- La maîtrise du corps -
Avant de démarrer:
Aucun des exercices qui suivent nʼest valable isolément. Nous
ne vous donnons pas une série de « trucs » plus ou moins
applicables lʼun après lʼautre. Ni une série dʼexercices à faire
quand on le peut, en sautant huit jours sans les appliquer. Il
est rare que des enseignements consacrés à la maîtrise du
corps donnent des entraînements sʼenchaînant
rigoureusement lʼun à lʼautre.Ce sera le cas ici. Ne faire quʼun
entraînement en négligeant les autres serait puéril et
nʼaboutirait à rien. Une seule règle, mais capitale : en vous
exerçant, ne faites jamais dʼeffort. Ne considérez pas ces
entraînements comme une corvée. Si vous les appliquez bien,
il vous faudra peu de jours pour arriver à les pratiquer avec
beaucoup de plaisir. Ils ne vont pas du simple au plus difficile :
ils forment un tout.Cʼest-à-dire que le deuxième programme ne
doit jamais faire abandonner le premier. Car si vous croyez
que les choses se font en un jour, détrompez-vous. Cela est
sans doute possible mais exceptionnel !
Et comme peu de temps par jour vous est demandé, nous ne
voyons vraiment pas pourquoi vous ne vous y mettriez pas.
La Maîtrise du corps:
Le corps est un instrument de chen (le souffle créateur,
lʼesprit). La maîtrise du corps est une condition indispensable
pour celui qui se dirige vers lʼéveil, puisque cette maîtrise
retentit sur lʼesprit (lʼesprit, re disons-le, considéré ici comme le
souffle organisateur et non comme le mental ou la pensée qui
ne sont que des instruments à son service).
Et souvenez-vous de ceci : lʼhomme ordinaire se rend
obscurément compte du fait que son grand adversaire est le
temps. Il essaye de le vaincre en employant cette arme
dérisoire : la rêverie ! Laquelle, lʼentraînant illusoirement vers
le passé ou lʼavenir dans une conception linéaire du temps, lui
donne lʼimpression dʼéchapper aux limitations de ce quʼil
nomme le présent.Notons bien ceci : pour l'adversaire (le
temps), la rêverie est une arme de pacotille dont les "coups"
ne sauraient être craints, mais pour son utilisateur - l'Homme -
elle se comporte en engin redoutable.
C'est une sorte de boomerang qui rate toujours son but mais
revient blesser celui qui l'a lancé.
La maîtrise du temps:
Si nous voulons maîtriser le temps - et tel est, notre but - il
nous faut tout d'abord établir notre emprise sur sa fraction la
plus proche de notre conscience, celle que nous appelons le
présent et, pour cela , être présent dans ce présent.
Cʼest le but des exercices qui suivent. Ils vous paraîtront
simple mais ils se révéleront difficiles dʼapplication. Ils sont
extrêmement puissant pour lʼéveil et la libération, mais leurs
résultats seront à la mesure de votre implication et de votre
certitude dʼêtre.Avoir conscience de soi-même, c'est tout
d'abord avoir conscience de ses gestes et attitudes physiques
dans l'immédiat . Nous ne saurions trop insister sur ce
point.Tout le reste en découle. Il faut dans ce début
dʼentraînement Tchʼan, que vous soyez dans ce que vous
faites et nulle part ailleurs. Certes, il est nécessaire, pour les
besoins de la vie courante, que vous établissiez des prévisions
pour les actes que vous devez accomplir et que vous vous
remémoriez certaines choses du passé. Il semble dʼailleurs
(apparente logique) que ce vous ferez dans le futur soit
conditionné par le passé. A moins que le futur, dans une autre
réalité, ne précède le présent qui ne serait alors que
lʼactualisation du futur et que ce dernier conditionne le passé.
