,
BOAZ. Le nombril est relié au réceptacle dans lequel
fructifient les germes de la race (2). L'Arche c'est l'~r~Aa
sacrée des hindous, et par conséquent, sa relation avec l'ar-
che de Noé est aisément reconnaissable, quand nous saurons
que l'Argha était un vaisseau oblong, dont se servaient les
prêtres comme de calice sacrificiel dans le culte d'Isis,
d'Astarté, de Vénus-Aphrodite, qui, toutes, étaient des
déesses du pouvoir générateur de la nature, ou de la
matière–et par conséquent, représentées symboliquement
I. Les Gnostiques, appelés Collyridiens, avaient, transféré leur culte
d'Astoreth à Marie, également Reine du Ciel. Ils furent persécutés et
mis à mort par les Chrétiens orthodoxes, sous l'inculpation d'hérésie.
Mais si ces Gnostiques avaient fondé leur culte en lui offrant des sacri-
fices de gâteaux, de craquelins et d'hosties, c'était parce qu'ils croyaient
qu'elle était née d'une vierge immaculée, de même qu'on prétend que le
Christ est. né de sa mère. Et aujourd'hui, que ~tn/a{~t&<e du Pape a
été reconnue et acceptée, sa première manifestation pratique a été la
restauration de la croyance Collyridienne en un article de foi. (Voyez
Apocryphal .Veu? Testament; The Gospel o/' Jfar~ atlribute to Jfa~/tetc
par Hone.
2. ~oxtcructaTu.par Hargrave Jennings.
par l'arche qui contient les germes de toutes les choses
vivantes.
~ous admettons volontiers que les païens avaient, et ont
encore, comme c'est le cas dans l'Inde d'étranges
symboles, qui aux yeux des hypocrites et des puritains peu-
vent paraître scandaleusement immoraux. Mais les anciens
Juifs n'avaient-ils pas, eux-mêmes, copié la plupart de ces
symboles? Nous avons, d'autre part, décrit l'identité du ling-
ham avec le pilier de Jacob, et si la place nous le permet-
tait, nous pourrions citer maints autres exemples dans les
rites chrétiens actuels, qui ont la même origine; ils ont,
d'ailleurs, tous été mentionnés par Inman et autres. (Voyez
A ncient Embodied //ï .Yo/Tïe~ par Inman.)
Dans sa description du culte des anciens Egyptiens~
M"" Lydia Maria Childe dit ce qui suit « Cette véné-
ration pour ce qui produit la vie, introduisit dans le culte
d'Osiris, les emblèmes sexuels si communs dans l'Hindous-
tan. Une image colossale de ce genre fut donnée à son tem-
ple à Alexandrie, par le roi Ptolémée Philadelphe. La vé-
nération pour le mystère de la vie organisée amena la
reconnaissance des principes masculin et féminin dans toutes
choses, spirituelles aussi bien que matérielles. La descrip-
tion des emblèmes sexuels, partout visibles dans les orne-
ments sculptés de leurs temples, semblerait indécente, mais
nul esprit pur et réfléchi ne les considérerait à ce point
de vue, en se rendant compte de la candeur évidente et de
la solennité aves lesquels le sujet est traité (i).
C'est ainsi que parle cette femme respectable, doublée
d'un auteur admirable, et nul homme ou femme purement
pensants ne sauraient l'en blâmer. Mais une pareille per-
version de la pensée antique sied bien à une époque d'hy-
pocrisie et de pruderie comme la nôtre.
Les eaux du déluge prises dans l'allégorie, comme la
« mer symbolique, Tamti, sont le type du chaos en mou-
vement, ou la matière, appelée « le grand dragon Suivant
la doctrine des Gnostiques et des Rosecroix, du moyen âge,
la création de la femme n'était pas prévue à l'origine. Elle
est la progéniture de la propre pensée impure de l'homme
1. Progress of Religions Ideas.
et, comme le disent les Hermétistes, «une intrusion Créée
par une pensée impure, elle vint à l'existence à la néfasle
« septième heure », lorsque les mondes réels, « surnaturels
avaient disparu et que les mondes « naturels » ou illusoires
commencèrent à évoluer sur le « Microcosme descendant »,
ou pour parler clairement, sur l'arc du grand cycle. En pre-
mier lieu c Virgo », la Vierge Céleste du Zodiaque, devint
la « Virgo-Scorpio Mais en évoluant son second compa-
gnon, l'homme la doua inconsciemment de sa propre part de
Spiritualité; et le nouvel être que son < imagination » appela
à l'existence devint son « Sauveur » des embûches de l'Eve-
Lélith, la première Eve qui avait, dans sa composition, une
plus grande part de matière que l'homme « spirituel » pri-
mitif (1).
De sorte que la femme apparaît dans la cosmogonie, par
rapport à la « matière », ou le grand abime, comme la
« Vierge de la Mer» qui écrase le « Dragon » sous son talon.
Dans la phraséologie symbolique, ainsi que nous l'avons vu
à diverses reprises, les « Eaux » sont souvent dénommées
« le Grand Dragon ». Car pour celui qui est au courant de
ces doctrines, il est suggestif de savoir que chez les catho-
liques la Vierge Marie est non seulement la patronne des
marins chrétiens, mais qu'elle est également la « Vierge de
la Mer~. Didon était aussi la patronne des marins phéni-
ciens (2) et avec Vénus et les autres déesses lunaires car
la lune a une influence prépondérante sur les marées elle
était également la « Vierge de la Mer ». ~/6:r, la mer est la
racine du nom de Marie. La couleur bleue, qui chez les an-
ciens symbolisait le « Grand Abîme », ou le monde matériel,
et par conséquent le mal, était consacrée à « Notre-Dame ».
C'est aussi la couleur de < Notre-Dame de Paris ». Par sa
relation avec le serpent symbolique, cette couleur est tenue
en grande aversion par les ex-Nazaréens, les disciples de
1. Lilith était la première femme d'Adam, « avant qu'il n'epocx~ Eve
de laquelle « il n'eut que des démons c'est une explication nouvelle,
sinon pieuse d'une allégorie bien philosophique Ana<omyo~ .Ve~a~cAo~
de Burton.
2. C'est poar commémorer l'Arche du Déluge que les Phéniciens, ces
hardis explorateurs de la mer, fixaient sur la paroi de leurs navires, l'image
de la déesse Astarté, qui est Elissà, la Vénus Erycina de la Sicile, et Di-
don qui est le féminin de David.
saint Jean-Baptiste, aujourd'hui les Mendéens de Basra.
Parmi les superbes illustrations de Maurice, il y en a une
qui représente Christna écrasant la tête du Serpent. Il porte
sur la tête la mitre à trois pointes (symbole de la trinité)
et le corps et la queue du serpent vaincu, encerclent la figure
du dieu hindou.
Cette gravure nous révèle d'où procède l'inspiration pour
la confection d'une autre histoire d'après une prétendue
prophétie.
« Je mettrai inimitié entre toi et la femme et entre ta des-
cendance et sa descendance elle t'écrasera la tête et tu la
mordras au talon. »
L'Orante égyptien est aussi représenté les bras étendus
comme sur un crucifix et écrasant un « Serpent et on
voit Horus (le Logos), perçant la tête du dragon. Typhon
ou Aphophis. Ceci nous fournit la clé de l'allégorie biblique
de Caïn et d'Abel. Caïn est réputé être l'ancêtre des Hivites
les Serpents, et les jumeaux d'Adam sont évidemment une
copie de la fable d'Osiris et de Typhon. Toutefois, laissant
de côté la forme extérieure de l'allégorie, elle personnifie
la conception philosophique de la lutte éternelle entre le
bien et le mal.
Mais quelle étrange élasticité, quelle adaptabilité à tout
et pour tout cette philosophie mystique n'a-t-elle pas donné
lieu après l'ère chrétienne Quand jamais les faits incontes-
tables. irréfragables ont-ils été moins puissants pour le ré-
tablissement de la vérité que dans notre siècle de casuistes
et de duplicité chrétienne ? Si l'on a prouvé que Christna
était connu comme le « Bon Berger des siècles avant
notre ère, qu'il avait écrasé le Serpent Kalinaga et qu'il a
été crucifié tout cela n'est qu'une représentation pro-
phétique de ce qui devait arriver Si l'on démontre que le
Thor scandinav e qui écrase la tête du serpent avec sa mas-
sue en forme de croix, et qu'Apollon qui tue Python, pré-
sentent les plus grandes ressemblances avec les héros des
fablesc hrétiennes ce ne sont que les conceptions origina-
les de la pensée < païenne < agissant sur les anciennes pro-
phéties patriarcales au sujet du christ, telles qu'elles étaient
contenues ans la Révélation unique et primordiale (1)
1. ~fo~ante~~ CArM~a~y du D~ Lundy.
Le flot est, par conséquent, « l'Ancien Serpent sur le
grand abîme de la matière, le « dragon de la mer » d'Esaïe
(XXVII, 1) sur lequel l'arche passe en sûreté, en route pour
la montagne du Salut. Mais, si nous avons eu connais-
sance de l'arche de Noé et de la Bible elle-même c'est
parce que la mythologie des Egyptiens avait été à portée
de la main de Moïse (si tant est que Moïse ait écrit une par-
tie quelconque de la. Bible) et qu'il était au courant de l'his-
toire d'Horus, debout sur son navire de forme serpen-
tine, et tuant le Serpent avec son javelot sans oublier la
signification occulte de ces fables et leur véritable origine.
Nous le reconnaissons encore dans le Lévilique, et autres
parties de ses livres, dont des pages entières de lois sontt
copiées sur celles du ~/anoH.
Les animaux enfermés dans l'arche sont les passions hu-
maines. Ils représentent certaines épreuves de l'initiation,
et les mystères institués chez beaucoup de peuples pour
commémorer cette allégorie. L'arche de Noé s'arrêta le
dix-septième jour du septième mois. Nous retrouvons ici
le nombre sept ainsi que dans les « animaux purs » qu'il
prit dans l'arche au nombre de ~/?~ a la fois. En parlant
des mystères de l'eau de Byblos, Lucien dit « Sur le som-
met des deux piliers élevés par Bacchus, un homme demeure
pendant sept jours (1). Il croit que ceci est en honneur
de Deukalion. Elie, lorsqu'il prie au sommet du Mont Car-
mel, envoie son serviteur voir s'il n'y a pas de nuage du
côté de la mer, et lui répète « retourne sept fois A la
septième fois, il dit: < Voici un petit nuage qui s'élève de la
mer et qui est comme la paume de la main d'un homme (2).
« .Yoe est le reuo/H~c d'Adam, de même que Moïse est
le revolatio d'Abel et de Seth dit la Cabale c'est-à-
dire, une répétition ou une autre version de la même his-
toire. La meilleur preuve en est dans la distribution des
caractères de la Bible. Par exemple, en commençant par
Caïn le premier meurtrier, chaque cinquième personnage
dans la lignée de sa descendance est un assassin. Nous avons
donc, Enoch, Irod, Mehujael, Methusalem, et le cinquième
1.Lucien IV, 276.
2. 1" Livre des Rois XV1H. Tout ceci est allégorique, et ce qui plus est,
magique. Car Elie, à ce moment, est entrain d'exécuter une incantation.
est Z<<ï/ncc~, le second meurtrier, et il est le père de Noé.
Si l'on dessine l'étoile à cinq branches de Lucifer (dont la
pointe coronale est inclinée vers le bas) et qu'on écrit le
nom de Gain au-dessous de cette branche inférieure, et celui
de ses descendants successivement en face de chacune des
autres branches, on verra que chaque cinquième nom,
qui vient s'écrire au-dessous de celui de Gain correspond
a celui d'un assassin. Le Talmud donne cette généalogie
complète, et c'est ainsi que les noms de treize assassins
viennent se ranger au-dessous de celui de Caïn. Ceci n'est
point une coïncidence. Shiva est le Destructeur, mais il est
aussi le /?J~nJr~<w. Caïn est un assassin, mais il est
aussi le fondateur de nations, et un inventeur. Cette étoile
de Lucifer est la même que celle que voit saint Jean tom-
bant sur la terre, dans son ~/3ocû~)se.
On remarque à Thèbes, ou Theba, qui signifie arche
TH-ABA étant synonyme de Kartha ou Tyr, Astu ou
Athènes et Urbs ou Rome, signifiant également la cité
les mêmes feuillaisons que celles décrites sur les piliers du
temple de Salomon. La feuille d'olive, à deux couleurs, la
feuille de figuier à trois lobes, et la feuille de laurier en
forme de lance, avaient, toutes, chez les anciens, des signi-
fications ésotériques et populaires ou vulgaires.
Les recherches des égyptologuesnous fournissent d'autres
corroborations de l'identité des allégories bibliques avec
celles des pays des Pharaons et des Chaldéens. La dynas-
tie chronologique des Egyptiens, rapportée par Hérodote,
Manetho, Eratosthènes, Diodore de Sicile, et acceptée par
nos antiquaires, divise la période de l'histoire de l'Egypte
en quatre parties le gouvernement des dieux, des demi-
dieux, des héros et des hommes mortels. En réunissant les
demi-dieux et les héros dans une seule classe, Bunsen ré-
duit les périodes à trois les dieux-rois, les demi-dieux ou
héros, fils de dieux mais nés de mères mortelles et
les Mânes, qui furent les ancêtres des tribus individuelles.
Ces subdivisions, ainsi qu'on le constate, correspondent par-
faitement aux Elohim bibliques, les fils de Dieu, les géants
et les hommes mortels de la race de Xoé.
Diodore de Sicile et Bérose donnent les noms des douze
grands dieux qui président aux douze mois de l'année et
VOL.IV 6*
aux douze signes du Zodiaque. Ces noms, qui comprennent
celui de Noé (i), sont trop connus pour que nous les répé-
tions. Le Janus à double face était également à la tête de
douze dieux, et dans les représentations qu'on nous en
donne, on lui fait tenir les clés du domaine céleste. Comme
tous ceux-ci ont servi de modèles pour les patriarches bibli-
ques, ils nous ont rendu de signalés services tout spé-
cialement Janus en fournissant le modèle de saint Pierre
et des douze apôtres saint Pierre étant aussi à double face
par suite de son reniement, et tenant en mains les clés du
Paradis.
L'affirmation que l'histoire de Noé n'est qu'une autre
version, dans sa signification occulte, de celle d'Adam et
de ses trois fils, est renforcée à la lecture de chaque page
du livre de la Genèse. Adam est le prototype de Noé. La
chute d'Adam est provoquée parce qu'il mange du fruit de
l'arbre de la connaissance céleste celle de Noé est dûe
parce qu'il goûte au fruit ~er/'es~e le jus de la vigne
représente l'abus de la connaissance chez un esprit mal
balancé. Adam est dépouillé de son enveloppe spirituelle
Noé de ses vêtements terrestres et la nudité des deux leur
causa honte. La méchanceté de Caïn se répète dans celle
de Cham. Mais les descendants des deux sont les races les
plus sages de la terre on les appelle à cause de cela les
« serpents » et les « fils de serpents c'est-à-dire des fils
de la sagesse et non de Satan, ainsi que certains prêtres
ont voulu le faire croire. Il y a inimitié entre le « serpent »
et la « femme », seulement dans ce « monde de l'homme »
mortel et phénoménal, de l'homme « né de la femme ».
Avant la chute charnelle, le « serpent » était Ophis, la
sagesse divine, qui n'avait pas besoin de matière pour pro-
créer des hommes, l'humanité étant purement spirituelle.
Voilà d'où provient la guerre entre le serpent et la femme,
ou entre l'esprit et la matière. Si, sous son aspect maté-
riel, « l'ancien serpent est la matière, représentée par
1. Les livres talmudiques disent que Noé, lui-même, fut la colombe
(l'esprit), l'identifiant, ainsi, une fois de plus avec le Nuah Chaldéen. Baal
est représenté avec les ailes d'une colombe et les Samaritains adoraient
l'image d'une colombe sur le Mont Gérézim. Talmud Tract. C&aZ~foI.S,
col. 1.
Orphiomorphos, dans sa signification spirituelle il devient
l'Ophis-Christos. Dans la magie de anciens Syro-Chaldéens
les deux sont réunis dans le signe zodiacal du Virgo-Seor-
pio androgyne, et peuvent être, à volonté, divisés on sépa-
rés. Ainsi dans l'acceptation de l'origine du « bien et du
mal la signification de S S et Z Z ont toujours été inter-
changeables et si, à l'occasion, les S S sur les cachets et
les talismans suggèrent une -influence serpentine du mal,
et dénotent une intention de magie noire contre autrui, les
doubles S S se trouvent sur les calices sacramezftels de
l'Eglise pour signifier la présence du Saint-Esprit, ou la.
sagesse pure.
Les Madianites étaient connus comme les sages, ou les
fils de serpents, comme aussi les Canaanites et les Cha-
mites et telle était la renommée des Madianites, que nous
voyons Moïse, le prophèle conduit el inspiré par /7er-
nel, s'humilier devant Hobab, le fils de Raguel le J~ac~-
/e, et le suppliant de rester avec le peuple d'Israël « Ne
nous quitte pas, je te prie puisque tu connais les lieux où
nous campons DA~s LE DESERT, tu nous serviras de guide (i).
De plus, lorsque Moïse envoie des espions pour explorer le
pays de Canaan, ils rapportent, comme preuve de la sagesse
(cabalistiquement parlant) et de la richesse du pays, une
branche avec une grappe de raisin qu'ils sont obligés de
se mettre à deux pour la porter au moyen d'une perche.
Et ils ajoutent « nous y avons vu les géants, enfants
d'Anak, de la race des géants (~) nous étions à nos yeux
et aux leurs comme des sauterelles (3)
Anak est Enoch, le patriarche, qui /ïe mourut point, et
qui fut le premier possesseur du « nom ineffable » suivant
la Cabale et le rituel de la Francmaçonnerie.
Si nous comparons les patriarches bibliques aux descen-
dants de Vaiswasvata, le Noé hindou, et aux anciennes
traditions sanscrites au sujet du déluge dans le j~/o~&Ad-
/~a brahmanique, nous les trouvons calqués sur les patriar-
Nombres, X, 29-31.
2. La bible et le récit chaldéen se contredi&snt en ceci, car, au chapi-
tre VII de la Genèse on dit « que tout ce qui se mouvait sur la terre
périt dans le déluge.
3. Livre des Nombres XIII.
ches Védiques qui sont les types primitifs, ayant servi de
modèle à tous les autres. Mais avant de pouvoir établir une
comparaison il est nécessaire de comprendre la véritable
signincation des mythes hindous. Outre sa signification
astronomique, chacun de ces personnnages mythiques a
aussi une signification spirituelle ou morale, et une autre
anthropologique ou physique. Les patriarches ne sont pas
seulement des dieux euhémérisés les anté-diluviens cor-
respondant aux douze grands dieux de Bérose, et rux dix
Pradjâpatis, et les post-diluviens aux sept dieux de la célè-
bre tablette dans la bibliothèque de Ninive, mais ils corres-
pondent également aux symboles des ~Eons grecs, les Séphi-
roth cabalistiques et les signes du Zodiaque, comme types
d'une série de races humaines (1). Nous expliquerons, plus
loin, cette variation de dix à cfoMJc, dont nous déduirons
1. ~ous ne voyons pas pourquoi le clergé–et surtout le c)er~é catho-
lique objecterait à no.'re affirmation que les patriarches sont les signes
du Zodiaque, et en même temps les anciens dieux des païens U fut un
temps. il n'y a pas plus de deux siècles, où ils émirent les désirs les plus
fervents de retourner au culte du so!cij et des étoiles. Ce pieux et curieux
essai fut dévoilé il y a quelques mois par Camille Flammarion, l'astro-
nome français. II nous dit que deux jésuites d'Augsburg, Schiller et
Boyer, avaient à cœur de changer les noms de toutes les armée" sabéen-
nes du ciel étoilé et de les adorer, à nouveau, sous des noms chrétiens .1
Après avoir lancé l'anathème contre tous les adorateurs idolâtres du
soleil pendant plus de quinze siècles, l'Église se proposait, fort sérieuse-
ment, de continuer l'héliotâtrie au pied d? la ~e/<re. cette fois car
leur idée était de substituer des personnages bibliques véritables ta leurs
yeux) aux mythes du paganisme. Ainsi, ils auraient appelé le soleil
Christ la lune, la Vierge Marie Saturne, Adam Jupiter, Moise (:)
Mars.Josué: Vénus, Jean-Baptiste; et Mercure. Elie. Substituts fort
appropriés, si nous tenons compte de la grande familiarité de FEgHsc
Catholique avec l'ancienne connaissance cabaliste et païenne, et peut-être
ds son empressement à confesser, enfin, la source de !aque!)c elle avait
tiré tous ses propres mythes. Car le roi Messie n'est-il pas le soleil, le
Démiurge des hétiotâtres, sous des appellations diverses ? X'est-H pas
l'Osiris des égyptiens et !'ApoI!on des grecs ? Et quel nom serait plus
approprié que celui de la Vierge Marie, pour la Diane-Astarté païenne,
ia Reine du Ciel », contre laquelle Jérémie épuise tout son vocabulaire
d'imprécations ? Cette adoption aurait été historiquement et religieuse-
ment exacte. On avait préparé deux grandes illustrations, dit Flammarion,
dans un des numéros de La A'a<ure, qui représentaient le firmament avec
les constellations chrétiennes, à la place des païennes. Le3 apôtres, les
papes, les saints, les martyrs et tous les personnages de l'Ancien et du,
Nouveau Testament complétaient ce Sabeanisme chrétien. « Les disci-
ples de Loyola tirent des pieds et des mains pour faire réussir ce plan. »
Il est curieux de rencontrer aux Indes, parmi tes Musu!mans le nom de
Terah, le père d'Abraham, Azar ou Azarb, et Azur, qui veut dire aussi
la preuve de la Bible elle-même. Seulement ce ne sont pas
les premiers dieux, décrits par Cicéron (1), qui appartien-
nent à la hiérarchie des pouvoirs élevés, les Elohim mais
ils appartiennent plutôt à la seconde classe des <( douze
dieux les Dii menores, qui sont la réflexion terrestre des
premiers, parmi lesquels Hérodote place Hercule (2).
Seul, dans le groupe des douze, Noé, en raison de sa
situation sur le point de la transition, appartient à la plus
élevée des trinités babyloniennes; Nouah, l'esprit des eaux.
Tous les autres sont identiques aux dieux inférieurs de
l'Assyrie et de Babylone, qui représentaient l'ordre infé-
rieur des émanatio-iS. introduites autour de Bel, le De-
miurge, pour l'aider dans son œuvre, ainsi que les patriarches
sont censés assister Jéhovah F « Eternel
Outre ceux-ci, dont beaucoup étaient des divinités lo-
~e.?, protectrices de rivières et de cités, il y avait quatre
classes de génies auxquels Ezéchiel, dans sa vision, fait
supporter le trône de Jéhovah. Ce fait, s'il identifie
<~
l'Eternel » juif, avec une des trinités babyloniennes, appa-
rente, en même temps, le dieu chrétien actuel~ avec la
même trinité, d'autant plus que ce sont ces quatre chéru-
bins, ne l'oublions pas, auxquels Irénée fait porter Jésus, et
qu'on nous donne comme les compagnons des évangélistes.
La source cabalistique hindoue des livres d'~j~e/ et
de l'Apocalypse se retrouve d'autant plus clairement dans
cette description des quatre bêtes, qui symbolisent les
quatre règnes élémentaires la terre, l'air, le feu et l'eau.
Ce sont, nul n'en ignore, les sphinx assyriens, mais on re-
trouve également ces figures sculptées sur les murs de
presque toutes les pagodes hindoues.
L'auteur de l\-l/?oc<?~c copie fidèlement dans son texte,
(voyez le Chap. IV, verset i7) le pentacle pythagoricien,
dont nous donnons à la page suivante une exacte reproduc-
tion du dessin admirable de Lévi.
La déesse hindoue Adanari (ou plutôt Adonari, puisque
le feu.et qui est, en même temps, le nom du troisième mois solaire hin-
dou (de juin à juillet) pendant lequel le soleil est dans les Gemeaux et la
pleine lune voisine du 5<t~<~atre.
1. Cicéron De -Val. Deo, I, 13.
2. Herodote, II, 145.
le second a se prononce comme un o) est représentée entou-
rée des mêmes images. Cette représentation s'adapte par-
faitement à la « roue de FAdonai connue sous le nom de
« chérubin de Jeheskiel et donne à connaître, sans con-
tredit, la source à laquelle le voyant hébreu a puisé ses
allégories. Pour faciliter la comparaison nous avons placé
l'image dans le pentacle (Voyez page i43).
Au-dessus de ces bêtes étaient les anges ou esprits, divi-
sés en deux groupes les Igili, ou êtres célestes, et les Am-
anakis, ou esprits terrestres, les géants, les enfants d'Anak,
à propos desquels les espions se plaignirent à Moïse.
La A'c~&o/a Denudata donne aux cabalistes une descrip-
tion très claire, mais très obscure aux profanes des permu-
tations ou des substitutions de personnages. Ainsi, par
exemple, on y dit, que « la scintilla (étincelle spirituelle ou
âme) d'Abraham fut prise de Michel, le chef des ~Eons, la
plus haute émanation de ~Ia Divinité si haute, en vérité,
qu'ana yeux des Gnostiques, Michel était identifié avec fe
Christ. Et cependant Michel et Enoch sont une seule et
même personne. Tous deux occupent, en tant qu~< hommes
le point d'intersection de la croix du Zodiaque. L'étincelle
d'Isaac est celle de Gabriel, le chef des armées an~éliquea,
et l'étincelle de Jacob fut détachée d'Uriel, dénommé « le
feu de Dieu l'esprit à la vision la plus perçante de toute
l'armée céleste. Adam n'est pas l'Adam Kadmon,mais bien
l'Adam Primus, le .~crqprosopïM. Celui-ci sous un de ses
aspects est Enoch, le patriarche terrestre et le père de
Mathusalem. Celui qui « vécut selon Dieu » et « ne mou-
rut point est 1 Enoch spirituel qui symbolise l'humanité~
éternel en esprit et aussi éternel dans la chair, bien que
celui-ci soit mortel. La mort n'est qu'une nouvelle nais-
sance et l'esprit est immortel par conséquent rhumanité
ne meurt jamais, car le Z)<~r~c~M/' est devenu le Créa-
leur, Enoch est le type de l'homme double, spirituel et ter-
restre. C'est pour cette raison que sa place est au centre de
la croix astronomique.
Mais cette idée tira-t-elle son origine des hébreux ? Nous
ne le croyons pas. Chaque nation qui possédait un système
astronomique, et tout spécialement l'Inde, avait une grande
vénération pour la croix, car elle était la base géométrique
du svmbolisme religieux des avatars; la manifestation de
la Divinité, ou du Créateur dans sa créature FHOMME de
Dieu dans l'humanité et de l'humanité en Dieu, en tant
qu'esprits. Les plus anciens monuments de la Chaldée, de
la Perse et de l'Inde mettent en lumière la double croix, ou
croix à huit pointes. Ce symbole, que l'on retrouve tout
naturellement, comme d'ailleurs toutes les formes géomé-
triques, dans la nature, dans les plantes comme dans les
flocons de neige, a suggéré au D~ Lundy, dans son mysti-
cisme super-chrétien, de dénommer les fleurs cruciformes
qui dessinent une étoile à huit pointes par l'intersection de
deux croix FZ~/o~e .Pro/)Ac/He de l'Incarnation,
qui unit le ciel et la terre, Dieu et l'homme Cette
expression est parfaite seulement, l'ancien axiome caba-
listique <: en haut comme en bas l'exprime encore mieux,
car il nous révèle le même Dieu pour toute l'humanité et
non seulement pour une poignée de chrétiens. C'est la croix
.onc~a/<? Céleste qui se reproduit ici-bas dans les plantes
et dans l'homme double c'est l'homme physique se subs-
tituant à l'homme spirituel au point de jonction duquel
s'élève le Libra–l'Hermès–Enoch mythique. Le geste d'une
main montrant le ciel est contre-balancé par l'autre mon-
trant la terre générations innombrables ici-bas, régénéra-
tions innombrables là-haut le visible, la manifestation de
l'inv isible l'homme de poussière abandonné à la poussière,
l'homme esprit, renaissant dans l'esprit c'est ainsi que
l'humanité finie est le Fils du Dieu Infini. Abba-le-Père
Amona-Ia-Mère le Fils, l'Univers. Cette trinité primitive
se répète dans toutes les théogonies. Adam Kadmon, Her-
mès, Enoch, Osiris, Christna, Ormazd, ou le Christ, sont
tous un. Ils s'érigent comme les 3/c/a~ro/M entre le corps
et l'âme esprits éternels qui rachètent la chair par la
régénération de la chair ici-bas, et l'âme par la régénéra-
tion là-haut, ou Fhumanité vit encore une fois selon Dieu~
Nous avons dit, d'autre part, que le symbole de la croix,
ou le Tau égyptien T, était antérieur de bien des siècles
a la période assignée a Abraham, le soi-disant ancêtre des
Israélites, car autrement Moïse n'aurait pas appris à le con-
naître par les prêtres. Que le Tau ait été tenu sacré par
les Juifs de même que par les autres nations « païennes
est certifié par un fait aujourd'hui admis par le clergé
chrétien ainsi que par les archéologues non croyants. Dans
l'rocfe XII, 22, Moïse ordonne au peuple de peindre les
deux /)o/6au.r le linteau des portes avec du sang, de
peur que < l'Eternel » ne fasse erreur et ne frappe un de
ses élus au lieu des Egyptiens condamnés (1). Ce signe peint
sur les portes est le Tau C'est cette même croix ansée,
dont la moitié servait de talisman à Horus pour ressus-
citer les morts, qu'on voit reproduite sur les ruines sculp-
tées de Phlhc (2). Le peu de fondement, à la base de cette
idée que toutes ces croix et tous ces symboles étaient autant
de prophéties inconscientes du Christ, est démontré dans
le cas des Juifs, sur l'accusation desquels Jésus fut mis
à mort. Le même savant auteur remarque, par exemple,
dans le Jlonu,nenfal C'r/ï/que <f les Juifs eux-mêmes
reconnurent ce signe de la rédemption, jusqu'au moment
où ils rejetèrent le Christ » et dans un autre passage, il
affirme que la verge de Moïse, dont il se servit pour exé-
cuter ses miracles devant Pharaon « était sans aucun
doute, cette croix ansée ou quelque chose d'analogue, dont
se .serfc~e~ égalemenl les /?r~/re$ égyptiens (3) La
déduction logique, serait alors 1" que si les Juifs adoraient
les mêmes symboles que les païens, ils n'étaient pas meil-
leurs qu'eux et 2% si, étant aussi bien au courant du
symbolisme de la croix, ils ont attendu le Messie pendant
des siècles, mais qu'ils rejetèrent aussi le Messie chrétien
que la Croix chrétienne, il faut croire alors, qu'il y avait
quelque chose de mauvais dans l'un et dans l'autre.
1. Qui d'autre que les auteurs du Peutateuque aurait inventé un Dieu
suprême ou son ange si parfaitement humains, pour qu'il ait été nécessaire
de peindre les linteaux des portes avec du sang afin d'empêcher qu'il ne
tuât une personne pour une autre En fait de grossier matérialisme cela
dépasse tout ce qu'on aurait pu rêver dans la littérature païenne.
2. Denon ~yp< 11, pl. 40, n" 8, p. 54.
3. Pages 13 et 42.
Ceux qui n'admettaient pas que Jésus fût le « Fils de
Dieu n'étaient ni le peuple ignorant des symboles reli-
gieux, ni la poignée de Saducéens athées qui le mirent à
mort mais ceux-là mêmes qui étaient instruits dans la
sagesse secrète, qui connaissaient l'origine aussi bien que la
signification du symbole de la croix, et qui rejetèrent l'em-
blème chrétien et le sauveur qu'on y avait attaché, parce
qu'ils ne voulaient pas être les complices d'une pareille
supercherie impie envers le pauvre peuple.
On attribue aux patriaches et aux prophètes presque
toutes les prophéties au sujet du Christ. Si quelques-uns de
ces derniers ont réellement existé, tous les premiers ne
sont que des mythes. Nous allons le prouver par l'inter-
prétation occulte du Zodiaque, et la relation des signes
zodiacaux avec les hommes antédiluviens.
Si le lecteur veut bien se rappeler ce que nous disions
au chapitre VI, il comprendra mieux la relation qui existe
entre les patriarches antédiluviens, et cette énigme des com-
mentateurs la « Roue d'Ezéchiel Rappelons, donc 1" que
l'univers n'est pas une création spontanée, mais bien l'évo-
lution d'une matière pré-existante 2° qu'il n'est qu'un
univers dans une série infinie d'autres; 3° que l'éternité se
divise en grands cycles, dans chacun desquels ont lieu
douze transformations de notre monde, à la suite de sa des-
truction partielle, alternativement par le feu et par l'eau. De
sorte que lorsque commence une nouvelle période mineure,
la terre est changée, même géologiquement, au point d'être
pratiquement un monde nouveau 4° qu'à la suite de ces
douze transformations, la terre est plus grossière après
les six premières, tout ce qui y vit, y compris l'homme,
est plus matériel, qu'après la transformation précédente
tandis qu'après les six autres le contraire a lieu, la terre
et l'homme deviennent de plus en plus raffinés et spiri-
tuels avec chaque changement terrestre 5° que lorsque
le sommet du cycle a été atteint, une dissolution graduelle
a lieu, et chaque être vivant et chaque forme objective sont
détruits. Mais lorsque ce point est atteint rhumanité est
devenue propre à vivre la vie subjective aussi bien qu'objec-
tive. Et non seulement l'humanité, mais aussi les animaux,
les plantes et chaque atome. Après une époque de repos,.
disent les Bouddhistes, lorsqu'un nouveau monde se reforme,
les âmes astrales des animaux, et de tous les êtres, saut
ceux qui ont atteint le Nirvana le plus élevé, reviennent
sur la terre pour terminer leurs cycles de transformations
et devenir des hommes à leur tour.
Pour l'instruction des masses, les anciens synthétisaient
cette merveilleuse idée, en une seule conception imagée, le
Zodiaque ou la ceinture céleste. Au lieu des douze signes
employés aujourd'hui, il n'y en avait, à l'origine, que dix
connus du public en général ce sont Aries, Taurus,
Gemini, Cancer, Leo, Virgo-Scorpio, Sagittarius, Capricor-
nus, Aquarius et Pisces (1). C'étaient les signes exotériques.
Mais on y ajoutait deux signes mystiques, que seuls les ini-
tiés comprenaient, à savoir: au point médian, à la jonction où
aujourd'hui se trouve Libra (la Balance) et au signe aujour-
d'hui appelé le Scorpion, qui vient après celui de la Vierge.
Lorsqu'on était obligé de les rendre exotériques, ces deux
signes étaient ajoutés sous leurs dénominations actuelles,
comme un masque pour cacher leurs véritables noms qui
donnaient la clé de tout le secret de la création, et divul-
gaient l'origine du < bien et du mal
La véritable doctrine astrologique sabéenne, enseignait
secrètement, que l'explication de la transformation gra-
duelle du monde, de son état spirituel et subjectif, en un
état sub-lunaire bi-sexuel, était renfermée dans ce double
signe. Les douze signes étaient, par conséquent, divisés en
deux groupes. Les premiers étaient désignés par ascendants,
ou ligne du Macrocosme (le grand monde spirituel) les
six derniers, par la ,ligne descendante, ou le Microcosme
(le petit monde secondaire), qui n'est, pour ainsi dire, que
la réflexion du premier. Cette division porte le nom de
Roue d'Ezéchiel et se complète de la manière suivante en
premier lieu viennent les cinq signes ascendants (euphémé-
risés en patriarches) le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le
1. Dans le Ruins of Empires de Volney, p. 360, on remarque qu'Aries
était dans son quinzième degré 1.44? ans avant J.-C. par conséquent le
premier degré de Libra n'a pas pu coïncider avec l'équinoxe d'été p~us
tard que 15.194 ans avant J.-C. et si on y ajoute les 1.790 ans depuis
le Christ, il apparaît que 16.984 ans sont révolus depuis l'origine du
Zodiaque.
Cancer, le Lion et le groupe terminait avec la Vierge-
Scorpion. Puis venait le point tournant Libra, la Balance.
Après cela, la première moitié du signe de la Vierge-Scor-
pion se dédoublait et était transféré pour servir de chef au
groupe inférieur, ou descendant, du Microcosme qui conti-
nuait jusqu'au signe des Poissons, ou Noé (le déluge). Afin
de le rendre plus clair, le signe de la Vierge-Scorpion qui
était représentée par np, devint simplement la Vierge,
~y~o.et la duplication n~, ou Scorpion, fut intercalée entre
Libra (la Balance), le septième signe (lequel est Enoch, ou
l'ange Metatron, ou le J~c~feur entre l'esprit et la ma-
tière, ou entre Dieu et l'homme). Il devint alors, le Scor-
pion ou Caïn, lequel signe ou patriarche conduit l'AM~ï~-
nité à la perdition, suivant la théologie exotérique mais
d'après la véritable doctrine de la religion sagesse, il dé-
note la chute de l'univers tout <er au coM/'s de son
évolution depuis la condition subjective à la ro/ïc~ï
objective.
On prétend que le signe Libra, la Balance, est une in-
vention postérieure des Grecs, mais on ne dit pas que ceux
parmi eux qui étaient initiés, n'avaient fait qu'un échange
de noms, pour exprimer la même idée que le nom secret
pour ceux « qui savaient en laissant les masses dans la
même ignorance qu'auparavant. Leur idée toutefois, était fort
beUe, car cette Libra, ou Balance exprimait autant qu'il
était possible, de le faire sans dévoiler cependant la vérité
ultime tout entière. Ils voulaient faire entendre par là que
lorsque le cours de l'évolution avait amené les mondes au
point le plus bas de la matérialité, où les mondes et leurs
produits étaient les plus grossiers et leurs habitants les
plus bestiaux, le point tournant était atteint et les forces
également balancées. Au point le plus bas, l'étincelle divine
de l'esprit, encore latente en eux, donne l'impulsion pour
les faire remonter. La Balance est le symbole de l'équilibre
éternel, qui est une des nécessités d'un univers harmonieux.
de la justice parfaite, de la balance des forces centripète et
centrifuge, des ténèbres et de la lumière, de l'esprit et de
la matière.
Ces signes additionnels du Zodiaque nous autorisent
a û/~r/ney que le livre de la Genèse, tel que nous le
rayons OM/OHr~'A~, est d'une c~a~ plus récenle que re//e
de l'invention du signe Libra. par les Grecs car nous
constatons que les chapitres de généalogies y sont remo-
delés pour cadrer avec le nouveau Zodiaque, au lieu de
faire concorder ceux-ci avec la liste des patriarches. Et c'est
cette addition, et la nécessité de cacher la véritable clé,
qui ont amené les compilateurs rabbiniques à répéter deux
fois les noms d'Enoch et de Lamech, comme nous le voyons
maintenant dans le tableau Kénite. De tous les livres de
la Bible, seule la Genèse appartient à une antiquité très éloi-
gnée. Tous les autres sont des ajoutures plus ou moins
récentes, dont les plus anciens apparurent avec Hilkiah,
qui, sans doute, les confectionna avec l'aide de la prophé-
tesse Huldah.
Comme plus d'une signification se rattache à l'histoire
du déluge et de la création, nous maintenons, par consé-
quent, que le récit biblique ne peut être séparé de la ver-
sion babylonienne de la même histoire et .que ni l'une ni
l'autre ne seront parfaitement claires sans l'interprétation
ésotérique des Brahmanes, au sujet du déluge, telle qu'on
la trouve dans le .Vû/MM~a/c et la Sathapatha Brah-
mana. Ce furent les Babyloniensauxquels les « mystères
le langage sacerdotal et la religion, furent enseignés par
les problématiques Akkadiens, lesquels suivant Raw-
linson vinrent d'Arménie et non ceux-là qui émigrèrent
aux Indes. Voilà où la preuve devient évidente. Mo vers
nous fait voir le Xisuthros babylonien plaçant le « soleil »
dans le Zodiaque, dans le signe Aquarius, et Oannès,
l'homme-poisson, le demi-démon, c'est Vichnou dans son
premier avatar nous avons, ainsi, la clé de la double source
de la révélation biblique.
Oannès est le symbole de la sagesse ésotérique sacerdo-
tale il sort de la mer, parce que le « grand abîme l'eau,
symbolise, nous l'avons déjà dit, la doctrine secrète. Pour
cette même raison, les Egyptiens déifiaient le N11, outre
qu'en vertu de son inondation périodique, il était considéré
comme le « Sauveur » du pays. Ils allaient jusqu'à tenir
sacrés les crocodiles, qui avaient leur demeure dans l'eau.
Les soi-disant « Chamites » ont toujours préféré s'établir
dans le voisinage des rivières et des océans. D'après cer-
taines anciennes cosmogonies, l'eau fut le premier élément
créé. Ce nom d'Oannès est tenu en grande vénération, dans
les annales chaldéennes. Les prétres chaldéens portaient
une coiffure en forme de tête de poisson et un vêtement cou-
vert d'écaillés imitant le corps d'un poisson (d).
« Thalès », dit Cicérone affirme que l'eau est le principe
de toutes choses et que Dieu est cet Esprit qui façonna
et créa toutes choses de l'eau (2).
« Apprenez d'abord, que le ciel, la terre, la mer, le globe
brillant de la Lune et l'astre de Titan, ont une AME commune,
qui répandue dans les membres de ce GRAND CORPS, donne
la vie et le mouvement à l'univers (3). »
L'eau représente la dualité tant du Macrocosme que du
Microcosme, uni à l'ESPRIT vivifiant, et l'évolution du petit
monde du cosmos universel. A ce point de vue, le déluge
appelle l'attention sur la lutte finale entre les éléments op-
posés, qui termina le premier grand cycle de notre planète.
Ces périodes graduellement s'interpénétrèrent, l'ordre nais-
sant du chaos, ou du désordre, et les types successifs d'or-
ganismes n'étant évolués qu'à mesure que les conditions
physiques de la nature étaient prêtes pour leur apparition
car la race actuelle n'aurait pas pu respirer sur notre globe
pendant cette période intermédiaire, puisqu'elle n'avait pas
encore le vêtement de peau allégorique (4).
Dans les quatrième et cinquième chapitres de la Genèse,
nous voyons les soi-disant générations de Cam et de Seth.
Considérons-les dans l'ordre dans lequel elles sont présen-
tées
1. Voyez tes illustrations de Ancient Faiths de Inman.
2. Cicéron De A'a~. Deorum, I, 10.
3. V irgile Enéide VI.
4. Le terme «vêtement de peau devient olus suggestif lorsque nous
saurons que le mot hébreu « peau dans le texte originel, veut dire la
peau humaine. Le te"cte dit Et Java Aleim confectionna pour Adam et sa
femme T~r~roCHITO~HJT OUR. Le premier mot hébreu est. le même
que le mot grec ~:TMv Chiton vêtement. Pankhurst le définit comme
la peau d'hommes ou d'animaux 7*7 I? et -OUR, OR, ou ORA. Nous
retrouvons le même mot dans lExode, XXXIV, 30-35, lorsque la peau
du visage de Moïse rayonnait e (A. \i!der'.
LIGNES DE GÉNÉRATIONS
l.Adam l.Adam.
2.Seth g. 2.Cam.
3.Eao3 '3 S.Enoch.
4.Caioan
5. Mahaialcel
.S 4.1rad.
5. Mehujae!.
6. Jared
Enoch
.=
~6.
'5
Mathusael.
Lamech.
7.
?. Mathusatem
9. Lamech
=
o ~8. '?.
Jubal.
~9' Jabal.
tO. Noé S 10. Tuba! Cam
Ce sont les dix patriarches qui sont identiques aux Pra-
gâpatis (Prapjapatis) hindous, et aux Séphiroth de la cabale.
Nous disons bien dix patriarches et non vingt, car la ligne
kénite ne fut inventée que pour l* développer la notion
du dualisme, sur laquelle est fondée la philosophie de toutes
~es religions car ces deux tables généalogiques représen-
tent tout simplement les pouvoirs opposés des principes du
bien et du mal et 2° comme un masque pour les masses non-
initiées. Admettons que nous leur rendions leur forme pri-
mitive en effaçant ces masques prémédités ils sont si trans-
parents qu'ils n'exigent pas une perspicacité bien grande
pour faire le choix, même si Fon ne fait usage que de son
propre jugement, sans en faire la preuve, comme c'est notre
cas, au moyen de la doctrine secrète.
En nous débarrassant, donc, des noms kénites qui ne
sont que les répétitions des séthites, ou l'un de l'autre,
nous éliminons Adam Enoch lequel, dans une des gé-
néalogies est le père d'Irad, et dans l'autre le fils de Jared
Lamech, fils de Mathusael, tandis que lui, Lamech, est le
fils de Mathusalem dans la ligne séthite Irad (Jared) (1),
Jubal et Jabal, lequel avec Tubal-Cain forment une trinité
dans une ligne, et celle-là le double de Cam Mehujael (qui
1. Ici encore, la « Masorahen changeant un nom en un autre, a aidé
à fausser le peu qui restait d'originel dans les Ecritures primitives.
De Rossi de Parme, dit des Massoretes, dans son Compendis, voi.lV.
p. 7 « On sait avec quel soin Esdras, le meilleur critique qu'ils aient eu,
réforma (le texte), le corrigea, et lui rendit sa première splendeur. De
toutes les nombreuses révisions entreprises après lui, aucune n'est plus
célèbre que celte des Massoretes, qui vinrent après le xvi* siècle. et
tous les plus zélés adorateurs et défenseurs de la « Mzsorah qu'ils
soient Chrétiens ou Juifs. s'accordent ingénument pour reconnaître que
telle qu'elle existe elle est défectueuse, tmpar/a~e, interpolée, remplie
d'erreurs, et un guide des moins $ar~. La lettre carrée ne fut inventée
qu'après le in* siècle.
n'est que Mahalaleel écrit différemment), et Mathusael
(Mathusalem). Il ne nous reste dans la généalogie kénite
du chapitre IV qu'un seul Caïn, qui comme premier
meurtrier et fratricide est placé dans sa ligne comme le
père d'Enoch, le plus vertueux parmi les hommes, qui ne
meurt pas, mais est enlevé au ciel en pleine vie. Si nous nous
tournons maintenant vers la table séthite nous trouvons que
Enos, ou Enoch vient en seconde ligne après Adam, et qu'il
est le père de Caïn (an). Ceci n'est pas un accident. Il y a
ici une raison évidente pour cette inversion de paternité il
y a un plan arrêté qui est celui de créer une confusion
et d'égarer les recherches.
Nous disions donc, que les patriarches ne sont autres que
les signes du zodiaque ce sont des emblèmes, dans leurs
divers aspects, de l'évolution spirituelle et physique des
races humaines, des âges et des divisions du temps. Dans
l'astrologie, les premières quatre « maisons » dans les dia-
grammes des « douze maisons du ciel » à savoir la pre-
mière, la dixième, la septième et la quatrième, ou le second
carré intérieur situé avec ses angles par en haut et par en
bas, sont appelés des angles, ayant la plus grande force et
puissance. Ils répondent à Adam, Noé, Caïn-an, et Enoch,
Alpha, Oméga, le bien et le mal dirigeant tout. En outre,
lorsqu'ils sont divisés (y compris les deux noms secrets) en
quatre frigons ou triades, tels que le feu, l'air, la terre et
l'eau, nous constatons que ce dernier correspond à Noé.
Enoch et Lamech furent doublés dans la table de Cam,.
afin de compléter le nombre dix dans les deux « généra-
tions» de la Bible, au lieu de faire usage du « Nom secret
et, afin que les patriarches pussent correspondre aux dix
Séphiroth cabalistiques, et accommoder en même temps les
dix, et par la suite douze signes du Zodiaque d'une façon
compréhensible seulement pour ceux qui étaient versés
dans la cabale.
Maintenant qu'Abel eut disparu de cette lignée de des-
cendance, il est remplacé par Seth, qui est évidemment une
réflexion tardive suggérée par la nécessité de faire que la
race humaine ne descende pas exclusivement d'un meur-
trier. Ce dilemme n'ayant sauté aux yeux que lorsque la
ligne Kénite eût été terminée, on s'arrangea pour qu'Adam.
(après l'apparition de toutes les générations) engendrât son
fils Seth. Le fait est suggestif que tandis que l'Adam à
double sexe du Chapitre V est fait à la ressemblance de
l'Eohim (Voyez Genèse Chap. 1, 27 et Chap. V, I) Seth
(Y. 3) est engendré à « la ressemblance » d'Adam, donnant
ainsi à comprendre que c'étaient des hommes d'une race
dtïlerente. De plus, il est digne d'attention, que ni l'âge,
ni aucune autre particularité des patriaches ne sont donnés
dans la table Sethite.
Assurément, nul ne pourrait s'attendre à trouver dans un
ouvrage public, les mystères extrêmes qui depuis les âg'~s
les plus reculés ont été tenus cachés dans le plus profond
secret des sanctuaires. Mais, sans en divulguer la clé aux
profanes, ou sans qu'on puisse nous accuser d'indiscrétion,
nous pouvons soulever un coin du voile, qui cache les majes-
tueuses doctrines de l'antiquité. Ecrivons, donc, les noms
des patriarches tels qu'ils doivent figurer dans leurs rapports
avec le Zodiaque, et voyons comment ils correspondent aux
signes. Le diagramme suivant représente la Roue d'Ezéchiels
telle que la donnent de nombreux ouvrages, entre autre,
les Rosicrucians, de Hargrave Jennings
Ces signes sont les
suivants (suivez les
nombres).
1. Le Bélier; 2. le
Taureau; 3, les Gé-
meaux 4, le Cancer
5, le Lion 6, la Vierge, ou la ligne as-
cendante du grand cycle de la création.
Puisviun*7Ja 7~ce -« l'homme »,
lequel, bien que nous le trouvions placé
exactement au milieu, c'est-àdire au
point d'intersection, ramène les nom-
1
bres vers le bas 8, le Scorpion 9, le
Sagittaire; 10, le Capricorne; 11, le
P">n.t
ti 1 1.c: pnicennc
End iscutant le double signe de la
Vierge Scorpion et de la Balance,
Hargrave Jennings fait la remarque suivante (p. 65)
4:Tout ceci est incompréhensible, sauf pour Fétrange mys-
ticisme des Gnostiques et des Cabalistes et toute la
théorie aurait besoin d'une clé pour la rendre intelligible
ces hommes extraordinaires parlent vaguement de la pos-
sibilité d'une telle clé, mais ils se refusent absolument à
la communiquer, sa divulgation étant de tous points im-
possible. II faut donner sept tours à cette clé avant de
pouvoir divulguer le système tout entier. Nous allons lui
en donner un, et permettre ainsi aux profanes de jeter un
regard sur le mystère. Bien heureux celui qui le comprendra
dans son ensemble 1
Il
suffit, pour expliquer la présence de Jodheva (ou de
Yodheva), ou ce qu'on nomme généralement le tétragramme
~n*, et celle d~Adam et d'Eve, de rappeler au lecteur les
versets suivants et de la Genèse, avec leur signification
exacte entre parenthèses
1. « Dieu (Elohim) crée l'homme à son (leur) image. il les
(le) créa mâle et femelle » (ch. I, 27).
2. « II les (le) créa mâle et femelle. il les (l') appela du nom
d'homme (Adam) » (ch. V, 2).
Lorsque le ternaire est pris au commencement du tétra-
gramme, il est l'expression de la création divine, au sens
~/)!H6/, c'est-à dire sans péché charnel de l'autre côté du
tétragramme il est pris dans ce dernier sens il est alors
féminin. Le nom d'Eve se compose de trois lettres celui
de l'Adam primitif, ou céleste, s'écrit avec une seule lettre,
Jod ou Yodh il ne doit, par conséquent, pas se prononcer
Jehovah, sinon Yeva, ou Eve. L'Adam du premier chapitre
est l'Adam spirituel, et partant, pur, androgyne, c'est FAdam-
Kadmon. Lorsque la femme est tirée de la côte gauche du
second Adam (l'Adam de poussière) la Virgo pure se sépare
et, par sa chute « dans la génération ou sur le cycle
descendant, elle devient Scorpio (i), l'emblème du péché
et de la matière. Tandis que le cycle ascendant a trait aux
races purement spirituelles, les dix patriarches anté-dilu-
viens (les Prâdjapatis et les Séphiroth)(i) sont conduits par
la Divinité créatrice elle-même~ qui est Adam-Kadmon ou
Yodcheva le cycle inférieur est celui des races terrestres,
conduites par Enoch ou Libra, le septième; lequel, parce
qu'il est moitié divin, moitié terrestre, fut enlevé, dit-on,
au ciel, en pleine viè. Enoch, ou Hermès, ou Libra ne font
qu'un. Tous trois représentent la balance de l'harmonie uni-
verselle la justice et l'équilibre sont placés au point cen-
tral du Zodiaque. Le grand cercle céleste, si bien décrit par
Platon dans son Timée, est le symbole de l'inconnu en tant
qu'unité et les cercles plus petits qui constituent la croix,
ï. Le Scorpion est le signe astrologique des organes de la reproduction.
2. Les patriarches. Sont tous convertibles par leurs nombres, de mém~
qu'ils sont interchangeables, suivant ce qu'ils représentent, ils deviennent
le dix, le cinq, le sept, le douze et même le.quatorze. Tout le système est si
compliqué qu'il est absolument impossible,dans un ouvrage comme celui-
ci, de faire plus que de donner quelques indications à son sujet.
par leur division sur le plan de l'anneau zodiacal, sont I<?
symbole de la vie, à leur point d'intersection. Les forces
centripètes et centrifuges, comme symboles du Bien et du
Mal, de l'Esprit et de la Matière, de la Vie et de la Mort,
sont aussi ceux du Créateur et du Destructeur, Adam et
Eve, ou de Dieu et le Diable, comme on dit en langage
vulgaire. Dans les mondes subjectifs, aussi bien que dans
les mondes objectifs, il existe deux pouvoirs qui, par leur
opposition éternelle entretiennent l'harmonie dans l'univers
de l'esprit et de la matière. Ils obligent les planètes à pour-
suivre leur course et les maintiennent dans leurs orbites
elliptiques, traçant ainsi la croix astronomique dans leur
révolution à travers le Zodiaque. Si, dans la lutte, la force
centripète venait à avoir le dessus, elle pousserait les pla-
nètes et les âmes vivantes dans le soleil, le type du Soleil
spirituel invisible, le Paramatma ou la grande Ame univer-
selle, son progéniteur tandis que la force centrifuge chas-
serait les planètes et les a/7ï~ dans l'espace solitaire, loin
du luminaire de l'univers objectif, loin du royaume spiri-
tuel de la salvation et de la vie éternelle, et dans le chaos
de la destruction cosmique finale et de l'annihilation indi-
viduelle. Mais la balance est là, toujours sensible au point
d'intersection. Elle règle l'action des deux combattants, et
l'effort combiné des deux fait que les planètes et les « âmes
vivantes » poursuivent une double ligne diagonale dans leur
révolution à travers le Zodiaque et la Vie c'est ainsi qu'elle
entretient une stricte harmonie dans le ciel et la terre, visi-
bles et invisibles, l'unité forcée des deux reconciliant l'es-
prit avec la matière, et Enoch apparaît comme le « Méta-
tron devant Dieu. En comptant en descendant depuis lui
jusqu'à Noé et ses trois fils, chacun d'eux représente un
nouveau « monde », c'est-à-dire que notre globe, qui est
le septième (i), après chaque période de transformation
1. Voyez le premier volume de cette ouvrage (p. t!6). Le calcul hindou,
au moyen du Zodiaque peut, seul, fournir la clé des chronologies hébraï-
ques et des périodes des patriarches. Si nous tenons compte que souvent
les anciens calculs astronomiques et chronologiques, sur les quatorze
manvantaras (ou périodes divines) dont chacun se compose de doase mille
ans de dévas, multipliées par soixante et onze, constituant une période
de la création, il n'y en a pas encore tout à fait sept de révolus, les cal-
culs hébreux deviendront plus intelligibles. Afin de faciliter, dans la
géologique, donne naissance à une nouvelle race distincte
d'hommes et d'animaux.
Caïn est à la tête de la ligne ascendante, ou Macro-
cosme, car il est le fils de « l'Eternel et non d'Adam
(Genèse, IV, 1). L' « Eternel « c'est l'Adam-Kadmon, Caïn
est le fils de la pensée coupable, et non de la progéniture
de la chair et du sang Seth par contre, est le chef des
races terrestres, car il est le fils d'Adam, engendré « à sa
ressemblance selon son image ( Genèse, V, 3) Caïn, c'est
A~enK, l'Assyrien, qui veut dire l'aîné, tandis que le mot
hébreu veut dire un forgeron, un artisan.
Notre science établit la preuve que notre globe a passé
par cinq phases géologiques distinctes, caractérisées cha-
cune par une couche différente, lesquelles, par ordre in-
verse, en commençant par la dernière sont 1" la période
Quaternaire, dans laquelle l'apparition de l'homme consti-
tue une certitude 2° la période Tertiaire, dans laquelle la
présence de l'homme es~/)os~/f/ la période Secondaire
celle des sauriens gigantesques, les mégalosaures, les ich-
tyosaures, et les plésiosaures sans aucun vestige de
/'Ao/7ï'7ïe 4' la période Paléozoïque, celle des crustacés
gigantesques; 5' (ou la première) la période Azoïque, pen-
dant laquelle la science affirme que la vie organique n'avait
pas encore fait son apparition sur la terre.
Comme il est impossible qu'il y ait eu une période,
voire même plusieurs périodes, dans lesquelles l'homme
ait exislé, sans être cependant un être organique, il n'a
pu, par conséquent, laisser un vestige quelconque pour la
science exacte. Z/~s/)r~ ne laisse derrière lui ni squelet-
tes ni fossiles, et, néammoins, rares sont ceux, qui doutent,
ci-bas, que l'homme puisse avoir une existence objective
et une autre subjective. De toutes manières, la théologie
des Brahmanes, d'une antiquité incalculable, qui divise les
mesure du possible, ceux qui, sans doute, seraient fort embarrassés par
ces calculs, nous rappelons au lecteur que le Zodiaque est divisé en
360 degrés, et chaque signe en 30 degrés que dans la Bible samaritaine
~'aye d'Enoch est fixé <1 ans que dam le Manou les divisions
du temps sont données comme suit « Le jour et la nuit se composent
de trente J/b~Aoar~. Un mouhourta contient trente Kâlas. Un mois des
mortels est de trente jours, ce qui ne fait çu'c~jour des pitris. Une
année des mortels est un jour des Dévas. o
périodes de formation de la terre en quatre âges, et qui place
entre chacun de ceux-ci un intervalle de i.718.000 années,
s'accorde bien mieux avec la science officielle et les décou-
vertes modernes, que les absurdes notions chronologiques
promulguées par le concile de Nicée et de Trente.
Les noms des patriaches ne sont pas des noms hébreux,
bien qu'ils aient été hébraïsés, par la suite ils ont, sans
contredit, une origine assyrienne ou aryenne.
Ainsi Adam, dans la Cabale commentée, nous apparaît
comme un nom convertible, qui peut s'appliquer à presque
tous les autres patriarches, de même que chaque Sephiroth
s'applique à chaque Sephira, et vice verso, Adam, Caïn et
Abel constituent la première ~n~c parmi les douze. Ils
correspondent à. la Couronne, la Sagesse et l'Intelligence,
dans l'arbre séphirotique;et,en astrologue aux trois trigones
le feu, la terre et l'air si nous pouvions consacrer plus de
place à l'élucidation de ce fait, nous verrions que l'astrolo-
gie mérite le nom d'une science, aussi bien que n'importe
quelle autre. L'Adam (Kadmon) ou Ariès, le bélier, est iden-
tique au dieu égyptien à tête de bélier Amun, qui façonne
l'homme sur un tour de potier. Par conséquent, son double,
l'Adam de poussière, est également Ariès, Amon, lorsqu'à
la tête de ses générations, il façonne également les mortels
« à sa ressemblance ». En astrologie la planète Jupiter cor-
respond à la « première maison » (celle d'Ariès). La cou-
leur de Jupiter ainsi qu'on le voit dans les « étages des sept
sphères sur le tour de Borsippa, ou de Birs-Nimrod, est
la couleur rouge ( i ) et Adam, en hébreu veut dire i!'r~
« rouge en même temps qu' < homme Le dieu hindou
Agni, qui préside au signe des Poissons, voisin de celui du
Bélier dans leur relation avec les douze mois (Février et
Mars) (2),est teinté de rouge foncé, avec deux ngures (mâle
1. Voyez les Diagranis de Rawlinson.
2. Tocs les signes du Zodiaque brahmanique sont présidés par, et dé-
diés à un des douze grands dieux. Ainsi 1" Mecha (le Bélier) est dédié
à Varuna 2* Vricha (le Taureau), à Yama 3° Mithuna (les Gémeaux) à
Pavana 4' Karcâtaca (!e Cancer) à Sùrya 5" Sinha (le Lion) à Soma
6" Kanya (La Vierge) à Kartikeia 7° Toulha (la Balance) à Kouvera
8" Vristchica (le Scorpion) à Kama;9* Dhanous (Le Sagittaire) à Ganesa
10* Makara (le Capricorne) à Poulhar 11" Kumbha (le Verseau) à Indra;
et 12" Minas (les Poissons) à Agni.
et femelle), trois jambes et sept bras le tout composant
le nombre de douze. De même, aussi, Noé (les Poissons),
qui apparaît dans les générations comme le douzième pa-
triarche, en comptant Caïn et Abel, est, de nouveau, Adam
sous un autre nom, car il est l'ancêtre d'une nouvelle race
d'humanité et, avec ses « trois fils un méchant, l'autre
bon, et un participant des deux qualités, est la réûexion
terrestre de l'Adam super-terrestre et de ses trois uls. On
représente Agni monté sur un béUer.coiSé d'une tiare sur-
montée d'une croix (1).
Kaïn, présidant au signe Taurus (le Taureau) du Zodia-
que, est également fort suggestif. Le Taureau appartient au
trigone terrestre, et à ce sujet il n'est pas superflu de rap-
peler au lecteur une allégorie de 1\4 f<~o persane. Suivant
]a légende, Ormazd produisit un être source et type de
tous les êtres universels appelé La VIE, ou le Taureau
dans le Zend. Ahriman (Caïn) tue cet être (Abel) de la se-
mence duquel naissent de nouveaux êtres (Seth). Abel, en
langue assyrienne, veut dire fils, mais en hébreu ~n, il
signiue quelque chose d'éphémère, ce qui n'a pas une longue
vie, ce qui est sans valeur, et aussi une « idole -païenne (2)~,
car Kaïn est une statue /!6/v7ïaf<yue (une colonne, le sym-
bole de la génération). Dans cet ordre d'idées, Abel est la
contre-partie féminine de Caïn (le mâle) car ce sont des
jumeaux, et probablement androgynes celui-ci correspond
a la Sagesse, et celui-là à l'Intelligence.
Il en est de même de tous les autres patriarches. Enos,
est encore TTo/no, l'homme ou le même Adam, et
Enoch par-dessus le marché et "~p, Kaïn-an, est régal de
Caïn. Seth n~ est Teth, ou Thoth, ou Hermès et voilà,
sans doute, la raison pourquoi Josèphe, dans son premier
livre (chap.IM) fait voir Seth si bien versé en astrologie, en
géométrie et dans toutes les autres sciences occultes. Pré-
voyant le déluge, il dit qu'il grava les principes fondamen-
taux de son art sur deux piliers de briques et de pierres
Josèphe affirme savoir vu ces piliers en Syrie de son temps
C'est pour cette raison que Seth est encore identifié avec
1.Ht~dn Pantheon, de Moore, pp. 295-302.
2. Apollon était également AJbe~ns ou Bel.
Enoch, auxquels les cabalistes et les francs-maçons attri-
buent le même exploit et, en même temps avec Hermcs
ou Kadmus, car Enoch est identique à celui-là r!
HE-Tsocu
veut dire un instructeur, un initiateur ou un initié; dans la
mythologie grecque c'est Inachus. Nous venons de voir le
rôle qu'on lui fait jouer dans le Zodiaque.
Mahalaleel, si nous partageons le nom en r:
/na-~a-/a,
veut dire doux, miséricordieux on le fait correspondre avec
la quatrième Sephira, F~/MO~y ou la Pitié, émanée de la
première trinité (!) Irad, T", ou Iared, est (moins les
voyelles) identiquement le même. S'il dérive du verbe
il signifie descendance; si c'est de ""n, ora~, il veut dire
progéniture il correspond donc, parfaitement, aux émana-
tions cabalistiques.
Lamech, "j~ n'est pas de l'hébreu, mais du grec. Lam-
ach signiJSe Lam-le père, et Ou-Lom-Ach, est le père du
siècle ou le père de celui (Xoé) qui inaugure une nouvelle
ère ou période de création après le pralaya du déluge
Noé étant le symbole d'un nouveau monde, le Royaume
(Malchuth) des Séphiroth, par conséquent son père, qui
répond au neuvième Séphiroth, est la Fondation (2). De
plus, aussi bien le père que le fils correspondent dans le
Zodiaque au Verseau et aux Poissons c'est ainsi que le pre-
mier appartenant au trigone de l'air, et le second à celui de
l'eau, ils viennent clore la liste des mythes bibliques.
Mais si, ainsi que nous le constatons, chaque patriarche
représente, à un point de vue, ainsi que le font tous les
Pradjàpatis, une nouvelle race d'êtres humains anté-dilu-
viens et si, ainsi qu'il est aisé de le prouver, ce ne sont
que des copies des Saros ou âges babyloniens, et que
ceux-ci sont des copies des dix dynasties hindoues des
« Seigneurs des Etres » (3) néanmoins, de quelle façon que
1. Halal est le nom d'Apollon. Le nom de .tfa/ta~-EHel serait donc le
soleil d'automne, celui de juillet, et ce patriarche préside précisément au
signe zodiacal du Lion (juillet).
2. Voyez la description des Séphiroth au chapitre V.
3. Xous constatons combien servile était cette copie chaldéenne en com-
parant la chronologie hindoue avec; celte des Babyloniens. Suivant le
Manou les dynasties anté-diluviennes des Pradj&patis régnèrent pendant
4.320.000 années humaine~ en d'autres termes un â~e divin tout entier
des dévas, ou le laps de temps qui s'écoule invariablement entre la vie
nous les envisagions, ce sont les allégories les plus pro-
fondes qui aient été conçues par un esprit philosophique.
Dans le Nuclemeron (i), l'évolution de l'univers et ses
périodes successives de formation, y compris le développe-
ment graduel des races humaines, sont illustrés autant que
possible, dans les douze « heures de la division de l'al-
légorie. Chaque~ heure symbolise l'évolution d'un nou-
vel homme, et celle-ci, à son tour, est divisée en quatre
quarts ou âges. Cet ouvrage est la preuve jusqu'à quel
point l'ancienne philosophie était teintée de la doctrine des
anciens Aryens, lesquels furent les premiers à diviser la vie
sur notre planète en quatre âges. Si l'on pouvait suivre la
trace de cette doctrine depuis sa source dans la nuit des
temps de la période traditionnelle jusqu'au voyant de Pat-
mos, on ne risquerait point de s'égarer dans les systèmes
religieux des nations. On verrait que les Babyloniens ensei-
gnaient que quatre Oannès (ou Soleils) apparurent à quatre
différentes époques que les hindous proclament leurs quatre
Yugas; que les Grecs, les Romains et les autres croient fer-
mement à leurs âges d'or, d'argent, de bronze et de fer,
chacune de ces périodes étant annoncée par l'apparition
d'un sauveur. Les quatre Bouddhas des Hindous et les trois
prophètes des Zoroastriens Oshedar-Cami, Oshedar-mah,
et Sosiosh précédés par Zaratushtra, sont les types de
tous ces âges.
A son début même~ la Bible nous dit <yu'<z~ que les fils
de Dieu virent les filles des hommes, ceux-ci vivaient de
365 à 969 ans. Mais lorsque l'Eternel vit les iniquités des
hommes. Il décida que leurs jours ne seraient plus que de
120 ans (Genèse, VI, 3). Pour expliquer une telle diffé-
rence dans les tableaux de la mortalité humaine, il faut
suivre la trace de la décision de « l'Eternel jusqu'à son
origine. Les incongruités que nous rencontrons à chaque
pas de la Bible ne peuvent être attribuées qu'au fait que
sur le globe et la dissolution de cette même vie, ou pralaya. De leur
côté, les Chaldéeas donnent exactement les mêmes chiffres, avec un zéro
en moins, à savoir ils calculent que leurs 120 saros donnent un total de
432.000 années.
1. Eliphas Lévi donne la version grecque aussi bien que celle de l'hé-
breu, mais arbitraire et condensée au point d'être absolument inintelli-
gible pour quiconque n'est pas aussi savant que lui.
les livres de la Genèse et les autres livres de Moïse ont été
faussés et remodelés par plus d'un auteur; et que dans leur
condition originelle ils étaient, exception faite de la forme
extérieure des allégories, de fidèles copies des livres sacrés
des hindous. Nous lisons ce qui suit dans le livre I, du 3~<ï-
nou « Dans le premier âge, on ne connaissait ni la mala-
die, ni la souffrance. Les hommes vivaient 400 ans. »
Ceci avait lieu dans le Krita ou Satya-yug.
« Le Krita-yug est le symbole de la justice. Le T~rre~M
qui se tient ferme sur ses quatre pieds est son image
l'homme s'attache a la vertu, et le mal ne dirige pas encore
ses actions (i). Mais à chaque âge successif, la vie hu-
maine primitive perd un quart de sa durée, c'est-à-dire
que le Treta-yug, l'homme ne vit plus que 300 ans, dans
le Dwapara-yug 200 et dans le Kaki-yug, ou notre âge
actuel, il ne vit en général tout au plus que ~00 ans.
Noé, le fils de Lamech-OuIom-.icA, ou le père de l'âge
est une copie déformée de Manou, le fils de Swayambhu et
les six Manous ou Rishis, issus du « premier homme » hin-
dou, sont les originaux de Terah, Abraham, Isaac, Jacob,
Joseph et Moïse, les sages hébreux, lesquels, en commen-
çant par Terah étaient, dit-on, des astrologues, des alchi-
mistes, des prophètes inspirés et des devins en d'autres
termes et pour parler clairement, des magiciens.
Si nous consultons la Mishna talmudiste nous y voyons
que le premier couple divin, émané, le Démiurge Chochmah
(ou Hachma Achamoth) androgyne, et BInah se construisent
une maison avec sept piliers. Ce sont les architectes de Dieu
la Sagesse et l'Intelligence « Son compas et Son
équerre ». Les sept colonnes sont les sept futurs mondes,
ou les sept « jours » typiques primordiaux de la création.
« Chochmah immole ses victimes Ces victimes sont
les innombrables forces de la nature qui doivent « mourir »
{se dissiper) afin de jooH"o/r vivre quand une des forces
meurt, ce n'est que pour donner naissance à une autre force,
sa progéniture. Elle ne meurt que pour vivre dans ses en-
fants et ressuscite après chaque septième génération. Les
1. Voyez la dissertation du Rabbin Siméon sur l'Homme Taureau pri-
mitif et les cornes. Sohar.
serviteurs de Chochmah, ou la sagesse, sont les âmes de
H-Adam, car en lui sont toutes les âmes d'Israël.
II y a douze heures dans le jour dit la Mishna, et c'est
au cours de ces heures que s'accomplit la création de
1 homme. Ceci serait-il compréhensible si nous n'avions le
Manou pour nous enseigner que ce « jour » embrasse les
quatre âges du monde et a une durée de douze milles années
divines des Dévas ?
« Les créateurs (les Elohim) esquissent dans la deuxième
« heure » l'apparence extérieure de la forme corporelle de
l'homme. Ils la séparent en deux et préparent les sexes afin
de les rendre distincts les uns des autres. C'est ainsi que
procèdent les Elohim par rapport à chaque être créé (1).
« Les poissons, les oiseaux, les plantes, les animaux et
l'homme, tous étaient androgynes à la première heure. »
Voici ce que dit le commentateur, le grand Rabbin Si-
méon « Oh, compagnons, compagnons, l'homme en tant
qu émanation était aussi bien homme que femme, du côté
du PÈRE comme celui de la MÈRE. Voilà la signification
des paroles de FElohim lorsqu'il dit, Que la Lumière soit
et la Lumière fut C'est là l'homme double (2)
Il fallait une femme spirituelle pour contraster avec
l'homme spirituel. L'Harmonie est la loi universelle. Le
discours de Platon, dans la traduction de Taylor, est rendu
de manière à lui faire dire de l'univers actuel qu' < II le fit
mouvoir d'un mouvement circulaire. Par conséquent, lors-
que Dieu qui est une Divinité raisonnant sans cesse, se mit
à réfléchir au sujet de ce Dieu (l'homme) <ynt était destiné
à subsisler à une c/)o<y~6 ultérieure, II conçut son corps
lisse et uni, dans tous les sens et entier depuis le centre
Il le construisit parfait. Ce cercle parfait du Dieu créé,
le ~a!a à angles aigus en forme de la. lettre A'
Les italiques de ces deux phrases du Timée, sont du
D' Lundy, l'auteur du célèbre ouvrage, déjà mentionné
autre part, ~onM/7!e~a/ C/z/t~ Il appelle par là
l'attention aux paroles da philosophe grec, dans le but évi-
dent de leur donner le caractère prophétique que leur appli-
1. Le .Ycc<anteron des liébreux. EHph's Lévi, vol. II.
2. Aassuye aa~ dem Sohar, p. 13, 15.
quait saint Justin Martyr, lorsqu'il accusait Platon-d'avoir
emprunté sa<: discussion physiologique du Timée. relati-
vement au Fils de Dieu placé en croix dans l'univers à
Moïse et son serpent d'airain. Le savant auteur paraît plei-
nement reconnaître, dans ces paroles, une prophétie non
préméditée, bien qu'il ne nous dise pas s'il est d'avis, que
de même que le Dieu créé de Platon, Jésus était à l'origine
un sphéroïde < lisse et uni dans tous les sens et entier de-
puis le centrer. Même si saint Justin Martyr pouvait invo-
quer une excuse pour sa corruption des œuvres de Platon,
le D~ Lundy devrait savoir que le temps pour cette sorte
de casuistique est, depuis longtemps passé. Ce que le phi-
losophe voulait dire, c'est que l'homme, avant d'être enfermé
dans la matière n'avait pas d'usage pour des membres, car
il était une entité purement spirituelle. Par conséquent, si
la Divinité, son univers et les corps stellaires doivent être
considérés comme des sphéroïdes, cette forme serait éga-
lement celle de l'homme archétype. A mesure que son en-
veloppe prenait du poids, le besoin de membres se fit sen-
tir, et les membres poussèrent. Si nous nous représentons
un homme étendant les bras et les jambes dans le même
angle, et que nous le placions contre le cercle qui symbo-
lisait sa forme primitive comme esprit, nous aurions exac-
tement la figure décrite par Platon le X en croix, dans
le cercle.
Toutes les légendes relatives à la création, la chute de
l'homme et le déluge consécutif, appartiennent à l'histoire
universelle, et ne sont pas plus la propriété des Israélites
que celles de n'importe quelle autre nation. Ce qui leur
appartient en propre (exception faite des cabalistes) ce sont
les détails déSgurés de chaque tradition. La Genèse d'Enoch
est bien antérieure aux livres de Moïse (1), et Guillaume
Postel l'a présentée au monde, expliquant ses allégories
autant qu'il a osé le faire mais le fond de l'ouvrage est
1. Telle est l'opinion des savants D~' Jost et Donaldson. « Les livres
de l'Ancien Testament, tels que nous les voyons aujourd'hui, paraissent
avoir été terminés environ 150 ans avant J.-C. Les Juifs recherchèrent
alors les autres livres qui avaient été dispersés pendant les guerres, et
les réunirent en une collection. » (Ghillany jfe~c/tenop/er der Bej~raer,.
p. 1. Sod the son o~ the Jlan. Appendice.)
resté inexposé. Pour les Juifs, le livre d'Enoch est aussi
canonique que ceux de Moïse et si les chrétiens ont accepté
ceux-ci comme une autorité, nous ne voyons pas pourquoi
ils rejetteraient l'autre comme apocryphe. L'âge de l'un
comme celui de l'autre ne peuvent être déterminés avec
une certitude quelconque. A l'époque de la séparation, les
Samaritains ne reconnaissaient que les livres de Moïse et
celui de Josué, dit le D~ Jost (1). Le temple de Jérusalem
fut pillé en l'an 168 avant J.-C. et tous les livres sacrés
anéantis (2) par conséquent, les quelques MSS qui res-
taient étaient entre les mains des « maîtres de la tradition
Les Tanaïm de la Cabale, leurs initiés et leurs prophètes
avaient toujours pratiqué ses enseignements de concert avec
les Canaanites, les Chamites, les Madianites, les chaldéens
et toutes les autres nations. L'histoire de Daniel en est la
preuve.
Il existait une sorte de fraternité ou franc-maçonnerie
parmi les cabalistes, disséminés de mémoire d'homme, de
par le monde entier et comme ce fut le cas chez certaines
sociétés de la Maçonnerie au moyen âge en Europe, ils
s'intitulaient les Compagnons (3) et les Innocents (4). Il est
une croyance chez les cabalistes (croyance fondée sur la con-
naissance) que les livres sacrés véritables, des soixante-dix
anciens, livres qui contiennent l'Ancienne Parole ne
sont pas plus perdus, que ne le sont les rouleaux herméti-
ques, mais qu'ils ont été conservés depuis les siècles les
plus reculés dans des communautés secrètes. Emmanuel
Swedenborg en dit autant, et ses dires sont basés sur les
informations qu'il reçut de certains esprits, qui lui aiRrmèrent
qu'ils <( pratiquaient leur culte selon cette Ancienne Parole »
« Cherchez-la en Chine ? ajoute le célèbre voyant, « vous
la trouverez, peut-être, dans la Grande Tartarie D'au-
tres étudiants des sciences occultes ont eu mieux que la
parole de certains esprits, à laquelle se fier, dans le cas en
question, ils ont vu les livres.
Il faut, par conséquent, choisir entre deux méthodes.
1. Jost,vol. I, p. 51.
2. Josephas de Burder, vol. H, pp. 331-335.
3. Die Kabbala, p. 95.
4. Gaufaret Introduction au Livre d'Enoch.
accepter la Bible dans son sens exotérique,ou dans le sens
ésotérique, Les faits suivants parlent contre la première
après l'édition de la première copie Du Z~ere de Dieu, et
sa publication par Hilkiah, cette copie disparaît, et Esra se
voit obligé d'écrire une nouvelle Bible, qui est terminée par
Judas Maccabée qu'après avoir été copiée des lettres cor-
nées en caractères carrés, elle fut défigurée au point de ne
pas être reconnaissable que la ~a~oraA compléta l'œuvre
de la destruction et que finalement, nous avons un texte,
qui n'as pas 900 ans, mais où fourmillent les omissions,
les interpolations et les perversions préméditées. Par con-
séquent, comme ce texte masoréti<p<e hébreu a pétrifié ses
erreurs, et que la clé de la « Parole de Dieu » a été per-
due, nul n'a le droit d'imposer aux soi-disant < chrétiens
les divagations de toute une série de prophètes hallucinés,
et peut-être faux, sous la supposition insoutenable et injus-
tifiable qu'elle est l'œuvre du « Saint-Esprit en propria
persona.
Nous rejetons, donc, c prétendues Ecritures monothéis-
tes, élaborées justement au moment où les prêtres de Jéru-
salem avaient tout intérêt à briser violemment toute rela-
tion avec les Gentils. Ce n'est qu'à cette époque que nous
les voyons persécuter les cabalistes et mettre au ban
l' « ancienne sagesse des païens et des Juifs. La ue/*z/<x&/e
Bible hébraique était un volume $ec/ inconnu de la
masse du peuple, et même le Pentateuque des Samaritains
est bien plus ancien que le Septuagintd. Quant à la Bible hé-
braïque les Pères de l'Eglise n'en n'avaientjamais entendu
parler. Nous acceptons plus volontiers la parole de Sweden-
borg que « l'Ancienne Parole » se trouve en Chine ou dans
la Ta~ar~ d'autant plus, que le voyant suédois est consi-
déré, au moins par un pasteur, à savoir le Rév. D~R. L.-Ta-
fel de Londres, avoir été inspiré par Dieu lorsqu'il écrivit
ses ouvrages théologiques. Il a même la supériorité sur les
écrivains de la Bible, car, tandis que ceux-ci ne faisaient
qu'entendre les mots parlés à leurs oreilles, il fut donné à
Swedenborg de les comprendre par la raison il était donc
illuminé intérieurement, et non extérieurement. « Lorsqu'un
membre consciencieux de la nouvelle Église, entend une
accusation portée contre la divinité et l'infaillibilité soit de
l'âme ou du corps des doctrines de la Nouvelle Jérusalem
dit ce révérend auteur, < il doit se placer au point de vue
de la déclaration non-équivoque contenue dans ces doctri-
nes, que FEtemela effectué sa seconde venue au moyen de
ces écritures, qui ont été publiées par Emmanuel Sweden-
borg, Son serviteur, et que, par conséquent, les accusations
ne sont pas et ne peuvent pas être fondées. Et si c'est
«
l'Eternel » qui a parlé par la bouche de Swedenborg, il
nous reste l'espoir qu'au moins un prêtre vienne corrobo-
rer notre affirmation que l'ancienne <( Parole~de Dieu ne
se trouve nulle part, sinon dans les pays païens, et en par-
ticulier dans la Tartarie, le Thibel e~ la Chine boud-
dhisles.
« L'histoire primitive de la Grèce est l'histoire primi-
tive de l'Inde » s'écrie Pococke dans son India in Greece.