Nous aurons lʼoccasion dʼen reparler.Seule condition : être au
présent Lorsque vous étant levé puis habillé en gardant, dans
la mesure que possible, pleine conscience de vos gestes
corporels, cette pensée vous viendra : "il faut qu'aujourd'hui je
vois Untel qui, avant-hier, m'avait donné rendez-vous" , passé
et futur interviendront nécessairement et perturberont votre
sens du présent. Mais que cette perturbation demeure
momentanée. Ne vous complaisez pas dans les évocations
d'un passé révolu ou d'un futur possible. Reportez, aussitôt
que vous le pourrez, votre attention sur vos gestes et vos
comportements au présent.Nous ne nous faisons pas
d'illusion. Durant les premiers jours, votre attention ne se
maintiendra vigilante, que durant quelques minutes. Et, pour
commencer, il est très possible que demain, au réveil, vous
n'ayez même plus en mémoire la nécessité d'adopter l'attitude
que nous vous recommandons en cet instant. Cela n'est pas
grave et il est tenu compte de cette possibilité dans
l'Enseignement.
Exercice N°1 de libération directe : "La détente du corps"
Nous avons déterminé un entraînement qui est destiné à aller
au-delà dʼun simple jeu de décontraction. Mais si vous ne
deviez recueillir que ce fruit, ce serait déjà cela. Vous allez être
surpris de sa facilité, mais aussi de la rapidité de ses résultats.
Surtout, cet exercice vous prépare parfaitement à tout ce qui
suit, et forme un tout avec le restant de lʼentraînement.
Son but est double :
• vous devez vous rendre compte combien vous êtes
tendus, soit par un état physique ou psychique anormal,
soit par la vie quotidienne que vous menez.
• Vous devez arriver - car la détente est un point de départ
– à une aisance corporelle, à prendre conscience de vos
mouvements afin de les diriger à votre gré.
Cet exercice vous prépare considérablement à la « prise de
conscience des gestes ».
Le moment approprié: Il vous sera communiqué dans votre
programme personnel.
Modalité:
- Soit vous êtes étendu sur le dos, les mains le long du corps,
les paumes vers le bas ou vers le haut, selon votre choix.
- Soit vous êtes assis, les paumes des mains posées sur les
cuisses. Le dos doit être bien droit, sans raideur excessive.
Si lʼon utilise une chaise, bien appuyer le dos au dossier.
Ramener les pieds sous la chaise (les croiser, le talon dʼun
pied sur la cheville de lʼautre) et faire en sorte que les genoux
se trouvent plus bas que le bassin. Dans tous les cas:
utilisation dʼune chaise ou posture “en lotus” ou “en tailleur” -
bien vérifier la rectitude de la colonne vertébrale, sans vous
forcer outre mesure. Lʼhabitude aidant, votre corps tendra à
prendre automatiquement lʼattitude voulue. Les premiers jours,
prenez tout le temps nécessaire pour vérifier la correction de
votre attitude. Ce ne sera pas du temps perdu.
Résumons : le dos droit, faire reposer les mains bien à plat sur
les cuisses, les paumes au contact des cuisses. La main droite
sera placée à mi-chemin entre le genou droit et le bassin, et la
main gauche à mi-chemin entre le bassin et le genou gauche.
Ne vous raidissez pas. (Si vous avez choisi la position
allongée, placez un coussin sous le cou, de façon que votre
tête se trouve légèrement renversée; placez aussi un coussin
sous vos genoux, de sorte quʼils soient légèrement pliés).
Respirez normalement, ni plus fort ni plus rapidement que
dʼhabitude ;A partir de cet instant, dites-vous bien que le
moindre effort est à proscrire !
"je" nʼest pas “le” corps:
Continuez de respirer normalement.
Fermez les yeux ; surtout, ne serrez pas les paupières !
laissez-les « flotter » sur les globes oculaires.
Songez “les” yeux se détendent". Et non pas “mes” yeux ...
(Pensez comme si vous nʼétiez quʼobservateur dʼun corps).