En perspective du fruit des recherches critiques à venir,
paraphrasons-le en disant « L'histoire primitive de la
Judée n'est que la distorsion d'une fable hindoue greffée
sur celle de l'Egypte. De nombreux savants se trouvent
acculés par les faits inflexibles, mais ne voulant pas opposer
les récits de la révélation < divine » à ceux des livres brah-
maniques ils se contentent de les mettre simplement devant
le public. Entre temps, ils limitent leurs conclusions à de
mutuelles critiques et à d'acerbes contradictions. Ainsi,
Max Mûller combat les théories de Spiegel et d'autres le
Professeur Whitney s'acharne contre celles de l'orientaliste
d'Oxford et le D~ Haug fait le siège de Spiegel tandis que
de son côté celui-ci se rejette sur uue autre victime; malgré
cela les Akkadiens et les Touraniens d'antique mémoire,
ont, eux-mêmes, eu leur jour de gloire. Il faut que les
.P/'o~o-A~c~e/ les ~a5~o-5'cy~e~ et les Sumériens et
tant d'autres, fassent place à d'autres fables Hélas, pau-
vres Akkadiens car voci Halévy l'assyriologue qui attaque
le langage Akkado-Sumérien de l'ancienne Babylone, et
Chabas, l'égyptologue, non content de détrôner la langue
touranienne, qui a rendu de signalés services lorsque les
orientalistes se trouvaient embarrassés, va jusqu'à quali-
fier de charlatan François Lenormant, le vénérable père des
Akkadiens. Mettant à profit ce conflit entre savants, le
clergé chrétien reprend courage avec sa fantastique théo-
logie, en disant que lorsque le jury est en désaccord, c'est
du temps de gagné pour l'accusé. On néglige, ainsi, la
question vitale de savoir si la Chrétienté ne ferait pas.
mieux d'adopter le Christisme à la place du Christianisme,
avec sa Bible, son expiation par délégation et son Diable.
Mais nous ne pouvons faire moins que dédier un chapitre
spécial à un personnage de l'importance de celui-là.
CHAPITRE X
'<
Arrière de moi SATAN (dit Jésus à Pierre).
j~/nen XVI, 23.
Que d'extravagantes sottises, capables de m'écarter de ma foi,
Ecoutez-moi bien. 11 m'a tenu, hier soir, pendant au moins neuf
heures, à m'énumérer tous tes noms du Diable. »
Henri IV, l" Partie; Acte III.SAa~espeare.
La force terrible et juste qui tue éternellement les avortons a
été nommée par les Egyptiens Typhon, par les Hébreux Samaël
par les orientaux Satan et par les latins Lucifer. Le Lucifer de la
Cabale n'est pas un ange maudit et foudroyé c'est l'ange qui
éclaire et qui rejénére en tombant. »
EupuAS Lëvi Dogme e~ Rituel.
« Tout méchant qu'il est, on peut encore faire du tort au Diable,
l'accuser faussement, l'inculper sans motif et cela, lorsque ne
voulant pas en subir, seuls, le blâme, nous lui faisons endosser les
-crimes que nous avons, nous-mêmes, commis.
De~oe. 1726.
SOMMAIRE
Le Diable dans tous ses aspects. Un Diable personnel implique le
polythéisme. Pas de Diable, pas de Christ. Le serpent tentateur
de l'Eden. Samaël et Typhon sont Satan. La tentation de Job et
celle de Jésus. Le Grand Dragon Rouge. Une explication néces-
saire est depuis longtemps différée. Le: Mystères de Déméter et de
Mithra. Le livre de Job expliqué par le « Livre des Morts Cor-
ruptions du texte et interpolations. Le Livre de Job est un poème
symbolique de l'Initiation. Le Néophyte est amené à la Lumière.
Le Satanisme chrétien n'est pas le même que le Satanisme oriental.
Diverses sorties de Satan. Le Secret de Perséphone Python et
Typhon sont des ombres de la Lumière. Le démon cingalais Rawho.
Le Méphistophélés de Goethe. La coupe de l'Agathodaémon.
Le « Prince de l'Enfer et le Roi de Gloire Le Waterloo de
Satan Ce que deux fantômes virent en Enfer. Débat entre Satan
et le « Prince des Enfers Le Credo de Robert Taylor. Sacrifices
humains chez les Juifs. La véritable signification des lettres 1. H. S.
Un auteur célèbre en même temps qu'un cabaliste long-
temps persécuté, suggéra, il y a quelques années, un credo
pour les cultes Protestant et Catholique Romain, qui
pourrait se traduire comme suit.
Prolévangélitim
« Je crois au Diable, le Père Tout-Puissant du Mal, le Destruc-
teur de toutes choses, le Perturbateur du Ciel et de la Terre
Et à l'Anté-Christ, son Fils unique, notre Persécuteur,
Qui a été conçu de l'Esprit du Mal
Qui est né d'une Vierge folle et sacrilège
Qui fut glorifié par l'humanité, qui règne sur elle,
Et qui monta jusqu'au trône du Dieu Tout-Puissant,
D'où il Le mit de côté, et depuis lequel il insulte les vivants
et les morts.
Je crois à l'esprit du Mal
A la synagogue de Satan;
A la coalition des méchants
A la perdition du corps
Et à la Mort et à l'Enfer éternels, .-l/nen. »
Ceci est-il pour vous choquer ? Cela vous paraît-il extra-
vagant ? Ecoutez. Le neuf avril 1877, dans la cité de New-
York, c'est-à-dire dans le dernier quart de ce qu'on se plaît
à nommer le siècle des découvertes et de la lumière, les
notions scandaleuses suivantes furent ouvertement procla-
mées. Nous citons d'un rapport publié dans le <SM/ï le len-
demain de cette date mémorable « Les prédicateurs bap-
tistes se réunirent hier dans la chapelle des Marins de
Oliver Street. Plusieurs missionnaires étrangers y étaient
présents. Le Rcv. John W. Sarles, de Brooklyn, lut un dis-
cours, dans lequel il soutint la proposition que tous les
p~'<?/M <26~ /770r~ sans avoir eu connaissance de
l'Evangile étaient éternellement ~a~/ïes. D'autre part, le
révérend conférenciersoutint que l'Evamgile était une malé-
diction, au lieu d'être une bénédiction, que ceux qui avaient
crucifié le Christ n'avaient fait que ce qu'il méritait et que
tout l'édifice de la religion révélée s'effondrait sur le sol.
« Le frère Stoddard, missionnaire de l'Inde, endossait les
vues du pasteur de Brooklyn. Les hindous sont de grands
pécheurs. Un jour~ après qu'il eût prêché sur la place du
marché, un Brahmane se leva et lui dit Nous autres hin-
dous nous rivalisons avec le monde entier en fait de men-
songes, mais cet homme-ci nous en donne à revendre. Com-
ment peut-il prétendre que Dieu nous aime ? Voyez le&
serpents, les tigres, les lions et toutes les bêtes dangereuses
autour de nous. Si Dieu nous aime, pourquoi ne nous en
débarrasse-t-il pas ?
« Le Rév. M. Pixiey, de Hamilton,N. Y. est parfaitement
d accord avec le discours du frère Sarles, et demande qu'on
lui alloue une somme de 5000, pour préparer des jeunes
gens pour la carrière.
Et ce sont ces hommes nous ne disons pas qui en-
seignent la doctrine de Jésus, car ce serait une insulte gra-
tuite à sa mémoire, mais qui sont payés pour l'ensei-
gner Devons-nous nous étonner si des personnes intelli-
gentes préfèrent l'annihilation à une croyance qui enseigne
une doctrine aussi monstrueuse ? Nous doutons fort qu'un
Brahmane, tant soit peu respectable, ait avoué avoir été cou-
pable de mensonge cet art n'est cultivé que dans les ré-
gions de l'Inde anglaise~ où l'on rencontre le plus grand
nombre de chrétiens (1).
Mais rous défions tout honnête homme, dans le monde
entier, de nous dire s'il croit que le Brahmane en question
s'écartait beaucoup de la vérité en disant du missionnaire
1. La réputation de haute morale des Brahmanes et des Bouddhistes
est si bien établie depuis des temps immémoriaux, que nous voyons le
colonel Henry Yule, le reconntitre dans son admirable édition de
Marco Polo en ces termes:" Les grandes vertus attribuées aux Brah-
manes et aux négociants indiens.- étaient, peut-être, le fait de la tradi-
tion. mais les éloges sont si constants parmi. les voyagsu-rs du moyen
~ge, qu'ils doivent avoir eu une L.~c solide. De fait, il serait facile de
suivre la trace de témoignage? de cette nature depuis les temps anciens
jusqu'à nos jours. Arrien assure qu'aucun Indien n'a jamais été accusé
de mensonge. Mwen T'sang attribue au peuple hindou la plus grande droi-
ture, honnêteté et désintéressement. Le Frcrc Jordanes (vers l'an 1330)
dit que les habitants de l'Inde inférieure (le Sindh et l'Inde Occidentale)
étaient véridiqucs dans leur langage et pratiquaient la justice nous pou-
vons également citer Je caractère de haute probité attribué aux hindous
par Abul Fazl. Mais âpres /J~ ~s de commerce avec les Européens, on
co7~<e, en t'érité, un triste c/tanyeyne/:< Cependant Pallas, au sièc!e
dernier, en parlant de la colonie Bamyan à Astrakhan, nous dit que ses
membres étaient renommés pour leur droiture, qui les faisait préférer aux
Arméniens. Et ce sage et dévoué fonctionnaire public, feu Sir William
Sleeman, dit encore à notre époque, qu'il ne connaissait pas dans le monde
entier d'hommes plus foncièrement honnètes que ceux de la classe mer-
cantile des Indes. (Livre de Ser Marco Polo, le Vénitien, Traduction du
Colonel Henry Yule, vol. I, p. 354.)
Le triste exemple de la démoralisation rapide des [ndiens satffaycs de
l'Amérique, aussitôt qu'ils sont mis en contact avec les fonctionnaires
chrétiens, n'est un secret pour psrsonue, dans nos temps modernes.
Stoddard, « que cet homme-ci nous en donne à revendre
en parlant de mensonges. Que pouvait-il dire de plus, si
celui-ci leur prêchait la doctrine de la ~oy/ma~zo/ï éternelle,
car ils avaient vécu jusque-là sans avoir lu un livre juif,
dont ils n'avaient jamais entendu parler, ou la rédemption
d'un Christ dont ils ne soupçonnaient pas même l'existence
Mais les pasteurs baptistes, en quête de quelques milliers
de dollars, sont capables d'inventer de terribles situations
pour enflammer les cœurs congréganistes.
En règle générale~ nous nous abstenons de relater nos
propres expériences lorsque nous pouvons présenter celles
de témoins, dignes de foi, c'est pourquoi, en lisant les inju-
rieuses remarques du missionnaire Stoddard, nous avons
prié dans nos relations, M. William L. E. O'Grady (1), de
nous donner son opinion impartiale au sujet des mission-
naires aux Indes. Son père et son grand-pèreétaient officiers
dans l'armée anglaise il est, lui-même, ~né aux Indes,
et par conséquent, a eu de nombreuses occasions de connaî-
tre l'opinion des Anglais sur ces propagandistes religieux.
Voici la communication qu'il nous a fait een réponse à notre
lettre
« Vous me demandez mon opinion au sujet des missionnaires
chrétiens aux Indes. Pendant toutes les années que j'y ai résidé,
je n'ai jamais parlé à un seul missionnaire- Ils ne fréquentaient
pas la société, et en ce qui concerne leurs procédés, dont j'ai
pu me rendre compte par moi-même, je n'en suis pas surpris.
Leur influence sur les indigènes e~ néfaste. Les converts qu'ils
font sont sans valeur, et appartiennent, en règle générale, aux
plus basses classes de la population ils ne s'améliorenl pas du
tout par la co~?r~07t. Aucune famille qui se respecte n'em-
ploierait des domestiques chrétiens. Ils sont menteurs, voleurs,
malpropres, et la saleté n'est certes pas un vice hindou ils
se mettent à boire, tandis qu'aucun hindou respectable d'une
autre croyance, ne touche jamais aux liqueurs fortes ils sont
-le rebut du peuple et tout à fait méprisables. Leurs nouveaux
instructeurs leur donnent de pauvres exemples d'harmonie.
Tout en prêchant aux parias que Dieu ne fait aucune distinc-
1. M. O'Grady, éditeur du American Builder, de New-York, est bien
connu à la suite du ses intéressants articles Indian 5&e<c/tes-.Lt/e in the
ji
East publiés sous le pseudonyme Had .YtcAa Bauker Khan, dans le Com-
mercial Bulletin de Boston.
tion entre les personnes, ils se vantent des rares Brahmanes, qui
à de longs intervalles se laissent prendre dans les filets de ces
hypocrites.
« Les missionnaires sont fort peu payés, ainsi qu'il est publi-
quement annoncé dansiez rapports des sociétés qui les emploient,
mais, chose inconcevable, ils s'arrangent pour vivre aussi bien
que les fonctionnaires dix fois plus rétribués qu'eux. Lorsqu'ils
rentrent en Europe pour refaire leur santé délabrée, disent-ils!
par le surmenage, ce qu'ils ont le moyen de faire assez sou-
vent, lorsque d'autres personnes supposées à leur aise, ne peu-
vent se le permettre ils racontent des histoires puériles, ils
exhibent des idoles qu'ils se sont, soi-disant, procurées aux
prix de grands eubrts ce qui est parfaitement absurde, et font
le récit de leurs privations imaginaires, qui sont tout à fait
touchantes, mais fausses d'un bout à l'autre. J'ai vécu quelques
années aux Indes et presque tous mes plus proches parents y
ont passé et continuent à y passer leurs meilleures années.
Je connais des centaines de fonctionnaires anglais, et je n'ai
pas entendu un seul se louer des missionnaires. Les indigènes
qui occupent une position quelconque les voient avec le plus
grand mépris, tout en souffrant d'exaspération chronique par
suite de leurs attaques arrogantes et le Gouvernement anglais,
qui continue les subventions aux pagodes, consenties par la Com-
pagnie des Indes, pour assister réduction non-sectaire, ne leur
prête aucun appui. Protégés contre la violence personnelle, ils
hurlent et aboient aussi bien contre les indigènes, que contre
les Européens, comme le ferait une bande de chiens mal élevés.
recrutés la plupart du temps parmi les plus misérables spéci-
mens du fanatisme théotogique, ils sont considérés de toutes
parts comme nuisibles. Ce fut leur propagande enragée, indis-
crète, vulgaire et outrageante qui causa la grande révolte de
ISj~.
« Ce ?ont de malfaisants menteurs.
« W" L. D.
O'GRADY »
~ew-York, le 12 juin 18".
Par conséquent la nouvelle croyance, par laquelle débute
ce chapitre, si grossière qu'elle puisse paraître, représente
l'essence même de la foi de l'Eglise, teUe qu'elle est ensei-
gnée par ses missionnaires. On considère comme moins
impie, moins infidèle, de douter de l'existence personnelle
du Saint-Esprit, ou de la Divinité de Jésus, que de mettre
en doute la personnalité du Diable. Mais on a presque com-
plètement oublié la conclusion du Koheleth (i). Qui se rap-
pelle aujourd'hui la parole d'or du prophète Michée ~2), ou
l'explication de la Loi telle que la donna Jésus (3) ? La
chose la plus en vue dans le Christianisme moderne peut
se résumer dans la phrase « crains le Diable
Le clergé catholique et quelques champions laïques de
l'Eglise de Rome luttent encore plus vigoureusement pour
l'existence de Satan et de ses suppôts. Si des Mousseaux
affirme la réalité objective des phénomènes spirites, avec
une ardeur qui ne se dément pas, c'est parce que, selon lui,
ceux-ci sont les preuves les plus visibles du Diable à l'oeu-
vre. Le Chevalier est encore plus catholique que le Pape
sa logique et ses déductions de prémisses impossibles à
établir, sont uniques en leur genre, et prouvent, une fois de
plus, que la croyance que nous avons présentée est celle qui
exprime de la manière la plus éloquente la foi catholique.
« Si la magie et le spiritisme écrit-il, <: n'étaient tous
deux, que des chimères, nous pourrions dire un adieu éter-
nel à tous les anges rebelles qui troublent, aujourd'hui, le
monde car nous n'aurions, dans ce cas, plus de démons
ici-bas. Et si nous perdons nos démons, xous PERDONS
ÉGALEMENT XOTRE SAUVEUR. Car de qui le Sauveur est-il
venu nous sauver ? Il n'y aurait alors plus de Rédempteur
c~r de qui ou de quoi ce Rédempteur nous délivrerait-il ?
Par conséquent il n'y aurait plus de C/7ïe(4)
« Oh, Saint Père du Mal Saint Satan 1 Nous te supplions
de ne pas abandonner de si pieux chrétiens comme le Che-
valier des Mousseaux et certains Pasteurs Baptistes 1
Quant à nous, nous préférons nous en tenir aux savantes
paroles de J.-C. Colquhoun (5), qui disait que « ceux qui,
à notre époque, adoptent la doctrine du Diable dans son
sens strictement littéral et dans son application personnelle,
ne se rendent pas compte qu'ils sont, en réalité, des po-
lythéistes~ des païens et des idolâtres
1. Ecclésiaste, XH, 13. «Ecoutons la fiu du discours Crains Dieu
et observe ses commandements. C'est là ce que doit tout homme. »
2. Voyez .~c/tee, VI, 6-s.
3. Mathieu, XVII, 37-40
4. Les hauts p/teno.~e~csde magie, p. 12. Préface.
j. //<s<ory of .~ay:c, U~c/tc.'a/ and .l.t'n:a~ .~ay~e~t~m.
Voulant obtenir, en tout, la suprématie sur les anciens
cultes, les Chrétiens se targuent d'avoir inventé le Diable,
officiellement reconnu par l'Eglise. Jésus fut le premier à
se servir du mot « légion en parlant d'eux et c'est pour
cette raison que des Mousseaux défend sa position, dans
un de ses ouvrages de démonologie. « Par la suite dit-
il, « lorsque la synagogue expira, laissant son héritage aux
mains du Christ, naquirent et brillèrent les Pères de l'Eglise,
que certaines personnes d'une rare et précieuse ignorance,
accusèrent d'avoir emprunté, aux théurgistes leurs idées au
sujet des esprits des ténèbres. Trois erreurs délibérées, pal-
pables et aisément réfutées pour ne pas employer un
terme plus sévère sont à relever dans ces quelques lignes.
En premier lieu, loin d'avoir c.r/)zr~ la synagogue est flo-
rissante aujourd'hui dans presque chaque ville de l'Europe,
de rAmérique et de l'Asie et de toutes les églises dans
les villes chrétiennes, elles sont les plus fermement établies;
ce sont celles également qui se comportent le mieux. De
plus, tandis que nul ne niera que beaucoup de Pères chré-
tiens sont nés en ce monde (exception faite des douze
Evêques de Rome imaginaires, qui ne sont jamais nés du
tout), tous ceux qui veulent bien se donner la peine de lire
les ouvrages des Platoniciens de l'ancienne Académie, qui
étaient des théurgistes bien avant Jamblique, y reconnaîtront
l'origine de la Démonologie chrétienne, ainsi que de FAn-
gélologie, dont les Pères ont complètement faussé la si-
gnification allégorique. Puis, il est a peine admissible de
dire que les Pères aient jamais brillé, sauf, peut-être, de
l'éclat de leur extrême ignorance. Le Révérend D~ Shuck-
ford, qui passa la plus grande partie de sa vie à essayer de
concilier leurs contradictions et leurs absurdités, fut finale-
ment obligé d'abandonner le tout en désespoir de cause.
L'ignorance des champions de Platon doit paraître rare et
précieuse, comparée à la profondeur insondable de saint
Augustin, « le géant de la connaissance et de l'érudition »,
qui niait la sphéricité de la terre, laquelle, si elle était vé-
ritable, empêcherait les habitants des antipodes de voir le
Seigneur Jésus-Christ, lorsqu'il descendrait du ciel à sa
seconde venue sur la terre ou à celle de Lactance, qui re-
jette avec une pieuse horreur la théorie identique de Pline,
sous le prétexte fallacieux que cela ferait pousser les arbres
et marcher les hommes, de l'autre côté de la terre, avec
leurs têtes en bas ou, encore, celle de Cosmas-Indicopleus-
tes, dont le système orthodoxe de géographie est condensé
dans sa Chrislian ~o/?o~ro/?Ajy; ou enfin, celle de Bède,
qui affirmait que le ciel est « tempéré par des eaux glaciales,
de peur qu'il ne soit incendié (1) salutaire dispensation
de la Providence, probablement instituée afin d'empêcher
que le rayonnement de leur science ne mette le feu au ciel
~Quoi qu'il en soit, ces Pères resplendissants ont certaine-
ment emprunté leurs notions sur les « esprits des ténèbres
aux cabalistes juifs et aux théurgistes païens, avec la seule
différence, toutefois, qu'ils défigurèrent et surpassèrent en
absurdité tout ce que la pensée la plus échevelée de la
plèbe des hindous, des grecs et des romains avait jamais
inventé. Dans tout le Pandaïmonéon de la Perse, il n'existe
pas un dev d'une conception aussi absurde que l'CM~M~
de des Mousseaux, rééditée de saint-Augustin. Typhon,
sous le symbole d'un âne, paraît être un philosophe, com-
paré au diable attrapé dans un trou de serrure par le
paysan normand et ce n'est-certes pas Ahriman, ni le
Vritra hindou qui se sauverait la rage et l'effroi dans Famé,
parce qu'un Luther indigène l'aurait interpellé du nom de
saint .Sc/o~.
Le Diable est le génie patronal de la chrétienté théologale.
Dans la conception moderne son nom est « trop saint et
trop vénéré )> pour être prononcé devant un public élégant,
sauf de temps à autre en chaire. De même, il n'était pas
légal dans les temps anciens, de prononcer les noms sa-
crés, ou de répéter le jargon des Mystères, excepté sous
les voûtes sacrées. Nous connaissons à peine les noms des
dieux de la Samothrace, et nous ne pouvons dire, avec pré-
cision, le nombre des Kabeiri. Les Egyptiens considéraient
impie de mentionner les titres des dieux ou leurs rites
sacrés. Même de nos jours, le Brahmane ne prononce la syl-
labe 0/n qu'en pensée, et le Rabbin le Nom Ineffable
Par conséquent nous, qui ne pratiquons pas une vénération
'r;
semblable, nous nous sommes laissés entraîner à mal inter-
1. Voyez Conflict &e<tcecn .Rg~jton. and Seictice de Draper
prêter les noms de HISIRIS et de YAVA, à la suite de
leur mauvaise prononciation de Osiris et de Jéhovah. Un
charme analogue permet, ainsi que nous le constatons, de
retrouver les traits du ténébreux personnage en question et
il est fort probable qu'en traitant le sujet familièrement,
nous heurtions les susceptibilités particulières de ceux qui
considèrent que mentionner librement le nom du Diable
équivaut à un blasphème, un péché mortel, qui « n'ob-
tiendra jamais de pardon (1)
Un ami de l'auteur écrivit, ir y a quelques années, un
article de journal pour prouver que le diabolos, ou Satan
du A'OHueûH Teslament était la personnification d'une
idée abstraite et qu'il n'était pas un être personnel. Un
clergyman lui répondit, en terminant sa réponse par les
paroles déprécatives suivantes « J'ai bien peur qu'il
n'ait nié son Sauveur », à quoi il répliqua « Oh non, nous
ne nions que le Diable. » Mais le clergyman ne parut pas.
comprendre la ditïérence. Dans sa façon d'envisager la chose,
la négation de l'existence objective de la personnalité du
Diable était en elle-même « un péché contre le Saint-
Esprit ».
Ce Mal nécessaire, ennobli par l'épithète de « Père du
Mensonge qu'on lui a octroyée, était, de l'avis du clergé,
le fondateur de toutes les religions de l'antiquité, et des~
hérésies, ou plutôt des hétérodoxies des époques posté-
rieures, ainsi que le Deus ex J/ac/<x du Spiritisme mo-
derne. En faisant les exceptions que nous admettons à cet
égard, nous déclarons que nous n'attaquons pas la véritable
religion ou la piété sincère nous ne poursuivons une con-
troverse que contre les dogmes humains. Peut-être ressem-
blons-nous en ceci à Don Quichotte, car ceux-ci ne sont,
après tout, que des moulins à vent. Rappelons-nous, néan-
moins qu'ils ont servi d'occasion et de prétexte pour mas-
sacrer plus de cinquante millions d'âmes, depuis que Jésus
prononça ces paroles « AIMEZ VOS ENNEMIS (2).
Il est trop tard maintenant pour qu'on puisse s'attendre
1. Evangile selon saint Marc, Ht, 29. « Mais celui qui aura blasphémé
contre le Saint-Esprit, n'obtiendra jamais de pardon; il est coupable d'un
pcché éternel (xu.x?~~x?~, erreur).
2. Evangile selon saint Matthieu, V. 44.
à ce que le clergé chrétien annule ou ~amende ce qu'il a
fait. Il y a trop en jeu pour cela. Si l'Eglise Chrétienne
abandonnait le dogme d'un diable anthropomorphe, ou
même le modifiait, ce serait aussi dangereux que de reti-
rer la carte du dessous d'un château de cartes. Tout l'édi-
fice s'écroulerait. Les clergymen auxquels nous faisions
allusion, reconnaissaient qu'en abandonnant Satan, comme
un diable personnel, le dogme de Jésus-Christ comme la
seconde personne de leur trinité devait sombrer dans la
même catastrophe. Si incroyable ou si épouvantable que cela
puisse paraître, l'Eglise de Rome fonde entièrement la doc-
trine de la divinité du Christ, sur le satanisme de l'ar-
change déchu. Nous avons pour cela le témoignage du Père
Ventura, qui proclame l'importance vitale que ce dogme a
pour tous les catholiques.
Le Révérend Père Ventura, l'illustre ex-général des
Théatins, certifie que le Chevalier des Mousseaux, dans
son traité, j~/ceurs et Pratiques des Démons, a bien mérité
de l'humanité entière, et plus encore de la Très Sainte Eglise
Catholique et Apostolique. Appuyé de cette façon, on con-
çoit que le noble Chevalier parle comme « faisant autorité
en la matière II affirme d'une manière explicite que c'est
au Diable et à ses anges que nous sommes redevables de
notre 5'<muec/* et que si ce n'était pour eux, nous n'au-
rions pas de 7?ec~/7~)~K/' et qu'il n'y auraitpas de Chris-
lianisme.
Combien d'âmes ardentes et sincères se sont révoltées
contre le dogme monstrueux du pape de Genève, que le
péché est nécessairemenl la cause du plus grand bien. II
était, néanmoins, étayé par la même logique que celle de
des Mousseaux, et expliqué au moyen des mêmes dogmes.
Le supplice de Jésus, l'homme-dieu, sur la croix, était le
plus grand crime qui ait jamais été commis dans le monde
entier, mais il était nécessaire afin que l'humanité, c'est-à-
dire ceux qui étaient prédestinés à la vie éternelle, fussent
sauvés. D'Aubigné rappelle la citation du Canon, par Lu-
ther, lorsqu'il s'écrie en extase <: 0 beala culpa, qui lalem
meruisli re~e/T~or~M 0 péché béni, qui mérita un tel
Rédempteur. Nous nous apercevons maintenant que le
dogme qui nous paraissait si monstrueux dès l'abord, est,
après tout, la doctrine du Pape, de Calvin et de Luther
et que les trois ne font qu'un.
Mahomet et ses disciples, qui avaient un grand respect
pour Jésus, comme prophète, dit Eliphas Lévi, en parlant
des chrétiens disaient « Jésus de Nazareth était, certes, un
véritable prophète d'Allah, et un saint homme; mais hélas î
ses disciples furent tous, un jour, atteints de folie, en fai-
sant de lui un dieu. »
Max Muller ajoute avec bienveillance « Ce fut une erreur
des premiers Pères que de traiter les dieux païens de démons
ou de mauvais esprits, et nous devons nous garder de com-
mettre la même erreur en ce qui concerne les dieux hin-
dous (1). »
Mais voici qu'on nous présente Satan comme le plus
ferme soutien du clergé, tel Atlas soutenant sur ses épau-
les le ciel chrétein et le cosmos tout entier. S'il s'écroule,
alors, à leur point de vue, tout est perdu, et nous retom-
bons dans le chaos.
Il paraîtrait que ce dogme du Diable est basé sur deux
passages du A'OHuean 7~;?~<7/7~~ « C'est pour détruire
les œuvres du Diable que le Fils de Dieu a paru (2). « Alors
il y eut un combat dans le ciel Michel et ses anges s'avan-
cèrent pour combattre le Dragon; et le Dragon et ses anges
combattirent, mais ils ne purent vaincre; et la place même
qu'ils occupaient ne se retrouva plus dans le ciel. Il fut
précipité le grand Dragon, le serpent ancien, celui qui est
appelé le Diable et Satan, le séducteur de toute la terre (3). »
Recherchons, donc, dans les anciennes Théogonies, afin de
nous rendre compte de la signification de ces remarquables
expressions.
La première question qui s'impose est celle de savoir si
le terme Diable, dont on se sert ici, représente vraiment
la Divinité malfaisante des chrétiens, ou s'il n'est qu'une
force aveugle et antagoniste le côté ténébreux de la
nature. Il ne faut pas comprendre celle-ci comme la ma-
nifestation d'un principe du mal, quelconque, qui serait
*M<z~ per se, mais simplement, pour ainsi dire, l'ombre de
2. f
J.Co~psra~ce .MyfAoZoyy, avril 1856.
Epîtrc de saint Jean, III, S.
3. Apocalyse, XII, 7-9.
la Lumière. Les théories des cabalistes l'envisagent comme
une force opposée, mais en même temps essentielle à la
vitalité, l'évolution et la vigueur du principe bienfaisant.
Les plantes périraient dans le premier degré de leur exis-
tence, si on les tenait constamment exposées à la lumière
du soleil la nuit alternant avec le jour, est nécessaire pour
leur saine croissance et leur développement. De même, la
Bonté cesserait bientôt d'exister, si elle n'alternait pas avec
le principe opposé. Dans la nature humaine, le mal exprime
l'antagonisme de la matière pour l'esprit, et chacun d'eux.
se purifie en conséquence. L'équilibre doit être gardé dans
le cosmos l'opération des deux opposés donne naissance à
l'harmonie, comme le font les forces centripètes et centri-
fuges, et elles sont mutuellement nécessaires. Si l'on en
arrête une, l'action de l'autre tend immédiatement à tout
renverser.
Il faut envisager le personnage qu'on nomme Satan sous
trois points de vue différents sous celui de l'Ancien Tes-
tament, celui des Pères chrétiens, et sous celui des anciens
Gentils. On prétend qu'il est représenté par le Serpent du
Jardin de l'Eden; néanmoins, l'épithète de Satan n'est appli-
quée nulle part dans les Ecritures sacrées des Hébreux à
une variété quelconque des ophidiens. Le Serpent d'Airain
de Moïse était adoré comme un Dieu par les Israélites (i)
car il est le symbole de Esmun-Asclepius, le lao phénicien.
En effet, le personnage de Satan lui-même, est présenté au
premier livre des Chroniques pour persuader le Roi David
à faire le dénombrement du peuple d'Israël, acte, qu'autre
part on déclare péremptoirement avoir été provoqué par
Jéhovah lui-même (2). On en déduit incontestablementque
Satan et Jéhovah étaient tous deux considérés comme le
même personnage.
1. Il Livre des Rois, XVIII, 4. II est probable que les serpents de feu,
ou les Séraphim, mentionnés dans le chapitre XXI du Livre des Nombres,
étaient les mêmes que les Lévites, ou que la tribu des Ophites. Comparez
l'Exode XXXII, 26-29 avec le Livre des Nombres XXI, 5-9. Les noms de
Hiva !Tn, de Hivi, ou Hivite, "r!, et celui de Lévi ont tous la
signification d'un serpent et c'est un fait curieux que les Hévites, ou
tribu-serpent de la Palestine, de même que les Lévites ou Ophites d'Is-
raël étaient les prêtres des temples. Les Gibonites auxquels Josué confia
la garde du Sanctuaire étaient des Hivites.
2. Chroniques, XXI, 1. « Satan se leva contre Israël et il excita David à
On trouve une autre mention de Satan dans les prophé-
ties de Zacharie. Ce livre fut écrit à une époque postérieure
à la colonisation de la Palestine et, par conséquent, il est
fort probable que les Asidiens aient amené, avec eux ce
personnage de l'Orient. Il est bien connu que ce corps de
sectaires était profondément imbu des notions mazdéennes
-et qu'il représentait Ahriman ou Anra–manyas par les
noms des dieux de la Syrie. Set ou Sat-an, le dieu des Hit-
tites, et Hyksos, et Beel-Zebub le dieu oracle, devint, par la
suite, l'Apollon de la Grèce. Le prophète commença son
oeuvre en Judée dans la seconde année du règne de Darius-
Hystaspes, le restaurateur du culte mazdéen. Il raconte, en
ces termes, sa rencontre avec Satan « II me fit voir Josué
le grand-prêtre debout devaht l'Ange de l'Eternel, et Satan
qui se tenait à sa droite pour r accuser. Et l'Eternel dit à
Satan Que l'Eternel te réprime Satan que l'Eternel te
réprime, lui qui a choisi Jérusalem 1 n'est-ce pas un tison
arraché du feu (1) ?
Nous supposons que le passage que nous venons de citer
est symbolique il y a, dans le Nouveau Testament, deux
passages qui le donneraient à entendre. L~~jo~r~ catholi-
que de saint ~~6 en parle dans ces termes < L'Archange
Michel, au contraire, quand il contestait avec le Diable et
lui disputait le corps de Moïse n'osa pas lancer contre lui
une parole injurieuse (xc~:v~e'~Yx~ ~Xxjo~xg) et lui dit
seulement « Que le Seigneur te punisse (~). L'archange
est, ainsi, présenté comme identique au n'n~ le Seigneur, ou
l'Ange du Seigneur, de la citation précédente, et nous cons-
tatons par cela, que le Jehovah hébreu avait un double
caractère, l'un secret et l'autre se manifestant comme l'Ange
du Seigneur, ou l'Archange saint Michel. En comparant ces
deux passages, il est évident que le « corps de Moïse
objet de la dispute était bien la Palestine, laquelle, comme
faire le dénombrement d'Israël. Deuxième Livre de Samuel, XXIV, 1
« La colère de l'Eternel s'enflamma de nouveau contre Israël, et il excita
David contre eux, en disant, Va, fais le dénombrementd'Israël et de
Juda.n
1. Zacharie 111, 1, 2. Il a évidemment cherché à faire, ici, un jeu de
mots; « accusateur est associé au nom de Satan de même que ~s~,
opposer.
2. Epitre de saint Jude, 9.
« le pays des Hittites (1) était le domaine particulier de
Seth, leur dieu tutélaire (2). Saint Michel, le champion du
culte de Jéhovah, luttait avec le Diable, ou l'Adversaire,
mais laissait à son supérieur le soin déjuger.
Bélial n'a droit ni au titre de dieu, ni à celui de diable.
Le terme ~7~, BEUAL, signifie, d'après les dictionnaires
phrase T"
hébreux, un ravage destructeur, une inutilité; ou alors, la
Ais-BELiAL, ou homme-Bélial veut dire
un homme dépensier, inutile. S'il fallait personnifier Bélial,
pour plaire à nos amis religieux, nous serions obligés de le
rendre tout fait distinct de Satan et de le considérer
comme une sorte de < Diakka spirituel. Toutefois, les dé-
monographes, qui comptent neuf classes distinctes de dai-
monia, le placent à la tête du troisième rang, constitué par
les gobclins malins et bons-à-rien.
Asmodée n'est nullement un esprit juif, son origine étant
purement persane. Bréal, l'auteur de lfercule el Cac~
démontre qu'il est le Eshem-Dev, ou Acshma-Dcv des Par-
sis, le méchant esprit de la concupiscence dont Max Mùllcr
dit qu'il < est plusieurs fois mentionné dans l'~lues/er, comme
un des Devs (3,), des dieux a l'origine, mais qui devinrent
de mauvais esprits
Samaël est Satan mais Brvant et nombre d'autres auto-
rités en la matière font voir que c'est le nom du < Simoun »
le vent du désert (4), et le Simoun est appelé Atabul-os
ou Diabolos.
Plutarque dit que, par Typhon, on comprend tout ce qui
est violent, indomptable, désordonné. L'inondation du Xil
1. Dans les « Tablettes Assyriennes la Palestine est appelée « le pays
des Hittites et les papyrus égyptiens, en déclarant la même chose.
font de Seth, le dieu-pitier leur dieu tutélajre.
2. S~/t. -SnM. ou Sat-an, était le dieu des nations aborigènes de la
Syrie. Plutarque le considère comme identique à Typhon. Par conséquent
il était le dieu de Goshen et de la Paiestine, contrées qui furent occupées
par les Israélites.
3. t'endtdjd, far~ard X. 23 « Je combats le doeva .Eshma, le mal en
personne. Les ~'ac~M, X. l's mentionnent également le .Eshma-Daeva,
ou Khasm Toutes les autres sciences dépendent de .Eshma le rusé. Il
Serr., LVI-12. Frapper le méchant Auramanyas (Ahriman, la puis-
sance du ma~. frapper .Eshma avec l'arme terrible, frapper les doevas
mazaniens, frapper tous les devas.
4. Afta~ïts o/i~Cte~ JMt/</to<oj)/, par Jacob Bryant.
était appelée Typhon, par les Egyptiens. La basse Egypte
est très plate, et tous les tertres élevés le long de la rivière
poar empêcher les inondations fréquentes, portaient le nom
de Typhoniens ou Taphos de là l'origine de Typhon. Plu-
tarquc qui était un rigide grec orthodoxe, et peu enclin
à Jouer les Egyptiens, témoigne, dans son Isis et Osiris,
du fait que loin de rendre un culte au Diable (ce dont les
chrétiens les accusaient) ils méprisaient Typhon plus qu'ils
ne le craignaient. Dans son symbole de pouvoir obstiné et
antagoniste de la nature, ils le considéraient comme une
faible divinité, luttant et déjà moitié morte. C'est ainsi
que, déjà a cette époque reculée, nous constatons que les
anciens étaient trop cc/r~rc~ pour croire à un diable per-
;?o/MC/. Comme on représente Typhon, dans un de ses
symboles, sous la forme d'un âne aux fêtes du sacrifice du
soleil, les prêtres égyptiens recommandaient aux fidèles de
ne pas porter sur eux des ornements d'or, de peur de four-
nir de la nourriture à Fane (i)
Trois siècles et demi avant le Christ, Platon donnait son
opinion du mal en disant que < il y a dans la matière une
force aveugle et réfractaire, qui s'oppose à la volonté du
Grand Artisan Cette force aveugle, d'après la notion chré-
tienne. devait acquérir la vue et devenir responsable on
la transforma en Satan
Qui doutera de son identité avec Typhon en lisant dans
le livre de Job le récit de son apparition, devant l'Eternel,
parmi les fils de Dieu. Il accuse Job de vouloir maudire
l'Eternel, face à face, si la provocation était suffisante. De
même, dans le Z~rre des .Vor~ des Egyptiens, Typhon
figure comme un accusateur. La ressemblance s'étend jus-
qu'aux noms, car un de ceux de Typhon était Seth, ou
Seph de même que Sâtân, en hébreu, veut dire un adver-
saire. En langue arabe le nom est ~d/<ï/ïa –être adverse,
persécuter, et Manétho dit qu'il assassina traîtreusement
Osiris, et s'allia avec les Shémites (les Israélites). Il est pos-
sible que ceci ait fourni à Plutarque l'origine de la fable selon
laquelle, dans le combat entre Horus et Typhon,celui-ci épou-
vanté du mal qu'il avait causé, « s'enfuit pendant sept jours
1. Plutarque de f~de, XXX. XXXI.
monté sur un âne, et, une fois échappé, il engendra ses fils
lerosolumos et loudaïos' (Jérusalem pt Judée).
Le professeur Reuvens, se référant a une invocation de
Typhon'Seth, dit que les Egyptiens adoraient Typhon sous
la forme d'un âne et, suivant lui, Seth « apparaît, peu a
peu, chez les Sémites à la base de leur conscience reli-
gieuse (1). Le nom de l'âne en langage copte, AO, est un
phonème de IAO, et voilà la raison pour laquelle cet animal
donn! lieu à un jeu de mots symbolique. Par conséquent
Satan est une création postérieure, née de l'imagination
enfiévrée des Pères de l'Eglise. Par un revers de fortune,
commun aux dieux comme aux mortels, Typhon-Seth est
tombé de l'éminence du fils déifié de l'Adam Kadmon à la
position dégradante d'un esprit subalterne, un démon my-
thique l'âne. Les schismes religieux ne sont pas moins
sujets aux mesquineries et aux sentiments haineux que les
disputes de parti entre laïques. Nous en avons la preuve
dans le cas de la réforme zoroastrienne, lorsque le Ma~ia-
nisme se détacha de l'ancienne foi des Brahmanes. Les bril-
lants Dévas du V~cfo devinrent, sous la réforme religieuse
de Zoroastre, les daêvas ou mauvais esprits, de l'~ue~a. Il
n'est pas jusqu'à Indra, le dieu lumineux, qui ne fut relé-
gué dans les ténèbres épaisses (2), afin de faire ressortir
dans une plus vive lumière, Ahara-Mazda, la Divinité Su-
prême et Omnisciente.
L'étrange vénération que les Ophites avaient pour ie ser-
pent, qui était le symbole du Christ, devient moins embar-
rassante si l'on réfléchit que dans tous les siècles, le ser-
pent a été le symbole de la sagesse divine, qui tue pour
ressusciter, qui détruit afin de mieux reconstruire. On nous
représente Moïse comme un descendant de Lévi, une tribu
des serpents. Gautama Bouddha est issu d'une lignée de
serpents, par la race des rois Xaga (serpent) qui régnaient
à Nagadha. Hermès, ou le dieu Taaut (Thoth), est Têt dans
son symbole du serpent et, suivant les légendes ophites,
Jésus ou le Christos est né d'un serpent (la sagesse divine
ou le saint Esprit), c'est-à-dire, qu'il devint un Fils de Dieu
<4f:Ct<~ Egyptians, de \ViIkinson, p. 434.
2. Voyez le fc/tdtdad, fargard X.
par son initiation à la « Science du Serpent Vichnou,
identique au Kneph égyptien, se tient sur le serpent céleste
a
sept têtes.
Le dragon rouge, ou de feu, des temps anciens était
l'étendard militaire des Assyriens. Cyrus l'adopta en le
leur prenant lorsque la Perse devint toute puissante. Puis
ce fut le tour des romains et des byzantins de l'adopter
de cette manière le « grand dragon rouge devint le sv m-
bole de Rome, après avoir été celui de Babylone et de N1-
nive (1).
La tentation, ou la probation (2) de Jésus, est, néanmoins,
l'occasion la plus dramatique dans laquelle apparaît Satan.
Ainsi comme preuve des désignations d'Apollon,d'Esculape,
et de Bacchus,Z)/<~o/o<; ou fils de Xeus qu'on lui attribue,
on le nomme également Diabolos, ou l'accusateur. La scène
de la probation se passe dans le désert. Les demeures des
« fils des prophètes » et des Esséniens (3)
étaient situées
dans le désert près du Jourdain et de la Mer Morte. Ces
ascètes soumettaient leurs néophytes a des épreuves, ana-
logues aux /~r/Mr~ du rite mithraïque, et la tentation de
Jésus était probablement une épreuve de ce genre. Par con-
séquent il est dit dans l'~f'e selon saint j~uc.que « le
Diabolos ayant épuisé toute espèce de tentation, s'éloigna
de lui jusqu'à nouvelle occasion, x/x~s:~ et Jésus, animé
de la puissance de l'Esprit s'en retourna en Galilée~. Mais
dans ce cas le $:Y~ ou le Diable, n'est évidemment pas
un être malfaisant, mais bien celui qui exerce une disci-
pline. C'est dans ce sens que les termes Diable et Satan
sont employés à maintes reprises (4). Ainsi lorsque saint
Paul s'expose à une exaltation excessive, par suite de la
sublimité des révélations ou des divulgations epoptiques,
il lui fut donné « une écharde pour la chair, un ange de
Satan pour le frapper (o).
Le récit de Satan dans le Livre de Job est d'un carac-
tère analogue. Il est présenté par les < Fils de Dieu et
1. Salverte, Des Sciences Occn~M, appendice, note A.
2 Le terme ~px?u.o~ signiMe une épreuve, ou une probation.
3 2 Samuel, M, 5, t5, VI 1-4, Pline.
4. Voyez Corinthiens, V. 5:2 Corinthiens, XI-14 1 Thimoth6e 1,20.
5 Il. Epitre de Saint Paul aux Corinthiens, XH. Au Livre des Nom-
bres, XXII, 22 l'Ange de l'Eternel prit le rôle de Sat~n contre Balaam.
VOL.IV &'
se tient devant l'Eternel, comme au cours d'une initiation
mystique. Le Prophète Michée décrit une scène analogue
lorsqu'il dit « J'ai vu l'Eternel assis sur son trône et toute
l'armée des cieux se tenant auprès de Lui s II prit conseil
avec lui, le résultat étant que « l'Eternel mit un esprit de
mensonge dans la bouche de tous les prophètes d'Achab(i)~,
L'Eternel prend conseil de Satan et lui donne carte blan-
che afin d'éprouver la fidélité de Job. II le dépouille de sa
fortune et de sa famille il le frappe d'une maladie répu-
gnante. Dans son extrémité sa femme va jusqu'à douter de
son intégrité, et l'exhorte à adorer Dieu, lorsqu'il est près
de mourir. Tous ses amis l'inculpent, et enfin l'Eternel, le
principal hiérophante en personne, l'accuse de proférer des
paroles insensées et de discuter avec le Tout-Puissant. Job
cède à cette réprimande et s'écrie < Je t'interrogerai et tu
m'instruiras c'est pourquoi je me condamne et je me
repens sur la poussière et sur la cendre. » Et, incontinent,
il fut justifié. « L'Eternel dit a Eliphaz. vous n'avez pas
parlé de moi avec droiture, comme l'a fait mon serviteur
Job. » Son intégrité s'affermit et sa prédiction se vérine
« Je sais que mon vengeur est vivant et qu'il se lèvera le
dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se
lèvera quand je n'aurai plus de chair je verrai Dieu. » La
prophétie fut accomplie « Mon oreille avait entendu par-
ler de toi mais maintenant mon œil ta vu. Et l'Eternel
rétablit Job dans son premier Etat. »
Nous ne voyons, dans toutes ces scènes, aucune mani-
festation de diabolisme malfaisant, comme celui qu'on at-
tribue à « l'adversaire des âmes.
L'opinion de certains auteurs de mérite, et fort savants,
est que le Satan du Z.r~ de ./o~ serait un mythe juif,
embrassant la doctrine de Mazdéenne du Principe du Mal.
Le D~ Haug remarque que « la religion de Zoroastre aurait
une grande affinité, ou plutôt une identité avec celle de
Moïse et le Christianisme, en ce qui a rapport à la person-
nalité et aux attributs du Diable et la résurrection des
morts. » (2; La lutte de l'Apocalypse entre Saint Michel et
1. J"' Livre des Hois XXH, 19-23.
2. Haug « Essays on .thé Sacred Language, Writings, and Religion of
the Parsees ».
le Dragon est aussi retracée dans un des plus anciens
mythes des Aryens. On lit dans l'~t~fa le récit de la
bataille entre Thrœtaona et Azhi-Dahaka, le serpent des-
tructeur. Burnouf a essayé de démontrer que le mythe
védique de Ahi, ou du serpent, luttant contre les dieux,
s'est graduellement transformé en < bataille de l'homme
pieux contre le pouvoir du mal » de la religion mazdéenne.
Selon ces interprétations Satan serait identique au Zohak,
ou Azhi-Dahaka qui est un serpent à trois têtes, dont l'une
est humaine (i).
On établit généralement une distinction entre Béelzébul
et Satan. Dans le .VoMfcaM Testament Apocryphe il sem-
blerait être considéré comme le potentat du monde inférieur.
Le nom est généralement interprété comme le « Baal des
Mouches », ce qui pourrait désigner les Scarabaei, ou sca-
rabées sacrés (:i). Il est plus correct de l'interpréter, ainsi
que le fait le texte grec des Evangiles, par Béelzébul, ou
Maître de la maison, comme il est dit dans l'Evangile selon
saint Marc, X, 2o « S'ils ont appelé le maître de la
maison Béelzébul, a combien plus forte raison appelleront-
ils ainsi les gens de sa maison. » On le nomme, également,
le prince ou l'archon des démons.
Typhon figure dans le Z/rrc des J/or/5 comme l'accusa-
teur des âmes, lorsqu'elles se présentent au jugement, de
même que Satan se leva, devant l'Ange, pour accuser Josué,
1. L'.trc~a attribue au serpent Dah~ka la région de Bauri, ou Baby-
h)ne. Dans l'histoire des Modes il y a deux rois nommés Deiokes ou
Dahaka et Astyaycs ou Az-dahaka. Des enfants de Zohak furent assis
sur plusieurs trônes orientaux après Feridun. Par conséquent, il est clair
que par Zobakon entend la dynastie assyrienne, dont le symbole était le
nurpurcf!~ ~~u~! draconis le signe écarlate du Dragon. Dès la plus
haute antiquité (Genèse Xl\') cette dynastie régnait sur l'Asie, l'Armé-
nie, la Syrie, l'Arabie, Babylone, les Mcdes, la Perse, la Bactriane et
l'Afghanistan. Elle fut finalement renversée par Cyrus et Darius Hys-
taspes, après un rè~ne de 1.000 ans. Yima et Thrœtaona, ou Jemshid et
Feridun sont, sans aucun doutj, des personniucatioas. 11 est probable
que Zohak imposa aux Persans le culte Assyrieti ou des Mages. Darius
ctrut le vice-rcgent de Ahura-Mazda.
Dans les jb'ra~t~s le nom est ~s/:&~o j/. ou le « Baal de la Maison
II est presque certain qu'Apollon, le Dieu de Delphes n'était pas d'origine
hellénique mais bien phénicienne. Il étaIHe Paian ou médecin, de mémo
que le dieu des cracles. Point n'est besoin d'un grand effort d'imagination
pour l'identifier avec Baat-Ze&u~ le dieu d'Ekron ou d'Acheron, trans-
formé, sans doute par dérision par les Juifs en Zejbcjb ou Mouches.
le grand-prêtre, et comme le Diable vint tenter Jésus, ou
le mettre à l'épreuve, pendant son grand jeûne, dans le
Désert. Il était également la divinité dénommée Baal-Tse-
phon, ou dieu de la crypte, dans le livre de l'Exode, el
Selh, ou le pilier. Pendant cette période le culte ancien
ou archaïque avait été plus ou moins mis au ban par le
gouvernement en langage figuré, Osiris avait été traîtreu-
sement tué et coupé en quatorze morceaux (deux fois sept),
et mis en bière par son frère Typhon, et Isis était partie
pour Byblos à la recherche de son cadavre.
N'oublions pas, à cet égard, que le Saba, ou Sabazios,
de la Phrygie et de la Grèce, fut coupé en sept morceaux
par les Titans, et que comme l'IIeptaktis des Chaldéens,
il était le dieu aux sept rayons. L'hindou Siva est repré-
senté couronné de sept serpents et il est le dieu de la guerre
et de la destruction. Le Jéhovah hébreu, le Sabaoth, est
aussi appelé le « Seigneur des Armées Seba ou Saba,
Bacchus ou Dionysus Sabazi )s par conséquent, il est facile
de prouver que ce sont tous les mêmes.
Enfin, les princes du régime plus ancien, les dieux, qui,
à l'assaut des géants, avaient revêtu des formes d'animaux
et s'étaient réfugiés en Éthinpie, revinrent et chassèrent les
bergers.
Les Hyksos, suivant Joseph, furent les ancêtres des Is-
raélites (1). Il a probablement raison, en substance. Les
Ecritures hébraïques qui racontent une histoire tant soit
peu différente, furent écrites à une date ultérieure, e!. pas-
sèrent par plusieurs révisions avant d'avoir été promulguées
publiquement. Typhon se rendit odieux en Egypte et les
bergers devinrent « une abomination « II fut subitement
traité, pendant la douzième dynastie, comme un démon mal-
faisant, au point que son nom et ses effigies ont été obli-
térés de tous les monuments et les inscriptions qu'il fut
possible d'atteindre (2).
Ajat~.AptO~, 1,25. « Les Egyptiens en plusieurs occasions, nou
manifestèrent leur haine et leur envie en premier lieu, parce que nos
ancêtres (les Hyksos, ou bergers) avaient régné sur le pays, et lors-
qu'ils en furent délivrés et qu'ils furent retournés chez eux, ils y vécu-
rent et prospérèrent. »
2. Bunsen. Le nom de Seth avec la syllabe an, du chaldéen ana ou Ciel,
De tous temps, les dieux se sont exposés à être transfor-
més en hommes. Il existe des tombeaux de Zeus, d'Apol-
on, d'Hercule et de Bacchus on en fait mention afin de
prouver que ce n'étaient, à l'origine, que des mortels. Sem,
Cham et Japhet, se retrouvent dans les divinité? Shamas
de l'Assyrie, Kham de l'Egypte et lapetos, le Titan. Seth
était le dieu des Hyksos Enoch, ou Inachus, celui des
Argives et Abraham, Isaac et Judah ont été comparés aux
Drahma, Ikshwka et Yadu du panthéon hindou. Typhon
déchut de la divinité au rang de diable, tant dans son rôle
de frère d'Osiris, que dans celui de Seth, ou le Satan de
l'Asie. Apollon, le dieu du jour, devint, dans son ancienne
acceptation phénicienne, non plus le Baal Zebul, le dieu des
oracles, mais bien le prince des démons, et enfin le sei-
gneur du monde inférieur. La séparation du Mazdéanisme
et du Védisme transforma les dévas ou dieux, en pouvoirs
malfaisants. De même Indra, dans la ~e/ïûMac~, est repré-
senté comme le subalterne d'Ahriman (1) créé par lui de
matériaux des ténèbres (2) en compagnie de Shiva (Surya)
et des Aswins. Voire même Jahi, est le démon de la
Luxure, probablement identique à Indra.
Chaque tribu et chaque nation avait ses dieux tutélaires
et méprisait ceux des peuples ennemis. La transformation
de Typhon en Satan et Béelzébub est dûe à cette raison.
En etfet, Tertullien parle de Mithra, le dieu des Mystères~
comme d'un diable.
Au douzième chapitre de l\4/?o<?s~, saint Michel et
ses anges terrassèrent le Dragon et les siens « Et il fut
précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le dia-
ble et Satan, celui qui séduit toute la terre. Et on ajoute
« Ils l'ont vaincu à cause du sang de l'Agneau. D'après
le mythe, l'Agneau~ ou le Christ, descendit, lui-même, aux
enfers, le monde des morts, et il y séjourna trois jours
avant de pouvoir subjuguer l'ennemi.
constitue le terme Sa~ft. Les factieux semblent s'en être emparés
comme c'est leur coutume, et en ont fait Satan, du verbe :~s~ Sitan,
s'opposer.
1. Ve/td/daJ, fargard X. Le nom de Vendidad est une contraction de
~tJœra-data, ou ordonnances contre les Déevas.
2 Bandahest, Ahriman créa Akuman et Ander des matériaux des ténè-
bres, puis ensuite Sauru et Nakit.
Les cabalistes et les gnostiques appellent saint Michel
<( le Sauveur l'ange du soleil et l'ange de la lumière.
(~y! probablement de n~ manifester et Dieu). Il était
le premier des ~Eons, et bien connu des antiquaires sous
la dénomination de « l'ange inconnu représenté sur les
amulettes des gnostiques.
L'auteur de l')oca/yp5~, s'il ne fut un cabaliste, a dû être
un gnostique. Saint Michel n'était pas le personnage qu'il
vit originellement dans sa vision (epopteia) mais le Sauveur
et le Vainqueur du Dragon. Les recherches archéologiques
ont fait voir qu'il était le même qu'Anubis, dont Femgie
a été découverte dernièrement sur un monument égyptien,
portant une'cuirasse et tenant une lance à la main, comme
saint Michel et saint Georges. On le représente, de même~
terrassant un dragon, qui a la tête et la queue d'un ser-
pent.
L'étudiant de Lepsius, ChampollioD. et d'autres égypto-
logues, reconnaîtront aisément Isis, dans « la femme et son
enfant, vêtue du Soleil et ayant la Lune sous ses pieds
que le < grand Dragon de Feu » persécute, et à laquelle furent
données deux ailes du Grand Aigle pour se réfugier dans
le désert Typhon avait la peau rouge (1).
Les deux Frères, les Principes du Bien et du Mal appa-
raissent aussi bien dans les Mythes de la Bible, que dans
ceux des Gentils; ainsi nous avons Caïn et Abel, Typhon
et Osiris, Esaü et Jacob, Apollon et Python, etc. Esaü, ou
Osu était, à sa naissance « entièrement roux, comme un
manteau de poil Il est Typhon ou Satan, combattant
contre son frère.
Dès la plus haute antiquité le serpent a été vénéré par
tous les peuples, comme la personnification de la sagesse
Divine et le symbole de l'esprit, et nous savons, par San-
choniathon, que ce fut Hermès ou Thoth qui, le premier,
considéra le serpent comme « la plus spirituel de tous les
reptiles » et le serpent gnostique avec les sept voyelles au-
dessus de la tête, n'est que la copie d'Ananta, le serpent à
sept têtes sur lequel repose le dieu Vichnou.
Aussi n'avons-nous pas pu cacher notre surprise, en
Ï. Plutarque, Isis e< Osiris.
lisant dans les plus récents traités européens, sur le culte
du serpent, que les auteurs avouent que le public est « en-
core dans l'ignorance au sujet de l'origine de cette supers-
tition. M. C. Staniland Wake, M. A. i. auquel nous emprun-
tons ce qui suit, dit « L'étudiant de mythologie sait que
les peuples de l'antiquité associaient certaines idées avec le
serpent, et qu'il était le symbole favori de certaines divi-
nités en particulier mais il est encore incertain de savoir
pourquoi cet animal fut choisi à cet effet, parmi tant d'au-
tres. » (1)
M. James Fergusson, F. R. S. qui a réuni une telle abon-
dance de preuves au sujet de cet ancien culte, ne paraît pas
plus soupçonner la vérité que tous les autres (2).
Notre explication de ce mythe, n'aura probablement au-
cune valeur pour les étudiants de symbologie, mais malgré
cela, nous croyons que l'interprétation du culte primitif du
serpent tel que le donnent les initiés, est correcte en tous
points. Dans le premier volume, page 10, nous lisons dans
le Mantnun du Serpent du Aylareya-Brahmana, un pas-
sage qui parle de la terre comme étant la <Sa/a-~q/nï, la
Reine des Serpents, e<< la « mère de tout ce qui se meurt
Ces expressions se réfèrent au fait qu'avant que notre globe
eût pris la forme d'une boule, il était une longue traînée de
poussière cosmique, ou brouillard de feu, se mouvant et se
tordant comme un serpent. C'était, disent les commenta-
teurs, l'Esprit de Dieu se mouvant sur le chaos, jusqu'à ce
que son souffle ait incubé la matière cosmique et lui ait fait
prendre la forme annulaire du serpent se mordant la queue,
l'emblème de l'éternité dans son sens spirituel, et de
notre monde dans son aspect physique. Ainsi que nous
l'avons déjà fait voir dans le chapitre précédent, suivant les
anciens philosophes, la terre, comme les serpents, change
de peau, et apparaît rajeunie après chaque pralaya mineur,
et ressuscite ou évolue de nouveau de sa condition subjec-
tive à une existence objective après chaque grand pralaya.
Comme le serpent, non seulement elle « se débarrasse de
sa vieill~se dit Sanchoniathon, « mais elle croît en gran-
1. The Origin oy Serpent ~Vors/np, par C. Staniland Wake, M. A. I.,
~ew-York, J.-W. Bouton, 1877.
2. Tree and Serpent ~ors/np~etc.
deur et en force C'est pour cette raison que non seule-
ment Sérapis, et plus tard Jésus, furent représentés par un
grand serpent, mais que même de nos jours, on entretient
avec soin de grands serpents dans les mosquées musul-
manes, comme par exemple, dans celle du Caire. Dans la
haute Egypte, un saint célèbre, apparaît, soi-disant, sous la
forme d'un grand serpent et dans l'Inde, on élève avec les
enfants dans le même berceau, un couple de serpents mâle et
femelle, et on entretient souvent des serpents dans les mai-
sons, car on croit qu'ils amènent avec eux (une aura magné-
tique de) la sagesse, la santé et la chance. C'est la progé-
niture de Sarpa Rajni, la terre, et ils sont doués de toutes
ses vertus.
Dans la mythologie hindoue, Vasaki, le Grand Dragon,
laisse couler de sa gueule sur Durga, un liquide vénéneux
qui s'étend sur le sol, mais son époux, Siva, fait que la
terre ouvre la bouche pour l'avaler.
Ainsi, le drame mystique de la vierge céleste, poursuivie
par le dragon, qui cherche à dévorer son enfant, était non
seulement décrit dans les constellations célestes, comme
nous l'avons déjà dit, mais il était aussi représenté dans le
culte secret des temples. C'était le mystère du dieu Sol, et
il était inscrit sur une représentation de l'Isis noire (1).
L'Enfant Divin était poursuivi par le cruel Typhon (2). Dans
une légende égyptienne, le Dragon était censé poursuivre
Thuesis (Isis) tandis qu'elle cherche à protéger son fils (3).
Ovide décrit Dioné (épouse du Zeus-PeIagien et mère
de Vénus) se sauvant vers l'Euphrate pour échapper à
Typhon (4), identifiant le mythe qui était, ainsi, la propriété
de tous les pays où l'on célébrait les mystères. Virgile
chante la victoire
«Les temps approchent monte aux honneurs suprêmes,
Enfant chéri des dieux, noble rejeton de Jupiter
Le serpent périra (5).
1 Godfrey Higgins: Anacalypsis; Dupuis: Origines des Cn!<e~III,5ï.
2. Martiaaus CapeUa Hymne aa soleil I, Il. Movera P/nnf~a, 266.
3. Plutarque Isis et Osiris.
4 Ovide: Fasti 11,451.
5. Virgile: Bucoliques Eglogue, IV.
Albertus Magnus, lui-même, alchimiste et étudiant des
sciences occultes, en même temps qu'évêque de l'Eglise
Catholique Romaine, dans son enthousiasme pour l'astrolo-
gie déclare que le signe zodiacal de la vierge céleste se lève
au-dessus de l'horizon le 25 décembre, au moment Sxé par
l'Eglise pour la naissance du Sauveur (1).
Le signe et le mythe de la mère et de l'enfant étaient
connus des milliers d'années avant l'ère chrétienne. Le
drame des Mystères de Déméter représente Perséphone, sa
fille, emportée par Pluton, ou Hadès, au royaume des morts
et lorsque, finalement la mère l'y découvre, elle la trouve
installée comme la reine du rovaume des Ténèbres. Ce
mythe a été transformé par l'Eglise en légende de sainte
Anne (2), allant à la recherche de sa fille Marie, emmenée
en Egypte par saint Joseph. On représente Perséphcne
tenant deux épis de blé à la main il en est de même de
Marie dans les images anciennes, ainsi que pour la Vierge
céleste de la constellation. L'arabe Albumazar présente,
comme suit, l'identité entre les différents mythes
« Dans le premier décan de la Vierge, se lève une jeune
fille, appelée en arabe Aderenosa (Adha-nari), c'est-à-dire,
une vierge pure et immaculée (3), gracieuse de sa personne,
d'une figure charmante, modeste dans son maintien, les
cheveux dénoués, portant a la main deux épis de blé, assise
sur un trône richement brodé, allaitant un enfant, et le
nourrissant correctement dans le lieu nommé Hebrœa je
dis, un garçon, nommé Iessus par certaines nations, ce qui
veut dire Issa, qu'on nomme également en grec le Christ (4).
A cette époque, les nations grecque, asiatique et égyp-
tienne avaient subi une notable transformation. Les Mys-
tères de Dionysius-Sabazius avaient été remplacés par les
rites de Mithra, dont les grottes prirent la place des cryptes
1. Knorring: Terra e< Cœ~nm, 51.
2. Anna est une désignation orientale prise de l'ana chatdéen, dont on
a fait Anaïtis et Anaïtres. Durga, l'épouse de Siva, est aussi appelée
Anna puma, et était, sans aucun doute, la sainte Anne originelle. La
mère du prophète Samuel s'appelait Anna le père de sa contrepartie
Samson, était J~fsnoc.
3. Les vierges de l'antiquité, ainsi que nous le verrons, n'étaient pas
des jeunes 6'les, mais simplement des Almas, c'est-à-dire des femmes
nubi!es.
4. Kircher ÛEdtpns JSyyp<teny, 111, 5.
de l'ancien dieu, depuis Babylone jusqu'à la Bretagne. Sera-
pis, ou Sri-Apa, depuis le Pontus, avait usurpé la place
d'Osiris. Asoka le roi de l'Hindoustan oriental, avait em-
brassé la religion de Siddhârtha, envoyant des missionnaires
aux confins de la Grèce, de l'Asie, de la Syrie et de l'Egypte,
pour promulguer l'évangile de la sagesse. Les Esséniens
de la Judée et de l'Arabie, les Thérapeutes (1) de l'Egypte
et les Pythagoriciens (2) de la Grèce et de la Magna Grcecia,
avaient évidemment adhéré à la nouvelle religion. Les
légendes de Gautama jetèrent dans l'ombre les mythes de
Horus, d'Anubis, d'Adonis, d'Atys et de Bacchus. Ceux-
ci furent réincorporés dans les Mystères et les Evangiles et
c'est à eux que nous sommes redevables de la littérature
connue sous le nom des Evangiles et du A~OHuea~ Tesla-
ment Apocryphe. Les Ebionites, les Nazaréens et d'autres
sectes les considéraient comme des livres sacrés, qui ne
devaient être « montrés qu'aux sages » ils furent gardés
de cette manière jusqu'à ce que l'influence de la politique
ecclésiastique Romaine réussit à les arracher à ceux qui en
avaient la garde.
A l'époque où le grand-prêtre Hilkiah est censé avoir
trouvé le Livre de la Loi, les /~cwa~<M (Ecritures) hin-
doues étaient connues des Assyriens. Depuis de longs siècles,
ceux-ci avaient régné de FHeIlespont à l'Indus, et avaient
probablement refoulé les Aryens hors de la Bactriane dans
le Pendjab. Tout porte à croire que le Livre de la Loi, ait
été une pourana. « Les lettrés brahmanes dit Sir Wil-
liam Jones, « prétendent que cinq conditions sont néces-
saires pour constituer une véritable jooHro/ïa
< 1" De traiter de la création de la matière en général
« 2" De traiter de la création ou de la production de
la matière secondaire et des êtres spirituels
« 3" De donner un résumé chronologique des grandes
périodes du temps;
1. De 6~x~jM, servir, adorer, guérir.
2. E. Pokocke fait dériver le nom de Pythagore de BoadJAa et de
Guru, un instructeur spirituel. Higgins prétend qu'il vient du celte, et
qu'il signifie un observateur des étoiles. Voyez « Celtic Druids Si, tou-
tefois, nous faisons dériver le mot de P~/tû de r!D~, po~A, ce nom signi-
fierait, celui qui expose les oracles, et Bouddha-guru, un instructeur des
doctrines du Bouddha.
« 4* De fournir un résumé généalogique des principales
familles qui régnèrent sur le pays
» 5" Et enfin, de donner l'histoire d'un grand homme en
particulier. »
Il est plus que probable que celui qui écrivit le /<ï-
~M<yue avait ce plan en vue, de même que les auteurs du
A'ouu~~H Testament avaient été mis au courant du culte
rituel bouddhiste, de ses légendes et de ses doctrines, par
les missionnaires bouddhistes qui sillonnaient à cette époque
la Palestine et la Grèce.
Mais « pas de Diable, pas de Christ » tel est le dogme
fondamental de l'Eglise, et il est impossible de séparer l'un
de l'autre. Il y a entre les deux un rapport mystérieux plus
étroit qu'on ne le pense, et qui va jusqu'à l'Identité. Si nous
mettons en regard les fils de Dieu mythiques, qui, tous, ont
été considérés comme des « premiers nés », on verra qu'ils
s'emboîtent les uns dans les autres et se confondent dans
ce double caractère. L'Adam Kadmon se transforme de la
sagesse spirituelle qui conçoit, en celle qui crée et qui évo-
lue, la matière. 1/Adam de poussière est le fils de Dieu et
de Satan et celui-ci; d'après Job, est aussi un fils de Dieu (t).
Hercule était aussi un « premier né ». Il est également
Bel, Baal, Bal, et, par conséquent, Siva, le Destructeur. Eu-
ripide parle de Bacchus comme « Bacchus le Fils de Dieu
A sa naissance, Bacchus, comme le Jésus des Evangiles
Apocryphes était fort redouté. On le représente comme
bienfaisant pour l'humanité néanmoins punissait sans
pitié tous ceux qui manquaient de respect à son culte. Pen-
thée, le fils de Cadmus et d'Hermione, fut, de même que
le fils du Rabbin Hannon, tué pour son manque de piété.
L'allégorie de Job, à laquelle nous avons déjà fait men-
tion, une fois correctement interprétée, fournira la clé de
toute cette légende du Diable, de sa nature et de son em-
ploi elle servira encore à mettre en valeur nos déclara-
tions. Que les âmes pieuses ne prennent pas ombrage à ce
terme d'allégorie. Dans les temps archaïques le mythe était
la méthode d'enseignement universellement en usage. Saint
t. H y a, dans le Musée secret de Naples un bas-relief de marbre repré-
sentant la Chute de l'homme, où Dieu le père joue le rôle du Serpent
Tentateur.
Paul, en écrivant aux Corinthiens, déclare que toute l'his-
toire de Moïse et celle des Israélites n'était qu'une Ic-
gende (î) et dans son .~y~/rc aux <3a/a/e~, il affirme qn~
toute l'histoire d'Abraham, de ses femmes et de ses enfanta
n'est qu'une allégorie (2). C'est une théorie qui a presque
la valeur d'une certitude, que les livres historiques de l'~l/t-
r/M 7'f~7!e~ ont tous le même caractère. Nous ne
sommes, par conséquent coupables d'aucune liberté envers
le Livre de Job en lui donnant la même désignation que
saint Paul attribuait aux récits d'Abraham et de Moïse.
Peut-être serait-il utile d'expliquer l'usage que les an-
ciens faisaient de l'allégorie et de la symbologie. La pre-
mière laisse déduire la vérité le symbole exprimait une
qualité abstraite de la Divinité, aisément compréhensible
pour les laïques. Là se bornait sa signification élevée dès
lors, les masses l'employaient comme une image qui devait
servir dans les rites idolâtres. Mais l'allégorie était gardée
pour le sanctuaire intérieur où, seuls, les élus étaient admis.
Par conséquent la réponse de Jésus à ses disciples, lors-
qu'ils lui demandaient pourquoi il parlait au peuple en para-
boles, fut la suivante « Parce qu'il vous a été donné de
connaitre les mystères du royaume des cieux et que cela
ne '.eur a pas été donné. Car on donnera à celui qui a, et il
sera dans l'abondance mais à celui qui n'a pas on ôtera
même ce qu'il a»(St. Matthieu,XIII, li-i~).On lavait une
truie dans les Mystères mineurs, pour représenter la purifica-
tion du néophyte de même que son retour à la boue était une
indication de la nature superficielle de l'œuvre accomplie.
< Le mythe est la pensée non révélée de l'âme. Le trait
caractéristique du mythe est de convertir la réflexion en
histoire (c'est-à-dire en forme historique). Dans l'épopée,
comme dans le mythe, l'élément historique prédomine. Les
faits (les événements extérieurs) constituent, la plupart du
temps, la base du mythe et c'est avec ceux-ci que sont tis-
sées les notions religieuses. »
2. Epitre aux Corinthiens, X.11:' Ces choses leur sont arrivées pour
1*~
servir d'c~e~tp~e*.
1. Epitre de saint Paul aux Galates, I V, :4. n Car il est écrit qu'Abra-
ham eut deux fils, un de la femme esclave et un de la femme libre. Ces
choses sont allégoriques.
Toute l'allégorie de Job est un livre ouvert pour celui qui
comprend le langage imagé de l'Egypte, tel qu'il apparaît
dans le Livre des .Vo/s. Dans la scène du jugement on
voit Osiris assis sur son tr~ne. tenant, d'une main le sym-
bole de la vie, < le crochet d'attraction et, de l'autre, l'éven-
tail mystique de Bacchus. Devant lui se tiennent les fils de
Dieu, les quarante-deux assesseurs des morts. Un autel
s'élève immédiatement devant le tronc, couvert de présents
et surmonté de la fleur du lotus sacré, sur lequel quatre es-
prits se tiennent debout. L'Orne qui va être jugée attend à
c'~té de l'entrée, et Thmei, le génie de la Vérité, la félicite
propos de la conclusion de sa probation. Thoth, un roseau
la main, inscrit le procès-verbal de la procédure dans le
Livre de la Vie. Horus et Anubis, a coté des balances, no-
tent les poids qui doivent déterminer si le coeur du décédé
égale en poids le symbole de la vérité, ou si celui-ci l'em-
porte. Sur un piédestal siège une chienne symbole de
l'Accusa teur.
L'initiation aux Mystères, ainsi que toute personne Intel-
ligente le sait, était la représentation dramatique des scènes
du monde inférieur. I! en est de même de l'allégorie de Job.
Certains critiques prétendent que ce livre a été écrit par
Mot'e. Mais il est antérieur au /~c/M~Mc. Le poème, lui-
m~'me, ne fait aucune mention de Jéhovah et si son nom se
trouve dans le prologue ce doit être le fait d'une erreur des
traducteurs, ou alors la préméditation rendue nécessaire par
la suite, pour transformer le polythéisme en une religion
monothéiste. Le plan adopté fut simplement celui d'attri-
buer les nombreux noms des Elohim (les dieux) à un dieu
unique. Ainsi, dans un des plus anciens textes hébreux du
Ztry'6 de ./o6 (au chapitre XII, 9) nous trouvons le nom de
Jéhovah, tandis que tous les autres manuscrits portent celui
~d'Adonaï~. Mais le nom de Jéhovah ne ngure nulle part
dans le texte originel. A. sa place on y voit ceux de .4/,
~4/f/~ï, .4/6, <S/<M~ .1 ~o~ etc. Il faut, par conséquent,
conclure que soit le prologue, soit l'épilogue furent ajoutés
à une date ultérieure, ce qui pour plusieurs raisons est inad-
missible, ou alors qu'on y a pratiqué d~s corruptions, comme
cela a été le cas pour tous les autres manuscrits. Puis, nous
ne trouvons dans tout ce poème archaïque aucune mention
de l'institution du Sabbat; mais nous y constatons de nom-
breuses références au nombre sacré sept, au sujet duquel
nous reviendrons plus loin, et une discussion directe à pro-
pos du Sabéanisme, le culte des corps célestes qui était, à
cette époque, fort répandu en Arabie. On y intitule Satan
« Fils de Dieu* un membre du conseil qui se présente de-
vant Dieu, et qui le pousse à mettre la fidélité de Job à
l'épreuve. C e~t dans ce poème plus que n'importe où, qu'on
se rend compte de la signification du nom de Satan. C'est
un terme employé pour désigner le rôle ou le caractère d'un
GCCM~o/e~r /?M&f. Satan est le Typhon des Egyptiens hur-
lant ses accusations dans l'Amenthi; cet emploi n'est pas
plus infamant que celui de procureur public de notre épo-
que mais par suite de l'ignorance des premiers chrétiens,
il en vint à être mis sur le même pied que le Diable, ce ne
fut certes pas de son propre consentement.
Le Z,/rr~< .7~ est la représentation complète de l'an-
cienne initiation et des épreuves qui, ordinairement, précé-
daient la plus grande de toutes ces cérémonies. Le néophyte
se voit dépouillé de tout ce qui a le plus de valeur à ses
yeux, et il e>t affligé d'une maladie répugnante. Sa femme
le supplie d'adorer Dieu et de mourir pour lui il n'y a plus
d'espoir. Trois amis apparaissent sur la scène d'un com-
mun accord Eliphas, le docte Thcmanite, rempli de la
connaissance «que les sages ont reçue de leurs ancêtres,
auquels seuls la terre fut donnée Blidah, le conservateur
qui prend les choses telles qu'elles viennent, et qui conclut
que Job dut avoir péché, pour être ainsi affligé et Tsophar,
intelligent et habile en ce qui a trait aux < généralités
mais non sage dans son for intérieur. Job répond courageu-
sement «Si réellement j'ai péché, seul j'en suis respon-
sable. Pensez-vous me traiter avec hauteur ? Pensez-vous
démontrer que je suis coupable ? Sachez alors que c'est Dieu
qui me poursuit, et qui m'enveloppa de son filet. Pourquoi
me poursuivre. Pourquoi vous montrer insatiables de ma
chair? Mais je sais que mon vengeur est vivant, et qu'il se
lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite,
il se lèvera; quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu.
Vous direz alors pourquoi le poursuivons-nous ? Car la
justice de ma cause sera reconnue »
Ce passage ainsi que tant d'autres, faisant allusion à un
« Champion )~, un « Rédempteur », un « Vengeur » ont été
interprétés comme une référence directe au Messie cepen-
dant, dans la .SejD/~of~~c ce verset a été traduit par
< Car je sais qu'Il est éternel, celui qui doit me délivrer sur
la terre, et restaurer ma chair qui endure tous ces maux, etc.
Dans la version anglaise, telle que nous la voyons tra-
duite, ce verset n'a aucune ressemblance avec le texte ori-
ginel (i). Les rusés traducteurs l'ont rendu par < Je sais
que mon 7?Jf/c/)/eM/' est f/f<ïn/, etc. Et cependant la
~f/)/May/ (la version des soixante-dix) la V~a/6 et l'ori-
ginal hébreux, doivent, l'un comme l'autre, être considérés
comme la Parole de Dieu révélée. Job se réfère a son propre
esprit /ï0/e/, qui est éternel, et qui lorsque la mort
viendra, le délivrera de son corps charnel et le vêtira d'une
nouvelle enveloppe spirituelle. Dans les Ilyslères Eleusi-
niens, au Livre des .l/or/~ des Egyptiens, et dans tous les
autres ouvrages qui traitent de l'initiation, cet « être éter-
nel » porte un nom. Les Néo-platoniciens l'appelaient le
A'o~, l\4~oe/'c~ chez les Bouddhistes, c'est le ~L~ra;
et pour les Persans c'est T~e/'o~er. Tous ceux-ci sont dé-
nommés les « Rédempteurs les « Champions les « Mé-
tatrons etc. Dans les sculpteurs mithraïques de la Perse,
le .Fcrc'Her est représenté par une forme ailée voltigeant
dans l'air, au-dessus de son « objet » ou corps (2). C'est le
Soi lumineux l'Atman des hindous, notre esprit immor-
tel, qui seul est capable de sauver notre âme, et qui la sau-
vera, si nous nous laissons guider par lui au lieu de nous
laisser attirer par notre corps. Par conséquent, le passage
ci-dessus, se lit comme suit dans les textes chaldéens, < Mon
Rédempleur, mon /?~/aMra~ c est-à-dire, l'Esprit
qui restaurera le corps corrompu de l'homme et le trans-
formera en un vêtement d'éther. Et c'est ce Vous, cet Au-
~oe<6~, ce Ferouer, cet .1 ~y~û, cet Esprit de Lui-même, que
le Job triomphant verra hors de sa chair, c'est-à-dire,
lorsqu'il se sera échappé de sa prison corporelle ce que les
traducteurs ont interprété par < Dieu.
1. Voyez le Job » des différents traducteurs et comparez les diffé-
rents textes.
2. Voyez le « Persia de Kerr Porter, vol. I, planches n, 41.
Non seulement dans tout le poème de Job n'y a-t-il pas
la moindre allusion au Christ, mais il est reconnu aujour-
d'hui, que toutes ces versions de différents traducteurs, qui
concordent toutes avec celle du roi Jacques (James), ont
été écrites sur l'autorité de saint Jérôme, qui avait pris
d'étranges libertés dans sa l'~A/c. II fut le premier a in-
troduire dans son texte ce verset fabriqué par lui de toutes
pièces
Je sais y~p mon Rédempteur est t'N'
Dieu.
Et qu'au jour dernier je re~~u~c~cr.'x' Je /<< terre,
Et que je rentrerai dans un corps de peau.
Et dans ma chair je verrai
Sans doute, pour lui, la raison était excellente d'y ajou-
ter foi, le .y~'a/ mais piur d'autres <yu/ ne le
~<'<ï/ pas, et qui, de plus, voyaient dans ce texte une
signification toute différente, c'est une preuve patente que
saint Jérôme avait décidé, au moyen d'une nouvelle inter-
polation, d'imposer le dogme de la résurrection « au jour du
jugement dernier » dans les mêmes os et la même peau qui
avaient été les nôtres ici-bas. Cette perspective d<2 restau-
ration est fort réjouissante en vérité pourquoi n'y ajoute-
rait-on pas encore le même linge de corps qui avait servi
pour la sépulture
Et comment l'auteur du Z~'rc de Job aurait-il pu avoir
connaissance du .Your~u 7't'.s~/7!c~, puisqu'il était même
ignorant de l\4/!r~? L'absence d'une allusion quelconque
l'oeuvre d'un /J,
aux patriarches est complète il est donc si évidemment
qu'une des trois filles de Job a reçu un
nom mythologique, ayant une origine absolument « païenne
Le nom de A'c/'<?/ïAo/)~~rA est rendu de diverses manières par
les traducteurs. La t'<~e le donne comme « la corne d'anti-
moine »; et la Septuaginte le traduit par « la corne d'AmaI-
thée la nourrice de Jupiter, et une des constellations,
l'emblème de la « corne d'abondance La présence de cette
héroïne d'une fable païenne, oans la .S<)/M<ï~ démon-
tre l'ignorance des traducteurs, aussi bien de sa significa-
tion que de l'origine ésotérique du Livre de Job.
Au lieu de lui offrir des consolations, les trois amis du
malheureux Job s'efforcent de lui faire croire que son mal-
heur est le résultat d'une punition pour quelque extraor-
diuaire transgression de sa part. Rejetant sur eux leurs
accusations, Job affirme que jusqu'à son dernier soupir il
défendra son innocence. Il passe en revue ses jours de pros-
périté, < lorsque le secret de Dieu était sur son tabernacle
et qu'il était un juge « assis comme un chef et un roi à la
tête de son armée, ou comme celui qui console les affligés
il compare ce temps avec l'heure actuelle, où les Bédouins
errants, ces hommes plus vils que la terre, se moquent de
lui où l'infortune le poursuit et la maladie impure le ter-
rasse. Puis il affirme sa sympathie pour les malheureux, sa
chasteté, son intégrité, sa probité, son sentiment de la stricte
justice, sa charité, sa modération, son détacliement du culte
du soleil, alors prévalent, sa mansuétude envers ses enne-
mis, son hospitalité pour les étrangers, la droiture de son
cœur, sa défense du bien, envers et contre la multitude, et le
mépris des familles il supplie l'Eternel de lui répondre, et
s'~n adversaire de mettre par écrit ce dont il a été coupable.
A cela il n'y eut et il ne pouvait y avoir de réponse.
Tous trois cherchaient à écraser Job par leurs plaidoiries et
leurs arguments généraux, et il supplia qu'on prît en con-
sidération ses actes particuliers. C'est alors que le qua-
trième fait son apparition Elihu, fils de Barakeel, le Bu-
zi te, de la famille de Ram (i~.
Elihu c'est l'hiérophante il débute par un blâme, et les
sophismes des faux amis de Job sont emportés comme le
sable devant le vent de l'Occident.
« Et Elihu, fils de Barakeel de Buz, prit la parole et dit
C~ n'est pas l'uge qui procure la sagesse. mais dans
l'homme c'est l'esprit l'esprit me presse au-dedans de
~o/ Dieu parle cependant, tantôt dune manière, tantôt
d'une autre, et /on n'y prend point garde. Il parle par des
songes, par des visions nocturnes, quand les hommes sont
hvrés à un profond sommeil, quand ils sont endormis sur
leur couche. Alors il leur donne des avertissements, et met
Cette expression de la famille de Ram .), donne à entendre qu'il
L-i(. un Araméen ou Syrien de la Mésopotamie. Buz était le fils de ~ahor.
Etihu, Mis de Barakeel o est susceptible d'être traduit de deux manières
di;rerentes. Eli Hu Dieu est, ou Hoa est Dieu et Barach-At l'ado-
rateur de Dieu, ou Bar-Rachel, le fils de Rachc!, ou le fils de la brebis.
le sceau à ses instructions. Sois attentif, Job, écoute-mol
tais-toi et je t'enseignerai la SAGESSE
Et Job qui s'était écrié dans l'amertume de son cœur, en
réponse aux sophismes de ses amis « On dirait, en vérité,
que le ~enr~ .Ma~ï c'est vous, et qu'avec vous doit mou-
rir la sagesse. Vous êtes tous des consolateurs fâcheux.
mais je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma
cause devant Dieu car vous, vous n'imaginez que des faus-
setés, vous êtes tous des médecins de néant. Le malheu-
reux Job, affaibli par la maladie, qui, en face du clergé offi-
ciel ne pouvant offrir d'autre espoir que la nécessité de
la damnation se vit presque forcé par le désespoir à aban-
donner sa foi patiente, répond « Ce que vous savez, je le
sais aussi je ne vous suis point inférieur. L'homme né
de la femme sa vie est courte, sans cesse agitée. Il naît,
il est coupé comme une fleur il fuit et disparaît comme
une ombre. Mais l'homme meurt, et il perd sa force
l'homme expire, et où est-il ?. Car le nombre de mes
années touche à son terme, et je m'en irai par un sentier
d'où je ne reviendrai pas. Oh 1 qu'on puisse plaider la
cause d'un homme devant Dieu, comme on plaiderait celle
de son prochain 1 »
Job trouve quelqu'un qui répond à son cri d'agonie. Il
prête l'oreille à la SAGESSE d'Elihu, le hiérophante, l'in-
tructeur parfait, le philosophe inspiré. De ses lèvres austères
coule le blàme pour son impiété en accusant l'Etre SUPREME
des maux qui attristent l'humanité. « Dieu dit Elihu,
« est grand par sa puissance le Tout-Puissant ne viole pas
commet pas /<<
la Justice, il rend à l'homme suivant ses oeuvres Dieu ne
Tant que le néophyte a été satisfait de sa propre sagesse
mondaine, et de son irrévérencieuse opinion de la Divinité
et de ses desseins tant qu'il prête l'oreille aux pernicieux
sophismes de ses conseillers, le hiérophante s'est tenu à
l'écart. Mais, aussitôt que son esprit inquiet est préparé
pour recevoir ses conseils et son instruction, la voix de l'hié-
rophante se fait entendre et il parle avec l'autorité de l'Es-
prit de Dieu qui le « presse < Loin de Dieu l'injustice,
loin du Tout-Puissant 1 iniquité! Il ne respecte pas ceux
qui se disent sages. »
Où trouverions-nous un meilleur commentaire du prédi-
cateur à la mode qui « multiplie ses paroles sans les ap-
puyer sur la connaissance 1 Cette superbe ~ropAe/zc sati-
rique, aurait pu être écrite pour représenter l'esprit qui
prévaut dans toutes les sectes chrétiennes.
Job écoute la parole de sagesse, et alors « l'Eternel » lui
.'épond depuis « le tourbillon ~e la nature, la première
manifestation visible de Dieu « Sois attentif, Job, écoute-
moi et considère les merveilleuses œuvres de Dieu car,
/)<xr elles seules, tu connaîtras Dieu. Dieu est grand, mais
sa grandeur nous échappe, le nombre de ses années est
impénétrable. II attire à lui les gouttes d'eau, il les réduit
en vapeur et forme la pluie (1) non selon le caprice divin,
mais en vertu d'une loi établie une fois pour toutes et im-
muable. Cette loi « transporte soudain les montagnes et elles
ne le savent point elle secoue la terre sur sa base elle
commande au soleil et il ne para/7 pa~ elle met un sceau
sur les étoiles elle fait des choses grandes et insonda-
<C5, des merveilles sans nombre. Voici, Il passe près de
moi, et je ne le ~o~ /?<~ Il s'en va, et je ne /'a/)er~o~
j~).
Et encore « Qui est celui qui obscurcit mes desseins
par des discours sans intelligence ? (3) demande la voix
de Dieu, par son porte parole, la Nature. « Où étais-tu quand
je fondais la Terre ? Dis-le si tu as de l'intelligence. Qui en
a Hxé les dimensions, le sais-lu ?.
Alors que les étoiles du
matin éclataient en chants d'allégresse, et que tous les fils
de Dieu poussaient des cris de joie ?.
Quand je dis a la
mer Tu viendras jusqu'ici, tu n'iras pas au delà, ici s'arrê-
tera l'orgueil de tes flots ?. Qui a ouvert un passage à la
pluie pour qu'elle tombe sur une terre sans A<j&~o/ï/~ sur
un désert où il n'y a point d'hommes. Xoues-tu les liens
des Pléiades, ou détaches-tu les cordages de l'Orion ?.
Lances-tu des éclairs ? partent-ils ? Te disent-ils Nous
voici ? (4)
« Job répondit, alors, a l'Eternel. » II avait compris Sa
1. Job, XXXVI, 24-27.
2. Job, IX, 5-H.
3. Ibidem, XXXVIII, l et suivants.
4. Ibidem, XXXVIII, 35,
volonté et ses yeux furent ouverts pour la première fois.
La Sagesse Suprême descendit sur lui et si le lecteur de-
meure confus devant ce PETROMA final de l'Initiation,
Job, du moins, ou l'homme souffrant de sa cécité, se rend
compte de l'impossibilité de prendre « le Léviathan en lui
mettant un hameçon dans les narines Car le Léviathan
c'est la SCIENCE OCCULTE, sur laquelle on peut mettre
la main mais rien de plus, celui dont Dieu ne cherche point
à cacher la puissance et les « harmonieuses proportions ».
« Qui soulèvera son vêtement ? Qui pénétrera entre ses
mâchoires ? Qui ouvrira les portes de sa gueule ? Autour
de ses dents habite sa terreur. Ses magnifiques et puissants
boucliers (écailles) sont unis ensemble comme par un sceau?
Ses éternuements font briller la lumière ses yeux sont
comme les paupières de ~aurore. « II laisse après lui un
sentier lumineux », pour celui qui a le courage de l'appro-
cher. Alors, de même que lui, « il regardera avec dédain
tout ce qui est élevé, car il est le roi des plus fiers ani-
maux (i).
Job s'humilie et répond avec modestie
Je reconnais que tu peux tout,
Et que rien ne s'oppose à tes pensées.
Quel est celui qui a la folie d'obscurcir mes desseins ?
Oui, j'ai parlé sans les comprendre,
Des merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas.
Ecoute-moi, et je parlerai
Je t'interrogerai, et tu m'in-truiras.
Mon oreille avait entendu parler de toi
Mais maintenant mon œi! t'a vu.
C'est pourquoi je me condamne et je me repens,
Sur la poussière et sur la cendre (2).
Il reconnaît son « vengeur » et est assuré que l'heure de
sa justification a sonné. Aussitôt l'Eternel dit à ses amis
les prêtres et les juges alors en fonctions » Deutéro-
nome XIX, 17) « Ma colère est enflammée contre toi et tes
deux amis parce que vous n'avez pas parlé de moi avec
droiture, comme l'a fait mon serviteur Job L'Eternel réta-
1. Job XLI.4 et suivants, 25.
2. Ibidern, XLH, 2-6.
blit alors Job dans son premier état, et lui accorda le double
de tout ce qu'il avait possédé.
Au cours du jugement, le trépassé appelle à son secours
les quatre esprits qui président au lac de Feu, est il est
purifié par eux. Il est, alors, conduit à sa demeure céleste,
où il est reçu par Athar et Isis, et il se tient devant ~u/M (i)
le Dieu essentiel. Dès ce moment il est Turu, l'homme
épuré, un esprit pur, et il sera dorénavant On-ati, l'ceil de
feu, et l'associé des dieux.
Les Cabalistes comprenaient parfaitement le sublime
poème de Job. Tandis que beaucoup d'Hermétistes étaient
des hommes profondément religieux, dans le fond de leur
cœur comme les cabalistes de toutes les époques ils
étaient les ennemis acharnés du clergé. Combien vraies
étaient les paroles de Paracelse, lorsque, harcelé par les
persécutions et les calomnies, méconnu de ses amis et de
ses ennemis, vilipendé par le clergé et par les laïques, il
s'écrie
« 0 vous tous de Paris, de Padoue, de Montpellier, de
Salernc, de Vienne et de Liepzig! vous n'êtes pas des ins-
tructeurs de la vérité, mais des confesseurs de l'erreur.
Votre philosophie est un mensonge. Si vous voulez savoir
/e
ce <yH' réellement la MAGIE, cherchez-le dans l'.4jooca-
de saint Jean. Puisque vous ne pouvez pas prouver
vous-mêmes vos enseignements au moyen de la Bible et de
la /?<e/a~on, mettez un terme à vos farces. La Bible cs~
la clé e~ le uer~a&~e ~c/'pr<~e. Saint Jean, de même que
Moïse, Elie, Enoch, David, Salomon, Daniel, Jérémie et tous
les autres prophètes, était un /M<~c~/z, un cabaliste et un
devin. Si aujourd'hui un ou tous ceux que je viens d'énu-
mérer, étaient encore de ce monde, je ne doute pas que vous
en feriez un exemple dans votre infâme charnier; vous les
immoleriez sur place, et si cela vous était possible, le Créa-
teur de toutes choses aussi!
Paracelse a fait la preuve pratique qu'il avait appris quel-
ques choses mystérieuses et utiles dans l'Apocalypse et
d'autres livres de la Bible, de même que dans la Cabale;
1..4<n~, ou At-ma, est le Dieu caché; il est à la fois Phtah et Amnon,
le Père et !e Fils, le Créateur et la chose créée, la Pensée et l'apparition,
le Père et la Mère.
et cela est tellement vrai, que beaucoup lui ont décerné le
titre de < père de la magie et fondateur de la physique oc-
culte de la Cabale et du magnétisme (1) ».
La croyance populaire dans les pouvoirs surnaturels de
Paracelse était si bien enracinée, que la tradition s'est per-
pétuée jusqu'à nos jours parmi les naïfs Alsaciens, qu'il
n'est point mort, mais qu'il « dort dans sa tombe à Stras-
bourg (2). Et ils se murmurent, souvent, à l'oreille que le
gazon se soulève à chaque respiration de cette poitrine lasse,
et qu'on entend de profonds soupirs quand le grand philo-
sophe du feu se rappelle les criantes injustices qu'il a en-
durées de la part de ses cruels calomniateurs, pour l'amour
de la grande vérité
Il est facile de se rendre compte, par ces nombreux exem-
ples, que le Satan de l\4yïc~ï Testament, le Diabolos ou
Diable des Evangiles et des .E~~re~ des Apotres, n'est que
le principe antagoniste dans la matière, qui y est nécessai-
rement lié, et qui n'est pas mauvais dans le sens moral du
terme. Venant d'un pays persan, les Juifs apportèrent avec
eux la doctrine des deuxprincipes. Ils n'ont pas pu intro-
duire l'~ue~o, puisque celui-ci n'était pas encore écrit.
vestÎM~t Ormazd du nom secret de r:
Mais ils (nous voulons dire les Asidiens et les Pharsis) in-
et Ahriman du
nom des dieux du pays, le Satan des Hittites, et le Diabolos,
ou plutôt Diobolos des grecs. L'Eglise primitive, ou tout
au moins la partie Paulinienne, les Gnostiques et leurs suc-
cesseurs, purifièrent encore ces notions et l'Eglise Catho-
lique les adopta et les adapta, après avoir passé par le fil
de l'épée ceux qui les avaient promulguées.
L'Eglise Protestante est une réaction de l'Eglise Catho-
lique Romaine. Elle n'est, nécessairement, pas cohérente
dans toutes ses parties, mais bien un prodigieux amas de
fragments, tournant autour d'un centre commun, s'attirant
et se repoussant mutuellement. Certaines parties suivant le
mouvement centripète sont poussées du côté de Rome, ou
du moins vers le système qui permit 1 existence de l'an-
cienne Rome; d'autres sont renvoyées sous l'impulsion cen-
1. MoHtor, Ennemoser, Henman, Pfaff, etc.
2. Traditions de Schopheim p. 32.
trifuge, et cherchent à atteindre la grande région éthérée au
delà de l'influence Romaine, voire même chrétienne.
Le diable moderne est leur principal héritage de la Cybèle
romaine, « Babylone, la grande mère des religions abomi.
nables et idolâtres de la terre
Mais on pourrait peut-être arguer, que la théologie hin-
doue, aussi bien brahmanique que bouddhiste, est aussi for-
tement imprégnée de la croyance aux diables objectifs que
le Christianisme lui-même. Il y a cependant une légère
différence. La subtilité, même, du tempérament hindou,
est une preuve suffisante que le peuple bien éduqué, tout
au moins la partie lettrée des prêtres brahmaniques et
bouddhistes, considère le Diable sous un jour bien différent.
Pour eux le diable n'est qu'une abstraction métaphysique,
une allégorie du mal nécessaire tandis que pour les chré-
liens le /7n/~ze s'est ~ya~/oy~ en une entité historique,
la pierre fondamentale sur laquelle le Christianisme et
son dogme Je rédemption ont été édi fiés. Il est aussi
nécessaire à l'Eglise, des Mousseaux nous l'a démontré,
que la bête du xvn~ chapitre de l\4~oc<7/~o$e l'était pour
son cavalier. Les protestants anglais, ne trouvant pas la
Bible assez explicite, ont adopté la Diabologie du célèbre
poème de Milton, Le Paradis Perdu, en l'agrémentant
de certains passages du Faust, le drame bien connu de
Goethe. John-Milton, un Puritain, au début, puis finalement
un Quiétiste et un Unitaire, ne présenta jamais son ouvrage
autrement que comme une simple notion, mais il réunis-
sait parfaitementles différentes parties des Ecritures. L'Ilda-
Baoth des Ophites fut transformé en ange de lumière et
Fétoile du matin, et vint constituer le Diable dans le pre-
mier acte du Drame Diabolique. Puis, le douzième chapi-
tre de 1~4/?oca/y/?se vint former le second acte. Le grand
Dragon rouge prit le rôle de Z.HC//er, et la dernière scène est
constituée par sa chute, comme celle du Vulcain-Hephaïstos,
du ciel dans l'île de Lemnos les armées fugitives et leur
chef, se trouvant précipités dans le Pandemonium. Le troi-
sième acte a lieu dans le Jardin de l'Eden. Satan tient con-
seil dans un palais qu'il a fait ériger pour son nouvel
empire, et décide d'aller explorer le monde nouveau. L'acte
suivant décrit la chute de l'homme, sa carrière ici-bas, la
venue du Logos, ou le fils de Dieu, et sa rédemption de
l'humanité, ou tout au moins suivant le cas de la partie de
celle-ci constituée par les élus.
Ce drame du Paradis Perdu représente la croyance
non formulée des Chrétiens protestants évangéliques, an-
glais. Ne pas ajouter foi à ses parties principales équivaut,
selon eux, à « renier le Christ et à < blasphémer contre
le Saint-Esprit Si John Milton avait pu supposer que
son poème, au lieu d'être considéré comme un pendant de
la Divine Comédie du Dante, devait prendre place comme
une autre Apocalypse, ou un supplément de la Bible, pour
compléter sa démonologie, il est plus que probable qu'il
eût affronté la pauvreté plus résolument qu'il ne le fit, en en
interdisant l'impression. Plus tard, un poète, Robert Pollok,
en s'inspirant de cet ouvrage, écrivit The Course o f Z7/7~,
qui, à un moment donné, prit presque les proportions d'une
~cr~ure mais, heureusement, le xix" siècle fut différem-
ment inspiré, et le poète écossais tomba dans l'oubli.
Peut- être viendrait-il à propos de donner quelques brefs
renseignements au sujet du Diable européen. Il est le génie
qui s'occupe de la sorcellerie, des maléfices et autres méfaits
analogues. Les Pères ayant adopté la notion des pharisiens
juifs, firent des diables des dieux païens, Mithras, Sérapis
et tous les autres. L'Église Catholique Romain'* suivit leurs
traces en dénonçant ce culte comme un rapport avec la
puissance des ténèbres. Les maleficii et les sorcières du
moyen âge n'étaient, par conséquent, que des adorateurs
du culte prescrit. La magie avait toujours été considérée,
dans les anciens temps, comme une science divine, comme
la sagesse et la connaissance de Dieu. L'art de guérir, dans
les temples d'Esculape, de l'Egypte et de l'Orient faisait
partie de la magie. Même Darius Hystaspès, qui avait
exterminé les Mages de la Mèdie, et qui avait même chassé
les théurgistes chaldéens de Babylone en Asie Mineure,
avait été instruit par les Brahmanes de l'Asie septentrionale,
et enfin, tout en établissant le culte d'Ormazd il fut lui-
même dénommé le fondateur du magisme. Par la suite tout
fut changé. L'ignorance fut considérée comme la mère de
la dévotion. La connaissance fut dénoncée, et les savants
ne poursuivirent les sciences qu'au péril de leur vie. Ils se
mirent obligés de se servit d'un jargon inintelligible pour
cacher leurs idées à tous, sauf à leurs propres adeptes, et
de se soumettre à l'opprobre, à la calomnie et à la pauvreté.
Les sectaires des anciens cultes furent persécutés et mis
à mort sous l'accusation de sorcellerie. Les Albigeois, les
descendants des Gnostiques, et les Vaudois, les précur-
seurs des Protestants, furent chassés et massacrés à la
suite de dénonciations analogues. Martin Luther, lui-même,
n'échappa pas à l'accusation d'être en relation avec Satan
in propia persona. Toute la secte Protestante est encore
aujourd'hui accusée du même crime. L'Église ne fait aucune
distinction dans ses jugements entre les différences d'opi-
nions, l'hérésie et la sorcellerie et sauf là où ils sont pro-
tégés par les autorités civiles, elles sont traitées comme des
offenses capitales l'Eglise considère la liberté religieuse
comme de l'intolérance.
Mais les réformateurs avaient été nourris du lait de leur
mère. Luther était aussi sanguinaire que le Pape Calvin
était plus intolérant que les Papes Léon ou Urbain. La
Guerre de Trente ans dépeupla des régions entières de l'Al-
lemagne, où les Protestants et les Catholiques étaient aussi
cruels les uns que les autres. La nouvelle foi ouvrit aussi
e feu de ses batteries contre la sorcellerie. Les livres des
statuts furent souillés par une législation sanguinaire en
Suéde, au Danemark, en Allemagne, en Hollande, en Grande-
Bretagne et dans la République nord-américaine. Quicon-
que était plus libéral, plus intelligent, plus libre-penseur
que ses semblables était sous le coup d'être arrêté et mis
à mort. Les bûchers éteints à Smithfield furent rallumés
pour les magiciens il était plus sûr de se révolter contre
le trône, que d'étudier les connaissances abstraites en dehors
des limites imposées par l'orthodoxie.
Satan fit une apparition au xvn~ siècle dans la Nou-
velle Angleterre, à New-Jersey et à Ne\v-YorJk, ainsi que
dans diverses colonies de l'Amérique du Nord et du Sud
le colonel Mather nous donne la description de ses mani-
festations principales. Quelques années plus tard il visita
la cure de Mora en Suède, et la Vie dans la Dalécarlie
fut agrémentée de condamnations au bûcher de jeunes en-
fants, et la fustigation d'autres à la porte des temples le
jour du Sabbat. Toutefois le scepticisme des temps moder-
nes a presque complètement aboli la croyance en la sor-
cellerie, et le Diable sous forme personnelle et anthropo-
morphe avec son pied fourchu et ses cornes de Pan, ne se
rencontre plus guère que dans les Lettres Encycliques, et
les effusions similaires de l'Eglise Catholique Romaine. La
bien séance protestante ne permet pas que son nom soit
mentionné autrement qu'à voix basse et dans les limites
de la chaire.
Ayant donné la biographie du Diable depuis son origine
dans l'Inde et la Perse, de son progrès à travers les théo-
logies juive, chrétienne primitive et moderne, jusqu'aux
phases de ses plus récentes manifestations, revenons en ar-
rière pour étudier certaines opinions prévalentes dans les
siècles chrétiens primitifs.
Les avatars ou les incarnations étaient communs dans les
anciennes religions. L'Inde les réduisit à un système. Les
Persans attendaient Sosiosh, et les écrivains juifs étaient
dans l'expectation d'un libérateur. Tacite et Suétone rappel-
lent que l'Orient tout entier attendait ce Grand Person-
nage, à l'époque d'Octave. « C'est ainsi que les doctrines
propres des chrétiens constituaient les arcanes les plus su-
blimes du paganisme (i).* Le Maneros de Plutarque était
un enfant de la Palestine (~. Son médiateur Mithras, le
Sauveur Osiris est le Messie. On trouve la trace dans nos
Ecritures 6''Tr~<?/?/<yM<M, des vestiges des anciens cultes et
dans les rites et les cérémonies de l'Eglise Catholique Ro-
maine, on retrouve les formes du culte Bouddhiste, de ses
cérémonies et de sa hiérarchie. Les premiers Evangiles,
aussi canoniques, alors que les quatre ~o/t~/es actuels,
contiennent des pages entières copiées de narrations boud-
dhistes, ainsi que nous sommes tout prêts à le prouver.
Suivant les témoignages de Burnouf, d'Asoma, de Korosi.
de Béai, de Hardy, de Schmidt, et des traductions de la
7'rzp/~Â'<7, il n'est plus possible de douter que toute la doc-
trine chrétienne ne soit émanée de celle-là. Les miracles
de l'Immaculée Conception. et autres incidents se rencon-
trent tout au long dans le ~/o/ïuc/ du Bouddhisme de
1. \V. "A'iMiams Primitire 77<~or</ Dunlap Spirit History o/* Jfan.
2. Plutarque ~tt e< Osiris, p. 17.
Hardy. On conçoit aisément, pourquoi l'Eglise Catholique
Romaine est si désireuse de laisser le peuple dans l'igno-
rance de la Bible hébraïque, et de la littérature grecque.
La Philologie et la Théologie comparées sont ses ennemis
mortels. Les falsifications délibérées d'Irénée, d'Epiphane,
d'Eusèbe et de Tertullicn étaient devenues nécessaires.
Les Z~ ~&ïs paraissent avoir été en grande fa-
veur a cette époque. Il est facile de voir qu'ils s'inspiraient
aux mêmes sources que ceux des nations des gentils.
Voici un extrait de GaIIœus
<
Un nouvel astre s'est levé venant du Ciel il prit une
forme humaine. Oh vierge, reçois le Dieu dans ton sein
pur et la Parole entra dans son sein elle s'incarna avec
le Temps, et animée par son corps, elle prit la forme d'une
figure mortelle, et un Garçon fut créé par une Vierge. Le
nouvel Astre envoyé par les Dieux fut adoré par les Mages,
et l'enfant envetoppé de ses langes fut exhibé dans une crè-
che. et on appela Bethléem le pays de la Parole ainsi
nommé par Dieu (1)
~e dirait-on pas, au premier abord, que cette prophétie
a rapport à Jésus mais cela ne pourrait-il pas aussi bien
se référer à un autre Dieu créateur ? On a dit la même
chose au sujet de Bacchus et de Mithras.
« Moi, fils de Deus, je suis venu au pays des Thébains
Bacchus qu'enfanta Sémélé (la vierge) fille de Kadmus,
(l'homme de l'Orient) ayant été délivré par la flamme
qui porte l'éclair, et prenant une forme mortelle au lieu
d'une forme divine, je suis venu (2)
Les Dionysiaques, écrites au V siècle,. le rendent des plus
clairs, et vont jusqu'à démontrer le rapport intime qui existe
entre elles et la légende de la naissance de Jésus
« Koré-Perséphone. (3) tu deviens l'épouse du Dragon,
1. Oracles Sybillins, 760-'78S.
2. Euripide Racc/t~p.
3. Nous avons des doutes au sujets de la convenance de traduire xopir;
par vierge. Ert substance. D~mcter et Pérephone sont une même divinité
de même que l'étaient Apollon et Esculapc. La scène de cette aventure
est placé): à C"ete ou Koureteia. où Zeus était le dieu suprême. On a.
sans doute, voulu dire Keres ou Dcmeter. On l'appelait aussi x~x, qui
est le même que x'~sï,. Comme e!!e était la déesse des Mystères, elle était
la plus apte à prendre place comme l'épouse du Dieu-Serpent, et de la
mère de Zagreus.
lorsque Zeus, enroulé, changea sa forme et sa face; Fiancé-
Dragon, enveloppé du manteau de l'amour, il s'approcha
de la couche virginale de la brune Kora. Ainsi, par l'al-
liance du Dragon de l'Aethcr, le sein de Perséphone fruc-
tifia, en donnant le jour a Zagreus(l). l'Enfant cornu(~).
Voila le secret du culte Ophite, et l'origine de la fable
chrétienne de l'immaculée conception, revue par la suite el
rorr/~c. Les Gnostiques furent les premiers chrétiens ayant
un système théologique régulier, et il est tout naturel que
ce fut Jésus qu'ils adaptèrent à leur théologie sous forme de
Christos au lieu de la faire cadrer avec ses enseignements
et ses faits et gestes. Leurs ancêtres, bien avant l'ère chré-
tienne, maintenaient que le grand serpent Jupiter, le
Dragon de Vie, le Père et la < Divinité Bienfaisante s'était
glissé dans la couche de Sémélé et les Gnostiques post-chré-
tiens, a peu de différence près, appliquèrent la même fable
à l'homme Jésus, et affirmèrent que la même < Divinité
Bienfaisante Saturne (t'IIda-Baoth) avait passé sur le ber-
l'
ceau de Marie enfant, sous la forme du Dragon de Vie (3).
Selon eux, le serpent était le Logos le Christos, l'incarna-
tion de la sagesse Divine, par son Père Ennoia, et sa mère
Sophia.
« Or, ma mère, l'Esprit Saint (le Saint Esprit) me prit»
fait-on dire à Jésus dans des Hébreux (4 en-
trant, ainsi, dans son rôle de Christos, le Fils de Sophia,
l'Esprit Saint (o).
« Le Saint ~r// viendra sur loi, et la PUISSANCE du
Très Haut te couvrira de son ombre aussi l'être saint qui
mîtra de toi, sera-t-il appelé le Fils de Dieu dit l'ange
a Marie (St-Luc I, 35).
ZD
« Dans ces derniers temps, Dieu nous a parlé au moyen
1. Pococke estime que Zeus était un grand !ama. ou chef jaïn, et Koré,
Perséphoné ou Kuru-Parasu-pani. Za~reus est C~a'~ras. la roue, le cercle,
la terre, le gouverneur du monde. Il fut mis à mort par les Titans, ou
Teith ans (les Daityas). Les cornes ou le croissant étaient l'emblème de
la souveraineté des Lamas.
2. connus Dtort</s<a<~et.
3. Voyez le Serpent ~"ors/np de Deane, pp. 89-90.
4. Creuser Symbole, Vol. I, p. 34t.
5. Le Dragon est le soleil, Je principe générateur Jupiter Zeus et
Jupiter est appelé le « Saint Esprit par les Egyptiens, dit Plutarque,
De ~tde, XXXVI.
d'un Fils, qu'il a institué héritier de toutes choses, et par
lequel aussi il créa les .Eons (St-Paul, Héb.) (i).
Toutes ces expressions sont autant de reproductions chré-
tiennes du .Von~M. «.a travers le Draconteum Ethéré~,
car l'Ether c'est le Saint Esprit, ou la troisième personne
de la Trinité, le Serpent a l'œil de Faucon, le Kneph
égyptien, l'emblème de la Pensée Divine (2), et l'Ame
L'aiverselle de Platon.
« Moi, la sagesse, je suis sorti de la bouche du Très Haut,
et ai rec<9Mucr/ ~c/ë ro/nc un ~Ma~c (3).
Pimandre, le Logos, émerge des Ténèbres Infinies, et cou-
dent sur tout le monde. (Voyez l')~
vre la terre de nuages, qui comme des serpents, se répan-
de Champollion.)
L~ Logos est la plus ancienne image de Dieu, et il est le
Logos aclif, dit Philon le Juif (4). Le Père est la Pensée
T~/c~f.
Comme cette notion est universelle, nous constatons la
mcme phraséologie pour l'exprimer chez les Païens, les Juifs
et les chrétiens primitifs. Le Logos Chaldéo-Persan, est le
ril": Unique du Pcre dans la Cosmogonie Babylonienne
J'Eudemus.
Un des hymnes d'Homère au soleil commence par
« ELI, Enfants de Dcus (5) SoI-Mithra est une « image
du Père comme le Seir-Anpin cabalistique.
Il est presque incroyable que de toutes les différentes no-
tions de l'antiquité aucune n'ait cru à un diable personnel
comme le font les chrétiens libéraux du xix* siècle, et ce-
pendant, le fait est douloureusement exact. Ni les Egyptiens,
que Porphyre prétend être « le peuple le plus savant du
monde (G) ni la Grèce, qui en est la fidèle copie, n'ont
1. L'original porte .~o~s <Ic-. émanations), qui ont été traduits par
fu ~Jes. Il ne faut pas s'attendre à ce que. âpres avoir anathematisé la
(!"ctrine des émanations, l'Eglise se privat d'edacer le mot origine!, qui
était en opposition directe avec la doctrine nouvellement promulguée
d: la Trinité.
2. Vuyez le ~srpe~ U'ors/np. de Deane, p. t45.
3. Ecclésiaste, XX!V, 3.
4. Voyez le Spirit /7t~<or~/ o/Va't de Dunlay, le chapitre sur le Logos
le Fils unique et le Roi.
5. Traduction de Backley.
6. Select U'or~ on ~.rt~ce.
jamais été coupables d'une pareille monstruosité. Disons;
tout de suite, qu'aucun de ces peuples, voire même les an-
ciens juifs, ne croyaient pas plus au Diable qu'à l'enfer ou
à la damnation éternelle, bien que nos Eglises chrétiennes
ne se fassent pas défaut d'en doter les païens avec libéralité.
Partout où le mot « enfer se trouve dans les traductions
des textes sacrés hébreux, il est inexact. Les hébreux étaient
absolument ignorants de cette notion; mais les évangiles
donnent de fréquents exemples de ces mêmes erreurs. Ainsi,
lorsqu'on fait dire à Jésus (Mathieu XVI, 18) « et les por-
tes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle
on lit dans le texte originel « les portes de la ~or/ Le
mot « enfer dans son acceptation de lieu de damnation,
temporaire ou éternelle n'est jamais employé dans un
passage quelconque de l'Ancien Testamenl, malgré tout ce
que pourront dire dans le sens contraire, les partisans de
l'enfer. « Tophet ~,ou « la Vallée de Hinnom (Esaïe LXVI,
24) ne comporte pas une pareille interprétation. Le terme
grec « Gehenna a aussi une signification tout à fait diffé-
rente, et plus d'un auteur compétent a parfaitement bien
prouvé que « Gehenna est l'équivalent du Tartarus d'Ho-
mère.
Et, de fait, nous avons pour cela l'autorité de saint Pierre
lui-même. Dans sa seconde Z~/re (II, 2; on fait dire à l'apô-
tre, dans le texte originel, au sujet des anges pécheurs, que
Dieu « les précipite dans le Tarlarus Cette expression,
qui rappelait trop clairement le combat entre Jupiter et
les Titans, fut changée, et nous lisons aujourd'hui dans
la version anglaise du Roi Jacques « les précipita dans
l'en fer
Dans F.4 /zc~ Testament, les expressions « portes de la
mort « chambres de la mort » ne sont qu'une allusion
aux « portes du tombeau » qui sont spécialement mention-
nées dans les /ne5 et dans les Proverbes. L'Enfer et
son Souverain sont, tous deux, des inventions du christia-
nisme, contemporaines de son accession au pouvoir et à la
tyrannie. Ce sont des hallucinations nées des cauchemars
de saint Antoine dans le désert. Avant notre ère, les anciens
sages connaissaient le « Père du mal et le traitaient avec
plus de mépris qu'un âne, l'emblème choisi pour représen-
ter Typhon, « le Diable (~). Triste dégénérescence du cer-
veau humain!I
De même que Typhon était le côté obscur de son frère
Osiris, Python est le coté malfaisant d'Apollon, le lumineux
dieu des visions, le voyant et le prophète. Il est mis à mort
par Python, mais il le tue à son tour, sauvant ainsi l'hu-
manité du péché. Ce fut en souvenir de cet exploit que les
prêtresses du Dieu-solaire s'enveloppaient d'une peau de
serpent, emblème du monstre fabuleux c'est sous son in-
fluence exhilarante (la peau de serpent aurait des propriétés
magnétiques) que les prêtresses tombaient en transce ma-
gne tique, «et recevant leur voix d'Apollon ~prophétisaient
et délivraient des oracles.
Apollon et Python sont encore une seule et même per-
sonne, et moralement androgynes. Les notions du dieu-
solaire sont toutes, sans exception, doubles. La chaleur bien-
faisante du soleil provoque l'existence de tous les germes,
mais la chaleur excessive t"*e aussi les plantes. Lorsqu'il
joue sur sa lyre planétaire aux sept cordes, Apollon produit
l'harmonie mais, de même que tous les autres dieux solai-
res, sous son aspect obscur il se transforme en Python, le
destructeur.
Il est bien connu que saint Jean voyagea dans l'Asie,
un pays gouverné par les Mages et imbu des idées zoroas-
triennes et, à cette époque, traversé de part et d'autre par
les missionnaires bouddhistes. S'il n'avait jamais visité ces
contrées et qu'il n'eût jamais été en contact avec les boud-
dhistes, il est peu probable qu'il eût écrit l'Apocalypse.
Outre ses notions sur le dragon, il fournit des récits pro-
phétiques, absolument ignorés des autres apôtres, et qui,
ayant trait à sa seconde venue, font du christ une fidèle
copie de Vichnou.
C'est ainsi que Ophios et Ophiomorphos Apollon et
Python, Osiris et Typhon Christos et le Serpent, sont tons
des termes interchangeables. Ce sont tous des Logoï, et
l'un est inintelligible sans l'autre, de même que le jour ne
se connaîtrait pas s'il n'y avait pas de nuit. Tous sont des
régénérateurs et des sauveurs, l'un au sens spirituel, et
1. Plutarque et Sanchoniathon appellent Typhon, Tuphon à peau
rouge Plutarque fM~ et OstrM, XXI-XXVI.
l'autre au sens physique. L'un assure l'immortalité de l'Es-
prit Divin l'autre la procure au moyen de la régénération
de la semence. Le Sauveur de l'humanité doit mourir, parce
qu'il lui dévoile le grand secret de l'ego immortel le ser-
pent de la Genèse est maudit parce qu'il dit à la mrzlière
<(
Vous ne mourrez point. » Dans le monde païen, la contre-
partie du « serpent » est le second Hermès, la réincarnation
d Hermès Trismégiste.
Hermès est le compagnon constant et l'instructeur d'Osi-
ris et d'Isis. Il est la sagesse en personne la même chose
a lieu pour Caïn, le fils de « l'Eternel Tous les deux bâtis-
sent des cités, ils civilisent les hommes et les instruisent
dans les arts.
Il a été dit maintes et maintes fois, par les missionnaires
chrétiens de l'Inde et de Ccylan, que le peuple est plongé
dans la démonolatrie que ce sont des adorateurs du diable,
dans le sens le plus large du mot. Nous affirmons, sans exa-
gération,qu'ils ne le sont pas plus que la masse des chrétiens
sans éducation. Mais, même s'ils adoraient le Diable, (ce
qui est plus que d'y croire seulement), il y a cependant
une grande différence entre les enseignements de leurs
prêtres au sujet d'un diable personnel, et les dogmes du
clergé catholique et aussi de beaucoup de pasteurs pro-
testants. Les prêtres chrétiens sont tenus d'enseigner à
leurs ouailles et de forcer leur esprit a reconnaître l'exis-
tence du Diable, et dans les premières pages de ce chapitre
nous en donnons la raison. Mais non seulement les Oepa-
sampala Cingalais, qui appartiennent au plus haut clergé, ne
veulent-ils pas croire à un diable personnel, mais même les
Samenaïra, les candidats et les novices, ne feraient que
sourire à cette idée. Tout, dans le culte extérieur des Boud-
dhistes est allégorique, et n'est jamais autrement accepté
ou enseigné par les /)u/~f5 (les pandits) éduqués. L'accu-
sation qu'ils permettent, et autorisent tacitement de laisser
le pauvre peuple plongé dans la superstition la plus dégra-
dante, n'est pas sans fondement mais nous nions formel-
lement qu'ils encouragent de pareilles superstitions. Et en
cela ils apparaissent à leur avantage à côté de notre clergé
chrétien, qui (du moins tous ceux qui ne laissent pas leur
fanatisme prendre le dessus de leur intelligence) sans en
croire un seul mot, prêchent néanmoins l'existence du
Diable, comme l'ennemi personnel d'un Dieu personnel, et
le mauvais génie de l'humanité.
Le Dragon de saint Georges, qu'on voit si communément
représenté dans les plus importantes cathédrales des Chré-
tiens n'est pas plus engageant que le Roi des serpents, le
Xammadânam-nàraya des bouddhistes, le grand Dragon. Si,
suivant la superstition populaire des Cingalais le Démon
planétaire Ra\vho, est supposé détruire la lune en l'avalant
si, dans la Chine et la Tartarie on permet au peuple de
frapper sur des gongs et de produire un bruit infernal pour
obliger le monstre à lâcher sa proie pendant les éclipses,
pourquoi le clergé catholique y verrait-il du mal, ou le taxe-
rait-il de superstition ? Le clergé des campagnes du sud
de la France ne fait-il pas la même chose, à l'occasion,
pendant l'apparition des comètes, des éclipses et des autres
phénomènes célestes ? Lors du passage de la comète de
Halley en i4o~ « son apparition fut si terrifiante » dit
Draper, « que le Pape, lui-même se vit obliger d'intervenir.
Il l'exorcisa et la chassa du firmament. Elle s'enfuit dans les
abîmes de l'espace, effrayée des malédictions de Calixte III,
et ne se hasarda pas à revenir avant soixante-quinze
ans(i)
Nous n'avons jamais entendu dire qu'un Pape ou un
prêtre chrétien ait jamais cherché à dissuader les ignorants
que le Diable y était pour quelque chose dans les éclipses et
les comètes; mais nous voyons qu'un grand-prêtre bouddhiste
dit à un fonctionnaire qui le plaisantait au sujet de cette
superstition « nos livres religieux cingalais nous ensei-
gnent que les éclipses du soleil et de la lune annoncent une
attaque de Rahu (2), (une des neuf planètes) mais non d'un
diable (3)
Le mythe du « Dragon si apparent dans l'Apocalypse
et la Ze~enc~ Dorée, et de la fable de Siméon le Stylite
1. Conflict between Religion a~d Science, p. 269.
2. Rahu et Kehetty sont les deux étoiles fixent qui forment la tête et la
queue de la constellation du Dragon.
3. E. Upham La .tfa/tar.~ot, etc., p. 54 pour la réponse donnée par
le grand prêtre de Mu!girs Galle Vihari, nommé Sire Bandare Metankérè
Samanérë Samavahanse, à un Gouverneur hollandais en 1766.
convertisse le Dragon, est sans contredit d'origine boud-
dhiste, et peut-être même pré-bouddhiste. Ce furent les
pures doctrines de Gautama qui ramenèrent au Bouddhisme
les cashmiriens qui étaient primitivement adonnés au culte
Ophite, ou culte du serpent. L'encens et les fleurs rempla-
cèrent les sacrifices humains et la croyance aux démons
personnels. Ce fut au tour du christianisme d~hériter de la
superstition dégradante au sujet des diables investis de
pouvoirs pestilentiels et meurtriers. La ~/6:uo~M, le plus
anciens des livres Cingalais, raconte l'histoire du Roi
Cobercapal (Cobra-de-Capello), le dieu-serpent. qui fut
converti au bouddhisme par un saint-Rahat (1) et cette
histoire est antérieure, et de beaucoup, à la Légende Dorée
qui dit la même chose de Siméon le Stylite et de son dragon.
Le Logos triomphe une fois de plus du grand Dragon
saint Michel, le brillant archange, le chef des ~Eons, est
vainqueur de Satan (~).
Il est un fait digne de remarque, que tant que l'initié
garde le silence sur « ce qu'il sait, » il est en sûreté. C'était
le cas dans les temps anciens et ce l'est encore, de nos
jours. Aussitôt que le Dieu des Chrétiens émanant du
Silence, se manifesta comme la /~f/'o/e ou le Logos, celle-
ci fut la cause de sa mort. Le serpent est le symbole de la
sagesse et de l'éloquence, mais il est aussi celui de la des-
truction. « Oser, savoir, vouloir et garder le silence x~, sont
les axiomes cardinaux du cabaliste. De même qu'Apollon
et les autres dieux, Jésus est mis a mort par son Logos (3)
il ressuscite, le tue à son tour et devient son maître.
Est-il possible que cet antique symbole comme toutes les
autres conceptions philosophiques de l'antiquité, ait plus
1. ~ous laissons aux savants archéologues et aux philologues le soin d'ex-
pliquer comment le culte du A'a~a ou du serpent a pu voyager du Cashmire
au Mexique et devenir le culte de Narga, qui est également an culte du
serpent, et une doctrine de lycanthropie.
2. Saint Michel, le chef de ~Eons est aussi Gabriel. le messager de la
Vie des Nazaréens, et le Indra des Hindous, le chef des bons Esprits qui
terrasse Vasouki, le Démon qui s'insurgea contre Brahma.
3. Voyez l'amulette gnostique appelée le « Serpent ehnuphis dans
l'acte de lever sa tête couronnée des sept voyelles, qui est le symbole
cabalistique pour représenter le « don de la parole à l'homme on le
Logos.
d'une signification allégorique, et Insoupçonnée ? Les coïn-
cidences sont trop singulières pour être le résultat d'un
simple hasard.
Et maintenant que nous avons fait voir l'identité qui
existe entre saint Michel et Satan, et les Sauveurs et les
Dragons des autres nations, qu'y a-t-il de plus naturel que
toutes ces fables philosophiques aient eu leur origine dans
l'Inde, ce foyer universel du mysticisme méthaphysique ?
« Le monde dit Ramatsariar, dans ses commentaires des
t'<~7.5, « commença par une lutte entre l'Esprit du Bien
et l'Esprit du Mal; il doit finir de même. Après la destruc-
tion de la matière, le mal ne peut plus exister, il faut qu'il
rentre dans le néant (!)
Dans son Apologia, Tertullien fausse d'une manière pal-
pable chaque doctrine et chaque croyance des Païens, en ce
qui a rapport aux oracles et aux dieux. Il leur donne indif-
féremment le nom de démons et de diables, et va jusqu'à
accuser ceux-ci de prendre possession des oiseaux de l'air 1
Quel est le chrétien qui oserait, aujourd'hui, émettre un
doute, au sujet d'une pareille autorité ? Le Psalmiste n'a-
t-il pas dit < Tous les dieux des nations sont des idoles
et l'Ange de cette Ecole, saint Thomas d'Aquin, traduit de
sa propre autorité co&o'5~'</H~ le mot idoles par diables ?
« Ils se présentent aux hommes », dit-il, « et s'offrent à
leur adoration et en opérant certaines choses qui parais-
sent miraculeuses (2)
Les Pères étaient aussi prudents dans leurs inventions
qu'ils étaient avisés. Pour être impartial, disons, qu'après
avoir créé un Diable, ils se mirent à créer des saints
apocryphes. Nous avons donné les noms de quelques-uns
de ceux-ci dans les chapitres précédents mais il ne faut
pas oublier Baronius, lequel, après avoir lu dans un ou-
vrage de saint Chrysostome, au sujet du saint A~o/ le
mot qui signifie un couple, il le prit pour le nom d'un
saint, et, sur-le-champ, il fabriqua de toutes pièces un mar-
~/y d'Antioche, et donna la biographie détaillée et au-
thentique du c bienheureux saint D'autres théologiens
1. Tamas les Védas
2. Saint Thomas d'Aquia Somma, II. 94 Art.
(TApoHyon ou plutôt de Apolouôn- firent l'anti-Christ.
Apolouôn est le « laveur » de Platon, le dieu qui purifie, qui
nous lave et nous délivre de nos pochés néanmoins il fut,
de cette manière, transformé en celui « dont 'e nom hé-
breu est Abaddou, mais qui, en grec, est appelé Apolly on »
le Diable 1
Max Muller dit que le serpent dans le Paradis est une
notion qui peut avoir pris naissance chez les juifs, < et ne
paraît guère souffrir la comparaison avec les notions autre-
ment plus grandioses du pouvoir terrible de Vritra et d'Ahri-
man dans les t~~o et l\4ue~a~. Pour les cabalistes, le
Diable n'a toujours été qu'un Dieu-mythe ou le bien ren-
versé. Ce magicien moderne qui est Eliphas Lévi, appelle
le Diable l'ivresse os/a~. C'est, dit-il, une force aveugle,
comme l'électricité; et, parlant aHégoriquement, comme il
le fit toujours, Jésus dit qu'il « vit Satan tombant du ciel
comme un éclair
Les prêtres insistent sur ce fait que Dieu a envoyé le
Diable pour tenter l'humanité ce serait, en tous cas, une
étrange manière de lui prouver son amour sans bornes Si
l'Être Suprême est vraiment coupable d'une trahison si
peu paternelle, il ne mérite, certes, que l'adoration d'une
Église capable de chanter un Te Deum à l'occasion d'un
massacre de la Saint-Barthélémy, et de bénir les armes
musulmanes levées pour égorger les Chrétiens Grecs
Ceci est de la saine logique et de bonne loi, car une
maxime de jurisprudence ne dit-elle pas (~M~ /o< pc/*
a/7!, /ac~ per se ?
Les grandes différences qu'on remarque entre les diverses
conceptions du Diable, sont souvent fort comiques. Tandis
que les bigots l'agrémentent invariablement de cornes et
d'une queue, et lui prêtent toutes sortes de caractères répu-
gnants, y compris une odeur humaine (1) nauséabonde,
i. Consultez des Mousseaux; voyez ce que disent d'autres Demonogra-
phes tes divers « procès de sorcières a, et les dépositions de celles-ci
sous la torture, etc. A votre humble avis, le Diable doit avoir contracté
cette odeur nauséabonde et ses habitudes de malpropreté dans la compa-
gnie des moines du moyen âge. Beaucoup de ces saints se vantaient de
ne s'ètre jamais laves « Se dëvéMr par vaine propreté est un péché aux
yeux de Dieu dit Sprenger dans son Marteau des Sorcières. Les ermites
et les moines fuyaient tout nettoyage comme une souillure. On ne se bai-
Milton, Byron, Gœthe, Lermontoff (1) et une foule d'au-
teurs français ont chanté ses louanges en vers et en prose.
Le Satan de Milton, et même le Méphistophélès de Gœthe,
sont certainement des figures plus imposantes que celles de
beaucoup d'anges, tels que nous les présentent la prose dec
bigots en extase. Etablissons la comparaison entre deux des-
criptions et cédons le pas à l'auteur sensationnel, incompa-
rable, des Mousseaux. Il nous donne un récit vibrant d'un
ineubus, dans les propres paroles de la pénitente en per-
sonne « Une fois nous dit-elle, « pendant l'espace d'une
grande demi-heure, elle vit ~c/c/~cn/ à côté d'elle, un
individu avec un affreux corps noir et terrible, dont les
mains d'une grandeur démesurée se terminaient par des
doigts crochus. Le sens de la vue, celui du toucher, et le
sens olfactif étaient confirmés par celui de l'ouïe (~) 1!
Et néanmoins, pendant l'espace de plusieurs années, cette
femme consentit à être mise à mal par un pareil héros
Combien plus sublime nous apparaît la figure majestueuse
d'Lt Satan de Milton, comparée à ce galant odoriférant!
Que le lecteur se représente, s'il le peut, cette merveil-
leuse chimère, cet idéal de l'ange rebelle, transformé en
Orgueil incarné, entrant dans la peau du plus répugnant de
tous les animaux En outre le catéchisme chrétien nous
enseigne que Satan in ~ro/M persona, tenta notre mère
Eve, dans un véritable paradis, et cela ~ous la forme
d'un serpent, qui, de tous les animaux était le plus insi-
nuant et le plus fascinateur! Pour le punir, Dieu le con-
damne à ramper éternellement sur son ventre et a mordre
la poussière. « Cette sentence remarque Lévi, « ne res-
semble en rien aux tourments des traditionnelles flammes
de l'enfer. D'autant plus, que le vrai serpent zoologique,
qui fut créé avant Adam et Eve, rampait déjà sur son ven-
tre, et mordait déjà la poussière, avant qu'il n'y ait eu de
péché originel
gna pas pendant mille ans' s'écrie Miche)et dans sa Sorcière. Pourquoi
alors cette clameur contre les fakirs? S'ils vivent dans la saleté ils ne se
couvrent de boue qu'après s'cLre lavés, car leur religion leur commande
de se laver tous les matins, et quelquefois plusieurs fois par jour.
1. Lermontoff, te grand poète russe, auteur du Démon.
2. Les hauts phénomènes de la Jfajte, p. 379.
A part cela, Ophion le Daïmon, ou le Diable, n'était-il
pas appelé Dominus, de même que Dieu (1)? Le mot Dieu
(la divinité) est dérivé du sanscrit Det'a, et celui de Diable
du persan daëva, lesquels mots sont identiques en subs-
tance. Hercule, le fils de Jupiter et d'Alcmène, un des plus
grands dieux-solaires, ou Logos manifestés, est néamnoins,
comme tous les autres, représenté sous une nature dou-
ble (2).
L'Agathodaemon, le daemon bienfaisant (3), celui-là même
que nous retrouvons, plus tard, chez les ophites sous l'apel-
lation du Logos, ou sagesse divine, était représenté par un
serpent se tenant droit sur un pieu, dans les mystères des
bacchanales. Le serpent à tête de faucon est un des plus
anciens emblèmes des Égyptiens, et représente, selon Deane,
la pensée divine (4).
Azazel c'est Moloch et Samaël, dit Movers (a), et nous
voyons qu'Aaron, le frère du grand législateur Moïse, sacri-
fie également à Jehovah et à Azazel.
« Et Aaron tirera au sort deux chèvres une pour l'Eter-
nel (Ihoh dans l'original) et une pour le bouc émissaire
(~4~are/).
Jéhovah dans l'Ancien testament présente tous les attri-
buts du vieux Saturne (6), malgré ses métamorphoses de
Adoni en Eloï, le Dieu des Dieux et le Seigneur des Sei-
gneurs (7).
Jésus, sur la montagne, est tenté par le Diable, qui lui
promet tous les royaumes du monde et leur gloire, s'il con-
I. Afocer~, p. 109.
2. Hercule est d'origine hindoue.
3. II est le même que le Kneph des Egyptiens et l'Ophis des Gnostiques.
4. Serpent Wbr~p. p. 145.
5. ~foper~, p. 397. Azazel et Samaët sont identiques.
6. Saturne est Bet-Moloch, et même Hercule et Siva. Ces deux derniers
sont ~ara7Ca~ ou tes dieux de la guerre, de la bataille, ou le «Dieu des
Armées « L'Eternel est un vaillant guerrier » lit-on dans l'Exode XV, 3.
< L'Eternel des Armées est son nom. (Esaïe H.15) et David le bénit
parce qu'il « exerce ses mains au combat, ses doigts à la bataille a
(Psaume CXLIV. I). Saturne est également le Soleil, c-t Movers dit que
« Kronos Saturne était appelé par les Phéniciens, /<raë~ (130) Philon le juif
dit ia même chose (dans Euseb., p. 44).
7. Bém soit lahoh, Alahim, Alahi, ~raë~ (Psaume LXXH).(La tra-
duction française dit Béni soit l'Etern. Dieu, le Dieu d'Israël ?. Note
du Traducteur.)
sent à se prosterner devant lui et à l'adorer. (Matthieu, IV
8.9). Le Bouddha est tenté par le Démon Wasawarthi Mara,
qui lui dit, lorsqu'il quitte le palais de son père < Reste,
je t'en suplie, afin de posséder les honneurs qui sont à ta
portée ne pars point, ne pars point 1 Et sur le refus de
Gautama d'accepter ses offres, il grince des dents avec rage,
et le menace de sa vengeance. De même que le Christ, le
Bouddha triomphe du Diable (1).
Dans les Mystères Bachiques, on faisait passer une coupe
cM~acrce après le repas, qui portait le nom de coupe de
l'Agathodaëmon (2). Le rite Ophite analogue, fut évidem-
ment emprunté à ces Mystères. La communion du pain et
du vin était en usage dans le culte de presque toutes les
divinités importantes (3).
En relation avec le sacrement sémi-Mitbraïque, adopté
par les Marcosiens, autre secte gnostique, éminemment
cabaliste et théurgique, Epiphane raconte une étrange his-
toire pour illustrer l'habileté du Diable. Pendant la célébra-
tion de leur Eucharistie, on apportait au milieu de la con-
grégation trois grands vases du plus pur cristal, remplis de
vin blanc. Pendant le cours de la cérémonie, et en vue de
tout le monde, ce vin se changeait instantanément en rouge,
en pourpre et finalement en bleu azur. <: Le mage dit Epi-
phane, « présente alors un des vases à une femme de la
congrégation en la priant de le bénir. Ceci fait le mage en
verse une partie dans un vase d'une capacité beaucoup plus
grande en prononçant la prière suivante « Que la grâce de
Dieu, qui est au-dessus de tout, inconcevable et inexplicable,
remplisse ton âme, et augmente au-dedans de toi Sa con-
naissance, en faisant germer le grain de moutarde dans un
sol fertile (4). La liqueur du grand vase monte, alors, jus-
qu'à déborder (5).
1. ~fa~caZ 0/* Buddhism de Hardy, p. 60.
2. Lect. on Mod. Phil. Vol. 1, p. 404 de Cousin.
3. Jforers, Dotic~er, Hn~rnset autres.
4. Haeres, XXXIV Gnostics, p. 53.
5. Pour la première fois le vin fut déclaré sacré dans les Mystères de
Bacchus. Payne Knight croit, à tort, pensons-nous– qu'on administrait
le vin pour produire une fausse extase par l'ivresse. II demeura néan-
moins sacré, et l'Eucharistie Chrétienne est certainement une imitation
-du rite païen. Que M. Knight ait tort ou raison, nous regrettons d'avoir
à dire qu'un pasteur protestant, le Rév. Joseph BIanchard, de New-York,
Il est bon de comparer les récits pré-chrétiens avec les
post-chrétiens par rapport aux diverses divinités païennes
qu'on a fait descendre aux Enfers après leur mort et avant
leur résurrection. Orphée entreprit ce voyage (!), et le Christ
fut le dernier de ces voyageurs souterrains. Dans le Crcf/~
des Apôtres, qui est divise en douze sentences ou arlicles
chacun des articles séparés ayant été inséré, suivant saint
Augustin (2), par chaque apôtre en particulier, l'article < Il
descendit aux Enfers et le troisième jour il ressuscita d'entre
les morts est attribué à saint Thomas peut-être en expia-
tion pour son manque de foi. Quoi qu'il en soit, cet article
a été déclaré un faux, et il n'existe pas de preuve « que cette
déclaration de foi ait été formulée par les apôtres, ou même
qu'elle ait existé sous forme de Credo à leur époque (3) )~.
C'est l'addition la plus importante qui ait été faite au
Credo des apôtres, et elle date de l'an GOO de notre ère (4).
Elle n'était pas connue à l'époque d'Eusèbe. L'Evêque Par-
sons dit que cette addition ne figurait, pas dans les anciens
credos, ou dans les articles de foi (a). Irénée, Origène et
Tertullien ne laissent pas entendre qu'ils en aient eu con-
naissance (6). II ne fut mentionné à aucun Concile avant le
vn* siècle. Théodoret, Epiphane et Socrate sont tous muets
a son sujet. Il diffère du Credo suivant les ouvrages de saint
Augustin (7). Ruffinus affirme qu'à son époque il n'exis-
tait ni dans le credo romain ni dans l'oriental. (Exposil in
~o/4~o~ § 10.) Mais le problème est résolu lorsque
nous lisons qu'il y a des siècles qu'Hermès parla comme suit
à Prométhée, enchaîné sur les rochers arides du mont Cau-
case
fut.trouve ivre dans un des squares publics le soir du dimanche 5 août 1~77,
et emmené en prison. Le rapport qui fut publie disait L'accusé dit
qu'il avait été à l'église et qu'il avait bu un peu trop de vin de la com-
munion.
1. Le rite de l'initiation représentait une descente dans le monde infé-
riejr. Bacchus, Héraclès. Orphée et Askiepius descendirent tous aux Enfers
et remontèrent le troisième jour.
2. ~Aposf. Creed. de King. in-S'p 26.
3. Co~noft Prayer de Justice Bailey, tS!3. p. 9.
Apos~c's Creed .Voureau T'jstar~grt< Apocryphe.
5. On the Creed, fol. t676, p. 225.
6. Lib. t.C.2 Libr. de P/-< dans le Prœm. j4drer.<. ~raj-~m. C. Il.
7. De Fide et Symbol.
« Ne t'attends pas a une fin de ces labeurs, JUSQU'A CE
~U'U~ DiEU APPARAISSE COMME U~ SUBSTITUT DE TES AKGOtSSES,
ET QU'IL CO~SEXTE A DESCENDRE AUSSI BIEX AU SOMBRE HADÈS ET
AUX TRISTES ABIMES AUTOUR DU TARTARUS (Eschyle « Pro-
méthée, 1027 fT). Ce dieu était Héraclès, le « Fils Unique
et le Sauveur. Et c'est lui que les Pères ingénieux prirent
comme modèle. Hercule, appelé Alexicacos car il
ramena les méchants et les convertit à la vertu; .So/e~ ou
Sauveur, appelé également Neulos Eumelos -le Bon Ber-
~'cr Astrochiton, environné d'étoiles et le Seigneur de la
Flamme. « II ne chercha point à assujettir les nations par la
force, mais par la .S<~r<«' divine et la persuasion dit
Lucien. « Héraclès répandit la culture et une douce religion,
et détruisit la doctrine du r/ï<ïe~ e/crnc/, en arrachant
Cerbère (le Diable Païen) au monde inférieur. » Et ce fut
encore Héraclès, ainsi que nous le constatons, qui délivra
Prométhée (l'Adam des païens) en mettant une fin aux tor-
tures qui lui avaient été infligées pour ses transgressions,
par sa descente dans l'Hadès et son voyage autour du
Tartarus. Comme le Christ il apparut comme Hn su6~/t/~
/)o~r les tourments de /7?~/7!~n/ en s'offrant lui-même en
sacrifice sur le bûcher funéraire. « Son immolation volon-
taire dit Bart, annonçait la nouvelle naissance éthérée de
l'humanité. Par la délivrance de Prométhée, et l'érection
des autels, nous voyons en lui le médiateur entre l'ancienne
foi et la nouvelle. Il abolit les sacrifices humains partout où
il les trouva institués. M descendit dans le sombre royaume
forme d'esprit ~r~ son père, Zeus, dans /'0/
de Pluton, sous forme d'ombre. et il en remonta sous
La légende d'Héraclès impressionna l'antiquité au point
que même les juifs monothéistes (?) de cette époque, pour
ne pas être surpassés par leurs contemporains, en firent
usage dans leur rédaction de fables originelles. Héraclès,
dans sa mythobiographie, est accusé de plagiat de l'oracle
de Delphes. Dans le Sepher Tc/c~os Jeshu, les Rabbins
ont accusé Jésus d'avoir dérobé dans leur sanctuaire le Nona
qui ne pouvait être communiqué
Il est, par conséquent, fort naturel de voir ses nombreuses
aventures, mondaines et religieuses, fidèlement reproduites
dans la Descente aux J~/er~. L'Evangile de .Ytco~e/~c~
aujourd'hui seulement proclamé comme apochryphe, sur-
passe tout ce que nous avons lu, en faits de mensonges et
de plagiat éhonté. Que le lecteur juge par lui-même.
Au commencement du chapitre XVI. Satan et le < Prince
des Enfers » sont en paisible conversation. Tout à coup, ils
sont effrayés par une « voix comme le tonnerre », et le fra-
cas du vent, qui leur commande de relever leurs portes,
parce que le « Roi de Gloire désire entrer ». En entendant
cela, le Prince de l'Enfer, « se met à quereller Satan pour
n'avoir pas pris les précautions nécessaires, afin d'empêcher
une pareille visite ». La querelle se termine par le prince
jetant « Satan hors de son Enfer » et ordonnant en même
temps à ses serviteurs impies « d'avoir à fermer les portes
de bronze de la cruauté, de les assujettir avec des barres
de fer, et de combattre courageusement de peur que nous
ne soyons faits prisonniers ».
Mais « lorsque la communauté des saints. (en Enfer?)
Fentendit, ils s'adressèrent d'une voix courroucée au Prince
des Ténèbres, en lui disant Ouvre tes portes afin que le
Roi de Gloire puisse entrer prouvant, par cela, que le
prince avait besoin de portes-paroles.
« Et le divin (?) prophète David s'écria, en disant N'ai-
je pas bien prophétisé, lorsque j'étais sur la terre ? Après
cela un autre prophète, Esaïe, parla dans les mêmes termes
« N'ai-je pas bien prophétisé ? etc. Puis toute la commu-
nauté des saints et des prophètes après s'être vantés d'un
bout du chapitre à l'autre, et avoir comparé leur notes et
leurs prophéties commencent à se disputer ce qui fait dire au
Prince de l'Enfer que < les morts ne s'étaient, jusque là,
jamais permis une conduite aussi insolente envers nous (les
diables, XVIII, 6); tout en feignant d'ignorer, pendant tout
ce temps, qui était celui qui demandait admission. Il demande
alors fort innocemment « Mais qui est ce Roi de Gloire. »
David lui dit alors qu'il ne connaît que trop bien la voix,
et qu'il comprend fort bien ses paroles, « parce que » ajoute-
t-il, « je les ai parlées en vertu de son Esprit Vovant,
enfin, que le Prince de l'Enfer s'obstine à ne pas vouloir
ouvrir ses portes de bronze de l'iniquité », malgré que le
roi psalmiste se soit porté garant pour le visiteur, David,
se décide alors à traiter l'ennemi < en Philistin et lui crie
Et maintenant dégoûtant et immonde prince de l'enfer,
ouvre tes portails. Je te dis que le Roi de Gloire est là.
laisse-le entrer
Pendant qu'ils se disputaient encore, « le puissant Sei-
gneur apparut sous la forme d'un homme » (?) sur quoi
« la ~Tor~ impie et ses cruels officiers sont saisis de frayeur ».
Ils s'adressent alors, en tremblant au Christ, lui prodigant
les flatteries et les compliments, sous forme de questions,
dont chacune est un arlicle de foi. Par exemple: « Et qui
es-tu, toi qui es si puissant et si grand, qui libères les cap-
tifs retenus enchaînés par le péché o/ïe/ ? demande
un de ces diables. « Peut-être es-tu Jésus », demande hum-
blement un autre, « duquel Satan vient justement de par-
ler, et qui « par' la mort sur la C/'oïa?, as reçu la puissance
sur la /Mf)r~ ? etc. Au lieu de leur répondre, le Roi de
Gloire « foule la Mort aux pieds, saisit le Prince des Enfers
et le dépouille de son pouvoir ».
C'est alors que commence dans l'Enfer un vacarme, fort
graphiquement décrit par Homère, Hésiode et leur iuter-
prète Preller, dans son récit de l'astronomique Hercules
/nt~c~, et de ses fêtes à Tyr, à Tarses et à Sardes. Après
avoir reçu l'initiation dans les Eleusinia de l'Attique, le
dieu païen descend dans l'Hadès et « lorsqu'il pénètre dans
le monde inférieur il répand une telle terreur parmi les
morts que tous s'enfuient (1) » Nous retrouvons les mê-
mes paroles dans le A/coc~e/KU.9. Il intervient alors une
scène de confusion, d'horreur et de lamentations. S'aper-
cevant que la bataille est perdue, le Prince des Enfers,
tourne casaque et se range prudemment du côté du plus
fort. Celui contre lequel selon saint Jude et saint Pierre,
même l'archange Michel « n'osa pas porter une accusation
devant le Seigneur est maintenant honteusement aban-
donné par son ex-allié et ami le « Prince des Enfers ». Le
pauvre Satan se voit honni et injurié pour tous ses crimes,
aussi bien par les saints que par les diables tandis que le
Prince est ouvertement récompensé pour sa trahison.
S'adressant à lui, le Roi de Gloire lui dit « Beelzebub, le
Prince des Enfers, Satan sera dorénavant sujet à ton pou-
1. Preller II, p. 154.
voir, à jamais à la place d'A dam et de ses vertueux fils,
qui sont les miens. Venez moi, vous tous, mes saints,
qui avez été c/'<~ M mon image, ~M/ avez c/c <'o/ï~<?/n~~
par l'arbre du (ruil ~/c/ï~M par le Diable la /7!or/.
Vivez dorénavant le bois cfc <'ro/j' le Diable, le
prince de ce monde est vaincu (?) et la Jt/o/ est rcnt'cr.
Puis le Seigneur prenant Adam par sa main droite et David
par la gauche, monte de l'Enfer, suivi par tous les Saints,
« Enoch, Elie et le larron /)cn/o~/ (1) ».
Est-ce par oubli, que le pieux auteur omet de compléter
la cavalcade, en y faisant figurer le dragon repentant de
Siméon le Stylite, et le loup converti de saint François~
remuant la queue et versant des larmes de joie
Dans le Coc~.r des Nazaréens, c'est Tobo qui est le libé-
/'a/~r de /'d/7ïe c~.4~/7?, et qui la transporte de l'Orcus
(IIadès) au séjour de la VIE. Tobo est Tob-Adonijah, un des
cher aux cités de Judah le Z~c <
douze disciples (Lévites) envoyés par Jéhosaphat pour prê-
Loi (II Chron.XVIl).
Dans les livres cabalistiques ceux-ci étaient « les hommes
sages les Rois Mages. Ils attirèrent les rayons du soleil
pour illuminer le sombre (Hadès) Orcus et montrer le che-
min à l'âme d'Adam qui représente collectivement les âmes
de l'humanité entière pour sortir des T~c~'oc, les ténèbres
de l'ignorance. Adam (Athamas) c'est Tamuz ou Adonis,
et Adonis est le soleil IIélios. On fait dire a Osiris dans le
Livre des J/or/;< (VI, 23!). < Je resplendis comme le soleil
dans la maison des astres, pendant la fête du soleil. Le
Christ est appelé « le Soleil de la Justice « le Hélios de la
Justice » (Eusèbe /no~. V. 29) ce qui n'est autre
chose qu'une répétition des anciennes allégories païennes
mais de le faire servir à un pareil usage, est cependant non
moins impie de la part de ceux qui prétendaient décrire un
véritable épisode du pèlerinage terrestre de leur Dieu
« Héraclès est sorti </<?5 demeures /crr~/r~,en (luittant
le palais souterrain de Pluton (2).
« Tu fis trembler les noirs étangs du Styx et le gardien
des Enfers. Xi Typhée, lui-même, ce géant tout armé ne
1. A'tco~efna~: ~Et'a~t7e .~ocr'/p/te. traduit de 1'EvangHe publié par
Gryna~us, Or~odo.ro~r.TpAa. Vol. I, tome II. p. 643.
2. Euripide Héraclès, 807.
t'inspira aucun effroi. Nous te saluons, digne FILS de
JUPITER, nouvel ORNEMENT des cieux (i)
Plus de quatre siècles avant la naissance de Jésus, Aris-
tophane écrivait sa parodie de la Descenle aux Enfers de
Héraclès (~). Le chœur des « bienheureux », les initiés, les
Champs Elysées, l'arrivée de Bacchus (qui est lacchos-laho
et ~cf~f/o/A) avec Héraclès, leur réception avec des torches
allumées, emblèmes de la t'/c nouvelle et de la RÉSUR-
RECTION des Ténèbres, de la mort a la lumière, et de la
VIE éternelle rien ne manque dans ce poème, de tout ce
qu'on trouve dans /'jË'fa/e de .Y/coc~/HC (3)
« Réveillez-vous, (lambeaux enflammés. car tu viens lacchos,
les brandissant dans tes mains, étoile phosphorescente du rite
nocturne (i) »
Mais les chétiens acceptent <?M/~</ de la ces aven-
tures /~o.s/nor/c/7ï de leur dieu, arrangées d'après celles
de ses prédécesseurs païens, et parodiées par Aristophane
quatre siècles avant notre ère Les absurdités de A/co~-
/7!H5 étaient lues dans les églises, comme l'étaient aussi
celles du Berger de /7cr/n< Irénée mentionne ce dernier
en le qualifiant d~c/Mre et de « révélation d'inspiration
divine saint Jérôme et Euscbe insistent, tous deux, sur la
propriété de les faire lire publiquement dans les temples
et saint Athanase observe que les Pères en < ordonnèrent
la lecture afin de confirmer /<ï /bt la /)~~ ». Mais voici
que survient le revers de cette brillante médaille, afin de
puissants piliers d'une Eglise /a~
faire voir, une fois de plus, l'instabilité et l'inutilité des plus
Saint Jérôme qui
vante ce livre dans son catalogue des auteurs ecclésiastiques,
le condamna plus tard dans ses commentaires, comme
« aprocryphe et vain » Tertullien qui ne trouvait pas
assez de louanges pour le Berger de //ey/nas, lorsqu'il était
catholique, « en dit tout le mal possible lorsqu'il devint un
Montaniste (5).
1. E~ide VUt, 2'?4 ff.
2. Les Grenouilles voyez fragments dans Sod, the jft/$tery o/'Acfo7tt$.
3. Voyez p. 1SO-1S7, 327.
4. Aristophane Les Grenouilles.
5. Voyez la préface du Hermas dans !e Nouveau Testament Apocryphe.
Le chapitre XIII commence par le récit des deux reve-
nants ressuscités, Charinus et Lenthius, les fils du même
Siméon qui, dans l'Z~o~/e selon sainl Z,MC (II, 25-32)
prit l'enfant Jésus dans ses bras, et bénit Dieu en disant
« Maintenant, Seigneur tu laisses ton Serviteur s'en aller
en paix. Car mes yeux ont vu ton salut (t) Ces deux
revenants sont sortis de leurs tombeaux glacés, tout exprès
pour faire la déclaration des « mystères qu'ils ont vus dans
l'enfer, après leur mort. Ce n'est qu'a la requête urgente
d'Annas et de Caïphas, de Nicodème (l'auteur), de Joseph
(d'Arimathie) et de Gamaliel, qui les ont priés de leur révé-
ler ces grands secrets, qu'ils ont été autorisés a le faire.
Toutefois Annas et Caïphas, qui escortent les revenants
jusqu'à la synagogue de Jérusalem, prennent la précaution de
faire jurer aux deux hommes ressuscités, et qui étaient
morts depuis des années, sur le ~e
de la Zot, par le Dieu
Adonaï et le Dieu d'Israël, de ne dire que la vérité. C'est
pourquoi après avoir fait le signe de la croix sur leurs
langues (2), ils demandent du papier pour écrire leurs con-
fessions (XII, 21-25). Ils disent comment, lorsque « au fond
de l'enfer et dans l'obscurité des ténèbres », ils virent sou-
dain « une substantielle lumière pourpre, illuminant l'en-
1. On trouve l'original de l'épisode décrit dans l'Evangile selon saint
Luc. dans la V/c dn ~ond~a, de Bkah Hgyur (Texte Thibétain). Un vieux
et saint ascète, le Rishi Asita, vient de luin pour voir le Bouddha enfant,
ayant été instruit de anaissance et de sa mission par des visions
surnaturelles. Après avoir adoré !e petit Gautama. le saint vieillard se me
à pleurer, et lorsqu'on lui demande la raison de ses larmes, il répond
«Après ctre devenu le Bouddha, il aidera des centaines de miltiunsd'amcs
à passer à!'autrc rive de l'océan de la vie, et il les conduira pour jamais
à l'immortalité. Et moi, moi je ne verrai point cette perte des Bouddhas 1
Guéri de ma maladie, je ne serai pas libéré par lui de la passion humaine
0, grand Roi Je suis trop vieux voilà pourquoi je pleure, et pourquoi,
dans ma détresse, je pousse de profonds soupirs »
Cela n'empêche pas le saint homme de prophétiser au sujet du jeune
Bouddha, et à peu de différence près, il dit la même chose que Siméon
au sujet de Jésus. Tandis que celui-ci appelle Jésus << une lumière des-
tinée à éclairer les nations et comme la gloire du peuple d'Israël le
prophète bouddhiste promet que le jeune prince sera vêtu de la sagesse
complète ou « lumière du Bouddha et qu'il fera tourner la roue de la
.<
Loi comme nul homme ne l'arait tournée at'~< lui. Rgya Tcher Rol Pa
traduit du texte thibétain et revu de l'original sanscrit La~ay<s<ar~,
par P. E. Foucaux 1S4*. vol. Il. pp. 106, ÏOS.
2. Le signe de la croix, quelques jours seulement après la résurrection
et &vant que la croix ait été reconnue comme un symbole 1
droit Adam, les patriarches et les prophètes se réjouis-
sent alors, et Esaïe se vante d'avoir prédit ~OM/ cela. C'est
alors qu'arrive Siméon, leur père, en déclarant que < l'enfant
qu'il avait tenu dans ses bras, dans le temple, allait venir
pour les délivrer
Après que Siméon eût délivré son message à l'honorable
compagnie des enfers, « il survint un personnage ressem-
blant à un petit ermite, (?) qu'on reconnut pour être saint
Jean Baptiste ». L'idée est suggestive, et montre que même
le « Précurseur » et le « Prophète du Tout Puissant »
n'avait pas échappe au feu de l'enfer qui l'avait desséché
au point d'affecter son cerveau et sa mémoire. Oubliant que
dans saint Mathieu XI il avait manifesté les doutes les plus
sérieux au sujet de la mission messianique de Jésus, saint
Jean Baptiste prétend au droit d'être également reconnu
comme un prophète. « Et moi, Jean », dit-il, « lorsque je
vis Jésus s'approchant de moi, mû par le Saint Esprit, je
m'écriai « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du
monde. et je le baptisai. et je vis le Saint Esprit des-
cendant sur lui en disant Ceci est mon Fils Bien Aimé
etc. Et de penser que ses descendants et ses disciples,
comme les Mandcens de Basra, nient complètement ces
paroles
C'est, alors, au tour d'Adam, qui agit comme si sa véra-
cité était mise en doute dans cette « assemblée impie »,
d'appeler son fils Seth, en lui ordonnant de déclarer à ses
enfants, les patriarches et lés prophètes, ce que l'Archange
saint Michel lui dit a la porte du Paradis, lorsque lui, Adam,
envoya Seth pour « supplier Dieu d'oindre » sa tête pen-
dant la maladie d'Adam (XIV. 2). Et Seth leur raconte que
pendant qu'il priait à la porte du Paradis, saint Michel lui
conseilla de ne pas demander à Dieu « l'huile de l'arbre de
la pitié pour oindre la tête du père Adam afin de guérir
sa yT~r~ne car tu ne pourras l'obtenir, à aucun prix,
jusqu'au DERNIER JOUR, c'est-à-dire jusqu'à ce que
5.5~ ans se soient écoulés ».
Cette agréable petite causerie intime entre saint Michel
et Seth fut certainement intercalée pour cadrer avec la chro-
nologie patristique, et dans le but d'établir un lien plus
étroit entre le Messie et Jésus, sur l'autorité d'un Evangile
dûment reconnu et d'inspiration divine. Les Pères des pre-
miers siècles commirent une erreur impardonnable lors-
qu'ils détruisirent les images fragiles de païens mortels, au
lieu des monuments de l'antiquité égyptienne. Ces derniers
ont prouvé être bien plus précieux pour l'archéologie et I;(
science moderne, depuis qu'on a reconnu que le roi Mènes
et ses architectes florissaient entre quatre et cinq mille ans
avant notre « Père Adam » et avant que l'univers, suivant
la chronologie biblique, eût été <( créé de rien (1).
« Pendant que tous les saints se réjouissaient, voici que
Satan, le Prince et le capitaine de la Mort », dit au Prince
de l'Enfer Prépare-toi à recevoir Jésus de Nazareth en
<(
personne, qui se vantait d'être le Fils de Dieu, et cepen-
dant était un homme qui eut peur de la mort, car il dit
mon àme est tourmentée jusqu'à la mort.» (XV. 1.3.)
Il existe une tradition parmi les auteurs ecclésiastiques
grecs, que les « Hérétiques )> (peut-être s'agit-il de Celse)
avaient fait d'amers reproches aux Chrétiens au sujet de ce
point délicat. Ils maintenaient que si Jésus n'était pas un
simple mortel, souvent abandonné par l'esprit du Christ, il
n'eut pas pu se plaindre en employant les expressions qu
lui sont attribuées il ne se serait pas non plus écrié a
haute voix « Mon Dieu, mon Dieu pourquoim'as-tu aban-
donné ? Cette objection est fort habilement refutée dans
l'Evangile 6~ A'~co~c/Tïc, et c'est le Prince de l'Enfer qui
tranche la difficulté.
Il commence par discuter avec Satan en vrai métaphy-
sicien. « Quel est ce prince », demande-t-il dédaigneuse-
ment, « qui tout puissant qu'il est a cependant peur de la
mort ?. Je t'afTirme que lorsqu'il a avoué craindre la mort,
il n'a voulu <yM6 le lromper, et ce sera un malheur pour toi
dans les siècles sans fin. »
Il est réjouissant de voir jusqu'à quel point l'auteur de
cet Evangile serre de près le texte du ~VoHueau T'e~nen~
et surtout du quatrième évangile l'habileté avec laquelle il
1. Payne Knight prouve que depuis l'époque du premier roi .Ven~
quand toute la re~tOftau~onr du lac 3taris n'était qu'un marais (//crodo<?,
7T. ~)ja<?n'àce~e de !'ttrasto~ persane, alors qu'elle était le jardin du
monde i! a da s'écouler entre 11.000 et 12.000 ans. (Voyez .4~cten< art
and Af(/<Aofoy!/ C L I., de R. Payne Kaight, p. 108. Edité par A. WUder.
prépare la voie pour des questions et des réponses en appa-
rence « innocentes en corroborant les passages les plus
contestables des quatre évangiles, passages plus discutés
et plus mis en doute dans ces temps de subtil sophisme des
savants Gnostiques qu'ils ne le sont de nos jours une rai-
son de plus pour que les Pères aient cru devoir brûler plu-
tôt les documents de leurs antagonistes, que de détruire
leur hérésie. En voici un bon exemple. Le dialogue entre
Satan et le Prince métaphysicien et a demi converti du
monde inférieur continue en ces termes
« Qui donc, est-ce Jésus de Xazareth », demande naïve-
ment le prince, « qui par sa parole m'a ravi les morts, sans
qu'ils aient eu besoin de prières a Dieu » ? (XV. 10.)
« Qui sait », répond Satan, avec innocence jésuitique « o'cs~
//c~c/<? le ~ï6 ~ym m'a r~r/ LAZARE après <o~
t~ /7!0/ï/ ~rd /&ur5 alors qu'il sentait déjà mau-
?.
vais et était en étatdc putréfaction C'est ce même Jésus
de Xazareth.Je t'en conjure, par les pouvoirs que nous pos-
sédons tous les deux, ne l'amène pas ici » s'écrie le prince.
« Car lorsque j'entendis le pouvoir de sa parole, je trem-
blai de crainte, et toute ma suite //7! fut déroutée. Il ne
nous fut pas possible de retenir Lazare, car il se secoua,
et f/<jnnon/ ~ous les s/~np.< f/e la /7~c/~nr~, il se détourna
immédiatement de nous et la terre elle-même, où le corps
mort de Lazare était place, le rejeta plein de vie. » < Cer-
tes », ajoute sententieusement le Prince de l'Enfer, « je
reconnais maintenant eslle Dieu Toul ~~a~, qui
est très puissant dans son royaume, et très puissant 6~;n$
M /!a/Mr<' humaine, et qu'il est le Sauveur des hommes.