Songez à votre jambe droite ; formez dans votre mental
lʼimage de cette jambe droite ; tâchez de « sentir »
mentalement cette jambe droite (sans effort de concentration,
surtout ; laissez-vous aller !). Chaque fois que vous expirez,
dites mentalement “la” jambe droite se détend.
Surtout ne dites pas “ma” jambe droite. Pensez vraiment
comme si vous nʼétiez quʼobservateur dʼun corps. Ceci nʼa rien
de « magique », mais cette attitude mentale vous permettra de
casser un automatisme de langage, source dʼemprisonnement.
Dès que la jambe devient lourde, abandonnez-la mentalement,
et passez à la jambe gauche : faites le même exercice.
Est-ce facile ?
Cʼest très facile dès que vous avez acquis « la manière ».
Vous aurez tendance, au début, à vous concentrer, ce qui
serait de la crispation. Tâchez progressivement de lʼéviter.
Vous aurez également tendance à serrer les paupières ; ce qui
est à rejeter également. Une autre difficulté légère : donner à
ses membres lʼordre de se détendre. Il suffit de songer aux
membres, de les sentir, et de les relâcher progressivement
pendant les expirations en nʼemployant aucune locution de
possession. Cʼest tout.
Avec un peu de rodage, dix à quinze expirations vous suffiront
pour obtenir une détente parfaite de chaque membre. Nous
conseillons de respirer normalement, cependant vous
constaterez que, au fur et à mesure que le relâchement
sʼopère, votre respiration devient plus ample et profonde. Elle
retentit alors sur la détente, en la poussant au maximum. Et là,
vous devrez prendre conscience des mouvements
pulmonaires et penser:
• à lʼinspiration : “les” poumons sʼemplissent dʼair
• à lʼexpiration : “les” poumons se vident
• en phases intermédiaire “poumons ... repos”
Ce qui est important cʼest que les mots pensés occupent le
temps de chaque phase respiratoire, ni plus ni moins. Et
même si les mots ne respectent plus la syntaxe, la seule
donnée stable est de nʼutiliser aucun article possessif, et de ne
jamais forcer.
Bien que cet exercice fasse partie dʼun tout, il pourrait en lui-
même être suffisant pour lʼéveil. En peu de jours, vous
constaterez à quel point vous étiez tendus et prisonnier du
corps. Cette détente procure une sensation merveilleuse de
dégagement quʼil faut avoir éprouvée.
Continuez, mais, en même temps apprenez à relâcher et
nommer “les” bras et “les” mains, immédiatement après “les”
yeux, “les” jambes et “les” poumons.
Pourquoi pendant lʼexpiration ?
Nous vous avons conseillé de relâcher et de nommer
mentalement chaque fois que vous expirez. Et cʼest bien
normal. Aspirez de lʼair produit automatiquement un léger effort
musculaire qui a tendance à vous ramener à vous-même au
risque de vous faire continuer à croire que vous êtes “le”
corps. Quand vous expirez, vous coordonnez le relâchement
du muscle avec la détente naturelle des muscles de la poitrine.
Ainsi vous pouvez mentalement prendre du recul par rapport
au corps. Donc, chaque fois que vous inspirez, veillez à ne pas
laissez se retendre les muscles. Ils nʼont que trop tendance à
le faire, puisquʼils suivent le mouvement spontané de votre
poitrine. Pour lʼéviter, continuez de songer au membre que
vous êtes en train de détendre et, sans effort, observez- le
rester dans lʼétat de détente, et cela sans effort ! Pour y arriver
sans difficulté, il suffit donc de peu de jours dʼentraînement.
Les premiers résultats:
Au bout d'un certain temps, vous devrez non seulement
ressentir une nouvelle perception corporelle, mais aussi bien
dormir. Votre sommeil devient plus détendu, ce qui facilite des
exercices futurs. Souvenez-vous que le but de cet exercice est
de vous amener à la “paix mentale”. Votre séance quotidienne
doit vous procurer un plaisir réel. De plus, le relâchement
retentit sur lʼémotivité. Il stoppe les impulsions produites par
des muscles tendus.
En un mot, il sʼagit dʼune véritable rééducation émotive, qui
produit un contre coup immédiat : lʼapparition dʼune activité
calme.
Exercice N° 2 de libération directe : Zu Yi Si (Prise de
conscience gestuelle)
Le but de cet exercice est le même que le précédent : se
mettre au présent et obtenir le silence du mental, deux
conditions indispensables à lʼéveil.
Quʼentend-t-on par “mental” ? Lʼensemble des pensées,
conscientes ou inconscientes, des mémoires et des
connaissances conscientes ou inconscientes. Bref, le mental,
cʼest la faculté de penser, consciemment ou non. Cʼest ce qui
pense en nous. Et cela pense: “je suis une personne”.Comme
tout le malheur humain tient, rigoureusement, dans la
formulation réductrice et erronée de ces quatre mots, il importe
de faire taire ce mental-là durant un laps de temps suffisant
pour que sʼexprime lʼesprit, émergence créatrice de ce que le
zen nomme “mental cosmique” et le tchʼan, «chen».
Le malheur humain, venons-nous de dire, vient de cette
pensée: “je suis une personne” . Précisons: la pensée
humaine est une fonction qui a, comme substrat, lʼobjet le plus
complexe de lʼUnivers connu: le cerveau humain aux milliards
de neurones.
Le malheur est que cette fonction se tient elle-même pour un
individu et que cette faculté prétend être une entité, un “je”, un
“ego”.
Songez-y: vous pouvez examiner votre corps et porter un
jugement sur son aspect. Mais vous ne pourrez jamais
examiner votre pensée puisque lʼinstrument de cet examen
serait la pensée elle-même: un miroir reflète nʼimporte quoi,
sauf lui-même.Ainsi donc, liée au corps et ne fonctionnant quʼà
travers lui et par lui, cette pensée, ce mental, prétend être
vous, être un “ego”, un “moi”. Il y a usurpation de lʼêtre par la
fonction, piège subtil que seul lʼéveil peut desserrer.
Et lorsque le philosophe français René Descartes, écrit: “je
pense, donc je suis”, cʼest la pensée qui sʼexprime et constate
sa propre présence et non un “ego” différent de cette pensée.
Nous reviendrons, bien entendu sur ce point de grande
importance.Pour le moment: reprenons contact avec notre
second exercice, dit “prise de conscience”Voici un exercice
très important, facile, dont lʼapplication procure avec une
étonnante rapidité une sensation dʼaisance physique et de «
conscience de soi ».
Etre au présent !
La plupart des gens font, dans le courant dʼun journée, des
centaines de gestes inconscients. Des milliers parfois !
Et vous-même : depuis votre lever matinal jusquʼà votre petit
déjeuner, combien de gestes accomplissez-vous ?
Vous enfilez vos chaussettes ; vous mettez vos chaussures ;
vous vous lavez, déplacez des dizaines dʼobjets, mangez,
ouvrez et fermez les portes, etc. Puis vous sortez. Vous
grimpez dans votre voiture ou dans le bus ou vous prenez
votre vélo. Vous serrez des mains. Vous ouvrez et fermez de
nouvelles portes. Vous saisissez dʼautres objets. Vous écrivez,
et ainsi de suite. Il est à peine dix heures du matin ; mais faites
le compte de vos gestes ? En même temps, votre visage
accomplit un nombre inouï de mimiques, vos sourcils montent,
se froncent, sʼécartent, vos mains sʼagitent, votre tête fait «oui
» ou «non», etc...
De tous ces gestes, combien dʼentre eux sont purement
automatiques ? Tous, ou à peu près ! Vous ne nous croyez pas
? Demandez-vous combien de vos gestes vous furent
conscients au moment où ils sʼaccomplissaient ?Et vous dites :
Bah... lʼhabitude ! jʼai toujours vécu ainsi, alors ? Alors ? Eh
bien... rien, si vous voulez demeurer tel que vous êtes et si
vous vous plaisez ainsi. Dans ce cas, abandonnez le
Tchʼan.Sinon, au bout de lʼexercice que nous vous proposons,
apparaîtra une aisance qui vous étonnera.