Ne l'amène, donc, pas ici, de peur qu'il ne mette en liberté
tous ceux que je retiens en prison pour leur infidélité, et.
~~7 /€.<! CO/ÏC~M/~e /</ vie <<?/V7~<? (XV. 20).
Ici teïmine le témoignage /30.~ morlem des deux reve-
nants. Charinus (le revenant n" 1) donne ce qu'il a écrit à
Annas, Caïphas et Gamaliel, et Lenthius( le revenant n" 2)
passe sa prose à Joseph et a Nicodème, après quoi tous les
deux se changent < en formes très blanches et disparais-
sent x.
Et afin de prouver que pendant tout ce temps les « fantô-
mes » avaient été dans ce que les spirites modernes nomment
strictement des conditions d'expérience, l'auteur de l'Evan-
gile ajoute « Mais ce que les deux avaient écrit co/ïcor-
do~ j~r/a~~e~, de sorte que ce que l'un avait écrit ne
comportait pas une seule lettre de plus que la production
de l'autre.
Cette nouvelle se répandit par toutes les synagogues, con-
tinue à dire l'Evangile, et Pilate monta au Temple, ainsi
que le lui avait conseillé Nicodèmc, et là il rassembla tous
les Juifs. Au cours de cette réunion historique, on fait dire
à Caïphas et à Annas, que les Ecritures témoignent « qu'Il
(Jésus) est le Fils de Dieu et le Seigneur et le Roi d'Is-
raël (!). La confession se termine par ces paroles mémora-
bles
« II apparaît, donc, que ./e~.$, que nous avons cruci fié,
est bien Je~us-C'Ar~ le Fils de D/eu, le véritable
Dieu yo~M~cn~. ~e/ï (!)
Malgré le poids écrasant d'une pareille confession, et la
reconnaissance de Jésus comme le Dieu Tout-Puissant en
personne, le « Seigneur Dieu d'Israël ni le grand-prêtre)
ni son beau-père, ni aucun des Anciens, ni Pilate, qui mit
ces récits par écrit, ni aucun des notables Juifs de Jérusa-
lem, n'embrassèrent le Christianisme.
Cela se passe de commentaires. Cet Evangile finit par
ces mots « Au nom de la .S~6 Trinité (au sujet de
laquelle Xicodème ne pouvait encore rien savoir), ainsi se
~er/n~/ï6/~ les .4c/es de Ao~e ~H~~Mr Jésus-Christ, que
/'J?/72~)6/~U/* Theodosius le Grand trouva à Jérusalem,
dans la halle de /~o~ce-a~, parmi les archives publi-
~M~ catte histoire a, soi-disant, été écrite en langue
hébraïque par Xicodème, « les /h~s ayant eu lieu dans la
dix-neuvième année du règne de Tibère César, empereur
de.; Romains, ef dans la c~c-~e/nc c~/ïee du Gouver-
nement d'Hérode, le Fils d'er&~e, Roi de Galilée, le
huitième avant les calendes d'avril » etc., etc. Tout ceci
constitue l'imposture la plus éhontée qui ait jamais été
perpétrée depuis l'époque des pieuses fraudes inaugurées
sous le premier évêque de Rome, quel aurait été celui-ci.
Le maladroit falsificateur paraît avoir ignoré ou n'avoir ja-
mais entendu dire que le dogme de la Trinité ne fut promu
que 325 ans, après la date supposée de cet ouvrage. Le
mot Trinité n'est mentionné ni dans l'Ancien Testament
ni dans le A'OMuea~et on n'y trouve rien qui puisse justifier
un prétexte pour mettre cette doctrine en avant. (Voyez
page 23~ du troisième volume de cet ouvrage « Descente
du Christ aux Enfers ~). Aucun argument ne peut excuser
la publication de cet évangile apocryphe comme une révéla-
tion divine, car dès son début il passait déjà pour une impos-
ture préméditée. Si l'évangile, lui-même, a été déclaré apo-
cryphe, néanmoins chacun des dogmes qu'il contient a été,
et est encore imposé au monde chrétien. Et même le fait
qu'il est aujourd'hui répudié n'est nullement à la louange
de l'Eglise, car elle ne /'a /a// que
forcée.
j~6
qu'elle 5~/ est
~'«~
Nous sommes, donc, parfaitement autorisés à répéter le
Credo corrigé de Robert Taylor, lequel, en substance; est
bien celui des Chrétiens
Je crois en Zeus, le Père Tout-Puissant.
Et en son Fils. lasios Christ Xotre-Sei~neur,
Qui a été conçu du Saint-Esprit,
Né de la Vierge Elektra,
Frappé de la Foudre,
li est mort et a été enterré,
Il descendit aux Enfers,
M ressuscita et monta au Ciel,
D'où il reviendra ju~er les vivants et les morts.
Je crois au Saint Nous,
Au Saint cercle des Grands Dieux,
Dans la communauté des Divinités.
Dans l'expiation des péchés,
Dans l'immortalité de l'Ame,
Et la vie Eternelle.
Il est prouvé que les Israélites ont adoré Baal, le Bac-
chus syrien, qu'ils ont offert de l'encens au Serpent sabazien
d'Èsculape, et qu'ils ont pris part aux Mystères dio-
ou
nvsiens. Comment pouvait-il en être autrement puisque
Typhon était appelé Typhon Set (1) et que Seth, le fils
d'Adam, est identique à Satan ou Sat-an; et Seth était adoré
1. ëcth ou Sutech, Ilistoire d'ilérodole par Rawlinson, livre H,
appendice vit!, 23.
par les Hittites ? Moins de deux siècles avant J.-C. nous
voyons les Juifs vénérant, ou simplement adorant « la tête
d'or d'un âne dans leur temple. Si nous en croyons
Apion, Antioche Epiphane l'emporta avec lui. Et Zacharie
devient muet de surprise en voyant dans le temple la divi-
nité sous la forme d'un âne (1)
El, le Dieu-Solaire des Syriens, des Egyptiens et des
Sémites, au dire de PIeytè, n'est autre que Set ou Seth,
et El est le Saturne originel, Israël (i). Siva est une
divinité éthiopienne, le même que le Baal Bel des Chal-
déens par conséquent il est aussi Saturne. Saturne, El,
Seth, et Kiyun, ou le Chiun biblique d'Amos, sont tous une
seule et même divinité, et doivent tous être considérés,
sous leur mauvais côté, comme Typhon, le Destructeur.
Lorsque le Panthéon religieux prit une expression plus
détinie, Typhon fut séparé de son androgyne la divinité
bienfaisante, et dégénéra en une puissance brutale et //ï/
tellectuelle.
1. Lefait est garanti par Epiphane. Voyez Honc .You~eao Testament
Apocryphe rFrany~e de la .Vatssa~ce de .War/e.
Dans son célèbre article « Bacchus, the Prophct of God le professeur
\VI!dcr fait remarquer que <* Tacite fut induit en erreur, lorsqu'il dit
que les Juifs adoraient un âne, l'emblème de Typhon ou Seth, le Dieu
des Hyk-sos. Le nom égyptien pour âne était eo, la phonétique de lao
c'est probablement pour cette raison qu'il ajoute, « pour cette raison
même, c'est un symbole ~ous ne sommes pas tout à fait d'accord avec
ce savant archéologue, car la notion que pour une raison mystérisuse,
les Juifs vénéraient Typhon sous son emblème symbolique, repose sur
plus d'une preuve. Nous en avons une dans un passage de r~'ra~Qr<7s de
.Var<e, citée d'Epiphane, et qui vient en corroboration de ce fait. « se
réfère à la mort de Zacharie, le père de Jean-Bnptiste. assassiné par
Hérode dit le Protevangelion. Epiphane écrit que la cause de la mort
de Zacharie fut, qu'ayant eu une vision dans le Temple, il aurait été, par
surprise, amené à la dévoiler, mais que sa bouche fut fermée. Ce qu'il
avait vu, au moment où il offrait l'encens, était un homme DEBOUT
SOUS LA FORME D'UX A~E. Lorsqu'il sortit, et voulut parler au peu-
ple en disant .Majeur à rons, quel est celui que vous adore: P, celui qui
lui était apparu dans le temple, lui enleva l'usage de la parole. Lorsqu'il
la recouvra plus tard, et qu'il put parler, il le déclara aux Juifs, etceux-ci
le mirent à mort. « Ils (les Gnostiques) ajoutent, dans ce livre, que c'est
pour cette raison que Moïse le législateur, avait ordonné que le Grand
Prêtre portât de petites clochettes, afin que lorsqu'il se rendait dans le
temple pour le sacrifice, celui qu'ils adoraiert, en entendant le tintement
des clochettes, eût le temps de se cacher, pour qu'on ne le vit pas sous
cette forme disgracieuse. '< (Epiphane
2. Phallism in .4ftCte~ 7ïe~to/:<, par Staniland \ake et Westropp~
p. 74.
Les réactions de cette nature dans les sentiments reli-
gieux d'une nation sont assez fréquentes. Les Juifs adorè-
rent Baal ou Moloch, le Dieu-Solaire Hercule (i) dans les
époques primitives, si tant est qu'ils eurent une époque
antérieure aux Persans ou aux Maccabées et les laissè-
rent ensuite dénoncer par leurs prophètes. D'autre part,
les caractéristiques du Jehovah mosaïque, se rapprochent
plus de Siva que de celles d'un Dieu bienveillant et longa-
nime. De plus, ce n'est pas un piètre compliment que de
l'identifier à Siva, car celui-ci est le Dieu de la Sagesse.
WIIkinson le décrit comme le plus intellectuel des dieux
hindous. Il a trois //CH.r, et comme Jehovah, il est terrible
dans sa vengeance et sa colère. Et, bien qu'il soit le Destruc-
teur, « il est, néanmoins, le reconstructeur de toutes choses,
dans sa sagesse parfaite (~) II est le type du Dieu de
saint Augustin qui « prépare l'en fer pour celui qui cher-
che à pénétrer ses mystères et qui veut à tout prix éprou-
ver la raison humaine, ainsi que le sens commun, en obli-
geant rhumanité a vénérer également ses bonnes actions
et les mauvaises.
Malgré les preuves réitérées que les Israélites ont adoré
une foule de dieux, et qu'ils ont même fait des sacrifices
humains, jusqu'à une date beaucoup plus récente que leurs
voisins païens, ils ont réussi à jeter de la poudre aux yeux
de la postérité au sujet de la réalité. Ils ont sacrifié des
vies humaines jusqu'en l'an 169, avant J.-C. (3), et la Bible
donne la relation d'une quantité de ces faits. A l'époque
où les païens avaient complètement abandonné cette abo-
minable pratique, et remplacé le sacrifice humain par celui
des animaux (4), Jephthah est représenté sacrifiant sa fille
au « Seigneur en guise d'holocauste.
Les dénonciations de leurs propres prophètes en sont la
meilleure preuve. Leur culte dans les hauts lieux tst le
même que celui des « idolâtres Leurs prophétesses
1. Hercule, de même que Jacob Israël lutte avec Dieu.
2. Phallism in .~ftc<en< Religions, p 75.
3. Antioche Epiphanc trouva l'an 169 avant J.-C. un homme qu'on gar-
dait dans le Temple des Juifs, pour le sacrifice. Apion, Joseph contre
Apion, II. 8
4. Le bœuf de Dionysius était sacrifié dans les mystères de Bacchus.
Voyez Anthon, p. 365.
sont les contreparties des Pythonisses et des Bacchantes.
Pausanias parle de collèges de femmes qui présidaient au
culte de Bacchus, et des seize matrones d'Elis (1). La Bible
dit que « Deborah, prophétesse. était juge en Israël (2)
elle parle également de Huldab, une autre prophétesse,
« qui habitait à Jérusalem, dans l'autre quartier de la
ville dans le collège (3) et le II" livre de Samuel men-
tionne à plusieurs reprises des « femmes ~a&9 (4), mal-
gré l'injonction de Moïse de ne faire usage ni de divination,
ni d'augures. Quant à l'identificatioL concluante et finale
du « Seigneur Dieu » d'Israël avec Moloch, nous en trou-
vons la preuve fort suspecte, au dernier chapitre du Z,
~ue concernant les choses sanctifiées qui ne peuvent être
rachetées. Tout ce qu'un homme dévouera par interdit à
l'Eternel, dans ce qui lui appartient, que ce soit une
sonne ou un animal. tout ce qui sera dévoué par interdit
sera entièrement consacré à l'Eternel. Aucune personne
dévouée par interdit ne pourra être rachetée, elle -9e/Y/
mise à mort. c'est une chose consacrée à /ï~/(o).
On a la preuve de la dualité, sinon de la pluralité des
dieux d'Israël, dans le fait même de ces amères dénon-
ciations. Leurs prophètes se sont tou jours élevés co/ï/rc le
culte sacrificiel. Samuel nia que l'Eternel put trouver du
plaisir dans les holocaustes et les sacrifices (I Samuel, XV,
2~). Jérémie affirme, sans équivoque, que l'Eternel, Yava,
Sabaoth Elohe Israël, ne leur avait donné aucun ordre de
la sorte, mais bien le contraire (VII, ~1-24).
Mais les prophètes qui s'opposèrent aux sacrifices humains
étaient, tous, des nazars, des initiés. Ces prophètes étaient
à la tête d'un parti de la nation, antagoniste aux prêtres,
de même que plus tard, les Gnostiques firent la guerre aux
Pères chrétiens. Par conséquent, lorsque la monarchie fut
divisée, on trouve que les prêtres étaient à Jérusalem, et
les prophètes dans le pays d'Israël. Même Achab et ses
fils, qui introduisirent en Israël le culte syrien de Baal-
l.Pa~s. 5.p. 16.
2. Juges. IV 4.
3. II Rois, XXII. !4.
4. XIV. 2 XX, 16. 17.
5. XXVH. 28. 29.
Hercule, et la déesse syrienne, furent aidés et encouragés
par Elie et Elisée. Peu de prophètes apparurent en Judée
jusqu'à l'époque d'Esaïe, après la chute de la monarchie
septentrionale. Elisée oignit Jéhu à dessein, pour qu il ren-
versât les familles royales des deux pays, et que, de cette
manière, il réunisse le peuple sous un seul gouvernement
civil. Les prophètes ou initiés hébreux se souciaient comme
d'un fétu du Temple de Salomon, profané par les prêtres.
Elie n'y mit jamais les pieds, ni Elisée, ni Jonas, ni Nahum,
ni Amos, ni n'importe quel autre Israélite. Tandis que
les initiés s'en tenaient à la « doctrine secrète de Moïse,
!e peuple sous la conduite de ses prêtres, était plongé
exactement dans la même idolâtrie que les païens. Et ce
sont les notions et les interprétations populaires de Jéhovah
qu'ont adopté les chrétiens.
Nous ne serions nullement étonnés de voir poser la
question suivante « Après tant de preuves pour démontrer
que la Théologie chrétienne n'est qu'un pot-pourri des my-
thologies païennes, comment a-t-on pu la rattacher à la
religion mosaïque ? Les chrétiens primitifs, saint Paul et
ses disciples, les Gnostiques et leurs successeurs, consi-
déraient, en général, le Christianisme et le Judaïsme comme
deux religions tout à fait distinctes. A leur point de vue,
cette dernière était une doctrine antagoniste, et venant
d'une origine inférieure. « Vous avez reçu la loi dit
Stephen, <( par le ministère des anges, ou des aeons, mais
non pas du Très-Haut lui-même. Les Gnostiques, ainsi
que nous l'avons vu, enseignaient que Jéhovah, la Divinité
des Juifs, était Ilda-Baoth, le fils de l'ancien Bohu, on le
Chaos, l'adversaire de la Sagesse Divine.
La réponse à cette question est aisée. La loi de ~Vo~e
le soi-disant monothéisme des Juifs, ne sont guère plus
vieux de deux cents ans que le Christianisme. Le Penta-
teuque, lui-même, nous en avons la preuve, fut écrit et re-
visée, à une époque ultérieure à la colonisation de la Judée,
sous la domination des rois persans. Les Pères chrétiens,
dans leur hâte de voir leur doctrine se confondre avec le
Judaïsme, et d'éviter ainsi le paganisme, éludèrent incons-
ciemment Scylla pour se laisser prendre dans le tourbillon
de Charybde. Sous le vernis monothéiste des Juifs reparaît
la même mythologie familière du paganisme. Mais nous ne
devrions pas envisager les Israélites avec moins de faveur,
parce qu'ils ont adoré Moloch et qu'ils ont agi comme les
peuples indigènes. Nous ne pouvons pas non plus exiger
des Juifs qu'ils paient pour les crimes de leurs ancêtres.
Ils avaient leurs prophètes et leur loi, et ils en étaient sa-
tisfaits. Qu'ils ont noblement défendu la foi de leurs ancêtres
et qu'ils s'y sont maintenus, malgré les persécutions les
plus cruelles, les restes actuels d'un peuple, naguère glo-
rieux, font foi. Le monde chrétien a été dans un état de
convulsion, depuis le premier siècle jusqu'à nos jours il
s'est divisé en une foule de sectes mais les Juifs sont restés
solidement unis. Et même leurs divergences d'opinions ne
parviennent pas à affaiblir leur unité.
On ne retrouve nulle part dans le monde chrétien l'exem-
ple des vertus chrétiennes prêchées par Jésus dans son
sermon sur la montagne. Les ascètes bouddhistes et les
fakirs hindous sont peut-être les seuls à les pratiquer. Entre
temps, les vices que de vils calomniateurs ont attribué au
paganisme Hérissent ouvertement parmi les Pères Chrétiens
et au sein de l'Eglise Chrétienne.
La brèche tant vantée entre le Christianisme et le Ju-
daïsme, sous l'autorité de saint Paul, n'existe que dans
l'imagination des dévots. Nous ne sommes rien de plus que
les héritiers des Israélites intolérants d'antan; non pas des
Hébreux de l'époque d'Hérode et de la domination romaine,
qui, malgré toutes leurs fautes avaient strictement gardé
l'orthodoxie et le monothéisme, mais de ces Juifs, qui sous
le nom de Jéhovahnissi, adorèrent Bacchus-Osiris, Dio-Nvsos
et le Jupiter de Nyssa aux formes multiples, le Sinaï de
Moïse. Les démons cabalistiques tous des allégories pro-
fondément significatives furent adoptés comme des enti-
tés objectives, et une hiérarchie satanique fut soigneusement
élaborée par les démonologues orthodoxes.
La devise des Rose Croix, « Igne natura re/ïOt'û~ur inte-
~ra que les alchimistes interprètent par la nature renou-
velée par le feu, ou la matière par l'esprit, est aujourd'hui
imposée comme Te~~s Aa~are~u~ /*e.c y~c~orM/n. On ac-
cepte au pied de la lettre la satire railleuse de Ponce-Pilate,
et on fait ainsi reconnaître inconsciemment aux Juifs la
Royauté du Christ tandis que si l'inscription n'est pas un
faux de l'époque de Constantin, elle est néanmoins l'acte de
Pilate, contre lequel les Juifs furent les premiers à protester
avec violence. I. H. S. est interprété par Ve~M~ /fo/7!U~ï
Salvalor, et par ~o~ s~/no tandis que IHS est un des
plus anciens noms de Bacchus. Et nous constatons de plus
en plus, à la lumière de la théologie comparée, que le grand
but de Jésus, l'initié du sanctuaire intérieur, était d'ouvrir
les yeux de la multitude fanatique, à la différence entre la
Divinité la plus élevée, le mystérieux IAO, des anciens
initiés chaldéens et des Néo Platoniciens subséquents, dont
le nom n'était jamais mentionné, et le Y ahuh des hébreux,
ou le Yaho (Jéhovah). Les Rose Croix modernes, si violem-
ment pris à partie par les catholiques, sont aujourd'hui
accusés, comme de leur crime le plus abominable, d'avoir
prétendu que le Christ avait détruit le culte de Jéhovah.
Plût à Dieu qu'il eût eu le temps de le faire, car de cette
manière le monde ne se serait pas vu, après dix-neuf siècles
de massacres mutuels, divisé en 300 sectes se querellant les
unes avec les autres, avec un Diable personnel, qui règne
sur le Christianisme terrorisé
Selon l'exclamation de David, paraphrasée dans la ver-
sion de la Bible (version anglaise) en « tous les dieux des
nations sont des idoles », en d'autres termes, des diables,
Bacchus, le < pre'nier-né ou la théogonie orphique, le
Monogenes. ou le « fils unique du Père Zeus et de Koré,
se vit transformé de même que tous les anciens mythes, en
diable. A la suite de cette dégradation, les Pères, dont le
zèle pieux ne fut surpassé que par leur ignorance, ont fourni
inconsciemment des armes contre eux-mêmes. Ils ont, de
leurs propres mains, aplani le terrain pour plus d'une so-
lution moderne, en aidant les étudiants modernes de la
science des religions.
C'est dans le mythe de Bacchus que, pendant de longs
et monotones siècles, demeura cachée la justification des
« dieux des nations si souvent maltraités, et le dernier fil
conducteur pour déchiurer l'énigme de Jéhovah. L'étrange
dualité des caractéristiques divines et mortelles, si apparen-
tes dans la Divinité sinaïtique~ commence à laisser pénétrer
son mystère à la suite des infatigables recherches de l'épo-
que actuelle. Nous en voyons une des dernières contribu-
tions dans un article fort court, mais très intéressant paru
dans l'Evollulion, un journal de New-York, dont le para-
graphe final jette un flot de lumière sur Bacchus, le Jupiter
de Nysa, que les Israélites adoraient sous la forme du Jého-
vah du Sinaï.
« Tel était, pour ses adorateurs, le Jupiter de Nysa dit
l'auteur en terminant. « II personnifiait pour eux aussi bien
le monde de la nature, que le monde de la pensée. Il était
le « Soleil de la Justice qui porte la guérison sur ses ailes
et non seulement il apportait aux mortels la joie, mais il
ouvrait devant eux l'espoir de la vie immortelle au delà de
la mort. Né d'une mère humaine, il la transporta du monde
de la mort dans les réglons célestes, pour y être vénérée
et adorée. Maître de tous les mondes, il y figurait aussi
dans chacun d'eux comme le Sauveur.
« Tel était Bacchus, le dieu-prophète. Une transforma-
tion du culte, décrétée par l'Assassin impérial, 1 Empereur
Théodose, à la requête du Saint Père Ambroise de Milan.
vint changer son nom en Père du Mensonge. Son culte, na-
guère universel, fut condamné comme païen ou /oc<ï/, et ses
rites abolis comme sorcellerie. Ses orgies prirent le nom de
Sabbat des Sorcières, et sa forme symbolique favorite, avec
le pied de bœuf, devint la représentation moderne du Dia-
ble au pied fourchu. Le maître de la maison ayant reçu
l'appellation de Béelzebub, ceux de sa maison furent éga-
lement dénoncés comme ayant un commerce avec les puis-
sances des ténèbres. On entreprit des croisades des peu-
plades entières furent massacrées. La connaissance et les
hautes études furent également dénoncées comme de la
magie et de la sorcellerie. L'ignorance devint la mère de la
dévotion telle qu'on l'estimait alors. Galilée languit pen-
dant de longues années en prison pour avoir enseigné que
le soleil était le centre de l'univers solaire. Brunot périt sur
le bûcher à Rome en l'an 1GOO pour avoir rétabli la phi-
losophie antique; et cependant, chose curieuse, les Libera-
lia sont devenues une des fêtes de l'Eglise (1), Bacchus est
t. La fête dénommée Liberalia tombait le 17 mars, aujourd'hui la fête
de saint Patrice. De cette f~çon Bacchus est aussi le saint patron des
Irlandais.
un saint qui occupe, à quatre reprises différentes, une place
dans le calendrier, et sur maint autel on peut le voir repo-
sant dans les bras de sa mère divinisée. Les noms ont été
changés; les idées sont restées les mêmes qu'aupara-
vant (1).
Et maintenant que nous avons fait voir qu'il faut « dire
un adieu éternel à tous les anges rebelles nous aUons
passer à l'examen du Dieu Jésus, qui a été fabriqué de
l'homme Jésus, afin de nous sauver de ces mêmes diables
mythiques, comme nous le dit le Père Ventura..Ce travail
nous amènera tout naturellement à faire une étude compa
rée de l'histoire du Bouddha-Gautama, de ses doctrines et
de ses « miracles », en les mettant en regard de ceux de
Jésus et du prédécesseur de tous les deux Christna.
1. Prof. A. \Vi)dcr Hacchus, le Dieu Prophète dans te numéro de
juin (ls'77) de l'~ro~~on, à ~ertCtr of Potitics. ~e~jt0;t, ~ct'e~cc, Lile-
r.t~rc and Art.
CHAPITRE XI
« Ne commettre aucun péché, faire le bien, purifier son esprit
voilà l'enseignement des Illuminés.
'<
Plus précieuse que la Souveraineté de la terre, plus désira-
ble que dj monter au ciel, plus enviable que le pouvoir sur t-ous
les mondes, est la récjmpjns? du prjmier pas dans la sainte.
D/tant~apaJa, Vericts l':S-183.
Où sont ces tribunaux. & Créateur, d'où procèdent ces cours
de justice, où se rassemblent ces juges, où les tribunaux sicgcnt-
ils, dans lesquels l'homme des mondes corporels rend compte des
actions de son àme ?
t'e/td~ad persane, XtX. 99.
Salut à toi. ô homme, qui \'ien- du monde transitoire au monde
impérissable
V<<d~d, farg. VII, 136.
Pour le véritable croyant, la vérité partout où elle apparaît,
est la bienvenue, et aucune doctrine ne paraîtra moins vraie et
moins précieuse parce qu'elle est apparue non seulement à Mcnse
ou au Christ, mais aussi au Boudd.ia ou à Lao-Tsé.
MAX MILLER.
SOMMAIRE
La Théologie comparée est une arme à deux tranchants. Le Christia-
nisme des classes élevées et celui dss classer inférieures. L'impor-
tante découverte du Prof. W. D. \Vh!tncy. Les légendes des trois
Sauveurs. Force numérique de trois religions. La roue de la
Loi. Analyse du dogme de l'expiation. tmpossibihté du pouvoir
de délier et de lier les âmes. Cruelles doctrines de Calvin. Le
Christianisme pratique de Péter Coop~r. Le récit de ta femme sama-
ritaine est bouddhiste. L'antagoaiste du missionnaire Judson.
Autres plagiats chrétiens pris dans le bouddhi&me. La cruciSxion
de Wittoba. Le lama de Jéhovah ? Le pain et le vin dans les
mystères. Recommandations deChristna à Arjouna.– Interprétation
de l'expression ~Jé de nouveau Propriétés magiques du sang.
Evocations du sang dans la Bulgarie et la Moidavie. Une tribu
de véritables sorciers.–incantations de voodoo. -Mahomet n'a jamais
été un dieu pour les Musutmans.– Aucun livre n'est moins anthentiquc
que la Bible. Le Bouddha transformé en saint catholique. Récit
frauduleux de saint Josaphdt. Les adeptes de Kublai-Khan. Les
vrais mendiants et les pauvres anthentiques.
Malheureusement pour ceux qui ne demandent pas mieux
que de rendre justice aux philosophies religieuses de l'Orient
anciennes et modernes, aucune occasion propice de le faire
ne leur a été fournie. Dernièrement un accord touchant a
été conclu entré les philologues qui occupent une haute
position officielle et les missionnaires venus de pays païens.
II faut agir avec prudence avant de sacrifier à la vertu, dès
le moment que celle-ci met en danger nos sinécures 1 De
plus, rien n'est plus aisé que de faire un compromis avec
la conscience. Une religion d'Etat est un soutien du gouver-
nement toutes les religions d'Etat sont des « balivernes
méprisables par conséquent, du moment qu'une est aussi
bonne, ou plutôt aussi mauvaise qu'une autre, autant donner
son appui à LA religion d'Etat. Telle est la diplomatie de
la science officielle.
Grote, dans son//7~e de C/ce, assimile les Pythago-
riciens aux Jésuites, et ne voit dans leur confrérie qu'un
but habilement déguisé pour se créer un ascendant politi-
que. Sur la faible autorité d'Heraclite et d'autres auteurs,
qui accusaient Pythagore de fourberie et le présentaient
comme un homme « d'une haute érudition. mais habile
pour faire du tort et dénué de tout jugement judicieux
quelques biographes historiques se sont empressés de le pré-
senter à la postérité sous ce jour.
S'il faut accepter le Pythagore dépeint par le satirique
Timon, comme « un charlatan à la parole solennelle s'occu-
pant de pêcher des hommes », comment ne jugerait-on
Jésus d'après le portrait que Celse en a fait dans sa satire ?
L'impartialité historique n'a rien à faire avec les croyances
personnelles, et elle est aussi exigeante pour la postérité
de l'un que pour celle de l'autre. La vie et les actes de
Jésus sont bien moins connus que ceux de Pythagore, si
toutefois on peut dire qu'ils aient été attestés par des preu-
ves historiques quelconques. Car certes, nul ne contestera
qu'en tant que personnage véritable, Celse a l'avantage
quant à la véracité de son témoignage, sur Matthieu, Marc,
Luc ou Jean, qui n'ont jamais écrit un seul mot des Evan-
giles qu'on leur attribue. D'autre part le témoinage de Celse
est aussi bon que celui d'Héraclite. Quelques-uns des Pères
le connurent pour un lettré et un Néo-Platonicien tandis
qu'il faut accepter comme un article de foi aveugle l'exis-
tence des quatre Evangélistes. Si Timon considérait le su-
blime philosophe de Samos comme un « charlatan Celse,
de son côté fait de même pour Jésus, ou plutôt pour ceux
qui le représentaient. En s'adressant au Nazaréen, il dit
dans son célèbrè ouvrage « Admettons que vous ayiez
opéré tous ces miracles. mais ne sont-ils pas communs
chez tous ceux que les Egyptiens ont enseigne et qui se
pratiquaient en plein forum pour quelques oboles. « Or nous
savons, sur l'autorité de l'Evangile selon saint Matthieu,
que le prophète galiléen était aussi un homme à la parole
solennelle et qu'il se disait et prétendait faire de ses dis-
ciples des « pêcheurs d'hommes ».
Qu'on ne s'imagine nullement que nous faisons ce repro-
che à ceux qui vénèrent Jésus comme un Dieu. Quelle
que soit la croyance, si ceux qui y croient sont sincères,
nous devons la respecter en leur présence. Si nous n'accep-
tons pas Jésus comme un Dieu, nous le vénérons en tant
qu'homme. Ce sentiment l'honore plus que si nous lui recon-
naissions le pouvoir et la personnalité de l'Etre Suprême,
en lui attribuant en même temps, d'avoir joué une comédie
inutile avec l'humanité, puisqu'après tout, sa mission n'a
été guère mieux qu'un fiasco complet 2.000 ans se sont
écoulés, et les Chrétiens ne représentent pas même un cin-
quième de la population du globe, et il est peu probable
que le Christianisme fasse encore de grands progrès à l'ave-
nir. Notre question se pose à ceux qui n'adorent ni Jésus,
ni Pythagore, ni Apollonius, et qui néanmoins répètent les
vains commérages de leurs concitoyens ceux qui dans
leurs livres maintiennent, soit un silence prudent, ou par-
lent de « Notre Sauveur » et de Notre Seigneur » comme
s ils ne croyaient pas plus au Christ théologique, fabriqué
de toutes pièces, qu'au fabuleux Fo des Chinois.
Il n'y 6ff< jD<25 d'alhées dans /'<M/~M~ n'y avait
pas d'incrédules ni de matérialistes, c~.<? le sens moderne
du mot, de même qu'il n'y a~c~/ pas de <f<~rac~u/ ~re-
nc. Celui qui juge les anciennes philosophie? d'après leur
phraséologie extérieure, ou qui cite des phrases qui semble-
raienl entachées d'athéisme dans les anciens textes, risque
fort de ne pas passer pour un critique, car il prouve qu'il est
incapable de pénétrer le sens intime de leur métaphysique.
Les doctrines de Pyrrhon, dont le rationalisme est prover-
bial, ne s'interprètent qu'à la lumière de la plus ancienne
philosophie hindoue. Depuis le Manou jusqu'au dernier
Swâbhavika,sa principale doctrine métaphysique a toujours
été de proclamer la réalité et la suprématie de l'esprit, avec
une chaleur proportionnée à la négation de l'existence ob-
jective de notre monde matériel fantôme passager des
formes et des êtres transitoires. Les nombreuses écoles pro-
mues par Kapila, ne reflètent pas plus clairement sa philoso-
phie que les doctrines léguées aux penseurs par Timon, le
« Prophète de Pyrrhon, ainsi que Sextus Empiricus le dé-
nomme. Ses notions sur le repos de l'âme, son orgueilleuse
indifférence pour l'opinion de ses semblables, son mépris du
sophisme, reflètent au même degré, les rayons épars de la
soi-contemplation des Gymnosophes et du Vaibhâshika
Bouddhiste. Bien que lui et ses partisans aient été nom-
més, à cause de leur attente constante, des « sceptiques
des « scrupuleux », des questionneurs et des éphectiques,
pour la seule raison qu'ils réservaient leur jugement final
au sujet des dilemmes, que nos philosophes modernes pré-
fèrent discuter, en tranchant le nœud gordien, comme le
fit Alexandre, et en déclarant que le dilemme r'est qu'une
superstition, des hommes comme Pyrrhon ne peuvent pas
être accusés d'athéisme. Pas plus que Kapila, Giordano
Bruno, ou encore Spinoza, qui eux aussi ont passé pour des
athées encore moins le grand poète, philosophe et dialec-
ticien hindou, Veda-Vyasa, qui professe que tout est illu-
sion, sauf le Grand Inconnu et Son essence directe
idées que Pyrrhon a adoptées mot à mot.
Toutefois ces nations philosophiques se sont répandues
comme un filet au-dessus de tout le monde pré-chrétien
et bravant la persécution et les fausses interprétations elles
constituent la pierre d'angle de toutes les religions d'au-
jourd'hui, exception faite du christianisme.
La Théologie comparée est une arme à double tranchant
et de cela elle a fait ses preuves. Mais ses défenseurs chré-
tiens, malgré les preuves du contraire, s'efforcent en toute
sérénité de maintenir la comparaison. Les légendes chré-
tiennes et les dogmes, disent-ils, ont, sans contredit, une
certaine ressemblance avec ceux des païens mais tandis
que ceux-là nous enseignent Inexistence, les pouvoirs et
les attributs d'un Dieu paternel omniscient et suprêmement
bon, le Brahmanisme nous présente une inunité de divinités
inférieures. et le Bouddhisme n'en mentionne pas une seule;
chez l'un c'est du fétichisme et du polythéisme et, chez l'autre
de l'athéisme pur et simple. Jéhovah est le seul vrai Dieu et
le Pape et Martin Luther sont Ses prophètes Voilà un des
tranchants de l'épée, et voici l'autre Malgré les missions,
malgré les armées, malgré les rapports commerciaux de
plus en plus étendus, les « païens ne trouvent rien dans
les enseignements de Jésus tout sublimes qu'ils soient
que Christna et Gautama n'aient pas enseigné avant lui.
Aussi pour gagner de nouveaux converts à leur cause, et
pour conserver ceux qu'ils ont conquis au prix de plusieurs
siècles de ruses, les chrétiens présentent aux « païens des
dogmes encore plus absurdes que les leurs, et les trompent
en adoptant l'accoutrement de leurs prêtres et en pratiquant
la même <( idolâtrie et le même fétichisme qu'ils con-
damnent chez les « païens La théologie comparée sert à
deux fins.
Au Siam et au Burmah, les missionnaires catholiques
sont devenus, selon toute apparence extérieure, moins les
vertus toutefois, de parfaits Talapoins et dans l'Inde en-
tière, et surtout dans le sud, ils ont été dénoncés par leur
confrère l'abbé Dubois (i). Par la suite ceci fut formelle-
ment nié, mais les preuves de la véracité de l'accusation
sont là, pour faire foi. Entre autres, le capitaine O'Grady,
déjà nommé, citoyen de Madras, écrit ce qui suit au sujet
de cette méthode systématique de déception ('2). Ces misé-
rables hypocrites professent une abstinence totale et l'hor-
reur de la viande afin de se concilier les converts de l'hin-
douisme. J'enivrai un de ces bons pères, ou plutôt il
s'enivra royalement dans ma maison, maintes et maintes
fois, et la façon dont il tombait sur le roast-beef était édi-
fiante. « L'auteur a, en outre,de jolies histoires à raconter
au sujet des <: Christs noirs des « Vierges sur chariots »
et des processions catholiques en général. Nous avons vu
quelques-unes de ces solennelles cérémonies accompagnées
d'une cacophonie infernale d'orchestres cingalais, y compris
t. Edirtbargh Review, avril 1851, p. 411.
2. 7~<f<aR Sketches;or ~t/e in the East écrit pour le Commercial Bulletin
de Boston.
les gongs et les tam-tams, suivies d'une procession brah-
manique semblable, qui était bien plus pittoresque de par
sa mise en scène, et bien plus imposante que les saturnales
chrétiennes. En parlant d'une de celles-ci, le même auteur
remarque <( Elle était plus diabolique que religieuse. Les
évêques s'en retournèrent à Rome, avec une puissante pile
de deniers de saint Pierre, récoltés en sommes inSmes, des
ornements d'or, des anneaux de nez et de chevilles, des bra-
celets etc., etc., qui avaient été jetés pêle-mêle aux pieds de
la grotesque image cuivrée du sauveur avec son auréole de
clinquant, son linge de corps bariolé aux couleurs écla-
tantes'et, ombre de Raphaël un turban bleu (i) 1 »
Tout le monde peut se convaincre que de telles contri-
butions volontaires rendent singulièrement profitable la
copie des Brahmanes indigènes et des bonzes. La différence
est bien moins grande entre les adorateurs de Christna et
du Christ, ou d'Avany et de la Vierge Marie, qu'entre ceux
des deux sectes indigènes les Vishnavites et les Sivites.
Pour les hindous co/:uc/s, le Christ n'est qu'une modifi-
cation fort mitigée de Christna, et c'est tout. Les mission-
naires s'en vont chargés de riches donations et c'est tout ce
que Rome demande. Puis survient une année de famine on
s'aperçoit alors que les riches bracelets d'or et les anneaux
de nez se sont envolés et le peuple meurt par milliers de
la faim. Qu'importe ? Ils meurent en Christ, et Rome répand
ses bénédictions sur leurs cadavres émaciés, dont des mil-
liers sont emportés par les fleuves sacrés vers l'Océan (2). On
se rend si bien compte de la servilité des catholiques dans
leurs imitations et ils cherchent si bien à ne pas offenser
1. II vaudrait Ja peine pour un artiste, faisant le tour du monde, de
collectionner l'innombrablequantité de Madones, de Christs, de saintset de
martyrs, dans les costumes dont on les affuble dans différents pays. lis
fourniraient certainement de bons modéles pour les bals costumés et
pourraient venir en aide aux ventes de charité de l'Eglise.
2. Pendant que j'écris ces lignes, on reçoit un rapport écrit par Lord
Salisbury, secrétaire d'État pour les Indes, disant que la famine de Madras
sera probablement suivie d'une autre plus terrible encore dans le Sud de
l'Inde le district même où le tribut le plus lourd a été prélevé par les
missionnaires catholiques pour les frais de l'Église de Rome. Celle-ci ne
pouvant se venger autrement, dépouU!e les sujets anglais, et lorsque la
famine, survient en conséquence elle fait payer les pots cassésà l'hérétique
Gouvernement Britannique.
leurs paroissiens que si, par hasard, parmi ceux-ci se trou-
vent quelques converts d'une caste élevée, aucun paria ou
homme d'une caste inférieure n'est admis avec eux dans
le sein de cette église, quelle que soit leur valeur ou leur
sainteté. Et néanmoins ils se targuent d'être les serviteurs
de Celui qui recherchait, de préférence, la société des pu-
blicains et des pécheurs de Celui dont la parole « Venez
à moi vous tous qui êtes chargés et je vous soulagerai »,
lui a ouvert les coeurs de millions de ceux qui souffrent et
qui sont opprimés 1
Peu d'auteurs sont aussi vaillants et aussi explicites, que
feu le D~ Thomas Inman de Liverpool, (Angleterre). Mais si
restreint que soit leur nombre, tous ces auteurs recon-
naissent, à l'unanimité, que la philosophie aussi bien du
Bouddhisme que du Brahmanisme doit occuper un rang plus
élevé que la théologie chrétienne, et qu'elle n'enseï~? ni
l'athéisme ni le fétichisme. <: A mon avis », dit le D~ Inman,
< l'assertion que Sakya ne croyait pas en Dieu ne repose
sur aucune fondation. Bien plus, sa doctrine est basée sur
la croyance qu'il existe des pouvoirs supérieurs, capables
de punir les hommes pour leurs péchés. Il est vrai que ces
dieux n'ont pas nom Elohim, ni Jah, ni Jéhovah, ni Jahveh,
ni Adonoï, ni Ehieh, ni Baalim, ni Astoreth, mais néan-
moins, pour le fils de Suddhadana, il existait un Être su-
prême (1 ). »
Il existe quatre collèges de théologie bouddhiste, à Ceylan,
au Thibet et dans l'Inde. Un de ceux-ci est plutôt panthéiste
qu'athée, mais les trois autres sont purement théistes.
C'est sur le premier que se fondent les spéculations de
nos philologues. Quant aux second, troisième et quatrième,
leurs enseignements ne varient que dans le mode extérieur
de s'exprimer. Nous en avons donné autre part une expli-
cation détaillée.
En ce qui concerne le point de vue pratique, nous ne
disons pas théorique, au sujet du Nirvana, voici ce qu'en
dit un raLion:JI~te et un sceptique « J'ai questionné des
centaines de Bouddhistes à la porte de leurs temples, et je
n'en ai pas rencontré un seul qui ne cherchât par tous les.
1. Ancient Fat</t~ and modern, p. 24.
moyena, en jeûnant et en pratiquant toutes sortes d'austé-
rités, à se perfectionner et à acquérir l'immortalité; ce n'est
donc pas pour attt-indre l'annihilation finale.
« Il y a plus de 300.0UO.OOO de Bouddhistes qui jeûnent,
prient et travaillent.
<: Pourquoi vouloir faire de ces 300.000.000 d'hommes des
idiots et des imbéciles, qui mortifient leurs corps en s'im-
posant souvent le<~ privations les plus effroyables de toutes
sortes, simplement pour atteindre une annihilation fatale,
à laquelle ils sont voués d'une manière ou d'une autre (1).
De même que cet auteur, nous avons questionné des
Bouddhistes et des Brahmanes, et nous avons étudié leur
philosophie. ~l/~w~ya a une signification tout à fait diffé-
rente d annihilation. C'est de ressembler de plus en plus a
Celui dont on est une des étincelles lumineuses, telle est
l'aspiration de chaque philosophe hindou, et l'espoir même
du plus ignorant est de ne jamais abandonner son ~/ï<uf-
dualilé dislincle. <( Autrement », comme le faisait observer
un digne correspondant de l'auteur, « l'existence mondaine
serait pour Dieu une comédie, et pour nous une tragédie
un sport pour Lui de nous voir peiner et souffrir, et la mort
pour nous qui y sommes condamnés.
Il en est de m.me de la doctrine de la métempsychose,
si mal interprétée par les savants européens. Mais 1 œuvre
de la traduction et de l'analyse marche à grands pas, et
l'on découvrira de nouvelles merveilles dans l'étude des
anciennes religions.
Le professeur Whitney a trouvé, dit-il, dans sa traduction
des Védas, certains passages où l'importance acquise par
le corps sur son ancien locataire est mise au plus haut point
en lumière Ce sont des passages d'hymnes lus pendant
les cérémonies funèbres, sur le corps du défunt. Nous repro-
duisons les suivants d'après l'ouvrage de M. Wbitney
« Pars. rassemble tous tes membres n'en laisse aucun,
sans oublier ton corps; Ton esprit est parti en avant, et c~est
à toi de le suivre partout où il te plaira, là tu peux aller.
<: Rassemble ton corps, ainsi que tous ses
membres avec
l'aide des rites, je te referai des membres.
1. ~ë~tc/ns/he, Polythéisme, Jtfo~o~eM~e.
« Si un de tes membres a été oublié par Agni, lorsqu'il
t'emmena vers tes aïeux, ces mêmes membres je te les cons-
truirai sur le champ réjouissez-vous dans le ciel, 6 pères,
avec tous vos membres (1)
Le corps auquel on fait ici allusion n'est pas le corps
physique, mais le corps astral cette distinction est impor-
tante, ainsi qu'on s'en aperçoit.
La croyance à l'existence individuelle de l'esprit im-
mortel de l'homme, est encore indiquée dans les versets
suivants du cérémonial hindou de la crémation et de l'en-
terrement
« Ceux qui résident dans la sphère terrestre, ou qui sont
fixés maintenant dans le royaume de la félicité, les Pères
qui ont la terre l'atmosphère le ciel pour siège. Le
« Ciel-antérieur », ainsi qu'on nomme le troisième ciel, où
les Pères ont leur demeure » (Rig-Véda, X).
Il n'est pas surprenant, avec de pareilles notions au
sujet de Dieu et de l'immortalité de l'âme, que pour tout
savant impartial la comparaison entre les hymnes védiques
et les livres mosaïques, mesquins et dénués de spiritualité,
ne soit tout en faveur de ceux-là. Il n'est pas jusqu'au
code éthique du .V<ï/!ou qui ne soit incomparablement plus
élevé que le Pentateuque de Moïse, dans la signification
Tittérale duquel tous les étudiants non initiés sont incapa-
bles de trouver une preuve quelconque, que les anciens
juifs aient cru à une vie future, ou à un esprit immortel
chez homme, ou que même Moïse l'ait enseigné..Et cepen-
dant, il y a des Orientalistes qui commencent à soupçonner
que la « lettre morte » cache quelque chose qui n'apparaît
pas à première vue. C'est ainsi que le professeur Whitney
nous informe que « si nous approfondissons les formes du
cérémonial hindou, nous n'y découvrons pas mal de ce
même désaccord entre la croyance et l'observance l'une
n'explique pas l'autre dit ce célèbre savant américain.
Et il ajoute « Nous sommes obligés de conclure, soit que
l'Inde ait pris sa doctrine dans des rites de provenance
étrangère, et les ait pratiqués à l'aveuglette, sans s'inquié-
1. Oriental and Linguistic Studies, FedtC Doctrine of a Future Lt/
par W. Dwyght. Whitney, professeur, de sanscrit et de philologie com-
parée au collège de Yale.
ter de leur véritable portée, ou alors que ces rites sont
le produit d'une ~M/re 6~c/ïc plus ancienne, et que
l'usage populaire les a maintenus après la chute de l'an-
cienne croyance dont ils étaient l'expression originelle (I).
Cette croyance ne s'est pas évanouie, et sa philosophie
cachée, telle qu'elle est comprise par les hindous initiés,
est la même qu'elle était il y a ~O.OCO ans. Nos savants
s'attendraient-ils a ce qu'elle leur fût révélée dès leur pre-
mière demande ? Ou prétendraient-ils sondpr les mystères
de la Religion Mondiale au moyen de ses rites populaires
exotériques ?
Aucun Brahmane ou Bouddhiste orthodoxe ne nierait
l'incarnation chrétienne; toutefois ils l'interprètent dans
leur sens philosophique, et comment la nieraient-ils ? La
pierre d'angle elle-même de leur doctrine religieuse repose
sur les incarnations périodiques de la Divinité. Lorsque
l'humanité menace de s'effondrer dans le matérialisme et
la dégradation morale, un Esprit suprême s'incarne dans
la créature choisie dans ce but. Le « Messager du Très-
Haut s'unit à la dualité de la matière et de l'esprit et la
triade ainsi complétée par l'union de sa Couronne, un sau-
veur naît qui doit aider à replacer l'humanité sur la voie
de la vérité et de la vertu. L'Eglise chrétienne primitive~
tout imbue de philosophie asiatique, partageait sans con-
tredit les mêmes idées, autrement elle ~'<ïHro~ jamais
érigé en article de /o! la seconde venue, ni inventé la
fable de ~4/ï/cc~r~ comme une précaution ro~rf la
possibililé de futures incarnalions. Elle n'aurait pas non
plus imaginé que Melchisédec était un avatar du Christ.
Ils n'auraient eu qu'à consulter la Bhagavad Gita pour voir
que Christna ou Bhagavad dit à Arjouna « Quand la
justice languit, Bharata, quand l'injustice se relève, alors je
me fais moi-même créature et je nais d'âge en âge. Pour
la défense des bons, pour la ruine des méchants, pour le
rétablissement de la justice. »
En effet, il est plus que difficile d éviter de partager cette
doctrine des incarnations périodiques. Le monde n'a-t-il
pas assisté, à de rares intervalles, à la venue de grands
1. Orte~a~aftd Linguistic Studies. p. 48.
Etres tels que Christna, Sakya-muni et Jésus ? Comme ces
deux derniers personnages, Christna paraît avoir été un
être véritable, déifié par son école à une époque lointaine
de l'histoire, et qu'on a fait cadrer dans le programme reli-
gieux consacré par le temps. Comparez les deux Hédemp-
teurs, l'hindou et le chrétien, celui-là précédant celui-ci
de quelques milliers d'années placez entre les deux le
Siddartha-Bouddha, reflétant Christna et projetant dans la
nuit de l'avenir sa propre ombre lumineuse, des rayons de
laquelle a été édifiée l'esquisse du Jésus mythique, et des
enseignements duquel ont été tirés ceux du Christos his-
torique. Nous constatons que sous le même vêtement de
la légende poétique sont nées et ont vécu trois figures
humaines authentiques. Le mérite individuel de chacun
d'eux est, de cette manière, mieux mis en relief par cette
même coloration mythique car l'instinct populaire, si juste
lorsqu'il est laissé libre, eût été incapable de fixer son choix
snr un personnage indigne, pour en faire son Dieu. Le dic-
ton Vox populi, vox Dei, était autrefois exact, tout erroné
qu'il soit aujourd'hui en parlant de la masse du peuple
sous le joug clérical.
~Kapila, Orphée, Pythagore, Platon, Basilide, Marcion,
Ammonius et Plotin fondèrent des écoles et semèrent les
germes de nobles pensées, et en disparaissant laissèrent
après euxFéclat de demi-dieux. Mais les trois personnalités
de Christna, de Gautama, et de Jésus apparaissent comme
de véritables dieux, chacun dans son époque, et ils léguèrent
à Fhumanité trois religions édifiées sur le roc impérissable
des âges. Que toutes les trois, et surtout le Christianisme,
aient été adultérées par le temps, au point que ce dernier
est presque méconnaissable, ce n'est nullement la faute de
ces nobles Réformateurs. Ce sont les prêtres qui s'intitulent
les ouvriers de la vigne du Seigneur, qui sont responsables
de ces méfaits envers les générations futures. Purifiez les
trois systèmes du rebut des dogmes humains, et leur pure
essence apparaîtra identique. Il n'est pas jusqu'à saint Paul,
le grand et honnête apôtre, qui n'ait dans l'ardeur de son
enthousiasme, inconsciemment perverti les doctrines de
Jésus, ou alors, ce qu'il a écrit a été défiguré au point de ne
plus être reconnaissable. Le Talmud le record d'un peuple
qui, malgré son apostasie du Judaïsme, se voit obligé de
reconnaître la grandeur de saint Paul. en tant que philo-
sophe et instructeur religieux, dit d'Aher (St-Paul) (1)
dans le yerusAû//n/, « qu'il avait corrompu l'œuvre de cet
homme voulant par cela dire Jésus (2).
En attendant que cette fusion soit complétée par la science
et les générations futures, jetons un coup d'œil sur le pré-
sent aspect des trois religions légendaires.
LÉGENDES DES TROIS SAUVEURS
CtIRIST~A 1
GAUTAXA-BOUDDHA JESUS DE NAZARBTH
époque Incertaine. Epoque D'après la Epoque: On suppose
La science européenne science européenne et qu'elle eut lieu il y a
craint de se commettre. 'les calculs cingalais, elle 1877 ans. Sa naissance
Mais tes calculs brahma- se reporte à 2.540 ans. et sa descente royale
niques la placent à il y sont cachées à Hérode,
a environ 6.877 ans. le tyran.
Christna descend Gautama est le fils Descend de la lignée
d'une famille royale, d'un roi. Ses premiers royale de David. Est
mais il est élevé par des disciples furent des ber- adoré par des bergers
bergers: on l'appelle le gers et des mendiants. à sa naissance et on
Dieu Berger. Sa nais- l'appelle le « Bon Ber-
sance et sa descente di- ger ». ( Voyez ~ra~-
vines sont tenues ca- gile selon saint Jean).
chées à Kansa.
Incarnation de Vich- Suivant quelques-uns Incarnation du Saint-
nou,la seconde personne i! fut une incarnation de Esprit. à cette époque
de la Trinourti (Trinité). Vichnou suivant d'au- la seconde personne de
On adore Christna à tres celle d'un autre la Trinité, aujourd'hui
Mathura sur la rivière Bouddha et même de la troisième. Mais la
Jumna. (Voyez STnABO~, Ad'Bouddha, la Science Trinité ne fut inventée
ARRiEX, et ~a~pto~t Lec- Suprême. que 325 ans après sa
tures, p. 9S-JOO). naissance. II alla à Ma-
thura ou Matorea, en
Egypte, où il produit
ses premiers miracles.
(Voyez Z'~cany~e de
l'Enfance).
1. Dans son article sur « Paul the Foundcr ofChristianity leprofesseur
A. Wttdcr, dont. le sens intuitif de la vérité a toujours été très clair dit
Nous reconnaissons dans le personnage de Aher, l'apôtre saint Paul.
Il parait avoir été connu sous une variété de noms. H s'appelait Saul,
évidemment à cause de sa vision du paradis Saul ou Sheol étant le
nom hébreu pour l'autre monde. Paul, qui ne signifie que « le petit
homme était une sorte de sobriquet. Aher ou Other, était une épithète
biblique pour les personnes en dehors de la politique juive, et on la lui
appliqua pour avoir étendu son ministère aux Gentils. Son véritable nom
était Elisha Ben Abuiah.
2. Dans le Talmud Jésus est appelé AUTU-H-AIS,
~tontnte. A, Wilder.
~in'K, cet
Chriatna est persécuté [ Les légendes boud- Jésus est persécuté
par Kansa, le tyran de dhistes ne reproduisent par Hérode, roi de Ju-
Madura, mais échappe pas ce plagiat, mais la dée, mais s'échappe en
parmiracle. Voulant dé- iégende catholique en Egypte sous la conduite
truire l'enfant, le roi faitt fait saint Josaphat; et d'un ange. Pour s'assu-
mettre & mort des mil- dit que son père, le roi rer de sa vengeance,
liers d'enfants inno- de Kapilavastu, lit mas- Hérodeordonne le mas-
cents. sacrer tes jeunes chré- sacre des innocents, ou
<tens// (V.'yez La Lé- 40.000 nouveau-nés fu-
gende Dorée). rent tués.
La mère de Christna La mère du Bouddha La mère de Jésus ~e
s'appelait Dcvaki ou était Maya ou Maya- nommait Mariam ou
Devanagui, une vierge deva, mariée à son époux Miriam mariée à son
immacuiée (mais elle (mais néanmoins, vierge époux, tout en demeu-
avait déjà donné nais- immaculée). rant une vierge imma-
sance à huit autres fils culée, elle eut plusieurs
avant Christna). autres enfants. (Voyez
Saint J~a~tpa, XMt,
55.56.)
Christna est doué des Le Bouddha est doué Jésus est doué des
sa naissance, de beauté, des mêmes pouvoirs et mêmes qua)ités. Voyez
d*omnisciencc et d'om- des mêmes qualités il les .Ft'aft'/t~M e< le 7'M-
nipotence JI produitdes exécute aussi les mcmcs <A~cn< .iDocrt/p/t?). Il
miracles, guérit les im- miracles. H passe sa vie vit parmi tes pubticains
potents "t les aveugles, parmi les mendiants. etlcs pécheurs.fichasse
et chasse les démons. II On prétend que Gau- également les démons.
lave les pied~des Brah- tama était différent, de La seule ditTérence no-
manes et descend aux tous les autres Avatars. table entre les trois, est
régions inféricurcs(!'en- ayant en lui l'esprit tout que Jésus est accusé de
fer) où il délivre !es entier du Bouddha, tan- chasser les démons par
morts et de là il revient dis que les autres n'eu- le pouvoir de Beetxc-
à Vaicontha. le paradis rent qu'unepartie (ansa) buth. ce qu'on ne re-
de Vichnou. Christna de la divinité en eux. proche pas aux autres.
était le même Dieu Jésus lave les pieds de
Vichnou sous forme hu- ses disciples, il meurt,
maine. descend aux enfers, et
monte au cict, après
avoir délivré les morts.
Christna crée des en- Gautamaécrase la tète Jésus, soi -disant.
fants avec des veaux et du Serpent, c'est-à-dire écrase la tète du ser-
vice-ver~a. (f~dt. An- qu'il abolit le culte de ) pent, conformément à
tiquities, par Maurice, f~aga, qu'il traite de fé- la révéiation originelle
vol. 11, p. 332). Il écrase tichisme mais de même de la Genèse il trans-
la tête du serpent. (Ibi- que Jésus, it fait du forme aussi des enfants
dem). serpent l'embtèmc de la en chevreaux et des
sagesse divine. chevreaux en enfants.
(Evangile de ~t/ance).
Christna est Unitaire. abolit Jésus se révolte con-
Le Bouddhadivulgue
I! persécute le c!ergé, l'idolâtrie il tre l'antique toi judaï-
l'accuse en face d'ambi- les Mystères de l'Unité que il dénonce les
tiun et d'hypocrisie il de Dieu et du Nirvana, scribes et les Phari-
divulgue les grands se- dont la véritable signi- siens, de même que la
crets du sanctuaire fication n'était avant synagogue pour leur
l'Unité de Dieu et l'im- connue que des prêtres. hypocrisie et leur into-
mortalité de l'esprit. Persécuté et chassé du lérance dogmatique. H
La tradition veut qu'il pays, il échappe à la viole le sabbat et défie
1
succombe à leur ven- mort, en réunissant au- la Loi. Les Juifs l'accu-
geance. Son disciple fa- tour de lui quelques sent de divulguer tes
vori, Arjouna. ne l'aban- centaines de mille de secrets du Sanctuaire.
donne jamais jusqu'à la partisans. Il meurt 11 est mis à mort sur
I1
fin. Les traditions di- enfin, entouré d'une la croix (sur un arbre).
gnes de foi disent qu'il foule de disciples. Parmi les quelques dis-
mourut sur une croix etd'Ananda son discip!< ciples qu'il a convertis
(un arbre) sur laquelle favori et son cousin, qu:ià sa cause, un d'eux le
il fut c!oué par une prenait le premier ran~ trahit; un autrelerenie,
flèche. Les savants sont parmi eux. O'Drien eslt et les autres le déscr-
d'accord que la croix d'opinion que la croix tentaudernicrmomcnt,
irlandaise à Tuam. éri- irlandaise à Tuam, doi< sauf saint Jean. son dis-
gée longtemps avant être celle de Bouddha, ciple bien atme Les
l'ère chrétienne, a une mais Gautama ne fut trois Sauveurs. Jésus,
origine asiatique. {Voy. jamais crucifié. On lere- Christna et le Bouddha
Round Towers, p. 296 et préscnte dans beaucoupmeurent tous, soit un
suiv. de O'Hrien: aussi de temples assis sousunarbre ou à son ombre,
Religions de ~n~m- arbre cruciforme, qui étant en rapport avec
<e; le Symbolik de Creu- est « l'Arbre de Vie une croix qui symbolise
zer, vol. I, p. 20! ainsi Dans une autre image le triple pouvoir de la
que les gravures dans le 1
on le voit assis sur~apa, création.
~onnfnen<a~ C/trt~- le Rajah des Serpents,
tiainty deLundy,p.I60. avec une croix sur la
1
poitrine (1).
Christna monte au Le Bouddha monte au Jésus monte au Pa-
Swargaet devient Nir- Nirvana. radis.
?una.
RÉSULTAT
Vers le milieu de ce siècle les adeptes de ces trois religions
se dénombraient comme suit (2)
DECHRIST\A DU BOUDDHA DE JÉSUS
Brahmanes, 60.000.000 Bouddhistes, 450.000.000 Chrétiens, 260.000.000
Tel est le présent aspect de ces trois grandes religions,
dont chacune est reflétée, tour à tour, dans la suivante. Si
les dogmatiques chrétiens s'en étaient tenus là, le résultat
n'aurait pas été aussi désastreux, car il serait difficile, en
vérité, de faire une mauvaise religion en se servant des
sublimes enseignements de Gautama ou de Christna sous la
figure de Bhagavad. Mais ils allèrent plus loin encore, et
ajoutèrent au pur Christianisme primitif, les fables d'Ho-
mère, d'Orphée et de Bacchus. De même que les Musul-
mans ne veulent pas admettre que leur A'o/*o/ï ait été édifié
sur les bases de la bible juive, les Chrétiens ne veulent pas
non plus confesser qu'ils sont redevables de presque tout
aux religions des hindous. Mais les hindous ont une chro-
nologie pour leur en fournir la preuve. Nous voyons les
meilleurs et les plus savants de nos auteurs, cherchant vai-
nement à établir l'extraordinaire ressemblance allant sou-
ï. Voyez les gravures de Moor, 75, n" 3.
2. Estimation de Max Mùl!er.
vent jusqu'à l'identité qui existe entre Christna et le
Christ, et qui serait dûe aux Evangiles apocryphes de l'En-
/cf/?c<? et de sainl Thomas, lesquels évangiles « avaient pro-
bablement circulé sur la côte du Malabar, et ont ainsi donné
une couleur locale à l'histoire de Christna (1) ». Pourquoi
ne pas accepter la vérité en toute sincérité, et renversant
les choses, admettre que saint Thomas, fidèle a la politique
de prosélytisme qui caractérisait les premiers Chrétiens,
lorsqu'il se trouva en présence au Malabar de l'original du
Christ Mythique dans le personnage de Christna, chercha a
fondre les deux en un seul, et, adoptant dans son évangile
(d'où tous les autres furent copiés) les détails les plus im-
portants de l'histoire de l'Avatar hindou, il greffa l'hérésie
chrétienne sur la religion primitive de Christna. Pour celui
qui est au courant de l'esprit du Brahmanisme, la notion
que ceux-ci accepteraient quoi que ce soit du dehors, et
surtout d'un étranger, est parfaitement ridicule. Que les
Brahmanes, le peuple le plus fanatique en ce qui a trait aux
affaires religieuses, qui, pendant de longs siccics n'ont pas
consenti à adopter une seule coutume européenne, puissent
être soupçonnés d'avoir introduit dans leurs livres sacrés
les légendes d'un Dieu étranger, cette notion est si absurde
et si illogique, que c'est une perte de temps que d'essayer
de le contredire
Nous ne nous arrêterons pas à considérer la ressemblance
fort bien connue, entre les formes extérieures du culte
Bouddhiste, (surtout celles du Lamaïsme), et du culte
Catholique Romain pour l'étude desquelles le pauvre abbé
Hue paya si chèrement, mais nous passerons immédiatement
à la comparaison des points les plus essentiels. Parmi tous
les manuscrits originels, traduits de différentes langues, où le
Bouddhisme est exposé, les plus extraordinaires et les plus
intéressants sont le jO/M~ï/~o/x~a de /~o~<7/!<2, oju le Sen-
tier de la fer/M, traduit du Pali, par le colonel Rogers (2)
et la /?OMe de la Loi, qui contient l'opinion d'un Ministre
d'Etat siamois sur sa religion et sur d'autres, et qui a été
1. J~c~u~e~~ Cnrts<ta7u' du D' Lundy, p. 153.
2. ParaJbo~es de Buddhaghosa Traduites du Birman par le col. H. T.
Rogers; avec uns préfaça de M. MuIIer, contenant la D/HM~apada,
1870.
traduit par Henry Alabaster(t). La lecture de ces deux livres,
et la découverte qu'on y a faite de similitudes de pensée et
de doctrine, touchant parfois à l'identité, ont encouragé le
Dr Inman à écrire les passages suivants, contenus dans un
de ses derniers ouvrages, « .l/!c/e/~ and 37b~c/ (2).
« Je parle en toute sincérité », écrit ce loyal et bon savant,
« en disant qu'après quarante ans d'expérience parrmceux
qui professent le christianisme et ceux qui proclament.
avec plus ou moins de sérénité.. leur désaccord pour ses
doctrines, j'ai remarqué des vertus plus sincères et une
moralité plus grande chez ceux-là que chez ceux-ci. Je
connais personnellement de pieux et de bons chrétiens que
j'honore, que j'admire, et que peut-être, je serais heureux
d'imiter et d'égaler mais ils méritent 1 éloge qu'on a fait
d'eux, à cause de leur bon sens. parce qu'ils ont ignoré
jusqu'à un certain point la doctrine de la foi, et qu ils ont
pratiqué et cultivé les bonnes œuvres. A mon avis, les chré-
tiens les plus méritoires dont j'aie connaissance sont des
jSo~c/cs /<z/or/7!< bien que, probablement, aucun
d'eux n'ait jamais entendu parler de Siddhàrtha(3).
Il y a entre les articles de foi, et les cérémonies des cul-
tes Lamaïco-Bouddhiste et Catholique Romain, cinquante
et un points qui présentent une parfaite ressemblance. allant
presque jusqu'à l'identité par contre il y en a quatre qui
sont diamétralement opposés.
Comme il est inutile d'énumérer les ressemblances, car
le lecteur les trouvera soigneusement détaillées dans l'ou-
vrage de Inman, ~4nc/c/t /~<?~A and Jt/o~r/i pp. 237-240,
nous ne nous arrêterons qu'aux articles antagonistes, et nous
laisserons à chacun en tirer la conclusion qui lui plaira
1° « Les Bouddhistes maintiennent f« Les Chrétiens acceptent toute
espèce d'absurdité, si elle
que rien de ce qui est contredit par est pro-
]a saine raison. ne peut être une mulguée par FE~Iise, comme un ar
véritable doctrine du Bouddha ticle de foi (i). »
~° « Les Bouddhistes n'adorent ~° Les Catholiques Romains
pas la mère de Sakya » bien qu'i!s adorent la mère de Jésus, et.on lui
lui rendent hommage comme à adresse des prieras pour invoquer
une sainte femme, due pour lui ser- son aide et son intercession. » Le
1. Interprète du Consulat gênera! à Siam.
2. Ancient Faith and ~fodern p. 162.
3. Ancient Faith and Jlodern du D~ Inman p. 162.
4. Les mots entre guillemets sont ceux du D' Inman.
vir de mère, à cause de sa grande culte de la Vierge a débilité celui
vertu. du Christ, et rejeté celui du Tout
Puissant tout à fait dans t'ombre.
3* « Les Bouddhistes n'ont pas de 3° « Ceux de l'Eglise Catholique
sacrement. « sont au nombre de sept.
4* Les Bouddhistes ne croient 4" On promet aux Chrétiens que
si seulement ils croient au « pré-
pas Tau pardon des péchés, sauf cieux
après une punition adéquate pour sang du Christ ce sang of-
chaque mauvaise action, et une com- fert par lui en expiation des péchés
pensation proportionnée envers les du "nonde entier (par cela entendez
parties lésées. les Chrétiens) effacera tout péché
mortel.
Laquelle de ces deux théologies se recommande à un étu-
diant sincère et loyal, c'est une conclusion que nous lais-
sons au bon sens du lecteur? L'une nous présente la lumière,
l'autre les ténèbres. La Roue de la Loi dit ceci:
<( Les Bouddhistes croient que chaque acte, chaque parole,
chaque pensée ont leur conséquence, qui apparaîtra, tôt ou
tard, dans la condition présente ou dans une autre future.
Les mauvaises actions produisent de mauvaises conséquen-
es (i),les bonnes actions produisent de bons effets la pros-
périté ici-bas ou la naissance dans le ciel. dans une con-
dition future(~).
C'est de la justice stricte et impartiale. C'est la notion
d'un Pouvoir Suprême, qui ne se trompe pas, et qui, par
conséquent, n'a ni colère, ni pardon, mais qui laisse chaque
cause, grande ou petite, opérer son effet inévitable. « On
vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez ser-
vis (3) ne donne aucun espoir de pardon futur ou de
salut par intercession, soit dans l'expression elle-même ou
par son interprétation. La cruauté et la pitié sont des sen-
timents limités. L'Etre Suprême est infini, par conséquent
il ne peut être que JUSTE, et la justice doit être aveugle.
Les anciens païens entretenaient, à ce sujet, des notions
autrement philosophiques que les Chrétiens modernes, car
ils représentaient leur déesse de la Justice, Thémis, avec
un bandeau sur les yeux. Et l'auteur siamois, de l'ouvrage
en question, a encore une conception plus élevée de la
Divinité que les Chrétiens, lorsqu'il donne libre cours à
sa pensée en disant « Un Bouddhiste peut croire à l'exis-
1. Voyez le volume II de cet ouvrage, p. 3~.
2. P. 57.
3. Saint Matthieu., VII. 2.
tence d'un Dieu, sublime au-dessus de toutes les qualités
humaines et de tous ses attributs un Dieu parfait s'éle-
vant au-dessus de l'amour, de la haine, de la jalousie, et se
reposant tranquillement dans une félicité parfaite que rien ne
peut troubler; à un Dieu pareil il ne trouverait rien à redire,
non pas par désir de lui être agréable, ou par peur de l'of-
fenser, mais simplement par une vénération naturelle. Mais
il ne comprend pas un Dieu qui possède des attributs et
les qualités des hommes, un Dieu qui aime, qui hait, et qui
montre sa colère une Divinité qui, présentée par les mis-
sionnaires chrétiens, les Mahométans, les Brahmanes ou les
Juifs, tombe au-dessous de son étalon d'un homme ordinai-
rement bon (1).~
Nous avons souvent été surpris de constater les notions
extraordinaires de Dieu et de Sa justice qu'entretiennent
en tout bien tout honneur nombre de Chrétiens qui s'en
rapportent aveuglément au clergé pour leur religion, au lieu
de se fier à leur raison. Combien illogique est cette doc-
trine de l'expiation. Nous nous proposons de la discuter
avec les Chrétiens en nous plaçant au point de vue boud-
dhiste, et de démontrer, dès l'abord, par quelle suite de so-
phismes. dont le but unique a été de resserrer le joug ecclé-
siastique sur les épaules populaires, on l'a finalement fait
accepter comme un commandement divin nous ferons voir
également qu'elle s'est révélée comme une doctrine émi-
nemment pernicieuse et démoralisatrice.
Le clergé maintient que quelle que soit l'énormité de
nos crimes contre les lois divines et humaines, si nous
croyons au sacrifice volontairement imposé de Jésus pour
le salut de l'humanité, Son sang nous lavera de toute impu-
reté. La pitié divine est infinie et insondable. Il serait impos-
sible de concevoir un péché humain assez damnable, pour
que le prix offert par anticipation pour la rédemption du
pécheur, ne sufEse pas à l'effacer, même s'il était encore
mille fois plus haineux. Et, de plus, il n'est jamais trop tard
pour se repentir. Même si le pécheur attend jusqu'au der-
nier moment, avant que ses lèvres blêmes ne murmurent
la confession de foi, il ira droit au paradis ce fut le cas du
i. P. 25.
larron mourant, et tous les autres aussi vils que lui peu-
vent en bénéficier également. Voilà ce que nous enseigne
l'Eglise.
Mais si nous faisons un pas en dehors du cercle de la foi
et que nous considérons l'univers comme un tout, équilibré
par l'exquise coordination de toutes ses parties, la saine
logique, et le moindre sentiment rudimentaire de Justice
se révoltent contre l'Expiation cléricale Si le criminel ne
péchait que contre lui-même, et ne causait de mal qu'à
lui-même si par sa sincère repentance il pouvait oblitérer
tous ses actes passés, non seulement dans la mémoire des
hommes, mais dans ce record impérissable qu'aucune divi-
nité même la plus haute ne peut faire disparaître,
ce dogme ne serait pas incompréhensible. Mais lorsqu'on
soutient qu'on peut faire du tort à ses semblables, tuer,
révolutionner l'équilibre de la société, et renverser l'ordre na-
turel des choses, pour après, obtenir son pardon en croyant
par Inchetc, par espoir ou par compulsion, cela n'a pas
d'importance que quelques gouttes de sang répandu
laveront les taches d'un autre sang versé, cela n'est rien
moins qu'absurde Le r~~a~ d'un crime peut-il être effacé
même si ce crime a été pardonné ? Les effets d'une cause
ne sont jamais limités à la cause elle-même, et le résultat
d'un crime ne se borne pas à l'offenseur et à sa victime.
Chaque bonne action ainsi que chaque mauvaise a ses effets
aussi sûrement que la pierre lancée dans une nappe d'eau
tranquille cause un remous dans cette eau. Cette compa-
raison peut paraître triviale, mais c'est la meilleure qu'on
ait encore trouvée, nous en ferons donc usage. Les cercles
concentriques sont plus étendus et plus rapides suivant que
la pierre est plus ou moins grande, mais le plus petit caillou,
le plus petit grain de sable produit sa vague, si minuscule
soit-elle. Et ce mouvement n'est pas seulement visible à la
surface. Par en bas, invisible, dans toutes les directions,
au-dessus et au-dessous, chaque goutte pousse l'autre jus-
qu'à ce que le fond et les bords aient été remués par cette
force. Bien plus, l'air au-dessus de l'eau a été mis en mou-
vement par elle, et cette vague passe, ainsi que le prétendent
les physiciens, d'une couche de l'espace à une autre, sans
interruption et sans fin la matière a reçu une impulsion.
Celle-ci n'est jamais perdue et ne peut plus être rappelée
Il en est de même du crime et de son opposé. L'acte est
l.
instantané, les effets en sont éternels. Si, après avoir lancé
la pierre dans la mare, nous pouvions la rappeler, niveler
les ondes, annuler la force employée, remettre les vagues
éthériques duns leur ordre antérieur de non-être, et effacer
toute trace de l'acte du lancement de la pierre, de manière
à ce que le record des âges ne laisse jamais voir son action,
alors, et alors seulement nous pourrons patiemment écouter
les arguments chrétiens pour prouver Femcacité de cette
Expiation.
Le Times de Chicago a publié tout récemment la liste du
bourreau pour le premier semestre de l'année courante (i877)
une longue et terrible liste de meurtres et d'exécutions.
La Religion donna ses consolations à presque tous ces
meurtriers, et beaucoup d'entre eux proclamèrent qu'ils
avaient reçu l'absolution divine en vertu du sang de Jésus,
et qu'ils aHaicnt entrer ce jour même, au paradis Leur
co/ïue/o/! f~ lieu en prison. Voyons jusqu~où va ce
compte de Doit et Avoir de la Justice Chrétienne (!) tous
ces meurtriers, les mains rouges de sang, poussés par les
démons de la luxure, de la vengeance, de la cupidité, du
fanatisme, ou simplement par la soif du sang, assassinèrent
leurs victim -s, sans leur laisser dans la plupart des cas le
temps de se repentir, ou d'implorer Jésus de les laver de
leurs péchés dans son sang. Elles moururent probablement
sous l'empire du péché et naturellement suivant la logique
de la théologie elles reçurent la récompense de leurs
offenses, grandes ou petites ? Mais le meurtrier, tombant
sous le coup de la justice, est mis en prison, apitoyé par les
sentimentali~s on a prié avec lui et pour lui et il prononce
les mots sacramentels de la conversion il monte alors
sur l'échafaud. enfant de Jésus, sauvé par Lui Sans le
meurtre, on n aurait prié ni avec ni pour lui il n'aurait pas
été racheté, pardonné. Cet homme a donc eu raison d'assas-
siner, car. par cela, il a obtenu la félicité éternelle. Quant
à la victime ou sa famille, ses parents, ses amis, ses relations
sociales la Ju-tice n'a-t-elle aucune récompense pour eux ?
Faut-il qu'ils souffrent dans ce monde et dans l'autre, tandis
que celui qui leur a fait du tort prend place à côté du « Larron
repenti du Golgotha, dans la félicité étemelle? A cette ques-
tion le clergé se garde bien de répondre.
Steve Anderson était un de ces criminels américains, con-
-damné sous l'inculpation de double meurtre, d'incendie et
~e vol. II se convertit avant de mourir,.mais l'histoire nous
informe que son confesseur s'opposa à ce que l'on sursit
son exécution en disant qu'il était certain de son salut
si on l'exécutait sur le champ, mais qu'il ne pouvait pas
.en répondre si l'exécution était retardée. Nous est-il per-
mis de demander à ce prêtre la raison d'une opinion aussi
monstrueuse. Comment pouvait-il être certain, en face de
l'avenir insondable, et des effets infinis de ces meurtres, de
-ces crimes et de ces vols ? Il ne pouvait être certain de rien
du tout, sinon que cette doctrine abominable est la cause
<tes trois quarts des crimes des soi-disant Chrétiens que
ces épouvantables causes doivent produire de monstrueux
effets, qui à leur tour donneront naissance à d'autres causes,
~t ainsi de suite à travers l'éternité jusqu'à l'accomplis-
sement final que nul homme ne peut prévoir.
Prenez, si vous le voulez, un autre crime, un des plus
égoïste, cruel et lâche, et néanmoins un des plus fréquents
je veux parler de la séduction d'une jeune fille Par l'ins-
tinct social de préservation, la victime est jugée sans pitié
et mise au ban de la société. Elle peut être poussée à l'in-
fanticide, ou au suicide si elle craint la mort, elle vivra
probablement pour se plonger dans une carrière de vice
et de crime. Elle peut enfanter une famille de criminels,
lesquels, comme c'est le cas pour le célèbre Jukes, dont
M. Dugdale a publié le récit effrayant, engendra d'autres
générations de criminels au nombre de plusieurs centaines
dans une période de cinquante ou soixante ans. Tout ce désas-
tre social avait été occasionné par la passion égoïste d'un seul
homme la Justice Divine lui pardonnera-t-elle avant que
son crime n'ait été expié, et la punition ne doit-elle retomber
que sur les misérables scorpions humains engendrés par sa
luxure ?
Une clameur s'éleva en Angleterre lorsqu'on découvrit
que les pasteurs Anglicans avaient librement introduit la
confession auriculaire, et donnaient l'absolntion après impo-
sition de pénitences. Les enquêtes ont démontré que le
même état de choses existait, plus ou moins, aux Etats-
Unis. Les prêtres interrogés à ce sujet se retranchèrent
triomphalement derrière les paragraphes du Livre Litur-
gique (Book o f Co/n/no/ï Prayer) qui leur donne très
clairement l'autorisation d'absoudre les péchés par le pou-
voir de « Dieu, le saint Esprit pouvoir qui leur a été con-
féré par l'évoque quand celui-ci leur imposa les mains au
moment de l'ordination. L~évêque consulté invoqua l'Evan-
gile selon saint Matthieu XVI. 19, de son droit de « lier et
de délier sur la terre ce qui est lié et délié dans les deux
et la succession apostolique comme preuve de sa trans-
mission de Simon Barjona à lui-même. Le présent ouvrage
a certainement manqué son but si nous n'avons pas établi
la preuve i", que Jésus, le Christ-Dieu, est un mythe in-
venté deux siècles après la mort du véritable Jésus hébreu
2" que, par conséquent, il n'a jamais pu donner à saint
Pierré ou à une autre personne une autorité ou un pouvoir
plénier quelconque 3" que même si une telle autorité lui
a été conférée le mot Petra (Rocher) se réfère aux vérités
révélées du Petroma, et non à celui qui le renia par trois
fois; et que, de plus. la succession apostolique n'est qu'une
fraude grossière et palpable 4° que l'Evangile selon saint
~a~A/6~ est une œuvre basée sur un manuscrit totalement
diGérent. Par conséquent le tout n'est qu'une imposture
aussi bien envers les prêtres qu'envers les pénitents. Mais
laissant de côté, pour le moment, toutes ces considérations,
qu'il nous soit permis de demander à tous ces prétendus
agents des trois dieux de la Trinité, comment ils concilient
les notions les plus rudimentaires d'équité, avec le pouvoir
de pardonner les péchés qui leur a été octroyé comment
se fait-il qu'ils n'aient pas été investis,par un miracle, e~z
pouvoir cre/~cer le lort fait à aulrui et a la propriélé ?
Qu'ils rendent la vie à l'homme assassiné qu'ils rendent
l'honneur à ceux auxquels on l'a ravi la propriété à ceux
qui ont été dépouillés, et qu'ils obligent les balances de la
justice humaine et divine à reprendre leur équilibre. Nous
pourrons alors prendre en considération leur pouvoir de
lier et de délier. Qu'ils nous disent s'ils en sont capables.
Jusqu'à ce jour le monde n'a bénéficié que de sophismes
auxquels on a ajouté une foi aveugle nous exigeons des
preuves tangibles et palpables de la justice et de la misé-
ricorde de leur Dieu. Mais non, ils demeurent tous muets
aucune réponse ne se fait entendre et malgré tout, la Loi
inexorable et infaillible de la Compensation suit son cours
implacable. Mais si nous observons son progrès nous cons-
tatons qu'elle ignore les croyances qu'elle n'a pas de.
préférences, mais que ses rayons et ses foudres tombent.
également sur les païens et sur les chrétiens. Aucune abso-
lution ne peut protéger celui-ci s'il est coupable aucun
anathème n'atteindra celui-là s'il est innocent.
Loin de nous une pareille conception dégradante de la
justice divine, comme celle prêchée par les prêtres, de leur
propre autorité. Elle n'est bonne que pour les lâches et les
criminels Si elle est supportée par toute une armée de
Pères et d'ecclésiastiques, nous avons pour nous la plus
haute de toutes les autorités, le sentiment instinctif et
révérentiel ds l'immortelle et omniprésente Loi de l'har-
monie et de la justice.
Mais, outre celle de la raison, nous pouvons alléguer-
d'autres preuves pour démontrer qu'une pareille notion n'est
nullement justifiée. Les Evangiles étant une « Révélation
Divines,les chrétiens considéreront leur témoignage comme
concluant. Affirment-ils que Jésus s'est donné en sacrifice
volontaire ? Au contraire, il n'y a pas un seul mot qui
vienne soutenir cette thèse. Ils font voir clairement qu'il
aurait préféré vivre pour continuer ce qu'il considérait
comme sa mission, et qu'il /~o/~M/ parce <y~/ ne /)OMU~
faire autrement e~ seulement lorsqu'il eul été trahi. Avant
cela, lorsqu'on le menaça de violences, il se rendit //ïu/-
sible, en employant son pouvoir mesmérique sur les spec-
tateurs, pouvoir dont dispose tout adepte oriental, et il
réussit à leur échapper. Lorsqu'endn, il vit que son heure
était venue, il succomba à l'inévitable. Mais voyez-le dans
le jardin, sur le Mont des Oliviers, où luttant dans son
agonie, « sa sueur devint comme des grumeaux de sang
il pria avec ferveur pour que cette coupe fût éloignée de lui,
il tomba épuisé par cette lutte, au point qu'un ange du
ciel dût être envoyé pour le soutenir dites-nous après
cela, si ce tableau est celui d'un otage volontairement im-
molé et d'un martyr. Et afin de ne laisser aucun doute
dans noire esprit et pour couronner le tout, nous avons
ses propres paroles, criées dans ramertume de son dé-
sespoir: « QUE MA VOLONTÉ ne se fasse pas, mais la
tienne » (Luc, XXII. 4~. 43).
On lit, en outre, dans les 7~o~r~ que Christna fut
cloué à un arbre par la flèche d'un chasseur, lequel, sup-
pliant le dieu mourant de lui pardonner, en reçut la réponse
suivante « Va, chasseur, par ma faveur, au Ciel, la demeure
des dieux. L'Illustre Christna s'étant alors uni à son Es-
prit pur, spirituel, inexhaustible, inconcevable, non-né, inal-
térable, impérissable et universel, qui ne forme qu'un avec
Vasudéva, abandonna son corps mortel, et.
devint Nirguna
(~$A/70M Pourana de Wilson, p. 6!2). N'est-ce pas là l'ori-
gine du récit du Christ pardonnant au larron sur la croix,
et lui promettant une place en paradis ? « De tels exemples,
dit le Dr Lundy dans son 3/e~Myne/ Christianily, ne
nous autorisent-ils pas à rechercher leur origine et leur si-
gnification, /o/?~('/Mjo;? ~u~ le Christianisme et il
ajoute néanmoins « La notion de Christna, sous la forme
d'un berger est, à mon avis, plus ancienne que toutes les
deux (les Evangiles de l'Enfance et celui de St-Jean) el
/)rop~M~ de celle du Christ» (p. loG).
Les faits de cette nature, ont probablement fourni, par la
suite, un prétexte plausible pour déclarer comme apocry-
phes tous les ouvrages tels que les //o/7~< qui laissent
entrevoir clairement, l'absence complète d'une autorité pri-
mitive pour la doctrine de l'expiation. Les 77o/nc/s ne sont
pas en grande contradiction avec les Evanriles elles le
sont, par contre, totalement avec les dogmes de l'Eglise.
Saint-Pierre ignorait tout au sujet de l'expiation et sa vé-
nération pour le mythique père Adam. ne lui aurait jamais
permis d'admettre que ce patriarche eût péché et qu'il était
damné. Les écoles théologiques d'Alexandrie ne paraissent
pas non plus avoir connu cette doctrine, Tertullien non plus
les Pères primitifs ne l'ont jamais discutée. Philon le juif
représente le récit de la chute comme un symbole, et Ori-
gène la considérait, de même que saint Paul, comme une
allégorie (i).
1. Voyez le Conflit entre la Religion. et la Science de Draper (p. 224).
Qu'ils le veuillent ou non, les Chrétiens sont tenus de
faire crédit à la ridicule histoire de la tentation d'Eve par
le serpent. En outre, saint Augustin s'est formellement
prononcé à ce sujet. < Dieu, par Sa volonté arbitraire
dit-il, « a choisi d'avance certaines personnes, sans égard
à leur foi ou à leurs bonnes œuvres, et II a irréparablement
ordonné de leur octroyer la félicité éternelle tandis qu'Il
en a condamné d'autres, de la même façon, à la réprobation
éternelle (De ~ono~rscucro~~o?) (1).
Calvin promulgua des notions sanguinaires de partialité
divine tout aussi horribles. « La race humaine, radicalement
corrompue par la chute d'Adam, porte en elle le stigmate
et l'impuissance du péché originel sa rédemption ne peut
s'effectuer que par une incarnation et une propitiation la
grâce élue seule peut faire participer l'âme à cette rédemp-
tion, et cette grâce, une fois donnée, ne peut plus être per-
due celle élection ne peul venir que de Z)/eM. elle ne
comprend qu'une parlie de la r~e, /u/<? élanl aban-
donnée à la perdition élection et perdition (horrible de-
cre~u~ï) sont tous deux prédestinés dans le plan Divin ce
plan est un décret, et ce décret est éternel et immuable.
la justification est le résultat de la seule foi, et la /<~ est
un don de Dieu. »
0, divine justice, que de blasphèmes ont été prononcés
en ton nom Malheureusement, pour toutes les spéculations
de cette nature, la croyance dans l'efncacité propitiatoire
1. C'est la doctrine des Supralapsariens, qui affirment que Dieu afatt
€<ajb<t la prëde~t'ta~tO~ dela chute d'Ada/n.avec toutes ses conséquences
néfastes, depuis toute éternité, et que nos premiers parents ne jouirent
dès le début d'aucune liberté.
C'est également à cette doctrine éminemment morale que le monde
catholique fut redevable, au xr siéc!c, de t'institution de l'ordre connu
sous le nom de Moines Carthusiens. Son fondateur Bruno fut poussé à
fonder cet ordre monstrueux par une circonstance qui vaut bien la peine
d'être relatée ici parce qu'elle fournit une image graphique de cette pré-
destination divine. Un ami de Bruno, un médecin français, universelle-
ment réputé pour sa grande piété, sa pureté morale et sa charité, mourut,
et son corps fut veillé par Bruno lui-même. Trois jours après sa mort,
au moment où il allait être enterré, le pieux médecin s'assit sur son séant
et déclara d'une voix forte et solennelle, « que par le juste jugement de
Dieu il était éterneUcment damné Ayant annoncé ce message conso-
lateur depuis l'autre rive du « sombre empire il retomba dans les griffes
de la mort.
De leur côté les théologiens Parsis s'expriment ainsi « Si quelqu'un
du sang répandu, peut se retracer à travers les plus anciens
rites. II n'y a peut-être pas une seule nation qui l'ait igno-
rée. Chaque peuple a offert aux dieux des sacrifices d'ani-
maux et même humains, dans l'espoir d'écarter par ce moyen
une calamité publique, et de conjurer le courroux d'une
divinité vengeresse. Il y a des exemples de généraux grecs
et romains offrant leurs vies pour le succès de leurs armées.
César s'en plaint, et traite cela de superstition gauloise.
« Ils se vouent à la mort. persuadés que si la vie n'est pas
donnée .pour une autre vie, les dieux immortels ne peuvent
être apaisés », écrit-il. <( Si un malheur doit tomber sur
ceux qui sacrifient en ce moment, ou sur l'Egypte, qu'il
retombe sur cette tête disaient les prêtres Egyptiens en
sacrifiant un de leurs animaux sacrés. Et l'on criait des
imprécations sur la tête de la victime expiatoire, autour des
cornes de laquelle on enroulait une bande de byblus ( l).0n
emmenait généralement l'animal dans une région aride,
consacrée à Typhon, dans ces âges primitifs alors que cette
divinité fatale jouissait encore d'une certaine considération
parmi les Egyptiens. C'est cette coutume qui est à la base
du « bouc-expiatoire des Juifs, lesquels, lorsque l'âne-
dieu rouge fut répudié par les égyptiens, offrirent leurs
sacrifices à une autre divinité, <( la génisse rouge
« Que tous les péchés commis en ce monde retombent
sur moi, afin que le monde soit libéré s'écrie Gautama,
le sauveur hindou, des siècles avant notre ère.
Nul ne prétendra que ce furent les Egyptiens qui emprun-
tèrent quoi que ce soit aux Israélites, comme on accuse
aujourd'hui les hindous de le faire. Bunsen, Lepsius, Cham-
pollion, ont depuis longtemps établi la prépondérance de
l'Egypte sur les Israélites, aussi bien en ancienneté, que,
pour tout ce qui a trait aux rites religieux que nous cons-
tatons encore chez « le peuple élu Il n'est pas jusqu'au
Nouveau y~fa~ï~y!~ qui ne fourmille de citations et de ré-
parmi vous commet un péché dans la conviction qu'il sera sauve par quel-
qu'un, tant le trompeur que le trompa seront damnés jusqu'au jour de
Rasta Khéz. 11 n'y a pas de Sauveur Vous recevrez dans l'autre monde
la récompense de vos actions. Vos Sanrenrs sont vos actes et Dieu lui-
même. (TTteJMbder~ Parsis, conférence de Max Muller, 1862).
1. De Isid e< O~tr, p. 380.
pétitions du Livre des Morts, et Jésus, si tout ce que lui
attribuent ses quatres biographes est vrai, doit avoir eu
connaissance des Hymnes Funéraires égyptiens (t). Dans
l'évangile selon saint 3/eM,nous retrouvons des phra-
ses entières de l'ancien Rituel sacré qui précéda notre ère
de plus de 4.000 ans. Voyons la comparaison ('i).
« L'âme soumise aux épreuves est amenée devant Osi-
ris, le « Seigneur de la Vérité qui est assis, orné de la
croix égyptienne, l'emblème de la vie éternelle, et tenant
dans sa main droite le Va~MS ou le fouet de la justice (3).
L'esprit commence, dans la « Salle des deux Vérités une
ardente supplique,en énumérant toutes ses bonnes actions,
supporté par les réponses des quarante-deux assesseurs,
ses actions incarnées c/ ses accusateurs. S'il se justifie, on
s'adresse alors à lui comme Osiris, lui donnant ainsi la dé-
nomination de la divinité de laquelle procède son essence
divine, et les mots suivants, pleins de majesté et de justice,
sont alors prononcés « Laissez partir
1 l'O.vous
voyez
il est sans tache. 11 a vécu de vérité, il s'est nourri de
vérité. Le dieu lui a donné la bienvenue comme il le dé-
sirait. Il a nourri mes affamés, il a donné à boire à ceux
qui avaient soif, il a donné des vêtements à ceux qui n'en
avaient pas. II a fait de la nourriture sacrée des dieux,
l'aliment des esprits. » db
Dans la parabole du 7?o~/aM/y!e des Cieux, (St Matthieu,
XXV) le Fils de l'llomme (Osiris est également appelé le
Fils) assis sur le trône de sa gloire, jugeant les nations,dit
1. Toute tradition démontre que Jésus fut éduqué en Egypte et qu'il
passa son enfance et son adolescence dans les fraternités Esséniennes~et
autres communautés mystiques.
2. Bunsen découvrit quelques records qui prouvent par exemple que
le langage et le culte religieux des Egyptiens existaient non seulement au
début de l'ancien Empire, « mais qu'ils étaient déjà si bien établis et en-
racinés qu'ils ne reçurent <]r<an très faible développement au cours de
l'ancien empire, du moyen et de l'empire moderne et que tandis que le
début de cet ancien empire a été placé par lui à la période antérieure à
Ménès d'au moins 4 000 ans avant J.-C., l'origine des anciennes prières
Hermétiques et les hymnes du Livre des .Vor<s,doit. suivant Bunsen, être
attribuée à l'époque de la dynastie pré-Ménite, d'Abydos (entre 4.000 et
4.500 ans avant J.-C.) prouvant ainsi, que le système du culte et de la
mythologie Osiriens. était déjà établi 3.000 ans avant l'époque de Moïse."
3. H portait éjatemcnt le nom du Aa~te~oi de Z'a~rac<to~. Virgile ea
parle comme du Jtff/x~ca Va~/tH~ /s<:c/u. Ge07'~t<ynM, I, 166.
aux justes « Venez, vous qui êtes bénis de mon père (le
Dieu) prenez possession du royaume. Car j'ai eu faim et
vous m'avez donné à manger j'ai eu soif et vous m'avez
donné à boire, j'étais nu et vous m'avez vêtu » (i). Et afin
de compléter la ressemblance, (St Matthieu, III, 12) Jean
décrit le Christ comme Osiris, « Il a son van (ou vannus)
dans la main, il nettoiera son aire, et il amassera son blé
dans son grenier.
II en est de même pour les légendes bouddhistes. Dans
Saint J/aM/eM IV, i9, on fait dire à Jésus Suivez-moi,
~t je vous ferai pêcheurs d'hommes ayant trait à une
conversation entre lui, Simon, Pierre et son frère André.
Dans Der W~e und der T~or de Schmidt (~), ouvrage
plein d'anecdotes sur le Bouddha et ses disciples, le tout
pris dans les textes originaux, on dit d'un couvert à la nou-
velle religion, « qu'il avait été attrapé par le hameçon de la
doctrine, de même qu'un poisson est retiré de l'eau au
moyen de l'appât et de la ligne Dans les temples du
Siam, l'image du Bouddha à venir, le Maïtreya Bouddha,
est représenté ayant en mains un filet de pêcheur, tandis
que dans le Thibet il tient une sorte de trappe. L'explica-
tion qu'on en donne est la suivante « II (le Bouddha)
répand sur l'Océan de la naissance et de la mort, la fleur
de Lotus de la loi bienfaisante comme un appâl au moyen
du filet de la dévotion, qui n'est jamais tendu en vain, il
I. Dans une adresse aux Délégués de l'Alliance Evangé!ique, New-York,
!S74, M. Peter Cooper, un Unitarien et un des plus nobles chrétiens pra-
tiques de notre époque,termine les mémorables paroles suivantes:«Dans
ce dernier compte /In~,iJ sera heureux pour nous si nous reconnaissons
que notre influence dans cette vie a été de nourrir les affamés, de vètir
ceux qui étaient nus, et de diminuer la souffrance de ceux qui sont ma-
lades ou en prison. De telles paroles d'un tel homme qui a donné des
millions en chantes qui a éduqué quatre mille jeunes niï~s dans les arts
utiles, au moyen desquels elles gagnent honnètement leur vie qui a
entretenu une bibliothèque publique, un musée et une salle de lecture,
libre de tous frais qui a institué des classes pour les ouvriers qui a
fait faire des conférences par les savants les plus renommés, ouvertes à
tout le monde qui a été à l'avant-garde de toutes les bonnes oeuvres, à
travers une vie longue et sans tache, ces paroles portent en elles la force
qui marque les bienfaiteurs de l'humanité. Les actes de Peter Cooper
obligeront la postérité à lui réserver une place dans tous les coeurs.
2. Aus dem Thibethischen ûJberse~ und mit dem Originaltezte hera.us-
~eyejbe~ de S. J. Schmidt.
ramène les êtres vivants comme des poissons, et il les em-
porte sur l'autre rive du fleuve, où existe la véritable con-
naissance (1).
Si les savants archevêques Cave, Grabe et le D'' Parker,
qui luttèrent si vaillamment, de leur temps, pour qu'on
admît les ~/)~re5 de Jésus-Christ el eTA~~ru~, roi
d'Edessa, dans le Canon des Ecritures, avaient vécu à
notre époque de Max Muller et de sanscritisme, nous dou-
tons fort qu'ils eussent agi comme ils le firent. La .première
mention de ces Epîtres fut faite par le célèbre Eusèbe. Ce
pieux évêque paraît s'être donné la tâche de fournir au
Christianisme les preuves les plus Inattendues pour corro-
borer ses fantaisies les plus abracadabrantes. Nous ne
savons si nous devons comprendre parmi les nombreux
talents de l'évêque de Césarée la connaissance du cingalais~
du pahlavi, du thibétain et d'autres idiomes mais il est
certain que les lettres de Jésus et d'Abgarus, ainsi que le
récit du portrait du Christ, reproduit sur un morceau
d'étofTe, qui servit pour lui essuyer le visage, ont été trans-
crits par lui du Canon bouddhiste. Sans doute, l'évoque
déclara qu'il avait trouvé, lui même, la lettre écrite en
langue siriaque et conservée parmi les registres et les archi-
ves de la cité d'Edessa, où régnait d'Abgarus (~). Rappe-
lons ici les paroles de Babrias « Le Mythe, ô fils du roi
Alexandre, est une ancienne invention humaine des Syriens,
qui vivaient, jadis, sous Xinus et Bélus. » Edessa était une
des anciennes < cités saintes ». Les arabes la vénèrent
encore aujourd'hui et on y parle l'arabe le plus pur. Ils lui
donnent encore son ancienne appellation d'Orfa, ancienne-
ment la ville .4/Y~a-A~c~ (Arphaxad), siège d'un col-
lège de Chaldéens et de. Mages dont le missionnaire,
nommé Orphée, transporta en Thrace, les Mystères Bachi-
ques. Eusèbe, tout naturellement, y trouva les récits qu'il
incorpora dans l'histoire d'Abgarus, ainsi que dans celle du
portrait reproduit sur la toile de même que celui de Bha-
gavat, ou du bienheureux Tathagatâ (le Bouddha) (3) fut
I. Buddhism in Thibel, par Emil Schiagintweit, 1863, p. 213.
2. Ecclesiastical Ristory, lib. c. 13.
3. Tathagata est le Bouddha « celui qui marche dans les pas de ses-
prédécesseurs comme jS/t~/a~ il est le Seigneur.
obtenu par le roi Binbisara (i). Le Roi l'ayant apporté,
Bhagavat y projeta son ombre (2). Le « morceau d'étoffé
miraculeuse » et son ombre, sont encore conservés, disent
les Bouddhistes mais l'ombre, elle-même, est rarement
visible. »
De la même manière, l'auteur gnostique de l'Evangile
selon saint Jean, copia et métamorphosa la légende
d'Ananda qui demandait un peu d'eau à une femme de Ma-
tangha le double de la femme rencontrée par Jésus à la
fontaine (3), qui lui dit qu'elle appartenait à une caste infé-
rieure, et ne pouvait rien avoir à faire avec un saint
1. Comme pendant, nous avons l'histoire de sainte Véronique.
2. Introduction à r//<s<o<re du Buddhisme indien. E. Burnouf, p. 341.
3. Moïse était un cétèbre pratiquant de la Science hermétique. Si nous
tenons compte qu'on fait échapper Moïse (Asarstph) au Pays de Madian,
et qu'il s'assit « près d'un puits », (Exode U) nous en déduisons ce qui
suit
Le puits jouait un rôle prépondérant dans les Mystères des fét&s ba-
chiques. M a la même signification dans le langage sacerdotal de tous
les peuples. Un puits est '< !a source du salut mentionnée dans Esaïe
(XII. 3). Dans son sens spirituel l'eau constitue le prtftCtpe mAle. Par son
rapport physique dans l'allégorie de la création, l'eau est le chaos, et le
chaos est le principe féminin vivifie par l'Esprit de Dieu le principe
mâle. Dans le Ca&a~c, Zac/t.?r signifie mâle, et le Jourdain était appelé
Zachar Unirersal 7/~ort/, vol. I!, p. 429). 11 est à noter que le père de
saint Jean-Baptiste, le prophète du Jourdain- Zacchar portait le nom
de Zachar-ias. Un des noms de Bacchus est Zagreus. La cérémonie d'as-
perger d'eau le sanctuaire était sacrée dans les rites Osiriens, de même
que dans les institutions mosaïques.H est dit dans le.Mts/ma tu demeu-
reras à Succa, et tu rerseras de ~'eaft pendant sept jours, et les tuyaux
pendant six jours (.MY.s/tna sncca/t, p. I). « Prends de la terre vierge.
et pétris la poussière avec de ~'E.4~ rivanle, commande le Sohar (Intro-
duc~to~au Sohar Kabbala Denudata, H, pp. 220-221). Cornélius Agrippe
fait la citation suivante Seule « la terre et l'eau, suivant Moïse, sont
capables de donner naissance à une âme rtua~e L'eau de Bacchus était
supposée donner le saint Pneuma à t'initié: et chez les chrétiens elle lave
tous les péchés dans le baptême, par le pouvoir du Saint-Esprit. Dans
son sens cabalistique, le « puits est l'emblème mystérieux de la Doc-
trine Secrète. « Si quelqu'un a soif qu'il vienne à moi et qu'il boive e dit
Jésus (St Jean, VII, 37).
II est par conséquent parfaitement naturel de représenter Moïse, l'adepte,
assis auprès d'un puits. Les sept filles du prêtre Hénite de Madian,
qui venaient puiser de l'eau pour remplir les auges e< abreuver le trou-
peau de leur p~re, s'approchent de lui. r<ous retrouvons ici le nombre
sept, le nombre mystique. Dans t'attégorie ci-dessus, les filles représen-
tent les sept pouvoirs occultes. « Les bergers arrivèrent et les chassèrent
(les sept filles). Alors Moïse se leva, prit leur défense et fit boire leur
troupeau. » Suivait quclq tes interprètes cabatistes, les bergers repré-
senteraient les sept « Stellars mal disposés des Nazaréens car dans
moine. < Je ne te demande rien, ma sœur répond
Ananda à la femme, « ni de quelle caste tu es, ni quelle est
ta famille je ne te demande qu'un peu d'eau, si tu peux
m'en donner. » Cette femme de Matangha. charmée et
émue jusqu'aux larmes, se repentit, et entra dms l'ordre
monastique de Gautama, où elle devint une sainte. sauvée
d'une vie impure par Sakya-muni. Beaucoup de ses actes
subséquents furent empruntés par les plagiaires chrétiens
pour en parer Marie-Madeleine et d'autres femmes saintes
et martyres.
« Et quiconque donnera seulement un verre d'eau à l'un
de ces petits parce qu'il est mon disciple,je vous le dis en
vérité, il ne perdra point sa récompense dit l'Evangile
(St Matthieu, X, 4~). « Quiconque, avec un cœur pur et
croyant, ofTrc seulement une goutte d*eau, ou la présente
devant l'assemblée spirituelle, ou la donne à boire aux pau-
vres, aux besoigneux, ou à une bête des champs cette
action méritoire ne sera pas perdue dans les siècles sans
nombre, dit le Canon Bouddhiste (i).
Au moment de la naissance du Bouddha 32.000 mer-
veilles eurent lieu. Les nuages s'arrêtèrent dans les cieux,
les eaux des fleuv es cessèrent de couler les fleurs suspen-
dirent leur éclosion les oiseaux surpris retinrent leur
chant toute ?a nature ralentit sa course et demeura dans
l'attente. « Une lumière surnaturelle se répandit sur le
monde les animaux s'arrêtèrent de manger les aveugles
recouvraient la vue les boiteux et les muets furent gué-
ris, etc. (2).
l'ancien tc\i.e samaritain,le nombre de ces bergers est également de sept
(voyez les ouvrages cabalistiques).
Moïse ayant conquis les sept puissances mauvaises, et gagné l'amitié
des sept pouvoirs occultes bienfaisants, demeura chez Réuel, le prêtre de
Madian. qui invita l'Egyptien à prendre de la nourriture, c'est-à-dire
de s'assimiler sa sagesse. Suivant la Bible les anciens de Madian étaient
connus comme de grands prophètes et devins. Enfin Réuel. ou Jethro,
l'initiateur et l'instructeur de Moïse lui donne sa fille en mariage Cette
fille c'est Zipporah, c'est-à-dire la Sagesse ésotérique, la brillante lumière
de la connaissance, car Siprah signifie le brillant » on le resplendis-
sant du mot « Sapar briller. Sippara. en Chaldée, était la cité du
« soleil C'est ainsi que Moïse fut initié par le Madianite, ou plutôt le
Kénite, à ce qui vient corroborer l'allégorie biblique.
1. Schmidt. Der ~e~e und der Thor, p. 37.
2..R~/a Tcher Ro.Pa. //ts<otre du Bouddha 5a/c~a-~n~t(SaQscrit) Lali-
<arts<ara, vol. 11, pp. 90-91.
Voyons, maintenant, ce que dit le /o~ua/~e//o/ï
« Au moment de la Nativité comme Joseph regardait en
l'air, « Je vis dit-il, les nuages émerveillés et les oiseaux
de l'air s'arrêter dans leur vol. Et je vis les brebis dis-
persées. et néanmoins les brebis étaient immobiles; et
en regardant la rivière, je vis les agneaux la bouche près
de l'eau, la ~oMcA<ï/ï~, mais ne 6Mua/ ~)<
« Un nuage 7~5/)~c/t<a/ couur~ alors la grolle.
Mais tout à coup, le nuage devint une grande lumière à
l'intérieur de la grotte, de sorte que les yeux ne purent pas
la regarder. La main de Salomé, qui était flétrie, fut gué-
rie incontinent. Les aveugles recouvrèrent la vue; les
boiteux et les muets guérirent (1).
Lorsque le jeune Gautama fut envoyé à l'école sans
jamais avoir étudié auparavant, il battit tous ses compéti-
teurs non seulement en calligraphie, mais en arithmétique,
en mathématiques, en métaphysique, à la lutte, au tir à
l'arc, en astronomie, en géométrie, et finale ment confondit
même ses professeurs, en donnant la définition de soixante-
quatre sortes d'écritures qui étaient inconnues de ses maî-
tres eux-mêmes (2).
Et voici ce que, de son côté, dit l'Evangile de l'En-
fance Et lorsqu'il (Jésus) eut atteint l'âge de douze ans.
un certain rabbin principal lui demanda As-tu lu des livres?
et un astronome demanda au Seigneur Jésus s'il avait étu-
dié l'astronomie. Et le Seigneur Jésus lui donna l'explica-
tion. des sphères. de la physique et de la métaphysique.
II les entretint également de choses que la raison humaine
n'avait jamais déchiffrées. La constitution du corps, com-
ment Famé opérait dans le corps. etc. Le maître en fut
si surpris qu'il s'écria « Je crois que cet enfant a dû naître
avant Noé. il est plus érudit que tous les maîtres » (3).
Les préceptes de Hillel, qui mourut 40 ans avant Jésus-
Christ apparaissent plutôt comme des citations que comme
1. Proteua~e~tO~ (attribué à saint Jacques), ch. XHl et XtV.
2. Pali ~udd/tt~tc~ Annals, 111, p. 28. Jf-~u.~ o~ Buddhism, 142, de
Hardy.
3. j~usnjtZe de Z'E~/tce, chap. XX, XXI accepté par les saints Eusèbe,
Epiphanc, Chrysostom: Athanase, Jérôme et autres. On retrouve les
mêmes récits avec le cachet hindou en moins, afin de ne pas éveiller l'at-
tention, dans saint Luc. il, 46, 47.
des expressions originelles dans le Sermon sur la Montagne..
Jésus n'enseigna rien qui n'eût été enseigné tout aussi élo-
quemment auparavant par d'autres maîtres. Son sermon
sur la montagne débute par certains préceptes purement
bouddhistes, qui avait déjà cours chez les Esséniens, et
étaient ouvertement pratiqués par les Orphikoi et les Néo-
Platoniciens. Il y avait les Philhellènes, lesquels, comme
Apollonius, vouèrent leur vie à la pureté physique et
morale, en pratiquant l'ascétisme. II cherche à faire péné-
trer dans l'âme de ses auditeurs le dédain des biens de ce
monde une insouciance de fakir au sujet de ce qui pour-
rait arriver le lendemain l'amour de l'humanité, de la pau-
vreté et de la chasteté. Il encence les pauvres d'esprit, les
humbles ceux qui ont faim et soif de justice, les pacifiques
et les miséricordieux et, ainsi que le Bouddha, il ne laisse
que peu d'espoir aux orgueilleuses castes, d'entrer dans le
royaume des cieux. Chacune des paroles de son sermon
est l'écho des principes essentiels du Bouddhisme monasti-
que. Les dix commandements du Bouddha, tels qu'on les
trouve dans l'appendice du Prâtimoksha Sûtra (texte Pali-
Birman) sont pleinement commentés dans Saint j~/a~Ateu.
Si nous désirons connaître le Jésus historique, il faut lais-
ser complètement de côté le Christ mythique, et apprendre
tout ce qu'on peut connaître de l'homme dans le premier
Evangile Ses docritines, ses notions religieuses, ses plus
hautes aspirations sont toutes condensées dans son sermon
sur la montagne.,
C'est là la cause principale de l'échec des missionnaires
pour convertir les Brahmanes, et les Bouddhistes. Ceux-ci
constatent que le peu de bien enseigné par la nouvelle reli-
gion, se parade tout entier dans la théorie, tandis que leur
propre croyance exige que ces mêmes règles soient mises
en pratique. Malgré l'impossibilité pour les missionnaires
chrétiens de comprendre clairement l'esprit d'une religion
fondée entièrement sur la doctrine de l'émanation, si con-
traire à leur propre théologie, le pouvoir raisonnant de
quelques simples prédicateurs bouddhistes est si puissante
que nous voyons des savants comme Gutziaif (1) réduits au
Alabaster Wheel of the Laïc, pp. 29, 34, 35 et 38.
silence et grandement décontenancés par les arguments des
prêtres bouddhistes. Judson, le célèbre missionnaire bap-
tiste au Burmah, confesse, dans son Journal, les difficul-
tés auxquelles il a souvent été exposé par eux. Parlant
d'un certain Ooyan, il dit que son esprit hautement déve-
loppé était capable de saisir les sujets les plus abstraits.
< Sa parole dit-il, « est onctueuse comme de l'huile, aussi
douce que le miel et aussi tranchante qu'un rasoir sa ma-
nière de raisonner est calme, insinuante et acerbe et il
joue son rôle avec une telle adresse, que de mon côté avec
toute la puissance de la ~c/ je ne puis le maitriser que
difficilement. » II parait, néanmoins, qu'à une époque ulté-
rieure de sa mission, M.Judson aurait avoué qu'il avait com-
plètement méconnu la doctrine. « Je commence à croire
dit-il, « que le sémi-athéisme dont j'ai parlé quelquefois,
n'est rien de plus que du Bouddhisme raffiné, fondé sur les
Ecritures Bouddhistes. » C'est ainsi qu'il reconnut, enfin,
que tandis que dans le Bouddhisme il y a « un terme géné-
rique pour la perfection la plus élevée, qui s'applique actuel-
lement à de nombreux individus, un Bouddha supérieur
à toute la légion des divinités subordonnées », il existe
également à la base du système « l'étincelle d'une anima
mundi, antérieure et même supérieure au Bouddha » (i).
La découverte est réconfortante en vérité
Il n'est pas jusqu'aux chinois, tant décriés, qui ne croient
en Un Dieu Suprême « Le Gouverneur Suprême des Cieux
Le nom de Yuh-Hwang-Shang-Ti n'est inscrit que sur la
tablette d'or, devant l'autel du ciel, dans le grand temple
de Pékin, T'Iantan. « Ce culte dit le colonel Yule « est
mentionné par le narrateur mahométan de l'ambassade du
Shah Rukh (A. D. 1421); pendant quelques jours de chaque
année, l'empereur ne prend aucune nourriture animale. il
passe son temps dans ses appartements qui ne contiennent
aucune idole, et il prétend qu'il adore /eD~H du Ciel » (2).
1. E. Alpham The History and Doctrines of Buddhlm, p. 135. Le
D~ Judson commit cette impardonnable erreur à la suite de son fanatisme.
Dans son zèle pour « sauver les âmes il se refusa à étudier les classi-
ques Birmans, de peur de laisser son attention se fixer sur eux.
2. jf~dta~ Anliquary, vol. II, p. SI. Livre de Ser .M&rco Polo, vol. I
p. 441.
Chwolsohn, en parlant du grand savant arabe Shabrastani,.
dit que, suivant lui, le sabéisme n'était pas de l'astrolâtrie,
comme on est porté à le croire. 11 pensait « que Dieu est
trop sublime et trop grand pour s'occuper de l'administra-
tion immédiate de ce monde; que, par conséquent, II trans-
fère le gouvernement aux dieux, et ne conserve pour Lui
que la gérence des affaires les plus importantes; que, de
plus, l'homme est trop insignifiant pour pouvoir s'adresser
directement à l'Etre Suprême; qu'il est, par conséquent
obligé d'adresser ses prières et ses sacrifices aux divinités
intermédiaires, auxquelles l'administration du monde a été
confiée par l'Etre suprême ». Ch\Yolsobn en déduit que cette
idée est aussi ancienne que le monde et que « cette notion
avait généralement cours chez les personnes cultivées du
monde païen (i)
Le Père Boori, un missionnaire portugais, qui avait été
envové pour convertir les « pauvres païens de la Cochin-
chine, dès le xvi" siècle, « proteste avec véhémence, dans
son récit, qu'il n'y a pas un vêtement, un rite ou une céré-
monie de l'Eglise de Rome, pour lesquels le Diable n'ait
inventé une contre-partie. Même lorsque le Père se mit à
tonner contre les idoles, on lui répondit que c'étaient les
images de grands hommes décédés, auxquels ils vouaient un
culte, de la même manière que les catholiques adoraient les
images des apôtres et des martyrs (~). Ces idoles il
est vrai n'avaient d'importance qu'aux yeux des masses
ignorantes. La philosophie du bouddhisme ignore les ima-
ges et les fétiches. Sa grande vitalité gît dans ses concep-
tions psychologiques de la nature ~ne
de l'homme. La
voie pour atteindre la condition de félicité suprême, nom-
mée le « Gué du Nirvàna » trace ses sentiers invisibles à
travers, non pas la vie physique, mais la vie spirituelle
d'une personne pendant son existence ici-bas. La littérature
sacrée bouddhiste enseigne la voie en exhortant l'homme
à suivre, par la /?ra~MC, l'exemple de Gautama. Par con-
séquent, les ouvrages bouddhistes accordent une valeur
toute spéciale aux privilèges spirituels de l'homme, en lui
t. Sa~Ttus. vol. I, p. 725.
2. History <)/' Discoreries in .4s!'a par Murray.
conseillant de cultiver les pouvoirs pour produire les Meipo,
(les phénomènes) pendant sa vie présente, et l'acquisition du
Nirvana, dans l'avenir.
Si nous laissons de côté les récits historiques et que nous
considérons le côté mythique de ces récits inventés au sujet
de Christna, du Bouddha et du Christ, nous y trouvons ce
qui suit
Le modèle pour l'avatar chrétien et l'archange Gabriel se
trouve dans l'apparition du lumineux San-Tusita (Bodhi-
sat) à Maha Maya, « sous la forme d'un nuage dans le clair
de lune, venant du nord et tenant dans sa main un lotus
blanc 11 lui annonça la naissance d'un fils, et tournant.
trois fois autour de la couche de la reine. il disparut du
deva-loka et fut conçu dans le monde des hommes (I). On
verra que la ressemblance est encore plus frappante si l'on
consulte les illustrations dans les psautiers du moyen
âge (2), et les triptiques du xvi~ siècle (dans l'église de Jouy,
par exemple, où la Vierge est représentée agenouillée, les
mains levées vers le Saint-Esprit, et l'enfant, non né. se
voit miraculeusement au travers de son corps), et nous
constaterons que le même sujet est traité exactement de la
même manière dans les sculptures de certains couvents thi-
bétains. Dans les annales Pali-bouddbistes, et d'autres ou-
vrages religieux, il est dit que Maha-dévi et Loutes ses
autres servantes étaient constamment gr&tinées par la vue
du Bodhisatva enfant, se développant graduellement dans
le sein de sa mère, et rayonnant déjà depuis &on lieu de ges-
tation sur l'humanité, « le resplendissant rayon de sa bonté
future (3).
Ananda, le cousin et le futur disciple de Sakya muni, est
représenté comme naissant à peu près à la même époque.
Il aurait été l'original sur lequel on échafauda la légende
de saint Jean Baptiste. Par exemple, le récit pali dit que
Maha-Maya. pendant sa grossesse visita sa mère, de même
que Marie alla voir la mère de Jean-Baptiste. Au moment
où elle entra dans la chambre, Ananda non né, salua le
Bouddha-Siddhârtha également non-né, qui de son côté lui
1. j~snna~of Buddhism, p. 142.
X.~c~y~Pa~Tt and Jtfodern C/tr~/an Symbolism, p. 92, par Inman.
3. Rgya, 7'cAer. ~o~.Pa, Bkah Hayour (Version Thibétaine).
rendit le salut et de la même manière l'enfant, qui devait
être par la suite saint Jean Baptiste, tressaillit dans le sein
de sa mère Elisabeth, lorsque Marie entra (i). Bien plus,
car Didron donne la description d'une salutation peinte sur
un triptique a Lyon, entre Elisabeth et Marie, où les deux
enfants non-nés, représentés hors de leurs mères, se sa-
luent également (~).
Si maintenant nous nous tournons vers Christna, en com-
parant attentivement les prophéties qui le concernent, telles
qu'elles ont été recueillies dans les traditions Ramatsa-
riennes, dans l\{/f~,les l'o~~a~ et les t ~t/t~s (3)
aux passages de la Bible et des Evangiles apocryphes,
dont quelques-uns, prétend-on, prophétisent la venue du
Christ, nous y rencontrerons des choses fort curieuses. En
voici quelques exemples
n'APHÈS LES LIVRES Ht~nOfS D'ArnÈSLESttvnB3CMnETIB?<S
f!!(!cHedcmpteur viendra !t.cpeup)e de la GalUée des
ruurnnn~ de lumi~·rP. le pur I1llide ténèbre'
Gcnti)~. as'os ().j')s t~'s a
émanant delà grande <)n)e. dls- vuone~t'xndchtnucrc".
persanttcstCHcurcs.W/t.trt-.t~.
2" Dans la première partie du
t.~<')ci.tttvtcr~escra(-nee'nte,
t~utf-.U.ttt/ueu, !deEM;c. !X,
Kati-~u~a naîtra un fits de la cUcctit.mtt-rauntU-
\ier~e"(t'ec/af)~). (A.saip. V!! reproduit par ~/a«/tteu
1.)).
3~ LeR~dc'Dpteur viendra et les voici. J('-<<us (!c ?sazarpt.h
<~)r.
maudits A.t,A. fuiront et chcr- avec la splendeur (le sa K!o"cuse
elieroitt un ret*tjge au plus profund divuttt.mttctttmtcjcs horribles
d''l'cnfcr"(.t<rta). pui~sancet <ics tcncbrea (A~code-
mus.
4" "H viendra et la vie déGera la 4° Je leur donne la vie étcrncHe
murt.. et il vivifiera le sanff de et eUcs ne périrent jam<us..(5a<n<-
tous les ch-cs, il tc~éncrera tous Jean, X, r!).
leurs cf'rps et il puriticra toutes
icorsâroe".
j H viendra, et tous )~s êtres
animés. )e" f!c'tr' !cs ptantes. les fille5* Snis tt'<m<p('rt<e d'~Hé~resse,
de ~ion t'f'ussc des cris de
hommes, les t'cnunes. les enfants. j joie. iitie de Jérusalem, voici ton
les escfavcs. cntcnn.'runt, tous roi qm vient toi. il est juste.
fnsembte, le chant d'a)!cgrc-se,car Oh quelle prospérité pour eux'
il est le Het~neur de toutes le*' Quelle beauté: Le froment fera
créatures. il estittihu. car il est croitrc les jeunes hommes, et le
la puissance, il est la sagesse.i!est ) moût tes jeunes filles.
la beauté, et il est tout en tout. i (Zacharie, tX, 9, 1').
1. Evangile selon saint Luc. 1. 39-45.
~.Dtdron, ~co~o~rap/ne Chrétienne, Histoire de Dieu.
3. !I existe plusieurs ouvrages tirés immédiatement, des Védas, intitulés
~P<<~ Quatre ouvrages sont compris sous cette dénomination, ce sont
tes ~t/n~. Gaudharra, Dhanus et 5<Aapa~. Le troisième Upa-l'eda fut
composé par Visvamitra à l'usage des Kshatriyas, la caste des guerriers.
6*Il viendra pttf dnu~ que le
)Dtctct.t'ambr<'istc,ptnspnrquc
6"oi!A!'n~nenuf!cDicu"
(~<unt.-Jc<m.t, 36) ~cmb!abtcAun
»
t'a~RcaHt<anstac!)CM(/~)d<'nt). «pncnu qu "n mené à la boucherie
<I-oïc.mt.-).
7" <' Bicnhcorcux le sein b~ni qui
le jour (/~<JcM)
7° ..Tu es t'Chic entre tes femmes
et le fruit deton sein e'<< béni" »
)ut donnera
(t.uc. f.~2).'Heureux ic sein qui
tap<.rtC"<Xt.2'?).
8° Dicu manircxtcra na p)nirc.
E~ 8* "Diounmnnifcotc "notoire" »
cl il fera résonner ~ap))t'<nncc.et (l'Fp. de Saint-Jean)." Car Diex
I: sc rcc«nrilû·ra tivec ses créalu- r<c"t!cH)i)it en Ct~t'ist.temonfic
)C'(/h<f7r~<) a\er)uimcme"(HC"rtnt)Hen'I9).
9° C'est. d)m'<<*in d'une '<* K))f est un exemple incom-
tcmmcquctcr;'Y<'nde!fs('ict)- p.)r.!)i')c''<tn!cuinurcet.ans tache
dcnr Divine prendr:'«ne tftrnx'h))- <'tur)c viorne d«t)t)<'ran(uss))nce&
n)ainc, cL ct)c cnf<)t~cr;). étant. untits. et uocjcuuetiHe enfantera
icr~c, car nxcnn contact in'pnr ne teneur tKvangitc de Marie,
taurasouiHcc"(~f~7 .<). )t' ~c
H!).
Que ce soit une exonération ou non d'attribuer une anti-
quité si grande a l\-U/rr~-t'< et aux autres ouvrages,
une chose est certaine, c'est que rc.< ~6~A<~«'.9 el /cf/
ro6f/~<<~ onl ~('(~ /c C'7~7!c\ et que Christna
est. antérieur au Christ. C'est tout ce que nous demandons.
On reste confondu en lisant le .<<'n/< C7~<ï~
du Dr Lundy. 11 serait <!ifHci!e de dire si nous devons plus
admirer 1 érudition de l'auteur, ou être étonnés de son so-
phisme calme et incomparable. II a n'uni un monde de faits
qui établissent la preuve que les religions, bien plus ancien-
nes que le Chistianisme. celles de Christna. de Bouddha et
d'Osiris, avaient anticipé sur ses symboles les plus infimes.
Les matériaux dont il se sert ne viennent pas de papyri fre-
latés, ni d'Evangiles interpolés, mais bien de sculptures
sur les murs des temples antiques, des monuments, d'ins-
criptions, et d'autres reliques archaïques, qui n'ont été
mutilées que par la pioche des iconoclastes, le canon des
fanatiques et la main du temps. II nous fait voir Christna
et Apollon comme de bons bergers Christna tenant en
mains le chank et le chakra cruciformes, et Christna « cru-
cifié dans l'espace », comme il le dit, (~/onM/a/ Chris-
lianil y, ng. 7~). On pourrait vraiment dire de cette gra-
vure empruntée par le D' Lundy, au /n~M T~a~/A~on de
Moor qu'elle est calculée pour jeter l'étonnement parmi
les Chrétiens, car elle représente le Christ crucifié de l'art
romain avec la plus parfaite ressemblance. II n'y manque
pas un trait et l'auteur dit lui-même à son sujet « J'es-
time que cette représentation est antérieure au Christia-
nisme. sous certains rapports elle ressemble au crucifix
chrétien. Le dessin, l'attitude, la marque des clous aux
mains et aux pieds, dénoteraient une origine chrétienne,
tandis que la couronne Parthienne a sept pointes, l'absence
du bois de la croix et de l'inscription usuelle, et les rayons
au-dessus, laisseraient croire a une origine différente que
celle du Christianisme. Est-ce l'homme-victime, ou le prê-
trc et la vicLime en une seule personne, de la Mythologie
hindoue, qui s'oifre en sacrifice avant que les mondes fus-
sent nés? Est-ce le second Dieu de Platon qui s'impose a
l'univers sous la forme d'une croix? Ou bien, est-ce l'homme
qu'on lui arrachât les yeux, et finalement. <
divin qui voulut être fouetté, torturé, enchaîné, qui voulut
le cru-
r//?~/ ~(République C. II, p. 5~. Traduct. de Spens). C'est
tout cela et beaucoup plus~ /</ /-V~/os~tc ~r<'A<c rc-
/CMS<' était universelle.
Comme que ce soit, le D' Lundy est en contradiction
avec Mocr. et il maintient que cette figure est celle de
/6< un des avatars de Yichnou, par conséquent
Christna. et <t'<' r~s//<< fait qu'il est
fort diinciie de nier. Et néanmoins, bien qu'il admette
qu'elle soit prophétique du christianisme, il estime quelle
n'a aucun rapport avec le Christ Sa raison pour cela est
que < dans un crucifix chrétien, l'auréole procède toujours
de la tête ici elle vient d'au-dessus et d'au-delà. Par
paraît être le A~
conséquent, le Wittoba du Pandit, qui a été donné a Moor,
crucifié, le dieu-berger de ~lathura.
un .S~c'~r–/f .Sf~CM/' de /4/7~< le <c le
.S~~nt' r~ < f/f /</ /c/'r~ t'/ /7?ï/)~ /7!/ne~~c
e! .<o/7!f, ~<~
c/ rr~/r/'o~(~,
o~ /v/
< /r/ï/, /)~r/c <M~r/ <o6/c
<r /e/ï/, /)~o/f/r <
<?~r rin r/r~f/ï~c ~?J/ï</c f/o~nc, mais non
r/
pas le Christ des Evangiles. »
Or, toutes ces qualités appartiennent aussi bien à Jésus
qu'à Christna. Le seul fait que Jésus était un homme de
par sa mère, même s'il était un /)/< le donne a enten-
dre. Sa conduite ic l'égard du figuier et ses contradictions
dans .S~<CM, où à certains moments il promet la
paix sur la terre et à d'autres la destruction par l'épée, etc.
en sont la preuve. Sans aucun doute cette gravure n'a ja-
mais prétendu représenter le Jésus de Naxareth. C'était
certainement Wittoba, ainsi qu'on l'affirme à Moor, et
comme en outre. les Ecritures sacrées des hindous le main-
tiennent, Brahma, !e sacrificateur qui est « en même temps
le sacrificateur et la victime c'est « Brahma, victime
dans Son Fils Christna, qui vint mourir sur cette terre
pour notre salut, qui accomplit Lui-même le solennel sa-
crifice (du Sarvameda). Et cependant, c'est l'homme
.Jésus, de même que l'homme Christna, car tous deux sont
unis à leur C~?.
Il faut alors, ou bien admettre les « incarnations pério-
diques, ou alors reconnaître que le Christianisme est la plus
énorme fourberie, et le plagiat le plus éhonté des siècles ï
Quant aux Ecrilures juives, seuls des hommes comme
le Jésuite de Carrière, digne représentant de la majorité du
clergé catholique, voudront faire accepter à leurs partisans
la chronologie établie par le Saint-Esprit. C'est sur l'auto-
rité de celui-ci qu'on nous apprend que Jacob émigré en
Egypte A. M. 2~U8 avec une famille de soixante-dix
âmes, en tout, et que ~!5 années plus tard. en A. M.~5<3,
ces soixante-dix personnes avaient augmenté de telle fa-
çon que les Israélites quittèrent l'Egypte au nombre de
COO.OOO guerriers. « sans compter les femmes et les en-
fants ce qui, suivant la science de la statistique, devrait
représenter une population totale de deux a trois millions
d'individus" L'histoire naturelle ne nous fournit, nulle part,
un pareil exemple de fécondité, sauf chez les harengs. Après
cela que les missionnaires chrétiens se gaussent, s ils en ont
envie, de la thronologie et des computations des hindous.
« Heureux ceux. mais ne les envions pas », s'écrie Bun-
sen, « qui ne craignent pas de faire partir Moïse avec une
populace de plus de deux millions d'âmes à ~a suite d'une
conspiration et d'un soulèvement populaire à 1 époque dorée
de la dix huitième dynastie ou de faire conquérir le Canaan
par Josué, pendant et avant les formidables campagnes des
Pharaons conquérants, dans ce même pays. Les annales
égyptiennes et assyriennes d'accord avec la critique histo-
rique de la Bible, prouvent que l'Exode n'a pu avoir lieu
1. Eyypt's Place in L'Mtrersa~ History, par Bunsen, vol. 5, p. 93.
que pendant le règne de llfenephthah, de sorte que Josué~
n'a pu traverser le Jourdain avant la Pàque de ~280, la
dernière campagne de Ramsès III en Palestine ayant eu lieu
en ~8i (1).
Mais reprenons le fil de notre étude sur le Bouddha.
Ni lui, ni Jésus, n'ont jamais mis un seul mot de leurs
doctrines par écrit. Nous devons accepter l'enseignement
de~ maîtres sur le témoignage de leurs disciples et par con-
séquent, il n'est que juste que nous jugions chacune des
deux doctrines d'après leur valeur intrinsèque. Nous cons-
tatons dans le résultat des nombreuses discussions entre
les missionnaires chrétiens et les théologiens bouddhistes
(pM/M~) de quel côté gît la supériorité logique. Ceux-ci en
général, sinon invariablement, ont le dessus de leurs adver-
saires. D'autre part, le « Lama de Jehovah » manque rare-
ment de se mettre en colère, à la grande joie du « Lama
de Bouddha et fait pratiquement la preuve de sa religion
de patience, de miséricorde et de charité, en injuriant son
adversaire dans un langage rien moins qu'orthodoxe. Nous
l'avons vu mainte et mainte fois.
Malgré la similitude entre l'enseignement direct de Gau-
tama et de Jésus, nous constatons néanmoins que leurs
disciples respectifs partent de deux points de vue diamétra-
lement opposés. Le prêtre bouddhiste, se tenant littéra-
lement à la doctrine éthique de son maître, reste, par con-
séquent, fidèle à l'héritage de Gautama tandis que le
ministre chrétien, dénaturant les préceptes enseignés par
les quatre Evangiles, de manière à les rendre méconnais-
sables, enseigne, non pas ce qu'enseigna Jésus, mais les
interprétations absurdes et souvent nuisibles d'hommes
sujets à erreur, tels que les Papes, sans excepter Luther ou
Calvin. Voici deux exemples pris dans les deux religions~
et mis en regard les uns des autres. Que le lecteur juge
par lui-même
« Ne croyez rien parce qu'on en fait courir le bruit, ou parce
que beaucoup de personnes l'affirment dit le Bouddha
« ne croyez pas que ce soit une preuve de sa véracité.
« N'ajoutez aucune foi à quoi que ce soit, simplement sur
I. Bunsen. Egypt's Place in Unirersal history, vol. V, p. 93.
la production d'une affirmation écrite par un ancien sage
ne soyez pas certain que ce que ce sage a écrit, ait été revu
par lui, ou qu'on puisse y ajouter foi. Ne croyez pas ce que
vous vous imaginez, en pensant que, ~rrc
<y~/c la notion
est e.r/r<7or~rc. elle a c~! ~/re /n.<)~<? par un D~cr,
ou un ~C .SM/ÏO/M/'C~.
« Ne croyez pas aux suppositions, c'est-à-dire. admettant
ensuite vos conclusions
trois ou quatre, o~n/ ~'<o/r <
quoi que ce soit d'emblée et au petit bonheur, pour en tirer
calculant vos numéros deux,
t'o/rc ~/w~
« A e rr<<T rien ~M/' la seule ~M/o~ de r<~ ~<ï//rcs
c~ de f~~ //ï.'<<v/r. ne croyez et ne pratiquez rien seu-
~ï/rrcBouddha)
<y~'t/ rro/ /<' /)r~M<?n/.
je
/c
dis tous, devez de par
« Moi (le vous à vous
vous-même savoir que ceci est mal, que c'est punissable,
que c'est réprouve par les sa~cs une telle croyance ne
fera de bien personne, mais causera de la souffrance et
alors, lorsque vous le saurez, vous l'éviterez (I).
Il est impossible de ne pas reconnaître le contraste entre
ces sentiments bienveillants et humains, et los fuhninations
des Conciles Oecuméniques et des Papes, contre 1 usa~e de
la raison et de 1 étude de la science lorsque celle-ci est en
conflit avec la révélation. La scandaleuse bénédiction pa-
pale des armes musulmanes, et la malédiction des chrétiens
russes et bulgares, ont soulevé l'indignation des plus fer-
ventes communautés chrétiennes. Les catholiques tchèques
de Prague, le jour du récent jubilé cinquantenaire de
Pie IX, et ensuite le () juillet, anniversaire de Jean Huss,
le martyr mort sur le bûcher se réunirent par miniers sur
le mont Zhisko, afin de proclamer l'horreur qu us éprou-
vaient de pareilles actions ils brûlèrent en grande pompe
le portrait du Pape, son syllabus, et sa dernière allocution
contre le tsar des Russes, en disant que s'ils étaient de
bons catholiques ils étalent encore de meilleurs slaves.
Evidemment le souvenir de Jean Huss est plus s:tcré pour
eux que les Papes du Vatican.
« Le culte des paroles est plus nuisible que le culte des
images dit Robert Dale Owen. « La grammatolàtrie est
ï. Alabaster. The Wheel o/' the Law, pp. 43-47.
la pire des idolâtries. Nous sommes arrivés à une époque
où le littéralismc est en train de détruire la foi. La lettre
tue*(l).
IIn'y a pas de dogme de l'Eglise auquel ces paroles
puissent mieux s'appliquer, que celui de la Iranssubslan-
lialion (~). « Celui qui mange ma chair et qui boit mon
sang a la vie éternelle fait-on dire au Christ. « Cette
effravés. Cette réponse ~/o// celle <
parole est dure répétèrent quelques-uns de ses auditeurs
inilié. « Cela vous
scandalise-t-il '? C'est l'Esprit qui vivifie la chair ne sert
de rien. Les paroles (/~w~/</ ou expressions cachées) que
je vous ai dites sont esprit et vie » (St. Jean, VI, 54-63).
Dans les Mystères, le vin représentait Bacchus, et le
pain Cérès (3). Le hiérophante initiateur présentait symbo-
liquement, avant la rct'c/a//o~ finale, le vin et le pain au
candidat qui devait manger et boire des deux pour témoi-
1. The d<?ba<a~/e Land, p. 145.
Nous partageons notre zèle dit le L'' Henry More, « entre tant
<-
de choses, que nousct-oyons infectées de papisme.que r.ous n'attribuons
pas notre ~on~f /;art J'p.rccra~o~. à celles qui le t'ont ci! récité. Parmi
celles-ci se trouve cette fable grcssicrc <*t scHridaieu-c de la transsubs-
/<<a/zo~ !es divers modes d'idc'trit' r:us<J onde et mensongère
l'incertitude du t~yatisme envers les so)t\e''a!ns fc~aux f) tH suite de
l'adhésion superstitieuse à la tyrannie spiritueHe du l'apc: et cette cru~u/e
barbare e< Mm~/c contre ceux qui ne sont pas assez fous pour croire
tout ce qu'on veut en imposer aux hommes, <ju assez taux envers leur
Dieu et leurs propres consciences, pour les professer, tout en sachant à
quoi s'en tenir tPostscript du G~nrt~
3. Paync Knipht est d'avis que Cf)'tS n'était pas la personnification de
la matière grossière qui compose la terre, mais bien du pr<~c<pe~rodnc-
tif féminin, qm est suppose !a pénétrer. iaqucJIe.Jonte au principe actif,
devait être la cause de l'organisatton et de t'animation de sa substance.
On en parle c' mme de f'épouse du Père Omnipotent .'Kther. ou Jupiter
(The S'/Mho/«'.f/ /.an~t;<? of .tnc<cM< .lr< .'tnd .V<<o~o~t/. XXXIV). Par
conséquent. les paroies du Christ « c'est t'esprit qui viv)ne, la chair ;te
sert de rien, se réfèrent. dans leur double signification, aussi bien aux
choses spirituels qu'aux choses terrestres, a ~'cs-prit et à la matière.
Bacchus, sous la forme de Dionysios. est d'origine hir.doue. Cicéron en
parle comme d un fils de Thyot'é et de ~'isus. ~~<T~~ signifie le Dieu
Dis du mont Xis. dans l'Inde. Bacchus. couronné de lierre, ou Kissos,
est Christna. dont un des noms était A~Mcn. Dionysios est prééminem-
ment la divinité sur laquelle se concentraient tous ics espoirs d'une vie
future en somme, il était le dieu dont on attendait. la //Lera<<o~ des
AoTn~~de leur prison de chair. Orphée le pocte-argonautc, vint, dit-on,
également sur la terre pour purifier la religion de son anthropomor-
phisme grossier et terrestre H abolit tes sscriilces humains et fonda une
théologie mystique basée sur la spiritualité pure. Cicéron dit qu'Orphée
gner que l'esprit vivifie la matière, c'est-à-dire que la
sagesse divine devait pénétrer en lui par le moyen de ce
qui lui était révélé. Dans sa phraséologie orientale, Jésus
se compare souvent au vrai cep (St. Jean, XV, I). De plus,
le hiérophante, révélateur du Petroma, avait le titre de
« Père ». Lorsque Jésus dit, « Buvez, ceci est mon sang
que voulait-il dire sinon que c'était une simple comparai-
son entre lui et le cep qui porte le raisin, dont le jus est le
sang, le vin. II voulait faire comprendre par là, qu'ayant
été, lui-même, initié par le « Père », il voulait initier les
autres. Son « Pcre était le vigneron il était, lui, le cep
et ses disciples étaient les sarments. Comme ses partisans
ignoraient la terminologie des Mystères, ils demeuraient
surpris ils en furent même oifensés, ce qui n'est pas pour
nous surprendre, étant données les injonctions de MoYse
contre le sang.
Les quatre évangiles contiennent tout ce qu'il faut pour
nous faire comprendre le désir secret et fervent de Jésus
~'espérance qui le possédait lorsqu'il entreprit son minis-
tère et dans laquelle il mourut. Dans son immense amour
désintéressé pour l'humanité, il estimait qu'il était injuste
de priver la grande masse des résultats de la connaissance
qua la minorité avait acquise. II prêche, par conséquent, ce
résultat, l'unité d'un Dieu spirituel, dont le temple ré-
side en chacun de nous, et dans lequel nous vivons de même
que Lui vit en nous en esprit. Cette connaissance était
au pouvoir des adeptes juifs de l'école de Hillel et des caba-
listes. Mais les « scribes ou hommes de loi, s'étant, peu
a peu, retranchés derrière le dogmatisme de la lettre morte,
ils s'étaient déjà, depuis longtemps, séparés des Tanaïm, les
véritables instructeurs spirituels et les cabalistes pratiques
étaient, plus ou moins, persécutés par la Synagogue. C'est
pourquoi nous voyons Jésus s'écrier <r Malheur à vous,
docteurs de la Loi parce ~Me vous <ej ~n/eu~ la clé de la
science (la Gnose) vous n'êtes pas entrés vous-mêmes, et
était un fils de Bacchus. Il est étrange que tous deux, paraissent. être
venus des Indes. Du moins, comme Dionyt-ius-Zagreus, Bacchus est sans
aucun doute d'origine hindoue. Quelques écrivains, trouvant une curieuse
analogie entre le nom d'Orphée et un ancien terme grec, up~o:, /bMce
ou tan-té, en font un hindou, en rapprochant ce terme de son teint foncé
d'hindou. Voyez Voss, Heyne, et Schneider au sujet des Argonautes.
vous avez empêché d'entrer ceux qui le voulaient » (St Luc,
XI, 52). Est-ce assez clair. Ils avaient retiré la clé, et n'en
avaient pas su profiter eux-mêmes, car la Afosor~A (la tra-
dition) était devenue pour eux, comme pour les autres, un
livre fermé.
Ni Renan, ni Strauss, ni même le vicomte Amberley,
plus moderne, ne paraissent avoir soupçonné la véritable
signification de la plupart des paraboles de Jésus, et même
le caractère du grand philosophe galiléen. Ainsi que nous
l'avons déjà vu, Renan nous le présente comme un Rabbin
gallicisé, « le plus charmant de tous », mais néanmoins un
rabbin et, de plus, qui ne sortait pas de l'école de Hillel,
ou d'une autre école quelconque, ma~ré qu'il l'appelle sou-
vent le « charmant docteur (t). Il nous le dépeint comme
un jeune enthousiaste sentimental, sorti de la classe plé-
béienne de la Galilée, qui évoque dans son imagination les
rois idéals de ses paraboles, couverts de pourpre et de bi-
joux, tels qu'on les voit sur les images d'Epinal (~).
Le Jésus de lord Amberley, par contre, est un « idéaliste
iconoclaste ?. bien inférieur à ses critiques dans sa subti-
lité et sa logique. Renan considère Jésus du point de vue
étroit d'un Sémitomaniaque le vicomte Amberley le re-
garde du haut de la grandeur sociale d'un Lord anglais. A
propos de la parabole de la fête nuptiale, qu'il considère
comme <( une curieuse théorie des rapports sociaux », le
Vicomte dit « Nul n objectera à ce qm des personnes cha-
ritables invitent les pauvres et les malades sans rang
social, à leurs agapes. mais nous n'admettons pas que cette
action charitable doive être rendue obligatoire. il serait à
désirer que nous fassions exactement ce que le Christ nous
dit de ne pas faire, c'est-à-dire, d'inviter nos voisins, et
qu'ils nous invitent suivant les circonstances. La crainte
de recevoir une récompense pour les invitations à dmer
que nous pourrions distribuer, est certainement chiméri-
que. Jésus, en effet, dédaigne complètement le côté intel-
lectuel de la société (3). Tout ceci prouve, sans contredit,
que le « Fils de Dieu » n'était pas passé maître dans l'éti-
1. Vie de Jésus, p. 219.
2. Ibidem, p. 221.
3. jtMfy~ o/' ~e~ons BeZtey, vol. I, p. 467.
quette, et qu'il n'était pas non plus à la hauteur du < grand
monde mais c'est aussi un excellent exemple de la ma-
nière générale dont on a faussement interprété ses para-
boles les plus suggestives.
La théorie d'Anquetil du Perron que Bhagavad-Gila
est une œuvre indépendante, puisqu'elle n'existe pas dans
les divers manuscrits de la Maha-Bh~rata, est peut-être
aussi bien la preuve de sa haute antiquité que du contraire.
Cet ouvrage est purement métaphysique et éthique, et dans
un certain sens, il est nn/r'cc~(/Me du moins, en ce qu'il
est en opposition aux nombreuses interprétations subsé-
quentes des t cc~r;?, par les Brahmanes. Comment se fait-il
alors, qu'au lieu de détruire cet ouvrage, ou tout au moins
de le qualifier de non canonique expédient auquel l'Eglise
Chrétienne n'aurait eu garde de manquer les Brahmanes
le tiennent en si haute estime ? Son but étant éminemment
M/r~cn, il est en opposition avec le culte populaire des
idoles. Néanmoins l'unique précaution prise par les Brah-
manes pour empêcher ses doctrines de se répandre, a été
de le tenir plus secret encore que tous les autres livres
religieux, pour toutes les autres castes excepté celle des
prêtres, et d'imposer dans beaucoup de cas, certaines res-
trictions, même à celle-ci. Ce merveilleux poème comprend
les plus sublimes mystères de la religion brahmanique il
est accepté même par les bouddhistes, qui expliquent, à
leur manière, certaines de ses difficultés dogmatiques.
< Sois désintéressé, soumets tes sens et tes passions, qui
obscurcissent la raison et conduisent à la déception dit
Christna à son disciple Arjounn, énonçant ainsi un précepte
purement bouddhiste. < Les hommes inférieurs suivent les
exemples, les grands hommes les donnent. L'âme doit se
libérer des liens de l'action et agir en tout et pour tout
suivant son origine divine. n't/ a qu'un Dieu, et tous
les autres devatas sont inférieurs, et ne sont que les formes
(les pouvoirs) de Brahma ou de moi-même. Le culte par
les actions est supérieur à celui de la contemplation » (1).
Cette doctrine coïncide exactement avec celle de Jésus
1. Voyez la G'<a traduite par Charles Wi!kins, en et la Bhaga-
1875
rsd-Pnra~, renfermant l'histoire de Christna, traduction française de
Eugène Burnouf, 1840.
lui-même (i). La foi, toute seule, sans l'accompagnement
« d'actions » est réduite à néant dans la Bhagavad-Gita.
Quant à r.ïarua-fc~ il était, et est encore, tenu si
secret par les Brahmanes, qu'il est douteux que les orien-
talistes en aient eu une copie complèle. Comment pourrait-
on en douter après avoir lu ce que l'abbé Dubois a à dire
à ce sujet ? « 11 existe fort peu d'exemplaires de ce der-
nier » l'Atharva dit-il à propos des Védas, « et beau-
coup croient qu'ils n'existent plus. Mais la vérité est qu'ils
existent certainement, bien qu'on les cache plus soigneu-
sement que les autres, par crainte de faciliter l'initiation
aux mystères magiques et autres mystères redoutables que
l'ouvrage est supposé enseigner » (~).
Il y avait, parmi les e/?ojD/te les plus élevés des grands
~ft/~ere~, certains sujets qui ne savaient absolument rien
du dernier et redoutable rite le transfert volontaire de
la vie de l'hiérophante au candidat. Cette opération mys-
tique, du transfert par l'adepte de son entité spirituelle
après la mort de son corps à l'enfant qu'il aime avec toute
l'ardeur de l'affection d'un père spirituel, est admirable-
ment décrite dans « GAo~a/ïC~ (3). Comme c'est le
cas pour la réincarnation des lamas du Thibet, un adepte
de l'ordre le plus élevé peut vivre indéfiniment. Son corps
mortel s'use malgré certains secrets alchimiques pour prc-
longer la vigueur de la jeunesse bien au delà des limites.
usuelles, mais il est rare que le corps puisse vivre plus de
deux cents ou deux cent quarante ans. L'ancien vêtement
est usé et l'Ego spirituel se voit obligé de l'abandonner
il choisit alors pour sa demeure, un nouveau corps, jeune
et pourvu d'un principe vital, robuste. Nous renverrons le
lecteur qui serait tenté de ridiculiser cette affirmation ou la
prolongation possible de la vie humaine, aux statistiques
des différents pays. L'auteur d'un article fort bien écrit
dans la VV~r T~e~ew pour octobre 1850, est res-
ponsable pour l'affirmation qu'en Angleterre, il est authen-
tiquement avéré qu'un nommé Thomas Jenkins est mort à
1. Saint-Matthieu. Y! 2).
2. 0/' the People o/'/~a. vol. I, p. 84.
3. Ou ~esearc/tes into the .1fysteries of Occullisne Boston, 1S7', édité.
par M'" E. Hardinge-Britten.
l'âge de 169 ans, et « Old Parr » à 1S2 et qu'en Russie
« il a été reconnu que quelques paysans ont atteint l'âge
de 242 ans (1). On trouve également des cas de cente-
naires chez les indiens péruviens. Nous n'ignorons pas que
nombre d'écrivains, et des plus célèbres, ont tout récem-
ment nié ces cas d'extrême longévité, mais nous maintenons
néanmoins notre foi en leur véracité.
Qu'elles soient vraies ou fausses, il existe certainement
chez les nations orientales des « superstitions » telles que
ni Edgard Poe ni Hoffmann n'en ont rêvé de plus extraor-
dinaires, et ces croyances sont enracinées dans le sang des
nations où elles sont nées. Si nous les dépouillons de leurs
exagérations on verra qu'elles représentent la croyance uni-
verselle en ces âmes astrales inquiètes et errantes qu'on a
nommées goules et vampires. Un évoque arménien du V siè-
cle, nommé Yeznik, donne toute une série de récits de ce
genre, dans un manuscrit (Livre I, §§ ~0, 30), conservé il
y a une trentaine d'années dans la bibliothèque du monas-
tère d'Etchmeadzine (~). Entre autres, une tradition qui
date de l'époque païenne, veut que lorsqu'un héros, dont la
vie est encore nécessaire sur terre, tombe sur le champ de
bataille, les Aralez, l~s dieux populaires de l'ancienne Ar-
ménie qui ont la faculté de ramener à la vie ceux qui sont
tués dans la bataille, lèchent les plaies sanglantes de la vic-
time et soufflent sur eux jusqu'à leur infuser une nouvelle
vie. Le guerrier se lève alors, lave toutes traces de ses bles-
sures et reprend sa place dans la bataille. Mais son esprit
immortel *s'est envolé et pour le reste de ses jours il
demeure un temple abandonne.
Une fois qu'un adepte a été initié au dernier et au plus
solennel mystère, celui du transfert de la vie, 1 imposant
~c/)//<~ne rite des grandes opérations sacerdotales, il n'ap-
partient plus à ce monde. Son âme est désormais libérée,
et les sept péchés mortels prêts à dévorer son cœur, pen-
dant que l'âme, libérée par la mort, traverse les sept salles
et les sept escaliers, ne peuvent plus lui nuire, mort ou
1. Voyez-S~o~te~~ ~oDca<A Sep<enart/ Institutions. Le capitaine James
Riley dans sa narration de son esclavage en Afrique, mentionne des cas
analogues de grande longévité dans le Désert du Sahara.
2. Arménie Russe; un des plus anciens couvents chrétiens.
vivant il a traversé les « deux fois sept épreuves les
Jou.rc travaux de la dernière heure (I).
Seul le Grand Hiérophante savait comment se pratiquait
cette solennelle opération, en infusant sa propre essence
vitale et son âme astrale à l'adepte, qu'il avait choisi pour
lui succéder, qui, de cette manière était doué d'une double
vie (2).
« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît
de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (Saint-
Jean III, 3). Jésus dit à Nicodème que « ce qui est né de la
chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. »
Cette allusion, si peu intelligible en elle-même, est expli-
quée dans la .S~/o/)a~a-Z~A/no/!af. Elle enseigne que
l'homme qui recherche la perfection spirituelle doit avoir
trois naissances i° La naissance physique, celle que lui
donnent ses parents mortels 2~ la naissance .<y)/HC//e,au
moven de sacrifices religieux (initiations) 3" la naissance
finale dans le monde de l'esprit à la mort. Bien qu'il puisse
paraître étrange que nous devions aller à la terre du Pun-
jab et sur les bords du Gange sacré, pour avoir l'interpré-
tation de paroles prononcées à Jérusalem et commentées
sur les rives du Jourdain, le fait est néanmoins évident.
1. Ln're des J/or~s égyptien. Les hindo'js ont sept ciels supérieurs e~
sept inférieurs. Les sept pcchc- mortels des Chrétiens ont été copiés du
Livre égyptien de Hermès, si familier à St-Clément d'Alexandrie.
2. L'atroce coutume introduite par la suite dans le peuple, des sacrifices
humains, est une copie pervertie du mystère Théurgique. Lés prêtres
païens qui ne faisaient pas partie des hiérophantes, pratiquèrent ce rite
hideux pendant longtemps, ce qui servit à masquer le but véritable. Mais
le grec Hérakiès fut. dit-on, l'ennemi des sacrifices humains, et mit à
mort les hommes et les monstres qui les pratiquaient. Bunsen démontre,
par l'absence même d'une représentation de sacrifices humains sur les
plus anciens monuments, que cette coutume avait été abolie dans l'ancien
Empire à la iin du vu* siècle après Menés par conséquent 3.000 ans
avant J.-C. tphiscrate avait déjà aboli les sacrifices humains chez les Car-
taginois. Diphilus fit substituer des taureaux aux victimes humaines.
Amosis obligea les prêtres à remplacer celles-là par des figures de cire.
D'autre part, pour chaque étranger sacrifié sur l'autel de Diane par les
habitants du Chersonnése-Taurique, l'Inquisition et le Clergé chrétien
peuvent mettre en avant une douzaine d'hérétiques sacrifiés sur l'autel
de la '< mère de Dieu et de « son Fils ». Quand les chrétiens ont-ils ja-
mais pensé substituer des animaux ou des figures de cire aux hérétiques,
juifs et sorciers ? Ils ne les brûlaient en effigie que lorsque par quelque
hasard providentiel, les victimes condamnées avaient réussi à échapper
à leurs griffes.
Cette seconde naissance, la régénération de l'esprit, après
la naissance naturelle de ce qui est né de la chair, était
certes de nature à étonner un législateur Juif. Néanmoins
elle avait déjà été enseignée 3.000 ans avant la venue du
grand prophète de la Galilée, non seulement dans l'Inde an-
tique, mais à tous les 6'/?o/?/a? des initiations païennes~ qu'on
avait instruits dans les grands mystères de la VIE et de la
MORT. Ce secret des secrets, que l'dme n'est pas enchaînée
à la chair, était pratiquement démontré par les exemples
des Yoguis, les partisans de Kapila. Ayant libéré leurs
âmes des liens de /~roA'r~ ou de ~aAa/ (la perception
physique des sens et de l'esprit- autrement dit de la créa-
tion) ils développaient leur puissance spirituelle et la force
,.i~/eH/* volonté au point d'avoir acquis le pouvoir, sur cette
terre, de communiquer avec les mondes supérieurs, et de
pratiquer ce qu'on nomme communément des « mira-
cles » (1). Les hommes dont l'esprit astral a atteint sur
cette terre le n~Arey~~o, ou moukli, sont des demi-dieux
ils atteignent Moksh~ ou le Nirvâna à l'état d'esprits désin-
carnés, et ceci constitue leur seconde naissance spirituelle.
Le Bouddha enseigne la doctrine d'une nouvelle nais-
sance aussi clairement que le fait Jésus. Son but étant de
rompre avec les anciens Mystères, auxquels il était impos-
sible d'admettre les masses ignorantes, le réformateur hin-
dou, bien que muet, en général, au sujet de plus d'un dogme
secret, indique clairement sa pensée dans diiférents pas-
sages. C'est ainsi qu'il dit « Quelques personnes sont
nées de nouveau; les malfaiteurs vont en Enfer les justes
vont au Ciel ceux qui se sont libérés de tous les désirs
terrestres entrent au Nirvâna » (Préceptes de la Dhamma-
pada V, 126). D'autre part le Bouddha dit que « il est
meilleur de croire à une vie future dans laquelle on ressen-
tira la félicité ou la souffrance car si cette croyance est
enracinée dans le cœur, celui-ci laissera de côté le péché
1. Voilà pourquoi Jésua~recommande la prière dans la solitude de sa
chambre. La prière secrète n'est rien autre que la paravidya du philo-
<'
sophe védantique Celui qui connaît son âme (son so: intérieur) se re-
tire journellement dans la région de Stoarya (le royaume céleste) dans son
propre cœur dit la BrtAad-~rafn/a&a. Le philosophe Védantin recon-
naît l'Atman, le soi spirituel, comme le Dieu unique et suprême.
et s'adonnera à la vertu et même si une telle résurrection
n'existait pas, une vie comme celle-là commandera la con-
sidération des hommes et un bon renom. J/s ('eux qui
c/*o<en/ ~.r//nr//o~ ~y)r~ la /nor/. ne /n~/7~f/ro/ pas
de ro~/nc/t/'c lous les /?eL*ps imaginables, à cause de leur
manque de foi en une vie future .&(!).
Z.)<e aux /6/'<'M;r traite du sacrifice du sang. « Là
où il y a un testament il est nécessaire que la morl du tes-
tateur soit constatée. sans etïusion de sang H n'y a pas de
pardon. Puis encore « Christ ne s'est pas non plus at-
tribué la ~/o/re cfc devenir Grand /~r<?/ mais il la doit
à celui qui lui a dit « Tu es mon Fils, JE T'Ai EKGE~RÉ
AUJOURD'HUI. » (Hébreux IX i<Y. ~). On a déduit clai-
rement 1 'que Jésus n'était considéré que comme un grand
prêtre, ainsi que Melchisédec autre ou<ï/or ou incarna-
tion du Christ, suivant les Pères; et 2' que l'écrivain con-
sidérait que Jésus n'était devenu un « Fils de Dieu », qu'au
moment de son initiation par l'eau que, par conséquent, il
n'était pas un dieu de naissance, et qu il n'avait pas été
engendré physiquement par Lui. Tout initié de la « der-
Dicre heure », devenait, du fait de son initiation, un Fils de
Dieu. Lorsque Maxime, l'éphésien, initia l'empereur Julien
aux Mystères MIthraïques, il prononça comme d'habitude,
la formule usuelle du rite en disant « Par ce sang je te
lave de tes péchés. La Parole du Très-Haut est entrée en
toi et dorénavant Son Esprit reposera sur le ~OUVEAU-XË,
engendré en ce moment par le Dieu Suprême. Tu est le
fils de Mithra. « Tu es le Fils de /)/CM répétèrent les
disciples après le baptême du Christ. Lorsque saint Paul
secoua la vipère dans le feu, sans qu'il lui arrivât aucun
mailles habitants de Malte dirent « que c'était un dieu
(Actes XXVIII, 6). « II est le fils de Dieu, le Resplendis-
sant était le terme employé par les disciples de Simon
le Magicien, car ils croyaient reconnaître en lui, « le grand
pouvoir de Dieu. »
Un homme ne peut avoir de dieu qui ne soit pas limité
par ses propres conceptions humaines. Plus l'envergure de
sa vision spirituelle est étendue, plus grande aussi sera sa
1. W~efo~ the Law, p. 54.
divinité. mais où en trouverions-nous une plus éclatante
démonstration, que dans l'homme lui-même ;dans les pou-
voirs spirituels et divins qui demeurent latents dans chaque
être humain ?< La capacité en elle-même d'imaginer la pos-
sibilité des pouvoirs thaumaturgiques~cst la preuve de leur
existence dit l'auteur de /o/)A<'f/ < Le critique, ainsi
que le sceptique, sont généralement inférieurs à la personne
ou au sujet qu'ils étudient, et par conséquent ils ne consti-
tuent pas des témoignages compétents. Là où il y a une
copie, il doit exister quelque part un original ( 1).
Le sang engendre les fantômes, et ses émanations don-
nent a certains esprits les matériaux nécessaires pour éta-
blir leurs apparitions temporaires. « Le sang », dit Lévi,
« est la première incarnation du fluide universel; c'est de
la /u/n/(~'c r//a/c matérialisée. Sa naissance est la plus
grande de toutes les merveilles de la nature il ne vit qu'au
moyen de transformations perpétuelles, car il est le Protée
universel. Le sang vient de principes où il n'en existait
pas avant, et il devient de la chair, des os, des cheveux,
des ongles. des larmes et de la sueur. Il ne s'allie ni à la
décomposition ni à la mort; lorsque la vie s'est envolée, sa
décomposition commence si l'on sait comment le ranimer,
lui infuser la vie par une nouvelle magnétisation de ses
globules, il reviendra à la vie. La substance universelle,
avec son double mouvement, est le grand arcane de l'être;
le sang est le grand arcane de la vie. »
« Le sang dit l'hindou Ramatsariar, « renferme tous
les mystérieux secrets de l'existence aucun être ne peut
vivre en en étant privé. C'est profaner la grande œuvre
du Créateur que de manger du sang.
Moïse, de son côté, se conformant à la tradition et la
loi universelle défend de manger le sang.
Paracelse écrit qu'au moyen des émanations du sang, on
peut évoquer n'importe quel esprit que l'on voudrait voir
car avec ses émanations il se façonnera une apparition, un
corps f~6/e seulement ceci est du domaine de la sorcel-
lerie. Les hiérophantes de Baal se taillaient le corps et pro-
voquaient ainsi des apparitions objectives et tangibles, au
<- .iMCtef~ and -Modère Prophecy, par A. WUder.
moyen de leur propre sang. Les partisans d'une certaine
secte en Perse, qu'on trouve en grand nombre autour des
possessions russes de Temerchan-Shoura et de Derbent,
ont leurs mystères religieux dans lesquels ils tracent un
grand cercle, où ils tournent en une danse cnrénéc. Leurs
temples sont en ruines et ils pratiquent leur culte dans de
grands édifices temporaires, jalousement fermés, où le sol
de terre battue est recouvert de sable. Ils portent tous de
longues robes blanches et ils ont la tête nue et rasée.
Armés de couteaux, its atteignent bientôt un état d'exalta-
tion furieuse, et se blessent entre eux ainsi que les autres
jusqu'à ce que leurs vêtements et le sable sur le sol, soient
imprégnés de sang. Avant la fin du « Mystère chaque
homme est ~rr<*o~7/?~nJ d'un c<?~?/)~y~t)~, qui tourne avec
lui. Les danseurs fantômes ont quelquefois des c/fM.r ~M/*
la/< ce qui les distingue de leurs évocateurs inconscients.
Ayant fait une promesse solennelle de ne pas révéler les
détails principaux de cette étrange cérémonie (a laquelle
nous n'avons assisté qu'une seule fois) nous n'en dirons pas
plus long (!).
Au temps de l'antiquité, les sorcières de la Thessalie
ajoutaient quelquefois à leurs rites le sang d'un agneau
noir ou celui d'un nouveau-né, et par ce moyen elles évo-
quaient les fantômes. On enseignait aux prêtres 1 art d'évo-
quer les esprits des trépassés, de même que ceux des élé-
ments, mais leur manière d'opérer n'était, certainement,
pas celle des sorcières de la Thessalie.