Est-ce facile ? Cʼest selon. Il est facile dʼaccomplir cet
entraînement, mais difficile dʼy songer. Cʼest tout.
Le premier jour:
Vos gestes familiers sont inconscients ; il sʼagit de les rendre
conscients. Vos gestes sont automatiques ? Il faut les « libérer
».Faites un essai en sortant du lit. Essayez de sentir le
mouvement de vos bras et mains quand vous prenez un objet
(vos chaussettes, par exemple). Sentez ensuite votre
mouvement de bras et mains quand vous enfilez ces mêmes
chaussettes. Mais attention dans ces prises de conscience
vous devez ressentir non pas “votre” main qui touche et prend
conscience, mais “la” main.
Les jours suivants:
Entraînez-vous ensuite, avec dʼautres gestes familiers : quand
vous vous lavez, par exemple. Sentez le mouvement des bras
et mains lorsque vous promenez le savon et le gant sur le
visage.Il sʼagit, nous le répétons, de rendre conscient ce qui
est inconscient. Il ne faut nullement maîtriser les gestes (sʼils
sont brusques), ou se concentrer sur eux. Les sentir, et rien de
plus !
Vous remarquerez immédiatement ceci : sans que vous le
veuillez, vos gestes deviendront plus lents, plus aisés, plus
souples. Vous deviendrez attentifs (sans effort aucun) au
mouvement de vos bras et mains dans lʼespace. Et, après peu
de temps, vous éprouverez lʼimpression que vos bras font une
« sorte de danse ».
Ensuite:
La grosse difficulté de cet exercice consiste justement... à
nʼêtre pas suffisamment difficile. Supposez que nous vous
disions : « A dix heures, buvez un verre dʼeau ; à onze, tournez
trois fois sur vous-même ; à midi, mangez tel aliment, etc. »,
vous nʼéprouveriez aucune difficulté, parce que des « jalons »
seraient placés dans votre journée. Ici, rien de pareil. Vous
avez à songer à prendre conscience de vos gestes, cʼest tout.
Comment arriver à y penser ? Eh bien... certains fourrent dans
leur poche un papier sur lequel est écrit « Gestes ! ». Dʼautres
placent un papier dans leur sac ou épinglent un rappel au mur,
dʼautres encore sʼaccordent sur un dessin discret quʼils tracent
au crayon sur leur agenda ou ailleurs et qui devient un
véritable «signe-signal» etc. Et cʼest normal : il est très difficile
de se mettre à songer fréquemment à des choses qui, pendant
très longtemps, furent automatiques et absolument
inconscientes.
Vers la perfection:
Sentir vos gestes doit donc devenir une sorte de conscience
permanente au présent.Il est évident que, peu à peu vous
devez essayez dʼétendre cette technique à tous les gestes que
vous faites dans la vie quotidienne. Remarquez-vous combien
de fois vous hochez la tête pour affirmer ou nier ? Apprenez à
en prendre conscience au moment où vous le faites ; vous en
serez effaré. Attention ! Si, au cours de cet entraînement vous
constatez que vous faites des centaines de gestes inutiles, ne
cessez pas de les faire au moment même ! Il nʼest pas
question de « mater » ou de stopper quoi que ce soit.
Continuez le geste commencé, mais sentez le consciemment.
Vous constaterez dʼailleurs que jour après jour, un grand
nombre de gestes inutiles : tic et réflexes absurdes,
disparaîtront dʼeux-mêmes, sans que vous ayez accompli le
moindre effort.Après environ un mois dʼexercice, vous serez
stupéfaits du résultat. Vous posséderez un contrôle presque
absolu du moindre de vos mouvements. Une maîtrise de soi
apparaîtra. Et vous sentirez, de plus en plus, la formation
dʼune force puissante, accomplie dans une aisance sans
laquelle elle ne peut exister.