II y a, parmi les Yakuts de la Sibérie, une tribu vivant
sur les confins de la région transbaïkale, près de la rivière
Vitema (Sibérie orientale) où on pratique encore la sorcel-
lerie connue du temps des sorcières thessaliennes. Leurs
croyances religieuses sont un curieux mélange de philoso-
phie et de superstition. Ils ont un chef ou dieu suprême,
Aij-Taïon, qui, disent-ils, ne créa pas, mais qui préside à
t. Pendant un séjour à Pe<rop:A (Dhagestan. région du Caucase) nous
avons eu ~'occasion d'assister à un autre de ces mystères. Ce fut gr~cc à
l'obligeance du prince Meiikon', gouverneur général du Dhagestan, en
résidence à Temerchan-Shoura, et surtout du prince Shamsoudine. ex-
Shamsal régnant de TarchofT. un Tartare indigène, que pendant t'éte de
1865 nous avons assisté à cette cérémonie, cachés et hors de danger dans
une espèce de loge privée, construite sous le toit de l'édifice temporaire.
la création de tous les mondes. Il vit dans le neuvième
ciel, et ce n'est que depuis le septième que les dieux infé-
rieurs ses assistants peuvent se manifester à leurs
créatures. Ce neuvième ciel, suivant la révélation des divi-
nités inférieures (les esprits, croyons-nous) a trois soleils et
trois lunes et le sol de cette demeure est formé de quatre
lacs (les quatre points cardinaux) « d'air mou » (éther) au
lieu d'eau. Tout en n'olfrant aucun sacrifice a la Divinité
suprême, car elle n'en a nul besoin, ils cherchent se
propitier aussi bien les divinités bonnes ou mauvaises, aux-
quelles ils donnent respectivement le nom de dieux «blancs~
et dieux « noirs ». Ils le font parce que ni l'une, ni l'autre,
de ces deux classes n'est assez bonne ou mauvaise de par
leur mérite ou démérite personnel. Comme ils sont tous
soumis au suprême AIj-Taïon, et que chacun doit remplir
la tache qui lui a été assignée de toute éternité, ils ne sont
pas responsables du bien ou du mal qu'ils font ici-bas. La
raison que les Yakuts donnent pour ces sacrifices est fort
curieuse. Les sacrifices, disont-ils, aident chaque classe de
dieux à accomplir le mieux possible leur mission, afin de
satisfaire l'Etre Suprême, et chaque mortel qui prête son
aide en accomplissant un devoir, doit, par conséquent, sa-
tisfaire également l'Etre Suprême, car il aura prêté son
concours à la justice. Comme les divinités « noires » sont
chargées d'amener les maladies, les maux et toutes espèces
de calamités sur l'humanité, qui sont tous des punitions
pour les transgressions quelconques, les Yakuts leur offrent
des sacrifices du sang des animaux tandis qu'aux divini-
tés « blanches », ils offrent de pures offrandes, consistant
généralement en animaux consacrés à un dieu spécial et
gardées avec grand soin et cérémonie, comme chose sacrée.
Suivant eux, les âmes des morts deviennent des fantômes
et sont condamnées à errer sur la terre jusqu'à ce qu'un
changement se produise pour le bien ou pour le mal, ce
que les Yakuts ne prétendent pas expliquer. Les ombres
claires, c'est-à-dire les fantômes des bons, deviennent les
gardiens et les protecteurs de ceux qu'ils ont aimé ici-bas
les ombres « noires » (les méchants) cherchent toujours, au
contraire, à faire du mal à leurs connaissances en les pous-
sant au crime, aux actions mauvaises et en faisant autre-
ment du tort aux mortels. En outre, de même que les
anciens chaldéens, ils comptent sept divins Sheilans (dœ-
mons) ou dieux mineurs. C'est pendant les sacrifices du
sang,qui ont lieu la nuit que les Yakutsévoquent les ombres
méchantes ou noires, afin de leur demander ce qu'il faut
faire pour arrêter le mal qu'ils commettent c'est pourquoi
il /û~ ~M sang, car sans ses émanations les fantômes ne
pourraient se rendre visibles, et deviendraient, selon eux,
encore plus dangereux, car ils le suceraient des vivants
par la sueur (1). Quant aux ombres bienfaisantes, les < clai-
res nul n'est besoin de les évoquer, de plus, cet acte les
dérange elles peuvent, révéler leur présence, lorsque le
besoin s'en fait sentir, sans autre préparation ou cérémonie.
On pratique également l'évocation du sang, mais dans un
but tout ditférent, dans plusieurs parties de la Bulgarie et
de la Moldavie, et cela surtout dans les régions limitrophes
des pays musulmans. L'horrible oppression et l'esclavage
auxquels ont été soumis depuis des siècles, les infortunés
chrétiens, les a rendus cent fois plus impressionnables et en
même temps plus superstitieux que ceux qui habitent les
pays civilisés. Chaque sept mai, les habitants des villages
MoIdavo-Valaques et Bulgare, célèbrent ce qu'ils nomment
« la fête des morts D'immenses foules d'hommes et de
femmes, portant tous à la main un cierge allumé, se ren-
dent aux cimetières après le coucher du soleil, et prient sur
les tombes pour leurs amis décédés. Cette antique et solen-
nelle cérémonie, nommée yr~na, est une réminiscence des
rites chrétiens primitifs, mais bien plus solennelle encore à
cause de leur état d'esclavage envers les musulmans. A
chaque tombe est adaptée une espèce d armoire environ
haute d'un demi-yard, faite de quatre pierres et avec des
portes à double battants. Ces armoires contiennent ce qu'on
appelle le mobilier du défunt c'est-à-dire des cierges, de
l'huile, une lampe de terre cuite, qu'on allume ce jour-là
et qui doit brûler pendant vingt-quatre heures. Les riches
y placent des lampes en argent, richement ciselées et des
images ornées de pierres précieuses, qui ne craignent pas
les voleurs, car les armoires et les cimetières sont ouverts
1. Ceci n'ofïre-t-il pas un point de comparaison avec les médiums a
matérialisations ?
à tout venant. La terreur de la population (musulmane et
chrétienne) de la vengeance des morts est telle, qu'un voleur
que ne rebuterait pas un assassinat, n'aurait jamais le cou-
rage de toucher a la propriété d'un défunt. Les Bulgares
croient que tous les samedis et surtout la veille du diman-
che de Pâques, et jusqu'à la Trinité (ce qui fait environ sept
semaines) les âmes des morts descendent sur la terre, quel-
ques-unes pour implorer le pardon des vivants pour le tort
qu'elles leur ont causé d'autres pour protéger et corres-
pondre avec ceux qui leur sont chers. Se conformant fidè-
lement à la tradition de leurs ancêtres, les indigènes allu-
ment leurs lampes ou leurs cierges chaque samedi pendant
ces sept semaines. En outre, le ~e/ mai, ils arrosent les
tombes avec du vin de raisins et brûlent de l'encens à
l'entour, du coucher au lever du soleil. Chez les habitants
des villes la cérémonie est limitée à ces simples pratiques.
Mais dans les campagnes le rite prend des proportions d'une
évocation théurgique. La veille du jour de l'Ascension, les
femmes bulgares allument une quantité de cierges et de
lampes; les pots sont placés sur des trépieds et l'encens
parfume l'atmosphère des milles à l'entour, et des nuages
de fumée blanche enveloppent chaque tombe comme si un
voile la séparait de ses voisines. Pendant la soirée, et un
peu avant minuit, en souvenir du défunt, les amis et un
certain nombre de mendiants sont régalés avec du vin, et
du raki (liqueur faite avec des raisins) et on distribue de
l'argent parmi les pauvres suivant les moyens des survi-
vants. Lorsque la fête est terminée, les invités s'approchent
des tombes et s'adressant au défunt par son nom, le ou la
remercient des bonnes choses qui leur ont été offertes.
Lorsque tous se sont retirés à l'exception des proches
parents, une femme, généralement la plus âgée de la famille
reste seule avec le mort, et suivant quelques-uns- pro-
cède à la cérémonie de l'évocation.
Après quelques ferventes prières, dites la face contre
terre sur le tertre de la tombe, elle tire quelques gouttes de
sang de son sein gauche, qu'elle laisse couler sur la tombe.
Ceci donne de la vigueur à l'esprit qui erre par là, pour
lui permettre de prendre pendant quelques instants une
forme visible et murmurer ses instructions à l'oreille du
théurgiste chrétien, s'il en a à donner, ou simplement pour
« bénir celle qui mène le deuil », après quoi il disparaît
jusqu'à l'année suivante. Ce~te croyance est si bien enra-
cinée que nous avons ouï dire que, dans le cas d'une querelle
de famille, une fem~e moldave pria sa sœur de surseoir à sa
décision jusqu'à la nuit de l'Ascension, pour que son père
défunt p~ leur exprimer /M/ïc/?ïc sa volonté e~ son bon
plaisir; la sœur y consentit comme si leur parent avait été
dans la chambre à côté.
On ne peut douter qu'il y ait de terribles secrets dans la
nature, ainsi que nous l'avons vu dans le cas du Znachar
russe, lorsque le sorcier ne/?ar! pas à mourir avant
d'avoir transmis la Parole à un autre, ce que les hiéro-
phantes de la Magie Blanche ne font que très rarement. Il
paraîtrait que la terrible puissance du « Mot ne puisse
être transmise à la fois à un homme d'un certain district ou
d'une assemblée. Lorsque le Brahms tma est prêt à aban-
donner le poids de l'existence physique, il transmet son
secret à son successeur, soit oralement, ou par un écrit,
renfermé dans un coffret bien scellé qui ne devait être remis
qu'en mains propres de celui-ci. Moïse « appose les mains
à son néophyte, Josué, dans les solitudes de Nebo et dis-
paraît pour toujours. Aaron initie Eleazar sur le mont Hor
et meart. Siddhartha-Bouddha promet à ses mendiants
avant sa mort de vivre dans celui qui en sera digne, il
embrasse son disciple favori, lui murmure à l'oreille, et
meurt et comme la tête de saint Jean repose sur le sein
de Jésus, celui-ci lui dit < d'attendre » sa venue. Comme
les feux signaux de l'antiquité, qu'on allumait ou éteignait
par intervalles au sommet d'une colline, portaient les nou-
velles d'un bout du pays à l'autre, nous voyons que les
« sages » depuis les temps immémoriaux jusqu'à nos jours
communiquent au monde la connaissance pour servir de
guide à leurs successeurs. Transmis d'un « vovant » à
un autre, la « Parole » brille comme un éclair et empor-
tant à tout jamais l'initiateur, elle met en vue le nouvel
initié. Pendant ce temps, des nations entières s'entretuent
au nom d'une autre « Parole substitut vide de sens,
acceptée au pied de la lettre par chacune et faussement inter-
prétée par toutes.
Nous n'avons connaissance que de fort peu de sectes pra-
tiquant véritablement la sorcellerie. Une de celles-ci sont
les Yézidis, que quelques-uns considèrent comme une
branche des Kurdes, mais nous en doutons fort. Ils résident
principalement dans les montagnes et les districts arides
de la Turquie d'Asie, du côté de Mosul en Arménie, et on
les rencontre jusqu'en Syrie (!) et en ~îésopotamie. On les
appelle partout et ils passent pour les adorateurs du diable;
et certes, ce n'est ni par ignorance, ni par étroitesse d'es-
prit qu'ils ont fondé le culte et une communication régu-
lière avec les élémentals et les élémentaires les plus mal-
faisants et de la plus basse classe. Ils reconnaissent la
malignité actuelle du chef des « puissances noires » mais
en même temps ils craignent son pouvoir et cherchent par
conséquent, à se concilier ses faveurs. Celui-ci est en lutte
ouverte avec Allah, disent-ils, mais une réconciliation peut
intervenir à n'importe quel moment et ceux qui ont man-
qué de respect au « magicien noir en souffriront à l'ave-
nir, et ils auront ainsi contre eux Dieu et le Diable. Ce
n'est qu'une politique habile pour se propitier sa Majesté
Satanique, qui n'est autre que le grand Tchernobog (le dieu
noir) des Variagi Russ, les anciens russes idolâtres, du
temps de Vladimir.
De même que Wierus, le célèbre démonographe du
xvi" siècle (qui donne dans son /~f~o/?!0/rc/a Z)a?/no-
nM/7ï, une description et une nomenclature régulière de la
cour diabolique, avec ses dignitaires, ses princes, ses ducs,
ses nobles et ses officiers), ses Yezidis reconnaissent tout un
panthéon de diables et ils se servent des Jakshas, les esprits
de l'air, pour transmettre leurs prières et leurs compliments
à Satan, leur maître, et aux Afrites du désert. Pendant
1. Les Yezidis comptent en tout un peu ptus de 200.000 âmes. Les tribus
qui habitent le pachatik de Bagdad, et qui sont répandues sur toutes les
montagnes de Sindjar, sont des plus dangereuses et sont universalement
détestées par rapport à leurs méchantes pratiques. Leur principal cheik
habite constamment près du tombeau de leur prophète et réformateur
Adi, mais chaque tribu choisit un propre Chcik parmi les plus versés
dans l'art de la Magie noire Cet Adi, ou Ad est un de leurs ancêtres
mystiques, et il n'est autre que Adi le Dieu de la sagesse ou le Ab-ad
des Parsis, le premier ancêtre de la race humaine, ou bien encore l'Adh-
Bouddha des hindous, antropomorphié et dégénéré.
leurs réunions de prières, ils joignent les mains, et forment
d'immenses cercles, avec leur cheik ou un prêtre officiant
au centre, qui bat des mains et entonne chaque verset en
honneur de Sheitan (Satan). Ils tournoient alors en rond en
sautent en l'air. Lorsque la frénésie est parvenue à son
comble, ils s'infligent souvent des blessures et se coupent
avec leurs poignards, et rendent, à l'occasion, le même ser-
vice à leurs voisins. Mais leurs blessures ne se cicatrisent
ni ne se guérissent aussi facilement que celles des lamas et
des saints. Tout en dansant, et brandissant leurs poignards
sans desserrer les mains, car ce serait considéré comme
un sacrilège, et l'enchantement serait aussitôt brisé ils
supplient et louent Satan afin que celui-ci se manifeste dans
ses œuvres par des « miracles ». Leurs rites ayant lieu sur-
tout la nuit, il n'est pas rare qu'ils obtiennent des mani-
festations de différentes sortes, dont les plus communes
sont d'énormes boules de feu, qui prennent la forme d'ani-
maux les plus extraordinaires.
Lady Hester Stanhope, dont le nom a été pendant long
temps une puissance parmi les fraternités maçonniques de
l'orient, assista, dit-on, en personne à quelques-unes de ces
cérémonies Yézidéennes. Un 0<~Aa/ de la secte des
Druses, nous a dit qu'après'avoir assisté à une de ces
« Messes du Diable » des Yézidis, comme on les appelle,
cette dame étonnante, si célèbre pour son courage et son
audacieuse bravoure, s'évanouit, et que, malgré son accou-
trement habituel d'Emir masculin, on eut toutes les peines
du monde à la rappeler à la vie et à la santé. A notre grand
regret, nous n'avons jamais réussi à assister à une de ces
représentations.
Dans un récent article d'un journal catholique au sujet
du XaguaIIsme et du Voudouisme, on prétend que Haïti
serait le centre des sociétés secrètes, où l'on pratiquerait
de terribles formes d'initiations et des rites sanglants, el OK
des enfants /!ouue~u-n~ seraienl sacri fiés et /7!a/!<y~ par
les 06fc/)/<?~ On y cite un certain voyageur français,
nommé Piron, décrivant, tout au long, une horrible scène,
à laquelle il assista à Cuba, dans la maison d'une dame,
qu'il n'aurait jamais soupçonnée d'être en relations avec
une secte aussi monstrueuse. Une jeune fille blanche, tout
à fait nue remplissait l'office de prêtresse voudou, et deve-
nait frénétique par des danses et des incantations qui sui-
virent le sacrifice d'une poule blanche et d'une autre noire.
Un serpent dressé à ce rôle, et agissant sous l'influence de~
la musique, s'enroulait autour des membres de la jeune fille,
dont les mouvements étaient surveillés par les assistants qui
dansaient autour d'elle ou qui restaient debout pour assis-
ter à ses contorsions. Le spectateur s'enfuit enfin, horrifié,
de voir la malheureuse jeune fille tomber et se tordre dans
une crise épileptique.
Tout en regrettant un pareil état de choses dans des pays
chrétiens, l'article du journal catholique en question expli-
que que la ténacité pour les rites religieux de leurs ancê-
tres, est la cause de ~orau~/M du ca?M/* humain, et
il fait un fervent appel au zèle des catholiques. Outre qu'il
se fait l'écho de l'absurde fiction qui les accuse de dévorer
des nouveau-nés, l'auteur paraît être tout à fait incons-
cient du fait que la dévotion pour une croyance que des
siècles de cruelles et sanglantes persécutions n'ont pas réussi
à réprimer, fait des héros et des martyrs d'un peuple, tan-
dis que la conversion à une autre religion ne ferait d'eux
que de simples renégats. Une religion a laquelle on se sou-
met par la force ne peut donner naissance qu'au mensonge*
La réponse donnée par quelques indiens au missionnaire
Margil, vient corroborer cette affirmation. La question qui
leur avait été posée était la suivante « Comment se fait-il
que vous soyez si païens dans l'âme après avoir été des
chrétiens depuis si longtemps ? Ils répondirent « Que
feriez-vous, père, si des ennemis de votre foi entraient dans
votre pays ? Ne prendriez-vous pas tous vos livres, vos vête-
ments sacerdotaux et tous les attributs de votre religion,
pour vous retirer dans les cavernes les plus secrètes de vos
montagnes ? C'est justement ce que nos prêtres, nos pro-
phètes, nos devins et nos nagualistes ont fait jusqu'à main-
tenant et ce qu'ils font encore. »
Une réponse de cette nature venant d'un catholique romain,
a la question d'un missionnaire de l'Eglise grecque ou pro-
testante lui aurait valu la couronne de saint dans le mar-
tyrologe papal. Quoi de plus beau que la religion « païenne
qui oblige saint François Xavier à rendre hommage aux.
Japonais en disant que « en ce qui concerne la vertu et la
probité ils surpassaient toutes les nations à sa connaissances;
une telle religion « païenne est préférable à un christia-
nisme qui, pour avancer sur la terre, anéantit l'existence de
nations entières comme.avec un ouragan de feu(i). La mala-
die, l'ivrognerie et la démoralisation sont les résultats im-
médiats de l'apostasie de la foi de leurs pères et d'une con-
version à une religion de pure forme.
Inutile de demander à ses antagonistes ce que le chris-
tianisme est en train de faire de l'Inde anglaise. Le capitaine
0 Grady, ex-fonctionnaire anglais nous dit « Le Gouver-
nement anglais commet une action honteuse en transfor-
mant la race sobre des indigènes de l'Inde en une nation
d'ivrognes. Et cela par pure cupidilé. La religion des hin-
dous aussi bien que celle de Mahomet prohibe l'usage des
liqueurs fortes. Mais. la boisson devient de jour en jour
plus fréquente. Ce que le maudit trafic de l'opium imposé
à la Chine par la rapacité anglaise, a fait pour cet infor-
tuné pays la vente des liqueurs fortes est en train de le
faire pour l'Inde. Car c'est un monopole du Gouvernement,
basé à peu près sur le même modèle que le monopole gou-
vernemental du tabac en Espagne. Les domestiques indi-
gènes des familles européennes vivant en dehors de la mai-
son deviennent généralement des ivrognes invétérés. Les
domestiques intérieurs ont en général, horreur de l'ivrogne-
rie et en cela ils sont infiniment plus respectables que leurs
maîtres. tout le monde est adonné à la boisson, les évê-
ques, les prêtres, tous, jusqu'aux demoiselles fraîchement
débarquées de leurs pensionnats. »
Voilà, certes, les « bénédictions que la religion chré-
tienne moderne apporte aux « pauvres païens avec ses
Bibles et ses Caléchismes. Le rhum est l'abâtardissement
aux Indes l'opium en Chine le Rhum et les désordres
impurs à Tahiti et pire que tout, l'exemple de l'hypocri-
i. Dans moins de trois mois, nous avons réuni dans les journaux heb-
domadaires quarante-sept cas de crimes, allant de l'ivrognerie jusqu'au
meurtre, commis par des ecclésiastiques dans les seuls Etats-Unis d'Amé-
rique. A la fin de l'année nos correspondants de l'Orient auront de pré-
cieux faits à mettre en regard des dénonciations des missionnaires au
sujet des méfaits « païens
sie dans la religion un athéisme et un scepticisme prati-
ques, qui tout en paraissant assez bons pour les gens civi-
lisés, doivent l'être également pour ceux que la théologie
n'a que trop maintenus sous son joug écrasant. D'autre part,
tout ce qui est noble, spirituel, élevé dans l'ancienne
religion est répudié s'il n'est pas délibérément faussé.
Prenez saint Paul, par exemple, et lisez le peu qui reste
d'original dans les écrits qu'on attribue à cet homme coura-
geux, honnête et sincère, et voyons si nous y trouvons une
seule expression pour démontrer que saint Paul reconnais-
sait dans le mot Christ autre chose que l'idéal abstrait de
la divinité personnelle latente dans chaque homme. Pour
saint Paul, le Christ n'est point un personnage, mais une
idée incorporée. « Si un homme est en Christ, il est une
nouvelle création il e~ né de nouveau, comme après l'ini-
tiation, car le Seigneur est esprit l'esprit de l'homme".
Saint Paul était le seul de tous les apôtres qui eût compris
les notions occultes à la base des enseignements de Jésus,
bien que ne l'ayant jamais personnellement connu. Mais
saint Paul avait passé par l'initiation et, désireux d'inau-
gurer une nouvelle et large réforme, qui embrasserait l'hu-
maïtité entière, il éleva sa doctrine en toute sincérité bien
au-dessus de la sagesse des âges, au-dessus des anciens Mys-
tères et de la révélation ultime des époptae. Ainsi que le
dit avec beaucoup de raison le professeur A. Wilder, dans
divers articles, ce ne pas Jésus, /K~s bien saint Paul
le véritable /b~6~CMr du christianisme. « Ce fut à Antio-
che que, pour la première fois, les disciples furent appelés
chrétiens disent les /lr/C5 des Apôtres XI, 26. « Les
hommes comme Irénée, Epiphane et Eusèbe ont transmis
à la postérité une réputation de mensonge et de pratiques
malhonnêtes et le cœur se révolte aux récits des crimes
commis pendant cette période écrit cet auteur dans un
récent article (1). « N'oublions pas, » ajoute-t-il, « que lors-
que les Musulmans envahirent la Syrie et l'Asie-Mineure
pour la première fois, ils furent accueillis avec joie par les
Chrétiens de ces contrées, comme des libérateurs de l'op-
pression intolérable des autorités gouvernantes de l'Eglise.
~eo~a~on, art. saint Paul, le fondateur du Christianisme.
VOL.IV 13*
Mahomet ne fut jamais considéré comme un dieu, et il
ne l'est pas non plus aujourd'hui néanmoins, sous l'em-
pire de son nom, des millions de musulmans ont servi leur
Dieu avec une ardeur qui n'a jamais été égalée par les sec-
taires chrétiens. Qu'ils aient lamentablement dégénéré de-
puis l'époque de leur prophète, ne change rien à la chose
elle-même, mais prouve, au contraire, la prépondérance de
la matière sur l'esprit dans le monde entier. En outre ils
n'ont pas plus dégénéré de leur foi primitive que les chré-
tiens eux-mêmes. Pourquoi, alors, Jésus de Nazareth, mille
fois plus grand, plus noble et moralement plus élevé que
Mahomet, ne serait-il pas vénéré et imité dans ses pra-
tiques par les chrétiens, au lieu d'être aveuglément adoré
sans fruit, comme un dieu, et invoqué à la façon de certains
bouddhistes, qui tournent constamment leur roue à prières.
Nul ne doute aujourd hui que cette religion ne soit deve-
nue stérile, et qu'elle ne mérite pas plus le nom de chris-
tianisme que le fétichisme des Kalmouks, ou celui de la
philosophie préchée par le Bouddha. « On ne nous fera pas
l'offense de croire )>, dit le D~ Wilder, « que le christianisme
moderne ait ua rapport quelconque avec la religion p~êchée
par saint Paul. Elle manque de sa largeur de vues; de son
ampleur~ de sa sincérité, de sa subtile perception spirituelle.
Subissant l'Influence des nations qui la professent, elle donne
lieu à autant de formes qu'il y a de races. En Italie et en
Espagne elle est identique, mais elle diffère grandement en
France, en Allemagne, en Hollande, en Suède, dans la
Grande-Bretagne, en Russie, en Arménie, dans le Kurdis-
tan et dans l'AbyssinIe. Comparée aux cultes qui la précé-
dèrent, le changement semblerait être plus dans le nom que
dans l'essence. Les hommes s'étaient endormis païens et se
réveillèrent chrétiens. En ce qui concerne le Sermon sur
la 3/b/~6r~e, ses doctrines principales sont plus ou moins
répudiées par chaque communauté chrétienne de quelque
importance. La barbarie, l'oppression et la cruauté des pu-
nitions sont aussi communes aujourd'hui qu'à l'époque du
paganisme.
« Le christianisme de saint Pierre n'existe plus il a été
supplanté par celui de saint Paul, et celui-ci, à son tour,
s'est fondu dans les autres religions mondiales. Lorsque
l'humanité sera devenue éclairée, ou que les races barbares
auront été remplacées par celles d'instincts et de senti-
ments plus nobles, les excellences idéales deviendront des
réalités.
« Le Christ de saint Paul est une énigme qui demande
les plus grands efforts pour être résolue. Il était quelque
chose de plus que le Jésus des Evangiles. Saint Paul mé-
prisait leurs généalogies qui n'en finissaient pas. L'auteur
du quatrième Evangile, lui-même un gnostique d'Alexan-
drie, décrit Jésus comme ce que nous appellerions aujour-
d'hui, un esprit divin « matérialisé Il était le Logos, ou
la Première Emanation, le Métathron. La mère de
Jésus, de même que la princesse Maya, Danaé, ou peut-être
Périktioné, avait donné naissance, non à un enfant de
l'amour, mais à un rejeton divin. Aucun juif d'une secte
quelconque, aucun apôtre, aucun croyant primitif, n'a ja-
mais mis en avant une pareille idée. Saint Paul parle du
Christ comme d'un personnage plutôt que d'une personne.
Les leçons sacrées des assemblées secrètes personnifiaient
souvent la bonté et la vérité divines sous une forme hu-
maine, vouée aux passions et aux appétits humains, mais
leur étant supérieure et cette doctrine émergeant de la
crypte, fut accaparée par des gens d'église et les esprits
grossiers comme celle d'une conception immaculée et d'une
incarnation divine. »
Dans l'ancien livre, publié en 1693, œuvre du sieur de
la Loubère, ambassadeur de la France auprès du roi de
Siam, nous trouvons de nombreux faits fort intéressants au
sujet de la religion siamoise. Les observations du satirique
français sont si à propos, que nous donnons, ci-après, ses
appréciations sur le sauveur siamois Sommona-Cadom.
« Bien qu'ils prétendent que la naissance de leur sauveur
ait été miraculeuse, ils n'hésitent pas c lui reconnaitre un
père et une mère (1). Sa mère, dont le nom se trouve dans
quelques livres Balie (Pali ?) s'appelait, disent-ils, Maha
MARIA, qui signifie, paraît-il, la grande Marie, car Maha
veut dire grand. Quoi qu'il en soit, cela ne cesse d'attirer
1. Nous lisons dans l'Epître aux Galathes, IV, Mais lorsque les
4
temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, ne d'une femme, na
sous la <0t.
l'attention des missionnaires, et a, peut-être, donné l'occa-
sion aux Siamois de croire que Jésus étant le fils de .~r/c,
il était le frère de Sommona-Cadom et que, ayant été cru-
cifié, il était le /~cAo~ frère qu'on donna à Sommona-
Cadom, sous le nom de Thevetat, et lequel, disent-ils, fut
puni en enfer, sa punition participant du supplice de la
croix. Les Siamois attendent la venue d'un autre Som-
mona-Cadom, c'est-à-dire, d'un autre homme miraculeux,
comme lui, auquel ils ont déjà donné le nom de Pronarole,
et dont Sommona avait annoncé la naissance. Il fit toutes
sortes de miracles.11 avait deux disciples, représentés de-
bout de chaque côté de son idole, un à main droite et l'autre
à gauche.le premier se nomme Pra-Magla.et l'autre Pra-
Scariboul. Le père de Sommona-Cadom était, toujours
suivant ce livre Balie, un roi de Teve Lanca, c'est-à-dire
de Ceylan. Mais les livres Balie ne ~or/
aucune ~a/c,
ni le nom de /'ou/cMr~'o~~a~/)/M~ de ï~cur <y~e toutes
les traditions dont l'origine est inconnue ~).
Ce dernier argument est aussi mal avisé qu'il est naïf.
Nous ne connaissons pas de livre, dans le monde entier,
dont l'authenticité soit moins établie en tant que date, noms
des auteurs ou traditions, que notre Bible chrétienne. Dans
ces conditions les Siamois ont autant de raison pour croire
à leur Sommona-Cadom miraculeux, que les chrétiens à
leur Sauveur de naissance miraculeuse. Ceux-ci n'ont, en
outre, pas plus de droit d'imposer leur religion aux Sia-
mois chez eux, ou à n'importe quel autre peuple, contre
leur volonté, que les soi-disant païens « de forcer à la
pointe de l'épée la France ou l'Angleterre à se convertir
au Bouddhisme Un missionnaire bouddhiste, même dans
la libre Amérique, risquerait fort d'ameuter la foule contre
lui, mais cela n'empêche pas les missionnaires de diffamer
ouvertement la religion des Brahmanes, des Lamas et des
Bonzes, et ceux-ci ne sont pas toujours libres de leur répon-
dre. C'est ce qu'on appelle répandre la bienfaisante lumière
1. La date de ces livres Pa!i a été pleinement établie dans le siècle ac-°
tuel. assez suffisamment, du moins, pour démontrer qu'ils existaient à
Ceylan en l'an 316 avant J.-C., lorsque Mahinsa, le fils d'Asckay vivait.
(Voyez Max MuHer, Chips, etc. Vol. I, sur !e Bouddhisme.
du christianisme et de la civilisation, pour dissiper les ténè-
bres du paganisme
Néanmoins, nous voyons que ces prétentions qui pour-
raient parattre ridicules si elles n'étaient pas fatales pour
des millions de nos semblables, qui ne demandent qu'à ce
qu'on les laisse en paix, étaient pleinement appréciées déjà
au xvn" siècle. Car voici que ce même spirituel M. de la
Loubère, sous le prétexte d'une pieuse sympathie, donne
de fort curieuses indications aux autorités ecclésiastiques
en Europe (i), indications qui condensent l'âme même du
Jésuitisme.
« D'après ce que j'ai déjà dit aux sujets des opinions des
orientaux remarque-t-il, « il est aisé de se faire une idée
de la difficulté qu'on éprouve à leur faire accepter la reli-
gion chrétienne et combien il est important que les mis-
sionnaires qui prêchent l'Evangile en Orient, sachent com-
prendre les coutumes et les croyances de ces peuples. Car,
de même que les apôtres et les premiers chrétiens, lorsque
Dieu confirma leur enseignement par de nombreux miracles,
ne révélèrent pas tout de suite aux païens tous les mystères
que nous adorons, mais leur cachèrent pendant longtemps
ainsi qu'aux cathécumènes, la connaissance de ceux qui
auraient pu leur causer du scandale il semble fort ration-
nel que les missionnaires qui ne possèdent pas le don des
miracles, ne devraient pas révéler d'emblée aux orientaux
tous les mystères et les pratiques du christianisme.
« II serait prudent, par exemple, ou je me trompe fort,
de ne leur parler <yM'au~ les plus grandes réserves, de
l'adoration des saints et quant à ce qui a rapport à Jésus-
t. .Vctc //t<<ortc~ /}<a<<on o/* the A~tfuydom o/ 5/a~n. par M. de la
Loubére. Envoyé de la France au Siam, Kingdom chap. XXV, Londres
Dn'erse OJbseri'o~s
Direrse Obserratiolis (0 France in
la beilade PreacAt~ the
au Preaching chap. to </te
~e Gospel Orte~a~.
the Orientals.
Le rapport du sicur de la Loubère au roi, fut fait, ainsi que nous le
constatons, en 16S*-)6SS. On voit jusqu'à quel point sa proposition pour
supprimer et dissimuler l'enseignement du christianisme donné aux Sia-
mois, eut l'approbation des Jésuites, par le passage, cité d'autre part, de
la Thèse prononcée par les Jésuites de Caen ( Thesis propugnata in regio.
Soc. Jes. Collegio, celeberimae Academiae Cado~tenj-tx, die Veneris,
30 janv., 1693). où il est dit .ni les Pères de la Société de Jésus ne
dissimulent <ors<yn'<~adop~en<Ze!preec/)<es e< lesvétements desTalapoins
du Siam Dans l'espace de cinq années la minime quantité de levure
de l'Ambassadeur avait fait lever toute la pâte.
Christ, je crois qu'il serait bon de le leur faire connaître,
pour ainsi dire, mais sans mentionner le mystère de l'In-
carnation, jusqu'à ce qu'ils aient été convaincus de l'exis-
tence d'un Dieu Créateur. Car quelle probabilité il y aurait-
il, en premier lieu, de persuader aux Siamois d'enlever de
leurs autels Sommona.Cadom, Pra-Magla et Pra-Scaribout,
pour y mettre à la place, Jésus-Christ, saint Pierre et saint
Paul ? Il serait peut-être plus prudent de ne point leur prê-
cher le Jésus-Christ crucifié, jusqu'à ce qu'ils aient compris
qu'on puisse être /br/M/!c et innocent et que, suivant la
règle reconnue par eux-mêmes, que l'innocent puisse pren-
dre sur lui tous les crimes des malfaiteurs, il a été néces-
saire ~M'H/ï dieu fait homme afin que cet homme-Dieu,
par une vie laborieuse et une mort ignominieuse mais volon.
taire, rachetât tous les péchés des hommes mais avant
tout, il doit être nécessaire de leur donner une idée véri-
table du Dieu Créateur, justement courroucé contre les
hommes. Après cela, l'Eucharistie ne scandalisera point les
Siamois, comme elle scandalisa anciennement les païens
d'Europe car les Siamois ne croient pas que Sommona-
Cadom puisse donner sa femme et ses enfants à manger
aux Talapoins.
« Bien au contraire, de mcme que les Chinois professent
un respect scrupuleux pour leurs parents, je crains fort que
si on mettait les Evangiles entre leurs mains, ils seraient
scandalisés par le passage où, lorsqu'on dit à Jésus que sa
mère et ses frères le demandaient, il répondit de manière à
faire comprendre le peu de cas qu il en faisait, et affecta de
ne les point connaître. Ils ne ~'o~rû/ moins à
ces autres paroles mystérieuses que notre divin Sauveur
prononça lorsque le jeune homme désirait aller enterrer ses
parents « laissez les morts enterrer leurs morts dit-il.
Qui ne connaît les difficultés qui assaillaient les Japonais,
et qu'ils exprimèrent à saint François-Xavier, par rapport
à la damnation éternelle, ne pouvant croire que leurs pa-
rents décédés étaient voués à une si terrible infortune par
la seule raison qu'ils /afa/c/~ pas embrassé le CAy/o-
nisme dont ils /ï~a/c~ /o/7!~ enlendu parler. Il serait,
donc, nécessaire, pour détruire et adoucir cette pensée, par
les moyens employés par ce grand apôtre des Indes, d'éta-
blir, avant tout, la notion d'un Dieu tout-puissant, omnis-
cient et souverainement juste, créateur de tout ce qui est
bien, et auquel tout est dû, et à la volonté duquel nous
sommes redevables du respect que nous devons aux rois,
aux évéques, aux magistrats et à nos propres parents.
« Ces exemples suffisent pour démontrer quelles précau-
tions sont nécessaires pour préparer les esprits des orien-
/c
taux à penser comme nous, et d'éviter
la plus ~r~ne~c
chrétienne (1).
~5
ne ~'o/~?nsc~
des articles de foi de la religion
Que reste-t-il, alors, à prêcher ? nous est-il permis de
demander. Sans Sauveur, sans expiation, sans crucifixion
pour les péchés des hommes, sans Evangiles, sans la me-
nace d'une damnation éternelle, sans miracles à faire miroi-
ter a leurs yeux, que restait-il alors aux Jésuites à mettre
devant les Siamois, sinon la poussière des sanctuaires païens
pour leur aveugler la vue? Le sarcasme est acerbe, en vérité.
La moralité que pratiquent ces pauvres païens, enseignée
par la foi de leurs ancêtres est si pure, que le Christianisme
doit être dépoui!Iu de toute marque distinctive avant que
ses prêtres puissent se permettre, de le leur imposer. Une
religion qu'on ne peut laisser scruter par un peuple sans
malice, module de piété filiale, foncièrement honnête, qui
professe une vénération profonde pour son Dieu et une hor-
reur instinctive pour tout ce qui pourrait profaner Sa Ma-
jesté, une telle religion, disons nous, ne peut être fondée
que sur l'erreur. Et que ce soit le cas, notre siècle est en
train d'en faire, petit à petit, l'expérience.
1. Dans un discours entre Hermès et Thoth, le premier dit « U est
impossible que la pensée puisse avoir une conception correcte de Dieu.
On ne peut décrire au moyen d'organes matériels ce qui est immatériel
et étcrnc). L'un est une perception de l'esprit et l'autre une réalité. Ce
qui est perçu par nos sens peut s'e\prin. en paroies mais ce qui n'a
pas de corps. ce qui est invisible. immatérict et satis forme ne peut être
réalisé au moyen de nos sens ordinaires. C'est ainsi que je comprends
0 Thoth, que Dieu est ineffable.
Dans le Cafhec/tts~e des Parsis traduit par M. Dadabhai ~aoroji, on
lit ce qui suit
Q. Quelle est la forme de Dieu ?
K. Notre Dieu n'a ni figure ni forme il n'a ni couleur ni propor-
tion, ni place fixe. Il ne ressemble à aucun. H est Lui-méme, unique, et
sa gloire est telle que nous ne pouvons ni faire sa louange ni le décrire
notre esprit est incapable de Le comprendre. ·
II ne fallait pas s'attendre, dans cette spoliation en règle
du Bouddhisme pour édifier la nouvelle religion chrétienne,
à ce qu'un caractère aussi sublime que celui de Gautama-
Bouddha restât inaperçu. Il était tout naturel qu'après avoir
adopté son histoire légendaire pour combler les vides de
celle fictive de Jésus, et après avoir fait usage de tout ce
qu'on pouvait prendre dans celle de Christna, on s'emparât
de l'homme Sakya-muni pour le faire figurer dans le calen-
drier sous un nom d'emprunt. C'est ce qu'ils tirent, et le
sauveur hindou prit place, en temps opportun, dans la liste
des saints sous le nom de Josaphat, en compagnie des mar-
tyrs de la religion saints Aura, PIacéda, Longinus et Am-
phibolus.
Il existe même a Palerme, une église dédiée au D/~
./o$o/?/!Cf~. Entre autres vains efforts des auteurs ecclésias-
tiques pour établir la généalogie de ce saint mystérieux, le
plus original de tous fut celui qui en fit saint Josué, le fils
de Nun.
Mais, ces légères difficultés une fois surmontées, nous re-
trouvons l'histoire de Gautama prise dans les livres sacrés
bouddhistes et reproduite mot à mot dans la Légende Do-
rée. Les noms des personnages sont changés, mais le lieu
de l'action, l'Inde, demeure le même. aussi bien dans la
légende chrétienne que dans les livres bouddhistes. On la
trouve également dans le Speculum 77/~or/a/e, de Vincent
de Beauvais, qui date du xin" siècle. La découverte fut faite
par l'historien de Couto, bien que le professeur MùIIer attri-
bue la première reconnaissance de l'identité des deux récits
à M. Laboulaye,en 1859. Le colonel Yule, nous dit que (~)
les récits de Barlaam et de Josaphat étaient connus de Ba-
ronius, et qu'on les trouve à la page 348 du J~ar~ro/o~
/?o/7!0/ édite sur l'ordre du pape Grégoire XIII, et revu
sous l'autorité du pape Urbain VIII, traduit du latin en
anglais par G. K, de la Société de Jésus (2).
Il serait oiseux de reproduire ici ne fut-ce qu'une partie
de tout ce fatras ecclésiastique. Que celui qui aurait des
doutes à cet égard, ou qui voudrait en prendre connais-
Contemporary ~!ct'!Ct/ p. 5S<.juH!ct 1S70.
2. ~trre de S<r.Uarcofc/o, vo!. !t, pp. 304, 306.
sance, lise le récit tel que le donne le colonel Yule. Quel-
ques-unes (i) des données chrétiennes et ecclésiastiques
paraissent même avoir embarrassé Dominie Valentyn car
dit
il « II y en a qui prétendent que ce Boudhum était
un Juif fugitif de la Syrie d'autres veulent qu'il ait été un
disciple de l'apôtre Thomas mais alors, dans ce cas com-
ment se fait-il qu'il soit né G~2 ans avant le Christ je les
laisse répondre à cette question. Diego de Couto maintient
que c'était certainement ,/o~Mc, ce qui est encore plus
absurde »
« Le roman religieux intitulé: L'Ilisloire de Barlaam el
de Josaphat, fut pendant l'espace de deux siècles l'ouvrage
le plus populaire de la chrétienté », dit le colonel Yùle.
« On le traduisit dans toutes les principales langues euro-
péennes, y compris le suédois et les idiomes slaves. Ce
récit parait pour la première fois dans les ouvrages de saint
Jean de Damas, un théologien de la première partie du
vin*' siècle Voici donc le secret de son origine, car ce saint
Jean, avant de devenir prêtre, occupait un emploi élevé à
la cour du Khalife Abou Jafar Almansour, où il entendit
probablement raconter l'histoire et il l'adopta, plus tard,
aux besoins de la nouvelle orthodoxie de Bouddha devenu
un saint chrétien.
Après avoir répété le plagiat, Diego de Couto, qui semble
peu disposé à abandonner la notion que Gautama était Josué,
dit « Les Gentils de 1 Inde entière, ont élevé de grandes
et superbes pagodes n ce nommé Budào. Parlant de ce récit,
nous avons recherché avec soin si les anciens Gentils de ce
pays avaient eu connaissance dans leurs écritures d'un
saint Josaphat, qui avait été converti par Balaam, lequel,
dans la légende est représenté comme étant le fils d'un
grand roi de l'Inde, et qui fut élevé de la même manière
que le récit que nous avons fait de la vie du Budâo. Et
comme je voyageais dans l'île de Salsette, j'allai voir cette
rare et admirable pagode qu'on nomme Canara Pagoda (les
grottes de Kanhari) creusée dans la montagne à même la
roche, et ayant demandé à un vieillard ce qu'il pensait de
1. Ibidem.
2. Ibidem.
vor.. iv i<
l'ouvrage et qui l'avait exécuté, il nous dit, que sans aucun.
doute il avait été creusé par ordre du père de saint Josa-
phat, afin de l'élever dans la réclusion, ainsi que l'enseigne
l'histoire. Et comme on nous dit qu'il était le fils d'un grand
roi de l'Inde, il se peut bien, comme je l'ai déjà dit, qu'Il
était le Budâo, dont on raconte tant de merveilles (i).
La légende chrétienne est reproduite, dans tous les dé-
tails, de la tradition cingalaise. C'est sur cette île que
naquit la tradition de Gautama refusant le trône de son
père et le prince lui faisant élever un superbe palais, où il
le garda presque prisonnier, entouré de toutes les tenta-
tions de la vie et du luxe. Marco Polo la reproduisit telle
qu'il l'eut des cingalais et, aujourd'hui, sa version se trouve
être la fidèle répétition de ce qu'on lit dans divers ouvrages
bouddhistes. Ainsi que s'exprime Marco avec naïveté, le
Bouddha vécut une vie si pure et si sainte, il pratiqua l'abs-
tinence à un tel point, « qu'on aurait pu le prendre pour
un chrélien. Et, en vérité », ajoute-t-il, « s'il l'avait été, il
aurait été un des grands saints de notre Seigneur Jésus-
Christ, tellement sa vie était pure et bonne ». Auquel pieux
apophtègme, son éditeur remarque avec raison que <( Marco
n'est pas le seul qui ait exprimé une pareille appréciation
de la vie de Sakva-muni De son côté le professeur Max
Muller dit « Malgré tout ce que nous pouvons penser de
la sainteté des saints, que ceux qui doutent du droit du
Bouddha de prendre place parmi eux, lisent le récit de sa
vie tel qu'il est relaté dans les canons bouddhistes. S'il
vécut une vie ainsi qu'ils le prétendent, il y a peu de saints
qui mériteraient mieux ce nom que le Bouddha et ni
l'Eglise grecque ni l'Eglise Romaine n'ont à rougir d'avoir
honoré sa mémoire dans saint Josaphat, le prince, l'ermite
et le saint. »
Jamais l'Eglise Catholique Romaine n'eut une meilleure
occasion de christianiser toute la Chine, le Thibet et la Tar-
tarie, qu'au xm* siècle, pendant le règne de Kublai-Khan.
Il semble étrange qu'elle n'en saisit pas l'occasion lorsque
Kublai hésitait, à un moment donné,entre les quatre reli-
gions du monde, et, qui sait, si par suite de l'éloquence de
1. Dec., v. lib. VI,chap. 2.
Marco Polo, il n'eût pas favorisé le Christianisme plutôt
que le Mahométisme,Ie Judaïsme ou le Bouddhisme. Marco
Polo et Ramusio, un de ses interprètes nous en donnent
la raison. 11 paraît que, malheureusement pour Rome, l'am-
bassade du père et de l'oncle de Marco, n'eut aucun succès,
par suite du décès de Clément IV juste à ce moment-là. Il
n'y eut pas de Pape pendant plusieurs mois, pour recevoir
les ouvertures amicales de Kublai Khan et ainsi, les cent
missionnaires chrétiens invités par lui ne purent être envoyés
au Thibet et dans la Tartarie. Pour ceux qui croient qu'une
divinité intelligente prend soin, là-haut, du bien-être de
notre misérable petit monde, ce contre-temps est une preuve
évidente que le Bouddhisme devait l'emporter sur le Chris-
tianisme. Qui sait peut-être, si le Pape Clément ne tomba
pas malade à la seule fin d'empêcher les Bouddhistes de
succomber à l'idolâtrie du catholicisme Romain ?
Du bouddhisme pur, la religion de ces contrées a dégé-
néré en Lamaïsme mais celui-ci, malgré tous ses défauts,
qui ne sont que dans la forme et ne nuisent en rien à la
doctrine elle-même, est encore bien au-dessus du Christia-
nisme. Le pauvre abbé Hue s'en aperçut bien vite à ses
dépens. Voyageant avec sa caravane, il écrit « tout le monde
nous disait, lorsque nous avancions vers l'ouest, que nous
verrions les doctrines devenir de plus en plus claires et plus
sublimes. Lha-Ssa était le grand foyer de lumière, dont les
rayons s'affaiblissaient à mesure de leur éloignement.
Un jour il exposa à un lama thibétain un bref sommaire
de la doctrine chrétienne elle n'apparut à celui-ci en aucune
manière étrangère (ce qui ne nous étonne point) et il afnrma
qu'il (le catholicisme) ne diiférait pas beaucoup de la reli-
gion des grands lamas du Thibet. « Ces paroles du thibétain
ne nous surprirent pas peu écrit le missionnaire « nous
constatâmes l'unité de Dieu, le mystère de l'Incarnation, le
dogme de la présence véritable, dans sa religion. La lumière
nouvelle jetée sur la religion du Bouddha, nous laissa vrai-
ment croire que nous trouverions chez les lamas du Thibet
une doctrine plus pure » (1). Les louanges du lamaïsme de
cette nature qui abondent dans l'ouvrage de l'abbé Hue,
1. Voyages en Tartarie etc. pp. 121-122.
furent la rai&on de sa mise à l'Index à Rome, et lui valurent
d'être défroqué.
Lorsqu'on demanda à Kublai Khan, puisqu'il considérait
la religion chrétienne comme étant la meilleure de celles
qu'il protégeait, pourquoi il ne l'adoptait pas, sa réponse
fut aussi suggestive qu'elle est curieuse « Comment vou-
lez-vous que je me fasse chrétien ? Quatre prophètes sont
vénérés et adorés dans le monde. Les Chrétiens disent que
leur Dieu est Jésus.Christ les Sarrasins Mahomet les
Juifs, Moïse les idolâtres, Sogomon-Borkan (Sakya-muni
Burkham, ou Bouddha) qui était le premier dieu parmi les
idoles moi je les adore et les respecte tous les quatre, et
je prie celui, parmi eux, qui est le plus grand au ciel, de
me venir en aide ».
La prudence du Khan prêterait à rire on ne saurait le
blâmer de s'en remettre plein de foi, à la Providence elle-
même, pour la solution du dilemme. Une de ses objections
les plus insurmontables pour embrasser le christianisme fut
donnée à Marco « Vous voyez que les chrétiens de par ici
sont si ignorants qu'ils ne font rien et ne peuvent rien faire,
tandis que les idolâtres font tout ce qu'ils veulent, au point
que lorsque je suis à table, les tasses viennent à moi du
centre de la salle, pleines de vin ou d!e liqueurs, sans être
touchées par qui que ce soit, et que ~e les bois. Ils contrô-
lent les orages, les faisant passer par où ils veulent, et ils
font beaucoup d'autres merv eilles tandis que, vous le sav ez
bien, leurs idoles parlent, et font des prédictions sur tous
les sujets voulus. Mais si je me tourne vers le christianisme
pour devenir un chrétien, alors mes barons et les autres qui
ne se sont pas convertis me diraient pourquoi vous êtes-
v ous fait baptiser?. quels sont les pouvoirs et les mira-
cles que vous constatez de la part du Christ ? Vous n'igno-
rez pas que les idolâtres, ici, prétendent que leurs miracles
sont produits~par la sainteté et le pouvoir de leurs idoles.
Or, ~e-Tië saurais que leur répondre, et ils ne seraient que
connrmés dans leur erreur, car les idolâtres qui sont des
adeptes dans ces arts surprenants, comploteraient aisément
ma mort. Vous allez aller vers votre Pape et vous le prie-
rez de ma part de m'envoyer cent hommes bien versés dans
vos lois et s'ils sont capables de mettre à néant les pra-
tiques des idolâtres, et de leur prouver <y~'cc.K aussi ils
savenl faire ces choses, mais qu'ils ne le veulent point,
parce qu'elles sont l'oeuvre du Diable et des autres mauvais
esprits s'ils contrôlent les idolâtres au point que ceux-ci
ne pourront rien faire en leur présence, el que j'en sois
lémoin,je dénoncerai les idolâtres et leur religion et je rece-
vrai le baptême tous mes barons et mes chefs, seront aussi
baptisés et il y aura alors ici plus de chrétiens qu'il n'en
existe dans votre partie du monde » (i).
La proposition était équitable. Pourquoi les chrétiens ne
l'acceptèrent-ils pas ? On prétend que Moïse accepta un défi
de cette nature devant Pharaon et qu'il en sortit vainqueur.
A notre avis, la logique du Mongol ignorant était sans
réplique, son intuition était impeccable. Il entrevoyait de
bons résultats dans toutes les religions et il sentait que si
les pouvoirs spirituels du bouddhiste, du chrétien, du mu-
sulman ou du juif étaient également développés, leur foi leur
ferait atteindre les plus hauts sommets. Tout ce qu'il deman-
dait avant de faire le choix d'une meilleure religion pour
son peuple, c'était la preuve sur laquelle elle se basait.
Si nous n'en jugeons que par ses thaumaturges, FInde
doit être bien mieux versée en alchimie, chimie et physique
que toutes les académies européennes. Les merveilles psy-
chologiques produites par quelques fakirs de l'Inde méri-
dionale et par les shabcrons et les hobilhans du Thibet et
de la Mongolie viennent à l'appui de nos dires. La science
de la psychologie a atteint là-bas le summum de la perfec-
tion, summum atteint nulle part ailleurs dans les annales
du merveilleux. Que de tels pouvoirs ne soient pas seulement
le résultat de l'étude, mais qu'ils soient naturels chez tous
les êtres humains, ceci est prouvé, aujourd'hui, en Amérique
et en Europe par les phénomènes mesmériques et ce qu'on
se plait à appeler <? le spiritisme~. Si la plus grande partie
des voyageurs étrangers, et ceux qui résident dans l'Inde
anglaise sont disposés à considérer toutes ces manifestations
comme de simples tours de passe-passe, il n'en est pas ainsi
pour quelques européens qui ont eu le rare bonheur d'être
admis derrière le voile sa/ïc~Ha/e des pagodes. Certes
1. Livre de Ser Marco Polo, Vol. II, p. 340.
ceux-ci ne se moqueront point des rites, ils ne dénigreront
pas non plus les phénomènes produits dans les loges secrè-
tes de l'Inde. Le mahadlhêvasslhanam des pagodes (com-
munément appelé goparam, d'après le portique pyramidal
sacré par lequel on entre dans l'édifice) est connu depuis
longtemps des européens, bien que ceux-ci ne soient que
peu nombreux.
Nous ignorons si le prolifique Jacolliot (i) a jamais été
admis dans une de ces loges. C'est fort douteux, croyons-
nous, si l'on en juge par ses nombreux récits fantastiques
sur les immoralités des rites mystiques des brahmanes, des
fakirs des pagodes, et même des bouddhistes (!!) dans tous
lesquels il se fait figurer jouant le rôle de Joseph. Quoi qu'il
en soit, il est évident que les brahmanes ne lui ont point
divulgué de secrets, car, en parlant des fakirs et de leurs
miracles, il remarque, que sous la direction des brahma-
nes initiés, ils pratiquent les sciences occultes dans le
silence des sanctuaires. et qu'on ne soit point étonné de
ce mot, qui donnerait à croire qu'on ouvre la porte du sur-
naturel, tandis qu'il y a dans les sciences que les brahmanes
nomment occultes, des phénomènes assez extraordinaires
pour déconcerter toute investigation, il n'y en a pas un
seul qui ne puisse être expliqué et qui ne soit sujet à la
loi naturelle
Sans doute, n'importe quel brahmane initié serait capable,
s'il le voulait, d'expliquer tous ces phénomènes..V<2~ il ne le
feM/~XM. Jusque-là, attendons encore que nos meilleurs phy-
siciens nous fournissent une explication du phénomène oc-
culte le plus trivial, produit par un élève fakir d'une pagode.
1. Ses vingt et quelques volumes sur des sujets orientaux sont certes
un curieux ensemble de notion et de vérité. Ils contiennent de nombreux
faits au sujet des traditions de l'Inde, de sa philosophie et de sa chrono-
logie, accompagnés de réflexions courageusement énoncées. Mais il semble
toujours que le philosophe cède la place au romancier. C'est comme si
deux hommes collaboraient au même ouvrage, l'un soigneux, sérieux,
érudit et savant, l'autre un romancier français sensationnel et sensuel,
qui juge les faits, non pas comme ils sont, mais comme il les comprend.
Ses traductions du Jtfa~oc sont admirables son adresse controversielle
est adroite son jugement au sujet de la morale des prêtres est injuste, et
dans le cas des bouddhistes, absolument calomnieux. Mais dans tous les
volumes il n'y a pas une seule ligne fastidieuse il a le coup d'oeil d'un
artiste et la plume d'un poète de la nature.
Jacolliot dit qu'il serait de toute impossibilité de donner
un récit de tous les faits merveilleux auxq uels il a assisté.
Mais il ajoute avec parfaite bonne foi « qu'il suffit de dire,
qu'en ce qui concerne le magnétisme et le spiritisme l'Eu-
rope en est encore à balbutier les premières lettres de l'al-
phabet et que les brahmanes ont atteint dans ces deux
départements de la science, en ce qui concerne les manifes-
tations, des résultats, qui sont vraiment stupéfiants. En
présence de ces étranges phénomènes dont la puissance ne
peut être niée, sans connaître les lois que les brahmanes
tiennent jalousement secrètes, on est rempli d'étonnement
et on serait tenté de fuir pour briser le charme qui nous
retient.
< L'unique explication que nous ayons pu obtenir, à ce
sujet, d'un savant brahmane avec lequel nous étions en
termes d'une étroite intimité, est la suivante Vous avez
étudié la nature physique et vous avez obtenu des résul-
tats merveilleux par les lois de la nature vapeur, électri-
cité, etc. depuis vingt mille ans et plus, nous avons étu-
dié les forces intellectuelles, et nous avons découvert leurs
lois nous obtenons donc, en les faisant agir seules, ou
d'accord avec la matière, des phénomènes encore plus
extraordinaires que les od/res.
Jacolliot a dû, vraiment, être émerveillé par ces miracles,
car il dit « Nous avons vu des choses qu'il est impossible
de décrire, de peur de faire douter au lecteur de son intel-
ligence. Mais nous les avons néanmoins vues. Et certes,
on comprend comment, devant de pareilles manifestations
ie monde ancien. croyait à la possession par le Diable et
aux exorcismes (1).
Et cependant cet ennemi intraitable des prêtres, des
ordres monastiques et du clergé de n'importe quelle reli-
gion et de n'importe quel pays y compris les brahmanes,
les lamas et les fakirs, a été si frappé du contraste entre
les cultes de l'Inde qui s'appuient sur des faits, et les
vaines prétentions du catholicisme, qu'après avoir décrit
les terribles tortures que les fakirs s'imposent volontaire-
ment, il donne libre cours à son indignation dans les paro-
i. Les Fils de Dieu. L'Inde Britannique, p. 296.
les suivantes « Quoi qu'il en soit ces fakirs, ces mendiants
brahmanes ont quand même grand air, lorsqu'ils se flagel-
lent, lorsque, au cours du martyre qu'ils s'infligent eux-
mêmes, leur chair est arrachée morceau par morceau, et
que le sang ruisselle sur le sol. Mais vous, (les mendiants
catholiques) que faites-vous aujourd'hui ? Vous autres, les
moines gris, les capucins, les franciscains, qui jouez aux
fakirs avec vos cordes à nœuds, vos pierres à feu, vos cili-
ces, et vos flagellations à l'eau de rose, vos pieds nus et
vos mortifications pour rire fanatiques sans foi, martyrs
sans tortures ? N'a-t-on pas le droit de vous demander si
c'est pour obéir à la loi divine que vous vous enfermez der-
rière vos épaisses murailles, et que vous échappez, ainsi, à
la loi du travail qui pèse si durement sur les autres hom-
mes?. Fi, vous n'êtes que des mendiants »
Laissons-les, nous ne nous sommes déjà que trop occu-
pés d'eux et de leur théologie de conglomérés. Nous les
avons pesés tous deux sur la balance de l'histoire, de la
logique, de la vérité, et nous les avons reconnus manquants.
Leur doctrine engendre l'athéisme, le nihilisme, le déses-
poir et le crime ses prêtres et ses pasteurs sont incapa-
bles de prouver par des œuvres qu'ils ont reçu le pouvoir
d'en haut. Si tant l'Eglise que les prêtres pouvaient dispa-
raître du monde aussi facilement que leurs noms des yeux
du lecteur, ce jour serait un jour béni pour l'humanité.
New-York et Londres redeviendraient bientôt des villes
aussi morales que les cités païennes avant l'occupation des
chrétiens Paris plus pure que l'ancienne Sodome. Lorsque
les catholiques et les protestants seront aussi certains que
les bouddhistes et les brahmanes que tous leurs crimes
recevront leur punition, que chaque bonne action aura sa
récompense, ils pourront employer pour leurs propres
païens, ce qui aujourd'hui sert à procurer à leurs mission-
naires de joyeux picnics, et ce qui rend le nom de chrétiens
détesté et méprisé par toutes les nations en dehors des
limites de la chrétienté.
Nous avons appuyé nos arguments, suivant les besoins,
par la description de quelques-uns des innombrables phé-
nomènes, auxquels nous avons assisté dans différentes par-
ties du monde. Nous utiliserons le reste de la place à notre-
disposition avec le même objet. Ayant posé la base en élu-
cidant la philosophie des phénomènes occultes, il est tout
indiqué d'illustrer notre thème par des faits qui se sont
passés sous nos propres yeux, et qui peuvent être contrô-
lés par n'importe quel voyageur. Les peuples primitifs ont
disparu, mais la connaissance primitive survit, et peut être
atteinte par ceux qui « veulent », qui « osent et qui
« savent garder le silence ».
CHAPITRE XII
< Ma vaste et noble capitale, ma Daïtu, splendidement ornée
Et toi ma fraîche et délicieuse résidence d'été, mon Shangdu-Keibung.
Hélas, mon nom illustre de Souverain du Monde 1
Hétas, mon Daïtu, repaire de la sainteté, œuvre glorieuse de l'immortel
~K.ubtai 1
Tout, tout m'a été ravi
Col. Yule, dans Marco Polo.
Quant à ce que beaucoup diront, qui persuadent le monde que
l'&me, une fois tibérée du corps, ne souffre plus. du mal, ou qu'elle
soit consciente,je sais que tu es mieux fondé sur les doctrines que
nous ont léguées nos ancêtres, ainsi que dans les orgies sacrées de
Dionysius, pour y ajouter foi car les symboles mystiques noas
sont bien connus, nous ~Kt/'a~sons partie de la Fraternité.
PLUTARQUB.
« Le problème de la vie c'est l'homme. La MAGIE, ou plutôt la
Sagesse, est la connaissance évoluée des pouvoirs de l'être intime
de l'homme ces forces sont des émanations Divines, de même que
l'intuition est la perception de leur origine, et l'initiation est notre
introduction à cette connaissance. Nous débutons par l'instinct
le point final c'est l'OM~tSCIE~CE.
A. \VlLDBR.
Le pouvoir appartient à celui qui SAIT. Z.fL're Ara/tma~t~ue
de ~'eroca<<oft.
SOMMAIRE
Sommaire des principes de la Magie. Comparaison entre le véritable
voyant et le clairvoyant. La Psychologie des Aryens. La Philo-
sophie du Pays des Esprits L'envolée du corps astral. Une
aventure avec un Bikshu thibétain. L'âme d'un adepte dans le corps
d'un oouvcau-né. Retirer son âme astrale de ses cendres. Saisir
l'esprit du son. La Flamme sensitive du Bikshu. Une évocation
de l'âme des fleurs. Le magnétisme des personnes rousses. La
vérité sur les Todas hindous.-Traits caractéristiques duShamanisme
et du lamaïsme. Le grand collége mongol. Déductions possibles
d'après les découvertes récentes. MerveiUeux remèdes curatifs des
Yoguis. Un fakir dompte un tigre du Bengale. Souvenirs des Sha-
mans de la Sibérie.– Une séance de magie dans une Yourta tartare.-
Exploits de jongleurs hindous. Consultation du miroir d'un voyant
kurde. Sorcellerie du Père Girard et d'autres. Les hommes blancs
sont presque incapables de production de magie. Les faiblesses et
les nécessités du spiritisme. L'unique vérité universelle.
Ce serait une grave erreur de jugement de notre part si
nous nous imaginions que d'autres que des métaphysiciens,
ou des mystiques aient suivi nos arguments jusqu'ici. S'il
en était autrement, nous leur donnerions certainement le
conseil de ne pas prendre la peine de lire ce chapitre car,
bien que nous n'avançions rien qui ne soit strictement vé-
ridiquc, ils ne manqueraient pas de considérer le moins
merveilleux de ces récits comme faux de tous points, mal-
gré les preuves du contraire.
Pour comprendre les principes de la loi naturelle mise
en action dans les différents phénomènes ci-après décrits,
il faut que le lecteur se rappelle les affirmations fondamen-
tales de la philosophie orientale, que nous avons successi-
vement mises en lumière. Récapitulons-les succinctement
1" II n'y a pas de miracle. Tout ce qui a lieu est le ré-
sultat de la loi loi éternelle, immuable, toujours active.
Un miracle apparent n'est que l'opération de forces, anta-
gonistes à ce que le Dr W.B. Carpenter,FRS un homme
de grand savoir, mais de peu de connaissances appelle
« les lois bien connues de la nature Comme beaucoup de
ses collègues, le Dr Carpenter ignore le fait qu'il peut y
avoir des lois qui étaient anciennement connues, mais que
la science ignore aujourd'hui.
2" La nature est triple il y a une nature objective et
visible une autre invisible, intime et fournissant l'énergie,
modèle exact de l'autre et son principe vital et, au-dessus
de ces deux, l'esprit, source de toutes les forces, seul éter-
nel et indestructible. Les deux inférieures changent cons-
tamment la troisième supérieure ne change jamais.
3" L'homme, lui aussi, est triple il a un corps objectif
et physique son corps astral vitalisateur (ou âme) est
l'homme véritable ces deux sont adombrés et illuminés
par le troisième, le seigneur, l'esprit immortel. Lorsque
l'homme véritable réussit à se confondre en ce dernier, il
devient une entité immortelle.
4" La Magie en tant que science, est la connaissance de
ces principes, et de la manière dont l'omniscience et l'om-
nipotence de l'esprit et de son contrôle sur les forces de la
nature peut être acquise par l'individu tandis qu'il réside
encore dans le corps. En tant qu'art, la Magie est l'appli-
cation de cette connaissance dans la pratique.
Les connaissances secrètes mal employées constituent
la sorcellerie utilisées pour le bien elles sont la véritable
magie ou la SAGESSE.
6° La médiumnité est l'opposé de l'état d'adepte; le mé-
dium est l'instrument passifd'influences étrangères;l'adepte
exerce un contrôle actif sur lui-même et sur tous les pou-
voirs inférieurs.
7" Toutes les choses qui ont été, qui sont, ou qui seront,
ayant eu leur record dans la lumière astrale, ou tableau de
l'univers inv isible, l'adepte, faisant usage de la vision de
son propre esprit, est capable de savoir tout ce qui a été
su, ou ce qu'on peut savoir.
8' Les races humaines diffèrent aussi bien dans la cou-
leur que dans les dons spirituels, en stature ou en toute
autre qualité extérieure la clairvoyance prévaut naturel-
lement chez certains peuples chez d'autres c'est la mé-
diumnité. D'aucuns sont adonnés à la sorcellerie et trans-
mettent de génération en génération ses pratiques secrètes,
le résultat étant un ensemble de phénomènes psychiques
plus ou moins étendus.
9" Une des phases de l'habileté magique est le retrait
volontaire et conscient de l'homme interne (la forme astrale)
hors de l'homme extérieur (le corps physique). Ce retrait a
lieu dans le cas de certains médiums, mais il est inconscient
et involontaire. Chez ceux-ci le corps est à ce moment plus
ou moins en état cataleptique mais chez l'adepte l'absence
de la forme astrale ne donne lieu à aucun changement, car
les sens physiques sont éveillés et l'individu paraît seule-
ment être en état de profonde méditation, s'il est permis
de parler ainsi.
Ni le temps, ni l'espace ne sont des obstacles aux mou-
vements de la forme astrale errante- Le thaumaturge, bien
versé dans la science occulte, peut /)<ï/*<rg, se faire dispa-
raître (son corps physique, bien entendu), ou prendre en
apparence n'importe quelle forme qu'il lui plairait. Il peut
rendre visible sa forme astrale, ou il peut lui donner des
apparences protéennes. Dans les deux cas, ce résultat est
obtenu au moyen d'une hallucination mesmérique simulta-
nément des sens de tous les assistants. Cette hallucination
est si parfaite, que celui qui en est l'objet jurerait ses grands
dieux qu'il a vu la chose en réalité, lorsqu'elle n'est qu'une
image de son esprit, imprimée dans sa conscience par la
volonté irrésistible de son magnétiseur.
Mais, tandis que la forme astrale est capable de se
transporter n'importe où, pénétrer à travers n'importe quel
obstacle, être vue à n'importe quelle distance du corps phy-
sique, celui-ci dépend des méthodes de transport ordi-
naires. Il peut être lévité dans des conditions magnétiques
prescrites, mais il ne peut passer d'un endroit à un autre,
sinon de la manière usuelle. C'est pourquoi nous n'ajou-
tons aucune foi aux récits de vols aériens du corps de
médiums, car ceci équivaudrait à un mirable, et nous ré-
pudions la notion d'un miracle. Dans certains cas et sous
certaines conditions, la matière inerte peut se désintégrer
et passer a travers les murs pour se recombiner ensuite,
mais les organismes animaux ne le peuvent pas.
Les s\vedenborgiens croient et la science occulte enseigne
que l'abandon du corps vivant par l'âme a lieu fréquemment
et que nous rencontrons journellement, et dans toutes ces
conditions de la vie, de semblables cadavres. Ceci peut
avoir lieu à la suite de causes diverses, entre autres, une
frayeur, le chagrin, le désespoir, une violente attaque de
maladie ou une sensualité excessive. La forme astrale d'un
sorcier adepte, un élémentaire (une âme humaine désin-
carnée retenue ici-bas) ou dans des cas fort rares un élé-
mental, pouvent alors prendre possession et habiter ce
corps vacant. Naturellement un adepte de la magie blanche
possède le même pouvoir, mais à moins qu'il ne veuille
accomplir un objet important et exceptionnel, il ne con-
sentira jamais à se souiller en occupant le corps d'une
personne impure. Dans le cas de folie, le corps astral du
patient est, ou à demi-paralysé, eilarê et sujet à l'influence
de toute espèce d'esprit passager, nu il s'est enfui pour
toujours et le corps devient la proie d'une entité vampi-
rique près de se désintégrer et qui s'attache désespérément
à la terre, et dont les plaisirs sensuels peuvent être pro-
longés pendant un court espace de temps au moyen de
de cet expédient.
1<~ La pierre d'angle de la MAGIE est la connaissance
intime et pratique du magnétisme et de l'électricité~ leurs
qualités, leurs corrélations et de leurs potentialités. Il est
surtout nécessaire de se familiariser avec leurs effets dans
et sur le règne animal et humain. Il existe des propriétés
occultes dans beaucoup d'autres minéraux, aussi étranges
que celles de l'aimant que tous ceux qui pratiquent la
magie o~o/t'c/ connaître, et au sujet desquelles la soi-disant
science exacte est complètement ignorante. Les plantes
ont, de même, à un degré fort curieux, des propriétés mys-
tiques, et les secrets des herbes dans les cas de songes et
d'enchantements ne sont perdus que pour la science euro-
péenne et, inutile de le dire, lui sont inconnus, sauf dans
de rares cas bien marqués, comme par exemple pour
l'opium et le hachidch. Et cependant l'effet physique de
ceux-ci mêmes, sur le système humain, est considéré
comme une preuve d'un désordre mental temporaire. Les
femmes de la Thessalie et de l'Epire, les hiérophantes fé-
minins des rites sabaziens, n'emportèrent point leurs secrets
avec la chute de leurs sanctuaires. Ils sont encore préser-
vés aujourd'hui, et ceux qui connaissent les effets du Soma,
connaissent également les propriétés d'autres plantes.
Pour résumer en quelques mots, la MAGIE est la
SAGESSE spirituelle la nature est l'alliée matérielle,
l'élève et la servante du magicien. Un principe vital com-
mun pénètre toute chose, et ce principe peut être contrôlé
par la volonté de l'homme.
L'adepte peut stimuler les mouvements des forces natu-
relles dans les plantes et les animaux, à un degré extraor-
dinaire. Ces expériences ne sont pas des obstructions de
la nature, mais des accélérations il ne fait que favoriser
les conditions d'une action vitale plus intense.
L'adepte est capable d'exercer un contrôle sur les corps
astrals et physiques d'autres personnes, non adeptes, et
d'en modifier les conditions il peut également gouverner
et employer à son gré les esprits des éléments. Il ne peut
exercer aucun contrôle sur l'esprit immortel de n'importe
quel être humain, mort ou vivante car tous ces esprits sont,
au même degré, des étincelles de l'Essence Divine, et ne
&ont sujets à aucune domination étrangère.
Il y p deux espèces de clairvoyance celle de l'âme et
celle de l'esprit. La clairvoyance des anciennes pythonisses,
ou celle du sujet moderne magnétisé, ne diffèrent que par
les moyens artificiels employés pour les mettre en état de
clairvoyance. Ilais, comme les visions de chacun dépendent
de la plus ou moins grande sensibilité des sens de leur
corps astral, elles diffèrent beaucoup de la condition par-
faite et omniciente spirituelle car, le sujet ne perçoit, au
pis aller, que des lueurs de la vérité~ à travers le voile que
la nature physique tend devant lui. Le principe astral, que
les Yoguis hindous appellent /<y~. est l'âme cons-
ciente, inséparable de notre cerveau physique, qu'elle tient
en sujétion, et qui, de son côté, lui sert aussi d'entrave.
C'estl'o, le principe vital intellectuel de l'homme, son
entité consciente. Pendant qu'il est encore dans le corps
matériel, la clarté et la correction de ses visions spiri-
tuelles dépendent de sa relation plus ou moins intime avec
son Principe supérieur. Lorsque cette relation est telle,
qu'elle permet aux parties les plus éthérécs de son âme
essentielle d'agir indépendamment de ses particules plus
grossières et de son cerveau, il comprend infailliblement
ce qu'il voit; ce n'est qu'à ce moment qu'il devient l'âme
pure, rationnelle et ~)e/consciente. Cet état est connu
aux Indes sous le nom de Samàddi c'est la condition spi-
rituelle la plus élevée qu'il soit donné a l'homme d'attein-
dre ici-bas. Les fakirs cherchent à se mettre en cet état en
retenant leur respiration pendant des heures entières au
cours de leurs exercices religieux, et ils donnent à cette
pratique le nom de f~/n-s~Ana. Les termes hindous Pra-
nayama, 7~r~<7/<ï, et Z~~r~/M ont tous rapport aux
différents états psychologiques, et montrent jusqu'à quel
point le sanscrit, et même la langue moderne hindoue se
prêtent mieux à la clarté d'élucidation des phénomènes pour
ceux qui étudient cette branche de la science psychologique~
que les langues des peuples modernes, pour les expériences
desquels on n'a pas encore senti le besoin des termes des-
criptifs spéciaux.
Lorsque le corps est en état de ~A~r<~r/ la catalepsie
totale du corps physique l'àme du clairvoyant est libé-
rée et perçoit alors les choses subjectivement. Néanmoins,
comme le principe conscient du cerveau reste toujours
vivant et actif, ces images du passé, du présent et du futur,
seront teintées de ses perceptions terrestres du monde
objectif la mémoire physique et l'imaginalion viennent
entraver la vision claire et nette. Mais l'adepte clairvoyant
sait comment s'y prendre pour arrêter l'action mécanique
du cerveau ses' visions seront aussi nettes que la vérité
elle-même, sans couleur, sans déformation, tandis que le
clairvoyant, incapable d'exercer un contrôle sur les vibra-
tions des ondes astrales, ne percevra au moyen de son cer-
veau que des images plus ou moins détachées. Le voyant
n'est jamais exposé a prendre des ombres passagères pour
des réalités, car sa mémoire étant aussi complètement
subjuguée à sa volonté que le reste de son corps, il reçoit
les impressions directement de son esprit. Entre son soi
objectif et subjectif il n'y a pas de médium gênant. C'est
la véritable clairvoyance spirituelle dans laquelle, sui-
vant l'expression de Platon, l'âme s'élève au-dessus de
sans couleur ou sans ~ua/<~
A'OU.
/<
tout bien inférieur. Nous atteignons alors ce qui est su-
prême, ce qui est simple, /)M/\ ~c~a.Tyca~/e, sans forme,
le Dieu notre
C'est cet état que des voyants tels que Plotin et Apol-
lonius appelaient < l'Union avec la Divinité que les
anciens Yoguis nommaient Ara/ (1) et les modernes
Samàddi mais cet état est autant au-dessus de la clair-
voyance moderne que les étoiles sont au-dessus des vers-
clairvoyant et cependant il n'avait été /ï/
luisants. Plotin, le fait est connu, fut toute sa vie durant un
M son Dieu
que six fois pendant les trente-six ans de son existence,
ainsi qu'il le confesse, lui-même, à Porphyre.
Ammonius Sakkas, « l'élevé de Dieu affirme que le
seul pouvoir qui soit directement opposé à la prophétie et
qui contemple l'avenir est la /7!?!0/e et Olympiodore
1. Dans son sens généra! .f.n'.tr.! signifie Seigneur mais l'Isvara des
philosophesmystiques de l'Inde veutdire précisément, t'unionetia commu-
nion de l'homme avec la Divinité des mystiques grecs. Israra-Parasada
veut dire littéralement en sanscrit yr~ce. Les deux Mimansas trai-
tant des questions les plus abstraites, donnent l'explication de Karma
comme du mérite, ou de l'efficacité des cem'rcs Isvara-Parasada, comme
la grâce: et Shraddha comme la foi. Les << Mimansas sont l'ouvrage des
deux pius célèbres théoto~icns c'e !'Iade. Le Pourva-Mimansa fut écrit
par le philosophe Djeminy, et le Uttara-Mimansa (ou Vedanta) par
Ritchna Dvipayna-Vyasa, qui réunit ensemble les quatre « Védas
(Voyez Sir William Jones, Colehrooke et autres).
l'appelle la f anlaisie. « La fantaisie dit-il, (in Plalonis
Phaed.) est une entrave à nos conceptions intellectuelles;
par conséquent, lorsque nous sommes agités par l'influence
inspiratrice de la Divinité, si la fantaisie intervient, l'éner-
gie enthousiaste cesse d'agir car l'enthousiasme et l'extase
sont contraire Fune à l'autre. Si l'on veut savoir si l'âme
peut agir énergiquement sans la fantaisie, nous répondrons
que sa perception des universels prouve qu'elle en est capa-
ble. Par conséquent elle a des perceptions indépendantes
de la fantaisie toutefois la fantaisie est présente aussi dans
ses énergies, de même que la tempête poursuit celui qui
vogue sur la mer
Par contre, un médium a besoin, soit d'une intelligence
étrangère un esprit ou un magnétiseur vivant pour
dompter son être physique et moral, soit alors d'un produit
factice pour provoquer la transe. Un adepte, ou même un
simple fakir n'a besoin que de quelques minutes de « sot-
contemplation Les colonnes de bronze du temple de Salo-
mon les clochettes d'or et les grenades d'Aaron le Jupi-
ter CapitoIIn d' Auguste entouré de clochettes harmonieuses
(1) et les bassins de bronze des Mystères, lorsqu'on appe-
lait le Kora,(~) étalent tous destinés à fournir cette aide arti-
ficielle (3). Il en était de même des bassins de bronze de
Salomon, autour desquels pendaient une double guirlande
de 200 grenades, qui tenaient lieu de battants dans les
colonnes creuses. Les prêtresses du nord de l'AItemagne
sous la conduite des hiérophantes, ne pouvaient prophétiser
que dans le fracas des eaux tumultueuses. Fixant les remous
qui se forment sur les eaux rapides des torrents, elles
s'hypnotisaient elles-mêmes. Xous lisons également que Jo-
seph, le fils de Jacob, cherchait l'inspiration divine au
moven de sa coupe de divination en argent, coupe qui devait
avoir un fond très brillant. Les prêtresses de Dodone se
plaçaient sous l'antique chêne de Zeus (le Dieu Pelasgien,
et non pas l'Olympien) et écoutaient attentivement le mur-
mure des feuilles sacrées tandis que d'autres concentraient
leur attention sur le doux gazouillement de la fraîche source
1. Suétone, ~a~ru~us.
Plutarque
3. Pline, XXX pp. 2.14.
qui sortait de sous ses racines (i). Mais l'adepte n'a besoin
d'aucunes de ces aides extérieures la seule action de son
pouvoir de t'o/o/ est largement suffisant.
L\4/rt~-t'<~</ enseigne que l'exercice de ce pouvoir de
volonté est la forme la plus élevée de la prière, et sa réponse
instantanée. Désirer, c'est réaliser en proportion de l'inten-
sité de son aspiration; et celle-ci, a son tour, est mesurée
par la pureté intérieure.
Quelques-uns des plus nobles préceptes Védantiques sur
l'àme et les pouvoirs mystiques de l'homme, ont été récem-
ment énoncés par un lettré hindou dans un journal anglais.
Le .Son/t' écrit-il, enseigne que l'âme (c'cst-a-dire le
corps astral) possède les pouvoirs suivants « se réduire à
un corps si tenu qu'il peut traverser tout grandir jusqu'à
avoir un corps gigantesque se rendre léger (monter le
long d'un rayon solaire jusqu'au solei!) posséder un nombre
illimité d'organes, comme par exemple toucher la lune du
bout (lu doigt volonté irrésistible (par exemple s'enfoncer
dans la terre aussi aisément que dans l'eau) exercer le
J/
pouvoir sur toutes choses, animées ou inanimées faculté
de changer le cours de la nature accomplir chaque désir.
4. 6~r/7!~
/<y,
/<
II donne en outre leurs diverses appellations « Les noms
de ces pouvoirs sont: 1, -t /?!</
/)// 9;,
Z.<7'<7/
7, I'<7<7 8,
ou pouvoir divin. Le cinquième prédit l'avenir, la
compréhension (les langages inconnus, la guérison des mala-
dies, la divination de pensées non exprimées, la connais-
sance du langage du cœur. Le sixième est le pouvoir qui
convertit !;( vieillesse en jeunesse. Le septième est le pou-
voir de magnétiser les êtres humains et les animaux et de
les rendre dociles c'est le pouvoir pour restreindre les
ses passions et ses émotions. Le huitième pouvoir est la
condition spirituelle, et présuppose l'absence des sept pou-
voirs antérieurs, car dans cet état, le Yogi est rempli de
Dieu. »
« II n'a été donné a aucun ouvrage, ajoute-t-il, révélé ou
sacré, d'être aussi catégorique et décisif ~e /n~c-
/7:c/ de /'<< Quelques-uns des Richis paraissent avoir fait
1. S~rrtux ad ~o~ p. '7l.
grand cas de cette source super-sensuelle de la connais-
sance » (i).
Dès la plus haute antiquité, /'AM/7ïO/ï//c dans son en-
semble, a /OM/o~s c/e convaincue de l'exislence d'une
enlilé .r//Mc//c~c/on/!c//e dans l'homme personnel phy-
5/<yMC. Cette entité intérieure a toujours été plus ou moins
divine, suivant sa proximité avec la coM/'o/ï/ïe le Cbrestos.
Plus l'union est étroite,plus la destinée de l'homme est heu-
reuse,moinsdangereuses aussi sont lesconditions extérieures.