Enfin:
La petite corvée que représentaient, les premiers jours, les
exercices précédents, est devenue une activité des plus
agréable. Donc, une activité à continuer, à parfaire, à
augmenter. Vous avez étendu votre conscience à tous les
gestes que vous accomplissez. Il nʼy a pratiquement plus un
mouvement de tête qui vous échappe.
Vous continuerez donc sur cette base, en y ajoutant les
compléments suivants :
La maîtrise du visage:
Prenez également conscience des muscles de votre visage.
Exercez-vous à conserver un visage impassible, mais sans le
crisper jamais ! Aussi souvent que possible, songez : “le”
visage est crispé. Aussitôt pensé, détendez. (Vous
constaterez, en effet, à quel point les muscles de la face et des
mâchoires sont tendus). Vous sentirez immédiatement les
lèvres se desserrer, le front sʼéclairer, les mâchoires se
relâcher. Conservez ce visage impassible pendant un certain
temps. Puis songez à nouveau : le visage doit être crispé,
autant que la première fois. Même technique : détendez.
Faites cet exercice aussi souvent que vous le pouvez. Et
surtout, conservez le calme du visage pendant le plus
longtemps possible, quelle que soit la situation dans laquelle
vous vous trouverez.
La maîtrise de la parole:
Quand vous parlez, vous parsemez vos phrases de centaines
de tics ou dʼautomatismes. Personne nʼy échappe avant dʼen
avoir pris conscience. Combien de fois, en une journée, dites-
vous : Euh... Tout à fait .... Cʼest cela... Eh bien... Bien sûr...
Evidemment... Nʼest-ce pas..., ce que je veux dire ....donc ....
et autres absurdités de même genre ? Considérez la parole
comme un geste. Exercez-vous à prendre conscience de vos
tics verbaux. Ne faites rien pour les éliminer : votre prise de
conscience sʼen chargera.
En même temps, exercez-vous à bouleverser, de temps en
temps, le débit de vos paroles. Il sʼagit donc ici dʼune action à
la fois consciente et volontaire. Ordonnez-vous de parler vite ;
peu après, commandez-vous de parler lentement. Variez
souvent. Jouez avec vos paroles. Observez-les. Rendez-vous-
en maître. Et si, en même temps, vous avez continué de sentir
vos gestes (bras, mains, tête), vous remarquerez quʼest
montée en vous une prise de conscience, une sensation
globale de votre corps dont rien ne peut donner une idée
exacte à ceux qui ne lʼont pas éprouvée.
Les résultats:
Cette pratique peut conduire à lʼéveil, et il ne faut pas vous en
lasser.Sinon, par lʼhabitude de cette pratique - à laquelle en
temps opportun, seront apportés certaines modifications -
Vous deviendrez conscient sans quʼil soit fait usage de mots.
Cela demandera du temps (plus ou moins selon les personnes
et, nous le redisons, des modifications seront apportées) mais,
avec une pratique régulière, ce but ne peut manquer dʼêtre
atteint ... Surtout, ne craignez pas que le jour où vous
atteindrez la “conscience au-delà des mots” vous vous perdiez
en quelque sorte dans un néant brumeux, dans une
dépersonnalisation vague et inquiétante, bref, que vous
tombiez dans une quasi- hébétude. Non ! Tout au contraire,
lʼêtre humain qui, selon la formule classique «perçoit sa propre
libération» voit sa conscience et ses capacités intellectuelles
augmenter, parfois de façon spectaculaire (du fait de la
disparition des tensions): la “personnalité” (nous reviendrons
sur ce mot) ne disparaît pas le moins du monde: elle prend,
simplement, sa véritable place (aux yeux de lʼintéressé). Quant
à un observateur éventuel, il peut, soit ne constater aucun
changement, soit percevoir chez celui qui sʼéveille une
“personnalité” dégageant plus de puissance que
précédemment.