Cette croyance n'est nullement de la bigoterie ou de la
superstition elle n'est q<u'un sentiment instinctif toujours
présent, de la proximité d'un autre monde spirituel et invi-
sible, qui tout subjectif qu'il est pour les sens de l'homme
extérieur est parfaitement objectif pour l'ego intérieur. De
plus, /M~!<J a /oM/o~rs c/'M ~M~7 a des condilions
~.t'/cr/<Wt~ el intéricures qui <?/~c~cn/ /<ï </(~cr~n/nûf~'o~
de no/rc r~/& nus ~c/~c' Elle répudie le fata-
voir plus aveugle encore. Mais elle croit a la <<
lisme, car le fatalisme implique l'action aveugle d'un pou-
chaque homme tisse autour de lui depuis la naissance jus-
que
qu'à la mort, comme une araignée tisse sa toile et cette
destinée est conduite par la présence de ceux que certains
nomment les anges gardiens, ou par notre homme astral
intime, qui n'est que trop souvent le mauvais génie de
l'homme de chair. Tous deux guident l'homme extérieur,
mais un des deux doit prévaloir et, dès le début de la
lutte invisible, la sévère et implacable /o/~6 oo/~f~M~on
entre en ligne et suit son cours, reproduisant iidèlement
les fluctuations. Lorsque le dernier fil est tissé et que
l'homme apparaît enfermé dans le filet qu'il a lui-même
formé, il se trouve complètement a la merci de cette destinée
par lui préparée. Alors elle le maintient immobile comme
le coquillage inerte sur le rocher immuable, ou elle l'em-
porte comme une plume dans le tourbillon soulevé par ses
propres actions.
Les plus grands philosophes de l'antiquité ne trouvaient
point déraisonnable que « les âmes pussent revenir auprès
2.Peary chand Mittra The Psychology o/* the ~ryas;Zfun!a/! nature,
pour Mars 1877.
des âmes, pour leur faire part de la conception des choses à
venir, soit par lettres, soit par un simple attouchement, ou
par un regard, afin de leur révéler les événementsDepasses plus,
ou leur prédire ceux à venir nous dit Ammonius.
Lamprias et d'autres maintenaient que si les esprits désin-
carnés ou les âmes pouvaient descendre sur la terre pour
devenir les anges gardiens des hommes mortels, « nous ne
devrions pas chercher à priver les âmes qui sont encore
dans un corps du pouvoir par lequel ceux-là connaissent
l'avenir et sont capables de le prédire. « Il est improbable
ajoute Lamprias, « que l'âme acquière un nouveau pouvoir
de prophétie après la séparation du corps, pouvoir qu'elle
ne possédait pas avant. Nous en conclurons, plutôt, <y~'e//e
possédait tous ces ~oufo/y~ pendant son union ofcc le
corps, bien <yM'a M/ï degré ~o~~par/ Car, de même
que le soleil ne brille pas seulement lorsqu'il sort des nuages,
mais qu'il est toujours radieux et n'apparaît terni que lors-
que les vapeurs l'obscurcissent, l'amc ne reçoit pas seule-
ment le pouvoir de lire dans l'av enir lorsqu'elle passe hors
du corps, mais elle l'a toujours possédé, bien qu'obscurci
par son rapport avec la terre
Un exemple familier d'une des phases du pouvoir de
l'âme, ou du corps astral de se manifester, est représenté
par le phénomène de ce qu'on se plaît à nommer les mains
spirites. En présence de certains médiums ces membres dé-
tachés, en apparence, se développent graduellement d'une
nébuleuse lumineuse, s'emparent d'un crayon, écrivent un
message, puis disparaissent à la vue des spectateurs. De
nombreux cas de ce genre ont été constatés par des per-
sonnes compétentes et dignes de foi. Ces phénomènes sont
réels et demandent à être pris en sérieuse considération.
Mais on a souvent pris pour authentiques de fausses mains
spirites. Nous avons vu, autrefois, à Dresde, une main et un
bras, exécutés dans un but de tromperie, munis d'un ingé-
nieux arrangement de ressorts qui lui faisaient exécuter, en
toute perfection, les mouvements d'un membre naturel,
tandis que, vu extérieurement, il fallait une inspection soi-
gneuse, pour découvrir son caractère artificiel. En se ser-
vant de cette main, le médium malhonnête retire son bras
de sa manche, et le remplace par' son substitut mécanique;
les deux mains paraissent alors posées sur la table, tandis
que, de fait, il touche les assistants avec une des siennes,
qui se montre, bousculant les meubles, et produisant d'au"
tres phénomènes.
Les médiums à manifestations, sont en règle générale
moins que qui que ce soit, capables de les comprendre ou
d'en fournir une explication. Parmi ceux qui ont écrit d'une
façon intelligente au sujet des mains lumineuses, figure le
D~ Francis Gerry Fairfield, auteur de 7~/ï ye~5 among
the ~ef/M/7!~ un article, dû à sa plume, parut dans la Li-
brary Table pour juillet 1877. Médium lui-même, il est
néanmoins un antagoniste décidé de la théorie spirite. Dis-
cutant le phénomène de la « main spirite il témoigne que
« cet auteur a assisté en personne à ces expériences, dans
des conditions de garantie établies par lui-même, dans sa
propre chambre en plein jour, le médium étant assis sur un
canapé, a une distance de six à huit pieds de la table sur
laquelle voltigeait l'apparition (la main spirite). Une appli-
cation des pôles d'un aimant en forme de fer à cheval, fai-
sait vaciller la main, et jetait le médium dans des convul-
sions violentes preuve évidente que la force qui faisait
agir le phénomène élail générée dans son propre système
nerveux ».
La déduction du D~ Fairfield que la main fantôme errante
est une émanation du médium est logique et parfaitement
correcte. L'épreuve de l'aimant prouve scientifiquement ce
que tout cabaliste affirmerait sur F autorité de l'expérience,
non moins que sur celle de la philosophie. La « force enga-
gée dans le phénomène est la volonté du médium, exer-
cée inconsciemment sur l'homme extérieur, qui, à ce moment,
est à moitié paralysé et en état de catalepsie la main fan-
tôme est une expulsion du membre de l'homme intérieur~
ou astral. C'est là le véritable corps dont le chirurgien ne
peut amputer les membres, mais qui demeure entier après
que l'enveloppe extérieure a été rejetée, et (malgré toutes
les théories de la compression des nerfs) possède toutes
les sensations antérieurement ressenties par les membres
physiques. C'est le corps spirituel (astral) qui « ressuscite
sans être corrompu ». Inutile de prétendre que ce sont là
des mains d'esprits car, en admettant même qu'à chaque
séance des esprits humains de toutes sortes soient attirés
vers le médium, et qu'ils dirigent et produisent certaines
manifestations, néanmoins, pour rendre des mains ou des
figures objectives, ils sont obligés de faire usage soit des
membres astrals du médium ou des matériaux fournis par
les élémentals, ou encore de se servir des émanations aurales
combinées de toutes les personnes présentes. Les esprits
purs ne consentent jamais a se montrer objectivement, et
ils ne le peuvent pas; ceux qui le font ne sont pas des es-
prits purs, mais des esprits élémentaires et impurs. Malheur
au médium qui devient la proie de ceux-ci
Le même principe qui agit dans la projection inconsciente
d'un membre fantôme par un médium en état de catalepsie,
s'applique aussi a la projection de son « double tout en-
tier, ou corps astral. Celui-ci peut être retiré par la volonté
du soi intérieur du médium, sans que son cerveau physique
en ait gardé un souvenir quelconque ceci constitue une
des phases du double pouvoir de l'homme. Il peut égale-
ment avoir lieu au moyen des esprits élémentaires et élé-
mentals, avec lesquels il peut garder la relation d'un sujet
mesmérique. Le D~ Fairfield a raison dans une des asser-
tions de son livre, à savoir que les médiums sont généra-
lement des êtres maladifs, et dans beaucoup de cas, sinon
des enfants de médiums, du moins des parents fort rappro-
chés. Mais il a tout à fait tort lorsqu'il attribue tous les
phénomènes psychiques à des conditions physiologiques
morbides. Les adeptes de la magie orientale jouissent tous,
sans exception, d'une santé mentale et physique parfaites
et, de fait, la production volontaire et indépendante des
phénomènes serait impossible dans le cas contraire. Nous
en avons connu beaucoup, mais pas un seul parmi eux n'était
un sujet maladif. L'adepte conserve sa parfaite conscience
il ne se produit chez lui aucun changement de température,
ou autre signe morbide quelconque il n'a pas besoin de
« conditions » spéciales, mais il produira ses phénomènes
n'importe où et partout et au lieu d'être passif et soumis
aux influences étrangères~ il gouverne les forces par une
volonté de fer. Nous avons démontré d'autre part, que le
médium et l'adepte sont aussi opposés que les pôles. Nous
ajouterons seulement que le corps, l'âme et l'esprit d~un
adepte sont tous conscients et travaillent harmonieusement,
tandis que le corps du médium est une masse inerte, et
même son âme peut être absente dans un rêve pendant
qu'un autre occupe sa demeure.
Un adepte peut non seulement projeter une main et la
rendre visible, mais toute autre partie ou la totalité de son
corps. Nous en avons vu un le faire en plein jour, tandis que
ses mains et ses pieds étaient maintenus par un ami scep-
tique qu'il voulait étonner (i). Petit à petit, le corps astral
tout entier émergea comme un nuage vaporeux, jusqu'à ce
qu'il y eût deux formes devant nous, la seconde étant
l'exacte reproduction de la première, avec cette seule diffé-
rence qu'elle était un peu plus sombre.
Le médium n'a nul besoin d'exercer son /?0!o~r de fo-
lonlé. Il suffit qu'il sache ce que les investigateurs atten-
dent de lui. L'entité « spirituelle » du médium, lorsqu'elle
n'est pas obsédée par d'autres esprits, agira hors de la
volonté et de la conscience de l'être physique, aussi aisé-
ment qu'elle agit lorsqu'elle occupe encore le corps pendant
un accès de somnambulisme. Ses perceptions externes et
internes, seront plus subtiles et bien plus développées,
exactement comme c'est le cas chez le somnambule. Voilà
pour quelle raison « la forme matérialisée en sait quel-
quefois plus long que le médium lui'même (~), parce que
la perception intellectuelle de l'entité astrale est d'autant
plus élevée par rapport à l'intelligence corporelle du mé-
dium en son état normal que l'entité spirituelle est plus
subtile que celle-là. On s'aperçoit généralement que le
médium est froid, que son pouls change à vue d'œil, et un
1. Le correspondant de Boulogne !France) d'un journal anglai: dit qu'il
a connu un monsieur dont le bras avait été amputé a t'épaule, qu'il est
persuadé qu'il a un bras spirituel, qu'il vcit et pc'it toucher avec l'autre
main. Il peut tout toucher et même soulever des objets avec la main spi-
rituelle ou fantômale Cette personne ignore tout du spiritisme. Nous
donnons ce récit tel qu'il nous a été transmis, sans l'avoir vériSé, mais il
corrobore ce que nous avons vu dans le cas d'un adepte oriental. Cet émi-
nent savant et cabaliste pratique peut projeter, à volonté, son bras astral,
et prendre, soulever et porter des objets au moyen de ce bras, à une
grande distance de là où il est assis ou debout. ~ous lui avons vu plu-
sieurs fois s'occuper ainsi d'un éléphant favori.
2. Réponse à une question posée à la « National Association of Spiri-
tualists mai 14, 1877.
état de prostration nerveuse succède au phénomène, ce
qu'on attribue sottement et sans discernement à l'action
des esprits désincarnés c'est ainsi qu'un tiers des phéno-
mènes peut être produit par ceux-ci, un autre tiers par les
élémentals, et le reste par le double astral du médium lui-
même.
Mais, tandis que nous croyons fermement que la plupart
des manifestations physiques, c'est-à-dire celles qui n'ont
besoin ni ne font preuve d'intelligence ou de discernement,
sont produites mécaniquement par le scin-lecca, (le double)
du médium, de même qu'une personne profondément endor-
mie ferait, une fois réveillée en apparence, des choses dont
elle ne conserverait aucun souvenir. Les phénomènes pure-
ment subjectifs sont dûs, sauf dans une proportion minime
des cas, à l'action du corps astral de l'individu. Dans la plu-
part des cas, et suivant la pureté morale, intellectuelle et
physique du médium, ils sont l'œuvre soit des élémentals,
soit quelquefois d'esprits humains très purs. Les élémentals
n~ont rien à faire avec les manifestations subjectives. Dans
des cas fort rares, c'est l'esprit divin du médium lui-même
qui les produit et les conduit.
Ainsi que Baboo Peary Chand Mittra le dit dans une
lettre (i) adressée au Président de l'Association Nationale
des Spirites, M. Alexandre Calder (2), un esprit est une
essence ou une puissance et n'a pas de forme. La seule idée
de la forme implique le matérialisme. Les esprits, (les âmes
astrales devrais-je dire). peuvent prendre une forme pour
un temps donné, mais cette forme n'est pas leur condition
permanente. Plus notre âme est matérielle, plus notre con-
ception des esprits est matérielle aussi ».
Epiménide, l'Orphikos, était célèbre pour « sa nature
sacrée et merveilleuse », et pour la faculté que possédait
son âme de s'absenter de son corps « aussi /o/7!jo~
aussi ~Hf~ qu'il le désirait ». Les anciens philosophes
qui ont offert des témoignages de cette faculté se comptent
par douzaines. Apollonius quittait son corps à son gré,
mais n'oublions pas qu'Apollonius était un adepte un « ma-
A
1..< Bouddhistes Opinion of the Spiritual States.
2. Voyez ie London Spiritualist ",mai 25, 1S~ p. 246
<'
gicien S'il n'avait été simplement qu'un médium, il
n'aurait pas pu accomplir à volonté, des exploits semblables.
Empédocle d'Agrigente, le thaumaturge pythagoricien,
n'avait besoin d'aucune condition pour arrêter la trombe
qui se déversait sur la cité. Il n'en avait pas besoin,non plus,
pour ramener, ainsi qu'il le fit, une femme à la vie. Apol-
lonius ne se servait pas de chambres noires pour accomplir
ses exploits aethrobatiqucs. Disparaissant instantanément
dans l'air devant les yeux de Domitien et d'une foule im-
mense de témoins (plusieurs milliers) il apparut, une heure
plus tard, dans la grotte de Puteoli. Mais une investigation
aurait démontré que son corps physique étant devenu invi-
sible par la concentration d'akasha autour de lui, il avait
pu s'en aller inaperçu à une retraite sûre du voisinage et,
une heure après, sa forme astrale apparaissait à ses amis
à Puteoli, en donnant l'impression que c'était l'homme lui-
même.
Simon le Magicien n'attendit pas non plus d'être mis en
trance, pour s'envoler dans l'air devant les apôtres et une
foule de témoins. « Nul besoin n'est de conjurations et de
cérémonies tracer des cercles et brûler de l'encens sont
des niaiseries et des jongleries », dit Paracelse. L'esprit
humain « est une chose si grande que nul ne peut le décrire
de même que Dieu, lui-même, est éternel et immuable,
de même aussi est l'esprit de l'homme. Si nous nous
rendions bien compte de ses pouvoirs, rien, ici-bas, ne nous
serait impossible. Notre imagination est fortifiée et déve-
loppée par la /bf dans notre volonlé. La foi doit confirmer
l'imagination, car la foi engendre la volonté ».
Un curieux récit d'une Interview personnelle, en 1783,
d'un Ambassadeur Anglais avec un Bouddha réincarné
sujet efUeuré dans notre premier volume un 'enfant âgé
à ce moment là de dix-huit mois parut dans le Asialic
Journal, d'après la narration faite par un témoin oculaire,
M. Turner, l'auteur de The 2~&o~</ /o 7~/& La pru-
dence du sceptique qui craint la risée du public, cache à
peine l'étonnement que causa le phénomène au témoin, qui
cherche, en même temps à reproduire les faits avec toute la
véracité possible. Le lama nouveau né reçut l'ambassadeur
et sa suite avec une dignité et un décorum tellement na-
turels et aisés qu'ils en demeurèrent émerveillés. L'attitude
de cet enfant, dit l'auteur, était celle d'un vieux philosophe,
grave, tranquille et exquisement courtois. Celui-ci fit com-
prendre au jeune pontife l'immense chagrin que ressentait
le gouverneur général de Galagata (Calcutta), la cité de~
Palais, et le peuple des Indes, lorsqu'ils apprirent sa mort,
et la joie générale ressentie lorsqu'on sut qu'il était ressus-
cité dans un nouveau corps jeune et sain à ce compliment,
le jeune lama le regarda, lui et sa suite, avec une grande.
satisfaction, et leur offrit courtoisement des sucreries dans.
une tasse d'or. « L'ambassadeur continua en lui exprimant
l'espoir du Gouverneur Général que le lama continuerait
longtemps à éclairer le monde par sa présence, et que
l'amitié qui jusqu'alors avait subsisté entre eux, se raffer-
mirait encore plus, au profit et à l'avantage des intelligents
fervents du lama. pendant ce temps le petit enfant re-
garda fixement l'orateur et inclina gracieusement la tête;
oui il s'inclina et aquiesça de la tête comme s'
prenait et approuvait chaque parole qui avait été pro-
com-
noncé (1). »
S'il comprenait Si l'enfant se comporta de la façon la
plus naturelle et la plus digne pendant toute la réception,
.et « lorsque les tasses à thé étaient vides, s'il s'inquiéta,
fronça le sourcil, et ne cessa de faire du bruit jusqu'à ce
qu'elles eussent de nouveau été remplies~, pourquoi n'au-
rait-il pas pu comprendre tout ce qui fut dit?
Il y a bien des années, une petite caravane de voyageurs
cheminait péniblement de Cashmire à Leh, une ville du
Ladâhk (Thibet central). Parmi les guides se trouvait un
Shaman tartare, personnage fort mystérieux, qui parlait
un peu le russe mais pas un mot d'anglais il réussit néan-
moins à se faire comprendre de nous, et nous rendit de
bons services. Ayant su que quelques personnes de notre
troupe étaient russes, il s'imagina que notre protection
était toute-puissante, et lui faciliterait le moyen de rentrer
en toute sécurité chez lui en Sibérie, d'où il s'était échappé
ainsi qu'il nous le raconta, il y avait quelque vingt ans,
pour des raisons inconnues, en passant par Kiachta et le
1. Voyez la Hindu Mytholopy de Coleman.
grand désert de Gobi, jusque dans le pays des Tcha-gars (t).
Avec un but aussi intéresse en perspective, nous nous crû-
mes en parfaite sécurité sous sa garde. Donnons succinc-
tement l'explication de notre situation nos compagnons
avaient formé le plan téméraire de pénétrer dans le Thibet
sous divers déguisements, aucun ne parlant la langue du
pays, bien qu'un d'eux, M. K ayant appris quelques
mots de tartare de Kasan, croyait bien la parler. Nous ne
le mentionnons qu'incidemment, car nous avouons, dès le
début, que deux d'entre eux, les frères N furent poli-
ment reconduits à la frontière avant d avoir fait plus de
seize milles dans le mystérieux pays du Bod oriental et
M. K un expasteur luthérien ne put même pas essayer
de quitter son misérable village près de Leh, car dès lex
premiers jours il y fut pris de fièvres et dut retourner à
Labore, via Cashmire. Mais un exploit auquel il assista lui
suffit, comme s'il avait été présent à la réincarnation du
Bouddha en personne. Ayant entendu parler de ce « miracle
par un vieux missionnaire russe, au récit duquel il ajoutait
aussi peu de foi qu'à ceux de l'abbé Hue, son désir ardent
depuis plusieurs années avait été de démasquer, comme
il le disait, cette grande «jonglerie païenne ». K était un
positiviste, et se vantait de son néologisme anti-philoso-
phique. Mais son positivisme allait recevoir un coup mortel.
A environ quatre journées de marche d'Islamabad, à un
insignifiant petit village de maisons de boue, dont le seul
attrait était son lac merveilleux, nous nous arrêtâmes pour
quelques jours de repos. Nos compagnons s'étaient éloignés
de nous temporairement, et le village en question devaitt
être notre point de ralliement. Ce fut là que notre Shaman
nous informa qu'une nombreuse troupe de « Saints lamaï-
ques, voyageant en pèlerinage auprès de divers temples
s'était logée dans un ancien temple souterrain et y avait
installé une vihara temporaire. Il ajouta que comme « Trois
Honorables » (2) étaient censés voyager avec eux, les saints
1. Défense est faite aux sujets russes de passer sur le territoire tartare,
de même que les sujets de l'empereur de Chine ne peuvent se rendre aux
factoreries russes.
2. Ceux-ci sont tes représentants de la Trinité bouddhiste, Bouddha,
charma et Sangha, ou Fo, Fa et Seugh, ainsi qu'on les nomme au Thibet.
Birkshus (moines) étaient capables de produire les plus
grands miracles. M. K enthousiasmé à la perspective de
pouvoir démasquer cette fraude, leur rendit visite sur le
champ, et, dès ce moment, les relations les plus amicales
s'établirent entre les deux camps.
Le vihar était installé dans un endroit retiré et roman-
tique garanti contre toute intrusion. Malgré les attentions
obséquieuses, les présents et les protestations de M. K
le chef, qui était un Pase-Budhu (un ascète de haute sain-
teté) refusa de laisser exécuter le phénomène de «l'incar-
nation~, jusqu'à ce qu'un certain talisman, en possession de
l'auteur, lui eut été présenté (~). Mais lorsqu'on le lui eut
fait voir, les préparatifs furent faits aussitôt, et on se pro-
cura un enfant de trois à quatre mois, d'une mère qui rési-
dait dans les environs. On exigea tout d'abord de M. K
qu'il prêtât serment de ne rien divulguer pendant l'espace
de sept ans de tout ce qu'il pourrait voir ou entendre. Le
talisman est une simple agate ou cornaline connue chez les
Thibétains et autres sous le nom de A-yu, et qui possède
naturellement ou à laquelle on a communiqué de fort mys-
térieuses propriétés. Un triangle y est gravé, au centre du-
quel sont tracés quelques mots mystérieux (1).
2. est défendu à une Bikshu d'accepter quoi que ce soit directement
11
d'un laïque, même de son propre pays, encore moins d'un étranger. Le
moindre contact avec le corps et mème les vêtements d'une personne n'ap-
partenant pas à leur communauté spéciale doit être soigneusement évité
Ainsi les présents apportés par nous et qui comprenaient des pièces de
pou-lou rouge et jaune, sorte d'étoiTc de laine portée généralement par
les lamas, eurent à passer par d'étranges cérémonies. Il leur est interdit:
1" de demander ou de mendier quoi que ce soit. même s'ils mouraient
de faim. devant attendre que cela leur soit volontairement offert: 2" de
toucher de l'or ou de l'argent avec les mains 3" de manger une bouchée
de nourriture, lorsqu'elle leur est offerte, si le donateur ne dit pas ferme-
ment au disciple: « Ceci est pour que ton maître mange. Là-dessus le
disciple se tournant vers le pare~ doit offrir la nourriture à son tour et
lorsqu'il a dit: Maître, ceci est permis prends et mange », alors seule-
ment le lama peut le prendre de la main droite et le manger. Toutes nos
otirandes eurent à passer par ces purifications. Lorsque des pièces d'ar-
gent et quelques poignées d'annas (monnaie égale à environ quatre cen-
times) furent offertes à difTérentes occasions à la communauté, un disciple
commença par envelopper sa main dans un mouchoir jaune, et recevant
les pièces de monnaie sur la paume de la main il les mettait immédiate
ment dans le Badir, appelé aussi en d'autres endroits Sabaït, bassin sacré
généralement en bois, gardé pour recevoir les offrandes.
1. Ces pierres sont en grande vénération chez les Lamaïstes et les Boud-
dhistes elles ornent le trône et le sceptre du Bouddha et le Taleh Lama
Plusieurs jours se passèrent avant que tout eût été ter-
miné rien de mystérieux n'eut lieu dans l'entretemps,
sauf qu'au commandement d'un des Bikshus, d'horribles
usures apparurent dans les eaux du lac et nous regardè-
rent, tandis que nous étions assis sur le bord de l'eau à
la porte du Vihar. Une de ces figures était la propre soeur
de M. K qu'il avait laissée en parfaite santé chez lui,
mais qui, nous le sûmes plus tard, était morte quelque
temps avant que nous ayons entrepris notre voyage. Cette
vue lui causa, au début, un grand chagrin, mais appelant
son scepticisme à son aide, il se tranquillisa en l'attribuant
à des ombres de nuages, de réiïecHons de branches d'ar-
bres, etc., comme le font généralement les gens de son
espèce.
Au jour indiqué, l'enfant fut apporté à la Vihara et laissé
dans le vestibule ou chambre de réception, M. K n'étant
pas autorisé à entrer plus avant dans le sanctuaire tempo-
raire. L'enfant fut alors couché sur un morceau de tapis au
milieu de la chambre et tous ceux qui ne faisaient pas par-
tie de notre troupe furent renvoyés, et deux « mendiants »
placés à la porte pour la garder contre les intrus. Tous les
lamas s'assirent alors par terre, avec leurs dos contre le
mur de granit de sorte qu'un espace d'au moins dix pieds
les séparait de l'enfant. Un morceau de cuir carré ayant été
mis par terre par le desservant pour le chef, il s'assit dans
le coin le plus reculé. Seul M. K fut placé tout près
de l'enfant et observait chacun de ses mouvements avec
un intérêt intense. La seule stipulation qui avait été exi-
gée de nous, était de garder un parfait silence et d'atten-
en porte une au quatrième doigt de la main droite. On les trouve dans les
montagnes Altaï, et près de la rivière Yarkuh. Notre talisman était un
présent d'un vénérable grand'prétre, n~t Heiloung, de la tribu des Kal-
moucks. Bien qu'ils soient considérés comme des apostats du Lamaïsme
primitif, ces tribus nomades entretiennent des relations amicales avec
leurs frères kalmoucks, les Chokhots du Thibet oriental et de Kokenor
et même avec les Lamaistes de Lha-Ssa. Néanmoins les autorités ecclé-
siastiques ne veulent avoir aucune relation avec eux. Nous avions eu de
nombreuses occasions de connaître ce peuple intéressant des steppes
d'Astrakan, ayant vécu dans leurs Kibitkas, dans notre jeunesse, et ayant
joui de la somptueuse hospitalité du prince Tumene, leur chef défunt, et
de la Princesse. Les Kalmoucks emploient dans leurs cérémonies reli-
gieuses des trompettes faites avec les os des cuisses et des bras de leurs
chefs défunts et de leurs grand'prétres.
dre patiemment la suite des événements. Un brillant soleil
entrait par la porte, grande ouverte. Le « Supérieur tomba
graduellement dans ce qui paraissait être un état de pro-
fonde méditation, tandis que les autres, après une courte
invocation à voix basse, restèrent silencieux, et avaient
l'air d'être pétriués. Le silence était oppressif et le gazouil-
lement du petit enfant était le seul son qu'on entendît.
Après quelques moments le mouvement des membres de
l'enfant cessa soudain et son corps devint tout à fait rigide.
K observait attentivement chaque mouvement, et tous
deux, par un regard rapide, nous constatâmes que tous les
assistants étaient immobiles. Le Supérieur, le regard fixé
par terre ne semblait même pas voir l'enfant mais pâle et
immobile, il ressemblait plutôt à une statue de bronze d'un
Talapoin en méditation, qu'à un être vivant. Tout à coup,
à notre grande stupéfaction, nous vîmes l'enfant, non pas
se lever, mais violemment projeté, pour ainsi dire, en «posi-
tion assise. » A la suite de deux ou trois secousses de cette
nature, comme un automate actionné par des fils de fer,
l'enfant de quatre mois se mit debout sur ses pieds 1 Ima-
ginez notre étonnement, et l'horreur de M. K. Aucune
main ne s'était étendue, aucun mouvement n'avait été fait,
aucune parole n'avait été prononcée et cependant voici
qu'un enfant à la mamelle se tenait debout devant nous
aussi erect et aussi ferme qu'un homme.
Nous donnerons la suite du récit d'après les notes
écrites le même soir par M. K et qu'il nous confia au
cas où elles n'auraient pu parvenir à leur destinataire ou
au cas où l'auteur n'aurait rien pu voir de plus.
« Après une minute ou deux d'hésitation écrit M. K
« l'enfant tourna la tête et me regarda avec une expression
d'intelligence tout à fait terrifiante !1 me donna le frisson.
Je me pinçai les mains et me mordis les lèvres jusqu'au
sang pour m'assurer que je ne rêvais pas. Mais tout cela
n'était que le commencement. La miraculeuse petite créa-
ture, faisant, ainsi qu'il /7ïe sembla, deux pas vers moi,
reprit sa position assise et, sans détacher ses yeux des
miens, répéta mot à mot, dans ce que je supposai être la
langue thibétaine, les mêmes paroles qu'on m'avait dit
auparavant être généralement prononcées aux incarnations
du Bouddha et commençant par « Je suis le Bouddha;
je suis le vieux lama je suis son esprit dans un 'nouveau
corps », etc. Une véritable terreur s'empara de moi mes
cheveux se dressèrent sur ma tête et mon sang se figea
dans mes veines. Il m'eût été impossible de prononcer une
seule parole. Il ne s'agissait ici ni de tricherie ni de ven-
triloquie. L'enfant remuait les lèvres et ses yeux semblaient
lire au fond de mon âme avec une expression qui me fai-
sait penser que c'c/< celle du Supérieur /M~c/ne, ses
yeux, son regard qui s'attachaient sur moi. C'était comme
c/ï/
.</ son e.<)r// était dans le corps du petit enfant, et
me re~o/a~ fi /ra~er~ le masque ~'a/ï.~oar~/ï~ de la figure
de /'<'n/a/ Je sentis ma tête tourner. S'approchant de moi
l'enfant posa sa petite main sur la mienne. Je sursautai
comme si j'avais été brûlé par un charbon ardent et, inca-
pable de supporter plus longtemps cette effroyable scène,
je me cachai la figure dans les mains. Ce ne fut qu'un ins-
tant mais lorsque je les retirai, le petit acteur était rede-
venu un bébé inconscient, et un moment plus tard, couché
sur le dos, il se mit à pleurer. Le Supérieur avait repris sa
condition normale et la conversation recommença.
« Ce ne fut qu'après une série d'expériences de cette
nature, espacées sur une dizaine de jours, que je me rendis
compte que j'avais vu le surprenant et incroyable phéno-
mène décrit par certains voyageurs, mais que j'avais tou-
jours dénoncé comme une imposture. Parmi les nombreuses
questions que je posai au Supérieur et qu'il laissa sans
réponse malgré mes demandes réitérées, il me fournit un
renseignement qui doit être considéré comme très signifi-
catif. « Que serait-il arrivé », lui demandai-je par l'en-
tremise du shaman, si pendant que l'enfant parlait, dans
un moment de terreur subite à la pensée que ce pouvait
être « le diable » je l'eusse tué ? Il répondit que si le coup
n'avait pas été fatal sur le coup, l'enfant seul aurait été
tué. Mais supposez, continuai-je, que mon coup eût été
aussi rapide que l'éclair ? « Dans ce cas, répondit-il, vous
m'auriez /~€ également. »
Il y a au Japon et au Siam deux ordres de prêtres, un
desquels est public, qui traite avec le peuple, et l'autre est
strictement privé. Ces derniers ne sont jamais vus leur
existence n'est connue que de quelques indigènes, mais
jamais des étrangers. Leurs pouvoirs ne s'exhibent jamais
en public ils ne s'exhibent même pas du tout, sauf en de
rares occasions de la plus haute importance, et alors les
cérémonies ont lieu dans des temples souterrains ou autre-
ment inaccessibles et en présence de quelques élus dont les
têtes répondent du secret qui leur est imposé. Parmi ces
occasions sont les cas de mort dans la famille royale ou
ceux des hauts dignitaires affiliés à l'ordre. Un des exploits
les plus saisissants du pouvoir de ces magiciens est le
retrait de Famé astrale des cendres d'un être humain, céré-
monie qui se pratique également dans 'les lamaseries les
plus importantes du Thibet et de la Mongolie.
Il est de coutume au Siam, au Japon et dans la Grande-
Tartarie de faire des médaillons, des statuettes et des ido-
les avec les cendres des personnes brûlées (1) on en fait
une pâte avec de l'eau et, une fois moulées à la forme vou-
lue, elles sont cuites et dorées. La Lamaserie de Ou-Tay,
dans la province Mongole de Chan-Si, est la plus renommée
pour ce genre de travail et les personnes riches envoient
les ossements de leurs parents décédés pour y être pulvé-
risés et modelés. Lorsque l'adepte en magie se propose de
faciliter le retrait de l'âme astrale du défunt, qui, autre-
ment, risquerait fort, croient-ils, de demeurer stupéfiée pen-
dant un laps de temps indéfini, dans les cendres, on pro-
cède la manière suivante La poussière sacrée est mise en
tas sur une plaque de métal, fortement magnétisée, de la
grandeur d'un corps d'homme. L'adepte l'évente, alors,
lentement et doucement, avec le Talapat Nang (i), éven-
tail d'une forme particulière sur lequel sont inscrits certains
signes, en murmurant en même temps, une espèce d'invo-
cation. Les cendres sont bientôt, pour ainsi dire, vitalisées,
et s'étendent sur une mince couche qui prend la forme du
corps avant l'incinération. II s'en dégage alors graduelle-
1. Les Kalmoucks bouddhistes des steppes de l'Astrakan, ont l'habi-
tude de fabriquer leurs idoles avec les cendres de leurs princes et de
leurs prêtres. Une parente de l'auteur possède dans sa collection plu-
sieurs petites pyramides faites avec les ossements de Kalmoucks éminents,.
qui lui ont été donnés par le prince Tumene, lui-même, en 1806.
2. Eventail sacré dont se servent les prêtres en guise de parasol.
ment une vapeur blanchâtre, qui se dresse après un certain
temps en une colonne, et celle-ci devenant plus solide, se
transforme finalement en « double ou contre-partie astrale
éthérée du défunt, et qui, à son tour se dissout dans l'air
et disparaît à la vue des mortels (1).
Les Magiciens du Cashmire, du Thibet, de la Mon-
golie et de la Grande Tartarie sont trop bien connus pour
que nous nous arrêtions à les commenter. S'ils sont des
jro/M/ (prestidigitateurs), nous convions les prestidigi-
tateurs les plus renommés de l'Europe et de l'Amérique
à les imiter, s'ils en sont capables.
Si nos savants se sont reconnus incapables d'imiter l'em-
baumement des momies égyptiennes, combien plus grande
serait leur surprise de voir, ainsi que nous l'avons vu, des
corps morts conservés par l'art des alchimistes, de telle
manière, qu'après des siècles, ils ont l'air de personnes plon-
gées dans le sommeil. Le teint est aussi frais, la peau aussi
élastique, les yeux aussi naturels et brillants que s'ils étaient
en pleine santé, et que le rouage de la vie ne s'était arrêté
que depuis quelques instants. Les corps de certains grands
personnages sont placés sur des catafalques, dans de riches
mausolées, quelquefois recouverts de dorures, et même de
plaques d'or fin leurs armes favorites, leurs joyaux et les
articles d'usage journalier sont placés à leur portée, et une
suite de serviteurs, frais garçons et jeunes filles, mais des
cadavres conservés comme leurs maîtres, se tiennent auprès
d'eux prêts à l'appel pour leur rendre service. Dans le cou-
vent du Grand Kouren, et dans un autre, situé sur la Mon-
tagne Sainte (Bohté Oula), il y a, dit-on, plusieurs sépultu-
res de cette nature, qui ont été respectées par toutes les
hordes conquérantes qui ont envahi ce pays. L'abbé Hue
en entendit parler, mais il ne les vit point, les étrangers
étant tous exclus et les missionnaires et voyageurs euro-
péens ne pouvant se prévaloir des protections nécessaires
seraient les dernières personnes auxquelles l'approche des
lieux sacrés serait permise. L'affirmation de Hue que les
tombeaux des souverains tartares sont entourés d'enfants
« auxquels on a fait avaler du mercure jusqu'à ce qu'ils
Voyez vol. I, p.
fussent suffoqués au moyen duquel « la couleur et la frai-
cheur des victimes est si bien conservée, qu'elles paraissent
encore en vie est une de ces fables ineptes de mission-
naires qui n'en imposent qu'aux ignorants qui les accep-
tent par ouï-dire. Les bouddhistes n'ont jamais immolé une
seule victime, humaine ou animale. C'est tout à fait contre
les préceptes de leur religion et on n'a jamais accusé un
lamaïste d'un pareil forfait. Lorsqu'un riche désire être
enterré en compagnie, on envoie des messagers par tout le
pays chez les embaumeurs lamaïstes, et ceux-ci choisissent
à cet effet les corps d'enfants décédés d'une mort natu-
relle. Les parents pauvres ne sont que trop heureux de voir
leurs enfants morts conservés de cette manière poétique, au
lieu de les abandonner à la décomposition ou aux animaux
sauvages.
Lorsque l'abbé Hue était revenu vivre à Paris, après son
voyage au Thibet, il raconta, entre autres merveilles iné-
dites, à M. Arsenieff, un Russe, le fait curieux suivant, du-
quel il avait été témoin pendant son long séjour dans la
lamaserie de Kounboum. Un jour, tout en causant avec un
des lamas, celui-ci s'arrêta soudain de parler et prit l'atti-
tude attentive de celui qui écoute un message qui lui serait
transmis, bien qu'il (Hue) n'entendît pas prononcer un seul
mot. « Il faut que je m'en aille », dit, tout à coup, le lama,
comme s'il répondait au message.
« Aller où ? demanda avec étonnement le « lama de
Jehovah (Huc) « Et à qui parlez-vous ? »
« A la lamaserie de fut la réponse. <: Le Shaberon
a besoin de moi c'est lui qui m'a appelé. »
Or cette lamaserie était à plusieurs journées de marche
de celle de Kounboum où la conversation avait lieu. Mais
ce qui parut étonner le plus l'abbé Huc, ce fut qu'au lieu
de partir en voyage, le lama se rendit à une espèce de
chambre coupole dans la maison où ils habitaient, et un
autre lama, après un échange de quelques paroles, les sui-
vit sur la terrasse au moyen d'une échelle et, passant entre
eux, ferma et verrouilla la porte sur son compagnon. Puis,
se tournant vers Hue, après quelques secondes de médita-
tion, il sourit et l'informa « qu'il était parti.
« Comment cela se fait-il ? Vous l'avez vous-même en-
ermé, et la chambre n'a pas d'autre issue ? insista le mis-
sionnaire.
« A quoi lui servirait une porte ? répondit le geôlier.
« C'est /u/7tc/ne qui est parti on n'a pas besoin de son
corps, de sorte qu'il m'en a confié la cAar~.
Malgré les merveilles dont Hue fut témoin pendant son
périlleux voyage, son opinion fut qu'il avait été mystifié
par les deux lamas. Mais trois jours plus tard, n'ayant pas
vu son ami et hôte, il demanda de ses nouvelles et on lui
dit qu'il serait de retour ce même soir. Au coucher du so-
leil, comme les autres lamas se préparaient à se retirer,
Hue entendit la voix de son ami appelant, depuis les nua-
ges, son compagnon pour qu'il lui ouvrît la porte. Tour-
nant son regard en haut, il aperçut la silhouette du uo~/a-
geur derrière les volets de la chambre dans laquelle il avait
été enfermé. Lorsqu'il descendit il fut tout droit chez le
Grand Lama de Kounboum et lui délivra certains messages
et « ordres » rapportés de l'endroit qu'il prétendait avoir
quitté peu auparavant. Hue ne put obtenir d'autres rensei-
gnements au sujet de son voyage aérien. Mais il croit tou-
jours, que cette « farce » avait un rapport avec les prépa-
ratifs immédiats et extraordinaires pour l'expulsion polie
des deux missionnaires, lui-même et le Père Gabet, à Cho-
gor-tan, propriété de Kounboum. Les soupçons de l'aven-
tureux missionnaire étaient probablement bien fondés, étant
donné son impudente curiosité et son indiscrétion.
Si l'Abbé avait été au courant de la philosophie orien-
tale, il n'aurait pas eu de difficulté pour comprendre l'en-
volée du corps astral du lama à la lamaserie éloignée,
tandis que son corps physique demeurait en arrière, ou la
conversation avec le Shaberon dont il n'entendait pas un
mot. Les récentes expériences avec le téléphone en Amé-
rique, auxquelles nous avons fait allusicii au chapitre V de
notre premier volume, mais qui ont été beaucoup perfec-
tionnées depuis que ces pages ont été publiées, prouvent
<me la voix humaine et les sons des instruments de musi-
que peuvent être transmis à grande distance sur les fils
télégraphiques. Les philosophes hermétiques enseignaient,
ainsi que nous l'avons vu, que la disparition d'une flamme
n'implique pas son extinction réelle. Elle n'a fait que pas-
ser du monde visible au monde invisible et peut être per-
çue par le sens intime de la vision, adapté aux choses de
cet autre univers plus réel. Les mêmes règles s'appliquent
au son. L'oreille physique perçoit jusqu'à une certaine
limite, non encore exactement définie et qui varie suivant
les individus, les vibrations de l'atmosphère l'adepte, lui,
dont l'oreille interne a été hautement développée, peut sai-
sir le son à ce point où il disparaît et entendre indéfiniment
ses vibrations dans la lumière astrale. Il n'a besoin ni de
fils conducteurs, ni d'hélices ni de tables de résonance
son pouvoir de volonté est tout-puissant. Entendant au
moyen de l'esprit, le temps et la distance ne constituent
pas de barrières, et .c'est ainsi qu'il peut correspondre avec
un autre adepte situé aux antipodes avec autant de facilité
que s'ils étaient l'un en face de l'autre dans la même
chambre.
Nous pouvons heureusement invoquer le témoignage de
nombreux témoins pour prouver ce que nous avançons~
lesquels, sans être des adeptes, ont néanmoins entendu les
sons de la musique aérienne et de la voix humaine, lorsque,
instruments ou personnes étaient à des milliers de milles
de l'endroit où ils étaient placés.
Dans ce cas, ils entendaient intérieurement, bien qu'ils
s'imaginassent que seuls leurs organes auditifs physiques
étaient en jeu. L'adepte leur avait, par un effet de son pou-
voir de volonté, transmis pendant un court espace de temps
la perception de l'esprit du son, dont il jouit constamment.
Si nos savants, au lieu de s'en moquer, voulaient bien
étudier l'antique philosophie de la trinité de toutes les for-
ces naturelles, ils s'approcheraient par bonds de la vérité
aveuglante, au lieu de ramper comme des limaces, ainsi
qu'ils le font aujourd'hui. Les expériences du professeur
Tyndall en vue de South Foreland à Douvres en i875,ont
renversé toutes les théories précédentes sur la transmission
du son, et celles qu'il exécuta avec des flammes sensitives (1)
l'ont placé sur le seuil même de la science occulte. Un pas
de plus, et il aurait compris comment les adeptes peuvent
converser à de grandes distances. Mais ce pas ne ser a j9<ï~
I. Voyez ses Conférences sur !e son e.
franchi. Parlant de sa flamme sensitive, en vérité ftamme
magique, il dit « Le moindre coup frappé sur une en-
clume éloignée la fait tomber à sept pouces. Lorsqu'on se-
coue un trousseau de clés, la flamme est violemment agitée
et émet un son très puissant. La chute d'une pièce de six
pence (soixante-deux centimes)dans la main où se trouve déjà
une pièce de monnaie,fait tomber la flamme. Le craquement
d'une chaussure la met en violente commotion. Le froisse-
ment ou le déchirement d'une feuille de papier, ou le frou-
frou d'une robe de soie ont le même effet. En réponse au
tic-tac d'une montre placée près d'elle, elle tombe et explose.
Le remontage d'une montre produit sur elle un tumulte.
On peut faire tomber et hurler la flamme en l'excitant à
une distance de trente yards. En récitant devant elle un
passage du poème « Fairie Oueene » la flamme choisit et
sélectionne les différents sons de ma voix, soulignant quel-
ques-uns par un léger fléchissement, d'autres par un souffle
plus intense, tandis qu'à d'autres elle répond par une vio-
lente agitation. »
Voilà les merveilles de la science physique moderne
mais au prix de quels appareils coûteux, d'acide carbonique
et de gaz de houille de sifflets, de trompettes, de gongs
et de cloches canadiennes et américaines Les pauvres païens
ne s'embarrassent pas de tant de choses mais la science
européenne voudra-t-elle en convenir ils produisent exac-
tement les mêmes phénomènes. Lorsqu'une fois, dans un
cas d'importance exceptionnelle, un «oracle savait été exigé,
nous reconnûmes la possibilité de ce qu'auparavant nous
avions fermement nié, à savoir qu'un simple mendiant fit
transmettre la réponse par une flamme sensitive sans l'om-
bre d'un appareil. On alluma un feu avec les branches d'un
arbre Beal, et on y versa quelques herbes utilisées dans
les sacrifices. Le mendiant était assis tout près, immobile,
absorbé en contemplation. Pendant les intervalles entre les
questions, le feu tombait et semblait vouloir s'éteindre, mais
lorsque les questions étaient posées, les flammes s'élançaient
en grondant vers le ciel, vacillaient, se courbaient et lan-
çaient des langues de feu à l'est, à l'ouest, au nord et au
sud chaque mouvement de la flamme s'interprétant d'une
manière différente, suivant un code de signaux bien compris
du mendiant. Entre temps elle avait l'air de rentrer soua
terre, les langues de feu venaient lécher le sol dans toutes les
directions, puis disparaissaient pour apparaître de nouveau.,
laissant seulement un lit de cendres ardentes. Lorsque l'en-
trevue avec les esprits du feu prit fin. le Bikshu (mendiant)
se tourna vers la jungle où il habitait, en entonnant un chant
plaintif et monotone, au rythme duquel la flamme dansait
en cadence, non comme celle du professeurTyndall lorsqu'il
lisait la Fairie Queene, par de simples mouvements, mais
avec de merveilleuses modulations, sifflant et rugissant
jusqu'à ce qu'il fût hors de vue. Puis, comme si sa vie elle-
même venait de s'éteindre, elle disparut, et il ne resta qu'un
amas de cendres devant les spectateurs confondus. Dans le
Thibet occidental et oriental, de même que partout où le
Bouddhisme prédomine, il existe deux religions distinctes,
comme c'est également le cas pour le Brahmanisme, à sa-
voir la philosophie secrète et la religion populaire. Celle-
là est celle des partisans de la doctrine de la secte de Su-
trântika (1). Ils s'en tiennent étroitement à l'esprit des
enseignements originels du Bouddha, qui préconisent la
nécessité de la perception /M~c, et de toutes les déduc-
tions qu'on en peut tirer. Ils ne proclament point leur ma-
nière de voir et ne permettent pas non plus de la rendre
publique.
« Tous les co/n~o.?~ sont périssables furent les derniè-
res paroles qui tombèrent des lèvres du Gautama mourant,
lorsqu'il se préparait, sous l'arbre Sàl, à entrer en Nirvana.
« L'esprit est l'unique unité, élémentaire et primordiale, et
chacun de ses rayons est immortel, infini et indestructible.
Gardez-vous des illusions de la matière. Le Bouddhisme
fut répandu au loin dans l'Asie et même au-delà, par Dharm-
Asôka. Il était le petit-fils du faiseur de miracles Chandra.
gupta,le roi illustre, qui délivra le Punjab des Macédoniens,
si tant est que ceux-ci aient jamais pénétré dans le Pun-
jab et qui reçut Mégasthènes à sa cour a Pataliputra.
Dhàrm-Asoka fut le plus grand roi de la dynastie des Maû-
ryas. Débauché insouciant et athée, il devint un Prvâdasi,
1. Du mot composé su<ra, maxime ou précepte, et a~&a, prés rap-
proché.
« l'aimé des dieux et la pureté de ses concepts philan-
thropiques ne fut jamais surpassée par aucun souverain
terrestre. Son souvenir demeura vivant pendant des siècles
dans les cœurs bouddhistes et se perpétua dans les édits
charitables qu'il fit graver en divers dialectes populaires sur
des colonnes et des rochers à Allahabad, Delhi, Guzerat,
Pesha\var, Arissa, et autres lieux (i). Son célèbre grand
père réunit l'Inde entière sous son sceptre puissant. Lors-
que les Nagas~ou adorateurs de serpents du Cashmire furent
convertis par les efforts des apôtres envoyés par les Stha-
viras des troisièmes conseils, la religion de Gautama se ré-
pandit comme un incendie. Gândhara, Caboul et même de
nombreux satrapes d'Alexandre le Grand, embrassèrent la
nouvelle philosophie. Le bouddhisme du Népal étant celui
qui s'est le moins éloigné que les autres de l'ancienne foi
originelle, le Lamaïsme de la Tartarie, de la Mongolie et
du Thibet, qui est une branche directe de ce pays, demeure,
par conséquent le bouddhisme le plus pur car, nous le
répétons, le Lamaïsme proprement dit, n'est que la forme
extérieure des rites.
Les Upasakas et les Upasakis, ou hommes et femmes
sémi-monastiques et semi-laïques, doivent, de même que
les moines-lamas eux-mêmes, s'abstenir strictement de vio-
ler les règles du Bouddha, et s'attacher aussi bien qu'eux à
l'étude du .t~)o et de tous les phénomènes psychologiques.
Ceux qui se rendent coupables des « cinq péchés », per-
dent le droit de se joindre à la pieuse communauté. Les lois
plus importantes sont: de ne /Mrer/)OM/' aucune considéra-
tion, car le juron re/o~6e sur celui qui le /)ro/*cre,e~ soH-
ucn~ sur les proches innocents qui resPirent la ~~ne û~-
/7!0~/)/r<? ~Me lui. S'aimer les uns les autres et même nos
ennemis les plus acharnés; de donner notre vie, même pour
les animaux, au point de s'abstenir de porter des armes dé-
fensives de gagner la plus grande des victoires en se con-
quérant soi-même; éviter tous les vices; pratiquer toutes les
vertus, et tout spécialement l'humilité et la douceur obéir
1. serait injuste de comparer Asoka à Constantin, comme l'ont fait
11
plusieurs orientalistes. Si au point de vue religieux et politique Asoka
fit pour l'Inde ce qu'on prétend que Constantin Et pour le monde occi--
dental, la comparaison s'arrête là.
à ses supérieurs, chérir et respecter ses parents, les vieil-
lards, la connaissance des hommes vertueux et les saints
donner à manger aux hommes et aux animaux leur donner
asile et les réconforter planter des arbres sur le bord des
routes et creuser des puits pour le bien être des voyageurs
voilà quels sont les devoirs moraux des bouddhistes. Tous
les Anis ou Bikshunis (nonnes) sont astreints à ces lois.
Nombreux sont les saints bouddhistes et lamaïstes qui
ont été renommés pour la sainteté de leur vie et les <: mi-
racles » qu'ils ont faits. Ainsi, Tissu, l'instructeur spirituel
de l'Empereur, qui consécra Kublaï-Khan, le Nadir-Shah,
était universellement connu tant pour la sainteté de sa vie
que pour les nombreux miracles qu'il produisit, mais il ne
s'en tenait pas aux miracles inutiles, il faisait mieux que
cela. Tissu purifia complètement sa religion et d'une seule
province de la Mongolie méridionale, il força, dit-on, Kublaï
à chasser des couvents 50.000 moines imposteurs, qui fai-
saient de leur religion le prétexte d'une vie de vice et de
paresse. Les Lamaïstes eurent encore leur grand réforma-
teur le Shabéron Son-Ka-po, qu'on dit avoir été conçu d'une
manière immaculée par sa mère, une vierge de Koko-nor
(xiv" siècle) laquelle fut aussi une faiseuse de miracles. L'ar-
bre sacré de Kounboum, l'arbre des !0 000 images, lequel,
par suite de la dégénérescence de la véritable foi, cessa de
bourgeonner pendant plusieurs siècles, commença à pousser
des feuilles, dit la légende, et fleurit plus vigoureusement
que jamais, des cheveux de cet avatar de Bouddha. Suivant
la même légende~ il, (Son-Ka-po) monta au ciel en 14i9.
Contrairement aux idées prévalentes, fort peu de ces saints
sont des /~AM&z/Aa~ou Shaberons–c'est-à-dire des réin-
carnations.
Beaucoup de ces lamaseries ont des écoles de magie,
mais la plus célèbre de toutes est le collège du monastère
du Shu-Tukt, auquel sont attachés plus de 30.000 moines,
la lamaserie constituant une véritable petite ville. Quelques-
unes des nonnes possèdent de merveilleux pouvoirs psy-
-chologiques. Nous avons rencontré quelques-unes de ces
femmes sur la route de Lha-Ssa à Candi, la Rome du boud-
dhisme, avec ses autels miraculeux et les reliques de Gau-
tama. Afin d'éviter de se rencontrer avec les Musulmans et
les autres sectes, elles voyagent seules de nuit, sans armes,
et sans crainte des animaux sauvages, car ceux-ci ne s'al-
laquenl pas à elles. Aux premières lueurs de l'aurore, elles
se réfugient dans des grottes et des viharas préparées pour
elles par leurs co-religionnaires, à des distances calculées
d'avance car nonobstant le fait que le bouddhisme s'est
réfugié à Ceylan, et que nominalement il n'y en a que peu
de cette dénomination dans l'Inde anglaise les confréries
secrètes (Byauds) et les viharas bouddhistes sont nombreuses,
et chaque Jaïn se croit obligé de prêter aide indifféremment
aux bouddhistes et aux lamaïstes.
Toujours à la recherche des phénomènes occultes, assoiffé
de merveilleux, un des plus intéressants phénomènes que
nous ayons vus fut exécuté par un de ces pauvres Bikahus
voyageurs. Il y a longtemps de cela, et à une époque où
toutes ces manifestations étaient encore neuves pour l'au-
teur de ces lignes. Un ami bouddhiste, un mystique, né à
Cashmire de parents Katchi, mais converti au Bouddha-
lamaïsme, et qui réside généralement à Lha-Ssa, nous avait
mené faire visite à une troupe de pèlerins.
« Pourquoi emportez-vousce bouquet de plantes mortes? »
demanda une des Bikshuni (nonne) une grande femme âgée
et très maigre, en indiquant un grand bouquet de ravis-
santes fleurs, fraîches cueillies et odorantes, que portait
l'auteur de ces lignes.
« Mortes ? fut notre réponse. « Mais on vient de les
couper dans le jardin »
« Et cependant elles sont mortes »,
répondit-el!e grave-
ment.
« Naître dans ce monde-ci, n'est-ce pas mourir? Voyez
comment apparaissent ces fleurs lorsqu'elles s'épanouissent
dans le monde de la lumière éternelle, dans les jardins de
notre bienheureux Foh. »
Sans bouger de la place qu'elle occupait l'Ani prit une
fleur du bouquet, la mit sur ses genoux et attira, en appa-
rence, vers elle, des brassées de matériaux invisibles de
l'atmosphère environnante. Un moment après, un faible
noyau de vapeur devint visible, et prit lentement forme et
couleur jusqu'à ce qu'apparut, se balançant en l'air, l'exacte
copie de la fleur que nous lui avions donnée. Exacte en.
tant que teinte et forme comme l'original couche, devant
nous, mais mille fois plus riche en couleur et en esquise
beauté, de même que le glorieux esprit de l'homme est plus
beau que son enveloppe physique. Fleur après fleur, et
jusqu'aux plus petits brins d'herbe furent ainsi reproduits
et s'évanouirent, réapparaissant suivant notre demande, ou
simplement en réponse à notre pensée. Ayant pris une
rose épanouie nous la lui présentâmes le bras étendu, et
quelques minutes plus tard le bras et la fleur, parfaits dans
leurs détails, apparurent dans l'espace, à deux yards d'où
nous étions assis. Mais tandis que la fleur paraissait
incomparablement plus belle et plus éthérée que les autres
esprits des fleurs, la main et le bras ne semblaient être que
le reflet d'un miroir, y compris une large tache sur l'avant-
bras, qu'y avait laissé un morceau de terre humide déta-
chée des racines de la fleur. Nous en connûmes la raison
plus tard.
Une grande vérité fut énoncée il y a quelque cinquante
ans par le D' Francis Victor Broussais lorsqu'il dit « Si
le magnétisme est réel, la médecine serait une absurdité.
Le magnétisme est véritable nous ne contredirons donc
pas le reste de la phrase du savant français. Ainsi que
nous l'avons démontré, le magnétisme est l'A B, C de la
magie. Il est inutile de chercher à comprendre la théorie
ou la pratique de la magie avant de connaître le principe
fondamental des attractions magnétiques et de ses répul-
sions à travers la nature.
Beaucoup de ce qu'on se plaît à nommer des supersti-
tions populaires, ne sont que les preuves de la perception
instinctive de cette loi. Les peuples ignorants apprennent
par l'expérience de nombreuses générations que certains
phénomènes ont lieu à la suite de conditions fixes ils re-
produisent ces conditions et obtiennent ainsi le résultat
désiré. Ignorant les lois, ils expliquent les faits par le sur-
naturel, car l'expérience a été leur seul maître.
Aux Indes, de même qu'en Russie et dans d'autres pays,
il existe une répugnance instinctive de traverser l'ombre
d'une personne, et surtout si celle-ci est rousse; dans l'Inde,
les indigènes hésitent à serrer la main d'un individu d'une
autre race. Ce ne sont point, là, de simples fantaisies. Chaque
personne émet une exhalaison magnétique, ou aura on
peut être en parfaite santé, mais en même temps l'exhalai-
son peut avoir un caractère morbifique pour d'autres per-
sonnes qui seraient susceptibles d'être influencées par elles.
Le D' Esdaile et d'autres magnétiseurs nous ont appris
dès longtemps, que les orientaux, et tout particulièrement
les hindous, sont plus susceptibles que les individus des
races blanches. Les expérieuces du baron Reichenbach
et, de fait, celles du monde entier prouvent que ces
exhalaisons magnétiques sont plus intenses vers les extré-
mité?. Les manipulations thérapeutiques en sont la preuve
les poignées de mains sont, donc, calculées oour trans-
mettre les conditions magnétiques antipathi lues et les
hindous sont sages de tenir toujours présente leur ancienne
superstition, qui leur vient du Munou.
Le magnétisme d'une personne rousse, nous le constatons
chez presque tous les peuples, cause une terreur instinc-
tive. Nous pourrions citer des proverbes, russes, persans,
géorgiens, hindous, français, turcs et même allemands,
pour démontrer que la traîtrise et d'autres vices sont géné-
ralement attribués à ceux qui sont doués de cette com-
plexion. Lorsqu'un homme est au soleil, le magnétisme de
cet astre projette ses émanations dans son ombre, et l'ac-
tion moléculaire croissante développe plus d'électricité. Par
conséquent, une personne qui lui serait antipathique
bien que ni l'un ni l'autre ne s'apercevrait du fait agi-
rait prudemment en ne passant pas au travers de son
ombre. Les médecins ont soin de se laver les mains après
avoir touché un malade pourquoi ne les accuse-t-on pas
aussi de superstition, comme on le fait pour les hindous ?
Les sporules de la maladie sont invisibles, mais néanmoins
réels, ainsi que l'expérience européenne l'a démontré. Or,
/'e.c/)e~ence orientale, depuis des cenlaines de siècles, a
démontré que les germes de la conlagion morale s'a/-
lachent aux localilés, et que le magnétisme ~Mr~eu~
êlre lransmis par attouchement.
Une autre croyance qui a cours dans quelques contrées
de la Russie, particulièrement en Géorgie (Caucase) et dans
l'Inde, est celle que lorsque le corps d'un noyé ne peut
~tre retrouvé, il suffit de jeter dans l'eau un de ses vête-
ments pour que le courant l'emporte il flottera sur l'eau
jusqu'à l'endroit où, git le corps, et là il s'enfoncera. Nous
avons même été témoins de l'expérience entreprise avec-
succès avec la corde sacrée d'un brahmane. Elle surnagea
de ci, de là, tournant en rond comme si elle cherchait l'en-
droit, puis soudain elle fila en ligne droite pendant envi-
ron cinquante yards et alla au fond, à l'endroit exact où
des plongeurs trouvèrent le corps et le ramenèrent à la
surface. On retrouve cette < superstition jusqu'en Amé-
rique. Un journal de Pittsburg, de date toute récente, dé-
crit la manière dont fut retrouvé le corps d'un jeune gar-
çon, nommé Reed, dans le Monongahela.. Tous les autres
moyens ayant été inutiles, on employa, dit-il, < une curieuse
superstition. Une des chemises de l'enfant fut jetée dans
la rivière où il avait disparu, et surnagea pendant quelque
temps, puis s'enfonça à un endroit donné, où l'on retrouva
le corps, qu'on put alors repêcher. La croyance que la che-
mise d'un noyé, jetée à l'eau, suivra le corps est bien répan-
due, tout absurde qu'elle paraisse être
Ce phénomène s'explique par la puissante attraction exer-
rée par le corps sur les objets qu'il a portés pendant long-
temps. Plus le vêtement est ancien plus l'expérience est
effective un vêtement neuf n'est d'aucune utilité.
De temps immémorial, en Russie, les jeunes filles de
chaque village ont l'habitude de jeter dans la rivière, le
jour de la Trinité, au mois de Mai, des guirlandes de feuilles
vertes, que chaque jeune fille tresse elle-même, pour
consulter de cette manière les oracles. Si la guirlande s'en-
fonce, c'est un indice que la jeune fille mourra sous peu,
sans se marier si elle surnage, elle se mariera, le temps
dépendant du nombre de versets qu'elle pourra dire pen-
dant que dure l'expérience. Nous affirmons positivement
que nous connaissons personnellement plusieurs cas, dont
deux de nos amis intimes, où l'augure de la mort fut prouvé
exact, et où les jeunes filles moururent dans l'année. Le
résultat serait sans doute le même si l'expérience avait lieu
à tout autre moment que le jour de la Trinité. On attribue
l'action de couler de la guirlande à ce que celle-ci est im-
prégnée du magnétisme malsain d'une constitution qui porte
déjà en elle les germes d'une mort prématurée ce magné-
tisme étant attiré par le sol au fond de l'eau. Quant au
reste, nous l'abandonnons volontiers aux partisans des coïn-
cidences.
La même remarque générale, au sujet de superstitions qui
auraient une base scientifique, s'applique aux phénomènes
exécutés par les fakirs et les jongleurs, que les sceptiques
classent parmi la catégorie des fraudes. Et cependant, pour
tout observateur consciencieux, voire même un non ini-
tié, il y a ici une énorme différence entre le rimiya (phé-
nomène) d'un fakir, et le &a~-&o~ (tour de passe passe)
d'un prestidigitateur, et la nécromancie d'un jadûgar, ou
sâhir, qui inspirent aux indigènes autant de crainte que de
mépris. Cette différence, imperceptible, que dis-je, in-
compréhensible, pour les sceptiques européens, est ins-
tinctivement appréciée par tout hindou, qu'il soit de haute
ou de basse caste, éduqué ou ignorant. La rangâlin, ou sor-
cière, qui se sert de ses terribles pouvoirs mesmériques
(abhi-char) pour faire le mal, peut s'attendre à être mise
à mort à n'importe quel moment, car tous les hindous con-
sidèrent qu'il est légal de la tuer un bukka-baz, ou jon-
gleur, sert à l'amusement des foules. Un charmeur de ser-
pents avec son bâ-ini plein de serpents venimeux, cause
moins de frayeur, car ses pouvoirs de fascination ne s'exer-
cent que sur des animaux et des reptiles il est incapable
de jeter un charme sur des êtres humains, ou de faire ce
que les indigènes nomment maular pA~n~nd, de jeter des
sorts à des hommes, au moyen de la magie. Mais en ce qui
concerne les yoguis, les saunyâsi et les saints hommes qui
acquièrent de grands pouvoirs psychologiques par un entraî-
nement mental, la question est totalement différente. Quel-
ques-uns de ceux-ci sont considérés par les hindous comme
des demi-dieux. Les européens sont incapables de se rendre
compte de ces pouvoirs, sauf en des cas rares et excep-
tionnels.
Le résident anglais qui se trouve en présence dans les
maidaus et les places publiques, de ce qu'il considère
comme des exhibitions horribles et nauséabondes, d'êtres
humains assis immobiles dans la torture volontairement
imposée du Mr~a bahu, avec les bras élevés au-dessus de
la tête pendant des mois entiers, et même pendant des-
années, ne doit nullement s'imaginer que ce sont des fakirs
à miracles. Les phénomènes exécutés par ceux-ci ne se
-voient que par l'entremise et la protection amicale d'un
brahmane, ou dans des circonstances fortuites toutes parti-
culières. Ces hommes sont aussi peu accessibles que les
véritables filles Nautch, dont parlent tous les voyageurs,
mais que bien peu ont vues, puisqu'elles appartiennent
exclusivement aux pagodes.
Il est fort bizarre, que malgré les milliers de voyageurs
et les millions de résidents anglais qui ont séjourné aux
Indes et l'ont traversée dans toutes les directions, si peu
soit encore connu de ce pays et des contrées environnantes.
Quelques lecteurs douteront peut-être non seulement de
ce que nous avançons, mais ils sont capables de le contre-
dire. Sans doute, nous répondront-ils, tout ce qu~on désire
savoir sur l'Inde est déjà archi-connu. Et, de fait, cette
réponse nous a déjà été faite. Il ne faut pas s'étonner si les
résidents anglo-indiens ne se soucient guère de faire des
enquêtes car, comme un officier anglais nous le dit une
fois « la société ne considère pas de bon ton de s'occuper
des hindous ou de leurs affaires, ou même de s'étonner ou
de prendre des informations au sujet des choses extraor-
dinaires qu'on pourrait y observer. » Mais nous sommes
fort surpris que, du moins, les voyageurs n'aient pas exploré
plus qu'ils ne l'ont fait ce pays éminemment intéressant. Il
y a à peine cinquante ans, qu'en pénétrant dans les mon-
tagnes Bleues ou Nilgherry de l'Hindoustan méridional,
deux courageux officiers anglais qui y chassaient le tigre,
découvrirent une race étrange, parfaitement distincte en
langage et en apparence de tous les autres peuples hindous.
On mit en avant de nombreuses suppositions, toutes plus
absurdes les unes que les autres, et les missionnaires, tou-
jours sur le qui-vive pour faire tout cadrer avec la Bible,
allèrent jusqu'à suggérer que ce peuple était une des dix
tribus perdues d Israël, étayant leur ridicule hypothèse sur
ce qu'ils ont le teint blanc et « les traits caractéristiques
de la race juive Cette dernière allégation est parfaitement
erronée, car les Todas, ainsi qu'on les nomme n'ont pas la
moindre ressemblance avec le type juif; soit parles traits,
la forme, l'action ou le langage. Ils se ressemblent tous et,
ainsi que le disait un de nos amis, les plus beaux Todas,
pour la majesté et la beauté de leurs formes, ressemblent
plus à la statue du Zeus grec, que tous les autres hommes
à sa connaissance.
Cinquante ans se sont écoulés depuis la découverte mais
quoique, depuis lors, des villes aient été édifiées dans ces
montagnes, et que le pays ait été envahi par les européens,
on ne sait rien de plus qu'alors, sur le compte des Todas.
Parmi les plus stupides rumeurs qui courent au sujet de ce
peuple, sont celles qui ont trait à leur nombre et à leur
pratique de la polyandrie. L'opinion générale dit que par
suite de cette coutume leur nombre est tombé à quelques
centaines de familles et que la race disparaît rapidement.
Nous avons eu l'occasion de nous renseigner à leur sujet, et
nous affirmons par conséquent positivement que les Todas
ni ne pratiquent la polyandrie, ni que leur nombre est aussi
restreint qu'on veut bien le supposer. Nous sommes tout
prêts à démontrer que personne n'a jamais vu des enfants
leur appartenant. Ceux qu'on a vus chez eux appartiennent
aux Badagas, tribu hindoue, tout à fait distincte des Todas,
comme race, couleur et langage, et qui comprend les < ado-
rateurs les plus directs de ce peuple étrange. Nous disons
bien adoraleurs, car les Badagas, habillent, nourrissent,
servent les Todas, et considèrent chaque Toda comme une
divinité. En stature, ce sont des géants, aussi blancs que
les européens ils portent leurs cheveux et leur barbe châ-
tains et bouclés démesurément longs, qu'aucun rasoir n'a
touché dès leur enfance. Aussi beaux qu'une statue de Phi-
dias ou de Praxitèle, les Todas demeurent oisifs toute la
journée, ainsi que l'affirment quelques voyageurs qui les
ont vus. Nous reproduisons ce qui suit des opinions contra-
dictoires et des affirmations que nous avons entendues des
résidents de Ootakamund et d'autres petites villes civili-
sées récemment construites dans les Montagnes Nilgherry.
« Ils ne se servent jamais d'eau; ils sont extraordinaire-
ment beaux et nobles d'allure, mais très sales; à l'encontre
de tous les autres indigènes ils méprisent les bijoux, et ne
portent jamais d'autres vêtements qu'une grande draperie
noire ou couverture de laine, avec une bande de couleur au
bas ils ne boivent jamais autre chose que du lait pur;
ils ont de grands troupeaux de vaches, mais ils ne man-
gent pas leur chair, ni n'utilisent leurs bestiaux pour le
labour ou le travail ils ne vendent ni n'achètent les Ba-
gadas les nourrissent et les habillent ils ne portent ni ne
se servent jamais d'armes, voire même d'un simple bâton
les Todas ne savent pas lire et ne veulent pas l'apprendre.
Ils font le désespoir des missionnaires et n'ont, en appa-
rence, aucune religion, à part le culte qu'ils se rendent eux-
mêmes, comme Seigneurs de la Création (1).
Nous allons corriger quelques-unes de ces affirmations,
autant que nous le pourrons, d'après ce que nous a dit un
personnage très saint, un Brahmanam-gourou, que nous
tenons en haute estime.
Personne n'en a vu plus de cinq ou six à la fois ils ne
parlent pas aux étrangers, et aucun voyageur n'a jamais
pénétré dans leurs curieuses huttes longues et basses, qui
n'ont, en apparence, ni fenêtres ni cheminée et qu'une
seule porte personne n'a jamais vu l'enterrement d'un
Toda, pas plus qu'un homme très âgé parmi eux ils ne
sont jamais attaqués par le choléra, bien que des milliers
d'indigènes meurent autour d'eux dans des épidémies pério-
diques de cette maladie enfin, bien que les environs four-
millent de tigres et d'autres animaux sauvages, ni tigre, ni
serpent, ni quel animal féroce que ce soit dans ces parages,
n'a jamais touché un Toda ou une de leurs bêtes, bien que,
ainsi que nous l'avons dit plus haut, ils ne portent même
pas un bâton.
De plus, les Todas ne se marient point. Leur nombre
paraît fort restreint, car personne n'a réussi à les dénom-
brer aussitôt que leur solitude est profanée par l'avalan-
che de la civilisation, ce qui fut le cas, probablement
par suite de leur propre négligence les Todas se retirent
dans des lieux encore plus inconnus et inaccessibles que les
Montagnes Niigherry ne l'étaient auparavant ils ne nais-
sent pas de mères Todas, ni de parenté Toda -ce sont les
enfants d'une secte très choisie, mise à part dès leur enfance
dans un but religieux tout spécial. Reconnus à. la particu-
larité de leur teint et d'autres signes, ces enfants sont con-
1. Voyez Indian Sketches et la Vête Cyclopedia de Appleton, etc.
sidérés dès leur naissance pour ce qu'on nomme des Todas.
Tous les trois ans chacun doit se rendre à un endroit
donné, pour un certain laps de temps, où tous se rencon-
trent leur « saleté n'est qu'un masque, comme celle qui
revêt un sannyasi en public, pour obéir à son vœu leur
bétail, la plupart du temps, est voué à des usages sacrés
et bien que leurs lieux de culte n'aient jamais été foulés
par des pieds profanes, ils existent néanmoins et rivalisent
probablement avec les plus belles pagodes ~o~ora/ns
connues des européens. Les Badagas sont leurs vassaux
tout spéciaux et, ainsi qu'on l'a déjà dit, ils adorent les
Todas comme des demi-dieux car leur naissance et leurs
pouvoirs mystérieux leur donnent droit à cette distinction.
Le lecteur peut être certain que tous les renseignements
à leur sujet qui iraient à l'encontre du peu que nous avons
recueilli, sont erronés. Aucun missionnaire n'en prendra un
dans ses filets, et aucun Badaga ne les trahira pas non
plus, même s'il était, de ce fait, coupé en morceaux. Il s'agit
ici d'un peuple qui a un grand et noble but à remplir et
dont les secrets sont inviolables.
De plus. les Todas ne sont pas la seule tribu mystérieuse
des Indes. Nous avons fait allusion à plusieurs de celles-ci
dans un chapitre précédent, mais combien il y en a encoreî
C'e~t une question qui demeurera toujours innommée, igno-
rée, mais toujours présente
Tout ce que l'on sait au sujet de ce qu'on appelle géné-
ralement le Shamanisme se réduit à fort peu de chose
celui-ci même a été dénaturé comme, du reste, toutes les
autres religions non chrétiennes. On l'a dénommé le « paga-
nisme de la Mongolie, et cela tout à fait à tort, car c'est
une des plus anciennes religions de l'Inde. C'est le culte des
esprits, ou la croyance en l'immortalité des âmes, croyance
que celles-ci sont toujours les mêmes hommes que sur la
terre, bien que leurs corps aient perdu leur forme objective,
.et que l'homme ait échangé sa nature physique contre une
nature spirituelle. Dans son état actuel le shamanisme est
un rejeton de la théurgie primitive et un mélange pratique
des mondes visible et invisible. Lorsqu'un habitant de la
terre désire entrer en communication avec ses frères invi-
sibles, il doit s'assimiler leur nature, c'est-à-dire qu'il les
rencontre à mi-chemin et ceux-ci lui fournissent une pro-
vision d'essence spirituelle, il leur transmet, à son toury.
une partie de sa nature physique, ce qui leur permet d'ap-
paraître quelquefois sous une forme semi-objective. C'est
"rechange temporaire des deux natures, dénommé théur-
gie. On appelle les shamans des sorciers, parce que, soi-
disant, ils évoquent les « esprits » des morts dans un but
de nécromancie. Le véritable shamanisme, dont les traits
caractéristiques prévalaient aux Indes du temps de Megas-
thènes, (300 ans avant J.-C.) est aussi peu comparable,
à en juger par ses adeptes dégénérés parmi les shamans de
Sibérie, que la religion de Gautama-Bouddha l'est au féti-
chisme de ses partisans dans le Siam et le Burmah. Il
s'est refugié dans les lamaseries de la Mongolie et du Thi-
bet et là encore, le shamanisme, si nous devons lui don-
ner ce nom, est pratiqué jusqu'aux limites les plus extrê-
mes des relations entre les hommes et les < esprits ». La
religion des Lamas a gardé fidèlement la science primitive
de la magie, et produit, encore aujourd'hui, d'aussi grands
exploits que du temps de Kublai-Khan et de ses barons.
L'ancienne formule mystique du roi Srong-ch-Tsans-
Gampo, le < Aum mani padmé houm » (1), produit ses mer-
veilles, maintenant comme au vu' siècle. Avalokistes-
vara, le plus élevé des trois Boddhisattvas, et le saint
patron du Thibet, projette toujours son ombre à la vue des
ndèles~ à la lamaserie de D-a-G'Dan, fondée par lui; et la
forme lumineuse de Son-Ka-pa, dans celle d'un nuage de
feu, qui se sépare des rayons dansants du soleil, converse
encore avec la grande congrégation des lamas au nombre
de plusieurs milliers la voix descend d'en haut comme le-
murmure de la brise dans le feuillage. Peu de temps après,
disent les Thibétains, la superbe apparition disparaît dans.
l'ombre des arbres sacrés du parc de la lamaserie.
On dit qu'à Garma-Kian, (le couvent primitif) les esprits
mauvais et qui n'ont pas fait de progrès sont appelés et
l.j4nnt (terme mystique sanscrit pour la Trinité), mani (saint joyau),
padmé (dans le lotus, padma étant le nom pour lotus), Aon~ (ainsi soit-
il). Les six syllabes de la sentence correspondent aux six principaux pou-
voirs de la nature émanant de Bouddha (la divinité abstraite, et non pa&
Gautama), qui est le septième, et l'Alpha et l'Oméga de l'être.
qu'on les fait apparaître à certaines époques, et qu'on les
oblige à rendre compte de leurs méfaits les adeptes
lamas les forcent à redresser les torts qu'ils ont faits aux
mortels. C'est ce que l'abbé Hue exprime naïvement par
« représenter les mauvais esprits c'est-à-dire les dia-
bles. S'il était permis à certains sceptiques européens de
consulter les notes imprimées journellement (1) à Moru, et
dans la « Cité des Esprits des rapports professionnels
qui ont lieu entre les lamas et le monde invisible, ils pren-
draient certainement un plus grand intérêt aux phénomè-
nes si abondamment prônés dans les journaux spirites. C'est
à Buddha-lla, ou plutôt Foht-lla (la Montagne de Bouddha),
la plus importante des milliers de lamaseries du pays, qu'on
voit le sceptre Boddhisgat flotter sans contact dans l'air,
et ses mouvements règtent les actions de la communauté.
Lorsqu'un lama est appelé à rendre compte au supérieur
du monastère, il sait d'av ance qu'il est inutile de mentir
le « régulateur de la justice » (le sceptre) est là, et son mou-
vement ondulatoire, qui approuve ou condamne, décide
instantanément et sans conteste la question de sa culpabi-
lité. Nous ne prétendons pas avoir été témoin personnelle-
ment de tout ce que nous rapportons nous n'avons
aucune prétention de ce genre. Il suffit de dire que pour
ces phénomènes, ce que nous n'avons pas vu de nos propres
yeux nous a été affirmé de telle façon que nous l'endos-
sons comme absolument véridique.
Nombreux sont les lamas du Sikkim qui produisent des
meipo « miracles au moyen de leurs pouvoirs magiques.
Feu le Patriarche de la Mongolie, Gegen Chutuktu, qui
demeurait à Urga, un véritable paradis, était là seizième
incarnation de Gautama, par conséquent un Boddhisattva.
Il avait la réputation de posséder des pouvoirs phénomé-
naux, même parmi les thaumaturges du pays des miracles
par excellence. Qu'on ne s'imagine pas, toutefois, que ces
pouvoirs se développent sans travail. Les vies de la plu-
1. Moru (la pure) est une des plus célèbres lamaseries de Lha-Ssa
située directement au centre de la cité. Le Shaberon, le Taley Lama, y
réside pendant la plus grande partie des mois d'hiver pendant les deux
mois de la saison chaude il demeure à Foht-Ha. C'est à Moru qu'est le
plus grand établissement typographique du pays.
part de ces saints hommes, appelés à tort des vagabonds
oisifs, des mendiants filous, qui, soi-disant, passent leur vie
à en imposer à la crédulité de leurs victimes, sont en elles-
mêmes des miracles parce qu'elles prouvent ce qu'une
volonté de fer et une parfaite pureté de vie et de but sont
capables d'accomplir, et jusqu'à quel degré d'ascétisme
surnaturel un corps humain peut être assujetti, et néan-
moins vivre jusqu'à un âge très avancé. Aucun ermite
chrétien n~a jamais rêvé de tels raffinements de discipline
monastique et la demeure aérienne d'un Simon Stylite
apparaîtrait comme un jeu enfantin à côté des épreuves de
volonté que s'imposent les fakirs et les bouddhistes. Mais
l'étude théorique de la magie est une chose: la possibilité
de la pratiquer en est une autre. A .S/PHn~ le col-
lège Mongol, plus de trois cents magiciens (sorciers, comme
les appellent les missionnaires français) enseignent à plus
du double d'élèves entre douze et vingt ans; ceux-ci doivent
attendre bien des années avant de passer l'initiation finale.
Pas un pour cent n'atteint le but final; et sur les milliers
de lamas qui occupent une ville de maisonnettes autour du
monastère, deux pour cent, tout au plus, deviennent des
faiseurs de miracles. On peut apprendre par cœur chaque
ligne des 108 volumes du A'o<Mr ( i), et néanmoins faire un
piètre magicien dans la pratique. Il n'y a qu'une seule chose
qui y conduit sûrement, et plus d'un écrivain hermétique
a fait allusion à cette étude particulière. Un d'eux, l'alchi-
miste arabe Abipili, dit, comme suit: « Je t'avertis, qui que
tu sois, qui désires te plonger dans les parties les plus pro-
fondes de la nature; si ce que tu cherches tu ne le trouves
pas a:<r/<7~ de toi, lu ne le /OMfg/'as~cf~a/s au dehors.
Si tu ne connais pas l'excellence de ta propre maison, pour-
quoi chercher l'excellence d'autres choses?. HOMME,CON-
NAIS-TOI, TOI-MEME, EX TOI RÉSIDE LE TRESOR
DES TRÉSORS. »
Dans un autre traité d'alchimie, De J/a~ Z~o,
l'auteur exprime ses idées au sujet de la pierre philosophale,
en ces termes: « Pour certaines raisons je m'abstiendrai
1.Le gra~d canon bouddhiste qui comprend 1083 ouvrages en plusieurs
centaines de volumes, dont beaucoup traitent de la mapic.
de trop parler sur ce sujet, qui n'est cependant qu'une
chose, déjà trop clairement décrite car elle en démontre
et établit les usages magiques et naturels, (ceux de la pierre
philosophale), dont beaucoup de ceux qui l'ont eue en mains,
n'avaient jamais entendu parler. Lorsque je les eus devant
les yeux, ils /?/r*e~ /~c/M&/e/' mes ~eno~.r mon cceur dé-
faillir, au point ~e<~7!er~e leur vue »
Tout néophyte a ressenti, plus ou moins, ce sentiment;
mais, une fois qu'il l'a surmonté, l'homme est un ADEPTE.
Dans les cloîtres du Dshashi-Lumbo, et de Si-Dzang,
ces pouvoirs, latents dans tout homme, mais dont un fort
petit nombre savent se servir, ces pouvoirs sont cultivés à
la perfection. Qui n'a pas entendu parler, aux Indes, du
Banda-Chan-jRamboutchi,le //o~/o~)f/ de la capitale du
IIaut-Thibet? Sa fraternité de Khe-lan était célèbre dans
le pays tout entier et un des « frères les plus renommés
était un .<'A- (un Anglais) qui y arriva un jour de
l'Occident dans la première partie de ce siècle c'était un
bouddhiste consommé, et après un mois de préparation, il
fut admis parmi les Khe-lans. II parlait toutes les langues,
y compris le thibétain, et connaissait toutes les sciences,
nous dit la tradition. Sa sainteté et les phénomènes qu'il
produisit firent qu'il fut proclama Shaberon après quelques
années seulement de résidence. Son souvenir est encore
vivant aujourd'hui parmi les Thibétains, mais son véritable
nom n'est connu que des seuls Shaberons.
Le plus grand des meipo qu'on dit être l'objet de l'am-
bition de tout dévot bouddhiste était, et est encore, la
faculté de marcher dans l'air. Le célèbre roi de Siam, Pia
Metak, le Chinois, était connu pour sa dévotion et son éru-
dition. Mais il
n'obtint ce don surnaturel qu'après s'être
placé sous l'enseignement direct d'un prêtre de Gautama-
Bouddha. Cra vfurd et Finlayon, pendant leur séjour au
Siam, suivirent avec grand intérêt les efforts de quelques
nobles siamois pour acquérir ce pouvoir (1
De nombreuses et diverses sectes de la Chine, du Siam,
de la Tartarie, du Thibet, du Cashmire et de l'Inde an-
glaise consacrent leurs vies à l'acquisition de ces soi-disant
1. <'
Semedo « Vol III, p. 114.
c(
pouvoirs surnaturels Parlant d'une de ces sectes le
Taossé Semedo, dit « Ils prétendent qu'au moyen de cer-
tains exercices et de certaines méditations on recouvre la
jeunesse et que d'autres deviennent des Shien-sien, des
Béats-Terrestres, dans lequel état tous les désirs sont gra-
tifiés, tandis qu'ils peuvent se transporter d'un endroit à un
autre, à n'importe quelle distance, rapidement et sans
difuculté. Ce pouvoir n'a rapport qu'à la projection
de l'entité astrale, dans une forme plus ou moins corpo-
relle, mais il ne s'agit certainement pas du transport du
corps physique. Ce phénomène n'est pas plus un miracle
que le reflet d'une personne dans un miroir. Nul ne décou-
vrira dans cette image une parcelle de matière et néanmoins
notre double est là, devant nous, fidèlement reproduit, jus-
qu'au dernier cheveu sur notre crâne. Si, par cette simple
loi de réuexion, notre double peut être vu dans un miroir,
combien plus frappante encore, la preuve de son existence
n'est-elle pas fournie par l'art de la photographie Ce n'est
pas une raison parce que nos physiciens n'on~/XM encore
trouvé le moyen de prendre des photographies, sinon à de
faibles distances, que cet art doive e/re impossible pour
C6M.K qui ont découvert ce moyen dans la puissance de la
volonté humaine elle-même, libérée de toute entrave fer-
restre (t). La science prétend que nos pensées sont de la
77ïa~e/'e toute énergie produit une perturbation plus ou
1. On raconte une anecdote qui avait cours parmi les amis de Da~uerru
entre 183S et 1840. A une soirée chez M°" Daguerre, deux mois environ
avant la présentation du célèbre procédé de Daguerre à l'Académie des
Sciences, par Arago (janvier IS39) celle-ci eut une consultation sérieuse
avec une des célébrités médicales de l'époque au sujet de la condition
mentale de son époux. Après avoir expliqué au médecin les nombreux
symptômes de ce qu'elle prenait pour une aberration mentale de son
mari, elle ajouta, les larmes aux yeux, que la preuve la plus évidente de
la folie de Daguerre était sa ferme conviction qu'il réussirait à clouer sa
propre ombre sur la muraille, ou de la fixer sur ses plaques métalliques
nta~qrae~. Le docteur écouta attentivement la relation et répondit que, de
son côté, il avait observé dernièrement chez Daguerre, les symptômes de
ce qui, pour lui, était une preuve irréfutable de folie. 11 termina la con-
versation en lui conseillant d'expédier son mari tranquillement et sans
retard à Bicétre, l'asile d'aliénés bien connu. Deux mois plus tard un
profond intérêt s'éleva dans le monde des arts et de la science, à la suite
de l'exposition d'images prises avec le nouveau procédé. Les ombres
avaient été &xées, après tout, sur les plaques métalliques, et « l'aliéné
fut proclamé le père de la photographie.
moins grande dans les vagues de l'atmosphère. L'homme,
par conséquent, en commun avec tout être vivant et même
avec chaque objet inerte, possède une aura formée par les
émanations qui l'entourent de plus, il peut, sans grand
effort, se transporter en imagination, partout où il veut
pourquoi, alors, serait-il scientifiquement impossible que sa
pensée, réglée, intensifiée et conduite par un puissant magi-
cien, la VOLONTÉ éduquée, soit, momentanément, maté-
rialisée et qu'elle apparaisse à n'importe qui, un double
fidèle de l'original? Cette notion est-elle aussi absurde,
dans l'état actuel de la science, que ne l'étaient la photo-
graphie et le télégraphe il y a quarante ans, ou le téléphone,
il y a moins de quatorze mois.
Si la plaque sensibilisée est capable de reproduire aussi
exactement l'ombre de nos visages, alors cette ombre ou
cette réflexion, bien que nous ne nous en apercevions pas,
doit être quelque chose de substantiel. Et si nous pouvons,
à l'aide d'instruments d'optique projeter nos ressemblances
contre une paroi blanche, parfois à quelques centaines de
pieds de distance, il n'y a pas de raison pour que les
adeptes, les alchimistes et les savants de l'art occulte,
n'aient pas déjà découvert ce que les savants nient aujour-
d'hui, mais qu'ils accepteront comme une vérité demain, à
savoir qu'ils peuvent projeter électriquement leur corps
astral, instantanément à travers des milliers de milles dans
l'espace, en laissant leur enveloppe matérielle, encore em-
preinte d'une certaine somme de principe animal vital, pour
y entretenir la vie physique, et d'agir dans leur corps éthéré
spirituel aussi sûrement et intelligemment que lorsqu'il
~tait encore revêtu de son enveloppe charnelle ? Il existe
une forme supérieure de l'électricité que la forme physique
connue de nos physiciens des milliers de corrélations de
celle-ci sont encore cachées à la vue des physiciens moder-
nes, et nul ne peut savoir jusqu'où iront ses probabilités.
Schott explique que par Sian, ou Shin-Sian, on comprend
dans l'ancienne conception chinoise, et tout particulière-
ment dans la secte de Tao-Kiao (Taossé) « les personnes qui
se retirent sur les montagnes pour y vivre de la vie des
anachorètes, et qui ont obtenu, soit au moyen d'oservances
ascétiques, soit par la puissance des charmes et des élixirs,
la possession des dons miraculeux et de l'immorlalité sur
terre (i) (?) Il y a de l'exagération en ceci, si ce n'est
pas absolument erroné. Ce à quoi ils prétendent n'est que la
faculté de prolonger la vie humaine et cela ils le peuvent,
si nous devons en croire le témoignage des hommes. Ce que
Marco Polo certifiait au xm* siècle, est corroboré de nos
jours. « II y a une autre classe d'hommes nommés C~H~
(Yoguis) dii-il, « qu'on nomme proprement dit des ~4 braia-
mans (Brahmans ?) qui vivent jusqu'à un âge fort avancé,
chacun d'eux atteignant l'âge de 150 à 200 ans. Ils mangent
fort peu et principalement du riz et du lait. Ces hommes
font usage d'une curieuse boisson, potion faite d'un mélange
de soufre et de mercure, dont ils boivent deux fois par
mois. Ils disent que cela leur prolonge la vie cette potion
leur est administrée dès leur bas âge » Bernier assure,
dit le colonel Yule, que les Yoguis excellent dans la pré-
paration du mercure, « qu'un ou deux grains pris chaque
matin remettent le corps en parfaite santé et il ajoute
que le /~ro~r/MS U!~? de Paracelse était un mélange dans
lequel il entrait de l'antimoine et du mercure (~). Voilà une
affirmation pour le moins bien hasardée, et nous allons ex-
poser ce que nous savons à cet égard. La longévité de
quelques lamas et Talapoins est proverbiale on sait géné-
ralement qu'ils se servent d'un mélange qui. oinsi qu'ils le
disent, « renouvelle le sang ancien ». C'était également un
fait reconnu chez les alchimistes, qu'une judicieuse admi-
nistration « de l'aura de l'argent redonne la santé et pro-
longe la vie d'une manière notable. > Mais nous sommes
tout prêts à contredire les affirmations tant de Bernier que
du colonel Yule qui cite son ouvrage, que c'est du mercure,
ou vif-argent, dont se servent les Yoguis et les alchi-
mistes. Les Yoguis, à l'époque de Marco Polo, de même
que de nos jours, utilisent ce qui pa/
être du mercure,
mais qui n'en est pas. Paracelse, les alchimistes et les
autres mystiques voulaient dire par mercurius ut~e, l'es-
prit vivant de l'argent, l'aura de l'argent, mais nullement
le u/oy~en~ et cette aura n'est certainement pas le mer-
1. Schott t/6?r den Badd/us~ns, p. 71.
2. The Book o/' Ser Afarco Polo, vol. Il, p. 352.
3. Ibidem, vol. Il, p. 130 cité par le colonel Yule, vol. II, p. 313.
cure connu de nos médecins ou de nos droguistes. Il est
indubitable que le fait d'avoir imputé à Paracelse l'intro-
duction du mercure dans ]a pratique médicale est tout à
fait erroné. Aucun mercure, qu'il ait été préparé par un
philosophe du feu moyenâgeux, ou par un docteur moderne,
n'a rendu, ou ne rendra jamais la santé parfaite à un corps
humain. Il n'y a que les fietfés charlatans qui se servent
d'une pareille drogue. L'opinion unanime est que c'est avec
une intention méchante de présenter Paracelse aux yeux de
la postérité comme un c/z<ï/a/ qui fait que ses ennemis
ont inventé un mensonge de cette nature.
Les Yoguis des temps anciens, de même que les lamas
et les Talapoins modernes, font usage d'un certain ingré-
dient, préparc avec une dose minime de soufre et du jus
laiteux extrait d'une plante médicinale. Ils possèdent sans
contredit certains secrets merveilleux, car nous leur avons
vu guérir des blessures rebelles en quelques jours; remettre
en usage des os brisés en autant d'heures qu'il ne faudrait
de jours au moyen de la chirurgie ordinaire. Une fièvre dan-
gereuse contractée par l'auteur près de Rangoon, après
l'inondation de la rivière IraouadJy, fut guérie en quelques
heures par le jus d'une plante nommée, si nous ne nous
trompons, A~A'n, bien que des milliers d'indigènes,
ignorants de ses vertus, se voient abandonnés, et meurent
de la Hèvre et cela en retour d'un acte de complaisance
insignifiant envers un simple mendiant la nature de ce
service n'aurait aucun intérêt pour le lecteur.
Nous avons aussi entendu parler d'une certaine eau.
appelée ab-i-hayat, que la superstition populaire prétend
être cachée aux yeux des mortels, sauf à ceux des saints
sannyâsis la fontaine, elle-même, porte le nom de âb-i-
haiwân-i. Il est toutefois plus que probable que les Tala-
poins se refuseraient à dévoiler leurs secrets, même aux
académiciens et aux missionnaires, car ces remèdes doivent
être utilisés pour le bien de l'humanité mais jamais dans
un but de lucre (1).
1. Aucun pays ne peut se vanter de posséder autant de plantes médici-
nales que l'Inde méridionale, la Cochinchine, le Burmah, le Siam et Cey-
lan. Les médecins européens, suivant la pratique établie depuis des temps-
immémoriaux, solutionnent la question des rivalités professionnelles en
Partout où de grandes foules sont assemblées, aux fêtes
.des pagodes hindoues, aux réjouissances célébrées pendant
les mariages des riches castes élevées, les Européens ren-
contrent des gunî, charmeurs de serpents, fakirs magnéti-
seurs, sanngâsis exerçant la thaumaturgie, et ceux qu~pn
nomme «jongleurs H est aisé de se moquer; mais expli-
quer ces phénomènes est plus difficile cela est impossible
pour la science. Les résidents anglais et les voyageurs pré-
fèrent s'en tenir à la première manière. Mais qu'on demande
à un de ces Saint Thomas comment sont produits les résul-
tats suivants, qu'ils ne peuvent nier et ne nient pas non
plus? Lorsque des quantités de gunis et de fakirs font leur
apparition, leurs corps entourés de cobra capellas, les bras
ornés de bracelets de coralillos petits serpents dont la
morsure est mortelle au bout de quelques secondes, le
cou et les épaules encerclés de colliers de trigonocéphales,
le plus mortel ennemi des hindous à pieds nus, dont la mor-
sure donne une mort rapide comme l'éclair, le spectateur
sceptique sourit et bénévolemmentexplique que ces reptiles
ayant été mis en catalepsie sont tous privés de leurs cro-
chets à venin par les gunis. « Ils sont inoffensifs, et il serait
ridicule de les craindre. « Le Sahib veut-il caresser un de
mes nags ? demanda un jour un gunî à un interlocuteur,
qui avait voulu humilier ses auditeurs, pendant une heure
de temps, avec ses exploits erpétologiques. Sautant vive-
ment en arrière les pieds du brave guerrier rivalisant
de dextérité avec sa langue la réponse du capitaine B
ne fut pas de nature à être reproduite ici. Seuls ses terri-
bles gardes du corps sauvèrent le gunî d'une correction peu
cérémonieuse. Dites seulement un mot, et pour une demi
traitant les docteurs indigènes de charlatans et d'empiriques mais cela
n'empêche pas ceux-ci de sortir victorieux là où les éminçais gradués des
universités anglaises et françaises ont piteusement échoué. Les ouvrages
indigènes traitant de Materia Medica ne mentionnent certes pas les remè-
des secrets connus, et qu'appliquent avec succès les docteurs indigènes
(les Atibbâ) depuis des temps immémoriaux. Malgré cela, les meilleurs
fébrifuges sont ceux que les médecins anglais ont appris à connaître des
hindous et là où les malades, enflés et rendus sourds par l'abus de la
quinine, se mouraient petit à petit des fièvres ::sous le traitement éclairé
des médecins européens l'écorce de la Margosa, et l'herbe Chiretta ont
obtenu des guérisons complètes, et celles-ci occupent maintenant une
place honorable parmi les drogues européennes.
roupie, n'importe quel charmeur de serpents se mettra à
ramper à quatre pattes et dans quelques instants il aura
réuni de nombreux serpents non apprivoisés des espèces les
plus venimeuses, les prendra dans les mains et s'en fera
une ceinture autour du corps. A deux reprises différentes
dans les environs de Trinkemal, un serpent allait mordre
l'auteur, qui par mégarde s'était assis sur sa queue, mais
chaque fois, un rapide coup de sifflet du gunî que nous
avions loué pour nous accompagner, le fit s'arrêter à quel-
ques centimètres de notre corps, comme s'il avait été frappé
par la foudre, et laissant tomber sur le sol sa tête mena-
çante, il demeura là raide et immobile comme une branche
morte, sous le charme du A7//M (i).
Un prestidigitateur européen, un dompteur ou même un
magnétiseur voudra-t-il se risquer une seule fois à faire une
expérience qu'on peut voir tous les jours aux Indes si l'on
sait où aller pour cela ? Aucun animal au monde n'est aussi
féroce qu'un tigre royal du Bengale. Un jour, toute la popu-
lation d'un petit village, non loin de Dakka, situé sur les
bords de la jungle fut terrifiée au lever du jour par l'appa-
rition d'une énorme tigresse. Ces animaux sauvages ne quit-
tent leur repaire que la nuit, lorsqu'ils vont à la recherche
de nourriture et d'eau. Mais dans le cas présent, la tigresse
cherchait ses deux petits qui lui avaient été enlevés par un
audacieux chasseur. Deux hommes et un enfant avaient déjà
été victimes du fauve lorsqu'un fakir âgé, faisant sa ronde
journalière, sortit de la porte de la pagode il vit et com-
prit instantanément la situation. Il alla droit à la bête en
chantant un mantrâm, laquelle l'œil flamboyant et écumant
de la gueule s'était couchée sous un arbre en attendant une
nouvelle victime. Lorsqu'il arriva à une dizaine de pieds de
la tigresse, sans interrompre sa prière modulée, dont les
paroles sont incompréhensibles pour les profanes, il entre-
prit une véritable séance de magnétisme, à ce qu'il nous
sembla; il fit des passes. Un hurlement terrible qui glaça
le cœur de tous les habitants de l'endroit se fit alors enten-
dre. Ce long cri féroce s'éteignit graduellement en quelques
1. Nom hindou pour le ms~fr~m particulier, ou charme, employé pour
<empecher les serpents de mordre.
sanglots plaintifs, comme si la mère dépouillée donnait
libre cours à sa plainte, puis, à l'effroi de la foule qui s'était
réfugiée dans les arbres et sur les maisons, le fauve fit un
bond, sur le saint homme à ce qu'il sembla. Il n'en était
rien, elle se roulait en se tordant à ses pieds dans la pous-
sière. Quelques instants plus tard, elle demeura immobile,
son énorme tête reposant sur ses pattes de devant, et ses
yeux injectés de sang, mais doux et dociles, à cette heure
se nxèrent sur le visage du fakir. Le pieux homme de priè-
res s'assit près de la tigresse et doucement caressait son
poil tacheté, lui tapotant le dos, jusqu'à ce que ses plaintes
devenant de plus en plus faibles, une demi-heure après,
tout le village se tint debout autour du groupe la tête du
fakir reposait sur le dos de la tigresse en lieu d'oreiller, sa
main droite sur sa tête et la gauche sur l'herbe devant la
gueule du terrible fauve qui léchait cette main de sa grande
langue rosé.
Voilà comment les fakirs de l'Inde domptent les animaux
les plus féroces. Les dompteurs européens en font-ils autant
avec leurs piques chauffées à blanc? Naturellement tous les
fakirs ne sont pas doués d'un pouvoir semblable, il n'y en
a comparativement que peu qui le soient; mais néanmoins
leur nombre est considérable. Comment s'entraînent-ils dans
les pagodes pour ètre capables de cas exploits, restera éter-
nellement un secret pour tous, sauf pour les brahmanes et
les adeptes des mystères occultes. Les récits, jusqu'ici con-
sidérés comme des fables, de Christna et d'Orphée char-
mant les animaux sauvages, sont ainsi corroborés de nos
jours. Un fait. néanmoins, demeure incontestable. /ï'y a
pas un seul Européen, aux Indes, qui se vante ou se soit
jamais vanté d'avoir pénétré dans le sanctuaire secret, à
/er/ew des pagodes. Ni les ordres, ni l'appàt de l'argent
n'ont jamais déterminé un brahmane à permettre à un étran-
ger non initié de passer le seuil de l'enceinte réservée. Se
prévaloir de l'autorité, dans ce cas, équivaudrait à jeter une
mèche enflammée dans une poudrière. Les cent millions de
dévots hindous, tout patients, doux et pleins de longani-
mité qu'ils sont, et dont l'apathie sauva les Anglais d'être
chassés du pays en 1857, se soulèveraient comme un seul
homme, si on s'avisait de commettre une pareille profana-
tion sans égard de sectes au de castes, ils extermineraient
les chrétiens jusqu'au dernier. La compagnie des Indes le
savait bien, et édifia sa puissance sur l'amitié des brahma-
nes, et en allouant des subsides aux pagodes; et le gouver-
nement des Indes est aussi prudent que son prédécesseur.
Ce sont les castes et la non-intervention du gouvernement
dans les choses de la religion prévalente du pays qui lui
assurent une autorité relative aux Indes. Mais revenons au
Shamanisme, la plus étrange et la plus méprisée de toutes
les religions survivantes le « Culte des Esprits ».
Ses sectateurs n'ont ni autels, ni idoles, et c'est sur l'au-
torité d'un prêtre shaman, que nous avançons que leurs
véritables rites, qu'ils sont tenus de pratiquer une fois par
an, le jour le plus court de l'hiver, ne peuvent avoir lieu en
présence d'un étranger à leur foi. Nous sommes, donc, par-
faitement certains que toutes les descriptions données jus-
qu'à ce jour dans le A sialic Journal et dans d'autres pé-
riodiques européens, ne sont que de pures conjectures. Les
Russes, qui de par leurs relations constantes avec les sha-
mans de la Sibérie et de la Tartarie seraient les plus autori-
sés pour parler de leur religion, n'ont rien appris à ce sujet,
sinon la dextérité de ces hommes qu'ils sont enclins à con-
sidérer comme d'adroits jongleurs. Cependant nombre de
résidents russes dans la Sibérie, sont parfaitement convain-
cus des pouvoirs « surnaturels » des Shamans. Partout où
ils se rassemblent pour leur culte, c'est toujours dans un
espace bien ouv ert, sur le sommet d'une haute montagne,
ou au fond d'une épaisse forêt, et en ceci ils ressemblent
aux anciens Druides. Les cérémonies qu'ils pratiquent à
l'occasion des naissances, des décès, et des mariages, ne
constituent qu'une faible partie de leur culte. Elles consis-
tent en offrandes, à asperger le feu avec des liqueurs et du
lait, à psalmodier de curieux hymnes ou plutôt des incan-
tations magiques, entonnées par le shaman officiant, et se
terminant par un chœur de tous les assistants.
Les nombreuses petites clochettes qu'ils portent sur leurs.
robes sacerdotales faites de peau de daim, ou de la dépouille
de quelque autre animal réputé magnétique, y sont cousues
pour chasser les mauvais esprits de l'air, superslition qui
était partagée par toutes les nations de l'antiquité, y com-
pris les Romains et même les Juifs, ainsi que nous le cons-
tatons par les clochettes d'or autour de la robe d'Aaron (1).
Ils ont également des verges de fer couvertes de clochettes,
pour la même raison. Lorsque, après certaines cérémonies,
la crise voulue est atteinte, que « l'esprit a parlé et que
le prêtre (qui peut être homme ou femme) ressent son in-
fluence dominatrice, une force occulte attire la main du
Shaman vers le haut du bâton sur lequel sont gravés des
hiéroglyphes. Pressant la paume de la main contre le bâton
il est soulevé en l'air à une hauteur considérable, et demeure
quelque temps ainsi suspendu. Quelquefois il saute à une
hauteur considérable, et suivant l'esprit qui le contrôle, car
il n'est, la plupart du temps, qu'un médium irresponsable,
il se met à prophétiser et à décrire les événeirents à venir.
C'est ainsi qu'en 1847, un shaman d'une contrée retirée de
la Sibérie prophétisa la guerre de Crimée et en détailla
exactement l'issue. Les particularités de la prophétie furent
soigneusement notées par les assistants, lesquelles se véri-
fièrent exactement six années plus tard.
Bien que généralement ignorants même du nom de l'as-
.tronomie, et bien qu'ils ne l'aient pas étudiée, ils prédisent
souvent des éclipses ou d'autres phénomènes astronomi-
ques. Lorsqu'on les consulte au sujet de vols ou de meur-
tres, ils indiquent invariablement les coupables.
Les Shamans de la Sibérie sont tous ignorants et illettrés.
Ceux de la Tartarie et du Thibet, peu nombreux d'ailleurs
sont, pour la plupart, des hommes instruits dans leur genre
et ne se laisseront pas contrôler par des esprits quelconques.
Ceux-là sont des /7!cc~M/ dans le sens complet du mot
ceux-ci sont des <: magiciens ». Il n'est pas surprenant que
i. Entre les cachettes des adorateurs « païens et les clochettes et les-
grenades du culte juif, la différence est la suivante celles-là. outre
qu'elles purifiaient l'âme humaine avec leur? sons harmonieux, tenaient
les mauvais démons à distance, « car le son du bronze pur brise les-
enchantements », dit Tibullius (), 8-22), et les Juifs expliquent en disant
que le son des cloches « doit être entendu (par le Seigneur) lorsqu'il (le
prêtre) entre dans le lieu saint devant l'Eternel, et- lorsqu'il en sort afin
qu'il ne meure point » (Exode XXVIII,33;Ecc!és..XIV-9).Cestainsi qu'un
son devait éloigner les maurais esprits, et l'autre l'esprit de Jéhovah. Les
traditions scandinaves afurment que les Tralls étaient toujours chassés
de leurs repaires par les cloches des églises. Une tradition analogue
existe au sujet des fées de la Grande-Bretagne.
des personnes pieuses et superstitieuses, après avoir été
témoins d'une de ces crises, déclarent que le Shaman est-
possédé du démon. De même que la furie des Corybantes et
des Bacchantes de la Grèce antique, la crise < spirituelles des
shamans se traduit par des danses violentes et des gestes-
sauvages. Graduellement les assistants sentent l'esprit d'imi-
tation les envahir pris d'une impulsion irrésistible, ils se
mettent à danser, et deviennent, à leur tour'des extatiques;
celui qui commence à se joindre au chœur, prend petit à
petit une part inconsciente dans les gesticulations jusqu'à
ce qu'il s'affaisse épuisé sur le sol, et souvent aussi mou-
rant.
« 0, jeune fille, un dieu te est-ce Pan, Hécate,
possède
le vénérable Corybante, ou Cybèle qui te cause cette agi-
tation? dit le chœur en s'adressant à Phèdre dans Eury-
pède. Cette forme d'épidémie psychologique est trop connue
depuis le moyen âge pour que nous revenions là-dessus. Le
CAorcea sanc~ ~7/ï est un fait historique et s'étendit sur
toute l'Allemagne. Paracelse guérit nombre de personnes
possédées de cet esprit d'imitation. Mais il était un cabaliste,
et par conséquent, accusé par ses ennemis d'avoir expulsé
des démons par le pouvoir d'un démon plus puissant, qu'on-
prétendait qu'il portait avec lui dans la poignée de son
épée. Les juges chrétiens de cette époque de terreur avaient
trouvé un remède plus prompt et plus sûr. Voltaire affirme
que, dans le district du Jura, entre lo98 et 1600, plus de
600 lycanthropes furent mis à mort par un juge charitable
et pieux.
Mais tandis que le Shaman illettré n'est qu'une victime,
que pendant ses crises il voit les personnes présentes sous
forme d'animaux variés, et parvient souvent à leur faire
partager son hallucination, son confrère Shaman, versé dans
les mystères des collèges sacerdotaux du Thibet, chasse la
créature élémentaire qui produit l'hallucination, comme le
ferait un magn étiseur vivant, non pas par le pouvoir d'un
démon plus puissant, mais simplement par la connaissance
de la nature de l'ennemi invisible. Là où les académiciens
ont échoué, comme dans le cas des Cévenols, un Shaman
ou un lama aurait tôt fait de mettre un terme à l'épidémie.
Nous avons fait mention d'une pierre de cornaline, qui
~tait en notre possession, et qui eut un effet si favorable et si
inattendu sur la décision du Shaman. Chaque Shaman pos-
sède un talisman de cette nature, qu'il porte suspendu à
une cordelette sous son bras gauche.
« A quoi vous sert-elle, et quelles sont ses vertus ? »
demandâmes nous à plusieurs reprises à notre guide. II ne
répondit jamais d'une manière directe à cette question, mais
évita toujours une explication, promettant qu'aussitôt que
l'occasion se présenterait, et que nous serions seuls, il de-
manderait à la pierre de nous répondre elle-même. C'est
dans ce vague espoir qu'il nous abandonna à notre propre
imagination.
Mais le jour où la pierre < parla » ne devait pas tarder
à se produire. Ce fut pendant une des heures les -plus cri-
tiques de notre vie, dans un moment où ~'humeur vaga-
bonde du voyageur avait conduit l'auteur de ces lignes
dans des contrées éloignées, où la civilisation est inconnue,
et où la vie n'est pas un seul instant en sécurité. Une après-
midi, tous, hommes et femmes, ayant quitté la yourta
(tente tartare) qui depuis des mois était notre demeure,
pour aller assister à une cérémonie d'exorcisme lamaïque
d'un Ishout~our(i), accusé de briser et de faire disparaître
tous les misérables meubles et la vaisselle d'une famille
qui habitait à deux milles de là, nous rappelâmes sa pro-
messe au Sbaman, qui était notre unique protecteur dans
ces déserts solitaires. II soupira, hésita, mais après un court
silence, il quitta sa place sur la peau de mouton et sortit
là il plaça une tête de bouc desséchée avec ses cornes proé-
minentes sur un pieu devant la tente, laissa retomber le
rideau de feutre qui en fermait l'entrée, et nous informa
qu'aucune personne vivante n'oserait pénétrer dans la tente,
car la tête de bouc était la preuve qu'il était <: occupé ».
Mettant alors la main dans son sein il en sortit la petite
pierre, de la taille d'une noix, et retirant soigneusement
l'enveloppe, il se mit à ce qu'il nous parut, l'avaler.
Aussitôt ses membres se raidirent, son corps devint rigide
et il retomba, froid et immobile comme un cadavre. N'é-
tait-ce que ses lèvres se remuaient à chaque question posée,
1. Doemon élémentaire auquel croient tous les indigène? de l'Asie.
la scène eut été fort embarrassante, que dis-je, horrible. Le
soleil se couchait et si les cendres du foyer au centre de la
tente n'eussent jeté une faible lumière, la tente eut été dans
l'obscurité la plus complète ce qui aurait encore ajouté à
l'oppression causée par le silence environnant.
Nous avons habité les prairies de l'Ouest et les steppes
infinies de la Russie méridionale mais rien ne peut être
comparé au silence du soir sur les déserts de sable de la
Mongolie pas même les arides solitudes des déserts de
l'Afrique, bien que ceux-là soient partiellement habités,
tandis que ceux-ci sont absolument privés de vie. Et cepen-
dant, l'auteur se trouvait seule avec ce qui n~était rien de
mieux qu'un cadavre, étendu sur le sol devant elle. Heu-
reusement cette condition ne se prolongea pas longtemps.
« Mahandù » murmura une voix qui paraissait venir des
1
entrailles de la terre, sur laquelle le shaman était étendu.
« La paix soit avec toi. que voudrais-tu que je fasse pour
toi ? »
Si étonnante que fût la question, nous nous y attendions,
car nous avions vu d'autres shamans dans des circonstances
analogues. « Qui que tu sois prononçâmes-nous menta-
lement <: va-t-en à K et fais ton possible pour nous rap-
porter la pensée de la personne qui est là. V~Is ce que fait
l'autre personne et dis à ce que nous faisons et com-
ment nous sommes situés.»
« Je suis là répondit la même voix. < La vieille dame,
(Kokona)(l) est assise au jardin. elle met ses lunettes et lit
une lettre ».
« Vite, dis-moi le contenu de la lettre ordonnâmes-nous
tout en préparant un livre de notes et prenant un crayon.
Le contenu fut répété lentement, comme si, tout en dictant,
la présence invisible voulait nous donner le temps d'écrire
phonétiquement les mots, car nous avions reconnu le l&ù-
gage Valaque, que nous ne savions pas, en dehors de notre
habileté, à en reconnaître les sons. De cette manière une
page entière fut remplie.
< Regarde du côté de l'Occident. vers la troisième
perche de la yourta dit le tartare dans sa voix naturelle,
I. Madame, en langue Moldave.
qui semblait sourde, comme si elle venait de loin. « Sa
pensée est là. »
Puis avec un soubresaut convulsif, la partie supérieure
du corps du Shaman se redressa et sa tête retomba sur les
pieds de l'auteur, qu'il saisit de ses deux mains. La posi-
tion était de moins en moins plaisante, mais la curiosité vint
en aide à notre courage. Dans le coin occidental de la
tente nous vîmes la forme vaporeuse, incertaine mais vi-
vante d'une ancienne amie, une dame roumaine de la Vala-
chie, mystique par disposition, quoique n'ayant pas la
moindre foi dans les phénomènes occultes.
« Sa pensée est ici, mais son corps est resté là-bas in-
conscient. Nous n'avons pas pu faire plus », dit la voix.
Nous suppliâmes l'apparition de répondre, mais en vain.
Les traits du visage remuèrent et la forme fit un geste de
crainte et d'angoisse mais aucun son ne tomba de ses
lèvres nous crûmes cependant, peut-être n'était-ce qu'un
effet de notre imagination entendre comme venant de
loin ces mots en roumain A o/ï se /)o~ (ce n'est pas pos-
sible).
Pendant plus de deux heures de temps, les preuves les
plus substantielles et les moins équivoques que l'âme as-
trale du Shaman voyageait à la requête de notre désir qui
n'avait même pas été exprimé en paroles, nous avaient été
données. Dix mois plus tard, nous reçûmes une lettre de
notre amie Valaque en réponse à la nôtre, dans laquelle
nous avions inclus la page du livre de notes lui demandant
ce qu'elle avait fait ce jour-là, et lui donnant une descrip-
tion détaillée de la scène. Elle était assise ce matin-là, écri-
vait-elle (1), prosaïquement occupée à faire des confitures
la lettre qui lui fut envoyée était, mot à mot, la copie d'une
lettre de son frère tout à coup, conséquence de la grande
chaleur, crut-elle, elle s'évanouit, et se rappela distincte-
ment avoir rêvé qu'elle avait vu l'auteur de ces lignes dans
un endroit désert qu'elle décrivit très exactement, assise
sous une « tente de bohémiens comme elle le dit. «Après
cela », ajouta-t-elle, « je ne puis plus douter. »
1. L'heure àBucarest correspondait exactement avec celle de la contrée
où la scène avait eu lieu.
Mais la preuve de notre expérience fut encore plus con-
cluante. Nous avions prié l'ego intime du Shaman de se
mettre en rapport avec l'ami mentionné dans ce chapitre,
le Kutchi de Lha-Ssa, qui voyage constamment entre cet
endroit et l'Inde Anglaise. A'OM$ savons qu'il fut mis au
courant de notre situation critique dans le désert; car quel-
ques heures plus tard l'aide nous vint et nous fûmes sauvés
par un détachement de vingt-cinq cavaliers, qui avaient
été renseignés par leur chef pour nous trouver à l'endroit
où nous étions, endroit qu'aucun homme, doué de pouvoirs
ordinaires, n'aurait pu connaître. Le chef de cette escorte
était un shaberon, un <( adepte » que nous n'avions jamais
vu auparavant et que nous n'avons jamais vu depuis, car
il ne quitte jamais sa soumay (lamaserie), où nous ne pou-
vions être admis, .~o/s il élait un ami personnel da
Kulchi.
Ce qui précède n'excitera que l'incrédulité du lecteur
ordinaire. Mais nous écrivons pour ceux qui ont foi, ceux
qui, comme l'auteur, connaissent les pouvoirs illimités et
les possibilités de l'âme astrale humaine. Dans le cas ci-des-
sus, nous sommes portés à croire, que dis-je, nous savons
que le « double spirituel » du Shaman n'a pas agi de son
propre compte, car il n'était pas un adepte, mais un simple
médium. Suivant une de ses expressions favorites, aussitôt
qu'il mettait la pierre dans sa bouche, son « père appa-
raissait, le tirait hors de sa peau, l'emmenait à son gré, et
lui faisait faire ce qu'il voulait.
Ceux qui ont vu les représentations, chimiques, optiques,
mécaniques et les tours de paspe-passe des prestidigita-
teurs européens, ne verront pas sans étonnement les exhi-
bitions spontanées et exécutées en plein air des jongleurs
hindous, pour ne pas parler de celles des fakirs. Nous ne
parlons pas des simples tours d'adresse, car Robert Hou-
din est bien supérieur à eux à cet égard nous ne parle-
rons pas non plus des tours qui exigent des compères, que
ceux-ci en aient ou non. Il est très vrai que des voyageurs
inexpérimentés, surtout s'ils sont d'humeur Imaginative, se
laissent aller à de colossales exagérations. Mais ce que
nous avons à dire repose sur une classe de phénomènes
<~u'il est impossible d'expliquer par une quelconque des
hypothèses familières. « J'ai vu dit une personne rési-
dant aux Indes, un homme lancer en l'air toute une série
de balles numérotées de un à un nombre déterminé. Chaque
balle montait en l'air,- aucune déception ne pouvant avoir
lieu et on la voyait devenir de plus en plus petite, jus-
qu'à disparaître complètement. Quand toutes eurent été en-
voyées, vingt ou plus, l'opérateur demandait poliment,
laquelle des balles on désirait revoir il appelait alors le
n* i, le n" i5 et ainsi de suite, suivant la demande des
spectateurs,et la balle requise tombait à leurs pieds, comme
si elle avait été violemment projetée depuis un endroit éloi-
gné. Ces hommes sont à peine vêtus et n'ont aucun appa-
reil avec eux. Je leur ai encore vu avaler trois poudres de
couleurs différentes, puis rejetant la tête en arrière, les
faire descendre avec de l'eau, bue à la manière des indi-
gènes, en un courant continu d'un /a~, sorte de pot de
cuivre qu'ils tiennent à bras tendu au-dessus de la bouche
ils buvaient ainsi jusqu'à ce que leur estomac enflé ne pût
plus contenir une goutte de liquide et que l'eau débordât
de leurs lèvres. Puis, après avoir rejeté l'eau par la bouche,
ces hommes crachaient les trois poudres, sur un morceau
de papier blanc, parfaitement sèches et sans avoir été mé-
langées (i)
Les tribus guerrières des Kurdes habitent depuis un
temps immémorial la partie orientale de la Turquie et de
la Perse. Ces peuples d'une origine purement indo-euro-
péenne, sans une goutte de sang sémite dans les veines,
(bien que divers ethnologistes paraissent opter pour le con-
traire) malgré leur nature de brigands, font cause com-
mune avec le mysticisme des hindous, et les pratiques des
mages assyrio-chaldéens, dont ils ont conquis de vastes
territoires, et qu'ils ne veulent rendre, malgré l'opposition
de la Turquie, voire même de l'Europe entière (2). Nomi-
nalement des mahométans de la secte d'Omar, leurs rites
et leurs doctrines sont purement magiques et magiens.
Même ceux qui sont des chrétiens nestoriens, ne le sont
que de nom. Les Kaldanys qui comptent environ cent mille
1. Lt/e t.t T~dta du Capt. W.-L.-D. O'Grady.
2. Ni la Russie, ni l'Angleterren'ont réussi en t849 à les forcer à recon-
naître et à respecter le terrritoire turc ou persan.
âmes, avec leurs deux patriarches, sont, sans contredit,
plutôt des manichéens que des nestoriens. Beaucoup parmi
eux sont des Yézids.
Une de ces tribus est connue pour sa prédisposition au
culte du feu. Au lever et au coucher du soleil les cavaliers
mettent pied à terre, et se tournant vers le soleil, murmu-
rent une prière tandis qu'à chaque nouvelle lune. ils célè-
brent, pendant toute la nuit, des rites mystérieux. Une
tente est mise à part à cet effet, et l'étoffé de laine, épaisse
et noire qui la constitue, est décorée de signes cabalistiques
peints en rouge et en jaune vif. Au centre se trouve une es-
pèce d'autel, entourée de trois cercles de cuivre auxquels
sont attachés des anneaux avec des cordes en poil de cha-
meau, que chaque assistant tient dans la main droite pen-
dant la cérémonie. Sur l'autel brûle une curieuse lampe
d'argent de forme antique, probablement une relique trou-
vée dans les ruines de Persépohs (1). Cette lampe, avec ses
trois mèches, est une tasse ovale munie d'une poignée.
C'est évidemment une de ces lampes sépulcrales égyy-
tiennes, qu'on trouvait à profusion dans les souterrains de
Memphis, si nous devons en croire Kircher (2). Elle s'élar-
git du bord vers le centre et le bord supérieur a la forme
d'un cœur les ouvertures pour laisser passer les mèches
sont disposées en triangle et le centre est couvert par un
héliotrope inverti rattaché à une branche gracieusement
courbée depuis la poignée de la Irmpe. Les Grecs ont donné
son nom à l'/tc//o/ro/)<' à cause de la particularité qu'il a
de s'incliner toujours vers le soleil. Les anciens mages s'en
servaient dans leur culte et qui sait si Darius n'a pas lui-
même célébré ces rites mystérieux avec sa triple lampe
éclairant la face du hiérophante-roi i
Si nous avons parlé de cette lampe, c'est parce qu'une his-
toire étrange s'y rattache. Ce que font les Kurdes, pendant
les rites nocturnes de leur culte lunaire,nous ne le savons que
par oui-dire car ils le tiennent absolument secret et aucun
1. Persépolis est le ïstakb&ar persan au nord-est de Shiraz elle se
dressait sur une plaine qui porte aujourd'hui le nom de Merdusht, au
contluent de l'ancien Médus et de l'Araxos, aujourd'hui Puiwaz et Beud-
emir.
2. Aegyptiaci 7'Ae~ront fhero~p~tcn~, p. M4.
étranger n'est admis à la cérémonie. Mais chaque tribu con-
sidère un vieillard, quelquefois plusieurs, comme de « saints
êtres qui connaissent le passé et peuvent divulguer les
secrets de l'avenir. Ceux-ci sont fort honorés et on s'adresse
généralement à eux pour tous renseignements dans des cas
de vol, de meurtres ou de dangers quelconques.
Voyageant d'une tribu à l'autre, nous avons passé quelque
temps dans la compagnie des Kurdes. Notre but n'étant
nullement de donner ici une auto-biographie, nous laisse-
rons de côté tous les détails qui n'ont pas un rapport direct
avec quelque fait occulte, et même de ceux-ci nous n'avons
pas grand'chose à dire. Nous dirons simplement qu'une selle
fort précieuse, un tapis et deux poignards circassiens, riche-
ment montés et ciselés en or fin, avaient été volés dans la
tente, et les Kurdes, le chef de la tribu en tête étaient ve-
nus, prenant Allah à témoin, que le délinquant n'apparte-
nait pas à leur tribu. Nous en étions persuadés, car c'eût été
un fait sans précédent parmi ces tribus nomades de l'Asie,
aussi renommées pour la vénération dans laquelle ils tien-
nent leurs Ilotes, que pour la désinvolture avec laquelle ils
les assassinent et les dépouillent lorsqu'ils ont dépassé les
frontières de leur <ïOM/.
On suggéra alors au Géorgien qui faisait partie de notre
caravane, d'avoir recours aux lumières du Koodian (sorcier)
de la tribu. L'arrangement fut fait en secret et grande solen-
nité, et la ré'mion devait avoir lieu à minuit, lorsque la lune
serait pleine. A l'heure convenue, on nous conduisit à la
tente ci-dessus décrite.
Par un grand trou carré pratiqué dans le toit bombé de
la tente, les rayons de la pleine lune entraient et se mélan-
geaient à la triple flamme vacillante de la petite lampe.
Après quelques minutes d'incantations, adressées, à ce qu'il
nous sembla, à la lune, le sorcier, un vieillard d'imposante
stature, dont le turban pyramidal touchait le toit de la tente,
produisit un miroir, un de ceux connus sous le nom de
« miroirs persans Après avoir dévissé le couvercle, il se
mit à souffler dessus pendant plus de dix minutes en es-
suyant l'humidité avec des herbes, tout en marmottant,
so~o voce, quelques incantations. Chaque fois qu'il essuyait
le miroir, le verre devenait de plus en plus brillant,jusqu'à
<e qu'il parût irradier des rayons phosphorescentsdans tou-
tes les directions. Enfin l'opération prit fin le vieillard
tenant le miroir à la main, demeura immobile comme une
statue. « Regarde, Hanoum. regarde bien murmura-
t-il, à peine remuant les lèvres. Des ombres, des taches noi-
res apparurent là où, un moment auparavant, seuls les
rayons de la lune étaient réfléchis. Quelques secondes après
apparurent la selle, le tapis et les poignards, paraissant
monter à la surface d'une eau profonde et claire, et deve-
nant à chaque instant plus distincts et plus précis. Puis une
ombre plus foncée apparut planant au-dessus de ces objets,
et se condensant graduellement, comme vue à travers un
telescope renversé, prit la haute forme d'un homme accroupi
au-dessus d'eux.
« Je le reconnais s'écria l'auteur. « C'est le Tartare
qui vint nous voir hier soir pour nous offrir de nous vendre
sa mule »
L'image disparut comme par enchantement. Le vieillard
acquiesça, mais demeura immobile. 11 murmura alors quel-
ques mots étranges et entonna un chant. L'air était lent et
monotone, mais après qu'il (~ût chanté quelques stances
dans la même langue inconnue, et sans changer ni le rythme
ni la mélodie, il prononça en forme de récitatif les mots
suivants dans son baragouin russe < Regarde bien, main-
tenant, Hanoum, pour voir si nous l'attraperons le sort
du voleur nous le connaîtrons cette nuit etc.
Les mêmes ombres s'amoncelèrent, et presque sans tran-
sition, nous vîmes l'homme couché sur le dos, dans une
mare de sang, en travers de la selle, tandis que deux autres
cavaliers s~enfuyaient en galopant dans l'éloignement.
Effrayés et écœurés à la vue de cette scène nous ne désirions
plus rien voir. Le vieillard en quittant la tente appela quel-
ques Kurdes qui se tenaient dehors et leur transmit ses
instructions. Deux minutes plus tard douze cavaliers galo-
paient à bride abattue sur le versant de la montagne où
notre camp était établi.
Au point du jour ils revinrent avec les objets volés. La
selle était couverte de sang coagulé, et naturellement on la
leur abandonna. Ils racontèrent qu'en arrivant, en vue du
fugitif, ils virent disparaître deux cavaliers de l'autre côté
du versant d'une colline éloignée, et en arrivant près du
chef tartare, celui-ci était étendu mort, en travers des ob-
jets volés, exactement comme nous l'avions vu dans le
miroir magique. n avait été assassiné par les deux bandits.
dont lc but évident était de le voler, mais qui furent inter-
rompus par la soudaine arrivée des cavaliers envoyés par le
vieillard kurde.
Les « sages orientaux obtiennent les effets les plus re-
marquables, simplement en soufflant sur une personne, que
le but à obtenir soit bon ou mauvais. Ceci n'est que du
magnétisme pur et simple et parmi les derviches de la
Perse qui le mettent en pratique, le magnétisme animal est
souvent renforcé par cplui des éléments. Si quelqu'un est
sous le vent, ils considèrent qu'il y a toujours un danger
et beaucoup des « érudits en matière occulte ne voudront
jamais aller au coucher du solci!,du côté d'où vient le vent.
Nous avons connu un vieux Persan de Bakou (i), sur la
mer Caspienne, <{ii possédait la réputation peu enviable de
jeter des sort. au moyen de ce vent, qui souffle par trop
souvent sur cette ville ainsi que son nom persan l'indi-
que (~). Si une victime de ce vieux démon se trouvait par
hasard sous le v''nt. il apparaissait, comme par enchante-
ment, et traversant promptement la rue, il lui soufflait dans
la figure. Dès ce moment, le pauvre hère se voyait affligé
de tous les maux il était sous le coup du « mauvais œil~.
L'emploi par le sorcier du souffle humain, comme un
accessoire pour .'ccomplir son projet néfaste, est brillam-
ment illustré dans divers cas rapportés dans les ar~ales
françaises, et to.it spécialement ceux de plusieurs prêtres
i. ~ous avons assisté deux fois aux rites étranges des restes de la
secte des adorateur" do feu. connus sous le nom de Guèbres, qui se réu-
niasent de temps a temps à Bakou, au champ du feu Cette ville an-
cienne et mystérieuse est siu'ce sur le bord de la mer Caspienne. Elle
fait partie de la G~'r~e rus-e fnviron à douze milles au nord-est de
Bakou, se trouvent tes reste- d'un ancien temple guèbre, consistant en
quatre colonnes. de~ "rttices desquelles sort constamment un jet de feu,
ce qui tui a donné, par conséquent, le nom du Temple du Feu perpétuel.
Toute la région es' cuuvcrte de la~s et de sources de naphte. Des pèle-
rins se réunissent là des parties les plus reculées de l'Asie, et les tribus
dispersées ça et !à par toute la contrée y entretiennent des prêtres pour
adorer le principe divin du feu.
2. Baadey Ru-Ba tittéra!cment, rassemblement de vents
catholiques. En effet, cette sorte de sorcellerie était connue
depuis les temps les plus reculés. L'empereur Constantin
(dans son Statut IV, Code de Afa/e/ etc.) prescrit les plus
sévères pénalités contre tous ceux qui emploieraient la sor-
cellerie pour violenter la chasteté, ou pour exciter les mau-
vaises passions. Saint Augustin, (dans sa Cité de Dieu) met
en garde contre son emploi; saint Jérôme, Grégoire de Na-
zianze et bien d'autres autorités ecclésiastiques, ajoutent leur
dénonciation d'un crime qui n'était pas rare dans le clergé.
BafÏet (livre V, tit. 19, chap. 6) cite le cas du curé de Pei-
fane qui ruina sa paroissienne, la très respectée et ver-
tueuse Dame du Lieu, en ayant recours à la sorcellerie il
fut condamné à être brûlé vif par le Parlement de Greno-
ble. En 1611, un prêtre, nommé Gaufridy, fut brûlé par
ordre du Parlement de Provence, pour avoir séduit une pé-
nitente si confessionnal, nommée Magdeleine de la Palud,
en soufflanl sur elle, et lui communiquant ainsi une pas-
sion coupable pour lui.
Les cas ci-dessus sont cités dans le rapport ofuciel du
célèbre procès du Père Girard, un prêtre jésuite fort in-
fluent, lequel, en i73i. fut jugé par le Parlement d~Aix,en
France, pour avoir séduit sa paroissienne M"" Catherine
Cadière, de Toulon, et pour certains crimes odieux contre
elle. L'accusation portait que l'offense avait été perpétrée
au moyen de la sorcellerie. M"° Cadière était une jeune
fille renommée pour sa beauté, sa piété et ses vertus exem-
plaires. Elle accomplissait rigoureusement ses devoirs reli-
gieux et c'est ce qui fut la cause de sa perte. Les yeux du
Père Girard tombèrent sur elle, et il commença à manœu-
vrer sa perte. Gagnant la confiance de la jeune fille et celle
de sa famille, par son apparence de sainteté, il en prit pré-
texte, un jour, pour souffler sur elle. La jeune fille fut prise
d'une passion soudaine pour lui. Elle eut aussi des visions
extatiques d'un caractère religieux, des stigmates, ou mar-
ques saignantes de la « Passion et des convulsions hysté-
riques. L'occasion longtemps recherchée de se trouver seul
avec la jeune fille s'étant enfin réalisée, le jésuite souffla de
nouveau sur elle, et, avant que la jeune fille eût repris ses
sens, il avait accompli son dessein. En excitant sa ferveur
religieuse et par des sophismes, il entretint ses relations
illicites avec elle pendant plusieurs mois, sans qu'elle ait pu
soupçonner qu'elle eût mal agi. Ses yeux furent enfin ou-
verts, ses parents furent informés, et le prêtre fut appré-
hendé. Le jugement fut rendu le H octobre 1731. Sur
vingt-cinq juges, douze votèrent pour le bûcher. Le prêtre
criminel fut défendu par la toute-puissante Société de Jésus,
et on dit qu'un million de francs furent dépensés pour sup-
primer certains témoignages produits à l'audience. Toute-
fois, les faits furent publiés dans un ouvrage (en 5 vol.,
16 ms.) fort rare aujourd'hui, intitulé /~CHe// Général des
Pièces confenues <m Procès < Père ./co~<7~ Gi-
rard, J~u~e, etc. etc. (1).
Nous avons mentionné le fait, que pendant l'influence
magique du Père Girard, et de ses relations illicites avec
lui, le corps de Mlle Cadière fut marqué des stigmates de
la Passion, autrement dit, les plaies saignantes des épines
sur le front, des clous aux mains et aux pieds et de la
blessure de la lance dans le côté. Ajoutons que les mêmes
marques furent reproduites sur le corps de six autres péni-
tentes du même prêtre, à savoir M* Guyol, Laugier,
Grodier, Allemande, Batarelle et Reboul. De fait, il fut
reconnu que les belles paroissiennes du Père Girard étaient
fort étrangement sujettes aux extases et aux $/~yy7!a~
Ajoutons ceci au fait que, dans le cas du Père Gaufrédy,
ci-dessus mentionné, le même phénomène se reproduisit,
suivant le témoignage des ch~'urgiens, sur M~ de la Palud,
et nous avons là quelque chose qui appelle l'attention de
tout le monde (surtout celle des spirites qui s'imaginent
que ces stigmates sont produits par des esprits purs). Lais-
sant de côté l'agence du Diable, dont nous avons déjà dis-
posé dans un chapitre précédent, les catholiques seraient
lort embarrassés, croyons-nous, malgré leur infaillibilité,
de distinguer entre les stigmates des sorciers et ceux pro-
duits par l'intervention du Saint Esprit ou des anges. Les
annales de l'Eglise fourmillent d'exemples de l'imitation,
soi-disant diabolique, de ces signes de sainteté, mais ainsi
que nous l'avons déjà dit le Diable est hors de question.
1. Voyez égatemcBt Afa~K and Afe~ntcrKM un roman reproduit dans
Harpers, il y a trente ans.
Ceux qui nous auront suivis jusqu'ici demanderont natu-
rellement quel est le but pratique d'un ouvrage de la na-
ture de celui-ci on a beaucoup parlé de la magie et de ses
potentialités on a prôné l'immense ancienneté de sa pra-
tique. Voulons-nous par là affirmer qu'on doit étudier et
pratiquer de par le monde entier les sciences occultes ?
Faut-il classer le spiritisme moderne au rang de la magie
antique ? Ni l'un, ni l'autre la substitution serait impos-
sible, et l'étude ne pourrait être universellement poursuivie
sans courir le risque de grands dangers publics. En ce
moment (en 1875) un spirite et conférencier bien connu sur
le magnétisme, languit en prison sous l'inculpation de viol
d'un sujet qu'il avait magnétisé. Un sorcier est un fléau
public, et il est aisé de transformer le magnétisme en la pire
des sorcelleries.
Nous ne désirons voir ni les savants, ni les théologiens
ni les spirites, devenir des magiciens pratiquants, mais il
faudrait que tous se rendissent compte qu'il existait avant
notre cre moderne, une science véritable, une religion sin-
cère, et des phénomènes authentiques. Nous voudrions que
tous ceux qui ont une voix au chapitre de l'éducation des
masses, aient avant tout la connaissance, et qu'ils ensei-
~ï~ ensuite, que les guides les plus sûrs pour le bonheur
et l'instruction de l'humanité, sont ces ouvrages qui nous
ont été légués par la plus haute antiquité que les aspira-
tions spirituelles les plus nobles et une morale plus élevée
prédominent dans les pays où le peuple accepte leurs pré-
ceptes comme règles de la vie. Nous voudrions que chacun
réalisât que les pouvoirs magiques, c'est-à-dire spirituels,
existent dans chacun de nous, et que le petit nombre qui
les met en pratique et qui se sent disposé à les enseigner,
fût prêt à payer le prix de la discipline et de la conquête
du soi, exigés pour leur développement.
Nombre d'hommes ont surgi qui ont eu une lueur de
la vérité, tout en s'imaginant qu'ils la possédaient tout
entière. Ceux-là ont échoué dans le bien qu'ils auraient pu
faire et qu'ils ont tenté de faire, parce que la vanité leur
a fait mettre leur personnalité en avant, au point qu'elle
l'interposait entre leurs sectateurs et la vérité tout entière
qui était reléguée à l'arrière-plan. Le monde n'a nul besoin
d'une religion sectaire, que ce soit celle du Bouddha, de
Jésus, de Mahomet, de S-wcdenborg, de Calvin, ou d'un
autre quelconque. Puisqu'il n'y a qu'UNE vérité, l'homme
n'a besoin que d'une seule religion le Temple de Dieu
au-dedans de lui, enclos par le mur de la matière mais
ouvert à tous ceux qui en trouvent le chemin Ceux qui
ont le cceur pur voient Dieu.
La frinifé de la na/M/'e esl la serrure
gie la Irinilé de l'homme esl la clé.qui
<
s'
c/o~ la ma-
a~a/)~. Dans
les solennels parvis du sanctuaire FËTRE SUPREME n'a
pas de nom et n'en a jamais eu. Ce nom est inconcevable
et ne peut être prononcé et néanmoins chaque homme
trouve son Dieu au-dedans de lui. « Qui es-tu, ô être mer-
veilleux ? » demande l'âme désincarnée dans le A~orc~-
A vesla, à la porte du Paradis. « Je suis, ô âme, les bonnes
e~ les pures pensées, tes oeuvres et ta bonne loi. ton
ange gardien. et ton dieu. » L'homme, ou râme, est alors
réuni a LUI-MEME, car ce « Fils de Dieu » fait un avec
lui c'est son propre médiateur, le dieu de son âme hu-
maine et son « Justificateur. » « Comme Dieu ne se révèle
pas a~reo~/Mfn~ à l'homme, /'espr~ est son ~e/'p~e
dit Platon dans le Banquet.
Il y a, en outre, de bonnes raisons pour que l'étude de
la magie, sauf en ce qui concerne l'ensemble de sa philo-
sophie, soit presque impossible en Europe et en Amérique.
La magie étant ce qu'elle est, la plus difficile des sciences
à acquérir expérimentalement, son acquisition est pratique-
ment hors de la portée de la majorité des hommes à peau
blanche, que leur effort ait lieu en Europe ou en Orient.
Il n'y a probablement pas plus d'un homme de sang euro-
péen en un million qui soit apte, physiquement, morale-
ment ou psychologiquement, à devenir un magicien prati-
que, et on n'en rencontrerait pas un en dix millions qui
serait doué des trois qualités exigées pour ce travail. Les
nations civilisées manquent du pouvoir phénoménal d'en-
durance, tant mental que physique, possédé par les orien-
taux les idiosyncrasies qui favorisent les orientaux sont
absentes chez eux. A l'Hindou, l'Arabe, le Thibétain, la
perception intuitive de la possibilité des forces naturelles
occultes, sujettes à la volonté humaine a été léguée par
héritage et chez eux, les sens physiques, de même que
les sens spirituels sont beaucoup plus développés et plus
subtils que chez les races occidentales. Malgré cela, la
grande différence dans répaisseur des crânes européens
et hindous méridionaux, dùe à l'influence du climat et à
l'intensité des rayons solaires, ne donne lieu à aucun prin-
cipe psychologique. De plus, les difficultés pour /rof-
y!e/7ï~ si nous pouvons nous exprimer ainsi, seraient
presque insurmontables. Contaminés par des siècles de
suggestion dogmatique, par un sens de supériorité indéra-
cinable d'ailleurs tout à fait injustifié sur ceux que
les Anglais nomment avec mépris des « nègres l'homme
blanc européen ne voudrait pas se soumettre à l'instruction
pratique d'un copte, d'un brahmane ou d'un lama. Pour
devenir un néophyte, il faut être prêt à se vouer corps et
âme à l'étude des sciences mystiques. La magie maî-
tresse impérieuse ne tolère aucune rivale. A l'encontre
des autres sciences, la connaissance théorique des formules,
en l'absence de capacités mentales ou de pouvoirs de l'âme,
n'a aucune valeur en magie. L'esprit doit tenir en sujé-
tion complète la combativité de ce qu'on se plaît à nom-
mer la raison éduquée, jusqu'à ce que les faits soient ve-
nus vaincre le froid sophisme de l'homme.
Ceux qui seraient le mieux préparés pour apprécier l'oc-
cultisme seraient les spirites, bien que, de parti pris, ils
aient été jusqu'ici les ennemis les plus acharnés de son im-
position à l'attention publique. Malgré tant de stupides
dénégations et de dénonciations, leurs phénomènes sont
authentiques, mais nonobstant leurs propres affirmations,
ils sont totalement incapables de les comprendre. La théo-
rie insuffisante de l'agence constante des esprits humains
désincarnés dans la production de leurs phénomènes a été
la ruine de leur cause. Les rebuffades innombrables ont
échoué à ouvrir leur raison ou à leur donner une intuition
de la vérité. Ignorant les enseignements du passé, ils n'ont
rien à leur substituer. Nous leur offrons une déduction
philosophique à la place d'une hypothèse impossible à prou-
ver, l'analyse scientifique et la démonstration au lieu de la
foi aveugle. La philosophie occulte leur fournit les moyens
de se mettre d'accord avec les exigences raisonnables de
la science, et les libère de l'humiliante nécessité d'accepter
l'enseignement oraculaire < d'intelligences qui, en règle
générale sont moins intelligentes encore qu'un écolier. Sur
ces bases et fortifiés de cette manière, les phénomènes mo-
dernes seraient en position de commander l'attention et le
respect de ceux qui exercent une autorité sur l'opinion
publique. Sans cette aide, le spiristime est condamné à vé-
géter, repoussé également et non sans raison par les
savants et par les théologiens. Sous son aspect moderne
le spiritisme n'est ni une science, ni une religion, ni une
philosophie.
Sommes-nous trop sévères? Quel est le spirite intelligent
qui oserait prétendre que nous avons dénaturé le cas ? Que
pourrait-il mettre en avant, sinon une confusion de théories,
un enchevêtrement d'hypothèses se contredisant les unes
les autres. Pourrait-il affirmer que le spiritisme, même
depuis ses trente ans d'existence et de phénomènes, soit
une philosophie défendable que dis-je, qu'il possède quoi
que ce soit qui se rapproche d'un système établi, généra-
lement accepté et adopté par ses représentants attitrés ?
Et cependant, il y a beaucoup d'écrivains réfléchis, ins-
truits et sérieux parmi les spirites répandus dans le monde
entier. II y en a parmi eux qui, outre l'entraînement scien-
tifique et mental, avec une foi raisonnée dans l'authenticité
des phénomènes per se, possèdent toutes les qualités néces-
saires pour se mettre à la tête du mouvement. Comment
se fait-il alors, qu'à part la production d'un volume ou
deux, ou d'une contribution à un journal quelconque, ils
s'abstiennent tous de prendre une part active dans la for-
mation d'un système de philosophie ? Ce n'est pas faute
de courage moral, ainsi que leurs ouvrages le démontrent
bien. Ce n'est pas non plus par indifférence, car chez eux
l'enthousiasme déborde, et ils sont persuadés des faits.
Ce n'est pas faute de capacités, car il y a parmi eux des
hommes de marque, des princes parmi nos esprits les plus
cultivés. L'unique raison est que, presque sans exception,
ils sont stupéfaits des contradictions qu'ils rencontrent, et
ils attendent que leurs hypothèses expérimentales aient été
vérifiées par des expériences successives. C'est la sagesse,
sans doute~qui leur inspire de telles résolutions. C'est
celle qui fut adoptée par Newton qui, avec l'héroïsme d'une
nature droite et honnête, différa pendant dix-sept ans la
publication de sa théorie de la gravitation, pour la seule
raison qu'il ne l'avait pas vérifiée à sa propre satisfaction.
Le spiritisme, dont l'esprit est plutôt agressif-que défen-
sif, contribue à l'iconoclasme et en cela il n'a pas tort.
Mais en démolissant il ne réédifie rien. Toute vérité subs-
tantielle qu'il érige est aussitôt ensevelie sous une avalan-
che de chimères, jusqu'à ce que tout ne soit plus qu'une
confusion de ruines. A chaque pas fait en avant, l'~cq~-
sition de chaque position avantageuse des FAITS, quelque
cataclysme, sous la forme d'une fraude, d' an scandale, ou
d'une trahison préméditée, se produit, et 'epousse les spi-
rites impuissants, parce qu'ils ne peuvent pas, et que leurs
amis invisibles ne veulenl pas (ou serait-c'~ qu'ils ne peuvent
pas non plus) justiner leurs prétentions. Leur point faible
est qu'ils :n'ont qu'une seule théorie à mettre en avant
pour expliquer leurs faits incriminés l'action des esprits
humains désincarnés, et la dépendance complète du mé-
dium à leur égard. Ils attaquent ceux qui diffèrent de leur
point de vue avec une véhémence digne d'une meilleure
cause ils considèrent chaque argument en contradiction
avec leur théorie comme une insulte faite à leur bon sens
et à leur pouvoir d'observation et ils vont jusqu'à refuser
péremptoirement de discuter la question.
Comment le spiritisme pourrait-il, alors, être érigé en
science ? Ainsi que le fait voir le professeur Tyndall, il
comprend trois éléments absolument indispensables l'ob-
servation des faits; l'induction des lois d'après ces faits
et la vérification de ces lois par des expériences pratiques
répétées. Quel est l'observateur expérimental qui prétendra
que le spiritisme présente un quelconque de ces trois élé-
ments ? Le médium n'est pas toujours entouré des condi-
tions d'épreuve suffisantes pour permettre de garantir les
faits les déductions tirées des faits présumés sont injusti-
fiables en l'absence de cette vérification; et, comme corol-
laire, la vérification de ces hypothèses au moyen des expé-
riences est loin d'être suffisante. En somme l'élément
principal de l'exactitude, fait, en règle générale, complète-
ment défaut.
Afin qu'on ne nous accuse pas de vouloir dénaturer la
position du spiritisme, au moment, d'écrire ces lignes, ou
de refuser de faire crédit aux avances déj~ faites, nous
nous permettrons de citer quelques passages du Spirilua-
de Londres, du 2 mars i877. A la réunion bi-men-
suelle du H) février, un débat s'éleva sur le thème de la
« Pensée antique et le Spiritisme moderne Quelques-uns
des spirites les plus autorisés d'Angleterre y prirent parti
Parmi eux était M. W. Stainton closes, M. A. qui, der-
nièrement. a porté son attention sur la relation entre les
phénomènes anciens et modernes. Il s'exprime ainsi < Le
spiritisme populaire n'est pas scientifique il ne fait rien
pour établir la preuve scientifique de ce qu'il avance. De
plus, le spiritisme exotérique, s'occupe presque exclusive-
ment de la communion présumée avec des amis personnels,
ou de la gratification de la curiosité des assistants, ou en-
core d'une simple production de phénomènes. La vérita-
ble science exotérique du spiritisme est fort rare, et encore
plus précieuse q<:c rare. C est à elle que nous devons nous
adresser pour créer la connaissance qui se développera
exotériquement. Nous agissons trop comme les physiciens
nos épreuves sont informes et par trop souvent illusoires
nous connaissons trop peu le pouvoir protéen de l'esprit.
En ceci les anciens nous avaient devancés et nous pouvons
beaucoup apprendre d'eux. Xous n'avons introduit aucune
certitude dans les conditions chose absolument nécessaire
pour toute expérience scientifique. Cela est dû, surtout, au
fait que nos cercles ne sont basés sur aucun principe.
Nous n'avons même pas appris les vérités élémentaires,
connues des anciens et sur lesquelles ils se basaient, entre
autres l'isolement des médiums. Nous avons été si occupés
de rechercher les merveilles, que nous n'avons même pas
classé les phénomènes, ou mis en avant une théorie pour
la production du plus simple d'entre eux. Nous ne nous
sommes jamais posé ia question Quelle est l'intelligence
mise en œuvre? Voilà notre plus grande faute, la source
la plus fréquente de l'erreur, et ici encore nous pourrions
prendre exemple sur les anciens. II y a parmi les spirites
une aversion insurmontable pour admettre la possibilité de
la vérité de l'occultisme. Ils sont, à cet égard, aussi diffi-
ciles à convaincre que le monde extérieur l'est du spiritisme
lui-même. Les spirites débutent par une erreur, à savoir
que tous les phénomènes sont causés par l'action des esprits
humains désincarnés; ils n'ont pas ~M<~ les joo~uo/r~ de
l'esprit humain; ils ignorent l'étendue de l'action de cet
esprit, jusqu'où s'étend son action sur ce qu'il domine.
Notre position n'aurait pas pu être mieux définie. Si le spi-
ritisme a un avenir, il demeure tout entier entre les mains
des hommes comme M. Stainton Moses.
Notre tâche est achevée plût à Dieu qu'elle eût été
mieux accomplie Mais, malgré notre manque d'expérience
dans l'art d'écrire, et la sérieuse difficulté pour nous de le
faire dans une langue qui n'était pas la nôtre, nous espérons
que nous aurons réussi à dire certaines choses qui ne seront
point perdues pour les esprits réfléchis. Les ennemis de la
vérité ont tous été énumérés, tous ont été passés en revue.
La science moderne, incapable de satisfaire les aspirations
de la race, fait de l'avenir un néant et prive l'homme de
l'espérance. Elle est, dans un sens, comme le Baital Pachisi
le vampire de la fantaisie populaire hindoue, qui vit dans
les cadavres et se nourrit de la pourriture de la matière.
La théologie de la chrétienté a été usée jusqu'à la corde
par les esprits les plus sérieux de notre époque. Elle a été
reconnue, dans son ensemble, subversive plutôt que pro-
pice à la spiritualité et à la morale. Au lieu d'exposer les
règles de la loi divine et de la justice, elle n'enseigne qu'elle-
même. A la place de la Divinité immortelle, elle prêche
l'Etre du Mal et en fait une entité qu'il est impossible de
distinguer de Dieu lui-même. < Ne nous induis point en
tentation » telle est la prière des chrétiens. Qui, donc est
le tentateur? Est-ce Satan? Non, la prière ne s'adresse pas
à lui. C'est le génie tutélaire qui endurcit le oœur de Pha-
raon qui mit un mauvais esprit en Saül qui envoya des
messagers trompeurs aux prophètes, et qui tenta David pour
commettre le péché c'est le Dieu d'Israël de la Bible 1
Notre revue des nombreuses croyances religieuses que
l'humanité a professées depuis l'antiquité jusqu'à nos jours,
indique de la manière la plus certaine qu'elles dérivent
toutes de la même source primitive. 11 semblerait que tou-
tes ne sont que des modes différents pour exprimer les
élans de l'âme humaine emprisonnée~ et frayer avec les
sphères supérieures. De même que le rayon de la lumière
blanche est décomposé par le prisme dans les sept couleurs
du spectre solaire, de même aussi le rayon de la vérité di-
vine, en passant par le triple prisme de la nature de
l'homme s'est brisé en fragments multicolores, dénommés
RELIGIONS. Et, comme les rayons du spectre se fondent
l'un dans l'autre dans des nuances imperceptibles de même
aussi les grandes théologies qui ont paru à des degrés
divers de séparation de la source primitive, ont été reliées
par des schismes mineurs, des écoles et des branches pous-
sées de l'une et de l'autre. Combinées, leur réunion repré-
sente une seule vérité éternelle séparées elles ne sont que
les ombres de l'erreur humaine et les témoins de son im-
perfection. Le culte des Pi/ris védiques se transforme
rapidement en culte de la partie spirituelle du genre humain.
II ne lui manque que la juste perception des choses objec-
tives pour découvrir enfin que le seul monde réel est le
monde subjectif.
Ce qu~n a dédaigneusement appelé Paganisme était
l'ancienne sagesse, saturée de Divinité et le judaïsme et
ses rejetons, le Christianisme et l'Islamisme ont tiré toute
leur inspiration de ce père ethnique. Le brahmanisme pré-
védique et le bouddhisme sont la double source de laquelle
ont jailli toutes les religions le Nirvana est l'océan vers
lequel elles tendent toutes.
Pour les besoins de l'analyse philosophique nous n'avons
pas tenu compte des énormités qui ont noirci l'histoire de
plusieurs religions mondiales. La vraie foi est la personni-
fication de la charité div ine ceux qui desservent ses autels
ne sont que des hommes. En feuilletant les pages macu-
lées de sang de l'histoire ecclésiastique, nous trouvons que
quelque fût le héros et quelque costume qu'aient revêtu
les acteurs, le plan de la tragédie a toujours été le même.
Mais la Nuit éternelle les couvrait toutes et nous passons
de ce qui est visible à ce qui est invisible pour l'œil des
sens. Notre désir ardent a été de montrer aux âmes véri-
tables comment elles peuvent soulever le rideau et dans.
l'éclat de cette Nuit faite Jour, regarder d'un œil que rien
ne peut éblouir, LA VÉRITÉ SANS VOILE.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME IV
P<~e«
CHAPITRE VIII. JéautUsme et Franc-Maçonnerie.
Le grand Sonar du Rabbin SIméon. Job et les allégo-
ries apocalyptiques de l'initiation. Rapport du Par-
lement français sur les Jésuites.–EfTroyables principes
de l'Ordre. Le Meurtre, l'Adultère et le Parjure excu-
sés. Les Jésuites peuvent adorer les idoles du Jésui-
tisme. Accomplissement de la prophétie d'Hermès.
Un prêtre adultère est en droit de tuer le mari.
Fêtes chrétiennes indécentes.–Rituelde l'enterrement
égyptien. Hommes et femmes vivent sans âmes.
Jésuites déguisés en Talapoins. Le Père Jésuite Ma-
riana approuve l'empoisonnement. La Franc-Maçon-
nerie est-elle l'héritière de la Sagesse secrète ? La
Maçonnerie est-elle Jéhovastique ou Païenne ? Im-
pertinence du jésuite Weninger. La Maçonnerie des
Templiers éclôt dans un collège Jésuite. Le faux
Ordre de Malte. -Empoisonnement du dernier Prince
des Templiers. La « Parole » des adeptes n'est pas
en la possession des Maçons. -Observationsd'un Maçon
de haut grade au sujet de la Franc-Maçonnerie. Le
Temple de Salomon n'est qu'une allégorie. -Le « Cable
de Touée ? des lamas et des Sannyâsi Brahmaniques.
Chiffres secrets dévoilés. Cryptographie jésuite.
Le Prêtre derrière le voile.
vah.
CHAPITRE IX.
lieux.
Le double sexe de Jého-
Adeptes à Paris et dans d'autres
Les Védas et la Bible. -Le mystère du
1
nombre sept. -Les Brahmans interprètent le Rig-Véda.
Antiquité relative des Védas et de la Bible. Masques
sans acteurs, et êtres sans noms. Haute valeur de
« l'Atharva Véda ». Dédain des Européens pour les
savants hindous. Origine moderne du sabbat chré-
tien. Les « Jours » de la Genèse « Jours » de
Brahma. Curieuse interprétation de Noé. Récits
hindous du Déluge. Le silence des Védas est haute-
ment signincatif.–Antiquité de la Mahâbarata. Les
lois Mosaïques sont copiées du Manou. Rénexions
sur les Aryens, Ethiopiens Ramiques et Orientaux.
Légendes des deux dynasties hindoues. David le Roi
Arthur israélite. Ezéchiel le Messie attendu. Opi-
nion de Georgc Smith au sujet de Sar~on.–Evc-Lélith
et Eve. L'Orantc égyptien. Adam le prototype de
Noé. L'Adonai juif et l'Adanari Hindou. Enoch le
type de l'homme double. Discussion sur le Zodiaque.
Le si~nc Libra aurait été inventé par les Grecs.
Les Patriarches bibliques ne seraient que des signes du
Zodiaque. -Explication complète de la Roue d'Ezéchic!.
Libra identique à Enoch et à Hermès. Ariès est
l'Adam de poussière. Dynasties des Hadj.'ipatis.
L'homme archétype ét.ut sphéroïdal.–La véritable Bible
hébraïque est un livre
Cn.\riTRE X.
secret
Le Mythe du Diable. Le Diable dans
7.)
tous ses aspects. Le Diable personnel implique te
polythéisme. « Pas de Diable, pas de
Christ. »
Le serpent tentateur de l'Eden. S.'mad et Typhon
sont Satan. La tentation de Job et celle de Jésus.
Le Grand Dragon Rou~e.–L'nc explication nécessaire
est depuis longtemps différée. Les Mystères de Dé-
méter et de Mithra. Le livre de Job expliqué par le
« Livre des Morts ». Corruptions du texte et inter-
polations.–Le Livre de Job est un poème symbolique
de l'Initiation.-Le Néophyte est amené à la Lumière.
Le Satanisme chrétien n'est pas le même que le Sa-
tanisme orienta!. Diverses sorties de Satan. Le
Secret de PerséphonePython etTyphon sont les ombres
de la Lumière. Le démon cingalais Rawho. Le
Méphistophélès de Gœthe. La coupe de l'Agathodaé-
mon.-Le « Prince de l'Enter et le '< Roi de Gloire».
Le Waterloo de Satan 1 Ce que deux fantômes
virent en Enfer. Débat entre Satan et le « Prince des
Enfers ). Le Credo de Robert Tavlor. Sacrinccs
humains chez les Juifs.– La véritable signification des
lettres I. H. S 169
CaAPtTRE XI. Résultats comparéa du Bouddhisme
et du Christianisme. La Théologie comparée est
une arme à deux tranchants. Le Christianisme des
classes élevées et celui des classes inférieures. L'im-
portante découverte du Prof. W. D. Whitney. Les
légendes des trois Sauveurs. Force numérique de
TABLE DES MATIÈRES 397
trois religions. La roue de la Loi. Analyse du
dogme de l'expiation. Impossibilité du pouvoir de
délier et de lier les âmes. Cruelles doctrines de Cal-
vin. Le Christianisme pratique de Peter Cooper.
Le récit de la femme samaritaine est bouddhiste.
L'antagoniste dn missionnaire Judson. Autres plagiats
chrétiens pris dans le bouddhisme. La crucifixion de
Wittoba. Le lama de Jéhovah ? Le pain et le vin
dans les mystères. Recommandations de Christna à
veau )'
Arjouna.–Interprétation de l'expression « Né de nou-
Propriétés magiques du sang. Evocations
du sang dans la Bulgarie et la Moldavie.
de véritables sorciers.
Une tribu
Incantations de voodoo.
Mahomet n'a jamais été un Dieu pour les Musulmans.
Aucun livre n'est moins authentique que la Bible.
Le Bouddha transformé en saint catholique. Récit
frauduleux de saint Josaphat.- Les adeptes de Kublai-
Khan. Les vrais mendiants et les pauvres authenti-
quesXI!.
CnA!'iTRK Conclusions. Sommaire des princi-
244
pes de la Magie. Comparaison entre le véritable
voyant et le clairvoyant. La Psychologie des Aryens.
La Philosophie du « Pays des Esprits -L'envolée
du corps astral. Une aventure avec un Bikshu thibé-
tain. L'âme d'un adepte dans le corps d'un nouveau-
né. Retirer son âme astrale de ses cendres. Saisir
l'esprit du son. La Flamme scnsitive du Bikshu.
Une évocation de l'âme des fleurs. Le magnétisme
des personnes rousses. La vérité sur les Todas hin-
dous. Traits caractéristiques du Shamanisme et du
Lamaïsme. Le grand collège mongol. Déductions
possibles d'après les découvertes récentes. Merveil-
leux remèdes euratifs des Yoguis. Un fakir dompte un
tigre du Bengale. Souvenirs des Shamans de la Sibé-
selle.
rie. Une séance de magie dans une Yourta tartare.
Exploits de jongleurs hindous. Consultation du mi-
roir d'un voyant kurde. Sorcellerie du Père Girard et
d'autres. Les hommes blancs sont presque incapa-
bles de production de magie. Les faiblesses et les
nécessités du spiritisme. L'unique vérité univer-
322
DICTIONNAIRE «
RHÉA »
THÉOSOPHtE
Esoiérisme Occultisme
Orientalisme Maçonnerie
In-16 jésus (l40xl7j), 150 pa~e-=. Prix 10 francs.
Publié avec la collaboration de R. ALLEXov, D~ AuvARD,
D~
M"" A. BLECt!. C'~GRABO\VSKA,M°" GEOALGE. D~ H. JAWORSKI.
M"" J. MALLET, M. H. de PcRY-TpAVERS, Commandant
M"~ V. REYXAUD, M~~ SALTO~. D~~<* ScHULTZ. M. T.\MOS,
R.
Mgr WED&wooD, etc.
Ce Dictionnaire, qui comprend plus de trois mille mots, est
absolument nécessaire au débutant qui y trouvera la définition
courte et claire des notions qui lui sont nouvelle- ou des termes
qui lui sont étrangers, dans l'étude de l'Occultisme en général
et de la Théosophie en particulier.
Les mots sanscrits, indiens, grecs et latins dont certaines de
nos publications sont semées rendent ce Dictionnaire indispen-
sable aux lecteurs sérieux.
Cet ouvrage, grâce à la collaboration que nous nous sommes
assurée, fait autorité. Il répond à un besoin souvent exprimé
et la grande faveur qu'il a rencontrée parmi nos lecteurs est
parfaitement justinée.
S*
Paix. ii A~iE BES.~fT Sagesse antique.
édition. (In-t8 Jésus, 537 pages). Paris, Editions Rhéa, 4, Square Rapp.
Mythologie comparée de l'Extrême-Orient, de l'Inde, des
Hébreux, des Perses.
cienne.
Philosophie pythagoricienne et platoni-
Enseignement théosophique. Plans. Réincar-
francs.
nation.- Karma. Epreuve. Initiation et ses quatre degrés.
–Chaîne planétaire. Races. Rondes, etc. Appendice
sur la chimie occulte.
D~
Ppix.
A~iE BESA~T et C.-W. LEADBEATER. La Chimie occulte.
In-8 raisin, 340 pages. Paris, Editions Mea, 4, Square Rapp.
Traduction et Préface par M. H. de Pury-Travers et le
Allendy.
30
Cet ouvrage décrit la constitution de la matière et la struc-
francs.
ture des atomes chimiques découvertes par clairvoyance et rend
compte des poids atomiques par la numération des corpuscules
ultimes. Les traducteurs indiquent les premières confirmations
de la science officielle.
H.-P. BLAVATSKY. La Doctrine secrète.
6 volumes in-s raisin. Paris. Editions Rhéa, 4, Square Rapp.
Paix de chaque volume i6 fr. 50.
Cette œuvre colossale et véritablement géniale de la Fonda-
trice de la Société Théosophique est une encyclopédie de science
occulte excessivement riche en documents de toute sorte. Le~
deux premiers volumes exposent la cosmogenèse. le troisième
l'anthropogenèse, le quatrième le symbolisme archaïque des
religions du monde, le cinquième a trait surtout à la magie, le
sixième et dernier est un recueil de notes diverses. L'étude de
cette œuvre, intéressante pour tous les penseurs, est indispen-
sable pour les Théosophes.
PRtx.
C.-W. LEADBEATER. L Ffomme Visible et Invisible.
In-8 carré, 130 pages, 1 frontispice, 3 diagrammes et 22 planches en
couî&ur. Seconde édition, Paris, Editions Rhéa, 4, Square Rapp.
20
Exemples de différents types d'hommes tels qu'ils peuvent
être observés par un clairvoyant exercé. L'aura humaine dans
ses différents ray onnements, le symbolisme des couleurs, les
francs.
plans de la nature, les trois émanations diverses, le corps
astral, etc. C'est une œuvre splendide d'un intérêt capital
dont la réimpression était impatiemment attendue.
MATEKNt, !XPR!3<XKtt CttAtUtS COt.!K